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OEUVRES

WALTER SCOTT.

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QUENTIN DURWARD.

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gg INTRODUCTION

MISE EN TÊTE DE LA PREMIÈRE ÉDITION D'ÉDIMBOURG.

La scène de ce roman se trouve placée au xv° siècle, à l’époque le système féodal, sur lequel reposait la défense du pays, et l'esprit de chevalerie qui avait été l’ame de ce système, commen- çaient à être abandonnés par des hommes moins généreux qui concentraient leur félicité dans la possession de jouissances dont ils faisaient les objets constants de leurs vœux. Le même égoïsme

s'était montré dans des temps plus anciens, mais c’était pour la première fois qu’on osait l’avouer et l’ériger en principe. L'esprit de chevalerie avait en lui-même cela de bon que, quelque outrées et bizarres que nous paraissent beaucoup de ses doctrines, elles étaient toutes fondées sur la générosité et sur l’abnégation de soi- même, qualités sans lesquelles il serait dificile de concevoir l'exis- . tence de la vertu sur la terre.

Parmi ceux qui se montrèrent les premiers à ridiculiser et à renier les principes d'abnégation de soi-même dans lesquels on élevait les jeunes chevaliers, se trouvait Louis XI, qu’on y avait formé avec tant de soin lui-même : c’était chef de nos frondeurs du temps. Ce prince était d’un caractère si foncièrement égoiste, si étranger à tous sentiments, à tous desseins qui ne se rapportas- sent point à l'ambition, à l’avaricé et aux désirs d’une satisfaction personnelle, qu’il semble jeté sur la terre comme un être malfai- sant, destiné à cormpmpre dans leurs sources, toutes les idées d'honneur. Il ne faut pas perdre de vue que Louis possédait à un haut degré cet esprit caustique et fin qui sait tuner en ridicule toute espèce d'action désintéressée : il avait les qualités requises pour jouer le rôle d’un homme froid et moqueur. |

Sous ce point de vue, la conception de Goëthe dans le caractère de Méphistophélés, esprit tentateur du‘singulier drame de Faust, me paraît plus heureuse que celle qui a été imaginée par Byron, et même que le Satan de Milton. Ces deux derniers grands écri- vains ont donné au principe du mal quelque chose qui élève, ennoblit sa faiblesse : une résistance opiniâtre, invincible au Tout- Puissant lui-même, un mépris superbe de la souffrance comparée à la soumission, et tous ces points d'attraction dans l’auteur du

° QUENTIN DURWARD. | | 1

mal, qui ont induit Burns et d'autres écrivains à le considérer comme le héros du Paradis perdu. Le grand poëte allemand, au contraire, & fait de son esprit tentateur un être qui, sans affecter aucune prétention, ne semble avoir existé que dans le dessein d'accroître, par sès discours persuseifs-ou séduisants, la masse du mal moral, el qui par sa séduction réveille les passions endormies de l’homme qui est deyeriu l'ohjet des tentatives de l'esprit malin, passions dont le sommeil lui eût permis.de mener une vie tran- quille. Méphistophélès est, comme Louis XI, doué d’un esprit caustique et dénigrant, employé sans cesse à rabaisser et avilir toute action dont les conséquences ne conduisent pas d’une ma- nière certaine et directe à la satisfaction de soi-même. _ IlLpeut être permis à un auteur d'ouvrages de pur agrément d'être sérieux pour un moment, et de réprouvyer h politique de tout caractère, soit public, soit privé, qui en établit la base sur les principes de Machiavel ou sur la daplicité de Louis XI.

La grossière et vile superstition à laquelle ce prince était livré, * au lieu d’atténuer ses cruautés, ses parjures ct ses soupçons, re les rendait que plus haïssables. Sa dévotion aux saints nom- breux du paradis, auxquels il rendait une sorte de cute, ressem- lait à la folle prodigalité d'un intendant subalterne qui tâche de cacher ou d’affaiblir l’odieux des malversations qu'il comet, par des présents à ceux qui sont chargés d'observer sa conduite, en même temps qu’il s'efforce de corrompre, par un système de déception bien suivi, les hommes les plus incorruptibles. Nous ne pouvons considérer autrement, soit la détermination que prit le roi Louis XI de donner à la Vierge Marie le titre de comtesse et le grade de colonel de ses gardes, soit l'artifice par lequel il n'ac- cordait qu’à urie ou deux formes particulières de serment une valeur qu lilrefusait à a toutes lesautres, en cachant strictement sa pensée; forme de sermerit qu’il considérait véritabtement comme obligatoire et comme: un des plus précieux de ses mystéres de gou- ‘yernetnent.

A un manque absolu a scrupule, ou bien peut-être de tout sen- ‘timerit d'obligation morale, Louis XI joïgnait une grande fermeté naturelle, ainsi qu’une-grande sagacité de caractère ; s'était fait un système politique tellement raffiné, eu égard au ‘temps il vivait, que quelquefois il se dupait fuf-même en s'efforçant d'ac- créditer les décisions que ce système lui-avait fait adopter?

Sans doute il n'est pas de portrait si noir qu'il n'ait quéiques

__ ‘ANTRODUCTION. 7 ombres adoucies. Louis comprit les intérêts de la France, et les soutint avec constance, .tputes:tes fois qu’il put les identifier avec les siens propres. El préserva le pays de la crise dangereuse de la guerre qualifiée « «guerre du bien patblie » ; il y réussit-en rompant cette vaste et dangereuse altiance des grands vassarx de la cou- ronne contre le souverain, entreprise dans laquelle un roi moiss prudent et moins temporiseur, plus courageux, plus hardi et, mains rusé .que Louis XI, aurait probablement échoué. Il avait aussi quelques qualités personnéttes qui n'étaient pas incompati- bles avec son caractère publie. Gaiet spirituel en sociQté, il savait caresser sa victime comme le chat, et la flatter encore au momeñt il s’apprètait à lui faire la plus profonte blessure personÂe aussi ne pouvait mieux soutenir et faire valoir la supériorité des raisons grossières et intéressées, par lesqueties il tâchait de sup- pléer à des motifs plus nobles que ses prédécesseurs ensaont puisés - dans un éminent esprit de chevalerie. - :

Dans le fait, ce système chevaleresque était déà viellh. ft dvait eu même, dans son plushaut degré de perfection , quelque chose de si outré et de si fantastique dans ses principes, qu'il commençait à être tourné en ridicule eomme d’autres vieilles modes, et à-tomber en discrédit; les armes de l'ironie pouvaient être employées cüntse lui sans exciter le dégoût et Phorfeur, sèr- timents avec lesquels, à une époque plus reculée, eût été repoussée toute atfaque de ce genre, comme une sorte de blasphème. Le xxv* sièvle avait vu élever une sècte d'esprits moqueurs qui pré- tendaient supptéer par d’autres ressources à celles de la chevalerie, ét jeter le ridicule sur les pridcipes extravagants et exclusifs d'honneur et de vertu, que l'on traitsit ouvertement d’äbsurdes, perce qu'en ‘effet ils affectaient une perfectionr trop merveilleüse pour êtrépratiquésper des êtres fragiles. Si un‘jeune homme doué de spntiments étevés et'ingénus $e proposait de prendre exemple gar les prneîpes d'honneur de son père, il-était expos aux raïl- leries du monde, .conmmes’it se fût présenté sur le champ de baiaille avec l'épée à deux tranchants do quelque bon vieux Chevalier, arme ridieule par ên Mibrication et:sa:forme antiques, quoique sa lame fât de‘bonne:trempe et sos ornements d’un or pur. : | . C'est ainsi qu'en-mattant de côtéles principes de vhevalerie, on Ÿ-sepplégit par des stinulagts plus vulgaires. À la noble ardeur qui:poussait tout hémams: à} défense de son pays, Louis 'XE sub stitua les efforts d’une soldatesque meresnaire toujours pRte à.s0

8. QUENTIN DURWARD.

veridre, et persuada à ses sujets, parmi lesquels la classe mercan- tile commençait à faire quelque figure, qu'il valait mieux laisser à des mercenaires les risques et les travaux de la guerre, et aider la couronne à les payer, que de s’exposer eux-mêmes à des dan- gers pour la défense de leurs propres biens. Ce raisonnement per- suada aisément les marchands. Toutefois le temps n’était pas encore venu les propriétaires fonciers et les nobles furent éga- lement exclus des rangs de l'armée ; mais le _despote Louis XI commençait’ à introduire ce système qui, imité et, suivi par ses successeurs, finit par. faire passer toutes les forces militaires de l'État danSles mains du monarque.

Ce prince était également porté à altérer les principes qui règlent ordinairement les relâtions des deux sexes. Les doctrines de ia chevalerie avaient établi, du moins. en théorie, un système. d’après lequel la ‘beauté était la divinité qui gouvernait et qui récompensait ; la valéur- était son esclave ;: le cheyalier puisait son courage dañs un coup d'œil de sa belle, et donnait sa: vie pour la plus légère faveur qu’il en obtenait. Il est vrai que ce système, iei comme en beaucoup d’autres circonstances, était poussé jusqu’à l’extravagance, et. que le scandale s’y -mélait souvent. Ces cas étaient généralement ceux dont Burke fait mention, et dans les- quels les motifs de ces faïblesses en atténuent singulièrement la criminelité. D'après les habitudes de Louis XL, il én était tout autrement. Voluptueux vulgaire, ce prince cherchait le plaisir sans aucun sentiment délicat, et méprisait le sexe auquel il le demandait; ses maîtresses étaient aussi. peu dignes d’être com

parées à Agnès Sorel, dont la conduite blâmable ne répondit point

= à l’élévation de son caractère, que Louis méritait peu lui-même

.… ‘d'être comparé à son père Charles VII, qui délivra la France du

. joug écrasant de l'Angleterre. En choisissant aussi ses favoris et ses ministres dans la classe infime du peuple, Louis montra le peu

d’égard qu'il avait pour l'élévation du rang-ou de la naissance ; et quoique, sous certains rapports ce choix fût exousable, méritoire même, lorsque la volonté du monarque élevait un talent obscur ou faisait ressortir le mérite modeste, il en’ était bien autrement lorsqu'il. adoptait pour ses favoris dés hommes tals que Tristan l’Ermite, le chef de la maréchaussée ou police. IL était dès lors évident qu’un tel prince ne pouvait plus être; comme plus tard François L. se désignait lui-même avec tant de grâce, le proie gentilbomme de son royaume. |

: INTRODUGTION. 9 In/y avait dans les discours et.les actions de Louis-XI, soit en particulier, soit en public, rien qui pôt lui faire pardonner une . manière d’agir si peu conforme au Caractère d’un homme d’hon- neur. Sa parole, témoignage le plus sacré des nobles sentiments, et dont la moindre: violation imprime à celui qui s’en rénd cou- pable une tache indélébile et est regardée comme un.crime capital par le code de l'honneur, était par lui-foulée aux pieds sans scru- pule à la plus légère Occasion, et souvent suivie de l’accomplisse- mont des crimes les plus énormes. S’il transgressait sa propre. foi jurée, il ne traitait pas avec plus de ménagement la foi publique. L'envoi qu’il fit au. roi Édouard VI d’un domestique déguisé en héraut était, dans ces temps les hérauts passaient pour les dépositaires sacrés de la foi nationale et-publique, ‘un trait auda- cieux dont peu de princes autres que Louis eussent voulu se ren- dre coupables. | Re : En résumé, les mœurs, les sentiménts et les actions de Louis. XI étaient incompatibles avec les prineipes de chevalerie, et son esprit caustique était suffisamment disposé à ridiculiser un sys- tème fondé sur ce qu’il considérait comme la plus.absurde de tou- tes les bases , puisqu'il consistait à consacrer son travail, ses ta- lents et.son temps à des objets dont , suivant la nature des choses, -On ne pouvait tirer aucun ayantage pour soi-même. | Il est plus que probable qu’en renonçant ainsi presque euver. tement: aux liens de la religion, de l'honneur et de la morale, si -puissants sur les autres hommes, Louis cherchait à obtenir de grands avantagesdans ses négociations avec des gens qui pouvaient se regarder comme engagés, pendant que lui-même jouissait à cet égard d’une entière liberté. Il tressaillait ‘sans doute en atteignant le bout de la carrière, comme le coureur qui s’est dégagé du poids sous lequel ses rivaux se trouvent encore erbarrassés , et qui s'apprête à saisir le prix de la course. Mais la Providence semble se plaire à environner de quelques dangers ceux qui s'entourent ainsi de précautions. Un personnage placé dans une position éle- . vée est d'autant plus ‘coupable de manquer à sa parole qu'il ést plus en évidence ; et les hommes en yiennent-enfin à eompter , -mon pas sur ce que-dit leur antagoniste, mais-sur ce qu’il est dans le cas de faire. De naît une méfiance qui tend à déjouer les in- trigues d’un caractère sans foi, et qui lui est plus désavantageuse .que s’il ne se fût pas affranchi des scrupules de la conscience. L'exemple de Louis XI fit naître le dégoût et la haine plutôt que

40 ___ QUENTEY DURMWARD. do désir dt l'imiler ; panr les autres poapies de l'Europe. ét 1a fourbeme dont i ask envers plusieurs de ses contemporains déters minu:les aatres à semetiro surieurs gardes. L'esprit de: chere, luvie, quoiqu'il eût déjà perdu benoconp desa foree, survécut aa éme deco rmauvais prince, qué s'efforça d'en ternir le lustre ; et Jong-temips après le mort de Louis XI il inspire le chevalier. sans pour etsans reproche, ainsi que le galent monarque François £*. * Enreffet, quoique le rôgne. de Louis âitété, sous le point de vue politique. aussi prospère .que Jai-méême avait pu le désirer, le spectacle de son agonie: put servir de préservatif contre la séduc- tion desonetempie. Jaïoux de toutle mondo, mais principätement de son fils, il s’enferma dans ‘son-chäteau du Plessis, confiant ex- tlupivement sa persorme à la foi douteuse d'Écossais mercenaires Ne sortant jamais de son appartenient , n'y admettant personne, fatiguait Le ciel et les saints de prières, non pas pour le pardon ‘de .ses péchés, mais pour la prôtengation de sa vie. B'unefaibiesse «d'esprit: qui paraîtra sens doute inconrpatible ayec son astucieuse finesse , 4 importunait ses médecins au point de ge fnire insulter < dépouiller par eux. Dans son extrême désir de vivre, il envoya . ékercheren ftalie de soi-disant reliques et , ce qui est plis étens- æant.ercore , ün.ignorant et stupide paysan, qui sans doute pair fainéantise s'était enfermé daps. une caverne etavait. renoncé à mangerde la viande, du poisson, des œufs et toute espèce de dai- tage. Get hommre , qui ne possédait pas la moindre teinture des lettres , Eouis Le reçut comme si c’eût été le pape lui-môme , et fonda même deûx monastères pour gagrer ses bonnes grâces. .… Atranilieu de sos superstitions, quelle bizarrerie denrs sa manière d considéreriia santé corporelle et la félicité terrestre, qui sem bixient être les seuls objets de ses vœux! Quand on parlait de sa santé, d défendait sévèrement que l'on fitæention de ses péchés; ‘et enr:jour que. d'après son ordre , un prêtre récitait une priôré à sait Eutrope, dens-laqueile il implorait pour le roi la santé ‘du æbrpset del'âtne,; Louis lui ordonna desupprimer les deux derniers ahots, disant qu'il n’était pas-prudent d'importuhee Les bienhôu- sotx-saints par deux demandés àda fois. Peut-être pensait-il qu'en. se taisant sur ses crimes , il parviendrait. ken soustraire ka con- - Raissatite-aux célestes patrons dent À irroquait F'amélanoe pour an CÔFPS. Les torturés méeitéss qu'éprours co tyran à l'agonie furent si | 1grahdes, que Philippe:âe Comines établit une comparaison raétho-

; | et digev-ontre okatties pasabrouses-cruantés infligées aux -antrag d'après ses «cudres, et les considérant toutes ensemhle, il en vient texpriawréouaioà quedes iourmenis et l'aghniede Lous furent _ ls qu'ils porvmient-compenser les enimes-dont il était epupahle, et qu'apeès :aveir fait une bonne. quarantaine cn purgaisie, h pourrait trouver crâve dans les séponsisupéeieures. . ets

Fénélon a aussi déposé son témoignage eontre ce :primpe,,, êmt Ba décnt le pense de miseit de gouvernement, dens le pesage si - remarquable qui va save, ot qui est tiré de son Tékimague:

« Pygmalien, tourmonté per ae soif jnsatiable. des richesses , serend de-plus:en: plus misécabieiet odieux à ses sujois.. C'est, un crime Tyr qued'avoirde grands-biens; Favarice ke read défiant, SORPÇONBBMT, éouel : ik porséoue les riches. et il craint les paye we

«Gest. us crime encore. plus. guead à Tyr d'avoir de la ver tu; eur Pygmalion sapposc que-les boes ne peuvent souffrir sés injusr tices et ses sffemies: lavente le condamne. il s'aigrit ef s’icriie contre elle, Dout lapste, l'rmsuiète, le ronge; d a peur de sari-om- - bre, flnedost ni nuit nijeur; les dieux , pour ke confondre, l’ae- cablent de trésurs dent ä niose jonir. Ge qu'il cherche pour être benrœux es prévisément ce qui l'empêche de l'être. ll regrette tout ce qu'il dune, et-craint iomjours de perdre; il se rourmene pour gagner

On ns le woit presque jamais: itest. seul, trisie., ähattar., ai fond de son palais : ses amis même n'osentl'aborder, de pour de Jui devenir suspects, Une garde terrible tient toujours des. épées: aues-etdes piques levées autour de sa maisen. Treste chasabres, qui commauniquent les unes aux satres, .dnet chacune a une porte-ée fer:avec six grosverrous, sont.lelibn il se renferme;.0R mo sait jamais daus Jqueile du ces ‘chaanbres:il couche , et. bn a sure-quime couche jemais deux nuits de-saite -dans la même. de peur d'y être ésvrgé. Li ne:connaît ni les doux plaiics, ai l'amitié envere plus douce. Sion. Roi parie de chercher Ia joie, ik sen qu’elle fuit foke de: hui et qu'elle refuse d'entrer dans. Je cœur. Ses voux creux seût plems d'un fea pre st faæmidhe:s ds Sant sms cesse errents-de tous côtés; Hiprête l'orcillo:uau maoinsdea:bruit et se sen tout ému ; ilest pâle. défait: ‘et des noirs:s0nsiasnnt peints -sar son visage toujours ridé. H ge:tait, il seupire, itirede son-cevar de profonds émiasoments, Lu pou Lacie le les rss qui déchirentses entrailles. Lesmetsie as:is 0

4$ ) QUENTIN DURW AND.

ses erifants loin d'être son ‘espérance, sont 16 süjet de sa terreur : il-en‘a fait ses plus dangereux ‘ennemis. Il:n'a eu-toute sa vieau- . Cun moment d'asstiré : il ne se conserve qu'à force :de répandre: lesang de tous ceux qu’il craint. Insengé, qui ne: voit. pas que ia cruauté à laqnelie il se confie le fera périr ! Quelqu'un de ses -do- mestiques, aussi défiant que lui, se hâtera dedélivrer le monde de ce monstre. CS i

. Le spectacle instructif, maïs triste, des souffrances de ce Gran se termina enfin par la mort, ‘le 30 août 1485.

Le chôix de ce personnage peur en faire le caractère. principal du roman, car on comprendra aisément que la petite intrigue d’a- mour de Quentin n’est employée que comme moyen de faire res- sortir l’histoire, préséntait de grandes facilités à l’auteur. L'Eu- rope entière était, au xv° siècle, tourmentée par des dissensions -_ provenant de ‘causes si diverses , qu’il eût presque: fallu aulec-* teur anglais une dissertation pour le préparer à admettre la.possi- bilité des scènes étranges auxquelles il allait être initié.

ee Di temps de Louis XI, l’Europe était en proie à de violentes

cornmotions. Le court et brillant ascendant de la maison d’York _.terminait en apparence plutôt qu’en réalité les guerres civiles de l’Angleterre. La Suisse affermissait cette liberté que plus tard elle défendit sivailamment. En Allemagne et en France , Îles grands ‘vassaux de la couronne s’efforçaient d'échapper à son contrôle, tandis que Charles de Bourgogne par la violence, et Louis XI par la-ruse et par des moyens indirects, travaillaient à les soumettre “au joug de leurs souverains respectifs. D'une main Louis domptait ses vassaux rebelles, tandis que de l’autre ilaidait et encourageait secrètement les grandes villes commerçantes de’ Flandre à se ré- volter contre le duc Bourgogne , ce à quoi leurs richesses et leur animosité les disposaient naturellement. Dans les districts forestiers. de” la Flandre , le duc de Gueldre et Guillaume de La. Marck, surnommé à cause de sa' férocité le Sanglier des Ardennes, renonçant au noble caractère de chevalierset de gentilshommes, - exerçaient les violences et'les brutalités de vulgaires bandits. , Mille machinations secrètes se tramaient daus les différentes provinces de Flandre et.de France ; de nombreux émissaires , s8- crètement envoyés par l'infatigable Louis, bohémiens, pèlerins , mendiants ,-ou agents déguisés comme tels , semaient partout le mécontentement que sa politique était intéressée à éntretenir dans les possessions du duc de Bourgogne.

ANTRODUC TION: . 48 Au milieu d’une si grande abondance de matériaux il était dif- ficile de choisir céux qui pouvaient être les plus canvenables et les plus intéressants pour le lecteur; l'auteur a eu à regretter que, bien qu’il eût fait un ample usage du pouvoir de s'écarter de la réalité historique, il n’ait:pu ‘donner à son histaire une forme plus agréable, plus serréeet plus claire tout ensemble. La principale source de l’intrigueest celle que les personnes mênie qui connais- sent le-moins le système féodal peuvent aisément comprendre, bien que les faits soient absokiment fictifs. Le droit d’un: supérieur féodal n'avait rien de plus univeréellement reconnu que celui d'intervenir dans le mariage d’une vYassale. Ceci peut impliquer contradiction avec la loi civile et la loi canonique, qui déclarent que le mariage sera libre, tandis que jurisprudence féodale ou municipale, dans le cas un fief passe à une femme, reconnaît que le suzerain a intérêt de dicter à la femme le choix de son fu- tur mari. Telle est la conséquence du principe que le suzerain est* le donateur originel du fief, et qu’il est toujours intéressé à ce que le mariage d’une vassale n’ait pas lieu avec-un ennemi du seigneur lige. D'un autre côté, on pourrait raisonnablement soutenir que ce droit de dicter à une vassale le choix de son époux appartient seulement au suzerain des mains duquel le fief dérive primitive- ment. Il n’est done point absolument impossible qu’une vassale du due de Bourgogne se mettesous la protection du roi de France, dont ee prince lui-même était vassal ; on peut aussi raisonnable- ment supposer que Louis, si peu scrupuleux, aif pu former le des- sein de trahir la fugitive en lui faisant contracter une alliance qu’il aurait jugée. ne pas convenir, peut-être même présenter quelque danger à son formidable parent et vassal de-Bourgogne. Je puis ajauter que Queñtin Durward, qui a obtenu en Angle- terreune popularité plus grande qu'aucun de ses prédécesseurs, a également joui d’uh succès. inespéré sur le continent , les allusions historiques ont éveillé un plus grand nombre d'idées familières aux habitants du” pays la scène de ce roman est placée. . | LU

+

r ‘_ Abbotsford, le décembre 1854.

v°.

H QUENTIN POraRr.

ENFRODUCTION A Ba: PREMIÈRE. ÉBTTEON ANGLAISE. |

Ef un Lomme qui a éprouvé ‘des pertes... Aller. oo? SHaxo#ÈARr A Beaucoup de Bruit pOur r rien.

Lorsque L L ‘honnête Doghèrry ! récapitule et énamère jaus ses titres à la considération , qui, dans son opinion , aurait, le mettre à l'abri de l'épithète : injurieuse dont le gratifié M: le; gen tilhorome Conrade, ilest digne deremarque qu’il n’appuie pasayec plus d’emphase sur ses. deux robes ;. (objet de-quelque importance - dans certaine ci-devant éapitale que je connais), ni sur ce qu'il est un aussi joli petit morceau de chair qu'on en puisse trouver dans tout Messine, non plus.que sur le dernier article de son apa- dogie, qu'ils amaseé une assez jolie petite fortune, que sur ce qu'il est un homme qui a éprouné des pertes. .

. Effectivement j'ai toujours remarqué que ces enfants gâtés de la fortune, soit pour voiler l'éclat éblouissant de leur splendeur aux yeux de ceux que le sort a traités moins favorablement. soit parce que S’être élevé en dépit du malheur leur-paraît aussi hono- rable pour un riche qu'il l’est pour une forteresse d’avoir soutenu ua siôge : ;jai toujours remarqué, dis-je, que ces geus-là 16 Man quent jamajs de. vous entretenir des pertes qu'ils éprouvent par suite de la dureté des temps. Il est rare que l’on dine à une table bien servie sans que les intervalles entre le champagne, le baur- gogne et le via du Rhin 3 soient remplis, si l'amphitryon est un capitaliste, par des plaintes sur la. baisse de l'intérêt de l'argent æ sur la difficulté de trouver à placer des fonds qui restent ies- productifs entre ses mains ; ou s’il est propriétaire, par un triste et affligeant détail d'artérages et de diminution dans” le prix des- baux. Cela produit. son effet : les convivessoupirent et secoyent la tête en cadence avèé leur hôte, regardent le buffét qui romptsou

4 Personnage ridieule de la pièce de Shakspeare, l'auteur a puisé l’épigraphe mise en tête de son Introduction. Conrade lui dit qu’il est un âne, ce qui lui déplaît. grandement. ». M.

2 Letexte dt Heok, ce qui signifie iæmeilioure et la plus ancienne qualité de vin du Rhin. 4. M.

ANYVAOBUGIIOUN | le poids dé- l'argentirie ; éomifnuent à savomer les excellents vihs qui eireulent rapidement autour de la table , et. scigent à l'bienveillance pures désintéressés qui, bien que limitée dans. ses MOÿCRS, ne ‘cest pas de prodiguer à ses convives ce qu'elt possède encore ; ou, ce qui: flatte-biensplus sa vamité, admirent cetée ‘opulencs qui, si per aflniblie per tant de portes, va tou- | jours foutmissant, comme Île trésor inépuisable” du généreux Abouicasum ; sx demandes de ces Lis Yieacent ÿ puiser à pleines mains.

Cétte manie’ de doïbances anémmoiss ses bornes cémme:celie des souffrances, laquelle, comme les valétadinaires ke savent foft bien , est un passe-temps plein de charmes, tant qu'ils ne sont seciés qe:de maadies chreniques. Mais je n'ai jamais entendu un homme dont le crédit fût réellement ser le bord di sa ruine’, parier de diminution de ses fonds; et mo ‘habile et philantropè médecin w'rssure que c'est une chüse: fort -rüre de-voir des per- sonnes prises. d'une bünne fièvre ax de melque autre maladie aigué ,

| “Dont Ta étise verrifité e la mort dous amène. Présage le néant de la machitre kemafne faire de Teurs souffrañces 8 sujet d’une conversation arnusante.

Après avoir mrement considéré toutes ces choses, je ne sau- rais cacher à mes lecteurs que je ne sûis ni tellement dédaigné da publie , ri tellement bas dans mes revenus, que je n’aie ma part de la détresse qui afflige en ce moment les capitalistés et les pro- priétaires des trois royaumes. Vos auteurs qui’ dent avec uné tôtetetie de mouton peuvent se réjouir que le prix en soit tombé à trois pence # R livre, ou , s'ils ont des enfants, de ce que Îe pain de quatre fivres ne coûte que six pence; maïs nous qui appar- tenons à la classe que ruinent Ia paix et l'abondance , nous qui avons des terres et des bestiaux, et qui vendons que ces pau- res planeurs voienit contraints d'acheter, nôus sommes réduits at désespoir par les nrèmes événements qui feraient ifluminer toutes les miansardes de Grub-Street ®, si fes Habitants de Grub-

LS

+ Trois pence éntiratent à eme cemitries de wotre mosnste françaises et d'au tres termes, penny (singulier de ce mot) vaut dix cèntimes. Pence ne prend une s que lorsqu'il exprime un certain nombre de pièces de petite monnaie d'argent connues sous le nom de six-pences; ainsi deux siT-pences représentent un shiling, ou uu franç vingt centimes. 4 Me

9 Quartier de la Cité à Londres demeuraiont les-autaurs pauvres, et Walter Scott, avec sa courtoisie aristocratique, relèpure les petits journalistes anglais, à 1.

TES en UE AT EE DU Ve Pen

46 QUENTIN DURWARD.

Street avaient jamais des bouts de. chandelles à emplôyer à cet usage. Je réclame donc hardirhent la part qui me revient dans les calamités qui n ’affectent qué les riches, et je m’inseris ; à côté de dogberry, surla liste de ceux quiont-une assez Joke petite fortune, mais qui ont éprouvé des pertes.

C'est avec le même esprit de généreuse émulation que:récem- ment'j'ai eu recours au remède universel contre l'impécuniosité ! dont je me plains, c c'est-à-dire à à une courte résidence sous un-cli- mat méridional : par-là, jai non-seulement épargné plusieurs tom- bereaux de charbon de terre, maïs encore j'ai eu le plaisir d’ex- citer une-sympathie générale pour l’état ‘de décadence de ma fortune chez céux'qui , si j'eusse continué à dépenser mes reve- nus dans leur pays, se seraient fort peu embarrassés de me: voir pendre : ainsi, tahdis que je bois mon vin ordinaire, mon brasseur trouve que le débit de sa petite bière dimibue ; tandis que je vide

avec délices ma bouteille à à cinq francs, ma pinte “‘quotidiennè de

porto s’aigrit dans la eave de mon marchand de vins; tandis que la côtelette à la Maintenon est toute fumante sur mon assiette, le puissant aloyau reste accroché à sa cheville dans la boutique de mori ami À tablier bleu, le boucher du village: En un mot, tout ce

que je dépense ici éccasione un déficit chez mes fouritisseurs

habituels ; et les quelques sous que je donne’au garçon perru-

_quier, la croûte de pain que je jette à son barbet au dos tendu et

aux yeux rouges, c’est encore autant de perdu pour mon vieil ami le barbier et pour l’honnête Trusty 3, le gros chien de garde enchaîné dans ma cour. J'ai donc toujours le bonheur de savoir que mon absence est sentié ét regrettée par ceux qui-se môque- raient bien de me voir dans un cercueil, pour peu qu'ils eussent Ja certitude de conserver la pratique de mes héritiers. Toutefois

j'excepte formellement de cette accusation d’égoïsme et d’indiffé-

rence mon généreux Trusty, dont les démonstrations de courtoi- sie à mon égard partajent... jaime à le croire, d’un principe plus désintéressé que celles de personne qui m'ait aidé à dépenser 1 les revenus dont je suis redevablé à la libéralité du public.

Hélas ! le friwole avantage d’exciter Chez soi une sympathie aussi générale et aussi soutenue est balancé- par de grands incon- vénients personnels. .

4 Nous avons en français le le mot pécunieus, m mais ses relsuifs nous manquent. Celui- ci est un beureux néologisme. 4. M. . 2 Trusty, c'est-à-dire Fidèle. à. M.

…INTRODEICTION... | at : . Pour me tirer des fleurs il faut que vous pleuriss ". |

dit Horace; et véritablement j j'ai. peine à m empêcher de pleurer lorsque je songe à l'échange que j'ai fait de mes jouissances do- mestiques, jouissances dont l’habitude m’a fait un besoin ,. pour des équivalents étrangers que le caprice et l'amour -de la nou- veauté ont mis en vogue. Je ne puis m "empêcher d’avouer, à ma honte, que mon estomiac, encore tout domestique , et accoutumé aux mets du, pays natal, soupire après la bonne.et véritable tran- che de bœuf (steak), apprêtée à à la manière de Bolly?, apportée toute ‘brûlante de dessus le àril, bruné à l'extérieur, et devenant d’un rouge d’écarlate sous le tranchant du couteau : tous les mets

délicats de la caïte de Véry, et ses mille manières! d’orthographier | ses biffsteeks de mouton, peuvent les remplacer. D'un autré côté, le fils de ma mère ne saurait s’aécomrnoder de boissons fades et légères ; et au) jourd’hui que l’on peut avoir la drèche pour rien, je suis convaincu qu’une -double mesure (straïck) de John Bar- leycorn 5, dit avoir fait de cette pauvre créature domestique, la petite bière, une liqueur vingt fois plus généreuse que ce breuvage acide et sans force que l’ôn honore ici du hom de vin, quoique sa substance et ses qualités l’assimilent bieri plutôt à à l'onde légère et hygiénique de la Seine. Les vins français de première qualité sont, il est vrai, passabies ; il n’y a rien à dire contre le"château- margot ke sillery, et cependant ils ne peuvent me ‘fairé oublier mon vieux vin, d’Oporto; si bon, si généreux. Enfin, sans en ex-- cepter le garçon et son barbet, quoique tous deux soient des ani- maux fort divertissants, et qu'ils fassent mille singeries qui ne laissent pas que d’amuser, cependant il y avait dans le clin d’œil avec lequel notre vieux PackWwood avait coutume de communi- quer les nouvelles de la matinée, plus de franche gaieté que toutes les gambades d’Antoine ne pourraient en exprimer dans l’espace d’une semaine ; et ‘dans le remuement de queue du brave Trusty, plus de simpathie humaine et caninè que dans toute la contenance de son rival Toutou, se füt-il tenu sur ses pattes de derrière pen- dant touté une année.

Ces signes de repentir viennént peut-être un peu tard, etÿ avoue

41 C versemprunté # Boiteau rend essex exactement celal de lenteur Hatin :

Si vis me flere, ‘délendum est Primum i ipsi ti. fars poetica.) Fameux restaurateur de Newgato-Street à Londres. 1. M. . 5 Barieycern sigaiñe grain d'orge, Ce mot est ici une panaléle à de la bière,

À :. QUENKFEIN TRE ART. (ear je dois avoir Le plus.grande fesnehise axe mon -eker ami le

* public).qu’ils sont en grande partie le résultat .de la conversion

(je dévrais dire ta pérversian) de ma nièce Christy à l'ancienne fei papale , grâce à-un certain nrêtre madré ! de notre voisinage ,-ef du mariage de ma tante Dorothée avec un capitaine de cavalerie, à demi-solde, membre de la Légion d’honnéur, qui, si l’on voulait l'en croire, serait aujourd’hui maréchal de France? si notre an- cien ami Bonapaïte eût cantinué de vivre et de triompher. A l'é- gard Christy, je -déis avouer qué la tête lui avait ‘si compléte- ment tourné à Édimbourg, en courant jusqu’à cinq routs par soirée, qué, bien que je me méfiasse un peu des moyens-et des motifs de sa conversion, je ne fus pas fâché de voir que. ses idées commençalent à prendre une tournure plus. sérieuse. D'ailleurs , il n’y eut-pas grande perte à cela ; car le couvent me débarrassa d’elle, moyennant une pension fort raïi$onnable: Mais le mariage terrestre de ma tante Dorothée était une chose bien différente des épousailles toutes spirituelles de Christy : en premier lieu, elle avait deux mille:lrvres sterling placées dans les trois pour cexit, et qui furent tout aussi complétement perdues pour ma famille. que si cette.renté n’eût jamais été inscrite.sur le grand-livre de ja dette publique : car .eût-0n jamais pensé que, ma tante aro- thée se &rait mariée ? Et, d’un autre côté, qui aurait pu s'imägi- per qu’une-fémme qui a cinquante an d’ expérience eût épousé un squélette français, dont les. jambes et les bras, presque ‘de même longueur, ressemblent à deux compas entr'ouverts, dont l'un serait posé perpendiculairement sur. Ja tête de l'autre, de telle sorte que l’espace.qui existe entre eux. serait, taut juste assez rand pour-figurer un corps? Tout le reste n’était ‘que mausta- ches, pelisse et pantalon de calicot. Elle aurait pu aAYoir Hn polk de vrais cosaques en 1815: pour la moitié de la fortune qu'elle à

. Jaisséa à cet épouvantail militaire. Mais à quoi bon 8 ’appesankit

sur ce sujet : ? elle en était venue au point de giter Rousseau on fait de sentiment ; qu’il n’en soit done plus question.

. Après avoir ainsi expectoré ma bile contre un pays qui n EN, est pas moins un pays fort gai et fort agréable, et auquel je n’aj ul .

41 Le texte dit whacking, mot qui signifie rusd; s’il s’appliquait à un courtier, a

whacRiny fine. haryq. it signiñerah.un chanel pétuar dinainenet, been: teùdépéihé 1e

s’appliquant à un prêtre, nous pensons que #ñadré est une bogne expression. 4. M. 2 Field-marschäl a pour équivatent mujor-yéréral dans le service anglais. À. M. 5 Grandes soirées anglaises, les invités, reçus à l'entrée du salon par les mat-

tres du logis, ne font paur-alnsb dire que-traverser les'appartoments; 6h fs 55nt

pressés, chcouilepée tait on mioupitis,.ca-qei Fapelle ne honoreDte Fétepiion.

. . INTRODUCTION. : [ reprache.à adremes, pnisque-on fin s'ant gnok qui anis venue tanm wer .et. nan lui qui-sat-venu. poe chercher, j'en viens-au but dirent de-catte Introduction. Si ce n'est pat-iwap.cernpler aur la-conti- noatien do ves bonnes grâces, mon cher publié (queique ; à vrai dire, l'invatiahilité et l'unifomaité de goût soient des. qualités sur lesquelles -ceux qui racherchant vas faveurs ne peuÿant guère compter), ce but ne dédommagera peut-être jusqu'à 1e certain

point du déplaisir et de le perte qüe j'ai essu yés.! en amepant ma tante Dorothée dans te paysrdes gros molleis. des: minces chexil- les, des noiresmonstachres, des membres-sass corps. etdés beeux sentimonts : er je puis vous certifier que le-drélnest, comme di- sait mon .ami lord L**, un vrai pâté de béatilles !, tout ailergna et-paites, Bielle Ava choisi dans le contrôle :de Ja-dei-peie un de. ces montageards écossais plirases. ampoukéés, ou. hien un des élégants fils de la verte £rin, :j je n'avais souflé mot; mais de laumanièse que l'affaire s-étécanduite, ikest difficile de:se con tenir en voyant ma tante Barathéa -dépauitter gratuitement 64

héritiers. légüimes. Toutafois, silence, ma sembre.humenr ! ein

viteus nôtre.cber public à s'oenpar djunanjet plus agréable pour hôus.et plus intérestant pour hi. re

A:force de boire le brouvege acide-dont j'ai déjripanké, etde fie mer des cigares, ce en quei je-ne suis pas-noviüe, tent en-burant et-en fomant. dis-je..j'an vins:à fairé.une sorte de dannaissane anec uw homme conne il faut; je yeux dire un dernes vieus échantions de noblesse-que Los trouve ensbrcon Frañce; bien ques petit: nombre, et qui, de même que:les.séûues tattilées diun culte antique et 4ombé dans l'oubli, commandant encere un chr- tam.degré-de vénération et d'estime, même à Deux qui np denr accordent volontairement ni l'ané.nil'èntre.. -

Enfréquentant le-crfésde village. je. fusd' abord clsppé de Vair

singulier de dignité et gravité qui distinguait <6 mienx gantik- hmmme, deson atachosteatseru puiqux:pour les haset legspuliers, au mépris dés-denii-bothes et des pantalons; il: pontait la croix de Saint-Louis à sa boutonnièse, et une petite cacérde-blancheà 50 Chmpéau, dont forme rappalait la mode -du sitale damier, Son ensemble avait quielipre chose d'inféressant; et d’ailleurs, au-mi- den du greuperoyeux.quid'entenrait , .se-gravité fonnait naepe- triste d'autant plos attachaht : tifiombre 4 d'un tes A ‘où

_4 ‘Menues vlandes pâté. A. M & L’Irtande, que les Anglais nomment aussi Pie d'Émeraude. À. 2%.

EU QUENTIN DURWARD.

milieu d'un paysage. qu'écleirent les rayons brillants du soleil. Je fis, pour lier -COTIRAÏSSANCE arec Tai les avances que le-liou, les circonstances et les mœurs du'pays exigesient, c’est-à-dire que je vins me placer près de lui; et, tout en fumant avec calme mon cigare par bouffées intermittentes et presque impercèptibles,. je Rui adressai le petit nombre de questions que partout, et plus-par- tieulièrement en France, l'usage permet à-un. étranger de faire sans S'éxposer.du reproche d'impertinence. Le marquis de Haut- Lieu, car c'était, son. titre, fut aussi. laconique ét aussi sen tencieux. que la. politesse française le. permettait, ».-il répondit à-toutes mes questions, ne-m’en adressa aucune, ane m’ enoou- ragesa point à Les renouveler.

La vérité était que, n'étant pas très-accessible : aux x étrangers , de quelque nation qu’ils füssent, ni môrme pour ceux.de ses com- patriotes.qu’il ne connaissait point, le marquis était particuliére- ment réservé envers.les Anglais, Ce sentiment était peut-être à un reste de l'ancien préjugé national ; peut-être venait-il de Pi- dée que les Anglais sont un peuple hautain, fier de ses richesses, et pour qui le rang , joint à une fortune médiocre, est un .objet-de «mépris : autant que de pitié; ou peut-être enfin, en réfléchissant sur certains événements récents, éprouvaitril, comme Français, quelque miortification, même des succès qui avaient rétabli son maître sur le trône et lui-même dans des propriétés fort amoïindries et dans un château dévasté. Néarimoins son aversion n'allait je- mais au delà de cet éloignement pour la société des Anglais. Lors- que les affaires d’un étranger exigeaient l'intervention. de son

crédit en sa ‘faveur, il l’accordait toujenrs avec toute la courtoisie d’un gentilhomme français qui sait ce qu'il se doit à lui-même et ce qui est à l'hospitalité nationale.

A la fin, je ne sais par quel haserdie marquis découvrit. que Vin- dividu qui fréquentait le même café que lui: était Écossis: 4 Gr constance qui parla hautement en ma faveur. Il m'informa que quelques-uns de ses ancétrés étaient d’origine écossaise s il croyait même que sa maison avait quelques parents dans ce qu’il lui plai- sait d'appeler la province de Hanguisse, dans la Calédonie. La:pa- renté avait été vérifiés et reconnue de part et d'autre au commen- cement du siècle dernier ; ‘et durant son ex (car , comme on le pense bien, le marquis avait passé ‘dans les rangs .de armée ds Condé et partagé les malheurs-et la détresse de l'émigration), avait éprouvé quelque désir d'aller renouer connaissance avec ses

INTRODUCTION. | et

parents d'Écosse et réclamer lour protection. Mais, après tout, dissit-il, il ne s’élait pas beaucoup süucié de se présenter à eux

. das une position qui ne leur aurait pas fait beaucoup d'honneur

et qu'ils auraient pu. considérer comme leur. imposent _quekque honte; en sorte qu'il erut plus sage-de s'en remettre à le Provi- deace , et de se tirer d'affaire du mieux qu'il lui serait possible: Ce qu’il fit dans ce but, je n'ai jamais pu le savoir ; niais, j'en suis sûr, ce noble vieillard ne fit rien qui pût compromettre sa loyauté quoi qu’il pût arriver; il resta ferme dahs ses principes et dans ses opinions, jusqu’à ce que les événements l’eussent ramené, vieux, pauvre et déeouragé , dans uh peys qu’il avait quitté bien jetine encore, plein de vigueur, de santé, et d’un vif ressentiment qui comptait tirer une prompte vengeance de ceux qui l’en-avaient chassé. Si je l'avais connü dans des circonstances plas prospères, | j'aurais pu rire quelques traits du caractère du marquis, pañ- ticulièrement de ses préjugés relatifs à la naissance et sur la poli- tique; mais, dans la position il était, quand même ses préjugés n’aaraient paseu pour base une forte conviction,n'auraient pas été ennoblis par un entier désintéressement , il méritait ce respect que nous accordons au martÿr ou au Confesseur d’une religion différente de la nôtre. Peu à peu nous devinmes bons amis, et nous primes notre:café.

nous fumêmes notre cigare, nous bûmes notre bavaroise ensemble

pendant plos six semaines , sans que , de part ni d'autre, les affaires apportassent de longues interruptions à ces pläisirs. À yarié,

| non sans quelque difficulté, trouvé la chef de ses questions relati-

vemerit à l'Écosse, grâce à une heureuse conjecture que la pro . vince. de Hanguisse ne pouvait étrè que-notre comté d’Angus , fus à même de répondre d’une manière plus moins satisfaisarite

à la plupart de-celles qu’il me fit sur lés parents qu'il avait dans

ee pays:.et je ne vis pas sans éprouver quelque surprise que le merquis connaissait la généalogie de quelques-unes des famittes distinguées de ce comté beaucoup mieux que je n'aurais pa m' Y attendre. -

Enfin , notre disjsos Jui causa tant de satisfaction qu 'ilen vint jusqu’à se résoudre à m inviter à diner au. château de Hant-Eieu , château bien digne de ce nom, car il était situé sur une éminence | qui -eommande les bords de la Loire. Cet édifice est à environ trois millés du villâge où-j'avais établima résidence témporajre ; et

lorsque je le vis pour la première fois, je pardonnai Sans peine QUENTIN DURWABD.

m . QUENTIN DUR WARD.

atr:propriétaire la mortificationunantfiente qu'il éproutæen:veue- xrat an. hôte-dausilasiloqu'il-s'était formée: miier-desruinestdu paisis de'ses-ancôtres. À vec ne:gaieté sous laquelle:il chergianit | en'vaiwà-egeher ün sebtiment-plus-prefénd;!il m'araitiinsensible- sent préparée vue.du lieu.que je-dlovais visiter ,-et il eniient mme ericuretout ile temps ,‘le'jeur.où ‘il me.cosdaisit dans sen petit :cäbriolet , -attelé d’un gres-et-lourd cheval normand , vers cétte antique dernewre-de:ses pères.

. Les restes-de ee château: :‘reposunt:sar. uninisguifique platenuqui dourine.ls cours dela Loire, et-dont la:pente, rachetée par des vs caliers de pierres ornés de atatues , de rocailles, et-autres embél. Timements artificiels , forme plusieurs terrasses qui conduisent de .Gegré en-degré jusqu'au bord du fleuve. ‘Foute cetts décoriiion

æthifectarale, ainsi-que les päréerres remplis de fleurs brillantes, de planteseuriéuses et d’arbrisseaux exotiques , avaient depuis pludiours années fait-place ‘aux objets plus wtites des travaux da

_" Nigneron;- cepéndant:les restes de-ces-coustructions trop solides

pour pouyoir être complétement -détriites , prouvelent:cumbiun Vart:ävaitété jadieieusement employé pour embelir:la rratuve.

- “Aufoutdfhai il «est peu de-ces maisons-de plaisance qui soterst -_ parfaitement conservées ; car l’inconstance.de‘læmode a opéréren Augietéère un chengement-aussi complet :que-ctlui. que de‘génie de:ludévrastation et la fureur populaire-ont produit en: Prato. Quant à moi; je me eontente de-souscrire à opinion duiiugenle plus éclairé: de notre époque 1, qui pense que nous:avonis port heaueoup:trop lvin-notré émour pour lasimplicité, et-quedes tién- +ôurs d'un édifice: imposant exigent des embellissements plus vo téhenchés due ceux-quisont dus à de:futiles orrremreits de-paabn ‘dt:de sable. Un site éminemment pittoresqueserait- prébaklieaunt dégrädé par Tiritroduetiôn ‘de _ces orneïments artificiels: mais îl. ‘en gbéaticotp d'a d'autres où'interventioni d’an plusgrand-nembre “ornements d'architebture: qu'il n’est Susage d'en emphyer sn- Jourd'hüi, me paraît mécessaire pour racheter là-nudité uriérme

d'une haute maison qui s’élève isolément au milieu d’unepelonse, élle'ne paraît pas: plus en rapport avec te-qui l'environne-que _sieke: était sortie de ville pour 4t âHer:se. 2:prèmener dans la cam . (pagne. 5 .” M "Voyez l'Ersai sur le pitioresqut de Price, et: surtont le:détail eurieux tes sensa- tions qu’iléprouva lorgque;aur Vaxts dun amatéur, il détruisit un ancien jardin. ,

‘avec ses haies d’ifs, ses grilles de fer et ses sombres allées, lui ôtant ainsi son air de aolitutle. A. "M.

DA

. ANPRONUCTION. : : 5

| Comment de goût-uinté ehaugor-diune-manièresistufiniset si dormplète.,re’ast sue Ciroonstanee fort-smguhere ,-et:l’on nepoas- ait guèved'espliquerque.par leprincipe d'après isquel, dansume Comédie de Molière 1 des trois esmis du père précomisent un .re- _mède qui deit:guérir. la -mélencoelie-de-sa fille, t'est-à-dire, de gar- air son apparéament de tableaux. de tapisseries, de porcelaines.,

selon le genre de commerce que fait chacun d'eux. En faisant l’ap-

plication de ces anotifs eu cas dont nous parlons , nous décourri- roùs-peut-ôtre qu'autrefois l'architecte traçait le: jardin et le par- _terre quientouraieat unenraison, et que naturellement, dépioyant son art ..il y laçait des statues , des vases , des terrasses pavées, :etdes-escäliers dont lesbalustrarlesétaient chargées d'ornentents, .tandis:que le jardinier , son subordonné ,s’effortait de faire cor- .Fespondre le règne végétal au.goût-dominant , et tailiait ses haies vives en remparts verdoÿanis. avec des tours et des crénenüx, <t ses arkres isolés comme l'aurait fait un'statuaire. Mais , depuis . Jors , la roue a fornéde mänière à placer le jardinier paysagishe

Sur lamêômeiligne-que.barchiterie ; et de À vient l’usagadibéral et -un.peu son fréquent que l'oa fait deda béche-et.de Ja pioche. et

M manie de eaavenir les ponipeux Âravaux de l'architecte en une ferme ornée , qui se rapproche de la simplicité que:la:nature -dé- _ploie dans la campagne environnante. autanit.que cela peut s'ac- corder.avec l'agrément des aHées.cormmiodes.et sablées qu'exigent _lmpérienseusnt des. approches: se. da résidense d'un. riche -pro- -priétaire.

Terminons:icette digrossion qui. dormé A cabriolet du mar- quis Le tomps-de gravir da collme par ame chaussée tourganfe , -agjourd’hui en très-mauvais État; cer sa rapidité avait été forte ment ratardée parïla roiondiéé pesantede Jean Raast-Béef 3, que -#ens doute le :ehoval nprman handissait: d’aussi bon.cœur.que ses compatriotes des vieux ges axécraient la stupide obésité. d'un esclars-saxon. Nous-enrivémes!enfin.en vue d'unelengue rangée de,bétiments sanstoitare, et.tomihant @n : raines, qui se Hajent à l’extrémitéaccidentale da. “châtémm.

=. En votré qualité d'Anglaiss me dit le marquis, j je devis vous faire desexceuses pour le mauwäis goût de mes ‘ancôtres.. qui-ont placé cette rangés: d'éenries Ideimaniére à ob quelle fasse corps

“C'L'Amnur médecin. he x.'

"2 Surnom que Je bhs peuple en France a habitude, de anne Aux aigais Eu certaine corpulence. À. M.

5 Rooffess Guitdinbs, édifices sans'tofti-as M 7 7 “tr "0"

M. QUENTIN DURWARD.

avec ke. château, car je sais que dans votre pays on a coutume de les porter à une certaine distance. Mais ma famille attachait un -orgueil héréditaire à la possession de nombreux chevaux; et mes -pères prenant plaisir à les visiter fréquemment, ils n'auraient pu de faire aussi commodément si les écuries éussent été plus éloi- gnées. Avant la réyolution, j ‘avais trente beaux chevaux dans ces -bâtiments ruinés. » - |

. Ge souvenir d'une magnificence passée lui échappe sans doute

involontairement ; car, en général, il faisait rarement allusion à

-Son ancienne opulence. Dans ces paroles, prononcées avec simpli- cité, il n’y avait nulle affectation; rien qui indiquât que le vieux -&entilhomme attachait la moindre importance à la fortune qu’il avait possédée jadis, ou qu’il demandait qu’on le plaignit de ce qu'il ne l'avait plus. Toutefois, ce souvenir réveilla quelques idées pénibles , et nous gardâmes le silence jusqu’au moment , des débris d’une maisonnette qui avait été jadis la loge du portier , sortit une paysanne française, pleine de vivacité, dont les yeux étaient noirs comme du jais et brillants comme des diamatits. Eïle vint à nous avec un sourire qui laissait apercevoir des dents aux- quelles nombre de duchesses auraient pu porter envie, st prit les rênes du petit équipage.

« Il faut que Madelon exerce aujourd’hui la charge de palefre- nier, » dit le marquis après lui avoir fait un signe de tête gracieux, en retour de la profonde révérence qu’elle avait adressée à mon- seigneur ; « car son mari est allé au marché, et, quant À la Jeu- “resse , il a tant.et de si diverses occupations , qu'il en perd pres-

que la tête. Madelon était la filleule de mon épouse, 'et avait été

élevée pour être.-femme de chambre de ma fille, » continua-t-il

pendant ue nous passions sous l'aicade dela porte principale ,

‘surmontée des armôiries mutilées des antiehs seigneurs , et main-

! tenant demi cachées sous la mousseet le‘gramen, sans compter : des branchés vagabondes de quelques-arbrisseaux non taillés.

" La connaissance que j acquis; par ces paroles jetées en passant,

- que le marquis était un époux , un père, privé de son épouse et de sa fille, augmenta mon respect poûr ce vieilkärä infortuné , - que Chaque objet qui se rattachait à sa situation présente entre- . tenait. sans aucun doute, dans des réflexions mélancokïques. Après . une courte pause, il continua d’un ton plus gai : «Mon pauvre la Jeunesse vous amusera ; et, soit dit en passant, il a dix ans de plus que moi (le marquis en a plus de soixante) : il me rappelle cet ac

INTRODUCTION. as teur da Roman comique, qui jouait toute-une pièce à lui seul. f1. veut absolument être à la fois maître d'hôtel, cuisinier en chef, valet.de chambre, en un rot représenter toute äne suite de do-: mestiques dans sa per$ünne. 11 me rappelle quelquefois un person- hage de la Bride de Lammermoor ‘, que vous devez avoir lue, puisque c’est l'ouvrage d’un de vos gens de iettras, qu'on appelle, je crois, le chevalier Scott.

* Je présume, répondis-je , que vous voulez dire sir Walter. * Oui, c’est de lui-même que je voulais parier : j'oublie. tou. jours les noms qui commencent-pur cefte lettre impossible: » Cette réflexion écarta des souvenirs plus pénibles; car: j'avais à redresser mon ami français sur deux points. Sur le premier je’ réüssis, non sans quelques difficultés ; car le marquis, malgréson aversion pour les Anglais, ayant passé trois mois à Londres , se piquait d'entendre les difficultés les plus ardues de la langue ; et. en äppelait à tous les dictionnaires, depuis celui de Florio jusqu’au plus moderne, pour prouver que le mot anglais bride siguifiait en français la bride d’un cheval. Son sceptivisrhe alla même si loin. sut ce point de philologie, que lorsque {8 mie‘hasatdai À lui faire entendre que dans tout le rorrian il n’y avait rien qui eût-rapport à une bride, prenant ont grand sarig-froid , et ne se dontant nui- lenent à qui il parlait, H'rejeta tout: le blème-de:cétté inconsé- quence sur maieureux auteur. J'eus ‘ensuite la franchise d’m- former . mof ‘ami, d’après des motifs que- personne ne "pouvait conattre auséf hien que moi, que mon compatriôté, homme lettres: distingué , dont je parlerai toujours ave le 'espoet à: ge talents, n'était pas responsible - des ouvrages futilés que te diprice du publje-tui avait:trop généreusement t. trop: ‘inconsidé- néxvent attribués. Saisi. par l'impulsion du miomeñt, j'Autais:mêrne peut-être été plusloin ; et.cofirmé.ma dénégation par uné preuve positive, en avouatit à mon hôte qu’il n'était pas possible qu'un autre eût écrit des quyrages dont moi-même j'étais Pauteur; mais ÿ'échappai au danger. auquel je m'étais imprudemment exposé, le marquis m'ayant répondu avec beaucoup de calme qu’il était biën aise d'apprendre que de pareilles frivolités h’avaient pas été composées par une personme de condition. « Nous les lisons, dit-il, commé nous écoutons les plaisanteries . d'un comédien ; ou

"+ Le mot #réde vent dire fiancée ; et 1 marquis le prononce comme si c'était une dride, qui en anglais se traduit par bridie, et qu'il faut prononcer draidle.ll aurait êfre : braïde. verra tout à Pheure utilité de cette remarque. à, Xe

2 Le double W anglais. 4. M.

2% QUEMASF! DOUNIA | crumemnesiaseëtres -éroubiant:cebés d'un: immfianee que fstsinn: attashé: à la, familla;-eti siers- fiéssient'uni grand objet: dome ment, quoiqu'ils eusgené,été fâehés quelles sortissent:de lnbou- chede. quelqu'un qui aunait: eu: de msilaués-drait ds éter arts: dans: lemysocetéi ».. | Cette: déclanâtien ris veppela complétement à prudence: an

dinaire, et je craignis tellement de me. compromettre, qua jen: mwéhaserdsi mâme pas à. evphiqenà-moR aristearaier;amai. que

l'individu. qu'il avait 5ommé: devait. sem avancement, 0e que | j'avais entendu. dine:,. à contains an vregns de:s COM PORISOE, quis. sens lui fare- as pouaient. ôtre: comparés ädeszomanson . NOT. . Lavénité est. ques entneautres paéjugés injustes aux quals jai déjà fait allusion... le-marqguia-ayait.eontraeté une-horneur-méléen de mépris.paun: teut:hemme qui fait des:livxes,, payee:que firer _ deslivres.est.un.métian tout, cojame-ua:autre.. Gaéte:horreun.ne shtanidait eepandant pas.jnsqu'à coux.qui aampesené, ua in-felior sur la: jurisprudence: on. lethéologie:-meisil, regendait. Lamiaun dureman dune: nouvelle. ua paëme,. d'aner: pipe fugilisien envers. d'un-quynage eritique. comme où: regande Hi POP tile venimeurx. c'est-à-dire; ave craimeret Hfgoik, L'abus decla presse, soutänait-il, surtout dâns.eps productions les pips/dgénen: das s6s-fanmata les: plus. mmänces,-avait. empoistueé: ana toutes.les.sourçes.de: la. morala, et ieprengit.pau:à ReRAURA ER fnenes que ke tumulté dela guerre lai avait faitinepdre. Reuwles écrivains, excepté .ceux-du plas-gros-et duplus dewrdientibna it les regandait..comme.dévoués à la. mauvais. causa, depuis Roue seau et. Voltaire jusqu'à PiganMrLebruniet à lautgun, depnomans écossaise, bien qu'il convint qu'il leslisaitineur passer de larnpés : ndaamoins, comme. Pistol mangrat son-poireau/l ce n’était par sans. mamdire la.tendance de L'onrrage qu'il ayait.saus- les yes

Gatle:obsarvation m'empêtha dacfhire:-Leven indp francrauquel ma: vanité: se préparait. et je-rainenni le: marqisà isassremarques au: le:manûir de ses aisox : Ici, dit-il, étaitrle. théâtre aun lequel æonr-pére ebéins. bus d'une:fois -unordre pour Lénine:

1 Allusion à un usage gallois dontil est question dans je Henri y de Shakspears uh faux brave noïnmé"Pistuk est exposé au ridicule par un de ses compatriotes , la.capitaine Fluellen,. quille force à.mañger le poireau ques. sonfacmément à l'usage des Gallois: il ayait attaché. à som bonnet le joun de Saint-André, annirersaire de.læ | bataille d'Azincourt., On sait qne.dajs. catée. journée mémprableles Galiaig. étaiens

postés dans un jardin potager. A. M duree LE tue

ateses de le Coméiis frangaitie- viassent jouet; quand de: reè-oll madame der Rem padour l'hongraient: der. leut-visite Lèvhes .plas au:centre , était la:salle baromniale-cirs'eterçait la juaidiotion Sos dale;. lorsque descriminels dhvaisnt être jugés par le seignstr-otp | le haïli ; ear nous avions, comme vés-nèhles écossais, le droitidèr basse et haute justice, ouaütrement de:fosse et. de fourche;ftsss esmfuros, comme dirait ur juriste: Au-dessous.est la. chaire du-la: question: de-la tontuse , et vraiment jo: snid, fché quo droit.ansei sujet à des abus ait été: oankié: aux. meisa d'une: créa ture vivante. --Mhis, ». ajoubr-+-l, ayoëi un séntiront. de digrrités qui prenait sa source dans le souvenir des atrocitéé- querses ane tres avaiont eoremises-dens les sontenaies doût il:me ruqntraitles soupiraux grillés,» telies sont les conséquences de. la suporstis tien, que, ménieaujourdihui, les paysans:n'oseht apprbcher der 088 cadbols: dans! lesquels don, mes aieux. cémminemt pin d'unrétte de ordauté. »

Tandis œaer-mous-appeochione de La fanêtre car je tévnsigrais quelque curiosité voir ce-séjotr de-terreur, il. s'Mlovai.de: cet abtme-souterraiü de grands éclats de rire-, que nous déconsrimes fagitement-pretenir d'un groupe de’ fulâtres enfants: qni;avaisntr changé le: cawaau emun thiéôéte deloursjeur, oùila frianient une partie. de-Golin-Dailerd:

Ee marquis s-tronva un: poux déeoarerté el esté. rodouEs à ai : tabaéière:;: mais se remettant premptement; il medlit: « Ce.soRt . leg enfants-ile: Mhdoton ; lés terreurs imaginaires db-ces retraites souterrames leur sont devenues familières. D'ailleurs, pour vous dire la vérité, ces pauvres enfants sont nés depuis l’époque des prétendues-lümières qui ont fait disparaître notre superstitionet en même temps hotre sainte religion: ceci m'amène à vous pré“ venir que c'est aajburd'hui un'jour maigre. Le curé de la pareise esvle seul'convive que rious aurons. et je ne consentirais pas vos lontiers # heurter ses prineipes. IJailfeurs, ». continua-t:il d’an ton plus férme,, et: mieithnt de: côté toute espète’de continte. “l'adversté:in’a donné sûr ce sujet des idées difiérentes de celles que néinspireit ta prospérité, et je rends grâces à Bletr de ce-qué jern'ai pis honterdéroner que jesnik leseoinmandéments de mot église. » |

Le me hâtai de lui répondre que, bien qu'ils pussent différer. de ceux delà: mienne, j'avaistout le respect possible pour les -règlo- ments religieux dé. toute communion chrétienne, pénétré da

œm. :__ QUENTIN DUAWARD.

L'idée que nous adressions nos ‘prières au inôme ‘Dieu; fordiées: sur le même:et grand. principe’ de la rédemption éterneile, quoi "qüesous:des .foitmes différentes: que’ j'étais dans la persuasion .ques'it avait pla ‘air Tout-Puissant de ne pas permettre cette va-: riété: de culte ; mes devoirs nôus auraient été prescrits aussi dis- tinctement qu’ils sont tracés dans le Dévalogue.

+. Lemärquis n'était pas un secoueur de main ? ; mais dans le cas présent , il saisit- lai nmenme et la. secoua avec eordialité : soule marque: peut-être qui pôût annoricer- qu’il partageait mes senti- ments, et qu'un:zêké catholique pos convenablement éonner en pareille cireonstance.

--Cé6s explications, ces remarques, et les nombreuses réflexions produites par le spectacle de 6es ruines, rémplirentde temps que nous mfrnes à faire deux ou trois fois le tour de la longue terrasse, et un quart d'heure pendant lequel nous restâimes assis idans un pavillon voûté, bâti en pierres de taille, décoré des armoiries du marquis, et dont le dôme; quoique + ti peu endommagé ‘était en- core solide et assez bien conservé. |

.# £'estici, » dit-il en reprenant ion de la preiière partiede notue conversation ; «ques j'aime à venir m'asseoir à midi , lorsque cs.paviblon m'ofifre un abri contre la ehâleur, et dans la soirée:;: lorsque les rayons du soleil couchant s'éteignent par degrés sur la nappe étendue et onduleuse de la Loire; c'est ici que, pour . émployer langage de votre grand -poëte, c’est i ici que , malgré mequanté ‘de Français, je eonnais miéux que bien dès’ Anglais > -

Shewing the code of sect and bitier fancy 2

3 eus grand soin de ne.pas réclamer contre cette variante d’un passage bien connu de Shäkspeare ; car je soupçonne .fort que Shakspeare aurait perdu dans l’opinion d’un juge aussi fin que le marquis, si j'avais démontré que, suivant toutes lesautfes leçons, il avait écrit chesoing the cud ; au lieu,de shewing'fhe Code 5 . D’ail- leurs nôtre précédente discussion me suffirait, étant convaincu depuis long-temps (quoique je ne l'aie été que dix ans après être sorti du collége d’Edimbourg) que le véritable talent de la -con- yersation consiste non pas à faire parade de. connaissances supé-

4 Allusion à la coutume des Anglais , qi au Îteu de s’ter le chapeau, ; se pren- nent la main. 4. M.

‘2 Ce qui veut dire: Montrant le code d'une. amère et douce imagination. 4.26.

3 Ces deux phrases ont en effet deux sens bien différents : to chéo the cud veut dire ruminer ou méditer ; et #0 shew the Code, expliquer le code. 1. M.

INFAOBUCTION.. . rieures que l'os: possède sur: des sujots de nr gore mais à agrandir, à.perfectionner, à corriger 0e que l’on sait , s'appéyant de l’autorité de ceux qui savent. Je. laissai donc le merquis expliquer le. Code tout'à/son ais, et je fus récompensé . de ma retenue par da dissertation logique et savante ‘qu'il entama sur le style rhaniéré et-graeidux d’architeeture introduit en France dans le dix-septième siéele. Il en indiqua les beautés et les défauts avec infiniment de goût ;..et après avoir -domné ses idées sur des sujets du même ordre que ceux qui:m’ent déjà fourni une digres- sion , il fit en leur faveur un appel d'un:autre genre, fondé sur celles qui naissaient naturellement de ce qui. était sous nos yeux: - « Qui pourrait sans remords, ditäl, détruire les terrasses du château de Sully? ces terrasses que nous ne saurions fouler sous nos pas sans -nous rappeler l'image de cet homme d'état, aussi distingué.par sa sévère intégrité que par. la force et l’infaillible sdgacité de sen esprit ! Si elles.étaient d’un pouce moins larges, ua tant soit peu moiris massives, ou bien si elles étaient dépouil- Jées de leur solennelle uniformité par Les plus légères altérations, nous serait-il possible: de nous les @gurer encore comme ayant été le théâtre de ses méditatioris patriotiques ? Un salon meublé dens lo goût du'jour pourrait-il vous représenter à l’idée'le duc assis dans son fauteuil, tandis que la duchesse est aseisosur un tabouret, donnant des leçons de courage et de fidélité. à leursfils, de modestie et de:soumission:à leurs filles, aux :uns et aux'au- tres d’une niorale rigide; tandis qu'un cercle de jeune noblesse les écoute avec attention, les yeux müdestement tournés vers la terre , immobiles et muets, sans chercher à s'asseoir ; si ce n’est d'après le commandement exprèsue léur prince et parent ? Non, monsieur : détruisez le pavillon royal et séculaire dans lequel se. passait cette édifiante scène de famille, et vous éloignez de l'es- prit la vraisemblance , la vérité du tableau qu’il s’était formé. Ou bien‘encore, vous est-il possible de vous figurer ce pair, ce pa- triote illustre, se promenant dans ün jardin anglais ? Certes , au- tant vaudrait vous'le représenter revêtu d’un: frac bleu, et d’un gilet blanc, au lied de son habit à la Henri IV et de son chapeau à plumes. Comment aurait-il pu:se mouvoir dans le ttbyrinthe inex- tricable de ce quevous appelez une ferme ornée ; avec son cortége habittiel de deux files de gardes süisses entre lesqueïfes il mar- chait? En vous rappelant sa figure , sa barbe , son haut-de-chaus- ses à canons, attaché à son juste-au-corps par xhille aiguillettes

. QUENÆEF: DUNCVASEL

etnmudsde:rubssn, “votne-faagisiation ni smaraiéy ces se re préséntent dunsn-modenne janlin-angiais; lecdistiigner-doiquels ge viillard an:délinesq ni Jiest avisé smrerétiii du, .Césterme dés sm trisaiout, ot qu'an détachenient de gendatmes: conduit us: maison: de fous; Mnissieleenistoetnone; ébnémnierlalengue of magnifique terasse ie: loyal, le magaenime-Selig-mtait eo tume-de faire deux..fbis: pan jour se proméeade:scitire, tintin méditant sar les planscqu'il formait;pear bonheur dx penpis:,. peur la gluire:de la Frane ;. otibiemlomsque, à:une: époque plus awang6e:et. plus triste: de: sa vie: il: rêvait douletrenspmentaz: souvenir-de: son mattye: a0802ûré:, et au:sort doson-paye. déchiré par des:fections qui à déur insu préparaient sa:TUÏRE:: sur Of mma- gnifique:arrière-plan -dianoades: jetez des:vases ; désatatues:.dés umes . er un: mot.toub ce: qui-enrpede:le pronimité-d'un-ralais deal. et le: tableenr;.dans toutes:ses parties. sera eriarmatrié avee. La figure de:ce grand ministre: Les-faétianmaises-äsmés de l'anquekuse, et placés aux: dus -extrémités de:la longue thrrèse bien.ninelée , snnonesnt la: présènos-dinprihoe féodal, plus: évil demment encore démoninée: par h. garde d'htinneir. qui le pré oùde-et qui-lersuit aveo:la hallpkandt: hnuée ; L'ain'mertial'et.fiers esmem£si! l'on était ei:présence da: l'ennemi ‘animés duahême ssntimont.que leur noble et digne chpf, thus:siétudéené: à végies louns-pas: d'après les siens, marchant-lorsailimarche, s'arnôtelat lorsqu'il s'emête , se confürmant aux jlus:légères ivégtiarités ses-churteshaltes: ei; de:sa manehe,; act asionées par‘ses: profomn dés-rétlexions:;:tous exécutant avec: pnésision méitaire da. plus rigoureuse Les: évalutions:requises,.devant:et dernière celui qui some être le cestre-et: le prinnipe: d'action: de leurs rang, de même que-le.oœnn estle mabile et la! ferce-du corps hunsai:.. vous souriez en entendent: cette déseription:d'unp:promerade. peu conforme à la: frivole liberté dés:mœurs maddrnes, » :ajôtite le-marquis:en-me regardant d'un :air de douter-et de. soupçon, «vous -décideriez-vous à démolir cette matre: tenrasss.. foulée ‘per: les-pieds délicats-de la séduisénte marquise de Sévigné, età l'idéer de. laquelle: s'unissent tant de: sourenirs qui se ratiachong: ‘d one: foule de passages de-ses -lattresenchantbreseps:?:» U,

Un peu fatigué de-cette-dissentatiôn cuabieneertainbmantles marquis.awäil: prolongée dans le but de rehausser les bonutési na: tærellbs de.sa; chère-terranse , qui..auiresta, tbuterdéiabrée qu'élléo était. n'avait cependant pas-besoia. d’une recommendation aussi

ANERVBUCTION. ° à fonresile | Fiéfiomé men amé que je venmis dei reseveis-d'Angies. tesro le jeuennk: d'u voyage-ex éeu té. dans le midi de h Frances par-un.jeume étiltiné d'Oxfond, avec.que je suis lié d'affection... litératour; puëte ; dessiveteur, ouvrage dans lequel ii daune:wes: description arimée:et si. intéressante du châteas de Giga. : demeure de la file hierr-aigsée: dérhadame de: Sérigné.; :et:où elle méme faisait :de fréquents séjours. F'aiputai uit n'était: perseumei qui, après avoir ln:le livreot. n'étant. qu'à uae distance de qua raie milles du châteene,. res ab: y faire vu pèlerinage. Le mar

qués témoigpe sa vive. satisfaetioncpar un seurine, me demanda ies titre entier de l’opuscule, et:éoririt sous-mn dietée ::« Toinérains d'un voyage: fait. en. Pretense: sur le Rhône en 1849;. por John Hugues. À.M; maitec:és-arts-du.aaliége Oriel., à Oxfond. » lime dt: quil-ne pouyait.,, quamé à présenté. faire emplette: de divrem pour:le châtese.,. mais qui inviterait à le:lui prourerliw libraive:cheæ lequel it était, ahoriné: dans une: ville du voisinage | « Mais, ajoutart-A.. voies le curé gai: arrive: bien : à RFOPOS: peur. metére: fin à-noére-disoussién:;, je vois aussi Ja Jeuneasiee fmisant.ler taisr: dis vieux pertique:sünla-terrase, pouraler. sonner la: cloche: da.diners:: cétémanie assurément bien inutile pous réuair troi® parseunesi, mais à laquelle le: bon. viaillirdi ne renonserait pat sanméprouser:le pusamsertél chagrin. Ne füfes Ancupe atteatiom à: li pour-lesmoment, attend. qu'il désire:remplir incognito le! seruicrdes départements inférieurs lorsqu'il. anra cessé: de: see ner, il. partira davamt, nous dus taute:sa, gloire, 6x. nié den maj EnROMhE >"

Roñdant que:le marquis paslait. #insi, nous nous. dirigions vers lestrépaité orientale duobhieau seule, partie de l'édigee qui fèd, ancorg habitable

« Eabande noirs, merditril, en démelissent le reske de château: pour en prendre le plomb ; la clrarpanie-et autres matériaux. Mid _ rendu .88n8:y penser, le-servicé de:le réduire à des dimensions plus analognes à la fortune. du. -propriétaire- actuel. La-chenile a encpre:trouyé dans ja feuille un coin pour y'cather sa chrysalide:: qu'artrebe à senabarrasser-de savoir quéls, en Lorr lese airs qui aùt dévearé le reste du buisson? »

Comme il finissait de parler, nous arrivâmes à la porte. La Jeu- nasse S'Y. montra. avec. un air d’empressement et de respect et un “visage qui: .bien-que.sillonnéde millg rides , était prêt à répondre à première parole de‘boñté de som maître par un sourire. qué .

32 QUENTIN DURWARD. faisait apercevoir deux rangées de dents sokides et bien conser- vées .en dépit de la vieillesse et des infirmités. Ses bas de soie, hien tirés et bien propres , si souvent lavés qu'ils en avaient con- tracté une teinte jaunâtre ; sa queue nouée avec üne rosette, la boucle grise «t' peu fournie qui s’appliquait sur chacune de ses joues maigres et flasques;"son habit couleur de perle, sans collet; le solitaire qui ornait un de ses doigts ; le jabot, lésmanchettes | et le chapeau-à-bras : tout annonçait qüe la Jeunegse avait consi- . déré l’arrivée d’un convive au château comme un événement ex- traordinaire qui exigeait que, pour: sa part, il déployät une ma- gnificence et une parure proportionnées. __ En considérant ce bizarre mais fidèle serviteur, qui probable- ment héritait des préjugés aussi bien que-des vieux habits de son maître , je ne pus m'empêcher de reconnaître la ressemblanee in- diquée par le marquis lui-même entre la Jeunesse et mon Caleb, le fidèle.écuyer de Maître de Rawenswood. Mais un Français, un . Maître-Jacques ou J ean-fait-tout , une espèce-de Michel-Morin , peut naturellement, avec plus d’aisance et de.souplesse , se char- ger à lui seul d’un grand nombre d'emplois et y suffire avec plüs . de facilité que ne le ferait un Écossais avec sa roideur et la-lenteur _ de ses mouvements. Plus habile que Caleb, sinon par le.zèle-du moins par sa dextérité, la Jeunasse paraissait se multiplier, selon. les besoins de l’occasion , et s’acquittait de ses divers emplois: avec une promptitude si grande et une exactitude si remarquable; qu’un domestique de plus aurait été entièremenl inutile: ‘” . Le dîner fut splendide. La soupe , malgré l’épithète’de suigre: . dont les Anglais n’usent que pär dérision , avait un goût dëli- cieux ,. et la matelote de brochet et d'anguille me réconcilia , tout Écossais que j'étais, avec ce dernjer poisson. Il y avait même un: petit bouilli pour l’hérétique, soigneusement euit de manière à conserver tout son jus, et en mêime temps rendu si tendre que rien ne pouvait être plus délicat. Le pofage ét deux autres petits plats étaient également bien aceommodés. Mais ce-dont.le vieux maître d'hôtel se glorifiait le plus, comme d’une chose superbe , souriant comme un homme satisfait de lui-même, ét jouissant de ma surprise en le plaçant sur la table, ce fut un iminense plat.

"4 On sait efectivement que le peuple anglais ala soupe en ‘horreur, du moiñs télle dw’on la mange en France. 11 n’aime qu’une sorte de potage très-épicé, et-qu’il nom- . me furiie-soup, friandise britannique fort coûteuse, et que l’on ne voit guëre que

chez les grands. 4. M.

"INTRODUCTION. : 33 d’épinards 4, non pas ‘aplani en surface uniforme , eomme ceux qui sortent des mains de nos cuisiniers non érifiés ; Mais repré- sentant dés collines et des vallons l'on découvrait un noble cerf poursuivi par. une meute de-chiens à la gueule béante ,'et par d’élégants cavaliers, les uns ‘dognant du cor, les æutres te- nant la cravache haute et brandissant comme un coüûteau de chasse : chiens, chasseurs et cerfs, tout était fait de pain artis- tement découpé, puis grillé et frit dans le beutre. Joutissant des éloges que je ne manquai pas de prodiguèr à ce‘chef-d’œuvre, le vieillard avoua qu'il lui avait failu près de deux jours de-travail pour le porter à ce degré de perfection ; et voulant'en donnér l'honneur à qui de droit , il ajouta qu’une conception aussi bril- lante ñe lui appartenait pas entièrement, mais que monseigneur lui-même avait eu la bonté de lui suggérer plusieurs idées pré- cieuses , et même avait bien voulu condescendre à l’aider dans l'exécutiori en taillant quelques-unes des principales figures. Le .marquis rougit un peu de cet éclaircissement qu'il aurait proba- blement supprimé bien volontiers, maïs ïl avoua qu'il avait eu l'intention de me surprendre ‘par la représentation d’une scène tirée d’un poëme qui avait eu du succès dans mon pays, Milady Lac. Je lui répondis qu'un cortége aussi splendide représentait une grande chasse de Louis XIV plutôt que celle ‘d'in‘pauvre roi d'Écosse, et que ce verdoyant paysage ressembiait à la forêt de Fontainebleau ‘plutôt qu'aux montagnes sauvages dela Caké- doniie. Il me fit un graciéux safat de la tête en réponse à ce cot- pliment , et reconnut que le souvénir du costame de l’ancienne cour de France, quand elle était dans toute sa pompe, avait bien pu égarer son imagination. La conversation fot donc bientôt ane- née sur d’autres sujets. : ".

Le dessert n’était pas moins recherché que les autres services : le fromage, les fruits, la salade; les olives, les cernaux et le déi- cieux vin blanc étaient impagables, chacun dans son espèce ; et le bon marquis observa, avec uhe grande satisfaction, que son con- vive y faisait-honneur de ia manière la plus cordiaie. «Après tout, dit-H, et cependant ce n’est qu’avouer une sotte faiblesse: après | tout, je ne Sauraïs me dispenser de me réjouir-de ce qu. je me sens

4 En général, on mange en Angleterre les légumes sans les assujettir à une mu- Ülation; on les fait simplement bouillir, sans nul assaisonnement. 4. M. 2 Walter Scott veut désigner ici la Dame-du Lac (the Lady of the Lake)\,titre don

de ses poëmes; et il faut convenir qu’il exagère bien à son aise l’ignorance du noble féodal français aux deux ailes de pigeon et à l'épée horizontale. À; M.

‘34 QUENTIN IMERMWARD. aan éteé d'offrir à nniétranger-une sorte d'ncspitakité quifui steètile gréabie. Crayer-mai, ee niest pas-entéèrernent par orgueil que bus autres , paibres devenants , nous mêmes une vié d‘retipée 1@t mégligrens les devoirs del'hospitalité. E.est vrai qu'il n’y ema -œueoitnop parmi RouS qui errent dans des châteaux de leprs pères, st que l'on prendrait plutôt pour lbs ‘esprits.de leurs propriétaires décédés, que pour des homimes-vivants rétablis dans leurs posèes- -Slons. Gependast c'ést par rapport à eux-mêmes , plutôt que pour +Æpargner une subtilité‘que nous ne cultivons point la société des ‘voyageurs de votre pays. Nous avors dans l'idée que votre epu- dente nation tisnt particulièrement au faste-et à la bonne chère, ju ‘vous aimez vos aises-et recherChez les jouissances de tout 1genre : or les moyens qui nous restent pour vous faire un ‘bon ac- +ueil sont généralement si limités, que nous sentons le besoin de -Roës interdire toute sorte de dépense et d'ostentation. Personne n'’épronve le besoin d'affrir ce qu'il a de mieux , lorsqu'il a raison -de penser que ce mieux ne fera pas plaisir ; et comme plusieurs d'entre vous publient le journal de leurs voyages, monsieur le «narqués h'aurait probablement pas:beauooup de raison d'être sa- «tisfait en voyant le pauvre diner qu'il a-pu donner à nn-milord an- ‘gfate mentionné dans une relation qui doit être un monument du- : aeble:» . | V. . . J'interrempis le marquis pour ladsurer que, si j'avais mtention de publier le récit. demon voyage, ve ne'ssrait que pour perpé- uer le:souvanir du meilleur diner que j’eusse fait de ma vie: Hl me -Témereia par une inelination de tête, et me. dit qu'il failait ourque 1jeæe.partagensse pes entièrement ke goût national, ou bien que.ce -Gue l’on en disait fût très-exagéré ; Îl me remerviait particulière ment de lui avoir montré la valeur des possessions qui lui restaient; l'utile avait sans doute survéou au somptueux, à Haut-Lieu comme . Æilleurs ; Les grottes, les statues, les serres pour les plantesexoti- ques et éurieuses , le temrite et.la tour, avaient disparu :- mais da -Figne, le.patager, le. verger, d'étang, existaiont-eñcere; ‘et il s'es- timait heureux de voir que leurs roduits réunis avaient pu ooïn- Poser un repas qui avait. paru passable, même à un Anglais. «J'es- père seulement, sjouta-t-il, que vous voudrez:bien me convaincre de la sincérité de vos compliments en acceptant l'hospitalité au Château de Haut-Lieu aussi souvent que vous ne serez pas retemi par des engagements plus agréables, durant votre séjour dans notre voisinage. » Je promis bien volontiers de profiter d'une invitation |.

TNAOBTONON. | taie Avec tantsde ges qruh raser cemiBlait qu'en Paceestent Po- bligéasse celui qui me l'adressait.

:La comversation:tonibe #lors-s6r jistoire du chétenx et derses environs, sujet qui plaçaït lo-marquis sur son terrain, quoiqu'it ne füt:ni sawant:ni antiquaire ‘hi môme historion profond. lorsqu'il n'était plus question. :de ses: propriétés. 'Mais:il:se trouva que !6 curé était Lam et Fautre, ‘enrmêmetemps qa'an-hommme aimable, d’une .conversation ättachente ; plein deprévenance, :et mettant dans ses vommunicalions cette politesse aisée ‘qui n'a:sentblé être le type.des:membres du vlergé catholique, -qu'ils aient beaucoup ou même peu d'ihstructien. :Ge.fut-de lui-que j'appris qu'il exis- tait ançore au chMeau:deHlaut-Liowie-restediune belle-biblicthé- que. ke-marquis hanssa les épauies:en antendantile caréme:don- mertetieinformation, regarda d'un:côté et de Fantre, et témoigna Ja même espèce de nuérilembharres qu’ikn’avait pu:s'empêcher:de montrer lansque la Jemnesse avnit auiiserètement révélé linter- vention de:son-maître. dans-les arrangements ticila:caisine.

« J'aurais, dit-il, beewsoup.de plaisir. à oes-mentrennes li- xres ; ris ils.-sopt:en-si mauvais état et dansiuins tal désortre; que Jai honte.de-es faire noir d‘quiqeecesoit. t

—-Pardonnez/moi, morisicur de marquis, sépondit le:cumé: vous servez que-vous avez pérmis:eu grand bibliomene anglais, 1e due- feur Dibdin dereensukter ges-préavuses ruliques. ot NOUS devez Re pas avoir-oublié, Féloge:pampoux qu'il en a:fait.

Pouvaitjé:m'y nefusér, anen cher ami ? réplipua le _n Quis ; on-avait faitau bon dupteur un rapportemgéréausujel: des paet. de-vce qui était autrefois uné bibliothèque ; il shétait étabf

l'auberge voisine ,: bien déterminé à emporter-ka place ou à Pie au. pied: des memperis.:F'ârmis:mêmé oui dive qu'il:æveit cui- <alé mathénintiquement la hentour de brtourélie, 4fin.desepoar- vair d’échelles pour Vescelader. Vons auriez pas voulu que:je réduisisse. un respeetakle théolügien., quoique:appartenant à nne religion dissidente., à ùn pareilacte de aléespoir ?-ia:conseiere #3 serait refusée. .

Mais vous.sanez #8 outre,mensienrhermerquis, édntinua Je curé ,-que le docteur Dibdin fat tellement peiné:en voyant la di- Japidation que votre bibliothèque avait souffente,: qu'il avoua qu'il regrettait de ne pas avoir les pouvoirs de notre gts pour’ lencsr . un Aoahee surlatéte les CPAS.

‘9

æ QUENTIN DURAWARD. Son ressentiment , dit le-merquis; était sabs doute propor- tionné à son désappointement? . : Nullement , répondit le euré ; car ü parlait avec tant d’en- thousiasme de la valeur de ce qui vous reste, que je suis convaincu qu'il n’a fallu rien moins que vos instantes prières pour empêcher le château de Haut-Lieu d'occuper au moins vingt pages dans le magnifique ouvrage dont fk vous a envoyé un exemplaire, et qui sera Un MORuMENt impérissable de son zèle et de son érudition. Le docteur Dibdin est-d'üne politesse achevée , dit le mar- quis ; et quand nous aurons pris notre café (le voilà qui arrive), nous irons à la tourelle ; æt j'espère que, de méme: que. monsieur n’a pas dédaigné mon humble.dîner, il aura également de l’nda}- gerice pour l'état de désordre ma bibliothèque : je m’estimeraf heureux s’il y trouve quelque chose qui puissæ l’amuser. D'ail- leurs, mon cher curé, quelque. chôse qui artive, vous avéz tous les droits possibles sur mes livres, puisque , sans votre interven- tion, ils n'auraient jarmais été rendus à leur propriétaire. » Quoique cet:aete additionnel de courtoisie jui eut été évidem- ment arraché par Fimportuaité du-curé , et que son désir de ca- cher la nudité de ses domaines ét-l’étenduë ses pertes parût toujours lutter contre son: penchant naturel à obliger, je ne pus m'empêcher d'accepter une offre que les rôgles strictes de la poli- tesse auraient peut-être dû:me faire refuber. Mais renoncer à voir les restes d’une doilection assez curieuse pour avoir inspiré à notre hibliomansaque docteur:k« détermination de recourir à l'eécatade en désespoir de cause, © eût été un acte d'abnégation ea dessu de mes forces. . -: La Jeunesse avait apporté le café, tel qu'on ne- le vert tjue sur le costinent; Sur plateau couvert d’une serviette, afin. qu'on püt penser qu'il était d'argent, et le pousse-café de ia Martinique sûr An petit plateau qui était réellement de métal. Le repas aiñsi 4grminé, le marquis me conduisit, par un escalier dérobé, dans une vaste galerie, de forme régulière, qui ayajt près de cent pieds de long. mais tellement dilapidée, que je tins mes ‘yeux fixés sur le planchér, de erainte que le bon marquis ne.se crût obligé de faire une apologie pour les tableaux délabrés et les tapisseries en lambeaux, et, ce qui était pire ; pour les croisées mutilées par la violence du vent.

._« Nous avons fait.en sorte de rendre la petite tour un peu plus babitable, » dit le marquis en traversant à la hâte ce séjour de dé-

s0}a4ion y « e’était autrefois ici Ja. galerie de tableaux: et dans le boudoir qui vient après, et qui est maintenant occupé par la bi- bliothèque, nous conservions quelques tableaux précieux de ehe- valet, dont la petite dimension exigeait qu'on les regardât de plus près. »

En parlant ainsi il écarta un pan de La tapisserie citée , et nous entrâmes dans la chambre dont il venait de parier.

C’était une salle octogone, correspondant à la forme extérieure de la tourelle dont elle oecupait l’intérieur. Quatre des côtés avaient des fenêtres gaärnies de jalousies, dont chacune offrait un point de vue magnifique et varié de la Loire et de la contrée adjacents à travers laquelle ce floüve majestueux déroule ses vastes replis. Les croisées étaient garnies de vitraux peints, au travers desquels l’éclat-du soleïl couchant montrait un assemblage d'emblèmes re- ligieux et d’armoiries qu’il était presque impossible de regarder sans être éblôui; mais les deux autres, que les rayons de cet astre

n’éclairaient plus, pouväient être examinées avec plusd’attention, et l’on voyait facilement qu’elles étaient aussi en verre peint qui ne leur avait pas été destiné dès l'origine, mais qui, comme je l'ap- pris ensuite, avait appartenn à la chapelle du château, aujourd’hui profanée et pillée. Pendant plusieurs mois le marquis s'était faitun amusement d'accomplir ce rifacimento avec l’aide du curé et de l’aniversel la Jeunesse; et quoiqu'ils n’eussent fait que réunir. des fragments souvent fort petits, ces vitraux peints, à moins qu’on ne les examinât de près et avec l'œil de l’antiquairé, produisaient- dans leur ensemblé un effet assez agréable.

Les côtés de l’appartement qui n'avaient pas de fenôtres étaient, à l'exception l’espace nécessaire pour la petite porte, garnis d'ar- moires et de rayons, les uns en bois de noyer parfaitement sculpté, et auquel le temps avait donné une couleur brun-foncé, à peu près

comme .celle d’une châtaigne müre ; les autres en bois de sapin ordinaire, réparations de fraîche date, destinées à suppléer au dé- ficit occasioné par la violence et la dévastation. Sur ces rayons étaient déposés les débris ou plutôt les précieux restes d'une ma- gaifique bibliothèque. -

Le père du marquis avait été un homme instrait, et son grand- père , par l'étendue de ses connaissances , s’était rendu célèbre, même à la cour de Louis XIV, la littérature était, jusqu’à un certain point, considérée comme un objet à la mode. Ces deux sei-

gneurs, qui ayaient joui d’une fortune considérable ; et qui s’é- QUENTIN DURWARD. 3

8 ._ QUENTIN PURYTARD. taient librement adonnés à leur goût, avaient fait de si nembran- ses additions à une ancienne bibliothèque gothique fart eurieuss qui leur était venue de leurs ancêtres, qu'il yavait pes de colisc_ ions en.France qui pussent être carmparges à-celle de Heui-Liour. Elle avait été complétement dispersée par suite d’une tenfative icréfléehie du marquis actuel, en 1790, pour défendreson. château contre une populæe mutinée. Heureusement. le curé, qui par ea eonduite charitable et modérée, ainsi qne par ses vertus évangé- liques, avait beaucoup de crédit sur l'esprit des paysans du voisi- nage, décida plusieurs d’entre eux à lui cédèr pour quelques sous, . plusieurs foismême pour un-pelit verre d'eau-de-vie, les volimes qui aient ecûté des sommes conéidérables, el que ces forcenés, en pillant le château, avaient enlevés par le seul inétinctde- nuire. _Le bon curé avait ainsi racheté autant de livres que sa houræavait pu le lui permettre, et c'était grâee à:ces sains qu’is.avaient été ”-rétablis dans la tourélle-où je les trogvai. H n'était donc pas étun-- nant qu'il se fit une gloire et un plaisir de montrer aux “éirangess Ja collection qû'il avait formée. En dépit des volumes dépareillés, mutilés, e des autres morti- fications que rencontre un amateur.en parcourant une bibliothé- que mal tenue, il y ayait dans celle de Haut-Liew plnsigurs ou- vrages faits, comme le dit Bayes !, « pour élever et surprendre » le bibliomane. On trouvait « le rare petit volume À.la dorure noir- _ciei,» comme s'exprime le docteur Ferrier avec tonte lasonsibilité - d’un amateur des missels soigneusement et richament enlumi- nés ; des manuscrits de 1380, de 1399 , et.mêms d'une date plus ancienne, et des ouvrages imprimés en carmeières. gothiques dans le quinzième et le seitième siècle. Mais j je:me. propose d'en rendre un compte plus détaillé, si le marquis veut bienm'es accorder la permission.

ÆEn dttendant ; il. saiire de dire que , sevi de da journée que j'e- vais passée à Haut-Lieu , je renouvélai amiwent ma visite, et que la clef de la taur ecfegane était toujours à ma dispesilion. Ce fat alors-que jeme passionnai vivement pour une partie de l’histoire de France que, malgré la grande importance deses rapports avec celle de-l’Europe em général,et quaiqne {raitée par un. ancien his- torien inimitable, je n’avais jamais sullisaramentéudido. En même

4\Poëte bouffon introduit dans une comédie.du dus de Buckingham. a e M,

2 Traduction de ce vers: “The small rare vôlktme ,.dafk with tarnlgh}4 gold, 1.172

INTRODUCTION... 39 4emps, pour satisfaire les désirs de mon excellent hôte, je m'oc- cupai de temps en temps de quelques mémoires de sa famille, qui avaient été heureusement conservés et qui contenaient des détails curieux relatifs aux liens qui l’attachaient à l'Écosse, circonstance à laquelle je fus, dans le principe, redevable des bonnes grâces du marquis de Haut-Lieu:

LL,

Je méditai sur toutes ces choses more meo ma manière), j jus- -qu’au moment je retournai auprès du becf et du feu de. houflle de la Grande-Bretagne , retour qui n’eut lieu qu'après que j'’eus

rédigé ces réminiscences gauloises. Enfin le résultat de mes mé- ditations prit la forme dont mes lecteurs, si cette introduètion ne- les a pas épouvantés, seront bientôt à même de juger.

Si le public daigne accueillir cet ouvrage avec bonté, jene re-

gretterai point les quelques : mois pendant lesquels j j'ai été absent de mon pays. -

QUENTIN DUR WARD.

CHAPITRE PREMIER. | LE. CONTRASTE.

. Regarde ce portrait et puis cet autre, images non ressorblantes de deux frères. SHAKSPEARE, Hamlet, acte ILL, scène 1Y.

La fin du quinzième siècle prépara une suite d'événements qu eurent pour résultat d'élever la France à cette apogée formidable de puissance qui a toujours été un sujet de jalousie pour les au- tres nations de l’Europe. Avant eette époque, elle eut à lutter pour sa propre existence contre les Anglais, déjà en possession de ses plus belles provinces; et les plus grands efforts de son roi, la valeur de ses habitants, purent à peine la préserver du joug de l'étranger ; mais ce n’était pas le seul danger qui la menaçaït : les princes qui possédaient les grands fiefs de la couronne, et par- ticulièrement les ducs de Bourgogne et de Bretagne, étaient par- venus à rendre: si légères leurs chaînes féodales, qu'ils ne se fai- saient aucun scrüpule de lever l’étendard contre leur seigneur suzerain, le-roi de France, sous les prétextes les plus frivoles. Lorsqu’ils-étaient en paix entre eux et avec lui, ils gouvernaient en princes absolus; et la maison de Bourgogne, maîtresse la province de ce nom, ainsi que de la partie la plus belle et la plus riche de la Flandre, était par elle-même si opulente, si puissante, qu’elle ne le cédait à la couronne de France, ni en force, ni en puissance, ni en éclat. | |

A l’imitation des grands feudataires, chaque vassal inférieur de la couronne s’arrogeait autant d'indépendance que la distance qui le séparait du chef suprême, l'étendue de son fief et les for- tifications du chef-lieu de sa résidence le lui permettaient : ces . petits tyrans, auxquels il n’était plus possible de faire sentir le frein des lois, se livraient impunément à l'oppression la plus vio- lente, et à la’ cruauté la plus capricieuse. Dans l'Auvergne seule on comptait plus de trois cents de ces nobles indépendants, pour qui l'inceste, le meurtre et le pillage n'étaient que des actions habituelles et familières. | |

42: © QUENTIN - -

‘Outre ces monstraosttéé un aûtre fléau; qut prenait: soeur os dans les guerres prolongées entre les Français et lés Anglais, ajoutait encore aux malheurs déjà sf grands de Ce royaume à demi ruiné, et que déchiraient les dissensions. De nombreux corps de soldats, réunis en bande sotis le ‘commandement d’offi- ciers qu'ils choisissaient eux-mêmes parmi les aventuriers les plus braves .et les plus heureux, s’étaierit formés, dans diverses parties. de:la France, du rabut de tous les autres pays. Ces soldats mercenaires vendaient leure:#pves:au plus offrant pour un temps limité; et quand ils ne trouvaient pas à les vendre, ils faisaient la guerre pour leur propre compte, s’emparant de ‘châteaux et de tobrs dont ils se fisaient des places de retraite, faisant des pri- sonniers-dont its tiraient de fortes rançons, mettant à eontribu. tion les. villages sans défense, ainsi que les campagnes qui. les. eñvironnaient, et justifiant, par toute espèce de rapine, leurs droits ‘aux épithètes de tondeurs et d'escorhowrs, qui leur convenaient si. bien.

Au milieu des horreurs et des calamités que produisait ur état si déplorable des affhires publiques, il faut signaler: lës dépenses. extravagantes etes prodigalités insensées auxquelles ge-livrait ln nüblesse d'un rang inférieur, jakiuse rivaliser avec les princes d’ün rang plus-élevé; à leur éxemple, elle dépersait au milieu d'un luxe magnifique, mais grossier, les richesses dont eite' dé-- pouiliait le pouple. Un ton de galanterie romanesque et aventu- riére, que souvent encore déshoncrait une licence effrénée, ca- räctérisait les relations entre les déux sexes : on employait le lngage de la chevalerie errante, on:observaît ses lois; lorsque déjà le chaste sentiment d'un amour honorable, et le généreux esprit d'entreprise qu’elle inspire, avaient cessé d’en adoucir-et d'en réparer les extravaganices. Les joutes et les tournois, les: fêtes et les divertissements qui avaient lieu dans chaque petite coùr, invitaient à venir en France tout aventurier cherchant fôrtune, et il était rare qu’en y arrivant fl ne trouvât pas l'oe- casion d'employer ce courage ‘aveugle, cet esprit téméraire et * aventureux auquel sa patrie plus heureuse n 'offrait pas un assez

vaste théâtre. :

cette époque: et comme pour sauver ee beau royaume des mafheurs dt toute espèce dont il était menacé, le trône echance- lant reçut le roi Louis XI, dont le earactère, tout odieux qu'il était en lui-même, fit face aux malheurs du temps, les combattit

‘. .. @RPMREZ. D cflcsnenteaiine de mimeque,s'ilfmtencrcire les-ancions livres: denédvcise, dus poivesds quaiiés opposées oui la erta dec

haver brere:lbrequ'itarait-dement Joiiun bot utile-ei politique Louis n’avait pas la moindre étincelle:de-cœette valeur: hasarieuse, . descetée ferté quis'yalis:ou: dans lemeléslle prensasource, | et-qui voutin as à conte re-pour Lo point d'honneur quand ke:but: Sistiité à éepuis long teraps été-atteint. Calme, artificieux, pro- fondément attwetif} son intérêt personnel, il savait fabriquer. tout: emxueilet toute passion: qui. pouvaient le compromettre. Il net tait le plosgrmdauinsà déguistr ses sentiments ei ses vues, à tous: coux qui Fapprochaiont, ei répétail: souvent que « le roi qui ne: sibpes disimoker ne: sait pas .pégnen, ».et.que; «quant à lui, sil pensait que:sscr bonnet.conrût ses secrets, il le jetteraitau:feu. »: James pesscume, ni dans son:sibele, mi dans aneuu autre, nesut mieux tirer parti des faiblesses-dps.antres et.éYiter de donner au-- cas avantage ser joiesso laissent adadroitement dominer; per les sipneses.

ét vémiieti e cul, aupoint da troesr du plaisir aux. béquentes-ezée >: qu'ii-commaniait, mais. de môme qu'au eue ouvementide pitié nele portait jamais à épargaes ceux qu'il pouvait en toute: sûreté condamner, jimais aucun désir. de venr goance.ne J'eneits à ua acle prématuré de violence. Rarement. ik s'élançait sur proic: avant qu'elle fàt à sa portés.et qu'elle eût perdu ivet mesen-de:fuir : tous ces mouvements étaient déguisés, arocitant desoin, que-ce n'était psesque jamais que par le succès: qu'il avait: obteuu:. qu'omreconnaissail Is pat.qne : ses PARA DES avment voulu atteindre.

De même, l'avarics: de Louis faisait: pince. à une profasion ap- perente:. |orsqu'ii était nécessaire de: corrorapre le favori d'un: nusisire rival, afin de détourner une attaque don iLétait menacé, pour rempre she. confédération qui.se-formait contre lai. æioatit lo:plaisir et les divertissements; mais jamais mi l'amour ni Ixechase, biex que-cæ fussent. là: ses: passions dominantes, ne: le: détournèrent des soms qi dormait avec plas constants régu- larité aux affnires publiques età l'administration de: son royaume. Ravait one profonde: connaissance des hbrmes, et. i l'avait obte- hue en ss mélent aumäiliou de tous les rangs de la vie privée. Qusique natureilenient fler et. bautain, il avait un dédain marqué: pour les distinutions asbitraires de. la. société, ce qui, dans ces

44 QUENTIN DURWARD.

terps, était regardé comme aussi étrénge que: péu naturel : et: il n’hésfiatt pas à choisir dans: lés-rangs les plüs bas; des'hommes.

auxquels il confiait les emplois les plus igertants; mais il : savait

si bien les choidif,. qu'il arrivait raremont qu'if se fût trompé dans

l'apprébiatioh de Teurs qualités. +

Cependant 4 y avaîit des contradictions. dans ie caractère de cet artificieux et habile souverain , car il est dans'la -neturd hu maine de-ne pas: toujburs se resséutbler à soi-même. Quoique Loais-fât le plus faux et le plus astucieux des hommes, quelqües: uñes-dés plus grandes erreurs de.sa vie vinront de sa trop'aveugle confiance-dans Phomneur:et dans-lintégriô' des autres. Les ar- reurs de ce genre daus lequel’ il tomba semblent avoir eu pour cause un raflinement excessif de politique, qui le portait à feindre unie confiance illimitée envers ceux qu'il se proposait de tromper; car dans sa conduité ordinaire it-élait aussi jaloux et aussi-soup- conneux qu’aucur tÿran qui ait jamais existé.

- Deux traits de son caractère peuvent encore être: présentés, et ils corpléteront l'esquisse du portrait de ce formidablé person- nage, dont la position, au milieu des souverains grossièrement chevaleresques de cette époque, ressemblait à celle d’un gardien au mifleu de bêtes féroces qu'il dompte par sa prudence et son habileté supérieure, mais par lesquelles il serait mis en pièces, s'il ne savait leur distribuer & propès et la nourriture et les coups.

- Le prémier de ces traits caractéristiques de Louis était son ex--

_ cessive supeistition, fléau dont le ciel aflige souvent ceux qui.

refusent d'écouter les préceptes de la religion. Jamais ce moner- que ne chercha, en renonçant en rien à.ses ruses miachiavéliques, à apaiser les remords-que ses mauvaises actions lni faisaient éprouver: mais il s’efforçait, quoiqu'en vain, de les calmer et de leur imposer silence par des pratiques superstitieuses, des péni- tences sévères, et des profasions en faveur du’ clergé. Le second,

et il se trouve quelquefois bien étrangement associé au premier,

_ était son penchant. pour les.plaisirs crapuleux et. les débauches

secrètes. Le plus sage, ou du moins le plus astucieux des souve- rains de’son temps, Louis se plaisait singulièrement dans la vie privée; et, homme d'esprit lu:-même, il prenait plaisir aux bons mots et aux reparties la conversation, plus qu’on n'aurait pu s’y attendre d’après quelques autres iuances de son caractère. Il s'engageait même dans des aventures comiques, dans des intri- gues obscures, avec une facilité et un abandon qui ne s’accor-

+ CHARTERR 2: : #4 .

daient guère ever sa: gébonpe lsbisyelle Æi-son, agraetèra-ormbter: geux. Enfa, il était tollemant passionné pour ce gonse galantenie qui rêgee.seulemant dens les deruiets rangs de la spciété, qu'il fit faire d’un grand.nombre d' » Bour la plupart très linenx cieuses, un recueil bien connu des bibliomanes, aux yeux-da qui et l'ouvrage n'est pas fait pour d'autres, la bonne “an on trémement, précieuse. -

Ce fut per lp Mayen du capactèré énergique et prudent, quaigue nullement aïnahle, de ee monarqüe, qu'il plut au ciel, qui fait servir à ses desseins la tempête copume la pluie ie plus douce, de rendre. à la. grande nation française les bienfaits d'un gouverne ment civil qu'elle avait presque totarepent perdu à l'époque de son avénement au trône:

-_ Avant de succéder à son père, . Louis axait donné dés prouvos de vices phutôt que-de talents: Sa premihre femme, Marguerile d'Écosse, avait sucoombé sous les. traits. de la calomaie dans la cour-.de san époux, sans qualque-encouragement duquel personne | n’eût-osé prononcer un seul mot injurieux contre celte aimable princesse. Li avait été fils ingrat et rebelle, tantôt conspirant pour s’emperer de.la personne .de son père, tantôt lui faisant une guerre ouverte. En punition de ce. premier crime , il avait été exilé dans le Dauphuné, qui était son apabage; et qu'il geuyerna avec beaucoup de prudence; le secend-fat puni d’un exil.absplu, qui le força de recourir à la mierci et prasqu'à la charité du .duc de Bourgogne et son fils, à la-cour desquels il jouit. jusqu'à la mort de son père, arrivée en 1461, d'une Dospitalité qui dans la suite fut assez mal récompensée. .

Dès le commencement de sen. règne; Louis fut au moment, de succomber sous les efforts d'une ligue formée contre lui par les grands vassaux de sa couronne, à la tête de laquelle était le dus de Bourgogne, au pour mieux dire son fils, le comte de Charolais.

. Bs levèrent une puissante armée, bloquèrent Paris, liyrèrent sous les murs même de cette ville une bataille dont le résultat, quoi- que douteux, hit la monarchie française à ‘deux doigts de sa perte. Il arrive ordinairement en pareilles circonstances que le plus politique des deux généraux recueille le fruit, sinon l'hon- neur de la bataille.-Louis, qui avait montré beaucoup de bravoure personnelle à la journée de Montlhéry, sut par sa prudence pro- fiter de cet événement indéeis, comme si la victoire lui était res- tée. El temporisa jusqu’à ce que ses ennemis eussent rompu

46 QUENTEF SORFWARD.

lmrhigue, etsut avee tant d'advesso semer 1 jabsosie: ttrerces: granikés puissenees, que leur Bowrdu View public, sinei qufils. Fan polaient,:mais qui, dansle féit, P'irvait pour but que le-renverses ment de-hi monsréltie francaise, dent il ne serait: wsté que:l’om- bre; fat entiérenrent dueoute, et re: se ronvuelu: jamais d'une: imenibret eunsi. ‘formidable: Depuis oette époque, et pendunt ph sieurs années consécutives,” Louis, à l’abri de-teut-dmnmger du-côté: de l'Angleterre, à&-œuse des guerres. cities entre les maisons d'Forket de Eméistre, #oceupa, en médecin 'htrpltsyabic rauis: hébile, # guérir les-bleseres du eorpe politique: ow plutôt à ‘arré- ter; tantôt par des romibies) tantôtren cupioyant:le feretlo.fes Jos pregtès-de ln gen grème mortelle: dont il était:atinqué, Cesb-àr dire le brigandage des compagnies franchesset Voppresion à ie- quelle noblesse se Hvraitavec angusité. -Sliknoqut lbraîten il

cherche. de meins à y mettre des bornes; et- peu à per, à foree

_ de pérsévérance èt d'attentionit donne une fores nouvelle:à Éaax- forité royale. . tandis quil afitiaset le pour du cou qu lot fsbnt'contre clip, ;

‘Poutefvisle roi Franve: restait cacues: cavirenné. d'inquié- tudes-et dv: . dangers: <ar stiles menibres, ds le ligue dun bien: par- Mie n'étaient pus d'accurd'entre eux; ostte ligue n'était pas: dis soute, et. les’ tronçobs du roptile pouyment se réanim et venir de nouveau -dmgereux.-Mhis le péril le: plus. immiment: peur lui cvuisistuit dans la. puissance: croissante:du due-de. Bunrgogne, alors Fun des plus-grends: princes. de. l'Europe, et dntle rang miétait que bien faiblement diuiitrué : par la dépesdence-précaire son duché se trouvait de la couronne de Framge: . _

Charles, surnommé le Zurdi, où:plutôt. le: Fiméraire, exr son courage allait jusqu'àkatémérité, jusqu'à:la frénésie; partait alors Ja couronne ducaie de. Bourgogne; .qu’'il:brûlait de.ceavertir ex couroane rovaleset indépendante. Lo.caractère de ee prines: for mat, sous tous-les rapports, un oontraste. parfait:avec cokui de bouis XE

Celui-ci était cale, réfléchi etætifisieux, ne poursuivant ; ja Mais une ontreprise désespérée, n’abendonnant jannuis:celle dont: le suocès paraissait probable, quelque éloigné ail pût. âtre. Le sôme du duc:était diamétraiement ogposé : il se précipiail ax mnbeu des dangers, parce qu'illes aimait, et des-difficuités, parcs qu'il les méprisait. Louis ne sacrifiait jamais sonintérét.à ses pas- sions; Charles, au:contraire, n'immolait jamais ses passions, ni

CHAPEIRE E | à niôme es emprices.. à mucene considération. Malgré les Hens: étroits de parenté. qéiles unissaïent, et les sécours que ls due et son père-avatent donnés à-Louis pendant sont exil, lorsqu'if était dauphin, il régnait entre eux une haireet en mépris réciproques:

. Lesdue de Bourgogne méprise la politique astueieuse roi ; it l'accusait de:manquer de courage, lorsqu'il le voyait;par des- troi- tés, per in ecrraption, et autres moyens indiieets, chercher à se procurer des avantages qu'à sa place aureit enlevés à sait ae. mée3 68 ff lo haïssait, nôn-séulemont & cause de l'ingratitude dont ilavait payé ses services passés et-des injures personnelles qu'il lu avait faites, mais encore à cause des imputations que les enr bhssadeurs de Eouis avaient ésé ever contre lui vivent môme de son père, ef, par dessus tout, à cause de l'appui qu'il préteit: ek secret aux mécontents de Gand, de Liège, et autres grandes villes de Flandre. Ges.eités tarbulentes, jalonses de leurs privilé- ges et Sères de:leurs:richesses, étrient féquemmeht.en: état d'in- gre; et ne-manquaient jamais de trouver des encouragements: svcrets à le cour. de Eowis, qui saisissait toutes les cessions de formenter des troubles dans les états d'un vassal devenu rodoatable. Be mépris et la haine que lui portait le due, Louis les lui-ven- dit aree une égale énergie , bieri qu'il cachôt d'ux voile impé-- ntrable-ses' secrets sentiments. HN était impossible-qu'un moner- : .que-d’ane éagacité si profonde ne méprikät pas cettoiinflexible obstinatibn qui ne renonce jamais à ses-désseins , quelques suites: fatales que puisse amener une persévérance trop longue , et cette aveugle impétuosité qui s’élance.dans la carrière sans prendre la : peine de réfléchir sur les obstacles’ qu'elle peut ‘y rencontrer. Cependant le roi haïssait Charles plus encore qu’il ne le mépri- sait, et son mépris ainsi que sa haine étaient d'autant plus violents qu'ils étaient mélés de crainte, car il savait que le premier bond. d’un taureau en fureur doit toujours être redoütable , quoique cef animal (auquel il comparait le duc de Bourgogne) s’élance . les yeux fermés. Ce n’était pas seulemeñt la richesse du duché . de Bourgogne, la discipline: de ses belliqueux habitants, et la masse de sa nombreuse population, que le roi craignait : les qua- lités personnelles du chef avaient par eHes-mômes de. quoi les rendre formidables. Plein d'une bravoure qui alisit jusqu’à:la t6—- mérité, et même au delà, prodigne dans ses dépenses, splendide: dans sa cour; duns sa personne, dans tout ce qui se rattachait à

49 QUENTIN. DUR ARD. ‘lui, déployant pertoût la magaificence héréditaire de la maison de Bourgogne, le . duc Charles attirait à. son. service : (ous les esprits ardents de ce siècle dont le caractère était analogus an sien , et Louis ne. voyait que trop bien ce que.pouvait tenter -ct exécuter une .troupe d'hommes . déterminés, sous les drapeaux, d’un chef dont le caractère était aussi iñdomptable que le leur. Une autre ciroonstances nourrissait l'animosité de Louis contre son. vassal devenu trop puissant: il en avait reçu des services dont il n’avait jamais eu-dessin de s'apquitier, -et il était sou- - vent contraint de temporiser:avec lui, de supporter même es: éclats d’une pétulance grossiète et injurieuse à la digaité royale. sans pouvoir le traiter autrement que comme s0n beau Sols sde, Bourgogne. C'est versl’an 1468,lorsque leurheine étaitparvenueau plus haut point d’e exaspération, quoiqu’une trève trempeuse. et mal assurée, - comme cela arrivait souvent, existât entre eux, qu'il faut.plaser Je commencement decette histoire. Le premjisr personnage qui va paraître en scène est, à.ha vérité, d’un rang.et dans une posi- tion qui pourront faire considérer. comme superélue la dissertation qui vient d'être faite sur la situtaion respective de deux puissants princes; mais les passions des. grands ,. leurs querelles, leurs réconciliations., intéressent la fortune de tous ceux qui les appro- chent ; et, à mesure que l’on avancera dans -cette histoire, on - reconnattra que chapitre préliminaire était indispensable pour . bien comprendre les aventures du. personnage ‘dant nous elons nous Oceuper. Le _

CHAPITRE IL

LE VOYAGEUR.

- Eh bien: le monde est une huître , et je veux l'ou- vrir avec mon épée. . SHAXSPEARE, Le Maure de Venise,

Par une délicieuse matinée d'été, avant que le soleil se fût paré sa.couronne: de feu, et tandis que la rosée rafratchissante . parfumait de ses perles liquides l’atmosphère diaphane , un jeune homme venant du nord-est arriva devant le gué d’une petite

"CHAPITRE IT. 48

. rivière, ou plutôt d'un: grand ruisseau qui se jette-dans le Cher,

près du château royal de Plessis, dont les sombres et nombreux créneaux -s'élevaient dans le lointain au-dessus de la vaste. fôrét qui les environnait. Ces bois comprenaient une noble: chasse parc royal emtouré d'une clôture; qu'on nommait- dans le latin du moyen-àge plexitium ; d'où est vent le nom de Piéssis donné à un Si grand nombre de villages -en France. château et le vil- lage dont-nous-‘nous occupons particulièrement, pour les distin- guer des’autres. du même nôm , s’appelaient Plessis-lés-Tours : ës étaient situés à environ deux miliés-au sud de la -riante- .Capi- tale de la ci-devant'Touraïne , dont la richer campagne a reçu le nom de Jardin dela Franee.

Sur le bord opposé à celui vers lequel le voyageur s 'avançait., 4 deux hommes, qui paraïssaient engagés dans une conversation sérieuse , avaient de temps-en temps l'air d'examiner ses mou-

vements, car se trouvant sur-un terrain plus élevé , ils avaient . pu l’apercevoir à‘ une distance considérable.

- Le jeune voyageur pouvait avoir de dix-neuf à vingt ans. Sa figure et-toute sa personne prévenaïénit en sa faveur, mais faisaient juger- qu’ avait recu le- jour. en un pays étranger. Son: court fnamean: gris et son‘’haut-de-chausses étaient faits à la mode de Flandre plutôt qu’à celle de France , tandis que son élégante toque blèue, surmontée d’urfe seule branche de houx et d’arie plume d'aigle ,-le faisait reconnaître pour un ‘Écossais. Son costu- me élaït : “très-propre , et arrangé avec la recherche d’un jeune homme qui n’ignore pas qu’ila une tournure agréable.Le havre-sac placé sur son des paraissait contenir son léger.bagage ; à sa main gauche on voyait un gantelet de fauconnier, quoiïqu’iln’eût point d'oiseau , et à sa main droite un fort épieuw de.chasse. De son ‘épaule gauche pendait une écharpe brodée qui soutenait un petit sac de velours écarlaté, semblable à ceux que portaient les fau- conniers de distinction pour mettre la nourriture deTeurs faucons et aütres ohjets indispensables à ce divertissement favori. Cette étharpe était croisée par un baudrier qui soutenait:un couteau ‘de chasse. Au lieu de bottes en usage à cette époque, il avait des brodequins de peau de daim à demi tannée.

Quoique sa stature n’eût pas encore atteint ce degré qui an- nonce le complet développement des forces, il était grand et actif, et la. légéreté avec laquelle il s’avançait: prouvait ques’il voyageait ‘pédestrement,. c'était pour lui un plaisir plutôt qu’une fati-

- me mt aa

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40 QUENTIN DURWARD. gue. Ji avait teint blanc, quoique légèrement bruni soit par l’action du soleil de ce climat étranger . soit parce qu'il avait été journellemerit exposé au grand air dans son pays natal. . .

Ses traits, sans être ‘parfaitement réguliers, étaiont agréables,

t.domnaient'à sa physionomie une-expression de franchise et de

candeur.. Un demi-sourire, qui semblait naître d’une heureuse : santé et d’une bonne coüstitution , montrait de tensps en temps que ses dents étaient bien rangées et blanches comme l'ivoire,

tandis que son œil bleu brillait, et plein d’une gaieté en ‘parfaite

harmonie avec l'ensemble de sa figure, exprimait, em s’arrêtant sur chaque. objet qui se présentait à lui , la bonne humeur, une conscience pure.et une résolution peu communs.

Il recevait et rendait leur salut au petit nombre de voyageurs qui passaient sur celte route dans ces temps dangereux , suivant le mérite apparent de chacun. Le lancier rôdeur, moitié soldat,

. moitié brigand , mesurait de l'œil le jeune homme , comme pour

calculer la chance du butin ou celle d’une résistance déterminée, et lisait dans le regard du voyageur une {elle assurance qu’il changeait son farouche dessein pour lui dire d’un on brulat : Bonjour, camarade! » politesse à laquelle le jeune Écossais répondait d’un ton tout aussi martial, quoique moins farouche. Le pèlerin et le moine mendiant lui donnaient en échange de son salut respectueux une bénédiction paternelle ; et la jeüne pay- sanne aux yeux noirs, lorsqu'elle était éloignée de quelques pas., se retournait plus d’une fois pour le regarder, et écharigeait avec lui un « bonjour » accompagné d’un sourire. En un môt, d y avait en lui quelque chose.qui attirait l’attontion ; et cette espèce de pouvoir attractif qui est l'effet de la réunion d’une franchise intrépide , d’une humeur enjouée , d’un regard vif et spirituel, d’une jolie figure et d'une tournure agréable, s’exerçait, facile- ment sur chacun.-Tout son aspect semblait aussi indiquer ua jeune homme entrant dans h vie sans aucure appréhension des maux dont elle est assiégée, ef presque sans dutres moyens pour lutter contre les peines et les chagrins dont elle est remplie, qu'un esprit vif-et un cœur courageux :-or, c’est avec de tels ca ractères que la jeunesse sympathise le plus volontiers, de même que la vieillesse et l’expériense éprouvent pour eux un intérêt aflectueux et eompatissani. | Le jeune homme dont pous venons de faire Le portrait avait été

| depuis long-temps-aperçu par les deux personnages qui 4 psa-

CHPIENE #4 menaisat.sur le bord apposé de la petite rivière, c'est-à-dire du æûté ébaient situés le parc et le château; au moment il dog- cendait ‘la rive escarpée avec la légèreté d'un daim-qui vient s'abreuver à une fontaine, le moins âgé des daux dit.à l'autre : | « C'est notre howme.. c'est.le Rohémien. . S'il teste de passer le gué, c’est. un homme perdu; les eaux sont.groasas et la rivière

n’est stp guéable, , il fasse-cotte détouverte luisméte, compère,. Lui. répondit |

son n Compagnon: il est possible que cola -épargne.-une .corde at fasse mentir un proverbe. Je juge que.c’est lui, d'après sa {oque bleue, raprit-le premier ; car je ne puis distinguersa figure. Écou- téz; il appelle; il nous demande ai l’eau est profonde.— Qu'il essaye ; dans: ce monde. il n’y a-rien tel que l'expérience.»

€ependant le jeune homme ne recevant aucune réponse, af prenant le:silence de coyx à qui il s'était adressé pour un engou- ragement à suivre FOR dessein, eatra.dans le courant sans hésiter et sans autre délai que le temps néesssaire pour ôter ses brode- quins. Le plus âgé.de ces deux.hommes lui cris alors de bsondre garde à lui; et s'adressant à ‘son compagnen : « Par la mort-diou ! compôre, » ajouta<il d’un ton plushas, « vousavez fait encore ane méprises ce.n’est pas le.bäward de Bohémien.»

Mais l'avis donné au jeune homme.arriva.trop:tard; ou id Æ J’entendit pas, ou il ne put en proBter,.car il se trouvait déja dans l’endrait le;plus.profand. Pour quelqu'un de mains alerte at de inoins babitué.à nager, La mort aût.été inévitable, le ruisseau élent profond. etirès-rapide.

« Par sainte Anne! c rest un jeune homme @ qui mérite qu'on.s/in- téresse à lui, sécria le .mêrne personnage; ‘ourez, eompère, et réparez voire méprise £n Jui portent secours, si vous le pouyem 11 appartient. à votre: troupe ; et ai le Wieux. “ioionveslurai, l'eau:ne le noiera point.»

En efet, ile jeune Éoossais: fendeit l’eaï avec une ice rigueur et unetelle adresçe-que,:malgré la force-duoeurant, ilatteignatde rivage.presque vis-à-wis.le point d'où 4 étaitparti,

Pendant ce temps, le moins âgé-des deux incanmes:anait sen en toute hâte vers le hard. de l'eau pour donner :du ssoours au

jeune étranger, tandis que l’autre.ls suivait d'un, plé-plus grave, se disant à lui-même : « Sür.mon ame ! le voilà à tenre: il saisit son épieu : si je n'araive promptement, il xa. batireman-compèrerpour Ja seule bonne notion queije L'aie vu faire-de:sa vies» -

hs QUENTIN DURWARD.

Il y avait quelque raison d’augurer un pareil dénoûment, carie brave Écossais avait déja aceosté le samaritain qui accourait à son secours, on s’écriant d’un ton furieux : « Chien discourtois ! pour- quoi ne m'avez-vous pas répondu lorsque je vous ai demandé si le passage était guéable? Que le diable m'emporte si je-ne vous apprehds à connaître une autre fois les égards que l'on doit aux étrangers ! »

Ces paroles farent accompagnées de ce mouvement significatit de son épieu que l’on appelle moulinet, parce que, tenant-le bâton par le milieu, brandit les deux bouts dans tous les sens, comme

les ailes d’un” moulin poussées par le vent. Son adversäire, se voyant ainsi menacé, porta la main à son épée; car C'était un de ces hommes qui, dans toutes les occasions, sont plus disposés à agir qu'à discourir. Mais s0R camarade, moins bouillant, étant arrivé, lui.ordonna de se tenir trauquille; et, se tournant vers le jeune homme, l’accusa à son tour précipitätion pour s'être jeté dans une rivière dont les eaux étaient enflées, et de’ se laisser aller à un emportement blämable en cherchant querelle à un horame qui accourait à son secours. .

Le jeune Écossais, s'entendant ainsi répriniander par un homme d’un âge avancé et d’un air respectable, baissa surle-champ son épieu, et répondit qu'il serait au désespoir de commettre aucune injustice envers eux, mais que véritablemerit il lui semblait qu’ils l'avaient laissé mettre sa vie sn périk, faute de l’avoir averti à temps, ce qui ne convenait ni à des gens honnêtes, ni à de bons chrétiens, encore moins à des bourgeois respectables, comme ils -paraissaient être. :

. « Beau fils, dit le plus âgé, à votre ‘accent et à votre air, il me semble que vous êtes étranger, et vous devriez considérer que ‘nous ne comprenons pas votre langue aussi facilemént que vous la parlez.

Eh bien ! mon père, répondit le jeune 16 homme, je m embar- rasse fort peu du bain que je viens de prendre, et j je vous pardon- nerai volontiers d’en avoir en partie été la cause, pourvu que vous :m'indiquiez un lieu je puisse faire sécher mes habits; car je a’en ai pas d’autres, et il faut que je les conserve dans un état pré- sentable.—Your qui nous prenez-vous, beau fils?» reprit le même interlocuteur sans répondre à ce discours.

Pour de bons bourgeois, sans contredit; ou bien, tenez, vous,

monsieur, vous pourriez bien être un trafiquant d'argent, ou un

CHAPITRE LL | LS * marchand degrains, et cet homime-ci un boucher ouun herbageur!.

Vousayez adnirablement deviné nos professions. La mienné est effectivement ‘de trafiquer sur l'argent autañt que je peux, et celle de mon “compère a quelque analogie avec celle boucher. Quant à ce quest de vous mettre dans un meilleur état; nous tâcherons de. vous être utiles ; mais, d’abord, il faut que je sache qui vous êtes et vous allez; Car, dans ces temps-ci, les routes sont couvertes-de yoÿageurs à pied” et à-cheval, dont la tête -est: remplie de toufé autre chose que de principes d'honnêteté et de crainte de Dieu.» * .. -

Le jeune bomme jètä un autre coup d'œilvif et perçant si sur celui qui lui parlait à àinsi et sur son compagnon silencieux, comme in-. certain si, ( deleur eôté, ils méritaient la confiancequ’ ils Jui deman- daient ; et Voici quel fut le résultat de ses remarques.

Le plus âgé de ces deux hommes, celui qui par son.costume et par sa tournure & faisait Je plus remarquer, ressemblait beaucoup à un négociant ou à un märchamd de cette époque. Sa jaquette, son haut-de-chausses:et son manteau étaient d'une même étoffà, de couleur brune, mais montrant tellement la corde que le spiri-. tuel et malin Écossais eri conclut qu il fallait que celui. qui Les. portait fût très-riciie ou très-pauvre, et il penchait v vers la première hypothèse, Sesvétements étaient.étroits et courts, mode qui n’était pas encore suivie par la noblesse, ni mêrne par la classe supérieure des citoyens, dont ordinajrerment les habits étaient amples et des- cendaient plus qu'à mi-jambe. :. | |

L'expression de ja physionoinie de cét honinie était” tout à la fois attrayante et repoussante : ses traits prononcés, ses joues caves et ses yeux ! enforicés avaient néanmeins un air de finesse et de gaieté qui se rapprochaif du caractère du jeuné aventurier; mais, d'un autré côté, ses épais sourcils noirs avaient: quelque chose d’impo- sant et de sinistre. Peut-être cet effet était-il rendu plus sensible encpre par le ehapeau à forme basse , en fourrure , qui, lui cou- yrant une grande partie du-front, rendait plüs épäissel'ombre sous laquelle on voyait briller ses yeux ; mais il est certain que le jeune étranger éprouva quelque ‘difficulté à concilier le regard de cet bomme avec la condition inférieure. à laquelle il paraissait appar- tenir. Son chapeau surtout, partie du costume sur laquelle toute personne d’un certain rang étalait quelque j joyau en or ou en ar-

4 Ce mot, comme il sera expliqué plus bas, signife nourrisseur de bestiaux. Me QUENTIN DURWARD.

1" 4 QUENTIN DURWARD.

gént, n'avait d'autre pinerhent qu’une misérable plxque blbmi, représentant L l-sainte Vierge; sembtafle à celles que es s plis pau- - vres pélerins rapportaient de. Lorette.

Son: camarade étañt un-Homme robusté ; date tait moyenne ; et de di$ ans plus jetme que Jui :‘il'avañ ur air Sournois, et'son sourire, lorsque par“ hasard it souriait, lui dônnait : un air sinistre, éntvore cela: nelui érrivait-il j jamäis qu en réponse à certains signes secrets: que le premier ‘échangeait avéc lui. H était” armé d'une épéé-el d’un poignard, et T'Écossais remarqü qu'il. cachait sous son vêtement tout uni un. jazeran (sorte vote de railles flexi- Hle); -et comme dans. ces témps périlleux les hommes. qui exer- çæient les professions. même fes plus mécaniques avaient adopté l’asage de porter ce. vêtement lorsqu'ils voyagedlent. pour leurs affaires, le jeune Écossais se confirma dans l'idée que ce pouvait être un boucher; "ini herbageur noüfrisseur de bestiaux , ou quelque chose de semblable. 11 'eut ‘bésoin que dun coup d'œil pour faire Jes reinarques qu'il nous a fallu cousatrer tant de temps à détailler ; et, après un moñerit de silence,:il répondit en faisant ünetégère salutation : « je: ne sais à ‘qui je puis avoir l'honneur de parler ; ijais il m'ihporte peu que Fan sache que je‘suis un cadet . écossais ,.et { que je viens £hercher fortune en France ou ailleurs, suivant l'usagè de mes compatriotes. Et, par la Pâque-Dieu ! ê’est ün excéllent- -usage; » s’écria le plus agé des deux inconnus: «Vous êtes un gérçon de bonnè rfine, ‘et l’âge le plus propre à réussir pañmj les foinmes et auprès « des femmes. Qu'en dites-vous ? Je suis négociant, et ÿ' ai besoin d’un jeune | hommèé pour: m aider dans mon.commercé. Mais je süppose que vous êtes trop monsieur pour vous abaisser à un métier. aussi ignbble. Mon bon mon- sieur, si l'offré que vous me faites est sérieuse ; + ce dont je doute un peu, je vois dois des remerciments, et je vous les adresse; mais je crains que je ne sois tout à fait incapable de vous servir.—Ah,

. &h! je parierais que ‘tes plus habile à tirer de Farc qu’à faire un mémoire; tu manies-le sabré mieux que la plume; n'est-ce pas ? == Je suis un hômme- de bruyères, moñsiéur, et par conséquent dicher, corne nous le’ disons. Mais j 2: airété dans un couvent , et les bons pères’ m'ont enseigné à lire, à écrire, ét même à compter

"Par la Pâquie-Dieu! cela est trop magnifique. Par Notre-Dame _ d'Embrun } tu es ua prodige, mor ami. Riez tout à votre aise, mon beau monsieur,» répliqua le jeune homme à qui le ton de plai- santerie de sa nouvelle connaissance ne convenait quefaiblement;

CHAPETRÉ IL. BE. edf MOI, johie aller me sévher, #n Tieu de rester ïei pour réport-: | dre àves questions pendant que: Peau décoûte de mes vôtements. » Le négociant se prit à rire encore pNis-fôrt en l'emtertlant parler - ainsi, ei s'éerid: « Pique-Bieu! proverbe nement janrais : Fier comme sn Éeuseais. Mais:allons, jose honimë ; vous êtes. dus pays-que-j'aime,-epant autrefois trafiqué avec Écosse. Les Éeos- sus-sent de‘braves st honnêtes gens, quoique pauvres. Si:vous voulez Fenir'a village avec DOUS ; vous-donnécai un: verre de vin d'Espagne paur xous forti fièr, et un déjeuner chaud pour vous dédbaimager &c votre bain…: Mais ; tâte-bleue ! que failes-Fous

de’ce gant de. chasso à votre main? Ne SAVEZ-VDUS pas qüe M Chasse à l'oisétr 66t défendue dans un parc royal? —C'Est ce que jai appris dun coquim de, forestier du duè de Bourgogne. J'avais à peine lâché sarturi. héren, : près de Péronne; le faucon que j'aÿais : . apporté Écosse; et sur leqüef je complais pour me fhire remar-

.quer, que ce pendard'i peita d’ine flèche. Et qu’avez:vous fait- alors? -— Je Y'ai battu ; » répond#t'le jeuné.homme en brandissant son épiée ; s «je Fai battu attant qu'il soit permis à un Chrétien de le fame-sans tuer son hommé ; caf. je ne voulnis pas avoir sx mort sura Censéience, —"Bavez-yolis que, si vous éliez ‘tontbé- entre

les mains du due de Bourgogne, -il vous aurait fait pendre eoinine ‘une châtaigne? Oui. j'ai appris qu’à eet égard il. aussi vite en besügne:que voi de France; ; mais comme Ceci se passait près de Pérorine, je franehris d’un saut-ta frontière, etje me moquai de: ‘lui. S'il n'eût pas été d'un caractère dussi prompt, J'aurais peut- être pris du service.chiéz lui..— Il ança fortement # regrètter la perte d'un tel paladin , si la trève vient À se rompre. »-En parlarit ain£i, lmärehañd jeta urrcoup d'eiksur son. Compagiton : celui-ei répondit par un deces sourires.en dessous qui ne font qué passer sur les lèyres et qui «nimaient sà-physionourie comme > Un léger . météors illumine un instant un ciel d'hiver.

Lejeune. Écossais Sarrêta tout à coup, Et, ‘abaisant sa toque sur. sou sourGiE droit, ‘eorime ur homme qui-né veut pas qu’on k tourne en ridicule, leur dit d'ün ton: résoku : « Messieurs, et vous gartout, qui êtes le plus âgé et qui dévriezétrele plus ciréonspect, je vous férai voir, j'espère, qu'ä n’est ni sage nf prudent de plai-- santer à. nes dépens. Le ton de votre eonversation ne me plaît nullement. Je pais supporter une plaisanterie, je puis souffrir même une réprimände de la part d’un homme plus âgé que moi, at l'en remestier sije vois-que je ais méritée ; lnais je n'aîtne pas

56 . QUENTIN DURWARD. | que l'on me traite comme un enfant, lorsque, Dieu mérci, je me crois assez homme pour. vous frotter conrenablement tous les | deux si vous me poussez à bout.»

. Son interlocuteur semblait prêt d'étouffer de rire en voyané la . contenance du jeune homme ; Vautre inconnu portait la main à la garde.de son épée, trsque l'Écossais, remarq uant mouvement, lui appliqua sur Le poignet un coup qui mit dans l'impossibilité | de la saisir: cet incident ne fit qu ‘apgmenter la bonne humeur de l'autre. . 7 | , « Du calme, a calme: valeurèux Écossais, ‘s'écriait-f, “par amour -pour'ta chère patrie! et vous, campère; quittez cet ar me- naçant. Par la Paqué-Dieu! il faut de la justice dans le commerce, et un bain est une compensation suffisante pour un coup. donné avec tant de grâce ét d’agilité. Et vous, l'ami, écoutez-moi, » dit-’ il au jeune homme. d’un ton de gravité-sévère qui lui imposa et, . . Sans qu’il sût trop pourquoi , le remplit d’un respect mêlé de crainte ; «plus de violence ; ik ne serait pas sage à vous d'en exer- cer-aucome vontre moi, et mon compère, comme vous le voyez, à suffisamment. Quel est vatre noin ? Quand-on in’interroge poliment, je saisrépondre de. méme ; et je conserverai tout le res- pect qui est à votre âge, si vous n’épuisez ma: patience par ves railleries. , Depuis que suis eh France, pendant que j'ai traversé . la Fländre, ôn s’est amusé à ‘appeler le varlet: au sac-de velours, | à cause de ce sac à faucon qüe je porte à mon. têté ; mais mon vé- ritable nom , dans le pays je suis né, ést Quentin Düurward. Durward ! est-ce le nom d’un gentilhomme? Depuis quinze générations; et c’est..ce qui fait qu’il me répuügne d’embrassér une autre profession què.celle des armes. Écoséais dans toute la force du terme ! surabondance de sang, surabondance d’orgueil , et grande pénurie de ducats, -j’en Suis sûr. Eh bien! compère, dit- il à son compagnon; allez devant, et faites-nous préparer à déjeu- . ner. au bosquet des. Mûriers, car ce jeune homme fera autant d'honneur au repas qu’uné souris afamée au fromage d’une mé-. nagère. Et quant au Bohémien, écoute.

. Son compagnon s’approchä, et il lui at quelques mots à l'o- reille. Celui-éi répondit. par un sourire d'intelligence, mais-qui ayait- quelque chose de sinistre , et partit d’un pas rapide.

Resté' seul vec Durward, le plus âgé de « ces + deux hommes mystérieux lui dit: : ,

« Nous allons faire route ensemble , et, en traversant la forêt ,

+ CHAPITRE IL | {#7

-nous-pourrons entendre i une messe à la Chapelle de Saint-Hubert

Cär il n’est päs juste s’occuper des besoins du corps avant d'a- -voir-satisfait à ceux de l'âme, ». .

. + Durward, èn bon catholique. n'avait rien: à à objecter à cette proposition, quoiqu'i it eût prébablement voulu commencer par sé-. cher ses Habits et prendre quelques rafraithissements. Ils-eurent bientôt perdu de vue léur sournois compagnon ; -nfais ‘en eontt- nuant de suivre le mêmé sentier qu’il avait pris , ils entrèrent dans un: bois lanté de ‘grands arbres entretniélés- de buissoñs et

de broussaill ; travérsé de longues avenues dans lesquelles- Hs

voyaient des daims. trottani en petites troupes, avec une sécurité

“qui indiquait que ces animaux n ‘avaient aucune, crainte d'être

. attaqués. : | | Vous me demandiez si j'étais bon: aréher, di dit Dürward: don-

nez-moi un arcet-une couple de flèches; et vous.ne tarderez pas

à avoir -une pièce de veriaison. Pâque-Dieu ! mon jeune ami,

‘prenez-Y- garde; ‘mon ‘coinpère a:l'œil: ‘uyert sur les daims;. ils

sont cénfiés à sa garde, et c’est ün. gärdien sévère. Ila plutôt

Tair d'un boucher que d'un joyeux, forëstier, Je peux pas :

croire que-cetter figure patibulaire appartienne à .un homme qui

connaît les nobles régles de la vénérie. Ah! mon jeurie ami , il est vrai que mon. eompère a une figure qui.est peu ag gréable au

premier abord ; et cepeñdant on n'a, jamais appris que” ceux qui

ont eu.des liaisons’ intitnes avec-lui s’en soient jamais plaïnts.» : Quentin Durward trouva quelque chose de singulier et de dés-

| agréable dans le ton avec lequel son compagnon :s'était exprimé, et, se tournant subitemient de son côté, il crut voirsur sa figuré, dans le-léger soùrire qui contournait sa lèvre supérieure: dans le clignotement de. son œil noir.et péréant ; un je'ne sais quoi qui justifiäit lx surprise qu’il éprouvait. «J'ai entendu parler de vo-

leurs , de brigands, de coupe-jarrets, » se dit-il en lui-même ; «qui sait si le drôle qui nous précède n’est pas un: assassin , et te vieux coquin celui qui lui ämène sa proie? 1] faut que jeme tienne : _sür mesgardés..: reste, Îls n'auront guèré de-moi que de bons | “horions ÉCOsSais.». : Ut Tandis qu’il était becupé de ces réflexions, ils arrisérent à uns tlairière lès grands arbres de:la forêt étaient plus écartés les uns des autres ;-la. terre, débarrasséé de byissons-et' de broussail- les, y était couverte: d’un tapis-de le plus agréable Yerdure, qui,

« protégée contre les rayons brûtañts du: soleil , était plus belle et

%B | QUENTHE : NRA WARD. he énighepon ne le troaŸs: généralement on, Fignoe.: Less -bres: dansoetendroit retiré, £taiontprinoipalementdesbouisaux et des ormes gigantesques "qui séleræient dené les nixs.coamme .domoniagnes de fouilligs. 4 railieu. de és nm gaifiquesanfents Ale:}asterre; dasla partie -la plus déoatwerte, S'élovai une ham- ble chapelle -près:do Inquelle coulait ‘un petit: rlissaau. L'archi- potune bn était grossière el du genie leplus: sinple ; à côté était mue -inès-petile-celinle-qui : serwait de logement + l'ermite on. prêter, qui y remplissail-les-fenotions son saiat:ministôre.-Dans ne petite midhe, pratiquée au-dessus dela. porte était uno sha- {ne en pierre représentant sut Hubert, avee Un 007 PASS AU- tour du cou et deux tévriers à:ses pieds. Insituution de: ceéte . chapelle au milieu”d’un parc ou Chasse:si'bien peuplée de gibier, -Havait fait dédierau pairen «es. AHASEOTS, -

_ Le vieillapd., suivi du jempe Durward, dinigoasès pes du oôté dece potit édifice consacré par la religian: et comme ils eniappre- chsient le prêtre, sewêtu:der ses ornements saperdotaux , .sertit de sa cellule pour se-rendre à chapelle, 5dis doûte. afù- de ,5y dirrer aux saisis deraire de son mimistôre.: Durward fit au.jrôtre ne inckination profwide , en. signe : rospbel peut. son ca rantèse Sacré, tandisique sciA COMPAENON , AVEC - l'apparence dus déxe- #ion. phys:grandeænieæe:, it UN SUnon e% terre pur rebemonr da bénédiction del'bomme ide Dieu. puis-le suivit. dans l'église. avec üne-démaréhe etume. éentenange: qui exprimalent. la plus sinpase contrition ét: liplus-profonde-humiliéé, .

L'intérisur déta:chapelle était ormél'une manière. qui rappolat

-s occupations: du saint patron lorsqu 1 âtait. Sur k-ferre. Les : Fowrsures:les: plus précieuses des animaux qui, -dèns diférônts pays :50n Fobiet ‘de da chasse, tonaient diéu de täpisseries -et:de tentures ‘autour:de l'autdl-et dans iles ‘autres parties-de l’église, aux-:murs de laquolle- étaient: suspendus des-épussans.blasannés le cors. d'arcst: de canmois et autres emblèmes de véniérie ,

écartelés de tâtes de danms, de loups-et d’autres animaux . L'en- semble des-uornements avait un:caractère forestier, -et a "mense elle-même, considérablément abrégée, pouvait être appelée .use * messe dechasme, messe qu'on":célébrait devant les nobles et- les “grands, qui, en assistant à: cette solennité - étaientiordineisement “inrpatiortsi se dirrer a: teûr-divérligsernent ÉRYO, + . "0 : Durs cette: courte cérémonie, Le compagnon. -d Burward :sembtà prêter l’atieition la-phus enttiène’et le plus;:sorupulaue ,

GHARITRE. H. .. | #9 . and que.laj deuns bomrs. moins: ahaotbé par.des pensées reli- gienses,.ne.pouvait s'empôeber de.se repragher”intériéusement d'avoir pudoncevoir. des saup£ons: injurieÿxsur Je caragtère.d’ mn homme aussi bon et aussi humble. Biën loin dele ragarder;alors comme l'associé et le complice de voleurs, il avait peine à se de” fenüre de le regarder commen sént-pérsonnage. : Lorsque la messe fut-fnis, ils, sortirent de la chapelle, et le vieillard dit à Quentin : «Il n’y a qu’une légère distance. d'ici au. village , et vous pouvez mäatenant.rompre. le jeûne e en toute sû-. reté de conscience. Suivez-moi. » © ‘Fournart sûr. Ht-droite , et-suivant:an sentier qui moritäit gra duellement, il: ‘récermanga. à sen compagnon d’avoir grand goin de:ne-pss s'éloigner. duchenrin traeé, pris au contraire de garder. . je milieu autant qu’il le pourrait. Daurward le pria d de Jui expliquer | Ja cause de £ette, précaution. ue | « Yausôtes maiptanant près de-la cour; jeume. have ; ets Pi- que-Dieu.! jy ade différence entre:.marcher dans cette.partie du-pays-ou sur vos.montagnes couvertès de; brayères. À Lexpep- tion-du ‘senlièr que sous sdivons, chique foisé de lerrain .est rendue dangereuse et presque impraticable par des. piéges et. des trappes armées.de faux, qui tranchent.les membues:du- voyageur imprudent, ‘aussi àgttement qu avec Ja: serpetie.an élague une ‘branche d'auhépine; on 4 semé des chausse-trappes qui-vousirÿ- verseraiant les pieds, et.crensé. des, fosses.assez profondes our eus. Y ensevelir à toujaurs. Nous: sommes. -malntenant. dans l'enceinée : du &omajne, royal, et.neiis allons voir togt à Phente la façade dy château. i;j'étais roi de Franee,.je ne me denngrais, pas tant de peine pour plaeer autour de ma demeure des trappes. et.des .PI$ges ; mais.je.fàcherais, .au lieu de cela, dé: gpuwerner. si.hien, que personne n 'oserdit éA approcher avec. de mauvaises intenr- tions; et quant-à Caux qui y viendraient avec des sentiments de _paix et.de bonne-amitié » 2h bien ! plus. nous serigns, pus nous. ririens.» Son.campagnon: regarda autour lui, d" un air darmé, st dite - « Chut! ehut! sire varletau saç.de velouxs; ; Gar j'ai oublié de vous avertir. d'un. ayire drogue non moins grand que. lo ie gps y

ds se

| —Jem'inquiète fort peu de: cela, répand Quentin Durant | j'ai dans la boughe une lañgue écossaise, et elle est 45e marie

Ld

‘@ . | QUENTIN DURWARD.

pour exprier monsentiment en présence da roi Louis lar-môme: “que Dieu le bériisss ! Quant aux oreilles dont vous parlez, si je les yoÿais sur une tôte humaine, j je. les en détacherais ayee mon cou- tent de.chasses» ct OU ter

Ra re “CHAPITRE H.. k oo roy: “2. . , LE CHATEAU,

. mitieu s'élève un immense life : des portes de rt, fer en défendent l'entrée ; des remparts élevés l’envi- “1. . : *__‘. ronneit ; dans un fossé profond, coule lentement ne -- -esu parpsseuse qui- baigne le pied des tours sur les-

quelles sont. postés de , Méilants gardiens. Aron me,

Pendant que Durward et sa nouvellé cohnaissance parlaient “ainsi its arrivèrent én vue de la.façade du château. de Plessis-lés- Tours, qui; “méêmé dans: cés temps dangereux, le$ grands étaient obligés de résider dans des places fortes, se faisait remar- quer par le soin extrême et: floux avec lequel il était gardé et Aéfendu.

À partir la” lisière du bois le jeune Durward et son tom- pagnon s'étaient arrêtés pour: contempler cette résidence royale, s’étendait, ou plutôt s'élevait, quoique par une pente fort douce,

“"üne esplanade découverte, sur. laquelle on ne voyait ni arbre ni ‘buisson d'aucune espèce, à l'exception. d’un chêne gigantesque à à

demi mort de vieillesse. Cet espace avait été laissé ‘ouvert, Con

formément aux ‘règles de fortifiéation suivies dans tous les siècles,

afin que l’ennémi ne pût approcher des murs, à eouvert, ou sans

“tré aperçu du.haut des créneaux ; au-delà. s'élevait le château lui-même.

L’extérieur se. composait de trois raurs 3 d'éniéeinte; garnis de ‘créneaux et ‘de tourelles de distance en distance, et particulière- ment à chacun des angles. Le second mur s'élevait plus haut qüe Tepremier, et était construit de manière à commander celui-ci, daïis le ‘cag l'ennémi viendrait à S'en erhparer,'et était com- ‘mandé lui-même par. le troisième, qui formait la’ barrière inté- riéure., Autour. du mur extérieur (ce dont Français informa son | jeunè compagnon, car, étant -sur un terrain moins élevé que les ‘fondations, il ne pouvait. l'apercevoir.): on avait creusé un fossé &’environ vingt pieds de profondeur, l'eau arrivait au moyen

CHAPITRE tt #3

d'une saignée faite à. ld'rivièré du. Cher, plutôt. à on da ses affluents. «Au pied da ‘second mûr d’énceidte, lui dit-il, est un autre fossé ; un troisième protége la troisième moraille, et tous trois sont de dimension. extraordinaire.» Les ‘bords: intérieurs et extérieurs de- ce triple fossé étaient garnis de palissades en fer, remplissant l'office de ce qu’on appelle chevaux de frise, en termes - ‘de fortification moderne, la tête de chaque pieu étant armée d’un faisceau pointes aiguës dirigées. ‘en tous sens ; de sorte qu'une tentätive d'escalade, dernier moyen de s ’emparer d’une place, ne pouvait avoir lieu sans exposer les as$aillants à à une.mort certaine. Au milieu de l'énceinte formée par le mur ‘intérieur s'élevait le château, corhposé de bâtiments construits À diverses époques : | V'antique ‘et sombre donjon, d’une date” beaucoup plus ancienne, . s'élevait au-dessus des autres, semblable à un noi géant éthiopien:; .£t Fabsence de toute fenêtre. plus grande que des meurtriéres pratiquées à distances irrégulières pour servir à la défense, faisait naître. dans’ l'ame du spectateur c6 sentiment pénible .qu’on éprouve en voyant un aveugle. Les autres bâtiments ne parais- saient guère devoir offrir plus d’agréments à ceux qui les habi- taient, Car le petit nombre de fenêtrés dont ils étaient percés don- . _naient sèr une cour . intérieure, de sorte que toute la façade extérieure présentait l'idée d’une prison plutôt que celle d’un palais. roi régnant avait même ajouté à-cette ressemtilance en voulant: que le caractère des fortifications qu’il-avait élevées ne s'éloignât en rién de celui du bâtiment primitif, car, de môme que la plupart des gens SOUPCONNEUX, i s’efforçait de eacher ses SQup- çons; à cet effet, on avait employé les briques et: lés pierres de. taille de la couleur la plus sombre, et délayé de.la suie dans la chaux, de manière à donner à l’ensemblé du château la teinte . ‘uniforine d’une extrême et grossière antiquité. | Cette place formidable n’avait qu’une seule entrée, du moins L Durward n'en vit-qu’ une seule dans toute l'étendue de la façadé; ‘elle était au centre l'enceinte extérieure, et, suivant l’usage, placée. entre deux fortes tours: oh y voyait l'accessoire obligé d'une herse et d’un pont-levis. La herse était baissée, le pont-levis levé. Des tours semblables étaren{ également. placées à la seconde et à ‘la troisième enceinte, mais non) sur ja même ligne que celles du mur extérieur ; Car e passage'ne se prolongeait pas en ligne droite de l’une à l'autre: après avoir passé la première on avait encore ‘près de trentes toises à parcourir entre les deux murailles’ avant

L | QUENTIN DURWARD. | d arriver à la seconde, trajet pendant lequel un ennemi eñt été | exposé aux traits lañcés des deux côtés, De.même, après ‘avoir ‘franchi la. seconde barrière, il fallait de nouveau dévier de Ja ligne droite pour parÿeair à Ja porle, dela troisième et dernière: enceinte; de sorte que, avant de gagner la cour au.milieu de laquelle végnait la. longue façade du bâtiment, il fallait traversèr deux : Ra étroits et dangereux, EXPOSÉS à des décharges d'artillerie sûr. l'y et l’autre flane, et forcer. successivement" trois pores déténines _de Ja manière la plus formidable.

Venant d’un pays égälement désolé par une guerre étrangère “et;par les divisions. intestines,. pays dont la surface inégale .et men- _fagneus, entrecoupéé de précipices «et. de torrents, offre- un ‘si grand nombre de situations fortifiées, le. jeune Durward connais- sait assez bien les MOYENS extrêmement variés. par lesquels. les.

hommes, dans” ce. siècle : barbare, Cherchaient à protéger leurs habitations ; -mais.it avoua franchement à sou.compagnon qu’il ne se serait, pas imaginé.que Part. pit s'élever à à.un tel.degré dans un

dieu la nature le secondait.si peu; car le château, came nous

. J'avons déjà donné à entendre, n’était. situé que.sur une éminence _ peu élevée, à laquelle on. arrivait, par. une penle fort douce depuis l'endroit où. ils étaient arrêtés. : .

Pour augmenter la surprise de Dutwiard, son- coïnpagaon Jui itque Les environs-du ébâteau, à l'exception du sextier tournant par lequelon. pouvait sans danger s'approcher de laporie, étaient, comme les halliers qu ils vepaient de travërser, parseimés. de ‘fes- sés,.de.piéges. de toute. espèce, dans lesquels tamberait griconque aurait. le: malheur des’y aventurer sans. guide; que l’on avait plaré sur les murailles; des guérites en fer, d'une forme particulière, appelées nids: d'hirondelles, d’oùles sentinelles, qui,y étaient régu-

_lièrement. postées, pouvaient tirer à-conp sûr. sûr quicongue.0ss- rait tenter ‘d’entrbr sans faire le signal. eu saris. donner le mot d'ordre, ‘Convenu chaque j jour ; enfin, que : Les archers de la. Barde. _rpyale faisaient auit:et j jour ce service, pour lequel ils. recevaient du roi Louis une haute, paie, de riches-habillements, en un mot, honneur ef profit. « Et maintenant, jeunc homme, contiruüa-t-il,

. ites-moi si vous avez jamais" vu un château aussi fort, et si vous

pensez qu’il.y ait des gens a6sez ‘hardis pour: tenter de le prendre d'assaut.» |

Dourward tenait depuis long-teraps des veux sur : cetté forteresse, dont la. vue l'intéressait tellement . ques dans l'ardeur de, la. curio-

CRARRE HL ee | SE sité naturelle: ehez da j jeunesse, il oubliait l'hmpidité-de ses vâte menfi. Spmblableä.un bomme.entreprenant qui médite une.a- ‘tion .bardie, il-avait l’œil-étincelant, les jones anigiées. « C'est ua château, très fort, .et fortement Bardé,; » lépondit-il enfin «mais . n gra Lien d'impossible-pour des braves. —Y.en a-t-il dans. vu-

e pays qui sojént capables d'ua pareil exploit?" demanda k cie d d'un: ton un-peû dédaigneux. «C'est ç8 queje n'aflis- marais point, répondit le jeune homme ; mais. 1 s’y.érouxe das

milliers d'hosimies qui, peur‘uve benne. CAUSE. ser aiont-asser. hap- dis pour: enter l'entreprise. Qui-da! ét vous:môme peut-ôtno | vons-veis mottez. du hambre?—] sprait mal iwoi de me xanter lersqu'il.ne 5e. présente aucun anger ; mais mp père A fait-une -action tout: aussi bardie, et je ne.ss pas bâtard, -j'ose-le croire. —.{rest ès bien, » dit son compagnon en souriant; «MAIS FOUS -pourriez.trouver à quiparler, at nfôme des-compatriates,; Car les .arohers-écassais ds: Ja gane -du.-r6i-"Lbuis-sont 6h sentinelle ser -0es urs… trois-gants gentilshanunes des meilleures femilles de votre-pays. Elsij'étais.le roi. Lonis; je confierais-entiérement da garde-de-ms. pergapne À ces:trois-cants gontäshommes éveésais; _F'abattmiscés énormes Murailles pour, eombler: les fossés;; j! appel- Aerais près de-moi anes pairs et mes paladins, et; je vivrais comme il eansjent à un r6i,. faisant rampre-des lances .dans.de brillants teurnois, deiant das -fôtes-aux nables pendent le jour, passant les nais.à danser avec .les-dames, pt ne craignant ps plus un en aend-que je ne grainé. .Hoe mouche. » : Son-compagnon sourit de npuveau;et tournant ls. dés. au.chè- , teau:dont, dit-il, ds sétajent.un peu tLop approchés, il Le fit ren- ver -dane.le hois: ‘par un sentiér plus large-el plus battu. que.celui _par-loquel ils étaient venus, « Cetie raute ,-dit-il, conduit au -xil- Jlage Plessis, et comme-étranger, veus trouverez à vous y le- æerconvenablement-età un prix raisonnable. A-énviron deux foilles plus loin.est la riante ville de Tours, qui donne- SON .NODR à cette Eiche.et belle province. Mais.lé village .de Plessis, ou, Plessis du Pare, comme con l'appelle quelquefois à à cause de sa proximité de larésidence royale.el. du parc; au chasse, qui l'entogre, vous -fournira.. un asile moins éloigné et nan moins hospitalier. Je vous. FEMQLCie de vas, réngeignemènts, -m0n.ban monsieur ; Mais ‘mon;séjoùr iej-Sera.si.Conrt que, pourvu que je trouve un mor- ceau de viande à manger et quelque those de meitleur que de l'eau à Foire, ines dffaires ‘au villagé de Plessis, qu’on l'appelle

061 | - QUENTEN DURWARD.

Plessis du Parc on Plessis l'Étang, seront bientôt terminées Eh! mais je croyais que vous aviez quelque ami à voir dans ces eavironé. Cela est -vrai; le propre frère de ma.mère, ét, avant

qu'il quittât les landes: arides du: comté d'Angüs , uh aussi bel forme que. quiconque aît jamais fait courber la bruyéré sous ses brogues 1. Comment se’ nomme-t-il ? Je me ferai ‘eüquérir de lui, caril ne serait pas prudent à vous de monter au château, on

- pourrait vous y prendre. pour un espion. Par Ja main de mon

père! moi être prispour un'espion ! Il sentirait bientôt le froid du fer que je porte, celui qui oserait me flétrir d’une*pareille.accu-

sation. Quant au nom de mon-onèle, ‘jé m'embarrasse fort peu qu’on le sache : il s'appelle Leslie. Ce nom est noble et honorable.

Je rr'en fais pas moindre doute; mais il Ya trois Leslie dans la garde écossaise. Mon oncle: est Ludovic Lealie. Des trois

Leslie, deux onte prénom ‘dé Ludovic: On appeHe mon parent “Ludovic à Ja cicatrice ; car nos noms de famille sont si communs en Écosse que, lorsqu’ on ne peut y joindre celui d'ûne terre pour 8e distinguer , on prend. toujours ‘un sobriquet. Un nom de

guerre, voules-vous dire ? T/individu dont vous. parlez est, je pen-

se, celui que nous nommons le Balafré, à cause de la. cicatrice

qu'il a au visage ; c’est un brave. homme êt un bon militaire. Je

. désire pouvoir vous faciliter une entrevue avec lui, car.ilfait par- : tie d’un corps dont le service est strict; et-dont ceux. qui Je com-

posent sortent rareïnent du château, à moins qe ce ne soit pour ‘escorter.ia personne . du roi. Et maïntérant, jeurie homme , ré- pondéz à une autre question : je parie‘que vous désirez prendre du service, comme votre-oncle, - dans a garde. écossaise. Si vous ‘ayez ce projét, il ne vous-sera pas facile de le réaliser; car vous

. êtes bien jeune, et l'expérience de. quelques années est nécessaire,

LES

à cause del'importance de l'emploi auquel vous aspirez. Il est possible que j'aie eu quelque idée de cette nafure;-mais én ce cas, l'envie m'en est passée. Pourquoi celà, jeune ‘homme ? est-ce

ainsi que vous parlez d’un corps dans lequel les plus nobles de vos

compatriotes se montrent jaloux d’être admis? Je.leür. en fais mon compliment. Pour parler franchement, j'aurais aimé le-ser-

. ‘ice du roï.de Frañce autant moins que celüi d’un autre ; mais “qu’on m’habille aussi magnifiquement; qu'on me nourrisse aussÈ

délicatement que l'où voudra, | j aime mieux Court an grand air

1 1 Brogu:s, sortes de sandales que portent les montagnar is écossais. .Voyéz Waver” ey! A. M. |

CHAPITRE IE, | UE . qué d'être enfermé dans une .cage..ou dans ces nids d'hirondelles que l’on voit d'ici, comme vous appelez ces poivrières. D'ailleurs, » ajouta-t-il en baïissaat la voix, « je n'aime point ie châtéau dont l'arbre qui lui prête son orbrage porte des fruits. pareils: à celui. que je vois là-bas? --Je-devine ce. que: vous voulez dire; mais ex- pliquez-vous plus clairement ? ? Que je m explique. plis claire-. ment ! Jetez les yeux.sur- ce. beau chène qui est à quelques por- tées de flèche du ehâteau ;:vous Y-verrez pendu un homufe en. . jaquette grise pareille à celle que je porte. En vérité! voyez ce que c'est que d’avoir de jeunes.yeux ! J'apercevaæis bien quelque chose, mais: je croyais que c'était un ‘carbeau perché : ‘sur upe branche. Toutelois ce: spetacle n’a rien â’étrange , mon brave jeune homme: lorsque l'été fera place à l'automné, qu'il y aura de longs clairs lune, et. què.les routes.deviendront peu sûres, vous veïrez des groupes de. dix, de vingt.de.ces glands accrochés à ce vieux chêne à. detni mort. Mais qu'importe ? ce. sont autant d'épouvantails. pôu les” brigands ; et pour. chaque. coquin ainsi. pendu, on compte un brigand, un. traître, un voleur de -grand : chemin, un pillardoti un oppres$eur de moins. en France. Voilà; | jeune homme, des signes auxquels vous devez retorinaitre la j jus- tice de notre soüverdin. = Dy moins, si j'étais lé-roi “Louis, jeles ferais pendre plüs loin de mon palais. Dans mon pays nous SUS- pendois des corbeaux morts dans les lieux fréquentés par les cor- beaux vivants, mais non pas dans nos jardins ou dañs nos. pigeon- ‘niers. L'odeur de çe cadavre! pauah!. elle est Yenue jusqu'à moi , quoique. nous en soyons éloignés. + Sl:.vous vivez assez. long-temps pour devenir. un bon 1 et lo ÿal serviteur de votre prince, mon bon jeune homme, vous saurez.qu'iln'y a pas.de parfum qui égale l'odeur d’un. traître:mort 1, —Je ne ‘désirerais jamais vivre assez lorig-terpps pour perdre Podorat.où la vue. Moatrés-moi | un traître vivant, et voilà mon bras et mon‘épée; mais qéand'la vie lui est arraché, : ma haine ne ) pourrait jui surviyres Mais :voici, : je pense, que nous arrivons au village, j’ espère:vous. faire voir . que ni le: bain que j” ai pris çe matin; ni Je dégoût ‘qüe:je viens, . d’éprouver; n'ont diminué en rien mou appétit. Ainsi; mon bo, ‘ami, à : Thâtellerie, ausgi vite que, vous. le. pourrez. Cependant, avant qué j'accepte vatre invitation, Aites-moi de quel. nom je "4 Ce mot, de Louis'X1 n'est de nouveau, Un dès Bénéraut de l'eniperétur Vitailus ‘lui conseillant ‘de faire enterrer les morts après une, victoire: « Non, non, répbndite

il, le corps d’un ennemi mort sént ioujours bon. » On Tattribue aussl à Charles IX, | allant voir à Montiqucon le énënyre de l'atniral Goligni, 4. M

?

. QUENTIN DUR ARD, : dois veus -appéler: On m'hppelle maître’ Bierre : jene guis pas niatcharnidide. titres, tBais un homme téut uni qui peut vivre de son: revenu... C'est'ainsi que l'on-mi'appetle. …ï C'est fort: bien, moître- Pierre; dit VÉcossäis:; etje m'estinte heureux de-ce quéele: hasard: m'à fuit vous rencontrer; Car-j'ai “besoin: d'un bon: conseil qéand il-arrive-à-propos: et je-sai$ m'en montier reeonriaissatt. »

- Tandis qu'ils parlaient-de la sorte. Ji tour’ d'une église et un grand-crucifix er bols qui s'élevait au-déssus-des- arbrés ; ammon- cérent à Burward qu’ils étaient à Y’entrée du village." -:

: Mas maître Pierre, se détournanit. un peu du sentiér qui venait aboutir à tne laige éhatésée: dit à son: coripagnon que l'auberge dans: laquelle il se proposait de le: <onduirë était:um peu écartée ; ot que: l'on n'ÿ recevait que- dès voÿageurs dtunte ‘classe. distin- guée:.— « Si vous parlez-de Ha classe de: “voyageurs dont la’ bourse est le mieux gafnie; répondit l'Écossais, je-ne suiÿ Pas de ceux- là, et-j'aimé mieux-courir chance d'être écorchédans tiné mau- vaisesaubérge que dans Yotrc: brillante: hôtellerle. +Pâque-Dieu ! répondit son. guide; comire-ces Écossais sont prudents!'un Ah- ghais va.he. jeter sans réflexion dans unie taveihe ;: il y mange-et boit du meilleur, sans: soriger à l’écot' avant’ d’avoir le ventre plein, Mais vous oubliez, maître Quentin ; puisque Quéntin- -est votre nôm, vous oubliez que je vous dois un déjeutier pour le bain'que ma mépriie vous'a valu :e est Ia pénitence : que je m'im-- pose pour Je ort que j'ai eu “envers vous. En vérité, j'avais oubliée bain, le-tort:, la: pénitence ; et de resté. En marchant: mes habits:se-sunt séchés, ou àpey près. Néamoiris } je ne-refu- serai pas votre-offre-pléine de bonté; car mon diner d’hier a été- bien léger, et ‘quenf at Suuper; je n’en ai point tait. Vous me pa- raissez: ôtre-unt viéux “hoërgeois ‘respectable; et je ne vois. pas _pourquoiie n 'accepterais pas votre courtoisie» É

Le: Français. sourit-à part-lui : ‘car: il voyait claitemént à que le: jeune Homme: ‘quêrque: probèblement à demf mort'de: faïni, ‘avait’ néanrhoins delà péine 8e concilier avec l'idéé’dé mahger aux déperis- d'un: étranger , ‘ets éfforçait- d'impôsér ‘silercé à'la flerté son caractère par cette réflexion .qué lorsqu’ ils agit d'obliga- _tiôns légères, celui qui aceepte fait un acte complasaméertout aussi grand que celui qui invite: ‘"" ‘":

- Tout en discourant:ainsi ils descendirent unie tilée. étroite, om- bragée par de granüs ürmés, au bas de‘tâgjelle uhe grandé porte lès introduisit dans.la our d'une-auberge. d’une étendre peu:or-

: CHAPITRE. Ve .ér . dmaire:, et destinée-à reeeyoir:les nables-et-tous-ertrx:qui-étrient attachés au service dans le château voisit, Houis.XI -permet- tait bien rarement à à qui que ce fût d’éntre eux d’avoir appar- tement, à moins d’absolue-mécéssité. Un écusson portant des fleurs de lis était suspendu. au-dessus de la principale porte de ce bâtiment irrégülier x mais ni dans la caur, ni dans la maison, on " ne rernarquait -C6 mouvemént qui annonce des hôtes nombreux et une. ‘grande activité Commuertialé. On.eft dit. que ke caractère sümbre et dispouttüis. de la résidente royale située dans le-veisi- nage,avah commawiqué: une portion ‘de sa grave.et épouvantable tristes, méme à une. maison destinée à être le terrple de: la s0- cisbilité,, du: plaisiriet- de le honnechère. .”:

Maître Pisre; séns:appèler. -personute , Bt même sans ‘approdher -de la. principale, entrée, leya.le loquet d'ume gorte qui. se trouvait: devant-lui, et.eñtra dans-uue grande.salle ‘oùson compagnon: le suivit. “La flamme d'un fagot pétillait dansla cheminée, prés de laqüelle: tout.était dispasé pour ün déjeuner solide:

: «. Mon comipère à eu.soin: que rien np’ manquät ; » dit le Fran- : ais à Darward : « sous devez. avoir froid; etvoità ‘du feu ; vous devez avoir fair , et bientôt vousaliez déjeuner. »

“Hisiffla ; ; laubergiste. parut. et répondit à. son bonjour par-une. iiclination de tête, mais ne montra rien de cette loquacité parti cukère aux auliergistas français . dertous les-siècles. : : « Fai envoyé quelqu'üin yous- commabder ve: déjeuner, dis maitre Bière, Æatah fait?» | |

L'iubergiste.ne répondit que per tr si signe afrmotif, et bientôt se mit.ôn: devoir d'apporter et d'arvanger sur :la “table les divers: mets préparés pout- ur excellent déjéuner-: cette opérütian < se:fit sans qu'if prononçit un'seui mot pour-en relever le mérite. Ce pendant-le repas avait droit. à tous les éloges:que les aubergisies français ont eoutume de faire: de leürs talents, comme le Jectomur 1e vO£ra dansle obapitres suivant.

æœ QUENTIN DUAWARD. | eu t CHAPITRE av | LE Ève, ei. EEE

La

| .. | Jasie clel quelles dents + quel pain!” à . BTFANR Foyage sontimentql.

Nous avons laissé notre jeune étremgér en France, das une situation plus agréable qué toutes celles il-s’était trouvé depuis qu'il avait posé le pied sur le territoire de l'ancienne Gaule. Le déjeuner, ainsi que nous l'avons ‘donné à entendre à la:fi cha- pitre précédent , était splendide. Il y avait-un pâté de Péfigord, sur lequel un gastronome aurait. désiré pouvyüir vivre et mourir, comme les mangeurs de Jotus-dont pârle Homère '; oubliant pa- rents, patrie, et toutes les-obligations sociales : sa croûte. -magni- _fique semblait s'élever comimé les remparts d'une. opulente capi- ‘tale , emblème des- richesses qu'ils sont destinés. à protéger. I y avait un ragoût délicieux, avec cette petite pointe d'ail que les Gascons aiment et qui-n'’est. pas indifférente äux Écossais; et outre un jambon délicieux qui avait naguère. appartenu à-un no- ble sanglier dans la forêt voisine de Montrichard. Le pain très- blanc, dés plus délicats, était façonné en boules ( d'où les Français ont créé le.mot boulanger ), et: la croûte en était si appétissante, que , même avee de Féau seule, elle eût été une friandise. Mais l’eau n'était pas seule destinée à l’humecter : sur la table s'élevait un-de ces flacons: de cuir , appelés botrines, contenant environ deux pintes d’un vin-de Beaune ° exquis. Tant-de bonnes choses auraient donné de l'appétit à un: ‘moribond luismême. Quel effet donc ne devaient-elles pas produire Sur un jeune homme à peine âgé de vingt ans ; qui dans lés deux j jours précédents, (car, après tout , il-faut dire la vérité) n’Avait pour ainsi dire rien mangé que les fruits à demi mûrs qué le hasard lui avait permis de cueillir, et une ration bien modique de pain d’orge. Il se jeta d’abord sur le ragoût,, et le plat fut bientôt vide; puis il dirigea sur le superbe pâté plusieurs attaques sucééssives, dont chacune pénétra jus- qu’au cœur de la place; et. pour soutenir ses forces ; il arrosait chaque morceau d’un. verre de vin, au grand étonnement de l’aubergiste , et au grand amusement de maître Pierre.

4 Odyssée. Les Lotophages , peuple qui babitalt 1 la côte septentrionale d'Afrique. Le lotus est une espèce de jujubier, À, M.

- CHAPITRE IN, "| Ce dernier surtout, probablement parce qu'il se trouvait avoir fait un acte de bienfaisance plus grand qu'il n'avait pensé d’abord, paraissait charmé de l'appétit du jeune Écossais; ét lorsqu' enfin il remarqua que son activité-commençait à ralehir, il cherche à le porter à de nouveaux eflvrts'en faisant.servir des eonfitures , des darioles et toutes ids autres friendises qu'il put imaginer pour: prolonger le fepas. Pénidant que maître Pierre tenait ainsi oceupé: son vigoureux convive , sa. physionomie exprimait une soite de” bonne huméur qüi était presque de tæbienveillancé, et qui s’éear… tait de son caractère habituellement piqu ant, caustiqué et sévère: Les vieïHlards sympathisent avec: les jouissances et les éxerciees de la jeunesse , toutes les füis. que leur esprit, dans soh état natu= rel d'équilibre , m’est dérangé ni par une secrète jalousie, ni per | uné sôtte émulation.. Quentin Durward, de son côté, ‘tout-en é'ocexipant d’une ma-.. nière si agréable , ne put s ’ernpécher de s'apercevoir qué la phy- sionomie de l’homme qui le régalait, et qu'ilavait d’abord trouvée : si péu prévenante ; äevenait beaueoup moins désagréable lorsque celui qui l’observait se trouvait sus Finflüence du vin de Beaune: il se laissa. donc aller à reprôeher à maître Pierre, d’un ton de. cordialité , de:rire de son appétit et de ne rien manger lui-même. « Je fais pénitence ; répondit maître Pierre ; et il me m'est per-. mis de rien prendre avant midi, excépté un peu cenftures et et. un verre d’eau. Dites à la dame de là-haut de m en 2 apporter » ajouta-t-il en. se. tournant veré Paubergiste. + L'aubergiste sortit, ét maître Pierrè continua + # Eh.bien, ai-je. tenu'parsle relativement au déjeuner que je vous avais promis ?— C’est meilleur repas que j'aie fait dépüis que j'ai quitté Glen- Houlakin, répondit le jeune homme.—Glen, quoi? demanda maître Pierre ; allez-vous faire paraître le-diable avec des mots d'une telle : longueur?—Glen-Houlakin, c’est-à-dire la vallée des moucherons :' c’est le nom de hotré antique ‘patrimoine, mOn cher monsieur. Vous avez acheté le droit de rire eh l’entendant prononcer, si'cela vous plaît.—Je n’ai pas la moindre intention de vous fâchér ; mais je me dispoéais à vous dire,puisque vous êtes contént du repas que vous venez de faire; que les archers écossais de la garde en reçoi- veat un aussi bon , sinon meilleur , chaque jour.—Il n'y a rien d'étonnant à cela ; car , s'ils sont enfermés toute la nuit dans ces nide d'hirondélles, ils ddivent avoir ‘un {errible appétit le lendé-

main.—Et de quoi le satisfaire amplement. Je n (12 pas besoin , QUENTIN DURWA4RD.

2 QUENTIN PHRWARD. comme los Bourguignons , d'aller le dés ny paur avoir l'avantage de se remplir le ventre ; ils sont vêtnscommé des comtes; et font bombana eorame des abhés. Gas hiqn leur fasse !--Ki poux Quoi ne. pad préndre.du serripaici, jeune ‘bomme? Votre: onde ponnrail, je n'en ai sucun douts, vôus faire inscrire sur te-conérêle dia qu'il sprviendrait une plase vacants. Approebez, que je vous dia: wa mat à l'axeilie : j'ai moi-méme qnelguie erédit, et je pour rais.vous ôire de quelque ‘utilité. Je m'imggina qua. vous savez monter à gheval, aussi bien que. Ürer de V’hro 2 Tous les Dururard sont Ausai Rops écayars que. qui que ce soit qui ait jemeis placé gen saulier ferré dans un étrier d'acier ot je ne dis pas que je re- fus voire offre abligeante. La nourriture et le rôtement sont deux ebqses de premiärs nécessité; mais, voyez-vous, à mon âge, am pense à l'honneur, à l'avancemènt, à de Hauts, faNs.d'anqrion. Votre ei Louis. que Riou leprotége, earil est ami et allié-de l'Écosse. mais il tient sans esse renfermé dans son châteeu, ou Re ments à. ohéval que pour aller d'une ville fortifiée à une autre à gagne des willés ei des. previnoes par. des emlassades politiques, et.hon pas de honnes bataillon: Eh bion! quant à moi, je suis de l'avis der Pouglss, >: qui étaient toujours en campagne, parce que, dissiont- ils, Ha aimaient miaux'entendre-le chant de l'alauctte que: le cri dek sauris :.=—Jeune homme ; ne jugez pas‘ai timérairement des

- aations des souverains Louis cherche à épargne le sang de. sen

sujets, et ent tobe-pou ménager du sion, H s’est montré homme de courage à Montlhéry.—Qui, mais iy a de cela une dOULaine dyanées, on davantage. Moi, j'aimèreis à suivre un miaître qui voulût congerver son hognepr aussi brilant quete poli de son bou olier, eb taujaurs s.jeter le premier au plus fait de la. môlée. Pourquoi done n'êtes-vouis pas rosté à Bruxelles avec le dec dn Borrgague ? Chaque jour , il vous mattrait à même de: vous faire rompre: lego et plutôé que vous leuvrer d'un vain espoir, il vous los romprait hu-nôme, surtout s'il apprenait ‘que vous, avez frappé som garde-chasse, "fois est vrai ! Ma mauvaise étoile m'a fermé cette porte. Au reûte:, i ne manque pas de-gens turbulents qui hraverajent le. diable bn. personne. et auprès do qui de jeumes . étourdis peuvent trouver du service, Par exemple, quo pensez- vous de Guillaume de la Mark Qnoï! lhomme:à la longne her. bo !.., ls Sanglier des Ardennés ! ‘Vous me parlez de servir un ca Péaine de piards et d'assesins , Uk sodlérat qui Oterait la vis à » 4AINRux proterie ébofsis. à. M:

si

4 CHAPITRE IT. : #1 unrhommé pour sa camque , et-qui tubies prêtres et les pélerins commesio’étaibat des Ianciers et des homines d'armes ! Ce serait pat tache: indéléhile ; faite-à l’écuson de mon père.—Æh biur, mon jeonc.et pétuimnt ami, sivous pense que de Sangier'est trop serupuleux ; pourquoi ne pes suivre le jeune due de Gueldrei Antantyandräit suivre le grand üidble. Je Yetri vous le dire kT'o- reïlle à c’estun fardiesh trop pesant pour la terre… l'enfer: s'ouvre peutr Y'esgleutir. . On we dit qu'if tient'son père en: prisée, Le même qu'itia frappé! Pouvez-vous le croire ”. w

- Maître Pierre parat un peu déconcerté pari ‘horreur naîve | avec laquelle. le-jeunre Écosseis parlait de l'ingratithde filiale, et toi ré- | pondit: « Vous nesaver pas, jeune homme, combien peules Hess duwsug ont de force entre les hommes d’ut rang élevé: » Pais quittast aussitôt ‘ton sentimental , à ajouta-en riant + « D'ait- leurs, si ke duc a battu $on père, je réponds que’son père l'a battu entrefois:'dinoi ce n'esi gi'un compte sokdé:—Je suis étonné’ de vousenhtendre parier de kr sûrte ,:» dit l'Écosais rongissmt d'in- dignation :iälerdque #on'a des cheveux gris comme és vôtres , ‘en derraitmietx-choisir ses sujets de phsisanterie. “Sie viewx duc a‘battwsuz fils dans son enfance, il ne l’a pas battu saffisammént; cèr il aurait mieux -vadu qui ftmort sous kes verges que d'avoir - vécu pour faire rongir le monde chrétien qu'en:tel indnstre ait jamais été baptisé. À ce compte, etiéb la manière dont vous criti- quez le caractère des princes et des chefs , je crois qu'it vous reste rien de mieux que de vous fuire capitaine votis-même : éar un homes aussi spge troyvera1-il un chef digne de le com- mander ?—Vous:vous moquez de moi, maîtré Pierre, » répondit Île jeune home d'un'ton bonne humeur , « et .pout-être avez- vous raison: -Mfnis vous 1'avér pes encore prononcé le nom d'u vaillant chef qui coœmmaide non loin‘d'ici à an corps d'Etesllentes troupes ; ‘et sous lequet orr aimerait asser à prendre du service. —Je me: devibe pas qui vous.voaler dire. —Æh! mais, céli qui est comme le cercüeïl de Mahomet (maadit soit le fautprophète 1} suspendu entre deux aimants; celui qu’on ne pent appeler n$ Français ni Bourguignün, mais qur sait maintesir la balance entre: eux , et se faire craindre et servir par l’un et par l'autre, tout grands princes. qu'ils sont.—Je ne devine-pas qüi vous voulex dire, » répondit de nowvesu maître Piètre d'ün air réveur. « Eh! qui pourrais-je parles -sioe n'est'hr noble Eoaïis de Luxèm- bourg , comte de Saint-Pvl, grand eonhétable de France ?'H sait

7 QUENTIN DURWARD. » se‘maintenir dans son poste avec sa brave petite armée, portant la tête aussi haut que le roi Louis ou le duc:Charles, et sebatañ- : çant entre-tes deux eomme L'enfant qui se tient debout au mikeu d'une -planche à bascule, tandis-que -déux autres en font monter et descendre tour à tour lés.extrémités. —C'ést celui des trois qui court risque-de faire chute li plus dangereuse. Mais écoutez- moi, mon jeune “ami , vous qui regardez le pillage comme un si grand crime ; savez-vous que votre habile comte de Saint-Pol est - celui qui.le premier a donné l'exemple d’incendier les campagnes pendant la guerre, et qu'avant les honteuses dévastations qu’il a commises les villes ouvertes et les villages qui ne fäisaient pas de résistance étaient-épargnés par les divers partis. Ah, ma foi! s’il én est ainsi,.je commencerai à croire qu'il n’y apasun de ces grands hommes qui vaille mieux qu’ un autre, et que faire un choix parmi'eux n’est autre chose que choisir un arbre. pour y être pendu. -Mais ce comte de Saint-Pol ; ce connétable, a su se mettre en possession de [a ville qui tire son. nom de celui de mon très-saint et très-honoré patron , saint Quentin (ci il fit uri signe de croix), et il me semble que si j'étais mon cher patron au- rait soin de moi ; car il n’a pas autant de protégés que-vos.saints populaires, dent un..si grand nombre de persannes prennent le nom... Il faut cependant qu'il ait oublié le pauvre Quentin Dur- ward; son filleul spirituel, puisqu ’après m'avoir laissé un jour sans nourriture.il ni’abandonne le lendemain à la protection de saint Julien et'à la-courtoisie d’un étranger, achetée par un plongeon dans la fameuse rivière du’ Cher ; ou dans un de-ses ruisseaux tri- butaires.—Ne blasphême pas lés saints, mon jeune ami. Saint Ju- lien est le patrün des voyageurs, et peut-être lebienheureux saint. Quentin a-t-il fajt pour toi plus et mieux que tu ne. penses. » : : ; Comme il parlait, la porte s’ouvrit, et üne jeune personne , plu- tôt au-dessus qû’au déssous de quinze ans; apporta un plateau couvert -d’uné serviette damassée , sur lequel était placée une pe- tite soucoupe-remplie de ces prungs sèches qui de tout temps ont ajouté à la réputation de la ville-de Tours. On y voyait aussi une de ces conpes d'argent artistement ciselées, que les orfèvres de cette ville exécutaient:à cette époque avec une délicatesse de tra- yail qui les- distinguait des ouvriers dés autres villes de France .. ét même.de ceux de la Capitale. La: forme de ce vase était si élé- gente que Durward ne songes pas à exarpinet s’il était d'argent, ou bien, comme le gobelet dont il venait de se servir , d’un métal

PA

. CHAPITRE IV... 73

moins précieux, ra si bien brüni: qu'on pouvale 5 y tromper ad ter aperçu. ; Mais la vue de ta jeune personne qui apportait ce nduveau sert vice attira l'attention de Darward beaucoup plus que les objets dont ïl était composé... : -

«+ H'reconnut promptement qa'une Diofasion de longues trotses decheteux noirs ; parini lesquels , de mênie que les jeunes Écos- éaises , elle avait eritrelacé-pour toat-ornement une légère guir- Jande de feuilles de lierre, formait .un voile autour d'une figure dont les traits réguliers, lés ÿeux noirs.et l’air pensif pouvaieñt la faire comparer ä-celle de Melpumène ; mais il y avait sur sx joue une teinte rougear, et sûr ses: lèvres ainsi que dans son œil un sourire plein de finesse qui faisait sentir que la gaieté n'était pas étrangère à une ptiysienomie si expressive , quoique. peut-être elle ne s'y montrât pas ‘habituellement. Quentin ‘crat même :distin- , guer que des tirconstänces malheuréuses étaient la cause pour la- quelle une figure aussi jeune etaussi aimable était plus sérieuse que’ne Fest ordinairement la bexuté das ses prèmièrés années ; éteomme l'imagination rémanesque d’un jeune homme est prompte à tirer des conclusions de : données iégères, il prit plaisir à inférer de ce qui va suivre que le destin de cette belle inconnüe était e en- veloppé de silence et de mystère.

* «Eh bien! 7J acqueline, » dit maître Pierre lorsqu’elle-éntra dans l'appartement, « que signifie ceci? n'avais-je pas demandé que dame Perrette m’apportât ce donit j'avais besoin ?Pâques-Dieu! est- elle ou se croit: -elle trop grande dame pour me servir? —'Ma mère ne se trouve pas bieri, » répondit Jacqueline avec quelque préci- pitation, mais d’un ton respectueux; « elle est indisposée ,. et elle garde la chambre. -— Elle la garde seule; j’espère, » répliqua mat- tre Pierte en appuyant sur le mot ; « je sais un vieux roulier , et nulienient du nombre deceux auprès de qui les rnaladies de feinte passent pour des excuses. ».

Jacqueline pâlit, chancela même en ‘entendant cette réplique : ; car il faut avouer que la voix et le regard de maître Pierre , tou- jours durs, caustiques et désagréables , avaient , lorsqu'ils expri- maient la colère owle soapçon, uné expression tout à la fois sinistre et alarmante

La galañ{orie montagnärde Fr Duiwnid prit subifemient l'éveil : et avee un empressement plein de courtoisie, il s’approcha de Jacqueline pour la débarrasser du plateau qu’elle portait, et qu’elle

x | QUENTIN éoawanc. |

Jui reusit d'un dr froidet porn; tandis que. Sn rép tie et inquiet, elle observait.les yeux du bourgeois cousroucé.-Hmÿés tait pas dans le nature que Fon pât résister à la. vive expression de 0es yeux qui i semblaient implarerla pitié, ctæaitre féerrecon - tinua', non seulement d’un ton qui-prouvait queson: mécentente méèut était apaisé ; madis ‘ohcore-arec.auiant do-doucenr -quetsa figure et sès panikes pouvaient en expridner : « Ce. n'est pas toi.que je blème, Jacqueline , .ebtues.trep jeune: pur. être -qu'ikest cruel-de penser-que tu dois être tn jour , c'est-dvdire fausse ef perfide commede reste de ton sexefrirole : personne h'est per vante à l'âge d’heinme.sans avoir eu: Foucasion vous connaître: Vouet un cavalier écossais qui-te dire la même chose. » O4 va

Jacqueline jeta an coup d'œil sur l'étranger, comme pour : cbéèr à mabre Pierre ; mais toué rapide qu'il fé, es coùp:d'oil parist & Durward he appol à. sa proteetion: ef à sx sympathie: l'ue'uas promptitade naturelle à : un jeûne homme et le respect romanesque pour le beau sexe que lui avait inspiré sou éduratian, jt s'empresss de répondre qu'il jetierait 15 gant à tout antagouiste: de-s0n: rang

et-de son: âge qui osersit dire qu'une figure telle quié celle qu était: maintenant. devant ses YeRx. pouvak tro-aniæée par autre Chose que l'âme la plus pure et: la‘plus siscère. . .

Le visage de la jeune personne ouvrit d’ane pâleur mortalle; ee jeta un regard craintif sur maître Pierre, à qui la bravade du jeune galant parut n'inspirer qu’un sourire mépris plutôt. quel d'approbation. Quentin, dont h secunde pensée” -Corrigesi ordi _ nairement première , bien que te ne fût quelquefois qu'après l'avoir exprimée, Fougit fortement d’avoir prononcé quelques mots: qui pouvaient être-regardés.coïñme une vaine fanfaronnade , 0: présence d’un vieillard dont ja profession était toute pacifique ; @t comme pour offrir une juste réparation, proportionnée àson étour derie, il résolut de sg soumettre avec-résignation au ridiéule qu'il, avait encouru. Il présenta la coupe et le plateau à maître-Pisrre, : avec un ajr.confus et bamilié qu'ils efforgait vaindnent: de dégui- sér par un sourire qui faisait ressortir encôre.son- embartas.

. « Vous êtes un. jeune fou , Jai dit maître Pierre, et vous char. naissez aussi. peu les femmes que vous connaissez les princess, dont Dieu, » ajouta-t-il en faisant dévotement un signe de croix,

« tient les cœurs dans sa main..-— Et qui donc. tient ceux des femmes? » répondit Quentin résolu, s’il pouvait l’éviter, À ne pas, se laisser subjuguer par la supériorité qu’exerçait sur lui ce viail-.

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Fees tent Los ie qu 0 moe AE vante dcnstan prit du jeune Durward, pendant quenätse Pivrre disait à Ju Hne., en séutiant'et pssint le main ser ten lobgaes: frosses de ses chievex:: «Ge jeuhe hotmtrre me-Servié, Bacuethé: ta pa . toretirer. 5sdiréi à to négigents mve de’ eléa Loft de l'eupüse soms-nécemsité sex regards he premier ven.<-C'étrit eniqéemetié pour vous servir, réporiit Îà jeune: Re”, j'espère Qué VOLS He‘. r67 pan Fheké contre vôtre parole, pwisque... PhquésiBieul w écrin le murehani ef Finteromipant, ais. sine reté, «ao vous- déuuter @vet an ; petite Sie : Bien rester veus fine regardur ee june Moto 3. 60r62. Hot medte, A LONDON SONR, M. »)

Jnoquoiiie seit. Doérart eut ienbiéut: océnné: æ: CU svuvition soudain, que le fl dé: ses véerions 40 rosé ; ®æ quil obéit machialement lorsque maître Piérre, de Kit d'u hormme: acvoutené àétre ohét, et se jetant, nonchana ment:

»

à

nm . | | que AURWERD. dons un grand fauteuil, lui dit c « Posex. ce, plaisau:derantnôi, »

“Le marchand laissa alors retomber s56:sohrcils-noirs.sur. ses yeux W£s et peréants, de télle.sorte qu ‘à, peine.étaient-ils wisibles ; seulement, de temps à autre, il s'en: éphappait: un rayoi rapide. et brillant-comme ceux du soleit qui se couche. derrre un. Bombe . DA4G6; À travers: lpqueril sciniille par intervalles: L teurs a C'É8b UE: charmante créature, » dit enfin Le xiaitierd èa le- yant la tôte, ot jetant un regard. férme.et pénétrant.aur Quentin tout en lui-adressant ces. paroles: «une aimsblé file , pour-une servarite d'auberge , n'est-ce pas? Elle figurerait ‘bien À table d'un honuéte bourgeois; mais éala est mal dlévés. cela éstde basse origine. : » +.

L'arrive quelquétois qu’ un ro jeté zu hasard déiolit u un. brile lent château bâti sur les auages: el, en pareille : circonstänce, Yar- chitecte sait peu de gré à celyi qui a porté le coup fatal, quoiqu'il v’ait.pas.eu la moindte intention de l’offenser ou de-lui nuire. Quentin fut déconeerté ; et.se sentait disposé à se'mettre.en eo- ère (sans trop pouvoir.se + rendre couipte du rhofif) contre-es-vieil- lard, pour l’ayoir instruit que veite- charmante créature n'était ni plus ni moins qüe-ce.que.ses occupations annonfaient , une. ser- ‘vante d’un ordre supérieur, à la vérité , probablement: une nièce de l'aubergiste, ou quelque parente à un degré plus éloigné, mais une servante enfin, ebligée de se conformer à l'hurieur des habi- _ tués dela maison, et particulièrement à à celle de maître Pierre, qui prübablement. avait. assez de caprices , el ässez de e: richpsse pour exiger qu'ils fassent satisfaits. |

Une pénsée qui ne cessait de se présenter à à: sen csprit, "était qu il devait faire eomprendreau vieillard la différence qui existait entre leurs conditions , et lui-faire remarquer que, quelque riche qu’il fât, sa richesse. ne pouvait le mettre sur le-pied de l'égalité avec un Durward de Glen-Houlakiä. Cependant, quand ikportait la vue sur maître Pierre , il découvrait en lui, malgré ses regards baissés, ses traits amaïgris ; ef ses vêtements qui annonçaient la ‘’bassesse et l’avarice, quelque chose qui l'empéchait de mettre à exécution son dessein-de faire sentir marchand la supériorité qu'il se figurait avoir sur lui. Au-contraire, plus Quentin Je regar- dait avec attention, plus.il sentait rodoubier sa earipsité de savoir ‘quel était cet homme et quel était son rang , et alors il se persua- dait initérieurement avoir affaire au moins à un syndic , à un membre de la haute magistrature de la ville de Tours ; en un mot,

- I NERARITRE: TV: #7 à unihétmeiqui, d'une manière où.d'pme: ns dit holicok à exiger-et ànbtenirlorespeot : -Le. rparthand ; son:côté. paraissait: plongé dans ue réverie dont il ne sortit que pour se signer dévotement avant. do se.ntattre à Haugor quelques prunes sèches éf:un morcemgr de biscait; anrès quoi il ft signe. à Qtrentin de qi: donner. ka coupe. Mais, au: mo- ment ét celui-6i t& lui présentait; Abajonta::« Vous;ôtes aoble ? Bion certainement je-le quis, répondit 1 , Si quinze gér mérations pouvent: me-rendre tel; :je vous Faidéà dit. Cependant, que cela ne vaus relienge pas, nattre Pierre : on.m'a toujours ep pris-qu'ibest du dsvoirdu. plus jeune üleservir le plus âgé, —Excel- Jenté maxime! » répondit le. inarchand tout en prenant la coupe des mains du-jeune homme et la remplissant aux môyen: d'une aiguière. ii ‘paraissait être &u mine méfal, Sans se montrer aus _cunemeant ému per 0es. scrupiiessur les convenances que Quentin s'était peut-être. attendu à faire naîtrer.en lui: «Au diablè soit Yaisapce:et la familiarité de: ee: vioux bourgenis !. % se dit endore Durward; +-il.se fait sepvir:par un-noble écossais avec auséi peu de vésémonie que je ferais à l'égard d’un rustre de Glen+isla » : Eoutefois lemarchand , “ayant vidésa œupe, dit à soir COMpA+ : gNOn :-u D'après le goût que :YOUS.8VEZ PAU. avoir pour le vin de Bœuno, jo'w’imagine que vous seriez pou “disposé à me faire rai- son avec cetté liqueur plis commune. Mais j'ai sur moi um£lixir qui. pouf changer en vin le plus délicieux de ] Fragge leûu Aeroche elle-méme. » " -

En parlant ainsi il Lira de: son sein 06 gross bourse de peau de loutre de mer, et'ft tembes dans la coupe,.qui au reste n’était pas grande, üne pluie de petites pièces d'argont, jusqu'à cequ'elle fût . plus d’à moitié pleine: °_-.

:—«Jéune homme, ajouta maire Piarre, vous devez à votre pa- tron. saint Quéntin et au bienheureux saint Julien plus de recon- BaissAnce que VOUS ne paraissiez le cæoire il y a un instant. Je vous conseille de faire des aumOnes en lour nom: Restez dans cette hôtellerie jusqu'à ce que vous voyigz-votre parent. le Bajafré, qui sera relevé de gärde dens l'après-midi. Je le fecaiavertir qu'il pet vous trouver ici, oar j'ai affaire au château, » . .

.- Quentin Durward aurait voulu dire quelque chose | pours” excu- sor d'accepter la prodigue Libéralité de-son nouvel ami; mais rnat- tre Pierre, fronçant ses soureïls noirs, -et relevant son Corps courbe pour lui donner une attitude de digüité plus imposante que celle

# | QUENTIN DUMMERD.

qu avi déphorés jenetiièns, Jui it d'union diegéscité Dutnt de réplique, jeune homme ; faites ce-qu'en vous -tieuns.r:$088

+ - sois Huit Foppurtonsent on Mionnt sipasià Quautin qu: no

devait pas de suiere. -: -

Le joune Écomuis-restn pétrifé ; u6 caca que-penser de tout ce quilul.arrivait So prortivr mouvement phasaturel:; tal ttes noble pout-ôtre, fut.de regwder dans iaecoupé, qui était aturément plus d'à moitib plokie. de pièces: d'argent le nômbre en était tel, que jamais pout-être, danseurs se vie, à n'en avait. eu la vingtième partis ès disposition. Mais-a'était-ee: 2e compromettre. sa éigaité de gentéihomine que d'accepter l'agent d'un. riche : -plétéien ?' Otis quæetion: étit eubarrasmants, 7, quoiqu'il: oût fait un oupieux déjoûacr, cette semrne rie ‘pou vaË - jui:sufBre, soit pour retourner. à Bijôh, dans 19-085 vendait, bravant le eourrous du duc de-Bourgogne, extser'au sohrics de co princes, sûit prar sp rendre à Seimt-Quentin, si #5 défer minuit en faveur de céli du vomic-de Saint-Pol ; « Car eÉbit à londres deux grands vasseur qu'il sait: résolu doffiie ses services, st n'entrait pas à-o6tui dn roi de Fouñcs. Le parti auquel if vtavéte, | comme ‘lui paraissant de piles ago dons les chuourtences, fui de 56 lxissor gwider Dur l'avis de son enter Éa- attendmit., ik mit en pièces d'argent'dsss son sac Je velours, et appuis l'hôte pour ui faire retirer la coupe d'argent, ten mème temps ‘pour lui faère quelques questiétis au vejei de: 0e manrohedd qui camera dl béral et si impérieux. + po

Le mpttre dé: le Maison 56 présenta Diertée; w# eu peut pas plas commenieatif -uu nicias s6 rnoÂtra-t-4l moins avéte de pro Jes qu'if 06 Pavait jusqu'alors. ÉL reflex pesitrement de:20+ prendre la coupe d'argent ; elle ne lui appartenait pes, Git-H, ris bien à maître Pivrre, qui emuvait fuit présent à son ecitvive -IL avait, à la vérité, quatre hones!, que jui aurait Nyruées sa gramdl'u mére d'heurousc mémoire, Mais qui 1e ressemblent pas pes à ce beau morteat de ciseture qu'un navet ne ressrtible à uno che. Colai-ci était eme de-ces fameuses coupes de Touts, travaïl: Jées par Martin Dominique Jequel-pawvait défier tsut Paris.” :

«Et, s'il-vous plaît, quiom:ce amêtre Pierre qui fuitd6 Bt YICRO présents. à: des-étiangers7s1iai dome Durwaid er l'intertia- part, —+Quiestes maître Pierre: 7e rbpôte Fhôts en: rien tome berde sabouche-cesperviesuncà une, conne s'il les eût aistifécn.

+ Vicez mot fremçuls qui denife tuape, «. 3

{ <CRAMITRE- mr - nt —— sais +-méphique Dares d'un téarienpasient ot imipéeniié, sq, es ce maîtes terre qui-e montre Si libérant ts prodigue? et; qui eét-sette engèce da bonéher.q0'i a aameyé on atant pour. von" mander. te ‘déjeuner? Oh} oh! mon bemi messiour,. quant à savoir ce. qu'est maître Pierre, vonsauriez lei adressbr cotée question diei-même; ef quant à cclui qui a Dai préparer le dé-, jeuner,. -Diqu-vous préservé de je cobnaître d'une manière plus. intisee, Il y « quelque mystère dass tout cela: Ce nialéro-Pierre m'a qu'est marchant. —sS'id vous l'a.dit, vous devez l'en - | Creire. + Qselt sent les pbjets de son eüramserce ? 0h! eesont . des-abjetsde prix. -Entre:antres, il a établi ici-des manmfsctures de snicrtes qui rivalisent avec les ridhes étofles quo les Vénitions: apportent de lindeetdu Cathay. En venant ici, vous ayez voir de bellesallées de mûriers : is Ont été plantés par ordre de maîte Piéres pour nourrir les vera à soie. Et.entte jeune personns qui. a ‘apporté des cenfiburés, qui ést-eilo,. wion. bén ei ? Ms locataire r eho “ent ici-avee. sa tutrico, ane tante. où: antre par renie, je m'ipaagine. Et êtes-vous dans l'usage d'employer vos locataires à se-servir. les uns les autres ?. J'ai remarqué quemattre Pierre n'a ries toulu préndre de votre mai ni de colle de la personne -GI .VONS; ACOOLL PARA. —Les pens riches ont lours fantaiais, carils peuvent payer poar lesantisfire. Go n'est pasis - première; fois que maitre Pierre à trouyé 19 moyen do satisfiire un. de æs- caprices - en se fnisènt Servir par dés gens d'ane class élevée. » -

Lojoue Écossais se sentit ün pet: roffemsé de cette observation ; mais, cachent son dépit, il demanda s'il pourrait avoir un appar- toment-dass l'enberge, pour ua jour, ou pour pes tongrtemps peut-être.

«Gertainement, répondit l'eubergiste, et porir + aussi long-temps

u'i vous plaira de rester : ici. Et me sera-t-al permis, continue Durmarà, de préseñter mes respects aux dames dont je vais de- venir très-proche voisin. 2 Je n’en sais rien. Elles me.sortent pas, et. np reÇOivent PerSORNE, -— À. l'exception de maître Pierre, j'i- magine > 11 Ae o'est-pas permis de nommer d'exception, » é» pondit l'eubergiste g'ün {en ferme maisretpoctnenx. ——.

Quentin: partait asser haut l'idée qu'il se -fnisnit. do son inpors tance, queiqu'il £é dépourvu des moyens de la soutenir. Un peu mortifié de la réplique de l’aubesgiste ; d n'hésite ges à se. préva- | loir d’un usage assez commun dans ce sièele, «Portez à ces dames,

æœ. QUENTIN" DURWARD.

dit, ün facon de bernat * ; présentez-teur ms très“humbles res- pets, ‘et dites-ieur ue Quentin Durward, de 1a maison Gten- “Howtakin, Honürable cavalier écossais, ‘et qui vientde prendre: un légernent daus cette. hôtellerie , leur démande ‘la permission. de lotir présenter s0$ hommages en persoiine. ». -

‘Le messager partit, et revint presqüe: aussitôt: ‘les dames. refu- saibnt' d'accepter ‘le: rafratchissément, et offraierit: au cavalier -écossxis leurs rérherctments; élles regrettaisnt . que ka vie retirée qu ’élles irenarent les mît dés l'impossibilité de récévoir Sa visite:

+ Quentiti se mordit 1es lèvres, et prit unvérre de ‘Yernät qu'on avait réfusé et que l’hôte avait posé sut‘la table. «Par-la messe 1»: dit-il en lüi-même, «Voici un pays bien‘étrange! Des imarcharids-et dès ouvriers s’y donnent les manières et exercent la munificence . des nobles, et de petites files qüi tiennent léur coûr dans un ca-

baret; affectent un grand ton, comme si elles étaient des prin- cedses déguisécs. Il faut cependant que je revoie cette-belle aux sourcils noirs; je serais bien empêché Ayant pris cette sage résolution, il demandä à 6trè conduit à l'appartement qu pl devait ocetper.

:‘Héubérgiste 1e . monter. par un escalier placé dans une tou- _ mBei au boût-de cet éstalier il se ‘trouva'dans une galerie sur la- quellé ouvraient plusiéurs potes, ‘comme dans le dortoïir d'un coùvent. Cette ressemblance n ’excita" pas une grande admiration chez notre. jeune héros; qui se souvenait ‘avec: beaucoup d’ennui de l'avant-gôût qu'il avait eu autrefois de la vie monastique. L’au- bergiste s’ ‘arrêla à l'autre extrémité de ja gaterie, choisit dné clef dans un groë trousseau pendu à sa ceinfure, ouvrit une porte, et fit entrer son hôte dans une chambre: que- formait l'intérieur d’une tourelle : cette chambre était petite, à la vérité, mais propre et écartée des autres ;:on-yÿ voyait un-petit Lit et quelques meubles rangés dans un excellent ordres et tout bien considéré ; elle pa- rat à Durwärd ün: petit.palais. : : -

«J'espère, m6n- -béau monsieur, lui dit É aubergisfe, que vous trouverez cetappartement äâgréable. Je me fais un devoir de con- tenter tous les amis de maître Pierre. Quel heureux plongeon j'ai fait!» s'écria Quentin en battant un entrechat dès que son hôte se fut ‘retiré. «Jamais semblable bonheur ne résulta d'une telle immersion, £a vérité, c’est un déluge des faveurs de la fortune. » En partañtainsi, ils’approcha de la petite fenêtre, d’où, atten-

4 Sorte de liqueur usitée da temps de Louis XI. À. x.

| CHAPITRE iv.

du que la tourelle s’ayançgait cossidérahièment-hors æ. la ligne: : principale du bâtiment , la vue s’étendait. ROR-saulernent.sur un joli et assez vasle: jardin qui était.une dépendance de l'auberge, mais encoré sur un charmant bosquet de ces, mûriers que l'of disait que maître Pierre avait fait planter. pour. servir à La pourais ture des vers à soie, De plus, si détournant les yeux de ses objets plus éloignés ;: on les dirigeait..le lang du nur, Qn -voyait.une seconde tourelle dept une des fenêires correspondait à celle que Durward occupait en ce moment. Or il serait difficile à an-bom- me de vingt ans plus âgé qué Quentin: de, dire pourquoi cette localité l’intéressait plus que joli jardin ou-le bosquet de mû- riers; Car, liélas ; des yeux'de quarante ans et plus. regardent | avec indifférence une tourelle"dont la fenêtre et la jalousie, sont entr’auverfes pour laisser entrer l'air , tandis que te volet reste à moitié fermé: pour intercepter les rayons du soleil, peut-être un régard trop curieux ,'un luth à demi caché ; par-Un. léger voile de soie verte fût-il méme Suspendu, auprès de cette fenêtre. Mais . à l’âge heureux de Durward, de pareils accidents, comm un | peintre les appellerait, sont une base suffisante pour élever cent visions aériennes et former ces vagues Conjectures mystérieuses au souvénir desquelles Phomme d’un âge mûr sourit et soupire | soupire et sourit tout ensemble. °°

Comme on peut supposer que notre. ami- Quentin. désirait ap- prendre quelque chose de plus relativement à sa belle voisine , la propriétaire du luth et du voile ; ‘comme on peut supposer du moins qu'il avait quelque désir de savoir si elle n’était pas par hasard la même. personne qu'il avait vue sérvir maître Pierre d’une rhanière si humble: + OR doit supposér . d'abord qu’il ne mit pas Ia tête et la moitié du ecrps à la fenêtre, dans l'attitude d’une indiscrète curiosité. Durward connaissait mieux l’art de l’oiseleur, En effet, il s’effaça de manière à ne pouvoir être aperçu du dehors, se contentant de regarder au-travers de: la jalousie ; et, grâce à cette précaution , il eut le plaisir de voir un beau bras parfaite- ment blanc , parfaiternént rond , décrocher l'instrument ; et bien-, tôt après ses oreilles eurent aussi eur part dans la récompense que méritaient.ses habiles dispositions.

La dame qui habitait la petite tourelle, la dame à qui apparte- paient le voilé et je luth, chanta précisément un de ces petits. airs qui , selon la croyance reçue, coulaient des lèvres des nobles dames au temps de la chevalerie, tandis que les chevaliers et les

L : QUENTIN DORAWARD.

éroubetiours les éecutéisnt és -soupirunt. Les paroles ‘n'avaient ‘pes assc-de œentiment, d'esprit ot d'imapinntivh pour détourner l'attenition de le -musiqné , et la musique n'étaitpes atsés savante pour couvrir le-vide-des parales et ox détruinel'uffèt. ba-chamson et la musique semblaient tellement avoir été faites lusieipour leutre ; que si es vors eussunt été rébités sans les note, “où Pair

joué ‘sans les:parokes ; ni: la chanson ni la-niusiqué, aingi-prises séparément , d'auraient raérité ja moindre. ‘atiention: Nous de- vriotis done noûs justifier du reproche qu'on pourrait netis faire de consigner ici des vers qui n'ont'été faits ni pour’ être récités, ni-pour être los, mais seulethent pour être chantés ; eopendant., tomme les lambeaux d’unicienne poésie oht toujours eu füur nous un aitrait irrésistible: Comme, d'ailleurs, l'air est porde pour tou- jours, à moins que Bishop 1 non retrouve jier haskrd'la musique, ou ue quelque rossignol n'enseigne à Stephens 2 à la garoviitier, nous ne reculons pes devant risque ‘db: comfirémettre ‘notre erédit êt le poût deia ‘dame du lufh;"en conservant des vèrs, quelque simples et quelque dépourvus à d'oriement eanñis puis- sont paraftro: . | LE COMTE GUY. Tu

Ab, comte Guy! Pheure 4 peschaine _ Lo soleil a fui l’horizoï ; ! La fleer de l'oranger paffume le talon, . Ka-briss qurt sur La limpide plaine ; ‘L’alouette , qui tout jour = À gasouillé son lai d'amour, : _ Amprès de ss compagse est mueite et s'endort. .’. L'oiseau ,.le fleur, la brise, ohéissent à l'heure; Mais Véin de moi le comte Guy demeure : "7 done est-il quel pout être son mrti . La jeuna Glle dn village Fuftivement se glisse sous Lomabrage.; 3 | Pour écouter un langoureux. berger ; Près d'uge jalousie , à la beauté timide, Un chevalier courtois qu’ameur sut engager; . Vient chanter et sa flamme el Yastre qui le guide. . L'étoile de Vénus, sur La terre et les airs, .: - Règne du haut des cieux entre Les feux divers. Le riche et lindigent ressentent: sa puissance. . ° Mais l'houreux comtes Gay, dont je crains Ploeonstmee , donc est-il pour .ouir mes concerts !. |

- Quoi que::.le lecteur puisse penser de cette chanson si naïve’, ; elle produisit un effet magique sur Quentin, orsqu' il l'enten-

4 Compositeur anglais. À. M. "2 Cantatrice d’un des théâtres de Lorrdres. 1. x.

. CNE +. as dit chanter par una voix doué at méladionse , dont les célestes acanrds. lui étaient: appertés per doux Ziphyr avec 19 parles du jardin ; tandis.que le visage de cela qui -chamiaik pouvant à noi: être ne . astée. séiner sacsblait evene: d'un wie mystérieux, |.

“Larsans lechent. ét cou, Quentià ne pot. stempêcher de se mentrer :plus à découvert, -en csmÿjantimpradenenent de. vair plan qu'il n'avait encore pa désommi .-Ea musique eessa à l'ins- tant, Ja. erisée.:se ferme; at. un aomhre ridosu, haisaé on de- dons, arciin le-couss des ehoerratians de l'habitant de La tort L role voisine. :. | Anssi mortiié qua surpris des:snites de sx précipitatiqn, il se

anneola cependant par l'espoir que la. dame du luib: n'abandonne- rait pen fi facilement un ineteuusgnt qui parsisquit lui être très- fauilies, ok ne poussarail pes ln cruamté jusqu'à reponcer au plains de:nespiren un air pui d'onveir sa croise, dans l'intpn- tion peu généreuse de garder axclusirement peur san areille les dous semi: qu'alle crésiC Haut-ftre un. léger sentiment de vanité personnelle. viat-il se môler à cos rélexions consalatriers. . Sé, comme ik irasapçoneil fort, une belle jouvencella, à tresses longues et noires, habiteit-l’ane des touselles, il me pouvait s'eme pâcher de satir qu'un jouvéneeant bien fait ; de bonne mine et à blondè ehevelure, occupait Fantre; ok les romens, ses sages bastituteurs., avaiant appris à sa jeusasee que, siies damoiseties étaient réservées. alles. n'éteient'eopendant dépourvues d'une certainer curienité. que les portait à pénétrer dans lea affaires. de leurs vwaisios, ni d'ung certaine disposition à s'y intéresser.

- FTondie que Burwark s'abasdoshait à ces réflexions, Un gar- çon de-l'anbenge vint lai dére qu'uù cavalivr demandait à lui parier. SR

| | EAMTÉE x. L' + LRONME D'ARMESS

. sul d jure étrangers, basbe canne Je léopard, . bravant le feu du canon pour conquérir cetie bulle d’air que Pon appelle la gloire. 7: 7 Snaxetans., Cum d'emapisire.

La cavalier qua attandaif Durward dans V'apaartement il avait déjeuné, était un de ceux dont Loujs XI avait dit depuis

sm QUENTIN -DURWARD.

long-temps qu'ils tenaient entre leurs mains la fortune de la France, puisque c'était à eux qu'était. confiée la garde imné- diate de la personne dy roi:

‘Charles IV avaitinstituéce corps célèbre des aichers de da gärde écossaise, comme on les appelait, espèces de gardes da Corps. avec-plus ‘de raison qu’on ne peut généralement er alléguer pour environner le trône d'urie troupe de soldats ‘étrangers et merce- - maires. Les dissensions qui avaient détaché de.sa Courobne plas de la moitié de la France, la fidélité. chancolante et douteuse da petit nombre de noblès qui- défendaiént encorè cause, -faisatont qu'il eût été impolitique et peu prüdent de confier À ces feudatai- res le soin de sa sûteté personnelle. La nation écossaise était le . nemie héréditaire des Anglais'et; à ce qu’il semblait, j'ancienne et naturelle alliée de -la France. Les Écossais étaient päuvrés, courageux , fidèles ; leurs rangs devaient toujours se rotruter avec facilité, à cause dela surabondante de la popalation de leur pays, celui de toute . l'Europe qui vit sortir de.sün'sein les plus nombreux et les plus bardis aventuriers. Leurs prétentions géné- rales à unë-antique noblesse étaient un excellent Litre pour qu'il leur fût accordé d'approcher de la personne du rmonar ue dp-plas près qu "aucun autre COrps der troupe, tandis qe leur petit nom- bre était ün obstacle à ce qu ‘ils puséent se rendre redeutables et dicter des lois là.où ils devaient obéir. .

. D'un aütre.côté, les monarques fränçais s'étaient fait un point de politique de s’attirer l'affection de ce corps d’élite, en lui actor- dant des prérogatives honorifiques et-une forte paie, qüe la plu- part d’entre eux dépensaient avec une prodigalité toute militaire, pour soutenir-ce qu'ils appelaient leur rang. Chacun d'eux était considéré comme gentilhomme, tant à cause de son grade “qu’à cause des honneurs qui y étaient attachés ; et leur’ service; qui les rapprochait constammient de la personne du roi, leur dennait une grande importance à leurs propres yeux, ainsi qu’à ceux de Îa nation française. Ils étaient armés, équipés et montés richement, et chacun d’eux avait droit à un: supplément de solde pour l'en- tretien d’un écuyer;.d’un vardet, d’un page et de deux yeomen !, dont l’un était appelé coutelier, à cause du grand couteau qu il portait pour acheyer-ceux que son maître avait renversés dans la mêlée. Avec eettesuite etun équipage qui y répondait, un archer de la garde écossaise était un personnage de qualité et d'impor- #4 Ætchers d'un rang inférieur. AM : "

CHARTRE V. #5 tanee : ét, comme les plates vacantes étuient ordinftréement rem- plies par ceux qui avaient étéélevés au service en qualiff pages ou de varlets, les meilleures familles d'Écosse envoyaient stuvent leurs cadets pour servir, en l’ane ou l’autre de ces qualités, sous un ami ou un parent, Jusqu'à ce qu'il se > présenta quelque chance d'avancement.

Le eoutelier et son compagnon n'était pas nobles, ni suscepti- bles de promôtion, se recrutaient parmi les gens de la classe infé- -rieufe; mais comme Ja paie de leur emploïétait fort boyne, leurs maîtres trouvaient aisément parmi leurs compatriotes ertants, des ‘hommes robustes et courageux pour les emplôyer en cette qualité.

Ludovic Lesly, ou, comme nous -l’appellerons plus fréquem- ment, le Balafré, nom sous lequel il'était généralement connu en - France, était un homme de pk de six pieds, robuste, dont le corps était fortement constitué, mais dont les traits dars et re- poussants l’étaient devenus davantage encore par suite d'une large et horrible cicatrice qui; ‘païtant du front et passant tout près de l'œil droit, laissäit intact l’os de ‘a joue, et descendait presque jusqu’au bas de l’oreilte La suture profonde qui se dessinait ainsi, tantôt écarlate, tantôt pourpre, tantôt blèue, tantôt presque noire, était constamment hideuse, parce qu’elle contrastait avec'la cou- leur de son visage, dans quélque état qu'il fât, agité ou calme, enflammé de quelque passion extraordinairé, ou habitweMement ‘dun teint noir, résaliai de l'inflience de Fair et des rayons du soleil. :

ses armes et son costüme étaient siches et brillants. IL portait la toque natiônale, surmontée d’une aigrette ayant pour -agrafe ou boucle’une Vierge Marie d’argent massif. Cet'ornèment avait été donné par le roi à la garde écossaise, parce que, dans un de ses accès de piété superstitiense, il avait consacré les épées de ses gardes au service de la sainte Vierge; et même, suivant quelques historiens, il avait été jusqu’à rédiger et sigher de sa main un brevét par lequel il en donnait à Notre-Dame le commandement, avec le’titre de capitaine-général. Le. hausse-col de r'archer, ses brassarts et ses gantelets étaient de l’acier le plus fin, artistement damasquinés d’argent, ét son haubert, ou sa cotte de mailles, bril- lait du même éclat que la gelée d’une matinée d'hiver sur la bruyère ou la ronce. Il portait un surtout flottant, ou casaque

4 1 s’agit ici de pieds anglais. Le pied angiale fait 44 pouces ® ligues de France.1.Ms QUENTIN DUR WARD. 6

, QUENTRFAYNWARD.

d'as saperbevelpurs bleu, ouvertsur los pÜtés came qelui d'où héramt d'armes, ot.s8r le miliou duquel, par desrière ausei hien que par: davent, brileit une grande ctaix blanche brodée en esgent. Ses gemouillères et: ‘ses cuistants étaient de mailles, et 295 soukiere couverts d'egier. Un large et fort poignard. nommé le merci de Dieu, pendait à son côté droit, et un baudrier richement brodé; ‘descendant de. droite à gauche, soutenait sa redoutable épée ;:mais oh 6e momen! pour sa Cosmmodité, il portait à la main cotte arme pesante que les rôgles de son service ne loi persant taïent jamais-do quitter.

Quentin Burwaré, bien qa'habitié de bonno boure, comme ou les jeunes Évossais de cette-époque, aux armes'ét à la guerre, orut qu'il n'avait jamais vu un bomme d'arrnes d'un air plus bel- diqueux, et plus complétement équipé, plus brillant que cekui qui l'embrasss on <e moment: ceit-homane d'armes était pourtant le frère de sa mère, Ludovic Lesiy le Balafré | Cependant il ne putse défendre d’un sentiment peù agréable au moment cet oncle, dont la figureavait une expression véritablemant repoussante, Lx brossané tour à tour les doux joues ave 685 rudes moustaches, félicite son boau neveu de sun arrivée en France tout en lai de- mandsnt quolles aonvolles il apportait d'Écosse,

«Pas grand'chos de bon, men cher onc, pépondi Durwend: mais ju euischaremé que Vous m'ayez reconau si prompiément.— 36 l'aurais robonnt, fon garçon, lors même que je l'aurais ren contré dans les landes de Bordeaux, marchant comme une grw #ur uad paire d'échasses. Mais assiods-toi, assieds-toi; et s'il y a de fâchouses nouvelles à entendre, dious aurons du : Vin pOUT BOUS inspirer de da résignation. Hola ! vieux Gourte-Mesure,.notze brave hôte, apporie-nous du meilleur, et sur le champ.»

A cette époque, l'accent particulier avec lequel les Écossais pronpacent le français était aussi ferailier dans les tavernes, des environs du Plesais, que l'accent suisse l'est, de.nos jouss, dans les guinguettes des environs de Paris; on obéit avec uae promp- titude égale à la précipitation de la crainte. Un flacon de vin de Champagne fat bientôt posé devant eux : l'oncle s'en versa ua verre, tdis que le neveu n’en prit qu’une petite dose, pour répondre à la politesse de -son parent, ens’excusant sur ce qu'il avait déjà bu du vin dans la matinée.

« Une pareille excuse aurait été excellente dans la bouche de ta sœur, beau nevéu, dit le Balafré; il ne faut pas'te laisser tant

—— —— —— _

Le: CAM 5 67 vfirèyer. our M SUR, situ veut -qu'irte potisse- de: haybe un enendonr ot dir Pair d'en 20108. Mais : allons, royoits, Tour dcosmeis; couvre te malle, et. donnhe-noûs'ées norwvetles db-Gieñ- Houkekin. Gorrment- se porle na Sœur? Elo test morte: bel ont > répondit denloureasement Quentin. 2: «Morte! » répéta son oncle d’un ton qui exprimait plus d'étennoment que de êhe- grin. « Eh! mais éllo: était de:-tinq ans ples jeune que moi, et Jamais de la vie je neme:tuis rieux porté. Morte ! ocls w'est:pts | possible ! Je n'ai jainafs et thème un mal de tête, excepté après une ribote de deux ou trois jouts avec les frères de le joyeusescience, Jorsqué mèw'servict ‘me le permet. : Ainsi dome, ma pauvre-sœur est morte!.….-Ft votre père, benu neveu, Fest-remerlé?e : : :

Avert que le jeune homme plt articuler urr mot, fl lat sa réponse dans x surprise que lui eausait cette queslion, et sjouta : « Com- menti n'est pes rermarié? Féurnis Jeré qu'Aflan Darward n'était pas homme à vivre sans #ëmine.# aimait à voi” sa maison en ordre. A aimaît à rogaider eme fe: feirme, quoiqu'il ett ‘une

certaie nostétité de tiers. .Lérheriage hui proenrait toutes ces Chüses: Quant &moï, je me-soncte fort peu d'un pareil bonheur, etie pris reparder ire jolie femme Sanssénger au sacrement...

Ma sainteté ne s'êtend pas jusque-là. Héïhs! mon ther oncle, ana ntère était veave deptis prés d’un'an, C'est-à-hre, depuis r'6- poqie 6ten-Houlskin fi} pHié par les Ogilries!. Mon père, mes deux onciès, mes deux frères aînés, sept de os parétits, le méresirel, Pintendint, étenviron sit autres de nos gens, furent Tués en défendant le-hâteau. H ne resta hi un seal foyer ni me seule pierre debout dans tont Gien-Hotlakin.— Par Ja croix de saint. André! voilà ce que f'appelle:une véritable boucherie. Oui, ces Ogilvies ont toujoars été de mauvais voisins pour Glen-Hoû- takin. Ce fat une bien mauvaise chance; mais le sortde la guerre.

te sort de laguerre.… Quand ce malheur arriva-t-f, beau neveu? »

En parlant ainsi , $ avala un grand werre de vin; et fl secoca la tête avec beaucoup de solennité lorsque $on neveu Mi réponit que la Saint-J üde était le jour arhiversaire du désastre de sa fa- mile.

« Eh bien ! voyez un peu, a le soldat gvais-je tort de re que tout n’était quechance ?... C’est justement ce jour-là que moi et vingt de mes camaradesnous avons emporté d'assaut le château de Roche-Noire, appartenant à Amaury Bras-de-Fer, capitaine

4 Nom d’ané ancienne tribu écossaise, ennemie de celle des C'urward. 4. M.

88 QUEN PEN BURN ARD.

. Sefrancslanciers , dont. vous devez;avoir oui parler. Je: le tuai

. sur. le seuil de-sa porte; et je gegnai assez d'ur.dens ce coup de . main.pour acheter cette belle chaîne, qui était jadis deux fois aussi longue que vaus la voyez maintepant.…. Et ceci me fait sou-

, venir qu'il fant que j en fasse servir. une partie à un pieux usage. - Hola: André !. André! Un |

. Aadré entra qussité ; c'était le coutelier. de Lesiy. En général,

: $on équipement était le même que celui de l’archer , avec cette . différence cependant qu'il ne portait pas de cuissarts, que sa cui- rase était plus grôssièrement fabriquée: que sa toque n’était pas . surmontée d’un panache ; enfin que son surtout était de-serge, ou d’une étoffe plus grossière encore , tandis. que celui. de-son

*, maître était d’un superbe velours. Oftant de-son:cou.sa chaîne

. d’6r. le.Balafré en arracha ave les dents (car elles étaient hon-

: nes et solides) un bont denviron. quatre’ pouces de longueur, et le remettant à son serviteur, illuiditr. , . : -

André, portez ceci à mon joyeux. compère, le père Boniface, , maiñe de Saint-Martin. Saluez-lé de ma part. À propes, je me rappelle qu’il ne put me dire Dieu vous conduise, la dernière fois _que nous nous séparâmes à minuit. Dites-lui que mon frère, ma.sœur et quelques autres membres de ma famille, sont morts . et partis pour l’autre monde ; et que je le. prie de dire autant de _messes qu’il lui sera possible pour la valeyr de ces anneaux : si cela ne suffit.pas pour les tirer des feux du purgatoire , qu'il fasse

: Je reste à crédit. D'ailleurs... écoutez-moi donc !..: comme c’é- .taient des gens qui menaient üre vie régulière et qui n'étaient , aullement entachés d’hérésie, il est: possible. qu'ils soient déjà

“presque hors du purgatoire ; en sorte qu'il ne faudra que peu de

chose pour. rompre entièrement leurs chaînes; et en‘ce cas,

- voyez-vous , je désire. que la bon moine emploie cet or'en malé- dictions contre une race.appelée les Ogilvies, en malédictions des . plus sûres que l'Église ait pour les atteindre. Vous comprenez mes . intentions , André ? » .

: Le coutelier répondit par un signe de tête aff matif.

« Mais, ajouta le Balafré, prends bien garde qu'aucun de ces , anneaux n’aille. faire un tour chez le marchand de vin avant que le moine y ait touché ; car; si Cela arrive, tu tâteras de la sangle.

" etde l’étrivière jusqu’à ce que.tu sois aussi complétement écor-

, Ché que saint Barthélemy. Attends, je vois que ton œil s’est fixé

sur ce flacon de vin, ét tu ne Ven iras pas sans y avoir goûté, »

: CHAPETRE V, : 80 Ea partent ais il lei versa trie -#hsade ; et le éoriteller; après : l'avoir avalée, partit pour s’aequitter de sa cornmission. : -”

« Etmaintenent , :boau meveu, dit le Bafafré, contez-moi:ce : qui vous arriva à vous-même dans: cette malheureuse affaire. à - Je comhattis avec ardear au milieu de ceux qui étaient plus Apés : et plus vigoureux que moi jusqu’ à ce qu'ils fussent tous renvers : sés, et je reçus une cruelle blessure. Pas pire que celle qué je : reçus-moi-même it y a dix-ans.-Regarde, béau neveu; mets les ”. doigts sur cètte cicatrice : le sabre d’un Ogilvie n'a jdmais creusé un sillon aussi profond. Ils en: creusérent cependant d'assez - profonds, » répondit Quentin d'un. air triste : x mais enfin ils se . lassérent de tuer, et ce ne fut qu'à force’de prières que ma: mére obtint qu’on me laissât la vie, quand on s'apérçut qu'il m’en res- tait-encore an Kger souffle. Un savant moine d’Aberbrothock'!, : qai était par hasard au château dans ce fatal moment, et. qui . faillit être tüé dans la mêlée, obtint la permission de panser -ma : blessure ; puis de mie faite transporter en lieu de sûreté; mais ce : ne fut que sur la promesse de lui et de ma mére, que je me ferais » , moine. -— Moine : #éorfa son oncle. Bienheureux saint André ;.

c’est ce qui ne: m'est jamais arrivé. Perèone , depuis mon enfance. jusqu'à ce jour, n'a jamais-eu la moindre idée de me faire moine. . Et cependant je m’en étonne quand j'y pense, car vous convién= drez que , excepté la lecture et l'écriture, que je-n’ai jamais pu apprendre ; la psalmodie , que je n’ai-jamais pu endarer ; le cos- - - tume-, qui conviendrait assez à des fous, à des mendiants... Notre-Dame me pardonne ! » ici il fit un signe de croix, «.et les” jeûnes, qui ne conviennent nullement à mon appétit, j'aurais assurément fait un tout. dussi -bqn moine que mon compère. du couvent Saint-Martin. Mais-je ne sais pourquoi personne ne me . l'a jamais proposé. De sorte donc, beau neveu , que l’én vous fit moine ; et la raison, je vous prie ? Afin que-la maison de mon père s'éteignîit dans le cloître ou dans la tombe. —Je vois, je comprends... : rusés coquins !.… oui, très-rusés !-Ïls auraient bien pu se tromper cependant ; ‘car, voyez-vous , beau nevet, je me souviens mbi-même du chanoine Robersart, qui avait prononcé ses vœux, et qui ensuite quitta le couvent et dévint capitaine d'une compagnie franche. 11 avait une maîtresse, qui était la plus jolie-fille que j'aie jamais vue, et trois enfants aussi beaux.

4 Ville écossaise ä comté de Firth, sur la rivière de Forth, L y ayait jadis un abbaye. Voyez l'éntiquaire. À. M.

se QUENYIR EVRINARD. que:lour mère. nya pes à se fier aux mois, beau nest, il n’y a pas à #y fier. Ils peuvent duvenir seldais st pères, au mo ment on s'y attend le moins... Mais continuez veire histoire. J'ai peu de choses à ajouter, #00 m'est: que ‘considémimt que . me pauvre mèrs. s'était rendue responsakle. pour moi. je pris l'hehit de novice et me soumis aus austérités du‘'clobre ; j'appris môme à lire et à écrire. À live et à éarire! » s'écria le Balséré, qui'était de ces gens qui pensent que toute schnee est misacu- lause lorsqu'elle surpasse la lour. « À lire et. à "éerise , dis-tu ! Je nt puis le-eroire. Jamais ua Durward n'a su éerire son nom, que je sache, ri un Leslie non pluë. Je puis da moins en-répondre pour Fun: d'eux; je ne suis pas plus-capable d’écrire:que de voler en Fair; mais, au nom de saint Louis! eomment ont-ils fait pour te l’'&pprendre?— Cela me parut fost ennuyeux dans les -cern- mencements, mais devint plus facile avec le teiaps; puis j'étais faible par suite de ma blessure et ie la perte de sang que j'arais éprouvée , et je désirais faire plsisir à mon sauveur, le père Pierre, en sorte que:je m'apphquai-de bonne grûse à ma tâche. -Maisaprès avoir langni pendant plusieurs mois, ma-bonne et tendre mère ‘mourat; et comme ma santé était pariaitement rétablie, je com- muniqueai à mon biénfaitenr, qui était axissi sows-prieur du co vent, ma répugnance à prononcerles vœux. H fat doc conyentz entrenousque, pitsque ma vocation ne r'appelait pas au ecloètre, ox m’enverraik dans le monde. pour ebercher fortune. Pour met- tre le sous-prieur à eouvert de la colère des Ogivies , mon dépert devait avoir l'air d’une fuite : pour donner crédit à cette histoire, j'empertai donc un‘des faucons de l’abbé. Cette pesmission ,.re- vêtue de la signature et du‘sœau de l’abbé.lui-même, prouve, au rest, que j'ai pris congé d’une manière régulière. C'est bien , très-bien. Le roi s'embarrassera fort peu de savoir si tu as volé un faucon ou:autre chose ; maïs il a en horreur tout ce qui a l'air d’un moine défroqué, Mais, dis-moi , je présume que le tré- sor que tu portes en voyage ne t’empêche pas de ‘marcher légè- rement. Seulement quelques pièces-d’argent, car je dois vous parier avec franchise. Diable ! cela est tout à fait fûcheux ! Cependant ,.quoique je fasse peu d'économie sur ma paie, parce que, dans ces temps de dangers, il n’est pas prudent de porter beaucoup d'argent sur soi, j'ai toujours, et je vous conseille de suivre mon éxemple, quelque chaîne d’or, quelque bracelet, quelque collier, qui sert à ma parure, ét dont.je puis détacher ua

i

\: CRARTARY: F4 chalnot où-dewe pour subvenir. aux: néseesièées du moment. Mais vous ne demanderons peut-être, besu neveu, COMENT ON 56 prOr oure des bijoux tels que celui-ci ; » ajouta Le Balafré en moouant se chaîne d’un:air de tiiompha: « il n’y en à-pas de séspendus à chaque buisson; ils ne ereissent pas dens les champs comme.les mencidses avec lestiges desquels les enfants font des-coMiers. Non, noR : on n’en trouve de parciis que à j'ai trouvé éelui-ci, au serviee du bon roi de Francs , il ya toujours fortune à acqué- »ér, pourvu que j'on ait le courage de risquer sa vie 308 men bres: J'ai awidire, » réplique Quentin , éludaut de so pronom ce? seat d'être sufisemment instruit ; « j'ai oui dire que:e due Bourgogne lient un plus grand état de meison que ke roi de France, et qu'il ya plusd'honneur à acquérir sous sea bannières; au’on y'freppe de bons soupe, et qu’on y voit de Hauts faits d’an- mes , tandis que roi Lrès-chrétioR ne gagne 5e8 victoires qu'avec Lx langue de ses ambassadeurs. Vous parlez comme un jeune étourdi, beau nevet ; et néanmoins, je me le appelle lorsque je vins fei, j'étais presqu'anssé simple que vous. Je pe ponvais ÿrmeis sager à un roi sans me le représenter assis sous un dais , faisant bonne chère au métieu de ses vassaux et de ses paladins , se Bourrissant de blane-manger, avec une grande. couronne d'or sur le fronts ou bien chargeant à la tête de ses troupes, comme Gharlemegne dans les romans, ou comme Robért Brace ou Wil- liam Wallace dans notre histoire nationale. Mais approche, que je te dise un miot à l'oreille ; mon garçon... tout cela n'est que Image de la lune dans un seau d’eau : la politique ! ont, e‘est la politique qui fait tout. Notre roi a trouvé le secret de combattre avee les épées des autres, et de payer ses soldats avec l'argent qu’il puise dans les bourses de ces mêmes gens-N. Ah ! c’est le plus sage prince qui ait jamais endossé ka pourpre , quoiqu'il n'en fasse pas souvent usage : je le vois soavent plus simplément vêtu que je ne erois qu’il me conviendrait de l'être. Mais”vous re répondez pas à mon objection, bel oncle. Puisqu'’il faat que je serve eR pays étranger, je-voudrais servit quelque prince chez kequel un beau fait d’armes ; si j'étais e assez heureux pour en trou- ver loccasion, pût illustrer mon nom.-— Je vous comprends , beau neveu ; je vous comprends assez bien ; mais vous #'êles pas assez mûr pour être juge en pareifte malière. Le duc de Bourgo- gne est un cerveau brûlé, un homme impétueux, eantêté, un bras-de-fer; un risque-fout; H chargé à la tôte de se nobles, de

99 QUENTIN, DURWARD. ses chevaliers; de ses vassaux de l’Artois et du Haipaué : pensez vous que si yaus étiez là, ou si j'y. étais moi-même ; RQUS pOUr- rions dépasser le due et toute la-brave noblesse de son propre pays? Si noug ue les suiviqns pas de près, nous aurions la chance d’ftre livrés antre les, mains du grand préyôt de l’armée, comme trai- neurs; si nous allions de front avec eux, peut-être dirait-on que * c’esthien, et çonviendrait-on que nous avons gagné notre paie ; mais je SUPPOSR maintenant que je fusse- dela longueur d’une pique, qu eaviron..en avant, ce qui est diflicile-et dangereux dans une pareille mêlée chacua fait de son mieux; eh bien ! mon- seigneur la duc dirait dans son jargon flamand , comme quand il voit un soup bien asséné: Gut getroffen ! c'est-à-dire bonne lance ! voilà un brave Écossais ! qu ‘on Jui donne un florin pour boire à, notre.sagté!..: mais ni rang, ni titres, ni trésors, n arrivent à l'étranger dans.un pareil service : tout va aux enfants du sol. Et, an,nom du ciel, à qui donc reviennent-ils de droit, beloncle ? À celui qui protége les enfants du sol, » répondit le Balafré en. se redressant de toute sa hauteur. 4 Voici comme parle le roi Louis ; Mon bon paysan français... mon honnête Jacques bon- homme, allez-vous-en à à voire charrue, à votre herse., eccupez- vous de-votre serpe et da votre houe', voici un brave Écossais. qui. combattra pour vous, et vous n’aurez.Ja peine que de le payer. Et vous, sérégissime duc, illustre comte, très-puissant marquis, ; vous aussi, retenez. votre bouillant courage jusqu’à ce qu’on en ait besoin, car il est sujet à s’écarter de la bonne route et à vous nuire à vous-même ; voici mes compagnies franches, mes gardes françaises , voici surtout mes archers écossais et mon brave Lu- dovic le Bälafré : ils combattront aussi bien et mieux que vous, dont la valeur indiscip}mée ne.vaut pas mieux que celle qui fit- perdre à vos pères la bataille de Crécy et d'Azincourt. » Mainte- nant, beau: neveu, ne voyez-vous pas dans lequel de ces deux états un cavalier de fortune tient le plus haut-rang et doit parve- nir au plus grand degré d'honneur ? Je crois que je vous en- tends, bel oncle; mais. selon moi, il ne peut y avoir d'honneur à gagner -où il n’y a pas de risque à courir. C’est ( pardonnez-moi, je vous prie), .c’est une vie d’indolent, et je dirai même de pa- resseux, que de monter la garde autour d’un vieillard à qui per-: sonne ne songe à nuire, de passer les jours d'été et les nuits d’hi-- ver au haut de ces murailles,. enfermé dans des cages de fer de peur que vous ne désertiez votre poste. Mon oncle ! mon oncle !

CHAPITRE V. :: LA ce n’est à que ‘ko -sort-du-faucon ‘qui reste sur le perthoir, ot... qu'on ne mène jamafs à Ja chasse. Par saint Martin de "Fours !- le jeune homme #da feu: il y a du Lesty chez lui : c’est un autre moi-même, maîis.avéc un degré de folie de plus. Écoutez-moi , jeune homme: vive le roi de France ! à peine se passe-t-il un jour sans qu'il ait quelque commission à donner à un de ses-bra- ves serviteurs, et dans laquelle celui-ci peut gagner honneur et. profit. Ne croyez pas que toutes les actions Îles plus intrépides et les plus dangereuses ne se faséent qu’à la- lumière du jour. Je. pourrais vous en citer, telles que châteaux escaladés, prisonniers. enlevés, ét d’autres sernblables, dans lesquelles certain: individu que je ne veux pas nommer 4 COuru plus: de dangers et gagné. plus de faveurs qu'aucun des enragés qui marchent à la suite de ce forcené duc. de Bourgogne. Et si, pendant que nous travail- lons de cette manière, il plaît à Sa Majesté le roi Louis de se. tenir à l'écart et dens le lointain , ee n’en a que plus de liberté. d'esprit poar apprécier et pour récompenser convenablement les . aventuriers-qui le servent : il juge mieux de leurs dangers ainsi: : que de leurs faits d'armes que s’il.y avait pris part en personne. : Oh! c'estunmonarqueextrémement politique et plein de sagacité. » .

Quentin garda un instant le sileñce, et dit ensuite d’une voix. basse; mais d'un ton-expressif: « Le bon père Pierre avait coutume de me dire-qu'il pouvait y. avoir beaucoup de danger dans des ac- tions par lesquelles on n’acquérait que peu de gloire. Je n’ai pas . besoin de vous dire , bel onclé , que ces commissions secrètes, je crois qu’elles ne peuvent être qu'honorables. Pour.qui pre- nez-vous., beau neveu ? » dit le Balafré d’un ton sévère. « Je n'ai pas été élevé dans un cloître, il est vrai; je ne sais ni lire ni écrire; mais je suis le frèrede votre mère, je suis un loyal Lesly. Pensez- vous que je -sois capable de vous pousser à faire quelque chose d’indigne de vous ? Le meilleur chevalier de France, Duguesclin lui-même, s’il vivait encore, rangerait avec orgueil mes exploits au nombre des siens. Je ne doute nullement de ce que vous me dites , bel oncle ; vous êtes le seul conseiller que m'ail laissé mon malheureux destin. Mais est-il vrai, comme on ledit, que, ce roi tient une cour bien maigre dans son château-du Plessis ? Point de nobles ni de.courtisans à sa-suite; point de grands feuda- taires, point de grands officiers de la couronne qui l’accompagnent: des amusements presque solitaires, que partagent seuls les servi- teurs de sa maison; des conseils secrets, auxquels il n’appelle que

FT QUENTIR-SENWARD. des hommes csourzei d'une basts:naitsanes : 1b seng:dt le no Losso.avilis, et des gens sortis de la Ho da pêuple, éloués à Le fe. war royale... Tout cala me parait irrégulier, el ne-neesemible: mul lement aux habitudes de son père, le noble Gherles., qui arrache des grifles du. lion anglais plus de la moitié de ce royaume de France. Vous parlez commen jaune étourdi, at, comme un enfant, vous produises toujours les mêmes 2008 aétaqnent une naurelle ecrde, Écoutez. bien :si le roi emplaie Olivier le Dai, sou berbier, pour. faire ce qu'Olivier peut faire mienx qu'aucus peir du royaume , le royamme n’y gagne-t-il pas? s’il ordonne à son vigoureuk grand prévôt Tristan d’arrôler tel oi tel bourgeois séditieux , de le défaire de tel ou-tei noble turbulent, l'affaire est faïño; et il n’en est plus question, au:keû .quesi ootle commission était donné à un due ou à un pair de Franos, celuiei lai. enver- reit peut-être ua défi enretour.De même, s’il plaît au roi de donner à Ludovic le Balafré{oe sant tous mes titrés) une mission qu’il exé- cutéra , au lieu d'employer le grand gonnétable, qui pout-être le trehirait, n'est-ce pas de la sagesse ? Par dessus-tout, un mo- narque de ce caractère ne convient-il pas mieux à des chevaliers de fortune, qui doivent aller. leurs services sont le mieux ap- préciés et le plus fréquemment recherchés. Oui, oui,. mon enfant, je te disque Louis sait choisir ses eonfidents et les emplois qu’il pont leur confier, propèrtionnant , comme on le dit, le fardeau aux épaules de chacun. Il n'est pas comme le roi de Castille , qui mourait de soif parce que son grandféchmson n’était pas derrière lai pour lui présenter se coupe. Mais j'entends la cloche de Saint- Martin; il faut que je me-hâte de retourner au château. Adieu. ‘Tâchez de passer votre temps agréablement, et demain matin , à huit heures, présentez-vous devant le pont-levis et demandèz- moi à la sentinelle. Ayez soin de ne pas vous écarter du droit chemin et du. sentier battu ; car :il pourrait vous en coûter un membre, etvous le regretteriez un peu trop tard. Vous verrez le roi, et vous apprendrez par Yous-même à le juger. Adieu. » .: À ces mots le Balafré partit en toute hâte, oubliant, dans sa pré- cipitation , de payer le vin qu’il ayait commandé, défaut de mé- moire auquel sont sujettes les personnes de ce caractère, et que l'hôte, intimidé peut-être par le panache flottant et la pesante épée à:double poignée, n’osa pas relever. On s'attend peut-être à ce que Durward, resté seul, va de nou- veau 36 retirer dans sa tourelle pour y attendre une répétition des

CENTRE VL'

sous -débeienot qui dans:ig matinée lmiont-phogé dens-ene si " dons varie : mis cetis siscanstakes n'éteié .qu'un-chanitre de roman ,-et.la conversation de son oncle lai avait ouvert une page de histoire véritable de lame. Cette page n'était pas agrésble: gt les souvenirs, les réflexions qu'elle: faisait naître,. étaient de. na ture écartertouteautreppasée, surtouties lées légères etriantes.. Afe de dimiper son enauii , Quentin: se décida.i faire une pro- ménsde solitaire sur lés bords du Cher au couxs- rapide, après . avoir préalahisrment demendé à sen. hôte quelle route il pouvait, suivre sens étre exposé à voir sa rmevche interrommue d'üme me nière désagréable par des pièges oùdes chausse-irappes: Là, sel fonc de. calmer son. esprit agité, et de réfléchir ser le parti qu’ devait adopter, son entrévue NPD ou oncle ayant naiement dhonpéson Haeariipde.

un ORRPPRE VE | ni cheminait si lesiament, avec telle étourderie

etune si grande légèreté, qu'il finit par sauter et gam- | - PSE 000 La paient . #cienne:chaneen.

»

“La manière dont Quentin avoit été. élevé n'élait pas de natnre à Ji amobir le:cœur ni mômo:à perfectionner en:lu Le sentiment meral. Do même que tons les Burwerd, il avait été acgoutumé à regarder le chasfe oomme un amsasement ; ef à considérer Ia guerre comme la séube cccapation sérieuse. Le plus important devoir de toute leur vie était, selon eux, dasouffrir ayec une cons . tancé opinäâtre, et de rendre à leurs enneriis féodaux, par les re- présaikes tes plus violenies, les maux par lesquels ceux-ci avaiené récemment presque anéanti leur race. Et cependant ilse mélait à ces haines-héréditaires un esprit de chevalerie ef de. courtoisie grossière quien tempérait la rigueur, de sorte que lk vengeance, Ja seule justice qu'ils connussent , ne s’exerçait pas.sans cer- tais sentiment d'humanité et de générosité. D'un autre çôté , les leçons du bon vieux moine ; que. Quentin avait mieux écoutées peut-être pendant un long intervalle de makidie et d'adversité, qu'il ne l'aurait fait dans un état de santé et de calme, lui avaient danné des notions plus justes sur les droits de l'humanité ; aussi, es égerd à l'igéorance qui régnait à cette époque, aux préjugés qu'on avait conqus en faveur de la vie miliaire ; ei à La manière

Le

98 QUENTIN BURWARD. | dont Iai-même avait été élevé, le jeune Durward était capable de comprendre les devoirs moraux qui convenaient à sa .sitaation., avec plus de justesse qu’on ne le faisait généralement alors. . . - fut avec un sentiment d’embarras. et de désappointement | :

qu’il réfléchit à l’entrevue qu’il venait d’avoir avec.son oncle. Il avait d’abord conçu de hautes espérances; car, quoique la corres- pondance épistolaire fût pour ainsi dire inconnue à cette époque, du moins arrivait-il quelquefois qu’un ‘pélerin ,- un marchand . : aventureux, un soldat. estropié, apportait le nom de Lesly à . * Glen-Houlakin: et touss’accordaient à exaltersonceurâge indomp- . table et sessuçcès dans les diverses expéditions que.son maître lui confait, L'imagination de Quentin avait complété esquisse à . sa manière ; et àssimilé son oncle, dont les succès et les exploits. : ne perdaient rien probablement par la manière dont ils étaientre- , contés, à ces champions et à ces chevaliers errants chantés par les ménestrels, gagnant dés couronnes et des filles de rois à la pointe de l’épée et de la lance: 1] était-raaintenant forcé de placer son parent un degré plus bas sur l’échelle de la chevalerie; et cb- pendant, aveuglé par le respect qu’ilavait pour ses parents et pour ceux, qui, à ses. Yeux, pouvaient leur être comparés, soutenu par l’amour-propre naturet aux .jeunes géns, sans expérience d’ailleurs et passionnément attaché à la mémoire de.sa mère; il ne voyait pas dans le frère unique de cette mère. chérie ce qu'il - était en réalité, c'est-à-dire Un soldat mercénaire comme il. y en avait tant, ne valant ni beaucoup. moins ni beau<oup plus que la. plupart des gens de la même profession et dont la présence ajou- . tait encore.aux maux qui désolaient la Francé.

Sans être cruel à plaisir, le Balafré avait contracté, par l'habi- . tude, une grande indifférence pour la vie et les souffrances des hommes ; il était profondémentignorant, avide de-butin, peu scru- . puleux sur la manière dont il se l'appropriait, et le dépensant avec : prodigalité pour satisfaire ses passions. L’habitude de donner une attention exclusive à ses besoins et à ses intérêts avaït fait de lui . un des êtres les plus égoïstes de l’univers; de sbrte qu'il était rare- . ment en état d'aller bien loin sur aucun sujet sans considérer -en . quoi il pouvait lui être applicabté, ou, comme on dit, sans en faire sa propre Cause, mais par un sentiment bien différent de celui : qu'inspirent les préceptes et les maximes de la saine morale. A : cela il faut ajouter que le cercle étroit de ses devoirs et de ses: plaisirs avait graduellement circonscrit ses pensées, ses espérances

* CMAPITRE VI. | .‘ebees désirs , ‘et amorti jusqu’à ui certain point cette ardeur-int . pétueusé poar la gloire et cette sôif de se distinguer par les armes . dont il avait été autrefois agimé.En un mot ; Balafré était un . soïdat actif; endurei, égoïste et d’un esprit étroit, infatigable et . hardi dans tout ce qui avait rappèit à son service , mais ne con- naissant presque-rien au delà, si ce n’est l'observance rigide d’une tiède dévotion, égayée de temps en temps par une partie. de dé- , - baunche avec le père Boniface, son camarade et son confesseur. si soni génie avait été moins étroit, ilaurait probablement été promu à quelque gtade.important ; car le roi; qui Connaissait pérsonnel- : lement chaque Soldat de sa garde, ‘avait beaucoup de confiance : dans le voûrage et la fidélité du Balafré; et, d’un autre côté, l'É- . Cossais avait eu assez de jugement ou d'adresse pour ‘connaître parfaitement :et pour flatter avec habileté'les singularités de ce- monarque. En un mot, ses talènts étaient trop bornés- pour qu'il. : pût être appelé à un rang plus élevé: et, quoique le rois Louïs lui- . aceordät: souvent un sourire unie légère faveur, le Balafré res{a . simple archer au service du roi Louis.

Sans avoir pénétré proféndément dans le caractère de son on- cle, Quentin fut” choqué de Pindifférénce qu'il àvait montrée en . . apprenant la destruction toute la famille de son beau-frère, et ne put s'empêcher d’être surpris qu’un si proche parent ne lui eût . . pas offert le secours de sa ‘bourse, secours que, sansla générosité . de mmaîtré Pierre , il aurait été dans:la nécessité de lui demander directement. Il ne rendait pourtant pas-justite à Son oncle en supposant que son manque d'attention était l'effet d’une véritable . . . avarice : n’ayant pas lui-même besoin d'argent en ce re moment, il n’éfait pas venu à l'esprit du Balafré que. son neveu en:fût dé- - pourvu ; autrement; il regdrdait un si proche parent comme faisant -tellement partie de lui-même, qu’il aurait fait pour $onneveu vi- - vant ce qu’il avait tâché:de faire pour les âmes de sa sœur et de

son beau-frère décédés. Cependant, quel qu'en fât le motif, cette négligence n’eh.déplut pas moins au jeune Durward, et it regrettæ plus d’une fois de ne pas avoir pris du’service dans l'armée du duc de Bourgogne avant sa querelle avec le fürestier..x J’ignore ce que je serais devenu, pensa-t-il ; mais j'aurais pu me consoler par l’idée que, quelque chose qui mm'arrivêt, j'avais én mon oncle un ami solide et qui viendrait à mon secours; mais à présent je l'ai vu , et , malheureusement pour lui, j'ai trouvé plus de secours dans un simple marchand étranger que dans le propte frères de ma

æ QUENTIN DURMPARD,

3

anèremenonpatrictent noble cavalier. On croitait quels eue sabrocail'apcvédevosksacrémentsdels figure,aon méme tomps tari dans ses tomes jusqu'à ia dernière goutte du sang.6eo5ssés, »

Durvward regrotta abors: de n'avoir pes trouvé l'occasion &e par- br. de ranitre Picrreau Dalafré, fin d'apprendre quelque chose de plus sur ce personnage: mais les questions de sa ‘oncie s'étaient saccédé avec une.tells rapidité, -et la grosse cloche de Suiat-Mar- tin'de Tours avait rompu la conférence si usqentent. qu'itn'u- wait pas eu le loisir de satisfaire sa curiosité. « Ce viillwd , 3e disait-il, est d’une brusquerie rare. d'une: caustioité sans égale, mais ilest généreux et libéral dams-sa conduite, ‘et an tel étranger vaut bien ou parent nsendble., Que dit notre vietx prorurbe écossais : Méeus vaut bon étranger: que parent étranger. R factque je trouve cet homme : ce ae sera pas chose difliciie , est œeesi riche que mon hôte mo l'a assuré. Au moins À me donnera de bons avis dans 1n perplexité où.je me trouve; et s'il se rend dans tes pays étrangers , conne cola est rdinairé À bon membre de mar- chands, je crois que l’on peut trouver à son service des aventures tout aussi bien quo dans ls gardes du roi Louis.» |

Tandis que cette dernière pensée occupait l'esprit de Quentit ane voix secrète, qui partait de ‘ces replis du cisur dans lequet se cachent béen des choses dont nous ne nous r'endons pas compfe, eu du moins que nous avens dela poiñe à nous avouer. li supgéra qu'il nosersit pas impossible Qué Ia dame de la tourelle, le darne du voile et du futh, fût aussi de ce voyage. _: + Ence moment le jeune Écossais rencontra doux hommes sut Va

| fgare desquels régnait la gravité : ot qui paraissmient ‘être des ci-

toyens de Tours. Otant son bonnet avec le respect qu'en foune homme doit à Ja viciiesse; illes- pria de Hi indiquer Ja maison de maître Pierre.

«+ Laœmaison de qui, boa fs? dit l'un des passants. _ Be thaître Pierre, le riche marchand de soie qui a fait planter tous les

- frûriers que l'on voit dans le parc, là-bes , répondit Durward. =—

Jeune homme, » dit celui qui était Je plus près Jui, «vousavez Commencé de bonne heure un métier de fainéant.— Et vous chroi-- sissez mal les personnes à qui vous adressez vos plaisanteries , »- ajouta l’autre d'un ton de mauvaise humeur. « Le syndic de Tours

“n'est pas accoutumé à s ‘entendre questionner ainsi par des bouf-

fons et des vagabonds étrangers. » Quentin fat tellement surpris que deux hommes d'an air et.

: CREAMIE NS. 20 -d'iarekiériser détent trocvasment célemsés d'une auéonrtrée- simple: et faite avec politosst; qu'il lui feCimpoisihie de xe fâvher de la grossièreté de loar réponse: it resta-cemime ébahi, los rogus- dant pendant qu’ils.s’éloignaient d’un pas précipité et en tournant de temps en-tempsla tête de son côté, romime s'ils euseent désiré se motéro le plus:tôt possible hors de sa portée. cs

il rescontesensuits une troupe de vigmerons, et iour aèresnu même. question, Pour toute réponse, ils lui demandèrent s'il avait affaire à smaître Piorre io maître d'école, maître Pistre ie chan. pentier, à riaitre ‘Pierre le bedèau, 64 à : une detni-douraite d'autres mattres Pserre. La description qu’ils loi firent de clmcune de ces personnes ne s'acecréant en rierl dre colui qu'il cherthait, les. paysans l’accusèreht d'être‘ un impertinent. et paraissaient dig- posés à tomber sur lai et à le charger de coups pour le panir dors radieries; amis lo ples âgé, qui avait quelque ifluence ser les autres, les ensgagen à renoncer.à tout acte de violence.

+ À-som accent et à son bonnet: de fou, vous voyez, détail, que c'est un de ces charintans étrangers que les ans appeflent magi. tiens et disetrs de bonne aventure ; les autres jonglonts ,.ou autre chose. Sowpnis-nous les tours qu'il penvent nous jouwr? J'ai entendu parler d’un de ces gens qui avait payé un liard à tn paurre homme pour mangèr tout son s6ûtde raisin dans vigne, et qui en mages au pois ka charge d’une charretté, ot coïa sans défaire un seul bouton do sa jaquette. Ainsi, luissohs-is passer tranquillement et poursuivre son dherhin , conne nous poursus- vrous le nôtre. 5 vous - l'asni, de crainte de pire, passez votre Chemin, au noi de Dieu, zu nom & Notre-Dame de Marmoutiors st de saint Martin de Tours, et ne nous eaguyes pas davantage de votre maître Pivrve, qui, pôur @e que OUSER EVONS, pourrait Kion n'être qu’on autre nom pour indiquer tdiable. + : |

Le joane Écossais, ne se trouvant paul plus fort, jugea que 1e meilleur parti qu'il eût à ptondre était de continuer sa route sal répondre ; mais les paysans, quoi s’étaiont d'abord éloignés: de lui avec une sorte d'horreur pour ses talents en sortellerio’et sa vora cité à manger da raisin , reptirent eourage lorsqu'ils le virent à une certaine distance , et après avoir poussé quelques cris:et prôr féré quelques malédictions , finirent par les appuyer d’une grêle de pierres , quoiqu'ils fussoné trop éloignés pour faire le moindre mal à l’objet de leur aversion. Quentin, tout en continuant sa route, commença à croire à son tour, ou qu’il était sous l'influence

400 :_ QUENTIN QURWARD. |

d'un charme , ou'que.les paysans de la Toureihe étmient les plus .stopides, les plus bruütaux et les plus inhospitaliers de toute la France.’ Ce qui lui arriva bientôt “après ne tendit pas à lai faire chariger d'opinion.

Sur une petite éminence située près des hords de la magnifique et rapide rivière du Cher, et directement en.face du chemin, Dur- werd vit deux ou trois grands châtaigniers, si heureusement pla- cés qu'ils forntaient un groupe très-remarquable. À quelques pas de se tenaient trois ou quatre-paysans, debout, immobiles, le-

-vant les yeux et paraissant les fixer sur les branches de l'arbre le

plus rapproché-d’eux. Les méditations de la jeunesse sont rare- ment assez profondes’pour ne pas céder à la plus légère impulsion de curiosité, aussi aisément-qu’un caillou que la main laisse échap- -per.par hasard rompt la surface limpide d’un étang. Quentin dau- bla Le pas, gravit légèrement la colline, et arriva assez à temps pour voir l’horrible spectacle qui attirait les regards de ces pay- sans : ce n’était rien moins que le corps d’un homme pendu à une des branches, ‘et dans les dernières convlsions de l’agonie.

Que ne coupez-vous la corde? » dif.le jeune Écossais dont la main était aussi prête à secourir le malheur qu'à mainfenir son propre honneur lorsqu'il le croyait attaqué. |

Un des paysans, tournant vers’ lui des yeux la ‘crainte seule

. était empreinte , et un visage aussi jaune que l'argile, indiqua du deigt une marque taïlée dans l'écorce de Fafbre, et qui ressem- -blait à une fleur de lis à peu près comme certaines entailles talis- maniques bien connues de nos officiers du fisc ressemblent à une large flèche 4. Ne comprenant point ce symbole, ou s’en inquiétant peu, Quentin grimpa sur l’arbre’avec l’agilité de l’once, tira de sa poché cet instrument indispensable à un montagnard, à un chas- seur, son fidèle skene dhu 3, et criant à ceux qui étaient en bas de recevoir le corps dans leuts bras, il-coupa la eorde avant qu’il se fût écoulé une minute depuis qu’il avait aperçu cette scène.

: Mais son humanité fut mal secondée par les.spectateurs. Bien loin d'être d'aucun: secours à Durward, ils parurent épouvantés de l’audace de l’action, et prirent la fuite d’un commun accord, comme 8 "ils eussent craint que leur présence suffit seule pour les | {Le texte dit broad-arrow, par allusion à une sorte d'estampille employée en Angieterre pour marquer tous les objets qui appartiennent à l'état. Cette marque est censée représenter la double pointe d’une flèche. 4. M,

2 Espèce de petit couteau pointu à lame courte, que les Kcossais avaient coutume de porter, et qu'ils appelaient dirk, à, x.

- CHAPITRE-VE. uw faire. spganier, comme. complices d'un acte aussi téméraire Le - corps n'étant point souteñn tomba lourdement sur la terre ,-et Quentin, descendant précipitemment de l’arbre, eut la douleur de voir que lés dernièrés étincelles de la vie-étaient éteintes..Il n’a- bandonpa cependant pas son Charitable dessein sans faire de nau- - veaux efforts : il débarrassa le cou du malhetüreux dy nœud fatal, déboutonna son pourpoint , lui jeta de l’eau sur le visago: enfin il emplaya tous les moyens auxquels on a ordinairement recours pour rappeler les fonctions suspendues de la vie.

Pendant qu'il s "occupait de cet acte d'humanité, ‘des clameurs sauvages , proférées. dans une langue qu'il ne cannaissait.point , s'élevèrent autour de lui, et à peine avait-il eu le temps de voir qu'il était environné d'hommes et de femmes d’une apparence singulière et étrangère, qu'il se sentit saisir rudement par lés deux : bras, et qu’on lui mit un couteau sur la gorge.

« Pàle esclave d'Éblis! » s’écrià un des hommes en mauvais . français, « êtes-vous occupé à voler celui que vous avez assassiné ? | Mais nous vous tenons, et vous l'échapperez pas. »

Dès que ces paroles furent pronencées, les:couteaux brillèrent | dans toutes les maios , et les ligures horribles et décomposées des hommes qui l’entouraient Les faisaient ressembler à des loups qui se précipitent sur leur proie. ,

Le.courage et la présence d'esprit dix. jeune e Écossais vel aban- . donèrent cependant pas. « Que vouler-vous dire, mes maîtres? s'écria-t-il. Si ce corps est celui d’un de vos amis, je viéns de cou- per, par pure Charité. la corde qui le suispendait, et.vous feriez beaucoup mieux de tâcher de le rappeler à la vis que de maltraiter innocent étrapger ai n'avait d'autre but que de. le suustraire à La mort. » . 2

Cependant les femmes s ‘étaient emparées du corps d du défant et continuaient les tentatives que Durward avait faites-pour le rap- peler à la vie, mais avec aussi peu de succès ; .renonçant donc à leurs vains efforts , elles s’abandonnèrent à toytes.les démonstra- : tions de douleurs usitées en Orient, et.poussant des cris de déses- : poir et arrachant leurs longs cheveux noirs, tandis que , de leur côté , les hommes déchiraient leürs vêtements et se couvraient la tête de poussière. Leur cérémonie funèbre les occwpait tellement, qu'ils ne firent plus aucune attention à Durward, la corde coupée leur ayant prouvé sans aucun doute son innocence. Le parti le

plus sage pour lui aurait certainement été de laisser cette race QUENTIN DURWARD,

BP re

1: QUENTIN: DORA YEAND.

‘sayrage: s'hbandeaner à 25 ufages partiouliees ; send iFavrit été

élevé dans ur mépris presque absolu du danger, et iéprourait dans touts:sa forss la curiosité naturelle à: le jeunesse. se

Les hommes et les femmes de-eotte singulière-compagnie por- taient:des turbans et des bonnets qui, on-générai, avaient plus de ressemiblance avec sa toque qu'avec le coiffure alôrs eh usage en

‘France. Plusieurs des hommes avaient barbé noire et frisée, ét:

tons le teiné presque aussi noir que les Afficains. Un deux, qui paraissaient être leurs chefs, portaient autour de leu cou et à leurs:

* orgilles de petits ornements argent, et de brillantes écharpes

\

jaunes, écariates ou vertes ; mais leurs jambes et leurs bras étaient nus, et toute la bande paraissait misérable et malpropre. Durward ne vit aucune arme parmi eUx , excepté les- longs couteau avec” lesquels ils l'avaient menacé quelques instants auparavant , etun petit sabre à lame reconrbée , ou sabre moresque , que portait en jeune homme pléin d'activité, lequel mettant souvent la main à la poignée de cet arme, surpassait tout le reste de la troupe dans les. expressions extravagantes de sa douleur, qu il paraissait aecom— pagner de menasés.de vengeance.

Ce groupe en désordre , qui se. livrait ainsi. x ses lamentations., était composé d'êtres si différents de tous.csux que Quentin avait vus jusqu'alors, qu'il était assez-porté à les prendre pour une troupe. de Sarrasins ; de: ces Chiens de pmens, ennemis ordinaires des nobles chevaliers et desmorarques chrétiens dans tous les ro- maus dont. avait entendu parler ou: qu'il avait lus. Queatin:se disposait à s'éleiguer d’un voisiriage si‘dængereux, lorsqn'en-bruit de chevaux arrivant ax galop se fit entendre : et:les préfondus Sarrasms, qui venaient de placer sur leurs épaules. le corps de leuf camarade, furent tout.à coup Chargéépar une troupe-de-soi dats français.

-Gette apparition soudaine changes ke lapontations mesurées de deuil en cris irréguliers de terreur. Le: cerps fut à l'instant jeté à terre..et ceux qui lentouraient montrèrent autant d'activité. que d'adressb pour s'échapper, en passant pour ainsi dire-sous le ventre des chèvaux et évitant les lances dirigées:contre eux par leurs. ennemis, qui criaient :.« Mort à ces maudits voleurs païiens ! Arréteggles ? tuez-les !.:. Enchaînez-les comme des bêtes féroces !.… Percez-les de vos lances comme des loups! »

Ces ris étaient aceompagnés d'actes de violence non moins vigoureux ; mais les fugitifs étaient si alertes, et le terrain d’ait-

| ERSATRE WE: 208

ee déirere bis à 19 icnmnler ie à cum des initie et desbiais- sons, que deux sotlement fürent:renversés et: faits: prisouniersé: l'm:de ces: malheureux était le: jetree-heteme arttié d'un salfre, et iline fatarrété-qu’aprüs urie-longné résistance. Quentib, que le torture semblait avoir choisi pour het à-ses twaiis, fut'suisiont | Môme tons par lés:soMats, qui, malgré ‘ses vives réclamations . Jui Hérent’ les bras avoc'.une-eurde : coux qui:le tenaibnt ainsi _ déployérenft tant de-dertérité et de promptitude : dans-Tours:opé:

rations, que Von voyait aesémmeñ qu'fe #'étaient Pas nOvIEOB ot matière de «@

Jetantrur regard d'inquiétude sur lo-chef des cavaliers, dd qui

ilrespérait oMenir sa mise er liberté, Quertin sef:pts bien

exnetement s'it devait se réjouir ou s'elarmer lorsqu'il recormmat

en lui. le sourneis-et siloncioux compagnon de mattre Pierre. À le

vérité, de duelque crime.que l'oh pût accuser ces étrangers; cet

offvrer ne pomvait ignorer, d'après l'aventure de mat'née même,

que Durwarnd n'avait avec Oux anôure Éason queloonqe:: mais une question plus-diffcho à résoudre était celle serokr si: coë

homme farouche serait pour lui ‘un'juge favorable où: vs tétrois

disposé onrsa: faveur, et: Quéntin ne savait-trop s'il rendraitisu sk

uation moins dangereuse en s'adressant directetont à Jui:

Mais ï? ne resta pas lowg-temps dans -cet état: d'igtertitude:

« Tvois-Éoholles, Petit-Anüré, » dit à deux bommesde sa troupel

Foflcier à figure sinistre, « ees arbres se trotrvent à fort à-propes:: J'approndrai à ces'‘mécréants, à-cès brigands de sorciers; à enr traver le justioe du-roi- lersqu'élte. a: frappé ‘qéelqu’ün de leur: mandie race, Bescendez de cheval, mes enfents, æ remphissen | vos fonctions lestementi »

Prois-Ectioltèset Petit-André eurent biontôt rt mis pied à torve:: et Quentin reimiarqua que chacun d'eux avait: à la croupière ‘ob äu pommenit dé. sa selle plusieurs cueilles ou rouleaux de corde: is les déployérent xla hâte, et le mirent ainsi à mêtne de voir que

, Chaque cueïlte avait justernent la longueur due art, ayañt ur: nœud coulant tout disposé pour l'exécution. Le sang de Qhemtin se glaca dans ses-veines lorsqu'il les vit choisir trois cordes-et'se: “sposer à à lui en passer une abtour du cou. Il appela à haute vORË Yofficier, lui rappela leur rencontre du matin, réclama les droits: d'un Écossais libre, dans un. pays ami et ailé, et déclara quil ras

te, > rene do pratique > pour sigoifier la corde servent jadis à étrangler | les critai- uels,

_ 04 QUENTIN DURWARD.

vait aucune liaison avoc-les gens parmi lesquels il avait été saisi, qu'il ignorait même quels pouvaient être leurs crimes. . . L'offbeier auquel Durward s'adressait daigna à peine jeter un regard sur lui pendant qu’il parlait, et ne fit pas la moindre atten- tionau souvenir qu'il lui rappélai de leur connaissanee antérieure. HI se coritenta de se tourner vers plusieurs paysans qui venaient d'arriver, suit par: curiosité, soit pour porter témoignage contre les prisonniers, et leur demanda d’un ton sévère : « Ce jeune drôle était-il avec ces Vagabonds ? Oui, oui, monsieur le grand pré- Oôt, répondit un de ces rustres ; iLest arrivé le premier, et c’est lui qui a eu l'audace sacrilége. de-couper la corde à laquelle était pendu le coquin que la justice ‘du roi avait condamné, et qui le méritait bien, comme nous l’avons dit à votre seigneurie. Je suis prêt à jurer par Dieu et par saint Martin de Tours, dit un-autre, que je l'ai vu avec la bande Jorsqu elle est venue piller. notre métairie. Mais, mon père, dit un petit garçon, le- paien dont vous parlez avait la peau noire, et ce jeune homme a le teint blanÇ: ce païen avait les cheveux courts et frisés et celui-ci a une Jlongue-chevelure blonde. Oui, tu: as raison mon enfant, répondit le pére ; et, de plus, cet autre avait un habit vert, et ce- Jui-ci à üne jaquette grise. Mais Sa Seigneurie le grand prévôt. sait bien qu'ils peuvent changer de teint aussi facilement que de jaquette, en sorte que je suis-encore décidé à dire que c’est le même. Il suffit que vous. layez vu interrompre la justice du roi en essayant de rendre la vie à un ‘traître qni avait été exécuté, dit l'officier. Trois-Échelles,. Pelit-André, en action. Arrêtez, monsieur l'officier ! » s’écria Durward dans une transe mortelle ;- « écoutez-moi.. . Ne faites pas périr un innocent... mes compa- triotes en ce monde; et la justice divine.dans l’autre, vous deman- deront compte de mon sang.-— Je répondrai de mes actions dans l’un et dans l’autre, » répondit froidement le prévôt, et il fit signe de la main aux exécuteurs;.puis, avec. un sourire de malice triomphante, il toucha son bras ‘droit qu’il portait en écharpe, pro- bsblement par suite du coup qu’il avait reçu de Durward dans la matinée. Misérable! ame vindicative, ! » dit Quentin, persuadé, par ce geste que le plaisir d'exercer une vengeance personnelle était le seul motif de la rigueur de cet homme, et qu'il n’avait à attendre de lui aucune merci. « Le pauvre jeune homme extra- vague, dit l'officier. “Trois-Échelles, dis-lui un mot de conSola- tion avant de lui donner son passe-port; tu es une excellente res-

| 7. CHAPITRE VI. . 408 source en pareil cas, lorsqu'on n’a pas .un conifesseur sous main. Accorde-lui pendant une. minute tes consolations spirituele les, et que tout’ soit terminé dans’ la suivante. Il faut que je con- tinue ma ronde. Soldats, suivez-moi. »

. Le prévôt partit avpe son escorte, à l'exception de deux ou trois hommes qui restèrent püur assister et aider à lexéeution. malheuréux jeune’ homme jeta sur. lui un regard se peigñait

désespoir, et au: mement il cessa d’entendre le bruit des pas

des chevaux, il érüt voir s’évanouir toute chance de salut. Tour.

nant-les yeux auteur de li avec une pénible anxiété,'il fut sur _pris, même dans un tel moment, l'indifférence stoique de ses : Compagnoris d’infortune. D’, abord ils avaient mentré une grande crainte et fait tous les efforts possibles pour s'échapper; mais, de- puis qu’ils étaient-reténus par des liens solides, et destinés à une mort qui. paraissait” inévitable , ils l’attendaient avec une fermeté - inébranlable. La” perspective du sort qui leur était préparé donnait peut-être une teinte plus jaune à lours joues basanées, mais elle n’agitait point leurs traits et n’abattait point la fierté Gpiniâtre de leurs yeux. Ils étaient comme les renards qui, après avoir épuisé toutes leurs ruses pour échapper à la‘ poursuite des chiens achar- nés, meurent avec ur courage silencieux.et Sombre que ne mon- trent-point les loups et les Ours ; Gbjets d'une chasse beaucoup plus dangereuke. . : Le

La constance des traleureux Bohémièns ne fat gas ébranlée par la.conduite de leurs féroces exécuteurs, qui: 8e-mmirerit en‘be- sogneaves plus d’e erapressemerit que neteur en avaitrecommiandé leur chef,-ce qui venait probablement de l'habitude. qui leur

faisait trouver une sorte de plaisir à s'acquitter de eur horrible emploi: |

:_ Nous nous arrôterons. un instant; pbur tracer Je portrait de ces deux fonctionnaires, parceque, sous une tyrannie soit despotique, soit populaire, le personnage: du. bourreau’ devient un sujet -de grave importance. Ils différaient: essentietlement.entre. eux, tant pour l'air que pour les manières, Louis avait coutuine. de les ap- peler Démocrite et Héraclite, et leur maître, le grand prévôt, les normait Jean qui pleure et Jean qui rit.

. Trois-Échelles était de. grande. taïlle,-sec; d'une physionomie lugubre of d'uxi caractère tout: particulier: I portaitautour du cou un gros rosaire:qu’i présentait- d’un air pieux, anx malheureux qu'il devait exécuter; il avait continuellement à la-bouche deux

106 ee QUENTIN DURAND.

et trois tentes lains ‘sur de néant-pt le-vahité-de lave hunatmez | ohfin., s'il «eût été régulier de ‘cumuler :plusieutrs fonctions, il aurait:.pu joindre l’emplai de cpafesseur dela proie cob Lex cuteur des hautes-œuvres. | + Petit-André, pu contraire, étaiiun. petit homme toutrend, ‘actif, boviat, “qui Éxisait:sa besogne-camme éi-c'eñt ‘été a chose la: plaé | amusante du 'monde.Il:semblait ayair une-tendreaffeutien pour . ses victimes, et il:laur-parlait taujours:avec une douceur jet ame améaité des plus grandes: c'élaient ses braves :5amarades, ses charmanites petites, seshennêtes compères, ses bons vieux: papes, suivant. l'âge ou le séxe:de chacun. Si, de-son côté, Tréis-Échelies éâehait de leur inspirer .des perisées philosephiques ou-religiouses. sir l'avenir, Petit-André, du sien, manquait rarement.‘de les égayer:par quelque ban rot, per quelque blaisanterie, afin. de les disposer à quitter la vie,comime quelque chose. de ridicule, de éprisable, et qui ne méritait.pas än-seul.rogret.

- ide nesauraisdite ni pourquoi hi comment, maisil est certain que:ces deux Pxeellents personnages, malgré la variété de :téurrs talents, et bien qu'il fütrare d'an-érouver de: pareils parmi Jes-gens de eur profession, étaient peut-être plus complètement -détesiés qu'aucun de ceux qui :aiont jamais-existé; soit avant, soit depuis eux :.Ja-séuls.shose air kiquelle il: -pouvait-exister quelquerdoute,

c'était de sayoir lequel, du grave-et pathétique Trals-Échelles, dueomique. et. âlerte Petit-Antré, était le plusredenté-owle plus éxéeré.Alent:oertain qu'ils rèmppetaient la pakne, à :'ees.deux éards,-aur-iqus les bourreaux de Franée, à l'exception peut-être de leur maître+Fristan, l'Ermite, le Sompux grand prévés, ou‘dx maître de celui le-rei Louis XL. ; .

Il ne faut pas s’imaginer que ces réflexions fussent celles. qui eccupaient Quentin Durwabd.:en «ee moment. Jia wie, da :merÿ, le temps, J'étemmité, ‘entre lesquels H était-comme suspend, se-pré-

_Séntmient à la fois .devent-ses yebx : perspeptive :accablante qui faisait reaulerlafaiblesse-del'humaine nature, en-dépit de-Rorgueil, qui satrait yalu la braver. A s'atressait-an,Dienu de sespères:; ef gendant quil l'imslosait.sia petite chapelle grossièrement eohs- truite et à demi ruinée, dans laguelle reposait da dépeuilte: imontelre da:tonie sx famille, lui-seuf excopté, se prisenta à sa. mémoire. “Nosennemis.féodaut; peusait-il, nousiont-2ocordésiesitombeænt dans notrepragre domaines ;mais il:fant que je-serye-.de pâtuse aux cedbsaux. et aux anilans d'une terre étrangère, somme un

. < CPE NL -807 filon sxpommunéé. «Das-krmosiavonisires viarestadors moail- ler ses yeux. Trois-Échelles, lui frapparit daucemenñt sur l’épmale,

| Je félitiha, gravement dose. régigeetion à la sort, et,s!60risat d’un

4on.pathétique :«Beati quiie Domino mariungert sil ajouta qu'elle x était,heureuse, l’ame-qui'quitteit le corps pendent que:l'on avait la larme à l’œil.» Petit-André, di touchpat Pratre pouls; lui cria: | « Conrage, æon.cher. enfant! puisqu'il fut:que vous stiriez en dense, ouurez à baligriement ! Logr des robeest sant d'acaoii; » et - en môme termps.il faisait wilmer corde pour faire metz sœmtir le sel de sa plaisanterie. Comme le jeune. homme ke regardait

. l'en. après j'antregves l'expressica du découragoni

.æntendre plus-clairemant en de poussent: vers Larbts datal, el en

_l'eshortañit, & avoir bôi courage, ablondkr-que J'afaire: sermit ter- .minée. a un. instant .,

Dans cette. affreuse . situation, Qucbtia ‘jeta entour de fui un regard de désespoir. ss X mtrll ici quelque bon chrétien. quuen- .tende, dit-il, et qui veuille aller dire à Ludomie Leslycerober. de Ja garde écasmise, surnonué-en Ce pays lala, ne son neveu, samir indignemenk amas 2e.

. Ces mgts furent proncnpés Éort à.prOpDs car | 14 anober de a garde écossaise, qu'avaient attiré-les apprêts de l’exépation, se Hrouvait. su iles dan, pelil groupe degohs qui, comduits. par le hasard dans cet endroit, s'étaient arrôtés ppt xoircequise passait.

« Prenez. garde à ce. que:vous: faites! cria-t-il. aux bateaux ; . fi.œæ jeune: -Homime-ost Écossais, je ne squfrirai posa qu'on le mette à mèrt igjustement.— A Diou.ng-pläise, monsipur.l'accher.! mais | Aoug donans-exécuier. moS #rdres »1lit- ‘Frois-Éehelles. en: Lirant ,Durward par ua bras pour. le faire avarioer.— «Le plus court -4 toujonrsle meilleur, rajonta PetitrAndré in le tirantpar l'autre.

Mais Quentin repqit d'entendre des paroles d'éspérange; faisant ms de. hautes. ses forces, .il s9 débarrasse des exÉculeurs-de Ja «haute justice,.et, les bras encore liés, -eogmut seréfugier près de Larcher, écossais. « Rrotégez-moi ; aa. compatrigie, » hu ditoiE Sans sa propre. hngue ; «Au ROM de l'Écomséet. de saint Aniré,

vBrolégez-moi!. Je suis inapçent : protégezmoi, RE. 900 de nôtre foi *ommane.dans 14 jastioe divine au jour du:jngement dernier : Paz saint 4ndré!ils ne parvisndront. jusqu'àvaus.qu'à, WŒavers on corps edit l'a aechèr en irank son pég-—# Coupez:1B85 aus

| * Heureux eeûx tré s'entloémertt déste sèin de Dieu. à, sf ar. À Srwréerrivon iitosicédes.: 43e. : RU Je oeufs tue Pa ttilas CUT

408 QUENTIN DURWARD. . . AR0R° compatriote; s'écria Quentin, et je ferai quelque chose” pour . Moi * 'e

: D'un com de sabre, Parther_ mt ee qi Jui demandait, et le . captif remis en liberté, s’élançant tout à coup sur un des gardes du. grand prévôt, lui arracha la haïlebarde dont il était armé.

« Maintenant, s'écria-tiil, avancez, si vous l'éset.s

. Lesdeux exécyteurséchangérent quelques parôles à voik basse.

: « Toi, cours après le grand prévôt, dit Trois-Échetles : moi, je Jes-retiendretioi,si jee puis. Sojdëts de la garde de grand prévot, : à vos aimes!»

Petit-Audré monta à chevi et partit au galop, tandis que es Soldats-tirèréat leurs sabres avbc tant de précipitation, qu'ils'tais- sèrent échapper les deux autres prisonniers. Peut-être W’étnient- ils pas fort empressés de les arrêtér: car depuis-quelque teps ils avaiônt été rassasiés du sang de semblables victimes, et, de même - queles autres bêtes férôces, ils-s'étmént lassés de Carnage, à force de massacrer,.Mais ils' donnèrent pour excuse qu'il avaient éru . e ldur deveir.de velllir'avaht-tout à sûreté de Trois-Échelles; car il existait entre l'es archers étoisais et les soldats Li Sardé brévôtaie un esprit de Jalousie qui: “onnait Heu à de fréquentes : querelles. .

«Nous sommes asser orts pour: battre ces fèrs Éconsais deux fois pour une, » dit-un ‘de-ces sokdats à Trois Éétielles.

Mais le prudent satellite lui sigrie de restér en repos ; s'adressant à l'archer écossais avec” ‘beaucéup civilité : « Mrs sieur, dit-4, c’est faire une gréve insulte graïid: prévôt que d'oser iAterrompre le cours de la justice du roi, qui lui est-dûment ét légalement confiée ; et e’est un acte d'injustiee ervèrs moi, qui suis valablement saisi de mon criminel. Ce n’est pas ‘d’ailléurs une charité bien entendue à l'égard de ce :jedrie homme, qui vous porle à bn‘agir Ainsi, vu qu'il peut rencontrer cinquante 6Ccasiôns deise faire pendre sans #y trouver’ aussi heuretisément préparé | qu'il l'était avant vôtre: intervention malavisée.— Si mon jeune _ compatriete, répondit l'Écéssais en souriant, « pense que je lui "aie fait le moiñdre tort, je gnis pret è à le remettre entre vos mains sans'aütre discusion. Nôx ! rion! au nom du ciel, non! s’écria Quéntin ; je préférerais cent fôis‘que d’un revers votre sabre vous me fissiez sauter Lété :un tel genrede mort serait plus con- venable à ma naissance que de passer par les mains.de ce rustre. Entendez-vous comme il blasphème? dit-le boutreau. Hélas!

| ,°-CRAPIERE TL É. 2 cûimme nos meilleures résétutionës s'évanouissent. jromptement ! Tout à l’heure il était dans la plas heureuse disposition pour mes- rir; et le voilà qui outrage: les autorités. Mais enfin, ditesiinoi ‘ce qu'a fait jeune honime ; demanda l'archer, Il s'est:permis de décrocher de eet arbre Je cadavre d'un criminel, quoique la fleur de lis ÿ' ft empreinte de ma propre main Que vout tre ceci, jeune. hommé? dit l’archor.. Pourquoi avéz-vous conmis un tel crime 7-— Au nom de. la protection -que.je réclame de vous, répondit Dürward, je vais vous parler aussi sincèrement :que si

‘j'étais À confesse. J'ai vu un homme qui se débattait-pesdu: à'cet ‘arbre,'êt j'ai coupé la corde par pure humanité. Je h'ai pensé ni à fleur.de lis ni à fleur de giroflée, et je n’avdis pas plus d'idée d'uf- feuser le.foi France que d’offenser netre saint-père le pape.

Mais, que diable ayiez-vous-à démêler avec ce pondu ? lui demanda

Farchér. Marchez derrière: cet honnête homme-là, et vous en verrez accrochés’à chaque arbre."corime des grappes de raisier. Vousaurez fort à faire dans Ce pays,'si vous vous amusez à glaner derrière 46 bourreau. Néanmoins, je n'abandonnerai pas un com- patriote; si mon secours lui est nédessaire. Écoutezamoi, mousieur

Trois-Échelies + vous vayez que tout éeci n’est qu’ane méprise, et vois devriez avoir quelque induigence pour un voyageur aussi

jeune. Il n'a pas été accoutumé, dans notre pays, à voir procéder

- aussi lestoment que-vous le faites, vous ét votre maître, Ce n'est

‘bas-que vous n’en ayéx bon besbin, monsieur l'urcher, » dit Petit André qui arrivait en cemoment. « Tiens ferme, Trois-ÉcheHes, car voici le grand prévôt qui arrive; nous glions voir eonwment il 'arrangera qu'on lui retire l'ouvrage dés mains avant qu’il soit

achevé.-Ef voici, reprit l'archer, quelques-an$ de mes cama-

- rade qué arrivent fort à propose . :°.:

En-effét, en même temps que d’un côté Tristan] "Ermitegravis- sait avec son escorte la petite colline qui était.le théâtre de Paltär- ‘cation, quatre ou ciaqarchers ärrivaient de l'autre eôté avec une:

- égale diligence, etä:leur tête se trouvait le Balafré en personne.

Dans cettegrave.circonstance, Lesty ne montra nullement pogr son neveucette indifférence dont Quentin l'avait intérienremeñt accusé ;. car il n'eut pas plus tôt xu som camarade ét Durward se tenant sur la défensife; qu'il s'éCria : « Cunningham, je to'remer- cie. Messieurs... camarades , prétéz-moi votre cours. . C'est un jeune gentithomuie écossais. mon neveu... . Lindesay ; ; Gathrie,

Tyrie, mettons le sabre à Ja main, et frappons. » É

. @uin'étaient pas en ombre élement diaprupertionmé que ta we ipérierité des emmes ‘he-dennét anx anche. écossais ue chance de-vistoire, Maisde grend prévêi ; «ait-qw'il-doutât del'isque dm «comffit, soit-qu'il m'igmopât pas que le noi ei éprouversit du m6- eéatontement,:fit-signe à ses gens de s'abstenir de touts visiemce, cet demanda au Balafté , qui:se-tohait à la tête de d'autre pasti,

Peurquoilui, :arçcher de La gardodu nr l'enfoution d'un Ccrainel. <..'

« C’estec:-que ‘je. nie, répond de. Boieéré Par saint Mentit 31 y « quéique différence entre l'exéeutine d'un briminel sida méer- re. de. mo prapre neveu. Voire-neven peté ôtre evismistél <omme un autre, monsieur. répliqua le gnencl prévêt, et-taat étranger qui se.trouve-en d'rence est justiciabla des lbis de pays.” J'en CONVIENS; IRIS ROBE SYONSNOS privilèges, neus autrbaar- chers dela garde écpssaise , 1f'est-il pas vrai, Cahniarades?.;{i, oi , “.s'écrièrent-is tous :enssmbié ; :«,nos priviléges l'aos-privi- ges! Vive le roi Louis! vive.Jo:brave Halafré L. viveila gande Éoossise !.… mort à quicogqnéoserait cnfreiasite nos priviléges!, . ut Rendes-vous- à "da raison; MossieUrs, repré le gran prévôlt ; sm'oublisr;pas-quels sont les devoirs de-ma:chexge. -—KHei: estipas

…devatne honche que, nous davons-etrmdre ja raison, lui répendit

. Æunaiagham; etsst:de:cslle de nos officiers seuls : aougseronsÿu-

-Sés par le rej, eu par note :capilaihé. puiaquede:connétahle-est kernit.—Æt nous ne series pondus per :qu que cs.sit , ajonta YLindesey,0xeopté cependant pat Sendie Wälsan, levieux prévôtde tetre propre-corpésCe serait faire’ vol à Sandis, qui est aussi

-braxro que. n'importe-qnelhomme qui ait jamais fait uh nœudeon- lant à une cordé, si nous laissions empiéter:aür.sef droits, dit Ba-

afré; si moiiième.je durais être pendu, persénns autre que lui -ms'me:serrerait la cravates. Mais, écoutez-nrai:, dit. ke grid -prévêt jeuse.drôle n’est pas des vôtres, etil aerpeuiparéiciper à-çe que vous ahpslez os. priviléges. Ceqhe nans appelons nes

spriviléges! siécria ‘Gunningheam, personaene pat lesigacret. : Nous me seaffrirèns pas qu'on lesmette.en question Imdrentd'ané sP6mmAanE: Foix fous tes archers: —« Vous perdez Fesprit., mes

-æmaîtnes, dit Tristan. l'&rmite;:personne ne veusioontegle ves.pri-

1Nilèges ; mais-ce joune homme n'esf pas.des- vôtres, .— ét mon

enen.; «répondit Je:Relgéré d'an air-triomphant.« Mais non un des archers dela gande,.je arois, » répliqua Tristan. -

LORARTRRR VE: 1. _ Leuekense mgsolireniien Late diun-ain d'imnertiinds : -. «Ne Mokes paaprse.: sens. ».dit-Gunhinghem :tout:bes au Malairé; «dites quiibest-enrAié, poerni naus. Der daint Matin ! ons avec. “saison. han conain, » ‘époqudit Lesby ;:et , élomant. Lo VOX. : 3 pat él era oc jeurtià aétee email. AA: PACOAE PAT des-hesmsmandesasaite. Rate décitretian Ai nuacgsment Aériait - es : ..«_Nost-hion-anessieuss ,” dit Lo. grand péénét .qiienvait pe sion leroisedontnit qu'ilme :5e,glisait qusique mésontenement pars ses : : guet, « VIS COTES vos-priviléges. "ROLE V des Jephoiqc;16t Imbndéreie : ‘m6 “peesomt diéuiter toute pradesers cavoc: les bem vosarohéens écobssis, bienloin d'en: chentherauoune. . Cependant je.connscttrai setteaflnire àls-csgesse «roi Je vous ris Hde me pes:aublier ‘qu'on: agissant. ajÿgsi je -dopne uno plus randepreuve de smiérationqueie ioesirtloma. chsege: me sf sambeeiss pout:Btre. » | : Acc oo , il: ‘ontanue:àèn tréupe de: = watire = rerche., taudis que les-aréhors, sans éttet ln piaee:, tiamestt ptmset) à: da Hhéto surce enidlt œur restait-à faire: . . « Netdbord. dit Cumminghans, rio mens epations ton ao! 7 astro casihéas, ldCorwferdet que’ mes fissions inserire:te metnde: 6 joume hontme sorcier eontrôte: -—'Mais, 1jPssients, :114S dignesninis, mesdibérateuts., » -épuidit Quoentin:avec quelque hésitation, « jones aris-pus enporc'hiendéoiké-sur liquestion de -siyoir'ei jerome onu du-sérnite pari us. e Ebbenx! reprit son-oncle , voyez ce que voüs préférez, ou d'entrer. des notre -compagnie, ou d’être pendu; car je vous promets quie, tout mon neveu que vous êtes, je ne vois pas d'autre moyen pour vous d’échapper à lapoterice, pi :::; 7 ‘" C'était ur argument sans réptique , ot qui força' Quentin à ac- quiescer à ce que ; dañs tout -mitrefioment, il aurait considéré ODA peuagréable. Mais après avoir si récem- mentéehappé.àls code; quidué wait, à da lettre , été passée au- tour cou, it aurait probablement consenti .à-une alternative pireencore queçelle-à. Un ua te LA «Il faut qu’il vienne avec nous à la caserne, dit Cunningham ; AL a'pas-de sûreté pour: lai hors nos: lirnlisss: tait qneces héngeuré d'homines son; chaos ‘les environs Ne tpeisodens passer cuite Wait alans Fhpldiérn: juidétieuné,, el ones dinanda le jéune: hosmns, :qui ponait:peut-dére ,

. nue __ QUENTIN DURWARD. comme: beaucoup de nouvelles fecrues, ‘qu'une seule nuit de li- ‘‘berté était'autant de gagrié. “Sans doute, beau seven; » fui ré- poridit son oncle d’un ton ironique, «si vous voulez que-nous ayons le plaisir de yous péeker dans quelque canal, dans queique fossé, ‘ou peut-être dans tn bras-de la Loire, couisu daus un sac, pour nager plus éommhodément ; car il y'e apperehte que cela finitait ainsi. Le grand prévôt sourieit pn nous rogardmit, lorsqu'il ‘nous a “quittés, » continua-t-il en s'adressant à Cunningharh , «et c'est ui signe qu'il avait une-arrière-penéés peu ‘rassurante. Je me moque de ce qu’il peut-méditer;. dit Eunningham ; des oiseaux :_felsque nons sont hors dela portée de:ses traits: Mais l'engage _à-raconter toute Yaflire à Olivièr du Disble, qui est toujours bien disposé en faveur de ta garde écossaise : ikverrsle père Louis avant que le prévôt ne puisse présenter devant ‘ai; ea il doit raser demain. Mais, dite Balafré, ponse donc qu'il ne fait pas bon aller trouver Olivier les mains vides. æt je suis aussi nu que le bouléau en décembre. Il:én.est dé‘même de ñous tous, dit Cunningham; Olivier ne fera pas difBculté de fier, pou une fois, à notre parole d'Éeossais ; nous: lui ferons entre nousun pe- " tit présent lorsque viendra le ‘jour de :Lx paye; .et #'il-s’attend à partager, permetiérmoi de vous le-dive, ce jour n'eff viendre-que plus tôt. Et maintenant, au château, dit: k :Balafré : et mon neveu nous contera , pendant la route, comment 1 seat attiré le grand prévôt sur les bras ; afin.-qne nous puissions préparer le rapport que. nous: devons laine ‘à. Grawfbed aimai à: been qu'à eii- vier.». E

CHAPITRE vi

L EN ROLEMEN T..

Le juge de paix. “Hoi? douner ot Pordonhänte , -. -AJisez tes arlieles.Jurez,-balgwz le:Hvre, siguez, pt soyez 4h héros. Pour prix de vos exploits vous recevrez Unp ; portion du trésor publir, six sous par jour, nourtiture Ta - et Arrérages. FARQUEER , rap ‘en roÉrstentET.

+ * 1,4 :On onlogna à l'en des. hémmos delà suite des archérsde mettre pied à terre, .et l'on donne son-cheyai à Quentin Durwärd, qui, accompagné de ses béHitueux compatriotes, 56. dirigea d’un bon -pas verse château du Plessis, sur .le paiat.de devenir, quoique

CHABITRENE #13 involontairement de.sa part, babitént de eatte sombre. forteresse dont. l'extérieur l'avait Frappf d'une si. grande surprise dans L matinée. ..

. Pendaat. la route, en. réponse aux. questions miuléipliées de: son. onele, il lui ft un récit exact de l'accident qui venait de F'exposer. à un si grand danger. Quoiqu'il ne vit dans sa narration rien que de fort touchant, elle fut sependant reste: par Son esaorle os de grands éclats de rire. ee

«Après tout, cen'est pas un extellent bujet d6 plaisanterie, . dit son Gnele ; püurduoj diable &e jeune écervelé se mélait-ä de décrœæher ls corps d'un niaudié mécréent, juif, maure ou paien ?. Si encors, dit Cueningham , il s’étaif querellé avec. ‘la gardé. prévôtale pour une jolie fille, comme Michel de Moffat !, il y au-. raiteu plus de-bonsens à cela. Mais j6 crois que notre honkeur est intéressé à ce.que Tristan et-sa troupe-n'éient pas l'audace de cenfondre nos.toques écossaises avec les turbans, comme on les: appalle, de cespitlards vagabonds, dit Lindesay S'ils n’ont pas les yeux aseez-hohs pour s'aperceroir de la différence, il faut le lour apprendre par la force de.nos bras. Maïs je crois. fermement que Tostan:ne feiat de. s'y tromper, qu'afin de pouvoir happer- les: Éeoésais qui viennent ici: pour voir lewrs parents. —— Puis-je vous demanudér;- mon. oncles dit Quentin, quelle sorte de gens sant coux-dont vous parlez?.— Sans doute, vous le pauvez, dit. Lesiy; mais je-ne sais, beau neveu, qui pourra vous répondre. Ce ne serg pas x0i. hien sûrement, quoique ie sois peut-être aussi instruit qu'un autre ; mais ds ont paru dans ce pays depuis un-an ou deux, comme aurait pu y tomber ur nuage de sauterelles. C'est ‘cela même, dit Lindesay ; ‘et Jacques Bonhomme (c’est ainsi que nous désignons ici un paysan; jeune homme, avec le temps vous apprendrez notre manière-de parler) : l’honnête Jacques Bonhofnme, dis-je, s’embarrasserait fort peu de savoir quel veñt apporte ces gens-là, &utremeñt dit, ces sauterelles , s’il- pouvait savoir qüel autre vent les remportera. Font-ils donc tant de mal? demanda Quentin. S'ils font du mal, mon garçon? lui répondit son oncle. Gh! oui, reprit Cunningham; sachez que ce sont des païens, ou des juifs, ou des mahométans pour le muins, qui n’honorent ni Notre-Dame ni les saints (ici il fit un signe de croix) ; qui dérobent tout ce qui leur tombe sous la main, et qui chantent et disent la bonne aventüre. —- Et l'on dit que

4 Petite ville du midi de l'Ecosse. A M.

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fh QUEMÉRE BERNARD. , pret Tours étnètesiPy à dés MES adsts sentis AN Cuire rai Gimrinighim suitreelt nfeux que persénne. --10ùuevéuien vous dire, camarade? s'écria Cünninghaïn ; “j'espère que vôtre its tentiôn n'éstpas-dé - réesellèr: Vourihsuliér ! Bien: ét Ent n6R , réporidit Guthrié: «J'en appellé & Re compagnie: dit- Eur pinghom ; vus avez vole dire-que moi. gentithomme:decsstés , et vivant dans:le giron da l'Église, j'avais une douce-et:bele unie parmi ces.infâmes païens. Allons, alions ; dit-le Baé:, : ce n'était qattne plaisenithrie ; "pas de queretiès entre cambrades, Plaisanterié téntique vous voudrez: maso no doit:pwalen fire de cette espèce,» murmura-Cunningham comme:se pétaut à lui mêtne. -—«Voit-on de pareils vagabonüs ailleurs qu'en :Rrence?- demanda Lindesay.— Bien certainement: et-j/en: jure. Fponditis Btlafré; on.en a vtr des tribus eétières en Allemagne; en:Espagne: |_eten: Angleterre. Mais, grâterà notre-bon sxint: Audi; FÉpbshes n’en'a paseneorerequ un sont, -—E’Hcosse; dit Chmainghan, est: _ paystrop froié pour les sauterelles et trop pauveopour:lesivelonrs:.

= Ou peut-être, dit Guthrie, John Highlundert:ne vout pas que: d’autres volours que lui préspèrent-dans:sün- paye maink —Itest boûque vous 'sichiez tous tant rime vousètss, dt'leBdté ; que je suis orrgiaire dès montaghes d'Angus: que: j'ai flenebles:pe- rents dans celles:dé Glertisla; et que je ne soufrirai pas:que l'on dise du-mal'dés: mohtagnarde: —. Vous ne: niprez past sniionte: qu’ils enlbvent: les bestiaux: tout en faisant semiant scies aphe- ter, dit Gutlirie.. Pouser dovaft soiran ou -déèux animaux des rés n'ést pas-voler, dit-le:Balafté, et-c'est 0e: querje ratintiontirei quahd et comment ilvous plèire. Fi donc, éarnarude! Nt@un- ningham; n'est-ce: pas vous quivous-querelez mañtenant? H'n6 fâut-pas que ee jeune homme-soit'témoin: de tels démélés: parmi nous... Allons; rou$ voilà arrivés à l4 porte-dii chfiean ; si vous voulez. venif diner'ayec moi; j6 fépai apporter‘ un bard-dè tin que nous viderons entre amis, et-nous boirows à {come à moR- trgnes et àises basses terres. Convenu ! convenu ! s'éetia te Ba- Iefré, et j'èm puierai unautre pour noyer tout souvenir db mésih- telligence et nous: réjouir de l'entrée-de mon neveu:dans notre corps ‘en:lüi portant: quelques santés. »

À leur approche , k guiehet-s'ouvrit-et le pont-levis fut baissé.

4 Jean des Mintagues. C'est un trais lancé par l'auteur comine- les mantsgaards.

<cossais, qui descendaient dans les plaines pour enlever les bestiaux : tel était lo métier de KRob-Roy. À. M.

. CRAPPIRE VI. atéi Us oétrèrent m'a vuns mais lorsque Quentin parut, los senfinellée] crotaèsent lonrs piques, et luiordonnèrent de s'arrêter tandis quo- les areé et les apquebuses étaient ditigées contre fui. du haut des. murailles. Gotte -prouve d'une sévère vigilanee fut donnée, quoi que le jeune’étranger arrivât en compagnie de-gens de garnison : qui faisaient eue pere a orps'anquel- appartenaient - les. sentinelles.

. Le Balañré, qu était recté à dessein à côté de son-neveu, dun-. na les explieations néeemaires; et, après:urie asser longue hési-. tation , Quentin. fat conduit sous bonne garde à- l'appartement de lord Crawfond. |

Ce œigneur était un des derniers restes de cette. vaillants. tréupe de.lurds et de’ohovaliers écossais qui avaient a ong-temps et si fidèlement servi Charles VII daus les. guerres sanglantes : ‘qui décidèrent liadépendance de la couronne-de France et l'ex pulsion des Anglais, Dans-sa jeunesse , il auait combattu àoôûté de.

. Douglès et de Buehan, avait suivi le bannière de-Jeanne d'Arc,

et'était péut-être un des derniers de ces-chevaliers écossäis. qui: . avaiomt mis tant d'empressement & défendre Jës fleurs. lis-con- tre-les anciens-ennemis de l'Écossé. Les changements qui avaient eu lieu: dass ce dernier royaume, ef peut-être lhebitude qu'it. avait contrastée du-chimat et des mœurs de la France, avaient ôté. au: vieuæ baron toute idée deretourner dans sa patrie, d'autant plas que.k- peste élevé. qui pecupait dans la maison de Louis, etson caractère franc etlôyal ; lui avaient donnéan grand ascen- dant sur le roi. Quoique, en général , if fût peu dispesé à croire. à la vertu etä l'honneur, te prince avait une confiance entière dansies sentiments delord'Erawford; etlui acconlait üne infkien- ce d'autant plus grande qu'il ne se mélaft jamais d'autres affaires que de- celles qui avaient rapport à-ses fonetions.'

Le Balañé et Cunningham suivirent Durward et son: escorte dans l'appartement deleur eapitaine; dont l'air de dignité, et le. respect que Mi témoignaient ces fiers soldats, qui semblaient n'en avoir-pour personne, fit ane forte impression sw le jeune Écossais. _ Lord Crawford était d’une taille élevée; l'âge l'avait amaigri ; mais d'conservait toute la forte, si non l’élasticité de ]x jeunesse, et il était en état de supporter le poids de son armure pendant une marche aussi facilement que le plus jeune cavalier de trou. pe. Il avait les traits durs, le visage couvartde cicairiges et moiroi

446 QUENTIN: AURXARD.

parle tempa; un œil, qui ayait vu. sans: souroiller-la mort dens. trente: batailles rangées. mais qui.cependant.exprimait ün mépris joyeux pour le, danger, plutôt que le courage féroce d'un soldat mercenaire, SON GOFp# grand et droit était enveloppé dans une araple. robe de chambre, serrée autour de lui par ceinturon de peau de buflle, auquel était -suspandu. son poignard , dont ke manche était richement orné.Ilavait autèur du cou le goilier ei.la croix de l'ordre de Saint-Michel : il était assis sur un fauteuil couvert d’une peaü de daim. .et avee des lunetlies-sur le, nez, . invention alors récente, il était occupé lire énorme msaus- crit, intitulé : Le Rosier de ka guerre, code de politique-civile et militaire que Louis avait compilé pour l'instruction du dauphin, son fils, et sur loquel il désirait avoir l'opinion d’un guerrier aussi expérimenté. .

. Lord Crawford rit son livre de côté avec. Un. peu de mauvaise humeur, en voyant entrer ces. visiteurs inalfendus,. et leur

. demanda, dans son dialecte national ,«.c6 que. diable ils voulaient” . le lui ?

Le Balafré, avec plus” “de respect. qu'i n'en aurait montré peut- être à Louis. lui-même , lui fit ua long détail des. circonstances dans lesquelles son neyeu sé.trouvait , et lui demanda humble- ment sa protection, Lord Crawford l'écouta’ avec bpaucoup d'at-. tention. 1 ne put.s'empêcher de sourire de.la simplicité avec la- quelle.le jeune homme s'était intéressé à un pendu ; ; mais il secoua la tête quand on lui fit le récit la rixe que cetteaffaire avait amenée entreles archérs écossais et les gens du grand prévôt.

« Combien de fois encore, dit-il, m’epporterez-yous des éçhe- veaux de fil'à déméler ; combien de fois faut-il que je vous dise et surtout à vous deux, Fudovic Lesly-et’Archie ! Cunningham, que le soldat étranger doit se-comporter avec douceur et réserve envers les habitants du pays, s’il ne.veut avoir à ses trousses tous les chiens de la ville? Au reste, si faut que vous ayez une affaire avec quelqu’ un, j'aime mieux que ce soit avec ce chenapan

de prévôt qu'avec tout autre, et je.vous blâme moins pour cette

incartade que pour les autres querelles que vous vous êtes atti- rées, Ludovic, car il était naturel et convenable que vous prissiez

‘le parti de votre parent. Le pauvre garçon: ne doit cependant pas

être victime de sa bonté : ainsi, donnez-moi le contrôle de la compagnie, qui est sur cette tablette, Nous y inscrirons SON NOM,

4 Contraction d'Arcbibald. A. M.

TOHASPNE VN. 14 aflaiqéil puisse jouir ds nos priviiéges Avde permission de Votre: Seigneurie; . dit: Durward, je... —" At: donc : perdu K tête #s'écria son'oñele. “Fu oses parler à Sa: Sbighourie, Rvant: qu'elle tait adressé une question? Patienee, ‘Lutlovie, ak lord Crewford-sachons ce que ce-garcon a à dire. Unique- ment, n’etrdéplae ‘à Votre Seigneurie, répondit Quentin, que . avais dit ce matin à mon oncle que jen'étäis pas bien decidé à . profése du services :dans-tette troupé. Mais je déclare maintenant que jesntai plus vien qui-m'arrête, depuis que j'ai vu le noble et respectable: ehef sous lequel je vais servir; car son aspect an- . nonce l'autorité. Fort bien parlé, mon garçon, » dit le-vieux lord ; qui ne fut pas insensible à ce compliment ; « si rous-avons abaquis quelque expérience, Dieu nous a fait la grace d'en profi- ter, tañt en ohéissant qu'en commandant. Vous vofà reçu, Quetitin, ‘daus honorable eorps des archers de la garde écos- saise ,: comme éeuyer de votre onele et servant sous sa lance. J'espère que vous ferez votre chemin ; car vous devez devenir un véritable honime d'armes, si, comme on le dit, tout te qui vient de. haut lieu est brave, ear vons désbéndez d’une noble race: Lodevie, vous atrêz boin que vütré neveu ‘süive ‘etactement ses exercices; ' cer. ib'est possible qu'avant-pen nous ayons quelques lancés. à rotapre. Par: la poignée de mon' sabre ; j'en suis bien aise , milord, dit le Balafré; cette paix ne fait de nous que des poltrens. Moi-même , je ne me sens plusla même ardeur , enfet- . uns coséé comme jele: suis déhs ce maudit doijon. Eh bien! continua lord Crawford, un oiseau m'a siffié à l'oreille que bientôt la visille, bannière flottere de nbuveaa dans les champs. J'en boirai-ce soir un coup de:plus sur cet'air , dit le Balafré: à Ta boiras sur tous les airs imaginables, Ludovic, lui répondit : lord Crawford: et: j'ai bien peur qtie tu ñe boives quelque jour une bière amère que tu te seras brassée toi-même.» :-

Lesiy réplique ; d’un air un peu confus, que cela he lui était pas arrivé depuis long-témps, mais que Sa Seigneurie savait-fort bien qu'il était d'usage dans la compagnie de faire carrousse 4 à la sité d'unnouveat camarade. —- « C'est vrai, dit le‘vieux:ehef : j'avais oublié cotte circonstance: Je vous enverrai quelques me- sureë de vins, pour vous aider à faire votre cérrousse ; mais que C6 soit fini au coucher du soleil: Et; écoutes-moi:. faites attention à

U, A CT REC D EL Ù 4 Joyeuse orgie. Carrousse est une expression écossgisg et alemnäe à it M. QUENTIN DURWARD.

448: QUENSEN: DU AND. ca.aue ler anhiats -Qpi, sesomk: de.cerien ontin nuit chiant cho avec. sgin; et qu'AUCUN d'eUE 6 BARRE DIS, en anne: fee, à la débaushe que.vous projeter. -— Votro-Seignennie 102 pance- tusllement obéie. répemdit Ludorie. et sasanké.ssua postée: ste tout. la respect. qui B1i.est. dû, 14 est: possible, dit Lune Coamfondk. repas, vaiquement pour voir ai.ioué se.pesse avan dérancst. Le visite de. Votre Seignenrie nous. eomblere d'hanneue at-decisie, v répliqua.Ludavie: El Üsse. ratirèsent, taus.trois. extémement ser tisfaits., pour s'occuper des apprêts de leur banquet mikiisine,, au- quak Lady vita nue vingtaine de ses cmardes qu, asten gé- néralament, étaient deux l'usage de prondse leunseenes sac. bai. . Una fête de soldats est ordinairement bientôt.srrangis::le paint capital esé qu'il s'ytreuve, de quoi manger ei.de: gnoi keine. Mais, en cetta aceasion , Lesly se donne. heawenup de monsement pour se. procurer du vin de meilleure qualité qu'à lendimnise.Çar, disest- il, le viewx lord est. la plus-poble: plume de nes tngues, mpe:-viile: pièce d'or du, meilleur ajni. ILraousprêehe la.sebriété: mis ayrès avoir bu à La table du. roi autant de vin. qu’iles-peut prendre.dé.- cemment.. il ne. manque jemais.une:oçcasion. hanpsable de een pléter La soivée auprès de la. bouteille ;: ainsi , carmaedes,, Heat. veus prépaer à entendue les:vieilles. histoires das batailles de:Ver- neuil et de Boaugé. »

L'appartement. gothiqne dans lequel dns réunissent ondinsi-- rement pour prendre leur repas fut mis. entente laûte, dans le: meilleur ardre; leurs palefreniens.fumnt dépâchéade tentes parts pour se procurer des janes verts, afin:d'en.consrin 1b-planches +: et. les hengières saus:lesquelles la garde -écessaise amait marché combat, ou qu'elle ayait eulevénsà l'ennemi. .fasent déployées;en guise da tapisseries, au-dasaue de- le table nie : le mamailles- à l’entour de la chembre...

On s'ocaipaensaite dareôtin,ausoi parspienañtqsepomia, le.ieuxe soldat desarmes oi de-L'uniforme: panticudier à le: garde- ésosaise, af, gril pât. paraitre. sous-tous.les sapperti arnin drait aux. priviléges de ce corps.en vertu desquels, akaves:-Laiile:de ses compatriotes, il: pouvait bsaver hasdimentle nouneir etlb;ménen-- tontemeut du grand prévôt., qupiqie. L'oivsût FF DleR qu Fan Clait auçui termible qua l'autse était icnplesable. :

Le banquet fut des plus j joyeux, et les convives donnérent un

+ Cr t loenge détori: * nine ei one tete

CHA VI BU IV I"

Aer esuar-à loursrsantirennis-:aatiqnaux-en-ro0anit dans: lens rénigs uns-racrae.nousallement arrixée.de leur: chère patrie. Lie: .chantèientde wsilles obansobs éçormaises, neconfènent de wriless histpires. de-hénesiécossaie:, nappelèmnt leg auglois lengit.2nm. côtes, aiesi. que: les citconatannes dene:lesquelias: ils:sysiont-6 mis fin: eu mot, les riches. ctinpagnes de:la Fouraino: some. bluient, es.cp:momént,.être.deyxenmer pous qu Ip HOUR. 26: mentegaouses régions. de le. Calédonie. : Leur enthousiasme était au comble, et chagum à l'onxi. Selon. Goié dm-troumen-desparolss crpahies.de. rendrs pliss cher:onenredp souvenir. del Écosse, lorsqu'ils regupont une impulsion pouÿelle, par-l'érritée de losd: Crawfbrck, qui, ainsi que le. -Balafré: l'avait : bien-prémar , -avait.ébé: pour ainsi. dire, asdis sur des.épines.jusqu/à". ce FH e eût trouxé.Foccasion de.s’échapper de le tahèe du roi pour: vesir- se $oinde. à la fête.que dennsisnt sose0nspatsiotes.. Un siège, : de.paraiaiui avait été réposvé au haut bout de la table. oar.d'ar. près les moours;G& temaps.etia constitution. desarohess.de la gprde . étassise, quatque leur capiteine:ne.reconsût d'autre sapériorité qe celle du noi et du grand connétabie, les. membres de ce oops + (les simples s0kts , eomme. nous: dérions aujourd'hui) étant tous noblssde naissance. il pouvait sans-déroger s’asseqis à la table avee. eux, et prendsé part à ours fétes quand il te. jugeait à propes, sans détoger à sa dignité +. , Cette fois-cinéanmoins tond'érewfard refusa de prendre te,placs.. quon lui avait préparée, ot, engageanf les convives à continuer. de se Hivror à lu joie, ik se tint debout et. se. mit à les copiemplen. d'ün air qué faisait voir qu'it jouissaif de lour bonheur | « Laissez-e fase, » » dit tout bas Gunairigham à Lindesay pendant: que ce deraier. présentait ua verre. de vin à lbar. noble capitaine, « Yaissez-le fh$ ; no faut pas pousser. Jes boul. d'un autre trop Vivement ; it'y arrivera de lui même. » “Pleclitomentle véoux loué, qui avait d'abordsourisoooua latôte, et posa le verre de vin devant'lai sana y avoir touché; bieatôt-après. et comme par distraction, il Le portait à ses ègres. ipraque. tout à coup il se soûvint fori heureusement que çeserait Un mauvais pré sage s'f ne buvait pus à be santé du:brave jeune. bemime quiveanit d'être admis dans le corps. H'porte donc la sahié de Burward; et, B Past 0e: qui exitis: de non iquee dane Patmée apgidiss : le plaine. 14 gps;

sous-lieutenant méme, mangent à la table du colopel ou du général, #4 que cela. affaiblisse en rien la discipline et l’ordre hiérarchique. AM :

446 QUENTIN DURWARD. cottfe on peut bien se l'irnaginer, les convives y répondirent pat : lès plos Vives acclamations. Le vieux lord les informa ensuite qu’il avait rendu tompte à rhaître Olivier de ce qui s'était passé dans La matin@be« Et comme-le tondeur de mentons, ajouta-t-il, n’a pas un grand amour pour l’alongeur de cous, il s’est joint à moi pour obtenir da prince un ordre qui enjoint au grand prévôt de sus- péndre toutes poursuites commencées, pôur quelque cause que ce soit, contre Quentin Durward , et de respecter en toute occasion les priviléges de la garde écossaise. »

‘De nouveaux cris de joie se firent entendre ; les v verres : furent de nouvéau remplis jusqu’à ce que le vin pétillât. sur les bords, et l'on porta par actlamation la santé du noble lord Crawford, de l’intrépide conservateur des privilèges. et-des droits de ses compa- triotes. Le bon'vieux lord ne put se dispenser, en’ bonne cour- toisie, de’ faire égaloment raison à cette santé, et, s'étant laissé tomber dans le fauteuil qui lui avait été préparé, sans trop penser à ce qu'il faisait, il _appela Quentin près de lui, etlui adressa sur la sitriation de l'Écosse et sur les grandes familles de ce pays beaucoup plus de ‘questions que le jeune homme n’en pouvait résoudre. Dans le cours de cet interragatoire, le brave capitaine appliquait de temps en temps les-lèvres à son verre, par forme de parenthèse, en faisant remarquer que l’esprit de convivialité était une qualité distinctive des gentilshommes écossais, mais que les jeunes géns tels que Quentin ne devaient s’y livrer qu'avec pru- dence, de crainté qu'il ne es entraînât dans des excès. Il débita sur ce sujet beaucoup d'excellentes choses, jusqu’à ce-que sa langue, occupée à faire l'éloge de la témpérance, commenqât ‘à . devenir plus épaisse qu’à l'ordinaire. Ce fut alors que, l'ardeur militaire de la compagnie croissant à mesure que les flacons se vidaiènt, Cunningham proposa de boire « au prompt déploiement de l’oriflamme ! » (la bannière royale de la France). Et à une brise soufllant de Bourgogne, pour la faire ondoyer, ajouta Linde- say .— C'est avec. toute l’ame qui reste dans ce-corps usé que je m’unis à vous pour porter cette santé, mes enfants, s’écria lord Crawford ;'et, tout vieux que je suis, j'espère encore la voir flotter. Ecoutez, mes camarades, » continua-t-il, car le vin l'avait rendu un peu communicatif, « vous êtes tous de fidèles serviteurs de la couronne de Frante, pourquoi done vous laisserais-je ignorer qu'il y a ici un envoyé du duc Charles de Bourgogne, porteur d'un message qui ne paraît pas dicté par des sentiments pacifiques.

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CHAPATRE- VAL: Aa Jei vu los équipages, les chetaux et La suite du comte. de Caève- cœur, ajauta un des convives : on dit que le-roi ne veut par Lag- #mettre dans le châtéau. Puisse le ciel inspirer au roi une r$- ponse vigoureuse! dit Guthrie. Mais de quoi le die Chariès 26 plaïat-il?—D’une foule de griefs relatifs aux frontières, : répondit lord Crawford ; enfin de ce que le roi a reçu sous sa peofeption une dame de sori pays, une jetine comiesse qui s’est enfuie do Dijon parce que le duc, dont àlle est La pupille, voulait 1e marier à son favori Campo-Basso. Et est-elle venue. seule ici, milord ? demaridaä Lindesey. —+ Non; pas tout à fait seule, répondit lord Crawford; elle est accompagnée d'use vieitie ComMÉESe, sa parente, qüi a cédé aux désirs de sa cousine dans cette affaire.— Mais, demanda Cunningham, le roi, en sa qualité de souverain féodal du duc, interviendra-t-il entré lui et sa pupilie, sur quelle Charles a les mêmes droits que, si ce même Charles Rii-même était mort, le roi’aurait sur l’héritière de Bourgogne ? Le voi, répon- dit lord Crawford, se déterminera, suivant sa coutume; d'après les règies de la politique > et vous savez qui n'a pes reçu ces - dames publiquement ; ime les a point plecées spus la protection de sa file , ka dame de ‘Beaujeu, non plus que sous cells de la princessæ Jeanne, en sorte qu’il n’y a pas de donte qu'il ne se règle d’après los circonstances. Il est ndtre maître. mais il est, permis de dire, sans rendre coupable de trahison, qu’il peut chasser avec les chiens de quelque prince de la-chrétienté que-ce soit, et courir le Hèyre avec enx.—Maisle duc de Bourgogne ne s’aceom- - mode pas aisément de toutés ces finesses, répliqua Cunningham. —Non, sans doute, répondit le vieux lord, et c’est pourquoi il y aura probabtement quelque vif débat entre eux.— Eh bien ! dit le Balafré, je prie saint André qu'il les méintionne dans ces. bons sentiments. On: m'a prédit, it y a dix ans.,. que dis-je? il y'en a vingt, je crois, que je ferais la fortune de fha maison par un me- riage. Qui sait ce qui peut arriver, si nous commençons une. fois à combattre pour l'honneur et l'amour des dames, comme on le voit dans les anciens romans?—Toi! parler de l’âmour-des dames, avec une telle tranchée sur le visage ! dit Giithrio. Autant vaut ne rien aimer que d’aimer une Bohémienne, une fille de cette race de païtns, répondit 18 Balafré.— Holà, cartrarades! dit tord Craw- ford; ne joutons entre nous qu avec des armes courtoises", des

4 Dans les tournois, on appelait armes courtoises les lances. dut l'extrémité sai garnie d’un tampon, afin qu’elles ne pussent pas faire de blessure, par opposition à

| QUENTERTEURW AR D. «stoibmhstiensi HibrdMtisudesntt'otecdes:pisisimtertes 39 jails doub unis. Poer reve dilatoctitesse elle sstarotirishe peer . CORBEr 10ù Partage di rukpuivee veineur ‘ébbitais, ab ques esotétieiidonis par: Pdpe:valuirines préfin tions urtiénit ‘de anus Idte-:vieigts tu our pou s'en fait: Querqu'iliarsoi, jet voestpte- npeteshettolte den Mant6, eur en dit que :élestien dstrinistbuté. tes-H}0 ON OIS laveirryvsecmetin, Sltunetrerærcheor, Aoreque:j'étais 18b4rée à le barré férieurs; ris, cllerrebsembinit:plerità : Mfiébiläntone toardegrà ane Stolle,-car élle-etrae autto-dante Méieht'amenées er ctiâtenu'dins:desditiètres forendks-- Fi Ant, PES: ps lb honte 7 &itiiord: Cheafond sun'sokdlat.me-duilijnrtiés. répporter'vo'qei ‘a vu ‘étunt en Motion ! H'hileurs, vajoutatail près dioment de sliunte, et sn curiofité l'elnporémit sarienèlie éatil'uvait cru nébesire de Üépiuyer en matièrerde discipline, Iqu'ebteGe qe te fait /punser que:la:vomtesse de Eroyeise tromait -WéNetivoment-ddnsunit de Cesllittéres 7. Mon, répendit Armtt, ‘fotetsdis réétide todt vel, smon:que mon cottelisréhéé alors sfére prete d'ér'hchos -bhoveux der da rübte qui ‘coddisit-elix “flag, à rontoftré Doguih. de mubétier, qui ramonst:istditièries Faubupge,:00r oies agtartisimentà Yaubergiste du' bosquet des IMEdtière, c'est dire à l'aubergiste qaiapeur'ersbignt kes-Flbies- “deDis..s; de‘hière dést qué Doguin w #reité Sœundors-Steotlsi BONE UN verre de vénuitsndt qu'ils :s0 conhaisssent.'et ac les ‘Motte colui:bi était: asser disposé à: faire... Sans dioutb, sus. dôûte, 4tterrumpitie vééut Ion ‘etfc'estrce'que je van dtais vair moitie périhi vous, messioors; puis tous tos palefrenicrs, vès (ébutthets, vesachinen; done nôus is uppelieribns en Éiésse, inb'seft que trop iépesis à1pfohdre ur vertre:de via:avtec:le pee “déièr ten. C'est une chose trèsidariporeass:6n' tons deg, sétilfaut ‘y tétiriamain. Mis, Anüré:%ngot, tu nous vonites ès ho bionlontue"hisibite, Chou sllonsia couper parun vérede da: Vétine di To méntgnard, Sievdkredoch ner shirt etcestidu phéliquet. Alone, à lisant de l:cormitésbe Ebell de Gooyb, Appétit trocrer uh'Mmoïllber maritqe ve CHMpo-Buiso, qu -riet tn ril'cogihomen itilion Branintonuns, Kiireé ruelqanhlenit _-polles dut vn 3e serait sans. avoir, ot cetto.précautier . wqui étaient êtes àfer émoulu. ‘À. M. re De Ba Date Eten ln linda bide faitéli es Miétitiiihres TS Me, comme aussi les paysans du pays de Galles et ceux de la Basse-Bretagne. A. M

‘. horgilopoumérétre fradiitiontfranqis querpar ue dapreion ere à po dllière.*s. "“

sonatdhes dan vence: med yaisgee Fée. Œiyirnie samtipuivuis, mépondit À rat. il hui rate us le secrétqee 88 dut cilumss ul ponuit devons chiiteut:, Aans-bes Kières Sosumées. dtiiont de. 1gritsies Lames, qui depuis quelques jours logeaient en secret cher-sen:raaibré: que roiieurereit Bi pie. siours sésiesmver boaueven ds trysitre, st dour-uvait-ronên de coms humuurs:vnfn, qu'clles Sétaiont néfomiéus-dn, châtean::

er htmainte. à-06 qu'il ovvçait, que. tour :enusit 4e vemée de Crèvecour., smlbaisadeer de duc de Bourgogne, dont tapprothe - sonaitdlioenmamnode pr :un vourvier-qui de présédit. Oh" mic Amré, avt qu'il vagit? ditrGutbrie. Ah ces, je Juwrais.que destin: mntessæque J'ai-ontendue hanter on-#a0- Gonmpagesat sur iunlath; sumensent js -téversisle cour int miomviponr mb:rondre ici .“Le B0n-partait des funôtres:cistrées le MtourduDauplin. et ebtiumélodivétaititohpe que jamais personne mana eséondt aus surabia tions :le châteen:%a Nemisde Pure. Serum fai, jui crue L'était ds a rausieee do la sonmanition de tatéedliébainn, et:quivique: js ‘sauce. qum:latabie était sonic, at

Guam on lou snussn Snéruet do diner. tes longues oreilles œntondant lamustqee, et:ion pen. de jugersont.ne 4e :porrnettenit peade éoiior tuquel dos doux tu dofais Honor ha préférence. Bosudiez ; la tisshbdie la cathédräle ne:nnne-telle pas Los vépren Dion cortuinurment d'uen est:pas ereore leurs. Le vivux fou de suriatnin vue l'offive du sir :0nù ‘auune ‘trop 46t.— Ma :jai , ln cloche ne sonne que trop juste à l’heure, dit Cunningkæa ; cer voilà le soleil qui descend sous l’horizoïi, à l’occident de cette belle -plaine. Ah ! dit lord Crawford, cela est-il croyable ? Allons, res enfants, il faut savoir se rPéformer dons ile justes bornes. Qui va doucement va long-temps..… Feu doux fait bière douce. Être gai et sage, est un excellent prerefhe… Ainsi, encore une rasade à la prospérité de la vieille Écosse, après quoi chacun retournera à à so pbsto. . La vonpe Prélien Ti Villée des TOHVIVES congédiés, tandis que, d'an-air de dignité, le vieux baroùû prit le bras du balafré, sous nee de lui donner quelques instruetions au sujet de son Lére semi, Ales 3e uit, ‘lle eraistesque s0n pui iha- esntuex 9 pariteur qoux de 5e troupe-müdiss ‘ferme qu'il we RoarondR à sn HE otà 4h Spas porarmene ‘El terres

son. QUENSEN. DEMI. tauto:la grarité requis dans us.chel les dou cours:qhisépapaient :

spa appartement de. la selle: du festin, ot 60 fut: atue air éminent d’un homme œqui-aurait-vidé un, poiaçon de-vin qu'il enhotte Le dovic à veiller:sur la conduite de-5on neveu, of Parésoul remet ce -qoi.agnoernaié be Miolte-ctis bouteille: M ee

: Gependant, pas :un:mot de. ce qui ‘avait. été dit.au suiet-de- ha belle comtesse labelle n'avait échappé jouse Durward, qué,. -ayantété conduit: dens un petit cabinet qu'il. devait partager avec le page de son oncle, fit de sa nouyelle et bumble emeure le théà- tre: de granles-et. profondes méditetious. Le Joeteur_cônéevra fa- oilement que le jeune svidet se laissa entretrier à bâtir ‘un: Hoëu roman, fondé sur l'identité supposée, à. laquelle on voulait fairs exoire, entre la-demeiselle dela tourelle, dont. il avait écouté 1x ‘chanson avec tant d'intérêt, la jéuns fille qui avait présenté la coupe à maître Pierre, et'une comtesse: d'ugitire; distinguée par gqn ;rang etsa richesse, se dérobant: à la poursuité. d'un amant

abhôrré, favori d’un lutour tyrannique qui. abuse. de son pouvoir

féodal. IL y eut aussi, dans le-drame fentastique- de Quentin, une acène détachée dans laquelle figurait ce maître Pierre qui parais- sait exercer une:-si grande autorité. sur le formidable officier, aux mains duquel, lui Quentin, avait échappé cejour avec tânt de peine. Enfin ses rôveries, qui.avaient été respeetées par feune Wil Harper, son comjpaghon de cellule, furent interrompues par le retour. de son .oncle, qui vint lui dire de: se coucher, afin de pouvoir se. lever le lendemain de-bonne heure pour le suivre avec einq de ses camarades dans l'antichambee du foi, | PApponi son service. ,

| CHAPITRE VIHL.: L'ENVOYÉ.

* Parais comme l'éclair aux yeux de la France ; car » avant que tu puisses annoncer que je vais arriver” , 6 .-..s. tonnerrede mon canon se fera entendre. Ainsi dope , | SL pars : sois la trompetie de ma ‘colère. PE * + - SHAKSREURE. 14 roi Jean. )

&i la péressé eût étéu une tentatriee, laquelle. Durward eût cédé aisément, le bruit:.qui retentit dans la caserne des gèrdes, aprés le premier. copp de primas, edf certainement éleigaé cotie sirène de

OOSRE TD .: 888 seRosahe: anile régoluité: tit négnaié: dptaris:ébhieen desan. pisest-dana te -emsvent:d Abertrothosk l'erait kabitué.à sn :lowr axeo Laure. et.ù s'hakilla grioment.:au sondes -crsstiau bosit den armee ; 2e benit anpançaitque les sentiselles qui:vratent fait le service pañgiant la nié allsiehé étre. relevées: Res gaides ron- traient à la caserne, d'autres an sortaient pour aller ocouper leur . . poste pandant La mainée; tahdis que d'autres. oncors, parmi les-

quels était. sn.oncle, 5e nouniaient.sle leur.axmura. paur so reu- dre auprès dela persañae même du roi: + ©. ‘1. :.

Axes tout le-plaigie qu'éproure an homme. dans un. âge aussi tendre. et. en pareille, circonstance, Quentin se revêtit de F'ani- forme splendide et des riches armes qui appartensieat:à son mèn-

vel état. Le Balafré qui veillait avec le plus: grand intérêt et 1e soin.le. plus sorupuleux à ce @ue rien ne manquât à:508 équipe- : ment, pe. fut pes raaître de cacher la satisfaction qu'il -éprouxait en voyant combien. ce changement de costume sugmehtait la bonne mine de son-nevpu. « Si tu es ausai fidèle et aussi brave que tu ea hoau garçon, dit-il, j'aurai en'toi un: des plus héaux:ét un des meilleurs écuyers de la gande,:00-qui ne pout que faire honneur à la farnille, de ta:mère.. Suis-moi .dans:la salle du trône, et premds bien soin de te tenir toujours près de moi: :: -:

_ Fu parlant aipsj, il saisit une. grande et-lourée pertuisane, mta- gnifiquement oruée.et damssquinée ; et ayanf dit à san: neveu d'en prendre une.semblable, mais qui était plus:légère;-il.se ren-

.dit avec lui dans la cour intérieure du palais, ceux de:leurs . Camarades qui devaient monter la .garda dans des appartements | étaient déjà en ligne et sous les armes, les écuyers placés chaeuh derrière son maître. On.y voyait-également.un grand nombre de piqueurs tenant de superbes chevaux et.des chiens de.raçe que Quentin regardait avec tant de plaisir; que son. oncle: fut plus . d’une fois obligé de lui rappeler que ces animaux n'étaient pas pour son amusement particulier, mais. paur celui du roj, qui était très.passionné pour la-chassè. En effet,.cet amusement était. du petit nombre de. ceux auxquels se livrait Louis XI, môme dans _les instants la politique aurait l’absorber presque tout. en- tier; et il avait tellement à cœur la conservation du gibier. dans . les forêts royales,. que l’on disait communémentque tuer un homme exposuit à moins de, risques quà tuer-un. cerf. . ,

Aan.signat donné par le Balañré, qui dens cette actasien rem-

plissait les fonctions d'oflicier, les gardes.se mirent on mauve

4008 QUERT ES TERR D.

rmabice tien-äu :motd'erdre, iu-rtpétéeon. Gslmieumenanes. sitvut emiqesment pour wacätier lusatlilate acresniinme : quiz :upportaient ‘dans Faccumpliseemont de teurs :d0r0hS, (ue: 10n- -désenit à la ‘salle d'rallience. de-roi élit nations date. . Pont étranger :qu'étaitiQuentin d dessins sphaues, ee -fet de veille qui's'onvamit devnt iuiue répond pas ‘tout à Ænit-à l’idée qu'il s'était faite de la magalie ae -d'ame:cver. Avoyait, sa yérité, des-cfheiess doi tnison Ou /rvi-vivhoneit VOS ; il - menait des gardessuparbernont:atmnés; il'veusét aussi des domes- “ques «de dous ‘grades: :rnais aucun. dès antions evassl Bers Eu Paume, ateun des grands :6fficiens dela comen nÉtétent JE : Sun des nOLRS Hi, cette époque, révelliaient vrcomelesdtivé- “mirdosbeaux jouts lle da Ghovdlenie n'était pronos .‘aucun-fle Les généraux ot deces ehof:qui, ans tenté: vipueut- de. Tage, Huisaient da force de h Franco, aaouu:de ces jeunes nüMies, brè- dant d'ardsur et: ingmtionts de lagloire. :l'osgaull doive Dear puis, ‘"nétpamaisstientàises yeux. La:jaleusie, ‘ln réserve, la profuhtio:et æotificisuse ‘politique, :qui-forshaicut le. ouradtène-de roi, mpaiont éloigné cette-lilante auréole de sen ire, ët svt qui enrpent -0û l'onvirusmer :baus :cuse m'éiuiviit appelés à :la-cowr que “fans ourtaines cvosdions réglées per-Hétiquotte: alors 455 :y vünuiont ‘avec répupmanes, et s'en-rütpurmuient avec f6ib, Lorna lus urisi- aux de-h:faile s'approchaicitüt stéloigerient de-l'antre du bee. os Ipetsinaes , ot .en INs petit noble, Qui Y Hptireistft an quallié-de conseillers. ‘étaient des homes de tiataisé rite, ‘dont ilighrsiotomiedprhnait quélquéftis à sapacilé, méis-dont us Pthiores faisaient voir-qu'ils-iyaiént-686 apptlés-àse moewolr ‘déhs tire séhère pour: lageshe suriéta cation préttéile, ton "plas ‘qe ershakitudes, He les #ulert:pubre préparés. 'Deotrt persun- ‘nage epändunt paruvetit à Darweri ‘avoir pts‘ Hb ntfilesse ét êeanité dans I6ürs Ymatibres que 1e autres: /dtson’etel, tai “ims-de-Moentiisn Bit pes onvére:empééné pat rigaout Îe réensetvies, put lai apprendre les RUES êe veux gun és et R'T : Xiwrd envie uit nsnéttns coteppañanent. revêtu do sen riche wriffmino, St'tbtiten 1tain sen ton: êe-vomaumlient “dhrhrpurt, Maitdéjèesanuntis Quentin, cine: Foitiégéloment ei. Pa Reuutux pursctnte-do quitté, Je flassomur-

rçasbto tin ‘2 vom res Dali, me dEbre Daniele RES RAM MR: C'ONdRrES, 1, LCOARRNN AVES La Je. siéroile JérmM0 ER re, Jour en 10100 ist anis ha! DAte QU man cuioi Rrante de: J6 0 av Aya Son SR tE MS CHARS

ren ét molcréion pass ‘AR AMIS toyile ets popthiteé, popularité qui le suivait parmi les nobles atisi Mién'uue-pamhi Je-pouibte, iBééis isvait encmré. én Avbte:obeasion #h‘etaetère tellement auvest, :fint «ét tovak, Qu'A- shit Anne. avbir “échippérh out Bo péèh méfiant Los, qui aient à le:véir prés dis sripursonne EU T'appét quel qééfuiis à sets cb riscits. Quoi rqu'itoût Rsrépttition tin Hitine acebnipll as Lots 10 CIS -tices doi chbvakhie, et diiiruce u'on:ippille un parfait eheva- lien Re conte 16téit ‘loin ‘d'Or le modèle 1léal dt 'héres de SA AGUONEE ‘Feheril énétitié, “Là ‘taille Mtnit ‘hir-déMous délatitrehyemte. 6t es: jamibés "tin pou ‘6ribées ‘eh Ucdans, Ponte Plis-vertimods pour iun:oaaliér "u'ééparite :pout ‘vin piété. IL

ipitôtes dpubtles larges, les éhüveux nüirs, le teint'basené, Rs .

es mg limentent Loris Ut remet; “ReS : traits de son vistige étabont une tsrégétar#é ‘qui 2H‘ asqu'à %a Jaideur-:"ét:vopen- Suis fl'régouit ‘dans Sa fhiyeiotüinie än air de noblesse Et Uo-Wi- pmitéitfii, dès préhfiér coup d'il, Misaitreconauttre en der tin ‘centAHOtME de hutite : naissance ‘ét ‘un soldat Mtrépide. Sün HhabétiSh GMT EL Ar, sa détiardre aisée tel majelitiense, RE Jh dtttétic ss véits-etinobhie pur uh tottp d'œil “E cenime te- Aér de Faiieretitnenatatit comte Heh::Hipetituit ce'juër th Mabit Behasseur, Plutôt sniphaeur qu'Élégat ;’car Hi arévaitebs souvent de remphr les functions de brand Voneur, ‘henmenitinire hoësbortekrervire qu'itotreâtrémicment hetltte. louis, uv 'OHéuns; prier price de 84ng, Eté qui ‘les'ghr- Gusitque lassemie tot etitière rendmientis honneurs das Bosttraunrité. vontit enstite: bn bras phané-thsicéhri de Bt

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ss QUENEIN:-DUR WARD. augmenté par la certitude il-était que le roi. méditait: à -son

égard un des actes les: plus cruels et les ‘plus mjustes qu'un tyran |

pût commettre, celuide le contraindre à .épouser la princesse Jeeunp de France, la plus jeune de %es filles , à ‘laquelle le prince avait été fiancé dans sen enfance, mais dont la difformité rendait toute.insistance sur un pareil engagement l'équivalent d'uh acte de riguour odiouse. .

L'extérieur de ce ranibeuréux prince n'était distingué par au- cun avantage personnel; mais il-était d’un caractère doux, hu-

main et bienfaisant, qualités qui perçaiont à travers le voile d&

mélancolie extrême qui-en ce moment couvrait sestraits. Quentin s'aperçut que le duc d'Orléans évitait avec soin de porter les yeux sur les gardes en leur rendant leur salut , et qu’il les tenait bais- sés versla terre, comme s’il eût-eraint.que la jalousie du roi n’in- terprétât cette marque de courtoisie ordinaire comme une preuve du désir de se concilier l’attachement particulier de ses soldats. Bien différente était la conduite du fier prélaf et cardinal Jean

de la Balue , alors ministre favori de Louis ,:et dont Pékévation ainsi que le caractère établissaient entre lui et Wolsey uneressem- |

blance. aussi parfaite que le pouvait permettre la différence recon- nue entre l’astucieux, le politique Louis, et le foïgueux. le bouil- lant Heuri VII d'Angleterre. Le premier avait élevé son ministre,

du rang le plus bas, à la dignité du moins aux émoluments de grand aumônier de ‘France , lui avait donné de nombreux bénéf- ces ; et avait obtenu pour lui le chapeau de-cardinal ; et, quoique trop méfiant pour accoréler à l’ämbitieux la Balue le pouvoir et la confiarice sans bornes que Henri accordait à Wolsey , il se laissait influencer par lui plus que par tout autre de ses canseillersavoués. Aussi le cardinal n’avait-il pas échappé à l'erreur commune à ceux -qui d’un état obscur sont tout à coup.élevés au pouvoir ; ébloui sans doute par la rapidité de son élévation ; il avait la ferme per- suasion qu’il était capable.de se mêler de toute espèce d’affaires,

même de celles de la nature.la plus étrangère à sa profession et à ses études. De-haüte taille, mais entièrement dénué de grâce, il affectait la galanterie et de l'admiration pour le beau sexe, quoique ses manières , autant que le caractère dont il était revê- tu ; fissent ressortir l'absurdité et l'inconvenance de ses préten- tions. Quelque flatteur , je ne saurais dire de quel sexe, lui avait persuadé, sans beaucoup de difficulté peut-être ; que deux énor- mes jambes çharues , qu'il tenait de son père , charretièr de Li-

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. OHAPTFRE VIE. L: |

moges , offtalent des’ contours d’ine rare beauté retil étuittelles . ment iafstué de cette idée, que:toujours il portait sa-soutañre de cardinal. un peu relevée d'un-côté , afin que les robustes propor- tions-de ses membres ne passent échapper au regard. Revôtu:dé son. costume. eramoisi que recouvrait en-partie un riche camail ; il traversa d'en pas majestueux salle d'audience , s’arrôtant de temps à autré pour examiner les armes et l'équipement des an: chers de service, et:lenr faisant diverses questions. d’un ton d’'au- torité..Il ne craigmit pas mômie d'en censurer -quelqués-uns sur ce qu'ik appelait des irrégularités de discipline ; dans des termes auxquels :ce8: :xieux guorticrs n'osaient- répondre’, . quoiqu'il: fût évident qu'ils 86 Fésoritaion. qu'avec impatineg- “et: môme ave | mépris.”

« Le rotsaitil, » decianda Dusois au cardinal, à que l'envoyé bourguignon réclame hautement audience et sans délai ? 1} le sait , fépondit le eardital, et voici, je crois , l'universel "Oliviér le. Dain qui. vient nous faire cénnaitre le bon “plaisir de Sa Me- jesté. # . ! 1

- Gorame il parlait ainsi, un. perscumaie remarquable, quià cette

époque pértageait ia fâvéur de, Louis avec l'orgueilieux cardinal , sortit d'uri appartement intérieur et:entra daris:la salle, mis sans et air d'importance et. de fatuité que l’on remarquait thezFhom- . me d'église plein:de lusamême et de sa dignité. C'était un: petit honsime pôle , maigre, dont'ie pourpoint et le “haut-de-chausses de saie noire , sans manteau ni casaque , étaient peu propres à relever un extérieur fort ordinaire. Il tenait à la main:un bassin d'argent; et use serviètte passée sur son bras indiquait la servi- lité de ses fonctiens. Son regard était vif et pénétrant , quoiqu’äl

s’efforçât d'en: dérober l'expression en tenant .ses yeux fixés à terre, tandis que traversant l'appartement avee le pas furtif et tranquille d’un chat, il semblait plutôt glisser que marcher. Mais, ' si la modestie peut.couvrir le mérite, elle ne peut cacher la favear de la cour ; et toute tentative pour sortir de la salle d'audience- sans être aperqu; devait être vaine de la part d'un homme gussi commu pour avoir l'oreille du roi, que l'était sen célèbre -barbier et valet.de chambre , Olivier le Dain, quelquefois appelé Olivier lo Mauvais, quelquefois aussi Okvier le Diable, épithètes qu'il der vaità l'adresse peu serupuleuse avec laquelle il concourait à loxé- cution.des plabs de ja tortueuse politique de son maître.

Olivier parla quelques instants , et avec beaucoup de vivacité,

Disreatomemett -anreosin de Rupois. qirasrtis À

hacbier: «'o0r rotommmait pnisiianant vs pmiegtnn

ananas mualtess solisiatiennde a qui nnimnatne dr aiteniies.. Ludavisohenin eut: bonne: fontne dééihe un: dés il VALS NA: densonihe cecmien.. Ole fesonea dun anot:;-Gétait. pont Laamarer hemesissmeborwangée: |

Bientôt après, il eut une autre preuve de la vérité de cette. agrée. ble-neuvele:, car Triste Rite, grendnneé voi do lsermeient du nai, entra, duns:l'appartesment:et se-dinigen auesiiét-wencie Dainéré. Le niche: cosismes die . eo: reslouéable ‘o{lities: neopebditinit: d'autre effet: on-sfaseurr che de rondte plus frappantes ss mauveisa:mine et:sa sinistre physioriomie , et ce qui lui paraissait un ton de can oiiation ne ramamblait: pas: met: ex gmgnement. dun: ours: Ses narales-a6ammeils: facené plais: douces que, voix qui ‘les @tion. tendre. I: témaigan-icheny: sessvegrete.de: l'enxeur-dans ipuelioit . était tumhé-la:jeur: précédent. ct dié:qu'elle psonenait de:eviqe lanerven sieur la Baisfré ne pertnif point Funiforme-de-corps ef ne séhaié pas fait:ccmnaîtne comme en: faisant: partie :-c'étmit oP4hhavait oauséls mépris peur laqueliait iifaisait:ses.exeuses Eudovic. répandit: à ce-csmplinené dune. manière. très-convs- nable,. of: dès: que Tristance finit éloigné. ib dit-à son neveu:qu'Hs anaient, maïstesené: l'honneur: et. le.certitude.de s'être. fait un epnonti mortel: en. la. personne de: art: offiviér rodonté. « Mais, mare til. escidatputtat se deroir pené 20: oguer- du grend PRxt.» -

Quentin nerput s'empêcher dbserençger à Yopinite de: sou. 02- ce: enr, lenquitiant, Tristan iquriangs ce regarde colère et de vengoanse que: l'ours :;otts sur le chasseur dentt Fépipu:vibnt de le Laser: À. la wésité, même lorsqu'aucuno cause. n'éveiiluit se haine, son œil saembre’onprireait une-malveilance qui fétisait: fré- mr; eUks jonna Éoossais éprouve uu sentiment d'horreur d'astiant plue-prefond jun tremiaitiement d'autant plus vif, qu'il-haë soin blait encore sepéiramtourde,son qou: Métreinte honoht-dès fou Wn/ian dupekrodisnn factionaise,

um 2 D

| Queer summer: Lens las auinot ténmaienrou der euabté, et. tek fsé:son. samitasresné .. qu'il'inbenpresque-:écimpser-on as: Ia patois sous: it seb de-Hlouacerce marahatykde seie : ar

pes peu surpris lorsque le roi, dont l'œil perçant l'avait apénçx: : surde-dihaun. morche:dtoit vesschi, sais faire attention à pet- sous atem cotes dit: ::4 hisser | jeume: hommes j'aperends qe: vous arezfaibbetagmepobndis.k presser jour de votre: usrinée om. Toni, maitic:vausie perde. pancc:aril fdet-aventttontes afasser-u8 oux fan dnimsrehand: qui ae: que votrs:sang ce lédemien. am: bossin:d'Étre échauflé la matin atec de. vin de. Bassaé. Si ju pui le teoumeer, j'en: feai. un exemple qui: rendba: Sages: cou .qui:débauclhent suex:gerdes : Dalafré. » sjouts-tilen s'adressant à Lesly, « votee:paremt ent us baaxe jeune : komaries uaitpoteænpétshnt peut-être. Noes:amens Cos casactères-là, etmns acempropcams-de faite plasique jemmis pour les braves: Sempquènens entourant : Msticzpanéonit l'innée, kxjour, Pimure:. et a minute damrnateence, af veors dhameten cothosted Gtnirer 1e

he:Balatré Smcionn juaqui teme, pis reprit Y'atitude pores diselaire. d'un soldat; comme pour mpplirer avec -quelie: ppompti- tadeilsantionetat la :querele-dr noi: ou prendruit:sa défense.

Cependant Quentin, revéau dass: proimière surprise, exist ave pinw d'attention La :pluysionommie- du: roi, et:500:étamement redenhlè anceve lorsqu'ilireconnmet.que se$ traits:et: ses amnières Lui paaissmiont tout différente de qu'ils: arait jugés im veille.

12 QUENTIN BURWARD.

dens son extérieur; car Louis, qui. méprisait nn éclét ‘ompranté, poitait en cette occasion un vieil habit de‘chasse bleu foticé, qui ne.valait guèreimieux que son. habit bourgeois de l1'veitte. Un énorme rosaire.en ébène eri faisait toute la parure : cet objet lui avait. été envoyé par le grand seigneur ;:avee.une.attstation fai- sent foi qu’il avait appartenu. à un ermitecophte renommé pur sa grande sainteté. Son bonnet ordinaire , crné:d'une seule nage, était remplacé par un chapeau dont je poustour était garni d'au nains une douzaine de :gressières figares :de saints en plomb. Mais. ses yeux, qui; suivant la première irmprebsion qu'ils avaient faite sur Durwaïd , paraissaient n’étinceler que :de’ l'amour du gain, étaierit armés, maintenant qu'il Res:connaïissait pour appér- tenir & un babite et puissent monarque, d’än regard porçant et majestueux: les rides-de soir front, que Le ‘jeune Écosegis avait cru devoir attribuer à une longue habitude ‘de réfiéehir sur de mesquines opérations de commeree ; lui pèraissaiont alors des sil- lans creusés parle doigt de la sagesse quirmédite sure destin des

‘imroédintement après l'arrivée du roi, les prinosmsosde Fraste avec les dames de leur suite, entrèrent dans l'appartement. L'ai- née, qui dansla suite fut mariée à Pierre de Bayrbôn , et qui est connue dans l’histoire de France sous le nom de la dame de :Boau- jeu ; n'a que fort peu.de rapport avéc notre narration. Elle était grande etassez belle, s'exprimait avec éloqueace, possédait quel- ques talents, et avait héritéen grande partie de la sagacité .deson père, qui avait une grande confiance en. elle, et. qi l' pimait put: être autant qu’ä pouvait aimer personne.

Sa sœur cadette, l’mfortunée Jeanne, la. fiancée du” duc d'Or: : léans , s’avançait timidement à côté de sa sœur, sapbent bien qu’elle était totalement dépourvue des qualités-extérieures que les femmes désirent le-plus de posséder, ou du moins qu'elles ai- ment qu’on leur suppose. Pâle, maigre, elle paraissait d’une santé dékcate ; sa taille était visiblement contournée d’un côté, et sa démarche tellement inégale qu’on pouvait dir qü'elle boitait. De belles dents, dés yeux quiexprimaient la mélancolis, la douceur et la résignation, et une profdsien de cheveux blonds et bouclés, “étaient les seuls dons naturels que la flatterie elle-même aurait osé citer eomme rachetant les défauts de son visage et de sa:stature. Pour compléter ce porttait , la négligence de sa parure et la ti- midité de son maintien faisaient voir ‘aisément que celte princesse

+ CHAPTIRE VIEIL : | | ess

‘avoit Ja conséetion pencndipaire, mais décespératte, desà imiduur, etqu'elleniosait faire suerineiantative pour süppléer, par La gros

ou par:F'ert, à. ce-que li nature lui. errors, Qupour chercher de toute autre façyles moyenside plaire: dort

. Le,roi, qui ne l'aimait point; s'avanca vers ele en 1e voyant eh>

trer : : «Eh bien ! notre fille, sécria-t-il, toujours le même niépris | du monde! Vous êtes-vous habiltée.ce-matim pour une partie chasse, eu peur Is coùvent ? pariez..: répondez. Pour ee qu'il plaira à Votre Majesté , Sire ; »- répondit la princesté d'une voix | presque aussi faible que.sa respiration. « Oh ! sans doale , dit Lous, vous voudriez me persuader que vatye désir est de quitter la cour et de rénonçer au monde et à ses vanités. Quoi !"'Jeanne ; voudrais-tu que l'on:pensât que nous, fs aîeé de la sainte Église, nous refusons au ciel de Jui denner notre file ? À Notre-Daine et à saint Martin ne plaiseque-nous-étournions unt telle offrande ,

si eHe-était digne de l’antel, ou situ: y étais véritablement ‘sp- | peléë ! ». . ue

En parlant ainsi, Le-roi fit äévotement le signe de la croix, res. semblant en même temps ; à ce qu'il parut à Quentin , ‘4’un rusé vassal: qui déprécie le mérite d’une chose qu’il soutiaite ‘garder pour lui-même, afin d'avoir une exeuse pour ne pas l'offrir à sûm abbé à'son: seigneur. « Ose-t-il ainsi faire l’hypocrite avec:le ciel? pensa‘Durward , et se jouer Dieu et des Saints, corhme it peut se jouer des Hommes qui n ‘oseraient scruter sa congciehce de trop près? »

Cependant, après cét instant consacré à la dévotion mentale ; ; Louis réprit : « Non, ma fille : ‘moi et un autre, nous -corinaissons mieux vos inténtions. | Dites, beau cousin d'Orléans, cela n'est-il. pas: vrai ? AHôns, äpprochez, beau'sire, Me conduisez à son cheval. votre tobte dévouée veëtale.» :. . \

duc d'Orléans tressaiHit lorsque le roi lui, réressnt ta pârolé , et se hâte de tar 6béir: mais ce fut d’un. pas si précipité et'avec on si g'ami trotible, que le roi lui éria : « Doucemenf, 'coubin votre: . galanterie s'éance au galop. Regardez devant vous. Comme la’ prômptitede d’un -gmant lui fait quelquefois commettre des bé: vues! Peu s’en eit' faflü que vou ne phissieZ 14 main d’Anné au: Heu de celle de sa sœur. Faut-il due je vous donné toi-même celle de Jeanne, Monsieur?

Le malheureux prince leva les yeux , et frénit comme un en

fant que l’on force à toucher quelque objet pour lequel il a une QUENTIN DUR WARD. 9

134 | QUENTIN DURWARD. | horrèur d'inbtiant; puis, faisant ui ofort'sur fubiéème, il prié lu main la priroeseë qui me la donne ui nele rufasé, Dans la situa- tion ë trouvait cs couple; e’est-à-dite. 14 œufs do 14 princesse, couverte d’une sueur .früidé, obfermée dans giain trenibitanto du due, et tous delix des yeux baissés, il aurait étédilipile de dire lequel était le plus misérable, eu lu duc, qui #0 séntait chthatné à Vébjet de sen aversion par des liens qu'il n'oit Dser, ou lin- fortunée jeutie fille; qui vayait trop ciniraent l'horreur qu’elle ipspirait à celui dont ellé aurait. aehoté l'affection au prix rHôme de ses jours... : F

« Maintehant , à cheval, | messistire et dames, af 6 roi; ous . comduirons nôds2ntms notre lle de Baujeus et la bétédietion de Dieu ainsi qug Celle saint Hubert puissent:lles #ecorhpa- gner le divertissernent arduel nous allons nouslivrer.-Je crains d’être fôreé de l'Nterrompre, #x®, » dit to cohte de Buriois qui _entrait en ée moment: x l'envoyé bourguignoh est à porté du. châtéau et exige une audience. Exige une audience ! Budôis, répliqua te rôi. Ne‘lui avéz-vods pés répondit , ainsi que fe vüus - lei fait dire par Olivier, que hous n'avions pas le loisir de le roce- voir aujourd'hui; que demain c’est la fête de saint Martin , Soken- nité que. gtéhoe au ciel, nous voudrroné troubler par atcune pénaée terrestre: enfin, que, jour suivant nous devénis partir pour Amboité ; mais qu'à dotre retour nous no mañtquerons fus de ui audiquer ah jour d'audente ass rapproché que nés autres affaires nous le permettront ? ‘J'ai dit tout cela, sire à réporxlit Dutwis, et cipeniæit… ww Piques-Dieu ! l'anx, .quisitsoe qui s'arrête donc ainsi dags ton gosier? intérrompit je roi ; difaut que lës termeb dont ce Bbtüirguignon s'ést sütVi soierst d'ane digestion bien difficile. 8i hron devoin, les efdres de Votre Majésté:et son caractère d’envoyé ne m’eussent retenæ; j'aurais essayé les li faite digétor à nt-mênhe ; car, par Notte-Bamhe d'Orléans ! j'avais pius d'envie de qui faire rentrèr 568 paroles dansie ventre; que de . les rapporter à Notre Majesté. Par MortDieu, Banpis, itest bien étrange que toi, qui es aussi fmpatient qu'hemitie qhi. vive, ti âies aussi pou-d'indälgente ; e faveurdu ménié défaut, à lé: gerd.de notre brasque-ét impétueux cousin Chartes -de:Boûrgo @e Souvisris-toi bieit que je m'inquiète tout aussi péu le seé fou. gueux messages que les tours de ce châtéau ne s’Mquidtent. dit sifflement de veñé nord-est, qui vient de. Flandre ébmme.ce rodomont d’eavoyé. Sachez donc, sire, que Le eamie ile Grève-

LL pu 3 ms” —— -

CHAPITRE VI. 43

| _cœur est devant la porte du château, avec son cortége de trompet-

tes et'de poursuivants d'armes ,‘et déclare que, puisque “Votre Majesté refuse de lui donner l'audience que son maîtrè lui a or- donné.de demander pour affaires. de l'intérêtle plüs pressant, 4 Y restera j jusqu'à minuit; qu'il se présentera à Votre Majesté, à quele* que heure qu'il vous plaise d'en soîtir, soit pour affaires, soit pour vous promener, soit pour quelque acte de dévôtion, et que rien au monde, excepté l'emploi de la force ouverte ne pourra le faire renoncer à sa résolution. C’est un fou, » dit le roi avec beau- coup de calme... « Peyise-t-il, ce Flamand à tête chaude, quece soit une ‘pénitence : pour tn homme bon sens de rester pendant vingt-quatré heures tranquillement enfermé dans son-château ,

_ lorsqu'il a pour s'occuper les affaires d’un royaume ? Ces esprits

brouiïllons ; dans leur pétulance , s’imaginent qu’on ne peut être heureux que le derrièré-sur la selle et le pied à l’étrier, Qu'on fasse | rentrer les chieñs:, et qu’en en ait-soin, mon cher Dunois... nous tiendrons conseil aujourd'hui, au lies d‘aller à la chasse, —Votre Majesté re se débarrassera pas aipsi de Crèvecœur, car ses ins- truetions portent que, s’il n'obtient pas l'audience qu’il demande, H clouera son gantelet aux palissades du cliâteau, en signedle défi à mort de la part de son maître, et que le duc Charles renonce à foi et hommage envers Ja France ;.en un "mot; qu'il vous déclare la guerre à l'instant. Ah!» dit Louis-sans laisser apercevoir au- cune altération dans le so de sa voix, mais en fronçant ses épais sourcils jusqu’à rendre presque invisibles ses. yeux noirs et per- çants nous ea sommes donc là? Notre ancien vassal prend ce ten de maître? Notre cher cousin nous traite d’une manière aussi peu cérémonieuse ? Eh. bien ! Bunois, il faut déployer l’ priflamme, et crier : Mondjoie saint Denis! Amen LA la bonne heure ! » s’ cria le belliqueux Dunois; et les. gardes qui étaient dans la salle , incapables de résistér À. la même impulsion; firent un mouvement, chacun à son poste, d’où il résulta un cliquetis d'armes bien dis- tinct, quoique faible et de courté durée. Le rai leva les yeux, et

.son regard, qu’il proména autqur de lui.d’un air de ‘salisfaction

et de fierté, exREAÎE. des sentiments digues de son aleureux père: tante ie * . Toutefois l'enthousiasme ne tarda | pas à. faire place à une foule de considérations politiques qui, dans cette conjoncture, rendaient une rupture ouverte avec La Bourgogne particulièrement péril- leuse, Edoëard IV, roi brave et victorieux , qui avait combattu

4136 | QUENTIN DURWARD.

‘en persanne. dans tréhte batailles, était alors assis sur le trône ‘d'Angleterre ; frère de la: ‘duchesse de Bourgogne, .on pouvait ‘supposer qu il n ‘attendait qu’une mésintelligence entre son beau- frére et Eoüis pour introduire en Ærance, par la porté tou- jours ouverte de Calais, ces armes qui avaient triomphé dans les guerres civiles , ‘et pour effacer le souvenir des dissensions :intes- tines par une invasion en France, la plus populaire de toutes les guerres parmi les Anglais. A cette considération se joignait Ia foi douteuse du duc de Bretagne ainsi que d'autres sujets importants de réftexion.

- Après quelques moments d’ün profond silence, Louis reprit la parole : à la xérité, ce fut du- même ton, mais dans-un esprit tout différent: « Mais à. Dieu ne plaise, dit-il, que toute autre cause ‘qu’une absolue nécessité nous porte; rfous roi très-chrétien, à à oc- casioner l’effusion du sang chrétien, si noùs pouvons sans dés- honneur détourner une tellé calamité! Nous avons plus à cœur a sûreté nos sujets que l'atteinte portée à notre propré dignité par les expressions grossières d’un insolent ambassadeur, qui a peut-être outrepassé les bornes de ses instructions. Qu on admette en notre présence. l'envoyé du duc de Bourgogné! Beati paci- fici! dif le cardinal la Balue. C'ést vrai, et Votre Éiminence sait aussi que ceux qui s’abaissent seront élevés,» ajouta le roi.

Le cardirial prononçga un amen, auquel peu de personnes joigni- rent leur voix; car Ks joues. pâles du duc d'Orléans lui-même se couvrirent de la rougevr de l’indignation, et le Balafré fut si peu maître de celle qu’il énrouvaït, qu’il laissa témber lourdement sur le plancher le bout de sa pertuisane , mouvement ‘d’impatience qui lui attira une sévère réprimande de la part cardinal, suivie d’ane dissertation sur la manière convenable de manier les arînes en préserice du souverain. Le roi lui-même parut extraordinaire ment embarrassé du silence qui régnait autour de Jui. « Vous êtes pensif, Dunois, dit-il, vous n’approuvez pas que nous eédions à ce fougueux envoyé? : Nuilement, répondit Dunois; : je ne me .. mêle point'de ce qui: s'élève au-dessus de ma sphère. Je songeais seulement à prier Votre Majesté de m ‘accorder ‘une fäveur. Une faveur, Dunois ? reprit le rüi. Quelle est-elle ? Vous sollititez ‘rarement, et vous pouvez compter sur nos bonnes ‘grâces. Je désirerais donc, » répondit Dunois avec la franchise d'un militaire, «que Votre Majesté voulût bien m'envoyer à Évreux pour y dis- cipliner le clergé. Ce serait-em effet au-dessus de ta sphère, »

Li] TT —* Les Dre

CHAPITRE VIL , ‘| LEA

répliqua le roi en souriant, = «je pourrais établir da discipline

parmi des prêtres, répartit; le.comte, aussi bien que monseigneun l'évêque d’Évreux, ou Son Éminence le cardinal, si. ce titre lui plaît davantage, peut faire faire l'exerçice aux soldats d de la exrde de Votre Majesté. ». e

Le roi. sourit de nouveau ; et dit tout bas à Dunois avec. un aix. de mystère : «Le” temps. viendra peut-être vous et moi nous opérerons une réforme parmi les-prêtres en général ; mais quant à celui-ci, c’est-un brave homme d’évéque dont Dous supportons la vanité. Al! Dunois, c’est Rome, Rome qui nous impose ce fardeau, ainsi que beaucoup d'autres. Majs patience ; cousin , et battons les cartes jusqu’à ee qu'il nous vienne-une bonne main à » . Le-son des trompettes qui-se fit entendre dans la çour annonça

l'arrivée du seigneur bourguignon. Toùs ceux-qui étaient dans ja salle d’ audience s’empressérent-de prendre leurs-places, selon l'ordre. de préséance , et le roi ainsi que, ses files restèrent seuls au centre de l'assemblée. |

Le comte de Crèvecœur, guérrier enenimé et intrépide, entra dans l'appartement ; et, contre l’usage des envoyés des puissances ;

amiés ; il était entigrement couvert d’une ‘somptueuse et superbe -.

armure de Milan , en aciér, damssquinée en or, et travaillée dans le goût fantastique appelé arabesque : sa tête seule était nue. Au- tour de son tou ef sur sa cuirasse bien polie., était suspendue la décoration de l'ordre -nstitué pat son-maître, celui la Toison d’or, l’une des associations de chevalérie les plüs honorables que lon connût alors dans la ehrétienté. Un page couvert d’habits ma- gnifiques le syivait. tenant à la main le casque de son maître, et . il était précédé d’un héraut qui “portait ses lettres de créance, et qui, mettant un genou en terre, les présenta au roi, tandis que l'ambassadeur s'arrêta au milieu de Ja salle, comme pour denner

le temps d'admirèr son air noble , sa taille imposante ;et le calme

intrépide de sa figure et de son maintien. Le reste’ de son cortége demeura dans l’antiehambre ou ‘dansia cour.

« Approchez, seigneur. ‘comte de Crèvecœur, » dit Louis après avoir jeté un coup d’œil sur les papiers.que le héraut lui avait re- mis; « il n’était pas besoin de léttres decréance de la part de notre cousin, ni pour introduire auprès de nous ui guerrier Si bien connu , ni pour nous assurer du crédit si.bien mérité dont vous- jouissez auprès de votre maître. Nous ‘espérons que votre belle

4 Ce même proverbe a été donné par Cervantes : Paciencia y barojar. à. M. .

- h QUENTIN DURWARD.

‘ébripagne ; dont fe sang est mêlé à teltit de rbs'tnettrés ; en bonne santé. Sl'ous lavier amenéb avec vous, ‘séigeareomte , nôus'aurions pensé .dtie vous portiez votre armure; en cette oeca- sion extraordinaire ; pour soutenir LS supériorité ses charmes contre tous les: chevaliers amoureux de Frante:. Puisqu‘i} en est autrérhent , nous ne ponvons deviner le môtif de’cette panoplie 1 - ‘Complète. —Sire, répliqua l'ambassadeur, le eomte-de Crèvecœur doit déplorer son imfortüne et rétlamer votré pardon, s'né peut, er cette circonstance; Répondre à Votre Mäjesté avèe toute la dé- férencé dre à la courtoisie royale dont vous'aveÿ daigné l'honerer : mais, bien que'ce nb soit que la voix de Rhiippe Erèvecæur des Cordes qui-se fait éntendre, les paroles qu'il prononce doivent être celles de son gracieux seigneür et souverain le due de Bourgogne.

_ ei Bt quelles sont les parotes-que Crèvecœur doit fous faire en- tendre au nôm du duc de Bourgogne?» dersanda Louis en prenant ‘un air de dignité eorivenabte. « Mais tin-Mmstant ! Souvenez-vous

-. qu'en ce lieu, Philippe des Cordes parle à celui ail appete le: soÿ

_ verain de:son souverafn.” » : _:

. ‘Grévecœur fit unè Hiclinatio ; et ait à à Yanto voix : «Roi de

." France, ke paissant dué Bourgogne vous:envoie encore une

énumération par éerit-dès griefs et des oppressions cormises sur

tes frontières par tes garnisons et les officiers de Votre Majesté ; et

a première question que je dois vous adrésser est pour savoir si

otre Majésté est dans Finten tion de Jui faire réparation de ées in-

jarés. .

Le roi, après avoir ir joté un léger coup d'eei sur le mémoire que

Je héraut lai présentait en fléchissant le genou , répondit : «Ces

plaintes ont depuis lang-temps élé soumises à notre conseil. Des

griefs dont onse plaint, lès uns sont en eorfipeñsation de Ceux que mes sujets ont soufferts, d’ autres sont dérrués de preuves, et d'au-

tres enfin sont balancés. par les représailles auxquelles se $ent li-

vrés les ‘garnisons et les officiers du due’ Néanmoins, s’il en est

encore qui ne puissent être rangés dans aucune ces trois clas- ses , TOUS ne sommes point, en notre qualité de printe chrétien, étoigné de‘denner satisfaction. pour les torts réels dont notre voi-

Sin aurait à se plaindre, quoique commis non-seulement sans notre

avét, mais même contre nos ordresexprès.—3e transmettrai à mon

‘très-gracieux maître la réponse de Votre Majesté, dit Fambassa-

deur; mais qu'il me Soit permis de dire-que, comme elle ne diffère 4 Mot inusfté qui signifie armure complète. À. M.

CHAPHRER NH 450 on reu dei répônses évanives qui ont déjà 66 failas à 508 justes plamias.-iene puis. sspéeox qu'elle sudo pour rétablir be paix:eé l' maitié entra ja Françn ot-la Ronregnane.rril en aûte seqi'il phaira à Dieu: dit la rei. Ge n'est peint-par erainta dpe armes dn voire maîr tra, mais yniguerment peur l'eméur.de li paix, qua je fais. Ra r6- ponse aysai modérée à ses reproches injurious. fopiique:à semr plit.$on memage.-rLa senonde damainda deinon xiaitre, ditlam _ bassadqur, ent. que. Votre. Majesté 08520 des divyer à des menées

soumdes:ef ciandestines avoa.ses villes de Gand, le Liége oi de Mar lipes. Il requiort, Votre Majgsié de ranpoler le agents songs par la maygn desquels le mécontentement est entretenu, cher ses bons sitayans dp Flandre 6 de bannir de vos démaines, ou plaiût de livrer à-Jeur sgigneur ausopain, pour dire punis pomme ile Lo méy ritent, cos traîtras qui, appès avoir abandonné le thédére da lours machiyations, n'an$ tronvé que ton facilement nn refuge à Paris, à Orléans, à Tours, et au d'autres villes de Franoe,—Ditesau.dne de Bourgogne, répliqua la 563, qupje n'a aucune oennaissance des sourdeg menées dont il m'aeçuse dune manière aussi inju- ripuse ; que mes spieta de Frença ont den ralelions fréquentesavec les bonnes villes da.Flendra, doute Y'hbjet dr penfiter des avantages mutuels que-laur-proenre la liborté du onmmerre entra les doux pays; cammeronqu'il serait tout aussi pontraive au intérôts du due qu'aux miena de voulnir interrampre; enfin, que sombre de Fle mands ont fixé leur néaidenes dens mon royaume; ils jonissent de la protection dea lais pour Is mêmes causes ;-mais il n'en est pas un ; à notre cpungissanes, qui s’y sffbretiré par suifé de tra- bison ou de révolte opntre le dus. Panrapiqes : vous xves antanda ma réponse, Comaie la prérédenta, slre 4e l'ai entendus axes poine ; çar elle n'est ni asso directe ni keges explisite pour que le dus mon maître veuille l'apoepier an réparation d'une longue suite de machinations soprètes; qui, hién que- Votre Majonté. les déna- youe maigfeuant, n’en sont pea moins cortaibes..… Mais ja contir nue d'exposer l'objpt de ma mission. La duo de Rourgogne re quiert en outre Is roi de France de renvoyer sans délai dans ses domaines, et sous bonne et sûre garde, les personnes d'Isabolla, comtesse de Croye, et de sa parsnta et tutrice, la somtesse Hame- line, de la même famille, attendu. que ladite comtesse Isabella, qui, par les lois du pays et l'inféndalité de ses terres., est pupille . dudit due de Beurgagne, a fui hors du territoire de son suserain, ot s'est dérohée à la surusillance ne. cfmme prince soigneux et

CA) QUENTIN DURWARD.

attentif; : il voulait “exercer sur sa porsdtiné : éMé estiôi prétégée en: sséret par te roï de France, et’encouragés dans sa. rébellion | contre le duc; sen: seigneur suzérain ét son tutèr natafel, ‘au mé- pris: désrlois-divines ‘et humaines ; telles qu'elles 'onit toujours été respectées dans l'Europe vivihisée: Je m'ariôte le nouveau , Sire, pour atteridrs vôtre réponse: —Noûs 4#vez bien fait, comte Crè- veuf, » ditile oi d'arrair dédaignéux ; : à dércommentcer vôtre ambassade. de'borine héècre: car si voub êtes danÿ Fintention de me rendre responsable de te fuite de chaquè vassal que la turbulénce des passions-de votre maître peut avoir Forcé.à qüitter sés domiäi- nes, l'énuméretion peut: se prolonger josqu'au coucher du soleñ. Qui:est:ge qui pout affirmer que ces deux dames sont dâris rnès états? Ft ên supposant qu'elles y soient , qui ‘sera dire que j' aie favorisé lour fuite, que je leur aie offert ma protection ? ?— Sire, n'en déptaise av otre Méjésté, j'avais ün-témüin de ce que j’avance,

* “un témoin qui a vü:ces dames: fugitives dans l'auberge des Fleurs- de-Lis , non lvin:du-château:; ‘un tébin qui'a vu Votte Majesté en léur compagsie; quoique sûus l’nidigne déguisement d’un bour- geois de Tours, un témoirr qui 4 reçu, “d'elles, en votre royale pré- sence, des messages et-des lettrés pour leurs amis de Fiandre , et qui a remis le tout entre:les mains du ducde Bourgogrie. -— Pro- . duisez témoin: placez devait moi l'homnie qui ose soutenir

une fausseté- si pälpable. Vous parlez‘ d’un:air triomphant, Sire; car vous savez fort hien- que-ce témoin n’exibte plus. Lorsqu'il vi- vait; ilse nommaitZamet Maugrabin - C’est'un de ces Bohémiens vagabonds. .AinsPquefé lai appris, il a étéexécuté hier'par un dé- tachement ‘déda garde prévôtale de Votre Majesté, afin d'empêcher sans doûte qu'il.nese présentt ici pour affirmer ce qu'il a dit à ce sujet au duc: de Bourgogne, en: présence ‘de son conseil et de moi Phitippe Crèvecœur des Cordes. Par Notre-Darhe d’Embrün ! s'écria le roi; ces accusations sont tellement absurdes, ef je suis si Join d’avoir la moindre connaissance de ce qui-peat‘y avoir donné lieu, que, par l'honneur d’un roi, je suis plutôt porté à en rire qu’à m’en fâcher. Parce que ma £arde prévôtale mettra à mort, comme c’est son devoir, des voleurs et des vagabonds, s’ensuit-il que ma couronne puisse être calomniée et rendue responsable de tout-te _ que ces voleurs’et ces vagabonds peuvent avoir dit à notre bouil- ‘lant cousin de Bourgogne el à ses. sages conseillers? Dites, je vous prie, à mon beau cousin que, s’il recherche la société de pareilles gens , il ferait mieux de‘les garder dans ses états, car ils ne trou-

". CHAPITRE VILL. sai | veront.ici qu’uxe courte: cenfessiori et.un: notud <oulent.bibn s0+ lide.—Môon maître n’a pàs.besain de pareëls sujets, Sira,» répondit le comte d’un ton moins respectueux que cui qu'ikayait prisius- qu'alors; «car le.noble duc n’est pas dans l'usage d'interroger des sorcières, des Égyptiens, et autres vagabonds dela mÊme-Cspèce, sur-le-destin de ses’ alliés et de ses voisins. Nous:avons eu as86z de patience et au delà,» dit le roi en l’interrompant; «.et, puisque ta mission. ici paraît n'avoir d'autre but que de nous insulter, nous énverrans quelqu'un en-notre nom-au due de Bourgogne ; con vaincü qu’en te conduisant ainsi à notre: égard, tu as outrepassé les bornes de ta commission, quelle qu’elle-puisse être.—Au con- traire , répondit Crôvecær, je ne m’en suis. pas encore acquitté : entièrement. Écoutez ; Louis de Valais , roÿ de France ; ‘écoutez ; nobles et gentilshommes :ici présents ; écoutez, braves et loyaux sujets; et toi, Toison d’or, » ajouta-t-il en s ’adréssant au héraut, « répète après moi cette proclarbation : «Moi, Philippe Crèvecœur des Cordes , cemte de l'Empire, et chevalier de l’ordre honorable et distingué de la Toisos d'or, au nom de très-puissant sejgneuret prince Charles, par la grâce de Dieu, , duc.de Bourgogne et.de Lor- raine, de Brabant et dé. Limbourg , de Luxembourg et. de Guel- dres, comte de Flandre-et d'Artois, comte ‘Palatin de Haigaut, de Hollande, de Zélande, de:N amur et de Zutphen, marquis du Saint- Empire, seigneur de la Frise, de Salihés et'de Malinés, j je fais our vertementsavoir à vous, Louis, roi de France, que, attendu que vous refusez de faire réparation des torts. griefs ei offenses. faits et causés par vous par votre aide , suggestion et instigation , contre ledit duc.et:ses sujets chéris, il renonce par ma bouche. à sa foi et hommage envers votre couronne et.votre suzeraineté ; vous déclare faux etsans foi, et vous défie comrhe prince et comme homme..: » Voilà mon-gagé en preuve de ce que j'ai dit. |

À ces-mots il ôta gantelet de sa Main droite, etle jun sur ke plancher de la salle. - . 7

- Jusqu'à ce dernier trait d'audace , un profond shence avait ré- gné dans l’appañtement- royal ; “mais à peine eut-orr entendu le bruit que fit le gantelet en tombant sur le parquet, ainsi que l’ex- clamation de vive Bourgogne! fortement prononcée par le héraut bourguiÿnon, qu'il se fit un tumulte général. Tandis que Dunoiïs, . le duc d’Orléans, le vieux lord Crawfotd et'un ou deux autres, que leur rang autorisait à $’immiscer dans cette quérelle , se dis- putaient à qui ramasserait le gantelet , les cris de « Terrassez-le!

-442 - QUENTIN: DURWARD.

mettes-Je en pièces: Vient:il pour. insulter roi de Franes jus- que dens'son propre palais! » faisaient. notentir da salle. È -.Neïs l'roi -apaisa le tumulte en s'éeriant d'une vois sam- biable. au tonnerre, qui impôça” un silence mâlé:. de erainte à . tous cés furieux: « Silenee, vassaux | que nai ne porte la main sur vet homme: que nu ne touche à ‘son gaga ; nôme. du'bout du doigt ! Et vous, sire comte, de quoi votre vie est-eile-compegée, on . fusqu'à quel point est-elle garantie, pour qué veus la’ hasardiez sur ün coup de aussi périlleux ? Votre duc est-il fait d'un autre . métal que les autresprinees, pour soutenir. ‘sa prétendue gusralle, d'une manière aussi inusitée? . . » Bien certainement, » répondit Nintpégide comte: de Orève- cœur, « il ést fait d’un autre métal, d'un métal plus noble que les autres princes de l'Europe ; ; CAT, tandis qu'auoun d’entre eux n'o- sait vous donner UR asie , à vous, rei Louis, exilé de la -Frañnos et ponrsüiyi aveo toute l'amertumé de la veageanee.par votre père, vous avez. été reçu et protégé comme-un frère par men noble mat- iso, dont la généropité a été récompensée par vous d'une manière . si peu jouable. Adieu, Sire; j'ai rempli ma mission. » En achevant oss-paroles, le comte, sortit brusquement de Yap- partement sans prandie autrement congé. -. « Suivazrle! suiveg+lo! raMABSEZ AN gaatelet et ceuresz après ‘ui, dit le roi. Ce n'est paë à vous que je m'adresse, Dunois ; ni à vops, lord Crawford ; vous êtes trop vieux, je pense, pour des que- relles.aussi chaudes ; ni à vous, cousin d'Orléans ; vous êtes trop jeune pour’ y prendré part. Monsieur: le cardinal; monsieur l’é- vêque d’'Éyreux, il appartient à la sainteté de vos fonations de ré- tablir la paix ente.les prinees:; ramassoz ce gantelot , et remon- trez au comte de Crèvecœur quel péché il a commis ‘en insultant ainsi un grand monarque dans sq propre eour, et en nous forgant & attirer les calamités dela guerre. sur 80N royaume et sur r celui de son VOISIN. »

D'après oet appel direct ét ersanuel, le cardinal-de la Balue se miten dayoir da ramasser le gantalet, ce qu'il fit avec autant . de-précantion que s'il eût touché une couleuvre, tant il paraissait avoir d'avergion pour ce symbole de guerre , et sortit sur-le- ahamp de l'appartement du roi pour. { -courir en toute ho après le comte.

Louis garda un instant le silence, péomenant ses regards sur le cercle de ses eovrtisans ,-dont la plupart ; à l'exception de ceux

OUPITRE VI. : | {as

que muiavons dérmentiennés, hommes do besse naissaneo!'de- valent les emplois qu'ils evoupaient dus la maison du voi à tout actre mérite que leur courage ou leurs hauts faits d'armes issé ropurérienties:uns los autres, et la pâlour répandue-sur leurs vi- sages montréit éridémment que la soène.qui venait de se passer _ avait fait sur eux une-improssion peu.sgréable. Loyis las convrit

d'un regani de mépris, et dit onquite à ‘haute voix : « Quoique la comtode Grévaræur soit préspinptueux et arrogant , ilfaut een- venir qué te: due’ de Budergoghé a ei loi un ‘serviteur aussi hardi qu'aucun de deux quiont jumais porté-un message de Ja part d'un

priméeo. Jo voudrais savoir je poürrais trotiver. uh envoyé aussi fidèle pour transmettre ro 16 pos. Sire , vous. faites injure à votre noblesse frasçèise ; dit Bynois; ii n'ést pas un d'entre nous qui ne soit prôt à porter urs défi au duc de Bourgogne à la pointe de son épée. -— .Et vous n'êtes pas plus juste envers les gen- tlshommes écossais qui sant à votre servicé, ire, ajouta le vieux Crawford. Ni moi, ni aueun de eaux qui font partie du cotps que

. Je commande, étant d'un rang eonvenable, rous n'hésitorans ua

instant à demander à set orgueilleux comte raison de sa ponduite. Mon bras eat encor ais@z vigoureux pou? châtier sôn insplence , si Votre Majesté voulait y-oonsentir. Mais Votre Majesté, con- tioes Dünois, ne vont nous emplayer à quoun sopviôe qui puisse faire honnanr à sous, à elle-même et à la Franco.— Dites plutôt, Duneis, répliqua Lois, que je neveux. pas me laisser entrainer par eotte fougueuse impétuagité qui, pour un point d'hosneur de chevalier errant, amènerait votre ruine, celle du tréneet dela Fran- €e. Ei n'est pas un-de yaus quine sache combien éhäque heure de paix est précieuse en ce messent; nous en avenis besain pour ci- catriser les plaies d'en pays presqhé réduità un état désespéré; et cepandantl n'en est pas ua qui ne fât prêt à eammenosr guerre sur là. parole d’une Bohémienne vagahonde , on de quelque dar moiselle errante , dont li réputation ns vaut guère mieux. Mais voici le cardinal, et nous ogpéroms qu 4l nous apports des nou- vellès pins paeifiqués: Eh hien! monsieur ; avez-vous ramené le eomté à la raison et à la modération ? Siré,-rériandit la Balue, ma tâche a été diflicite. J'ai demandé à.oe fier eorate pourquoi il avait eu l’audace d’adreséer à Votre Majesté le reproché qui a mis fin à l'audience, reproche qui, sans doute, ne lui avait pas été dicté par son maître , mais par sa propre lisolence ; ajoutant que cette témérité le livrait à la discrétion de Votre Majesté, pour lui infliger

CS

444 QUENTIN DURWARD.

le châtiment qu'elle trouverait convenable, = C'esitrès-bien, dit le roi; et qu'a-t-il répondu? Le comte, réplique le cardinal, avait en ce moment le pied-à l'étrier, prêt-Â monter à hoval ,.et en entendant mes remontrances, il a totirné Ja tâle sans changer de position. « Si. j'avais été, t-il dib,.: à cinquante lioues de distance, et que j’eusse entendu dire qu’ une question offensante pour mon prince avait été faite per roi de France, je serais à l'instant même monté à cheval ; et je serais venu déchargermon cœur par réponse que je viens de ui faire-» = =— Ne vous Pai-je pas dit, messiouts,'» dit le roien regardant autour lui sans Jlais- ser paraitre aucun signe de colère : « bb vous ai-je pas dit que dans le comte. Philippe de Crèvecœur notre cousin le-duc possède un aussi digue serviteur que quiconque s’est jamais tant-à la droite

d'un prince ?:.. Mais vous avez obtonu de dui. qu'il.résterait ? Qu'il resterait. vingt-quatre .heures, .et que; provisoirement , il reprendrait son gage de-défi, répondit le cardinal, IL est descendu aax Fleurs-de-Lis, Veillez’ à ce qu'il sait. soblament traité , et servi avec soin , età ños frais, dit le.roi.: un tel. serviteur est un. joyau pour la couronne d’un prince... Vingt-quatre heures ! %

. ajouta-t-il se parlänt àlui-même et en ohvrant. les yeux comme s’il eût voulu Lire .däns l'avenir ;.« vingt-quatre:heures!.. Gest un déjai bien court! Cependant. vingt-quatre. heures. habilemeyit et adroitement utilisées peuvent valoir une année employée par des agents'indolents ou incapables: - Allons, à la forêt, à la forêt,

braves seigneurs ! Beau cousin d'Orléans, mettez de. Côté cette modestie, qui: d'ailleurs vous sied à merveille ; et que l’air réservé de Jeanne ne vous.cäuse aucun. souci: La Loire:ne sautait se re- fuser à recevoir les eaux du Cher, nori plus que ma fille à répon- dre à l'amour: que vous lui offrez ,:» ajouta-t-il pendant que le malheureux. prince suivait lentement sa fiancée. « Et maintenant, | messieurs., ‘prenez vos épieux ; car Alègre , mon piquèyr,'a re- connu la retraite d’un sanglier qui mettraet chiens ’et-chasseurs . à l'épreuve. Dunois, prête-moi ton épieu et prends le mien qui est trop pesant pour moi; mais quand t’es-tu plaint, toi, d’un tet dé- faut dans ta larite ? À eheval, messieurs, à chéval ! lo

Et l’on partit pour la chasse. :

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©. CHAPITRE IX. 115

+. © GHAPITREIX : te" YA CHABSE Au U SANGLIER.

Je causerai avec des enfants qui ne connaissent pas .les égards, avec des fous dont l'esprit est dur comme le fer, mais je ne yeux pas de gens dont les yeux soup- - çonneux cheschent à Hre au fondsde mon cœur.

© SHAKSPEARE, roi Richard, .

on se . .

+ Toute Fespérience que le cardihal pouvait avoit acquise du ca- ractère de son maître ne l'éempécha pas, dans la circonstance pré- sente , de tomber dans ‘unb grande erreur politique. Sa vanité l'indoïsit à croire qu’ avait réussi à déterminer le comle de Crè- vecœur à rester à Tours, mieux que ne l'aurait prabablement fait tout autre négociateur que Je roi aurait pu employer: et comme il'savait combien Louis attachait d'importance à éloigner une . guerré avec le duc'de Bourgogne, il ne put s ‘empêcher de mon- trèr qu'il se regardait comme lüi &yant rendu un-important sér- vice. Il se tint plus près de la personne du roi qu'il n’ävait cou- tume de le faire-, et chercha à faire tomber la conversation sur les événements de la matinée. C'était manquer de täct sous plus d’un rapport, ch? les prînees n’aiment pas à voir leurs sujets les appro- cher d’un air qui annonce persuasion d’avoir bien mérité d'eux; et que par conséquent , on s'attend à recevoir des témoignages reconnaissarice ou des récompenses: or Louis, le monarque le plus jaloux de so autorité qüi ait jarnais existé, se montrait plus défiant et plus impénétrable encore pour quiconque semblait se faire uni tnérite deses services, ou vouloir pénétrer ses secrets.

Cependant , se laissant entraîner, comme il arrive quelquefois

à l’honime lé’ plus prudent, à 14 satisfuction intérieure qu’à éprou-

vait én ce moment, le cardinal continuait à se tenir à la droite du roi, et nie Tissait échappèr aucune occasion. de‘ramener-k cor yersatioh sur-Crèvecæœur et sur son ammbasdade; sujet sur lerel le roi, pett-être parce que c'était celai qui en e6 moment vecu pait le plus sa pensée , était précisément le moins disposé à s'en. tretenir. Enfin Louis, qui l’avait éeoûté attentivement, mais sans lui faire aucune réponse qui pût l’engager à prolonger l'entretien, fit signe à Dunois, qui était à quelques pas de venir se ? acer à la gauche de son cheval.

448 ._ QUENTIN DURWARD.

«Nous sommes. venus iei pour novs divertir et pour prendre de - l'exercice, dit-il; mais voici un révérend père qui voudrait que nous tinssions un conseil d'état. : J’epère que Votre Majesté! - voudra bien me dispenser d'y assister, répondit Dundis : je suis pour défendre la Frtite les aftats à 14 main; mon cœur et mon bras sont à elle, mais ma tête ne vaut rien. pour le conseil.

tête du’cardinal n’est pas faité poùr autre chose, Dunois : il & confessé Grèvecœur à la porté du château, et il nous a rapporté toute sa confestion… N8 nous lavei-vous pas dite toute?» ajouta- t-il en appuyant fortement sur ce dernier mot , et en lançant au cardinal un regard qui brila travers ses longs cils noirs comme la lame d’un poignard qui sort du fourreau.

La cardinat frissonna, et s’efférçant de réporidre à la plaisante- rie du roi, déj que «si, en sa qualité de prêtre, il était obligé de garder les secrets de ses pénitents en général, il n’y avait cepen- dant pas.de sigélum conféssianis qui ne-püt.être fondir par un souffle de Sa Majesté. —4 Et comme Son Éminençe, dit le roi, est toute disposée à neus communiquer les secrets des autres, elle s'attend naturellement que je ‘serai aussi communicatif envers ele: or; af d'établir cette parfaita réciprocité. elle désire, _CGmime cele-est juste, savoir si ces deux dames de Croye sont vréfrasnt sur notre territoire. Noms sommes désespéré de ne pouvoir satisfaire sa curiosité, ne sachant pas hous-nême au juste en quel Heu des damioisélies errantes; des princesses déguisées, des cotatesses désolées, pouvent se cacher dahs nos états, qui, grâce à Dieu ét à Notre-Dime d'Embiun sont ax peu trop vastes pour que nous-paissions. facilernent répandre aux questions très- saigouiables de Son Éminence. Mais, -en supposant qu'elles fus- sent chez nous, que dités-yous, Dunois; de la dementie péremp- tpire db notre coukin-Cherles-de Bourgogae?— Je vous répon- drai, Site, si vou daigner ne dire sincèrement si vous -voulen la gherfé ou la paix,» réphiqua Dunois ayeo une franchise qui, pro- venani d'u caractère astureHement ouvertet imipide, était de temps à autre très-ngréabls à Louis: cer, selon d'hahiude tie tous les, hommes astacieux; ce prinpe s’étudinit-antanti lite dans le cneûr, des æitres qu'à dissimuler ce qu se. “passait dans. le sien. er Sur 1 moR ‘mer reprit la De 15 J'arais autant de: plaisir à ke le

ft : :

4 Le text ! anglais porte highnesé , qui signifié Altessé. 1 n°y a pas long- iomps ehcore qu’en Angleterre les rois Btateut- indifféremment qualités mie ji $8é ot d'allesse. À. W. | k | es

| eme 15 | 44y dire que tai àd \ apprendre, : sije le savais au jusle moi-même. Ce- pendant, Dunois, supposons que je medécide pour la guerre, que dois-je faire de cette belle; riche et jeune héritière, si effective ment elle est dans mes états ? La donner ça mariageà an de vos vaillants serviteurs, qui aura un cœur pour l’aimér et un bras pour la défendre. A toi, n'est-il pas vrai? Pâques-Dieu! avectahrus que franchise, tu es plus politique que je ne-croyais. Je ne suis rien Moins que. politique , Sire, Par Notre-Dame d'Orléans: je . vais directement au but, de la môme fagon que, dans la lice, je pousse mor cheval vers la bague, Votre Majesté doit à ka maison d'Orléans au moins un heureux mariage. Et j ’acquitterai ma. dette, comte! Paques-Dieu ! je l'a acguitlerai. Ne voyez-vous pas ce-beau couple?» .. e. | En prononçant ces taots, Louis indiquait le malheureux. duc d'Orléans, et ka princesse: Jeanne, qui, n’osant se ténir à une plus grande distance du roi, ni-paraitre, eh sa présence, se séparer l’un de l’autre, s'avauçaiont de front, quoique laissant entre eux un . intervalle de deux ou trois pas distance que la timidité d'un côté et l’aversion de l’autre empéchaient de diminuer, tandis qu'aucun d'eux n'osait l'apgmenter. ,”

Dunois suivit de l'œil la direction dans laquelle. k roi avait

étendu le bras; et comme la.situation de son malheureux parent.

et de sa fiancée lui représentait parfaitemeut-l'idée de deux chiens qui, attachés ensemble à la laisse, se tiennent néanmoins aus éloignés l’un de l'agtre que le-leur permet sa lopgueur, il ne put 8 ’empêcher de secouer la tôle, sans oser faire d'autre réponée au tyran hypocrite, _.:.

. Louis parut datiner sa pensée : : «Ce. seræun à ménage. heureux et frauquille, dit-il; les enfaats ne leur causerons pas de grands em- barras, à ce que je puis. préroit ; au rela, ce n'es pas toujours un hoaheur d'en avoir.» . - ;

. Ce fut-peut-être le. souvenir de son ingratitade envers sou père qui fit que le roi se tut après ayoir prononcé.ces dernières paroles, et que le sourire ionique, qui ua Hastapt ContournA ss lèvres s se Changon es. mue sorte d'expression (le remords. Mais hientôt il reprit la parole sur un autre ton.

«Franchement, mon cher Dunois, quaique jo vévère infiniment Re Sint'hüid da-inärfage (fer H'M uni store croix), plutôt que de voir ce royaume déchiré . corûme l'esi l'Angleterre, par des guerres que suscite Ja rivalité des prétendants légitiiries < à ke dou

D

‘448 _. : , QUENTIN DURWARD. ônné, je préférerais que la maïsôn &'OrkKans ne ne féurift que de waflants soldats, tels que ton pèrè et toi, dans les veines ‘de qui coule le saiig royal, saïis qu'ils puissent en réclanier les déoits. Le hiôn ne devrait jamais avoir qu’un Hhonçeau. à

:-Dunoîs soupira et garda le silence, bien convaincu que ( chercher à contredire un maître auési-absolu que Ioûis, Ce serait 5 "exposer à nuire aut intérétsde-sn parent; sans-les sérvir en aucune ma- nière. Cependant il ne pt s'empêcher d'ajouter presque-anssitôt : «Puisque Votre Majesté fait allusion à la hâissanée de iñon père, je dois avoter que, mettant à part la fragflité des qutetrs de .ses jours, on péut le regarder corñine plus heureux, plus fortuné d'avoir été le fruit d’un amour illégitime que d'avoir puisé la vie dans la.haine conjugale. Tu'es un mauvais sujet, Dunois ;; d’o- ser parler ainsi du-saint sâcrement du mariage! Mais au ‘diable tous ces discours! voilà le sanglier en campagne. Lâchez les chiens, au nom du-biértheureux saint Hubert ! Ah , ah ! träla-la lirafà ‘Et le roi fit retentiÿ les sons joyeux de son cor dans Îa forêt, tandis qu’il poussait la chasse en afant , suivi de deux'ou trois de ‘ses: gardes , au‘ nombre desquels se trouvait notre ami Quentin Burward. Nous ne devons pas amettre fei un fait digne re- | farque i c’est que, malgré l'ardeur avec Hiquelle il se livrait à son divertissement favori, le roi, toujotirs fidèle à son caractère - caustique’, trouva ke moyen de -s'amuset en tourmentänt lei car- .dinal de la Balue. : Ut ot

‘Au nombre-des faiblesses de cet habile homme d'État, on comptait, comme nousl'avons déjà donné à entendre, celle de se croire, malgré la bassesse de sa naissance ‘et son‘éducation bor- née ; propre-À jouer le rôle de coùrtisan et'd’homme à bonnes for- tunes. Il est vrai qu'il n’eñtrait pas en lice comme Becket 4, qu'il ne levait pas deg' troupes comme "Wolsey * ; mais'la galanterie, dans laquelle tous les deux s'étaient distingués ,' était un dès ta- lents dont il se faisait plus de mérite, et il affectait également urre grande passion pour le divértissement guerrier de la chassé. Mais quelque succès qu'il pût obtenir auprès de certaines femmes auxquelles sen Pouvoir, 6a: richesse et son imhuenies “€ “cofnmie

‘4 L'un ées courtisans les plos quan de ia cour Henrilt, roi dikhgleierre , Thomas Becket devint chancelier du royaume, Promu malgré lui à: l’archevèché de Cantorbéry et revétu de la dignité de primat , il eut avec le roi de longs et graves rhélés, qui se terminèrent par une mort violénte : il fut vesassipé dans son église, aupied.de l'autel. a. M ,

a Wolsey, cardinal et premier mipistte de Henri VIII. À. M.

= 7” « _

| CCHAPITREIX. 4ds' homme d'État pouvaient paraître une compensetion de ce qui. Jui manquait du côté de la tournure et des manières , les-nobles- chevaux qu’il achetait presque à tout prix étaient totalement in- . sensibles à l'honneur de porter un cardinal, et n'avaient pas plus de respect pour lui qu'ils ñ’en auräient eu pour son père le tail- leur; avec qui il rivalisaïit dàns l’art de l'équitation. Le roi le sa-' vait : aussi, en poussant et retenant alternativement sa propre monture, il amena celle du, cardinal, qu’il maintenait toujours à côté de lui, à un tel état de mutinerie contre son maître, que bientôt il devint évident qu’ils ne resteraient pas long-temps en-

. semble. Au milieu de toutes ces saccades, pendant que le cour-

sier du prélat ruait, se Cabrait, tournait quelquefois sur lui:mé-

me , le roi s’amusait à augmenter-sa détresse, en lui faisant di-

verses questions sur des affaires importantes , ‘et en lui donnant à entendre qu'il se proposait de profiter de cette occasion pour lui communiquer quelques-uns de ces secrets d'État que, peu de minutes auparavant, le cardinal avait témoigné tant d’empresse- ment de connaître.

On se ferait difficilement idée d’une situation aussi désagréabie que celle d’un conseiller privé, obligé d'écouter son'souverain et de lui répondre, tandis que chaque nouvelle courbette de son cheval, devenu insensible au frein, le plaçait dans une attitude toujours nouvelle et toujours plus précaire, sa robe violette flot- tant dans toutes les directions, et rien ne le mettañt-à l’abri d’une chute imminente et dangereuse, que les deux arçons et la pro- fondeur de sa selle. Dunois riait sans se contraindre , tandis que le roi, qui avait une manière à lui particulière de jouir intérieu- rement du succès de ses malices, au lieu d’en rire tout haut, re- prochait doucement à son ministre son ardeur pôur la chasse, qui ne lui permettait pas d'accorder quelques moments aux affai- res. « Mais je ne veux pas vous retenir plus long-temps, » conti- nua-t-il en s'adressant au cardinal terrifié : et en même temps il lAcha la bride à son cheval. Avant que la Balue.pût dire un seul mot, soit pour répondre, soit pour s’excuser, son cheval, pre- nant le mors aux dents, partit au triple galop, laissant bientôt derrière lui le roi et Dunois, qui le suivaient-d’un pas plus régu- lier, tout en jouissant de la détresse de l’homme d'État.

S'il est arrivé à quelqu’un de nos lecteurs, dans son temps, comme à nous dans le nôtre, d’être emporté de cette manière, il

se fera aisément une idée.exacte des angoisses, des dangers et de QUENTIN DURWARBD. 10

12: QUENTIK DER AND. la:bizarzeris d’une. pareille situation. Ges quatre. jersbes du qpe- drupède ; qui, nullement.aux ordres du cavalier, ni même quet- quejuis à ceux de l'animal lui-même, courent, de manière à faira croire que celles de derrière veulent atteindre celles de devant; . cea jambes du bipède, que nous svuhaiterions alous. pouvoir: ap- puyer sans danger sur la verte pelouse, mais qui ne font qu'’aug- menter notre détresse en pressant les flancs du coursier, contre lesquels elles sont pour ainsi dire collés; les mains, qui ont abandonné. La bride pour saisif la crinigre ;.le corps qui, au. lieu de se tenir droit sur son centre.de gravité, cafhme le vieux An gela.! avait coutume de le recommander, de se pencher en ayant, comme fait un jockey à Newmarket 2 , st couché sur. le cau du cheval, sans meilleure chance de ne pas tomber que n’en aurait ua sac de blé : tout cela forme un tableau très-risible sans dgute pour les spectateurs , Quoique le héros de la-scène n’y yoie rien que de pénible. Mais si l’on y ajoute quelque chose de parti- culier dans les. vêtements ou dans l’extérieur du malheureux cavalier, uné robe ecclésiastique, un uniforme splendide, ou tout autre costume particulier; de plus, si l'on suppose que la soène-se passe à une coursé de-chevaux, à une revye ; à UBG pro- cession dans un lieu quelconque de grande réunion publique, le pauvre diable, pour se soustraire à La mortification d’être bué ‘avec: d'inexfinguibles éclats de rire, n’a d'autre alternative que de se rompre un membre qu deux, ou, ee qui serait plus efficace _ençare, de se faire tuer nel, Car ce ne sera qu'à ce prix qu'il excitera quelque compassion. Dans la circonstance présente, Ia robe courte du cardinal, qu’il prenait habituellement pour mon- ter à cheval, car il avait changé de.costume. avant de partir du château; ses bas écarlates, son. chapeau de même couleur, garni _ de ses longs cordons., son excessif embarras, donnaient un. ca- ractère on ne peut plus. pittgresque à cette preuve de son adressé en équitation.

. Le cheval lui-mêmie vola plutôt qu'il ne galopa dans une longue avenue<Couverte de verdure, atteignit la meute qui était en pleine course après le sanglier, renversa un ou deux ‘piqueurs qui ne s'atténdaient guère à être chargés. à l’arrièré-garde, passa sur le

4 Angelo est un fameux maître d'équitation à Edimboureg, et l'on assure qu'il a appris à mouter à cheval à Walter Scott luismême , qui a été volontairé dans Les chevau-légers de cette. ville: avarit la paix d'Amiens. À. M.

Z Newmarket, ville s’élévent tous les chevaux de race pure, et située à quel qués lieues db Lonéres. À. K.

+. à

. ‘CHAPITRE IX. : Mit corps ‘de ‘plusieurs chiens, at mit tonte la meute ex déroute, puis, animé par les clamours.ét les menaces des chasseurs, il; omporta le cardinal tout épouvamté jusqu'au delà du formidable animal, qui fuyait avec autant de rapidité que de furie , et pour æinsi dire enveloppé de l'écume qu’il soufllait à traversses défenses. : En se voyant si près du sanglier, la Balue poussa un cri épouryan-" table pour dermander du secours. Ge &ri, peut-être la vue-da féroce animal, produisit un tel effet sur son coursier, qu'il sas- penditsa course impétuense et fit si brusquement un saut de côté, que le cardinal, qui ne s'était maintenu en selle que parce que jusqu'alors mouvement avait été: en ligne droite, tomba lour- dement à terre. Cette-partie de chasse de Ia Balue se termina si près du sanglier, que, si l'animal n’eût été en ce moment très- forterment occupé de ses propres affaires, ce voismage aurait pu devenir aussi funeste at cardinal que pareil événement: le fut dit-on , à Favila, roi des Visigoths , en Espagne. Il en fut cepen- dant quitte pour la peur ; et se traînant aussi promptement qu'ik lai fut possible hors de la route que suivaient les‘chiens et les . chasseurs, il vit toûte La chasse passer devant lui sans recevoir de persosine le plus léger secours ; car les chasseurs de ce temps- n'avaient pas plus de compassion pour de pareils accidents que ceux du nôtre. :

- Le roi, en passant, dit à Danois : « Voikà Soni Éminence ASSCE bas. IE n’est pas grand chasseur, bien qu'à titre de pêcheur, lors.

qu’il s'agit de pêcher un secret, il puisse rivaliser avec saintPierre lui-même. Cette fois-ci cependant je pense qu'il a trouvé à qui parier. » Le cardinal n'entendit pas ces paroles, mais l'air de mé- pris dont elles furent accomipagnéesui en fitsoupçonner à peu près le sens.

: Le diable, dit-on, profite, pour noustentér, des occasions sem biahles à celle que lui offraienten ce moment les passions diverses qui agitaient la Balue, et auxquelles le dédain du roi vint ajouter ua nouveau degré d'amertumce. Safrayeur momentanée se dissipa. dès qu'il fat assuré qu'il ne s'était fait aucun mal en tombant : mais sa vanité mortifiée et son ressentimment contre 5oR souverain exercérent sur lui une induenee qui fut bien plus durable.

Toute la chasse avait passé, lorsqu'un cayalier , qui paraiseait moins partager ce divertissement qu’en étrespectateur , s'avança suivi d’un ou deux domestiques, et ne témoigna pas peu de sur- prise de trouver le cardinal, à pied, sans cheval et sans suite,

468 QUENTIN DUAWARD. .

et dans un désordre qui montrait-chairement La naturede l’aocident qui lui était arrivé. Mettre pied à terre et-lui offrir son assistance au milieu d’une telle détresse, ordonner à un de ses gens de des- cendre de son palefroj doux et tranquille pour le céder au cardi- nal , exprimer sa surprise de ce que les usages de la cour de France permettaient d'abandonner ainsi aux périls de la chasseet de iaisser au moment du besoin le plus habile de ses hommes d'État, furent les secours et les consolations qui se présentèrent naturellément à l'esprit de Crèvecœur dans une conjoncture si étrange : car G’était l'ambassadeur bourguignon lui-même qui survenait sià propos pour le cardinal désarçonné. ILtrouva la Balue dans un moment et dans une disposition d’es-

prit favorables- pour tenter.sur sa fidélité quetques-unes de ces pra- tiques auxquelles on n’ignore pas que-ce ministre avait la crimi-

nelle faiblesse de prêter l'oreille. Déjà dans la matinée , ainsi que . le caractère soupçonneux de Louisle lui avait fait penser, il s'était

passé entre eux des particularités que le cardinal n’aurait pas osé rapporter à son maître :.il avait écouté avec. beaucoup de plaisir l'assurance que lui avait donnée Crèvecœur de la haute estime que le duc de Bourgogne avait pour sa personrie et ses talents , et ce n'avait pas été sans ressentir un mouvement de tentation ;qu'il avait entendu le comte glisser quelques mots sur la munificence de son maître et sur de riches hénéfices situés en Flandre. Cepenu- dant ce ne fut qu'après aŸoir été si fortement irrité par l’accident que nous venons de raconter, et lorsque sa vanité eut reçu une si cruelle blessure, qu’il résout, dans un fatal moment, de montrer qu'il n’y a pas d’ennemi plus dangereux que l’ami et le confident que l’on a offensé.

En cette occasion, il se hâta de prier Crèvecœur de se séparer de lui, de péur qu’ils ne fussent observés, mais en même temps il lui assigna un rendez-vous, pour le soir. à l'abbaye de Saint-Mar- tin de Tours, après les vêpres, et le ton qui accompagnait les pa- roles du cardinal donna au Bourguignon l'assurance que son maf- tre venait d'obtenir un avantage qu'il aurait à peine osé espérer.

.Gependant Louis, quoique le prince le -plus politique de son temps, s'étant, en cette occasion comme dans plusieurs autres, laissé entraîner parsa passion du moment, suivait avec ardeur la chasse du-sanglier, qui avait ators acquis un nouveau degré d’in- térêt : il était arrivé qu’un marcassin, ou sanglier de deux ans, traversant la route que suiväit le sanglier poursuivi , avait donné

nes -

L

CHAPITRE IX. « 183 de change à toutela meute, deux ou trois couples de viéux et exe cellents chiens exéeptés, ainsi qu'à la majeure partie des chasseurs.

Le roi vit avec -un sècret plaisir Dunois se lancer, comme les au- tres, sur la nouvelle piste; et goûta par avance la joie du triomphe

qu il allait obténir sur ce chevaliér accompli dans l’art de la yéne-

rie, art qui était alors regardé comme presque aussi glorieux que celui de la guerre. Louis était bien monté, il suivait les chiens de près, en sorte que lorsquè le sanglier, parvenu sur un terrain ma-

-récageux, se retourna pour: faire face à ses ennemis, Le roi seul se trouvait près de lui.

Louis montra la bravoure et toute l'adresse d’un chasseur expé- rimenté ; car , sans se laisser intimider par la vue. du danger, il

poussa vers l’effrayant animal, qui se défendait avec fureur contre -Jes chiens, et le frappa de son épieu; mais, comme son cheval ne

s'était avancé qu'avec une sorte de répugnance, lécoup ne fut ni assez sûr nt assez fort pour tuer le sanglier vu le mettre hors de combat. Aucun éffort ne put déterminer Le’ cheval à fournir une

secofde charge; de sorte. que le roi, mettant pied à. terre, marcha

contre l'animal furieux, tenant à la main une deces épées courtes, aiguës, droites et pointues , dontles chasseurs font usage en pa-

-reilles rencontres. Aussitôt'le sanglier ; sans plus s'inquiéter des

chiens, se précipita sur cet ennemi d’une nouvelle espèce, tandis que le roi, se mettanten position et rassemblant tôutes ses forces, tint son épée de manière à la diriger contre la gorge du sängliér, ou plutôt contre son poitrail, aux enviroris de la clavicule, auquêl- cas le. poids de l’animal et l’impétuosité de sa course n'auraient

servi qu’à accélérer sa perte. Mais l’humidité'du sol fitque lepied -du roi glissa justement au moment cette manœuvre difficile

et périlleuse aurait être exécutée , et la pointe de son épée, rencontrant la çuirasse de soies hérissées qui protégeait l'épaule de l'animal, ñe fit que la lui effleurer sans le blesser,et Louis tomba rénversé sur le sol. Néanmoins cette chute fut heureuse pour le monarque, car elle fut cause que le sanglier manqua égale- ment $on coup, et ne. fit que déchirer , avec une de ses défen- ses, le court manteau de chasse de son.ennemi, au lieu delui -vrir la euisse, Entraîné d’abord par l’impétuosité. de sa course ,

Y'animal revint bientôt sur ses pas pour renouveler son attaque

Contre le rei:æg moment oùil:se relevait, et la vie de:LOuis-Btait

dans un imminent danger, lorsque Quentin:'Durward, que la len- teur-de son dhatel avait retenu: en axrièra.du:la chasse, mais qui

"#04 | QUENTIN DORWARD. fort heureusement avait distingué'et süivt le son da vor roh survinten ce moment, et perça le sanglier do son épies.

Le roi, qui dans cet intervalle s'était relevé, vint à s0n tour ab secours de Durward et énfonça son épée dans gorge de l'animal abattu. Avant de dire un seul mot à Quentin, il ën mesura la lon gueur, non-seulement parle nombre de pas, mais en éalculant les pieds et les pouces; puis, essuÿant la suèur sonfront et le sang qui ruisselait sur ses mains, il ôta son chapeau de chasse, 1e sus- pendit à un buisson , et adressa dévotemient ses prières aux peti- tes images de plomb ‘dont il était gafni. Se tournant ensuite vers Durward:" Est-ce toi, mon jeune Écossais? lui dit-il : tu as très- heareusement commencé ton cours de vénérie, et maître Pierre & le doit un aussi bon régal que celui qu’il t'a donné aux Fleurs-de-

Eh bien ! pourquoi ne parles-tu pas? As-tu donc perdu toute a hérdlesse ettouteton ardeur à la cour, tant de gens trouveat l'une et l'autre? » |

Quentin, jeune homme aussi fin el aussi prudènt qui jamais at respiré l'air l'Écosse, était trop adroït pour se prévaloir dela dangereuse fatniliarité dont il semblait ainsi invité à profiter. 1 répondit briévement, mais.en termes choisis, que s’il dsait adres- ‘ser la parole à Sa Majesté, ce serait pour la prier dé‘lui pardonner la hardiesse rustique avec laquelle il s'était conduit lorsqu'ils igno- | rait la supériorité de son rang.

‘& Bah! laissons cela , dit le roi ; je te Dardonne ta hardiesse en faveur de ton esprit-et de ton ardent. J'ai admiré la justesse avee laquelte tu -as à peu près deviné la profession de mon’eompère “Tristan. Tu as été bien près de recevoir un échantillon de son savoir-faire ce que j'ai appris. Je te conseïlte de te méfier de lui ; c'est an marchand qui trafique en bracelets un peu durs et en colliers bien serrés. Aide-moi à remonter sur mon cheval. Fu me plais, -el je veux te faire du bien. Ne compte sur la faveur de qui que ce soit, excepté sur la mienne , pas même sur ton oncle, Ou sur lord Crawford... et ne dis mot du secours que tx m'as donné si à propos dans cette affaire du sanglier ; car celui qui se vante d'avoir rendu service à un roi dans un cas aussi -brussant doit être sûr que le plaisir de se vanter sera son unique récom- pense. » oo

Alors’le roi sonna du cor , et Dunois ainsi que plusieurs autres Chasseurs tardèrent pas à arriver près de lui : tous lui adres- Sèrent sur:le mort d'unsi noble animal dés félicitations dans iles:

- CHAPITRE TX. es quelles il ne.se ft aucun scrupule de s’approprier une pert.beau- coup plus large que celle qui lui revenait de droit ; car il parla de l'assistance de Durward aussi légèrement que le ferait un chasseur qui, en se vantant du nombre de pices de gibier dont il a rempli

sa carnassièré, pe faitpas toujours edtrer en compte celles qu'il : doit à l'adresse et au concours du garde-chasse. Il chargea en- - site Dunois du:soin de porter le sanglier aux moines de Saint- Martin de Tours , pour"augmenter leur pitance dans les jours de fête , et afin qu’ils se souvinssent du roi dans leurs prières.

« Mais, reprit-il, quelqu'un d'entre vous at-il vu le cardinal ? Time. semble que ce serait manquer de courteisie-et montrer pèu respect pour la sainte Église que de | ‘’abandanner, à pied, dans cette forêt.—Avec votre permission , Sire , » dit Quentin voyant que tout, le monde gardait le silence, « j'ai vu.son Éminenee sor- tir de da forêt , montée sur un cheval qu'on lai avait prêté. {Le ciel n'abandonne jamais ses sérviteurs, répliqua le roi. Allons, messieurs , retourhons au château, nous ne chasserons pas de- . ventage ce matin. Vou, sire écuyer, donnez-moi mon couteau de chasse ; L est tombé du fourreau là-bas, près du lieu du eo- bat. Atlez on avant, Dünois ; je vous suis à linstant. »

Louis, dont les mouvements les moins importants en appareñoe étaient. souvent calculés comme des stratagèmes, se ménagea ainsi l'occasion de questionner Quentin èn ‘particulier. « Mon brave Écossais, lui dit-il, tu.as des yeux ; à ce qae je vois. Rourrais tu 206 dire qui a donné un cheval au cardinal ? Quelqué étrange , je pense, car ; comme j'ai passé près de lui sans m'arrôter, il n’ést pes prabeble qu'aucun de mes courtisans se soit empressé de lui rendre ca service. —Je n'ai vu qu'un instant ceux quiétaient près de Son Éminence , Sire, répondit Quentin, car j'avais eu le mal- hour de tomber de cheval, et je faisais diligence afin d'aller re- prendre mon poste ; mais. je crois que-c'était Pambassadeur de Bourgogne et ses gens.— Ah ! dit Louis; okbien ! soit. La Franee - @st prête à leur tenir tête. » . I ne.se ps rie ce jour qu mérité re romerqud ©t le roirentra au château avec toute sa suite. -

456 QUENTIN DURWARD.

OU “CHAPITRE X. | LASENTENELLE, oui

D'où vient. celte musique ? est-ce de l'air? est-ce de Ja terre? SHAKSMARE, La Fempéte. : * J'étais tout oreille,st j’entendais des sans dont l'har- + monie aurait pu ranimer les cendres des morts. | LE MILTON, Comus.

Quentin ‘avait À peine regagié sa petite chambre, , pour faire , Quelques changemeñts nécessaires à son costume, que son-digne oncle se trouva près de lui , et.lui demanda les détails circonstan- , Clés de ce qui luf était arrivé à la chasse. Le jeune homme, qui ne pouvait s ’empôcher de penser que le ; bras du Balafré valait probablement mieux que son jugement, eut Soin, dans ses réponses , de laisser le roi en pleine possession. de Ja victoiré qu'il avait paru désirer s'approprier, - La réplique du brave Ludovic, fit sentir à son néveu combien mieux il-se serait conduit. lui-même. en: pareille circonstance ; et il la termina per ‘quelques légers reproches sur le peu. d’empressement qu’il avait is à voler au secours du roi au-momént sa vie pogvait être en danger. Quentin eut assez de prudence pour se borner, tout en justifiant sa ‘conduite, à’ faire observer à son oncle que, suivant . les règles de la chasse, il était peu honnête d'attaquer un'animal contre lequel lutte un au tre chasseur , à moins que celui-ci ne de- mande directement du secours:. Gette discussion était à peinerter- minée, qu’il eut lieu de se féliciter de sa réserve. Un coup tégère- ment frappé à la porte anionça un visiteur ; elle s'ouvrit au même instant, et Olivier le Dain .: ou le Mauvais , ou le Diable , car il était connu sous ces trois dénominations, entra dansla chambre. -_ Nous avons déjà dépeint; du'moins quant à son extérieur , cel homme habile mais sans principes. Par son allure ét ses manières, on aurait pu le comparer , sans manquer à l'exactitude , au chat domestique , qui , couché et en apparence i, ou.se glis- sant à travers un appartément. d’un pas furtif, ti et lent, tan- dis qu'il n’est occupé d’autre chose que de gurtter le trou de quelque malheureuse souris, et qui:, se frottant avec. un air de confiance et d'amitié contre ceux par qui il désire être caress , saute sur sa proie un moment après, en égratignant peut-être même la personne à laquelle il adressait ses cajoleries.

CHAPITRE X: * ‘27 - Olivier entra enfaisant une humble et modeste inclination ,. et . mit tarit de civilité dans la manière dent il parla au Balafré, que quiconque aurait été témioin cette entrevue n’aurait pu faire autrement que croire qu’il vertait solliciter une faveur de l’archer écossais. Il félicite Lesly sur l'excellente conduite de son neveu pendant la chasse de ce jour ; conduite qui, dit-il, « avait attiré Y'attention particulière du roi. » Après ce peu de mots, il fit une pause, et resta les yeux baissés, les soulevant à peine et seulement une ou deux fois pour jeter à la.dérobée un coup d'œil sur Quen- tin, pendañt que le Balafré faisait observer « que c'avait. été un ralheur pour leroi de ne pas l'avoir près de lui au lieu de son ne- veu , attendu-que , säns le moindre doute, il aurait couru sur l'a- nimal et l'aurait percé son épieu , soin qui paraissait avoir été , &bandonné entièrement à Sa Majesté par Quentin, moinsautant qu'il avait pu.en juger d’après. le récit de l'événement. « Mais , ajonta<-H,-ce sera une-leçon dont Sa Majesté se sonvieñdra toute sa vie ,-et elle lui apprendra à monter un homme de ma taille sur un moilleur coursier. Comment mon grand digble de flamand, véritable cheval de charrette , aurait-il pu galuper de front avec le eoursier normand de Sa Majesté ? Cependant je n’ai pas ménägé mes éperons ; et ses flancs en portent. de bonnes marques: Cela .est.fort mat vu, maître Olivier, et vous devriez faire à ce sujet . quelquesreprésentations à Sa Majesté. » | Maître Olivier ne répondit à cetta observation qu’en dirigeant “vers l'intrépide ét imperturbable orateur un de ces regards équi- voques et lents: qui; aecomipägnés d’un léger mouvement de la. main d’ur côté et d’un petit mouvement de tête de l’autre, peuvent s’interpréter ou comme un assentiment tacite à ce qui vient d’être dit, ou comme une invitation prudente à ne pas aller plus loin sur le sujet dont on s'occupe. Le côüup d'œil qu’il jeta.ensüite sur le jeune homme était plus vif et plus pénétrant, et il lui dit avec un sourire dont il eût été difficile deviner Fexpression : . « Ainsi donc, jéune homme , c’est l’usage en Ecosse de laisser -vos princes en dagger.et sans secours, dans deë eonjonctures pa- reilles à celle qui s’est présentée aujourd’hui ? Notre usage, » répondit Quentin déterininé à ne donner aucun éotaircissement sur cet objet, « est de ne-pas troubiet les nobles plaisirs de nos princes par des secours maladroitement empressés, quand ils peu- vent se passer de notre aide. Nous pensons qu'un prince à la chasse doit courir sa chance comme tout autre, et qu’il n'y va

LE QUENTIN DURW ARD.

qu'avec eétte intention. Que scruit la ohésse- siclle n'était pañ as- ssisonnée de fatigues et de dangers? Entonder-vous oet étout- di? reprit.son oncle; il est toujours 2 même ; äl a toujours üne réponse prête, une raison à -dohntr, n'importe Qui lui adresse la parole , n'impdrte :de quoi il-s'agisse. Je no sais il a .acuis te talent: quant à roi, je n'ai jamais pu rendre raison de la moindte action de ma vie , si ce n’est &elle.de manger. quañd j'ai faim , de faire l'appel de mes hommes, ‘ei autres devoirs du service. Et détes-mei, je vous prie, digne seigneur , » reprit le barbier royel :6n le regardant de dessous ses longs. cils, « sur quellé raisah vous ‘appuyez-venb pour faire l'appel de votre troupe ?-— L'ordre que . m'ert'a donné mon-capitaine, répondit de Balafré. Par Saint-Gétles! 4e ne cormais pas d'autre. raison. S'ä l'avait dpniné à T'yrée ou à Cuoaingham, il faudrait qu'ils le fissent également.…-Cetie-ceuse finale est tout à fait militaire, dit Olivier. Mais, siro Balefré, vous ‘serez saïs doute bien-aise d'apprendre que Sa Majesté est si loin d'être mécontents de la manière dont votre neveu s'est eonduit à . la chasse, qu’elle l’a-choisi pour faire cet- après-midi un service particulier. L'a choisi lui? » s'écria le Balafné avoe uns surprise extrême ; « vous voulez dire. m'a choisi, mo, je penso.! Je veux dire précisément ceque je dis, » réplique le tachier d'un tan _loux, mais péremptoire, - « le roi a dés ordres à donaer à votre neveu. Pourquoi ? comment cela ? Pour-qekle raison cloisit-il cet enfant, et non pas-moi ? Je nepuis vous en donner d'autre raison que .votre propre cause finale, sire Balafré, tels sont les ordres de.Sa Majesté. Mais , s'il in’est permis de hasarder une conjecture, il est possible. que Sa Majesté ait quelque commission lui donner qui conyienne mieux À un jeune homme tel que vo- {re neveu-qu'à un guerrier aussi expérimenté que vous. Ainsi donc, jeune homme, prenéz ‘vos arines-et suivez-moi : mupisses- vous d'une arquehuse, Car vous devez être mis en sentinelle: —#n sentinelle !- répéta l'oncle. Êtes-vous bierr sûr qüe vous Re vous -trompez pas? Les postes de l'intérieur n’ont jantais 666 confiés qu’à ceux qui, comme moi, ont servi douze ans daas notre honerabie Corps. Je suis tout à fait certain des intentions de Sa Majesté, répondit Olivier, et je ne dois pas différér plus long-temps de es æxéouter. Ayez la bonté d'aider votre neveu se » préparôr pour Son service, p Le. Balafré,qui n’était ni d'un manveis naturel ni d'aa Saraotare jaloux, s’empressa d'aider sen.neyau à s'éqniper , granant môme

inch de fui donner ses iastreétionssur La matière dont À devsitise “conduibé sous Îles armes : toutefois il ne put-s'empécher d'entre , améler son discours d'interjections qui erprimaient sasurprise dede «qu'em pareil bonhour (ombât sitôt en partage à un si jeune homme.

« Jamais pareille chose n’a eu lieu dans le gardé écossaise , æ

‘disait Ml, pas mômie pour moi. Mais-sans douts on vale mettre de garde suprès des perroquets et des paoas. dont l'ambassadeur de .V'onise a foesièrement fait présent au roi. Ce ne peut. être sure -€hése, etun pareil -serviee ne pouvant convenir qu'à un. jemée -homme sans berbe,… ajouta-t-il eu tordant se6 moustaches si suis ken sise que le choix soit tombé sur On néves. M.

‘Boué d'un esprit vif ét rpénétrant, œussi béen. que d'une imagi- mation ardente, le jeune Quentin attacha une häute importameeh l'ordre que le roi vertait de lui faire donner si prompiemenk, st gen cœur tresssiilit de joie par la perspective qui soffrait devant “lui d'un ivancement rapide. Il-résoit d'observer soigneusement ‘les meriôtes etie tungage de:s6n guide, qu'il soupeonaait devoir, du moins ,'en certains cas , être interprétés par les contraires ,

om l'ün-éit que les devins interprètent Les songes; Il ne pormait

- que se fététer d'avoir gardé le: piûs grand soeset sur les événe- - -monts de la matinée, et dès lors & forma une résolation qui, dans une personne aussi jeune, montrait une grands prudènes, c'eità- dire que, tant qu’it respirerait l'air de oette cour salrfaire et mys- térieuse. il Hendrait ses-penséés ren formées dans son cœur; ets “Hangue sous les flus étroites-entraves.

*+ Sbri équipement fut bientôt terrhiaé , et son a?quebuse sur l'é- . -paule (cs, tout eu-conservant.ladénomination d'archers, la:garde -écosise subétitua de bonne heure les'armesà feu à l’arc, dans

‘exercice duquel l'Écosse n'excela fémais), ë suivit mslire ‘Qh- “ier et-sorth de 3a ‘caserne. -

Son:bmele le suivit long-ternps des yeirx, ao air méié d'éton-

némment ét de curiosité, ét. qagique l'envie, non plus que kes s0n- ‘’timonis de makignité qu'elle engendre, fût loi d'entrer dans:s00 -cur, propre’ mpôrtance lui paraissit blessée: on ‘diminuée ,

de qii'aitérait un peu le plaisir qu'il reisentait de voir SO ROFEU “vonrmbticer sa:cétière Sous dés tadispieus sifavorables, : ::

Il brania gravement la tête, ouvrit un ‘bufiet; y. prit une .grome bottrine de bon vin vieux , l’agita pour voir jusqu’à quel point le contenu avaît baissé, en remplit un verre, -Je vida d'un seul traif, puis s’assit ou plutôts’étandit:dansson grand fauteuil de bois. de

‘208 QUENTIN DURWARD,. ebône ! là, braplant de nouveam latte, ibparutredevoir ur sf grand soulagement de ce mouvement d’oscillation, que, sewiblable à ce jouet d'enfant qu’on appelle un mandarin, il continua jusqu'à ce qu’il tombât dens.un assoupissemment dont à. ne fat tiré que par le signal du diner... | Ayant laissé son.oncle à ses: sublimes méditations , Quentin Durward suivit son guidé, maître Olivier, qui, sans traverser au- “cune des cours principales, le conduisit par des-passages secrets, dont les uns étaient voûtés et les autres tout à fait onverts, enfin à travers uilabyrintbe, d'escaliers et:de galeries, qui communi- quaient entre elles par des portes secrètes placées en-des endroits on ne se.seraitnullement attendu à les trouver. It parvint ainsi jusque dansune grande et spaoieuse.galgrie. garnie de jalousies, et ‘qui vu salargeur,aurait presque pu passer pour une sale : elle était décorée d’une tapisserie-moins belle quantique, et-dé quelques portraits neims dans-isstyle dur et froid de l’époque qui précéda celle les arts renaissants jetèrent un si vif éclat.: Ces portraits . étaient censés représenter-les:paladins-de Gharlemagne, qui tien- nentun rang si distingué dans les chroniques romanesques de la

.: France; et, comme le célèbre Rolanii ; remarquable par une sta-

ture gigagtesque , était le plus remarquable de tous, ‘on avait -donné à cette espèce de sallete nom de galerie de Roland. «C’est ici que vous doveziêtre en faction', » dit Olivier à voix basse, commes’ileût pensé que lesportraits dès moparques et des guerriers qui l’environnaient , offansés de lui entendreétever la voix, allaient donner à leurs traits rudes et'durs l’expression de la colère, ou bien comme s’il eût-craint d’éveilier leséchos endor- mis sous les voûtes et les ornements gothiques de cet immense et

. -sombre appartement.— « Quel est le mot-d'ordre? quelle consigne

me donnez-vous? » lui demanda Quentin également à voix basse. -— « Votre arquebuüse est-elle chargée ? » répliqua Olivier sans ré- -pondre à cette questiorr. « Cela -sera bientôt fait, » répondit ‘Quentin; etit se mit à charger son arme, puis'il en allyma la mè- che ! au-brasier d’un feu de bois presque éteint, qui se trouvait daps une chéminée de dimensions télement.:grandes que l'on au rait pu la prendre pON un cébinet ou une e chapelle gothique ‘dé- ‘pendant de cette sale, : . -‘.:. .

4 Les premières a armes à fou n'étaient qu'on canon monté sur ub fût en bois; on "y mettait le féu au moyen d'une mèche; plus tard, on ÿ adapta un rouet qui enfin a remplacé parle mécanisme employé asjourdtbbt, de 0 " “.i

, CHAPITRE X. :- Li

Lorsque Durwardent térmisé:ces apprêts, Olivier lui dit qu’à: ne connaissait pas encore un des plus importants privilôéges du. corps dans lequel il servait; et qui eonsistait à ne recevoir d'ordres que du roi en personne, ou du grand connétsble France, sans l'intermédiaire-des officiers. « Vous êtes placé ici, jeune homme, de l’exprès comendement de Sa Majesté, ajouta-t-il, et vous-ne : tarderez pas à apprepdre pourquoi vous y avez ‘été appelé: En: attendant, vous resterez dans cette galerie. Il vots-est permis’ . vous.y promener d’un bout à l’aûtre, ou d’y rester en place; selen : qu’il vous fera. plaisir, mais non de vous asseoir sous aucun pré- texte, ni d’abandoïñner votre arme. Vous .devez:non plus ni chanter ni siffler, mais vous pouvez, si vous le voulez, marmotter* quelques prièrés de l'Église, ou quelque innocente ballade pourvu : . que.ce: soit à voix. basse. Adieu, et faites bonne gurde.-—Bonne: garde ! » pensa le jeune soldat pendant que son guide s’éloignait de ce pas silencieux et furtif qui: lui était particulier, et .en le. voyant disparaître par. ume porte latérale que -recouvrait la tapis- serie. « Bonne garde! mais sur quoi et contre qui? Quels ennemis pourrais-je avoir à combattreici, si ce n’est des chauvès-souris ou : des rats, à moins que ces antiques et hideux portraits ne viennent : à s’animer pour me troubler pendart ma faction. Maisenfin, c’est mon devoir, je dois le croire, et il faut que je le remplisbe. »

- Bien résolu à s'acquitter de son devoir même jusqu’à la rigueur, ilessaya d’abréger le temps en chantant quelques-unes deshymnes pieuses qu'il avait apprises dans le couvent il avait. trouvé un refuge après la mort de son père, toutea convenant avee lui-même que, sauf le changement de sa robe de novice en un riche costume : militaire, tel que celui qu’il portait en ce moment, sa promenade comme sentinelle dans cette galerie d'un château royal de France . ressemblait beaucoup à celles qui l'avaient si souvent énnuyé dans les cloitres solitaires d’Aberbrothock.

Bientôt, cornme pour se convaincre qu’il n’appartenait ous au -eloître, mais au monde, il se mità chanter, mais sur un ton qui n’excédait pas permission qui lui avait été donnée, quelques- unes des grossières et anciennes. bailades que lui avait apprises le vieux joueur de harpe-de sa famille, telles quela Défaite des Danois à Aberlemno! et à Forres, le Mèurtre du roi Duffus à Forfar, et. autres lais ou sonnets non moins intéressants, tous relatifs à l'his-

‘4 Aberlemno, Forres et Forfar sont trois villes du nord de P'Ecosse. furent vain- _ us les Danois onyahisseurs, 4, M. :

»

un QUENTIN DUNWARD.

tétre s& lointaine patrie, et partieutiérément ‘au district Gdns leduel if uvait pris naissance. Cette occupation remplit-un temps asset considérable; et:il était déja plus de deux heures après midi quand Yappétitée Quentin lof souverir que les bons pères d’Aber. brothook s'ibexigeaient strictement se présenceaux heures des of. fices,n'étaientpasmoins étactsä l'appeler à celles des repas; au lieu qu'ici,dans l’intérieur d’un paleis royal;après une matinée d’exer- cite, et une autre partie de la jourriée passée en faction, per- sonfre ne paraissait songèr qui devait naturellement être pressé de dîner. .

11 existe cependant des sons remplis de charmes qui peuvent cdmer même les sentiments naturels d'impatience que Quentm éprouvait en ce moment. Aux deux extrémités opposées de ls galerie étaient deux grandes portes arnées-de lourdes architrayes, qui donnaient probablement entrée dans de longues files d’appar- tements auxquels'ta galerie servait de communica@on. Tandis que le jeune Écossais se promenmit solitairement de l'une à Pautre de portes; limite de sa faction, il fut surpris pàr lessons d’une . musique qui se fit entendre tout à coup près de l’une d’elles ; et cts s0ns, du moins dans son imagination, étaient produits par le rême luth et par la même voix qui l'avaient charmé la yettie. Tous ses rêves du jour précédent, déja bien affsiblis par l'agitation que . les dernières circonstanceslui avaient fait éprouver, s’offrirent de nouveau, à son esprit d’une manière d'autant plus vive ; si bien que, .cioué-en quelque sorte dans le lieu d'où son oreille-pouvait. le plus commodément saisir cette douce mélodie , l'arquebuse- sur l'épaule , la bourhe entr’ouverte, l’œil et l'oreille, toute son -ame enfin , dirigés. vers l’endroit d’où elte partait, Quentin res- semblait à la statue d’une sentinelle plutôt qu’à un être animé, tn avait plus d’autre idée que celle de recueillir chaque son au. passage. |

Ces sons délicieux ne s0 faisaient pas entendre d'une manière suivie ; ils tanguissaïent, ils se prolgngeaient, ils. cessaient totale ment, puis se renouvelaient à des intervalles irréguliers. Mais le musique, de même. que la beauté, est souvent d'autant plus: attrayante, ou du moins frappe d'autant plus l’imsgination, qu'elle ne déploie qu’impatfaitement ses éharmes, laissant la pensée libre: de compléter ce que l'éloignement ne permet pas d’apercevoir ; et

Quentin, lorsque par intervalles le charme cessait d'agir, avait encore de nombreux sujets de rêverie. D’après le rapportdes came-

: GAPITAS X. 408: raden dé. som pale, oi d'après le scène qui avait en lien dans-ls salle d'audience, il ne pouvait deuter que la sirèue qi encbantait.

aïiyei ses.oroilles n'était point, conne il l'avait supposé,per une |

sorte de profanation, la fille je peremée d'un vilaubergiste, mais la malheureuse comtesse déguisée, pour la cause de laquelle des rois et des princes étaient au moment de revêtir leur armure et de mettre La lance en arrêt, Mille rêves étranges, tels que cet

auxquels une jeunesse romanesque et aventureuseainai à s’aban- donner dans un siècle aventureux et romanesque, firent disparaître. _ à ses. yeux la féalité du présent pour y sübstituer leurs illusione

trompeuses; mais tout à coup elles furent disgipées par une main

qui se posa.rudement gur son arme, en même temps qu’une voix

sévère lui eria à l’oreille : « Pâque-Diou ! siro‘écuyer, vous parait

sez.bien peu.éveillé, pour. un soldat en faction!»

, G'était la voix monotone, mais grave et ironique, de maître Pierre; ét Quentin, râäppblé soudainement à lui-même, recopnut avec. un sentiment de honte et d’efffoi qu'au milieu de 82 réverie

iL s'était oublié g complétement que le roi, probablement entré par quélque porte secrète, en se glissant ! le long de la muraille. ou derrière la tapisserie, s'était a300 approché de lui pour s'emparer presque de s0n arme. |

Son. premier mouvement, inspiré par la surprise, fut de dégager - son arquebuse par. une violente secousse qui fit reculer le roi de quelques pas; mais bientôt il sentit la crainte-qu’en cédant à l’ins- tinet animal, si l'on: peut s'exprimer ainsi, qui porte l’homme brave à, résistez à la tentative faito pour le désarmer, il n’eûé aggravé, par cette lutte contre le roi en personne, le mécontente- mont que Louis montrait de la négligence avec laquelle il faisait sentinelle. Dominé par cetie idée, il reprit. donc s0n arquebuse, presque sans savoir ce qu’il faisait, et, l'appuyant de nouveau contre son épaule, il se tint debout et immobile devant Le monar- que qu'il devait avec raison croire grièvement offensé, .

. Louis, dont le caractère tyrannique était moins le résultat d'une férocité naturelle ou d’un penchant à la crusuté.que celui d’une politique froide et. d'une jalousie soupçonneuse , avait pourtant upe bonne dose de cette sévérité caustique qui, s’il fût dans um rang inoins élevé, en aurait fait un. despote dans-la conversation, et toujours il jouissait des tourments qu'il causait dans des occa- sions semblables à celle-ci. Cependant il ne pousse pas trop loin son triomphe, et se contenta de dire; « Le service que tu m'as

ait: QUENTIN DUAVMRD. rendu ce matin a déje plus que racheté un. pou ile négligence dans un si jeune soklat.… As {u dèné 1?»

Quentin, qui s'attendait à être envoyé'au grand prévôt plutôt qu’à recevoir un pareil compliment, fit humblement une réponse négative. :

Pauvre garçon ! » dit Louis d'un ton-plus doux que son ton habituel: «c'est la faim qui L'a assoupi. Je sais que ton appétit est un loup, continua-t-il, ‘et je te. sauverai d’une ‘bête fauve comme tu m'as sauvé d’une autre. Tu as auêsi été diseret dans cette affaire, et je t'en rémereie. Peux-{u tenir encore une heure . Sans mariger? Vingt-quatre; Sire, répondit: Durward, ou je ne serais pas un véritable Écossais. Je ne voudrais pas pour un autre royaume être le pâté que tu attaquerais après un tel jeûne, répliqua le roi ; mais, pour-le moment, ce n'est pas de ten diner, mais du rien qu'il s’agit. J’admets à ma table aujourd’hui, et dans . le plus étroit particulier, le cardinal de la Balue-t ce Bonurgai- gnon.. ce comte de Crèvecœur… et il pourrait arriver tekle cir- ‘constance. Le diable n’a jamais tant à faire que lersque des en- nemis se réunissent sur la foi d’une trève. »

‘Il s'arrêta et garda le silence d’un air sombre et comme absorbé dans ses pensées. Quentin, voyant que le roi ne se pressait pas de continuer, se hasärda enfin à lui demander en quoi corfsistait devoir qu'il aurait à remplir en cette occasion.

: «A te tenir en sentinelle au buffet avec: ton arme chargée, dit Louïs: et s’il y a quelque trahison, à étendre le traître mort sur la place. Quelque trahison, Sire ! s'écria Durward, et dans un château si bien gardé! Tu la crois impossible? » dit le roi ne paraissant nullement offensé de sa franchise; «cependant notre histoire a fait voir que la trahison peut se glisser par le trou que fait une tarière… La trahison prévenue par des gardes! Eh! mon pauvre garçon ! quis custodiat ipsos custodes? Qui m’assurera con- tre la trahison de ces mêmes gardes? L'honneur écossais, » ré- pondit hardiment Durward. «C’est vrai, tu as raison; ta réponse me plaît,» dit le roi d’un air de satisfaction : « l’honneür écossais a jamais failli, aussi je mets en lui la plus grande confiance: Mais la trahison !...» et, retombant dans son humeur sombre, il u parcourut l'appartement d’un pas irrégulier. “Elle: s’assied à nos

4 Ceci rappelle ce trait de Bonaparte, qui, après la journés d’Arcole, trouvant une sentinelle endormie, lui prit son Fusil et resta en faction jusqu’à l'heure ele de- vait étre relevée. À, M. ,

banquets, ajonta-t-il ; elle pétille dans nos coupes: elte porte tx barbe de nos conseillers ; elle affecte le sourire étudié de nos cour tisans et le rire malin de nos bouffons; par-dessus tout, elle se tient cachée sous l'air amical d’un ennemi réconcilié. Louis d’Or- léans se fia à Jean de Bourgogne... il fut assassiné dans la rue Barbelte. Jean de Bourgogne se fia à la faction d'Orléans. il fut assassiné sur le pont de Montereau. Je ne veux me fier à per- sonne. à personne. Écoute ; j'aurai l'œil sur cet insolent comte;

et sur l’homme d'église aussi, que je, ne crois pas trop fidèle. Si je dis : Écosse , en avant! étends Crèvecœur mort sur la place, -= C'est mon devoir, dit Quentin, si la-vie de Votre Majesté est en danger. Sans doute... je ne l’entends pas autrement, dit le roi. Que gagnerais-je à tuer cet insolent soldat?..: Si c'était la connétable de. Saint-Pol, oh! alors...» Il s'arrêta, comme:s'il eût eru avoir dit un mot de. trop, puis continua d’un air riant : «Notre beau-frère, Jacques d'Écosse... . votre propre Jacques, Quentin.

ne poignarda-t-il pas Douglas, lors de la visite amicale que celui-ci était venu lui faire dans son château royal Stirling. De Skir- ling, n’en déplaise à Votre Majesté, dit Quentin, ce fut un acte qui ne produisit pas grand’chose de bon. Est-ce Skirling que tu-appelles ce château? » dit le roi; laissant de côté la dernière. phrase de Quentin ; «eh bien , Skirling soit... le nom n’y fait rien. Au reste, je ne médite aucun mal contre Ces gens-ei... aucun. Cela ne me conduirait à rien. Mais il est possibla qu'ils n’aient pas les mêmes sentiments à mon égard... Je compte donc sur ton ar- quebuse.— Au signal doriné, comptez sur moi, dit Quentin; néan- moins... Tu. hésites! dit le roi: parle; je te donne. pleine li- berté... Des gens tels que toi peuvent donter des avis qu'il ne faut pas dédaigner. Je ne me perrmmettrai qu’une seule observation, Sire, dit Quentin, c'est que je m'étonne qu'ayant des motifs de se. méfier ce Bourguignon, Votre Majesté le laisse approcher si près de sa personne, et cela dans un lieu aussi retiré. Oh! que cela ne vous inquiète pas, sire écuyer, dit le roi. Il y a des dangers qui s’évanouissent lorsqu'on les brave, et qui deviennent certains et inéwitables lorsqu'on fait voir qu’on les redoute. Quand je m'a- vance bhardiment vers un chien bargneux et que je le caresse, il y a dix à parier contre un que je le remettrai en bonne humeur; si, au contraire, je fais voir que j'ai peur de lui, il se jettera sur moi, et me déchirera. Je vais te parler franchement : il m'importe beau-

coup que cet homme ne retourne pas auprès de son fougueux QUENTIN DURWARD. 11

408 QUENTIN, DIRMWARD.

maitre avec un cour chergé de ressantiment., je nosisens .danc à _ cousir quelques risques; Car je Wal jamais craint d'exposer avis pour le bien de man royaume. Suie-mois ...

. Louis conduisit son jeune. garde. du corps, pour qui il semblait éprouver. mhe:affaction toute particulière, per la porte latérale par laquelle il était entré lui-même, et.diten la lui montsant : «11 £ant que celui qui veut réussir à la cour, connaisse.tous les -guichets secrets et taus les escaliers. dérobés. .. uni, mémples pièges et les tsappes du palais, aussi bien que les. EmÉDea pr cIpaie, des parties à-denx batiants et les vastes issues.» ,

-Après:avoir. fait plusieurs détours.et parcouru divecs pausages, le rai.entra dans une-petite chambre veñtée l’on.avait préparé une table à.trois eouverts pour le diner. Tout l'ampeu , toute la: décoration de cette chambre était d'une sppliaité qui aHait presque jusqu'à la mesquinerie. Le buffet, espèce d'armoirs mobile, à double porte, et qui contenait un petit nombre de pièces de vaisselle d'or et d'argent, était le seul objet qui.fit recannattre la demeure d’un oi. Derrière ce meuble, qui le cachait compléte- ‘ment, Louis assigna son poste à Quentin Durward; et après s’être æsuré, en se plaçant tour à tour dans les diverses parties. de la chambre, qu'il ne pouvait être aperçu d’aucun.côté , il lui domua ses dernières instructions: Souviens-toi du mot d'ordre, Écosss, en avant! etau moment même je le prononcerai renverse ce buffet, sans t’mquiéter ni des coupes ni des gobelets, et sjuste Crèvecœur avec forareté. Si tu le manques, fonds sur lui, ton .coutsgau.à la main. Olivier et moi,.nous viendrons à bout ducerding. .

Cela dit ,'il donna un coup de sifflet ; aussitôt parut Olivier, qui était prémier valet de chamire:aussi bien que.barbier.du roi. .et qui, dans lo fait, remplissait auprès.de Louis foutes.les fonctions qui avaient ua rapport immédiat avec:sa personne. Il était suivi, de deux vieëlards, seuls donsestiques chargés de servir à table. Aus- stôt que Louisent pris plase, les deux convives furent admis : et Quentie, quoique inaperçu lui-même, était posté de manière à ce qu'aucun des détails de cette entrevue ne lui échappt. .

Le roi aceueïlit ses convives avoc une cordiatité que Quentin eut. beausoup.üe peine à concilier avec les instractions:qu’i ve- nait de receveur, et avec le but dans lequel il venait d'être. placé derrière le buffet avec.uñe arme prête à lanoer la mprt.:Non-seu- lement le roi paraissait exempt de toute espèce de craintes, mais on aurait pu penser que les personnes à qui.il avait fait l'insigao

v

- —- —— —— =

‘+. CHAPITRE X. «y hotmeur de les admettre à sa-table étaient calles en qui il pouvait ke mieux rflacer une cofifiance sans réserve, et qu'il eût le plug de motifs d'honorer de sa faveur. Ses manières étaient pleines de dignité, et anmonçmient même une rare courtoisie, Si‘tout ee qui l'entourait, et ses vêtements eux-mêmes, étaient beaucoup au+ dessous da luxe que les petits princes du royaume déployaient dans leurs banquets, son langage et le ton dont il l’accompagnait étaiènt ceux d’un puissant monarque dans ses moments de la plus grande condescendance. Quentin fut tenté de croire, ou que la conversation qu'il avait eue précédemment avec Louis était un rêve, ou que la conduite respectueuse du eardinal, l'air franc, ouvert -et loyal du noble Bourguigrien, avaient porplétement dise sipé les soupçons de ce prince,

‘Mais tândis que les convives, par chéimence pour le 'monar- que, prenaient place à sa table, H lança Sur eux un coup d'œil tapide et pergçant, et dirigea aussitôt un regard vers le poste oc cupé par Quentin. Ge fut Yaffaire d'un instant; meig ce regard exprima tant de méfiance et de haine envers ses'hôtes, et transmit . à Quentir üne irjonttion si précise d’être vigdant dans se sur- veillasee et prompt dans l'exécution, qu'il ne lui reste aurun doute que ies sentiments et les cruintes de Louis n'avaient mi changé ni diminué. H fut done plus étonné que jamais du voile €pais sous lequel monarque savait cacher les PRoU vends de sa méfianve naturelle: or

Paraissant avoir entièrement oublié le langage que Cebvecœux Jui avait tertr en présence de la cour, le roi s’entretint avec ui des temps anciens, d'événements qui avaient eu lieu pendant qu'it était iwi-mêrne exilé en Bourgogne, fit des questions sux tons les nobles qu'il avait connus, comme si cette époque eût été la pies heureuse de sa vie, et comme s’ikeñt conservé envers tons ceux qu'avaieñt contribué à adoùcir son exil les sentiments les pes affectueux et &s plus reconnaissanhts.

S'il s'était agi de Farnbassadenr d'une attre nation, dit-il j'aurais mis quoique appareil dans sx réception ; mais à 11n ancien ann qui a partagé mes repas at château de Génappe, j'ai vouiu me montrer tel que j'aime à être, vieux Louis de Valois, aussj simple et aussi nai qu'aucon ce ses badauds parisiens. Cependant, j'ai donné ordre que }'on nous fit faire meilleure chère à cause de vous, sire comte, ear je coemais votre proverbe bourguignon : Mieux vauit bon repes que bel kabit, et j'ai recommandé qu'une

168 QUENTIN DURWARD.

imanquât rien à notre diner. Quant au vin, vous savez que c'est le sujet d'une vieille rivalité entre la Francé'et la Bourgogne: fais nous ne tarderons pas à satisfaire ces deux prétentions op- posées : je boirai à votre santé avec da bourgogne, et vous me ferez raison avec du champagne. Olivier, donnez-moi un verre vin d'Auxerre, netitse mit à fredonner gaiement une Chanson alors bien connüe :

# e . u . Auxerre est Ja boisson des rois. »

ü Allons, : sire comte, continua-t-il, je bois à"la santé de notre bon ét cher cousin le ‘noble duc Bourgogne... Olivier; remplissez cette coupe d’or de vin de Reims, et’ offrez-la au comte un genou en terre. il représente notre amé frère... Monsieur le‘eardinal, nous allons nous-même remplir votre coupe. Vous l'avez déjà

remplie, Sire, jusqu’à la faire déborder, » dit:le cardinal avec

Pair rampant d’an favori qui parle à un maître indulgent: « C'est

parce que nous savons que Votre Éminence sait la porter d'une main ferme, dit Louis. Mais quel parti ‘épousez-vous dans notre

grande éontrôverse? Sillery Auxèrre ? France ou Bourgogne?

& Je resterai neutre, Sire, reprit le cardinal, et j'emphrai de

__ Nouveau ma coupe de vin d'Auvergne. Cetui qui vent coriser.

ver la neutralité joue un jeu dangereux, * dit:le roi; mais s’aper- cevant que le cardinal rougissait- un peu; il glissa légérerrent-sur ce sujet, et se contenta d'ajouter : « C'est-à-dire que vous préfé- rez le vin d'Auvergne, parce qu'il est généreux et qu’il ne sap- porte pas l'eau. Eh bien ! sire comte, vous hésitez à remplir vo- tre coupé? J'espère que vous n'avez trouvé au fond aueune amertume rnattotrale. Je sonhaîterais, Sire, dit le comte‘de Crè- vecœur, que toutes les querelles nationales pussent'se.terminer aussi gaiement que la rivalité de nos vignobles. Avec:lé temps,

sire comte, avec le temps, dit le roi; pas plus qü'il ne vous en a fallu pour boire ce verre de champagne. Et maintenant qu’il est bu, faites-moi le plaisir de mettre la coupe daris votre seirt; et de la conserver comme-un gage de nôtre estime. Ce n'est pas au premier venu que je ferais un tel.présent. Elle a appartenu à la

terreur de la France, à Henri V d'Angleterre, et fut prise lors de

la rédaction de Rouen, à l’époque ces insulaires furent expul- sés de la Normandie par les armes réunies de France et de Bour- gogne. Elle ne saurait trouver un plus digne maître qu'un noble et-vaillint Bourguignon, qui sait très bien que l'union de ces

deux nations garantit au continent qu'il restera à jamais affrançhi du joug des Anglais: »

Le comte répondit comme il convenait qu'il Te fit, et Louis donna un libre cours à la gaieté satirique qui parfois venait adou- cir les sombres nuances de son bumeur ordinaire. Dirigeant, comme on le supposera aisément, le cours de la conversation, ses remarques toujours fines et caustiques, souvent spirituelles, êtaient rarement marquées au: coin de la bienveillance; et les anecdotes dont il les appuyaïit étaïeht plutôt libres que délicates. Mais pas un mot, pas une syllabe, pas un signe, ne trahissait la situation d’esprit d’un homme qui, craignant d'être assassiné, a dans son appartement un soldat couvert de son armure et tenant à la main une arquebuse chargée, afin de prévenir ou d'anticiper l'accomplissement de ce forfait.

+ Le comte de Crèvecœur partagea de la manière la plus franche la gaieté du roi, tandis que l’adroit prélat éclatait de rire à cha- eupe de ses plaisanteries, et faisait ressortir le mérite des bons mots qui lui échappaient, sans paraître aucunement.choqué de certaines expressions qui faisaient rougir le rustique et jeune Écossais, dans l'endroit il était caché, Au bout d’une heure et demie, qa se leva de table, et le roi, prenant courtoisement Congé de ses hôtes, leur fit entendre qu’il désirait être seul. |

Dès que tout le monde, et Olivier lui-même, se fut retiré, il dit à Quentin qu’il pouvait quitter le lieu de sa retraite; mais ce fut d’upe voix si faible, que le jeune homme put à peine croire que ce fût la même qui venait, un instant auparavant, de donner par ses; plaisanteries un. tour si vif et si piquant à la conversation. En .S’approchant il vit dans la physionomie du roi un changement non mAoINn$ mgrqué. Le brillant d’une vivacité empruntée ou fac- tice avait disparu de ses yeux, le sourire avait abandonné ses lè- vies, et il laissait voir toute la fatigue sous laquelle succombe un AGteur. Célèbre quand it vient de jouer un rôle dans lequel le pu- blic aime à le voir paraître.

« Ta factiou-n’ est pas encore finie. dit-il à Quentin; rafraichis- toi, un instant. cette table t'en offre. les moyens. Lorsque tu seras rassasié, je te donnerai. mes instructions sur le service qui te reste à faire; car je.n’ignore pas.qu’entre un estomac plein gl un étomac vide la conversation ne peut que languir !. »

9 D

dit is talking belween à foli man and a fasting. Ce qui rappeler notre Proverbe +, Ventre affamé n'a pas d'etailles.» AG. . ',

Lys.) QUENTIN DURWARD. . "#6 jeètd' Nouveau sur son fauteuil, pois min sur seb yeux, et gard@le silence.

ass ds . , , n : $

CHAPITRE XI.

LA GALERIE DE ROLAND.

.) . + Les potètrés représentent Capidon aveugle... Hymena-t-il des yeux? ou bien sa vue est-elle faussée par ses lunettes que ïes parents, les tuteurs et les con- sétllérs lai prétont, afin qu’il regarde au travers p" verres, les terres, les châteaux , les bijoux, l'or, et semblables riches dotations , et voie leur valeur dix fois plus grande ? 11 me semble que ce serait une question à discuier,

Les malheurs d'un mariage forcé.

Louis XI de France, quoiqu'il fût le souverain de l'Europe le ‘plus jaloux de son pouvoir , bornait son ambition à jouir de ses ‘vantages réels; et quoiqu'il connût parfaitement de qui était & son rang, et que par fois il en exigeât l'observation rigide , en ‘pénéraf il était très-insouciant pour tout ce qui 16 tenait qu'à la représentation extérieure.

Dans un prince doué de meilleures qualités, la farnilintité avec laquelle il améttait des sujets à sa table, disons plus, avec la- “quelle il s’asseyait de temps à autre à la leur. l'aurait renda ex- ‘trémement populaire; et même, tel qu’il était, ses manières rachetaient uné grande partie de ses vices auprés de cette cldse ‘dé ses sujets qui n'était pas directement exposée à en subir toutes. es conséquences. Le tiers-état, qu’on vit s'éléver au plus haut degré d’opalence et di importatieé sous le règne de ce prince rem- "pli de sagacité, respectait sa personne, mais ne T'aimait point ; “et ce ne fut que grace à l'appui de cette partie de la nation qu'il ‘parvint à lutter avec avantagé contre la haïne des nobles, qui “prétendaient que le toi portait atteinte à l'honneur de 1 cou- ronne de France , et qu’il ternissait leurs brillants priviléges par te même mépris pour l'étiquette qui plaisait à la bourgeoisie. ‘* Avec une patience que la plupart des autres princes auraient considérée comme dégradante, et rion sans un sentiment de plai- “sir, 16 roi de France attendit qu’un de sé$ gardes du corps eût satisfait te‘ vif appétit dont est toujours douée la jeunesse. On doit néanmoins supposer que Quentin eut trop de bon sens et de.pru- dence pour soumettre la patienc d'un soi à une trop longue

. CHAPITRE XF. “FH ébreuve et, das de fét; ilexprimn : plus d'one fois l'intention de mettre:fin: à son: repns avant que Louis conspntit: à le lui per- mottre:

« Jele vois dans: ton œil, Jui dit il, ton courage n'est’ pas affaitii demoitié. Be par Bieu et saint Benis!. retourne à la charge! Je te disque jamais long repas: ni courte messe (et il: fit un signe de croix) n'a nui à la besügne d’un chrétien: Prends.un verre de -vhr, maté pourtant môfie-toi de El boûteille : c’estle défaut dotes compatriotes, aussi hien que des Anglais, qui, à part ce mauvais penchant, sont Les. meilleurs soldats qui: aient jamais endossé “une armure. Allons, laveitoi promptement les mains ; n "oublie pas de réciter” tes-graces ,. etsuis-mei. »

Quentin: obéit , et à.travers:des'passæges différents, mais non moins croisés que ceux par lesquels:il avait déja passé , 4 suivit

: Louis jusque: dens galerie Roland.

« Buviens-toi bien. » lui dit lo roi:d'an ton. impératif, «:que tu

#fas-jamais-quitté: ce poste... telle doït être ta réponse aux ques-

tions de tbn: oncle st # celles detes comarades.…. Et puis, écoute;

sflu que-tu ne perdes pas.la. mémoire ; je te donne. cette chatne

d'or (et lui jeta sur le bras une chaîne d'un grand.prix). Si jo‘ne :

porte pas-de-bijoux moi-même, ceux. à qui j'accorde ma eon-

flance ont toujours les meyens de rivaliser avoe qui que ce soit; ais lorsaue:des.chalnes:de cette espèce ne suffisent :pas: pour empéther la langue de se mouvoir trop librement, mon:cempère

FErnite:a une amulette pour la gorge quine manque jamais d'o- ‘Pérer une: euré: radicale. Maintenant, fais attention à ce que je vris te dire: Perscane, excepté Olivier et moi, n'entre lei ce |

soir ; mais des dames: y wiendront peut-être de l’ane.des extrémi-

ter des cette salle ; peut-être" de l’autre. peut-être des deux. Tu ‘peux léur répondre, si-elles fadressent la parole ; mais. ttendu - qe tu-es placé: comme factionnaire .‘ ta réponse: doit. être varie, et tu. ne: dois ni leur adresser la parole à.ton tour, ni Yengager dans: une conversation prolongée. Seutement, sois

attentié À" ce’ qu'elles : diront. Tes. oreilles aussi bien que. tes

*breusont à moi : je:C'ai acheté, cons et ame; par conséquent,

© que ti pourras: enterskre de lear conversation, il faudra:le graver dans-ta mémoire jusqu'à ce que tu mo: l’aies rapporté ;:et

-Voublior:enveite. Et maintenant, touté réflexion fait, .Hryaudra ‘Mieux que:llente prenne pour uns recrue.6cossaise, tout'récem-

ment descandne des. montagnes, et-qui ne. connait pas ençore

Lu d QUENTIN HÜRW'ARD.

nétrelañgué trèscchrétionne. .…:E'est céla? de:serte que si l'on: parle, tune peux -pas répondre, ce -qui :t'affranphira: de tont embarras ét les engagera à parler sans s'inquiéter de ta présence, Œu‘m'entends... Adieu. Sois prudent, ‘et tu'as. un amis. :

* Le’ roi eut 4 peine-prénoncé cés mots, qu'il:disparut derrière la tapisserie ; laissant Quentin méditer sur ce.qu'il avait var et-enten- du. ‘Le-jeund homme se’ trouva dans une de ces situations il est plus ‘agréable de régarder: en ayant.qu'en arrière; car; -lors- qu'h venait à réfléchir qu'il avait été placé comme un-chasseur

ï, derrière-un: buisson , se tient à l’affêt d'un cerf, pour Ôter:la vie:au noble comte de Crèvecœur., ilne voyait rien de flatteur. A la vérité, les mesures prises parle roi, .en cette occasion, paraissaient ‘n'être que de pure précaution et défensives ; mais savait-il s'il ne serait pas bientôt :commandé pour -quelque aote offensif du même genre ? Il se trouverait alors dans une crise fort dangereuse, puisqu'il était évident, d’après le caractère de.son maître ; qu'il se perdrait vil refusait une obéissance passive, 4andi que l'honneur lui :criait qu’il y aurait crime et infamieà Ækécuter de tels ordres. Il détourna ses pensées de: ce,sujet de : réflexions , et se consola par l'idée si souvent adoptée par ja jez-

nèsse , ‘lorsque des dangers qui ne sont encore qu'en. perspegiive se présentent à son esprit, qu'il sera temps de songer à ce qu’il faudra faire quand le moment sera venu, et, qu'à shaque Jour suffit sa peine 1. 4.

Quentin g'abandonna d'autant plus facilement à à ‘cette réflexion rassurante, que les derniers ordres du rei lui avaient fourni un ‘sujet propré à occuper son esprit de pensées plus agréables que

celles qui avaienit rapport à sa propre situation. : - 3’ La dâme'au luth était certainement une des dames sur lesquei-

-Jes devait se diriger son: attention, et'il se. promit-bien d'obéir “fidèlement à-cette partie-des instructions que le roi venait de lui donner, et d'écüuter avec le plas grand soin chaque mot qui pour- - rait sortir de sés lèvres, afin-de savoir si la magie de sa converse tion ‘égalait celle de sa musique, Mais ce fut avec ‘une: égale sincérité qu'il jura en.lui-même de ne rapporter au roi aucune - partie de ses discours qui pât lufi inspirer d'autres sentiments que * des sentiments favorables.

* Cependant'il à’y avait pas de danger qu'i 's 'endoreatt de nou- veau-à son poste. Chaque-soufile d’air-qui, se frayatit -un passage

4 AHusioù # ve passdge de PÉcriture : swficif caÿque diei militia sua, À. M.

“OBARTSE XL- :: tes àtravorsmna fométre-ourerta, faisait ondoyer: la vioillo.tapisserie , ressemblaë pour lui à Fapproche du bel objet deson-atttonte. En un not, il épronvait.cetée anxiété myatériquse, cette impatience, compagne de d'espérance, qui.sont inséparables de l’ausour et quiquelquefois même contribuent si puissamnmentà le faire naître. Enfi il entandit;ne,portecriar on roulant.sur ses gondé, car au quinsièiie sibale:les portes, même dana les palais ; ne,s'onvraiemt pes silencusement comme de nes.jours. Mais, hélas! çe ar’était pasæælle que L'on: voyait à l'extrémité de la galarie d'où les sons duriuth avaient frappé son oreïlle, Kiles’ouxrit eeppn dant , st une femme parut : elle était suivie de. deux autres, à qui els fitsigne de se tenir en:-déhors, tandis qu'ello-mêôme s'avança dans la gale- rie. À sa démarche inégale, que. l'étendue de:ce vaste appaite- mentésisait sontird'une manière. plusthoquante encore, Quentin recormmut la princesse Jeenne, et, prenant aussitôt l'attitude rospectueuse et.vigilante que:lui prescrivait son devoir, il inalina son arme vers la terre loraqu'elle passa dlavant lui. Jeanne répon- di à cosalut-militaire par- uns, gracieuse inclisation de tête ce qui permit au jeune Écossais de voir sa figure: plus distinetement -qu'it ne l'avait pu frire dans lamatinée. . Les traits de cette infortunée, prinppsse ne, présentaient: que bien peu de chose qui pt racheter les défauts de sa taille et de seidémarehe. Sa: figure n'avait, à la vérité, rien de désagréshle en elle-même, quoiqu'elle fût dénuée de beauté; et dans ses grands:yeux bleus ; qu'ella fenait ordinairement. baissé, op re- -marquait une expression de douceur, de chagrin et de patience. Mais, ontre que son feint élait extrêmement pâle, sa peau avait cette nuande jaunâtre qui.ndique une mauvaise santé habituelle ; et bien-que.ses dents fussent blanches et régulièrement placées , ses lèvres étaient maigres’ et décolorées, Eke ayait una profusion . de cheveux de: couleur gris de lin, mais tellement claire qu'on auraitpu croirequ'ils avaient une teinte bleuâtre ; et.sa femma de chambre ,-qui sans doute regardait comme un .ommemient, des . tresëes aombreuspss disposéés autour d’un. visage décoloré , n’avait . Suérs:ajouté à la beanté de sa maîtresse en les multipliant d'upe -Manigre qui donuait. à sa physionomie une expression pour ainsi dire étrangère à une personne de ce monde. Enfin , comme si elle . eût voulu faire ressortir ce défant , .Jegnne avait fait.choix. d'une robe au. simarre.de soie d’un'yert pâle, qui achevait de ie dopaer J'aspect d’un fantôme sorti du sépulere.. .

PA QUENTIN SUNWARD.

Bendisque Queñtin stirait œtte.singulirosppariesweu de +eux dues lesquels la civiosité se mélaitsà le :compasiurs, eur chaque reged, chaque Mouvement. de: la -Dpviacusse sensbiuit iéveitier ce dernier sentiment, deux donne entrant par l'autre entrémité la galerie. : Ù

L'une d'ailes étaib larjoune persorme qui, diéismnt auar-caêres tro, lai avait serv du: fruit, lors du mémamble déjeuner à :Fniberge des’ Fleurs-de-Eis: Idvestie alors de:toute la mystérieuse dignité qui appartenait à la mumphe as voite et:aux kuth. dt recon- auéen outre, du moins das l'opinion de Quentin:, pos être. “noble: héritière d’an riche comté, sa beauté. fit sur: let dim: fois -ples d'impression que-lorsqu'il e/avait vu en elle:queia: Slle-d/an -misérabls. auborgiste servant-un riche bourgebis. vibum at fas- ‘fasque: Il ne concevait pas quel enchantement avait: pu. ini'ce- cher sh Yéritable rang. Néanmoinsson cosbamerétait à per près

aussi simple qu'auparavant ; car elle’ était en‘grand deinibet:ne -portait aucun ordomerit ; sa coiffure ne conmstait qu'en'un wie : crêpe:, rejeté en arrièré, de manière à lnisser son: visegerà «ié- ‘puveért.; el cene fut que lx connaisance qu'il: vanait d'aiquérir de sa naissance réelle qui fit remeniquer à Questic:, dans an heko Stuilte une élégance, dans su dévrarche-uae dignité qu'il avait “pas aperçues'aupuiawant, of dans ses traits réguliers , danisson terat brifant , dans #5 peus Pline da H feu , une: nolleesereaisen rehaussait l'éctat. :

" Quand la mort aurail’ it en êtsé Je. chétiment, Durwerdinre- “rat pu ne pas rendre: à cette beauté:, sinsi:qu'à sa eumpaqne. le : même Hommage qu'il venait de payer à: la princesse rotale: Elles

46 reçurent en femmes accontumées aux marques da: déférentes to la part de leurs inférieurs , et y répoudirent aves.cpurtoïise : ‘vus il S'imagina (peut être ne fut-Ce. qu'une vision de: jeune ‘homme:) que la jeune dame rougit un pew, tint ses yuunx heiosés , et sermbila éprouver un léger embarras on: répondant à s0rssuiut -“Miltzire. Ceci ne pouvait étre occasioné que par lu-sourrenir: du l-Séméraîre étranger qui habitait la tourelle: voisine de: la-siéune , "# l'auberge: des Fleurs-de-Lis. Mais cet emberras expritiaitil du :_ mécontentémrent ? ceue question , it n'était pas à de la né- sadre. :

1 La compagne de la jeune-comtesse, vêtus -CURS eus, dnapte- : ent 6tow grand. deuil, était dans l'âge lès femmestienment

le plus à la réputation d’ase beauté souutisu: dépais plusieurs au-

“:CRAPTERE JE. LL. méss'à mm tite gtdudie. Ce qui Mi0p restaié agffisail ansore pour prouver quefé avait dû: être antesfois la, paitsance de sas <harmes:et,.s0.souvenent:de-5es trimphes paada,:il était éviè- dent qu'élism'avaittpas ahendauné-ses pitentions à de nouvelle conquêtes. Elle était grande, remplie degnèces., quoique aysnt Fair un peu:bautain ‘et slle rendit;à Qnentin son:salut ayes un sou de cosdessandancé ; l'inatant - d' ds, 6e quoiques rheta:àd'andlie: de Ba campagne, qui 35. tourna “vers le joune aol- -det;comitne pair vérilier quelque nernarque qui venait de fai éup - féte, et:à laquelle: elle'réponiit sans lower les yeux. Quentèn ne -puts'èmpécher de sompçonner:que Fobservatian faiée à. la jeune same. n'était utilement défavarahle ponr ln, et à éprouva, je me sais pourquoi un certain plaisis à panses qu'elle s'était gardée de Jever:los:yeux:pour juger de sm justesse. Hi pensa proheblament | -qu'iboommentaes déjè à s'établir entre eus quelque: TAPPORD SAN . qui donnait de l'inepsrtancd à la mpingra.hagatells. - . : . Cette réflexion nal'eccume qu'en morent;. cat l'entrevus do Ja - princesss et des:doux dames étrangères ahserba bianiôt toute son 1sttention. En les voyant entrer, Jeanne s'éjait arrêtée pour des : iendes, peut-£tre passe :qu'elle:avait ia conviction que la. mar- “ehenèiluréteit pan favorable: et, comme elle paraissait éprosver riquetgée emsbarres on récuvant en ieur rendant leurs réyénen- 688, laptusâgéodes deux étrangères. ignorant le rang ds la per-. suano à laduelle‘elle s'adressait, ne se :fit aucan scruptle-de lai rendre salut d'un ir qui laissait voir ‘qu'elle cooymitimre plus - d'honneur qu'ellw ren recevait. 11. « Je suis enchantée, madame , » hui dit-elleravee we sourire de | condesenudanes ot d'enscuragiment, «qu'il nous soi enfin pet- - aus de jouir de la sotiété d'une perssnec de netre sexie aussi res- :.Braotalle que vous pamissez. Il faut convenir quesma midga. pt moinvas: avons eu bien pou de motifs:de. nous leuer de l'hospite- - Hité du ro Louis. Laisses-moi, me mes, ne-me:tiser.pas par la - Mancheyje suis sûre que je lis dans: les regauds de. cotte. jeuge denbiselle snmpathie qu'elle éprouve pournotre situation, De- puisnetio-srvivés ici. noble dame, tous n'evens guère élé mieux . traitées que Conmsie des prisonnières ; et après. noùs.a véir énit malle invitetiors de prttre netre cause et n08 persenhsssous le praûte- . tion de lt France, lerei tsès-cirrétiet no: metts a.d'abord, danké -pôer résibente qu'une atisésable auberge, et mainionant, des 00 thélssiu:versmonuls , ga ebinobseurd'eù & ne nons est pesinis

2m QUENTIN DURWARD. | de sertir fartivement que vers. le eontheé: du sokék ; comme ai nousétions des chauves-souris où.déschouettes.:dont l'apparition eu grand jour:doit être reganlée comme-un mauvais présage. Jo suis fâchée , » répoñdit la princbsse:d’unc:voié mal:assurée, ear cette entrevue prenait une tournure assez embdrrassante:: «je suis fâchée que nous n’ayons pu jusqu'ioi vous recevoir suivant ‘votre mérite. Votre nièce. j'én ai Fespuir,'est plus satisfaite. Beaueoup. beaucoup plus que. je ne saurais l’exprimer, répondit la jeune comtesse. Je.ne cherchais qu’un.abri sér, et j'ai trouvé de plus solitude et secret. L'obscurité de:notre précédente:rési- dence , la solitude plas graude encore deelle qui nous est main- tenant assignée, augmentent à mes yeux te prix de lx protestion que le roi'a accordée à d'infortünées fugitives; —Taisez-veus, a nièce ; vous parlez peu sagement, reprit la plus âgée des deux dames. Parlons d’après notre. eénscience, puisque: enfin ripus sommes seules avec une personne de notre :sexe..Je: dis seules, car-ce jeune soldat n'est en réalité qu’une belle. statné , puisqu'il __ Re paraît avoir ni l'usage de'ses membres, ni, si jei bien compris ee que l’on m'en-a dit, lui de sa langue , du mojes pour garler an langage -civilisé:. Ainsi: donc, puisqu'il. n'ya ici .que :ertte darho qui puisse nous entendre, je dirai querje noiregricéte rien tant que ce voyage. en Erance? Je m'attendais à ne réeaption spleridide, à des tourness à des:carrausels , ‘à des fétes pompeu- ses, et'je:n'ai trouvé: que réclusion et obtcurité.:Ea meilleure -société que le rai nops ait donnée a, été celle d'in .vegabond. de Bohémien, par l'entremise duquel il nous à:engigées à C<oxres- pondre avec nos amis de Flandre... Peut-ôtre :salpnlitique a-t-elle formé.le projet de nous tenir enfarméesicijusqu'à potre dernier soupir; : afin de pouvoir s'emparer: de nos domaines, lors de EL tinction de l'ancienne; maison de Croye: Le due: de Bourgogne s'était pas aussi cruel; car:il offrait à ma-nidoedeis-manier, bien que ce. fût: à un assez mauvais mari."—J'aurhis-cru le voile pré- férable à un mauvais mari, » dit la princesse. trouvant. difficile- ment l’occasion de placer un mot dans:la donpersation. -— IL fau- _ drait au moins avoir. la liberté du Choix ,'». repnit-la dame: awpe une grande :volubilité. « Dieu:sait.que. c'est dans l'intéréé de. ma mièce que je parle ; quant à moi, il y a lông-termpa qie:j'ai renoncé dttoute idée de changer de condition: Je.vous:vois sourirs; maa- dame ; mais, sur mon-honneur, c'est la vérité... -etcépendant. ce est pas un:meÿena d'excuse pour le noi, que saconduite et son

éxtériaur astimilkeut plutôt a vieux-Michaud, chengeur demon, naies à Gand, qu'au successeur de Gberlemagne. Arrôtez, dit la poacegse ; m'aubliez: pes-qne vous ‘parlez de nion père.-— De votre père ! »rôpliqua:là dame bourguignénne dans le plus grande surprise. —:« Démon père ; »-répéta la prmçpesse :avec dignité; «Je suis. Jeanne de France: Mais ne craignez rien:, madame.,;u -sjoutastrelle avec cet :aerent de: -dduceur qui lui était naturel: s:vous nlaviez: pos dessein de m’offenser ;, et je ne.m/offense peint, Disposez de mon influence pour rendre votre-exiket celui de-cette : intéressante persons moins rigouroux. Hélas! ce que.je puis.faire est hieñ peu de chose. mais je vous l'offre de.bon cœur. ». : , . Ce-fut avec soumission et un profond respect que la comtesse Hameline de Croye (c'était Le nom dela plus âgée. des deux étran- gères) reçut l'offre pleine d’obligeance.de la protection de-la prin- cesse. Elie avait long-temps demeuré dans les cours, elle -cannais- sait parfaitement las belles manières que l'on y acquiert. et tenait fortement à la règle établie chez les courtisansde tous les siècles, qui, bien que leurs conversations particulières roulent ordinaire ment sur.les vices et:les-folies de leurs maîtres, dont ils se plai- gnent d'ôtre négligés, eux.et leurs':intérêts, ont bien soin .de ne proféser. jimais de parpiles plaintesen présence du monarque êu d'aucun membre de:se: famille... La dame fut donc aecablée.de la plas grandé confusion lorsqu'elle vit l’errenr dans daquelle elle était témbée en parlant d'uge manière aussi inconvenante devant la fie de Louis. Elle se serait épuisée en marques de regret:et en excuses muitipliées, si.elle n’eût été mterrompue.et rendue à la tranduillité par la princesse, qui da pria avec le ton de voix le plos doux, ee qui:tautefois; de la part d’uno fille de France, 6qui- valait à un ordre; à ne rien ajouter de plus, ui per forme d'excuss, ni par formé d'explication. :

La princesse. Jeanne prit alors un siége avec. un air de dignité conveiahle, etobligea les deux étrangères à s'asseoir l’une à. sa droite, l’autre à sa. gauche, ce que la plus jeune fit avec une ti- midité naïve et respeetueuse, et la plus âgée avec une affectation d’humilité:et de’profond respect qui laissait douter de. ce double sentiment. Elles s’entretinrent ensemble, mais d’un ton si bas, que Quentin ne put rien entendre ; il observa seulement que la princesse témoignait beaucoup d’égards à la plus jeune , à la plus intéressante des deux dames, et que la comtesse Hameline, quoi- . qu’elle parlât bien davantage, attirait- beaucoup moins l'attention

tr QUENTIN 'DURWARD. de Ferame par son obééquibuss voisine, que sh parents par-ses réponses courtes et modostés. |

(Cette conversation n'avait ces doré on quart d'heure; tormgue la porte l'extrémité inférieure de la'salle s'ouvrit:tout d'un coup, et l’on vit entrer un homme énveloppé d'un-mantoau--Se ruppe- rat:la consigne du roi, et déterminé: à ne pas enconrir'une se- cende fois le reproche d'avoir manqué de vigilance, Quentin s:'s- vanca aussitôt vers cet intrus, 'etse plaçant eritre dui'et tes dans, te somma de se retirer à l'instant.

“-« Par quel ordre? » demanda l'étranger d'un:ton: de surprise mêlé de dédaïh. « Par celui du rot, » ‘réponthit Quentin: ave férmeté, « et je suis placé ici pour le faire exécuter, phoyet la foree. Non pas contre Louis d'Ofléens ; » dit le dub en laissant tomber son manteau.

- Le jetine homme hésita un moment; mais comiment-crééonter

rigoureusemerit sa consigne envers le preitnier prisce du sang, qui allait biéntôt, ainsi que le bruit en était généralement répondu : , s'éllier à la fille du roi ! * « La’ volonté de Votre Aïîtesse, dit-il -estitrop réspectaie pour que je puisse m’y opposer. J’espère que Votre Altesse daignest rendre témoignage que j'ai rempli-avec aèle mon devoir, autent du moins qu'élleime l'a permis. -— "Allez, jeune honune,. ls biâme fe tobéra point sur vous, «dit le duc, qui, continuant d’areneer, vint présenter ses hommages à la princesse, avec cet air 5on. trainte qu’il avait toujours quand fliui adnossait la parois} évait ‘Aîné avec Dunéis, dft-il, et apprenant qu'il y avait société densia galerie de Roland ; il avait osé prendre la äberté de l'y joindre. -

La rougeur qui vint colorer les joues pâles de la malheureuse Jeanne, et qui pour moment répandit une teinte de beauté sur ses traits, prouva que ce surcroît à la coMmpagisie ne li était rien moins qu'’indifférent. Elle s’empressa de présenter le ‘prinae aux deux dames de Croye, qui l'accueillirent avec le'respeet à son rang : et la princesse, lui indiquant an-siége, l'engagea à prendre part à la conversation. © Le duc refusa de se prévaloir de la permission qui lui était a0- cordée de prendre un siége en pareille compagnie ; mais prenant le coussin d’un des canapés, il le posa aux pieds de La jeume et belle comtesse de Croye, et s’y assit de manière que, sans paraître négliger la princesse, il pouvait donner à sa charmante voisine la plus grande partie de son attention.

:-CHAPETRE XL 40. - Blabord:sctte disposition parut plutôt agréable qu'cffensante à la princesse. Elle encouragea le ducà débiter des galanteries à la bekleétrangèré, etsembla des regarder <ommeautant de comp ments faits à oëe-même. Mais de due d'Orléans, quoique acocu-- taméà soumettre son esprit au jougaust ère de:son onele lorsqu'il était en sa présence, avait assez du aatprel d'un prince pour sui vre ses propres lachnations dès qu'il était dékivré de cette con trainte; et comme sôn rang élevé lui donnait le droit de mattre de côté le vérémonial ordinaire et de prendre ie ton .de la farniliarité , les louanges qu’äl doaua à la beauté.de la comtesse Lssbelie devin- reut:si énsrgiques.et se suceédèrent avec une tells tiberté, peut être parce qu'il avait bu on peu plus de ris qu'à l'ordinaire (cer Bunoisn'était pas ennemi du culte de Bacchus), qu'à Le fin:il se montra presque passionné, et que peu à peu äl parut oublier lapré- sonce de la princesse. .

Leton de galanterie auquel ü selivrait n'était agréable qu’à une des dames qui composaient te cercle ; car la comtesse Hameline entrevoyait déjà dans l'avenir ne alliance avec le premier prince du sang : en effet, la naissance, la beauté.et les domaines considé- rebles de sa nièce pouvaient readre plausible cœt ambitieux projet aux yeux de gmioonque n'aurait pas fast entrer les vuesde Louis XI. daus le calcul. des chances. La jeune comtesse écoutait les galan- tariss du due avoe embarras et contrainte, et jetait de temps.en temps un regard supplient ser la prinessse, comme pour la prier. de vemyir à.s0n seconrs ; mais la sensibilité blessée ot la tanidité de Jeannp de France la rendaient incapable de touteffort pour rendre la eonversetion plus générale, si bien qu'enfin, à l'exception de quelques mots de civiité de.la part dela cemtesse Hamsline, elle fut sontenue presque exclusivement par le duc lui-même, quoi- qu'aux .dépens de la jeune Isabelle, dont ia beauté devenait le su- jet mtarissable de son éloquencs.

.Je-ne dois pas non plus oublier de dire quil y avait une autre personne, le factionnaire, auquel on ne faisait pas attention, qui voyait ses belles visions s’évanouir, comme la cire se fond au s0- Jeil, à mesare que ke duc paraissait mettre plus de chaleur dansses discours passionnés. Enfin, la eomtesse Isabelle de Croye se décida de faire un eflort pour eouper eourt à une conversation qui lui de- venait exirûmement désagréable, surtont à cause de l'état pénible Auquel-la conduite du duc paraissait réduire la princesse.

S’adressant donc à cette dexnière, elle lui dit d’un air modeste ,

«es QUENTIN SR ARD.

mais avec un æertain degré de furmeté, que la premiète faveur qu’elle avait à réclamer de Ia protection que: Son AKesse avait daigné lui promettre, c'était qu'elle voulût bien chercher à con- vainore le duc d'Orléans que les dames de Bourgogne, qüoique inférieures en esprit et en grâces aux dames de France, n'étaient cependant pas assez sottes pour ne:prendre plaisir à d'autres con- “versations qu'à celles qui ne consistaient qu'en compliments ex- travagauls.

, «Je suis fâché, madause, it le duc prenant la parole avant que la princesse pût répondre, «que vous fassiez tout à la fois la critique de la beauté des dames de Bourgogne et de la sincérité des cheva- liers de France. Si nous sommies prompts ét extravagants dans l'expression de notre admiration, c’est parce que nous aimons comme nous combattons, sans permettre à la froide délibération d'approcher de nos cœurs ; et nous nous rendons à la beauté avec la même promptitude que nous triomphons de la valeur. La beauté nos coneitoyennes, » répondit la jeune comtesse avec plus de ‘fierté qu'elle n’avait encore. osé ‘en montrer à son noble adülateur, «est peu jälouse de pateils triomphès, et la valeur de nos chevaliers serait incapable de céder. Je respecte votre pa- triotisme , comtesse , répliqua le duc, et je ne contestèrai pas la dernière partie de vatre proposition, jusqu'à ce qu’un chevalier

‘bourguignon se. présente pour la soutenir, la lance en arrêt. Mais

quant à l’injure que-vous faites aux beautés qui ont pris:naissance dans votre pays, j'en appelle à vous-même. Regardea-là, » ajouta- t-il en lui montrant une grande glace, présent de la réplique de Venise, et qui était alors un objet d'une grande rareté et d’une grande valeur, «et dites-moi quel est le cœur qui pourrait résister aux charmes qu’elle réfléchit.» :

-:La princesse, incapable de soutenir plus long-temps un pareil oubli de la part de celui qui devait devenir son époux, tomb ren- versée sur son fauteuil, poussant un soupir "qui rappéla aussitôt le duc du pays des romans ; et qui engagea lady Hameline à de- mander à Son Altesse si elle se sentait indisposée. :

. «J'ai éprouvé une douleur subite à la tête, » répondit la princesse en essayant de sourire; «mais je serai mieux tout à l'heure.»

Sa pâleur croissante démentait ses paroles, et la comtesse Ha- meline se mit à appeler au secours, car la princesse était près de

s'évanouir.

Le düc, se mordant les lèvres, et maudissant sa folie qui l'empê-

SU Se RE RS

qhait-de rheitre un frein à sa lañgue; conrtit appeler les dames de la princesse, qui se tenaient dans l'appartement voisin ; et. pan

_ dant qu’elles s ’empresseient d’administrer à leur maîtresse les se

cours réclamés par la circonstance, il ne put se dispenser, comme | le lui prescrivait ladevoir d’un loyal <hevälier, d'aider à le soute- tenir et à lui rendre l'usage de ses sens. Sa voix, devenue presque tendre par la pitié qu’il éprouvait et paï les reproches qu'il se fais sait, fut plus eflicace qu'aucun des moyens employés ; et, au mo- ment.même J sanne-reprenait connaissanoe 9 le roi entra dans h galerie: . ._

“CHAPITRE XIL ©

LE POLITIQUE.

tas ts Cent ur orûteur tellement habite en politique, qué {un ! « s , sans vouloir rien diminuer de la ruse de Satan, il pour:

Der rait fort bien donner dos leçons au diable, et enseigner.

‘* vi. viéutx séducteur de nouvelles téntationss ‘|

Dan ns te, . : ù Ancienne comédie.

‘En entrant dans la galerie, Lonis fconça les sourcils de la ra nière que nous avons déjà décrite. comme Jui étant particulière, | et jeta, soùs leur sombre. épaisseur, un regard pénétrant sur tout ce qui l’entourait. Ses yeux, comme Quentin le dit depuis, paru- rent devenir si petits, si vifs et si perçants, qu’ils ressemblaient à ceux d’une couleuvre qui, réveillée tout à coup, regarde à trâvers la touffe de bruyère sous laquelle elle a replié sès anneaux.

Lorsque, par. ce coup d'œil rapide et pénétrant, le roi eut re- | connu la cause du tumulte qui régnait dans l'appartement, il s’a- dressa d'abord au duc d'Orléans. -

“Vous ici, bean cousin?» s 'écria-t-il.. Puis, se tournant vers Quéatin, ilajouta d’un ton sévère : N’aviéz-vous pas reçu l'ordre? Pardonnez à ce jeune homme, Sire, interrompit le duc ; il n’a point négligé son devoir, mais j'avais appris que H princesse était dans cette galerie. —* El sans doute vous n'avez pas voulu que rien vous empêchât de venir lui faire votre cour, » ajouta le roi, dont la détestable hypocrisie persistait à représenter le duc comme partageant une passion qui n’existait que dans le cœur de sa mal-

heureuse fille, «Et c’est ainsi que vous débauchoz les sontnelles . QUÉNTIN DURWARD,

tes L QUENTIN DURWARD.

à ina garde? Mais que n'excnse-t-on pas dns en galant chovaliar qui ne vit que par amour? #.

- Le duc d'Orléans leva la tête, comme s il se disposait àrépondre de manière à détruire l'opinion qu’exprimaient Îles parolkes-da roi; mais le respect d’instinct (pour pas dire la crainte) qu'il éprou- vait pour Louis et dans lèquel iLayait été élevé depais son eñfance eachaîna sa voix:

«Et Jeanne a été indisposée ? ‘dit le roi : wnis ne vous chagrinei pes, Louis; ceja sera bientôt passé : donnez-lui le bras pour la conduire. à son appartement, pendant: que j ‘accompagnera ces nobles étrangères jusqu’au leur.» .

Cette invitation fut faite d’un fon qui équivalait à à un ordre : le duc sortit donc avec la princesse par une des extrémités de la ga- . lerie, pendant que leroi, ayant Ôté le gant de sa main droite, con- duisait courtoisement la comtesse Isabelle et sa parente à leur appartement, situé à l'extrémité opposée. It les salua profondé- ment lorsqu'elles y entrèrent, resta'eariron une minute devant la porte lorsqu'elles eurent disparu; puis, avec.un grand sang-froid, il La ferma, fit ün double tour, retira de Le serrure l'énorme cléf, et la passa dans sa ceinture, partie de ses vêtements qui le faisait parfaitement ressemblér à un vieil avare qui ne saurait respirer Hbrement s’il ne porte sur lui la clef de son eoffré-fort.

-‘ D'un’pas lent, d’un air pensif, et les yeux tournés vers 1x terre, Louis $'avança alors vers Durwatd, qui, s'attendant à strhfr sa part mécontentement du toi, ne le vit pas S ‘approcher sans épros- ver un sentiment d'inquiétude."

* «Fu as mal agi, » dit le roi en levant les yeux ét les fixant vi- vement sur Quentin Jorsqu’il fut à quelques pas de lui; « tu as hôrriblement mal agi , et tu mérites mort. Ne dis pas un mot pour ta défense !... Devais-t tinquiéter de dues etde princes- ses ?.. , devais-tu penser à autre;chose qu'à exécutèr mes ordres? | = âvec Ja perrnission de Votre Majesté, dit le jeune soldat , que pouvais-je faire ?—Ce que tu pouvais'faire , lorsqu’on forçait ton poste ? * répondit le roi d'un ton de mépris. « À quoi sert cette arme que tu portes appüyée À ton: épaule ? I1 fallait la diriger contre le présomptueux rebelle, et s’il ne se retirait pas à l'instant, l'étendre mort , sur le seuil même de la porte. Retire-toi… dans Fappartement voisin tu trouveras‘un grand escalier qui conduit dans la cour intérieure ; tu trouveras Olivier le Dain : envoie-le moi, > Puis rentre dans ta caserne. Si tu fais quelque cas de la vie,

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ie 6 bas nussf prompt à te servir déta Yangue que t'as étélent aujourd'hui à faire usage detonbras. » h

Pléih de joie que cette affhiré n'ait pas pour lui d'aûtrés suites; mais révolté aa Yond du cœur contre la profonde cruauté que 18 ri paratssait exiger de lui dans l'exécution de ses devüirs, Queñ- fin saivit Ja route qui lui avaît été tracée, descerrdit l'escalier avec : promiptitude, et cofnmunîqua à Olivier, qui attendait dans la cour, les ordres que.lii avait donnés le roi. Le rusé barbier s ’inclina, éoupira et soürit , tandis que d’une voix plus douce qu'à l'ordi- taire il souhaitait le bonsoir au jeune homme ; et ils se séparèrent,

Quentih pour retourner à Sa: caserne , et Olivier pour se rendre -

auprès de Louis. |

* Xei, les‘niémoites qui nous’ ont priticipalement servi de guidé dans k rédaction de cétté véritable histoire, se trouvent malheu- feuserent incomplets ; car comme ïls se composent eh majeure pürtie des renseigtiemerits fournis pat Quentif , il s’y trouve Hen retatif au ‘dialogue qui'eut lieu , en son âbsence , entré foi êt son conselitèr ptivé. réürebserfient \a bibliothèque de Haut-- Lieë tôntenait un exemplaire mänuscrit de fa Chronique scanda- Buse de Jean: de Troyes, béaucoup plus détaillé que celui qüi a été fniprimé, et atqtiél ônt été ajoutées plusieurs notes précieuses due nous sonimies porté à croiré avoit & è écrites par Olivier Jui- iéthe aprés 14 tort son maître, et avant qu’il ait eu le bonhéur d'étre récompensé par le gibet, récompense si bien et depuis si lâtitenps méritée. C'est de manuscrit que nous avons été à fnème d'extraire un récit très- détaillé de son entretien àvec Louis. eh cette cireonstance , entretién qi va jeter sur la politique de de Münatque une lumiére que nous aurions vainement cherchéé afieute: : ;

Lorsque le serviteur favori eriträ j dans CU galerie de Roland , it trouva le-roi aséis d'in’ air pensif sur le siége que sa fille avait quitté quelqués minutes auparavant. Contiaissant parfaitement le carattère Louis, À s'avança de ce pas léger qui lui était ordi- naire, jusqu’à ce qu'il fât tout juste placé sur la’ligne du rayon vishel dt roi, de manière à lui faire connaître qu’it était présent ; après quoi il se retira modestement en arrière et loin des regards de son maître, attendant qu ‘il Jui donnât l’ordre de parler ou d'écouter. Les premières paroles du monarque ne furent rien moins qu’agréables à l’oreille du souple courtisan. |

« Eh bien 1 Olivier, tes beaux plans disparaissent comme Ja

484 | QUENTIN DURWARD.

peige au souflle du vent du süd. Prions Notre-Dame d'Emmbrun qu'ils ne ressemblent pas à ces monceaux de glace dont les paysans suisses content tant d'histoires, et qu’ils ne se précipitent pas sur nos têtes !— J'ai appris avet regret que tout ne va pas bien , Sire, répondit Olivier.—Ne va pas bien! » s’écria le roi sel levant et par- çourant la galerie à pas précipités : « tout va mal, j je te dis; et à peu près aussi mal qu’il soit possible d'aller. Et voilà à quoi ont abouti tes. précieux et romanesques avis! Moi, homme le moins propre de tous à remplir un tel rôle,-me déclarer le protecteur da damoiselles affligées ! Je te dis que la Bourgogne arme et qu’elle est à la veille de conclure uneaälliance avec l'Angleterre. Édouard, qui a chez lui tant de bras inoccupés , va:nous faire pleuvoir deg milliers d'hommes par cette maudite parte de Calais. Pris séparé- ment, je pourrais les cajoler, les défier ; mais réunis. réunis. et avec cela le mécontentement et la perfidie de ce misérable de Saint-Pol!. 1, 0est ta faute, Olivier; c’est toi qui m'as conseillé de recevoir ces femmes, et d'employer cét indigne Bohèmien pour porter des messages à leurs vassaux. —Sire, dit Olivier, vous con- Daissez mes motifs: Les terres de la comtesse. sont situées entre les frontières de la Bourgogne et de la Flandre : _80n château est presque inexpugnable ; ses dioits sur les, domaines voisins sont tels que, s'ils étaient bien sontenus, il ne pourrait.en résulter que | beaucoup d’embarras pour à Bourgogne, si la dame avait. pour époux un homme bien disposé pour la France. —C si... oui, c’est. une amorce bien séduisante ; mais si tous avions pu cacher qu’elle était ici, il nous aurait.été possible d’arranger un mariage de ce genre pour cette opulente héritière... Mais ce maudit Bohémien,, comment as-tu pu-me recommander un pareil chien de païën pour une mission qui était une affaire de commerce ?—Que Votre Ma- jesté veuille bien se rappeler que ce fut elle-même qüi lui accorda une trop grande confiance, beaucoup plus grande que je n'aurais voulu. Ïl aurait porté fidélément uhe lettre de la comtesse à son parent, pour lui dire de tenif bon dans son château et lui pro- mettre un prompt secours; mais Votre Majesté a voulu faire l’ex- périence de sa science prophétique, et l’a mis ainsi en possession de secrets qui valaient la peine d’être trahis. —J'en suis honteux, Olivier; ÿ j'en suis honteux. Cependant, on dit que ces païens tirent leur origine des sages Chaldéens, qui lisaient les mystères des as- tres dans les plaines de Shinar 1. »

4 En Mésopotamie ou Chaldéo. On écrit plus communément -Sennar, À. M.

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CHAPITRE xt. : {gi

- Sachant fort bien ‘que son maître, malgré Toute : sa finèsse et toute sa sagacité , était d'autant plus enclin à se laisser tronper par les prophètes, Les astrologues, les devins et toute ‘cette race de prétendus adeptes, qu il croyait avoir lui-même quelques con* naissances dans cetie science’, Olivier n’osa pas insister davan.-.

. fage sur ce point, et se cantenta d'observer que le Bohémien avait.

été un mauvais prophète en ce qui le touchait pérsonnellement ; car'autrement il se serait bien gardé de retourner à Tours, et au- rait ainsi échappé. ‘à la corde qu'il avait méritée.

« {1 arrive souvent que ceux qui ont reçu d’en haut la science prophétiqüe , » répondit Louis avec beaucoup de gravité, « n’ont pas la faculté de prévoir les événements dans lèsquels ils se trot : venteux-mêmes personnellement intéressés. Avec la permission de Votre Majesté, répliqua le confident, c'est eommie si l’on disait qu’uti hofmne ne peutvoir propre main, au moyen de la chan- dellé qa ‘iltiént et qui lui moïtre tous'les autres objets de l'ap- partement. La lumière qui jui montre le visage des ‘autres ne peut lui montrer ses propres traits, et c’est l'explication plus chire de ee que j'ai avancé. Mais tout ceci est étranger à l'objet qui oecupe énce momént. Le Bohémien a reçu'sa récompense; qué:la pañx soit avec lui! Mais ces dames... Non seulement le Boürgutenon nous menace. d’une guerre parce qué nous leur avons donné asile: fnais leur présence ici va probablement con- trarier mes projts relatifs à ma propre famille. Mon cousin d’Or- éans , le pauvre garçon ! a vu la demoiselle, et je prédis « que cette vue le renüra moins souple “relativement à son mariage avec Jeanne. Votre Majesté peut renvoyer les dames de Croye en Bourgoëne , et par ce moyen faire sa paix avec le duc. Quelques marmures s’éléveront peut-être, on dira que l'honneur est sacri- fé. mais si la nécessité commande ce sacrifice. —Si ce sacrifice était commandé par l'intérêt , Olivier, je le ferais sans hésiter. Je suis un'vieux saumon : j'ai Texpérience, et je ne süis pas assez simple pour avaler ‘Thamecon du pêcheur parce qu'it est garni de cette amorce qu’on nomme l'honneur: Mais ce qui est pire qu’ ’un manque d'hontfeur , c’est que , en rendant ces dames au duc de Bourgogne, nous perdrions toutes les espérances des avantages que nous avions en vue en leur accordant un asile." Ce serait un chagrin mortel que de renoncer à placer un ami à nous, un enr'enii du duc Bourgogne, au centre même de ses domaines, et si près des villes mécontentes de la Flandre. Olivier, je ne sau-

JP —— QUES HATRVRARD. Fais renoncer aux Évantages quasemble nous-ppéspeter noire pro- jet de fvarier lg demoise]lp à un ami de natre maison.— Yotre Ma jesté, » dit Olivier après un moment de réflexion, »pourraï a0+ corder sa main à un ani digne d’étre investi da.sa coufsnpe, qui "se chargèrait de tout le blâme, &t qui vois servirait en-socrel fandis qu'en publié vous pourriez le désavouer.—EÆt trouverei- . je.un tel ami ? Si je venais à la. danner à quelqu'un de. pos nobles mutirs et si dificiles à à gouvernér, ne serait.ce. pas Le rende inr dépendant? Et ma politique n’a-t-elle pas eu pour but, depuis bien fes années, d'empêcher qu'ils ne le devinssent?…., Dimals , ilest vrai... fui, oui, Jui seul, serait peut-être digne de ma-confisnce; it caipbattrait po la couronne de France, dans quelque situer tion qu’il se trouvât placé. Mais les honneurs et les richesses <hangent le caractère des hommes... Je neveyx passe fiermémx à Dunais.—Votre Majésté, peut trouver d'autres, »reprit Oli- -Vier avec un air plus doucereux et d'un ton plus inshinant que celui qu'il prenait d'ordinaire eùcanversant avec’ le roi, qi lui accordait beauçoup de liberté ; « yous pourriez trouver x hpzame dépeadant entièrement de vos bonnes grâces et de vatre.favour, et qui ne pourrait pas plus exiséer sans votre protection que privé de le donçe influence de l'air ou du soleil. . un homme. de tête plu tôt que d'exécution. : un homme qui..*- Un homme qui te rea- _Semble ,-n’est-ce pas? Non, Olivier; sur ma foi! cette flèche a été lancée ua peu i considérément. Quoi! parce que je veux-bien - accorder quelque confiance , et que par manière de récompense je te laisse de temps en temps tapdre d'un peu près la tête mes guiets , tu crois que cela te donne le droit d’aspirer à devanix l’é- “poux de cette beauté inerveilleuse, çf an comte de première chasse par-dessus le marché? Toi! toi, dis-je, d'une naissance basse, d’une éducation plas basse encore, dont toute la science n’est guère qu'une espèce d'astuce, et dont le courage est-plus que douteux.—Vatre Majesté m'eccuse d'une présomption don je ne #uia point coupahle.—Je suis charmié que tu. t'en défandes ; &$ ce désaveu d’une pareille rêverie me donne meilleure vpinion de ton: jugement. Il me semble cependant que ten discours tepdait.sipr gulièrement.à faire vibrer cette corde... Mais, pour.en revenir à mon affaire... je n'ose marier cette j jeune beauté à aucun de.es sujets. je n'ose la renvoyer au duc de Bourgogne. je n'ose la faire passer ni en Angleterre ni en Allemagne, il est probable qu'elle deviondkait, la proie d'un homme. qui serait.plus porté à.

<a OO MO SO DO DOS DO OO

- CHAPITRE #2 s'unir à Je Bourgngrio-qu'kis Franee, et plus dinposé à déconraget lés boanôtes mécpnients de Gand st de Liége, qu'à leur accertler sm appüi suffisant pour donner ceatinuellement de l'occupation à ja veleur.de Charles:le Téméraire sais Je forcer à sortir de ses Étsts. Ils étaient si bieh préparés pour une ipsurrechon, les Li sois surtout. que ces deraiers à eux.seuls, bien excités.et bien sontenus, occuperaientinan beau cousin pendant plus d’an'an:.… que me feraient-ils. donc: pas s'ils étaient ‘appuyés par-un belle queux cgmte de Croye..… Non: Olivier: ve plan donne-detrop . balles espéraices poûr que nouë.y renonçions sans faire quelque tentative... Tos cerreai fertile ne saurait-il te fournir aucun sxpédient 2e. | ru ,

“Après un Jong silence, Olivier. répondit | si , « Si Von pouvait lire réussir ux mariagé entre Isabelle de Groyeet le jeuve Adolphe; due de Guekdres? Quoi « s’écria ke soi d'uh sir d’'étonnemeht; « la sacrifiér, une créature si ajmable:! un misérable, à un farcené qui'a déposé, emprisohné ef menñeé plusieurs fais d'assassmer son propre père! Non, Olivier, non; ce poraït-moutrer. trop de cruauté, mêine pour vous et pour EOi, {Hi anarchons d’un pas assuké. vers notre. noble but. la paix et le hong hour de-la Franoe, at qui-nous inqüiébans si pen dés moyens par desquels nous esmyons d'y. parvenix. D'ailleurs, le duc-est trop ébbigné de nous; ilest détesté des habitants de Gand etde Liége…

‘Non, non. je np veux point d’Adolphe-de Gueldreë, Penseè

quelque autre Mon imaginative est épuisée, Sire; je ge trouve aucun personnage qui, -comme mari de ka comtesse de Croye, me parasse pouvoir répondre'aux vuss-de Vôtre Majesté. I faut.qu'il associe tant de qualités diverses !.…Ami de Votre Majesté... . Dr . nemi du due de Bourgogné.. :’assez politique pour se concilier les Grantois et les Liégedis,.et. assez vaillant pour défendre:son peuf territoire contre le puissance duc Charles. d’une naissante lustre ; car Votre Majesté insiste sur cs point. et par-dessus tout cela, d’un raractère aussi nobleque vertueux.— Doucement, Olivier, doucement! je n'ai pas fortement, © ’est-à-dire si forie- ment appuyé sur.le earactère ; mais je pense que l'époux d'Isa- bblis devrait être un peu moins publiquement et moins générals- mont abhorré .qu’Adoiphe de Gueldres. Par exemple, puisqu'il faut que jecherche quelqu’us moi-même, pourquoi pas Guillaume de la-Marck. —Sur mon honneur, Sire ,ja ne puis me phiadre us vous deshandiez une inop grande perfection. morale dang

«

es | QUENTIN BURWARD.

Fheureux-époux de Ja comtesse Isabelle, ai:le Sanptier: dés At dennes vous paralt digne d'elle. De’la Marck! mais, Sire; il est connû pour le plus fameux brigand et le plus cruel assassin toutes nos frontières... ile été excommunié par pape pour mfilé crimes. Nous le ferons absoudre, ami OHvier ; P'Eglise est mi- séricordieuse.— C'est presque un proscrit; il a rété mis au ban l’Empire par un rescrit de la diète de Ratisbonne: Nous ferons ever le-ban, ami Olivier, ta chambre impériale entendra r#ison: s En'adinettant qu'il soit d’une tustre naissance il a les mäniè: res, .la figure , l'extérieur aussi ‘bien que cœur d'un bouiéher

flamand. Elle ne l’acceptera jamais.— Si je le connais bien, s

manière de faire la cour permettra difficilement à Ja comtesse de faire un autre choix. Certes , j'avais grand tort, Sire, Jorsque 'accusais Votre Majesté d’être trop scrupüleuse. Sur-ma ‘vie les ‘crimes d’Adolphe sont des vertus auprès de ceux de de la Mark! Et d’ailleurs, comment lux sera-t-il possible de venir audevant de sa future épouse? Votre Majesté sait bien qu'itn'ose pas s'éloigner beaucoup de sa forêt des Ardenries. C'est à quai il faut songer. Diabord il s’agit d'informer les deux dames qu'elles re: peuvent rester” plus long-tomps -daris notre. voür sans. occattoner une ‘guerre entre la France et la Bourgogne, etque , ne ‘voulant pas

| des rerhettre au pouvoir de’ notre beau cousin Charles , je désire ‘qu’elles: ‘quittent: en secret notre tétritoire. Eltès éevandent à

être transportées en Angleterre ;:et nous les veirons revenir avec un lord de cetteile , à belle figure conde, à langs cheveux bruns, marchant à la tête de troismille archers. Non !.. non!... nous n'oserjons, vous m ‘entendez, offenser notre beau <ousin de Bour- gogne a point deleur permettre de passer en Angleterre; ce. serait exciter Son mécontentement ayec autant de cértitude que si nous les gardions ici. “Non., non... ce. n’est que soûs la protection de

4'Église que nous pouvonssahs danger remettre la comtesse. Tout

ce que je ptfs faire’, c'est de fermer” les yeux sur le départ des dames Hameliné et Isabelle de Crove, déguisées, et avec une suite peù nombreuse, pour se réfugier. auprès de l'évêque de Liége, qui, pour le moment , placera la bellé Isabelle sous la sauvegarde d’un couvent. Et si ce couvent la protége eontre Guittaume de Ja Marck quand il connaîtra les bonnes intentions de Votre Ma- jesté , je ne connais pas mon homme, dit Olivier, A la vérité; répondit le roi, grâce aux secours d'argent que je jui fais passer en secret, de la Marck a rassemblé pre joke troupe de soldats aussi

“CHAPITRE. XL. : ‘md

peu sorupuleux qüe bandits le furent jarnais; avec leur appui fl parviènt à se maintenis dans ses foréfs-de manière à se rendre fots midable et au duc.de Bourgogne et à l'évêque de Liége. Il fai manque qu’uh petit territoire dont H puisse se proclamer le inati tre; et trouvant üne ‘si belle occasion de s'établir solidement au moyen ( d’un rnariage , je crois, Pèques-Dieu! qu’il ne la laissera pas échapper: il prendra fempre et château dès que jelui én auraf suggéré l’idée. Le duc de Bourgogne aura alors dans le flanc'uné épine qu'il sera.difficile au meilleur opérateur de notre temps Jui arracher. Quand le Sanglier des Ardennes, qu’il-a déjà pros: crit, se trouvera. fortifié par possession. desterres:, châteaux et seigneuries de tette. charmante dame ; de plus, quand les Liégeois mécontents se. décideront à le prendrè pour. chef et capitaine, qui, par ma foi! ne peut manquer d'arriver : -qu'alors Gharles.dé Bourgogne pense à faife la guerre à la France quand il le voudra, ou plutôt qu'il rende grâce à sa borîne étoile si la France elle-môme ne la lui déclare pas. Que. dis-tu'de ce plan, ‘Otivier? eh!— Ad« mirable ; Sire, admirable; si pourtant j'en "excepte la sentence qui adjuge la daine au Saïiglier des-Arüenñnes. Sur mon âme, s’il pou vait donner un léger grain galanterie de plus , ‘Tristan, le grand prévôt Jui conviendrait mieux. encore. Et:il ny a qu’un moment tu proposais maître Olivier le Barbier. Mais Parni Olivieæ ét lecompère Tristan, quoiqu ‘ils brillent pour le conseil'et l'exé- eution, ne sont pas de l’étoffe dont dn fait des comtes. Ne savez- vous pas que les bourgeois de Flandre font d'autant plus de cas de la naissance chez les autres, qu'ils en sont dépourvus etx-mêmes ? Une populace plébéienhé veut toujours avoir un ehef aristocrate: Ce Kad, ou Eade (comment le nomment-ils) en Angleterre, cher thait à réunir autour de lui toute la canaille en prétendant isgu du sang des Mortimer. Guillaume delà Marck deicend des princes de Sedan. Maintenant, revenons à notre-affaire. Il faut quefé détermine les dames de Groye à partir promptemént et secrètes menf,.avec une escorte sûre. Gela sera facile: il ne s’agit. que dé”

leur présenter. l'altérnative de-fuir ainsi ou de se voir livrées ad

duc de Bourgogne. Je te charge de trouver les Moyens de donner connaissance de leurs mouvements à Guillaume deila Marëk, et ce sera à lui de choisir le temps et le lieu convenables pour et vedir au déhoûment. Je sais qui je-puis chärger de les accompa gner. Puis-je démander à Votre Mæésté à qui elle confiera une ‘4 Chef dune insurréction qui eut lieu en 1448. nc ".

C1 QUENAN : DURWARD.

mission d’une {elle importance? À ùu étranger. sois-en bien sûr: à ua homme qui n'a en -France ai parents üi intérêts qui puissent sontratier l'exécution de mes desseins ;, ot qui connait iron peu le pays et ses. factians. pour soupooñner mes prûlels plus que.je ne veux bien lui en laisser voir. Eu un mot, je me pro pO6e d'employer le jeune Écossais qui vient de t'anvoyer ici » . Olivier se. tut, et'son. air semblait exprimer du. doue.sur la pru- dence d’un tel choix. « Votré Majesté, dit-il enfin , a mis.sa çon- fiance dans ce jeune étranger beaucoup-plus promptecnent qu’elle n’est dans l'usage de le faire. J'ai mes raisons, répondit le roi. Tu connais ma déyotion au bientieureux. saint Julien, » ajouta il en faisant un signe de croix: « je lui avais récité mes oraisons l'avant-dernière nuit, et je l'avais bumblement prié de vouloir bien augmenter ma maison de quelques-uns de ces étrangersqui €rTeR. dans le monde, et qui nous sont sj utilés pour établir dans notre Fayaume une soumission sans bornes à ngs volontés, promettant au bon saint, én retour, de les accueillir en son nom, de les sou hager ei de.Jes protéger.— Et saint Julien vous a-t-il envoyé cette paire de longues jambes d' Écasge eu réponse à vos prières] » dif Olivier. . . Quoique le barbier conaût le faible de son. maire , c'est-à-dire qu ‘ille sût doué d’une dose de superstition au moins égale à son propre manque de religion ; et que-rien n’était plus facile que de l'offenser sur un-pareil sujet; quoiqu'en conségteance il eût eu grand soin de faire sa question du. ton le plus soumis et le plus simple, Louis sentii l'ironie qu’elle contenait, et lança sur le ques- tionneur un regard qui éxprimait le plus vif mécontentement. - _ Coquin, lui ditik, c’est bien avec raisoÿ que l’on t'appelle Olivier le diable, toi qui oses ainsi te jouer et de ton maître et des bien- heureux saints! Jo te dis que si tu m'étais un tant sait peu moins . Récessaire., je te ferais pendre au vieux chêne-qui est devant le château ; pour servir d'exemple à ceux qui se raillent des choses saintes. Apprends, vil infidèle, que je. n’eus pas plus tôt fermé les Feux, que [e bienheureux saint Julien m apparut, conduisant un jeune homme qu'il me présenta en me disant que son destin s rait d'échapper au fer , à La corde st à l’eau; qu'il porterait bon- heux au parti qu'il embrasserait, et qu'ilsortirait triomphané des aventures dans lesquelles il setrouverait engagé. Je sortis le lende- main matin, et je rencontrai ce jeune honyge- Dans son pays;

: _ la échappé au glaive, au milieu du massacre de sa famille en-

GUPERE XH: set bière: et ici, dans ler court espace de deux jours, il à été sauvé d’une manière, presque miraculeuse de l’eau et de la corde. Déià même , copune je te l'ai donné à entendre il x a pau d'heures , il pa'a, dans mme occasion particulière, rendu un-service de la plus grande importance, Je le reçois donc somme m'ayant été envoyé par saint Julien pour: me servir: dans les entreprises les phas con pliquées, les plus dangerouses , eb mômie les plus désespérées. »

En s'exprimant ainsi, le roi ôta son chapeau, 'et, comme ilavait Æoutume da le faire lorsque Fegpérance.ou je remords venait agi. ter son esprit, après avoir:ehaisi parmi les nombreuses petites figures de plomb qni en garaiesaient lé:eordon celle qui représen- tait saint Julien , Ù la posa sur la table; s'agenouillant ensuite devant cette image, il marmotta,: avec l'air de la plus profonde. dé.

votion: Sanote Juligne, adsis precibus nostris ! Ore, ora pro nobis. 1 C'était Lx un de ces accès de piété superstitieuss ‘que”fonis érourait dans des temps et dans des lieux si peu convenables., qu'ils donnaient à un des monarque les plus remplis de sagacité qui aient jamais’ kôgné l'apparence d’un..fou , ou du moins d'un Romme dont Fesprit aurait été troublé par le vif remords de quels que grand forfait. .

. Pendant que Louis était ainsi. occupé, son favori. le regardait avec une expresäion jronique-et dédaigaeuse qu'il cherchait à peine à déguiser; çar uns des particularités da cet homme était que dans toutes ses relations avec son ‘maître, il grettait de côté cette affectation caressante et douegrouse, cet empressement Mir putieux et humble qui caraçciérisait. sa conduite eriversles-autros et. s'il lur restait alors quelque ressemblançe avec le chat, c’est lorsqua-cet animal so tient sur sés gardes, l'œitau-guet, vif et alerte, prôt à s’élancer auivant le besoin. Ce chaggement prover - ait sans doute de ce qu'Olivier savait fort-hien que son maitre était lui-même trop prafonilémant hypocrite pqur ne pas pénétrer J'hypocrisie des aulres, « Les.traits de cet, Écossais, s’il m'est per- mis de parler, dit Olivier, ressemblent donc à coux du jeune homme que voué avez vu-en. songe ? Ressemblance parfaite, identique, » répondit le roi, qui, comme cela se vait.chez la plu- part des esprits saperstitieux, était souvent. dupe da sa’ propre ämagination.« D'ailleurs j'ai fait tirer son horoscope par Galeoti -Martivalle, et j'aiappris d'une manière certaine, par s0n art autant que par ngee qhseevations particulières, que, sous plusieurs rep-

"SSaibt Julien, tesutuz faroratlenenf mos: prièves.Poles peur nous. A: 00.

#ve QUENTIN uw».

ports, la déstiné de ce jeune hoimne sans anis est sonmide à tin fluence des mêmés constellations que la mienne. »"

. Quelle que fût son 6pinion sur les causes si hardifnent assignéss par le roi à: la préférence qu'il abcordait à un jeune homme sans expérience, Olivier n’osa point faire de nouvelles objections, sa: chant bien que Louis, qui pendant son exil s'était beaucoup oc- cüpé de la prétendué science de l'astrologie, ne voudrait écouter aucune räaillerie qui tendrait à mettre-en doute ses propres con- naissances. Il se contenta-de répondre qu’il espérait que le jeune homme remplirait fidèlement une mission si délicate. « Nous au- rons soin. qu fl ne trouve point d'occasion d'en abir autrernent, dit Louis : il ne saura rien autre chose, sinon qu'il est chargé d’escorter les dames de Croÿe jusqu’à la: ésidence de: l'évêque de Liége.. ‘Quant à l'intervention probable de Guillanme de la Marck, ilen saura tout aussi peu que les dames de Croye elles- mêmes. Personne.ne connaîtra ce sècret;, excepté le: guide : il faut donc que Tristan on toi vous en trouviez un proprb à servir notre dessein. Mais dans ce cas, ‘dit Ofivier ; si j'en juge par son air et'par son pays, j'ai lieuf de croire que le-jeunie homme re- courra à ses arrnes.dès qu’il verra le Sanglier des Ardennes ae- courir eontre ces dames, èt il'est-très probable qu'ä n'échappera pas aussi facilement aux défensës de celui-là qu'à cehés du sari- glier de ce matin. ‘S'i perd la vie, » répondit Louis Avec-un grand sang-froid, « saint Julién… béni soit son nom!..: peut m'en envoyer un autre à la place. Que le messager soit tüé quand sa -mission est remplie, que flaçon-sôit brisé lorsque le vin est'bu, . sont deux événements ‘aussi-peü importants l’un:qüé l’autre. Mais il s’agit d'accélérer le départ de ces dames, et ensuite d’in- ‘sinuer au comté de Crèvecœur qu'il a éu Heu sans notre évnni- vence, attendu que nous désirions les. confier à la garde‘de notre beau cousin, ce-que leur précipitation nous a empêché faire. Le comté est peut-être trop fin et son maître trop prévenu pour.le croire. Sainte Mère de Dieu! quelle incrédulité ce se- rait pour deschrétiens! Mais, Olivier, H faudra qu’ils nous croient. ‘Nous mettrons dans toute notre conduite envers notre beau cou- sin le duc Charles une confiance tellement absolue et tellernerit iHimitée, que douter de notre sincérité à son égärd soùs tous les rapports serait être pire qu’un païen. Je te dis que ‘je suis tele- “thénteonvaiñcu qu’il est en mon pouvoit d'inspirer à Chatles de Bourgogne telle opinion qu'il me plaira lui donner de moi, que,

- CHAPITRE xx. ; | Li s’il le fallait pour dissiper ses doutes, j j iraisle trouver, SARS arme8 et monté sur un palefroi, n’ayant d'autre escorte que. tai; l'ami Olivier. Et moi, Sire, quoique je ne me flatte pas de manier l'acier sous aucyne autre forme, que celle d’un rasoir, j'aimerais mieux eharger.un bataillon de Suisses armés de. piques, que d'ac- compagger. Votre Majesté dans une paréille visite d'amitié. À Charles. de Bourgogne, Jorsqu’ il a tant de-raisons d’être bien as suré,que le cœur de Votre Majesté renferme quelque rgssentiment contre Jui. Tu es fou, Olivier, avec toutes tes prétentions à la, . sagesse, ettu ne conçois pas.qu’une politique profonde doit seu vent se cacher sous l'apparence de la plus grande simplicité, de mômé que le courage s enveloppe, suivant l'occasion, du manteau d’une-modeste timidité, S'il y avait nécessité, bien cetainement je férais ae que j'ai dit. les saints béaissant nos projets, et les constellations du ciel amenant dans leur cours une conjonction favorable à une.telle entreprise. » |

Ce fat par. ces paroles que le roi Louis XI donna r'idée première. de la détermination extraordinaire qu'il exécuta par la suite dans le;dessein de Auper son. grand rival, ét qui fut bien près de jui devenir: funêste. ..,:,

_ ILrenvoya spn conseiller, et se rendit ‘ebeuite à l'appartement des dames .de Croye. Sans être accompagnée de grands efforts de persuasion , sa: permission, simplement énoncés, suffit pour les déterminer à quitter la cour de France; car il leur fitentendre qu’il pourrait arriver qu'elles n’y fussent pas suflisamment pro tégées aontre le duc de Bourgogne ; mais il ne lui fut pas aussi facile de Les engager à choisir Liége pour le Lieu de leur retxaite. Elles le prièrentet le supplièrent- de les faire conduire en Breta- gne ou à Clais, of, sous Ja protection du duc de Bretagne ou du roi d’Angleterre;‘elles pourraient rester en sûreté jusqu’à ce que le due de Bourgogne se montrât moins rigoureux ‘à leur égard. Mais aucune de ces places de sûreté. ne convenait aux plans de Louis, et il réussit enfin à leur faire adopter celui qui l’accommo- dait le mieux.

Le pouvoir qu avait l'évêque de Liége de les défendre ne pou- vait être mis en doute, puisque sa dignité sacerdotale lui donnait la faculté de protéger ‘ces fugitives contre tous les princes chré- tiens, tandis que d’un autre côté ses forces comme prince séculier, bien. qu’elles ne fussent pas considérables, suflisaïent au moins pour défendre sa personne , aussi bien que quiconque se. plaçait

ao | QUENTIN ÉUAWERD. so a protection; contre toute .vielenca: mbite. La difficuité était d'arriver’ sans dariger. jusqu'à’ lu. petite vour de l'évéque: ais Louis proinié d'y pourvoit en sement te bruit:que les dinies de Ctoye s'étaient -échapipées de Poars à le faveur de te fruit, peur d’être Hyrées à Penvoyé bourguignon; et qu’elles s'étaient énfuies du côté de la Bretagne. Ifleur prortit aussi leurs donner üne escorte peu notibireuse, mais sûre, ainsi que ‘des lettres qui énjoindraient aux cornmandants des vikles et forteresses pur: elles devaient passer, d’ethployer tons liés moyens possibles pour les protéger et les assister-dans leur Yoyage.. Bien qu'intérisuremient choqtiées de la riamière peu périérenst | et peu cvurtoise dont Louis les privait de l'asifé qu'il leur’ avait promis à sa cour, les dames de Croye furent st éloignées ‘de faire aucurie ohjectiori à ce départ si: précipité qu’elles aférènt mêrné du-devarit de ses projets en le-priant de-leur permettré de:pérttr la nuit suivante. La comtessé Hämefine était déjà tasse d'un séjour elle ne trouvait mi courtisans ‘pbut l'adnirer, ni fètes pour y Hier, et sx nièce Isabolle crogait qu'ette en avait Va assez’ pour se convaincre que, si la tentation devenait plus foité, Lois ne se contenterait pas de les renvoÿef de sa cor, titi tffème fhésiterait pas: à la Urrer' à soit suzerairi irrité, e due de: Bour- gogne. Elfin, Louis luisméme acquiesca d'autätitphés volotièrs à leur profnpt départ, qu'it aÿait te plus grand désir de cotidééver . Ja paix avec’ le duc Charles, et qu'i redoutait' d'añfeurs ‘tie beauté d'Isabelle ne vint contrarier niêrne émpérher l'ékétu- tion de plan ftvori- qu’il ayait formé de donner Ia main æ fe

Jeame à son cousin d'Orléans. LT

° . . = Q = .* CHAPITRE XIE, | * L’ASTROLOGEE. | nie parlez pas de rois. Je dédaigne une comps- è | raison si peu.digne de moi. Je suis un sage; -ét.je puis . _ ommander aux éléménts; du moins en es perauaié

que je le puis, et c’est sur cette persuasion qué je fonde Mon empire. Albuñiasd rs.

. Les occupations et les aventures semblaient survenir à notre jeune Écossais avec la rapidité des flots d’une haute marée !; car

t wüh the force of a springtide , dit le texte. C’est le moment d'une syzygie, la marée monte à sa plus grande hauteur, 4, x.

: GAADETRE. XL - . &netarda pes à être mandé densl'appertemieht de son capitaine ; lord Crawford, ,: à-5a grande surprise, il se trouva encoré ét présence du roi. Aprés quelques paroles au sujet de 11 confiées dont it allait être honoré de nouveau , et qui jai firent cramdre qu'il ne s’agit d’une faction- semblable à celle qu'il avait faite ag : snjet du- comte de Crèvecœur , ou peut-être de quelque service #assi-pen de son goût, il fut’, non-seulement rassuré, mais ravi, en apprenant qu’il avait été choisi-pour, avec l'assistance de trois hommès placés sous ses ordres, et d’un guide, escorter de la mas nièré la plus sûre, la piüs eommode et en même temps la plus se» crète possible, les-dames de Croye jusqu'à la petite cour de leur parent, l'éréque de Liége. On lui remit des. instructions par écrit sur-la conduite qu'il devait tenir dans les feux il férait haté, et qui étaient ef géniérat des viages, des monastères et d'autres beux éloignés des villes, dinsi que sur les précaulions génératés qu'il aorait # prendre, surtout aux approches des frontières de {# Bourgogne. Enfin, il reçut toutes les indications nécessairés sur ce qu'il devait dire faire pour soutenir fe rôle de maître d'hôtel dt dtux dunes anglaises de distinction qui venaient de faire-uw pèlerinage À Saint-Martin de Fours, et qüi allaient visiter ta sainté ville de Colagne, afin d’hünorer les reliques des säges monarque d'Ohient. qui étaient venus adorer Notre-Seigneur dans l'étabié dés BétMéem: car était: sous ce ? caractère que les dattes Croyé | devzient voyager:

‘Sens qu’il pût expliquer 1 H cause déson ruvisserent, Quentitÿ Derwird'sentit Son cœur bondit de ; joie à l’idée qu'itallait setrou- ver si près de la belle habitanté de la tourelle, et dansdes circotis- tanées qui li donnaient des droits à sa confiance, puisque le soin. de la protéger était presque exclusivement remis à sa sagesse et à son éouruge. R ne s'éleva pas dans son esprit le. moindre doute qu'il me rémssit à Ia conduire heureusement au terme hasardeux’ de 508 pélériaage : 14 jeunesse pense rarerhent aux dangers , et Quentin sartout , étevé dans une liberté complète , étranger à la” rainte et pléin de confiarice-en fui-même , n’y pensait que pour tes braver. M lui tardait d’être débarrassé de la contrainte que lui imposait la présence du roi, afin-de poavoir se livrer à'la joie se- arète dent cette nouvelle inattendue le remplissait, et qui excitait’ en lui des transports qu’il aurait été inconvenant de faire paraître” | €n Pareille compagnie. -

Mais Loyis n’avait pas encore fini aveelui. Ce minerque. qui ne

ss QUENTIN DURWARD.

je précaation; avait à consulterun consoitier d'uns autre een qu'Ovier le Diable, et que l’on regardait <okmme ti- rabt sa science des intelligeñces célestes et de sa connaissance des astres, de même que l'où petisaif, à en juger per les fruits, . que les conseils d'Olivier étaient suÿgérés par le diable ën a per” SonRe.

Louis s ‘achemina done, suivi de l'impatient Durward, vers une tour séparée du château de Rlessis , dans laquelle était installé, | avec beaucoup d’aisance et de splendeur , le célèbre astroiogue , poëte et philosophe, Galeotti Maïti ou Martius, ou Maïtivalle; na- tif de Narni, en Italie, auteur du fameux traité De ouigo iRCOÿRI= tis 1, et l’objet de l'admiration de son siècle et des panégyriques de Paul Jove, It avait long-temps fleuri à la cour du célèbre Ma- thias Corvin, roi de Hongrié; maisil s'était en quelque sorte laissé attirer par Louis , qui enviait au monarque hongrois la société et les conseils d’un sage qui passait pour si habile à lire‘dans les dé- creta du ciel.

. Martivalle n'était pas un de ces pâles. et: ascétiques. professeurs des sciences mystiques, dont les traits sont flétris, dont les ee

s'affaiblissent par leurs veïlles noeturnes sur leurs fourneaux. ; et

gai macprent leur corps'à force d'observer l'ourse- polaire, Il:se Lvrait à tous.les plaisirs du grand mppde, et ; avant d'être devesa trop. corpulent, il avait exçellé dans les jeux. de Mars-et dans les exercices gymnästiques, aussi bien que dans le maniement des armes; au. point que Janus Pannorius a laissé une épigramme latine sur une. lutte qui: eut. liéu-entre Galeotti.et un champion renommé dans cet art, en présence du -ioi de. Hongrie et de toute sa cour, etdans laquelle l'astrologue fat complétement vic- torieux. ,

Les appartements qu occupait ce sage, courtisan et guerrier tout ensemble, étaient beaycoup plus splendidement meublés qu’au- cun de ceux que Durward eût. encore vus dans le palais du roi ; les boiseries sculptées et ornées de sa bibliothèque, aussi bien que la magnificence déployée dans les tapisseries, montraient le goût élégant du savant Italten. De sa bibliothèque une porte con duisait dans sa chambre à coucher, et-une autre à la tourelle qui

lui servait d’observatoire. Une grande table en bois de-chêne, | placée au milieu de l'appartement, était couverte d’un riche ta-.

4 Des choses inconnues au vdlgaire. La bibliothèque royale possède, dit-on, 1e

maouscrit original de ce traité. a. M. «=

CHAPSIVRE XIE. : 197

pis de Torquis, dépoullle enlevée de la tente d'un pacha après ja

grande bataille de Jaiza, dans laquelle l'astrologue avait combatta

à côté de Mathias Corvin, ce vaillant champion de la chrétienté.

On. voyait sur cette table uné grande variété d’instrumentsde me: thématiques et d’astrologie, faits des plus riches matériaux et ad- mirablement travaillés. Son astrolabe, en argent, était un présent

de l’empereur d'Allemagne; et son bâton de Jacob, en ébène, par- faitemient travaillé et incrusté en or, état une marque d'estime du

pape régnant. Divers aatres objets de plusieurs genres étaientrangés sur cette

table ou-suspendus le long des murs; entre autres, deux armures :

complètes , l'une en mailles, l’autre en plaques d'acier , et qui toutes deux, d’après leurs dimensions, semblaient indiquer pour leur propriétaire le gigantesque astrologue, un véritable toledo t, une elaymore d’Ecosse, un cimeterre turc, avec des arcs, descar-

quois-et d’autres armes guerre; des instruments de musique de

plusieurs espèces’; un crucifix en argent; un vase sépuléral anti-

que , et plusieurs de ces petits pénates de bronze si communs :

dans l'antiquité paienne ; enfin use foule d'autres ehjets curieux :

que nous nous abstenons de décrire, et dont quelques-uns, d'a- près les opinions superstitieuses de cette époque , .paraissaient

destinés à des opérations magiques. La bibliothèque de cet homme : étrange offrait une diversité non moins étonnante. De curitaz :

manuscrits d’antiquité classique s'y trouvaient môtés avec les vo-

lumineux ouvrages de théologiens chrétiens et ceux: de ces sa- : ges laborisux qui avaient profeseé la stience chimique et qui pré- :

tendaient guider leurs élèves dans les replis les plus secrets de la nature, au moyen de la plrilesophie hermétique. Les uris étaient écrits en caractères orientaux ; d’autres cachaient leur sens ou

leur non sens sous le voile de figures hiéroglyphiques ou cabalis-

tiques. L'ensemble de l'appartement , et les meubles de toute es-

pèce qui sy trouvaient, offraient un tableau capable d'agir forte-

ment sur l'imagination, dans un temps la croyance aux sciences

occultes. était aussi générale que leur vérité passait pour incontés-

table; et cet effet étaitaugmenté encore par l'airet le maintion de :

l’astrologue, qui, assis dans -un grand fauteuil, examinait avec la plus grande et la plus minutieuse attention un essai sort de le

pressede Francfort, production de l'art-de l'imprimerie, ‘invention

toute nouvelle sors. 4 Sorte Pépée espagnole fabrignée à Tolède. à. x. QUENTIN DURWARD. 13

1%: QUENTIN: RUNWARD. falnoit Mastéralle-était un horema.de- amade-tiille eh avide

chargé. d'anhoupaint san erléniour. n'éfait pas dépoank d'agnt- me... H,svait de beaucoup dépassé le peiniemps-de Mvis; ei Flan bitude-de l'exaseine qn'illauait caatwactfe-dens.ss.jeunese, hebi- tude à lagyelle il revenait. quelquefois, n'arait. pu lutées-ffigsce ment contre une. tondanca naturelle à le eprpulonce, sngmautée d’ulleurs. per ses études sédautaires.et son gai, mononadRonEIES: plaisirs de Ja, table, Ses traits, quoiqu'on peu grossis par: l'âge, étaient encore remplis de dignité et de noblesse, et un santen hi auxait enyié l’élégants at longue barbe noise qui:0rReit 50 Mar tog.et qui. depeandaihinsqua.sux sa poirine. IL pôrtait une-robe-de- chambre du,plus beau velours de Gênes, à manches larges garais d’agrafes.en or, ah deuhise de. martre ziheline: cette rabo étaié assujettie aaux de 400 coëps pur une large ceinture. de pareher min viarga, sur laquelle étaient représaniés, en. Garatères 6rer mais, las signer. du zodiaque, El 59: loun el cola Le roi, Haitasee les manières d'un. bomine. à. qui l-yrésenge-d'un anal god Bonr. sopasgh.a familière, manitres Qué ne: paissaent. alone nst dayair cpnpmetire le dignité-qu'affaciajent alonconux qui sa dognaieuk à la.plna sublime des saiences

Vous ôtes qasuné, mos-père, bai dif le-sqis-et, à coqu'il mes sophie. à oef.ark nourellement inventé de-multiplier les meaus- cris pu lemoyen d'unamachine. Des choses parement mépanér- ques at.torrestres.peurantalles eequper up.seul:inatent le panaée d’uy, hoguse. devant qui les cieux:ont déraulé-leurs majesiians: volumes? Mon. faire, réponulié Martévalle, …. car. c'estainai. que l'habitant de cette callula doit-apeler le roi de France lui-même, loragitil daigue vepir:-le visiter.conume un dissiple.…..arage7-que. lorsque jie-réféçhis sur les conséquences. de.seite ipysntion, je Ris, avac autant desakitude.que dans tonte combinaisons quelconque des coran les changements les plus importante et les plug. mesvaillenx. Queud'ie pense ares quallalenteur eb par quel petit ngmbra de saguax, moyensi bomé, le fleurs da la-science descend jusqu'à nous: aux difficultés qu'éprouvent: ceux qui montrent: le - plus d'andeux pour s'abreuver de. sea soux: ; à l'insousiance.auae: laguele.les négligent aaus:qui.ne consultent que Jeyrs aison; aan danger da les voir détaurnées, peut-être méina desséchdes.per les- inyagiauede la barbarie : puis-je porter. mes ragardsau devant. de moi sans être étonné, sans être émerveillé à la.vue des destinées qui se préparent pour les génévations futures, sur qui ba science

| CRAPTERE x. au dunernäre, comme k premibre etix snnomcie ptdio: tas ihéerrop- tion, sans diminution, sans limites assignables, fertilisant certaines terres, eu iaondant quelques antres, ehungeant toutes les fotimes dela vie saesale: étallissant et renverseat: des roligions : fondant et détruisent desroyeumes...- C'est asser, Gaipotti! s'écria le roi. Tous ces changements arrivuront-ils de notre temps?— Non, mon frère, répondit Martivalle:; cetée ivéntion pent se cosparer à un jeune arbre qui vieat d'être planté, niais qui, dans les générations suivantes, portera un fruit aussi fatal, mais aussi préciéux que anti du jardin d'Eden, c'est-à-dire, la connaissance du bien et du mal.-—Que Favenir songe à ses propres affaires. » dit Louis après mn moment de silonde. « Nous vivons dans le temps présent, et d'est au temps présent que nous bérnerons tous nos.soïns. À eha- que jour suñli sa poine. Rites-m0s, avez-vous ternrimé lhoroscope que je vous à envoyé, ei dont vous m'avez déja entretenu? J'ai amené iei le personne. fo: que vous puissiez ecaminer sx mn; d'vst-à-dire, exPreer à son égard la chéromencie, si vous. trouvez

_ctmrenatle. L'offre ei presente.» :

Lesage quitta son sége: sapprochant ensuite drjoens sobdat, à fixe sur lui ses grands your noirs, briklait la pénétration, comme. s'il oùt élé intérieurement ocoupé à détailler, à disséquer chague trait. chaque. Hinéahent de son visage. Rougisamt ot inkimidé per un oxamen si aitentif &e:ls part d'un’ hémene dont Festérienr étai si vénéreble ot si imposant, Qnentih hnissa les veus, ne Les relera que: pour obéir à le voit sonere de l'astreio- ges, qui di: «Mo L'inteiie pas; Rive les poux, etmobire ta ntaie.»

. Lorsque Martinalle eut inspecié la paume:de ls main de Dur wasd, aura la forme des ests mystiques qu'ik-pratiquast, it tira lo noù à l'écart, ot aphès: avoir fait ensemble quelgies pas; à bei dik.:.« Mon: royal Grève, la physisnainie de ce jaune homma.et-les Migees-de sa mais cenbmheont d'une rsanière muspoenshte le rèp- pont que j'avain fondé surson horoacepe, antéit tien quir Le jnge- coèmisè mêms.de porter delui. Font amaanenquiil sua bravat hauseus.-—54i fèle ? dit 2 roi: enr la'velsuret la fortene na wont pen toujouss de pain -aven le. fdiéiité.—— Et Sgèle, répobdié l'estre-- loge: car di. à dans lei el dans krréçgaré wendik:fniett, sa hinea vitæ, sa ligne de vie, est profondément et nettement mar- quée, ce qui dénote un. attachement. ferme et loyal envers ceux,

6.0 QUENTIN DURWARD.

qui lui féront du. bien ou qei mettront en lui leur: confienee. Fou- tefois...— Toutefois? répéta I roi, père Galeotti, pourquoi vous arrôtez-vous ?— Les oreilles des rois ressemblent au palais de-ees _ malades délicats qui ne peuvent supporter l’amertume dés médi- caments nécessaires à leur guérison.— Mes orvcilles et mon palais ne connaissent pas de pareilles délicatesses : je ne repousse pas un bon conseil, et je sais avaler une médecine salutaire : je ne me plaindrai jamais ni de la rudesse de l’un, ni du mauvais goût de l’aatre. n'ai pas été gâté à force de caresses et d’indulgence ; ma jeunesse s’est passée dans l'exil et dans les souffrances. Mes oreilles sont habituées à entendre toutes sortes d'avis sûns en être offensées, quelque durs qu'ils soient. Eh bien, Sire, je vous dirai donc clairement que, s’il y a‘dans la mission que vous projètez de donner à ce jeune homme, quelque chose qui... qui, enfin, qui puisse effaroucher une conscienèe timorée. il ne faut pas la lüi confier. du moins jusqu’à ce que plusieurs années passées à votre service l’aient rendu aussi peu scrupuleux que les autres.— Et c’est ce que vous hésitiez à me dire, mon. bon Galeotti? ët vous craigniez de m'offenser en me parlant ainsi ? Traniquillisez-vous. Je n’igriore pas que vous sentez parfkitement que la politique des rois ne peut -pas toujours marcher dans la même voie que éelle de la vie privée, c’est-à-dire suivre invariablement les maximes abstraites de la religion et de la morale. Pourquoi, nous autres princes de la terre, fondons-nous des églises et des monastères, faisons-nous -des pèlerinages, nous soumettons-nous à des péni- tenoes, et remplissons-nous des actes de dévotion dont les autres hommes peuvent se dispenser, si ce n’est parce que le bien publie et l'intérêt de nos royaumes nous forcent à des mesures qui bles- sent riotfe conscience comme chrétiens? Mais le -ciet est miséri- "condéeux:.. l'Église à ue fonds inépuisable demérites, et d'inter- cession de Notre-Dame d’Embrunet des bienheureux saints:est active, cohtiauelle et toute puissarite.. » Il posa son chapeau sur la taie: et s’agenouitlant dévotement devant les images qui l’en- toursient, il. dit avee un air de comporiction : « Sancte Muberte, sancte Fubliane,sæncte Martine, santa Rosa, sancti quotquot-ades- _ Es, ortile pro me peccatore! ; » puis se frappant la poitrine, il se leva, et reprit son éhapeau. « Soyez assuré; mon bon père, eonti- nana que sil s6:trouve dans la mission dent il-s'agit quelque

4 Saint Hubert, saint tulien , Saint Martin , sainte Rosalie, et vous tous, saints ici présents, prlez pour us pauvre pécheur qui vous implore. A. M |

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chose de la nature de ce que vous venez d'indiquer, l'exéention n'en sera pas confiée à.ce joune hommpe, et même qu'il ne. spa pas instruit de cette partie de nos projets.— Vous agirez sagesmont en-coci, mon royal frère. On pout aussi quelque ebose de la témérité de votre jeune envoyé, délaut-inhérent aux personnes d'un tempérament sanguin. Maisje maintiens, d'après les règles de l’art, que cette.chance ne doit pas être mise en ba- lançe contre les autres qualités découvertes par san-horosoope et autrement: [Le müieu de la: nuit prochaine, l'heure de minuit, sera-t-il une heure favorable pour commencer un voyage danger reux ?-Fenez, voici vos éphémérides... vous voyez la position de la Lune à l'égard de Saturne et l'ascendant de Jupiter. Cela devrait, ce me semble... je parle avèc toute la soumission qui-est due à la supériorité de vas connaissances... présager le suceës à celui qui euvoie une expédition à une pareille heure.—Il est. vrai,» dit l'astrologue après un moment de réflexion, « cette conjonction promet le succès à celui qui envaie l'expédition ; mais il me semble que Saturne étant en combustion, elle menace de dangers et de malbeurs celui qui est envoyé ; d’où j'infère que le vayage-peui être dangereux et même fatal pour ceux qui seront chargés de le faire. Violence et captivité, voilà, selon moi, ce que présage cette conjonction défavorable. Violence et captivité pour coux qui partent, répondit le roi, mais succès pour celui qui les enyoje: n'est-ce pas dans cet'ordre qu’il faut lire le présage, mon doéte père ?— Certainement, répondit l’astrologue. » -

. Louis se tut sans laisser voir jusqu’à quel point cette prédiction

s’aceordait avec ses vues, prédiction que l’astrologue avait proha-

blement hasardée, parce qu’il avait reconnu que la mission dont à s'agissait avait rapport à quelque projet dangereux. Ce projet, comme le lecteur le sait, était de livrer traîtreusement la comtesse Isabelle de Groye entre les mains de Guillaume de la Mark, chef distingué par son caractère turbulent et sa farouche bravoure.

, Le roi tira alors un papier de sa poche, et avant de la donner à Martivalle, il Jui dit d’un ton qui ressemblait à une apologie : « Savant Galeotti, ne soyez pas surpris que, trouvant en vous Foracle le plus précieux, un sage supérieur à tout autre sage ds nes-jours , sans en excepter le grand Nostradamus ! lui-même: je désire fréquemment profiter de votre science dans ces doutes

* 4 C’est un anachronisme; Nodsiradamus, en 41505, nuyant publié ses prophéties qûe Pan 45 AM -. L Lou en.

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ee QUENTIR BERWAND.

et dans ces difltinliés qui sssiégent sue 0oée Tout. prince 108 deæcombattre, au dedans des sajott raboïes , au‘dbhors des :en- momis puissants ot invétérés. —Sire, répondit le:philesctihe, lorgque, sur votre hionotable mvitation, jo quitta la cour de Sade pour œæile du Plessis, oe fut avec In résolution de mettre au ordres de mon réveil patron: tout ce que mon art pout fui oflrie d'atéle. C'est assez, mon bon Martivalle, intorrompit le rois le vous prie maiatennat de fétre bien ationtion à obite question. » Dépliant alors en papier qu'il tenait à le main , il lut ce qui suite «Une personne engagée dans une ecntestation ‘importante, qui parait dévoir être réslue seit par les lois, seit par les armes, désire en ce moment terminer cette affaire per le moyen dans shtrevae persüinnelle avec 50 antagoniste. Gette personne désire savoir quel sers: ke jour le plus favorable pour l'exécution d’un tel dessein; quel pourre être le succès de cette négociation, el $ Son srorsuire est disposé: à répondre par la roconnaissance et 14 franchise à ce témoigriage de confiance, ous" doit ubuser ds l'avantage qu’une telle démerche poul lui fourtir l’ocension ds saisir. »— C’est une question importante , » répondit Martivalis dbroque le roi eut terminé'sa lecture; « elR exige que je trace un planétaire, et que je la soumette sur-le-champ aux pltis pro- fondes réflexions: Owi, mon ‘bon père , vous qui rwavez fai _ méître à la science, faites-le: et vous vorrez ce que d'est que d’ebliger un rei de France. Nons sommes <déterrmmmé , les cons tellations ne s’y opposent poist.…. et nos faibles conwnaïssances nous portent à ervire qu'elles approuvent notre projet... nous sommes déterminé à haserder quelque chose en notre propre personne . pour arrêter ces guerres antiehrétiennes. —— Puissent les saints favoriser les pienses intentions de Votre Majesté, et protéger. votre personne sacrée! dit l’astrologue. —Grend'merei, docte père ! En attendant, voiei quelque chose pour augmente votre précieuse bibliothèque. »

* En perlant ainsi, le roi giissa sous des volumes une petite bourse d'or; ear, économe jusque dans ses superstitions, Louis pensait avoir suffisamment acheté les services de l'astrologae au prix de la pension qu’ lui avait sssignée. et se croyait en droit de faire usage de ses talents à un prix modéré, même dus 108 üoessions rmportantes.

: Eouis ayant ainsi, pour employer une des expressions du bar- reau > PAYÉ les honoraires légitimement dus à son sveent consal-

D À. D L 3 ARR 8e AO Ma VEYS Dép A. « Suiderioi, Fét MERE; Mo ie Héoufs : sbis-MOi eoiiie un home Lhblsi pr le destin ‘Et Pâr “un Münärue pour tcebrhptir ame svéritére Iniporértite. Pipobe tout de manière 4 pouvoir 1métfre le piod 4 1Xtrfér & l'ihsbtét tifêine la-cioche de:Stiit-Mareih sohnéta hiintiit, Une ftiitte pltis tôt oû:une miräte plus tard, tu sethñreiposé à perdre Put pect favorable des constellations qui sourient à ton erftréprise.t, À ces mots, ilS08R l'apparétherit de Martivalie, Suivi son jeune gite. #8 tie fürétit pas plis Bt Uehors, ‘ue Pastiotobile se Wvra d'désaéiitimetits bien fiérents de céux qui dtététit bia LiaMtimer pendartt la visite de r0i.« Le mtiséhabte hvare! vs tr fécitalil "En 'poËrnt la Bourse dans sh nidiñ;' Er, le saéhünit pOPAt-botrrer dés dépenses , Galeotti avait presque toujours besbin ‘#étgent ; «+ ÿil et sordide coghons ! ! La femme d’un simple capitaine de chaloupe en donnerait davantage pour savoir si son mari fera une heu- reuse traversée. Lui ! acqhérir quéféhbitéinture des belles-lettres! oui, quand le renard et le loup devenus musiciens cesseront de glapir et de hurler. Lui! lire le glorieux blason du firmament ! oi, 'quend'ia tape atira le vée peinte du Iynx. Post tot pro- hissü! Après m'avoir fait fant de proïnesses pour m'’engager à œtrittér da coûr de magnifique Mit , le Hun et le Ture, le crée et fnfidèle, ëzar de Méscovie et le kan de Tartarie x-mômes , me conrblaient à l'envi de présents. Croit-il que je resteréi dès ce vieux thâteau , coffimé un bouvreuil en cage, prêt à chanter, aussitôt qu il lui platt, de siffler pour quelques ‘Bfaines ét un pet d’eau! il se‘trômpe granidernent!… ét îhve- hitin via, aut facia : je SécouViiräi j'inventeraf wh eéxpé- dient. Le cardinal de la Balue est aussi libéral que politique : cétte Œuestion lui sera soumise, et ce ser la fauté de 8of Éminencehi

\és’astres parlent pas selon ses désirs. {L'prit de nouveau le présent dédaïgné et Ie pesa dans Sa card. « Ÿ est possible, dit-il, qu'il y ait quelque bijou ou quelque perte de prix cachée dans cette misérable bourse. J'ai oui dire quil Savaïit étre Tbéral jasqu’à ta profusion lorsque son éaprice ot son

intérêt ÿ trouvént leur compte. 5 |

_ Yvida ta bourse, et h’ÿ trouva ni plus ni Moins que dix prètés d’or. Alorsson indighation fut é£trême. « Croft-11 que pour'cé vi Salaire j’exercerai à Son profit cette scienèé télesté què j'at étu- âlée avec l'abbé arinénien d’Istrahoff, qui d'avait pas va te sohl

4 Sot, imbécile, expression italienne. À. x,

"#04 QUENTIN: DENWARD. epvis quarante ans ; avec ke. Grec Dabravius.- qu'on dit avoir Kessyscité des morts;"enfin après. avair-meirmême visité de Scheik Æba-Hali:daps-sa, caverne des déserts da-la Thébaïde ? Non:, de _par le ciel! celui qui méprise smon.art.périra. par sa propre igne- rance. Dix pièces d'or ! J'aurais presque honte d'offrir à Toinette .une.pareille hagatolle pour.s ‘acheter. une nouvelle. garniture de .Epbans.u 1,1, He Tout en parlant ainsi, , le sage indigoé : n’en yersa à pas moins les pièces d’or.méprisées dans .une grande poche qu'il portait à-sa .&einture, poche que Tainette et les autres personnes.qui l’aidaient - dans ses folles dépensespossédaien tle secret de vider aussi-promp- tement au: moins que. le phiosophe ; avec. c-toute sa scionce, avait Shui d de Area | cri

| | |: CHAPIFRE XIV. ar ocre

_LE VOYAGE.

PR

es ut Jo te-revois , bglle France ; torre favorisée par Part | et la nature. .Je te revois ! Oui, j je reconnais Les fils, pour qui le travail n’est quan jeu, grâce à ta fertilité -" .." "de ton s01 reconnaissant ! tos filles hâlées bar 1e soleil, avec leurs yeux brillants de jeie et leurs cheveux noirs et luisants ! Mais, France favorisée, tu as essuyé dans rt _Jes anciens temps plus d’uh matheur semblable à celui . que. tu supportes aujourd’hui. ) 4nonytRe;

L _ Évitant d entrer en conversation avec qui que ce fût, car tels | étaient les ordres qu il avait reçus,.Durward alla promptement , revêtir une cuirasse forte , mais simple, des cuissards, des bras- -sards, et mit sur sa tête un bon casque d’acier sans visière. De plus, il se couvrit d’une belle casaque de peau de chamois, très- bien garnie , brodée . sur toutes,les coutures, et qui aurait pu convenir à un officier supérieur au service d’une famille de dis- tinction. Tous ces objets lui furent apportés par Olivier, qui, avec son air tranquille et son sourire insinuant, l’informa que son oncle . avait été appelé.pour monter la garde, afin qu’il ne pât lui faire _kueune question sur la cause de ces mouvements mystérieux. «On fera vos excuses à vetre parent, » ajouta Olivier en seuriant de nouveau ; « et, mon frès-cher fils, lorsque vous re- viendrez sain et sauf, après avoir rempli cette agréable mission ,

ire CRAPIPRE XIV 6 -jerne doute-pas:ique voûs-he soyez trouvé digne d'une promotion

qui vous disponsera de rendre compte de vos actions à qui que

_cesait; car elle vous piacera à La tôte de gens Gui seront obligés eux-mêmes vous rendre compte des leurs. > -

, Atasi paria Olivier le Diable, qui peut-être bien calculait dans son. esprk les chances probubles que-le pauvre jeune hommé, à qui il serrait afféctueusement la main ; courait de trouver la mort da: captivité dans l'entroprise confiée à ses soins. -. |

Quelques minutes avant minuit ; Quentin; conforément à ses

instructions ;. se rendit daris La seconde cour, et s’arrôta au pied

de igur du Dauphin , qui, comme le lecteur le-sait déjà, avait été ‘assignée pour résidence temporaire aux comtesses de Croye! Xl trouva à ce rendez-vous les hommes et les chevaux qui devaient Composer l’escorte, deux mules déjà chargées de bagage, trois palefrois destinés aux deux comtesses et.à une fidèle femme de chambre, et pour lui-même un superbe cheval de guerre, dont Ja selle garnie en acier brillait à la pâle lueur de la lune. Pasun mot de reconnaissance ne fut prononcé part ni d'autre. Les hommes se tenaient -eur leurs selles-comme s’ils eussent été im- _mobiles, et, à la même lueur-imparfaite , Quentin vit avec plai- sir qu’ils étaient tous armés.et qu’ils avaient de longues lances à Ja mais. Ils n'étaient que trois, mais l’un d’eux dit tout has à Quentin, avec un accent gascon fortement prononcé , queleur guide devait les joindre au delà de Tours.

Pendant ce temps, des lumières brillaient çà et à travers les jaluusies de la tour, comme si ses habitants se donnaient beau- .Coup de mouvement pour faire les préparatifs du départ. Enfin, une petite porte qui donnait sur la cour s’ouvrit, et if en sortit trois femmes accompagnées d’un homme enveloppé d'un man- teau. Elles montèrent, sans proférer un:seul mot, sur les palefrois. qui les attendaient ; et l’homme qui les accompagnait, marchant devant elles , donna les mots d'ordre et fit les signaux aux senti- nelles vigilantes devant lesquelles la cavalcade passa,successive- ment. Arrivé enfin à l'extérieur de ces formidables barrières, ce même homme, qui était à pied, s'arrêta, et'parla quelques instants à voix basse et d’un air préoceupé aux deux dames, qu'il fit pas- ser en avant.

_ # Que le ciel vons bénisse, Sire , » dit une voix qui fit tressailir Je cœur de Durward, « et qu’il veuille même vous pardouner si

VOS Vues- sont plus intéressées que vos paroles ne l'expriment :

an QUENTIN /DUMNWARD. Me trouver s0tib 1x prouetion de box-évéeque" Us EE eut 14m grend de mes désire. »

L'hodme à qui elle petisét ainsi NePAtHIE UhS 'ÉMOR Se MUR n’entendit point , et rénéra dans le cour -entétieure dt lite, tandis ue Quentin , à 44. Clarté de la lune , rat robtmneltié en dui le roi laisméme, que son inquiétude pour 10 pit le ti dames avait probabloment engagé à ? présider, éd prévenir toute hésitation de leur part, hos Qitheuliés que ie tres ® chéloau auréiont pu étuver.

Lorsque ja cavelonds fut sertie du eâtent ; A 10 gate pet quoique temps avanesr avec ga'écaution , 46 d'éVitur loi Érappes, les. piéges et autres ihbaches platés iet 1h Dour En défend Fapprocho aux étrangwrs, Mais le Gaséun sbmbiait Dontéder #4 pour #6 gukler à truvers.ee labyrinthe ; et au bot dur Qquer d'heure de marche. ils se-trouvèrent ati delé des litnitis du Plesa le Pare, et non loin do ha vis de Tous.

La lune, qui Verdit de se dégager des uiiages qui renont ju. qu'alors cbscurcie , répandit un océuh de IaRMère-tur MA farysagt d'ane rare ragniBobnce. La superbé Loire roulait ées ébark tat- josiuieuses à travers la plus riche piètie de la Frañoc., et-s’#vam cuit entre doux rivos otnébs de :tourset tuhimsées ; d'oliviurs dt _de‘vigaés. L'antiérine-capituie lt TouPañne état se tétrs, sbs pottos et. ss tréhoaux Blanehis pur 128 fayohé de à Rhino, tandis que dans l’enceinté de ses Murs vi détüuvraf l'inihenèe édifice gothique que :la piété du maîit évêque Purpétue IR bon- struire dans’ te ciiquième siècle, et que 16 zèlé de Chaflomupte et ses éuccessours avait agrandi avét line splèfrdèur d’atthi- tecture qui avait fait de éette église la plus magnifique de Pranes. La vue découvruit aussi lès tours de l’égliée de SamtGratieh, ainsi que les sombfes rerrparts du châteat fénifé qe l'en dit avoir été ancienniernént M résidence l'empereut Valentinies.

Lés cYvôhstantes dans lesquelles il se tronvait platé, quibique huture ‘à Féccuper. éxclusivettétit, d'empéohètent point le jeune Évossais d'éprouver -tine sottition de plaisit et d'ététine. ent. Acéoutatné à-laspoct sauvage mais imposant des ronts ghes au tifliot deéqüelles À étuit h6, À la pativroté, pourreit-oh dire, des plus magnifiques paysages de sa patrie, il Coñtettrpiait avec ravissernent I tablenn qui #6 déroutait dévaht lai ; Eébieau qué l'art ot la nutuge cohépitaiont à déodrer avec M plus Wiche splendeur. Hi ft appel à l'ébfet du voyage pat Î4 voit lu plus

. “CAMP KI. or Agbe des dent tomes, montée À use -oôtatve plus haut qe les deux sons qui avaient vibré à l'oreille de Quentin lersau'oltes avaient dit adieu bu roi: ele demandait à parier au thefde l'os courts. Demant de l'éperon à soû cheval, Durtrard. se présenté devant des -daines en cette quulllé , et La eémteste Finneline tel fit-subir Pinterrogatoire séivent: _:

« Guelient votre nom 2 quelle eut vêtre qualité? s

R répondit eur ces deux ponts. - : - :

—« Cohaziser-vous parfaiternénit la toute? ve poursuit; réphique<tsil, aseorer qu'il ft une bien grande connaïssnte de ln route ; mais A était muni d'amples instraelions: et il deveit à la promiière hate trouver un guide qui serait. en étal; sbus tous les rapports, de les diriger dans le reste du voyage; en attetréant, un cuvalltr qui venait-de les joindre, ot qui. faisait ie quutrième de l'esevrie, devrait leur servir de guide pendant la prefrière jour- née. Et d'où vient que rousuver été choisi pour uh paroi sûre vice? J'apprends que voes êtes ie même jeune homme que FE vu hier en Tselion dns ln gulerie hous'renconträmes la prifte cesse de France. Vous paraisson bien joune-et bien pou expéréi menté ‘pour une pareille mission: d’ailleurs, vous n'êtes pas Français, ear vous parlez -colte languo- avet ün avtent étranger: Mon devoir est d'obéir aux ordres du r0i, Madame, et RO point d'en diseuter les molifé. Êtes-vous de naissance noble ? je pois vous Fafirmeren sûreté de bonscience. Et Ales VOUS pas,» dità son tour la jeune dame, mais avec un accent äirnides « n'êtes-vous pas la même personne que je vis avet à roi Forsqu'il me fit appeter à l'auberge des Feurs-de-Li3 ? »

Baissant la voix . peut-être d’après Le même sentinfont de vins dité, Quentin répondit afrmativemeñt.

= «Ators il me semble, ma tante, » dit Isabelle en s'adressant à la comtesse Mameline , « que nous n'avons rien à cruitrdre , étant sous la sauvegarde de ce jeune archer ; du moins il n’a pas l'air dant homme à qui l'on aurait pu éonfler sans scrupuise l’exéention d'un plan de trahison ou de cruauté envers deux femmes sans dés fense. -— Sur mon honnear, Mmadutne, s'écria Durvward, sut la rés nommée de ma maison , sur les cendres de mes artétres, 6 pourrais, pour la Prance et l'Écosse réunies, me rendre coupable , de trahison ot de erdauté envers vous. Vous parles bien, jetine honmme, dit la conrtense Hammetine: mais fous soimes actétle mées à chtendre de beaux discours sortir la Douche du roi 08

208 QUENTEN AURWARD. France et de celle de ses agents: C’est ainsi Que nous avons été engagées à chercher un refuge en ce pays; lorsque nous aurions pu obtenir la protection de l'évêque de Liége avec moins de risque qu’à présent, nous mettre sous celle de Winceslas d’Allema- _gne, sous celle même du roi d’Angleterre.-Et à quoi ont abouti les promesses du roi? A nous Cacher obscurément, hontpusement, sous des noms plébéiens, comme des marchandises prohihées, dans cette misérable hôtellerie ; nous , et tu le sais, Marton, » ajouta-t-elle an s'adressant à.sa femme de"chambre , « aqus qui n'avions jamais fait notre toilette que. sous un dais ou sur une es- trade à trois marches, nous avons. été obligées da nous. habiller debout, sur un simple plancher, comme si nous aussions été deux laitières. » ; Marton convint que sa maîtresse disait une bien trimte vérité. . —s Je voudrais que c'eût été le plus grand mal, ma.chère tante, reprit Isabelle ; je me serais bien passée.de faste: :— Mais . non pas de société, ma chère nièce ;.cela est impossible, Je me serais passée de tout, » répondit Isabelle d’un ton de-voix qui pé- nétra jusqu’à l'âme de son jeune protecteur; «eui, de tout, paurva qu’on m'eût accordé une retraite sûre et.honorable. Je ne dédie point. Dieu m'en est témoin !.…: je n’ai jamais désiré amener uos guerre entre la Francs et la Bourgogne,ma patrie.ou.que la vie d’un seul homme fût sacrifiée pour moi. Je ne demandais que la permis- sion de me retirer dans le couvent de Marmoutier, ou dans quel- que autre saint monastère. C'était parler comme une véritable folle, belle nièce, et non comme la fille de mon noble frère. Il est heureux qu’il existe encore une personne. qui possède quelque chose de l'esprit de la noble maison de Croye. Comment distingue- rait-on une dame de haute naissance d’une laitière hâlée par le sojeil , si ce n’est parce qu’on rompt des lances pour l’une , et des bâtons de coudrier pour l’autre ? Je vous dis, jeune file, que lors- que j'étais à la fleur de mon printemps, à peige plus âgée que vous ne l’êtes aujourd’hui , la fameuse paëse d’armes d’Aflinghem eut lieu en mon honneur. Les tenants étaient au nombre de quatre, et celui des assaillants alla jusqu’à douze ; elle dura trois jours, et coûta la vie à deux chevaliers; une épine du dos, une clavicule furent fracturées, trois jambes et deux bras brisés : sans parler d'un si grand nombrè de contusions que les hérauts d'armes ne purent les compter. Oui, c’est ainsi que Les dames de notre mai- son ont.toujours êlé honorées, Ah! | si vous ayiez seulement moitié

< CHAMTRE XIV. 77 £o8 autant de eœur que vos antêtres, tous trouveriez le môyen, dans quelgee cour l'amour des dames et la gloire des armes sont en- core en honneur, de faire publier:un tournoi dont votre main se- rait le prix, corsme celle de"vétre bisaïeule d’heureuse mémoire, à la joute d’armes de Strasbourg ; vous vous:assureries ainsi la meitleure lance d'Europe, pour soutenir les droits de la maison de Croye contre l'oppression de la Bourgogne et la politique de la France: Mais, belle‘tante, j'ai oui dire à ma nourtive que, bien que le rhingrave se soit montré la meilleure lance au tournois de Strasbourg, et ait obtenu ainsi la main de mia bisajéule d’heurouse mémoire, ce‘ mariage ne fut pourtant pas heureux , attendu que souvent il-la grondait et quelquefois mémaeil la battait.-Et pour- quoi non ? » s'écria la comtesse Hameline dans son énthousiasme romanesque pour la chevalerie ; « pourquoi ces bras victorieux accoutamés à distribuer d@ bons horions hors de leurs châteaux, déposeraient:ils leur. énergie en rentrant chez eux ? J'aimerais mille fo:s mieux être battue deux fois par jour par un mari dont le bras serait aussi redoutable aux autres qu’à moi-même, que d’être l'épouse d’un pottron qui n’oserait lever ta main ni sur sa femme ni sur qui que ce Mt: Je vous souhähiterais beaucoup de plaisir avec un époux $i turbulent, belie tinte, et, bien certaine ment, ss envier votre sort; car si des menibres cassés sont l'ornement des tournois , il n’y a rien de moins agréable daris le boudoir d’une femme. Oh mais! les coups ne sont pas une con- séquence néces#äire du mariage avec un chevalier de renom; quoiqu'il soit vrai que votre aïeul d’heureuse mémoire, le rhin- grave Gottfried, fût un.peu brusque et aimât un'peu trop vin Rhin. Le parfait chevalier, le vrai chevalier est un agneau auprès des dames et un lion dans les combats. Il y'avait Thibault de Mon- tigny..… Diou veuille avoir son ame! C'était la meitieure pâte d'homme que l’on pât voir, et non seulement il ne fut jamais assez” discourtois pour levér la main sur sa femme, mäis, par Notre- Dame ! lui qui bsttuit tous ses ennemis en rase catspagne, trouva chez lui une belle ennémie qui savait le battre. "Eh bien ! ce fut sa faute... Il ‘était un des tenants de la passe d'armes d'Hafkinghem,, et il s'y distingue tellement que, si telle eût été la volonté du ciel et dewetre grand-père, il aurait pu y'avéir une dame.de Méntigny dont les manières auraient mioux répondu à ladouseur duesrac- tère du bon Chévälier. » 7 La comteise liabeilé, qui avait. quelque raison de > dédier de

pe | QUEVWTEN-BYAWURD. oatte passa d'ami d'Heflagber, perce que c'était un sirjei-qur loquel on tante se montrait souvent irès-déffuse ; lmisan tomber la conversation ; el Quentis, ares le politesse méerale à un: berame bian- élevé, croigmant que sa présence ne gânai leur eonversstion, poussa en avant, ot alle sejoindee le guxle comme pour hui (gra quelques questions ralativaisent à Le rouie.

. Gepandant las deux dames sontinuèbrent à: voyager en: silence; qu'en s'ontrétenant de choses qui ne méritené pas d'être repper- tes. Enfin: le jour commence à parsiire; ét comme elles étaient à cheval dppuis plusieurs heures, Quantin, craighant qu'elle ne fussent fatiguées, se: montre impatient d'arriver à la plus pracheine bekte, « Je vous la mogirereËtiians une demi-heure, dit le guide. —— Ki alors vous nous laissorez aux seins d'un entre guide?:de- mendh Quentin. C'est cols même, monsibur Farcher. Mes voyages sont toujours courts et en -dréite bgte. Lorsque vous et ls autres, monsiour Farcber, Yons suives le: evuthare de Far; Moi je suis toujours le corde. x

. Repuis long-toraps la lune avait disperu:-de Vhoriaon, mais Ver xore commença à le trindre de ses couleurs vives ot brillantes qui se réfléchiasniont sur La surface d'un petit lac le -Leng-duquel pes voysgours marchefent alors. Ce lac étalé situé a milieu d'une wasie plaine parsmée d'arbres isolés. de hosquets. et -de- tonfles arbustes, mais en si petit. nombre que l'an pouvait à la rigaeur leppeler une plaine découvertes; de qui permetéait d'sporoevoir les ohjets-asses distinctement. Quentin jets les yeux que le per. soqmeage à eôté duquel il se trouvait, et sous l'ombre d'an large chepteu rabatts, tel: que le sombrere de paysan espegnel, à re- | @annud kes traits facébiens: de cb même Petit-André:doné les doigts, à n'y avait pes bien longtemps, avaient, de. cencart avee cout de:aon mgagre eomérère Trois-Échelles été si désagréshiorennt pour: lui affiréé autour desoneou. Céxliaé à un sentiment d'aver- son, non toutefois exempt de crainte (car dansson pays l'enéeu- tour des hamios couvres, était regardé avec ùns hbrreur presque smpersübeue), aversion que no diminsait que £xt pau le hon- heur qu'il avaï en de lui échapper, Quentin défousna censmerper ibatinct:la tte-ca son cheval vons la droite, et le pressait en même temps de l'éperon., lui ft faire une dleumi-volte qui mit enireluict sen adieux cempagion une distance. d'environ huit pieds. « Ho! ho ! ho! s’écria Petit-André; par Notre-Deme de 'Grève L'hoire

Jalane. séidat: pa souvient, encpre de nous! Eli bien! cemerade,

MÉMTeE XF, : 2

VANA-AS TAN: HRIÉAE- PIS PADQURE, Fopèen 2 ILfssé que cbreux ge. BRAIN PAR dau: <0 Rays Paranne Re. doit anoir-hénée d'avoir par mes Mine: enr je fais men cuvsage. aussi proprement que quiconque ait jamais affeahé un. fruit viveak à en arbre mort, De:plus, Diqu ma faif la grâce deseréer ‘an moi un joyeux vem- pagnon. Ha! ha! ka! Je pourrais vous. racogter bon sambee de si bonnes plaisasteries de ma façon. faites entre le piesi de l'échelle ot le haut dela poiençe, que SN MAO: anne, je. me suis: vu obligé de précipiier ma besogne, de.peur que res ktates:-me: monrasent de rire, ce qui aurait infailliblement jeté du discrédit sur men métier. a parlant ainai. à ft appuyer so cheval du de l'Écessais paur regagner L'infervalle que-.calui-ci avait mis entre eux, puis il ajouta : « Alone, monsieur l’archer, poiat de bonderie. enise BAM; 94%. Poux 10, j'ai loujours feit mon devoir sans eolère eb axes ia: ei je m'aime jamais. mieux un homaie que lorsque je lui 9j ps. autour du 00 mon collier conrte-haleine pour en faixe un chevalier de Fordre de Saint-Pakibulmins, epnmame le cha peluin de grand prémt. le-digne père Z’saoneldjahlo.!, a cake d'apsoler le saint patron de la prévoienie. r En aurière, 2nisé= rable ».séeria Quentin, vorant que l'exépittone des bomtos: cu. VIA haha à se rapprocher de li; « éioigne-toi, je sert tauif. de e: faise. eonnaître. la distance. qui sépare:-un honsme: d'honneus da celui qui n'est que:le rebutde la société. Lai! ki come. vous des vil! Si vous aviez dit un hemme plain d'Aqnnés. tadd paie: il y aurait quelque-ombre de vérité R dedans; main quant aux hommes d'honneur, de par Dieu! j’ai à travailler tons les jouxraver colle sorte. de-gens, d'ausai, prés ok d’uno manière aa sgxrée que lonsque j'ai été sur Le paint de. veus faire aobepten rep seniors. Mais que la paix seit, avec vous, et emez-vous eprun pagaie. à; vrus-méême, si lolest voire. désis. Je vaua:surais. invité. à, vider auec moi ua flacon de vie d'Auvergne pour noyer le-sour venir de toute rancune ; mais vas dédaignes maoourtoisie… elx biag ! beudez tank qu'il vous plaira.: Le: n'ai jamais de querelles ayoe mes.prakiques, mes joli sauter mes joyeux danseurs, re petis.compagaons de jeu, comme Japques:le honcher ap. PAH:60f ABROQUX.: eR.un moi, ave Ceux qui. cenmee Votre:Seir FOR ARE MO GOBDX. *éahsu leur Gens: Hess nil

de ŒrUpou sagnnal qui | ent : patgnau dipl M : 2 ANR uction aq, mot anglais HEMP, chapvré, corde, Petit-André Pépelle con ami0= Tee

es2" : QUENTIN DURWARD. qu'ilsme traitent éomme ils le voudront, mes petits serviees sont

toujours à leur disposition; et vous verrez vous-même, la pre- .

mière fois que vous tomberez sous ma main, que Petit-André sait ce que c’est que le pardon des injures. Après ces paroles, qu’il résuma toutes en un regard des plus

ironiques, Petit-André fit entendre l’interjeetion par laquelle on

a coutume d’exciter un cheval trop lent, et $e rétira de l’autre côté de la route, laissant le jeune homme digérer ses sircasmes aussi bien qu’en est capable le cœur haut et er qui bat dans la poitrine d’un Écossais. - Quentin avait éprouvé une forte tentation de lui appliquer sur le dos le bois de sa lance, et de recommencer jusqu'à ce qu’elle se romptt; mais il réprima sa colère, en considérant qu’uné rixe ou

même une simple querelle avec un tel homme ne pouvait être

honorable en aucun temps ni en aucun lieu, et que dans l'occa-

sion présente, ce serait un oubli de ses devoirs qui pourrait avoir

les plus funestes conséquences. Il méprisa done les railleries im-

convenantes d’un personnage tel que ce Petit-André, et se con-.

tenta de souhaiter bien sincèrement qu’elles ne fussent point par- venues aux oreilles des dames confiées à ses soins, sur l'esprit desquelles elles n’auraient pu que-faire une impression défavora- ble à un homme exposé à de tels sarcasmes. Mais il fut bientôt détourné de ses réflexions par ces cris que les deux dames pous- sérent à la fois : « Regardez! regardez derrière nous! Pour l’a- mour du ciel! veillez sûr nous et sur vous-même... On nous poursuit. »

. Quentin jeta aussitôt un regard en arrière, et vit qu 'effective- ment deux cavaliers armés les poursuivaient : la rapidité de leur arche lui fit penser qu'ils ne tarderaïent pas à les rejoindre : «Ce sont probatilement des soldats de la garde prévôtale, qui font leur ronde dans la forêt. Regarde, » ajouta-t-il en s "adressant à Petit- André, « et vois ce que ce peut être. »

Petit-André obéit, et se replaçant en selle après avoir fait sa re- connaissance : « Ceseavaliers, beau sire, » dit-il d’un air faeétieux, «“ng son ni vos camarades ni les miens; ce ne sont ni dés archers ni des gens de la garde prévôtale; car je crois voir qu’äs portent des casques dont la visière est baïssée, ainsi que-des hausse-cols. Je voudrais que ces hausse-cols fussent au diable : de toutes les pièces l'armure, c’est celle qui me contrarie le plis; j'ai quel- quefois perdu une heure avant de pouvoir défaire les agrafes.

- CHAPFBRE-XKV: ,: ) 343 Nobles dames, » dit Durwerd sans faire attention aux. paroles de. Petit-André, « allez en avant, non assez vite pour que l’on.puisse croire que vous prenez la fuite, mais assez cependant pour profiter. de l’obstacle que je vais opposer à la course de ces deux cayaliers qui nous suivent. »,

La comtesse Isabelle jeta un Coup. d'œil sur leur guide , et en suite -adressa à voix basse quelques mots à sa tante, qui dit à Quentin : « Nous avons toute confiance en vous, monsieur l'ar- cher , et nous préférons courir le risque de tout ce qui pourra mous arriver en votre compagnie, plutôt que d’aller en avant avec cet homme , dont la physionomie ne nous paraît pas de bon au- gure. Faites ce qui. vous conviendra, mesdames , répondit Quentin. Ilsne sont que deux; et quoique ce soient des chevaliers, comme leurs armes semblent Vindiquer, ils apprendront, s’ils ont quelque mauvais dessein, comment un Écossais sait faire son de- voir en présence et pour la défense de personnes telles que vous. Lequel de vous, » continua-t-il en s'adressant aux gardes qu Li commandait, « veut être mon camarade, etrompre une lance avec ces deu x braves ?n . .

Deux de ces hommes manquèrent ubsokiment de résolution : ; mais le troisième, Bert'and Guyot, jura que, Cap de Diou ! fus- sent-ils chevaliers de. la Table ronde du roi Arthur, il s 'assurerait si leur épée étaitde bonne trempe, pour l'honneur de la Gascogne.

Pendant qu'à parlait ainsi, les deux chevaliers , car ils ne pa- raissaiont pas être d’un moindrerang, arrivèrent à 1 'arrière-garde de la petite troupe, Quentin et son brave compagnon s'étaient déjà placés. L'un et l’autre étaient couverts d’une excellente ar- mure d’acier poli. sans aucune devise qui pût les faire reconnaître.

Lorsqu'ils se furent approchés , l’un d'eux cria à Quentin : « Sire écuyer, retirez-Vous ; nous venons vous débarrasser d’üné mission qui est au-dessus de votre rang et de votre condition : yous ferez bien de remettre ces dames à nos soins, comme. étant plus capables en tout point de veiller sur elles ; d'ailleurs , nous savons qu'avec vaus elles ne sont guère mieux que captives. —En réponse à votre demande, messieurs, répliqua Durward , sachez, en premier lieu, que je m’acquitte d’un devoir qui m'a été imposé par mon souverain actuel ; et en second lieu , que, tout indigne que je puisse étre, ces darhes désirent rester sous ma protection.

4 Patois gascon qui veut dire Tête de Dieu. A. Me QUENTIN DURWARD. _ 44

Hi QUENHIN DUÜRWARD.

La G6inWient, MO! » SétHE uh des detit Chathpions: « oseraise th, itihendiaht vagabohd, cppéser résistance à deux chérhiiers. 2 Résistétte est bieh dit, répliqua Quentin; car je résistérai 4 Votré attaque insotetité et illégale, et s'il étisté entre hots quet- que différence de rang, ce dont il m’est encore pertils de douter, vôtre toriduite discouftoise Ia fait disparaître. Titéz doné vos épèes , bu; si vos voules faire usage de la lance, prenez du chap. »

Les ehièvatters tourtièrent bridé , et s'étoignérent qieldtrés ééhtaines pas. Alors Quentin , jetant im coup d'@il vérs leé détx dates, sinélinà sur te pommeau de la selle, cotnine pout Kur demantièt de faire des vœux pour lui: et tandis qi’elles agi- taient léurs mouchoirs en signe d'encouragement , les deux as- saillants arrivèrent À la distatice nécessaire pour charger.

Récomtrandant au Gaston de se conduireen brave, Durivard mit sd coùrsier au galôp, etes quatre tavaliers se réncoftrérent en pleine course au milieu du terrain qui les séparaît d’abord. Le hoc Tut fatal au Gascon: tar son adversaire , dirigeant tante contre son visage, qui n’était pas défendu par une visière ; ka Jui ft entrer dans l'on, d'où elle pénétra jusque dans ke crâne, et il toiiba mort aux pieds de sôn chèval.

_ D'un autre côté Quentin, quoique ayant te mème déavantage, ft un tfotivement sur sa selle avoë tant d'A propos , qüe la tance son énnémi, après lui avoir tégèrement effleuré la joue , passa par-déssus son épaule droïte, tandis que ia sienne , frappant son antagonfste fustement sarta poitrine, le ronvèrsa pat terre. Quen- tin sauta à bas cheval pour détacher le casque ‘du vaincu; meis j'autré chevalièt, qui, pa parenthèse , n'avait envore rien dt , voyänt le ‘sort de son compagnon, mit pied à terre plus prompte- rent encôte que DutrWard , et se plaçant jambe deçà jambe dela sui le corps de son. ami, qui restaït privé de sentiment, à s’écria t à nom de Dieu et de saint Martin ! remonte à cheval, rnon brave, ‘et va-l'en avec ta pacotille de femmes. Ventre-saint-gris ! elles ont déjà causé assez de mal ce matin. Avec Votre permis” sion, sire Chevalier, » répondit Quentin qui ne pouvait digérer 1e ton mentçant avèc lequel cet avis fui était donné, « je veux voir d'abord à qui j'aieu affaire, et savoir qüi répondra de la mort de mon cainävade. Ta ne vivras assez ni pour le savoir ni pour le dire , retire-toi en paix , jeune homme; si nous avons fait la folie

d’interrempre votre voyage , nous nous en sommes mal trou-

7

. ‘CHAPITRE XIV. ax vés, coût ta ès fuit plub de.mal que #'oh pourraistit réparer ta vie et celle de toutes les personnesde ta troupe. Ah! tu le veux donc, » sjouta-1-i on voyant gomstn s'avancer eur lui l'épée à la main,» eh hien ! reçois celle-ià…

"En parlant ainsi ; il décharges sur le casque de l'Écossais um coup si vigoureux que jusqu'alors , quoique élevé dans un pays ils étaient aussi fréquents que bien appliqués , Queñtin n'avdit jermais entendu perker d’use pareille estocade ailleurs que dans les romans. T1 descendit avec la rapidité de la foudre, abattit la garde de Tépée que le jeune soldat avait élevée pour protéger sa tête, et fensiit sen casque, qui pourtant était à l'épreuve, au point de toucher ses cheveux, maïs ssns lui faire d'autre mal. Cependant Durward , étourdi et n’y voyant plus, tomba vn genou en terre, et se fût trouvé pendant un instant à la merci du cheväklier, si ce- lai-e1 eût vouiu lui porter un secomd coup. Mais, soit compassion pour la jeunesse de Quentin, soit admiration pour son Courage , soit par une générosité chevaleresque qui lui faisait dédaigner un. combat qui cessait d’être égal, le vainqueur ne voulut pas prof ter. de ses avantages; et bientôt Quentin, revenant à lui, se releva, et attaqua son adversaire avec l'énergie d’un homme déterminé à vaincre à mourir, et avec la présence d'esprit nécessaire pour ne perdre aucune chance favorable. Résolu de ne pas s’exposer de nouveau à des coups aussi terribles que celui qu'il avait déjà recu, il mit à profit uneagikté supérieure, qu'augmentait encore la tégéreté relative deson armure, pour harasser son ennemi en l'attaquant tantôt d’un côté , tantôt de l’autre, avec des mou vements sisoudains et si rapides que celui-ci, dans cette seconde escarmouche, trouva difficile de se défendre sans éprouver beau- coup de fatigue.

Ce fut.en vain grace généreux advensmirciciia à Quentin qu'ils n'avaignt plus ancèn motif de se battre , et qu'i ke répugriaié de bai faire aucun mal. N'éceutant que le désir de laver k honte de sdéfite momatitanée, Durvwerd' oùtinua, à F'assaillir avec la r2+ nidité de l'éclair, le inebaçant: tantDt du tranchant, tantôt de la honte de sem épée , etayanst tojoirs.Voni tellatrent attentif aux mouvements-deson ennemi, dent. il: avait déjà sentà La farce supé- réuré d'une manière si terrible, qu'il était teuijduré prêt à sanmter emartidre ou de côté, pour ‘éviter ses coups. «Que le dinble soit ile où: jeune: feir aueti .obstiné que: présomplueux ! marmoëttà le chavaber; iLne saeraié.dene se teñir tranquille À naeins d’avoir ls

sis QUENTIN DURWARD. tôte cassée ! » Changeant alors de.manière ds:comhattre, il:se ro cueñlit comme pour.se tenir sur la défensive, paraissant vouloir se borner'à parer, sais les lui rendre, leseoaps que Quentin her. chait continuellement à lui porter, mais béè décidé'à: mettre fin au combat d’un seul.coup, au premier monbent.où; soit faute de force, soit par une fausse passe pir un coup mal dirigé, iejenne soldat viendrait à se découvrir tant soit peu: Ilest:psobable que cette habile politiqué toi aurait réussi; mais lesort'enerait are: _merit ordonné. | Cette lutte se poursuivait: avec une | égale fureur de. part. et d'autre , quand survint un gros de.cavalerie. « Arrêtez ! au nom du roi ! » cria-t-on aux deux champions, qui reculèrent aussitôt ; et Quentin vit avec surprise que son capitaine, lord Crawford, était à ta tête de la troupe qui venait d’interromprede combat. Il reconnut aussi Tristan l’Ermite , avec deux ou trois de ses gens En tout il y avait à peu près une vingtaine:de cavaliers.

NE

LL 2 vo metteur. —_ pl

CHAPITRE XV. - - : out to * LE GUIDE. : : ‘© © :

11 se disait un enfant de l'Egypte, et un des descen-

dants de ces magiciens, rédoutables erinemis du peuple

- | d’israëlet de son prophète lorsqwil'habliait Gessen... prétendant lutter contre le pouvoir des enfants de Lévi

et imitant les miracles de Jéhovah au moyen d’enchan-

tements. Mais lorsque l'ange exterminatear appesaniit

son brassur l'Egypte,ces sages orgusitleux pleuréreuÿ

sur leurs premiers-nés, frappés du même fléau que

Pignorant et grossier paysan. " Anonyme. .

L'arrivée de lord Cräwtord et de son détachement mit tout à coup fin au combat què nous avons essayé de décrire dans le cha- pitre précédent ;'et le chevalier, ôtant son casque ; s’empressa remettre son épée au vieux tord , en disant : « Crawford, je me rends. Mais , écoutez, que je vous parle à l'oreille... Un mot: Pour l’amour de Dieu, sauvez le duc d’Onéäns !— Comment ! quoi! le duc d'Orléans ? s’écria'le cominandant des archers:écossais. Au nom du grand diable d’enfer ! comment cela est-il arrivé ? Cet acte de galanterie va le perdre pour jamais dans l’esprit du roi: «Ne me faités pas de questions, » répondit Dunois, car ce n'était rien moins que lui-même ; « c'est ma faute.à moi seul, : Voyez, le

.C CHAPITRE XV: M7 voile. qui fait: nn: mouvement. Je ne:venais que dans le dessein d'enlever cette jéune-cemtesse et devehir propriétaire de ses do- maihes én l'époudant.: voyez ce qui en résulte, Ordonniez à votre canaille de se tehir à l'écart; que personne ne.porte les yeux sur hi. ».: En; parlant-ansi, il loué in visière du: dno; et lui Îetasarile visagé de d’eau que lui fonrmt le lec voisin: .

Cependant Quentin restait comme pétrifié, {ant les. aventares se: bacoéeniént pour lui'avéc : une étonnante rapidité !, Les traits pâles de $on premier. antagoniste lui apptenaient en ce. moment qu'itavait. renversé le: premier.princs du: saag de France; etles paroles du: second, que c'était avec le meilleur chempion du royaume ; le:famoux: Dunois;, qu'il venait de mesaret son épée. Ces. deux faits’ d'armes étaient très-honorables en eux-miêrnes ; Was ls mai les regarderait-il canne méritoires ?. C'était une. autre question. :: Le. dec, :aÿant:repris conrisisénce; était. ‘OR état de.se tenir sur son séant et d'écouter ce qui se passait entre:Dunéis et Crawford, le premier insistant vivement sur ce qu’il n’était nullèment néces- saire de _faire-mention du nom du très-noble duc d'Orléans dans celte affaire, puisqu'il était prêt à prendre tout le blâme sur lui seulet à affirmer que le duc ne l'avait suivi que par amitié.

: Lord Grawford l’écoutait les yeux baissés , soupirait de temps én temps, et secouait la tête. Enfin il se rodressa, et répondit : =. Tu sais. Dunois,-que, par. respect pour la mémoire de ton père aussi biën que par l'amitié que:je te porte à toi-même, je désire- ais lien volontiers te rendre service.—Je no. demande rien pour moi ; répondit Dunois ; je t'ai rendu-mon épée, et je suis ton pri- sonnier.; que faut-il de plus ? Mais c'est pour ce noble prince, le seul espoir de la France, si Dieu nous enlevait le dauphin: Il n'est venu ici que:pour me faire plaisir ,. pour. m'aider à faire ma for- tune : le. roi m'y avait en quelque sorte encouragé.—Dunois , ré- Hlique Crawford , si-tout autre que toi me disait que tu as entraîné le. noble prince dans cette fâchense -affaire pour te servir dans quelque projet, je.kui dirais sans hésiter qu’il en a menti ; et quoi- que. tu.me le dises ‘toi-même, j'ai peine à croire que ce soit la stérité.—Nokle Crawford , » dit le duc d'Orléans qui était eatière- Mmentrevoau-deson:évanouissemient, « votre caractère ressemble vopà-celui de votreami Duneis.pour que vous ne lui rendiez pas juatice. C'est effectivement moi qui l'ai entraîné ici. pour une folle entreprise suggérée par une folle passion , et exécutée avec pré-

w QUENTIN 'DURWARD.

cipitation ot témérité: Regardez-imoi tous , « ejoutaiLà on se lee gant et s tournant vers les:sokiaés ; « je sais Louis d'Orléans, prôt à sabir la peine de mafolie. J'espère queis:ooi: no fera tons ber. son ressentiment que- sur m0 ; 'comimne cols : n'eoi que fsep juste. En attendant, comme un ofent de France ne dnit remettre son épée à qui que ce. seit, pas méme à vous, brave Crawtonds adica, mon bon acier !- » : ï

. En parlant ainsi , ‘1h ‘ties son épée da foarrean et la lença dans ls:lac.:: Elie traça dans l'air un sillon de bamière, ets'enfonbe dans lès eaux jaillissanées, qui la roeouvrinent aussitéé. -Ghaesm ostait des l'irrésoiution et étonnement, tant le rang ducourabhis était respectable, tant:son caractère étail estimé ! et iln'y-àvait pas/un seul des spoctateurs qui ne seuiit que les suites de. témmérairs oatreprise, attendu les vues que le-roi avai sur ini ,entiraineraient probablement sa ruine totale.

-Dunois parla le prenier, ch oefut-du ton de repooche que paend un aini offensé et'en qui ma manqué de confiance. :.

« Ainsi donc. dit-it, Votre Altesse a fegé à peopos, dass à même matinée, de jeter dens l’eau se meilleure épée, de renonesr æaxhonees grâces du roi , et de :dédaigner l'amitié de Bunois Mon bieu-aimé cousin , répondit le duc, comment ss-je montré is dessein de dédaigner votre amitié, quand je dis la vérité que je dois à votre sûreté et à mon bonnesr ? De quek droit vous ler-vous de ma sûreté. mon très-honeré consis , js voudrais hien ie savoir ? » répliqua brasquement Dunois. « Que vous importe, au son de Dies | si j'ai enviæ d'ôtre pendu , étrangié., jeté dans is Loire, poignardé , roué., enfermé vivant dess une sage de fer, enterré tout vif dans un cul de basse fosse du château. ou enfin traité de toute autre manière qu'il plaira au roi Louis d'ocdoneer à l'égard de son fidèle sujet ? Il n’est pas besoin de me faire signe de l'œil. de froncer le souroi et d'indiquer Tristan l'Ermite, 3e vois le coquin aussi bien que vous. Mass il n’en serait pes ré- suilé tant de mai pour moi ; ma vie n’était pas si gravement corm- promise. Quant à ce qui-est de votre honneur’, pàr la rougeur de sainte Madeleine ! je cruis que- votre honneur consistait à me pes entreprendre la besogme de ce malin . on damoins à ne pas vous wmettre en évidence. Voilà maintenant que Votre Aiiesse s'est Baissé désarçonner par un jeune rustred peine srriné de-ses men £agnes d'Écosse. --Boucement. douceesent , cét:isnd Crawford : oéta ne doit pas rous fire rougir. Oe‘u'est pas ka pucasièue fois

| CEMNTRB AY: Me qu'un jeune Beescaie.a rompu Lae hanns lanse: 34 suié charté qu'il se soit Hion conduit. Je ne disai pas Je conimiee , réplique Bupais, ot poawtant ai: Votrn fisignaurie fhail svuivés lant sait peu plus tard , H'auvait pu y'avois une nlacs vecantadens-witre-com pagnis d'hnebers fui, oui; népondit dons] rendent; jet vatre signoture sur 06 merite :foadu; Quan,la:rstire Len pagan, di qu'on Hi déene un honnet donklé en anies, sel ki gargméita-la tête mieux que cette boîte brisée, M:imaintenant . Dmeis, jai. à prier kiduie d'Orléans et vobsde monter chousi ete tme:smiste, or jai rega:ionére:.de vous conduire dons in dipu différent de colui que désiserais pourvoir vansassipner; -: Ne-peiois disc ot à ees halles direes .:ntilerd' Creurfird:? demande ie due: d'On léans.-Peas nnesyilabe: je suis tes Pami de vo "mere, permbtiné une pastille impeuiense: | ‘1 Pois s'adrvésant à Quentin, à sjonts. «Vous. joëunchepme, voûs avar: hit-votre devais y parte, 196 vempliesaz fidèlement la mission qui: vous a été: confiée. Sauf votre perntlsbion, mnilovd.» dit Diristasi avec se brutal ordintates, ‘dujouse homme: deit: ohersher:un autre guide. Je puis passer ‘de Pulitiändré ; dumid'h est probable qu'il y-aura de 1h besogne-pour ft. —: Ge'jeune homthe,» dit Potft-Andiré bn sai vançant , «n'a qu suivré: sentier qui est detait lut, et quf conduirà à l'Hhdroit ét il trouvera Thoémme qui dolf Lai Sortir guide. Je ne voudrais pas pour mille dueats nééloigrier ‘45 mon chef aujoeærd’huï. Fai pondui bien des chevaliers et des éetryérs : de rithes échevins et-des bourgmestres par-dessus le marché! des comtes et des marquis eux-mêmes ont tâté de mon savoiré fre... hum !s 41 jeta un regard Sur le due, comme pour lui dén- her à entendre qu’il remplirait volontiers le blane avec tes mots: Un prince du sang! « Ho! oh! Petit-André, il sera parté toi dans la chronique. —- Souffrez-vous que vos coquins tiennent un pareil langage en présence d’un personnage si éminent que % prince? » demanda lord Grawford en regardant Pristan dun air sévère. «{jue ne le corrigez-vous vous-même, mflord?» répon- dit Tristan d’un air bourru. «Parce qu'A #°y à iei que ta maîn qui puisse le frapper sans se dégrader en le frappant. Eh ce Cas, gouvernez vos Propres gens, miord , et‘ je répondrel es | miens,» dit le grand prévôt. Lord Crawford semblait se disposer à ui fire une violente #6: Pique, mais, comme s'Hedt mieux réfléehi; il lei tourna le dés, ef

an QUEXTIN' DURWARD.

préa le due d'Orléans: et Danois de ‘se placer à: 988 côtés ; après quoiil fit un signe d'adieu aux dames, et dit à Quentin :

: «Que Dieu te bénisse, 'mon:onifant à tu 4s -cüiimencé to :ser: ve vailanmamnent, iquoique duns'une maliourouss cause. » c'H/étéiters moment de partir, lorsque Queñtin-entondit Bunois dtomeagdertoutibss à Crawford :'« Nous chadaisez-vousau Plessis? sw" Doôn, mon malseureux et: impradent mix pont Grawford exQu pére à «é’est'à Éoëhes. x _:{-

“"kochos ! Ce ‘non, :encvse plus rodonté que: li du Plessis; scies comme celui de glasifuhèbre l'ordille ‘du june Éevssais. Ibew avait ontendu parier comme d'an.lipu destiné à ces actes secrbts: de éruauté. dofit Louis 'lürmméêéme avait hoûte'de:souüller Fintérisnri dersa prairé néidenpe: I ekistait' dans ve lséu-de ter- reur des cachots creusés sous:des)caohots, dent :queiquet-uns n'étaient pas connus des:gandigns eus>mémes; tembedut vivants coux qui.y.étaient renfkrmés n’avaient.guène d'autre espoir que de resgiser pour le resta de leur vie.unæir kmpur, et.de se pawrir-de pain et: d'eau. Dans ca: château formidable :il y avait sussi de ces horribles Houx de détention appelés cages, dans les- quels le-malhgureux-prisennier ne pouvait:ni se: tenir debout, ni s'étendre pour dormir, invention attribués au cardinel de la Ba- lue. Il n’est donc pas étonnant que le nom de-£e séjourd'horreurs, et.la pensées qu'il avait en partie contribué à y envoyer ces doux iustres victimes, remplissent-d'une si grande : tristesse le cœur du-jeune Écossais , qu’il marcha quelque temps la tête baissée, les:yeux tournés vers la. ierre, et l'âme remplie des plus doulou- reuses réflexions.

- Comme il s'était remis à La tête de sa petite troupe, en prenané la route qui lui avait été indiquée, la comtesse Hameline trouva l’occasion de lui adresser la parole.' : -

. «Il semblerait, beau sire, dit-elle, que vous regrettiez la victoire que vous avez remportée pour nous.»

* Il y'avait dans cette question quelque chose qui ressemblait à à de l'ironie; mais Quentin eut assez de tact pour répondre simple- ment et franchement ::

.«Je ne puis rien regretter de ce. que j'ai. i fait pour le service de dames telles que-vous; mais je crois que si cela eût pu s'accorder avec votre sûreté, j'aurais préféré tomber sous les coups d’un aussi bon soldat: que Dunois, plutôt que de contribuer à faire renfePmer eet illustre chevalier et:aon:malheureux cousin, le due-d’Orléans,

€: CHAPÈTRE; XW; : ! D. dans les affeux &sebots de Loches: —’Ainai. dün6 c'était le duc d'Orléans!" dit la vieille dame en se tournant vers sa:rèce ; « je J'avais: bien. pensé; même à 1x distance d’où nous avons vu isicom- bat. 'Vous voyez, me chère; ce:qui aurait pu arriver Si CE MOnaAn- que æstdcisux et’avars :mous-eût permis de nous:montrer À sa cour. Le premierprintce dusurig :France et le vaillant Donois, dont le nom est aussi commu.que uelui‘ds soh'älustre père! Ge jeuhé homme a fhit son devoir bravemient et ioÿalemient ; mais je sorais'tentée de: regretèer qu'il n'ait pas saccombé avec hormeur, puisque 5s bravoure intempestive s'est. placée ertren0es et deux Libérnteurs aussi -disthjués. > 7 L' Dee 5 : La comtesse -Idabelie céphique d'a ten. foime et qui trahissait même un certain mééontentement,: eù.un mot'avec uns. énergie qué Quentin n'avait pas engore remidrqués-en elte:. -.:::.:

1: + Madame, :dit-eBe ;:sù je: n°6 snveais: que vous vouiez’faire une plaisanterie ; je-dirais quie le distaurs qtie voûs:tenez «st une in- geatie envers notre ibrayendéfenseur, à qui nous devons peut: tre plus que vous ne ponsag: Si:ces chavaliers-avaibnt réussi dans lens témérairp entreprise ei roniporté la victoire, il'n’est pas bien

sûr qu'à l'arrivée des gardes du roi naus n'auriéns pas partagé leur

captivité. Quai, à moi, je-donde des larmes au brave jeune: homme. qui-est mort-en.6ombatiant neut nous. et bientôt je fonderai des messes pour le repas de'sm âme; enfls,jespère, » contiaua-t-elle

d'un ton plas.timide ; «que cebai qui survit. voudra bien recevoir

l'expression de ma.seconneisænee.» : : :

Gùmme Quentin se tourngk vers elle pour “jui faire un remerct- ment convenable; elle aperçut des traces de sang sur l’une deses joues, et s'écria du ton .de la plus grande sensibilité : « Sainte Vierge ! il est blessé ! son sang coule! Descendez de cheval, mon- sieur ; il faut panser votre blessure, » .

…. En dépit de tout ce que Durward put dire pour persuader aux deux comtesses que sa blessure n'était que légère ; il fut forcé de

mettre pied à terre, de s’asscoir sur-un-bertre et d’ôter son casque; :

et les dames de.Croye, qui, suivant un usage qui n’est pas encore passé de mode, prétendaient à quelques connaissances en chirur- gie, lavèrent. ja blessure, en étanchèrent le sang, et la bandérent avec le mouchoir de la jeune comtesse, afin d'empêcher le contact de l'air, précaution que leur art leur prescriyæit, : : .

Dans Les temps:modernes, il arrive rarement, peut-être. nôme jamais, qu’un galani reçoive une bisssure pour l'amour d’une

ee. QUENTIN DURWARD.

bakle, ot les belles, de leur oûté, up focoupont aucunement ‘dt soin de les guérir : de part et d'autra, an -oourt un danger moins, Celui auquel las hommes: échappent: générelement reconnu; mais le danger de-pansor une biesere couune-oulle: de Quentin, blessura-légére at nulismant dangarouss, éinit peut-être ausai réol, dans san genre, que calui-auquels'était snpogé ie jeune Bcoessis et qui'la lui avait fait roccweir, ee avons déjà que le hiodsé étall d'una honuté-ramarauer 6. Lorsqu'il détacba:son onsane Qu, pourris dire, 208 Pier rion, une grande profusion de housies de: ehovens hloudis-dos échappèrent autour d’un visage sur-lequal ls gaioté-ardimaien à ls $cuneses était tempérée par la rougeur de 1n mocdastie af le soléris du plaisir. De son côté, la jourie enrntssse, loraqu'utie fut oldigés de tenir le moushoir ser kx bisssuve pendant que sa tante xhep chait quelque vulnéreise dans des'hagnges ; Éprenvs mue éaotion et un ernbarres, môtlés d'yn sentiment de:compassion poaris my Inde et de: gratitude pour ses servibes, qui était lois de dimitner à ses you la bonne mine et les trtits-enchentours de Dukwars. En un mot, cet moident sembinit améné per !v destin: pour com Pléter la epmmuanication rystériouse que, par diverses petites circonstances, en apparerice embnébe par le hasaid , {L avaît de. blie entre deux personnes qui; bien que'@ffiéréntes pat le rang et la foréane, se ressemblaient imfimimerit par la jéühesse, M beauté, et un cœur tendre en même téthips que romariesqe. n’est donc pas étonnant qu’à compter de ee moment , liée de la comtesse Isabelle, déjà si famitiôre à l'imagination dr Jeune Éevs- sais, ait rempli eomplétement son cœur, pt que la comtesse, quoi. que ses sentiments eussént un caractère moins décidé, autant du moins qu’elle se l’avouait à elle-même, aît pensé à son jeune dé- fenseur, à qui elle venait de rendre un service essentiel, avec plus d'émotion qu'à aucun des nombrewx gentilshommes qui, depuis deux ans, l'assiégoaient de leurs adorations. Par-dessus tout, lers- que l'image de Campo-Basso, l’xdigne favori du due Charles, avee son air hypocrite, son esprit bas et perfide, son eou de travers et . on œil louehe, se présentait À sa mémoire, fl lui paraissait plas dégoûtant et plus hideux que jamais :.et sors elle prenait la ferme résolution de résister :k toute tyrannie qui voudrait ta forcer à contracter une umion si odieuse. D'un autre côté, soit que ta bonne comtesse Hameline de Groye se connêt en boanté maseutine, et l'edrnirât autant que lorsqu'elle

: CHAPITRE: FY. 28 n'avait que .quieze aus. (car ls bonne desne.en avait au mains trentecing, s’ilfaut-en eroire les. mémoires da cotie noble famille, sait. qu'elle erût g'avair pas repsu à leur jeune praertaur louis le justice qu’il méritait, d'après la manière dont, ele avait prinsitir veman£ jugé.se8 services, il est certain qu ‘a sormenn alors garder d'u çeil.plus favorable, .

« Ma nièce vous a donné ma meueheir pour bander votre bles sure: ni dit-ella: ép:voua qu donnerai un pour honorer otre. brayoure et jour VOME AAMOUTADET À faire de nouresns. PCOBRÈN dans l'art de la .cheyalerie. »

À cos mets die ini dpana ao mouchoir richewent becdé an-snie bleue et on argeni, et, lui mopirant la housse de son palefroi, ainsi que les. plumes qui arnaiant son bonuet de voyags , els la pria se semarquer que les couleurs on étaient les mêmes. .:.,

L'usage du temps faisait une loi ef, prescrivait Le manière de re- cevoir une pertille faveur, et Quentin s'y conforme en atiachané le meuchoir autour de san bras: cependant il mit dans eet acte de renonnaisenpe plus da gaucherie et moins de galanierie qu'il ne l'aurait fait dans une aura cireonsiance.et daysnt d'auges parr sonnes.; Gar , bien, qu'en se parant des couleurs d'une dame , 4er cordées de cette manière, il de fit qu'une sorte de compliment qui ne tirait pas. À conséquence, U aurit de beaucoup préféré jpuir da droit de. porter À.san bras le. mouchoir qui enuyrait ls blessure que lui avait faite l'épée de Dunois. .

Cependant on se remit en roule, et Quentin se tenait àcôté des dames de Croye, qui paraissaient l'avoir tacitement admis dans leur société. Néanmoins il ne parla que peu ; son âme était remplie de ce sentiment intime de bonheur qui craint de se manifester ay dehors avec trop d'abandon. La comtesse Isabelle parla encore moins, ea sorte que la conversation fut principalement soutenue par sa tante, qui ne paraissait nullement disposée à la laisser lan guir; car pour initier, disait-elle , le jeune archer dans les prin- cipes et la pratique de la chevalerie , elle fit avec le plus grand détail La description de la passe d'armes d’Haflinghem, daps le- quelle elle avait distribué les prix aux vainqueurs.

Ne prenant qu’un faible intérêt, je suis fâché de le dire, au récit de ce spectacle splendide ainsi qu’à la description des emblèmes et des couleurs béraldiques des chevaliers flamands et allemande que La comtesse expliquait en. tezmes de blason avec 1ù6 axeGlir tude minutieuse ei sgas pitié.poux 395.adieus, Quentin come

ser QUENTIN DURWARD. Meriga hrexprimer:quelque crainte d’avoir-dépassé lé-lieu le guide devait-les rejoindre, accident très-sérieux, et dont, si-véri- tablement était arrive on à devait appréhender les | conséquences

tes: plus! désgréables.

vante qu'itihésitait our sureéireri enrvertäit ctemièreun de ses gens , afin de s'assurer de la véräé; il entondit'sônner du cor, et regardäiht de eôté-d’éû vénait le sûn, H'apérçutunr cavalier qui aceoürait vers lui à toute wide. La’ potite:taille, la-lorigue cri- dé) l'air.sautvage ‘et indompté de l'ariitnal qu’il méntit., rappe- lérent à Quentin la race des chevaux de montagne: de:sûn :pays; mais cebriei était béaubup niieux fait et #tet:la même appa- rénos force: joïéte’ä Mhabitude de: la fatigue’, i awiit: plüs de rapidité dans'ses mouvements. La:tôte, surtout; :quidans le potit cheval écvssais est souvent lourde et: parâït: brie tasse ihforme, était petite et:bieu placée sur-le:cou:de l’animäl, dént les lèvres étaient fines, les yeux élincelants etles naseañx biet ouvérts. : Ée: cavelier: avait: Fair: ericore. plus ‘étranger quo le cheval qu'il ‘aiohtait ; quoique celui-ci ne rosssrhblét nulloment aux cheveux de-Frence.-Sés ‘pieds pesaierit datis de larges. étriérs, dot la férine tensitun peu de: qelle -dana pélle ; et ténus si bourts que’ses genoux étaïent presqueaûssi 'élerés que le pom- meau de la selle. Cependant il matniait son palefroi avec beaicoup de dextérité: Il portait sur la tête un petit turban' rouge, ‘orné d'un panache fané qu ’assujettissait une agrafe d'argent {Sa tunique, qui avait la forme de celles des Estradiotés; troupes qüe les Vénitiens lovaient à eette époque dans les provinces: situées à l’est de teur goke ; était de couleur verte et garnie de galons d’or usés et ter- üis. Les-plis d’un large-pantalôn blanc , assez: malpropre poûr ne plus-être digne de cette épithète, étaient réunis et ‘sèrrés au-des- Sous de ses genoux, et: ses-jamibès noires étaient entièrement nues, sauf la multitude des handelettes qui attachaïient à ses pieds üne paire de sandales. Il n’avait pas d’éperons, les bords de ses larges étriers étant assez trancharits pour piquer les ancs de son che- val d’une manière sensible. La ceinture cramoisie de ce singulier Cavalier soutenait à droite-un poignard, à gauche un sabre mo- resque à lame recourbée, et le. cor qui avait annoncé son arrivée était suspendu à un baudrier teini qui passait sur son épaule. Il avait le visage basané et brâké jar le soleil, la barbe peu épaisse, tes yeux noirs et pergahts; l4 bouche et le nez bien formés; enfin 868 trails on Bériérat auraient pu passer. pour assez beaux , si ce

| : CHARÈTRE XW, : > ses n'eussent été les boucles de cheveux noirs qui tombaient autour de son visage , et un air de férocité , joint à une maigreur qui le faisait ressembler à un sauvage plutôt qu'à un homme civilisé.

« C’est encore un Bohémien, » se dirent les deux dames l’uné : à l’autre, « Sainte-Marie ‘le roi peut- encore avoir placé sa con- fiance ds un de ces brigands ? Je questionnerai cet homme, si vous le désires , dit. Quentin, et j je: m'essurerai de sa fidélité au- tant qu'il me sera possible. »

Durward, de méme que les dames de Croye, avait reconnu dans le costume et l’apparence de cet homme l’habillement et les ma- nières de ces vagabonds avec desquels il'avait été si: prôt ':dfitre confondu, grâce. à. la célérité des.procédésde Trpis-Écholles et de Petit-André : il était donc naturel qu’ vit du danger à:ss-confier à un individu de cette raca vagabonde.. : nn ei int)

« Es-tu venu ici pour nqus chercher? » fat prendre gens qu'il lui adresea. TUE

! - L’étranger répondit per en signe de tête afBrmatif. 0 ".—« Et dans quel dessein ?-— Peur vous guider jones pas de celui de Liége.—De l'évêque, veux-tu dire?» 1: ‘19 LeBohémien fit un nouveau signe aflirmatif. : 4: 5 : —«Quelle preuve peux-tu me donner que nous devéns te onoire? Pas d'autre que ce vieux refrain: | PE ENT |

Le page tua le sanglier , rs Si tt 6e Le prince en eut la gloire :, ee

_—La preuve est bonné, dit Quentin; marche en avant, mon Sarçon; je ne tarderai pas à revenir te parler.» Retournant aussitôt auprès des dames, il leur dit :’« Je suis convaincu que cet hommé est le guide que nous devons attendre; car il m’a donné un mot d'ordre que je crois n’être connu que du roi et de moi. Mais je vais Causer de nouveau avec lui, et je tâchérai de m' assurer du dégré ‘de confiance qu’on peut lui accorder. »

ÿ

4 The page slew the boar. . Tha peer had the gloire.

| | QUENTIN PORWARD:

. . , . AL vos RER à ass. 1. i *, PRE 22 L .

LL it * £ + BE

ur outit auprRE XVI.

po et 1: LE VAGABOND.

"Je suis aussi libre que pouvait l’être l’homme de la

| beture avant que tes lôis dégradèntes de la servitude eussent été établies, +t quand.le noble sauvage errat à son gré dans les forêts,

| BayDEr , La conquête de Grenade.

| Pendant que Quentia. avait avot les s deux comtesses la courte

ebitrersstion indispensable pour leur donner l'assurance que le

-@£traordmaire qui venait d'augmenter leur troupe était le guide qui devait leur être envogé de la part du roi, il rediarqua, Car. il était aussi alerte à observer les menvements de l'étranger que celui-ci pouvait l’être à observer les siens : il reimar- qua, dis-je, que cet hommé, non-seslement toùrnait la tête en anière autant qu'il le pouvait, pour jeter sur eux des regards de curiosité, mais qu'avée une agilité singtlière, plutôt semblable à celle d’un singe qu'à eoke d'un homme, it se tournait sur sa selle de manière. à être assis presque de côté, afin de pouvoir lesobser- ver plus à son aise et plusattenhvemeat.

Peu satisfait de cette manœuvre, Quentin s’avança vers le Bohé- mien, et lui dit en le voyant reprendre la position convenable sur son cheval :

—« Il me semble, l'ami, que vous ne nous $erez guère plus utile qu’un guide aveugle : car vous regardez la queue de votre cheval plus souvent que ses oreilles. Et quand je seraïs effecti- vement aveugle, répondit le Bohémien, je pourrais encore vous servir de guide à travers quelque province que ce soit du royaume de France ou de ceux qui l’avoisinent.— Cependant vous n'êtes pas Français, dit Durward.— Non.— De quel pays êtes-vous donc? Je ne suis d'aucun pays. Comment ! d’aucun pays?— Non, d'aucun. Je suis un Zingaro, un Bohémien, un Égyptien, ou tout ce que les Européens, dans leursdivers langages, peuvent juger à propos d’appeler notre peuple; mais je n’ai pas de pays. Êtes vous chrétien ? »

Le Bohémien secoua la tête.

« —Chien, » dit Quentin, car à cette époque l'esprit du catholi- cisme était peu tolérant ; «adores-tu Mahomet ?—Non, » répondit

| CHABITRE XVE. |. 4 d'en ait tésmeehat ei d'en. tou levenienne le guide, ai ne parut ni offonsé: surpris de l'ERPONEIR ET dt jeune hotes. « tes voes done palba ; qu'étés-vous Citfia ? -— Je ne profes aeuns poligion. » |

Durward recula étonné: car, quoiqu'il eût entendu parier de Serrebine ot d'idoifitres, il ne lai était jamais venu à fidée qu'il pût exister une association d'hommes qui nb séivissent aueun culte. Cependant él revint de sa surprite, ot-denmande à s6n guide il habitait ordinairement. Partout je me trouve, réplique 16 Dobéarien; je n'ai pas de résidence fite.— Goitunent conserver voës ce Qui vous appartient ?—A l'exception des habits que je porte et du cheval que fe tubnte. je ne possède rit au iromde Cependant'sotre habillement ne Maique pas d'élégance et votre cheval est ancollent, Quels s6nt vob moyens. d'étistonce? - Jo name qaaud j'ai fais, je bois quand j'ai soif et je n'ai d'autres moyens d'existence que ceux que le hasati ie fait rencontrer. Sous des tois de qui. vivez-veus?— je ne dois vbéissanee à personne qu'uatent que vla me ‘convient. Qui est votre chof? qui vous. commande ?— Le père de notew/tibu, s'il me platt de tui obéir; fe be. conhuis point d'autre chef. Vous tes donc dépourvus de tout ce qui réuaft les autres hommes? » dit Quentin dont la serprise dlait toajours üroiBsenit. « Vous n'avez hi lois. ni chef, ni moyens siburés d'etistehos, ni maison, hi demeure. Vous n'avez (que lo ciel ait pitié do vous!}, veus n'avez point de palrie, et (vouilie l'Ëtre sopréme vous écluireret vous pardonher!) vous n’aves point @e Dieu. Que vous reste-t-il, privés éoinane vous l'étes de gouver- nôiment, de bonheur domestique et de seligion ? = La Kberté, Je ne rip -dèvant perstsue ; $e n'obéis à personhe ; je respect porsunne. Je vais je veux. fe vis cine je peux, etje mour roi Quant rhon feure sere vénue.Mhis vous êtes &£posé à être tit à mort à Chaque instant, suivant ie bon plaisir du juge. - Soit! cen’estuque méerirub peu plus tôt. Mais vous tes exposé aussi à être emprisonné; 6t'où st alors tette liberté dont vous vous pontez 7 Dans mes ponsées, qu'aweute chaîne ne peut entraver tandis que les vôtres, môêtre. lorsque vos membres sont libres, r'es- tent enchaînées par vos loiset par vos superstitions, par vos 1ôves d'attachement local, par vos visions fantastiques de politique Ci vile : moi, mon esprit est libre lors méme que meëmembres S0nt enchaînés ; vous. votre esprit est captif lors tnômme que vos MeM- bres jouissent de toute leur liberté. Toutefois, la liberté de votre

208 QUENTIN BURMWARD.

esprit ne pout alléger les chaines qui pésent sun .tos matniires. C’est un mal qui peut s’endurer pendant quelque ternpé, et'si je ne parviens bientôt à m'échapper, ou simes camarades ne péu vent m'y aider, je puis toujours mourir : la mort est la liberté Je plus parfaite. » ; :

Il y eutun intervalle de silence qui dura quelque torpe. Ques- tin le rompit-en reprenant: ses questions:

—« Votre race est une race yagabonde, iaconnue aux nations de l’Europe. D'où tire-t-elle son origine ?— Je, ne saërais vous le dire, répondit le Bohémien.+—Quand délivrera-t-elle ce royaume de sa présence pour retourner dans Ie pays d'où -ella est venue?— Lorsque le temps de son pélerinege sera secompli.—Ne déscendez- vous pas-de ces tribus d'Israël qui. furent emmenées. on saptivité au-delà du: granû. fleuve de l’Euphrate ? » lui démanda Qupntin, qui n’avait.pas oublié ce qu'on lui avait enseigné:à Aberbrothock. S'il en eût été ainai, nous. aurions suivi leur foi, pratiqué leurs rites. Quel est ton non, à toi!—Mon véritable nom n’est connu que de mes frères; les étrangers, eeux qui ne vivent pas sous nos tentes, m’appellent Hayraddin Maugrahin, c’est-à-dire Hayraddin le More africein.—"Fu:t'exprimes trop bien pour un homme qui as toujours vécu, dans. ta misérable horde.— J'ai appris quelque Chose-de la seiench de ice pa ys. Lorsque j'étais encore enfant, notre tribu fut poursuivie par des: chasseurs db. chair humaine. Une flèche traversa la tête de'ma mère, et elle mourut, J'étais emhar- rassé dans la couverture de laine-qui cçuyrait ses épaules, ft je fus pris par les chasseurs. Un-prêtre me demanda aux .erchors dg prévôt, it m'obtint, et m'isstruisit dans les sciences frapques per- dant deux ou trois ans.— Comment et. pourquoi as-tu, quitté ? Je lui avais volé de l’argant, même le dieu qu’il adogait, »répondit Hayraddin avec-un calme parfait. « Il me dénouyri et mp. hattit. Je le perçai de mbn couteau ;'je m'enfuis dans les:boig.et: je me trouvai de nouveau réuni à mon peuple. —Misérable ! {has aspas- siné ton hienfaitenr ?— Que m'importaigat. ses bianfaits : ? Lejeune Zingaro n’était pas un chien domestique pour margher sur les pas de son maître et ramper sous ses coups pour obtepir les bribes de sa table. C'était le jeune loup mis en captivité: à la première oeca- sion, il a rompu sa chaine, a déchiré son maitre, et est retourné dans ses déserts: » "He,

- Il se fit une nouvelle pause, après laquelle le jeune Écossais , dans l'intention de pénétrer plus avant dans Je caractère de ce

cuartte: XVI: . 209 güide sugpect, demanda à Hayraddin s'il. n’était pés- -Vrai que sen. peuple, malgré l'ignoratice, dans-laquelle il était plengé, prétendait avoir Ja connaissance de fayenir ; connaissance qui n’ayait point été donnée aux sages , aux philosophes et aux prêtres d'une so- ciété plus policée ? .

=— «Nous le prétendons, répondit Haÿréddin, et c'est âvec rai-. SOR : Comment un don si précieux a-{-il été accordé à une race’

_ Si ahjecte ?— Puis-je ous le dire? Cependant,-oüi, je puis; mais

ce sera quand vois m’ aurez expliqué pourquoi le chien peut sui-. vre à la piste les pas de l'homme, tandis que Fhorme, animal plus noble, ne saurait suivre ceux du’ chien. Ce pouvoir qui vous pa- raît si merveilleux , notre race le possède d’instinet. D'après les

traits du visage et les lignes de la main, nous pouvons prédire leur, ‘sort-futur à ceux qui nous-consultént, avec autant de certitude.

qu’en examinant la fleur'd’un arbre, au printemps, vous direz quel fruit il portera er automne. Je doute de ta science, et je. te défie de m'en donner une preuve. | Ne in’en déliez pas, sire écuyer, - À quelle religion que vous préteridiez appartenir, je puis vous dire que la déesse que vous adarez se trouve dans cette COmI- pagnie. Paix ! » dit Quentin ‘saisi d’étonnement; « sur ta vie ne. prononce pas un-mot de’plus, si ce n’est-pour répondre aux ques- tions que je tadresse. Peux-tu être fidèle? :— Je peux tout ce qui est possible à-un homme. .— Mais vepx-{u l'être? :—« Si je ke ju- rais m'en croirais-tu. davantage?» répondit le Méugrabin. d’un ton sarcastique. «Ta Yje est entre mes mains, {u le sais. Frappe, et tu verras si je crains la mort. = = L'argent peut-il faire de-toi un: guide sûr et fidèle ? Non, si je ne le suis pas sans, cela.—Alors, dis-moi. quel lien je dois employer. La bonté. Te ferai-je serment d’en avoir pour toi si tu nous es fidèle pendant ce voyage? Non. Ce serait prodiguer à la fégère une denrée raré. Je te suis déjà dévoué: —- Comment s’écria Durward plus étonné que ja- mais. « Souviens-toi des châtäigniers sur les bords du'Cher. La victime dont tu voulus sauver les jours , était mon frère; c'était . Zamet le Maugrabin.—Et cependant je te trauve-en relation avec ces. mêmes officiers par qui ton frère a été mis à mort - car c’est l’un d'eux qui m’a indiqué l'endroit je te trouverais; et c’est le même sans doute qui t'a donné comme guide à ces dames..— Que pouvons-nous faire? » répondit Hayraddin d’un air sombre... « Ces hommes nous traitent comme le chien du berger traite ie

troupeau : il le protége pendant quelque temps, le fait aller çà el QUENTIN DURWARD,

330 QUEMEIN DERWARD. . euivabt son. bon plaisir, et finit tosjours per Je oomdien à ie

. tuerie. »

- Quentin eut. par fasuite ocrasion à d'ahrondre A is Bobérien avait dit la vérité à cet égard, et que la garde prévûtale, employée à détruire les hordes vagabondes qui infestaient le royaume, en-

tretenait avec elies des correspondances, s'abstenait pendant un cærtain temps d'exécuter ses devoirs, et finissait toujours par con- . duire ses alliés à la petence. Cetle sorte de relation politique entre le voleur et l'officier de police, pour l'exercice profitable de leurs professions respectives, . à existé dans tous les pays et hesi rulle- ment ipcorinue au nâtre.

. Durward , en se séparant de sn giide. wiut rejoindre de reste de ia troupe , très-peu satisfait du caractètb d'Hayräddin, et ao- cordant peu de. confiance aux protestations’ de recennaissance qu'il en avait- recues personriellement. 31 se mit alors en devoir de sonder les deux autres hommes qui lai avaient été donnés pour faire partie l'eseprte., et ik eut le chagrin les trouver aussi stupides et aussi péu capables de l'aider de leurs avis, qu'ils ’é- taient, ce jour même, montrés peu disposés à faire sage de leurs arumnes,

Cela n'en vaudra que mieux. » se ait Quentin dlui-même, son. esprit s'élevant en raison des difficultés que sa position devait . faire redouter. «Cette aimable j jeune dameme devra tout. J' que je puis haïdtinent compter sur ce que mn bras et ma non peuvent faire: J'ai vu la maison de mon ‘père livrée aux flarames; je l'ai vu, lui et mes frères , nâger danb son sang au tmilieu des flammes. Je n'ai point reculé d'un on pouce, et j'ai cfinbettu jus- qu'au dernier moment. Aujourd’hui, avec deux ans de-plus, j'ai pour me comporter’avec courage, le meilleur et le plus beau mo- tif qui jamais ait enflammé le cœur d’un brave chevalier. »

- Faisant de cette résolution la règle de sa conduite, Quentin : montra péndant le voyagé tant d’êttention et d'activité, qu'il pa- raissait être partout en même temps. Son poste principal, ou plu- tôt son poste favori, était à côté des dames, qui, sensibles au soin extrême qu'il prenait de leur sûreté, commencèrent à converser avec lui presque sur le ton d’une familiarité amicale ; et-elles pa- raissaient prendre beaucoup de plaisir à H. naïveté sinéi qu’à la finesse de sa conversation.

S'il était souvent auprès des comtesses, essayant 4e fairé à des’ personnes qui étaient nées dans un pays plat description des’

enonté Gremsgie n8'4, et sértut des henutés de Clone, C

_ ‘marchait tout aussi fréquemment avec Hayraddin à Ha fête cle:be

petite caraicaié , ke questionnant. sur la route , sur les Keuir de hmités, ét gravant sés réponsés dans se mémoire, afin d'être à pot tés de:raconaitre;, par de nouvelles questions, s'il ne:méditäit pas

relie trabison. Souvent aussi on le voyait-à l'arriéregarde,; té.

chsaut de F'esdurer Fattachement des deux honkmes diescorte par

dés parles de bonté par des présents, et par lespreiesses denme- ci

selles ré6omipenses. aussitét que’ leur iaché serait renbphis. Hs:voyagèsenl de cette manière perdant. plus d'une semdiné : |

suivant des chémins écartés et des routes déteurnées, traversant

dés vaetbes peu fréquentés, afin d'éviter les grandes: vikes. Ü ne leur arrita rien de remarquable, si cé-n’est que de tempsenttemps ils reneontraient des hürdes érrantes de Éthériens , qui les res pectiient eomnie-étant sous la conduite d'un individu dclesresstés des-s0kdats trafnards , ow-peicôtre des bandits ; qui ‘irjuvent Te parfle trop inégsle, 5 'abatenaient de ies attaquer : vf; dés déta- Chements de 1+ maréchaussée , “eomnie on nommerait à prébent.

" -cks mibiéaives: ‘et que Louis, qui sondait et. cautérisait les plaies.

du pays avet le fèr et.le feu ; employait- pour. détraire les bédes: effréniées qui infostaient le royaume. _Ces derniérs-les-talssaient - poursuivre leur voyage. sans les fquiétér ;'en vertu Ü’an ordre étrit dont Qéentin avait été muni-à cet effet par: roi tai-tiême. ‘Eeury lieux de haïte étaient le plus ordinairement des monas-

. ères , dot M plupart étaient obligés ‘par les règtes de Fear fonda

tion de : recevoir les bèletins; comme les dames voyageaient sous ce titre élles recevaient l'hospitalité ; sans qu'ù leur fût adressé aücune. question sur leur rang ét leur condition : en effet, it était d’asage. que les personnes de “distinétion qui voyagèalent pour accomplir un vœu cachassent leur nôm èt leur quafité.Earri vent , les comtesses de Eroye prétextaient crdmairement ta fti-

gte pour se livrer. au repos, .6t Quentin, en sa qualité major: |

dôme’, déployait, dans les arrangements qu’il était nécessaire de

| prendre avec leurs hôtes, üne sagacité qui leur épargnait benu- Coup d’embarras, en même témps qu'une promptitate qui'ne'

menquait. jamais d’exciter un sentiment d'affeetiontet de recon- naissance chez celtes qui étaient l’objet der tant de-s0iné. * . Une chose cependant était pour Quentin urie œbse d’inquié-

tude presque jodrnalière ‘son guile, eppertoret à à une ‘carte:

« Montagnes d'Ecosse, 4 ÿ.

Q32 | | QUENTIN : DURWARD.

dont: les membres étaient réputés poir. païens ; ; vagahonds, et idonnés à l'étude des sciencéa occultes , n'était jamais admis sans! de grandes diffeultés dans les monastères la chvalcade s'arrés. tait de préférence ; et il me pouvait qu'à grande peine obtenir Dour eet hoinine un Jogemient dans l'enceinte extérieure de leurs murs, C'était là-un grand embarras'; car, d’un .côté, À était. nécessaire de teniren bonne. humeur un homme qüi possédait _le’sacret du.

‘voyage; tandis que’dé l'autre, Quentin jugeait indispensable” de

veiller attentivement, ‘quoique : secrètement ; sur la conduite. d'Hayraddre , afin que > s'il était. possible, : il n’eût aucune cort- muméation avec qui que 0e fût. Gr, cela pouvait être si le. Bohémien logeait hors de l'enceinte .des couvents dans lesquels

on garrétait. D'ailleurs Durward' ne pouvait s empêcher de croire.

que Hayräddin avait te’ désir qu'il-en füt'ainsi; car au'lieu de se tenir:tranquitke dans le réduit qu’on lui assignait, il- eritrait en » Conversation. avec les jeunes frères.,et les-novices, et les arnusait beaucotp ; par ses fours, par ses. chansons, ce qui édifiait fort peu les vieux moines; de sorte que, ‘dans plus d’une cireonstance, il- fallut à Quentin toute l'autorité, appuyée de menaces .. dont k pouvait faire-usage envers le Bohémien ; paur éprimer gaieté licencieuse. et l'emploi des prières Auprès des supérieurs pot .… @mpéeher que le cliien de paien: ne-fût mis à-la porte. Il réussis- . sait pourtant , pür la manière adroite-avee laquelle 1 demandait pardon des irrégularités commisespar cet. homme, insinuant que le voisinage des reliques , la fréquentation des édificés consacrés . à la religion, et surtout ses communications avec des-hommes' voués au culte des autels , parvieridraient à le ramener à de meil- leur$ principes et. à une eonduîte plus régulière. . Gepengant, dixième douzième .jour du ‘voyage, après leur. entrée.en Flandre et lorsqu'ils approchaient de Namur, tous les: efforts de Quentin. devivrent insuffisants pour prévenir les suites du scandale donné par.son guide. La scène se passait dans un couvent de françiscains d’un ordre strict et réformé , dont le prieur mourut-dans la suite en ôdeur de sänteté. Après avoir sui raonté des seropules plus. grands qu’à l'ordinaire, et auxquels il est vrai qu’en paréils cas on devait s'attendre , le mauülit. Bohé- mien obtint enfin un logis dans un bâtiment écarté; habité par un. frère lai: qui :faisail les fonctions de jardinier. Les dames s'étaient retirées dans leur appartement comme à l'ordinaire , et le prieur, qui par hasard avait des parents ei des amis en Écosse,

- CHAPITRE. XVI. : | 3%.

" et qui. aitpait à entendre © losétPangets acier de. leur pays, irivita

Quentin; dont’ probablement la bouna mine.pt1lacondtite hi -aväient-plu, à venir faire une légère. cellation. dans sa celluls. Ayant reconnu dans ce religieux un: homme intelligent, Quentin négligea pas l’occasion de s'iiformer de-l'état.des affaires dans Je pays de Liége , dont pendant les deux. dernières. journées de . marche il avait euteñdu-diredes chases : ‘qui ‘lui donnaient des craintes pour la.sûreté des damies confiées à sa.garde, avant la fi du voyage; et qui lui laissaient même des doutes sur le pouvoir qu avait Pévêque de. les protéger, une fois- qu'elles seraient arri- vées saibes pt sauves dais son palais. Les réponses du prieur ue fureñt pas-d'üne nature. trés-rassurante. à 4

.. «Le peuple de Liége , disait-il, est un peuple de bourgeois riches, qui, | comme .J$hu dans les-temps aÿcCiens, se sont en- graissés et, regimbent aujourd’hui. Leprs richèsses et leurs privi- léges leür ont-enflé Le cœur. Jis-ont eu diverses querelles.avec.le due de. Bourgogne, leur: seigneur suZergin, au sujet des impôts "etdes immunités : ‘etiks.se sônt fréquemment mis en révôlte ou- verte, Le duc en a été tellement irrité, car c'est un hemrñe boail- lant et:ernporté, qu'il à juré par saint George, qu'à la première provocation il porterait dans-la ville de-Liége.la désolation dont | a été atfigée Babylone, qu'il fuinerait aussi complétement | qu’a été ruinée celle de Tyr; en un mot; qu'it-en ferait uis.objet de. mépris et de honte pour toute-k- Flandre. Et d’après tout ce que j'en ai entendu raconter, ce. prince est bièn eapable de tenir son serment , dit Quentin; par ‘conséquent ilest probable que lés Liégebis se garderont bien-de lui en fournir l'occasion On devrait Fespérer, répondit le prieur, et c est h. l'objet des prières des saintes âmes pays, qui ne voudraient pas; que le sang des hommes fût répandu comme de d'eau, ‘et qu ils périssent comme des êtres entièrement réprouvés, avant d’avoir fait leur paix avec de ciel. Le bon évêque travaille aussi puit. et jour. à.con- server la paix , comme il convient à. un. serviteur de l'autel ; ‘Car, -CormBe il est dit dans l'Écritire : ‘Beati pacifici. “Mais. » Xeile bon prieur s’interrompit en poussant un profond soupir: ..

. : Quentin ‘exposx avec. modestie de .quelle importance il était pour les dames qu'il aecompagnait d'obtenir des renseignarhents . positifs sur Pétat intérieur du pays, ajoutant que le digne-et. ré- vérend père ferait un grand acte de charité chrétienne s il ‘Youlxit bien l’éclairer sur ce sujet... . . =. 7. ..

Ld

+

2 QUÉRTIN DURWARD..

Gest jen ‘enibt ; sut lequel petionné 26 parie qu'aros np | Biants! répondit le prisun, car ceux qui disént-du:mal des puis - sets do da terre, cliem is culicuo, courent de langer. qui.

messager ailé ne. porte ces discours josqa’à leurs oreüles ‘Fonte ‘fois, poiir vous. rendre, à ‘vous gui paraideez ei jeune hoims feanc et koyat ainsi ŒU':à 10€S daines, dui sont de pietsbs sortante du Seigneur, et qüi acocmpkissent en ce menant ün saint pèlerk . ‘mègt; pour vous readre, dis-6, les faibles services ea sut en Thon poutair, je vais vous parler sans suiCLRE rÉgÉrve. » |

‘1l regarda alors autour de lui-avef .un:air de pebcaritiqu; prit haissant la voix., comme s’il eûl craint d'être entendu t

. « Les Liégeois, dit-il, sent secrètement excités à leorsfréquen, -tasrémwolies par des hemmes de Bélial, qui prétendent, vais faus- .

sement, je l'espèrs, æôir mission de notre rei très-chrétien, que je: crois trop digne‘ de ce. titre pour troublé aiasi:la, paix d'at | élat voisin. ‘Et cependant son. nomest ouvertement:employé par chiz qui: soutiennent êt abnment ie. mépontentement- parmj:ls habitatits de Liége. U ÿ a en oatrs.dans le pays un seighoux de bon ligeage st qui jouit d’une grande rentmmée cormme bominé, das la guerre ; ‘mais qui n’en est pas moëns... pour :aimsi.dirs , + prie ‘offonsidnis el petra scondaii une pierre d'achopperment pour à Bourgogne et:la Flandre :-son ngin est Guillaume la Marck. Swnomné Guillaume le Barbur, su le Sanglier des Ardennes, di le jeuns: Écobsais. …— Et c'est. avec raison qu'orr lui a: donné sous ; mon Gs, dar d est comeile sanglier d61a foréé, gai fous bts ses pieds tout ce qu'il'rencantré:et le déchire avac scs fenses. 1l-sest:formé ane. bande de Plus mille eines, tors semblables lei, c'està-dire méprisaut taûte autorité.cirileet sbkgieuse; avec leur assistance , il s'est déclaré indépondant dt tlue de Bourgogne, et vit.; ki.-et ses partisans , de rrapimes et de violdaces, qu'il :exorce indistinetément sur les ecclésiastiques ét sur les tiques : doipeeuit munas in christos Doinins : ia portéls ain sur l16s oipts du. Seigueur, au mépris de oe qui est éentt dVeseucher.pus à mes sinis, el ne faites pus d'injures à mes prophè tes jusqu'à nottepauvre maison: laquelle il à fait demagdor

. Setmrhes d'et:et d'argent ponr rançon denotre vie et de celle de

. æ0s frèses, demande.à laquelle nous ayons répondu pâr ame SP glique ‘en ‘latin, dus laquelle nous expssions l’impossihélilé mous socamnes de sutislaire à sa réquisition ; et nous d'exhortionf par © ces paroles du prédicateur : Ne makaris amico.feo malum cb:

ORRPITRE XVI: < à pabès mn. fe sdséion 1 Nésamoins ce Cahebnes: Busbatus, ce Gœilmense de:la Marek , qui ignore’ aissi complètement les:beb- Jessiettres que les leés de Ybumenité, nous répondit: dups som jen- gon ridicule : Sinénpagutis, brutabo monciter nan véstrsan.1Lalitr | barbare ; qui dependent, men rétérend père; il ne vous fat-q . irop:facile de -cvmpreadré.—Hélss ! mon fils, le craitite et 1x nécessité sont d'Habiles interprètes ; et nous fûmes ebligés de fon- | dre jes rase d'argent de notre autel pour satisfhire la rapacité de œæ chef impitoyable. Puisse: le ciel lui paÿer sept ais be récom- pense -qui lai est due ! Pereat improbus ! Auen! Amen! Atathens este ! Je suis surpris que:le duc'ds Bourgogne , dout ixfurce , pst égale à sa puissancp , ne réduite pas aux ‘aboës ee sanglier, dont les ravages ont déjà fait tant de.bruit. Hélas! méit Gls, 4 duc est sn cs moment à Péronke , il rassemble-ses capitaines | ou mecher: contre la France ; aimsi , tandis qoe le cel:a pemmis . que la diseurde enrirèi dans bes cœurs de deux grands prinebs , le royaumes subit le:joug des oppreiseurs subaltermes. Maïs c’est à tort que le ducnéglige de.débarrasser ses.états, de cette gangrèse quai tes ronge, car ce Gaitiaume de La Marck a, depuis peu, em treteñu: oxrertement des relations avec Ronslaer et Pavillon, . chefs des -mévcontents de Liége, et 4 est à eraindre- qu’il ne les excite bientôt à quelque entraprise désespérée. Mais l'évêque de Liégo n's-fi donc js le, pouvoir nécesmire poux sabjuguer cet esprit inquiet et turbulent? Yotre réponse à:catta question est d'un grand intérêt. pour raoi;anon père.-— L'ésêque, mon Ss, « l'épée de saint Pierre comme il:en a des clefs: à} possède le -paurvoir comme price séculier, et il jouit de la”puissante preteë- tion de la maison de Boürgogue; ik a l'antorité $pirituokle comme prélat ;et:il sou Gest tous ces avantages par un hombre sufisant de bons sokietset d'hommes d'armes. Ce Guillzume de la Marck a êté élevé dans sa maison, oi il en à reçu une foule de bienfaits mais à la cour même de pieux évêque; son” carattène eruel et samguinaira se révéla bientôt , et il en'fut chassé pour un home eide:commris sur Fun des principaux domestiques de ee prélaf, Boni pour ce fait de la ruaisqn du bon évêque, .il n'a cessé : d’être pour lui ün ennemi implacahée ; et maintenant, je ke dis avec douleur, il s'est coint-les reins, et il a tourné, ses apncs con- ve son bienfiiteur. Vous-corsidéres donc la situation du digne prélat comme dangereuse ? » lui demanda Quentin avec inquiés ‘+ 4Ne fais pas de-mel ton aini.qui æplueé on toi sa conflance, 4 ..

2 QUENTIN DURWARD, |

tude. « Hélas! mon fils, répondit: bon franciscain qu et -@lui que: nous ne puissions. regarder conmms'en danger. dans ce triste exil? Mais le ciel me préserve de prétendre que. te-vénérs- ble -prélat-soit-dans un péril imiinent. Ile uti trésor conbidére- “ble, de fidèles censeillers, de brave soldats; et deiplus, je:vous dirai qu'en messager. qui se dirige du: ebté de l'ast:,et qui a paxé ‘ici hiér, nous a dit que le duc; à‘la requête de l'évêque ; lurae- #oyé en toute hâte eent homrhes d'arrñés , ayec ia saite qui acton -pagne chaque lartce, Gette troupe saffirapour résister à Guillaume de la Maïck dont:le-nom soit-maudit !'Amen1 5.

Dans Ce moment, leur conversation fut interrompue par le sacristain , qui, d’une voix eñtrecqupée: par la colère, accusait le- Bohémien d’avoir mis en pratique les plus abominables tu. fices envers les-jeunes frères: il'Avait rnêlé- dans Jeur‘boisson , al repas du‘soir, üne liqueur enivrante qui: avait dix fois le fores du vin le plus capiteux , et sous le-pouvoir de-taquelle plusieurs frèrés avaient succambé: Dans Le fait’; quoique la tôte du sseris- tain-eût été assez solide pout résister à à l'influence de cette bois son dangereuse et défendue; it était facile au prieur-et à Barwand de reconnaître à son visage enflammé et À sa langueembarrisstt, ‘que l’accusetéur” lui-même n'avait pas été tout à fait à l'abri de ‘ses atteintes. De plus; le Bohémien avait chanté diverses chansons dans lesquelles il n’était question que de vanités mondairies et de

“plaisirs” impurs ; ‘il avait tourné en dérision le cordon de saint François ainsi que ses miracles , et il.avait donné aux fidèles soumis à ‘ses saintes règles le nomi de-fous et de vaziriens pares- seux. Enfin, il'avait mis-en pratique la chiromancie et’ prédit a jeune père Chérubin qu’il serait aimé d’une belie dame qui le ren- drait père d’un fils dont l'esprit le conduirait à La fortune.

. Le père prieur écouta quelque temps en silence le récit du si-

cristain , "comme si Fhorreur produite par des.crimes aussi atro- ces laï- eût ôtél’usage de la parole. Lorsque le ‘frère eut terminé ses plaintes, le prieurse leva, destendit dans'ia cour du couvent, et ordonna aux-frères lais,' sous peine d'encourir les châtiments spirituels pour crime de.désobéigsanee, de chasser l’impie Hay- raddin de l'enceinte sactée à coups de fouetset de verges. -_ Cette sentence fut exécutée en. présence de. Durward,, qui; | quoique contrarié par cet incident, n’intervint point- en favenr du coupable, certain que son intercession serait inutile. - .

Le châtiment infligé à Hayraddin fut, malgré les exhortations

CHAPITRE XVE y

du prieur, ‘plus amusant que formidable. Le Bohémien courait et dans la cour au milieu des cris de ceux qui le fustigeaient, et du bruit dès coups dont une grande partie ne l’atteignait pas, parce que probablement on n'y .mettait pas la rigueur prescrite par le père prieur. Par s0n agilité, H parvenait à-esquiver La plu- part des coups ‘qùi lui étaiént réellement destinés, supportant avec assez de résignation et de courage le petit nombre de veux qui l'atteignaient. Le bruit et le tumulte étaient d'autant plus :grands que les gens. iphabiles par les maias deéquels passait Ha yraddin se rappaient entre. eux. plus souvent qu’ils na le frap- | -péient lui-mênie. Énfin le prieur.désirant mettre ün terme à à une ”_.seèñe qui devenait beaucoup plus scandalèuse qu'édifiante . or-- donna qu'on ouvrit le guichet ;:et le Bohémien, se précipitané bar cette.issue avec la rapidité.de l'éclair, profita. du clair de lune pour .fuir de -toutes ses forces. ct Pèndant.ce tumulte, un SOUPÇOTI que Durward avait déja conçu. _reyiat à son esprit avec une nouvelle force. Hayraddin., le matin même de ce jour, lui avait promis , lorsqu'ils s’arréteraient dansquelque monastère, de se: conduire avec. plus .de retenus et de prudénge q\'il.n’était dans. l'habitude de le faire; cependant il . avait violé sa parole, etil avait agid’une Twaniére plus iñdéceriteet plus révoltante que jamäis. Cette conduite-singuliére cachait sans doute quelqie dessein car ,.quels que fussent ‘és défants du Bohémien, il he manquait ni de bon sens, ni d’empire sur lui- même quand il k voulait : n’était-il. donc pas probable que ke désir d’aydir des communications, soit avec ceux de sa horde, soit avec d'autres, dont la surveillante contiauelle de Quentin l'avait tenu éloigné tont: le j jour, lui avait fait recourir à ce stratagéme pour sortir du ‘Couvent? : Ge soupçon he se fut-pas. plus tôt ernparé de esprit de Quentin, que, alerte comme il l’était:dans tous ses mouvéments, il résokut de se mettre à la poursuite du Bohémien flagellé, et d'observer le plus secrètement possible qu’il deviendrait. Ainsi donc; aussitôt qu'Hayraddin eut pris la fuite, Quentin.se. hâta d'expli- quer en quelques mots au prieur la nécessité il était de ne pas perdre de vue son guide, et se mit à courir sur ses traces.

J

2 QUENTIN DUBWARD.

. CHAPIFRE XVE. | | L'ESPION ÉPIÉ. Quel et cet insokenà rodate} pet ein qua - _ pionne ? A bas les mains ! vous n’êtes pas fait pou de " Les vaintus. _:" Be Foxsox, contès, Robin Hood, Locsque Quentin sortit du couvent, F aperçut 4e vi, it | ülarté de ke lupe, le Bokémien. qui fayait ävec la ra padité d'un &

‘mier quai à senti le fouet; le vit ensuite traverser en potit Re

‘age, puis entrer : dans une prairie située à l'extrémité h rue. ‘erLe coquin coitrt vite, -se dit Quentin, mais’ il, lui faudrait des Jembes bien agiles pour échapper:au pied le.plus leste.et le pis léger qui ait jamais foulé les brüyères de:Glen-Houtakin. »

. Comme henreutement il avait quitté son manteau ‘et son ar- mure, montagnard écossais put’ déphoyer Hbrerment us talent qui était sans égal dañs son. pays, et qui, malgré Ja manfèré sapé- rieure dont le Bohémien s'en acquittait, était tek, qu'en trés pen d'instants ire pouvait manquer:dé l’atteindre: Ce n'était cepr dant pas l'in intention de Quentin; éar it jugéait beaucoup plus &”

* sentiel d'observer -8es. mouvements et de saiveitier sa eondeïte. 4 fat:confirmé dans. cetté résolution eri-vemarquant la prompt

. tade avec laquelle le Bohémien poursuivait sn Coursé, mème près %a premiÿre impulsion, Cette faite toujours précipitée parois indiquer un but certain, et tout différent de celui qu'aurait pi @veir ur hdrme chassé inepinémient æun bôn gite et au mitien

de la nuit: Flayradin nestetourne ‘pas la tête arrière, ce qu

‘laissa à Durward la possibilité de’le suivresans en être ‘Hperti: insis, après avoir traversé la prairie, iks’arréta aa bord d'un pelit roisseau cmbragé par des aûnes et des saules; alors ñ donna dt cor à bas brüit.et avec précaution, et un voup de sifflet qui pe tait à peu. de distance lui répondit presque aussñtôt. « C'est tn rendez-vous, pensa Quentin ; hais: comment mi 'approéher 2% pour-enténdre ce-qui va se &ire? Le bruit de mes pas et celui ds branches au travers desqueties il Fant que je mie frayeur passes? me-trahirent si je n’y prends garde. Je les surprendrai pourtant, par saint André ! comme s'ils étaient des daims de Glen-Isla; ils apprendront que je ne suis pas un novice. Les voilà ensemble, les .. deux fripons; et s'ils me découvrent, et que leurs intentions n6

ban

Tr x. . | 238 soient point amicalus, comiie il y. a tout heu 'de le penser, is me feront un matweuis. parti : aiors la: comitose Isabette perdra son” peurre ani ! Mis que dit-je? nie serait pes digne ce rom, Ce» Jui pui. craindrait de-faire face à une douzaine de tels adversaires pour la servir. Mon bpée ne s'eët-elle pas inéstmée avec celle de Dunois, avec 15 plu brave Chevalier de Franeo? et je craindrais une bénide de pareïls. vagäbonds? “Non, non; avec l'aide de"Bigu et de saint André, ils me-trouveront ferme autant que prévoyant. »

. Ayant pris 0e parti, et avec ‘ostte prudence que lui avait don- née l'habitude de la chasse, motre iéros descendit duns le lit du petit ruissohu ; da profondeur en était imôgele, et quelquefois l'exa vouvrast à peine ses souliers, ‘dans d'autres moments-eke lui ron- tait ‘jusqu'aux genoux. Il s'avança dond entièrement ‘caché par les branéhes qui retombaient sur la rive, ét'le murmure de l'eau ermapêchait qu'on n’entendit le bruit ses pas: est ainsi que jadis nous nous sommes souvent epprochés. du nid du-oorbesu vigilant. De: çetto manière Quentin se glissa, ‘sabs être aperçu; assez avant pour entendre distitctement la voix de ceux quil vou- lait observer, inais sans pouvoir distinguer ce:qu'äs disaient. En- . fin, ayant pénétré sous un magnifique saule pleureur dont les branches recourbées balyaient presque la surface des eaux, en sais une, puis mettant en œuvre toute son agilité, toute su Force et-toute son adrèse, À s’en aida pour grimper sur l'arbre; et parvint à s’y asseoir sans. crainte d'être découvert, étant protégé

lefeuitlage. .

Bel A viÉ que le la p persomme ‘avec c laquelle Hayrèdäin B 'enirete: nait alors-éfait un hommè de sa tribur'; inais en même temps, et à sa grande mortificätion, il recomnut que, quand même il serait encore plus.prèés d'eut, .l'ne-pourrait. comprèuûre Jeur langage, ui Hai était totalement inconnu. lis riaient beauedup ; et comme ÆHayraddin, faisant un signe qui semblait indiquer. qu’h s'était en- fui, fruit par se frotter les épaules, : Brarward ne douta pas qu’il ne ‘tacontät l'histoire de la: fustigation qui Jui avait été administrée | ‘vent sa. fuite du-couvent: + Font à coap ‘on entendif dés le Agiritain on riovvesu. coup de . #tflet; Hayraddin y répondit en tirant de sôn eor deux ou trois faibles sons, comme il l'avait fit en arrivant, et bientôt aprés pa- rut un homme grand et vigoureux, qui avait l'air d’un soldat, et ‘dont les formes robustes contrastaïent en toût point avec tes mem- “bres minees et frêles des Bohémiens. Undarge baudrier, passani

go QUENTIN DURWAHD.

sur son épaule, soutenait une épée qui pendaif. presque horizons -talement .& son côté. Son: haüt-de-chausses,. couvert de tailladé d’où softaient des bouillpns de saié et de gazerde côuleurs:veriées, éfajt attaéhé par àu moins cinÿ cents cordons -ou aiguillethes de rubans à son étroité jaquette de‘buffle, sur la miandhe droite de laquelle brillait une. tête de sanglier, marque distinctive de son capitaine. Un très pêtit chapeau était posé . de travers sur sa tête, et.il s'en échappait une forêt de chéveux frisés ‘qui, tombant de chaque côté, de sa large face, se mêlaient à ‘une barbe épaisse d'à . peu près quatre pouces de long. Il tenait à Ja main. upe longue lance, et Son actoutremenf, faisait reconnaitre en lui un.de aventuriers allemands, connus. sous lg n6m de lansquenets, en - anglais lanciers, qui formaient à cette époque t une partie form dable de l'infantérie. Ées mercenaires étaient, comme chacunsait, des. soldats féroces etpillargs ; un” conte absuirdé s'était répandu parmi eux, savoir, que Ja porte du ciel avait été réfusée à un lans- queuet, à eause de ses vices, etcelle de l'enfer ,. à eause: de ses * penchants à la mutinerie, à'la révolte et à la désohéissance: aussi se conduisaiènt-ils comme des gens qui n’éspirent point. au ciel,et .qûi ne redoutent- nullement l'enfer. «Donner und blitz ! ‘» tels Îu- ren! ses.premiers mots; puisiil continua dans une espèce de fran- co-allemand, quenous ne pouyonsi imiter que très imparfaitement: « Pourquoi: yous m’aydir empêché de danser, . -en passant tri | nuits à vous attendre..— Je n'ai pu venir plus tôt, meinheer, «1é pondit Hayraddin d'un air très soumis; « il ÿ à yn jeune Écossais, dont-l'œil est aussi vif que.celui d'un .Ghat sauvage, et qui sur- veille toutes mes actions. Je lui suis déjà suspect, et, s’il voyal que ses soupçons eussent de justés fondements, je. serais un horhme mort, et H ramènerait en France les femmes qu'il escorte. Was henker.!. nous être trois, nous attaquer eux demain, el enlever les femmes sans plus loin aller. Vous avoir dit à moi les deux valèts être: des poltrons; “vous et votre camarade pouvoir vous charger d'eux, et, der. Teufel : l'moi faire mon affaire de votre Écôssais, de votre chat sauvage. Vous. y ‘trouverez: quelque difficulté, reprit Hayraddin; car, outre que nous ne comptons ps pour beaucoup dans un combaf, ee galant a fait ses preuvés ave le méilleur chevalier de France, et s'en est tiré ayec honneur. À * lai vu serrer Dunois assez vertement: Hagel und séhurmuetter! c’est votre poltronn erie qui voué fait parler ainsi! —Je ne suis plus poltron que vous; mais mon métier : n’est pas de me battre.

D

CHAPITRE xvIt. gai Si vons vous ténez à l'endroit convenà, c'est bien : sinon je les conduis sains et saufs au palais’ de: l'évêque, et Guillaume Mark: pourra les y aller prendre, s’il-aseulement la moitié des for ces qu’itse vantait- d’avoir il y& huit j jours.— Poz tausend ! Nous être atssi. forts, et bien-plus encore! Maïs nous entendre parler dun centaine de lances arrivées de Bourgogne ;' dus if, el à ciné _bomimiès pour un lance, cela faire cinq cents; et alors le ‘diable ÿm "emporte : eux.'être'plas disposés à chercher nous que rious à chercher eux; 'car l'évêque ‘avoir un gränd force sur pied; oui, . avoir de grands forces. Vous devez donc tenir pour l'embuscade de la croix dés Trois-Rois, Ou renoncer à l'aventure, Renoneer

à ’aveñturé! renoncer à Vaventure d’un riche flancée pour femme

à notre noble capitaine, der Teufel ! moi chargerais platôt au tra- vers de l'enfer: Mein seele (sur mon ame)! nous tous devenir des . princes, et des hertzogs, que eux appellent ducs; nous avoir un . bon cave, de bons éces de France, 'et peut-être de joliés filles aussi, quand le-barbu-n’én plus vouloir: -- L'embuscade de la croix des Trois-Roïs fient dénc: toujours? Mein Gott ! oui, l'embuscade tenir toujours, Vous) jurer de conduire eux'là ; ‘ét quand être des-. cendù de cheval, et être à genoux devänt la Croix, comme tous les chrétiens le faire, excepté de-noirs païens comme toi, nous tomber ‘sur eux, et eux être à nous. C’est cela même; je n'ai promis mon“assistance dans cetté. surprise qu'à’ une condition : vous -né!’ toucherez point:à un:$eul-chevew de la: tête du: jeune homine. Si vous me jurez cela par vos trois cadavres de.Cologne, je vous jurerai par les septs Dormants de Vous servir fidèlement pour le reste; et si, vous vous parjurez, les sépt Dormants vien- . dront troubler votre sommmei{ peridant sept nuits ‘de suite; depuis , le coucher du soleil jusqu’à l'aube du jour, et huitième ils vous étrangleront et vous manggront.—Mais, donner und hagel (grêle) ! quel besoin vous avoir de tenir si fort à la vie de.-ce garçon, lui n'être hi de votre sang ni de votre tribu ? Que vous importe ; brave Heinrick ? Il ÿ a des hommes qui prennent plaisir à couper la gorge à leurs sernblables ; il y.en a d’autres qui aiment à la leur conserver: intacte. Ainsi, jurez-moi que vous épargherez sa vie et sa persoine; ou, par l'étoile brillante d’Aldebaran, cette affaire en restera là. Jurez-le-moi par les Trois-Rois de Cologne, ainsi que voüs les nommez, car je sais que vous ne vous inquiétez guère d'aucun autre serment. Toi être un .drôle de personnage? eh bien ! je jüre.. Pas si vite! s’écria.Hayraddin ; faites un demi-

Se | QUENTIX DETARD. | tour, “brave lausmnienet, ét.tounez. og port: datée ut a irament les Rois 36 vous éntensiraient pas. M Le soldat prêtale serment dans Faititusle prescrite: per sos meocié, et:dit ensuite. qi sengit: prôt s .ahéervant que Fendroit était très-convenahle; puisqu'il était à-poine à eng mitles de dis- tonce du lieu ile étaientréntis, « Mais ,ajouta-4 il ; nerserait-i pas plus $ûr:si nqus avoir quelques cavakers-our La rente à gaie de l'auberge ; qui les attrapéraient sioux prernipe <9 chemin, »' Après avoir réfléchi uarinstant, le Békiémien répondit: <Nos: le vüa de .ebtte troupe . ce côté alsrmerait-la"gemison de Nr INMF », ak alors il-peurpait: s'enauivre un carmbat douteux-au lion d'un succès assuré. -D'ailleürs ils suivront la rixe-droitede la Maÿse, car je puis los conduire par:tek chemin: qua‘bon: ‘ne sem _ blsra, ca moniagaard écossais, quoique:hien rusé, n'ayant janei demgndé à personne autre qu'à: moi rucun ais sur du poutequ'il doit suivre..A vérité, je lui ef été donné .par-un ami sûr, par “wa homme: doat personne ne s'esi jamais aéfié'avait.de le con- mere un: peu, Écoute, ami-Heyreddia ::moi souloir wur adnesser eneone un question. Vous et votra. frère être; comme vous le: dire vous-même db grands séerméndeuter, c'est-à-dire

de grands sstrokigues ei devins; pourqnoi donc vetrei science

n'avoir pas fait vous devinér lui être pendu? Henker.! —Je.voss dieni, Hoinrik ; si javais pu prévoir que mon frère’ serait assti

fos pour rapporter au duc de Bourgogne ce qui se passait danse

conse il du roi Louis, fl pyaurait été facile de prédire sa mt aussi-certainement . que je prédirais des beaux jeurs pour le moi de juëllet. Louis à des areilles:et des nains à la qour de-Bourgi" ‘ane, et les conæillers de. Ghanles trouvent. le son: de l'or de France auséi: agréable.que l'est pour toi bruit: des verses: Mis __ adieu, et: sdis-exack -au-rendbz-vous. El faut qe j'attende mon 7 matinal Écossais à portée de flèche de. la porte de l'antre de ces disifs pourceaux, autrement il attribuerait mon absence à quel que machination oontraire.aû auctès de sun voyage. Poi prendre auparavant un coûp de consolation. ," dt le: Jansquénet en lui présentant un flaton. «Oh! mais, rai éublier: que toi être assez imbécile pour boire que de l'eau, comme un vil esclav® de Mabhomét et de Termagaut.— ‘Fu n'es toi-même qu'ün 6 élave du vin et.dn flacon: je ne suis pas: surpris-que l'exéerit des mesures de violence conçues pas des têtes plus saines que # tienne soit remise entre tes mains. Celui-là.ne doit point boire

de vie quivent connaitre 1x pensée: des autres du Éschée 1 sien. ne. Mais à quai sert te prôcher, toi-dont Ia-soff est aussi insatiabte. que celle des sables ‘de l’ArabiekAdieu. Hmmène eves toi nron comerade Tuisve; æ :présente auprès dm monastère port faire. naître des. seupeacs »

: Après s'être deuné ieur parolé.d'étre exacts au rendes-vous de lacwoïx des: Tiois-ois, des dignes sssèpiés 60 séparèrent.

Quentin les survit des yeux aussi Song-emps qu'it put les per covir, pois d descendit de l'arbre pur lequel à s'était tenu caché. San cœur battit.ee songenit au danger auquel ios dutnes. de Croye et lni-même vensient d'échapper, si sitéutefois ft était encore pos- siblede déjousgr-une si nôire trahison. Crsigaant de. renoontrer- Hagesddin en revenant au monastère, il prit. un chemin dé- tourné, ap risque d'être obligé de passer à travers champs. :

Tput.‘on marchant, il réfléehit sur lelan db conduite qu'il

devait adopter. Lorsqu'ilavait entendu Hayiaddin avouer 8 por- fisie, il avait d'abord fhrrné la résolution de l6 tupr ausitôt que: le congivence serait ‘terrsimée et ses compagnons suflisannnent : éloignés; mais ls chaleur. quele Bohéméen déploya ensuite pour lui assurera vie.-sèuvo lui fit sentir l'impossibilité. d'mfliger à ce traître, dans tonte sa rigueur, le châtiment qu’il, méritait. {ré seket donc de l'épargner, êt môme , s'il était possible, conti rrasnèse servir de cef homme.en qualité de güide, en proriant les plus grandes précaitions pour la sûreté de celle qui‘tui était con _fite,-et à faquelle il était entiérement dévoué.

- Mais ailer ? Les cowtesses de Croye ne pouvaient chercher |

un asile:nion Bourpgôgne:d'où vies s'étaient exfries, m1 en Frauve d'où ellesravaient.été pôur ainsi dite expulées.. La violence da dur Charles dans le premier de ces deux pays n'était guère plus. - à redouter pour elles que la froide-et tyrannique pelkique da roi

Louis dans l'autre. Après: de profondes réflexions, Durward ne .

past former un plan meilieur et plus sûr que celui d'éviter Fers- buscade en prenant La route de Éège per la rive gauche. de le Moese . et se meître, ainsi que les dames l'avaient d’abord pre- jété , sous la protection bon évêque de cette vilke. On ne pou- vait douter qu'il àe mit le plus grand empressement à les servir ; et si, osrame k priear le ini avait dit ; it jai arrivait de Bourgogne. . ui reafert de cerit hommes d'armes, le digne prélat.en avait pro bablement le pouvoir. Quoi qu’il pût en être, si les dangers aux- quels l’Pxposaient les hostilités de Guillaume de la Marck et les

LA

ass CT QUENTIN DURWARD..

troublès de la ville de Liège paraissaient trop redoutables, jl lui était encore possihle de fairepasser en Allemagne ces malheureuse dâmes convenablement escortées. |

Cette résolution prise { car-quel Homme a jamais délibéré. avec lui-même sans se.livrer à quelques réflexions qui Iüi‘soient:tout à fait personnelles ?), Quentin pensa qu’en le vouant de sang-froil à la moît ou à la captivité, le roi Louis l’avait délié de ses engage- ments envers la couronne de France; il se détermina donc à y renoneer complètement. L'évêque de Liége avait sans doute besoin _ de soldats, et à la demande de ses belles amies, qui, particulière- ment la comtesse Hameline, traitaierit alors leur j jeune protecteur avec beaucoup-de famñtiarité, il pourrait obtenir quelqué commar- dement, peut-être même être chargé d'accompagner les dames Croye dans quelque place plus sûre que la ville de Liége ou se : environs. Enfin, pour he rien oublier, ces damés avaient park, quoique pourainsi dire par plaisanterie, de lever les propres vas- saux de la comtesse Isabelle, comme les grands personnages le faisaient dans ces temps de troubles, afin de méttre son château en état de défense : et. à ce sujet, elles avaient demandé à Quentin s’il voulait accepter la charge périlleuse de sénéchal. Ayant ré- pondy qu’ilaécéptait cette proposition avec une grande joie et un vif. empressement, ces dames lui avaient accordé la faveur de leut baiser la main,-en signé de sa promotion à urfe fonction ‘si honor ble et si digné de confiancé. Quéritin avait même cru 8’apercevoir que la main de la comtesse Isabelle, une des mains lés mieux faites et tes plus belles à qui fidèle vassal] eût rendu un el hom- mage, tremblait lorsque.ses lèvres y demeurèrent attachées uD: moment de: -plus.que la cérémentie ne le réquérait, et que, lors _-qu'elle la retira, un vif coloris couvrait ses joues, en même temps que ses yeux exprimaient quelque embarres. IL était permis d . tirer quelque conséquence de. tout-cela : et. quel: homme brave, à l’âge de Quentin, ne laisserait aller avec un certain plaisir à des corisidérations si capables d’influer sur sa détermination! *

Ce point établi, il eut ensuite à considérer comment il- devait agir désormais avec le perfide Bohémien. Il avait abandonné si première idée de le tuer dans le bois ; mais si, prenant un autre guide, il R congédiait et dui laissait: la vie, ce serait ‘envoyer le traître au camp de Guillaume de la Marck pour l'instruire de lt

‘_ direction que prendraient les dames et leur escorte.Il pensa à CO

sulter le prieur et à lui demander de retenir Bohémien prison

CHAPITRE XVIL. <4ë

nier jusqu’à ce qu'ils eussent eu le temps d'arriver au château de l’évêque ; maïs, après y avoir réfléchi, il craignit de faire une telle demande à un bomme que la vieillesse et sa qualité de moiné ren- daient timide, et qui, envisageant la sûreté de son couvent comme le plus important de ses devoirs, était rempli de. terreur au seul nom du Sanglier des Ardennes.

Enfin Durward arrêta un plan sur la réussite duquel il pouvait d'autant mieux compter que l'exécution dépendait entièrement de sa volonté; et, dans l'intérêt .de la cause à laquelle il s'était dévoué, il se- sentait en état de pouvoir tout tenter. Doué d’un cœur ferme et hardi, quoiqu'il ne se dissimulât pas le danger de sa situation, Quentin était tel qu'un homme qui marche sous le poids d’un fardeau dont il sent la pesanteur, mais qu’il regarde cependant comme n'étant pas au-dessus de ses forces. II venait de prendre une dernière résolution quand il arriva au couvent.

Il frappa doucement à la porte; un frère, à qui le prieur avait eu soin d’ordonner de se tenir prêt pour ne pas le faire attendre, la Jui ouvrit, et l’informa que les moines devaient rester dans le chœur jusqu’à l'aube du jour, afin de demander.au ciel, par leurs prières, le pardon de tous les scandales qui avaient eu lieu dans la communauté pendant la soirée. Il offrit à Quentin de venir parta- ger leurs exercices de dévotion; mais les vêtements du jeune Écossais étaient tellement humides qu’il se crut dans la nécessité de refuser cette pieuse invitation, et il demanda. la permission d'aller s'asseoir devant le feu de la cuisine, afin de pouvoir les sécher avant le jour, car il désirait particulièrement que le Bohé- mien, lorsqu'il le reverrait, ne pût apercevoir aucun. indice capa- ble d’éveiller en lui le moindre soupçon sur sen excursion noc- turne. Non-seulement le digne frère souscrivit à sa prière, mais il s'offrit même à lui tenir compagnie, ce qui s'accorda parfaitement avec le désir que Durward avait d'obtenir quelques renseigne- ments sur les deux routes dont le Bohémien avait parlé dans sa conférence avec le lansquenet.

Le frère, à qui la plupart du temps les affaires extérieures du couvent étaient confiées, se trouvait justement la personne de la communauté la plus capable d’instruire Quentin de ce qu’il voulait savoir; mais il fit observer qu’en qualité de fidèles pèlerines, il était du devoir des dames que le jeune archer accompagnait, de suivre la rive droite de la Meuse pour se rendre à la Croix. des Trois- Rois, les bienheureuses reliques de Gaspard, de Melchior et de

QUENTIN BURWARD.

m6 QUENTIN DURWARD.

Balthasar (noms que l’église catholique a donnés aux mages qui vinrent de l'Orient apporter leurs offrandés à Bethiéem ) s'étaient arrêtés lorsqu'on les transportait à Cologne, et elles ont opéré ‘une multitude de miracles.

Quentin répliqua que les dames avaient formé la résolution de s'arrêter à toutes les saintes stations, et qu’elles ne manqueraient certainement pas de visiter celle de la Croix, en se rendant à Cologne, ou en en revenant, mais qu'on leur avait rapporté que la rive droite de la rivière était fort dangereuse, à cause des soldats du terrible Guillaume de la Marck.

«Le ciel nous préserve, dit le frère François, que le Sanglier des Ardennes ait encore établi sa bauge si près de nous ! Et copen- dent, si celà devait être, la largeur-de la Meuse serait une bonne Barrière entre lui et nous.— Mais elle ne sera pas une barribre

entre ces dames et ce maraudeur, si nous la traversons pour suivre la rive droite, répondit Quentin.—Le ciel protégera ses enfants, jeune homme, ear il serait bien douloureux de penser que les Rois de la bienheureuse ville de Cologne, qui ne permettent pas-qu'un juif ou qu’un infidèle pénètre dans l’intérieur de la ville, passent oublier assez les fidèles pèlerins qui viennent visiter et adorer leurs reliques, pout souffrir qu’ils fussent pillés et maltraités par un chien de mécréant tel que ee Sanglier des Ardennes, qui eg plus infâme que tout un camp de païens Sarrasins et les dix tribus d'Israël par-dessus le marché. » ,

Quelque confiance que Quentin, en quahté de bon catholique, füt porté à avoir dans la protection spéciale de Melchior, de Gaspard et de Balthasar, il pensa tout naturellement que les dames de Croye n'ayant pris le costume de pèlerines que par pure polti- que terrestre, on ne pouvait guère se flatter d'obtenir leur appui dans la cireonstance présbnte : en conséquence il prit la sagé réso- lution d'éviter, autant que possible, que ces dames eussent besoin d’une entremise miraculeuse. Mais en même temps, dansla sim- plicité de sa bonne foi, il fit vœu d'entreprendre kii-même un pélerinage aux Trois Rois de Cologne, st ces très-discrets, très- nobles et très-saints personnages permettaient que cekkes qu'il escortait arrivassent heureusement au but secret de leur voyage.

Afin de prendre eet engagement avec plus de solennité, il pria le frère François de le conduire dans une des chapelles latérales de T'église; et là, se jetant à genoux avee une sincère dévotion, ä renouvela de vœu qu'il avait fait intérieurement. Le son des voit

CHAPITRE XVI. ae qui s'éeraient dans le choeur, triste slencieusé sûkentité de - l'heure à laquelle-il accomplissait cet acte de dévotion, la faible “lunsière de Ia lampe qui brilait dans ce petit édifice gothique, tout tontribuait à jeter Quentin dans cette disposition d'esprit l’homme est k mieux préparé à recônnaître sa faiblesse, et'où # ‘cherche cet aide, cette protection surnatireile qui , dans toutes les croyances, sont le fruit du repentir pour Les péchés passés et -de la résélution d’un changement pour l'avenir. Si l’objet de sa

dévotion était mal placé, ce n’était pas la faute de Quentin; et sa dévotion étant sincère, nous ne pouvons nous refuser à croire qu’elle fut agréable au séul vrai Dieu, qui regarde l'intention et: _nôn la forme des prières qui lui sont adressées, et aux yeux: du- quel la dévotion sincère d’un païen est plus estimable que l'hypo- crisie spécieuse d’un pharisien.

Après s'être placé sous la protection des saints et sous la garde de la Providence, et avoir imploré leur secours en faveur de ses compagnés, Quentin se retira pour se livrer au sommeil, laissant Le frère fort édifié de l'étendue et de la sincérité de sa dévotion.

CHAPITRE XVIII. ‘LA CHIBONANCIE,

Quand dés contes joyeux et de vives chansons égayent

une route aride, nous désirons que cette route 86 pro-

longe. Mais nous marchens sur une terre de féerie, ef le charme qui guide mos pas nous ramène sur la même route. BEx Jonsonx.

A la poiate du jour, Durward sortit de sa petite cellule, réveilla Jes palefreniers endarmis, et surveilla les préparatifs du voyage avec plus de soin encore que de coutume. Il inspecta lui-même les sangles, les brides, les harnais et les fers des chevaux, afin d'être exposé le moins possible à ces accidents qui, quoique fort légers en eux-mêmes, getardent les voyageurs sur la route. Il veilla aussi à ce que les chevaux, reçussent léur proveade, afin d'être sûr qu'ils særajient en état de résister à la fatigue de la journée, ou de fuir avec vitesse, si cela. devenait nécessaire.

Retournant ensuite. dans sa chambre, il endossa son armure, qu’il affermit avec un soin tout particulier, et ceigait son épée comme un hemme qui s'apprête à faire face au danger, avec la ferme résolution de ke braver jusqu’au dernier soupir.

48 | QUENTIN DURWARD,.

: Cette résolution généreuse lui donna un imaintien assuré et un air de ‘dignité que les dames de Croye n'avaient pas encore re- marqué en lui, quoiqu’elles eussent déjà remarqué avec un vif plaisir la grace naïve qui régnait dans ses actions, dans $es dis- cours, ainsi que l'heureux mélange de finesse naturelle et de simplicité qu’il devait à une éducation reçue dans le cloître et dans un pays presque inconnu. Il leur fit observer qu’il serait né- cessaire qu’elles se missent en route ce jour plus tôt qu’à l’or- dinaire ; et, conformément à cet avis, on quitta le couvent immé- diatement après le repas du matin, pour lequel, aussi bien que -par reconnaissance pour l'hospitalité qu’on leur avait accordée, les dames firent à l'autel une donation plus convenable à leur rang qu’à leur apparènce. Cette libéralité n’excita pourtant aucun soupçon, car on les prenait pour des Anglaises; et, à cette époque aussi bien que de nos jours, ces insulaires avaient la réputation de posséder d'immenses richesses.

Le prieur leur donna sa bénédiction à l'instant: elles se pré- paraient à partir, et témoigna à Quentin la joie qu’il ressentait de l'absence de son guide pâien : « Car, dit-il, mieux vaut trébucher en chemin que de marcher appuyé: sur le bras d’un larron ou d'un brigand. »

Quentin n’était pas tout à fait de cette opinion; quoiqu'il sût que le Bohémien était un homme très-dangereux, il croyait pou- voir se servir de lui, et en même temps renverser ses projets cri- ._minels, maintenant qu'il les connaissait. Mais son anxiété à ce sujet ne fut pas de longue durée, car la petite cavalcade était à . peine à cent toises du monastère et du village, que le Maugrabin ‘la rejoignit, monté comme de coutume sur son petit cheval vifet ‘léger. La route passait le long du même ruisseau Quentin l'a- vait surpris la nuit précédente dans un mystérieux entretien, et Hayraddin ne faisait que de les rejoindre lorsqu'ils passèrent sous -Ce-saule qui avait permis à Durward d’être un auditeur inaperçu de ce qui s'était passé entre son guide ele lansquenet.

Les souvenirs que cet endroit rappela à Quentin le porférent ‘à entrer brusquement en conversation avec le Bohémien, à qui il aväit à peine dit un mot jusqu'alors. « as-tu trouvé un gîte Ja nuit dernière, profane scélérat ? lui dit-il. Votre sagesse peut limaginer en regardant ma souqueñille, »répondit-il en indiquant ‘du doigt son habit qui était couvert de brins de foin. « Une meule de foin est un lit très-convenable à un astrologue, et bien meil-

CHAPITRE XVIIL 249 leur qu'il ne faut pour un païen qui tourne en dérision notre sainte religion ainsi que ses ministres. Ce lit a cependanit été plus agréable à mon Klepper qu'à moi, » répondit Hayraddin en caressant de la main le cou de son cheval; « car il avait en même : temps gîte et nourriture. Ces vieux fous de tondus l'ont mis à la. porte de leur maison, comme si le.cheval d’un homme sage eût pu infecter de son esprit ou de sa sagacité toute une congrégation d’ânes. Par bonheur que Klepper connaît môn siffiet:et suit ma trace comme un chien de chasse, car nous ne nous serions jamais rencontrés; et vous auriez pu siffler tout à votre aise pour retrou-. ver un guide. —- Je t'ai recommandé plus d’une fois, » répondit Durward avec sévérité, « de mettre un fre à la licence de tes discours quand tu te trouves dans la compagnie de gens respec- tables, ce qui, je pense, ne t'était guère arrivé jusqu’à ce jour, et. je t'assure que si je Le croyais un guide aussi peu fidèle que je suis persuadé que tu es un blasphémateur et un indigne pendard, mon épée écossaise ferait bientôt connaissance avec ton cœur. de païen, quoiqu’une telle action soit presque dussi ignoble que celle de tuer un paurceau. Le sanglier est proche parent du. pourceau, » répondit le Bohémien sans être intimidé du regard . que Quentin lui lançait, et sans changer en la: moindre chose l’indifférente causticité qu’il affectait de mettre dans ses paroles ; « et pourtant, ajouta-t-il, beaucoup de gens trouvent gloire, plaisir et profit à le tuer. »

Surpris de l’effronterie de cet homme et craignant qu'il ne sût de sa propre histoire et de ses sentiments plus qu’il.ne jugeait convenable qu’il en apprît, Quentin rompit une conversation dans laquelle le Maugrabin aurait eu tout l'avantage, et alla reprendre son poste accoutumé auprès des dames. .

Nous avons déjà remarqué. qu'il commençait à s'établir entre les voyageurs un certain degré de familiarité. La comtesse Hame- line, bien assurée de la noblesse et de la naissance de leur protec- teur, le traitait en égal et en favori; et quoiqu’Isabelle lui laissât voir moins ostensiblement l'estime qu’elle faisait de, lui, Quentin, malgré la réserve timide-et la modestie qui le distinguait, n’était. pas sans s'apercevoir que sa compagnie et sa conversation n'étaient point du tout indifférentes à cette jeune dame.

Rienn ‘anime la gaieté de la jeunesse comme la persuasion qu’elle est vue de bon œil; aussi Quentin , pendant la première partie de son voyage, ayait-il pris plaisir à amuser la belle et jeune comtesse,

QUENTIN DURWAND. tatôt par une conversation enjouëe , tantôt par des ‘chahsens'et. des histoires de son pays natal ; il chantait les prensières dans ss langue maternelle , et ä s'évertuait à raconter les:secondes des son mauvais français abHké à la mode de son pays, ce qui oecs- sionait une foule de petites méprises et de petits contre-sensgis vertissants encore que le récit même. Maïs co matini-N, en pro à l'inquiétude, il marchait à côté des dames de Croye sans penser aucunement à les amuser, et elles ne purent s'empêcher de-faire l'observation que son silence avait quelque chose d'egtraurét. « Notre jeune chevalier a vu un up, » dit la comtesse Rane- . Hne , faisant allusion à une âneienne superstition , « et éette rene contre lui a fait perdre la langue.—Dire que j'ai dépisté un-remmd serait plus juste, » pensa Quentin, Maïs À ne fit cette ‘répons qu'intérieurement. « Vous senter-vous indisposé , mesire Quentin? » dit l# comtesse Isabelle d'un ton d’intérét qui la ft rougir, parce qu'elle sentit qu’il y avait dans cette demande quel: que chose de trop famäier eu égard à la distance qui fes séparait. << Il a passé la nuit à boire avee les joyeux moïnes, reprit Wco- tesse Hameline : les Écossais sont semblables aux Allemands, qui épuisant toute: leur gaieté avec le vin du Rhin , n'apportent à la danse , le soir, que des pas chancelants, et, le tendeinain mais, une tête pesante-dans le boudoïir des dames. En vérité, aimæ bles dames, je ne mérite pas vos reproches ; les bons moines sont restés presque toute Ja nuit en prières : et quant à moi, je n'a bu qu'un verre de leur vin ordinaire et le plus léger.—C'est peut être la mauvaise chère qui le prive de sa bonne humeur, ajouit . Fa comtesse Isabelle. Allons, messire Quentin. si jamäis nous allons ensemble dans mon ancien château de Braquemont, je me ferii votre échanson , et comptez que je remiplirai votre coupe d’on excellent vin , d’un vin meilleur qu'aucun de ceux qu’ont jamais donnés les vignes d’Hoccheim ou de: Johannisberg.—Un verre d’eau de votre mäâin, noble dame... » répondit-Quentin ; mais ren put dire davantage , car sa voix était tremblante ; et Isabelle poursaivit comme si elle n’avait point remarqué l'accent de ten- dresse avec lequel il avait prononcé le pronom possessif.—Ce vif fut placé dans les caves immenses de Braquemont par les soins d8 mon bisaïeut le rhingrave Godfrey. Qui obtint la main de h bisaïeule d'Isabelle , » interrompit la comtesse Hameline, « pour s'être montré le plus vaillant des enfants de la chevalerie au.grand

RO CR RO 2 DS ss

CHAPITRE AVHL: ; todinai do Strasbourg, tournoi dans leqgael.dix, chqvelies: pardis potilavie, Mais ces-beaux jours sont loin de Ras : pergonue an jourd'nii. pense à charolier le danger par:amour peus Fhôns asor. pour sosourir le beauté perséquiée. »

Ces paroles furent prononcées dur ton. qus prend une- Heanté, moderne dont les charmes approchent de leur déclin. quaëd ele ensure le. peu.de politesse des temps-où: RORS vivons, Quentin pritsuh lui de répondre qu'il restait encore quelque chose de se ewrit de chevalerie que la: enmtesse semblait. regarder canme perdu, et qu'on 1e verrait encore briller dans lo eut des: gens tüshemmes écossais, quand même. il aurait dishars de:tous-Jen aëtres lioux. - « L’entendez:vous? s'ébria-t-elle. H vpudreit qua pouscrussians que son pays froid ot iseulie conserva anobre.<a nobls feu qui siest éteint. en France:et.en Germanie! Le pauvet jeune honime ressemble à ün montagnard suisse, pot squel: rien ne:%:peut'ovisparer à sa terre natdie. El nous dira bientôt mes: véilles du. vir et des olives d'Écos».-:Non, madame, réplique Burwed; de que je puis dire da vin et. de l'huile-denos monta ÿfres, c'est que. nos épées peuvent forcer nos opulurits voisins à nous fier. comme tribut-0o8 riches productiths.. Mdis quait à la fidélité inviolable et à l'honneur parfait des Écussais, je suis. es ce mottiéht danmla: nécessité. de vous prouver combiéh vous deyez Vous y fier . quoique le faiblé individu. qui vient vous-ofrir céttg Préuve ne puisse vous donner d'autre gage de votré sûreté. tous pétiez mystétiousement, dit la. comtesse Hamieline ; vous avei dbntappris que quelque danger nous enacs?--Depuis une hetiré }e l'ai lu-dans ses yeux, » s'écria Isabelle ert joignant los mains. * Sainte Vierge. du: deviendrons-nous ?=-Cela dépend'de votre volonté, du. moins je l'espère , répondit Durward; mais jo süig forcé de-vous demander , nobles dames, si vous voulez vous fiéf à moi?Nous fier à vous! répondit la comtesse Hamieline: dssu rément!. Mais pourquoi cette question? et jusqu'où voulez-voû# que notre confiance s’étende ?-Pour ma part, reprit Isibelle , j& Vous la donne sans aücune restriction, sans aueune condition. Si ous pouviez nous trahir, Queñtiri,. je penserais que kx bonne foi 4 àbandonné la terre et n'existe plus que dans le ciel.—Noble damb, » reprit Durward avec un vive satisfaction, « vous: rho rôtdez justice. J'ai le projet de changer de route, et d'aller dirébx teiient à Liége en côtoyant la rive gauche de lx Meuse, au Heu de la traverser & Namut.. Ceci. est contraire aux okdres que-ni'ù

ae QUENTIN ‘DUR WARD.

donnés lo roi Louis, et auxiinstructions qu'a rogbes notre guide: mis j'ai appris dans le oouvent:où nous avons passé ia dernière nuit que des maraudeufs infestaient la rive droite de la Mouse, et que le duc de Bourgogne a Mis dés troupes à leur: poursuite. Ces deux circonstances m’alarment pour votre sûreté. Me permettez. vous de faire changer votre itiméraire ?—}y consehs de tost mon cœur ; répandit/la feune comtesse:—Ma nièce, ajouta tante, je crois, comme vous , que ce jeune homme nous est dévoué; mais crûyez-vous que nous puissions sans danger contreveñir-äux ins- tructions du-roi Loüis, et changer l'itinéraire qu’il nousa si posi- tirement: prescrit ?—Eh ! ‘pourquoi auriotis-nous égardà ces ins truetions? dit Issbetlé. Grâce au ciel, je ne suis pas-sa sujette. Je mesuis mise sous sa protection, et il'a abusé de la confiance que javais eue en lui. Je.ne. voudrais pas faire injure à ce jeune homme en: hésitant-un seul.moment entre sa parole ‘etiles injonc- tions de ce despote égoiste et trompeur.—Que le ciel vous récom- pesse pour les paroles que vous venez de prononcer , madame!» s'écria Quentin avec joie’; « et si je ne justifie pas-la confie qu'ellès anrioricent , être éeartelé dans ce monde par des chevaux sauvages, et condamné dans l'autre à des tourments éternels, #7 rait une peine trop douce pour un:tel crime. »

A.ces mots, il piqua son cheval :et rejoignit 1e Bohémien. Cet bomme. semblait d’un caractère singulièrement : passif , sinon oublieux . Injures ou menaces, il semblait ne garder, aucun souvé- nir ;.et il répondit aux paroles que Darward lui adressa pour en- tamer la conversation , du même ton que s’il ne se fût rien pas% de désagréable entre eux dans le cours de la matinée. « chien , pensa l'Écossais, n’aboie pas en ce moment, parce qu'il 4 l'intention de régler ses comptes avec moi d’un seul coup en sautant à la gorge; mais nous reconnaîtrons avant tout s’il n'est pas possible de battre.un traître avec ses propres armes. Eh bien’ honnête Hayraddin, lui dit-il, vous voyagez avec nous depuis dix jours, ét vous ne nous avez encore donné aucun. échantillon de votre savoir dans l’art de-dirè la-bonne aventure; cependant vo êtes si ardent à le mettre-en-pratique , qu’il faut que vous étaliez vos connaissances dans chaque couvent nous nous arrêtons, au risque de n’ayoir d'autre logement pour la nuit qu’une meule d foin.— Vous ne me l'avez jamais demandé, répondit le Bohémien: Vous êtes comme le commun des hommes , vous vous conel” tez de tourner ces mystères en ridicule par cela seul que vous

pouvez les: comprendre. Donnez-moi danc ün échantillon:de votre savoir, » dit “QRents et -0tant son ganéeiet, jui présente sa main. . ei

-Hayraddin examina, avec ‘uns 2 grande attention les lignes qu la. traversajent en tous.sens, ainsi que les petites protribérances ou élévations qui se trouvent à La naissance des doigts., et qu'à cette époque on croyait avoir ayec les:habitudes et la fortune des indi: vidus les mêmes rapports qu ‘anourd'hui on- trouve dans les OFga* nes du cerveau. . . - «Voici upe min, dit-il évsuite, qui. parle de travaux soufferta et de périls. encourus. J'y lis qu’elle:a fait de bonne heure .côn- paiqsance avec la poignée de l'épée; et cependant il s’y trouve aussi quelque gigne qui indique qu’elle n’a pas toujours été étran- gère aux agrafeadu missel. Ca qui est dexma yèe passée, vous avez pu l’apprengre ailleurs; dites-moi quelque chose de l'avenir. Cette ligne q@iæart du mont de: Vénus: , êt qui, n’étant.point interrompue brusquement, suit. et. accompagne la ligne de-vie ; annonce clairement qu’un mariage vous procurera.nne fortune immense, et qu’un amour heureux vous: élèvera au: rang des puis» sants et des riches, Vous en annoncez autant à quiconque vous interroge; c’est un des secrets de vatre art. Ce que .je vous prédis:est certain , aussi certain qu'avant pen vous serez exposé à uptrès-grand péril; c’est ce:que prouve cette ligne:transparenie, couleur de sang, qui coupe transyersalement la ligne de vie : elle annônce un coup d'épée ou quelque autre viclence à laquelle. vous serez soustrait par l'attachement d’ün ami dévoué. Par le tien, veux-tu dire? » s'écria Quentin indigné que ke chiromantien es- sayât ainsi d’abuser de sa crédulité, et de se faire une réputation en lui prédisant les conséquences-de sa propre trahison. —«Mon art ne m’apprend rien de ce qui a raffport à moi , répliqua le Zin- garo. Les sorciers de mon pays, reprit Quentin, possèdent donc une science supérieure à votre savoir tant, vanté;. car elle leur ré- vèle les dangers dont ils sont menacés. Je n’ai pas quitté mes mon-. tagnes sans avoir reçu quelque petite portion du don de seconde vue dont leurs habitañts sont doués, et je t’en fournirai la preuve, en échange de ton échantillon de chiromancie. Hayraddin, le danger qui me menace est sur la rive droite de la Meuse, je l'é- viterai en suivant la rive gauche pour me rendre à-Liége. »

Le guide entendit ces paroles avec une apathie que, dans les circonstances il se trouvait, Quentin ne pouvait comprendre.

Tr

ue QUENEIE DURWAMD. . « Bi.vousacdomplisses votre dessein, répliquit-il;. danger ta sera de voire tte sur Ja mienne. Si je. ne me trothpe, vous has suriez , il n’y a qu’un instant, que votre art n'allait pas jusqu't psénoir votre propre destin? Pas de la manidre qu'il m'a wi <8.qui vous rogande ; mais: quichaque connaît un-peu Iouis de Valois peut prédire qu'il fa pendre vothe guide paneb qu'il vous aura. plû de ne:pas prendre la route qu'ila ondonné.dé #tivte, Attendre en sûreté lbibut de notre voyage, . et le terminer ldureus sement, doit être une excuse suffisante pour nous ôtié écantés de ln route prescrite. Gortaingment, si vous êtes assuyé-que Îé roi n'ait pas un autre: but que celui qu'il vous.a-intiiqué..-—#t que) autre but pourrait-il avoir ? Qui paut vous porter à cuire qu'itait d'autres intentions que celles qu'il m'a fai conriditre en: ttio din aunt ses ordros? Rion,-si c6 n'est que coux qui Gotitimisént ui pou: 18 roi. très-chrétion ne doutent. jamais que:lu-proist qui Foc- eupe:le plus est:tpujours celui-dout il:a le ph@de süin ne pas parler. Quand. votre gracioux roi Louis’ envoié doute attiluste deurs , je consens à livrer mon: cou: à la eorde un an:plhs tôt quil ne doit y être attaché, si: dans-cu nombre il s'en trouve-dn-suil | qui n'ait t pas awfond de sou ouvrier quelque chose do plus-quiée -qui:est écrit dans ses lettres de'eréante. Je _a'attachié autuné inportance à ces-vxtravagants SOUDGUHS ; UN devoir. est clair d positif : c'est:de conduire ces dames en sûteté à Liôgo, Je pobié: que je le remplirai: mieux, eu devoir, en ne prenant pas la-roul

-qui-m'est prescrite, et. c'est pourquui je continuerai dé'sidvte W

rive gauche de la Meuse; D'ailleurs , c’est la plus dirécte ; ën ta

_versant la rivière, nous alongerions notre chemin: et notis auf

menterions nos fatigues sans aucune'utilité, Pourquoi dotio ferions-nous pas? Uniquement parte que d’ordiniaire les pèle- rins, comme ils s'appellent , qui #e rendent à Cologné', ne sulvelif pas la Meuse jusqu'à Liége ; et que la route que vous vous propo sez de faire suivre à ces dames donnera lieu de croire qu’elles

sent pas des pélerines comme elles feignient de l'être. —- 9i-l'où

ñous fait des reproches à ce: sujet, nous réporidrohs que nou avons craint de rencontrer le duc de Gueldies, Guillaume de le Mark, les écorcheurs et les lansquenots sur la rive droite; et 0 nous sera une excuse suflisinte pour avoir contiriué de suivre # rive gauche, quoiqu'il hous soit prescrit de’ passer sur la rie droite. Comme il:vous plaira, monsieur l'arckiet ; je suis prôti vous guldér par rive gauche aussi bien:que par la rite droite.

“euañrre tvint, ai

Vous vous exeuserez auprès de votre maître selon: que vois os nl serer. »

* PBién que surpris de [4 fodité avec laquelle Hayraddin conserr- : tait à Changer de route, Quentin en fut eharmé, car il avait besoie de ses secours comme guide, et il-craignait qu’en voyant son pré: jet de trahison déjoué, cet homme ne # portät à dhelque extré- mité. W'ailleurs, l'exclure de leur troupe aurait été le.sûr moyet: de tomber entre les mains de Guillaume de la Martk., dvee qui if! était eni correspondance, au lieu que, tanit qu’il resterait avec Eux, il serait toujours: possible de te surveiller de manière à. Pompe" d'avoir aucune communication avec dés étrangers. |

-“Abandonnant donc le premier projet de changer de route , de suivirent celle qui se prolonge sur la rive gauche de la Meuse; ef! leur marche rapide fut couronnée d'ün si heureux suceès, que le léndemain ils arrivèrent de très-bonne heure à leur destination. Is trouvèrent que l’évêque de Liége, à. eausé de sa santé, ainsi qu'il l’altéguait, mais plutôt, peut-être, pour éviter d’être sarpris par‘ population nombreuse et turbulente-de la ville, avait étab#} sa demétrre-dans son magnifique château de Scherwaldt , à env ron un mille de Liége.

Comme ïs approchaient du château; ils aperçurent le prélat qui révenait processionnellemment de la ville voisine , ott il ævait célébrer pontificalement la grand’messe. Il était suivi d’un now breux certége de fünctionnaires religieux , civils et militaires; marchant pêle-méle, et il était , comme dit un ancien trouvêre : 3’

« Précédé de maint porte-Jance , Et suivi de méint porte-ereix. »

* Cette procession présentait an bet aspoct, ex eétoyant les bords: verdoyants de la Meuse, qui-déployait au loïn ses eaux majes- taeuses ; ele fit an détour sut la droîte, et sembla s’engloatir sous le superbe et gothique portail de la demeure épiscopale.

Mais lorsque les voyageurs furent plus près du château , ils virent qué tout annonegait au dehors la erainte et l'inquiétude quf' régnaient au dedmns, ce qui contrastait singuMèrement avec la: pompe et {x magnificénce dont ils venaïént d'ôtre témoins. Une forte garde de soldats de l’évêque était placée autour du bâtiment! et dans quelques postes avancés ; et l'aspect per ordinaire d6 cette” cour ecclésiastique semblait déceler dans le respectable prélat l’ap- prébension d’un danger qui lui faisait trouver nécessaire de s’en- tourer de toutes les précautions d’une guerre défensive.

us , QUENTIN BURWARD.

. Lorsque Quentin eut annoncé.les comtesses de Croye ; on les introduisit avec respect dans le grand salon, elles reçurent de l’évêque, qui était à la tête desa petite cour, l’accueil le plus cor- dial. 11 ne voulut pas leur permettre de lui baiser la main, maisil- les embrassa ; et dans ce baiser déposé sur leurs joues il y avait tout à la fois quelque chose de la galantgrie d’un prinçe qui reçoit de jolies femmes, et de la sainte affection d'un pasteur pour k partie féminine de son troupeau. .

Louis de Bourbon, évêque de Liége, était réellement un prince _bon et généreux : sa vie n’avait peut-être pas toujours été renfer- mée dans les limites sévères du caractère sacerdotal ; mais il ne s'était jamais écarté du. caractère de franchise et d'honneur qui distingue la maison de Bourbon, de laquelle il descendait, .

. Dans les derniers temps, car ilavançait en Âge, le prélat avait. adopté une vie plus régulière que dans commencement de son règne, et plus convenable pour un membrede la sainte hiérarchie. Il était aimé des princes ses voisins comme un noble ecclésiasti- que généreux el magnifique dans toutes les actions de.sa vie, quoique s’écartant quelquefois de la rectitude et dela sévérité de conduite dont sa qualité d'évêque lui faisait une loi, et gouver- nant avec une molle indifférence qui encourageait à la rébellion ses sujets riches et mutins, plutôt que-de les maintenir dans le devoir. 2

1l était si étroitement allié avec le duc de Bourgogne , que dernier se croyait presque en droit de réclamer une partie de s souveraineté temporelle, et récompensait la faeilité avec laquelle le prélat admettait des prétentions qu’il aurait pu aisément rélu- ter, en emibrassañt son parti en toute occasion avec ce zèle fou- gueux «et violent qui fut toujours le trait le plus saillant de s02 caractère. Charles avait coutume de dire qu'il considérait Liège comme lui appartenant , et l’évêque comme son frère (en eflel le duc avait épousé en premières noces une sœur de ce prélal); -ajou tant que quiconque ferait injure à Louis de Bourbon aurait à fairé à Charles de Bourgogne; menace qui, si l’on considère le Carat tère et la puissance de ce prince , devait être peu agréable poil _les habitants de la ville de Liège, où, suivant un vieux. proverbe : « L'argent faisait trébucher l'esprit. »

4 C'est-à-dire que, tous doux: mis dans la balance, le premier l’emportait sur le s€- cond; ou bien encore, que leur richesse tournait la tète à ces honnêtes industriels À Ne

CHAPÉTRE:-XVUX. : er Leprétat, ainsiquenoust'avonsdit, pronit aux damesde Er ye

de fire-tout ve qu’il. pourrait en leur faveur :äuprès du duotde

: Bourgogne. Il espérait d'autant plus leur être utile que Campo-

: Basso, d’après quelques découvertes que venait de faire son mat-

tre et qui n'étaient nullement à son avantage ; avait perdu la fa- vour de ce prince. Mais'le soupir qui accormpagna cette promesse de les protéger-semblait déceler que son pouvoir à-eet égard était plus précaire qu’il ne voulait le laisser entendre.

« Quoi qu’il arrive, mes très-chèrés filles, » ajouta-t-il d’un air qui, de même que dans son premier accueil, était un mélange d’onction spirituelle et de cette galanterie héréditaire qui carac- térisait Ja maison de Bourbon, « le ciel me préserve d'abandonner jamais l’agneau au loup vorace, ou de nebles dames à l'oppression du méchant. Je suis un homme de paix, quoique le bruit des armes se fasse entendre dans ma demeure ; mais soyez certaines que je prendrai autant de soïn de votre sûreté que de la mienne ;

et si les affaires vènaient à prendre un aspect plus alarmant…

quoique je me flatte, avec la grâce de Notre-Dame, que les. têtes se Calmeront au tieu de s’enflammer davantage... je vous procu- reräi tes moyens de vous relirer avec sécurité en Allemagne ; car la volonté même de notre fréreet protecteur. Charlés de Bourgo- gne serait impuissante pour nous faire disposer de vous d’une manière contraire à votre intention. Nous ne pouvons vous pér- mettre de vous retirer dans un couvent; car, hélas ! telle:est Pin- fluence des-enfants de Béliaf sur les habitants de la vilie de Liège , qu’au delà des-murs de ce château et loin de la protection de nos soldats , nous ne connaissons plüs de’retraite sur laquelle s'étende notre autorité. Cependant vous êtes les bien-venües ici; votre suite y sera honorablement traitée , notamment ce jeune homme que vous avez recommandé d’une manière toute particulière à notre bienveillance, et à qui nous donnons notré bénédiction. » | Quentin s’agenouilla , comine il le devait, pour recevoir cette bénédiction épiscopale.

« Quant à vous, poursuivit le digne prélat ; vous resterez ici

avec ma sœur Isabeïle, chanoinesse de Trèves: vous pouvez rési-

der avec elle en tout honneur, même sous le toit d'un galant céli- bataire comme l’évêque de Liège. » [

En terminant ce discours de réception, l’aimable prélat-condui- sit les dames à l’appartement de sa sœur ; et l’intendant de sa mai- son, officier qui, ayant reçu l’ordre du diaconat , participait tout

tas QUENTIN. DUR WAR D.

à datois.au posvoir sécalier et au peuroir ecelésiantiqne; nrodipue à Quentin tons les soinà d’une hienveillante hospitakité , come le ii avait récommandé son maître. Les :autres personnes-de h Suite des -dames de Craye. furent Plaobes dans des apparamss d'un ordre inférieur. :

Au mikeu deert arrangernené Quentin ne put s'empêcher de remarquer que la présence du Bohémien, qui, dans tous les cou- vents du pays, avait-été la source de mike ohjäctions, semblait ne äonner lieu à aacune remarque dans Ja maison de ce riche, el nous pouvons peut-être ajouter, de ce mondain prélat-

CHAPITRE XIX. | LA CITÉ.

Mes. bons amis , mes chers amis , gardez-vous d croire que je veuille vous exciter à aucun acte soudain de mutinerie ! . SHAKSPEARS , Jules César.

Séparé La vomtesse Isabelle, dont les yeux avaient été depuis plusieurs jours son étoile polaire, Quentin sentit au fond de son cœaor ua froid et un vide étranges qu'il m'avait pas encore éprouvés au milieu de tous les tourments dont sa vie avait été assiégée. Sans doute, les relations et cette intimité que la nécessité avait établies entre eux, devaient inévitablement cesser aussitôt que la comiess . serait établie dans une résidence fixe ; car quel-prétexte pouvait- <ile faire naître, en supposant toutefois que l’idée lui en fût venue, pour conserver auprès d'elle, sans inconvenance , un joune ef a mmable écuyer tel que Quentin?

Cependant, quelque préparé-qu'il y fût, cette inéyitable sépér ration lui porta un eoup cruel; et son orgueil fut blessé de voir qu'on le quittait comme on quitte un postillon ou un soldat d'es- corte dont le devoir est achevé: une ou deux larmes tombèrent même ea secret de ses yeux sur les ruinep de ces châteaux aériens qu'il s'était occupé à bâtir pendant la durée de son trop intéres- sant voyage. L fit un courageux effort pour sortir de eet abatit ment d'esprit ; mais ce. fut d’abord en vain: cédant donc à un sentiment dont il ne pouvait se rendre maître, il s’assit dans l'en bresure d'une fenêtre qui laissait pénétrer le jour dans le gothique et grend salon de Schonwaldt, et il se mit à réfléchir sur son trisi®

“CNAPIIRE XX. ap dei, quine iniavai accardé ni ie rang ‘élevé mi les richensag qui lui enssené 646 nécessaires peur soutenir de taliss prétentions | Kafn Ja fermeté naturaile de son caractère l’enmorta , grêce .au stimmalsnt qu'elle reçut d'un vieux poëme an langue romeue, cemmenf imprimé à Strasbourg, et qui était placé près de lui sur de rabard de la croisée: le tre de ce roman anaoncçait

. Commentun écuy er, d’une humble famille, Du prince de Hongrie aima, dit-on, la fille.

T'andis qu'il avait les yeuk fixés sur les lettres gothiques d’une historietée en rimes qui retraçait une situation si semblable à la sienne, Quentin fut inferrompu par quelqu'un qui lui frappa’sur d'épaule ; et, se retourgant pour voir qui. ce pouvait être, il aper- Qui le Rohémien. |

Hayraddin, qui ne hu avait jamais inspiré de La bienveillance , qui était devenu insupportable depuis qu'il avait découvert sa trahison, et il hui demanda d'un air sévère pourquoi il était assez hardi pour toucher un obrétien et un gentithomme?

«Tout sisaploment, répondit le Bohémien, parce que je désire san ox si le gentilhomme chrétien à perdu le sentiment auset bien que l’ouie et la vue. Il y a cinq minutes que je suis devant vous à vous parler, et vous restez les yeux fixés sur ce morceau de prrebemin jaune, comme si c'était un charme pour vous méte- maexphoseren statue, et qui eût déjà fait la moitié de sa hesogne. kb bien! de quoi as-tu besoin ? Parle, ei va-t’en.—J’ai besoin de ce dleni: fous les houimes ent besain, quoique peu d'entreeux s'en gonientent ; j'ai hegoin de ce que vousme derez, dix éeus d’ur, pour avoir sprvi de guide aux dames jusqu'ici. Comment oses- tu demander un salaire ? N'es-tu pas assez payé, puisque je te. laisse ta coupable vie? Tu sais que ton dessein était de les trahir pendant le voyage. Mais je ne les ai pas trahies;. si je l'avais fait, je n'aurais pas réclamé mon salaire, ni d'elles, ni de vous, aoaia de celui qui aurait tiré parti de leur passage sur la rive droite de la Meme. Les gens que j'ai servis sont ceux qui doivent me payer. Périsse donc ton salaire avec toi, traître s’écria Quen- tin .en, comptant l'argent que ki demandait le Bobémien ; car, en sa qualité de majordome, il avait été muni d’une somme sufli- sente pour payer toutes les dépegses du voyage. «Va trouver le Senglier des Jadennes, ou le disble ! mais ne te présente plus de- veni moi, à moins que {u-no veuilles que je Le fasse.sortir dp 4e

a60 QUENTIN DÜRWARD.

monde plus tôt que tu ne’ t’ÿ attends. Le Sangtier des Arden- nes répéta le Bohémien avec surprise, tandis que sa figure lais- sait apercevoir fus d'émotion qu’il n'avait coutume d'en montrer; «ce n'était donc pas une conjecture vague, un soupçon enfanté par le hasard, qui vous ont porté à vouloir obstinément changer de route? Serait-il possible qu'il existât réellement dans d'autres pays un art divinatoire plus infaillible que celui de nos tribus er- rantes? Le saule sous lequel nous parlions n’a pu rapporter no paroles. Mais, non, non, non, que je suis sot ! Je sais ce que c’est m'y voilà : ce saule sur le bord du ruisseau, nof loin du couvent, je vous ai vu le regarder en passant, à un demi-mitle environ de cetle ruche de bourdons ; certes, ce saule n’a pu parler, mais il a pu cacher quelqu'un qui nouséceoutait ! A l’avenir, je donnerai audience en pleine campagne ; il n’y aura pas près de moi une touffe de chardons dans laquelle un Écossais se puisse cacher. Ah, ah! l’Écossais a été plus fm que le Zingaro malgré toute s subtilité! Mais sachez, Quentin Durward, que vous l'avez em- porté sur moi au détriment de votre bonheur personnel : oui, l fortune que les lignes de votre main annoncent, et que je vousai prédite, votre obstination vous l’a fait manquer. —- Par saint Ar dré! je ris malgré moi de ton impudence ! Comment, et en quoi ta perfidie, si elle n’eût été déjouée, aurait-elle pu me servir! Je vous ai entendus convenir que mes jours séraient épargnés, condition que vos dignes alliés auraient eu bien vite oublié quand nous en serions verius aux Coups; mais à quoi eût pu m'é- . tre utile ta lâche trahison , si ce n'est à m’exposer à la mort oui la captivité, c’est une question à laquelle nul homme ici-bas ne “pourrait répondre. Il ne faut donc point y penser; car mart- connaissance va vous donner un autre sujet d'étonniement. Si vous aviez retenu mon salaire, je me serais regardé comme quitte er vers vous, et je vous aurais abandonné aux inspirations de voir folie; au lieu que, dans la situation nous sommes placés mait- tenant, je suis encore votre débiteur pour l’affaire- -qui s'est passée sur les bords du Cher. —- II me semble que j'ai déjà pris une par- tie du paiement par les malédictionis et les injures dont je t'ai at- cablé. Des duretés ou des douceurs ne sont que du vent : elles ne sont d’aucun poids dans la balance. Si vous m'aviez frappé au lieu de me menacer... Je me sens assez disposé à me payer & cette manière, si tu me provoques plus long-temps. Je ne vow le conseille pas, car un pareil paiement, fait par une main tém-

| GAPITRE. XIX. . ..' 4 raire, pourrait excéder la dette et faire pencher la balance contre vous, Ce que je ne suis pas homme à oublier. Maintenant, je vous dis adieu, _mais ce n’est pas pour long-temps; je vais également: faire mes adieux aux dames de Crôye. Toi! » s’écria Quentin -_ saisi d’étonnemgnt «toi; être admis en la présence de ces dames! et cela ici, dans ce château elles vivent en quelque sorte comme des recluses ! elles-sont sous Ja protection de la sœur de l’évé- que, d’une noble chanoinesse ? t'est impossible ! = Marton m’at- tend cependant pour m’introduire auprès d'elles, » répondit le Zin- garo avec un rire ironique ; «et il faut queje vous prie de m’ ex cuser si je vous quitte si brusquement.» .

Tournant alors le dos à Durward, il fit quelques pas pour s’éloi- gner ; mais, revenant presque aussitôt sur ses pas, il se rapprocha de lui, et, avec un {on d’emphase mystérieuse : «Je connais vos secrètes espérances, dit-i}; elles sont audacieuses , mäis elles ne seront pas vaines, si je: vous : prête mon appui. ‘Je connais. vos craintes ; elles doivent vous conseiller Ja prudence, maïs non vous donxer de li timidité. Il n'existe pas de femme qu’on ne puisse gagner. Le titre.de comte n'est qu’un sobriquet, et il siéra tont . aussi bien à Quentin que celui de duc à Charles, et celui de roi à. Louis. ».

Avant que Durward eût eu Le temps de lai répondré, le Bohé- mien avait quitté | la salle. ILle suivit à l'instant; mais Hayraddin, plus ‘initié que l’Écossais dans la connaissance des distributions intérieures du château, conserva. l'avantage qu’il avait obtenu, et disparut bientôt à ses yeux en prenant un petit escalier dérobé. Quentin continua pourtant de le poursuivre, quoiqu'il sût à peine le motif qui l'y portait. L’escalier se terminait par une porte qui dennait sur un jardin, là‘ il aperçut de nouveau le Zmgaro préci- pitant ses pas et parcourant en tous sens des avenues, afin d'éviter qu’il ne l'atteignit. : #

Ce jardin était bordé de deux côtés par les bâtiments du chà- teau, vaste et antique ‘édifice que sés fortifications faisaient res- sembler à une citadelle autant qu’à un mopument religieux ; les deux autres côtés étaient fermés par une hàute murailie crénelée. Une de ses nombreuses avenues conduisait à une autre partie du .château , l’on voyait une petite porte située derrière un äre- boutant d’une haüteur immense:et tout couvert de lierre ; Hay- raddin, après avoir suivi cette direction, ‘se retourna vers Dur- ward, et lui fit de la main un geste qui pouvait étre considéré

QUENTIN DURWARD. 17

2e QUERTIN DUKWARD.

conte tri adieü ou ur signe de triomphe. .En éffet, Queñitin vil Marton duvrir petite porte et introduire vil Béhémien, comme il le présuma naturellement, dans l'appartement des comtesses de Croye. Il se imordit les lèvres d’indignätion , et se blâmä sévère- ment de n’avoir pas instruit les dames du' caractère infâme d'Hay- taddin, ainsi que des machinations diaboliques qu’il avait tramées contre leur sûreté. L'air d’arrogance avec lequel cét homme lui avait promis de le seconder dans ses projets ajoutait à 4 colèreet au mépris qu'il lui inspirait; il lui semblait même que la main de la comtesse Isabelle serait profanée, si ne devait l'obtenir que par une telle protection. «Mais tont cela n’est que déception, se dit- il, pure jonglerie, bas et grossier artifice. Il s’est procuré accès auprès des dames de Croye sous quelque faux prétexte et dans quelque intention-perfidé. Mais je sais maintenant.où elles logent, cela me suffit; j'épierai l'occasion de parler à Marton, et je solli- Citerai une entrevue avec ces dames, ne fût-ce que pour lesaver- tir de se tenir sur leurs gardes. N est dur que je sois contraint d'employer l’artifice et de souffrir le mointire.détei, quand un pa- reil être est ädmés ouverterhent_et sans scrupulé. Eltes verront pourtant que, bien'que je sois exclus de teur présence, la'sûrété d'Isabelle est encore le principal objet de mes soins et de ma sur- veillance. »

Pendant que le jeune amañt s xbandonnait à ces 3 réflexions on vieux gentilhomme de la maison de l’évêque, entrant dansk jardin par la même porte qui y avait donné accès à Durward,® dirigea vers luf , et le prévint, avec ta plus grande politesse, que ee jardin était exclusivement réservé à l'évêque et aux persons qui, par leur haute distinction , étaient: admises dans son intimité.

Cet avis fut répété deux fois avant que Quentin fût capable de 1 comprendre ; sortant.enfin de sa réverie, il Salura le-genlil- hommé , et se hâta de s'éloigner, tandis que celui-ci, continuait à le suivre, l’accabltait d’excuses sur la nécessité il était de #aequitter d’un devoir dont l’accomplissement lui paraissait peut-être une impolitesse. I1 mit ‘une telte persistance dans % éfforts pour éloigner de l'esprit de Durward toute idée qu'il ell voulu l’offenser, qu’il alla jusqu'à lui offrir de lui tenir comp4- gnie pour tâcher de le désennuyer, Quentin, maudissant inté- rieurement son importune obséquiosité, ne trouva pas de mell- leur moyen pour lui échapper, que de prétexter le désir de visiter da ville voisine, et il pressa le pas de manière à ôter bientôt

CHAPITRE XIX. | 263 Poflicieux vieillatd tout désir de l'accompagner plus loin que le pont-levis. Au bout de quelques minutes, Quentin sb trouva dans

-J’enceinte des murs de Liége, ville qui était alors l’une’ des plus

riches de‘la Flandre , et par conséquent du monde entier.

La mélançolie, et même la mélancolie d'amour, ne s’empare pas aussi profondément de l'esprit, surtout de celui de l’homme, que les âmes tendres et enthousiastes sont disposées à le croire. Elle cède aux impressions frappantes et subites produites sur les

__ sèns par l'aspect de lieux i inconnus, par des scènes qui créent une

nouvelle série d’idées, et par le spectacle du mouvement conti- nuel et de l'activité d’une grande ville. Au bout de quelques in- stants, l'attention de Quentin fut captivée aussi complètement par la variété des abjets qui s’offraient suçcessivement'à lui dans les rues de Liége, que s’il-n'eût existé dans le monde entier pi comtesse Isabelle ni Bohémien.

. Les rues immenses, quoique sombres é éfroites ; l'élévation des maisons; l’étdlage brillant des plus riches marchandises et

des plus magnifiques armures; le nombre et l'éclat des magasins

et des houtiques; la foule de’citoyens affairés, de’ toutes condi- tions , qui passaient et repassaient avec un air de préoccupation, - d’importañee ou d'empressement ; -les énormes chariots qui trans- portarent çà .et les 0bj ets d’exporfatien et d’ importation, tels que des draps, de la serge, des armes de toute espèce ; des clous, du fer, et divers autres articles de nécessité ou de luxe, les uns destinés à être consorhmés dans-une ville apulente, autres à être éehangés-contre d’autres marchandises, ou à être transportés ailleurs : tous ces objets réunis formaient un tableau d'activité, de richesse <t de splendour auquel Quentin avait été étranger jusqu’ators. Il admmirait ‘aussi les nanibreux canaux euverts pour communiquer avec la Meuse, et qui, traversant la ville en sens divers, offraient au commerce, dans tous des quartiers, lés faqi- . ktés du transport par eau. Énfin , lorsqu'il eut visité et regardé tout ce qui bal parut je plus digne d'intérêt , ü entra pour enten- dre unie messe dans la vieille et vénérable église de, Sainl-Lam- bert ; fondée, dit-on ,-dans huitième sidele.

Ce fut en sortant de ce liea consacré à la religion que. Quentin commença à remarquer qu'après avoir examiné tout ce qui l’en- touraif avec une curiosité que rien ne le forgait à réprimer, il ‘était devenu, à son tour, l’objet de l'attesition de plusieurs grou- pes de bons bourgeois qui.paraissaiont gccupés à l’examiner de-

L 3

264 | QUENTIN DURWARD.

puis le moment il sortit de l’église, et parmi lesquels il s'élevait un murmure, une sorte de chuchotement, qui passait de l’un à l’autre. Le nombre des curiéux s’augmentait rapidement, et les regards de chaque nouveau ‘venu se dirigeaient à l'instant sur Quentin’ avec une. expression d'intérêt et curiosité à laquelle se mélait un certain degré de respect.

* Ji finit par se trouver-au tentre d’un rassemblement considéra- ble qui s’ouvrit cependant devant lui pour lui livrer passage , et il poursuivit son chemin, tandis que ceux qui le suivaient ou qui marchaient à ses côtés, évitaient avec soin de le serrer de trop près ou de gêner ses mouvements. Celte position devenait néan- moins trop embarrassante pour que Durward pût la supporter plis long-temips sans désirer de faire quelque tentative pour en sortir, ou pour obtenir quelque explication à ce sujet.

Jetant les yeux autour de lui, il remarqua in homme de faille . assez ronde et dont la physionomie respectable avait un certain enjouement : à sdn manteau de velours et à sa chaîne d’or, jugeant que ce dévait être un bourgeois de distinction, peut-être même un des magistrats de la ville , il lui demanda s ‘il y avait en sa per- sonne quelque chose d’assez singulier pour ättirer l’attention du public à un degré si extraordinairé , ou Si c'était l'usage des Lié- geois de s’attrouper ainsi autour des: étrangers que le hasard amenait dans leur ville. '

« Non certainement, mon ‘bon mônsieur, répondit le bour- geois; les Liégeois ne sont ni assez oisifs , ni ‘assez curieux pour - adopter une telle coutume ; et il y a rien non plus, ni dans votre mise , ni dans votre tournure, qui ne soit digne de recevoir un bon accueil dans cette ville, et que nos habitants ne soierit char- més de veir et ne désirent honorer. -— Ce langage est très-poli, mon cher monsieur, répondit Quentin ; mais, par croix de saint Andrè: je ne puis même me douter de ce que vous voulez dire. Gette expression , jointe à votre accent , monsieur, me donne la certitude que nos conjectures sont justes. Par mon patron saint Quentin ! je suis plus loin que jamais de vous comprendre. Encore mieux ! » repritle Liégeois en regardant le jeune Écos- sais avec un air de malice qui pouvait peut-être le blesser, quoi- que joint à une politesse extrême. « Certes, il ne nous appar- tient. pas, monsieur, d’avoir l'air de voir ce que vous jugez à propos -de cacher ; mais pourquoi jurer par saint Quentin , si vous ne voulez pas que je donne une certaine interprétation à vos pa-

( CHAPITRE XIX. : 265 roles ? Nous savons que le bon comté de Saint-Pol , qui est ici en ce moment; favorise notre cayse. Sur Ma vie, vous êtes sous l'influence ds quelque illusion : je n’ai rjen de comiun avec le comte de Saint-Pol. Oh ! nous ne vous questionnons pas ; ef cependant, écoutez, j'ai quelque chose. à vous dire à l'oreille ; mon nom ést Pavillbn. Et en quoi cela me regarde-t-il, mon- sieur PaviHoù ! ?2— Oh! en rien. Seulemént il me semble que vous devez reconnaître avec plaisir que‘je suis digne de votre .con- fiance ; et voici mon collègue Ronslaer. » | -

. Ronslaer s'avança. C'était un fonctionnaire d'une v vaste corpu- Jence, et.dont le ventre arrondi faisait oùvrir la foule devant lui, comme un bélier ébranle et renverse les murailles d’une ville. IL s’approcha de son voisin, et lui faisant un signe comme pour lui recommander la prudence, il lui dit d’un ton de reproche : « Vous oubliez, mon cher collègue, que nous sommes dañs.un lieu pu-. blic. Si: monsieur veut bien venir chez moi ou chez vous, et ac- cepter un verre de vin du Rhin au sucre, nous,entendrons plus commodément ce qu’il a:à nous dire sur niotre bon amiet allié que nous aisions avec tout l'abandon de nos cœurs flamands. —Je n’ai aucunes nouvelles à vous apprendre, » répondit Quentin avec im- patience ; «.je refuse votre vin du- Rhin : tout te que je vous de- mande , Comme à des'gens respactables, c’est de disperser cette foule oisive, et de permettre à un étranger de sortir de votre ville aussi tranquillement qu’il y est entré: Eh !-bien, monsieur, dit Ronslaer, puisque" vous insistez tant pour garder | incognito, même avec nous qui sommes des hommes dignes de confiance, permet- tez-moi de vous demander sans plus de détours, pourquoi vous porteriez la marque distinotive de votre compagnie si vous vouliez rester inconnu à Liége ?—De quelle marque, de quelle compagnie parlez-vous ? vous me paraissez des:homimes estimables , d’hon- nêtes et graves citoyens; mais , sur mon âme , ou vous.êfes fous, ou vous avez juré de me le faire devenir. —Sapperment ! s’écria Pavillon , ce jeune homme ferait jurer saint Lambert lui-même ! Qui a jamais porté-un bonnet avec la croix de Saint-André et la fleur de lis, sinon les archers de la garde écossäise du roi Louis XI? Eten supposant que je sois un archer de la garde, qu’y a-t il d'étonnant, que je porte le signe distinctif de ma compagnie ? » ct Quentin d’un ton d'humeur. « Il l’a avoué , il l’a avoué! * s’écrièrent en même temps Ronslaer et Pavillon én se tournant vers la foule , les bras élevés , les mains étendues , et leurs larges

A

doc QUENTIN DURWARD.

figures exprimant l'enthousiasme et la joie qui lus shimaiont : «il convient qu’il estarcher de la garde écossaisé de Louis, de Louis

Îe gardien des libertés de la vie de Liége! »

Un cri unanime s’éleva, ét tes paroles retenttrent de fous vôté: « Vive Louis de France ! vive la: garde écossaise ! vive le brave archér ! nos libertés ! nos priviléges ou la mort! Plus d'impôts ! Vive le vaillant Sañglier des Ardennes ! ! A bas Charles de Bour-

‘gogne! Ruine et destruction à Boutbon et À son évéché ! »

À moitié assourdi.par ce bruit, qui recommençait d'un côté dès qu'il avait.cessé de l'autre ; et qui, se gonflant et-s'abaisent comme Îles flots de la mer, s *accroissait à-chaque instant par les

milliers de voix qui, partant des rues et des marchés les plus

éloignés, retentissaient dans les airs, Quentin eut à peine le temp de faire une conj jecture sur la causé de ce tumulte et de se former

- un plan de conduite.

It avait oublié que dans son combat contre due d'Orléans

| tontre Dunois,'son casque ayant été fendu par le shbre de ce der-

\

nier , un de ses cämarades , d’après l'ordre de lord Crawford, lu avait. donné pour le remplacer un des bonnets doublés en acier qui faisaient partie du costume des archers de la garde écossais, costume généralement connu. Or un membre de ce corps dont k service spécial était de garder la persônne du roi Louis, paraissant tout à coup dans les-rues d’üne ville où-le nombre des mécontents s’angmentait chaque jour par.les intrigues des agents de cemo- harque , sa présence devait naturellement être interprétée par les bourgeois de’ Liége comme l'annonce de la détermination qu'il

‘avait prise de-soutenir ouvertement leur cause. La vue d’un sul ‘de tes àrchers devénait donc pour eux le gage assuré d'un appui

immédiat. Il y.en eut même parmi eux qui ne craignirent pas

“d'assurer que les forces auxiliaires. du roi entratent en ce mome

par une-des portes de la ville, quoique personne ne pât dire pose vivement laquelle.

Quentin reconnut bientôt l'impossibilité de détraire une erreur si généralément adoptée ; ilsentit-mêrne que foute téntattve pour détromper des hommes si obstinés däns leur opinion pourrait lui faire courir quelques risques pérsonnels auxquels fl ne vit aucune nécessité de s’exposer. Il prit donc à la hâte la résolution de tein- poriser ét de se tirer d‘embarras du mieux qu’il pourrait ; cette résolution, il s’y arrêta pendant que la foule 1e coñduisait à-l'AÔ- tel-de-Vilie, les plus notables habitants se rassemblaient déjà

CHABITRE XIX, #67

pour apprendre les nouvelles dant ils le présyinaiont orjenr, #

Hi offrir ensuité un banquet splendide. 1,

En dépit de toutes ses représentations et de ses refus, que lag attribupit à la modestie , il fut entouré par les dispensateurs dla

popularité, dont le lux importun se dirigeait alors vers lui. Ses deux amis les bourgmestre, qui étaient shoppen , ayndies de la vie , le tenaient chacun sous un bras. Nikkel Blk, chef de le corporation des bouchers qui était.accouru À la hâte, marehait davaat lai en brandissant avep üh ‘courage ef une .grâpe que Je brandevin seul pouvait donner, hache encore couverte de sang et de quelques débris de cervelle. Derrière lui se tenait, dans un état complet d'ivresse , le-long et maigre Glaus Haramerlein , pe- triote bipn cennu ; il était président de la compagnie des ouvriers ea fer,dont un müler le suivaient dans un epstume sale et avec deg figures noircies qui annongaient leur profession. Bes tisserands, des cloutiers , des cordiers des artisans de toute espèçs , sortant en foule de rues étrpites et sombres , venaient augmenter le cortége:

S’échapper état done impossibls, gt c eût, êté une enteeprise folle et désoépérée que de l'essayer. -

Dans cet embarras, Quentin eut recours à Bonslder, qui avait un bras passé. ous le sien, et à Pavillon , qui s'était emparé de l’autre, at qui tous deux le conduisaient à la tête de cette espêee de. marehe riomphale, dent il était devénu si ipopinémpht

cause et l’objet. Il les informe à la hâte qu'il avait pris sans y ré- | féchir le bonnet-de kr garde écossaise , par. suite d’un accidené$ arrivé an casque qu'il devait parter pendant son-Voyage ; qu'il re- grettait que cette circonstance: et Ja sagacité ayee . laquelle Les Liégeuis ayaient deviné sa qualité et le mgtif.de sa présence dans leur ville.eussent donné à son arrivée nf si grande publicité ; ajoutant que si on le conduisait à l’Hôtel-de-Ville , il se trouverait peut-être dans la matheureuse nécessité de eammuniquer à l’as- semblée rertaines choses què le roi lui ayait ordonné de réserver pour Foreille privée-de ses exgellénts PORTpÈReS Mein herrs Rons- laer et Pawälon , de Liége. .

. Ces dernièresparales Droduisirent un eftet magique sur les deux citoyens, qui:étaient Les principaux chefs des bourgebis insurgés, et qui, comme tous les démagogues. de leur espèce, désiraient ardemment conserver autant. que possible la haute main dans toutes les affaires. Ils-convinrent. danc. à la. hâte que Quentin qiiélereit la ville peur quelques heures; et qu’il y rentrerait pen-

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268 QUENTIN DURWARD.

dant la nuit pours ‘entretenir sécrêtement avec eux dans la maison de Ronslaer , située près dela porte qui faisait face au château de Schonwaldt. Quentin n’hésita pas à leur dire qu'il résidait pour le moment dans le palais l’évêque .. sous prétexte de lui-porter des dépêches de la cour de France , tandis que sa mission rétlk, comme ils l'avaient conjecturé ; était toute particulière-aux ci- toyens de Liége. Cette manière tortueuse- d'établir des comm nications , le rang et le caractère de l'individu auquel le message était confié, ‘étaient si conformes'au caractère de Louis, qu ilne S'éleva ni doute ni surprise. |

À peine cet éclaircissement était-il terminé .que la foule: arriva devant a porte de la maison ‘PaviHon , située dans l'une des principales rues, et qui comrauniquait à la Meuse par derrière, au moyen d’un jardin et d’une tannerie immense, avec toutes ses dépéndaänces; car'le bou rgeois patriote était tanneur et corroyeur.

. IL était natureL-que Pavillon désirât faire les honneurs de & maison à l’envoyé supposé de Louis XI, èt une halte chezlui n’ex- . Cita nulle surprise de la part de la multitude , qui au .contraire applaudit mein herr-Pavillon par un bruyant vivat! moment il y introduisait un-hôte si honorable .-Sans perdre de temps, Quentin, remplaça son bonnet trop remarquable par un chapeau de tanneur, et jeta un grand ”mantèau. par-dessus ses vêtements. Pavillon lui'remit ensuite un passe-port au moyen duquel'toules {es portes de la välelui seraient ouvertes, soit de nuit soit de jour, commie il le jugerait à propos. et termina ên le confiant aux soins de sa fille, jeune et joyeuse Flamande à laquelle il donna toutes les instructions nécessaires .poùr la sécurité du jeune homme. Pavillon courut ensuite rejoindre son collègue dans d'intention de conduire leurs amis à l’'Hôtel-de-Ville, et de les y amuser par le meilleures excuses qu’il pourrait imaginer refativement als dis parition de l’envoyÿé du roi Louis.

. Nous ne pouvons, comme dit le valet de la comédie, nous sou- venir exactement de. l'espèce de mensengé-que les moutons à clochettes firent au reste du troupeau, mais nous osons dire que rien n’est plus fäcile que d’en imposer à’ une multitude dont ls préjugés et les sentiments impétueux ont déjà fait plus de Ja moi- tié du chemin avant que l'imposteur ait prononcé un seul mot.

Le digne bourgeois ne fut pas plus tôt parti, que la grosse et frai- che Trudchen, le visage couvert d'un riche incarnat auquel & joigoait un sourire qui convenait admirablement à des lèvres ver-

CHAPITRE XIX. | 200

imeilles 6 comme des cerises , à des yeux bleus. remplis d’enjoue- ment, et à un feint d’uné pureté et d’une blancheur parfaites; se. mit en devoir de conduire‘ le’ bel étranger à travers le jardin du. sieur Pavillon, jusqu’ au -bord de l’eau; Quentin monta dans une barque conduite par deux vigoureux Flamands: vêtus de larges pantalons, de‘jaquettes garnies de nombreux boutons ; et la tête couverte d’un bonnetfourré. Bientôt la jeune fille le-vits’éloigner avec toute la rapidité que leur lenteur flamande permettait aux deux bateliers d'imprimer à leurs avirons. °

Cémme la gentille Trudchen ne: parlait qu’allemand, Quentin, 3 sans aucun préjudice pour la tendresse fidèle qu’il avait vouée à la” comtesse de Croye, ne put remércier sa jeune libératrice. qu’en imprimant un baiser sur ses lèvres aussi roses què des cerises;-et ce baiser, donné avec une exquise galantèrie, fut reçu avec une gratitude modeste; car des galañts de la taille et de la’figure de notre archer écossais né-se rencontraient pas tous les jours parmi les bourgeois de Liége. | - - Tandis que la barquerementait le cours paresseux de la Meuse, et s’éloignait des fortifications de la ville, Quentin eut le temps de réfléchir sur le rapport qu’il devait. faire de son aventure à Liége quand il serait de retour 4u château de Schoniwaldt. : Repoussant toute idée de trahir quiconque avait mis sa confiance en lui, cette confiance ne lui eût-elle été accerdée que par suitè d’une méprise, mais non moins déterminé à ne pas. cacher au vénérable prélat les dispositions séditieuses qui agitaienten ce moment les esprits dans sa capitale, il résolut de ne faire qu’un récit vague et général, afin de mettre Févêque sur sés gardes, sans que pérsonne en particu lier fût exposé à sa vengeance. -

Il débarqua à à un demi-mille du château, et don na un guider à -868 conducteurs, qui parurent entièrement satisfaits: Quelque peu éloigné qu'il se trouvât de Schonwaldt, la cloche avait sonné le diner lorsqu'il arriva , et il s’aperçut, en outre’, qu’il était arrivé par-un côté ‘différent de celui l’entrée principale, et qu il pro- longerait son retard s’il entreprenait de faire le tour du château, Ii s’avança donc sans hésiter vers le côté dont il était le plus près: c'était un mur fortifié qu’il présuma être celui du petit jardin dont nous avons déjà parlé; une poterue percéedans ce mur ouvrait sur Jles fossés, et un esquif était amarré près de cette poterne. Il es- péra donc qu’en appelant, quelqu'un paraîtrait et lui amènerait l'esquif pour l'aider à traverser les fossés. Comme il s’avançait

mn QUEN‘FIN BURWARD.

dans cette intention: la poterne souvrit tout à coup , un 1 home sortit du château, 8 s'élança dans la barque, la dirigoa vers la rive opposée , et, après être descendu àteri, la repoussa au milieu de . Veau à l’aidé d’une longue perche. 4 sa grande surprise, Quentin recannut le Bohémiôn, qui, lerecannaissant às0n tonr, l'évitaen prenant un autre chemin qui conduisait feelemens à Liégs, et dis parut bientôt.

- Ce fut unnouyeay sujet de réflexions pour Durwérd. Go paies avait-il passé tout ce tempsavec les: dames de Grôye ? Quel motif pouvaient-elles avoir eu pour lui dounier aceès auprès d’ebes ? Tourmenté par cette pensée ; il se sentit plus déterminé que ja- mais à avoir une explication avec lesdeux comtespes, afin de leur dévoiler la perfidie d’Hayraddin ‘et les instruire en fnême temps de la situation périlleuse dans laquelle les dispositions séditieuses la vible de Liége plaçaisnt l’évêque, leur profecteur.

Quentin venait de prendre cette résolution, lorsqu'apmès ayoir

fait un long détour , Harriva enfin devant. la porte prinèipale du _ châtéau; il y entra , et tréuva à table , dans la grande sale ; thus le commeñsaux.de la maison, e’est-à-dire le clergé de l’évéque, ses grahds officiers, et quelques étrangers qui. n'étant pas d'un rang assez élevé dans Fordre de la noblesse, ne pouvaient ftre ad- . mis à celle du prélat. Une placé avait pourtant été réservée pour le jeune Écosshis au bout'de la table, à côté de l'anmônier de l'é- vêque, quifaccueillit en “lui rappelant cette plamenterie nsitée dans les collèges : serè venientibus. 955 4, tout on se hâtent db charger son assiette de mets suffisants pone donner tin démenti à ee dietan , dont les gens du pays de Quéntin disent que c’est use plaisanterie qui n’en est pas une, ou < moies qu'etio est d'un goût peu agréable.

Pour prévenir le reprocheque les. convives auraient pi le] faire- en eux-mêmes d’avoir manqué de saveir-vivre , Quentin raeonta brièvement le tumulte survenu dans la ville sitôt que l’on avait découvert qu’il apparterait à la garde écostaisede Lois XI , et il s'efforça de donner à.son récit une tournure plaisente ; en ‘disant que s’il.s’était retiré d'embarras, c'était grâce à un gros hourgeois de Liége et à sa jolie fille.

: Mais ses auditeurs prenaient trop d'intérét à cotte histoire pour ka traiter comme une plaisanterie. Toutes les opérations de la table furent suspendues, le service ianguit, pendant que Quentin

:4 Les os sont pour ceux qui arrivent trop tard. à. M. |

CHAPITRE XIX.: s#

faisait son à rédit; et quand il l'eut terminé ; il 86 fit ve silance s0x lennel que le mhjordome rompit le premier en disant à voix basse et d’ua ton mélancolique: « PIût à Dieu. que les vent lances pro- mises par k Bourgogne fussent ici! - Pourquoi mettre tant d'ims portance à lèur arrivée? dernanda Quentin. Vous avez ici bon nom- bre de soldats dont la guerre est le métier, et vos antagonistes ne

sont que la lie d’une populace en désordre : ils-prendront la fuite au premier aspect d’ane bannière soutenue par de braves hommes- d'armes. Vous ne connaissez pas les Liégeois, répondit le cha-

pelain: on peut dire d’eux , sans mêirie en excepter lés Gahtois,

qu’ils sont et lesplusterribles et les plus indornptablés del’Europe.

Deux" fois le duc de Bourgogne a châtié leurs révoltes réitérées contre l’évêque; deux fois il les a traités avec sévérité, les a pri-

vés de leurs priviléges, leur a Ôté leur bannières ; les a soumis. à des droits, a exigé d'eux ‘des impôts auxquels Liége, comme ville libre de l'Empire, n'avait jamais été assujettie. IL y péu-dé temps encore , il les a battus et en a fait un carnage. horrible près .-de

Saint-Tron, et Liége perdit dans cette journée près de. six müle

hommes, dont lesuns périrent: sut le champ de ‘bataille, et lesau: . tres se noyèérent en fuyant. Pour les mettre hors d'état de s’insur- ger de nouveau, Ghärles refusa d'entrer dans la vâlle par aucuns des portes, quoiqu'elle eût fait sa soumission ; maisil fit abattre quarante coudées dèses murailles, et yentra par cafte brèche, en conquérant, visière baïssée et la lunceen arrêt, ét suivi de touy ses chevaliers. Les Liégeois.ne purent douter , dans vette circons- tance, que sans l'intercession du duc Philippe le Bon, ce Gharles, alors comte de Cherolais ; aurait livré leur ville au pillèges et pe- pendant, malgré le souvenir d'événembnts si récents, malgré a vue continuelle de cette brèche qui n’est pas encore répare, mal- gré le mauvais éfat'de eûr arsenal, qu'ils n’ont pu remplir, le seul aspect d’un bonnet d’archer suffit pour les exciter de nouveau à la révolte. Puisse Dieu disposer leurs âthes au repentir ! mais je crains bien qu'entre ure population si irritable et un souverain si fier et si impélueux, il nes'élève an sanglant débat! et je vou: drais que mon bon'et excellént maître eût, un siéte qui lui pro- curât moins d’honneuts et plus de sécurité, car sa mitre est dou. blée d’épines et nôn d'hermine ! Je vous- parle ainsi, jeune étran- ger, pour vous avertir que siivos affaires ne vous retienrient. pas à Sehonwaldt, vous ferez Sién d’en partir au plus tôt, Car. c'est un lieu funeste dont tout homme prudent doit chercher à's éloigner

37? QUENTIN DURMARD. -

le plus promptement possible. Je présume que vostdames sont da même avis, car elles ont dépêché à la cour de France un des gens de leur suite, avec des lottrés qui annancent probablement leur intention d'aller chercher ailleurs unasile plus sûr. »

+

me:

in CHAPITRE XX: | LE BILLET.

ee | Va, te voilà homme si tu veux Pêtre : sinon je te verrai exgcore le dernier des valets, et un être indigne . de touchgr la maïn de la fortune. _ "SHAKSPEARE , La Doisième nuté.

-Quand le eonvert eut été enlevé ) Je chapelain , qui semblait avoir pris une sorte de goût-pour la société de Durward , qui peut-être désirait tirer de lui de plus amples renseigaements sur son aventure de la matinée, le conduisit dans” ‘un appartement écärté dont les fenêtres donnaient d’un côté sur le’jardin';:et s'a- percevant que les ybux de son jeune oumpagnén se dirigeaient de ce côté, comme s’il désirait y descendre, il proposa d'aller visiter les arbustes étrangers et curreux dont l'évêque l'avait enrichi.

. Quentin s’en excusa süur ce qu’il n’osait se hasarder dans un lieu dont l'entrée paraissait interdite aux étrangers, ét raconta au cha- pelain ce qui lui était arrivé le matin même: « Enveffet, » lui ré- pondit en souriant. celui-ci, « il existe un ancien règlement qui interdit l'entrée du.jardin particulier de l’évêque ; mais il date de l’époque notre’ révérend prince était encore jeune et p'avait guère plus de trente ans. Maintes belles dames fréquentaient sou- vent le château alors, pour y venir chercher des consolations spi- rituelles; et il était juste, » ajouta-t-il err baissant les yeux et en souriant d’un air moitié: ingénu , moitié malin , « que ces belles péniterites, qui logeaient dans les appartements qu’occupe main- tenant la noble chanoinesse,. eussent quelque endroit il leur fût permis de .préndre l’air sans craindre d'être importunées par les regards des profanes. Mais depuis plusieurs années, cette prohibi- tion ; sans avoir.été formellement-abolie , a cessé tout à: fait d’être -en vigueur, et elle ne subsiste plus que comme une.aneienne su- perstition dans le cerveau d’un vieil intendant. Si cela peut vous plaire, nous descendrons au jardin, et nous verrons s’il nous sera permis ou non d’y rester. » .

+ eT— a ——_ ——

| CHAPITRE XX. | 273 Rien ne pouvait être plus agréable à Quentiri que la perspective d'entrer. librement dans ce jardin. Il espérait dès lors pouvoir communiquer avec l’objet ses affections , ou du moins l’aper-* cevoir à quelque. balcon ou à la fenêtre. de quelque tourelle, comme à l’auberge des Fleurs-de-Lis, ou dans la tour du dauphin au Château du Plessis ; car Isabelle, dans quelque lieu qu’elle se trouvât, semblait destinée à être toujours la Dame de la toürelle. . Lorsque 1 Durward fut descendü dans le jardin avec son nouvel agii, celui-ei lui parut un. philosophe terrestre, complètement pré- occupé des choges de ce bas monde qui avaient en Ge moment le moins d'intérêt pour lui-même, tandis que de son côté, si ses : yeux ne contemplaient pas le ciel comme ceux d’un aästrologue, ils s’élevaient du moins vers les fenêtres. et-Jes balcons des tourelles qui-flanquaienf de tous côtés ce vieil édifice , cherchant à déoou- vrir sa cynosure !. Pendant qu'il était livré tout entier à cette re- cherche , le jeune amant entendit, si toutefois il l'entendit , la

nomenclature des plantes, des ‘herbes et des arbustes que son ré-

vérénd conducteur désigoait à son attention : telle-plante était précieuse parce qu ee était d’un grand usage en médecine, telle autre l'était davantage parce-qu’elle donnait une saveur exquise au potage; une troisième, et c’était tout son mérite, parce qu'elle était d’une grande rareté: Il fallait pourtant que Quentin parût accorder quelque attention à l’officieux naturaliste , ce qui lui était tellement difficile qu’il éprouva la tentation de l'envoyer

à tous les diables , lui et tout le règne végétal. Enfin le son d’une

cloche qui, appelant le chapeläin à quelque devoir religieux , le força de s éloigner , délivra le. jeune homme du supplite .qu’il

- éprouvait.

Aprèsavoir fait 0 une foule d'excuses fort inutiles sur.la nécessité

il se trouvait de le quitter, le bon ecclésiastique finit par lui

donner l’agréable assurance qu’il pouvait se promener dans ce jardin jusqu’à l'heure du souper, sans aucun risque d’être troublé. «C'est l'endroit, lui dit-il, je viens toujours apprendre mes homélies, parce qu'il est le plus retiré et que j’y suis moins exposé à être troublé par les étrangers. Je vais, en ce moment , en pro- noncér une dans la chapelle ; s’il vous plaisait de me favoriser de votre présence. -On dit que je ne manque pas d'éloquence ; mais gloire en soit rendue à qui elle appartient! » ", =

1 Nom sous lequel on désigne quelquefois la petite ourso , c’est-à-dire l'étoile po- laire. À. Me.

3" QUENTIN DURWARD.

Quentin s’en exeusa pour ceîte fois, sous lo prétexte d’un vio- lent mal de tête pour lequel le grand air serait sans doute le meil- , leur remède; et l'obligeant Chapelain le His$a enfin à lui-même. On imaginera aisément que, dans. l’inspettion. qu’il fit alors beaucoup plus à loisir de chaqué fenêtre; de chaque otiverture donnant sur la jardiri ; celles qui se trouvaiént dans le voisinage de la petite porte par laquélle il avait vu, à ce qu'il‘ présumait, Marton introduire Hayraddin dns l'apparterhent des comtesses, de lui échappérent point. Mais quoiqu'il eût constamment es yeux et les oreilles au guet , ducun bruit, aucun mouvement ne vint contredire ou confirmer.ce que:te Bohémien lui avait dit ; et le.crépuscale commençant à s'étendre, Bnit par craindre, sans trop savoir pourquoi, qu'une si lengué promenade dans ce jardin ne parût suspecte et.n vexcitat quelque mécontentèment ou quet- que Soup{On..

* Il venait de se décider à partir , et il faisait , àce qi il croyait, ün dernier tour sous les croisées qui avaient pour tui tnt d'at- traits, quand'il enterdit au-dessus de sa tôte .an léger bruit, comme de quelqu'un qui feint de tousser pour attirer l’attention d’une autre persorine, .sanis éveiller céelle‘des gens qui seraient à portée d'entendre. Levant les yeux avet un mouvement de sur- _prise ef de joie, Quentin vit une fenétre s entr'ouvrir; uné main de femmé s’y montra, et laissa échapper un billét : il toinba sur on remerin qui croissait au pied du mur. La précaution qu’on em- ployait pour lui faire parvenir ee billet lui prescrivait une égale prudence pour 4 tre. Le jardin, éntouré de deux côtés, ainsi que hous l'avons dit, par les bâtiments du palats épiscopal, était néces- sairement dominé par les fenêtres d’un grand nombred'apparte- ments ; mais sy trouväit une espèce de grotte que le .chapelain avait montrée À Quentin'avec time complaisance toute particukère. Ramasser le billet, e glisser furtivement dans son sein, ët cou- rir vers cotté retraite mystérieuse, fut l’affhire d’an ustant. Là, äl oavrit le précieux billet en bénissant Ta mémoire des moines

d'Amberbrothock dont les soins l'avaient mis- en état d'en lire le | <ontenu.

La première ligne renformait cette injonction : « Lisez en se- rt. » Le reste était conçu en ces termes : « Ce que voi yeux «ont eu la témérité de me dire, les miens l'ont peut-être trop « aisément compris. Mais une précaution injuste enhardit celle qui « en est la victime , et il vaut mieux me confier à la reconnais-

. CHAPITRE XX. . "3 « sance. d’un seul homme que de rester exposées aux prétentions « et aux poursuites de plusieurs. La fortune a placé son trône sur « le sonrmet d’un roc escarpé, mais l’homme brave ne craint pas

de Île gravir. Si vous osez faire quelque chose pour une femme

« qui hasarde beaucoup, demain matin, à l'heure de primes, « passez dans ce jardin, portant à vôtre bofnet àri pañache blanc « bleu;. mais d'ici là, n’attendez pas d’autres éclaircissements. « Les astres, dit-on, vous ont destiné aux grandeurs èt ont disposé « votre âne à la reconnaissance. Adieu , soyez fidèle, prompt et : a résolu , et ne doutez pas de la fortune. »

Cette lettre renferrhait en outre un anneau portant un diamant taillé en losanges, ‘sur lequel étaient gravées les armes de l'an- cienne maison de Croye. |

La première sensätion- de Quentin en ce moinent fut un bon- heur sans mélange, une joje et un orgueil qui semblaient l’éle- ver jusqu’au ciel. Il forma sur-ke-cherap- la résolution de mourir

ou d'atteindre le termede ses vœux, ne songeant qu'avec mépris

aux nombreux obstacles qu’ avait à surmonter. |

Ne pouvant, dans l'excès de son ravissement, supporter aucune interruption qui pourrait détourner son esprit ; ne fût-ce qu'un instant, d’un sujet de méditation aussi enchanteur ; il se hâta de rentrer au Château, allégua, pour se dispenser de paraître au sou- per, le mal de tête qu'il avait déja prétexté; êt, après avoir altumé sa lampe, il se retira dans l’appèrtement qui lui avait été assigné, pour kre et relire le précieux billet et couvrir de maille baisers non moins précieuse bague.

Maïs des sentiments si exaltés ne pouvaient ‘tre de longue

durée. Une pensée fâcheuse vint passer sur son cœur, quoiqu'il _ :

s’efforçät de da repousser. comme un acte d'ingratitade, commie en Outrage. Il lui sembla que la franchise d’un tel aveu annonçait moinis de délicatesse de la part de celle qui k faisait, que le senti-- ment d’adoration romanèsque qu’elle lui avait inspiré ne Pavait porté à lui attribuer. Mais à peine cette idée pénible s’était-élle ‘emparée de lui qu’il se hâta de l’étoaffer , comme si c'eût été une vipère qui fût glissée dans sa couche, et dont l’horrible sifilemerit le faisait frémir. Était-ce lui, à lui qui recevait une si grande faveur, à lui, pour qui une femme d’un rang si supérieur au sien daignait descendre de sa sphère élevée, à la blämer d’un acte de condescendance sans lequel il n’eût jamais osé lever les yeux jus- qu’à elle? Sa fortune et sa naissance ne l’affranchissatent-elles pas,

276 QUENTIN DURWARD.

dans la situation elle se trouvait, de la règle commune qui prescrit le silence à une femme ; jusqu’à ce que son amant ait osé lui faire l’aveu de ses sentiments ? À ces arguments qu'il S’OPpO- s ait. ui-mêmeé, et qu’il transformait en syllogismes irrésistibles, sa vanité en ajoutait un ayntre auquel il n’osait rendre ayec la même ‘franchise le mérite de. l’objet aimé, lui disait-elle , pou- vait. peut-être justifier. üne femme le dévier quelque peu des règles générales ; et après tout il s’en trouvait plus d’un exemple dans les chroniques: Ce raisonnement-ressemble beaucoup à celui de Malvio !. L’humble écuyer dont il avait lu l’histoire peu d’heu- res auparavant était, comme lui, un gentilhomme sans fortune et dépourvu . de biens, et cependant la généreuse princesse de Hon- grie ne’ s'était fait aucun scrupule de le combler de preuves d’af- fection plus positives que: n'en renfermait le-billet qui 1l venait de recevoir. ° .. |

« Sois le bienvenu, lui ält-elre, Doux écuyer, qui pris racine dans mon cœur : Cinq cents livres pour prix de ta noble candeur, Unis à‘trois baisers , 6 viendront d’isabelle, »

. Et la méme histoire véridique fait dirè auroi de Hongrie lui-même:

« J'ai connu plus d’un beau page .. . | | Qui devint roi par mariage. » ,

De sorte que, tout bien considéré, Quentin, avec une généro- sité magnanime, faisant taire. ses scrupules, approuva complète- ment dans la comtesse une conduité qui devait assurer. son * bonheur... | Mais ce scrupule fut. bientôt remplacé par un soupçon. beau- . Coup plus difficile à dissiper. Le traître Hayraddin était resté dans l’appartement des dames, à -ce que Durward pouvait présu- mer, perdant environ quatre heures ; et en se rappelant la ma- nière dont il avait cherché à lui fairé entendre qu'il pourrait exercer une grande influence sur sa fortane, il se demanda si cette aÿenture n’était pas le résultat des intrigues de ce fourbe, et s’il n’était pas à craindre qu’elle ne fût. le prélade de quelque nouveau complot, dont le but était peut-être de soustraire Isabelle à la protection du respectable évêque. C'était une question qui mé- ritait d’être examinée avec la plus grande attention ; car Quentin _ éprouÿait pour cet homme une répugnance proportionnée à l’in-

4 Personnage ridicule d’un drame de Shakspeare , à qui une soubrette fait croire awil est aimé de sa maîtresse. À. M.

. CHAPITRE XX. : : 272 pudence sans égale eysc: laquelle it avait aÿoué sa. perfidie, et'i æe pouvait: se résoudre à croire. qu'aueune entreprise ferorisée par lui'pôt jemaisarviver à uns conclusion henorabie et houreués. . Ces diverses pensées, telles que de sombres nuages, .obsourvis- siohé le beat péysage que —l'smagination de notre hérté lui avait d'abord présenté; €t dies éloignèrent! le: sommail de'ses'yeuk. À heure de primes, et méme-une'heure :avarit: it-était: flans le far dan, pt'cette fois persénne né:s'oppose à:e6 t'il y entrât ai à: ce qu'u y resfkt. Al'portait à som bonnet 'un pahache blanc ét Bleu, #usei parfait qué:le peu de temps. qu'il avait eu pair se te-protu- ror le fui'avait permis. Beux hèures:5e passèrent sans qu'on-pa+ rât faire la moindre attention à ini: enlin les abodrds d'un. ‘kHth sè'firent entendte ; uñb fenÿtre placée au-dessus dela petite porte par : quelle -Martoh. avait. introduit Hayraddin ne tarda-:pans 4 s’oarrir, ol Isabelle y parut ans tolit l’éclat-éga sa fratchèur et sa beñaté: Ellele salun d'on ai? amicai mélé de réserve, reugit - beapcoup en remarquant.la-ménière mystériense et sigaiécatise : avec inqeolle il-lui rénditson salut, ferme le: Fenêtre, et disparut.

:, Le jour commençait à luire; cependant malgné tousses æeéforts pour voir ou pour entemire 0e qui se passait: dhmé: l’intérieur dn bâtiment, Quentin-ne put rien-dédouvrir qui lai expliquét la sin- gularité de eétte disparition. L'authenticité du biliet était sufisam- ment prouvée ; il ne restait qu’à savoir ce qui .devait:s'ensuiÿre, et sa helle correspandants ne lui avait pas adressé usie seule pa- pole. Au surplus, rieh. n’atinoriÇait auèsn: dangèr: immédiat: La enimiesse était dans un château fort, sous la protection dan prince aussi respectable par son pouvoir séculier, que vénérable par.son. caractèrsé ecülésiastique; il n’y avait donc aucune nécessité pour. Fécuyer avéntærex. déployer sa xalour ehevaloresque , et d suffisait qu'il se tint prêt à,oxécuter les Ordrèa celle:qui lui avait écrit, aussitôt qu'il lea receyrait. Mais le destin avait résolu, de mettre à l’épreuve son activité avant se ses-ondres tanérdési-

rés.lui parvinssent, .

La quatrième nuit après son arrivée i à Schonwaldé Queatin avait fait ses dispositions pour renxoyer le lendemain à la cour de Louis le second des deax varlets qui eomposaient son escerte; et [ui avait remis pour son oneleet-pour lord Crawfdrd des. lettres per lesquelles il leur déclarait ren0noer:au service de. la Franoe , dont il se trouvait dégagé par la trahison à laquelle les instruc- tiops secrètes , d'Hayraddin l'avaient exposé : ce motif. usutit

QUENTIN DURWARD,

Le QUENTIN DURAMBRD. äne rémintion que l'hotmear et la prdionce nie pouvaient qu'#t prouvet, Lis/étaié misas ht; l'imaginationremmlie-déiésutes c& idéts: cotileuside rasmiquéientonventin coneho d'tns jetée: Ruirmee quant tendsemment:éé: qui eruit sekk: amor payé don retour sinoèrei Mais sniut ves ;: qi, se sessbatiront d'yberdsdes ebpôrses- tes enchantioheises au: miliée desgobilies &b s'endomity Sanest pen à pes: par 'prondre eus:codiour:sosbee

H lai -smbla : qu'ibse: promenait avao:lx coralesse Isabella « her d'u: lat pirisihia, tel eue :denx: qui .emhelEssuit les sitg _ pittoresques de san: pays nalab, et:qu'il lui parlait 'dà So pmoer sans Singoraux:chstacies qui s'éleyamat entre eg x. isabelle rour gisnit: el sourieit.on l'écontant, ane: à pouvait l'eipérer du- prés:le :centenuide: L lettre que. zartiqu'il fût endévint cusévsillé:; À postait:constamment sai soi cœur. Mais la .sekte-tlaujgea sx bitoment:;il.cret pasher Elnirer äil’été du edinso à be temrpéte. lesventswmmginest etles vagues s'élenürent érec un'liuit aflèdus, comme: si les démos de l'air et del'ohée: s0 fussont récigeoqne: mené dispsté-l'Empine dedeurs demeures: S'enfiarit dvres d'usi, des:0ùm x -menarategit d'envalsir Haretraste-dhs deux amants, teniiis que. l'aqoioû déchaîné, des re poussant avec une VIOLE: ÉOU TURN ercisshaie:, semblait vouloir :chasser: los: flats:-dedoér Lit. Jnési | l'aniité douioiibrseique-deruit:pr duré ca ing sbnmirisent éveilla e:dorimeur. Ÿ

,H ouvritkes veux’; “sis quoique Jes éironmstanver de me mve assèst disparu, :le:braîtaqui: j'wveit: probablement: -oeukssné contiquait à retentr:à snioreille. Son: premier Môutement fui de. se npttre sur sonsbant et d'écouter avec une indiibte attentéos des:spas-qué; v'is n'étuientipés ceux d’ünetammête; lembuortaisnt or les plus:épouvantebles ouragansqui fussent jamais descendus des monts: Graiugiens Au bot de quelques riauites, & -n8: pu doutes quess tre hibne fil eausé non par ka faveur ds ébéments, ris parcelle dos kommgest …. :. :

Quentin s’élance hors de son lit et se met à la fenétss é son ”_ sppartemient. Elle dognait sur le jardin : tout était trabquille de ce côté, maïs fe-bruid devenait: à. chaque: instunt plus denésible, et se convainquit, d'après les cris ‘qué vendient fappar son erille . que. le château était attaqué à Fextérier per des enne- mis aonibreux et déterminés. Il prit à la hâte ses Mbits et se ‘atmes;.et tandis qu'il s'en revêtait avec: amant de promptitude que le lui permettaient obseurité efla surprise, quetqw/ue frappe

- 'COHAPÉTRS AE ds. & sx porte. Ouetitinr ayant pas répéndtl hsM8t Æ'cé pif L'Île porte, qui était fort: miinéé, fat enfoncée en un iriétrnt, de “Bbhémtiien Hatrakiin , de s6fi dialecte faïuit sitmént reéch- rare, se présénts devant'Hf. I? tremrpt'ane minette dalis tfe petite fleïe qu'if'teñiait 4 lrmaltr, et fer Sôrtit tre Béhr oit- lante el'passagért, au moyen: de Raquette il atfriier tie Panipe qui tira son seit. + . ie fhoruseupe de votre dot, Hi” PT énerictiot à Dérwérd sms le saluer autrement i que par ces paroles + déperti de la étéritiinetion qué vous prendtez d'iéf & dhe nimite! Na sérabté "reprit Qtertti, trahfsori mous étivironne: el partôut üù elle se piésenté td dots ÿ ‘avoir ‘part. 1’ Yôtis êtes ot ! JE Ha Htnitis tfaNl: personne" qué Ivrèque j'avais quelque: fhlérét'à fâire: Püuftuoi vous trehirais-fe, puisqie je dois pagret davart- 1196 ét vous sxtivint qu'éh wous perdant 'Étouter in mornért, si ‘ébia vous tsfpossthlé , à voie dg la raléoni; avant tetib r'rhbrt'ét Mu ‘carnage rétentisse à votre drefffe.: Les! LRpebis '% soutévettt Guiltatrnié M Marck'est à leur RIÉ'"avol à HariiS: Pévétité PTE Ues moyens Fésistancé, teur hombte ‘ét tetfr furétit tés sûbimontétaient, maïs Hifen a‘pas: St-vos vôtkér-eni ver la comtesse et ne pas perdre vôs espérances, suivez-fhoi , nottr dbcelle qui vous à envoyé itnre bigue dé-diariant su la- quelle: sont gravés trois lécpärds! Condnfs-mot lsébrik Qéelt- tin avec érdeur : {te nom, je suis prét # Bravér tous fes ngers. Déta triariiète” que’ je m'y prendrai, répondit te Bohéfen, 4 n'Y en a -aucun'4 ersiridré, si voüs poufez vous ‘empéther ‘#e prerrdfe patt à one quereltes qui ne vous régardé pas; éar, aprés tout; que’vobs importe que l'évêque, coin on l'appelte; Éégôrge son froupéntr, ou que troupeau’ égorge le pasteur he haha! SuiveZ-moi, Mafs avec précaution ‘et patience. Héprimez--votre coudèe;, et flez-vous À ma prudeñce: atôrs la detit de mar recéri- näissance est payée, et vous avez une comtesse pour ‘épottsé. Suivez-moi. Jete sais, » dit Quentin en tirant son épée; «+ Mais

Si j'apérçois en toi te moindre signe de trahisotr ; ‘ta téte et tot

corps seront bientôt à trois pas fur de l'autre.

Sarts répondre à celte menace; le Bottémien', voyant-que But ward était armé et prêt # partir, descenit l'escalier en téute bâte, et parcotirüt rapidement divers passages qu? fe éodiisirent dans un petif'jardin. À peine voyait-on one Imhière-dé ce côté du palais , à peine entendait-on quelque bréfit; ris dés qu'ils

a20 _ QUENTIN, DUEWARD.

furent. entrés dans le jardin ; le tuaylte qui régnait du.côté op- pis devint beauconp plus distinct, et Quentin entendit.les divers cris de guerre : « Liége ! Liége ! Sanglier ! Sanglier!» que pous- .saient les asgaillants , tandis que:les soldats qui, surpris par cette ætiaque imprévue, avaient couru aux murailles, y répondaient JU: de plus fables ::« Notre-Dame pour le prince-évêque ! »

. Mais malgré son Caractère martial, l'intérêt que Durward por- tait au pombat était, bien inférieur à celui que-lui Anspirait le sort i Isabelle. de Croye;. il se figurait taute l'horreur de. sa position si _eke tombait au pouvoir des cruels et,perfides brigands qui parais- #aient s ’efforger de, pénétrer dans le château..Il s ’abandonpa à la direction du Bobémien, semblable à un home qui, succombant à une maladie: désespérée , accepte les, médicaments que lui offrent des charlatans et des empiriques ;.il le Auivit.ayeé Finten- on de se Jaisger guider par lui jusqu'au. moment où, au moindre Sigue de. trahison ..il li percgrai le cœur Lui séparerpit La tète Au corpe.. “Ha yéaddin lui-même semblait sentir que, sa yie n’était pas én sûreté, car dès, qu’il fut entré dans le jardin, il fit trève à ses railleries et à ses särcasmes accoutumés, et paru avoir pris . l'engagement tacite de 58 copdaire avéc modestie, courage et

Activité...

. Arrivés à la porte qui conduisait à l'appartement des dames, Hayraddin ft un-petit sigpal, et deux femmes, enyeloppées de longs voiles de soie noire, qui alors, comme agjaprd’bui, étaient portés par les dames flamandes, parurent aussitôt. Quentin offrit gon bras à l’une d'elles, qui le saisit avet une viqlente agitation, et elles’y suspendit si pesimment, que si elle eût été plus lourde, .Jeur retraite aurait été considérablement retardée. Le Bohémien, _.qui-condujisait l’autre dame, se dirigea droit vers la poterne qui donnait sur le fossé ; le petit esquif à l’aide duquel, peu de jours auparavant, Quentin l'avait vu sortir du château était près du aur du jardin. \

. Pendant qu'ils traversaient la cour, les cris de triomphe qui ac- gompagnent une attaque couronnée de suçcès semblèrent annon- cer que le châteañ tarderait pas à être pris; ces cris affectérent si péniblement les oreilles de Quentip, qu'il ne put s'empêcher de s'écrier : «Ha! si mon sang n’était pas tout entier au devoir que je remplis en ce moinent, je “volerais à la défense du charita- ble évêque, et réduirais au silence quelques-uns de ces séditieux RoquIns qui ne respirent que le pillage.»

n —--

CHAPMRE XX: TU

- La dame dont 16 bras était appuyé sur 18 sien le sérra Kgère- ment tandis qu’ parlait afnsi, -comme pour lai faire ebtendte qu’une voix plus puissante imifhorait st bravoure chevalerèsque ;: ; tandis que le Bohémien s’écria assez. Maut: pour être entendu :: «J'appellerais une vraie frénésie Chrétienne celle’ qui ferait re- tourner pout's6 Battre quand l'amour et Ia fürtune ordbnnent de’ fair le plus vite possible." Avancons, avançons; {l y a déschevaux qui nous nttendent-non'loin d'ici ;. dans ce bouquet santes. -24 H n'yena'que deux, dit Quentin, qui les aperçut à la elarté de! la lune. «Je n'aurais pu m'en procurer davantage sans éveiller! des soupçoñs, répondit le Bohémien. D'aillenss, ils noùs sûfsént. Vous les prendrez pour vous rendre à Fonigres pesdént:qué lei chemin est'eneore sûr. Marion restera avéc Les fenrnnes:de notre: horde, dont elle est une vieitle .connxissmbe; tar ik faut qüe vous! sachez, Martôn est une fils de hottÿ" tribus elle: n'est'restéb avèc Yüus que pour nüus servir quthd l'Utension s’eh présente rait. Marton ! » s'écria la comtesse’en regaidunit ka fêmme vois . lée qui les acconipagnait el en poussatt.un cvide sürprise, 08 : n'est dénc pas ma parerite? —:Ce n'est que Marton, réporidit Hayradih ; excusez cette:petite supercherie. Fe:n'ai pus eri lever les deux dæmes de:Oroye au Sanglier: es: Aréehnes. Mi sérable! » s'écrix’Querfin.avec fureur. « Mais it n'est! pas... no Sera pas trop tard'; je retourne au ‘tiAtead pour délivrer la Comte! tesse Hamoline. Harneliñet» marmura id'uhe voix émue [a darnie qui n'avait pas quitté son bras: selle est'àrvotre éôté, ét votis re- merci de lui avoir cunservé le liberté, Qubii coment! que signifie ceci! » S'écria Quentin: en dégagpant son bras avec hexis Coùp moins de pohtèsse- qu'il n'en aurait’ mis: dans touts ‘autre! circonstance ; à l'égard d’une femme même don ranginférisur.: «La comtesse Isabelle dst donc restée au châtedu... Adieu. ‘adieu: »!

-" Comme il se précipitaitdens. cette diredtioi,; Hay radtiin Farrêtæe: «Écoutez-mol; écoutez-moi, luidit-it; d'est-courià le mort! Par: tous les diabtes! ne porties-vobs pas les Couleurs dela vigillu dame? je'ne:me fiers pius désormais aux écharpes de-soie, blunes. bla; ches, n'importe de-quetie couleur! Mais-celie-ci à urçe: dot press que auséi considérable: elle a des joyaux, seras ‘et-ihème des prétentions sur Je comté.» 2 A tient des}

"‘Paridis qu’il parlait aimisi en phrases eitrecoutiécs; le Bonnet : tuttàit contre Quentin pour chercher à‘ retentr; ‘rails cauitln voulant faire cesser ce débat, tira son.poignand; r ‘::: 1: !

M QUENYN PHNWMRP. AB! paisqu'il.en ot ainsi, ».dit Hayreddier an iehant prise, <AHass 6 querladiable., si pon a:A, von aCepRpagRR + Elle jeune. Scans, enfin déharramé 1 Bobine séenga rers- LU châtaeu, rapide eagme.d'aquilan. :: NT | Hagrodion se roue aloue vers Ja care, 4 s'étoiiisissée toiber.à- épars. de-honte,, de enamte.et do depppintement. : znfreek ns méprise, dui: dit-il: allons mademe, Jeyes-vous k vencs ave DO): ravaiM de lover du.soléil, 'je-vousauraitrouré wa br pins giiimt, que 8 jnuno efféeniné a ret fi 48 BA. VOUS sit PA NOUS 0B-ATER TGS: RE DOCS ES ".Kibea: la eomtoise:Hesmelite, ja violer des passions égalait le folblesse at £a siardéé de bn: entaptère, Comme tant d'auties per: sonees sle:son sexe, elle remplissait aséez bien Les devairs-0rdi- misende hvid: mais dans-an: momemide erise tel que. celui Qé.an tronnait alors, ble-fieit incapable de fonte. auiwe cheque de:se lgmenier, at d'eneusen. Far afidisr d'être HR Voleur: MR je . phstenn:ain stélérat;:un meneur: DL TC ES sx Ditesunfangaie, \uirépliqua-tsi, " Nous enrentout dit d'un Sibhongé, Montrer ségrial'infortunée cpratase, «vom mme viez-sib que lasuasiresiayaient: décrdié notre umien,, et 108 êtes cés£e que pelué ai ésrit: 0h 1.que je snisrmblhommanse tr Ils l'en wictit déerétée. répandit le Jehémion, ponwxix duè-les deux: pars tes fument. consemtantes. Croyez-vous que les: hienheureuses eansicHhions néssent: fire mener les geus:contre ntm velsaté? Lei étérionbuit &y erneur per votre mandita gslmééterie chrétienne, wsnidacries de tuhanset dençauds, vos seûtes couleurs bigarréesr _obée vois ea 20 mocsent que le jaune hongne préfère le gévime à leruaghe : voilà tout. Allons; levez-vous, et'suivez-mioi. Nèier pheuss ni le éransuissements ne sont de mon goût, je vons an. prévidns, ++.Je nerboiigerai pas d'ici,.n.dit la comicsee d'u air és. + «far le brillant mebkén t, vous miargliosen !: s'écria Hay- radio: Je vousÿune, per ‘tout ca qua les:aots de ce nionde ont. je fais ére.; que dons aveg affaire à gn'honame qui s'itquitiereit fort pou de vous gdrraeher vos vêtements. de voue ntéacher à un'erbre, ete vohs:y ahandoëaer à voire Honveos.à voire meuuaise for- tuée: Malte Jà, +-tpprit Marton Sislerpoimt thine eux; «Re mettez-moi de vous dire qu’elle ne sera pas inabreitée. Je porte * Gnome {put sumi hion-que vous et-j6 sais Rr'eu sorrin Quoi- qénh:neufolie,. ae n'est pes RE PARe Fu. Et VOS ;: MR 4 Le ciel visible au Aime Œ. mu” 115

Rte: 1, l:4 » KE À

ds, mme vencnatee- mous: c'eit SAINT ENST : devoir. vosinèamsbresct. inventé. cRiql eus Da cou (ré db: dif qui dan nesaisal de beri coment ce-quis possèdent ser” Inteure past as tros rdi, vins bles manlèteceMtn ‘11.5 0 511100 316 péne Mhstcnhehevaitællu:de:partern qe’ entendre iv A lever dans le. château de Schonwaldt des clameurs, affreux’ lange de cris de triomphe et d’exclamations de désespoir et. de. tèrreur.. -

«Prêtez l oreille, madagé di Main ; et trouvez-vous heu- reuse de ne pas joindre votre fausset à ce concert. Ayez confiance en moi, j'agirai honnétement avec voûs, et les étoiles tiendront perle .0n.souspounçerent d'anbonimasi. »

pelle qu/trre bte” ft forcés par fes chasseurs, succombant à terreur ét à fatigue, la comtesse Hameline s’abandonna à la conduite de ses deux. guides , et prit avec eùx , sans opposer au- curé résisianez;, de phompini au'itdodo phét de suvrrd: Relie était La canfnsias. de: qe Paprit:et l'iqpuiisepontdie ses farcèsy quel hdi ue: Qtupie, da;psstentplutit que d-ccnduisint;-entra-en vou version" smisqu'aile pardtéaire lsméindiouitinèien à ces lisaiont ;:1

«ef doujesrs.enasidéréwithe préjet comrnie nelle, .&it Mar. tom: vousamez travaillé à ohit les doentricunes-gens ; ‘certes, nespaqrianspu compter sur io gralitudeet noûs-mottre:an fl! dameieur ohâtuex.: Minis pouvuit-on dinagihor quinis si bendi-jèunie Homine:cût lo: dbsseïs d'éponçor lotte vieil olé 7-4: Résipail répondit. Hi yraÿllin ::vous ave portée th ‘nom /chékeir ebvoùs aveu reins arésous ins tentes «ie de betipiq irisetiséis je ne int oies - pasique-vous partagieis: fours fofien:Cuititnent pou vies rirael, gimp ‘qu'à frait attention: à quokihus armées de phasioc de moitié! losqueicsihariage:tul: présents des :evamtages: si bridents? JE ti issue soisin'uniens pu déterminer cuite présiiuse à-fuir de chftcan ; |œunii aiséagstt que s'y.cst:dévidée cobte | ponttensu qui

sappèie sur: nos biau:com nie: Le fers ir corps taort où'unsii de!

laiec: D'adleurs:: fuinsais ve jbuus hénne, ot iadrais ouh corvi. tribuer à ten sprhour 16 marier: à-Mivivie : etes fathe) sac Ron tone; mais dei éqire épouse Istbellé, était ättéresisut toi Vivihis mositéde Guilluumo:kiéte Mrcié delletde:la Bourugteide I Brune, ei un met de dohauis peu 2 qui otét iritétt' aliopésee: de la main de cette jeune fille. En outre, la fortune de cette sotte fémnié consistant prifipalelhént én'or et én'bijoux, nous auriông pu en avoir notre part. Mais la corde de Larc s'est nompueaset.le

Le. QUENTIN. DUNWERD.

flèche resk paspartie..N'y pensens plas;-nouseomiairungtenieiel à Guillaume à, la Langue bare. Quand il s sera corgéde vinaves: s66 YASMUX, MLivVANÉ sa coutumes, iine distingnons:pés 4ne vieilli comtesse d’une jeune. Akons, Rispah, : du courage En briant! Alÿebaran! déverse opcore son iufhonee eur les dnféuts de dé- sert. «. . .. t: ! Seti te

re sacre ce pale ets cr

GHAPTTRE XL. res ot | LE SAC DU CHATEAL, Ces a

. La miisécisorés ne parte Yan drtéti dires tstéuit, ke t farouche et irriié prasrènéns partons pauses sang ante, avec upe conscience qusel large que I l'enfer.

. “Suax#au: murs ».

ŒULS mo, +. IN oth otat, "5 La garaison ân château de Sabot; quoique sarprbe et de hord#appée de terreur, oppesa pendant quelque temps’'hne#vigbu-: reuterésistance aux assaillants | Mais la foule, immese rai sortait des mmirs de Eiége, se prénipitant à-Fassaut coimg un essais d'aheilbs, divissit:l’ettention des soldatset abattait teur courige.

.Miyravait aussi slu. mauvais. vouloir, -péut-ôtre sême.de li:tra- hisdg: parmé les défenseurs, du château. cer quelques-uns propo- saient :de:sei rendre, tandis que d'antres, abésionnant leur péste, charehaient à fuir. Pinsieura s'élançaient du bant des murs-dans: ledossé,. ot ceux quiréuasissaiont à ne passe noÿer, jetant loin doux tout ce qui aurait parles faire: reconnaître; afin d'échapper plua.sûrement, se mélaient ensuite à la: foule bigarrés des aspail-. lants..Un pott nombre, par attachement à Ja personie db l'évêque, . se:rangèrent. autour de lui, +t-epntinuèrent.de défendre ls tour. oqùils'était réfugié, et pluseurs aulies, craighant qu'on ne: leur fit aucun quaxtier, “ou. poussés par le courage: du désespoir, dér fendaiemt les boulevards les plus éloigaés en quelquonantregéours de.set. immense. bâtiment. Cependant: les :assaillenés; stiaitrbs- des. cours etdes parties inférieures de. l'édifice, a'actupaient à pour suiyre les vaincus et à.le metite au pillage, lorsque tout à coup! un sul.homme.. comme sit eût.ekmrebé bla. mort: au moment: MMA -OÙ. tous ‘les autres Je. Furet s'éflorçade se frayer uni

ol: , ct. 4 1 ets f 7 ‘5,11 «*{ ss: fe fois: F,

4 giésharen qi p. suparhe éoile pri 8 de la copstoll n du Tapregn ; oÙe le avéc'plusteurs hutres une espèce de couché pe: Voye més Létties sur Pas nb; tome EE, pc U72. Ms 'Uipl:, Ji"; Feet Toovo tt

"ORAPERRE MA: me chemin au :mileu de -cetie:stbnéide tumnlte et d'horreur, rar som imegisetion an redoutnit:une:plus:terrible.que eelle:qui-fraps paif: dans ee. moinent sû-wue ef si:eaprits.. Quieonque: eût ve Qnentin: Durward:dabs,icetté. muit fatels l'eût classé parrai lea pla gramiia-fous ; quisonque eût. apprésié-la. cause qui le faisoit agir. l'eût.rangé au nombre.des héros de reman.

- En s'approchant:de Schanwaldt par le môme cûté qu'i en était parti, il rencontra plusiéurs. fayards qui, .se précipitant vers le bois, l'évitèront comme ue oanemi, paree qu’il venait par une di. rection opposée à celle qu'ils snivaient. Arrivé plas près du chèr teau, il put entendre, el-mêtme presque voir, des hommes qui-#e- laissaient glisser des murs du jardin dans Les fossés , tandis ail lui semblait que d'autres étaient précipités. des créneaux par.ios: -assaillants. Son courage n’en fut pas ébranlé un seul instant. {FE n'avait pas lo temps chercher l’esquif, quend même il kui oût 6té posaihls de s'en :servir; il-ne fallait. pas davantage songér. à: approthér de la polema du jardin, : obstruée comme ele l'était par de nogibroux fuyards, pressés et renversés par -ceux qui.les suivajent et tombant dans le fossé qu'ils ne pouvaient traverser.i

. Étitant cet: endno., Quentin .se jeta à la nage près de ca que Pon appolait la: petite:ports- ‘dpæthâteau, an:pont-levis était eri4 core levé. Il évita non sans peine k main de plus d’un malheureux! qui, 2e-sentant ‘enfoncer, chérchait.à-s'accrocher: à lui: Rarvenu auprès du pont-levis.'irsaisit-nne.des-tliaines qni pendatènt, et; grace à: son agilité, il parviikt, après de-grands eflorts, & s6.tireh de l’eau. Halait atteindre da pléte-formè du pont; dorsqu un: lans: quenat:.accourut vers Ini,-et'lèvant:son babre. ansinglanté:, 5e dispqsait à lai porter un coup fqui-bien ‘certainement eût été cetoi de la mort. « Gorstment dont; caniarade ! » dit’ Quentir d'on trs dautorstéz « estkae ajasi que vous.secourbz on em? Donner-#hoi la mains 5 7 eos not anti te

Le soldat, sans répondte ‘um mot, et-avec um, peu d’hésitatieny

Ini-tendit ka main et aida ”ü monter -sar plateforme ; lois] sans lui : :ésspnicitemps ‘de réféchir;-Durwarid,s'écria du môma ton d'atitorité::, « A laitour -de'4'Ouesk, si-vous voulez vous our b! Chir: Lé’trésor de l'évêque:est:dans la tour l'Onoëf. À je toux de l'Oxisst, le-trésor: est dèas;la’tour de l'Ouest ln répétit-t-on'de £ous oûbés : et les traîneurs qui Les entenitirent,;sembiabies à des loups-Furieix, se précipitérent dans ie-chemie bppobé à detairque Quentin, mort ou vif, était résolu de:quiÿèes.: : ‘2h "ce"

te QUENTIN DURAND. Avr he dudhies ques'il oûtébl) non Humélsbro des vais. -e0s, mais at nombre des vainimenrs, üli solrendit dérèctipuent se jurdin, qu'il fraversa plus aisément .qu'it n:debait sy attendre. ke ché À ln toitr de l'Onbst ! » avait iattivé vers gette Lob-une pintie.des. hssafilentss ete sq tlé de tromperie, des rise guerre, appelaient en ce mérrient:los autres pour 'repousier:ané sbris due. les défénédurs de fa tour phretais, #Y et pluicé l'étéqueax Milieu d'eux, S'aphirôtaientà tenter, -eni désvspoir::de causé) pour sb frayèr un chemin étsortiridh châtens: Quentin 5e dirégeë! done vérs: lefardin d'un pas rapitie; et le etEup agité par l'empéremeÿ 2t Fa ctainte, 4e recoariaident à v6s-puissances célestes quid'is- Vaient protégé dans les nemibreër périls dinquèls se vie vanité étposée, ‘et’ déterminé à vainereron à mourit dans cétéd: etre prise désespérée: | L j:Gominie ‘il s'appréteit à Y entrer, trois bras fohatisetit sur lait lance: lévée'et criaht : « Liége ! «Liége! s Se miettanteerdié- fünse, ils sans frapper, ibr répéndit ti Franbe! Franeed éai ds ‘Éiége!:— Vive ia France! slécrièrent ibs buurguois ds Liége,et ils passèrent outre. Lermêe signal fut ustalisinari qui le entre l'attaque de quatré ou cinq dés soldats d5 Guitiauee della March, qu'il bouve ‘rôdent dans le: ‘jardin, et: qai. obtient sr ‘-Imiren-erihnt : in Sengher ! Sanglier Low RC ST TE CET n'Ba-un rnot ;: Quéntin comanença à ‘espéser ue eo: ‘carertére prétendu il’enroyé du'veii Lentis;rinstigatolir sect des insurgés de-Liége:et prütecteer:caché de Gulkinmg fe la Marok:,peurrait lei ‘faire traverter ss danger Les horreurs de dette neïg. 111 - ° En: approchant de da tourelle, à frisson :entéouvent:laipotits parie lskérale par inqüetie Martbü:pt a comtesse j'a vaiah tinepsist peu aufaravant: obstruée:par-de. nombrentemdavbs. .::1. en mit précipitammtent deux de etté, et -ibpobmit koproë sat le troisième pour franchir le seuil dela porte, quand ui detre, Qué gisait enveloppé “de :s0n rhanteau., 15:priè-dà s'artétée et. do l'aider à se relever: Quentin ‘s'epprétai à employer ‘tn: img on pou dout pour se débarratserid'iét-obsthche si- intempestif, qtiand la mort supposé mjoutz: « Mon arfnute m'étouifl +jomitis Pevillen, lesyndit de Liége ! Si'vons: êtes:ideg 0e, je vons’ènrkchirais sivousêtés contre niôbs ; fe: vots! pratégéei y mais: Mais : ! nd me Mist. pasimourin domine en popc-qui éboufle bdas-scé toit. * ü shitiér' de cette scie de. sxhg et de: cünfrsion } in ‘peésenee d'esprit de Quentin lui fit'apeætevoir tot d'uti coupique ca idigni-

tige pepyaitayair lonpyen de proidger sarotral- nid à se. rpinetére;: sur 564 pieds ,.et lui-deppandass'il. était blessé,

. rs 180€ suis par-blessé, du moinsje. ne,le pensA pas: népondit.

é Hourgagi ais je n'en pyia plus-Asseyez-vons deng sur cette pierre, et reprenez haleine ; je reviendrai dans un moment, mQuel.partisuivss-Koyai.» di, le hourgenis le retenant encore. r.“£eli, dela France, calui de-la France, » répapdit. Quentin Gherchagt n'en. aller. + « Eh !wais.,: rest. mon aimable etjenne, archer?s"écrie le:dignesyadic. Puisque. mon heureux. dastin m'a. Uit-rençontrer je ami -dnacelte eUrpgable suit, je Fous jure ques je ne le-quitierah.pas. "Allez pariqué, où, ban, veus semhlera , je, vou-acçumpagnerai ; Rf S: l'RELARA analques hraves garcons de, ma carperation. je, BORrrAL ON BrY Ur À mopLour; xals ils sanf, dispersés.çà. et. là, commune ‘une mesure sn FRA Qbe | quelle terrible quit! > ,, 3: . Tout ep,parlant ainsi, il s'était, pu dix bras. æ Quentin , qui.-sentant.ÿp.quelle importance pouvait être Bapphi-d'un per- sonnagpsi influent. ralentit son pas afin qu'il pit.le suivre, tout. en mangdisent au, fond du cœur l'obsjacla .que He SARPAGRIS apparit à.la rapidité de aa marçhe, à : 1.

a &hegt, de l'escalier était us autichambee dans lyquelle des, baltesiat des imalles portainnt- les anarques.. d'un .récent pillage. qer une parle de ce qu'elles ayaient contenu était. dispersée sur la pauaker ; une larupe .presgneéfeint, pasée sur la cheminée ; mépondait sa lmour mayrante pur le sopsd'ux hamme mort, où. primé de teutsmtiment, qui gisait:deranf Le foyer. ‘;

« Dégagesut.som bras de celui de Ravillon;. par unie violente se-

_Chusse qui faillit renvarsar celmiei, et sguablakie à pin lévrier qui. entratnn avec lui la laisse par leqüelle-son-gaxdien le retenait, Quentin. siélança dans une secopda chambre , puis dans une troi« situe -qui paraissait être Ja chambre à couoher des dämes da Groje. Line s'y trouvait aupune créature vivante, il appela Isa- balle, d'eboni à voix basse, ensuite plus haut, puis enfin avec Faorentdu.nius wialont désespoir: point de s#ponre, Ibse fordait. leinaiss, s'erzachañ les cheveux: fenpritda torre avec fureur; lonsqu'une faible lueur, qui brillait-à travers 1ps fentes. de la hoi= taie daps un co-ahmpur dela chamkma;:lni Bteanjecturex que la tapisserie cachait Fentrée-de-quelse réduit sesrot. Al l'es amine avoc-adtanideoin mue depromntilade, et-dépanvriten sfet una pire sprrète, sis /ele réitiarnns-aarts péitérés qu'il it-poat

255 QUENTIN DURWARD.

l'ouvrir. Dédaïgnant le danger auquél fl s'éxposait", HS" Éaria contre cette porte de toute sa füree et de tout le poids de’#on corps ; et telle fut la violence d’un effort suggéré par l'espérate et par le désespoir qu'une ferineture plus sotidé” n'aurait puy résister.

Ce fat. ainsi qu'il entra, It tête. en avant, dans ün petit ioräteire une femme , plongée dans les ahgoissés He \xiterreur ; Ktait agenouillée devant uné sâinte imagè à Taqueïle lle oil’ ses férventes prières. Une nouvelle terretr 1a saisit # te nouveau bruit, et elle tomba évanoüie sur te plancher. Quentin se préci- Pite, se hâte de Ki relever. O bonheur ! t’est cehle: qu’il a vouin sauver, c’est la comtessé féabelte ! Il la presse contre $on eœur, ki conjure de revenir à'élle et de tepréndre courage ; car elle est maintenant sons la protection d’un-'homrne dônt le cœur et le bras sufliraient pour la défendre coñtre une armée entière.

« Durvward, » dit-elle enifih en recouvrant ses ésptits, sest-co bien vous? it:me reste-donc encore tjuielque éspbir/Je croyais que ‘tous mes -afs, que le monde entier m’avüit abmdotivék à mon malheureux destiti. Ah! ne me quittez plus. --‘TaratàT5a- mais ! s’écria Durward, quoi qu’ puisse arriver, quelqué démger qui se présente : ‘püisse”cètte säiitte imagé me rétirér' #4 ‘Uivine protection , si je ne partage yotre'desfin jusqu'à ce qu'il sbit pros heureux !—"Très-pathétique, très-touchant èn vérité! » dif dérrière eux ane voix étoufféé et asthmatique: «c'est-une affüire d'amour, à que je‘vois..Suür moti honnéar; éetté dôtice créature ne me touche pas moins de pitié que si @’étäit a chéié Trudeken éïle-miême. C’est plus que de la pitié que je réclame püur eblte dame , meintieer Pavilion , » dit Quenitin erl.se tournant Vers fi, « accordez-lui secours-et protection. Appreriez qu'elle à été evhn- flée à ma garde d’une manière toute particulière par votre aHié le foi de France; si donc vou rie m'aidéz’pas à la garétitir de Béaité espèce d'insuité et: de vYiolencé, votié: cité’ perdra: Ia ‘faveèri de Louis deValois.. H faut surtout émpêeher qu'elle: tofhb6: au pouvoir‘ de Guillattihe de la Mardi. :— Cela sera difficile ;'répomtiit Pavillon , ‘car ces coquins: lansyaënets! sont Gé'vrais démons pouf ‘dériicher lesjblfos fflès : tais'je férat' de mob rhiétik: Pari sons êats l'autre'äppértement:, et fe songerai… D'escallèr est étroit: et Vôus’ pourrez gakidh M! porté üvécl voire pitt; Æaridis que,-placd' #11 fetôlre, tathorit'@s véir queues dès braves barçôns de M vorpbratitnilles corféyeuts dé°Ilége : ils

.: CHAPITRE XX. 90 ausqi fidèles que le.couteau qu'ils portent à leur ceinture. Mais d'abord, .détachez-moi ces agrafes, car je, ne Re Suis pas servi de. ce. corselet depuis la bataille de Saint-Tron , et je pèse aujourd’hui vingi-quafre livres de plus qu’alors, si les balances de Flandre-sont justes. »

Lorgque Jes épaules de ce brave homme furent déchargées du poids de l’armure de fer dans laquelle il était renfermé, il se sen- tit extrémement squlagé , ax en s'en revétant il avait moins con- sulté ses forces que son zélé pour.la cause de Liége. On a rap- porté depuis que le digne magistrat, poussé en avant, et presque malgré ni. par les hommes de sa corporation au moment ils couraient à l’aësaut , ayait été hissé par-dessus les murailles ; puis porté çà et par le flux et le reflux des combattants des deux “partis , Sans pouvoir prononcer un-seul mot, jusqu’à ce qu enfin, semblable à une piècé de bois que les flots de la mer rejettent sur le rivage, il fût renversé à l’entrée de l'appartement des dames de Croye, Je paids de son armure, joint à celui de deux hom- mes tués en.entrant, et qui tombèrent sur lui, aurait pu le retenir Jong-femps étendu s’il n’eût été secouru par Quentin.

\ La même chaleur de caractère qui, en politique, transformait Hermann Pavillon en une tête chaude, en un insensé perturba- teur, produisait des résultats plus heureux dans son intérieur, en faisant de lui un hemme bon et obligeant, un peu vain peut-être, mais toujours rempli de franchise et de bienveillance. Il recom- manda à Quentin d’avoir un soin particulier de la pauvre petite Fung-Frau!; 1; et après cette exhortation ay moins inutile , il se mit à crier par la fenêtre : « Liége ! Liége! par la brave corpora- tion-des {anneurs et des corroyeürs! »

Un ou deux de ses gens accouryrent à cet appel, et au coup de sifflet dont il fut accompagné, chaque corporation de la ville ayant adopté un signal particulier, plusieurs autres vinrent les joindre, et formèrent comme ane garde devant la porte située au-déssous de la fenêtre à laquelle ils voyaient leur chef. "Cependant la chaleur du combat semblait apaisée, et la tran- quillité succédait au tumulte. Toute résistance avait cessé , et les différents chéfs prenaient les mesures nécessaires pour prévenir le pillage. La grosse cloche du chäteau sonnait pour convoquer un conseil rilitaire, et sa voix d’airain annonçait à Liége que les insurgés victorieux étaient en possession de Schonvwaldt ;

4 Mot allemand, qui veut dire jeune femme, à. M.

900 . QUENTIN DURWARD.

toutés celtés de’a site fi tépÜnditient. el teurs: voïs ‘16frtafires "ét brfyarites Sribläient crier : « Gloire aux vañtiquédrs ? x ft-eft été nafurel que meïñheér Piviton sortit afors de ‘son Yôrt'! iiaif, soit pour ïle bas perdre dévue ceux qu'il avai pris sous sd'pro- tection, soit pour sa propre sûreté, il Conterita dépéther messager sur mésséget 4 son fieutenant Peterkin Ééisther. “Pour fui donner ordre de’se réhdte auprég de lai. ‘""

*Enfñ, à sa grande joié, fl'vit arriver Petertint; cars dis tourtts fes’ ctreonstances urgentes, sûit qu'it s’agft de guerre, de pélitique ou de commerce, c'était en Peterkin que meinheér Pavifion avaft coutume de ‘mettre toute sa confiance. Peterkin ‘éthit mn bte vigourëux et’ trapu, à visage large, à sourcñs noifs et épis ‘qui n’annoñçaient pas un caractère des plûs accommodants ;:et dort l'attitude ordi naire‘inspirait un certain respect. portait un jus taucorps bufflé, un farge ceinturon sôutenait son coutelas, & sa main était armée d’une hallebarde. n

« Peferkin, mon cher Mfeutenanf, lui dif son éhéf, voici-un fout _ glorieux :..‘une nuit glorieuse , devraië-fe dire; j'espère que pour

cette fois tu es satisfait? Je suis charmé qué vous soyéz , pondif le lieutenant; et pourtant, si vous appelez céla une vittôtré, je n’aurdis jamais cru qué vous la célébriez, en vous trouvant dans un ‘grenier quand on vous attend au conseil. Mais est“ déni si nécessaire que je m’y rende ?— Oui, aüi, “bieñ certaïnéhient, pour soutenir les droits ‘de la ville de Liége, qui sont ‘plus en dai- ger que jamais. —Mon bon Peterkin, tu seras donc toujoürs deur ÿ Grondeur! je ne le suis aucunement ; ce qui ph autres me plaira toujours. Seulernent, je désire que moûs n ayons . pas pour roi une cigogne au lieu d’un soliveau, commé IT est dit dans la fable que le clerc de Saint-Lambert a -coutüme de nous lire et qui est tirée du livre de meister Ésope ?. 1. Je ne puis de- viner ce que vous entendez par là, Peterkin. Eh bien done, je vous dirai, meister Pavillon, que ce sanglier, cet ours , s ‘apprôte à faire son repaire de Schonwaldt; «et il est probable que nousau- rons un aussi mauvais voisin que le vieil évéque, ef peut-être plus mauvais encore. If semble très-disposé à garder pour luiseul notre conquête, et n’éprouver d’embarras qu’à l’égard dutitre qu’il doit prendre : sera-te celui de prince , ou celui d’évêque ? C’est ane honte de voir comme ils en agissent avec le vieux préfat, qui est tombé entre leurs mains. Je ne le souffrirai pas ; Pelerkin

3 Maître Esope.

-GRERTERE XL. Le | s'ésria Pavillon d'un:ton amaplhatique: « jn détestais sx mjtre. mais non Je- télé quila-poitait. Bleus sortmes déx.conttt un, et seunne permettsünp pésdqakion Commatte de :tols excûs. -— Qui, naus mantsszaontreunion rasé ChIRpagUe., Ma daus ee: chétenii nous mogomasès qu'honume à kenuhc. D'alleurs Nikkel Blu. ès bpucheret tiute la causille: des laobogres sqsmnoncent en fryeut dGuileurte dela Marck,‘tant:deause des: topasaux d'uls:etdéé barriqutsde-vin qu'il a fa mettse en perce ,..qu'icsûse de l'amt eienne ÿplousie-qu'ils ant centre nqua, n00s qi faisons pestie: du corpmdesmétiers et qui 6n possédonsies priviléges. —+ Peter. dit Pwillo ,:nous:partirons ser l’heose pous la ville. Jane restesai pès-plus lenÿ-temps:à Sohoawaldé. :Mais:ies ponte sont levée, ka portes .sqné. fermées et gardées par:les lansquenets, Si nous essxyoba de heusfrayer ax chemin de vavs fonte, ses gons-rkt; qui p'ent d'antre oceupation que de se battre tous les jours, nous àti reugerené de la ballemauitre; nous qui n'avoni routubes dshcad bettnsique lea jours de, ft. -Meis-pounquoë att+il feemné.lps pom Mis ? »éexit lesyndicalacmé:; Qu/a-t-i bein de retenir. d'hèm« es-gens-prisanmiers? Ma: foi. je np saurais vous dire, Le bruitsqut.que las demes:de: Croye 3e; sont évadébs: pendant à . Mégrduthètons. Cela 2. mis, d'abord l'homme à Lx x Jongee herbe | dans maneokëbe qui Hti:faiait- pendre l.raisck, ebnisimpenant.c'ent | kevin qui:lui troie laccerveliez. »:

Le bourgimantre. jeta sur Quentin en regartk. de éémbtion, di srobléit ne: saÿeis quel, parti neendre. Durward n'avait pes porcs ue mot der: œtte-nenvessatièn-ctélait fort alumé ; il. VE: aussitôt que son: salut et: ciui d'issbalie dépendait. dir degré de méme d'esprit.qu'ibpotbeæit sonternvet, et ini courage qu’il ingpiretait à Raillbw: Brepané. donc liparole carnème 311: eût eu le dreit d'és- mattré:spn opinèqn = » Je-rpugis pour vous, -msinhesr Pavillon: dit à..er voyait. que: vous hésitez ser es que vous avez à farce catib ecœasion Allez bardiment trouver: Guillaume de la: Manch .; et denmasestleri à sortir der châteax avec votre liemienant., votroi éuyertet votse. file. Ike peut allégnoraucunprétexte pous von retenir nrrmemnéer. Moñet men lieutenant, c'est-à-dire moi et: Bolcr?c'eat au mieux. Mais qui est man éciyes st r Bibi, pour le moment, « réponlit l’oudneieux Écossais.

« Vous |. » s‘éeria. le bourgeois. embarrnssé ; 5" mas. n’êtes-vous: Pas ici en qualité. d’envoyé de Louis, du roi de France ? Cela ést Vrai, mais je n’ai.affaire qu'aux magistrats dela ville de. Liége. et

me QUEXTIR DUAWARD.

és n'est: qu'à Liôge que je délivrerairmon messaÿs. Gi; jeme faisais ecnnaître à Guïllaume-de Ja Marck, ne serdisie:pas obligé-d’en- trer:en négociation avec lui? et alors ilest probable qu'il me:re- tiendrait auprès de sa personne..il faut donc qné.vous me fassiez sortir. du-château en qualité devatre écuyer? -—Passe:peur mon écuyer... -.mais:veusevez pari de rha fille. Trhsohen. est, je Fespère, bien:tranquille dans mamaisün de Liége::.-e$ naôh:désr le.plus ardent serait que son père pût y arriver. —Cetisulame vèus dppgHere son père, tant quenous serons dans ce château. Et, »s’écria la comtesse ense précipitant aux pieds du bourgmæes- se eten embrassant ses genoux , «.si. vous m'accordez. votie se- çours, il ne se passera pas, un seul jour de ma vie qui ne me voie . soüûs honorer, vous aimér comme si vous étiez rson'ipère, et prier. pour veus comme une téndre fils, Oh ! laissez-vous fléchir!:N'ou- bliez.pas que votre fille peut tomber aux genoux d’uv étranger, _ lui demandant et la vie et l'honneur. Songez àcela, et accerdet- “moi la protection que vous désireriez qu’on ui acoordât::-Bn vé- rité, » dit le bon bourgeois touché de ce pathétique discours, « je csbis, Peter, que cette jolie fille a quelque chose du doux regatd de notre Trudchen ; je l’ai-pensé dès le. premier mümont que je lai aperçues et ce jeune henrme.si pétulant, si protpt'à donner son avis, & quelque chose du galent de Trudehen : parierais un groat 1, Peter, qu'il y a de l'amour daus cetie affaire, du véritable amour, et ce serait un péché de ne'pas lui être socourable. Une honteest un péché, » répondit Petérkih, honnête Flamand dont le cœur était plus tendre que la tête; et tout:en parlant ainsi, il s'es- suyait les yeux avec la manche de son justaucorps: > « Elle pas. sera donc pour ma fille , ‘dit Pavillon , bien enveloppiée dans son grand voile de soie noire ; et s’il ne se trouve pas assez de fidèles tanneurs pour "protéger la fille de leur syndic, je vaux qu'ils ne trouvent plus de cuir à tanner.. Mais voyons, il faut avoir ane réponse prête pour chaque question. Que venait faire. ma fille ici, dans un tel tumulte ? —- Et que venaient y faire. la moitié des femmes de Liége, qui nous ont suivis au château, si ce n’estqu’on les trouve {oujours partout elles ne devraient pas aller?.répon- dit Peter, Votre yuxgfrau Trudchen a été nn peu plus loin que Les autres ; voilà tout. Bien parlé ! s’écria Quentin. Du courage meinheer Pavillon: il ne faut qu’un peu de hatdiesse; suivez l'avis qu’il vous donne, et en eonservant votre présence d'esprit vous

#“.°

‘4 Pièce de monnaie équivalant à trois senarf de la nôtre. A, M. : -

‘. CRAPITRE EX, 20 ferx la plus belle action qui ait été faite ;par. Gharloniagne li: méms: Vous, auademe, envelappez-vous hion dans ce yaile-{ car poule répétons, un grand nombre de vétements.de forme étaient épars sur le plancher ); ne mentrez snctme-eraints; peu d'instants sufinont pour voiwmatire en Hbertéet en sôneté. Noble seigieur;& ajouta-t-il en: s'adressant à Pavillon, « merechons..— Aftiendez 3 attendes ! dit lesyndic , j ‘apprébende quelque malheur, CeGuike lume de Ja Marek:est un démon ,‘ un vrai sanglier de caractère autai bisn-que de nom. Si cette jeune 1ème sst en eat. ane des comtesses de Oroye,et qu'il vionne à le découvrir, que rie fera-t-àk pes sneolèrt s'arrétera-t-elle-? -— Et en admettant que je sois une de ces infortunées, » répondit Isabelle en essayant de se jeter de nouveau à ses pièds, « pourriez-vous pour cela me repousser daus ce moment de désespoir? Gh! que ne suis-je vatre:fille , le fille du pins pauvre bourgeois ! Pas si pauvre ; pas si pauvre, madame; npus payons ce que nous devons. Pardon, noble sei- gneur, répondit l'infortunée Isabelle. -— Je ne suis ninohle, ni æigneur, mais unsimple bourgeois de Liége qui paie. ses lettres de ebange en. bons florins. Mais celane fait rien à l'affaire : vousêtes comtesse, dies-vous ? eh bien ! malgré cela je vous protégerai. —Fôt-elle. duchesss , dit Peter, vous avez donné votre parole, et yous:ôtes tenu. de. la protéger. Bien parlé, Peter , très-bien parlé : c'est ce que dit notre vieux proverbe hollandäis : Ein wort, ein mdn 1. Maintenant, voyons à exécuter notre projet. IT faut que nous ptenions congé de ce Guillaume de la Marck; et cependant, je ne sais pourquoi le courage me manque lorsque j'y pense. Je serais enchanté de pouvoir me dispenser de cette cérémonie. Puisque vous avez quelques hommes armés prêts à vous seconder, marchons vers la porte et forçons le passage, ( ce sera | peut-être le mieux, dit Quentin, » :

Mais Pavillon et son conseiller, tous deux d’une même voix, s 'é- levèrent contre l’inconvenance d'attaquer les soldats d’un allié, et firent si bien sentir la témérité d’une telle entreprise, que Quenn tin, après les avoir écoutés avec une grande attention, reconnut aisément qu’il'serait ifnprudent de la tenter avec de tels compa- guons.-Ils-résulurent done-de se rendre hardiment dans la grande salle, où, disait-on, le Sanglier des Ardennes était attablé, .et de démander -pour le syndic fe Liége et ceux qui l’accompaguaient.

4 Mot à mot : wne parole, un homme. À. M. a

QUENTIN DURWARD, 19

set CONTE DEN ARD.

ht pormaion de’ sMir.de chtén , requis qui tarde trop jumte poër nepas tre accueitiie. Cependant le Bob bourgmestre Sotrpirai en regamdant. #05 COS HUE, 66 it dt à son fidéle Peter: Voyez. ce.que c'estqned'être trop sensible et-{rop heerdi ! Hélas ! Peterkia , combien mon. courage et mon hurmañité me coûtent déjà cher! Mais :cokshitn ess vortus ne mecoûierunt-elies-pas ebevre, avant que nous ' soyons sortis ‘de ce -mmlit château de Schonwuldt! » En traversant les cours ancbre jonchées de morts ét de mourants, Quentin , ‘au miketr cet horrible spectacle, doutenait Isabelle, cherchant à rebérer son espoir el s01t CCurag, ét Ri'rappelant à voix basse que som salai dépondait-entiiremont Œe sa fermeté et de sa présence d'esprit. =} ne dépend pas de La mienne, lui répotdit-elle, mais de La vôtre , de vôtre seule. Oh! si j'échappe aux horreurs de cie moi crache, toujours eme rappellerai mou Hiérateur ! J'exige cépendant de vous un nouveau service ; au nom de l'honneur de votre mbré ,; au nomt de Ha générosité de votre père. je vous sp plie de-me Faccorder. -— Que pourriez-vous me demander Que je #e sois toujours prêt à exéeuter ? » répondit Quenfin. d'une. vois émes.-«Plongezmoi votre poignard dans le cor, s’écria-t-die, phutôt que de me laisser eaptive dans les mains de ces monstres.» * Pour loute réponse, Quéntin pressa Ja main de la jeune een tesse , qui parut vouloir lai répondre de-mêthe; mais die en fut erpéchée par la terreur qui Faccablat. Enfin, tosjours appuyée str le bras de son jeunc protoeteur, précédée de Pavilion et deson lieutenant, et suivie d’une douzaine de kurschen-schaft, ou Un meurs, qui formant une sûrte de garde d'honneur à leur spadie, ce eñtra dans la‘térrible salle. : Les breyantes elametirs, Les éclats d'un rire féroce qûi portaient . de ce lieu, semblaient plutôt annoncer l’orgis d'mfâmes déssons se réjouissant après un triomiphe remporté sur k: malheureuse es- bèce humaine qu’un festii donné pat des mortels pour célébrer une victoire. Une résolution que le désespoir seul pouvait avoir inspirée soutéenait le courage factice de la comtesse ; une formeté indomptable, qui prenait àne nouvelle force dans le danger, rele- vait clui de Dürwärd, tandis que Pavillon et soa lieutenant, fai- #ant de nécessité vertu, pouvaierit être comparés à des ours 6R- éhaîtiés au poteau. prêts à soutenir une lutte dangerguse et iné- Yitable.

* AUHAPITRE XXII. 5

. X e 11 À Le » ;

A FrrRE xx.

| Le ee. L'ORGE. .

x cos O8 ent Dick, ie beiher tord? e

Dick. Ici, monsieur.

! Gade. Is sont tombés dovant moi comme des mou

tons »t des bœuf, et (u' esconrporté toimêtse comire si tu avais été, dans ta beucherie. SHANSPEARE ; Henri FI,

_. “I etoît: presque impossible de se figurer ün changement plus “étrange et‘plus horrible que celui qui était arrivé dans la grande elle du château de’Schonwaldt depuis que Quentin y avait diné : les traîts hidèux des hommes qui s’y trouvaient rassemblés pré- sontaient k vive image des misères del guerre ; d'une” guerre surtout faite par les plus redoutables des soldats, par les merce-

-naires d’an siècle barbare, hommes famiiliarisés par habitude et par métior tvec ce que leor professibt a de plus cruel'et de plus

-sänguinsire , et’ privés de tout sentiment de patriotisme , :de la moindre Tueur de l'esprit romanesque de la chevalerie; vertus dont la‘première distimguait, à cette époque, d’une manière parti- cubière, les braves paysans qui combattaiént pour la défense de leur patrie ; - la seconde, les galants Chevaliers qüi prerisiént: lob er- mes pour l'honrieur et l'amour de leurs dames.

"Dans cette même saile où, qifelques heures auparavant, des ot. “fidiers civils etecclésiastiques, assis autour de la table, prenaient

un repastranquille et décent, dans lequel le cérémonial permettait à peine une plaisanterie faite à voix basse : dans ce même lieu'où au milieu de la supetfluité des mets et du vin, régnait jadis un dé- cérummn qui allait presque jusqu’à l'hypocrisie, on voyait alors une Beëne de débauche si farouche et si bruyante, que, Saturn lui- mêine Y eût-1? préside , le désordre n'aurait pu atler plus loin.

Au haut bout de la table , sur le trône superbe de l’évêque, que Ton avait apporté à la hâte de la salle-du conseil’, était assis le re- doutable Sanglier des Ardennes, bien digne de nom terrible dont il affectait d’être charmé, et qu’il éherchait à justifier plei- hemerit. Son casque ne couvrait point sa fête, tnais il portakt sa pesante et béilahte armure, dont il se dépouiftaït rarement. Sar ses épaules était ën vaste surtout fait de h peau apprêtée d’un énorme sanglier ont deb pieds et les-défenses étaient d'argent

:886 . QUENT IN DURWARD.

massif : la peau de la tête de.cet animal était arrangée de manière que quand le baron la tirait- sur son casque ouba tête nue, en guise de capuchon, comme il se plaishit souvent à la placer (et en ce moment il la portäit ainsi , Ayant déposé son-easque) . elle lui donnait l'air d’un monstre ricanant d’une manière horrible. Ses ‘traits n’évaiétit paë bésoin de cet horrible ornement pour augmen- ter l'expression horrible qui leur. était naturelle. -

La partie supérieure du visage de Guillaume de la Marck, telle que la nature l'avait formée ; pouvait presque tromper sur son caractère: car quoiqueses cheveux, lorsqu'ils étaient découvérts,

, ressemlilassent aux soies rudes. et sauvages de l’animal.sows la . hüre duquel il les cachait le plus. ordinairement, un -front élevé, . découvert et mâle, des joues larges et colorées, de grands veux -vifs et un nez arqué comme .le bec: d’un aigle, aomonçaient le courage et quelque générosité. Cependant l’effet de l'expression .que devaient avoir de pareils traits était détruit par sa violence et son insolence accoutumées, qui, jointes à la débauche :et à l'in- :tempérance, les avaient marqués d’un caractère qui formait un contraste frappant avec. fa rude galanterie qu'ils auraiont pu ex- -primer, s’il avait-eu l'habitude de vaincre ses passions. Sa violence habituelle avait enflé les muscles de ses joues; tandis que dé- ..bauche'et l’intempérance avaient terni l'éclat. de ses yeux, rougi . la partie qui aurait enêtre blanche, st donné à toute sa figure une hideuse ressemblance ayec-le monstre auqéel le terrible ba- -ron se plaisait à ressembler. Mais, par une contradiction bizarre, : de la Marck, tout en affectant d’avoir quelque rapport avec k sanglier et de se plaire à en porter le nom, s’efforçait, par la lon- . gueur et l'épaisseur de sa barbe, de eacher la cause qui le lui -ayait fait. donner dans l’origine, c’est-à-dire une bouche projetée . en ayant et une mâchoire supérieure extraordinairernent épaisse, . garnie de longues dents qui le faisaient. ressembler à cet animal. Enfin, son ardeur passionnée pour la chasse avait contribué aussi / à le faire nommer le Sanglier des Ardennes. Sa longue barbe; hi- _deuse et jamais peignée, ne diminuait ni cette diormité ni l’hor- .reur qu'elle faisait naître, êt ne répandait aucune dignité sur la brutale expression de sa physionomie.

Les officiers et les soldats étaient assis autour de la table, mêlés “avec des Liégeois dont quelques-uns étaient du rang le plus bas: parmi ces derniers on distinguait Nikkel Blok de-boweher, placé à £hié dede la Marck :,ses:manches retrouseées laissaient à nu

: CHAPITRE “XXI, =. 2#s°

ses bras téints de sahg jusqu’au coude; son couperét, placé de-. vant lui sur à: table, en était également couvert. Plisiours des soldats portaient des barbes-longueset affreusos à l'instar de leur: chef: leurs-cheveux tressés étaient ramenés sûr leur tête de ina-

mière à augmenter. la férocité naturelle de leur aspect." Evres,i

comthe péraissait le plus grand tiombre, et-de leur triomphe et: de leurs chpieüsesiibetions, ils présentaient un spectacle aussi’ bideux-que dégéûtant. Leurs discours étaient tellement mèlès dei blasphèmeés, les thansens qu'ils chantaient, sans que l'an montrât la moñidré intention d’écouter.l'autre, étaient si licericieuses, que: Quentin rendit grâce 4 Dieu de co qu’un tel tumuite empéehait: sa joane cémpagne de les entendte’ - . ts

“Il. nous reéle: à-dire que les visages pâle et le maintien in? quiet des béurgeoia réunis aux Soldats de Guillaume de la Mark! dans cette terble.orgie, montraient le peu de-plaisir qu'ils pre- aient à cotte fôle:et la-crainte que leur inspiraient léurs compa-1 gnons ; tandis que: les hommes du;peûple, ayant des sentiments: moins élevés ne voyaient dans les excès de cette soldatesque qu'ünié ardbur martiale qu'is s'efforçaient d'imiter, et au nivéau de-laquelle ils cherchaient. à atteindre, en avalant à grands traits’ le vin et. le char zbier : c'est:ainsi: qu'ils excitaient leur éourage: en $e"#vrant. à ‘un ve que Fat-toajoues Krop corarcun dans les. Pays-Bas. - ”.

La mauvaise ordonnance: da festin répondait'au | mauvais choix: |

des <onvives. Toute :lx vaisselle plate -de l’évêque, et mênie les vases qui appartenaient à l'église, car. le Sanglier-des Ardennes ge : sonciait peu-d'être. accusé de sacrilège, étaient péle-mêle sur La” table avec dés brocs, des outres; et des gobelets ie. corne de l'es- pèce la plus commaue. . :

Une cireonstance horrible nous reste < encore à décrire, et nous laisserons volontiers à l'imagination. du. lecteur’ le soin d'achever: cette scène. Au-milieu de l’affroüse. licènce à laquelle-s’abandon- naient les soldats de de la Marck, un lansquenet qui s'était dis-! tingué dans te.canibat par son courage et son audace, n'ayant pas trouvé place à table, s'était emperé, avec uhè rare impudence,. d’une grañde coupe d'argent et l'avait emportée en disaht qu’elle

lindemniserait:dé Ia perte qu’il faisait"en ne prenant pas part au. :

festin. Le chef rit de bien bon cœur à une plaisanterie.st conforme: au caractère dela <empagnie ; mais Jonqu'us autre, probable ment moins renommé pour sbn audace-dans le; combat, 86-hasardx

200: | QUENTIN -DHR WAAD.

à prendrpda mômeiberté, de la. Marckcmit peomptemonk:un farm. dnhe telle prétention, qui n'aurait pas;tardé ändépouiles la table da-tousies ornements les plus précieux. * .

«Par Fespnit.du tonnerre! sécria-t-il, eeux qui n'osent tre de hommes dexaot l'ennemi doiyent-ils: prétendre être des voleus avec lours:amis:l Quoi ! effranté. poliron | toi qui-attendais que a perte fât ouverte et Je-pont-levis baissélasaque Conrad Honi:s feéyait un chenin:en franchissant. le fassé'et: en. -emaladant ke murailles, oses-tu être si impudent? Atiachez-de.au hauk descelie fanêtre; il-battra la mesure avec..s08 pièds, tandis que. pos bai rsins rasade à la-sûreté de son voyage.chez le diahla; ». +: -

Cet arrêt ne fut pas plus tôt prononcé. qu’on le mit arpaéooions etn:instant après, le malheureux, suspondu a8x. banreapx, ld- tait avec la mort. Lorsqué Quentin et,ses, compagnens eatrèreuk. dene la grande. sable, son cadawre était. encore. à ér'gihet, ob inier- ceptant. les pâles rayons: dede lune,. il jetait sur le: plancher ue ohbre:incertaieso et. horrible. quhfaisai soupgonner la mue coups qui'læ produisait.

:-Quand.le syndic Pavillon entra, son nom presa. de. bonohe es bouche dans cette! tumeltneuse:réunion ; il ‘s'afltuça de: prendre un air de:suffisance et de calmes. convenable à - -sau éutorité-et à sen influence, mais un ‘regard lancé susle terrible: 6bjet suspends à la croisée lui fit presque perdre toute sa réselution, en dépit.des exhortations de Peter, qui lui murmurait dans: Fongille-d'us voix dgités: « Courage, mon maître, nGUus sommes perde »

Quoi qu’il en'soit, le syndie.conserva sa dignité autant qu'il lui fat possible, et, dans un discours laconique, complimenta la com pegnie sur la‘grande:victoire-qu'avaient rempontéa les soidats de de la Marck ét les bons citoyens‘de Liége « Oui, »répliqua dela Marck ironiquement, « nous avons enfin.abatéu le:gibier, disiil le petit: chien de-ma dame.au chien ceurant. Mais, monsieur b bourgmestre, vous arrivez telque Mars, accompagné dela.beauté: Qui est cette belle? écartez.son voilé, écartez son voile ; -aucum femme ne peut dire cœtte nuit que se beauté lui appartient. C'est: mai file, vaillant. capitaine, répondit Pavillon;-ef.je vous conjure de-lui permettre de cansërver son voile. C'est un v@il qu'elle a.fait aux trois biehheureux Rein de Cologne: Bientt- je la relèverai de ce vœu; car; d'un coup de -couperet, je wais tou à l'heure me consacrer érêque de Liége.;:et, je crois utaa dreqne vivané vaut miens que: 1n0is:vois DaOris AU TS et ste.

| . CROIRE AE :. ess . dites mristsios savires fans, entie commu nié. de Liése, ot méme quelqunt-nns des faueuthes sridets du iSenglr

. ee Ardennes révésaient :l2s ‘Treis-Bais de Gologne, san eg

Vésuommbelt céarmenétncnt, qualehe du rase 5x a roepocinasant sièn:

…edemientamis point cflemscriouns dédu nées muieatés reprit de da dterc , jessis salement:résoiu à me face éxèqur Le priheg pont:àla feiiséoulior 6 Scchinientique., qui:s da srai List aide débier ,:st plusccamnemable pour: diriger. up bande damigsnunés tie que vus. à qi ponsenne .rosésait ecsorder Fabebhstine. Mais approcbez, noble bourgnesteæ ; asséyer-eroes grès de snaki, Wous-verreti combné je Ty prends pour: rendre vacnsts a place veux Être été: Qu'en eméee motre:potibécmeenr mess amatalégs. »'.-.

." Al iacirarrt Pélondens is sis, dioique: PébiLonrotaset œet:-mmodestierls plore:d'hoeseurague de la'Mereir, vospit de li afiir, s'asit à l'antes boat: jie La talde:; ses 0017 tisse" prosméent derribpelni , tel qu'oe voit-en:teouipenr de saputons se-rssimller derrière on :véeux liélier qui, por:dreitiet-per’auterité ; Leur sol: le mai oi courage supérieur au leur. Tobt près:de:ia plaus qu'il iotarmpait était: mn: très-boau jeune:homme : en de disait:ôtre fie

eaturdl: dr fécocs dote Marek, qui pérfors lui témoignait dia tu

ééctién et méme del teutirense, La mère de e-joine homme; famtne d'uus boseté paréaite , et. concubine du Sanglier: des An dennes , avait péri d'en coup que ce dhefodieut lui avait paré duis:om aveës d'ivreise et de: jalousie. Son tristé-soit ft éprouver

eutyein autant de remords que sen cœur était capable-d'enre8s

sentir, et ét est: possible queson'attschement pour le-fils-qui-éure réeut à. cvite-miortunéo: ft -ên partie: à triste événement; Quentin ; quele vieux prêtre ail ibstrait de-ceifé particularité _duearactère du corsmandant , s plage aussi: près qu'il le put da jeune horatie. eu'question, détermité à s'en. fdire un Ülage a protecleur ; sil ne-voyait pas d'autre mioyen:de salut. ‘25

Tianmdisique chacun: attendeit-avec inquiétude le. résuhat de

crüres que le Cyran. venait de donner, ‘un4ies homme den suite

dé‘ Pavilion äit:bout:bas à Forofils de Peter : « Notre: maitte:n'x til pes tiquecetto fotaime ést-sn Bille 2’ Pour quel motif donc? GH'ne1pont être:suPrudéhen - cette: grande:gañtlarde à du Iu0ing deux poucus-de plus ; cti$e vois: te bencle de: chevènx noiras6e Chapper de dessous son ‘raile.: Rar.Saiet-Michel de Ja place du

ee QUENTI DUEWARD.

Marohé, on pourrait tout'aussi bien dire queda pose d'ats bhi- ‘ëho génisse appartenait à ur noir bouvillop: Chat! cliuth» gondit Peter, que présence d'ésprit n'abisdonna-pas, « “arnatre imaître veut dérober uñe pièré-de gibier-du parc l'évêque; ed l'insu de notre bonne maîtresse, est-ce à tof à moi de nous quiéter ?—Ce n'est pas mon: intention, frère, répondit Sen cama- gade , mais je n'aurais jammis imaginé:qu’à son âge. il. se fût has dans la tôte de dérober une telis-biehe. Tudian ! quelle prude:fée! waois-capamne. elle. se tapit sur: son siége ,demribre n0ô8 gens ; pour éviter les regards des-marckers 1: Mais nogarde, regardes quevont- dl: fair du ‘pauvre-viefl évêque ? #7 + ii":

.-Ep.06 raoment l’évêque de Liéga, Louis de Bourber: à rentrit

tes a grande s4He: de-son propre palais, trainé par'une:soidates- que en délire. Le désordre de ses cheveux, de sa barbe.ét-de ss Ivêtements., attestait les-mauväis traiteshents qu'ilrvait déjà 'es- isuyés; quelques-uns de ses ornements sacehdatait avaient-été jetésaux fui à la hôte, probablamentinour onsner én: désision:son Raiactère-sueré, pour.se mpquer de son pouvois tergporel :Pur an: hereux hasard ,-aimsi que Quentin fit nortéà de croire ;:h comtesse Isnbelle, dostt les sentiments ,.en-vayent soû protecteur dans-une . telle situation. auraient sans douée tmaht son secnet et orhprOMIS sa sûreté, était placée. de: manière à ce qu'il lui. jmposaible de. voir bi d'entendre. ce qui alléitise pésser ; et il se tint constamment devant elle, afin qu'elè ne pit rien chserver 14 $0re observée elle-même. tape nt

‘La.scène qui.suinit fut-courte, et effroyable. ‘Gonshait devant ls marohepiel- du trône du sanguinaire’.comamatidant, l'infortuné prélat ;, .quoiqu’il-n’eût.été remarquable, dabs toute sa vie que par la douceur et la: sensibilitéxle,son: caragtère, dénieya en cet affreux moment ane dignité et jme noblesse qui Convenaiert au noble sang dont il était.issu. Lorsqu'a fut. dégagé es mains bru- tales qai l'avaiénit amané , son regard dévinteakme et-ferme., son maintien noble et résigaé,; il y avait alors en: li qüelque-chose qui participait à Ja fois et d’un patissané princé et d'un rnartyr chrétien. De la Marck: lui-même: éfirouva quelgse émotion en voyant le calme kHéroïque spn, prisonnier ;: Jesouyemindes bien- faits dont ce prélat l'avait comhlé le rendait résolu: il baisse les zeux., st ce.ne.fet qu'après aroir vidé. 4n:grand-verre de vin que regards et s0$ manières reprirént teur HertéietiJerr insglene

4 Métokeré (marcaiéitly: les gt du'énfblienl ua ‘7 "1. :

.CŒRAPITRE LAN: : a hébiléblies.. S'atrémant ensuits'x son méletreut priuier: ‘il: Hiridit en: respirdnt avec peine. tai nontrant le: poing ; grinçant hs:dents, et-eherchanst par” ses’ gestes’ à: éxiciter-at: entretenir: férocité naturelle sx J'ai. recherché "vaine anitih) vousmel'avet refusés ::j6: vous dhoffert la miorirre ; vous l'avez dédaignée ee - hedomwrier vous pasmaintonaé pour ap'avairagi atnementx Nikkel, prépare-toi. » : U" org tt 4 vuf ‘Le bouctiué se leva: inisitr sa hache, ét | courant ra plates der. rite 1e vhbge: da frrotohe dela Marèk, à la tint yréed'an bras Hervèux. LES * Voigtu cet homme; Louis de Bousber? ropritie commandant, que 'offcires-u ‘pour - te 'scustrhire au deetin qui (e meme” ‘on ce moment? n°7 0 .} "E’évégue jeta un idgaid méläuovlique his ferme surie iorrible satohite,:qui semblait prêt à exécuter. les ordres du :tyrari, puis répondit:uvec fermeté : « Écontez-moi ; Guikisansé der la Marek et- vous tous, Hommes. vertueux ; s’A'est'ici quelqu'humiedqui soit dne'de.cb'acm:; eitemdei-rèus ce.que. jo-puisoffrin à est fumé dillèume de la-Maroie. ‘Tu as poussé: à da rébellion -une ville impérials, tu: 4s atlaqué ot pris d'assaut le pakis d'an:printe dur sait Empire germanique : tue avmassatré ses mÿets, pillé-ses trésprs, nliraité sa. personne. Pour tous-06$ méfaits, tu as rité d’être ris a ban:de: l'Empire; d'être déclaré proscrit et hosh la doi ; d'être prité: détes biens-ét de tesdroits. Tuas fit pire en eore ; tu as fait plus que violer les lois humaaines , plus que-niéris tes la vengeance dès hommes: {u ag viok la maison ‘dn_Geignens; porté tes mains injustes sur un père de l’Église , souîlké le sanci: téaire de-sahg étderapine’, commiun brigand sacrilége:—Asstu fini? »-sécria del Marek. l'interrotmpant-avec fureur et frappant du pied. -— « Non, reprit beiprélat; Car je ne t'ai pas-encore dit ce-queij'ai à ’offrir.—Poursuis done, et puisse ta péroraison être: plus de m'en goût que ton exorde., rhalheur à ta tété grise 1»:

répondit de‘la Merck. Et'il se jeta sur le dos de son siégeren grin-! |

çant les dents, tandis qe l’écume sortait. de sa bouche commé de! côlle: l'animal sauvage doht il portait le nofn'et les dépouiles ; « Je t'ai dit quels sont tes crimes ; » repèit Yérôque avec fer. mpééet résolution, « maititenant Connais:ca que js)pois t'offiir.

Comme prince miséricbrdieux . ‘comme ‘prélat chrétien:, jo mets, de eûté més:pflenses sersopneljes ; et te.les :pardonne tontes sent exeaptien. Jette-tonr bâteh ds comañilant ; -ahdique, un-pounoir

ze QUENTIN JUSYADD. * Msurpé, vends iliberfé à tes-prisouniers , restitue:le petidpit de ies rapines; distribue ts biens entre coux:que ttes faits orphe ns, entre celles quetu;es rendues vouress jetiailcseondres su te tôte , revôts-toi d'un set-et , ns RMorniER mais, vaiè Réstan an - pélerisage: nôus implorerons nons-aiémé pobr: tnvieda CS côrde de la:chambre”inpérisie de-_Ratishonme , et pourren êsue pécheresse celle de notre saint père le pape. #1: ‘-.-.1* 1, - Tandis que Evaisxle Bourbon 'prennenit ces chadititen d'nn ir aussirésoht quo:s'ileût été assis sut sont: brûme épissepel:eé.éue Fusurpateur eût été agenouillé en suppliant à ses pieds , leéyren se rédressait ientement.sur.son.siége. Lai saiprise, qui :dhbord s'était empérée die son esprit, cédait; peu: à peu: à la rage. Enbn, lorsque l’évêque eut cessé de parler , il regarda Nikkel Rlok, et; sans prononcer: un mot, itleve mmdtigt | Le:béurreauifcepne eum- me s'il'eût. repli. sen affice habituel dans at-uenie; at F6 véque tomba, at pisddesoti:trônesans isisser Échapphar-ut géesisipenent. . Les Liégeais, qui n’étaserit point poépanéed ane ai horrible cata. tronke, et qui-gspérmient' que tpite conférenesss forminerait per miaceoniiodement, se Jlevèrent spontanéinent,rietant des: érié d'horreur et de vengeunos Mais Guillgome die-tà Merck, agitant se main fer mée-et:30n bras étendu! s'écpis d'une voix toérible: qui se ft entendre au-dessus du turaulte «By quoilivils pourocent _decLiiége! vous qui voos véttrendans ki bünrbe de li Monsè veus esortez lutter contre Le Sasgilier tles: Ardemñes Allons: mes man esssins (expreion dont: lui-mémie et'heaueeup d'antres be me vaient ponr désigner ses podats) |nontsez:vas défense à css porSs flamands. » A à Tous-les siens tereat debout sa mé. sustint, -8becmmme: ls êtaient mélés.avee leurs cidevant: alliés, qui ne :s'attendaient güère:à une telle surprise, chaoah:d'eax saigit son voisin-au callst, tandis que de la main. droite ikibrandissait sur sa tôte : un: large coutelas: sur {equel se réfléchissait. la lusur des lampes st: de lx lume. Fous les bas étaient levés, mais personne no frappait; cer ‘les Liégooïis‘étaient trop surpris pour oppèser quelque résistence, ‘et iest même probable que de la Mepoi menait: ‘que finbeméion d'effrayer ses conférés, . Mais, grâce au courage de Quentia Dururrd, demt le présence .Sraprit etla. résolution étaient an-dsssus de: son Âge, et ei. était sttmmié en ice:moment par tout ce:qui était le plos éxpabls d'oug- menton pen énanè natarolle, da: sont elmhgowtout:à coup: imi-

CHARITRE XXE. JR: tant les saklais de:da je: Merck, il s'élanga sus Carl Eberen, le. Ge. du.Spoglier des Ardennes, s'en rendit aisément matira;.el, Lai. appuyast la poiaie de son poignard sur:la gorge, ike'éuria: s Estroa . donc:là votrs jou? bien] ja.me mets de la partieArrôtezs s'écaia. dela Marek: corn’est qu'un.jeu, uxs plaisanterie ! Cropez: vous .que j'aie. la pensée de menacer la. vie de mes bens amis, de mes chers alliés de La. ville de. Liége? Soldats, chez prise; ot. assaqas- vous! Allons ! qu'on emporte cette charpgne qui a 66 la, cause de cette querelle entre amis,»poursuivit-iLen poussant du, pied le.cadarre ds l'évêque, «et. Faisoma-en dispgraltre, lasqumnir. en vidant de nouveau no6 verres.» - . :

Chawun obéit; et tous, soldats.et Liégeois, se ragardärent losüns, les autres, sactiant à peine. s'ils étaient amis.ou ennemis. Quant. Duswardisisit ce moment et s'éçria:

. +4 uilaurme de la Marek,.at vous, beurgeais et citoyens de. Liége, faites silonce; quant à vous, jeune. homme, ne bpugez. pe. ( ele jenme.Canl essayait de lui échapper): vous necourez aucun risque, à moing que es jeux piquants ne se reupuvellent.— Qui, estu-as. nom du disble dit de le Marek frappé d'étannement,, qui e5tu,, tai qui siens m'imposer des conditions et me prendre. des okages... à moi qui en impose aux autres, ef. quin'en donne. à .pensemnp ?--Je.spis un: serviteur- de ‘Loüis, rpi de France, ». réperdit bardiment Quentin, « un aseher de se garde éeossaise,. comme mon langage et mon costume doivent vous le faire reçon- naître: Je: auis-ici: pour. absarver. votre oonduife.ei lui en rendre evmpte; et je suis étonné de voir qu’elle est celle d’un païen plutôt. que d'un. chrétien, d’un fou plutôt que d’un homme sensé. Ees troupes de Charles de Bourgpgne vont marcher dans peu çontra. vous, et si vous voulez 4ne la France: vous envoie du, spçours, il. faut que:vous ‘en: agissiez autrement. Quant à vous, habitants de Liége, retirass. sat-le-champ. dans votre ville ; et si quelqu’um vient:mettre-abstaele à votre départ. ‘je le déclare ennemi de mon, maître le roi de France, Sa Majesté très-chrétienne.— France gt. Liége ! criérent-les gens qui ascprtaient Pavillon , et plusieurs aukros bourgeois dont le langage de Quentin commengait à relever le:counage ; « France et Lifge: vive 19. beays-anier nous DOS VINFONS- et nous mourrons avec init »

L'œi de Guillaume de la Marek: brille d'u sipistze éelat : il seisstson poigoard somme pour le plonger dans lecperde l'audas cieux oratear; mais jetant un coup d'œil autour de lui, il vit-deng

ét : QUENTIN DÜRW RD.

les régar@s le ses soldäts quelqué those quitébligeatt ai ‘respect. * Bon nonibré d’entre ëux étaient Français, et aucun n’ignort les secours secrets, tint en hommes qu'en argent; que Guilliitme avait reçus ce royaume ; plusieurs même étaient épouvantés de l'action sacrilégeet du méürtre que leur chef venait de commettre. Le nom de Chartes‘dë Bourgogne, prince dont la colère devait être extitée par les évériements dont cette nuit avait été témoin, peu de politique. qu'il y avait k entrer en querelle avec les Ifégéoïs et à‘mécontentèr le roi de France, venaient effrayer ‘leür - “esprit; malgré lé‘troubte dans lequel leur raison était tombéé. En tn‘inot, dela Marek vit que s’il se portait à quelque nouvélle violénce, il. serait méme pas sécondé*par les siens. Affaïblissant ‘dore la sévérité de son front et la férocité de son regard, il déciata « qu'il n'avait aucun mauvais dessein eontre ses bons dis de- Biôge, qui pouvaient en toute liberté, et quand it leur eonviendrdit, quitter Sthonwaldt, quoiqu'it se fût flatté qu’ils resteräient au moins à täble toute nuit pour célébrèr avec lui leur victoi?e: Il ajouta, avec plus de calme qu’# son ordinaire, qu'fi serait prêt à entrer ot arrangement touchünt le partage du butin etivachanit les rtiéstres nécessaires pour assurer leur commune:défense, soit le joub sui- vant, soit tout autfe jour qu’ iéurconviendraft d'assigner. Quant at jeune arche écossais,'il éspérait qu'il’ Consentirait 4 fiasser le reste Ix nuit Sehonwräkt, et: à honofer son-festin sa pré- snce. » L

Quentin remérela, tfrais lui dt que ses: mouvemefts- éteient suborädénnés à: Ceux de .mein-hetr Pavillün, auquel'il lat était enjôint de s'attacher particulièrement ; maïs qué bien certaine- ment il lui ferait compaguiela première fois quil retourheraitaus quartiers du vaiHänt Guillaume de la Marek.

« —$i vos mouvements doivent être. vénformes- aux miens, dit Pavälon, il est probable que’vous düitterez Séhonvaldt sans un seul moménit de retard ; et-si vous.n'y revènez qu’avec-mdi, il. est probable aussi que vous ne le reverrez pas de long-Cemps. »

L’honnête citéyen se conteñta de prononcer entre:ses dents oette dernière partie de sa phrase; effrayé qu'il était des conséquences que pourräitentrainer la nranifestation de tels‘sentiments, et ince- pable cependant de les renfermer tout à fait dans-son cœur. :

: —u Ne me quittez pas, mes-braves enfants, » dit-il À ses gardes du corps, «et sortons aussi Promnptontont que possible: de cette Chtterné voleurs.» : UE UT

ne RAPNTSE UE AS - La plupart des Liépeois de la clesse la plugslistinguéesesmhlaiont

, étrode Fayis-du:syndie, et ils n'avaient pas ressenti autant de joie . lorsqu'il s'étaient pmparés du château, qu'ilsen éprouvèrentisms-

qu'ils, eurent L'espoir. d'en sortir sains. <t sanfs. Ils auittèrent

:Schomwalsit. sans quçun obstacle, at Quentin fut au Forile qu

-bomhens lorsqu'ils vit hors de ce$murs fogmidahles: - * Pour la. première. fois. depuis qu'ils étaient entrés dns cote

. termible salle, Quentin se basarda de domendierà “Rene cent . comment:elle se trouvait. , + ,1

—{aBien, bien, s 'emprasr-trelle de. réponde. parfaitement biem.-Ne vous‘arrôtez pas pour. m'adresser d'ipmiles eALIOR Ne perdone pas un, instant; fu yons!fuyens!». . .: .

En prononçat ges paroles, elle s’efforgait de hôter sa marche, mais si-infruetueusement qu'elle serait tombée de fhiblesse si :Prr- ward me l'eût soutenne. Telle qh'une femire mère qui sauve son enfant du danger, le.jeuné Ecossais prit dans ses bras ce prétieux

: fardeau;-etlersqu'elle. lui passa les siens autour du con, sans

autre pènsée que de hâter leur fuite, Quentin n'aurait pas voulu avoir été exposé. cette nuit-là at uu soul danger de MP Puisque

: tel-en était Le résultat.

_ L'honnéte. bourgmestre, .dé sen nebté était soutenu et: peur sinsi

. dire tratné per son fidèle conseiller Peter at.un autre de sas.cors-

mis; ce fut ainsi qué, tout sors d'haleine, ils atéeignirent 1g-hod

de Ja rivière, ils rencontrèrent plusieurs groupes d'habitants de Liége, avides d'apprendre comment les choses s'étaiont pnasées à : Schonwaldt , et si en effet , comme le bruit en-cireulait déjà, les . vainqueurs s'étaient querellés entre eux. Ils éludèrent.du mieux qu'ils purent:lx curiosité de ces honnêtes citayens, et, grâce aux soins de Peter et de quelques-uns deses-camarades, ils se procq- . Tèrent un bateau. Ce moyen leur permit de jouir d’un peu de re- -pes, dont avaient si grand besoin et la comtesse Isabelle, presque . inanimée dans les bras de son libérateur, et le digne bourgmestre, -qui,. après avoir adressé quelques remercîments sans suite à Dur-

:ward, dont Pesprit était trop oceupé en ce moment pour qu'il pût . Jui répondre, commença une longue harangue adressée à Peter, sure courage que lui, Pavillon, avait déployé, sur la-bienfaisançe dont il avait-fait preuve , et sur les dangers auxquels ses vertus :Pavaient -exposé. tant dans cette gccasion que dans beaucoup d’autres. —e Peter! Peter! 1 ditril en reprenant ani lastiréepré-

‘is QÉENTEN DOAWARD. jtédenté, hr R'éviis phs tit eounraÿt dans M'OUME Fe ne ‘uihe-serdis pas/opposéà ee-qué les bourgeoise Iii6gté payhsséitie | girigtièine, quéndir n’y. 0n-Avéit pas mn-s68f qui} evnséiit. : 1Gest eneorb môtne ecurage, et‘if n'en faHiaii-pus Méltis. qufit'a æonémià céftétbatsitle Shint-Tror, ‘où -un sbMat du Mléineut me précipiia d'ux Gewp-dé Ianiee danse loséé Hloht 06 bout, &bat ni ma bravoure nimes efforts ne purenit ‘m6 tiror qu'à 1% de Favtion.….Oùi, c'est eriebro Sion -tourage ‘quim'i porté ‘à araf- fubler de ce corselet-dans lequel j'aurais étouffé sans éuéours ‘ce jéund gentilhotiine danit-le rmétitrest de se'battre, ee à quoi jélui soubaite beaucoup de‘phisir..: Etms bonté cœur, Féier, élle est cause que je suis pauvre, c'est-à-dire quej'autris éétee- we sijo n'xvuis possédé: assez de-fortuné pour: five motichenin dans ve monde pervers. ‘Ht'Biou sait qurels tourmenté susci- tterbnt:encte peut-ôtre des dames, des-comitèsses:, des secrets à garder! Sans’me présenter aueurie -chance de profit ’tolit vela fout tie céûter la mofié de més biens, æt ma tête: PR comes le marché » C -

«Quentin. no put garder phas- long-ternps le silence, ti aura le digne bourgmestre que quelques dangers qu'il courêt, vu quel- que perte qu’ éprouväf par rapport à la jeune dame qui était sous

8x protection, elle san montrerait reconmaissante et lsrécompen- ‘merait avec toute la-libéralité possible. : <= « Je vous remercie, mionsiour l'archer; vous remercie , » “répondit le syndie de Liégé > mais qui vous a dit que je dénire «être payé lorsque je remplis le devoir Fun galant homme?3e suis #fâthé ssuléement qu'il puisse m'en coûter guelque chose, soit d'une "manière , soit d'ans autre ; et je pense qu'il #est/ permis de par- - ler de La sorte d'inon Hestansnt, sans que personne conélée que -$ Me plaiss des-pertes et des dangers auxquels fe ivéte exposé: » :. Quentin conelut de-ces patoles que son nouvel ami'était de la hémbreuse. classe des bionfaïteurs qui se récoumpensent on gron- dant , sans autro-motif que de faire valoir la peine .qu'is'se sont donnée , afin d'augmenter Yimportance de leurs bons eflices. Il gurda done. un siletice prudent, et me s’opposa pas à.0e que le syn- dic étalàt à. son lieutenant les dangers :et les pertes auxquels il “avait été exposé, tarit par-son rèle-pour le bien pubhic que par-er Hbtifuisance désintéressée envers ses-semblables : sujet dont ft ne trouva le terme qu’en arrivant à la porte de sa maison. :

: Lurvérité est que l'ixinnéte-eiter on Sédtait qu'ilawal laissé por-

_ CRAMSTRE EL. : . : se

ter.aitointe à som: hhporteses:en souffrant querio jeune étranger prit la hastcumain use crise qui sent d'avoir lieu dance le-salle du chitenu de: Sechonwaldt ; et quoiqu'il eût été charmé dans Le moment de l'heuroux résultat produit par d'intervention deQuen- tin, il lui semblait, en y réfléchissant, que sa eonsilératine arait éprouvé un échec, et il cherchait à se dédommager en exagéranf les droits qu’il croyait avoir à la gratitude de son pays en général et de ses amis en partisékiev, mas plus mécialement encore à la reconnaissance de la comtesse et de‘son jeune protecteur.

Cependant lorsque le bateau fut parvenu à l’extrémité de son jardin. et qu'avec l’aide de Peter le syadic Pavillon fut descendu serie rivage, ‘on aurait dit:qu'en tonthant le seuil de sa maison, ses idées d’amour-propre blessé et de jalousie se dissipaient , et que Pobscur et mécontent démagoguese franéformait tout à coup en ami sensible ét en hôte hospitalier. Il appela d’une voix forte Frudehen, qui parut aussitôt (car la erainte'et l'anxiêté n'avaient presque: pas perniis au sommeil de visiter la: cité Liége derant œtte nuit-de dengèrs), et il recommanda à sa fe de donner eus sois à la belle étrangère, encoré à detni éranouie. La bonne Frud- chôn, admirantiles chatmes de ia jeune comtesse et plaignant son infortune, remplit aussitôt auprès d'elle les devoirs de l'hospétaliié avee-le zôle et l'affactionr d'ane steur.

Quoiqu'A fût très-tard et que le symdie se sontit fatigué , ce de fut pas sans beaucoup de difficultés que Quentin esquive une beu- teille d'an excellent vin, aussi vieuk que la bataille d’Aziñcoanrt ; et il aurait été foreé en prendre sa part, quoique bien à éontre œur, si la mère de Tradéhen, aux cris jue poussait Pavillon pour avoir les élefs de la cave, n'était arrivée sortait de son Lit. C'était ane petite fernme toute ronde: elle avait été jolie-dansson temps, mais elle ne se fuisuit remarquer alors que par-un nez pointu ot rouge, une voix percante. et une résolution bien ‘arrêtée que le syndic, en compensation de Pautorité qu’il exerçait au dehors, serait souinis dans sa maison à uhe discipline sévère.

Aussitôt qu’elle eut.apprss la cause du débat qui vonait de s'é lever entre son mari et son hôte , elle déclara d’utie mauidre pé- rérsploire que le premier, loin d’avoir besoin de vin , n'en avait que trep pris ; au Heu donc de se servir, corne ik leu priait, de Tune des clefs dent un énorme trousseau pendait à son côté, sou {enu par une chaîne d'argent, lle lui tourna le dos sans eéréino- ‘mie, éteonduisit Quentin daus:un appatiement si propre, si bien

nes . QUENTIN 'TDAEMNWARD. garni de tant e jui peut résdre-commotie ptégréellouns them bre:à coucher, que jisqu'à se jour il-n’en avdit pas même obnçu l’idée : tant, à cette époque, les riches Flamands Fomportaiont ar 1es Écossais,-et même surles Français, dens tout eequi contriue äux aises 8 de: le vie 2 domestique:

; DO ee ee : *

. | GHAŸFFRE aie Le LA FUITE. «

* Maïntehant ordonnez-moi de m'y précipiter »etje m'eflurcerai de fairedes choses impossibles... sui, j'ebr tiendrai le succès. Levez-vous sûr vos pieds, et avec

* un cœur tout de feu je vous suivrai et serai expable

, |‘ detout. , | Dex E, Jules César.

|. Mislgré 18 mélange de ; joie, de crainte. de doute, À’ anxiété, et des autres passions qui l’agitaient, les.fatigues exçessives du jour précédent plongèrent notre jeune Écossais dans un sonmeil.très- profond, et il ne s'éveilla que. fort tard le lendemain; au moment aù:s0n digne | hôte entrait dans sa chambre, l'œil merne et le front soucieux.

Pavillon, étant assis is près du it de Durvard, tommenca : un long et fort peu clair discours sur les deyoirs respectifs des personnes mariées, et particulièrement sur le pouvoir respectableëtla supé- riorité que les maris doivent’oonserver toutes les fois que leur opinion diffère de celle de leurs femmes. Quentin l’écoutait avec enxiété ; itn’ignorait pas que les maris, semblables en cela à toutes les puissances belligérantes, sont parfois disposés à entonner le Ze Deum, plutôt pour dissimuler une défaite que pour célébrer une victohte; et il se hâta d'amener une explication,:en disant qu'il es- gérait que la présence dela comtesse Isabelle et la sienne n "avaient pas été si importunes à la dame du logis.

« Importunes ! répliqua le bourgmestre, nos. Aucune femme n6 peut moins étre prise à l'improviste-que la mère Mabel ;:elle est toujours charmée de recevoir ses-amis. Et, Dieu merci! jamais son hospitalité ne se trouve en défaut : elle a toujours à leur ser. vice un appartement tout prêtet une table bien servie: soulement ilest Mcheux qu'elle ait un caractère tant soit pou bizarre. Notre séjour ici lui serait-il désagréable répondit Quentin sor- lant. de son 1if et s’habillant à la.hâte, «%i j'étais sûr qu'après les

CHAPITRE XXUI. 309 terreurs de Ja nuit dernière, la comtesse Isabelle eût la force de se mettre-en voyage; nous n'ajouterions pas à l’indiscrétion que nous avons commise en demeurant plus long-temps en ces lieux. Fort bien! dit Pävillon ; voilà justement ce que la jeune dame a dit elle-même à la mère Mabel : oh ! j'aurais voulu que vous eus- siez vu les couleurs qui lui couvraient le visage pendant qu’elle parlait ainsi. Une litière qui a patiné pendant cinq milles contre le vent du nard, pour se rendre au marché, a les joues blanches comme un lis; en comparaison. Je ne suis pas surpris que la mère Mabel ait un peu de jalousio. Pauvre chère âme ! La comtesse est-elle donc sortie de son appartement? » demanda Quentin en continuant sa toilette avec plus de promptitude encore. «Cer- tainement, répondit Pavillon, et elle vous attend avec impatience, pour déterminer quelle route vous prendrez, puisque tous deux vous êtes détérminés à partir. Mais, j je me flatte que vous ne nous quitterez pas avant d’avoir déjeuné. —- Pourquoi ne m’avez-vous pas dit cela plus tôt? » s’écria Durward d’un air d’impatience. “Hé ! 14, là, je crois que je vous en ai parlé trop tôt, puisque eela _vous met toùt hors de vous. Maintenant je vous dirais bien quel- que chose à l’oreille si je croyais que vous eussiez assez de patience pour me prêter un peu d'attention. Parlez, mon chrer monsieur, parlez, je vous écoute de toutes mes oreilles. Eh bien donc, je n’ai qu’un seul mot-à vous dire, et le voici : c’est que Trudehen, qui a autant de chagrin de quitter la jolie dame de haut que si c'était sa propre sœur, désire que vous changiez de costume ; ca? on dit dans la ville que les dames de Croye courent le pays en ha-

bit de pèlerines, escortées d’un archer écossais de la garde du roi de France; une d'elles, ajoute-t-on, a êté ramenée la nuit dernière à Schonwaldt par un Bohérmien, à l'instant nous venions d’en partir; et ce Bohémien-a affirmé à Guillaume de la Marck que vous n’aviez aucune mission ni pour lui ni pour le bon peuple de Liége; que vous aviez enlevé la jeune comtèsse, et que vous voyagiez avec ellé comme son chevalier. Toute cette histoire nous-est arri- vée ce matin de Schonwaldt, à moi et aux autres conseillers, et nous ne savons trop que faire; car, quoique nous pensions que GuïHaume de la Marck en a mal agi envers l’évêque et envers nous-mêmes, cependant on le reconnaît en général comme un brave et honnête homme au fond. lorsqu'il est à jeun, s'entend... et comme le seul homme au monde qui soit capable de nous com- mander contre le duc de Bourgogne ; et, en vérité, dans l'état

QUENTIN DURWARD,

340 QUENTIN DUBWARD. sont les choses, ja suis très-parté à croire:que nous devons éviter de nous mettre. mal avec lui, ear ñous avons été trop:avant pour

rétrograder. .

Quentin se garda bien de-faire à Pavillon aucun reproche niau: cune observation, car il sentait que rien ne pourrait faire ehanger la résolution du digne: magistrat, résolution qui lui:avait été dic- tée par Ja volonté de sa femme autant que par sesopmions comme Bomme de parti. |

« Votre fille a ouvert un avis fort sage, lui dit-il; il faut que nous partions à l’instant même, et déguisés. Nous pouvons, j’espère, compter sur vous pour le secret si nécessaire en cette occasion, et pour les moyensde favoriser notre fuite? —De tout moncœur, » répondit le brave citadin, qui, presque honteux de sa conduite, désirait trouver quelque moyen d’en expier le peu de dignité; «de taut mon cœur. Je ne puis oublier que je vous ai deux fois la vie la nuit dernière : la première ,-quand vous m'avez débarrassé de cette maudite armure; la seconde, quand vous m'avez tiré d’autres filets bien plus dangereux encore, car ce Sanglier et ses marcassins ressemblent plutôt à des diables qu’à des hommes. je vous serai aussi fidèle que lame l’est à la poignée, comme disent nos couteliers, qui sont les plus habiles de la terre. À présent que vousêtes prêt, venez avec moi, et vous allez voir combien j'aicon- fiance en. vous.»

: Sortant de la chambre Quentin avait. couché, le syndic le conduisit dans le cabinet était renfermée sa caisse, et se faisaient toutes les affaires relatives à son négoce. Après en avoir soigneusement fermé la porte au verrou, il regarde autour de lni avec-précaution, ouvrit un cabinet voûté dont la porte était cachée

- par la tapisserie, et dans lequel se trouvaient plusieurs coffres-

forts en fer. Il en ouvrit un qui était plein de guilders, et le.met- tant à la discrétion de Quentin, il lui dit de prendre la somme qu’il jugerait nécessaire, {ank pour lui que-pour sa compagne de voyage. Comme Quentin avait dépensé presque tout l’argent dont il avait été pourvu lors de son- départ du Plessis, il accepta déux eents guilders sans hésiter. Pavillon se sentit dès lors soulagé d’un poids-accablant, car il regardait .cet argent, à la perte duquel il s’exposait volontairement, comme:une expiation pour le manque d’hospitalité que diverses considérations le forçaient si impérieu- sement de commettre.

Après avoix refermé avec soin la caissæ et le cabinet qui renfer-

CHAPITRE XXIU. | ‘mait son trésar, le riche Flamand conduisit son hôte dans loise- Jon; il trouva la comtssse, vôtue en fille du pays de ls moyenne classe. Quaique pâle encore par suite de la terreur que lui avaient inspirée les événèments de la veille, elle jouissait de toute:sa pré $ence d'esprit, et avait recouvré ses forces. Frudchen était seule -avec élle, et mettait toute son attention à ferminer sa toilette et:à lui apprendre de quelle manière elle davait porter ce costume. La -comtesse présenta à s0n libérateur sa main, qu'il baiss avee res+ pect, et lui dit : «Messire Quentin, il faut que nous quittions nos amis, si:je neveux attirer sur eux: upe partie des chagrins qui am’ent accahiée depuis la mort de mon père. It faut que vous cha ‘giez d’habits, et que vous partiez avee moi, à moins que vous ne soyez las de protéger une infortunée. Moi! lis de vous accoms pagner!... J'irais pour vous défendre jusqu'au bout de l'univers: Mais vous... vous-même... aürez-vous la force de supporter ld tâche que vous entreprenez? Pouvez-vous, après les térreurs dd Ja nuit dernière... Ne les retracez pas à mon esprit, répondit la comtesse; jone me les rappelle que commeun songe horrible et confus... L'excellent évêque est-il sauvé?—Je ervis qu’il est à l’abri de tout danger; » répondit Quentin en faisant un signe à Pavälon pour lui recommander le silence, ear ce dernier s’apprêtait à eoms mencer l'horrible récit de la mort du prétat. «Nous est-it pos sible de le rejoindre ? A-t-il rassemblé quelques troupes? demanda Isabelle. Il n’a plus d'espoir que dans le ciel. Mais en quelque. lieu que vous vouliez aller, je vous suivrai, je serai votre guide: votre défenseur. Nous y penserons, » dit Isabelle; et après une mivute de silence, elle ajouta : «Je choisirars volontiers un cou- vent; mais je craindrais qu’il n'opposât qu'uns faible. barrière à: mes perséeuteurs. Hem! hem ! dit le syndic ; je ne vous cons seillerais pas de choisir un couventdans le district de Liége; car le: Sanglier des Ardennes, brave chef d’ailleurs, fidèle confédéré, et: bien intentionné pour notre cité, a l’humeur un peu brusque, et respecte peu les couvents, les cloîtres, las abbayes, et autres lieux de.ce genre. Le bruit court qu’une vingtaine de nonnes… c’est-à dire de ci-devant nonnes, suivent toujours s& compagnie. .….—To- nez-vous prêt à partir sans délai, messire Durward, » reprit Isa belle, ne donnant pas au syndie le temps d'entrer das plus de: détails, «puisque je dois me -cemmettre à votre foi.» Quentin et le syndic ne furent pas plus tôt sortis de la chambre; qu'isabelle commença à faire à Gertrude plusieurs questions re-

B12 QUENTIN DURWARD. .

Jativemerit aix routes et à d’autres sujets, avec tant de précision et de présence d'esprit, que cette bonne fille ne put s'empêcher de ‘s'écrier : « Vous m’étonnez, madame; j'ai: entendu parler femmes douées d’une mâle fermeté, ais il me semble que l vôtre est au-dessus des forces de l'humanité. La nécessité, répondit la comtesse, la nécessité, mon amie, est mère du cou- rage aussi bren que de l’industrie. Il n’y a pas. long-temps encore, je me trouvais mal en voyant une ‘goutte de sang sortir d’une légère piqûre. Hier j'en ai vu, pour ainsi dire, couler des flots autour de moi, et cependant je ne me suis pas évanouie et j'ai conservé toute ma présence d'esprit. Ne croyez pas que cette tâche ait été facile, » ajouta-t-elle en posant sur le bras Gèr- trude une main tremblante, quoique sa voix fût pleine de fer- meté; « ma force intérieure est comme une garnison assiégée à tout moment et de tous côtés par des milliers d’ennemis, et que le courage le plus désespéré peut seuk faire résister à leurs as- sauts. Si ra position était moins. dangereuse, si je n’avais la con- viction que le sang-froid et la présence d'esprit ont seuls le pou- voir de me soustraire à un destin plus affreux que la’ mort, je me précipiterais dans vos bras à l'instant même , Gertrude, et je soulagerais mon cœur eppressé en vous confant mes chagrins, et en versant un torrent de larmes, des larines les plus arnères qui aient jamais été versées.— Gardez-vous-en bien , madame, s’écria la compatissante Flamande; ne perdez pas couräge, dites votre chapelet, fiez-vous à la bonté de Dieu ; et certes ,; si jamais le ciel envoya un libérateur à quelqu'un prêt à périr, ce jeurie hom- me, qui est si brave, si entreprenant, doit être le vôtre. I1 y a aussi quelqu'un , » ajouta-t-elle en rougissänt ,.« sur qui j’ai quel- que pouvoir... n’en dites rien à mon père; mais j’ai ordonné à mon galant , Hans Glover, de vous attendre à la porte de l'Est, et de ne jamais se présenter devant moi que pour venir me dire qu'il vous a conduite en sûreté hors du territoire de notre ville. » : La comtesse ne-put exprimer sa reconnaissance à la bonne et excellente fille qu’en l’embrassant avec tendresse ; et celle-ci, en lui rendant ses caresses avec beaucoup d’affection, ajouta en sou- riant : « En vérité, si deux jeunes filles et leurs arhants dévoués ne peuvent réussir dans un déguisement et un projet de fuite, le _ monde est bien changé, il n’est plus ce que j'ai entendu dire

qu’il était. » - Une partie de ce discours fit renaître les plus vives couleurs

CHAPITRE XXL 833 sur. les joues de la comtesse, et l’arrivée soudaine de Quentin ne diminua en rien leur éclat. Il était complétement habillé à la - façon des paysans flamands de la haute classe, ayant mis les ha- bits de fête de Peter, qui prouva l'intérêt que lui inspirait le jeune Écossais par la promptitude avec laquelle il les lui offrit, jurant on même temps que, dût-il être tanné et corroyé comme la peau d’un bouvillon , on ne parviendrait pas à lui faire trahir d'aussi bons jeunes gens. -

Grâce à l’activité de la mère Mabel, deux excellents chevaux avaient été préparés; car cette bonne femme désirait réellement qu'aucun événement fâcheux n'arrivât. à la comtesse et à son écuyer, pouryu que les courts instants qu’ils avaient passés chez elle ne missent en danger ni sa imaïson ni $a famille. Elle les vit donc ayec une satisfaction bien sincère monter à cheval et partir, après leur avoir dit qu’ils trouveraient le chemin de la porte de _ Y'Est en. ne perdant pas de vue Peter, qui devait suivre la même direction pour -leur servir de.guide , maië sans paraître avoir au- cune communication avec eux.

Aussitôt que ses hôtes furent partis, la mère Mabel saisit cette occasion de faire à Trudchen une bonne-leçon sur la folie de lire des romans : cette lecture avait rendu les dames de la cour-hardies et coureuses d'aventures ; au lieu d’y apprendre à conduire ss- gement leur ménage, elles y puisaient des leçons pour menter à | - <hevalet courir le pays sans autre suite qu’un fainéant écuyer, un page débauché, ou un libertin d’archer étranger, en grand dan- ger de perdre leur santé, de ruiner leur fortune, et de détruire d’une manière irréparable leur réputation.

Gertrude écouta tout cela en silence et n’y fit aucune réponse; amais, vu son caractère, il est permis de douter qu’elle en ait retiré le fruit altendu par sa mère.

Pendant ce temps, nos voyageurs avaient atteint la porte oien- tale de la ville , après avoir traversé une foule immense de gens qui, par bogheur; étaient trop.occupés des événements politiques et de la ruheur du moment pour faire quelque attention à deux personnes dont l’extérieur.n’avait rien de remarquable. Les sen- tinelles les laissèrent passer en vertu d’un permis que Pavillon avait obtenu pour eux au nom de son collègue Ronslaer, et ils firent à Peter Geslaer l’adieu le plus amical en peu de mots, et en se souhaitant mutuellement toute sorte de bonheur. .

À peine Geslaer les avait-il quittés, qu’ils rencontrèrent nn

TE QUENTIN DURWARD.

jénnéhoime: vigoureux , monté sur un bon theval gris :-il-se.fit énnaître pour Hans Glover,.le galant de Trudohen Pavillon. C'était an bon. Flamand, d'une intelligence peu brillante , dont l'esprit:ne répondait pas à son enjouement -et à la:bonté de son éœur,et, comme la comtesse ne put s'empêcher de le penser, peu digne d'être aimé. de la généreuse Trüdchen. Il parut cependant désirer seconder de tout son pouväir:les intentions de sa belle; car, après les avoir salués respectueusement, il demanda en fa. and à'la comtesse quelle route elle désirait prendre.

-em + Guidez-moi, lui répondit-elle , vers la ville la plus voisine, Sur les frontières du Brabant. Vous avez donc fixé le ‘but et l'objet de votre voyage ? »-dit Queritin .en faisant approcher son Gherval de celui d'Isabelle, tt lui parlant français , en. iangae que eur guide ne pouvait comprendre. « Oui, réptiqua la jeune dame; car dans la situation où:je me trouve et dans les circos- Btances qui m’environnent, je me ferais 4e ples grand-tort en prolongeant mon voyage; dût-il avoir pour terme une prison, je dois l’abréger autant que possible. Une prison ? s'écria Quen- tin: Qui, mon ami, une prison ; mais je ferai en sorte que vous. me la partagiez pas. Ne parlez pas de moil ne vous oocnpez pas de moi ! que je vous voie en sûreté, et je me:soucie fort peu de ve qui me concerne. Parlez plus bas, dit Îsabelle; vous étonnsrez notre guide : vous voyez qu'il nous a-déjà dépassés. » En effet, le bon Flamand, désirant agir avec eux cumme il aurait voulu -qu'on agit envers lai, avait pris l'avance lorsque Quentin s'était rapproché de la comtesse, pour deur épargner la contrainte jette ordinairement un tiers. « Oui, » poursuivit-élle quand efe vit que lear guide ne pouvait lesientendre ; « oui, mOn ami, mon protectéur (car pourquoi rougirais-je de vous donner le nom de ce que le ciel vous a rendu pour moi?) je dois vous dire qet j'ai réselu de -retourher aux heux qui m'ont vue naître , et de t'en remettre à la générosité du dac de Bourgogne. Ce fut un tauuvais conseil, quoique donné avez de bonnes intentions , qui teporta à rejeter.sa prokection pour recourir à celle du politique “tastucieux Louis de France. Etivous êtes donc déterminée k ous unir au ‘comte de Carapo-Basso , à ‘06. méprisable favori de Charles? » |

. Ainsi parlait Quentin d'une voix agées par les sentiments 5e- crets qui assiégonient son cœur, et par'‘son désir d’affecter un ten d'indifféreuce: : tel un rnalheureux condamné à maurt s'arme. dune

‘CHAPITRE XXII. #1k

tomté factice, ‘qu'il est loin de posséder, quand:il demaride À 50 sa svtitonce seta bientôt exécütée.

“Non; Durward, non, » luïrépondit Isabelle en se redressant Sûr sa séfle, « toût pouvoir-du duc de Bourgogne ne pourrait con- trairidre une fie de maison de Croye’à s’avilir par cet odieux masiage. I pont saisir mes terres ét mes fiefs, me relégüer dans æm-couveht} mais borrie tout ce que j'ai à redoùter de lui: æt "j'eñdarerai de plas grands maux encore plutôt que d'épouser %ampo-Basso.— De plus grands-maux encore ! s'écria Quentin : æt ert est-il de plus insupportables que la perte de ses biens et de da Hiberté? Af ! penser-y bien, tandis que vous respirez cet air.puf!, présent ‘da ciel, tandis que vous êtes sous la protection d'un hontime qui hasardera sa vie pOur YOUS conduire en Angleterre , æn Allemagne, en Écosse même, et vous y trouverez de généreux protecteurs. Puisqu’il en est temps encore, ne faites pas si témé- rarement Le sacrifice-de votre liberté, -du don le plus précieux que. puisse vous acéorder la bonté divine! Ah! qu’un poële de ! mon

“paÿs la chante dignement, cette liberté: -

. © liberté, &es cieux ineffable présent Lu _ ”_ vocla liborté l’homme a tout ve qu'il aime; | Elle offre du plaisir le charme bienfaisant. m L'homme libre est heureux de sa liberté même. Chagrin, besoin, misère, indomptables douleurs , |. Le stupide -escharage uuit tous les malheurs. » ‘La comtesse ‘écoùta avec un sourire mélancolique ces vers ef honneur de la berté, puis, après un court silence, elle répondit: ‘« lu'tibetté n'appartient qu’à l’homme: la femme a besoin d'un “protecteur, paisque la nature ne lui a pas donné les moyens de ‘se piotéger elle-même. Et en trouverai-je em ? sera-ce le vo- : Aupiœux Edward d’Angitterre, l’ignioble Wenceslas d'Allemagne, -qui sans :vesse est gorgé de vin ? En Écosse, peut-être? Ah, Bur- tpanid *si j'étais wutre sœar et que vous pussiez me premettre um ‘sstile dans ta vallée d'une!deices montugnes que vous vous plsisez -Xsat à décrire: un.asiwroù ,:s0it par charité, soit au prix-du pou “dé Mijoux'qui mme restent, il'me sérait perinis de mener eme vi “puidéble etd'oublier ie rang dans. lequel je ‘suis née ; ‘si vous pou riexifassarer'la protection de ‘quelque respectable matrone de ugotre pays, de quetque baron:dont l’isoanéar soit aus fidéde que “h:hime de- son épée, cet "espoir pourrait m'eugager'à braver de -Rowvepi dla: consure du ‘monde en m'aventurant-dans te pays “Æibigaé >

546 QUENTIN DURWARD.

- Il y avait dans la voix d'Isabelle un accent si tendre et’ on: chant, que Quentin sentit, à ces paroles, une douce joie s’insinuer au fond de son cœur. If hésita un instant avant de répondre , ré- fléchissant à la possibilité de lui procurer en Écosse un asile sûr et honorable; mais la triste vérité vint.éclarrer son esprit; H re- connat"que ce serait desa part une action-aussi basse que cruelle que de l’engager à fuir vers un pays iln'avait ai le pouvoir ni de moyen de lui procurer une retraite sûre. « Madame, dit-il.en- fu, j'agirais contre mon honneur et contre les lois de la chevalerie si je vous laissaïs former un plan basé sur. cette idée que je pas vous offrir en Écosse quelque protection autre que celle du:faible bras qui depuis peu de temps est à votre service. À peine sais-je si mon sang circule dans les veines d’un seul habitant de mon pays natal. Le chevalier de l’Innerquuharity prit d'assaut notre château au milieu de la nuit, et tous ceux qui portaient mon nom -ÿ périrent. Si je reparaissais en Écossé, j'y retrouverais nos.enne- mis fébdaux : ils sont nombreux et puissants; moi, je suis seul et faible; ainsi quand même le roi voudrait. me rendre justice, il -n "oserait pour protéger un simple individu, provoquer un chef qui marche à la tête de cinq cents cavaliers. Hélas! dit la com- tesse, il n’existe donc pas dans le monde entier un seul abri con- tre l'oppression , puisqu’ellé se déchaîne Sur ces montagnes sau- vages qui offrent si peu d’attraits à la cupidité, aussi bien que sur nos vastes et riches plaines! C'est une triste vérité , et je n’o- serais la cächer ; n’est guère que le désir de la vengeance, la -soif du sang, qui mettent les armes à la main à nos clans, qui les

portent à s'égorger réciproquement ; et les Ogilvies présentent en

. Écosse les mêmes actions et les mêmes scènes que celles dont Guillaume de la Marck et ses satellites se rendent coupables dans

ce pays.— En voilà assez sur l'Écosse, » dit Isabelle d’un ton-d'in-

différence réelle au affectée ; « ne m’endites pas d'avantage. Dans le fait, je n’en ai parlé qu’en plaisantant, pour voir si vous oseriez sérieasernent me présenter comme un pays tranquille le royaume le plus déchiré de l’Europe, Je voulais seulement mettre à l'é- -preuve votre sincérité, sur laquelle je suis charmée de voir qu’on ‘peut compter lors même que le sentiment. le plus vif chez un ‘Écossais est le plus fortement excité. Ainsi donc, je le répète, je ‘ne-chercherai d'autre protection que celle d’un honorableet puis-

sant baron, feudataire du duc Charles, dans les mains duquel j'ai

décidé de me remettre.— Mais pourquoi ne vous retirez-vous pas

CHAPITRE XXLE : HAN piotôt sur ves-derbeines , dans votre-château fort, ainsi que vous . le.disiez lorsque. nous ftians encore peu éloignés de Tours? Pour- quoi ne pas rassembler autour de vous les vassaux de votre père, et traiter avec le duc de Bourgogne , plutôt que de vous remettre entre ses mains ? Bien certainement il ne manquera pas de braves qué embrassaront votre défense ; et jen sais au moins nn qui sar crifierait volonéiers se vie pour danner l'exemple: Hélas! ré- æonditila comtesse , ce projet suggéré par l’astucieux Eouis, était, comune tout ce qu'il a jamais imaginé, plus pour sen avantage que pour le mien, et il ne .peut aujourd’hui être mis à exécution, puisqu'il.a été livré au duc de Bourgogne, par le perfide.Zamaet Hayraddin. Par suite de cette trahison, le due Charles a jeté-mon æarent dans une prison, et mis garnison dads mou châfeau, Toute tentative de ma part ne ferait qu'exposer mes vässaux à sa vea- geancs; et pourquoi ferais-je-couler plus de sang qu’il n’en a déjà été versé pour une cause qui en est si peu digne ?-Non, je mere- mettrai entre les mains de mon suzerain , comme une fidèle ves- sale, me réservant la liberté qui m'appertient de choisir moi-même mon époux ; et avec d’autant plus de raison que je penses que ma - tante, la comtesse Hameline , qui m’a conseïllé la première , qui même m'a sollicitée de fuir, a probablement déjà pris elle-même cette sage et honorable résolution.— Votre tante! reprit Quentin à qui ces paroles rappelèrent des circonstances que la jeune com- tesse ignorait complétement, et qu’ane suite de périls et-d’événe- ments des plus graves avaient effacées de sa mémoire comme étant de peu d'intérêt. Oui... ma tante... la comtesse Hameline de Groye. Savez-vous. ce qui peut lui être arrivé ? J'espère qu’elle est maintenant sous la protection de la bannière de Bourgogne. Vous gardez le silence! qu’en avez-vous appris ? »

Cette dernière-question, faite du ton de:la.plus vive inquiétude, obligea Quentin à faire le-récit de ce qu’il savait du sort de la comtesse Hameline.. Il dit comment il avait été averti de l'accom- pagner dans sa fuite de Schonwaldt, fuite dans laquelle il ne dou- tait pas que la comtesse Isabelle ne Ll’accompagnât ; comment il avait recoanu son erteur après avoir atteint la forêt ; enfin, cow- ment retourna au château, et l’état dans lequel il l’avait trouvée elle-même. Maïs il ne dit rien des vues qu'avait la vieille dame en quittant Schonwaldt, ni du bruit qui courait qu’elle était tombée Aupouvoir de Guillaume de la Marck : sa délicatesse lui faisait un devoir du silence sur le premier motif, et ses égards pour la sen

Be QUENTIN DURWARD.

wibitité de sa compagne, dansun moment dut it forco’et le'corage Jui étaient si nécessaires, lui défendent de s'étendre sur ls:den. air, qui d’ailleurs: n'était parvene jusqu'à a” ‘que tonne une ‘Vague rumeur.

Ce récit, quoique Quentin en eût rétranché es circonstances es plus importantes , fit une forte impressidn sur Issbelle, qui, après avoir-poursuivi son chomin quelques instants en silence, dit enfin, d'un air mécontent : & Ainsi dontvous avez abandonné mon-infortanée parentà dans une forêt, à la merci dan vif-Bohé- mien et d'une femme de chambre infidble? Ma pauvre tante! Elle avait coutume louer le dévouement de notre joane pro- toctour ! Ai-je manqué ‘à mon devoir, ‘madame ? répondit Quentin justement offensé de. ja manièro dont ia comtesse parais- sait envisager sx conduite ? « Que:serait. devenue -celle-à qui je m'étais. entièrement dévoné, si je n'avais pas laissé la comtesse Hameline de Croye sous da garde de ceux qu'elle môme avaitchor- sis poor conseillers, la comtesse Isabelle serait-elle pasen æ moment l'épouse de Griliæamede la Marck, du Singer des:Ar- kiernes? Vous avez raison. » répondit Isabolïle en reprenant ls ton qui lui était.ordinaire ; «et moi.qui recueilis teut:le fuit d'un dévouement siabsolu, j'ai pu vous acomser-de bassésss et d’ingra: titude !' Maïs, hélas! ma malhenrouse tante - est victime des éatri- gues de cette Martom en:qui elle avait mis nne confiance que cette fie méritait si pou ! C’est elle qui luifit'ounnaître Zamet et Hay- raddin Maugrabin , dont le prétendu savoir en divination et en ‘astrologie fascina :son esprit; c'est encore elle qui, apparyant ‘avec force sur leurs prédictions, l’'encouragea dans... je ne suiside quel terme me: servir. vlans de folles idées: relativement à un mariage, à des-amants, esque son âge rondait ridicule t toutà fait ‘iayraisomblable. Je ne doute. pas qué, «ès l'origine, ce ne

soit} astucieux Louis de France.qui aoas sit livrées res serpents, pour nous déterminet à nous retirer à sa cour, ou :phetôt pour “nous faire tomber en son pouvoir.-Après que nous eûmes commis :cétte: impardonnabie imprudence ,-Avdc quéilé bassesse , quelle méchanceté, de quelles manière indigne d’an-hortme bien: né, d'un chevalier. il: s'est ‘conduit à nôtre égard! Vous en avez été témoin, Dèrward. Mais ! ane pauvre taato.. :quelreort: voroyte- “vous qu'elle puisse avoir è » :

: Chercharit à lurinspirer unespoir qu'il avait à eine. Inimème,

-Quenim jai: répondit que’ la cupidité était 1x pamion éonrinunate

ÆCANTRE: SAN. © dus -Bhémius, qu'au momeut:où il les -qaittait : Murtpn-parais.. sait vouloir -prañdre la comtesse Manoline s00s:s82 protections qu'eufin il était difieile d'imaginer. quel motif pourraitporter Les misérables à:la tuèr ou seulement à la-maltraitor, tandis qu'en da :traitaut.avec égards. ds avaiet L'espoir d'en tirer.une forte rançon. |

Pour distraire sa belle-de ces pensées mélanceliques, Quentin | Aoi racemta da trahison du Maugrabin;, epmmenl il avait décou- ‘ertses projets pendant. la nait-qu'ils passèrent dans ca couveñt près-de Namaor, projets qui paraitsaient le résultat d’un arrange” ament-fait sntre.le roi et Guillaume de la Marck, Isabolle frémit d'horreur; pis. reprenant: queique empire sur elle-em0me , elle

s'écria : « J'aihonte de eette. émotion ;. j’ai péché:e mo perret- taut de douter: de :la ‘protection. des saints , et de croire-un sw dnstant qu'un projet si vil, si-cruel, si-déshonorent, pût s'accom- plir tant qu’il y aura‘dans.le ciel des feux ouverls sur. les misbres humaines, ot que. les prenant en pitié, ilsjettentsurektesien regard proteeteur. Un el projet. quelque horrible :qu'il séit. ne : doit pas ‘inspirer de crainte ; il faut le regander comme une trabison - infâre, inouie, et he pas.8e rendre coupable d’athéisme on croyant qu'ilait pu réussir. Mais je vois.clairenent à présent pourquoi l’hypocrite Marton s’efforçait souvent d'entretenir .les petites jalousies ‘et tes petites querelles -qui parfeis s'étevdient cntre-ma pauvre tante et moi; pourquoi , employant toujours a flatterie envers celle de nous avec qui ellese trouvait. «ile faisait ressortir-uvec adresse ce qui était au:désuvantage de l’ubsente. Et :copendant je IFaurais jamais imaginé qu'elle -oût pu décider ma tante, jadis si wffectionnée pour moi, à me laisser à Sohon. walät au mikoudesi grunds-éangers , tandis qu'olle effectuait sx faite. Elle ne vous a danc pas fait part du projet qu'elle médi- tait ? Non 'rais-elle ne -parla de je ne sais quelle communien. tion que Mertün:devait me fuire. A-âire vrai, la tôte de ma pauvre tante::était :si troublée par le mystérieux engage: de. l'infime Hayraddin, à qui dlle:avait accordé ce jour-là même un: long &t secret oniretien, set elle m'entretint d'idées si extracrdinaires que. .qüe jen ponsis guère à lui -dernander- aubune:explicn tion en:l voyant dans-wne telle situation: d'esprit. 31 étuit pour. tant bionafireux-deme laisser danse châtoua i--Je dois: jostiftr da comtesse Éatnetins de -co:dernier roproche ; :car . au milieu de Æ'obsvurité to lanuit. :et dans Jeu :mbmsænt .ilféilnit déphoper la

33 QUENTIN DURWABD.

plus grande cékérité, je suis convaineu qu'elle se croyait aecom- pagnée de sa nièce, de même, que.je le croyais moi-mêine; car, trompé pax l'habillement et.le maintien de Marton, je m’imagi- nais guider les deux dames de Croye, et particulièrement, » ajoula-t-il d’une voix basse mais bien accentuée, s -partigulière-

ment celle sans laquelle tous les trésors de l'univers n'auraient pu

me déterminer à-sortir de Schonwaldt.» | ou

Isabelle baiss£ la tête, et feignit de ne ps ayoir remarqué le ton exalté avec lequel. Quentin venait de parler. Cependant :elie: ports de nouveau les yeux sur lui, quand il commença à parler de ls politique de Louis; et il leur fut aisé de reconnaître,. par les.com- munications qu'ils se firent réciproquement , que les deux.frères

bohémiens et Marton , leur complice , avaient été les agents de ce prince artificieux, quoique Zamet, l'aîné des deux , avec «uns perfidie particulière sa raçe , eût essayé de remplir an double

rôle. duplicité qui. avait reçu sa récompense. Lot,

. Touten se donnant:aipsi des preuves d’unaconfance wutuell et oubliant la singularité de leur situation aussi bien que les périls auxquels ils étaient encore exposés, nos deux voyageurs pou- suivirent leur reute pendant quelques heures, ils ne s’arrétérent que pour faire rafraîchir leurs chevaux dans un dorff ou hamesn

écarfé, les conduisit Hans Glover, qui, sous tous les rapports,

se conduisit à leur égard en homme sage:et discret, comme il l'avait déja fait en s’éloignant d’eux-pour leur permetire, de s'en- treteniren toute liberté.

Cependant la distinction conventionnelle que l'usage avait ét blie. entre les deux amants, car nous pouvons à présent les quali-

. fier ainsi, semblait diminuer ou-même s’effacer entièrement, par guitede la situation dans laquelle ils setrouvaient. Si la comteæe

était placée dans un rang plus élevé, si par sa naissance-elle devait posséder des richesses bien plus. grandes qu’un jeune homme qui n’ayait pour toute fortune queson épée, il ne faut. pas oublier que, pour le moment, elle n’était pas plus riche que lui , et qu’elle de- wait à la présence d'esprit, à la valeur et au dévouement de œ

Jeune homme, son salut, son honneur et sa‘ vie. Quentin ne ki

parlait pourtant pas d'amour ; car quoique,.le .cœur de la jeuns dame fût tellement rempli de confianee et de reconnaissance, qu’elle.n’aurait point fait un crime à son protecteur d’une telle

-déclaration, la timidité naturelle et les sentiments chevaleresques

de celui-ci enchaînaient sa langue , et. lui auraient reproché de

. CHAPITRE XXI." DRE cherther à abuser de la situation se trouvait Isabelle. S'il en eût profité pour placer le moindre mot, il eût cru se rendre cou- pable d’une insigne-déloyauté. Fs ne parlèrent donc pas d'amour; mais, chacun à part soi, ils ne pouvyaient s'empêcher d’y-penser ; et ils se trouvaient ainsi placés , l’un par rapport à l’autre , dans cette situation les sentiments d’une affection mutuelle se com- prennent beaucoup plus aisément qu'ils ne s'expriment; dans cette situation qui, au milieu de la liberté qu’elle permet et de l’incerti- tude elle jette, forme presque toujours les instants les plus heureux dela vie humaïne, et qui trop souvent apporte à ceux qui y cédent légèrement , l'ineonstance et tous lés chagrins d'un es- poir trompé et d’un attachèment non payé de retour.

IL était deux heures après midi quand leur guide, la pâleur ; sur visage et l’effroi dans les yeux , vint exciter leurs alarmes en annonçant qu'ils étaient poursuivis par les schwarz-reiters ! de Guillaume dela Marck. Ces soldats, ou plutôt ces brigands, étaient levés dans les cercles de la Basse-Allemagne, et ressemblaient parfaitement aux lansquenets, à cela près cependant qu'ils for- maient une cavalerié légère: Pour soutenir le nom de cavalerie noire, et frapper leurs ennemis d’un surcroît de terreur, ils étaiont ordinairement montés sur des chevaux de cette robe, portaient des vêtements noirs, et couvraïient leur armure d’un enduit. de cette couleur, opération qui donnait souvent ‘la même teinte à leurs mains et à leur visage. En moralité et en férocité ces sch- warz-reiters étaient les dignes émules de leurs pédestres confré- res les lansquenets.

Jetant un regard en arrière, Quentin vit un ñuage de poussière qui s’élevait sur une route unie qu’ils venaient de parcourir , et qui s’avançait de leur côté; un ou deux soldats couraient ventre à terre en avant de la troupe. S'adressaht à sa éompagne, il lui dit : « Chère Isabelle, je n'ai d'autre arme que mon épée; mais si je ne puis combattre pour vous, je puis fuir avec vous. S’il nous est pos- sible de gagner le bois que traverse la route avant que ces cava- liers nous aient atteints, nous parviendrons sans doùte à leur échapper. Essayons-y, mon unique ami, » répondit Isabelle en mettant son cheval au grand galop; « et toi, mon brave garçon, » ajouta-t-elle en s'adressant à Hans Glover, « prends une autre route, et net’expose pas à partager nos périls et nos infortunes. »

L’honnête Flamand secoua la tête , et ne répondit à cette sens

.

4 Schiwoars, noir, et reiler, cavalier. A. M.

ms: .. QUENTIN DURS.

reus recommandation: que par ees mots :Véin !' rein dus- get nivhi F'et" il continue à les-suivre, tous trois se ditigeant:vers le bois avec ‘autant de vitesse qu’en pouvaïent déployer leurs che- _ varx épuisés de fatigee. Lés schwarz-reiters de leur côté , en les voyant fuir, redeublèrent d’éffbrts pourles atteindre. Mais, malgré Je: Rtigue de leurs chevaux, 165 fugttifs n'étant point armés: etteur poids étant conséquemment moins lourd, ils gagnaïent du terrain sur coux qui-les poursuivaient : ils-étñiènt-À environ un quart de nville du bois, lorsqu’ils’en. virent sortit une compagnie d'hommes d'ârmes marchant sous la bannière un €hevalier : cette troupe vint leur barrer le-chemin: | « À ces brillantes armures, dft Isabelle, je crois reconnaître des Bourguipuons. Mais, quels qu'ils-sotent’, il vaut: mieux nous ren- dre à eux qu’aux brigands qui sont à notre poursuite. » *_ Un instant après, regardant la bannière, eHes’écria, « Au cœur fendu qu’ellé porte, je reconnais cette bannière! c’est celle de ; Crévecepur, dun noble Bourguighon, je me rendrai à lui? » - Durward : soupira; mais que pouvait-il faire? combien il se serait trouvé heureux, un instant auparavant, s’il ‘eût bu assurer le sa- ut d'Isabelle, même à des conditions moins favorables. Is joigni- rent'hbientôt la troupe de Crèvecœur, qui avait fait halte pour re- eennaître les schwarz-reitérs, et la comtesse demanda à parler au commandant. Voyant que le ‘comte la regardait d’ün air de doute et d'incertitude, ellë lui parka en- ces termes : « Noble comte, . Isabeñié de Croysé, la fille de votre ancien frère d’armes ; la fille du comte Reinold de Croye, se déclare votre prisonnière, el implore votre protection pour elle et pour les personnes. qui l'accompagnent. Tu l’auras, belle cousine, même eontre une -ärmée entière ; toujours sauf et excepté monseigneur le duc de Bourgogne; mais nous n'avons pas le Lemps de parler de cette af- färre : les infàmes coquins ont fait halte comme s’ils prétendaient disputer le terrain. Par Saint- George de Bourgogne ! ils ont l'in- solence de s’avancer contre la bannière de Crévecœur ! Ces bri- gands ne seront-ifs donc jamais réprimés? Damien, ma lance! En avant, ma bannière! Les lances en arrêt! Crèvecœur à la rescousse! Poussant ce cri de guerre , et suivi de ses-hommes d’armes , il partit au grand galop pour charger les schwarz-reiters.

. 4 Mon, man, cale. he. va pags à: M)

em:

° " = : C1 ° | CHAPITRE XXIV. LA PRISONNIÈRE.

Qu'on me sessure ne», sire ‘chevalier , sul votre captive; tradez-moi selon la peblesse de votre: caractère. Pensez que les hasards la guerre peu- vent vous placer un jour #u nombre des malkeureuz : dont.je suis condameée à faire partie. mynt.

L'escarmouche entre les schwarz-reiters et les hommes. d'en mes bourguignons dura à péine cinq minutes, tant ces merce- naires furent promptement mis en déroute par latroupe de Crève- cœur, qui avait sur eux la supériorité des armes, des chevaux. et surtout de la valeur. En moins de temps qu "il ne nous en a fallu, pour le dire, le comte, essuyant son épée ensanglantée. sur la cri-- aière de son coursier avant de la remettre dans le fourreau, s8 rer: trouvait à l’entrée du bois, Isabelle attendait l’issue du caabat dont elle était restée spectatrice. IL était accompagné d'une per. tie de ses gens, tandis que le reste poursuivait l'ennemi en route.

« C'est une honte, ditil, c'est une e tache indélébile pour les ar- mes de chevaliers et de gentilshommes d'être souillées da s0ng de ces vils pourçeaux. »

En parlant ainsi il remit son épée dens le fourreau, puis il ajour: ta Voici, ma belle.cousine , un accueil un peu brusque pour votre retour dans votre pays; mais les princesses errantes doivent s'attendre aux aÿentures de cette espèce. Ma foi , je suis arrivé à. temps; car je puis vous assurer que ces schwarz-reitersn’ont pas plus de respect pour. la couronne d’une comtesse que pour.la coiffe: d’une paysanne, et.ilme semble-que votre suite n’était. pas très capable de faire une longue résistance. Comte, répondit Ise- belle, je vous demande, avant tout. si je suis prisonniève, et dans ce cas,.où vous avez dessein de me conduire. Vous savez bien, méchante enfant, répondit le comte, comment je voudrais résou- dre cette questiun; mais vouset votre folle de tante, àvee ses. pre- jets de mariage, vous avez fait depuis peu un si mauvais usage de, vos ailes, que je crains que vous ne sayez condamnées pendant. quelque tamps à.ne les déployer que dans une cage. Quant à moi, mondlevoir, et c’en est un bien pénible, sera accompli quand ja:

a QUENTIN DURWARD.

vous aurai conduite à la cour du duc à Péronne ; et c’est dans ce dessein que je crois devoir remiettre le commandement de ce dé. tachement à mon neveu le comte Etienne, tandis que j'aurai l'honneur de vous y.accompagner, car je pense que vous pourrez avoir besoin d’un intercesseur. J'espère que ce jeune étourdi s’ac- quittera de ses devoirs avec sagesse et prudence. Avec votre permission, bel oncle, dit le comte Étienne, si vous doutez que je sois capable de commander vos hommes d'armes, vous pouvez rester avec eux; je prendrai volontiers la charge de serviteur et de gardien de la comtesse Isabelle de Croye. Sans doute, beau neveu, c’est vraiment renchérir d’urie manière admirable sur mon dessein : mais à vous parler franchement, je l’aime autant tel que je l’ai conçu. Ayez donc la-complaisance de vous rappeler que votre affaire ici n’est pas de donner la chasse à ces pourceaux noirs, oecupation pour laquelle vous paraissiez, il y a peu d’ins- tants, avoir une vocation toute particulière, mais de me rappor- ter des nouvelles certaines de ce qui se passe dans le pays de Lié- ge, afin que nous sachions à quei nous en tenir sur-kes bruits étranges que l'on fait courir. Je n'ai besoin à ma suite que d’une dizaine de lances. les autresresteront sous ma bannière : je vous en donne le commandement. Un instant , cousin Crèvecœur, ‘dit la comtesse : .en me rendant prisonnière , que du moins il me soit permis de stipuler la-sûreté de ceux qui m'ont secourue dans mes malheurs. Permettez à ce brave garçon, mon guide fidèle, de retourner librement dans la ville de.Liége, »

Après avoir jeté un regard pénétrant sur la large et honnâte figure de Glover, Crèvecœur répondit : « Ce brave garçon ne ps- raît nullement dangereux : il restera avec mon neveu, et l’accom- pagnera.aussi loin qu'il pourra s’avancer sur le territoire de Liége; il sera libre ensuite d’aller bon lui semblera.—Ne manquez pas de me rappeler au souvenir de la bonne Gertrude, » dit la-com- toesse à son guide, « et, « ajouta-t-elle en lui présentant un col liér de perles qu’elle tira de dessous son voile, « priez-la de porter ceci en mémoire de sa malheureuse amie. » -

L'honnête Glover prit le collier, et baisa avec une galanterie toute campagarde, mais avec une affection sincère, la belle main qui le récompensait d’une manière si délicate des fatigues et des périls auxquels il venait de s’exposer.

« Ah! ah! des signes et des gages d'amitié! » murmura le comte d’un air mécontent. « Avez-vous encore quelque autre cadeau à

_CHAMTRE XXI. ss:

. faire, ma belle cousine ? « sjonta-t-il d'un ton railieor : « il est

temps que nousnous mettions en chemin.—Il ne me reste ples, » dit la côintesse en faisant ua eflbrt pour parler, « qu'à vous prier d’être favorable à.… à.:. Ce jeune gentilhomme.—Vraiment ! » ré- pondit -Crèvecœur en jetant sur Quentin le même coup. d'œil pé- nétrant qu’ ayait fixé sur Glover, mais, à ce qu’il parut, avec un résultat beaocoup moins satisfaisant. « Diable! » ajouta-t-il

en imitant d'une manière plutôt pisisante qu’offensante l'embarras de la comtesse , « voici une lame d’une autre trempe ! Je vous-en prie; belle tousine, qu'a fait ce... ce ‘jeune gentilhomme pour s'être rendu digne à ce point de votre intercession?—Il m'a sauvé

. Phonneur-et la vie, » répliqua la comtesse, sur le front de qui la

modestie et le ressentiment firent monter une subite rougeur: Quentin rougit aussi d’idignation ; mais la prudence hui fit sentir. een $ y.abandonnant il ne feräit qu’empirer les choses. « Dia- ble! :»-répéta le comte de Crèvecœur ; «l'honneur et {a vie? Il

me'semble , belle cousine, qu'il'aurait été plus convenable que vous ne‘vous fussiez pas mise dans le cas d’avoir de semblables oMigations à ce jeune homme. Mais n’importe.:il peut nous suivré, sa qualité 1e lui permet ; et je veillerai à ce.qu'il n'ait à souffrir avwemne injure: Quant à votre honneur: et à votre vie, c’est moi qui me chargerai désormais du soin üe les défendre ; et peut-être trouverabje pour ce: jeuné hômmerquelque emploi plus convena- ble que celui d'éeuyer-servant de damoiselles errantes.—Comte, à dit Durward; incapable de garder le silence pluslong-temps, « de pewr:que vous ne parliez d'un étranger sur-un:ton plus léger que vous’ ne jugariez convenable ensuite de l'avoir fait, je prends la hiberté de vous apprendre que je suis Quentin Durward, archér de la garde écossaise du roi de France , corps-dans lequel, ainsi que vous:le savez fort bien, on ne reçoit que des gentäshommes et des hommes d’honneur.—Je vous remercie de l'information et je vous baise les mains , seigneur areher , » répondit Crévecœur sur: le môme ion de raïllerie. « Ayez la bonté de marcher près de moi, en tête du détachement. » .

Au moment Quentin s’apprétait à obéir aux ordres du com te; qui avait alors sinôn-le droit, du moins le pouvoir de lui comman- dér, il remarqua que la comtesse Isabelle suivait tous ses mouve- ments avec un air d'intérêt inquiet et tirnide, qui ressemblait presque à l’expresaion de la tendresse ; et cette vue l'émut si vive-

ment que ses yeux se remplirent de larmes. Mais il se rappelæ QUENTIN DURWARD. 21

L à: | QUENFIN BERNARD. - quiil'avait e nôle- diun homme ,Atnon.ceisi die sbent, à son tenir devant Cnèvedœur; qui de:touslos ehesaliers:de Frones:ot. de Beurgngas était. le moins propre à siattendrin.sur: den chagrins. damoun.. ILnéswlut dons de ne-pas attendre plus kong-tampspour lui:parier , et: d'entrer en.conwapsetion avec dui.sues ‘wa:ton quiile: aanvainquit du: droit qu'il: avait. d'être: traité hepsrmblempnt: et: avea los. d'égards: que .le cnmie ñe semblait dispesé à. lui ex accorder , peut-être parce que sen. orgueil offensé hui éaisait voir. avec déplaisin qu'un homme d’un: rang. peu éiové. sGuobienu la confianne de sa riehe.et noble cousine: . .. « Comte: de Crèvecœur.,. ». lui dit-il avea: politésse, maisdiene

voix ferme, = puisrie vaus-demander, ayant d'aber plus.lois, si, je: suis libre , ou: si je: dois me regarder commevotre priscuniec ? La:question sst adroite * répondit le comte ; mais en-cemoment:. jeans puis y-répondre-que par celle-ai: Pensez-vous qua la Enanee: et Bourgogne soient en paix, on en. guerre C'est rm que Vous savez certainement beaucoup mieux .que mai, signeun comte; je, suis shsent de la tour de France depuis quelque temps, .at je p'en:ai ragu: AauGyDe. nouvelle: Cela;suffit,. pousauivit le: comte; vous voyez combien il:est aisé de faire des.questians, mais coms bien autsi di est diffleile d'y. népandre. Moi-mêine:; .quisai passé une samains et nlusà Péronne avec le duc, je:ne suis pas plus on état-que vous d'expliquer cette énigme, Et cependant; sire écnyer, g’est.de.la-salution de ce:problâme que.dépend':la.-question de se- voirei vous êtes libre ou prisonnier :.et:quant-& présent. je:dois vous copsidérer en.cette dernière qualité: Voilà nsa réponse; Seu- lement, sj vous gvez:été réellement et honcrabiement: utile: &me parente, ot.si vous répondez avec. sineérité.à: mes questions , vos affaires pourront. prendre. une tourmurs favorabls.—La.comtesss de Croye peut: seule j juger:si luirai.nesdu quelque serwéce .. ob c'est à elle que je. vous-renyoie à oet- égard. Quant àmes:répon- . Ses, vous en jagerez lorsque-vous:rniaurez: questionné.—Hom:! vil upmiton passabloment. bautain, murmura érèverceur :. ibeon- vient assez à celui qui porte à sonchapeau:le gage d’une belle; et qui croit pouvoir prendre les:chosessur:un ton élevé, pér respect pour prédieux.ohiffon:de.soie ou de brosand... Eh-biem, mon- sur l'archer; j'use croire que,. sans déroger à:votte dignité, . vous pourrez me dire depuis combien de temps vous btesattaché au ser- vice de la:comtesse Isabelle de Groye.—€Comte de Crèvecœur, sije: méponds des questionsqui mo sout adressées sur un:ton-qui:ap-

"CHABFERE XIV. 2

| proche de:L'insulte, c’est seulement de peur que moa silence nie

seit-interprété. d'une manière isjuriouse pour une personne que ous devons-honerer également tous deux... J'ai servi d’eseorte à la: comtessæ Isaboilé dépuis qu’ elle a-qmitté la France pour se reti- rer en. Mandre.—@h!. oh ! c’est-à-dire-dépuis qu'elle s'est évadée du Plessis-lez-Tours ? Et votre qualité d’archer de la garde écos- saise rend asserprobable que yous l'avez Pesompagnée d'après les ordres-exprès du roi Louis? »

Quoique Quentin se crût fort peu redevable envers: le roi de France, qui, en imaginant de faire surprendre Isabelle par Gui

laume de la. Marck, avail probablement calculé que le jeune

Écessais serait tué en la défendant, il ne se Croyait pas en droit de trahir la oanfiance: que Louis avait. placée, ou avait paru placer en lui; ilrépondit done au comte qu’il luisuffisait pour agir d'avoir reçu.les ordres de son. officier supérieur, et qu’ n'en : demandait jamais davadiage. :

«— En effet, cela suffit, dit le comts; mais nous sarons-que le roi ne permet pas que ses officiers envoient les archers de sa gardé courir comme des paladins àla suite des-princesses érrayites, sans avoir. pour cela quelque motif de politique. Il sera-diflicile au roi Louis-de-persister à-soutenir hardiment qu’il ñe:savait pas que les comtesses Hameline et Isabelle de Croye fuyaient dela France, puisqu'elles devaient étre escortéespar un:des-archiers de sa propre garde. Et de quel côté dirigiez-vous votre retraite, messire areher? Sur Liége, segneur comte: ces dames désiraient êtres mises sous la protectioh de feu l'évêque. de cette ville.— Defeu l’évêque! Louis de Bourbon est-il donc mort? le duc n’a point entendu parler de sa maladie : de quoi-est-il mort? Il repose dans une tombe erisanglantée, monsieur.le comte, si toutefois ses meurtriers en ont.accordé une à ses restea —Ses meurtriers ! Sainte Mère de Dieu! Jeune horame, cela est impossible :—J'ai vu le crime de mes propres yeux, et beaucoup d’autres encore.—T'u l'as vu! et tu n’as- pas secouru ee.bon prélat ! tu l’as vul.et. tu n’as:pas soulevé tout. le château contre ses-assassins? Ne sais-tu pas qu'ayair été témoin d’un pareil forfait sans chercher à s’y opposer, c’est être coupable d’un odieux-sacrilége.— Pour. tout vous-dire en peu de mots, avant que cet assassinat fût commis, le château avait été

pris d'assaut par le sanguinaire Guñlaume de la Marck, avec le

secours des Liégeois insurgés.— C’est un coup de foudre ! Liège en état d'insurrection! Sehonwaldt pris! l’évêque assassiné !

328 - . QUENTIN DURWARD. .

Messager de malheur ! jamais homme ne déroula le tâbleau'-de fant de crimes à la fois! Mais parle, que sais-tu de cet assaut, de cette insurrection, de ce meurtre ? parle, tu es un des archers de confiance de Louis ; c’est ja main qüi a dirigé cette flèche cruelle! parle, te dis-je, ou je fais écarteler par des chevaux indomptés.

Et quand vous le feriez, sire comte, vous n’arracheriez de moi rien dont un gentilhomme, écossais eût à rougir. Je suis aussi étranger que vous à tous ces crimes, et j'étais si éloigné d'y préndre part, que je m’y seraïs opposé de-tout mon pouvoir si es fôrces " avaient égalé la vingtième partie de mes désirs. Mais que pou vais- je faire? ils étaient des centaines, et j'étais seul. Mon ‘unique soin fut de sauver la comtesse Isabelle, et-j’eus le bonheur d’y réussir, "Si cependant j j'eusse été assez près du vénérable vieillard lorsqu'il “fut si cruellement assassiné, j'aurais sauvé ses cheveux blancs, ou je les aurais vengés. J’exprimai même assez haut Fhorreur que m'inspira cet exécrable forfait, pour empêcher de nouveaux crimes.— Je te crois, jeune homme; tu n'es pas d’un âge et tu ne parais pas d'un caractère à être chargé d’actions aussi sanguinai- res; quelque häbile que tu puisses te montrer comme écuyer de dames. Mais, tiélas ! est-il possible que le bon, le généreux prélat ait été assassiné dans le lieu même où-si souveñt il déploya envers jes étrangers la charité d’un chrétien et: l'hospitalité d’un prince.

Faut-il croire qu ‘il a été assassiné par un misérable, par un mons- tre de sang et de-crüauté ?Est-il possible que ce tigre, élévé dans l'asile sacré, ait souillé ses mainè du sang de son bienfaiteur ! Mais je ne connaîtrais pas Charles de- Bourgogne et je douterais de la justice du ciel, si la vengeance n’était aussi prompte et aussi terri- ble que le crime a été atroce et inouï. Et si nul autre ne se char- geait de poursuivre le meurtrier.» Ici il arrêta son cheval; lâcha la bride, fit retentir sa cuirasse en se frappant la poitrine de ses mains garnies de gantelets, puis les levant vers le ciel, il continua d’un ton solennel : « Moi, moi, Philippe Crèvecœur des Cordes, je fais vœu à Dieu, à saint Lambert et aux trois Rois de Cologne, de n’occuper mon esprit d'aucune affaire terrestre, jusqu'à ce que j'aie tiré pleine yengeancè des meurtriers du bon-Louis de Bour- bon, dans les forêts ou en champ clos, dans la ville ou en rase campagne, sur les montagnes ou dans les plaines, à la cour du roi ou dans l’église de Dieu, et j’y engage mes terres, mes biens, mes amis, mes vassaux, ma vie et mon honneur. Ainsi, me soient en aide Dieu, saint Lambert et les trois Rois de Cologne! »

CHAPITRE. XXIV. : ‘529

. Après avoir prononcé : ce serment, le comte de Crèvecœur parut un peu souligé de l'accablement et de l’étonnement douloureux que lui avait fait éprouver le récit de la fatale tragédie jouée à Schonwaldt, et il pria Durward de lui donner. des détails plus circonstanciés sur ce désastreux événement. Le jeune Écossais, qui n’éprouvait nul désir de calmer le ressentiment du comte contre Guillaume de la Marck, les. lui donna. volontiers, et de manière à satisfaire complétement sa curiosité.

—« Quoi ! ces inconstants et aveugles Liégeois, ces brutes : sans foi, ont pu se liguer avec ce brigand, cet impitoyable assassin ! ils ont pu, sans craindre d'irriter le ciel, mettre à mort leur prince légitime ! » . .

Ici Durward. infora le Bourguignon indigné que les Liégeois, ou. du moins la partie ja plus respectable d’entre eux, quelle que

. fût la part que; dans leur témérité, ils eussent prise à la révolte qui avait eu lieu contre leur évêque, n’avaient cependant eu, d’après toutes les apparences; aucun dessein de tremper dans le forfait exéerable commis. par de la Marck; qu'au contraire ils

. Tauraient empêché de l’aceomplir s'ils en avaient eu les moyens, et qu'ils n’en avaient été témoins qu’en témoignant la plus pro- fonde horreur.

—« Ne me parlez pas de ces misérables plébéièns, de cèlle populace sans foi et sans honneur ! s’écria- Crèvecœur. Quand .ils prirent les-armes contre un prince qui n'avait rien: à se reprocher que d’avoir eu trop de bonté pour une race de vils et ingrats esclaves ; quand ils se révoltèrent contre lui et violèrgnt sa paisi- ble demeure, quel était leur projet, si non le meurtre ? Quand ils s’unirent au Sanglier des Ardennès, le plus grand assassin. qui existe dans toute la Flandre, quel autre dessein pouvaient-ils -lui supposer, si ce n’est encore le meurtre ? Le meurtre n'est-il pas le métier qui le fait vivre? Et d’après ce que vous venez de me dire, jeune homme, n'est-ce pas une-de ces viles canailles qui a commis le forfait? J'espère voir un jour, à la clarté-de leurs mai- sons embrasées, le sang couler dans lès canaux de leyr ville! Quel noble et généreux prince ils ont assassiné ! On a vu se révol-

ter des vassaux accablés par les impôts et la misère; mais ces Liégeois, au milieu de l'abondance et des richesses qui alimentent leur luxe et leur orgueil, commettre une telle horreur ! »

I abandonna de nouveau les rênes de son cheval, et, avec l'ex- pression d’upe douleur amère, se tordit les mains malgré les

=. QUEÏAEN BÉRWARD.

gantélsts: ‘äont-elles ébiient esuvertes. Quentin eupergutehfément quelle ehagrm que'ile comte manifestait était -mugménté : par‘ie survenir pénié de emiitié qui ‘avait uni &l'infortané prébat : ét: il garda:le:sitence; respectant une otleurquiil ne votiait pas agsraverpar-e. nouveaux détails , -et-qu'il se cmt incapee feëoacir'par auicune:parôle de consolation. core --IMris'le-eointe de Crôvyoeœur revint à: Dtusiente-réprises sui même sujet, le questionna de nouveau sur-éhaerine des partiou- lbités-de la prise de Schonwälüit:et dela mort de l'évêque, ettout &vcoup.-comme #il æ ‘fût rappelé quelque chese qui ‘AN -usit _ ééhappéiile le rmémoire, 4: demandä -ce qu'était. devenue la-oom- . tesse Hameline, et pourquei elle n’était pas avec sa nièeg:r Ce æostipas, + a il-avec un air de mépris, «que je:regarde-son absense:cpmime une pette pour ‘la conitesse. läbélle "car quoi: mu’éke Ai:sa-parorite,-et-qu’elle eût, au totdi, -de-benrestiton- : tions, je: puis dire quelle royaume de Cocagne neproduisitjamsis uno telo’fülle: et'je trens-pour cortäin que'sa Mmièse, querjlai ton fours regardée-comme une jeune pernonno motieste-et sage, ea eonûn ke projet extravagant de s'enfuir delBourgogne pour coërit en Frenee,: que par (les insipuations: de’cette-vielie tête éventée et romanesque, de cette sotie surannée qui ne sorige- qu'à troc ver-des maris-pour des autres-et pour élle-mênge.» ''. :Quel-lmgage pour lesoreiles d'an'amartt, tue ée: prrséie- ment romanesque, et dans un momeñt: :sortout où'il -auræt été ridicule à lui de-tenter. ee qui alérs-était: impossible, c'est-à-dire die cénvaincre le comté par'la force des-arrnes qu'il: faisait Pmjure fa: plus grossière à la eomtesse Isalielte, eette ‘femme d'une béauté:et d'un: ésprit meomparables, en la désignant:comnse « une jeune personne modeste et sage! » Un tel éloge, selon:lui, aurait beaueoup'rieux eonvenu à'la fille ‘hôjée d’unpaysan, dont: Foc- eupation est d'aiguilienner les bœuffs tandis que son père conduit Ja eharpue. Puis la supposer assez faible pour-se laisser dominer par une folle, pour se laisser guïder par Tes conseils d'une:vieile extravagante! Avec quel plaisir il eût fait rentrer‘une telle..ca- Lemmie dans la gorge du calomniateur! Mais la physionomie ou- verte, quoique sévère, du comte de Crèvevæur, le mépris-souve- pain qu'il-paraïssait avoir pour les -sentiments qui dans Pame de Quéntin lemportaient sur:tous les autres, -lui-on imposaient:mal- gré lui :'ee n’est pas’ qu'il:redoutât la brillante renommée que le éonke avait acquise dans les armes (eette circonstance n'eût

CRAPITRE LLEV. sai Aibadaccraltre son :évir do l'appeler au ecmbat y; ris étrit retepa par la-erainte du riieule,-celle de-toutes lesarmes que re: doutent le phus’les enthousiastes de tout-genre, ‘celle qui, par:&où influence our leur-esprif, ‘réprime quelquefois des idées #bsurden, "gabique-souventausii elle étouffe de nobles inspirafions,

Aaftuencé:par lacrainte-de devenir un ébjet de raillerie: plutôt que de ressentiment, Durward se borna donc, queiquavec réptt. gnetcs; à dire d'uné matière assez confuse,.qué'la comtesse Ha- anbline était parvenue à s'échapper du-château de Schonwaüldt pou d'restarits avant l'assatit. Alfa vérité, il ne pouvaït entrer: à ce ‘sujet: dans de‘biens longs détails, -sansjeter ridicule sur la-prer élre parerite d'Isabelle, et sans $’y exposer ‘un peu ‘lui-#hême, vormieaÿant Eté l'objet des-espérences matrimoniales de 1 tendre ét romartesque dame. 'H djouta.à. cette narration , tant soit pet Æhecure et emibréuilée, qu'i avait entendu.dire, : d'une mariièré ‘yague cependant, que la comtesse Hameline était tontbée mbtwoau:entre lesmains-de.Guillarme de la Matck. « Puisse saint Batwibert ‘lui fnspirèr Fidée -de l'épouser! dit Crévecœur’; il est tôme-assez probable qu'il le fera par:amour pour'ses sacs ‘d'aru gent, et-qu'il l'assommera aussitôt qu'ils sorobt en sa possession, où, plus tard, Jorsqu'it lesaura vidés. »

Le comte fit alors tant .de questions Orrentin sur la mariièré dent'les-datnes s'étaient conduites pendant levoyage, sur le degré d'intimité qu’élles lui‘avaient accordé, et sur mille-antres-choses fort délicates, que le jeune homme, .contrarié, confus:et irrité,

_œut péine à-cacher-son-embarras aux regards scrutateurs du vieux -sodat courtisan qui, éhangeant'tout à cotrp manières , s'éloi- gna de lui én s'écriant : « Oui-da ! je vois que les choss:en sont je l'avais présumé, d'un côté du moins; j'espère que de l’autré on me-montrer4 plus de -bons sens et de retenue. Altons, siré écuyer, un coup d’éperon, marthez à l'avant-garde, tandis qaë je eauserai avec la comtesse Isabelle. Je pense que ‘Yous m'en avez assez appris pour que je puisse maintenant Jui : parler de toutes ces tristes aventures-sans trep blesser sa délicatesse, bien qué j'aie pu froissér un pou la-vôtre. Mais un moment, jeune homme, un mot éncore avant de vous éloigner. Vous avez fait, à ce que je vois, un heureux :voyage dans le pays des féeries, voyage tout rempli d'aventures ‘héroïques, de brillantes espéran- ces et d’extravagantes chimères, telles que l’on en rencontre dans les jardins de Ia fée Morgane. Mais, jeune séldat, » ajouta-t-it en

#3? __ QUENTIN DURWARD. |

lui frappant sur l’épaule, « crayez-moi. oubliez toué cela: ne.vous rappelez cette. jeune dame que comme l'honorable comtesse de Groye, et perdez tout souvenir de la damoiselle errante et aven-

turière : ses amis (et je puis au moins vous répondre d’un) ne.se

souviendront que-dés services. que vous Jut:avez rendus, et ou-

-blieront la récompense déraisorinable à Jaquelle 1 vous avez-eu Ja

témérité de prétendre. »

. Dépité de n'avoir pu cacher au pénétrant Grèveomur des senti- ments que ce dernier paraissait n’envisèger que comme un sujet de raillerie. et de ridicule, Quentin. réplique avec une expression

- de fierté offensée : « Comte, quand j'aurai besoin de vos avis, je

vous les demanderai ; quand j'implorerai yotré assistance, il sera assez temps d de me la refuser; et quand'j ’attacherai une valenr pàr- ticulière à l'opinion que vous. pouvez avoir de moi, il ne.sera pas trop tard pour l’exprimer. Qui-da! : s’écria le comte, mevoici entre Amadis et Oriane,:et je dois m attendre à un défi! Vous

parlez comme si cela était impossible. Quand j j'ai rompu.une lance

avec le duc d'Orléans, j j'avais pour adversaire. tin homme dans le sein duquel coule un sang beaucoup plus. noble que celui de Crè- vecœur ; et quand j'ai mesuré mou épée avec celle. de Dunois, je combattais contre un guerrier .qui lui est, bien supérieur. Que le ciel mûrisse. ton jugement, mon bon jeune homme ! Si-tu dis la vérité, tu as reçu une faveur singulière de la fortune; et, en yérité, s’il plaît à la Providence de te destiner à de pareïlles épreuves avant que tu aies de la barbe au menton, la vanité te rendga fou avant que tu puisses te dire un homme: Tu peux me faire rire, mais non me mettre en colère. Crois-mdi, quoique, par un de cts caprices que la fortune montre quelquefois, tu aies combattu con- tre des princes .et aies été le champion d’une comtesse, tu n’es nullement l’égal de ceux dont, par un:effet du hasard, tu es de- venu l'adversaire, et dont-un hasard plus extraordinaire encore t’a fait devenir le compagnon. Je puis te permettre, comme à un jeune homme qui s’est nourfïi l'esprit de. la lecture des romans jusqu’au point de rêver qu’il est un paladin, de continuer. pen- dant quelque temps tes jolis songes ; mais il ne faut. pas te fàcher contre un ami bienveillant s’il te secoue un peu rudement par les

épaules pour t'éveiller. Ma famille, monsieur le comte...

Ce n’est pas de ta famille que je parle ; je parle de-rang, de for- tune, d’élévation, et de tout ce qui établit une distance marquée entre les hommes. Quant à la naissance, tous les biommes des-

CHAPITRE XXIV. 353 cendent d'Adam et d'bve. Mes ancêtres, les Durward de Glens: Houiskin… Ma foi si vous prétendez à une généalogie quire- monte au délà d'Adam, je n’ai plus rien à dire; Dieu nous.soit en

aide! »

. À ces-mots, il arréta son cheval pour laisser à la comtesse le temps le rejoindre. Mais malgré ses bonnes intentions, les ob- servations et les avis du comte furent encore plus désagréables à -cekle-ci:qu'à Quentin ; qui, tout en marchant en avant, murmu- rait à demi-voix: « Arrogant et froid railleur ! fat présomptueux ! je voudrais que le premier archer Scossais qui aura son arquebuse pointée sur toi ne te laissät pas échapper aussi aisément que je J'ai fait. » S

Ils arrivèrent dans la soirée à la ville de Charleroi sur la Sam- bre, le comte de Crévecœur se détermina à laisser la comtesse Isabelle, que la terreur et la fatigue de’ ce jour et du précédent (ils avaient fait un trajet de cinquante milles *), jointes aux sensa- tions pénibles qui la poursuivaient:sans cesse , avaient mise dans l’impessibilité d'aller plus loin. sans compromettre sa santé. Le comte la confia , dans un état d’épuisemént total, aux soins de l’abbesse d’un couvent de l’ordre de Citeaux, dame de haute nais- sance, qui était alliée aüx deux familles de Crèvecœur et de Croye, et sur la sagesse et l'affection de laquelle il pouvait se reposer en toute eonfianèe.

Crèvecœur ne s'arrêta à Charleroï que pour recommander les plus grandes précautions au commandant d’une petite garnison bourguignonne qui occupait cette place , et pour le requérir de donner au eouvent une garde d'honneur pendant tout temps que la comtesse Isabelle de Croye y résiderait, mesüre prise en apparence pour sa sûreté, mais qui probablement n'avait d'autre but que.de rendre nul tout projet d'évasion si elle était disposée à en former quelqu'un. Le comte donna ordre à la garnison de re- doubler de vigilance, se bornant à dire pour motiver cette mesure, qu'il courait un bruit vague de troubles survenus dans l'évêché. de Liège: ilavait résolu d’être le premier qui. porterait au duc Charles les afiligeantes et déplorables nouvelles de l'insurrection - des Liégeois el du meurtre de leur. évêque. S’étanit procuré des chevaux frais pour lui et pour sa suite , il se remit donc en che- min, déterminé à se rendre à Péronne sans s’arréter. En informant Quentin de la. nécessité de le suivre, il lui fit, avec son ton rail-

3 Envirop seize lieues. AM

et :_ QUENTIN DUHWMARD. ,

| fur, es-excuses Le le séparer de br belle étéimaile conpague qu'il avait eue:jasqu'alors, ajoutanit-qu'il -espérait quiet -écayer dévoué aux dames trouveräit un voyageau clair de la me Mus agréable qu’ün lâche sommeil, auquel il n'est permis qu'à des mon tels crünaires de s'abandonner.

‘Quentin , déjà suffisamment curitrarié en se voyant séparé ET. sabelle, brûlait do:répondre à ce- sarcasine pat'un défi : mais éon vaincu que: le-conile ne ferait tueirire Ge-sa-volère étmépriserait ses prorocatiohs, il:se- décida d-attendre. dt temtps-oécssion fave: table pour 6btenir:satisfaction-de cet-orguellleux seigneur , ‘qui

_: lui était devenu, quoiqué. pour des raisons'bien différentes, pres:

" Que âussi odieux que le Sanglier des Ardennes. Il consentit denc dobéir aux ordres de Grèvecœur ; puisqué la: résistamee-étüit:km- possible; ét is firent de: compagnie etavec” la: Pas: grinde cétérité ke cher de Charleroi à Péronne, |

“LHÔTE INATIENDE.

“Le canevab des quañités hitmäines n’est jamais velle-

ment bien tissé qu’il ne s’y glisse. queigue défaut. Fri

YA.un brave fuir devant un chien de berger; un sage

‘se conduire si sotteñènt, qu’üh idiot en eût rougi.

_ Quant'à votre homme da monde, skprudent, sradrokt,

7" . vil tendses flots. avec: tantde malioeetd'adresge, que souvent, il est pris plus promptement que les autres.

Preille Cornédie.

Pendant son voyage nocturné Quentit euit à: lutter contre cs ourment de l'âme qu’un amant éprouve lorsqu'il se sépare, pro- “bablemerit pour toujours. de ce qu'ilaime. Nos'voyageurs, pressés par la nécessité des cireonstances et par l'impatiencé de. Grève- <œur , traversaient à la‘hâte tes riches plaines du Hdimault, guidés par la bienfaisante clarté de la lune d'août, qui-étlairait:de ses pâles rayons-les gras pâturages , les terres boisées et les champs vouverts de gerbes, tandis que le laboureur, favorisé par son éclat, pourstrivait les'travaux-de la moïsson ; car, déjà à cette époque ; es Flamands étaient très-avancés en agriculture. Son éclat s répandait encore sar les larges rivières dont le cours'tranquille répandait la fertilité et n’était intorrompu.par aweun-recher; sur

lesrmioir voyaitilyblanche-voile se dépioyerevecgrire poux, | porter d’une ville à useautse-les:bieudiés du commerceetde is dustrie. Cette douce et:m ystérieuse clarté: permettait aussi devoir des:villages d'un:espect riant.et paisible, dont-il était -facile:der deviner l'simace-et:le:bonhéur:parka propreté etliagrémentex- térisur-dss buhitations.; dens d'autresosiioits, on vovait:s’élsser le château féodal, avec ses fossés. profonds , ses murailles -créme tésset son beffroi, carla chevalerie da: Hainauit était redonauée parmi:la nobleme-de l'Hurape. puis enfin , à des distances plus éloignées, les: tours gigantesques et ‘les nombreux einchers de | admbreux:moumstères.

-Ea:beauté :et: la variétédoeo-iibleau, si différent de: tu. solitade et de -Y'aridité.de.}’Écesse , ‘navaissit cependant pas le pourdir. d'imtorrompre le coùrs-des tristes réflauions et des regrets do Guen

tin.:Il'avait:laissé son cœur derrière hsi.on partant de -Charierei:; et la seule pensée qui ‘vecupât son esprit pendant ‘Cce:voyage fut que chaque pas l'élorgnait davantage: d'Isabelle. Son imagination

ne cesaitide lui rappeler chaque mot qu'elle. avait dit , chaque regard qu'elle avait dirigé sur lüi, ét, comme cela:arrive ssuvent en parell:cas, Fimpression causée:par le souvenir. de ees cirenns- tanees était: beatræup plus forte. que celle qu'arañ prodaite lg réalité.

<QusméienfitiTheare froide deirsimeit Tutpassée; Quentin on d- pit de Pamour et du chagrin,commençcaàs apercevoir de l'extrême fatigus :qu'ilavait subie dans les deux journées précédentes, fati- güe que ses habitudes d'exercice dans tous les genres , sa vive eité, l’activité de-son caractère, ainsi que la nature pénible de ses réflexions ; l'avaient empêché de ressentir jusqu'alors. Ses sens épuisés-et'engourdis par la fatigue, -commencérert à seconder si faiblement les opérations de son'esprit, que les visions enfantées person imagination. éhengenient ou.défiguraient tout ee qui lui était transmis par Tes organes «émoussés dela vue et-de l'oute. I ne savait qu ’il-étæit éveité que par -les-éfforts ‘que le sentiment . machinai de: danger de-sa situation le portait à faire de temps à antre- pour résister au sommeit profond qui l’eccablait, ét:qui, s'il y-avait-cédé, l'ex posait à tomber decheval ; mais à peine-entr'ot- . vrait-itles yeux, que des ombres -confuses:lui-obscurcissaient vue, ot :le paysage que -la lune-échirait:diors-disparaissait à ses regavée. Enfin, son aceablomert devint tél, que le comte-de Ürès vecæur;, qais'onapergut. fut obligé d'ordennerà deux-de ses gens

ses QUENTIN DURWARD. de marcher de chaque oûté du jeune écuyer, afin de le garantir ‘d’une chute dont il était à tout moment menacé.

* Lorsqu'ils arrivèrent à Landrecies, le comte, tauehé de com - passion: pour Quentin, et réfléchissant qu'il avait passé trois nuits presque: sans dorrbir, accorda une halte. de quatre heures pour donner. à lui-même et à sa suite le temps de se rafraichir et.de se reposer

; Quentin était hongé. dans un profond sommeil lorsqu'il en fut tiré parle :son de la trompette du comte et par les cris de ses four. riers.et de ses:maréchaux de logis Debout! debout! Allons, mes- sire, en route! »Quelque désagréable que fût ce réveil matinal, Dur- ward.se sentit, sousie rapport de la force et du courage, un étre tout différent de ce qu'il était quelques heures auparayant.Sa confiance en:lui-même et en sa fortune lui revint avec la vigueur de ses es- -prits, qu’augmentait l'éclat du soleil levant. Il ne pensait. plus à son amour. que comme. à un songe chimérique et sans espoir; - le considérait comme un heureux principe de vigueur pour son amé, dans -laquelle il devait le nourrir, quoique les nombreux obstaeles qui l’entouraient ne-lui permissent pas d'espérer le. voir un jour couronné de succès. «Le pilote, pensa-t-il, dirige sa bar- que par l'étoile polaire quoiqu'il ne puisse espérer d'en devenir “jamais possesseur : de même le souvenir d'Isabelle de Croye fera de moi un digne bomme d'armes, quoique peut-être je sais destiné à ne la revoir jamais. Lorsqu'elle entendra dire qu’un soldat écos- sais nommé Quentin Durward s’est distingué sur le-champ de ba- taie ou a laissé son corps sur la brèche, elle se souviendra de Son compagnon de voyage comme d’un homme qui fit:tout ce qui était en son pouvoir pour la préserver des piéges et des malheurs dont elle était environnée, et peut-être alors honorera-t-elle sa mémoire d’une larme, et son tombeau d’une guirlande. »

Déterminé-à supporter son malheur avec cette mâle fermeté, | Quentin s sentit plus disposé à supperter avec résignation les raïlleries du comte de- Crévecœur, qui-ne manqua pas de lui en adresser plusieurs sur sa délicatesse et sur son manque de vi- gueur, qui l’empéchaient de-résister à la fatigue. Le jeune Écos- sais se prêta de si bonne grâce à son persifilage, et y répliqua d’une manière si beureuse et en même temps'si conforme aux conve- nances et au respect à un supérieur, que ce changement de ton et de langage produisit évidemment sur le comte une impres- sion beauçoup plus favorable que celle qu'avait faite sur lui la

| "CHAPITRE XXV::” ss conduite de:son prisünmier pendant la soirée. précédente. lors. qu'irrité de sa situation pénible, il avait gardé le silence avec we meur, ou riposté avec fierté.

Le vieux chevalier commencà enfin à faire queique. athention à lui ; et à le regarder commé un jeune homme dont il était possie ble de faire quelque chose; il lui donma même à entendre assez clairement que, s’il voulait quitter le service du roi de France et renoncer à son grade d’archer de la garde , il lui ferait obtenir de l'emploi dans la maison du duc de Bourgogne; il serait-traité honorablement, et qu’ veillerait lui-même à son avancement. Quentin , avec toutes les expressions de reconnaissance convenæ- bles, refusa’, quant à présent, d'accepter cette faveur,-et jusqu'à ce qu’iksût d’une manière positive jusqu'à quel point il avait à se plaindre de son premier protecteur, le roi Louis; mais la bonne intelligence qui s'était établie entre lui.et le comte:de Crèveeœur n’en fut pas ébranlée. Enfin, si son:‘imagination enthousiaste, son accent étranger, sa manière de pensér originale, appelaient sou- ‘vent le sourire sur les traits graves du vielllard , ce sourire , loin d'exprimer, comme le jour précédent, le sarcasme.et Famertirme, n’anhonçait plus que la bienvéillance etia-gaieté. .

Continuant donc son veyage avec beaucoup plasd’accord que ja veille, la petite troupe arriva enfin à deux nritles. dela fameuse st forte ville de Péronne , près de hiquelle était campée Varmés du duc de Bourgogne , prête, comme on le supposait alors, à faire une invasion en France ; tandis .que, d'un autre côté, Ecuis: A avait assemblé des forces considéraliles aux environs de Pont- Saint-Maxeñce, dans le dessein de mettre à la raison son tout- puissant vassal.

Péronne, située sur une rivière profonde dans un | PAYS blat, entourée de forts boulevards et de larges fossés, était regardée dans les temps anciens, comme êlle l'est encore de nos jours, com- me lune des plus fortes places de la France !. Le comite de Crève- Cœur, sa suite et son prisomnier s ’approchaient de cette forteresse vers les trois heures après midi, lorsque traversant à cheval les clairières d’une vaste forêt qui en couvrait alors les environs du côté de l’est, ils rencontrèrent deux individus qu’à leur nom-

breuse suite ils jugérent d’an rang distingué. Ils étaient vétusdu

4 Sir Walter Scott, essaie dans une note, d'enlever à Péronne son ütre de oucells, en prétendant que Wellington la prit en 1815: il n’était pas difficile de s'emparer d’une ville qui ouvrait d’elle-même ses portes à des alliés de Louis XVIII, 4. M.

| © _ QUENTIN PUR WARD. enstuuné qW'én'pertait aiers: entompe de pañx:;: et lesfaciconx qu'is amient:ser le poing, les chiens couchantset les lévriers.que-leurs gens conduisaient en laisse, indiquaibnt une:ehasme à l'oiseau. Fa apercerant Gièveccnr, dont les cemleurset-les armes leur étaient connues , ls: chasseurs abandénnérent un‘héron qu'ils poursat- . ientsurles-bords d'un canal, et accomrtirent-vers lui au galop - sw Des nouvokes !'des nouvelles l'comte de Crévecœur! n'3'6- cridrentt-ils àla fois. Voutez-vous nous-err doRüér, ou en recevoir . e-nous? ou: bien. voalez-vous que hous en fassions échange ? Je consentirais- volontiers: à un ‘pareil: ‘échange, messires, » répon- dit le comte après les avoir salués avec coértoisie , « si je-croyaïis que-vous eussies quelques nouvelles assez, impertantes pOur Sr wir d'équivalent:aux mienwes. »

‘Les dbux chasseurs se regardérent en souriant. hé: plus-grani des-deus, porteur d'une de:ees physionomies féodales qui éistin- graient les:baroris de ce temps, et qui-en- autre avait le-teint rem- broni-que les uns- regardent comnie le signe-d’un tempérament mélancolique ; et o:ls:antres:, de même que ce statuaive-italion qui , d'après les traits.de Chaïries.I*, tira un “augure semblable, voient le présage d'une:mort fmests'; le plus grand dés deux di son éofipagnion:: « Grévécæur arrire du: Bräbanit : c'est: le pays du-commeret, ot il en a appris toutes les ruses ::ilknous sera.diff-

_cile-de faire-un:marché avantageux. avec lui. —En:constience , messires, dit Crèvenœur, letduc-doit voirle premier mes marehan- dises , car droit de vente doit être payé au. seigneur avait l'ou-

aarché. Mais vos-nouvellss, étitee-moi, sont-elles d'uss ebuleur triste, au d'usé couleur gate ?

Célui auquel il adressait particulièrement cette question. était urihoamme de petite taille et: de bonne-mine:, à l'œikvifet animé, quoiqne-tempéré per quelquechose: de grawe: et de réfléehi qui perqait par le jeu decsa bouche: et par le mouvement:-de sx lèvre supérieuve:. Toute: sa physianemie anhonçgait un homme plutôt prepreran eonseilqu'à l'action : uns Homme capable de voir-et de juger avee promptitude , meis qu’une profonde: sagesse: portait à s'exprimer ses opinions: et à ne prendre-ua parti qu'avec lenteur: Giétait le célèbre sine. d'Argenton.. mieux eonnu; dans l’histoire ef parmi les: histeriens sous le mem de Philippe de Comines, alers attaché à la personne du duc Charles le Téméraire, et l’un de ses conseillurs les plus intimes.et les plas- éclairés. Répondant à la question que lui adressait Crèvecœur relativement à la couleur

CHABYFRS EE: un des. nenwalles dont. lui. et son. compsgnen ,.le bären.d'Hypibes court, axaient le sécret:« Elles sent:, lui:dit-il,eouleur de l'arc en-aiel.: elles varient do tainies,. selon les différents aspects sous lesquels. on. veut las envisager, selon ‘qu'elles. sont placées en avant d’un.nuaga:somhre, ou.on avant d'un ciel azuré; jamais pareil.atc-an-cis] ne s’estmontré en Frence ni en.Flandre depuis Varche de Naé.-—-Mes. nouvelles , reprit Crèvecçur, ressemblent. à une comète : sombres , cffrayantes- et terribles..elles sont. les. avant-courières de malheurs.effroyables Allons. il faut qua nous ouvrions nos balles, dit d’Argenton, sans quoi quelque nou- veau vou nous préviondira, car. nos nouvelles sont publiques, En un mot, Grèvecæur.,. écoutez et soyez surpris. le roi Louis est À Péronne !—Quoi.. » s'écria le-comte avec étonnement, « lédue s'est-il danc rètiré sans livrer bataille ? et restez-vous ainsi, parés. comme sinous étions dans :un.temps.de paix , lorsque La ville.est, assiégée par les- Français? car ja ne. puis supposer qu'elle. soif, prise. Non, certainement, répondit d'Hymbercburt;les bannières de Boyrgagpe n'ont pas-rsoulé d'un pas ;.et pourtant le roj.Eouis est. ici. Il faut.dpne. qu’Édouard d'Angleterre .ait traversé les mers-aye0. &s.archess, dit Grèvecœur, et.que, semblable à son, aieul. il.ait remporté une seconde victoire de Poitiers. —Il n’en, est.rien.non plus , reprit d'Arganton, Pas une bannière français n'a été nenversée ,.pas une voile. britannique n'a paru Sur n06 €. tas: Édouard s'amuse trop parai les fecomes des.citoyens de Lon-. dres,. pour songer à. jouer. le rôle du Pnnce Noir. Mais écoutez une” vésité extraordinaire. Vous savez que, lorsque, vaus nous, avez quittés , le conférence entrs les. plénipotentiaires français.ef bourguignons avait. été rompue , et.qu'i ne restait. plus aucune Ghance.appsronte de. réconciliation, —Oni , en-eflet ; el nous. ne mvions plus que guerre.—ÆEh bien l tjut ce qui s'est passé ensuite ressemble tellement äiun rêve, continua d’Argenton, que j'attends, presque le moment du,réveil. IL. ‘y avait.à paine. un jour que-la duc... ea plein. conseil, avait protesté aver tant de; fureur. contre, tout nouveau délai, qu'il avait.résolu d'envoyer un carteL'au roi, et. de marcher surla France à l'instant même. Toison-d'Or, char-. de.cette mission. venait de revêtir:son costumeefficiel, et déjà iiavait.le pied à l’étrier ;. tout à coup on.vit Mont-Joie, le béraut, d'armes français, se diriger. en toute diligence vers le camp. Nous. pensâmes d'ahord que Louis avait-eu avis denotre projet, el:nous, commençines.à.snger au. ressentiment que-le.due éprouyerait

ES

sa6 | Quentin DERWAËD.

| contre ceux dont les conseils l’avaiént détourné ‘dû projet de dé-

clarer la guerre le premier. Maïs le conseil ayant‘été conŸoqué à ki hâte, quelle fut notre surprise *orsqué le héraut nous informa que Louis , roi de France ,‘était à peine à üne heure de mriarehe , et qu’il arrivait derrière lui , pour rendre visite à Charles, duc de Bourgogne , avec üne suite peu nomibteuse, dans l’intentiôn d'ar- ranger. leur différend dans unè entrevue particulière.—Vous me surprenez, messieurs ; et cependant voùs me Surprénez moins que vous ne vous y seriez attendus peut-être. La dérnière fôis que j'ai été au Plessis-lez-Tours, le tout-puissant caidinial ‘la Bälûe, mé- content de son maître’, et Bourguignon au fond du cœur’, m'a fait

‘enténdre qu'il satirait si bien tirer parti des faibles bartiedlibrs à

Louis, qu'il 'amèneraïit à se placer lui-même, à l'égard-de la Bour-

- gogne, dans tne position telle que le duc pourrait dictér'ies con-

ditions de la paix. Mais j'avoue que jarhaïs je n’aurafs- imaginé qu’un vieux renard comme Louis'se fût laissé prendre: auf piége. Et que dit le coriséil ?—Comme-voüs pouvéz le présurier, .r'épon- dit d’Hyrübercourt, on y fit de loàgs discours sur Fhonneuÿ et la

- bonne foi, parlant fort peu dés avantages qte l'on pouvait rétirer

d'une semblable visite; quoiqu'il fût évident que cette dernière considération était celle qui éccupait le plus la majorité des mem- bres du conseil et qu'ils ne songeaient qu’à trouver quelque moyen d’en tirer parti tout en sauvant les apparentes.—Et'qué dit le duc? =Selon sa coutume, il parla d’un'ton bref et décidé, dit d’Afgen- ton : « Quide vous, défandest-it , fut témoin mon'entrevue

‘avec mon cousin Louis après la bataille de Montlhéry, et de l'im-

prudence avec laquelle je me mis à'sa merci en le recondüisant

_ jusque dans les retranthements de Paris, sans autre suite qu’une

dizaine de mes gens ? » Je lui répondis que la plupart d’éntréhious avaient été présents à cette entrevue, et que personne n’avait

. perdre le souvenir des alarmes qu’il lui avait plu de nous donner.

. « Eh bien ! reprit le duc, vous blamâtes ‘ete folie, et j je vous

avouerai que j'avais agi comme un jeune. étourdi ; je sais’ aussi h que mon père d’heureuse mémoire vivait encore alors ; et que

mon cousin Louis aurait trouvé beaucoup moinsd’ayantige à s'enr

parer ma personne qüe je n’en trouveräis aujourd’hui à m’em-

. parer de la sienne. Maisn ‘importe, si mon royal cousin vient ici,

2

dans la circonstance présen le, avec la même sintérité de cœur qui me faisait agir alors , il sera accueilli en roi; si, au contraire, Ha l'intention, par cefte apparence de confiance , de me circonvenir

CHAPITRE XXVY. t- "et de me fanciner la vue jusqu'à ce qu'il ait mis à exécutiou quel que projet politique, par saint George de Bourgogne, qu'il y re- garde près! ». En parlant aixisi, le- duc releva ses moustaches,

frappa du pied ,-et nous donna l’ordre de monter tousu «Cheval pour aller. à la rencontre de cet hôte extraordinaire. Et vous : allätes à la rencontre du roi ? reprit le comte de Crèvecœur. Les miracles n'aht pasepcore cessé : Comment sa suite était-elle com posée ?—Elle était des plus mesquines , répondit d'Hymbercourt :

une vipgtaine d’archers de sa garde écossaise , quelques Cheva- liers , et quelques gentilshommes de sa maison, parmi lesquels son astrologue Galeotti faisait la plus brillante figure.—Ce drôle, reprit Crèvecœur ; est vendu au cardinal la Balue ; je ne serais pds surpris qu’il eût contribué à déterminer le roi à une démarche po- litique si dangereuse. A-t-il avec lui quelques membres de sa haute noblesse ?—Monseigneur d'Orléans et Dunois, répondit d’Argen ton.—Dunois?.s'étria Crèvecœur ; nous furons quelque chose à . déméler ensemble , arrive ce qu'il pourra! Mais j'avais entendu dire qu'ils étaient tous deux. en prison ?—Ils furent en effet arrêtés - et enfermés au château de Loghes, ce.charmant séjour de retraite et de repos pour la noblesse française, répliqua d'Hymbercourt ;

mais Louis les a fait meltre en liberté pour l'accompagner ici,

peut-être parce qu’il ne se souciait pas de laisser d'Orléans der- rière lui. Quant au reste de sa suite, je crois, ma foi, que son compère le.grand-prévôt avec deux trois de ses gens, et Olivier. le barbier, en sont les personnages les plus importants. Et tout ce cartége est si misérablement aceoutré , que le roi, sur mon-hon- neur, ressemble moins à un souverain qu’à un-vieil usurier allant. recouvrer de chétives crésnees, avec une bande de recors et : d’huissiers.—EÆEt est-il logé ? demanda Crèvetœur.— Ceci, ré- pondit d’Argenton , est le plus merveilleux de tout. Le duc avait d’aherd offert de laisser aux archers du roi la garde de l’une des portes de la ville et du pont de bateaux situé sur la Somme; «et il avait assigné à Louis pour résidence la maison voisine, qui appar- tisat à un riche bourgeois nemmé Gilles Orthen ; mais en s’y ren- dant, le roï:aperçut les bannières de la Lau et de Pencil de Rivière, qu’il a bannis France; et, probablement contrarié de l’idée. d’avoir pour si proches voisins des réfugiés et des mécontents qu'il a faits i-même, il:a demandé avec instance qu’on le logeët. au château de Péronne, et on y a consenti. —Que Dieu nous sait. en aide! s’écria Grèvecœur; ce n'était pas assez de s'aventurer

QUENTIN DURWARD.

FE QUENMAN BERNARD. : josque dass l'autre. de lion , à a vouly-eneorc:loiaustéress de dens:la gueule ; il-nfa fallu qu'one:ratière: pour guendre le viens renard politique.—D'Hymieroourt, dit d'érperiton, nergaits aipes rapporté ile mot plaisant. du"Glorieux ; à mome vis, c'est + quan a dit ‘jusqu’à présent de'plus serséset decplusjuete àve: sujdt. —Et, qu’à dit :sa ‘très-illustre sagesse? «demanda !le-vomte. Eommeile duc, reprit d’Argenton, orlommait à la hâteqn'onioffrît-en présent awroi quelques pièees-d’arganterie, comme témoignage.du plaisir que lui ‘causait.son:arrivée,:« Me trouble pas tton petit cerveau pour cela, mon ami:Charles, dit: le Glorieux, je: ferai à‘ fon cousin Louïs un présent plus ‘noble etplus eunvendble que cébai quertu veux lui-offtir; ice sera:mon ‘bonnet deifou , imesigrôléts æ{' ra marotie:par-dessusle marché, var, parka sairitemneuse! ‘iliest plus fou'que moi. de‘venir-ainsi se:méttre enton pouvoir.-—ÆMhais:si je ui onhe aucun môtifde j'en:repenitir,quieudissi-ite? esquin, Marréponiit' le-dac:—FHà eexvas,'Oberies.iœ sure à. tohquegb-dos- néraimon'bennét:étmaermurütte, eur’ tu: sors évidesmentis-plus “fou de nous trois. » ‘Je: vous réponds que co:trait fbinpveession eur ledue ,:cer je l'ai-vuthanger deeoukeur.et:se mordrettes- lèvres. Véllanosnouvelles, ndble Crèveeœur; à quoi: penses-ous gui élles ressemblent ?—4iunemine chargéede poudre, répondit leteemte, et je crams'que'ie destin ne:m’ait choisi-pour y-ræmettrela/nrèohe. Vos notiveltes et les-miermes sont comme:le feu etiles ébeupes, Otr'romme-certaines subetarices chimiques que'l'er mspeut:nôler ensemble sans qu'il ‘en résulte une ‘expiesion. Mes noblesenrs, approthez-vous Te ‘moi; 'et' lorsque je-veus aurai «dit re qui et &erivé dans l'évêché le Liége, je crois-que”vous serer:dlavis que lerréi Louis'aurait aussi ‘biôn fait:d’entréprendre un pèlerinage aux régions iriferhétes qu’uhe "visite à Pérenne dansrun Tnoment dass): soabreux. »

. Lesédeux seigneurs se: rapprechérentt do ro0niteset: éoutiveit, dvéc uimiétonnement’et un‘intérét:qui ‘teur arméhiérent souvent désinouvemertoet desexélamatons d'horreur, lorbvit:des événe- merits quivendiarit-de se passer à Liégeël à. Sthormvalit. Quentin fit:alers appelé et :intervogé Üe nouveauét:à plusieurs reprises

sar toutes les ‘particularités ‘de ‘la mort de l’évêque, ‘si hien enfin ,'Mtigué:de toutes ces ‘questions , il refusa d'y répoa- dre davañtage, ‘ne sactrent Gans:quéf bat on'les-klti :adressaît , ri quél usage on pourrait fairede'sessaveux. "Dis étaient alors sur les :rives)furtiles dola Somme, et ils Aécou-

CHAPITRE EXVI, 56 veslenéiepaneinnsas murailles-du'ia petite ville de Péronne ln Pr . esfe; einei: "qm018s vasiospraitioe San la verdnre sontrasteit.amse la:hlsncheiur dlestentes de J'arenée de Beuxgegne, fonte S'anienn, Lrentinnt ;

en =: a ,

° CAAPITRE XAVL

« °°

L'ENTEEVIR. - :

, Lorsqué les potentats se réunissent, les astropomes peuvent regarder cet événement comme un présage "fancsie al senetibie à la coxonction de Mass lle

“Hsessit dificite de dire ponitinemsntsi-e/0si qu pririlége ou. 1m iscenwériont viiashé à la souseraineté. que, dans.les relations qui existent eatre-eux , les priuves spient contraints, par le+ospect qu'oux-miémes doinenl avair peur.lour rang-ot.lour dignité, à rén ger leutrs sentiments-eileurs discours d'après las lois d’ane ti .queittesériee qui lenrinkendi toute manifegtation d'émption, un peusire, Crée cosdnitepourrait.anec neifOR DASROF BOUT AE Bar fande dissimulation, s’il n’était pas généralement reconau qu'elle . nsst qu'unpur efrémonialennsaoré par l'usage. Il 2'est pourtant pas moins certain -que., lorsqu'ils s'effrauchissqni de.nes lois de . l’étiquetteipourgenmeitre à leuns passions haisauses de s'exhalpr liksempnt, is cumprometteut leur dignité aux yeux puhlic.<e . qui a tenjaurs des:conséquenees fâcheuses.: c'est ce. que firent . deux illustnes rivaux , François 1“ et l’empereur Cherles-Quint. qui, s'étant deuné an démenti réciproque, vonlument vider leur : querelle par un-combet semer. |

‘Gharkesde Beurgagne, Je plus impient Lo pion ipébieux sk, peur éout dire ee un vaof, loplsts impradent des princes de son . sièele , se trouva cependant enfermé. aalgré-lui dens mn-9pxele : magiqué, testé par le éféérpnce qu'il dovait à Logis comme à-6qm suzerain et à:s0n seigneur ige-euidaignait l'honçner, lai xassal de . la-souranne, de sa royale visite. vôtu de san manipau qducal ; et abcompagné de:ses grands-ofliciens, des principaux S8igPOUES et cheuciiers-qui formaient autonr de lui une brillamte caxalcade, 11. mureka à fa rencontre de Louis XI. Tour cette. suite resplendis- : seit d'oset d'angent, :onx des sicbesses 18 cor d'Angleieres.

344 QUENTIN DURWARD.

étant épuiséés.par les guerres d’York et de Lanèsstre, ef: lès dé- pénses de celle de France étant fort limitées par l’économie paroï- moñfeuse de son souverain, la cour de Bourgogne était à-cette époque la plus magnifique de toutes celles de l’Europe. Le cor- tége de Louis, au contraire , était peu nombreux et d’une exces- sive mesquinerie , comparativement à celui du Bourguignon. Louis portait un habit râpé et son vieux chapeau à baute forine , garni d'images de plomb. Tout son extérieur formait avec celui de Charles un contraste frappant, voisin même du grotesque, lorsque le duc, paré de son Manteau de cérémonie , sa couronne sur la tête, descendit de son noble coursier, et, mettant un genou en terre, se prépara à tenir l'étrier tandis que Louis descendait de .son petit palefroi dont lamble était le pas ordinaire.

Par une conséquence’nécessaire , l’accueil que se firent réci- proquement les deux potentats fut aussi rempli d’affection, -d’a- mitié et de félicitations, qu'il était dépourvu de sincérité; mais le caractère du-duc lüi rendait très-difficile de donner à sa voix, à ses discours et à sa contenance les apparences convenables , tan- dis que tous les gerrrés de fente et de dissimulation semblaient teliémetit Inhiérents à la nature du roi, que ceux qui le. connais- satent le miéux n ‘aurarent pu distinguer ce qui était affecté de.ce qui était réel.

Pour se faire une idée de la situation respective de ces deux princes, il faudraît (si tontefois une telle comparaison n'était pas inidigne de pareils potentats) il faudrait supposer le roi dans eelle d’un étrangér qui connaît parfaitement les habitudes et les dispo sitions naturelles de la race canine, et qui, par-quelque motif particulier, désire se faire ami d’ün gros mâtin hargneux qui l’in- quiète, et qui est disposé à se jeter sur lui au moindre motif de mécontentement ou de méflance. Le mâtin gronde tout bas, hé- risée ses poils; montre les dents , et pourtant il n’ose s’élancer sur celui qui Jui montre à la fois tant de bonté et de confiance ; il souf- fre donc des avances qui sont loin de lapaiær , et il épie la pre- mère occasion de pouvoir, en-toute sûreté de conscience, sauter à Ta gorge de celui qui lui donne-ces marques d'amitié.

-Le roi s’aperçut sans doute, à la voix altérée , aux manières contraintes et aux mouvements brusques du duc, que le rôle qu’il avait à jouer était fort délicat, et peut-être se repentit-il plus d’une fois de l'avoir pris ; mais le repentir arrivait trop tard, et il ne lui réstiüt d'autre ressource que cette politique profonde. dans là-

" CHAPITRE XXVE "306

. quelle l'astueieux monarque était aupek babile que personne qu

monde.

Les manières que Louis prit à l'égard. du duc ressemblaient à cette expansion, à cet abandon auquel le cœur se livre dans le premier moment d’une réconciliation sincère avec un ami-éprouvé et estimé auquel, par suite de circonstances qui n'existent. plus 4t

. que l'on a déjà oubliéès , on est resté quelque temps étranger, H

se blâmait de n'avoir pas pris plus tôt le parti décisif de venir lui- même convaincre son bon et cher parent que les nuages passagers qui s'étaient élevés entre eux n'étaient rien dans son souvenix, quand il les mettait en comparaison avec les preuves d'amitié qu’il avait reçues de lai pendant son exil de France, lorsqu'il élait-squs le poids du ressentiment du-roi son père. Il parla du duc de Rowr- gogre, Philippele Bon, comme on nommait généralement le père

. du:due Charles, et rappela mille exemples de la bonté toute Ps

ternelle qu'il lui avait témoignée.

«Je crois, beau cousin, lui dit-il, qe vtre père, dens le par tago de son affection, faisait peu de différence entre vous et moi; eas-je me souviens.que, m’élant égaré par accident dans une par- tie de chasse, je trouvai, à mon retour, le bon duc qui vous-répri- mandait pour m'avoir laissé dans la forêt, comme si. vons eussiez été coupable de négligence relativement à la sûreté. d'un frère aîné.»

Les traits du duc de Bourgogne étaient naturellement durs. et sévères, et lorsqu'il essayà de sourire ‘pour ‘reconnaître poliment la vérité de ce que le roi lui disait, la grimace qu’il fit était v Vrai ment diabolique.

« Prince des fourbes, »- dit-il dans le secret de son âme, «que ne

m’est-il permis de te rappeler ici la manière dont tu as payé tous les bienfaits de. ma maison ! Et en supposant, continua le roi,

. Que les liens du sang et de la reconnaissance ne suffisent pas pour . nousattacher l’un à l’autre, beau cousin, nous avons de plus ceux

de la parenté spirituelle, car je snis parrain de votre fille, La belle Marie, qui m'est aussi chère que si elle. était ma. propre fille ; et lorsque les. saints (que leur. bienheureux nom soit béni! ).m’en- voyérent un rejeton qui se flétrit et se dessécha eh moins de trois mois, ce fut le prince votre père qui tint cet enfant sur les fonts baptismaux, et qui voulut que l’on célébrât cette cérémonie avec plus de pompe et de magnificenee que la ville de Paris elle-même n’en aurait pu déployer. Jamais je n’oublierai l'impression pro-

A6 QGENXTIN DURWARD. fonde quel générosité du-due Plilipps:et Latôtie, mort: eher éousin , firent sur le cœur à moitié brisé du pauvre exilé; #68, “émis ete .ne s'efleera de mow cœur. Votre Majesté, …8k le - dué faisant un éffort sur lui-même pour trouver ane:répéusoben- vénable: «Votre Majesté a reconna ostte légère: obigutiit en lterimés qui ont surpasséen nragnificonce touts oellt: que la Bots - l'gogwe à pu déployer pour prouver qu'elë sentait commé ele æ- wait le faire, Phonneur que vous aviez bien voulu éconiër:à son ‘Souverain. Je me rappelle les termes-dont vous voulez pévisr, -bean cousin, » reprit le roi en souniant; « c'étuit québré échaätige ‘d'une si préciéuse marqtie d’amitté, js n'avais titre chéde vous offrir, pauvre exifé que j'étais albrs! ue ma personne, ide #iæ femme et de mon: enfant. Eh bien! je crois que j’tiassezbihn ‘exéeuté rna parole. Je n’ai pas l'intention de tontredire on rien te qu'il ptaît à Votre Majesté d'avancer, maïs... - Mais vôus de- mandez,» reprit le roi en l’interromrpant, «comment rsos:attiés * dt répondu à mes paroïés, Le voiei :.le corps de morr fie Joa- Chim repose sous tre ferre bonrgaigrionne ; j'ai: placé ec nétti, . “Sans aucuné réserve, ma personne en votre peuvoir: et quatfbà "celle de ma ferhmé , en vérité, beau eotisin, je érois que, væle ‘temps qui s’est écoulé depuis cette époque , vous-rifhsistéros:pàs pour que -je remiplisse rigoureusement mes’ engagements à cet égard. Elle est née.le saint jour de l’Annônciation, » continde#il “en faisant un äigne de croix ét en murmurant un ora pro-nbhis, «it y a quelques cinquante âns: mais eHe n’est pas plus lôfn dèe ‘Reims; et si vous tenez absofument à ce que mx protiresé sait exécutée à la lettre, elle sera incessamment à votre bon-pluñtr» Quelque courroucé que fût le duc det’kypocrisie avec: fagnelle le roi prenait 4 son égard'le. ton: de Pamitié et de:le: plus étroite {ntimité, il ne pat s’empécher de rire de la réplique sirgelière ce monarque, et.éet aceès de gaieté se manifesta: par des at- _ éords aussi discordants que:ceux delà colère à laqueHeils-li- ‘trait si-seuvent. Après avoir ri beaucoup plus long-tempset d'une iiénière plas-brayante que la bienséance ne:le permettrait'atiear- -huiet ne le permettait même à eotté époque, il réponditistisle même ton, mais d'une mianiére moins fine-et moins pitt, qu’ilne pouvait accepter l'hemmeurque lui faisait le roi en k#ÿhb- “posant I compagriie-de la reine, mais qu’en revarchet accéple- ‘trait très-volonitiers celle de sa fille aînée, dont partout onvantait Rai beauté.

RAITERE XENL. - Hg

Soesin botmees, beaiousis, nmépswait le: roi.avec-un-de.cæs

-sousesbqrisiéques dont:l faisait fréquemment usagp, «que:votre

Hos-plaisis-aorge soit pas fué ser ma Glle Jeanne: car centaine

amant VOUS. Une. lances à: rompre ayec mOn cousin d'Or .Jéanse;ei éintarriwé malheur, soi d’un eût, soi de l'autre, “aen: ss, opt. le.duo: Chegles,, d'Ortéansin'a à-redouler de ne pont mcounrivalité, je neveux en aucnée fgon traverser ses

amours. Si jamais je romps uhe: lance .auec lui, €8: séra: peur ung

camemat plus Delle:et: plus: cite ».

Laine presse: en mauvaise part .estie allusion grossière. à. la -diflassité dela prinnesse: Jaanue, Lonis parut, au contraire, vair ae: plhisio que: le.dgc paraissait s'ammiser de ges grossiéres.plai- _ssntosies; jeu d’espuiti dans lequel. ik était: Iui-mêâme fort habile et _i,-selon Hexpression maderue., Ini épsagnait beaucoup d’hyps- _Gnisin: smbinesituis:. En: casséquence:il mit la convérsation-sur un tliomque Ghaslhs,.quoqu'ilsentit l'impossibilité: de jouar- le rôle dlumami vérisbl et ftanchamant. récengilié. ayes un monarque : Sum il avait en ai seuxent.à se plaindre: et dont la sincérité.en

.Sétie cecmion lui: paraissait. si fortement douteuse, n’éprouva au- eme diffculié:à. prendra celui d'un hôte bienveillant. à l’égagd

-dun-cœnanre si facétiaux ::68 qui leur rpanquait récipreqpement F0 sntimantsaffectmeux fut nemplacé par ce ton,de cordialité at d& gaieté-qui emiste:entredeux bons vivants ;. ce ton, qui était na- “turebau/dus-d'hprès: 1e franchise.et, on peut le ‘dire, la grassiäraté - dn son: caxastère. liétait également à Louis, pance:que:. quoiqu'il .cûk le talent de:prondre: à vaolsnté tout. genre.de-canversetion qui - lui paraissait: conyensble.. le plus analugue:à ses goûts. ef, à san ‘caractère élail:celui.qui pasfait uns; espaainte marguée.de gras siècaté et. de canstiaité: Bendapt tout: le temp que div Je hanqet, qai.eut lieu:à lhô- tel-dmsville de-Déromne, lesdeux princes. soutinrent: font heurau-

j'annmis-pérdmen-nx.bon anti UR:CQusin. #ffectionné.. Non,

!

senrent-et également: bien lo:mâme style: de conversation. c'était |

pomeuxs uv tesrain: neutre sur lequel:ils:semblaient prendre plai- sir -siesensen réciproquement, of. plus. prepre-que taüt autre, aommele:roi s'en apergut: aisément, à entretenir-le duc de-Roux- «ogne:densscot Stat de:ciline et. de gaiaté ail jngonit. nÉcessRire dre sûraté-persnnelle. _:

EL congut. œpondent.quelque alamme-en. ‘apercavant. autour: du “do plusieurs ssignours: français. qualqnes-uns. même du: plus

#

36 QUEXTIN DURWARD.

. “haut rang, que sa sévérité et son iiesties avaient condamnés à Jexil, et qui occupaient près de Charles: des emplois de haute im- portance. Ce fut donc pour se mettre à.l'abri d’un ressentiment et d’une vengeance qu'il pouvait craindre, qu'ibdemeandz, ‘ainsi que ous l'avons déjà dit , à être logé dans la citadeile de Pérenne, _plutôt que dans la ville: même. Le due acquiesça sur-la-champ à ‘cette demande, et l'on vitbriller sur son visage un. de ces sourires équivoques dont:on n'aurait sa dires‘il était de bon de-mauvais ‘dugure pour celui qui l'avait excité. . - :

Mais lorsque le roi, s'exprimant avec autant de délicatesse qu'il le pouvait, et de la manière qu'il jugeait la plus eficace pour dé- tourner tout soupçon, demanda qu'il fût permis-aux archeraécos- sais d’avoir la.garde du château de Péronne pendant-tout le temps

sde sa résidence dans cette forteresse, au lieu de celle de la porte -de la ville que le duc leur avait offerte, Charles répondit d’une :yoix rude et d’un ton brusque que rendait plus alarmants enpore ‘Phabitude qu’il avait prise de relever moustache en: parlant, u de porter la main à son poignard ,; dont il semblait prendre ‘plaisir à tirer et retirer à chaque instant la lame du fourreau: «Non, Sire, de par saint Martin! vous êtes dans le:camp et dans ‘la ville de votre vassal, car c’est ainsi qu’on me nomme à l'égard ‘de Votre Majesté; mon.chèteau et ma cité sont à vous, mes .sol- ‘dats sont les vôtres; il est donc fort indifférent que ce soient eux ou les archers écossais qui gardent-les portes extérieures ou les remparts du château. Non, de par saint George ! Péronne est. nano forteresse vierge ; elle ne perdra pas son honneur par suite de né- -gligence de ma part. Les filles doivent être gardées avecsoin, mon ‘royal cousin, si l'on veut qu’elles conservent leur bonne réputa- tion. Sans doute, beau cousin, sans doute, je suis tont à fait d'accord avec vous, répondit le roi ; et d’ailleurs je suis, dans le fait, plus intéressé que vous-même à la réputation de la -bonme ville de Péronne, qui, comme vous Le savez, beau cousin., est -l’ané des places situées sur la Somme qui ont été engagées à votre ‘père d’heureuse mémoire en garantie de certain argent qu'il nous a prêté, ef que nous nous sommes réservé le droit de racheter en le remboursant. Et, à vous parler franchement, en débiteur hon- nête , et prêt à m’acquitter de mes -obligations de toute: espèce, j'ai amené ici quelques bêtes de somme chargées d'argent pour Æffectuer ce rachat ; et je crois, beau cousin, qu’il s’en trouvera @ssez pour subvenir aux dépenses de votre maison, pendant trois

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.. CHAPITRE XXWYI. 300 ans, malgré votre faste rayal. -— Je: n’en récovrai pas.un sou, » dit le duc en tardant ses moustaches ; «le jour.du-rachat-est passé, nes royal sousin, et jamais on »'a eu, de part ni d'autre, l'in- céention sérieuse: que ce drokfàt exercé; 6arla cession de ces villes

est la seule réeompense que mon pèré ait reçue dela France lors- :que, dans un moment heureux pour votre famille, il consentit à oublier le meurtre. de mon aïeul, et:à échanger l'alliance de l’An- eterre pour cælle de votre père. Par saint George ! s’il en eût agi

_ autrement, votre persanne royale, -loin d’avoir dés villes sur la

Somme, aurait à peine su conserver celles qu'elle possède au delà de h Loire. Non ! je n'en rendrai pas-une pierre, dussé-je recevoir pour-chacune son pesant d’or. Grâce à Dieu ,.grâce à la sagessé -et à la valeur de.mes ancôtres, les revenus de la Bourgogne, quoi-

quelle ne seit qu’un duché, suffisent pour soutenir l'éclat de ma Cœur, dors même qu’un roi devient mon hôte, et eela, sans que je : sois obligé de trafiquer de mon héritage. Eh bien! mon beau _Cousin, » répondit le roi avec un calme et use douceur dont la vio- 4ence et l’emportement du duc ne le firent aucunement se dépar- -tin, sje vois que: vous êtes pour la France un ami si zélé, que vous

- ne voulez vous séparer de rien de ce qui lui appartient. Maisnons

aurons. besor de quelque médieteur lorsqu'il sera question de -traiter ces affaires en conseil. Quedites-vous de Saint-Pod.—Ni

saint Paul, ni saint Pierre, ni aucun saint du calendrier ne me feront renoncer à possession de Péronne.— Vous ne me com- -prenez pas,» dit Louis en souriant ; «je vous parle de.notre fidèle -Cconnétable, ‘Louis de Luxembourg, comte de Saint-Pol. Par sainte Marie d'Embrun! il ne manque que sa tête à notre confé-

rence! la meilleure tête de France, celle qui serait la plus capable”

de rétablir entre nous une harmonie parfaite. Par saint George de Bourgogne ! s'écria le duc, je suis étonné d'entendre Votre: Majesté parler ainsi d’un homme qui s’est montré faux et parjure “envers la France et la Bourgogne, d’un homme qui s’est toujours efforcé d’envenimer nos fréquentes querelles et d'allumer entre nous le feu de la discorde, et cela sous le voile de la médiation. Je jure par l’ordre qué je porte que ses marais ne lui serviront pas long-temps de refuge. Pas tant chaleur, beau cousin, » dit le roi toujours souriant, et en baissant la voix ; « quand je di- sais que la tête du cosnétable pouvait servir à terminer nos légers différends, je ne voulais ‘bas parler de son corps; on peut le lais- ser à Saint-Quentin pour plus de commodité. Ho! oh!.je vous

‘WB0 QUENTTK: DEMMARD.

comprends, monropabcgusin, » siécria Cherku:avec der dlisner- dant éciat derire:queules plaisanteriongressières ds noi bib semiant "déja arraché ; ef il ajouts en frappaut du pied:lk terre: : « Jeoca- viens:que, dans:09-80m8,. La ot dur cobnétalorpourseibnons être - fort utile ici: . . 7

-Guspropes, ctd'eatrosarmoyew desquois larci ebeechaitèmé-

pandre da-fenjouement sur:une conversation : qu a%ait rappontà des dffétres:fort. sérieuses, ne se suivirent.pag.consécutivement, mais furent amenés adroitement pendant le: bamquet. qui: eut: beu & Yhôtel-de-vilte et'pendant l'entrevuc: qui eut lieu snsuïtmdans les appantements: du duc, toutes Los fois enfin/qus l'occasion patut ‘&'y prêter.tout naturellement.

Quelqgao imprudont que Eouïks se fût montréen, faisant uns dé- marche dont le caractère fougueuwx. du duc .et les metifsuiæ haine qui esistaient eatre-eux rendaient l'issue dputeuse amétantique

dangereuse, jamais pilote abordant sur uue plage incenmue nes _ bnduisit arec plus: de prudence et de fermeté. On aurait.pæoom- “parer l'ame de son rival à une. mer crageuse dont. sandasbasec .-&dresso ct précaution les profondeurs et les:bas-fhauis:;: ot qnoime : Je-résdltat de-sesexpériençes:lui ait nreuvé qu'it degait x ronce- :: trer beomeoup-moins de bons:ancrages que:de rochessoti diéaueils, il ne laissa paraître. sur son visage aueun inilice d'in cartttede “&e crainte.

Enfin: se termina une journée: ausai fatigante: pour puis pers efforts -eontrauels: de vigiance.et d'attention quo:sa: situatses ni .Conmanduit, qu'elle. avait. dt Fêtre-pour le :duc par: la nécessité «oi il avait été à son. tour de se:contraindre. et de néprinser.ks

-mouvements rmpétusux sax quels il était Dabitué à: siabandsaner æw toute liberté: ;

4 peine Charles fut-iPrentré dans sen:appactement, apmoaasoir

pus congé du roi pour lx nuit awec-le:0érémonial cndinaire, que

Je colère-qu’i avait silong-temps comprimée fit amplbeionr,. et

que, -cormme le: dit-son. bouffu, le Giorieux, il St tamabes nn dé-

-.Mge'de:jurements:et d'épithètes injuvieuses. sur: des--têibe:aux- ‘quelles il ne:destinait pes:cette monaaie'au: memeont'os à Le [rap- : pit; car'ce furent ses gens: qui recueillirent ot: amas d'iaraeki- 'ves dont il na pouvait décemmont gratifes sen royai hôte, même son.absemer; mais qui- était devenu top: comsilérakls .pour qauiblui: Mt possible de le tenir renffrmé: plus long-tomps..Bes bons mots de:sor boufln parvinrent pourtant à .hnes-cnumen-

LT Lo [1

7 CHAATRE XXVL- _<s “mise Huments;-A fliie par tro ax éclats: puis, Eti jotatit une

“pééeouler, 1 ve lrisea détiabiier, but un ‘énermo bol de vin “épisé;:s6 mit au Mt, ot dormit profondément: ..

.eæouvhor du: rot Lewis mérite plus-d'attention. que: ‘cha & Chertes, ear l'expression viéléate de l’impétuosité et de'kx colère, qui appartient à la partie brute plutôt qu'à la partic-intuoetuelle notre: 'baiure, nous offre uir fuite intérêt en cémpatuison de pol qeé ne -ppuvent manquer d'exeiter les ‘er der esprit exe et vigouporrt :

Botis fut esonté. jusqu'au logement quil'evait choisi dansk ‘Châteur ou citadelie de Péronne; "par les chamehiuns.ot les. mé- réchaux des legis du due de Bourgogne, et il trouva. à l'entrée une forte-garde d'arekers et d'hommres-d'armes qui:le recurent. |

Au morrrent il descendait de cheval pour traverser un pont- Tevis jeté sar nn fossé-dane largewr' ei d'ame profondeur peu ot- dittires, il'regarät les sentinelles, et dit à\’Argenton, qui laecom- pagnait avec quelques autres-seigneurs botrguignèns : « Ils por- tent M'eroix de Saint-André, mais ce-n'est pas ‘celle: de mès

* archers écossais: Vous les trouverez tout aussi disposés qu'eux

& mourir pour vous défendre, Sire, » répondit d’Argenton dont l'éreifle subitfle avait deviné dans le ton-de Louis Fetpression d'un sentiment qu’il ne lui avait pas été possible de cacher entitre- ment. « Ts portent la:croïx de Saint-André, comme un des signes distinetifs l'ordre-de-lx Toisot d’or de mon: maftre Re duc de Bourgogne. Ne le sais-je pas? » reprit Louis en lei montruntie ‘coffier que’fii-méme portait par considération pour son hôte; « c'est un des plus doux Hens de fraternité qui: existent entre le “her duc ét moi: Nous sommes frères en chevalerie aussi Bièn que frères en Bieu; cousins par le sang, etais par teus les lièhs de‘ pios tendre afleetion et d'urr bon voisinage... Vousn'irez pas ‘pfas Tin que-cette cour, nobles seigneurs! je re perritettrar pas que vous conduisiez dus loin : c'est'assez honneurs! Nous étions cirargés par le duc, reprit d'Hynberecurt, de condaire Vo- tre Majesté jusqu'à son appartement. Nous osons espérer qu'elle ‘nous permettra d'obéir'aux ordreside-motre maître. Je pense, dit is roi, que d'éns wne-affäire-de si peu d'importénee, vous serez disposés vous-mêtnes, quoique-ses sujets liges, à - reconnaitre que mes ordres doivent‘ l'emporter sur les siens. Je-mesens unt petin- disposé, mesiéars; tn peu fatigué: Le-plhisfra ses fafigues aussi “bieir que fe douleur. Denain je seraf nrieux préparé, je Fespere,

me QUENTIN DURWARD. | à jouir de votre société, de, la vôtre surtout, seigneur Philippe

.d’Argenton. Je sais que vous êtes l’annaliate de ce temps; et nous

qui désirons avoir un nom dans l’histoire, nous ne devons parler

levant .vous qu'avec justesse et préeision."car on dit que, lorsque

vous le voulez, votre plume est bienacérée. Bonnenuit, messieurs, bonne nuit à tous et à chacun de vous. »

Les seigneurs bourguignons se retirèrent très satsfnits des ms- nières_ gracieuses de Louis, anssi bien que des paroles flatteuses qu'il leur avait adroitement distribuées, et le roi resta avec uneou deux personnes de sa suite sous la porte voûtée qui conduisait à

. la cour du château, dans l’un des angles de laquelle. s'éleyait une

énorme tour qui ressemblait beaucoup à une prison. d'état. Ge lourd, haut et sombre édifice se dessipait à la lueur des mêmes rayons de la lune qui éclairaient Quentin Durward entre Charle- roi et Péronne, et qui, comme le lecteur le-sait, déjà, Brillajent

. d’un éclat particulier. Il: avait une grande ressemblance agxec la

tour. blanche de la citadelle de Londres ; mais l'architecture en était encore -plus ancienne, Çar sa construction remontait au

temps de Gharlemagne. Les murs en étaient d’une épaisseur for- . midable, les fenêtres très étroites.et garnies de barreaux, de fer;

sa masse énorme projetait sur toute la cour.une ombre noire.et lugubre.

Jetant un regard sur cette tour : « Ce n’est pas que je vais loger ? » demanda le roi avec un frissonnement qui semblait de mauvaise auguré.

« Non, Sire, » répondit le vieux sénéchal qui se.tenait Ass cÀ-

‘tés, la tête-découverte; « à Bieu plaise ! Les appartements de

Votre Majesté.sont préparés dans le bâtiment moins.élevé quiest

, auprès, et le roi Jean coucha déux nuits avant la bataille de

Poitiers. Hem ! ce n’est pas encere-là un très heureux présage, murmura le roi. Mais qu'avez-vous à dire au sujet de la tour, mpon vieil ami, et pourquoi priez-vous le ciel que je n’y sois pas logé?

. Gracieuse Majesté, répondit le sénéchal, je ne saurais dire du

mal de cetté tour ; seulement les sentinelles prétendent qu’on y voit des lumières et qu’on y entend des bruits étranges pendant la nuit; et cela pourrait s'expliquer facilement, car elle servait ja- dis de prison d'état, et l’on raconte bien des histoires sur les cho- ses. qui se-sont passées entre ses murailles. » .

_ Louis s’abstint de faire d’autres questions, car nul prince n'é-

fait plus obligé que lui à respecter les mystères d’une prison d’é-

(CHAPITRE XVI : 383 tat. A 1 porté des appartéments qui lai étaient destinés, et qui; bien! que d’une époque beaucoup plus moôderneque la. tour. présentaient encore un aspect gothique et sombre, il trouva un: petit détachement de ses archers écossais à la tête duquel ‘était leur. vieux êt fidèle eommandant. : - ::

‘« Crawford! mon brave Erawford ! s'éeria le roi, où. as-tu donc été âujourd’hui? Les seigneurs bourguignons ont-ils assez peu: d’hospitälité pour avoir négligé un des gentilhommes les plus bra- ves-et lés plus nobles qui aient jamais paru dans les salons d’on roi? Je ne t'ai pas vu dans la-saHé du banquet. J'ai refusé l’in- vitation, Sire, répondit Crawford; -on change avec l’âge. J'af vu le témps'où j'aurais risqué une carouse ? avec le plus intrépide buveur de toute la Bourgogne, même avec le jus de ses propres treillés: mais aujourd’hai, quatre malheureuses pintés suffisent pour troubler la cervelle; et j'ai cru, dans l'intérêt de Votre Majesté, devoir donner l'exemple de la tempérance aux hommes que je commande. Tu es toujôurs prudent, Crawford ; cepen- dant, cela est certain, tn as beaucoup moins de bespgne aujour- d’hai, n'ayant qu'un fmible détachemént à commander; et uni jour de fêté: n'éxigeait pas une abstinence aussi rigoureuse qu’on jour de combat. Sire , ‘moins ‘j'ai d'hommes à commander, et plus il est nécessaire que je maintienne le bon ordre pærffi'ces maroufles. Tout ceci finira-t-il par un festin, ou par un contbat? c’est ee que Dieu et Votre Majesté savent mieux que le vieux John de Crawford. Vous ne prévoyez sans doute aueun dan ger? » demanda le roi avec précipitation et à voix basse. Non; Sire; et je prie le ciel qu'il m'en fasse prévoir ; car, comme avai£ : coutume de le dire le vieux comte Tineman ?, « Bangers -prévtis sont presque évités. » Le mot d'ordre pour cette nuit, s’il plaît à Votre Majesté. Ce sera Bourgogne, en l’homneur de notre hôts et d’une liqueur pour laquelle vous n’avez aucun dégoût, Craw- ford. Je‘n'aurai de querelle ni avec le duc ni avec le vin qui porte ce nom, pourvu que l’un et l’autré ne soient pas frolatés. Bonne nuit à votre Majesté. Bonsoir, , mon fidèle Écosshis, » répondit le roi; et.il entra dans ses appartements. : |

A la porte de sa chambre à couther, il trouva k Balafré en fac- tion: « Suis-moi, » lui dit-il en passant devant lui; et l'archer;

4 Vieux mot qui signifie : une débauche de vin. 4. M.. | 2 Un des comtes de Douglas avait été surnommé ainsi, parce qu’il perdaît toujours beaucoup monde dans ses batailles. (Wote de Pauteur.)

dE QUENTIN DONARD.

- semblable èuns machisemiseen'monv#mont par lamain qui a touchée ressort, le suivit -dans-san appastoment, et, s'arrêtent wer le-semtk de Ja'‘perte, :y #psta immahile-et-on ailonces ‘shmnèmi les vrdres du: roi.

Avez-vous quelque nouvelle depe paadin ‘eemnt, poire ne veu? lui-demande:le roi; -esr'il a été-esname perdu pour menpde- puis que, semble à un joune-chevalier'qui-s'élæmoe ile soober chedle:sespromières-avantures, il-nose noyé dax prisonmiars pour. gage de 648 premiers etploits. J'en airhendu-dlies quel- que :Chote, Sire, dit le Ralaîré; maisj'egpère-que Votre Msgosté daignera:crairé que:s'al.amalagi, iln’y-a été autorisé ni par ane . ptécantes ni:par 05 example : jamais je m'airété/ un 4nener téméraire pour faire vider. les axçons àun- 1Heomker de.L'iinstwe rheisen: de Votes Majesté; mon; je counuis-ttep bien misn-hamble cœndition, et... Brisons:h-dessns, Losiy: wotre.npver ae Gif

que son: Üevair dags-catte aocawpamee. 0h! quané à dia jeu aifait-sa taçgon: Quentin, duiajije dit.-quei qu'il pige erniver, seurians<eique 1 anpartians à leipande écossaise. sf fais ton devrais quel‘qu'en puisse éérederépiltat. « Je ciois <n-effat quil . avait raqu rqnolguasinstsuations:ils es genre: sais répondez à the question. cela me suflit. Awaz-wous eu depuis pen-quelques nouvélies de votre neveu. Rebiraz-vaus, mostieurs, rajouti-4-à <n:s'adrosentanx gentilhommes de.sxchamhee;; : swcaneentse orsüle que la mienne me:doit s'interpeser ci. -—64i ,sérement,

sonsile ben plaisir de.Votee Majesté : jlai vu-cs:s0ùr Chianlot, un des-varlets-ese men never avait emmenés:avec-lui : :H-Fabnwoyé de Liége, peut-ôtre-de quelque château voisin appartenant à. l'é- véque, oùil a aonduit les dames de Gnoye.-—-Que Netro-Dame, mine:duiciel, en snit:iouée.! Maïs:en bs-tu:tfen. sûr ? Es-inhien nûr de ces bonnes newralles?-— dussi-sûr qu'il me soi passible de Fôtre, Sire; je croismême gnece gargen'egt pertcur de lsttwes des dames de Üroye adressées à Vatre.Mijesté-— Cours des chercher. Donne ton ar quebuse:à l'un de ees:drôles, à Okwier, à qui un son. dres, et pars... Maintendht, que Netre-Bane d'Emkran en soit louée! jechangersienergentia gréllaqii entoure snmrtte-autel!

-Doss :cct'accts de.gratitude:et de dévotion, Louis, selssse cau- tame., ôta sen chapeau, choisit parmi fes figures dant il était armé celle qui représentait la Vierge , la plaça sur une table, et s’age- nouillant, répéta avec ferveur le vœu qu'il verrait de faire.

Le premier méssager dépéché de Schonwaldt par Durward fut

intropinit alpes dt présenta en roi lesilatises éenties dames da Cuye l'avaiont.chargé pour lui. Ges dames :56.harnaïient à le re-. mepcier en armes froids de la courtoisie dent il avait ws6 envers elles pendant le temps quieles étaient westées à sa cour, et, .avne. ubpouw phusde-chdleor; dela permission qu'il laur-await- accordée

diem soxtir; ainsi que des sains qu'il:sraitpris-de:les faispeondaire: enwôâveté horsde ses Stats. Ge passage fit:rire Lovis:detbon cœnx;: lon. qu'il en:conçût du ressentiment. K demande tiers à iharlet,

d'un srquiaanonçait en ryéritalile tiéré, si, pondant:le voyngn,

on n’avait pas éprouvé quelque alarme, nid'on avait: pes -ab

Gherlètgasgon enturcllament shupide et qui demsit drcetieques lité ls æhoix qu'on.a vait fait de lui, ne rendit au oi qu'on compte. fort maertain:dt très-vagne de:l'alerte-dans laquelle son-carsenade. le Gascon avait été tué; et assura:qu'il:æ’en:savait pas:davahtegs: Lons luiifit encore des quastions mimutieuses.sur a route-quills avaient pise pour se rendre à Liège; -ci:son intérêt parut radoi bler quand Ghartat lui répondit qu'en apprachant de Naraur ils. avaient suivi la meute la plus direcée en cétogent.lanive danite-de.. la Mouse. :aulieu derprandre:la rive gauche, comme il leur avait: étérecommandé-dele faire. ‘Le roi le cangédia.après Zlui.awnir.faitr donger ane petite récompeuse., et s’efforça de:denser pour pné- tente à l'inquiétude-qu'il avait d'abord :manifesiée, Meyer qu. | lasûreté des dames de Groye nieût été compromise.

-1Qanique es nouvélles donnassent à Lonis la certitude qu'om de-ses;plansfaveris a vait échoué, elles senbiôrent.lui.causer pins, de satisfaction intériouxe «qu'il n'en.aurait ressenti paut-ôtre à Ja nouxelie diun:succès brillant. El soupira-comres en hamme.dent le:awer-est:déchargésubitement d’un pesant fardeau, pronança à demiwydix, et:avec:un air de ferveur profonde, des.oraisonsot.den actionside grâces, lera lesyeut au ciel, après quai'il'5ediven à la ooxibinassôn dexncuveaux plans dont le réussite pûtétr PIS CRE taine.

Dans cedesscin, iétappeter auprès. de. jui ‘sen. arrdlague Mar- tius Geledtti, quine tarda pas à-se présenter avec.son air de di-. gsitéesmprontée ; ras son front était chargé-d'an nuage dewagus inquiétude. ICONE s'il etit douté-que le roi :dût duii fasse un :bon æaoureil. Li en fut aependant accueilli favoratilement.et avec des démenstrations -d'mmitié plus vives que jamais. Louis de Doname, son si, sen père dans les sciences ; lui dit qu'il était le æixéir:à

© ©

HE QUENTIN DUAWARD. |

l’aide duquel uni roi pouvait lire dans l’ayenir, et finit par lui glis- ser au doigt un anneau d’une valeur considérable. Galeotti ne con- naissait pas les circonstances qui avaient si subitement rehaussé son mérite aux yeux de son patron; mais il entendait trop bien son métier pour laisser deviner son ignorance. Il reçut les éloges de Louis avec une gravité modeste, répondit qu’elles n’étaient dues

qu’à la noblesse de la science qu’il pratiquait, science d'autant

* plus digne d’admiration , qu'elle produisait des merveilles par

c

x

l'intermédiaire d’un agent aussi faible que lui. Ils se séparèrent très-satisfaits l’un de l’autre,

Après le départ de l’astrologue, Louis se jeta dans un fauteuil , car il paraissait épuisé de fatigue, et congédia le reste de sa suite, à l'exception du seul Olivier qui, s’approchant de son maître d’un air empressé et sans bruit, pour remplir auprès de lui $on service ordinaire, l’aida à se mettre aulit. :

Pendant qu’Olivier s’acquittait ainsi de ses fonctions habituel- les, le roi, contre sa coutume, resta tellement passif et silencieux, que ce zélé serviteur fut frappé d'un changement si extraordi- naire. Les ames dépravées ne sont pas toujours tellement dépour- vües de tout bon principe qu’elles n’en conservent certains restes qui se développent dans les circonstances nécessaires : les bandits sont fidèles à leur capitaine, et il arrive parfois qu’un protégé, un favori, éprouve une lueur soudaine d'intérêt sincère pour le mo- narque auquel il doit son rang et sa fortune. Olivier le diable, ou quels que fussent les autres surnoms qu’on lui avait donnés pour exprimer -ses mauvais penchants , ne s'était pas assez compléte- ment identifié avec Satan pour ne pas sentir au fond de son cœur quelque mouvement reconnaissance pour son maître : c’est ce

.qui arriva dans ce moment critique, il le voyait accablé de fa-

tigüe et d'inquiétude. Après avoir pendant quelques instañts rem- pli auprès’ du roi l’offiee de valet de chambre, il céda enfin à la tentation, de lui dire avec la liberté que l’induigence son sou- verain lui permettait en pareille occasiôn :

- <«Tôte-Dieu ! Sire, on dirait que vous avez perdu une bataille; et cependant moi qui ai été près de Votre Majesté pendant toute cette journée, je ne vous ai jamais vu combattre plus vaillamment et remporter d’une manière plus complète les honneurs du champ de bataille. Le champ de bataille ! » répéta Louis en levant les yeux et en repreñant la causticité habituelle de son ton et de ses manières ; « Pâques-Dieu ! rhon ami Olivier, dis plutôt que je suis

CHAPITRE XXVL 7 S87. resté maftre'de l'arène daris‘un combat contre un taureau ; non, it ñ’a jamais existé brute plus aveugle, plus opiriâtre; plus indomp- table que notre cousin de Bourgogne, si ce n’est l’un ces tau- reaux Murcie que l’on élève pour les combats “N'importe , je l'ai harcelé de ka bonne manière. Mais, Olivier, réjouissez-vous avec moi de ce que mes plans en Flandre ont éehoué ,'ainsi que mes projets reldtivement à ces princesses Yagabondes de Croye et à Ja viflb de Liége. Vous m'entèndez? Non, sur ma fei, Sire; il nrest:impossible de félicitér Votre Majesté sur le renversement de ses espérances, à moins qu’elle ne m’apprenne quel motif l’a fait - changer de vues et de projets. Soùs uri point de vue général, ilnes est opéré aucun changement.dans"mes projets. Mais, P4- ques-Dieu ! mon aïni,.j'ai appris aujourd’hui à connaître le duc Charles, beauçoup mieux que je he l'avais fait encore. Lorsqu'il était comte de Charolais, au temps du vieux duc Philippe, et moi le dauphin de Francé banni, nous buÿions, nous chassiohs, nous courions ensemble les aventures; et il nous en est arrivé de pas- sablement bizarres. J'avais à cette époque un avantage décidé sur lui; celui qu’un esprit fort prend naturellement sur un esprit fai- ble. Mais Ha changé ‘depuis : il-est devenu opiniâtre, audacieux, afrogant, quérellèur, dogmatique ; il nourrit évidemment le désir de pousser les chôses à l'extrême quand il se croit à peu près sûr. de la partie. J'ai été forcé de glisser légèremént sur tout sujet ca- pable de l'irriter, éomme si J'eusse marché” sur un fer rouge. À’ peine lui ai-je eu fait entrevoir Ja possibili que ces comtesses va- gabondes de Croye fussent tombées entre les mains de quelque maraudeur des frontières avant d’avoir atteint la ville de Liége (car je lui avais avoué franchement qu autant que je pouvais le présumer , e’était qu’elles se rendaient), Pâques-Dieu ! vous auriez cru , à l’entendre, que je lui parlais’ d’un sacrhége.. Il est inutile que je vous répète ce qu’il a dit à ce sujet ; il suffit que vous sachiez que j'aurais cru ma tête-en grand péril si l’on était venu lui apporter la nouvelle du succès que ton ami Guillame à la longue barbe a obtenu dans l'honnête projet conçu par lui et par toi pour améliorer sa fortune par un. nrariage. Il n'est pas mon ami, n’en déplaise à Votre Majesté ; ni l’homme, nike projet .

ne sont miens. —"Tu as raisOn, Olivier; ton plan avait été de faire

la barbe à ce futur mari ; mais tu souhaitais à la comtesse un époux qui valait pas mieux que lui, quand tu pensais modes- .

tement à toi-même. Au surplus, Olivier, malheur à celai qui Ja QUENTIN DURWARD.

SR QUENTIN BURMAPP. possédeun ! car être.pandiu, voué ,.fcactelé, voi fe Sert Joli doux que mon grarieux coin promettait, À. RRiCORQUE : era aasaz. lénafraire PONT: époyiser sa. jemne vassele sans.sa permission. r- Etilne serait guère mins mécanient sans douta, s'il appce- aait qu'il est suryenu quelque trouble dansla bpanerille de Liége? Autant, .et même beançconp plus, comme tan intelligence ie Le fait-si hien.préroir. Mais dès.que j'eus pris la résolution. de me gendre ici, jeavoyai des moseagersi Liége ; din d’axxôter, pour instant fout isapvement d'inmwrection: ‘et j'ai danné pendre à JURS TeRUANLS. et tushulents amis, Ronalser et. Pavillon, des {e- nr tranquilles comme-des sopris dans leur trou jusqu'après cette heurenseeniravue satre mon bpau-couain elmoi. —4-enjuger d'a- près ee que Vatre Majesté ‘viant de dire, ce qu'il.y.a dé,mioux à æenérer de £gtle entrevue, c'est qu'elle n'exmpirera pas otre gasi- tian..Cetle aventure ressemble fort celle de la cigogua, qui, aprés Avoir enfoncé sa {ête dans la gueule du loup, se trouva fort, beu- ouse qu'il hi eût ppcrmis de l'en:tirer. Cependent Voire Majesté, -encqre {put à l'heure... paraissait Adresçor des rexnerGimanis au sège: philosophe qui l'a. décidée à jauer.un jeu qui-faisait maître de.sibelles espérances ! + è n'ai:pas joué toutes m6 arte, « ré- poudit le roiavec une expression de malite : « Il ne faut -

|. espérer de la partie que lorsqu'elle est perdue, et je n'ai Augune

raison pour, craindre qu'il en advienge Ainsi ; ‘je da pagnerai, au pontraire . jen suis sûr s'il n'arrive rien qui réveilla Ja rage-de.ce fou vindicatif ; +t bien. certainement je n'ai pas peu d'obligatices la science. qui qu'a fail choisir pour agent, #tpour :esppr4er: les dames de Craye, un jeune bhamme.dont l'horgsgppe est eu carres- pondange si. directe avec le mien, qu'il m’a,sauvé d'un grand den- ger, mâmé.en désebéissant À. mes.ordres exprès. .c'est-à-di, an prenant de préféranct la route qui devait ini. faire éviter. l'embns £ade. de Guillaume.de la Mançk. Voire Majesté. trauvera. aus peine heauceup d'agents toujours.prêts à la servir, à de pareilles _£onditions. C'est passible, Olivier, c'est possible : le.poële pain parle de rôta dis exomdiss maligñis !, de vœux dont les saints per- mettent l'accomplissement dans ler ealère; et, dans les circans- tançes présentes , c'en est un de cette espèce que j'aurais adressé . Au éiel en fayeur de Guillaume de La Marck, ‘s'il eût été aecampli pendant que je suis au pouvoir de ce duc de Bourgogne. C’est ce qu'a prévu mon art, fortifié de celui de Galeotti; c 'est-à-dire, ja. 4 Veux exaucés par des dieux spaom is. A, Me

_ nm LR

ns = - LU ms LS LL 2 ——— TU

CCHAWIERE XOVL 559

préva, non que la Marck'he rétssirait pas dans sen entreprise,

mais que Fexpédition du'jeune Koossaisse terminerait favorable- ment pour moi; et c'pstico qui est arrivé quoique d’une manière différente de ce que j'avais ponsé;:car-lés astres, loût-en nous pré- disant des résullats gédérenx ; se taisent-sur:les voies par lesquélles #ls sont amenés.et qui sont souvent tout le contraire de ee que nousattendons ou même de ëe que nous désifons. Mais.à quoi bon

. te parier de-ces mystères, Olivier, à toi qui es plus enduréi que

le: diable dout tu portes le nom, puisqu'i croit et quil tremble, aukeu-que tu n'as fofni dans. la. religion, ni-dans la science; et tu resteras incrédue jusqu'à l'aècomplissement de ta. destinée, qui, comme m'en assurent ton horoscope et ta: physionomie , 56 termi- tiera par l'iritérventien de gibet 1? Elt-si cela arrive, » reprit Oli- ter d’un air très-résigné , «ee sera purée que j'aurai été ui ser- viteur trop. reconnaissant peur ne pas. ‘exécüter les ordres de mon royal faître. » 8 “Lois partit d’un de ces éclats écrire sardonique: qui lui érient tabitasls. «Bien réponde , Olivier ! .s'éeria-teil ; et, de par Notre- ‘Dame , le-ripost est héritée , car je t'avais attafqué. Mais parlons . sérieusement + amtu découvert danses mesures que ces ‘gens-M prennent à notte égard, quelque chose qui puisse faire sbupconner | mauvais desseins?—Sire, répondit Olivier, Votre Majesté et son savant philosophe cherchent des augures dans: les astres et dans l'armée céleste; môi je:se avis qu un : repibile de ce bas monde et je ne dois m ’ocçupèr que des choses terrestres. Il me semble donc que. vous ne trouvez pas ici'toutes tes attentions, tous les soins que devrait-avair -pour Yoire Majesté l'hôte auquel vous frites l'honneur de'le visiter. Le doc ; ce soir, a prétendu qu'il était fatigué ; il n'a, reconduit Votre Majasté que jusqu’à la porte de la rue, laissant aux. officiers de sa maisori le soin de vous ac- : compagaet jusqu'à votredogis:0es appartements out été préparés à la bits etsans aucuns recherche. Regarder dns ia chambre ioisine ; vôus y verrez la fapisserie suspémine tout ile {ravers ; Jes figures-sont presque renverséss ; l’on divait qu'elles marchent sur la tête, et les racines des arbres sont tournées vers le plafond. Bah? c'est .un aocident-et un effet de li précipitation. M'aves- vous jaraûis vm' faire. ationtion.à de paréilles bagatelles ?— Elles ne méritent pas que.vous y pensiéz un seul instant, Sire, si'ce n’est corme à-un indice du degré derespect que les officiers de la mai ‘4 Cette prédiction fut réalisée.a: 06: :

_

300 | QUENTIN DURWARD.

son du duc remarquent en leur maître pour Votre Majesté. Soyez

“bien assuré que #’il eût voulu que votre récéption ne laissât rien

à désirer, le zèle de ses gens eût fait en chaque minute la besogne

- d'une journée. Et. depuis üand voit-on sur la toilette de. Votre . Majesté des vases qui ne soient pas d'argent ? » ajoüta-t-il en mon- trant un bassin et une aiguière qüi étaient dans’sa chiambre.—ÆCette

dernière remarque, Olivier, ».-dit le- roi avec un sourire forcé,

«est trop dans le cercle de tes fonctions particulières pour que je prenne Ja peine d'y répondre. Il est vrai que durant mon éxil en ces lieux ; j'étais servi en vaisselle d'or par - l'ordre de ee même

. Charles : alors il régardait l'argent comme un métal trop peu di-

gne du. dauphin, quoiqu'il semble à présent le regarder cemmne

trop précieux pour le roi de France. N'importe , Olivier, nous al-

Jons nous mettre au ht. La résolôtion que nous avons prise, nous l'avons exécutée.'il ne s’agit plus maintenant que de rem- plir avec prudence le rôlé que nous avons entrepris de jouer. Je

sais que:mon cousin de Bourgogne , semblable à un taureau sau-

vage, fermeles yeux quand il s’élance en avant; je n’ai qu’à épier

ce moment; voinme je l'ai vu faire à un tauridèr-lorsque j'étais à Bürgos, et son impétuôsité" le mettra bien certainement à: ma discrétion. » | .

2 1 e

(.

. cuire XXVIL.

L 'EXPLOSION.

Lo rsqu'on éclair patt du sud fend soudain le nue et freppe notre œil ébloui, c'est avec crainte et dens une surprise fnuette que nous attendons la suite de ce phé- nomène, St TaowPsox, L'Été. ..

e

Le chapitre précédent , d'accord avée son titre , était. destiné à faire jeter au lecteur un couf d'œil en arrière, afin qu'’ikse mette en état de juger à quels termes en étaient le roi de Franite et le

.… duc de Bourgogne quand le premier, cédant.en partie à sa croyance

à l'astrologie, qui lui promettait un heureux résultat, en partie au

sentiment intirné de la supériorité de son esprit. sat. celui de

Chartes, eut pris résolution de confier sa personne à la foi d'un

ennemi hautain et exaspéré. Çette résolution extraordinaire,

inexplicable même , était d'autant plus téméraire, qu’on’ avait eu, dans ces temps orageux, mille preuves que lès gaufs-conduits les

CHAPITRE XXVH. . .. - s4

plus solennels n'offraient aucune garantie. En-effet, le meurtre _ de l’aïeal du duc, sur le pont de Montereau, en présence du père de Louis XI, et dans une entrevue solennelle, acceptée pour trai- ter du rétablissément de la paix et d’une amnistie générale, offrant au duc un hotrible exemple à imiter. .

Mais le caractère de Charles, quoique brusque, fier, emporté, opiniâtre, ne manqüaif ni de bonne foi, ni de générosité, excepté lorsqu'il se laissait entraîner par la fougue de ses passions: ces deux vertus ne sont pas ordinairement le partage des tempéra-

ments froids. il ne.se ‘donna aucune peine pour montrer au roi -

plus de courtoisie que ne l’exigeaient les lois de l'hospitalité; mais,

d’un autré côté, il ne.témoigna en aucune manière le dessein de :

franchir les limites sacrées qu’elles imposent.

Le lendemain de -l’arrivée du roi, il y eut üne revue générale |

- des troupes da duc de Bourgogne ; ekes étaient si nombreuses et si bien équipées, que peut-8tre il n’était pas fàché d’avoir une oc-

casion deles montrerà son puissant rival. En effet, tout en lui faisant

le complirnent par un vassal à son suzerain, c'est-à-dire, que ces troupes étaient celles du roi et non les siennes, le mouvement de sa

lèvre supérioure et le regard de fierté qui brilla dansses yeuxmon-

traient assez que ces paroles ! n'étaient qu’une vaine formule , et: qu’il savait fort bien que cette superbe armée, entièrement à sa disposition, était prête à marcher sur Paris aussi bien que dans. toute autre direction. Pour ajouter à sa mortification , Louis re-.

connut dans cette armée tes bannières de plüsieursseigneurs fran-:. :

Cais, uomseulement de Normandie èt de Bretagne, maïs de pro vinces plus immédiatement spumises à son autorité, et qui, par divers motifs de mécontentement ; avaient réuni leurs forces à. celles du duc de Bourgogne et fait cause commune ävec lui. Néanmoins , fidèle à son caractère ; Louis ne parut. faire que peu d'attention à ce ñouvéau sujet de déplaisir, quoique dans le fait , il repassât dans son esprit Jes moyens qu'il pourrait employer pour.

les détacher de la Bourgogne et les ramener À lui. Dâns ce des-. -

sein, il résolut de faire sonder sécrètement les principaux d'entre eux par Olivier et d’autres agents. Lui-même il travailla avec soin, mais avec. une grande précaution, à se concilier l'intérêt des principaux officiers et conseiHers du duc, employant. à cet eftet.

les moyens qui-lui étaient familiers, accordant des égards à ceux-'

ci, distribuant des flatteries à ceux-là , et faisant à d’autres de riches présents. Il ne voulait aucunement, disait-il à ces derniers,

ss | QUENTHS DUNWÉAD. | mattre..imais les engager. #.secondèr ses efforts peut 1a:chniservas- tion -de La paix-entre la Frames et la Bourgogas:, bat dexceilint

. Dar tai-mérus; el quitendait si évidèmrbeet irdatéhioité desahbez

pays'et des deux princes qarles goevermaients Les égards d'un si-grand roi: d'am roi'si: ; prudent: ebsiisage,

étaient déjà par eux-mêmes de. puissants inoypns dé: séduction: los-promesses venaient à l'appui, ed tes -prétents diroëtse quel u- sagè da temps permettait aux:courtisans d'accspter sans ser paie, âobevaient le reste. Pendant-une chasse aux sanglier dansia firrôtt tandis que ‘die , toujours: rempbi de-l'objetqri:l'otcamifr durs le moment, soit affaire sérieuse, soit plaisir; stabaridénsaientié rement à son ardeur peur ia chasse, Lonis, étant pas gémt. par: st -présenes; trouva'le-moyen.de. parler sacrétementistteur à téur àcoux descourtisansde Charles qui passientriouriosir d'où gemeb crédit-sur sen esprit, et parmi-eces persoanages:diinpbercoust:et d'Argentorne furent paint oubliésr aux avancesqu'it ft ices-deux

hommes distingués, .ilne mäniqua pas de:méler l'éloge de la valeur

sinsl.que des talents mälitaires du premier; et de ta. rare-sspacité alnsi que des-conraissances litbéraires; du socorik, historien-futer de cette époque.

. Une-telle occasion n des concilier ‘persoanellement , ou, .$ le Woteur le préfère, de. corrompre lés ministtes de Gharies , était

peut-être ce que roi s'était proposé comme uh:deé prinipaux _ ebjetsdesa visite, ses tajeleries auprès du duc tui-mêms dtssent-

elles rester sans effet. Les relations entre la: ‘France et ie Bonrgo-- gne étaient si-étroites, que plusieurs nobles de: ca dernier. pays avaient: dans le premier des. espérances futures ou des: intéréts actüels que la faveur de Louis tbe: servir, de même que SOBD déplaisir pouvait les ruiner. :

Formé pour ce genre d'intrigue , aussi bien que pour tücs les autres, libérakjusqu’àla profusiomlorsqueses desssius l'oxigenient..

- habile.à revêtir ses propositions. ét ses présents des couleursles

us plausibles, le roi réussit à fléchir l'orgueil des uns: par perspective ayantagense qu'il mettait devant eux , et à présenter aux autres, véritables ou prétèndus patriotes, le bien commueæ de la France et de la Bourgogne eomme un motif ostens-

- ble, tandis que le moteur réel , l'intérêt particulier, sers

bléble à js roue cachée qui imprime le mouvement à une msehine,. n'agissail pas moins puissamment,. quoique-inaperçu. Houis one

| “cmamiter HE | nsissmié Pappét le-plaseonvenable à chacun; afnsi que W'rhanière

képrésenter: à gfisenit ses dons dans la manche celui qai.

était trop flér pour-tendre fa main, presque assnré que sa géné rosité;, quoiqu'elte descendi, comme la rosée, sanis biuit et enr gouttés'imperceptibles , ne mariqnerait pas de produire en termpr convenable une moisson-abiondante, at moins de bonne: votmté, | sfion"de bons-oflfces-en fayetr du dénateur.

non mot, quoiqu'il se: fût occupé depais lonig-tenfs , et par l'éntrenmise-de ses agents, des moyens de se procurer à [a cour de Bourgogne une. influence avantageuse à la France, lés efforts pérsonhels de Louis, dirigés’ sans doute -par les: informations | qui s'était préniablement proturées ; fireht plus, en pex d'hen- res, pour l'üceomplissement de: ses projets, que n'avaient pu

faire ces’ mémes ‘agents _pendänt des: années entières’ de négocia- -_

tions.

Parmi les courtisans de doc Sourgogrie iten était ut. qmele ri désirait plas particaliérement s'attacher: c'était le ‘comte Crèvecœur: Loin d’exciter son ressentiment, la noble fermeté que le-comt-avait déployée en sa qualité d’ambassadeur au châteant Piessis avait paru à Éouis-un motif de plus.pour chereher à mettre dans ses intérêts. If: ne fut donc pas trés-charmé d’apprenz dre que comte était partf pour”les frontières du Brabant, à tête de cent lances, afin de porter du secours à l'évêque; en cas dèr nécessité; soit contre Güïlaume de la Marek; soit contre sessu- jéts mécontents. Cependant il-se _congola en pensant que la prés sence de ces forces .. jointe aux instructions qu’il avait, envoyées par de fidèles messagérs, empêcherait d'éclatér dans ce pays des troubles prématurés, troubles dont l'explosion actüelle le mre- naçait retidre sa sijuation trèé-précaire.

La cour, en cette occasion , dina dans la forêt quand l'heure de mi fut arrivée, comme c'était l'usage dans les grandes parties’ chasse: dans la .circohstance présente, cet arrangement füt particulièrement agréable au duc, qui désirait se dispenser autant’ que possible de cétte sévérité d'étiquette et de cette: déférence: solennelle avèc laquelle, dans- tout antre cas, il aurait été obligé de traiter le roï. Danse fait, laconnaissarice que Louis posSédait” du cœur trumain l'avait, sous un certain rapport, trompé en cette: ovcasion. It avait pensé que 1e duc aurait été flatté au delà de: tôute expression en recevant. de son sefgrieur suzerjin une teilé” iarque condescéèndante et de confiance ; avis i avait oublié”

ma | Que PURWARD.

que. la dépendance .où était ce duché de. la couronne ds France devenait en secret une ruelle mortification pour un prince aussi

puissant, aussi riche et aussi hautain que Charles, qui bien oer- tajnement aurait voulu pouvoir l’ériger en royaume indépendant. La présence du roi à sa cour lui imposait l'obligation de se renfer- mer dans-le rôle subordonné de vassal , d'accomplir divers actes de déférence et.de soumission féodale, £e qui, pour un hômme d’un tel Caractère, était déroger à sa dignité de prince souverain, dignité qu’en toute occasion il affectait de iaintenir autant qu'il dépendait de lui:

Maijs si dans un dîner sur l'herbe, fait au Soù des < cers at au

| milieu des barils mis en perce, Gh pouvait excuser la liberté

qu'autorise-un repas champêtre , iln’en devenait que plus indis- pensable d'observer dans le festinr du soir les lois de la plus stricte étiquette. ° _ Des ordres préalables aväient été donnés à cet ef, et, à son

retour à Péronne, le roi trouva ün banquet préparé aveé une splendeur ef une magnificence proportionnées à l’opulence deson formidable vassal, qui possédait la presque totalité des Pays-Bas, alors la plus riche contrée de l’Europe: Le duc était assis au haut bout d’une loñgue table qui gémissait sous le poids de la vaisseile

d'or et d'argent dans laquelle étaient servis avec profusion les

mets les_plus exquis. À sa droite, et sur un siège plus élevé que le sien , était, placé le roi, l'hôte: en l'honneur duquel la fête se donnait. Debout derrière Charles se, tenaient, d'un côté le fils du duc de Gueldtes, qui faisait “L'office de. grand écuyer tranchant,

et de l’antre son fou, le Glorieux sans Jleqüel ilse montrait ra-

rement ; car, comme la plupart des hommes de son caractère, ce

prince portait à l'extrême le goût général dans les cours de ce siècle pour les fous et les bouffons, trouvant dans leur infirmité morale et dans les saillies qui leur échappaient , le plaisir que son rival plus pénétrant, mais non plus bienveillant, préférait tirer

‘des imperfections de l'humanité envisagée sous un point de vue

plus noble, « riant plus volontiers des craintes du brave et des erreurs du sage.» Et en effet, si, comme le rapporte Brantôme, il

est vrai qu’un fou de cour ayant entendu Louis XI, dans un de

ses accès de repentir, avouer avec contrition qu'il avait été com- plice de l'empoisnnement de son frère Henri, conte de Guienne, en fit le récit à haute voix, le lendemain à diner, devant toute la

Cour assemblée, on peut croire que le monarque.se sentit peu de

“'CHARITRE XXVIL. 708.

goûf pour les: plaisanteries des fous de profession pendant. tout le: reste de sa vie. Mais dans l’occasion actuélle il ne dédaigna pas cependant de faire attention aux'saïllies du fou favori du duc de. Bourgogue, et d'y. applaudir : et cela d’antant plus volontiers même qu il crut s'apercevoir que la folie du Glorieux , toute gros- sière qu’elle parût, couvrait plus de finesse et de causticité que l'on n’en remarquait ordinairement parmi les gens: de eette classé. Dans le fait, Tiel Wetzweiler, surnommé le. Glorieux, était sans contredit un bouffon d'une espèce peu commune. Il était grand, bien fait, excellait dans plusieurs exercices qui parais-. saient dificilement se concilier avec une inteHigence faible et bornée, puisqu'il faut déployer de patience et de l'attention pour’ acquérir des talénts de ce genre. Il suivait ordinairentent le. duc à la chasse et même à la guerre ; et à la bataille de Montihéri, quand ce prince courpt un notable danger, ayant été blessé à la gorge et setrouvant sur le point d'être fait prisonnier par un che- valier français qui avait déjà saisi les rênes de son cheval, Tiel Wetzweiler chargea l’assaillant avec tant de vigueur qu'il lui fit mordre la poussiète ; et il dégagea son maître. Peut-être crais - gnait-il que ce service ne fût regardé comme trop important pour.

un bomme de sa condition, et qù’il-ne-lui suscitât-des émnemnis.

parmi les chevaliers et Jes seigneurs ‘qui avaient laissé au bouffon de cour le soin-de défendre le prince : quoi qu'il en puisse être, au lieu de rechercher les éloges que méritait cet exploit, ils'é- . tudia à s’attirer la raillerie, et il fit tant de gasconnades sur ses | faits d’armes dans cétte bataille, que beaucoup de gens crurent que le secours porté par. lui äu duc Charles était imaginaire | comme tous les contes qu’il: débitait. Ge fut ce qui] lui valut le sobriquet de Glorieus 5.n0om qu il porta depuis, ‘al exclusion du sien. +: Le Giorieux avait ûne mise très-riche, et conservait peu de chose des signes distinctifs.de sa profession ; encore ces faibles marques étaient-elles plutôt. syrnboliques que littérales. Au lieu d’avoir la tête rasée, il portait une longue et épaisse chevelure qui, s’échappant de dessous son bonnet, venait rejoindre une barbe bien peignée et ärrangée avec som : cette disposition Jais- sait à découvert des traitsréguliers, qui auraient même pu passer pour beaux si ses yeux n'avaient eu quelque chose d’égaré. Une. bande de velours écarlate, placée transversalement au baut de son bonnet, indiquait plutôt qu’elle ne représentait le sommet ou

à QUEENEEN BURW AD. lefronton datiniotifde Ta coiffure d'a féu-en fre d'éficé- SL ner rotte en. ébène portaÿt, suivant l'usage, une tête de-füu avec des‘ _ cueities d'âne.en argent, maiæsi petité et si déBcatementciselée, qu’à-moins de la eonsidérer trèsprès, oneût: rt qu'il portait: le bâton officiel de quelque dignité plis sértèuse. Tèltes étrient' les seules marques auxquelles on pût reecrmaîtie son ernvpféi : Dur” reste: il rivulisait de luxe avec la pläpart des nobles 1x cour. Une médaille d'or était suspendue àson bbmiet : ke chaîte de mine. métsf pondait À so cou, et des Habits étaient pas ples- Branres que coux des jeunise élégants qui ‘cherchent &'ontrer 14 Charles et Loëis, _ee dernier à l'exeriple de son-Héte, adrené-- “réntisdurent la: perle: à cer bouffèn' pondét le féstixt, et tous: déux, par des-éclats de rirespontanés, montryient combien les _ fpenses du: Glorieux les dévestisshionts« Pber qui sônt ces-dèui’ siéges vacants? lui demande. Charles L'un, tout ax moins, derrait. m'appartents par: Groît-de suecession, répondit#8. -—Ef pourquoi cela, faquin ? Parce qu'ils appartient. à d'Éyrti- bercourt età d'Argentôn, qui sont aHés:si lois pour voir lesquels de ur fautons. voteñt le mieux, œu’ñs ont oaMiéte souper. Gr: dont, ceux qui préfèrent un; fatoon volant à-un fkisar sur table, sent proehes'parenté d’un fou, et-eplai-ci devrait s'empa-: rer de lours.siéges commë.faisant partie de leur strecesion rmobè- -lière. Gette plaisanterie n’ést pas nouvelle, répondit le: dnc, is, fou's ou sages, les voici: qui arrivent. » Comme it parlait, d’Argenton: et d'Hymberecourt entrérent dans: . le sake, et'après avoir salué humblement les princes, ils prirent - askence les places qu’on leur’ avait réservées. - __ —#h bien, messieurs, leurcria le duc, if faut que votre chasse ait été bien bonne ou bien mauvaise, pour vous avoir retenus st tard. Sire. Philippe de Comines, vous paraissez tout abatts ; dHyrmbercoûrt vous a-t-H gagné une grosse gagetre? Vous êtes ua philosophe, et vous devriez présenter meilleur:visage à mao- vaise forlune. Par saint George l‘d'fymbereowrt n’a pas: Fair Moins consterné que vous. Qu'est-ce que cela signifie, messieurs ? N’avez-yous pas trouvé gibier ? avez-vous perdu vos faucons? quelque sorcière: vous a-t-elle choisés en chemin ? avez-vous renu contré le Chasseur Sauvagé! dans la forét? Sur mon homeur?

4 Dans limitation de la ballade de Burger, sir Walter Beot-.no0s fera connaitre la Chasseur Sauvage, 4. M.

chavreus XVI ser

onrdira que vous venez ainister à dés funérailles plat qu y faste? >

Pendis que:ks duc partait. lesyvax & l'assembiée étaient tours. .

és sur d'Hyrmbercourbet d'Argeston; otcomme is n'étaient nuls lement de ces: gens'chez qui me expression de: mélancolie est lubitneïle, leur -contenante emblavrassée etiriste:fut si:aisément: remmeuésque: Je stenpersuctéda aux: bruyants éeitts:dota joie: malpyéd'excoitent vin dont les obavives avaient:déja fait de vepietn ses ibations, saus que personne pût xesigner luraison d'un chu gement: SErVERU presque tout à coup: dans les dispositions des . esprits ; chacun &e mit à parler à Poreille de ëon voisin, counno Fon'odb été à. voille d'appéendre quelque grand événement.

« Que sigaiôs ce sitenes', messhèurs ? + dit lestoe on levant le voix qu'avait nattirellement sirotoritissunte.- Si vous appsrèns & notre 'barquet 0e: regañis étranges et. cotte taviturnité mes mpinasquliète, jkést fipheux 40e vonsss s07ez pes rostésésmes lbs murais:à chercher des hérons, des bécasses, ot: même des hi bus. Môn gracieux maître, dt d'Argenton, comes nous réresions do x forêt nioes: avons rencontré:le comte :de Crèvos oœur:.—Quail reprit le duc , déja de retour des Brabant ?.il Ÿ à trouvé: tout: en" bon état, j'espère! Lie come vaus présunterai lüi même, dans un instant, F'oxposé des nouvelles qu'il rapporte:, répondit d'Hyrmbercourt , car-rfous ne lés avons esteñdües-quith+ parfkiéomont. —Mort de ma-vie!'Et est.le cothte ?-—:}1 chang: de vêtemernss pour ‘se reridre aaprès de: :Votre' Altese, réporrdit d'Hymbercourt.—Devétements? Par Ja semibleu! qu'avaitsit besoin) den changer? Je erois: que.vous vous‘êtes ligwés- ensemble pour’ rendfe fou, Pour parter plas frineherment, -dit d’Argenton.. ik désire vous commaniquer ses nouvelles en audience pastieu-+ Jière: Tête-Dieu ! sire roi, dit Charles, voilà comme nos ten-- sillers nous. servent toujours: s'ils. ont appris: quelque: choss quiis jugent de quelque: importance pour notre: oreille , ils pren nent mwr-le-chiamp le ton de geavité ; et sont aassi fiers de co far deau qu’un âne l'est’ d’une selle neuve. Qu'on prévieane Crère— : cœus:de.se rendre i ici incontment. Il arrive: -des frontières de Liège, et quant à nous, du moins, » dit-il en appuyant surle, pronom ; « NOUS N'AVONS pas de: secrets dans ce pays: que nous no; puissions prochimer à la face de l'univers.

Tout ie monde s’aperçut que: le duc avait assez: bu: pour accroh Ateson entôtement naturel: et quoique plusieursde ses courtisang

L 3 A DURYTARD. lui eusseut volontiers fait observer qüé- le moment n'étais. Spro-

_… pice ni pour entendre des gouvelles, ni pour tenir conseil, cepen-

. dantils comnaisséient trop bien la fbugue de san <arastère pour hasarder la moindre objection ; cliseun demeure dans une attente inquiète des nouvelles qué le conxte devait communiquer.

Après. ün court intervalle durant lequel le dut resta les yeux ipapatiomment fixés sur laporte, tandis que les convives tenaient les leurs attachés sur la table, emme pour cacher leur curieuse amxiôté, Louis seul conservait un sang-froid impassible et con- tipuait causer altecnativement avec Fécuyer tranchant el le bouffon. .:

Enfin Crèvecœur entra ; 7 fut interpellé aussitôt : « Quelles: atuvelles de Liègé, sire-comte ? L’annonçe de votre.arrivée a banni l'enjouement de cette table ; nous espérons que votre pré- sence y ramènera Ja gaieté. Seignenr et maitre, » répondit je comte avee fermeté, mais avee tristesse, « les nouvelles que je ‘vous apporte sent plutôt de nature à être révélées dans un conseil ‘que. dans un banquet. Quelles sont-elles ? s’écria le duc : sn- nasçassent-eles l'antechrist. je veux les connaître sur-le-champ. Mais je les devine ; les biégeois se sont encore mutinés ! C'est la vérité, monsieur, « dit. Crèyecœur don air grave..— Voyee, repritle due, voyez comme j'ai deviné ce que vous hésitiez tant à me dire! Ainsi ces bourgeois. sans cervelle ont encore pris les armes, Celane pouvait arriver plus à propos, «. ajouta-t-il en jetant sur Louis ua regard oi il se péignait un ressentirgent-qu’il s’effor- çâit cependant de déguiser , « car nous “pouvons aujourd'hui. prendre l'avis de notre seigneur suzerain sur li manière de répri- mer une telle révolte, Est-ce toutes vos nouvelles? Pourquoi | n'avez-vous pas vous-même marché au secours de l’évêque ? Ré- pondez!— Ii m'en coûte, monséigneur, d’avoir à vous répondre, comme il vous en coûtera de m’ehtendre. Mon secours et celui de tous les chevaliers du monde ne serviraient de rien à cet excel- lent prélat : Guillaume de la Marck, uni aux Liégeois insurgés, s’est emparé du château de Schonwaldt, et l'a. assassiné dans sa propre demeure. A#ssassiné! » répéta le duc d’un ton. bas et concentré, mais qui fut néanmoins entendu d’un bout de la'salle à l’autre; « tu as été trompé par. quelque faux rapport, Crève- cœur. Cela.est impossible. --Hélas! monseigneur, répondit le- comte , je le tiens d’un témoin oculaire, d’un archer de la garde écossaise du roi de France, qui était dans la sallo au moment

?

CHAPITRE XXVIL. #0

ce meartre a été consommé par de” laMarek. —-Ef-qui sans duts a-prôté la main à cet: horrible sacrilége ! » reprit le duc en se 19e - vantet en frappant du pied avec-une tele furie, qu’il nüt'en

pièces le marchepibd placé derant lui. « Qu'on ferme les portes. de cette salle ! qu'on en garde les fenêtres !. Qu’aueun étranger bouge de son siége, sous peine de mort, Gentilshommes de ma chambre, l'épée à la main ! » Et se‘tournant vers Louis, il porta lentemient:la nain dun air déterminé sar la poignée de son-épée, tandis que. le roi, sans montrer aucune crainte, sans même _prendre uné ättitudé défensive, lui dit avec calme : Ces nouvel» les, beau cousin, ontébranlé votre raison. Non, » répondit le duc avec un accent terrible, « mais elles ontéveillé -un juste ressentiment que j'avais ldissé trop lonig-temps étouffé sous de vaines considérations de lieu et'de. circonstances. Meurtrier de ton frère; rebelle contre ton père, tÿram de tes sujets, alé traître, roi parjure, gentilhomme déshoncré,, tu es en ma püis- sance , tt j'en remercie le-ciel. Remerciez-en plutôt ma folie, dit le roi, car lorsque nous nous réncontrâmes à Montlhéri, à ter. “nes- au Moins égaux il me semble que vous. auriez vouiu- être. plus loin de moi que vous ne l’étes en ce moment. » *

. Le duc avait-toujours la main sur la Poignée de son épée, mais ilne latira pas du fourreau pour frapper un enneini qui ne faisait. aucune résistance , et dorit la contenance impassible pe. pouvais justifier aucun acte de violence. ‘Cependant -une confusion générale et étrange régnait dans le L salle ;-les portes en étaient fermées et gärdées selon. l’ordre de

. duc; mais plusieurs seigneurs français, quoique en petit nombre; s'étaient levés de leurs sièges, et s6 disposaient à défendre leu souverain. Louis: n’avait dit un mot, ni-au duc d'Orléans ni à Duñois , depuis qu il les avait fait sortir du château de Locties ; et à peine pouvaient-ils se regarder comme en liberté, traînés comme ils l’étäient à la suite du monarque ,'et objet évident de ses soup- çons plutôt que de ses égards et.de son ‘estime. Néanmoins la voix de Dunois fut la première à s'élever au milieu de ce tumeite , et s'adressant au duc de Boürgogne : « Sire ‘duc, lui ditit, voué oubliez que vous êtes vassal de la France, ef que nous, vos CON: vives, nous sommes Français. Si vous levez [a main contre votre roi, préparéz-vous à soutenir les plus violents efforts du déées- poir; Car, croyez-moi, nous nous abreuyerons du sang de la Bourse

gogne comme nous venons.de nous abreuver de son vin, Courage;

on - : QUENTIN DURAMED, auvsaigeeur d'Onlésèss: etrvous, :gentishomemes français, ran @u-vous smtour: de Bunois, et faites ce. quevous verrez faire, : . )En:ce.moment,:le roi put cexisaître" ‘quels étaient ceux re ses sujets eut lesquels il pouvait le-phiscompter. Le pen de sdigneurs at de choraliors indépendants qui:s6 trouvaient auprès de: hi, et dènt la plupart s’én evafent: reçu que des dédains et des: merifi- ctions, sans être effeayés par anë foree infaiment supérieure," - siparia-certitude dune sort prompte, se bâtérent de-se-ranger autour de Dunoïis, et se frayèrent un passage à suite vers le : haut hout de la table les deux princes étaient assise . Au:voptraire, ceux de ss serviteurs que Louis avait-tirés de &a bassesso pourdes élever à des places importantes qu’ils n ’avaient aueunement môritées; #e éantrèreni que Meheté «et froidenr, et - demeurant tranquillement assis, 'parurent détenninés à:me point anticiper sur leur destinés par une interrentiin.quétoonque, qi qu'il pêt advenir de leur biénfaiteur.. Le premier parmi.les hommes généreux qui prirent tar déténse duiroi était lo vémérable lord Crawford, qui, avec. une agilité ‘qu'on m'aurait pu attendre de son âge, se faya un éhemin- rsaigré toute opposition: À. x vérité, iln'en rencontra qu'une faible: car ‘süit: par point d'honneur, soit par un désir:sécret de- prévenir ke

L -boup qui :menaçait Louis, les seigneurs hourguigaons: Livétreit

passage au noble Épossais, qui vint se placérentre le roi etrkednc. ‘’Enfonçant de côté sa toque, de-dessoes laquelle:s-échaäppsient quekques mèches decheveux:blaries, .péadlant que :ses joues pôles stsen front fidé reprénaient leurs primitives esuletrs, et quescm @ilétoint par l'âge brillait d'un nouveau feu, signal d’urie résolu- tien désespérée il:tira-son épée de la main-droite, et rejetant son rhantess de ia main gauthe; ilse mit surla- défensive. ”_ «J'atoonbelts pebrison pére:etpour sen aieul F'éeria- til 6, par saint André! quoi: qu'il puisse résulter de: tout ceci. jome Fe hansionnotai pis dans une telle crise. »‘

‘ont ee qu'il nous à faHu quelque temps pour le: rappoiter æ passa rapide comme l'éclair ; car à peine le. due avait-il prèsune attitude menaçante, que Graw ford s'étéit.élancé entre lri et l’objét de sx vengeance, et que tous-les gen{fishommes français sétaient portés din même: côfé aussi vite qu'il. Jeur avait été possible.

Leduc de Bourgogne tenait toujours main sur:son épée, et seneMait-prêt à donner le signal de Pattaque, dont le résultat eût jafaillibiement:été le msassacre-durperti.lo phus-tuibles gaie

-veccebr,.accoucènt api, écris d'une voix laine :6t sanare:: « Monseigneur. de Rorgogne, oonsidénes £e que veus allez faire! Vous êtes.dans votre palais: voûs êtes de vesml du noi! Ne régan- _dez pas Je sang.de-votra hôte. dans votne demeurse,.ls seng de ve- - tre souverain assis sur le trône que vous avez élevé poux:hii, :at

oil il s'est placé sous votresauvegande. Par égand pour l'apamur

de votre MAOR; ne cherchez pas à venger na-horrible essassioat per mn. assassinat NON. mains. horrible, —Relire-toi, Grèveoæur, . s’écria. le duc. . et. laisse-moi. assouxir mia vengeance, Retire-toi; la colère’ des princes ot. aussi redoutable -que celle du ciel.

Qni, » répondit Gréveaæur avec. fermeté; mais seulement - Jous-

qu'elle-est juste camme esile du ciel. Permetiez-moi, 10h prince, »

d'arrôter. da violence de vatre caractère, quelque jusbeméné f- fensé que. Fous 507. “Et vous, nobles de Frances, loraque joue .pésistapce est, xaine;trouvaz.bon que je: VOUS rocenmande d'édi- ter ce qui pourrait sxaener l'effasion du SRG. —r Il à Haison,;» dit. Louis, ;que son. sang-froid N ’abandenna:.pas dans: cet instant texvible, .et qui. prévoyait que si les roies de fait coummengeient, An.se, porterait à nlus de-violence-dans la. chaleur du moment Au'au. milieu du calme; si la paix pouvait-être, meinlemue. « ila 21599... Mon cousin d'Orléans, man brave: Danois, mon fidèle .Crawford, n'amenez pas des malheurs at une éffuinion de sang par - une colère irnéfiéchie.. Notre cousin Ie dus rest icrité-de 1a mpat A'un.ami cher à sonicœur, du vénérable évêque. de.Liége, dont Aous.déplonons .le meurtre autant quille déplore luismims : d'anciens et. malheureusement, 46 noureaux majeis de discussion | le.portent.à nous .soupconner. d'avoir inenpé en. quelque ‘lapin. sans a crime que nous Abborrans. Si notre hôte -roulaitse souit- ler d’un-crime semblable en nous ssasinent iei:nous sen;néi &k #00, Parent, sous. la fausse sypposition.que nous aunions cantri- bué-à .la-mort déplorable de l’évêque de.liige, vatne résistenne ae. pourrait. guère alléger notre destin ;.ex oantraire, elle ne.pour- Jait que l'aggraxer. Ainsi donc, CraWfoxd, relirer-vous, :Dussent : «es paroles être les dernières que je. pronamer, je narle.comme ua roi. son officier, et j'exige ahéissanne. Retinez vous; -et-si on le requiert, rendez votre: épée; je:vous l’ardônne.: votre serment vous Gbligeà m’obéir. C'est la vérité, Sire, » répandit Crawéoril ‘en reculant, et en replongeant. s0n--épée dans ls faunrean, . d'où il l'avait tirée.à moitié; «oui, c’est.la vérité; mais, sur. ren het neur, si j'étais à la tête de spixante-dix de m5 Leaves FORPAGROUS,

SM QUENTIN DURWARD, au liea d’être.chargé dur même nombre d'années, je voudrais es- sayer s’il ne serait pas possible de me faire raison ces galants si recherchés avec leurs. chaînes d'or et leurs bonnets à ganses, surehargés de bordures de toutes couleurs et de devises emblé- matiques. »

. Ée-duc resta long-temps les yeux fixés : sur le plancher, puis,

.… avéc une ironie amère : « Vous parlez bien, Crévecœut, dit-il ; notre honneür demande que nos obligations-envers ce grand roi, @et- hôte chéri, ñe. soient pas payées aussi-à la hâte que nous nous l’étions proposé dans notre impétüeuse côlère. Nous agirons de telle sorte que toute l'Europe connaîtra l'équité de nos pro- cédés: Gentilshommes de France, il. faut que vous rendiez vos armes à mes officiers. Votre maître a rompu la trève et n’a plus “auoun titre à en jouir. Cependant, .pour ne point blééser vos sen- timents d’honnewr, et par respect pour le rang dont, il a dégé- néré, nous ne demanderons pâs à notrè cousin Louis son épée.

.. Aucun de nous, s’écria Dunois, ne rendra. ses armes et ne sortira

de cette saile qu’avec la ferme assürance qüe notre roi ne court au- cuh danger. Et pas un homme de la‘ garde écossaise, » s'écria son tour lord Crawford, «. ne déposera. lés siennes que par ordre éxprès da roi de Frañce ou de son grand connélable. Brave .: Bunois, dit Louis, et vous, mon fidèle Crawford, votre zèle me nuira au lieu de m'être utile, Je compte, » ajouta-t-il avec digni- té, « je compte sur la justice de ma cause plus que sur une vaine résistance qui coûterait la vie aux meilléurs etaux plus braves de mes sujets. Rendez vôs épées; les nobles bourguignons qui rece- ront ces’ honorables ‘gages sauront noûs protèger, vous et moi, “Mieux que vous ne pourriez le faire vouë-mêmes. Rendez vos pées, je le veux , je vous l’ordonne. » - Ce fut ainsi que, dans cette crise imminente, Louis moûtra cetté prompte, résolution et ce jugement aussi profond que juste _-qui seul pouvait lui sauver la vie. 11 était convainou que , jusqu’à ee qu’on en vint aux mains , il pouvait compter sur l'assistance -de la plüpart des nobles bourguignons qui étaient présents, pour _-modérer la fureur de leur prince ; mais que, si une fois la mêlée commençait , lui et le petit nombre de ses défenseurs seraient immolés à l'instant même. Et cependant ses ennemis les -plus. -acharnés avouèrent que dans ce moment sa conduite n'’offrait _‘#len qui sentit la bassesse ou la lâcheté. IL ne chercha point à augmenter la rage du duc; mais il ne parut ni redouter ni vou-

CHAPITRE ZXXWIL. . 53 loir conjurer cette étrange frénésie, et il continga à le regarder avec ce calme que l’on remarque dans les yeux d’un homme brave qui observe les gestes menaçants d'un aliéné, et qui, sait que sa fermeté, son sang-froid , sont un frein capable de répri- mer son délire.

Au commandement du roi, Crawford remit son épée à Crève- cœur en lui disant : « Prenez-la , et que le diable vous en doxne üune.grande joie ! je ne vois pas de déshonneur à vous la rendre, car nous n’ayons pas eu la liberté du choix. » Un instant, messieurs ! » s’écria le duc d’une voix entrecoupée, comme un homme à qui la colère a presque Ôté le pouvoir de-s’exprimer ; « gardez vos épées ; il me suffit que vous donniez votre parole de pe pas vous en servir. Quant à vous, Louis de Valois, vous êtes mon prisonnier jusqu'à ce que vous.vous soyez lavé du soupeon d'avoir trempé dans un meurtre ét.dans un sacrilége. Qu'on le mène à la tour du comte Herbert, qu'il ait avec lui six hommes de sa suite et à son choix. Lord Crawford , il faut que votre garde se retire du château ; on lui donnera ailleurs un logement conye- pable. Qu'on lève tous les pont-levis, qu’on baisse toutes .les hersés, qu'on triple la garde à toutes les portes de la ville, qu'on ramène le pont de. bateaux sur la rive droite de la rivière; que ma troupe de Noirs-Wallons entoure le château, et que l’on triple le nombre des sentinelles à tous les postes. D'Hymbercourt, vous ferez faire des patrouilles à pied et à cheval autour de la ville, de demi-heure en demi-heure, pendant la nuit, et d'heureen henre durant le jour, si toutefois cette mesure est encore nécessaire après le lever du soleil , car il est probable que nous irons vite en besogne. Ayez l'œil sur lg personne de Louis; yous en. répondez sur:Ja vie.»

Il se leva de. table. avec.yne 1e précipitation qui montrait encore la, violence de la colère qui l'animaif,, lança au roi un regard se peigoait une inimitié mortelle , et sertit brusquement. de la salle du banquet.

+ « Messieurs, » dit le roi en à regardant autour de jui d’un air de dignité, « le chagrin de la mort de son allié a plongé votre prince dans un état voisin de la frénésie. Je me flatte que vous eonnaissez trop bien vôtre devoir comme chevaliers «et comme gentilshommes, pour le soutenir dans un acte de trahison ou de violence contre la personne de son seigneur suzerain. »

_ En te moment on entendit ‘dans les rues le son des tam- 7" QUENTIN DURWARD. 24

sua : QUEXTIN DURANT. bours et dès tsompettes, qui ppelarent s st detontespartx …. « Nous sommes sujets de la Bourgogne, » dit Chévecœut qui remplissait auprés de son mottre les fonctions -de: maséelsal da palais , «et nous ferons notre devoir comme tels. Nés:espéraneus nos prières, nos efforts, seront employés à ramener la paix ot Ponion entre: Votre Majesté et notre maître. En attendäut, mous devons ous conformer à ses crdres Cessrgneuats et ces chevz liers se feront un honneur de contribuer de: leur mibex à rendre moins désagréable à Fillustre: nc d'OrWans., au:brave Dunis at au vaillant lord Crawford leur changement de logis: Qtant à moi, Sire ,.je düis être k chambehlan de Votre Majesté, et vous: con: duire:-duns un appartement tout aulse que je ne le désiressis, car jo n'ai pas perdu le: souvenir de lhespihalilé que j'&i reçue au Plessis. Vous n'avez qu'à désiguur ls personnes -qui doivent composer votre soits ; et'queles ordres: dusdue limitent à sn. Eh bien!» dit le roi en regardant autour dei, et après un mo: ment de réflexion, « je désire avoir auprès de moi, Olivier lb Dain;. ur archer dei ma garde: écossaise , noué > Bulafré ; Fiistau l'Ermite avec deux de ses gens, et morrtrès-loyaLet. fig philasophe Mhrtius Galpatti: —- Ea volonté de. Votre Wajeshbsera exécutée an tuus points, dit le comte de Créveboar. Galeotts, : aiquta-t-il. après avoir pris quelques ronseishemonts, «est. à.ce que j'apprends, à souper ce sûir: en joyeuse compagnie; amis-ow va l'envoyer chercher. À l'instant même, les: atttes:se rundromd aax créres de Votre Majesté. Rendons-rivus done duxle noc- veau Jogemeut que nous assigne l'hospitalité de notre eousiss , dit roi. Nous savons que la tour est forte, et nous‘espérons qu'ells _ smarégalement sûre: —- Avez-vous entend le nom :de ceux. dun le roi Louis à fait choix pour composer sa suite? » demanda tout base Glürisux adeomte de Crèvecuuren suikimit oais qd sdr- thit de ty salle: —-Assnément, mon joyeux :compére, répondit le oumte. Eh bien:! que-trouves-tu à. dire Ki-dèssus —-Olelriers, rien ; à cela près que c’est une collection assez singulière. Ux entremetteur, un ikfamé paillard de barbier ?,.uw'oewpe-jarrets écusmis à dages, un léurreait en titre avé'tes deux vakRts, et @u fripon charlatan. Je veux allér'avec vous, Créveetwur, afin -de: prendre mes degrés en coquiniérie en les observant. pendene que vuus Les conrduirez: Le apte Rsi-n6hre arait eu peite à eon-

4 Pandarly, Voyez dans la Dièce de Trois and Cressida, dle Shakspeare, le-sêôle de* Pandaruÿ. La vraiè traduction Panddrly barber est MAG.eure de barbier. A. M

CRAPTTRE ÆXVTIL.' 28 voquer in parelli synôde, dont # serait tout ar plus dn asser dr

gue président. »

Usant donc de ses priviléiies , k fou pvit famätèrement ke bras de Crèvecæur et s6 init ën marche avoë mi, tandis que, sous groteetiün: d'ane benne escorte, mais sans oublier lui rendre toutes les marques éxtérivures du respect, le corhte cvhduissit réf à son, iphatecont.

CC CHAPITRE XXVHE.

. L'INCERTITURE.

ft, houveut séif, hétteut indiptan Mbtibl ip ta basse origine met à l'abri des coups de 1g fortune 2 couche-Joi, repase-to}, livre-toi au repos... Elle tepose pas tranquife et à sori aise La.tôte qui pote une

. fourenns. Suanpwmasr, Henri FI.

Quareate honames d'armes portant alternativement, l’un un épée nuë, l’autre une torche enflammée, sertirent d’escorte plutôt de garde au--roi Louis. depuis Yhôtel-de-ville de Péronng jusqu'au-château ; et, lorsqu'il entra dans cette sombre et redou- fable forteresse ; H erut «a moment entendre une voix qui faisait retentir à son oraille cet avis que le poële florentin a écrit Au-dése sus de fn porte des régions infornales :

‘Voné qui vous avancez dtts Heu de sonfrancé,

4H ports, tn extrènt, lnisszs 4eme ctpéragne }.

Peut-être quétque sentiment de remords aurait éMuré Jane du roi , $’il eût pensé en ce moment aux centaines, disons Mieux; aux milliers di individus que, sur bii léger soupçon, quélquéfüis même sans motif, il avait plongés dans les cachots, leur 6tant tout espoir de liberté, et les forçant méme à détester vre à laquelle ils ne téhaient plus que par le simple instinct anima.

La vive clarté des torches l'emportait sur a pâle lueur le la lune, dont les ayons étaient encore plus obsturcis cette auit-à que la précédente, et la lurnière roügeñiré, qu’au mñieu fumée qui s’en élevait elles répandaient awtour d'elles, Gotinait une teinté cent fois plus sombre ä limmense donjon que Pen ap- pelait la tour du cothte Herbert. ‘C'était cette même tüur que

. etre 4 suscite si speransa, pes oh’ entraie. , PRE Dante, tmferto, Mb bc

276 QUENTIN DURWARD.

Louis avait observée la veille avec up pressentiment pénible , et qu'il était maintenant destiné à à habiter, en proie à la crainte des xiolences auxquelles le caractère irascible-de son trop puissant | veseal pourrait se livrer dans ces sécrets repaires du despotisme.

. Les pénibles sensations du roi s’aggrayèrent encore -lorsqu’en traversent la cour il aperçut un ou deux cadavres sur lesquels on avait jeté à la hâté des manteaux de soldats : il ne .fut pas long- temps à reconnaître que c’étaient les cadavres de deux arehers de sa garde écossaise. Ayant refusé, comme le comte de Crève- eœur l’en informa, d’obtempérer à l'ordre de quitter le poste qu'ils occupaient près de l'appartement du roi, une rixe s'était élevée entre eux et la garde wallone du duc ; et avant que les officiers des deux corps fussent parvenus àla faire cesser, plusieurs soldats avaient perdu la vie.

. « Mes fidèles Écossais ! » s’écria le roi en voyant ce triste spec- tacle; « s’il ne se fût agi que d’un-combat d'homme à homme , la Flandre et la Bourgogne réunies n auraient pu fournir des cham- pions capables de lutter avec-vous. =: Sans doute, » dit le Balafré qui marchaït immédiatement derrière le‘roi; « mais si Votre Ma- testé veut bien me permettre de le dire-, « nombreux moisson- aéurs, prompte moisson. » I} y a peu d'hommes capables de faire face à. deax ennemis à la fois. Moi-même je n’aimeris guère à

en avoir trois sur les bras, à moins que ce ne fût dans l’accom-

plissement d’un service tout spécial, auquel cas il ne s’agit pas de

s'amuser à compter les têtes, Ah ! te voilà ma vieille connais-

sance ! » dit le roi en.se tournant wers.lui. « J’ai doncencore près

de moi un sujet fidèle.— Et un fidèle ministre, soit dans vos con-

seils, soit dans les devoirs qu’il a à remplir auprès de votre royale

personne , » dit Olivier le Dain d’une voix basse et insinuante.

. « Nous sommes tous fidèles, : » reprit Tristan l'Ermite d’un ton

bourru; « car si l'on abrége les jours de Votre Majesté, on ne lais-

sera la vie à aucun de nous, quand même nous voudrions la con-

server.— À la bonne heure! voilà ce que j'appelle une bonne ga:

rantie de fidélité, » dit le Glorieux qui, comme nous l'avons déjà

remarqué, avec cet esprit incapable de repos et qui caractérise

‘un cerveau détraqué, s’élait mis de la compagnie.

. Pendant ce temps le vieux sénéchal,. qu’on avait appelé à La ‘hâte, faisaif de pénibles efforts pour tourner la pesante clef qu’il avait introduite dans la serrure rouillée de cette vasie prison go- thique ; et il fut enfin obligé de recourir à Faide d’un des gens de

ss D = - LD 7 = a - LL SE

- = CS CES

_ CHAPITRE ÆZXVEL \ ST. la suite de Crèvecœur. Quand on:eut réussi à ouvrir la porte: sig hommes:entrèrent avec des torehes, afin d'éclairer , en marchant les premiers, un passage étroit et tortueux, commandé de dis. tance en distance par des meurtrières ou embrasures ‘pratiquées dans l'épaisseur des. voûtes.et des murs latéraux. Au bout de ce passage se:trouvail an. escalier d’une construction non: moins ef frayante, et-dont les degrés étaient d'énormes quartiers de pierre, grossièrement façonnés au marteau et d’une hauteur. inégale. Loïsque Louis.et son cortége en eurent atteint la dernière marehe, une porte garnie-d'épaisses barres de fer leur donna l’entrée detre qui avait été autrefois la grande sale du donjon : très-faiblement éclairée, même pendant le jour (car l’excessive épaisseur des murs faisant paraître plus étroites encore les ouvertures par lesqueltés la lumière devait y pénétrer, on les aurait prises pour descre- vasses plutôt que pour des fenêtres), une obscurité complète y eût:régné en ce moment, si la lueur des torches ny avait répandà quelque clarté. Deux ou trois ehauves-souris , ou autres bisezux de sinistres présages, réveiltés par cette clarté inaccoutumée, vol- tigèrent autour des torches et faïllirent mêmo:les éteindre, tandis que le sénéchal, avec toute la roideur de l'étiquette; s'excusait auprès du roi de cs que le principal appartement de la tour n’a vait pas été mis'en ordre: on lui avait laissé si peu de temps pour le préparer ! « Et dans le fait, .ajouta-t-il, cet appartement n’a pas servi. depuis vingt ans, et même, d’après ce que j’ai entendu dire, fl l'a été bien rarement depuis le temps de Charles le Simple.— De Charles le Simple! répéta Louis. Oh ! je connais l’histoire de cette

tour, maintenant; c’est ici qu'il fut assassiné par son perfide vassal

Herbert, comte de Vermandois… aïnsi le racontent nos annales. Je savais qu’il y avait, relativement au château de Péronne, quet- que souvenir qui me trottait par la tête sans. que je pusse m'en rappeler les circonstances. Ainsi donc, c'est ici qu’un de mes pré- décesseurs a péri misérablement!— Nôn, pas ici, pas.exactement ici, Votre Majesté est dans l'erreur ,. » répondit le vieux séné- chal en s’ayançant avec l’empressement d’un cicérone qui fait. voir les curiosités d’un édifice; «c’est un peu plus loin, dans une petite pièce attenante à la chambre à coucher qu’eccupera Votre Majesté. » |

Ii ouvrit. à la hâte une porte placée à l’autre extrémité de l'ap- partement, et qui donnait entrée dans une chambre à coucher assez petite, comrne c’est l'ordinaire dans ces vieux'édifices, munis

SE QUENTIN DURWARD. qui, pair estéé raison même, était plu agrébis que la granile sal On y avait fuit à la hâte quelques préparaifs porrecévroir keroi: uaé tapisserie avait clouée sir le mur;on avait allumé du fen . dans une grille rengée par la rouille, prouve certains qu'onaren &rait.pas fait usage depuisdong-temps , et on 5 avait dreséé uné sôpte de lit de camp pour'ceux qui, swivant is coutume de ee tôrnps, devaient passer la nuit dans la chambre du roi,

+ Je ferai placér des lits dans la grande sallé pour le reste de vètre suite, Sire continua lo vieux s6kéchal ;.ôn. m'a donmé si pou de-tomps, qu'en vétité..…. Mainténant , si plait à Votre Ma jesté de passer par cette petite porte, , derrière la tapisserie, ee entrera dens on petit cabinet pratiqué dans l'épaisseur du mir; c'est dans cet aatique cabinet que Charles perditla vie: um passage secret , au moyen duquel il communique avec l'étage imférræur , * imtroduisit les hommes chargés de lui donner. la mort, Vetre Majesté, dont j'espère que la vue esk meilleure que in naienré, poiara encore distinguer Les traces de sang snr le plancher, quoi- qu’il y ait cinq cents ans que cette aventure est arbivée: »

En périant ainsi, il s’efforçait d’ouvris la petite porte dont à pariait. Le roiluidit enfin : « Arrête, bon viaitiard, attshés encsre un pou; tu pourras avoir uné histoire pius récents & raconter, el du.sag plus frais à montrer. Qu'en dites-vous, ceinte de .Enève- ecauw ? ‘Foul ce.que je puis: vous dire, Sire, répondit le comte, c'estquecesdeux appartements inéérisurs sont auisi absaliment à l-dispcsiiion de Votre Majesté que eux de: votre: ohâtsau du Plessis, ot. que la garde extérieure en est confiée à: Créveeæar, duat le. nom: n’a jamais été terni par:lés épithètes:de traître ou dassessin-.— Mais lo passage:secret dont parlé cervisillard ? le-pas- see quèconduit dans ce cabinet? » dit Louis à vorx baaso-et. d'uri tri. d'inquiétude, et enserrant d'une main le:bras: da Grèveecur, tdhdis qe.de l’aotre ilen montrait ports.

« Ge-n’ent sans doute qn'un-rôve de Mornay, répondit le enmt, eu: quelque veille et absurde: tradition du châléau : mais: je vais dsaniner cela. »

allait ouvrir porte hi-cahinet,. quand loués l’en-enspéche on: hi:diséat : « Non, Crèvècæœur, non, votre henneue m'est une garantie suffisante. Mais qu'est-ce que votre duc.8e propose: faira oi? Hine peutiespérér me retenir long-témpé priseanéer, at. on-urs mot:,. dites-moi ci que.vous penséz de tout ceci... Crè- RUE ven Bite. Voise Malesté: péut, jager elle-même jnaqu'à

AORRNTRE KXWIH. ! 2 quel point de.dac de Rbusgogne doit êtroiccurrencéide oënlb. asessist Cormnss sur pensvane de son-proehe parent de sn allié: vonsaol ai avez qnels motifs peut soir de croire que ke hutouss de ce icrshe-ont agi à l'instigatien dés émissaires ‘de Votre Majesté. Mais niori, maître a ame-noblesse «de-caractère qui le-rpnd incpeble, môême:iu pas rt de:sa colère, d'employer x trahison. Quelque détermination qu'ilpronne, il l’exécutera new grand jour'et fans des seux poanies. Et'jie ne puis qu’ajouter ae le désir de bois. les oonseibérs. qui l'emtoureat. peut-être à l'exception dun: soul, est qu'il se conduise en cette pocaaion aveo autant sie donveur et de geméresité que de justice.— Ah ! Crève- cœur; dit Louis en lui prenant ia main. .eonmse s’il eût été affecté pat quelqmesouvestr pénible, « qu't ést heureux le-princs qui a: pnèsde:sa personne cles, conssillers eapables de le prémunircontre: sas paenons gt contre leurs suites. ! Leurs noms seront écrits en: lettres d'or dans l'hiséaire de son règue.: Oh! si ma bonne étoie: eût vouis que:ÿ'eusse eu près de mei des hommes tels que toi,.: Grévecœur..… Alors, dit le Giorieuwx, Votre Majesté n'aurait eu d'autre sun:qhe de s’en débarrasser au plus vite. Ah! ah! sieur de la Sagesse , Êtes-vous donc ? » dit Louis en se retoar nént-eten quitant ie ton pathétiqueavee loquel it parlait aurcomte pour is remplarer-aussitôt, avec une étonnante facilité, par on autre qui pouvait presque passer pour de la'gaisté: « nous avez veusdone suivis jusqu'ici? Qui, Sire; la Sagesse.doit axivre en. vétemenis bigarrés. quand la Folie marthe-en avant couverte deila poupoe. -— Cominenit dois-je interpréter ces paroles ,'Sire Salo- mion ? Vouidrais-tu changer de place avec moi? Non, sur mon. ame, Stre! quand même vous medonneriez cinquante couronnes en retour. —#ÆEt pourquoi œla? D'après ce que sonties princes aujourd’hui, ä me semble que je pourrais me contenter de t'avoir pour roi.— Je ne dis pasie contraire, Sire; niais la question est de:saroir si, jugeant de l'esprit de Votre Majesté d'après le loge- nent qu'il bei a procuré:ici ; je-ne devrais pas être honteux 4h voir an fou si stapide.— Silence ! monsieur le drôle ! s'écria : le comte de OCrévecæur ; votre langue se donne trop de Yberté. -— Laissez-le parler tout à son aise, dit Le roi; je ne connais pas ds sujet de railieries plus faste que les:folies ceux qui devraient se montreries plus euges. Tiens, müh judicieux ani, prends cétte bourse d’br, et.recois:en:même temps un bon conseil , c'est à dire, de ne jamais être assez foupour te pnoive plus sage que .les autres.

és6 QUENTIN DURAND.

t'en prie; rends-«moi le servics de t'enquéfirdsmon astroiügue, Martius Galeotti, et de ‘me l'envoyer à l'instant. -—"3y coûrs:; Sire ; et je suis sûr que je Te trouverai chez Jearr Doppletbuar { ; car les philosophes savent aussi bien -queles'fous se vend meilleur vin. Comte de Crévecœur, dit alors Louis, voudrez. vous bien donner ordre à vos gardes de laisser passer brement ce savant personhage?--Rien rie s'oppose à ce qu'il entre, 'Sire; miais je suis fâehé d’être daris le nécessité de vous dire que mies ins- tructions ne me permettent pas laisser qui:que ce soit sortir de votre appartement. Je souhaite à Votre Majesté une bonnewesit, ajouta-t-il ; et je vais donner mes soins à ce que les personres de votre suite qui doivent rester dans l’antichambre s’y trouvent ptus à leur aise. Que cela ne-vous inquiète en rien, sire comte, ré- _pliqua le roi ; ce sont des gens habitués à la fatigue, et qui s’ac- ‘commodént de tout; et, pour vous dire la vérité, à f’exception de Galeotti,que je désire voir, je serais bien aise d'avoir, cette nuit, aussi peu communitations avec l'extérieur que vosinstruetions vous le permettent. Mes :instructions-prescrivent que. Votre *- Majesté ait la pleine et entière. possession de:s60n: appartement : tets sont les ordres de mon maître.— Votre maître, comte de Cré- vecœur, et je pourrais aussi le nommer le mien , est un:très-gra- cieux maître. Mon royaume n’est pas trop vaste en ce moment, puisqu’il se réduit à une vieille salle et à une chambre à coucher: mais il est assez étendu pour les sujets queje puis compter encore. “Le comte de Grèveeœur" prit congé du roi ,-qui, bientôt après, entendit le bruit des sentinelles qui se promenaient. chacune à son poste , la voix des officiers qui dennaient des ordres, et la marche précipitée des soldats qu’on relevait de garde. Enfin le - silence régna de tous côtés, et aucun son ne troubla le calme de la nuit, excepté le murmure sourd des eèux profondes et -bour- beuses de la Somme, qui baignaient les murs du château. :

« Retirez-vous dañs l’antichambre, mes bons amis ,:» dit Louis

à Olivier et à Tristan qui l’avaient suivi jusque dans sa chambre ; «“ mais ne Vous endormez pas ; tenez-vous prêts à recevoir mes ordrés; car il y a encore quelque chose à faire cette nuit, quel-

que chose d'important, même. » Okvier et Tristan se retirèrent done dans la grande salle , le Balafré était resté avec les deux soldats du grand prévôt. Ceux-ci avaient allumé un feu de fagots suiiisent pour éclairer et chauffer 4 Crest-à-dire, Jan (ou Jean) Double-bierre. :4. M.

.. €HAPITRE XXVITS. as Ja salle , puis, enveloppés de leurs manteaux , s'étaient assis sut Je plancher dans diverses attitudes qui-exprimaient.le trouble. et Yabattement de leur esprit. Olivier et Tristan ne: virent rién ds mieux à fâire que de suivre leur éxémple:-et conme ils n'avaient jamais .6t6 irès-grands «mis dans les jours de leur prospérité; ile n’éprouvaient ni l’un ni l’autre le besoin de:se parler avec con fiance dans cet étrange et soudain revers de fortune... Touté la -coipaguie resta donc plongée dans un muet abattement. . - Cependant. leur maître, dans sa retraite silencieuse, était.en proie à des angoisses tapabies de-servir d’expiation à quelques- unes celles qu'il avait fait endurer à d’autres. Il parcourait sa ehambre à pas précipités et mégaux, s'arrêtait tout à coup en joi- gnant les mains ; en un mot, it sabandonnait à toute l'agitation qu'ilesavait si bién réprimer en public. Enfin, s’arrélant devant Ja petite porte que lui avait indiquée le vieux Mornay corame con- duisant sur le théâtre du meurtre d’un de ses prédécesseurs, il se tordit Les mains, et donna.un:.libre cours aux sentiments qui l’agitaient ,-dans un monolgue souvent interrompu... .

Charles le Simple !... Charles Simple ! Quel surnomda postérité. donnera-t-elle à Louis XI, dont probablement le sang rafraîcbira bientôt les taches du tien? Louis le Sot. Louis.le Niais..… Louis l’Infatué... Ce sont des épithètes trop. douces pour exprimer mon extrême imbécillité ! Avoir pu penser.que ces têtes chaudes de Liégeois, pour qui la révolte est un besoin aussi natu< rel que-celui de remplir leurs estomaes, resterarent en ropost Me figurer que le féroce Sanglier des Ardennes interromprait un its tant sa carrière de violence et de sanguinaire férocité ! M'imagi- neïr que je pourrais emplayer avec quelque avantage le langage de la raison et du bon sens vis-à-vis de Charles de Bourgogne , avänt d’avoir essayé la force de mes exhortations sur un taureau sauvage ! Sot, double sot que j'étais ! Mais ce scélérat de Martius ne m’échappera pas: Il a été un des principaux leviers dans cetts affaire. .Et ce maudit prêtre, ce détestable la Balue , n'y a-t-il pas aussi joué son rôle ? Si jamais je puis me tirer de ce danger, je lui arracherai son chapeau de cardinal, dussé-je lui enlever en même temps la peau de la tête. Mais l’autre traitre-est entre mes mains... je suis encore assez roi... j'ai encore un empire assez étendu pour châtier ce vendeur dorviétan, ce marchand de pa- roles, ce contemplateur d'étoiles, ce fabricant de mensongés, cet jmposteur, qui a fait de moi tout à la fois-un prisonnier et une

as QUENTIN DLRNMARR

dupe... Le-bobisncotion kies planèles’!.. om, la comienctien. 1 va délété un fatras. dessottises qui auraient à peine tnantpé ane te de monton-Arois foës bouillie, ‘ot J'ai-été sets idiet peux ms persuader que je lecomprenais!. Mais anus verrons tout à1'houre ob que cetie conjohotion a réellecaent. prédi, fepehdasn, areni teut, faisons.nos dévolions. » .

. Atu-déssss:dé porte du petil cabmat, et peut-être en mémoire de l'événement qui s'était passé dans l’mtérienr, était une nicho grossiorement sculpiée, dans laquelle on voyait'un crucifix en piorre. Le roi fixa los yeux sur cette saisie image; comme s4 s'apprétait à s’ugenouvillér devant ele ; mais/à Farrôta tout eeurt, eemme s'iteût:criint te manquer de respect à cet embième reli- geux, eu le Éxusant participer aux principes d'une politique men dainre, et jugé téméraire de s'én approcher avant de s’Étre:assñré Pintercesion particilière de queiqué patron faveri. H:s0 détüums donc du crucifix, Comme se ‘croyant indigne de le regarder: #6 choisissent, parrait les images hi, :ccmme nous l'ayons tiéjà dif souvent, garnissaient le tour/de son chapeau, celle qui nemrésen- tit-Notre-Dame de Gléry, d'se-1inét à genoux devait-els , Et lui adress le prière extraordinaire que #ous allons rapparter. On y réraarquera que sa grossière superstition de:portait ien quelque sorte vousidérer. Natre-Damo:de Cléry come un àtvé différent de Notre-Dame d'Embrun, à lagoelie il adoaenit sOuBemÉ 80 vœux avoe une dévotion toute spéciale...

Douce Notre-Dame de Ciéry, + s'écria-t:l' en signant les mains'et en se frappant la poitrine; «bienhosreusæ mère de mi- séricordé ! toi qui es toute-paisiante auprés du T'out-Puissant, a pitié de moi, qui ne suis qu'un péeheur:! H est vrai que je t'ai ua:pau négligée pour ta bicnheureuse sœur d'Embrun ; sais j0 ssis:roi, mon pouvoir est grand , ma richesse’ sans hornes ; et si elle n'était pas assez grande, j‘hnposerais une dooblè gabeiler ser miss sujets, plutôt que de.ne-pasvous payer mes. dettes à éoutes lehx./Quyre ces portes de fer. conible ces aflfoyables fossés. tire-moi de set imminent danger, comme une mère qui conduit sou fs! Si-jai donné à ta sœur le commandement de mes. gar- des , tu'auræ vaste et riche province de Champagne, et ses vignes verseront l'abondance dans ton couvent. J'avais .promis <stte province àimon frère Charles... maisil est mort, tu lo sais: &mpoisonné par ce méchant abbé d'Angely{, que je punüti si

&Cent lun des snachronismes que-se permet qaclanefois-notre sutsèr. ‘Ohaties,

CHANIIRG XNVUL à

je conserve le. vie::je te Eups chbéh promis ; md patte. foit-cir je tendre pérole. Si j'ai-aù quelque cabanes de-La: cime, voué trdiré, rs:très-chère patsenha, quh:0'éliail parceque in pb voyais pes. de meilleur mé6ybu pour. dotepict les mécontents de mon royaume. Oh! ne porte pas cette vieille detée à mwm cdraphds mais sôis, codeme tu es tohjeurs été. bonnd, hénigne,. et fooile à Séehir pat les. prières. Trés-aeinte Viarge, ierpède ‘as près de ton fils, pour du'i mi rartionne men péchés passés, eteer li... tolui ion petit,… qu'il faut qué je Corimette cette nuit... Ençore h’esti-ca pas un péehé, chère Notse-Dame le Clépy… 00 n'est paé un péshé, mais un acte db justice scertlement éxereé ; ear le scélérat est le plus grami imppstonr qui ait jameis versé le mensonge dsné l'oreille d'u prince: -et d'ajllesrsil a du penchonht pour l’akonnnahie Hérésis dés Grecs! : à n'es pes dignà de Le protection s mefs+le à ma discrétion, étregarde comme. une bohne œuvre ce que. je vais faire, eër d'est un aénrormenciph, wa-sotcier, qui 2e mérite .pes que tu penses à lui, que tn t'oecnpes de lui. un chéen, dont la mort ne deit pes ôlse pins importante à tes goux que l’extiastion de létincelle qui tornhe d’une: lampe on qui s'éthegpe du ftu. Ne fais nulle attention à cette hagatelle, douce et hagtie Notre-Dame; ne songe qu'aux mtioyens de me dé: livres du péri que je cours.ici. Mon sceau royal, que j'appene sur ton effigie , est.uhe preuve que ja tiendiai ro prameise à l'égard du comté de Charnpagne:; et ce sers la derpiñte fais-que.je: t'im- portudenas peur quelque sffèire de eng, vu: qe te es si benne, ei tloues et si compatisiante. »

Aprèt avoir pour aissi dire signé te éoMreé axtsserdinireaves lVobéet-de ses ndbratioùs, Louis récits, en apparence avec la plus haimible dévotion, les segt Jeans de lr.péritence..en latin, qnéil ques.fve, et plusieuts aitres prières spécialement consacrées à le Vierge. il se selvadnsiste, charmé de S'ôtrs assuré l'internession de la sainte à laqnelip il avait adressé ses prières, et d'autsat, plus sûrement, comme ilen fit l'ebtueiouse réBesion. .que.ln phuparf des. péchés pour le pardon desquois il avait épioré précédemment drié de Bert, frère de Louis XT, reçut ta Normandie par.le doublé traité du 56 deto. bre 1468 ; le rei ne vint à Péronne que postérieurement à ce traité; et le duc de GCuicnne-(ninei romaté puree-que, depuis èate époque, il arai remoncé à La Brie, à

4n Chompagne et à ln Nornandie, pour 4st autre apanaÿs) ne mourut empolsonné;, ootnime en le ornt généraiement, que quelque iompe après. à, M.

4 LiSglies grebqne, qui reconnait deux parsonnes'cn Jésus-Cbrisi ; Ja divine

De Gr neo 72 Pau Mie Qoruma Mdve de Rien , mais soulément ‘OuEsme Mère de Chritoaim .

me. QUENTIN DEAWARD)

sa médiation, étaient d'une natire différente, et que, par ecwsé- quent , Nôtre-Dume de-Cléry nv pouvait-pus Je’regarder comme üb meurtrier habitaél et endurei, comme auraient le faire les : éttrés saints qu il avait pris: plus fréquemment por-confidernts de sus crimes ?. : -

Ayant ainsi -purgé sa: consciohes ; ; phutôt- l'ayant: blanchie comme un Sépuicre, le roi entr’ouvrit la porte de:sa obaribre, et, mettant la tête en dehors, appéla le Balafré. -

«Mon brave, lui dit-il, il y a long-temps que tu:es à mon ser. vice, et tu n'as eu que peud'avancoment. Je suis ici dans une circonstance ma vie aussi bien que ma mort tiennent à peu de chose ; mais. jo ne voudrais pas mourir ingrat, c'est-à-dire sans récompenser, autant que les saints m'en donnent le pouvoir, soit uh ami, soit un ennemi, chacun selon ee qu'il mérite. Or, j'ai un ami à récompenser, c’est toi-même ; un ennemi:à panir, ‘et c'est ce:vit, ce perfide scélérat, Mänrtius Galeofti, qui, par ses inrpostures et ses mensoriges artificieux., m'a entrainé ici pour me livrer au pouvoir de mon ennemi mortel, avec uno préméditation aussi ar- rêtée de -me faire périr que celle da boucher qui fait entrer un bœuf dens la tuerie. Je l’appellerai au combat, répondit le Ba- lafré : le duc de Bourgogne-est trop l'ami des gens d'épée pour ne pas rious accordet le champ clos, un: terrain d’une étendue rai. sonnable. Et si Votre Majesté vit assez long-tentps , ‘et qu'elle jouisse d'assez de liberté, elle me verra combattre pour soutenir sa querehe, et tirer de ce philosophe -une vengeanee telle que vous pouvez la désirer. Je rends justiee à ta bravoure ; et je eonnais ton dévouement à mon service; mais ce vil scélérat est

un vigoureux compagnon , et je ne voudrais pas te faire courir le risque de la vie, mon brave. Votre Majesté me permettra-de lui dire-que je ne serais pas un brave si je n'osais me mesurer contre en homme plus redoutable encore-que Galeotti. Ii serait vraiment beau:à oi, qui ne sais ni lire ni écrire, d’avoir peur d’un gros lourdaud qui n’a guère fait autre chose de sa vie. N'importe : notre bon plaisir n’est pas que tu exposes ainsi ta vie, Balafré. Ce traître va venir ici d’après notre ordre, saisis l’occasion, approche-

4 En parcourant les passages correspondants dans la vieille chronique manuserite, je ne pus m'empêcher d'être étonné qu'un prince doué d'autant de jugement que l'était certainement Louis X1, eût pu se laisser aveugier par un genre de superstition dont on ne croirait pes capables les sauvages les plus stupides; mais les termes de la prière que fit le roi dans une occasion pareille, et qui nous ont été conservés par Brantôme, sont tou: aussi extraordinaires. (Note de l'auteur.) :

CHAFTERE XX VI. . dd toi de lui,.et.frapne-le.au-dessous de la cinquième côte. Me cam prends-tu ? Qui, vraiment, Sire, je vous comprends; mais Vo- tre Majesté me permettra de lui dire que ce n’est pas tout à fait ma manière de combattre, Rien au contraire; je.ne.saurais tuer même un chien, à moins que ce ne.fût dans la chaleur d’un com- bat, d’yne poursuite ou d'un défi, ou dans toute autre circons- tance semblable. Mais, dit. le roi, tu n'as sans doute pas la prér tention de passer pour avoir le cœur tendre, toi qui, comme je V’ai oui dire. as, toujours été le premier à l’escalade,.et qui l'es toujours montré avide des plaisirs et des ayantages qu’un cœur dur et,un bras qui ne craint pas de.verser le.sang saypnt recueil- lir dans ne ville prise d'assaut. Sire, l'épée à la main, je n'ai jamais craint ni‘épargné vos ennemis. Un assaut est une affaire l’on se bat en désespéré, et l’on court des risques qui éçhauf- fent le sang d’un homme à un tel point que, par saint André ! una beure ou deux ne suffisent pas pour le refroidir : c’est. ce. que j'appelle un droit bien acquis de se livrer au pillage. Dieu veyillg avoir pitié de nous, pauvres soldats ! le danger nous fait tourner Ja tête, et la victoire. nous la fait perdre davantage encore. J'ai

“entendu parler, d’une légion qui n’était absolument composée que de saints: ils devraient bien s'occuper à prier et à intercéder pour le reste de l'armée et pour tout ce qui porte le panacheet le corselet, le pourpoint de cuir et le sabre. Mais ce que Votre. Ma- jesté me .propose est tout.à fait hors de la route que je me suis tracée, quoique je: doive convenir qu’elle est assez large. Quant à l’astrologue, si c’est un traître, qu’il meure de la mort des trai- tres; je ne veux m'en mêler en aucune façon. Votre Majesté a dans l’antichambre son grand prévôt et deux de ses gens; cette affaire estde leur ressort ; il ne convient pas, qu'un gentilhomme écossais ma race et qui a vieilli au service s’en mêle en rien. Tu as, ma foi, raison, Balafré;. mais du moins il est de ton. devoir de veiller à l'exécution de ma juste sentence , d'empêcher qu'on n’y apporte interruption. Je le ferai contre tout Péronne, Sire-; Votre Majesté ne doit pas douter de ma loyauté en tout ce qui peut se concilier avec. ma conscience, qui, je puis le dire, est assez large pour ma propre convenance et pour le service de Votre Majesté. Je me souviens d’avoir fait pour vous certaines choses, et j'aurais plutôt avalé le manche de mon poignard que de les faire pour tout autre. —N’en parlons plus, et écoute-moi. Quand Galeotti aura été introduit, et la porte fermée sur lui, mets le

Li | QUENTIN DORWAS. “dafre à la thin, ét gards-f en defére "tr RSA "otthe) pa @ôhfié. Vofià fobé ce qe je densité Va; # en tie nét x Brand prdvétir

Le faitifé rétré Ans te bridé site, éf, arr riomenc af; Phièlih l'Eriritté-de présents devant Louis. | raciste b'étiventt, éditipère, lui-4R férte qié pétisti ad nothésitaafion? = One nié porivühé notis éonsidérer éBNf dés Seris condammiés À mort, répoireft le grid PRÉvOE, Eros qUEN dut tie noûs enivoié-üri sutsit cu Sürvis ON'HÔN tar qui MoUS à Mit tomber dansé prépe partfra:avaht nous péut Phatientiünde, et quafité tourrier! pour nous prépérer Key Ibgentetité: > Ait Xe tôt dveu'uiisbubire féroce ef atabotité. «'PENta; tar 48 REbuEÉ bien des actes de bonnéfasties ; finis, je dévrdiséiré rés: coronct épars? tl'hut qué tir me serves fidéleménit fésqu'A Br fin! "th te fbrat , Sfre: sus qu'tn homme écttitné un autre, hits du fMoiris je sis récontraissant. “ant qué'fe-vitaf ; fe Moinidré-rhôt de Yotré Majesté sera üunñe-éondanmätion ausstirtérocs ble, dés ponttuellement ‘exécutée que forsquié vous été assis sur tbtre ttôhe. fe reipliraï mon devois entré cés murs’ atsti hier que pa "_ tont'aifféurs - qu'ont fasse ensuite’ de:moi ce qu'on voudra, je ten Sbuicie fürt peu, Cest ce die Fhttendhis' de foi, men chér cor père, mais äs-tu de bons aides? Le traftre est un güton: figon- réux: ét'sans douté if appellera at sécouré de toutes $es'lbrtes. L'Écossais nefera due garder ft'pbrte, et c'est déj betucoäipqwé je l'y aie décidé à force de flatteries et de cajolëries. Olivier test bon qu'à mentir, à flatter et à suggérer des conseils dangérént : ët, ventre: saïnt-Pieu! {Se crois ‘plus: probable qéf dut un jour tüi-héme’à cérde at cou, que de ha ltit voir jimais aftaciret au coti d'un autre. Croyez-vous avoir Tes hommes ét les moyens Héces. shirés pour fire prompte ét sûre besdgne ? == Jhi:avéec mot frois- Ééheties et Petit-Antiré, gens teflement experts dans feut métier, due, sur trois hottires ils eti auraient pendu uiravart que les detx autres s'en fussent doutés ; ét ous ayons r'ésütir anantimne: tireñit de vivré ou de mourir avec Votre Mafèsté, sachatrt fort ffen tue, $t vous W'éxistiez plus, it he trous resterait guère plus temps À vivre què ndus ren accordons à nos:patients. Mais Vôtre Mäjesté toüdra-t-ellé bien me dire quel est le sujet sur Iequel nous aurons à exercet otre falerit ? J'aime à étre sûr de mo

4 Jeu de os eDhro finies ln y 08 fun vordey 2e haie der dire:le corde, couronne l' uvre, 4. M.

home; eur comme Votre: Majesté 48 plait: qusfieréis à rit 11e rappoler, il m'est atrivé A6 temps eh: téhps de troiiher, el, an lieu du criminel, d'étrangter uh honnête labouteuws qui n'avait point cffansé Votre Majesté. C’est la vérité. Sâche dotié; Trié que'le condamné est Martius Galbofti.… Cola l'étonns ; c'est poirs tant comme je:tu le dis. Ce: traitre- nous ‘a aienés: icl, a& Nibyÿoh fausses ot perfidés: infinuatitns, pour noës livrer 1405 saxts défense entre!los-rtaints du duc Bouygogne. Mais 66 Ko sb pas sans que nous en tirions vetigéance ; quad 6e devräif 656 M dernier sete-de ma vie, je lui févaf séntir mon aiguihon, conme une/giôpe expirants ; dussé-je être brüyé l'itistant d'après !29 connais ta fidélité; et je sis que, éomme tous lès Rotiiôtes Hotiis mes, fu trouves du phisirà remplir toti devoir : dar lt vériu, disent les suvants, thourre en elte-rhôtrie s4 réébinpense, Mals-va-l'ent ef prépare les saerificatèurs ; la victiie né-tarderà Dés à parait) Votre gracieuse Majesté désireraitelle qié l'Eëxéeution. 4e: ft ex sa préseneel» demanda Tristsh:—Lotris:rejete éetto offfé: mais A chatgez ke grand prévôt de tout disposer pôur exécéter pont tuellement ses: ordres at rôiment l'astrologue sertiraif de:sà Chambre ä coucher. « Car, dit-il, je veux. voir le scélérut éhcoré une fois, re fût-ee que.pour observer.cotmiment H sercorportert envers le maître qu’il a fait:tomber dans le piége. Je rie serais pas fâché de voir l’appréhension d’une mort prochaine effacer les coû: leurs de. ses joues -emumitées; et ternir éclat de cet œil qtii séu- réait si fiiement au moment même où.it me trahissait. Oh ! si je ténais attssi l'autre traître, eélui dont les conséfls ont. se6onidé se proriosties! Mais si-jé rte tire de ee. danger, prenez gürtle à votié pourpre, monssigneur le cardinal, Rome perdrait sa péirié à von Juir vous sauver. ..soù dit sans offenser saïnt Pierre ni la-Bietis heureuse Notre-Dame de Cléry, qui est toute misérieordieuse Je EX bien l'quaétends-tà ? Va préphrer' tes gens. Le fratére: pett #r- river: durs fhstant à Pâutre! Fasse le eiel qu rt ne conÇoive. aucütié! crainte, et aire rieti re Le retiemtie ! S’A'ne veriiif: Has ce séruit un crueHé contrariété! Va-t'érr, donc, Tristän…;" {ur f’avdis pas Cou iume d’être si lent à remplir ta besognie: ka éontraîre, Sire,-cuv! Votre Majesté disait tous les‘ jours que j'y Mettais tiép de prop tifude, que je-me méprerais sur vos intentions; et que je suisis- si un sujet pour ur autre. Je désire donc que Votré Majesté veuille bien me donner un signe à l’aide duquel , au moment

vous prendsex congé de Galoottj ; je puisse. Fo09anaître si je dais:

me QUENTIN DURWARD.

‘an non me mattre en besogne ;.car j'ai vu deux ou trois foisVetre Majesté changer d'avis, et me blâmer de m'être trop hâté.—Créa- ture soupçonneuse ! je te dis que mon parti est pris. Au surplus, pour mettre fin. à tes remontrances, fais bien attention aux pa- roles que je prononcerai en me séparant de ce.drôle. Si je lui dis :

T1 y a un ciel au-dessus de nous, rempliston devoir ; mais si je dis : Allez en paix, tu reconnaîtras que j'ai changé d’avis. Mon in- telligence est parfois de l’espèce la plus épaisse et la plus lourde ; permettez-moi, Sire, de répéter ce que Votre Majesté vient de me

‘dire : si vous lui dites d’aller en paix, ce sera Le signe de me jeter sur. lui ; si... Non, idiot, non ; dans ce cas, au contraire, tu le laisseras aller en liberté. Mais si je lui dis : Z/ y a un ciel au-dessus de nous, alors élève-le de quelques pieds, et rapproche-le des pla- nètes avec lesquelles il est si familier. Je doute que nous en trouvions les moyensici. Eh bien, soit que tu lui élèves la tête, soit que tu la lui abaisses, peu importe, pourvu qu’il périssè. » Et va sourire effleura les lèvres du roi. « Et le corps, reprit Tris- tan , qu’en ferons-nous ? Laisse-moi réfléchir un moment : les fenêtres de la grande salle sont trop étroites, mais celle-ci 4, qui avance en saillie, est assez large. Vous le jetterez dans la Somme, et vous attacherez sur sa poitrine. un papier seront écrits ces

mots : «Laissez passer la justice du roi. Les officiers du duc paur- ront s’en emparer, je le leur perméts. »

-Le grand prévôt quitta l'appartement de Louis, et appela ses conseillers dans une encoignure de la grande salle, Trois-Échelles y attacha contre la muraille une torche destinée à les éclairer. Ils s’entretinrent à voix basse, quoiqu'’ils n'eussent pas à craindre d’être entendus, ni par Olivier le Dain , qui semblait plongé dans. un accablement complet, ni par Je Balafré , qui dormait d’un pro- fond sommeil.

_. « Camarades, » dit le prévôt à ses deux satellites, “« VOUS avez peut-être cru que votre vocation était finie; peut-être même avez- vous présumé qu'au lieu.de remplir notre ministère auprès des autres, nous les verrions remplir nos fonctions à notre égard : mais courage, mes amis, notre gracieux souverain nous réserve une noble expédition dans laquelle nous devons déployer notre

valeur, comme des hommes qui désirent vivre dans l’histoire.

Oh! vb! je devine que c’est ; dit Trois-Échelles ; notre pa-

"4 Le texte dit orie/, mot qui n’est pas anglais. Ce mot signifie proprement un ofra- toire, comme il'en existe dans les maisons particulières des catholiques anglajssa.n.

CHAPITRE XXVHI, 30

tron est comme les anciens Césars de Rome, qui, lorsqu'ils étaient réduits à la dernière extrémité, etqu'ils se voyaient, comme nous disons, au pied de l'échelle, choïsissaient parmi les ministres de leur justice quelque homme habile et expérimenté qui pût épargnér à leur personne sacrée la tentative maladroite d’une main novice ou peu légère dans l’exécution de nos mysté- res. C'était une excellente coutume pour les païens, maïs, comme bon catholique, je me ferais scrupule de porter la main sur le roi trés-chrétien. Bah! vous êtes trop scrupuleux, confrère, dit Petit-André; si le roi donne l’ordre de sa prôpre exécution, je ne vois pas quel droit nous aurions d’y résister. Celui qui vit à Rome doit obéir au pape. Les gens du grand prévôt doivent ‘exéêuter les ordres de leur maître , comme lui-même ceux du roi. Silence, | drôles! dit le grand prévôt ; il ne s’agit nullement de la personne du roi, mais bien de celle de cet hérétique grec, de ce païen, de ce sorcier mahométan, Martius Galeotti. Galeotti! reprit Petit-André : cela me semble beaucoup plus naturel; je n’ai ja- mais connu aucun de ces faiseurs de tours passant leur vie, comme on peut dire, à danser sur une corde horizontale, qui ne l’ait terminée par une dernière gambade au bout d’une corde perpen- diculaire.. Tchickt!— Mon seul regret, » dit Trois-Échelles en levant les yeux au ciel, c’est que cette pauvre créature mourra sans confession. Bon! bon! reprit le grand prévôt; c'est un hérétique, bien certainement un nécromancien : l’a lution d’un couvent entier de moines ne pourrait le soustraire à la damnation éternelle. D'ailleurs, s’il désire se confesser , tu peux fort bien, Trois-Échelles, lui servir de père spirituel: Mais .ce qui est plus important, c’est que je crains que vous ne soyez forcés de faire usage du poignard, camarades; car vous n’avez pas ici les instruments nécessaires à l'exercice de votre professi on. Veuilke Notre-Dame de Paris me préserver d’être-jamiais pris au dépourvu lorsqu'il s’agit d'exécuter les ordres du roi! s’écria Trois-Échelles. Je porte toujours sur moi un cordon de Saint- François qui me fait quatre fois le tour du corps, et à l’extré- mité duquel il y a un joli nœud coulant ; car je suis de la confrérie de Saint-François, et je pourrai en porter le froc quand je serai in extremis.. grace à Dieu et aux bons pères de Saumur. Et moi, dit Petit-André, j'ai toujours en poche une bonne poulie,

4 Dernier cri du pendu. À. M. QUENTIN DURYYARD. 25

ese0 QUERTIN :AURMARD. ane vis; et.tout ce.qw’il.feut.pour la fixer solidement, dans le nous nous trauverions dans les lieux .où les arbres seraient rares ou. ayant Leurs.branches à une trop. grande distance de l terre. Gest ue. bonne etsage/précaution. Eh bién ! voilà notre affaire, reprit le.grand prévôt ; vous n'avez qu’à attacher votre _poulie dans. cette: poutre qui est au-dessus. dela porte , ensuite vous. y passerez la corde. J'amuserai le drôle par quelques.menus propos lorsqu'il sortira .de la. chambre .dü roi, et pendant ce temps vaus lui. jetterez.adraitement .le nœud coulant. sous le menton, .et puis.:. -— Et pnis nous tirerens la.corde, dit-Petit- -André.et tchiek ! . potresastrologue se rapprochera du ciel, car ses..pieds quitteront.ka. terre.— Mais , reprit Trojs-Echelles, ce messieurs ne nous.aideront-ils pas , ne fût-ce que pour faire un -petit apprentissage dans.notre profession ?-— Non, nou ! répondit Tristan ; le barbier est.excellant pour imaginer le mal, mais il laisse aux autres le soin de l’exéeuter. Quant à l'Écossais, il gar- :_derala porte-pendant que nous serans.occupés d’une opération.à Jaquelleson.manqué.de .destérité et de courage ne lui permettra :pes de prendre une part plus.active. Chacun san métier. »

Avec ane.activité et.ane sonte.de plaisir qui. leur faisaienit pres- que 'oùblier Ja situation précaire dans laquelle. ik se trouvaient eux-anêmes, les dignes exécuteursdesordres.duy, grand prévôt pré-

parèrent leur. corde.et leur poulie de manière à mettre à exécution la sentence .pranancée contre Galeotti par le monarque captif , chacun d'eux paraissant se féliciter que-sa dernière action se irouvât en telle conformité awec..toutes celles de .sa vie passée. Tristan l'Exmite, assis à quelques pas. regardait leurs apprêts -avec une sprte..de satisfaction, tandis .qu’Olivier ne paraissait £aire-aucune attentioù à eux ; et si Ludoxic Lesly fut éveillé par Je bruit «qu'occasionaient :ces préparatifs. il ne.les. regarda que pour se-convainore-que.les.trois.amis s'occupaient d’affaires entié- .Fement étrangères à ses devoirs -et dont.an.ne pouvait en aucune manière Je-considérer <orame responsable.

: CHAPMRE TX": "w!

a

CHAPITRE XXIX. LA A ÉGRIMEN ATIO.

Ton temps “west pas encore venu. Le didble que tu

sers ne Ua ‘pes encore hbamdonné ; il ide‘les ainisiqui

travaillent pour lui comme set aveugle qui, prétent à

son guide le secours de sesépaules , le conduisit par

\ les chemins réboleux aussi bien que par les chemins

pais, jusqu’à ce que,.parvenu an bord.de L'enfer , ütle précipita dans ses profondeurs. Vieille Comége.

Lorsque Gbéissant à l’ordre, plutôt à la prière de Louis, ear, quoique monarque, Louis se trouvait dans 1me situation ‘téiie, -qu'il-ne :pouvait guère-que prier, le Glbrieux se#üt mis à.la ve- cherche de -Galootti, 1l n'eut aucane peine à remplir sa mission.

. A1 se dirigea sens hésiter vers la meïlleure taverne de Péronne, lisu que lui-même fréquentait souvent, on sa qualité d'umateur prononcé de oette espôce de hiqnour qui anattait da cervelle es autres at niveau-de la sienne.

11 frouva l’astrologue :assis dans on coin-de la‘salle-destinéeau publie , et: rommée en aHkemand comme en flamand atove. Une femme revêtne d'im costume singulier, assez semblable à celui des Maures on des itsintiques , y était en cuünférence avoc'lni. En voyant le Glorieux s'approcier, elite se jera comme pour ét retirer.

« {les nouvelles, » 1bt-elle à Galéothi, « sant certaines vous pouvez y compter. » 4, à ces mets, elle disparut parmi la foire

. deshôtesassis-et groupés autour des différentes tables. « Cou-

sin'phiosaphe, » dit le fonen s'avascant vers Martius, «ke ciel 2e relève-pes plus fêt une sentinelle qur'il en envoie une-autre pour prendre sa placs. Une tête sans cervelle te quitte ; en voici-:une antre qui est dépntée +ers toi pour te conduire dans l'appartement

‘Marfius «en fixant:sur de foa-un regard méfiant ; et devivant aus-

sHôt la nature des fonttions de celui qui lai parlait ., quoique sen

costume el tout son extérieur, enmme nous l'avons déjà dit, ne pértasent pes tous les indices prescrits par l'usagèe..— « Oui, baau sire , n’en déplaise à votre acience, répondit le Glorieux :

quand le Pouvoir enveieia Folie à la recherche de la Sagesse ,

c'est un signe infailible pour retonaaître de quel pied hoïte le

patient. Et si je me refuseà marcher quand je suis mandé à une telle heurcetpar un tel messager. que vous en sembierat-i ?

"

2 QUENTIN DURWARD. | En ce cas, nous consulterons vos aises, et nôus vous ferons por-

ter. J'ai ici à la porte une dizaine de robustes Bourguignons que

Crèvecœur m'a donnés à cet effet ; car il est bon que vous sachiez que mon ami Charles de Bourgogne et moi nous n’avons pas en- levé à notre cousin sa couronne qu'il a été assez âne pour mettre

en .notre-pouvoir, mais que nous nous sommes contentés de la

limer un tant soit peu ; cependant , quoique réduite à l'épaisseur d’une paillette, elle n’en est pas moins d’or pur. En termes clairs, Louis est encore le souverain des gens de sa suite, y compris votre personne , et de plus roi très-chrétien la vieille salle à manger du château de Péronne, dans laquelle, vous, son sujet lige, vous êtes tenu de vous rendre sur-le-champ.--Je vous suis, monsieur, »

. répondit Galeotti. Et il marcha derrière le Glorieux, convaincu sans. doute qu'il ne lui restait aucün moyen d'évasion. « Ma foi, » lui dit le fou chemin faisant, « vous faites fort bien, car - nous traitons notre cousin Louis comme on traite un vieux lion

affamé dans sa loge, et à qui, de temps à autre on jette un veau pour exercer ses vieilles mâchoires.—Prétendez-vous dire que le roi ait l'intention de me faire subir quelque mauvais traitement ? —C'est ce que vous pouvez deviner mieux que moi; car, quoique

. la nuit soit obscure , je parierais que vous n’en voyez pas moins

les astres à travers les nuages. Quant à moi, je ne sais rien à ce sujet. Seulement ma mère m'a toujours dit qu'il ne fallait appro- cher qu'avec précaution d’un vieux rat pris dans une trappe, attendu qu’il.n’est jamaïs plus disposé à mordre. » L’astrologue ne poussa pas plus loin ses questions; mais le Glorieux , suivant la coutume des gens de sa profession, continua

“à lui débiter à tort et à travers une foule de sarcasmes et de raille- . ries malignes, jusqu’à cé-qu'ils fussent arrivés devant la porte du

château: Après avoir passé successivement de poste en poste, l’astrologue fut introduit dans la tour du comte Herbert. Les vagues propos du fou n'avaient pas été perdus pour Galeotti,

. et les soupçons qu'ils avaient fait naître en lui furent confirmés

EN

à ses yeux par le regard et les manières de Tristan ; Car l’air som-

. bre et taciturnè du grand prévôt lorsqu'il le conduisit à la chaw- : bre à. coucher du roi, paraissait de mauvais augure. Observateur . attentif de ce qui se passait sur la terre, non moins que de la * marche des corps célestes, la poulie et la corde n’échappèrent

point à l’astrologue ; et la corde encore en vibration lui fit recor-

- naître que ces préparatifs venaient à peine d'être terminés au mo-

CHAPITRE XXIX. - 39 ment de son arrivée. Un coup d'œil Jui. suffit pour yoir tout cele;.

et appelant à son secours toute sa subtilité et toute sa finesse,

pour échapper au danger qui le menaçait, il résolut , s'il pou

vait y réussir, de défendre courageusement sa vie, jusqu'au der

nier soupir , contre quiconque oserait l’attaquer. Ayant ainsi pris sa résolution, et marchant d’un pas ferme et

avec un regard assuré, Martius se présenta devant Louis , sans |

montrer aucun embarras du mauvais succès de ses prédictions, ni aucune frayeur de la colère du monarque, célère qu'il devait Dér cessairement avoir prévue.

« Puissent toutes les planètes être favorables à Votre Majesté! » dit-il en faisant au roi une salutation dans le genre oriental; « et puisse chaque constellation détourner de mon royal maître toute

influence funeste. !—]I1 me semble, répliqua le roi,. qu’en jetant les regards autour de cet appartement, en voyant il est situé, .

et comment il est gardé, votre sagesse peut reconnaître que mes .

planètes favôrables m'ont manqué de foi , et que je suis sous l’in-

fluence de leurs conjonctions les plus funestes. N'es-tu pas hon- teux, Martius, de me voir ici, et de m’y voir prisonnier , en te

rappelant les assurancés qui m'ont déterminé à m'y rendre?—Et

n’es-tu pas honteux toi-même , royal prince, répondit le philoso- phe, toi dont les progrès dans la science ont été si rapides ; toi,

#

dont l'intelligence est si prompte; toi, dont la persévérance est si : infatigable : u’es-{u pas honteux, dis-je, de reculer dès le premier . revers de fortune, comme un poltron au premier bruit des armes? Ne t’es-tu pas proposé de.t’initier à ces mystères qui élèvent l’hom-

me au-dessus des passions, des. malheurs, de (outes les. peines, de .

+

de tous les chagrins de la vie, privilége qu'on ne peut obtenir : que par une fermeté semblable à celle des anciens stoïciens ? Le . premier coup de l'adversité te fera-t-il fléchir, et perdre le prix . glorieux auquel fu oses prétendre ? l'arrêteras-tu dans ta carrière, . comme un coursier qu’effarouchent des ombres et des dangers . imaginaires? Des ombres! des dangers imaginaires! impudent .

que tues s ls’écria le roi. Cette tour est-elle donc imaginaire ? Les armes des gardes de mon ennemi de Bourgogne, de mon ennemi

détesté; ces armes, dont tu as pu entendre le cliquetis à la porte, , sont-elles aussi des ombres? Traître! quels sunt donc les maux . réels, si tu ne regardes pas comme tels l'emprisonnementf, la,perte , d’une couronne et le danger de la vie? Parle! —L'ignorance ! mon |

frère , » répondit Le philosophe avec fermeté; « l'ignorance etles

QUENTIN" DER MID: préfégést'vofff les seuls maux vétiémiès: Croyérimoï; un rof denis fa plénitude de son pouvoir , if es£ plongé üimsl’fgnorance: etes préjugés, est moims libre que le sage déns-urcacfief et Char- lourdes ehaes: E"ést:# moi qu’A appartient de vouscen- duire vers le bontreur véritable, et'c'est #'vons d'écouter mesins- tractions. Est-ce dome # cette Éberté philésophique que vos Jetons prétendent me conduire + demendalée roïavec aberture: «fe voudrais quié vous m'eéussier;ditau Plessis, que te domaine par vous si généreusement promis ‘étrit-onr empire sut mes pæssÿons: que le succès que vous m'assuriez était relatif! & mes‘proprés er pMilosephie; et que je ne’ pouvais devenir aussi stgé et aussi sa- vant qu'un vagaboné , ur charlatenr d'Itatié ; qu'à rtrodique et nfsérable prix delà p'us Belle couronne de la chirétienté, et delà détention dans: urt donjon de Péronne. Éfoignez-vous d'ict, et n’espérez pas échapper au châtiment que vous’avez st justement méré. Hyaun cielau-dessus nous: —Je me puis vous aban- dônner- à votre destfir, Sire , avant d’avoir justifié, mêtne à vos proprés yeux , quelque troutités qu'ils soient , cette renommée, joyau plès brifant que les: plus briflants de votre couronne , et que l'univers admirerz encore plusiears siècles aprés que la race des Gapets sera éteinte’; Hrsque vous ne serez plus vous-même qu'ime ponisière oubliée dans les caveaux de Saint-Denis. Eh bren! parle. Ton: impudence , soïs-err sûr , ne cfangera ni mor opinion: nt ma résolution. Ce jugement est peut-être le dernier que je rendraï à titre de’ roi, et'je ete condamnerai pas sans t'ävoir entendtr. Purie donc ; maïs nrieux que:tu puisses faire est d'avouer fx vérité. Conviens que je suis ta dupe, que tu esun ‘imposteur-; que ta prétendue sciente est un rêve, et que lés pla- nêtés qui brillent au-dessus de nous ont pas: plus d’inflrence sue notre destinée que leur image n’a le pouvoir de : ‘Changer le cours du flèuve dans les eaux duquel elle se réfléchit. Et com- ment conriaîtrais-tu Pinfluence secrète de ces lumières célestes? Tüù prétends qu’elles sont incapables d'exercer aucune influence sur tes eaux ! mais tu ne sais donc pas que la lune ellé-même , la plus faible de toutes les planètes, parce qu’elle est ta plus rappro- chée de cette misérable terre, tiémt sous sa domination, non- seulement de faibles ruisseaux comrhe Somme , mais encore le vaste Otéan lui-même, dont elle règte les marées selôn ses diver- ses phases, et'qui tui obéit comme une esclave vubéit au moindre signe d'ûne suftanie ? Et maintenant, Louis de” Valois ; réponds

GEMRISE AIX: : à-ttus vor: um parole cenmionven., nemtt jus taniret lé:paes sagerinsensé qui cntre:eù fureurrcosttases nioteparaec cu iles peutftire entrer son yaisson: dans L& post:antaeveir amelæsmafois à-huter:contve larfurce-centreire-desrrentd etdes-sonsents 2... J'ai: pw , à la véridé:, L'annbneer que, d'iprhptasiendes probabilités ;; Fisets:dé tes entrepris: serait. lisureuss); mais ;il réteit qui pouvoir du ciel de te eondsirmaubet:: .obsi la aeatier dnsisqueli tu: rachis estépinenx: et entironmé:dedengers: dépnesk.il de moi de Faplemir etide le remdrerpius ed? Qu'est dévemmn cetioi Sagerss-que-tw:-montrais lier, et. quite fiat resonmaltycamecs tant:dé discernement qué 18s:voiss hrdestin sent ssusont:dispe Sés potr mptre piles sandlavatass; queiqualissmwient enuoppa sttionarco nos désirs Jeerbasenvime, otriu ecrappaliqnnas de tewfausses-prédictions. Pu ni'as:prédit.quee jeans .Hessasis rersplirnil se mission: das mamiire heureuse pour: auc-:gliraet: mon‘iatérôt: Tu sais maittenant coupent elle j'esè terminés:. Je: ne’ pouvais-recovtoirnx. c08p plus. ‘aveablhnt., plais tocwible, que. l'isue de cotté:affire, vu: Fisprefsion que, sARD axumdente, ee va produire:sar cervelle taureau furiosaie Becsge— gas: La fâussetéidè cette préd : est: évidonte: : tu: n0-pouR, trouver'ioci aucun: sublerfwgo: tu:.n0: peuxine répondre quels, rmarée precbiaïnerenmrettra me barque: à: flot ,-et:nse<Gonmseilier: de. m’asseoir sur da plage pour'atiendres, come un:véritable idiot. que lès eaux.seisoient retirées. Cette: fois ten'art:a:failli: tucas éiée assez fou pour-me fre une prédiction spécixie, etalle.s'esttrous vée: positivement fâusse.—Le tompsen prouverz ki jestessset-ku; vérité , » répondif l’astrologue:aves ‘hardiesse: «: Je no demandé pas de ples grand triomphe de l’art’ sue l'ignorance que l'accent: phissement de cette prédéotion.. Je fai: dit queree- joene liomnmer remplirait fidèlement toutemission‘honorabie: ne Ÿa-t-ilpas{sst? Je t'ai &t'qu'ilse ferait ur serupule de. tremper:dans-toute man: vaise-action; cela:re s'est-il pas vérifié? Sivowsen.doutez, inter. rogez-le Behénmer Hayraddin Maugrabin: ».A:ces paroles, le woïi rougit de‘henty et:decolère. « Je t'ai dit', continua l'astrologne,, que‘h-comjenction des planètes sous laquelle il so mettuiten che-- mm menaçak sa-personne.de danger, n'enat-il pas couru? Je t'ai prédit encore que la conjonction sur-hquealle vous appeliez mes; regards promettait le sueeès:à:coluiqui fuisait partir d'expédition: vous ne tandét'ez pas & en‘aroit lupreuvuiel à en necu@ñhir lofruit: ken "recueillir 4e: frnit! s'étriadu:roi; ne l'aile pas:déjà re:

388 QUENTIN BURWARD. omeïilé ? la'honte-et emprisonnement !-—Non, répondit Fastrolo- que; la fin n'est'pointencore venue: avént peu, ta propre .bouehe avouera que l'avantage est de ton côté, lorsque tu auras appris de ‘ton messiger.lui-mênie la manière dont-il a rempli sa mission. C'est.par trop d’insolerice! s’écria le roi; tromper et insaiter en même temps ! Retire-toi ! et n’espère pas que ta perfidie reste .… Iimponie : Ÿ y a'uns.ciel au-dessus de nous ! »

: Galeottise dirigea vers la porte de l'appartement. « Ur. instant loi dit le roi, tu soutiens bravementton imposture ; réponds encore &-une question. et réfléchis avant de répondre : peux-tu, à l'aide de ta prétendue .seience, prédire l'heure de ta mort ?— Je ne le puis qu'en le mettant eh rapport avec la dernière heure d'une autres personne. Je ne te-camprends pas.— Eh bien! comprenez- mbi dont, Ô roi Louis ! Tout-ee que je‘puis dire avec certitude de mon trépas > c'est: qu'il précédera -exactément de : “vingt-quatre heures cetai: de Votre Majesté.— Que dis-4u ? » s'écria le roi en changeant de visage. « Atiends, attends un moinent ; ne ‘+’éloigne pas encore. Tu disque ma mort doit suiyre la tienne de si près ? Dans l’espace vingt-quatre, heures, » répéta Galeotti d’un ton assuré; « s’il existe uns étincelle da vérité dans ces brillantes eb'nsystérieuses intelligenees qui parlent, quoiqu’elles n’aient pas de langues. Je souhaite une bonne nuit à Votre Majesté.—Un instant, un instant; reste, » dit le roi en le setenant par le bras et en l'éloignant de la porte. « Martius Galeotti, j'ai été pour toi un bon maître... je t’ai-eririch.… j’ai fait de toi mon ami... mon.com- pagnon…. le directeur de mes études. Parle-moi franchement, je t'en conjure. Y at“ dans cet art que tu professes quelque chose de: vrai, d'infaillible? La mission de cet Écossais me sera-t-elle véritablement avantageuse ? Et la longueur de ma vie est-elle si exactement mesurée sur la tienne? Conviens franchement, mon cher Martius, que tu ne parles ainsi que pour ne pas renoncer au jargon de ton métier ; conviens-en, je t’en prie, et tu n’auras pas lieu de regretter ta franchise. Je suis vieux ; je suis prisonnier, et probablement à la veille de perdre un royaume. Dans une telle situation, la vérité vaut des empires, et c’est de toi, mon cher Martius, que j'attends ce trésor inestimable.— Et je l’ai mis aux pieds de Votre Majesté, dit Galeotti, au, risque de-vous voir, dans un--accès d’aveugle colère, vous tourner contre moi pour me déchirer .—Qui ? moi! Galeotti? Hélas! que tu me connais mal ! » reprit Louis d’un ton doucereux. «Ne suis-je pas eaptif? ne dois-je

CHAPMITRE XXE. L: ; À pas dès Lors être pationt, puisque ma colère ne servirait. qu'à mon trer mon impuissance ? Parlez-moi donc ayec sincérité. Avez-vous abusé de ma confiance? ou votre scienee est-elle’ réelle? Ca que vous venez de me dire.est-il bien vrai?— Votre Majesté per- .donnere, si j'ose lai répondre que le temps seul, le temps et l'évé- nement peuvent convaincre lincrédulité. Il conviendrait mal à la place de. confiance que j'ai occupée dans le censæil de l’illuetre conquérant; de Mathias Corvin de Hongrie, dans le cabinet de l'empereur lai-même, da réitérer l'assurance de ce que j'ai avancé comme vrai. Si vous refusez de me croire, je ne-puis qu’en référer au temps et aux événements qu'il amène. Un ou deux jours de patience prouveront ai j'ai dit la vérité au sujet du jeune Éeossais; et je consens. à mourir sur la roue, à avoir mes membres rompus. l’un après l'autre, si Votre Majesté ne retire pas un avantage, un. avantage très-important, de la conduite intrépide de ce Quentin Durward. Mais si je dois mourir dans de pareilles tortures, Votre Majesté fera bien de se -pourvoir au plus tôt d’un père spirituel. car, du moment que j'aurai rendu le dernier soupir, ilne lui restera que viogt-quatre heures pour se confesser et faire pénitence.

. Louis continua de tenir le bras de Galeotti tout en le conduisant | vers la porte; eten l’onvrant, il dit à haute voix : « Demain, nous. parlerons plus au long de cette affaire: Allez en paix, mon docte: père; Allez en paix ! allez en paix ! »

. Il répéta trois fois ces paroles; et cependant, dans la. crainte que le grand prévôt. ne eommiît quelque erreur, il accompagna. l'astrologue jusque dans la grande salle, en le tenant toujours par le bras, comme s’il eût craint qu'on le-lui arrachât pour le mettre à mort sous ses yeux. Il ne quitta Galeotti qu'après ayoir non- seulement répété plusieurs fois ces paroles de salut : Allez en paix! mais encore fait un signe spécial au grand prévôt pour lui enjoin-: dre de ne pas porter la main sur la personne de l'astrologue.

. Ce fut ainsi que,.grâce à quelque information secrète, à son. courage audacieux ‘et à sa présence d'esprit, Galeotti. échappa au. danger le plus imminent; et ce fut ainsi que Louis, le-plus subtil comme le plus vindicatif des monarques de cette époque, se vit déjoué dans ses projets de vengeance par l'influence de la super-. stition sur son caractère égoïste, et par les épouvantables terreurs de la mort qui assaillent sans cesse la conscience d'un Lopime : chargé de crimes.

Il fut cependant mortife en se voyant obligé de renonçer àses”

QUENTEK DOAVRAND.

preléts.de- vongemce ot'is-catebselhrgés-di Phxédutièn: ne: paruront: guère moins-désapporntés ce sursis: Be sl, parfitement indifférent &ce'svjets quittrson'pestéiprèg-idle poste

aussitôt quete roi eut Mitsigne à’THistarr dé’hisser aRer Galédiii

s'énveloppa: de sen manteau, s'éteult'i-tbree; et ad-baus de :quel- ques :minates:-domnait profbadérment: -

Le grand prévôt, perdent ue chacun Mir ses dispositions: pour guûtér quelgre: repos; aprésque: le-rot'füt renttédèns:sa- chambre-à.cucher: resta lescyeux: fiiés suv Ies-rmemiires: véges 1ère de l'âstrolgue, tél qu'en-métin: qui guetté-urn-mbrcemrde Vande que le-euisinéer lof #'arractié de gueule; et; déiéar côté se: deux-satbifiles-se communieuèrent, à voñx Hasse:et'rpes de: mots, les sentimentsquif éprouvaient, chacunr-d'éprès son care: t8vte particalier::

(Ce parrrre”avenglie : nécromanoiett, dit Trofé-Étielle dan ton de commmisération et: d'onétion spirituelle; «-a perd te pius-belle oecasion d’expier quelques-urres de 'ses'infâires sorcek-- léries etr mourant parlé moyen cordon:du Biènhereux: saint

François; cependant ÿe-m'étais proposé de hi laïéser ee vharmant

coflier autour dt-cou pour servir d'épouvantéà au diffé et Fémpé-

cher‘de-vetrir Sémparer sa malheureuse carcasse: —Et moi, dit: FtitiAndté, jai: manqué plus belle -cocasion-dévérifièr dé- combien un poids de deux cent'quarantelivres: peut‘alôtiger une. cordé: à trois brins: était une précieuse: expérience qui aurait

tourné au- profit: de: notre profession; et puis le vieuxet joyeux conpèreseratt mert si'doueemenñt'! »

Pendant ce dialogue, Martius; qui s'était piècé de l'autre côté l'énorme chemirrée de pierre, autour de laquelle on 5'était ras semblé, les regardait de côté et ‘d'un aîr de méfiance. Il mit d'abord la-mairr sous so pourpoint; afin de s'assurer's'il pouvait saisir avec facHité-le tranche d'ün poignard à deux tranchants et bien affflé qu'it portait toujoarssurlui< car, comme-mous l'avons déja remarqué, quoique dévent un peu lourd-par suite de ‘son ensben- puint, c'était un'homme vigoureux, alerte et adroit dans le manie- ment d'une arme. Convaincu qtie le fidèle mstrament était con- veñabléement placé; il 'tira de son sein un rouleau de paærchermin, sar lequel étaient tracés des ‘caractères grecs et dés'signies caba- listfques, rapprocha les: tisohs, et ‘etr:fft jdiflik une flamme à la: clarté de laquelle if lui fut possible de distinguer les trails et F'atti- täadé: chacun de ceux qui'étaient (assis ou cowehés autour de

ERAPTENE XXIX : 390": lui 1e pesanteffprofiünd somme da sbidat écoutis, dont fs traits

Étmient aussi'immoliilos-que 57 son-risage ovale bronze:

la fure pâiè-et souelense POirier, qui tintétavait l'éir-dé sons mroïfièr, et tahbôt en trou vreit Tes yeux: et Ibwei Dresquement tête: comme #iRet' été troublé-par quelque: ‘remords; ou‘révèiMé: par-queltee: Bret Iômmtain ; Féspoet mécontent! sauvape:et Hars- groutdirgrandprévôt, qui avañl' l'air d'in Homme alléré sarre, aurquePil pas-66 permis d'hssouvir sa soi? ; ‘tandiy que-le fée ÉBhekes dint: lee: yeux éthient tournés vers:ls’ciét; comme:s18 lui eût adressé une prière mentule; et par le riant'et grotesque! Peiii-André, qui-s'ammuseit à contrelaire Les gostes-ot-les grimaces. de son camarade avant de seliyrec.an 50mmeil .

. Au milieu de ces êtres vulgaires et ignobles, rien ne pouvait contraster d’une manière plussvesémeuse que la belle taille, la noble physionomie et les traits imposants de l'astrologue; on ausait pu voir .en.lui jan, ancien.mage. enfermé dans une caverne de voelosrs,'et uwwupé à invoquer un esprit pour obtenir sa déli- “vrance. Et en effet, quand il n’aurait été remarquable que par la ‘béxaté dè-sa' barbe longue et'ondoyante; qui’ descendait: jusytre sur rouieau nrystérieux qu’it’tentait à main, on eût été pare dônmatié de regretter que celui qai n’émpioyait lès avantages dir’

talentdu savoir, de l'éloquence et: d'un extériear ‘nrajestaeux:

que pour servir les Tâches projets fourberie et'de limposture; | ait reçu en partage un si nobte attribat.

Ainsi se passa larnait dans ta tour da-comte Herbert, au’châtener de Péronne. Quand tes prenriers rayons de l'aurore pénétrèrent' dans l'antique chambre gothique; le roi’ appela Olivier ; celét-ef le troiva assis, en robe de chambre, et fat sarpris du changement qu’une nuit passée dans des inquiétudes: mottelles avait produit sur son visage. [l'aurait exprimé sort inquiétude à cet égard, si’ ‘le roi ne lui eûtimposé silence-erentrant dans le détail des divers’ moyens par lésquels il: avait’ déjà cherché à se faire des amis-à-la cour du duc Bourgogrre, et en chargeant Olivier d’ent reprendve la trame interrompue, dès qu'il tu serait permis de sortir’ de eur” commune prison.

Jamais ‘cet astucieux: ministrene-füt'plus-snrpris que dans cet! entretien mémorable, de la jœstesse d'esprit de son maître, etde la“:

-COnnaÏissaRCE approfondie ‘qu'it possédait: tous les ressorts qe” peuvent infler sur les actions des hommes: ‘-: ;

Boum ne me

400 : QUENTIN DURWARD.

Æaviron deux heures après, Olirier reçut du comte defrève- cœur la permission de sortir pour s ’açguitter des différentes com- missions dont, son maitre l'avait chargé; et Louis, faisant venir son astrologue, en qui il semblait de nouveau avoir mis sa c0n- fiance, eut avec lui une longue conférence, dont le résultat lui donna manifestement plus de courage et. d'assurance. qu'il n'en avait d’abard montré. Si bien qu'après s'être habillé, il reçut les hommages du comte. de Crèvecœur avec. un calme dont le si goeur bourguignon fut d'autant plus étonné que, déjà il avait appris que le duc ayait passé plusieurs beures dans une agitation qui semblait.rendre la Free eu roi précaire. ot

| CHAPITRE XXX.

- LE ‘Daurs.

Notre esprit balance comme la barque agitée quiva- cille au mitieu ‘dela lutté'de divers courants 0

ARGÉTIR Cophéie

Si Louis passa la nuit dans une inquiétude et une agitation des plus vives, le duc de Bourgogne fut encore plus troublé, lui qui, dans auçun temps, ne savait, comme son rival, exerçer un grand empire sur ses passions, mais, au contraire , leur permettait de dominer sans contrainte sa volonté et ses actions. |.

Suivant l'usage du temps, deux de ses principaux et de ses plus intimes conseillers, d'Hymbercourt et d’Argenton, étaient restés dans sa chambre à coucher, des lits leur avaient été prépare és à peu de distance ‘de celui du prince. Jamais leur pré- sence n’y avait été plus nécessaire que cette nuit-là; car, en proie au chagrin, à la colère., au désir de la vengeance, tandis que d’un autre côté il était combattu par les lois de l'honneur qui lui défendait de se venger de Louis dans la situation il s'était is lui-même, l'esprit de Charles ressemblait à un volcan en érup- tion, qui vomit toutes les matières contenues dans son sell, mêlées et fondues en une seule masse.

Il refusa de se déshabiller et de faire aucun préparatif pour $& mejtre au lit, et il passa la nuit à se livrer successivement ai passions les plus tumultueuses, Dans quelques-uns de ces parosÿs mes, il parlait à ses conseillers avec une volubilité et une prolixité quileur faisaient craindre que sa raison ne s’aliénât tout à fait.Pre-

: CHAPITRE XXX. Ads nant pour texte les vertus ét bonté de l'érêque de Liége si'in- * dignement assassiné, il réeapitulait'les preuves d'affection et de confiance mutuelles qu’ils s'étaient données si soûvént ; enfin, il exalta à un tel point lés sentiments douloureux qu'il éprouvait , qu’il se jeta en avant sur son lit, paraissant près d’étouffer' par les efforts mêmes qu’il faisait pour arrêter ses lirmes et ses san- glots. Se relevant ensuite avec précipitation, ïl s’abandonna à un transport d’ün autre genre, et se mit à parcoutit l'appartement à grands pas, proférant des menaces incohérentes et des serments de vengéance plus incohérents encore ; frappant du pied, suivant sa coutume, il invoquait saint Georgé; Saint André, et tout ce qu'il y avait de plus sacré à ses yeux , les prenant à témoin de la “promesse qu'il faisait de tirer la vengeance la plus éclatante de Guillaume dela Marck, du peuple de Liège. et de celui qui était la cause première de tout le mal. Cette dernière menace, moins explicite que les autres, avait évidemment pour objet la personne de Louis, et il y eut même un moment le duc exprima la déter- mination d'envoyer thercher le duc de Normandie, frère du roi, et avec lequel Louis était en fort mauvaise intelligence , et de for- cer le royal captif à lui céder la couronne, ou du moins quelques- ‘uns de ses droils et de ses apanages les plus précieux.

Un autre jour et une autre nuit s'écoulèrent au milieu de ces orageuses résolutions, ou plutôt de ces rapides transitions d’une passion à uñe autre, et dans cet espace de temps le duc ne prit

pour ainsi dire aucune nourriture et ne quitta pas ses vêtements.

Enfin on remarquait un tel désordre dans ses discours et ses actions, que ses serviteurs craignirent un moment que son esprit ne fût dérangé. II se calma pourtant peu à peu, et commença à tenir avec sés ministres des conférences dans lesquelles on pro- posa bien des choses sans rien’ décider. Comines assure qu’un

courrier monta une fois à cheval, prêt à partir pour aller cher- cher le duc de Normandie ; et il était probable que le monarque déposé allait trouver dans sa prison, comme cela s’est vu dans "plusieurs circonstances semblables , un court chémin vers leu tom- beau.

Dans d’autres instants, lorsqu'il était épuisé par sa rage, Charlés s’asseyait, l’œil fixe et le corps immobile, comme un homme qui médite quelque projet désespéré auquel il n'a pu encore se ré- soudre entièrement. Il n’aurait fallu que le plus léger effort de la part d’un des conseillers qui l’entouraient pour le porter à une

. 46e QUENTIN BURVMARD. _ætction ‘vislenie,; sais les: nobles hourguignaw: -considérant Je .ÆCasactère.saoré aitaçhé à. pessonüe d'un roi-etd’ua- soigeeur .suzerain,, par égard aussi pour da fui publiqueiet pour l'hcmneour _de leur duc qui-avait engagé sa parole lersque Louis s’éfæit -en anelque sorte œis-en.s0n pouvoir, inolinaient presque tous à Ini _æecomraander.des mesures. de modération. Les .argumemts -que .d'Hymbercourt et d’Argenton avaient'hesardés -pandant ja nuit . furent danc repraduitsde lendemain par Créveccur et plusieurs sautres. Le zèle qu'ilsmonteaient en favear du roi n'était peut-être has chez tous «entièrement désintéressé ; car keaueawp-d’entre eux comme mous l'avons dit. avaient déjà éprouvé lessfisfs de sa libéralité; d'autres avaient.en-France-ou espéraient y.avoir-des domaines... ce qui Les mettait dans une sorte de‘:dépendanse du “monarque ; enfin, il:est certain. que:le trésor porté par. quatre aules, lorsque Louis vint.à Péronne, 5 s'allégea sensiblement; pen-

dant toute la durée de ces négoniations.

Le troisième j jour, le camie de Gampo-Basso apporta au conseil dle Charles.le tribut de-son esprit itaién , et il fut henunaëx pour

. Lou que ce.seigneur ne fût pas arrivé lorsque le duc-était-encore dans sa première fureur. Un.conæil régulier fut assembléà l'is- stant même, .pour aviser aux mesures. quil importait #ledopier . dans cette-crise singulière.

Gampo-Basso exprima. san Apinion par l'apologue du NOyageur, de la couleuwre et du renard, et rappela au due L'avis que.le re- nard donnait à l'homme d'écraser son .annemi mortel quand le

.80nt l’a fait tamher entre.ses. mains. D’Argenton , qui vit les yeux du duc étinceler à une proposition que la violenee de-son-caras- :tèreJui.axait.déjà plusiaurs fois suggésée, s'empressa.de répondre _qu'il était possible que Louis n’oût pas .pris une part diveete au meurtre commis.à Schomwaldi', que.paut-être il pauraait: se jus- tifier de cette accusation, et.se décider faire réparation des

_Mommages que ses:ipirigues avaient occasionés sur le ternitaæire

flu duc et.sur celui de .ses alliés; qu'enfin .un acte -de violence exercé sur la personne du roi me pouxrait qu'attirer d'affreux malheurs sur la Bourgogne et sur la France, et que, sans aueun

Moule, l'Angleterre profiterait de ces commotians intestinesçpour

.S’emparer de nauveau de la Normandie et de Ja Guiense, renou- welant ces guerres ruineuses qui.n’avaient eu.un terme Que.per l’umiondela Franae et de.la Beurgugne cantne l'ennemi commu. Al ajauta qu'il n'entendait,pas <onseiller de rendre la liberté.à

1 OBMRISE TOME. * : MS Lou siieronnlitiete; mais :que de.-Auc ne :dexait -tirer diatére aventage de lausitusiéon desan:noyal ririspnmier, que pour cosv- cluse antre:des .denx: pays un: iseité juste èt-honembié en exi- teantdu-roi sgasantées telles, qu'ikini {ûüi-difinile de violbreæ fait. de troukier:à Haveair/la paix ‘intérieure dela :Bourgegne. DHymhorcosrt.,-Grèvenur :at ,plupienrs-autres se déclarènenft dawtement conéire:les mempes-violpnies popadées : par.Gampe- Basso ,t-dirant, qu'encponvait abienirpar un: traité des.avantages plus dunaheatt ples gibrieux pour :le -Ronrgogse, que parue aotion qui dmaprimensii shrdepaysiuns tache kentense lee

que de foi ei la: violation des: loiasaerées ile L'hospitalité,

Lo lue.-entandit:6es arguments Les eux :fixés à: terre ea fresgant:les: aurollsprequ'an paint de.les oanfondre. Lorsque .Crèyecæur:aiouta.qu'ilne pensait pas. que Louis -fñt camplive de L'actestpene ge -vielence commis à Schonwaldt , Charles leva.in tête ,-et lançant 1m ragard::s6yère:sur-6en canssiller :-< Avez-vous

.dane aussi , Goèpeoœur;,-entendu:le son.de l'er-de France ?.il:me -seinsble que crier senne-dans.man.conseil aussi fort. que les-cle- Shes,de Saini:Dens. Quoi or dine que. Louis. nait pas été fauteur .de :la-bebelion :sn: Klandre ? Man.gracieux maître, épondit Crévecæur, ma.main -s6t.plus.habituée à manier da fer qu'à :m4- nier l'or. et. je sains téllement conrainèn. que Louis st. caunaile 4e: tasse Les trombles- qui ent ei lien en Ælandre.. que naguère.je l’en-ai sceueé deyanttautoisa conr., etluiaiïpiopèsé un cantéLen _æotse Rem. Mais quoiquesss intrigues aientété la-cause premitee .4e.tautes ces -conmptions , jo:amia-si loin de.croirp.qu'il.sit auto- rise -le-menrire de :lévêque, «que rje: me rappelle qu'un:sdo:ses :émisseines- a pualiqnement:proiesté nontre:cet assssaïnat. :e .Pourrais fsiresparaître.est kpmme.derant:Veatre.Altesse, ai-c'était .$Qn ban plaisir. Qui » Sans deste, c’est notre bon:plaisir,:s'éoria le duc: par saint. Geerge !.pomvaz-veus douter que.nons.vosiions -agirantrement ane depnis.l plus suacte juatèoe ? Môme «dans les accès de colère les plus violents, nous sommes cenau:panrÿjuger donjons, awec: daeiture.. Nous verrons neus-même le roi: Louis ; nons.lui.fepens. conpalee.aps grinés, et.la réperation que nous satiendeons.de.l..$S’i1l.est. recammu immapent de.ce meurise. naus serons; plus.fatile.sar:lereste ; «il @st coupable, qui sers dise -éuRe.année. de pénitence:dansiqualgseinanastèreiaeléne.asit .-hasune sentence. aussi nisénicoidiense auejuste? Quiasera.-dire;» ajouta le duc.en,s/animant à moaure qu'il parlait qui cesrædire

404 QUENPIN BUK WARD. | qu’une vengeancé plus directe et plus expéditive serait infuste? Faites venir devant. moi. votre témoin. Nous irons au château, une heure avant midi : nous rédigerons quelques articles , et il faudra que Louis les accepte, ou malheur à lui!-La séance est lovée, messieurs; que chaeuh .de vous se retire. Moi, je vais Changer de vêtements, car je suis à peine en costume convenable pour paraître devant mon très-gracieux souverain. » Le duc se leva en appuyant avec une ironique emphase sur ces derniers mots, et il sortit de l'appartement. « La sûreté de Louis et, ce qui est plus grave encore, l'honneur de la Bourgegne dépendent d’un coup de , » dit d‘'Hymbereourt à Crèvecœur et à d’Argen- ton. « Cours au château, d’Argenton ; tu as'une langue plus dé- liée que la mienne et que celle de Crèvecœur : fais connaître à Louis l’orage qui s'approche; il saura mieux que personne com- mént le conjurer. J'espère que ce jeune garde ne ‘dira rien qui puisse aggraver la situation du roi, car qui sait de quellé mission secrète il a été Chargé ! Ce jeune homme, dit Crèvecœur, parait hardi, mais prudent, plus qu’on ne serait en droit de l’attendre d’après son âge ; dans tout ce qu'il m'a dit, il s'est attaché à mé- nager le roi, comme un prince au:service duquel il se trouve: j'espère qu’il en agira de même en présence du duo; je vais ke .… Chercher, ainsi que la ‘jeune comtesse de Croye.— La comtesse ! vous nous avez dit que vous l'aviez laissée au couvent-de Sainte- Brigitte, s'écria d'Hymbercoûrt. En effet. répondit le comte, mais les ordres exprès du duc m'ont obligé de l'envoyer cher- Cher; elle a été amenée ici en litière, ne pouvant pas voyager . autrement ; elle est dans la plus grande anxiété, tant à cause de son incertitude sur le sort de sa tante la comtesse Hameline, qu’à cause de l'obscurité qui plane sur le sien propre; car. elle s'est . rendue coupable d'un délit féodal en voulant se soustraire à la protection de son seigneur suzerain, et le duc .Ghatiles n'est pas homme à voir avec indifférence la. moindre infraction à ses droits seigneuriaux. »

La nouvelle que la jeune comtesse était au 1 pobrvoir de Charles, vint ajouter de nouvellés inquiétudes aux réflexions‘de Louis. Il savait qu’en révélant les intrigues à l'aide desquellés il l'avait déterminée ; ainsi que la comtesse Hameline , à fuir en France, elle fournirait les preuves qu’il avait fait disparäftre en ‘ordonnant l'exécution de Zamet Maugrabin; or, il n'ignorait pas combien une telle preuve de son intervention dans les droits da duc de

Bourgogne, fourairait à celui-ci de modifs et de prétextss pour go prévaloir de ses avantages actuels. | | En proie à:la plus vive anxiété, le roi fit part de ses inquiétu- deS as sire d'Argenton, dent la finesse et les talents politiques _ étnient mieux assortis à l'humour de Louis que le caractère brus- que et martial de Crévesœur, © ou que. l'erguei féodal de d'Hym- bercourt: : :.

«. Qesisolidats berdés de fer, mon cher Comines, » S dit-il à son fu- tur bistorien, « ne devraient jamais entrer. dans le cabinet d’un roi: ds devraient rester dans l’antichambre aveo les hellebardes et les-pertuisanes. Leurs mains sont faites pour nous servir; mais le monarque qui veut donner à:leurs têtes une autre ocœeupation : que oelle de servir d'enclume.aux épées et aux massues de ses ennemis, agit comme ce fou qui voulait mettre aù-cou de sa mat- . tresse un collier de chien. C’est à des homrnes teis que toi, Phi- lippe, à .des bommes dont.les yeux sant. doués de cette vivacité et de cette pénétration qui voient au delà de la surface des choses, qu'un priace devrait.ouvrir son: Cabinet, que dis-je ! les plus se- creta replis de sp cœur. »

Il était naturel que d'Argenion, doué:d’un esprit des plus déliés, fût-flatté de l'approbation du prince de L'Europe qui passait pour avoir le pluside-sagacité, et il ne put tellement déguiser l'impres- - sion que-tet éloge avait produite sur lui, que Louis ne s'en aperçût.

« Plué à Dieu, continua rei, que je fusse digne d'avoir un tel: conseiller ! js ne me trouverais pas dans une situation aussi mal- houreuss: Et cepondantie regretterais à peine de m’y trouver, si je. pouvais découvrir les moyens de m'assurer les services d’un homme d'état aussi expérimenté. » ..: :.

D’Argenton répondit que toutes #ès. facultés étaient au service de Sa Majesté très chrétienne, toujours sous la. réserve de ia fi- défité qu'il devait à son 1 maitre Mgitime, le duc Charles de Bour- gogne. ..

« Et suis-je homme à faire la moindre tentative pour ébranler cette fidélité? s’écria Louis d’un ton pathétique. « Hélas! ne suis- je-pas maintenant en péril pour avoir mis trop de confiance en mon vassal ? Et à qui la byauté féodale peut-elle être plus sacrée qu’à moi dont le salut dépend d’un appel à cette loyauté? Non, Philippe de Comines, continuez à servir Charles de Bourgogne; et vous ne pouvez mieux le faire qu'en. ménageant un heureux aecommodement entré votre prince et Louis de France. ce sera

QUENTIN DURWARD.

me QUERTIN. BUFARD. 2

nous rendre un service à tous deux, etl'un:dsmouenumaissen sera reconnaissant. On m’assure que wsappointementsdansoutte coeur égalentà peine ceuxidu grand faiconnéer : c'astdsmc: ainsi que les services. du-ples sege-consciller de l'Europe: sut mis eu mivesu phitôt-au-desscus des services de l'isomns qua vauseit et. soigne des-ciseaux de prois ! La. Frence possède: de. vastez Champs: son roi a beaueoup d’or. Souffrez, mon ami, queue pets seandalense inégalité : j'en. wi les mopeusa mediepus

tion ; permettez-moi d'en: faére usage, »

, En parent aiosi, te rèi présenta à Comiaæun gronsnvdiargeaé. mais, plus délieat dans ses sentiments que: la riupart:-des-courti- sans de:cstte époque, Cemines refusa-cséts offre en disant à Lemis quid était pleinement satisfait de la libéraliéé deson princes; ei en. l'assurant qu'aucun présent. ne pousreik. sg manie hdésrqri avait da svovir le roi. de Franee.

« Homme:ezxtraordimaire!s'écrse le-rhi; pesmeléaz-enoi :d'ent- brasser le-æul courtisæe de-ve:sièsle qe lon puisae-dive-tout à la fois-capable:et incenruptible. La sagem est plus préciouse que l'or ; et croyez-moi, Philippe, dans cet embarres, je:commpie: plus sur votre bienveillance: que sur l'asmstanes vénale. de:hismdes gens qui ont regu mes dans. Je anis que vous-ns:contaillapes:pss à. votre maître: d’abuser d'ene::orcasion que la fostames;ou,.pour parier plus franchement, que me propre. apéfise: eùt vonne lui offrir. —-B'en abeaser ! non assurément: sais d'en weer, bien-cer-

tainement.—Comment, et jmaqu'à quelpoint? Jene suis pen esees nkis pour me flatter de sortir d'ici. SN T-DA pr SRE LANÇOR ; mas qu'elle soit raismnahle : je suis. toujouss peêt à ésoutbr ia reison, à Paris, aussi bien qu’au Plessis.ou.à-Pénonnie. -— Avec la-per- méon de Votre Majeské. je vous répondrai qu'à Penis en au Plessis la raison était habitués à parier dian ton si bussbie ok ai bas, qu'elle ne pourait na toujoussohienis-audienge : de: Votre

Majesté. Mais à Péronne, elle emprunte le porte-voix de pers cessé, ei sen langagp devient péremptoire. et impéretif. Vous aimez les métaphores, » dit Louis, incapable de réprimer un. moe- vementd'humeur ; « je suis un borme tout simple, sise d’Argen- ton. Laissez Ïà, je vous prie, vos-figures da rhétoriqüe, pariez tout.uniment. Qu'est-ce que votre duc attend de moi? Je ne stwis perteur d'aueuns prapostion, Sire:: le duc vous:fera bientôt conaaitre lui-même ses intentions. Ganendant il se présenta à ma pensée quelques demandes que mon niaître neurrait faise à

“Votro:lésueté:; et aux quelles if'est Low qu'olle:svit préparée: Pa -exemple, bcession définitive: ds-viles siluées sur ja Somme. Jo en} yrettesideis: --- De: dégayouor les Fiégoois et Guiliiame del Mféook:.—-D'acssiiDun cœur que ie détavoue l'enfer: el'satèn, St mndens des:vtages:; occegation de cortbihes forteresses: ou quoique :chse de semblable, pour garantie qu'é Fuvenir kr Fremcos'ahetivaira de pousser Les Harsendsàla révolte. -.('èst quelque chuse domouveau, Philippe, qu'in vessai dennindé des gages: à soh surotain ; mais, passe encore pour eolx. Un -apé tege-ccavennblo-ctindépendent pour votre illustre frère, l'a et Vani de onmaire, la: Normandie ou l# Chanipagne, peut-être Ewdac:aime la: maisen-de votre père, Sire. —Oüi, par la! Morts Llies!.et:i Faime tant, qu'il fruit volontiers rois tbuts-coux dont n:æ compose: Avez-vous enfin épuisé votre ballet de: conjectu- res? Pas:tout à féit, Sibc-:-01t démandèra-certainement encore! à Vatreflisiestt, de s'abstenir dermolester; comme elle-fit mguère, le-duede)Btotaume, et-de cesser de‘Fui contester ainsi qu'aux aut- tres-grends.fomdataires:ie-drett. qu'il ont de battre rhônnaie et'dè’ s'intit ion duos et prinoes par la grâce de-Bieu. En: ur mot, de’ faiede mes vasssaxautant derois! Sie Philippe, votidriez-vous: faire de moiunfratrioMe ? Il vous sourit nron-frère Eharles:ill ne Mi pus plusdôt duc: de Guibmme auf} mourutf. Etque restera t-il: do:plus-sux desrondants de Charlemagne; lorsqu'il auront: été dépoutilés de .ves-riches provinces, que le droft de se faire ré- : pendre: de: l'issite:sur: le: tôte: à. Ruims; et de dier assis:sous ufr dais somptueux ? —— Nous démineerons- les inquiétudes de Votre: Maesté à ect:éauré, en le donnant un, compagron-darrs eettt af. gmité-sobituise. Leïdue de Bourgogne, quoiqu’# ne-dernande pas, qua à présent, le titre de rai isdépendhnt, désire-eependant : êtos aflanclii à l'aven des marques’ àabijectes de sujétion: exft gées de-iué à Pégard dela: couromme de France. Sbnr intention-est- de fermer s4:couvonre-dueale per: un quert de cercle, à l'imita- : tion de celle-de l’empereur; et de-la-surmontér: d’un giobé, enr bhème do l'indépendance de: 508 domaines. Et comment le-dac de Beurgegne, » s'éeria Louis on: redressant et avec une émo- tion quisne luïr était pas-ordinaire: + comment un vassa? qui a prété serment à la couronne KFfranes, ose-t-H' proposer à son suzertin dés:comditions quai, pur: toutes les lois de:l'Europe, en

1 Louis n'avait qu’un frère; ici l'auteur lui en suppose deux. Voyez la note de la page 362.

M$ QUENTIN. DURWARD. _. txaîneraient de droët. la forfaïture de son fiof? Dans L'état sont Les choses, il na serait pas facile de. metére à :exécrition la sentence de forfaiture, » répondit d’Argenton avea:chlme. « Votre Majesté n'ignopre pas que la stricte -ohservationx des lois féodeles tombe en désuétude, même dans l'empire germanique, et que le suzerain ot le vassal travaillent à améliarar jeur pœition respee- tive, autant que leyr pouyoir ou l'osceaion le. leur permettent. Les menées secrètes de Votre Majesté: avec les vesseux:1in dne en Flandre justifieroné suffisament la conduite de mon: maitre, en supposant qu’il insiste pour que:la Franpe, en reconmaissant son. indépendance absolue, n'ait plus à l’ayenir la tentetian d'en pratiquer de nouvelles. D’Argenton l'd'Argenton! » dit Louis en se leyant de nouyeau et en parcourant la chambre d’un air pensit, « ceci est un effroyable commentaire du texte : victis 11 Vous ne voulez pas sans doute me fare entendre que, le duc.insistera sur de si nombreuses et si dures sonditions ? Bu moïns vou- drais-je que Yotre Majesté fût préparée à les disauter toutes. Cependant la modération, d’Argenton, la modération dens le sue cès, personne ne sait cela mieux que vous, est nécessaire pour sgssurer des avantages définitifs. N’en déplaise à Votre Ma- jesté, j'ai toujours vu que la mérite de la modération n'est jamais tant vanité que-par le vaincu. Le vainqueur fait plus de cas de la prudence, qui lui dit de ne pas laisser échapper l'aecasion favo- rable. Eh bien! nous y penserops; mais j'espère que vous êtes arrivé à la dernière limite des prétentions déraisonnables de vo- tre duc? Est-ce bien tout ?.. Mais non, ton regard me l'annonce! Que veut-il donc encore? que peut-il vouloir de plus? Est-ce a couronne ? Mais toutes les demandes que vous m'avez déja faites lui auront rayi tout son lustre, si j'y accède jamais! Ce qui me reste à dire, Sire, dépend en partie, en grande partie, de la vo- lonté du duc; cependant il a dessein d'inviter Votre Majesté à y donner son agrément, car, en effet, c'est une chose qui vous tou- che de près. -- Pâques-Dieu ! et quelle est cette chose? » s’écria le. roi d’un ton d’impatience, « expliquez-vous, sire Philippe: faut-il que je lui envoie ma fille pour concubine ? ou de quel autre déshonneur veut-il encore que je me couvre ?— Il n’exige de vous auçun déshonneur, Sire. Le cousin de Votre Majesté, Le duc d'Orléans... Ah !.., » s’écria le roi; mais d’Argenton poursuivit sans prendre garde à cette interruption. « ayant donné son af-

4 Malheur aux vaincus ! avait dit Brennus. A. M.

CHAPITRE XXX. ‘100 fection à la jeune comtesse Isabelle de Croye, le duc espère que Votre: Majesté woudra bien consentir à ce mariage, et se fointdrè à lui pour doter le noble couple d’un apañage capable dv forrher, avec les domaines de la comtésse, un établissement digne. d’un Se de France. Jamais! jamais! » s’écria le roi: laissant éclater Ja colère qu'il n'avait contenue qu'avec pee, et s'abandonnant à un mouvement désordonné qui formait contraste le plus frappant eskè le sang-froïd qu'il savait si bien affecter br: dinairement. « Jamais! jamais! Qu'on apporté des éiseaux, et qu'on me tonde comme un fou de paroisse avec lequel j'ai tant de ressemblante aujourd'hui! qu'on ordonrie au ‘elvitre ou à la tombe de s'ouvrir pour moi! qu’on apporte un fer rouge pour me dessécher les yeux { qéoi emploie contre moi la haëhe, la ciguë, tout çe que l’on voudra : mais d'Orléans ne rompra pas la foi qu’il a jurée à ma fille ; ïl n’aura pas d’autre épouse, tant qu’elle vivra. += Avant de se prononcer si fermement contre ce projet, Votre Majesté considérera l'impossibilité elle est de s'y opposer. Un homme sage qui voit se détacher un quartier de rocher n'entre- prend pas de faire d'mutiles:efforts pour'en retarder la thtite. Mais du moins un homme de cœur trouve ‘un ‘tombeau sous $es débris. D'Argenton, songez qu'un tel mariage amènera la ruine, la ‘destruction complète de mon royaume; songez que je ñ’ai qu'un fits d’une santé débile, et qu'après lui d'Orléans est'le plus proche héritier du trône. Considérez que l'Église a consenti à son union avec Jeanne, union qui concile si heureusement les imté- rêts des deux branches de ma famille. Songez aussi que cette umion a été le projet favori de toute ma vie ; que j'ai médité, com battu!, veillé, prié, péché même, pour la préparer. Non, Phi- Hppe, non, je n’y renoncerai pas; aussi vrai que vous êtes un honnête homme ! Ayez compassion de moi dans cette extrémité. Votre génie inventif peut trouver quelque équivalent à ce sacri- fice , quelque bélier à offrir en échange de qui m'est aussi cher que sôn fils unique létait au patriarche. Ayez pitié de moi, Phi- lippe; vous, du moins, vous devez savoir que pour un homme doué de jugement et de prévoyance, la destruction du plan qu'il a log temps müûri, et pour lequel if à long-temps travaillé, est infiniment -plus douloureuse que ne sont au commun des hom- mes les peines qui résultent du renversement de leurs éphémères desseins, nés de quetques passions fugitives. Vous qui savez sym- pathiser avec les douleurs plus profondes et plus aignës de Ja prur

dm _ QUENTIN. PENRRD. dence:déjoudn, de le segasité 'tuite-bn défaut, monettnewses. écuche-t-il donc-pas?--J6 pronds:partè-ves'paimes) fini, antant ue -apn sâle pour meon-maitre "Ne: pales nasale lubt = s6- ADte Louis-obéispant ot foignast d'hhéir à: ui teamiporé fongeeux et: irrésistible qui Jui. féissit oublier :4 réterme habstuellé: de se fengage; « Charles de -Bourgégne:rest-ildipne de vôtre 1aténche- antat, lui -qui -poutinsmiteret érapher-see)cnstiiens! beraui os dpnner:atr plus isage irerr ples-fdéless tees-lohontex ones de Tête bettée! +: on Lpoer

. La sagesse de Philinseide Gornines ne Lempbeissit apes. d'arsir ainé haute opinionde sen'impprtamce persengélle, etñk füttelie- anent frappé des paroles qui veuaient-d'éahenpérarboi: dés in. thaleur d'un sentiment qui bannisseit tonte contrainte, dune sput-se défendre de répéter: «-Tfteboitée !.. H'esbèrhpensibis que Je-duc,:nron maître. ‘ait-donné-tn:tel eurmonau #rpienr:eiioe d'e.pas quitéé dopuis qu'il peutimenter à-ohewal:; rot-esia, devant ma monarque Stranger ! C'est imtiooèhle :

Louis viisur-le-chaten l'impression q'ilavaitprodste;etériant également de prendre-un ton de commisérntion-qui eureit:pupas- sr poar-uné:msulte, -owde sympathie:qui aurait pu ressernisler à delaffettation;ilditavecsipkcité eton même tempsevec digeibé. “'Mes maihenrs me font ouhlierdes:lois de krpolitesse, antrenent ge‘n’aûpais fas:parlé de cequ'il dés vous étrerpeu-agtéalied'en- tcndrèe Mais votrerépots m'accusedediredes chosesimposéhles, Ædla touthe à mon‘hohneur , ‘et ce: serait: reconnaîtte le: inatesse db-cetio accusation, que de. ne pas vous repportet les eiraonstèn- ces auktitrelles fe-duc, ‘än riant jusqu'aux-larmies ; attnibea diosi- gite de ot rom mjuridux, qui né‘blessora. pas de nouveau: ves preilles en:se retrouvant:-dens ara banche. ‘Voiti donc <ommaé B'a-contétetteeffhire: vous l'aviez acoompagné à une parie dtrasse; loteqiu'au rétour il'out-mis piod: teree , 11 vous pris Anidér:à rétiver 3ss bottés.-Lisahtipeut-ôtre dansé: yeux un mé- échtentemant bien-naturel'diun traitement si dégradat ; él vous fit: asséoir à votre tour, et-vousrréndit.e mémerservios qu'il ve- uit de-recéveir: de vies. Mais, offensé detvous'voirdui obbir à la lettre, ilneut pes phastôt tiréune de rvos bottes, qu'il raus-endé- <bergei brusquement sur le 4ête un eonp'quirent fitijailir le cang, æe féchiant-contre l'insolence-d'un sujet tui'avait le présonintion rorepter arrtel suryice des'mainis-de sonsouventin. Bepuisioss, dit ch Ær: favori, Le Glaribux, dssopt:dens1l'hañstnde: de vous

: CRRPPERE INK, ‘#81

dinigserparisssh atenrde ebrilècnbe de Tétabaiti ; ; t'estpourie ‘des:un-sujeidepiasentert saquel d'trouve beaucoup de plaisir,» Zn rappelait cetie fisheuse .arenture, Louis avai le plu- 2 ; d'ahard de piquer:ao vif-eelui auquel:il parlait (sstisfaction quil'était. dass sa nture de goûter., même quand ik n'avait pas, cmemodens ccthecmeoesince. lexeuss de:se:lirer à des repré- _snilles) puis ; devoir quil avait:eu.enfin.décotsrir dans de carac- tère de d’Argeutenyun peint chetenilieux-qui pouvait Famoner - Amoensiblement à abendonner:les.intéréts de la Bourgogne ‘pour eoux.de de Framee. Mais «quoique ie prafond ressentimont que Lo-canrtisan cfiensé nonraisait contre son maitre dût le conduire Plus:tard à passer.du serwice de Charles.à celui de Louis, ilse borne, pour de moment. à donner au roi, en termes généraux, Yasuwnce.desss dispositions ruaicales envers la France, expres- sions .qu'il:ne doutait pas que Leuis aesût fort bahilement intar- “préter. Et sesait injuste d’accuser l'illustre historien d'avoir déserté la cnase de son maitre dans cetta occasion ; maison peut afirmer qu'il fat. dès iers dans des dispositions plus favorables à Louis que quand él:'était arrivé auprés de:fai.

«3e n'eusais piscru qu'une circonsiance si indifférente en elle- name resisreit assez iong-ienmsps dans la mémoire du duc pour -qu'il on‘parlèt ésrmais , ». répondit-il en s’efforçant de rire de l'e- mecdote que Louis. venait de raconter. Il:y a bien eu quelque

chose qui-ressemble à cette histoire de hottes, car Votre Majesté sait que ics plaisanteries du due ne sont.pas toujours desplusK- . -@èses; mais il Fa un peu bredée: N'en parlons plus. Oui,.n’en -parions:plus, dit leroi: il est même honteux que neus nous y soyons srrétés une souke minute. Mais sise Phdippe, j'espère que - vous êtes assez Français pour m'aider de vos bons avis dans cetfe épinouse affaire. Vous tenez le fil de ce.labgrènfhe., je n’en puis douter, il ne s’agit plus qne de me: le mettre dans la main.-—Vaire Majesté poat disposer de més avis et de mes.services, toujours, .mous la réserve de la:fidélité que je dois à mon maître »

C'était à peu près.par ces paroles que le courtisan avait débuté: sais jkbes répétait alorsd’on ton si différent. que Louis, qui, d’après la premiéredéciaration. avait vu dans. cette réserve de fidélité au ducie Bourgogne la basede toute la conduite de Comines, comprit

-Claiverment que le vent avait changé, car il appuyait avec plus-de -ferce:sur la promesse de ses avis. et de ss bons coflices que sur “ancréserve: qui nesesmblait- énoncée que pour .la forme et par

"428 QUENTIN. BURWARD. bionséunbe : Le'réi reprit sôn'éiégs , força d'Argenion à:siasseoir peës de hi, et kx prôta la méme attention quest ses paruies-étsiont . ssrties dela bouche d'un creele: L'hothme d'État. parta à voix basse, de.ce toi pénétrant qui-féree la cenfance , péroe quil an- . nance à la: fois une grande sincérité et une sorte de précæutien, . etaveeune lenteur quisembiaitcaicalée pourdennerau mROmarqUue le temps de peser claque mot à. mesure qu'il lerononçait , <onme ayant un sens particulier et une valour loexlé. | des propositions que j'ai soumises à ts considération de Votre Majesté, dit-il, quelque dures qu’elles soient à enteridré, ‘diflrent cependant beaucoup des mesures aeerbes qui ont:6t6 proposées et discutées dans le.conseil du duc par des gens plus hostiles que . Moi à l'égard de votre Majesté ;: et je n'ai: pas besoin de vous rap- peler que les avis les plus emportés , les plus violents, sont oeux que mon maître accueille toujours:le plus favorablement, :parce “qu'il aime à prendre la voie la plus ‘courte, malgré les dangers qu'il peut y rencontrer, plutôt que d'en suivre uneplus sûre, mais : qui le forcerait à de longs détours. Vous avez raison, et me souviens de l’avoir vu , étant. à cheval, traverser une rivièreàla Râge, au risque de s’y noyer, quand, à deuf'cents pas tout au plus, il y avait un pont sur lequel il aurait pu:passer. G'est La vérité, Sire; mais celui qni compte sa vie pour rien, quand il s'a- git de satisfaire la passion du moment, saerifiera , pour lo seul plaisir de faire sa volonté, l’occasion d’accroître sa puissance. J'en conviens avec vous: un fou s'attache plutôt. à l’apparenoe qu’à la réalité du pouvoir. Tel est, en. effet, Charles de Rourgo-

_ “.gne. Mais, mon cher ami d’Argenton , que concluez-vous de ces

prémisses. La conclusion est simple, Sire ; Votre Majesté a vu un pêcheur habile prendre un gros poisson , et finir par l'amener à bord avec un fil presque aussi faible qu’un cheveu, tandis.que ce poisson aurait brisé une corde dix fois plus forte si le pêcheur avait prétendu le tirer à lui avec violence, au lieu de lui.laisser du champ pour se débattre en liberté. De mêmé Votre Majesté, en cédant au duc sur les points auxquels il a particulièrement attaché ses idées. d’honneur et de vengeance, peut échapper à des propo- sitions révoltantes, semblables à celles dont je vous ai déjà entre- tenu ; par exemple (ear je dois parler sans détour à Votre Majesté), celles qui tendent à l’affaiblissement de la France : elles s’efface- ‘ront de sa mémoire, ou seront-facilement éludées si vous en reje- _:tez la discuésion à un autre témps.—Je vous comprends mon cher

CRMMTRE TX. ss

: Philippe; mis venons su fait. Quelles sont, parmi cbadiosueuses |

propesitions, colles auxquelles votre duc. eat:asez aheuxté, paur que la contradiction le rende déraisennable ot inireitable. Avec voire.permission, Sire, ce sont toutes nelles sur lesquelles ongle . Contradiripz, Voilà précisément ce que Votre. Majesté dait éviter: et, pour reprendre ma prasiérecemparhison, il fautque vons-vans . tonier sur vos-gardes, loujaurs prôt à laisser au duo nez de: ligne . pour qu’il puisse dpgner carrière à sa.fureur, Geite fureur, déjà . cansidérablement, aÉiblie.:se dissipera d'elle-même si elle nesen- contre point d'obstacles ; et bientôt vous de .trauverez plus doux et plus iraitable. Mais oncere ,. » dit 1e roi d'un air ponaif, « parmi les propositions que. mon beau cousin sers tebté. de me faire, il doit y en avoir quelques-nnes qui lui tiennent plus au cœur que les autres? Ne pouvez-vous me les indiquer d'avance. sire

Philippe? Votre Majesté peut faire que le plus légère des pré-

tentions du duc devienne à ses youx la plus impbriante de: tontes : il ne fau pour cela que s'y opposer. Cependant, Sire, je puis'au moins yousdireque vous dever renoncer à tout espoir d'acobrans- dement, si vous n’abandonnez Guillaume dela. Marck:ot.les: Eié-

gonis.— J'ai déjà. dit que je les abandonnerai ; et c’est toutee qu'ils

méritent de moi. Lesscélérats! commencer leur insurrectios dans un moment.où il pouvait m'en coûter la. vie : -— Celui-qui maetis feu: à une traînée de poudre doit s'attendre à la prompte explosion de la mine. Mais le duc Charles compte sur queique chose-de’plus qu'un'simple désaveu de votre part: sachez qu'il se propose de demander la coopération de-Votre Majesté pour étouffer l’insur- rection, et votre présence royale pour rendre plus solennel le châtiment qu’il destine aux rebelles. Cela s’accorderait mal avec mon honneur, d’Argenton. Un refus ne s’accorderait pas : mieux avec la sûreté de Votre Majesté.:Charles est déterminé à prouver aux peuples de Flandre. que ni les promesses ni l'appui dela France ne les mettront à l'abri de la colère et des vongeances de la Bourgogne, s'ils osent encore se révolter:—Je vous parlerai franchement , d’Argenton. Si nous trouvions le. moyen de gagner . Au temps, peut-être ces misérables Liégeois en pourraient-ils pro- fiter pour prendre une borne attitüde vis-à-vis le due Charles ? Les coquins sont nombreux et résolus. Ne pourraient-ils pas te- ‘mir bon contre lui, eux et leurs muraiïltes? Avec le secours de - Mille archers français que Votre Majestéleura promis, ils auraient pu faire quelque chose; mais... Que je leur ai promis! Hélas!

Ds QUEFRR USER D.

ave Philippe ; vous nie faites: grand tort en:patlnt efasi. -— Mis privés: dec . » continua d'Arganton senc faire ettontien.i nostie-interruption, - car amfourd'huission touts apparence , Votre Majesté ne jugora pas à propos do lo lour fourir, quelle.cheuce :068. bourgeois euront-4s Héfendreleur ville, puisque les larges Zrèches faites à 508 mureities, après lu hatnille de Sairit-Tron, pur ‘ie due Charles, no :s0nt pus enconc réparé Les ca ors de-Hai- gant, ds Brabantetde Bourgogne repeuvent-ils pas-$’y présenter -pondant l'attaque.vor vingt hottnses de front?-—'Impnéroyants Adivts!: S'is ont nébligé:à en-teh point leur:propre sûreté. fisaunat idigues de ‘ma proiettion. Je ne me furai pas:dé querelle pour Famour d'eux. Uh.autre point, je lo eraims, sers ptus-snsibie ‘oeors.: pour lo:otwur de Vatre Majesté. Ah! reprit le roi, vous maulez parier devet infernal menage ! Jene:ronsontirgi-pas à reu- -pre l'unisn projetée entra ra lle Jeanue-ét mon cousin d'Orléans. eesraiém'areachpr lescepire deFrance , à awiet des postérité: tar:le Dauphin, ce fnible-cnfant. cume our étieiée quisn Mnera “ans donner de fruit. Ce marisge entre Bomane: et d'Oriéeers mété da peñsée de Hs jeuss, is rêve de mesnuits. Jeto.le dis, d'A rgentue, Done pus y renoncer: D'aillous i-est inhumain d'exiger-de moi que je détruire desma pespnemaein-tRon plea:fé vers ce politique tds bonheur de -deux/jeunes:gens qui ont.été :élovés l'ampoer L'autre. Leur atiachormant:est-il donc si:fort ?.— Biun oûté.du æmoins , .t.c'ont celui qui duit m'idanirer.le, plus d'intérêt. Mais ous souris, sûre Philippe ; veus-ap-eryezpas à. la £ençe de Ve- maur? Bien, aueoutraire, Sins, m'en déplaieà Votre Mogesié- puis a peu liacrédule sur Ce chapitre. ane j'allnis veus deman- der si-vons Re vous déciderien pas à contenir An mariage, proposé æntre le duc. d'Onléans:et lsabelle de Graye, dans le eas.où je mes ‘a ppepadanis sue-la corntasse a ane mcination ei. pponançeés, pour ‘ua eutre , qu'il 96 probable que.e<e mariage.n'aure janseis lies. —Héles! mon bonet cher ami, » dit le-rai en saupirmet,.« de qui ‘paicre avez-vous-tirécetie eonsalation tout au: plus hanne por uAmort? Son inclinalion, dites-vous ! Mais, pour dire da vérité, en süppesant.que d'Orléans déteste mn lle Joenus, él. n'anneit pes “mpias fu qu'il l'éponsât, malgré oette malheureuse enbipathie. Vosez done combien if y a peu. de chances que cette dameiselle Buise.sefuser une telle siens, quand. elle.sere, planée-dens was :semblahle nécessité, et.larsque d'aillenrseet époux qu'on lui pro- ‘powara est ua file de Frange. Non, ren, Philippe. J y a peu de

| . ONAMRE ÆXX. ! : ms ‘rdvistauce/dittenire se part esnitre la rmherdiol'quiéstpens menslant. Sie wacubils 1; Plippo:—'Iheeréit ponsille qu'en ceéttenctusien Votre Majesté apptéciätenel di courageuse ubstins- tion: cetitiomtodme. Elle sert d'une ‘race tsloniske «et opi- -nâtre; ef soude Crôveacur gnells « congé run sttitbement -fHnemesque pour ar jbume dewyor,.qué, faeton convenir, taie -somadoigrands services pemdunt:50s deurlicr-voyuge : Ah! cria lerroi; un archorde ma garde ;'momeé @ ventin Perwwri? "# 0itéase. je lecpois dis mOihs: l'a 6té fait-prisemn ier :aver-l socbtésss;; mor genient, pourainai dire, ueixis. --- Bénie ses Potre:Ssigacer. Notrodaime. monstigmeursant Marin et nes sicneursaint:lulion! Homgeer:et sloire aux eevmst Gaibotti , qui æku deus les astres quels cestinéc de: cuisune home :était | liée à la asiermie !-Si cétte'jsiune demcisédle dui est ‘asset attacksés peur æ:rondéérrobblle à:ie volentédu Bourpeisnon. os Qeentinin!sura rendsunbisnsigndiéservics. D'après ec quenra ditümvècess, jedrois. ‘Sibe. aie pout consptersur-Fubétinetion dois vemtesse Esnbelie.:Dan‘autre édité, te noblodue d'Oriéses iuismième , mat -grédis ssputition quil: plu û Votre: Majesté ‘de faire, mo rene Cera-pss faeilpment sans doute :èsa belle cousins ,'à Laquelle dl ent engagé depais si long-tomps.-—Quedilss-vous là, men eker'Pis- Swve? Mais voss:a'arec jamais -ru:me fie James. d'est une -Choustte, ne kéritäble chouette dont jeisuis'honteus ! Mais, pou iosportet qu'il se mentre raisonnable , qu'il l'épouse: je tai per- mettrai ensuite d'ôtre fou d'amour:pour dla plus belle .deme de Frave. Revenons à notre affaire, Phitippe: VOUS n'avez SatS doute dénoelé sum mienant tonte laccurte des dispositions de wntre mai? Je vous hifaitconnaître, Sire, les points sur lesquels 1l est, mat à présent; de plus disposé à msister. Mais Votre Majesté ours pas que des dispositions de duc:ressembient:à un torrent -quis'avan0e:sans fratas qomndses vagries ne renCHMreRl aUC um résistasce. etdont à est impossible de prévairdeceurs qu'ilpren- dra sion chstacie visait exciter su 'furie. Sil-arrivait. inopinémont edes prouves plus -vléires: des pratiqueside Votre Majesté avec :læ Läbgooisiwt Guilaume do:la Marok (pardosnez-met Fecprestion , etes presssiet nots-dispensc die touts -vérémomte). les consÉ- quences puunaietit en ét terribles: Host arrévé d'étsangesinen- ‘velles:de Ce pas on tt que dela: Merck: épots6 ln-Cobt Lens

; 4 Le sexe est volage. Les dames noùs pardonneront de traduire ainsi cette citation , que lagnlartefie frençaiseirous défentd-de-compléter. à. ar.

.8°

M8 QUE, PURWARD. Hemeline , la plus âgée des.dames de Croye. Cotée:vieulle folle

avait tellement lo mariage en tête qu'elle-surait accepté la. main

de Satan. Mais que la Marck. tont brute qu'il est , se sait décidé à l’épousér ; c'est ce qui m'étonne davaniege encore. On dit

aussi qu'un envoyé un héraut, député par de la Marek , s’a- _vanco vers, Péronne. Voilà de quoi faire tourher la tête au due,

de rage. J'espère qu’il n’a à montrer ni:-lettres, ni rien sembile- ble adressé à sou maitre par. Votre Majesté. -— Moi, écrire à un Sanglier! Non, non, mon cher Philippe , je n’ai jamais été assez

méais pour jeter des .porles aux pouresaux. Le peu de relations

que j'ai eues avec cet animal, avec.oette brie, ne-se sont opérées qu'à l'aide d'émissaires ,.et.j'y ai employé des gens de si bas lieu et de-teis vagabands, que leur témoignage ne serait pas reçu dans ua-procès à s'agirait du vold'une cage:à poulets. Je n'ai plus qu’une chose à recommander à Votre Majesté , » dit d'Argenton en lovant ; « c'est de se tenir sur ses gardes , d'agir suivant les circonstances ot, sur toutes choses, d'éviter avec le duc un len- gage ou des. raisonnements beauopup plus convenables à votre dignité qu'à votre condition présente.— Si ma dignité me-doevient incommode, ce qui arrive rarement quand il siagit pour moi d'in- térêts plus-sérieux, j'ai un remède efficace contre les bouffées de . lorgueil, c’est de regarder dans ce cabinet à demi ruiné, sire Phi- lippe, et deme rappeler la mort de Charles le Simple ; cela me gué- rira aussi vite qu’un bain froid dissipe la fièvre. Maintenant, mon bon ami, mon conseiller, il faut donc que tu me quittes? Eh bien! Philippe, un temps viendra tu te lasseras de donner des leçons de. politique à ce taureau bourguignon, qui est incapable de com- prendre le plus simple argument : alors, si Louis de. Valois est encore vivant, n’oublie pas qu’il te reste un ami à la cour de France. -Crois-moi, mon cher Philippe, si je.puis jamais t'avoir auprès de moi , ce.sera une bénédiction pour mon royame; Car à une pro- fonde connaissance des matières d'État , tu joins une conscience -Qui te fait reconnaitre le bien et le mal et.-discerner entre eux; au lieu que... Notre-Seigneur, Notre-Dame et monseigneur sain? Martin .me soient:en aide. Olivier et la Balue ont le oœur .4nssi dur qu’une meule de moulin , et ma vie est remplie d’amertume - par le remords et les pénitences descrimes qu'ils mefont commet. tre. Mais toi, Philippe, riche de la sagesse des temps présents et de celle des temps passés , tu peux m’apprendre à devenir grand sans cesser d’être vertueux.— C’est une tâche difficile et que peu

" ICHABITRE XXXL - fr de souveraïas ont remplie , quoiqu'elle ne soit pas au-dessus do ceux qai veulent fuire quetques'efforts pour atteindre un si noble but. Adiee, Siré: préparez-vôus à : l'entreÿee que dae ne ‘tar- dera pas à avoir AVEE VOUS. »

Eouis resta quetque temps les yeux fixés dais' In direétion la porte par laquelle d'Argenton était sorti de l'appartentient. «T1 m'a parlé de:pécbet à ditiit enfin avec uri sourire amer i'« J'ai laissé gartir la: truite -bien chratouilléé ! il ss erdiC vertueux parte . qu’il n’a pas accepté une légère somme d'argent ; maïs il n’a pus été imsensible à més flatteries, à mes protnosses ; et au plaisir de vonger un affront fait à'sa vanité! Qu'en résalte:t-h ? il est plus pauvre de l'argent qu'il à refusé ,: sans en:être d'u rota plus'‘hon- nête : voilà tont. H. faut. pourtant qu’il soit à moi, our C’est Fa: moilleure tôte , l'esprit le plus subtil de {ous ces gons:là... Aprés sent , préparôns-no0s à prendre une plus noble proie ! HF faut aborder (barles, léviathan qui va se diriger vers moi'en fondatit’ les eaux profondes de la mer. H:faat que, semblable à un murin tremblant , je lui jette un tonneau par-dessus le besd'pour l'amw- ser; mais peut-être un jour trouverai-je le moment favorable pour lui enfoncer le harpon dans les entrailles.

| CHAPITRE XXXI.

L'ENTREVUE DES AMANTS.

Jeune soldat, conserve bien ta franchise; jeune fille, ° soyez fidèle à vôtre promesse, et laissez à la vieillesse ses sabtarfuges’et ses détours poBtiques. Vous! soyez pur comme le ciel du matin avant que le soleil ait pom- les vapeurs qui le ternissent. L Épreuve.

Pendeat l'importante et périlleuse matinée qui précéda l’entre- vue des deux princes dans le château de Péronne, Olivier le Dain servit son maître en agent habile et actif , semant: de tous côtés les dons et.les promesses pour faire des amis à Louis, afin qué, lorsque Ja colère du duc ferait explosion., ceux qui l’entouraient fussent plutôt disposés à calmer qu'à irriter l'incendie. Il se glissa comme la nuit de maison en maison ; de tente en tente, se faisant partout des amis , non dans sens de l’apôtre , mais avec les tré- sors de l’iniquité. Comme on l’a dit’ d’un autre agent politique :. non moins actif, son doigt était dans la main de tous, et sa bouche à l’oréille de tous. Paï des arguments variés, dont plusieurs ont”

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" QUENTIN BEM. été : exposés: phes haut. ir hntusa:lesc- lions: nÜnocr dfumenptaist. nombre nebire Deurgaignens-qRietaient rique: bone à-ce- pérsrau-à canine deis: Far, :ou-qui niauinient , sb ipuis- sance de Louis venait à être trop diminsés-querlkcurmsitsen ce trât.d'un-pes plumlarneer at plus aût dane-arveis du dhapctiaune , wors lasuelle. H-étuié déià 55 noturellesenti ceiiminé. -Aupnie:.de: osux. qu'il gen dloneir-epsuallliis saits éaverniéensmbbe, per sonne ec ergamenie, Olivier empiogest dismtreriss diputes: * squvitouss du:r0i reten futainni:qu'ét chéimt de -cemtederfrère. our que lord -Crawient,.ecpomyageé de Bilaké, oût.uns-entre- wue.avec Quentin Purmard, qui, depuissén srsiréitià Bérenne, . était rekeau00mme-enr:nrisen quaigue érmibée d'esmex atinnéèseris. narable, Des 2ffaires pertieuliéren sarvèrent: de prétexte à cette demande . mais iles ppobable:sesGrimwetstr;-2trrélienstentique l'mpétpaité de-semmeitre nale Btiseporter-ennees lcs à quek- qme ater: de: nisisnes dan 3 retirer: di lai bouée. me : fist pas fâohé-de fournir à Gresferst Losasionds dhbanean jmnemmehe quelqgbsanvisqui pparsiont: devenir uéilennes rai:..

--L'enisennie, des:tnos meet ooniaie.c; méme ton chante.

« Tu es un singulier garçon y” dit Crawford à Durward enlui passant légèrement la main sur la tête , comme un aïeul le ferait à son petit-fils, « certes, tu as eu du bonheur autant que si tu étais coiffé.— Tout &ela vieptdese-qu'ila obtenu si jeune une place d’archier , dit le Balafré; on n’a jamais tant parlé de moi, beau neveu, car j'avais vingt-cinq ans avant d’être hors de page. —-Kttu. étais. un, page montagnard asses.laid, Ludovic, dit le vieux Commemdant, avec ta barbe large comme une pelle de boulanger, et ton dos qui ressemble à celui du vieux Wallace Wight. « Je Crains,.= kt.Quentin en baissanties. yeux, «de mones joustient- | Legs doxca tire dershistinehon can j ai lerdeanciards remenser ac ser vice d'archpnde. la garde. . »

Le, Balafr 6. nesta inamobile ehprosquer met der durptise ile tralis du, vieux: Crawford exprimèrené:le métontestement. : EBnë£u le premier, rasouvrent la parole, pat: siécrier.:*'Teovetèepr re- nonçeriänta place dans les archers-écossais! on ee jamais vu one paseillerchese. Je ne changerais pas mienne:pour esllede.emn- nétable de Frence.—Paix! Ludovit, dit Gramfbrd, ceÿeune kom- 1na:sait disiger se course selon le: vent, mieux: que.neus.eutres ayee noke vieille barbe. Son vayage lui a fourniquelques char-

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ments-centtes à fabriquer sun le:roiLoubs, ot:ilse fait Romrgus- gnom , sfta d'en-pouvoir. faire: sen petit prafit. en les rasoutant au. due Charles. Sije la croyais, ditile-Ralsfré, je: lui compennit:ier george de-mes propres mains. fil-il cinquante. finis le ‘a devex scur.—-Mais vous vous infommerion d'a her j'eù mémité un-pareik: traïñtement., bel:ohde, répondit Quentin: Quent à vous, mmléné;, appronez que je-pe suis pas un fsiseut de rapports, que ni quon tion ni torture d'aucpn genre ne serait capshie: de-w'arracher; an. préjudice du roi Louis, un. meot.de eo que j'ai pu snprendre-pen- dat que ÿ'éfais à san servie. Men: serment de fidélité res fait un. devoir: du sine ; mais je voux: quitier un seuvice dans: lequel, indépandenment da danger queie puis copriren combattant rase. ennene,. je me:verrais-c5 posé aux cmbustades dresées par mes propves ais. —-Si les emhuseades. ki. déplsisent tant. dit ler Ralatré.en: regardent isistemont loed Crasviond, «-je craina lion. mhond , qu'ibe’r ait rien à faire de lé. l'aieu, noi, trente eme buseedes-à: braver, et j'y ai bien éié mis-soitente fais 'aumoms, car c'est la méthede favosite du roi Lonis-et sa manière de fire - la-guerre, —G'est la. vérité, Ludonie , répondit lord Crambrd: n6aRMOÏRS taisez-vous, car je-cnvis. entendre. mieUX. Que. vous l'affaire doné à s'agit.—Diaise-à Nolse-Dasse qu'i en snit: ainsi. roilord! répondit Ludovia ; mais eala me-blesse jusqu'au cœur de. pesser que le fils de ma sœur eraigne une:embascade.—Jaunes: homme, dit Crawfard, je devine à peu près vaitre affuire. Vous a vas fait queleur-mauvaise rencontre pendant le. wo yage-que vous vauez de: faire par. ordea due ro ..et vous eroyezavair lieu de Fse- cuser d'en: être l'extour.—J'aiété-menacé d'une inehison em ex6+ cutant sasorêres ;. mais j'ai eu le honteux d'y échapper. Qua Sa Majesté en sait.inngecnte eu coupable, je m'en rapporte à Dieuat à.sa.propre.consoience. Il m'a nouzni quand j'avais faire ; il ma. retiz quand j'étais iacenau.et sansasile ; je ae la chargerai jamais, dans l'advergté, d'accusations qui d'aileurs peuvent élsainjusies,, | Car ce n’est que des heuches:les plus viles que.je les ai recueillies, —Men. brave .gercen. mon aher anfant, » dit Crawford. en. le ser. rant: dass ses bras, « c'est penser en véritable Écossaie! et. c'est parier comme un homme qui, en Yorant.son.ami au pied du mur. oublié ses griefs pour pa sa souvenir que de sa bonté. —Puisque: milond £rawlord. a. embresaé mon neveu, di Ludovic. Lasty, je: veux l'embrasser aussi. Je désirerais pourtant qu'il se persuadât bierr tqi'if est aussi nécessaire à: un soldat d'entendre le service de

m6 QUENTIN DUNWARD. | l'embuscade qu’à un prêtre d'être on état de Tire son Erériaire. _Taiwéz-vous., Ludovic, dit Crawford :.vous étes un âne, mon æni, et vous ne savez pas quelle grâce le ciel vous a faite en vous dosnant un si brave neyeu. Maititenarnit dftes-mei ; Quentim mon ami, de roi est-il instruit de votre noble, chrétitrineet:courageuwse résolution"? .C&r:, Mon pauvie ami, dans la position critique il setrouve, il a grand besoin de savoir sur quoicompter. Pourquoi n'a- t-il pas amené toute la brigade de ses gardes avec: lui! Mais la volonté dé-Bieu soit faite ! Dites-moi, contiaît-il votre dessein ? Je ne pourréis l'assarbr, répondit. Quentin; cependant j'ai in- formé son savant ustrologue , Martius Galeotti, de M'résolètion que j'ai prise de garder le sHence sur tout.ce qui pourrait rraire au roi auprès du duc de Bourgogne. Votre Seigneurie voudra men m'encuser si je ne lui comtimunique pas Îes particularités que je soupronne, et-croire quefétais ericore bieh moins disposé à en rien dire au phiosophe.—Ah ! ah ! répondit loÿd Crawford; effec- tivement, Okvier m'a dit que Galeotti prophétise hardiment quelle tigrie de conduite vous devez tenir , et je suis charmé d'ep- prendre qu’il ait pour le-feire une autorité plus sûre que celle des étoiles. Lui, prophétiser ! » dit le Balafré on riant : « les étoiles ne lui ont jamais dit que l'honnôte Ludovie Lesly aidait. à une de ses maîtresses à dépenser les beaux duoats qu'il jette daus son grron.—Paix, donc Ludovic! lui dit sen capitainèe ; paix donc! brute que tu es. Si-tu he respectes pas mes-chéveux gris, paree _q@e moi-même je sais un vieux routier, il faut que ÿ/en eénvienne, respecte lx jeunesse et la candeur de.ce garçon, et ne nous füis plus entendre de pareilles sottises.— Votre Seigneuriedira tout ce qu'il lei plaira, répondit Ludovic Lesly; mais, par:ma foi, le voyant! Saunders Souplesaw , savetier à Glen-Houlakin , valait bien votre Galeotti, ou-Gallipotÿ, comme vous voudrez l'appeler, dent vous faites un prophète. Il prédit que tous les. enfants de ma sœur mourraient un jour , et il prédit cela ai moment même de naissance du plus jeune, lequel est précisément Quentin, qi , Sans doute, mourra quelque jour pout vérifier la prophétie. plus triste est que toute la nichée est morte, excepté lui. Saunders m'a prédit aussi qu’un jour je ferais ma fortune par un mariage, ce qui indubitablemeat adviendra en son temps, puisque la chose n'est pas encore arrivée, et quoique'je puisse à peine

4 Devin, homme doué de seconde vue. Cette prétendue faculté est une des super- stitions les plus répandues parmi les inontàgnards écossais. À. M.

.4

| GHAMTAZ LEE Le PA | deviner: quand-et coimelt , dar j'ai-peu de goût pour le-2eere- . mnt; .et Quentin æst-trôp jeune péur:y penser. Enfin, -Sauntiers | a prédit—Assez, âôsez, dif lord Crawford ; à:spoins que 1n:pmé: diction ne s'applique à le ‘circonstance actuelle, je vous prie: de

u couper eourt., non bon Logôvie. u faut. que: -vous et:moi'2o8s

läissions quant à présent votre neveu, priant:Wotre-Danis:q'ele le. fertifie dans. ses-borines intentions ; car c'est ue, affaire dans | lymeñjeunè papole dite à'la légère pourait:faire plus.de miatdue. tont le. parement de Paris à'6e. saurait réparer. Recevez :ma ké- nédigfion', mon. garçon, æt.he vous presses pas {ant-de señger à | quitter votre corps, car, avant peu ;-il ‘Y-aure-dg:bens coups por- tés, La face du ciel , et sans avoir d'esbusosde é redonter;-J6" te doméèausii ma bénédiction.:neveu, ditHndotic; ca püisque notre | ‘très-noble’ capitaine” est content de toi, je le-suis dinesi,, :cornme mon devoir me l'erdonme.— Uu instant, monseigueur, » ditQuen- tin Let tirant'lord Cravilord-en-peu à l'écart : « Je ne deis:peaou- _blier de: vous infoftner, ajouta-t-il qu’il y:aencore dans’ ie monde | use pÉFEnRE; qui, «ayant éppris. de noi : les eircenstances qu'il importé ausalnt du’ roi-Louis df éeuirirmaiatanant cachées, peut Rb Pas DEUSCE. que la distsétibn qui d'est, imposée: par: ma-qualiéé dssckiat dus roi, et per M recünnkissance je lui dis d’ailleurs, est :égalenient- une. gbligation pour-:ele, -— Pour: elle ! réplique | Grewford : :ab{ si ya vor: fensire dns:lé.seeyet, que le Seigneur sibipitié de-news! car sibus voilà rejelés sur leg rnènies éeuvils:…— Bip faites: pas-unb téile sanpositien, rhonseigheur, réprit Bevward- mais pmpléqee votre.crédit asprÿs -du vomts de'Gréeesiur :poui mer-nééleder-ane enfrévus avec id comtesse leubelle::de Coupe :. cest-elle. qui est-en. possession de:rnon- seerat ,'et deufe:pes qué je ne’ rétssisie. À ‘ln. “décidèr- à être aussi. discrète que moi- riôthe sur Aout :ce qui pouriuit, irriter le-duc contrede roi: » -‘." -. Lorioug mélitairs resta quelques instants-commieabeoehé anis. ses réfiériens ; Jersries éux a péafond, les report vor de fhn- cher, secona la tête et ditenfin : . «+... A7 4 Sir. mon héneüp ;-R ya dexis tout ei qualéue de qe je ne comprends pas. ‘a comtés Isgbeld 45 Oroyé! demsmentier . L uholenterab rec md dime-d'une haissemeu jot-d'up rangéi dis- tisgéés-ler toi ; jeune Éeusshis shnë:fortone;: sfsér d'avoir: paie de vase près delle !-..; OW'ta: ds: use:étrange confiant d: ontois! même ,. mion-jeune &mi; ou te n'is parelemphoré ton tps

QUENTIN DURWARD. - OT :

um QUENEI SEINE.

perdent. ln'vayige:que ta tte de fisnc Mais, péer dns. ce. de smint hndcé! je consens ‘à parber à Erèverur. en ta roux; . commné il oraint:péritablemsent.pee ln: dus Gharissne-stél irnité sm point de:s0 démaluios en wess le soi due nuapise gen avhle., ke pose qcif fem drôit à [x sequète, rique née mess, dlle soit assez siugulitse, »

Eh schcuand: eos. moËg, . laviet Joni. hemsanc en :éjailes ot srbit de Foppartement., suri.deEudysie Leëly,:@ni jospañiennnt: ses visàgé sur celui du son chef, tbbait, susripm-enmereaiiseà le eue de ani étonnement, de sn: codes ami Le sourmas _ auatiiesportant que. Cræutèed lué-tame. |

. Au-bost dequelques mimentes : Grardusd. sevink, népie 252 Âjue aonpgné du Bélahé. Le. visilord- pumimei-d'unn gaieté siege hèse® : il ninié comes ntalgné ti , ee qui, ecnisackant stp touts ridés et: natnenllenvant sévènes., jour: désmmit : mue eapremsion.bi- amounx:i-il. spcamail en mme iamps ia tête; orme s'ireût été de enpé d-quelthie che ui ne pauveit stmpéchier de-cnndiamess, qooique:caîte chasectui panûttrès-auiginale. « Gacten-ruur jeune | Orexpatrinée, dit-il, vos êtes pas. dégaûté: Jampis leu Ginsidiéé: De vous:fara évaouen : ‘mir upe. belles. Crèvecpur a apeueilà voté prôpesilion: cenüie - en als: üns: fasamde vimigre.. kate juré: per Loux loschénls du LrRaurpugne; que-slil neslagismait de Hhoaneurde-deurs prinues:et de-le paix dé: detre Éds, vawno vacrien pas ruée de la éoméeise Esxhe lodiesmprei stuis-tenc:. S'il n'avét unpdame, atops-tsflt dameaspaier, jf Btornis ‘smpoouiné dervpoidir sempre: lui-même -uph lanta en Fhemnsus de odtés jeusic.eodetennes Bout-être pansert-ib: à san mqon, is con Étienne. Une canitosser!… vens:es fui ee déocette: espèce? Mais abens »Seteztmoit ‘Votisi-eabsesser: anse elle doit êtreceeste: mais jer seit: porté core: ue ous enE

{eine baswecep-de hesegoe-an Jeu ée:teams. Ba, Lx, bubpesms

fais fai peine fecede ingraies dés pénmtiion Jamie me donne envie de rire. »

Épscauts spbpes cher de: Hétasiat®, eGande ei décaaeeté tort ensemble pas kts biaqueeinsinmet ans, du tienx:rmilitaine, veié deséeir' quensa: posait mA se ptécenéait que sons pniDi de s-rideubt à quioonque ‘serait môti -per:l'âger.pt lespérienne, Déreurd saménit: env: silomte lsnd-Grewéerd juin: 2e ent des Tapokihes:, otre es Renan pale.

il y timva le comée de Crèvecœur. u n

E « Aneë diet, jeune borne, MES eue Durmtudrtts . + Ai faut que: vous voyiestemeoie: ne: fois belle 'compagne vire espätither romatésque, ‘doe-qutkpearaft "Qui, motéidur #-csmté, “répondit: QuEntinrek fonineté; « et; oui bus of, Bfmtque jrisvois-sues téiiuist à Noir, OC n'en sb: pair ainsi, sécripCrbrecair; Jerivis mhisfage, II Granit, ete

hiséer dire) Pefis, cést:une.fols , store NE dférmetriiét grémat-n: ft pristinptaeus Et urrmet, id: nes: -veNot'pas sens: (ésuoiis. …… Eh bien F4 n6'dirpes un. son Trn6t à: 1x Gène | tome, -car je tint pashanà in hors de-votre préfenet: RON | ditQuirtie transporté: de joie. Qéekjae prétéihptiette te jui piriesettre; cœque-vois ven de‘twdire rte aapatit been plus que je n'aursis: osé lbspérEr : 4 Cut DVI, Hi and’; ditÉrawéord'aucomte; vous'arer prié assrritrennsfl eu. ment: finis paisque vour vous eu: fapporter miow at, cône Bye use boune gris, : etbiun:sblfe; ét tiavers dr puribir:, Je: | vemseonsellie de vousyfer etéb tt Tatsuer libveronat dloivier * réteà leuvs-lisgués. Gas. duc! ll vie &'un: rot: el: otre Aeplies. : siourstailliors Poney peuvemt:eîles être thises wir Heltite avec. ledanger de tniger:pendqntens mise deux En Arts eine äDorsiieluimdi-l'autut : . -

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‘Ua momditmpiès; lircbitosse Téteti phetit de midi set grille: Dés-qu'ollerit que Guentins était seal dir Re Dattbi, eblesieiétis le rthatins vod 2 TB pettiattl espnet d'irfe dettiiu trinute:: « “Mgnisntweruie)g &bne tagtité; ER-Mf8 ef; patte que d'eutsævat-cone:difintés soudboMr!. Mt gitiBel rois sauront. :06 ju puise, se "Meur dés TRE RES es th'énu: vironnaientt aon:umique, vert Rdv de COS tte ©

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Sb l'ov: wakehit: que: Oomiin:ltvait. déRmee “du Heu: de tuntrdu: péril, quitavult VE dans te MiPsot-uñdné, MAY HAN ebrélérprotetteur, pout-étru:que:mes béfies lc étices!' se trou vain

. 4W * QUENTIN BERWARD. |

. même.des comtsstes parmi cles, parésner et Habelé d'rvoir en. cette. cireonstanéeldéogé à se dignité: use ee

Cependant. fisabolle, après avoir dégagé: nr main ilercclle: de

Qurward , reoula à uriprs de distance legriilé, etlui démande d'un ton fort spbarrassé : « Ëh bien! quelle desfnitie AVOE-VÉ0É âme lire? jai uppris. du-vieux.prijraétir ié0ossnis qui-est eau tout-à-l’houre avec. mon cousin: de Crèvocæur: que vous-veulei obtenir quéique chese de moi. Si votre demande dit raisoimiabts, etitelle.que ia pauvre Isabelle puisse. l'aécerilen : sas manquer à Khgnnesr ,: disposez de mon- faible pouvoir. Mais: ne VOUS. pres+ sen pas:dé parler, ajoutant-ellsen promensnt antourd'elleunre- ; garkorainiif;« dites rien qui ptite neusicempaoiettre; ni vous | ni mai ,:6i fon rous-enténdalt: Ne craigsez ren noble dames - sépondit. Quentin. avec. tristesse; x caun’esi -pas:tier. que-je puis oublierla distance que.le. destie:agmiseentre nous, miwous: ex peser au blâme de vos orgneilleux parents , Comme d'objet de : Famoue des-bhamme moirs: riche mins puiseané ; meis ! peué-ôtire: oùn moin nohle qu'oux-mômes. Que tant CHA patte porsnie un'songù pour équt:Je.xonde; escepté pour le sbul-cieur 0:06 songe doit-tenir place ds; toutes les réglés +-#Faiset-verus | taisez- vous! pour l'amour:de vous, par amour de met, ne partez pas ainsi: Dites-moi prénipiement ee. que: voté avez à:nie-demandèr. Le pardon d’un hômme qui, dans des vués d'intérôt.fiertonmél, S'estoonidait en ennemi. à votre égardi:---Je ehait-que.je ‘pardefihe à ous mes ennemis. Mais. & Purwerd;:eu-nrilien-dé: quelles séès: nes votre courage et votre’ semgoid m'ont protégéet:: « Gatte salla sanglante l:.. ce bo :évéqne... #> aiai nppré-qu'hier le abi- tié ‘des horrqurs. dont j ai été-tévarin. sans Je savoir. IN y pensez plus, x dif Quentin, qui reMAnqUE 400 Jos meurs soit les jouts d'Isibelle étaient couvertes an début rie leur entrethin ; faisuiont place à la pâlour lx mort, « ot ne jetez pas iirégard en arrière, mais QnyisAgez l'avenir ayeg ass ARCe ;: conmeadoryent fire ceux qui. marcheñt dans än., chemin périfleux: Écoutez noi :, Ee-roi Lonis ne méfite de, personne pps: que:dle vons-d'être proclamé te qu'il et -vériablanent,-uniugidions et rusé politique;"maig: si vous l’accusez d'être le proygcateur ide voire fuite. :et-surtét l'au- toux plan congu-pour veus. faie 4oniber entre les meins-de Guillaume de la Marck, yous:prononcerer la iéclséance ,'peùt- êtse même la mont, de cemonarque ;:ou du mains vous alumerez entre la Françe ot la Bourgogne la guerre la plus sanglante que

Lei deûx: pays dent jam it peste d'uri centre Yentre- “1 ae dépendra pas de mél déc de tes malheurs n'arrivent pus ; SH s’est possie: de és éviter! Quand mêtne le yengoancerauiit - pour Moi-.des charines, la méiniee prière votre: part suffirait pour ay faire. ronoacer. Ma: soraitiil possiblerde garder le spurë- | sir des-outrages du-roibouis, phatôt.que celui des sorriegs isdp: . précishies-que #vous”m'iavez rendus ?.Mais comment five ? arand je paraitrai‘devent mon’ potverairt' le duc-do'Bourgogne , iPfeura que je garde: te-sitence ; -eu-que je'dise 14 vérité: Le prériier parti serait. de Vopinidéreté, ot, l'an autre côté; vous ne voudriéz pas que ina langue se souillit d'u mensonge. = Bin certainement non | mis ñe diles, au sujet de Louis, que ce que, persennëller- ment igt: par vous-même, vous savez'ôtre Ja-vérité. Quant-aux choses que: VOUS n'avur apprises üe-par d'autres, oroyables ou . ä0n, répétez-1es seuleriènt eomrhe deé-on-dit : ‘gardèz vous de és appuyer de votre prapré. témoignage, quelqné foï que vous . Puissiez y ajouter vous-même. Le conseil d'État de Bourgogne ne . peut refuser à un ‘monarque la’justies que ; dans mion pays, on aecorde-au: moindre acedié -‘on'duit le ‘coñsidérér Tomme erine hocent , jusqu'à ce que la ontpabitité soit démontrée par dés 'préal _+es directes: ét suffisantes: Or, tout:ce dont vous n'aurez pas ane -cpnnaissance certaine 'elpérsorinele, hadévre être: prouvé atitres ‘ment qüe: paf’ des’ ouidire.: Je-crois que. vohs compterids, Je vaisar ’exphiquér: plus: clairement encore, s vépondit Queritin; : ilsiefforça derrenidre sa -pensée:plus iatolkgTble-par” des/etemples; . mais il n'avait-pas encore terminé ; que la cloche. du cotirent s6 ‘fit.entendre: -< Cp\aighat, dit-la cointesse ; tièus avertit qu'iffabt , nÔus: séparer. mous. séparer : pour. toujours ! Mais ne m'oubiez bus Dariward; jene vous vbliereï jmais. Vos:fièles services. : ». « Bllene put lui en‘dire dsvanagé , ‘mais elle Jui tendit-de!notr- vou la:maia ; Quefitin la pressa contre ses lèvres, et ne sais Comment iLasriva qu'en ‘essayant:de: la-rétirer, Isabelle s'eppro- cha si près de la grille ; que le jeune Écossais o8a imprimer ses adieux:sur ses lèvres même. La-eomtesse nelai:én fit aneun're- proche; peut-être s’en sat-elle pas le:ténpe, car Oréveeæur et Grawferd, qui, poètésidans un lieu. secret, avaient pu voir mais nan eétondre tout ee.qui:sé passait. entrérent dans l'appartement, je- premier. trassporté-de toière et'avec impétaasité ; Re seeünd , riant de toutes ses ferces.et s’efforçané do. le’ retenir parle bras. -.. À votre chambre ; jéune dame:! » vria le certe Isabelle,

| Ftes-poorttentonos- sie. Anent-à mens, mon been Hiensieur; gai r0umS120ûtren Gi

apbmpremat., un onpe-riénilescpeut-Btre: oh dintérét deseciet des régné” rien de-can nan aivari eu benimerile révise napère ; at-alors vous appwendotc quel chitiment : Fon-réserre à d'avdace d'un misérable qui ose -lever les yeux juspie. Maix! paix! em voilà ses; modéreævens, modéresvaus, eéerie Je Maui: lord; el vous, Quendin , lsines-vohs, ‘je-mauis losonne , et seloarriès danse cherabte-gui:vous à ééé hasignée. Sire defrève- LOT, MONSreZ VOS moins dédaignenx : :Quastih Durwiari st aussi bon gentilhomme aue-eroi, aeuleipentilest ipeine, riche, comme dit l'Espagaok: ilest-aussipeble qus meï..ét je cuis le-chef de raa niaispe. Cessez ‘'onc. ji vèbs eu‘prie sde parier de. châti- mant.devags des hommes... Milérd, milard! »:5'éerix Grève- sseur avac-imapationse, « l'iasélence.de ces menciosires étrangets A&i passée-es-praserbe,: at onarqui êtes ietsr-chef, soumdenriex réprimer. au lieu. de. Fepaourager. Mangiqur de come, il 7R Singuante dns que.je termande.kinarchérs dela gargleécosaisf Atda.nraiiamaié nris-comsail, ni ds Français, di.de Resrgoignen; ef, ne vous on-sléplhise, je/suisrésgist dan da-inêree aueié lens tomnt-que-ie Conaer vomi sos-oommandement. Alpe :2lions? ls:hai.pes auJ'intention.derons-cflonser ; “Potbroceinsanss a0sei Bien us-voie. ago vas doñnesk:Le- droit de panier ainsi. Qoentiè. APE jennes gans, je Eur poniosne-volsetiss-lapemé, tar j aussi AA Ha NA rhroicni jangis, Ni enigarer pas-suv-àn salt de | Makeome., Carecœun!.» répondit le visux led cmsriapé; «des: JnpnéiASReR;:ditron, peuvent se-rannatanr qui-prantehentitans fréatimeslmrpeines, quicant. des janvhes;-aresala liamaunset. de ls ace .panr-methre-com janibes -en-meohvemestt. de s.menconteer _ Mi Loikuiser était:hien 4endpe , ÆOptneersürs me semi de | PRAUNAIS ANGUES. w You vanier donc ou fans laine paid

Écoutez l entiidals alochonde aléteau | selle sommepour cannes _sfarlapenpailr Pieueeutphut:pré voir qmellopn nspe.liesnei = . ès

dvoinsprérair. rmei, quasi loñiputs tiezemenqueigee Waoga4urin:pomanne er si green mer nn semes d'a pere prier enrerememnrs

scies prétente à le viphiare:en mostwent-dpa dssjnhes présente: rées, êf vous vorrez que la joùirné se passera plus paisiblenant siemens PILES

MR rs | durirnt Ar te, D : meer | _. “Mon cœur ressènil ; voire Amiour Deaucqup pl A . que res regards inécontents n’eussent:va cette eouvt- ot debont;:vatre ame s'élère du moins, guoique ws #

": mou ploye encore devant roi. re. -*, 1. se ee -*. . ns, renier

|“ graine: po; de in cigale Qui sppciadt an coma den goss de Rouigeages, ainsi ique.le petit aormbre-de pairside Francs: qui seumièrit y-assister, ie de: Cheries,:suini d'un détechoment de:5es unies mmmis\üs poitdimars side-haéhes-d'aomes, we randis nes | Ronr-Siéuixut; an chtcmu de Pérouse.

Locdi Sons, qui detbndestärocite mile , an low: meyontile dec catsordaisiin:grandesalie, At deux pas-au devsat defui, puis Ifaméle due ah rire dignité-uien dépit la mesrainene de

prendre: gunmé iii japnait miéenemsiee, Lens evimsiment de‘crise, sen ranittion:c4lnte produisit un cle: Vssible sur-ian rival, quis déententé dus l'appaitoment dan pas risque <t-pmébipité, pit 2e: dimanche pies convensbie- un gen vassal qui paneté présehce de son spigneur suzerain. Selon toute appasence, le due amaitrésele: de: taniter Leuks, axbétienseinont du madiis, -aracries Sois des àton sang fie; maison môme:temps iébait aisé-ds wir qu'en. agissant :sicai ir lui en voûtait ipaucong de onnienir an inpétnselé anturcile. ai quik poise poumiisi 76prüner-les | aatinquts db Amine et. vf de RAGE : qui: espennu

=: ee QUEYE- DUNWARD.. “cnxd'ux hoinme iipatièntde. fvoin qi s'optimpotéinieisée; ü:fronçsit-Ie sôurciket se-mordeit leé'hèrrésj péqn/en sthg. Daft, | chacun ‘de s6s regards, chacun de:ses mouveeñts-mmmemçait que Je phei irritenis des prices était sous d'ébtpirotdi pins:viclont ne- cès de Aroër : NE OU ES LRU EUet LS La Le roi observait dur œil éalme et impasse calts lutte ‘que les passions de Charles se livraient dans son cour ;. car quoique les règards du duc tui fisserit-sentir an avänt-goût des amertumes de la-mort, .quäl redoutait comme coupable, cependant il arait ré- sokr ; en habile et intrépide. pote, -de ne pas 5e laisser déconcer- tér par ses craintes, “et cénserver le goüxernail tant qu'il jai “résterail. quelque chance de salut. ‘Lorsque-le due, d'un ton see et brusque , lui eût: adressé quelques excusès sur l’incommodité de ‘sde legementt ; 4 répondit en souriant. : qu il n'avait pas lien de se plaindre, puisque; jusqu'à ce montent, K tour d’Herbert avait été pour lui eme habitation plusagréabie que pour l'un deses-ancêtres. x Vous étesdofc an courant de cbtte tradition ? dit Charles. Oui. Ciest-ici qu'it fut rhis-à: iort; minis parce qu’il rofoearde presûre ‘e:frét'et 1e @inir:ses jours dns nr mionsstère. —:Boukle:ssétise ‘à lui, s dit lerroi en aéctant: Fam air d’inéitiérence, : car datés . ‘les doyieurs ht'Martyre- bars voir is: méfite:de mourir sainie- ment. Je viens, reprit 4e dué , “ptier Vetre. Majéeté d'assister à ütl'grand éviseil daus lequel: :ôn ddlibérer s sur des' questions de Aa plûs héute mportmce pour lé. bémheër comhnk:de lsifrance ‘et de h'Bourgogie. ‘Vous allez vous y rendré ; , Ctest-dlire}, site est votre bon-pltisif… Bearcpusin , ne poussez. pas larcétirtoisie jusqu'à phiér quand vous. pouvez: comtatider : ‘hautement: :AHons au. Leone puisque tel est; le bon-plaisir de Votys-ttrâce: Montrain est fort’ modeste , »‘ajouta-t-it ef: t'egardänt la faible suète qui: se disposait à' l'aéoompagners «mais béau © ceusin; vops brilieeaz peur nous deux. » "7. L " DHMT + “Prévédés par Toison der, bhet des hérabts de Bérirgoÿnd, les deux priides quittérest la tour du-cômté Herbert ettrapséèrent ‘Aaièour dû' château. ‘Louis remarqua-qu'elle:était-renrplie:de ger- <dés'4t. corps Et d'hommes d'arihes du ducrivhement vêtus et ESR- “gés en ordté bataille: Ils -entrèrent egsnite dans grarisatie du”consil; située dans une partie du bâtiment beatieoup ples-m6- dèrnie que'célle qu'avait obeipée. Louis: ot dupigéorcutte sallerfèt dahs uni état quioxigeait ‘des réparations, on l'avait dieposésà ta hâte Pour’ l'aseiiiée: œlenneile qui:ellait. 5:y-tenis: fan

Losi-appamtarsieut #43 placés sin ia méea dus + antsidis roi, plie Send de-dets marches queclii-quiélait destinées. den; etune vingiae clasiépes; préparés panr: lès nhbés de la noblente, s'étendaient en. derni-orgcio.à droite-et &-gaucheiies denx:tréets. De cette rnanière , lersque les deux. princes. eurent pris place. . -l'acsusé si l'on peut Lei-dopnerce nom; senpait-lesèige d'hon- Deurs ebsembiait présiderie coéaeil asareblé poir ie jaÿen, -

a nt pantétee phian étire-ditpasalire cette: iacensiquenes st prévenie les idées qu'élle pounait faire neftok, que: Je des:Chañes, apsès avoir fait -mne légère inolemtion auch pronpement ‘a | -sémce par:ie disocurs:smivant » : ::.:

.—-« Mes bons: vassaux ; ous âges cpmaillers , suven derveus n'igaote combien dei déserdres à produitsdisns dia États, tant sous - le règne-de-mor père que. sous Je:mien} de nétolle des-vessaux | cotre leurs anserains., et des sujets contpe laurs prinoe; n'y a pas leng-teusgs eaçore ; agus avbna en la proutéilx:plès léplo- rable de l'ettésauquet ces déserdres-snnt fesvenneide-mcs:jours, : -par la fuitüseandaiousé derla-cpetasse Isabelle de-Creyeset dela cemitèsse Hémeline sa tanjo; qui onl'chesdhé;un séfage auprès -d'u2 prints étringder, -renosçant sinei à Ja. foiqu'elles. nes deb -véat-et encourent:lé forfaiture de leurs. fiat; nn Éxe5ple plan af frouz,, plus déplorable sneore , -eët -mburtts-sesnilége de notre -bien-aimé: frère et ailié évêque. de Liège , :ek: de, rolielion de este -eité perfide, ‘qui avaitcréqu an châtiment toi doux dèes.d5:sa der- -nibreirévelte: Nousivons éhé isifarmé,que-cob tristes événements pouvant. être‘imputés àon-solement à le folie ; 44. légératé-de

deux femmes-et.à la: présomption: 3e: quelques ‘héurgéois -enor- | guéübiside leurs richesses, mais sux.iattighés dl’nna .e6ur'étran- gère. anx menées d'un :voisin puiiashnt, "de si. si les -hons-proré-

. dés méritent d'être payés:de retour; la Bogsgeghe.n’ avait doait d'attendre ‘que la; plus. franche: et. la -plüs. entière: anditié: Si:0es | _ faits viennent à étre prouvés, ». casiinsa lo. duo an, sarrank les dents-et enappuyané avec. force hoa talon ventre le-plagcher, « quelle considération pOUrr& NON: sapécher ‘d'atéployer::les moyens qui sont: aujeurd'heï en-natre pausoir pour:tarie dans tour source mme Jes maux: qui répandent #07 nou chaque année ? » :":, . Leduc arait commencé ion disbonrs axe astez dervalipes mais il fteva la voix on le terminant; et la dernière phrase fétipronen- cée d'un ten qui-ft-tremabler_tons:les-canshilless 6 pamer-sur les *

Jepes .que:létiieude lu héblense: ete Meur de:1a cbr derier Pot dem euusin: de Bourgoges: ints Lt que rende. has aber: querelle qui nous s divise; en rite per qualite, dép

sine, apte die me bete destinée à: om causer Hexpio- aid. ;smméitile trsagocs:ohmparéoà fe:micaue. Nous douio:pes | ue; pémmi les Matouvs:deihomities ettentatr soumis à-Sobun- «malt ; des scélérats n'aient peensmeé onu; mais;cnilnis-je dtet. response , qui qui ne leur ai Gouné.aceus dinit de ven spa? SideuxÉcnmiswineensées, pér quolquomsetif somaneegue : de déphaisir ou de dégoût, ont cherché ! un asile à ma: couryeke

ame; Qué, à quiaon 105 ené pe T ges, menti pins élec! que tessaoenheemsn restes, alcamañt Le dçoited étescpensant ielt- que ter ps ile-p: doideux fempnen annees, rtidente fais urine a pm eur signanr met vds dns qu

dessouien étrcenslaiucrqui,u Srsmiarespeel rntrisaniréd aus debtege:Reuagogne d'indignes:sonpçens aentacmaei) posent tre expliquées pâr les plus néblesetiespionhonesahies métiée-jodis chorplon qu'onns-pent.ap pme locmeihare Mémbigeeg ag e6 de É ÿ #

Te, revues borbti de Gti nmitié ssbuattiens qui diontiyorkià acer æorhicila séfede festin auuno-sens:ds juxties, si npadnikhaapiéer Jiercan aneiprises. we ire: Grec «6 émis Chatiee dés-que. lu ani eut cessé de.penier; in él arié ioidaneneséen ss bai

t _ QUENTN DURWARD. - éntevdirent : à un tek. point Isakelle ; .qu'il'esé bhi fut pas possible " dexééuter la” pésolation qu’ellecerait-prisé: ideise foteraux jieis du ducpoër le'supplièr-tie prendré péssessionr dh:se$ dlbmiginés êt ds:-lui porisstére fie se rotifer dans mroisttré: Elie resta itimpbile eonime ‘une fees qui, técrifiée: per-wr orage sabitiot entéadant | deltonuierre grpndée:pestbat autour d'elle, trecablé, à chaque éclair nouvom;. que la fudre.ne tombe: sûr sitôt. La: -ocsiatesse- d& Bèvécosr, ‘femme dont. l'esprit était: égal à la: naissante et la Lekmté bien cpnsbriés, qhoiqu'elleéûtaiteint la matisitéde l’âge, cit dervirprotidre is: parole: <Méüseignear; dit-dlis-ai due, ‘wie belté-cousihe est sous ma-prelection. Je sais mionx que Votre ‘‘Altesso: commient les femmes déivont'être:traitées ; 26 nous nous retrerons. À l'instant, .si-vous ne-prenez un ton etux laigago plus ‘éavonables à noére-seno ot à-notre rahgs

"Le düc-pastit d'an:grand-éclat ile rire: Gtévecoar , dits; gréce ata bouhomie, ta comtesse: est devouee.daime et mèttresse; mais ve m'est pas mon afliire. Qé'en déane-üun ätége: à cette jeune de- -smoiseile : loin de:iti ’garder: de, reéseutiment, : je lai destine-tes

honneurs dus élevés. Asèrez-vous, madémoisélle, atdites- nous, s'ilvous piatt) quel: démin Vous'a’exeitée à fuir votre pe- Mtis et: à féner ie rél:d'une cherchouse d'aventures: + LE

U : Avec ipaueoèp:de: polie et-nerieans quebènes interruptions, Asbèlle: voi qu'étant: shuolmment:résolie.à se soustraire un Héiagé que lui graposait Le duc ds Rourgogne , elle avait espété “pouvoit een protection de la'oour France. ‘1 .:

L'#Et celle hiénarque frènoiis, ajouta Carlos; oui cu lies Lion asseréd-eris doutbà —"Enieflel,:jo:m'on croyais aésurés; sais quoi jord’aunds past’ ne’-démirehe ‘si ‘dheiside: » En de

‘hérent Ghenics ‘regtrda Lbuié aveu un sontire sin: d’une umer- tune’ inexbtérhatile;,: êt'Le rôi’le sbutiat avec ‘le plés igrande.fer- smeté ; seuléasent :sés Mvies pardrent un pes plis blénohès: que ‘de couteme, “Mais, » continua comitéssc après uns gère pause, 36 ne vortnaissais ls intentions ‘du. roi: Louis ‘à nobre-égard que

paé:ce que m'en avait dit ma nalhomouse touts, la comtesse: He-

‘meline, dont Rophaion se fondäit sûr les ssiufances: de gons-que ‘Jai-roconnus depuis pour être les . plés perfiies soélérats: du hote.» Bille rapporta ators, en pet de mots, ce qu'elle avait ap-

. “péis de la trakison.do Martoh et : Ha raddin Maugrebin , ‘ajour- ‘tant qu'elle ne doutait nullement : que Zamet, l'aîné des Maugre-

dns, aide precier leur avait-consesité de fuir; ne [04 capables de

% , La

tantarspèce de pertes re

prise da phâteacs dir Sebénaalsitôt au rsgmpent di élle Juisencons | tréo-qur ‘in eéniéé de Crètecwur:.Chaoux gard le silent quand ellèrent.fini ce réeit'aussi cout que peù suivi; etle/dup.dehoer. gegnb;:teriant:10s :s0mbres .at façoudhés ropards. atlatins:.à la terrs , rossomablait à us boue qui cherche prétexto-pour-se livier à es ocière, ei qui non Aréere aicun d'éseur plauathés poux kx-justifies-à ses propres yeux. | DURE -: «La téupe, * nt enfe. L. levant des -yéux ; saén-crowehes moins certainenrént son terrier sous nos piedä, quaitqu'i tons seit impossible de sgivre ss:marcfe:]Cépengient:je voutirais quels roi Louis feulôt hien roms dire pouriquei il arepaces dames à sw éour, si-éperne s'y étaient-pas:rondues sürtson idvitation?.— Je niei point reçqi. cps-daméa à: ‘10e Ouf. tesm- beau::Cotin, vépendit le rai! Pap composition, il eétivrai, je les ai yues.:eh-pastinglier, mais j’abtéèsbls piemièné-cecégien ppuviledpléesr Sbus:la:pebtyetipn de l'exceiient: évêque ; votre prôproiallié (Dieë veuille lire. gai à. sôn-lus !), car.c'éleitun meileuniageque.mei, etique tnt autre prince.séeulieri, désinogens. de:coriciliee. l protection dan à des fugitives érveciles deroirsqu'uir roi avait à-rpasplieetxpette vécue SIO& eévers:ün: iprmeb allié: dont. les avuicèt. ‘fai -lesrdèmiairies. J'aijoré-hasdipsebf oéttetouaë: dame: de Béelares si elles onteocu. de maiun: accmeihbiérredrdinl ; :s l'aceuail: que jauleuriai: faite. pas 606;:au.contiséfe.. capalle de leur faire -emprinierléragret diar

voir choisi ina ‘tour peur asile: Hi fatbidoin 'étrécordiai;ré-

pesilit-larcenntenss; me tÉtrar oissdauter que Fimphation que.nodà avaent;Paite-<oûxquise thstrent:vos agents, :émenèt de Vatre Majesté ; paisju'essubposant qu'ils n’episent-ag} que:d'e- pubs ‘vos instroctions-précises; il devenait difleilegid ecacilier:lz ennduite: de. Voire Majogté avez:ce que nous avions droit d'etten dre d'un rai; -d'un.eliévatier st d'un gentilhomme:». ©)... .. Eu proncaçent dernières paroles,-la comtesséijetaiau.roi on. regsed'Quisefsblait:exprimer un reproche ; saisi cœur: de. Eouis était: garni d’une ouiraise qui ne permettait pas à :dértdlles attaques de lémeewit:iAu contraire, promsenent 05 iègards me: tour de lui en étendanit les bras avec lenteur, ik sembla demander,

EC | QUERONT-DENTPARRE ‘derrsisdeirionghe. à bequis? ontétéstenté sinus de comtesse n'était pas untémiéignagh scadu à setsismat eue: Æapeudanticdui-daieurgmeneitisenristienmgstqinin | blsib: disé: qe,: bien que. sédaite enr silteër jHaipréèr ais curtuiis phiit: ilétaitctioies.que. pans satisihity:pistfalrentanit-à) le eomsoseaaif uet:tén-temnaquis : « Eesnembls, isndemthyiqu, dune | totbliboaitanr és

sonillentidhotitde ait éérdee, ee parereri ces iso: | cboblèrdéotde: Bousyngine ; amer :2afpmeins-émebbeire; d'ai COTE uns fonth blonue, kirsghejemetsuisseutraite éredtreauonité senberatte'practtns-prétissionr:: cjemedoubotsfirmnblemet à tant'eisiéhaut i if vous qlicaelé: mi infiègesr: Je tnimrè voire dpontinw nes terms inesr:ebiéenst: vque mrltinnse pète ;: imgnbéo de iniesomuiatien rétro dimilende ere .… cerquéltrivest'itsiiepenisnble: pou s0airo:mdinattee dalin ent cou

sattejemmn dacen:5 éémesent:-à: Louis. “Pme, répeil/ier rai ares uns btymfibè 5t;shiute isispirationdecette pubs quèens dti tuwmter mibep pañiliens ni: résistants + @uistihquir f'ubliaiseis: sers _élevé, dit Charles Retarermvous, com taits-iibalis:: Nèus nererees meusintehtnné:pour: vont que vetiaeEétea vess-astene: Nés . avons ‘détssin ni: de ségnestrer: vasdommièse: ri de diminuer vosihonbe te; TOME vonsdons ail: conéseine anerblire les rene et:l0s auéret-4iéles : monemigneur, »diloia camésseemistnbienest ds none nésises

Pi Gomgun ie Page Lééimte ducs has voinaiésstrénti. elice san cesse: concerts: ‘etnes-oûiuss eujcums-cebsttns2: Row ipns, veus ditrj®. pau mignons, elaisra-vous poule maman. Quend'nous.éureus le loisir denenix ave pen de:vausc, BUS HOMNY poundsomeïds tellmerisque; | Mierinith gui, item que vou nous obéissiez, Sin0n .:» tip mec Mai cotée népaei série, lanhélacreseit à senplads leon | epéxiionté ui arm “1pcobeblement atéèré dips -pancien.pèus data encore, shla-cuntesse doCsémécesnrs, geosaniané l'humeur: Pere c en mieux que one mngiet nor

biens hinn- éionb qui ai rendre: bee iéur ‘à qi etdé,. | Doniasuas or leisse éblanier tpoubber pee lppniseses ds ee quil dat honseer: Sen csske hi suit. énnsi. leneéques dir pe rsétre aveu lampe sops: l'exifnne dtinnieiugerduisns | suiiers: ot;sc0-nonimtics sn fhatdhter; smbohsemninr: pépandeient périsiinnont, à ce brillant. eustunie: M-gramie jme dispqus: damaceuirs pomiitesss. rer: can péoqune Lie Douraitiss: persuader . que le roj Louis, dont prudence était. estiéms-dûéi chmisi unianisi feuné. euro | x comfitont dés intrigues po- kliques: Chi int: que Ibn. dinstatte dispongientel éme! dmvituscop dimntres mhz roitide grandi cn tagéoude éhaiseiagäken quitlésui die spot hüishe févr se

aprbeï ordre dede, sanctinanépur

suivit à {ae hpramratièns Bacnous- noyppeareclles sant db Groger jaqe'aux «oarénins dhiége -sscnirmençail pur retule etaxptes denisstrestisns qi avait noir: Qu ro Éonis:; etoailui cnjniè _-gmoient: dé-lisesvertes-fdéiament jampian aisbestsie-Dévéque.

so. vus vos ren pli: se paleusement - “es snilus?:dit le so: Du Ming;-répliquadtÉcntis-Voesacitezramb ainermstansse, dite: dc: ta Lei ébéattarqeé- dus loin di Pissés. past) chgvaisrs ecrantse Him qui iendeit-per. do rappeler un: eo: reil incident, » répoñdit le jeune archér.ensrémpissent:rcersme: destiau+—" Mais ihnetconwondæit:gas. quetja llaublissee.;ihoi, dit ledoad@rins..-Ge joune-Bormastairempli se misiqn:et hesner

2 QUENTIN. FUN VWARD. | "dd ben - ét -déféndu ke dpries: qui: émitut-aondées à. saigne, d’usie manière dont je me souviendrai lang-temps. Jeune:archer, . Yious ni trouver dans moû eppartoment aprés -cotio-séencn, et tu versas Que je- n'ai-pes-ouhlié . ta brayonre.: Je. vais avec plaisir au- jourd'hui que ta modestie égal ton courage: Viens mairouver aussi, s'écria Dunois; te dogherai Len 26e pans car je crois que je t’en dois un.» * “… me eux qu Quémie leur fità tous doux, pnisaint ronge, of ons reprit sou. iiterrogaioire. . Sur J'onire du duc Chaïlesi. il produisit ee instructions. qu'it avait peciges per écrit pour: son:Yépege.. «Averous saivi à Lrlettre ces instrwetions, jeune Hosme ? bai deuiañda le duc. Noni:mah prince. Hlles rt'ebjoigrmient, comme vous pouvèz jereihabquer vous-Méme, de traverser la Mouse.près “ds. Namur, st cophndsat. jai continué. desuivre/la: rive gauche, comme : étant la {pis larvée. le plus éptriel ot. la plus-sûne: pour arfiver à Liége. Bt petrqioi changoméônt? rmbdrôt que je commençaisà mwsponter de fidélité de mon. giide..— Maintenant. reprié:le dus’, fais aitentin aux Gucstians que j je. vois, 'adresser : Répondig. arts Jranthisn ‘etnérürains je rospntimont de quique cuonit, Mais aid sen de ssbiertage.dres. Les réponaos. je ie fais ansparidreper-un£ shaîne- dh jer au. haut, du tlbaher de:kéglise du marché, ot: li teappelieras iongitenpe patte mème tadélienr:> : 1 : DR ele ee . 19.

+ kjmprofondaibènse msitit ess perolon:enês, sat nie js hemme le iamps. qu'il jugea téisessairt peuribiän réfishès: à, la situation dans Ihqueilo-ilis trottit, le-due desnga à Duswari quel: étrit: ‘sod, guide ; de qui: ik loirsiat, dtichhamont il avait 66 amené $408eNtir déé snpodne airs détité? Quentin : réppn- | ditièla pressiète-de #05 quebtiont: en nommant Heytaddin : Maur grabiri, le Avkéinieñ, À daseocade coslétiprent que ceguide ei arsjtété donné per Tsiñéon l'Brmiée ; ot Du satisfaire à:la froi- sièuge ; il raopnin ceiqéi s'était :passédans de :Copvent.ées frantis- caine, près de Namur, cümment te RÜhémien-avait-été chassé de catie sainie muiisen ;: et eomement, se défiant de sésidtenGons , il l'avait surpris: dans: eu -rendes-FouA vec. ui. der lansquensts de Guillaume dela Mabck; rendez-vous dans dequal:ib ioÿ-aviait en: temjuszcencerter:en: plan: pous sorpromdiio-les dames qi voræ genient sous:soni:p86vnt6,". ‘7: ‘11 | idem tre

: sriu El ces: misérabbles ?.- . his; éconte. hiort, dit de. due, et souvieni-toi'que ta: vie dépendiide ta véracité; ot misérables ont-

üls dit qu'ils étaient antorisés per le roi, par le roi Louis de Franee‘ici présent..….entends-tu bien? dans le projet de sur- prendre l’escorte des deux dames et de s'émparer de leurs per- sonhes ? Quand ces infâmes coquins l’auraient dit, il m’eût été impossible de les croire , puisque j'avais les paroles du roi lui- même à opposer aux jeurs. »

Louis, qui avait écouté jusqu'alors avec la plus grande atten- tion, ne put s'empêcher, en entehdant la réponse de Durward , de-respirer: avec force, eomme.un homme qu’on vient de déli- vrer d’un poxis qui lui pesait-sur la poitrine. -Le duc parut de nouveau déconcerté et mécontent ; revenant à la charge, il de- mända encore plus positivement à Quentin s’il n'avait pas com- pris, d’après la conversation de ces deux misérables, que le complot dont ils s’occupaient avait l’assentiment du roi Louis ?

—«Je n’ai-rien entendu qui puisse m'autoriser à le dire, » répondit le jeune homme, qui, quoique intimement convainen la participation du roi à la trahison d’Hayraddin, n’en regar- dait pas moins comme contraire à son devoir de révéler ses soup- gons. « Et je le répète, ajouta-t-il, si javais entendu de pareilles gens avancer une telle asserlion, leur témoignage n'aurait. ea amcun poids pour moi, après Les instructions que le roi m'avait données de vive-voix. Tu.es un fidèle messager, » dit le duc avec un sourire amer ; « et j'oserais dire qu’en obéissant si bien aux instructions du roi, tu -as trompé son attente d’une manière qui aurait pu te coûter cher; mais, par suite des événements, ton aveugle fidélité ressemble beaucoup à un.leyal service. Je pe vous. comprends pas, monseigneur; tout ce que je sais, c’est que mon maître le roi Louis m'a donné mission de protéger ces dames , ce que je n'ai cessé de faire, tant en nous rendant à Schonwaldt qu’au milieu des scènes qui sont survenues après notre arrivée. Les instructions du roi m'ont paru honorables , et je les ai remplies honorablement : si elles avaient été d’une autre xature, elles n’auraient nullement convenu à un homme de mon nom et de mon pays.—.Fier comme un Écossais ! » s'écria Char les, qui, quoique désappointé par la réponse de Durward, n’était pas assez injuste pour lui faire un crime de son -courage. « Mais, dis-moi , archer, en vertu de quelles instructions t’a-t-on vu , ainsi que je l’ai su de quelques misérables fugitifs de Schon:- waldt, parcourir les rues de Liége à la tête de ces mutins qui,

bientôt après, égorgérent leur prince temporel, qui, stait en QUENTIN DURWARBD.

ass QUENTIN DER WARD. même. temps leur pére spirituel ?..:Et cette haxamgue que tn as grononcée immédiatement après que ce meurtre fut commis, harangue dans-laquelle, te qualifant d'agent du roi Louis, tu pris le ton de l'autorité vis-à-vis des scélérats qui venaiènt de se souiller &e cet-abaminable crime, réponds-moi, que signifie-t-elle ? Monseigneur, je ne manquerais pas de témeins pour atiester que:je n'ai nullement pris à Liége la qualité d'agent du roi de France , mais que ee titre me fut obstinément donné par le peu- ple ameuté, qui refusa d'ajouter foi à toutes: les assurances con- traires que je tm’etforçais de lui donner. Je l’ai dit'aux serviteurs de l’évêque lorsque je fus parvenu à m’échapper de la ville; je leur ai recommandé de veiller à.la sûreté du château ; et, si l'on ‘sût tenu compte de mes paroles, .on aurait peut-être prévenu les calamités etles horreurs de, la nuit suivante. Il est vrai, je l’a- voue. que, dans un moment nous étions menacés des plus grands dangers, je me suis prévalu de l'influence que.me donnait mOn caractère süpposé. paur sauver la cœntesse Isabelle, protéger ma propre vie , et, autant qu’ était en moi, mettre-un terme à des seènes qui n'avaient déjà .que trop duré. Je répète, et je le sutiendrai au péril de ma vie, que je n’avais aucune-mission du voi de France auprès des Liégeoïs ;'et qu’enfin, en me prévalant de caraetère qu’on m'’attribuait, je n'ai pas.agi autrement que si #amassont un bouctier, je m'en couvrais pour me protéger dans un pressant danger , moi et d’autres , sans m’informer si j'ai le droit ou non de porter les armoiries dont il est. orné. Eten cela , » dit Crévécæur, incapable de garder plus long-temps le Silenee ; « mOn jeune compagnon:et prisonnier a agi avec autant ‘de courage que de jugement. Sa conduite, dans une telle cir- <onstance, ne peut nullement être imputée à blârire au roi Louis.» ‘Un murmure d'approbätion, qüui-parcourut toute la noble as- semblée ; flaitta vivement les oreilles du roi, non sans blesser aussi vivement celles de Chartes. Le duc roula auteur de lui des re- ‘gards furieux. Ces sentiments-si généralement exprimés par ses "plus grands vassaux et ses plus prudents conseillers ne l’auraient probäblement pas-empééhé de dennef carrière à son naturel vio- tent-et tyrannique , si d’Argenton, qui prévit le danger, ne l'eût détourné en annonçant tout à coup à son maître l’arrivée d'un “héraut envoyé par la cité de Liége. « Un héraut envoyé par des tisserands et des cloutiérs ! s’écria %e duc, qu’on l’irtroduise à Finstant. De par Notre-Dame ! cet

.-GHAPITRE XXXYIT. . ##0 envoyé nous fera cormaître , au sujet des espérances et des pro: jets. ceux qui l'envpient , queique chose de plus que ce que’ ‘ce jeune.homme d'armes franco-écossais ne-veyt'en dire. % |

CHAPITRE. XXXUIL.

LE HÉRAUT.

CS

dtriel. Écoutez ! ils rugissent. : Prospers. Qu'ils soient promptememt chassés. | | SHAKSPE ARE , La Tempôte.

-Chacon s'empressa de faire place , car on éprouvait une vive curiosité de voir.ee héraut que les insurgés de ‘Liége osaient en- -voyèer à un prince aussi altierque le duc de Bourgogne ,'dans un motnent fi était si violemment irrité contre eux - En effet , il faut-se rappeler qu'à cette épeque-les princes souverains avaient seuls le privilége de s'envoyer réciproquement des ‘hérauts, et seulement dans les oecasions solehnelles , tandis que Ja noblesse inférieure n’employait qué des poursuivants d'armes ,: officiers d’un rang bien inférieur. Il est à propos aussi de remarquer en passant que Louis’ XI , aéeoutumé à voir d’un. œil au moins indif- férent tout ce qui ne procure ni puissance ‘réelle ni avantage matériél, était eonnu:pour-professer le plus profond:mépris jour la science héraldique et: pour les hérauts rouges , ‘bleus ou verts, avec leurs oripeaux, toutes choses auxquelles l’orgueil de Charles attachait au cofitraire un hatit degré d'importance.

‘Le héraut introduit devant les deux princes étaît revêtu d’une cotte d'armes brodée. aux armes de-soh maître , parmi lesquelles figurait une tête de sanglier, ce qui, au jugement des habiles dans le noble art du blason, était plus "brillant qu’exact. reste de son costume, ridicuke par -5on éclat luismême, était surchargé de gelons, de'broderies et d’ornements de toute espèce ; et son pa- nache était si élevé q@’il semblait vouloir balayer le pläfond de:la salle. En un mot, la pompe habituelle de l’attirail héraldique était outréeret chargée. Non-seulement la tête de sanglier se retrouvait dans chaque partie du vêtement de-cet envoyé , mais son bonnêèt même en avait la forme, etreprésentait une hure avec des dé- fenses teintes de sang, ou ,-en termes de blason , gueules langriées et dentées. Sa eontenance cffrait un mélange d’audaceet de frayeur, comme cela est ordinaire à un homme qui s'est chargé d’une mis-

419 QUENTIN PURWARD.

sion périHleuse , et qui sent que l'audace seute peut d'en faire sortit sain et sauf. Quelque chose de ce mélange de crainte et d'effron- terie se révéla dans la manière dont il salua l'assemblée, car il le fit avec une gaucherie grotesque qui était inconnue chez les hé- rauts habitués à être admis en présence des princes.

« Qui es-tu, envoyé du diable?» Tel fut le compliment par lequel Charles le Téméraire accueillit ce singulier envoyé.

« Je suis Sanglier-Rouge, répondit le héraut, officier d'armes de Guillaume de la Marck, par la grâce de Dieu et l'élection du cha- pitre; prince-évêque - de Liége.— Ah! »s’écria Charles; puis, comme réprimant sa colère, il lui fit signe de continuer.— « Et du chef de sa femme; l'honorable comtesse Hameline de Croye, comte de Croye et seigneur de. Bracquemont, » ajouta te héraut.

Charles sembla devenu muet par suite de l'étonnement extrême

dans lequel le'jeta l'excès d’audace avee lequel ces titres étaient proclamés en. sa présence, et le hérauf, s'imagipant sans doute que l’énumération des titres de celui qui l'envoyait avait produit une profonde impression, continua en.ces termes ce. . + Annuntiatoobis gaudiwm magnumt., dit-il. « Charles, due de Bourgogne et comte de Flandre, je vous fais savoir, au nom de mon maitre, qu'en vertu d'uñe dispense de notre saint-père le pape, qu'il attend en .ce moment et qui contiendra la nomifation d'un coadjuteur ad'sacra; il: se propoèe d'exercer à la fois les fonctions de prince-évêque de Liège et les droits de comée de Croye.»

. Le duc de Bourgogne, à cette pause du discours du. héraut « età plusieurs. autres, ne laissa échapper que le mot ak ! ou quelque aütre interjection . semblable, sans rien répondre de plus, et, à chaque exclamation nouvelle, du ton d’un homme qui, quoique irrité et-surpris, veut écouter jusqu’au bout-ce qu'on a à lui dire avant de faire aucune réponse. Au grand étonnement de tous les spectateurs, il réprima les gestes. brusques êt violents qui lui étaient habituels; mais il tenait l'ongle de son pouce serré entre ses dents, ce qui était son attitude favorite dans les moments iképontait avec attention, et:les yeux invariablement fixés à terre, comme s’il eût craint de laisser voir la colère qui s’y peignait.

. Sanglier-Rouge continua donc hardiment de remplir son impu- dent message. « En conséquence, dit-il, je vous requiers, duc Charles, au nom du prince-évêque de Liége etcomte de Croye, de

+ 4 11 vous annonce une grande joie, 4. M.

CHAPITRE XXXHEI. . it

vous désistor de ves prétentions sur la ville libre et impériale ‘dé Biége, ainsi que des‘usurpations que vous‘y avez exercées, de con- mivence avec feu Louis de Bourbon, évêque indigne de cette ville. Ah!» s’écria de noüveau le duc.--« Comme aussi de reslituer les bannières de la commune, au-nombre de trente-six, que vous avez enlevées avéc violence aux habitants de Liége.. de réparer: les brèches que vous avez faites à leurs murailles. de recons- truire les fortifications que vous ‘avez tyranniquement démante- lées.… de reconnaître mon maître, Guillaume de la Marck, comme prince-évêque, légalement et librement élu par le chapitre des chanoines dont voici le procès-verbal. Avez-vous fiii ? dit le duc! Pas. encore, répondit l'envoyé : je requiers en outre: Votre- Altesse, de la part duditnoble et vénérable prince-évêque et comte; de-présentement retirer du ehâteau de Bracquemont et autres : places fortes du comté de Croye, les garnisons qui y ont-été mises, soit ên votre propre nom, soit au nom d'Isabelle de-Croye, ou en: tout autre, jusqu’à ce qu’il ait.été décidé par la diète impériale si les fiefs en question n’appartiennent pas à la sœur du dernier comte, la très-graçcieuse comtesse Hameline, plutôt qu’à sa fille, : en vertu du jus emphyfeosis'.—Votre maître est: très-savant,' répliqua le duc.—Toutefois, continua héraut, ledit noble et: vénérable prince-évêque et comte est disposé: toutes autres dis-' cussions entre la Bourgogne et Liége étant aplanies, à concéder à: la comtesse Isabelle un apanage convenable à sa qualité.— Il est: &énéreux et sage,» dit le duc. sur le même ton.—« Sur la con-" science d’an pauvre fou,» dit le Glorieux à l'oreille du comte de Crévecœur, « j'aimerais mieux être dans la peau de la plus misé- rable vache qui soit jamais morte de la contagion, que dans le: vêtement bariolé de ce drôle. Le pauvre garçon en agit comme les.ivrognes qui ne songent qu’à faire venir une nouvelle bou- teille, sans s'inquiéter du compte qu’en tient l'hôte derrière la: cloison.— Est-ce tout, pour cette fois ? demanda le duc au hérant. (Je n'ai-plus qu’un mot à ajouter de la part de mon dit noble et vénérable seigneur, et il est relatif à son digne et fidèle allié te ror très-chrétien.—Ah ! »s’écria le duc avec un frérnissement et d’un- ton plus véhément que celui qu’il avait pris jusqu'alors ; mais if se contint, et donna toute son attention à ce qu'allait dire le héraut.— « Lequel roi très-chrétien, continua Sanglier-Rouge, on dit que vous retenez prisonnier, vous, Gharles de Bourgogne, 4 Du droit d'emphytéose, À. M.

M2. QUENTIN: QUR WARD! contrairement àvos dévoirs ‘comme: vassal couromme de France, et À la foi observée parmides princes-chrétiens. Pour cetie raison, mon dit noble et vénérable: maître: veus somme par: me bouche de-mettre son royalallié le-roi:trés:chrétien imerédiaie ment en liberté, ou darecevoirle défi-querje sais autorisé ‘à: vous porter de sa part:= Avez-vous Gèi?:- Ori; et j'aflendsia réponse de Votre Altesse avec la: confiance qu'elle: préviendra:l'effasion du’sang-humain.— h'bien 1 par saint Georges de Bourgogne ! ». s'éeria le duc; mais avant qu'il pt: endire dévantage, Liouis'ss leva; et prit la paroled’un air si pléin de dignité et de'majesté que Charles #osa l’interrompte.—«Beau cousin. de Bourgogne: avec

. vétre permission, dit-il, nous-réclamons priorité. pourrépondre

àncet impudent:.. Coquin de héeaunt, ou quique turisois,; ve direau. meurtrier, au parjure Guillaume déla Marck, que le rot:de France: sera bientôt’ devant Liége, dans l'intention: de ‘punir: 16 moertrs: saerilége de son: bien-aimé parent Louis ‘de:Bourbon, et qu'f.s6 propose de faire attacher de la Märcktout vifà-une potence, peer: l'insojence qu'il a de.me dire sonallié et'de placer mon nom royal dans: la bouche d'in de ses-vils messagers &-Et'tu ajouteras de ma part, dit Charles; tout ce: qu'un prinee peut avoir:à- dite à ua brigandet à un assassin. Va-t'en:.. Mais non, attends uns instant :. jamais héraut n’a qritté la cour de Bourgogne sans avoir‘o0casion de-crier lapsesses:: qu'orr fouette jusqu’à lui enlé ver peau. Nous demandons à Votre Altesse la permission de lai faire obser- ver,» s'écrièrent à la fois Crèvecœur et d'Hyÿmbercourt; « que cet homme étant un héraut, it doit fouir des priviléges qui leur appar- tiennent.— Est-ce bien vous, messieurs, répliqua duc, qui êtes assez simples pour-croire.que le tabard! fait héraut ? Les armoi- ries même de ce. malkeureux me prouvent qu’il n’est qu'un im posteur. Que Toison-d'Or s'avance et qu'il le questionne en notre présence. »

, En dépit de son effronterie naturelle | J'envoyé du Sanglier des Ardennes pâlit, et l’on s'en aperçut malgré plusieurs coaches de vermillon qu’il avait étendues -sur son visage. Toison-d’Or, chef des hérauts du duc, comme nous Yavons dit ailleurs, et roi dar- nes dans ses domaines, s’avança de l'air d’ün homme qui savait ce qui était à sa place, et demanda à son frère supposé dans quel collége:il avait étudié la science qu’ikprofessait.

1 Vêtement qui a quelque ressemblance avec la dalmatique que les diacres et les sous-diacres portent pendant la messe, lorsqu'ils assistent lofficiant à Pautel. 1. x.

CHAPITRE XKXIN. . | 4143 - «J'ai étérreçu poursuivant d'armes au. collége héraldique de: Ratiskhwame, répondit Sanglier-Rouge, ot:je dois mon diplôme de maîtrise à cette savante confrérie. Vous ne pouviez 16 receyoi#: -de plus dignes mains,»répondit Tôison-d'Or ons'inchuant plus profondément ensors qu'il ne l'vait fait auperarant: «et si je me permets le conférer avec vous. sur les.mystères de notre noblé .Setoncs, par rsspect: pour les ordres-de mon trés-gracieux maitres co nest pas dans l’ospérance.de vous donner des: leçons, mais Hien d'en reeeroir.— AHons, allons, » dit le duc rec impatience: « trère de cérémonies, et fais dei quelque question qui motte son: savoir à l'épreuve.— Ce serait l’bffenser que demauder à un disciplede l’iltustre collége héraldique de Ratisbonne sil connaît! les termes les plus usités du blason, dit Toison-d'Or ; mais je puis sans l'offénsèr. prier Sanglier Rouge de dire s'il possède lestormes les plus mystérieux dela scionee, par lesquels Les véritabiés iniliés- communiquent d’üre manière emblématique, et pour ainsi dire: parahalique, ce qu'ils transmettent. aux antres.daes le langage ordinaire ; tormes-qui sont la quintescence de la seience héraldi-- que.—Je connais toute. espèce de blason anssi biën l'une que: Yautre,» répondit Sanglier-Rouge avec assurance ; «mais pout-être: los termes -doni nous nous servons'en Allemagne ne sont pas les’ mêmes. que ceux que vous omployez en Flandre. Hélas ! por vez-vous parler ainsi? répliqua Toison-d’Or : notre noble seienee, qui est la vraie‘ banmére de la noblesse et la gloire des preux; apparaît la môme dans :toute la chrétienté; les Sarrazins: et: les. Maures eux-mêmes en ent quelque teinture. Je vous prierai donc de décrire d’après méthode célèsie, c’est-à-dire d’après les: planètes, teHes armoiries qu'il vous platra de choisir.— Décrivez- vous-même votre blason comme il vous plaira, dit Sanglier-Rouge:. je ne m'occuperai pas de telles niaisenes : suis-je donc un singe accoutumé à sauter au commandement ?—Montrez-lui les pre- maières armoiries vénues, et qu’ilies décrive à sa manière: dit le duc; s’il est.pris-en défaut, je lui promets que son dos sera guew- lés, azur et sable. Voici,» dit le héraut bourguignon en tirant de. sa poche un parchemin ; « voiei d’enciennes armotries que de puissants motifs m’ônt porté à décrire d’après mes faibles lumiè- res. Je prie mon confrère, s’il appartient en effet à l’honerable coltége héraldique-de Ratistionne, de le déchiffrer en termes tech niques . Le Glorieux, qui semblait prendre grand plaisir & cette discus—

As . QUENTIN DURNVWARD. sien, s'était. avanné tout près des deux hérants. « Je vais f'akler, mon ami, » dit-il à.Sanglier-Rouge en le-voyant jeter sur le roaleza des yeux se peignait.son anxiété. « Messeigneurs-et maîtres, ceci représente nn chat faisant le'guet.à la fenêtre d'une taiterie. » . Gette saillie provoqua un éclat de rire général, et Sanglier- Rouge y trouva quelque avantage: car Foison-d'Or; indigné de La malicieuse interprétation donnée à son dessin, 's’empressa de dire que ces -armoiries avaient ‘été adoptées par Childebert ; roi: de France, après qu'il-eut fait prisonnier Gondemar, roi de.Bourgé- gne, et qu'elles représentaient une once ou: chat-tigre derrière. une grille, emblème du prince-captif ; il termina on les expliquant en termes techniques qu’il sesait superflu de rapporter ici.

«Par ma marotte! dit le Glorieux, si.le chat représente ta Bourgogne, du moins est-il aujourd'hwi du bon‘oôté dela grille. —Tuas raison, mon ami;» répondit Louis-en riant, tandis que le reste de l'assemblée et Charles lui-même semiblaisht déconcertés par une plaisanterie .si grossière. « Je te dois une pièce d'or pour avoir jeté au milieu d’une scène. qui a commencé d'urr ton fort sérieux et fort triste, une plaisanterie qui, je l’espère, la terminera gaiement.—Silencs, le Glorieux! dit le duc ; et vous, T'oison-d'Or, qui vous-montrez trop savant pour être intelligible, retirez-vous.' Qu'on fasse avancer ee: drôle. Réponds-moi; misérable, » lai cria-t-il du ton le plus acerbe. « connais-tu la différence qui existe entre or et argent, dans la langue du blason? Par pitié, monsei- gneur, ne m’accablez pas. Noble roi Louis, parlez pour moi.— Parle pour toi-même!séeria le duc; ja te le demande, es-tu héraut ou non?— Je ne l’ai jamais été qu’en éette occasion.— De par saint George! » dit le duc en jetant sur Louis un regard de travers, «nous ne connaissons aycun monarque, aucun gentil- homme qui aurait voulu prostituer ainsi. la noble gcience sur laquelle reposent la royauté et la noblesse, si ce n’est ce roi qui envoya à Édouard d'Angleterre un valet déguisé en‘héraut:— Un: tel stratagème, dit Louis, pouvait se justifier dans une cour il ne se trouvdit point de héraut pour le moment, et par l'urgence des circonstances. Mais quoiqu'il ait pu réussir auprès de gros- siers et ignorants insulaires, il fallait ne pas avoir plus de jugement qa’un Sanglier, pour espérer qu'une supércherie semblable pûé passer à la cour si éclairée du duc de Bourgogne.— N'importe qui l'ait envoyé,» dit le duc avec colère; « il ne retournera vers son maitre que dans un fâcheux état. Gardes, qu'on le conduise jus-

- CRLAPEFRE :XAXHE AA qu'à la plaes du marché, et là, qu'on le:déclire avec des fouets.et. des lanières jusqu’à ce que. son tahard tombe.en lambeaux !. - Sas au Sanglier-Rouge ! çà, çà! tayaut ! tayaut |

: Quatre au cinq ‘Chiens. de jremièse taille, semblables: à ceux qu'en: voit dansies parties de chasse peintes parRubens et Schnei- ders, entendirent les derniers mots prononcés par le-duc, et, à ces

mots bien-connus d’eux, ils se mirent à aboyer et à hurler coms

si un sanglier venait. de s’élancer de sa bauge.

: « Par la croix de Notre Seigneur! » dit'le roi Louis cherchant: à entrer dans la disposition d’esprit de sqn dangereux. cousin, « puisque l’âno s’est affublé de la peau du sanglier, je lancerais les chiens sur lui pour qu'ils la lui arrachent !-— C'est çela 1 c’est eela!».

s'écria le duc Charles, avee l'humeur duquel cette idée se trouvait en parfaite harmonie: «cela va être-fait! Qu'on déoouple, les chiens ! Sus! sus ! Talbeau! Beoumont ! Nous le eourrons depuis la sortie du .château jusqu’à la porte-de l'est.— J'espère que Votre Grace me traitera en bête de chasse, » dit le malheureux héraut faisant aussi bonne contenance que possible, « et que vous. me permettrez de prendre du champ.— Tu n’es qu'use vermine!, répondit le duë, et, d’après -le code des chasses, tu: n’as droit à: aucune protection ; néanmoins, en faveur de ton igpudence sanë, égale, tu auras environ cent pas d'avance. Allons, Messieurs, allons : voyons un peu ce divertissement. »

. À ces mots, l’assemblée se leva tumultueusement, chacun se montrant très-empressé, rmais personne plus que les deux princes, . de jouir du doux passe-temps dontle roi Luis avait suggéré l’idée.

Le plaisir qu'ils se promettaient fut complet, car Sanglier- Rouge, à qui la terreur donnait des ailes, et qui avait à ses trous- ses, une dizaine de chiens courants excités par Les sons du cor et les cris des piqueurs, courut comme porté par le vent; et s’il n'avait: point été embarrassé par ses vêtements de héraut, le plus mauvais costume possible pour un coureur, il aürait pu échapper à la meute; il la dérouta môme une ou deux fois, avec une adresse. et une légèreté qui lui attirèrent les applaudissements des spec- tateurs. Mais aucun de ceux-ci, pas même le duc Charles, ne. prenait à cette chasse autant de plaisir que le roi Louis, qui, mu par des considérations politiques , tout autant que par le plaisir

4 En termes de fénerie, ce.mot s’applique à toutes Les bêtes qui Be méritent pas d’être chassées selon les nobles règles"de l’art : tels sont les blaireaux , les fouines » etc., ete. .

| QUENTIN DURE que Ini:faisait natareliementépreuver le spoctaols dessouffiances- humaines lorsqalekles sa présentent. seau un aspect burideque, riait jusqu'aux larmes. Daus.les élans de 8a-joie, il saisit le man». tesa d’hermine de Charies yeomme pour 58 souténir., tandis que le duc, non. moins agréablement oecupé, appuyait main. sus Yépanle du:roi, ces deux: princes se témoignent ainsi ue con. fanvo:et uno familisrité réciproques qui faisaient un: parfait con traste avec ce qui vehait de: ‘30: passer entoeux por d'inabamés au

‘Enfin, P'egitités du faux hérgab ne put lé. protéger. plus long temps coutre les déats desennefis acharnés à sa poursuite: Les- obicas l’atteignirent , Je térrassèrent ; et l’aursiont probablement étrangié à l'instant môme, si duc ne sefât écrié: « -Arrêtez los: ehiens! arrêtez les chiens l'urrachez-le àleurs-dents! Il 5'est mon». ési-boù coureur , que ; quoiqu'il nidit pas- fait ‘bonne résistinos: aux-abois ; nous ne voulons pes qu'ils en fassent curée. » :

Quelques venours s’empressèrent done d'écarter dés chiens ob de: les ‘secoupier ; d'autres -poursuivirent :ceux-qu'On: n'avait pa sais, et qui couraient däns las-rues , emportant ent#iomphe les: lambeaux de: drap. peint et les broderies déchirées de la .cotte d'urmes que l’infortuné. héraut avait endossée peur son/malbeur.

. Dans ce.moment, et pendant qué lé. duo était tropoeeupé de ce: qui se passait devant lui pour fäire attention à ce qui se dibait der rière, Olivier:le Dain se glissa près du roi, ot lui dit à l'oreille : « C’est le: Buhémion. Häyraddin Maugrabin.; il ne faudrait pes: qu'il parlätau due.—Qu'il meure!! » répondit Louis du:rsâme tons «-les morts ns parlent plus. ».

Un instant après, Tristan l’Rrmite, qu'Olivier le Dainavait pré-- veau., s’avanga devaat le robet le. dnc., et leur dit avec.la brus- querie qui lui était ordinaire ; « Sauf La permission: de Votre Mar jesté.et de Votre Altesse, ce gibier m’appartient. et je réclame: ilest marqué de mon sceau, une fleur de lis sur l’épaule , comme: chacun peut le voir. C’est un scélérat bien connu ; il a assassiné des.sujets du roi, pillé des églises, violé des vierges, taé des daims dans les. parcs royaux, etc.—C'est assez , c’est assez, dit le duc; itest. avec justice et à plus d’un titre la propriété de mon royal cousim. Qu'en veut faire Votre Majesté ?—S/il ést laissé à ma dis- position, dit le roi, je.me contenterai de lui faire. donner une leçon de blason, science dans laquelle if est si ignorant; on lûi montrera par expérience ce que signifie une croix potencée avec acCompa-

CHAPETRE CNIL. Li gneinent'd'tne benne vorde à l'un des: bres.—-6roic qu'fl'ne per:- thra pas; rmais qui lui servira support Î »repritl6 duc; etik partit d'u éctat de rire à cette 'exosklente saïle ; «-aHlos! qu'il prenne: ses degrés:sous Priséan ; votre compère est'un hakèle profcoseurt en cotté science: »

Le roi: répond si cordialement à co bruyant témoignage ‘de lat gawté de Chavles, que celni-et.ne -put's’enmpéeher-de lui dire en le rogaidnt d'onair presque emical:-« Ah! Louis; Louis, plt'ài Dieu que. vous fussiez price aussi-fidèle quevous 6tès-ut: joyeux'compagnon?! Je‘pense encore bien souvént'aux jours plaisirs que nous avons naguère passés ousemtio. 1} dépend de _vous:de‘les voir: reveñir, répondit Louis, je vous acvordéral les: onddilions les plus avantageuses que: savf mon honneur, et'sans: véus rendre vous-rmême"ls fable la chrétienté ; vous ptiissier 1e démaner (dans la situation je mie-Uouve; ét je férai serment! de les-obsérter, sur în sainte rofique que j'ai le-botvseur de porter sur:moi , el qui-est un morceau de la vraie ervix. »:°-

En parismt atusi, itfit voir ua pétit reliquaire d'or qui était sues- pendu àson:oou par umérchelus de’ isêtne métal , et'qu'il portal | par-dessus sx,chemise ; puis #joutà” après l'avoir baisée dérote ment: Jamais faux serment n'a: été fuit ser cotté retique saoréë qu'it n’ditété puni dans l’annés.—Cependint, dit le duc ; c'est la: mérmoser laquelte vous n'avez jaré arsitié en qüittantia Bourgos gnes-et bientôtaprès, vous ‘envoyêtes lo bêtand de Rirderapré por: m'asssésiner s'emparer de'rna -personne.—Ah, beau cousin! vous révoillez d'anciens griefs; mais vous âssare qué vous êtes däns l'erreur à ce sujet. D'ailleurs, ce n’est-pas sur cette re: lique-que j'ai: fait le serment dont il's'aght; c'était sur un autre morceau de la vraie croix, présent que na fait le grand-soigneur, mais 8a vertu s'était sans doute affaiblie pendant son séjour chez les”midèles. Eh bien ! la guerre du bien: public. n’éclata-t-eMe pas dans l’année ? une armée bourguignonne ne campa-t-elle pas: à Saint-Denis, soutenue partous les grands feudätaires de France? et ne fus-je pas obligé de céder la Normandie à-:mon frère? O mo Dieu, préservez-moi de me parjurer sur une si sainte relique !— Eh bien, cousin, je crois que vous avez reçu une leçon suflisante pour garder votre foi à l’avenir ; et aujourd’hui , par exemple, ré- pondez avec franchise et sans détour : êtes-vous disposé à tenir votre promesse , et à marcher avec moi contre le meurtrier de la

Marck et ses dignes ailiés les Liégeois, pour en tirer une ven-

en QUENTIN DURWARD.

geance éclatante.-— Je.marclierai contre eux avec le ban et Far- rière-ban de France, l’oriflamme déployée. Non, non, c’est plus qu'il ne faut , plus:qu'ilne convient. La présence de votre. garde écossaise: et de deux ou trois cents lances d'élite suflira- pour montrer que vous agissez librement. Une armée considéra-. ble pourrait. Me rendre libre en réalité, voulez-vous dire,

beau cousin ? Eh‘bien , vous fixerez vous-même le nombre des troupes qui devront me suivre. Et, pour prévenir désormais tout mntif de discorde , vous.consentirez au maniage:de. la.com- tegse Isabelle de Croye avec.le due d'Oriéans ?— Beau ceusin , vous abusez de ma courtoisie. Le duc.est fiancé à a fille Jeanne.

Sayez généreux : cédez sur-ce point , et parlons plutôt des villes. fortes sur la Semme.-—Mon conseil régiera .ce-point-avec Votre Majesté ; quant à moi, j'ai moins à cœur .ude augmentation. de territoire, que la réparation des injures que’ j'ai reçues. ‘Vous veus êtes immiscé-dans-les affaires de-mesvassaux , et vous avez: voulu disposer. de la main d'une pupille:du duché de Bourgogne: selon. votre royale volonté ; eh bien ! puisque Votre Majesté s'est chargée de ce soin, qu’elle marie la comtesse Isabelle à un-mbm- bre de se propre. faille ; antremient ; natre conférence est rom- pue, Persapne,ne me croirait , si je disais que j’y-consens:vo- lentiers ; jugez donc. beau cousin, de moù extrôme- désir de vous obliger, quand je vous promets, bien malgré moi, que si les parties y conseutent et obtiennent.ure dispense .du pape , je na m'opposerai pas-au mariage que vous proposez.—TFout cela peut être facilement arrangé. par nos ministres, et nous voilà redeve- aus cousins. et.amis.—Dieu en soit toué! répondit Louis ; il tient dans sés.maiss le cœur des princes , et, dans sa miséricorde,

les inclinant .vers la clémence et la paix, il sait prévenir l’effu- sion du'san humain... Olivier , » ajouta-t-il à demi-voix en s'a- dressant à ce favori qui rôdait sans cesse autour de lui comme le démon familier qui ne quitte. pas -les côtés d'un. magicien , « écoute : dis à Tristan d “expédier en toute diligence ce 2 vagabond

dBohérion. n

ss +

.CHAPTINE XXXIV. Me

- CHAPITRE XXXIV. - . L "EXÉCUTION. | . de te. conduirei dans l’benrouse et vérte forêt ; ta . main elle-même choisira l’arbre du rendez-vous. | Vieille Ballade.

. fo, « . . ? : } « Dieu soit béni, qui nous a donné le pouvoir de rire et de faire rire les autres, et peste soit du triste animal qui mépriserait tes fonctions de fou ! Voilà une-plaisanterie , et non des-meilleures (bien qu’elle soit passable, puisqu'elle a eu l'avantage d'amuser deux princes), qui a mieux valu-que milk raisons d’État pour pré- vénir une guerre entre la France et la Bourgogne. » : :- :

Telle fut la réflexion que fit le Glorieux , lorsque , par suite de la récanciliation dont nous avorÿs donné les détails dans Le chapitre précédent , les Noïrs Wallons du duc Charles quittérent le poste qu’ils occupaient dans le château de Péronne, que le roi cessa d’habiter la sombre et sinistre tour d’Hérbert, et qu’à satisfac- tion des Franeais et des Bourguignons, tous les signes extérieurs de la confiance et l'amitié reparurent entre leur maître.et s6n.

.seigneur suzerain. Cependant, quoique traité avec tous les égards- dus à sen rang, Louis ne se dissimulait pas qu’il continuait à être observé avec défiance, mais il afféetait prudemment defne pas s'en apercevoir, et de se regarder comme entièrement libre.

Toutefois, comme il arrive souvent en pareil cas, tandis que kes principales parties intéressées avaient terminé leurs différends, -urr des agents subalternes, mêlé à leurs intrigues , fit uné expé- rience bien amère de la vérité de cette maxime politique, que si les grands ont souvent recours à de vils instruments , ils font ré- paration à La société en les abandonnant à leur mauvais sort auséi- tôt qu’ils n’ont plus besoin de leurs services.

Ce malheureux était Hayraddin Maugrabin, qui, livré par les officiers du duc au grand prévôt du roi, fut remis par lui entre les mains de ses deux fidèles aides de camp, Trois-Échelles et Petit- André, pour qu’ils l’expédiassent sans perte de temps. Placé entre ces deux personnages, l’un jouant l’4/legro, l’autre le Penseroso, et suivi de quelques gardes et d’une foule de peuple, ä s'avançait (pour nous servir d’une comparaison moderne) , comme Garik entre la Tragédie et la Comédie, vers la forêt voisine , où, pour

U i QUENTIN :DURNNERD. abréger la cérémonie et s’épargner la peine d'élever une potence ses exécuteurs résolurent de l'accrocher au premier arbre qui leur paraitrait convenable. : es

‘Ils ne furent pas long-temps sans trouver un chêne qui, suivant l'expression facétieuse de Petit-André, était propre à porter un Lel-gland ; et, laissent: lo malheureux condamné sur un montieule avec une bonñe escorte, ils commencèrent à improviser leurs pré- paratifs pour la Catastrophe finale. En ce moment Hayraddin, pro- menant 565 regards sur la foule, rencontra les yeux de Quentin Durwerd, qui, croyant avoir reegnnu dans: les traës. de Fimpos- teur démasqué ceux.de son guide perfde, avait suivi la foule pour être témoin de sen exésution et s'assurer de son identité...

Quand les exéeuteürs l’informèrent que tout était prêt, Hay- raddin , avec beaueoup.de calme, leur dit vaut réclamait d'eux

upesaule.grÂce. :

« Dernandez-nous, men fils, tout ce qui:peurva s'aëcorder avec notre ministère, lui répondit Trois-Échelles.—C'est-à-dire, répondit Hayraddin, fout, exoepté la vie. Gui, reprit Trois- Échelles; sar, comme vous paraissez résolu à: faire hopneur à æetre profession, et à mourir en homme ,:sans faire de grimaces, de n'hésite pas à vous accorder déx minutes:dé répit, quoique nous ayons ordre.d’ôtre expéditifs. —-Vous êtes trop généreux, répon- dit Hayraddin.-—Nous en serons peut-être bMmés, objoeka Petit- hadré ; mais qu'importe ? Je eonsentrais presque à donner ma vie pour ua luron tel qe toi, pour ur garçon résolu autant que Saillerd Qui est disposé à faire le saut'avec grâce ; comme it Con- Mint à un honnête homme. Ainsi done, reprit Frois-Échelles,

_- #i.vous désirez un confésseur. ;. Qu an pet vin... interrom- pit son fecétieux compagnon. Ou un psêuine, continc de tra- _ Sédie.—Ou une chanson, riposta la comédie.—Rien de tout cel, mes bons, eimables et très-expéditifs änmis, répondit le:Bohe- mien... Je vous prie seulement'de me laisser causer pendant Quelques minutes avec cet archer de la gande écossaise.»

Les exécuteurs hésitèrent un moment ; mais'Trsis-Éechelles se souvenant que, d’après diverses circonstances, Quentin Durward passait pour être très-haut placé dans la faveur du rei leur maître, is résolurent de permettre l’entrevue.

. Sur leur invitation, Quentin s'approcha donc du patient : mais ilne put s'empêcher de frémir sur le sort qui attendait cet homme, ueique le coquin l’eût bien mérité. Les ambeaux de son :fanx

- . 4 CHAPETRE-XEXIV. | cosbusme. hévaldique , ermmaobés par. la ident des :chiens.vtpar 4 main des bipèdes:-qui l’ausient soustrait à ur furie pour le mener à la potence , lui deniesient tout à:la:fois un: air burlesque et.dé- plorsble. Son visage portait encore ‘quoiques traces du fard dont il l’arait couvert, -et son menton :quetqees restes.de L4 barbe pos-- tiche-à l’aide de lageellail-evait shenyé des: déguiser, tandis que la pâleur de la-mort réganit ser ses joues et surses tèvres. Gopex- dant, aumé d'un cowrage pessif, comme 1x plupært:des gons de:sa oaste son regard'briblant, quoique:égaré et le:suarire contraint de sa bouche ; semblaient défier la.mort.qui l'attendait. Quentin fut ému d'herreur-et de pitié en. approchant de ce-melheareux ; æt ce. dote sentiment se rat 2 sans ‘doute dans sa conténanes , car PefitrAngré hui cria :

- -"Allons, mon jsune archer, up peu moinsde lenteur; comvbte personsage n'a pas le loisir de vous attendre, et vous marchezsar 223. cailloux camme si c'étaient des ‘œufs et que:vous eussiez peur de tes casser. Î1 faut que je lui parle’en particdier, » dit May- . æaddin avec un atcant qui annonçait ie désespoir.-«Cela ne s’4c- corde.guère avec nstre devoir, mon:aimable-Saute-l'Échèle , lui répondit Petit-André ; nous.vous.connaissons de vieille date, vous êtes une angulle très-prompte à nous. pisser dela main. J’ai lea pieds etes poings liésavec les sangles de vos chevaux, répar- tit le Bobémien ; vous poysrez faire boigne garde autour de moi ; à ane diséanse raisonnable. Cet.archer est serviteur de votre roi ; et si je- vous. denne dix güidiers ‘...— Employés à faire dire des messes, ils peuvent être utiles à:sa pauvre amie, dit Trois-Échel- des.—. Employés en vin et en eau«desvie , ils pourrént faire da hion à mon pauvre corps, répondit Pelit-André. Ainsi donc, mon- tre-nous tes florins, mon:petit danseur de corde. Dommie lear cunée_à ees.chiens, » dit Hayraddin à Durward , « tu y gagneres quelque chose : on'ne na pas laissé Une obole quand on m'aar- rôté. » .

‘Quentin pa ya: aux exécoteurs ta s0hme conpeuté, et en hom- mes de parole, ils se retirèrent.hors de la portée de la voix, ayant soin toutefois de suivre d’un œil attentif toes les mouvements leur proie. Quentin attendit en instant que le malheureux lui adressêt la parole : mais voyant qu'il gardait le silence, it Hai dif : -«Voïlà done tu en es enfin arrivé. Oui, répondit Hayraddin, et il.n'était besoin: ni d’astrotogues , ni de physionomistes , ni de

+-Monnaie hollandaise connue plus généralement sous le môm de fforin. À. M.

au . QUENTUN PURWARD. chiromaneiens, pour prédire qué j'anraiste mms suft qué le reste de ma famille. Et tu arrives à cette mort prématurée par nne Tongue suite de crimes et de perfidies ! —— Non, Ge par le brillant Aldébaran ét tous ses radieux confrères ! j’y suis arrivé par ma propre folie, qui m'a fait croire’que la soif sanpuinaire d'un Frane pourrait être réprimé6 par çe qu’il regarde luÿmême comme ce qu'il y a de plus sacré. L’habit d’uu prêtre n'aurait pas été pour moi un manteau plus sûr que la cotte d'armes d’un hérant, tant il y a de vérité dans vos protestations de dévotion et de chevalerie! Un impoéteur démasqué-n'a pes le droit de réclamer les pri- viléges du costume qu’il a usuyrpé. Démasqué ! Mon jargon va- lait bien; celui de cet autre vieux fou de héraut. Mais n’en parlons plus. Aujourd’hui ou demain , qu'importe? :— Vous’oubliez que le temps s'écoule. Si vous avez, quelque chose à me dire , hâtez- vous, et puis songez pendant quelques minutes au salut de votre ame. De mon ame! » répondit le Bohémien avee un hideux sourire. « Pensez-vous qu’une Kpre de vingt äns puisse se gué- rir en un moment ? Si j'ai une ame, elle a si bien travaillé de- puis J'âge de dix ans ; et même avant cet âge, -qu'il me faudrait un mois entier pour me. rappeler tous mes crimes ; et un autre mois pour les raconter à un prêtre. Mais uartel répit me fût-il ac- cordé, il y a cinq contre un à-parier que je l'emploierais tout au- trement. -Pécheur endurci, ne blasphème pas! » s'écria Dur- ward avec un mélange d’horretir et de pitié ; « dis-moi ce que tu as à me révéler, après quoi je t'abandonne à ta destinée. J'ai une grâce à vous demander : mais d’abord il faut que je l’achète, car, avec toutes les bellés maximes de charité, ceux de votre socta ne dopnenf rien pour rien. Je pourrais te répondre, périssent tes dons avec toi! mais.tu es sous la menace de l'éternité. Quelle faveur veux-tu me demander? parle, et garde tes présents, ils ne peuvent m'être d'aucune utilité ! je n’ai pas oublié les services que tu as voulu me rendre. Je vous aimais depuis l'aventure des bords du. Cher, ef je désirais vous servir auprès d’une grande dame. Vous portiez une écharpe.dont elle vous avait fait don, et c'est ce qui ocçasiona ma méprise ; d’ailleurs je pensais qu’Hs- meline, dont les richesses pouvaient être facilement transportées, était mieux votre fait que cette jeune poulette avec son vieux pou- laillier de Bracquemont , sur lequel Chaïles a mi la griffe et que sans doute il ne lâchera pas. —- Tu sacrifies en paroles inutiles le peu d’instants quite restent à vivre; je vois que ces gens-là com-

CHAPITRE XXXIV. ‘88 meogecent à perdre patience. -— Donne-leur dix guïlders pour dix minutes de plus , » dit le-patient, qui, comme cela est:arrivé à beaucoup d’autres en pareille circonstance, éprouvait, malgré sa férmeté affectée, le désir d’éloigner l'instant fatal; «je t’assure que tu n’auras pas mal placé cet argent. Emploie doté bien les ins- tants que je-vais acheter, » répondit Durward, qui n'eut pas de peine à cénciure un nouveau marché avéc les affidés du grand prévôt. -

-_ Cetarrangement terminé, Hayraddin reprit la parole : « Oui, je vous assure que j'avais de bonnes intentions pour vous. C'était Hameline qui vous convenait à tous égards; et il vous eût été fa- eile d’obtenir sa main. Elle s’est arrangée du Sanglier des Arden- nes, quoique de la Marck s’y soit pris d’une manière un peu rude pour lui faire sa cour ; et elle règne dans sa bauge, comme si, de toute.sa vie, elle eût été habituée-à n’avoir d’autre nourriture que des faînes et des glands. Fais trôve à ces plaisanteries aussi grossières quedéplacées, ou, je’ te le répète, je t’abandonne à ta destinée. Vous avez raison, » répondit Hayraddin après un mo- ment de silence ; « Il faut savoir se résigner avec courage sort que l’on ne peut éviter! bien, sachez donc que je suis venu ici, sous ce dégaisement, dans l'espoir de recevoir une grande ré- compense de dela Marck, et une plus grande eneore du roi Louis, non-seulement pour porter à Charles le défi dont vous pouvez avoir entendu parler, mais pour révéler au roi un secrét impor- tant: C'était s’exposer à un grand risque. L'événement l’æ prouvé; mais j'étais payé en cohséquence. De la Marck avait d’a- bord essayé de communiquer avec Louis par l’entremise de Marton ; mais elle ne put, à ce qu’il paraît, parvenir que jusqu’à son ‘astrologue, à qui elle a raconté tous les incidents de notre voyage, ainsi que ce qui s’est passé à:Schonwaldt : c’est un grand hasard si Louïs en entend jamais parler autrement que sous une forme prophétique. Écoutez donc’mon secret, il est beaucoup plus important que tout ce qu'elle a pu dire. Guillaume de la Marck rassemble dans la ville de Liège dés forces nombreuses, qu’il augmente chaue jour, grace aux trésors du vieux prêtre. Mais il n’est pas dans l'intention de hasardér une bataille contre la chevalerie de Bourgogne, et moins encore soutenir un siége dans une place démantelée. Voici ce qu’il veut faire. Il laissera cet écervelé de Charles camper sans opposition autour de la ville,

et la nuit suivante ül fera une sortie à la tête de toutes ses forces. QUENTIN DURWARD. 29

aa QUENTIN DURWARD.

Ua certain nombre de ses gens Seront armés à la française, ei grierent : « Françe ! saint Louis ! Montjoie! Saint-Denis! » comme #il avait avee lui un corps nonibreux de Frapçnis auxiliaires. Gela ne manquerd pas de jeter le désorüre paribi les Boufguignons, et ai Le roi Louis, aidé du ses gardes, des gens de se suite et des soldats qu'il pourra avoir autour de sa persdnne, veut seconder ses efforts, le Sanglier des Ardennes ne doute pasdela déconflire

‘totale de l’armée bourguignonne. Voilà mon secret, et je vuus le

donme: Favorisoz.ou empêchez l'entreprise; vendez oet avis au roi Louis eu eu due Gherles, cela in’eët indifférent ; sauvez on perdex qui bon vous semblera; cela ne. m'importe guèré. Mon seul regret, e’est de ne pas pouvoir le faire éclater, bomtes une mipe, pour la destruction de tous. C’est en effet un sbcret im portant, » dit Quentin, qui comprit aussi&ôt consbien. ik était facile d'éveiller le ressentiment national dexs un Ltamp composé en partie Français et en pertie de Bourguighons. —— Oui impor- tant, répondit Hayraddu ; et maintenant que vuus le posséde, vous. vowiriez être déjé hion loin, et me quitter snïis m'acvordet le service pour lequel je voté ai payé d'avarite ?-- Dis-moi quel service tu attends de mei : je tele rendral si dela es$ en mor pour voir. Gertes, il n’est. p4s du: defus de votre pouvoir : à s'agit du pauvre Klepper, de rôn cheval; le seul être xivabt à qui mort puisse laisser quelques regtots. À un mille d’ini, vers le sud, vous lg thouveres paissant près de la hutte déserte d’an charbon- nier: Siflez ebtme ceci (et en même temps à siffle sur un tou partivuker); appelesele par son nom de Kliepper 6t ik viebdra à vous Voiei sa bride que j'avais mise sous mon mante#u, et ik est boureux que les chiens qui m’üht arrêté ne mel'aieht pas prise; caf M n'en sautait porter d'autre. Prenezle, et'ayoï-en biefr soin, je

_#e-dis pas pour l’aincur de mn maître, rhsis parce que j'ai mis à

votre disposition l'érénenient d’un gtandeombat. ] nd vous menquerd jamais au besoin; ta miit et lo jour, la teinpête eb le dl, La pluie èt le beau temyié, une écurie chaude eù-lx rigueur de Fhivér, tout cela est égal Bar Klepper. St j'évais pur ghgnéf la porte de Péronne, et arriver à l'endroit je lai laissé; j'aurais échappé 4 La micrt qui im’atténd.… Sèroz-vÜus un bon mâître pouf ÉBispper ? «— Je ls: jûre, » répondit Quentin, affieté par ce tra dattachélnent qui l'élonna bemicôup ans un earaütère si en- dutti.+- Ædisu, donc ! dit Hayraddin ; nrais hou, eskote ut ius- tant... je ne veux pas être hssz discourtuik pour œxiblidr, à més

CHAPITRE XXXIV. 455 derniers iastants, la commission dont j'ai été chargé par une da- me... Voici'un billet de la très gracieuse et très sotte épouse du Sanglier des Ardennes à sa nièce aux yeux üoirs. Je vois dans vos regards que j'ai bien choisi le meseager.-Encore un mot; j’a- vais oublié de vous dire qu’au milieu de la bourre de ina selle vous trouverez une bourse bien remplie de pièces d’or; c'est prix que j'ai reçu pour exposer ma vie dans .une aventure qui à si mal tourné pour moi : prenez-les, elles vous indemniseront centuple des Guilders que vous avez donnés à ces coquins tou- jours altérés de sang. Je vous fais mon héritier.—Je les emploie- rai en bonnes œuvres, et en messes pour le repos de ton ame.— Ne prononce plus ce mot! » s’écria Hayraddin, tandis que sa phy- sionomie .prenait une expression épouvantable. « Il n’y a pas d'ame; il ne peut y.avoir, il n’y aura jamais rien de semblable : c’est un rêve inventé par les prêtres. Infortuné ! reviens à des idéeÿ plus sages, n’aggrave pas ton malheur ! Laisse-moi faire ve- nir un prêtre; j’obtiendrai de ces gens qu’ils différent encore un peu; j’achèterai d’eux un nouveau -délai. Que peux-tu espérer, si tu emportes dans la tonibe de tefles opinions, si tu meurs dans limpénitence? D'être rondu aux éléments dont mon corps est composé, » répondit l’athée enduréi, en pressant contre sa poi- trine ses bras chargés de liens. « Mon espoir, ma eroyance, mon désir, c’est que composé rnystérieuxt 5e fondra dans fa rasse générale d’où la nature tire chaque jotr, pouf Îes reproduire sous d’autres formes, les substances que chaque jour voit disparaître : les parties aâqueuses s’uñiront aux rivières, ou bien, s’élevanf dans la région des nuages, retornberorit aveé lés pluies ; les parties terrestres enrichiront la terre, nôtre mère commune; les particu: les aériennes voltigeront au gré des vents, et les particules igñées iront entretenir les flammes d’Aldebatan et de ses frères. l'elle’est la croyance dans laquellé j’ai vécu, dans laquelle je veux mourit! Laissez-moi, partez; ne me troublez pas davantage : j’ai prononcé la dernière parole que l'oreille d’un mortel éfitendra jamais sortit de ma bouche. »

Saisi d'horreur à la vue d’un tel endurcissément. Durvvard vit bien qu'il n’y avait aucun espoir de faire Comprendre à ce mal heureux l’affreux avenir qui le menaçait. 11 lui fit donc ses adiéuk, mais Hayraddin n’y répondit que par ‘ün léger signié de tête, tel qu’un homme qui, absorbé dans une profonde rêverie, supporte avec impatience que l'on en intérrompe le cours. Quentin erttra

456 QUENTIN DURWARD.

dans la forêt, et trouva aisément la hutte aux environs de laquelle Kleppler errait en paissant; il siffla, et, à ce signal; l’animal ac- courut à lui. Cependant il fut quelque temps sans vouloir .se laisser prendre, ouvrant les naseaux et lançant des ruades dès que l'étranger s'approchait. Enfin, la-connaissance générale que Quentin avait des habitudes du cheval, jointe aussi peut-être à quelques remarques sur le caractère particulier de Klepper, ayant souvent admiré cet animal pendant le voyage qu'il avait fait avec Hayraddin, k mirent en état de prendre possession du legs que lui avait fait le Bohémien à ses derniers moments. Long-temps avant que Durward fût rentré à Péronne, Hayrad- din était allé la vanité de son affreuse croyance devait être mise à une épreuve décisive; épreuve terrible pour celui qui n’a- Yait témoigné ni remords pour le passé, ni crainte pour l’avenir!

| "7 - CHAPITRE XXXV. | LE PRIX DE LA VALEUR.

La beauté doit être fière de se voir conquise par la meilleure lance. Le comte Palatin.

Lorsque Quentin Durward arriva à Péronne, le conseil du due de Bourgogne était assemblé, et le résultat de cette séance devait être beaucoup plus intéressant pour lui qu’il n’aurait pu le suppo- ser : en effet, quoique composée de personnages dont le rang ne lui permettait guère d’imaginer qu’il pût jamais avoir avec eux la moindre communauté d'intérêts, cette réunion eut l’influence la plus extraordinaire sur sa destinée.

. Le roi Louis, qui, après avoir pris grand plaisir à l’intermède de l'envoyé de Guillaume de la Marck, n'avait laissé échapper aucune occasion de cultiver le retour'de confiance et d'amitié que cette circonstance lui avait valu dans l'esprit du duc, s’était oc- cupé du soin de le consulter, ou, ‘plus exactement peut-être, de recevoir son opinion sur le nombre et la qualité des troupes dont, comme auxiliaire du duc de‘Bourgogne, il devait se faire accompagner dans l'expédition faite en commun contre Liége. Il vit clairement que Charles, en n’admettant au milieu de ses trou- pes qu’un petit nombre de Français d’un rang distingué, avait l'intention de s’en faire des otages plutôt que des auxiliaires. Ce- pendant, fidèle aux instructions que lui avait données Comines,

CHAPITRE-XXXV., A7

il consentit à toutes les demandes du due, aussi facilement et avec

un air aussi empressé que s’il n’eût suivi d'autre impulsion que sa volonté particulière.

Il ne manqua pas, cependant, de s 'indemniser de cette eom- plaisance en selivrant à son humeur vindieative, et il en fit sen- tir les effets au cardinal de la Balue, dont les conseils l’ayaient déterminé à accorder une confiance si excessive à son puissant riyal. Tristan reçut la double mission de porter aux forces auxi- liaires qui devaient marcher sur Liége l'ordre de se mettre eu mouvement, puis de conduire le catdisal au château de Loches et de l’enfermer dans une de ces cages de fer dont on assurA qh il était lui-même l'inventeur. 4,

«Il est juste quäl fasse l'épreuve de ses propres.inventions dit le roi; il appartient à la sainte Église, ef il ne nous est pas permis de répandre son sang. Mais, Pâques-Dieu, si son évêché, pendant un laps d'années, est resserré dans d’étroîtes limites, il en sera dédommagé par des remparts inexpugnables… Prends soin que les troupes se mettent en marche sur-le-Champ.» : ,.

Peut-être Louis ‘espérait-il, par ce prompt acquiesçement aux

demandes du duc, éluder la condition la plus désagréable que ce prince avait attachée à leur réconciliation. Mais s’il conçut un tel espoir, il connaissait encore bien peu le caractère de son cousin, car jamais homme ne se montra plus opiniâtre dans ses résolutions que Charles de Bourgogne .. et ne fut moins disposé à se relâcher de ce quelle ressentiment d’une injure qu'il croyait avoir reçue, ou l'esprit de vengeance lui donnait le droit d'exiger.

. Louë n'eut pas plus tôt expédié les messages nécessaires pour meitre en marche les troupes qui devaient agir comme auxiliai- res de, la Bourgogne, que son hôte le requit de donner publique- ment, son consentement au mariage du duc d'Orléans avec Isa- belle de Croye. Le roi l’accorda en poussant un profond soupir ; mais, bientôt après, il représenta avec douceur qu'i il était conve- pable de consulter préalablement l'intention du prince.

«C’est un point qui n’a pas été négligé, répondit le duc de

de, Bourgogne. Crèvecœur a eu une entrevue à ce sujet avec

monseigneur d'Orléans, et, chose étrange! il l’a trouvé tellement

insensible à l'honneur d'épouser une princesse du sang royal, qu'il a regardé la proposition-de recevoir la main de la comtesse de Groye. comme l'offre la plus agréable. ‘qu'un pére eût pu lui faire, IL n'en es que plus ingrat el-plus coupable, dit Louis;

v

e

Avé . QUENTIN DURWARD.

mais, beau cousin, cette affaire ira suivant Yotre votollé si vous réussissez à obtenir le consentement des deux parties intéressées. Soyez sans inquiétude à cet égard, » répondit le duc; et, en conséquence, quelques minutes après cet entretien , le due d’Or- léans et la comtesse de Croye.reçurent l'ordre de rparatifé devant les deux princes : Isabelle se présenta, coinine première fois, aécompagnée de la comtesse de Crévecœur et de l’abliesse des Ursulines. Le duc Bourgogne déclara ( que la sagesse réunie de leurs souverains réspectifs avait décidé leur ution pour cimenter l'alliance perpétuelle qui existerait-désormals entre la Ffince et da Boargogne. Pendant ce discours, auquel fl ne fit aueune objec- tion, Louis garda un sombre silence ; car une telle atteinte portée à son autorité lui faisait éprouver un profond chagrin.

Le duc d'Orléans eut beaucoup de peine à réprimer Ta'joie que lui causait une telle proposition, mais la délicatesse ne Iüi per- mettait pas de se livrer à ses transports'en présence” du roi;fl fallut aussi tout le respect, toute la craînte mémé que Iui inspi- rait habituellement ce monarque, pour que, dissimulant ses dé- sirs, il se bornât à répondre que « son devoir lüi préserivait de

‘Jaisser son choix à la disposition de son souÿerain.— Beau cousin

d'Orléans , » dit Louis avec un ton de gravité: qui décelait son mécontentement, « puisqu'il faut que je parle dans une occasion si peu agréable, je n'ai pas besoin de vous rappeler que, cOn-

naissant votre mérite, j'avais formé le projet de vous choisir une

épouse dans ma propre famille ; mais, puisque mon cousin de Bourgogne pense qu'en disposant ainsi de votre main, ilobtlent le gage le plus assuré de l’union qui, doit régner désormäïé entre ses États et les miens, j'ai trop à cœur le bonheur des deux pays pour hésiter à faire lesacrifice de mes désirs ef de mes espérances.» Le'duc d'Orléans tomba aux genoux du foi et baisä, cette fois du moins ayec un attachement sincère, la main que Léuis lui présentait en détournant la tête. Dans le fait, il reconinut aisé- ment, aussi bien qué la plupart de ceux qui assistaient à cette scène , que ce consentement n’était donné qu’à règret ; car, en homme qui possédait à ün rare dégré le grand art'de la‘ dissimu- lation. , Louis laissait à dessein paraitre sa répüghance ; afin qu'on retonnût en sa pérsonne un roi qui renonçait à sôn projét favôrt , et qui sacriflait sès sentiments patèrnels au bien de sés États et à l'intérêt de son pays. Le ‘duc de Bourgogne lüi-nème se sentit ému ,'et le cœur du duc d'Orléans palpita d’une joie involäntaire

CHAPITRE XXXV. An9

en se voyant affranchli ainsi de ses engagements. S'A eût su com- bien le roi le maudissait intérieurement, et quelle vengeance il se prometlait de tirer un jour de son manque de foi, il est prôba- ble que sa délicatesse lui aurait paru moiris compromise qu'il ne se lereprochait.

Charles, se tournant ensuite vers la jeyne comtesse, lui an- nonça d’un ton brusque que l'alliance projetée était une affaire qui n’admettait ni délai ni hésitation, ajoutant que c'était une suite beaucoup trop heureuse de l'opiniâtreté qu’elle avait mon- irée dans une occasion récente encore.

« Monseigneur, » répondit Isabelle, appelant tout son courage & son aide , « je reconnais l'autorité suzeraine de Votre Aitesse, et je m’y soumets. C'est assez, c’est assez ! » répondit le duc en l’interrompant ; « nous vous dispensons d’un nouveau serment d’allégeance.. Votre Majesté, » continua-t-il en s'adressant au roi, «Votre Majesté a eu ce matin le divertissement d’une chasse au sanglier; voudrait-elle prendre cette après-midi celul de la chasse au toup ? »

La jeune comtesse vit la nécessit4 de prendre un parti décisif. « Votre Altesse n’a pas compris mon intention , » dit-elle aveo timidité, mais assez haut et d'une voix assez ferme pour forcer Je duc'à lui accorder une attention qu’un pressentiment secret l'aurait volontiers porté à lui refuser. « La soumission dont je parle n’a rapport qu’aux terres et aux domaines que vos ancêtres ont éctroyés aux miens, el que je remets à la maison de Bourgo- gne ,si mon souverain pense que désobéissance sur ce seul point me rende indigne deles conserver. Ah ! par saint Gcor- ges ! » dit le duc en frappant violemment du pied contre terre, « cette sotte sait-elle en préseñce de qui elle est, et à qui ellé parle. Monseigneur, » répondit-elle sans se déconcerter, » je suis devant mon suzerain , et j'espère que je puis compter sur SR justice. Si vous me privez de mes biens, vous m'enlevez fout ce que la générosité de vos ancêtres a donné à ma maison , et vous rompez les liens qui nous attachaient à la vôtre. Ce n’est pas de vous que je tiens ni ce corps pauvre et persécuté, ni l’esprif. qui l'anime : j'ai dessein de consacrer au ciel lun et l’autre dans le couvent des Ursulines, et d'y finir mes jours sous la direction de cette sainte mère abbesse, » |

La râge et l’étonnement du duc peuvent difficilement se con- cevoir, à moins que l’on ne se représente la sutprise d’un faucon

AGQ QUENTIN DURWARD.

qui verrait une colombe hérisser ses plumes comme pour Le dé- fier. « La sainte mère abbesse vous recevra-t-elle sans dot? » ré- pondit-il d’un air de dédain.

. « Si, en me recevant sans dot, elle fait d'abord quelque tort à son couvent, je me flatte qu’il se trouve assez de charité chez les vobles amis de ma maison pour qu’ils ne laissent pas sans secours une orpheline, la fille des seigneurs de Croye, qui veut s’ensevelir dans un couvent. Cela est faux ! s’écria le duc; c’est un faux prétexte. pour couvrir quelque secrète et indigne passion. Mon- seigneur d'Orléans, elle sera à vous, dussé-je la traîner : à l’autel de mes propres mains ! » .

La comtesse de Crèvecœur, femme d’un grand caractère, ef qui. comptait sur le mérite de son mari ainsi que sur la faveur dont il jouissait, ne-put garder plus long-temps le silence. «Mon- seigneur, dit-elle , vous vous laissez emporter par la colère, et ce langage est indigne de vaus... On ne. peut disposer par force de la main d’une femme de naissance noble. Et c’est .oublier les devoirs d’un prince chrétien , ajouta l’abbesse, que. de s’opposer aux désirs d’une ame piéuse, qui, brisée par les squeis et les persécutions du monde, veut devenir l'épouse du roi du ciel. D'ailleurs, dit Dunais, mon cousin d'Orléans pe saurait accepter honorablement une proposition de mariage contre laquelle cette dame fait des objections si publiquement. S'il m'était accordé quelque temps,» dif le duc d'Orléans sur le. cœur duquel la beauté d’Isabelle avait fait une profonde impression, «pour tâcher de faire voir mes prétentions à la comtesse sous un jour plus fa- vorable...— Monseigneur, » Jui répondit Isabelle, dont la fermeté avait acquis le plus haut degré d'énergie par l’encouragement que lui donnaient les paroles des personnages dont elle était en- tourée, « ce délai serait tout. à fait inutile... ma résolution est prise de refuser cette alliance , quoiqu'’elle soit bien au-dessus de ce que je mérite. Et moi, dit Charles, je n’ai pas le loïsir d’at- tendre que tous ces caprices tournent avec le plus prochain chan- gement de lune... Monseigneur d'Orléans, elle apprendra, avant une heure d'ici, que l’obéissance est pour elle une affaire de né- cessité. Non pas en ma faveur, » répondit le prince, qui,sentit qu il ne pouvait, sans manqüer à l’honneur, se prévaloir de l'opi- niâtreté du duc. « Avoir essuyé une fois un refus.si public et si positif, c’en est assez pour un fils de France; il ne lui est plus permis d'élever aucune prétention. »

CHAPITRE XXXV. . 461

Le duc lança un regard furieux, d'abord sur d'Orléans, puis sur Louis; et. Lisant sur la figure de ce dernier, malgré tous les efforts qu'il faisait pour réprimer sès sentiments, le triomphe dont il jouissait sn secret, sa fureur ne connut plus aucun frein.

« Écrivez, » dit-il au secrétaire du conseil; « écrivez notre sentence de _confiscation et ‘d'emprisonnement contre cette rebelle et insolente vassale. Qu’ on la conduise à Zucht-Haus, à la maison de pénitence, elle aura pour eompagnes celles que leur vie passée a rendues ses rivales en effronterie. »

Un murmure général s’éleya dans l’assemblée. |

«Monseigneur, » dit le comte de Crèvecœur prenant la parole au

nom de tous, « cette affaire mérite de plus mûres réflexions. Nous, vos fidèles vassaux, nous ne pouvons souffrir qu’un tel déshonneur soit imprimé sur la noblesse et la chevalerie de Bour- gogne. Si la comtesse s’est rendue coupable, qu’elle soit punie, mais que soit d’une manière convenable à son rang ainsi qu’au nôtre, puisque nous sommes unis à sa maison par le sang et Les alliances. » _ Leduc garda un mornent le silence, et fixa les yeux sur celui qui osait lui donner un tel conseil, avec l'air d’indécision . d’un taureau qui, forcé | par le pâtre de s’écarter du chemin qu'il veut suivre, délibère en lui-même s’il obéira, s’il fondra sur son conducteur pour le lancer dans les airs.

La prudence l’'emporta pourtant sur la fureur ; Charles vit que le conseil se rangeait uniquement à l'opinion de Crèvecœur ; il craignait que Louis ne fit tourner à son avantage le méconterite- ment. de ses vassaux ; et probablement (Car soh caractère était brusque et violent plutôt que méchant ) il sentit quelque honté de l'arrêt sévère autant qu’irréfléchi qu’il venait, de prononcer.

« Vous avez raison, Crèvecœur, dit-il; j’ai-parlé trop à la hâte : son sort sera décidé d’après les lois de la chevalerie. Sa fuite dans les états de Liége a été le signal du meurtre de l'évêque : celui quitirera de ce forfait la vengeance la plus éclatante, celui qui nous apportera la tête du Sanglier des Ardennes, réclamera de nous, comme récompense , Je don de sa main ; et si cétte-belle comtesse s’y refuse, nous nous réservons le droit d’accorder tous ses domaines au vainquéur, laissant à la genérosité de celui-ci le soin de lui fournir telles sommes d’argent qu’il jugera nécessaires pour qu'elle puisse : se retirer dans un couvent. Monseigneur , dit Isabelle , songez. que je suis Ja fille du comte de Reinold , de

462 QUENTIN DURWARD.

ce vieux, de ce vaillant, de ce fidèle serviteur de votre père. Youdrlez-vous me proposer en prix au soldat qui saura le mieux manier l'épée ? Votre aïeule à été le prix d'un tournoi; on com- battra pour votre main dans une mêlée ÿéritable. Seulement, par respect pour la mémoire du comte de Reinold, l'heureux vainqueur dévra étre un gentilHomme dont la naissance et les armoiries soient sans tache. Du reste, quel qu'il puisse” être, _fût-il même le plus pauvre de tous ceux qui ont jamais fait pas- ser l’ardillon d'une boucle dans l’oreitlette d’un baudrier , il aura le droit de réclamer votre main; j’en jure par saint Georges, par -ma couronne ducale, par l’ordre que je porte! Eh bien! messieurs, » ajouta-t-il en se tournant vers les nobles qui l’entouralient , « {e me flatte que cela est conforme aux lois de la chevalerié. »

Les remontrances d'Isabelle ne purerit se fairé entendrè, au milieu des acclamations excitées par une satisfaction et un assen- timent universels; et par-dessus toutes les autres voix on enlen- dit celle du vieux lord Crawford, qui regrettait que le poids des années l'empéchat de se mettre sur les rangs pour remporter un si beau prix. Le duc fut satisfait de ces marqués “gériérales d’ap- plaudissement ; et sa violence commença à se calmer, comme celle d’un fleuve débordé orsque enfin ses eaux ‘rentrent dans leur lit ordinaire. -

« Et nous, à qui le sort: a déja aëcordé des damies, dit Crève- cœur, faudra-t-il que nous nous bornions Y n'être que simples spectateurs de, cette lutte glôrieuse? Mon honneur serait peu satisfait de ce rôle; car j'ai fait un vœu et je dois l’accomplir aux dépens de cette brute aux défenses aiguës et aux soiés hérissées, aux dépens de ce farouche de la Marck. Eh bien ! Crèvecœur, Jui répondit le due, montre-ton courage, remporte le prix ; ct puisque tu ne peux le garder pouf toi, cède-la à qui tu voudras… au comte Étienne, ton neveu , si bon te semble. —Grand'merci, monseigneur. Je ferai de mon mieux dans la mêlée ; et si je suis assez heureux pour l'emporter sur mes rivaux, Étienne essaiera si son éloquence peut l’emporet sur celle de l’abbesse.—J’espère, dit Dunois, que les chevaliers français ne serônt pas exclus d’un concours qui excite un si vif intéréf ? A'Dieu ne plaise, brave Dunois! repliqua le duc,’ ne fût-ce que pour le plaisir de vous voir acquérir une gloire nouvelle. Je ne m'oppose pas à ce que la comtesse épouse un Français. ‘Cependant, ajouta-t-il, j'y mets pour condition expresse que comte de Croÿe deviendra vassal

CHAPITRE XXXV. iei du duc de Bourgogne.—C'est assez, s s'écria Dunois ; Ja barre d'’il- légitimité de mes armoiries ne sera jamais surmontée de la cou- ronne de comte de Croÿe. Je veux vivre el mourir Français. Mais, si je renonce aux domaines , je n'en frapperai pas moins vigou- reusement pour la dame. »

Balafré n'osx élever la voix dâns cette auguste assemblée mais ji! marmota entre ses dents :

« Maintenent, Saunders Souplesaw 1, il ne s’agit plus de belles paroles. Tu as toujours dit que la fortune de notre maison serait le résultat d'un mariage ; jamais tu netrauveras une occasion plus favorable de tenir ta promesse. Personne ne pense à moi, dit le Glorieux ; cependant je-suis sûr de remporter le ptix:, en dépit de vous tous.—Tu as raison, mon sage ami , lui répondit Louis; quand il s’agit d'une femme, le plus grand fou” ‘est toujours plus favorisé. » : *

Tandis que les princes et lés nobles français et bourguignons, plaisantaient ainsisur le sort d'Isabelle, l’abbesse et la comtesse de Crèvecœur, qui s'étaient retirées avec elle de la chambre du con- seit, faisaient de vairis effurts pour la consoler. La prèmière l'as- surait que la sainte Vierge refuserait sa protection à quiconque oserait concevoir l'idée d'arracher au couvent de Sainte-Ursule une personne qui voulait se consacrer à Dieu; la seconde lui don- nait à voix basse des consolations -plus mondaines, en lui disant qu'aucun chevalier digne de ce hom, après avdir réussi dans l’en- treptise proposée, ne voudrait se prévaloir de l'arrêt'prononcé par le duc pour ebtenir sa rain malgré elle ; ajoutant mêrne awil pourrait arriver que l’heureux vainqueur fût tel qu'il pourrait trouver grace à ses yeux et lui faire un plaisir : de l’obéissance. L'amour, comme le désespoir, cherche à s'appuyer môme sur un fétu de paille, et quelque faïble; quelque vague que fât l’es- pérance que ce discours lui donnait, les pleurs de la comtesse Isabelle coulaient moins amères à mesure qu'elle l'écoutait.

L soprano Deus dicinns 1 frangais le das partisan, la bdblayr. M.

4e QUENTIN RURWARD. + - F 1 CHAPITRE XXXVI. L’'ATTAQUE. ot Le malheureux moribond consejye antore queique

espoir , et chaque palpitation de son cœur déchiré 1ni dit qu’il peut survenir un heureux changement.

r: . Telle qu'en rayon: preniee, l'espérence emhellis et égaye le chemin de la vie; de même lorsque la nuit

nous entoure de ses ombres, salumière jette à ‘nos yeux . uu éclat plus vif encore. . .: Sarpaierh:

peu de jours s'étaient écoulés lorsque Louis reçut, : avec cle sou- rire. de. la vengeance satisfaite, la nouvelle que son Conseiller favori , le cardinal de la Balue, gémissait dans une cage de fer il éprouvait le-supplice de ne pouvoir se tenir ni. debout ni cou- ché, et où, soit dit en passant, il resta enfermé pendant près de douze ans saris que personne s’inquiétât aucunement de lui. Les troupes auxiliaires que le duc avait forcé le roi de lui fournir étaient arrivées, et Louis se consolait en pensant que, si elles étaient-trap pau nomhreuses pour lutter, s’il en ayait eu le des- sein, contre l’armée bourguignonne, elles suffisajent du moins pour le protéger, lui, contre toute violence de la part du duc. D'une antre part, {lse voyait libre de reprendre dans un temps meilleur ses projets de mariage entre sa fille etle duc d'Orléans ; et. quoiqu'il sentît combien il était humiliant pour lui de servir avec ses plus nobles pairs sous la bannière de son propre. vassal et contre un peuple dont il avait favorisé la cause , il ne se laissa pas décourager par des circonstances aussi défavorables, espérant que l'avenir lui offrirait quelque dédommagement; «car, » disait-il à son fidèle Olivier, « au jeu, le hasard'peut amener un coup avantageux ; mais c’est la patience et l'expérience qui faissent par gagner la partie. »

Occupé de ces réflexions, le roi Louis, par un beau jour de la fin de l'été, monta à cheval ; ef s’inquiétant peu qu’on le regardàt comme faisant partie du cortége d’un triomphateur plutôt que comme un souverain indépendant environné de ses gardes et de ses chevaliers, il sortit de Péronne en passant sous la porte gothi- que de cette ville pour aller joindre l’armée bourguignonne qui commençait à se mettre en marche sur Liége.

La plupart des dames de distinction, qui étaient alors en grand

CHAPITRE XXXVL. 4cs nombre à Péronrie, montèrènt sur les remparts, parées de leurs plus riches atours, afin dejouir du superbe spectacle que présen- taient les nombreux guerriers qui partaient pour cette expédition. La comtesse de Crévecœur y avait conduit Isabelle, qui s’en était défendue avec une extrême répugnance ; mais Charles avait donné l’ordre péremptoire que celle qui devait devenir le prix du combat se monfrât aux braves qui se disposaient à entrer dans l'arène.

Pendant que les troupes défilaient, on vit plus d’un pennon et plus d’un bouclier ornés de nouvelles devises qui exprimaient la résolution bien prononcée celui qui le portait de se mettre sur les rangs avec les chevaliers qui s’apprêtaient à combattre pour un si beau prix. Îci c'était un coursier s’élançant dans la- carrière, là, une flèche Iancée contre un but; celui-ci portait sur so écu un cœur percé d’ün trait, emblème de sa passion; celui-là une tête de mort et une couronne de lauriers, pour añnoncer sa ferme détermination de vaincre ou de moarir. Enfin, parmi les inventeurs de ces emblèmes, un grand nombre avaient eu l’art de les rendre . si compliqués et si obscurs, qu’ils auraient défié le talent du plus subtil interprète. Comme on se Fimaginera aisément'aussi, chaque chevalier fit faire à son coursiér les courbettes les plus gracieuses, et prit sur sa selle l'attitude la plus élégante, au moment il passait sous les yeux de ce charmant essaim de dames et de damoi- selles qui entourageaient leur valeur par de doux' sourires et en agitant leurs mouchoirs et leurs voiles. Les archers de la garde du roi de France, choisis parmi Ja fleur de la nation écossaise, et pour ainsi dire homme à homme, attirèrent particulièrement les

regards, et furent couverts d'a applaudissements uñanimes à cause de leur bonne tenue et de lèur uniforme splendide.

Il y eut aussi parmi ces étrangers individu qui se hasarda à: prouver qu’il n’était pas inconnu de la comtesse Isabelle, ce que n'avaient point osé les membres même les plus distingués de la noblesse française. Ce téméraire était Quentin Durward. En pas- sant devant les dames, il présenta à la comtesse de Croye, au bout desa lance, la lettre que sa tante luiavait envoyée par le Bohémien.

« Sur mon honneur, s’écria le comte de Crèvecœur, voilà qui est de la dernière insolence de la part d’un indigne aventurier !— Ne le quälifiez pas ainsi, Crèvecœur, dit Dunois; j’ai de bonnes rai- sons de rendre témoignage à sa valeur; et même c’est en faveur de cette dame qu’il me l’a montrée.—Voilà beaucoup de paroles pour rien, » dit Isabelle rougissant de honte et de ressentiment

408 QUENTIN DURWARD.

tout ensemble , « o'est une lettre de ma malheureuse tante ; elle m'écrit avec un certain enjpuement, quoique sa situation doive être atfreuse.— Voyons, dit Crèvecœur; communiquéz-noûs que vous dit l'épouse du Sanglier. »

La comtesse Isabelle lut lalettre dans laquelle sa tante paraissait déterminée à présenter sa situation sous le point de vue le plus agréable possible, et à justifier à ses propres yeux l'indecorum de son mariage précipité, par eette idée qu’elle avait le bonbeur d'être unie au guerrier le plus brave de ce siècle, qui venait d'ac- quérir une principauté par son courage. Elle suppliait sa nièce de Re pas juger de son Guillaume, comme elle l’appélait, par les dis- cours d'autrui, mais d'attendre qu’elle le eonnût personnellement. Sans doute il avait des défauts ; mais ces défauts ui étaient com- mans avec des personnes pour lesauelles elle avait toujours eu une grande-vénération. Guillaume aimäit un peu trop la bouteille; mais Godfrey, un. de leurs vénérables aïeux, n’était nullement ennemi du vin ; Guillaume était d’un caractère un peu violent, peut-être mémesanguinaire : c'était aussi celui de son frère à elle, le comte Reinold d’heureuse mémoire ; Guillaume était brusque dans ses discours : il y a peu d'Allemands qui ne Le soient; un peu

“volontaire. et impérieux : mais tous les hommes n’aiment-ils pas à dominer ? Le vieille comtesse faisait beaueoup d’autres rappto- chements de ce genre; et finissait en disant qu’elle désirait beau- ecup; qu’elle espérait même qu’Isabelle profiterait de l'assistance du porteur de sa lettre pour tàcher d'échapper à la tyrannie du due de Bourgogne, et pour se rendre à la cour de son bien-aimé parent, à Liëge, les petits différends qui existaient entre elles relativement à leurs droits respectifs dans la succession du comte de Croye pourraient s'arranger au moyen du mariage d’Isabelle avec Carl Eberson, un peu plus jeune, à la vérité, que sa future épouse ; mais cet inconvénient (la comtesse Hameline pouvait ei parler d’après sa propre expérience) était moins grave que. sa nièce ne pouvait se l’imaginer. .

Ici Fsabelle s'arrêta, l’abbesse ayant fait observer, avec un air de pruderie, qu’il ne fallait pas s’appesantir sur ces vanités mon- daines, et le comte de Crèvecæur S’étant écrié dans un transport de colère: «Qu'elle aille au diable, cette trompeuse sorcière ! Quoi! ekle.n’a pas senti que sen dégoûtant grimoire resserüble à l’appäl rauséabond que l’on met.dans une sourieière ? Fi ! mille fois fi de l visille et portide traitresge ! » De

| CHASBITRE XKXXVI. 4çc7

La comtesse de Crèvecœur reprocha gravement à son mari une sortie si violente ; « de la Marck, dit-elle, peut avoir trompé la comtesse Hameline par une apparence de courtoisie. Lui mon- trer seulement une ombre de courtoisie! s’écria le comte; je le proclame innocent du érime de dissimulation sur un tel sujet. De h courtoisie ! autant vaudrait en attendre d’un véritable sanglier, autant vaudrait essayer d'appliquer une feuille d’or sur la rouille d’un vieux carcan, ou sur Ja chaîne à laquelle il est attaché. Non, non, toute folle qu’elle. est, Hameline n’est pas assez sotte pour s’épreadre de la bête fauve qui l’a saisie et qui la retiont dans sa propre tanière, Mais vous autres femmes, vous êtes Loutes de la même étoile : quelques belles paroles sullisent pour réussir auprès de. vous ; et j'ose dire que ma jolie cousine. meurt d'impatinea d'aller se réunir à sa tante dans ce paradis des sots, et d’épouser le marcassin.— Bien loin d’être capable d’une telle foke, dit Isa- belle, je désire doublement la punition de lassassin du bon évêque, afin que ma tante soit tirée des mains de ce seélérat.— En ce moment je reconnais la voix d’une de Croge,» s’écria le comte. Et il ne fut plus. question de la lettre.

Mais il est à propos de faire observer qu’en lisant cette épître à ses amis , Isabelle ne crut pas nécesæire de leur communiquer un certain post-scriptun, dans lequel sa tante, en véritable femme, lui faisant le détail de ses occupations, disait qu’elle avait pour le moment suspendu la broderie d’ua surtout destiné par elle à son mari , et qui porteraif Les armes de Croye et de la Marck réumies, avec un pal en travers, en témoignage de leur alliance conjugale, attendu que son Guillaume avait résolu, par des motifs qu’il tenait secrets ; de faire porter ses armes et son costume par quelques- uns de ses gens, dans La première affaire qui aurait lieu , et de prendre lui-même les armoiries d'Orléans , avec la barre d’Hlégi- timité; en d’autres termes , celles de Dunois. Dans la lettre était aussi enfermé un petit billet, dont Isabelle ne jugea pas à propos de communiquer le cuntenu, qui ne eousistait qu’en ee peu de mots, tracés par une main étrangère : « Si vous n’entendez pas : bientôt L4 renommée parler de moi, coneluez-en que je suis mort, mais d’une manière digne de vous. »

: Une pensée, qu'elle avait jusqu'alors repoussée eemme tout à fait invraisemablahle , se présenta à l'imagination d'Isabelle , avee . une notivele force ; et comme l'esprit d’une ferame marque rare- ment de trouver Re moyens de mettre ses proiets à exégution ,

A68 QUENTIN DURWARD.

‘elle prit si bien ses mesures qu’avant que les troupes fussent en pleine marche, Durward reçut par une main: inconnue la lettre d’Hameline, portant trois croix vis-à-vis du post-scriptum, avec l'addition de ces mots. : « Celui qui ne recula pas devant les ar- moiries du fils du bâtard d'Orléans, quand elles briHlaient sur la poitrine du brave chevalier qui seul a droit de les porter , ne les redoutera point quand il les verr4 sur célle d’un tyran et d’un as- sassin. » Le jeune Écossais baisa, et'pressa mille et mülle fois sur son cœur le précieux avis qui lui parvenait ainsi, car il lui indi- quait la route au bout de laquelle l’honneur et l’amour lui prépa- raient une double couronne , et il mettait en sa possession un se- cret, inconnu à tout autre , à l’aide duquel il saurait reconnaître celui dont la mort pouvait seule donner la vie à ses espérances, secret qu’il prit la sage résolution de renfermer religieusement dans son sein.

. Toutefois Durward vit la nécessité d’agir autrement relative- ment à l'avis que lui avait donné Hayraddin, puisque la sortie que de la Marek se proposait de faire pouvait causer la destruction de l’armée assiégeante, si on ne prenait les plus grandes précautions : tant il était difficile, dansla manière tumultueuse dont on faisait encore la guerre à cette époque, de se remettre d’une surprise noëturne ! Après y avoir mûremeént réfléchi, il ajouta à sa pre- mière résolution , qui était bien de révéler cet avis, celle de ne le fatro que personnellement et aux deux princes réunis, peut- être parce qu'il craignait qu’en -communiquant-à Louis en parti- culier un plan si bien concerté-et dont le succès paraissait assuré, ce ne fût une tentation trop forte pour la probité vacällante de ce monarque, qui s laisserait” peüt-être entraîner à seconder les assaillants , au lieu de les repousser. Il se détermina donc à atten- dre, pour révéler son secret, que Louis et Charles se trouvassent ensemble ; occasion qui probablement devait ne pas se présen- ter de sitôt, car ni l’un ni l’autre n’était empressé de se soumet- tre à la contrainte que leur imposait mutuellement leur présence. Cependant les confédérés continuaïent leur marche , et bientôt is entrèrent sur le territoire de Liége. , les soldats bourgui- gnons, ou du moins une partie d’entre eux, c’est-à-dire ces ban- des qui avaient acquis le surnom d'éscorcheurs, montrérent qu'ils méritaiont ce titre honorable par les mauvais traitements qu'ils firent subir aux habitants des campagnes, sous prétexte de ven- ger la mort de l’évêque. Cette conduite désordonnée fit un tort

CHAPITRE XXXVL.. - 406 grate à la cause de Charles’; car les paysans ainsi maltraiiés qui auraient pu: rester neutres daris la querelle, ‘âyant pris Les armés: pour se défendre, rendirént sa marche difficile en attaquant les pe- tits détachements qui s'éloiguaient du gros de l’armée , puis enfin , se repliant sur Liége, augmentèrent le nombre de ceux qui étaient résolus à défendre la ville jusqu'à à la dernière extrémité. Les Fran- ais, au contraire, quiétaient en petit. nombre, et l'élite des trou- pes de leur pays, fidèles aux ordres qu'üs-avaient reçus du roi,ne

s'éloignaient j jamais leurs bannières respéctives, et observaient la plus sévèré discipline. Ce contraste augmenta les soupçons de * Charles, qui re put s empêcher de remarquer qu’ils se compor- taient plutôt en amis des Liégeois qu’en alliés de la Bourgogne. -

- Énfin , sans avoir éprouvé aucune opposition sérieuse ; l’armée arriva dans la riche vallée de la Meuse, déyant la grande et popu: leuse cité de Liégé. On vit alors que. le château de Schonwaldt . avait été presque ruiné, 'et l’on apprit qué: Guillaume de la Marck, à qui ses talents militaires tenaient lieu de toute autre vertu, ras- sémblänt toutes ses forces dans,la ville, avait résolu d’éviter une rencontre en rase campagne avec les cavaliérs de France et de Bourgogne. Mais les confédérés ne ‘furent pas long-temps sans éprouver, le danger qu’il ya toujours à attaquer une grande vilie , quoique ouverte ;‘ lorsque les habitants.sont disposés à se > séfen- dre avec le courage désespoir. _. ::

+ Persuadés qu’une ville. démanteléé, et dont los: murailles of- fraient de larges brèches, ne pouvait opposer aucune résistance, les Bourguignons qui composaient l'avant-gàrde s ‘imaginèrent qu'ils y pénétreraient ‘aisément. : ils entrèrent- donc dénsun des fau- bourgs aux cris de « Bourgogne! Bourgogne !: !:.. tuez !... tuez !.. tout ici est à nous!.... Souvenez-vous de Louis de Bourbon ! !h Mais comrhè ils maréhaient en- désordre dans des rues étroites, et qu'ils se dispérsaient pour se livrer au pillage, un corps nombreux de Liégeois, sorti tout à coup de la ville, tomba sur eux avec fu- reur et en fit un horrible carnage." Guillaume-de la Marek profita môme des brèches qui existxient: dans les murailles pour faire : faire une sortie aux défenseurs de la ville par plusieurs points, et ces détaçhements, entrant par plusieurs côtés à la fois dans le fau bourg, attaquèrent les assaillants tout à:la fois en front , sur les flancs et sur les derrières ; ceux-ci, surpris par une attaque aussi vive qu’imprévue, et éerrés de près per des enriemis si nombreux,

QUENTIN DUAWARD. Lt ",. :: 80

4: QUENNTIR-DUENARD. purent à porto soi sevvir de leurs asmes:pour-se défense . et ba na, quicominéaguit tomber, ajôuta. au.désordse: : - .

-Lorsque ls. dec Charles. FequÊ cetie riauvelke:, id fit: | Beisk d'=. transport de rage qui me cdina que goand Louis ki-eué offert d'envoyer ses honmmeë d'armes français ay fauhousg , afle db,5e- - courir l'avant-garde bourguignonne. Rejotant cette offre. d'un bon sec, à voulait se mettre hni-mfmeà ln, tête de ses. gandess mais d'Eymbercuurt et Crévecœur ke pridront.de leur epnfernce service. Marchant done vers.ie lice du combat, sur deux points différents, . es bon opére et de. mapière à pouviie. se: porter-muinellement sevours , ces deux cékébres. capitaines réyssiren ‘à repousser:les Liégeois et.à dégager Pavant-garde, qui, indépendamment àes pri- souniers.: prédit plus de lait cents horines, domi une centaine étaient des homnes.d'arises. : Les prisonniers. ne- furent pourtant. phs-en grand nombre, l plupart ayant été déliviés par d'Hymber- court, qui, ayubt réussi à se repdre maître du fmbourg . établit des postes vis-à-vis de ja ville , dont on était séparé par un espace découveit, d’environ-huit.à neuf cents pas, formant comme unè esplanade :en effet, ls maisons quille couvaaiont. nagnèie avsisnt été démpiies dans la :ciaints. ‘qu'elles: fusseal un ebstacke pour la défense .&u corps du la-place: El n’y avait pas de: fossé exitre- Liège ete faubourg, lo terrain étant {rop pierreux:peur qu'il eût été possible d’eh ouvrir un. En face du faubourg'se tsouvait une porte par laquelle 6n pouvait Rise des sarties, et danx au trait des btèches que le duc Charkes avait fait pratiquer dans les murailles. après la bataille de Saint-Tron, avaient.été bouchées à la bhte. per” de simples .paliisades en bois D'Hymbercoart lil tourace denx _ coulevrines.contre-la-porté , eh diriges deux antnes contre les.

bréches, afin d'êôtse prèt à repousser .COUX. qui. essaieraiant. de _ faire une sortie , pals alla revindre- l'éraée lourguigionnes qu'il trouva dans un grand'äésordre.

- En efft, le CUT ph principal et. l'acrièpe-garde du due avalbnt continué À avadcer pendant que sor avarit-ganie, nepoushée et rompu, sei retirait en.désordre :.ces fu ÿards vinrent heurter con- tre les autres trouines, et jeter. la confusion .jasque dans leurs. rangs. L'absence de d'Hymbercourt, qui remplissait les. fonctions de maréclial de:camp, ou, tomme nous ledirions aujourd'hui, de quartier-mäître général, permit à la confusion de se propager; el, pour que rien n’y manquât, la nuit devint aussi noire que la gueule-d'un loup, une forte pluie tomba tout à coup. Enfinle sol

.cHANSRE XVI x

ar lequel Ë armés beligéränie était obligée de ‘prendre pobition: étail.marécagent ; ‘et eoupé par mn gréad: nombre cadqux.:

Il sert diffcile.de: #6:faire une:idée de la: confusion tyini régnait en-cemement dans L'armée hourgeigrionne: Les ehefs ne retrour. väent plus.leurs-soldhis: les soldats reccnimissaient plus ni. leurs étendards ni leurs-0ffieirs, tous, sans distinction rang; cherehaient ün abri partout ils pouvaient-en trouver. Les, firyards el les blessés, pôle-mêle au milieu .de leur déroute, de-: mandaient en vain :des. secours et des tafratehissements ; tamilis, que leë tnoupes.qui formaient l'arriére-garde, ignorant. ce déses-. | tré, aecouimient pour prendre part ta saû de k vie, quels. aoyañntdéià commencé. :

À son retour, d'Hyinberéourt trouva donc use {bebe bien di éléäremplir; et; pour comble de malheur, il eseuya les plus vafs réprôckes de la part de:son maître, qui n'eut ageun égardau de voir plus-pressant énieore.-dont il vemait.de s'acquitter. Ne pouvant: supporter des reproches si injustes.: « C'est d'après vos oxdres,. lui dit, que:j'ai été porter ‘des secours à l'avant-gurde; ÿai | listé le carps-prinsigal sous le-commandement'dp Votre Mtesse,, ét à mon rètour je trouve: l’armée dans un tel désordre que je 20 vois plus ni front, ni ailes, ni arriéregarde: Nous n’en réssem Blois que migax à wh baril de harengs, répartit je Gonieux, et _ c'est uns comparaison assèz juste pour une anmée famande:» _:

* La plaisanterie de sbn fon privitégié fit rire 14 duc, et pent-être.

empéeha<-elle qué Faltéheatierquivonait de $ ‘Slexor cure" Wie: son pénérab n'ait plus loin. | + Ons'empara d'une petite lust-hous, ou mwéison de. cnmpègie, appartenant à uh riche éitoyen de Liége: oh en chassa tous ceux. qui s’y trouvaient, ete duc #y élablit avec ses oficiars: D'Hym- bercourt'et Crévecasar:plandrent dans le voisinage uns garde d'environ quarante hoemmes d'armes: qui. allusmèrené im: gtamd feu avec le bois que leur: fourni Ja prompte émotion de que ‘ques-bâtémonts voHins -,

À peu de distance sur la gêtche, entre ceite: maison. et 1e fau “bourg; qui; eonawe nous l'avañs.dit,-était en face d'une des portes de la ville et'eocupé par les troupes qui étaientiderenues l'avant: garde de l'armée hourguignonne, on voyait une autre :inaison. da plaisance, avec cour et jardin, ‘et ayant: sur le dérrièrs deux trois potits sncies. Ce fut que, de son oûté, le-rei de France étas blit son quartier géuéval.. ILne prétendait pas À de grands talonés

#1È QUENTIN DUR WARD.

militaires, mais il était indifférent au danger, ëa profondé sagacité: lui fournissant -aïsêment les moÿens de lui faire face : if sut. tou jours choisir etemployer les hommés les plas habiles dans cetart, et il mettait en eux, à cet égard, une confiance dont ‘ils- -se mon-: trèrent toujours dignes: Louis et les principaux personnages de- sa suité occupèrentt celte maison plaisarice; une partie des ar- Chers ‘de sa garde écossaise s’établirent dans la cour; quelques bâtiments pouvaient .leur servir d’abri.contrè le‘mauvais temps, ét le reste bivouaqua danse jardin. Quant aux autres ‘troupes françaises, elles s’établirent-dans les environs, en bon ordre, et l'on plaça des postes avancés pour donner l'alarme en cas d'alta- que. Dunois et Crawford, aidés de quelques vieux officiers et soldats, au nombre desquels le Balafré se faisait remarquer par son activité, réussirent, en abattant des muraïlles, en perçant des haies, en'comblant des fossés, à rendre les communications faci- les entre ces différents: corps et à leur assurer les moyens d'agir de concert en cas de nécessité.

Cependarit le roi jugea à propos & rendre sas cérémionie at au quattier général du duc de Bourgogne, pour prendre connaissance du plan d’opérätiôns, et s'informer en quoi et comment ce prince désirait qu’il y prit part. Sa préséntce nécessifa la convocation d’un Conseil de guerte auquel, sans cela, Gharles n’eût point songé..Ins- truit de cette circonstance, Quentin Düurward sollicita l'honneur d’être admis dans l'assemblée ; comme ayant uñe communication importante-à faire aux deux princes. Cette permission ne lui fut pasaccordée sans beancoup de difficulté ; et Louis éprouva la plus grande surprise’en l’entendant détailler avec calme et précision'le projet coriçu par Guillaume de la Marck de faire une sortie noc- turpe, à la tête de troupes qui devaiént porter l’üniforme français et marcher sous les bannières de cetté nation. Luis aurait sans doute préféré que des nouvelles si importantes lui eussent été communiquées ‘en particulier ; mais comme elles veriaient d’être annoncées en public, il pensa que vraieæ ou fausses, elles méri- taient que l’on y fit quelque attentn. :

: « AuCunement, aucunement, » dit le duc.avee un air d'insou- ciance; « si un tel projet eût existé, ce ne serait pas ün archer la garde écossaise qui viendrait me le révéler. Quoi qu’il en soit, beau cousin, répondit Louis, je vous prie de faire bien atten- tion, vous et vos capitaines, que, pour prévenir Les conséquences funestes qui pourraient résulter d’une telle attaque, si elle avait

. CHAPITRE XXX VI. .* AB lieu, je. veux: donner ordre À mes soldats de porter une écharpe ‘blanche à leur bras. Dunois, allez sur-le-champ faire exécuter .cet ordre, © c'est-à-dire. ajouta-t-il, si notre beau cousin qui esten même temps notre général, l’approuve..— Je n'ai pas d'objection à y faire, répondit le duc, si les chevaliers français veulent-courir le risque d’être surnpramés à l'avenir Chevaliers de la manche de chemise.—Ge serait une dénomination: assez juste, notre ami - Charles, dit le Glorieux; si:l’on considère qu’ une-femmie doit être

-la récompense du plus brave. —Bièn parlé, Ja Sagesse! dit Louis. -Bonne nuit, beau ‘cousin, vais .m’armer : eh mais! si je gagne moi-même, si j 'acquiers te droit d’épouser la conitesse, qu’en di- rez-vous? Votre Majesté, » répondit le duc d’un ton. ‘de ‘voix altéré, « devra aloïs devenir un vrai flamand. Je ne puiss ».ré- pliqua Louis du ton de la plus entière confiance, « l'être.plus que je-ne le suis déja ; je voudrais seulement que mon cher cousin en, fût persuadé. n , et

Le duc ne répondit au roi qu en n lufsoühaitant: une bonne nuit, avec un accent qui ressembiait assez à l'espèce de ronflement que fait enteridre un cheval fougueux qui se refuse aux caresses par lesquelles son cavalier cherché à à le flatter lorsqu' il se dispose à le monter, . .,

« Je lui pardonnerais xolontiers sa äupicité, » dit le duc à Cré- vecœur pendant que.le roi s’éloigriait, «mais je ne puis lui par- donner de me supposer assez fou pour être dupe de ses protesta- tions. »

Lonis, de son côté, avait.s ses confidences à faire à Olivier le Daïn.en rentrant à son quartier général. « Cet Écôssais, Jui dit-il, est un tel mélange de ruse et. de simplicité, que je ne sais qu’en faire. Pâques-Dieu ! quelle impardonnable folie de vénir révéler le plan dede la Marck, et cela en présence de Charles, de Crève- __ car et de tous ces Bourguignon, au lieu de me le conter à Fo- rele, afin de me Jaisser au moins le, choix de lé-fàvoriser ou de le déjouer ! Il vaut mieux qu'il en ait agi ainsi, répondit Olivier. Il ya dans votre armée beaucoup de gens qui se-feraient un scrupulé d'assaillir, les Bourguignons sans y être provoqués, ou de séconderlesprojets de Guillaume de la Marck.— Tu as raison, Olivier, reprit le mpnarque; il $e trouvé de tels fous dans le monde, et nous n’avons pas le temps nécessaire pour neutraliser leurs scrupules ‘au. moyen d’une petite dose d'intérêt personneR

Hl faut que. nous SOYONS, Pour cette nuit du DACUEN atr $ LE) sr r

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æn QUENTIN DURWABD.

Miés. le Bourgéné. Avecle temps, In-chameE pont owéner'ut ‘hots donner meilleur jeu. Va-porter l'ordre :qué personne ve ‘Quitte ses:brmes, ët qus, si'besoin en-e8t.:on Eharge aussi vigurs. reusernent ceux qui. crieronit : France et Montjoie Sir-Dit que s'fis crinient : Enfer et Sétén ? Moi-ftibrie je vaisthe coticher dout armé: Dis à’ Crawford de plecer Quentin Darwird à Fexiléé :tmité de nôtre Higne de séritineflés, 16 plus prés possiHié de Pa ville L-est juste qu'il soit le prenribr à profiter de l'avaritège qéfil'atiets a donné en fisant commaftré l'attaque projetée. Bu le Borftionr % sen tirer, je l'en: fékicite d'avarice… Mais, Omer, Pettds th Hein tout particulier de Martius Galeütti; fais:le refñitrer à T'æriôre- garde, dans quelque endroit isoitaue et sûreté quepéséhi. “Haine trop danger, et.serait'aez fort pouf vouloit tre Shen wèr et 'phflosophe ‘tout ensemble. Veille Atout eétà, (OÂVIEY, 6 . boéte nuit F'PiHasent Notre-Dame de Cléry ët monsehghour M

Martin de Tours me protéger pendant mon somnteAt

» CHAPITRE XXXVII ET DERNIER. :

. LA. SORTIR. ,

tee eo ee, 2 No: n regarda ‘et vit une | foule innombrabfe sortir des | pores de La vie + NHLTON, Le PAraÉPresnéee |

Un profofd: élènce régna piento dans t& gtaride artidé qui campait sous les mürs de Liège. Pendätit atelque fers es éris des spidats répétant kurs sighaux et éherchant à vojdimire leurs vomibreuses’bannières; retentirent cormeles aboiement# de chihs “égarés qui cherchent Jeurs maîtres: mais-enfin ; acosblés fair les tatigues ‘de-cette jourmée ,'ils se rénmivétit en foulé sous totis Tes wbris qu'ils pouvañent rencomtrér, ef ceux qu? h’en ouvrent aucun s'étendent de hssitude le Tong des'riitirs, des traies, pan tout erifin ñs pouvaient étre protégés contre leventiet la plais, pour attendre ke fevér du doleil que plusieurs d’entr'eux % de- valent jarriais roveir. Le sommeil étendfit ses ailes sûr tous, etvepté eur'eeux qui, malgré besoirret 1x fatigue. étaient de garde de- vent les iaisons bceupées parle roi ef par le dtic. ° Les danigers et les espérances du lendemain , les prujéts rtiôme de gloire que beaucoup de jeunes nébles dyient for en son

CHAPLERE KXZXVI. ‘1 -gomt au prix magaifiquenque l'an éffexit: à oehai Qui seiait assez “hecreax.pour venger lomeurtre de l’évéquè-dé:Liége, s'évanani- _pontde Jeur:esprit à mesure qn'ils cédérent à la fatigne et au sommbil. mien était pasainsi de Quentja Durward. Lacertitqle d'être de seul. gi pât reconnaître de la Marck :dans la.mélée. de souvenir de celle qui lui en avait fourni Je moÿb0. et l'hpuvoux .amgurerqu'il-tisait de de mwnière.dont cette, isfarmationlui était parvenue ; la pensée que le destin l'avait placé dans üne rrisopé- Sillegse., ileët vrai, msis dent la tonséqiente probable élait de .… ni fesmmir l'occasion de remporté le plus-bouu triomphe , cha Swsat. bein de dui toutepavie-de derœir. ei fui domadvent üne: nouvelle fonce pour:résister à fatigue.

: Mlacé, par midre enprès du; roi au-poste je plus avancé entre detcamp: français et tx ville ,-qui.s'étendait vers la ‘invite du’ fau- _:koung dent mous Hvous ‘af: parlé , à aurait voulu:percer “de des ‘yeux les puisses murailles qui étaient devant lui, it forcer des ‘oreilles à saisir le moinire broit qui pourrait-ærinoncer -queRjue mouvement dans la vile:sssiégée. Mais les immenses horloges-ile

Liége avaipnt sommé tour à tour trois heüres après ‘minuit, tout -contimuait à être catre ét-stlenvioux comte ‘ls tombeau.

Enfin, à l'instant où‘il coemmenvait à croire que ta sottie profe- tée n’aurait lieu qu’au point du jour , et ‘qu'il se ‘disait tyoc jdie ‘qu'il pourrait, dans ce Gas, régsrmaftre plas fac#emiént'h fâcheuse ‘barre qui traverse les fleurs-de lis dans lésurtnoiries da bâtard d'Ovléens ; il crot entendre dans la ville‘ un hruit semblablé au

eurdongement d’abeilles en rumeur , lorsqu'elles se préparent à | ‘défendre leur ruche. Il prêta l'oréikle : le‘bruit-continuaît, maissi sourd et si vague, qu'il pouvait être le murmure duvent qui agi- ‘tait les’branches des arbres d’an petit bois situé.dans-le voisinage, “eucelui de quelque ruisseäu gonflé parla pluie de la soirée pré- cédente, et qui se jetait avec plus de rapidité que de coutume , dans les flots païsibles de la Meuse, dont il troublait le -vours. ‘Ces

+éflexioes empêchèrent Quentin de donner l'alarme, :car coût

" ‘été. une grade fante que de.la donner: inponsidérément. Mails Gientôt le bruit-devenant-plus distinct et paraissant:s’approdhèr de soû poste ef du faubourg à la droite duquel äl était. placé, il

gugeh qu’il était de son devoir de se. retirér aussi.slenciousement

que possible , #t:d’allèr prévenir son-oncle, qui cotamandait din petit corps d’archers destiné à le soutenir. En un moment tous

furent sur piéd sans le moindre bruit , et bientôt lord Crawford

ar QUENTIN DURW ARD. était à leur tâte: dépéchant un archer pour donner l'alarme au roi -alusi qu'aux troupes qui entoraient sa maison, il se retira

avec son petit. détachement à quelque distance derrière les feux

que l’ôn avait allumés pour Ja nuit, afin que la lueur ele trahit . pas. Enfin le bruit de plus en plüs fort qui samblaitse rapprocher

d'eux cessa toùtà coup; maisils entendirent encoré distinctement la. marche pesante. et plus-éloignée. d’une troupe nombreuse qui

- S ’avançait vers le faubourg. .

{

Ces paresseux. de:Boyrguignons sont endormis-à leur poste, »

dit Crawford à demi-voix ; courez au faubourg ,. Cunningham , et réveillez ces.bœufs stupides.— Et pour vous y rendre, faites un

détour sur les derrières; dit Durward ; car, si j'ai jamais su recon-

. naître des hommes en marche ,-ua corps de troupes considérahle

- . a passé.entre nous et Le faubourg. Bien .parlé ,. Quentia , -hien

. parlé, mon brave camarade! dit Crawford : tu es un soldat.plus expérimenté que. ton âge ne devrait le faire espérer. Ces gens-là . ne font halte que pour donner aux autres Le temps de les rejain-

dre : je.vaudrais savoir jilus précisément. ils sont. Je vais me glisser de <e côté, milord , afin de les reconnaître si je puis. Va, mon.enfant: tu as de bonnes oreilles, de hons yeux et de

--la bonne volonté: mais he t'expose pas trop, je ne voudrais pas te

perdre pour trois placks 1. » Quentm, portant.son arquebuse de ménière à à faire. feu au pre-

. mier besoin, -S’avañça sur ‘un. terraîn qu’il avait observé avec soin , au déclin du jour précédent , jusqu’à es qu'il fût certam qu'an . grand corps de troupes dont il s'était approché s’avançait entre le . Quartier du roi et le faubourg, précédé d’un détachement pou. : nombreux qui avait fdit halte à si peu de distance du lieu il se . trouvait, lui-même , qu’ entendit les soldats ‘parler ensemble à

voix basse comme s'ils se fussent consultés sur. ce-qu'ils devaient

_ faire. Enfin deux ou:trois enfants perdus de ce détachement , qui S’étaient avancés en éclaireurs; s ’approchérent de lui presqu’à la . distance de deux: piques. Voyant qu'il ne pouvait fre rétraite

sans être aperçu, Quentin cria: « Qui vive?—Vive Li... Li.:.6...ge,

c'est-à-dire, Vive la France! » Fépondit un soldat, criant ausg-

sitôt sa première réponse. : Quentin. fit feu de son arquebuse et": un “homme tomba en

poussant un gémissement ; quant à lui ; eruyant une décharge

4 Monnaie de cuivre écossaise. À. M.

CHAPITRE XXXVIT. m1 irrégulière et à toute volés, il retourna en toute hâte vers ses ca: maradés. Ces coups de feu ; qui partaient de tous les points de la colonne ememie , montrèrent qu 'elle-était plus norsbrouss, qu'il ne Favait d’abord sapposé. ‘+

—v«Admirablement, mon digne garçon! dit Greord; et main- tendnt, mes braves; retirons:nous sûr 1e quartier général qu roi : nôus sommes trop peu de monde pour jeurenir tête en FASG-Catir- pagne. » Ts

Ils-se retirérent dans la cour r ét dus le jardin'de la maison était logé le roi, et y trouvèrent tout préparé pour faire bonne dé-

‘fense. Louis:lüi-même s’apprôtait à monter à cheval |

. .—« allez-vous, Sire? lui demanda Crawford. Vous êtes plus. en:sûreté.ici, entouré de votre propre garde.—Non pas, répondit Louis, il faut que je me rende sur-le-champ auprès du duc.'Il - importe qu’il soit persuadé de notre bonhe foi dans ce moment mêrne ; autrement nous aurions tout: a la fois sur iles ‘bras ef les Liégeois et lés Bourgüignons. »

- À ces mots s’élançant en selle ,‘il drdonna à Dunüis de prendre

| le commandement des troupes françaises qui étaient placées-hors de la maison, et à Crawford d'en défendré j'intéfieur avec-ses ar-

- Cherset ses autres gardes. Il fit atancer deux sükers {et autant de fauconnaux , pièces de campagne ‘en. usäge à œtte épodue, qui. avant été laissés à environ un demi-raïHe en arrière, et re00m- manda que chacun tint ferme àson poste, défendant en même tempa.que personne.ne.se portât en avant, quelque.succès qu'on -pût obtenir. Après avoir donné ces ordres, Louis piqua des deux, et eourut vers le quartier-général du due de Bourgogne. .

Le délai qui permit de prendre ces dispositions fut à que Quentin, par un heureux hasard ; avait tué le propriétaire même de cette maison, qui servait de guide-à la colonne destinée à Fat- taquer ; or, si cette attaque eût été faite par surprise . elle aurait probablement obtenu un plein succès. |

Durward ; par l’ordre du roi, le: suivit chez le duc. Ils trouvé- | rent ce dernier dans un tel transport de colère, qu'il était presque hors d'état de remplir ses devoirs de général ; cépendant le smg- froid n’avait jamais été plus nécessaire ; Car indépesdamment d'un combat furieux qui se livrait dans le faubourg. ,.Bar la gauche de l'armée, ei et dont le bruit peu a éloigné parvenait jusqu'à eux ; ; outre

r

4 Ce mot allemand signifie proprement ravageur, À, M. -

7m _ QUENTIR DUE WARD. Pattéqes dirinéb-sur Je quastier gériéral durei, platd:ae centre, ot qué étuit chaudoment repoasée, nue troisième ccionne: de Eié- guois ; sopérisure on nombre-sux deux antres, sttie par Une brèche plus éloignée, et s ‘avançant par de petits sentiers, des vi- gues et_des cheniiné de trarerse qui leur étaient bien connus, venait de tomber sùr le flanc droit des Bourguignone 065 trobges, éffragées par:lôurs eris de : Pâte la France ! Monigoial Saint- _ Denis! mêlés à ceux de Liége! Sanglier Rouge, èt soupçonnant que les Francais leurs confédérés les trahéiemebt. ne Grent qu'une füble et imparfaite résistance, tandis que l dac:écunmant de rage, jurant, maudisent-son ssigfneur suserum et.tesst ce.qué lei .-@ppartenait, criait qu'on tirât indistinctemént. au. toub oe--qui -Était Français noirs blancs, éuisatit allusion aux échmpes blne- * thespar Iroqueiles Louis avait vois que ses s0dets fussontdistih- gas. | L'érrivée du roi dui h'était suivi que d'une tingaine d'evehers, parmi lésquels figuraient Quentin et le Batafré, rétablit :ja.con- finnce, D'Hyabbroont, Créyecgar et d'autos généraux bôur- ‘Baignions dont les noms élajent alors l'ofgacil de leus paÿs et M terreur 305. 6huvthis, se yrécipitèront . pleins d'an noble dé- vouertiont, ‘vers-le lieu du combat ; et tandis que:les uns se hà- tuient de fre avanesr les topes les plus-éloignées, auxquelles la terreur panique ne 5était pas encore fait scutir , les autres, 50 jetant au-milieu de lamôlée, rnimaient l'instinct-de la disocigine. Le duc kti-néme-se mettant à.la tête de-sés sokiats , gosahattit comue ui sjmple home d'armes. À cette vua, es Rourguigaons . “reprirent geu:à peu. leurs rangs, et front sur les assaillants un feu bien nourri. De son côté Louis se conduisait en‘capitaine plein Je sang-froid , de calme et xle-smoité, qui-ne fuit mi ne cherche . 6 danger; il montra tant.de prudence et une telle justesse d'es- prit, que les chefs-bourguignuns eux-mêmes exécætaiont comme à l’envi l’un de l’autre tous les ordres qu'ilidonnait. .Btontôt combat devint une. scène. des plus hofribles. Après wnc lutte acharnée à la gauche, le faubourg fui livré,aux flam- mes, et cet. ‘immense , cet effroyable incendie n'empéchait pas qu’on: s'en disputât encore les ruines. Au äcpére, les troupes françaises, quéique pressées par des forces inymenses, faisaiont un. feu si contiauel et:si bien soutenu , que la lust-haus était en- tourée d’urie couronne de lumière, semblable à l’auréole d'un martyr. Sur la gauche, le combat se soutendit ayec.des sacçès

ÆHAPTISS XEXVE. 40

variés, suitent. au il'amixait atx Liégeois de nouveaux ronforts :de da ville ou Gui Bourguignons des vorps .de réserve... On 58 -battit tinsi pendant trois môrtelies heures; avec un acharngment toujours.égal, jusqu'à cc qu'enfe fes premiers rayons de l'aurore, Æant:désirés par-ls dssiégeants, brillrent à l'horizon. Alors des “efforts de:l'xamemi patürbat se ralentir dur la droitéet-au core, et Fou entendit plusieurs détharges d'artillerie -qui'parteient de la lust-haus. Bénie soit la sainte Viergol + s'écrig le roi dès que \cétée détonnatiôfi eut frappé des orfoilles, « les sakurs et los ‘fau. -Cbaheus 80n arrivés; 14 lubé-hads n’a plus riëh à craitdre, Puis, -2e tournant vérs Quentin el de Balafré : « Allër, ajouta-il; allez dire à Dunois s0-porter sur la dreite, eñtre.la lusthmis et la ville, “hais aussi prés que possible de coHé:oi ; avec ous Des hommes . armes, on:laissant toutéfois pour déferidre la maison les fbrees mécéssaires, hfin d'enspéoher quil n'arrive plus aueuR. renforé à -ces.vbetinés Eiégoois. »

- L'pracle ét1e nevoë partiront at ssioe, etse roardifent euprès de Duriois et de Grawfohd , qui, imputients de preridre enfin l'offen- sive, obéirent-avec joie. Sortant done dela maïsoh 4 le: éétts-de deux: cents gentilshomines fiunbais econpagnés de kétrs ébu père èt choisis parmi tes plus intrépides, auxqèls se. joignirént ufe ‘partie des archers dela gatde écossaise, Hs" traversèrent lb then ee bataille ; foulant aux pieds:les rhorte-et des blessés ;‘juequ'à 60 -qu'enfin -Hs atlaigairent ke-flanc du corps principal’ des Lidgebis qui aval attaqué lu droite des Boërguignôns avec. une furie e%- -&rême. La lumière du jour , qui devenait de plus en plus sensibla, Leur fit voit que l’enhemi faisait sortir de nouveaux:renforts de da ville, seit pour continuer le combat de ce côté, soi pour soutenir Les troupes qui étaient déjà bagagées. 4

«Be pat:.le ciel! » dit le vieux Crawford à Dunois, si je n'étais certain que-c'est toi qui es à cheval à mon côté, je dirais que je te vois au milieu de ces fourgeeip et de ces. bandits , es mettant-en drète et tenant son Hâton decommanidement à la mein ; seulement si c'était toi, tu serais plus gros que. de’coutumie. Est-tu bien sûr -qut ce chef armé ne soit pas toit wraith, ton homme double, eorame disent.ces Flamawds? Mot wr&iih | répondit.Dunois; je ne sais ee ue vous voulez dire; mais qu'il y'a de sûr; c'est que je vois

un pondhrd tui porte mes armoiries sul son bouclier ; et je vais ls punir de cette insolence. —- Au nom de:teus les saints Lmon- scigoeur;, s'écrit: Quentin, sbandonnez-anoi le soin d'en: tirer ven-

‘480 QUENTIN DURWARD.

geance. À toi, jeune homme ! ! dit Bunbis ;-an vérité, cette de- mande est très-modeste! Non; non; ces sortes d’affaires ne peuvent ‘se faire par substitution. » Et se tournant vers ceax qui Fenton- raiènt : « Gentilshonimes français ; e’écria-t-il, formez vos rangs, abaissez vos lances ; marchons én avant | Faisons pénétrer les | rayons du soleil levant: à trayers les bataillons dé: cs .péureeaux de Liége, de ces marcassins des Ardentes, qai se travestissent ‘avec nos anciennes'armoiries. ».

Tous les chevaliers répondirent par de grandé ons : «’Bemois ! Puünois! Vive le fils du hardi Bâtard !:Orléans, à la resbousse ! » et, entourant leur chef, is chargèrent au grand galop: Fils ne rencontrèrentpas un-ennemi timide. Le corps nombreux qu’ils chargeaient consistait entièrement en iafanterie à Fexesption. de

quelques-ofliciers cheval. Le ‘premier reng mit un:genèw en terre en. appuyant le bout:de leurs lances. contre leurs.pieds; le second. se courba légèrement ; et le troisième ; présentant leurs lances par-dessus. kx tête de leurs compagnons }: Offraient à la : Charge rapide des hommes. d’armes une résisthnte semblable à celle que le hérisson présente à son ennemi. Peu d'entre eux réussisserit à se frayer «un ebemin à travers ce mur'dé fer; mais Dunois fut de ce petit nombre. Donnant'de l’éperon à son cheval, ‘il faire à ce noble’ animal. un Bond plus de doaze pieds , et pénétra ainsi au milieu de cette phalange ; tout aussitôt il se pré- cipita-vers l'objet de son animosité. Mais quelle fut sa surprise en voyant encore Quentih près de ur et combattant au môine"vang' La jeunesse, ‘le courage -excité par l'espoir, la ferme -détermi- nation de vainere ou de mourir, avaient maintenu le jeune Éeos- sais sur la même ligne que le plus iustre.chevälier de ce temps, car telle était la réputation: de Dunois en Franceet par toute l'Eu- rope. : . . Leurs Jaices fürent bientôt rompues: mais les iansquenets ne purent résister aux coups de feurs longues et pesantes épées, tandis que les chevaux et les cavaliérs, entiérement couverts de leur armure d’acier , sentaient À peine les eoùps qui leur étaient portés. His luttaient à l'envi l’un de l’autre, afin de pénétrer jus- qu’au guerrier qui avait usurpé les: armes de: Dunois, et qui, entouré des siens, remplissait toùs les devoirs d'un bonret vaillant capitaine, quand Dunois, en. apereevant un autre dans la mêlée , qui portait sur sa tête une hure de sanglier garnie de ses défen- ses, dit à Quentin : « Tu es digrie de venger l’insulte faite aux

CHAPITRE XXXVI, 41

armoiries d’Orkans, et je t'en laisse ke soin. Balafré, soutiens

ton neveu ; mais que personne n'ose disputer à Punois l'honneur.

de donner la.chasse au véritable Sanglier.»

:# Ainsi qu’on peut bien s’en douter, Burward reçut cetié mission avec joie , et ehaeun d'eux s’efforça de se frayer un chemin Vers,

celui qu'il voulait combattre et vaincre , suivi el soutenu par ceux:

qui purent rester à ses côtés. .

Mais, en ce moment, la colonne que de a Marek se proposait de secourir quand il-s’était vu arrêter par Dunois dans sa course, avait. perdu tous les avantages obten us. par elle pendant.la muit ; tandis que les Bourguignons ; au contraire, avec le retour de l'aurore, avaient reconquis ceux quupe discipline supérieure manque rarement d'obtenir. La grande masse des Liégeois , forcés de battre en retraite, se mit à fuir en désordre ,.et vint retomber. sur les lignes de ceux qui étaient engagés avec les Frapçais. Alors on ne vit plus qu’une mêlée confuse de combattants.et de fuyards se dirigeant vers-les murs de la ville, dañs laquelle les Liégeois rentrèrent par la brèche immense et sans défense que avait favo- risé leur sortie. __ <

. Quentin fit des efforts au-dessus de l'âpmanité pour atteindre. l'objet de sx poursuite, qu'ik ne perdait pas de vu un seul'instant.. et qui, par ses cris et par son exemple, s'efforçait de renouveler le combat à latête d’une troupe choisie de lansquenets. Le Balafré et quelqnes-uns de ses camarades, toujours aux côtés deOuentin,

s’émerveillaient de la valeur exfraordinaire que dépiayait un si jeune soldat. Sur la brèche, de la Marck, car.c’était lui-même , réussit à rallier un moment sa troupe et. repousser ceux. des assaillants qui les serraient de plus près. Il tenait en main-une -massue de fer devant laquelle tout semblait tomber, et il était telle- ment couvert de sang que l’on ne pouvait plus distinguer sur son : bouclier les armoiries dont la vue avait si fortement irrité Dunois.

Quentin trouva alors peu de difficulté à J'aborder, car la posi- {ion avañtageuse qu’il oceupait. et l’usage qu'il faisait de sa ter rible massue, engageaient le plus grand nombre des assaillants à chercher un point d'attaque moins dangereux que celui se tenait un défenseur si terrible: Mais Quentin, qui connaissait toute l'importance de la vietoire qui serait remportée sur un si formidable antagoniste, $e précipita à bas de son cheval au pied de la brèche, et abandonnant ce noble animal, présent que lui avait fait le duc d'Orléans, s’élança au milieu de cette nouvelle

p *_ QUENTIN DÜRWARD. mêlée et” gravit les déconibres , afin d'alfer mesurer ses érmes grec'velles du Sanglier des Ardenhes. Ce dérhièr, comme sil eût deviné l'intention du jéune Écossais, se tourna vers luf, mas- sue hâae, et ils éthieñt surle point d’en venir aux mains , quand des cris tumaltueur…t de triomptie auxquels se mélaient ceux de la frayeuriet du désespoir, annoncérent que les assiégesnts étaient entrés dans h vilke par un autre côté, et qu'ils menacent de prendre à revers les défenseurs de la brèche. À ces cris d’alartne, la Marck abandünña sa position, et rassemblant autüur de lui, à l’aide du cor'et dè-la voix, ceux qui voulaiènt partager son destht désespéré, il s’efforça d'effectuer sa retraite vérs une partie dela ville d’où il pourrait gagner l'autre côté de la Meuse. Les soldats qui le suivirent formaient un corps considérakle et bien discipliné ; et eés hommes farouches, n'ayant jémiis accordé quartier à teurs ennemis vaincus, n'étaient nullement disposés à le demander. Dans ce moment de désespoir, ils se retiraibnt duns k méilleirotdre : oécupant toute la largeur la rüe, temps à autre ils faisaient face à l'ennemi, et parvénalent qüetquelois à l'arrêter; ear plusieurs de ceux qui les poursuivaîent éommen- énient dGà à chercher une occupation moins dangereuse en bri-- sant les portes des maisons afin de les :méttre au piflagé. f est donc prübable que de la Marok, saëhé. par son déguisement à tous-ceux qui se promettaient des honmetrs et-de la gloire en faisant tomber sa tête, aurdit pu s'échapper sl n'eût été pour- gaivi par Quentin , son enelé le Bafafré, et quelques-uns & lears __ eamarader. Chaque:fols que les larisquenets s’arrétaient, un com- ‘bat furieux s'engageait entre eux et. les archers, et chaque fois Quentin cherchait à joindre de la Marék; mais celui-ci, qui n’a- vait d'autre but que d'effectuer sa retraite, semblait voaloir éviter en combat singulier. La confusion était générale : les cris des fermes, les horribles clameuss des habitants exposés à toute la licence d’une soldatesque effrénée, formaient un turuite non mois épouvantable que celui du combät : on «trait dit que la voix de la douleur et du désespoirlutia avec celle de lt vicienee et de la fureur; qui se faisait encore-entendre avéc force, quoi- qu'elle s'éloignât de plus .en plus: ;

A l'instarit même de la Marck; faisant sa | retraite de cette scène d'horreur, venait de passer devant la porte d'une petite chapelle pour laquelle les habitants de Liége avaient une vénére- tion toute particulière, les cris-de « Franee ! Prancel Bourgogne:

CHAPFISE XARVI.. | "ÿ Bourgogne ! » Hi agprirent.qu'une partic des assiégeants, arvixait par l’autre extrémité de le rue, qui était fort étroite et que par conséquent Ja retraite lui devenaitimpossible, .

« Conrad, dit-il.à son lieutenant, prenez avec vas. tous Leu braves gens, chargez vigoureusement les coquins-qui s’apprôtent à nous tomber sur les bras et tâchez de vas frayèr passage à travers leurs rangs, Quant à moi, tout est dit; ‘d'ai toujours com: battu en brave, maintenant le fangker. est aux ab6is; cependant je veux. engore dépêcher aux enfers quelques-uns de +e5 vage- bonds d'Écpssais, afin qu'ils aillont y annoncer OR SIT ivÉe, ne

Conrad obéit, et, à la. tête. du patit nomhce de soldais Qui lui restaient. se précipita vers l'extrémité de le rue, dans le deseeis de charger les Bourguignons et de se fraxer un passage du mien d'eux. Cinq ou six des plus braves et des plus dévoués, déterrmi- n$s à. péri avec leur chef, restérent auprès de-de la, Marck, et firent, face aux archers, qui n'éfaiont guère plus nombreux, «Sanglier : Sanglier s'écria celui-ci en agitarit se masstie. «Holà! très-nobles Écossais, qui: de vosis.veut gagner upe couronne de comte? qui veut emporter la tôte du-Saaglier ? Vous semblez aut- bitionner çette faveur, jeune homme , mais À Les gagner le prix ayant de mettre la main defsus.” ,

Quextin n’entendif ces paroles qu “imparfitemeht, parce qi elles, furent étouffées par la visière du casque de de la Merck; mais le mouvement quiles suiyit bientôt ne put lui laisser aucun doute; car, à peine avait-il eu ls temps. de crier à son oncleet à ses cama- rades de se tenir en arrière s'ils étaisnt de vrais gentilahommes, que de la Marçk.s'élança sur lui avec le bond d'un tigre, faisant tournoyer sa massue de manière que, retomhant au moment même ses pieds toucheraient la terre, le coup dont il menaçait son antagoniste ft aggené avec toute sa force, Mais Durward, qui avait le pied aussi léger gne l'œil:vif, fit un saut de ‘côté, et es quiva une atteinte qui menñaçait de‘lui êtra si fnneste. . ,

Ils s'abhordèrent alors, eomme le.leup et le ‘chian: du. benger .. leurs compagnons restant. de chaque côté spertateurs oisifs du combat ; car le Balafré, saisi d’admiration devant un si beau apec- tacle, criait de toutes ses. farces : « Laisaez-les faire ! lnissez-lea faire ! Mon neveu en. viendra bien à bout, cer, par-ma foi! il ES toute la valeur de Wallace ! !+

4 Un des plus illustres champions de la nationalité écossaise, Voyez PAistoire: dAcosse, par sir. ‘Water Scott, À. x.

. 48 QUENTIN DURWARD.

Sa confiance ne-fut pas trompée : quoique les coaps du brigand réduit.au désespoir tombassent sur le jeune ‘Écossais comme ceux: du marteau sur l’enclume, la vivacité des mouvements de celui- ‘ci, son adresse à manier l’épéé , lui fournissaient le moyen de les éviter tout en les rendant avec -la pointe de son arme, plus sûre quoique Moins bruyante ; et il en joua si bien et avec tant de suc- cès, que les forçes de son adversaire s’épuisèrent avec son sang, qui bientôt coùvrit la terre. Cependant, soutenu par le courage et la colère, de la.-Marck combattait toujours avec la même éner- gie, et la victoire de Quentin paraissait encore douteuse et éloi- gnée, lorsqu'une voix de femme se fit entendre derrière lui en l'appelant par son nom et en criant : «Au secours ! au secours! _ pour l'amour de la sainte Vierge!» |

Durward tourna la tête, et-un simple coup d’œil lui fit recon- naître Gertrude Pavillon: son manteau lui avait été arraché de dessus les épaules, et-elle était entraînée par un soldat français. Entré avec plusieurs autres dans la chapelle où, remplies d’effroi,

s'étaient réfugiées quelques femmes, ce soldat s'était emparé de Gertrude ; comme ses compagnons des autres femmes , et cha- éun d'eux les emmenait pour les sacrifier à sa brutalité.

«Attends-moï un instant, » cria Quentin à de la Marck ; et il courut vérs sa ‘bienfaitrice, afin de la tirer d’une situation dont il voyait tout le danger. «Je n’attends bon plaisir de personne, » répondit de la Marck en agitant sa massüe. et il se mit à battre en retraite, très-satisfait sañs doute d’être débarrassé d’un si formi- dable adversaire. «Vous attendrez pourtant le mien, ne vous en déplaise , répliqua le Balafré; je ne souffrirai pas que mon reveu reste en si beaü chemin.» Et, à ces mots, il se précipita sur de la-Marck, avec son épée à double tranchant."

Cependant Quentin éprouva pour délivrer Gertrude plus de ré- ‘sistance qu’il n’en-attendait. Celui qui l'avait choisie, soutenu par ses camarades, refusait de lâchér sa proie; notre jeune Écossais fut donc obligé d'appeler à sôn aide deux ou trois de’ses compa- triotes, et dans ce court espace de temps la fortune lui ravit la chance-heureuse qu’elle lui ayait présentée. Eri effet, lorsqu'il fut parvenu à dégager sa protectrice, la rue était déserte, et à s’y trouva seul avec elle. Oubliant alors quelle serait la situation de sa compagne si elle était sans défense, ilse disposait à se mettre à la poursuite du Sanglier des Ardennes, comme le lévrier suit le daim à la piste, quand cette infortunée , dans son désespoir, s’at-

CHAPITRE XXXVII. A85

tachant à ses vêtements, s’écria : «Par l'honneur de votre mère, ne me laissez pas ici ! Si vous êtes un véritable gentilhomme, re- conduisez-moi à la maison de mon père, qui vous a servi d’asile ainsi qu’à la comtesse Isabelle! Pour l'amour de cette jeune dame, ne m’abandonnez pas! »

Cette prière, prononcée avec le désespoir de l’agonie , était ir- résistible. Disant adieu, avec une amertume de cœur inexprima- ble, aux brillantes espérances qu’il avait nourries dans ce jour de carnage , et qui semblaient s’évanouir au moment même elles allaient se réaliser, Quentin, semblable à un esprit qui obéit à un talisman dont l'influence le pousse malgré lui, reconduisit Ger- . trude jusqu’à la maison de son père, il arriva à temps pour la protéger, ainsi que le syndic Pavillon lui-même, contre la fureur d’une soldatesque effrénée. :

Cependant le roi et le duc de Bourgogne entraient à cheval dans la ville par une des brèches. Tous deux étaient armés de pied en cap ; Charles, couvert de sang depuis son panache jusqu’à ses éperons, poussa son Coursier avec fureur à travers cette brè- che, tandis que Louis la franchissait du pas mesuré d’un pontife qui marche à la tête d'une procession. Après avoir envoyé des or- dres pour arrêter le sac de la ville’qui venait de commencer, et pour rassembler leurs troupes dispersées, ils se rendirent dans la cathédrale, tant pour protéger un grand nombre d’habitants de distinction à qui elle avait servi d'asile, que pour y tenir une sorte de conseil de guerre, après toutefois y avoir entendu une grand’messe. |

Occupé, comme l’étaient les autres officiers de son rang, à réu- nir les soldats placés sous ses ordres, lord Crawford, au détour d’une des rues qui conduit à la Meuse, rencontra le Balafré qui se dirigeait vers la rivière avec un air et une démarche remplis de gravité, portant à la main, avec autant d’indifférence qu’un chas- seur porte une gibecière, une tête d'homme qu'il avait saisie par sa chevelure ensanglantée. bien! Ludovic, lui dit son com- mandant, que voulez-vous donc faire de cette charogne ? C’est le reste d’une besogne que mon neveu avait assez bien commen- cée, et à laquelle je viens de mettre la dernière main, répondit le Balafré : un brave garçon que j'ai dépêché là-bas, et qui m’a prié de jeter sa tête dans la Meuse. On voit des gens qui ont de singu- lières idées quand la vieille au petit dos les agripe, cette vieille

qui, bon gré mal gré, nous force à danser chacun à notre tour.— QUENTIN DURWARD, 61

486 QUENTIN DURWARD.

Et vous allez jeter cette tête dans la Meuse dit Crawford en con- sidérant avec plus d'attention cet effroyable emblème de la mort. Oui, certes, répondit Ludôvjc ; car celui qui refuse à un mou- rant sa dernière demande s'expose à être fourmenté par. son es- prit : et j'aime à dormir tranquillement la nuit. Il faut que vous vaus exposiez à voir l'esprit, dit Crawford; car, sur mon âme, cette tête a plus de prix que vous ne vous l’imaginez; venez avec moi. Pas de réplique, suivez-moi. Volontiers, mon comman- dant ; aussi bien, je ne lui ai fait aucune promesse, car, en vérité, je lui avais, je crois, coupé la tête avant que sa langue eût fini de me faire cette demande. Après tout, il ne m'a pas fait peur pen dant sa vie, et, de par saint Martin de Tours ! il aeme fera pas peur après sa mort. D'ailleurs, si j'en ai besoin, mon compère Bo- üiface, le petit moine de Saint-Martin, me donnera une fiole d’eau bénite. »

Lorsqu'une messe solennelle eut été célébrée dans la cathédrale de Liège, et que la ville, revenant peu à peu de sa terreur, ent vu l'ordre se rétablir dans son sein, Louis et Charles, entourés de leurs pairs, se disposèrent à écouter les réclamations diverses de ceux qui s'étaient distingués durant l’action. Ceux qui croyaient avoir acquis des droits sur le comté de Croye et sur la main de la jeune Isabelle furent appelés les premiers; mais grand fut le désappoïntement de chacun d’eux, lorsque après avoir présenté tour à tour les trophées de leur victoire particulière, Üs virent leurs prétentions réciproques enveloppées d’un voile de doute et de mystère. Crèvecœur produisit une peau de sanglier semblable à celle que de la Marck portait habituellement ; Dunois présenta un bouclier pergé de coups et qui portait les armoiries du Sanglier | des Ardennes: beaucoup d'autres enfin s’attribyaient la gloire d’avoir immoJé le meurtrier de l’évêque, s ‘appuyant fous de preu- ves semblables : tant la riche récompense promise à celui qui apporterait Ja tête de de la Marck avait armé de bras contre ceux de ses fidèles soldats qui avaient pris son costume ef ses ar1mn06 !

Des disputes et des contestations s'élevaient parmi les egmpéti- teurs, et Charles se repentait intérieurement dayoir, Par np pro- messe inconsidérée, disposé au hasard de la main et de Ja fortune de sa belle vassale ; déja il méditait sur le moyen d'éluder ce con- flit de réclamations, quand Crawford, se faisant jour À travers le cercle, arriva en traînant après lui le Balafré, qui s’avançait de l’air embarrassé et honteux d’un mâtin aus 8 son maire Lire par

CHAPITRE XXXVIL. 487

laisse. « Enlevez tous ces cuirs, tous ces morceaux de fer peints, s’écria le vieux lord écossais : celui-là seul a tué le sanglier, qui peut en montrer les défenses.» .

À ces mots, il jeta à terre la tête sanglante de de la Marck ; très- reconnaissable à la singulière conformatiôn de ses mâchoires et à leuf ressemblance avec telles du monstre dont il portait le nom ; et aucun de ceux qüi l'avaient vu he put faire autrement que de le reconnaître.

« Crawford, » dit Louis, tandis düe Charles gardait Je silence d’un air triste et rêveur, « je parierais que c’est à un de mes fidèles Écossais que nous devons ce trophée. Oui, Sire, c’est à Ludovic Lesly, que nous nommons le Balafré, répondit le vieux comman- dant.— Mais est-il noble? dit le duc; de quel sang sort-il? c’est une condition sans laquelle notre promesse est nulle.— Lesiy, j'en dois convenir, est une pièce de bois assez mal taillée, » dit Crawford en jetant un coup d'œil du haut en bas sur l’archer, dont 14 physionomie et la pose droite et roide révélaient en lui une grande timidité et un extrême embarras,« mais je puis vous assurer que ce garçon est un rameau de la sonche des Rothes, maison non moins noble que celle de France ou de Bourgogne, depuis le jour l’on a dit de son fondateur : |

Entre Les-lee et le pré jaunissant ._ Il'abaltitie preux et le laissa pisant *.

1] n’y a donc pas moyen de s’en défendre! dit le duo; il faut

donc que la plus belle et la plus riche héritière de toute la Bour- gogne devienne l'épouse d’un soldat mercenaire, d’un soldat gros- sier, tel que l’est cet homme, ou qu’elle finisse ses jours dans un couvent? elle, la fille unique de notre fidèle Reinold de Croyc ! Ah | j'ai agi avec trop de légèreté! » Pendant qu’il parlait ainsi, un sombre nuage s'étendit sur le front du duc, à la grande surprise de ses pairs, qui rareinent le voyaient donner la plus légère marque de regret lorsqu'une fais it avait pris une résolution.

« Un instant, dit lord Crawford ; le mal eat moins grand que ne le pense Vatre Grace. Veuillez seulement écouter que ce cava-

4 Between the Lees lee and the mair He siew the kniyht, and left him there. S Nous laissons quelquefois le titre de Grace, au Lieu da celui d'éffétse, qui bei répond dans votre langue, surtout lorsque c’est un Anglais qui parle: 4. M.

488 QUENTIN DURWARD.

lier a à vous dire. Allons! parle donc, ou que la peste t’étouffe !" ajouta-t-il en s'adressant au Balafré.

Mais le vieux soldat, quoiqu'il n’hésitât jamais à s'exprimer assez intelligiblement-devant le roi Louis, à la familiarité duquel il était habitué, se trouva en défaut en présence d’une assemblée si nom- breuse et si imposante. Tournant une épaule du côté des deux princes, et préludant par un éclat de rire discordant, et par-deux ou trois contorsions convulsives, il ne put prononcer que ces mots : « Saunders Souplesaw...» puis il s'arrêta tout court.

. «Avec la permission de Votre Majesté et de Votre Grace, reprit Crawford, je parlerai pour mon concitoyen et vieux camarade : je vous dirai donc qu’un voyant lui a prédit dans son pays que la fortune de sa maison se ferait par un mariage; mais comme, de même que moi, son temps est passé, et qu’il préfère la taverne au boudoir d’une jolie femme ; en un mot, comme il a certains goûts et certaines habitudes de caserne qui font que l’opulence et la grandeur lui seraient plutôt un embarras qu’un plaisir, il suit l'avis que je lui ai donné, et il cède les prétentions que lui a dévo- lues le destin en lui livrant la tête de Guillaume de la Marck, à celui par lequél le farouche Sanglier des Ardennes a été mis aux abois, c’est-à-dire, à son’ neveu, au fils de sa sœur.—Je garantis Jes bons services et la prudence de ce jeune homme, » dit le roi enchanté de voir que le destin avait gratifié d’un prix inestimable un jeune homme sur lequel il avait quelque influence ; « sans sa vigilance et sa sagacité, c'en était fait de nous. C’est lui qui est veau nous prévenir de la sertie nocturne projetée par l’ennemi. —En ce cas, répondit Charles, je dois lui faire réparation pour avoir eu quelque doute sur sa véracité. —Et je puis attester sa bravoure comme hamme d’armes, dit Dunois.—Mais, interrom- pit Crèvecœur, quoique l'oncle soit un gentillâtre écossais, cela ne prouve pas que le neveu soit de sang noble.— Il est de la maison de Durward, répondit Crawford, et descend de cet-Allan Durward qui fut grand intendant d'Écosse. Oh ! oh! si c’est le jeune Durward, répartit Crèvecœur, je n’ai plus rien à objecter : la for- tune se prononce trop manifestement en sa faveur pour que je me permette de lutter contre cette divinité non moins fantasque et pon moins bizarre que son sexe.— Nous avons encore à nous assurer, » dit Charles d’un air rêveur, « si les sentiments de la belle comtesse seront favorables à cet heureux aventurier.—Par la sainte messe! s’écria Crèvecœur, j'ai plus de raisons qu'il n’en

CHAPITRE XXXVII. 489

faut pour croire que Votre Altesse la trouvera beaucoup plus docile à votre autorité qu’elle ne l’a jamais été... Mais pourquoi l'avancement de ce jeune homme me mettrait-il de mauvaise humeur? Après tout, c’est à l'esprit, au courage et à la fermeté, qu’il doit la beauté, la richesse et le rang.» |

CONCLUSION.

. J'avais déja envoyé à mon imprimeur les feuilles que l’on vient de lire, et à la fin desquelles se trouve une assez belle leçon morale qui peut servir d'encouragement à tout jeune homme aux che- veux blonds, à l’œil vif et brillant, à la jambe bien tournée, qui, abandonnant notre pays natal, s’aviserait, dans des moments de troubles politiques, de se jeter dans la carrière hasardeuse ou dans l'honorable profession de cavalier de fortune. Mais un ami sincère, un sage conseiller, un de ces hommes, enfin, qui savou- rent avec plus de plaisir le morceau de sucre qui reste au fond de leur tasse à thé,que le parfum du souchong! lui-même, m'a fait une semonce amère, et insiste pour que je rende un compte par- ticulier et précis des épousailles du jeune héritier de Glen-Houla- kin et de la charmante comtesse flamande, pour que je décriveles tournois qui eurent lieu en cette intéressante occasion, et que je dise combien de lances y furent rompues. Enfin, il exige même que je ne fasse pas grâce au lecteur curieux, des vigoureux gar- cons qui héritérent de la valeur de Quentin Durward, et des aimables filles auxquelles Isabelle de Croye transmit ses charmes,

J'ai répondu à cet ami, par le même courrier, que les temps sont bien changés,et que La publicité des cérémonies nubptiales est tout à fait passée de mode. À une époque qui n’est pas encore tellement éloignée de moi que je ne me la rappelle parfaitement, non-seulement les quinze amis de FPheureux couple étaient invités à être témoins de leur union', mais les ménétriers ne cessaient de jouer en branlant la tête, comme dans l’Ancien Marinier?, jusqu’à ce que les rayons de l'aurore vinssent frapper leurs yeux. On buvait le sack-possetS dans la chambre nuptiale; on jctait en

1 Une des meilleures espèces de thé. 4. M.

2 Poëme de Coleridge, un des partisans de l’école moderne anglaise, dite des Lacs, et à la tête de laquelle se trouve le vaporeux mais profond Worthworth. À. M.

SLe Sack-posset est un breuvage tonique : il y entre du vin, de la crême , du sucre, des œufs, de la muscade. 4. M.

A9Û QUENTIN DURWARD.

V'air lo bas de la marléet, et sa jarretière était disputée et partagée en présence du couple fortuné dont l'hymett venait de faire une seule et méme chair. Les écrivains de celte époque en suivaient la mode avec un soin minutieux ; ils ne passaient sous silence ni la moindre teinte de rougeur qui montait au visage de la mariée, ni le moindre coup d’œil furtif que le marié jetait sur elle; ils comp- taient les diamants semés dans les cheveux de l’épouse ; ils ne faisaient pas grâce au lecteur d'un des boutons qui brillaient sur la veste brodée de l’époux, jusqu’à l'heure enfin où, au lever de l'aurore, ils conduisaient poliment le couple au lit nuptial. Mais aujourd'hui, combien seraient ridicules de pareilles peintures, depuis que les vertus modestes et privées de nos mariées moder- nes, de ces jeunes, douces et timides créatures, les forcent à se soustraire à la pompe, à l'admiration, et à la flatterie, et, comme le bon Shenstone, à chercher la liberté dans une auberge?.

Il est hors de doute qu’une relation exacté de tous les détails et de toutes les circonstances par lesquels un mariage était rendu public et célébré dans le quinzième siècle, répugnerait au nôtre. Isabelle de Croye se trouverait placée, dans l'opinion des belles d'aujourd'hui, bien au-dessous de la fille qui trait les vaches et de la domestique chargée des soins les plus serviles dans la maison de ses maîtres;car celle-ci, fût-elle sous le portail même de l’église, rejetterait la main du garçon cordonnier, son futur époux, s’il lui proposait de faire nopces et festins (comme il est écrit en toutes lettres sur les enseignes de quelques traiteurs dans les faubourgs de Paris), au lieu de monter sur l’impétiale d’une diligence pour aller passer incognito la lune de miel à Deptford ou à Greenwich.

Je ne m'étendrai donc pas davantagé sur ce sujet, et je me déroberai habilement aux noces de la comtesse, comme l’Arioste! à celles d’Angélique, laissant à més lecteurs la satisfaction de compléter, s'ils le veulent, la fin de cette histoire, chacun au gré de son imagination.

1 Usage du temps, et dont voici explication: Lorsqué la mariée était couchée, os éteignait 18s lumières dans sa chambre,où étaient réubies toutes lus filles de la noce. Elle jetait son bas en l'air, et si quelqu’une était assez heureuse pour le recevoir, c'était un présage qu’elle serait mariée dans Pannée. 4. M.

2 Seck for freedom at un inn. Shenstone est un poëte anglais plein de grâce , qu a laissé bon nombre de poésies légères, 4. M.

3 On sait qu’en Angleterre, immédiatement après la cérémonie nuptiale, la nou-

veau couple s’éclipse, et va passer dans une retraite mystérieuse les premiers jours de son bonheur conjugal. 4. M.

4 Orlando furioso, c. xxx, 5.16. À M.

CHAPITRE XXX VII. a91

Quelque barde dira, plus fortuné mortel, Comment de Braquemont s’ouvrit le vieux castel, Quand au jeune Ecossais, illustré par les armes, Isabelle eut donné sa fortune et ses charmes.

- FIN DE QUENTIN DURWARD.

IMPRIMERIE DE MOQUET ET C°, RUE DE LA HARPE , 90.