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RECHERCHES GEOGRAPHIQUES
SUR L'INTÉRIEUR
DE L'AFRIQUE
SEPTENTRIONALE.
iV. B, L'ouvrage de M. Walckenaer, que nous publions» et qui n'a étë imprimé aux frais de l'auteur qu'à un très- petit nombre d'exemplaires, fait le complément de V Histoire des Foyctges et des Découvertes faits en Jfrique^ depuis les siècles les plus reculés jusqu'à nos jou^s, ^etc, Paris, i8ai.
Cet ouvrage forme 4 volumes in-8^, et un atlas. 3o fr.
Voyez le prospectus à la fin de ce volume.
DE L'IMPRIMERIE DE FIRMIN DIDOT,
IMP&IXEUIL DU ROI, DE l'iNSTITUT ET DE LA MARINE,
(XCJ
RECHERCHES GÉOGRAPHIQUES
SUR L'INTÉRIEUR
DE L'AFRIQUE
SEPTENTRIONALE,
COMPRENANT
L'Histoire des Voyages entrepris ou exécutés jusqu'à ce jour pour pénétrer dans l'intérieur du Soudan ; l'exposi- tion des Systèmes géographiques qu'on a formés sur cette contrée; l'analyse de divers itinéraires arabes pour déter- miner la position de Timbouctou; et l'examen -des connais^ sances des anciens relativement à l'intérieur de l'Afrique:
SUIVIES d'un appendice,
Contenant divers Itinéraire^, traduits de Tarabe par M. le baron Silvestre de Sacy et M. de La Porte ; et plasieurs antres Relations on Itinéraires également traduits de Varabe , on extraits des Toyages les pins récents.
OUVRAGE ACCOMPAGNE 0*UNE CARTE.
Par C.-A. WÀLCKENAER,
MEMBRE DE l'iWSTITUT. .. , r , ., ^
A PARIS^^Ti^:v^>\^
CHEZ AR-rtlUS BERTRAND, LIBRAIRE,
RUE HAUTEFEUILLE, N^ 23.
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1821.
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AVIS
AU LECTEUR.
Vjet ouvrage était termine dans le mois de janvier 18120. Un jeune et célèbre voya- geur anglais, M. Çowdicli, en entreprit à cette époque sur le manuscrit la traduc- tion ^ qiù fut* annoncée dans les papiers publics d'Angleterre. Diverses circonstances m'empêchèrent alors de le publier. Lorsqu'il m'a été possible de m'en occuper de nou- veau, plusieurs relations sur ce sujet avaient paru, divers documents avaient été publiés; plusieurs même ont vu le jour pendant l'impression de mon ouvrage. Je les ai tous analysés^ et j'ai tâché de renfermer dans ce volume tout ce qui peut servir à éclaircir
6 AVIS AU LECTEUR.
la géographie des contrées les moins con- nues, de l'ancien monde, et cep^idânt les plus importantes à connaître , sous le rap- port de rhistoire physique du globe, comme sous celui des progrès du commerce et de la civilisation.
PRINCIPALES DIVISIONS
t . . .
DE L'OUVRAGE.
I
NTRODUCTION., • • . • ^ • PAGE 1
PrçmièAjs pARTiBi -^ Des pçpgrès des découvertes géographiques dans Tintérieur de la partie occi- dentale de ^Afrique septentrionale « .44 9
$ I. Depuis l'invasion des Maliométans eh Afrique, jusqu'à la chute de l'empire des Maures en Espagne* • « • « ^ • • «••«•*»,•••»•*••«•• id.
S IL Depuis TeKpulsion des Maures d'Espagne ^ jusqu'au CQmtiienceniént du seizième siècle , lors de la publication de l'euvràge de Léon. FAfricain # « 4 • « • < « é 17
f HJ. Depuis le commencement du seizième siècle et la publication de Fouvra^e de Léon l'Afri» cain , jusqu'à la formation de la société établie à Londres pour les découvertes. ••#«•.•.«•• ^ 35
S lY. Depuis l'établissement de la société fiour les progrès des découvertes en Afrique ^ jusqu'à nos jours« ..<• ^ ••• a «.•«•..««••« » 64
Deiixièmè Partie. — Des cartes de i' Afrique Rela- tivement au tracé des contrées intérieures de la partie septentrionale de ce continent i85
\
8 I^AINCII^ALES DIVISIONS
S I. Des cartes de l'intérieur de l'Afrique septen- trionale, depuis Ia publication de la mappe- monde de Ruysch en i5o8,itisqua Orteliiiis en 1670 i i85
S II. Depuis la publication de l'atlas d'Ortélius en iS^o, jusqu'à celle de la mappemonde de Guillaume Delisle en 1720 , 194
S III. Depuis la publication de la mappemonde de Guillaume Delisle, jusqu'à nos jours 21; 4
Troisième Partie. — Analyse géographique des itinéraires de Tripoli à^Timbouctou et de Tri- poli à Gachenah, par le chejk Hagg-Casaem et par Mohammed , fils d'Ali « • « ^ « • 249
S I- Considérations préliminaires id.
S II. Appréciation de la journée de marche des caravanes dans les déserts de l'Afrique 262
S III- Analyse géographique de l'itinéraire de Tripoli de Barbarie à Timbouctou, par le cheyk Hagg-Cassem. ...*••.«.«•. 269 '
§ IV. Analyse géographique de l'itinéraire de Mohammed, fils d'Ali, fils de Foui. ........ 3o2
S V. Analyse géographique de l'itinéraire de Tri- poli de Barbarie à la ville de Gachenah, par le cheyk Hagg-Cassem 3o8
§ V*". Sur un itînérah*e de Gamba à Gachenah, à Bornou et à la Mecque • 325
§ VI. Sur l'étendue et les limites des connais- sances des anciens relativement à l'intérieur de l'Afrique 346
S VII. Résumé, conjectures et conclusion. • . • . 892
Dk LOUTRAGS. g '
ÂPPSNDICX it • 4^6
I. Itinéraire de Tripoli à TimboDfctou , par le cfaeyk Hagg'Cassem • • • • • • 4^9
II. Itinéraire par Mohammed , fils d'Ali 4^9
m. Itinéraire de Tripoli à Cachenal^. 44S
IV. Itinéraire de Gaudja à Haoussa et à la
Mecque /^ C 4^3
y. Itinéraire d'Achmet Ibn-Hasf^n, de Fez à
Tafilet » • 457
VI- Journal d'une expédition contre Soït;|in« • . • 465
VII. Extrait d'Ibn-Haukal 4jS.
VIII. Itinéraire d'Hadji-Boubeker , de Seno-Palel
à la Mecque • , 477
IX. Relation de Scott ; . 4S9
X. Relation du capitaine Lyon, •••••/••.••,. 494
RECHERCHES
GÉOGRAPHIQUES
SUR L'INTÉRIEUR
DE L'AFRIQUE
SEPTENTRIONALE,
INTRODUCTION.
\^u4hfD on jette les yeux sur les cartes d'Afrique qui ont été publiées, on voit dans l'intérieur de la partie septentrionale de cette portion de Tan- cien monde, des montagnes, des rivières, de grands lacs tracés avec des détails très -précis; un grand nombre de positions dont les noms nous font connaître, par la différence des ca- ractères avec lesquels ils sont écrits, si ce sont des villes capitales, des boiirgs ou des villages; beaucoup d'états, de royaumes, de iia|ions,,de peuplades, dont les situations et l'importance
relatives sont indiquées avec une clarté parfaite. Enfin les limites du grand désert de sable sont marquéei ftt^ uti4 tietteté.qui semble ne rien laisser à désirer ; et ces vastes solitudes, que tant de relations nous peignent comme si effrayantes, ont en .quelque sbtté tWspa^u î tâht sont nom* liseuses les oasis qu'on y a placées i tant elles paMiisseAt raji^îp^hées Içs un«s des autivs; t^nt ^e trouvent fixées atec précision leur étendile, leurs limites , et les positions des lieux qu'elles renfermenl:. , .
Un état si prospère de la géographie de ces contrées semble devoir rendre de nouvelles re- cherches superflues.
Cependant , lorsqu^'on ignorerait tQut à cet égard , on côhcevrait des l^otlpçbils en compa- rant nos cartes d'Afrique les plus récentes avec celles que Vùti â pcibliée^ dans les t6^ et l'jf siè*- clés; car, bten loin d*àvoir acquit de iiotivelles nc$tio6i^,il ^etftblèrait qué ùouè éti aurtom b^u* coup pêtdti. Phisiëutis de v^es ftncietii^s carte» ntbus donùient sur rinlériéûr dé l'Afrique un plus glt^nd hdmbre d^ détaib qu«i ilo» cartes itiodefiies. S\it queli}ues-uii^ft <^ H^ontinetit pâ- l'ait presque aussi peuple que l<5jfi royaumet les plus Ûotissanti^ dt YEiaùtop^ : ôii y toit iiomstu^ lement lei lituites tks états ^ maiis aussi celles de leurs provipMS M de leurs disiriâts; de
IITTRODUCTIOîr. 3
sorte qu^on embrasse d'un coup*d'œit les di^ visions et leâ subdivisions de toute cette partie du moiyde avec autant de facilité que celles de la France sur une carte divisée par départements et par arrondissements*
Mius quand Toeil de' la science veut scruter toutes ces richesses ^ elles s'évanauii;f(ent comme* des Eantomeé^et on s^aperçoitavec peine qu'ell<$ ne servent qu'à déguiser la plus complète pâu* vreté. Lés contrée^ qui parail^sent avoif été me* surées sont à découvrir ; et là où tout paraissait fait, tout reste à faire.
* Ces considérations m'avaient engagé à sou» mettre à un examen approfondi les notions que nous pouvons avpir sur l'intérieur de l'Afrique septentrionale, afin de connaître quels[[moye)BS elles nous offrent de déterminer sur une carte tout^ce qui concerne la géographie positive, c'est-à-dire le tracé des rivières, fles lacs, des chaînes de molitagnes; les positions des peuples, des villes et des bourgades; l'étendue de» dé- serts, et les situations respectives des oasis.
Dans le cours de mo études géographiques.; j'avais été souvent ramené à Ce sujet curieux. Je regt^ttais toujoui^s, entraîné par d'autres travaux^ de ne pouVèir lui aiecorder qu^uae attention pas* sagère. Une occasion s'est enfin présentée, qui m'a en quelque ëorté feT^.d'vfihèver la tâche
4 RËGI^£RGHES SUR l'aFRIQU£.
devant laquelle j'avais plus d'une fois reculé. Dans le milieu de Tannée 1818, on envoya . k l'Académie des inscriptions et belles* lettres de l'Institut de France, un itinéraire de Tripoli k Timbouetou^ écrit par un çheyk arabe, qui avait servi de guide aux caravanes, et qui a 'long -temps fait le commerce de Timbouctou. Cet itinéraire avait été traduit d'ai^ibe en fran- çais par M. de La Porte, ci-devant interprète de la chancellerie de France à Tripoli en Barbarie. L'Académie me chargea de prendre connais- sance de cet itinéraire, et de lui faire à ce sujet un rapport irerbal.
Il m'était impossible d'avoir une opinion sur l'exactitude* des distances données dans cet iti- néraire, sans examiner sur quels renseignements ou sur quelles combinaisons reposait la position assignée sur nos cartes à la ville de Timbouùtou, qui est le point extrême ou principal où se ter- mine la série des positions qu'il indique. Cet examen m'a entraîné dans celui de toute la géo- graphie positive des parties occidentales de l'A- frique septentrionale, auquel il se trouvait né- cessairement lié. Ce travail, souvent repris, sou- vent int^Tompu, fut enfin achevé; mais je ne me proposais pas de le soumettre à l'Académie , parce que les développements qu'il nécessite excèdent les bornes d'ua sûaple rapport verbal^
INTRODUCTIOIf. 5
et que d'ailleurs <;e qui concerne la géographie moderne semble sortir un peu de ses travaux habituels. Je n'avais pas non plus l'intention de le publier ; mais, lorsque j'eus lu dans un jour- nal qui s'imprime à Marseille une notice relative à l'Afirique, dans laquelle on apprenait au public qu'un itinéraire écrit en arabe, de Tmpoli à Tùn- bouctouy dont M. Ritchie, jeune voyageur an- glais (i), possédait une copie, avait été présenté à TAcadémie des inscriptions et belles-lettres, je pensai qu'il était convenable de prouver qqe la savante compagnie à laquelle j'ai l'honneur d'ap* partenir avait apporté à la communication qui lui avait été faite toute l'attention qu'elle méri- tait. J'avais donc, dans ce but , extrait de mon travail sur l'intérieur de l'Afrique tout ce qui peut servir à éclaircirv cet itinéraire.
Mais bientôt j'eus occasion de voir un second itinéraire, pareillement écrit en arabe et beau- coup plus détaillé. M. de Sacy eut la bonté d'eit faire à ma prière une traduction qu'il me remit. Cet itinéraire commence, comme le précédçut, à Tripoli, ti se termine. de même à TimbouctoUé Mais il ne ooildmt à c^te ville que par une
(i) Depuis que ceci a été écrit , ce jeime et intéressant ▼oyagenr, qae nous ayons eu occasion de connaître à Paris, a succolnbë, comme tant d'âut^s, au climat d'AInque.
8 KEGHERGHES SUR l'a'FRIQUE.
du voyage qu'Ibn-Hassan a &U en 1787, de Fez à Tafilet^ qui m'a servi à déterminer la position de cette dernière ville. J'ajouterai encore quel- ques, autres documents oiîginaux que j'ai eu occasion de citer dans le cours de l'ouvrage.
PREMIÈRE PARTIE.
PREMIÈRE PARTIE.
DES PROGRÈS DES DÉCOUVERTES GEOGRAPHIQUES DAKS l'intérieur DE LA PARTIE OCCIDENTALE
DE l'afrique septentrionale.
§ I. Depuis l'invasion des Mahométans en Afrique j jusquà la chute de V empire des Maures en Espagne.
X-iE mahométisme, qui a renversé et fondé tant de royaumes et d'empires, produisit dans le centre de l'Afrique la plus importsmte des révo- lutions. Quoique les parties septentrionales de ce continent, qui bordent la Méditerranée, eussent, depuis des temps très-anaiens,été habitées par les peuples k& plus civilisé^ de l'antiquité , et que les Égyptiens', les Phéniciens, les Carthagi^ nois, les Grecs et les Romains, y eussent feiit fleii* rir tour-à^tour le commerce et les arts, les peu- plades de l'intérieur, séparées de ces états par de vastes espaces stériles^ étaient restées bar- bares. La nouvelle religion , en mettant tout le
JO IIEGHERGHB& SUR h^V%îqVJL.
nord de l'Afrique au pouvoir d'une nation ha- bituée à traverser de vastes déserts, devint pour les régions de l'intérieur une puissante cause de civilisation. Auparavant, les tribus maures, qui menaient une vi« errante , sorties originairement de l'Arabie , et répandues dans le Safuira ou le Graind-Désert, opposaient des obstacles presque insurmontables aux nations civilisées qui au- raient voulu pénétrer dans les régions du Sou- dan. Opprimés tour-à-tour par les Carthaginois, les Grecs, les Romains et les Vandales, qui les réduisaient en esclavage et leur faisaient une guerre opiniâtre, les Maures accueillirent les Arabes conquérants, qui avaient les mêmes usages qu'eux, comme des défenseurs de leurs libertés, et non comme des usurpateurs (i).
Les Arabes transportèrent avec eux en Afrique le chameau^' qui leur donnait la faculté de fran- chir ces mers de sable qui, dans leur patrie aussi, séparaient entre elles les contrées fertiles
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{%) hss Arabes entrèrent en Egypte vi^ê V%n 37 de Thé- gyre, an 647 de Fère chre'tienne (Voy.Cardonne, Histoire de V Afrique sous la domination des Arabes ^ t. I, p. 10); mais ils ne se rendirent maîtres de la partie de l'Afrique qui s'étend le long des côtes de la Méditerranée, que Tan 88 de rhégyre. Voy. Gibbon , vol. IX, p. 44B. — Cbénier, iîccAer- ches historiques sur les Maure», l. I, p. s5i ; — Browne's- Troi^els; i'* édit,, in 4'', p. 94-
PREMIERE PARTIE, ' ^ II
et habitables. Ils purent donc, sans aucun ob- stacle, commercer directement avec les riches régions situées au-delà du Grand^Désert, et d'où depuis long-temps ' on apportait de lor. Us y envoyèrent des caravanes régulières, qui parais- sent avoir passé par le Fezxan et par ji godez ( i ) , parce que c'est dans cette direction que le désert se trouve interrompu par un plus grand nombre d'oasis, ou de terrains fertiles, isolés au milieu des sables.
Plus tard , lorsque l'empire des khalifes se^fiit étendu jusqu'à l'extrémité occidentale de l'Afri-r que, et même en Espagne, d'autres caravanes se dirigèrent aussi -par les vallées de Suz, de Darah et de Tafilet^ qui sont au sud du royaume de Maroc (a). /
Des colonies de Maures et d'Arabes s'établirent bientôt dan& des contrées dont l'imagination orientale exagérait les^richesses. Des missionnaires zélés y pénétrèrent. Un comipencement de civi-
(i) Jgadez est V^ndagost d'Ëdrisi, et YAoudagast d*Ibn-« Haakal. Yoy. Hartxnanii's Edrisi, p. 40, et Ibn^Haukal, manoscrit de liejde, p. 34,
(a) Geogrdiphia Nuhiensis^ îÇ-4**» ifiiQiP» 7-»' - *»* Mi Hartmann'» £drisi, p. 26-49^ i33- 134* — Marinoi, Im. ii,, cbap. XXXI, 1. 1, p. aBg. Selon cet autenr, Maroc fut bâtie vers l*aa 1071. — Hartmann*» £dmi,p« 67 et 61, et p.. ai6^ 49, i33.
là « 'REGHEBGHES SUR l' AFRIQUE.
îisation s'introduisît avec la religion de Mahomet parmi ces peuplades de Nègres, auparavant livrées aux plus grossières superstitions. Les sacrifices humains, que ces superstitions commandaient, et qu'on retrouve malheurei^isement encore au- jourd'hui dans des contrées situées plus au sud et voisines de la côte de Guinée, furent abolis (i ). Enfin les révolutions qui eurent lieu dans l'empire des khalifes, et sur -tout la guerre qui V s'éleva entre les khalifes d'Espagne et ceux-d' Afri- que, de la dynastie des Zeïrites, rendirent les transmigrations au-delà du Grand-Désert plus nombreuses et plus fi?équentes.
On ne peut fixer les époques précises de ces événements; mais on sait que, dans les dixième,
(i) « Sous le règne des Almoravides , dit Marmol, liv. ix, chap. i,t. m;", p. 57 de la traduct. fp. (l'an 38oderhégyre, oa 96.5 de J.-C), plusieurs Morabites et plusieurs docteurs mahométans allèrent planter leur religion parmi ces bar^ bares : ensuite le filsd'Abdnlmalec leur en apprit les dogmes et les cérémonies ; et celui d'Ali- Benbuçar acheva de faire recevoir cette créance à tous ceux qui demeurent le long des Nègres, ou aux environs, qui étaient des barbares sans loi, sans roi et sans aucune poUce. Quand le roi Joseph- Lumptum conquit ce pays , il le partagea en cinq provinces : les Nègres, depuis ce temps , eurent commerce avec les Atabes, appri- rent leurlangue , et furent vassaux de ce prince et de ses des- cendants. «Voy.Lëon VAfncàinyDeila descrizione delV Africa^ dans Ramus^o, édit. i6i3, t. I, p. 77 verso.
PRSMlàniE PARTIE. l3
onzième et douzième siècles de l'ère chrétienne, les bords du grand fleuve , 6u des grands fleuves ^ qui fertilisent le Soudan^ se trouvaient couverts d'états et de royaumes, dont la population était, en grande partie, composée de Mahométam (i). Le témoignage Unanime des auteurs arabes nous représente comme un prince puissant le sou- verain de GanahyCj^aï ne relevait que du chef des Abassides^ et qui tenait sous sa domination la contrée de Ouangara^ d'où l'on tirait de l'or (a).
(i) Léon rAfricain {Délia descnzione delV 4frica^y^9xX, vii, dans Ramnsio, t. I, p. 77 ) dit que les anciens écrivains arabes il Bechri et il Meschudi, qui l'ont prëcëdë, n'ont pu donner aucune notion sur le pays des Nègres, parce qu'il leur était inconnu , et qu'on ne l'a découvert que Tan 35o delliégyrCy ou 971 de Fère chrétienne. Cependant Ibn- Haukal , qui a commencé ses voyages en 94B âe Tère chré- tienne, nous doline les distances de Sidjilmessa à Aouda-- gast, à Ganah , à KôuAoa, à Koagha, et enfin a Oulil^ où étaient les mines At sel. Donc dès.- lors le Soudan était connu et peuplé par les arabes. Voyiez Ibn-Haukal, Manu- scrit deLcyde, p. 34- Ceci ne se trouve pas dans l'extf^it donné par M. Ouse\ey, Oriental Geography,
(2) Edrisi -«Hartmann, p. 4^-4^; Geogr. NuLf. 11. — Aboul-Fedae Geographia dans Biisching's Magazin^V theil, p. 354. — {^-el-Ouardi dans les Notices des Manu^rits^ t. II, p. ^3-'37. Cet auteur est du treizième siècle; et de son temps' l'or de Ouankara était porté dans le SidfjUmessa. ' Dans li^armol et dans Léon l'Africain, il est souvent ques-
t4 RECHEKCHES SUR l'aFRIQUE.
A l'ouesl, étaient la ville et Je royaume de Tocrour; ati nord-est, ceux de KtiUgha^ de Zaghara ou Zanfara^ de Kanem^ et de Kouâou.
Des révolutions, dont nous ignorons les détails (ma» dont Thistoire nous instruira peut-être, lorsque nous aurons pénétré dans ces contrées), bcniieversèrent souvent ces nouveaux états de Tin- lérieur de l'Afri(}ue. La ville de Timhouctou fut fondée par Mensc(i') Suleiman, Fan 6iô de l'hé- gyre (iai3 de l'ère chrétienne); et elle devint bientôt la capitale d'un état puissant (2).
On doit remarquer que c'est dans le treizième siècle, et sous le règne du khalife Almansor, que l'empire de Maroc acquit son plus haut degré de puissance, et que cette époque coïncide avec oélle de la fcmdalioifi de la Ville de Titnbouc^ tou (3).
Les souverains de Maroc et de Fèz étendi-
tion de Tor de Tibof^ qu'on apportait de Ouangara.^ Cette dénomination vient du mot arabe Thihr^ qui signifie or pur.
(i) Merise signifie roi dans le langage des Mandingues.
{i) Léon TAfricain , DescHiionc deWA/rica , part, vu , Ramusio» p^ 78. ~
(3) Marmol, Uv. xr, ch. ▼, t. lit, p. 70. -*^ Giovan Léon^ Descrizione dell'JJrica, part, vu, t. I, p. 77 verso. — Cardonne, Histoire de V Afrique ei de V Espagne sous la dominaiioh des Arabes. -*— ChénTer, Recherches historiques sur les Maures y t, III , p.'^lSg. '
rent leurs tsoaquétep rers le sud, pa^im^nt plu- sieurs fois à soumettre les peuplades du Grand* Désert^ et pénétrèrent niéme avec leurs armées jusqu'à Timbouctou^ qu'ils assujettirent à un tri- but. Dès-lorS) les couimunications entre cette ville et Tempire de Mmroc devinrent plus faciles et plus sûres* Les histoires et les relations anciennes de MuroCy les contes même que les vieillards répètent à leurs enfants , parlent de l'or que les Abures recevaient de TimiK>uciau et des autres contrées du Soudan (t).
Jamais le commerce de rintérîeur de l'Afrique ne fut plus florissant qu'à cette époque, et lors« que prospérait la domination dés khalifes d'Es- pagne. Il y a même lieu de présumer que ce sont les Maures d'Espagne qui ont fondé Jimbouc-
(i) QkémeVf Recfierches historiques sur les Maures ^ t. I, p. a46. Du temps de Marmol , Muley-Abdala , qui faisait sa r^sid^nce à Fez , atrait ëtendu tou etupire au sud jusqu'à Td^ffùxMft'y Tegurarin^ et Teqaia^ jnsqu^aux confins de la Guinéu ( liv. ii, t. I, p* 4^5). Marniol ( liv. yii, ch. VI, t. III , p. 7 ) nous apprend qu'il était de Texpédi- tion entreprise par le chérif Mohamet, roi de Suz^ qui s*é- tait rendu dans Toasis de Guniaten pour attaquer les ^gres. Aassi le roi, de Maroc se qualifiait>-il , dans le 17^ siècle , d'empereur à^J/rique^de Fez, de SuZyde G€igo^de seigneur de Daraà et de la Guimea, Voyez D&p^eT , J)escryftian de tj{/nque, 16^6, iu-folio, p. 129^
t6 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
tou. Léon l'Africain nous apprend que ce fut un architecte de Grenade qui construisit en pierre le palais du roi, et la première mosquée de cette ville africaine (i)*
Timbouctou étant devenu la capitale d'un état puissant, le Ouangara redevint un état indé- pendant, et ne fut plus soumis aux souverains de GanaJi. Par la suite, Tétat de Bornou^ au . nord-est, s'éleva sur les ruines de ceux de Za/i- /àra, de Kanem et de Koukou, Mais, si Ton en croit Marmol , Bomou ne se serait converti, au mahoroétisme que beaucoup plus tard, et vers le milieu du seizième siècle {^)\ ce qui s'accorde avec ce que dit Browne sur le Dar-Four. Ce cou- rageux et infortuné voyageur nous apprend qu'il y a seuleiùent cent- cinquante ans (3) que les habitants de cette contrée sont devenus ma- hométans. Ainsi l'introduction de la religion de Mahomet dans les parties orientales du centre de l'Afrique, et la formation de Tpmpire de Bomou et des autres états qui en. sont voisins, paraissent postérieures à l'époque dont nous nous occupons.
(i) Léon l'Africain, dans Ramusio, part, vu, p. 78. ,
(2) Marmol , liv. ix, ch. v, t. III, p. 70.
(3) Browne's Travels in Jfrica^ Egypt an^ Syria^ ^799* in-4^. , ch. xxxy p. a8o.
PREMIÈRE PARTIE. ' I'^
§ IL Depuis V expulsion des Maures d'Espagne jusquau commencement du seizième siècle^ lors de la publication de T ouvrage de Léon VAfricain,
Le commerce régulier qui avait lifeu entre les contrées septentrionales et centrales de l'Afrique par le moyen des caravanes, attira enfin l'atten- tion des nations chrétiennes de l'Europe, qui, après avoir expulsé les Maures d'Espagne , étaient enflammées par l'ardeur des découvertes , et se répandaient dans toutes les contrées du globe pour .étendre leur puissance et accroître leurs richesses.
La Géographie d'Édrisi, qu'avait fait con- naître Roger, roi de Sicile, vers le milieu du douzième siècle (i), avait révélé à l'Europe chrétienne l'existence d'un grand nombre de villes et de rwaumes dans l'intérieur de l'Afrique. On desirait jîjr-tout pénétrer dans la contrée de Ouangara^^&\xX on tirait beaucoup d'or.
Les cosmographes du quatorzième siècle, qui paraissent avoir emprunté aux Arabes toutes leurs notions sur l'intérieur de l'Afrique, indi-
(i) Voyez l'article JEdnsiàans la Biographie tmiverselle, t. XII, p. 537^ et Hartmann, Edrisi Africa^ in-S*^ 1796* p. 55 et 65.
2
f8 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
quaient exactement sur leurs cartes Tendroit du passage de la montagne par où les caravanes se rendaient en Ghinea et à Timbouctou; une lé- gende particulière et détaillée faisait mention du voyage annuel qui avait lieu dans ces contrées. Mais, faisant disparaître le Grdnd-Désert qui sé- pare ces mêmes contrées de la côte septentrio- nale, les cosmographes terminaient leurs cartes un peu au sud de TAtlas, et ils plaçaient le Soudan ou Ghinea (t) et Timbouctou tout près de Sidjilmessa, C'est dans ces imparfaites ébau* ches que l'on trouve pour la première fois chez les chrétiens de l'Europe le nom de Timbouc- iouj et leurs premières notions sur le commerce de cette ville (a).
(i) Ce nom est Torigine de celui de Guinée^ sur lequel on a tant disserté, et dont on a donné tant de fausses éty- mologies. Il est le même que celui de. Bfènnê ^.ou Genni^ ou Gain , qui est encore aujourd'hui le nom d^une ville et d'un état autrefois plus étendu. Il nous semble que Léon l'Africain ne laisse aucun dOute à cet égard. Voici son texte (ca^ on sait qu'il a lui-métte traduit son ouvrage de l'arable en italien) : « Questo seeondo re^no è chiamato da nostri <c ira^/ra/ir/Ghenoa, dagU ahitatori Genni e da alcun aUro « Europa che ne ahhia notion è detto Ghinea. » (Ramusio, édit. i6i3, t. I,p^ 78.
{%) Sttr randenne carte desainée sur.b^is qui est à la Bibliothèque -dn> Roi , et qui a été construite vers le milieu
- PREMIÈRE PARTIE. I9
Les voyages de Mohammed - Ibn * Batouta , écrits en arabe dans le quatorzième siècle, pa- raissent avoir été connus de ces anciens cosmo-
do quatomème mècle , od a tracé au sud de MarocAa un pasaage dans la montagne^ à côté duquel on a écrit ces mots, qui nous prouvent que le passage était par le val Darah : « A quest loc pasen los merchadores ^ entren en la terra « des Nègres de Gineva le quai pases appellat val de « Darha. » Et c'est encore aùjotifrd'hui par le val Darah que passent les caravanes de Tafikt, {yoye*i. Shaabeny^s, Account ofTimbouctou andUouêay m-8^, Eondon^ iSno, p. 3.) iDunédiatement après, ua peu à Test de ce pas-^» sage et au sud de Sidjilmessa^ on trouve sur la carte dont nous parlons^ Tagazza ^ Sudan ^ Tenbuck {^Tïmhonc-- tou) , Melty. On sait que ces dernières contrées sont situées bien loin de là et au sud du Grand-Désert. Au milieu de tous les noms que nous venons de transcrire ,- on distingue celui de Guineuà, qui se trouve écrit enplus gro^ caractère. A côté de ce norti de Guineua est une figure de nègre , et une légetkâe ainsi conçue : « A quest luggar Nègre es appel- lot mus^di^l^jif §€nyor de los Nègres ^/tf Guineva a quest tèy es lo pu ricit et pus noble sehyor de tota estapattida e por Vabondantà de hr la quai se recuUen ta sua terra. » Ainsi, selon ce cosmogràphé , le sultan de MeUy était alors le plus puissant et doiiftiiiisrit dans toirte la Guinée, Marmo! ( Kv. i<, cap. XXVI, t. I, p. 73) dit que ceux de Senega oht aér midi le Gueneova , où sôUt ïcs royaumes dé Guatata et de Tom- bût; ce qui prouve qu'on donUait alors une grande exten- sion à la Gainée, Cependant Marmol distingue èîllétrrà ces conti^ées, loi*tqu*il dif (Kf. I, cb. xxxtii) que dan» Geloffè\ Geneova^ Tombutj Melljr et Ganate^ on parle la ttiême
2 .
20 RECHERGHXS' SUR LAFRIQUE.
graphes. Ibn-Batouta , natif de Tanger ^ voyagea pendant vingt ans, et parcourut Y Egypte , X Ara- bie y la Syrie ^ Y Empire grec, la Tartarie, la Perse y Ylnde, Ceylariy Java y et la Chine. Il avait cinquante-trois ans, lorsqu'il retourna en Afrique , et lorsqu'il entreprit un nouveau voyage dans l'intérieur de ce continent. Il visi- ta Timbouctou et Melly^ et beaucoup d'autres royaumes africains. Lorsqu'il fut de retour dans sa patrie, il écrivit ses voyages, dont malheu- reusement on ne possède qu'un extrait (i). Nous ferons l'analyse de la partie de cet extrait qui concerne l'Afrique.
Ibn-Batouta partit de Sidjilmessa^ et se rendit
langue, qui est le zungay, Tjéon T Africain ( dans Ramu-< sio , t. I , p. 2 ^ ) nomme les royaumes situés sur le Niger dans Tordre suivant , en allant d*occident en orient : Gua-^ lata^ Ghinea, Melli^ Tombutto^ Gago ^ Guber^ J godez ^ Cano , Casena , Zegzeg^ Zanfara^ Guangara , Burno^ Gao- ga^Nube, Il dit que le zungay se parle à Gualata en Ghinea^SL MelU^et à Gago. A Tépoque où il écrivait, le roi de Tombât y celui de Melly et celui â!Jgadez étaient de la nation des Zanagai,
(i) J. G. D. Kosegarten, De Mohammede-Ibn-Batuta Arabe Tingitano ejusque itineribus ^'xn-tC ^ Jenae, 1818. Selon Burckhardt {Trasfeht in Nubia^ p. 534), Ibn-Batouta écrivit ses voyages Tan 755 de Thégyre, ou x354 ^e Tère chré- tienne.
PREMIÈRE PARTIE. 21
en vingt jours à Tegazza, Il parle des mines de sel qui s'y trouvent, et nous apprend que cette oasis (j) est habitée par les esclaves Aes Mesou- fa , qui tirent le sel de la terre. Ibn-Batouta ne nous apprend point quels sont les Mesoufa; mais nous savons , par Édrisi , que les Mesoufa sont une famille de Berbers qui. appartient à la grande tribu de Lamta (2).
De Tegazza il se rendit à Tassahl^ après dix jours de marche dans un désert sans eau (3). Là les marchands résident.
De Tassahl Ibn-Batouta se rendit à Eme- laten (4). Le désert que Ton traverse , est de douze jours de marche. Eiwèlaten est le pre- mier lieu qui se'ti^ouve sous la domination des Nègres. Lorsque les marchands entrent sur le territoire d'£ï«^e/a^é*/ï, ils sont obligés de déposer leurs marchaindises dans une place particulière, et de les confier à la garde des Nègres. Les Mesoufa^ qui possèdent une grande partie diEï^
(i) Selon l'extrait de Burckhardt, p. 536, le nom de cette oasis est Theghary^ et Ibn-Batouta mit vingt - cinq jours à s'y rendre. Les maisons sont bâties de pierres de sel, et couvertes de peaux de chameau.
(!2) Hartmann Edrisi, p. 1128 et i3i.
(3) Burckhardt, p. 536. — Kosegarten, p. 5o.
(4) Kosegarten , loc, cit.
aa RECHERCHES SUR LAFRIQCE.
(pelaten, ont des mœurs singulières. Ils ne mon- trent aucune jalousie pour leurs femmes , qui sont d'une grande beauté. Celles qui sont ma- riées ont autant d'amants qu'il leur plait. Dans ce pays on prend le nom de son oncle , et non celui de son père ; et c'est le fils de la sœur , ou le neveu du côté des femmes, qui hérite, et non le fils. Ibn-Batouta remarque qu'il a trouvé cette coutume sur la côte de Malabar^ où elle existe encore aujourd'hui dans la caste des Naïres, Mais Ibn-Batouta ajoute que les habi- tants diEiwelatenj où elle est en vigueur, sont zélés mahométans, tandis que ceux de la côte de Malabar sont idolâtres. Nous savons que le même usage existe encore aujourd'hui parmi les Nègres de Oualoy qui sont à l'embouchure du Sénégal^ et au sud de ce fleuve (i). Il semble- rait, d'après la ressemblance du nom et la con- formité des usages, que Oualo est VEîwelaten d'Ibn- Batouta , d'autant plus que c'est en ^ffet
(i) Geoifeoy de VilIeHeuv«, De ^ Afrique^ in-i8, t. IIX, p. ao et 3a. — Cet nsage existe parmi plusieurs autres peuplades nègres. M. Bowdich a trouvé des coutumes sem- blables chez les Jschantis. Dans ce pays , c'est le frère qui succède au trône; au déÊiut dii frère, c'est le fils de la sœur; au défaut du neveu, c'est le fils; et au défaut du fils, c'est le principal vassal ou esclave. JRffif^ion to Ashantee^ p. 254.
PREMIÈRE PARTIE. 'ïi
le premier lieu que l'on rencontre au-delà du Grand-Désert. Mais la direction de la route qu'a dû parcourir le voyageur arabe , répugne à cette conjecture. D'ailleurs Ibn-Batouta ne £ait pas mention du grand fleuve du Sénégal j qu'il au- rait traversé s'il s'était rendu à Oualo. Nous pensons donc qu JÈÏwe/(a^^/2(ï)d'Ibn-Batouta est le fTalet de Muttgo-Park , sur les confins du dé- sert et des contrées du Soudan qu'arrosent et que fertilisent le Nil des Nègres et les fleuves qui s'y jettent.
jyEîwelaien Ibn-Batouta se dirigea vers la ville de Mali; il n'y arriva qu'après vingt quatre jours de marche forcée. Le désert qui est efttre ces deux lieux abonde en arbres très-gros et qui fournissent beaucoup d'ombrage : les abeilles font du miel dans les arbres ; les voyageurs s'en nourrissent. Pour ce trajet, on n'a pas besoin de faire des provisions : lorsque vous appro- chez de la ville , les femmes des nègres vous apportent du lait , des poules , du riz et de la farine. , .
Après être parti de Mali^ Ibn-Bato^a voya- gea pendant dix jours, et arriva à Sagher (a),
(i) M. Kosegarten , p. 5o , dit que dans l'arabe on peut
lire aussi Ejulat; et Burckhardt, p. 536, a lu Jbou-Laten,
(a) Dans Burckhardt , p. 536 , ce nom est écrit Zagharj.
q4 recherches sur l'afriqujk. grande ville où Ton trouve aussi des habitants hidjites^ dont les uns sont de la secte des Ebad^ hidjites et des Charedchitiques ^ et quelques autres sont Sunnites-Malékites (i).
De Sagher Ibn-Batouta se rendit à la ville de Karsekhou , qui est située sur le rivage du Nil. Notre voyageur prend de là occasion de décrire le cours de ce fleuve, qui de Karsekhou coule à Kabarâ^ ensuite à Sagha^ dont les habitants dédaignent la religion mahométane. De Sagha le Nil coule à Timhouctou , ensuite à Kok (2) ; et enfin il passe dans la ville de MouU^ qui est le dernier lieu appartenant à l'empire de Mali. Ensuite ce fleuve arrose Joi (3), le plus grand de tous les royaumes nègres, et celui dont le sul- tan est le plus puissant. Les blancs ne peuvent pas pénétrer dans ce royaume. De là le Nil coule dans cette partie de la Nubie où l'on suit la religion chrétienne. De là il arrose le Dongola, dont le sultan s'est fait mahométan; ensuite il
(i) Burckhardt, p. 537 , dit que ces blancs sont des hé- rétiques de la croyance de Byadha,
(a) Ibn-Batouta dit ici qu'il parlera ci-après plus ample- ment de la ville de Koh ; ce qui nous prouve qu'il est ques- tion ici de la ville de Koukouy dont il traite plus bas et où coule le Nil.
(3) Bowj selon Burckhardt^ P* ^^7*
PREMIERE PARTIE. sS
passe à Dschenodel ou les cataractes, dernier lieu de la terre des Nègres , et le premier de .la province ^Assoûan^ qui appartient à l'Egypte supérieure.
Après avoir ainsi décrit le cours du Nil , Ibn- Batouta nous dit que de Karsekhou (i) il s'est rendu sur les bords du fleuve Ssanssara, On n'entre point dans ce pays sans permission.
De Ssanssara Ibn-Batouta s'est rendu à ilfâ://,'dont les habitants ne jurent que par le nom de leur sultan, qui est Menassi (2) Solinlan. Ils se découvrent en sa présence; et, lorsqu'ils lui adressent la parole, ils se prosternent, et se couvrent la tête de poussière. Les femmes concilie les hommes vont presque nus, et n'ont de vête-, ment que sur le milieu du corps. Du reste , ils sotit zélés mahométans ; on est chez eux parfai- tement en sûreté , et il règne dans toute l'éten- due de leurs domaines une excellente police. A Mali^ Ibn-Batouta apprit qu'il y avait, dans l'intérieur, des peuplades païennes qui étaient anthropophages, et chez lesquelles on transfpor- tait les criminels et les exilés de Mali, .
(i) Burckhardt a lu Karendjou ou Karsendjer,
(a) Nous avons déjà remarqué que celui qui fonda
Timhouciou se nommait Mense Soliman, ou Suleiman.
Menassi est le même mot que Mense ^ et signifie Roi en
mandingue.
^6 RECHERCHES SUR LAFRIQUE.
Ibn-Batouta retourna sur ses pas, et quitta le royaume de Mali (i). Il vit des chevaux marins paissant sur les bords du fleuve. Ils étaient, dit-il , plus grands que des chevaux; et ils portent, comme eux, une queue et une crinière, mais ils ont des pieds d'éléphant (2). Iba*Batouta arriva ensuite à Timbouctou, ville située, dit-il, à quatre milles du NiL Dans lextrait de son voyage, il n'est rien dit de plus sur cette ville.
A Timbouctou^ Ibn-Batouta s'embarqua sur le Nil dans un canot fait du tronc d'un seul arbre. Il payait les frais de son voyage avec du sel et des aromates.
ibn-Batouta parvint ainsi à la ville dé Koukou^ qui est grande et située sur le Nil. C'est la plus belle de toutes les villes qui sont en la puis- sance des Nègres (3).
Selon un autre extrait du même voyage , Ibn-
(1) Kosegarten, p. 48. Selon Burckhardt, p. 537, Ibn- Batouta dit que Mali n'est qu'à dix milles du fleuve Ssans- sara. Les femmes, à Mali, ne couvrent leur nudité qu'après le mariage.
(a) Dans Riley (^Loss of the American Jbrig commerce, p. 378) Sidi-Hamet dit qu'il a vu aussi des chevaux marins ou des hippopotames sur le Niger, Voyez ci-après.
(3) Là, comme kMali, les coquilles servent de monnaie. ( Burckhardt, p. 537. )
PREMlÈilE PARTIE. T^J
Batouta (i) se serait rendu de Koukou à la ville de Berdamma , dont les habitants protègent les- caravanes, et ont de belles femmes.
De là notre voyageur arriva à Tekedda (a), où il y a des scorpions dont la morsure est mortelle. La ville est construite en pierre rou- geâtre ; les eaux coulent à travers des veines de cuivre, qui lui donnent un^ saveur désa- gréable. Les habitants ne s'occupent que de corn- merce; ils vont en Egypte^ et y achètent des étoffes précieuses; ils ont un grand nombre d'esclaves et d'affranchis. Les mines de cuivre sont hors de la ville : on extrait le métal de la terre; on le fond en masse, et on le met eia barres, que, l'on transporte dans le pays des Nègres. Le sultan de ce pays est de la nation des Berbers (3).
De Tekedda y Ibn-Batouta se prépara à re- tourner à Sidjibnessa^ et il se dirigea avec une caravane sur Tewat (Touat). Il y a soixante et dix stations entre Tekedda et Tewat. Les voyageurs doivent apporter avec eux leurs pro- visions ; car on ne trouve sur cette route que
(i) Barckhardt, p. 537.
(a) Burekhardt a lu NeMa et Te^da.
(3) Burekhardt, p. 537.
aS RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
du lait et du beurre, qu'on se procure avec des étoffes.
De T^cvat on arrive à Kahor, qui appartient au sultan de Kerkeric^ et qui abonde en pâtu- rages; ensuite on voyage pendant trois jours dans un désert, sans eau; et après on marche encore quinze jours dans un désert , qui .ne manque pas d'eau, et qui cependant ne pré- sente point d'habitations. Enfin l'on arrive dans un endroit où la route se divise en deux. Une des branches de cette route conduit à Tewat (Touat) (i), et l'autre en Egypte. C'est à Tewaty au point de séparation des deux routes, que l'on trouve des puits dont l'eau est ferrugineuse. Le linge qu'on y lave, devient noir.
De ce lieu, après dix jours de marche, Ibn- Batouta parvint à Dekha^ qui est habité par une tribu de Berbers.
On marche sur le territoire de cette tribu pendant un mois, et l'on arrive à Bouda ^ qui est la plus grande ville du pays de Tewaù; ce qui prouve que le pays de Tewat ou Touat avait alors une grande étendue.
De Bouda Ibn-Batouta arriva à Sidjiîmessa; et, ce qui est très-remarquable, il y faisait froid,
(i) Kosegarten, p. 49* ^eUe branche de la route devait être celle que notre voyageur venait de parcourir.
PREMIÈRE PARTIE. 29
et il y était ^ tombé beaucoup de neige. Ceci prouve que les montagnes de V^Jltlas sont très- hautes dans cette partie, et que le Sidjilmessa est sur un plateau très-élevé.
De Sidjilmessa Ibn-Batouta parvint facilement à la ville royale de Fez, « où nous avons, dit-il, « jeté fe bâton de voyageur. »
Il était nécessaire de nous étendre un peu sur les voyages dlbn-Batoùta, parce qu'il est le premier des voyageurs qui ont pénétré dans le centre de l'Afrique , parmi ceux dont la re- lation est parvenue jusqu'à nous; et qu'il forme la liaison entre les cosmographes du quator- zième siècle et Léon l'Africain, qui n'a écrit que dans le seizième siècle. Ibn-Batouta a traversé l'Afrique dans deux sens différents, du nord au sud, et de l'est au nord-ouest. Les notions qu'il nous donne s'accordent, sur presque tous les poiiits,avec les relations les plus récentes des voyageurs modernes.
Nous voyons, par son ouvrage, qu'au quator- zième siècle le commerce était plus florissant dans l'intérieur de l'Afrique, qu'il n'est aujour- d'hui ; et la religion mahométane même paraît y avoir été plus répandue. L'ouvrage d'Ibn-Ba- touta (i) nous prouve aussi que Léon l'Africain
(i) La coïncidence que M. Kosegarten , p. 5i , trouve
3a RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
eourqf est probablemeat le Tocrour des auteurs arabes; et ceci prouverait que la ville et. l'état de ce nom ne doivent pas être confondus avec la ville et le royaume de Timbouctou^ comme l'ont prétendu quelques géographes.
Quoi qu'il en soit, les Portugais , qui avaient fini par poignarder Bemoys , se lièrent avec un roi des Mandingues^ nommé Mandi; avec Te- mala roi des Foulahs; et envoyèrent, si l'on en croit l'historien Barros, diverses ambassades à Timbouctouy sur lesquelles il ne nous a été transmis aucun détail (i). Seulement nous sa- vons qu'alors de nombreuses caravanes de mar- chands se rendaient du Caire (2), de Tunis, de
(i) Barros , Asia Decas i, liv. m, cap. xii, t. I, p. 267 . — Marmol, liv. ix, ch. xx, t. III, p. 81, confirme ce fait, et dit que le roi Jean envoya une ambassade aux rois de Toucourof et de Tombout, Ces ambassadeurs al- lèrent par la voie de Canior. "Les rois de Toucourof et de Tomhout étaient deux rois puissants, qui avaient guerre contre celui de Foulos (FoulaH ) , roi si puissant, qu*il leva une armée du côté du sud en la province de Fouta qui borde le royaume de Manienga ( Mandingue ) du côté de l'orient. Cette province de Fouta est le Fouta - Toro , entre le Sénégal et la Gambie.
{%) Barros, Asia Dec. I, liv. m, ch. m, t. I, p. i70,in-8°, Lisbon, 1778. — Ibid. t. i, dec. I, liv. m, cap. viii,p. aao : E asi coHcorriam a outra cidade , que esta na$ correntes
PREMIÈRE PARTIE. 33
Tremezeriy de Maroc ^ de Fez^ et de tous les royaumes au nor^ de l'Afrique, à Timbouctou et à Genna ou Jenni: ce dernier lieu est évi- demment le Guenoa et le Genoya des cosmo- graphes des quatorzième et quinzième siècles. Il est , dit Barros, situé plus à l'ouest , et est plus célèbre que Timbouctou.
On voit par l'ouvrage de Scbehab-Eddin-Ahmet, natif de Fez y dont M. Silvestre de Sacy a donné un ample extrait (i), qu'au milieu du sei- zième siècle, i55i, les Arabes ne connaissaient rien au delà du royaume de Jenné ou de Guinée vers l'occident, parce que leurs découvertes s'étaient fiâtes par l'intérieur. En effet, Schehab- Ëddin-Ahmet, çn décrivant le iVif, s'exprime ainsi: tt La branche de ce fleuve, qui coule dans le pays de Djénawa^ ne va point jusqu'à l'Océan; elle ne coule que jusqu'à la contrée qui est ha- bitée (2). » Djénawa nou* paraît être le Jenné de
deste rio chamada Genn4\ « quai em outro tempo era mais célèbre que Tungubutu . . . E como esta mais occidental que TungUbutu^gerabnente concorriam a ella os pàvoSy che Ihe suo' mais vizinhos.
(i) Notices des Manuscrits ^ t. II , p. r56.
(7.) Dans ce même passage traduit parD. Leyden's African discoveries ^ t. II, p. Sig, il est dit que le Ni] coule jusqu'à la partie habitée de la terre de Ganak : alor^ ce serait tout différent ; mais on doit accorder plus de confiance à Torien-
3
34 RECHERCHES SUR l'aFRIQU]£.
Muiîgo-Park , qui est, comme le prouve le pas- sage de Léon rAfricain que* nous avons rap- porté, le Ghinea des Portugais. Ceux-ci, qui s'étaient avancés dans Fintérieur de F Afrique, en psurtant du rivage, et en sens contraire des Arabes, n'avaient que des notions confuses sur les contrées situées au-delà de Djenné. Ainsi le pays de Gmn^^' formait la limite des connais- sances géographiques des Portugais vers l'orient, et celle des Arabes vers l'occident. Et comme il arrive toujours pour les contrées où se sont arrêtés long-temps les progrès des découvertes, on étendit par la suite ce nom à tous les nou- veaux payj^ que l'on découvrit , soit au sud , soit à Fouest, soit à Fest; et une grande partie de FAfrique reçut, le nom de Guinée. Barros dit positivement, dans le passage que nous avons cit^^ que les Portugais ne se rendaient point à Timbouctou^ mais à Gemna, De Genna ou Jenné^ Xtit que Fon recevait en
taliste français. D. Leyden , qui donnait de grandes espé- rances, est mort jeune : il fait vivre Schehab-Eddin en i4oo; mais M. de Sacy prouve très -bien, selon nous, qu*il écrivait vers i/i*^o. Au reste le mot Gana n'est que ce- lui de Genna de Barros , mal lu ; et ce Grona serait Djenné ou Guinée^ et non le royaume d'Afrique connu sous le nom de Ganah^ plus à Test.
PREMIÈRE PARTIE. 35
échange des marchandises européehnes , était i , transporté à Mina^ forteresse bâtie par les Por- tugais sur ]a cote d'Afrique, qui a pris de là son nom de Côte-d'or (i). De toutes les cotes d'Afrique, c'est en effet la plus rapprochée de ces contrées, et celle d'où il parait le plus fa- cile d'y arriver.
Satisfaits d'avoir établi c^ relations commer- ciales, les Portugais ne cherchèrent point à faire de nouveaux voyages à Timbouctbu , ni à éta- blir avec cette ville une communication directe. Ils avaient formé de grands établissements dans le Congo; et c'est e^ pénétrant dans l'intérieur de cette contrée, que leurs missionnaires con- tribuèrent efficacement aux progrès de la géo- graphie en Afrique.
§ III. Depuis le commencement du seizième siècle et la publication de V ouvrage de Léon VÂjHcain , jusqu'à In formation de la société établie à Londres en i^S8, pour les progrès des découvertes dans Vintérieur de V Afrique.
La Géographie de Jean Léon, surnommé l'Afri- cain, fut terminée en iSaô. L'auteur la tradui- sit lui-même en italien ; son manuscrit fut égaré,
(i) Voyez Barres, toc, du-
36 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
ensuite retrouvé, et enfin publié par Bamusio en i55o (i). Cet ouvrage jeta un jour tout nou- veau sur l'intérieur de l'Afrique. C'est encore aujourd'hui pour ces régions la principale au- torité , la source d'instruction la plus abondante et la plus pure. Ce Maure, natif de Grenade, avait accompagné à Timhouctou son oncle, qui y avait été envoyé en ambassade par le roi de Pèz {^y Jean Léon ne revint qu'au bout de quatre
(i) Voici le titre exact de- cette première édition de la collection de voyages de Ramusio : Itinerario divarii rino- mati Fiaggiatori nelle parti delVJfricay Asia edJmerica. C'est un vcdume in-folio de 4o5 feuillets, ou 8io pages, imprimé à Venise, chez les Juntes, en mai i55o. Ce volume fut réimprimé en i554 ; et Ramusio en ajouta deux autres à celui-là, et mourut en i557. On a réimprimé plusieurs fois sa collection sous un autre titre.
(a) lbid.y p. gS verso. Lorsbach, dans la préface de sa traduction allemande jde Jean Léon , a démontré combien la traduction latine de Floiiatius ^t inexacte. Elle parut en i556.. Voyez Lorsbach^ Johann Léo' s des Afrikaners^ Beschreibung von Afiika^ Herborn, în-S", i8o5, p. xxij- xxix. La traduction française fut aussi imprimée, en i556, in-folio et in-8**; elle est de Jean Temporal. Beïïe-Forest, dans sa Cosmographie in-folio, i588, tome II, p. 1917, déclare, avec beaucoup de force, qu'il n'a d'autres maté- riaux, pour sa description de l'Afrique, que Jean Léon l'Africain, Cadamosto et Barros. De nos jours, Hartmann, Brun, et tous ceux qui ont approfondi la géographie de l'Afrique, ont rendu hommage au savoir de Jean Léon.
PREMIÈRE PARTIE. 37
ans : pendant ce temps il voyagea dans l'inté- rieur de rAfrique,et parcourut quinze royaumes différents, qu'il a décrits (i). Les notions les moins douteuses que l'on a pu acquérir dans ces derniers temps, coïncident avec celles qu'il nous a données.
Vers la fin du XV® siècle, le commerce de Timbouctou éprouva une révolution par les con- quêtes des souverains maures , qui s'étaient em- parés de cette ville. Ils avaient étendu leur empire jusque sur le Sénégal; et, trouvant plus avan- tageux de rapprocher de ce . fleuve l'entrepôt principal du commerce de ces contrées , ils l'avaient établi à Guineya ou DjeW^ (a). Ce dernier lieu était devenu le centre des cara- vanes ; et l'on ne doit pas s'étonner , ainsi que nous, l'avons déjà remarqué, que le nom de Guineva ou de Guinée se soit, étendu jusqu'à l'embouchure du Sénégal et de la Gambie^ et même jusqu'à la côte qui au sud faisait face au fleuve du Soudan^ ov^ au Niger ^ et qui se trouvait la plus rapprochée de la contrée de Guineva. Par un déplacement dans les dé-
(i) Jean Léon l'Africain, dans Ramusio, Délie Navigazioni e Viaggi, édit. i6i3 , in-folio, tome I, p. 78.
(a) Marmol, trad. franc., livre' m, ch. i, m et iv, Hamusio , t. I , p. 78.
38 RECHERCHES SUR L*AFRIQUE.
noiQinations, qui est commun en géographie, cette côte est aujourd'hui la seule qui ait con- servé le nom de Guinée (i).
Mais la situation politique de ces régions n'é- tait plus la même lorsque Jean Léon y voyageait. En i5oo, Soniheli, roi de Timbouciou et de
(i) Il est probable qae Timbouctou avait déjà décline à Tépoque où le commerce avait été transporté à Guinea^ et qae cette ville était plus florissante avant le temps de Léon l'Africain. Si on ne lisait son ouvrage que dans la traduction latine, on en atiraît une preuve positive dans ces mots de la description de Timbouctou : Cujus domus omnes in iugurioia cretacea straminiis tectis s uni mutata, (J. Leonis Africanî totius Africae descriptio, in-ia, Antuerpiae, iÔ56» p.ttSo.) Mais c'est un des nombreux contre-sens du traducteur latin ; le texte dit : Le cuicase sono capanne faite dipali^ coperte di creta coi coriividipagUa (Ramusio, édit. i6i3, 1. 1 , p. 78). Jean Temporal Ta traduit exactement : Les maisons d'icelles sont de tortis plâtré y et couvertes de paille. (Description de l'Afrique, in-folio, i556 , t. I , p. 824. ) Loxdsbach ( Johami« Leô's des Afrikaners Beschrobung von Africa , i8o5 , in-80, p, 483 ) a aiusi traduit exactement. Dapper (Description de l'Afrique, Amsterdam, in-folio, 1686, p. aai) dit , en parlant de Timbouctou : «■ Les maisons étaient au- trefois somptueuses ; mais elles ne sont maintenant que de bois , enduites de terre grasse , et couvertes de paille. » Mais comme tout ce passage est traduit sur la mauvaise version latine de Léon l'Africain par Florianus , il ne prouve rien non plus sur le déclin de Timbouctou.
Pll£MIÈIl£ PAKTIE. Jy
Gago, mourut. Un nègre qui commandait ses armées, nommé Aboubakre«-Is<^ia, leva l'élieQ- dard de la révolte. Dans l'espace de quinze ans, il conquit un grand nombt*e de porovinces, et enleva aux Maures l'empire du Soudan. Il éta- blit définitivement à Timbouotou le commerce qui se faisait auparavant à Guene^^a ou Djenné{i\ C'est cet Aboubakre-Ischia qui régnait lorsque Léon l'Airicain voyageait dans le Soudan (2). Ce roi s'était emparé du royaume de Gualata au nord ; il avait rendu Agadez et le royaume de Melli tributaires; il avait conquis et réuni à ses domaines les royaumes de Cuber et de Cano^ de Cachenah^ de Zegzeg et de Zanfara. Le roi de Oirangara avait conservé son indépendance; mais il se trouvait placé alors au milieu de deux
(i) Léon l'Africain, dans Ramusio, 1. 1, p. 75-79. — Marmol, liv. IX, chap. m et iv, p. 60 -63.
(2) JKT. Bowdich nous a raconté que , « dans le pays des Aschantis^ on lui demandait , ainsi qu'à M. Hutchinson, s'ils connaissaient le nom dû père d'Aboubakre, ils répondirent que non : alors le shérif Brahima leur dit que Beaucoup de Maures n'en savaient pas davantage , mais qu'il pouvait leur assurer que son nom était Kahabata. » Comme notre jeune voyageur et son compagnon ne connaissaient ni Aboubakre ni ses exploits , ils furent fort surpris de l'importance que les habitants à*Aschantl mettaient à cette question et à la réponse.
4o RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
puissants ennemis , qui étaient Ischia à Tocci* dent, et le roi de Bornou à l'orient (i).
Marmol (qui, comme Léon T Africain , était natif de Grenade) écrivit «n espagnol une des* cription de l'Afrique, qui fut publiée dans les dernières années du seizième siècle (a). Cet auteur a , en partie , puisé tout ce qu'il dit de l'intérieur de l'Afrique , dans Léon l'Africain et d'autres auteurs 2trabes;mais cependant sa des- cription renferme aussi quelques notions origi- nales, qu'il avait recueillies en Afrique même, où il avait fait vingt ans la guerre , et où il avait été retenu comme esclave pendant sept ans et huit mois. Il fait connaître avec beau- coup de détail l'état florissant du commerce qui avait lieu entre le nord de l'Afrique et Timbouc- tou et le pays des Nègres; il indique les villes où l'on apportait l'or que l'on en tirait en abon- dance (3).
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(i) Jean Léon, dans Ramusio, t. l, p. 79. — Marmol, t. in , p. 60 , nous Apprend que , de don temps , à Test , les rois de Bornou et de Gagoa étaient les plus puissants. "DeGualata on se rendait dans le Soudan, et de ]à au Caire.
(2) La première partie de Marmol parut à Grenade , en 2 ToL in-folio , en i573; la seconde en 1599. ^ traduction française fut imprimée à Paris en 1667 ; la traduction hol- landaise en 1668 , à Amsterdam ; et la traduction allemande en 1670, in-folio. ,
(3) Toyez Marmol, t. III , p. 8 , sur le commerce des
PHEMIÈRB PARTIE. ^l
La grande Géographie de rAfiâque , du Vénii- tien Livio Sanuto, parut après la publication de la première partie de celle de Marmol, mais avant que la dernière partie de la description du géographe espagnol eût été mise au jour. L'ou-
villes à^Oufaran avec Gualata et Tombât; (t. III, p. 8 et 1 1), sur le trafic delà province de Darah ; (p. la), sur les Arabes à*Ukd Calim y qui sont riches et puissants , parce qu'ils vont tous les ans trafiquer au royaume de Tombut; ( p. 17), sur Tor de Tibar y que Ton v^ chercher au pays des Nègres pour le porter à Te/uf dans le pays de Darah ; (p. 18), sur Tor fin de Tagazza y q^^on envoyait à Quitoay et de là à Maroc. Nous apprenons (p. 18) que les habitants les plus riches de SidjUmessa sont ceux qui trafiquent au pays des Nègres, et rapportent de Tor et des esclaves pour des marchandises de Barbarie. (P. Sa) , il est dit que la ville de Querquelen est habitée par les ZinagienSy qui sont riches à cause du tr^c qu'ils font an pays des Nigres. (P. 39), nous apprenons que les habitants deGadmès.»çmtj\çhes en dattes et en arge'nt, parce Qu'ils trafiquent avec les Nègres. ( P. 4^ ) 9 il est dit que fib^- plus illustre des villes sur le Nî^r est Tombut y où abondent les marchands de Barb^rii^ et d'E- gypte, à cause de l'iurde Tibary qui y vient de la pro- vince dé Mandinga. Ce commerce était autrefois en la'vîile deGenni ou Genoa (Guisëe), où accouraient tous les peuples voisins, parce quVUe est plus proche du couchant ; ce qui portait quelque or au château à'Jrguirty et de là k Lisbonne. Conférez ces passages avec ceux de Léon l'Africain , dans Ramosio, part, vi et vu., t. I, p. a, 75, 77, 8jp; et de Livio Sànuto , Geografia delV Africa , p. 70 - 75.
4a RECHERCHES SUR L'aFRIQUE.
vrage de Livio Sanuto , remarquable pour l'é- poque à laq^uelle il fut publié, et dont toutes les cartes ont été dessinées par Fauteur, est , pour ce qui concerne Tintérieur de l'Afrique principa- lement, composé, comme celui de Marmol, d'a- près Léon l'Africain, qu'il cite fréquemment (i); mais il présente cependant des idées neuves, dont nous aurons à nous occuper par la suite. Les publications successives des ouvrages de
(i) Geografia di Livio Sanuto, Venczia, in-folio, i588 , p. 76. L'onvrage porte simplement le titre de Geografia, parce que Livio Sanuto s'était propose de donner ainsi suc- cessivement les autres parties du monde ; il aspirait à la gloire d'être le Ptolëmée de son temps : mais il mourut à l'âge de 56 ans, après avoir achevé ce premier volume, qui ne fut publié qu'après sa mort. Ce volume commence parles notions de géographie générale , à laquelle il consacre deux livres. Il prélude ensuite à la éiiâcription du globe, par TAufrique. Les auteurs où il a puisé et i|u'il cite, sont, Léon l'Africain, Cadamostd, Barros, Massondi, et Ptolémée. Il décrifr f^èo«c/oa , Iwe VII , page 83 , et. place cette ville dans le royaume âes^Jalo/s. Sarnilo- étend le royaume de MeUi sur la côte aujoiird*l|ui connue par le nom de Guinée. Dans le pays de Gkinea, 4e Bantito , sont ces vastes régions comprises dans le« bassins 'du .9e72«^^(a/ et de la Gambie, que les géographes modernes désignent par le nom de Séné- gamhie. Purehass dit, quelque part, que Sanuto est un des descripteurs les plus exacts de l'Afrique: One ofthe exactest dividers ofJfrica. (Purehass, His pilgrimage^ in-folio, i6a6)
PREMIÈRE P4RTIE. 4^
Léon rAfricaîn, de Marmol et de Sanuto, ré- veillèrent chez les nations d'Europe l'ardeur des 'découvertes pour l'intérieur de l'Afrique, ar- deur qui s'était ralentie, ou plutôt qui s'était dirigée vers d'autres contrées.
Les Anglais, les premiers , renouvelèrent les tentatives qui avaient été faites pour connaître les régions centrales de l'Afrique, et cherchè- rent à parvenir à la ville qui alors était consi- dérée comme la capitale de toutes ces contrées, à Timbouctou.
En 1 594 , un nommé Antoine Dassel envoya à Maroc pour y recueillir de son correspondant , Laurent Madoc, des informations sur Timbouc- tou et Gogo, et sur la conduite des Maures qui avaient fait depuis peu la conquête de ces deux pays sous Âlkayd-Hamet. Madoc confirma l'idée qu'on avait de la richesse de ces contrées, et rend^^poignaae qxi'il en ^S^it vu arriver trente "^^lijj^pi^^s.fflor (i).
Tout «Éagéré que paraissait être ce pfl|^ort, il l'était beaucoup moins qiie les récits des au- teurs arabes et que né le furent par la suite ceux des Européens. Ibn al Ouardi, auteur du trei-
(i) Hackluyt, t. III, p. a (Loodon, 1810). ^ — Prévost, Histoire générale des Voyages , t . VIII , p. 1 3 7 , édit. in- 1 a . — J. Leyden's , Rist. accouni of discoveries and travels in Africa^ t. I, p. 211.
44 RECHERCHES SUR LAFRIQUE.
zième ^siècle, assure qu'il y, a dans le pays de Ganah un morceau d'or qui est gros comme un rocher (i). Yakouti, qui écrivait dans le corn- • mencenient du quinzième siècle, dit, en décri- vant le Belad al Tibr ou le pays de Vor pur^ que dans cette contrée on voit l'or sortir du sable comme ailleurs les plantes sortent de terre (a). Léon l'Africain, et Dapper d'après lui, ilous disent que l'empç reur de Timbouctou pos- sédait des lingots d'or , dont quelques-uns pe- saient plus de treize cents livres (3).
Quoi qu'il en soit de ces récits , il est . du moins certain que tous les renseignements s'ac- cordaient à faire considérer le commerce de l'intérieur de l'Afrique comme une source de richesses.
Alors la compagnie de marchands qui avait obtenu de la reine Elisabeth, en i588, le privi-
(i) Ibn al Ouardi, Notices des Manuscrits de la BibUo- thèque-du'Roi ^ t. II , p. 37.
(a) Yakouti , Notices des Manuscrits , etc. , tome II , p. 393.
(3) Dans Ramusîo, édit. i6i3 , 1. 1 ,*p. 78 au verso, et Dap- per, Description de V Afrique, p. aai, il est dit : {Reise naar Guinea,' l'jg'j) que le puissant roi des Aschantis a un mor- ceau d'or que quatre hommes ne pourraient porter. Le plus gros morceau d'or que M. Bowdich a vu dans ce pays , ne pesait que quatorze onces.
PREMIÈRE PARTIE. 45
lége exclusif du commerce du Sénégal et de la Gambie^ fit partir, en 1618, un nommé George Thompson, dans le but de pénétrer jusqu'à Tim- houctou. George Thompson remonta la Gambie , et paraît s'être avancé jusqu'à Tendu , ou jus- qu'aux monts qui séparent la Gambie du Séné- gaL 11 apprit que ce district était fréquenté par des caravanes qui s'y rendaient du nord de l'A- frique; mais il ne put aller plus loin, et fat assas- siné, soit par les natifs, soit par quelques-uns des siens , dont son caractère altier avait pro- voqué la haine. Tous les détails relatifs à son expédition furent perdus (i).
La compagnie anglaise ne se rebuta point, et envoya une seconde expédition, qui fit voile pour la Gambie en 1620, et dont Richard Job- son était le chef. Richard Jobson ne parait pas s'être avancé beaucoup plus loin que son pré- décesseur, c'est-à-Klire qu'i! n'a pas dépassé les rivièri^ét les montagnes de Tenda: mais il éta- bUt des relations amicales avec les habitants du pays : il apprit par eux l'existence d'une ville située à quatre journées de distance, nommée TomboÂonda (Tambsfkunda de Mungô-Park); il entendit parler d,'une autre ville nommée Jajre. Dès-lors il ne douta point que Tomba-
(i) Leyden , t. I, p. ai 5.
46 RECHERCHES SUH l'aFRIOUE.
konda ne fut Timbouciou^ et qae Jajre ne fut Gogo. Satisfait d'ayoir réussi à se rendre dans le pays où se faisait le conunerce de Tor, Jobson ne chercha même pas à pénétrer jusqu'aux deux villes qu'il regardait comme les capitales de ces contrées : il retourna sur ses pas, et publia , en iGiiS, une relation de son voyage, qui renfermait les premiers détails intéressants que l'on eût encore mis au jour sur le fertile territoire qu'arrose la Gambie {\\
Après le voyage de Jobson , les Anglais sus* pendirent leurs efforts pour parvenir jusqu'à Timbouctou; car je ne parlerai pas du voyage d'un anonyme qui aurait eu lieu en 1661 , et dont la relation fiit trouvée dans les papiers du doc- teur. Hook. Ce voyage , qu'on a attribué à un certain Yermuydeu , ne renferme que des détails vagues et insignifiants (a).
Les Français, qui pour ces contrées étaient
(i) CeUe relation, intittilée Golden irade, etc., in- 4*, a 166 pages sans Tépître dédicatoîie à la compagnie de Guiney et de Binney. Trois ans après , Porchass publia le journal de Jobson dans sa collection. — Hist, générait des Voyages^ t. IX, p. 75, édit. in^ia. — I^yden, 1. 1, p, «to à m3o, édit. 1817.
(a) Histoire générale des Koyagts^ t. IX, p. i36-i53. — Leyden , t. I , p. a3i - a36.
PREMIÈRE PARTIE. 4?
entrés tard dans la carrière des découvertes, s'y engagèrent avec beaucoup de succès. Une com* pagaie de négociants de Rouen et de Dieprpe ^ qui paraît s'être formée vers 1626, fraya la route à la^ compagnie des Indes occidentales, qui fut érigée par un édit du roi en mars 1664 (i). D'autres .compagnies d'Afrique lui suc- cédèrent ; on bâtit le fort Saint-Louis. De Brue, un des plus habiles agents de cette compagnie , pénétra en 1698 jusqu'au royaume de Galam^ au-delà du confluent de la Falémé et du Séné- gai (2). Là il recueillit des renseignements sur TimbouctoUj qu'on lui dit être situé, non sur le Niger, mais dans l'intérieur des terres (3), à cinq journées d'une ville nommée Timhi (4). Mais, d'après le détail de l'itinéraire qu'il nous a donné, il nous parait évident que, n'ayant pas connu l'existence de Timhi et de Timbou des
(1) J. B. L&bat, Nomelle Relation de P Afrique occidentale, t. I, 1^. 16.
(î) De Brue partit du içitl Saint -Lo^ift , du S^nëgal , le 17 jaillet 1698. — Labat, iSéuvelle Relation de F Afrique occidentale y t. III, p. ftgS*
(3) Ibid,, p. 36i.
(4) Labat , Nouvelle Relation de l'Afrique occidentale , tome ni, page 36a. — Voici Titin^raire que De Brue s'était procui^; il commence à Caignou, dernier lieu où le Sénégal est navigable^et qui se trouve è l'est du Fort Saint- Joseph :
48 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
Foulahs de la côte de Guinée^ au sud de la Gam- bie^ 'A a confondu cette ville de Timbou de Guinée avec la ville de Timbouctou du 5ow- dan , qui en est éloignée de plus de 680 milles. M. d' An ville , qui ignorait également l'exis- tence des villes de Timbi et de Timbou de la Guinée (1), en faisant une fausse application
De |
Caignou à Jaga, . . . |
5 journées. |
De |
Jaga à Bajogné, . . . |
I . |
De |
Bajognék Congourou, |
I |
De |
Çongourou à Sabaa, |
I |
De Sabaa à Boramaja,, |
2 |
|
De |
Boramaju à Goury,. |
I |
De |
Goutj à Galama, . . . |
I |
De |
Galama à Timbi, . . . |
i5 |
J}€^ Timbi à Tambouctou, |
5 |
Total ... 32 journées.
Durand, dans son Voyage au Sénégal, 1807, Paris, în- 8% t. II y p. a86 , a copié cet itinéraire sans citer la source où il Tavait puisé , et il le donne comme un renseignement qu'il aurait lui-même obtenu. Cet ancien directeur de la compagnie du Sénégal, publia son livre dans l'espoir d'être nommé gouverneur de nos colonies d'Afrique , après la paix d'Aûiiens. Il a le plus souvent compilé le père Labat. Leyden, ou son continuateur Murray, s'est aussi mépris sur la di> rection de cet itinéraire : Historical account qf discoverzes and travels in Afri€a,,yio\. I, p. 174.
(i) L'existence de ces villes n'a été bien connue que de- puis les voyages de MM. James Watt et Winterbottom , et
PREMIÈRE PARTIE. 49
de cet itinéraire, a placé à l'est une suite de po- sitions qu'il fallait mettre au sud : et il a i;:empli ainsi cette partie de sa carte d'erreurs graves (i), qui ont trompé' tous les géographes qui l'ont suivi. Dès qu'il est reconnu que le Tamhouctou de l'itinéraire de de Brue est Timhou dans la Guinée^ nous ne devons pas être étonnés que le voyageur qui l'a donné , ait dit que cette ville n'était pas sur le Niger j mais dans l'intérieur des terres; car Timbou de Guinée^ placée près d'un des petits ruisseaux qui contribuent à for- mer les sources du Sénégal^ ne se trouve voi- sine d'aucun grand fleuve ni d'aucune rivière
considérable (2).
'. *•**
par la relation qui en fut faite dans .l'ouvrage intitulé : An account of the colony of Sierra-Leone, etc. London, 1795, in-8',p. i85, 197.
(i) Ainsi la position de Jaga (qui paraît être \eJoag de la carte de Mungo-Park)\ celks de Sabaa, de Boramaja, de Galama^de Timbi, qui, dans la carte de d'Anville, ont été placées à Test du Fort Saint- Joseph , et vers Timbouctou, doivent être mises au sud , et sur Tk route du Sénégal à la Gambie , et de la GamlÂe vers la c6te de Sierra-Leone, Comme le major tlennell ignorait l'origine d^ la position donnée à Timbi sur la carte de d'Anville , il a forme à ce sujet une conjecture qui. ne peut se soutenir. Voyez jPro- ceedmgs , tome I, p.. 392.
(îfc) Conférez la carte de Mungo-Park dans les Proceedings of the Association for promoling the discos^ries in Afrika^
5o RECHERCHES SDR l'aFRIQUE.
De Brue se procura aussi à Tripoli des ren- seignements sur les caravanes qui du nord de Y Afrique se rendaient régulièrement à Timbouc- tou, pour y faire le commerce. Il sut qu^elles allaient aussi au Fezzan et dans le pays de Zan- faraj d'où , ainsi que de Gago , on apportait beau- coup d'or à Timbouctou (i). De Brue compte 45o lieues entre cette ville et Tripoli (2).
De Brue ignorait que, quelques années aupa- ravant, un Français, nommé Paul Imbert, était parvenu à se rendre de Tripoli à Timbouctou par le moyen des caravanes : et ce fait remar- quable, renfermé dans une relation obscure, n'a pas été connu non plus de ceux qui ont,
London, i8io,iii-8*, 1. 1, p. 3^3, avec la carte des Voyages dans V intérieur de F Afrique ^ par J. Mollien , Paris , 1820, m-8% 1. 1, p. aga.
(i) Les notions que deBme avait reçues dans cette der- nière ville se rapportent bien à la ville de Timbouctou, dans le Soudan ; et il est remarquable que , dans cet endroit de son livre, il désigne cette ville par le nom de Tombut , tandis que, dans la page précédente, qui renferme l'itinéraire précité , il a appelé Timbou du nom de Tambouctou. Peut- être est-ce le père Labat qui , ayant écrit d'après les notes de de Brue, a fait un échange de noms. Labat, Nouvelle rtlation de V Afrique occidentale^ t. III, p. 363.
(a) Labat , Nouvelle relation de l'Afrique occidemale , t. III, p. 363. — Prévost, Hist. f^nér. des Voyages, lîv. ti , part, i'*, t. Vin , p. ii6 , édit. in- 12.
PREMIERE PARTIE. 5l
en ces derniers temps , tracé les progrès de là géographie dans ces contrées. Paul Imbert, na^ tif des Sables d'OIonne , était esclave d'un eu* nuque blanc , Portugais d'origine, nommé Ha'- mar , que le roi de Tafilet avait envoyé deux fois à Timbouctou^ qu'on disait être alors la ca- pitale du royaume de Gngo. Il fit plusieurs fois la relation de son voyage à un nommé Charant, qui en a publié quelques particularités dans une lettre qu'il fit imprimer en 1670 (i). La diètance de Maroc k Timbouctou (2) est de quatre cents lieues selon Paul Imbert; et les caravanes qu'on y envoyait alors régulièrement pour le commerce , mettaient deux mois ^ se rendre de la première de ces villes à la seconde. Les
(i) Lettre écrite en réponse de diverses questions curieuses sur les parties de T Afrique oii règne, Muley-Arxid^ roi de Tafilet^ par M. *** (Charant), qui a demeuré a 5 ans en MauritamejVms y în-ia, 1670, p. 87, 41 1 4^» 54, 55, 61. —On la trouve' ordinairement jointe à un volume intitule: Bistoire de Muley- Arxidg roi de Tafilèt^ Fez, Maroc et Tarudent , in-ia, Paris , 1670.^ -^ Cette petite hialoirc est traduite de l'anglais; on y a joint la Relation d'un voyage en 1666, etc., par Roland Fréjus. Ce Roland Fréjus était un négociant de Marseille , qui se fit passer pour am- bassadeur de Louis XI¥. Voyez Histoire des conquêtes de. Âfouley-Archjr , par Mouette, in*ia, i683, p, 93.
(a) L'auteur de la relation écrite Tambouctou,
4.
5a RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
habitants de la côte de Guinée se rendaient aussi à Timbouctou pour y commercer , et rappor- taient beaucoup^ d'or de cette contrée. Les An- glais avaiei\t cherché à y pénétrer en remontant la Gambie; mais ils n'avaient pas réussi.
Les événements qui eurent lieu à cette époque contribuèrent à établir des communications plus régulières entre Maroc et Timbouctou.
En 1668 ou en 1670 (i), l'ambition porta Muley - Archid , roi de Tafilet et de Maroc ^ à s'emparer de l'état de Suz^ où régnait Sidi-Ali Morabite , qui fut obligé de s'enfuir au-delà du Grand-Désert pour échapper à la férocité du vainqueur. Muley-Archid le poursuivit, et arriva avec une partie de son armée sur les conîfins du royaume de Bambarra , entre Djermé ( Guinée) et Timbouctou. Mais le roi de Bambarra ne voulut pas violer les droits de l'hospitalité, et refusa de livrer Sidi-Ali à Muley-Archid. Celui-ci fat obligé de s'en retourner dans ses états. Sidi- Ali avait fait au roi de Bambarra présent de deux esclaves blanches dont ce prince était devenu éperdtjment amoureux. Sidi-Ali acquit par ce
(i) J. 6rey Jackson [An account of the empire of Ma- roccoy p. a5o) place cet ëvènement vers l'an 1670; mais Mouette ( Hist. des conquêtes de MouUy-Archyy p. 70 ) le met en 1668.
PREMIÈRE PA.RTIE. 53
moyen tant ' d'influeDce auprès de. lui, qu'il obtint le commandement de Timhouctou^ où il s'établit avec une garnison de Maures. Sidi^ Ali, après avoir discipliné une arpiée de Nè- gres du Bambarra , traversa le désert pour faire la guerre à Muley-Archid. Ce roi' mourut lorsque Sidi-Ali parvint, avec son armée, aux confins de l'état de Suz. Comme Sidi-Ali vou* lait seulement se venger et non pas conquérir , Muley-Ismaèl, qui venait d'être proclamé em- pereur de Maroc, lui persuada facilement de faire la paix et de congédier ses troupes nègres , que Muley-Ismaël prit à .son service, et qu'il reçut dans son armée, déjà en |^ande partie composée de nègres que Muley-Archid avait emmenés avec lui An Soudan l'année précédente. Muley-Ismaël saisit cette occasion d'étendre sa puissance dans les riches contrées du Soudan, II envoya* des troupes maures pour renforcer la garnison qui s'y .trouvait , et assujettit Tim- boixctou à un tribut coii^dérable ; mais , comme d'un autre côté il gaioantit cette ville des incur- sions des Arabes -du désert, auparavant fré* quentes et désastreiises , il -rendit son commence beaucoup plus florissant. Il profita aussi de son ascendant sur les peuples du Soudan pour faire venir de ce pays uji grand nombre de nègres qu'il incorpora dans ses troupes, et qui.se sont
54 RECHERCHES SUR ^l'aFRIQUE.
mêlés avec les habitants de l'enipire de Aforoc^ et y ont formé cette sorte de population mixte que l'on Remarque encore aujourd'hui dans ces con- trées. Mul^-Ismaël mourut en 17117 (i), telle- ment riche en or, qu'on prétend que même tous ses ustensiles de cuisine étaient composés de ce précieux métal. Ses successeurs ne surent pas conserver la même autorité sur les tribus belli- queuses et sur les autres peuples du Soudan. Timhouctàu cessa d'envoyer le tribut accou- tumé; et le commerce de cette ville, devenu moin^ sur et moins régulier, diminua dès- lors considérablement (a).
Cependant les Anglais continuèrent leur com- merce sur la Gambie^ mais ne réussirent point à pénétrer dans l'intérieur. Les voyages de Stibbs en 1723, et ceux de Moore en J731 , ainsi que les récits du nègre Job-Ben-Salomon , donnèrent
(i) A la mort d'Ismaël, on comptait plus de cent mille soldats noirs dans l'empire de Maroc. Voy. Chénier, t. III, p. l(%\, — Histoire des révolutions de f empire de Maroc ^ depuis la mort du dernier empereur Muley Ismaël; traduù dit Journal anglais par le capitaine Braithwaite ^ Amster- dam, 1736 , in-ia , p. 6.
(a) Mouette, iï&fto/re des conquêtes de Mouley-Archf,i^SL^, 70-76. — Chénier, Âee^erches historiques. survies Maures, tome III, p. 356. — J. Grey Jackson^, Jn account of the empire of Marooco , p. i5o à aSa.
PREMli:RE PARTIE. 55
des connaissances plus précises sur cette partie de \ Afrique; mais' elles ne reculèrent pas les limites des découvertes. Au contraire ^ob-Ben- Salomon, en assurant que Tombufp était situé vis-à-vis Bunda et <ie l'autre côté dil Sénégal, confirma l'erreur qu'avait accréditée Jobson en supposant ain^,que la capitale célèbre du Sou- dan était peu éloignée des établissements envo- péens. Ce n'est pas que Jobson et Job-Ben- Salomon eussent le dessein de tromper; mais ils étaient eux-mêmes abusés par la ressem- blance des noms. Les cartes d'Ortelius, de Mer- cator, et d'un grand nombre de géographes des seizième et dix- septième siècles, entretenaient cette erreur, et plaçaient Timbouctou sur les bords du Sénégal^ et à peu de distance de son embouchure. Il n'y a guère de doute qwe le Bunda de Job ne soit le Bondou de Mungo- Park; et la ville de Tomhuto est probablement le lieu nommé Taipkquanni ou Tambouana, située à seize lieues de Galant, et où il se fait selon Saugnier un commerce considérable d'es- claves (i).
(i) Lcyden's, Hisu account of discoveries and travels in Àfiica^ éiiX. i8i% tome I, pa^t a 46.—* Prévost, Histoire générale des Voyages, page 3 5o. —Geoffroy de Villeneuve, L' Afrique , in-i8, 1814, tomel, page 90.
56 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
Les Français, qui, sur le Sénégid^ avaient for- mé des établissements florissants et situés dans l'intérieur des terres, se trouvaient mieux pla- cés que le% Anglais pour acquérir des notions sur le cefttre de l'Afrique et pour s'avancer dans ces contrées. Aussi, dés 1 7 1 5 , un voyageur hardi , qui depuis devint mautre maçon et entrepreneur de bâtiments à Paris ( i ) , parvint dans le royaume de Bamhouij et il en rapporta de l'or. La com- pagnie d'Afrique française ne perdit jamais de vue ce pays, entouré et fertilisé par la Falémé et le Sénégal: elle y envoya ses agents à di^é- rentes époques en' 1730, en 1731, 1732, 1744 et même en 1786 (2).
(i) Voy. Labat , NouvMe relation de l'Afrique fKxideft- tale^ tome IV, pag. 3a. — Golberry, Fragments d'§tn vqjrage en Afrique y tome I, chapitre xi, pag. 433 à 5o».
(a) VaX'xvkà.e^Mémoire sur V Afrique ^Y^^ ^^- — Golbeny, Fragments d'un voyage en Afrique, tome I, chapitre xi , pag. 433 à 5oa. Sons le titre modeste de Fragments , M« Golbeny a publié im des meilleurs livres qui aient paru dans ces derniers temps sur TAfnqne. Nous pensons cepen- dant* que ce judicieux auteur se trompe lorsqu'il avance que tout l'or que l'on porte à TimbouctoUj au Caire, à Maroc, au Sénégal^ ^ïxjfop des Paimes, à Alger, etc. , vient du pays de BambQui.^lifaçit^ toift les géognplips arabes^ le ps^s de Tibry ou je l'or pur, est bien certainement à l'est de Tûn- houcÊou et au sud du royaume de Ouangara,
PREMIERE PARTIE. B'J
Cette compagnie ne négligea pas non plus de prendre des informations sur Timbouctou. Elle apprit que cette ville était à quarante journées de chemin , ou deux cent quarantç lieues du Fort St.- Joseph ou de Galant^ et au-delà du royaume àe Bambarra; que l'on y recevait de» caravanes de Médine^ et que ses habitants em- barquaient leurs marchandises sur le fleuve pour les envoyer à Djenné ( Guinée ), ville placée à une demi - lieue de la séparation de deux ri- vières; circonstance remarquable, sur laquelle nous reviendrons plus tard(i).
Un nommé, de Flandre avait résolu, en 174^^, d'aller à Timbouctou^ et mourut avant d'avoir entrepris ce voyage. Le savant naturaliste Adan- son , qui se trouvait au Sénégal^ de 1749 à 1753, fut sur le point d'entreprendre avec une cara- vanfj^ la traversée du désert, pour se rendre à Timbouctou et à Agadez (a). Enfin, la compa- gnie du Sénégal et le g$iD9^emement français for-
r- ' — ^ ;
(i).Relatîon de Robert Adams, trad. franc. , page a5a. — Labat , Nouvelle relation de V Afrique occidentale , tome III. — Lalande , Mémoire sur l'intérieur de V^Afriqué. — Gol- berry, Fragments, — Durand, Voyagé au Sénégal. *
fa) Adanson , Voyage au Sénégal y .Paria^ i;7Ô7 , iu-4**« DaM tmit le fiours de?Ba relation, Tanteuip d^mo^U Sénégal le nom de Niger, — Lalande , Mémoire sur l'intérieur de VAlfrique^ page aa.
58 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
mèrent, pour arriver jusqu'à Tùnbouctcfu^ un projet auquel d'Anville prit part. Ce célèbre géographe, en nous instruisant de cette particu- larité, ne nous a point appris f^ circonstances qui en eltopêchèrent l'exécution (i). Mais, comme il ne négligeait aucun moyen pour perfectionner ses* ouvrages, il recueillit sur l'intérieur de l'A- frique quelques renseignements du père Sicard, qui avait voyagé dans la haute Egypte y et qui avait appris d'un noir de la capitale du JBor^ nouj que cette ville se nommait Kerné; que la rivière qui traversait ce royaume de Bomou^ se nommait Bahrel Ghazelj et qu'elle commu- niquait ( sur-tout dans la saison pluvieuse ) avec le IVil, ou Bahr el Jlbiad^ par un embranche- ment de fleuve nommé Bahr el Azrek. D'Anville tira aussi d'un envoyé de Tripoli quelques lu- mières sur la marche des caravanes qui sâi|p^n- daieht de cette ville è Timbouctou, et sur les lieux que traversaient ces caravanes pendant ce voyage. Ce grand géographe a fait usage de
(i) D'Anville, Mémoire concernant les rivières de V Afrique^ dans le Recueil de V Académie des inscripu, t. XXVI, p. 73. — ^ Bru zen de la Martinière, dans son Grand Dictionnaire géqgraphiqfie^ tome \IH, page 56^^ indiquait aussi anx Français ^s moyens bien calculés pour parvenir à Tim-^ bouciou en partant de Galam,
piiï:mière partie. Sg
tous ces documents dans la carte d'Afrique qu'il a dressée en 1749 (i).
Les Anglais s'étant emparés, pendant la guerre de Sept-Ans , des établissements des Français sur le Sénégal^ les tentatives que ceux^€î avaient faites pour pénétrer dans l'intérieur de X Afrique furent nécessairement suspendues. La paix de 1763 laissa les Anglais en possession de ces éta- Uisseraents. En 1 779 , les Français les enlevèrent aux Anglais ; et ils restèrent définitivement à la France en vertu du traité de 1783.
Bientôt après, les relations des naufrages de Follie, de Saugnier et de Brissoi), qui tcHis se perdirent sur la côte d'Afrique, en 1784 et 1785, et qui furent faits prisonniers, procurèrent quelques notions intéressantes sur cette partie du désert voisine de la côte, qui s'étend entre la^pirièr^ de iV£^/i et le fleuve du Sénégal, Ces relations qui furent publiées quelques années après , firent mieux connaître les mœurs féroces des Maures ; mais elles ft'ajoutèrent rien à ce que l'on savait sur l'intérieur de l'Afk'ique et sur les régions où était situé Timbouctou{pL).
En 1785, M- Von Einsiedêl, gentilhomme
, . (i) D^Anville , dans le Recueil 4e T Académie des inscmp- tiens ^ tome XXVI ♦ pag^ 67 et 7^. • >
{p) Histoire du naufrage de Brisson^ etc., Paris, 1789^ vorV^^
6o KECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
saxon, et quatre autres voyageurs allemands; encouragés par M. de Castries, ministre de la marine en France, se rendirent à Tunis sous la protection du gouvernement français , avec le dessein de pénétrer dans l'intérieur de l'A- frique, et de se rendre au Sénégal en traver- sant le Grand-Désert. Ils furent présentés par M. Venture, envoyé de France au Bey , qui leur promit son appui. Ija pteste, qui exerçait ses ra- vageSià Tunis ^ les força, de suspendre leur pro- jet , et bientôt de i'abandonner. Cependant M. Einsiedel ne revint en Saxe qu'en 1787, et publia depuis, les informations . qu'il avait re- cueillies des naturels de l'Afrique, sur l'inté- rieur de cette partie du monde (1). ^
On lui a* dit que la distance entre le Fezzan et Bomou était de dix journées , dont quatre font un degré. De tous les états des Nègp^s 01^ du Soudan^ c'est \e Koukou qui confine ^caSenncuiry et qui est le plus à l'est. Les Nègres de Bomou disent que ceux de Koukou sont chrétiens. Au
— Follie, Voyages dans le désert de Sahara^ Paris, 1792, in-S**. — Saugnier, Relations de plusieurs'^oya^s à la côte d'Afrique, au- Sénégal, à Corée, à Galam, etc., in- 8*. , Paris, 1791.
(i) Einsiedel > dans le Samndung .merkwûrdiger Reisen- in dos inn^e des Afrika von'Emst Wilkem (7iiA/2 , Leipsi^p» part. in , pag. ^33 à 447* '
PREMIÈRE PARTIE. 6l
nord-ouest sont Kachna^ Gnou et Zemzem (i); à l'ouest et au %nd-onest ^ Bornou^ El^Mabrouk et Kounscha. Au nord -ouest de Bornou est Agadez où Ogadez ; à l'ouest, Za/^ra (c'est au sud -ouest sur les cartes de Reufiell}; au sud - ouest et au sud , sont Afnou , Kanem , Schickou^ Bitoû, et Engar (%).
En allant de Afnou à l'ouest, on trouve Sog- sog et Escar. En suivant la même direction , l'on arrive à Cmsena, Enzala^ Ekabli^ qui au sud confinent avec Jaouri et Nafi,
A l'ouest A'Ekabli sont Jenni ( c, a. d. Djenné ou Guinée ) et Avan , qui à l'ouest sont bornés par Timbouciou^ et au midi par Mandra et Mourki.
Au midi de Timbouctou est Bobou ; et au saà'Onest., Bambarra y qui n'est pas très-éloigné dej^^iitaJliK^ment des Français au Sénégal.
M. Ëûisîedel , d'après les rapports qu'on lui a Êdts, donne sur chacun de ces états des détails
(i) Le mbtZem est employé quelque part dans £'6/i--flbwif a/, et signifie tribu. En persan Zim/z/ veut dfre mfidèles. Cache- izaA n'est pas aif nord-ouest à^Koukou; mais plusieurs de^ aiRMs indications seinblent également fausl^es.
(a) On trouvé les noms de vingt-huit villes sur la route de Ouangara à Bornou , dans les itinéraires donnés par M. Bowdich , Appendix de fa Mission to AschanUes^ p. 483.
6a RECHERCHES SUR l'a^FRIQUE.
intéressants et qui semblent porter le cachet dé la vérité. Dans ses descriptions, il détermine encore avec plus de précision les positions rela- tives de chacun d'eux. Ainsi , nous dit-il , on ne trouve pas de poudre d'or dans le Bornou ; mais on la va chercher dans une contrée située loin au midi. La capitale du Bornou s'appelle MokovfL Koukou est immédiatement à l'est de Bornou. Zanfora est entre Bornou et Agadez: ce pays est déchiré par des guerres intestines. Au nord de Bornou sont les Zemzems^ peuple à moitié sauvage; puis Kochna (i) et Gnou. Bobou , au midi de Timhouctou , lui fournit beaucoup d'or. Timbouctou était alors tribu- taire de l'empereur de Maroc.
Les royaumes les plus étendus et les plus puis- sants sont ceux de Bornou ^ èiAfhou^ du Sou- dan^ et de Timbouctou-^ et ensuite cei^L ^Aga-- dez^^Enzala^ de Schikou et de Bitou. L'arabe ne suffit pas pour se faire entendre dans l'inté- rieur de l'Afrique; il faut encore connaître les langues de Bornou et de Timbouctou ^ qui sont les plus répandues. Tels sont les principaux ren- seignements qui furent donnés à M. Ëinsiedel.
En. 1786, le directeur de la compagnie fran-
(i) lEjCLCOfe Kackna au nord àt Bornou; si c'est le Cacher^ nah que nous connaissons! c*est au sud-est qu'il fiadlait dm.
PREMIÈRE PARTIE. &^
çaise du Sénégal envoya Rubault (i) par terre ]usqiïkGalam; et, quelque temps après. Picard, autre employé de la même compagnie, se rendit k Fouta" Toro, Ces deux voyages procurèrent quelques lumières sur les contrées arrosées par le Sénégal, mais n apprirent rien de nouveau sur celles qvi sont l'objet de nos recherches.
En 1788, le gouvernement français résolut de tenter une nouvelle expédition dans l'intérieur , de l'Afrique. On avait questionné à Paris des Maures qui disaient avoir fait le voyage de 7Y/n-
(i)On trouve la relation du voyage de Rubault, dans Dnrand , Foyage au Sénégal, tome II, chapitre vu, page 125. C'est la seule partie neuve et intéressante de cet ouvrage, qui n'est d'ailleurs qu'une médiocre compilation. — Labarthe {Voyages au Sénégal ^ d'après les Mémoires de LajaiïU^ 180a, in-8<>, page 191) avait déjà donné très en détailTitiné^aire de Rubault; on trouve aussi un extrait du voyage de Rubault dans l'ouvrage intitulé : Tableau des découvertes et établissements des Européens dans le nord et dans T ouest de V Afrique , Jusqu'au commencement du dix-neuvième siècle^ par Cuny, Paris, Mongie, 1809, in-S**, tome II , page 35. Cet ouvrage , comme on le voit par la pré&ce , n'est qi>e la traduction de celui de Leydcn , tel qu'il avait été publié primitivement à Edimbourg en 1 799. Il y a été mis un nouveau t4tre. Il fut d'abord publié eu 1804, chez Fain le jeune et Debray. L'extrait du Voyage de Picard s'y trouve , tome H, pag. 41 à 48. Je n'ai pu trouver nulle j)art uno autre relation de ce dernier voyage, quoi^'elle soit citée.
64 R£GHKRGH£S SUR l'aFRIQUE.
bouctouj et qui donnaient même les détails de la route qu'ils avaient parcourue. Ce fut d'après ces renseignements , que M. de Boufflers , alors gouverneur du Sénégal y prit des engagements avec un chjef arabe nommé Sidi- Mohammed, résidant, au Sénégal, pour la sûreté des voya- geurs qu'il se proposait d'envoyer à Timdouctou, et qu'il l'intéressa au succès de cette entreprise par la promesse d'une forte somme. M. Geoffroy de Villeneuve, auquel nous devons un petit ouvrage intéressant sur l'Afrique, devait être un des principaux chefs de cette expédition, qui n'eut pas lieu , parce que la révolution française survint et en empêcha l'exécution (i).
§ IV. Depuis rétablissement de la Société pour les progrès des découvertes en Afrique^ jus^ qu'à nos jours.
Nous avons tracé l'exposé succinct des voyages entrepris dans l'intérieur de l'Afrique, et des tentatives faites par les Européens pour lier avec Timbouctou un commerce réguHer, jusqu'à l'époque où il se forma à Londres une société ,
(i) Voyez Lalande, Mémoire •sur V Afrique ^ pages 99, a5, 36/ — Golberry, Fragments d'un vayage en Afrique ^ tome I, pages 288 et 336.
PREMIERE PARTIE. 65
afin de seconder les progrès de la géographie en Afrique. Cette société se réunit pour la première fois le 9 juin 1788 (i). Le commerce, ou le désir d'acquérir des richesses, n'était pas le but direct des hommes respectables qui la fbrmaient; et, quelque avantage que leur patrie sous ce rap- port dût retirer de leur générosité et de leurs efForts,le$ membres de cette association n'étaient animés que par leur amour pour la science , et par leur zèle pour les progrès des découvertes (2).
(i) Proceedings of tke Association for promoting the discovery of the interior parts of Africa^ în-4°j London , 1790. C'est la première édition; la dernière est en a volumes in-d"*, London, 18 10 : mais la carte d'Afrique , telle que Bennell Tavait dressée en 1790, a été corrigée; de sorte que, pour rhistoire des progrès de la géographie, cette première édition est nécessaire à consulter.
(2) La formation de cette société excita l'émulation du gouvernement français. M. de la Luzerne , ministre de la marine , voulut en former une semblable à Paris. On re* cueillit les propositions qui furent faites à ce sujet. M. Gol- berry a publié une lettre imprimée , rue de Chartres , le 4 janvier 17919 qui a fait connaître les projets que l'on avait formés alors. M. Froment-de-Champ-la-Garde , vice- consul de France à Tripoli^ envoya en France, pour cet objet, plusieurs itinéraires dans l'intérieur de l'Afrique , qu'il avait xecueillis de divers marchands nègres. Dans l'un de ces iti- néraires, on comptait 35 journées de Tripoli au Fezzan , 70 du Fezzan à Cachenah , 45 du Fezzan an Bomou : les
5
66 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
Des souscriptions volontaires furent reçues ; un comité fiit choisi pour diriger les opérations de la société : tous les moyens d'un gouverneineat éclairé qui sait si bien seconder et faire tourner à son profit les entreprises utiles formées par l'intérêt ou le patriotisme des individus ^ fiirent mis à la disposition de ce comité.
Le premier missionnaire géographique doat,
journées étaient de six lieues. Dans un autre itinéraire , de Cackenahk Marmara^ on comptait 57 journées par Za/z/âr^Zy favouri et iVç/f {Voyez lÀXdiXiàe^ Mémcnre ^ page 33). La révolution mit fin à ces projets , et même au gouvernement qui les avait formés. En i8oa , on imprima à Paris les rè- glements d'une Société de V Afrique intérieure et des décou- vertes. La société et son comité d'administration devaient tenir leurs assemMées à Marseille : j'ignore quels ont été les actes et les travaux de cette société. L'historien de la société de Londres pour les Découvertes en Afrique , tome II, page 327 , dit que la société africaine française fiit établie d'après la proposition et l'exhortation deM.Langlès; et cependant }e nom de ce savant ne se trouve pas sur la liste des membres fondateurs imprimée à la suite des régl^ ments. An reste, cette société ne s'est, je crois, jamais réunie ; et , si elle a réellement existé, elle n'a été utile à rien. Le voyage de M. Lamiral du Fort St. -Louis à Galam fat un des derniers efforts des Frftnçais ponr pénétrer dans l'in- térieur de l'Afrique. — Voy. h' Afrique et le peuple africain, in-8% Paris, 1789. — Bruns rteue Erdebeschreibungv(m Afrikà, tome V, page 3a5. — Prooèedings tfthe African as9ocimion.
la sociéité ât choix ^ •devait, doooer ^ie grandis espénaices; c'étét Ledyand^ que la nature sem- blait avoir iarmé tout expràs f>oiiir mener une vie dure et errante , let qu'elle avasit doué d uo grand talent d'observation. Il avait Êiit le tour du «onde airec Cook, comme caporal de ouh rine; il avait été k pôed jusqu'au Xamtschatia. H se proposait 4e traverser ^océan Pacifique , Y Amérique et ïocéeui Atiantique^ lorsqu'il iùlL pris par ks Russes, qui le soupçonnèrent d'es* pionnage^ et le renvoyèrent en Prusse (i). Le comité de la société nouvellement formée lui proposa de repartir pofttr l'intérieur de \ Afrique: il accepta cette proposition avec joie.
Ledyard paortit de Londres le 3o juin 1788; â se rendit à Alexandrie ^ puis au Caire ^ prenant Hiar-tout des informations siu* l'objet de sa mis- sion. Il se disposait à se rendre , en traversant le^lé^ert, dahs le Sennaar^ lorsqu'il succomba, au Caine,, k une fièvre bilieuse (ti).
M. Lucas , tqui avait résidé seize am à Maroc ^
(i) M. Bnruey, dans l'ouvi^ge intitulé, A . Chronologie cal history of Northreastern Voyages and dbcovery, in- 8®, London, 1819, a consigne quelques particularités intërés- santés, sur Ledy^urd.
{%\Proc€edings t^the dasociation, etc., édit. 1810, tome I, pages 14 et /|i.
5.
68 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
ccxmine vice-consul et chargé d'affaires, et qui, à son retour à Londres, avait été nommé interprète des langues orientales par le gouvernement an- glais, s'offrit au comité pour entreprendre le périlleux voyage de Timbouctou, Par ses con- naissances d^ langues et des usages d'Afrique , nul ne paraissait plus propre à réussir dans une telle entreprise: M. Lucas , envoyé fort jeune à Cadix pour y recevoir une éducation commer- ciale , avait été pris à son retour par un corsaire de «So/e, puis emmené à la cour de Maroc, où il était resté trois ans avant d'obtenir sa liberté: ' il était devenu ensuite vice -consul auprès du même monarque qui l'avait retenu comme es- clave; et, par son long séjour en Afrique, il pou- vait être considéré comme un Africain.
M. Lucas partit de Marseille le i8 octobri^ 1788; et, le a5 du même mois, il était à TripoU. Il voulut se rendre au Fezzan par la route de Mesurata; m^js il n'alla pas plus loin que cette dernière ville, dont le gouverneur ne put lui fournir l'escorte nécessaire pour continuer sa route (i). M. Lucas recueillit des r^[iseignements întéf essants sur le Fezzan et sur les voyages des
(i) Proceedings of the AssodaoUmfor promating the dis- covery of the intenor parts qf Jfiica, ëdit. 1810, tome I, pag. 47-8<K
PREMIÈRE PARTIE. 69
Arabes dans l'intérieur de l'Afrique, du chérif Inhammed qui, en sa qualité de marchand d'es- claves, avait visité ces contrées. M. Lucas re- tourna à Londres. Les informations qu'il avait reçues du chérif Inhammed se trouvaient con- formes à celles que la société s'était procurées de Ben-Ali, natif de Maroc ^ qui, vingt ans au- paravant, avait aussi voyagé dans l'intérieur de l'Afrique (i).
léQS difficultés qu'on éprouvait pour pénétrer par le nord jusqu'à Timbouctou engagèrent à ten- ter une expédition en partant de Sierra-Leon^j où les Anglais avaient établi une colonie. MM. Watt et Winterbottom, deux employés de cette colo- nie, s'avancèrent en 1794 dans l'intérieur jus- qu'aux deux villes principales , nommées Timbo et Lahy (Labbé), dans le royaume des Foulahs : mais Ws ne passèrent point les montagnes qui paraissent séparer cette contrée des sources du Joliba ou du Niger. Ilsapprirent seulement à£a^, qu'il y avait un commerce établi entre ce lieu et Timbouctou., quoique la distance qui sépare ces deux lieux' soit de quatre mois de chemin; peut- être comptait-on aussi le temps du (retour. Les habitants indiquèrent six royaumes que l'on tra-
(j) Proceedings , tome I, pages 116—195^
•JO RECHERCHES SUR LAFRIQUE.
versait pour arriver à Timbouctou^sxfovv : Belia, qui se trouvait le plus proche des Foulahs ; le second était Èouria, le troisième Manda ^ le qua- trième Sego, le cinquième SousundoUj le sixième Oenah (ou Djenné)^ qui se trouvait le plus rap- proché de Timhouctou (ï). Un coup-d'œil jeté sur la carte suffit pour démontrer combien la der- nière partie de cet itifnéraire s'accorde avec la route qu'a depuis parcourue Mungo-Park; Sou- mndou est sans aucun doute Sansanding ^ où ce hardi voyageur s'est embarqué à son second voyage, et qui se trouve situé un peu à l'est de Sego.
Les efforts des Anglais pour pénétrer dans l'intérieur de l'Afrique, éveillèrent l'attention de tous les savants de FEurope. Niebhur, un des
{})An account of the colony of fUerra- Leone , etc.jin-S**, 1795, pages i85 et igS. Hous n'avons d'antres relations de cet intéressant voyage que par le court extrait qui se trouve dans romrrage que nous venons de citer; et dans Leyden, toœel, page 3i5, édit. 181 7. M. Mcdlien nous apprend qae MM. Watt et Wintcrbottom , pour pénétrer dans rinlérieiir, s'étaient déguisés en chérifs ; mais leur stratagème fut dé- couvert, et, après avoir été détenus comme prisonniers pendant quatorze jours, ils furent forcés par les Poules y ou les habitants de Timbou, de retourner à Sierra-Leone, -— Voyez le Voyage dans t intérieur de V Afrique , tome II , chapitre VI, page T12.
PREMIÈRE PARTIE. ^l
voyageurs les plus judicieux et les plus instruits, crut alors devoir publier, dans un recueil pério- dique, les renseignements que lui avait donnés sur l'intérieur de l'Afrique un envoyé du pacha de TripoU^ nommé Abd-Arrachman-Aga.
Le Niger ou le grand fleuve qui traverse le pays de XAbyssinie^ si l'on en croit Abd-Arrach- man, a sa source dans les montagnes ^Abyssi- nie et coule kïoxx^^ls AfnouçXBornouXi) sont deux grands royaumes situés le long du Niger y et peuplés par des Nègres. Les rois de ces deux contrées sont musulmans. Berghermé elAndamj deux provinces de Bomou'^ sont, dit-on, peu- plées par des chrétiens. Les habitants de cette dernière province ont les dents pointues. Il y a parmi eux une race, nommé# Jemjeniy qui a aussi les dents pointues. L'or est la principale production du royaume XAfhou, Ce royaume est arrosé par un grand fleuve , que l'on nomme Goulbiy dans la lUngue du pays; et c'est le même fleuve qu'on nomme Nil en Barbarie (a). Zanfara
(i) L'auteor écrit Bemou et Sag^ra.
(2) Mai& les noms de Gouibi et de Nil servent peut-être . à designer toutes les grandes rivières. Gouibi ou Golbi est le même mot que Joliba^ qui signifie, dit-on, grande eau. On a dît à M. ^eetzen que Gouibi signifie Mer. Ritchie a entendu dire, au Fezzan, ^ue le fleuve qui coule à Cache- nah se nomme Gouibi,
7a RECHERCHES SUR . L AF RIQU E.
est une grande ville entourée de murs, et la résidence du roi (i). Abd-Arrachman fait men- tion ÔLjikades (Agadez), de Kanna (Gano), de Segsker (Zegzer), de Kardi et de Flata. Ghouari ou Kouar est une province où l'on trouve de For, et qui dépiend àiAfiiou* Tocrour est la ré- sidence d'un sultan , qui est aussi vassal de celui àiAfnou ; il possède les villes ^Andana et de Mara. Agate est le séjour d'un sultan, à qui ap- partient Kika^ ville considérable. Kachne{%) est une grande ville sur la route de Zanfara au Fez- zan. Dans son territoire on trouve Kogho (3), KankanUy Kotour^ Kouschij Kiana^ Saghcùii^ Tagamesy et Dcmdudjighi : tous ces lieux sont désignés par la dénomination de ^éfr/i/, c'est-à-dire forteresses. TouÈrik est une ville riche et com- merçante entre Zanfara et le FezzanJje royaume de Timbouctou (4) est traversé par \e Niger , et confine avec Maroc; il est très-grand. Le second domestique de l'aga y était né f mais il avait été enlevé jeune , et ne connaissait de son pays
(i) Le traducteur d'où j'extrais ceci a mis que Sanfara est À trois journées de Tripoli, Il est évident qu'il a, oublié un mot. Je n'ai pu me procurer l'original allemand dans aucune des bibliothèques de Paris.
(a) Kaschné est probablement Cachenah.
(3) Probablement le Gaoga de Xeon , le Cauga d'£drisi.
(4) L'auteur écrit Tombouctou.
PREMlèjLE PARTIE. ^3
d^autres particularités, sinon qtie les habitants d'un certain canton, qu'on nommait Flata^ étaient blancs. Timbouctou fait le commerce ^Afnou^ de \ Egypte et de la Barbarie, Godâ- mes ^^\ est l'entrepôt de Timbouctou ^ de Tunis et de Tripoli^ est à deux journées de cette der- nière ville. Le Fezzan en est à quarante jour- nées. Les marchands et les pèlerins de Bomou^ qui veulent aller en Barbarie, en Egypte ou à la Mecque, se réunissent à Zanfara avec ceux ÔLuif- nouy et vont ensemble, par Kaschné et Touarik, au Fezzan, Ceux qui se rendent en Barbarie vont à\y Fezzan par Sourkné (i) et Sebati à Tripoli. Et ceux qui ont Y Egypte pour but de leur voyage, vont par Oedsjelé au C4xire (a). Bulma, Kouar, Meddan^et quelques autres petites villes sont dans la dépendance du Fezzan. Dans tout le Soudan ou la Nigritie les coquillages ou les cancres ser- vent de monnaie. On compte trois mois de route de Tripoli à Zanfara , résidence du roi XAfnou^ en y comprenant les jours de repos de la cara- vane, qui ont lieu au Fezzan, ^^ Touarik, et à Kaschné.
(i) Le Sohna de notre carte et de Titinëraire de Venture.
(i) Oedsjelé est probablement \Audgila des écrivains grecs et romains (iVo/a de Niebhur). C'est YAudjela de Homemann et de nos cartes.
^4 RECHERCHES SU% l'aFRIQUE.
Tels sont les principaux renseignements don- nés à Niébhur par Abd-Arrachman-^Aga (i).
Il paradt que, vers 1785^ il vint à Tripoli un prince de Bornou. La sœur de M* TuUy , consul anglais, le vit et s'entretint avec lui. Le peu qu'il a dit du Bornou donne l'idée d'un royaume fer- tile, puissant et civilisé (a). Vers 1794» M., de Beaufois reçut des rensdgnements intéressants sixrTimboiiciou eiHousa^d^un musulman nommé Schaabeny, dont nous parlerons plus amplement ci-après.
-La société formée pour les découvertes en Afrique, à Londres, 'n'avait eu aucune part au voyage de MM. Watt et Winterbottom ; mais ce voyage contribua peut-être à tourner ses regards vers la côte occidentale d'Afrique, et à lui faire penser que le meilleur moyen pour arriver à TimèK>uctou était de traverser le pays qu'arrose la Gambie. Le major Houghton, qui avait été ccmsul anglais à Maroc, et major du fort de Corée ^ partit de Pisania en 1791, pé- nétra dans le royaume de Bambouk y et ré-
(i) Deutsches Muséum Stuck 10, ann. 1790, p. 963 à 1004. Hartmann , dans sa préface d'Edrisi , a fait mention de cette relation {EdrisU Afiica , p. xxxix).
(a) Voyage à TripoHj on Relation d'un séjour de dix ans en Afrique, a vol. in-8**, tome II, page 48«
PREMl&RE PARTIE. ^5
monta vers le nord dans celui de Ludamar : c'est dan» cette contrée que, trahi et dépouillé par les Maures, auxquels il s'était imprudemment confié 9 il périt dans le désert, soit par la main des assassins, soit par la faim et la soif. On ne put se procuter aucune des observations qu'il avait écrites pendant son voyage ; mais -on com- bina les renseignements contenus dans sa der- nière lettre, datée du i5 juilfet 1791 , avec ceux qui furent transmis vers la même époque par M- Magra, consul de S. M. britannique, et ceux que Lemprière avait obtenus dans son voyage à Maroc (i).
Après avoir mûrement délibéré, ce fut encore par les contrées qu'arrpse la Gambie que la so- ciété poiur les découvertes en Afrique chercha à atteindre le but qu'elle s'était proposé. Mungo- Paric, natif de Selkirk en Ecosse, ayant exercé la profes^on de chirurgien , était depuis peu de retour des Indes orientales. Possédé du désir de parcourir des pays inconnus, il s'offrit au comité de la société , et fut accepté. Il n'est personne qui soit resté tout-à-fait étranger aux grands résultats de son voyage. Mungo-Park partit de
(i) Procêedings of the Association^ etc., 1. 1, pag. 263- 324- — Lemprière , A tour front Gibraltar to Tangier , Sallec^ etc. , etc. , in-8% London, 1798 , a* édit, p. 355,
^6 RECHERCHES SUR. l'aFRIQUE.
Pisania^ l'un des établissements anglais sur la Gambie ^\^ a décembre 1796, c'est-à-dire au commencement de la saison sèche. Il traversa les forets qui séparent la Gambie du. Sénégul. Il pénétra dans le royaume de Bambouk^ vit dans celui de Ludamar la place- même où avait péri le major Hougthon, et atteignit enfin, à Sego^ capitale du royaume de BambarrajleJoiiba ou le Niger. Il vit avec une surprisé et un plaisir inexprimables ce fleuve majestueux , aussi large que la Tamise k Londres , rouler d'occident en orient ses flots brillants des rayons du soleil matinal : il courut se précipiter sur ses bords, se désaltérer dans ses eaux limpides, et remercia Dieu d'avoir permis que .ses longs et pénibles travaux fussent enfin couronnés du succès. Cet enthousiasme était légitime. Le premier des Eu- ropéens , il avait franchi les hauteurs qui sépa- rent les bassins de la Gambie et du Sénégal de l'intérieur de l'Afiique, et qui paraissent le plus grand obstacle aux découvertes : il semblait avoir résolu le problème géographique qui divisait les géographes depuis tant de siècles; savoir, si ce grand fleuve de l'Afirique centrale coulait d'orient en occident, ou d'occident en orient (i). En par- — . • • - >
(i) On verra dans notre troisième partie que , sans mettre en doute la découverte de Mungo-Park , le problême n'est
Tenant jusqu'à. ses rives , MungoPark s'ouvrait une route vers toutes les contrées de l'intérieur qu'on desirait connaître. Mungo-Park suivit ce fleuve jusqu'à Silla. Il apprit dans ce lieu qu'il n'était plus qu'à deux journées de chemin de la grande ville de Djenne (Guinée), et à quatre d'un grand lac nommé Dihbi^ que traversait le Niger. Il recueillit les renseignements les plus circon- stanciés sur l'espace qui restait à parcourir pour arriver à Timbouctou. Il résolut de retourner sur ses pas en prenant une autre route. Il se trou- vait épuisé par la maladie, la faim et la fatigue, presque nu et sans aucun moyen de se pro- curer des vêtements, de la nourriture et des abris : enfin les pluies des. tropiques augmentaient à. mesure que la saison avançait. Bien plus dan- gereux encore étaient les Maures, dont la puis- sance se fait sentir quand on est parvenu dans l'intérieur de l'Afiîque. Leur . fanatisme intolé- rant et cruel devenait de jour en jour plus menaçant , et opposait des obstacles de plus en plus difiBciles à surmonter.
De retour à Londres, Mungo-Park publia sa relation qui, de toutes celles qui ont paru, jette
pas résolu par cette seule découverte ; parce que ce problème n'est pas aussi simple que Muqgo^-Park et plusieurs géo- graphes le croyaient.
78 RECHERCHES SUR JLAFRIQ^UE.
le plus de jour sur les vastes contrées de la Se-- négambie, et a fait naître le plus d'espérances fondées de voir bientôt se dissiper les ténd^res qui nous dérobent la connaissance des parties centrales de l'Afrique (i).
Tandis que^ sous la direction de la société pour les découvertes en Afrique , Mungo-Park obtenait de si brUlants succès, un jeune homme instruit, né avec une fortune indépendante, sans l'influence ni le secours d'^aucune société ni d'au- cun gouvernement, mu par le seul diestr de s'il- lustrer, £orma le bardi pro^ de p^étrer aussi par l'est dans l'intérieur de l'Afrkjue.
Les voyages des missionnaires portugais en Abymnie^ pendant le seizième siècle, ceux de Bruce dans le dix-huitième sîède, avaient à la vérité procuré de grandes lumières sur ceite contrée; mais ils n'en avaieiat doniié que de très-faibles et de très*incertaines sur les riions centrales de l'Afrique, qui sont à l'cmesi. VAbp^ sinie est réparée de ces contrées par âes mon- tagnes qui probablement sont au nombre <le8 plus élevées de toute l'Afrique, et peut-^re du
monde efitier (2). Elles mettent de ce çôSié *in
V
(x) Proœedinffs, etc., 1. 1, p. Bli -400. \
(a) Sait, A Voyage ta Ai^sinia^ p. J20. Les 8 et 9 avrlv M. Sait vit distinctement les neiges sar \t% sommets dl
\
PE£Mlà:]l£ PARTIE. 79
obstacle invincible aux découvertes et aux com- munications commerciales, qui se font par le Senfioar^ la Nubie et Y Egypte^ situés au nord de YAbyssinie, Avant l'établissement de la société anglaise pour les découvertes en Afrique^ le Kor^ dofsm^^Xxié à Touest du«$6/ii2a<zr,et contigu à ce rojraume, était la contrée la plus reculée dans l'intérieur de \ Afrique ^àonl on eût une con* nabsafice certaine. Bruce avait cependant marqué sur sa carte le Dur-Four comme un lieu traversé par les caravanes qui se rendaient au Caire (i). Ledyard entendit aussi parler du Dar-Four^ dans les informations qu'il reçut sur^ l'intérieur de l'Afiique. M. Venlure avait appris au Gofi/vqu'on transportait tous les ans dans cette capitale de l'Afrique beaucoup d'esckves du Dar-Foar (a).
Beyeda et à'Amhu-Haï ^ qui font partie de la chaîne de Samen, à i3 degrés seulement au nord de Téquateur. Alors, dit M. Sait, le thermomètre marquait 8B degrés à Fowlbre; le soieil était vertical, et la chaleur était insuppor- table. Si M. Bmce nie l'existence des neiges en Abyssinie^ c'est ^'il n'a travjersé f|ue la chaîne du Lainalmon , qui est pen élevée \ ni«s il est fait mention des neiges à'Aèyssif^e dafisTinse^ption d'AduHs^et dans les Voyages des mission- naires jésuites les plus instruits. M. Sait nous apprend aussi qu'en lanfaf^ abyssin, la neige s'exprime par le mot berrit. (i) Bruce's Travels in Abyssinm, etc. *^^\, (a) laAaaide f Mémoire sur l'intérieur de V Afrique y p. 3o.
8o RECHKRCHES SUR l'aFRIQUE.
Ces notions étaieiit obscures et vagues, mais elles étaient précieuses ; car le nom même de Dar- Four^ au royaume de Four^ parait avoir été in- connu à d'Anville. Il se trouvait cependant placé sur la mappemonde de Fra-Mauro , terminée en 1459; et cette contrée paraît avoir été le terme des connaissances de ce cosmographe vers l'oc- cident (i).
C'est par leZ?ar-jFottrque le courageux Browne espéra pénétrer dans l'intérieur de l'Afrique. Il se rendit d'abord à Assiout en Egypte : là il acheta cinq chameaux; il se joignit à la caravane du Soudan, et partit le a5 mai 1793 (2). Il traversa la Grande- Oasis qui n'est qu'à deux journées de marche d' Assiout, et il arriva le a 3 juillet dans le Dar-Four (3). Mais tous ses efïorts pour pénétrer plus avant furent rendus vains par la perfidie et l'avidité des habitants du pays et des nati£s qui l'avaient accompagné : il fut trop heureux,
(i) Zurla^ Il Mappamondo di Fra-Mauro^ in-folio, Venezia, 1806, p.^ iSa. — Consultez aussi la carte, à la fin du volume. M* Vincent a donné séparément, et mieux , l'Afrique de cette Mappemonde, dans son ouvragé intitulé : The Commerce and Navigation of ihe Ancients m the Indian Océan,
(a) Wv G. Browne's, Travels inAfrica, E§jrpt and Syrict^ in-4°, London, 1799, 1'* édit. p. 184.
(3)Ibid.,p. 189.
PREMIERE PARTIE. 8l
après trois ans d'une sorte de captivité , après avoir éprouvé une maladie qui le conduisit aux portes du tombeau, de s'en retourner par la même route que celle qu'il avait prise pour ve- nir. Il arriva dans l'été de 1796 à JssiouL Non- seulement il avait fait connaître , sous les rapports physiques, moraux et gét)graphiques, un état dont avant lui on savait à peine le nom; mais il avait recueilli des natifs de précieux renseigne- ments sur le Kordofan et le Stnnaar^ qui sont à l'orient de Dar-Four; sur les royaumes XJfnoUy de Berghou^ de Berghun^ de BomoUj qui sont à l'occident de cette contrée; et enfin sur le Dar- Kulla et le Donga^ qui sont plus au sud, et vers les sources présumées du Bahr-el-Ahiad ou Rii^ière- BUmche, qu'on croit être le véritable Nil, Ces sources, selon les renseignements donnés à M. Browne, se trouveraient placées à sept degrés eBfviron, ou /^^o milles géo^aphiques , au sud de Cobbé^ la capitale du Dar-Four^ dans le Qebel- eUKumr ou Montagnes de la Lune; et le Dar- Kulla ^ traversé par une rivière aussi nompaée Kulla ;l^(vx\ coide vers le. sud - est , serait à 10 degrés ov^ 600 milles au sud-ouest de la même ville (i). M* Browné s'était même procuré des
(i) Browne's Tra\fels, in-4®, 1799, P* ^*^7 ^ ^t^ ^ et la carte qiii fait face à la page 180. >y
I 6 '^
8à K£CH£RGH£S SUR LAFRIQUK.
itinéraires de quelques «unes des contrées qui environnent le Dar^Four^ suffisamment dé- taillés pour pouvoir être employés par les géo* graphes observateurs, judicieux et exacts. 11 a, dans ses remarques sur \ Egypte et la Sjrrie^ rectifié les erreurs et le» inexactitudes de plu-* sieurs voyageurs célèbres qui l'avaient précédé. Depuis, cet homme à jamais regrettable, tou- jours enflammé par son zèle pour les prc^ès de la science, était parti avec ^'excellents îns^ truments pour Yjâsie'^Mineure et laPer^tf,d3ns le but de rectifier la géographie de ces contré^^ si intéressantes pour l'histoire ancienne et mo- derne. Il a été assassiné avec toute sa suite par des brigands: à peine sa mort fut-elle remarquée de l'Europe , occupée de ses sanglants débats. La postérité plus équitable inscrira son nom avec honneur dans les fastes de la science dont il fut un généreux martyr.
Aux renseignements qu'il nous a donnés sur la partie orientale du centre de l'Afrique septen- trionale, il faut joindre ceux que l'on s'est pro- curés ea É^jrpte et en Jbyssinie^ par le moyen des caravanes qui arrivent du Soudan f oxk par les Nègres mahométans qui se rendent de l'inté- rieur du continent africain à la Mecque^ pour acquéi;^r le titre révéré d'hadgi ou de pèlerins. Ainsi M. Haftiiiton a ohXmi\x,kJsiOuan %nÉgxpt€^
PREMIÈRE PARTIE. 83
de deux pèlerins, quelques notions sur plusieurs états qui paraissent situés assez loin au sud*" ouest du Dar^Four^ et dont les noms étaient inconnus (i).
M. Denon vit à Girgé un frère du roi de Dar-- Four^ qui revenait de VMde. Il apprit de lui que de Dar-FourkSiouth on comptait quarante jours de traversée dans le désert. Le sultan de Dar-Four était en guerre avec Je sultan de Senrumr^ et en relation d'amitié et de parenté avec celui de Bar- nou. I^a ville de Timhouciou est au sud-oue^ du Dar-Four^ sur les bords d'un fleuve qui coule à l'occident (2). Je prie mes lecteurs de remarquer cette circonstance, qui, en apparence, se trouve en contradictîbn avec les observations de Mungo^ Park, mais qui est confonpe avec Tassertion de VEdrii (3), 3e Léon l'Africain (4), de Mar-
(i) Hamilton's JEgypiiaca^ în-4% London , ch. xn^iv. (a) Denon , Foyage en Egypte , tome I , p. 809 , édit. ia-i 2.
(3) £dritfi, Africa^ pag. la-ai. — Geogmphia J^ubiensis y iII-4^ »6»9 » Pî««« 9 - '5,
(4) Dan» R9ma#îo, tome I, paf . i verso, lIou T Africain s'exprime «inêi : «« Aicani dicono ehe'l dette fipme Niger in~ comincia 4ucire dldla . j^te d'çccidente da certi monti , e corrëlhdo verao prieiQ^ ai çonverte in un lago. Il che non è Tero : peroîo che noi n^vigammo dal regno di Tomhutio dalla parte di levsmte scorr^ndo per Tacqua fino al regno di Gfiima y o floo al re|[BO di HeUi; i quali due a compa-
6.
84 RECHERCHES SUR LAFRIQUE.
mol (i), et avec celle de plusieurs relations modernes dont nous aurons occasion de parler dans la suite. M. Lapanouse, un des employés de l'armée française enÉgjrptey s'est procuré, de différents chefs des caravanes, un itinéraire qui nous donne des détails très-circonstanciés sur la route de Siouth au Dar-Four^ et, sur le commerce qui a lieu entre cet état nègre et \ Egypte (a). Les renseignements que M. Seetzen a obtenus au Caire, du jeune Abd- Allah, sont plus utiles , puisqu'ils nous donnent un itinéraire qui parait être complet et exact entre Y Egypte et le Bor-- nou. A l'ouest de Bomou sont Kanem et Affano (Afnou); au nord, Manderah; à Test, Affadeh, Mpadé^ Baghermé et fFadey ou Mobbà; au sud , Leciwangj Zélkba^ Kato et Sezikket (3).
Mais M. Seetzen a acquis, sur l'intérieur même de l'Afrique, des renseignements plus précieux encore , d'un jeune Arabe fellata , natif d'une ville nommée Ader^ située dans le désert à cinq
razîone di Ton^hutto son verso Ponente. » La traduction fran- çaise 3e Jean Temporal (iki-8^, Anvers , 1 5 56, 'page 3) dit tout le contraire. La traduction latine est conforme à Titalien.
(i) Marmol, liv. I, ch. xtii, page S66.
(9k) Lapanbnse, Mémoires surl'Égypie, in-8^, Paris^, ^n xi , tome IV, page 77. D'après cet itinéraire, le voyage de 1*-^- gXpie au Dar-Four est de 5o jours. L'auteur érfrit DétfurA.
(3) Seetzen, Annules des Fayuges, tome XIX, page 17 S.
' PREMIÈRE PARTIE. 85
journées au sud du Fezzan. Les Arabes Fellata habitent les régions qui sont entre les Touariks et Haoussa (i). Celui que M. Seetzen interrogea était d'un brun noir comme les Abyssins. Ader^ où il était né , appartient à un sultan qui dé- pend de celui ôiAgadez. JSAder à Zanfara on compte quatre jours de marche, et, selon une autre manière de compter, huit jours. Sur la route, on trouve des Fellata et des. Nègres. L'A- rabe fellata connaissait le grand fleuve nommé Goulbi^ et il disait que ce mot signifiait une mer chez les Nègres , qui nomment aussi le Nil d'Egypte Goulbi (2). L'Arabe fellata dé- clara qu'il ne connaissait rien sur le cours du Goulbi qui arrose le Soudan ; mais il connais- sait Begirma^ Bomou^ et Goubir qui n'est qu'à six journées de chemin àiAder, Goubir^ qui est sepWnent à trois journées de Kassena ( Cache-
Pi^ terre des Nègres, est évidemment le Guber 'I" —
(i) Selon les informations données à Burckhardt(7>vip«/^, etc. , page 4 36 , et le Quarterly-Review , tome XXIII^ p. a34 , mai iSao), les Fellata sont une nation puissante dn«So«£?â;/i.* ceux dans les envirocis àt'Bomou sont mahométand^; mais la partie de ce penple plps à Tonest est idolâtre : c'est ce qui met obstacle aux communications entre Timbouciou et Cachenahy et fait' que çetle. partie de l'Afrique est si peu comtne des Maires.
(2) Voyez ci-dessus, p. 71, et Ritchie, dans le Quarterfy^ Reyiew^ vol. XXIII , page 234 9 m^i iBao.
86 RECHERCHES SUR LAFRIQUK.
de Léon rAfiicain, de d'Anville, et le Goubour deDdisle. Kcoîo et File de ii/ei/i\ placée entre les deux bras prtncipaciK du grand fleuve, étaîeni; beaucoup plus loin. MeUi est, au sud, le dernier royaume , connu des Nègres, doù l'on se rende en pèlerinage à la Mecque, corome on le fait <le Bj^nné et de Timbauctouy et dont les caravanes passent par Jder. On traverse , pour s'y rendre , Kassenû (Cachenah), f^ogobous,BaajiSy Gurma, Jattwur, Gonja , Kano^ Bargu , Jirma^ Kuara{i) :
(i) On voit , diaprés cet itinéraire , que la caravane se di- rige par le Charje^ ou la grande Oasis en Egypte y et joint \e Nil à Siouth : Bargu est lé Dar-Bèrghou de nos cartes ; Knara est Kapmr^ nom aiicien, que plusieurs géograpkes français ont eu tort de faire disparaître des îcartes. à Texemple d*Arrowsmitfa , qu'ils ont copié. M. Purdy n'a point commis cette faute dans sa carte d'Afrique , publiée en 1814. C'est dans le Kawar que Durandi ( Mémoires de V Académie de Turin ^ 1809) place les Garamantes, M* Saïfc {A Voyage tù Jbyssiniay in-4**, London, i8i/|,p. 437)^! Dixan une «aravane qui venait et Dar-Four^ et qui se ren« dait a la Mecque: elle voyageait defHits trcns mois; elle était partie de R(l^ en février; elle s était <l*al»ord dirigée trcrs le sud , pour éviter le peuple an Sennaar avec lequel le Dar-^ Four était «n guerre. La caravane avait passé par Mitchécié qui est peut-être le Dar-Mitchegan^hAÏnié par lesSckar^a» ias.Les deux individus de cette carava»e avec lesquels!^ Sait s'entretint, étaient de purs nègres; ils parl%i^t aeal>e avec autant ^le facilité que X^faurian^ ou langage de Dor-iPour. — .
FRE;MlèRE PARTIE. 87
tons ces lieux sont eomprîs sous le nom général de Haoussa, Ce jeune Arabe crojatC que les Touariks^ a^eç les^^els les Fellatm sont en paix, s'étendent jusqu'à trois journées de ciiemtii de VÉgypie. Les caravanes du Fezzan vont an Bomouj et aussi dans des contrées beaucoup pkis au sud. Tels sont les rensdgnements im^ portants donnés k M. Seetzen par le jeune Arabe fellata (i).
Seetzen se disposait à pénétrer lui-même dans l'intérieur de l'Afrique, lorsqu'il fut enlevé aux sciences et à la géographiie par une mort pré- maturée.
Dans cet abrégé de l'histoire des efforts que les Européens ont faits pour s'avancer dans l'intérieur deFAfrique, je me vois trop souvent forcé d'attris- ter «mes lecteurs par les récits de la fin tragique îux qui ont mis le plus d'habileté et de cou- fpour réussir dans cette entreprise. Un des \ jnstement célèbres est Frédéric Hornemann.
Yoyez, à ce stajet, à la page citëe en note , une lettre Se M. Jrowne à M. Sait. Dans cette lettre, le mot Tocrouri est donné comme synonyme de Faquir, Dans Edrisi, Léon VAfricain et Maxmol, ^ocrour est un royaume célèbre de Vintérieur de TAfrique.
(1) Adehing*s Mrkridates , t, IH, to in Abyss. pag. 146 à i4«. •
88 RECHERCHES SUR l'a£RIQUS.
Fils d'un ecclésiastique , il avait fait à Gôttingue d'excellentes études. Il avait en outre acquis des connaissances théoriques et pratiques, dans les arts mécaniques. Patient et sobre , grand et vigoureux, d'une constitution brillante de jeu- nesse et de santé , à-la-fois souple et forte, pleine de ressort et de vivacité, et qui n'avait jamais été atteinte par aucune maladie : tçl était Horne- mann, lorsque dans l'été de 1796 il pria son pro- fesseur d'histoire naturelle, M. de Blumenbach^ de le recommander à la société de Londres pour les découvertes en Afrique. Il s'offrit pour être au nombre des voyageurs de cette société, et fut accepté. Il résida encore pendant près de deux ans à l'université de Gôttingue. Il se préparait , par l'étude dès langues orientales et de l'astro- nomie , au grand voyage qu'il voulait entrepren- dre. Il partit de Londres en février 1 797 ; puis , traversant la France, il s'embarqua à Marseille et se rendit en Egypte. Pour mieux s'instruire dans la langue et les habitudes des Arabes, il 54Journa pendant quelque temps au Caire ^ se fît circoncire , et passait jpour un mahométan. Il se mit en route, le 5 septembre 1798, avec une caravane qui se rendait au Fezzan par le désert de Libye. C'est de Mourzouk , la capitale du Fezzan , qu'il a envoyé la relî^^tion de i^on voyage, et tous les renseignements qu'il avait pu recueillir sur
PftEMliR£ PARTIE. 89
l'intérieur de TAfrique. Le 6 avril 1800, il écri- vait de cette ville qu'il était sur le point . de partir avec la caravane qui se rendait au Bomou. Depuis on n'a point reçu directement de ses nou- velles. , Quelques rapports vagues et incertains firent concevoir un instant l'espoir qu'il était retenu prisonnier dans le Bornou ; mais des détails plus récents et plus précis ne semblent laisser aucun doUte sur sa mort^ ni sur la perte de ses papiers.
La relation du premier voyage deHornemann (i) au Fezzan nous a mieux fait connaître cette con- trée et les oasis de Si<vah et A'jdudjelahj ainsi que la partie du désert qui sépare V Egypte du Fezzan ; elle justifie les espérances que l'on avait conçues de ce voyageur, et augmente encore les' regrets que sa perte a fait éprouver. La traduc- tsiCtR française dé' cet ouvrage a donné occasion àil:|Ktant qui l'a revue (2), de publiçr un itiné- raire de Tripoli ^n Fezzan , rédigé par un Tripo- litain , dont les géographes qui ont dressé dans ces derniers temps des cartes d'Afriijue oïit ignoré l'existence ou méconnu Futilité.
(i) The Journal of Frederick Hornemann*s Travelsfrom Cairo to MourzoùJt, in- 4^, i8oa,
(a) L'auteur avait écrit originairement sa relation en allemand , et elle a été publiée dans cette langue. Le tra-
90 RECHERCHES SUR LAl^RIQUE.
La société de Londres , ayant peu d'espoir de voir s'effectuer le retour si désiré de M. Home- mann, écouta les propositions de M. Nidiolis^ qui croyait pouvoir pénétrer dans l'inUérieur de l'Afrique, en partant de Caiabat dans le gotfe de Bénin. M. NichoUs y arriva en janvier i8o5. On avait appris que les habitants du Claiaéar{i) trafiquaient dk«ecten)ent avec le pays de Haoussa^ situé à l'est de Timboucêou.
M. NichoUs commença son voyage, en ï8o5, en remontant la rivière de Cakd^ar^ que quel- ques géographes croi^t être ie Joliha ou Niger^ qui, après avoir cotilé pendant quelque temps vers Test , se reploie ^à l'ouest et se jette dans le g<d& de Bénin {%). Lors même qu'on n*aur 'rait pu réussir -à s'avancer dans l'intériettr de l'Afrique, la connaissance du cours de la rivière de la Calabar et de totfte cette contrée, qu'on n'avait point encore explorée , eût été une ac-
ductear aoglais a fait plusieurs eontre-sens , ^q\ ont été corrigés dans la traduction française faite sous les yeux de M. Langlès, a v. in-B**, Paris. — Nous avons fait usage de l'itinéraire pour notre carte. Toyez ci-après.
(i) Proceedin^gs of the Association for promoting the dis- coveries in the intefior ofAfrica^ tome II, page 38a.
(a) Voyez M. Bjeicfasird> Annales des Voyage , tome V, pag» a 1^-244.
PREAIIÈRE PARTiE. 9I
qutsition préc^ase pcmr la géographie. Mais, par une fetalité qui semble attachée à toutes les en* tpeprises de découvertes en Afrique, M, Nicholls mourul; de la fièvre.
Un jeune allemand nonrnié Roentgen, recom* mandé comme Home^nann par le professeur Blumenbadi ii sir Joseph Banks , fut envoyé à Mogador au commencement de 1809, dans le dessein de, pénétrer à Timbouctou. Il cacha pendant long-temps son nom et sa mission. Il s'était soumis à la 'circoncision, avait appris l'arabe^ et prétendait se faire passer pomr mu- sulman. Il partit de Mogador avec deux guides pour aller joindre la caravane du Soudan. Quel* ques jours après, son cadavre fut trouvé à pefb ' de distance de la ville. Il est probable qu'il a' été assassiné par ses guides (i).
Le comité de l'association cessa p^idant quel* que temps d'envoyer des voyageurs en Afrique; mais il continua de prendre tous les renseigné-
(i) Annales des Voyages^ de la Géographie et de l'Histoire^ * tome XVH,pagc ^gS. — Leydcn's Historical account x^ the discoverieit and Travels in Africa^ édît. 181 7, tome I, page 434 ; et Grey Jackson , An account qf Timhuctoo and Haoussa, i8tào, in-8®, p. 4^*5.— Quarterly-Review 1S17, vol. XVII, p. 321. Il paraît, d'après ce-.^uç dit le journa- liste, que Roentgen n'était pas employa par le comité de l'association, mais par le gouvernement même. '
9a KECHERCHES SUA LA.F11IQUE.
méats qui pouvaient concourir au but de son institution. Déjà en i8o4, M. Cahill de Rabat lui avait transmis ceux qu'il avait reçus du dié* rif Hadji'Mohammed, qui résidait au Puits d'^- roanj à deux ou trois journées de Timboudou, Selon ce ehérif, les Nègres de Bambarra^ dont la capitale est 56go, s'étaient emparés de Timr boudoa en avril 1 8o3 , et avaient enlevé le gou- vernement de cette ville aux Maures, qui y résidairat cependant encore et y faisaient le commerce sous la protection de ces nouveaux dominateurs. Le Niger ou Joliba coule à Test. Entre Silla et Ghinnjr ou Guinée le voyage n'est que de deux journées. On met dix jours à se rendre de Ghinny à TimboucioUy en vcfyageant par terre. A l'est de Kabra^ qui est le port de Timboudou et qui en est éloigné de cinq à six heures de marche, le 6euve coule à Bouiou^i^ est le port de i7aoaj;sa et de CocAeno^ De iCa&fii, le port de TimboucJlou ^k Agadez vo^ le nord, qui est une ville nègre composée de cabanes de roseaux, on compte huit joius de mardie; d'>/- godez (i) à Humbriy quinze jours de marche; de Hwnbri à Bauiau , le port de Cachenah et de Huoiissaj on compte vingt on vingt -cinq
(i'; Oa ne doit pas confondre cette Tille à'J^adn avec la eapîtade û'Mét^i ce nf ^at être la m^e. oo il y a enear.
* PREMIERE PARTIB. qS
jours de marche. Le peuple de Boutou se rend par eau à TimbouctoUy pour y vendre des toiles teintés en bleu. A l'est de Boutou^ le chérif Mohammed ne connaît rien sur le cours du Niger. Seulement il savait que la navigation en est interrompue par des chûtes ou des cataractes; et les habitants de Hutérieur de l'Afrique croient que, le Niger est le Nil ôl Egypte^ ou que du moins il se jette dans ce fleuve. Tels sont les renseignements donnés par le chérif Moham- med (i).
M. Grey Jackson , consul anglais à Mogador^ donna au cpmité^en i8o5^1es notions qu'il avait obtenues de deux savants musulmans, et que depuis il a développées avec plus de détails, en 1 809 , dans sa description de l'empire de Maroc (a) et dans un ouvrage récent. La ville appelée Tim- bouctou par les Arabes , et Timoucatouh par les Téhilous (3), est à dix milles anglais, selon ç ■
(1) Proceedings oftheAfrican cLssociation y tome II, pages 3aa - 324.
(2) Proceedings of the Jfrican association , tome II, page 369. — Jackson's Account of the empiré ofMarocco , London, in- 4% 1809, pages 287 - 262. — An account of Timbuctoo and Haoussa hy El Hage Salam Schaabeny^ etc. , by J. Grey Jackson, 1820^ in-8% page^ 443 et 446.
(3) Ce sont*des barbares qut occupent la partie méridionale de \ Atlas j et qui s'étendent dans les plaiifés dés deux pro-
94 RECHERCHES SUR LAFRIQUE. ^
M. Jackson, de Kàbra, qui est sur les rives du Niger. Timbouctou est sous la domination du sultan nègre ait Bambarra y qui réside à Djenné ou Guinée : Timbouctou est gouvernée par un canseil ou divan de douze Alumna ou docteurs mahométans. A Djenné et à JFimhonctoUy le Niger déborde régulièrement. On voit dans ce fleuve des hippopotames (i); et les éléphants abondent dans les contrées adjacentes. Entre Timbouctou et Càckenah, que Ton appelle Beè^ Haoussa ou entrée de Haoussa (a) , est une race d'hommes parttculi^s que les Arabes, pour la blancheur, comparent aux Anglais (3). A quinze journées à l'est de Haoussa , est un lac immense qu^on nomme Bahar-Soudan ou mer duSoudan. Ses bords sont très-peuplés, et on y copstruit
vînces à^Suz et d*^a^.— Voyez le Mémoire de M. Dupuis^ à la suite de la Relation d*Adam, page 276 de la trad. f!r.
. (i) Ainadi-Fatouma et Sidi-Hamet, dans Riley , attestent aussi- Texistçnce de rhippopotame dans le Soudan.
(a) M. Purdy a adopté cette assertion, et loi a donné place sur sa carte; mais je crois que c'^st à tort: le Beb'H<wsjsa ou la lin^te dupaysdelTaou^^a est limitrophe de Cnehenah; mais il y a des Vnotifs de croire que ce sont des contrées dif- férqptes.
(3) UiT girand nombre de témoignages concourent à constater l'existence d'une race de blancs dans riolérieur de rÀ^frique. Voyez Bowdich, p* i87«
PKSMIlkliE FARTIC. g5
des vaisseaux. Les Arabes assurent qu'il existe une communication par eau entre Timbouciou et le Caire. Tous croient que le Nil qui coule à Timbouciou est le même fleuve que le Nil ^Egypte. Pour se rendre de Timbouciou au Caire 9 on préfère aller par teire; et le transp<»t des marchandises, par le moyen des caravanes, est moins coûteux que par eau. On a cependant di|tà M. Jackson q^i'en 1780 dix-sept nègres de D/enné (Guinée) , parlant arabe et pouvant lire le Koran, s'embarquèrent dans un canot, et se rendirent à 7V//2^02/c^ou pour commercer: après avoir échangé leurs marchandises, ils continuè- rent à naviguer vers l'est, et arrivèrent au Caire. Ils racontèrent qu'entre Timbouciou et le Caire ils avaient vu plus de douze cents \illes , bâties sur les bords du fleuve , et garnies de mosquées et de tours* Dans trois endroits différents le Nil étsdt^ si peu profond à cause des canaux de dé- rivation qu'on avait pratiqués pour arroser les campagnes environnantes, qu'ils furent obligés de transporter leur canot par terre, jusqu'à ce qu'ils trouvassent assez d'eau dans le fleuve pour naviguer. Ils furent aussi arrêtés par trois ca- taractes considérables , dont la principale est à l'entrée du pays de Quangara ; c'est là un des endroits où ils furent obligés <^ transporter leur canot par terre. Quand iKle remirent à flot,
96 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
ce fut dans un lac immense [Merdjà) , dont on n'apercevait pas les bords. Us virent , sur les rives du Nilj des hippopotames (i) et des crocodiles, et, dans les forets environnantes , beaucoup d'é- léphants. Au Caire ils se joignirent à la grande caravane de Vouest nommée u^Mabah^el-Garbie y et arrivèrent à Maroc. Ils repartirent ensuite avec la caravane èiAkka^ qui les conduisit à Djenné ( Guinée ) , leur patrie , dont ils avaient été absents pendant trois ans et deux mois. Tels sont les principaux renseignements qu'a obtenus M. Grey Jackson (q).
Us coïncident presque en tout avec ceux que M. Badia , ou Ali-Bey , a reçus vers le même temps en i8o5,'et dans le même pays, de Sidi*Math- Bouhlal, frère du.cheyk nommé par l'empereur pour gouverner la caravane de Xz Mecque. Bouh- lal avait résidé plusieurs années k' J'imbouctou et dans d'autres pays du Soudan. U affirme aussi que le Nil-Abid^ ou le Nil des Nègres^ coule à
(i) Voyez ci^ dessus, p. 94.
(2) Proeeedings of the Association for promoting tke discovery of the interior parts of j^rica,Yo\, II, p. 366. — J. Gfey Jackson, An account of the empire ofMaroccOy în-4% 1809, chap, ^iii, p. 2^7 à 266, et p. 3i2 de la 2* ou 3* édit. — et Schaahenj*5 account of Timhuctoo and Housa, etc., i8ao , in-8**, p. 444.
PREMIÈRE PARTIE. Q-y
l'est , que tous les ans il déborde pendant la saison des pluies, inonde le pays et ressemble à un bras de mer; que Vers l'intérieur il forme un lac immense {Bahar)^ sur les bords duquel les barques des Nègres naviguent quarante-huit journées de marche, mais sans apercevoir la terre opposée. On rapporte, selon Boublal, que cette mer communique avec le Nil di Egypte; niftis il n'y a rien de certain sur cela. On ajoute que Haoussa ^st une ville extrêmement grande et bien peuplée, à l'est de Timbouctou[i), et qu elle est très-civilisée .
Pendant qu'on recueillait tous ces rapports incertains, et qu'on faisait des tentatives infruc- tueuses et presque toujours funestes, le plus célèbre des voyagèiu'S en Afrique, celui dont les efforts avaient obtenu les plus grands résul- tats, Mungo-Park était retiré en Ecosse sa patrie. Là il eut occasion de s'entretenir avec M. Max- well, qui avait souvent navigué pour les affaires de son commerce dans la rivière du Congo. Tous deux pensèrent, d'après diverses indicattions , que ce fleuve dont on ignorait la source était le /o- liba ou Niger, qui, après avoir coulé vers Test, se détourne aji sud-ouest. Ils exposèrent leurs
(i) Forages d'Aly-Bey elÂhassi^ in-S-^, 1814 1 1. 1, p. 388. Bouhlal nomme cette ville Tômhut^ et non Timbouctou.
7
98 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
idées, non à la société pour les découvertes en Afrique^ mais au gouvernement méine. Leur projet de voyage fut approuvé par ceux qui ré- gissaient le département des colonies. On donna des ordres au gouverneur de Corée pour cette expédition, et Ton y consacra une somme de cinq mille guinées (120,000 fr.)
Mungo-Park partit donc de OVjrij petit village près de P«a/im,le 27 avril i8o5, et se dirigea vers le Niger par une route plus courte et plus directe que celle qu'il avait suivie dans son pre- mier voyage. Ce fut le 19 août que du haut d'une colline, près de Bambakou^ il vit pour la seconde fois le grand fleuve du Soudan couler dans la plaine, vers l'orient. Mais il semble qu'avec des moyens plus abondants et une es- corte plus nombreuse , Mungo-Park ait dédaigné cette fois la prudence qui l'avait si bien servi dans sa première expédition. Il s'était mis la seconde fois en route pendant la saison des pluies. Aussi, lorsqu'il arriva à Sansanding (i) ^ ville siCùée sur* les bords du JSiger et dont la population est d'environ onze mille âmes , il
(i) Ce nom de Sansanding doit être appellatif; cap on retrouve un lien nommé Sansanding, sur la roule de Mnn^-Park, à Test de la Faieméj dans le jroyannie de Saiadou.
PR£MlèRE PA.RTIE. 99
avait perdu par les maladies la plupart de ceux qui raeoempagnaient. Il ne lui restait plus qae quatre hommes. Toutefois il s'embarqua sur le Niger, à Sansanding , le 17 novembre i8o5, pour s'enfoncer dans l'intérieur du Soudan; mais il eut la précaution de confier son joiirnfil et ses papiers à un de ses nègres nommé Isaac, et il lui ordonna de retourner aux établisse- ments anglais à l'embouchure de la Gambée. En 1806, des bruits sinistres commencèrent à se répandre sur la fin malheureuse de Mungo- Park. On envoya le nègre Isaac à sa rencontre. Celui-ci fiit de retour en septembre 1 8 1 1; il avait, à ce qu'il disait, trouvé à Sansanding Amadi- Fatouma, qui s'était engagé à servir de guide à Mungo-Park. Amadi-Fatouma remit à Isaac un journal écrit en arabe, qui contient le récit du voyage de Mu«go-Park sur le Niger jusqu'au- delà de TimbouctoU^ à un endroit du fleuve res- serré entre des rochers, où il fut assassiné. Qn a * suspecté la véradifcé de ce journal; mai» la calas- trophe qu'il aamooïtîe ne paraît que trop .cer- taine, et a été cc^firmée par d'autres rapports qui ne iai&sent plus aucun sujet d'en douter (i).
(i) Mungo Park's Second Jcfarney, Londpn, În-4**,'i8i5, p. »t4. — Leyden's Hin^càl aceoum, t.ll^ p. 4^8-467. — JBodwich'», Mission to A$hantee^ dans l'Appendice; et
7-
lOO RECHERCHES SUR I'aFRIQUE.
Tout ce que Mungo-Park avait écrit sur ce dernier voyage a été publié tel qu'il l'avait en- voyé, avec une louable fidélité. Sansanding^ le dernier terme de ce second voyage, étant près de Sego , n'est pas encore aussi avancé vers l'o- rient que ^///a, jusqu'où Mungo-Park était pré- cédemment parvenu ; et , sous ce rapport , on peut dire que son second voyage ne renferme aucune découverte nouvelle : mais il a été ce- pendant d'une grande utilité pour les progrès de la géographie. Outre qu'il a confirmé ce que le premier avait fait connsutre sur l'exis- tence d'un grand fleuve qui coule vers l'orient , Mungo-Park , étant pourvu d'excellents instru- ments , a déterminé par des observations la latitude de vingt-trois stations, et la ïongitude de quatre ; par ce moyen nous avons pu tracer avec exactitude la route qu'il avait parcourue, et même rectifier la géographie de son précédent voyage. Par les informations qu'il s'est procurées d'un vieil Africain qui avait fait sept fois le voynge de Timhouctou et qui y retournait pour la huitième fois, Jtfungo-Park ne nous a plus laissé de doute jsur l'existence du hj^Dibbie^ et il nous a donné de nouvelles lumières sur les ri-
Jackson's Shaaheny's account cf Timbuctoo and Homsa ^ i8ao, iu-8% p. 400 à 4x5. '
PREMIÈRE PARTIE. ^ JOI
vières qui s'y jettent et sur celles qui en sortent. Selon le dessin tracé par le vieil Africain, il pa- raît que la plus grande étendue du lac Dibhie est du nord au sud; qu'il reçoit de l'ouest le /o- Uba^ et le Bd-Nimma (i), lequel se grossit du Miniana^ avant de se jeter dans le lac. Les ri- vières qui coulent à l'est du lac, forment une île nommée Djinbala. Tout ceci s'accorde avec ce que Mungo-Park avait appris dans le premier voyage. Mais le vieillard africain plaçait sur son dessin Djénni ou Guin sur le Bâ-Nimma : aussi Mungo-Park dit-il, d'après ce renseignement, qu'il ne verra pas Jenni en allant à Timbouctou; ce qui semble être une erreur, puisque Amadi- Fataouma, lorsqu'il s'embarqua pour servir de guide à Mungo - Park , se rendit en deux jours de Silla sur le Niger à Djénni (a). Ce der- nier renseignement paraît confirmer ceux qu'on a obtenus précédemment sur la situation de Djénni.
Mungo-Park termine son journal par les iti- néraires qu'il s'était procurés sur les routes qui cpnduisent de Sego dans le pays de Miniana et
■'■!■' ' ' ' ■ '■ ' ■ " ■ Il H»»i ■ ■■ ■ I I II —— — I I m '
(i) Mtingo-Park, Bd signiAe fleuve ou mière, en lan-< gage da pays ; ainsi JoU-Bd, ou DjaU-Bdy signifie la rivière Joli y ou DjaU.
{il) Journal ofa Misdon to éie interioro/Afiica^ London ^ 1820, in- 4^, pages i65 et ao8.
lOa RECHERCHES SUR LAFRIQUE.
de BadoUj et qui sont au sud et à l'est du Bambdha. Malheureusement ces itinéraires ne contenant que des noms, il est difficile d'en faire usage pour la géographie. Ils nous apprennent cependant qu'il y a sept jours de marche , et sept villes ou stations^de Sego à Miniana; que les habitants de ces contrées sont anthropophages , c'est-à-dire qu'ils mangent leurs ennemis tués à la guerre et les étrangers morts dans le pays. On compte trente stations entre Sego et Badou; ce qui semble indiquer trente journées de mar- che entre ces deyx lieux : mais ce n'est qu'après la vingt-huitième station qu'on sort du Bambarray ' et qu'on arrive à Totti^ et ensuite à Badou, capitale du pays de ce nom. Avant d'arriver dans ce dernier lieu , on passe par le pays des Jouli qui entendent le langage des Miniana , et des Badou qui sont employés comme mar- chands et comme interprètes pour ces contrées. Après trente jours de marche au sud de Badou, à travers le royaume de Gotto^ on arrive au pays des Chrétiens , qui ont leurs maisons sur les bords du Ba-si-fina. Le Ba^si^fina présente, dit -on, une étendue d'eau incomparablement plus grande que celle du lac Dibbie, Cette eau coule, tantôt d'un côté, tantôt de l'autre : ceci .nous indique que Badou est à trefite jours de marche des établissements européens sur la
PREMIÈAE PARTIE. îo3
Côte 'd'or ou de Guinée^ où l'Africain qui a donné ces renseignements à Mungo-Park a ob- servé pour la première fois exactement le phé- nomène du flux et du reflux, Il faut se garder de confondre le Ba-si-fina avec le lac du Sou-- dan^ ainsi que l'a fait M. Jackson; erreur d'au- tant plus singulière, qu'indépendamment de ce que la position du Ba-si-fina de Mungo-Park, par rapport à Badoû , s'oppose à ce qu'on puisse se méprendre, M. Jackson remarque lui-même que ces mots Ba-sifina sont la corruption des mots arabes Bahar-Sifina^ qui signifient mer des vaisseaux (i). Mungo-Park termine en di- sant qu'il n'y a point de Schea (chi) ou d'arbres à beurre dans Kong ou Gotto; ce qui semblerait indiquer que ces deux derniers noms s'appli- quent à une même contrée.
Isaac, qui fut envoyé à la recherche de Mungo- Park, s'arrêta à Sansanding^ et il ne fournit dans son journal aucune nouvelle notion. Le récit d'Amadi-Fatouma , qui vint joindre Isaac à San-' sanding y le lo octobre 1810, contient le peu qu'on a pu apprendre de la fin malheureuse de l'expédition de Mungo-Park ; il nous conduit de I I '■ ■ I i.i» , I I II I II I II
(1) MungcKPark , The Journal of a Mission to the inte- rior of Jfrica^ the year^ i8o5, p. 168. — Jackson's Shaaheny's account of Timbuctooy p. 45o, 4Sx 9 Ifi^^
I04 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
Sansanding à Silla^ de SUla à Guin ou L^'enni, ensuite à Dibbie, qui est nonuné Sibby; de là à Timbouctou; ensuite à Gouroumo^ puis à la ré- sidence du roi Gotodji; après avoir traversé ses états, on trouva un hippopotame, et sur l'autre rive un fort parti de la, nation des Poules (i) : la route se dirige ensuite de Kaffo à Karmassi; de là yn passe à Gourmon et à Yaour^ et Ton arrive à Boussaj où Mungo-Park fut tué. Quoique ce récit soit fort obscur et incertain, cependant n'oublions pas de faire observer que, sur la carte de d' An- ville, comme siu* celle de Delisle, on remarque au sud-est de Timbouctou les noms de Comui' chy^ de YaouH et de Bousa^ qui indiquent trois positions contiguës : il n'est guère possible de douter que ce ne soient les villes de Karmassi ^ de Yaour et de Boussa^ dont il est £adt mention dans le récit d'Amadi-Fatouma.
J'ignore si le colonel Boutin,qui fit en 1812 un voyage de découvertes, se proposait de pé- nétrer plus avant , ou s'il s'est procuré des ren- seignements sur l'intérieur de l'Afirique. Comme
(i) La présence de Plûppopotame dans le Soudan s'ac-
> corde avec le récit fiiil à M. Jackson ; et celle de la nation
des Poules avec les renseignements donnés à M. Mollien
( Voyage dans Vintérieur de V Afrique ^ tome I, p. 219), et
aussi avec Ibn-Batouta. — Voyez ci-dessas , page 26.
PREMIÈRE PARTIE. Io5
le colonel Boutin a été assassiné dans les mon- tagnes de Syrie y tout ce que nous savons de son voyage se trouve renfermé dans une lettre fort courte de M. Barbie du Bocage à l'auteur du Magasin encyclopédique (i). Cette lettre, qui donne des détails intéressants sur Swahy et sur la partie du désert comprise entre Siwah et la deuxième oasis, ne contient rien de relatif à l'objet qui nous occupe.
Mais, en 1810, un matelot américain, xiommé Robert Adams , fit naufrage sur la côte occiden- tale d'Afirique , un peu au nord du Cap-Blanc ; il fut fait esclave par les Maures, et emmené dans l'intérieur de l'Afrique. Si l'on en croit ses récits , il a été conduit à Timhouctou , et y a résidé cinq mois. Cette ville, selon lui, est située dans une plaine très -unie, à deux cents pas environ au nord -ouest d'une rivière nommée sur les lieux la Marzarah , qui peut avoir dans cet endroit trois quarts de mille de lar- geur, et qui coule au sud -ouest (a). Remar-
( i) Magasin encyclopédique , anAléè 1 8 1 3 , tome I , p. 1 29. Le colonel Boutin a laissé des itinéraires en Orient , et di- vers écrits qui sont restés manuscrits , et qui sont conservés an Dépôt des fortjfications.
{*k)The Narrative of Robert Adams m Sailor, London, 18 16, p. a5, €t p. 53 de la traduction Crançaise, in-8°, tljris, 181 7. — Voyez ci- dessus^ page 83.
106 RECHERCHltS SUR l'aFRIQUE.
quons que, d'après les premiers renseignements obtenus par la société pour les découverte^ en Afrique , de Sidi-Inhammed et Ben- Ali , il était dit que le Nil ou la rivière près de Tinibouctou coulait vers l'ouest, et se nommait Gnewa ou Noire (i).Abd-Arrachman, ainsi que nous l'avons déjà dit , assura aussi à M. Niebhur que la rivière de Timbouctou coulait à l'ouest. Léon l'Africain , qui a navigué de Timbouctou à Djenni ou Gui-- née^ le xlit d'une manière plus positive encore. Nous aurons plus d'une occasion de faire ob- server à nos lecteurs les contradictions qui existent sur ce point , le plus important de tous. Adams s'accorde aussi avec M. Jackson sur le nom de WouUo que portait le souverain nègre qui régnait alors à Timbouctou et dans le Bam- barra. Adams assure que Timbouctou est actuel- lemeiit au pouvoir des Nègres idolâtres , et que les Maures mahométans qui viennent y faire le commerce sont désarmés avant d'entrei: dans la ville : à cjrt égvd son récit concorde avec celui de M. Cahill, que nous avons rapporté précédemment, ainsi qu'avec celui qui a été fait à M. Riley, dont nous parlerons bientôt (ot).
« (i) James-Grey-Jac^son's Account of the empire of
MamccOj p. 253.
(7) J. Riley's Loss qf the American Brig of commerce ,
PREMIÈRE PARTIE. IO7
M. Dupuis, vice* consul anglais k Mogadorj qui, le premier, interrogea le matelot Adams, croit cependant, d'après les renseignements qu'il a recueillis d'ailleurs, que, malgré l'assertion de ce matelot , les Nègres de Timbouctpu sont ma- hométans , et qu'il y a dans cette ville plusieurs mosquées : Adams déclare n'en avoir vu aucune , et n'a nulle part entendu prononcer le nom de Joliba^^n général , Adams montrait d'ailleurs une grande ignorance , et l'insouciance qui est commune à presque tous les hommes de sa profession : ses récits sont toujours vagues et souvent contradictoires ; mais du moins ils sem- blent porter tous les caractères de la bonne foi , et sous ce rapport ils méritent attention. L^éditeur de sa relation , M. Cock , dans l'ana- lyse qu'il a donnée de la carte qui l'accompa- gne, dit qu*il a appris- de quelqu'un qui a. fait une longue résidence au comptoir de Lagôs, et dans d'autres établissements anglais sur W Côte de Bénin ^ que les marchaadi de Haoussa venaient fréquemment à Z^lg^o.y, avant rabolition de la traite des Nègres, et qu'ils s'y rendent même encore. On met quatre mois pour aller de Haoussa krUi côte du Bénin: ceux qui ont
Jn-4**, London, i8i7,p.N^64. — i2ic\soa's ^aabeny't account of Timbucto&, 1820, in-80, p. 44i« *
Jo8 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
dit avoir fait ce voyage n'annoncent point avoir rencontré sur leur route aucune chaîne de mon- tagnes ; mais seulement ils ont été obligés de franchir un grand nombre de rivières, ainsi que des marais et des lacs considérables, qui retar- daient leur marche, parce qu'on les traverse sur des radeaux, et que les propriétaires de ces ra* deaux ne veulent faire le trajet que lorsqu'il y a un fret suffisant. Les principales nations que l'on trouve sur la route sont les Jous , et plus près de la côte les Jlnagous et les Mahis dans le voisinage de Dahomey (i).
M. Dupuis déclare aussi dans l'aj^endice de ce voyage, qu'un Nègre de Bambarra^ acheté à Tiihbouciouy lui avait parlé d'une nation puis- sante de l'intérieur, nommée Gallo ou Quallo^ où on l'avait transporté comme esclave, nation qu'il lui représenta comme plus avancée que les autres dans les arts et la civilisation. Ce pays doit être au sud-est de Bambarra, A-peu-près à trois journées en-deçà de la ville capitale des Quallo est un lac considérable, ou plutôt une
(i) The Narrative of Robert Jdams] p. xxxrij , et p. 28 de la trad. franc. Ce rapport est contredit par M. Bowdich , Mission to Aslmntees ^ p. 224-226, et il nous a remis une note qui semble en démontrer la fausseté : mais nous n'avons pas dû omettre cette portion de la narration d'Adams; car notre )mf, dans cette partie de notre ouvrage, est seule* ment de recueillir les témoignages. *
PREMIÈRE PARTIE. IO9 ^
rivière, qui communique avec le Niger^ et dont ce nègre profita depuis pour effectuer son éva- sion; ce qui semble confirmer ^existence du grand fleuve nommé Quolla , dont M. Bowdich a le premier donné connaissance , et dont nous parlerons plus amplement ci>après. Tels sont les seuls renseignements dignes d'attention que ren- ferme , sur cet objet , la relation d'Adams.
Peu de temps après (en 1817) parut le Voyage de Riley, subrécargue d'un vaisseau américain, qui a aussi fait naufirage sur la côte d'Afrique, en juin i8i5; tous les gens de l'équipage furent pris, et emmenés comme esclaves par les Maures dans l'intérieur, L'Arabe auquel M. Riley était tombé en partage avait fait plusieurs fois le voyage de Timbouctou, Il a donné à son ancien esclave, devenu libre par le paiement d'une ferle rançon, les détails qu'il pouvait désirer, et M. Riley les mit par écrit.
Sidi«-Hamet a dit qu'il avait fait d'abord le ^ voyage de l'intérieur de l'Afrique^ il y avait en- viron dix ans (vers i8o5). Il était parti de Oi/oA-iVoM/i, dans l'état àeSuz^'àwecune caravane chargée de toutes sortes de marchandise^ de l'empire de Maroc ^ et composée de trois mille chevaux et de hmt cents hommes , commandés par le cheyk Ben - Soleïman de fFald^jpn ou ff^oled-^Ddeim. Le récit de Sidi-Hamet e$t moins
/ IIO RECHERCHES SUR LAFRIQUE.
incohérent , mais presque aussi vague que celui du matelot Adams. La caravane , commandée par Soleïman, s'arrêta dix jours dans le désert; puis, après vingt-deux jours de marche (non compris les jours de repos), elle arriva à un lieu nommé Bihlah^ où il y avait de l'eau. La caravane s'y arrêta sept jours, et se dirigea au sud-ouest; après vingt autres jours de marche on parvint à«un autre lieu nommé Kibir DJibl Dans cet endroit , nouveau repos. I^a caravane ensuite se rapprocha de la côte , et arriva enfin dans le Soudan^ chez les Arabes Bessebes^ pro- 'bablement les Libdessebas des cartes.
Enfin la caravane parvint à Timbouctou : elle n'entra point dans cette ville; mais, après qu'elle eut déposé ses- armes , il lui fut permis de cam- per près de ses murs, dans une vallée profonde. ' On trafiqua ensuite avec les Nègres , qui don- nèrent de la poudre d'or, des bagues en or, de la gomme, des dents d'éléphant, de beaux tur- bans , et des provisions de toute espèce , c'est- àrdire du Wé, du riz et de l'orge. La caravane donna en échange , du fer, du sel , des couteaux, du drap bleu et bknc, de l'ambre, du tabac ^ des mouchoirs, de soie, des épices et diverses autres denrées, et aussi des vaches, des ânes et des moutons. < ^
. La petite rivière , ou plutôt le ruisseau , qui
PREMIÈRE PARTIE. 1 1 I^
coule près des murs de Timbouctou ^ éUit à sec; et Ton était obligé d'aller chercher de Feau pour les chameaux de la caravane à la grande rivière qui. est au sud , et qui n'est éloignée de la ville que d'une heure de chemin à cheval« JL,a caravane , après être restée une lune et de- mie, pour nous servir des expressions mêmes de Sidi-Hamet, près de Timbouctou^ s'en re- tourna par le nord-ouest afin de s'approcher de la côte, et campa sur les bords d'une rivière qui n'est qu'à une journée de marche d'une grande ville , nommée Jathrow^ habitée par les Nègres. La caravane s'en retourna ensuite à Ouadi'Noun (i).
Dans un autre Voyage, dont le récit est en- core plus confus, Sidi-Hamet dk que la cara- vane dont il faisait partie , s'étant dirigée droit vers TimbouctoUy au lieu de marcher, comme la première fois, près des côtes, fut assaillie par le vent du désert , et manqua de périr. Enfin elle arriva dans une fameuse vallée, nommée Ha^ hirahy où il y a de l'eau (c'est le i?^rii>uflaA^r de Léon l'Africain , de Marmol , et de tous les géographes). Un grand nombre d'hommes et de chameaux moururent pencVint la traversée
(i) J. Rtley's Loss ofthe American Brig commerce , in-4*', Loudon, 1817 , ch. XXV, S i» P- ^46- 345..
112 RECHERCHES SUR LÀFRIQUE.
du désert; ce qui restait, parvint à une petite ville nommée Ouabilt jhaLtie sur les bords d'une rivière peu considérable. La ville de Ouabik est habitée par des Nègres , qui secoururent la ca- ravane, et lui donnèrent les provisions qui leur manquaient. La rivière qui coule près de cette ville a environ cinquante verges de large ; elle est nommée El-Ouad'Tenijp2tr ceux qui parlent arabe , et Gozen-Zaïr dans la langue des Nègres. A une certaine distance au sud-ouest de ce lieu, il y a une chaîne de montagnes non couvertes de neige , mais qui paraissent aussi hautes que \ Atlas ^ vu de la ville de Suz. Après quatorze jours de marche à partir de ce lieu, la caravane arriva sous les murs de Timhouctou , que Sidi- Hamet; dans cet* endroit de son récit, dit être la capitale du Soudan. Il affirme aussi que ce nom de Soudan^ pour désigner toute la contrée au sud du Grand -Désert, est universellement en usage chez les Arabes et chez les Maures. On pennti: à ceux qui composaient la caravane d'en- trer dans la ville, mais seulement après qu'ils euœnt remis aux officiers du roi tous leurs fu- sils, avec la poudre et le plomb qu'ils possé- daient (i). La ville de Timhouctou (2), dit Sidi- " -
(1) Riley, p'. 36a.
(a) Biley écrit toujours Tombooctoo.
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PREMIÈRE PARTIE. 1 l3
Hamet, est cinq fois aussi grande que Souirah ( Mogador ). Elle est bâtie dans une plaine unie, entourée de tous côtés par des collines, excepté au midi, où la plaine se continue jus- que sur les bords de cette rivière large et pro- fonde dont il a été question précédemment. Sidi-Hamet et ceux qui l'accompagnaient furent obligés de se rendre sur ses rives pour abreuver leurs chameaux. Il assure que cette rivière coule vers Test; et il y vit un grand nombre de canots faits de troncs d'arbres, conduits à la rame par des Nègres. Les murs de Timbouctou sont en pierres et en terre. La plupart des maisons sont construites avec de gros roseaux, mais il y en a en pierres; et on voit dans certaines rues des boutiques bien garnies de diverses marchandises. L.es habitants sont noirs; le souverain est unNègre très - âgé , à tète grise , qu'on nomme chigar (shegar), c'est-à-dire sultan ou roi. Si l'on en croit Sidi-Hamet, ni le chigar ni ses sujets ne sont mahométans. Mais il y a une partie de la ville de Timbouctou , séparée du reste par une forte muraille, qui est entièrement peuplée par des Mahométans, ainsi que la ville des Juifs ou le Millah de Mogador, Tous les Maures ou les Arabes qui résident , soit passagèrement , soit pour toujours, à Timbouctou^ ne peuvent passer la nuit que dans cette partie de la ville, qui leur
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Il4 RECHERCHES SUR xl'aFRIQUE.
est réservée. En y entrant , ils sont obligés de remettre leurs cimeterres ou leurs couteaux à celui qui garde la porte : on les leur rend le matin quand ils sortent. La ville de Timbouctou 2L quatre portes, qui sont ouvertes le jour, mais qui sont fermées et défendues par une forte garde pendant la nuit. Cette année le chigar attendit en vain les caravanes qui viennent de Maroc y de Tripoli et de Tunis; elles avaient été détruites ou dispersées dans le désert. Il eu arrive aussi d^ Alger.
Comme Timbouctou fait un commerce con- sidérable avec Ouassanah, ville qui est située loin au sud-est, Sidi-Hamet résolut de s'y rendre. Au sortir de Timbouctou^ il se dirigea au sud; et, après deux heiu-es de marche, il se trouva sur les bords du Zolibib (Joliba), qui, dans cet endroit, a environ cent cinquante verges an- glaises (45o mètres) de large. Là est un petit village d'environ deux cents maisons , construites en roseaux. Sidi-Hamet marcha ensuite pendant six jours, suivant toujours les bords du fleuve qu'il avait à sa droite , et qui coulait à l'est. Il arriva à une ville nommée Bimbinah , dont les maisons sont construites en bois et en roseaux. Il s'y arrêta deux jours ; dans ce lieu le cours de la rivière se détourne directement au sud- est, à cause d'une montagne qui est en face.
PREMIÈRE PARTIE. Il5
Sidi-Hamet continua son voyage en suivant tou- jours le cours du fleuve. Après quinze jours de marche (sans compter les jours de repos), il eut à traverser une chaîne de montagnes couvertes d'épaisses forets ; cette traversée employa six jours. Il voyagea ensuite pendant vingt *sept jours, tantôt au sud et tantôt à l'est, voyant presque tous les jours la rivière à sa droite, et traversant beaucoup de petits ruisseaux et de rivières qui s'y jettent. Il arriva enfin à Ouassanah , dont le chigar se nomme Olibou , et est allié de celui de Timbouctou. D'après ce récit, Ouassanah serait à cinquante-quatre jours de marche de Timbouctou; la route ferait un grand circuit vers le sud-est, et ce serait dans cette direction (jpe Ouassanah serait placée par rapport à Timbouctou. On permit à la caravane de camper dans une enceinte carrée, qui est prés des murs de la ville.
fTassanah ou Ouassanah est bâtie à une petite distance du fleuve qui coule au sud de cette ville, entre de hautes montagnes, et qui est tellement large , en cet endroit , que l'on peut à peine discerner un homme sur l'autre rive. Ce fleuve, que les habitants de Timbouc* tau nomment Zolibib , est nommé Zadi par les habitants ^Ouassanah.
Sidi-Hamet donne une description longue et
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Il6 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
intéressante de la ville di Ouassanah ^ dont les murs sont bâtis en pierres de taille, et dont la po- pulation est au moins deux fois plus nombreuse que celle de Timbouciou. Le peuple est excel- lent, très-hospitalier, mais il est idolâtre; et Sidi- Hamet espère qu'il se convertira à la vraie foi , ou qu il sera sous peu expulsé de ces riches contrées. Probablement que les habitants èiOuas- sanah se doutent des sentiments des Mahomé- tans à leur égard; car ils ne permettaient à ceux d^ la caravane d'entrer dans la ville que vingt à-la-fois. Les habitants à'Ouassanah ont sur la rivière un grand nombre de canots, faits de troncs d'arbres creusés , qui peuvent contenir quinze ou vingt hommes. Le frère du roi dit à un des compagnons de Sidi-Hamet qui compre- nait son langage, qu'il se disposait à s'embarquer dans quelques jours avec soixante bateaux pour transporter des esclaves qu'il voulait vendre. Il devait d'abord descendre la rivière vers le sud , et tourner ensuite à l'ouest pour se rendre dans la grande eau. Là il espérait vendre ses esclaves à des hommes pâles , qui se rendaient en ces lieux dans de grands bateaux^ et apr portaient des fusils, de la poudre, du tabac et du drap bleu. Il est évident , si c^ récit est vrai , qu'il ne peut être question ici que des Européens qui viennent trafiquer à la côte
PREMIÈRE PARTIE. II7
d- Afrique , et que , d'après la direction donnée au fleuve qui passe à Ouassanah , il doit se décharger sur la côte occidentale d'Afrique. Alors il pourrait être le même que le fleuve du Bénin , ou le Congo y comme le présume M. Riley, olnse joindre à l'un ou à l'autre de ces fleuves.
Le nom d' Ouassanah ou ff^assanak di été jus- qûes ici inconnu à la géographie ; mais on ne peut douter de l'existence de cette ville^puisque tout récemment un des esclaves de la suite d'un des deux fils de l'empereur de Maroc, que le capitaine Dundas avait à bord à son retour de la Mecque , SLydLïït été interrogé sur le lieu de sa naissance, dit qu'il était né dans une grande ville nommée Ouassanah. Cette circonstance doit nous donner quelque confiance dans le récit de Sidi-Hamet (i).
Ce chef arabe retourna à Timbouctou ; il y trouva les caravanes di Alger yàe Tunis ^ de Tripoli et de Fez y qui se réunirent pour le retour, et ne formèrent plus qu'une seule caravane, emme- nant avec elle deux mille esclaves, et une grande
(x) Journal des Voyages^ janvier 1819, tome I, p. 196. — Notice sur le Voyage entrepris par M, Ritchie dans Vintérieur de V Afrique , extraite dé la Ruche provençale^ journal im- primé à Marseille.
Il8 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
quantité de poudre d'or, de bagues et de chaînes en or, d'ivoire, de turbans et de gomme. Cette caravane était conduite par quinze cents hommes et avait quatre mille chameaux. En quittant Tint- bouctoUj elle se dirigea au nord-est, et marcha pendant vingt jours dans une contrée lui peu montagneuse : comme il avait beaucoup plu pendant le mois précédent, elle eut à traverser un* grand nombre de petites rivières et de ruis- seaux, qyi tous coulaient au sud et à Touest vers le grand fleuve. Cette circonstance, si elle est exacte , est remarquable , et nous indique , d'une manière décisive , la pente générale du terrain dans la partie du désert qui est au nord de Timbouctou.
La caravane marcha ensuite dix -huit jours directement au nord, et arriva à Oueydlahy où il y a un lac d'eau salée. On se reposa six jours' dans cet endroit; et, le sixième jour, on fut attaqué par un parti d'Arabes du désert, que Sidi-Hamet dit avoir été au nombre de quatre mille. On les repoussa, et l'on ne perdit que cent hommes. Cependant la caravane se mit aussitôt en route; elle se dirigea au nord -est, hors du chemin ordinaire, afin d'éviter d'être atta- quée une seconde fois. Elle marcha sans discon- tinuer pendant vingt-sept jours, et arriva à un endroit abondant en Sources excellentes, qu'on
PREMIÈRE PARTIE. J I9
nomme les Huit-Puits. Elle se reposa onze jours dans cet endroit; et ensuite, après huit jours de marche, elle vint à Touat ^ lieu oii l'eau est en abondance (i). Dansi»les trois derniers jours avant d'y arriver, on traversa des plaines cou- vertes de couches très-profondes de sable, sem- blables à celles qui sont près de Ouadi^Noun, On se reposa deux jours à Touat; on se dirigea ensuite directement au nord, en traversant le* Pays des Dates ^ et Von parvint à Gudjilah, ville petite, mais forte, qui appartient à Tunis. La caravane , après s'être reposée dans ce lieu , se divisa en deux : une partie alla à l'orient pour se rendre à Tnpolien traversant les montagnes; une autre partie , dans laquelle se trouvait Sidi- Hamet, marcha au nord-est pendant douze jours, et arriva à Tuggurtah, ville grande et forte, si- tuée près d'une montagne et sur les bords d'une rivière nommée TVgy^A, qui, d'après ce qu'on a dit à Sidi-Hamet, se décharge dans la mer, près de Tunis; circonstance qui est contraire à ce que nos cartes indiquent. Après avoir séjourné vingt-cinq jours dans cette ville, la caravane se mit en route, marcha au nord -ouest pendant dix jours dans un pays abondant et fertile; et, \
(i) Rilcy's Loss of the American Brig commerce y p. 387.
I20 RECHERCHES SUR LAFRIQUE.
lorsqu'elle fut parvenue sur le sommet des mon- tagnes, elle se divisa encore en deux; une partie se dirigea sur ^Iger; l'autre, qui était celle où se trouvait Sidi-Hamet, et qui n'était plus que de deux cents chameaux et de quatre-vingts hommes, se rendit à Fez en traversant les mon- tagnes. Ce fut là le terme du voyage. Sidi Hamet quitta la caravane , et s'en retourna auprès de sa Camille , qui résidait dans les montagnes voisines de la ville de Maroc. Il eut le bonheur de revoir tout ce qui lui était cher, en bonne santé, après deux années d'absence. Lorsqu'il partit, il avait huit chameaux richement chargés; quand il re- vint,il n'en avait plus qu'un seul, portant seule- ment avec lui un petit nombre de denrées. Mais la caravane avec laquelle il s'était d'abord mis en route avait péri presque en entier ; et il se trouva fort heureux de n'avoir pas été la vic- time des dangers auxquels un si grand nombre de ses compagnons de voyage avaient succombé. Tel est en substance le récit de Sidi-Hamet, qui méritait que nous nous y arrêtassions par- ticulièrement, parce qu'il jette du jour sur la marche des caravanes dans le Soudan^ sur le genre de leur commerce, et sur les périls aux- quels elles sont exposées. 11 donne enfin des notions dignes de remarque sur quelques points
PREMIÈRE PARTIE. lai
importants de géographie pour l'intérieur de T Afrique (i).
En 1816, le gouverneraent anglais crut devoir faire une grande tentative pour pénétrer dans l'intérieur de l'Afrique. Dans la persuasion où l'on était que le Niger était le Zaïre , ou la ri- vière du Congo , on dépensa de grandes sommes pour équiper des bâtiments afin de remonter ce fleuve. Cette entreprise fut la plus malheu- reuse de toutes celles qu'on avait tentées jusque alors. Le capitaine Tuckey, qui la commandait , son lieutenant Hawkey, le professeur Smith, et enfin vingt et une personnes de cette expédi- tion , périrent en peu de temps de la fièvre (2). Des pertes si douloureuses n'aboutirent qu'à explorer l'embouchure du Zaïre ^ à corriger le gisement de cette côte, qui était affecté d'une erreur considérable ; mais on n'obtint aucun renseignement sur l'intérieur de l'Afrique.
Cependant on tenta encore une nouvelle ex- pédition , qui partit des établissements situés sur la Gambie, Nous aurons bientôt occasion
{x) Riley's Loss of ihe American Brig commerce ^ etc. London , in-4**, 1B17, S ^ «* V, p. 370-390.
[fy Narrative ofan Expédition to explore the river Zayre, ia-^^London, if^i8, p. xliij de Tintrodnction.
ia4 RECHERCHES SUR l'aPRIQUE.
couvertes en Afrique, publiée dans un recueil périodique qui s'imprime à Marseille y à la ré- daction de laquelle il a eu une très-grande part, M. Ritchie, à son départ d'Europe, a manifesté l'intention d'exécuter le plan de Hornemann ; c'est-à-dire qu'il devait se rendre à Mourzouk dans le Fezzan , y séjourner quelque temps , partir avec la caravane du Bomou , se diriger sur Timbouctou y et se rendre aux établissements anglais ou français de la Sénégambie {i), M. Rit- chie arriva en effet à Mourzouk ^ le 3 mai 1819; mais la fièvre le saisit au moment où il se dis- posait à partir pour le Bergou , et il y succomba le ao octobre de la même année (2). Le peu de renseignements qu'il avait recueillis sur l'inté- rieur de l'Afrique sont , ainsi que ceux de M. MoUien, au nombre des derniers que Ton ait publiés ; et nous ne devons les faire connaître qu'après avoir parlé de ceux qi#on a antérieure- ment mis au jour.
(i) Voyez la Notice sur le Voyage entrepris par M. Rùchie dans V intérieur de V Afrique, dans la Ruche prd^nçale im- primée à Marseille, et dans le Journal des Voyages par MM. Vernenr et Friesvillc, tome I , p. a8a. — Nous avons de fortes raisons ponr penser que cette notice est faite d'après des notes de M. Ritchie même; et on peut la regarder comme le plan de voyage qu'il se proposait de suivre quand il est parti d'Europe.
(2) Voyez le Quarterly^-Review ^ toI. XXIII , page aa8.
. PREMIÈRE PARTIE. îlkJ
Pendant que Ton s'occupait des espérances incertaines et lointaines que faisait naître l'en* treprise de M. Ritchie , on vit tout- à -coup jaillir une lumière vive et inespérée d'un des points de l'horizon , où la science ne songeait même pas à diriger ses regards. I^ fort d'^/i- namaba^ qui est la seconde forteresse ou la vice -présidence des Anglais sur la Côte -d or ^ avait été attaqué , en 1807, par les Aschantis, C'était la première armée de ce peuple, qu'on eût encore vue sur la côte. Après une défense vigoureuse, une trêve fîit conclue; mais, la petite^ vérole exerçant ses ravages dans l'armée des As* chantisy le roi qui la commandait se retira subi- tement avec cette armée, et les Anglais ne purent, comme ils en avaient le projet , profiter de la bonne intelligence que la trêve avait fait naître entre eux et les Aschantis, pour conclure une paix solide. Les Aschantis, en 181 1 et en 1816, envahirent le territoire des Fantis^ sur lequel les forts anglais sont construits ; ils bloquèrent en dernier lieu celui où se trouve leur quartier- général , le fort de Cape-Coast. Avant de se re- tirer, ils dévastèrent tous les environs, massa- crèrent les habitants , et causèrent une déplo- rable famine. Les Anglais, pour éviter le retour d'aussi affreux malheurs , résolurent d'envoyer au roi des Aschantis une ambassade solennelle ,
ISÔ RECHERCHES SUR l'aFRI^QUE.
afin d'apaiser la colère du conquérant africain , de se lier avec lui par un traité de commerce , et de se procurer des renseignements sur l'inté- rieur de l'Afrique. On confia la conduite de cette ambassade à un homme qui, par sa faiblesse et son impéritie, mit en danger le succès de la négociation , sa propre vie , celle de fees com- pagnons , et par suite tous les établissements des Anglais sur cette côte. Un jeune homme en- voyé sous ses ordres pour faire des recherches scientifiques , par sa présence d'esprit , son in- trépidité , conjure l'orage, arrête les effets de la colère du roi des Aschantis^ se concilie son estime , sa confiance , établit entre lui et les An- glais une paix solide, et obtient qu'un consul anglais résidera pour toujours dans la capitale de ce roi , devenu , par son moyen , ami et aUié , d'ennemi redoutable qu'il était auparavant. Ce jeune homme , joignant beaucoup d'instruction à un caractère énergique , profite de la considé- ration qu'il s'est acquise parmi les naturels, et de cinq mois de séjour, pour observer les mœurs, les habitudes et les institutions d'un des peuples les plus curieux de l'Afrique. Il obtient par un grand nombre de marchands maures, et par les habitants de la rivière Gaboun^ des renseigne- ments sur l'intérieur de cette partie du monde, sur les noms et la direction des grands fleuves
PREMIERE PARTIE. ll'J
qui arrosent le Soudan y et sur les nations qui peuplent ces vastes régions. De retour dans sa patrie, il publie (i) une relation qui est, avec celles de Browne, de Hornemann et de Mungo- Park, ce que nous avons de plus neuf et de plus intéressant sur l'Afrique (a).
M. Bowdich , que les lecteurs instruits 'ont déjà nommé , ne s'est cependant avancé que jusqu'à Coumassie , la capitale du royaume des Aschantis , qui n'est qu'à dix journées de mar- che de la mer Atlantique. La géographie dé- taillée des Aschantis j et celle de Gaboun ^ qui suffit seule pour assurer à M. Bowdich une place honorable dans les fastes de la science (3), ne
(i) Si l'on veut connaître quel 3#été le prix des services éminents qn'a rendus ce jeane et habile voyageur, il faut lire une brocbure intitulée : The African committee , London , in-8®, 1819. C'est d'ailleurs un supplément utile et nécessaire à la relation de l'auteur , et ce n'en est pas la partie la moins curieuse. *
(a) Dans l'introduction, M. Bowdich dit qu'il a écrit sa relation en Afrique et pendant sa traversée, et qu'il n'y a rien changé.
(3)Bowdich's Mission from Cape-Coast casile to Ashantee, in~4^, London, 1819. Cette relation est pour ces contrées la plus originale et la plus complète. Elle a été précédée par les Voyage» de Bosman, de Barbot de Villault , de des Mar- chais ^et par la Relation du Voyage du royaume d'Issini par Godefroy Loyer, in-S®, Taris, 1704 ; à quoi il faut ajouter
ia8 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
doit point nous Qccuper ici. Nous ne devons entretenir nos lecteurs que des renseignements nouveaux donnés dans cette relation sur l'inté- rieur de l'Afrique.
Tous ces renseignements concourent à nous faire considérer le Niger comme un grand fleuve qui*traverse \e Soudan; qui, déjà très-large dans
l'ouvrage d« Roëmer sur les peuples de la côte de Guinée; V Histoire des Missions^ par Oldendorp , le Voyage d'isert, Touvrage de Meredith sur la Câte-d'or^ V Histoire de Da- homey, par DalzeL II existe du Voyetge d'isert une traduc- tion française imprimée à Paris (in-i)**) i79'i,chez Maradan), que M. Bowdich paraît n'avoir pas connue. Voyez Mis- sion to J s hantée ti^» i65. — La carte que M. Bowdich adres- sée pour son voyage est suffisante pour bien comprendre les renseignements qu'il a^^btenus sur Tiatérieur de l'Afrique; ipais elle n'est ni assez claire, ni sur une assez grande échelle, pour ce qui concerne les Aschantis : une carte spéciale où la route de l'auteur eût été tracée en détail serait nécessaire. Dans l'analyse et la discussion de cette carte spéciale, il se- rait utile de liomparer la géographie établie par l'aHtenr relativement aux positions relatives des peuples, qui ont pu changer, avec celle qui nous est donnée dans la carte de d'Anville intitulée ; Carte particulière de la partie principale de la Guinée située entre Issini et Jdra (avril 1729). — Depuis que cette note a été écrite , M. Bovsrdich , qui en a eu connaissance , a de nouveau travaillé avec une rare constance à la géographie de l'intérieur de l'Afrique et à celle de la Côte de Guinée; et il en est résulté des caHes plus claires et plus détaillées.
PREMIÈRE PARTIE. II9
le royaume de Barnbarra, coule vers l'est, tra- verse le lac Dihbir ou Dibbie^ se sépare ensuite en deux fleuves , qui se dirigent presque paral- lèlement de l'ouest à Test, en formant dans l'intérieur du Soudan, une région Mésopota-- mique ou un Douab. Le fleuve le plus septen- trional , qui porte le nom de Gambarou y va se perdre dans un grand lac intérieur qu'on nomme Caudij vers lo** de lat. N. et 19® de long, orient, de Paris: mais, un peu à Test de TimbouctoUy le Niger émet une branche formant un troi- sième fleuve, nommé Joliba par les Maures, et Zak'Mer par les Nègres, qui se divise en deux autres branches, dont la plus petite parcourt le pays de Yahoudi ^ où naviguent des hom- mes blancs. Cependant un marchand maure de Djenné 2l dit à un des compagnons de M. Bow- dich , que le Joliba né dérivait pas du Gamba- rou (ï), mais que c'était au contraire le Joliba qui se jetait dans le Gambarou : alors le Joliba ne coulerait pas du sud -ouest au nord -est, mais au contraire du nord-est au sud -ouest ^
(1) Hutchinson's Diary dans Bowdich's Mission toAshan^ tee^ p. 407. M. Bowdich, p. 191 , dit, dans sa note, que M. Hntcbinson a pu mal comprendre ; mais ce témoignage da Maure de Djenniji*est pas isolé. Depuis que M. Bowdich a la cette partie de notre ouvrage , nous croyons qu'il a changé d'opinion sur la direction du cours du Gambarou,
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l36 RECHERCHES. SUR l'aFRIQUE.
ce qui se trouve d'accord avec Tassertioii de Léon r Africain, d'Édrisi, de Marmol, du chérif Inhammed^ d'Abd-Arrachman- Aga , du matelot Adams, et du cheyk Hagg-Kassem, auteur de nos itinéraires. Mais , selon les rapports unaninies des Maures, ni le Joliba^ ni le Gambiirou, ne peuvent prétendre à être considérés comme le fleuve principal du Soudan, ou comme le Niger, objet de tant de recherches; ce titre appartient à Fimmense cours d'eau qui, ainsi que le Gam- harouy se sépare de la tige commune à l'est du lac Z>/^ézè,et qui, coulant vers l'orient, s'étend au sud du Gambarou. Ce fleuve est le véritable Niger; il se nomme Quolla^ et vers sa source Bietirilmilou (i): kDjenné et à Sansanding, il traverse tout \t Sou- dan, en coulant toujours de l'ouest à l'est, et il 15e joint enfin au Nil; ou plutôt le Nil d'Egypte n'est, selon ce système , que le Quolla ou Niger qui change de direction, et se tourne vers le nord. Un embranchement d^ Quolla ou Niger s'en détache vers le 19® degré, coule au sud,et se décharge dans l'océan Atlantique, près du Cap- Lopez : cet embranchement se nomme la rivière Ogouaouai. Cette rivière communique avec le Zaïre ou Barbela , ou la rivière du Congo , par une autre rivière qui coule directement au sud ,
(i) Bowdicli's Mission to Jshanieey p.' 192.
PREMièltE PARTIE. l3l
à travers le pays de Tanjran , presque parallèle- ment à la côte ; de sorte que le Zaïre ou Bar-- èe/a, d'après ces renseignements, communique-* rait avec le Niger, sans être cependant le même fleuve, comme on l'avait supposé. Les peuples et les contrées qui sont placés au nord du Gam- baron , et à Test de Timbouctou et du Joliba y sont, dans la direction de l'ouest à VesX^Mallowa^ Kallaghi^ Barrabadi^ Cûj^£>I42 ( Cachenah ). Ceux qui sont au nord du Quolla ou Niger, et par- conséquent entre ce fleuve et le Gambarou, et dans la Grande- Mésopotamie africaine ou le Douab du Soudan, sont, en suivant Tordre précédent, Gauw ,Gamhadi , Fillani , Goubirri, Jiamfarra , Yaoura et Noufi : à ces deux der- niers états, après qu'on a traversé le Quolla, près d'une petite île nommée Gandgi, qui est File Gangou de Ben -Ali et dlnhammed, con- finent au sud fF&Uiva (Ouaoua), Boussa et Kaiama, et plus au sud Yarriba, qui est le Yarba d'Inhammed. Entre le Quolla ou le Niger et les v peuples voisins des Aschantis et de la côte, sont une vingtaine de nations ou d'états, dont M. Bow- dich a donné les noms et les positions d'après les renseignements et les dessins que lui ont fournis les marchands maures (i). Parmi ces états
(i) Bowdichti Mission io Jshantee, p. ao^.
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' l3a RECHERCHBS SUR l'àFRIQUE.
on distingue surtout celui deDagwumba, situé ^u hord-est des ^schantis, II est peuplé par des Nègres mahométans , et par conséquent plus ci- vilisé que celui ^Aschantis. La capitale Yahndi est le centre d'un grand commerce; et les mar- chands maures s'y rendent des bords du Gamba" rou et du Niger^ et de toutes les parties du nord et de l'intérieur de l'Afrique (i). "■ '■ ■ ■ ■ I ■• ) .1 .11 II
' (l) Bowdîch^s Mission f<>u^.f^^7/i/ee^ p. 453.M.Bowdich, depuis qu'il a publié cet outrage , s'est livré à des travaux intéressants pour déterminer avec plus de précision la géographie de l'intérieur de l'Afrique entre le Niger et la Côte de Guinée. Voici l'itinéraire et les distances qui résultent des renseignements qu'il avait obtenus entre Dagwumba^ le fleuve QuoUa et Cachenah {Mission* io Ashanteê, p. an) :
De Dagwumba à
Gamba 5 journées.
Gourousie a
Zeggo 4
Barragou lû
ToumbL ...... 8
Goudoubirri ... 3
Kaiama, 3
JVauwa 4
Quolla^ fleuve, 3
Gouberi lo
Cachenah 8
Ainsi de Dagç^umba au fleuve QûoUm on compte 4^ journées de marche.
. PREMIERS PARTIE. l33
Lorsqu'à la fin de cet. ouvrage nous compa- rerons entre, eux les différents renseignements qu oïl a obtenus sur le cours des rivières dans l'intérieur de FAfiîque, nous examinerons jus- qu'à quel point nous devons admettre ceux qui ont été donnés à M. Bowdich , et quelle con- fiance, est due à l'opinion générale 'et uniforme des marchands maures qu'il a interrogés à Cou- massie sur le cours des grands fleuveS du Soudaf\.
iN^ous ne devons pas cependant différer d'in- diquer aux lecteurs, la coïncidence remarquable qui se trouve dans. le nom de Gambarou, que Delisle, sur sa carte d'Afrique (i), donne au Niger ou au grand fleuve An Soudan y qui coule près de Timbouctou, et que les marchands mau- res, questionnés par M. Bowdich, donnent aussi à celui des deux grands fleuves du SoudûM quixoule le plus près de Timbouctou. Ce nom de GambaroUy dans l'intervalle de près d'un siècle, n'a été reproduit par aucun ouvrage avant celui de M. Bowdich , et ne se trouve dans aucun. Uvre. ni sur aucune carte que je connaisse antérieurs à la carte d'Afrique de Delisle , publiée en 1 7^2, M, Bowdich se trompe et combat contre lui-même , lorsqu'il croit trouver dans Marmol une autorité plus ancienne que Delisle , pour le
(i) CarU deJ*Jfrique, par Guillaume Delisle, 17a».
l34 AECHERCHSS StlR LAVRIQUE.
nom de Gambarou. Dans le passage de Mannol qu'il cite , il est question de la Gambie y que Cadamosto^ qui en a parlé le premier , et les géographes de ce temps nommaient Gamin^a ou Gamber. Il est bien vrai que dans ce même pa»^ sage Marmol considère la Gambie comme un bras du Niger^ d'accord en cela avec tous les au- teurs de cette époque; mais c'est à ce^as seul qu'il appliquait le nom Ae Gamber, et nulle- ment au fleuve qui traverse l'intérieur de l'A- frique. Il ne donne à ce dernier, m le nom de la Gambie, ni celui du Sénégal, qui, dans son système , était aussi une branche du Niger, et ^e des géographes ont appelé le Niger, quoiqu'ils n'aient jamais donné le nom de Sé^ négal au Niger (\). Ainsi, lors même qu'on sup- poserait que , selon la croyance où l'on était de l'identité des deux fleuves, la Gambra ou la Gambie a donné son nom au Gambarou, ou que le Gambarou a communiqué le sien à la Gambra, et que l'un de ces noms n'est que la corruption de l'autre , il est toujours certain que Delisle et M. Bowdich sont les seuls au- teurs qui ont appliqué le nom de Gambarou
(i) Voyez le Dictionnaire géographique de Bruzen de la Martinière , aux mots Nigritie et Niger,
PREMIÈRE PARTIE. l35
i un grand fleuve de rintérieur de TAfrique (i).î Remarquons aussi que Delisle donne au iVi^^r le nom de Camadaou dans le BomoUt et que dans la relation de M. Bowdich il est dit que M. Hutchinson avait entendu parler d'une ri- vière dans le Bomou , nommée Koumoudou-- Gaigidna (a).
On observe encore d'autres coïncidences entre le voyageur anglais et le géographe franr çais, relativement à plusieurs peuples qui avoi- sinent le grand fleuve du Soudan ; les noms de Ntmfi et de Boussa se retrouvent semblables dans l'un et dans l'autre. Le Yaouri de Delisle est bien évidemment le Yaoura de M. Bow4|^; le Goubour du premier est le Goubirri du second.
(i) A l'article Delisle, que j'ai inséré dans la Biogra^ pkie universelle^ je crois avoir prouvé que le mérite de ce grand géographe a été trop méconnu : j'ai démontré qu'il était le véritable créateur du système de géographie des modernes, et que, le premier^ il a su le fonder sur les observationSfCta tout réformé d'après ces bases. J'ai insisté •âr l'utilité dont ses cartes , pour des pays peu connus , pouvaientètre encore aujourd'hui, parce qu'il a eu en main des mémoires qui n'ont f oint été publiés.
(a) M. Burckhardt , p. 49a , dit que kamadogo signifie rivière dans le langage du Bomou ; mais cette remarque confirme d'autant mieux la coïncidence et l'originalité des renseignements obtenus par Delisle et par M. Bowdich. Voy. Mission to Ashantet , p. ai 3.
l36 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
Tout ceci nous prouve que Delisle a en partie dressé les portions centrales de sa carte d'Afrique diaprés des mémoires fournis par quelques-uns de nos établissements sur la côte de Guinée.
La ressemblance du nom et la position géo- graphique , tout semble identifier la rivière de Daf*'Kulla, Aont^, Browne a eu connaissance au Darfour , avec le Quolla ou le Niger de M. Bow- dich; et la nation dés Quallo^ dont M. Dupuis a entendu parler , vient encore à l'appui de cette opinion. C'est aussi une chose fort remar- quable que, dans les renseignements qui ont été donnés à M. Lucas à Tripoli ^ sur les con- trées au sud du Niger ^ par le chérif Inham- med , il nomme sur-tout Degorhbah , le Dag- wumba de M. Bowdich (i). Le chérif insiste principalement sur l'importance de cet état, qu'il dit être un royaume mahométan. Ainsi se trouve confirmé , à plus de cinq cents lieues de distance , tout ce que M. Bowdich a appris dans le pays même , sur les fréquentes commu- nications qui ont lieu entre l'état AeDagoi^umbc^ l'intérieur, et le nord de l'Afrique.
Mais des coïncidences «icore plus fortes se font remarquer entre les rapports obtenus par
. (i) Proceedings of the Association for promoting, the discoveiy in Africa , Loadon , édit. 1810, tome I , paç. 175
et 177-
PREMIÈRE PARTIE* iS'J
M. Bowdich , et ceux que. l'Arabe fellata a faits à M. Seetzen : ces deux grands bras du fleuve , entre lesquels l'île de Melli se trouve placée , ne semblent -ils pas indiquer le Gambarou et le Quolla de M. Bowdich? Et la nation des Kuara de l'Arabe ne rappelle-l*elle pas aussi la nation Quora ou Quolla dont M. Bowdich a fait men-^ tion, et qui parait être aussi le Dar-Kulla de Browne , le Quallo de M. Dupuis ? Ces noms , différemfment prononcés, se trouvent communs à une nation et à un fleuve.
Revenons sur la nomenclature des noms dont cet; Arabe fellata a fait mention; et comparons- les, dans l'ordre où il les a placés, avec ceax de M. Bowdich et des autres auteurs. Nous trou- vons d'abord Kassena ou Cachenah, connu de tous les géographes. fTogobourou me parait être ensuite le même lieu que le Goubourou de Delisle, que le Goubirri- de M. Bowdich, que le Guber de d'Anville, de Léon l'Africain, et des autres géographes arabes, mais diffé- rent d'un Guber y qui est du côté du Bornou, et dont parle aussi cet Arabe fellata. Baudtjii ou Baoudtjii, qui suit immédiatement fTogo- horou , est probablement le Baoussà de M. Bow- dich , le Boussa de Delisle. Gourma , qui vient ensuite , est le Gourouma de M. Bowdich , au sud du Quolla ou Niger. Jauwur ou Jaououour
l38 REGHERCHES SUR LAFRIQUE.
est le Yaoura de M. Bowdich, le Yaouri de Delisle et de d'Anvillfe. Le Gonja de l'Arabe fel- lata nous parait être le Ganjij ique y dans la re* lation de M. Bowdich (i), un Maure deDjenni a indiqué à M. Hu^chinson , non loin de Yctoura^ et comme une ile du Quolla, immédiatement au-dessous de Boussa. Ce lieu, ainsi que le re- marque M. Bowdich, pourrait bien être le m^ne que le Gongou du chériflnhammed, représenté comme étant une île au milieu du Niger. KanOy que l'Arabe fellatà mentionne ensuite, se tronre dans Delisle et chez d' Anville , placé d'après Léon l'Africain : c'est probablement le fameux Ganah d'Édrisi. Vient ensuite ^ar^a, qui est le Bourgou de Delisle. Nous avons parlé de Kuara^ qui ter- mine l'itinéraire. Il n'y a donc qu'y/rma que nous ne trouvons pas dans ces renseignements d'un natif, les seuls qui, comme ceux qu'a obte- nus M. Bowdich, «lonnent l'idée de deux grands fleuves existants dans le Soudan ^ ou de deux grands bras d'un même fleuve.
Un auteur danois (a) nous apprend qu'en
(i) Mission to Jshantee, p. aoa. %
(a) P. J. Bhins , Neue Systemaûsche Erdbeschreibung von Afrika^ IV theîl, p. 375. — Forster, Mag, V Reisebeschr, 347. ^^^ Roëmer-Handl. Ferschied, Folk, auj d. Kuste von Guinea , p. 48.
PREMIÈRE PARTIE. 1)9
1744 «n roi des Assantès ( Aschantis), nom- mé Oppokou^ se mit à la tête d'une puis-» sastte armée , pour aller faire la guerre à une nation mahométane^ située loin au nord* est. Oppokou marcha vingt et un jours , à travers un pays boisé et coupé de rivières : il franchit pendant quatorze jours un désert sablonneux et sans eau, et il entca dans un pays riche, peu* plé, et abondant en toutes scM-tes de provisions; mais la nation qu'il était venu attaquer , l'envi* ronna avec une immense cavalerie : il fut obligé de faire sa retraite à la bâte ; il emmena ce- peiidant avec lui des esclaves , et il rapporta beaucoup de manuscrits , en langue arabe , qui tombèrent ensuite entre les mains des Da- nois, maîtres ê^jàkra. Le savant M. Bruns (i) conjecturait que cette nation , attaquée par le roi des AschantiSj pourrait bien ^tre celle de Degqmbah^ que le chérif Inhiimmed avait fait connaître à M. Lucas ; cette conjecture de M. Bruns se trouve démontrée lorsque nous lisons dans M. Bowdich, qu'un roi des Aschau'- tis j nommé Apokou , qui monta - sur le trône en ijao , fit la guerre au roi de Dagwumbd , et le soumit à un tribut Seulement, comme
(i) Bruns, Erdbeschreibung von Afrika^ IV theîl, p. 875.
l4o RECHERCHES SUA l'aFRIQUS.
M. Bowdich déclare lui - même que pour cette partie de son histoire il n a eu d'autres docu- ments que les rapports des natifs et la chrono- logie des Maures , nous croyons qu'il n'aura au- cune répugnance à réformer une partie de son histoire, en ne rendant pas Tissue de cette guerre aussi glorieuse pour les Aschantis qu'ils le pré- tendent eux-mêmes, et en prolongeant de quel- ques années le règne ^Apokou^ qu'il termine en 1741-
M. Bowdich a entendu le nom de Tonomahy qu'on lui dit être au nord- est de Yahndi la capitale de Dagx^umba; il conjecture que Ta- nomah est une ville et une province de Dag- -wumba. Nous pensons que c'est un état par* ticulier, très -éloigné de Dagwumba^ et dans l'intérieur de l'Afrique. M. Bowdich remarque avec raison, que Tonomah doit être le même pays que le chéii^ Inhammed a désigné à M. Lu- cas , sous le nom de Tqnouwahy et dont la ca- pitale se nomme Assenté (i). Il nous parait donc évident que ce peuplé est le même que les Kas- senti des missionnaires danois, qui le placent à une distance de deux mois de marche des ^^cAa/i^flf, quoiqu'ils paraissent, comme Bruns
(i) Proceedings of the Association , tome 1 9 pag. 174 et i75«
PREMIERS PARTIE. l4l
l'observe , s'être trompés sur la direction de là route, en' indiquant le sud-est au lieu du nord- est (i). Le peuple èiAmina nomme cette nation Kassenti, probablement d'après le nom de sa capitale , et en prononçant avec une aspiration gutturale la première syllabe : mais le véritable nom de ce pays , suivant les missionnaires, est Tjemba (2) ; ce qui a donné occasion au savant Bruns de faire la même cçnjecture que celle qu'a depuis énoncée M. Bowdich^ c'est-à-dire de supposer que le pays de Kassenti était le même que celui de Dagwumba , ou en faisait partie: et, quoique nous ne partagions pas cette ppi"* nion, cet accord de renseignements et cesconr cordances de noms, dont nous pourrions mul- tiplier les exemples, nous paraissent remar- quables.
Ces rapprochements entre des géographes et des voyageurs dont M. Bowdièlft n'a connu les travaux que depuis qu'il a écrit et. publié sa relation, démontrent suffisamment l'impoitailce des notions et des faits qu'il a rassemblés.
Peu après la publicatiojavdë son livre , parut à
( I ) Brans , Erdheschreihung von Jfrika , IV theil , p. S71. — Oldendorp, p. a8o. '
(a) Brans, Afrika^ IV theil , p. 872. — Oldendorp , p. 2^9.
l^'à RECHERCHES SUR i/aFRIQUE.
Londres un ouvrage intitulé Notes sur V Afrique^ par M. G. Robertson (i). En tête de cet ouvrage se trouve une carte qui, selon Tautetir, est dressée d'après les meilleures autorités. Elle nous fait voir le Niger ayant ses sources dans les montagnes de Kong y à-peu-près où les placent les cartes de Rennell : mais ce fleuve, au lieu de diriger son cours' vers le nord-est , coule directement à l'est, sans s'éloigner du douzième parallèle; il tra- verse un petit lac alongé nommé Simbalaj puis un très -grand lac appelé Bondou : de ce lac, qui reçoit encore de l'ouest les rivières Ahwe- reim et Promproa^ sortent trois rivières dif- férentes ; ce sont celles qui , sous les noms de Formosa , de Calabar, et de Bani ou Cross y se jettent dans le golfe du Bénin, Soko et Èon- touko se trouvent sur les bords du Niger, à l'ouest du lac Simbala ; et Jinney ou Djermi est soi* le bord occidental. du \^c Bondou. A l'ouest de ce lac, qui reçoit les rivières Akwreim et Prom^ proa , sont Obong^ et Ckamba ou Dunko , qui confine par le sud aux Aschantis. Au nord du Niger se trouvent MamarUySourka et Ge/wc/i, qui ont à l'est la ville de Timbouctou^ située à i4
(i) G. A. Robertson, Notes on Africay tlc.^w^iîk an appenr dix containing a compendious accoitnt o/ the Cape 4^ Qpod HopCy in-S", 1819.
PREMIÈRE PARTIE. l4H
degrés de latitude nord et environ 3o minutes à l'ouest de Paris. Au nç^rd de Timbouctou sont les pays d'inta, de Fillani, é'Endata^ èiOalla^ de Alla^Boy ou Da-Bojr: au sud du lac Bondou, on voit les contrées àiApama^ ^Ana^Oy ^ui ont au sud -est le royaume àiAdou ou ^lq Bénin: à Test du \à!^ Bondou^ est le pays d'^oi/i^^a ou de fibii5^a^ ayant pour capitale Ze&e; plus loin vers Test, entre ii® et i6° de latitude^ et entre 12** et ao^ de longitude orientale , est un vaste pays nommé Bouloumou,d3ins lequel coule du nordr • ouest au sud-est une rivière nommée Zo/r>, qui se jette dans un lac nommé Oinassey : sur les bords de la rivière Loro se trouve un lieu nommé (ktandera^ qui avec une autre rivière forme une petfte île nommée Ouandamsera, Entre les con- trées de Bouloumou et d'Aouissa où de Haussa, sont les pays d'Obriichejr et de Tibo^Ebo. La rivière qui se jette près du ^ip^Lopez, porte le nom diAyongOy et n'a aucune communication avéSc le fleuve du Congo.
Rien de plus étrange que cette carte, qui change toutes les notions connues sur Tintérieua' de l'Afrique; qui nous présente plusieurs noms jusqu'ici ignorés en géographie , et transport» ceux qui nous sont familiers à d'immenses dis- tances 4^s positions qui leur sont assignée^ ; qui enfin tend à nous faire considérer les voyages
l44 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
de MuBgo-Park comme une fictioti» et les asser- tions de ce célèbre et estimable voyageur comme une suite d'erreurs grossières. Par toutes ces raisons mêmes, rien ne serait plus digne d'at- tention que la carte qu'a publiée M. Robert- son , si on pouvait croire qu'elle eût été dressée sur des renseignements certains et des informa- tions positives. Mais lorsqu'on a lu l'ouvrage de ce voyageur, et qu'on l'a comparé à ceu?: de Mungo - Park et de M. Bowdich , on s'aper- çoit sur-le-champ que cette carte n'est que le produit des plus grossières méprises, et de l'ignorance la plus présomptueuse.
En effet, immédiatement au nord des Aschan- tis proprement dits, et entre le 8® et le 9® degré de latitude , M. Bowdich nous montre une ville de Banda ^ une autre de Buntoukou et un pays de Soko; ce sont ces lieux que M. Robertson transporte dans le «So^^^ia/i : il confond le Banda des Aschantis avec le Bondou qui se trouve entre la Gambie et le Sénégal; il confond ctl- core Soko avec le Ségo de Mungo-Park : bien mieux, il réunit ces deux lieux, et n'en fait plus qu'un seul. Le royaume ^Aouissij qui, sur la «arte de M. Bowdich, est à l'est de Dahomey^y vers huit degrés et demi de latitude, est, sous le nom. àiAouissa , considéré par M. Robertson comme le métne que Houssa ou Haoussa, et
PttEMIÈRE PARTlJE. l45
transporté entre douzç et quatorze degrés de la* titude nord. Boussa, qui, dansDelisle, d'Anville et M. Bowdich, est un royaume situé sur les bords du iVig^er, devient, d'après M. Rohertson, la capi- tale àiAnago; tandis ^yjiAnago forme, sur la carte de M, Bowdich, un petit royaume peu éloigné de la côte , à l'est du fleuve Folta, M. Robert- son nous dit (i) que les habitants de Timboucr tou se rendent sur leurs Canots , en trois jours de temps, à Lagos^ sur la côte ; et il ajoute qu'il ne doute pas de cette assertion qui se trouve d'accord , selon lui , avec ce qui a été affirmé par les Aschantis,
Nous n'abuserons pas plus long-temps de la patience du lecteur , en relevant les autres er- reurs grossières et les traits d'ignorance que reirferme le livre de M. Robertson. 11 paraît que cet auteur a cependant voyagé réellement sur la Côte- d'or j en qualité d'agei\t d'une maison de commerce de Liverpool; et, s'il s'était cohtenté de donner avec franchise, et sans y rien mêler du sien, les renseignements qu'il a pu se procurer, il aurait rendu service à la géographie : mais il a tellement entremêlé ces notions et ces renseignements avec ses erreurs et ses sye? ternes , qu'ils sont devenus peu utiles ppur là
{i) Robertsoa « p. aga.
lO
l46/ RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
science. Si Ton en croyait M. Robertson, k plu- part de ces renseignements ont été obtenus par les Ascharttis. Mais M. Bowdich s'est convaincu à Coumassie que les connaissances des Aschantis en géographie se terminaient au nord à Kong^ et à Test à Gamba. Les seules grandes rivières qu'ils connaissent , sont les deux qui se réunis- sent pour former le Foîta et le Coumha ou CoumboUy à dix-huit journées de marche au .nord-ouest. Le nom de Loro leur est totalement inconnu ; ils ne parlent non plus d'aucun grand lac dans l'intérieur. Enfin ils avouent franche- ment leur ignorance pour toutes les contrées situées au nord de Kong, et à Test de Dag- wumba et de Gamba.
La publication des voyages de Burckhardt, qui a suivi de près celle de l'ouvrage de M. Bowdidi, a révélé au monde savant une nouvelle tentative pour pénétrer dans l'intérieur de ces cotatrées, qu'on avait tenue secrète pendant quelques an- nées. La société pour les découvertes en Afrique avak perdu l'espoir de se procurer aucune nou- velle de Hornemann.EUe avait appris la mort de M. Henri NichoUs ; et les résultats malheureux dés essais entrepris pour pénétrer dans l'intérieur du continent africain par le nord et par l'ouest, l'engagèrent à faire un effort du côté de l'est. C'est dans ce but qu'elle accepta les offres qui
PREMIÈRE PARTIE. > l47
lui furent faites par Jean*Louis Burckhardt. Ce jeune bomme , comme Hornemann, lui fiit aussi recommandé par le professeur Blumenbach.
Burckhardt, après s'être suffisamment instruit dans la langue arabe , après avoir laissé croître sa barbe et pris le costume oriental, partit en mars 1809. Il résida deux ans et demi à jilep^ afin de s'initier dans le langage et les mœurs d'Orient, et de pouvoir passer pour musulman. Il avait pris le nom d'Ibrahim-ibn-Abdallah : il se rendit au Catre en septembre 181 2; il s'en- fonça ensuite dans V Egypte supérieure et dans la Nubiey et employa deux ans et demi à ex^ plorer ces contrées peu connues. Lorsqu'il se préparait à pénétrer dans celles qui nous sont tout-à-fait inconnues , et à parcourir de l'est à Touestles vastes régions du Soudan , il succomba à une fièvre dyssehtérique , le i5 octobre 1817. La fermeté et la noblesse de son caractère, son courage, sa prudence, son mépris des richesses, son ardeur pour les découvertes, ses connais- sances dans les langues et les mœurs de l'Orieht^ rendent sa perte très -regrettable. Le premier volume de ses voyages qu'on a fait paraître, jette quelque jour sur \ Egypte supérieure ei la Nubie et les pays qui en sont voisins; mais il n'ajoute d'autre;^ renseignements sur les contrées qui sont l'objet de nos recherches, que ceux qu'a pu ob-
10.
l48 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
tenir son auteur; des Arabes eux-mêmes. Quoi- que ces notions soient nécessairement vagues et incertaines, nous ne devons pas les omettre. Burckhardt a confirmé ce que Ton savait du Bahr-eUAbiadic^ fleuve est réellement plus grand que le Bahr^eUAzrek , et c'est le véritable NiL Shendfy le lieu le plus méridional de la Nubie où M. Burckhardt a pénétré, est le principal entrepôt des marchands d'esclaves de V Egypte^ du Dar-FouTy du Kordofan et du Sermuar. Le roi du Shandy est tributaire du Sennaar. La capitale du Bornou , c'est-à-dire la ville où le roi réside, se nomme i5/r/iey (i); elle est sur le bord occidental d'un grand lac qu'où appelle Nou; de là , dit-on , le no m de Bor-Nou. Entre le Bornou et la Nubie on parle l'arabe pur; mais le Bornou z, un langage particulier. Le Kordofan est une oasis ou une contrée séparée par des déserts des pays environnants, et qui est sous la domination du Dar-Four. Entre le Kordofan et Bornou on traverse, en se dirigeant au nord-ouest, d'abord le Dar-Four^ ensuite le Borgou (Berghou), qui porte aussi le nom de Saley au Bornou et au
/
(i) Le mot de himej signifie forteresse y selon ce qui a été dit à M. Ëinsiedel. Les nègres de Mallo^a ajoutent toujours le surnom de Berinnê, ou de Brinné^ à toutes ^cs villes fortifiées. (Bowdicb's Mission Ib Ashantee, p. 197.)
PREMIÈRE PA.ATIE. l49
Fezzan^ et que les Arabes moggrebins nomment JVady ou Ouady, Au midi de Borghou est la ri- vière et la province àe Djyr^ non! remarquable parce qu'il rappelle celui de Gir de Ptolémée; plus à l'ouest est le Bagherem^ qu'arrose le grand fleuve Shary^ qui reçoit le Bahr-Djad et le Bahr- el'Feydh^ et coule du nord au sud entre Katakou et Bahr-el'GhazeL M. Bowdich avait eu connais- sance de la rivière Shary (i) , et l'avait de même placée à l'ouest du 5agAere/7i; selon lui,elle coule aussi du nocd an sud, et se jette dans le Quolla ou Niger. Il y a quinze jours de marche, selon les informations données à M. Burckhardt , depuis les limites du Bomou jusqu'au Bahr^Shary. On traverse pour y arriver le Bahr-ehGhazel^ curieux vallon qui renferme- Xanem; entre Kanem et Sfiory est le Dar^Karka. Du Bagherem à Afnou il y a vingt-cinq jours de marche. Le pays des Nègres, ou le Soudan ^ est à dix ou quinze jour- nées de Borgou, Les Arabes Fellata sont très- puissants ; leurs tribus résid^W entre le Dar^ Four et le Bomou; ils sont souvent en guerre avec le sultan de ce dernier pays; ils étendent leur influence jusque sur les limites septentrio- nales du Soudan, Ils ont conquis le Cachenah , il y a dix ans, et ont presque détruit la ville:
(i) Bowdich's Mission to Ashantee, p. 204, etc.
l5o RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
leurs principales forces consistent en cavale* rie, et leurs chefs sont vêtus de robes de drap coloré ou de soie; ils sont, dit -on, en grand nombre du côté de Timbouctou. On a assuré à M. Burckhardt que la rivière de Timbouctou cour lait à l'ouest (i) : et cependant ceux c|ui parlai^it ainsi la considéraient comme la même rivière que le Nil. M. Burckhardt ou son éditeur a tort de penser que ces deux assertions impliquent contradiction, puisqu'une rivière peut bien d'a- bord couler à l'occident, et se détourner ensuite vers l'orient.
Le voyage de M. 6. Mollien dans rintérieur de l'Afrique, qui a paru en 182O9 nous a procuré des connaissances plus détaillées et plus exactes sur les nations qui habitent les régions situées entre le Sénégal^ lai. Gumine et le Rio-Grande^ et sur l'aspect général de ces mêmes régions et la nature de leur sol ; mais, tout en donnant de justes éloges au courage çt à la persévérance du jeime et intéressant voyageur, nous ne pouvons dissimuler que le défaut d'instruments , le dé* nuement dans lequel il s'est trouvé, les dangers auxquels il a été exposé, ne lui ont pas per- mis de noter avec assez d'exactitude les dis-
(r) J. L. Burckhardt, Travels in Nubia, in-4**, I^pod^^, 189 , p. Ixxij et p. 477-493. Voyez ci-dessas, p. i3o.
PKEMIÈRJE PARTIE. l5l
tances et les directions de la route qu'il parcou- rait, ni de faire les observations et de prendre les renseignements qui auraient pu rendre son voyage d'une grande utilité pour la géographie positive. Toutefois il semble avoir reconnu que le Sénégç.lj la Gambie et le Rio-Grande prennent leur source danà un même groupe de monta- ges, qui s'étend du sud au nord,. entre Labbé et Timboy dans le Fouta-Diallon (i).
La Gambie ou Bâ^Diman^ et le Rio^Grande ou Comrba^ sortant d'un même enfoncement placé au milieu des hauteurs de ces montagnes, et qui est le point de partage des eaux. Le Bio-Grande- GOi^^ directement à l'ouest vers la mer; la Gambie se dirige en sens oppoisé et vers le nord. De l'autre côté de ces montagnes et plus au sud sont les sources de la Falémé ou Tené ( Tenyah de Mungd-Park), et celles du
(i) Selon M. Mollîen (t. I, p. 265), près à&^ frontières du Fouta Taro , dans le Toisinage d*an lieu nomme Den- doudéJFiaUy est ttû étang (en langae poule, Uali signifie étang), dcmt les eaux, lorsqu'il es$ gtossi par les pluies, débordent, d'un côté, dans la Gamhifiy à Kamhia, et de l'autre, dans le Sénégal^ à Kougnun, dans le Bondou. Mais lorsque M. Mollien passa, tout ce terraif^ était à sec; et il est fâcheux qu'il n'ait pu s'assurer, par ses propres obierva^ons , de cette communication du Sénégal et de la Gambie y déjji affirmée par le P. Labat, et rejetée par d'An« ville.
/5a RECHERCHES SUR LAFRIQUE.
Sénégal on Bâ-Fing (i). Les montagnes qui sont au sud de ces sources et qui ont une grande élévartion, puisque les Nègres disent que leurs plus hauts sommets sont toujours couverts de neige, fournissent, selon ce qui a été dit à M. Mol- lien, les sources du2)/a///-5a(Djoli-Bâ ou Joliba) ou du Niger ^ qui sont à huit journées au sud du Timbo et à onze journées des sources du Séné- gal, Il résulte de tout ceci que les sources du- Niger devraient être placées à 2 degrés environ plus à l'ouQjJ: que sur\ la carte de Mungo-Park. Vers les sources du Niger ou du Djalli^Bà sont le Firia et le Soliman. Ge dernier pays se trouvait déjà sur la carte du premier voyage de Mungo-Park, mais à deux degrés plus au nord, et aux sources de la Gambie , et non à celles du Niger. Le Firia et le SoUman sont à dix jour- nées au sud -est de Timbo, et forment un pays montagneux habité par les DjallonÂis : c'est dans les bois qui séparent le Firia du Fouta-Diallon^ qu'existe, dit-on, la source de la Caba^ que l'on suppose être la rivière de SierrorLeone. Le San--
(i) Enmandingae Bâ-fingy signifie, dit-on, Fleuve noir; en langage poule , on nomme le Sénégal, Bâ-leo ,'ce qui a ta même signification qxxe Bâ-fing ; on l'appelle anssi Fouta , ce qui signifie simplement ^ififc^. Voyez Ifollieil , t. II, p. ia3.
PREMi:ÈR£ PARTIE. 1 53
garari^ le Kankan^ et le Balia^ qui sont à l'est du Firia et du Soliman^ sont des pays plats. Le premier de ces deux pays, voisin du Firia^ est habité par des Poules païens. Ces peuples , que leur couleur rougeâtre rend faciles à dis» tinguer des autres habitants de l'Afrique , sont les mêmes que les Foules et les Foulahs de d'Aii- ville et d'un grand nombre d'auteurs. Le Niger dsins le Sangarari a déjà deux portées de fusil de large. Balia, qui est peuplé par les D/allonÂis^est au nord du Sangarari. A l'est de ces deux pays et à quinze journées de Timho\ est l'empire du Kankan^ habité par àes Mandingues m^omé- ^ tans, sur les frontières duquel est un village nommé Bourré^ qui possède, dit-on, plus d'or que tout le Bondou et le Bamhouk ensemble. Ce pays fait un grand commerce avec Sego et Timbouctou^ et y apporte toutes les richesses que l'on y voit. A quinze jours de marche vers l'est, se trouve le Maniana^ dont les habitants sont anthropophages , ainsi ^ que ^Ta rapporté Mungo-Park (i). Au nord -est ée Kankan est un pays nommé OuasseloUy qui fournit aussi beaucoup d'or, mais plus pâle et moins re- cherché que celui du Kankan : au reste le Kan^
(i) Mnngo - Park , Journal of a Mission to the interior •f Africa^ p. i66.
l54 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
kan et le Ouasselony seraient, selon M. Mollien, les pays de l'intérieur de l'Afrique les plus riches en mines d'or et en esclaves; et Sego et Tim- bouctou nç seraient que les entrepôts du com-^ merce de ces peuples avec l'Afrique septentrio- nale. Ces notions ne s'accordent nullement avec Léon l'Africain, Marmol et les auteurs arabes, qui placent beaucoup plus à l'est et dans le Ouangara^ le pays à!EUTibr ou de l'or pur.
Un Marabout , ou un prêtre mahométan nègre, qui avait été à la Mecque yàiX à M. Mol- lien qu'en -deçà et au-delà de Timbouctou ^ on • rencontrait des états entièrement habités par des Fouies; que le DjaUi^Bd se jetsdt dans le Nil^ et que ses eaux, après s'être mêlées à celles du fleuve de V Egypte j se rendaient dans la mer. L'existence des Fouies au-delà de Tïiw- bouctou se trouve conforme au récit d'Amadi- Fatouma (i). Quant au sy^me ^ui tend à faire considérer 1^ Niger ou le ^nd fleuve du Soudan comme le même fleuve que le Nii^ on doit dire que cette opinion est générale chez un grand nombre de peuples en Afrique; ce qui n'est pas du tout une preuve décisive qu'elle soit exacte.
Tels sont tous les renseignements que nous
*i -. -
(i) Mnngo-Park, Journal of a Mission to the interior of Jfritfu in the year^ i8o5, p. 209.
PREMIÈRE PARTIE. l55
fournit là relation de M. MoUien sur l'intérieur dé l'Afrique (i).
Les notions que M. Ritchie avait obtenues pendant son séjour à Tripoli et au Fezzàn^ n'ont été mises au jour que très-récemment par le rédacteur d'un journal anglais, qui pa- raît avoir eu entre les mains les papiers de ce jeune et infortuné voyageur. Pendant son séjour à Mourzouk^ M. Ritchie s'était, dit*on, minage des intelligences avec les sultans de Kanfim et de Bornou; il devait partir pour se rendre dans c^s contrées au commencement de novembre, époque de l'année à laquelle commence la Aison la plus convenable pour traverser le désert. Comme Hornemann, M. Rit- chie se proposait ensuite de traverser le Soudan de l'est à l'ouest , de se rendre par le Dagivumba dans le royaume des Aschantis; de là il aurait ûicilement attektl rétablissement anglais de Cape* Coast sur \di£ét€'d*or^ où il eût pu s'embar« quer pour rEurope* La mort, ainsi que nous l'avons dit, a empted^ raccompUsaeinent de ce projet; et il n'en est resté que les notions que M. Ritchie avait eu soin de recueiHB" à Tripoli
(i) G. Mollien, Voyage dans V intérieur de l'Afrique, aux sources d^ Sénégal et de la Gambie, t. i, p. 219, et t. II y p. 189 à 195.
l56 RKCHERCHBS SUR l'aFRIQUE.
et à Mourzouk, Un maître d'école de Tripoli nommé Mahomet, né à Timbouctou de parents tripolitains , et qui s'était deux fois rendu dans sa ville natale en partant de Tripoli et en pas- sant par Ghadamès et Touat^ a, dit-on, donné à M. Ritchie les renseignements suivants. De Tripoli k Ghadamès on compte treize à quatorze journées de marche; de Ghadamès à Ain^el-- Salah {la Fontaine des Saints) sur la frontière^ du pays de Touat^ il y ^^ vingt jours de marche. A deux jours de' marche de Aîn-eU Salah ^ est Àgahly^ la capitale du pays de Touat. Touat est une oasis au milieu du désert , abondante en sources et très-fertile; les maisons y sont en pierres comme à Tripoli. Après trente jours de marche en partant de Touàty on arrive à Mabrouky ville plus considérable que Tripoli et bâtie aussi en pierres : le nom donné à Ma- brouk vient, dit-on, de ce que les conducteurs de caravanes, lorsqu'ils s'y rencontrent , se féli- citent mùtuellenient d'avoir traversé le désert.
Les Touariks habitent ces contrées ; c'est une race presque noire", qui vit dans des tentes, et qui possède des chameaux d'uiie' vitesse ex- trême. Chez les Touariks^ les hcunmes s'enve- lopçent le visage dans une sorte de vqile ou de capuchon , tandis qu,e les femmes laissent le leur à découvert; ce qui est le contraire de l'usage
PR£Mlà:R£ PARTIE. 1 57
qui se pratique dans tout l'Orient. Les Touatiks sont très-hospitaliers. De Mabrouk à Timbouctou on compte quinze jours de marche; mais le pays est fertile, et abonde en provisions et en sources dont Teau est excellente. Jl paraît, d'après ces renseignements , qui s'acccyrdent parfaitement avec les détails donnés dans le premier de no^ itinéraires, que le Grand -Désert se termine à Mabrouk y et que Timbouctou n'est pas sur la limite , mais dans l'intérieur même du Soudan. Selon Mahomet, Timbouctou est une ville murée; quelques-unes des maisons sont bâties en pierres, d'autres en terre. Le palais du roi res- semble au château A^ Tripoli; sa garde est armée de fusils, qu'on se procure par la grande mer. On manufacture à Timbouctou des draps de coton et des tissus en or. Les environs de Timbouc-- tau abondent en cocotiers: cette circonstance est remarquable; parce que le matelot Adams avait affirmé le même fait; et, comme jusqu'ici on n'a rencontré les cocotiers que dans le voisinage de la mer , on s'était fait un argument de cette par- ticularité du récit d'Adams pa^r prouver qu'il était messo&^r. Le, i)¥/, selon Mahomet, est à une demi ajournée de Timbouctou; le port de la ville est Kabra : quand on va de Tim- bouctou à Kabra^ la rivière vient de la main droite, et coule vers la gauche (c'est-à-dire
l58 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
^qu'elle coule d'occident en orient); elle est si large dans cet endroit , que la balle du fusil ne peut atteindre la rive opposée : dans la langue du pays, cette rivière se nomme hsa. On y Yoit un grand nombre de bateaux , qui sont en grande partie employés au commerce de Djénni. Mahomet a toujours entendu dire que le Nit du Soudan et le Nil d'Egypte étaient le même fleuve. De Timbouctou jusqu'à Ouangara on compte vingt-cinq journées de marche. Les habitants de Ouangara apportent de la poudre d'or à Timbouctou, Mahomet n'avait point été à Ouangara; mais il avait entendu dire que cette contrée est au sud. Il était persuadé que des chrétiens pourraient résider à Timbouctou sans y éprouver dé vexations.
M.Ritchie obtint encore d'autres informations d'un nommé Hadji-Hamet, natif de Bornou, qui avait accompli le pèlerinage de la Mecque cinq ans auparavant. Il était né dans la capi- tale de Bomou , qui porte le même nom que le royaume, et qui ne s'appelle pas Bimey comme l'avance M- Burckhardt. Mais celui-ci nous ap- prend , en même temps , que ce mot de Bimey signifie ville en langage du' pays (i). Hadji- Hamet affirme que Bomou e^phis grand que ■ '■'■'■'■■■' I ■ " * II. I . . ..Il ' ■ ■-
(i) Voyez ci-dessus, p. 72 et 148.
PREMIÈRE PARTIS. ïSg
la ville du Caire en Egypte ^ et qu'on mettrait^ une journée entière à le traverser. Lorsqu'il se rendit à la Mecque ^ il traversa le royaume de jK^ane/7i,qui est à sept journées à l'est de Bomou. La ville de Kanem est de la grandeur de celle de Tunis. Une grande rivière arrose le royaume de Kariem ; on la nomme Tschadi k Cano ou Gano , et. Bimum dans le pays de Kanem, Elle coule au sud-est , n'est jamais à sec; et pendant l'été elle inonde les contrées environnantes. Dans \e Bomou cette rivière se nomme Kama^kou, Ce renseignement est confirmé, comme nous l'avons déjà dit, par la carte d'Afi^ique de Delisle, qui donne au Niger dans le Bomou le nom de Kama- e/oou, et avec ce que les habitants d* ^schantis ont dit à M. Hutchinson , qu'il y avait à Borno» une rivière nommée Koumoudou-Gaiguina (i). Mais ces mots de KamadooUy de Koumoudou^ de Kamadkou^ sont certainement les mêmes que Kamadago diversement prononcé, qui, dans le langage de Bomou^ signifie rivière (2). laeRamad- Âou^ on la rivière de Bomou ^ selon Hadji-jlamet, pas&e aune demi-journée au sud-est de la capitale ; et sur ses bords est utie ville ou un port nommé Gambarou. Delisle e^M. Bowdicb, ainsi que. nous
" . . '^1. — ■
(i) Bowdich's Mission to Askantee^ p. ai 3. (a) fiarckhardt , Travels in IVubia , p. ^9^ 9 et ci-dessus p. i35.
l6o RECHERCHES. SUR lVfRIQUE.
gravons déjà remarqué, donnent ce nom de Gant" barou à une rivière. A Gambarou^ selon Hadji- Hamet, on précipite tous les ans dans le fleuve, à l'époque de l'inondation , une jeune fille vierge : on croit fel'mement que sans ce sacrifice la ville serait submergée. M. Burckhardt a entendu ra- conter la même chose en Egypte. A Gambarou, selon HadjirHamet, il y a des châteaux et des maisons bâtis par des chrétiens , qui , d'après la tradition, ont habité ces contrées il y a plusieurs siècles. Avant que la rivière qui coule devant Gambarou atteigne cette, ville , e^le traverse le Soudan. Hadji-Hamet dit s'être rendu à Gano^ qui est à douze journées à l'ouest de Bornouy et près de la rivière qu'on appelle Tchadi. A. cinq joujpées à l'ouest de Gano est C^chenah y où la rivière a environ un tiers de mille ; on la nomme dans cet endroit GoulbL Hadji-Hamet était jeune lorsqu'il se rendit à Timbouctou; mais il croit que cette ville est à vingt-huit journées de Ca- chenah- et à quarante-cinq journées de Bornou. Les liei^ qu'il traversa pour s'y rendre, sont GoubuTy Zanfaruy Nyffé^ Zeg-Zegy Melli et Fouta; mais il ne connaît pas les distances res^ pectives qui séparent ces li^uiles^uns des au- tres. A JPfxffé il y a une gt'ande mer intérieure dont l'eau est douce : la rivière Tchadi sort de cette mer, et dirige ensuite son cours en Égypte^
PREMIÈRE PiLRTIE. t6l
Ainsi la rivière Tschad serait le Nil^ où s'y joi^ drait ; mais Hadji-Hamet ne sait pas si la rivière qui coule près d^ Timbouctou se joint ou non à celle-là. Ouangara est au sud entre la mer intérieure dont nous venons de parler et Tim^ bouctou, Cachenah et toutes les contrées envi- ronnanles sont actuellement sous la domination de Bello , chef des Fellata et fils de Hatman Panfodio : ce chef fit une irruption dans cette partie de l'Afrique , il y a quelques années , et &it actuellement sa résidence à Cachenah même. Tels sont tous les renseignements que Hadji- Hamet a pu fournir.
M. Ritchie en obtint quelquçs autres sur les contrées plus voisines de X Egypte et de I2L Nubie j d'un nommé Sidi-Mousa , marchand tripolitain , qui, lorsque ce voyageur le vit, revenait de Wara , ou Ouara ^ capitale du Waday^ ou Ouadey ; cette contrée est, ainsi que nous l'avons dit, la même que Bergou^ et son véri- table nom est Dar-Saley, puisque c'est celui que lui donnent les natifs. Selon Sidi -«Mousa , la distance entre Tripoli et Bergou est égale à celle de Mourzouk à Bomou ; elle est de qua- rante-cinq journées de caravane. Pour se rendre de Tripoli à fFaday^ on passe par Begharmi et Bomou. On emploie vingt jours pour se rendre de fFara à Bfigharmi^ et six de Begharmi à
l62 HECHBKCHES SUR l'aFRIQUE.
%omou. Cette dernière ville est beaucoup plus grande que Tripoli. Les peuples de Bùmou et de fFdday habitent des cabanes construites en terre et couvertes de gazon ; mais ceux de Beghanrd ont des maisons à deux étages. Une rivière, nommée BaJtta^ arrose une partie du royaume de H^aday; et Sidi-Mousa croyait que ce pouvait être la même que celle qu'on nomme Tschad^ et qui coule à Bonum. Renaarquons que Hornemann a aussi entendu dire au Fèz^ zàn que la rivière qui passe à Timboudou coule au sud de H€U>ussa; qu'elle arrose le Njffé et le Cabi^ où on la nomme Gulbi ; et qu'elle continue à couler vers Test sur le terri- toire deBornou: là, dit-il, elle prend le nom de 2ad ou Tschad, ce qui signifie grande euu. Dans quelques cantons de Haoussa^ on la nomme Gaora (peut-être Quorra ou Quùttd)^ mot dont le sens est le même (i).
Le Nil y selon Sidi-Mousa , arrose le Bomou et le Begharmi des Nègres : à quatre journées de dis- tance de la capitale de ce dernier pays, ce fléUve coule à Test; là il a près d'un miHe de largeur: il se dirige ensuit* au sud -est. Sidi-Mo^sà ne put donner aucun renseignement isur le Nil au- delà du pays de Begharmi; mais il a toujours
(i) Hornemann, Voyage y, t. I, p. 1 64 de la traductien française^ et p. iiS de Tédition anglaise, in-4®.
PREMIÈRE PARTIE, l63
entendu dire que ce fleuve est le même que celui qui coule en Egypte. Il résulte du moins de son récit que le Tschad du Bornou n'est pas le fleuve qui^ sous le nom de iVi7, traverse le Begharmi.
Telles sont les informations que M. Ritchie a reçues de trois Africains intelligents et instruits, et elles lui ont été confirmées par d^autres ; mais il n'a trouvé personne qui pût lui dire si la ri- viàre Issa^ coulant près de Timbouctou, est la même qui, traversant le lac d*eau douce deNj/fé^ coule ensuite à Cachènah , où on la nomme Culbiy et qui, après avoir successivement arrosé les pays de Gano^ de Bornou , de Kanem , se di- rige au sud à travers le Begharmi^ pays au-delà duquel son cours est ignoré. « Toutes les per- sonnes avec lesquelles j*ai conversé, dit M. Rit- <jiîe, croient que c'est la même. » C'est l'x>pinion de M. Ritchie, qui s'appuie sur les informations données à cet égard par Mungo-Park et par Homemann; c'est aussi l'opinion du journaliste instruit <pii nous a donné un extrait des ma- nuscrits de M. Ritchie. Mais il y a beaucoup d'objections à faire contre la concordance que l'on prétend exister entre les divers tépaoignages sur les différents noms que pbrte la grande ri- vière qiû travel'se \!t'Soudan. Il n'est pas clair que ces diverses dénominatidïis »e servent point à dé^
If.
l64 REGHEUCHES SUR l'aFRIQUE.
signer différentes rivières. Nous venons^ de ^ir que, même d'après le témoignage d'un des Afri- cains interrogés par M. Ritchie , le Tscfiad doit être une rivière dififérente du Nil qui coule dans le BeghamU. M. Ritchie pense que Borhou est mal placé sur les cartes ; et il conjecture qu'en mettant le centre de cette contrée à i6 degrés de latitude nord, et à f4 degrés à l'orient du méridien de Paris, on ne s'éloignera pas beau* coup de la vérité. La ville de Kanem lui parait aussi mal placée; et il en indique la situation probable à i8 degrés ii minutes de latitude, et à i5 ou ]6 degrés à l'orient du méridien de Paris (i).
Nous devons remarquer que les tentatives dés Anglais pour pénétrer dans l'intérieur de TAfii- que par le moyen d'expéditions militaires , ont été pluii infructueuses que celles où l'on a em- ployé des voyageurs accompagnés d'une suite peu nombreuse. Nous avons raconté la fin malheureuse de l'expédition du capitaine Tue- key: celle qui fut envoyée pour remonter le Rio-Nunezy.^&n d'arriver pàr-là jusquW Niger, a coûté la vie à son commandant le major Peddy^ au lieutenant M. Kay, et au chirur-^ gien de Texpédition. JL.e major Peddy est mort
(i) Qmrterlx-Review^ i8ao, t. XXUIi p. «aaS à a4o.
PREMIÈRE PARTIE. l65
à Kacondjr; et le capitaine Campbtell, qui prit le commandement de l'expédition , fut d'abord arrêté à Pandjicottoe , suc la route de Lahhé à Timbou , à environ cent cinquante milles au-delà de Kcteondy. Il fut obligé de séjour- ner trois mois entiers à Pandjicottoe , parce qu'un chef des Foulahs , sous le prétexte 'Vrai ' ou supposé qu'il était en guerre avec un autre chef, lui refusa le passage. Après avoir, pendant son séjour, perdu ses chameaux, ses chevaux, et une partie de ses ânes, le major Campbell fut obligé de retourner sur ses pas ; il succomba au chagrin et à la maladie, et mourut aussi à Kacondjr (i).
L'expédition du major Gray ne parait p^s promettre de plus heureux résultats. Après s'être avancé dans la contrée des Foulado , où sa trou]ib fiit insultée, pillée, et en partie dé- truite, il s'est vu forcé de retourner à Galam, sur le Sénéged, au mois d'août 1819 (2).
Le chirurgien de l'expédition, M. Dorcherd, a été plus heureux ; et , avec une suite peu nombreuse, il est parvenu jusqu'à Yamina^ sur le Niger j sans aucune difficulté ; mais, après avoir attendu près de six mois, dans ce lieu , la per-
(1) Quarterfy^Review, 1B17, t. XVII, p. 3a6. (a) Quanerfy'Âeview ^ iSao, vol. XXIII, p. .141.
i66 RECHERCHES SUR L^FRIQUE.
mission du roi de Sego pour pénétrer plus ayant, il a été obligé au contraire de rétrograder jusqu'à Burmnakou ou Bamhakou^ dans le Bambarra^ d'où Ton a reçu de ses nouvelles, datées de Inaî 1819. Il parait qu'à cette époque le roi de Sego était en guerre avec les peuples voisins vers l'o- rient. M. Dorcherd a été traité par les natifs à Yamina et à Bammakou avec beaucoup de bien- veillance. Il croit que, s'il peut obtenir la per- mission de s'embarquer sur le Niger^ il parvien- dra facilement jusqu'à son emboudiure; mais il n'a pas expliqué sur quels motifs il fonde sa confiance à cet égard. Suivant M. Dorcherd, le Niger commence à être navigable à Marra- bou^ où il présente même une surface d^eau assez étendue , mais pleine de bas-fonds. Il y a des marchés établis à Sansanding et à Yamina deux fois la semaine; on y débite mfème des étoffes de Manchester^ et diverses marchandises européennes, qui probablement y parviennent^ c6mme au temps de Léon l'Africain, par la voie de Timbouctou et par les caravanes du nord.
M. Jackson a publié, avec d'autres fragments sur l'Afrique, une relatiopi àeTimboiuÉou et de Haoussa , par Shabeeny ( i ) , qui n'est autre
(1) J. Grey Jackson's Jn accouni of Timbactao anâ Housa by El-Hage^Abd-Salam Shabeeny, liao, int8%
PREMIÈRE PARTI];. t&J
chose que les renseignements qu'avait recueillis M.Be9u(oy kTéioumn, d'un marchand arabe, lors des premières recherches de la société, pour les découvertes en Afrique , et dont le major Rennell avait déjà fait usage (i); particularité dont M. Jack- son aurait du îiiistruire le public.Quoi qu'il en soit, la relation de Shabeeny nous apprend que Ton compte vingt jours de marche de Fez à Tafilet^ six jours de Tafilet à Draha, et quarante-trois jours de Draha à Timbouctou. On cc»npte égale- ment quarante-trois journées de marche ^Akka à Timbouctou (2). Shabeeny donne , sur cette dernière ville, des détails fprt intéressants, s'ila sont exacts. Elle coirtient, selon lui, quarante mille habitants, sans compter les esclaves et les étrangers. Elle est entourée d'un mur en terre ou en pisé, qui a douze pieds de haut. Elle a trois portes : Tune au nord , qui ouvre du coté du désert , qu'on nomme Porle-dn-Désert , Beb ^ Sahara ; l'autre, qui lui est opposée, se nomme Beè^el^Nil^ ou Porte-du-Nil ; et enfin une troisième, qu'on nomme Beb-el^Kiblay ou Porte - de - la - Tombe - de - Afahomet, qui * " . ' ' ' ■ '
(i) Heuiell dte Shabeeny, d'après les manuscrits de M. Beaufoy 9 dans Proceedings of the Association for pro- moting ihe discoveries of the irUerior parts of Jfrica^ t. ly p. 287. (2) Shabeeny*s Account of Timbuctoo , p. 7.
l68 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
conduit, vçrs l'est, à une grande forêt voisine, remplie d'éléphants et d'arbres énonnea. Les- habitants ^ont noirs, et ne sont pas circoncis. C'est le centre du commerce des diverses con- trées de l'Afrique. L'or qu'on y vend dans de petits sacs, est apporté de Housa, Lorsque Sha- beeny se trouvait à Timbouctou , c'est-à-dire en 1 787, cette ville et son gouvernement étaient sous la dépendance du sultan de Housa, qui même y envoyait de l'argent pour payer la garnison.
Selon Shabeeny, Housa est au sud -est de Timbouctou; indication qui semble contredire la manière dont nous avons tracé l'itinéraire de Mohammed, fils de ï*oul, qui nomme ude ville de Haoussa à plus de, vingt journées à l'est de Timbouctou. Les contradictions qui résultent des renseignements donnés sur la position de Haoussa, avaient, il y a long*temps, déjà em- barrassé le major Re;inell(i). En comparant ces indications, il est impossible de ne pas recon- naître deux villes ou contrées différentes de Haoussa: l'une est assez rapprochée de 7Y/w- bouctou , et située au sud-est ; l'autre , au con- traire, en est fort éloignée au nord-est.
C'est dans la première de ces villes que Sha-
(1) Kennell, Proceedings ^ etc., t. I, p. 286 et 53o; et Hômemann*s Travelsy p. i8/|.
I^BKMIÈRE PARTIE. 169
beeny se rendit en naviguant sur le Niger. Il dit ^eHousa (i) n'est qu'à cinq journées de marche de Timbouctou (2). Il s'embarqua à Mouschgrilia^ et il fut dix jours à naviguer; le courant est très- lent, et on amarrait toutes les nuits (a). Shabeeny remarque qu'il y a une communication si rapide entre Timbouctou et Housa^ qu'il a vu, entre ces deux villes, plus de bateaux sur Je fleuve qu'entre Rosette et le Caire sur le Nil A^Égjrpte. Enfin Shabeeny observe que le pays de Housa confine à Bambarru, à Timbou^ à Mouschi, à Jinnie, ou Guin; ce qui éloigne tout-à-fait cette contrée de la ville de Haoussa^ qui est suf la route de Ghadamès à Timbouctou. Le )>ays de Housa de Shabeeny nous paraît être le même
(1) Shabeeny dit Housa ^ et notre itinéraire Haoussa ; mais ce ne peuvent être deax noms différents , puisque M. Bowdich nous apprend que Haoussa est la pronon- ciation des Maures , et le même nom que les Nègres pro- noncent Houssa. (Bowdich*s Mission to Ashantee , p. 4 7 8.)
(2) Dans Rennell, Proceedings ^ t. I, p. 53o, il est dit que Shabeeny retourna à Kahra^ en remontant la rivière presque anssi vite qu*en descendant; ce que le gëograj>he anglais trouve fort étrange. Il nous semble que la ma> nière dont nous avons dessiné, d'après nos documents, le cours des rivières, explique cela en partie. Le bras du Qamharott qui communique avec le Quolla doit être comme une espèce de canal qui n'a presque point de cours. Voyez ci-après;
170 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
que celui où Mungo-Park a pénétré loons de sort dernier* voyage , et qui , dans le récit de sa'tnort par Amadi^Fatouma, est nommé Ifaoussa (i): dans la relation de ce même événement, par le chérif Ibrahim, il est nommé Husa^iL). Remar- quons ici l'accord de ces deux récits : le chérif Ibrahim dit que c'est après avoir traverse le ter- ritoire de Husay nommé laourie^ ou Yiouri, que les chrétiens qui étaient sur le bateau s'avancèrent dans le pays de Bousa^ plus grand que celui de laourie. On reconnaît bien ici les mêmes lieux désignés par Amadi-Fatouma ; sa- voir, Yaour et Bou$sa (3). Selon Shabeeny, la • -' "
(1) Mungo-Park , Journal of a Mission in the interior of Africa^ p. 21a.
(a) Jackson, Shaheeny^s account of Ti^nbuctoo^ p^ 4^9; et Bowdich's Mission ta Ashantee , p. 478. £n note , il est dit que les Nègres prononcent Housa^ et les Maures Haoussa.
(3) Shabeeny, Account of Timbuctoo and Ho usa, p. 4i-
Dans ritinéraire d'un Maure de fennie , publié par M. Bowdich (Mission to Ashantee, p. 489 ), on trouve après Timbouctou , Gautv , Quoâlla , AsAea > Zabirma, Cabi, Yaoura et Boussa; mais, à cet endroit , la route fait un embranchement, et* ne passe pas par Haoussa. Il n'est pas fait mention de Haoussa dans lltinéraire d*un Maure de J?o/720tt(p. 487 )> qui, après Tiyibouctou , fait suivra les positions dans cet ordre : Gauvt^, Kolomanni, Zinberme, Cabi, Yaouriy Noufi, Boussa ^ Rakka, Bomou. Enfin il n'est pas fait mention de j^aouf^a dans l'Itinéraire du Maure
PRfMIl^RE PARTIE» I7I
ville de Housa est beaucoup plus grande que celle de Timbouctou; et, pour Fespace qu'elle occupe, on pourrait presque la comparer à Lon- dres. L'empire dont Housa est la capitale s'é- tend loin vers le nord, au-delà de Timbouctou y et renferme la ville ^Afnou^ près de laquelle on remarque celle de DafinL
La position que les distances indiquées et les détails donnés par Shabeeny assignent à Housa^ fournit une nouvelle preuve qu'il s'agit d'une contrée différente de celle que l'itinéraire de Mahomet, fils de Foui, place à vingt -huit ou vingt-neuf journées au nord -est de T imbouc» tou; contrée que les rapports faits à Mungo-Park indiquent aussi à trente journées par terre, et à quarante-cinq journées par eau ; qu'enfin les renseignements obtenus par M. Bowdich , por- tent au moins à vingt journées au nord-est de cette ville (i) ; et qui , selon Hornemann, est limitrophe de Bomou, à l'ouest (a).
dt ffao9issa , donné 9LUMi par M. Bowdich (p. 4^4)9 et dont les pofiitioBS, à Test de Timbouctou jusqu'au Dar-Four^ se saiTent dans cet ordre : JoUiba^ Kabra, Ussabir, Gaw y Kabi, Yaoura^ Kaka ^ Quarraraba^ Massigoudou, Caudi ^ Schary^ rivière , Four.
(1) Bowdich's Mission ta Ashantee , p. 198.
(a) Homemann's Travels in the interior part of 4frica y j8oa, in-4% p. ii3; et t. I, p. i58 de 1 edit. franc.
l'J% RECHERCHES SUR ^AFRIQUE.
Shabeeny^ selon Rennell (i), a dit que de Housa il descendit le fleuve et aborda à Ghinea, près de laquelle se trouve un lac dans lequel le NiUel-JK.ibir se décharge. Rennell conclut de ce rapport, et de plusieurs autres qu'il a précé- demment donnés, qu'il existe une contrée de Jennie ou de Guiriy à quarante journées de marche à l'est de Timbouctou. Mais ce pays de Ghinea est, suivant nous, celui de Ganahj ou de Cana^ d'Edrisi ^ que ce géographe plaçait sur les bords d'un lac d'eau douce, à douze journées au sud- est dijindagost ou diAgadeZy et à huit journées à l'ouest de Ouangara. Selon Shabeeny , le com- merce de Housa est le même. que celui de Timbouctou; mais il est plus considérable. Il s'y rend des marchands, de Timhou , de Bomou, de Moschou , et de Y Inde, Le Nil^-el-Kibir , ou le Grand-Nil, comme le Nil d'Egypte j déborde au mois d'août, et inonde le pays. L'inondation dure dix jours. On dit que ce fleuve se décharge dans la Mer salée, qui est l'Océan. Tels sont les renseignements principaux donnés par Sha- beeny, dont la relation, souvent citée depuis trente ans par un célèbre géographe , n'a été
(i) Reoneirs Proceedings.
{i) Hartman&'s Edrisi, p. 4 1 et 46.
PREMlilRE PARTIE. 1^3
publiée qu'au moment où nous allions livrer notre ouvrage à l'impression.
Nous avons terminé le récit des tentatives infructueuses, et si souvent funestes, que les Européens ont faites pour pénétrer dans le centre de la partie occidentale et septentrionale de l'Afrique. On a pu voir que, malgré tant d'efforts , aucun voyageur instruit n'a encore pu parvenir à se rendre à Timbouctou ni à Bornou, qui paraissent être les deux centres principaux de la partie. intérieure de l'Afrique septentrio- nale.
Du coté de l'ouest, les découvertes euro- péennes se sont arrêtées à Silla^ dans l'état de Massinaj à 3 degrés de longitude à l'occident de Pariç; du côté de l'est, à Cobbé^ dans le Dar-Four^ à a6 degrés de longitude à l'orient. Il reste donc un espace de ag degrés en longi- tude, qui, à la latitude de t5 degrés, font 1680 milles géographiques , sur lequel les Européens n'onf d'autres notions que celles qui leur sont données par les Africains.
Du nord au sud, l'espace inconnu est moins considérable ; cependant, depuis Mourzouk ^ à ^7 degrés de latitude nord , contrée la plus mé- ridionale qui ait été reconnue de ce côté par des Européens instruits, jusqu'à SiUa et à Cobbé^ on compte plus de 12 degrés ou 720 milles
1^4 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
géographiques. De Mourzouk à Coumassie^ vers 6 degrés 34 minutes 5o secondes de latitude (i) en diagonale, on mesure environ a5 degrés , ou 1 5oo milles géographiques.
Mais, si la position des peuples et des villes, si le cours des fleuves, les directions des chaînes de montagnes, et les formes particulières du sol de ces vastes régions , ne nous sont pas encore bien connus, il n'en est pas de même des traits principaux que la nature et l'homme présentent. A cet égard les récits et le$ descriptions des géographes et des voyageurs de tous les siècles sont d'accord, et sont continuellement confir- més par les observations que les Européens font journellement, et par les témoignages fré- quents des natife qui habitent ces régions ou les traversent sans cesse. Ces descriptions , ces récits, concourent tous à augmenter le désir que nous avons de les connaître plus en détail.
Il n'existe en effet dans aucune autre partie du globe un contraste aussi pronbncé qu'entre les contrées de la SénégamMe et du Soudan , et le Sahara ou le vaste désert qui se' trouve au
(i) Bowdich's Mission îo Ashantee^ p. i6tà. La longitude de Coumassie est, selon M. Bowdich, de a*^ ii ' à Tonest de Greenwîch, et, pto conséquent, 4® %i *k Touest de l'Obsenratoire de Pavîs.
PREMIERE PARTIE. 1^5
nord. Les peuples de ces deux régions, malgré les alliances qu'ils ont contractées, malgré les relations que le commerce et la religion n'ont cessé d'entretenir parmi eux, sont restés, après le laps de plusieurs siècles, aussi différents que les teri*es qu'ils habitent.
Le désert de Sahara^ qui a 1600 milles géo- graphiques dans sa plus grande loD^eur de l'est à l'ouest, et 800 milles du nord au sud, renferme, à la vérité, à de certains intervalles, quelques oasis ou terrains fertiles, qui surpren* nent par leur aspect riant et Tabondance de leurs produits ; mais il ne présente, dans tout le reste, qu'un sol uni, dur, couvert de sables mobiles^ quelquefois transp(»*tés ça et là par les vents, ou soulevés en ondes agitées comme les flots delamer.Parfoisil est entrecoupé de collines rocailleuses , qui renferment d'énormes cou<ches de sel gemme, blanc comme la neige; ou il est noirci par des amas de pitres basaltiques en* tassées les imes sur les autres, et mêlées de troncs d'arbres charbonnés, pétrifiés, témoins irrécusables des anciennes révolutions de la na- ture. Nul animal, si ce n'est l'autruche grisâtre et le léopard tacheté, n'interrompt le vaste si- lence de ces déserts. Désolantes solitudes, sans verdure , sans eâu , sur lesquelles l'œil se tend et le reg^td se perd sans pouvoir s'arrêter sur
1^6 RECHERCHES SUR LAFRIQUE.
un s^ul objet. L'éclat éblouissant du soleil, que ces plaines réfléchissent comme un miroir ar- dent , ne se trouve momentanément obscurci que par ces nuées de sable que Fouragan roule dans Tair en colonnes énormes , qui , tantôt envahissant tout - à - coup l'atmosphère , ense- velissant, en tombant, des caravanes entières; ou chassées au-delà même du continent, jus- que sur la surface de l'Océan , apparaissent aux navigateurs comme d'épais brouillards, qui leur interdisent l'approche et la vue des côtes à plu- sieurs milles de distance. Parfois un vent léger, * passager, mais rapide, mais brûlaqt comme la flamme, s'élève, et suffoque les hommes et les animaux qui ne sont pas assez prompts- à se tourner ou à se jeter à terre pour éviter son souffle destructeur.
C'est dans ces climats embrasés que le manque de boisson fait éprouver au malheureux dont la provision est insuffisante ou épuisée , des tour- ments inouis, et une mort que rien ne peut dif- férer« Une extrême aridité de la peau, qui se manifeste par tout son corps, annonce subite- ment l'attaque de la soif; ses yeux paraissent sanglants; une défaillance, qui s'accroît à chaque battement du pouls , semble devoir arrêter. tout- à-coup le mouvement vital; une angoisse vio- lente suspend sa respiration haletante; quelques
PREMIÈRE PARTIE. I77
-grosses larmes s'échappent avec effort de ses paupières brûlantes; et, en peu d'instants, s'il n'est secouru^ il a perdu connaissance et exhalé son dernier soupir. Le dessèchement inattendu d'une seule source ," un mécompte dans les distances, une erreur dans la direction de -la route, un accident survenu aux outres qui re- cèlent la provision d'eau, ont souvent fait périr, dans ces solitudes, par cet affreux supplice, plu- sieurs milliers d'hommes avec tous leurs trou- peaux.
Telle est cependant la patrie qu'habitent les Maures- Arabes , et qu'ils ne voudraient poijtit quitter, parce qu'en effet, dans aucune autre contrée du globe, ils ne pourraient satisfaire les goûts et les habitudes qu'ils ont contractés en naissant. Fiers, actifs, belliqueux, ils chérissent la liberté, et méprisent les autres peuples, sur- tout ceux qui s'emprisonnent dans des villes et qui s'attachent à la glèbe. Ils aiment les voyages , le commerce, et les combats. Au moyen des guides qu'ils trouvent dans chaque partie du désert, il^le traversent dans toutes les directions avec leurs chameaux, leurs chevaux, leurs boeufs, leurs brebis, leurs chèvres, et toutes teurs ri- ebes^s. Ils se rendent en Egypte, en Abyssinie^ à Tripoli y à Maroc ^ à Tunis ^ k Alger, kMourzouk^ à Cacliep>ahy au Bomou, à Timbouêîou, sur le
la
1^8' RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
Sénégal^ sur la Gambie y à la Céte^-d'ôr, et jus- que sur les bords du Zaïre: enfin, pour acqué- rir les titres vénérés è!hadji (i) et de sidi (2), ils sortent d'Afrique, et entreprennent le long pèlerinage de la Mecque, Ils campent sous leurs tentes noirâtres et impénétrables à la pluie. Professant une religion qui leur interdit toute liqueur enivrante, l'eau est leur unique boisson. Ils se nourrissent de lait de jument et de cha- meau ; de mil sec , accommodé en une pâte qu'on nomme couscou; de maïs , de dattes , de figues, de gomme, du suc mielleux du palmier. Us tissent eux-mêmes leurs étoffes; ils tannent le cuir, le façonnent à toutes sortes d'usages, et en font de beau maroquin. Us se procurent leurs armes à feu des Européens ; mais ils fabriquent eux* mêmes leurs zagaies, leurs piques, leurs poi- gnards, leurs harnais, et tout ce qui leur est nécessaire. Ils mettent sur-tout en œuvre For et l'argent avec beaucoup de délicatesse et d'ha- bileté; mais leur principale occupation est de soigner leurs troupeaux. Leiirs chevaux leur obéissent au moindre signe, se mettent à genoux devant eux, les saluent de la tête, et semblent répondre à toutes les caresses de leurs maîtres. Toutefois, lorsque dans des occasions périlleuse*
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(i) Péleriuv
(a) Saint.
PREMIÈRE PA.RTIE. I-jg
ils lancent au galop, avec une vitesse extrême, ces superbes coursiers, l'angle aigu de l'étrier leur déchire les flancs; le mors, grossièrement fabriqué, leur écorche la bouche; et le sang rou- git l'écume dont ils sont bientôt couverts.
Les Maures sont zélés mahométans, et con- duisent avec eux leurs prêtres, connus sous le nom de Marabous et de Talbes. Ils couchent, mangent et prient en commun, sans distinction d'âge ni de sexe. Ils parlent l'arabe ancien, qui est extrêmement doux et harmonieux dans leurs bouches. Us chantent pour tromper l'ennui des longs voyages, ou pour soulager leurs cha- meaux près de succomber à la fatigue; souvent aussi pour célébrer les grands faits d'armes de leurs guerriers. Plusieurs improvisent des vers avec facilité. L#soir, après le repas et la prière, ils aiment à conter des histoires jusqu'à ce que le sommeil vienne fermer leurs yeux. Parmi eux les jeunes gens discutent avec assurance, devant des vieillards,* les intérêts de la tribu; mais ce sont toujours les femmes des chefs qui sont char- gées des négociations de la paix. Les lances et les cimeterres des guerriers les plus irrités s'in dinent devant de tels me6sa|[ers, et le respect qu'on leur porte aplanit les.obstacles. Ces Maures sont cupideis, envieux, colères, et cependant dis- simulés, adroits et trompeurs avec^oeux^que l'in-
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l8o RECHIIRGHES SVR l'aFBIQUE.
térêt ou la politique les force de ménager. Ils traitent avec la plus afFreuse barbarie les blancs que les naufirages, ou tout autre événement, ont fait tomber entre leurs mains. Ils les considèrent comme appartenant à une espèce dégradée , puis- qu'elle est incapable de supporter les moindres fatigues du désert. L'espoir d'en tirer quelque argent est le seul motif qui les empêche de les massacrer dès qu'ils les ont dépouillés ; mais ces mêmes Maures sont pleins de justice, d'humanité, de douceur, soit pour ceux qui se sont mis sous leur protection, soit à l'égard de leurs esclaves nègres. Ils exercent une généreuse hospitalité envers le voyageur isolé qui est de leur religion. Leur tente est un asyle sacré où leur ennemi le plus détesté, lorsqu'il y a pris refuge , peut dor- mir en sûreté. Du reste ils soflt grands, bien faits , de couleur cuiyrée , ne connaissant ni les maladies, ni les infirmités; et, par leur vie la- borieuse , sobre et réglée , ils acquièrent une telle vigueur de santé, une si forte et si durable constitution, qu'ils prolongent leur existence, dans ces climats brûlants, au-delà du terme connu de la vie'humaine. Tel est le Désert; tels sont ceux qui l'hstbitent (i).
(i) Riley, ç. 337-416. — Ali-Bey, t.-I, p. 34i. — Jackson , p. a44 - 339. — Geoffroy de Villeneuve, D^
PREMIJCRi: PARTIE. l8l
Dans le Soudan et dans la Sénégambie , au ", contraire, coulent de grands fleuves, s'étendent des lacs immenses, ^'élèvent de majestueuses forets ; par-tout des eaux limpides, de frais om- brages , des champs cultivés ; là croissent ces arbres éiiormes, colosses du règne végétal; là se meuvent les plus gigantesques animaux du globe. Dans ces contrées fertiles, perpétuelle-^ ment échauffées par les rayons du soleil, Teau, l'air, les plantes, l'intérieur du sol, les fentes des rochers, les lits des fleuves et des ruisseaux, le fond des lacs et des marais, présentent le spectacle d'une perpétuelle agitation. La nature manifeste sans cesse ses facultés génératrices ; et les phénomènes de la vie s'offrent à chaque instant aux yeux, sous des milliers de formes et de couleinrs différentes.
Les Nègres possèdent ces régions; race d'hom- mes essentiellement distincte de toutes les autres. Ils diffèrent encore plus, par leurs moeurs, leurs caractères , leurs habitudes , leurs inclinations , que par leur conformation physique, des Maures dont ils sont voisins. Doué d'une insouciance que rien n'égale, d'une extrême légèreté, le Nègre ne connaît ni le chagrin des privations, ni les soucis
V Afrique y iù-i8 , 1. 1, p. 75 et 141. — Voyez aussi Follie, Sangnier , Golberry, etc.
l8a RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
de l'ambition : ses besoins sont en p^it nombre ; et , favorisé par la beauté de son climat et la fer- tilité de son sol, il ne lui faut pas, pour se sa- tisfaire, entreprendre de longs voyages, ou per- sévérer dans de pénibles travaux. A ses pieds l'indigo et le coton croissent sans culture. Une demi-aune de toile est tout son habillement; quelques pièces d'arbres à peine dégrossies, des roseaux , de la paille et des feuilles lui composent une maison ; un tronc de cejrba creusé forme sa pirogue. Vingt jours de travail par an suffisent à la culture des champs qui produisent sa nour- riture la plus essentielle. A l'âge de dix -huit ans , il se choisit une compagne ; et , sous son ciel brûlant, il ne ressent même pas l'ardeur dévorante du désir. Tranquille au sein de sa famille, oubliant le passé, content du présent, sans inquiétude pour l'avenir, sa vie s'écoule dans le calme d'une voluptueuse nonchalance , qui est son suprême bonheur. Seulement, pen- dant la fraîcheur des nuits et à la clarté de la lune , il manifestera sa joie par ses mouvements cadencés au son monotone de ses grossiers instruments. Tout, pour ces peuples heureux, est un ^ujet de fêtes et de divertissements ; les cérémonies, les réceptions, les nsdssances, Jes mariages, les devoirs rendus aux 'dieux ^ les
PREMIÈRE PARTIE. l83
funérailles même, se terminent par des chants et. des danses (i).
Placés sur le sol le plus ^fécond, les Nègres se sont prodigieusement multipliés, et ont formé des nations nombreuses; quelques-unes, et ce sont les plus civilisées, ont été converties à la religion de Mahomet, dont elles défigurent les dogmes ; d'autres ont conservé leurs anciennes et grossières superstitions : mais du moins l'exemple d'une religion plus douce a entière- ment aboli» dans la Sénégambie et dans le Sou- dan^ ces préjugés féroces et ces coutumes san- guinaires dont l'horreur a révolté les voyageurs qui ont pénétré dans l'intérieur de la Guinée et du Congo,
Sur les bords des grands fleuves et des grands lacs qui arrosent la Sénégambie et le Soudan y dans les vallées formées par les hautes chaînes de moiltagnes qui traversent ces régions, au mi- lieu des vastes forêts qui les couvrent , les na- tions nègres ont construit un nombre considé- rable de villages, de bourgades, et une assez grande quantité de villes.
En Europe , la plus célèbre de toutes ces villes est Timbouctou ; et , quoique plusieurs relations
(i) Voyez Golberry, Labat, Geoffroy de Villeneuve, Adanson, FoUie, Mun^o -Park, Mollien, etc« , etc.
l84 KEGHSRdHES SUR l'aFRIQUE.
dignes de foi doivent nous faire croire que ce n'est ni la plus grande, ni- la plus peuplée de toutes celles du Sou^n, cependant les évalua- tions les plus modérées lui donnent cent mille hab^^tauts. Mahomet, fils de Foui, dans un des itinéraires que nous publions, s'exprime, en parlant de Timbouctou^ de la manière suivante: « C'est la plus grande ville que Dieu ait créée , où «c les étrangers trouvent toutes sortes de biens, « ville remplie de commerçants. »
Nous avons exposé, dans cette première partie de notre ouvrage, tous les efforts que les Eu- ropéens ont faits pour arriver jusqu'à cette ville, et pour pénétrer dans le Soudan, Avant de pré- senter à nos lecteurs l'analyse géographique de trois itinéraires qui y conduisent, il faut, pour achever de remplir le plan de cet ouvrage , et lui assurer le degré d'utilité qui^est notre objet, que nous exposions aussi de quelle manière les géographes ont tracé les résultats des informa- tions qu'on a pu se procurer sur ces contrées, et comment ils les ont successivement figurés sur leurs cartes.
DEUXIÈME PARTIE. l85
DEUXIEME PARTIE.
DES CARTCS DÉ l' AFRIQUE RELATIVEMENT AU TRACÉ DES CONTRÉES irTTÉRIEURES DE LA PARTIE SEPTEIi- TRIONALE DE CE COJVTIPTEirT.
§ I. Des Cartes de Vintérieur de V Afrique sep~ tentrionale , depuis la publication de la map^ pèmonde de Ruysch en 1 5o8 , jusqu'à Ortélius en 1570.
jLja reconnaissance des côtes du grand conti- nent d'Afrique avait été entièrement terminée avant la. fin du quinzième siècle, en 14989 par Vasco de Gama, la même année que Christophe Colomb toucha pour la première fois le conti- nent du Nouveau-Monde : l'imprimerie était dé- couverte depuis plus de quarante ans ; mais ce n'était que depuis vingt ans seulement qu'on gra- vait des cartes géographique^{i). Ce nouvel art fut
(i) Ceux qai désireraient de plas amples détails sur les
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l86 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
employé à reproduire des espèces, de Fac simili * ou de copies réduites des cartes que Ton trouvait dans les manuscrits de Ptolémée (i). On com- mença, dans les éditions de cet ancien publiées à Ulm, par ajouter quelques cartes modernes des contrées de l'Europe à celles du géographe grec; mais, pour toutes les autres parties du globe, l'ouvrage de Ptolémée, dont on multipliait les éditions, resta, pendant la fin du quinzième siècle, et jusque dans les premières années du seizième , le seul traité de Géographie uni- verselle.
Ce fut dans une édition de Ptolémée , donnée à Rome , en 1 5o8 , par Marcus Beneventanus et Jean Cotta, que parut la première mappe- monde moderne gravée. On y trouve à-la-fois le premier tracé des terres du Nouveau-Monde, si récemment découvertes , et le continent
premières cartes géographiques qu'on a gravées, peaTcnt consulter mon article Buchinck {Arnold)^ d^ns la Biographie universelle, t. VI, p, 7.0^,
(i) Les éditions d'Allemagne, telles 4|ue celles d'Ulm, de Strasbourg, ont pris pour modèles les cartes qui se trouvaient dans les manuscrits latins, plus grossièrement faites , et dont les lettres sont en caractères presque gothiques. Dans les éditions de Rome , on a copié les cartes des manuscrits grecs, plus délicatement dessinées, et dont la lettre est en caractères romains.
DEUXIÈME PARTIE. 187
d'Afiîque li^s toute son étendue, d'après les navigations des Portugais.
Jean Ruysch (dont le nom mérite de sortir de l'obscurité où il est plongé), est l'auteiir de cette carte remarquable intitulée : Universalior cogniti orbis Tabula ex recentibus confecta ohservationi- bus. Les premiers géographes du quatorzième siècle, qui ne connaissaient que la petite portion des côtes d'Afrique qui s'étend à l'ouest jusqu'au cap Bojador, avaient coutume de terminer à cette latitude ce grand continent (i) par une ligne qui formait le cadre de leur carte , ainsi qu'on peut le voir par la carte collée sur bois qui est à la Bibliothèque du Roi. Mais^ comme l'ou- vrage d'Edrisi et les relations des Arabes avaient donné connaissance à ces géographes, de Tint" bouctouy de Melli^ du pays de Guinée^ de plu- sieurs contrées du Soudan , et du grand fleuve qui le traverse, ils entassaient tous ces détails sur leurs cartes, immédiatement au-delà de XAÛas et à la hauteur du cap Bojador^ afin de ne pas descendre plus bas vers le sud que le point connu* sur la côte, et de se renfermer dans le cadre tracé d'ayance.
(1) Fra Mauro , qui a dressé sa carte dans le xv* siècle , montre des connaissances plils étendues, et alonge da- vantage l'Afrique vers le sud.
l88 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
Dans le seizième siècle, lorsque Ton connut toutes les cotes de l'Afrique , et qu'on sut jusqu'où elles s'étendaient au midi, les géo- graphes éprouvèrent un embarras contraire , et tombèrent dans l'excès opposé à ceux des quatorzième et quinzième siècles ^ ils ne savaient plus comment remplir le vaste espace que pré- sentait l'intérieur de l'Afrique, qui s'était subite- ment agrandie de toute la longueur comprise entre les latitudes du cap Bojador et du cap de Bonne-Espérance : ces géographes se trouvaient d'autant plus dépourvus de moyens à cet égard, qu'uniquement occupés des découvertes mo- dernes qui agrandissaient de jour en jour et avec une prodigieuse rapidité 4e domaine de la science , ils paraissent avoir ignoré les relations de» Arabes et les travaux des cosmographes des quatorzième et quinzième siècles; ou plutôt, peut-être, ils. les dédaignèrent, parce que leurs cartes ne leur offraient aucune graduation.
Les nouveaux progrès de l'astronomie et de la navigation avaient fait prévaloir sur la mé- thode vague des climats et des itinéraires ^ la seule que connussent les Arabes de ce temps, la méthode scientifique dePtoléipée, d'assujettir les positions» de tous les lieux de la terre à des distances à Féquateur et à un premier ïné- ridien: par cette raison, dans les temps mêmes
DEUXIÈME PARTIE. 189
OÙ les progrès des découvertes auraient du faire disparaître les erreurs de Ptolémée, l'autorité de cet ancien dans ces matières s'augmentait dé jour en joyr, et son ouvrage était considéré comme le traité le meilleur et le plus complet su^ la géo- graphie. On cherchait seulement à y coordonner les nouvelles acquisitions dont la science s'en- richissait avec une étonnante célérité.
Le géographe grec avait tracé, au-delà de X Atlas j dans l'intérieur 3e l'Afrique, à la hau- teur des îles Fortunées^ deux grands fleuves , le Niger et le Gir; il avait indiqué un certain nombre d'états et de villes dans les pays que ces fleuves arrosent. Ruysch, qui ne connaissait rien dans l'intérieur de l'Afrique , y transporta le Niger et le Gir de Ptolémée, tels que cet ancien les avait tracés, avec tous les noms des peuples et des villes; seulement il agrandit ou dilata, si je puis m'exprimer ainsi, les détails donnés par la carte du géographe grec, de ma- nière à remplir le vide de la sienne. Ses côtes , pour le continent d'Afrique , se trouvaient ainsi tracées seulenient d'après les modernes ; et l'in- térieur , uniquement d'après les anciens.
Jean Scot , dans son édition de Ptolémée publiée en iSao à Strasbourg, prit un parti tout différent de celui de Rmysch , relative- ment à l'Afrique : il inséra dans cette édition
igo RECHKIICHES SUR l'aFRIQUE.
une carte de ce continent, en deux grandes feuilles , pleine de détails et de noms de lieux sur les côtes, mais entièrement blanche dans l'intérieur ; il indiqua seulement le Niger et le Gir de Ptoléi^aée au sud de \ Atlas ^ mais avec fort peu de noms et de positions. Il est probable que cette carte est la copie ou la réduction de quelque excellent Portulan manuscrit. Dans quelques parties même, telles que la côte des CimhebaSy au-dessus du cap de Bonne-Espé- rancey où les navigateurs n'abordent plus , cette carte pourrait encore servir à nos géographes modernes. J'ai quelque raison de croire qu'elle a été inconnue à d'Anville,
Cette carte fut réduite, avec beaucoup d'omis- sions et d'erreurs, dans le Ptolémée de Strasbourg donné par Laurent Phrisius, aux dépens de Jean Gruninger, en iSaa. Les planches de ce livre servirent pour l'édition de Ptolémée imprimée à Strasbourg en 1 5^5, et pour les deux éditions données par Servet en i535 et en i54i (i). Mais cependant on fit dans ces dernières quel-
(i) Je me soi» assure de ces faits par uoe comparaison exacte ; ce commerce de planches était commun. C'est ainsi que les belles planches gravées par Bentinck, pour le Ptolémée de 147^» ont servi a deux autres éditions également imprimées à Rome, celle de i5o6 .et celle de x5o8. • . •
DEUXIÈHE PARTIE. I9I
ques changements : on traçait dans ces cartes quelques détails, pris aux géographes arahes, qu'on plaçait vers l'extrémité méridionale de l'Afrique, dans une partie où les Arabes ne pénétrèrent jamais, et dont, peut-être, ils n'avaient pas soupçonné l'existence (i).
Dans les trente années qui suivirent la publi- cation du Ptoléméede Servet, toutes les éditions qui furent faites du géographe d'Alexandrie sont inférieures à celles qui les avaient précé- dées, et d'un format beaucoup plus petit. Les cartes qui s'y trouvent, ne sont plus d'aucune utilité pour tracer les progrès de la science, parce que dès - lors on commença à dresser de grandes cartes séparées , d'abord pour l'Europe, et ensuite pour d'autres parties du monde. Les publications des recueils de Gryneus en i535, et de Ramusio en i55o (2), où étaient
(i) Il est remarquable que ces cartes indiquent, vers aa^ de latitude sud, et 18^ à Torient de l'Ile -de -Fer, tine contrée riche en or, où il y a des hippopotames, et où coale un grand fleuve qu'on nomme Gomormager; ce nom est probablement celui de Kouama, défiguré.
(a) La i'* édition de Ramusio est de i55o, voyez ci- dessns , pag. 36. Il n'y a dans cette édition qu'une seule petite carie d'une partie de l'Afrique qui accompagne la dissertation sur le NU, p. a8o verso. Qp y voit le Bomou , ainfi que le Niger ^ dont le cours est distinct et séparé de celui du NiL
iga RECHERCHES SUR LAFRIQUE.
réunis tous les voyages et les découvertes des modernes en Afrique, en Asie et en Amérique, et les cartes modernes, quoique grossières, que l'on joignit à ces recueils, comfnencèrent à sé- parer la science géographique, de l'ouvrage de Ptolémée , où elle était restée jusque-là engagée. La carte qui, dans le recueil de Ramusio, fut mise en tête de la description de l'Afrique par Léon l'Africain, doit d'abord fixer notre atten- tion , parce que lès erreurs de cette carte se re- trouvent dans presque toutes celles qui suivirent jusqu'à Delisle : c'était en quelque sorte un sys- tème arrêté, auquel chacun se contentait de faire quelques modifications. Ce système était le résul- tat de trois sources de notions différentes , qui provenaient des Arabes, de Léon l'Africain, et des découvertes des Portugais sur les côtes et en Abyssinie. Selon le système d'Édrisi et des Xrabes, le Nil avait ses sources aux Montaffies de la Lune; ses divers affluents se réunissaient dans un lac; là le Nil se partageait en deux grands fleuves: l'un coulait directement vers le nord, c'était le Nil proprement dit; l'autre coulait vers l'ouest, c'était le Niger ou le Nil des Nègres , qui se vi- sait dans le lac Ulil, et se jetait dans la Mer ténébreuse j à une journée de navigation du lac
(i) Hartmann y Edrisi^ p. X2.
DEUXIÈME PARTIE. igi
V/i'l. Mais (et ceci est remarquable) Édrisi admet- tait encore l'existence d'un autre fleuve, qui se déchargeait dans le Nil des Nègres : c'est dans les pays qu'arrosent ces deux fleuves, ajoute Édrisi , que les Nègres habitent.
Léon l'Africain ne parle que d'un seul fleuve dans le Soudan ou le Pays des Nègres; il le fait sortir d'un grand lac, situé dans la partie orien- tale de l'Afrique, au milieu d'un désert nommé Seu. Ce fleuve coule à l'ouest , et se décharge dans la mer. « Mais , dit Léon , les géographes » prétendent que ce lac, où le Niger prend sa » source, est formé par le Nil d'Egypte^ qui, » après avoir coulé sous terré, ressort en cet » endroit ;' par conséquent , le Niger est consi- » déré par ces géographes comme un bras du » Nil [ï). »,
Ainsi que nous l'avons dit, les connaissances des Arabes et celles de Léon, beaucoup plus étendues que les nôtres vers l'intérieur, étaient plus restreintes sur les côtes ; de sorte que Léon connaissait bien le cours du Niger \nsc\ix\ Timr bouctou et même jusqu'à Djenni {%) , et il savait ensuite vaguement que ce fleuve continuait son cours jusqu'à la mer; mais il ignorait, aussi-bien qu'Édrisi, où était son embouchure.
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(i) Leoni' Africain, dans Ramnsio, pi I aurerso. (a) Id.
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194 IIECHSRCHES SUR L^AFRIQUE.
Lorsque les Portugais eurent découvert le Sé- négal et la Gambie ^ûs ne doutèrent pas que les embouchures de ces deux fleuves ne fussent celles du Niger décrites par Léon ; et ces fleuves furent considérés par eux cpmnie les deux bras du vaste Delta formé par le Niger ou Nil des Nègres à l'instar du Nil d'Egypte.
Mais, comme les jésuites portugais avaieilt pé- nétré dans XAbyssinie et avaient trouvé le Jaç Tzana où Dembea^ une des sources éaBahr-el- Azrekj Tun des affluents du Nil^ qui est cQnsi* déré enÂbfssinie ^^omme le véritable iVi/, qu ne doqta pas non plus que ce lac ne fut celui dont ^1 est fait mention dansÉdrisi, comme donnant naissance ou Nil. On transporta donc loin vers le sud , f^ètrVtm se figurait que devaient être les sources du Nil, le lac àiJbyssinie. On plaça, alen- tour de ce lac , les provinces àiAbyssinie dont on avait connaissance. Ainsi , non-seulemept ce lac, mais toute XAbyssinie se trouva transportée à' vingt degrés ou 1200 milles géographiques de sa véritable position. Les détails relatii^ à cette contrée, agrandis et déplacés, remplissaient fa- cilement l'espace encore aujourd'hui incomu qui se trouve dans l'intérieur de X Afrique au sud de Féquateur. Le grand lac ^Abyssiniej ainsi placé entre les cotes occidentales - et orientales de cette partie méridionale du oontinént, pou-
DEITXljfelffE PARTIE. IQD
vait aussi fournir les sources des grands fleuves qu'on y avait découverts , et principalement celle du Zaïre ou rivière A\jl Congo à Touest , et celle du Zamf?ezé ou Coûama à l'est.
Telles sont les bases principales des systèmes géographiques, relatifs à l'Afrique, que l'on re- marque dans les cartes des seizième et dix-sep* tième siècles.
Sur l£( carte d'Afrique qui accompagne dans Ramusio l'ouvrage de Léon l'Africain, nous voyons un gi*and lac à 60 degrés à l'orient du Cap'Fert et à 5 degrés de latitude sud, alen* tour duquel est le royaume de Gojam et de Caffa^ contrées qui sont connues pour faire au- jour^'l^ui partie de XAbyssinie : de ce lac coule au nord le Nil; à l'est se trouve le Cuama; à l'ouest, le Zaïre. D'un autre lac plus petit, et voisin de ce|ui-là, sort le Niger ^ qui coule d'a- bord au nord-ouest, ensuite droit à l'ouest, et qui sç décharge dans la mer par plusieurs em- bouchures en formant un vaste Delta , dont, la Garnira et XeRio^Grande sont les deux bras prin- cipaux. Il est grossi dans son cours par diverses polîtes rivières qui y tombent du PQjpd et du sud. To^U)!OUt ou Timbouctou est à 16 degrés de lati- tude nord, ce qui semblerait assez exact, ipais à jo degrés seuletuept à l'orient du Cap^Fert^ c'est-à-dire à près de 8 degrés ou 480 n^illes
i3-
î()6 RECni-RCHES SUR LàFRIQUE.
géographiques plus à l'ouest que ne le placent nos cartes actuelles. Aussi cette ville se trouve- t-elle daiis Ramusio^ sur le bras supposé du Niger , formé par le Sénégal^ et à quelque distance de Kabra. Ce port de Timhouctou est placé à la jonction présumée ^\x Sénégal^ à^ la Gambie et du Niger ^ ou à la pointe du préten- du Delta. Le royaume dont Timhouctou est la capitale, s'étend jusqu'à cet endroit. Indépen- damment du lac qui donne naissance au Niger, on en distingue deux autres, l'un au sud et à Forierit de Bornou^ l'autre à l'ouest de Cache- nah et entre les royaumes de Zegzeg au nord, et de Guber au sud. Les peuples du Soudan se trouvent tous inscrits le long des rives du fleuve unique du Soudan, En allant de l'ouest à l'est, on voit au nord du Niger, Tombotu^ Gano , Zegzeg, Cassena, Ischar, Guangara et Bomo , qui a au nord - est Coran et Guoga : au sud, dans le même ordre, sont, Melli, GagOy Guber, Zanfara et Medra. Tel est le système exposé dans cette carte : il avait cela de re- marquable, qu'il résultait entièrement des ob- servations modernes et de celles des Arabfes, mal expliquées ; qu'on n'y ajoutait pas les noms anciens et les positions de Ptolémée, propres seulement à augmenter la confusion et à rendre la masse des erreurs plus forte..
DEUXIÈME PARTIE. I97
La carte d'Afrique de Forlani,Véronais, publiée à Venise en mai i56a, a été cppiée sur celle de Bamusio relativement à la direction générale des grands fleuves, et à la désignation des peuples dont nous venons de parler; Timbouctou y est aussi placé de même : mais le cours du Niger ^ après être sorti du grand lac qui est dans le royaume de Medra , passe sous terre , ainsi que le géo- graphe le dit sur sa carte, et reparait à soixante milles dans le lac du Bomou. Ce changement semble dû à la fausse interprétation du texte del^on l'Africain, que nous avons rapporté plus haut; ce texte suppose un cours souterrain du iV// au sortir du lac Zambezé, source commune du Nilj du Zaïre et du Cuama. .
§ II. Depuis la publication de la première édi- tion de VAdas d'Ortélius en 1570 , jusquà celle de la Mappemonde de Delisle en 1720.
Ortélius réunit toutes les cartes particulières publiées jusqu a lui, toutes les descriptions con- nues des contrées de la terre, et il recueillit dans les anciens et sur les inscriptions antiques tout ce qui était relatif à la géographie : il ren- dit un service immense à cette science, en pu- • bliant un atlas complet pour la géographie mo- derne sous le titre de Thésaurus orbis terrarum, «t un autre de géographie ancienne intitulé Pa-
igS RECHERCHIîS SUR l'aPRIQUE.
rergon^ séparant ainsi pour la première fois et avec juste raison ces deux branches delà science, qu'on avait jusque-là confondues et embrouil- lées l'utie par l'autre.
Cependant la carte d'Afrique qu'Ortélius a donnée dans son Thésaurus^ en iS'jo, est copiée sur celle de Forlanî, ou ne présente que de bien légères différences ; ce qui est d'autant plus sur- prenant, qu'Ortélius^ ne fait pas mention de Forlani dans la liste des auteurs qui ont dressé des cartes et qui lui ont servi pour la compo- ^sition de son atlas. Peut-être Oftélius considé- rai t-il Ramusio comme l'auteur primitif; mais les changements que Forlani a faits dans la carte de Ramusio se retrouvent dans celle d'Ortélius. Chez celui-ci seulement la latitude de Timbouctou est baissée; la longitude et la position de cette ville sur le Sénégal sont restées les mêmes ; mais le pays de Tonbuto se trouve placé à six degrés à l'orient de Tombota^ à trois ou quatre de if û^ra , et immédiatement au nord de Gago;ce qui prouve qu'on Soupçonnait déjà tm TYm- bouctou plus éloigné vers l'est que celui qui était sur les cartes.
Dans toutes les éditions de l'atlas d'Ortélius qui suivirent , jusqu'à cfelle qui fut publiée en français , en 1 698 , On trouve la mêine carte d'Afrique , reproduite sans aucun changèhiènt
]>EUXlàM£ PARTIE. J99
On voit que cette carte d'Afrique d'Ortélius, comme celle de Forlani, présentait la combi- naison des systèmes d'Edrisi et de Léon l'A- fricain. .
Mais Ortélius, qui mit Une louable activité à réunir les meilleurs matériaux qui existaient de son temps sur la géographie, n'a pu s'occu- per à les discuter, et n'a pas même cru devoir chercher à faire concorder èhtre elles les certes dont se compose son atlas; de sorte que, re- lativement à l'Afrique, sa mappemonde offre un système tout différent de celui de sa carte d'Afrique.
D'abord , dans cette mappetnonde , les sources du Nil sont dérivées dé divers lacs , à dix ou douze degrés de latitiide méridionale > et non plus d'uù seul lac. Ces sources sont distinctes de Celles des grahds fleuves du Congo et du Mo- nomotapa^ qui, par conséquent, ne communi- quent plus avec le NiL Le Niger y relativement à ses sources et à la direction de son cours, n'a plus rien de commun avec le NU ; ce fleuve prend sa source dans un lac du pays de Ouan- gara y dans le voisinage de la Nubie, à onze de- grés de latitude nord; il coule directement à l'ouest, et se décharge dans la mer par plu- sieurs bras , dont les deux principaux oiit leurs embouchures près du Cap-Fert^ et près de Sier-
200 IlECHERCHES SUR LAFRIQUE.
' ra-Leone^ c'est-à-dire que ces deux bras sont le Sénégal et le Rio^Grande, Si on fait abstrac- tion de la communication du Niger avec la Se- négambie , la manière dont le grand fleuve du Soudan se trouve tracé sur la mappemonde d'Ortélius , ressemble à celle qu'ont adoptée les géographes dé nos jours* On y remarque une autre conformité avec nos cartes actuel- les. De l'autre côté des montagnes qui four- nissent les sources du Niger ^ sort une autre rivière qui coule en sens contraire, se dirige au nord -est, et va rejoindre le NiL On reconnaît là le Bahr-el'Abiad ou la Rivière-Blanche , que les renseignements donnés à d'An ville lui avaient fait considérer comme le véritable Nil; ce qui a été depuis confirmé parBrowne, et même aupa- ravant par Bruce , quoique celui-ci ait déguisé ce fait (i), et qu'il ait même retranché sur sa carte cette branche du Nil pour n'y faire figurer que le Bahr-el'Azrek ou la Riviere-Bleue ^ dont les sources étaient connues avant lui.
Les fleuves dont nous venons de parler, ne
(i) On voit d'après la dernière édition de Bruce, donnée pa» Murray, que, dans le journal manuscrit de Bruce, ce voyageur convenait que ce bras, qu'il a traverse, est plus considérable que Tautce*) mais comme ce n'est pas celui qu'il a suivî , il avait supprime cela dans son voyageûmpriraé.
DEUXIEME PARTIE. 20I
sont pas les seuls qu'on remarque dans Tinté- rieui* de \ Afrique sur cette mappemonde d'Or- télius ; le^ Nigir et le Gir de Ptolémée y sont tracés comme dans cet ancien, immédiatement au sud de VA tins , et c'est sur les bords du Gir que le Bornou se trouve placé. De l'autre côté, où se termine le G/r, sort une autre rivière, qui représente celle du Nubia^Palus de Ptolémée , et qui se rend dans le fleuve qui contribue à former le Nil, ou dans le Bahr-el-Ahiad des cartes modernes- Dans cette mappemonde d'Or- télius, Timbouctou est placé plus à l'est que dans sa carte d'Afrique , et il est au nord de Gago , de même que le royaqme Aq Tombotu sur cette dernière carte.
La mappemonde de l'aîné des Mercator est semblable à celle d'Ortélius, relativement* au tracé AaNiger et du grand fleuve du Soudan ^ et à celui des deux fleuves Nigir et Gz>, que Ptolémée trace au sud de V Atlas : elle est aussi semblable à celle d'Ortélius , relativement aux deux rivières qui forment le Bahr-el-Abiad. Mais la communication des grands fleuves de l'Afrique méridionale avec le Nil y est rétablie; et, comme dans la carte de Forlani, c'est encore ici d'un lac unique qui sortent le iW/, le Zaïre et le Cou- û7wa,qui,sur la carte d'Orfélius , avait pris le nom de Zuaina,
102 RECHERCHES StIR LAFRIQUE.
Là carte d'Afrique qiii a été reproduite dans tous les atlas deMercator, et dans ceux de Hon- dius, depuis 1570 jusqu'en 1606, et peut-être plus tard , a été dressée par Mercator Ife jeune , d'après l'Afrique de la mappéinotide de Mercator l'aîné, et offre absolùilient le même système. Tornbato on Tongitbutu se trouve sur cette carte placé dans le royaume de Tombât. Cette ville est à 16 degrés à l'orient- du méridien de l'île de Fer, et à environ i4 degrés de latitude sud; Kabra est avec raison placé sur le Niger ^ tout près de Timboùctou , tandis que dans la carte d'Ortélius il se trouvait à un degré plus à l'est Les rivières sans nom qui , dans cette carte , comme dans celles de Ramusio, de Forlani et d'Ortélius, et dans toutes les cartes dont nous au- rons à parier par la suite , jusqu'à celle de d' An- ville, sont supposées grossir le Niger, ont pris dans la carte de Mercator le jeune pliis d'exten- sion, et ont un coûtas plus prolongé. C'est sur les bords de ces fleuves que Mercator, comme Or- telius, Forlani et Ramusio, place les capitales des peuples du Soudan, dont les positiphs sont les tnêmes que sur les cartes précédentes. Seulement Ginna ou Guinea , dont nous avons tant parlé , omis sur la carte d'Ortélius, se trotttvè sur celle de Mercator , à quatre ou cinq degrés de la côte du Cap'Fert, sur les bords d'une rivière qui
BstriiiMS PARTIE. ao3
eoule au sud-ouest , et se jette dans le Sénégal* Par ce mélange de tous les systèmes, pat cette confusion dé toutes leis hotîotis , là géographie de l'Afrique avait jplutôt rétrogradé qu'elle tté s'était améliorée.
Livio Sânuto , dans le preriiièr vblume de sa Géographie, qui partit en i588, et qui ne con- tenait cjue les principes généraux dé la science et la description de TAfrique ^ s'était efforcé de réunir tout ce que l'on savait de son temps sur cette partie du iriôndè. Sa carte mérite de fixer notre attention ( i) , parce qu'elle offre un système neuf et tout différent de celui des géographes qui l'avaient précédé , relativement au Soudan.
Entre cinq et dix degrés de latitude sud, Sâ- nuto a tracé un vaste lac d'où décotilént au nord^ à l'ouest et au sud, lé Niljle Zaïre tt le CûaJma^ ainsi que dans Rarfaiisiô et dans les géographes qui ont suivi celui-ci. Mais ce système de fleuves est entièrement distinct de celui An Soudan y et en est séjparé par un^vaste espace.
Livio Sanuto admet trois grands fleuves dans le Soudah : tous trois ont leurs sources à l'est, dans dés lacs qui portent leurs noms; tous trois coulent directement à l'ouest, presque parai-
(i) Livio Sanu to, Geografia , Venezia, in fol . 1 588, Tab. x, xjjxij; ctliv. Vm, p. 97*
204 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
lèlement; tous trois se déchargent dans la mer Atlantique : les noms de ces trois fleuves, ainsi que les vastes contrées qu'ils fertilisent , se trouvent compris entre le cinquième et le vingtième degré de latitude nord.
Le plus septentrional de ces fleuves ^st le Canaga ou Sanaga (i), vulgairement nomou^ aujourd'hui Sénégal. Ses sources sont les plus éloignées vers l'orient, et il est formé de trois rivières principales : la première est. la Gaoga^ qui est dans le royaume de ce nom ; les deux autreik sont, le Canaga^ proprement dit, et le Ghir; ces deux rivières sont dans le royaume de Bornou. Les deux premières dérivent de lacs qui portent leurs noms; la dernière n'a point de lac à sa source : elle sépare le Bornou, à l'est , des royaumes de Gouangara et de Zanfara^ qui sont à l'ouest. Au nord du Senega sont les royaumes de Casena^et de Cano, et au midi le royaume de Zegzegy au sud du Casena; et loin ensuite, vers l'ouest, est Je royaume de Tom- boutoUy dont la capitale ainsi que Kabra^ son port , se trouvent situés à seize degrés cinquante minutes de latitude, et à environ dix-sept degrés de longitude, à IVt du Cap-Vert (a). A l'orient, de
(i) Sanuto, liv. viii, p. 96.
(i) Le premier m^ridieii ,' dans les cartes de Livio Sanutc,
DEUXIÈME PARTIE. ao5
Timhouctou y le Senega porte le nom ^Iza : k Touest de Timbouctou ou dans la contrée de Bagana, ce fleuve porte le nom de Zambala; plus à l'ouest, celui de Gusitemba; plus à l'ouest encore, il prend le nom de Maye: ce n'est que près de la côte et lorsqu'il se verse dans l'océan Atlantique , au tiord du Cap - Vert ^ qu'on le nomme Canaga ou Senéga; et encore une portion vers cette embouchure prend ïe nom de Dengueh. Tous ces noms sont tirés de Marmol ; mais Marmol n'admet qu'un seul fleuve dans le Soudan j dont les deux bras, lorsqu'il s« jette dans la mer, sont nomniés Senega et Oamber(i). Ramusio donne bien aussi pour embouchure au Èiger le Sénégal et le Rio^ Grande ; rmjs ces deux fleuves sont aussi les deux branches ex- trêmes du Delta d'un seul fleuve (a).
se trouve à ^3 degrés à Touest du Cap-Vert; il le faisait partir d'une île, nomoiée \île des Oiseaux , ^aivce qu'on croyait que dans ce liCu Taiguille de la boussole n'avait au* cunc déclinaison, et marquait le nord juste. Voyez Tabula i. Ainsi Timbouctou y sur sa carte, Tabula fxi^ se trouvait à 4o ^ de longitude orientale. (i) Marmol, Description de V Afrique ^ liv. yni, ch. xii,
t. III, p. 47.
(a) Yoyez la carte dans C.-Battista ^Ramusio , Ratcolti dtUe Naviga/zioni e Viaggi^ 16-1 3, t. I, p. i; et p. 96 dans la Préface que IRimusto a mise e»4ét6 dasVoyagea de Cadamosto,
206 RECHEBCHES SUR l'aB^IQUE.
Le secoiid fleuve du Soudan 9 qui coule entre le? deux aufre^, selon Sanutd, a ^a source vingt dégrés pl^is à rptiesl; ; il soft d'un seul lac pommé Qambeq pu Gqmbrq. C'est sur les bords de ce fleuyiB que Sgnuto place 1^ terre AeGermia ou de Ghiriea. R^ns ceç ^p^foit, Je fleuve porte le nom de fleuve de Genuifi. Cette contrée dé Gennia ou de Ghmça est s^insi placée au sudr puest de T^r^l^OiUCtoa. La Gqmbie de Sanuto, f^omme la Gafnbie des çaFte§ niodemes, se dé- charge dans }'océan Atlantique, près du cap SaipterM^rie (Caput Sqnçtfe-Mariei). À rembou- phure de ïa Ga^ibffi^ au nord, entre ce fleuvç et le 'S^negay §^\. la terre des J^lok {Jaiofa-Terra).
Aupup de p^s depx fleuves n'est considéré par S^fiutp cQippie le Nig^^i et chacun des deux ne fornie quup Delta très-resserré, com- posé seulement de deux embouchures.
Le véritable Niger, selon Sanuto, est le plus méridional des trois fleuves qu'il a tracés dans le Sçudan: ce fleuve forme up iqjmense Delta^dont l'un des bv^^ e^ le Jtiq-Grm^ft propreniènt dit, et l'autre, qui se jette sur la côte sud, est nommé par Sanuto, Qstarum fiusnus; c'est la rivière voisine du cap Meswnaday vers l'est, qui, sur la
oik ses idées sur les emboudiorei^ du Nigtr «ont pltt9 çlaine? ment exprhnëes qu'elles ne to^sont sur sa G9A:fe.
DEUXIÈME |»A]IT|£. ^CJ
earte de d'Anyille, porte le non! de JUa-Cestos, et sur celle d'Arrpwsmitb , de -ffiVer - Sesteri, mais à laquelle ces deux géographes donneftit un cours très-borné , ou plutôt qu'ils indiquent comme n'étant qu'un petit ruisseau. C'est vers rembouchu):*e du fleuve JViger ou Magnus, que Saniito a placé le QhtiwçrJltçgrmm , ou le royaume de Guinée j qui se trouve ^iusi limitrophe de Gennia-Terra , ou du territoire de Genm\ pu qui, plutôt, n'eu parait être que la continuation. La côte à^ Afrique comprise entre les deui^ bran- ches di} Delta formé par le Nigçr^ ou entre le Rio-Grande {Moffi^s^Fluvius^ et le Rip-Cestos {Cistarum fiuvius\ est uomm^e par 3auuto Ghinea-Ora. Dans l'intérieur de ce Delta, et vçrs sa pointe , est le Mellum^Hegnum, ou royauuie de Melli^ qui confine à Test au royaume de Gago , placé au sud du Niger. Le territoire dei^ Mandingues est ^n nord de ces. deux royauuies et du Niger; Gago {Gagum-Regnum) est au sud*est de Mandingue^ et au sud du Niger; Cuber est au nord-est de Gago et au nord du Niger ; Bitum-Regnum occupe les c)f ux rives de ce flieuve; Temianum-Regnum est sur la riye nord-, et à l'est de J9zû</». Enfm, a Test dc^ Temianmnii) entre les sources du Niger et du
(i) Il 7 a beaucoup d'analogie .entr» ce nou^de Temùtn
2o8 RECHERCHES SUR L'àFRIQUE.
Ghir^ow de la plus méridionale des trois rivièl'es qui forment Ylza ou le Senega^ est le pays le plus abondant en or : Aurum hic est copiosissimum , dit la carte. Ce pays, représenté par Sanuto comme entouré de montagnes , est au sud-est de Guangara ou Ouangara , ainsi que l'indiquent les géographes arabes pour Belad^-èUTibr ^ ou la contrée de l'or pur. Sanuto remarque , dans son ouvrage, que le Niger j ou plutôt, pour nous servir de ses propres expressions, que Rio^ Grande y nommé Niger par les anciens ( Il Rio- Grande y detto dagli antichi Niger) ^ déborde en même temps que le Nil; « ce qui a fait , dit-il, penser à plusieurs géographes que ce fleuve est un bras du Nil y quoique ses sources, ajoute-t-il, soient fort éloignées du Nil; mais on croit que ce fleuve communique par un embranchement souterrain avec le RioGrande, »
On ne peut qu'être frappé des grandes diffé- rences que présente la carte de Livio Sanuto avec celles de tous les géographes qui l'ont précédé ou qui l'ont suivi , et des conformités qu'elle offre, sous certains rapports, avec les récits faits sur le Soudan aux voyageurs qui
et celui de Tenmny que , selon M. Bowdkh , porte le pays , iraversé ^^jtX Ogouaouat ou la rivière qui se joint au Zaïre,
DEUXIÈME PARTIE. 2O9
se 3ont récemment transportes en Afrique^ et notamment à Mungo-Park et à M. Bowdich.
En effet, Sanuto admet trois grands fleuves dans le Soudan; et les indications données à M. Bowdich nous font aussi reconnaître trois fleuves dans ces contrées : de sorte qu'en fai- sant abstraction du tracé de ces fleuves et de la direction de leurs cours , et ne considérant que la probabilité plus ou moins grande de leur existence, on pourrait croire que XtJoliba de M. Bowdich est Ylza ou Canaga de Sanuto; que le Gambarou est la GMUfnbeUy et le QuoIUl le Niger. Remarquons aussi que Sanuto est le seul qui établit une communication entre le Niger et la côte méridionale connue aujourd'hui sous le nom de Côte de Guinée^ par le moyen d'un fleuve qui se décharge dans l'Océan^ près du cap Mesurada{i)\ et que, selon la manière dont on trace aujourd'hui le Niger ^ d'après les observations de Mungo-Park, les sources de ce fleuve se trouvent tellement près de celles de
(i) lUmasio , de même que Sannto, faisait bien du Rio* Grande ane des emboucburfs du Niger; mais fiiXdlt^ selon loi, Vemboachure la plus méridionale et le bras sud du Delta de ce fleuve. Pour Sanuto, le Rio -Grande est le bras nord du Delta y et le Cistarum fluvius, ou Rie diCestos, est le bras s od. Ramusio , au contraire » donne à cette rlTière et à toiites celles de la c6te de Guinée, uu^iours très-bortuk
14
aïO RRCHCRCHES SUR LÀFRlQlTf.
la rivière de Mesurada^ que la communication par eau entre ce fleuve et la cote paraît facile. M. MoUien, en rapprochant encore les sources du Niger de trois degrés à Fouest, ou vers la cote , ajoute beaucoup à la vraisemblance de nos conjectures.
N'oublions pas de remarquer aussi que, dans la onzième carte de son Atlas d'Afrique, Sanuto donne de très - grands détails sur la côte com- prise entre le Sénégal et le cap Formose; qu'il parait avoir connu toutes les rivières qui se versent sur cette cote , et qu'il leur donne à toutes un cours très -borné. Il n'y a que k Cistarumfluvius^ ou le Rio^Cestos^ qu'il prolonge jusqu'au Niger; il ne le confond pas avec la rivière Mesuraday qui est auprès; car il a aussi tracé cette dernière à Touest du Mesuradum caput, qu'il indique : il nomme cette rivière Fluvius DondTÙcuSj et place ses sources dans la chaîne de montagnes qu'il a dessinée à peu de distance de la côte. Il serait donc utile , pour le pr<^ès des découvertes , de faire reconnaître le cours du BiO'Cestosy afin de savoir s'il ne com- munique pas avec le Mesurada^ ou s'il ne se prolonge pas plus qu'on ne l'avait soupçonné; si enfin il ne se joint pas à quelque grande ri- vière de l'intérieur. Les indications d'un homme aussi instruit que Sanuto ne doivent pas être
y
DEUXIEME PARTIE. 3^11
négligées. Toutes les anciennes relations nous parlent de la rivière Cestos , comme d'une rivière remarquable, et même comme plus con- sidérable que celle de Mesurada (i); c'est tout le contraire sur nos cartes les plus récentes : on a donné un très-long cours à la rivière Mesu- rada ^ et on a tracé la rivière Cestos comme un ruisseau.
Sanson, qui publia sa carte d'Afrique vers le milieu du dix-septième siècle, la chargea d'une érudition confuse, et montra moins de connais- sances réelles, de discernement et de critique que Sanuto. On se rappelle quOrtélius, pour les grands fleuves de cette partie du monde, a présentée deux systèmes , l'yn dans sa mappe^ monde, l'autre dans sa carte d'Afrique. Saoson, qui, à cet égard, a copié Ortélius, n'a cependant suivi en entier aucun des deux systèmes de ce géographe ; mais il a pris l^juelque chose,^ de chacun d'eux. Il n'a point séparé toutes les grandes rivières du sud de l'Afrique du lac Zaïre ^ ou des sources principales du Nil d'Egypte^ comme dans la mappemonde d'Ortélius; mais il
(i) Brans, Afiiha^ t. IV, p. 33i et S3a. Il paratt que l'on a remonté b rivière Ce»tos Te^ce de 60 mîHet géographiques, et qu'ensuite cm 1!» et^core trouvée oaji'- gabk pour des bateaux.
14.
fkl!ï RECHERCHES SUR l'a.FRIQUS.
n'a pas non plus réuni toutes ces rivières au lac^ comme Ta fait ce géographe sur sa carte d'Afri- que, Dans Sanson , toutes les grandes rivières du Congo communiquent avec ce lac, et toutes celles du Monomotapa s'en trouvent séparées. Le cours du Nil ainsi que celui du Niger sont tracés comme dans Ortélius. Les lacs de XAbjssirue et tous -les détails relatifs à cette contrée, dé- placés et agrandis , sont disséminés dans le sud du continent comme dans les cartes qui avaient précédé. Le NigeTy qui a ses sources particulières et distinctes du NiU se perd sous terre durant un court espace, et forme, comme dans Ortélius, un Delta dont le Sénégal et le Rio-Grande sont les deux branches extrêmes. Les rivières de la côte de Guinée y à l'ouest du cap des Trois-Pointes ^ se rapprochent beaucoup d'un des affluents du Niger et du Rio^Grande; mais il n'existe aucune communication. Tombuiestj comme dans Ortélius et Mercator, placé sur le Sénégal, mais à quinze degrés juste de latitude nord, et à sept degrés de longitude à l'orient du méridien de l'île de Fer. Enfin le Nigir et le Gir de Ptolémée se trouvent tracés au sud de Vjitlas^ traversant le désert de Sahara et le BomoUy et ils ont leurs sources voi- sines d'un fleuve qui «ouïe dans le Nil, ainsi que dans la mappemonde d'Ortélius et dans l'Afrique de Mercator. Aucune recherche neuye,
DEUXIÈME PARTIÏ. ^l3'
aucune notion nouvelle , ne se remarque sur les cartes et dans les livres mis au jour sur l'^A^frique p.ar le Géographe d'Abbeville. C'est un mé-» lange de Ptolémée, d'Édrisi, de Sanuto et de Mercator (x).
La carte d'Afrique de Jacob Meursius, et celle ii^ Nigritarum-Regio ou de la Nig!itie{^^ pro- bablement dressées par le même auteur, qui accompagnent la savante description de l'Afrique par Dapper, sont, toutes deux, gravées avec plus de soin que celles de Sanson, et offrent, près des côtes, dès détails dessinés avec plus de précision et d'exactitude ; mais, pour les con- trées de l'intérieur, ces deux cartes sont copiées sur celles de San^n. Le Niger ^ le Gir et les ri- vières du Congo s'y trouvent tracés comme dans les cartes du Géographe d'Abbeville, et par con*
(i) Voyez \ Afrique f par Nicolas Sanson, géographe da roi , 1 780, une feuille in-folie ; et \ Afrique en plusieurs cartes et divers Traités de géographie et d'histoire ^ -par le sieur- Sanson d'Abbeville, in-40, i656, ou 1662. Jaillot et Mortier firent graver de nouveau, -en Hollande, toutes les Cartes de Sanson, en 1696, sous un format beaucoup plus grand, et en comp'Qsèrent un Atlas magnifique , en deux volumes : c'est an chef-d'œuvre de gravure pour le temps ; mais il n'y a aucun changement.
(a) Voyez Dapper, Description' àe V Afrique^ in-folip, Amsterdam, 1686, p. i et ai8.
ai4 RECHERCHES SUR l'aI'RIQUE.
séquent comme dans l'Afrique de Mercator et dans la mappemonde d'Ortélius (i). Le système de ces quatre auteurs est absolument le même; et la longitude et la latitude de Timbouctou sont les mêmes dans Jacob Meursius et dans Sanson. Les descriptions écrites de Dapper , de Sanson , d'Ortélius et de Mercator ne renferment rien, pour l'intérieur de l'Afrique, qu'on ne trouve dans Léon-F Africain , dans Marmol ou dans Édrisi et Sanuto (a).
S IIL Depuis la publication de la Mappe- monde de Guillaume Delisle, jusqu^à nos jours.
Les observations faites dans diverses contrées du globe , par des astronomes envoyés par l'Aca- démie des sciences de Paris, nécessitaient depuis long-temps la réforme générale du système géo- graphique. Delisle vint; et, sous ses mains judi- cieuses et savantes, la science prit une nouvelle face. L'Afrique, plus que tout autre continent,
(i) Ceci doit servir de correctif à ce qne dit M. Bowdich , Mission to J^fJtanteCy p. ai 2, en note.
(a) Ia carte d'Afrique qui se trouve dans la Cosmo- graphie de Peter Heylin, in foKo, London, i68a, est copiée de Sanson ; de même que Belleforest , dans sa Cosmographie traduite de Sébastien Munster, a reproduit la Carte de ftamnsio.
DEUXIÈME PARTIE. ai5
se ressentit des grandes améliorations qu'il sut introduire dans toutes les parties de la géo- graphie (i).
Toutefois ce n'est que dans sa Mappemonde publiée en lyao, et dans son Afirique, qui parut en 172a, que nous devons étudier le système de Delisle sur l'Afrique : dans les cartes qu'il publia en 1700 et en 1707, il ne l'avait paô en- core complété, et il confondait, comme ses pré- décesseurs, le Sénégal avec le Niger (a).
Le plus important de tous les changemeïits que Delisle fit à la géographie de l'Afrique, fut de resserrer XAhyssinie dans ses véritables limites. Les observations dès Portugais,' publiées depuis long-temps, auraient dû faire corriger, sous ce rapport, les erreurs énormes de Ramusio et de
(i) Après la mort de Nicolas Sanson, ses fils et petits- fils Moallard, Guillaume, et Adrien Sanson , reproduisirent ses cartes ayec de faibles ckangements de détails , sans au- cun égard pour les observations astronomiques qui se mul- tipliaient de jour en jour.
(a) Nous parlons ici d'après le major Rennell; car nous n*aTons pas sous les yeux \ Afrique de Delisle, publiée en 1707 , mais seulement la Mappemonde y datée du i5 %vril 1720, et \ Afrique de 1722. Voyez |^enneirs Geographical illustration of M* Park's Joumey ^ dans Proceedings of the Association foi" pmmoting, etc., t. I, p. 411, édit. in-8% London, 1810.
2l6 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
Servet ; mais on avait méconnu ces observa- tions, ou plutôt on les avait employées de la manière la plus étrange. Delisle remonta la frontière méridionale de XJbyssinie^ et par con- séquent les sources du iW/, de vingt degrés vers le nord. Les sources du Nil n'eurent alors plus rien de commun avec les rivières du Congo et du Monomotapaj et s*en trouvèrent, au con- traire, séparées par un immense espace. Tous les fleuves de la partie méridionale de VJ/rique, non-seulement n'eurent plus de communication avec le Nily mais ils ne communiquèrent pios entre eux; ils eurent leurs sources distinctes et leurs bassins différents. Il en fut de même du Sénégal^ de la Gambie y du Rio4jrande et du Niger. Le Sénégal sortit du lac Maberia, près des sources du Niger ^ et coula droit vers l'ouest. Le Niger eut sa source dans un lac voisin du lac MaberiUy au royaume de Tombât^ et coula droit au nord, jusqu'un peu au-delà de 3Tam- bouctou ou Tombutj d'où il se détourna vers l'est, pour couler ensuite dans cette direction J'espace de dix-sept degrés environ : il se perdit dans le lac du Bournou^ à plus de douze degrés à l'ouest da Nil t avec lequel il n'eut plus aucune communication. Dans lé système de Delisle, le Niger^ seul grand fleuve du Soudan, se trouve isolé au milieu de XJfrique; et aucune des rivières
DEUXIÈME PARTIE. ^l'J
qui se versent , soit sur la côte, occidentale y soit sur la côte méridionale^ soit dans le Nii^ à Test , n ont de communication avec lui.
La ville et le royaume de Timbouciou, ainsi que Kabra,ïe port dé Timbouctou^ se trou- vèrent reportés vers l'est, et loin de la côte occidentale et du Sénégal. Delisle place Tim- bouctou , qu'il nomme Tambut ou Tombut, sous le méridien de Paris , et à quinze degrés de latitude nord.
Au nom de Niger y qui n'est que l'application vraie ou fausse des notions de Ptolémée sur l'Afrique , Delisle ajouta trois autres noms pour désigner le fleuve du Soudan selon les différentes parties de son cours; et ces trois noms , qui sont africains , méritent une grande attention. Le premier^ et le plus voisin de la source, est Guien; et ici on reconnaît le Ginne ou Ghinea de Léon-l'Àfricain et de Mungo-Park, et le nom du royaume le plus anciennement célèbre de cette partie du Soudan. Plus à Test, et dans la partie la plus considérable de son cours, le Niger est nommé, par Delisle, Gambarou; et nous avons- déjà remarqué que Gumbarou est précisément le nom par lequel les marchands maures avec lesquels M. Bowdich a conversé, à Coumassie, désignaient la plus septentrionale des rivières du Soudan , qui coule à 4^est de
ai8 HECHEUCHES SUR l'aFRIQUE.
Timbouctou. Enfin dans le Bornou , et à l'en- droit où le Niger se jette dans le lac Bour- nou j Delisle nomme le Niger j Camodoou : M. Hutchinson, qui accompagnait M. Bowdich, entendit parler de Koumoudou - Gaiguina, comme d'une rivière du Bornou (i) ; et nous savons, par M. Burckhardt, que Kamadago^tn langage de Bornou ^ signifie rivière (a). Ceci prouve combien nous avons eu raison de pré- sumer que Delisle avait reçu de quelque établis- sement européen, sur la côte de Guinée y des renseignements sur l'Afrique qui n'ont point été publiés ailleurs : cette circonstance donne un grand intérêt à sa carte. Certains détails qu'elle renferme achèvent de confirmer nos con- jectures- Au nord du Niger y Delisle n'a connu et placé qu'un petit nombre de peuples^ qui sont BoumoUf Ouangara et Zanfara; à l'ouest de Bournou est Goubour (Guber); p]us à l'ouest, le* royaume de Tombut, que le Niger traverse dans son milieu du sud au nord. Mais au sud du Niger y entre Timbouctou et le Bornou ^ les noms de peuples sont entassés, et on en remarque plusieurs qui sont semblables à ceux
(i) Bowdich's Mission from Capc-Coast Castle , to Ashantee, in-4°, 1819, p. ai3. ( Voy. ci-dessus, p. i35. } (2) Barckhardt, p. /iga.
DEUXIÈME PAllTIE. 2jg
dont M. Bawdich a entendu parler à Coumassie; tels sont Yaourry-j Bousa^ Nouffy. Les deux premiers figurent, ainsi que nous Tavons ob- servé, dans la relation de la mort de Mungo- Park , par Amadi Fatouma, et dans le récit du chérif Ibrahim. D*autres noms, insérés sur la carte de Delisle , paraissent être les mêmes que ceux de M. Bowdich, défigurés ou prononcés différemment : tel est Gange, sans doute le ttiême royaume que le Kong de M. Bowdich, puisqu'il se trouve placé de même ; Gaby, qui semble être le Kaybi de M, Bowdich. Par la raison que Delisle avait reçu ses renseignements de la côte de Guinée y qui est au sud du Niger ^ il Iraiisporte aussi au sud de ce fleuve certaines contrées que les géographes antérieurs plaçaient au nord; tels sont Cachine et Zaczac, le Gw- sena et \e Zegzeg de Hamusio (i).
Delisle a fait disparaître de sa carte le Niger et le Ghir, qu'on traçait dans le désert de Sahara , d'après Ptolémée. Le Ghir de Delisle n'est plus qu'une rivière au sud de Voilas y qui coule d'une vallée à l'est du Sidjilmessay et se perd dans un
(i) Peut-être le Collega de Delisle est-il le même royaume que XeKaUaghi de M. Bowdich , transporté loin vers le sud. Gago est peut-être Gauw^ et Cormachy, Coumassie, reculé loin vers le nord.
%%0 ItECUERCH£.S SUR LAFRIQUE.
lac. Ce nom est resté d'après les anciennes cartes, et se retrouve dans celle de d'Anville et dans toutes les cartes modemesJ Plusieurs savants modernes, qui en ont ignoré l'origine , s'en sont servis pour appuyer leurs conjectures sur la géographie de Ptolémée;ils ne se sont pas doutés qu'ils tour- naient dans un cercle vicieux, et qu'ils citaient Ptolémée pour expliquer Ptolémée.
Delisle plaça les différents peuples d'Afrique d'après les notions qu'il en avait puisées dans les relations modernes, dans Léon l'Africain et dans Marmol; évitant de copier aucun de ses prédécesseurs, et discutant tout par hii-méme: il a ainsi rempli sa carte d'Afirique de noms de pays et de royaumes dont il trace même les limites, et sans distinguer par aucun signe ce qui était certain d'avec ce qui n'était que probable ou simplement conjectural.
Quoi qu'il en soit^ Delisle fit la loi ; et toutes les cartes d'Afi^ique^ publiées depuis , ne furent que des copies plus ou moins déguisées de la sienne, jusqu'à ce que d'Anville eût fait paraître , en 1749» sa grande carte d'Afrique, en trois feuilles.
D'Anville avait préludé à celte carte par un ffSLTid nombre de cartes particolières : il possé- dait, sur presque toutes les parties de l'Afrique, fréquentées par les Européens, beaucoup de
Deuxième partie. aai
inat^riaux que Delisle n'avait pu connaître; il avait dressé et publié des cartes spéciales de X Egypte f de la Sénégambie^ de la côte de Guinée y du Congo ^ du Mocaranga ou Mono* motapay et du cap de Bonne-Espéranee.
La géographie de TAfrique présentait, dans ses parties, en apparence les mieux connues, tant d'er- reurs'de détails et d'incertitudes , que d'Anville, pour mieux assurer au domaine delà géographie positive les nouvelles conquêtes dont ses travaux l'avaient enrichie, résolut de n'admettre sur sa carte générale que ce qu'il croyait prouvé. Cepen- dant les portions de ce continent qu'on pouvait dessiner avec quelque degré de certitude, quoique » considérables en elles-mêmes, étaient peu de chose en comparaison de sa vaste étendue; et il résultait de cette méthode rigoureuse une carte d'Afrique presque entièrement blanche dans l'intérieur. D'Anville osa la publier aiitisi. La juste réputation dont il jouissait à cette époque, ne lui laissait aucun motif de craindre qu'on l'accusât d'ignorer * tout ce qu'il avait omis. Cependant le cours du ,NU vers ses sources, et celui du Niger dans le Soudan^ étaient des sujets trop importants et d'une trop grande, célébrité géographiqtM pour être entièrement passés sous silence. D'An- ville lut un mémoire à l'Académie des inscriptions et belles* lettres, pour présente]^ ses. idées sur
!2aa RECHERCHES SUR LAFRIQUli:.
les grands fleuves de rintérieur de l'Afrique (i). Dans ce mémoire , il expose d'une manière trop affirmative des conjectures qui ne ^ont nulle- ment démontrées ; mais, sur sa carte, il fut moins hardi, et il grava dans l'intérieur, presque entière- ment vide de noms et de positions , cette légende modeste :.
« La Nigritie , depuis la partie supérieure du » Senega jusqu'à la frontière de la Nubie ^ étant » peu connue, on croit néanmoins entrevoir les » circonstances principales du local de ce grand » pays, en joignant à l'étude du géographe » arabe £1-Édrisi, qui écrivait dans le douzième » siècle, et de Léon d'Afrique, les notions qu'il » convient encore de prendre dans Ptolémée, » sur quoi même quelques connaissances ré- » centes prêtent aussi quelques secours. U y a » des raisons de présumer que le Niger^ qui )> donne le nom à cettie contrée, coule d'occi'* » dent len orient, au contraire de l'opinion com- » mune sur ce sujet. »
Nous avons vu que cette opinion sur la di^- rection orientale du cours du Niger n'était pas nouvelle, non plus que l'e^mploi des notions des 9M:iens, de celles des Arabe^^^çomhinées avec les
(i) Mémoires dç V Académie des inscriptions et beUes-
BEUXlàMS PARTIE. aâ3
récits des Africains modernes, pour suppléer au vide de nos connaissances sur l'Afrique. j!(ousyer* rons bientôt ce qu'en bonne critique nous devons penser de l'utilité de ce mélange. Mais ce qui était vraim^it remarquable, dans la carte de d'Anville, c'était l'emploi plus sobre et mieux entendu des notions incertaines ou incom«- plètes ; c'était l'abondance des détails des con^ trées connues, dessinées avec une admirable clarté ; c'était le soin judicieux de ne pas les étendre au-^elà de leur grandeur réelle, et d'in- dicpier l'endroit précis où s'arrêtaient les coa<^ naisseunces positives.
Selon d'Anville, le' Bàhr^el^Abiady ou la Rmcre-Blanchej qui sortait de deux lacs placée au pied des montagnes de la Lune , vers le sixième degré de latitude nord, était le vrai Nil (i). Ce fleuve, recevant ensuite de l'est les rivières XAbyssinie^ formait le Nil. Le Bahr-^U Ahiad ou le Nil recevait de l'ouest une ri* vière du Soudan; c'est le Bahr-el^Gazel y qui arrosait Bornou^ Kanem et Kaugka, et qui, dans ce dernier royaume , se jette dans un lac de même nom, pour en resscH'tir ensuite et se
(i) Voyez la Dissertation db d'AnTtlle sur les sources du Nil , dans le Recueil des Mémoires de rjcadémie des in^^ tcripiiom et beUes-^leiires ^ t. XXVI» p. 4^*
!124 RfCHCRCHEl^ SUA l'^FRIQUE.
jeter dans le Bahr-el-Abiad ; mais le Bahr^el^ Gazel s'écoule dans le lac Kaûgha par un autre bras vers le sud , qui , selon d'Aaville , est le Njil des Nègres d'Édrisi et le Gir de Ptolémée. Le brais qui se rend dans le Bahr-eUAbind^ est nommé, au sortir du lac Kaûgha ou Gaoga, Bahr-eUAzreky ou Rwière-Bleue. Au nord-est du Bahr -el' Gazel ^ d'Anville a tracé une autre rivière peu considérable , qui arrose le royaume de Koukou d'Édrisi , et qui se rend dans un lac que d'Anville prétend être le marais Cheh- mdes ou des Tortues de Ptolémée. Au sud -est du Fezzariy d'Anville a encore tracé une rivière ou torrent, qui coule au midi, se partage en deux autres rivières, et se perd au pied des montagnes qui traversent le Kawar. Ces mon- tagnes, nommées Tantaneh^ sont regardées par d'Anville comme le Girgiris mons de Ptolémée; d'Anville place sur le bras oriental »de cette rivière le Gherma d'Édrisi , qui est pour lui l'an- cienne capitale des Garamantes de Ptolémée. Quant au courant principal, d'Anville le nomme ITadi Quaham; et il prétend que Ptolémée l'a confondu avec le Cinyphis de la Tripolitane. Comme Delisle , mais, avec bien plus de pré- cision encore dans lés détails, d'Anville a tracé séparément les cours du Sénégal^ de la Gambie et du Rio 'Grandet qu'où avait confondus et
DEUXIÈME PARTIE. . !ia5
réunis pendant plus de deux siècles. Le Niger, ainsi que chez Delisle, coule rers Test, entiè- rement isole dans, l'intérieur du Soudan, et n'ayant aucune communication avec les fleuves de la Sénégambie à l'ouest, ni avec le Nil à l'est. Comme dans Delisle, ce fleuve sort d'un lac voisin du lac Mctberia, qtii est une des sources du Sénégal. Ce la(A)u marais, d'où sort le Niger, est, selon d'AnvillIe, le Nigrites Palus de Ptolé- mée. Le cours du Niger se dirige d'abord au nord jusqu'à Timbouctou: il tourne ensuite à l'est; et, en décrivant d'assez grandes courbes, il va se perdre dans deux,, lacs , ou mers douces ^ qui sont au sud du Bomou , au lieu de se terminer dans le Bomou même, comme sur la carte de Delisle. Ce fleuve porte le nom de Guin on à'Iça (i), (Issa). Mais il reçoit du sud une rivière qui sort de l'autre côté de la chaîne de montagnes au pied desquelles se trouvent les sources les plus éloignées du Senega ; ces mon- tagnes sont, suivant d'Anville, les monts Capkas de Ptolémée : le fleuve qui en découle vers l'est , et qui joint le Niger ou Guin vers la moitié de son cours, est nommé rivière de Lamlem, pays
(i) M. Ritchie a aussi entendu dire, à Tripoli, que le' "Niger ou le grand fleuve du Soudan se nommait Jssa, Vovez Quarterfy-RcPttw i t. XXill, p. 281 ; et ci-après.
i5
2^6 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
peuplé de Juifs, selon Édrisi, qui avoue que ses connaissances ne s'étendent pas au-delà. Mes lecteurs se rappelleront, à ce.sujet, qu'un grand nombre de témoignages attestent l'existence d'un peuple blanc dans l'intérieur de l'Afrique (i). A l'est de la jonction de k rivière de Lamlem avec le Niger^ ce fleifve reçoit du nord l'eau d^un grand lac, ou mer douce, daift lequel coule une rivière qui arrose le pays de Faran^ dont Z«/ï- fara est la capitale; ce lac, ou cette mer douce, est dans le pays de Ghana ou Cano , au sud duquel (et par conséquent aussi au sud du Niger ) sont les contrées (jj^ Cassena et de Zegzeg. Dans le pays de Ganah , où d'Anville place un lac qui se décharge dans \e Niger, de chaque côté de l'embouchure de ce lac est une ville de Ganah, Plus à l'est, le Niger se divise en deux branches qui se réunissent, entourant ainsi, comme une île, un vaste pays , qui est le fFangara, C'est au sud de ce pays que, selon l'indication de tous les Africains, d'Anville, de même que plusieurs des géographes qui l'avaient précédé, place un pays riche en or, qui est le vrai Belad-el-Tibr de& auteurs arabes et de Marmol. Sur le bras maridional du Niger, qui forme le fTangara, est la capitale de ces con- trées, qu'on nomme Ghanara, ville fortifiée. Au
(i) Voyez çi-dessus, p. 129.
DEUXIÈME PA.RTIE. 2^7
sud-est de fFangara^ le Niger se divise encore en deux bras, dont l'un coule au sud dans la mer douce appelée Reghebil, et l'autre à l'est, se perd dans la mer douce nommée Semegonda. En nous reportant à l'ouest et aux sources du Niger y nous voyons que ce fleuve traverse du sud au. nord le pays de Guinbala; c'est toujours le pays de Djennie et de Guineva ou de Guir^é de Léon l'Africain et de ta^t d'autres. Ensuite, à l'ouest du Niger ^ est le Bambara , puis 2b/w- bouctou ou Tombuty au nord du Niger,. Voxxr remplir les indications données par Léon l'Afri- cain , d'Anville a^ placé Timboiiciou à quinze milles géographiques de distance duiV/^eretde Kabra, son port; et il a fait traverser cette ville par une petite rivière, ou plutôt un ruisseau, qui coule à l'ouest, et se perd dans le Niger ^ à vingt-cinq milles de son enceinte et de Kabra. A l'est de l'état de Tombut ou de Tombouctou^ et des deux côtés du Niger, est un autre état limitrophe nommé Meczara, où est la ville de Tocrour, ca- pitale d'un puissant royaume du temps d'Édrisi ; puis, assez loin vers le sud-est et vers la jonction du Niger et du Lamlem^ est Guber, Au sud de Meczara et vers les sources dnLamlem, à l'ouest de Guber et à l'est de Guinbala, est Gogo. Il existe un désert entre Tombut et Gogo, et entre Gago et Guber. Vers les sources de la rivière
i5.
!3LlS RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
Lamlemy sont divers petits états, tels que Cor- mai^kiy Gingiro , Bourgou ; et ensuite , à l'orient de ceux-ci, sont Bousa et Yaouri (j), puis Lamlem et enfin Gabij non loin de la jonction de la rivière Lamlem avec le Niger, Tel est le résumé des détails que présente la carte d'Afrique de d'Anville, relativement au Soudan.
Mais il est important de rOTciarquer que d'An- ville changea aussi toutes les latitudes convenues de son teinps r TimboucîoUy qui, sur presque toutes les cartes antérieures, se trouvait toujours placé entre quatorze et seize degrés de latitude nord, fut remonté à dix-neuf ^degrés et demi de latitude ; sa longitude fiit déterminée à dix-sept degrés à l'orient de l'île de Fer , c'est-à-dire trois degrés plus à l'ouest que dans Delisle, qui avait mis Timbouctou sous le méridien de Paris.
D'An ville perfectionna sa carte d'Afrique, à mesure qu'il recevait des matériaux plus exacts ou des notions plus sures et plus précises , et il y fit des changements notables en 175 1 , en 1770 et en 1777 (a); mais il ne toucha point à l'in- térieur; ce qui prouve que, durant tout le cours
(i) Sur l'accord de ces notions avec les renseignements obtenus par les voyageurs naDdernes, voyez ci-dessus ^ p. 104.
(a) Voyez Barbie du Bocage, Noti<^ des ouvrages de M. d'Anville, in-8% i8oa, p. 89. -
DEUXIÈME PARTIE. a^Q
de sa longue et glorieuse carrière géographique, il ne reçut à cet égard aucun nouveau rensei- gnement. Sa carte fut la seule que Ton reprodui- sit jusqu'à ce que le major Rennell se fïH chargé de mettre en œuvre les renseignements obtenus par l'association formée à Londres pour les dé- couvertes en Afrique, et eût publié une suite de cartes qui marquèrent la dernière époque de la géographie an Soudan^ ou de l'intérieur de l'Afrique septentrionale.
La première carte de Rennell parut en 1790 (i)» Déjà elle rectifie plusieurs positions dans le Fezzan ; et elle trace trois itinéraires sur lesquels on avait obtenu des renseigne- ments: d'abord celui du chérif Inhammed, con- duisant à Ganah et à Gonjah (a); ce dernier lieu parait être le Gonjé de Delisle, le Conche de d'Anville, le Kong de M. Bowdich, placé par tous loin au sud de Timbouctou. De Gonjah^ le chérif Inhammed se dirigea au sud-ouest jus- qu'à Gondufi^ ^^ffi ^^ Kalanschi^ et il sut qu'en
(ï) Cette carte est intitulée : Sketch oftke Northern part of Africa exhibiting the geographical information collected hy the Afiican ' Society y compiled by J. Rennell, 1790. Cette même carte ne se troi^ve pas dans la dernière édition Uti Proceedings y etc.
(a) Bruce {Trauels^ t. VU, p. 106, édit. i8i3, in-8^) dit que le Dar-Fom se nomme aussi Konjara.
23o RECHERCHES SUR l'afUIQUE.
suivant toujours la même direction, on arrivait dans le TonoUivah et à Assentaî^ qui n'est qu'à deux degrés et demi, ou i5o milles géographi- ques, (K la Côte-d'or^ et de rétablissement euro- péen de Saint-George de las Minas, M. Rennell a supprimé ces détails et ces dernières positions dans les cartes d'Afrique qu'il a publiées depuis, et il nous semble que c'est à tort ; car un grand nombre d'autres, qu'il a admise^, reposent sur des documents encore plus incertains. Le JNiger^ sur cette carte de Rennell, est, comme sur celle de d'Anville,un fleuve qui coule de l'ouest à l'est, sans aucune communication avec d'autres fleuves ou rivières. Le fFadi-el-Gazel^ qui aiTOse le Bor- noUf communique avec le ISiL Au reste , les cours de ces deux fleuves , le Niger et le fFadi^eU Gazel, sont indiqués en partie par une ligne de points; réserve utile, et que l'âuleur n'aurait pas dû négliger depuis. Au nord du Niger^ Rennell place deux grands royaumes : celui de Tint- bouctou à l'ouest, celui de Cachenah à l'est; tous les autres états de moindre importance n'y sont indiqués que comme des subdivisions. Youriy près et au sud de Cachenah^ et sur la route du chérif Inhammed , est le Yaouri de Delisle et de d'An ville, le Yaourra de M. Bow- dich , qui , tous aussi , le placent au sud de Cachenah : mais il n'est pas biea certain que ce
• DËUXlilME PARTIE. a3l
soit le Yaour de la seconde relation du Voyage de Mungo-Park , qui semble indiquer ce lieu un peu à l'est de Timbouctou^ et très -loin vers l'ouest de Cachenah: Kaffiiba^se trouve placé sur la route d'Inbammed, de Cachenah à Congé ou Kong y non loin de ce dernier lieu, et au sud du Niger. Kaffaba parait être le Kaybi et le Fo^/deM. Bowdich. Sur une route d'Inhammed, qui est plus au sud, entre Cachenah et Congé ^ on remarque successivement , au midi du Niger ^ trois royaumes avec leurs capitales qui portent les mêmes noms, savoir \ DomboUy Nyhi^ Ko^ tokiliy Komba et Degomba. Dombou paraît être leToambeah de M. Bowdich, et D/yÂi se trouve dans l'itinéraire d'un Nègre musulman à la Mecque y que le voyageur anglais a publié à la fin de son ouvrage.
Remarquons encore que, dans cette carte, Rennell a placé Kombah très-près de Degômba^ à Test. Alors ce Kombah de Rennell ne serait pas le Koumbah de M. Bowdich, ainsi que ce voyageur le croit (i). Le Kombah de cette carte de Rennell serait le Gambàhide M. Bowdich, placé aussi à l'est, et à peu dç distance de Dag(vumbay le Degomba de Rennell. Ces deux états sont au sud-est ou à l'est de Kong ou de
(i) Mission to Àshantee^ p. aoS.^
îi32 RECHERCHES SUR l'aFRIQCE.
Gonjah^ dans l'un et Tautre auteur, tandis que le Koumbah de M. Bowdicb est .Assez loin au nord-est de Kong, Au i^este, ceci indique peut- être une erreur ou un double emploi, relative- ment à Koumbah et à Gambah; ce qui me con- firmerait dans cette opinion, c'est que Rennell, dans le^ cartes qu'il a publiées depuis, a réuni sur une même route les positions entre Cachenah et Kong^ placées dans celle-ci sur deux routes distinctes , et qu'il a éloigné davantage vers Test Komba de Degomba^ en plaçant entre deux Kaffaba (i).
Sur la route de Mourzouk à TimbouctoUy qu'a parcourue Ben-Ali, sont Wergela, Tugguri et Jfnou. \^eh Zanhaga à l'ouest, les Tabou dans le centre, et les habitants de Bournou à l'est, occupent tout le Sahara ou le Grand-Désert. La ville de TimbouctoUj dî^s cette carte, reste à peu près où d'Anville l'avait placée, et ne s'en trouve éloignée que de vingt milles géo-. graphiques au nord-ouest.
(i) Le Bagharmé^ qui n'était pas sur la carte de d* An- ville , se trouve avec sa capitale sur celle de Rennell ; mais il n'y a, ni le Dar-Four^ ni Saley^ dont Bruce a le premier fait connaître les noms , et indiqué les positions. Voyez Bruce's Travels , édit. i8i3, in-S*, t. IV, p. laS, et t. VII, p. loi , io6 et 112.
J)El}XIÈME PARTIE. ^53
Mais *il n'en a pas été de même dans une nouvelle carte de TAfrique septentrionale , que le major Rennell a publiée en 1798, et qu'il a corrigée en 180*2(1). Sur cette carte, les décou- vertes de Mungo-Park , de Browne et de Horne- mann sont arrangées et combinées avec tous les renseignements qu'on avait précédemment ob- tenus; et l'auteur, mettant de côté les con- jectures de d'Anville , trace , d'après les siennes propres, le cours du Niger et des rivières, ainsi que les lacs du Soudan : il change aussi con- sidérablement la latitude de Timbouctou^ qu'il met à seize degrés trente minutes au nord de Téquateur, et à un degré trente-trois minutes à Porient de l'Observatoire de Greenwich , ou à quarante - sept minutes à l'occident de Paris. Ainsi Timbouctou et la partie du Niger qui l'arrose , et les contrées qui l'avoisinent , ont été replacés sous le même climat ou la même région , en latitude , qu'ils avaient dans Delisle , Sanuto, Ortélius, Mercator, Forlani, Ramusio, les éditeurs de Ptolémée, pu dans tous les géographes antérieurs à d'Anville. Rennell traça le cours du Niger ^ ou du grand fleuve du
(0 Cette carte est intitulée : A Map showing the Progress ' of Dîscos^ery and improvement in the. geography of North- A/rica, compiied by /. Rennell, 1798, corrected in i8oa.
a34 RECHERCHES SUR l'aFHIQUE.
Soudan y de l'ouest à l'est, et presque en ligne droite, sans lui faire décrire une double courbe, comme l'avait dessiné d'Anville. Il le fit perdre dans l'immense marais de Ouangara^ qui de- vient , suivant lui , une sorte de mer intérieure dans la saison des pluies, et une contrée maré- cageuse pendant la saison sèche. Il fait com- muniquer ce lac, durant la saison pluvieuse, avec le lac Filtré^ dans lequel se rend, du nord, comme chez d'Anville, le Bahr^el-^Gazel , et, du sud, le Misseladf qui n'ont aucune commu- nication avec le NiL Le Misselad incline vers l'ouest ; c'est aussi vers l'ouest que RenneU feit couler le Bahf-Kulla et les autres rivières qui arrosent le Dar-Kulla ou le pays de Kulla. Pour cette partie de sa carte, le major RenneU a suivi M. Browne ; mais if est à remarquer que ce voyageur ne s'explique pas d'une manière positive sur la direction du Bahr-Kulla : il dit seulement que, sur la route de Wara^ ville du Bergou^ à Dar-^KuUuy on trouve- un grand nombre de rivières et de lacs. « 3i le cours de ce ces rivières, ajoute-t-il, a été donné exacte- ce ment, elles coulent de l'est à Touest (i). » En admettant , comme l'indique M. RenneU sur sa carte, que le Bahr-Kidla se dirige à l'ouest, ce
'. — — — — — — — — > — -, ,^>fc. ■ . ■ , -
(i) BrowBte's Trauels inJ/rïca, édit.^de 179^) p. 449»
DEUXIÈME PARTIE. !l55
fleuve ne saurait être le même que le Quotla de M. Bowdich (i), s'il est vrai que le Quolla coule vers Test. Cependant Muugo-Park écri- vait à lord Cambden que le Bahr- Kullà de M. Browne était généralement considéré comme le Niger f ou du moins communiquait avec ce fleuve ; mais alors , si le Bahr-Kulla de Bi^owne est le NigeVy il ne doit pas couler vers l'ouest , ou 'ce n'est pas le Niger ïj^e, Mungo-Park a vu à Sego et à SUla , puisque ce fleuve coulait vers Test. Arrowsmith, et ^lelques géographes français, à son exemple, "concilient assez bien ces apparentes contradictions, en faisant couler le Bahr-Kulla de Test au nord-ouest, comme Rennell, mais en le versant dans le lac Ouangara, qui reçoit aussi le Niger ^ lequel coule de l'ouest à r^st ; de sorte que le lac Ouangara est alors considéré comme une immense concavité , où viennent aboutir les rivières qui coulent dans différentes directions. C'est ainsi que, sur ces mêmes cartes , le lac Filtré reçoit également le fTadi^el^Gazel et le Misselad^ qui s'y rendent de deux directions opposées. Au reste, on doit remarquer que Browne , qui est la seule au- torité pour le lac Fittré , semble en faire men- tion comme d'une rivière , et non comme d'un
/• . •
(i) Bowdich's Mission to Ashaniee^ p. 191.
iè36 BECHEMCHES SUR LAFRIQUE.
lac (ï). Les sources du Nil sont,. dans la carte de Rennell , tracées d'après celle de Browne , et ce fleuve n'a aucune communication, ni directe ni indirecte, avec le Niger ni avec aucun des fleuves du Soudan et du Bomou. Ces sources sont placées dans le pays de Donga, où sont les Gebel' al^ Koumri ^ ou les Montagnes de la Lune, vers huit degrés de latitude nord et vingt-trois degrés quarante 'minutes de longi- tude à Torient de Paris.
Timbouctou et Cachenah ne sont plus, sur cette carte de Rennell , les principaux états du Soudan ; ils sont remplacés par Bambarra et Haoussa. Ces deux grandes régions s'étendent des deux côtés du Niger ou Joliba , et ont au sud Kong, GagOj Melli ou Lamlem {t). Les autres régions semblent en quelque sorte des
(i) Browne's Traveh , p. /|64-465. Toutefois le mot Bahr, qui accompagne le nom de Filtre y a un sens ambigu ici comme ailleurs , et peut signifier un lac.
(!i) Rennell a-t-il bien raison de considérer Melli comvae syoonyme de Lamlem ? C'est ce qui est fort douteux. Selon Lcon l'Africain, MelU est sur un bras du Niger; il a Gogo au levant , le désert et des montagnes arides au sud ; au couchant,des bois qui vont jusqu'à l'Océan (Ramusio,p. 78). Melli est peut-être la ville de Malel d'Édrîsi (Hartmann's £drisi,p. 39); et Lamlem, le Jemjem d'Abd-Arrachman- Aga. Voyez ci-dessus, p. 61 , 71 et 7a.
PEUXIÈME PARTIE. ^^J
subdivisioilâ de celles-là. Du côté du BambarrUy au nord du Niger, sont Birou^ Masina^ Tom-- bouctou; au midi du fleuve sont Kong et Gago^ qui ont âu nord Manliana et Kaffaha, au nord^ est Baedou. Du côté du Haoussa y au nord du Niger j est le petit royaume nommé Cabi^ qui ren- ferme les villes de Houssa , de Sala^ de Toçrur: puis vient Nyffi, qui parait être le Noufy de Delisle , placé par ce géographe au sud du Niger ou du GambaroUj et que M. Bowdich met aussi au sud àvaGambaroUy mais au nord du Quolla on Niger; de sorte que cetiM^ position, dans la carte de M. Bowdich y n est contraire ni au système de Delisle ni à celui de Rennell, quoique le& cartes de ces deux géographes semblent se con^ trediresous ce rapport. A l'est du Nxfjfi sont Noro, Solarij Caehenahj et Gana ou Kano , auprès du- quel est un lac. Comme dans la carte de d'Anville, Ganah s*étend sur les deux côtés du Niger, et a au sud Mekzara^eX ensuite Melli ou Lamlem: ce dernier pays est arrosé par une rivière peu considérable, qui coule au nord-est dans \t Niger ^ et sur les béfds de laquelle se trouve Malei, k capitale. Au nord de Cackénah est Jlgadez. Le Zanfara ou le Faran, qui figurait dans les cartes de Qelisle, de d'Anville, d'Ortélius et de tous les autres géographes, ne paraît pas sur cette carte de Rennell; mais on retrouve la m^e con-
a38 RECHERCHES SÎjR l'aFRIQUE.
trée inscrite, sur la carte de M* Bowdich, au sud du Cachenah et du Gambarou^ près de Jaourray et au nord du Quolla ou Niger (i). A l'est de Cachenah est Daoura^ le Daouara de M. Lucas, qui est le Daura (Daoura) de M. Bowdich. A l'est de Daoura est* la vaste région de Bomou^ qui a au sud le Baghermé^ dont la capitale porte aussi le nom de Mesna\ puis le BirgQUy le Dar-Four et le Kordofan, Les tribus Touaricks se partagent jusqu'au Fez- zan et^gadez la partie occidentale dn Sahara on Grand-Désert ; et les Tihous, la partie orientale. Rennell a développé, dans deux analyses ou deux dissertations, les motifs qui l'ont guidé pour le tracé de sa carte, avec toute l'habileté qu'on avait droit d'attendre d'un géographe si justement célèbre. Nous y voyons que les par- ties de cette carie qui comprennent les portions de la Sénégamhie^ <îu Fezzan^ et du Dar-Four, du désert de Barca et de Nubie j parcourues par Mungo-Park, Hornemann et Browne , sont les seules qui reposent sur des notions positives; mais que toutes les autres n'ont été dessinées que-^d'après des combinaisons plus ou moins incertaines, puisque, de même que dans la dissertation qu'a publiée d'Anville à ce sujet, ~—^— - I
(ï) Mission to As/iantem^^p, au.
DEUXIEME PARtIe. 23g
elles reposent sur des rapports plus ou, moins vagues , sur des conjectures et des suppositions plus ou, moins probables.
Le travail de Delisle avait fait disparaître celui de Sanson,de Mercator et de tant d'autres; le travail de d'Anville avait remplacé celui de De- lisle. De même les géographes qui ont publié des cartes d'Afrique, pour ce qui concerne l'in- térieur de cette partie du monde , ont copié Rennell.
Arrowsmith publia le premier, en novembre 1802, une carte d'Afrique, en quatre feuilles , inférieure sous beaucoup de rapports à celle de d'Anville , mais qui offrait , pour la première fois , les découvertes de Bruce , de Browne , àe Mungo-Park et de Hornemann réunies sur une même carte. Les contrées intérieures et le Niger s'y trouvent dessinés d'après les combi- naisons et les conjectures de Rennell, avec les légers changements que nous avons indiqués.
Il en est de même de la carte d'Afrique qu'a* publiée , en octobre 1809, M. Purdy, aussi en quatre feuilles. Il y a plus d'érudition et de critique dans cette carte que dans celle d'Ar- rowsmith ; mais elle est copiée , pour les Con- trées de l'intérieur, sur la carte de Rennell. Seulement M. Purdy, d'après les indications et Touvrage de M. Jackson , qui venait de
s4o RECHERCHES 9UR LA'FRIQUE.
paraître, a dessiné, entre Timboueêo^ et Ga- nah ^ un vaste lac , ou mer intérieure , qu'il nomme mer du Soudan. Delisle, d'AnvilIe et Arrowsmith n'ont point admis cette mer in- térieure sur leurs cartes. livio Sanuto ne Ta point connue; mais, sur les cartes de Foriani, d'Ortélius, de Mercator et de Meursius, on trouve de même un grand lac, ou mer in- térieure, entre Timboudou et Cachemzh. Xi est nommé lac Guber sur la carte d'Qrtélius, et lac Guarde sur la carte de M^ursius ; mais ce lac est placé au sxxA x^ Agadez ^ qui est au nord-ouest de Cimo. Ce dernier pays, d(mt il est fait mention dans Léon L'Africain et dam Marmol , paraît évidemment être le Ganak d'Édrisi et des modernes ( i ) ; et sur nos cartes actuelles, comme dans celles des géo- graphes du seizième siècle, ce pays se trouve au sud -est ôijégadezy msas non aussi reculé vers l'ouest ; de sorte que la position relative •du grand, lac intérieur est la même sur les
{i)Y^nniamn'sÉtînsi^ p. 43, 46 et 47. Ainsi Tont pensé Suiuto, Orlélias, Mercator et Mearnss, qui.ae font. pas mentioa aur leurs ^cartes de Ganah^ mais seulement de Cano. En gén^ral^ c'est Léon l'Africain , platôt qu'Ëdrisi qulls connaissaient peu , qui a été leur guide. Tous ont placé Cachenah à l'est de Cano ou Ganah : c'est le con- traire sur nos cartes actuelles. *
• DEUXIÈME PARTIE. ilfl
cai^es modernes et sur les cartes anciennes; celle ^Jgadez est la seu^e qui ait varié.
En général, la carte ^Afrique d'Arrowsmith, et sur -tout celle de M. Purdy, ont servi de base aux cartes que M. Lapie et M. Brué ont publiées depuis i8i4 jusqu'à 1820. Cependant ces deux géographes, d'après l'idée d'Aly-bey adoptée, je crois, sur quelques cartes alle- mandes, indépendamment du grand lac du Soudan de M. Purdy, ont converti une partie du marais du Ouangara de Rennell en une vaste mer intérieure, qu'ils nomment Merdjuy ou mer de Nigritie; et ils placent dans cette mer une grande île, qu'ils considèrent comme nie ^Ulil des Arabes. Le premier auteur de cette idée ^ certainement eu dessein de con- cilier nos cartes modernes avec le système des Arabes, tel qu'il est indiqué dans la carte com- parative de la Géographie de M. Pinkerton(i). Seulement M, Lapie et M. Brué, dans les cartes que nous avons citées, fonj; couler le Bahr-KoiiUa vers l'est ; et , pour satisfaire aux indications données par tous les Africains que l'on a con-
(i) Conférez : Carte encyprotype de V Afrique^ 4 feuilles, 1814 , par Bmé;L'J/rique, en une feuille , 18 17, par Lapie; et ïa carte qui se trouve dansPinkerton's Modern-Geography^ troisième édition , tome II , p. 769, qui offre les systèmes de Ptoléméc et des Arabes comparés.
16
44a RECHERCHES SUR l'aFRIq'uE.
suites, ils prolongent par des points le cours du {ieu\eKoulla^ et le joignent aux sources du JVilj ou Bahr^el-zibiad^ montrant ainsi que ce fleuve Koulla est le même que le Niger ^ qui sort de la mer de Négritie ^ et le même que le Nil^ qui se tourne au nord pour se verser dans la Méditerranée. M. Brué cependant a changé d'idée à cet égard; et dans une carte d'Afrique, pu- bliée en 1820, en une feuille, il revient aux cartes de Purdy, 4'Arrowsmith et de Rennell, et il sépare entièrement le cours du Nil d'Egypte des fleuves du Soudan; il fait couler le Bah^- Koulla vers Fouest , et le verse dans la grande mer intérieure du Ouangara , à laquelle il donne le nom de lac de Ouangara y qu'il a prolongé assez vers l'ouest pour le réunir à celui de Ganah : celui-ci en était distingué par les géo- graphes précédents, qui lui donnaient, selon M. Purdy, le nom particulier de Sigisma. N'oublions pas de remarquer que , dans la partie orientale , ou dans le BornoUy la carte . de M. Lapie, de 181 7, en partie reproduite dans celle de M. Brué en 1820, n'est nullement copiée des cartes anglaises, mais parait com- binée d'après les. renseignements recueillis, par Seetzen et autres. Deux lacs, qui sont dans le Kaouar, au nord, donnent naissance à deux rivières, VHalemm^ à l'ouç^t, et la Lemzoumr
«
^ DEUXIEME PARTIE. 243
kcullagisse (i), à l'est. Ces deux rivières coulent au sud, se réunissent ,. puis se divisent ensuite : la branche occidentale, qu'on nomme Zamfaray traverse le Ouangara^ et se rend dans le Merdja ou la mer de Nigritie; la branche orientale se verse dans le lac Fittréj en ressort sous le nom de Belad - e/ - Tibr pour se diriger à l'ouest , et, après avoir reçu du sud plusieurs petites rivières, se verse aussi dans le Merdja ou la grande Mer de Nigritie. Les noms de Zamfara et de Belad^el-Tihr peuvent être les noms des pays que traversent ces rivières ; mais il est bien douteux que ce soient ceux des rivières mêmes. Belad-eUTibr est ici placé au sud du Ouangara^ comme dans les cartes précédentes; mais Zamphara ( Zanfara ) , qu'on retrouve aussi dans la même position, comme nom de pays , sur la carte de M. Brué , n'est pas le Zanfara des auteurs arabes et des premiers géographes. Du moins la carte de M. Lapie aditiet un second Zanfara dans le Daoura , au nord de. Ganah,
(i) Seetzen,daDS les Annales des F'oyages,X, XIX, p. i65. Ce nom Lemzoumkoullagisse ^ d*une longueur démesurée , un peu défiguré sur la carte de M. Lapie , doit être la réunion de^ plusieurs 9Utres noms : on remarque Kaulla dans sa composition , qui parait être le même mot que le Kulla de Browne , le Quoila de M. Bowdich.
. l6.
244 KJECHERCHBS StJR L*AFRIQTJE.
Les routes tracées d'après les itinéraires don- nés par Brownc , sur les cartes d' Arrowsmith et de Renneli, ont disparu de celle de M. Lapie, parce quelles renseignements précis de Browne, qui offrent entre eux un arrangement suivi, ne pouvaient plus s'adapter aux notions plus abondantes, mais plus vagues, qu'on voulait présenter.
Dans la carte qui accompagne l'édition don- . née par M. Murray, en 1817, de l'oiï^xage de Leyden, intitulé Histoire des Découvertes en Afrique (i), on a aussi dessiné la mer du Soudan à l'est de Timbouctou; mais il n'y a point de Merdjç,^ ou de mer de Nigritie, L'auteur a rétabli le grand marais de Ouangara; mais le Niger y au lieu de s'y perdre, le tra- verse , se jette dans le petit lac Heim'ad^ à l'est de Ouangara , d'où , selon l'hypothèse de Hor- nemann et de Jackson, il sort sous le nom de rivière Salamat^ qui coule vers l'est; et ensuite, sous le nom de Bahr-el-Ada) iï se jette dans le Bahr-el-Abiady ou Rivière-Blanche j qui est le Nil d'Egypte, Ainsi, dans cette hypo- thèse, îa rivière qui prend sa source dans le Gebel Kumri^on le Bahr-el-Abiady ney serait pas le Nilf mais un des affluents de ce fleuve. Le
(i") Jfrica including tke latest discaveries^ 181 7, t sh.
DEUXIÈME PARTIE. ^45
lac Heimad communique par une rivière avec le lac Cauga d'Édrisi, qui est peut-être le même que le lac Fittréy dans le Baghermé ; et ce lac Fittré reçoit, comme dans les cartes de Rennell et d'Arrowsmith, la rivière du Boumouy formée de deux rivières, le Ouadi-el^Gazel à Fouest, et le Ku^u à Test, qui prennent leur source au nord: le Misseiady qui vient du midi^ est aussi dessiné comme dans Rennell. On a in- diqué sur cette carte, par une ligne de points, rhypothèse de M. Reichard, qui, à Fouest du laç Ouangara^ fait retourner le Niger au sud- ouest, pour le verser dans le golfe du Bénin ^ où il forme un vaste Delta. On a désigné de la même manière le système qu'on attribue à M. Maxwell et à Mungo-Park, ^t considérer le Dar^KouUa de Browne comme la branche principale du Niger y qui -se détourne vers le sud, et forme la rivière de Zaïre ou de Congo; ce ^ui s'accorde en partie , ainsi que nous Fa-- V0ns déjà reçiarqué, avec les renseignements qui ont été donnés à M. Bowdich , lesquels nous montrent le Quolla oaNig^r. en communication avec la rivière^ du cap Lopez et le grand fleuve de Congo, par le moyen de la rivière Ogouaouai. M. Lapie , dans sa Mappemonde en une feuille , publiée en 1817, a aussi admis la possibilité' de Fhypothèse de M. Reiehard ; mais M. Brué Fa
a46 RECHEHCHES StJR l'aFKIQUE.
rejetée, et ne l'a indiquée sur aucune de ses cartes.
Dans toutes ces différentes cartes, Timbouc^ tou conjserve la latitude et la longitude que lui avait assignées le major Rennell. Un géographe américain de la ville de New -York, nommé Eddy, qui a dressé une carte de la partie occi- dentale de l'Afrique (i), est le seul qui, dans ces derniers temps , ait changé la position que Rennell a donnée à Timbouctou; il l'a descendu un de^é plus bas, et l'a placé vers quinze de- grés trente minutes de latitude nord ; il Fa ainsi rapproché du parallèle sous leqèel Delisle l'avait mis. M. Eddy n'a point donné fes motifs de ce changement ; mais le récit de Sidi-Hamet dans Riley npus explique suffisamment pour- quoi, après avoir conduit le Niger dans le pays de Ouangara , où ce fleuve reçoit plusieurs ri- vières qui viennent de l'est, il détourne son cours au sud pour le jeindre à celui du Congo.
Les renseignements que le capitaine Dundfc et le lieutenant -colonel Fitz-Glarence ont ré- cemment obtenus, {]^da0t leur séjour à Malte, de Hadji-Taloub-Ken*»-Djalow., giCftiverneur des
(i) ^ Mi^p ofparîofAfrica drawn front the latest autho- riHes tù illustrate the narratives of captain Jfames Riley ^ by John H, Eddy; New-York, 1846.
i>EUXi:àMB PàBTiE. a47
princes de Maroc, ne peuvent donner lieu à aucun changement dans nos cartes, et n'ajou- tent rien aux notions déjà acquises sur l'inté- rieur de l'Afrique ; mais ils les confirment en bien des poinis. Hadji-Taloub-Ben-Djalow avait été plusieurs fois à Timbouctou, (i); selon lui cette ville est située à deux journées de marche du Niger ^ qui coule vers l'est dans un grand lac d'eau douce, nommé Bahar^ Soudan. C'est de ce lac que le Nil d'Egypte prend sa source. Le Nigir est toujours appelé le Nil; cependant un nommé Hadji-Benala , qui se trouvait aussi à la smte des princes de Maraq^ donnait au Nigir le nom de Dan (a) , et assurait aussi qu'il coulait à Fest. Il y a des crocodiles dans le Niger, Hadji- Taloub asMire aussi que l'on trouve dans les environs de Timbouctoù des cocotiers en abon* dance. Les lecteurs atteiîtifs remarqueront que c'est la Seconde fois que le récit d'Adams, sous ce dernier rapport , se trouve coigifirmé ( 3 )• Lfes forets ^des environs sont pleîfnes de lions et d^éléphauts. Les denrées qui se vendent' le mieux à Timhouctou sent le se), le tabac,
■ ^— *4 — *-= *^ ^ ■ — -
(i)Fitz-Clarence*s Journal of a route àcross India^through Egypte in 1S19, în-4% p. 49^
(2) Le nom ^de Soudan n'aurait-il pas une ëtyntologîe commune avec celui 'de Dan ? ,
(3) Voyez ci- dessus, p. 157.
24H RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
les draps d'écarlate^ les cotons imprimés, les pistolets et les fusils. Les natifs donnent, en échange, de l'ivoire, et sur-tout de roF,qoi vient du sud-ouest. Les caravanes qui partant de Fez mettent trois mois et dix jours à se rendre à Timbouctou; mais avec des ^cm^^, ces chameaux si rapides, on peut faire ce trajet en vingt-neuf jours. Timbouctou^ selon Hadji-Benata, est trois fois grand comme Alexandrie : selon * Hadji- Taloub , cette ville a soixante mille habitants. Houssa est une ville considérable , mais très- loin de Timbouctou vers l'est ; et à vingt jour- nées au sud-est de Timbouctou est une autre grande ville nommée Massana^ qui est peut- être la capitale de l'état de Masina^ au sud- ouest de Timbouctou ; mais en considérant comme exacte l'indication donnée par Hadji- Taloub, on a conjecturé avec raison que Massana était la même ville que celle dont il est feit mention soiA le nom de fTassanah dans la relation de Ryley (r).
Tel est le résumé des notions que l'on a acquise^, des conjectures que l'on a formées, des systèmes qu'on a enÊuités sur cette partie importante de la géographie.
(i) Ceci doit servir à rectifier ce que nous avons dit plus haut, p. 117, lig. i5j sur la foi d'un premier rapport, où le nom de Oumstmah se trouvait substitué à celui de Massana,
i
TROISIÈME PARTIE. ^49
TROISIÈME PARTIE.
ANALYSE GEOGRAPHIQUE DES ITIITERAIRES
DE TRIPOLI A TIMBOUCTOU ET DE TRIPOLI A CACHENAH,
PAR LE CHEYK-HAGG-CASSEM .ET PAR MOHAMMED, FILS D*ALI.
Considérations préliminaires.
A.VAWT de commencer l'analyse géographique des itinéraires que nous nous sommes proposé d'éclaircir, il convient d'exaniiner si les docu- ments que nous avons donnés dans les deux premières parties de cet ouvrage sont suffisants pour paiivoir tracer, avec quelque degré de probabilité 9 une carte des yastes régions du Soudan^ ou des parties centrales de l'Afrique septentrionale.
D'abord il doit paraître étonnant que , dans l'exposé des notions acquises sur l'intérieur de l'Afrique, nous n'ayons rien dit des anciens , et
aSo AKCHEltCHES SUR L'AFRIQtfl:.
sur -tout de Ptolémée, dans Touvrtge duqtiel d'Anville et les géographes de nos jour^ ont cru tKuver les moyens d'expliquer' et d'arranger les relations, souvent contradictoires, des mo- dernes, sur ces vastes contrées. Disons quels ont été les motifs de notre silence à cet égard.
Le géographe peut, lorsque les matériaux lui manquent, tirer d'utiles secours des anciens pour tracer la carte d'un pays sur lequel ils don- nent des détails plus nopbreux et plus exacts que les modernes. Il y en a d'illustres exem- ples (i). Mais cela n'est possible que lorsqu'on connaît déjà les traits principaux et les prin- cipales positions des contrées dont on veut perfectionner la géographie; , et qu'on est bien certain de la correspondance d'un certain nom* bre de noms de lieux domïés par les anciens , avec les noms des mêmes lieux qui se trouvent sur les caries modernes qu^^ s'agit d'amélio- rer. Quand oo est incefliain même sur la con-
— — — -,^_^^. — ^__ — _ .^ — ■ _^_ ■ _■■ ■ — • ^ ^
(i) C'est ahwi <jtic -Detisle s'est aidé des itinéraires an- ciens pour Ksserfor ki Méditcrranie àe trois cent» lieaes datw le 9e%& de la longitude ; qj^ d'Anville a aussi , par le moyen des mesures de ces mêmes itinéraires , rétréci d*un tiers la largeur de Tltalie, et qu'il a même rectifié la longi- tude de Lyon, avant qu'on eût déterminé la position de cette ville par des observations astronomiques et par une triangulation exactes.
* TBOISIÈME PAllTIE. sSi
ûgêfSition générale que présentent les con*- trées dont on veut dresser la carte; quand on n6 peut s^assurer ni de la correspondance d'utt seul nom , ni de l'identité d'une seule position , alors toute comparaison devient illusoire, et ne peut avoir aucun résultat déterminé. On cherche à expliquer l'inconnu par l'inconnu ; et il n'en peut résulter qu'un amas de conjectures vagues et de notions confuses, parmi lesquelles on ne saurait discerner ce qfii^ est probable d'avec ce qui est faux ou impossible. C'est sur -tout le cas où nous nous trouvons à l'égard des anciens pour ce qui conc|me l'intérieur de rAfiique.
Qui pourra déterminer avec certitude si ces cinq jeunes Nasamons dont nous parle Hêto- dote, qui s'avancèrent très -loin dans le déserl \ers l'ouest , où ils trouvèrent des hommes de petite taille, et un «fleuve qui coulait de l'ouest àrest,daas lequel étaient des crocodiles, ont seulement étendu leurs explorations à quelques- unes de ces vallées de l'état de Maroc ^ situées au sud de VJtlaSy et en efifet très-éloignées vers l'ouest de Çyrène, ou de la Grande-Syrie^ d'où
(i) Herodoti Hist. II , 3a, 33^ tome I, p. agS, édiu Sch-weighaeuser, in-8', i8i6.
aSa RECHERCHES SUR l'aFRIQ^E.
ils étaient partis (i) ; ou si leurs découvertes se sont arrêtées dans le BornoUy ou dans quelques oasis du Grand -Désert (a), ou enfin s'ils ont pénétré jusque dans le Soudan ^ sur les bords du Joliba ou Niger (3) ?
Qui de même nous dira si le Nigir et le Gir de Ptolémée, et les détails des contrées que ces fleuves arrosent , renfermés dans l'ouvrage de cet ancien , appartiennent aux provinces méri- » ■ I Il" i^> ■ III ii^i II ■■
(i) Dn temps d'Édrisi , il y avait des caravanes qui se i^ndaient de Bahnessa^ en Egypte , à travers les déserts qài sont au midi de rAtlas^ jusqu'à Sidjilmessa. Édrisi,p.2o6 ( et dans Hartmann, p. 147), donne de ces caravanes un itinéraire très-dé taillé.
(^) Comme l'ont cru M. de la Barre {Hérodote de Larcher, deuxième éditîoii, tome II, p. 22$), et M. Heeren, dans la première édition de son ouvrage intitulé : Idée sur les relations des anciens peuples en Afrique , tome I, p. 191 de la traduction française. •
(3) Ainsi que l'ont pensé d'Anville, Mémoires de l'Aca- démie des inscriptions et belles-lettres, t. XXVI, p. 70; — Rennell's Geographical-System qfHerpdo^Sy in-4^. London, 1800, p. 43i et 63i; •— Heeren , Ideen uherdie Politik , den Ferkehr und den Handel der vornekmsten FôlAer der alten fVelt , in-8**, Gottîngen, i8i5, a* Abtheil, p. 206. Dans cet ouvrage, M. Heeren, enhardi par l'autorité du major Rennell, changea d'avis, et étendit, beaucoup plus loin encore que dans son premier ouvrage , les découvertes des anciens en Afrique.
^ TROISIÈME PARTIE. a53
dionales de Maroc et X Alger ^ qui sont au sud de X Atlas; ou si on doit lés transporter dans le Fezzan ou le Bomou^ ou dans quelque autre oasis du Grand -Désert,, ou bien s'ils n'appar- tiennent pas à plusieurs de ces oasis; si enfin on doit les placer dans le Soudan^ et reconnaître le Nigir dans le Sénégal ou la Gambie ^ et le Gir dans le Joliba; ou, le ]Nigir dans le Joliba^ et le G/r dans un fleuve encore plus à l'orient? Qui pourra décider si cm doit séparer ces deux fleuves,' en laisser un au nord du Grand -Dé- sert, et placer l'autre dans le Soudan^ en sup* posant que Ptolémée ait coinmis l'erreur de les rapprocher, parce qu'il a fait abstraction de toute l'étendue du Grand -Désert, où il ne se trouvait ni ville, ni fleuve, ni aucun objet géo- graphique dont il eût connaissance? Toutes ces opinions ont été également soutenues , mais aucune n'a été démontrée ; et , dans l'état ac- tuel de nos connaissances, aucune ne pouvait l'être (i).
(i) Voyez Sanson, Delisle, les cartes historiques de Hasius, et les caries que nous avons citées dans la seconde partie de cet ouvrage ; et aussi d'AnvîUe , Mémoires de VJcaâémie des inscriptions et belles-lettres^ tome XXVI, pages 64-81. -*• Renoeir». Geography of Herodotus^ pag. 645 to 75a; ibid. Geographical illustrations qfPark'sJournex, dans let
a54 RECHERCHES SUR l'aFRIQ^UE.
Mais supposons pour un instant que quel- ques-unes fussent susceptibles d'acquérir un grand degré d'évidence ; supposons qu'il fïit prouvé que les Nasamons, dès le temps d'Héro-
Proceedings of the association for promoting the disco- veries in Africa , t. III , pag. 4o3 - 420. — Durandi , Osservazioni sopra il paese Gofammnti^ dana les Mémoires de V Académie royale de Turin pour les années i8o5 et 1808 , m-40; 1809, p. 1-55. — Pinkerton's Modem- Geography, y édit., l. II, p. 772; traduct. franc., t. VI, p. 444.— Leyden and Murray, Hist, account^ etc., in-S", 1817, tome II, p. 382. — Durpau de la Malle fils. Géographie physique de la Mer Noire et de l'intérieur de l'Afrique, in-8°, 1809, p. 72. — Latreille, Dissertation sur l'expédition du consul Suétone Paulin en Afrique^ et sur le fleuve Niger de Pline,etleNigirdePtolomée^iSo^^in-%\ Une pouvait y avoir aucun doute sur retendue de Texpédition de Suétone Paulin, et fort peu sur celle de Cornélius Balbus ; mais c'étaient les deux expéditions et les marches surprenantes de Julius Mafemus et de Septimius Flaccus , dont il est fait mention dans les Prolégomènes de Ptolémée, qu'il fallait discuter: or d'Anville et les auteurs que nous avons cités ne les ont point connues , ou n'en ont point {stt mention. Voyez Ptolemeu«, Ceographica^ lib. I, cap. viii, p. 10; cap. ix, p. II et II, edit. Bertii; voyez aussi de quelle manière nous interprétons ceci'dans notre Cosmologie^ ou Description générale de la Terre y p. 240. Nul autre auteur ancien connu, que Ptolémée, n'a parlé de Julius Matefnus et de Septimius Flaccus; ce qni décèle une grande lacune dans nos éoca- siéntfi historiques : ce n'est pas la seule.
TUOISIÈMK PARTIE. ^55
dote 9 ont réellement pénétré jusqu'au Joliba ou Niger; supposons qu'on n'eût aucun doute que Je Nigir et le Gir de Ptolémée ne du|»sent appartenir au Soudan , et ne fussent les grands fleuves dont il est fait mention dans les rela- tions modernes : alors on aurait acquis par-là des notions importantes sur l'histoire du com- merce études découvertes, et sur le mélange des nations dans les temps antiques*; mais qu'en résulterait-il pour les progrès de la géographie poskive ? absolument rien. Le voyage des Aa- samons pourrait nous faire soupçonner l'exis- tence d'une rivière dans le centre de l'Afrique, qui coule vers l'est ; mais les découvertes de Mungo • Park nous révèlent Fexistence de cette rivière d'une manière plus certaine encore.
Les indications de Ptolémée , qui , dans sa Géographie , se contente de donner la latitude et la longitude présumées des sources , des em- bouchures et des principaux points de partage des rivières, ne sauraient même nous faire de- viner le tracé àt ces rivières. Il n'en faut pas juger d'après la manière dont Mercator a dessiné celles de l'Europe et tles parties du monde connu, dans les cartes qu'il a dressées pour le Ptolémée , parce que , pour ces contrées , il n'a pas été réduit aUx seules tables de Ptolémée, et qu'il s'est aidé des connaissances modernes.
^56 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
Mais, lors même qu'on croirait pouvoir , dia- prés les tables de Ptolémée, conh^tre le sys- tème général des rivières de l'intérieur de l'Afri- que, on ne saurait encore où les placer; car les positions de Ptolémée, pour ce qui <x>ncerne l'intérieur des diverses contrées dont il a dressé des tables, ofIi*ent des erreurs de plusieurs de* grés , tant en longitude qu'en latitude. Les po- sitions des lieux ne sont pas toujours, comme sûr les côtes, rangées dans leurs situations res- pectives ; et telle ville se trouve souvent mise loin au sud-ouest d'une autre, tandis qu'elle est réellement au nord-est. Un coup-d'œil jeté sur la carte de la Gaule, ou sur toute autre contrée qui présente des positions de lieux anciens bien connus des modernes, suffira pour convaincre de cette vérité tout lecteur instruit.
Enfin quand on supposerait encore que les longitudes et les latitudes des lieux que Pto- lémée indique sur le Nigir et le Gir seraient exactes, et s'appliqueraient aux contrées du Soudan, nous ignorerions À qoels noms mo- dernes de lieux et de nations ces noms anciens correspondent, A nous serions dans l'impossi* bilité d'en fairfe aucun usage pour la détermi- nation des positions modernes.
Tels sont les motifs qui nous ont fait considérer les notions des anciens sur rintérieur de l'Afrique,
TROISIEME PARTIE. aSy
et en particulier l'ouvrage de Ptolémée, domme mutiles pour l'objet de nos recherches. Il n'en est pas tout-à-fait de même relativement aux Arabes. Nous sommes certains que TimbouctoUy Haoussa^ Cachenah^ Bqfnouy et tant d'autres noms qui se trouvent dans leurs écrits, désignent bien les mêmes nations^ les mêmes peuples, les mêmes villes qui existent encore aujourd'hui, sous les mêmes noms, dans le Soudan^ et dont nous cherchons à déterminer les positions; parce que les écrits dés géographes et des historiens arabes nous prouvent que ces noms, illustrés par le commerce depuis huit siècles, n'ont pas cessé de retentir, à travers les déserts, jusque chez les nations civilisées. Mais les écrits de ces géo- graphes et de ces historiens ne nous donnent aucun, moyen certain de fixer l'emplacement des lieux dont ils parlent, k la vérité , ils ont bien déterminé les positions de plusieurs lieux par des distances réciprciques ; mais, comme nous ne connaissons aucune de ces positions, nous ne pouvons faire «sage de ces distancés , parce que Tious manquons d'un point fixe de départ. Qu'importe, en effet, que KÉdrisi nous ap- prenne qu'il y a un mois et demi de chemin de Koukou à Ganahf et quarante jours de marche de Gànah au lac , dans ïeqifl^i se trouve l'île A' Util, lorsque nous ignorons où est Koukou^
17
258 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
Ganah , et ce grand lac qui , dans la significa- tion vague du mot arabe Bahr, peut être Tocéan Atlantique, ou simplement un lac de rintérieur. Les divers rapports que Ton a obtenus, soit en Egypte, soit dans Tempire de Maroc, soit à Tripoli^soit dans laL SénégambiCy soit sur la Côte- d'or, soit ailleurs, nous laissent dans un vague encore plus grand , puisque la plupart ne nous donnent que des noms, sans aucune distance. Nous avons tâché de comparer et de rappi^ocher ces noms entre eux; mais combien d'erreurs n est-on pas sujet à commettre dans ces com- paraisons et ces rapprochements ? Ne savons- nous pas que, dans tout Fintérieur de l'Afiri- que, presque tous les lieux, les montaignes,
# les rivières , ont au moins deux noms , qui n'ont entre eux aucune ressemblance : le nom arabe ou maure, et le nom nègre. Ainsi déjà nous sommes exposés, par cette seule raison, à faû*e plusieurs lieux d'un seul, à augmenter sans raison la nomenclature géographique. Dans quelles erreurs aussi doit nous faire tomber notre ignorance des langages de jpès vastes con- trée^ 9 et la signification si large et si vague de certains mots! Ainsi, comme nous l'avons
* déjà observé, le mot Gulbi bu Joliba, bien loin d'être le nom particulier d'un, grand fleuve, parait être un mot général pour désigner tout
TROISIÈME PARTIE. iSg
grand amas d'eau , soit fleuve , soit lac , sôit rivière. Le mot de Komadou ou Kamadogo , qu'on croyait être le nom d'une rivière du Bornou y s'est trouvé signifier rmère dans le langage de ce pays. A combien de méprises une significa- tion aussi étendue nepeut-elle pas donner lieu? Selon Yakouti Kolla signifie terre brûlée y et se joint peut-être aux noms de tous les fleuves du Soudan, Le nom de Kong, donné à un pays montagneux, ou au peuple qui Tfeabite, pa- raît signifier montagne dans la langue mandin- gue, selon Mungo-Park. Birney^ qu'on croyait être le nom de la capitale de Bornou^ désigne toute ville ou village fortifié. Timbi ou Tim- hou^ qui entre dans la composition du mot TimbouctoUy a probablement ime signification de même nature. Peut-être en êst-il ainsi de Haoussa et de tant d'autres nomis qui se re- produisent dans la* géographie dé fAfrique. Lors même que nous éviterions les erreurs qui résultent de cette cause, les notions qui nous sont données ont tï'op peu de précision, ren- ferment trop peu de détails, sont trop peu d'ac- cord, et même souvent trop contradictoires entre elles, pour qu'on puisse s'en servir pour dresser une carte. La mémoire doit les conserver précieusement en dépôt dans fe classe des ren- seignements ; ntfâis la science n'a pa^ encore le?
17,
aGo RECHERCHES SUR LAFRIQUE.
moyens nécessaires pour les employer avec sûreté.
Il n'en est pas de même des itinéraires dressés pour l'usage des caravanes : non - seulement tous les lieux où l'on passe s'y trouvent nom- més , mais ils contiennent en outre le nombre d'heures ou de jours de marche entre chaque station; et, comme le sol du désert se ressemble considéré dans une vaste étendue, que l'allure des chameaux est uniforme, il en résulte que la distance des lieux entre eux se trouve en rapport assez exact avec le temps qu'on met à les par- courir. Ici rien n'est vague , rien n'est arbitraire. Les voyages dans le désert se faisant toujours selon la ligne la plus courte, c'est-à-dire la ligne droite, il devient facile de déterminer l'intervalle qui sépara chacun de ces lieux, et leurs positions relatives, d'après l'ordre selon lequel ils sont nommés; et, dans ces itinéraires, le nombre de$ journées qui s'y trouvent in- diquées, les positions et les distances respec- tives, sont déjà des connaissances précieuses et im commencement de science. Mais ce ne sont pas les seules que les itinéraires peuvent nous procurer ; en les combinant, nous pouvons, par le croisement de plusieurs d'entre eux qui se cou- peraient en un même point, fixer avec certi- tude les positions de plùsieui's lieux sur la carte ,
TROISIÈME PARTIE. îl6f
et placer ceux qui dépendent des mêmes itiné- raires avec une exactitude assez grande. C'est alors que des positions bien déterminées nous permettront de placer quelques^-unes de celles dont les voyageurs ont parlé , et qui flottaient en quelque sorte sur nos cartes au gré des ca- prices ou de l'ignorance des géographes»
A des rapports incertains, à des notions con- fuses, à des fictions hasardées, à des systèmes sans base, substituons des combinaisons rai- sonnées, des discussions exactes, et prédises; alors nous verrons la géographie de l'Afrique se perfectionner de jour en jour , et les décou- vertes des géographes hâteront les progrès de celles des voyageurs: elles guideront ceux-ci dans leurs marches; elles protégeront les jours de ces hommes courageux, et empêcheront qu'ils ne succombent dans leurs entreprises; tandis que cet amas de notions confuses, ce vain luxe d'une fausse science et dfune érudition compilatrice , que nos cartes leur présentent, ne leur servent à rien s'ils les apprécient à leur juste valeur , et peuvent leur être funestes s'ils en font une trop grande estime.
Lorsqu'on sera parvenu ainsi , par l'accord de beaucoup d'itinéraires, ^t de documents cer- tains, à fixer la position de plusieurs lieux , à tracer les grands traits de géographie naturelle
26t RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
de quelques régions avec les seules notîcos mo* dernes, sans le mélange d'aucune supposition ou 1 adoption prématurée des descriptions an- ciennes ou du moyen âge^ alors on pourra com- parer avec fruit cette géographie toute moderne avec celle des Grecis, des Romains ou des Arabes. Jusque-là il faut s'en abstenir, si Ion ne veut tout embrouiller.
Ce sont ces considérations qui m'ont engagé à publier les trois itinéraires arabes dont j'ai parlé dans le commencement .de cet ouvrage, et à les fair^ précéder d'une analyse géo- graphique.
§. II. Appréciation de la JQurnée de marche des caravanes dans les déserts de V Afrique.
Mais, avant de procéder à l'analyse de nos itinéraires, il faut nous saisir du fil qui doit nous diriger dans l'espace , ou de l'instrument qui doit nous servir à assigner les positions des lieux. 11 consiste tout entier dans l'appréciation exacte de la journée de caravane, qui est tou- jours l'évaluation habituelle donnée dans ces itinéraires. ^
En effet, lors même que les Arabes, dans ces itinéraires, parlent de milles, ce n'est, en quelque sorte, qu'une traduction, en d'autres ternjies, de l'évaluation de la longueur du che-
TBOISlilME PA.BTIE. l63
mm parcouru dans une journée ou une partie de journée ; car les Arabes de TAfirique n'ont jamais mesuré de route que par les pas de leurs chameaux. La marche uniforme de ces animaux est susceptible -d'offrir une mesure assez régulière pour les combinaisons géogra- phiques; c'est, d'ailleurs, la seule dont nous puissions nous servir : il faut donc tâcher d'en fixer la valeur.
Le major Rennell a senti toute l'importance de cette recherche; et il n'a cessé de faire de nombreux rapprochements pour en tirer des résultats exacts. Les variations de ses opinions à cet égard ont été les principales causes des variations de certaines positions dans les cartes de l'Afrique septentrionale qu'il a dressées. Il avait d'abord établi une différence dans l'éva- luation de la journée moyenne de caravane, relativement à la longueur totale * du chemin parcouru ; mais il a , depuis , reconnu lui-menfie que cette distinction ne devait pas être faite (i J. £n effet les caravane», dans les longs voyages,
(i) RennelVs Prjoceedings oftfie Association ^ etc., p. 217. RenneU établissait ainsi le taux moyen de chaque journée de caraTane :
Pour le trajet d'un jour , 16 i/a \
Pour le trajet de 17 à Qt5 jours, i5 > milles géogr.
Pour le trajet de 40 jours, . . . . i3 '
a64 REGHEIiCHES SUR l'aFRIQUE.
séjournent en plusieurs endroits plus ou moins long-temps ; et ces séjours rie sont pas comptés dans le nombre des journées de marche. Lé plus long voyage est donc, en effet, une suite de voyages de moyenne longueur.
Mais Rennell distingue, avec raison , la journée de caravane légèrement chargée, d'avec celle de * la caravane pesamment chargée. C'est dans cette dernière classe que sont toutes les caravanes qui, des états de MaroCy de Tripoli on du Fezzan, se rendent dans le Soudan pour y transporter des marchandises. C'est donc de l'évaluation du taux moyen du chemin parcouru par les cara- vanes de ce genre, que nous devons nous oc- cuper, pour pouvoir faire usage des distances données dans nos itinéraires.
Après bien des combinaisons et des rapproche- ments-,1 détaillés dans un mémoire spécial publié * sur ce SBJet(^), Rennell trouve que le taux moyen du ^îhemin fait par une caravane pesamment cl^àrgée, doit être évalua à dix-huit mille»^ an- glais soixante-quatre centièmes , ou seize n>illes géographiques un sixième ; mais quand, il est question d'appliquer ces résultats, tirés, de com-
(i) ^ennelj*s Memoir on tke rçte of travelling as performéd bjr ca meis ^ in--^^, 17 pages; P^ilosophical- Transactions, vol. LXXXI , p. 144.
TROISIEME PARTIE. 265
parâîsons faites en Asie, à la géographie de l'Afrique, où les haltes sont plus fré<|uentes et plus longues, Rennell pense que l'on doit ré- duire le taux moyen du chemin parcouru à dix-sept milles anglais quatorze centièmes, ou ' quatorze milles géographiques cinq sixièmes.
Et en effet, même en Asie, dans unp route tïiXxe jilep el Rackama, Rennell n'a trouvé le taux moyen du chemin parcouru que de quinze milles géographiques un quart ; et, entre jilep et Bussorah^ seulement de treize milles géogra- phiques huit dixièmes (i}. . .
Mais, pour le voyage du Ckiire au Fezzan^ le géographe anglais a trouvé un taux moyen de seize un quart , ou de seize milles géographiques et demi (a). En effet, ces «aravanes sont moins nombreuses et moins pesamixvent chargeurs que ceDes qui se rendent dans le Sdùidan, , Cepen- dant on compte cioquante-tro;^ jour^ de marche entre le Fezzan et le Caire; ce qui, comparé à la dislance parcourue, {»«9Eid^e ne donner que
■'' ' ..iM bw, I I I .i^^ ■iiiliii ■■ ■ III. ■ ■■m
(i) RennelVs Memoir on ike rate of travelling as per- formed by camelsy in-A**, p. i5, dans des exemplaires tirés à pari; et dans les PhUosophical- Transactions y vol. LXXXI, p. 144. "
(2) Rennell datis Horneman^s Traveh, p. 126; et delà traduct. franc. , p. 187.
a66 RECHERCHES SUR LAFRIQUE.
quatorze milles géographiques et demi pour taux moyen,
, L'itinéraire de Siout au Dar-Four^ dans les Mémoires sur TÉgypte, nous fournil un taux ' moyen de quinze milles géographiques et demi par jour.
Les caravanes de Tripoli^ dans le Soudan, doivent être encore plus"^ chargées; et le taux moyen doit être moindre pour ces longs trajets.
I^ous avons nous-mêmes essayé un grand nombre d'itinéraires dans l'intérieur de l'Afrique; et nous nous sommes convaincus que le taux moyen d'une journée de caravane pesamment chargée, qui traverse le Grand-Désert, réduite en mesures prises en ligne* droite sur la carte, devait être estimé ai quinze milles géographi- ques, ou cinq grandes lieues marines par joiu*.
Ce taux moy^n doit souffrir des variations quand on est arrivé dans le Soudan^ e^ntrecoopé par des montagnes et des rivières ; mais il nous paraît être une mesure exacte pour les itiné- raires à travers le Grand-Désert, Seulement il arrive souvent que les caravanes qui le traversent, chargées en partant d'un plus grand nombre de marchandises,' ou accompagnées de gens qui se rendent à des oasis peu éloignées du point de départ, ne sont pas montées sur des chameaux.
TR*OlSlèME PARTIE. ' 267
et ne pa)*courent par jour que la moitié du che* min d'une caravane ordinaire pesamment chargée. Aussi trouvons-nous quelquefois , par cette raison, dans les itinéraires, des distances exprimées de deux manières différentes : Tune d'elles donne juste, entre deux lieux, la moitié du nombre des journées de l'autre.
Les itinéraires que nous nous proposons d'analyser, nous fournissent des exemples de ce genre : celui de Hdgg*Cassem, qui donne la route directe de Tripoli à Timbouctouy ne nous offre qu\me seule sorte de mesure, qui est celle de quinze milles géographiques par nombre de journées; mais il est évident, d'après la mention exj^esse qui en est faite dans ces itinéraires, et d'après leur comparaison avec d'autres itinéraires , que l'itinéraire de Tripoli à Cackenah^ par le même cheyk Hagg-Cassem , et celui de Tripoli à Timbouctou par -Mohammed , fils de Foui, présentent, par le-ttombt^ de jour- nées , deux sortes d'évaluations 4e distances dif- férentes , dont Tune^est exactement le double de l'autre.
D'après les divers rapprochements faits par le major Rennel, il paraît qu'en Afrique la journée d'une caravane légèrement chargée , après toute réduction faite, doit être évaluée à vingt milles
208 RECHERCHES SUR L^AFRIQUE.
angles quatre dixièmes, on à dix -sept milles géographiques un tiers (i).
Les caravanes composées* d'erhellas, ou de chevaux de selle, parcourent, dans le royaume de Maroc y trente -cinq âiilles anglais par jour dans de petits trajets et quand elles vont vite; mais leurs journées ordinaires sont de trente milles anglais, ou vingt-six milles géographiques, dans les voyages de long cours. En retranchant de ce trajet ce qui est nécessaire pour la diffé- rence de la mespre itinéraire d'avec celle que donnent les cartes, la joinnée des caravanes composées d'erhellas se trouvera réduite à en- viron vingt-deux milles géographiques et une légère fraction de mille par jour (a).
Il existe dans le désert, et sur-tout dans le pays des Touariks^ des chameaux d'une telle vitesse , que quelques-uns parcourent en un seul jour le chemin qu'un chameau ordinaire ne par- courrait qu'en trois; d'autres font en un jour le chemin de cinq jours ; d'autres enfin «n font six, et il en est même qui en font, dit-on, jus- qu'à dix. Mais ces chameaux ne marchent point
(i) Rennell, On the rate of travelling €ls performed bjr cameis^ p. i5.
(a) Jackson's Jn accoUnt of the empire of MaroccOy p. aa, edit. 1809, in-4®.
TROISIÈME PARTIE. 269
en carqpranes régulières; ils servent pour les excursions guerrières ; leur marche ne peut être uniforme, et ne sert jamais de moyen d'évaluation dans les itinéraires dressés par les Arabes pour l'usage 4ie leurs caravanes mar- chandes.
Procédons, d'après ces données, à l'analyse géographique de nos itinéraires.
§. III. Analyse géographique àe Vitinéraire de Tripoli de Barbarie à TimhouctoUy par le Chejk Hagg'-Cassem,
Tripoli de Barbarie est, selon la connaissance des temps , placé à trente - deux degrés cin- quante-trois minutes quarante secondes de la« titude nord.
Quant à Timbouctou^ ce qu'il y â de moins incertain, c'est la distance de cette ville à Silla^ qui est le terme du voyage de Mungo-Park. D'après ce qui a été dit à ce voyageur^ il y avait encore quatorze journées de màrehe par terre, en ligne directe, entre Silla ^l Timbouctou (r). Suivant notre mode d'évakiâlion pour les cara- vanes du désert , les quatorze journées donne-
(i) ^çt^neWsGeographical illustration to ParÂ'.s fournejr, <'hap. IV ; dans les Proceèdings , etc. , 1. 1 , p. 459.
ayO RECHERCHES SUR LAPRIQUE.
raient deux cent dix milles géographique: mais, dans un pays fertile et coupé par des bois, on ne peut supposer que la route soit tout*à-fait directe; aussi Mungo-Park n'estime ces quatorze \^ journées qu'à deux cent^mailles géographiques: Ronnell, sur sa carte, a adopté cette évalua- tion; peut-être pourrait -elle être considérée comme sujette à réduction. Toutefois, comme Rennell a combiné les renseignements donnés à Mungo-Park sur la position de Timbouctou relativement à Silla^ avec ceux que les Français avaient reçus du Fort- Saint- Joseph ^ nous adop- terons son évaluation sans y rien changer.
Il reste actuellement à déterminer la position | de Silla. Ici nous sommes obligés d'abandonner I le major Rennell, dont l'analyse n'est relative qu'au premier voyage de Mungo-Park. Dans ce premier voyage , Mungo - Park n'avait qu'un petit sextant de poche, avec lequel il ne put faire que quelques observations imparfaites de latitude: enC(H*e, à partir de J orra y fut -il dé- pourvu de ce moyen , parce que ce Sextant lui fut enlevé, avec d'autres objets, et il ne put en- suite estimer la distance des lieux que par les journées de marche (i).
(i) Proceedings of the association for promoting the
TROISIÈME PA.RTIE. SfJ I
A son second voyage, au contraire, devenu plus habile par la pratique dans l'art de faire des observations pour la détermination des la- titudes et des longitudes, il était, en outre, pourvu d'un bon télescope, d'une excellente montre marine et d'autres instruments. 11 a donc pu déterminer sa route, et la position des lieux qui s'y trouvaient, avec plus de précision. 11 a enfin, cette fois, poussé ses observations beau- coup plus loin vers l'est, et jusqu'à Samiy près de Sego. C'est donc de ce second voyage que nous devons nous servir. pour déterminer les positions des lieux qui conduisent à TimbouctQu d'occident en orient.
Nous allons résumer l'itinéraire de Mungo- Park en faisant mention des lieux où il a fait des observations: nous indiquerons en même temps leurs distances en journées de route ; parce que c'est au moyen de ces deux éléments que nous sommes parvenus à dresser notre carte.
dUcoverj in thé interior of Africa, U I, p. 452. — Foyages dans î intérieur de V Afrique y. |iar. Mnngo-Park > t. I , p. aog. "<— Rennell remarque avec raison qae Jarra ou Yarra se trouvait marqué sur la carte de Delisle , tandis que d'AnvilIe l'avait omis : nouvelle preuve à ajouter à celles que nous ayons dëjà données que Delisle avait reçu sur l'intérieur de l'Afrique des renseignement» que d*An- ville n'a point connus.
^7^ RECHERCHES SUR l'aFRIQUE. |
||||
• NOMS DIS LIKUX. |
2:1 K m |
LATITUDE voao de r^qaateur. |
LOKGITUDB k l'ouest de de Paris. |
OBSBRVATIOVS. |
Kayi(i) |
' |
|||
Faraba (a) |
ï4 |
14° 38' 46" |
||
Mandjalli (3).... |
I |
« |
i3° 9' 45" |
|
Nerica et Jala- |
||||
colta (3) |
% |
lA"" 4' 5i" |
||
Tambico (4).... Southaba (5).... |
• 5 |
13*» 53' 13^33' 33" |
• |
Ce liea dépend de miQe de Tamiieo eil une arsses grande ville nommëe Sud/. |
Soutinimma à Bee- |
||||
crée A , fFatering- P/ace(6) Badou (7). ...... Mambari (8) |
I 2 2 |
i3*»32'45" i3°32' l3°22'40" |
i3° 19' |
r C'est dana une val- lée un peu à l'ouest de | «ette Tille «jne Mungo- Park a TU le premier jc/i«« on arbre à beurre. ' La rivière Camiie est ' k 4 milles au sud de | |
Julifunda (9).... Finkia (10) |
I 7 |
i3°33' l3**22'30" |
i Badou. 1 Ici Muogo.Par<c quitta l'ancienne route . qu'il avait parconme dans son i**" voyage. |
|
37 |
||||
(1) Mango-Park^s Journal of a Mission to ihe interior of Africa in the |
||||
year i8o5, în-4% London, i8i5, p. 1. Je remarque dans ce journal |
||||
' une inadTertance qui a échappé à l'auteur et aox éditeurs ; il 7 « |
||||
(p. 7 ) un récit de ce qoe Mungo-Park a fait le 3 1 avril : le mois |
||||
d'avril u*a que 3o jours. — (2) /rf. , p. «r. — (3) /<^., p. a3. — (4)^^» |
||||
p. 33. — (5) Id, , p. 35. — (6) Id. , p. 39, — (7) Id, , p. 41. D« ^«'^« |
||||
il n*j a que trois jours de marche à Lahy ou Lahé dans le Fouta^Djalion; |
||||
et quelqu'un de la suite de Mungo-Park s'y rendit pour acheter des |
||||
esclaves. — (8) Id. , p. 43. —(9) Id., p. 47. — (10) le/,, p. 65. |
||||
■H^MBi |
: |
' |
|||
TROISIÈME PARTIE. 27^ |
||||
• |
LATITUDE |
2.0AG1TUDE |
il |
|
NOMS |
à Ton est de |
|||
S « 2 |
HOAD |
OBSERVATIONS. |
||
DES LIEUX. |
0^*^ |
|||
^S |
de l'équateur. |
de Paris. |
||
Report. . . |
37 |
|||
Fadjemmia (ii). . |
4 |
iS^SS' |
||
Secoba(ia) |
6 |
li^ifie' |
||
Konkromo (i3). . |
!1 |
« |
10° 7i6* f AunejournéedemM- che à l'e«t de Sabou- |
|
Sabousira,auMal- |
1 «ira est Kimimoum 011 |
|||
Iabon(i4) |
9 |
i3^5(f |
Maniakqrro, viJle for- tiJiëe , rntonr^e d'une triple muraille et d'un |
|
Passage de la ri- |
\ fossé. Voy. p«g. gS. |
|||
vière Ba- Wou" |
||||
lima ^i5). . . . . . |
7 |
14** i' |
7^ 0' 33" |
|
Tombeau de Povvfl/ |
3fa/7na «-st i six 1 |
|||
entlife Marina et |
■ , |
qaiUes à l'ouest de 1 Bengassi. | |
||
Bengassi{i%).., |
3 |
14^ |
Toute la route, de- puis Bengaisi jusqu'i |
|
Séjonrdanslesbois |
' |
ce lieu , est couverte de villages ruinés. |
||
entre Koulihourrt |
A partir de Kotani- Koumi , Mungo - Park |
|||
Hranifarm(iy) |
10 |
14^41' |
arriva , après quatre jours de marche, à |
|
Koumi-Koumi(i8) |
6 |
i3^i6'i9" |
Doumbila ; il vint ensuite à Totsita^ où |
|
Marrabou(i9). •• |
7 |
12*^48' |
l'on voir le Niger, que l'on joint le jour d'en- |
|
Koulikorro(ao).. |
I |
I2<*52' |
- |
A Bambakou Mungo- |
Yamina (ai) |
2 |
i3*^ i5' |
Park s'embarqua , et voyagea par eau. |
|
Sami (ai) |
Sansanding n'est qu'4 |
|||
I |
i3^ 17' |
tirie journée de navi- |
||
Total .. |
i< |
gation de Sami. |
||
95 |
||||
(il) /^, p. 6s |
..-(" |
) /rf.,p. 76. — (i3) Af., p. 77. — (14) A/., |
||
P.ga. — (i5)/^. |
4 p. 107. |
— (i6)/<f. , p. ir5, — (17) Id.y p. ifta. — |
||
(i8) Id., p. i36. |
-(•9) |
/^., p. 145. — (20) Id., p. lis.— '(ai) M, |
||
p. 149. — (aa) |
W. , p. |
i5o. 1 |
^74 RECHERCHES St^R l'aPRIQUE.
Après Sami^ où les observations astronomiques se terminent (i), le journal du second voyage de Mungo-Park, qu'il n'a pu revoir, devient in- cohérent et obscur ; et il convient de se servir dû premier voyage, et de l'analyse que le major Rennell a faite des documents qu'on y puise. C'est d'après cette analyse que nous détermi- nons les distances de Sami à Sego et de Sego à Silla, et la distance de Timbouctou à Silla^ évaluée par le major Rennell , et par nous, à deux cents milles géographiques, en ligne droite , comme celle de Sami à Timbouctou l'est à deux cent quatre-vingt-cinq mîltes. Mais cette ligne de distance ne peut nous donner seule la position de Timbouctou; elle ne peut être fixée que par l'intersection d'une ou de plusieurs autres lignes dont la longueur nous sera donnée par les itinéraires qui partent du nord et nous conduisent dans celte capitale
(i) Mungo-r'ark (p. 64) fit bien encore quelques obser- vations, à Sansandingy pour vérifier la bonté de ses instru- ments \ mais il n'a donné que celles qui concernent la va- riation de Taigaille aiâiantée, et il n'a marqué ni latitude , ni longitude. II a été fait une traduction française de ce second voyage de Mnngo-Park, in-8**, Paris*, 1820. On a retranché , comme inutiles , toutes les observations astrono- miques; c'est-à-dire tout ce qu'il y avait de plus important dans le livre.
An Soudan. C'est donc de l'exactitude de l'ana* lyse de ces^ itinéraires, à laquelle nous allons nous livrer, que dépend celle de la détermi- nation de la latitude et de la longitude de Timbouctou.
L'itinéraire de Tripoli à Timbouctou , rédigé par le cbeyk Hagg-Cassem , nous donne quatre- vingt-deux journées de caravane entre Tripoli de Barbarie , dont la position est connue , et Timbouctou ; ce qui , d'après notre évaluation , fournit une distance de vingt degrés trente mi- nutes, ou douze cent trente milles géographiques. Si la route était en ligne droite , la position de Timbouctou se trouverait de stiite déterminée par l'intersection des deux distances données à partir de Tripoli et de Silla.
Dans l'évaluation que nous avons faite de la journée de caravane pesamtftent chargée , bous avons pris en coifipensation les retards occa- sionnés par les détours , les difficultés du che- min et les haltes ; de sorte qu'il semble que nous pourrions évaluer, en ligne droite» la dis- tance de Tripoli à Timbouctou, dont nr)us ve- nons de parler, sans risquer de commettre une erreur bien forte. Mais, si les caravanes tendent vers Timbouctou , qui est le point extrême , elles n'y tendent pas en ligne droite. Il est des lieux où elles se dirigent auparavant pour les affaires
18.
276 RECHERCHES SUR r'ilFRIQUEr
de leur commerce; et ces lieux peuvent être plus ou moins détournés de la route directe du point extrême qui est le terme de la caravane , et faire changer plusieurs fois les directions partielles- de la route que parcourt la caravane avant d'arriver au terme de son voyage. Ce sont donc ces directions partielles qu il faut d'abord connaître , afin de déterminer de quelle manière elles influent sur la distance totale en ligne droite, qu'elles doivent nécessairement dimi- nuer.
^otre itinéraire nous conduit d'abord de Tripoli k Gadamès, et compte treize jour- nées de distance dans cet intervalle. Le major Rennell (i) , d'après les informations de M. Magra, consul anglais, place Gadamès à vingt- trois journées de distance de Tunis; et il compte aussi Ui journée de caravane à raison de quinze milles géographiques. La combinaison de ces deux distances laisse Gadamès à -peu -près à l'endroit où Rennell la placé , c'est - à - dire à trente degrés trente -six minutes de latitude nord, et à huit degrés cinq minutes de lon- gitude à l'orient de Paris. Cet accord doit nous
(i) Rennell, ProceeiUngs of the association for promoting tke dLscoveries in the inttrior parts of Jfrica , 1. 1, p. 290 , et tome II, p. 'kS^,
TROISIÈMS PARTIE. ÎI77
donner quelque confiance dans l'exactitude de notre itinéraire et dans l'évaluation que nous avons faite de la journée de caravane; il assure les positions assignées aux distances intermé- diaires. Ce résultat fait d'autant plus d'honneur au géographe anglais, qu'il dit lui-même que la position de Gadamès doit rester incertaine jusqu'à ce que l'on connaisse la distance de ce lieu avec TripolL Notre itinéraire nous donne cette distance, et elle confirme la position qu'il avait assignée (ij.
Le cheyk Hagg-Casscm , qui a dressé notre itinéraire , donne une longue et intéressante description de Gadamès. Il nous apprend que cette oasis s'est soustraite à l'obéissance de la régence de Tunis, pour tomber sous le joug plus dur encore de Tripoli. Du temps de Léon l'Alncain (a), au commencement du seizième siècle , ce lieu dépendait de Tunis. A cette époque cette ville était devenue riche par son commerce
(i) Je veux dire dans ses dernières cartes dressées en 1798 et en iHoi; car, dans celle de \'j^o, Gadamès est mal placé.
(ta) Léon TAfricain, dans Ramusio, t. I, 76 c. Léon dit que Gddamès est à trois cents milles de distance de la côte. Il doit être ici question d'un petit mille des Acabes dont il est fait mention dans Abaténie. Voyez d'Anville, Mesures itinéraires y p. 61.
278 RECH3:iRCHES~ StJI^ l'aFRIQUE.
avee le Soudan ou le pays des lAègres. Du temps de Marmol, Codâmes s'alliait souvent aux Arabes du Désert pour se soustraire au tribut imposé par les Turcs (i). Aboul-Féda fait aussi mention de Gadamès comme d'un lieu célèbre par le commerce de la Nigritie; il vante beau^v coup l'architecture de la fontaine qui se trouve au milieu de la ville , et dit que c'est un mo- nument des Romains (2)»
Après vingt -quatre jours de marche, en partant de Gadamès ^ et trente- sept, en par- tant de Tripoli^ notre itinéraire nous conduit dans un lieu nommé Agably, indiqué- comme la capitale d'un grand pays nommé ToiuU, qui relève de l'empire de Maroc,
Lemprière dit que Touat est à trente journées de Tafilet(y)\ mais la position de Tafilety elle- même, a besoin d'être discutée; car nous n'avons rien de certain ni de déterminé sur la position des lieux, ni même sur le cours des rivières des contrées situées au sud de \ Atlas.
(1) Marmol, liv, vu, chap. lix, t, III/p» 39 de latrad. française.
(1) Abulféda, Géogr. , dans Biisching, Magatin^ IV Th., p. ai I ; et Brun's Afrika , tome VI, p. 33o. -^ Saàdifilitts, dans Hartman's Édrisi, p. i35.
(3) W. Lemprière , A tour from Gibraltar io Tangier , Satlee, Mogodore, etc., «-8^ i8i3, a*c'dit., p. 355.
TROISIÈME PARTIE. 279
M. Jack^n lious dit que Tafilet est à huit jour- nées des Ruines de Pharaon^ près de Mequinez, lorsqu'on voyage avec des erhellas ; et nous avons vu plus haut que les journées d'erhçUas doivent être évaluées à un peu pins de vingt-deux milles géographiques; ce qui donne cent quatre-vingts milles géographiques entre les Ruines dites de Pharaon, près de MequineZj et JVj/f/e^, Pour se rendre des Ruines de Pharaon (i) à Tafilet, M. Jackson dit qu on se dirige d'abord à Test de ces ruines; qu'on gravit ensuite le VEiOxA Atlas; et qbe le troisième jour y au coucher du soleil , on atteint la plaipe qui est de l'autre côté de cette montagne , plaine stérile dont le sol se compose d'une craie blanchâtre qui, lorsqu'elle est mouillée par la pluie, ressemble à du savon. Une rivière qui prend sa source dans la chaîne de \ Atlas, arrose cette vaste plaine , et coule du nord-ouest au sud-est (2). Cette rivière est aussi large que la Morbeya à Azamor, et que la Tamise à Putney. Ses eaux ont un goût saymàtre, parce qu'elles tra- versent des plaines salées. Son cours est de quinze
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(1) il 7 a un dessin de ces ruines dans Windhus , Journey to Mequinezj p. 88.
(a) M. Jacksoa {Account of Marocco^ édit in-4**, 1809, p. ^2) dît que cette rivière c<»ule du sud-ouest au nord- est , ce qui ne p^ut être. C'est probablement une faute de copiste ou d'imprimeur.
u8o RKCriERCHKS SUR l'aFRIQUE.
journéesd'erhellas ou de trois cent soixïmte milles géographiques. M. Jackson, dans sa carte, place Tajfilet beaucoup trop près des Ruines de Pha- ^a0n , d après la distance qu'il indique dans son texte. Ces contradictions ne doivent pas nous surprendre. Ce sont les habitants du pays, bien instruits , qui ont fourni à M. Jackson les matériaux de ses descriptions ; mais ce ne sont pas eux qui bnt dressé sa carte.
Nous avons, heureusement, un itinéraire de Fez à Tafiletj écrit, en 1787, par Achmet- Ibn-Hassan , qui jette un grand jour sur la géo- graphie de cette contrée. U a été traduit d'arabe en latin par M. Panlus, professeur des langues orientales à l'université d'Iéna. Nous l'avons tra- duit du latin en français pour le joindre aux iti- néraires de Tripoli à Timbouctou et à Cachenah. La géographie des pays peu connus ferait plus de progrès réels par la publication d'un seul volume qui réunirait tous les itinéraires, que par des centaines de voyages qui ne renferment que de l<iM^e.$ et vagues descriptions.
L'itinératfm d'Achmet nous fait compter onze jours dé marche de Fez à Tàfilet{i), Achmet marchait avec une caravane, mais une caravane légèrement chargée, comme elle^ le sont toutes
(i) Paulus, Memorabilien ^ .1^ stuck , p. 47-53.
tboisièmï: partie. a8i
pour un aussi court trajet. La journée doit donc être évaluée sur la carte ^ et après toute réduction faite , à vingt milles anglais un quart , ou à dix- sept milles géographiques un tiers. Il en résulte que la distance de Fez à Tafilety selon l'itiné- raire d'Achmet, est d'environ cent quatre-vingt- onze milles géographiques ; et , comme la route se dirige d'abord à l'est, et que les Ruines de Pharaon sont, sur la carte de M. Jackson (i), placées au nord -est de Fez, on trouve, rela- tivement à la distance de ces deux lieux avec Tafilety une différence d'environ douze à quinze milles. Ainsi donc les renseignements qu'a ob- tenus M. Jackson, s^accordent avec ceux de l'itinéraire d'Achmet relativement à la position de Tafilet.
En adoptant la position de Fez, déterminée par les observations d'Ali-Bey à trente -quatre degrés six minutes de latitude et à Sjept degrés
(i) La route qu'a parcourue M. Jackson passe parles Ruines de Pharaon, par Fez et par Mequinez ; sa carte mérite donc attention, relativement à la position de ce^, lieux. Cepen- dant il ne s'accorde pas avec Ali-Bey : il place Fez au sud- est de Mequinez, et Ali-Bey le met directehient à Test. La route d'Ali-Bey ne passe pas par les Ruines de Pharaon , et il ne les a pas placées sur sa carte. Jackson place ces Ruines de Pharaon à ai milles géographiques à l'ett de Mequine'zy et à ao au nord-est de Fez.
9l8^ RECHERCHSS SUR l'àFRIQUE.
dix-huit minutes de longitude à l'ouest de Paris; et , en plaçant les Ruines de Pharaon à vingt minutes au nord et à dix minutes à l'est de Fez^ conformément à la carte de M. Jackson, les deux distances qui nous sont données pour Tafilet placent ce lieu à trente degrés dix minutes de latitude nord et à quatre degrés cinquante-cinq minutes de longitude à l'ouest de Paris : mais alors Tafilet ne se trouve plus siu* les bords de la rivière qui porte son nom sur la carte de M. d'Anville et sur celles de tous les autres géo- graphes, mais sur la rivière que d'Anville nomme Ziz, sur les bords de laquelle on place, d'après lui, Sidjilmessa^ et qui, sur toutes les cartes^ couk dans une vallée différente de celle de Tafilet. Il est certain , d'après l'itinéraire d'Ach*- met-Hassan, que la ville de Tafilet est sur le fleuve Zizy qui porte aussi le nom de Tafilet. Aehmet- Hassan le dit en deux endroits diffé- rents (i). Ainsi les résultats des mesures sont confirmés par le récit du voyageur arabe. On
(i) Achmet-Hassan, dans Paalus, MemorabiUen^ a* sluck, p. 5i : Dividit hos pagos fluvius Ziz qui est T^fileti^ et cum illo continuavimus viam usque eui oppida Tsalalin; et p. 53-: Exinde transacto flumine Ziz inter complura palmù abun- damia pf^pida ad mansipnem régis no^tri victoriosi perve- ni/nus.
TROISIÈME PA-RTIE. a83
ne peut supposer ici d'erreur ni de double emploi d'un même nom : le Ziz de notre itiné- raire est bien le même que celui que d'Anvillc a voulu tracer comme fleuve de Sidjilmessa, distinct de celui de Tafilet^ puisqu'au sixième jour de marche Achmet-Hassan passe par Gers^ qu'il dit être placé sur le Ziz; et au dixième jour il passe par Betzeb, situé aussi sur le Ziz. Ôr, ces deux positions se trouvent précisément, sur la carte de d'Anville , placées sur le fleuve Zizj dans la vallée de Sidjilmessa : donc cette vallée ne doit pas être distinguée de celle de TafUet^ ainsi qu'il l'établit sur sa carte (i).
M. Jackson, dans sa carte, ne distingue pas la vallée de Tafilet de celle de Sidjilmessa; mais il place un pays, qu'il nomme Sidjin-Messa y au sud-est de Tafilet, et dans la partie inconnue du Désert : nous croyons cette position erronée.
Il est évident que d'Anville a tracé son fleuve Ziz d'après la description de Léon l'Africain, qui met aussi sur les bords de ce fleuve la ville
(i) Achmet-Hassan, dans Paulus, MemorabiUen , p. 5i : Ad aliquos pagos pervenimus Gers compellatos*.», dividU bos pagos fluvius Ziz y qui est fluvius Tafileti \ et ensuite à la page $2 : post hune fluvium memoratum Ziz , propè illum inier palmas, hortos , progredientes intrayinms in re^ glionem Relsebp
284 RECHEBCHES SUR l'aFRIQUE.
de Reteb (i), le iîe(5e^ d'Achmct-Hassan. Léon nous dit encore qu'après Reteb, le Ziz entre dans le territoire de SidjUmessa.
Mais Édrisi (2), Ibn-el-Ouardi (3), Aboul- Feda (4), Ibn-Batouta (5), Léon l'Africain (6), font tous mention de Sidjilmessa comme de la ville d'où l'on se rendait dans le Soudan; et aucun de ces auteurs n'a connu Tafilet^ qui est, au contraire, la seule ville dont les modernes nous parlent. Marmol nous apprend, en effet, que Sidjilmessa fut ruinée sous le rèjgne de Benimen- mis y et que les habitants se retirèrent dans les châteaux voisins (7). Il parait que Tafilet, dont il n'est point Sxit mention lorsque Sidjilmessa était florissante, a remplacé cette ville détruite. Chénier(8) dit que Tafilet et Sidjilmessa sont dans le même territoire, et que ce n'est que sous les chérifs de la maison régnante que ce pays a pris le nom de Tafilet
(i) Léon r Africain dansRamusio,p. 90, 78 e,f, et 74 «, h. (a) liartmann's Ediisi, p. 34, 35, 1^3, i3oy i45, i49-
(3) Ibn-el-Ouardi , cité par Hartmann dans son édition à*Edrisï\ p. 45-5o.
(4) Abulfeda dans Biisching , Magasin , IV Th. p. 209.
(5) Ibn-Batouta dans Kosegarten , p. 49-
(6) Léon l'Africain dans Ramusio, t. I, p. 73 /I
(7) Marmol, Description de VJ/fique, t. III, p. 20.
(8) Ciiénier, Recherches sur les Maures, t. III, p. 79*
TROISIÈME PARTIE. !l85
Il nous est facile de prouver que la ville de Tajilet a la même position que Fancienne Sidjilmessa ^ ou en est peu éloignée. Léon TAfricain, qui place Sidjilmessa sur le ZiZy dit que son territoire s'étend le long de ce fleuve à vingt milles de distance ; il nomme trois châteaux qui s y trouvent : dans ce nombre , celui qu'il appelle Mamoun esl^ un des plus grands et des plus forts; et, précisément, Aclimet-Ibn- Hassan fait mention, dans son itinéraire, du château de Mamoun sur le ZiZy comme très-grand et très-fort , en nous appre- nant qu'il n'est qu'à une journée de marche de Tajilet (i). Enfin Léon l'Afrieain et Marmol ne font mention que de trois fleuves dans cette partie de l'Afrique, savoir : le Darah, le Ziz et le Ghir {*i). Aucun d'eux n'indique de fleuve partieulier pour Sidjilmessa. Il nous paraît donc démontré que d'Anville a eu tort de placer dans ' deux vallées distinctes , arrosées par deux fleuves différents , Tajilet et Sidjilmessa, Cette dernière ville, si elle existe encore, ne peut être éloignée
( I ) Achme t - Ibn - Hassan dans Paul us , Mem'orabilien , p. 53.
(îi) Léon TAfricain dans Ramiuio\ t. I, p. 90 ,e, — Marmol) liv. I, ch. xu.
a86r RECHERCHES STTR l'àFRIQITE.
'de Tafilet L'Arabe Ibn-Batouta, dans le qua- torzième siècle , s'est rendu de Tewat ou Touat à Sidjilmessa (i) : de même aujourd'hui les ca- ravanes se rendent de Tafilet à Touat ( 2 ) ; et Tafilet paraît ainsi avoir remplacé en tottt Sidjilmessa.
La position de Tafilet se trouvant déterminée exactement par les recherches précédentes, si maintenant nous combinons les trente journées de caravane ou quatre cent- cinquante milles de distance entre Tafilet et Touat y qui nous sont donnés par Lemprière, et les vingt-qtiatre journées de marche ou trois cent-soixante milles géographiques de distance que nous donne notre itinéraire entre Gadamès et Agably^ qui est la capitale du Touat ^ nous déterminerons la po- sition de cette dernière ville , et aussi la direc- tion de la route que parcourent tes caravanes qui se rendent de Gadamès à Timbotictou, Par ces recherches, la position iSAgably se trouve fixée à vingt-six degrés quaf ante*quatre minutes de latitude nord, et à trois degrés douze minutes de longitude à l'orient de Paris. Ce lieu se trouve ainsi remonté de trois degrés plus au nord, et est placé plus à l'ouest que sur les cartes
(i) Ifen-Ratouta dans Kopegarten^ p. 49.
(a) Voyez Grey Jackson, Account of Marocco^ p. a3.
TROISIÈME PARTIE. !;i87
de Rennell, d'Arrowsmith et sur toutes celles qui ont suivi.
Léon l'Africain (i) dit que Hair^ à l'ouest , confine à Touai; Marmol (a), que Touat est au nord A' Haïr : donc Haïr doit être placé au sud -est de Touat; et il est placé au nord- ouest sur la carte de Rennell. Notre itinéraire et les combinaisons qui l'appuient, en mettant Agahly sur un parallèle plus» élevé que le désert à^Haïr, se trouvent d'accord avec les deux grandes auto- rités afîricaities.
Ibn-Batouta nous dit que la principale ville du pays des Touats se normiiftit Bouda. Il est probable que c'est le même lieu K3^Agabljr^ que notre itinéraire nous dit être k capitale d^ Touaty et avoir été bâtie par un mahométan nommé Bouna^Amehi^, Sidi-Hamet, dans le récit qu'il fait à M. Riley, parle de Touatiy où il passa en revenant de TimhoUctou^ et où il séjourna deux jours (4).
(i) Léon l'Africain dans Ramusio^ t. I , p. 76 , f. (a) Marmol, t. III, liv. vm, ch. vi, p. 5o.
(3) Ibn-Batouta dans Koàegarteny p. 49. Peut-être, d'après ce rapprodiement , doit-on lire Bouna dans Ibn- Batouta , ou Bouda - Âmeh dans l'itinéraire de Hagg- Cassem.
(4) Riley 's Loss of the American Brig Commercé^ p. 387.
288 KEGHERCHES SUR l'àFRIQUE.
Nous avons remarqué précédemment que M. Einsiedel, dans les renseignements qu'il a recueillis à Tunis en 1785, a entendu parler SÉkabli; mais, comme les informations obte- nues par lui plaçaient ce lieu dans la direction de Cachenahy et qu'il avait au sud Yaouri^^t DIefi, il n'est pas certain que XÉkabli de M. Ein- siedel soit XAgabli de notre itinéraire, quoique les noms soient semblables. Si ce sont deux lieux différents , ce mot àlÉkably ou ^Agably doit avoir une signification quelconque dans un des langages de l'intérieur ée l'Afrique,
M. Brun, qui d'ailleurs a fait une assez bonne compilation sur l'Afrique, confond Touat avec Tatta^ qui est un autre lieu dopt nous aurons occasion de parler (i).
M. Grey- Jackson, sur la carte de l'empire de Maroc ^ qui accompagne sa relation, étend les Arabes Touats jusqu'au sud de Tafilet'et aux confins de l'empire de Maroc; et notre itiné- raire nous dit Q^Agably relève de l'empire de Maroc, Ceci tend à confirmer les résultats donnés par la combinaison des distances^ puisqu'ainsi les habitants de Touat se trouvent beaucoup plus; rapprochés de l'empire de Maroc qu'ils ne le sont sur les cartes de Rennell et d'Arrowsmith.
(i) Brun's Afrika^ t. V, p. aôa.
TROISIÈME PARTIE. 3189
M. Jackson assure qu'il se rend annuellement une caravane à Timbouçtou^ qui part de Tafilet{})\ et, comme cette caravane se dirige sur Touat^ les relations entre les habitants de ces deux lieux se renouvellent souvent.
Lena prière (a) nous dit que de Touat les caravanes se rendent directement à Timbouctou. La position de cette ville doit donc dépendre de la distance prise du nord au sud, à partir ^Jgably^ combinée avec la distance de l'ouest à l'est , entre Silla et Timbouctou, La première de ces deux distances est, selon notre itinéraire^ de quarante - cinq journées ou de six cent soixante -quinze milles géographiques; la se- conde est de deux cent quatre-vingt-quinze milles géographiques. La combinaison de ces deux distances place Timbouctou à dix -sept degrés trente - huit minutes de latitude nord , et à deux degrés quarante-deux minutes de longi- tude à l'ouest du méridien de Paris.
Mais, avant de voir si cette position s'accorde avec les mesures précédemment données , il est important /le parler des Touariks^ peuplade
(i) X^ckson , dans les Proceedings^ of the Society for promoting the discoveries in Africa^ t. II, p. 867.
(a) Lemprière , A Tour from Gibraltar to Tangier^ p. 355.
19
agO RECHERCHES SUR LAFRIQUE.
de noirs, sur le territoire desquels, selon notre itinéraire, on entre, après six jours de marche, en partant ê^Agably. Le cheyk Hagg-Cassem nous donne , dans cet itinéraire , une longue description de ces peuples , qui ont des droma- daires d'une rapidité extrême, et qui, par leur moyen, poussent leurs excursions jusque sur le territoire de Tunis.
Le major Rennelt et Arrowsmith placent, sur leurs cartes , des Touariks à l'ouest et au sud du FezzaUy dans l'oasis ^Ashen et au sud -ouest de cette oasis , et au nord de Touatj mais point du tout au midi de ce dernier pays , où précisé- ment notre itinéraire nous les indique.
Dans le récit fait par Abd-Arrachman-Aga (r) à Niebhur, il est question de Touatik comme d'une ville située entre le Fezzan et Zanfara. Selon ce récit, on met trois mois pour aller de Tunis à Zanfara; et les jours de repos de la caravane sont au Fezzan^ puis dans le pays des Touariks^ et e;isuite à Cachenah,
Touarik, selon le même récit (a), est une ville riche et commerçante ; elle est habitée par
(i) Niebhur, DeuUches - Muséum , A. 1790, p. 96 3 et 1004. — Bruns, Afnka^ V theil, p. aaS.
(tt) Niebhur, Deutsches - Muséum , A. 1790, p. 963, «-Bruns , Jfrika , V thcil, p. 14 et àa4.
TROISIÈME PARTIE. IC^l
beaucoup de marchands, qui, tous les ans, en conduisent un grand nombre d'esclaves en Egypte et en Barbarie ^ pour les y vendre. C'est par ce commerce avec les Mahométans blancs qu'ils ont appris l'arabe. Peint-être , continue l'aga , les Mahométans blancs se seront établis dans ce pays ppur y faire le commerce, et pour échapper à la tyrannie des gouvernements barbaresques. Les marchands Touariks ont l'air farouche et sauvage; mais ils sont honnêtes et braves. Les Mogrebins voyagent volontiers avec eux dans YHedjaz^ quand -ils craignent d'être attaqués en allant à la Mecque. Ces Touariks n'ont pour armes qu'un sabre, un are et des flèches.
Ce ne sqnt pas là les Touariks de notre itiné- raire; les moeurs et les positions sont différentes. Ceux dont Abd-Arrachman-Aga fait mention, sont adonnés au commerce, et ne se rendent en Barbarie que pour leur trafic. Ceux de notre itinéraire, au contraire, n'y sont connus que par leurs dévastations, et forment des peuplades essentiellement guerrières. D'ailleurs les Toua- riks de l'aga sont dans la direction de la route de Tunis à Zanfara; et les nôtres dans celle de Ta/ilet à Timbouctow ^ qui ^st beaucoup plus ôccidtntale. Notre itinéraire nous dit bien -qu'à Bir-Ouellen l'on entre sur le territoire des Touariks ; mais il ne fait pas motion de. ville
19.
292 RECHERCHES SUR LAFRIQCE.
qui porte le nom de ce peuple; au lieu que l'aga qui a donné à Niebhur ses renseignements parle d'une ville qui porte le nom même de Touarik : il est évident que les Touariks de Faga sont ceux que le major Rennell a placés au sud-ouest de l'oasis àHAsben; et ils ne peuvent être les mêmes que les nôtres, qui sont sur la route de Tafilet à Timbouctou,
Examinons donc si nous ne trouverons pas qu'il soit fait mention , dans les relations des voyageurs ou dans les descriptions des géogra- phes, d'autres tribus de Touariks^ qui, par leurs positions, répondent aux indications de notre itinéraire.
Hornemann , d'après les renseignements qu'il avait recueillis à Mourzouk^ nous dit : « La nation » la plus intéressante de l'Afrique est celle des » Touariks , que Léon l'Africain nomme Terga » ou Therdja (i). Ils possèdent tout le pays qui » est entre le Fezzan, le Gadamès, le Timbouc- » tou^ le Soudan y le BornoUy et la contrée des » Tibbous. Ils sont divisés en plusieurs tribus, » dont les principales sont les Koloçvy ou Kolouv^y^ w d'Asberiy et les Hadjara^ voisins du Fezzan. »
Si ces Touariks sont les mêmes que ceux ■* »» - ■ ■-
(i) Hornemann^s Travels^ p. 119; et p. 171 de la tra- ductiob de M. Ls^nglès.
TROISIÈME PARTIE. agS
que Léon rAfricain, et Marmol, d'après lui, nomment Terga ou Therdja^ voyons où Léon rAfricain et Marmol placent ces peuples (i).
Léon l'Africain nous dit que le peuple Terga ou Targa habite le désert ôiHaïr (2) , qui , ainsi que nous l'avons vu précédemment, est limi- trophe de Touaty au sud -est. En effet notre itinéraire nous conduit de Touat chez les Touariks ou ceux de Therdja ou Terga ^ et confirme ainsi l'exactitude des descriptions de* Léon l'Africain et de Marmol.
Le récit de Sidi-Hamet, dans Riley, nous explique pourquoi le nom diHaïr ou dUHahirah est tantôt employé pour désigner le désert, et tantôt pour désj^ner une oasis. Cet Arabe , dans son voyage à Ti^bouctouj dit qu'il parvint à une fameuse vallée où il y a de l'eau, nommée Hahirah ; mais il y trouva tous les puits des- séchés , et sa caravane manqua d'y périr (5). Nos cartes ont donc eu tort de placer le désert diHaïr au nord -ouest du pays de Touat; et
(1) Léon rAfricain dans Ramusio, VI part., p. 76/, et p. ^45 de la trad. lat. — Marmol» t. III, p. 5o de la trad. franc.
(a) Léon rAfricain àànsKamusio, p. 76 6; p. 145 de la trad.
(^) Riley's , Loss of the American Brig Commerce » p. 358. V
294 BECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
elles doivent être rectifiées. La.carte de Meursius, dans la description de l'Afirique par Dapper, qui, d'après Léon FAfiricaio , place ce désert èiHaïr au sud de Touaty était sous ce rapport plus exacte que ne le sont celles d'aujourd'hui.
Les autres positions dont il est fait mention dans notre itinéraire se trouvent déterminées par la direction de la route qu'on y voit in- diquée pour arriver à Timhouctou»
Le cheyk Hagg-Cassem nous apprend que le puits nommé Hassy-Moussy e^t dans un pays habité par des Arabes Berbères ou el-Barbarischj tandis que la petite ville de Mahrouk, qui est à huit jours de marche au sud, se trouve au pouvoir des Touariks, Ceci s'accorde avec les renseignements que se sontiprocurés Jackson À Maroc, et Mungo-Park dans le Soudan. Le premier nous dit que le pays qui est au nord de Timhouctou est occupé par la tribu des Arabes Brabischa (i); et le second, qu'il existe des Touariks sur les bords du Joliba ou Niger.
Le cheyk Hagg-Cassem nous apprend aussi que Mabrouk fait le commerce avec l'oasis de Touadeny-y qui dépend de l'empire de Maroc.
Mabrouk se trouve placé sur la carte d'Afrique de Rennell,, d'après quelque itinéraire du même » ■ ■ ■ ■ » I II ' ■ . ■ - "•
(i) Jackson's ^<:c'0ii/7r of the empire ofMarocco^ p. 261.
TROISIÈME PARTIE. 2q5
genre que le nôtre, mais moins détaillé , et qui n'a point été publié.
Actuellement examinons si la position de TimbouctoUi telle qu'elle se trouve déterminée d'après nos recherches, s'accosde avec les distances qui nous sont dcmnées entre cette ville célèbre et différents lieux.
Les caravanes qui se rendent de Tempire de Maroc à Timbouctou se réunissent à Tatta et à AkkUy avant de traverser le désert : il im- porte doûc de déterminer ces deux positions; et, comme nos cartes ne sont point d'accord relativement à ces deux lieux , il est nécessaire de rechercher les données d'après lesquelles , nous pouvons &ire cesser nos incertitudes.
Nous apprenons par Ben -Ali, dans les actes de ia Société africaine (i), que Tatta est à neuf journées et demie de Maroc y et à douze journées de la ville de Noun; à quatre journées de Tenjuelin , et à une journée de Wah'-Drah,
Maroc est, selon les observations données sur la carte d'Ali -Bey, à trente- un degrés trente- sept minutes et demie de latitude, et à neuf degrés cimyiante-six minutes de longitude à l'ouest du méridien de Paris.
(i) Proceedings of the Society for promoting the disca- \'eries in Africay-ptX^ p. 224, 225 et 469.
298 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE,
poli et passe par Gadamès et Haoussa^ nous donnera aussi quatrorvingt-huit à quatre-vingt- dix journées de marche.
M. Jackson (i) nous a tracé l'itinéraire des caravanes qui partent de Fez , et qui se rendent à Timbouctou en passant pBr^ÂÂa^ Tegazzaetle Pidts-d'jàroan; mais cet itinéraire contient évi- demment quelque omission, puisque les distances qu'il indique ne nous présentent que cinquante- quatre journées de marche entre Fez et Timbouc- tou, et trente- six entre Akka et cette dernière ville. D'après ces erreurs, ou ces omissions, nous n'avons aucun moyen certain de déter- miner la position de ces différents lieux. Seu- lement , ce que dit ici M. Jackson nous prouve que T^gazza doit se trouver sur la route ^Akka à Timbouctou ^ et beaucoup plus à l'est que ne le place le major Rennel (a) ; ou plutôt alors le Tegazza de Jackson et des auteurs n'est pas le même lieu que Tischit ou Tissheety comme le croyait major Rennell.
Le Tegazza de Jackson se trouve dans
fi) Jac1ison*s Account of the empire of Maroccùj-^. a 40.
(2) M. Jackson , p. a4Q y compte ^Akka à Taggazza seize joars «^e marcke ; de Taggazza k Taudeny sept jours ; de Taudeny an Puits-tTAroan sept jours , et du PuitS'd* Aroan à Timbouctou six jours.
TROISIÈME PARTIÏ. agg
Foasis. Gualata de Rennell. J'ai tracé cet itiné- raire de Jackson, en conservant aussi sur ma carte Tissheet y que Rennell avait indiqué à l'ouest; mais je préviens que je considère les positions des lieux qui s'y trouvent, comme incertaines.
Ce que le cheyk Hagg-Cassem , qui a dressé le premier de nos itinéraires, nous apprend sur la position de Timbouctou et le cours du fleuve, est digne d'attention :
a Timhout ou Timbouctou ^ dit -il, est située dans une plaine , à peu de distance d'un fleuve que les indigènes appellent Nil y qui la baignait, dit-on, autrefois, mais dont elle est éloignée aujourd'hui de trois quarts de lieue. Ce fleuve, qui coule de l'est à l'ouest, est navigable; et les gens du pays forment des espèces de radeaux , composés de planches attachées les unes aux autres avec des cordes : par leur moyen ils vont chercher en Guinée ^ qu'ils appellent DjennjTy le miel, le riz, la cassave, la toile blanche, la poudre , et les esclaves nègres ou négresses, qu'ils viennent débarquer à un petit bourg nommé Kobra ou Cabra , situé sur jes ri- ves de leur Nily et distant de Timbouctou comme le Caire l'est de Boulac. C'est de Cabra qu'on les transporte dans la ^ille de Timbouctou^ d'où ils se répandent en jisie et en Europe, La
1
3oO RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
ville ou l'endroit où ils vont ^charger les mar- chandises ci- dessus, se liomme Ouangarayqui en est sans doute l'entrepôt (i) »
On ne peut qu'être frappé de l'accord de la relation du cheyk Hagg - Cassem avec Léon l'Africain et tant d'autres auteurs qui affirment que le fleuve qui coule près de Timbouctou se dirige de l'est à l'ouest : ce que dit Hagg-Cassem de la navigation de Timbouctou à Djenny-y par le fleuve , au moyen de radeaux fabriqués avec des planches, ne laisse aucun doute sur l'exac- titude du récit de Léon l'Africain (2), qui dit avoir fait cette navigation. Remarquons enfin que notre itinéraire nous fournit un- témoignage formel que le nom de Djenny ou Jinne est syno- nyme de celui de Guinée.
Cependant nous sommes certains, d'après les découvertes de Mungo-Park, qu'un grand fleuve, qui arrose le Soudan y coule de l'ouest à l'est; et cette découverte a paru tellement dé- cisive et contraire aux relations de Léon l'Afri- cain et des Arabes, qu'elle les a fait rejeter en- tièrement.
On voit dans le récit de Hagg-Cassem même une contradiction qui parait affaiblir son témoî-
(1) Voyez ci-après, 4ans T Appendice. \%) Léon r Africain, dans Ramusio, t. I.
TROISIÈME PARTIE. 3oi
gnage ; car il dit que la ville où l'on va chercher les marchandises^èn Guinée j se nomme Ouan- gara; et nous savons que le Ouangara est une contrée considérable à l'est de Timbouctou^ et non pas un lieu de la Guinée y qui est à l'ouest de cette ville.
Tous ces rapprochements nous avaient fait penser depuis long-temps qu'il existait dans le Soudan j ou dans le voisinage "de TimbouctoUy deux grands fleuyes coulant dans des directions opposées. Les renseignements que M. Bowdich a obtenus dans sa mission chez les Aschantis nous ont confirmés dans cette opinion. Mungo- Park dit que Djinbala^ indiqué par ks itiné- raires comme une ville, dans le voisinage de Djennie , est une île formée par deux bras du , Niger\ qui sortent du lac Dibbir^ et qui se réunissent à Cabra. Nous croyons qu'un de ces bras pourrait bien être le Gambarou ou le Niger des Arabes, qui alors coulerait vers l'ouest; et que c'est par le moyen de ce fleuve qu'en par- tant de Cabra f l'on navigue à Djenny, tandis que par Quolla ou Quorra , ou le Niger des Européens, on navigue vers l'est. Dans cette hypothèse, on concevrait facilement comment le cheyk Hagg-Cassem , qui s'est rendu à Tint* bouctou par l'intérieur des terres, aura Itouvé dans cette ville des esclaves et des nègres vernis
3oi RECHERCHAS SV^R XAFRIQTJE.
de Ouangara dans le même temps que d'autres marchands revenaient de Djennfj et qu'il aura confondu ces deux contrées en une seule.
Nous avons dû, dans cette section qui con- cerne l'analyse géographique de Fi tinéraire dressé par le cheyk Hagg-Cassem , ne pas différer d'ex- pliquer une des contradictions qu'il renferme; mais, à la fin de,cet,te partie de notre ouvrage, nous développerons plus amplement nos idées et nos conjectures sur le cours des grands fleuves qui arrosent le Soudan.
§ IV. analyse géographique de t itinéraire de Moltammedy fils d'Ali^ fils d^e FquL
L'itinéraire de Mohammed, fils d'Ali, fils de Foui , qui renferme un très-grand-nombre de positions, nous fait compter cent huit à cent dix journées de marche entre Tripoli et Tim-- bouctou ; et comme nous savons, par l'analyse de l'itinéraire du cheyit Hagg-Gassem, qu'il ne faut que quatre-vingt-deux journées de marche, par la route directe , pour faire ce trajet , il en résulte que nous devons conclure que l'itinéraire de Mohammed nous trace utie route détournée, ou que les distances des journées ne sont pas évaluées comme dans celui du cheyk Hagg- Gaîisem.
TROISIÈME PARTIE. 3o3
il est facile, par un examen attentif, de nous convaincre que l'une et l'autre supposition sont vraies, et que ces deux causes contribuent, dans l'itinéraire de Mohammed, à augmenter le nombre de journées de caravane entre Tripoli et Timbouctou.
En effet, nous voyons que l'itinéraire nous fait compter trente -quatre jf^urnées et demie entre Tripoli et l'extrémité méridionale du territoire de Gadamès; mais nous savons d'ail- leurs (i) que Gadamès n'est qu'à treize journées de marche de Tripoli, et qu'il ne faut pas en- suite plus de quatre journées de marche pour atteindre l'extrémité méridionale de son terri- toire. Nous apprenons par-là que les journées de marche, dans le commencement de cet itiné- raire, sont de celles qui ne doivent être esti- mées que la moitié des journées de caravane du désert (2).
Au-delà de Gadamès , il n'y a aucune raison pour réduire les distances des journées, puisque la caravane, traversant les déserts , ne peut plus être suivie par des hommes à pied, et s'arrange toujours de manière à n'être pas relardée dans sa marche; cepenc^nt le nombre de soixante-
(i) Voyez ci-dessus , p. 176. (a) Voyez ci-desfus, p. a(Ï7.
3o4 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
seize journées, que notre itinéraire indique , entre la limite méridionale du territoire de Codâmes et Timbouctou\ est encore trop con- sidérable pour concorder avec la position que nous avons assignée à cette dernière ville. La route que parcourt l'itinéraire doit donc faire un détour; et en effet nous voyons Haoussa dans le détail des positions que nous donne notre itinéraire. Nous savons par un grand nombre de témoignages, à commencer par celui de Léon rAfricain , que Haoussa. est assez loin à Test de Timhouctou. Les vingt-buit journées de marche, que cet itinéraire nous fait compter entre Timbouctou et Haoussa^ doivent donc être mesurées à partir de Timbouctou vers l'est, et déterminer par ce moyen le détour de la route parcourue par les caravanes qui se rendent de Tripoli à Timbouctou en passant i^vHaoussa. Par ces combinaisons, la position de Uaoussa se trouve fixée à dix^neuf degrés quihz^ minutes de latitude nord, et à quatre degrés vingt minutes de longitude à l'orient de Paris; et Tareknah, lieu où l'itinéraire nous apprend qu'une autre route se détache vers Agadez^ se trouve placé à vingt -et -un degrés trente- cinq minutes de latitude, et à huit degrés quarante minutes de longitude- à l'orient de Paris. Entre Godâmes et Haoussa la route est directe*, et conduit
TROISIÈME PARTIE* 3o5
droit au sud ; et entre Tareknah ( i ) et 7Y/w- bouctou elle est aussi presque en ligne droite;' mais cette ligne se dirige à l'ouest en inclinant vers le sud.
Comme l'itinéraire de Mohammed est très- confus et très-embrouillé , et offre le détail d'un grand nombre de lieux qui ne pourraient être placés sur une carte générale d'Afrique, noua allons , pour plus de clarté , le réduire aux principales positions , en indiquant les nombres des journées, qui donnent en même temps les distances de ces divers lieux et marquent leurs emplacements sur les cartes.
(i) !Notre itinéraire nous apprend que Tareknah est dans le pays des Touariks; c'est la branche de ces peuples que Hornemann dit être désignée sous le nom de Kollouvy^ et qui habite Asben et les contrées environnantes ; tandis que ceux qui sont voisins du Fezzan se nomment Hagara (HoraenHQin's Journali^fage 119). L'itinéraire précédent nous a fait connaître des Toimrihs voisins deis Touats. Aussi Hornemann , dans un passage de sa relatipn qu'il a écrite en allemand, parle d'un Touarik de Tottftt (Voyage de Hornemann , Paris , 1 8o3 , in-8**^ p^e 467) > avec lequel il était intimement lié. Le traducteur anglais de Hornemann a supprimé ces mots de Touat^ parce qu'il a cru y voir une contradiction : ils s'accordent au contraire avec nos* itinéraires et les confirment.
. * ao
3o6 RECHERCHES SUR LAFRIQUE.
NOMS |
M |
LATITUDE |
LONGITUDE |
O B B |
an nord' |
U'est et à l'ouest |
|
LIEUX. |
p o |
de l'équatcur. |
de Paris. |
Tripoli ...» |
îa" 53' 4o". |
Il** l' f OT, |
|
Gadamès |
lî |
So" 36'. |
8° 10' orient. |
Bakardi |
3 |
||
Puits de Shafamah. |
S |
* |
|
El-Kalaa, |
6 |
||
Puits d'£l-Za&af . |
a |
||
Sabhah (i) |
la |
||
Goulh-el-Ahimich. |
6 |
||
Tareknab, ville des |
|||
Touariks (ici la |
|||
route se divise). |
3 |
ai' 4o'. |
7* 53' orient. |
Haoussa |
i6 |
||
WanonkijOuCaou- |
|||
caou (rilinérairc |
|||
tourne à l'ouest) |
7 |
iS?W |
**• 5a'.ori»it. |
Afnoa, osBiraù. |
a |
.# |
|
T^MOU |
4 |
||
Scholoki, oaSou- |
|||
dah |
5 6 |
||
Zanonzouki |
|||
Tîmbouctou |
4 |
17" 38' |
a^ 4îi' occid. |
84 |
|||
* |
|||
(i) Ce Saèhah par |
*h êtra le Saumk des carte* de B.eiuieU et II |
||
â'Airoirsmith ; mais i |
1 est phoi plus an adrd-cst. |l |
TROISliUfE PARTIE. 307
Mungo-Park, dans son premier voyage, a entendu dire que Haoussa était à trente jour- nées de distance par terre de Timbouçtou , et k quarante -cinq journées par eau. On voit que ces données ne diffèrent pas sensiblement de celles de notre itinéraire (i), qui compte vingt- huit joymées pour cette distance. Selon ce qui a été dit à M. BovC^dich (a)^ il n'y aurait que vingt journées de marche entre Timbouctou et Haoussa, Dans les trois premiers jours , en par- tant de Timbouctou^ on traverse une contrée boisée, et l'on suit les bords du Nige^yasqak Azzibie , ville frontière. Mais cette évaluation de journées est probablement faite par des voya- geurs isolés , ou qui marchent en petites troupes et beaucoup plus rapidement que des caravanes nombreuses pesamment chargées, qui comptent vingt -huit journées pour cette distance.
Sur la route de Haoussa à Timbouctou est Jf^anonkiy grande ville^que notre itinéraire nous fait connaître, et dont aucun auteur n'a fait mention , pi sous ce nom y m sous celui de Caoucaou , que lui donnent, les touariis : ce sont les Nègres qui la nopiment Wanonki. La
(i) Brans Afrika^ t. V, p. 3a4. — Bowdich's Ashantee Mission^ p. 19S. (2) Idem, p. 196. .
âO.
3o8 RECHEncHfS SUR l'Afrique.
description qu'en donne Mohammed , porte- rait à croire que cette ville est plus considé- rable que Haoussa et Afnou , et au moins aussi grande que Timbouctou. fFanonki ou Caoucaou se trouve placé sur notre carte à dix: -huit de- grés quarante -cinq minutes de latitude , et à deux degrés quarante -cinq minutes de longi- tude à l'orient de Paris.
Hornemann parle d'une tribu d'Afrique qui habite dans le voisinage du Soud<m et de Tim" bouctou^ qu on nomme 7Vg'û/7ia(i),et qui, selon le rapport des habitants du Fezzan^ sont blancs et infidèles ; ce qui appuierait le récit de ceux qui prétendent qu'il y a des chrétiens dans le voisinage de Timbouctou ; et l'itinéraire que nous allons analyser, dit qu'il en existe beaucoup dans le pays de Cachenah.
§ V. Analyse géographique de Titinéraire de Tripoli de Barbarie à la ville de Ctichenahy par te chejk Hagg- Cassent.
La Société africaine, dès le commencement de ses travaux , s'était procuré un itinéraire de Tripoli à Cachenah y à- peu- près semblable à celui du cheyk Hagg-Cassem, dont nous allons
(i) HornemaDii's Trapels, p. iio , et p. 281 de I a traduct. franc.
TROISIÈME PARTIE. Sog
nous occuper. L'itinéraire qu'avait reçu la So- ciété africaine a été remis au major Rennell, qui, par son moyen, a enrichi de plusieurs po- sitions intéressantes la géographie de l'intérieur de TAfrique. Malheureusement il ne l'a pas publié; et nous n'en connaissons que ce qu'il a cru devoir en extraire pour réclaircissement de sa première carte du nord de l'Afrique , qui accompagne les actes de l'Association pour les découvertes en Afrique (i).
Les documents que le major Rennell a eus entre les mains s'accordent avec notre itinéraire sur la direction que suivent les caravanes pour se rendre de Tripoli à Cachenah. Ces caravanes commencent d'abord par aller à Gadamès^ et^ après avoir ainsi marché au sud ^ ouest, elles changent de direction pour se rendre dans le Fezzan^ soit à Mourzouk^ la capitale, soit a Teghereîn^ qui est sur les limites dé cette con- trée ; ensuite , après avoir échangé avec les Fezzanais^ les marchandises qu'elles ont ap- portéfl^de Tripoli ^ elles traversent le désert, et se rendent directement à Cachenah^ en se diri-
(i) Proceedings of the Association for promoting the discouery of the interior parts of Africa , 1790 i in -4**, chap. 17U, p. 170-172. — Hornemann's/our/ia/, 1802, in-4^» p. 180.
SlO RECHERCHES «UA e'aFRIQUE.
géant toujours au sud,' et &x traversant Agmeh^ ou r.oasis diAsben.
Nous ne pouvons douter que le major Renneli, pour tracer cette partie de la carte d'AÉPÎque, publiée en 1798 et corrigée en 1802 (j), n'ait eu un itinéraire qui lui retraçait la Wkfxsst route que la nôtre. Il est facile de voir qtie . le '/e«e^ du major Rennell, sur la rotote du Wezzauy est le Jaiiel de notre itinéraire (a); que Teghereïny sur les confins du Fezzan^ est Tai-gari ou Tegherjr(3iy Il est certain que tiotre Tecbnent est la même po- sition que celle de T'a Je»^ dans Rennell, puisque notre itinéraire nous apprend que 7iwfc/2f est le nom de la montagne au pied de laquelle 7W- ment est situé. Açiou est Assiea ; Toghagii est Tagazi ; Açoudi est Asouda ; Aoudercts est (htataras. Enfin le major Rennell a tracé sa
(i) Voyez la carte insérée dans le toiae I , ^. ^09 des Prçceedings of th^ Association for promoting the d^fco- very in Africa.
(2) Selon M. Langlès , on devrait écrire Djenné ice mot arabe signifie Jardin, Voyez la traduction françHsc da Voyage de F. Homemann , p. 280.
(3) Quoique dans Hornemann*s Journal^ p. i55, le ma- jor Rennell dise qu'il est probable que Taï-gari est le même lieu que Teghery, cependant il les distingue sur sa carte , et en fait deux lieux différents. Nous pensons qu'il y a double emploi , et que Tegkereïn , Taï-gari et Teghery désignent le même lied.
TAOlSliHJB FARTIJB. 3ll
roiM par Agadez^ où notr€ itinéraire nous fait aussi passer.
Notre itinéraire nous fournit un plus grand nombre de noms de lieux , et dé distances', que ceux que Rennell parait avoir eus à sa disposition : mais il nous présente , comme Fiti»^ néraire précédent , le riiébnge de deux mesures différentes; et les journées qu'il nous donne entre Gadamès et le Fezzan, sont évidemment de celles qui sont, quant au dhamin parcouru^ moitié moindres cpie les journées des caravanee qui traversent le désert. En effet, entre 6a- damès et Djennetj notre itinéraire nous fait compter trente-et-une journées de caravane-^ la carte de Rennell n'en admet que quatorze. Ce.géographe a placé Tegherjrow Taï-gari d'après ' un itinéraire de Tunis à Cachenahy communiqué par M. Magra, qui n'évalue la distance de es lieu à Gadamès qu'à quinze journées de car»* vane (i) : notre itinéraire en donne trente** sis; ce qui porterait ce lieu loin 'du Fezzan^ si on évaluait ces journées comme celtes dés caravanes ordinaires^ au lieu de les évaluer comme celles des caravanes suivies par des hommes à pied, et de 3néduire la distance à moitié : en opérant
(i) Hornemanii's Journal, p. 1 55, et p. 'i^^ rfe k tra- ductÛHi'frtiiçaise. ''
3l2 RECHERCHES fitJR l'aFRIQUE.
cette réduction, Teghereïn se trouve |dacé à deux cent soixante-dix railles géographiques de Ga- damés; et c'est là, à peu de chose prèSj la distance qui est donnée par les cartes de RenneK et d'Arrowsmith, soit qu'ils évaluent les jour- nées de caravane à un taux plus haut, soit qu'ils aient reconnu que la distance de quinze journées était insuffisante.
Le reste de'iiotre itinéraire s'accorde souvent avec celui dont le major Rennell a fait usage, ou s'en éloigne peu. Les journées de caravane doivent être évaluées selon le taux que nous avons déterminé : ainsi Tedment^ situé au pied de la montagne Tadent^ et où l'on recueille une grande quantité de feuilles 4^ sépé, est, selon notre itinéraire, à trois joiu'nées de marcha 4^ Teghereïn y c'est *à -dire à quarante-* cinq milles géographiques de Teghery. Le major Rennell met ce lieu à diic milles plus au sud , : et Ar- rowsmith seulement à six ou sept milles.
Entre Tedment ou Tadent , et Açiou ou Assieuy notre itinéraire compte huit. jours de marche, ou cent -vingt milles - géographiques ; et c^est juste la distance que le major Rennell et Arrowsmith ont établie sur leur» cartes entre ces deux lieux.
Entre Aciou et Toghâgit notre itinéraire compte cinq journées de marche , ou ,• selon
TROISIÈME PARTIE. 3l3
notre évaluation habituelle, soixante-et-quinze milles géographiques ; et c'est exactement la dis* tance que le major Rennell et Arrowsœith met- tent sur leurs cartes entre Assieu et TagazL
De Toghâgit jusqu'à Aqoudi^ la capitale du pays diAhir (i), qui trafique directement avec Cachenahy notre itinéraire nous fait compter sept jours de marche» pu cent -cinq milles géographiques; et c'est encore la distance que Rennell et Arrowsmith ont établie sur leurs cartes entre Tagazi et Asouda,
C'est à Açoudi oïl Asouda que les caravanes qui se rendent des confins du Fezzan, ou de Teghery^ joignent les caravanes qui viennent directement de MourzouÂ, la capitale du Fez- zan^psLT une route parallèle, et cependant peu éloignée de cellç que nous venons de tracer.
Le major Rennell a eu un itinéraire de xrette route, dont il a heureusement donné un extrait dans les premiers actes àe la Société pour les progrès des découvertes en Afrique (2). Nous allons de .nouveau l'analyser; et le soumettre à nos évaluations habituelles de distances , afin de
(1) Ahir est peat-êlre. le même mot que Hair^ qui eit un désert au sud^ouest de Touat; et ce mot a probable- ment une signification dans une des langues de TAfrique.
(2) Rennell, Proceedings of the African e^ssociation ^ 1790, iù-4°, cb. VII, p. 160.
3l4 KECHERCHES SUR l'aFRIQUE. ^
mieux appuyer la position ^Aqoudi^ placé sur notre carte seulement à dix milles géographiques plus au sud que sur les cartes de Rennell et d'Arrowsmith ; mais, pour cette analyse, nous emploierons le nombre de journées de marche de cet itinéraire, et non celui qui se trouve porté sur la carte même du major Rennell , et qui ne s'accorde pas toujours avec l'extrait que ce géographe a donné des documents sur lesquels il travaillait. En effet, on a vivement lieu de re- gretter que le géographe anglais n'ait pas publié pour cette partie de son travail , comme pour toutes les autres parties relatives à l'Afrique, les documents tels qu'il les avait reçus. Les extraits fragmentaires et souvent confus qu'il en donne , et les citations qu'il en tire,iie suffisent pas pour la discussion des points douteux, et pour la comparaison qu'il est nécessaire d'établir avec d'autres documents semblables. Par là , les progrès de la science sont retardés, et ceux qu'elle fait sont mis en^ doute ou regardés comme incertains, parce qu'ils sont dénués des preuves qui devraient les appuyer. "^ La carte du major Rennell, gravée en 1790, élahiil cinq journées de marche entre Mourzmuk et Hiats; mais, comme ritinéraire(i)nous ap*
(1) Remell, Procecdimgt, ^tc.,^«790, ili-4S P- x^^*
T^ROISIÀME PARTIE. 3l5
prend que Hiats est un pays et non une ville, et que, dans sa carte postérieure , gravée en 1 79^ et corrigée en 1802 , le major Rennell a appliqué cette distance à Teghery^ et qu'il a fait disparaître le nom de Hiats, nous devons croire qu'il a des motifs pour considérer Teghery comme la capitale.
Le géographe anglais fait deux lieux différentsr de Teghery et de Taî-- Gari, que nous recon- naissons pour le même lieu que le Teghereïn de notre itinéraire ; et ce qui nous confirme dans cette pensée, c'est l'itinéraire extrait par le major Rénmell (i) : il nous apprend que les caravanes, en partant de Mourzouk, se dirigent d'abowl au sud sud-ouest. Alors les cinq journées de marche, à partir de Motirzouk^ placent Teghery un peu à l'ouest de T&ï- Gari d'Arrow^smith', et précisément où les cofiiibinai-^ sons de notre itinéraire le portent.
Il est dit ensuite, dans l'itinéraire de Ren- nell, que Ganat est à six journées de Hiats ^ et jésouda à dix -neuf journées de Ganàt. Si l'on suivait ici le major Rennell , et te posi- tion qu'il a assignée k Teghery, ce^e d^jisûuda serat descendre ^ pier cet|e distance de vingt-^ cinq journées, à un diegré et demi de Isrtitude^ - •' ' - ■ - ■ • ■ - ■
(i) Rennell , ibid, , in-4% p. 160.
3l6 RECHERCHES SUR l'aFRIQITE.
plus au sud que celle qu'il lui a assignée , et se confondrait avec celle SAgadez : aussi le géo- graphe anglais, qui s'est aperçu combien ce ré- sultat était fautif, n'a point suivi les distances données par son itinéraire ; il marque sur sa carte six jours de marche entre Ganat et Asouda , et également six jours de marche entre Ganat et Teghery^ et cinq jours entre Teghery et Mourzouk.
Au lieu de ces suppositions, de ces combi- naisons arbitraires, nous prenons l'itinéraire du major Rennell, tel qu'il le donne; et, à partir de Thegereùiy dont la position est fixée par l'intersection de deux distances, nous plaçons GaruU à six journées ou quatre-vingt-dix milles géographiques au sud : et la distance entre ce lieu et Açoudi ou Asouda ^ tel qu'il est placé sur notre carte, et tel qu'il a été déterminé indépen- damment de l'itinéraire de major Rennell , se trouve être de dix-huit journées; ce qui n'offre, avec la carte de Rennell, que la différence d'une seule journée ou de quinze milles géogra- phiques.
Entre Asouda ou Açoudi et Agkadez, l'itiné- raire de Rennell compte huit journées de niar^ che. Notre itinéraire, entre Açoudi ou A hir et Aghadez, compte jieuf journées de niarche; et Açoudij étant déjà porté sur notre carte à
TROISIÈME PiLRTlE. 3l7
une journée plus au sud, Agadez ^e trouve, par cette dernière distance, placé à deux journées ou un demi-degré aussi plus au sud que sur la carte de Rennell, et occupe la raéme position que celle de Begzam dans la carte. du géographe anglais.
Entré A godez et Cachenah, la récapitulation des distances partielles de notre itinéraire donne dix-neuf journées de marche. Celle de l'itiné- raire du major Rennell n'en fournit que dix- sept (i) ; ce qui porte encore plus au sud Car chenak, qui se trouve, par la combinaison de toutes ces distances réunies, placé sur notre carte à quinze degrés dix minutes de latitude nord , et à huit degrés trente-sept minutes de longitude à l'orient de Paris.
(i) Cet itinéraire est ainsi détaillé , p. i63 et 164 des Pro-- ceedings, de l'édition de 17^ in-4®, ou 1810 in-8** : ^ Journées.
Agndez . . . '.
Begzam 3 Begzam est une petite ville où
il n'y a que des tentes de peaux.
Tegomah a Petite ville.
Hauteurs et désertsdont
la traversée emploie. . . 5 Cachenah 7
Total... 17 journées de marche.
3l8 REGHERCHBS SUR l'aVRIQUE.
La ville de Cachenah^ selon notre itinéraire, est très-oontidérable , et l'on y entre par sept partes.
Nos lecteurs savent déjà^ par la première partie de cet ouvrage, que^CacAe/zaA est une viHe fort ancienne. Léon TAfricain la décrit très au long (f). Marmol (2) n'a fait que traduire la description de Léon l'Africain. Selon les infor- mations données par le i\ègre Abd-Arrach- màn Aga à Niebuhr, Cachenah est une ville grande et commerçante , sur la route de Zanfara au Fezzan; elle est habitée par un sultan vassal du roi ^Afnou: mais il ne s'agit pas, je crois, ici de la ville ni du pays ^AfnoUj sur la route de Haoussa à Timhouctou. Afnou est ici le synonyme de Soudan^ qui signifie noir (3); et cela voudrait dire que le sultan souverain de Cachenah l'est aussi de toute la Nigritie. Alors ceci ne serait qu'une exagération patriotique d'Abd-Arrachman. Le territoire de Cachenah y selon le même, renferme les villes suivantes : Khago ( peut-être le Gago de Léon), Kankara^ Koutourkouschi ^ Kiana^ Saghani,
(i) Léon, r Africain dans Ramusio^ t. I, p. 79 b.
(2) Marmol, t. III, liv. ix, ch. xi, page (>8.
(3) Hornemann's Travels ^ p. 184. Le nom de Gnewa^ que Ton donne au Niger à Timbouctou , signifie aussi noir. Voy. Proceedings , tome I^ p. 124, édit. in-8**.
TROISIEME PARTIE. 3l^
Taghamez (peut-être le Tegomah de Titinéraire de Rennell),.et Dandoudjighi. Toili ces lieux sont désignés par la dénomination de Bemis, c'est- à- dire forteresses.
Selon Inhammed (i) et Ben -Ali, le Niger est à cent milles au sud de Cachenah. Ce Niger doit être le \Quolla de M. Bowdich.
Cachenak est, selon les mêmes, ^ur le chemin du Fezzan à lat-Câie-d'or et au pays des Aschan- tis. \j^ royaume de Cachenah^^X. borné au nord par les montagnes ^Eyré^ au sud par le Niger ^ à l'est par le Zanfara et l'empire du Bomou (a). Il y a, dit -on, quatre-vingt-dix-sept jours de tnarche de Cachenah à Gondjah^ et Gondjah est à quarante -six journées de la côte. Ces in- dications peuvent servir à déterminel' les posi- tions des lieux qui sont entre lés ^ands fleuve$ 4» foirrfrwi -et 4a i^âte-d'of ' elles soi^tent des limites de notre carte et du plan de nos recherches N, et concernent celles auxquelles M. Bowdich a dû se livrer pour perfectionner l'essai de géographie qu'il a publié dans son Voyage chez les Aschantis, y
Revenons à notre itinéraire: le lieu le plus important qui s'y trouve , après Tripoli et Cû*
(i) Proc^dingSy p. 164, édit. in-4°. (a) Ibid.
320 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
chenah^ est ^ godez. Aussi Hagg-Cassem nous donnent- il* des détails intéressants sur cette ville : selon lui, elle est plus grande que Tripoli de Barbarie , et est située dans une plaine. 11 y a un marché : les Touariks y font commerce de bœu& et de moutons. Les hs()3itants ôHJgadez tirent leurs vêtements de Cachenah, de Gouber et de Zenferanah^ qui est probablement Zan- fara. Us donnent, en échange , du sel, qu'ils se procurent de Bornou^ du pays de Fizchy et de Belma{i). Le Belma ou Bilma est connu des géographes (2). Cette contrée , qu'habitent les Tihbos^ est placée au sud du Fezzan^ à l'ouest de Kaouar : mais le nom de Fachy a été jusqu'ici inconnu çn géographie. Selon Hagg- Gassem, le grand commerce que fait Agadez rend cette ville riche et florissante.
D'après les renseignements donnés à Horne- mann et à M. Magra (3), les KoUouvy^ tribu des Tbwan^j, possèdent le pays èiAgàdez; et il sem-
(i) Voyez ci-après, dans V Appendice,
(a) Voyez Hornem'anrCs Trat>els , j^, 178, et p. 267 de la traduct. fr. Hornemann divise les Tibbos en six tribus : 1^ Rechaddy; a*" Fibabo; 3** Birgou; 4*» Ama; 5** Bilma; 6** Tibbos nomades.
(3) Voyez Homemann's Travels^ p. iSi , et p. a8o de la traduction.
TROISliUiE PARTIE. Sil
faierait qu*ils l'ont conquis depuis peu. Ce pays , avec d'autres tprovinces limitrophes, forme un état qu'on nomme Ashen, Du côté du sud, il touche au Ccichenah^ qui, suivant les mêmes ren- seignements , fait partie de l'empire de Haoussa ; et, à l'est, il confine au Bornou : sa capitale est Agadez^qui est aussi grande qu'un faubourg de Tunis. Samfarat ou Zarifara et Gouber sont , d'après les mêmes informations, contigusà^j- ben , et lui paient tribut. Peut-être est-ce là unfe erreur, due au commerce que Zanfara et Gouber font ^yec jésben , 9xiis\ que nous l'apprend notre itinéraire.
Selon les renseignements donnés à M. Magra, Gazer y Tagazy^ Djennet, ne seraient que de très -petits villages ; dispersés sur un espace immense , et possédés par les Touariks, Les plus oïientaux des Touariks sont les Khagara ou Hagaruy qui sont au sud du Fèzzan, et dont Ganaty ou la ville des Agary y est peut- être la capitale (i).
L'itinéraire que nous venons d'analyser con- duit de Tripoli à Cachenah par \eFezzan, Cepen- dant il ne passe point par Mourzouk, la capitale de ce pays, mais par Teghery ou Teghereïriy qui,
(i) Homemann*s TraveUy p. 182, et p. a8x delatraduct. franc.
îii
322 BECHERGHES SUA l'aFRIQUE.
d'après les renseignements communiqués à là Société des découvertes d'Afriqui^st la dernière ville du Fezzariy du coté de l'ouest (i). Pour tracer Jes routes qui conduisent directement de Tripoli à Mourzouk , nous nous sommes servis de l'itinéraire d'un vieux Tripolitain, qui avait fait deux fois ce trajet. Cet itinéraire , traduit par M. Venture, a été publié, par M. Langlès, à la suite du voyage de Hornemann (a). Nous l'avons combiné avec le journal d'une expédition faite, en 1810, par Sidy-Mohammed , fils aine dîi pacha , dans les montagnes au sud de Tripoli, Nous n'entrerons point ici dans le détail des calculs qui assujettissent chacune de nos po- sitions, parce que cela allongerait trop cette analyse. D'ailleurs cette partie de notre carte ne §e rallie que d'une manière indirecte avec Godâmes et Tegherem, et a moins de relation avec l'objet de nos recherches, qui ont pour but principal l'intérieur de l'AMque. Nous ferons seulement remarquer que la combinaison des distances nous a permis d'assigner avec assez de certitude la position d'une ville importante de ces contrées, qui avait disparu de nos cartes,
(i) Voyages de Hornemann , traduits de l'anglais et eutg- mentes de notes par\M. Langlès, i8o3, m-8**, p. 45i. (a) Ibid., p. 451-463. \ ,-,
TROISIÈME PARTIE. 3îi3
quoiqu'elle existât sur la carte d'Afrique de d'Anville : je Teux parler de Mezdah^ qui est entourée de murailles, et l'entrepôt de com- merce entre Gadamès, Mourzouk et Timbouc^ tou (i).
La position de Sokna se trouve aussi, par le moyen des distances qui nous sont données dans, l'itinéraire du vieux Tripolitain, portée beauv coup plus au sud que sur la carte du major Rennell , et sur toutes celles qu'on a publiées depuis.
Sokna est la première ville de la dépendance du Fezzan , qu'on trouve sur la route de GAa- jyan. Elle est peuplée de blancs et de noirs , tous Musulmans ; et les caravanes de Tripoli, qui se rendent à Mourzouk^ s'y reposent plu- sieurs jours. De Tripoli aux confins du désert de Sahara, par les montagnes de Gharyan^ on ne compte que trois jours de marche; et en quittant ces montagnes, on se dirige vers le sud, et l'on rencontre bientôt un lieu nommé EUGaryeh : là, des monceaux de colonnes, et des tours renversées , anfioncent l'emplacement d'un lieu ancien , et ont fait croire à l'existence
(i) Journal de VExpédidon de Sidy- Mohammed -Bey dans les montagnes du Gharjan en 1811 (manuscrit).
ai.
3!i4 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
d'une ville pétrifiée (i). I^ Sebaâ de l'itinéraire du vieux Tripolitain est le Sebati 'd'Abd-Ar- rachman(2). Selon le Tripolitain, Sebaâ contient près de trois mille noirs, parmi lesquels il y a quelques Arabes (3).
Suivant les renseignements donnés à la suite jde cet itinéraire , il n'y a que vingt journées de marche de Bornou à Cachenah , ville nègre, qifon assure être située à l'est de Bornou, C'est tout le contraire, et. c'est à l'ouest qu'il fallait dire.
Ces mêmes renseignements nous apprennent que les esclaves nègres qu'on trouve au Fezzan sont amenés de Bornou , et aussi que les mar- chands de ce dernier pays tirent la poudre d'or qu'ils portent kMourzouky de Goundjeh^yiile, ajoute - t - on , située au nord de la Guinée. Godnd/'eh est évidemment le même lieu que le Gondjcàt de la première carte de Rennell , pu- bliée en 1790 (4y, lieu qu'il place à l'ouest de Degumbà\ au- nord Ae^Tounouwah et à^Assen- taïy et do»t il a, depuis, changé le nom en
(i) Voyages de Fr. Homemann dans V Afrique septen- trionale y trad. franc., p. 454 et 455. (a) Voyez ci-dessus, p. 73.
(3) Traduct. franc, des Voyages et Homemann^ p. 456.
(4) Proceedings of the Association^ etc., 1790, in-4'.
TROISIEME PARTIE. 3^5
celui de Kong : ainsi donc Goundjeh de 1-itiné* raire de Venture, est le même lieu que le Kong du major Rennell , de M. Bowdich , et probable- ment aussi le Congé de Delisle et le Conche de d'Anvillè : tant il est vrai que tous les rensei- gnements concourent à prouver l'active et fré- quente communication des peuples de la côte de Guinée avec le Soudan et le nord de l'Afrique.
§ V. Sur un Itinéraire de Gamba à Cachenah^ à Bornou et à la Mecque.
M. Bowdich, dans son ouvrage sur les jds^ chantis, regrettait d'avoir perdu un itinéraire de Gamba à la Mecque, qui lui avait été donné par un chérif nommé Brahima. Il a depuis re- trouvé cet itinéraire , et nous l'a remis. M. de Sacy a bien voulu , d'après le désir que nous lui avons témoigné, en faire la traduction. Nous l'avons jointe aux autres itinéraires que nous avons insérés dans notre Appendice. On verra^ que ce n'est, comme tous ceux qu'a déjà publiés * M. Bowdich dans son ouvrage, qu'une suite de noms, sans indication de temps ni de distance^.' Toutefois , comme le chérif Brahima , et tous ceux qui ont remis des itinéraires à M. Bowdich, lui ont assuré qu'en général chaque nom cor- respondait à une halte ou à une journée de route , il a supposé qu'il en était de même pour
3^6 RECHERCHES SUR LAFRIQUE.
tous les autres itinéraires qu'il avait publiés ; et il a entrepris de les assujettir tous à des cal- culs géographiques.
Au moment où nous terminions Timpression de nos Recherches, M. Bowdich nous a remis un exemplaire de la carte qui est résultée de ce dernier travail (i), et les trois premières feuilles de l'ouvrage qui en est l'analyse, et qui pré- sente ses propres vues sur l'intérieur de l'A- frique (îî).
M. Bowdich, cédant aux observations que nous lui avions, £aites dans une de nos notes (3), a donné à part une carte spéciale du pays des Asçhantis^ basée sur ses propres observations,, sur des itinéraires détaillés , sur des relevés exacts des cotes qu'il s'est procurés , et sur la comparaison qu'il en a faite avec les cartes de * d*Anville et les relations des autres voyageurs. Cette partie de son travail , ainsi que ce qu'il a donné sur les environs du cap Lopès^ sont des «acquisitions précieuses pour la géographie , mais
qui ne font pas partie de notre sujet.
■ . ^ »■■■_■
(i) ^ map of north ivestem Africa , 4^dicated to the African Association and constructed from original itinera- ries by T.-E. Bowdich, i8ao ; deux feuilles.
(îà) Essay on the geography of north western Africa , in-S**, Paris.
(3) Yoyaz ci-dessus, p. 128, à la note.
VROr SI ÈHE -PARTIE. 3^7
Le reste de la carte de M. Bowdich est beau- coup plus hypothétique, et se fonde sur des documents plus incertains.
On comprend en effet que , dans des itiné- raires rédigés sous la forme d une simple liste de noms, sans aucune indication de temps ni de distances, la supposition qui fait compter le nombre des journées par celui des noms, doit produire un nombre de journées plus con- sidérable que celui qu'il a été nécessaire d'em- ployer dans les pays très -peuplés, et moindre que celui qu'on a réellement employé dans les contrées désertes. Donc, en admettant qu'il y eût compensation à cet égard sur un très-long itinéraire, et que l'ensemble pût être consi- déré comme exact , les positions intermédiaires se trouveraient nécessairement affectées d^er- reurs graves par l'effet de l'usage de docum^ts aussi peu précis. Au moyen des itinéraires que nous, avons analysés, dans lesquels les lieux sont non-seulement indiqués , mais décrits^ où. l'on ^ fait' connaître le nombre des heures de repos , et celui des heures de voyage , nous avons pu espérer de mesurer avec quelque exactitude la marche des caravanes dans le Grand -Désert, parce que cette marche , sur cette immense surface , est presque nécessaire- ment uniforme, et que les caravanes dans ces
3a8 RECHERCHES SUR l'aFI^IQUE.
contrées stériles ont un intérêt évident à suivre autant que possible la ligne droite. Notre point de départ, qui est Tripoli^ se trouvait déjà dé- terminé; et les lieux voisins de Timbouctouj où de Fautre extrémité de notre .itinéraire , étaient aussi déterminés par des observations astrono- miques et précises;* ce qui nous a donné, au moins pour un de nos itinéraires, la direction exacte de notre route. M* Bowdich , d'après les itinéraires détaillés qu'il s'est procurés à Coumassie ^ a pu fixer assez bien les points de départ de ces divers itinéraires; mais, comme les pays situés entre la Côte ^ d'or et le Sou- dan^ que traveisent ces itinéraires, sont très- peuplés;, et coupés par des forets, des fleuves, des QïMtagaes , la marche des voyageurs ne peut être unilbnne comme celle des caravanes du désert; et lors même qu'on aurait le nombre exact des journées employées dans le trajet , il devient difficile de Sie servir de ce renseignement seul, avec quelque espoir de succès, pour des combinaisonSigéographiques, puisqu'on n<(.peut apprécies^ien même temps la longueur du chemin parcouru dans chaque journée, et qu'on a au contraire la certitude que cette longueur varie beaucoup suivant la nature du pays, sur la- quelle ces itinéraires ne donnent pas la plus légère indication.
TROISIÈME PàRTI£. 1 3^9
M. Bowdich nous dit que, dans un voyage de quinte jours, la valeur en ligne droite de la journée de chemin ne peut pas être estimée à plus de dix milles géographiques dans les pays boisés et couverts, tels que ceux qu'il a parcou* rus en se rendant de la Côte -d'or à Coumas-- ^e; a et, ajoute-t-il, d après les renseignements que j^ai obtenus des Maures et.des Nègres, on ne peut pas , dans un long voyage , évaluer la longueur en ligne droite du chemin parcouru à plus de quinze milles géographiques par jour (i). » Mais, dans l'échelle de sa carte, il n^évalue qu'à douze milles géographiques en ligne droite la longueur du chaâfiin. parcouru dans ces pays découverts, sans. que je trouve, dans la partie de son texte que }'ai sou9 tes yeux, l'indication des motifs qui l'ont po^té à faire cette évaluation: enfin il^i'a pu savoir^ puisque ses itinéraires ne le lui apprenaient pas, quand la nature du pays devait lui faire esti- mer la journée à dix, à douze <, ou à quinze milles géographiques en ligne dro^; c'est-à-- dire quand il devait alonger ou raoc^oirGir ses distances d'jun tiers ou d'un sixième. A toutes ces causes d'incertitude s'en joint une autre
(i) BowdicVs Essaj- on the geography of north western Afnca , p. 6.
33o RECHERCHES SUR l'aFRIQUE. -
plus grande encore ; c'est celle de la direction à donner aux divers itinéraires. M. Bowdich dé- termine la longitude des différents lieux situés jsur le Quolla ou le Niger, où passent ses iti- néraires, par les distances de ces lieux à 7ï/7i<- bouctou : mais comme c'est en naviguant sut le Quolla ou Niger qu'on se rend de Timbouctou aux lieux ou régions iqui sont à l'est, les dis- tances de ces lieux et de ces régions sont tou- jours données en journées de navigation ; or, on n'a pas le tracé du cours du Quolla ou Niger^ et il peut couler en ligne presque droite comme le Nilf ou faire des détours très -considérables et très - multipliés : il s'ensuit qu'il devient presque impossible d'assujettir ces distances à des combinaisons géographiques, et que la di- rection à donner aux itinéraires peut se trou- ver affectée d'erreurs de plusieurs degrés à l'est ou à l'ouest (i).
Malgré tant de causes d'imperfection, la carte de M. Bowdich sera utile , parce qu'à beau- coup de sagacité l'auteur a joint une profonde étude de son sujet, et. qu'elle offre des re-
(i) Je ne parle qne de la portion de la carte de M. Bow- dich qui concerne rintérienr de TAf rique , et non de celle qui donne le pays des Jschantis^ k laquelle ces obsenra- tions ne s'appliquent pas.
TROISIÈME PARTIE. 33i
cherches , des rapprochements curieux , et des conjectures probables, présentés d'une manière claire et méthodique. Nous allons donc en peu de mots examiner ce qu'elfe nous fournit de plus remarquable pour notre sujet.
Nous y voyons d'abord l'emploi de deux noms .généraux, qu'on ne retrouve sur aucune carte antérieure , du moins dans un sens aussi général. Au-delà des contrées boisées qui s'éten- dent jusqu^aux confins des états qui bordent lé royaume des Aschantis, il existe au nord une vaste région sans forets et souvent sablonneuse, nommée Sarem^ qui comprend plusieurs états : plus ail nord^ tout le pays compris entre le Quolla et le Gambarou se nomme Mallowa ou Marrowa, Ainsi le Mallowa renferme , selon M. Bowdich, les royaumes de Haoussà^-^t Zam- farra et de Cachenah ou Cassina.
Pour ce qui concerne l'emploi .Ai nom de Saremy M. Bowdich s'appuie sur les informations qu'il a. reçues à Coumassie ; et il ajoute que s'il n'avait pas résidé long -temps dans cette ville, et s'il s'en était rapporté aux premières réponses qui furent faites à ses questions, il se serait tromQjé sur le sens du mot de Sarem, et l'aurait pris pour le nom d'un royaume.
Quant à Malloiva ou Marrowa^ c'est, selon M. Bowdich, le Melli reg^io de Léon l'Africain et
333 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
de Marmol (i) , placé à tort au sud du Niger y d'après la prétendue ressemblance de ce uom avec le mot de Lamlam ; tandis qu'au contraire ce dernier nom, qui est très -différent, signifie sel dans le langage des Foulahs (2). M. Bowdich se fonde encore, pour Teroploi du nom de Mal- towa comme dénomination générale, sur, la lé* gendede la carte dessinée (3) sur bois que j'ai rap- portée précédemment, où il est dit que le INègre nommé Musse-Melly est roi de tous les/ Nègres de la Guinée; ce qui s'accorde avec la relation d'Ibn-Batouta,dans laquelle on trouve que Tim- bouctou est une ville du royaume de Maly (4), et avec les renseignements donnés à M. Hut- chison, que le roi de Ma/la réside à Haoussa^ qu'il a sous lui sept rois tributaires (5), et que tout le pays arrosé par le Joliba ou le QuoLla est
(ï) Bowdîch's iS'woj on tke geography of north western Jfrica^ p. 24.
(2) Vovex le Vocabulaire donné par M. Iftollien , Foyage en Afrique ^ t. II, p. 1*7 5.
(3) J*ai dit dessinée^ et non gravée comme le ditM.Bow* dich , p. a4, ce qai donnerait une fausse idée de ce monu- ment géographique qni est manuscrit. Je Tai souvent cité, et je le ferai connaître plus en détail paf ufte dissertation spéciale. Voye^ ci-dessiis , p. 19.
(4) Burckliardt*8 TraveU inJfubia^ p. 537.
(5) MUsion to Jshanêee^ p. 197»
TROISr:feM£ IPARtlE. 333
soumis ao sultan de Mali-SimieL Léon F Africain remarque que Melli s'étend le long du Nil des Nègres l'espace de trois cents milles ; et l'Arabe Ader a dit à M. Seetzen que Cano et Melli sont situés entre les deux bras du grand fleuve (i).
Ces rapprochements sont ingénieux ; mais sont -ils suffisants pour appliquer le nom de Mallowa à une région aussi vaste que celle que M. Bowdich a indiquée sur sa carte? Je remarquerai à ce sujet que, dans un des itiné- raires qu'il a précédemment publiés , les noms de Mallaia et de Maly y figurent comme rioms de ville , et ne désignent pas une région (2).
A Coumassie^ l'on a dit à M* Hutcfaison que les quatre plus grands rois connus sur les bords du Quolia étaient les rois de BaharnoUj de Santambou^ de Maii-Simiel et de Mâlla (3); et M^ Bowdich remarque sur ce passage que-Malla est Mallowa ; alors Mali-Simiel est différent , et le nom de J^a//ou^a n'aurait donc pas la signi^ fication étendue que lui donne M. Bowdich. Il s'était contenté, dans son premier ouvrage, de faire considérer ce nom cotnme synonyme de Haoussa; et, d'après cette idée,, il avait même inscrit ce nom au nord du Gambarou , contre
(i) Adehnig, ilf^Arà/aA» S, tfa. i,abth. i46^i4a.
(2) Bowdich*s Mission io Mhantee y p. 4^4.
(3) Ibid,, p, 196.
334 RECHERCHES SCR I-'aFRIQUE.
l'assertion faite à M. Hutchison, qui place Mali- Simiel et Malla ou McHlowa sur les bords du Quolla et au sud du Gàmbarou:
Si Mallowa ou Marrowa est synonyme de Haoussa^ l'extension à donner à ce nom dé- pend des limites que l'on doit donner à Haous- sa ; et nous n'avons pas sur ce point des rensei- gnements suffisants (r). Je dis plus : il y a , dans les auteurs qui ont parlé de HaoussUy des con- tradictions que M. Bowdich ne nous paraît pas avoir pris suffisamment en considération. Il a adopté pour la ville àeHcLoussa la position que nous lui avons assignée , en partie d'après l'iti- néraire de Mohan^med , fils de Foui , qui nous donnait les combinaisons les moins certaines des trois itinéraires qu€ nous possédons : nous n'aurions même pas hasardé d'analyser cet iti- néraire, si notre position de Timbouctou n'a- vait été 'préalablement déterminée par celui d'Hagg-Cassem et par celui de Mungo-Park. Toutefois ^itinéraire de Mohammed, fils de Foui, s'est trouvé d'accord avec d'autres autorités, et place Haoussa à vingt - huit ou trente journées
(i) Dans le récit dlsaac nous voyons Dacha, le roi àeSego, envoyer tine armée potif idétruire le royaume de Haoussa; ce qui semblerait prouver ^ue ce royaume- n'est pas très- puissant. Mnngo-Park, %^ ^oyage^ in-4% i8i5,-pé ai6.
TROISIJEME PARTIE. 335
au nord-est de Timbouetou; mais le récit d'A- madi FatouCûa, qui fait parvenir Mungo-Park à Haoussa par une navigation sur le Joliba , et celui de Shabeeny ou Chabiny, semblent con- cerner une autre ville ou un autre pays de Housa ou Hcvoussa > qui est à cinq journées de marche (i) et à dix journées de navigation au sud-est de Timbouetou.
Il est probable que les membres de la Société des découvertes en Afrique n'ont gardé vingt ans le récit de Shabeeny sans le publier, que parce qu'ils y ajoutaient peu de foi ; cependant Rennell l'a fréquemment cité. Si le récit de Shabeeny était exact , il mériterait une^ande attention^ Il dit que la langue et les caractères d'écriture de Housa diffèrent beaucoup de l'arabe ; que ces caractères sont les mêmes qu'à Timbouetou ^ et ont près d'un pouce de hauteur ; qu'enfin on y écrit de droite à gauche. Selon Shabeeny, Housa ' serait aussi le centre du commerce de l'or; et le canton. d'où oi\ le tire, ne serait éloigi»é de la ville que de seize milles (2). Ce renseignement contredit néanmoins le témoignage unanime des auteurs arabes, qui placent le pays de l'or dans leOuangarah ou fTangarah^ contrée qui doit
(i) Shabeeny's account ofTimbouctoo and Haussa ^ p. 38. (a) Id.ibid., p. 5i.
336 RECHERCHES SUR l'aFRIQIJE.
êXve assez éloignée de Housa , et même de ^ HaoussUf si ce sont deux lieux différents.
M. Bowdich, considérant Haaussa comme synonyme de Melli, remarque que le récit de Cadamosto, en i455, se trouve d'accord avec Içs indications modernes, puisqu'il porte que l'on compte trente journées de caravane de Timbouctou kMelli[i). /
J'ajouterai que si Haoussa et Melli sont les mêmes lieux, le récit de Shabeeny se trouve con- firmé par celui deCadamosto; car ce dernier fait aussi de Melli le centre du commerce de l'or.
Le passage où Gadamosto parle des routes que suivait ce commerce , est remarquable , et nous prouve que les chemins * des caravanes étaient les mêmes qt^aujourd'hui. ce L'or, dit ce célèbre navigateur, que l'on se procure à MMi^ se partage en trois portions , et prend trws routes différentes. Une première portion s'en va pKar un lieu nommé Cochia , et se dirige sur le Cmre et sur la Syrie: la seconde ;et la troi- sième portion vont à Timbouctou; mais une de ùQ% portions en sort pour se diriger sur Toety et de ce lieu est transportée à Tunis ebsur toute la côte : enfin la troisième portion se dirige sur Uoden , et de là à Oran et dans le détroit de
(i) Ramusio, édit. de i6i3, p. loo A4
TROISIEME PARTIE. 337
Gibraltar, et. SLUSsi à Fez et k Maroc; c'est dani ces différents lieux que les Chrétiens et les Maures se. procurent ce métal (i). »
Ce passage important vient à l'appui de Titi- Qéraire. de Mohammed , fils de Foui , que nous avons analysé , et prouve que dans le quinzième siècle les caravanes qui se rendaient à Melli ou Haoussa^ se dirigeaient ensuite sur Timbouc-- tou, que de là elles retournaient directement au nord, à Tunis ow k Tripoli^ en passant par Touat ou Toët , ou qu'elles se dirigeaient à l'QCcident par \oasis à'Hoden^ dans laquelle les Portugais avaient une factorerie; ou bien, elles se rendaient à Noun et à Akka^ ou, tournant à l'ouest, elles allaient à Arguin^ près du Cap- Blanc y dans les ports des Portugais. D'autres caravane^ se rendaient directement de Melli au Caire y en passant par Cochia, c'est -à*- dire ' que, suivant nous, ces caravanes se dirigeaient à l'est , passaient par Cachenah , et arrivaient dans le pays, de Cauka de nos cartes'/le Co^ ckùt de Cadamosto : ce pays , sur les cartes de Purdy et de Rennell , est le même que celui de F&tri et de Baghermé.
-Derlà ces caravanes marchaient drdit au Caire par le chemin des oasis; et cette route rep|*é- ■j ■ '
(i) Ramusio, t. I, p. xoo verso e. -
338 RECMBacHXS sek lafrique. ^ente tn partie eeUe qn'radiqae Titinéraire ana- lysé par M« Bowdîch. Si lou admettaiil: que son lac Caudi ou Caoudi^es^ le roéme que le Cauga d'Edmi, et donne s<m nom mu pays de CàuÂa ou de Cocfiia , comvbe M. Bcrwdkh a baisfté ee )w de quatre degrés plus au sud ^ k route indiquée par Gadamosto aurait traversé le Dar^ Four et te ^adey-y et sirait la ménie que celle qui est indiquée par l'itinéraire du ehérif Bra* hinia; mais il faut avouer que cette rouie eut été beaucoup moins directe que Tautt^» et que l'indication de Gadamosto s'accorde mieux avec les cartes qui placent le lac CuougA ou Càuga^ et le pays de Cùuka ou Cochia^ plus au no^d que ne le fait M. Bowdich^ et qui recoiitlaissent une seconde ville de hoUsa, plus méridionale que celle de Hnoussa de la carte de ee v<^g6«l'. Quoi qu'il en soit de ces réflei^ions , la carte de M. Bowdîch nous offre d'abord , avec l'iti- néraire du ohérif Brahima , ceux que M^ Bow- dich avait publiés dans son préoédeHKouvra^, conduisant de la contrée nommée Safem dans celle de MaB»^^ ; ce qui forme en tout que^e itipéraires qui coupent le ÇuoUa ou^tffiget en 'quatre endroits difBérents,. et abôutiss^tlt .ou nord à Haoussa j ou à l'est à Cachenêài , et de ce lieu, par une seule route, au Bomou et dans le Baghermé,
Le pliits occidâatal de pm iiinérsMTes part de MuntouhQUy au oord-oiiest de Coumas^e^ dans k pays de Gaman, et passe par Kong^ Kaybi^ Kajrriy Garou elDouwara, et aboutit à Djennij sur le QuoUa.
lies iTQÎs autrea itinéraires p9rtent de YahnA^ cfiipHal^ célèbre de l'élat de Dagwum^a , qu^ M. Bowdich, sur sa nouyellé carte, p)ace à vingl i|iiqi»t<ei9* p}u$>ati nord que dans celle de son Toy{ig^«2 \^ plua oecidehtal de ees "tvois itiné- raires atl^nt enauite , par deux routes diffé^ r^tes, Gaurouma; celle de Touest, par Irigwa et Fobi; celte de Test, par Ensoko ou Sokoquo et Matcka-w^quàdi. De Gcmvouma^ qui est, siii^ VJHit M. Bowdic^ , le Gourma de l'Arabe fellata de M. Scetiep (i), cet itinéraire passe par Doul- huiy et afctoint le Quoila à Test de Oaw^ de ?b- kogirri et de jf/iè/.
Lie troisième itinéraire , qui est celui du chërif B^abima, passe par OanAa^ TounoumayKùmbm^ ' Gouiel , ' imrÂan , Mahmx^i^ Bargon ; puis , tra- versant; le fleuvf^ Çuollpij il se sépare en deux branches, dont l'une conduit droifà l'est, à Ca- chenak^ l'autre droit vers le nord, à Haoussa, ça passant par Qamkaeli. Cette branche , et une autre petite qui est au nord^est, conduisent,
(i) Essay^ p. 20.
34o RKCHERCHSS SÛR l'aFRIQUE.
par Fillaniy le FuUan de Ben -AU, à Kalla" ghi, lé Coiiega de DeUttle; ces deux lH*anches traversent la rivière Gambarou et en déterrai-' nent le cours.
De Gamhadij qui est à deux journées du QuoUa ou du Nigeryyi^cpikHaaussa^ on compte quinze journées : on traverse le Gambarou le neuvième jour ; et * le petit état de Zessà se trouve entre cette dernière rivière et Haoussa (i).
Le quatrième itinéraire , ou le plus oriental de ceux qui traversent le Quolla^ passe éga-^ lement par Gamba ^ conduit à Gourousiéj k ZougoUj à Barrjogou et à Toumbea. A cette ville, cet itinéraire est joint par un autre, qui forme un cinquième itinéraire, plus oriental que tous les autres, venant de Dahomey^ et traversant le pays de Yarriba. De Toumbea^ l'itinéraire, en iK>us faisant traverser lès pays de Kaiama et de ff^awawaw ou Ouaouaoua (a), passe le QuoUa ou Niger à l'endroit où est la petite île ée Congé ou Go/i£^V, position importante, parce qu'elle est connue pour être à vingt -cinq jours de navi- gation de Kabra ou du port de Timbouctou. Déjà l'itinérafire, traversant le pays^lel^a^ottrâ, et laissant à Touest Goubirri et Zamfara , et à
(i) Essaj^ p. 2*5.
(a) Certains rapports donnent à croire «|ue c'est dsi^ns ce pays qn a péri Mungo-Park.
TROISIEME PARTIE. 34l
Test Noufie^ Boussah^ Rakkah\, Atùzgaràh et Koufi^ conduit droit à Caçhencûi , que les cal- culs de M. Bowdich, d'accord avec les nôtres, placent un peu plus au sud que ne l'avait fait le major Rennell.
La position de YaoïHmra ou Yawouri se trouve identifiée avec celle de Condji, et est à vingt- cinq jours de navigation de Kabrn, à quarante^ deux journées de Dagwumba ou de Yahndi^ et à dix-huit de Cachenah (i).
De Cachenah au Bomou nous n'avons plus qu UB . seul itinéraire , celui du chérif Brahima , qui, traversant Successivement Tétat de Da^ woura^ de Kano^ de On/i^oi^ra, aboutit à Bor^ nou , et sur les bords du Djad et du Shary réu- nis , dans le Ba^iermé.
La ville -de Bornou (a) , d'après les résultats qu'on t donnés l'itinéraire et les calculs de M. Bow- dich,,est placée à vingt degrés à l'est du méri- dien de Gre^iwich (vingt -deux degrés vingt
M w I I I II I :
(i) Bssay^ p. 35k
(a) M. Èowdich ( Essay , p. Su ) remarque qu'Edriii Bonime dfiXthanJiaL capitale do Bornou; d'AnTille^ Carne ^ d'après les informations qu'il avait reçues ; £iasie Jel la nomme iRfoX-OM^/ ; BurcUiardt, Bemi^ et d'autres \^or/ioif : mais est-il bien certain qu'il soit toujours question de la même ville, ef que l'emplacement de la capitale de Bomou n'ait pas varié Mepnis des siècles ? ^
34b RCCBSRCRSS tVH l^APRIQUE.
minlttefl <k Paris )^ et . Jirès xJe d«û^ d^rés trente riiînii^^ pitis ^ sud <|ue dans Bro^vqae.
Vé^t ^è Sorn&u est à Tdaést cke Biigkenhé^ tt & au siid ie rojrvuhie'deiilfef^oiMfozi^t «ïelïii ^ Quolla ou Quorra^ qui est, selon M.Bôf^dîok^iè gsQuata dé Al. Seët!aenv^'(f^'^^^ ^ ï)ixpuis , et Utittiid de Bttrckl«a<dt^ Le ^«rte>(>ttoàSii«à)«ri^9e ce pajFs , qui d ^mtctt^ au Msidt i[â>im2 M iP«^/. TH est rmsettible d«âON»tftc$» q<i^dffl^b<là i^tttfe de M. Bowdich.
«IRefatironi^iit ^u premier de étoitte^âii^ls ou a«i plus oœkSetotail^ BJI. Bo^iok'Hi^tle ^xM eit le <|)Ius inscérthin «de I0ti», ixitigxidii ^qm^ isfi etm- iMtfésàiiK^ès gëogrophiqu\^ iA^% ^^^dkimtis ^td ^^ qèlé «e Mrfmnient i Ife^^g^-, « iqt» hiircMite^^ conduit de ce dernier psfy^^^tiJVigét eVi'piê&Jiû ^ctA ^rt^neniierit'pea^quée, à tc»cmè <to» fHHiit^es -qn^ &t>t t](*avèner^ H;ideftfie«)ls pi$U|dès 'itiife- <ripHiiés?qlii les hailHtènt(i)^ au»m«tièt^»i ^osi^ irante-sèpt ^ jburs* piemt* ^ («rmitl^r 0(& ^tri^è t. ^Ooâmie
Tji7x>'W "itTtixtr VDX' *ri sffnxfc tWii iti tjiii iv Tttï xW.. UUW"
dich qui aboutisse à TimhouctoH , il en Y^éâudte -qii-a^iî'a'eu'ftfttfun'ïhoyen dfe^vérffier^a positk>n HÎè fcètfé i^ftlë. îl a adopté idèlté^que RennéB avait dèfetniiiiêe pour lè premier voyage de Mupgp-rPark; tandis que nos combinaisons pla-
■ I ff i II" I iif. J.i wi> !■»<■■ »i I ■iiii^li illi II
(i) Essay^ p. 6.
TAOISliUE PARTIS. 343
c^il Timbouetou un degré ânquaale minutes plus à l'ouït, et un de^é :$ix minutes plus au iifdrd. La mîèire Coumba , .qu£ l'an trayerse çur cette route, nommée Zamma par les Maures, est , dit^<wi , large et profonde ; pei^-^tre est-ce une branche du BùhQrand^^ fleuve que les ha-r hkant&des pays qu'il arrose, nommenl; Comba^ selon MoUien (i).
Ainsi Jes renaeigawiQiits qu« M. ,Boiydich a obtenus, aufisi^bien que les divers itinéraires que sa /earle nous préftente,>€caacourent également à /prouvisr cpe le connuerce 4a k Coterd'jor «yec Finléiiaur de l'Afiicpie ^ lieu avec les con- trées fiitiiées au tuord-est , et noa a-vec celles du aord-oueat : et il est ^obable. qu'il sersiit plus Êioile, &0L parts»^ éeCoumMsie ou de Y&ndhi^ de pavrasar à Cacàûnah , à Bomou , et même au CéMCj .qu'à TJmbo^aou; car, quatid on s'é^ bifides iKMites ^babituellôs du comi^erçe , Jes <U£fictdtés et les dangers 6e multiplient.
^Vevs4'eat,^/Bowdich .^ôk a^ec «oin les traces du ÇuaUa^ qu'on <traveme, ainsi que je l'ai dii:, à' Gandji ou Yawoura , à ivingtjîKinq joi^ de nairigaliîon de Kabr»; puis, en descendant ce fleuve toujours vers J'est^ après un jour de navigation, on trouve Noufi^ de Noufi^ après
(i) MoUien , Voyage dans Vm^rifiurde l*4fnque.
344 RECHERCHES SUR l'aFRIQTJE.
trois jours de natation , on traverse Boussa; de Boussa le QuoUa arrose successiveiiieiit Hous-- sa y RcJikah et Atagara : cette nav^tion em- ploie douze jours. H' Atagara au royaume de Quolla^Robba ou Quolla^lJffa^ on compte trente jours de navigation* Après six autres jours de navigation, encore à Test, on arrive à Mafi- goudou (i).
De Mafigoudou on navigue encore treize jours, et Fon parvient aux montagnes qui sé- parent le QuoUa du lac Caudi^ qui est à deux journées de marche au nord de ce fleuve. Tous ceux que |f . Bowdich a interrogés Im ont affirmé que le QuoUa ^ à mesure qu'il s'ap- proche de ces montagnes, devient moins con- sidérable. Ces renseignements se trouvent con- firmés par ceux qullornemann a <^enus au Fezzan. Nonobstant cela^ M. Bowdich incline à penser que le Quoila ou JViger s'écoule dans le Misseladj qui conje du nord au sud, et que le JUîsselad communique avec le Bahr^el-uâda ou le Nil par quelques rivières peu navi- gables. Cependant M. Bowdich n'a tracé sur sa carte que la première de ocs cOmmuni*
(i) M. Bowdich conjecture qne Jlfo/f^oiM/otf ^ pourrait bien être la province de Borgouj que Browne nomme Monr dagOj et Burckhardt Modjo.
TROISIÈRTE PARTIE. 345
cationfi ; il ne présente l'au^^e que comme une conjecture. Il croit devoir même réfuter les objections qu'on lui a faites , et que nous ignorons : pour repousser le ridicule qu'il pré- tend qu'on a voulu verser sur lui à ce sujet, il se &it un rempart de toute l'antiquité , des Africains modernes, et des géographes de nos jours qui ont pensé , ainsi que lui , que le Niger communique avec le Nil.
Tout ice que M. Bowdich écrira sur l'intérieur de l'Alnque , bien loin d'être sujet au ridicule , sera toujours au coptraire un o^et d'attention pour tout homme instruit; encore moins pour- rait-on le critiquer d'émet^e uae opinion att^Sr tée comm^ un £ait par tous les Arabes d'Afrique, et partagée par des hommes émineuts par leur savoir. Il y a peut-être plus de danger de s'ex- poser à une censure sévère en soutenant contre tant de témoignages l'opinion contraire. Toute- fois, comme la vérité est notr^ seul but, nous allons examiner s'il est vrai qu'aucua ancien ait jamais (à\t que le Niger communiquait avec le Nili et jusqu'à quel point l'assertion des Arabes et des autres hpi)itants de l'Afrique, et les rai- sons alléguées par plusieurs savants d'Ëuropie, prouvent que cette communication existe.
346 RECHElCHE-ft StTm ^AFRIQUE.
§ VI. Sur retendue et les limites des connais- sances des Anciens relativejnent à V intérieur de V Afrique.
ViÀ fittt voir piPécéckimneiil: ^les kiccmvéaiefits ^i {>ouVai^At résulter 4e mêler les notions des aneiens «ttr l'Âiiique avec celles epi'ont obtenues les modenaues ; fai tâché 4tt rdémonlrer que celle méthode était plutôt propre à r^arder qu'à avancer les progr^ de 'la géographie. Mais, qUféîquUl Mit vrai qu'on «le peut avec quelque degi^é de certitude fixer la position d aucun lieu dans rhitérieur de l'Afrique d'2qf>rès 4es anci^is, puisque ci'eat vouloir espliqil^r 'l'iuednnu par l'itKConnu , on peut cependaiit déterminer jus- qU'OÙ ^ ^oiït étendues les explorattonstdes peu- ples de Faixtfquitë dans cette partie du^monde. Oette redierehe n'est pas sens ulâité, puis- qù'éHe aéhève f his^tow^ de ;touiies«^les décou- vertes feites ju^qfu'ii ce jour ^ «t qu'elle complète les renséignemeirfis que l'on a obtenus sur ce sujet , et que nous ârrons eherdié à réunir dans cet ouvrage. Mais nous avuns^enrec )Ui9l?e raison , différé cet %ycèmt^T^ jusqu'à ee qtie nous ^eusrions mifi jMus les yeux des lecteurs toui les docu- ments nUKlemês qui doivent leur seri^ir de base, et donner de la précision et de la clarté à nos interprétations.
TROISliME PA.YTfB. 347
11 <M «ne chroonstanoe qui 'oprpose actuelle'^ ment de gnnids obslaoles aux penptes > éclairés tfoi seffaMent <iie ipënétner dans lUntétieur de l'Afi^qoe^ c'e^t qû aucun d'eux ne possède, dans celle partie de 1-anciea monde, asses de terri- toire et asseB de farces miliftaîres pour faire resr petier son nom et sa ipuis^ance. LesMiations ies plos tiishes et ies pivs dnrilîsées de l'Àntiquiilé oirt, au omtraîre, fondé de vastes états. dans le jiovd de rAfrique, et ont pemiant long-* temps Saàt fleurir daios KB Dégious ies sciences, les arts et le oommeiice. ^Ues ont^donc eu, sous ce rap- port, de gnùds amantages -sur las modernes. On aundt toit nëannoiiis de ' conclu w de;là que leurs «onnaissanoes sur J'JntéiwuF de ue vaato commooC <mt été pltu» «tendues que Mes notres.L4» notions de l'antiquîiliéont été gr^iades et fAiissantcs leti ^Europe et en Asie; t^t cepen**- <fent 'plns((db AariRoitîé de l'Ënrâpe «et plus- des trois: quarts de d'Asie leur fiHKnt «oujouj^iin^-
rfiToamiiions vdonc ks^réeits des iûstorieiiis, et ies^ deaGripli<msf des^ogvapbesgnees et ndmaîns, Jes seuls qui nous «restent,* et 'voyons; jusqu'où ife 'semblent porter ies 'lÎMoàtes des décoiftwéi^tes dans l'intérieur de l'Afrique.
Kous nous arrêterons peu au passage d'Es-
348 REGHFBCffES S0& l'aFRIQUE.
chyle dans Pvométhée (i), qu'on a Méguéf parce que son interprétation géographique, n'a jamais, fait difficulté parmi les savants. Lorsque Prométhée, enScjrihie et dans la région du Cau- case, dit à lo de traverser d'abord la mer mu- gissante , de franchir le détroit . qui sépare les deux continents, et le séjour, des villes filles de Phorcys, qui n'ont jamais aperçu les rayons du soleil , ni l'astre de la nuit, séjour qui est aus» celui des Gorgones, des Gryphes et des Arimaspes.» il est évident que le détroit désigné par le poète est le Bosphore Cimmérien. Quand Prométhée dit enccM'e à lo : « Tu passeras dans une. terre éloignée, chez un peuple noir, fixé proche les sources du jour, aux lieux d'où sort le/leune d'Ethiopie, » il est évident encore qu'il entend lui prescrire d'aller trouver les «ources du Nil, qui coulent eu Ethiopie, et qu'Eschyle faisait venir d'orient, des lieux où nait le jour, et non pas d^oecident Ainsi ce poète parait avoir eu une connaissance confuse de Vjdstapus ou Bahr^d- jâzreky et de ÏAstabùras ou Atabwa des mo- dernes; mais il a ignoré l'exislence du Bahr^- Abiad,qui vient de l'ouest. Prométhée, dans Eschyle , ajoute immédiatement : « Tu suivras
(i) Prom. rinc, 806-811.
TROiSi:àM£ PARtIE. 34^
les bords du Nil jusqu'à la cataracte, où, du haut du mont Byblis, il précipite ses eaux ma- jestueuses et solitaires ; son coui*s te conduira dans Tile triangulaire di Egypte, n II fallait èXrt bien prévenu de Tidée du Niger ^ pour forcer le sens d-£schyle au point de faire dire à Pro- métfaée qu'il était nécessaire que lo tra:^ersat le détroit de Gibraltar pour arriver^ aux cata- ractes du Nil et au Delta d'Egypte; et qu'elle allât chercher les sources du jour aux lieux où le soleil se couche.
L'éclaircissement géographique de tout ce passage- curieux d'Eschyle nous mènerait trop loin; mais, je le répète, pour l'objet qui nous occupe^ il suffit de remarquer qu'il ne présente aucun doute (i).
Ajoutons aussi que le Nil, soit parce qu'il traversait des contrées fertiles et à sol noirâtre, soit parce qu'elles étaient habitées par des peu- ples noirs , est quelquefois désigné chez les an- ciens par le nom de Mêlas ou Niger : on en a
(i) La fausse interprétation de ce passage, qne je com- bats ici^ est d*abord due à M. Dureau de La Malle , dans le cliapitre xiit de sa Géographie physique de la mer -Noire et de V intérieur de V Afrique, p. 97. Cest'dans cet ouvrage que M. Bowdich parait Tavoir puisée. Voy. Essay on the Geography of north'western AJrica y p9g®4l*
3.521 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
\Atbara ou Tacazzé et du Bar-el-^jébiad^ ou jusque près de Shendjr^ où l'on met Fantique Meroe avec beaucoup ^de vraisemblauce (i); et ensuite, depuis ce point jusqu'au pays de Don- goia, où, selon Browne et nos cartes modernes, sont les sources du Nil, on trouvera.que Shendy ou Meroè est placée juste au milieu de cette navigation (a).
On peut donc conclure de ceci que dès-lors Hérodote et les Égyptiens savaient très -bien que des deux rivières qui formant le NflflsL plus considérable est celle qui vient de Fouest. Ils connaissaient imparfaitement peut-être, mais enfin ils connaissaient le cours de cette rivière
by M. Leake; dans Burckhardt's TraveU in Nuhia, p. i63.
(i) Strabon (lib. xvii, p. 1177 ^) et Josèphe {Antîq. jud.^ lib. II, cap. 10 ^ p. io3) disent que Meroè était dans le yoisînage de trois fleuves; ce sont le Tacazzé ou VAtbara qui est V Àstatl^ras ; VAbawi^ où XAstapus y et le Bahr-el- Abiad qui est le Nil, — Voyez la carte de Leake dans Bnrckhardt*s Travels , p. i63.
(2) Je remarquerai, en passant, que le .^naji»' RefHiell, snr sa car^e^ établit quarante jours de marcbe en ligne directe entre Schilluck et Donga , et qu'il a été .suivi en cela par M. Purdy et M. Bowdich {Map of north western uifiicay,a shuts, i8ao); mais Browne, qui est la seule aatortCé,ne met qne trente jours de marcbe entre ces deux lieux, royez Browne*s Travels\ p, 473.
TROISIÈME PARTIE. 353
jusque vers les lieux où nous plaçons Donga , où s'étaient réftigîés les.Jlutamoles ou émi- grants, qui avaient fui la domination de Psam- métichus (i), et qui se nommaient euxr mêmes Asmach, Il parait qu'on n'ignorait pas que les sources du iVi7 étaient eilcore plus au sud; et rien ne nous prouve le contraire^ puisque nous n'avons, pour placer ces, sources , que les seuls renseignements obtenus. par Brownè au Bar- Four.
Il résulte de ceci queJes Égyptiens du temps d'Hérodote en savaient autant sur. le cours du Wil que les modernes; et il n'y a pas lieu de s'en étonner, quand on considère depuis com- bien de siècles ce peuple était établi sur ce fleuve, le culte qu'il lui rendait, le haut de- gré de civilisation et la nombreuse population de XEgfpte dans les temps ancietis. Pour recon- naître le cours du iW/, il n'y avait pour les Égyptiens ni déserts à traverser, ni dangers à courir-
Il en était autrement pour les cinq jeunes Nasa- mons , qiii , selon le récit d'Hérodote , seraient partis"^ du voisinage de la Gronder Syrie , ou du golfe de Sfdre^ et qui , après avoir voyagé à
■F
(i) Hei«dot.,lib. U,f^JL- 396-
a3
354 RECHERCHES SUR L'iiFRlQUE.
Touest et traversé des déserts, aq:ivèrent, dit- on, dans une ville peuplée par de petits hoixiMes noirs : ils virent aussi une rivière, dans hu quelle il. y avait des crocodiles; elle coulait le long de cette ville de l'ouest à F^est. Les jeunes Nasamons retoiirnèretit sains ^ sau& dans leur pays, et l'acontèrent ce qu'ils avaient vu. Hérodote ne 'donne pas d'autre détail, et n'indique *ni la longueur du chemin parcouiru , ni la quantité de temps employée* dans ce voyagé ; ce qui laisse un champ libre' aux con- jectures. Le major Renneli, Heeren, et plusieurs autres savants à leur exemple, faisant l'applfca- tion des renseignements, obtenus par les mo- dernes sm* l'intérieur de rA6ique,onl prbnoncë que la ville où s'étaient rendu! les jeunes Na- samons était dans l'emplacement du Cachehah des modernes, et que le fleuve qu'ils avaient tu était le Niger on Joliba^ qui coule de l'omet à l'est. Mais on ne s'est pas aperçu qu'indép^i- dàmment de l'invraisemblance d'un pareil tra- jet, exécuté par tinq jeunes gens, dans des déserts inconnus , l'on contredisait , par cette explication , le .seul renseigoemeat positif qui nous est donné par Hérodote ; ^est la direction du voyage vers Touesl!. Si donc ce voyage n'est pas une fable inventée par ces mêmes Nasa-
TBOISIÈHE PARTIEt "S^S
ipons, qui,' après s'être rendus dans quelque oaiis yoisine de IstGramle-Sjrriê^ auront eiltendu parler du J\iger et des contrées situées au-delà du Grand*Désert, nous devons chercher la ville où ils se rendirent, à l'ouest du Golfe de ^dre^ et au s^ de V Atlas ^ dans les vallées de Tafilety de Darah ou autres, où sotit des fleiives qui coulent en efifet de louest à Test. Il pouvait alors y exister 'des Nègres , que les progrès de la population des colonies asiatiques et euro- péenne ont fait disparaître, et repoussés au- delà du Gçand-Désert.' Abouiféda place à Tex- irrité de la Mauritanie un Lac des Nègres (i). Qi^ant aux crocodiles, Strabon avait entendu diire que 4e son teipps il en existait dans ces contrées ; et eQes nous sont encore trop peu connues pour pouvoir assurer qu'il n'en existe pas. encore aujourd'hui. Strabopi dit aussi que qi^ques - uns pensent que les sources du Nil ne sont pas éloignées de l^Maurusie (a). Or, on sait que la Maunusie ou Mauritanie étAit À l'extrémité nord -ouest de l'Afrique, où est ac*
(i) Lacus Nigrorum est in uUimd Mauriûinid, in fer Kasr jfbdei J^arimi et inter 3al», .magnus lacus. Abnlfed. Geogr.
(a) Slrab. , li. xvu ^ p. 8a6 5 tradncté franeaifte , t. V,
p. 454.
a3-
X
3S6 RECHSRCHES StTR L^^RIQVE,
tueNetnent Je royaume de Maroc , eu j compre^ nant les vallées de Darah et de Tafilet^cpk sont au sud de VMlas; peut-être même cette croyance, qui a été très-générale dans Fantiquité y que le Nil avait sa source dans la Mauritanie , vient- elle du récit d'Hérodote sur les Nasamons.
En effet Thistorien grec, après avoir dit que les Cyténéens qui lui racontèrent ce voyage des cinq Nasamons^ le tenaient d'Etéarque, roi du pays où est le temple de Jupiter Ammon^ ajoute: « Quant au fleuve qui passait le long de cette ville 9 Étéarque conjecturait qiie c'était le Nily et la raison indique que cela est ainsi : en effet le Nil vient de la Libye et la coupe par le mi- lieu; et (s'il est permis de former des conjec- turest sur les choses inconnues d'aptes celles qui ^ont coniïues) son cours est paraUèle au cours de Xlstef. Ce dernier fleuve, qui traverse aussi l'Europe etia coupe par le milieu , a sa source près de la ville de /^nè/î^/dans le pays des Celiei. Les Celtes habitent au^elà des Chiennes d'Hercule^ près des CynésienSj qui sont de tous les peuples de l'Europe les plus reculés vers l'occident. »
•'■ - ' -
(i) Herodot Màt,, lib. II, cap. 33, p. 3oi. — £wcher (trad. d'Hérodote, t. II, f^. 27) a paraphrasé ce passage en le traduisant; il a fait passer soû confnentaire dans le texte.
TROISIÈME PARTIE. • JSy
Nous nous arrêterons un instant ^ur ^e ^^- sagë important. To,ut le système géographique d'Hérodote, pour la partie occideQtale de Faiir cien monde*, s'y trouve renfermé : et , . comme , suivant nous, ce système a été, relativetnent à cet objet , mal compris et mal exposé par le major Rennell (i), nous allons essayer de réclaircir en peu de mots. Nous trouverons d'ailleurs, dans cette explication, une preuve évidente qu'HérodoteMui- même savait que les Nasamqps s'étaient dirigés a l'ouest, et que la rivière qu'ils avaient observée était à l'extrémité nordrouest. de l'Afrique.
Nous voyons, par les descriptions d'Hérodote, qu'on ne connaissait que très -imparfaitement de son temps la partie mpérieure du cours du Danube et an Nil. Ces deux grands fleuves, en Europe et en. Afrique , séparaient alors les contrées inconnues et barbares des coaitrées con- nues et civilisées. Cependant Hérodote croyait avoir des renseignements plus certains sur le Danube; il fait surgir ce fleuve des lieux voi- sins d'une ville de Pjrène. , située dans le .pays des Celtes. Il ajoute que ces Celtes habitent au- 4elà de^olonnes d'Hercule, près des Cynésiens:
mm, t ■ I I. .1 ■ I. ^ III ■ Il .1 il I , • ■
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(i) Renneirs Geography ofRerodotus, i8oo, in-4*'.
3Sft ItJBCHEReHBS SUR l'a.FRIQUE«
il e&t certain par là que lesCjmésienshBbitSiieut la province de Portugal la plus voisine du détroit de Gié^/tor,G-est-à-dire les Jllgarves. Avieuus et Justin confirment ceci, lorsque Fun nous apprend que le fleuve Anus , le Guaâiana des modernes 9 arrosait le pays des Cynètes^ et que Tauttë nous dit que les Çynètes sont voisins des Tàriesses. D'ailleurs le nom de Çuneus, qui est demeuré à cette partie de Vlbérie, ne paraît être qu'une altération de celui de Cynètes (i).
Le3 Celtes y qui sont voisins des Çynètes j et qu*Hérodote indique au-delà des Colonnes d^Her- cw/e, étaient donc les Celtes dé VIbérie dont par- lent Strabon et Éphore, et qu'ils mettent près du Bœtis ou Guadalgumry près de la Giiûdiana et près du Tage (a). Ceci prouve qu'Hérodote, dans l'ignorance absolue où il était de la j^tie occidentale de l'Europe, confondait ensemble et dans une même chaîne les Alpes ^ les Pyré- néen et les hauts sommets des montagnes de V Espagne , et qu'il prolongeait cette grande
(i) Avienus, Ora maritima^ vers «oo. — Justin. Ifislor., XLiv, cap. IV. — Schiichthorst, Ueber den Wohnsiz der^y- nesier, 179H , in-ia, Gottingen. Le major Rennell contredit foimeUement Hérodote et tonte l'antiquité quand il place les Çynètes dans la Gaule.'
(a) Strab., lib. m, aft3 b, et lib. iv, 3o4 b.
TROIS^IÈHE PARTIE. ÏSg
chaîne jusqu'à la Sierra Nevada , près des Co^ formes d'ffercule (i). Hérodote ensuite raisonne ainsi: Si le Danube j qui vient de Fouest, et qui divise l'Europe en deux portions, a ses sources dans les montagnes voisines des Colonnes d'Heh cale, et les plus occidentales de FEuropé, leiVï/, qui vient aussi de Touest, et qui coupls. aussi la Ubjre par le milieu ^ doit venir . également des montagnes voisines des Colonnes d'Hercule, et les plus occidentales de \ Afrique. Hérodote croyait donc que la portion du Nd visitée par les Nasamons^ était à l'extrémité nord-ouest de l'Afrique, et dans une des vallées méridionales du royaume de Maroc d'aujourd'hui ; et nous en devons conclure que ces vallées étaient de ce côté la limite des connaissances de son temps sur, l'intérieur de l'Afrique.
Plus à l'orient, Hérodote parle àiAugilès (i), où les Nasamons menaient leurs troupeaux : c'est ÏAugela des modernes. Hérodote fait aussi mention du pays de Jupiter Ammon , qu'on
(i) Le nom de Pyrène a été donné aussi dans Tantiquité «nx AJpes^ et pentrêtre il signifie montagrie dans quelques- nnes des langues des s^Y^vages primitif^ de FEnrope. — ^Voy. jinalect. veteK poëtar, Grœc^^ t.r H, p. 4o8« — Arist. Me- kioroiogic,^ Kb. ii, cap. iB, p« 545 d,
(a) Herodot. Hisi^j lib. iy, 17^; ^ II9 p- 3i4.
36o RECHERCHJES SUK x'aFRIQUE.
croit être Siwahj et enfin du pays des Gara-- mantes (i), sur lequel nous reviendrons, vais qu'on ne doit pas placer plus au sud que le Kaouarj entre les oatâi proprement dites et le Fezzan. Telles me paraissent avoir été l'étendue et les limites des connaissances dans Tintérieur de rAfrique au temps d'Hérodote.
Je n'ai point à m'occuper de l'expédition de Ptoléroée Évei^ète , dont on a voulu étendre le théâtre d'une manière démesurée (a). M. Sait a très -bien démontré que la portion àt l'ins- cription XAdulis (3), qui a &it croire à cette expédition de Ptolémée Évergète, n'est point
(i) Herod. HUt.^ lib. iv, 17$ ; t. H, p. 366.
(*) Carte représentant V intérieur de V Afrique et les routes qu'ont suivies dans leurs expéditions les conquérante grecs et romains^ par J.-N. Bnaclie ; et Géographie physique de la mer Noire, de l'intérieur de V Afrique et de la Méditerranée, .par M. Dnrean de La Malle fils , chap. xii, p. 88.
(3) Cette célèbre inscrîptioii fat d*abord pnbliée par Léon AUatius, d'après on manuscrit da Vatican; Rome, i63i, in-4* de hnit pages. Berkelias en 1672, et Spon en i685, la réimprimèrent d'après Allatius. Meldiîsedecb The- Tcnot la donna dans sa Collection de voyages, d'après npe copie faite par Bigot, dans le mannscrit de Coamas, qai se trouvait à la biblîolbèqne de Florence. Enfin Montfan- con imprima, en 1706, tout Tonvrage de Costnas, on elle se trouve , dans sa CoUectio nova Patmm.
TAOISIÈME PAÏTIK. 36i
relathe à ce roi; qu'elle est d'une date beaucoup plus récente (i), et qu'elle retrace les conquêtes d'un roi d'Abyssinie, sous le règne de l'empe- reur Constance , vers le milieu du quatrième siècle'; enfin les recherches de M. Vincent (i),* aussi-bien que celles'de M. Sait (3), ont prouvé, d'une manière irréfragable, que ces conquêtes, quel qu'en soit l'auteur, ne se sont pas étendues au-delà de XAbys$ime\ et des montagnes qui
(i) Spanheim ,yo8siu8 , Vaillant ^ ont cru à ranthenticité de ceUe inscription. Valckenaer (i/z CatuUi Caîlimachum^ p. 90)^ et M.'Gossellin {Recherches sur la Géographie sys^ tématique et positive des Anciens^i. n,p» aa7-a3a),ont tous les deux pensé qu'elle était supposée. Le premier a fondé son opinion snr le pen de correction du siyle ; le second a vn un anachronisme dans la date qui la termine. Ayant que M. Sait eât trouvé une inscription semblable au second fragment de Tinscription à!AduUs^ on ne pouvait soup- çonner que ce fragment appartenait à une inscription -toute différente du premier et beaucoup plus récente; ce qui % fait disparaître Tanacbronisme, et fait connaître la cause dé rincorrection du langage.
(2) Vincent , The Commerce and Nangatîon ofthe An- dents in the indian Océan y 1807, ÎB-A*** t. I, pag. 3 et 53i à 55o.
(3) Sait, dansTalentia, Voyages and travels ^ 1809, in-4®, p. 181. — H. Salt's Voyage to Ahyssinia^ p. 4" à 4^3. — Lettre de M. Sylvestre de Sacy dans \ts Annales des Voyages^ t. XII, p. ^lo.-^ Voyages en Abyssinie, par M. Sait, i8xa, in-8% Genève, t. II, p. aa5.
36l RECHERCHES SUR l'a^ERIQUE.
la bornent au sud et à Fouest, puisqu'on re- trouTê encore Rnjourd'hui renfermés da^ ces limites, et presque sans altération, l^s non»», des lieux dont il est fait mention dans l'inscrip- tion (i).
Le récit de la navigatien d'Hannon le long des cotes occidentale^ d'Afrique est peut-être trop vague -pour être 'assujetti à une analyse rigoureuse ; mais quelle que soit l'étendue qu'on veuille lui donner , il est bien certain que les résultats en furent oubliés après la cbqte de l'empire des Carthaginois : les exploratiôos des Romains de ce côté ne s'étendirent pas au-delà ;de la rivière de ISoun^ ou le Bamhotus fiuvius ^ et sur la cô(e orientale jusqu'au cap Braya ou rPrasum PrmnorUorium (2). 2e n'ai point d'ail- leurs à m'occuper des découvertes par mer,
y
■ > I ■ I ' * ■■ I ■■ ■■■ ■ ■■lHllWll I ■
(1) Ces rapprochements solkt indubitable^ : Seménéy que rinscription nous indiqne au milieu de hauts somniets toujours couverts de neige « se re€rottT:e ^ans }^ mputagiies de Samen , que M. Sait a vues lors 4^ son second voyage. Ag0me est encore aujourd'hui un district imp<^rtant de la province de Tigré» Ava est Adewa^ près du district à^Axum» Tziamo se retrouve dans le Tzama de la carte de I^dC; — Voyez Sait dans Yalentia^ t. III, p. 197; et Vincent» t. I, p. 541.
(a) Gossellin, Recherches sur la Géographie ^siémaiique et positive des Anciens ^ t. I, p. 119 et 198.
TROJSlà]krB PAETIE. 363
dont les progrès rapides n'exercent souTent qu'uiie influence indirecte sur celles del'inté- riepr. C*ést par cette raison que je n'ai rien dit du voyage des Phéniciens qui, partis de la naer Rouge, auraient Êiit le tour de l'Afrique, et seraient retournés en Egypte en passant par le détroit de Gibraltar, Hérodote (i), qui fait mention de ùette navigation, ne la regarde pas comme croyable ; et , soit qu'on la considère comme réelle, soit qu'on la regarde comme suppos^ée, elle n'eut aucune influence stir les découvertes futures , et sur- tout elle ne fait rien à i^otre sujet. Les Portugais, dans le quinzième siècle ^ avaient exploré toutes les càtes .d'Afrique , et en avaient tracé des cartes assfez exactes^ et l'intérieur restai et reste en- core à décoiiyrir. Les côtes de la Notasie on NouveUe ' Hollande soiit peut-être dessinées avec plujs» d'exactitude et de soin que celles de l'Afrique, et même que celles d'Eittape; et, cpioiqne la plus- riche et la phis puissante des nations du globe y domine depuis long-^mps seule et sans rivale, cependant on peut dire, qqe, malgré quelques découvertes récentes, l'intérieur de cet unique continent du Monde maritime est totalement inconnu. - ^ ' . ■■ .
(i) Herodot. HisU , lib. it, 4^ ; t. II , p. aS3.
364 RECHEBCHES SlTR l'aFRIQUE.
Depuis Hérodote jusquà Strabon, c'est-à-dire pendant quatre siècles et demi*, les connaissan- ces géographiques dans Tintérieur de l'Âfinque paraissent n'avoir £aiit aucun progrès.
Strabon (i) décrit assez bien, d'après Éra- tosthène , la partie supérieure du cours du Nil; mais au sud il ne nomme rien au-delà des Exilés dont Hérodote a parlé, et qui, même au temps d'Ératosthène , semblent s'être rap- prochés ai Egypte^ et n'étaient pas seulement désignés sous le nom àiAvtomoles^ mais aussi sous celui de Sembrites (a). Strabon (3) définit bien -les aucLsis ou oasis : « Les Égyptiens , dit-il j donnèrent ce nom à des cantons ha- bités qui, environnés par de vastes déserts, ressemblent à des îles au milieu de la mer. Ces auasis sont nombreuses en Zi^e; il y en a trois voisiifes de Y Egypte^ rangées sous son gouvernement. » Ces oasis ^ quoique moins bien connues des modernes qu'elles ne l'étaient des anciens, sont cependant indiquées sur nos car* tes, ^ plusieurs Européens y ont pénétré. L'in- scription trouvée récemment par M. Caillaud
* (i) Strab. Geogr. y lib. xtu, p. 786; trad. française, t. V, p. 3o6.
(a) Ihiél.y lib. xwiij p. 786 ; tiad. t. V, p. 307. (3) Ibid.^ ?• 791 > trad. franc., t. V, p, 3a7-
TAOISIÈHE PARTIE. 365
dans Tune d'elles (i), est un décret relatif à l'administration de V Egypte en général, et confirme ce que Strabon a dit ; mais ^ ainsi que le passage du géographe grec que nous venons de rapporter , elle ne contient yien qui supposé dés connaissances étendues dans l'intérieur de rAfrique (â). Les Éthiopiens de Strabon sont donc évidemment des peuples de la Nubie et de YAhyssinie modernes (3);
Examinons avec soin sa description de la Libye , parce que. c'est dans cette partie qu'on doit trouver toutes ses connaissances sur Fin* térieur de l'Afrique , puisque la Libye y dans Stra- bon et chez la plupart des anciens , signifie toute l'Afrique , hors X Egypte (4).
A Toccideot, les peuples les plus reculés de l'intérieur dont il fas^ mention sont les Nigrites
(i) Cette inscription est gravée sur le pylône du grand temple de Toasis de Khardjé, et donne à cette oofis le nom A*Om& de la TAéharde. Strabbn dit que ce^te oasis est la première des trois qu'on trouve en Libye. Geogr.y life. xvii, p. 8i3; trad. t.V, p. 416.
(p) M. Letronne , qui prépare un grand travail sur cette inscrîjption^ m'a affirmé ce fait.
(3) Strab. Geogr.y lib. xvii, SaS; traduct. franc,, t. V;
p. 443- .
(4) Jbid.y lib. xvu, p. S26; tnid. franc., t. T, p. 453,
366 RECHERCIIBS SUR l'aERIQUE.
et les Pharusiensj qui, selon la tradition , dé- truisirent les établissements que les Tyriens avaient fonnés sur la cote d* Afrique. Ces peu- ples, d'api:ès Strabon, soht à trente, journées de Unx ouiLm^^^que toutes les distances données par les anciens, et surtout par ritinëraire d'An- tonin (i),' démontrent avoir été àMè sur la oftje de l'état de Jifaroc, ou est actadlelneat EUArvisch ou Larache^ sur la rivière Lotos, La distaoce donnée par SUabon .^tre ce lieu et les Nigriie^ on les Phamsims^ prise, au sud- ouest ou au sud-est , nous porterait; soit à TûM ou Jàha^siQùX. dans Tétat de Sm^ soit \ Tafikt^ ou tout au plus à Draha : et ce v[ai confime que ces peuples ne peuv^it être placés plus an sud, cest que Strabon dit que les Phmvsiens et les Nigrites sont voisins des Mauru$iens et des Éthiop0fns occidentaux» c'est-à-dire de Maroc et de la rivière de Noun. A la véiité il ajoute que ces peuples ne communiquent avec les Maurusiens que par le déseM^ qu'ils traver- sent en suspendant sous Je ventre de leurs die- vaux des outres pleines d'eau. Mais les com- munications entre Maroc ^ TafUet^Tatîa^Akka^
(i) Antonini Itmeretna\ edit. Westfeling, p. 8, 7, 6, 3 el a. — Sirab. , lib» xvu, p. %%'] - 939.
TROISliVE PARTIE. ^67
et suT^Mu:tDr4ihb^sant encore aujourd'hui assez rares : elles n'ont guère lieu que par le moyen des caravanes , et l'oirest obligé de traverser des espaces stériles et de se pourvoir d'eau douce.
Ainsi' dbnc les connaissances géographiques, du teiDp»*^e Strabon, paraissent s'être, arrêtées sur les linûtes septentrionales du Grand -Désert de Sàknrày ou ont franchi de bien peU céfle limite. *.
Possidon^is dit que la Lihjre n'e^t arrosée que par de petites rtitièl^es^ et quencgre elles sont en petit nombre (i); et Strabon remarque que cetf^ assertion doit surtout s'entendre < de. l'in- térieur, preuve bien certaine qu'on ne soup*- çonhait pas alors l'existence du Jpliba ou du Niger et des grands fleuves qui arrosent le Soudan. •
,Du côté de l'orient, les peuples les plus re- culés de la Libye dont Strabon fasse mention , sont, comme dans llérodote, les Garamantes^ d'où l'on apportait les pierres nomihées cartha- ginoises, qui paraissent avoir été des grenats. Strabon s'exprime, au sujet de ces peuples, àe la manière suivante : » On dit que les Garamanêes sont éloignés de neuf à dix jouri^s de route
(i) Strabu, lib. xvu, p. 8^9 ; trad, franc., t. V, p. 464.
366 RECHERCHES SUR l'aFRIQDE.
des Éthiopiens qui habitent 4e long de l'Océan , et de quinze journées" du Temple de Jupiter Amman (i). » ' '■
Strabon précédemment a soin de nous ap- prendre qu'au-delà des contrées qui bordent la Méditerranée , l'intérieur des terres 4^n Afiique est montagneux et désert, et qu'il est occupé par lés Gétules (21) ; puis après il dit (3) : « L'intérieur des terres, pays stérile, au-dessus de la Grande- Syrie et de la Çjrrénaiqite , est;<lu^té par les Libyens : on ^ouve d'abord |ts Nasamons , puis quelques tribus de Psylles^ dé' Gaules et de Garmmantes. Plus à l'orient encore soi^q|es Jfor- maridesy voisiçs en grande partie de la Cyré^ naiquey et s'étendant jusqu'au Temple d* Am- man. » Il dit encore': « Ceux qui habitent au fond de la Grande-Syrte ne mettent que quatre jours pour se rendre au Jardin des Hespérides^ en suivant la direction du levant d'hiver. <7^t au-dessus de ce canton qu'est le pays qui pro- duit le silphium ; et plus loin est 119e contrée inhabitée, puis celle des Gommantes. » Enfin il ajoute (4) : « Nous ne pouvons connaître la
(i) Stndb. , lib. xtu, p. fôS ; trad. franc. , c V^ p. 480.
(2) làid,^ lib. XYii , p. 829; trad. t. T, p. 464.
(3) Ibid., lib. XVII, p. 838; trad. t. V, p. 489.
(4) 16û/.y lib. xYUy p. 8^1 trad. t. Y, p. 490.
^ ^* TAOïsiilHE fartïï:. • 369
tqtalité dé ces* pays, à cause de plusieurs déserts qui les séparent. Par la mém^ raison, on ne connut pas les contrées au-dessus du Temple d'Amman et^ des, oasis jusqu'à VÉthippie : aussi ne saurions -nous dire *tiettement quelles sont tes boixie^ de Y Ethiopie et celles d*e la Libye , pas même de la partie quj avoisine X Egypte yk plus Jorte- raison^ de celle que baigne l'Océan. » C^ passage éclaircit très-bien ce qu'il y a «n apparence (|k)bicur et de contradictoire dans le premier sur les GOrafnàntes, Si'^'O'^ suppose , comme cela* ^st probable, que Siivah est \ Oasis i^^mmàh^ la mesure de quihze journées nous porte dans le Kapuar, pour le pays des Gara-- mantes j qui i^t^dront jusque près du pays du Zalahj des géographes arabes , lequ.el convient à la position du Jardin des Héspérides (i); mais coiipne y dans l'idée de Strabon , tout le pays au sud de la Libye et de YÉgypte étsàlV Ethiopie, contrée inconnue,on plaçait les jé/A/o/?2e/w ocei" dentaux au sud' des Maurusiens et «{es Gétuîes, et \t% Éthiopiens orientaux dans la Nubie et au sud de VÉgypte:\je Kaouar se trouvait environ à dix journées de distance vers Toùest, op est utie autre oasis, habitée aujourci'hui par les Tibbous.
(i) Voy. la Carte d Afrique- àe M. Purdy, 1814. « 24
3<70 REGHtRCHES fttfft LAFRIQXfc.
Stnibon désigtie|Ces peuples par le nom ^EihUh piem ; et pour qu'on ne les confonde pas avec les Éihiopienfj plus cÎTilisés , pihs connus et plu» célèbres dy midi dé X Egypte yA dit en parlant de la situation des GaAimantes : Ils sont à dii journées des Éthiopiens qui habitent le long de l'Océan ou des Éthiopiens occidentàast.
De toute cette ^îseussiop il ^résulte bieiii évi* dtmment que les connaissances géographigues au temps de Strabon n'ont pas ^nchi de beau- coup les liati|^s du Grand-Bésert, et qu'on ne parait même pgs alors avoir soupçonné l'exis* tence des contrées- du Soudan. Pour tèule {^- sonne familiarisée avec la'géo^pMe ancienne, cette vérité ressort du seul rapprodiement des textes dont nous avons rapporté hi traduction; et le peu que dit Pomponius Mêla sur oé. sujet confiitne l'nposé fait par Strabon ^f ). ^
Afek place aussi les sources du Nil chez les Ethiopiens occidentaux. Ils appellent, selon lui, '■>■"■■■ ■ i. ■ ■■ ■■ .^ ■ I
(x) Po«ii{>o]iu Mêla , de Situ oMs, lib. i^ cap. 4 et cap. 6, edit. Tachackii, 1. 1« p. 6 et 17. Les Gar^muntes sont tou- jours mentionnés par ce géographe comme peu éloignés des ^ugilœ^qm est VAugela des Modernes. \je%Blemui^ sont sans tête , et dont le visage est sur la poitrine , étaient pro- bableiriimt les habitants de cette partie du d^^ert aojonr- d'hui nommée BUma. Au liy. ix, chap 10, p. X07, Mêla place les Nigrùes non loin des rivages de la Mauritanie.
1
TROISlÈi[£ PAÏITIE. ' 371
ce fleuve Nuchus^ ce qui ^ajoiHe-Ml, parait être le mime nom que Nilus diffëreitiment prbtiôncé •par ces barbare!$ (î); et selon !e témoigtiage d'Ethicus ce fleuve à sa source se nomme Dora. Chi sait«qu'une rivière c<5ïinue desliioderfaeft sous ce tioni existe immédiatement au sud de Vj4tîas^ c'est ^- dire dans fancieiine Ethiopie occiden- tale (a).
Cependant .les Romains , à qui l'espace man- quait pour cb«quérir, portèrent leurs armes jusque dans les br&lantes solitudes de l'Afrique et au-delà du mont Mtas; mais leurs invasions ne s'éteridirent pas plus loin que les contrées déjaf eoniiués^ et doni nous ai^ins fixé les situa- tions stir la limite septentrionale du 'Grande Désert! Fliiie e&t le seul qui nous ait transmis quelques détails sur des expéditions des Romains dans rintéHeur de l'Afrique; et ce qu'il nous dît est si clair, qu'il ^st difficile de concevoir com- ment son texte ^^eul n'a pas suffi pour rectifier les idées des savants, que la comparaison des" découvertes modernes des Arabes et des Euro- péens avec leB textes des anciens a égarés. » f — ' ■
(r) Pomponius Mela^ de Situ orbis^ Itb. m, cap. 9; t.^I^ p. Î06.
(2) Aethici Cosmographia^ààii%Vomj^omM%Mi^^ çdit. Varior., i72a,p. 726.
. - ^4.
37a RBCQERGHES StTR l'aFRIQUE.
Viitie nous apprend que Sueïonius Paulinus, qui^ut consul romain en Fan 61 de ISère j^iré- tieime , est le premier des généraux romains qui ait franchi XAtUts : parvenu 'à son *sominet, ce général éprouva un grand froiâ; ensuite, après dix campements, il arriva sur lei bords d'un fleuve qu'on *nomme Ger^ ou (seloir q[uel- ques manuscrits) Niger (i^ Il pénétra ainsi chez les Canariens et les Perorses, qiji sont voisins des Éthiopiens,
Mes lectetrrs savent déjà , d'après Ibn-Batouta et Ibn-Hassan, qu'on prouve un grand £roid sur le sommet du mont Atlas, sur-tout da côté de la vallée de Tafilet ou de Sidjilmessai et l'iti- néraire dlbn-Hassan nous apprend qu'il existe au pied du mont Atktë un limi nonimé G€ts\ situé sur le fleuve Z/z, qui arrose la vallée de Tafilet. On pourrait donc conjecturer, avec beaucoup de vraisemblance, que le fleuve Ger ou Niger de Pline n'est que le fleuve Ziz; mais, dans tous les cas, il n'est pas possible ^'étendre très-loin,dans l'intérieur, le pays dés peuples chez lesquels Saetonius Paulinùs pénétra après dix jours de marche. Aussi Pline a-t-il soin de nous dire que Suètonius Paulinùs ne s'avança au-delà du xaovX Atlas que de quelques milles seulement- Ci) G. Plin. Nat, Hist, , lib. v ; I, p. a6o.
* TIlOISIÈ]|^E PARTIE. SyS
Transgrçssus quoqûe Aîlantem aliquot miUmm spaim (i) ; "et dans un autre^passage qui précjpde, il place les Perorses près des Pharusiens^qm sont voisins des Gétules Duras de l'intérieur des terres k ces derniers paraissent être les habitants, du pays de Dawah de» modernes. Pline ajoute qu'ils ont pour yoimk'&\e%EthiopïemDar{Uites€\px habitent le rivage de la mer et les rives dfi ûeavé Bttmbotus ou la rivière de JVoun (a). Indépendamment du nom de Daràh , donné par les modernes à une vallée au sud de l'Atlas, Ëdrisi et Aboulfeda donnent les noms de Qaran à toute la partie du mont Atlas qui est au 3nd de l'empire de Maroc {y). ' ' .
Les Nigrites sont aussi placés par Pline près des Daratites^ des Pharusii .et des Éthiopiens 4 et le Nigris fluvius du naturaliste romain y qui borne la Qémlie au sud, et qui divise l'Afrique de YEtikiopie\f ne peut se trouver que dans la rivière du Darah^ ou toute autre «au midi du mont jàdas : en efiet, quoique Pline fasse-sortir
(i) Ibid.^ lib. y, cap* i, 1. 1, p. ^60, edit. ]Pranzii, 1778 , Lipsise.
(a) Voy. Gossellin , Recherches sur là Géographie syS'^ témaiique et>po$itive .des Afidèfts^^.ly p. lia à 11 3.
(3) Ëdrisi Geogr, Nubiens., part. I, qliiii.at. ta, ]»; 75. — Abulfed. Geogr, i/z JBiiach. il/<d^a;s. ,4't. lY, p.'i78.
374 RECHXIieH£3 SPR L'Aj^RlQIf £.
k NU de cette rivière ^41 dit cepeadatft qu'elle a seé ftotuces-dans le» mootagoes de Jf<icinâa/2i^ (i).
Tout prouve donc que }es coRuaisssoices géo- g^rapfaiquto de» Romains, au te^ips de Pliue, joe se sont paa ét«llduee,au nord-oiiest de l'Afrique^ beaucoup au-delà do, mont :é^$lé^ et dea eRtré- initéa sepAentrioBales du Grand-Disert
Yera fest, le texte de Mii^e détefmîne jes bmitea de oes ecmnaissancès d^alie manière au«$i • précise. En effet, il nous afqprend Ijue Cornélius Balbus porta la g^^re chez les Gar€mianies^ et s'empara de Gca^na^ leu^ capitale,, 'et, sw sa route, de Cydarnum et de Pkasania (tl). Quel- ques pages auparavant, Pline nous appMnd que ks G^ramctnies soQt à 'douze jours de mardie ^ ^jiH^ies (3). Une^ route traeée droit au mi^, sur la carte de M. Purdy^ et qui part d'^^y- gehj colfipt0 dix journéea de rçute fti^u'à Bçwr- gouj che^ieu des Tibbous; deux jpurs de maiN^ke de plus conduiraient dans le K^oué^r^ où I(éro- dote et Strabon m&m ont t^ja feit cçi^^ectaFer
(i) Plin» ]S[ai. Hist.,l\k. V , 4; tvW» p. «94^ Plwc pro- longeait ces montagnes jusque chez les Blemii, dwa* U êésert AeBUtHi^ y iih. y y i,
(2) Pliaii, jAb/. Mist.^^* rf%. U, pu 3j|i^, e4iu FT9mà^ Lipsift, 1778, mrd^.
(3) Plmii, iViii. ifïjr.> l*w V I 4 > t. II, p. i$5.
qu'on doii placer la j^gion d»& Cw^mamies., La carte de M. Purdy s^asque 9ur cc^te route utik va^e forêt et eo^Ue ua désert. Pline dit que quaiyl on ae rend à'jlugiies chez les Garamante^^ on *traverie des forets reixi{>lies 4e bétes féroces et eB3Pite des- déserjts* Mais ces circon^an^ea ne sont^pas les seules qui démontrent les limites iflf^ uoiA» assignons de ce côté aux compa^fiances géographiques dea Bomains. Lorsqu'on esl fa* onlinrisé; aveè la géographie de cette partie- de^ l'Afrique, on reconnaît facilement CydamW9t dans Gàdomès des' modernes^ PAa5a.^i4i re^o dans la contrée du Fezzan , et dans TahiâÀurn i^p^m la viUe de Tibes^ chez les Tabous du Fezmn. Le Mons Ater àe Pline (i) nest pas le désert du Haroudjé qm'a traversé Hoiv awaann, comme le oroit Rennell (a), mais les monts i^re, qw sont \m prolongement de yjt^ ias au midi d\Fez»,an. Le mont Gj^ris de Pline, ou le Gfrgiris de Ptolémée , est la prolongation 4^ cette même chaîne au sud des Tibbaus et du pajs diJugeUk. La ville de Garajim n'est pas Yerrrmh du Fezztm^ comme le croyait le major Eennell , mais Qherma d'Édnsi placé plus au
(i) Mons JMr nostri^èittus, ^Kn.iVbr. BisU^ lib/v, 9. (2) Rennell dans UorrtemanrCs Travèls*
i'JO RECHSRCPEft SUR LABftt^^^E. •
midi et dans le Kaouar^que je crois , avec M.- Dur Andi (i), plus rapproché* du côté de Fouest qu^ ne l'indiquent nos cartes, et qu'on doit mettre immédiatem^ent au sudest du /(0zzâ^(i). Enfin le Gjrr qui , dans Ptolémée , arrose le pays des Garamantes, le Gjrrnotfssùnus ctmms, Ethiopum de Claudien, qui, né et élevé en Egypte, était Csimiliarisé avec la géographie d*Afiique, nous parait être la rivière GugUy dont oous né con- naissons pas Uen le cours , mais qui ^st men- tionnée par Édrisi comme coulant vers lé sud, et ayant sa source dans les*montagnes qui sont au sud âi^ugelak (2). Eiïfln , au-delà du pays die KcLouar ou des Gar amantes ^'Wlxï^ ne connaissait que les Blemiij ou les habitants du désert de Bilma; et on peut dire quHl ne les coanaissait que de nom , puisque, avec Mêla, il les dépeky; comme ayant le visage sur la poitrine. Ces contes absurdes marquent que là s'arrej^aient les con- naissances réelles.
Lors même qu'on prouverait que je me suis trompé dans plusieurs des noms anciens et mo- dernes que j'ai fait correspondre , il n'en sera pas moins démontré, par l'ensemble de ces rap-
.(i).Durandi «Uns. \é& Mémoires de V Académie de Turin pour les années, idioS à 1808 ,10-4°^ 18 19, p. si8. (a) fidrisi daos Hartman, p. iB?.
' TROISIÈME PARTIE. 377
pA>dheinents,que les connaissances des anciens, 'dans Tintérieur de FAfrique^ ne s'étendaient pas au-delà des limites que je leur ai assignées. ' En effet, Pline ne parle des conquêtes de Sueibnius Paulinus que dans une sorte d'aj^- pendice à la description de la Mtmriianie; et il met les conquêtes de Cornélius Balbus au nombre des dépendances de la Cyrénaîque.
Nous lisons dans Tacite et dans Florus ( i) que tè& Garamantes s'unirent aux Qétules et aux Numides d'un côté, et de l'autre attx Ma^tma-- rides , pour £sâre la guerre aux Romains ; donc A&s Garamantes étaient situés entre ces peuples, c'est-à-dire dans leRaouar: et comme les Ro- mains , ainsi que nous l'apprennent Strabon , la Notice àt l'empire (a) et les monuments récem- ment découverts, avaient soumis \es oasis de Baknasa et de Khardjé, ou les oasis proprement dites , au gouvernement de V Egypte , les dispo- sitions hostiles des Marmarides^ des Garamantes et des Gétules, empediaient les communica- tions directes , et entravaient le commerce entre l'Egypte supérieure, la Cjrrénaîque et l'Afrique proprement dite , la Numidie^ et les autres
(x) Tacid AnnaL\ lib. m et lié. iv. — rFlor., lib. iv^ c. la* (a) Strab:,lib. xvn,p. 791. — V^ncïtjù^ ^ Notkia dignit. utriuêq. io^rii^ ïaMio^ i6aS, p..3o4i-
378 R£CH£&CH£^ «UR LAFRIQUE.
parties de l'empiré romain (i). Sous ce rappcori les conquêtes (}e Coro^ins BaUw^i^ur ce$ tribus sauvages étaient d'iHie graad^ m^KHta&ce, et; 1^ valurent les honneurs de ee trioniphe dontptine a décrit la splendeur (a). Cetl^ ro^e du Om»* inerce entre la Hautes gjrpte et les parties 4m&ar taies et septtratrionales 4e T Afrique étaif conjaiie et pratiquée depuis bien lQng*tenfps,puisqu'^lU^ est décrite par Hérodote» qui dit que de la pfo* vince de Thèbes- en. Egypte on Ivaver^î^ît^^pi^ dix joors de marche , lé pays des /émmoniens, d'où Ton se repdait à udugiks^ habité par les ' Nasamons; ensu^e^ après dix jours d^r^^aietbci» chez les Garufnantes^ et de là, plu$ à l'ouest^ chez les Troglodites éthiopiem y hs Jttarofit^ et les filantes. Ce passage d'Hérodo^ ccyiifir* merait au besoin tout ce ^e ncms v^ioi^s de déxnontror sw lies limites des connais^^aiiçe^ à l'époque où Pline a écrit (3).
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(i) Le commerot ^H/m^ t^ciît Hw^ par h i^oj^q^ àfi^ caravanes. Siliiia Itali^us garle i^Jlmmon le Comuy plaoi parmi les tristes Geunmantes (lib. lu , vers 11), et Lacain (lib. ix) donne à Japiter Aminon le titre de Garamantique; ce qui me fait présumer que Voasis d*Ammon notait pas à $Ù¥ah, laa^ qa^on trotirera im jour son empiaceiBisst sur là roule ikt ooià .d'Égypêt an il^aauêw.
{%) Plia, , loc. tffoat.
(3) Herodoti HisL^ liiu vfy aSi - i^ô ^ t. II , p«» Syi. €s
TROI$Iji(M£ PARTIS. 3)^
On pourrak objecter encore que Pline, aussi* bien qû'^ér^ote, fait mention de crocodiles^ d'hi{^K)potaiïies et d'élépbants, et que ces wi- ^laiix , {aujourd'hui si coroKUfis ^aafi la Sémé^ , gambie fi le Soudan , ne se trouvent plus dans 1^ contrées que j'ai désignées. Je répondi^i d# nouveau qu€i ces contrées noua scoat trop peu ooD&ues 4>our pouvoir -asjsurér' qu'il ne s'y ttouve pas encore des hippopotames et de$ éléphants ij'&k rapporté des témoi^ages qui preuve&t que ces ai^maux existaient au noixl même du mont ^*^&i^, dans des siècles pos^ térîeàrs aux Romains; et lorsqu'il n'y en au* rait pïhiâ aujoutd'huî, cela prouverait seulement que l'invention des armes à feu , et les cojoi** quêtes des Arabes , chasseun et guerriers par nature , et moins renfermés dans les villes que les peuples di'ongiire phémcienoe, ^eeque ou romaine, les auront fait disparaître entière* loent. 'César ( i ) nous est t^émotn que l'élan el >FauFoohs étaient commims dans les feréis de Ja Gaule et de la Germanie. D'après un pas»-
qu'ttérodote dit des Ammoniens semble démontrer aussi » eotatae nous mettons de le dire, que Voasis d'Amman. nt devrait point être placée à Sif^çÂ^: mais cette diacussion n^est pas de notre sujet..
(i) Csesar, De belio Gat&co^ lib. ti, cap» 7,'j et 28. *
J»
38o RECHERCHES ftCa l'aF/IIQUE.
sage de Gaston Phébus, il paraîtrait que. le pre- mier de ces animaux se trouvait eécore au dou- zième siècle sur les sommets neigeux des Pj/ré- . nées , et aujourd'hui il ne se voit plus ^ qu'eo Laponie : l'aurochs* est rare même en jÇologne, et aura dans quelques^ années peut-fstre dispahi pour toujours du sol européen. «Lorsqu'on se rappelle la quantité prodigieuse de. lions et^ de léopards^ que les Romains tiraient de la C/ré- naïque^ de l'-^d^/h'^rwe proprement dite, et dç la Numidie^ et le peu d'animaux de ce genre que Ton trouve dans les mêmes rég^ns, on ne peut douter un instaitf que les espèces d'animaux féroces n y^ aient considérablemenl; diminué. La giraffe paraît aussi avoir été, par lesméiiies causes , expulsée des régions voisines de ^Egypte ' et .de X AbyssiniB ; ^X. cette espèce a été reCcwilée dans les déserts du<:entre et du midi de XAfn^ que. Par cette raison, ce grancji quadrupède iut long -temps inconnu aux peuples modernes, quoique clairement décrit dans les écrits .des anciens (1). ^
D'ailleurs il suffisait que les Anciens crussent qu'un des fleuves de la Mauritanie était le Nil^ et qu'ils eussent trouvé dans ce fleuve le pçfjXT^^i
(i) Voy. Plin. , lib. viii , cap- 27.
I^INROISIÈME f»4LRTI£. 38l
Icf htus^t les autres planles particulières au IViif pour^qu'ils ifiiaginassent aussitôt, qu'on y trou* vait aussi le crocodile, l'hippopotame et les au- tres animaux du Nil!
^ Ainsi tlont, je le répète, il est prouvé que les connaissances géographiques dans l'intérieur de FÂfriqu^ç ne dépassaient pas, au siècle de Pline, les lîtfiitesv qu*elles avaient du -temps d'Hé-
rodqjp.
* Mais, soixante-dix ans après Pline , on aper- çoit à cet égard, dans l'ouvrage de Ptolémée, un perfectionneîfaent notable. Pour en apprécier toute l'importance, il faut se rappeler qu'il est dans certaines sciences des erreurs qui se repro- duisent, et^qui renaissent en quelqpue sorte dans tous les . siècles , parce qu'elle? tiennent à la nature de l'homme, à la faiblesse dé ses moyens, à la marche de son esprit. Lorsque les continents ne' sont encore peuplés que par des tribus sau- vages et éparses, et qUe*, sans culture, ils sont encombrés de leurs forét$ primitives, les seuls moyens àe communication entre des pays éloi- gnés, les seules routes praticables^ sont les fleu- "^es et les rivières. Oïl peut dire avec vérité que ce sont les fleuves et les rivières qui ont civilisé le monde. ]\(Iais il n'existe dans chaque conti- nent qu'un très-petit nombre de grands fleuves ,
38a recherckjb's sur i/afri^ue.
dans lesquels viennent^ se rendra tous lesauCres fleuves et rivières, et qui, dérivant tot^ des monts les plus élevés de ces continents, ne sont séparés à leurs sources que par des intervalles peu éloignés, quoique souvent difiSciles à fran- chir. De là il est résulté que, dans tous les temps et dans tous les pays, on a commuée p^ croire 4}ue tous l0B grands * fleuves communiquaient entre eux, et qu'op ^ joint ainsi touées les mers, entre elles. Les écrits des anciens foQt foi que tels ont été les premiers «systèmes géographi- ques ; et lors même que les progrès des décou- vertes démontraient qu'il existait une séparation entre les rivières, on ne rectifiait pas les idées que l'on avait conçues à pet égard j on croyait que la rivière que l'on venait de quitter, était la même que ctHe qu'on re^ouvait à quelque dis- tance, et qu'elle avait coulé^sôus terre. Lés er- reurs se maintenaient malgré les faits les mieux avérés. Ainsi , après la conquête de Vlllyrie par les Romains, Pomponiu,3 Mêla fait communi- quer eniii^mble la mer Noire et la imçr Adria- tique , par le moyen du Danube; et ^ri^ au treizième siècle de l'ère elirétiehne ,"* maintint ^ur le globe qu'il a Jracé', cette même comnau- nication.
.. lad^endamment de cette tendance natiu'elle des esprits â réunir entre eux les grands fleuves,
TIlOlSliMB 9^^RTI£. 383
des circonstanceft particulières concouraient à fsûre iîonforidre le* NU avec d'aulres fleuves , et à produire une illusion dont il était difficile, de se garantir. Le Nil fut le premier, et pendant long-. temps le seul fleuve connu des anciens et de tous les peuples tivilisés^ où Ton trouvât des crocodiles ,ides hippopotames , du papirus et d'autres plantes des régions de la zone torride.^ On crut donc voir le Nil partout où se voyaient ses productions; on le fit sortir de \2i Mauritanie, on le retrouva dans VInde (i) ; il arrosait le pays des Éthiopiens, il pénétrait^dans celui d^s Sèreif (2)5 et l'on ne pouvait déterminer, comme
(i) Usque coloratis amt^is devenus ab Indis,
(Virg. G€org.^\ïh. IV, y. 293.) C*est par ceUe raison qae Josèphe, lib. U, cap. 1% ^ dit que TÉgypte toUcb» à Tlnde.
(a)" Cifrsus in occaifum Jtexu torquêtur, et ortus
Nunc Arabum popuUs Libycii nunc œquus arenis; Teque vident primi^ qifœruni tamen ki quoque Se^es, (Lucan. Pharg.j lib. X, 290-293.) Je sais </be Ses savants , peu familiarisés aVèc les systè- mes géogipafp&fqiiea des ancieaa, seSoatJmagiu/é que Yir- gUe, ^r thdkuSi désignait les Éthiopiens ou les habitanrs de Ja HaMte-^Égypte, et guejes Seres étalent les habitants de cette portion du Nil nommée Siris , selon Denys le Pe- riègètes {dMf Description v. 223); nais la manière dont s'expriment les deux poètes^ prouve bien qu'ila veulent
384 RECHERCHES SUR L'ÂFRK^tTE. „
le dit énergiquem^nt Lucain, à quelle partie du monde il appartenait : \ '' . *
, ♦ Ei te Terrarum nescit cui debeat orbis.
C'est donc urte chose très-remarquable, et qui marque des progrès prodigieux en géographie, de voir dans Ptolémée les sources du IVii pla- cées en Ethiopie, dans i4ne chaîne de mon- *tagnes, qui s'étend de l'est à l'ouest^, nommées les Montagnes de la Lune ; de trouver ce fleuve entièrement distinct des rivières de Ja -Mau- ritanie et de l'intérieur de l'Afrique, coulant naturellement du sud au nord, et dérivé dé deux rivières, qui sont évidemment Ig Bafir-^l- Abiad et le Maleg des modernes; puis recevoir de l'est deux autres fleuves, XAstapus et YAsta* boraSj qui sont XAbawi ou Bahr-el-Azrek^tt XAtbara (i)*ou Tacazzé de nos cartes ; de voir
désigner les contrées éloignées et non voisines de l'Egypte. Ces interprétations forcées ne peuvent obscurcir un ins- tant le sens fort claire dé ces passages. Virale, conséquent avec lui-même, fait les habitants des bords du iViV voi- sins des Perses : Quaque pharettatœ vicmia PerMis urget, {Georg, , lib. IV, v. 290. ) Huet et Fréret ne 4'y sont pas trompés. _ «
(i) Sur ce ùom ^Athara donné au Tàcazzéy voyez Mofi' ofihe coursé of the Nile and adjacent coutiies^dsiDS Burck- hardfs Travels, p. i63 , et Bruce*s TraveU, t. VIL
TROISIEJUS PARTIE. 385
enfin deux fleuves principaux arroser le pays au sud de V^tlaSj sans aucune communication entre eux, ni avec les rivières qui s^coulent dans l'Océan atlantique ou la Méditerranée, ni avec le Nil. Un exposé si clair, si conforme à l'ordre naturel, et quç confirment toutes les découvertes modernes, ne peut être dû qu'à des connaissances fondées sqji* des relations exactes et des observations précises. Il me paraît évident que les conquêtes de Suetonius Paulinus et de Cornélius Balbus ouvrirent un accès facile aux habitants éclairés de YÉgxpte et des côtes de Y Afrique proprement dite, de 1^ Numidie et de la MauriUinie^ chez les Garamantes^ les Phau- rusii^ et les autres peuplés qui sont au midi de XAtlasi et que la carte de Ptolémée est le résuU tat de toutes les connaissances qui en furent la suite.
Si Fou fait abstraction des erreurs de longi« tude et de latitude qui existent dans Ptolémée , jusque dans les pays les mieux connus de lui et des anciens^ et qui tiennent à la méthode qu'il a employée pow dresser ses tables , on trouvera que la carte d'Afirique qui résulte de cesTnêmes tables, dans les idées générales qu'elle présente relativement au NiU est plus conforme
(i) Ptolemaei Africœ tabula , iv.
386 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
à ce qui nous est tracé par la nature dans les autres cantinents, que tout ce que la plupart des géographes -ont exposé avant lui, ou après lui, sur ce sujet. En effet, Ptolémée a fait disparaître ces étranges communications des grands fleuves de l'Afrique entre eux, auxquelles croyaient Stra- bon, Pline, Mêla et presque tous les géographes de l'antiquité; communications qu ont admises, en les multipliant, les géographes arabes aux xiv^, XV® et- XVI® siècles , et les géographes modernes au xvn® «iècle ; dont presque tous les habitants de l'ignorante Afe'ique affirment encore l'exis- tence, et qui sont de nos jours le rêve favori de plusieurs géographes recommandables de l'Europe savante (i).
De même que les anciens voyséent le I>/il par-tout , les Africains de l'intérieur , nos voya- geurs et nos géographes trouvent en Afrique'
(i) Voy. la Carte d'Afrique de d'Anville ; la Géographie physique de la mer Noire efde Vinténeur de V Afrique par Burean de là Malle , ch. xiii .^ p. j6 , et la carte d« cet ouTrage, dressée par II. Boa due ; la carte de TouTrag^ de M. Bowdich, dans TouTrage intitulé Missàin to Ashantee^ qni établit une cûrain^unication non interrompue depuis les embouchures du Nil à Alexandrie jusqu'à l'embouchure du Zaïre ou fleuve de Congo ; la carte de l'auteur de l'extrait du Voyage de M. Mollien dans le Quarterty Réviewî mai 1820, p. aaS, vol. XXIII, n**XLV.
TROISIÈME PARTIE. ' 387
par-tout le Niger : et il faut que l'esprit de sys^ tème exerce 'une bien forte influence sur les meilleures têtes , pour que .les homnies les plus Smineata ^ea géo^aphie, tels que d'Anville et plusieurs autres, se soient mépris aussi forte* ment dans l'applicatiofL qu'ils ont faite des no* fioFEis générales de Ptolémée sur rAfriqoe aux connaissances des moderaes^et pour qu'ils aient transporté k trois cents lieues au sud et dans le Soudan , les fleuves de Nigir et de Gir^ que le g^graplie ^grec a tracés immédiatement au sud de Yu^tlas.
Cependant le Nigir de Plolémée arrose le pays des noirs Gétules {Melano-OetuU)^ des JVigrites, placés au nord des Phaurusii ^ qui sont à Yml des Daradœ ; et nous savons , d'afO^ès Pline (i), que ce sont -là les peuples que l'expédition de Suetonius Paulmus fit con* nakre^ au sud de V^tkfs. Le JVigir de Ptolé- mée est donc tk même fleuve que le Niger ou le Ger de Pline , et sur les bords duquel Suelo* nius Paulinus parvint' au dixi^e campement, à partir de Tangis ou «dé limas ^ où de quelque autre ville de 4a Jftzi/r/^^zme soumise auxBromains dand^ cette portion du royaume 'de Maroc des
(\) Plinil lib. v, cap. i , et cUdessus p. 373.
, a5.
388 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
modernes , qui est au nord ou à Fouest de VJtlas.
De même vers l'ost, le Gir fluvius arrose le pays de,s Garamantes^ qui, nous le savons, n'est qu a dix journées de route èiAugila ou d'^«- ^^/a des modernes; et nous avons déjà vu que le pays des Garamantes est le Kaivar ou Kaouar et le pays de Bilma des modernes , au que du moins il ne s'étendait pas plus au sud.
Ainsi donc le tracé du Nigir et du Gir de Ptolémée ne prouverait pas que les con- naissances géographiques dans l'intérieur de l'Afrique , au second siècle de l'ère chrétienne, fussent plus étendues qu'au temps d'Hérodote, de Strabon et de Pline, si le géographe . grec n'indiquait rien au sud de ces deux fleuves. Mais au contraire il a placé loin au midi un grand nombre de noms de peuples* que nous ne retrouvons. point dans lejj géographes anté- rieurs; et enfin encore plus au ^ midi, et au-delà d'un vaste désert , séjour des éléphants , des rhinocéros et des tigres, il met un Niphe Mons^ un Mesche MonSj un Barditus Mons ^ dans le pays ^Agisymba^ vaste région à' Ethiopie {Agi- symha regio^ jEthiopum latissimè extenso). Ici nous voyons des noms et des notions dont les auteurs aq|érieurs ne nous dévoilent pas l'ori- gine ; il faut donc, pour jiiger de leur étendue
TROISIEME PARTIE. SSp
et des limites de ces nouvelles connaissances, * tâcher de découvrir, d'où elles proviennent.
Dans ses prolégomènes, Ptolémée (i), discu- tant les longitudes et les latitudes de A^arin de Tyr, nous apprend qu'il a^ trouvé, dans l'ouvrage v de ce dernier, que Septimius Flaccus porta la guerre dans JaZr/^e, et qu'il employa trois mois pour aller du pays des 6^arâ(/72â;/z^^^ dans celui des Éthiopiens; que, de plus, Julius Maternus avait employé quatre mois lorsqu'il alla de Lèptis M€igna rejoindre les Garamantes k Garama^ et de là porter la guerre en Ethiopie et an pays S^Agisymba^ où l'on trouve • les rhinocéros; quoique cependant Julius. Maternus eut toujours dirigé sa route vers le midi. .
Il est vrai que Ptolémée fait contre ce récit des objections et le regarde comme impossible : d'a- bord, dit-il, parce que \t% Éthiopiens intérieursne sont pas tellemenU6éparés du pays des Garamàn- tesj q[^'il faille marcher pendant trois mois pour arriver de l'un à l'autre, puisque les Garamantes sont eux-mêmes Éthiopiens; ensuite, parce qu'il est ridicule de croire wjue l'incursion d'un roi contre ses sujets ait pu se faire en suivant une direction précise du nord au mid^tioindis que ées nations s'étendent l'une et l'autre fort avant, tant
. , — 9, u
(1) Vtoy^mxi Prolegomena y cap. tiii.
SgO RECHERCHES SUR l'aPRIQUE.
vers Forient que vers l'occident ; et parce qu'en- fin il n est pas probable que dans ses courses le roi n'ait fait aucun séjour doht il soit néces- saire de tenir compte. Il est donc vraisemblable , ajoute Pïolémée ♦ que ceux qui ont rapporté ces fkits en ont parlé iropai^faitement , en disant que la route se dirigeait au ïnidi , au lieu .de dire seulement qu'eUe tendait ters le midi.
On voit que les objections de Ptoiémée ne portent pas sur la réalité des incursions' de Sep- . timius Flaccus et de Jtilius Matemus, mi^is sur le plus ou moins d'extension qu'on doit donner à ces înciiirsioBS du sud an nord. En admettant comme justes pluisieurs des objections de Pto- iémée, et en réduisant d'après sed propres bases la longueur du trajet pavcoulii dans cai dieux expéditions, il reste toujours certain , d^'a^irès le temps qu'on y a employé, qu'elles ont dû fran- chir les.lijmtes des conuaissaiiées géographicpies et le pays de^ Kàouar^ et s'étendre assez avant dans le Déseiiu Mais- quel est le terme e:s(tapénie où eHes se sont arrêtées? Je n'en sais riefr; seul^nentje puis: affirmer avec certitude qu'elles ne se sont pas étendues ju^u'an Niger ni jus- qu'au Soudan ,if6rtilisé par de nonibveux cours d'eau : j'en tire la preuve de Marin de Tyr, ou de Ptolém4e même, puisque dans la région diAgisymba il n'est pas fait mention d'uHie seule
TROISIÈME PA.RTIE. 39T
rivière, d'un seul Uc, d'un seul marais. Le géo- graphe grec n'indique que le Q.om de la con- trée, celui de deux ou trois montagnes^ et 4es genres de biétes féroces qui l'habitent ; ce qui dé- montre évidemment que cette incursion eut lieu dans certaines oasis du Grand-Désert, où l'on ne trouve que des puits e% des spwces. JuUus Maternus et Septimius Flaccus d^ns kurs ]:^pldes expéditions, n'entendirent même pas parler de la région du Soudan y ni des. grands jQeuvës qui l'arrosent , car ils n'^^rf^ient pas maoaqué d'en faire mention dans kur relation; et Ms^rin de Tyr, et après lui Ptoléonée, n'auraient p;is qu- blié d'en enrichir leurs traités de géographie.
Dans un ouvrage précédent j'ai dit (t) que je pensais cpjL Agisymba était l'oasis actuelle d^Js- èe«:(2), où s'arrêtent encore auj^ourd'hui la.plu- part des caravane^v Dans ce cas^ Septimius Flac- cus et Julius Matprnus auraient suivi la route que prennent encore les caraVanes qui se ren- dent <à C^ch^nah ; les montagnes de Megrem de
notre seeond itinéraire seraient le Mesche Mans
• 'a • __^
(1) Cosmologie, où Description gêner, de la Terre ^ p. 289.
(a) Agadez^hi capitale à'Asben, est une sorte d'entrepôt du commerce pour le Soudan : cette -ville est entièrement habitée par des Mahomëtans; et les marchands da Fezzan s'y arrêtent souvent et ne poussent pas plus loin leurs caravanes. Voy. Proceedings, p. 164.
392 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
de Ptoléinée;"et le Barditus Mons est peut-être la chaîne de monts au sud $Ashen et au nord de Cachenah. Quoi qu'il en soit de ces conjectures, il est démontré , d'après tout ce que nous avons dit, que le Nigir et le Gir, tracés sur la' carte de Ptolémée , n'appartiennent pas au Soudan , mais aux contrées qui sont immédiatement au sud de \ Atlas ^ et qu'on ne peut tirer aucune lumière de ce géographe, ni d'aucun auteur ancien, pour ce qui concerne le Joliba ou Niger, ou les autres rivières An Soudan^ puisque cette région a été inconnue à toute l'antiquité, et fut réellement une découverte des Arabes (i).
§ VII. Résumé^ Conjectures^ et Conclusion,
Après avoir lu l'analyse de nos itinéraires, on nous objectera, peut-être, que des journées de caravane , en supposant leur évaluation
(i) L'erreur commise sur le Gir et le Nigir de Ptolémée n'a été générale qtie depuis d'Anville ; et encore elle a été quelquefois combattue. M. Latreille, dans une dissertation publiée en 1807, explique bien ce qui concerne le Gir et le Nigir ; mais il ne parle pas à^Agisymba , ni des incur- vons de Septimius Flacciis et de Julius Maternus. Hasius, dans sa petite carte intitulée Imperium Romanum sub fus- tiniano , place le Gir et le Nigir au sud de Y Atlas ; mais il met VAgisymba regio dans le Soudan, et 7 trace un grand fleuve , oubliant que la carte de Ptolémée oet sur-tout re-
TROISIÈME, PARTIE. SqS
exacte , sont encore un moyen très - imparfait pour mesurer des distances et fixer des posi- tions. Nous en convenons : mais c'est le seul qui soit en notre disposition ;• et' tout imparfait qu'il est, il suffit^ pour resserrer l'espace des erreurs possibles dans des limites assez étroites.
Nous croyons sur-tout avoir obtenu ce résul- tat par le premier de nos itinéraires, qui nous a servi à déterminer la position de Timbouctou; c'était le seul que nous nous étions proposé d'a- bord de soumettre à l'analyse , et il a été l'oc- casion comme le but principal dé notre ouvrage.
L'itinéraire de Tripoli à Cachenuh^ qui est aussi rédigé par le cheyk Hagg-Kassem^ s'ac- corde si bien avec ceux que le major Rennell a obtenus , qu'il ne nous laisse non plus aucun doute sur son exactitude , relativement aux dis- tances des, lieux qui s'y trouvent mentionnés ; mais , pour le tracer sur la carte , il faut sup- poser la longitude de Cachenah déjà connue,, et nous n'avons pas, pour la fixer, les mêmes moyens que pour Timbouctou.
Quant à l'itinéraire de Mohammed , fils de Foui, nous devons dire qu'il s'y trouve beaucoup
marquable en ce qu'elle ne met pas un seul cours (Veau, ni un seul lac, dans une région qu'il représente comme immense.
394 RECHERCHES SUR L AFRIQUE.
d'incertitudes et d'obscurkés. ConiiQe il ne nous trace point Hne route directe , et qu'il passe par Haoussa , dont la position n'est point connue, nous n avonsi pu lui domner de direction que d'après les conjeetures qm nous ont paru les plus probables.
Dans tous les cas ^ le soin que nous avons eu de n'inscrire sur notre carte que les noms et les positions que nos itinéraires contiennent, et qui étaient les résultats de nos recherches , don- nera plus de facilité pour &ire les rectificatiços que de nouvelles découvei^és foraient juger nécessaires ; tandis» que cela devient difficile ou impossible sur de& cartes en apparenee fixis riches d'érudition, œais où l'on a mêlé et con- fondu les nodEQS et Les erreurs de «cmis les au- teurs et de toutes les époques.
Quel que soit, au reste,, le jugement qu'on porte de Texaciâtudâ de nos analyses et de la réalité de nos con^etiires (i), nous osom es- pérer que la scietiee irecueiUera de grands avan- tages de la réunion de tons les renseîgiienteQts
(i) Quelquefois ces conjectures ont varié, parce que les renseignements Tagnes qm 6n étaient l'objet ne sent pas toujours .présentés de la, même manière par les dâfférents auteurs où nous avons puisé. Aiiisi dans la coi|Eiparaison de la carte de M. Bowdich ayec les relations antécédentes ,
TROISIÈME K^AETIE. 3g5
Fetifermés dans notre ouvrage sur l'intérieur de VAfricfae et sur les contrées du Soudan, Sous ce rapport, liarAt qu'il restera dies découvertes à foire, Bos recherches pourront être consuhées avec fruit; et quand tout sera connu, elles cif- fiiront encore l'histoire complète et exacte dies progrès de la géo^aphie pour cette partie du globe , qui fut toujours rohjet de la curiosité ou de l'ambition des peuples les plus éclairés.
I>aiis les tentatives que l'on a faites pour éclaîtcir eette partie^ de la géographie , au lieu de rémnir les faits et de les ootnparer entre
-I . . ' I <i I . . ■■>> I .1 ■ » .1 ■ I , m ^.i' !■ < ■ ^ . ■ .- I ■ I I I « !■■.
BOUS avons ootigecCuré , p« iW^ (faele^Huara-ûé l'Arabe feliata de M. Seetzen poiirrak bien aveir dn, rapport »yé^ le paya de Quolla ou du Dar-KuUa, N-ous pensons , d'apcès un examen plus attentif, qiie le Kuara de TAral^e fellata est le Kawar ou Kaouar au sud du Fezzan , ainsi que nous l'avions dit à la p. 86. Abd-Arrachman Aga {F, p. 78) a fait menrfk>n du ménié pays sons Be nom-^ de Kouar et à côté dé Bulma^ qnrêstBélmOi Ce nonm de- Koaar ou JKouara pamit aToiif une sîgnifioation; etil y a une province de JQsuara au sud de YAbyssinie. Bruce ,^ qui la décrit {Trav^^ls to discover the source ofthe Nile , 181 3 , iuT8*', t. IV, p. 44? ) » dit qae , dans le langage des ChangaUas , le mot Kouara signifie soleil. Le même auteur, p 446, dit que la pro- vince de 2)«//?^<?a est 'nommée Atte-^Kolla; ce qui signifie la noiarritupe du roi.' Toutei ces significations , et toiites ces ressemblances de mots, doivent., ainsi que, je l'ai fait remarquer , être la cause de beaucoup d'erreurs et de con- fusion.
ig6 RECHERCHES SUR l'aFRIQIÎE.
eux, on s'est hâté de multiplier les supposi- tions, et, ne pouvant parvenir à conftaître, on a voulu deviner. 'Telle est, dans toutes les sciences, la marche de l'esprit humain. Elle tient à une des plus nobles propriétés de sa nature , au désir violent qu'il éprouve d'at- teindre la vérité. Lorsqu'elle se dérobe à lui, il cherche à se créer des illusions qui puissent lui en tenir lieu.
On a su qu'il existait un ou plusieurs fleuves dans le Soudan , et l'on a formé différents sys- tèmes pour suppléer à l'ignorance où l'on était sur le cours de ces fleuves. Nous avons fait connaître tous ces systèmes. Il nous reste à exposer en peu de mots notre opinion à cet égard : auparavant nous devons foire remarquer à nos lecteurs que , quoique l'analogie soit sou- vent en géographie un guide trompeur, c'est cependant le seul qui emprunte au flambeau de la science quelques-unes de ses clartés, et qui puisse rendre nos conjectures utiles. Mais, lors- que les idées que nous allons offrir sur l'inté- rieur de l'Afrique obtiendraient l'assentiment des lecteurs , nous desirons qu'elles ne soient pas tracées sur les cartes,. parce qu'alors il sem- blerait que nous avons voulu les exposer comme des vérités démontrées, tandis que notre but
TROISIÈHE PAR7:iE. 3g'j
est seulement de les présenter comme des pro- babilités plus ou moins fondées.
Quoique les progrès des découvertes réelles se soient arrêtés dans la partie orientale du Soudan^ à Cobbé, dans le Darfour, cependant on peut regarder comme prouvée l'existence d'une ou de plusieurs rivières qui, sous le nom de Misselad ou de Djyi\ coulent du sud au nord ou du nord au sud, ce qui est attesté de ma- nière à ne pas laisser lieu d'en douter. De même à l'occident, quoique les découvertes de Mungo- Park s'arrêtent pour nous à Silla^ cependant *H a reçu dans ses deux voyages des informations semblables sur l'existence des deux Iwas de rivière qui forment l'île /^«èa/a, à l'ouest du méridien de Timbquctou; et on doit également considé- rer l'existence de cette île et des bras de fleuves qui la forment comme, démontrée. Mais à l'est de l'île de Djinbala ou Jinbala^ comme à l'ouest du Misselad^ les cours des grands fleuves du Soudan sont ignorés; tout est doute, incertitude et contradictions dans les renseignements.
Ces contradictions ne sont peut-être nulle part plus frappantes que sur ' la direction du fleuve qui coule à Timhouctou : il semble cepen- dant que , d'après les caravanes qui se rendent tous les ^âus dans cette ville , ce fleuve devrait être parfaitement connu.
^9^ K£GU£UCH£S SUR l'a.FRIQU£.
Nous avons tu que Léon rAfricain et beau- coup d autres affirment que ce fleuve coule i l'ouest, et (}u'on se rend de TimbouctoukJinne ou Djenni en descendant son cours. D'autres, au oontraire, disent que ce fleuve coule à Test (i), et qu'à partir de Timbouctou , en descendant son cours 9 on nsrvigue vers l'orient jusqu'au Nil
CesrfippoPtSy si contradictoires en î^arence, s'expliquent tout naturellement si l'on suppose que le Gambarou , qui coule de l'est à l'oued, contribue à former deux côtés de Itle Jinhala paf deux de ses bras, dont l'un se décharge dans le lac Dibbie^ et l'autre dans le Quolla ou Niger j qui coule vers l'est; alors de KéAra oa commencerait par naviguer à Fouest, par le moyen d'un de ces bras, pour se rend|^ kJinne: et en partant aussi de Kabra l'on naviguerait au sud -est pour se rendre dans le Quolla et dans les contrées orientales,^ vers lesquelles ce derni^ fleuve se dirige : et cependant le Gam- barou seul doimerait le moyen de suivre ces deux directions difSérentes. De là viendraient les contradictions qui existent entre les auteurs, et les incertitudes qui en sont les suites.
(i) Voyez cudessus, pag. 71, 106, ^29, i3o, 299, a35, où il est dit qu'il conle à Touest 9 et aux pages 97 , 11 3, i3o, i54, i58, t6o, 161 et 247, où il est dit qu'il coule \'çrs Test.
TROISIÈME PARTIE. $99
Mais en admettant cette supposition comme vraie, il rcfste encore à expliquer ce que devient le Qaolia on le Niger, ou le fleave qui coule à l'est, le seul dont l'existence soit prouvée par des observations positivés.
Les deux conjectures qui ont trouvé le plus de partisans sont : que le Niger, ou le fleuve du Soudan , qui coule vers l'est , se décharge dans le Nil 9 ou qu'il retourne au sud pour se replier à Touest, formant la rivière du Bénin ou celle du Congo j <m toute autre , p^mi celles qui versent ieiurs eaux dans l'Océan atlantique.
Auoune de ces deux con}ectui«es ne nous pa^ rait probable; et la première, qui est la plus universellement adoptée, qui, ainsi que je l'ai dit, e^t a£^rmée cointne un fait par les habitants d'Afrique, esl, suivant nous, encore moins pro* bable qnt la seconde.
Pour comprendre les raisons de notre opinion à. cet égard , il est ¥i^oessaire que nous rappe* lions ^ne loi de la n^are que beaiico«ip de^géo- graphes paraissent avoir seti(?ie, mais que nous croyons avoir exposée le premier d'une manière claire et précise (i) : c'est que les chiunes de mon-
(î) Cosmologie, ou Description générale de la Terre, considérée sous ses rapports astronomiques , physiques ^ Mr- toriquesy politiques et ci\fiÊf ^i^xS^ia-W^-!^. lOÔ. *
^.
400 AECHERGHES SUA LAFAIQUE.
tagnes les mieux liées ,- les plus hautes, les plus étendues, et où sont les points culminants de tous les plateaux , se dirigent toujours dans le ' sens des plus grandes dimensions des continents, ou des îles, ou des presqu'îles, auxquels elles ap- partiennent; et que les moindres chaînes ou hau- I teurs, où sont les points culminants des -plateaux
secondaires ou tertiaires, se dirigent de même dans le sens des plus grandes dilatations des terres ou des presqu'îles qui terminent ces continents ou ces îles. Comme les hauteurs des terres cir- conscrivent les divers bassins des cours d'eau, il peut bien arriver que les fleuves et les rivières qui ont leurs sources dans la chaîne principale, ou dans les points culminants d'un continent ou d'une île , franchissent ou traversent les chaînes secondaires , quoique celles - ci soient cependant fort étendues et fort élevées ; mais jamais ils ne traversent les hauteurs qui s'éten- dent dans le sens de la plus grande dimension, et ces hauteurs forment toujours une séparation absolue entre les divers bassins des fleuves d'un continent ou d'une île quelconque.
On trouvera dans l'ouvrage que j'ai cité les preuves de cette proposition démontrée par l'exa- men des principales chaînes de montagnes et des grands plateaux des continents que nous con- «laissons , savoir , l'Asie , i^Ëurope et les deux
TROISIEME PARTIE. 4^1
Amériques. Ainsi ^ sans m'arréter à des dévelop- pements que je regarde comme superflus, je passerai de suite à l'application de cetjte loi au continent d'Afrique , dont l'intérieur nous est inconnu, mais dont les cotes ^ et par conséquent les dimensions des terres en sens divers, sont aussi bien connues que celles de tout autre continent.
La plus grande dimension de l'Afrique se trouve entre le Cap Bon et le Cap de Bonne- Espérance : donc le système général d'exten- sion des plus grandes hauteurs de ce conti- nent ,, doit être entre le nord et le sud , dans la direction des terres où se trouvent ces deux caps, c'est -à -dire entre Tunis et la région du Cap de Bonne ^Espérance: ces hauteurs sépa- rent entre eux les bassins du 7W/, du Misselad ou du Djrr^ d'avec ceux des fleuves du Soudan ^ ou du Joliba ou Quolla et du Gambaroui et si la loi que nous avons indiquée est vraie , il ne peut exister entre ces fleuves aucune communi* cation. Nous avons donc eu raison àe dire que l'opinion qui suppose cette communication , est la moins probable de toutes.
Après le système des hauteurs, qui s'étend de la région du Cap de Bonne-Espérance à celle de Tunis y la chaîne de montagnes ou la ligne d'élévation la plus'longue , la plus émifiente,
26
4oa REGHB&CHES S€R l'aFRIQU£.
doit être celle qoi est indiquée par la dilatation de r Afrique entre Fouest et Test, on entre le Cap Vert et le Cap Guardafui^ extension qui est la plus grande après celle dont nous venons de parler. Coinme cette chaîne n'est en quelque sorte que secondaire , il ne serait pas contraire à la loi que nous avons signalée^ de la voir tra- verser par un grand fleuve ; c'est ainsi que les Alleghanys dans les États-Unis d'Amérique sont traversés par des cours d'eau qui ont leurs sources dans les rameaux àe% Monts RooheuXy ou Siony Mountains ^ plus à l'ouest; c'est ainsi que les Momts Altai en Asie sont aussi traversés par des rivières qui sortent des flancs des Alpes du Thibet : mais il faudrait , pour que Fanalogie fât exacte ^ que le fleuve auquel on fait travei^ser la grande cbame centrale d'Afrique eût de même ses sources dans le système des montagnes les plus élei^é^, ou dans celui qui marque la phrs grande longueur du ixmtinent; et c'esit tout le contraû'e : le Miba^ ou QuoUa, iWk Niger , qu'on veut feire replojrer au sud-ouest, vient, d'a]»ès tous les renseignasieots que l'on a obtenu», du groupe de montagnes formé par la réunion de deux chaînes^ la premi^ qui marque la dila- tation du continent de l'ouest à Fest, entre te Cap Vert et le Cap Guardafui^ et la seconde qu'indique la dilatatkm entre k Cap des PaU
TROISIÈME PARTIS. 4^3
mes et le Cap Bon et Ceuta, qui est inférieure en longueur à la première. On ne peut donc pas supposer que le fleuve qui coule vers l'est puisse, en se détournai^t au sud, franchir cette chaîne transversale qui lui fournit ses sources , puisque cette même chaîne doit augmenter en élévation et en épaisseur à mesure qu'elle se rapproche plus, vers l'orient, du système princi- pal des hauteurs de tout le continent d'Afrique. L'exemple de la communication de XOrénoqué avec X Amazone^ par le Cassiquiaré^ que Ton a si souvent cité (i) pour établir k supposition de la communication des rivière^ du Soudan avec celles qui se déchargent dans X Océan At- lantique , au lien de contredire ce que nous avons avancé , en est plutôt une confirmation ; car XOrénoque, aussi-bien que X Amazone^ dé- rivent tous deux de la grande' chaîne des Cor^ éUl/ières, on du système général de hauteurs mar- qué par la plue grande extension du continent qu'ils arrosent. Nous ne devons donc pas nous étonner de voir que leurs eaux franchissent les points les plus élevés du|f>latean qui sépare
(i) Dureau de Lamalle, Géographie physique de la mer Noire et de l* intérieur de V Afrique , p. io3 ; et Bowdich, Essay-tm the Geographj of north- western Africdy Paris,
1821, m-8% p. 39.
26.
4o4 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
leurs bassins respectifs, et communiquent en- semble. Un tel fait est cependant si rai*e , que peut-être même on ne pourrait en trouver un second semblable sur la surface du globe; mais enfin , bien loin d'avoir rien de contraire à. la loi que nous avons reconnue , il en fournit une nouvelle preuve. Il n'en serait pas de même du Quolla ou du Niger j qu'on veut faire des- cendre d'une chaîne secondaire, pour lui faire traverser cette même chaîne dans des contrées où elle se rapproche du nœud central de toutes les hauteurs du continent , et où elle doit aug- menter en élévation.
Toutes- ces raisons nous font aussi regarder comme impossible l'opinion que les eaux du Niger se versent dans V Océan Atluntique ; et par les mêmes causes il serait encore plus difficile d'imaginer comment elles pourraient continuer toujours vers l'est pour se décharger sur la côte orientale d'Afrique ou dans XOcéan Indien.
La chatae primordiale du continent africain , en se prolongeant vers le sud jusqiïe près de la région du Cap de ^nne^Eq>érance , doit aussi séparer d'une manière absolue le bassin des fleuves du GQngo et du Mocaranga , ou de ceux qui ont leurs embouchures dans V Océan In- dien ^ d'avec ceux qui débouchent dans la mer Atlantique.
TBOISIÈME PARTIE. 4^5
Mais alors, dira -t- on, que devient ce fleuve considérable dont Mungo-Park a deux fois cons- taté le cours vers l'orient ? Il me semble que nous n'en sommes pas réduits sur ce point à de simples conjectures, et que, sans pouvoir dé- terminer les traits particuliers de l'intérieur de l'Afrique , il existe de grands faits généraux qui sont actuellement démontrés.
La petite dilatation de l'Afrique entre la Grande-Sjrrte et le Cap Boyador est marquée par la chaîne de V^itlas^ qui, quoique fort éle- vée , n'est qu'un système tertiaire d'élévation dans l'Afrique septentrionale. Les rivières qui coulent au sud de cette chaîne s'arrêtent et se perdent dans des lacs, parce que le désert de Sahara est un vaste plateau : les hauteurs de ce plateau s'abaissent vers l'est et vers le sud ^ et bornent les contrées de Bomou et celles du Soudan. A l'ouest , des groupes de montagnes formés par la réunion du système de hauteurs qu'indiquent les deux dilatations entre le Cap des Palmes y le Cap Bon et le Cap Guardafui^ séparent les bassins des fleuves de la côte , de ceux de l'intérieur, ou les cours de la Gambie et du Sénégal, dix Joliba, du. Banimma et autres.
La chaîne transversale manquée pour la plus grande extension entre le Cap Vert et le Cap Guardafui^ a ^té observée du côté de l'ouest ;
4o6 RECHERCHES SUR L'àFRIQUE.
et Ton sait qu'elle porte le nom de Momagne de Kong{\). Du côté de Test, les observations et les renseignements que l'on a obtenus, d'accord avec la loi de la nature que nous avons £itt con* naître., indiquent par des pics d'une élévation extraordinaire, par des sommets qui, sous le del ardent des tropiques,sont éternelionent couverts de neige, par plusieurs rangées de montagnes, la réunion des deux plus longues diaînes de hau- teurs ou d'élévations de tout le continent afri- cain (a). Bruce a eu connaissance d'une pre- mière rangée de ces montagnes, qui, vers les dixième et onzième degrés de latitude, sous le nom de Fazuelo^ de Djir et de Tegla (3), cou- rent de l'est à i'ouest,et fournissent pr<Àablement les sources des rivières qui coulent dans le jQar- Four^ et le Bornou; elle sépare ainsi les bassins
(t) PmceedmgSy t. I, p. 424, et ci -dansas, p. 349. Le loot KQng sigtiifîe monta^pte d^ns la laiigue de» IUbt dîngnesr
(a) Sait, Voyage to Abyssinia , in-4% London, i8i4# p. 35o - 352.
(3) Bruce's Travels , 181 3, in-8^ t. VII, p. 11 a. — On trouTe beaucoup d*ar dans la pnmnce de Foza^ÂT/Les habitante sont noie»; mais les bords du NU sont babîtés par des Arabes qui sont venus du Senna^^ et de la tribu de Rifa : quoiqu'établis dans ces lieux depuis des siècles , ils n'ont pas changé de couleur , et se distinguent facilement des natifs.
TJIOISIÈME PARTIE. ^Qn
de ces divers courants d'eau, de ceux des rivières qui forment le iVi7, lesquels dérivent d'une aut^e rangée plus au sud, désignée par les Arabes 9 comme du temps des aiicieas,par le nom de Cebel'^l'-Kumr ou Montagnes de la Lune, Cette rangée paraît également se diriger de l'e^ à l'ouest 9 et se joindre wx montagnes de Kong, qui, suivant nous, sont plus au. midi et se rap- prochent plus de la €ôie de Guinée que nos cartes ne l'indiquent.
Nous savons que le fleuve principal qui arrose le Soudan^ toujours désigné par le nom deJVil ou de Quolia, ou autre, dkainue de plus en plus de largeur t et devient d'autant moins con* sîdérable qu'on s'avance davantage vers Test (1); qu'enfin une chaîne de montagnes sépare ce fl^ive du lac Caudi et du Misselad^ que l'on trouve à l'est de cette même chdilie ; et on aous apprend qu'une rivière nommée Scharjr a sa source du coté occidental de ces montagaes, et que , dirigeant son cours à l'ouest , elle verse ses eaux dans k Quolla ou le JSil du Soudan (a). Nous savons encore qu'il existe à l'est de Tim--
(i) Voyez ci-dessus, p. 344; et Bowdich, Essay on the ficography et nord-western Jfiica, p. 87.
(a) Bowdicfa's Essay^ p. 19; Mission to Askantee, p. 1204 ; Bnrckhardt^ Traveis^ in-4*, p. 47^5 «* Quarterly Review , t. XXIII, 1820, p. aa5 - 240.
4o8 RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
bouctoUj mais à une distance incertaine, un vaste lac, connu sous le nom de Bahr Soudan, ou de Mer de Soudan (i), que Ton traverse lorsqu'on navigue de l'est à l'ouest , ou de l'ouest à l'est , pour aller di Egypte à Timhouctou, ou pour se rendre de Timbouctou, en Egypte,
Ces faits étant constants, il nous paraît aussi certain, d'après la marche ordinaire de la na- ture dans la formation des continents, qu'au sud-ouest de XAhyssinie se trouve le groupe de montagnes qui , comme les Alpes de la Suisse en Europe , renferment les sources de plusieurs grands fleuves coulant dans des directions dif* férentes ; et que les rivières qui vont au sud pour former le Zébé ou Quilmanci et le Ma^ gadoxoy celles qui se dirigent vers le nord et qui fournissent les eaux du Nil et du Misselad, et celles ^i courent à l'ouest et se jettent dans ia mer intérieure du Soudan ou dans l'Océan Atlantique , ont * toutes leurs sources dans la même région montagneuse, quoique ces fleuves se dédfiargent dans des mers diffiéréntes , et sur des côtes séparées entre elles par des distances immenses : par conséquent les sources de ces
^ (i) Voyez ci-dessus, p. 94 et 97; et Shabeeny, Account of Timbouctou ^ p. 349. — Jackson's Marocco^ p. 899, der- nière édition.
TROISlÈMfi PARTIE. 409
diJfféreiits fleuves sont peu éloignées les unes des autres. C'est ainsi que les sources dnUkiny du Rhône, du Danube et du Pô ^ dans notre Europe , se trouvent fort rapprochées entre elles, quoique ces fleuves aient leurs embou- chures dans des régions différentes et très- éloignées les unes des autres.
De même à l'autre extrémité de la chaîne et vers l'ouest, se' trouve encore une autre région montagneuse , moins élevée , parce qu elle est la réunion de deux expansions, dont l'une est moins considérable que celle de l'est. Cette région mon- tagneuse de l'ouest fournit les sources des fleuves du Sénégal^ de la Gambie ^ du Rio Grande j qui coulent à l'occident, et les sources ànMesurada et des autres rivières , qui , de ce côté, se déchar- gent dans la mer Atlantique , en coulant vers le sud : des flancs orientaux de ce mèwn^ groupe de montagnes découlent aussi le Joliba ou le Quolla et les rivières qui s'y jettent. Le Bahr Soudan , ou la grande mer intérieure du Soudan , dont la position n'élit pas bien connue, et que nous soupçonnons être située plus à l'est de T/Vw- bouctou que ne l'indique la mesure donnée par ÂlirBey et Jackson, d'après laquelle nous l'avons placée sur notre carte, reçoit également le Nil ou Quolla y qui vient de l'ouest, comme la rivière qui vient de l'est, à laquelle on a donné le
4lO RECHEftCHES %VR l'aFRIQUE.
même nom : seulement la {M*emière rivière, qu celle qui prend sa source dans les monts de Guinée j est plus considérable que la seconde, parce qu'avant de se verser dans la mer inté- rieare^ elle a reçu, par les deux bras du Gam^ barou , le tribut des eaux qui découlent des rameaux les plus septentrionaux de la chaune orientale ou dé la chaîne primordiale ; de celle enfin qui surpasse toutes les autres en élévatioD comme en étendue.
Telle est, suivant nous, la solutkm de ce grand problème ; et si les lecteurs veulent se donner la peine de se rappeler les diverses opinions qui ont prévalu et les systèines que Ton a formés sur les fleuves de l'Afrique., depuis Hérodote jusqu'à Pline, depuis Pline jusqu'à Ëdrisi, de- puis ]Édrisi jusqu'à Léon l'Africain, et depuis Léon l'Africain jusqu'à nos jours, ib verront que tous s'expliquent par la manière dont nous con- cevons le cours des grands fleuves de l'Afri- que; et quand les géographes et les taf<»tnaticm$ des voyageurs nous les représei4tent comme tantôt réunis, tantôt séparés, c'est que ieurs sources se trouvent rapprodiées entre elles^ et qu'en naviguant le long de leurs cours, oa ar- rive toujours dans une région riche en er (i),
— '■ ■'■' lin» I ii.ii. Il iiM.i. iii.iii^M>— g— — r«l^iiiMiiiiiii« 1^— Mp^^— ^^^a^^^M^a^
(i) Bnice {Travelsy Appemâi» to iw>i tu et vin, n® 3,
TROISIÈME PARTIS. 411"^
OU dans la fertile Egypte^ qui est, et qui fat de temps immémorial, le centre de la civilisation , du commerce et des richesses de toute l'A- frique.
Si, en Asie, nous ignorions l'existence de la mer Caspienne et de la mer d'Aral^ et que nous
t. VII, p. lia, ëdit. i8i3, iii-8**) nous apprend que l'or, qu'on apporte en Ahyssinie vient d'un lieu nommé Scky- gourriy qu'on nomme aussi Schankala au Kordofan. €e lieu , selAn Bruce ^ ett à quarante^cinq journées de route du Dfaf^Four^ Il payait être le B|éme que edui qa« Br^wne indique dans son voyage ( Browue's Travels y p« 4Ç0, 461, 462), sous le nom de Sheibon^ et pour lequel il donne un curieux itinéraire à partir à'Ibeït , la capitale du Kordofan, D'après toutes ces indications et d'autres que donne Bruce, cette ]^rovince de Shygoum ou Shetbon , d'où l'on tire l'or, doit être située dans un des baaaias d'une des rivières qui ço^lribuent à former ^i¥i7, et bo|i loin des aources de ce fleuve. Les Aral>es indiquent u;nie contrée riclu» en ùt,^ à re9t du Ouangara , ou vers les sources du Gambarou y ou de la partie du Quolla qui coule à Test. Il sVn trouve aussi beaucoup dans Bambouky ou dans Tes rivières qui donnent naîssttïice au Sénégal et à la Gambie : on en trouve encore àfijm fe OtJMssekmy et d«i»s les c<»tréas qui sont au sud dt T^pouc0Uy on dans les bais^ins àê^ rivières qui affluent danSvle /oliba ou le Quol/a^ q^i CQulç à l'est: de sorte qufe les quatre bassins principaux du centre de l'Afrique sont abondant^ en or, et qu'en remontant tous les grands fleuves de cette partie dii moiide , a l'ouest , à l'est ou au sud, on arrive toujours dkins un payiriclie en or.
4ll RECHERCHES SUR l'aFRIQUE.
ne connussions qu'une portion du cours du Wolga^ de V Oural et du Sirr^ qui se jettent dans des mers intérieures, combien de fausses suppositions ne formerait-on pas sur les direc- tions du cours de ces fleuves avant de rencon- trer la vérité ?
Nous terminerons ici ces recherches, dans les- quelles nous nous sommes proposé de traiter à fond la question la plus importante que la science géographique nous présente dans son état actuel , et de faciliter les progrès des dé- couvertes dans des contrées riches et peuplées. Nous osons dire que les résultats de ces dé- couvertes seraient immenses , et auraient une influence grande , prompte et sabitaire , non- seulement sur toute l'Afrique, mais aussi sur l'Europe , dont ces contrées sont beaucoup plus rapprochées que l'Inde ou l'Amérique. Cette en- treprise, qui a tant de fois été tentée depuis plu- sieurs siècles, qui promet la gloire et l'immortalité à ceux qui l'achèveront, ne nous paraît ni très- difficile, ni très-dispendieuse; mais, comme toutes les autres, elle ne peut réussir par le courage seul , et elle a besoin d'être préparée avec pru- dence et exécutée avec habileté. Le nombre de ceux qui ont échoué ne prouve rien contre la probabilité du succès : si des milliers de bateaux avaient été lancés isolément des parts d'Europe
TllOlsiÈME PARTIE. J^l'i
pour traverser l'Océan Atlantique, il est pro- bable que tous auraient péri; mais il a suffi d'un seul vaisseau, dirigé par un Christophe Colomb, pour aborder dans le Nouveau-Monde.
La découverte du Soudan , et Taccroissement de commerce qui peut en être la suite, me pa- raissent être, dans l'état actuel de la civilisation, l'objet le plus digne de l'ambition des nations dé l'Europe. En offrant une carrière illimitée à ces esprits aventureux et hardis, dont le nombre s'est multiplié à l'infini par les chances des guerres et les catastrophes politiques , elle peut contribuer à la tranquillité actuelle des élats, comme à leur prospérité future; et ses efFets seraient tels, qu'aucune classe d'hommes ne s'y trouverait entièrement étrangère.
En efiPet, lorsque les peuples ont fait de grands progrès dans la naviganon , qu'ils ont étendu au loin leurs relations commerciales , que les scien- ces, les lettres et les arts ont jeté parmi eux un grand éclat; lorsque toutes les routes que Thomme p/eut parcourir sont illustrées par des noms qui rayonnent d'une véritable glaire ; lorsque la perfection toujours croissante des arts industriels semble augmenter indéfiniment les besoins des individus de toutes les classes, et a fait nakre le goût du luxe '^ de la mollesse, même parmi les plus misérables;, lorsqu'enfin
4i4 reghbuchës sur *l'afriqu£. des catastrophes rapides et successives ont reu- Tcrsé tant de projets, dissipé tant d'illusions, frustré tant d'espérances, alors la possibilité de la découverte de contrées inconnues, riches et fertiles excite, même au milieu des plus grands événements , une attention universelle.
Le géographe espère soulever encore une portion du voile qui dérobe à ses yeux cette grande énigme de la connaissance du globe, l'objet de ses travaux et le but de ses médita- tions. Le physicien et le naturaliste s'attendent à contempler la nature sons de nouvelles faces, à scruter ses secrets dans de nouveaux pbéno^ mènes, à étudier dans des rdppcrls jusque -^ là inaperçus les lois qui la régissent; et, par l'ana- lyse et la description de productions inconnues, à faire disparaître les imperfections des mé- thodes et les lacunes oes systèmes. Le philo- sophe est satinait de pouvoir considérer l'espèce humaine modifiée par d'autres climats, d'autres [déjugés, d'autres mœui^, que ceux qu'il lui a été donné jusqu'ici de comparer. L'érudit se complaît dans l'accroissemetit des traditions et des monuments qui lui permettront de ratta- cher quelques-uns des chatnons de lliistoire que le temps a rompus , ou qm loi révéleront les fortunes divel^s de royaumes et d'empires dont les noms ne lui' étaient pas^ même connus.
TROISIÈME PAKtlE. 4l5
Le poète et .l'artiste voient avec plaisir s'agran- dir le domaine réel de l'imagination, pour la- quelle aucun univers n'est trop vaste, et qui aime à varier ses nuances et ses couleurs. Le riche et le voluptueux sourient à l'espjérance de voir se réaliser ua jour de nouveaux moyens de jouissance. Celui que la misère obsède^ se transporte au contraire en idée sur ce sol bien- faiteur, où le travail de ses bras lui fournirait une subsistance que tous ses efforts ne sont pas toujours certains d'obtenir dans nos sociétés perfectionnées.
Mais ceux qu'un pareil événement intéresse plus immédiatement , c'est le spéculateur qui aspire à s'ouvrir de nouvelles sources de ri- chesses^ c'est enfin l'homme d'état qui apprécie lès changements futurs qu'une semblable dé- couverte peut produire dans les destinées des peuples, et qui songe à préparer, avec une pru- dence savante et une sage vigueur, les moyens de le mettre à profit pour la prospérité de la nation dont les intérêts lui sont confiés.
APPENDICE
CONTENANT
DIVERS ITINÉRAIRES
QUI ONT ÉTÉ ANALTSÉS, OU DOITT IL A ÉTÉ FAIT , MENTlOir^OAirS CET OUVRAGE.
>7
APPENDICE. , 4'9
I.
ITINÉRAIRE
DE TRIPOLI DE BARBARIE
▲ LA VILLE
DE TOMBOCTOU, ' *
PAR LE CHETK H AGG- K.ASS EM .
PREMIERS JOURNÉE.
J3é Tripoli de Barbarie à Zaméh. Zawiéh est un village dans le genre de celui dit Coraïm, dans la Basse -Egypte. Ce sont des maisons et de grands jardins. Il y a un collège.
a* JOURNÉE.
De Zawiéh on va passer la nuit à un lieu, dit Bir^ Ghanam^ ainsi nommé d'un puits q^l s'y trouve.
• a7. .
4^0 APPENDICE.
y JOURNÉE.
De fiir-Ghanam on se rend à fFadletel^ ainsi nommé d une rivière où Ton voit des tamariscs ; Wadletel signifiant la rivière des tamariscs.
4* JOURNÉE.
De Wadletel on se rend à Rogeban , pom d une tribu arabe qui y séjourne.
5* 7* JOURNÉES.
De Rogeban on se met en route; et, après trois jours de marche^ on vient passer la nuit à Dorgy,
8^ JOURNÉE.
DeDorgj on se rend à un puits àitBir^Temâd^ où Ton fait la couchée.
9* — l3* JOUÉKÉES.
De Bir-Temâd on passe cinq journées au sein de déserts sans eau , après lesquelles on arrive à la ville de Gedâmes ou Godâmes , qui est l'ancienne Cadmus. Gadâmès est une ville assez grande, bâtie à côté de lancienne Cadmus , dont il reste, dil-on; des ruines intéressantes. Cette ville est lentrepôt du commerce de l'intérieur de l'Afrique. On y apporte le séné , la follicule, la poudre d'or, les gommes, les nègres et négresses, qu Qft a achetés àCachna, Boumou, Tom- boctou , et qui de là se répandent dans les régences
A.PPENDICE. /ictl
de Barbarie, dans le Levant, et en Europe, par Mar- seille et Livourne. Gadâmès , qui relevait autrefois de la régence de Tunis, dépend aujourd'hui de celle de Tripoli , qui en tire de très-grands droits sur les mar- chandises que les caravanes qui font le commerce de l'intérieur y déposent , et qui en accable les habitants d'impôts. Le pacha, chef de cette régence, a forcé dernièrement les Gadamèsins d'amener à Tripoli tout le commerce qu'ik faisaient avec plus d avantage avec Tunis; et cela, afin que ses douanes y profitassent plus. C'est de Gadâmès qu'on apporte les dattes du Fezzan, l'antique Phazania. Gadâmès est entourée de jardins de palmiers , de dattiers et d'autres arbres arrosés par. une seule source dont l'eau est léga- lement répartie. Le gouvernement de la ville est entre les mains des trois plus anciens cheiks ou no- tables du pays , qui veillent à la police , rendent la justice , et veillent à la répartition, de l'eau. Les Ga- damèsines, ou les femmes de Gadâmès, ne sortent jamais par les rues; elles se visitent par -dessus les terrasses des maisons , qui ont toutes la même éléva- tion. Gadâmès a soutenu plusieurs sièges contre la régence de Tunis, au joug de laquelle elle s'est sous- traite pour tomJ)er sous celui , encore plus dur, de la régence de Tripoli.
l3*' — l5* JOURNÉES.
De Gadâmès on marche pendant trois jours , après lesquels on vient se reposer au puits nommé Teri" Yakken,
4» APPENDICE.
l6* l8* JOURNÉES.
De Ten-Yakken, qui signifie en la langue dii pays le puits de Yakken, on marche durant trois jours; après quoi on trouve un autre puits nommé Bir-d» Tabbéjed.
19* 22* JOURNEES.
De Bir-el-Tabbéyed on fait quatre journées , se re- posant dans les déserts ; et le quatrième jour on at- teint un endroit dit EUMossegguem.
22* 25* JOURNÉES,
D'El-Mosseguem on fait encore quatre journées, ne s'arrétant que dans des lieux incultes, après les- quels on trouve un puits creusé dans un bois, et qui , par cette raison , se nomme Bir-el^Gâbah.
26* — ag* JOURNÉES.
De Bir-el-Gâbah on fait, durant quatre jours, halte daiïs des endroits déserts , et Ton vient se reposer à un lieu nommé Hassi-Farslk,
30*—— 33* JOURNÉES.
^ De Hassi-Farsik, après avoir fait quatre stations au sein des déserts, on vient pemoctumer à un lieu nommé Ain-e/'^Salâkk , c'est-à-dire la fontaine des saints, à cause d% saints, ou musulmans religieux» qui y font leurs demeures et y ont leurs tombeaux.
APPENDICE. 4^3
34* 35* JOUBNÉES.
D*Aïn-el-Salâhh , après deux stations , on arrive à la ville dite Agably^ capitale d*un grand pays , nommé Toiiaty qui contient une infinité de villes ou cam- pements , dont les habitants se nourrissent de dattes , de lait , et dé fatrine de cassave. Cette ville a été bâtie par un mahométan, nommé Bounaàméh. Elle relève de l'empire de Maroc, On y trouve beaucoup d'eau.
36* 39* JOURNÉES.
D'Agably on voyage pendant quatre jours entre des montagnes ; et le quatrième jour on vient se reposer à un puits nommé Bir-Ouellen ^ c'est-à-dire dans un pays habité par des Arabes qui logent sous des tentes de cuir. Le chef des Arabes Ouetten^ appelé Kâoù, fait payer à toutes les caravanes qui passent sur ses terres, un droit de péage. Le terri- toire d'Ouellen est fertile en pâturages où paissent des chameaux.
4o" 44* TOURNÉES.
De Bir-Ouellen on arrive, après cinq jours de marche, au pays des To^reks, peuplade de noirs. Les Touâi'-^^ks se couvrent la figure jusqu'aux yeux de la même couverture ou baracan,<pie recouvrent des tuniques de lin calendrées , qu'ils teignent en noir. Si les Touâreks hommes se couvrent la figure jusqu'aux yeux, les Touâreks femmes, au contraire,
4a4 APPENDICE. .
contre la coutume des Orientaux, vont découvertes. On les dit d'une grosseur démesurée , et aussi indo- lentes ou paresseuses qu'elles sont monstrueuses. Les Touâreks prennent leurs femmes au poids : plus une femme pèse , plus elle est belle. Une Touârek de dix quintaux est une Vénus. Les montures or- dinaires des Touâreks sont des dromadaires extrê- mement vîtes , qui , en raison de leur vitesse , sont divisés en plusieurs classes. Il y en a qui, faisant en un jour cinq journées de chameaux ordinaires, sont nommés Kammassi^ que je rends en français' par pentadiurnaires ; d autres qui , faisant six jour- nées en un jour, sont appelés Saddassy\ hexadiur^ naires; d'autres qui, faisant dix journées en un jour, se nomment Achchary ^ décadiumaires. 11 y en a aussi qui ne sont que Tallâtiy triadiurnaires ^ parce qu'ils ne font que trois jours de marche en un seul jour. Dans l'empire de Maroc, plusieurs tribus arabes ont de pareilles montures. Les armes des Touâreks sont des sabres , des lances tout en fer , et des bou- cliers recouverts de la peau^ d'un animal nommé Ekiir-Ainda , qui ressemble au bœuf. Ils sont venus , il y a trois ou quatre ans , faire une incursion sur le territoire de Tunis, dans le voisinage de l'île de Gerbi, l'ancienne Méninx, et 'se sont retirés. On a voulu les poursuivre; mais on n'a pu les atteindre, vu la célérité de leurs dromadaires. On trouve, dans le pays é»^ T<>uàreks , de l'eau et des pâturages. On dit' que les Touâreks manient très^bien le sabre.
APPENDICE. ^a5
45* 49^ JOURNÉES.
Du paj« des Touâreks on se rend, après cinq jours de marche, à un puits nommé Bir^Mossa^ quem.
5o* .54* JOURNÉiBS.
De Bir - Mossaquem on met cinq jours de marche pour arriver à un autre puits , que les gens du pays nomment Hassj'Touaber.
55*— *-6l* JOURNÉES.
De Hassy - Tpuaber on arrive , après sept jours d'une marche pénible à travers des déserts sans eau , au puits dit Hassj-Moussj- ^ c'est-à-dire dans un pays habité par des Arabes dits El » Barabich ^ qui font commerce de bétail avec les Touâreks.
62* 70* JOURNB-ES.
De Hassy-Moussy on arrive , après huit jours de marche, à la ville de Mabrouk. Le pays où cette ville est située , est habité par des Touâreks. On y trouve beaucoup de bestiaux. Les gens de ce pays font le commerce de sel avec Touadermî^ ville qui dépend de Tempire de Maroc,
71* 75* JOURNÉES.
, /
Se Mabrou]L on se met en route, et, après cinq jours de marche, on arrive à Bir^Tmgent^ c est-à-dire
4^6 APPENDICE.
à ua puits qui se trouve au milieu de terrains cou- verts de pâturages, et habités par des Arabes qui font le commi^ce avec la ville de Tomboctou.
76* 78* JOUaifEES.
De Bir-Tagent on marche durant trois jours , après lesquels on arrive à la petite ville de Mamoun,
79* 81* JOURNÉES.
De Mamoun, après trois autres journées de mar» che, oa arrive enfin à TomBoctau. Tomboctou (7ïm- bocty ou Timboctou) est une grande viDe ouverte, sans muraiUe ; grande trois fois comme Tripoli de Barbarie, mais mal bâtie en briques, recouvertes de plâtre ou de chaux. Les maisons 7 sont basses, et jointes les unes aux autres. Quelques-unes ont un étage ; celles-ci sont les habitations des gens aisés , des principaux du pays et des négociants. Les habitants de Timboctou sont, en majeure partie, ou mar- chands , ou tisserands , ou tailleurs , ou forgerons , ou joailliers. Timboct est située dans une plaine , à peu de distance d'un fleuve que les indigènes ap- pellent iVr/, qui la bs^îgnait, dit -on, autrefois, mais dont elle est éloignée aujourd'hui de trois quarts de lieue. Ce fleuve, qui coule de IVsf à X ouest y est navigable; et les gens du pays forment des espèces de radeaux , composés de planches attachées les une^ aux autres avec des om*des, sur lesquels ik vont en Guinée^ qu'ils appellent Djtnnjy chercher le miel.
APPENDICE. 4^7
le riz, la cassave, la toile blanche, la poudre, et les esclaves nègres ou négresses, qu'ils viennent débar- quer à un petit bourg nommé Kobra on» Gabra^ situé sur les rives de leur Nil, et distant de Tim- boctou comme le Kaire l'est de Boulac , et qui se transportant dans la ville de Timboctou, d'où ils se répandent en Asie et en Europe. La ville ou l'en- droit où ils vont charger les marchandises ci-dessus , se nomme Ouangara , qui en est sans doute l'entrer pot. Les habitants de Ouangara ou Wangara se nour- rissent de la graine d'une espèce de plante qu'ils nomment Awaggac ^ qui vient d'elle-même dans le temps des pluies. On la récolte avant l'automne ; sa graine sert de nourriture aux hommes, et sa paille aux animaux. On réduit cette graine en poudre, que l'on mêle avec du lait; et c'est la nourriture ordinaire des gens du pays, avec du fromage et la viande de leurs troupeaux , qui sont nombreux. Cette graine ne serait-elle pas ce qu'on appelle , dans tout le reste de l'Afrique, Bichnah^ dont les Arabes font une espèce de poudding , et qui est leur principale, nourriture ? ^
Cet itinéraire , et les renseignements qui s'y trou- vent consignés, faisaient partie d'un ouvrage que je' composai dans le temps sur la régence de Tripoli de Barbarie, ayant pour titre : Tableau général de la Régence de Tripoli de Barbarie pour Vannée i8o7j> qui est parvenu au ministère des relations extérieures en 1810, et qui a été égaré. Ils m'ont été dictés par
428 APPENDICE.
le cheik Hàgg-Cassenfi , homme d'âge, qui servait de guide aux carayanes de marchands qui se rendaient du royaume de Tripoli à Tomboctou , et qui a fait lui-même toute sa vie le commerce de Tripoli et de Gadâmès , d'où il est originaire , avec cette ville de Timboctou.
Fait à Rabat-lez-Salë, le i3 juin de Tan 1807. Signé DelaportB} chancelier.
APPENDICE. 4^9
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II.
ITINÉRAIRE
OB
TRIPOLI A TOMBOCTOU,
MOHAMMED, FILS DE FOtTL ,
TKADUIT DE LAUÀBE
PAR M. LE BAR019 SYLVESTRE DE SAGY.
JJs Tripoli, en se dirigeant à Fouest, par le chemin des Hamamii^' f }usqusiu lieu nginmé RaS'Alnakhl (Tête des palmiers), deux milles.
De la porte 'de la ville on va camper à Djenzour: la distance est de dix*huit milles ou trois heures.
Quant aux puits qui se trouvent dans cet inter- valle jusqu'à Ras - Âlnakhl des Hamamidj , deux milles; de Ras-Alpakhl à Querkaresch^ quatre milles; de Querkaresch à Djenzour y douze milles ; «n tout dix -huit miUes.
43o APPENDICE.
De Djenzour on va coucher à El^Zaivieh de l'ouest, distance neuf heures ou cinquante milles.
Les puits sont : i** Sayyad^ à la distance de, cinq milles; 2^ El^Majeh^ douze milles ou deux heures; 3^ iEZ-Tbaii/^èA, quinze milles ou deux heures et demie (Entre El-Mayeh et El-Touibiyèh il y a en- core deux puits , dont l'un est sur
et Tautie à l'ouest). D'El-Touibiyèh à El^Zcwvieh^ vingt-tro«r milles ou quatre heures.
Pour nous résumer : de Tripoli à El-Zawièh de l'ouest, il y a un jour de route à marcher depuis le lever du seleir jusqu'à son coucher.
'D'El*Zawièh à Ezwagah (Zewaga) qui est aussi éloignée d'El-Zawièh, que Tripoli l'est de Menschieh d^El ' Zaçpieh, Distance d'El-Zawièh à Ezwagah, soixante-dix milles. Puits : i® du côté d'Elzawièh, le puits de Dendanhh; 2° â douze milles de Dendanèh, le puits de Zaratv^ à l'est d'Ezv^ragah ; 3** le puits nommé le PuUs JtAlkharbeh d^Ezwagâh.
D'Ezwagâh la cavavane va camper à CasT^el-Alla" frah , éloignée de Tripoli de deux journées de mar- che , ou cent soixante -dix milles , ou vingt -sept heures."
De Casr-el-Allakah on .va camper à Zowarah Ainsi les distances entre Tripoli et El - Zawièh , El- Zawièh et Ezwagah, Ezwagah et Zo\mrah, sont clia- cune d'un jour, ni plus, ni moins : en tout trois jours de marche, ou deux cents milles, ou trente- tleux heures.
De ce lieu on va camper k' Scheîkh'Sidi^Bowh
APPENDICE. 4^1
djéileh ( Bouojeïlèh ). Distance, une journée, comme pour les distances précédentes, depui^i lé lever jus- qu'au coucher du soleil, ou douze heures.
De Bouodjdflèh on va camper à El^Khattabah^ Distance, une journée. Puits : i^ le puits de Dikda' cah , à rextrémité du territoire de Bouodjeïlèh , et 9 la distance de douze milles ou deux heures ; 2? le puits de Wakhoum^ distant du précédent de vingt milles. / •
De cette ville (i) vous faites une journée de mar-< che, puis vous entrez dans des montagnes par une - gorge qui est entre ces montagnes , et qui est rem- plie de sources d'eaux courantes. Vous en êtes' ac- compagné dans votre marche jusqu'à la vallée de Zenthân. ' ^
Résumé. Toute cette route , depuis Tripoli jusqu'à Fossato^ n'est quCs. sable et cailloux. Après Fossato, vous ne marchez plus que sur des pierres, ayant une montagne à droite et une montagne à gauche^ et cette marche dure un jour et une nuit , c'est-à- dire vingt -quatre heures, jusqu'à ce que vous en- triez à Zentân. Depuis la porte de Tripoli jusqu'à Zentàn , on se dirige toujours à l'ouest. On nomme les habitants de cette vallée les Zénata^ qui sont de la postérité de Hélai; mais la vallée elle-même se nomme Zenthân- (a).
(x) Sans doute Boao^eïlèh.
(a) Ceci est fort louche dant le texte.
43a . APPKlYDiCE.
La caravane couche à Tentrée de la vallée; ensuite elle part, et iiKirehê dans le milieu (i) de la vallée pendant douze heures, puis elle passe la nuit .dans ^ine partie de la vallée. Au lever de l'aurore, elle part, et continue encore à marcher sans interruption (|ans le milieu de la vallée, durant six heures. En- suite, on sort de la vallée, et on couche en face
Depuis ia porte de Menschièh de TripoU, on a toujours marché vers Fouest, ayant TripoU à l'est; mais, depuis celui-ci, le chemin se. sépare, et vous allez vers le sud.
D'El - Rodjeban on va à la vallée d^El-Sian. La distance entre ces deux endroits est la même que celle qui sépare les autres (2). Puits : i** le puits de NakouA (3), à cinq heures de distance d*£l-Rodjel>an ; 2** le puits de Schahamnah , vis-à-vis la vallée d'El- Siân , distant du précédent de cinq heures et un tiers.
En partant le lendemain de cette vallée, on marche de même pendant dou^e heures , et on vient coucher dans. la vallée de LcUkman.
On en part au lever de l'aurore; et, après uno marche de douze heures pleines ^ on vient camper près d'une eau appelée le puits de Sammam, De
(i) Oa a écrit en marge du maftusccit, wUattc ; mais ce mot Tcnt dire le milieu , et nVst pas on nom p'^pre.
(a) Sans doute nne jonmée on donze heures^
(3) Ce doit être par inadvertance qoe M. Delaporte a écrit «n marge Blr Nafoita,
APPENDICE. ' 435
' quelque côté qu'on dirige sa marche, on ne trouve point d'eau ayant ce puits.
On- y passe la nuit; et au lever du jour o», ei^ part, après avoir rempli des outres d'eau autant qu'il en faut pour quatre journées de marcha. On ne trouTC dans sa route que des» pierres, et il n'y à pas la moindre terre.
Après quatre journées de marche complètes, on tçouTe un puits, nommé le puits de Quercabah, On y passe cette nuit -là.
Le lendemain on quitte ce lieu, et on marche douze heures pleines. Au bout de six heures de marche, à midi, on trouve un puits, nommé le puits de Rahmaneh. On dîne près de ce puits ; on con- tinue ensuite sa route, et, à la fin du jour, après avoir complété les douze heures de marche, on cou- che au lieu appelé SedrauHelâL *
Lç lendemain matin on se remet en marche ; oft ne trouve point d'eau pendant deux journées. Apre» douze^ heures de marche, on couche à Gouth^el- Radjranah (i) : ce lieu n'est que sable et gravier. L'étendue de ce Gouth est de trois jours et trois nuits. Il n'y à point d'eau : on ny trouve que des autruches et dçs bêtes féroces. On marche dans ce Gôuth sans trouver ni eau, îfii pâturage. Le qua- trième jour au matui, une heure après le lever du soleil, #n trouve trois puits, qui se communiquent (2)
(i) Gouéh signifie une plaine basse. (a) Le sens de ces mots est hasardé.
** •
434 * APPEWDICB,
ensemble. L'eau de ces puits est plus douce que celle de la fontaine de Mavrah^ daus Ist ville de Tripoï.
La carayane fait halte, près de ces puits, jusqu'à midi. On j abreuve les chameai^x; on y dîne, et Ton 8 j baign#. On en part à midi, et on marche dam le$ sablfs jusque vefs le soir. On couche au lieu nommé les Puits (TAlsidr (i) : on en a une rangée d'un côté et une rangée de-lautre, c'est-à-dire à droite et à gauche.
Après avoir passé la nuit en ce lieu, on en part et on marche toute la journée jusqu'au coucher du
soleil , et' on arrive à un puits nommé le
puits diEl'Djetlaoudah^ qui est au milieu, des restes d*u!iaie ville ruinée; on j passe la niiit. Dqmi^ ce lieti on ne trouve point d'^^au pendant n«uf journées. On prend donc une provision d'eau suffisante, et on marche pendant vin^- quatre heures, sans que les .chameaux ni les hommes preonent aucun repos, jusqu'au lieu nommé El^Keliat. On y passe la nuit, et on s'y repose la moitié du jour : ensu^ on marche encore un joui» et une nuit, sans que les chameaux ni les hommes prennent aucun repos ; et , après un jour et une nuit pleins , on campe à Mad^ joumy lieu où il y a des arbres, et moie rivière, qfui ne coule que quand il pleut.
(i) Le mot qne je tradais par ies puits signifie nue réanion de plnsienrs pnita dans en même lien. Je sonpconiie tootefois que ce même mot peut signifier un bois touffu, Coaam« sitir \9nt àktm. le iotm^ ^e sens serait , un kois tot^u de l«itu.
# '
APPEITDICE. -* 4^5
On couche la nuit eli cet endroit; puis on maxche encore un jour et une nuit cqnune aujiarayant, et on campe dans une plaine bas&e, nommée Goiuh dr Canoudj.
Après une nouvelle marche de vingt-qua^trt} l^eures, on campe dans la vallée de S^nad,; on y passais rtuit , puis on en part le matin , et on marche deux jours et une nuit, ap^ quoi on campe à lextrémitë d'un terHtoire nopoimé Albesat ( c'est>à-dire la plaine,) des Enfants de Hammam ; on y passe la nuit , et , apfès douze heures de ihanehe pleines, on campe près des Puits de Ben^Déradj.
La nuit se passe en ce lieu ; le matin on prend u^ provision d'eau pour deux journées , on abcv^uve les chameaux, on boit,; on se baigne si l'on veut, puis on so^ met en marche.
Après avoir marché un jour et une ntiit, on campe
dans le territoire de Godâmes , du côté du midi
Entre elle (i) et la plaine basse , où est campée h caravane, et qu'on appelle Gouth de Barkac^ ^ il y a t^ois journées de marche.
• Revenoq» à la marché de la caravane* Après avoir pa^ë la nuit au can^emes^t dont^nous avons parlé, elle Iç quitte le matin du jour suivant, et marche pendant vingt-quatre heures, au bout desquelles elle campe au )ksp. ^mmé Gouth de Cordollah, On y passe \S nuit.
Le matin oh se remet en marche, on fait route
(i) Sans donte Gadamèa^
a8.
^ ^ %.
436 * APPENDICE. ^
peiûlant vîngt.^ quatre heures, et on campe ^u lieit appelé Goùth'de Sadész^ où il j a un puits nommé
le puita de Schafannah On y tait provision
d*eau pour huit journées.
On paît de ce puits au matin; et en vingt-quatre iHînres de marche o{( vient camper au Gouth de Zenzan,
Après y avoir couché et avQÎr. marché yingt-quatre * heures > on arrive au Gouth de BfiraklmeK. On y ^ passe la nuit.
. On se remet en »f ouïe Ife matin ; on marche vingt- " quatre heures, et on campe à El '^ Kakaa y du. côté du couchant : on y reste jusqu'au matin.
Làe^la route se sépare, on se dirige au mi(}i, et on marché au milieu de Teau et des puits. Après vingt-quatre heures de marche, on camp» aupisps du 4 puits d'El'Zafzqf, dont Teau ne tarit en aucane sai- son , et sort toujours avec murmuré. . On y 'fait sa provision d'eau pour douze journées.
Parti de ce lieu, on arrive, après une route d'un jour et d'une nuit, à Karkotifii^ ph on passe la nuit'. ^ De là, après une marche' d,e vingt^uatre heures.,- on campe dans le Gouth éPEl'-Zarahnak. Après^^a^ nouvelle Toute de vingt -jquatre heures, on' Cj^mfii d«ns le Gouth d^Elc^h. 6n en repart au^^atiti^ et en vingt-quatre heures on arrive au Gouth dhidjri^ neh. On y passe cette nuit; puis en vîngt-quatrê heures on arrive à un Gouth nommé ^i>z fc'esteà-dire la fon- taine) d-^/-I^bttr, dont l'eau est excellente, et que ie sable ne gâte point. On s'y repose vingt -quatre
H
APPEiyOICË. - • 437
heuces; De là on voit Fèzzan^ entre' le'midi et le....
Il y a deux journée» de mj^^che pleines entre Feazai? *
et cette source. • , ^ #
On part de là ; on marche depuis le matin jus- "^ qu'au coucher du soleil, puis on couche dans le pays de Djina : on y^ passe la nuit. Le matin suivant on quitte ce lieu, et, après douze heures de marche, on vient cracher à nti pays nommé Sabha, •
De là , eii vingt - quatrç heures de marche , on arrive à Maragnah; on en rt?part au matin suivant; on' marche vingt-quatre heures , et , après un jour et une nuit , on vient coucheç au Gouth d^EInadjnadj^^ où il n'y a point d'eau. On y passe la nuit»
"Parti de là au matin , on marche un jpur ef une nuit , et on couche dans le Gouth cTAdhindsch.
Au lever de laurore on fait sa provl^on d eau pour six journées , et on entre dans le pays des Ta^ wareks. Ici la route se partage.
On marche un jour et une nuit , puis on couche dans le Gouth de Sarrafeh. Reparti le matin suivant, ^près vingt-quatre autres heures de marche, on vient coucher ^u Gouth de Scharschoum. Le lendemain iHmii on- décampe, on* marche jusqu'au coucher du' solèir, et on entré dans^a ville de Tareknah ^ i^2lJ% deiCT<2M^«^tfA*5.
De là ia roilfe ge divise, et se dirige vers l'ouest. On marche deax jours et deux nuits après être sorti de Tarekvah , sans que les hommes ni les chameaux prennent aucun repos ; et après les traites ( de douze heures) on entre sur le terrain d'£/-Z)û/^//i , qui «p-
438 • ' APPENDICE.
. partient tu pays des Nègres (i), et on y passe la
* nWt près du Puits de Ptndi^
Etant parti d^El-Damn^ après •un jour de marche plein, on arrive, au coucher du soleil, à une vallée nommée* en langue des Nègres Sanindi, C'est un lieu charmant, on i} y a abondance d'arbres; de fruits et de toutes sortes de biens. Cette vallée a une étendue
• de vingt*quatre heures de maf^e, d'^n matin à un •• matin. Après vingt -quatre heui^s 'de marche, on y
trouve sept réservoirs ,^ongs chacun de cent pieds environ , et pleins d'eau pendant les douze mois de ^l'année. Rien n'est plus merveilleux que cette vallée, ^ après 1^ Nil. ^
On y fait une provision d eau pour quatre jour- nées, puis on se. met en route au matin; et au bout d'un jour et d'une nuit on campe dafis un Gouth nommé dans l'idiome des Nègres Bourouki, et dans " celui des Tawareks Saddjanah. t * On passe la nuit en ce lieu, et, après une nouvelle maivhe de vingt-quatre heures, on vient camper dan» un Gouth appelé dans la kmgue des Nègres KaninU^ et dans Tidiome arabe des Tawareks Buikomnah,
Parti de là 'le matin , on amve, en vingt • qualtre heures de marche, à un Goùth nommé par les Nègres Coundji^ et (>ar les Tawareks Boklischam (ou Fohh-^ scham). On y passe ia nuit et le jour suivant jus- qu'à midi. On y Èàt sa provision d'eau pour une journée, on y abreuve les <;hanieaux,\oii s'y baigne, t ■ '
(f) Par- tout oà j'ai mis Nègres le texte ptWle alubid, tes esclave*.
APPENJJICE. ^ 4^9
De là on marche un jour et une nuit, sans que les hontmes m les hameaux s^ apposent , et sans foire paître les montures; et on arrive, après cette traite, à un. Gouth nommé par les Kègres Cabiciy et par les Tawareks Schahatah.
On couchç là ; puis en douze heures de marche , depuis le lever du soleil jusqu'à 'son coucher , on ar» rive à la vjjle de Ha,p^sa , ville du pays des Nègres. Là se tient un marché. Ceux qui veulent y 'acheter des provisions, en achètent. Qn se r^^se, et on feit reposer les chameaux ; on y vend, si Ton veut, les marchandises qu'on a apportées.
En quittant cette ville, on marche un jour et une nuit , et on vient coucher dîin% u4ié vilie des Nègres , nommée en leur idiome Baçouknokiy et dantf celui des Tawareks Bakermi. Ce n'est point une ville ifïdé- pendanfiie (c'est-à-dire un ébef-Iieu), mais seulement un lieu comme Mzwarah ( qui dépend de Tripoli ) et autres semblables. . Oïl prend là de l'eau pour deux journées , et, par- tai|t dès le mjtin , on mai^e jasque fort tard entre le coucher du^ soleil ^t la nuit close; on viei>t coucher à Sarreifeh.^ comme on fait de Djenzour (i). Ce lieu f^ nomme en lan^e nègre Sckakniri^ et dans le lan- gage des Tawareks Wananên, On passe la nuit près de ce puits, et on y rfeste vîngt.-quatre heures.
(f) Ceci est t^ès-^ot>scnT. Je crois que Fantenr vent dire qu« Baçouknoki est éloigné de la ville de Sarreîfièh comnie Dîensonr l'est de Tripoli ^
44o ^ APPENDICE.
Après une nouvelle marcha d'un jour et d'une nuit, on s'arrête dans une vjlle que les -IVègres*' nomment Kiki^ et les Tawareks Caouaz. Ce n'est point un chef- lieu y mais c'est comme la montagne des ^Djebatis. On quitte ce lieu au matin , et on marche jusqu'au cou- cher du soleil ; on va coucher à une ville des Nègres nommée par eux Canindiy et par les Tawareks Cor- rirah.
Là on passe la nuit , on en part au matin , et on . , vient \ au coucher dmsoleil , à une ville nommée en langue des Nègres Wanonld^ et en langue des Ta* wareks Caoucaou, Il n'y a pas de ville plus grande que cette; ville : les habitants sont aussi nombreux que des sauterelles; ils* croient en Dieu et en son prophète Mahomet. On trouve là toutes sortes de biens et de marchandises. On n'en trouve pas le quart à Tripoli. On y vend cent ce qui vaut dix (i). On passe la nuit à l'entrée de la ville; le matin , lorsque les troupes paraissent avec leurs flèches , on ouvre les verroux, et on leur donne un ordre de leur prince pour la caravane. Personne ne peut entrer dans cette 7)ille (2) sans un ordre d*El'Mai\ c'ést-à-dire en arabe du Sultan.
En /quittant ce lieu on «va coucher à une ville que les Nègres nomment Coumû^ et les Tawareks '£2-£i>-- kak. Il lit (3) l'ordre de ^n pacha ; il s'assied sur ses
(i) Le sens du texte est fort louche. *
(2) Je mets ces mots aa hasard; le texte est iniutelUgihle.
(3) Le snjet da vecbe est ainsi.
APPEWDJCE. s . 44'
genoux, il étend ses deut mains, et il les agite, pour témoigner son ob^sançe à cette lettre de leur El-Maî.
On passe cette nuit dans labondance , et on part au matin ; et après avoir marché depuis le matin jus- que vers le milieu de Taprès-midi , on entre dans une ville nommée par les Nègres Birzizziy et par les Ta- wareks Àfnou. La caravane y eât reçue par les gens du vice-roi, qui est soumis à lobéissai^e de celui ^dont la caravane a obtenu un ordre (i).' On prend * cet ordre; on le présente à Iwr chef; qui .se pose sur se& genoux , étend ses deux mains et les agi^'e.
La caravane passe la nuit dans labondance; on lui
donne à souper du des cannes (à.5ucre) et
des dattes. On réduit les daEes ei^ • farine , en sorte qu elles ne forment plus un corps dont les pa^es ' adhèrent les unes aux autres; alors on pile la canne jusqu'à ce qu elle perde toute son aspérité (2), puis on mêle le tout avec du lait doux ; on &it ^e mélange avec la main le mieux du monde. Pendant les danzfe mois de Tannée ils n'ont point d'autre nour^:ii*iée que des cannes et du lait frais.
Après avoir jpasié la nuit dans l'abondance, on part au matin de cette ville y. et vers le miMea de l'a- près-midi on arrive à une ville appelée par les Nègres Sarkiy et par les Tawareks -5<?rco». Les troUp^s^de cette ville viennent au-devaftt des voyageurs, pren- nent l'ordre du chef. s^prJme, et, foat/cotoïkie'^ceux dont noijs avons déjà parlé. . •, .
(i) Cest-à-dire d'El-MaJÙ .
(2) Le sens de font ceci est fort incertain.
44^ APB£N]>ICE.
La c^^aTane passe la nuit dans îabondance. Le len- demain au matin y on 1 approYtsionne d'eau pour trois journées, parce que cette ville est la dernière des états du prince dont nous avons parlé. La caravane se met en route de bon matin, et, marchant jusqu'au coudier du soleil, efle couche dans la foret d'£'A Degarfkh, Toute la journée suivante on marche dan* la forêt ; e% au coucher du soleil on campe à lextré- mité de la même forêt. La terre de cette forêt est une argile noire.
On décampe au matin , et au coucher du soleil on arrive à une ville nommée Tabaou^ ou il y a de l'eau. Cette viHe et ses habitants l'emportent sur le Caire, et les habitants du Caire.'
Le matin suivant on quitte cette ville , et on vient loger dans une ville nommée par les Nègres Zantou , et par les.Tawareks Zancoulah. On y passe la nuit.
Le lendemain matin on fait sa provision d*eâu pour quatre journées , et, après une marche de vingt-quatre heures, on s'arrête dans une ville que les Nègres ap- pellent Tirriy et les Tawareks Tirrin.
On y passe la nuit. Le lendematn ^après une route de vingt-quatre heurfes , on arrive à une ville nommée par les Nègres Schohkiy et p'ar les Tawareks SoudaL
De la porte de Menschdeh de Tripoli on va>à'Vouest jusqu'au pays des Tawareks. Là', la route se divise , et on se cKrige au midi ; après ^.ela elle se divise une seconde fois, et se dirige à Fouest en pleîÉ' jusqu'à Zantdaj qui est un des districts du domaine du prince de Bornou,
APPENDICE. ^. 443
Après être entre dans le territoire des Sowadin (i), vous prenez , avant de quitter la ville susdite , de l'eau et des vivres pour quatre journées , puis vous marchez un jour entier , et vous campez dans le pays des Soudans, C'est un pays désert : on le nomme AU Soudan; mais il na pas été nommé ainsi parce que son sol est noir et de couleur de charbon (2). Il y a une foret qui est abandonnée et déserte.
Le lendemain on marche depuis l'aurore jusqu'au coucher du soleil, puis on campe dans un lieu nommé le Gouth de Caraoudi : son sol est du gravier.
On couche là ; le lendemain on quitte ce lieu , et , après avoir marché jusqu'au couc%r du soleil, on campe dans un heu nommé le Gouth de Wanikdi : il porte le même nom dans la langue des Tawareks. ^
Parti de là le lendemain matin , on marthe jusqu'au coucher du soleil , et on couche dans une ville qui se nomme , dans la langue des Nègres Me Tombouctou , CanikischL
On quitte ce lieu , et on arrive à midi à une ville appelée CaouJcisi.
Après y avoir couché, on en part le matin , et vers midi on entre dans une ville comitie la nôtre (Tripoli) : elle se nomme Zanonzouki. -* . ^ , »
On' y passe la nuit. Le lendemain matfn' on ne fait
(1) Je p|&#e que c'est la même chose qae Soudan ou habitants de Sotidah. ' ^
(1) L'auteur a-t-il dit ce qu'il voulait dire î^* Peut - être faut -il snpprimer la négation.
444 APPENDICE.
que traverser des lieux habités , jusqu'à ce que , fers le milieu de laprès-midi , on arrive à une autre ville appelée CasehikUki,
Après y avoir couché, on se remet en route le jour suivant au matin , et traversant toujours des lieux habités, on arrive à midi à la ville de TonsoU'Ankîy ville iiAïkatatis d'AUZabd.
On part de là , et , traversant des Ueux habités qui ressemblent à QuakareSjDjenzourjAl-Menschiehjetc, on arrive au bout de vingt -quatre heures, environ une demi-heure après le lever du soleil, à la susdite ville (de Tomhouctou) ^ la plus grande des villes que Dieu ait crééeAoù les étrangers trouvent toutes sortes de biens, ville remplie de commerçants.
Composé par moi Mohammed , fils d'Au , fils de FotiL. Mon père était libre citoyen, ma mère une esclave noire ; mon pays est Teraoubes et Tombouctou.
APPEICDICE. 44s
III. ITINÉRAIRE
DE TRIPOLI DE BARBARIE
A LA VILLE '^
DE CACHENAH,
PAR LE CHEYK H A GG - KASS E»I.
l" — l3* JOURNÉES.
A la treizième journée, après être sorti AéTr^oU de Barbarie, on arrive à Gdames. (Voir pour la route et les renseignements, sur cette ville l'itinéraire de Tri- poli à Tomboctou.)
14*' 16* JOURNÉES^
Après avoir quitté Gdâmès , on marche durait trois jours aui^ud, et on arrive, à un puits appelé Tent- MeUoulen^ qui peut-être signifie dans le langage du pays'le/?Mïr5 du palmier ^^k cause du seul palmier qui s'y trouve. Quand la caravaii'e ■ est pressée, elle ne met que deux jours, et même tm seul, ^« Gdâmès à T«nt-Melloûlen. /
446 APPENDIClL.
17* 19* JOURNBBS
De Tent-Mellçulen , après trois jours de marche, on parvient à Zourdnit,
De Zouràntt on atteint, après six jours de marche, le torrent d'Jçawdn.
!iy^ JOURNÉE.
Du torrent d'Açawan, on fait une journée, et on s'arrête au torrent de Tahamalt, dont les environs sont ombragés d'une grande quantité d'arbres.
28* 3o** JOURNEES.
De Tahamalt à Tanout'Melien ^ qui, dans la langue du pays, signifie le puits blanc ^ on compte trois jour- nées de chemin.
3l* 33* JOPRN^ES.
Die Tanout-Mellen , ou du puits blanc , on fait trois journées , après lesquelles on arrive à Ten^Gacem , ou ptuts du mouton»
34* 36* JOURNEES.
De Ten-Gacem on marche trois jours de suite, et on arrive à Oatz. C'est dans ce lieu qu'on recueille les feuilles et follicules de séné, qui viennent à Tri- poli et Tunis, et qui de là se répandant dans toutes l^s pharmadies de l'Europe.
APPENDICE. 44?
I 37* — 39® JOURNEES.
Après trois jours de marche de Gatz , on vient s ar* rêter à un lieu nommé Egguagant : c'est le nom d'une rivière qui baigne le pied d'une montagne que les Africains nomment Agroûh,
4o* 4^* JOURNÉES.
D'Egguagant on parcourt trois autres journées , et on fait halte à la rivière de Maise, qui a donné le nom à l'endroit.
43® 47* JOURNÉES.
On quitte Maïss; on fournit quatre journées de chemin, et on finit par arriver à la ville que Ton nomme Janet, qui est bâtie au pied de la montagne du même nom.
48^^ 52** JOURNEE à.
De la ville de Janet on va , en cinq jours , se ra- fraîchir au puits de Téghéreïn,
¥ Sa® 54* JOURNÉES.
De Téghéreïn à Tedment^ trois jours. Tedment se trouve au pied d'une montagne di^e Tadent^ 011 Kon recueille du séné en quantité. ' ,
55** ' 62® JOURNÉES.
De Tedment, après huit jours de marche, pendant, lesquels on ne rencontre ni eau, ni végétation, on ^ient se repp&er au lieu /lommé Açiov^y oà il se trouve un graad nombre de puits. '
44ii APPENDICE.
63* 68* JOURNEES.
Après avoir quitté les puits d'Açioû, on passe cinq jours au milieu de montagnes derrière lesquelles est un endroit nommé Toghâgït,
6q^ 73* JOURNÉES.
De Toghâgït on marche cinq autres journées pour atteindre Tedek. La route se fait toujours au milieu de montagnes, et sans trouver d*eau.
74* 7^* JOURNÉES.
Après avoir été deux jours en rout« , on arrive de Tedek à jihxr. Ahîr est un pays dont la capitale se nomme AçoûdL Les habitations sont construites d^ nattes faites d'une herbe nommée borâi au royaume de Maroc. C'est une espèce de papyrus ou roieau mou, dont les Arabes de Syrie et ceux de Maroc se servent dans la composition des nattes *dont ils font les parois de leurs cabanes et de leurs tentes, et dont ils couvrent leurs chaumières.
Les habitants d'Ahîr vivent de cassaves qu'ils vont chercher à Gachenah. Le territoire d'Ahîr est ombragé par des forêts de ces palmiers , que les Égyptiens et les Maroquins nomment doumah; les gens de Gdâ- mès , palmiers de Pharaon , et les Espagnols , palnùta. On broie le fruit de cette espèce de palmier , on en mêle la farine avec celle de la cassave ^t au fromage; et ce ittélange est leur nourriture habiti}elle.
Il se trouve au pays d'Ahîr une gi'ande quantité
APPENDICE. 449
de chèvres, des lions et des singes sur-tout, qui peu- plent les bois. Sa population peut s'élever à douze mille âmes, qui sont Touâreks.
76* 78* JOURNÉES.
. Après avoir quitté Ahir on va faire halte, après trois jours de chemin , à une rivière nommée Aoudé' ras , qu'on passe ayant de Feau à mi-jambe. "^
79* 80* JOURNÉES.
D'Aoudéras , on marche deux jours , et on va s'ar- rêter à une montagne dite Megzem,
81* — 82* JOURNÉES.
Du mont Megzem oh arrive, après deux jours de chemin , à une rivière qui coule à travers un bois de dattiers. Cette rivière se nomme Inn^Ouallem.
83* 84* JOURNÉES.
Dlrîn - Ouallem on marche deux jours de suite ^ après lesquels on a atteint jiguades,
Aguadès ou A godes est une ville plus grande que Tripoli de Barbarie , située dans une plaine. Il s'y trouve un marché. Les Touâreks y font commerce die bœufs et de moutons. Les habitants d'Agâdès tirent leurs vêtements de Cachenah^ Gouber^ Zenfèranah. Ils donnent en échange, du sel, qu'ils se procurent de Bornou , du pays de Fachj et du Belma, Le prince
^9
45o APPENDICE.
qui règne à Agâdès se nomme Bàguir. Il a succédé à Ouadelah. Le grand commerce que fait cette ville, la rend riche et firissante.
85* 90* JOURN ÉBS.
En quittant Agâdès on traverse, pendant sept jours de marche , des forets immenses , et Ton ne boit d'autre eau que celle que les pluies procurent. On parvient, après cela, à Tedlaq , puits extrêmement profond , dont on ne peut obtenir l'eau que par le moyen de chameaux qu'on y amène exprès pour les caravanes.
91* — 97* journées:
Après qu'on s'est rafraîchi au puits de Tedlaq, on iiadt huit autres journées de chemin , et l'on arrive à un endroit nommé Kerfechi.
98* JOU&NBfi.
Après avoir marché tour un jour , on atteint un lieu nommé Tsaouah,
99* JOURNÉE.
De Tsâouah à Madaouah un jour.
iOO JOURNEES.
De Madaouah on marche toute la journée, et 1« soir on vient se reposer k Takmdkoumah.
A.PPENDICE. 4^1
loi* JOURNEB.
De Takmâkoumah, après une journée de chemin, on arrive enfin à Cachenah ou Kasnah.
La ville de Cachenah est très -considérable. On y entre par sept portes. Un intervalle de deux milles sépare une porte de l'autre. Le roi qui commandait à Cachenah vient de mourir ; il se nommait Kaling^ Uwah.
Le cheyk Hagg-Cassem-Guarem , qui m*a donné les renseignements ci-dessus, et qui m'a dicté l'itinéraire de Tripoli de Barbarie à Tombouctou , a fait avec le roi.Kalinghîwahle commerce de draps et de chevaux. Il m'a rapporté que la monnaie courante de Cachenah esc une espèce de coquillage que les Arabes nomment oudoa^ et que nous appelons trivialement pucelages. Il m'a assuré que beaucoup dliabitants étaient chré- tiens de religion , et que la plupart portaient pendues à leur cou, ou sur eux, de grandes croix de bois. Les naturels du pays se nomment Heznah. Ils pou- drent leurs cheveux.
Le territoire de Cachenah fourmille de vers , dont on est subitement couvert si l'on se couche sur la terre nue. C'est pour éviter cet inconvénient qu'on étend des nattes sur le sol; et Ton dort ainsi tran- quillement , sans crainte d'être inquiété par ces rep- tiles importuns et même dangereux.
Après m'avoir dicté cet itinéraire , le cheyk Hagg* Cassem finit par me dire : Pour se rendre à Cachenah
29.
452 APPEICDlCfi.
en partant de Tripoli de Barbarie, on a le soleil qui, le matin, vous frappe à la tempe gauche, et le soir à la tempe droite, c'est-à-dire que le voyage^ se fait en allant toujours au sud.
N, B. Le présent itinéraire et celui de Tombouctou m*ont été donnés en 1807, pendant Tété de cette même année, c'est-à-dire pendant les trois mois de séjour que la caravane fait à Tripoli de Barbarie.
Copié à Tanger, le 26 juin 1808.
Signe Dblaporte, chancelier.
AP-PEMDICE. 453
IV.
ITINÉRAIRE De gaudja a haoussa,
DE HÀOUSSA A LA MECQUE (i) ,
TRADUIT DE L*À&ABE PAR M. LE BAKON SYLVESTRE DE SACY.
Au nom du Dieu clément et miséricordieux, : Route de Gaudja a Haoussa. .
v^uAND on sort de la ville du sultan (2), on va coucher à l'extrémité d'un lac (3) nommé Bazaou ou Baraou,
(i) Dans cet itinéraire, il n'y a entre Gandja et Haoossa^DÎ distances ni directions ; et aYcc ce sccoars il e«t di£6cile de côns* traire nne carte : récriture de ^original est si maaToîse que je ne réponds pas d*aToîr bien lu tous les noms : no grand nombre de ces noms est entièrement dépoarvu de Toyelles ; dans ce cas j'ai toojoars mis des a, par exeaiple dans Samar, Nak, Djabal^ Magadj,
(Note du traducteur. J
{1) Ou de la capitale.
(3) Partout où j'ai mis /«c , il y a dans farabe hahr^ qui peut
454' APPEWDl-CÏ.
De Bazaou à Cayakschi; de Cayakschi à Droou; de Droou (ou Drouv) à Maschoukony; de Maschou- kony à Bougou; de Bougou à Tounoum; de Tounoum à Yadjour ; de Yadjour à Djabdxgo ; de Djabdzgo à Kimba;A.e Rimba, le puits (i), on va coucher à Textré- mitë du lac nommé Cadarco; deCadarco au lac appelé Dzodzreba; de Dzodzreba au lac novojné Aschavanca, Quand on est arrivé au puits (2) d*Aschavanca, on passe ensuite à Goufl (ou Goufal), où les hommes sont nus et les femmes vêtues : de Goufl on va à Samr (ou Sa- mar); de Samr à Yarcou^^oix les hommes sont nus ; de Yarcou à Dzag, où les hommes sont nus ; de Dzag à Bananou; de Bananou à Dongoï; de Dongoï au puits nommé Goudh (ou Goudha); de Goudh à Salamou; de Salamou à Djanbodou ; de Djanbodou kSosou; de Sosou à Coriri ; de Coriri à Couk ; de Couk à Ma» cravi; de Macravi à la ville de Nak , qui est la rési- dence du sultan ( 3 ) de Bargou ; de Nak au lac de Vadh; de Vadh à DJwugh; de Dhough à Mazam; de Ma^am à Cal; de Cal à Djabal; de Djabal à Mor
signifier mer et rÎ9ièrt. Je crois qa'il doit être pris plas d*one foii ea ce dernier sens.
(x) n y a dans- le texte alhar an albir : comme ces feuilles sont trèi-mal écrites, i*ai supposé qa*il y, avait nne fànte d'orthograpbe, et qn*2l fallait lire albir, le puits : il serait possible qa*on dût lire àlbary et que cela vonlàt dire le désert.
(a) Le sens est ici fort douteux.
(3) On le i^yaume.
AP^PENDICE. 455
gadj ; de Magadj au puits nommé Tafàkat; de Ta- fiakat à Albar (ou au puits); d'Albar (ou du puits) à Schal : c'est le lac qu on nomme Coudh , sur lex- trémité duquel est un grand royaume , qu'on nomme le royaume de Your.
Ici se termine la route de Gaudja a Haoussa, De Coudha à la ville de Cathir (ou Cathin) , vingt- cinq jours; de Cathir à la ville de Cau (ou Caï, ou Car ) , neuf jours ; de la ville de Cau à la ville de Bomou , un mois. Le royaume (i) de Bornou est le royaume (2) de tout l'univers ; il n'y en a pas comme celui-là dans le monde. De Bornou au lac nommé Schar^ trente-un jours ; de Schar au lac appelé Schad; quatre jours : l'eau de Coudha y entre, et c'est la mère (apparejnment la branche principale) de Coudh. De Schad à Far (ou Fou), sept jours; de Fou à f^a- daï^ einq jours ; de Vadaï à la ville de Masr (le Caire), cinquante - trois jours ; de Masr à la ville du monde (la capitale du monde) , la Mecque^ quarante jours, en marchant jour et nuit : c'est là qu'est la maison de Dieu, et cette maison est le milieu du monde. De la Mecque à la ville de Médine^ vingt jours, en marchant jour et nuit ; de la ville de Médine à la ville de Schant ( Damas ) , vingt jours ; de la ville de Scham (Damas) à Bazi^Almokadas (Jérusalem), dix jours : c'est là qu'est la montagne nommée Tour
(x) Ou le sultan. (ay Idem.
45b APPENDICE.
Sinaï ; c'est sur le sommet de cette montagne que Dieu a parlé à Moïse, et à cause de cela on appelle Moïse Kalim aliah (celui qui a conversé, avec Dieu) : sous la montage de Tour Sinai est le tombeau de Moïse.
APPElfDICE. 457
V.
ITINÉRAIRE
DACHMET IBN-HASSAN,
OE
FEZ A TAFILET (i).
Louange à Dieu ; il ny a de puissance et de vertu qu*en Dieu. ,
iTirrÉRAlRE DE LA VILLE DE FeZ A TaFILET.
AcHMED BEN El - Hassan EL MpTSYouvi , Thumble esclave du Très- Haut, auquel Dieu soit propice, a parcouru cette route sous le règne du Prince des Croyants, Mohammed, notre monarque, fils de Mou- lai Abdalla , fils de Moulana Ismaïl chérif el Hassany,
(i) Cet itinéraire se '^troQTe dans nn nccaeil de M. Paalus , in- titnlé: Afemorahilien fin-9i^^ Leipsig, 1791, t. I, p. 47. M. Paulns l'a traduit de l'arabe en latin ; et comme il n*a point pubKé Tori- ginal, nons le donnoni ici en français d*après sa version ladnr.
458 APPENDICE.
pen<hint les calendes du mois dgioumadit , l'an 1201 (i)
• 1787)-
I*^* JOURNEE.
Nous partîmes de U ville de Fez, et en continuant notre chemin nous arrivâmes à la station tiommëe Daroudabibagh , qui appartient à notre souverain ci dessus mentionné : là nous avons passé sur le pont nommé Kantora^Sebou; et, après avoir traversé des lieux arides et pierreux , nous sommes parvenus dans un pays abondant en oliviers , où se trouve la vUle de Safrou , que ses jardins et la belle végétation de ses environs rendent très-agréable. Le fleuve qui la traverse et qui lui fournit de Teau , fait aussi tourner plusieurs moulins.
Nous sortîmes de la ville de Salrou , et nous par- vînmes, par des chemins escarpés et pierreux, à une montagne, au pied de laquelle se trouvent une colline nommée MouMou Fp-aoun^ et une plaine connue sous le nom de Zogari Ahmar, Nous arrivâmes en- suite au lieu nommé Scheb-Ettsoubn ; et , après avoir
«(i) U 7 a mensis gemaditsania dans la tradoction de Paalas; mais il j a deax mois y gemadii ou dgioumadit^ dams le calendrier mahométaii : si cest le premier, comme l'aonée laox cominençait aa la ou i3 octobre, cette date nous porte rers le nilien 00 la fin de février ; si c'est le second , vers le milieu on la fin dt mars.
APPENDICB. 459
passé près du fleuve Vaugiel^ nous entrâmes dfins le lieu nommé Oujvuri'el-Asna^ où nous passâmes la nuit. Dans cet endroit est une plaine qui fornie un pré abondant en herbe , et d'une végétation tellement belle qu elle passe toute description. Nous ne fîmes que peu de chemin dans cette journée , et cependant nous avons voyagé depuis laurore jusqu à midi.
Après avoir franchi des montagnes pierreuses et arides , et après avoir traversé plusieurs fleuves , nous parvînmes à un lieu appelé Nehr^Merdou , habité par le peuple nommé Aitschagrou^h ; nous avons des- cendu la montagne de Tseniets^Elbaks ^ et de là nous sommes arrivés sur les bords du fleuve Dgigou , près duquel se trouve la forteresse de Tsagouts^ habitée par la famille des Berbers, nommée Eitdjoi^sL Nous nous arrêtâmes dans ce lieu, et nous y passâmes la nuit.
4* JOURNÉE.
Nous partîmes, et nous traversâmes encore un pays pierreux , aride, rempli de montagnes et de précipices ; et nous parvînmes à Koubour-EtsuatSy ou les Zb//z- beaux cTEtsuatSj ainsi nommés parce que vingt-trois hommes périrent dans la neige sur le mont Oummour Djianiba, Ce mont est très-élevc, et il y tombe beau- coup de neige. A ses pieds sont plusieurs villes ; celle qu'on nomme Kousour ^ Etsiousi est entourée dun
46a . APPENDICE.
pas par la longueur du chemin que Ton parcourut, mais parce que ce chemin est difficile et escarpé.
9^ JOURNEE.
Nous partîmes, et au sortir de ce lieu nous entrâmes dans la région qu'on nomme EhMedghara , et ensuite nous arrivâmes aux châteaux-forts nommés Essouk- Kasrigedid ^ Kasr-Mouley'-Addallah^en'Aly. On voit dans ces lieux les plus beaux palmiers et les plus belles roses du monde. Les cultivateurs de ce pays , lors- qu'ils ' labourent pour semer , font tremper leur se- mence dans des piscines semblables à celles qui ser- vent à faire le sel; et par la bénédiction de Dieu cette semence leur procure des moissons abondantes. I
lO* JOURNÉE.
Après avoir passé ces châteaux-forts, nous trou- vâmes une source nommée tantôt Aïn-Miski^ tantôt Aïn^TutugeH; à peine pourrait -on trouver son égal pour la douceur et labondance de ses eaux ; aussi on s'en sert pour bâtir, pojir arroser le blé, les pal- miers et toutes les plantes. De là nous arrivâmes à ce fleuve Ziz y dont npus avons déjà fait mention ; et en nous avançant le long de ses rives , à travers les bos- quets de palmiers et les vergers , nous entrâmes dans le district de Retseb. Nous vîmes dans ce jour plu- sieurs châteaux-forts, savoir : Kasr-^EouJiadirlsa^ Kasr' Eouladi^Amjrray Kasr^'Tfatehiameti et Kasr'Elmona-
APPENDICE. 463
nkayquai bâtis le roi de Maroc dont nous avons parlé. Nous Times encore dans cette région un château-fort nommé Kasr'Moulay*Mamoun^ qui est le plus beau et le plus curieux de tous ceux que nous avons rencon- trés. On trouve aussi dans ce lieu des palmiers, et des champs cultivés , et fertilisés par des canaux d'irriga- tion. La distance du chemin parcouru dans cette journée fut peu considérable.
II* JOURNÉE.
Ensuite nous traversâmes uiie plaine unie , stérile , sans palmiers , sans eau , sans plantes , sans habitants , séjour des antilopes , des autruches et autres animaux sauvages. C^ trajet est dangereux à cause des brigands. Nous arrivâmes ensuite à un village nommé Tzetzimi; c'est-là que commence le territoire de Tcffilet : en- suite nous parvînmes à des châteaux-forts, nommés Sabbah par les habitants , et qui sont situés dans une vaste plaine. Nous traversâmes ensuite le fleuve Ziz; et, après avoir passé par plusieurs villes, dont les environs abondent en palmiers , nous parvînmes au beau palais nommé Daroubbeida , que notre roi vic- torieux par la grâce de Dieu a bâti. Non loin de ce palais est la forteresse nommée Erisani^ qui porte aussi le nom èiEbou^Amm.
Tels sont tous les lieux, toutes les régions et les déserts que nous avons vus au temps ci-dessus men- tionné du règne de notre prince, et en implorant
464 APPENDICE.
pour nous et pour tous les Mahométans b miséri* corde de Dieu.
Cet itinéraire a été composé le neuvième jour du mois de dgioumadit, Fan' i2o3 (c'est-à-dire 1789).
APPENDICE. l\6j
JOURNAL
D'UNE EXPÉDITION FAITE EN i§io,
PJlR SIDT MOHAMED BET, Fiis atné du pacha chef de la régence de TripoU de Barbarie ,
CONTR3E SoLTAN ,
*■ Village de la morUagne de Ganan, à VO. S. Q, de la régence;
* %
T«irU TÀ.K Vtf DES ESCLA.TES XTA-POLITAXCrS BE CE 1£T;
COPIÉ ET TRADUIT DE l'iDIOME NAPOLITAIN (l).
a5 janvier 1810. Korami^sH.
ApRÂs avoir inicoqu.é le nom de Djeu, nou§ sommes partis de ^Tripoli à huit heures du matfa ; noi\s avons mari:hé trois heures, et nl>us sommes lirpivés à un li«u appelé Kommîéif^ où nouâ^ avoua trouvé les telles dressées. Ce lieu n'est pas habité; il y avait à peine de^J'herbe pour faîre.paître le* anima||ix. •
({) L'ori^al porte une TerMtfki ilaKenne ; l*4rabe est écrit en noglitebla.
466 Al A iiiNDicij.
a6 id. , Qestah.
On commence la marche nine heure après le soleil levé; on marche jusqu'au soir, et on parvient à un lieu nommé P^iroA,, entouré de monticules de sable ^ où Ton passe la nuit. ^ «
4
«7 rrf. KiSLESA. •
Nous sommes partis deux heures après le lever du soleil; et, à la suite d*une marche de sept heures, nous sommes venus cahiper pi*oche d*un monticule de sable, sur lequel est Une masure qui sert de logement à u|o marabout où saint de l'endroit ^ et nou9 j avons passé la nuit. Ce lieu se nomme Kislesa, txs y trouve? quelque peu d'herbage et quelques plantes de safem.
a8 id. EtOQtAH.
Partis à l'aube du ÎQur, nous avons traversé toutes pkines ; et, après cinq heures de marche, n<fUs avons «ité "rejoints , à ufi lieu nommé Éloqiah, qui est au bas d'une moatagi^e épouvantable^ où il y a Jle l'eau, par eavirqn mille.Mauçes^^ui nous j attendaient gour aUtr avec uc^ ^u^iéu^ou nous^yi^ eombattre.
• •
2^ id. * GlADOUBAH.
--.r
Nous nous sommes* qns es coûte :4ious avons tra- verse un torrent qui^ était avec.; nous Sommes ari^ive»
APPENDICE. 467
à une grosse montagne, sur la(|^elle il y avait un petit village, habité par trois cents Maures; nous l'avons gi*avie à pied, et, ajiï'ès trois lieurès de peines,. nous nous sommes trouvés dans une très-vasté plaine , ou BOUS avons cainpé à un lieu nommé Oladoubah, On y compte cinquante tentes occupées par des Maures qui y ont leurs famille:». Il n'y avait pas deau,*ni aucun herbage pour nos animaux.
3o «/. Qasser-Beni-Aichau. 9
Nous nous somm^ mis encroûte à "deux heures de soleil , et ne nous sommes arrêtés qu'à la fin du jour. Nous avons vu, chemin faisant ,^ quantité de lièvres; Nous nous sommes campés,' et nous^ sommes restés deux jours à Qasser^Beni^Aichah,
* i*'^ février. Attariah.
Nous sommes partis à la même heure qu'hier ; nous avons ^it foute par dés plaipe^ de sabl<& sans eau et sans \ierbage , et à l'heufe habituelle notis âv6n« cailipé dans u« lieu Inhabité, qu'en nomme Attà^
tiah* . « *
I y. ■ JL ♦ ' *
.1 ».
a /^. ' ,^ SojwAN.
Trois heures après te lever du soleil, iiou» nous «omhies inis"enlroutê' à" travers'* des campagnes rem- • 3o. *
' 4G8 APPENDICE,
plies de lièvres, 11 ^({pfBa un vent si extraordinaire • que nous manquâmes de perdre la vue, à causer des touii)iilons de povssière qu*fl .souleva , et qui étaient tellement épais , que nous ne nous distinguions pas les uns les autres. Nous campâmes- sous SoUan , c'est- à-dire au lieu que nous devions attaquer. Il s y trouve Ij^aticoup d'oliviers, qui enV>urent cinq villages forti- fiés à la manière des chrétiens ; Tun d eux , qui con- tenait environ trois cents homm^, était dans une position sf difficile , à tause des précipices qui Tenvi- rt>nnent, qu on ne peut s'en approcher, ni à pied, ni à cheval. Il est ceint d*une muraille percée de canar- • dières de qViatre -doigts d'oui^rture , où les canons de liisjl {ïeuvent à peine s'introduire.
Le lendemain de notre arrivée, à une heure et demie du jonr ù- peu*- près,. nous avons commencé l'attaque. Le feu a di^ré six heures de sidte , après lesquelles noys nous sommes emparés de quatre vil- lages. La position du quatrième , qu on ne peut pp* procher que par un hovau qui ne tient tout au^Ius **que trob cavaliers de front ^ nous aya^t empêchés de le pi;endre., nous l'avons abandonné, et nous nous SQfmines^etirés avec le j?rand nombre «de troupes de ligne que nous v avions menées.
A la première attaque, un de^ ptetnîers officiers de notre camp^ qui s'était trop avancé, fut Uessé au côté, d'une balle, dont il mourut ^e\x!L jours après. Nous avons encore perdu huit personnes. L^^^nemi a^ eu de tués douze homnies >qui c^etchaient à fi»r.
Ce^te nuit, un gr^d cri se fit -éniendre*^ qui nous
AÎ>PENDICE. . 4 469 •
fit ^sortir de ïâ tente, tenahttnos arm«s en main. Mais cette alarme provenait* seulement de voleurs qui s'étaient introduits dans le camp, et qui prirent la ftiite.
Après être demeurés trois jours à Soltan , oii now avons trouvé un puits d*eau de pluie, nous en sommes partira midi. Nous maichions depuis une heure, quand un courrier expédié de Trip<^ vint annoncer des secours en |M)tre ^faveur , qui arriveraient sous, deux heures. Nous campâmes donc; et aii^^temps d^ signé tious vîmes paraître dans notre calnp 25oo hommes , tant infanterie, que. cavalerie», qui se mirent à crier vive le hacha,! vive le bey ! l.eS*principau3^, officîiers fiirent introduits dans la tente du lTey,jqu'ils vinrent saluei*, et à qui ils baisèrent la main*
Ce même jour, ledit bey, s amusant à faire voltîgei* *on sabre nu autour dçs têtes de ses esdnves chré- tiens, fendit, par maladresse, ou à dessein , l'oreille dfun de mes compagnons , <f&i heureii^ement en ïxxxt gu^i huit jours après.
6 février lâ 10. •*, Tou'rnjlh.
Partis au point du jour, itous marchames*dans, des plaines coii;^ertês de lierre, et vînmes à quatre heures camper à TounUih.
7 "'r ^ OuAMi's.
Nous nous mîmes en yt>%xé^ après qu'un vent très- violent, qui souffla, et qui remplit Fair de sajble au
,4;^ % APPÊrflTlCE.
point de ne pas se voir , ,eut cessé ; nous mardiAoïes quatre heures, et nous nolis reposâmes à Ouamis, où nous avons trqjivé de Teau et des p&turages^ et où nous avons demeuré trois jours.
lo ùi. Sressah. •
Nous sommes* partis deux heures après le lever du soleil; nous en marchâmes sepi:, et nous vînmes cam- per kSk^ssak^ lieu ou nous trouvâmes de Feau.
• 11 id, •' Me 2 D AH.
On comptait une heure de soleil quand nous nous sommes mis en route. Nous atteignîmes une mon- tagne, que nous passâmes à pied, et que nous mîmes trois heures à gravir. Unepetite,plalne, qui se trouve derrière elle^.ilous cçgaéifîsit. à une autre montagne plus difficile, et si rapide, que ce fut avec toutç|^es peines possibles que nous (esclaves) et deux personnes qu on nou3 adjoignit, pûm^l soutenir \ek caisses que les mules portaient, et les empêcHer de tomber. Au pied de cette montagne, était un bas -fond, entouré d'autres'nfohtagnes.Nous avons enfin attellàt Mezdah^ ville entourée de. murailles, et dont lés maisons sqnt de chaux. On y resta quatre jours, à l'effet dy perce- voir le tribut des chameaux et des nègres. ^
Je vis, chemin faisant, un édffice chrétien de c<ms- tructio^ ai^ique, qui a la forme d'une lanterne j^lces
APPENDICE. 47*
pierres en ont un pas de large , çt sont longues d'une brasse.
N. B, Mezdah est lentrcpôt du commerce de Gdâ- ^ mes et de Tomboctou.
i5 «Vf. £l-Atàfah-di*Lofghid.
Nous partîmes , le soleil haut de trois heures , par un vent violent et une poussière qui aveuglait, et vînmes camper dans l'après-midi à un endroit sans eau, dit EUAtafah^dULofghid,
16 id. NfiSMAH.
Nous avons marché entre des montagnes et dans une gt)rge tout au plus large dun mille ; et, après sept heures de route, nous assîmes notre camp à Nesmah; nous y trouvâmes *à% Veau, ^es terres se- m^, et 7 demeurâmes trois jours.
19 id* MODD-BL-TOUIL.
Partis a|^rès deux heures de soleil, notre marche *
s'est continuée dans la même gorge ■, oii j'ai vu une
tour bgitie par les chrétiens, mais inhabitée; et elle
s'est terminée à Modd- el- TouU^ lieu ensemencé en
, quelques endroits, iftais saiis pâturage. ^
47î^ * APPEIfÛICE.
20 id, Mf S^SAOUQUI.
Nous sommes partis une heure après le lever du soleil, et nous avons marché sur le roc vif par un chemin qui nous a conduits dans un petit champ ensemencé, au mflieu duquel est un édifice antique, construit par les chrétiens. II a cinq hauteurs d*homme d'élévation, ot quatre brasses de longueur. On y voit des figures chrétiennes sculptées , et on y lit des caractères espa- gnols.. Il semblait, dans Téloignement , quil était de briques ; mais , m'en étant approché , j'ai reconnu q^'il était bâti de pierres rouges. Sa façade est soute- nue par deux colonnes , qui ont une stature d*homme de hauteur. Nqus avons campé dans son voisinage, c'est-à-dire dans un lieu sans eau, qu'on nomme MessuouquL
%i id. Mechaal.
A deux heures après le soleil levé , nous xubmé sommes remis en route. Nous avons passé un grand torrent satts ej^u, qui serpente à travers un grand nombre de vallons, peuplés, au dire des Arabes, par ^ des bêtes féroces. Nous avons descendu une mon- tagne noire y et-jious sommes venus nous camper dans la petite plaitie de Mechàùl^ qui est inhabitée, mais où nous avons trouvé irois puits, qui ont servi à faire boire nos animaux.
APPENDICE. ' 47^
%'à id. ElFAOUI.
Nous partîmes de Mechaal , à deux heures de soleil; nous marchâmes six heures, après lesquelles nous Yinihes asseoir nos tentes à Elfaoui^ oix Ton compte trois fontaines d'eau de pluie^ Les terres d'Ëlfaoui sont ensemencées , ombragées de grands arbres, d*oii il découle de la gomme qui paraît de l'encens , et tapissées d'herbages. Nous avions vis-à- vis de nous une très-belle^ontagne , où il y a une grande quantité de gazelles , de lièvres , de loups et (le singes. Nous avons tué un de ces derniers à coups de fusil , et nous en avons mangé la chair , qui avait le goût de celle du poisson épée.
Chemin faisant , nous reçûmes de Tripoli un cour- rier qui m'a rendu votre agréable lettre , à laquelle je réponds par le présent journal que je vous adresse.
Nous restons ici pour retirer le tribut des trois vil- lages au milieu desquels nous sommes campés.
a mars.
Le bey me dérangeant à toute minute, excusez si je ne puis vous doni)er des renseignements aussi amples que je le désirerais, Je vous écris comme je peux, et je le fais, à la hâte, parde que je suis acca- blé de travail. *
Pour traduction de l'idiome napolitain du présent journal , adressé par un esclave du bey au très-révé-
474
APPENDICE.
rend père» Pacifique "de Montecassiano , récoUet, et préfet apostolique de la mission de Tripoli de Bar- barie ^ qui me Ta communiqué. i Tanger, le 7 mai 1818.
Signé DcLAPORTE, chancelier.
APPENDTCt. 475
VII. ÉxTRJiT d'IBN-HAURAL (i),
Manuscrit de Leyde, p. 34-
Tas (Fes), jolie ville, partagée en deux par «un fleuve ; les deux côtés ont chacun un gouverneur particulier. Il y a une haine perpétuelle entre les ha- bitants , qui se livrent souvent des combats très-san- glants. Le fleuve a beaucoup deau, et il fait aller une grande quantité de moulins. Cette ville est dans un canton fertile: elle est pavée avet des pierres; et tous les jours de Tété on fait passer le fleuve dans ses tnarchés , pour qu'il en lave les pierres et en emporte les immondices. De Fas à Sadjalmâsah il y ai-treize stations. Il- '■ - > . ■ I. i ■ Il .1. . 1^ .11 1^, 1 1 »
(i) Toate cette partie d'IbiirHankal ne se trooTe pas dans Tex- trait qoe l|^. Oaseley a donné de sa Géographie. Il est d'ane grande importance , patrce qnjl démontre 'les connaysances étendnes des Arabes relativement an Sondan , & nne époque très - recalée. Ibn- Haakal , selon M. LaAglès ( Biographie universelle , t. XIX « p. 493 ), a écrit vers Tan 970 de notre ère. Je dois la traduction de ce morceau dlbn-Hankal à Tobligeance de M. de Saint-Martin.
W— R.
'J
476 APPENDICE.
Sadjalmàsah est lyie belle ville, située sur un fleuve , qui s'enfle périodiquement comme le Nil.
Sur ]e côté de la route qui conduit de Fais à Sad- jalmâsah, on trouve le pays ôiAghmât, Entre Aghmât et Sadjalmàsah la distance est d'environ huit stations; il y en a autant entre Aghmât et Fas , et autant encore jusqu'à la hier.
De Sous à Sadjalmàsah, et de là à Aoudaghast^ il y a deux mois de chemin. Aoudaghast est une belle ville , située comme la Mecque entre deux montagnes.
De cette ville à Ghanah il y a dà^n journées de marche , et pas plus ;
iDe Ghanah à Kaughahy et de là à Samah^ moins d^un mois ;
Pe Samah à Ka:^am , aussi environ un mois ;
De Kazam à Koukou^ deux mois ;
De.Koukou à Marandaf^. un mois : "
De Marandah à' 2aw^'lah , deux mois ;
De Zawjrilah à Adjoudabiah^ -dix stations ;.
D'Adjoudabiak à i^i^2e^^. quinze^ stations ^
De Fezïan à j^aghàwah, deux mèîs ;
D/Aoudaffhàst à Ou/il ^ où sont des mines de sel> uir mois ; * / .
D'Oulii k Saêjalmâsah ^ un mois et demi.
APPENDICE. 477
VIII.
ITINÉRAIRE
D'HABJI-BOUBEKER,
FILS DS HOHAMMCDf FILS DE T^RONj
DIE. SpNO'P A LEL y ! VILLE DE fÔUTjf-TORO,
A LA MECQUE,
«N 181O ET l8il i V
Hecueitti et rédigé au Sénégal y en i^ao, par M. -P. RouzÉE.
L'iMPRÈ^àioN de cet ouvrage était pfesque termînée^ lorsque nous avons eu connaissance de l'itinéraire d'Hadji-Boubeker , nègre du Fouta^Toro (i); il est d'auta.nt plus intéressant d'en présenter à nos lec- teurs une analyse rapide ^ qu'il confirme en plusieurs points qiielques-uns des résultats principaux de nos recherches.
__ '*
*■ i» ' ' . ■■j"-" ~ ' II. - ,,
{t) Annales làarUimei et coloniales <, aan. x8ao, ji* partie, p. 937.
478 APPEïTDICE.
Boubeker est de Seno^Palel , dans le FoutOrToro ; M. Mollien a passé dans ce lieu , et le nommé Seno- paie (i). Ce voyageur y rit aussi un maraboilt, qui, comme Boubeker, avait fait le pèlerinage de la Mec- -yue (2).
De SenO'Pa/el Boubeker se rendit à Ojaha , et de là à la grande ville de TUogn^ capitale du Fouta^ Toro. Ojaia est peut-être le lieu que M. Mollien nomme Diaba ; mais il lie fait point mention de Tilogn^ que Boubeker nous dit être la capitale de FoutO'Toro. 11 est possible au i^ste q^ dans ce pays , comme dans le Souaan et Vlans le Désert , chaque liet ait deux noms, Fun nègre, et Tautre arabe. Boubeker, qui a donné son itinéraire en arabe , n aura indiqué que ce dernier.
Boubeker. franchit les limites du routa , et se trouva dans le rQjaunœ du Cagffaga^ habité par les Serraoç^dais^ La relation d*Houghton nous apprend que l^nom de Sera-Coles signii^e rivière de For (E), et est le même que porte la rivière qui arrose le Bambouk; «t dans la Carte de ta partie occidentale rf« i\Afriqme câmprise entre- jfi^uin et Sierra » Leone ^ dfessëe par d'Anville en 1727 , nous trouvons au nord du Bam- £011^ le royaume de GayagiJ^, hdhité^ par les Saracolez,
(i) MoLLtSN, Voyage dans F intérieur de F Afrique ei'fttx sources du Sénégal et de la Gambie; Patis, i8ao, îii-8**, t. î, p. 182, a 19; et la carte. ' •' • *
fi) U est dit daps les NouhéUcs ^finales des Voyages^ que ce fnaraboat était Boabcker lui-même.
{%) Proceedingf of tke As^oéiatiûn , 181 d , in-.8% t. I , p. a/îo.
I
▲ PPEiroiCE. 479
f
Il est donc ,certaiii que le royaume du Çagnaga de Boubeker est le « même que celui de Gayaga ou Kayargqi, de d'Anville et de Rennell; c'est, la partie di^ royauine de Galam , située au sud du Sénégal,: et le nom même de Cagnaga nous paraît être le même qi^e celui de Cahaga, dont on a £iit Sénégal. Boubeker $'arré;ta quelques s^emaines à DJawarp une «des principales villes du pays de Càgnaga, U n arriva qu'environ trois* mois après son départ de SenO'^ Palely à Jarra ou Djarra^ capitale du pays de Bagoiuiy gr^inde ville, située au nord de Djdrra. Jarra nous est bien connue par le voyage de Mungo* Park 9 maisL Bagona comfiie nom de ipyaume est nouveau (i). Djarra (2), dit Boubeker, apparte*
nait autrefois au roi de Karta ^ mais actuellement
* If
eUe obéit aux Maures ^ et sa poptilation se com- pose en partie • des^ marcl&ands de cette nation : il sy iait un très -grand commerce; on y porte beau* coup de sel de la ville de Tischit ^ iprès de. laquelle il y a des salines considérables; ce qui se trouve confirmé par Mungo»Par|jL^ qui apprit à Jarra q|ie ce fut par des Maures j qui se rendaient à Tisckit pour acheter du, sel, que le major Houghton fut dépouillé de tout «e qu'il possédait (3). . x
De Jarra Boubeker se rendit à Segou ou SegOy «n wn mois et quelques jours; la route qu'il a suivie
(1) Selon MangoxParl^j Jarra est la caDÎIale du royanme de
(a) Proceedings jof the Association , t. I, p. 345. (3) ibid.^ p. 356.
48o APpSlfDICEr
traverse , dit-il , une contrée remplie de forets , peii cuhiyée et pea peuplée. Segou , capitale du Bambarra, est située à Test de DjpTaj^svi les deux rives du Vjaliba on'Joliba. be pays 4® Bambarra é6t presque partout fertile; les cantons cultivés par \e& FouUes, sont eugénécal )es plus productifs. La' nati<;pi là plus nombreuse dans ce^pays e|t celle qui lui donne son nom : ensuite viennent les Foidles ou Foulahs^ qui 3ont dispersés datjp tout le' royaume et possèdent à eux seuls des provinces entières ; les Meifires ne se rericonti^nt guère que dans les grqjades villes. De ^ego^y Bouheker alla directemcïnt à Tùnbouctou par terre, en ^vingt-sept jours; Cette ville est située au nord-èst de Segou à peu de distance du Cailoum , flèuVe considérable , qu*iLcroit être une branche du Djaliba. "* » *
Arrêtons-'noiis ,à cette partie ^ inkportante de la relation defic^beker, qui ecm fi raie les résultats de ,nos recherches. En effet, il paus dit que TKmbouctou est situé au nopd*est^de Sâgo , et plus bas, ai^^i que nous le verrons ; il ajoute qùè Timifiuciou est sous le même méridien que Jenni ou Djenm .,• ce ' qui est une nouvelle preuve que la route de Sega et de Djenni à Timbouctou doit être dirigée vers * le nord , et non vers lest, comme dans les cartes deiLennélÇet^ceux qui lont suivi, . .
De plus Boiïheker ne nous dit point que Tïmbouctou soit situé près de Djalibà ou JoUba , comme l'avait dit Mungo-iPark , mais que cette ville est à peu de distance d une grande riAière, qui est un brasdu ZJf<?-
APPENDICE. 484 •
liba. VoiR doDc encçKe ^'existence de deux grandes • riviètes dans le Soudan ^ confirmée ; et cet exposé s accorfj^ aisec notre carte , ^i glace Timbouctou pç «s du Gaf^arou, lequel probablement dans eet endroit sa nomme Cailoum , tandis qu^ dans le BoUrnou, ou. plus à l'est, il porte le nom de Gambarou.
Timbouctou^ dit Botibeker, est aussi grand et aussi peupltë que Segou'^ ^t plus commerèant et plu* riche. l«es Maures forment la ufojeùre partie de la ♦ population ; les Tmiricks^^ ou Touariks f sont au$si très-nombreux, et disputent contimiellement le pou-4 voir aux Maures. Boubeker donne tort aux Touariks dans ces dhseitsions ; il les regarde jfomme dès homifies injustes et oppresseurs : ceux que f op voit » k Timbouctou , sont originaires d# Tivart^^ côiftrëe ' ,, aride dont la. capitale, nommée El^Oualin^ est la de- *^ meure d'un sultan* Twar^ très-redouté.
Il eftt évident que» Twart est le pays des Touats de notre itinéraire f pays célèbre avant^r le xiv* siècle; purs^li'il ^n fst question dans Ibn^Batouta;^l le nom i^^fFalin, ou fH^Oualin^ se reconnaît dans celui* de Bir-Oualleh^ que porte la station qui dans notre itinéraire se trouve immédiatement apj*ès Àgablj-^^X^ capitale des' 7b/4«^5.
L'inteatkHi de Boubeker était de traverser ce • royaume de T^art $itué au nord de Timbouctou^ .■ d'aller atteindre dans le F^zzau la caravane des pèle- rins àe Barbarie y et de se rendre avec elle à la Mecque par V Egypte ; mais , comme il ne pouvait subsister dans sa route cpie des aumônes qu'il recevais de?
3i
48» ^ ^ APPENDICE.
pieux Musulmans , il changea 1h résolution, des qu'il
eut co|}nu le peu de charité des Touariks et^ pau-
' n*été de letif pays. <«es Belliqueux nomades profes- sent presqtie tous |ictuellenient Tislamisme, mais sont en général peu attachés à ses dogmes; et l«urs cœurs, ditBoubeker, sont encore Kasin. Il se d^ida dqnc à revenir sur les bords du DjaHba , et arrîVk à Djenné dix jours après anrfric quitté Timhouctou.
Remarquons ici que ce nombre de dix journées entre Timèouetou et Djenné s'ac^rde juste, ayec ce
»qui a été ti^t par Mohammed à ]V(. Cahill (i)^ et que Boubekex dit qu'il quitta Timbouctou pour revenir sur les bords du bjaliba à DjennL Donc Djef^ est Sur le%*b<W(& dû Dj&Bba^n JoUka^ et Timbouctou nj est pas.
Boubeker continue , et dît que Jlmboudou et Djenné sont à* peu -près sous le même méridien. Djenné est très-commercailte ; 1^ Noirs y soift {dus nombreux que les Maures; mais ce sont les derniers qui ont U>ute l'autorité. De Djenné^ en se ctirigéant à lest, il se renàil k Haoussa^ grande ville à ^feui joar- nées de Djaliba ; il a' fait la première partie de la nEnite dans un canot sur lé fleuve, et le reste à pied,à^ travers les royaumes de Kabi et AeJfouJfL
Les trente jours de distance entre Haoussa et 7W- iouctou s accordent à-peu-près ayec notre, itinéraire, qui donne environ vingt- huit jours entre ces deux
(i) Conférez Bowdi^*8 Essay on the Geôgraphjr of north-wesêern in Àfricti^ p. ii.
• *
"^ APPENDICE. * ^ .489
villes; mais nous neillëyons pas ^guiser que c« que dit ici poubeker .semblerait devoir porter Haoussa plus au mkK qui) n est sur n<;^re carte. Nous avofis déjà dit que cet itinéraire dit Mokaipmed , âls de Foui, ne poujirait donner que des combinaâons incei;taines ; a^ssi Aes^-ce pas d'après lui que nous avons déter« minék position A^Timbouctou:Éabiet]^bî^ sont con-* nues des géograplps. CoiitinuoRS le récit de Baubekei;;
Le pftys qu€? ! on nomme Haoussa , conipraid aussk cinq o^* six autres élats. Un était habité autrefois que par lè« Haoussîehs ; mais maintenant les Touaricks^ et les Fouiles^en possèdent' la plus grande ^partie : on y, voit atia«i ^aucdup die Maures. L«6 Foul&s occupent presqu à eux seuls la partie occidentale, qu'on appelle souvAit par cette raison Foullan,
Ainsi, tout semble confirmer que les « noms de Haoussa^ de FouUah et^de Malo^va^ sont synonymes, et désignent une vaste ' région , et non un seul pays ou royaume. Le nom de Foullan est peut-être le niéioe que celui du royaume de Fillani\ placé sur la der- nière carte de M. Bowdich, au sud des états de Haoussa et de KaUaghL -
Quoi i|u'il en soit, selon ©ôubeker, les Foidles qui habitent le Foullan ont la 'même couleur et les mémies traits^ et parlent absolument la même langue que ceux du Fouta-^Toro; ils se donnent eux-mêmes le nom de DhpmanL Les Haoussiens sont noirs comme les Johfs et les Sérracoûlais^ ils sont ^eu habiles à cultiver la terre et à soigner les troupeaux : les Foullep^ au contraire , sont, suivant Boûbeker, les
'If.
■ 4*^4 • APPENDICE.. *
laboureurs et les pasteurs le$yus intelligents qu'il j ait au moi^e. Le pays de Foullan est xm des n^eux cultivés quil ait vÂs; il le place, floua ce rap- port ^ immédiatement aprèl TÉgypte. Les animaux domfsùques y sont en plus grand noo^re t^t^miéux soignés que partout ailleurs. Il n*y a ni cannes à
' &ucre, ni une grande variété de fraits cbmme en
' Egypte. et en Syrie; mais on y tr<Mre en abondance deux espèces de mais, du froment et de Iprge. "On y cukiVe avec sdin le chanvre et lé coton, qui «servent
^ tous 4®wx à fabriquer des étoffes, *tet Tindigo aviec ^uol on les t^int. La ville de-Haomsa entretient moins
^ de relations commerciales ai\ec .TinSouetûÙ et Vjenné qu'avec les pays situés à l'est.
Notre pèlerin , étant parti de Haoussa , continua sa route vers» Test, et arriva, au bout dun mois, kKassi--
* nah où Cackenah ; c'est, suivant Boubeler, la plus considérable de toutes les vtHes situées le long du Djaliba ou Joliba. Elle est la capitale de la partie orientale de Haoussa; et elle a donné son nom à tout ce'pays. Ceci s'accorde avec la carte de M. Purdy et avec le noiu.de Beb^Haoussa^ ou porte de Haoussa^ donné au pays de Cachenah, Boubeker vit, à Caohsnah, des »Turcs et des Tripolitains. Les Haoussiens , anciens ha- bitants du^ pays , sont plus, nombreux dans le pays de Cackenah que dans le Foullan.
De Cachenak BoubeLer se rendit à Bamou^ qui, selon lui, est à 'l'orient de Cacheflakj et qui est tra* versé dans toute sa longueur par le Djaliba. Les naturels de Borr^oà iont noirs comme les Haoussiens : ils
• •
APPENDICE. ^ 485
leur jessemUent besiiteoup sous le rapport des mœurs ; * raàis4èur langue est différente. Leur.syïtan ^sfrtres- ♦ puissant,, et possède une cavalerie nombreiJise et ^uerrie. » * .
De la "ville de Bomour^Bif^uheker s'est rendu dans le WmdaL Ceci %)nfirme l'itinéraire du .chérit. Bra- hima^ et les com}>inaisons de M. Bjpiwdich, qui, sur sa dernière carte, a placé plus au $ud la latitude de^ Bomçu , et qui mef ce, royaume et celui de Wcèdey. nommé aussi Sal&r et Borgoù^ à lest de Kasstna oa^ Çachenak. ^ * ^
Parvenu dans Ce roya«|ime, Boubekér a cessé •/la-' voir le Djfdiba à peu d^ distance «de^ sa droite. Il» a interrogé plusieurs personnes sur le Ueu^où^ce grgifd * fleuve se*^ termine; tdus \và. ont assuré qu'iteommoni^ quajk ayec le NU,, Suivant les uns , il se jette dans le iVï/;' suivant les autres, c'est au contraire une branphe du NUcpk se jette dai\s le Ejaliba; d autres enfin, sans nier l'existence d'une commui^ication quelconque en- tre ces deux fieuves^ Uii ont assuré que le Djaliba* prolonge ^an cours fort loin dans le sud , et se ter- mine dans WUabeehech (FAb^ssinie).
Remarquons que le système qu'expose ici Boube- W^ sur la communication du Djaliba ou du iV//, est à-]peu-*près celui qui prévaut^ dans le village où il est né. Lorsque M. Mojlien y passa (i), il alla voir un marabout qui avajf fait le |>élerinage de la Mecque: ïiotre jeune voyageur, avec le secours d'un interprète,
{ i) Mollien , Voyage , tom. I , p. a 1 9.
u »
486 ^APPEBTDICE.
» ■ »
^ consulta ce prêtée sur le cours d« N^er. Celni-ci Ini
' répondit ^*ên-deçà et au-delà de Tombouetou du rén*
cootr«it des états entièrement %abit^ pur les Pouls,
» que le Djaliba ou Joliha se fêtait dans 4e JV^^, et que
ses eaux , ^rès * & être mêlées à celles du fleuve de
rÉgypte , Se rendaient dans la ni^r. On a dit ^ue le
marabout qu*a(vjût visité M. Mollien était Bbubeker
Jui-mème; cependant le récit du liiavabout diffère de
^elui de Boubeker, en ce qu'il ddnne Heu de penser
i.que le Djaliba^ quoique se joi)gnant au NU^ abouùt
dans un lac situé dans les régions pôntagneuses de
.la partie orientale de TAirique.
*Boul>eker dit^qnele Wadaîes&X an*osé par plusieurs rivières qui ie jettent dans le E^aUbai Après tvmr traversé c^ royaume du sud-oueët au nord-est, 'Bou<- bekèr se trouva dans celui de Begarmé^ II se remit à maycher à lest, et arriva'bientôtau grand lac de Kouk^ dont les eaux sont grossies par^une tivièie tiès4arge qui vient du sud. Ce \ès^Kouk parait être le IsfkFittré ''d'Hornnman , près duqifel est Dar^Kouka ou le pays de Kàuka; e( ceci semblerait confirmer ropiriôn de Rennell , qui le regarde comme le Couga d'£drisi , et vient à lappui de ce que nous av6ns dit |»récé- demment au sujet du Cochia de Cadamosto (i): mais si le lac Caudi de M. Bowdich'^est le Kaugha d'É-* drisi, il devrait être placé plus au nord qtie^JI. Bovr- dieh ne l'indique sur sa carte. ^ Boubeker ne confond pas le royaume, de B€Lg^
(i) Voyez ci-dessas, p. 338.
APPENDICE. ^» 487 '
*
henni arec celui de Kouk ; il indiaue ce -dernier coifinie étant ^\ns vers Forieilt , et il dif : Le sultan » de Kouk est souvent en guerre avec celui de Bagarmé ea^àe^q^i. * ^. * . -
Ce fut environ deux mois aprè§ *son âépart de - Coffiefêàh que Boikiibeker atteignit les montagnes de Four ow du Umr^Four / sans avoir vu une grande - ville depuis Bomm. "^
Du pays "fle four Boubeker pas^a à lest dailç cdiui * A^^Kordofan^ qui nest habité que par des Arabes.. Après avoir côtoyé pendant deux oii trots iours lâriv^ gauche du Nil , il traversa ce fleuve vis*à*vis Tjondi^ ^ ville ^assez considérable , d'où il etttra dans le pays des Barbara, Il n'y a , je crois ,. pa« lieu d« douter que . Tjondi, lie soit le Sfiendi que l^Qwne et Biirckhardt * ■ont visité. f
Dans le pa^s de Barbara Boubeker trouva up pfeuple cultivatedr , assez semblable aux Fouîtes * pour lest traits et pom: la- couleur, et qui est assu- ^^etti -à des tribas arabes.
De Tjond^ ou Shendi Boubeker se reuflUt en quinze jours k Sou(ikemy sur le golfe Àrajbique. C'est de cette \41te qu'il fit voile pour Djeddah , port » de la - Mecque^ environ quatorze vinois* après son départ.
Boubeker visita ensuite Médine, Jérusalem, Acre , le Kaire , et Alexandrie, Il séjourna dans cette dernière . ville ; il passa ensuite à Alger , '►où ,il est demeuré . plusieurs années. Il est enfin revenu dans le Fouta^ ToropAT Telemeçans [Tremcen), Fez^ Meq^inez^ Maroc ^ ^adinoux (probablement Wadinoun)^ le Grande
/|88 ♦ ^ APPENDICE.
Désert, et le pays des Maurex Èraoianaï.Le^ Brackg^iSy comme on * sait , habitent le pays de -Ouala sùr'^lés bords du Sénégal, immédiatement au nord<*est du port Saint-Louis (i). ^ - / ^ '
Tel est le rP€i| de Boubeker; il ajouta (jue lé'mot TéiXz^ir signifiait dains plusieurs «langues nègres. le - pays 4es Noirs, comme Somdan en^r&be. il a en- tendu pau-ler des royaumes de Cano ettde Grubpurg (peut-éti-e Guèer)^et d'un pays riche en cm*, nommé fVakofo pr4^ de Bornouf c est peut-être le fFankara des auteurs arabes.
, ■ ■ 1 1, " ,
(i) Bran*s Afrieay t. V, p. 3oo, et I^miral, p# 88.
f '/'• ■
I
appejs-i>i<5e. ^ 489
«
. IX. RELATIOJN
' DE SCOtT.
\J N a fait paraîtm la relatiân d'un nommé Ale^nclre Scott) qui s'embarqua en octpbre 1810, comme ap- prenti, syr le vaisseau le Montezuma^ïecfael fit nau- frage le 23 novembre de la même année, entre \^ cap de ffoun et le cap Bojador, Alexandre Scott, fait prisonnier par les Arabes du désert, retta six ans captif parmi eux^ et quoiqu'on ne dissimule pas que son état moral a été ^fiecté par sa longue captivité, on a cru devoir publier les réponses aux questions qui lui*6nt été, faites sur ses voyagea dans l'intérieur de l'Afrique. Les renseignements qu'il a donnés sont tout aussi incertains et incohérents que^ ceux du matelot Adam; toutefois, comme on assure qu'ils ont attii'é l'attention du major Eennell , qui doit , dit^on , publiet une dissertation géographique à ce sujet, nous croyons devoir en extraire tout ce qui peut servir à éclaircîr nos recherches. . -
Scott fut fait prisonnier pai; des hommes apparte-
490 APPENDLCE.
. nant à la VnbttToborlee : «près huit ou neul" heures de marche, il arriva dans la yallëe Zerr&hah; il (iit ensuite ommenë dans Fintàôeur dudésept,et il estime à quinze miUes le chemin^ <}u'il pa^tstyiTait chaque jdur. Il arriva, après qujme jours de marche, dans ilne 'Vallée nommée JVadf^Sèjrghi, Après avoir marche ensuite pétidant' dix-sept jours, il parfintli un camp ce treBte«-trois lentes-, qui fatsuit partie <d un distx'ict nommé El'Ghiblah^ boraié à Touest parla mer. U resta plusieurs mois à El-Gh^uh^ et il n'était éloigné de la mer que de vingt milles. Vers le mois de juin, oti dit à Scott qujp la tribu allait entreprendre un grand voyage à Hez-el^Hêzsh , et qu'il i|^it qu'il y allât et qu'il y changeât d^ religion , sc^s peine de mort. On se mit en route ^ et l'on traversa un district sablon- Dcui^, nommé El^Busckarah^oti 3 n'y avait de l'eau que dans* un puits profond. Oa âra versa ensuite. une ibrét , dani laquelle on rencontra uiie caravane qui
^ avait un oléphant privé: fait remarquable; car l'habi- tant d'Afrique donne la chasse à l'éléphrat, mais ne sait pas l'apprivoiser. Lès gens , de cette caravane étaient plus noir» que ceux d^El^Ghiblah; ils apparte- naient à la tTihu Or^GAebit ^ :fit venaient d'iS/*ScAar- h rag. Dans ce boj^ il y avait des cocptiers, des dat-
. tiers et .des orangçrs non cultivés. Cette forêt ren-' ierme des sauvages noirs très-dangereux, nommés Baurbarras. La caravane don^ Alexahére Scott faisait partie , arriva à ElScharnfig; et {êprès avoir contiïjué
♦ sa route à -travers des déserts , elle parvint, à un vaste lac nommé Bahar-^TUbi mots, qui signifient, selon
APl^ENDICE. 49*
Scott, Mep' d*eau douce. Sd^tt a franchi dj^s* monta- gnes et vu (Jçs rivières avant*d arriver a«t lac : ^ais, près du'fec, il ne vit ni Avière ni. montagpe; il n'y avait que des . rdisse^ux' guéables. La earafVatiÇ) dftns ce trajet , faisait quinze inilïes par jour au moins ,* et * jamais moins de vingt. C^ sont toujours des milW ^glais dont il lest questioj». On traversa ce lac dans de grands bateaux > qui pouvîs^ient tenir d«ux* cents personii^es ; ces bftteaux^ se nomment Zenirgê^ en lafi- gne arabe : mais les naturels de Eh^chafrag -et de EUHêzsh les àj^Uent Flouk. ^ ■
LeBakar n'a pas de courant sensible: on y trouve des tortues as^ez «embkbles à ceUes des Indes. Ses eaux sont douces en comparaison de celles du Désert, •ïnais^ne ptourraient passer pour telles^ dans nos con* trées. On ftit vingj-neuf hei^éS à le traverser. On pré- sume que cette partie qui fiit .traversée , et qui forme 1 extrémité occidentale , est la moins large , et elle pré- sente cependant une étendue de soixante milles. Il y a beaucoup de bateaux pêcheurs sur ce Bahar. Il y a, dans la partie' nord du Bahar, des gens de -petite *3ille, et dune race différente des Arabes, qu'on ^omme Zackah; ils sont idolâtres: ils naviguent sans cesse sur le lac , et y font le métier de corsaire.
Les gens du bateau où se trouvait Scott, lui ont dit, en montrant du doigt le midi, que dans cette direction îl y avait une grande mer d'eau salée; que la mer sur laquelle, ils étaient, y communiquait; que eette grande mer n'avait pas de fin ; quelle était pleine de Sqff,nareUKahir^ ou de grands vaisseaux,
et qu ils* l'appelaient Bakm^l^Kabir. Ils prétendaient .qu'au sud^il y avait tin port appelé . I^om^or^, où il venait un grand nombi'e de vaisseaux. .Ces gens dissiient encore que bien loin au midi , et avant leur
* naissance , if s*était donné de grandes batailles , tant sur le Bahar-el-Kabir qt^ sur terre, entre lés Fran- çais et les Anglais, et que, depuis les batailles données à terre, les os des motls étaient encore sur la* place. Quand Scott fut interrogé sur c^ point, il^^soutint être bien sûr qu'ils aVaieht prononcé Francese et //i- glese. Ces nègres étaient sans doute des esclaves ame- nés de très-loin. Oa a conjeetàré de' là, ç*e Bam- bary pourrait bien être Bamba dans . le Congo, ou Calbary^ autrement Caldbar^ au fond du golffe de Guinée. Ce récit sur le Bahar-^S^ina ^ s*acoorde^telle» ment avec ce que rapporte Mungo*Parfc dans son second voyage , qu'il est à craindre qu'on 1 ait tiré de là(i). Si cela n'est pas, il en est une confirmation bien précieuse, et confirme aussi l'existence de la Mer
^intérieure que j*ai admise sur ma parte , et même en partie la position que je lui ai assignée.
Après avoir traversé le lac, Scott arriva au Keu de sa destination, à EUHezsh^ vallée habitée par la tribu El'Tahsi-'del'Hezsh. Ce sont des mahométans qui demeurent daqs des huttes construites avec des
(i) Voyez Jackson daus Shabeeny's aecount of Tùnbouctou and Housa , p. 45o ; — Mongo-Park's Journal of a Mission , i8q5 , m-4*, p. x6S, et ci-dessQfl p. lo^.
^ APPEKDICE. • 493
tronct d'arbre lié^ par dès baçibous^ et récouyerte» de joncs cueillis sur les bord$ du Bahar ; ils se nour*. ris jent de pain d'orge et de datttp. *
Tout ce récit de Scott est, comme celui d*Adam, beaucofip trop vague pour^qu'on puisse former des conjectures probables 3urla rpute qu'il a parcourue (i).
(i) Nouvelles Annales des Voyages ^ t. VTII , p. Sai-SSB, traduites à'si^ti^'^VEilinbiirgk philosophtcal journal. Il n'y a encore qu*ane partie de cette relation pabliçe. .
•
494 AlPPBirlJlCE.
r "* •
f ♦
RELATION
DU CAPITAINE LYON
S ■• .SUR . "
L'AFRIQUE SEPTENTRidNAIJE (i).
IVous avons rendu compte des informations sur
• l'Aftique, obtenues par M. Ritchié, d après ce qu'en a dit le rédacteur dun des' meilleurs journaux pério-
^diques d'Angleterre (2). Depuis que cette partie de
notre ouvrage a été imprimée, et au moment où nous
^ alUons le terminer, le capitaine Lyon,*compagnon de
ce jeune infortuné Ritchie, a publié sa relation. En
finissant , nous devons faire connaître ce qu elle ren-
♦ fejfme relativement à l'objet qui nous occupe.
'. 1— ,,1 J5;-- ;
(i) A Narreaivè of traveU in northem Afi^ta in ikc ytars 1818 . 1819 and i8ao, etc. , in-4% London , z8ao. (a) Voye£ ci-dessus, p. 1 55 k i65.
* *
•
• • • . ^
M. iyon a voyagé ju^u aux extrémités niéridio^ nales du Fezzan^ qiii finit de ce côté à Tegerry; ce lieu, qmi est presqtie som le viilgmquàtrièine Aegré de latitude, est beàriicoup pluir au sud que ne le^plaçait le majoF.Rennell, et ne doit pas être confondu, comme • ^ -^ je Tai fait précédemm^t (i)^ avee Tcugari^ qui ,esj ' é * le Tegheréiri de notre itinéraire de Tripoli à Cçcàc" nah par le cheyl Hag-Cassem. Au nord de Mour^ ^ «
zouky la latitude que nous avons assignée à Sochnah{^\ se trouve^confinnée par une observation asti'ononlique* ^
de M. Ritchie (3), et par la route qii'il a parcourue ' **
avec M. Lyon :/seuIement , la chaîne ^ des Montages ♦ #
noire'Sy ï^v- Montagnes de Soudah^ 'e$;t a« sud et non au . • '
nord dé cette ville. Une autre ville importante du Fez- •
zan est Gatràne^ entre Hdourzouk et Tegerrjr : GoM-one et * »
Tegerry sont les* deux villes -de Catrone et de Tegerty^y " des cartes de Delisle et de d'Anville;*'et lé prerûiel' . *^
géographe a aussi au sud le royaume de Gïbadou^ qui est nommé Tibedou sur - la carte de d*Anville ; c'est le pays des Tibbous deRennell et de nos darte& mo- . ♦
dernes. Enfin , au sud de Gibelou , Delisle , mieux instruit que d'Anville', {^lace les Touargues^ qui ?ont *^ les Touaricks des cartes modernes. A l'est de Mour^ ^uk est Zuela. A Touest de la .ville de Sebha est une
-(*) ^070 ci-déssQs , p. 3x1. . [%) Gi-deMoa, p. 3a3.
(3) II la ûxe k 29 deg. 5 mm. 36 otc. Voye« Captain J^on\ Narrative , 1^. 3#/-
^-
»
** ^
496 , APPENBIGl^ •
réunion àe Wade/s ou de ^léesfertues, formées par ks Uts deiséchés d^s torrents (i). Ces vallées .font pa- » rallèles )fts unes au^i^ ^utres ; à re«.trémitë d^ l'une d*eUes ou du fVad^^GhroMbjr^ est Glurma , VancienDc capitale <ffi Fezzan. Renuell place Gherma du JFeZ' zan au sud-est de^ Mourzouk^ tandis *qu%lle est au noadouest de cette ville, et sur la route suivie par les caravanes qui'^.se rendit k TouateVk Timbouctou. Ce pays' gémissant sous le d^dtisme cruel def Mukni, paratl^ trèai^déchu. La c^îtale, Mourzouky i|e^ ren- ferme au' plus que deux *niille cinq cents habitants , qui soïkl noirs. O9 considère le Fezsmn comme une oasis «t par conséquent comtne^ très«*fertile : c est au con- tV^ire une contrée sablonneuse , stérile f qui n^ dift'ère un peiir du reste du désert que llgns le voisinage des villes , où l'on cultive ^vec peine .cpielques dattes et qitelquBs palmiers. II. opt brûlant ert f'te , et froid en hiver. Pendant le séjour de M. Lyon , le a janvier, le thermomètre ^ y descendit à deux de- grés trente minutes au-dessous de zér» (échelle de Réauraur). Aussi, selon M. Lyon, les pigeons émi- grent du Fezzaa en octobre* et en novembre , ^ se rendent ^ans Kawar^ le Biima et le Borgou, Le Fezzaii est habité par des nations'' diftérentes, qui se mêlent peu entre elles. Indépendamment des arabes et des
(i J Capt. Lyouft* Narrative, p. 3oo. Ces Wadey sont aa nombre 4e trois, savoir, El-Schirghi , Ei-Jgraal et El'Ghrarbi : ils renferiheat chacun plasienrs ailles oa villages.
^ ♦ • /
APPENDICE. 497
Fezzaniens proprement dits , on trouve à Gatrone des Tibboas^ et à Sokruitràe^ Touanks qui parlent un langage que leurs Voisins, de Houn et de IVadan^ ne comprennent pas. Les Touariks nomment eux-mêmes leur langage Ertaiia; et il pai:aît que c'<pst le même dialecte quelle ^erber, si répandu au. niprd du Mont- Atlas. Mourzi^ukestj selon "M.Lyon, à vingt-cinq de- grés cinquante -quatre minutes de latitude nord, et à treize degrés trénj;e - (leux minutes de longitude à Torient de jParis (r). ^ ^
. Une des parties les plus curieuises de 1» relation de M. lijon , est celle où il nous fait <;onDatti:e une ville et une contrée nommée (îAraaf jusqu'ici ^inconnue aux géographes, du moins sous ce nom. Ghraaf est une ' ville .murée, qui a. des maisons en pierpé^ et en pisé; ^le est à cinq journées de route de Gdnat^ à sept journées au sud-oùest de Sebhâ dans le Fezzan , à dix journées de Mourzouk^ à vingt journées au sud* est de Ghadaniesy et aussi à vingt journées de Toi^at. A six milles de Ghraat est une autre ville murée, nommée EUBerkaaty célèbre par l'abondance et la beanité des raisins que ses environs produisent. Le» habitants de Ghraat^ se nomment Ghrâtia ; ils sont Touariks : ils font un commerce, régulier avec . k Soudan , et sont très-riches. Il y a chez eux , au prin- temps , une foire générale ; ceux de Ghadames y ap- portent des épées, des fusils, des pierres à fusil, du
(i) Lyoa*8 Narrative, p« 375.
■ Sa
498 APlPElfDICE.
{)loiâb à tirer, de la poudre et quelques vétenfients ; ceux 4u Soudan , des esclaves , de Vor, des étoffes de coton, des peaux, des fourreaux depée , des poi- gnards, des outres en cuir, d^s noix de Gourou t les » marchands du Fezzan y transportent diverses mar- chandises d'Egypte et de Tripoli. •
De Tegerrjr à Textréniité sud du Fezzan jusqu'à Sibfut^ grande ville et capitale du pays de ce nom) on compte dix-huit journées de huit à neuf heures de marche; on ^asse par El^Haat, Mischràu, TenÂa^ Ëi'fffatay'El-ff^arry El-Hammer, Mqffrus, ZAai,
• El-Mara, tiatcsk^el^Domiy Ouguira qui est une grande ville de JCaH'ar, habitée aussi par les Tibbous;
* Kesbi autre ville considérable^ Dirki^ qu'on dit être encore* une grande ville , laquelle n\BSt qu'à deux jour- nées àeSitma, Tout ce pays de Bilma eit en blanc srA nos cartes, et figure comme un désert : il est au con- trahre très-peuplé. M. Lyon n'a vu personne qui con- ntit les lacs salés de Dombou qu'indiquent nos cartes; m'aià on lui a beaucoup parlé du sel que Von tire d^un grand lâc nommé A^ram'y à quatre journées à fouest-sud-oùest de Bilma* Il est probable que ce lac est le même que celui de Dombou^ sous un autre nom. Tibesfy-, au sud dju Fezzan, est sur là route de ^adejr^ route qui se dirige à Test de celle de Sornou (i).
Selon les informations prises pat* M. Lyon , le Sor^ nou est à quarante journées de marche, ou à sept
(1) Lyon*» Narrative^ p. 343 « a 45.
etnts mifies, du Fezzan, l\ e%i borné à Test par le Ba^hetnd^ au fioid pAr Kanerny à loujest par Kcmo ou Céuio. On ne s^^acoorde pas bien suir ce qui ooncertie la capital^ de ce pays, nommée Bîrftie^ Djididy ou \à NouveUe-Bimiey pour la di^nguer dé Birnie^Djidîm^ ou la FieUie''Birme. Ces deux villes 5<H)t à cinq journées de distance de Xe^ à Touest; la ftTière de Tzad ou TVc^i^a^^ coule près de Tune et de FautKe. (Bette rivière ^ du gud»ouest au nord-e^t (i);. eHe est fort large, «t traverse ie Uarfowr : après avf^r passé Bima , tile se «lomme Gamtarro et Nil. O autres Avabes ont assuré que le T&cKad éta^; uq kftmense lac pendant la saî^aa des plmes, et que, pen^nt la sai-- •son sèdie, il ne reste ^quune petite rivière, qui s^^-' jrigede f ouest et'^ouie à T^t. Le Tschad, api^ès avoir traversé le .AiA-/<P2^r^ se rend, dit*on , en Ëgj^e. ^
iStot^est un grand kc, plein; de poîssoiis^que l'on sèche, et. que Xou envoie k une .grande dis* tance. On p a pas qaD|iaisi$aiice qu'attcu]i|er rivière cofmnunique . avec ce ke. l^&.T^mi^BengoUy dan# les montagne^de Të&^^^pfès.du FezzaUy on se read à W^sera ou Ouam^ oxfktûe «de ff^adeyy^ lieu;.d» la^ré&ide^oe d un suittQEi. Ce traj^ est ^de qiûnze jour» Bées. Gb» marche d')abord«u.&ud-sud^iest j^usqu au pusis
(i) Lyoii*« JKbmirzVe, p. ^ iTVi si^. C«lte ^ficectioB donuce iel an Tzad e»t contraire â ce que disent d^autres relations , qui le font «oâler da nord-ouest jin snd-est : et «i le Tzââ est 4e Oambaro», il ne doit pas couler à Test ; mats nous rapportons fidèlement ce que dît ■ Vanlenr. Voyex ci-après p. So»).
•ia.
SOO APP£NDI££.
de Kkarma, en passant par Kermedjr, Bôkalda et Bouchaehiniy où il y a un grand lac pendant la saisoK des pluies. De Khatma on se dirige droit au &udrest par SobboUy qui est une Ville àe.Tibbou; et ensuite par Emharadju ef Kermedjr^ qui sont des villes de Wadey^lVara n'est qu'à deux journées de Kermedy^
Wura est à cinq ou six journées de marche^ au sud du Uc Fittri; à cinq jours de Moudago^ au sud- ouest; à sep^ de jBahr-'el'Ghazel^ au nord -ouest; à six, sept ou huit jours de Kcuigha^ au sud-oue«t. Moudago est. le ndm d'une, très -haute montagiiey composée de pierres noires. RattaU est à Xxxt consi- «déré 'comme une rivière ; e est ^ comns^ le Bahr^el^ Ghazely un immense <orrent desséché , qui en est à cinq journées de (HsCance , et qui s y trouvait i:éuni« Battaii n'en conserve pas moins le nom de Bahr, Tous les esclaves qu'on apporte de Wad^ lîennent de Kouka qu Kaougha, de Kolaj Tama^ njounga, et d'autres petits <^tats du voisinage (i).
Pe Bimie à Bagkçi^ni on compte dix jouBi» de «arche ; Loggan , ville de Bornou , estji moitié «he-^ iDÎn y et «on traverse le Tsokad sur cette route. Au nord de Bornou sont les divearses tribus de Tibbous , i^ommées Wandela ^ Gùnda et Traka : elles sont idolâtres et nomades.
A l'est de Bornou , et près de Baghennî^ est une contrée nommée Mandra ^ tributaire de BçrnoB. . I^e
(i) hyotk"* l^arrativc f p. a 3-1.
APPENDICE. Soi
peuple de Wadey apportait du poisson desséché à ^ar^, leur capitale; et Ton pèche ce poisson dans une grande rivière à l'est de Baghermi (i).
Voici, d'après les renseignement* pris par M. Lyon*, les distances de diverses contrées relativement à Birnie- Djidid : de cette capitale du Bornôu à Baghermi^ à Test-sud-est , on compte dix journées ; à iifa<72/^ capitale de Kanem^SLU nord -nord -est, quinze journées; à Kano , à l'ouest , dix journées ^ ^ Kouka , au sud-^t , * quinze journées ; à Kattagoum^ à Touest-sud-ouest , quatre journées ; à Ringherriy à l'ouest -sud - oueSt , neuf journées ; à ifcAai'Arow , à l'ouest, deux jouiftiées; à Kaouary au nord -est, dix journées f k' BUmay au nord-est, quinze journées; à Makdri ^ à l'ej^t-sud-est , huit journées; à Ongoumouy au sud -est, qtfôttôrze journées 5 à Zegzeg^ au «ud-ouest, quinze journées; kZàkarij à l'oueit, huit journées; à Wadeyy\ l'est, seize journées ; à Bahr^el^Ghazel , dans sa partie mé- ridionale à l'est-nord-est, dix journées ; à Gachenah, à l'ouest, seize journées ;'à Mourzouhy au nord, qua- rai^ journées (12),
A Kattagoamy selon ce qui a été dit à M. Lyon, est ui^e rivière, appelée le Nil par les natifs , qui coule au nord*est, et traverse la route de Bûrnou à Cache- nah : elle est considérable, et a, comme le Nil^ des inondations périodiques. Mais comme Kattagount
(t) Lyou's N^itrative^^. i5i.
(a) Lyon*» AarrflftVe , ]p. laô «t 127,"
5oa APPEITDICt.
ii*e3t qu'à quatre jouniées de la capitale du Bornau , il nous semble que cette ririère doit être la même que celle dont il a été questiôtt préeédemment scnis le nom de Tschad%
Ongornou^ qui est peut-être -le Wangasra des au- teurs arabes , n*est qu a une journée de marche de fCouka. Ce pays , habité par des Mabométans , est tributaire de Bomou ; la riTÎère qui le trarerse, cotde ' vers Test. Ce pays paraît bien être évidemment le même que YOungourou ou Ougourra de la carte et des itinéraires de M. Bowdich (i); mais i! est placé par te voyageur à louest, et non au sud-est de Bor^, nou y comme l'indique M. Lyon.
Le Bahr^el'^Ghazel est un immense wadey^ ou vallée formée par des rivières ou torrents desséchés , rempli de forêts, d éléphants, de rhinocéros^ de lions et autï'es bêtes sauvages. On y trouve aussi la girafife dominée djimel aîlah , ou chameau de Dieu, par l«s Arabes. Ce pays est habité par des tribus de Nègres idtdâtres, ou du moins Cafres, c'est-à^ire qu'ib ne croient pas à Mahomet. Ils parlent un arabe çar<- rompu; tnais ils ont aussi un ou deux dialectes qui 4ëur sont partÎGuliers.
Le sultan de Bornoù paraît être actueUement sous la. dépendance d'un de ses vassaux, le cheyk de Kanenty qui réside à Maou, A un jour de marche de
(z,) Bowdich' s Jlfûiion to Ashemtee^ p. 4^3. ^—Ihid.y An Esstry •n Geographf of north-western jéfiiea\ p. 17 » «i Map of nortk- western A frica ^ iSao. ^
«APPEICDICE. 5o3
cette dernière ville est une grande rivière , qui coule du sud-ouest au uord^est. Le peuple de Kançm la nomme Yaou; mais les marchands lui donnent le nom de Nil (i). Il est probable que cette rivière est encore le Tschadj ou la .rivière de Bornoa. Mukni, le sultan de Fezum^^t une excursion dau^ le Kanem, et emmena dix-huit cents esclaves.
M. Lyon a donné un itinéraire détaillé de Mour^ zouk à C(ichenah. Il y a cinquante-six jours de mar- che, à vingt milles par jour: ce sont probablement des milles anglais. Aghad^z est plus grand (|ue Mowr zaaA:; les, maisons y sont de même cp^struites'^en terre. Oîi compte trente - six jours de . majche de Mourzouk à Aghadei^y en été, et quarante -cinq en hiver. De Ghraat à Jghofh^ il y a trente journées de marche en été, et trente-cinq ou quarante, en hiver, Aghadez- egt habité par des Touc^riks de la tribu de Keilem. Ils sont mahométans, et forment un état indépendant.
Cachenah est à vingt JQurs de mi^rche 4i^. Noijfi. Les villes ou pays qu'on rencontre sur cette route,' sont : Yandekka yDo^gfroumaki ^ Zqurmiy trè^-gr^nide ville ; Fcumchi ou Ztmfara^ DouJfa^MafQrd^ Thor lata^ N^ma^ Ba^oura ^ Gandi^ Bçmm^Dangçda ; Sakkatou, grande ville, habitée par des Fellata; Mif- feradaa^ {7).0xL traverse ensuite encore d'autres villes,
(r) Caj^. Lyon's iV(«r/wii»« , p. 129.
(a) Cette ronte a été foomio par Vaml d^Hornemann (p. x33);
\
5o4 APPENDICE.»
avant d'arriver à Noufiy qui est sur les bords du Nil y c'est-à-dire du Quolla ou Niger. La capitale de Noufi se «omme Bakkani. C'est dans cette ville, et dans la maison d'un nommé Ali-el-Felatni , qu'Hor- nemann a succombé à la maladie. Son projet était de se rendre par le Dagivumba au pays des Asckantisy qui n'est qu'à quarante journées de marche de Noufi. On dit fc[u'il existe un commerce régulier entre ceux de Noufi et les blancs qui habitent les côtes de la grande mer ; et un de ceux qui ont donné des ren- seignements à M. Lyon ,, Tassnra même qu a Noufi il y avait un ou deux habitants qui entendaient le lan- gage des blancs.' Il ne vit aucune rivière entré Kano et Zeg'^'Zeg; et ce pays est à sec, même en hiver ; mais en été le sol est couvert d'eau dans plusieurs en- droits, ce qui donne à toute la contrée l'apparence d'un grand lac: cette eau, suivant l'informateur de M. Lyon \ était formante, et provenait, à ce qu'il croyait, du Nil de Cnchenah. Il resta à Zeg^Zeg jusqu^à ce que rinondatioH eut cessé, et conclut pendant ce temps des marchés avantageux 5 car, pour sept aunes de drap rouge, il eut sept femmes. Il en aiôntra trois à M. Lyon; ddes étaient grandes, jeunes et bdles, et avaient été prises à YagoOba. "
nais , ^elqaes pages après (p. 140), M. Lyon en donae iiii« anire, également à roae^t , qni se termine à 5'aiAatou, passe. par Cttch^nmh . Zowmna , Jfalawa , GaJçjra , Karari e| Tekamourafa. (i) Lyon's Nqrraûf€t p. i5j '
APPENDICE. 5ô5 •
Entre iVloj^ et le pays des Ascheintis,^ les mar- chands traversent un pays nommé Gonja: -près de Dagomba , on * trouve des. montagiles , mais elles rie portent pas le nom de Kong,
Un nommé Moustapha, fils d*un mamelouk qui s était enfui au Soudan , a dit à M. Lyon qu'il y avait trois rivières qui coulaient près àe Cachenah. Il croit que toutes se dirigent de Test à l'ouest , sans «cepen- dant en être bien certain. La plus petite est celle de Ringheni^ qui est à sept journées de distance de Ca^ chenah^ du côté de Test. Quelques pages après, cepen- dant, M. Lyon nous dit au contraire que la ville et^la ^ rivière de Ringhem sont à trois journées au nord , et qu'on passe, pour s'y rendre, à Gajzaa et kZ^f^ari (i). A une journée 'à Test de cette rivière e$| une ville appelée Sankarà. La seconde rivière du C0ehenç,h , nôvamè^Doudrou^ est à six journjées de martîheau sud de Cachenah, La grande ri'vière, qui $e nomme* A*^- tago^m^ en est à dix journées au sudrest. Cette rivière est en tout tempsr fort lAx^e, et, comme le Nil d'Egypte, elle est Mjette à des inonderions ^périodiques. En effet , bientôt appès ,' M. Lyon^ noHS appreiul que la rivièFe Kattagoum e^t nommée Goidbi ou iV/7, c'est-à-dire qtie c'est le Jolibm^ où le Nigir, oii.le Çuoiié^ : dans cet eildroit il sfpu^^ qu'elle coulé à treize journées au sud^ de Cachenah , et elle tourne
. 5o6 APPENDICE.
eosaite au nord<-est (i). Ailleurs M. Lyon répète ce qui a déjà été dit, que Goulbi ou JoUba , en langage du Soudan j est un terme générique pour signifier un grand yolume d'eau (2); et il dit plus loin (3): « Les mots Nil , Gonibi^ Kattagoum , désignent le même fleuve. Ce fleuve coule de TimboUctou^ à tra- vers le pays de Mellij dans la contrée habitée par les Fellata; de là il coule à Kebti, qui est à trois jours au nord de Noufi: au-delà de ce pays ou de oette ville , il coule à Yaour^ qui est à sept journées à Test; de là à Fendéhy autre pays habité par des F^laUtjÇpÀ est au sud-ouest àkiMachenah. Il traverse ce dernier royaume à treize journées au sud de sa capitale ; il reparait ensuite à Kattagoum , à quatre journées à Touest-sud-ouest de la capitale de Barnou^ où il CQiile dans un lac nommé Tschad* Au-delà de ce lac une grande rivière traverse le Baghermij on rappelle Gamèarro, et Kftmadakou,on NU{^),On ne sait rien du Nil au «-delà ; mais on s accorde à dire que ce fleuve joint le Nil d'£gypte au sud de Oon-- gola, » Quant à JVangara ou Oiiangarai\\ est impos- sible y selon M. . Lyon , d*obt#nir des renseigaernents certains sur ce pays, el de s assurer même s*il existe; 'on croit néanmoins généralement que ce nom désigne un pays dont le soliest bas et souvent inondé* Quel- ques-uns placent ce pays à vingt journées au sud de
(i) Ijyoïtk'êNartxUÎve^.^. 14». — (a),l6id,j^ i45. — (3)Mid.y p*. x4S; < — (4) Précédemment' (voyes çî-deM», pagt 499) TaQlenr dît qae le Gamharro est U même rivière que le Tzad, ,
APPENDICE. 5o7
IHmbouctou; d'autres le mettent au sud de Cachenahy et quelques-uns même au-delà de fFadey (i). Le lecteur aura remarque les noms de Gambarro et de Kamadakou ou Koumoudou, déjà connus pour dési- gner un fleuve p^ Delisle et par M. Bowdich ; mais , selon ces renseignements, le Gambarou coulerait à l'est, cpmme l'indiquait M. Bowdich dans son voyage., Alors ce Gambarro serait différent du Gambarou qui coule près de Timbouctou et a son cours v^rs Touest. Tout porte à croire qae Gambaro}^^ comme Kama* flakou^ nest pas mn nom, mai» un mot qui signifie fleuve ou rivière.
La ville de Binghem est à une journée de Gonja ; et Gonja n'est qu a trois journées de Kattagoum. Ce Gonga paraît élre File de Gongou d'Inhammed et Ben-Ali (a), qui est, selon leur information, une île sur le NU^el^KibiTy ou le grand NU des Nègres , à cent milles au sud de Cack^ifxah : ce serait aussi^ le Gonjeh de la carte de M. Bowdich , et le lieu où l'on . traverse le QuoUa pour se rendre, du Malioç^a dans le Sarem^ ou du Soudan sur la,(7o/e-^W (3). Il résul- ■ r; I , ,» . , M t ■ ■
(i) &dji-Hamed a donné d'aatres reAieigaernents i*^. Rhchie ; et ceaz*U 8*a€cor4ent avec les aatenn afabe$.
(2) Praceedings of tha association t tXc. ^ tom.I, p. xa4.
(3) Bowdich'a Map of north'western Africa and mission to Ashaniee, p. a 10. Peut-être le Goundjeh da Tripoli tain qui a donné k M. Yen* tare l'itiaéraire dn FelimiH , est-il le Oàngak de fil Ly^n , le QoMgou de BettrAU, 1« Gonjth de H.Sowdîcb^ anlioa d^èttie, «ovnm |e l'ai supposé' p.* 3^5 y le Congé de J)«Ilrie, le Carnée de d*Anvilfe, «t le Kot^ des aniears postérieurs. r
5o8 ÀPPÉTTDICB.
ferait de ceci que Rùigkem ne serait qu'une branche du Kattagoum ou du NU des Nègres , ou une petite rivière qui se verse dans ce fleuve près de l'île Gonjeh, On trouve encore une autre rivière, nommée Ring- hem j AU. nord de Cachenah^ en passant par Gaj-zaa et Zakari. Ce nom de Rùighem signifie peut-être rmere dans quelques-unes des langues de ce pays.
En allant de Caehenak au Bornou^ on se dirige vers r^st; et l'on passe par Sctbongari^ Roma, Boscki, 'et Kano. A Test «fe la ville de Kattagojujn sont , à peu de distance, les villes Gizzra et à'Ibrakùn''Zui&o; et non loin de cette dernière ville, au nord, sont Dowra et Kalawa; puis, à Test de Kalawa^ Btyrankalawa et ' Demitro. A trois journées de distance à louest de k ville de Sàkatou^ est la ville de Gouberr^ habitée par des Fellata , qui paraît être la capitale du Gouher de Léon l'Africain -, du Goubirri de Delisle et de M. Bowdiçh.
Maradi est un pays situé entre Cachenah et Gou" berry dont les habitants sont cafres ou non^^croyants, et vont presque nus. Il a été presque dépeuplé par les incursions des Felta^a.
Cachenah ^st à cinq ou six journées de distance , à Test , de Zanfarak.
A trois journées de marche au nord-est'dc Cache* nah est un pays (non pas une vitte) nominé Daoura^ dont les habitants sont cafres -ou non croyants, et continudkaieQt attaqués et réduits en esclavage par les FeUata, Kebbiest à trois journées au nord-est de Bakani^ la principale ville de Notifi. Kouka ou Cauga est à treijte journées k l'est de Cachennh^ en inclinant
• * APPENDICE. 5o9
Ters le sud. Z^gzeg ( mentionné par Léon F Africain et d'autres auteurs) est à quatre ou cinq jouriîées au - sud-ouest de Çackenah, Remarquons en passant que Zegzeg sur la carte de d'Anville , et Zaczaa sur celle dé Delisle , sont au oentraire à Test de Cassine ou Ca^ c/ienah. * . ^
Yagouha^ s^n M. Lyon, est à six journées au sud de Çackenah, Yagouba est finnitrophe de Yemypn , le Lamlam d'Edrisi (i) et^ de nos cartes. Ce pays, qui est à six journées^ au sud de Zegzfg^ est habité par des peuples idolâtres et cannibales. En général toutes les nations qui sont au sud des fleuves qui arrosent ' le Soudan y sont dépeintes comme vivant dans Tétat de naUxre^ et plus semblables à des bétes férooes qu a'^ • des hommes (a);
Il y a quatre-vingt-dix journées de route de Moiur* zouk à Tirnkouctou ; on passe par Touat, On a dit à M. Lyon que Tafiiet était à dix journées au nord- ouest ;de Touat ; md\s y û ce n'est pas ^ne erreur, ceci ne pourrait s'entendre que des ^ froBgtières des deux pays. Selon les renseignements qui ont été don- nés par des nmrchan4s à notre voyageur^ on aurait . beaucoup exagéné l'importance de TimioucUfU. Plu- sieurs même assurent que cette ville si célèbre n'est pas pkis grande ^ue Mourzofik. Elle est entourée de xn^rs 'y mais les maisons $ont basses .et bâties irrégu- lièrement, 4 Texceptlon d'une ou *deux petites rues.
' ' ' > if ■■■** ■ " ■ ' ■ ' ' ' ' — ■
(i)*HartiiKmii, J?</rm^//ott, p. S6, ''(a) Lyopi's Ifqrrativef p. 13.9. . ,
5fO APPENDICE.
Quand H arrive de nombreuses caravanes , on bâtit des cabanes à la hâte ; et la population ordinaire de la Fille se trouve 'augmentée de dix à quinze mille âmes (i). Delà viennent les récits exagéfés quon fiûi sm* la grandeur de cette ville et*sa nombreuse popu- lation. Nous remarquerons que ces renseignements jdoivent paraître bien suspects y s^il ipgt vrai , comme rassure quelque part Mungo-Pai'k , que Sansandrng^ une des villes du Bambarra où il s'est embarqué, renferme onze niiHe liabitants , et que Sego «n con- tienne trente miHe.
M. Lyon donne ensuite la distance de plnsieun lieiix relativement à Timbcuctou. KaBra , son port , en est à douze miHes ; c'est plutôt un rassemblement de magasins qu'une ville. De grands bateatix, qui viennent de Djenniy Chargés de marchandises , les déchargent à Kabra. La rivière dans ce heu ^st très- large, tîoule lentement et vient de Fouest. Dans la saison sèche , un chameau ]^t la passer à f^jué^ mais, après les .pluies , elle devient profonde , rapide et dan* gereuSQ. Dfenni est^ dit -on, le lieu d'oa vient l'or; et, par cette raison. Ton nomme ce* pays BUd^^dr TiMr^ an I^l Contrée de For. A une 'Journée et demie à l'est de Tïmbouctou est une grande ville , ou un district^ qu'on nomme Downa. Aro^ati est une autre tîDe importante, à sept journées au nord de Tm» boucton, La ville 9iEzawen^ qui est aussi fort grande »
<i) Lyon's Narrative y p. t/|5.
j
i
APPENDICÇ. Slî
en est éloignée dcTifigt journées de marche^vers lest, Taudennjr ou Tavudermyy d où viennent les grandes ,caratanes, qui apportent annuellement du sel à Tïm- bouctou, én^est âoigné de vingt-quatre journées vers le nord. Tekmsen est à moitié chemin de cette route ; on traversé pour y arriver un désert , où Ton est dix jours sans trouirer d'eau , et qu'on homme pour cette raison Adckireà, Mabrouk e3t à trois journées au nord de ce lieu , à dix au and de Taoudennf^ à dix jours à Test diArowan^ à di^-huit jours au sud dUjivQlef^ diass le pays de T<mat. Sakt est sur le Nil^ k trois jo«LrtîéeA à l'est d« Tïim-
Au-dcfe tte TimbamatoU est, dit -on , une contrée
d'où Ion tire beaucoup d'or, et dont ,les liabitaolis ne
soht pas visibles. On ne trafique avec eux que k nuit.
CVst pendant là nuit qu'on dépose da[hs des lieux
; partictiliers les marchandises qu'on veut vendra^ et
le tttatîn on trouve qu'elles ont été "emportées^ et
rcïpplôrcéc» pa* l'or qui en est Ic^rix (t): ,
D'après les informations qui om été années à
; M.Lyon, tiaûmsti ne serait point un nom de v^^mais
' de pays : les nt>ms de Haoussuy A'A/kou ou ée^Scadàn^
j sont syttonymes,et renferment toute»l'é|endue de parys
; comprise entre Knno^ qui e« k quatre journées à.r«st
; àeCachenah^ et les i'rontières de Timfi&iihtou. Le nom
^^ général de /Ttzou^^a ne s'applique qu'au pays arrosé par.
(i) tyofc's Narrative f p. 149.
' 5ia * APPENDICE.
le graiid fleuve, et s*étend beaucoup de Fe^ à louest, et fort peu du ^ud au nord : car Aghadesy qui est au nord de Ctichenah^ n*est phis du Soudan; et Yemjremy au sud, nen fait pas non plus partie. Cette détermin^âition de limites xentre dans celle que M. Bow- dich donne à MaUo\pa 4an$ sa dernière cslrte.
Soudan est un mot arabe, qui signifie le Pays des noirs; on le remplace aussi par les mots Ber^eUAbià^ ou Terre des esclaves. Dans le langage ^Haoussa^ le mo^ gari signifie contrée (i).
Les Touariks sont presque toujours en guerre aveé les peuples du Soudan , et emmènent de ce pays une grande quantité d'esclaves. Les femmes du Sou* dan sont renommées par leur talent poui^ le chant: elles sont mieux partagées , 'sous le ra|)port de la beauté, que celles de Bornou* Outre les esclaves, on apporte, du Soudan à Mourzouk de IW, dont le sultan acHiel cherche à empêcher Texportation ; diverses étoffes en coton; des peaux de brebis et de chèvres j maroquioiées et teintes en jaune, en ^ooge et en noir.
Ainsi que, nous lavons dit, M. Lyon donne un
itinéraire de Mourzouk à Cachenah, dans le Soudan:
il est nécessaire A de le faire connaître pour quon
puisse le 'comparer au nôtre, jet avec celui de la
' Société airicaitïe rapporté précédemment (2).
(i) Lyon's Narrative, p. j5o.
- (2) Voyee ci-dq^sot, p. 3174 Proeeedings, p. ^163 et. x04 ; et
Kriiu's Afrika , t. V, p. a«x. *;
APPENDICE. 5l3
Itinéraire de Mourzouk a* Cachenah.
LA ROUTE SE DIRIGE AU SUD-SUD-OUESÏ.
. ♦
NoBss àtt lieaz. Nombre dés joaméet
parcourue».
• Mourzou]^:. o
Akraf , . . • , ï4
Felezlis , • , 4
Tadent .' , ., 4
Assioju ,.;.... €
Tradjit ,. 4
Siloufia f ' 2.
Agh^dès > •^» . • %
Begzam^ ••.•••••,••..• 3
Ghroulghiwa .....,, 3
Tagama. . • *..»•... 7
Cstchenab. .•;.•.. • . • . . 7
56 joum. cle march.(i)
Cacftenah e$t .9;€tueUcfnent sousla dépendance de Bello, fils du célèbre^ chef feU^ Hatmaa Danfodio, qui réside à Sakkatou^ Le gouvierneuf actuel de Ça- chAnah %% ucnnme MellonaAùhanfuDeladgi^. Il prend
(i) Lf on*» Narrtktifte^ p. z3i. M* Lyon «itive le trajet de la josmée à vingt milles par jour ; il entend des milles «n^lais , «e ^ni fiiit na {len plus d«' dix-sept ioilles géographiques.
• . 33 .
5j4 appendice.
le titre de sultan en l'absence de son maître : sa fa-
mille consiste en deux cents négresses^ et en un
nombre égal d*eniants qu'il a eus de ces mêmes
n^resses.
Dans ce qae dit M. Lyon du pays de ^huatyhaibhé par lep Touariksj et d'jH'n'el^Salah (la Fontaine de tous les Saints), un de leurs principaux lieux, jai remarqué , avec une satisfaction infinie , l'accord des renseignements qu'il nous fournit, avec ma carte, dressée bien avant que sôh voyage fiit imprimé, et même avant qu'il fat de retour en Europe. En effet M. Lyon nous donne, entre Touat et Mourzouk^ un itinéraire détaillé , d'ôii il résulte qu'il y a entre ces deux lieux trente-neuf journées et demie de rpute; ce qui , selon notre évaluation de joutnée à raison de quinze ihiUes géographiques , présente un total de six cent cinq milite géographiques. Notre caifte en ligne droite donne ènvitôn cinq cent quarante' milles ; anais,^ comme la route passe par Oubari^ ou l'ancienne Germa ^ et qu'il faut remonter jusqu'à Sebha^ au n«rd dm Mourzouk y avant de se diriger droit à travers le désert jusquà Aïn^el^Salahj où est le •pays des Touariks^ ce qui consomme trois jours , il en résulte qu'îl n'y a plus que trente-six journées de ï-outc, où cinq cent quarante milles ,* en tr« Oubari^ ou l'anciei^ne Gherma^ ou Touat; ce qui s'accorde juste avec notre carte , sur laquelle on pourrait tra- cer , "sans y rien déranger , ritinérâire qu'a donné M. Lyon; c'est ce ^jui nous engage à Iç transcrire 4cL . •
APPETTDICE.
6l5
Itinéraire de Mourzouk au pays des
TOUATS.
Noms des lieux. Nombre des joamées.
/ Mourzouk o
Pans le Tessowa, ville avec un vieux
Fezzan <;hâteau. .••••• \
^ pubari, . , 2'
Hagki. ••.••.•«••• 2
Kaïbo • • • • • .4
Bengheh • . 6
Doukaraat 2
Tadera ••. 5
' Am^ghi..,., .^ 7
Temadraati. ^ . /. . , 3
^ Houhaned i et demi.
Ounabraghri , 4
, , Âïn-el-SaUh, ville des Touats, 2
39 et demi.
Ainsi cet itinéraire, en confirmant la position d'M/u- tl'Salah^ telle que nous Tavions indiquée, sur notre carte , appuie aussi celle de TafUet , ex les combinai- sons par lesquelles nous sommes parvenui^à déter- miner la position 4^ Timbow^tcm^ but primitif de no$ recherches.
Nous terminerons cette analyse en faisant con? nakre les tei:mes dont les Arabes d'Aliique. se ser- vent pour désigner les différentes natures du sol et
33.
5l6 APPENDICE.
le» différents aspects du Désert. L'ignorance de ces mots peut donner lieu à des erreurs en géographie.
Sahar exprime un désert de sable sans pierre et Sans eau ; Grhoud, des collines de sable stériles , ou n*ayknt que quelques palmiers, et difficiles à fran- chir (i). Sirir'sont des plaines de gravier ou caillou- teuses , dont le sable a été enlevé par les vents ; c'est dan% ce gçnre de désert seulement qu'on trouve des collines de sable, ff^arr ou Ouarr sont des plaines ou des plateaux de montagnes, dont la surface eât inégale et couverte de grosses pierres détachées , qui les rendent difficiles à traverser. Haïtia est un sol qui , par places , est susceptible d'un léger degré dé végétation, et oà l'on aperçoit ça et la quelques buis- sons, ff^ischek sont des plaines ou des collines dé sable, qui portent des dattes sauvages, auxquelles on donne le même nom. Ces sortes de terrains ont pres- que toujours été autrefois ce qu'on appelle des ghraba^ c'est-à-dire des terrains cultivés, dont les palmiers pro- duisent des fruits, mais près desquels il n'y a point de villes , et oh. le propriétaire ne vient que dans la saison des dattes pour faire sa récolté. Les Feizanais se ser- vent du mot dddzira comme synonyme de ghrada, Soubkir sont des plaines de sel, qui sont marécageuses en hiver, et dont la surfoce se dessèche et se perd en été. Wddey désigne liiie vallée arrosée par un ruis- seau ou un torrent, <jui n'existe que pendant Je temps des pluies et où il croît'des buissons; La signification du mo> ^ihel est connue,* et tout le monde sait
APPEITDICjE^ 5l7
que ce mot signifié montagne. Le désert ne s étend pas toujours en plaine ; et les gihel^u montagnes y sont plus fréquentes quon ne le croit communé- ment (i),
(x) M. Lyon*» Narrative, p. 346.
FIN.
TÇAM-E AWALYTIQUE.
519
TABLE ANALYTIQUE
DES MATIÈRES
CONTENUES DANS LES RECHERCHES SUR L'INTÉRIEUR DE L'AFRIQUE SEPTENTRIONALE.
Introduction... PAGE x
Des cartes modernes d*Afriqae. Id.
De celles des XVI* et XVIl* siècles a
Les détails qu'elles préseiltent ponr rintérienr sont erronés. 3
Nécessité de recherches ap- profondies snr ce snjet. . . Id,
On envoie à Facadémie des Inscriptions et Belles*LettreSy nn itinéraire de Tripoli à Timboncton 4
L'Antent est chargé de Texa- miner Id.
M. de Sacy Ini en remet nn antre, traduit de Tarabe. . . 5
M. de la Porte lui en remet nil 3*9 de Tripoli à Cachenah. 6
Divisions des recherches faites à ce snjet , en trois parties. 7
PREMIÈRE PARTIE.
DES PROGRÈS DES DECOUVERTES GEOGRAPHIQUES DÀKS I. IN- TERIEUR DE I.A. PA.RTIE OrCIDElTTÀLE DE L^AFRIQUE
sRPTEirTRioiri.i.E . :'. ,..,.. 9
S I*'. Depuis rînvasion des Mtt' hométans en Jfrique , jus- qu'à la chute de l'empire des Maures en Espagne, ...... 9
Les Arabes enval^îssent l'A- frique ...^....., Id,
Ds pénètrent 4f94 rintérienr. 10 Y établissent des colonies ... 11 Convertissent les Nègres k la
religion de Mahomet xa
Nouveaux états formés dans
l'intérieur de l'Afrique .... 1 3 Fondation de Timboncton ... 14 De l'époque à laquelle le com- merce de rintérienr de l'A- frique a été le plus. Koris-
sant 1 5
S II. Jbepuis Vexpulsion des Maures d'Espagne , jusqu'au commencement du seizième siècle , lors de la publication de l'ouvrage de Léon Vj4fri^
cain 17
Le commerce de l'întérîenr de . l'Afrique attire Tattention . de l'Europe /</,
5ao
TABLE ANALYTIQUE
D*EdrUi 17
Dca coicnographe» da XIY*
8iècl« ^ Id,
Xoyagra d7bn-BatoaCa. . • . . • 19
Voyages des Pôrtagtis 3e
Deroavngede Schqhab-Eddm-
Ahmet. 33
§ III. Depuis ie commence^ ment du Xyj* siècle et la publication de Vouwage de lÀon l'Africain , jusqu'à la formation de la société éta- blie à Londres en 17H8 , j)Our ^s progrès des décou- vertes dans Vintérieurde VA' friqttg 35
De Léon l* Africain. . «^ Id,
RcTolation dans ]e commerce
de TimboQCton , a la fin da
XV* siècle 37
Conquêtes d'Abonbakre - Is-
chi<i 39
Marmol 41
Antoine Dassel recoeijle ét% r^n-
seigif eoîents anrTimbonctoiL 43 Dmits exagérés des richesses
de rinterienr de F Afrique. Id. De ce qn*en a dit Ibn al Onardi Id, U se forme nne compagnie
d'Afrique , sous le règne
d'Elisabeth 44
Voyages de George Thompson. 4 5
— de Jobson 46
Entreprises des Français dans
rintériear de l'Afrique... Id.
Voyage de De Bme 47
Itinéraire donné par De Bme,
mal interprété par d'AnvilJe. 48
Moyens de le rectifier 49
Antres itinéraires de Taipoli à
Tiraboocton , recueillis par ' |
De Brue 5o I
.Voyage de Paul Imbert, de j
Tripoli à Timboncton. ... Si \ Expéditions de Sidi-Alî et de '
Mal«3f bmael a Timbone- tou * 5a-54
Voyages des Anglais A»iis rin- terienr; voyages de Sdbbs, deMoor, de Jobson et Job- Ben-Salomon 54
Voyages des Français dans Tin- térieur de l'Afrique. . . . 56-59
Voyage de Compagnon au
pays de Bambouk 56
de Flandre 5?
— d'Adanson .' . Id.
Société formée pour les dé- couvertes en Afrique, dont d'Anville faisait partie — 58.
Naufrages de Foffie , de San- gnier et de Brisson ^9
Renseiginements obtenus par M. Von IÇinsiedel 60
Yoyage de l^ubanlt a Gàlam , et de Picard à Fouta-Toro . 63
Projet de voyage formé par M. deBoafflers, gouverneur du Sénégal 64
§ IV. Depuis rétablissement de ia société pour les progrès des découvertes en Afrique j jusqiià nos jours Id.
Formation et but de la société formée à Londres en 1788 , pQUr les progrès des décoa- vertes dans Tintérienr de l'Afrique. 65
On cherche k Timiter en France , voyez la note Id.
Voyages de Ledyard. 67
— de Lucas 68
— deMH. Watt et Winter- bottom.. ; . . . . 69
Renseignement donnés à M.
Niebhnr , par Abd-Arrach-
man Aga 70-74
Renseignements donnés à la
sœur de M. Tully, et à M.
de Beanfois , par Scbaabeny. 74
DES Matières.
52 ï
Voyage da major Hough ton . 74 Premier voyage de Mnngo-
Park 75«78
Voyage de M. Browne a a Dar-
Four 78-82
Reoselgnements obtenus eu
Egypte, par M. Hamfltoti. 82
— par M. DenoB ....;... 83 -^ par M. Lapaxioase S4
— par M. Seetsen 84-87
IHs conf radictionç apparvutea
qa^dffrent les témoignages de divers , sur le"" cours da
Niger ........ 84
Voyages de Hornemann, à MouEzonk 87
— de M. NichoUs, aa Ca- labar \. . . . 90
— de Rœntgen , à Mogador 9 1 flenseîgnements donnés par le
chérîf-Hadji-Mohammed.. . 92
— par M. Grcy Jaekflon. . 93 Renseignements donnés par
Badia ou Aly-Bey, d'après
Bouhlal 96
•Second voyage de Mungo- Park 98-X03
Voyage d'Isaac et d'Amadi- Fatonma , à la recherché de Mnngo-Park io3*io4
Voyage du colonel Boutin . . io4
Naufrage du matelot Rohert- Adams , io5-io6
Renseignements sar les rela- tions commerciales, éta- blies entre Haoïjissa et la côte de Bénin 107
Contestés par M. Bowdich. xo8
Renseignements donnés par nn nègre de Timbofictoa , snr la nation de Gallo on Quallo 109
Naufrage de Riley ^, . Id.
Voyages de Sidi-Hamet , dans rintétieur de TAfrique et 4 Timboucton 1 09-1 ai
Navigation du capitaine fnc- key^ sûr le Âeuve 2ayre. i2i
Autres tentatives des Anglais sur la Gambie Id.
Tentatives du gouvernement français, qtfi eùvoîe Aly- Bey en Egypte et M. Mol- lien au Sénégal i22-t&3
Voyage de M. Ritchie àMonr- ïouk i«4
Voyage de M. Bowdich à Conmassie \ 12 7-1 41
Notes sur T Afrique « de M. Robertson 142-146
Voyages de M.Barckhardt. i47-i5o
Voyage de M. Mollien. . i5o-i55
Notions obtenues par M. Rit- chie , à Monrzouk. . . i5S-i64
Expédition du major Gray an Sénégal i65
Itinéraire de Scfaabeeny , on de Chabiny , et fragments sur TAfrique , par M. Jack- s»n 166-173
Limites des connaissanoçs réelles ly^'fjS
Description du désert de Sahara 175-180
Description dn Soudan . 1 8 1- 1 84
DEUXIÈME PARITE.
DES CARTES DE lVvRIQUE RE- X^kTlYEMXST A.n TRACE DES COITTRÉES IffTBRIEtTRKS DE Uk PARTIE SEPTEUTRIOITALE DE CE COirrlHElTT l85
5 I". Des cartes de Vintérieur de V Afrique septçntriohaie^ depuis la publication de la Mappemonde de Rujrseh en 1 5o8 , jusqu'à Ortelius en iS'jo Id.
De la carie de Jean Ruysch dans rédition de Ptolémée, de i5o8 . . . / 187
52!>
TABLE AWALYTIQÙK
De Jean Scot dint le Ptolc-
mée <le iSao 189
Des cartes de Gryneas et de
RarooMO, eni535et enx55o 791 Carte de Forlafti, eif z562. 197
S II. Depuis la publieadon de la première édition de tAt' las ttOnélius en 1570, / «> ^u'à celle de la Mappemonde de Delisle en lyao Id.
De la carte d*Ortéliiis 198
< — de Mercator 201
— de livio Sanato ao3
~— de Sanson 211
— de Jacob Mearsîas ... 2x3
§ III. Depuis la publication de la Mappemonde de Guil' laume Delisle y jusqu'à nos jours 214
De la carte de Delisle 2i5
— de d*Anville 220
De la première carte de Ren- '*
nell , en 1 790 ^29
De la seconde carte de Ren-
nell en 1798 , corrigée en'
1802 233
De la carte d*Arrowsmith, en
1802 239
— de Pnrdj, en 1809 on 1814 240
Des cartes de MM. Lapie et
Braé. 241
De la carte de Morray, en
18x7 >44
— d'Eddy, en 1816 246
Derniers renseignements snr
Timboncton, donnés par
le colonel Fitz-rClarcnce. . 247
THOISIÈMK PARTIE.
AiriXTSE GÉOOaiLPBIQUE DES ITlirEEÀXRBS DE TRIPOLI ▲ TIMBOUCTOtJ ET DE TRIPOLI A CA.CHRirJLH , PAR LE CMETK
XÀGG-C1.SSEM ET PJlS KQ.- HAMIUD^ FILS D*1.LI 24<)
S 1*'. Considémtions prélimi- naires Id.
Inutilité des antears anciens pour le perfectionnement de la géographie de Tinté- rieor de TAfrique. . . 25o-»58
Utilité des itinéraires moder- nes ponreette reclieTch. 258-s6s
S II. Appréciadon de la jour- née de marche des cara- vanes dans les déserts de V Afrique 262»a69
S III. Anafyse géographique de l'itinéraire de Tripoli à Timbouctou , par le cheyk Hagg'Cassem 369
Recherclies ponr fixer la po- sition de Timboncton. ... Id,
Distance de Timboncton à SîUa . 270
Tableau de la position des lieux de Kayi i Ssmi. 272-273 *
Distance deSami à Timbonc- ton 274
Recherches ponr déty^miner la latitude et la longitude de Timboncton 3^5
Position de Gadamès «7 7
Distance de Touat à Tafilet. 278
Analyse géographique de Titi- néraîre d'Achmet - Ibn- Hassan, de Fez à Tafilet. 380
Que la vallée de Tafilet est la même que celfe de Sidjil- messa ^85
Positions de Tafilet, de Touat, d'Agably '286
Snr la position du désert d*HaÏP ^ '. a87
Sur Bouda d*f bn-Batouta ... Id.
Snr l'Ekably de M. Einsiedcl. aSS
PES MATIERES.
5a3
Erreàr 8,9 M. Bran sar Tonat. 288 Fixation de la position de
Timboncton 289
Sur les Tonariks an pied d*A.r
g»Wy 290
Sar le peaple de Terga on
Therdja, deLéonrAfricàin. 29} Sur les Arabes Berbères .... 294
Sur Tatta 295*296
Sur Akka 296
Vérification des distances de
Timboncton à Tatta.... 297
— à MonrKoak Id.
— à Akka. . . i 298
— à Tegazsa 299
Contradictions des antenrs snr
la rivière qui conle près dé .
Timboncton 3oo
Car Tezistencede deax grands flenves dans le Scndan. ... 3oi
$ IV. Ànafyse géographique de Finnéraire de Moham^ med^fils d'Ali ,fiU de Foui. 3o2
Distances de Tripoli à Ga-
damès 3o3
Distance es^re Haonssa et
Timboncton 3o4-3o5
De Tareknah 3o5
Tableau des' positions de
l^itinétaire 3o6
Snr Wanonki on Caoncaon . 307 Snr Tegama et lès habitants blancs da'iis llntéHénr de l'Afrique 3o8
S V. Anafyse géographique de l'itinéraire de Tripoli de Barbarie à la ville de Cachenah Id,
Eonte de Tripoli à Gadamès et de Gadamès an Fezzan . 309
Coïncidence de cet itinéraire aTec celui du major Rennell 3 1 o
Sur la position de Tegbery on Taiwan i . . 3x i-3i 5
Star celle de Tedment on Ta«
dent . • 3x2
Sur Açoudi on Abir on
Asouda 3x3
Snt Ganat 3x6
Snr A|^adez 3x6-32o
Sur Cachenah' 3 1 7-3x9
Sur la distance de Cachenah
à Gondjah 3x9
Sur la route de Tripoli à
Mourzonk 32X-323
Sur Sokna 323
Sur Goundjeh, Kong, Gon-
che ^ 325
§ Y bis. Sur un itinéraire de Oamba à Cachenah , à Bor» nou et à la Mecque* Id.
Observations sur une analyse géographique de cet itiné- raire, par M. Bowdich. 325-33r
Snr Mallowa et $arem. . 33x-335
Sur le Honsa on le Haonssa qui est près de Timbonc- ton 335
Snr Haonssa synonyme de Melly Id
Snr les routes des caravanes dans rintérieur ^e TAfri- que , indiquées par Cada» raosto 336
Des cinq itinéraires trouvés sur la nouvelle carte de M. Bowdich ... ^38-343
Cours du QnoUa y seton M. Bowdich . . .... 343-346
Inii
ites des ,eontlMissantes des anciens dans V intérieur de r Afrique 346
Examen des connaissances d'Eschyle 3/,8
Nom de Mêlas oci Niger donné an Nil. 349
Examen des connaissances
TABLE AlfALTTIQBE
5a4
d*Herodote sur le coors da Nil 35o
Do Toyage des cîoq jeoaes NaMimons 353
Observations sur le système géographiqae d'Hérodote relativement à la partie oc- cideu ule de Tancien M onde 357
Snr les Cynètea et les Celtes d'Hérodote 358
Sur le pays des Garamantes . 36o
Sar Texpédition de Prolé~ inée Evergète 36o-36a
Snr la navigation autour de TAlriqae dans les temps ancieas 56a
Des limites des connaissattces anr rintérieur de 1* Afrique au temps de Strabon. 364-371
— au temps de Pline. 371-3S1
— an temps dePtolémée. 38 1 Expéditions de Septimins
Flaccus et de Julias Ma-
ttrnns '38g
Les limites des connaissances anciennes 'dans l'intérieur de TAfrique ne se sont pas étendues jusque dans le Soudan 391-392
S VII. Résumé t conjectures et condusiom S^ft
Sur lea divers itinéraires qui ont été analysés ^g%
Snr l'utilité qu*on peut re- cueillir de cet ouvrage. .*. 394
Des contradictions qui cmmb' . tent sur le cours du Niger près de Tiiobouct<ni. . 1 . . 3^
Cotfipieot on peut les conci- lier .• 398
De» conjectures qu'on a for- mées sur le courses fleu- ves du Soudan 399
Toutes sont improbables ... Id.
Preuves de cette assertion. 4oo-4o5
Conjectures de l'Auteur. 4o5-4i5 Importances et effets des découvertes dans le Sou- dan 4xa*4i5
APPENDICE GOHTiLirAVT DiYKRS iTiiriRA.iaisqin okt ira AVALTsÉs, ou noire il
À. BTi VÀXT MEKTIOH lïÂMt CET OUTRAOB é ., 417
I. Itinéraife de TripoH de Sar- bariè àda ^iiie de Tombœ- tou , p€tr le eheyk Hagg» Kassem 4^9
Description d« Ctdamès. . . 4^0
Description d' Agably A^l
Déuilt sur lea TooAreks.. . . 4*4 Descriptioa de Tiadbotto- ton ,> 426-4^7
II. Itinéraire de Tripoli à thm- boctOH , par Mohammed ,
fils d'Jfy. fils de Fmtl^ traduit de tarabe par H* U baron ^hestre de facjr. . 4ap
De Haonssa , ville 439
Wanonki , ou Caouoaou »
grande ville 44o
A/non 441
Soudab 44*
Arrivée à Tknboacton 444
III. Itinéraire de Tripoli de Barbarie à la ville de Ca- ckenah,par le cheyk Bmgg" Kassem 445
Descriptioa d*Ahir 448
— Agadès 449
— de CachcBah 4^^
IV. Itinéraire de Gaudja à Haoussa et de Haoussa à la Mecque , traduit de ta~
K rahe 453
DES MATIÈRES.
525
V. Itinéraire éTMhmet^Ibn- Hassan , de Fez à Tafilet. 457
ba flenve Zîz 46 1
De Tafilet 463
VI. Journal d'une expédition faite en i8io , par Sidi
Mohammed - Bejr , contre Soitan , ville de la mon*
tagne de Garian 465
i)e So]taa 46^
Mezdah • . 470
VII. Extrait d'Ibn Haukal. 47^
VIII. Itinéraire d'Hadji Bon- heker ', de Seno - Palel à la Mecque ;..... 477
Dé Jarra. . ; 479
De Sego. ' 480
De Timboactoa 481
De HaoQSsa . . . . ; 483
De Cachenali 484
De Bornoa. 485
Du Djaliba Id,
De Wadaî. 486
De Kouka Id.
De Baghermi Id.
Da DaC'Four 48^
IX. Relation de Scott. ..... 489
De Wad Seyghi ; . . ♦ 490
D'ElGhiblah Id.
D^I-Scbarrag 491
Dn Bahar-Tieb, on Mer d'eau
douce Id.
Du Bahar-el-Kabir, où la
grande mer 49a
Conjecturea Id.
X. Relation du capitaine Lyon
sur l'Afrique septentrionale. 494
Sur T'egcrry. 495
Sur Gherma, rancienne capi- tale du Fezsan 496
De la contrée nommée Ghraat. 497 Route de Tegerry à Bilema . . 498
Sur Bornou et Kanem 499
Sur Tschad , rivière. ..*.... Id.
Sur le lac Fittri 5oo
Route de Birnie à Bagbermi . Id.
Snr Mandra Id*
Sur Wadey 5oi
Sur Kattagoum Id,^
Sur OuDgaouron 5oa
Snr Bahr-el-Ghazel Id.
Snr Yaon, capitale deKanem. 5o3 Itinéraire de Mourzook à Ca-
cbenab * Id,
Sur Nonfi et sa capitale Ba-
kani. k 5o4
Snr la communication de
Notifî avec la mer Id*
Sur Ringbem , Kattagoum , Gambarou , Kamadakou ,
le Joliba , etc.% 5o5-5o7
Sur Gonjeb. ; . 567
Rente de Cachenah au Bor- nou 5o8
Sur Gouber. ; ... ; Id.
Sur Zamfara Id,
Daoura >« Id.
Zegzcg. 5o9
Yemjem et Lamdam. ..*... Id.
Sur Timbouctou Id.
Sur Haoussa, Afnou et Soudan 5 1 x Itinéraire de Mountouk à Ca- chenah 5]3
Itinéraire de Monrzouk au
pays des Tonats 5i 5
Termes arabes poor exprimer les différents aspects dil Désert SiO
FIN DE LA TABLS.
HAOCSSA ,^
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