4 “eh e À ef 6h 9 te AU NÉ à (PLAT PS A ddr Este Foie PEL TT EEE - À ee arte tent ANS ON ET, 4 dm dEe Laforet Le - ee PPS ni Ve L k d £ c969C800 A , Fier é FREE: De CN AN] OINOHO1 40 ALISH3AINN ve: 7h . tite Rien: 7 PAC geé 4 10 th Apnée à ns te doctorat die ae RTE EANS DIN TER, TOUTE NE D MARGE RAS 1er du t EDEN 114: art ads ha L9ZI € FN EU LA en à 1h Urat dre LM} HT" gi » fre Co ” = _. : RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES. ns f ZLirrES nouveaux des cit. BROSSON , GABON et compa- gnie , imp.-lib., rue Pierre-Sarrazin ; n°.6, et place de l'École de Médecine, à Paris. Srozz, Aphorismes sur la connoissance et la curation des fièvres , et Médecine Pratique ; nouvelle traduction française par le professeur Mahon , précédée de l’Eloge de Stoll par Vicq d’Azyr, augmentée des notes du traducteur , et des professeurs Pinel et Baudelocque, de deux tables , l’une analytique , et l’autre des matières. Paris, ano, 4 vol. in-8. br. 15 fr. Bicxar ( XAv.), Recherches physiologiques sur la vie et la mort , seconde édition. Paris , an 10 , in-8. br. & fr. 5o c. Bricaar(Xav.), Anatomie générale , appliquée à lu physiologie et à la médecine, Paris , an 10 , 4 vol. in-8. br. _ 16fr. 5oc. Bicxar ( XAv.), Traité complet d’Anatomie descriptive. Les trois premiers volumes , qui comprennent l’ostéologie, la myologie , les organes de la voix , ceux des sens , les nerfs et.les organes diges- tits, sont en vente. 3 gros vol. in-8. br. fr. Le quatrième et dernier volume , qui est sous presse, paroîtræ très-incessamment. Buisson , De la Division la plus naturelle des phénomènes physioloæ 7 giques. Paris , am 10, in-8. br. k 5 fr.25 c: On lard &la fin de cet ouvrage une notice historique sur Xav. Bichat. Borpev , Recherches anatomiques sur la position des glandes et sur leur action ; nouvelle édition , augmentée de réflexions sur diffé- rens passages de ce traité, par le docteur Hallé. Paris , an 8, in-12 br. | 2 f.5oc. Borpev , Recherches sur les maladies chroniques , nouvelle édition augmentée de la vie de l’auteur et de notes physiologiques , par Roussel , auteur de l’ouvrage intitulé de la femme considérée au physique et au moral. Paris , an 8, in-8. br. 3 f. 75 c. Tissor , Fièvres bilieuses; traduit du latin , avec quelques additions, par Mahot. Paris, an 8 , in-12. br. 2£ 5oc. Pixez , la Médecine clinique rendue plus précise et plus exacte par l’application de l’analyse , ou recueil et résultat d’observations sur ss maladies aiguës , faites à la Salpêtrière. Paris , an 10, ES 13 Te la Pez , Nosographie philosophique ; seconde édition considérable- ment augmentée, sous presse pour paroitre très-incessamment. Husson, Recherches historiques ét médicales sur la Vaccine ; seconde édition. Paris, an 9 ,in-8. br. 1 fr, 50 c. Avec la figure, en couleurs naturelles, ‘+ 756: Hussox , Essai sur une nouvelle doctrine des tempéramens ; seconde édition. Paris , an 10, in-8, br. 1£. Cazr (la ), Idée de l’homme physique et moral, pour servir d’intro- duction à un traité de médecine, nouvelle édition. Paris, an 7, in-12, br, N 2 fr. Soc. Cezsi (À. Corn.), De re medicä libri octo. Parisiis, 1772, in-12, pap. fin, br. | L _ Afr. Duverxoy , Dissertation sur l’hystérie. Paris, an9, in-8. pre. rfr. 25 c. Foruereizz, Conseils aux femmes de 45 à 5o ans , ou conduite à te- nir lors de la cessation des règles; traduit par le docteur Petit- Radel ; seconde édition. Paris , an 8 , in-8. br. 75 c. Casvcuer , Essai sur l’expression de la face dans l’état de santé et de maladie, Paris, an10o,in-8, br. a fr. 25 c. RECHERCHES. PHYSIOLOGIQUES SUR LA VIE ET LA MORT; Par XAv. BICHAT, Médecin de lHôtel-Dieu, _ Professeur d’Anatomie, de Physiologie et de Médecine, Membre de plusieurs Sociétés savantes, SECONDE ÉDITION, Di LrS Brosson, Libraire, rue Pierre-Sarrazin, n°.6; Chez GABON et Compagnie , Libraires, près | l'Ecole de Médecine , n°, 33. AN X. =" 180 2, # ed ÿ CET nn Et DRE LOYER DRE Boni aa 4 RAA Eee LR Cr PRÉFACE. La vie et la mort, considérées d’une manière générale, m'ont paru un sujet susceptible de suggérer quelques vues , et beaucoup d'expériences utiles. C'est ce qui ma déterminé à entreprendre l'ouvrage que je publie aujourd'hui. On ‘y trouvera, je crois, des considérations et des faits peu connus. Cependant ceux qui ont lu Aristote, Buffon, Morgagni, Haller, Bordeu, et tous les médecins dont les écrits sont dans le sens de ce dernier, verront que ces auteurs m ont; fourni quelques données ; mais ils sau- ront en même temps distinguer. celles qui m'appartiennent ; et jose espérer _ qu’ils en trouveront. assez pour voir que tout ce qui ne mest-pas propre, ne se trouve qu'accessoirement placé dans ces recherches : j'en excepte cependant la division de la vie. 1} PREF AC E. Les livres se ressemblent, ou par les futs qu'ils contiennent, ou par l'esprit dans lequel ils sont écrits. La compa- raison des faits est facile ; elle prouvera peut-être que plusieurs de ceux que j'ex- pose, manquoient à la science. Quant à l'esprit qui règne dans cet ouvrage, j'ai évité également de me placer, et parmi ceux qui accumulent les expé- riences sans les coordonner par le rai- sonnement, et parmi ceux qui entassent les raisonnèmens sans les fonder sur les expériences. Dans l’état actuel de la physiologie, Part d’allier la méthode expérimentale d'Haller et de Spallanzani , avec les vues grandes et philosophiques de Bordeu, ie paroît devoir être celui de tout es- prit judicieux ; s’il n'a pas été le mien, c’est que pour atteindre le but, il ne suffit pas de l’entrevoir. J'ai reproduit, avec beaucoup d’ex- tension, quelques divisions déja énon- PRÉFACE. ONU cées dans mon Traité des Membranes, et je les ai reproduites comme étant de moi, quoiqu'on les ait attribuées à Buf- fon, à Bordeu et à Grimaud. Ces au- teurs sont si connus, que j'ai cru inutile de relever l’inexactitude des citations critiques. C'est ainsi que je n'ai point essayé de dissiper des doutes mis en avant sur quelques faits anatomiques que j'ai publiés. Je renvoie à linspec- tion cadavérique ceux à qui on a fait naître ces doutes. Quant à ceux qui les ont fait naître, cette inspection leur est inutile : ils ne peuvent avoir oublié que j'ai disséqué avec eux, et que je leur ai montré ce qu'ils me reprochent de croire avoir trouvé, et de n’établir que sur des conjectiures. Âu reste, j'ai eu soin, dans cet ou- vrage comme dans le précédent, de ne point men rapporter à moi seul, per- suadé que mille choses peuvent échapper à l’un et se présenter à l’autre. Mes expé- riences ont été faites souvent avec’ un iv DRErLCS grand nombre, et toujours avec plusieurs dés étudians qui suivent mes cours. Le cit. Hallé a bien voulu sacrifier quelques heures à vérifier les principales; le eit. Duméril a eu la même complaisance. Si elles pouvoient exciter l'intérêt de quel- ques autres savans , je m'empresserois de les répéter avec eux. AVIS DE L'ÉDITEUR. Lrivreur devoit faire , à la première partie de cette nouvelle édition, dicldhes augmentations im- portantes. Certains articles présentés avec des mo- difications , auroient paru plus complets, et enri- chis de plusieurs vues nouvelles : on y auroit trouvé un Traité sur la beauté , considérée sous les rap- ports physiologiques. Dans un second volume, les principes physiologiques eussent. été appliqués à la médecine; et le même ordre que l’on avoit suivi, en considérant les fonctions dans l’état sain , auroit servi à considérer ces mêmes fonctions dans l’état de maladie. La mort de Pauteur a privé le public de ces avantages , et nous oblige à faire reparoître V’ouvrage tel qu’il étoit dans son origine. Nous avons cru cependant devoir à la mémoire du cit. Bichat, de faire connoître les intentions qu’il avoit eues et qu'il avoit commencé à exécuter. A Be N. HAL Dé MEMBRE DE L'INSTITUT NATIONAL Dit de M D PROFESSEUR A L'ÉCOLE DE MÉDÉCINE DE. PA KR LS. XAV. BICHAT. CRIE AT PREMIE _. PARTIE. ; E TICLE PREMIER. Division générale de la Vie. OO, cherche dans des considérations abstraites la définition de la vie; on la trouvera’, je crois, dans cet aperçu général : la vie est l’ensemble des fonctions qui résistent à la mort. - Tel est en effet le mode d'exiètence des corps vivans, que tout ce qui les entoure tend à les détruire. Les corps inorganiques agissent sans cesse sur eux ; eux-mêmes exercent , les uns sur les autres, tie action continuelle ; bientôt ils suécémberoient s'ils n’avoient en eux un prin- cipé permanent de réaction. Ce principe est celui de la vie; inconnu dans sa nature, il ne peut être appréêig: que par ses phénomènes : or le: plus général de ces phénomènes est cette altér- native habituelle d’action de la’ part des corps extérieurs , et de réaction de la part du corps vivant , 1Hitérnative dont les proportions varient suivant l’âge. Il y a surabondance de vie dans lenfant, parce que la réaction surpasse Paction. L'adulte voit l'équilibre s’établir entr’elles ; et par là même cette turgescerice vitale, disparoître. La réaction du principe interne diminue chez le A æ DIVISION GÉNÉRALT vieillard , l’action des corps extérieurs restant la même ; alors la vie languit et s’avance insensi- blement vers son terme naturel, qui arrive lorsque toute proportion cesse, La mesure de Îa vie est donc, en général, la différence qui existe entre l’effort des puissances extérieures, et celui de la résistance intérieure. L’excès des unes annonce sa foiblesse ; la prédo- minance de l’autre est l’indice de sa force. 6 I. Division de la Vie en animale etorganique. Telle est la vie-considérée dans sa totalité ; examinée plus en détail, elle nous offre ‘deux modifications remarquables. L’une est commune au végétal et à l’animal, l’autre est le partage spécial de ce dernier. Jetez en effet les, yeux sur deux individus de chacun de ces règnes vivans : vous verrez l’un n’exister qu’au dedans de lui, n’avoir avec ce qui l’environne que des rapports de nutrition, naître, croître et périr fixé au sol qui en reçut le germe; l’autre allier à cette vie intérieure dont il jouit au plus haut degré , une vie extérieure qui établit des relations nom- breuses entre lui et les objets voisins, marie son existence à celle de tous les autres êtres, l’en éloigne ou l’en rapproche suivant ses craintes on ses besoins, et semble ainsi, en lui appropriant tout dans la nature, rapporter tout à son exis- tence isolée. On diroit que le végétal est lPébauche, le ca- nevas de l'animal , et que, pour former ce der- DE LA VIE. : 5 nier , il n’a fallu que revêtir ce canevas d’un appareil d’organés extérieurs , propre à établir des relations. I1 résulte de là que les fonctions de Vanimal forment deux classes très-distinctes. Les unes se composent d’une succession habituelle d’assimi- lation.et d’excrétion ; par.elles il transforme sans cesse en sa propre substance les molécules des corps voisins, et rejette. ensuite ces molécules, lorsqu'elles li sont deveriues, hétérogènes. Il ne vit qu’en lui, par cette classe de fonctions ; par Pautre, il existe hors de lur : il est l'habitant du imondéi, et non, comme legvégétal ; du lieu qui le vit naître. Il sent. et percoit ce qui l'entoure, réfléchit ses sensations, se meut volonédirement d’après leur influence, et le plus souvent peut communiquer par la voix, ses désirs et ses graintes, ses plaisirs ou ses peines. J’appelle vie organique l’ensemble des fonc- tions de la première classe, parce que tous les êtres organisés, végétaux où animaux , en jouis- sent à un degré plus où moins marqué , et que la texture organique est la seule condition nécesi saire à sôn exercice. Les fonctions réunies de la seconde classe forment la vie animale, ainsi nommée ; parce qu’elle est Pattribut Pxbuert du règne animal. La génération nentre point dans la série des phénomènes de ces deux vies, qui ont rapport à l'individu, tandis qu’elle ne regarde que l espèce : aussi ne tient-elle que par des liens indirects à la plupart des autres fonctions. Elle ne commence À à * 4 DIVISION GÉNÉRALE à s'exercer que lorsque les autres sont depuis long-temps en exercice ; elle s'éteint bien avant qu'elles ne finissent. Dans la plupart des animaux; ses périodes d’activité sont séparées par de longs intervalles de nullité; dans l’homme où ses ré- mittences sont moins durables, elle n’a pas des rapports plus nombreux avec les fonctions. La soustraction des organes qui en sont les agens , est marquée presque toujours ÿ par un accrois- sement général de nutrition. l’eunuque jouit de moins d'énergie vitile; mais les phénomènes de la vie se déve oppent chou duihrié plus-de plé- nitude. Faisons donc ici abstraction des lois qui nous donbent l’existence ; pour ne considérer que celles qui entretiennent : nous reviendrons sur les pren pen GERAS LE 6 IT. Eubdiyigion de chacune: des vies , animale ei brghreitee en Sen ordres de Jonelions. | Chacune nes deux vies, ’Mioste et organique, se compose de deux. Gr diras de. fonctions: qu i.8@ succèdent.et s’enchaînent dans un sens inverse; | Dans la vie animale, le premier ordre s'établit de l'extérieur. du corps vers.le cerveau; -et.le second, de. cet organe vers ceux dela. |pepsmtS | tion et de la voix. L’impression des objets aflecte successivement les sens, les nerfs et le cerveau. Les premiers reçoivent, les seconds transmiet- tent, le dernier perçoit: cette. impression. qui, Han ainsi reçue, transmise et percue sicométisia nos sensations. DE LA VIE. 5 L'animal est presque passif dans ce premier ordre de fonctions; il devient actif dans le se- cond qui résulte des actions successives du cer- veau où naît la volition à l1 suite des sensations, des nerfs qui transmettent cette volition, des organes locomoteurs et vocaux , agens de son exécution. Les Corps. extérieurs agissent sur Panimal par le premier ordre de fonctions ; il réagit sur eux par le second. fu Une proportion rigoureuse existe en général entre ces deux ordres : où Pun est très-marqué l’autre se développe avec énergie. Dans la série des animaux, celui qui sent le plus, se meut aussi davantage. L’âge des sensations vives est celui de la vivacité des mouvemens ; : dans le sommeil où le premier ordre est suspendu, le second cesse , ou ne s’exerce que par secousses irrégulières. L’aveugle qui ne vit qu’à moitié pour ce qui l'entoure , enchaîne ses mouvemens avec une lenteur qu’il perdroit bientôt si ses communications extérieures s’agrandissoient. Un double mouvement s'exerce aussi dans la vie organique ; l’un compose sans cesse, Pautre décompose Panimal. Telle est en effet, comme Pont observé les anciens , et d’après eux plusieurs modernes, sa manière d’exister, que ce qu'il étoit à une époque, il cesse de l’être à une autre; son organisation reste toujours la même, mais ses élémens varient à chaque instant. Les molé- cules nutritives , tour-à-tour absorbécs et reje- tées , passent de l'animal à la plante, de celle-ci 6 DIVISION GÉNÉBALE au corps brut, reviennent à Panimal, et en res- sortent ensuite. La vie organique est accommodée à cette cir- culation continuelle de la matière. Un ordre de fonctions assimile à lanimal les substances qui doivent le nourrir ; un autre lui enlève ces sub- stances devenues hétérogènes à son organisation, après en avoir fait quelque temps partie. Le premier , qui est l’ordre d’assimilation, résulte de la digestion , de la circulation ; de la respiration et de la nutrition. Toute molécule étrangère au corps recoit, avant d’en devenir Pélément , l'influence de ces quatre fonctions. Quand elle a ensuite concouru quelque temps à former nos organes, l’absorption la leur en- lève , et la transmet dans le torrent circulatoire, où elle est chariée de nouveau, et d’où elle sort par l’exhalation pulmonaire ou cutanée, et par les diverses secrétions dont les fluides sont tous rejetés au dehors. L’absorption , la circulation , l’exhalation ; la secrétion forment donc le serre ordre des bou tions de la vie organique, où l’ordre de désassi- milation. Il suit de là que le système sanguin est un système moyen, centre de la vie organique, comme le cerveau est celui de la vie animale , où circulent confondues les molécules qui FR ET être assimilées , et celles qui, ayant déja servi à assimilation , ‘sont destinées à être rejetées; en sorte que le sang est composé de deux parties, l'une réerémentielle qui vient sur-tout des ali- MREL'A CV IR 4 mens , ef où la nutrition puise ses matériaux, l’autre excrémentielle qui est comme le débris, le résidu de tous les organes, et qui fournit aux secrétionset aux exhalations extérieures. Cepen- dant ces dernières fonctions servent aussi quel- quefois à transmettre au dehors les produits digestifs, sans que ces produits aient concouru à nourrir les parties. C’est ce qu’on voit dans l’u- rine et la sueur , à la suite des boissons copieuses. La peau et le rein sont alors organesexcréteurs, non de la nutrition, mais bien de la digestion. C’est ce qu’on observe encore dans la production du lait, fluide provenant manifestement de la portion du sang qui n’a point encore été assi- milée par le travail nutritif. Il n’y a point entre les deux ordres des fonc- tions de la vie organique le même rapport qu’entre ceux de la vie animale ; l’affoiblisse- ment du premier n’entraîne pas la diminution du second : de là la maigreur, le marasme , états dans lesquels lassimilation cesse en partie, la désassimilation s’exerçant au même degré. Ces grandes différences placées entre les deux vies de l’animal , ces limites non moins mar- quées qui séparent les deux ordres des phéno- mènes dont chacune est l'assemblage, me pa- roissent offrir au physiologiste la seule division réelle qu’il puisse établir entre les fonctions. Abandonnons aux autres sciences les méthodes artificielles ; suivons l’enchaînement des phéno- mènes, pour enchaîner les idées que nous nous en formons , et alors nous verrons la plupart des 8 DES FORMES EXTÉRIEURES divisions physiologiques offrir que des. bases incertaines à celui qui voudroit y élever lédifice de la science. | Je ne rappellerai point ici ces divisions ; la meilleure manière d’en démontrer le vide , c’est, je crois, de prouver la solidité de eelle que adopte. Parcourons donc en détail les grandes différences qui isolent l’animal vivant au dehors, de lP’animal existant au dedans, et se consu- mant dans une alternative d’assimilation et d’excrétion. | ARTICLE SECOND. Différences générales des deux vies par rapport aux formes extérieures de leurs organes respectifs. La plus essentielle des différences qui distin- guent les organes de la vie animale de ceux de la vie organique, c’est la' symétrie des uns ét Pirrégularité des autres. Quelques animaux offrent des exceptions à ce caractère, sur-tout pour la vie animale : tels sont , parmi des pois- sons, les soles, les turbots, etc. diverses espèces, parmi les animaux non vertébrés, etc. etc. mais ‘ilest exactement tracé dans l’homme, ainsi que dans les genres voisins du sien par la perfection, DANS. LES DEUX VIES. 9 Ce n’est que là où je vais l’exanuner; pour le saisir , l'inspection seule suffit. SI, Symétrie des formes extérieures dans la vie animale. | Deux globes parfaitement semblables recoi- vent l’impression de la lumière. Le son et les odeurs ont chacun aussi leur organe double analogue. Une membrane unique est affectée aux saveurs, mais la ligne médiane y est mani-* feste ; chaque segment indiqué par elle est sem- blable à celui du côté opposé. La peau ne nous présente pas toujours des traces visibles de cette ‘ ligne, mais par-tout elle y est supposée. La na- ture, en oubliant pour ainsi dire de la tirer, plaça d’espace en espace des points saillans qui indiquent son trajet. Les rainures de extrémité du nez, du menton, du milieu des lèvres , l’om- bilic, le raphé du périné, la saillie des apophyses épineuses l’'enfoncement moyen de la partie postérieure du cou, forment principalement ces points ÉCRIRE A Les nerfs qui transmettent l'impression reçue par les sons , tels que l’optique, l’acoustique , le lingual, il, Polfactif, sont évidemment assemblés par paires symétriques. Le cerveau , organe où Pimpression est reçue, est remarquable par sa forme régulière ; ses par- ties paires se ressemblent de chaque côté, telles que la couche des rerfs optiques, les corps can- nelés , les hippocampes, les corps frangés, etc. j Lu en : 30 DES FORMES EXTÉRIEURES Les parties impaires sont toutes symétriquement divisées par la ligne médiane , dont plusieurs offrent des traces visibles, comme le corps cal- leux , la voûte à trois piliers , la protubérance Anoulaireil etc. etc. | Les.nerfs qui rate tie cet agens de la locomotion et de la voix, les volitions du cer— veau, les organes locomoteurs formés d’une grande partie du système musculaire, du sys- tème osseux et de ses dépendances, le Taeyux et ses accessoires , doubles agens de l’exécution de ces volitions , ont une régularité , une symétrie qui ne se trahissent jamais. Telle est même la vérité du caractère que j’in- dique , que les muscles et les nerfs cessent de devenir réguliers, dès qu’ils n’appartiennent plus à la vie animale. Le cœur, les fibres musculaires des intestins , etc. en sont une preuve pour les muscles ; pour les nerfs, le grand sympathique, par-tout destiné à la vie intérieure, présente dans la plupart de ses branches une distribution irrégulière. Les plexus soléaire , mésentérique, hypogastrique, splénique, stomachique, etc. en sont un exemple. Nous pouvons donc, je crois, conclure d’après la plus évidente inspection , que la symétrie est le caractère essentiel des organes de la vie ani- male de l’homme. DANS LES DEUX VIxs. 11 II. Zrrégularité des formes extérieures dans la vie organique. Si nous passons maïinfenant aux viscères de la vie organique, nous verrons qu’un caractère exac- tement opposé leur est applicable. Dans le sys- tème digestif, estomac , les intestins , larate, le foie , etc. sont tous irrégulièrement disposés. Dans le système circulatoire , le cœur , les gros vaisseaux, tels que la crosse de l'aorte, les veines caves , l’azygos, la veine porte , l’artère innomi- née, offrent aucune trace de symétrie. Dans les vaisseaux des membres, des variétés conti- nuelles s’observent , et ce qu’il ÿ a de remar- quable, c’est que dati ces variétés la disposition d’un côté n’entraîne point celle du côté opposé. L'appareil respiratoire paroît au premier coup d’œil exactement régulier; cependant si l’on re- marque que la bronche droite est différente de la gauche par sa longueur, son diamètre et sa direction; que trois lobes composent Pun des poumons , que deux seulement forment l’autre ; qu’il y a entre ces organes une inégalité mani- feste de volume ; que les deux divisions de l’ar- tère pulmonaire ne se ressemblent ni par leur trajet, ni par leur diamètre; que le médiastiu sur lequel tombe la ligne médiane, s’en dévie sensiblement à gauche, nous verrons que la symétrie métoit ici qu'apparente, et que la loi commune ne souffre point d’exception. * Les organes de l’exhalation , de Pabsorption, les membranes séreuses , le canal thorachique, 52 DÉS FORMES EXTÉRIEURES le grand vaisseau lymphatique droit, les absor- bans secondaires de toutes les parties ont une distribution par-tout inégale et irrégulière. Dans le système glanduleux , nous voyons les cryptes ou follicules muqueux par-tout dissé- minés sans ordre sous leurs membranes respec= tives. Le pancréas, le foie, les glandes salivaires même, quoiqu’au premier coup d’œil plus symé- triques, ne se trouvent point exactement soumis à la ligne médiane. Les reins diffèrent l’un de Pautre par leur position, le nombre de leurs lobes dans l’enfant, la longueur et la grosseur de leur artère et de leur veine, et surtout par leurs fréquentes varittés. Ces nombreuses considérations nous mènent évidemment à un résultat inverse du précédent; savoir, que lattribut spécial des organes dela vie intérieure, c’est lirrégularité de leurs formes extérieures, 6 ITT. Conséquences qui résultent de la diffé: rence des formesextérieures dans les orpaneR des deux vies. I] résulte de l’aperçu qui vient d’être présenté, que la vie animale est pour ainsi dire double, que ses phénomènes, exécutés en même temps des deux côtés, forment dans chacun de ces côtés un système indémandant du système op- posé, qu’il y a; si Je puis n’exprimer ainsi, une vie droite et une vie gauche, que l’une peut ‘ exister, l’autre cessant son action, et que sans “HANS LES DÉUX VIEs. 15 doute même elles sont destinées à se É déri réciproquement. C’est: ce qui arrive dans ces affections mala- dives si communes , où la sensibilité et a mo- tilité animale , affoiblies où même entièrement anéanties dans une des moitits symétriques du Corps ; ne $e prêtent à aucune relation avec ce qui nous entoure; où l’homme n’est d’un côté guères plus que ce qu'est le végétal , tandis que de l’autre côté il conserve tous ses droits à l’ani- malité, par le sentiment et le mouvement qui luirestent. Certaimément ces paralysies partielles, dans lesquelles la ligne médiane est le terme où finit, et l’origine où commence la faculté de sentir et de se mouvoir, ne doivent point s’oh- server avec autant dé régularité dans les ani- maux qui, Comme lhuitre, ont un extérieur irrégulier. | La vie organique, au contraire , fait un sys- tème unique où tout se lie et se coordonne, où les fonctions d’un côténe peuvent, s’interrom pré sañs que; par une suite nécessaire , cellés de Pautre ne s’éteignent. Le foie malade à gauche influe à droite sur l'état de l’estomac; si le co- lon d’un'côté cessé d’ agir, celui du côté opposé ne peut continuer son action; le même coup qui arrête la circulation dans Hé: gros troncs veineux etla portion droite du cœur, l’anéantit aussi dans la portion gauche ebles gros troncs artériels spé cialement placés de ce côté, etc. d’où il suit qu’en supposant que tous les organes de la vie énterne , placés d’un côté, cessent leurs fonc 14 DES FORMES EXTÉRIEURES tions, deux du côté opposé restent nécessai- rement dans l’inaction, et la mort arrive alors. Au reste, cette assertion est générale selle ne porte que sur Pensemble de la vie organique, et non point sur tous ses phénomènes isolés ; quelques-uns, en effet, sont doubles et.peuvent se suppléer, comme le rein et le PO, en offrent un exemple. | Je ne rechercherai point la cause del cette re- marquable différencequi, dans l’homme.et les animaux voisins de lui,.distingue les organes des deux vies ; ; J'observerai seulement qu’elle entre cssentiellemen bdans lordre deleurs phénomènes, que la perfection des fonctions animales doit être liée à la symétrie généralement observée dans leurs organes respectifs, en sorte que tout ce qui troublera cette symétrie, altérera plus ou 1 moins ces fonctions. toi lu . C’est de là sans doute que naît cette autre différence entre les organes des deux vies, sa voir, que la nature se livreibien plus rarement à des écarts de conformation dans la.vie ani- male que dans la vie organique. Grimaud s’est servi de cette observation ; sans indiquer le-prin- cipe auquel tient le fait. qu’elle nous présente! C’est une remarque qui »a. pu échapper à celui dont les dissections ont été un peu'multi« pliées, que les fréquentes variations de forme, de grandeur, de position , de direction des or- ganes internes, comme la rate, le foie, l’esto- mac, lesreins , les organes salivaires, etc. Telles sont ces variétés dans le système vasculaire, DANS LES DEUX VIES. 15 qu’à peine deux sujets offrent-1ls exactement la . même disposition au scalpel de Panatomiste. Qui ne sait que les organes de l’absorption, lesglandes lymphatiques en particulier, se trouvent rare+ ment assujettis, dans deux individus, aux mêmes proportions de nombre, de volume, etc.? Les glandes muqueuses éffcétént - elles jamais une position fixe et analogue ? Non-seulement chaque système , isolément examiné, est assujetti ainsi à de fréquentes aber- rations, mais l’ensemble même des organes de la vie internese trouve quelquefois dans un ordre inverse de celui qui lui est naturel. On apporta, Pan passé, dans mon amphithéâtre, un enfant qui avoit vécu plusieurs années avec un boule versement général des viscères digestifs, circula- toires, respiratoires et secrétoires. A. droite se trouvoient l’estomac, la rate, PS du colon : la pointe du cœur, Er 2 le poumon à deux lobes, etc. On voyoit à gauche le foie, lecæcum, la base du cœur, les veines caves, Pazygos , le poumon à trois lobes , etc. Tous les organes placés sous la ligne médiane, tels que le médiastin , le mésentère, le duodé- num, le pancréas , la division des bronches, affectoient aussi un ordre renversé. Plusieurs auteurs ont parlé de ces déplacemens de viscères, dont je ne connoiïs pas cependant d’exemple aussi complet. Jetons maintenant les yeux sur les organes de la vie animale, sur les sens, les nerfs, le cer- veau, les muscles volontaires, le larynx; tout y 16 DES FORMES EXTÉRIEURES, lc. . est exact, précis, rigoureusement déterminé dans . la forme, la grandeur et la position. On n’y voit presque jamais de variétés de conformation; sil en existe , les fonctions sont troublées , anéan- ties; tandis qu’elles restent les mêmes dans la vie organique , au milieu — altérations diverses des parties. Cette différence entre les organes des deux vies tient évidemment à la symétrie des uns, que le moindre changement de conformation eût troublée , et à l’irrégularité des autres , avec la- quelle s’allient très-bien ces divers changemens. Le jeu de chaque organe est immédiatement lié, dans la vie animale, à sa ressemblance avec éclti du côté opposé, il est double, ou à Puni- formité de conformation de ses déux moitiés symétriques, sil est simple, D’aprè ès cela on concoit linfluence des changemens organiques sur le dérangement des fonctions, Mais ceci deviendra plus sensible, quand j'au- rai indiqué les rapports qui existent entre la symétrie ou l’irrégularité des organes, et lhar- monie ou, la discordance des fonctions: À hs à À DU MÔDE D’ACTION,éelc. ‘19 ARTICLE TROISIÈME. Différence générale des deux vies, par rapport au mode d'action de leurs or- ganes respectifs. Lénanmonre est aux fonctions des organés, ce que la symétrie est à leur conformation; elle suppose une égalité parfaite de force et d'action, comme la symétrie indique une éxacte analogie dans les formes extérieures et ia structure in- terne. Elle est une conséquence de là symétrie ; car deux parties essentiellement sémblables par leur structure , ne sauroïent être différentes par leur manière d'agir. Ce simple raisonnement nous mènéroit donc à cette donnée générale, savoir, que l’harmonie ést le caractère des fonctions ex- térieures, que la discordance est au contraire Pattribut des fonctions organiques ; mais il est nécessaire de se livrer sur ce point à de plus am- ples détails. 6 I. De l’harmonie d’action dans la vie animale. Nous avons vu que la vie extérieure résultoié des actions successives des sens, des nerfs, du cer- veau , des organes locomoteurs et vocaux. Con- sidérons Pharmomie d’action dans chacune de ces grandes divisions. B 10 DU MODE D'ACTION : La précision de nos sensations paroît être d’au- tant plus parfaite, qu’il existe entre les deux impressions dont chacune est assemblage, une plus exacte ressemblance. Nous voyons mal, quand l’un des yeux, mieux constitué, plus fort que Pautre, est plusvivement affecté, et transmet au cerveau une plus forte image. C’est pour éviter cette confusion, qu’un œil se ferme quand l’ac- tion de l’autre est artificiellement augmentée par un verre convexe : ce verre rompt l’harmonie des deux organes ; nous n’usons que d’un seul , ‘pour qu’ilssne soient pas discordans. Ce qu’une lunette produit artificiellement , le strabisme nous l’offre dans l’état naturel. Na louchons , dit Buffon, parce que nous détournons œil le plus foible de Pobjet sur lequel le plus fort est fixé , pour éviter la confusion qui naîtroit dans la perception de deux images inégales. Je sais que beaucoup d’autres causes concou- rent à produire cette affection, mais la réalité de celle-ci ne peut être mise en doubs. Je sais aussi que chaque œil peut isolément agir dans divers ANIMAUX ; que deux images diverses sont trans- . mises en même temps par les deux yeux de cer- taines espèces; mais cela n’empèche pas que lorsque ces organes réunissent leur action sur le même objet, les deux impressions qu’ils trans- mettent au cerveau ne doivent être analogues. Un jugement unique en est en effet le résultat : or, comment ce Jugement pourra-t-il être porté avec exactitude, si le même corps se présente en même temps, et avec des couleurs vives, et avec DANS LES DEUX VIÉES. 19 un foible coloris, suivant quil se peint sur l’une ou l’autre rétine ? Ce que nous disons del’œil s’applique exacte- ment à l’oreille. Si dans les deux sensations qui composent louïe , l’une est reçue par un organe plus fort , mieux développé , elle y laissera une impression plus claire, plus distincte; le cerveau, différemment ‘affeëté par chacune, ne sera lé siége que d’une perception imparfaite. C’est ce qui constitue l'oreille fausse. Pourquoi tel homme est-il péniblement affecté d’une dissonance, tandis que tel autre ne s’en aperçoit pas? C’est que chez lun, les deux perceptions du même son se confondat dans une seule , celle-ci ést pré- cise , rigoureuse , et distingue le moindre défaut du dhâbt ,tandis quechez l’autre, les deux oreilles offrant des sensations diverses , la perception est habituellement confuse , et ne peut apprécier le défaut d'harmonie des sons. C’est par la même raison que vous voyez tel homme coordonner toujours l’enchaînement de sa danse à la suc- cession des mesures, tel autre au contraire allier constamment aux accords de l’orchestre la dis- cordance de ses pas. Buffon a" borné à l’œil et à RER La ses considé- rations sur l’harmonie d’action ; poursuivons-en l'examen dans la vie animale. Il faut dans lodorat, comme dans les autres sens , distinguer deux impressions, l’une primi- tive qui appartient à organe, l’autre consécu- tive qui affecte le sensorium : celle-ci peut varier, la première restant la même. Telle odeur fait fuir B 2 20 DU MODE D'ACTION -. certaines personnes du lieu où elle en attire d’au- tres; ce n’est pas que l'affection de la pituitaire soit différente, mais c’est que l’ame attache des sentimens divers à une #mpression identique, en sorte qu'ici la variété des résultats n’en suppose point dans leur principe. Mais quelquefois impression née sur la pitui- taire diffère réellement de ce qu’elle doit être pour la perfection de la sensation. Deux chiens poursuivent le même gibier; lun n’en perdjamais la trace, Fait les mêmes détours et les mêmes cir- cuits ; Pauête le suit aussi, mais s’arrête souvent, perd le pied, comme on ledit , hésite et cherche pour le retrouver, court et s'arrête encore. Le premier de ces deux chiens recoit une vive im- pression des émanations odorantes : elles n’af- fectent que confusément l’organe du second, Or cette confusion ne tient-elle point à Pinégalité d’action des deux narines , à la supériorité d’or- gsanisation de l’une, à la oiblesse de Pautre ? les ‘observations snivéntes paroissent le prouver. Dans le coryza qui r’affecte qu’une narine , si toutes deux restent ouvertes, l’odorat est + MAS fermez celle du côté malade, il deviendra dis- tinct. Un polype développé dun côté, affoiblit Paction de la pituitaire correspondante, celle de l'autre restant la même : delà, comme dans le cas précédent, défaut Ve bule entre les deux organes, ef par là même, confusion dans la per- ception des odeurs. La plupart des affections d’une narine isolée ont des résultats analogues ét qui peuvent être momentanément corrigés LA DANS LES DEUX.VIES. 24 par le moyen que je viens d'indiquer ; pourquoi ? parce qu’en rendant inactive une des pituitaires, on fait cesser sa discordance d’action avec l’autre. ‘Concluons de ceci qûe, puisque toute cause accidentelle , qui rompt l'harmonie de fonctions des organes , rend confuse la perception des odeurs, il est probable que quand cette percep- tion est naturellement inexacte , il y a dansles narines une inégalité naturelle de conformation , et par là même de force. Disons du goût ce que nous avons dit de Podo- rat : souvent l’un des côtés de la langue est seul affecté de paralysie, dé spasme. Laligne médiane sépare quelquefois une portion insensible , de Pautre qui conserve encore toute sa sensibilité. Pourquoi ce qui arrive en plus n’artiveroit-il pas en moins ? pourquoi l’un des côtés , en conser- vant la faculté de percevoir les saveurs, n’en jouiroit-il pas à un moindre degré que l’autre ? Or, dans ce cas, 1l est facile de concevoir que le goût serairrégulier et confus, parce qu’ une per- ception précise ne sauroït snocédés à à deux sen- sations inégales et qui ont le même objet. Quine sait que dans certains corps où quelques-uns 1e trouvent que d’obscures saveurs , les autres ren. contrent mille causes subtiles dé sensations pé- nibles ou agréables? La perfection du toucher est, comme celle des autres sens; essentiellement be (à l’'uniformité d'action des deux moitiés symétriques du corps, des deux mains en particulier. Supposons un aveuglenaissant avec une main régulièrement or 22 DU MODE D'ACTION ganisée,tandis que l’autre, privée des mouvemens d'opposition du pouce, et de flexion des doigts, formeroit une, surface roide et immobile; cet aveugle-là n’acquerroit que difficilement les no- tions de grandeur, dé figure, de direction ; etc. parce qu’une même sensation ne naîtra pas de Papplication successive des deux mains sur, le même corps. Que toutes deux touchent une petite sphère, par exemple; l’une, en l’embrassantexac- tement par lPextrémité de tous ses diamètres, fera naître idée de rondeur ; l’autre, qui nesera en contact avec elle que par quelques points, donnera une sensation toute différente, Incertain entre ces deux bäses de son Jugement, l'aveugle ne saura que diflicilement le porter ; il pourra même faire correspondre à cette dou ble sensation ün jugement double par la forme extérieure du même corps. Ses idées seroient plus précises sil condamnoit l’une de ses mains à l'inaction, comme celui qui louche détourne de objet l œil le plus foible, our péviter la confusion, inévitable effet de la diversité des deux sensations. : MS mains se suppléent donc réciproquement , l’une confirme les notions que l’autre nous donne: de. Là l uniformité nécessaire de leur conformation. Les mains ne sont pas les agens uniques du toucher; les plis de Pavant-bras, de l’aisselle, de Vaine, la concavité du pied, etc. peuvent,en em- brassant les corps; nous fournir aussi des. bases réelles, quoique moins parfaites, de nos jugemens sur les formes extérieures. Or supposons l’une des moitiés du corps-tout différemment disposée DANS LES DEUX VIES. 25 que l’autre, la même incertitude dans la percep- tion en sera le résultat. Concluons de tout ce qui vient d'être dit, que dans tout l'appareil du système sensitif extérieur, Pharmonie d’action des deux organes symétri- ques, ou des deux moitiés semblables du même organe , est une condition essentielle à à la perfec- tion dès sensations. cas Les sens externes sont les excitans naturels du cerveau, dont les fonctions dans la vie animale succèdent constamment aux leurs, et qui lan- guiroit dans une inaction constante , s’il ne trou- voit en eux le principedeson activité. Des sensa- tions dérivent immédiatement la perception, la mémoire, l’imagination , et par là même le juge- ment : or il est facile de prouver que ces diverses fonctions , communément désignées sous le nom de sens internes , suivent dans leur exercice la même loi que les sens externes , et que, comme ceux-ci, elles sont d’autant plus voisines de la perfection, qu’il ÿ a plus d’harmonie entre les deux portions symétriques de l’organe où elles ont leur siège. Supposons en effet l’un des hémisphères plus fortement organisé que l’autre, mieux développé dans tous ses points, susceptible par là d’être plus vivement’affecté ; je dis qu’alors la perception sera confuse ; car le cerveau est à l’ame ce que les sens sont au cerveau ; il transmet à lame l’E- branlement venu des sens, comme ceux-ci lui envoient les impressions que font sur eux les corps environnans. Or, si le défaut d'harmonie 24 DU MODE-.D’A CTI ON dans le système sensitif extérieur trouble la per- ception du cerveau, pourquoi lame ne perce- vroit-elle pas confusément , lorsqne les deux hé- misphères inégaux en force ne confondent pas en une seule, la double impression qu’ils re coivent : ? Dans la mémoire, faculté de reproduire d’an- cieñnes sensations , : Pimagination, faculté d’en créer de nouvelles , Chaque hémisphère pa- roît en reproduire ou en créer une. Si toutes deux ne sont parfaitement semblables , la perception de Pame qui doit les réunir, sera es etirré- gulière, Or 1l y aura inégalité dans les deux sen- sations, s’il en existe dans les deux hénsphères où elles ont leur siége. La perception, la mémoire et l'imagination sont les bases oïdinaires du jugement, Si les unes sont confuses, comment l’autre pourra-t-il être distinct ? | Nous venons de supposer l'inégalité d’action des hémisphères, de prouver que le défaut de précision dans les fonctions intellectuelles doit en être le résultat; maïs ce qui n’est encore que supposition avion réalité dans une foule de cas. Quoi de plus commun que de voir coïncider avec la compression de Phémisphère d’un côté par le sang , le pus épanché, un os déprimé, uneexostose développée à la face interne du crâne, ete. de nombreuses altérations dans la mémoire ; la. per- ception , l'imagination, le jugement ?. Lors même que tout signe de compression ac- tuelle a disparu ; si, par Pinfluence de celle qu’il DANS LES DEUX VIES. 25 a éprouvée, lun des côtés dweerveau reste plus | foible , ces altérations ne se prolongent-elles pas ? diversés aliénations n’en sont-elles pas les funestes suites? Si les deux côtés restoient égalément af- fectés , le jugement seroiït plus foible, maïs il se- roit plus exact. N'est-ce pas ainsi qu’il faut ex- pliquer plusieurs observations souvent citées, où un coup porté sur une des régions latérales de la tête, a rétabli les fonctions intellectuelles trou- blées depuis long-tems à la suite d’un autre coup reçu sur la région opposée. Je crois avoir établi qu’en supposant Pinégalité d’action des hémisphères, les fonctions intellec- tuelles doivent être troublées.J’ai indiqué ensuite divers cas maladifs où ce trouble est le résultat - évident de cette inégalité. Nous voyons ici l’effet et la cause ; mais là où le premier sens est appa- rent, Passlogie né nous indique-t-elle pas la’ se- conde? Quand habituellement le jugement est inexact , que toutes les idées manquent de préci- sion, ne sommes-nous pas conduits’à croire qu’il y a défaut d’harmonie entre les deux côtés du cerveau? Nous voyons de travers, si la nature ma mis de Paccord dans la force des deux yeux. Nous percevonset nous jugeons de même, si les hémisphères sont naturellement discordans: les- prit le plus juste, le jugement le plus sain , sup- posent en eux Pharmonie la plus. complète, Que de nuances dans les opérations de l’entendement! ces nuances ne correspondent-elles point à au- tant de variétés dans lerapport de forces des deux moitiés du :cerveau ? Si nous pouvions loucher 26 DU MODE:D'ACTION de cet organe comme des yeux, c’est-à-dire ne recevoir qu’avec un seul hémisphère les impres- sions externes, nemployer qu’un seul côté du cerveau à prendre des déterminations, à juger, nous serions maîtres alors de la justesse de nos opérations intellectuelles ; mais une semblable faculté n’existe point. Poursuivons l’examen de l’harmonie d’action dans le. système de la vie animale. Aux fonctions du cerveau succèdent la locomotion et la voix ; la première semble , au premier coup d'œil, faire exception à la loi générale de harmonie d’ac- tion. Considéréz en effet les deux moitiés verti- cales du corps; vous verrez l’une constamment supérieure à l’autre, par l’étendue, le nombre, la facilité des mouvemens qu’elle exécute, C’est, comme on le sait, la portion droite qui emporte communément sur la gauche, 1 Pourcomprendre la raison de cette dMérénce, distinguons dans toute espèce de mouvement la force et Pagilité. La force tient à la perfection d'organisation , à l’énergie de nutrition, à la plé- nitude de vie de chaque muscle; l’agilité est le résultat de l’habitude et du fréquent exercice. Remarquons maintenant que la discordance des organes locomoteurs porte, non sur la force, mais sur l’agilité des mouvemens. Tout est égal dans le volume , le nombre de fibres , les nérfs de l’un et Pautre des membres supérieurs où infé- rieurs; la différence de leur système vasculaire est presque nulle. IL suit de là que cette discor- dance west pas, ou presque pas, dans la nature ; DANS LES DELX VIES. 27 elle est la suite manifeste de nos habitudes so- ciales, qui, en multipliant les mouvemens d’un côté, augmentent leur adresse, sans trop ajouter à fe force. Tels sont en effet les besoins dela sociêté, qu’ils nécessitent un certain nombre de mouvemens généraux qui doivent être exécutés par*tous dans la même direction , afin de pouvoir s’entendre. On est convenu que cette direction seroit celle de gauche à droite. Les lettres qui composent Pécriture de la plupart des peuples, sont dirigées dans ce sens. Cette circonstance entraîne la né- cessité d’employer , pour former ces lettres, la main droite , qui est mieux adaptée que la gau- che à ce mode d’écriture, comme celle-ci con- viendroit infiniment mieux au mode. opposé , ainsi qu'il est facile de s’en convaincre par le moindre essai. La direction des letéfes de FE à droite 1m : pose. Ja loi de les parcourir des yeux de la même manière. De l'habitude: de lire: ainsi, naît celle d’examiner la plupart des objets suivantle même sens. , La nécessité de l’ensemble-dans Les combats a détérminé à employer généralement la main droite pour saisir les armes ; l'harmonie qui di- rige la.danse des peuples les plus sauvages, exige dans.les: jambes un.accord qu’ils conservent en faisant toujours porter sur la droite , leurs mou- vemens principaux. Je. pourrois ajouter à ces divers exemples une foule d’autresanalogues. Ces mouvemens généraux , convenus de tous 28 DU MODE D'ACTION dans Pordre social; qui romproient l’harmonié d’une foule d’actes , si tout le monde ne les exécu- toit pas dans le même sens, ces mouvemens nous entraînent inévita blemént , par l'influence de l’habitude , à employer, pour nos mouvemens particuliers, les membres qu’ils mettent en àc- tion. Or ;'ces membres étant ceux placés à droite; 1l réshlté que les membres de ce côté sont tou- jours en activité, soit pour les besoins relatifsaux mouvemens que nous coordonnons avec ceuxdes autres individus , soit pour les besoins qui nous sont personnels, ” Comme l’habitude d’agir perfectionne lac- tion, on conçoit la cause de lexcès d’agilité du membre droit sur le gauche. Cet excès n’est presque pas primitif; l’usage l’amène d’une ma- nière insensible, Cetteremarquable différence dansles deux moï- tiéssymétriques du corps n’est donc point, dansla nature , une exception à la loi générale de Phar- monie ductiof des fonctions externes. Cela est si vrai, que l’ensemble des mouvemens exécutés avec tous nos membres, est d’autant plus précis qu'il y a moins de différenèe dans Pagilité des muscles gauches et droîts. Pourquoi certains animaux franchissent-ils avec tant d’adresse des rochers où la moindre déviation les entraîneroït dans l’'abyme’,courent- ils avec une admirable précision, sur des plans à peine égaux en largeur à l’extrémité de leurs membres ? Pourquoi la marche de ceux qui sont les plus lourds, n’est- elle jamais accompagnée de ces faux pas si com- DANS LES DEUX VIES. 20 muns dans la progression de l’homme ? C’est que chez eux la différence étant presque nulle entre les organes locomoteurs de l’un et l’autre côtés, €es organes sont en harmonie constante d’actions L’homme le plus adroïit dans ses mouvemens détotalité, est celui qui l’est le moins dans les ‘mouvemens isolés du membre droit: car,comme je le prouveraiï ailleurs, la perfection d’une partie ne acquiert jamais qu’aux dépens de celle de toutes les autres. L’enfant qu’on éleveroit à faire un emploi égaldeses quatre membres,auroitdans ses mouvemens généraux une précision qu’il ac- querroit difficilement pour les mouvemens par- ticuliers de la main droite, comme pour ceux qu’exigent lécriture , l'escrime , etc. Je crois bien que quelques circonstances na- turelles ont influé sur le choix de la direction des mouvemens généraux qu’exigent les habitudes so- cialés ; tels sont le léger excès de diamètre de la souclavière droite , le sentiment de lassitude qui accompagne la digestion , et qui, plus sensible à gauche à cause de Pestomac, nous détermine à agir pendant ce temps du côté opposé; tel est instinct naturel qui , dans les affections vives, nous fait porter la main sur le cœur, où la droite se dirige bien plus facilement que la gauche. Maïs ces causes sont presque nulles, comparées à la disproportion des mouvemens des deux moitiés symétriques du corps, et sous ce rapport il est toujours vrai-de dire que leur discordance est un 50 DU MODE BWACTION effet social , et que la nature les à primitivement destinées à l’harmonie d’action.. La voix est, avec la locomotion, le dernier acte de la vie animale , dans l’enchaînement na- turel de ses fonctions. Or la plupart des physiolo- gistes, Haller en particulier, ontindiqué ;comme cause de son défaut d’harmonie , la discordance des deux moitiés symétriques du larynx, liné- galité de force dans les muscles qui meuvent les aryténoïdes , d'action dans les nerfs qui vont de chaque côté à cet organe, de réflexion des sons dans l’une et l’autre narines, dans les sinus droits et ganches. Sans doute la voix fausse dé- pend souvent de l'oreille : quand nous entendons faux , nous chantons de même; mais quand la justesse de l’ouïe coïncide avec le défaut de pré- cision des sons , la causeenest certairiement dans le larynx. La voix la plus harmonieuse est donc celle que les deux parties du larynx produisent à un degré égal, où les vibrations d’un côté, exactement semblables par leur nombre, leur force, leur durée, à celles du côté opposé, se confondent avec elles pour produire le même son; de même que le chant le plus parfait seroit celui que pro- duiroient deux voix exactement identiques par leur portée, leur timbre et leurs inflexions. Des nombreuses considérations que je viens de présenter, découle, je crois, ce résultat général, savoir , qu’un des principes essentiels de la vie animale , est ’harmonie d’action des deux parties analogues, ou des deux côtés de la partie simple, DANS LES, DEUX VIES. 52 qui concourent à un même but, On voit facile- ment, sans que je l’indique, le rapport qui existe entre cette harmonie d’action, caractère des fonctions , et la symétrie de foriél attribut des organes de la vie animale, Je préviens au reste, en finissant ce paragra- phe, qu’en y indiquant les dérangemens divers qui résultent, dans la vie animale , du défaut d'harmonie des organes, je n’ai prétendu assigner qu’une cause isolée de ces dérangemens ; je sais, par exemple , que mille circonstances autres que la discordance des deux hémisphères du cerveau, peuvent altérer le jugement, la mémoire, etc. etc. SIT, Discordance d’action dans la vie orga- nique. _ À côté des phénomènes de la vie externe, pla- cons maintenant ceux de la vie organique; nous verrons que Pharmonie n’a sur eux aucune in- fluence. Qu’un rein plus fort que l’autre sépare plus d’urine; qu’un poumon mieux développé admette, dans un temps donné, plus de sang vei- neux, et renvoie plus de sang artériel ; que moins de force organique distingue les glandes sali- vaires gauches d’avec les droites ; qu'importe !la fonction unique à laquelle concourt chaque paire d'organes, n’est pas moins régulièrement exer- cée. Qu’un engorgement léger occupe lun des côtés du foie, de la rate, du pancréas; la portion, saine supplée, et la fonction n’est pas troublée, La circulation reste la même au milieu des va 52 DU MODE D'ACTION » riétés fréquentes du système vasculaire des deux côtés du corps , soit que ces variétés existent na turellement , soit qu’elles tiennent à quelques oblitérations artificielles de gros vaisseaux, comme dans Panévrisme. De là ces nombreuses irrégularités de struc- ture, ces vices de conformation qui, comme je Pai dt, s’observent dans la vie organique, sans qu’il y arrive pour cela discordance des fonc- tions. De là cette succession presque continue dé modifications qui, agrandissant et rétrécissant tour-à-tour le cercle de ces fonctions, ne les laisse presque jamais dans un état fixe. Les forces vi- tales et les excitans qui les mettent en jeu, sans cesse variables dans l’estomac, les reins, le foie, les poumons, le cœur, etc. y déter DE hs instabilité constante dans les phénomènes. Mille causes peuvent à chaque instant doubler, tripler Pactivité de la circulation et de la respiration, accroître ou diminuer la quantité de bile , d’u- rine, de salive secrétées, suspendre ou accélérer la nutrition d’une partie; la faim , les alimens, le sommeil , le mouvement , le repos, les pas- sions , etc. impriment à ces fonctions une mobi- lité telle, qu’elles passent chaque jour par cent degrés divers de force où de foiblesse. Tout, au contraire, est constant, uniforme, régulier dans la vie animale. Les forces vitales des sens ne peuvent, de même que les forces in- térieures , éprouver ces alternatives de modifi- cations, ou du moins à un degré aussi marqué. Kn effet, un rapport habituel les unit aux forces \ DE LA DURÉE D'ACTION, etc. 53 physiques qui régissent les corps extérieurs :‘or, celles-ci restant les mêmes dans leurs variations, chacune de ce$ variations anéantiroit le rapport, et alors les fonctions cesseroient. D’ailleurs, si cette mobilité qui caractérise la vie organique , étoit aussi l’attribut des sensa- tions , elle le seroit, par là même, + la percep- tion, de là mémoire, de imagination, du juge- ment , et Conséquemment de la volonté. Alors . que seroit l’homme ? entraîné par mille mouve- mens opposés, jouet perpétuel de tout ée qui Pentoureroit, ilverroit son existenc , tour-à-tour voisine de celle des corps bruts, ou Pute : à celle dont 1} jouit en effet, allier à ce que lin- telligence montre de plus grand ,ce que la matièré nous présente de plus vil. 11 ’ ARTICLE QUATRIÈME. Différences générales des deux vies, par rapport à la durée de leur action. : Js viens d'indiquer un des grands caractères qui distinguent les phénomènes de la vie animale d’avec ceux de la vie organique. Celui que je vais examiner n’est pas, je crois, d’une moindre im- portance; il consiste dans l’intermittence pério- dique des fonctions externes, et la continuité non interrompue des fonctions intèrnes. C { 54 *DE LA*DURÉE D'ACTION 6 I. Continuité d’action dans la vie orga- » nique, La cause qui suspend la respiration et la cir- culation, suspend et même anéantit la vie, pour peu qu’elle soit prolongée. Toutes les secrétions s’opèrent Fe interruption, et si quelques pé- riodes de rémittence s’y observent, comme dans la bile, hors le temps de la digestion, dans la salive, hors celui de la mastication, etc. ces périodes ne portent que sur Pintensité et non sur l’entier exercice de re L’exhalation et Pabsorp- tion se succèdent sans cesse; jamais la nutrition ne reste inactive; le double mouvement d’assi- milation et de désassimilation dont elle résulte, n’a de terme que celui de la vie. Dans cet énchaînement continu des phéno- mènes organiques , chaque fonction est dans une dépendance immédiate de celles qui la précèdent. Centre de toutes , la circulation est toujours im- médiatement liée à leur'eéxercice ; si elle est trou- blée , les autres languissent ; elles cessent quand le sang est immobile. Tels , dans leurs mouve- mens successifs, les nombreux rouages de l’hor- loge s’arrètent - ils dès que le pendule qui les met tous en jeu, est lui-même arrêté. Non-seu- lement l’action générale de la vie organique est liée à Paction particulière du cœur, mais encore chaque fonction s’enchaîne isolément à toutes les autres. Sans secrétion point de digestion , sans exhalation nulle absorption, sans'digestion dé- faut de nutrition. did DANS LES DEUX. NT ES): 55 Nous pouvons donc, je crois, indiquer comme caractère général des fonétions organiques , leur continuité etla mutuelle dépendance oùelles sont les unes des eut. # n + 6 IT. Intermitience d'action dans le vie animale. Cds au contraire chaque organe de la vie animale dans l'exercice de ses fonctions, vous y verrez constamment des dirt et de repos, des intermittences complètés, et non des rémittences comme celles qu’on remarque dans quelques phénomènes organiques. Chaque sens fatigué par de longues sensations, devient momentanément impropre à en recevoir de nouvelles. L’oreille n’est point excitée par les sons, l’œil se ferme à la lumière, les saveurs n’ir- ritent plus la langue, les odeurs trouvent la pi- tuitaire insensible , le toucher devient obtus, par la seule raison que les fonctions respectives de ces divers organes se sontexercées quelque temps. Fatigué par Pexerciceæontinué de la percep- tion, de l’imagination, de la mémoire ou de la méditation, le cerveau a besoin de reprendre, par une absence d’action proportionnée à la durée d'activité qui a précédé, des forces sans lesquelles il ne pourroit redevenir actif. Tout muscle qui s’est fortement contracté , ne se prête à de nouvelles contractions, qu’après être resté un certain temps dans le relâchement, C à 56 DE LA DURÉE D'ACTION De là les intermittences nécessaires de la loco- motion et de la voix. HR Tel est donc le caractère propre à chaque or- gane de la vie animale, qu’il cesse d’agir par là même qu’il s’est exercé, parce qu’alors 1l se fa- tigue, et que ses forces épuisées ont besoin de se renouveler. L’intermittence de la vie animale est tantôt partielle, tantôt générale : elle est partielle quand un organe isolé a été long-temps en exercice , les autres restant inactifs. Alors cet organe se re- lâche ; il dort tandis que tous les autres veillent. Voilà sans doute pourquoi chaque fonction ani- male n’est pas dans une dépendance immédiate des autres , comme nous l’avons observé dans la vie organique. Les sens étant fermés aux sensa- tions , action du cerveau peut subsister encore ; la mémoire, imagination, la réflexion y restent souvent. La locomotion et la voix peuvent alors continuer aussi ; celles-ci étant interrompues, _ les sens recoivent également les impressions ex- ternes, L'animal est maîtrede fatiguer isolément telle ou telle partie. Chacune devoit donc pouvoir se relâcher ,et par là même, réparer ses forces d’une manière isolées c’est le sommeil partiel des or- ganes. “ D DANS LES DEUX VIES. 57 & IT. Application de la ne d’intermittence d’action à la théorie du sommeil. Le sommeil général est Pétbrble des som meils particuliers; il dérive de cette loi de la vie animale quienchaîne constamment dans ses fonc- tions, des temps d’intermittence aux périodes d'activité, loi qui la distingue d’une manière spéciale , comme nous l’avons vu, d'avec la vie organique : aussi le sommeil n'at-1 ; jamais sur celle-ci qu’uneinfluencedirecte, tandis 4 porte tout entier sur la première. De nombreuses variétés se remarquent dans cet état périodique auquel sont soumis tous les animaux, Le sommeil le plus complet est celui où toute la vie externe, les sensations, la per- ception, Pimagination, la mémoire, le Jugement, la locomotion et la voix sont suspendus: le moins parfait n’affecte qu’un organe isolé; c’est celui dont nous parlions tout-à-Pheure. Entre ces deux extrêmes, de nombreux inter médiaires se rencontrent : tantôt les sensations, la perception, la locomotion et la voix, sont seules suspendues, l’ imagination, Ja mémoire, Je jugement restant en exercice; tantôt, à l’exer- cice de ces facultés qui subsistent ; se of aussi l'exercice de la locomotion et de la voix. C’est là le sommeil qu’agitent les rêves, lesquels neïsont autre chose qu’une portion de la vie animale, échappée à Pengourdissement où l’autre portion est plongée. 58 DE LA DURÉE D'ACTION Quelquefois même trois ou quatre sens seule- ment ont cessé leur communication avée les ob- jets extérieurs : telleest cette espèce de somnam- bulisme où à l'action conservée du cerveau , des muscles et du larynx, s’unit celle souvent très- distincte de Pouïe et du tact. _ N’envisageons donc point le sommeil comme un état constant et invariable dans ses phéno- mènes. À peine dormons-nous deux fois de suite de la même manière : une foule de causes le modifient, en appliquant à une portion plus ou moins grande de la vie animale, la loi générale de l’intermittence d’action. Ses degrés divers doivent se marquer par les fonctions diverses que cette intermittence frappe. = Le principe est par-tout le même, depuis le simple relâchementqui dans un muscle volontaire succède à la contraction, jusqu’à l’entière sus- pension de la vie animale. Par-tout le sommeil tient à cette loi générale d’intemittence , carac- tère exclusif de cette vie ; mais son application aux différentes fonctions externes varie infini- ment. IT y a loin sans doute de ces idées sur le som- meil à tous ces systèmes rétrécis où sa cause, exclusivement placée dans le cerveau, le cœur, les gros vaisseaux, lPestomac, etc. présente un phénomène isolé, souvent illusoire, comme base d’unédes grandes modifications de la vie. Pourquoi la lumière et les ténèbres sont-elles, dans Pordré naturel, régulièrement coordonnées à l’activité et à l’intermittence des fonctions ex- DANS LES DEUX VIES. 39 ternes ? C’est que pendant le jour, mille moyens d’excitation entourent l’animal , mille causes épuisent les forces de ses organes sensitifs et locomoteurs, déterminent leur lassitude, et pré- parent un relshbthent que la nuit favorise par. l'absence de tous les genres de stimulans, Aussi dans nos mœurs actuelles, où cet ordre est en partie interverti, nous sta bions autour de nous, pendant les ténèbres, divers excitans qui prolongent la veille, et font coïncider avec les premières heures de lai lumière, Pintermittence de la vie animale , que nous favorisotis d’ailleurs, en éloignant du lieu de notre repos tout moyen propre à faire naître des sensations. Nous pouvons , pendant un certain temps, soustraire les organes de la vie animale à la loi d’intermittence, en multipliant autour d’eux les causes d’excitation; mais enfin ils la subissent, et rien ne peut, à une certaine époque, en suspen- dre l'influence. Épuisés par une veille prolongée, le soldat dort à côté du canon, l’esclave sous les verges qui le frappent, le criminel au milieu des tourmens de la question, etc. etc. Distinguons bien au reste le sommeil naturel, suite de la lassitude des organes, de celui qui est l’effet d’une affection du cerveau, de Papo- plexie ou de la commotion, par exemple. Ici les sens veillent , ils reçoivent les impressions, ils sont affectés comme à lordinaire; mais ces im- pressions ne pouvant être perçues par le cerveau malade , nous ne saurions en avoir la conscience. Au contraire , dans l’état ordinaire, c’est sur les 4o DE L’H AB IT U,D Eù sens,autant et même plus que sur le cerveau, que porte l’intermittence d’action. : Il suit de ce que nous avons dit a cet ar- ticle, que par sa nature la vie organique dure beaucoup plus que la vie animale : en effet, la somme des périodes d’intermittence de celle-ci est presque à celle de ses temps d’activité , dans la proportion de la moitié; en sorte que sous ce rapport nous vivons presque au dedans le double de ce que nous existons au dehors. ARTICLE CINQUIÈME Différences ténoreles des deux vies Y par | LFP É l'habitude. | Cssr encore un M érénids caractères qui dis- tinguent les deux viesde Panimal, que Pindé- pendance où l’une est de Phabitude y comparée à l'influence que autre en reçoit. 6 E. De l'habitude be la vie animale. Tout est modifié par habitude dans la, vie animale; chaque fonction , exaltée ou affoiblie, par elle, semble, suivant les diverses époques où elle s’exerce , prendre des caractères tout diffé- rens : pour bien en estimer l’influence , il. faut distinguer deux choses dans l’effet des sensations, le sentiment et le jugement. Un chant frappe DANSÜ LES DEUX VIES £1 notre oreille ; sa première impression est , sans que nous érthiôns pourquoi, pénible ou agréable ; ; voilà le sentiment. S’il continue,nous cherchons à apprécier les divers sons dont il est Passemblage, à distinguer leurs accords ; voilà le jugement. Or l'habitude agit d’une manière inverse sur ces deux choses. Le sentiment est. constamment émoussé par elle, le jugement au contraire lui doit sa BErfcetiont: Plus nous voyons un objet, moins nous sommes sensibles à ce qu’il a de pé- nible ou d’agréable, et mieux nous en jugeons tous les attributs. | L 6 II, Game émousse le sentiment. hi Je dis d'abord de le propre de l'habitude est d’émousser le sentiment, de ramener toujours le plaisir ou la douleur à. Pindifférence, qui en est le terme moyen. Mais avant que de prouver cette remarquable assertion, hé est bon d’en préciser le sens. La douleur et lé P äisir sont absolus ou re- latifs. L’instrament quidéchire nos parties, l’in- flammation qui les affecte, causent une douleur absolue ; Paccouplement est un plaisir de même nature. HE vue d’une bellecam pagnenous charme; c’est là une jouissance relative à l’état actuel où se trouve lame : car pour Phabitant de cette cam- pagne , depuis long-temps sa vue est indifférente, Une sonde parcourt lPurètre pour la première fois ; elle est pénible pour le malade ; huit jours après il n’y est pas sensible ; voilà une douleur de comparaison. Tout ce qui agit sur nos organes en | ” 4a DE L’I AÏB LT U DE détruisant leur tissu ,‘est toujours cause d’une sensation absolue Je’ simple contact d’un corps sur le nôtre , n’en produi jamais que de relatives. IL est évidénts d’après cela, que le domaine du plaisir ou de T douleur Ébiolust est bien plus rétréci que celui de la douleur ou du plaisir rela- tifs; que ces mots, agréable et pénible, supposent presque toujours une comparaison entre Pim pres- sion que reçoivent les sens, et état de l'ame qui percoit cette impression. Or il est manifeste que le plaisir et la douleur relatifs sont seuls soumis à Pempirede Phabitude ; eux seuls vont donc nous OCCU Pre | M" 1 Les preuves se pressent en foule pour établir que toute espèce de plaisir ou de peine relatifs, est sans cesse ramenée à l’indifférence par l’in- fluence de Phabitude, Tout corps étranger, en contact pour la première fois avec une membrane muqueuse, y détermirie une sensation pénible douloureuse même , quéchaque jour diminue, et qui finit enfin par devenir insensible. Les pes- saires dans le vagin, les tampons dans le rectum, l'instrument destiné à lier un polype dans la ma- trice ou le nez, les sondes dans l’urètre, dans Pœæsophage ou la trachée-artère, les stylets, les sétons dans les voies lacrymales, présentent cons- tamment ce phénomèxe. Les impressions dont l’organe cutané est le siége, sont toutes assujet- ties à la même loi. Le passage subit du froid au chaud ou du chaud au froid entraîne toujoursun saisissement incommode , qui s’affoiblit et cesse enfin si la température de Patmosphère se sou- # DANS LES DEUX VIFS. 43 tient à un degré constant. De là les sensations variées qw’excite en nous le changement de sai- sons, de climats, etc. Des phénomènes analogues sont le résultat de la perception successive des qualités humides ou sèches , molles ou dures des corps en contact avec le nôtre. En général, toute sensation très-différente de celle qui précède, faitnaîtreunsentiment squel’habitude usebientôt. Disons du plaisir ce que nous venons de dire de la douleur. Le parfumeur placé dans une at- mosphère cdorante, le cuisinier dont le palais est sans cesse affecté par de délicieuses saveurs, ne trouvent point dans leurs professions les vives Jouissances qu’elles préparent aux autres, parce que chez eux lPhabitude de sentir a émoussé la sensation. [l en est de même des impressions agréables dont le siége est dans les autres sens. Tout ce qui fixe délicieusement la vue, ou frappe agréablement Poreille, ne nous offre que des plai- sirs dont la vivacité estbientôt anéantie. Le spec- tacle le plus beau, les sons les plus harmonieux sont successivement la source du plaisir, de Pin- différence, de la satiété, du dégoût et même de l’aversion , par leur: seule continuité, Tout le monde a fait cette remarque que les poëtes et les philosophes se sont appropriée, chacun à leur manière. D’où naît cette facilité qu’ont nos sensations de subir tant de modifications diverses et souvent opposées ? Pour le concevoir , remarquons d’a- bord que le centre de ces sépéhitions de plaisir, de peine et d’indifférence, n’est point dans les or- 44 DE L’'HABITUDE ganes qui recoivent ou transmettent la sensation, mais dans l’ame qui la perçoit : l’affection de Pœil, de la langue, de Vouïe, est toujours la même ; mais nous aftachons à cette affection unique ‘des sentimens variables. Remarquons ensuite que Paction de Pame dans chaque sentiment de peine où de plaisir, né d’une sensation, consiste en une comparaison entre cette sensation et celles qui l’ont précédée, com- paraison qui west point le résultat de la réflexion, mais Peffet involontaire de la première impres- sion des objets. Plus il y aura de différence entre VPimpression actuelle et les impressions passées ; plus le sentiment en sera vif. La sensation qui nous afiecte le plus, est celle qui ne nous a ja- mais frappés. Il suit de là qu’à mesure que les sensations se répètent plus souvent, elles doivent faire sur nous une moindre impression , parce que la compa- raison devient moins sensible entre l’état actuel et l’état passé. Chaque fois que nous voyons un objet , que nous entendons un soh, que nousgoû- tons un mets, ete. nous trouvons moins de diffé- rence entre Ce-que nous Don et ce que nous avons éprouvé, … Ilest donc de lanature du ie et de la peine de se détruire d’eux-mêmes, de cesser d’être, parce qu’ils ont été. [art de rolon dés la durée de nos jouissances, consiste à en varier les causes. Je dirois presque, si je mavois égard qu’aux lois de notre organisation matérielle , que la constance est un rêve heureux des poëtes, que le » DANS LES DEUX VIES. 45 vonheur n’est que dans Pinconstance, que ce sexe enchanteur qui nous captive auroit de foibles droits à nos hommages, si ses attraits étoient trop uniformes , que si la figure de toutes les femmes étoit jetée au même moule, ce moule seroit le tombeau de l’amour, etc. Mais gardons - nous dempfivelt principes de la physique à renver- ser ceux de la morale; les uns et les autres sont également solides, quoique parfois en opposition. Remarquons seulement que souvent les premiers nous dirigent presque seuls ; alors l'amour que l’habitude tente d’enchaîne: ge din le plaisir et nous laisse le dégoût; alors le souvenir met un terme toujours prompt à la constance, en rendant uniforme ce que nous sentons et ce que nous avons senti: car telle paroît être l'essence du bonheur physique, que celui qui estpassé émousse lattrait de celui dont nous jouissons. Voyez cet homme que ennui dévore aujourd’hui à côté de celle près de qui les heures fuyoïent jadis comme l'éclair ; ilseroit heurenx$il ne avoit point été, ou s’il pouvoit oublier qu’il le fut autrefois. Le souvenir est, dit-on, le seul bien des amans mal- heureux: soit , mais avouons qu’il est le seul mal des amans heureux. Reconnoissons donc que le plaisir physique n’est qu’un sentiment de comparaison, qu’il cesse d’exister là où l’uniformité survient entre lessen- sations actuelles et les impressions passées, et que c’est par cette uniformité que l’habitude tend sans cesse à le ramener à l’indifférence: voilà tout +: 000 DE :-T'H A:BI T.U D'E le secret de l’immense influence qu’elle” exerce sur no$ jouissances: Telle est aussi son mode d’action sur nos pei- nes. Le temps s’enfuit, dit-on , en emportant la douleur; il en est le sûr remède. Pourquoi ? c’est que plus il accumule de sensations sur celle qui nous a été pénible, plus il affoiblit le sentiment de comparaison établi entre ce que noussommes actuellement, et ce que no étions alors. Il est enfin une époque où ce ns ts’éteint ; aussi est-il pas déternell s douleurs ; toutes dont à irrésistible ss6endant de l'habitude. 6 IIT. L'habitude perfectionre le jugement. _ Je viens de prouver que tout ce qui tient au sentiment , dans nos relations avec ce qui nous environne, est afloibli, émoussé, rendu nul par l'effet de l’habitude. Il est Ets maintenant de démontrer qu’elle perfectionne et agrandit tout ce qui a rapport au jugement porté d’après ces relations. Lorsque, pour la première fois , la vue se pro- mène sur une vaste campagne, Ford est frap- pée par une harmonie, le goût ou l’odorat sont affectés d’une saveur ou d’une odeur très-compo- sée, des idées confuses et inexactes naissent de ces sensations; nous nous représentons l’ensem- ble ; les détails nous échappent. Mais que ces sen- sations se répètent, que l’habitude les ramène souvent , alors notre jugement devient précis, rigoureux ; il embrasse tout ; la connoiïssance de | DANS LES DEUX VIES. &7 l’objet qui nous a frappés devient parfaite, d’irré- gulière qu’elle étoit. Voyez cet homme qui arrive à l'Opéra ; étran- ger à toute espèce de spectacle, il en rapporte des notions vagues. La danse, la musique, les décorations, le jeu des acteurs, l'éclat de Pas- semblée, tout s’est confondu, pour lui, dans une espèce de chaos qui Pa charmé. Qu'il édite su C= cessivement à plusieurs représentations ; ce qui, dans ce bel ensemble, a "Sa à chaque art, commence à s’isoler dans so esprit ; bientôt il saisit les détails : alors: il peut juger, et il le fait d’autant plus surement , que l’habitude de voir lui en fournit des occasions plus fréquentes. ” Cet exemple nous offre en abrégé le tablean de l’homme commencant à jouir du spectacle de la nature. [/enfant qui vient de naître , et pour qui tout est nouveau , ne sait encore percevoir dans ce qui frappe ses sens, que les impressions géné- rales. En émoussant peu à peu ces impressions qui retiennent d’abord toute l'attention de en fant, habitude lui permet de saisir les attributs particuliers des corps ; elle lui apprend ainsi in sensiblement à voir , à entendre, à sentir, à goûter , à toucher , en le At nébessitement descendre dans chaque sensation , des notions confuses de l’ensemble, aux idées précises des détails. Tel est en effet un des grands caractères de la vie animale, qu’elle a besoin , comme nous le verrons, d’une véritable éducation. L’habitude , en émoussant le sentiment , ainsi que nous avons vu, perfectionne donc cons- 48 D & LA SLIYT U D 4 tamment le jugement, et même ce secondeffet est inévitablement lié au premier. Un exemple rendra ceci évident : je-parcours une prairie émaillée de fleurs; une odeur générale, assem- _blage confus de toutes celles que fournissent iso- lément ces fleurs, vient d’abord me frapper: dis- traite par elle, Paire. ne peut percevoir autre chose; mais l'habitude affoiblit ce premier sen- thnané à bientôt il s’efface ; alors l'odeur parti- culière de chaque plante se distingue, et je puis porter un jugement qe primitivement im- possible.: LA eRE A Ces deux modes opposés. d'influence que Ms bitude éxerce sur le sentiment et le jugement, tendent donc, comme on le voit, à un but com- mun, et ce but est la perfection de chaque acte de la vie animale. . 6 IV. De l’habitude dans la vie organique. Rapprochons maintenant de ces phénomènes, ceux de la vie organique ; nous les verrons cons- tamment soustraits à l'empire de l’habitude. La circulation, la respiration, l’exhalation, l’ab- sorption, la nuütrition, les secrétions ne sont jamais modifiées par elle. Mille causes menace- roient chaque jour Pexistence , si ces fonctions essentielles pouvoient en recevoir Pinfluence. Cependant l’excrétion des urines , des matières fécales peut quelquefoisise suspendre , s’'accélé- rer, revenir selon des lois qu’elle a déterminées ; l'action de l’estomac dans la faim, dans le con- DANS LES DEUX VIESs. 49 tact dés diverses espèces d’alimens , y paroît aussi subordonnée; mais remarquons que ces divers phénomènes tiennent presque le milieu entre ceux des deux vies, se trouvent placés sur les limites de l’une et de l’autre , et participent presqu’autant à l’animale qu’à Porétique. Tous en effet se passent sur les membranes muqueuses, espèces d'organes qui, toujours en rapport avec des corps étrangers à dotre propre substance , sont le siége d’un tact interne, analogue en tout au tact extérieur dedla peau sur les corps qui nous entourent. Ce tact devoit donc être assujetti aux mêmes modifications : doit-on s’étonner, d’après cela, de l’influence que l’habitude exerce sur lui? Remarquons d’ailleurs , que la plupart de ces phénomènes; relatifs au premier ou au dernier séjour des alimens dans nos parties qu’ils doivent réparer, phénomènes qui commencent, pour ainsi dire , et terminent la vie organique, en- traînent après eux divers mouvemens essentiel lement volontaires , et par conséquent du do- maine de la vie animale. Je ne parle point ici d’une foule Arbre mMo« difications dans les forces, les goûts, les dé- sirs, etc. modifications qui tirent leur source de Phabitude, Je renvoie aux ouvrages nombreux qui en ont considéré linfluence sous des points de vue différens de celui que je viens de por senter. Go DU MORAL ARTICLE SIXIÈME. Différences générales des deux vies ; par rapport au moral, I L faut considérer sous deux rapports les actes qui, peu liés à Porganisation matérielle des ani- maux, dérivent de ce principe si peu connu dans sa nature, mais si remarquable par ses effets, centre de tous leurs mouvemens volontaires , et sur lequel on eût moins disputé si, sans vouloir remonter à son essence, on se fût contenté d’ana- lyser ses opérations. Ces actes, que nous consi- dérons sur-tout dans l’homme où ils sont à leur plus haut point de perfection, sont ou purement intellectuels et relatifs seulement à l’entende- ment, ou bien le produif immédiat des passions. Examinés sous le premier point de vue , ils sont Pattribut exclusif de la vie animale; envisagés sous le second, ils appartiennent essentiellement à la vie organique. 6 I. Tout ce qui est relatif à l’entendement appartient à la vie animale, Il est inutile, jecrois, de s’arrêter longuement à prouver que la méditation , la réflexion, le ju- gement, tout ce qui tient en un mot à l’associa- . tion des idées, est le domaine de la vie animale. l DANS. LES, DEUX VIES. * 5 Nous jugeons. d’après les impressions reçues au- trefois , d’après célles que nous recevons actuel- lement , ou d'après celles que nous créons nous- mêmes. La mémoire, la perception et l’imagina- tion , sont les bases nées sur lesquelles ap- puient toutes les opérations de l’entendement ; or ces bases feposent elles-mêmes sur Paction des sens. Supposez un homme naissant dépourvu, de tout cet appareil extérieur qui établit nos Féla- tions avec les objets environnans ; cêt homme-là ne sera pas tout-à-fait la statue de Condillac ; car, comme nous le verrons, d’autres causes que les sebsatiôhe peuvent déterminer en nous l’exer- _cice des:mouvemens de la vie animale ; mais, au moins étranger à tout ce qui éséounb il ne pourra point juger, parce que les matériaux du jugement lui manqueront ; toute espèce de fonc- tion intellectuelle sera nulle chez lui; lavolonté, qui est le résultat de ces fonctions, ne pourra avoir beu,par conséquent cette classe si étendue .de mouvemens qui a son siège immédiät dans le cerveau , et qui est une suite des impressions que celui-ci à rèçues des objets extérieurs:, ne sera point son partage. C’est dont par la vie animale que l’homme est si grand, si supérieur à tous les êtres qui ’entou- rent ; par elle.il appartient aux sciences -s.aux arts, ätout.ce qui l’éloigne des attributs grossiers sous lesquels noûus nous représentons la matiére, pour le rapprocher des images sublimes quenons mous formons de la spiritualité. L’industrie, le D 2 52 DU MORAL commerce, tout ce qui est beau, tout ce qui agrandit le cercle étroit où restent les animaux, est Papanage de la vie extérieure. | La société’actuelle n’est autre chose qu’un dé- veloppement plus régulier, une perfection plus ‘marquée dans l’exercice des diverses fonctions de cette vie , lesquelles établissent nos rapports avec les êtres environnans ; car, comme je le prou- verai en détail, c’est un de ses caractères majeurs de pouvoir s’étendre , se perfectionner, tandis que dans [4 vie organique chaque partie n’aban- donne jamais les limites que la nature lui a po- sées. Nous vivons organiquement d’une manière tout aussi parfaite, tout aussi régulière dans le premier âge que dans l’âge adulte; mais com- -parez la vie ‘animale du mouveau-né à celle de l'homme de trente ans, et vous verrez la diffé. rence. gerer PR vi D’après ce que nous venons de dire , on peut considérer le cerveau, organe central de la vie animale , comme centre de tout ce qui & rapport à l'intelligence et à Péntendement. Je pourrois parler ici de sa proportion de grandeur dans homme et dans les animaux, où l’industrie semble décroître à mesure que l’angle facial de- : vient aigu , et que la cavité cérébrale se rétrécit , des altérations diverses dont il est le siége, et qui toutes sont marquées par des troubles notables dans l’entendement. Mais tous ces rapports sont assez connus , il suffit de les indiquer. Passons à cet autre ordre de phénomènes qui , étrangers, comme les précédens, aux idées que nous nous DANS LES DEUM VIES 55 Tormons des phénomènes matériels, ont cepen- dant un siége essentiellement différent. ÇIT. Tout ce qui est relatif aux passions appartient à la vie organique. Mon objet n’est point ici de considérer les pas- sions sous le rapport métaphysique. Quelles ne soient toutes que des modifications diverses d’une passion unique; que chacune tienne à un prin- cipe isolé , peu importe : remarquons seulement que beaucoup de médecins , en traitant de leur influence sur les phénomènes organiques, ne les. ont point assez distinguées des sensations. Celles- ci en sont l’occasiongmais elles en différent essen- tiellement. La colère, la tristesse, la joie n’agiteroient pas, il est vrai, notre ame, si nous ne trouvions dans: nos rapports avec les objets extérieurs, les causes qui les font naître. Il est vrai aussi que les sens. sont les agens de ces rapports ; qu’ils communi- quent la cause des passions, mais ils ne parti- cipent nullement à l’effet ; simples conducteurs dans ce cas, ils n’ont rien de commun avec les affections qu’ils produisent. Cela est si vrai, que toute espèce de sensations a son centre dans le cerveau, Car toute sensation suppose Pimpression. et la perception. Ce sont les sens qui recoivent l’impression, et le cerveau qui la perçoit; en sorte que là où l’action de cet organe est sus- pendue, toute sensation cesse. Au contraire il 54 ‘DAT MO RAL west jamais affecté dans les passions ; les organes de la vie interne en sont le siége unique. Il est sans doute étonnant que les passions qui entrent essentiellement dans nos relations avec les êtres placés autour de nous, qui modifient à chaque instant ces relations , sans qui la vie ani- male ne seroit qu’une froide série de phénomènes intellectuels , qui animent, agrandissent , exal- tent sans cesse tous les phénomènes de cette vie; 1l est, dis-je, étonnant que les passions Waient jamais leur terme ni leur origine dans ses divers organes, qu’au contraire les parties servant aux fonctions internes , soient constamment affectées parelles , et même les déterminent suivant Pétat où elles se trouvent. Tel est cependant ce que la stricte observation nous prouve. Je dis d’abord, que l'effet de toute espèce de passion É cendt a At étranger a la vie animale, est de fairenaîtreun changement, une altération quelconque dans la vie organique. La colère ac- célère les mouvemens de la circulation, multi- plie, dans une proportion souvent incommensu- rable , l’effort du cœur: c’est sur la force , la ra- pidité du cours du sang, qu’elle porte son in- fluence. Sans modifier autant la circulation, la joie la change cependant; elle en développe les phénomènes avec plus de plénitude, Paccélère légérement, la détermine vers l’organe cutané. La crainte agit en sens inverse; elle est caracté- r'$ée par une foiblesse dans tout le système vas- culaire, foiblesse qui, empêchant le sang d’ar- river aux Capillaires, détermine cette paleur gé- DANS LrSs VESTES. 55 nérale qu’on remarque alors sur Phabitude du corps, et en particulier à la face. L’effet de la tristesse, du chagrin est à peu près semblable. Telle est même l'influence qu’exercentles pas- sions sur les organes circulatoires , qu’elles vont, lorsque l'affection est très-vive, jusqu’à arrêter le jeu de ces organes: de là les syncopes dont le siége primitif est toujours, comme Je le prouverai bientôt, dans le cœur, et non dans le cerveau qui ne cesse alors d’agir;que parce qu’il ne recoit plus Pexcitant nécessaire à son action. De là même la mort, effet quelquefois subit des émotions extrêmes; soit que ces émo- tions exaltent tellement les forces circulatoires , que , subitement épuisées , elles ne puissent se rétablir, comme dans la mort produite par un accès de colère; soit que, comme dans celle oc- casionnée par une violente douleur, les forces, tout-à-coup frappées d’une excessive débilité , ne puissent revenir à leur état ordinaire, Si la cessation totale ou instantanée de la cir- culation n’est pas déterminée par cette débilité, souvent les parties en conservent une impression durable, et deviennent consécutivement le siége de diverses lésions organiques. Desault avoit; re- marqué que les maladies du cœur, les ané- vrismes de l’aorte se sont multipliés dans la ré- volution , à proportion des maux qu’elle a en- fantés. | La respiration n’est pas dans une dépendance moins immédiate des passions : ces étouffemens, cette oppression, effet subit d’une douleur pro- 56 D:ÙU. M0 R AL fonde , ne supposent-ils pas dans le poumon nxæ “ que parce qu’elle fait cesser toutes les fonctions qui nous metteñt én: rapport avec Ce qui nous en- toure. C’est la privation dé ces ‘fonctions qui sème lépouvante et leffroi sur: les bords de notre tombe, . di Ce nest. pàs la. ‘douleur que: nous redoutons : combien n'est-il pas de mourans pour qui le don de dresages-vis seroit précieux , quoiqu'il s’ache- feroit par lune suité non interrompue de souf- frances. Voyez Pañimal qui vit peu aü dehors ; qui n’4 de’relations que pour sés besoins maté _riels ; il ne frissoñne point ‘en ds nt où il va cesser d’être. | he étoït just fa de PE ün homme dont 4 >. 39 HO11S 160 DE LA FIN NATURELLE la mort ne portant que sur toutes les fonctions internes, comme la circulation , la digestion, les secrétions, etc. laissât subsister l’ensemble de la vie animale, cet homme verroit d’un œil indif- férent s’approcher le terme de sa vie organique, parce qu’il sentiroit que le bien.de lexistence ne lui est point attaché , et qu’il sera en état, après ce genre de mort, de sentir et d’éprouver presque toutcequiau paravantfaisoitson bonheur: Si la vie animale donc vient.à, cesser par gra dation; si chacun des nœuds qui nous enchaînent au plaisir de vivre, se rompt peu à peu, ce plai- sir nous EcbADbeEE. sans que nous nous en aper“ cevions , et déjà l’homme en aura oublié le prix lorsque la mort viendra le frapper. C’est ce que nous remarquons dans le viéil= lard, qui arrive, par la perte successive ,et par- tielle de ses net hi éxternes , à la perte to— tale de son existence, Sa destruction serapproche de celle du. végétal, qui, faute, de relations; n'ayant pas la conscience de ne sauroit avoir celle de sa mort. ) DT vU0TT sin 6 IT. Za pie organique ne finit pas hr: là mort naturelle comme dans la mort acci- dentelle. . : La vie organique: restée au ATEN ; après. tm perte presque. totale, de la vie animale , se,ter= mine chez lui d’une manière toute différente: de celle que nous, offre :sa fin. dans les morts vio- lentes et subites. Celles-ci ont véritablement deux périodes, : la première, est marquée par la cessation soudaine de la respiration et de la cix- DES DEUX VIESs. 161 cülation , double fonction qui finit presque tou- jours alors en même temps que la vie animale ; la seconde , plus lente dans ses phénomènes, nous montre le terme des autres fonctions or- ganiques , amené d’une manière lenteet graduée, Les sucs digestifs dissolvent encore dans l’es- tomac les alimens quis’y trouvent, etsur lesquels ses parois, assez long-temps irritables, peuvent aussi agir. Les expériences des médecins anglais et italiens sur l’absorption, expériences que j’ai toutes répétées, ont prouvé que cette fonction restoitsouventen activité après la mort générale, sinon aussi long - temps que quelques-uns Pont assuré, au moins pendant un intervalle très- marqué. Qui ne sait que les eéxcrétions de Purine, des matières fécales, effet de lirritabilité con- servée dans la vessie et dans le rectum, se font plusieurs heures après les morts subites. La nutritionest encore manifeste dans les che- veux et lesongles; elle le seroit sans doute dans toutes les autres , ainsi que les sécrétions , sinous pouvions observer lesmouvemens indie dont ces deux fonctions résultent. Le cœur étant en- levé dans les grenouilles, on peut observer encore la circulation capiilaire, sous la seule influence des forces toniques. La chaleur animale se con- serve dans la plupart des morts subites, dans les asphixies en particulier , bien au-delà du terme nécessaire à un corps non vivant, ‘pour perdre celle qui est développée à Pinstant où cesse la vie générale. : Je pourrois ajouter à ces observations, une L 162 DR LA FIN NATURELLE, etc, foule d’autres faits qui établiroient commeelles , que la vie organique finit dans les morts subites d’unemenitrelenteet graduée; quecesmorts frap- peut d’abord l'harmonie des fonctions internes , qu’elles atteignentaussi tout à coup la circulation générale et la respiration, mais qu’elles ne por- tent sur les autres qu’une influence successive : c’est d’abord l’ensemble, ce sont ensuite les dé- tails de la vie organique, qui se terminent dans ces genres de mort. Aucontraire, dans celle qu’amènela vieillesse, Pensemble des fonctions ne cesse que parce que chacune s’est successivement éteinte. Les forces abandonnent peu à peu chaque organe; la di- gestion languit; les secrétions et lPabsorption finissent; la circulation capillaire s’embarrasse : dépourvue des forces toniques qui y présidené habituellement, elle s'arrête. Enfin la mort vient aussi suspendre dans les gros vaisseaux la cireu- lation générale, C’est le cœur qui finit le dernier ses contractions : il est, comme l’on dit, l’u/ri- Mu IMOTLENS. Voici donc la grande différerice qui distingue. Ja mort de vieillesse, d'avec celle qui est l’effet d’un coup subit; c’est que dans Pune, la vie com- imence à s’éteindre dans toutes les parties, et cesse ensuite dans le cœur : la mort exerce son empire de la circonférence au centre. Dans l’autre, la vie s'éteint dans le cœur, et ensuite dans toutes les parties : c’est du centre à la circonférence que la mort enchaîne ses phénomènes. FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE. SECONDE PARTIÉ. ARTICLE PREMIER. Considérations générales sur L mort. RDV exposé dans la première partie de cet ou- vrage, les deux grandes divisions de la vie géné- rale ; les différences notables qui distinguent l’a- minal vivant au dehors pour ce qui l’entoure , de Panimal existant au dedans pour lui-même ; les caractères exclusivement propres à chacune des deux vies secondaires, animale et organique; les lois particulières suivant lesquelles toutes deux commencent , Se déxeloppent ets ’éteignent dans l’ordre naturel. Je vais m’occuper , dans cette seconde partie, à rechercher comment elles finissent accidentel- lement, comment la mort vient en arrêter le cours avant le terme que la nature a fixé pour leur durée. Telle est, en eflet, l’inflüence exercée sur elles par la société, que nous arrivons rarement à ce terme. Presque tousles animaux l’atteignent, tandis que la cessation de notre être, qu’amène la seule vieillesse, est devenue une espèce dé phénomène. La mort qui survient acéidèntel- lement, mérite donc de fixer particuliérement notre attention. Or elle arrive ainsi de deux ma- L 2 164 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES nières différentes : tantôt elle est le résultat subit d’un grand trouble excité dans Péconomie ; tantôt les maladies la font succéder à la vie, d’une ma- nière lente et graduée. Ilest, en général, assez facile de rechercher suivant quelles lois se terminent les fonctions, à la suite d’un coup violent etsubit, comme, par exemple, dans lapoplexie ; les grandes hémorra- gies, la commotion, lPasphixie, etc. parce que tous les organes étant alors parfaitement intacts, cessent d’agir par des causes directement oppo= sées à celles qui les entretiennent ordinairement en exercice. Or, comme celles-ci sont en partie découvertes, leur connoïssance conduit à celle des autres, d’une mianière presque nécessaire ; d’ailleurs nous pouvons imiter sur les animaux ce genre de mort, et analyser par conséquent, dans nosexpériences, ses phénomènes nouveaux. Ilest au contraire rarement en notre pouvoir de produire artificiellement, dans les espèces différentes de la nôtre, des maladies semblables à celles qui nous affligent. Nous aurions cette fa- cilité, que la science y gagneroit peu : les lois vitales sont en effet tellement modifiées ;'chan- gées, je dirois presque dénaturées par les affec- tions morbifiques, que nous ne pouvons plus alors partir des phénomènes connus de Panimal vivant, pour. rechercher ceux de lPanimal qui meurt. Il seroit nécessaire pour cela, de savoir ce qu'est: cet. état intermédiaire à la santé'et & la mort, oùtoutes les fonctions éprouvent un chan- gement si remarquable, changement qui, varié à SUR LA MOR ”F: 165. Pinfini, produit les innombrables variétés des maladies. Or quel médecin peut, d’après les données actuelles de son art, percer le voile épais qui cache ici les opérations de la nature? quel esprit judicieux osera dépasser sur ce point les limites de la stricte observation ? Nous aurons donc plus égard dans ces recher- ches, au premier qu’au second genre de mort. Celui-ci ne nous occupera qu’accessoirement : il faudroit d'ailleurs , pour bien en analyser les causes , une expérience médicale encore étran- gère à mon âge, et que donne seule l'habitude d'avoir vu beaucoup de malades. La première remarque que fait naître l’obser- vation des espèces diverses de morts subites , c’est que dans toutes la vie organique peut, jus- qu’à un certain point , subsister , l’animale étant éteinte; que celle - ci au contraire est dans une telle dépendance de l’autre , que jamais elle ne dure après son interruption. [individu que frappent l’apoplexie , la commotion, etc. vit en- core quelquefois plusieurs jours au dedans, tandis qu’il cesse tout à coup d’exister au RARE : la mort commence ici.par la vie animale. Sielle porte, au contraire, sa première influence. sur quelques fonctions organiques essentielles ; comme sur la circulation dans les plaies, les rup- tures anévrismales du cœur, etc. sur la respi- ration dans les asphixies , etc... alors ces fonc- tions finissent presque subitement, il est vrai, mais aussi la vie animale est également anéantie tout à coup ; et même, dans ce cas, une-partie 166 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES de la vie organique subsiste, comme nousl’avons vu , plus ou moins long-temps, PAU s’éteindre que par gradation. Vous ne verrez jamais un animal à sang rouge et chaud vivre encore au dehors, lorsque déjà il n’est plus au dedans : en sorte que la cessation des phénomènes organiques est toujours un sûr indice de la mort générale. On ne peut mème prononcer sur la réalité de celle-ci , que d’après cette donnée, liuterruption des phénomènes externes étant un signe presque constamment infidèle A Cu tient cette différence dans la manière dont se terminent accidentellement les deux vies ? elle dépend du mode d’influence qu’elles exercent l’une sur l’autre, de l’espece de lien qui les unit ; car, quoiqu’üte foule de caractères les distingue , Pa. 3 fonctions principales s’enchaî: nent cependant d’une manière réciproque. Ce mode d’influence , ce lien des deux vies paroissent spécialement exister entre le cerveau d’une part, pour l’animale, le poumon ou le cœur d’une autre part, pour l'organique. L’ac- tion de l’un de ces trois organes est essentielle- ment nécessaire à celle des deux autres. Quand Pun cesse entièrement d'agir, les autres ne sau- roient continuer à Être en activité; et comme ils sont les trois centres où viennent aboutir tous les phénomènes secondaires des deux vies, ces phé- nomènes s’interrompent inévitablensent aussi, et la mort générale arrive. Les physiologistes ont connu de tout temps SUN LA 16 8R 7. 167 Pimportance de ce triple foyer : nresqué tous nomment fonctions vitales celles qui y ont leur siége , parce que la vie leur est immédiatement enchaînée, tandis qu’elle n’a que des rapports plus éloignés avec ce qu’ils appellent fonctions naturelles et animales. Je crois que d’après ce qui a été dit jusqu'ici, on trouvera la division que j’ai adoptée préfé- rable à celle-ci ; mais elle n’en mérite pas moins de fixer notre attention sous le point de vue qui nous occupe. Toute espèce de mort subite commence en effet par l’interruption de la circulation , de la respiration ou de l’action du cerveau. L'une de ces trois fonctions césse d’abord, Toutes les autres finissent ensuite successive- ment ; en sorte que, pour exposer avec précision les phénomènes de ces genres de morts, il faut les considérer sous ces trois rapports essentiels : tel est aussi l’ordre que nous suivrons. | Les morts subites qui ont leur principe dans Je cœur, vont premièrement nous occuper ; puis celles qui commencent par le poumon et le cer- veau fixeront notre attention. Dans chacune, je dirai d’abord comment, un de ces trois organes étant affecté, les deux autres meurent ; je dé- montrerai ensuite par quel mécanisme la mort de toutes les parties dérive de celle de Porgäne aHecté. Enfin je déterminerai, d’après les prin- cipes que j'aurai exposés , là nature del diffé rentes espèces de maladies qui frappent le cœur, le poumon ou le cerveau. LA 168 DE LA MORT DU CERVEAU ARTICLE SECOND. De l'influence que la mort du cœur exerce sur celle du cerveau. J AURAI manifestement fixé quel est ce mode d'influence , si j’établis comment l’action du cœur entretient celle du cerveau; car ici la cause de la mort n’est que l’absence de celle de la vie: celle-ci étant connue , l’autre le deviendra donc par là même. Or le cœur ne peut agir sur le cer- veau que de deux manières : savoir, par les nerfs , ou par les vaisseaux qui servent à les unir. Ces deux organes n’ont pas en effet d’autres moyens de communication. Il est évident que les nerfs ne sont point les agens du rapport qui nous occupe ; car le cer- veau agit par leur moyen sur les diverses parties, tandis que les diverses parties n’influencent jamais le cerveau par leur intermède, si ce n’est dans les sympathies. Liez un faisceau nerveux allant à des muscles volontaires; ces muscles cessent leurs fonctions , et rien n’est altéré dans celles de la masse cérébrale. Je me suis assuré, par diverses expériences, que les phénomènes galvaniques quise propagent si énergiquement du cerveau vers les organes où les nerfs se distribuent , qui descendent le long du nerf, si je puis m’exprimer ainsi , ne remon- \ cn Le PAR CELLE DU CŒUR. 169 tent presque pas en sens opposé. Armez un nerf lombaire et les muscles des membres supérieurs; Faites ensuite communiquer les deux armatures : il n’y aura pas de contractions, ou au moins elles serort à peine sensibles ; tandis que si, lParmature du nerf restant la même, ontrans- porte l’autre sous les muscles des membres infé- rieurs, et que la communication soit établie, de. violens mouvemens convulsifs se manifestent à instant. J'ai même observé qu’en placant deux plaques métalliques , Pune sous les nerfs lom- baires , l’autre sous les membres supérieurs, la communication de ces deux plaques, par un troisième métal, détermine l’action des membres inférieurs alors dépourvus d’armatures, pendant que les supérieurs ou restent inactifs, ou se meuU- vent foiblement. Ces expériences sont surtout applicables au cœur par rapport au cerveau. Non-seulement la section, la ligature , la compression des nerfs cardiaques sont nulles pour les fonctions du se- cond ; mais elles ne modifient même qu’indirec- tement les mouvemens du premier, comme nous le verrons. Nous pouvons donc établir que les vaisseaux sont les agens exclusifs de l'influence du cœur sur la vie du cerveau. Les vaisseaux sont, comme on le sait, dedeux sortes, artériels ou veineux, à sang rouge ou à sang noir. Les premiers répondent au côté gau- che , les seconds au côté droit du cœur. Or, leurs fonctions étant très-différentes, action de l’une 170 DE LA MORT DU CERVENE des portions de cet organe sur le cerveau, ne sauroit être la même que celle de l’autre portion. Nous allons rechercher comment toutes deux agissent. En nommant ces deux portions, je ne me ser- virai point de l'expression de droite et de gauche pour les distinguer, maïs de celle de cœur à sang rouge , et de cœur à sang noir. Chacune, en effet , forme un organe isolé, distinct de celui auquel il est adossé, pouvant même ne point y tre joint dans l’adulte. Il y a vraiment deux cœurs , l’un artériel, Pautre veineux. Cependant ces adjectifs conviennent peu pour les indiquer ; car tous deux font système et avec les veines et avec les artères ; le premier avec les veines de tout le corps et avec Partère du poumon, le se- cond avec les veines de cet organe et avec le gros tronc artériel dont les branches se distribuent à toutes les parties. D’un autre côté , ni Pan ni Pautre ne sont exactement à gauche ou à droite, en devant ou en arrière. D’ailleurs cette déno- mination n’est point applicable aux animaux. Celle à sang rouge et à sang noir étant em- pruntée des deux systèmes de sang dont chacun est le centre et l’agent d'impulsion , me paroît _infiniment préférable. | & FE Déterminer comment la cessation des J'onctions du cœur à sang rouge interrompt celles du cerveau. Le ventricule et l'oreillette à sang rouge in+ fluencent manifestement le cerveau par Île fluide PE L'on ne sénat io eut. de LÉ PPT OS CS TU RIT .— . \ PAR CELLE DU CŒ@UR. 171 qu’y conduisent les carotides et les vertébrale:, Or ce fluide peut, en y abordant , l’exciter de deux manières ; 1°. par le mouvement dont il est agité; 2°. par la nature des principes qui le cons- tituent et qui le distinguent du sang noir. Il est facile de prouver que le mouvement du sang , en se communiquant au cerveau, entre tient son action et sa vie. Mettez en partie cet organe à } découvert sur un animal, de manière à voir ses mouvemens ; liez ensuite tu carotides. Quelquefois le mouvement cérébral s’aHoiblit, et alors l'animal est étourdi; d’autres fois il con- tinue comme à lordinaire, les vertébrales sup- pléant exactement aux artères. liées , et alors rien n’est dérangé dans les fonctions principales. Toujours il y a un rapport entre l'énergie vitale et Pabaissement et Pélévation alternatifs du cerveau. En général, l’oblitération des carotidés n est jamais subitement mortelle. Lesanimaux vivent. sans elles, au moins pendant un certain temps. J’ai conservé en cet état, et durant plusieurs jours , des chiens qui n’ont servi ensuite à d’au- tres expériences : deux Cependant n’ont pu sur- vivre que six heures. Si, à la suite desessais dont je viens de parler , une portion du crâne est enlevée dans un autre animal, et qu’on intercepte le cours du sang dans tous les vaisseaux qui vont à la tête, on voit ans- sitôt et le mouvement encéphalique cesser, et la vie s'anéantir. La secousse générale, née de l’abord du sang 172 DE LA MORT DU CERVEAU au cerveau, est donc une condition essentielle à ses fonctions. Mais appuyons cette assertion sur de nouvelles preuves. 10. [lest une foule de compressions qui ne peu- vent évidemment agir qu’en empêchant l’organe d’obéir à ces secousses. On voit souvent une col- lection purulente ou sanguine, une esquille os- seuse, etc. interrompre toutes les fonctions rela- tives à la perception, à imagination, à la mé- moire , au mouvement volontaire même. Qu’on enlève ces diverses causes de compression, à l’ins- tant toutes les sensations renaiïssent. Il est donc manifeste qu’alors le cerveau n’étoit point désor- ganisé, qu’il r’étoit qu’affaissé, qu’il se trouvoit seulement hors d'état d’être excité par le cœur. Je ne cite point d’observations sur ces sortes de cas. Tous les auteurs qui ont traité des plaies de tête nous en offrent en foule. Je me contente de remarquer que lon peut produire artificielle- ment le même effet dans les expériences sur les ‘animaux. Tour à tour comprimé et libre, le cer- veau yÿ est tour à tour en excitement ou en col- Japsus, suivant que le sang le soulève et Pagite avec plus ou moins de facilité. 20. Il est des espèces parmi les reptiles , où le cœur ne détermine aucun mouvement dans Ja masse cérébrale. J’ai fait souvent cette observa- - tion sur la grenouille. En enlevant la portion su- périeure du crâne, le cerveau exactement à dé- couvert, ne laisse pasapercevoir le moindre sou- lèvement. Or on peut, dans cette espèce, ainsi que dans celle des salamandres, priver cet or- PAR CELLE DU C&UR, 175 gane de tout abord du säng, sans que pour cela les fonctions cessent tout de suite, comme il ar- rive dans toutes les espèces à sang rouge et chaud. Les muscles volontaires agissent ; les yeux sont vifs; le tact est manifeste pendant quelquetemps, après que le cœur a été enlevé, ou qu’on a liéla double branche naïssant du gros vaisseau que fournit le ventricule unique du cœur de ces ani- maux. J’ai répété un très-grand nombre de fois ces deux moyens d'interrompre la circulation générale, et le même effet en est toujours résulté, par rapport au cerveau. | 3°. On observeen général, comme l’aremarqué un médecin, que les animaux à cou alongé, chez lesquels , par là même, le cœur plus éloigné du cerveau, peut moins vivement agiter cet organe, ont lintelligence plus bornée, les fonctions cé- rébrales plus rétrécies par conséquent ; qu’au contraire un cou très-court et le rapprochement du cœur et du cerveau, coïncident communt- ment avec l’énergie de celui-ci. Les hommes dont la tête est très-loin des épaules, comparés à ceux où elle en est près, offrent quelquefois le même phéromène. D’après tous ces faits, on peut, sans crainte d'erreur , établir la proposition suivante ; savoir, que l’un des moyens par lesquels le cœur à sang rouge tient sous sa dépendance les phénomènes du cerveau, consiste dans le mouvement habi- tuel qu’elle imprime à cet organe. Ce mouvement diffère essentiellement de ce- lui qui, dans les autres viscères, comme le foie, l 174 DE LA MORT DU CERVEAU la rate, etc. naît de la: même cause : ceux-ci le présentent en effet d’une manière peu mani- feste ; il est au contraire ici très-apparent. Cela tient à ce que tous les gros troncs artériels pla- cés à la base du cerveau , se trouvant [à entre lui et les parois osseuses a crâue , éprouvent, à Pinstant où ils se redressent , une résistance qui répercute tout le mouvement sur la masse encé- phalique : celle-ci est soulevée par ce redresse- ment, comme il arrive dans les diverses espèces de tumeurs , lorsqu’une artère considérable passe entr’elles et un plan très-solide. Les tumeurs situées au cou, sur la carotide, à l'endroit où elle-même appuie sur la colonne ver- tébrale, à Paine, sur la crurale, quand elle tra- verse l’arcade osseuse du même tronc, etc. etc. nous offrent fréquemment de semblables exem- ples, et par là même, des motifs de bien exami- ner si ce n’est point un anévrisme. Les organes, autres que le cerveau, ne re- posent point par leur base sur des surfaces résis- - tantes , analogues à celle de la partie inférieure du crâne. Aussi le mouvement des artères qui y abordent’, se perdant dans le tissu cellulaire et les parties molles environnantes, est presque nul pour ces organes , comme on le voit au foie, au rein, etc. comme ün l’observe encore datis les étais du mésentère et dans toutes celles pla- cées sur les artères qui n’ont au-dessous d’elles que des muscles ou des oxganes à tissu mou et spongieux. l'intégrité des fonctions du cerveau est non- PAR CELLE DU CŒUR, 178 ‘seulement liée au monvement que lui commu nique le sang, mais encore à la somme de ce mouvement, qui doit être toujours dans un juste milieu : trop foible et trop impétueux, il est également nuisible; les expériences suivantes le prouvent. 1°, Injectez de Peau par la carotide d’un chien; le contact de ce fluide n’est point funeste, pis Panimal vit très-bien , quand cette injection a té faite avec ménagement. Maïs poussez-la irm- pétueusement ; l’action cérébrale se trouble aussi- tôt , et souvent ne se rétablit qu’avec peine. Tou- Jours il existe un rapport entre la force de lim pulsion et Pétat du cerveau ; si lon augmente seulement un peu cette impulsion , il y a dans tous les muscles de la face, dans les yeux, etc. une agitation subite. Le calme renaît, si l’im- pulsion est ralentie ; la mort survient, si elle est portée au plus haut. point. 2°, D’un autre côté, si on met le cerveau à d£- couvert, et qu’on ouvre ensuite une artère de manière à produire une‘hémorragie, on voit le mouvement du cerveau diminuer à mesure que le sang qui se perd s’y porteavec moins de force, et discontinuer enfin lorsque ce fluide n’est plus en quantité suffisante. Or toujours alors Pénergie cérébrale, qui se marque par l’état des yenx, du tact, des mouvemens volontaires, etc. s’affoi- blit et cesse à proportion. | Il est facile de voir , d’après cela, pourquoi la diminution du mouvement encéphalique accom- pagne toujours l’état de prostration et. de lan- 176 DE LA MORT DU CERVEAU gueur, etc. effet constant des grandes évacua- tions sanguines. On concevra aussi, je crois, très-facilement , par ce qui a été dit ci-dessus, pourquoi tout le système artériel du cerveau est d’abord concen- tré à sa base, avant de se distribuer entre ses lobes ; tandis que c’est à la convexité de sa su- perficie que s’observent presqu’exclusivement les gros troncs veineux. Cet organe présentant en bas moins de surface , ÿ est plus susceptible de recevoir l’influence du mouvemént vascu- laire , que sur sa convexité où ce mouvement , trop disséminé , auroit eu sur lui un effet peu marqué. Phsilléars c’est inférieurement qu’exis- tent toutes les parties essentielles du cerveau. Ses lésions sont mortelles, et par conséquent ses fonctions doivent être très-importantes en cet endroit. En haut, au contraire, on ne trouble souvent que très-peu son action, en le coupant, le déchirant, etc. comme le prouvent les: ex- périences et Pobservation habituelle des plaies de tête. | Voilà pourquoi cet organe présente d’un côté une enveloppe presque impénétrable aux agens extérieurs, et que de l’autre côté la voñte qui le protège , n’oppose point à cet agent un obstacle aussi solide. Or il étoit indispensable que là où la vie est plus active, où son énergie est plus nécessaire , 1l reçût du cœur et la première et la plus forte secousse. . Nous sommes, je crois, en droit de conclure é d’après tout ce qui a été dit dans ce paragraphe, PAR CELLE DU CŒUR. 199 que l'interruption de l’action du cœur à sang rouge fait cesser celle du cerveau, en anéantis- sant son mouvement. Ce mouvement n’est point le seul mode d’in: fluence du premier sur le second de ces organes; car s’il en étoit ainsi, on pourroit, en injectant par les carotides un fluide aqueux au moyen d’un tuyau biffurqué, etavec une impulsion analogue à celle qui est naturelle au sang, agiter lorgane, et ranimer ainsi ses fonctions affoiblies. Pous- sés avec une égale force, le sang noir et le sang rouge n’auroient point alors sur lui une action différente ; ce qui, comme nous le verrons, est manifestement contraire à l’expérience. Le ventricule et l'oreillette à sang rouge agis- sent donc aussi sur le cerveau, par la nature du fluide qu’ils y envoient. Mais comme le poumon est le foyer où se prépare le sang qui ne fait que traverser le cœur sans y éprouver daltérations , nous renverrons l’examen de son influence sur le système céphalique, à Particle où nous traiterons des rapports de ce système avec le pulmonaire, & II. Déterminer comment la cessation des Jonctions du cœur à sang noir interrompt celles du cerveau. Il est infiniment rare que la mort générale commence par le ventricule et Poreillette à sang noir ; ils sont au contraire presque ton jours les derniers en action. Quandils cessent d’agir, dé:à M 178 DE LA MORT DU CERVEAU le cerveau, le cœur à sang rouge et le poumon _onfñinterrompu leurs phénomènes. Cependant une plaie, une rupture anévris- male, peuvent tout-à-coup anéantir leurs con- tractions, ou du moins les rendre inutiles pour : Ja° ‘circulation, à cause de l’écoulement du sans sors les voies de cette fonction. Alors le cerveau devient inactif et cadet dela même manière que dans le cas précédent; car les cavités à sang rouge cessant de recevoir ce sang, _ ne peuvent le pousser à la tête : plus de mouve- ment par conséquent, et par là même bientôt plus de vie dans la masse encéphalique, Il est un autre genre de mort du cerveau qui dépend de ce que le ventricule et Poreillette à sang noir ne peuvent recevoir ce fluide : tel est le cas où toutes les jugulaires étant liées , il stagne nécessairement , et même remonte dans le système veineux cérébral. Alors ce système s’engorge; le cerveau s’embarrasse ; il cesse d’agir, comprimé et par lesang noir qui refinë, et par le sangrouge qui afflue danssa substance. Mais assez d'auteurs ont fait ces expériences, et présenté leurs résultats; il est inutile de m’y arrêter. Je vais examiner dans cet article un genre de mort dont plusieurs placent le principe dans le cœur, dans son côté à sang noir surtout, mais qui me paroît porter sur le cerveau son influence principale et même unique. Je veux parler de celui qu’on détermine par linjection de Pair dans les veines. On sait en général, et depuis très- long-temps, Éne e DA à Sd PAR CELLE DU CGŒ@UR, 179 que dès qu’une quantité quelconque de ce fluide est introduite dans le système vasculaire, le mouvement du cœur se précipite; l’animals’agite, pousse un cri douloureux , est pris de mouvemens convulsifs, tombe privé de la vie animale, vit encore organiquement pendant un certain ter ps. et bientôt cesse entièrement d’exister. Or quel organe est atteint si promptement par le contact de l’air ? je dis que c’est le cerveau et non lecœur, que la circulation ne s’interrompt que parce que V'action cérébrale est préliminairement anéan- tie. Voici les preuves de cette assertion. °, Le cœur bat encore quelque temps dans ce genre de mort, après que la vie animale, et par. conséquent le cerveau qui en est le centre, ont cessé d’être en activité. 2°. En injectant de Vair au cerveau par l’une sa carotides ; j’ai déterminé la mort avec les phénomènes ahalogise , excepté cependant l’agi- tation du cœur , agitation produite par le con- tact, sur les parois de cet organe, d’un corps qui leur est étranger, et qui les excite par ICS même avec force. 3°. Morgagni cite diverses observations de morts subites dont la cause parut être évidem- ment la réplétion des vaisseaux sanguins du cer- veau , par l'air qui s’y étoit spontanément déve- loppé , et qui avoit, dit-il, comprimé par sa raréfaction l’origine des nerfs. Je ne crois pas que cette compression puisse être le résultat de la petite quantité d’air qui, étant poussée par la carotide, suffit pour faire périr l’animal. Aussi M 2 tt 180 DE LA MORT DU CERVEAU je doute que cette compression fût réelle dans observation de Morgagni; mais ses observa= tions n’en sont pas moins importantes. Quelle que soit la manière dont il tue, l’air est mortel en arrivant au cerveau, et c’est la le point es- sentiel. Qu'importe le comment ? le fait seul nous intéresse. | 4°. Toutes les fois qu’un animal périt par linsufflation de l’air dans une de ses veines, je me guis assuré que tout le côté à sang rouge du cœur est plein, comme celui à sang noir, d’un sang écumeux, mêlé de bulles d’air; que les carotides et les vaisseaux du cerveau en con- tiennent aussi du semblable, et que par consé- quent il a dû agir sur cet organe de la même manière que dans les deux espèces d’apoplexie , artificielle et spontanée, que nous venons de rapporter. 5°. Si on pousse de l’air dans une des divisions de la veine-porte, du côté du foie, il ne peut que difficilement passer dans le système capil- laire de cet organe ; il oscille dans lesgros troncs, ne parvient au cœur que tard, et J'ai remarqué que l’animal n’éprouve alors qu’au bout d’un temps assez long, les accidens qui sont subits lors- qu’on fait pénétrer ce fluide dans une des veines du grandsystème, parce qu’alors le cœur le trans- met tout de suite au cerveau. | 69. Cette rapidité avec laquelle, dans certaines expériences, l’anéantissement de l’action céré- brale succède à l’insufHlation de Pair dans les veines, pourroit faire croire, avec une foule d’au- FAR CELLE DU CŒUR. 101 teurs, que ce phénomène arrive de la même manière qu’il se manifeste dans une plaie du cœur, dans la syncope, etc. c’est-à-dire, parce que Pactionde cet organe, tout-à-cou p suspendue par la présence de Pair qui distend ses parois, ne peut plus communiquer de mouvement au cerveau. Mais , 1°. la plus simple inspection suf- fit pour marquer la permanence du mouvement du cœur ; 2°. comme ses mouvemens sont pro- digieusement accélérés par le contact du fluide étranger , ils poussent à travers le poumon et le système artériel, le sang écumeux avec une extrème proiptitude , et on concoit par là cette rapidité dans les lésions cérébrales. 7°. Si le cerveau cessoit d'agir par l’absence des mouvemens-du cœur , la mort surviendroit, comme dans la syncope, dans les grandes hé- morragies de l’aorte , des ventricules, etc. c’est- à-dire , sans mouvemens convulsifs bien mar- qués. Ici, au contraire, ces mouvemens sont souvent extrémement violens un instant après Pinjection , et annoncent , par là même, la pré- sence d’unirritant sur le cerveau : or cet irri- tant , c’est l’air qui y abonde, Concluons de tout ce que nous venons de dire, que dans le mélange accidentel de Pair avec le sang du système veineux, c'est le cerveau qui meurt le premier , et que la mort du cœur est le résultat , l'effet et non le principede la sienne. Du reste, ’expliquerai ailleurs comment, le pre- mier de ces organes cessant Su Je pi in terrompt son action. 102 DE LA MORT DU POUMON nn ARTICLE TROISIÈME. De l'influence que la mort du cœur exerce sur celle du poumon. Lez poumon est le siége de deux espèces très- différentes de phénomènes. Les premiers, en- tièrement mécaniques , sont relatifs aux mouve- mens d’élévation ou d’abaissement des côtés et du diaphragme, à la dilatation ou au resser- rement des vésicules aériennes, à l’entrée où à la sortie de V’air , effet de ces mouvemens. Les seconds, purement chimiques, se rapportent aux altérations diverses qu’éprouve l'air, aux changemens de composition du sang; etc. Ces deux espèces de phénomènes sont dans une dépendance mutuelle. L’instant où les uns s’interrompent est toujours voisin de, celui où les autres cessent de se développer. Sans les chimi- ques , les mécaniques manquant de matériaux , ne sauroient s'exercer. Au défaut de ces der niers, le sang cessant, comme nous le verrons, d’être un excitant, pour le cerveau, celui-ci ne pourroit porter son influence sur les intercos= taux et le diaphragme ; ces muscles devien- droient inactifs, et par là même les pH RaRes mécaniques seroient anéantis. La mort du cœur ne termine pas de la même manière ces deux espèces de phénomènes. Sui- PAR CELLE DU CŒUR. 183 vant qu’elle naît d’une lésion du côté à sang noir, ou des gros troncs veineux, d’une affection du côté à sang rouge, ou des grosses artères, elle frappe différemment le poumon. 6 I. Déterminer comment le cœur à sang noir. cessant d'agir , ds cu du poumon est in- terrompue. Le cœur à sang noir n’a visiblement aucune influence sur les phénomènes mécaniques du poumon; mais il concourt essentiellement à pro- duire les chimiques, en envoyant à cet organe le fluide qui doit puiser dans Pair de nouveaux prin- cipes, et lui communiquer ceux qui le surchar- gent. Lors donc que le ventricule et loreillette du système à sang moir, ou quelques-uns des gros vaisseaux veineux qui concourent à former ce système, interrompent leurs fonctions ,, comme il'arrive par une plaie, par une ligature faite dans les expériences, etc, etc. alors les phéno- mènes chimiques sont tout-à-coup anéantis S mais l’air entre encore dans le poumon par la dilatation et le resserrement de la poitrine. Cependant rien r’arrive au ventricule à sang rouge : si un peu de sang y pénètre pendant quel- ques instans, il est noir , n’ayant subi aucune altération. Sa quantité sr insuffisante pour pro- duire le mouvement cérébral, qui cesse alors faute d’agent d’impulsion. Les fonctions du cer- veau sont par là même suspendues, d’après ce 104 DE LA MORT DU POUMON qui a été dit ci-dessus: par conséquent plus d’ac- tion sur les intercostaux n1 sur le diaphragme, qui restent en repos ; et laissent sans exercice les phénomènes mécaniques. Voilà donc comment arrive la mort du pou- mon, lorsque le cœur à sang noir meurt lui- même. Elle succède d’une manière inverse à la mort du cœur à sang rouge. $IT. Déterminer comment le cœur à 6 rouge cessant d’agir, l’action du poumon est inter- PES he Lorsqu'une plaie intéresse le ventricule ou l'oreillette à sang rouge , l'aorte ou ses grosses divisions; lorsqu’une ligature est appliquée arti- ficiéllement à celles-ci, lorsqu’un anévrisme : dont elles sont le siége se rompt, etc. le poumon cesse ses fonctions dans l’ordre suivant : 1°. Plus d’impulsion recue par le cerveau ; 2°. plus de mouvement de cet organe ; 3°. plus d’action exercée sur les muscles ; 4°, plus de contraction des intercostaux et du diaphragme ; 50. plus de phénomènes mécaniques. Or, sans ceux-ci les chimiques ne peuvent avoir lieu ; ils s’interrompent dans le cas précédent, faute de sang : C’est le défaut d’air qui les arrête dans celui-ci;:car ces deux choses leur sont également nécessaires ; sans l’une, l’autre est AR à tord eux. Telle est donc la différence de la mort du poumon à la suite des lésions du cœur, que si — ., PAR CELLE DU CŒUR. 185 c’est le côté à sang noir qui est affecté , les phé- nomènes chimiques cessent d’abord, puis les mécaniques finissent ; que si l’affection existe au contraire dans le côté à sang rouge , les premiers terminent, et les derniers commencent la mort. Comme la circulation est très-rapide , un très- court intervalle existe dans Pinterruption des uns et des autres. ARTICLE QUATRIENM E. De l'influence que la mort du cœur exerce sur celle de tous les organes. Js diviserai cet article ,» comme les précédens, en deux sections ; l’une sera consacrée à exa- miner comment , le cœur à sang rouge cessant d’agir , tous les organes interrompent leur ac- tion ; dans l’autre je rechercherai le mode d’in- Éviges de la mort du cœur à mp: noir, sur celle de toutes les parties. 6 TI. Déterminer comment la cessation des fonctions du cœur à sang rouge inlerrompi celles de tous les organes. Toutes les fonctions appartiennent ou à la vie animale , ou à l’organique. De là deux classes très-distinctes entr'elles. Comment la première. classe s’interrompt-elle dans la lésion de l’oreil- 186 DE LA MORT DES ORGANES lette ou du ventricule à sang rouge ? de deux manières : d’abord, parce que le cerveau, rendu immobile, devient inerte, et ne peut ni recevoir les sensations , ni exercer son influence sur les organes locomoteurs et vocaux. Tout cet ordre de fonctions s’arrête alors comme quand la masse encéphalique a éprouvé une violente commotion qui a subitement détruit son action. Voilà comment une plaie du cœur, un anévrisme qui se rompt, etc. anéañtissent tout à coupnos rapports avec les objets extérieurs. On n’observe point ce lien entre le mouvement du cœur et les fonctions de la vie animale dans les animaux, où le cerveau n’a pas besoin pour agir, de recevoir du sang une secousse habituelle. Arrachez à un reptile son cœur , ou liez ses gros vaisseaux , il vivra encore longe temps pour ce qui Pentoutes la locomotion , les sensations ,etc. ne d'sttio dpt point à l'instant, comme dans les - espèces à sang rouge et chaud. Au reste, en supposant que le cerveau n’inter- rompt point son action dans les lésions ducœur à sang rouge ; la vie animale -finiroit également à une époque beaucoup plus éloignée , il est vrai, mais qui.n’arriveroit pas moinss car à Péteteice des fonctions de cette vie est attachée, comme cause nécessaire , l’excitation de ses or- ganes par le sang qui y aborde : or cette exci- tation tientici, comme ailleurs, à deux causes : 1°. au mouvement, 2°.à la nature du.sang. Je n’examinerai ici que le premier mode d'influence ; À l’autre appartenant au poumon. PAR CELLE DU CŒUR. 107 Ce n’est pas seulement dans la vie animale, mais encore dans l’organique , que les parties ont besoin, pour agir, d’un mouvement habituel qui entretienne leur action : c’est une condition essentielle aux fonctions des muscles, des glandes, des vaisseaux, des membranes , etc... Or ce mouvement , né en partis du cœur, diffère es- écntiellement de celui que le sang per ere au cerveau. Ce dernier organe obéit d’une manière très- sensible , très-apparente , à impulsion de tota- lité qui sonlève sa masse pulpeuse, ou lui permet de s’abaisser pendant Pintermittence. Au con- traire , le mouvement intérieur qui agite isolé- ment chacune de ses parties ,; est très-peu mar- qué : ce qui dépend de ce que ses vaisseaux, di- visés à l'infini , d’abord dansses enfractuosités, puis sur la pie-mère, ne pénètrent sa substance que par des ramifications presque capillaires. Le mouvement ; déterminé dans les autres organes par l’abord du sang, offre un phéno- mène exactement inverse : on ne voit en eux ni abaissement ni soulèvement ; ils ne sont point agités par une secousse générale, parce que, comme je lai dit , Pimpulsion des artères se perd dans les parties molles environnantes , tandis qu’au cerveau les parties dures voisines la réper- cutent sur ce viscère: Au contraïre, les vaisseaux s’insinuant par des troncs considérables dans presque tous les organes ; ne se divisant que très- peu avant dy arriver, leur pulsation y fait naître une agitation intestine , des osc ilations / 108 D LA MORT DES ORGANES partielles , des secousses propres à chacun des lobes, des feuillets ou des fibres dont ils sont Passemblage. - Comparez la manière dont le cerveau d’une part, de l’autre le foie, la rate, les reins, les muscles , la peau, etc. etc. reçoivent le sang rouge qui les nourrit, et vous concevrez facile- ment cette différence. Il étoit nécessaire que le cerveau fût distingué des autres organes par le mouvement de totalité que Jui imprime lPabord dusang, parce que, ren fermé dans une boîte osseuse , il n’est point, comme eux, en butte à mille autres causes d’a- gitation éénérale. | Remarquez, en effet, que tous les organes onf autour d'eux une foéle d’agens destinés à sup- pléer à l’impulsion qui leur manque du côté du cœur. Dans la poitrine, l'élévation et abaisse: ment alternatifs des intercostaux et du dia- phragme, la dilatation et le resserrement suc- cessifs dont les poumons et le cœur sont le siége ; dans l'abdomen, l’agitation non interrompue produite sur les parois abdominales par la respi- ration , l’état sans cesse variable de l'estomac et des intestins, de la vessie, qui sont tour à tour distendus ou concentrés sur eux-mêmes ; le dé- placement des viscères flottans, continuellement occasionné par les attitudes diverses que nous prenons ; dans les membres , leurs flexion et extension, adduction et abduction, élévation et abaissement , qui ont lieu à chaque instant , soit pour leur totalité , soit pour leurs diverses par- PAR CELLE DU CŒUR. 16g ties, etc. etc. voilà des causes permanentes de mouvement , qui équivalent bien, pour entre- tenir Ja viedes organes autres que le cerveau , à celles résultant de Pabord du sang à celui-ci. Je ne prétends pas cependant exclure tout à fait cette dernière cause de l’excitation nécessaire à la vie des organes; elle se joint vraisemblable- ment à celle que je viens d'exposer ; ; et voilà sans doute pourquoi la plupart des viscères recoivent, ainsi que le cerveau, le sang rouge par leur sur- face concave , comme on le voit au rein, au foie, à la rate, aux intestins , etc. Par cette dispo- sition, Vimpulsion du cœur moins disséminée est plus facilement ressentie ; mais ce n’est ki qu’une condition accessoire à l'entretien des fonctions. D’après tout ce qui vient d’être dit, nous sommes en droit d’ajouter une raison à celle présentée plus haut, pour établir comment, le cœur à sang rouge Cessant d'agir, toutes les fonctions de la vie animale sont interrompues. Nous pouvons aussi commencer à expliquer le même phénomène dans lorganique : la raison ._ ést, en effet, commune à toutes deux. Or, voici quelle est cette raison : 10. Le mouvement intestin , né dans chacun des organes des deux vies du mode dedistribution artérielle, étant alorstotalement suspendu, 1ln°y a plus d’excitation dans tes. Orbanepi, et bientôt par là même plus de vie; 2°. ils n’ont plus autour d'eux des causes 1e générale; car presque toutes ces causes tiennent à des mouvemens aux- 190 DE LA MORT DES ORGANES quels le cerveau préside : tels sont ceux de [a respiration, de la locomotion des membres , de l'œil , des muscles sous-cutanés , de ceux du bat ventre, etc: Or, comme le cerveau est en col- lapsus dès qu’il ne recoit rien du cœur, tous ses mouvemens sont aussi manifestement nuls, et par là même l'excitation qui en résultoit pour. les organes voisins est anéantie. Il suit de là que le cœur exerce sur les divers organes deux modes d’influence, l’un direct et sans intermédiaire, Pautre indirect et par l’en- tremise du cerveau ; en sorte que la mort de ces organes , à la suite des lésions du premier, ar- rive médiatement et immédiatement. Nous avons quelquefois des exemples de morts partielles analogues à cette mort générale : c’est ainsi que lorsque la circulation est tellement empêchée dans un membre, que le sang rouge ne se distribue plus aux parties qui s’y trouvent, ces parties sont frappées d’abord d’insensibilité et de paralysie, bientôt ensuite de gangrène. L'opération d’anévrisme ne nous fournit que trop d’exemples de ce phénomène , que l’on pro- duit également dans les expériences sur les ani: - maux vivans. Sans doute qu’ici le défaut d’action , né ordi nairement des élémens qui composent le sang rouge et le distinguent du noir, influe spéciale- ment; mais celui provenant de l’absence du mouvement intestin que ce sang communique aux parties, n’est pas moins réel. | Quant à l'interruption de la nutrition, elle PAR CELLE DU C@ŒGUR. 194 ne peut être admise comme cause des symp- tômes qui succèdent à l’oblitération d’une grosse artère : la manière lente, graduée , insensible, dont s’opère cette fonction , ne s’accorde pas vi- siblement avec leur invasion subite, instanta- née , Sur-tout par rapport aux fonctions de la vie animale , qui sont anéanties dans le membre, à Pinstant même où le sang n’y coule plus , comme elles lesont aussi dès que, par la section des ss 1l est privé de linfluence de ceux-ci. Outre les causes précédentes qui, lorsque le cœur cesse d’agir, suspendent en général toutes les fonctions animales et organiques, ilen est une autre relative au plus grand nombre de ces der- nières , savoir, à la nutrition, à l'exhalation, à la secrétion, et par là même à la digestion, qui ne s’opère que par des fluides secrétés. Cette autre cause consiste en ce que ces diverses fonc- tions ne recevant. plus de matériaux qui les en- tretiennent , finissent nécessairement. Leur terme n’arrive cependant que peu à peu , parce que ce n’est pas dans la circulation générale, mais dans la capillaire , qu’elles puisent ces ma- tériaux : or cette dernière circulation n’est sou- mise qu’à l'influence des forces contractiles in- sensibles de la partie où elle s’exécute ; elle s’exerce indépendamment du cœur , comme on le voit dans la plupart des reptiles, où cet organe peut êt'e enlevé, et où, lorsqu’il manque, le sang oscille encore long- -temps dans les petits vais. seaux. Il est donc manifeste que toute la portion de ce fluide qui se trouvoit dans le système ca- 192 DE LA MORT DES ORGANES pillaire, à Pinstant de l'interruption de la cir2 culation générale, doit servir encore quelque temps à ces diverses fonctions , lesquelles ne fini- ront par conséquent que graduellement. Voici donc en général comment l’anéantisse- ment de toutes les fonctions succède à Pintérrup- tion de celles du cœur. Dans la vie animale, c’est 1°. parce que tous ces organes cessent d’être excités au dedans par le sang , et au dehors par le mouvement des parties voisines ; 2°. parce que le cerveau man- quant également de causes excitantes, ne peut communiquer avec aucun de ces organes. Dans la vie organique, la cause de Pinterrup- tion de ses phénomènes estalors, 1°. comme dans animale, le défaut d’excitation interne et ex- terne des différens viscères ; 2°, l’absence des ma- tériaux nécessaires aux diverses fonctions de cette vie, toutes étrangères à l’influence du cerveau, Au reste, une foule de considérations , autres que celles exposées ci-dessus, prouvent , etla réalité de Pexcitation des organes par le mouve- ment que leur imprime le cœur ou le système vas- culaire, et la vérité de la cause que nous assi- gnons à leur mort, lorsque cette excitation cesse. Voici quelques-unes de ces considérations : 1°. Les organes qui ne recoivent point de sang, et que les fluides blancs pénètrent seuls, tels que les cheveux , les ongles, les poils, lesca:tilages, les tendons, etc. jouissent, et d’une vitalité moins prononcée, et d’une action moins énergique, que ceux où ce fluide circule soit par Pinfluence PAR CELLE DU CŒ@UR. 199 du cœur, soit par celle des forces contractiles in- sensibles de la partie même. 2°, Quand Pinflammation détermine le sang à se porter accidentellement danslesorganesblancs, ces organes prennent tout-à-coup un surcroît de vie, une surabondance de sensibilité qui les met- tent souvent, sous le rapport des forces, au ni- veau de ceux qui dans l'état ordinaire en sont doués au plus haut degré. « 3°. Dans les parties où le sang pénètre habi- tuellement, si linflammation augmente la quan- tité de ce fluide, si une pulsation contre nature indique un accroissement d’impétuosité dans son “Cours, toujours on remarque une exaltation lo- vale dans les phénomènes de la vie. Ce change- ‘ment des forces précède, il est vrai, celui de la circulation, dans les deux cas précédens : c’est “parce que la sensibilité organique à été augmén- tée dans la partie, que le sang s’y porte d’abord enplus grande abondance ; mais ensuite c’est l’ac- -cès du sang qui entretient les foret Et degré cun- tre nature où elles se sont montées ; il est l’exei- #ant continuel de ces forces. Une quantité déter- minée de ce fluide étoit nécessaire dans l’état ordinaire, pour les soutenir dans la proportion fixée par la nature. Cétte proportion étant alors doublée, triplée même , 11 faut bien que l’exci- tant Lit aussi double, triple, etc. ; car il ya toujours ces trois choses dans exercice des forces vitales; la faculté, qui est inhérente à l’organe; Péxcitant, qui lui est étranger, et Pexcitation. -qui résulte de leur contact mutuel. N 194 DE LA MORT DES ORGANES 4%. C’est sans doute par cette raison, qu’en général les organes auxquels le sang est apporté habituellement par les artères, jouissent de la vie à un point d'autant plus marqué, que la quan- tité de ce fluide y est plus considérable , comme on le voit par les muscles ou encore par le gland, le corps caverneux , le mamelon, à l’instant de leur érection , etc. par la peau de la face dans les passions vives, qui la colorent et en gonflent le tissu, par l’exaltation des fonctions cérébrales , lorsque c’est en dedans que le sang se dirige avec impétuosité, etc. 5°, De même que tout ce qui accroît chacun des phénomènes de la vie en particulier, déter- mine toujours un accroissement local de la cir- culation; de même, lorsque l’ensemble de ces phénomèness’exalte, toutle système circulatoire prononce davantage son action. L’usage des spi- ritueux, des aromatiques, etc. à une certaine dose, est suivi momentanément d’une énergie généralement accrue et dans les forces et'dans la circulation : les accès de fièvre ardente dou- blent , triplent même l’intensité de la vie, etc. Je n’ai égard, dans ces considérations ; qu’au mouvement que le sang communique aux or- ganes; je fais abstraction de l'excitation quinaît en eux de la nature de ce fluide , du contact,des principes qui le rendent rouge ou noir. Je fixerai plus loin Pattention du lecteur sur cet objet. Terminons là ces réflexions qui suffisent, pour convaincre de plus en pluscombien le sang , par son simple abord dans les organes, et'indépen- PAR CELLE DU CŒUR. 195 damment de la matière nutritive qu’il y porte , est nécessaire à l’activité de leur action, et com- bien par conséquent la cessation des fonetious du cœur doit influer promptement sur leur.mort. ARTICLE CINQUIÈME. De l'influence que la mort du cœur exerce sur la mort générale. To uTESs les fois que le cœur cesse d'agir, la mort générale survient de la manière suivante : l'action cérébrale s’anéantit d’abord faute d’ex- citation; par là même les sensations, la locomo- tion et la voix, qui sont sous l’immédiate. dépen- dance de l'organe encéphalique , se trouvent in- ferrompues. D'ailleurs, faute d’excitation de la, part du sang, les organes de ces fonctions cesse -rolent dagir , en supposant que le cerveau resté intact, pût encore exercer sur eux son influence FAT Toute la vie animale est donc subite- ment anéantie, L’homme, à linstant où son cœur est mort, cesse d'exiter pour ce qui, Pen- vironne. L’interruption de la vie organique , qui a com- mencé par la circulation, s’opère enmêmetemps par la respiration. Plus de phénomènes mécani- ques dans le poumon, dès que le cerveau à cessé d'agir, puisque le diaphragme et les intercos- taux sont sous sa dépendance, Plus de phéno- N 2 106 MORT GÉNÉRALE mènes chimiques, dès que le cœur ne peut rece- voir nienvoyer les matériaux nécessaires à leur développement; en sorte que dans les lésions du cœur, cés derniers phénomènessont interrompus directement et sans intermédiaire, et que les premiers céssent au contraire indirectement et par l'entremise du cœur qui est mortprélimi- nairement. La mort générale se continue ensuite peu à peu d’une manière graduée , par linterruption des secrétions, des exhalations et de la nutrition. Cette dernière finit d’abord dans les organes qué recoivent habituellement du sang, parce que l'excitation née de l’abord de ce fluide, est né- cessaire pour l’entretenir dans ces organes, et qu’elle manque alors de ce moyen. Elle ne cesse que consécutivement dans les parties blanches, parce que, moins soumises à l’influence du cœur, elles ressentent plus tard les effets de sa mort. = Dans cette terminaison successive des derniers phénomènes de la vie interne, ses forces subsis- tent encore quelquetemps, lorsque déja ses fonc- tionis ont cessé: ainsi la sensibilité organique, les contractilités organiques, sensible et insensible, survivént-elles aux phénomènes digestifs, secré- toires, nutritifs, etc. | Pourquoi les forces vitales sont-elles encore quelque temps permanentes dans la vie interne , tandis que dans la vie externe celles qui leur cor- respondent, savoir, l’espèce de sensibilité et de contractilité appartenant à cettevie, se trouvent subitement éteintes ? c’est que l’action de senti PAR CELLE DU CŒUR. 397 etde se mouvoir organiquement ne suppose point l’existence d’un centrecommun, qu’au contraire, pour se mouvoir et agir Anhuletuentt l’influence cérébrale est nécessaire. Or Pénergie du cerveau étant éteinte dès que le cœur agit plus, tout sentiment et tout mouvement externes doivent cesser à Pinstant même. C’est dans Pordre que je viens d’exposer, que s’enchaînent les phénomènes de la mort générale qui dépend d’une rupture anévrismale, d’une plaie au cœur.ou aux gros vaisseaux , des polypes formés dans leurs cavités, des ligatures qu’on y applique artificiellement, dela compressiontrop forte que certaines tumeurs exercent sur eux, des _abcès de leurs parois, etc. etc. C’est encore de cette manière que nous mou- rons dans les affections vives de ame.Un homme expire à la nouvelle d’un événement qui le trans- porte de joie ou qui le plonge dans une affreuse tristesse, à la vue d’un objet qui le saisit de crainte , d’un ennemi dont la présence l’agite de fureur, d’un rival dont les succès irritent sa ja- lousie , etc. etc. ; eh bien, c’est le cœur qui cesse d'agir le premier dans tous ces cas; c’est lui dont la mort entraîne successivement celle des autres organes; la passion a porté spécialement sur lui son influence : par là son mouvement est arrêté; bientôt toutes les parties deviennent immobiles. Ceci nous mène à quelques considérations sur la syncope, qui présente en moins le même phé- _nomène qu’offrent en plus ces espèces de morts _subites. | 2198 ‘MORT GÉNÉRALE Cullen rapporte à deux chefs généraux les causes de cette affection: les unes existent , selon lui, dans le cerveau, les autres dans le cœur. IL- place parmi les premières , les vives aflections de l’ame , les évacuations diverses, etc. Mais il est facile de prouver que la syncope qui succède aux passions, n’affecte que secondairement le cerveau, et que toujours c’est le cœur qui, s’in- terrompant le premier , détermine par sa mort momentanée le défaut d’action du cerveau. Les considérations suivantes laisseront, je crois, peu ‘de doutes sur ce point. 10. J’ai prouvé, à l’article des passions, que jamais elles ne portent sur le cerveau leur pre mière influence; que cet organe n’est qu’acces- soirement mis en action par elles; que tout ce qui a rapport à nos affections rbtafet PRRRE à “la vie organique, etc. etc. 2°, Les syncopes que produisent es vives émo- tions sont analogues en tout, dans lerirs phéno- mènes, à celles qui naissent des polypes, des hydropisies du péricarde, etc. Or dans celles-ci Paffection première est dans le cœur; elle doit donc l'être aussi dans les autres. 3%, A Pinstant où la syncope se manifeste, esta lé région précordiale, et non dans celle du cerveau, que nous éprouvons un saisissement. Voyez Pactetir qui joue sur la scène cette mort momentanée : c’est sur le cœur, et non sur la tête , qu’il porte sa main en se dass tomber, pour exprimer le trouble qui Pagite. 4°. A la suite des passions vives qui ont pro- PAR CELLE DU CŒUR. 19% duit la syncope, ce ne sont pas des maladies du cerveau, mais bien des affections du cœur, qui se manifostent : rien de plus commun que les vices organiques de ce viscère à la suite des cha- orins, etc. Les folies diverses qui sont produites par la même cause, ont le plus souvent leur foyer principal dns quelque viscère de Pépi- gastre profondément affecté, et le cerveau ne cesse plus que par contre-coup , d’exercer régu- Hèrement ses fonctions. 2”. Je prouverai plus bas que le système céré- bral n’exerce aucune influence directe sur celui de la circulation; qu’il n°y a point de réciprocité entre ces deux systèmes ; que les altérations du premier n’entraînent point dans le second des altérations analogues, tandis que celles du second modifient la vie du premier d’une manière né- cessaire. Rompez toutes les communications ner- veuses qui unissent le cœur avec le cerveau, la circulation continue comme à lordinaire; mais dès que les communications vasculaires quitien- nent le cerveau sous l'empire du cœur, se trou- vent interceptées, alors plus de phénomènes cé- rébraux apparens. 6°. Si influence des passions n’est pas portée au point de suspendre tout à coup le mouvement circulatoire , de produire la syncope par consé- quent , des palpitations et autres mouvemens irréguliers en naissent fréquemment. Or c’est constamment au Cœur, €t Jamais au Cerveau, que se trouve le siége de ces altérations secon- daires , où il est facile de distinguer l’organe af- 200 M OR TG ÉN'EÉ RA EE: fecté, parce que lui seulest troublé , et que tous ne cessent pas alors d'agir, commeil arrive dans la syncope. Ces petits effets des passions sur le cœur, servent à éclairer la nature des influences plus grandes qu’il en reçoit dans cette affection. Concluons de ces diverses considérations, que le siége primitif du mal dans la syncope, est toujours au cœur; que cet organe ne cesse pas alors d'agir parce que le cerveau interrompt son action, mais que celui-ci meurt parce qu’il ne recoit point du premier le fluide qui lexcite habituellement, et que l’expression vulgaire de mal de cœur indique avec exactitude la nature de cette maladie. Que la syncope dépende d’un polype, d’un anévrisme , etc. ou qu’elle soit le résultat d’une passion vive, l’affection successive des organes est toujours la même; toujours ils meurent mo- mentanément, comme nous avons dit qu'ils pé+ rissoient réellement dans une plaie du cœur, dans une ligature de l'aorte, etc. C’est encore de la même manière que sont produites les syncopes qui succèdent à des éva- cuations de sang , de pus, d’eau, etc. Le cœur, sympathiquement affecté, cesse d’agir,ettout de suite le cerveau , faute d’excitant, interrompt aussi son action. Les syncopes nées des odeurs , des antipa- thies ,etc. paroissent aussi offrir dans leurs phé- nomènes la même marche, quoique leur carac- tère soit plus difficile à saisir. Il y à une grande différence entre syncope ÿ PAR :CELLE DU CŒUR. 201 asphixie et apoplexie: dans la première c’est par le cœur , dans la seconde par le poumon, dans la troisième par le cerveau, que commence la mort générale. | La mort qui succède aux diverses maladies, enchaîne ordinairement ses divers phénomènes, d’abord d’un de ces trois organes aux deux au- tres, et ensuite aux diverses parties. La circula- tion , la respiration ou l’action cérébrale cessent ; les autres fonctions s’interrompent après cela d’une manière nécessaire. Or il arrive assez ra- rement que le cœur soit le premier qui finisse dans ces genres de morts. On l’observe cependant quelquefois : ainsi, à la suite des longues dou- leurs, dans les grandes suppurations, dans les pertes, dans les hydropisies, dans certaines fièvres, dans les gangrènes, etc. souvent des syncopes surviennent à différens intervalles; une plus forte se manifeste ; le malade ne peut la soutenir ; il y succombe, et alors quelle que soit la partie de l’économie qui se trouve affectée, quel que soit le viscère ou l'organe malade, les phénomènes de la mort se succèdent en commen- çant par le cœur, et s’enchaînent de la manière que nous l’avons exposé plus haut pour les morts subites dont les lésions de cet organe sont le prin- cipe. \ Dans les autres cas, le cœur finit ses fonction après les autres parties; il est l’u/timum mo- riens. | En général ilest-beaucoup plus commun dans les diverses aflections morbifiques, soit chroni- 202 MORT GÉNÉRALE ques, Soit aiguës, que la poitrine s’embarrasse , et que la mort commence par le poumon , que par le cœur ou le cerveau. Quand unèé syncope termine les différentes maladies, on observe constamment sur le ca- davre , que les poumons sont dans une vacuité presqu’entière ; le sang ne les engorge point. Si aucun Vice organique n'existe préliminairement en eux, ils sont affaissés, n’occupent qu’une partie de la cavité pectorale, présentent la cou- leur qui leur est naturelle. La raison de ce fait anatomique est simple. La circulation qui a été tont-à-coup interrompue, qui ne s’est point graduellement affoiblie , n’a pas eu le temps de remplir les vaisseaux du pou- mon, comme cela arrive lorsque la mort géné- rale commence par celui-ci, et même par le cerveau , commé nous le verrons. J’ai déjà un grand nombre d’observations de sujets où le poumon s’est trouvé ainsi vide, et dont j’ai appris que la fin avoit été amenée par une syn- cope. En général, toutes les fois que la mort a com- mencé par le cœur ou les gros vaisseaux, et qu’elle a été subite, on peut considérer cette vacuité des poumons comme un phénomène pres- qu'universel. On le remarque dans les grandes hémorragies par les plaies, dans les ruptures anévrismales, dans les morts par les passions violentes , etc. Je l’ai observé sur les cadavres de personnes supplicites par la guillotine. Tous les animaux que lon tue dans nos boucheries PAR CELLE DÙÜ CŒ&UR. 203 présentent cette disposition. Le poumon de veau que l’on sert sur nos tables est toujours affaissé , et jamais infiltré de sang. On pourroit , en faisant périr lentement l’ani- mal par le poumon , engorger cet organe , et lui donner un goût qui seroit tout différent de son goût naturel , et qui se rapprocheroit de celui que la rate nous présente le plus communément. Les cuisiniers ont avantageusement mis à profit infiltration sanguine où se trouve presque cons- tamment ce dernier viscère , pour assaisonner différens mets. A son défaut, on pourroit à vo- lonté se procurer un poumon également infiltré , en asphixiant peu à peu l'animal. Lomme mers] qe ns \ ARTICLE SIXIÈME. De l'influence que la mort du poumon exerce sur celle du coeur. Nous avons dit plus haut que les fonctions du poumon étoient de deux sortes, mécaniques et chimiques. Or la cessation d'activité de cet or- gane commence tantôt par les unes, tantôt par les autres. Une plaie qui le met à découvert de l’un et de lautre côtés, dans une étendue considérable, et qui en détermine laffaissement subit ; la sec- tion de la moëlle épinière, qui paralyse tout-à- coup les intercostaux et le diaphragme; une 20% DE LA MORT DU CŒUR compression très-forie, exercée en même tem et sur tout le thorax et sur les parois de labdo- men, Compression d’où naît une impossibilité égale , et pour la dilatation suivant le diamètre transversal, et pour celle suivant le diamètre perpendiculaire de la poitrine ; l’injection subite d’une grande quantité de fluide dans cette ca- vité , etc. etc. voilà des causes qui font com- mencer la mort du poumon par les phénomènes mécaniques. Celles qui portent sur les chimiques leur première influence , sont l’asphixie par les différens gaz, par la strangulation , par la sub- mersion, par le vide produit d’une manière quelconque, etc. Examinons dans l’un et l’autre genres de mort du poumon, comment arrive celle du cœur. $ I. Déterminer comment le cœur cesse d’agir par l’interruption des phénomènes mécani- ques du poumon. L’interruption de l’action du cœur ne peut succéder à celle des phénomènes mécaniques du poumon, que de deux manières, 1°. directement, parce que le sang trouve alors dans cet organe un obstacle mécanique réel à sa circulation ; 2°. indirectement, parce que le poumon cessant d'agir mécaniquement, 1l ne recoit plus Pali- . ment nécessaire à ses phénomènes chimiques,dont la fin détermine cellede la contraction du cœur. Tous les physiologistes ont admis le premier . mode d'interruption dans la circulation pulmo= PAR CELLE DU POUMON. 20 ‘maire, Repliés sur eux-mêmes, les vaisseaux ne leur ont point paru propres à transmettre le sang _ à cause des nombreux frottemens qu’il y éprouve. C’est par cette explication empruntée des phé- nomènes hydrauli iques , qu ls ont rendu raison de la mort qui succède, à une > expiration trop prolongée. Goodwyn a prouvé que Aa restant alors : däns les vésicules aériennes en assez grande quantité, pouvoit suffisamment les disténdre pour permettre mécaniquement le passage de ce fluide, et qu’ainsi la permanence contre na- ture de lexpiration n’agit point de la manière dont on le croit communément. C’est un pas fait vers la vérité ; mais on peut s’en approcher de plus près , Patteindre même en assurant que ce n’est point seulement parce que tout l’air n’est pas chassé du poumon par Pexpiration, que le sang y circule encore avec facilité , mais bien parce que les plis produits dans les vaisseaux par l’affais: sement des cellules; ne peuvent être un obstacle réel à son cours. Les observations et expériences suivantes établissent , je crois, incontestablement ce fait. 1°. J’ai prouvé ailleurs que l’état de plenitude ou de vacuité de Pestomac et de tous les organes creux en général , n’apporte dans leur cireulation aucun changement apparent, ;que par conséquen (8 le sang traverse aussi facilement les vaisseaux repliés sur eux-mêmes, que distendus en tous sens. Pourquoi un effet tout différent naîtroit-il dansle poumon delamémedispositiondes partiesr 206 DE LA MORT DU cŒUR 20. Il est difiérens vaisseaux dans l’économie, que lon peut, alternativementet à volonté, ployer sur eux-mêmes ou étendre en tous sens : tels sont ceux du mésentère, lorsqu’on les a mis à décon- vert par une plaie pratiquée à l’abdomen d’un animal. Or dans cetteexpérience, déjà faite pour prouver l’influence de la direction flexuéuse des. artères sur le mécanisme de leur pulsation, si l’on ouvre une des mésentériques , qu’on la plisse et qu’on la déploie tour à tour, le sang jaillira dans l’'unet Pautre cas, avec la même facilité, et dans deux temps égaux l'artère versera uneégalequan- tité de ce fluide. J’ai répété plusieurs fois com- parativement cette double expérience sur la même artère : toujours j’en ai obtenu le résultat que j'indique. Or ce résultat ne doit-il pas être aussi uniforme dans le poumon ? l’analogie lin- dique ; Pexpérience suivante le prouve, à 30. Prenez un animal quelconque, un chien par exemple ; adaptez à sa trachée-artère mise à nu et coupée transversalement, le tube d’une seringue, à injection; retirez subitement, | en faisant le vide avec celle-ci, tont l'air contenu dans le poumon; ouvrez en même temps: l’ar- tère carotide. Il est évident que dans cette ex- périence, la circulation devroit subitement s’in- terrompre, puisque les vaisseaux pulmonaires passent tout à coup du degré d’extension ordi- naire au plus grand reploiement possible , et ce- pendant le sang continue encore quelque temps à être lancé avec force par Partère ouverte , et par conséquent à circuler à travers le poumon PAR CELLE DU POUMON. 207 affaissé sur lui-même. Il cesse ensuite peu à peu ; mais c’est par d’autres causes que nous indiquerons. 4°. On produit le même effet en ouvrant , des deux côtés, la poitrine d’un animal vivant : alors le poumon s’affaisse aussitôt , parce que lair échauffé et raréfié contenu dans cet organe, ne peut faire équilibre avec l'air frais qui le presse au dehors (1). Or ici aussi la circulation V4 (1) Comme dans les cadavres l’air du dedans et celui du dehors sont à la même température, le poumon n’éprouve, quand il en est plein, aucun affaissement lorsqu'on ouvre la cavité pectorale. Ordinairement un espace existe alors entre ses parois et l’organe qu’elles renferment : ce n’est point parce que nous mourons dans l'expiration; car à me- sure que le poumon se vide par elle, les côtes et les inter- costaux s'appuient sur cet organe; c’est que l’air pulmo- naire , ense refroidissant, occupe moins d'espace, et que les cellules en se resserrant peu à peu à mesure que le re froidissement a lieu, diminuent le volume total de l’or- gane. Un vide se fait donc alors entre les deux portions, pectorale et pulmonaire , de la plèvre. C’est ainsi que!, dans certaines circonstances, le cerveau s’affaissant et diminuant de volume après la mort ; tandis que la cavité du crâne reste la même, un vide s'établit entre ces deux parties qui nous offrent alors une disposition étran- gère à celle des organes vivans. Si les sacs sans ouverture que représentent le péritoine, la tunique vaginale, etc. ne ressemblent j Jamais par là à ceux que forment la plèvre et l’arachnoïde : ; Si tpujonrs leurs surfaces diverses sont con- tiguës après la mort , c’est que les parois abdominales ou Ja ‘peau du scrotum , incapables de résister à l’aix extérieur , s'afaissent sous sa pression , et s'appliquent aux Organes 208 DE LA MORT DU CŒUKR n’éprouve point Pinfluence de ce changement subit ; elle se soutient encore quelques minutes au même degré, et ne s’affoiblit ensuite que par gradation. On peut, pour plus d’exactitude, intériéurs à mesure que la diminution de ceux-ci tend à former le vide. à C'est à ce vide existant dans la plèvre des cadavres, qu'il faut rapporter le phénomène suivant qu'on observe toujours lorsqu'on ouvre l’abdomen , et qu’on dissèque le diaphragme. En effet , tant qu'aucune ouverture n’est pra- tiquée à ce muscle, il reste distendu et concave, malgré le poids des viscères pectoraux qui appuient sur lui dans la si- tuation perpendiculaire, parce que l'air extérieur qui en presse la concavité, l’enfonce alors dans le vide de la poi- trine , lequel n’existe jamais pendant la vie. Mais qu'on donne accès à l’air, par un coup de scalpel , à l’instant cette cloison musculeuse s’affaisse, parce que l’équilibre s'établit. $i on vide âvec une seringue tout Pair du pou- mon, la voûte diaphragmatique se prononcera davantagé. Il y a donc cette différence entre l’ouverture d’un ca- davre et celle d’un sujet vivant, que dans le premier le poumon étoit déjà affaissé, que dans le second il s’affaisse à VPinstant de l'ouverture. Le retour des cellules sur elles- mêmes, lorsque l’air refroidi se condense et occupe moins d'espace , est un effet de la contractilité. de tissu ou par dé- faut d'extension, laquelle, comme nous l’avons dit, reste encore en parlie aux organes après leur mort. : D'ailleurs, si le poumon s’affaissoit dans le cadavre, à instant de l’ouverturce de la poitrine, ce seroit à cause de la préssion exercée par l’air extérieur , pression qui expul- scroit à trdvérs la trachée-artère celui contenu dans cet or- : gane. Orsi, pour empêcher la sortie de ce fluide, vous bouchez hermétiquement le canal en yÿ adaptant un tube dont le robinet se trouve fermé, et qu’ensuite la poitrine goitonverte , le poumon est également affaissé : donc Pair € Se qe à Mois : eZ PAR CÉLLE DU POUMON. 209 pomper avec une seringue le peu dair resté en- core dans les vésicules , et le même parier s’observe également dans ce cas. Vel 5°, À côté de ces considérations, plaçons, comme accessoires, la permanence et même la facilité de la circulation pulmonaire dans les col- lections aqueuse, purulente ou sanguine, soit de la plèvre, soit du péricarde, collections dont nd en étoit déjà sorti. Faites au contraire la même expérience sur un animal vivant, vous empêcherez toujours l’affaisses ment de cet organe en prévenant l'expulsion de Pair. Sous ce rapport, Goodwyn est parti d’un principe faux pour mesurer, sur le cadavre,la quantité d’air restant dans le poumon après chaque expiration, D’ailleurs, pour peu qu’on ait ouvert de sujets, on doit être convaincu qu’à peine trouve-t-on sur deux le poumon dans la même disposition. La manière infiniment variée dont se termine la vie, en ac+ cumulant plus ou moins de sang dans cet organe , en y re- tenant plus ou moins d’air , etc. lui donne un volume si va- riable , qu'aucune donnée générale ne peut être établie. D’un autre côté, peut-on espérer d’être plus heureux sur le vi- vant? Non; car qui ne sait que la digestion ; l'exercice , le repos , les nablohe ,; le calme de l’ame, le sommeil , la veille, le tempérament, le sexe , etc, font varier à l'infini et les forces du poumon, et la rapidité du sang qui le tra- versé, et la quantité d’air qui le pénètre. Tous les calculs sur ee somme dé ce fluide , entrant où sortant suivant l’ins- pixation ou l'expiration , me paroissent des contre-sens phy- siologiques , en ce qu’ils assimilent la nature des forces vi- tales à celle des forces physiques, Ils sont aussi inutiles à la science que ceux qui avoient autrefois pour objet la force musculaire , la vitesse du saug , etc. D'ailleurs voyez si leurs auteurs sont plus d'accord entr’eux, qu’on ne l’étoit autrefois sur ce point tant agité, O 210 DE LA MORT DU CŒUR quelques-unes rétrécissent si prodigieusemené les vésicules aériennes, plissent par conséquent les vaisseaux de leurs parois d’une manière si manifeste ; nous aurons alors assez de données pour pouvoir évidemment conclure que la dis- position flexueuse des vaisseaux ne sauroit jamais y être un obstacle au passage du sang; que par conséquent l’interruption des phénomènes mé- caniques de la respiration ne fait point directe- ment cesser l’action du cœur, mais qu’elle la suspend indirectement, parce que les phéno-, mènes chimiques ne peuvent plus s'exercer, faute de Paliment qui les entretient. Si doncnous parvenons à déterminer comment, lorsque ces derniers phénomènes sont anéantis, le cœur reste inactif, nous aurons résolu une double question. Plusieurs auteurs ont admis comme cause dé la mort qui succède à une inspiration trop pro- longte, la distension mécanique des vaisseaux pulmonaires par Pair raréfié, distension qui y empêche la circulation. Cettecausen’est pas plus _ réelle que celle des plis à la suite de l’expiration. En effet, gonflez le poumon par une quantité d’air plus grande que celle des plus fortes inspi- rations ; maïntenez cet air dans les voies aérien- nes, en fermant un robinet adapté à la trachée- artère; ouvrez ensuite la carotide: vous verrez le sang couler encore assez long-temps avec une impétuosité égale à celle qu’il affecte lorsque la respiration est parfaitement libre ; ce n’est que peu à peu que son Cours 8e ralentit, tandis qu’il PAR CELLE DU POUMON. 211 devrait subitement s’interrompre, si cette cause, qui agit d’une manière subite, étoit en effet celle qui arrête le sang dans ses vaisseaux. $ II. Déterminer comment le cœur cesse d'agir par l'interruption des phénomènes chimiques du PORTA: : Selon Goodwyn, la cause unique de la cessa- tion des contractions du cœur , lorsque les phé- nomènes chimiques s’interrompent, est le défaut d’excitation du ventricule à sang rouge , qui ne trouve point dans le sang noir un stimulus suffi- sant ; en sorte que, dans sa manière de considé- rer l’asphixie, la mort r’arrive alors que parce que cette cavité ne peut plus rien transmettre aux divers organes. Elle survient presque comme dans une plaie du ventriculegauche, ou plutôtcomme dans une ligature de l’aorte à sa sortie du péri= carde. Son principe, sa source , sont exclusive- ment dans le cœur. Lesautres partiesne meurent que faute de recevoir du sang ; à peu près comme dans une machine dont on arrête le ressort prin- cipal , tous les autres cessent d’agir, non par : eux-mêmes, mais parce qu'ils ne sont point mis en action. Je crois, au contraire, que dans l'interruption des phénomènes chimiques du poumon il y a affection générale de toutes les parties, qu’alors le sang noir, poussé par-tout, porte sur chaque organe où il aborde Paffoiblissement et la mort ; que ce n’est pas faute de recevoir du sang , mais 9 à 219 DE LA MORT DU cŒœUR faute d’en recevoir du rouge, que chacun cesse d’agir ; qu’en un mot, tous se trouvent alors pé- nétrés de la cause matérielle de leur mort, sa- voir, du Ssang noir; en sorte que, comme je le dirai , on peut isolément asphixier une partie, en y poussant cette espèce de fluide par une ou- verture faite à l’artère , tandis que tous les au- tres recoivent le sang rouge du ventricule. Je remets aux articles suivans à prouver Pef- fet du contact du sang noir sur toutes les autres parties; je me borne, dans celui-ci, à bien re- chercher les DHÉriéniÈnes de ce contact sur les parois du cœur. | Le mouvement du cœur peut se ralentir et cesser ee l'influence du sang noir, de deux ma- nières : 1°. parce que, comme l’a dit Godwyn A le ventricule gauche n’est point excité par lui à sa surface interne; 2°, parce que, porté dans son tissu par les Grtères coronnaires, ce fluide em- pêche l’action de ses fibres; agit sur elles comme sur toutes les autres parties de Péconomie, en affoiblissant leur force, leur activité. Or Je crois que le sang noir peut, comme le rouge, porter à la surface interne du ventricule aorti- que, une excitation qui le force à se contracter. Les observations suivantes me paroïssent confir- Fu cette assertion. . Si l’asphixie avoit sur les fonctions du | cœur une semblable influence , ilest évident que ses phénomènes devroient toujours. commencer par la cessation de l’action de cet organe , que Pa- » néantissement des fonctions du cerveau ne devroit œ PAR CELLE DU POUMON. 219 être que secondaire, comme il arrive dans la syn- cope; où le pouls est sur-le-champ suspendu , ot : où , par là même , l’action cérébrale se trouve in- terrompue. | Cependant , è asphixiez un animal, én bou- chant sa trachée-artére , en le tent dans le vide, en ouvrant sa poitrine ,en le plongeant dans le gaz acide carbonique , etc. vous observerez constamment que la vie animale s’interrompt d’abord que les sensations ; la perception, la lo- corotion volontaire , la voix se suspendent ; que Panimal.est mort au ie , mais qu’au dedans le cœur bat encore ARFIAE, temps , que le pouls se soutient , etc. | _ Ilarrive Hone alors, non, ce qu’on observe dans Ja syncope, où le cerveau et le cœur. s’arrêtent ‘en même temps, mais Ce qu’on remarque dans les violentes commotions.où le second survit en- core quelques instans au premier. Il suit de là que les différens organes. ne cessent pas d'agir dans lasphixie, parce que le cœur n° envoie pis de sang , mais parce qu’il y pousse un ag | ui ne leur est point habituel. .. 2°, Si on bouche la trachée d’un animal, une artère quelconque étant ouverte ,on voit, comme ‘je le dirai, le sang qui en sort s’obscurcir peu à peu, et ibn devenir aussi noir que le veineux. Or, malgré ce phénomène qui se passe d’ane ma- nière {rès- ‘apparente, Je fluide continue encore . quelque temps à jaillir avec une force égale à celle du sang rouge. Il est des chiens qui, du cette expérience, versent par l'artère ouverte o 914 DE LA MORT DU CŒUR une quantité de sang noir plus que suffisante pour les faire périr dhémorragie , s1 la mort n’étoit pas déjà amenée chez eux par Pasphixie où ils se trouvent. 3°. On pourroit croire que quelques portions d'air respirable , restées dans les cellules aérien- nes tant que le sang noir continue à couler , lui communiquent encore quelques principes d’exci- tation : eh bien, pour s’assurer que le sang vei- neux passe dans le ventricule à sang rouge , tel qu’il étoit exactement dans celui-à sang noir, pompez avec une seringue tont l’air de la tra- chée-artère, préliminairement mise à nu, et coupée transversalement pour y adapter le robi- net; ouvrez ensuite une artère quelconque, la ea- rotide , par exemple : dès que le sang rouge con- tenu dans cette artère se sera écoulé , le sang noir lui succédera presque tout-à-coup ef sans passer , comme dans le cas précédent ; par diver- ses nuances ; alors aussi le jet reste encore très- fort pendant quelque temps ; il ne s’aFfoiblit que peu à peu; tandis que si le sang noir nétoit point un excitant du cœur, son interruption devroit être subite , ici où le sang ne peut éprouver au- cune espèce d’altération dans le poumon, où il est dans laorte ce qu'il étoit dans les veines caves. 4°. Voici une autre preuve du mème genre Mettez à découvert un seul côté de la poitrine, en sciant exactement les côtes en devant et en ar- rière ; aussitôt le poumon de ce côté s’affaisse, Vautrerestant en activité. Ouvrez une des veines PAR CELLÉ DU POUMON. 9213 pulmonaires ; remplissez une seringue échauffée à la température du corps, du sang noir pris dans une veine du même animal , ou dans celle d’un autre; poussez ce fluide dans l’oreillette et le ventricule à sang rouge : il est évident que son contact devroit , d’après l’opinion commune sur Pasphixie, non pas anéantir le mouvement de ces cavités, puisqu’elles recoivent en même temps du sang rouge de l’autre poumon, mais moins le diminuer d’une manière sensible, Ce- pendant je rai point observé ce phénomène dans quatre expériences faites successivement ; l’une m'a offert même un surcroît de battement , à Pinstant où j'ai poussé le piston de la sermgue. 5°, Si le sang noir n’est point un excitant du cœur, tandis que le rouge en détermine Ja con- traction , 1l paroît que cela ne peut dépendre que de ce qu’il est plus carboné et plus hydrogéné que Jui, puisque c’est par là qu’il en diffère principa- lement. Or, si le cœur a cessé de battre dans un animal tué exprès par une lésion du cerveau ou du poumon , on peut, tant qu’il conserve encore sonirritabilité ; rétablir exercice de cette pro- priété en soufflant par l’aorte, ou par une des veines pulmonaires , soit du gaz hydrogène, soit du gaz acide carbonique, dans le ventricule et Voreillette à sang rouge. Donc, ni le carbone, ni hydrogène n’agissent sur le cœur comme sé- datifs. Les expériences que j'ai faites et publiées Pan passé, sur les emphysèmes produits dans divers animaux avec ces deux gaz, ont également éta- _ 216 DS LA MORT DU CŒUR" bli cette vérité pour les autres muscles, puisque leurs mouvemens ne cessent point dans ces expé- riences, et qu après la mort , l’irritabilité se con- serve comme à l’ordinaire. ot eTit Enfin, il m’est également arrivé de rétablir les contractions du cœur , anéanties dans diverses . morts violentes, par le contact du sang noir in- jecté dans le ventricule et l'oreillette à sang rouge , avec une seringue adaptée à l’une des veines pulmonaires. Le cœur à sang rouge peut donc aussi pousser le sang noir dans toutes les parties, et- voilà com- ment arrive, dans lasphixie, la coloration des différentes surfaces, coloration dont je présente- rai le détail dans lun des articles suivans. Le:simple contact du sang noir m’agit pas à la surface interne des artères d’une manière plus sédative. En effet, si, pendant que le robinet adapté à la trachée-artère est fermé , on laisse. couler le sang de lPun:des vaisseaux les plus éloignés du cœur ; d’un de ceux du pied: par exemple, il jaillit encore quelque tempsavecune force égale à celle qu’il avoit lorsque le robinet étoit ouvert, et que, par conséquent, 1} étoit rouge. L'action exercée dans tout son trajet de- puis le cœur sur les parois artérielles, ne dimi- nue donc point, Pénergie de ces parois. Lorsque cette énergie s’affoiblit, c’est au moins, en grande partie, par des causes différentes. Concluons des expériences dont je viens d’ex- poser les résultats, et des considérations diverses’ qui les accompagnent, que le sang noir arrivant PAR CELLE DU POUMON. 217 en masse au ventricule à sang rouge , et dans le système artériel , peut , par son seul contact, en déterminer l’action, les irriter, comme on le dit, à leur surface interne , en être un excitant ; que si aucune autre.cause n’arrêtoit leurs fonctions, la circulation continueroit, sinon peut-être avec tout autant de force, au moins d’une manière très-sensible. Quelles sont donc les causes qui interrompent la circulation dans le cœur à sang rouge et dans es artères , lorsque le poumon y envoie du sang noir ? Fra lorsque celui-ci ya coulé quelque temps, son jet s’affoiblit peu à peu, cesse enfin presqu’entièrement; et sion ôuvre alors le robi- net adapté à la trachée-artère, 1l se rétablit bientôt avec force. ) RU Je crois que le sang noir agit sur de cœur ainsi que sur toutes les autres parties, comme nous verrons qu’il influence le cerveau, les muscles vo- lontaires, les membranes, etc. tous les organes $ en un mot, où il se shpond:, c’est-à-dire, eu pé- nétrant son tissu, en affoiblissant chanie fibre en particulier; en sorte que je suis très-persuadé que sil étoit possible de pousser par l'artère co- ronnaire du sang noir, pendant que le rouge passe , COMME à l'ordinaire , dans l'oreillette et le ventricule -aortiques , la circulation seroit pres- qu’aussi vite interrompue que dans les cas précé- dens , où le sang.noir ne pénètre le tissu du cœur par hé artères coronnaires ; qu'après avoir tra- versé les deux cavités à sang rouge. C’est par soneontact avec les fibres charaues, 218 DÉ LA MORT DU CaUuR à Pextrémité du système artériel, et non par son contact sur la surface interne du cœur , que le sang noir agit. Aussi Ce n’est que peu à peu , et lorsque chaque fibre en a été bien pénétrée, que sa force diminue et cesse enfin, tandis que la di- minution et la ‘cessation devroientc comme je lai fait observer , être presque shbites dans le cas contraire. Comment le sang noir agit-il ainsi, à l’extré- mité des artères, sur les fibres des différens or- ganes ? est-ce sur ces fibres elles-mêmes, ou bien sur les nerfs qui s’y rendent , qu 1l porte son in- fluence ? Je serois assez porté à admettre la der- nière opinion , et à considérer la mort par l’as- phixie, commeuneffet généralement produit par le sang noir sur les nerfs qui , dans toutes les par- ties,accompagnent les artères où circule alors cette espèce de fluide. Car , d’après ce que nous dirons ; Paffoiblissement qu’éprouve alors le cœur n’est qu’un symptôme particulier de cette maladie dans laquelle tous les autres organes sont le siége d’une semblable débilité. On pourroit demander aussi comment le sang noir agit sur les nerfs ou sur les fibres, Est-ce que Jes principes qu’il contient en abondance, en af- foiblissent directement l’action , ou bien n’inter- rompt-il cette action que par l’absence de ceux qui entrent dans la composition du sang rouge, etc. etc. ? Là reviendroient les questions de sa- voir si l’oxigène ést le principe de Pirritabilité, si le carbone et l’hydrogène #ptsent d’une ma- nière inverse, etc. etc. PAR CELLE DU POUMON, 219 Arrètons-nous quand nous arrivons aux fimites de la rigoureuse observation; ne cherchons pas à pénétrer là où expérience ne peut nous éclai= rer. Or je crois que nous établirons june asser- tion très-conforme à ces principes, les seuls, selon moi , qui doivent diriger tout esprit judicieux, en disant en général, et sans déterminer com- ment, que le cœur cesse d’agir lorsque les phé- nomènes chimiques du poumon sont interrom- pus, parce que le sang noir qui pénètre ses fibres charnues n’est point propre à entretenir leur ac- tion. | | D’après cette manière d’envisager les phéno- mènes de l’asphixie, relativement au cœur, il est évident qu’ils doivent ésalement porter TE in- fluence sur l’un et sur l’autre ventricules, puisque ‘alors le sang noir est distribué en proportion égale dans les parois charnues de ces cavités, par le système des artères coronnaires. Cependant on observe presque constamment que le côté à sang rouge cesse le premier d'agir , que celui à sang noir se cohfrâcte encore quelque tems, qu'ilesf, comme où dit, lw/fimum moriens. Ce phééäiène suppose-t-il un affoiblissement plus réel, une mort plus prompte dans l’une que dans l’autre des cavités du cœur ? non; car, comme l’observe Haller, il est commun à tous les genres de mort des animaux à sang chaud, et n’a rien de particulier pour l’asphixie. Si d’ailleurs le ventricule à sang rouge mouroit le premier,comme le suppose la théorie de Good- wyn , alors voici ce qui devroit arriver dans Pou- 220 DE LA MORT DU CŒUR verture des cadavres asphixiés : 1°. distention de ce ventricule et de Poreillette correspondante, par le sang noir qu’ils n’auroient pu chasser dans l'aorte; 2°. plénitude égale des veines pulmo- naires et même des poumons; 3°. engorgement consécutif de l’artère pulmonaire et des cavités 2 sang noir. En un mot la, congestion du sang devroit. commencer dans celui de ses réservoirs qui cesse le premier son action, et se propager ensuite de proche en proche dans les autres. Quiconque a ouvert des cadavres d’asphixiés, a dû se convaincre, au contraire , 1°. que les ca- vités à sang rouge et les veines pulmonaires ne contiennent alors qu’une quantité de sang, noir très-petite,.en comparaison de Ja quantité du même fluide qui. distend, les cavités opposées ; 2°. que le terme où le sang s’est arrêté est prin- cipalement dans le poumon, et que c’est depuis là qu'il faut partir pour suivre sa stase dans tout Je système veineux ; 3°, que les artères en ren-. ferment à proportion tout autant que le ventri- cule qui leur correspond, et que ce, n’est point par CRÉSÉQUER dans. le ventricule plutôt qu ’ail- leurs, qu’a commencé la mort. Pourquoi cette portion du cœur cesse-t-elle donc de battre avant autre ? Haller Pa. dit ; c’est que celle-ci est plus long-temps excitée + contient une quantité plus, grande de sang , la- quelle aflue des veines et reflue du poumon. On connoît la fameuse expérience par laquelle; en vidant les cavités à sang noir , et en liant Paorte pour retenir ce fluide dans ‘les. poches à sang PAR CELLE DU POUMO N. 2931 rouge, il a prolongé le battement des secondes bien au-delà de celui des premières. Or, dans cette expérience , il est manifeste que c’est du sang noir qui s’accumule dans loreillette ét le ventricule aortiques, puisque pour la faire il faut ouvrir préliminairement la poitrine, et que dès que les poumons sont à nu, Pair ne pouvant y pénétrer, ne sauroit éélbter ce fluide dans son passage à travers le tissu de ses organes. Voulez-vous encore une preuve plus directe ? fermez la trachée-artère par un robinet , immé- diatement avant l’expérience : elle réussira éga- Jement bien, et cependant le sang arrivera alors nécessairement noir dans les cavités à sang rouge. On peut d'ailleurs, en ouvrant ces cavités à “a suite de cette expérience et de la précédente, s’assurer de la couleur du sang. J’ai plusieurs fois constaté ce fait remarquable. Concluons de là que le sang noir excite, pres- qu’autant que le rouge, la surface interne des ca- vités qui contiennent ordinairement ce dernier , et que si elles cessent leur action avant celles du côté opposé, ce n’est pas parce qu’elles sont en contact avec lui, mais au contraire parce qu’elles n’en reçoivent pas une quantité suffisante, ou même quelquefois parce qu ’elles en sont pres- qu’entièrement privées, tandis que les cavités à sang noir s’en trouvent remplies. Je ne prétends pas, malgré ce que je viens de dire, réjeter entièrement la non-excitation de la hictace interne du ventricule à sang rouge par le sang noir. Il est Re que celui-ci soit un peu 222 DE LA MORT DU CŒUR moins susceptible que lautre d’entretenir cette excitation,sur-tout s’il est vrai qu’il agisse sur les nerfs que l’on sait s’épanouir et à la surface in- terne et dans le tissu du cœur; mais je crois que les considérations précédentes réduisent à bien peu de chose cette différence d’excitation. Voici cependant une expérience où elle paroît assez manifeste. Si un robinet est adapté à la trachée- artère coupée et mise à nu, et qu’on vienne à le fermer, le sang noircit et jaillit noir pendant quel- que temps avec sa force ordinaire; mais enfin le jet s’affoiblit peu à peu. Donnez alors accèsà l'air: le sang redevient rouge presque tout-à-coup, et son jet augmente aussi très-visiblement. Cette augmentation subite paraît d’abord ne tenir qu’au simple contact de ce fluide sur la sur- face interne du ventricule aortique, puisqu'il n’a pas eu le temps d’en pénétrer le tissu. Mais pour peu qu’on examine les choses attentivement, on observe bientôt qu'ici cette impétuosité d’impul- sion dépend sur-tout de ce que Pair entrant tout- à-coup dans la poitrine , détermine lanimal à de grands mouvemens d'inspiration et d’expiration, lesquels deviennent très-apparens à linstant où le robinet est ouvert. Or le cœur , excité à l’exté- rieur, et peut-être un peu comprimé par ces mouvemens , expulse alors le sang avec une force étrangère à ses contractions habituelles, Ce que j’avance est si vrai, que lorsque lins- piration et expiration reprennent leur degré ac- coutume, le jet, quoiqu’aussi rouge, diminue manifestement; il n’est mêmeplus poussé au-delà / PAR CELLE DU POUMON. 223 de celui qu’offroit le sang noir dans les premiers temps de son écoulement, et avant que le tissu du cœur fût pénétré de ce fluide. D’ailleurs linfluence des grandes expirations sur la force de projection du sang par le cœur - est très-manifeste, sans toucher à la trachée-ar- tère. Ouvrez la carotide; précipitez la respiration en faisant beaucoup souffrir Panimal ( car j’ai constamment observé que toute douleur subite apporte tout-à-coup ce changement dans Paction du diaphragme et des intercostaux); précipitez, dis-je, la respiration , et vous verrez alors le jet du sang augmenter manifestement. Vous pour- rez même souvent produire artificiellement cette augmentation NAN): : comprimant avec Force et d’une manière subite , les parois pectorales, \Ces expériences réussissent surtout sur les animaux déjà affoiblis par la perte d’une certaine quantité de sang : elles sont moins apparentes sur ceux pris avant cette circonstance. Pourquoi dans l’état ordinaire les aa ex- piratious faites volontairement ne rendent-elles pas le pouls plus fort, puisque dans les expé- riences elles augmentent très-souvent le jet du sang ? jen ignore la raison. Il suit de ce que nous venons de dire, que l’expérience dans laquelle le sang rougit et jaillit tout-à-coup assez loin à l'instant où le robinet est vuvert, n’est pas aussi concluante que d’a- bord elle m’avoit paru; car pendant plusieurs jours ce résultat m’a embarrassé, attendu qu’il 22% DE LA MORT DU CŒUR ne s’allioit point avec la plupart de ceux que j'obtenois. | Reconnoissons dütic encore une fois, que si l'irritation produite par le sang rouge à la sur- face interne du cœur , est un peu plus considé- rable que celle détérminisé par le noir, lexcès est peu ; sensible , presque nul , et que Pinterrup- tion des phénomènes chine agit principale- ment de la manière que j’aï indiquée. Dans les animaux à sang rouge et froid, dans les reptiles spécialement, l’action du poumon n’est point dans un rapport aussi immédiat avec celle du cœur, que dans les animaux à sang rouge et chaud. J’ai lié sur deux grenouilles les poumons à leur racine , après les avoir mis à découvert par deux incisions faites latéralement à la poitrine ; la cir- culation a continué comme à Pordinaire, pen- dant un temps assez long. En ouvrant la poi- trine , jai vu même quelquefois le mouvement du cœur précipité à la suite de cette expérience, ce qui, 1l est vrai , tenoit sans doute au contact de Pair. Je terminerai cet article par léxaiéié d’une question importante , celle de savoir comment; lorsque les phénomènes chimiques du poumon s’interrompent, l'artère pulmonaire, le ventri- cule et l'oreillette à sang noir , tout le système veineux, en un mot, se trouvent gorgés de sang, tandis qu’on en rencontre beaucoup moins dans le système vasculaire à sang rouge, lequel en présente cependant davantage que dans la plu- PAR CELLE DU POUMON. 295 part des autres morts. Le poumon semble, en efiet, être alors le terme où est venue finir la circulation qui s’estensuite arrêtée, de BHOSE en proche , dans les autres parties. | Ce phénomène a dû frapper tous ceux qui ont ouvert des asphixiés. Haller et autres l’expli- quoient par les replis des vaisseaux pulmonaires: ; Jai dit ce qu ’il falloit penser de cette opinion. Avant d'indiquer une cause plus réelle, re- marquons que le poumon où s’arrête le sang, parce qu’il offre le premier obstacle à ce fluide, se présente dans un état qui varie singulièrement, suivant la manière dont s’est terminée la vie. Quand la mort a été prompte et instantanée, alors cet organe n’est nullement engorgé ; l’oreil- lette et le ventricule à sang noir, l’artère pul- monaire , les veines caves, etc. ne sont pas très- distendus. J’ai observé ce fait , 1°. sur les cadavres de deux personnes qui s’étoient pendues, et qu’on a apportées dans mon amphithéâtre; 2°. sur trois sujets tombés dans le feu, qui y avoient été tout- à-coup étouffés , et par là même asphixiés ; 3°. sur des chiens que je noyois subitement, où dont j’interceptois Pair de la respiration en fer- mant tout-à-coup un robinet adapté à leur tra- _chée-artère ; 4°. sur des cochons d’Inde que je faisois périr daus le vide , dans les différens gaz, dans le carbonique spécialement, ou bien dont je liois l’aorte à sa sortie du cœur , ou enfin dont Vouvrois simplement la poitrine pour interrom- pre les phénomènes mécaniques de la respiration: PF . 226 DE LA MORT DU CŒUMR Le car dans cette dernière circonstance c’est, comme je lai observé, parce que les phénomènes chi- miques cessent, quele cœur n’agit plus ; etc. etc. Dans tous ces cas, le poumon n’étoit uen cu” pas gorgé de sang, Au contraire , faites finir dans un animal les phénomènes hand de la respiration , d’une. manière lente et graduée ; noyez-le en le plon- geant dans l’eau et Penretirant alternativement ; asphixiéz-le en le plaçant dans un gaz où vous Jaisserez , d’instans en instans, pénétrer un peu d’air ordinaire pour le soutenir, ou en ne fer- mant qu’incomplétement un robinet adapté à sa trachée-artère ; en un mot', en faisant durer le plus long-temps possible, cet état de gêne et d’an- goisse qui, dans l'interruption des fonctions du poumon, est intermédiaire à la vie et à la mort; toujours vous observerez cet organeextrémement engorgé par le sang , ayant un volume double, triple mème de celui quil présente dans le cas précédent. Entre lextrème engorgement et la vaboies presque complète des vaisseaux pulmonaires, 1l est des degrés infinis; or on est le maître, sui- vant la mamière dont on fait périr Panini! , de déterminer tel ou tel de ces degrés : je lai très- souvent observé. C’est ainsi qu’il faut expliquer Pétat d’engorgément du poumon de tous les su- jets dont une longue agonie , une affection len te dans ses progrès à terminé la vie : la plupart des cadavres apportés dans'nos amphithéâtres Pre _ sentent cette disposition. PAR: CELLE "DIU :POUMON. 2957 Maïs quel que soit l’état du poumon dans les asphixiés , qu’il se trouve gorgé ou vide de sang, que la mort ait été par conséquent longuement amenée ou subitement produite ; toujours le sys- tème vasculaire à sang noir est alors plein de ce fluide , surtout aux.environs du cœur; toujours il ya sous ce rapportune grande diférence entre luiet le système vasculaire à sang rouge ; toujours par conséquent c’est dans le poumon que la cir- culation trouve son principal obstacle. De quelle cause peut donc naître cet obstacle que ne présentent point au sang les plis de l’or« gane , ainsi que nous l’avons vu ? ces causes sont relatives, 1°.au sang , 2°. au poumon, 3°. au cœur. La câuse principale relative au sang, est la grande quantité de ce fluide , qui passe alors des artères dans les veines. En effet, nous verrons bientôt que le sang noir EE te dans les ar- tères , n’est point susceptible de fournir aux se- crétions , aux exhalations et à la nutrition, les matériaux divers nécessaires à ces fonctions, ou que s’il apporte ces matériaux , il ne peut point exciter les organes, il les laisse inactifs. (1) À d sn ju PEUR PE à mmmnnei) ’ L (1) Voyez l’article de l'influence du poumon sur toutes. les parties. Je suis obligé i ici de déduire des conséquences de principes que je ne prouverai que plus bas : tel est en effet l’enchaînement des questions qui ont pour objet la cireula- tion , qu’il est impossible que la solution de lune amène comme conséquence nécessaire celle de toutes les! autres. C’est un cercle où il faut toujours supposer quelque chose , sauf à le prouver ensuite, P 2 ’ 226 DE LA MORT DU CGUR Il suit de là que toute la portion de ce fluide, enlevée ordinairement au système artériel par ces diverses fonctions, reflue dans le système veineux avec la portion qui doit y passer natu- rellement, et qui est le résidu de celui qui a été employé : de là-une quantité de sang beau- coup plus grande que dans l'état habituel; de là, par conséquent , bien plus de difficultés pour ce fluide à traverser le poumon. Tous les praticiens qui ont ouvert des cada- vres d’asphixiés , ont été frappés de l’abondance du sang qu’on y rencontre. Le C. Portal a fait cette observation ; je Pai toujours constatée dans mes expériences. Les causes relatives au poumon, qui, chez les asphixiés, arrêtent dans cet organe le sang qui le traverse, sont, d’abord son défaut d’excitation par le sang rouge ; en effet, les artères bron- chiques qui " portent brdinairement cette espèce de fluide , n’y conduisent plus alors que du sang noir ; de là da couleur de brun obscur que prend cet organe , dès qu’on empèche d’une manière quelconque l'animal de respirer. On voit surtout très-bien cette couleur, et on distingue même ses nuances successives, lorsque, la poitrine étant ouverte, l’air ne peut pénétrer dans les cellules aériennes affaissées , pour rougit le sang qui y circule encore. La noirceur du sang des veines pulmonaires concourt aussi , et même plus efficacement, vu sa quantité plus grande, à cette coloration qu’il PAR CELLE DU POUMON. 32% faut bien distinguér des taches bleuâtres natu- relles au poumon dans certains animaux. Le sang noir circulant dans les vaisseaux bronchiques, produit sur le poumon le même effet qui, dans le cœur, naît de son contatt, lorsqu’ il pénètre cet organe par les MP il affoiblit ses diverses parties , empêche leur ac- tion et la circulation capillaire qui s’y opère si sous l'influence de leurs forces toniques. 60e 180 La seconde cause qui, dans l interruption des phénomènes chimiques dupoumon, gène la eir- culation de cet organe , c’est le défaut de son ex- citation par Pair vital. Le premier effet de cet air parvenant sur les surfaces muqueuses des cellules aériennes , est de les exciter , de les sti- muler ; d'entretenir par conséquent le poumon dans une espèce d’érétisme continuel : ainsi les alimens arrivant dans l’estomac, excitent-ils ses forces ; ainsi tous les réservoirs éontals agacés par babord des fluides qui leur sont habituels. Cette excitation des membranes muqueuses par les substances étrangères en contact avec ciles, soutient leurs forces toniques, qui tom- bent en partie et laissent par conséquent la cir- culation capillaire moins active lorsque ce con- tact devient nul. Les différens fluides aériformes, qui rempla- cent l’air atmosphérique dans les diverses as- phixies, paroïssent agir à des degrés très-variés sur les forces toniques ou sur la contractilité or- ganique insensible. Les uns, en effet, les abat- tent presque subitement , et arrêtent toutà-coup 250 DE LA MORT : DIU CŒEURA la.cireulation que d’autres laissent encore durer pendant. plus ou-moins:long-temps:0 Cor parez Pasphixie par le gaz mitreux , hydrogène sul- phuré , eto: à celle par: Phÿydrogène pur, par le gaz acide carbonique, etc: vous verrez une difs férence:notable: Cette différence , ainsi que les ellets variés qui résultent. des diverses as hixies, tiennent aussi comme nous le verrons ; à/d’au- tres causes ; mais eie4ut 7 influe opt ment. {' j | > HOUR ui L Enfin la cause ele: au cœur , ‘ebeher: lés asphixiés fait stagner le.sang dans le système vasculaire veineux, c’est Paffloiblissement du ventricule: et de Poreïllette de:ce système , | les= quels; pénétrés dans toutes leurs fibres par le sang noir, ne sont plus susceptibles de: pousser avec énergie ce fluide vers le poumon; de'sur2 monter par conséquent la résistance ‘qu’il ÿ ‘trouve : ils se laissent donc distend: e par:lüi et : me PEUR non plus résister à l'abord de célui qu’y versent les veines caves. Celles-ei se gonflent aussi comme toutde:système veineux ; parce que leurs parois cessant d’être excitées par'le: sang rouge, étant toutes pénétrées du noir, perdent peu à peu le ressortnécessaire à leursfonctions, Il est facile de concevoir , d’aprësce: ‘que nous venons de dire, comment tout le système vas- culaire à sang noir se tiouve gorgé de’ ce fluide dans Pasphixie. : °°° "7. #1: ‘On comprendra aussi, par les considébatibre suivantes , comment le système à sang D en contient une moindre quantité. Le CA i PAR 2CE LLE ‘DUU) P.OUM O N. 451 +%::Comme obstacle commence au poumon, ce'système en reçoit évidemment bien moins que de coutume; de là, ainsi que nous avons vu, la cessation. plus prompter des contractions du ven- ie peepaiteir 8 «4 sb; SN 28: La force romalle dés artères , euo qui fiblie par Pabord dn sang noir dans les fibres dé leurs parois, est cependant bien supérieure à celle du système veineux } soumis d’ailleursàda même cause. dé débilité ; par conséquent cesvaisseaux et le veritrieule acriique peuvent biew plus faci- lement surmonter la résistance descapillaires de tout Je corps, que les veines et le venñtricule vei: neux peuvent Vaincre Celle des: capillaires du pére: out BMiÉs.. st ! ÉLDEOL “80.11 ya dans ur ar hs SRE ab géné. rale, qu’une:cause: de, xaleritissement, savoir , le contact duwsang noir sur, tous les organes ÿ $ HAE qu’écettesæause se jofñt-dans le: poumon ati seheé d’excitation habituelle déterminée:shr {ui par lair atmosphérique: Donc:awpoumon , d’uné part, plus de résistance est offerteau sang qu'y appürtentles veines ;etmoins/de force:se trouve, d’autrepart ; pour: surmoñter cette. résistance: 3 tandisgue-dans toutesdes parties on.observe.au Cohtraîres: à dlastermidaison des artèrés ;: et lois dinpassage de leur:sanp darisles veinds, desobe: tatles plus foibles d’uncôté ,: de lautre:des forces plus grarides pour: vabicre es vbstacles: ::111:2 sr 44 Danisile-systëmeicæpillaire général, qui ést l'aboutissant deceluidessaptères, si Ja cirealätion s’émbarrasse d’abord:dans un: organe particulier, / 232/ DE LA MORT DU CEUR* elle peut se faire encore un peu dans les autres , et.alors le sang reflue par là dans les veines. Au / contraire, comme tout le système capillaire au- quel About celui des: veines, se trouve con- centré dans le poumon, si ce viscère perd ses forces, sa sensibilité et sa contractilitéorganiques insensibles, alors il est nécéssaire que toute la circulation veineuse s’arrête. | . Les considérations précédentes doninéutr, je croiss lPexplication de Pinégalité dans la plénis tude des deux systèmes vasculaires, inégalité que les cadavres asphixiés ne présentent passeuls, mais.qui est aussi plus ou :moins frappante à la suite depresque toutes les maladies. Quoique le système capillaire général offre dans l’asphixie ; moins de résistance aux artères, que le système capillaire: pulmonaire n’en pré- sente: alors aux veines ,1:cependant: cette r'ésis- tance, née surtout de: Pabord du sang noir à tous les organes dont il ne sauroit entretenirles forces, ycest très-maniféste; et elle produit deux phénomènes assez HRMAR TRS D enfq 4 lie Le premier “est la staseidans les artères, ‘dune quantité de sang noir bien:plus considérable: qu’à Pordinaire ,: quoique cependant beaucoupmoin- dre que dans les veines.:Delà une grande diffi- culté chez les'asphixiés à faire les injections, qui réussissent en général d'autant mieux, que les artères sont plus vides :le sang: qui s’y trouve alorsest fluide, rarement ‘pris en caillot, parce qu'il'estr ga et que tant qu’il porte ce ca- _xactère , dl est moins facilement coaguläble , PAR CELLE DU POUMON. 2535 comme le prouvent, 1°. les expériences des chi- mistes modernes, 2°. la comparaison de celui renfermé dans les varices, avec celui contenu dans les anévrismes, 3°. l'inspection de celui qui stagne ordinairement après la mort dans les veines du voisinage du cœur , etc. Le second phénomène né dans Pasphixie, de la résistance qu’oppose aux artères le système capillaire général affoibli , c’est la couleur livide que présentent la plupart des surfaces, et les engorgemens des diverses parties, comme de la face, de la langue, des lèvres, etc. Ces deux phénomènes indiquent une stase du sang noir aux extrémités artérielles qu’il ne peut traverser, comme ils dénotent le mêmé effét dans les vais- seaux pulmonaires, où l’engorgement est bien plus manifeste } parce que, comme je l’ai dit, le système capillaire est concentré là dans un très-petitespace, tandis qu'aux extrémités arté riellesil'est largement disséminé. | Tous: lesrauteurs rapportent la couleur lividé des asphixiés au reflux du sang des'veines vers les extrénrités; cette cause est peu réelle. En effet, ce reflux qui est très-sensible dans les troncs, va toujours en diminuant vers lès ramifications où les valvules le: rendent-nul ét même presque possibles: | Voïci dafllents une étbérieticé qui prouvé ma- nifestement que c’est à l’impulsion du Sang noir transmis par le ventricule aortique dans toutes lesartères, qu’il faut attribuer cette coloration : 1°, Adaptez un tube à robinet à la trachée- 23% DE LA MORT :DU CŒUR" artère mise à nu €t coupée transversalement en haut; 2°. ouvrez l’abdomen de manière à dis- tinguer lesintestins, lépiploon, etc; 3°. fermez ensuite le robinet. Au botit de deux ou troïs nn- nutes, la teinte rougeâtre qui animele fond'blané du péritoine, et que cette: membrane emprunte des vaisseaux rampansau-dessous d’elle, se‘chan- sera ‘en_un brun obscur ; que vous ferei dispa- roître et.reparoître à volonté en ouvrant le robe uet et en le refermant. : +201 4 | On ne peut ici, comme si on! PS rience sur d’autres parties, soupconnetun reflux se propageant du-ventricule droit versilesextrés mités veineuses; puisqueles vemesmésentériques font, avecles añtres branches dela veine-porte, un Ga sstrun à. part ; it et hr grand sys- les cav ités du cœur Fr correspotilée edit Je reviendrai ailleurs sur la. coloration--des parties par le sang noir;! cette expériencesstiffit . pour prouver qu’elle est un effletmarifesté de : l'impulsion artérielle, laquelle s’exéréecsurce iluide étranger aux artères, dans Pétatsondisiaire. . ILest facile ,. d’après tout ce que: nous avons dits «d'expliquer. comment le poimon este plus où moins gorgé de; sang; plus-on: moinsibrun ; comment les taches livides répandues surlés-dif- férentes, parties. du corps.sont. plüs où: moins marquées, suivant que Les aiété plis ou moins prolongée 0 51161077 Sfr qéensen: : Hestévident-que.st avattla ne nr noir a a fait dix à douze fois le tour des deux systèmes, PAR CELLE DU: POUMO N. 255 il engorgera bien davantage leurs extrémités , que s’il les a seulement parcourus deux 'ou trois fois, puisqu’à chacuneilen reste dans ces extré- mités une quantité plus ou moins grande par le défaut d'action des vaisseaux capillaires. J’observe,;-en terminant cet article, ‘que la rate est le seulorgane de l’économie ssceptible j comme le poumon, de prendre des volumes très- différens. À peine la tronuvé-t-on deux fois dans le même état. Tantôt très-gorgée de sang, tantôt presque vide de cefluide, elle se montre dans les divers sujets sous des fbrnién très-variables. On.a faussement cru qu'il y avoit un rapport entre la plénitude ou la vacuité de Pestoimac et les inégalités de la rate. Les expériences mont appris le contraire, comme je Pai dit ailleurs; ces inégalités, étrangères à la. vie, paroïissent survenir seulément à l’instant de la mort. Je crois qu’elles dépendent spécialement de l’état du foie dont les vaisseaux capillaires sont aboutissant de tous les troncs de la veine-porte, comme les capillaires dû poumon sont celui du grand système veineux; en sorte que quand les capillaireshépatiques sont affoiblis par nnecause quelconque , nécessairement da rate doit s’engor- _ger et se remplir du sang qui ne peut traverser le foie, survient alors, sijepuis m'exprimer ainsi, une asphixie isolée dans «à 2e vasculaire ab dominal,j 4 5 + | Dans ce ças le foie est à la rate, ce que le pou mon est anx cavités à sang: noir dans Pasphixie ordinaire : c’est dans le premier organe qu'est 2360 DE LA MORT DU CERVEAU la résistance, c’est dans le second que se fait It stase sanguine, Maïs ceci pourra être éclairé par des expériences sur des animaux tués de diffé- rentes manières. Je me propose de fixer rigou- reusement, par ce moyen, l’analogie qu'il y a entre le séjour du sang dans les branches diverses de la veine-porte , et celui qu’on observe dans le système veineux général, à la suite des divers genres de mort. Jewai point observé de particu- larités pour la rateet son systèmede v veines, dans Vasphixie ordinaire. pus à Au reste il est inntile de dire qu'on doit dis- tinguer Pengorgement de ce viscère par le sang qui lPmfiltre à Pinstant de la mort, engorge- ment que tous ceux qui ont vu des cadavres ont observé, d’avec celui plus rare que déterminént, dans cet organe , les maladies diverses. L’inspec- tion suffit pour ne pas s *y méprendre. * #* ARTICLE SEPTIÈME. Def influence que lamort du poumon exerce sur: celle du cerveau. F Nous venons "A voir que c’est en envoyant du sang noir dans les fibrés charnues du cœur, en agissant peut-être sur les nerfs par le contact de ce sang , que le poumon influe , dans las- phixie, sur la cessation des Datteriieis de cet or- gane, Ce fait semble d'avance nous en indiquer NS PAR, CELLE DU POUMON. 257 un analogue dans le cerveau; Pobservation le prouve indubitablement. Quelle que soit la manière dont s’interrompe Paction pulmonaire ; que les phénomènes chi- miques ou que les mécaniques cessent les uns avant les autres, toujours ce sont les premiers dont Paltération jette le trouble dans les fonc- tions cérébrales. Ce que j’ai dit sur ce point, re- lativement au cœur, est exactement applicable au cerveau; je ne me répéterai pas. Il s’agit dois de montrer par l'expérience et par l’observation des maladies, que dans Pin. term tion des fonctions chimiques du poumon, c’est le sang noir qui interrompt Paction du cer- veau, et sans doute celle de tout le système ner- veux. Examinons d’abord les expériences rela- tives à cet objet. , J’ai d’abord commencé par transfuser au cer- veau d’un animal, le sang artériel d’un autre, afin que cet essai me servit de terme de com- paraison pour les suivans. L’une des carotides étant ouverte dans un chien, on y adapte un tube du côté du cœur , et on lie la portion cor- respondante au cerveau; on coupe ensuite la même artère sur un autre chien; une ligature est placée au-dessus de ouverture à laquelle on fixe Pautre extrémité du tnbe. Alors un aide, qui fai- soit avec les doigts la compression de la caro- tide du premier chien, cesse d’y interrompre le cours du sang, lequel est poussé avec force par le cœur de cet animal vers le cerveau de lantre: aussitôt les battemens de l’artère , qui avoient ES 258 DE LA MORT DU CERVEAU cessé dans celui-ci, au-dessus du tube, se re- nouvellent et indiquent le trajet du fluide. Cette opération fatigue peu Panimal qui recoit le sang, surtout si on a eu soin d'ouvrir une de ses veines, pour éviter une trop grande plénitude des vais- seaux; il vit trèes-bien ensuite. d Nous pouvons donc conclure de cette expé- rience, souvent répétée, que le contact d’un sang rouge étranger n’est nullement capable daltérer les fonctions cérébrales, J’ai, après cela, adapté à la carotide ouverte sur un chien , tantôt l’une des veines d’un autre chien par un tube droit, tantôt la jugulaire du même par un tube recourbé, de manière à ce que le sang noir parvint au cerveau par le SysS- tème à sang rouge. L'animal, qui étoit censé re- cevoir le fluide, n’a éprouvé aucun trouble dans plusieurs expériences, qui m’étonnoient d’au- tant plus, que leur résultat ne ’accordoit point avec celui des essais tentés sur les autres organes. J’en ai enfin apercu la raison : c’est que le sang noir ne parvient point alors au cerveau. Le mou- vement qui s'établit dans la partie supérieure de Partère ouverte, et qui projette le sang rouge en sens opposé à celui où il coule ordinaire- ment, est égal et même supérieur à Pimpulsion veineuse qu’il surmonte, et dont il empêche effet, comme on peut le voir en ouvrant la por- tion d’artère placée au-dessus du tube qui de- vroit y conduire du sang noir. Ce movement paroît dépendre et des RrbuS contractiles orga- niques de Partère, et de l’impulsion du cœur, don ss Get +. : - ; hd ” ’ 4 al. "yen CE Tics À PAR CELLE DU POUMON. 259 qui fait refluer le sang par les anastomoses, en sens opposé à celui qui lui est naturel. Il faut donc recourir à un moyen plus actif pour pousser cette espèce de sang au cerveau, Or ce moyen étoit bien simple à trouver. J'ai ouvert, sur un animal, la carotide et la jugu- laire ; j’ai reçu, dans une seringue échauffée à la température du corps , le fluide que versoit cette dernière, et je Pai injecté au cerveau par la pre- mière que j’avois liée du côté du cœur pour évi- ter l’hémorragie. Presqu’aussitôt l’animal s’est agité; sa respiration s’est précipitée; il a paru dans des étoufiemens analogues à ceux que dé- termine l’asphixie; bientôt il en a présenté tous les symptômes; la vie animale s’est suspendue entièrement; le cœur a continué à battre encore, et la circulation à se faire pendant une demi- heure, au bout de laquelle la mort a terminé aussi la vie organique, Le chien étoit de taille moyenne, et six onces de sang noir ont été à peu près injectées avec une impulsion douce , de peur qu’on attribuât au choc mécanique, ce qui ne devoit être que l’effet de la nature , de la composition du fluide. J’ai répété consécutivement cette expérience sur trois chiens le même jour, et ensuite à diffé- rentes reprises sur plusieurs autres : le résultat a été invariable , non-seulement quant à l’as- phixie de banal; mais même quant aux phé- nomènes qui accompagnent la mort. On pourroit croire que, sorti de ses vaisseaux et exposé au contact de Pair, le sang recoit de 240 DE LA MORT DU CERVEAU ce fluide des principes funestes , ou lui commu- nique ceux qui Ctoient nécessaires à l’entretien de la vie, et qu’a cette cause est due la mort subite qui survient lorsqu'on pousse le sang au cerveau. Pour éclaircir ce soupcon, jai fait à la jugulaire d’un chien , une petite ouverture par laquelle a été adapté le tube d’une seringue : échauffée, dont j'ai ensuite retiré le piston, de manière à pomper le sang dans la veine, sans que l’air püût être en contact avec ce fluide. Il a été poussé tout de suite par une ouverture faite à la carotide : aussitôt les symptômes se sont ma- nifestés comme dans les cas précédens; la mort est survenue, mais plus lentement , il est vrai, et avec une agitation moins vive. Il est donc possible que lorsque Pair est en contact avec le sang vivant, sorti de ses vaisseaux, il l’altère un peu et le rende moins susceptible d’entretenir la vie des solides; mais la cause essentielle de la mort est toujours, d’après l’expérience précé- dente , dans la noirceur de ce fluide. Il paroît donc, d’après cela, que le sang noir, ou n’est point un excitant capable d’entretenir Paction cérébrale, ou même qu’il agit d’une manière délétère sur l’organe encéphaliqne. En poussant par la carotide diverses substances étrangères, on produit des effets analogues. J'ai tué des animaux en leur injectant de l'encre, de huile, du vin, de Peau colorée avec le bleu ordinaire, etc. La plupart des fluides excrémentiels, tels que l'urine, la bile, les fluides muqueux pris dans des affections catarrales, ont PAR CELLE DU °POUMON. 041 aussi sur le cerveau üne influence mortelle, par leur simple contact. La sérosité du: sang, qui se sépare du caillot dans une saignée, produit aussi la mort, lors- : qu’on la pousse artificiellement au cerveau ; maïs ses effets sont plus lénts, et souvent l’animal survit plusieurs heures à Pexpérience. Au reste, c’est bien certainement en agissant sur le cerveau, et non sur la surface interne des artères, que ces diverses substances sont funestes. Je les ai injectées toutes comparativement par la crurale. Aucune n’est mortelle de cette manière : seulement ÿ’a1 remarqué qu’un engourdissement, : une paralysie même on presque toujours à Pinjection. Le sang noir est sans” PUB Ut funeste au cer- veau qu’il frappe d’atonie par Son contact, de la même manière que les différens fluides dut je viens de parler. Quelle est cette manière ? | Je : ne le rechercherai point: là commenceroient les _conjectures; elles sont toujours le terme où je “marrête. | Nous sommes déjà , je crois, autorisés à penser que dans l’asphixie , la circulation qui continue quelque temps après que les fonctions chimiques du poumon ont cessé, interrompt celle du cer- veau, en ÿ apportant du sang noir par les artères. Une autre considération le prouve : c’est qu’alors les mouvemens de cet organe continuent comme à l’ordinaire. | | Si on met la masse cérébrale à découvert sur “un animal, et qu’on asphixie cet animal d’une Q 242 DE -LA MORT DU CERVEAW manière quelconque, en poussant par exemple différens gaz dans sa trachée-artère, au moyen d’un robinet qui y a été adapté , on bien seu- lement en fermant ce robinet, on voit que déjà toute la vie animale est presque anéantie , que les fonctions du cerveau ont cessé par consé- quent, et que cependant cet organe est encore agité de mouvemens alternatifs d’élévation et d’abaissement, mouvemens qui sont dépendans de l’impulsion donnée par le sang noir, Puis done que cette cause de vie subsiste encore dans le cer- veau, 1l faut bien que sa mort soit due à la nature du fluide qui le pénètre. î Cependant si une affection cérébrale coïncide avec l’asphixie, la mort que détermine celle-ci est plus prompte que dans les cas ordinaires, J’ai d’abord frappé de commotion un animal; je lai ensuite privé d’air : sa vie qui n’étoit aa troublée, a été subitement éteinte. En asphixiant un autre ‘animal déjà assoupi par une compres- sion exercée artificiellement sur le cerveau , toutes les fonctions m'ont paru aussi cesser un peu plutôt que lorsque le cerveau est intact pendant l'opération. Mais éclaircissons.,, par de nouvelles expériences, les conséquences déduites de celles présentées jusqu’ici. Si dans l’asphixie le sang noir suspend, parson contact , l’action cérébrale, il est clair qu’enou- vrant une artère dans un animal qui s’asphixie, la carotide par exemple , en y prenant cefluide, et linjectant doucement vers le cerveau d’un autre animal, celui-ci doit mourir également as- \ PAR CELLE DU POUMON. 243 phixié ; au bout de peu de temps. C’est en effet ce qui arrive Constamment, Coupez sur un chien la trachée-artères bou- chez-la ensuite hermétiquement. Au bout de deux minutes le sang coule noir dans le système à sang rouge, Si vous ouvrez ensuite la carotide, et que vous receviez dans une seringue celui qui jaillit par l’ouverture, pour le pousser au cerveau d’un autre animal, celui-ci tombe bientôt , avec une respiration entrecoupée, quelquefois avec des cris plaintifs,;et la mort netarde pas à survenir. J’ai fait une expérience analogue à celle-ti, et qui donne cependant un résultat un peu diffé= rent. Elle nécessite deux chiens, et consiste, 1°, à adapter un robinet à la trachée-artère du pre- mier, et l’extrémité d’un tube d’argent à sa ca rotide ; 2°, à fixer l’autre extrémité de ce tube dans la carotide du second, du côté qui corres- pond au cerveau; 3°. à her chaque artère du côté opposé à celui où le tube est engagé, pour arrê- ter l’hémorragie; 4°. à laisser un instant le cœur de lun dé ces chiens pousser du sang rouge au cerveau de l’autre; 5°:à fermer le robinet, et à faire ainsi succéder du sang noir à celui qui cou loit d’abord. Au bout de quelque temps le chien qui recoit le fluide est étourdi, s’agite, laisse tomber sa tête, perd l’usage de ses sens externes, etc, Mais ces phénomènes sont plus tardifs à se dé clarer, que quand on injecte du sang noir pris dans le système veineux ou artériel. Si on cesse la transfusion, l’animal peut se ranimer, vivre Q 2 244 DE LA MORT DU CERVEAU nième après que les symptômes de l’asphixie së sont dissipés, tandis que la mort est constante Jorsqu?on se sert de la seringue pour pousser le même fluide, quel que soit le degré dé force qu’on emploie. L’air combi aisé el donc au sang quelque principe plus funeste encore que celuique lui donnent les élémens qui le rendent noir ? J’observe que pour ‘cette expérience , il faut que le chien dont la carotide pousse le sang , Soit vigoureux, et même plus gros que l’autre, parce que l'impulsion est diminuée à mesure que le cœur se pénètre de sang noir, et que le tube ra- lentit.daïlleurs le mouvement, quoique cepen- dant cé mouvement soit très- setisiblet et qu’une pulsation manifesté indique au dessus du tube, VPinfluence du cœur de lPun sur l'artère de l’autre. J’ai voulu essayer dé rendre le sang veineux propre à entretenir Paction cérébrale , en le rou- gissant artificicllement. J’ai donc ouvert la jugu- aire et la carotide d’un chien : Pune m’a fourni une certaine quantité de sang noir qui, recu dans un bocal rempli d’oxigène, est devenu tout de suite d’un pourpre éclatant; je l’aï injecté par l'artère ; animal est mort subite dt et avec une promptitude que je n’avois point enéuté ob- servée. On conçoit combien j’étois loin d’attendre un pareil résultat, Mais ma surprise a bientôt cessé par la remarque suivante : une‘très-2rande quantité d’air se trouvoit mêlée avec le fluide qui est arrivé au cerveau très-écumeux et bour- PAR CELLE. DU, .POUMON. 245 soufflé. Or nous avons vu qu’un très-petit nombre de bulles aériennes tue les animaux, quand.on les introduit dans le système al es soit du côté du cerveau, soit du côté du cœur. 24 tre Ceci nva fait répéter mes expér lences: sur lin- jection du sang noir, pour voir si quelquesbulles ne s’y méloient point, etn’occasionnoient pas la mort : j’ai constamment observé. que non: Une autre difficulté s’est présentée. à, moi : il est pos- sible que le peu dair contenu dans lextrémité du tube de la seringue, que celui qui, a pu s’être introduit par l’artère ouverte, poussés. par Pin: jection verse cerveau, début pouren anéantir Paction. Mais une simple réflexion. a fait évanouit ce, doute. Si cette cause étoit réelle , elle, devroit >roduire. le même effet dans siecsion. de:tout fluide, dans celle de l’eau par exemple : or, rien de semblable: ne s’observe avec ce fluide... Nous: :pouvons donc assurer » je crois, quec est réellement par la nature des principes qu’il con- tient, quelle sang noir, ou est incapable d’exciter Paction cérébrale, ou agit surelle d’une manière délétère ; car je.ne puis! dire si c’est négativement ou positivement, que s'exerce son influence; tout ce que Je. Sas, est que les fonctions du cerveau sont suspehdues par elle. TR cette. donnée, il paroit qu’on deyroit ranimer Ja vie des asphixiés, en poussant au cer- veau du sang rouge , qui enest l’excitant naturel, Distinguons à cet égard deux périodes dans l’as- phixie ; 1°. celle où les fonctions cérébrales sont seules. suspendues ; 29, celle où la circulation s’est 246 DE LA MORT DU CERVEAU déja arrêtée, ainsi que le mouvement de la poi- trine ; car cetté maladie est toujours caractérisée par la perte subite dettoute la vie animale , et en- suite par celle de l’organique, qui ne vient que consécutivement. Or , tant que Pasphixie est à la première période dans un animal , jai observé qu’en transFusant vers le cerveau dé sang rouge, au moyen d’un tube adapté à la carotide d’un autre animal, ét à la sienne , le mouvement se ranime peu à peu ; les fonctiori® cérébrales re- prénneñt en partie leur'exercice, et même souvent des agitations subites'datis la tête, les yeux etes annoncent le premier abord du sang ; mais aussi bientôt le mieux disparoît , et Panimal retombe, si la cause asphixiante continue , si par exemple le robinet adapté'à la thétile-aréère resté fermé, D'un autre côté, si on ouvre le robinet dans cette première période, presque toujours le con: tact d’un air nouveau sur le poumon ratitie peu à peu cet organe. Le sang se coloré, ëst'poussé rouge au cerveau, et la vie se: rétablitifans la tes FuS où précédeite quiest toujours nülle pour animal dont l’asphixïe est à si seconde période - cést-ä-dire, dont les mouvemeñs ‘organiques, ceux du cœur spécialement sont suspendus ; en surte que cette expérience ne nous’ offre qu’une preuve de ce que nous connoissions déjà; savoir; de la différence d’influence du sang noir et du rouge sur le cerveau, et non un remède € Coñtre les äsphixies. PCR J’observe de plus qu’elle ne réussit pas après l'injection du sang veineux Par” ‘une seringue, CORP RRNL, PSN US TNT L'O PAR CELLE DÙÜ POUMON. 247 Alors, quoique la cause asphixiante ait cessé après linjection, quoigw’on pousse du sang ar= tériel par la même oùverture, soit en le trans- Fusant de l’artère d’un autre étintE : soit en Pin- jectant après l’avoir pris dans une arttre ouverte, et en avoir rempli un siphon, Panimal ne donne que de foibles marqués d’excitation ; souvent aucune n’est sensible; toujours la Hôp est iné- vitable. En général Pasphixie dssiiornnés par le sang pris dans lé système veineux même, et poussé au cerveau , est plus prompte , plus certaine, et diffère bien sai Ptéme de celle que fait naître dans le ‘poumon même, le changement gradué du sang rouge en sang noir, lors de Pinterrup- tion de Pair , dé Vintrodtction des Eva dans la trachée, etc. nt Après avoir’établi , par iveisès expériences , l'influence funeste dû sang noir sur le cerveau qui le recoit des artères dans linterruption des phénomènes chimiques du poumon , il n’est pas mutile , je crois, de montrer que les phénomènes des asphixies observés sur l’homme, s’accordent très-bien avec ces expériénces qui me paroissent leur servir d'explication. 1°, Tout le monde sait que toute espèce d’as- hixié porte sa première influence sur le cer- veau ; que les fonctions de cèt organe sont d’abord ancanties; que la vie animale cesse , sur-tout du côté des sensations; que tout rapport avec ce qui nous environne est tont-à-coup suspendu, et que les fonctions iuternes ne s'interrompent que 248. DE, LA, MORE «D U+ CE R VE MU consécutivement: Quel. que soit le. imode d’asa paixie, par la submersion,, par la strangulation $ par le.vide, par les. divers. gaz, etc. le même symptôme se manifeste toujours. Lahanszu 2°. Il est curieux. de ‘voir comment , dans les expériences où l’on asphixie un animal dont une. artère est ouverte, x'mesure que le, sang.s’obs- curcitet devient noir, l’action cérébrale se trou- ble et se trouve déjà presqu’anéantie, que!celle du cœur continue éncore avéc énergie. 3°... On sait que la plupart des asphixiés 0 qui échappent à la suffocation, n’ont € éprouvé qu’un engourdissement général, un assoupissement dont le siége évident est au, cerveau, que chez tous ceux.où le pouls,et, le cœur ont, cessé.de se faire sentir , la mort est presque certaine. Dans de nombreuses expériences, je n’àai.jamais vw Pasphixie se guérir-avee cette période, re 7 4°. Presque tous les malades qui ont SUKVÉBA cet accident , surtout lorsqu il est déterminé: par la vapeur au charbon , disent avoir, ressenti d’a- bord une douleur plus ou moins violente à latête, effet probable du premier contact du sang noir sur le cerveau. Ce fait.a été noté par la, plupart des auteurs qui ont traité cette matière: .,,. 5°. Ces expressions vulgaires , le charbon en- têe., porte à la tête, etc. ne prouvent-elles pas, que le premier effet de l'asphixie que cette subs- tance détermine par sa vapeur , se. porte: sur le cerveau et non sur le cœur ? Souvent le peuple , qui voit sans le prestige des systèmes, observe mieux que nous qui ne voyons quelquefois que ce PAR, CELLE DU: ,POUMON. 249 que-nous cherchons à apercevoir d’après l'opi- nion que nous nous sommes et formée. 6°. Il est rer exemples de de © qui NE 1: 2 venus de l’état d’asphixie où les a plongés la va- peur du charbon, conservent plus ou moins long- temps diverses altérations dans les fonctions in- tellectuelles et dans les mouvemens volontair es, altérations qui ont évidemment leur siége au cerveau, Plusieurs jours après Paccident, sil a été à un certain degré , les malides vatllént , DE peuvent se soutenir sur leurs jambes ; leurs idées sont confuses. Cest én moins ce que présénte er plus l’apoplexie, Quelquefois dès mouverens convulsifs se manifestent presque tout-à-coup à la suite de impression des vapeurs méphitiques: Souvent un mal de’‘tète a duré plüsieuts ‘jours après la disparition des autres symptômes. On! peut voir dans les obsérvateurs, dans l’ouvrage du C, Portal , en particulier , ces preuves multi- pliées de lrifléebcé funeste et souvent proloñgée du sang noir sûr ‘le cervean où le transmettent les artères, "1 e PAISO :1Gette influence, quoique réelle sur fes: ani maux à sang “Hs d sur les reptiles enparticu- lier, est.cependant beaucoup. moins manifeste. J'ai fait , sur les côtés.de la poitrine , déux inci-. sions à une grenouille; le poumon est sorti de Pun. et Pautre côté ; je Pai lié là où les vaisseaux y pénètrent ; Panimal a-cependant, vécu. encore tres-long-temps;quoique toute communication fût rompu entre le cerveau et l'organe pulmonaire, 250 DE LA MORT DU CERVEAU Si'au lieu de lier celui-ci, on enfait Pextirpation, lé même phénomène se remarque. | à Dans les poissons que l’organisation des bran- chies fait essentiellement différer des reptiles, le rapport entre le poumon et le cerveau m’a paru un peu plus immédiat , quoique cependant beau- Coup moins que dans les espèces à à sang rouge et chaud. J’ai enlevé, dans une carpe ÿ la lame note gineuse qui. recouvre les branchies: celles-ci,;, mises à nu, s’écartoient.et se rapprochoïent al- ternativement de l’axe du corps.-La respiration. à paru se faire Comme à l’ordinaire , et l'animal a vécu très-long-temps sans trouble apparent dans ses fonctions. | | à 4 | J’ai embrassé ensuite, Sax un fil de plomb? toutes les branchies.et L. anneaux cartilagineux qui les soutiennent ;.ce fil a été serré de.manière que tout-mouvement s’ést trouvé empêché dans Vappareil pulmonaire. Bientôt la carpea languiz ses nageoires ont cessé d’être tendues; le mouve- ment musculaire s’est peu à peu affoibli ; ila cessé: entièrement , et Panimal est mort au bout dun quart d'heure. Les mêmes Shénonibnés se sont à peu près ma- Éestés dans une autre carpe dont j’avois arra- ché les branchies; seulement j’ai observé que l'instant qui a suivi expérience, a été marqué par divers mouvemens irréguliers, après lesquels l'animal s’est relevé dans l’eau , s’y est maintenu comme à Pordinaire, a perdu beaucoup de sang PEN PE NT ue A … PAR CELLE DU POUMON. 251 et a ensuite suecombé entièrenient au bout de vingt minutes. | Au reste, le genre particulier de rapports, qui unit le eœur;/le cerveau et le poumon dans les animaux à sang ronge et froid ;mérite, je crois, de fixer d’une manière spéciale Vattention des physiologistes Ces animaux né doivent point être sujets, comme ceux à sang rouge et chaud, aux défaillances , à l’apoplexie et aux autres ma- ladies où la mort est subite par interruption de ces rapports; où du moins leurs maladies amalo- gues à Celles-là , doivent porter d’autres carac- tères; leur isphixie est infiniment plus longue à s’opérer. Revenoñs aux Sd de voisines de nr ago à à vi D’après Pinflueñce du sang noir sur le cœur , sur le cerveau et sur tous les organes, j'avois pensé que les personnes affectées d’anévrismiés variqueux, devoiént moins vîte périr asphikiées que les autres sïélles se trotivoient privées dair, parce que le sang rouge, passant dans leurs vei- nes , traverse le poumon sans avoir besoin dE prouver d’altération, et doit; pat ARE dép ‘Paction \éérébraté, ds "Pour m’assurér si ce soupéon étoit fondé , jai Fait d’abord communiquer sur un chien l’artère éarotide avec la’ Véine jugulaire, par un tüyau recourbé qui portoit le sang de la première dans la seconde , et lui Consrhaniquoit un mouvement de pulsation très-sensible. J’ai ensuite fermé le robinet adapté préliminairement à à la trachée-ar- tère de lPanimäl qui a paru en effet rester plus 22 DE LA, MORT. UU CERVEAU long-temps sans, éprouver les phénomènes de Pasphixie, Mais la différence n’a pas été très- marquée; elle. s’est trouvée. nulle sur un second animal , où j’ai répété la même expérience, Nous pouvons, je crois, conclure avec certi- tude des expériences et des considérations di- verses, exposées dans ce paragraphe 40 Om. dans l'interruption des phénomènes er PSE du poumon, le RE noir. agit sur, le cerveau comme sur le cœur, c’est-à-dire en péz nétrant le tissu de.cet organe; et en le privant par là de excitation nécessaire à son action; . 3 22, Quesoninfluence estbeaucoup plus prompte sur le premier, que sur le second de ces organes; 3°. Que c’est Pinégalité de cette influence qui détermine la, différence: de cessation. des deux Vies dans Pasphixie où l’animale est toujours anéantie avant l’organique. ES k Nous pouvons aussi CONCEVOIr.,, d'après ce qui” a.été dit dans.cet article. et:dans le précédent, | combien est peu fondée l’ opinion de ceux qui ont cru que ,. chez les supplciés par la guillotine, Je cerveau pouvoit.yivre encore, quelque temps , ef même que les sensations de plaisir.et'de douleur pouvolent s’y rap porter, L’action de.cet organe est immédiatement lée ô sa double: excitation; 1°. par le mouvenient , 2°. par larnature du sang qu’il reçoit. Or. cette excitation devenant. alors subitement nulle, l'interruption de toute FspEcR de sentiment dot: être subite... . .. sion : Quoique dans .la cessation des: phénomènes chimiques du: poumon, le trouble des fonctions 4 PAR CELLÉ DU POUMON. 253 cérébrales influe beaucoup sur la mort des autres organes, cependant il n’en est le principe que dans la vie animale où même d’autres causes se joignent aussi à celle-là, comme nous allons le voir. La vie organique cesse par le seul contact du sang noir sur les divers organes, La mort du cerveau n’est qu’un phénomène isolé et partiel de l’asphixie , laquelle ne réside exclusivement dans aucun organe , mais les frappe tous également par l'influence du sang qu’elle ÿ envoie. Ceci va se développer dans Particle suivant. ARTICLE HUITIÈME. .De l'influence que la mort du. poumon exerce sur Celle de tous les organes. Jz viens de montrer comment interruption dés phénomènes chimiques du poumon anéantit les fonctions du cœur et du cerveau. I1 me reste à faire voir que ce n’est pas seulement sur ces deux organes que le sang noir exerce son in- fluence, que tous ceux de lPéconomie en re- coivent une funeste impression , lorsqu’il y est conduit par les artères , et que par conséquent Pasphixie est , comme je lai dit, une maladie générale à tous les organes. Je ne reviendrai pas sur la division des phé- nomènes pulmonaires en mécaniques et chi- miques. Que la mort commence par les uns ou 254 DE LA MORT DES ORGANES par les autres, C’est toujours , comme je Pai prouvé, l interruptionides derniers qui fait cesser la vie : eux seuls vont donc m'occuper. Mais avant d’analyser les effets produits pas la cessation de ces phénomènes sur tous les or- ganes, et par conséquent le mode d’action du sang noir sur eux, iln’est pas, inutile , je crois, d'exposer les phénomènes de la production de cette espèce de sang à Pinstant où les fonctions pulmonaires s’interrompent. Ce paragraphe qui paroîtra peut-être intéressant, pouvoit indiffé- remment appartenir aux pH articles précs- dens, ou à celui-ci. X 6. I. Exposer les phénomènes de la production du sang noir dans l’interruption des fonctions chimiques du side On sait en général que le sang se colore en traversant le poumon , que de noir qu’il étoitil devient rouge; mais jusqu'ici cette matière inté- ressante na été l’objet d’aucuneexpérience pré- cise et rigoureuse. Le poumon des grenouilles, à larges vésicules, à membranes minces et transpa- rentes, seroit propre à observer cettecoloration, si d’un côté la lenteur de la respiration chez ces animaux , la différence de son mécanisme d’avec celui de la respiration des animaux à sang chaud, la somme trop petite du sang qui tra- verse leurs poumons, m’empêchoient d'établir des analogies complètes entr’eux et les espèces voisines de l’homme, ou l’homme lui-même, et si PAR CELLE DU POUMON. 255 d'un autre côté la tenuité de leurs vaisseaux pulmonaires , l'impossibilité de. comparer les changemens dans la vîtesse de la circulation, avec ceux de la couleur du sang , ne rendoïent incom- plètes toutes les expériences faites sur ces petits amphibies. C’est sur les animaux à double MERE à circulation pulmonaire complète, à tempéra Fa supérieure à celle de l'atmosphère, à deux sys- tèmes non-communiquans pour le sang rouge et le sang noir, qu’il faut rechercher les phéno- mènes de la respiration humaine et de toutes les fonctions qui en dépendent. Quelles induc- tions rigoureuses peut-on tirer des expériences faites sur les espècesoù des dispositions opposées se rencontrent ? D’un autre côté, dans tous les mamifères que leur organisation pulmonaire range à côté de l’homme, Pépaisseur des vaisseaux et des cavités du cœur empêche , sinon de distinguer entièrement la couleur du sang, au moins d’en saisir les nuances avec précision. Les expériences faites sans voir ce fluide à nu, ne peuvent donc qu’offrir des approximations, et jamais des no- tions rigoureuses. C’est ce qui m’a déterminé à rechercher d’une manière exacte, ce que jusqu’ici on n’avoit que vaguement déterminé. Une des meilleures méthodes pour bien juger Ja couleur du sang , est, à ce qu’il me semble, celle dont je me suis servi. Elle consiste, comme je lai déjà dit souvent, à adapter d’abord à la #/ 256 DE LA MORT DES ORGANES trachée-artère, mise à nu et coupée transversas lement , un Biel que lon ouvre ou que Pon ferme à volonté, et au moyen duquel on peut laisser pénétrer dans le poumon la quantité pré- cise d’air nécessaire aux expériences , y intro- duire différens gaz, les y retenir, pomper tout l'air que Porgane renferme, le distendre par ce fluide au-delà du degré ordinaire, etc. L’animal respire très-bien par ce robinet lorsqu’il est ou- vert; il vivroit avec lui pendant un temps très- long, sans un trouble notable dans ses fonctions. Onouvre en second lieu une artère quelconque, la carotide, la crurale, etc. afin d’observer les altérations diverses de la couleur du sang qui én jaillit, suivant la quantité, la nature de Pair qui pénètre les cellules aériennes. En général, il ne faut pas choisir de petites artères ; le sang s’y arrête trop vîte. Le moindre spasme, le moindre tiraillement peut y suspendre son cours, tandis que la circulation générale continue. D’unautre côté, les grosses artères dé- pensent en peu de temps une quantité sigrande de ce fluide, que bientôt Phémorragie pourroiïit tuer béniat Mais on remédie à cet inconvé- nient, en adaptant à ces vaisseaux un tube à diamètre très-petit, ou plutôt en ajustant au tube adapté à Partère , un robinet qui, ouvértà volonté , ne fournit qu’un jet de la grosseur qu’on désire. Tout étant ainsi préparé sur un ivirodliénél. conque, d’une stature un peu grande, sur un ‘chien par exemple, voyons quelle est la série des PAR CELLE DU POUMON. 257 phénomènes que nous offre là coloration du sang. ER Enindiquant, dans ces phénomènes, les temps précis que la. coloration reste à se faire, je ne dirai que ce que j’aurai vu, sans prétendre que dans l’homme la durée des phénomènes soit uni- forme, que cette durée soit même censtante dans les animaux examinés aux époques diverses du sommeil , de la digestion, de Pexercice, du re- pos, des passions , s’il étoit possible de répéter les expériences à ces époques diverses. En général c’est peu connoître ; comme je lai dit, les fonc- tions animales , que de vouloir les soumettre au moindre calcul, parce que leur instabilité est extrême. Les phénomènes restent. toujours les mêmes , et c’est, Ce qui nous importe;. mais leurs variations, en plus ou en see sont sans nombre. : | Revenons à notre objet, et commençons par les phénomènes relatifs au changement: en noir du sang rouge , ou pri FOR NATEMRRER en rouge du sang noir. - | 10. Si on ferme le robinet tout dé suite après une inspiration, le sang commence, au bout de trente secondes ,:à s’obscurcir ; sa couleur est foncée après une minute ; elle est parfaitement semblable à celle du sang veineux, après une minute et demie ou deux minutes. 29, La coloration en noir est plus prompte de plusieurs secondes, si on ferme le robinet à l’ins- tant où l’animal vient d’expirer,, surtout si, l’ex- piration ayant été forte, il a rendu beaucoup R 258 DE LA MORT DES ORGANES d’air : après une expiration ordinaire, la diffé- rence est peu sensible. 3”. Si on adapte au robinet le tube d’une se- ringue à injection , et qu’en retirant le piston on pompe tout Pair contenu dans le poumon, soit en une fois , soit en deux, suivant le rapport de capacité de la seringue et desvésicules aériennes, le sang passe tout-à-coup du rouge au noir : vingt à trente secondes suffisent pour cela. II semble qu’il ne faille alors que le temps nécessaire pour évacuer le sang rouge contenu depuis le poumon jusqu’à artère ouverte, et que tout de suite le noir lui succède. Il n’y a point ici de gradation. Les nuances ne deviennent: pointsuccessivement plus foncées pendant la coloration; elle est subite : c’est le sang qui sort par les artère tel qu’il étoit dans les veines. 4°. Si au lieu de faire le vide dans le poumon, on ÿ pousse une quantité d’air un peu plus grande que célle que Panimal absorbe dans la plus grande inspiration, et qu? on l’ Y retienne en fermant le robinet, le sang reste plus long-temps à se co- Jorer ; ce n’est qu’après une minute qu’il s’obs- curcit ; il ne jaillit complétement noir qu’au bout de trois; cela varie cependant suivant l’état et la quantité d’air qui est poussée. En général, plus il ya de fluide dans le poumon, plus la co- loration tarde à se faire. Il résulte de toutes ces expériences, que la durée de la coloration du sang rouge en noir, est, en général, en raison directe de la quantité d'air contenue dans le poumon; que tant qu’il en PR PAR CELLE. DU POUMON. 259 existe de respirable dans les dernières cellules atriennes, le sang conserve plus ou moins la rou- geur artérielle ; que cette couleur s’afloiblit à mesure que la portion respirable diminue ; qu’elle reste la même qu’elle est dans les veines, quand tout l’air vital a été épuisé à l’extrémité des bronches. | J'ai remarqué que dans les diverses expé- riences où l’on asphixie un animal, en fermant le robinet et en retenant ainsi de l'air dans sa poitrine pendant l’expérience , s’il agite avec force cette cavité, par dés mouvemens ana- logues à ceux de linspiration et de l’expiration, la coloration en noir tarde plus à se faire, ou plutôt celle en rougeest plus longue à cesser, que si-la poitrine reste immobile : c’est qu’en impri- _ mant à l'air des secousses, ces mouvemens le font probablement circuler dans les cellules aériennes , et par conséquent présentent sous plus de,points, sa portion respirable au sang qui doit ;'ou s’unir à elle, ou lui communiquer ses principes devenus hétérogènes à sa nature, Ce que je dirai bientôt sur les animaux qui respirent dans des vessies, ‘rendra évidente cette expli- €Cation. : JE buy A0 rL Je passe maintenant à la coloration en rouge du sang rendu noir par les’ expériences précé- dentes. Les phénomènesdont elles ont été objet se passent pendant le temps qui de Pasphixie conduit à la mort : ceux-ci ont lieu durant l’6_ poquequi de l’asphixie ramène à la vie. 1°.Sion ouvre le robinet fermé depuis quelques R 2 260 DE LA MORT DES ORGANES minutes , l’air pénètre aussitôt les bronches. L’a2 nimal expire avec force celui qu’elles contien- nent , en absorbe du nouveau avec avidité, et répète précipitamment six à sept grandes ‘inspi- rations et expirations. S1 pendant ce temps on examine lPartère ouverte, on voit presque tout- à-coup un jet très-rouge succéder au noir qu’elle fournissoit : l'intervalle de l'un à Pautreest tout au plus detrente secondes. Ilnefaut que le temps _ nécessaire pour que le sang noir contenu depuis Je poumon jusqu’à Pouverture de l'artère sé soit évacué ; à l'instant le rouge lui succède. C’est le même phénomène, en sens inverse, que celui indiqué plus haut, au sujet de P'asphiie , par le vide fait en pompant Pair avec la seringue. On ne voit point ici de nuances successives du noïr au rouge; le passage est tranchant; l'éclat dela dernière couleur paroît n même plus Vif que dans Pétat ordinaire. 1938 2°.:Si,au lieu eu dE pititenetéNiNiNRe on laisse: pénétrer l’air dans la trachée:artèré par une. très-petite fente, la coloration est beaucoup moins vive, mais elle est aussi prompte. © °, Si on adapte ‘awfrôbinet une seringue chargée d’air, qu’on pousse ce fluide vers le pou- mon, après avoir ouvert lérrobinet, et qu’on le referme ensuite, le sang devient rouge mais beaucoup moins manifestement que lorsque Pen- trée de Pair'est due à une inspiration volontaire. Cela tient probablement à ce que la portion d’air injectée par la seringue, refoule dans le fond des cellules celle qui existe déjà dans le poumon, PAR CELLE DU POUMON. 261 tandis qu’au contraire si on ouvre simplement le robinet, l’expiration rejette d’abord l’air de- venu inutile à la coloration, et linspiration le remplace ensuite par de l’air nouveau. L’expé- rience suivante paroît confirmer ceci. 4°. Si,au lieu de pousser de l’air sur celui qui est déjà ponÉerrhé dans le poumon , on pompe d’abord celui-ci, et qu’on en injecte ensuite du nouveau, la coloration est plus rapide et surtout plus vive que dans le cas précédent. Cependant elle lest encore un peu moins que quand c’est par l'inspiration et l’expiration naturelles que se renouvelle Pair. 5°. Le poumon étant mis à découvert de Pun et Pautre côtés , par la section latérale des côtes, la circulation continue encore pendant un cer- tain temps. Alors si, au moyen de la seringue adaptée au robinet de la trachée-artère , on di- late alternativement les vésicules pulmonaires, et qu’on les vide de Pair qu’on y a poussé, les couleurs, rouge et noire, s’observent tour à tour, et à un degré à peu près égal à celui de l’expé- _rience précédente , pendant le temps que la cir- culation dure, et malgré l’absence de toute fonction mécanique. Nous pouvons, je.crois, tirer des faits que je viens d’exposer, les conséquences suivantes : 1°. La rapidité avec laquelle le sang redevient rouge quand on ouvre le robinet, ne permet guère de douter que le principe qui sert à cette coloration, ne passe directement du poumon dans le sang, à travers les parois membra- 262 DE LA MORT DES ORGANES neuses des vésicules, et qu’une voie plus longue, telle, par exemple, que celle du système absor- bant, ne sauroit être parcourue par lui. J’éta- blirai \Daillèreh s bientôt cette assertion sur d’autres 74 12 ME 20. L’expérience célébre de Hook, par laquelle on accélère les mouvemens affoiblis du cœur, chez les asphixiés ou chez les animaux dont la poitrine est ouverte, en poussant de l’air dans leur trachée-artère, se conçoit très-bien d’après la coloration observée précédemment dans la même expérience. Le sang rouge, en pénétrant les fibres du cœur , fait cesser laffoiblissement dont les frappoit le contact du sang noir. 30. Je ne crois pas que jamais on soit venu à bout de ressusciter par ce moyen les mouvemens du cœur , une fois qu’ils sont anéantis par le contact du sang noir. Je lai toujours inutilement tenté, quoique plusieurs auteurs prétendent y avoir réussi. Cela se conçoit aisément; en effet, pour que l’action de l’air vivifie le cœur , il faut que le sang qu’elle colore pénètre cet organe : or, si la circulation a cessé, comment pourra-t-il y arriver ? On doit cependant distinguer deux cas dans l'interruption de l’action du cœur par l’asphixie. Quelquefois la syncope survient, et arrête le mouvement de cet organe avant que l’influence du sang noir ait pu produire cet effet : alors, en poussant de Pair dans le poumon, celui-ci, excité par ce fluide, réveille Are deg Hi le cœur, comme il arrive lorsqu'une cause irritante est | M 7 ee PAR CELLE DU POUMON. 265 appliquée dans la syncope , sur la pituitaire, le visage, etc. Ce sont les nerfs qui forment alors les moyens de communication entre le poumon et le cœur. Mais quand ce dernier a cessé d'agir, parce que le sang noir en pénètre le tissu, alors 1l n’est plus susceptible de répondre à l’excitation sympathique qu’exerce sur lui le poumon, parce qu’il contient en lui la cause de son inertie, et. que pour surmonter cette cause, 11 en faudroit une autre qui agît en sens inverse, je veux dire le contact du sang rouge; or ce contact est de- venu impossible. | J’ai voulu m’assurer quelle étoit l'influence des différens gaz respirés, sur la coloration du sang. J’ai donc adapté au tube fixé dans la tra- chée-artère, différentes vessies dont les unes con- tenoient de Vhydrogène, les autres du gaz acide carbonique. L'animal, en respirant et en inspirant, fait alternativement gonfler et resserrer la vessie. Il reste d’abord assez calme; mais au bout de trois minutes, on le voit qui commence à s’agiter; la respiration se précipite et s’embarrasse : alors le sang qui jaillit d’une des carotides ouverte, s'obs- curcit et devient enfin noir au bout de quatre ou cinq minutes. La différence dans la durée et dans l'intensité de la coloration , m’a toujours paru très-peu mar- quée, quel que fût celui des deux gaz dont je me servisse pour Pexpérience, Cette remarquemérite d’être rapprochée des expériences des commis- saires de l’Institut, qui ont vu l’asphixie com- 264 DE LA MORT DES ORGANES! : plète ne survenir qu'après dix minutes, dans Vhydrogène pur, et se manifester au botit de deux , dans le gaz acide carbonique. Le sang noir circule donc plus long-temps dans le système ar- tériel , lors de la première que lors de la seconde asphixie , sans tuer l’animal et sans anéantir par conséquent Paction de ses organes. Cela confirme quelques réflexions que je présenterai sur la dif érence des asphixies. | Pourquoi la coloration est-elle plus tardive en adaptant les vessies au robinet, qu’en fermant, simplement celui-ci sans faire respirer aucun gaz? : cela tient à ce que Pair contenu dans la trachée- artère et dans ses divisions, à l’instant de Pexpé- rience, étant à plusieurs reprises poussé dans la vessie et repoussé dans le poumon , toute la por- tion respirable qu’il contient se présente succes- sivement aux orifices capillaires, qui la trans- mettent au sang. Au contraire , en se contentart de fermer le robinet, Pair ne peut être agité que difficilement d’un semblable mouvement; engorte que dès que la portion respirable de celui que renferment les cellules bronchiques est épuisée, le sang cesse de se colorer en rouge, quoiqu’il reste dans la tra- chée et dans ses grosses divisions , une quantité assez grande de ce fluide, qui n’a point été dépouillée de son principe vivifiant, comme il est facile de s’en assurer ; même après Pentière asphixie de l’animal , en coupant la trachée au dessous du robinet, et en y plongeant ensuite une bougie. | RÉ LS SR Et 1 ! PAR CELLE DU POUMON. 265 En général il paroît que la coloration ne se fait qu’aux extrémités bronchiques, et que la surface interne des gros vaisseaux aériens est étrangère à ce phénomène. | On peut d’ailleurs se convaincre de la réalité de Pexplication que je viens de présenter, en pompant préliminairement lair du poumon, en adaptant ensuite au robinet une vessie pleine d’un des deux gaz, que l'animal inspire et ex- pire seul et sans mélanges: Alors la coloration est presque subite. Mais ici, comme dans Pex- périence précédente , il n’y a que peu de diffé- rence dans intensité et dans la rapidité de cette coloration, soit que l’un, soit que l’autre gaz ait été employé. J’ai choisi de ces deux gaz, parce qu’ils entrent dans les phénomènes de Pinspi- ration naturelle. | Lorsqu’on adapte à la soubée- artère une vessie pleine d’oxigène que l’animal respire alors pres- que pur, le: sang reste très-long-temps à se co- lorer en noir; mais il ne prend pas d’abord une tete plus rouge que celle qui lui est naturelle k comme je lavois soupconné. 6. IL. Ze-sang resté noir par l'interruption des phénomènes chimiques du poumon, pénètre dous les organes , et y circule quelque temps dans le système vasculaire à sang rouge. Nous venons d’établir les phénomènes de la coloration du sang dans l’interruption des phé- nomènes chimiques du poumon, Avant de consi- 266 DE LA MORT DES ORGANES dérer l'influence de cette coloration sur la mort des organes, prouvons d’abord que tous sont pé- nétrés par le sang resté noir. J’ai démontré que la force du cœur subsistoit encore quelque temps à un degré égal à celui qui lui est ordinaire, quoique le sang noir y aborde ; que ce sang jaillit d’abord avec un jet semblable à celui du rouge; que l’affoiblissement de ce jet n’est que graduel et consécutif, etc. Je pourrois déjà conclure de là , r°. que la circula- tion artérielle continue encore pendant un cer- tain temps, quoique les artères contiennent un fluide différent de celui qui leur est habituel ; 2°. que leffet nécessaire de cette circulation pro- longée, est de pénétrer de sang noir tous les or- ganes qui n’éloient accoutumés qu’au contact du rouge. Mais déduisons cette conclusion d’expé- riences précises et rigoureuses. Pour bien apprécier ce fait important, il suffit de mettre successivement à découvert les divers organes, pendant que le tube adapté à la trachée est fermé , et par conséquent que l’animal s’as- phixie. J’ai donc ainsi examiné tour à tour les muscles, lesnerfs, les membranes, les viscères;etc. V ts le résultat de mes observations: 9%, La matière colorante des muscles se trouve dans deux états différens: elle est libre ou com- binée; libre dans les vaisseaux où elle circule avec le sang auquel elle appartient; combinée avec les fibres, et alors hors des voies circulatoires ; c’est cette dernière partie qui forme spéciale- ment la couleur du muscle. Or elle n’éprouve dans TE | PAR CELLE DU POUMON. 26% lasphixie aucune altération ; elle reste constam- ment la mème ; au contraire, l’autre noircit sen- siblement. Coupé en travers, l’organe fournitune infinité de gouttelettes noïrâtres qui sont les in- dices des vaisseaux divisés, et qui ressortent sur le rouge naturel des muscles: c’est le sang circu- Jant dans le système artériel de cesorganes , aux- quels il donne la teinte livide qu’ils présentent alors, et qui est très-sensible sur le cœur où beaucoup de ramifications se rencontrent à pro- portion de ceiles des autres muscles. 2°. Les nerfs sont habituellement pénétrés par une foule de petites artères qui rampent dans leur tissu , et qui vont y porter l’excitation et la vie. Dans Pasphixie , le sang noir qui les traverse s’annonce par une couleur brune obscure que lon voit succéder au blanc de rose naturel à ces organes. 3°. Il est peu de parties où le contact du sang noir soit plus visible que sur la peau : les taches livides, si fréquentes dans lasphixie, ne sont, comme nous l’avons dit , que l'effet de obstacle qu’il éprouve à passer dans le système capillaire général, dont la contractilité organique insen- sible n’est point suffisamment excitée par lui. A cette cause sont aussi dus l’engorgement et la tuméfaction de certaines parties, telles que les joues , les lèvres, la face en général, la peau du. crâne , quelquefois celle du cou, etc. Ce phéno- mène est le même que celui que présente le pou- mon, lequel ne pouvant être traversé par le sang, dans les derniers instaus , devient le siége 268 DE LA MORT DES ORGANES. d’un engorgement qui affecte surtout le sys= tème capillaire. Au reste, ce phénomène y est toujours infiniment plus marqué que dans le sys- téme capillaire général, par les raisons exposées plus haut. 4°. Les membranes muqueuses nous offrent aussi, lorsque les fonctions chimiques du pou- mon $ interrompent, un semblable phénomène, La tuméfaction si fréquente de la langue, chez les noyés, chez les pendus , chez les asphixiés par les vapeurs du charbon, etc. la lividité de la , membrane de la bouche , des bronches, des in- testins , etc. observée par la plupart des auteurs, ne tient pas à d’autres PER pes. En voici d'ail: leurs la preuve : Retirez, sur un animal, une portion d’intes- tin ; fendez-la de manière à mettre sa surface in- terne à découvert ; fermez le robinet préliminai- rement adapté à la trachée-artère ; au bout de quatre à cinq minutes, quelquefois plus tard , une teinte brune obscure a succédé au rouge qui caractérise cette surface dans Pétat naturel. 59. J’ai fait la même observation sur les bour- geons charnus d’une plaie faite à un animal pour y observer cette coloration par le sang noir. Re- marquons cependant que dans les deux expé- ‘xriences précédentes, ce phénomène est plus lent à se produire que dans plusieurs autres circons- tances. 60. La coloration des membranes séreuses, par _Je moyen que j’ai indiqué, est beaucoup plus prompte , comme-on peut s’en assurer en €Exa- SES SR CES nt PAR CELLE DU POUMON. 269 minant comparativement les surfaces interne et externe de l’intestin, pendant que le robinet est fermé : cela tient à ce que, dans ces sortes de membranes, la teinte livide qu’elles prennent dépend non du sang qui les pénètre, maïs des vaisseaux qui rampent au-dessous d’elles ; teiles sont les artères du mésentère sous le péritoine, celles du poumon sous la plèvre, etc. Or ces vaisseaux étant considérables , c’est la grande circulation qui s’y op re,et par conséquent, le sang noir y aborde, presque dès Pinstant où il est produit. Dans tés membranes muqueuses, au contraire, ainsi que dans les cicatrices , c’est par le système capillaire de la membrane éHecinêtne, que se fait la coloration. Or ce système est bien - plus lent à recevoir le sang noir , et à s’en péné- trer, que le premier ; quelquefois même il refuse de Padimettre en certains endroits : ainsi J'ai vu plusieurs fois la membrane des fosses nasales être très-rouge dans des animaux asphixiés , 3 tandis 4 celle de la bouché étoit livide ; etc. ‘” ‘En général le sang noir se comporte de trois manières dans le système capillaire général : 1°,1l ‘ést des endroits où il ne pénètre nullement , et alors les parties conservent leur couleur natu- relle; 2° 2°. 11 en est d’autres où il passe manifeste- ment, mais où il s'arrête, et alors on observe une simple coloration s’il y en aborde peu, cette coloration, plus une tuméfaction de la partie si beaucoup y pénètre ; 39. enfin dans d’autres cas lesang noir traverse sans s’arrêter le système ca- 2750 DE LA MORT DES ORGANES pillaire , et passe dans les veines, comme le faisoié le sang rouge. Dans le premier et le second cas, la circulation générale trouve l’obstacle qui l’arrête danse Sys- tème capillaire général ; dans le troisième, qui est beaucoup plus général , c’est aux capillaires du poumon que le sang va suspendre son cours , après avoir circulé dans les veines. | Ces deux genres d’obstacles coïncident sou- vent l’un avec l’autre. Ainsi, dans l’asphixie, une partie du sang noir Girculant dans les artères , s’arrête à la face, aux surfaces muqueuses, à la langue, aux lèvres, etc.; Pautre partie, bien plus considérable, qui n’a point trouvé d’obstaclée dans le système capillaire général, va engorger le poumonet y trouver le terme de son mouve- ment. | Pourquoi certaines parties du RAS capil- laire général refusent-elles d’admettre le san noir, ou , si elles l’admettent, ne peuvent-elles le faire passer dans les veines, sans que d’autres, moins facilement affaiblies, par Pinfluence deson contact, favorisent sa circulation comme à l’or- dinaire ? Pourquoi le premier phénomène est-1l plus particulièrement-observäble à la face ? Cela ne peut dépendre que du rapport qu’il y a entre la sensibilité de chaque partie et cette espèce de sang : Or Ce rapport nous est inconnu. J’ai voulu me servir dela facilité que l’on a de faire varier la couleur du sang, suivant l’état du poumon, pour distinguer l’influence de la circu- lation de la mère sur celle de l'enfant. Je me suis AS pod PAR CELLE DU POUMON. 274 procuré une chienne pleine; je l’ai asphixite en fermant un tube adapté à sa trachée - artère. Quatre minutes après que toute communication a été interceptée entre Pair extérieur et ses pou- mons , elle a été ouverte ; La circulation conti- nuoit : la matrice a été incisée ainsi que ses mem- branes , et j’ai mis le cordon à découvert sur deux ou trois fœtus. Nous n’avons apercu aucune dif- férence entre le sang de la veine et des artères ._ ombilicales : il étoit également noir dans l’un et Pautre genres de vaisseaux. Je n’ai pu avoir d’autres chiennes pleines et d’une assez grande stature pour répéter cette ex- périence d’une autre manière. [l faudroit en effet, 1°. mettre à nu le cordon, et comparer d’abord la couleur naturelle du sang de l’artère avec la couleur naturelle de celui de la veine ombilicale. Leur différence , dans plusieurs fœtus de cochon d'Inde , m'a paru infiniment moindre qu’elle ne Pest chez l'adulte, dans les deux systèmes vascu- laires, et même «lle s’est trouvée entièrement nulle dans plusieurs circonstances. Les deux sangs offroient une noirceur égale, malgré que la res- piration de la mère se fit très-bien encore, son ventre étant ouvert. 2°, On fermeroit le robinct de la trachée, et on observeroit si les changemens de la coloration du sang de l’artère ombilicale du fœtus (en supposant que son sang soit différent de celui de la veine) correspondroient à ceux qui s’opéreroientinévitablement alors danslesystème artériel de la mère, ou. si les uns n’influeroient point sur les autres. Les expériences faites dans 272 DE LA MORT DES ORGANES : cette vue et sur de grands animaux, pourroné beaucoup éclairer le mode de communication vitale de la mère à l'enfant. On a aussi à désirer des observations sur la couleur du sang dans le fœtus humain, sur la cause du passage de sa cou- leur livide à un rouge très-marqué, quelque temps après être sorti du seindesa mère,etc.etc. Je pourrois ajouter différeris exemples à ceux que je viens de rapporter ;, sur la coloration , par le sang noir , des différens organes. Ainsi, le rein d’un chien ouvert pendant qu’il s’asphixie, pré- sente une lividité bien plus remarquable que du- rant sa vie, dans la substance corticale, où se distribuent surtout les artères, commeon le sait. Ainsi la rate ou le foie, coupés en travers, ne laissent-ils plus échapper que du sang noir , au lieu de ce mélange de jets noirs et rouges qu’on observe lorsqu'on fait la section de ces organes sur un animal vivant, dont la respiration est libre , etc. Mais nous avons, je crois , assez de faits pour établir avec certitude que le sang resté noir, après l’interruption des phénomènes chimiques du poumon , circule encore quelque temps, pé- nètre ‘tous les organes ; et y remplace le sang rouge qui en arrosoit le tissu. Cette conséquence nous mène à Pexplication d’un phénomène qui frappe sans doute tous ceux qui font des ouvertures decadavres,savoir, qu’on n'y rencontre jamais que du sang noir, même dans les vaisseaux destinés au sang rouge. Dans les derniers instans de Pexistence, quel ! PAR CELL «DU: POUMON, 273 que soit le genre de mort, nous verrons que le poumon s’embarrasse, presque toujours; et finit ses fonctions avant que le cœur n’ait interrompu les siennes. Le sang fait encore plusieurs fois le tour de son double système, après qu'il a cessé de recevoir l'influence de l'air : il circule donc noir pendant un certain temps, et par consé- quent reste tel dans tous les organes , quoique cependant la circulation soit bien moins: mar- quée que dans Pasphixie , ce qui établit les grandes différences de ce genre de mort , diffé- rences dont nous parlerons. Rien de plus facile, d'après cela, que de concevoir les PAÉROIRTAS Suivans : | | 1°. Lorsque Île Heubi culs et l'oreillette à sang rouge , la crosse de l’aorte, etc. etc. contiennent du sang , c’est toujours du noir, comme le savent très-bien ceux qui ont l’habitude d’injecter sou vent. En exerçant les élèves dans la pratique des opérations chirurgicales sur le cadavre , j’ai tou- jours vu que lorsque les artères ouvertes ne sont pas entièrement vides, etqu’ellés laissent suinter un peu de sang, ce sang offre-constamment A même couleur. 2. jue Corps caverneux est jouigous sis de cette espèce de fluide, soit qu’il se trouve dans l’état de flaccidité habituelle, soit qu’il reste en érection ,\comme jel’ai vu sur deux sujets appor- tés à mon amphithéâtre; lun, s’étoit pendu, l'autre avoit éprouvé une violente commotion, à laquelle il paroïssoit avoir subitement succombé. 3: On ne trouve presque jamais rouge; lesang $ 27% DR LA MORT DES ORGANES qui distend plus où moïns la rate dés cadavres ; cependant l'extérieur de cet organe et sa surface concave, présentent quelquefois des taches d'une couleur écarlate très-vive, que if ne sais trop à quoi attribuer. ; 4°. Les membranes muqueuses bétdent à la mort la rougeur qui les caractérisoit pendant la vie; elles prennent presque toujours une teinte sombre , foncée, etc. 5°. Lorsqu’on examine le sang épanché dans le cerveau des apoplectiques , on le trouve pres- que constamment noir, 6°. Souvent, au lieu de se porter au dedans, c’est au dehors que le sang se dirige. Toute la face, le cou , quelquefois les épaules, se gonflent alor et sinfiltrent de sang : il est assez commun de voir des cadavres où se rencontre cette dispo- sition que je n’ai encore jamais vue coïncider avec un épanchement interne. Or examinez alors la couleur de la peau ; elle est violette où d’un brun très-foncé , signe manifeste de l’espèce de sang qui Pengorge. Ce n’est pas, comme on l’a dit, à cause de cette couleur , le reflux du sang vei- neux qui produit ce phénomène, mais bien la stase du sang noir qui circule, à l'instant de la mort , dans le système capillaire extériéur , où il trouve un obstacle , et qu’il engorge au bib de le rompre, d’en bises les parois et dé s’épan- cher , comme il arrive, dans le cerveau. Je pré- sume que cette différénes tiént à la résistance plus grande , à la texture plus serrée pi vaisseaux externes que des internes. Cages J . PAR, CELLE DU POUMON, 275 ° Jene pousse pas plus loin les conséquences nombreuses du principe établi ci-dessus, savoir, de la circulation du sang noïr dans le système ar- tériel pendant les derniers momens qui termi: nent la vie; j’observe seulement que lorsque c’est par la circulation quecommence la mort, comme dans une plaie du cœur, etc. les phénomènes précédens ne s’observent pas, ou du moins sont très-peu sensibles. tb Passons à l’examen de Pinfluence que lé pou- mon exerce sur les organes dont il pénètre le tissu. 1 j à $ IIL. Ze sang noir n’est poiñt propre à entrete- nir l’activité et la vice des organes, qu’il pé- nètre dès que les fonctions chimiques du gate a ont cessé. Quelle est l’influence du sang noir abordant aux organes par les artères ? Pour le déterminer : * remarquons que le premier résultat du contact du sang rouge est d’exciter ces organes, de les stimuler , d'entretenir leur vie , Comme le proue vent les observations suivantes : Léa 10, Comparez les tumeurs inflammatoires, Pérésipèle , le phlegmon, etc. à la formation des- quelles le sang rouge concourt essentiellement, aveclestachesscorbutiques, les pétéchiés,etc.etc. que le sang noir produit surtout; vous verrez les unes caractérisées par Péxaltation , les autres par la prostration locale des forces dé là vie. 2°. Examinez deux honsmes, dont l’un à face rouge ; à poitrine large ;: à surface cutanée que S 2 8256 DE LA MORT DES ORGANES) le moindre exercice colore fortement en rose, etc. annonce la plénitude du développement des fonc- tions qui changent en rouge le sang noir , et dont l’autre à teint blême et livide, à poitrine res- serrée, etc, indique, par son extérieur, que ces fonctions languissent chez lui: vous verrez quelle est la différence dans l’énergie de leurs forces respectives. 3°. La plupart des gangrènes séniles commen- cent par une lividité dans la partie, lividité qui est l’indice évident de l’absence ou de la dimi- nution du sang rouge. | 4°. La rougeur des branchies est, dans les. poissons, le signe auquel on reconnoît leur vi- gueur, | 5°. Plus les bourgeons charnus sont rouges, meilleure est leur nature : plus ils sont pâles ou bruns, moins la cicatrice a de tendance à se faire. 6°. La couleur vive de toute la tête, de la face surtout, l’ardeur des yeux, etc. coïncide tou- jours avec l’extrème énergie que prend, dans ” certains accès fébriles, Paction du cerveau. 7°. Plus les animaux ont leur système pulmo- naire développé , plus la coloration du sang y est active, par conséquent , plus la vie animale de leurs organes divers est parfaite et bien dévelop- pée. 8°. La jeunesse qui est l’âge de la vigueur, est celui où le sang rouge prédomine dans l’éco- nomie. Qui ne sait que les vieillards ont, à pro- portion, et leurs artères plus rétrécies, et leurs PAR ÉCELLE DU POUMON. sr veines plus larges que dans les premières années ? qui ne sait que le rapport des deux systèmes Vas- culaires , est inverse dans les deux âges extrêmes de la vie 7 J’ignore comment le sang rouge excite et en- tretient, par sanature, la vie de toutesles par- ties, Pent - être est- ce par la combinaison” des principes qui le colorent, avec les divers organes auxquelsil parvient. En effet , voici la différence des phénomènes qu’offrent les deux systèmes ca- pillaires, général et pulmonaire : Dansle premier, le sang, enchangeant de cou- leur, laisse dans les parties les principes qui le rendent rouge ; au lieu que dans le second, les élémens auxquels il doit sa noïrceur sont rejetés par lexpiration et par Pexhalation qui Paccom- pagnent. Or cetteunion des principes colorant le sang artériel, avec lesorganes, n’entre-t-elle pas pour beaucoup dans l’excitation habituelle où ik sont entretenus, excitation nécessaire à leur ac- tion? Sicéla:est, on concoit que le sang noir ne pouvant offrir les matériaux de cette union , n sauroit agir comme excitant de nos diverse. parties. | | : Du reste je propose cette idéesans y ni ei aucune mâmière; on peut la mettre à côté di: l’action sédative , que j’ai dit ètre peut-être exer- cée sur lés nerfs par le sang noir. Quelque pro. bable que paroisse une opinion, dès quela rigou reuse expérience ne sauroit la démontrer, tou eprit judicieux ne doit y attacher aucune im portance, irg di e 278 À‘ DE LA MORT/DES- ORGANES: Recherchons donc, abstraction faite de tout système, comment le contact du sang noir sur Îes parties en détermine la mort. à. On peut, comme nous l’avons fait en: slot dela mort du cœur ; diviser ici les-parties en celles qui appartiennent à la vie animale , et en celles qui, concourent aux phénomènes organi- ques. Voyons comment les ünes et les autres finissent alors d'agir. | | sh Tous les organes dela vie énimelei sont sous la dépendance du cerveau ; si.ce viscèrenterrompt ses phénomènes ; les leurs cessentalors nécessai- rement. Ornous aVons vu que lecontact du sans - noir Hrappe d’atonie les forces cérébrales d’une | manière presque soudaine. Sous ce premier ra p- port, les organes lncombüteurs, vocaux'et sensiz :: tés , doivent donc rester dans l’inertieichez les asphiNiés; c’est mêmeldaseule cause qui en sus2 _pend Pexercice dans:les expériences diverses où l’on: pousicr du sangmüiriau cerveau ; es autres parties n’en recevant. point, Mais: lorsque ‘cé fluide. cireule:dams itont le système ; lorsque tous les organes sont ; comme lui, soumis à son'in- fluence , deux autres causes se joignent à cellè-ei: Les nerfs qüis’en trouvent:pénétrés ; ne sont plus par Lx mêimé:susceptibles d'établir des communicationsenutre le cerveau etlessens d’urie part de l’autre entrece même viseère: et nn sens locomôteurs ou:vocaux ; 3 FO . Be contact dusang noir sur cés} organes As PAGE -yanéantit leur action: lnjectez, ‘en effet, dans l’artère crurale d’un animal; cette PAR CELLE. DU POUMON. 279 espèce de sang pris dans une de ses veines ; vous verrez bientôt ses monvemens s’affoiblir d'ane manière sensible, quelquefois même une para- lysie momentante surveuir. J’observe que dans cette expérience, c’est à la partie la plus supé- rieure de lartère qu’il fautinjecter le fluide, le- quel. doit être poussé,en assez grande sbondance. Si.on ouvroit le vaisseau! à sa partie moyenne , les muscles de la cuisse recevant presque. tous du sang rouge ; continueroient , sans nulle altéra- tion, leurs mouvemensdivers. Gela m’est arrivé dans deux ou trois circonstances. Je sais qu’on peut dire que la ligature de Par- ttre , nécessaire dans cette expérience, est seule capable de paralyser le membre. En effet il mest arrivé deux fois, sinon d’anéantir entièrement, au moins d'affoiblir les mouvemens par ce seul moyen; mais aussi souvent j'ai remarqué que son influence étoit presque nulle, sans doute parce qu’alors les capillaires süuppléent, ce qui ne peut arriver dans l'éxpérience connuéde Sténon, où la ligature est appliquée 2 à l'aorte, ét où le mouvenrent est toujours tout de suite intercepte. Cependant le résultat de Pinjection du sang noir --est présqueconstämment le même que celui que jaïindiqué ; je dis! presque, car 1°. je l'ai vu manquer une fois, quoiqu’avec les précautions requises ; 447 bffoiblisement des mouverñens varie, suivant les animaux, et dans sa ARrse À et dans le degré auquel on Pobserve | Il y a aussi denscette expérience une suspen- sion manifeste du sentiment, laquellé arrive 280 DE LA MORT DES ORGANES quelquefois plus tard que ceile du mouvement , mais qui est toujours réelle , surtout si on a le soin de répéter trois à quatre fois, et à de légers intervalles ; Pinjection du sang noir. | On produit un effet analogue, mais plus tardif et plus difficile, en adaptant à la canule placée dans la cr utSle un tube déjà fixé dans 1a”caro- tide d’un autre animal, dont la trachée- artère est ensuite fermée, de’ manière que son cœur pousse du sang noir dans la cuisse du premiér. Les organes de la vie interne, indépendans de l’action cérébrale, ne sont point arrêtés, comme ‘ceux de lävie externé, par. la suspension de cette action, lorsque le sa ans noir circule dans le sys- tème artériel ; Je Sul contact de ce sang est la cause qui én suspend les fonctions, La mort de ces organes a donc un principe de moins que celle des. organes lotomoteurs, vocaux ; etc. | J ai déjà démontré; cette iufueniod, du sang noir sur les organes de Ja circulation ; nous avons vu comment le cœur çesse dagir dès qu'il en est pénétré; c’est aussi en partie parce que ce fluide se répand. dans les parois, artérielles et véineuses par les petits va a1sSaUXx: qui concourent à la struc- ture de ces parois, .qu “elles s affoiblissent eb cessent leurs fonctions. Il sera sans doute toujours difficile de‘prouver d’une manière rigoureuse, que les secrétions’, Pexhalation, la nutrition, ne sauroïient puiser dans le sang noir les matériatët propres à les en- tretenir; car cette espèce de säng ne circule pas PAR CELLE DU ‘POUMON. o8+t assez long-temps dans les artères, pour pouvoir faire des expériences sur ces fonctions. J'ai voulu cependant tenter quelques essais : ainsi 1°, j’ai mis à découvert la surface interne de la vessie d’ün animal vivant, après avoir coupé la symphise et ouvert le bas-ventre ; J'ai examiné ensuite le suintement de l’urine par Po- rifice des urètres, pendant que j’asphixiois Pa- nimal en fermant le robinet adapté à sa trachée- artère; 2°. j’ai coupé le conduit déférent, pré- liminairement mis à nu, pour voir si, pendant Pasphixie , la semence couleroit, etc. etc. En général j'ai toujours remarqué que pendant la circulation du sang noir dans les artères, au- cunfluide ne paroissoit s’écouler des divers orga- nes secréteurs. Mais j’avoue que dans toutes ces «expériences et dans d’autres analogues que jai aussi tentées , l’animal éprouve un trouble trop considérable , et par l’asphixie et par les grandes incisions qu'on lui fait souffrir ; le temps que dure l’expérience est trop court, pour pouvoir en tirer des conséquences de nature à être ad- mises sans méfiance par un esprit méthodique. C’est donc principalement par analogie de ce quiarrive aux autres organes, que j’assure que ceux des secrétions, de l’exhalation et de la nu- trition , cessent leurs fonctions lorsque le sang noir y aborde, ï o1 Cela s’accorde d’ailleurs très-bien avec divers phénomènes des asphixies : 1°.ainsi le défaut d’ex- halation cutanée pendant le temps assez long où lesang noir circule dans les artères avantda mort, 202 DE LA MORT LES ORGANES est-il peut-être une des causes de la permanence de la chaleur animale dans les sujets attaqués de cet accident ; 2°. ainsi j’ai constamment observé sur différens chiens morts lentement d’asphixie, pendant la digestion, en leur retranchant peu à _peu Pair au moyen du robinet, que les conduits hépathiqué, colédoque-et le duodénum con- tiennent beaucoup moins de bile qu’ils n’en pré- sentent ordinairement, lorsqu’à cette époqueon met à découvert ces organes sur un animal vi- yant; 3°. ainsi, comme je, l’ai dit, le sang ne perdant rien par les diverses fonctions indiquées plus haut, s’accumule.en grande quantité dans ses vaisseaux. Voilà même pourquoiilest très-fa- tigant de disséquer les cadavres dependus, d’as- phixiés par le charbon,-etc. La fluidité et Pa- bondance de leur sang embarrasse. Cette abon- dance, observée par divers auteurs, peut tenir aussi à ceque les absorbans afloiblis ne prennent point , après la mort par asphixie, la portion séreuse du sang contenu dans les artères, comme il arrive chez presque tous les cadavres où cette portion se sépare du caillot qui reste dans le vaisseau : 1c11l n’y a niséparation, niabsorption. Les excrétions paroïissent alors aussi ne point se faire par laffoiblissement qu’excite dans lor- gane excréteur le contact dusang noir;. ainsi a- t-on observé fréquemment la vessie très-disten- due chez.les asphixiés, éomme le remarque le C. Portal. C’est l’urime qui s’y trouvoit avant Paccident , et qui n’a pu être évacuée, quoique Ja viesäit encore duré quelque temps. En géné PAR :CELLE DU POUMCN. 285 ral, jamais les asphixies par le sang noir sent et sans délétère, ne sont accompagnées de ces con- tractions si fréquentes à l’instant de plusieurs au- trés morts, ou quelques instans après, dans le rectum, la vessie, etc. contractions qui vident presqu’entièrement ces organes de leurs fluides, et qui doivent être bien distinguées du simple reélächement des sphincters, d’oùnaissent des ef- fets analogues, Toujours les symptômes d’un af- oiblissement général dans les parties se mani- Festént ; jamais on ne voit ce surcroît de vie , ée développement de/forces qui marquent si souvent la dernitre heure des mourans. Voilà pourquoi, peut-être , on remarque dans lescadavres des personnes asphixiées, une grande souplesse des membres. La roïideur des muscles paroît , eneffet, tenir assez souvent à ce que la mort les frappant à l’instant de la contraction, les fibres-restent rapprochées et très-cohérentes entr’elles. Ici au contraire , un relâchement gé- néral, un défaut d'action universel , existant dans: ies parties lorsque la vie les abandonne, elles res- tent en cetétat , et cèdent aux impulsions qu’on leur communique. - J'avoue cependant que cette explication pré- sente uné difficulté dont je ne puis donner la so- Jution ; la-voici: les asphixiés par les vapeurs méphitiques , périssent à peu près de la même | manière.que les noyés ; ou du moïns, si la cause de la mort differe , le sang noir épais également pendant un tempsassez long dans les artères, On peut le voirenouvrantla carotide sur deux chiens, 204 DE LA MORT DES ORGANES en même temps que chez l’un on fait parvenir, par un tube adapté à sa trachée-artère, des va- peurs de charbon dans le poumon , et que chez Pautre on pousse, dans cetorgane, une certaine quantité d’eau, que l’on y maintient en fermant le robinet, et qui se trouve bientôt réduite en écume, comme chez les noyés. Malgré cette analogie des derniers hédoiliée nes de la vie, les membres restent souples et chauds pendant un certain temps dans le pre- mier ; ils deviennent roides et glacés dans le se- cidé sur-tout si on plonge son corps dans lea pendant l’expérience (car j'ai observé qu’ilyaune perte moins prompte du calorique, en noyant Panimal par Peau qu’on injecte, et qui inter- cepte sa respiration, qu’en le plongeant tout entier dans un fluide). Mais revenons à notre objet. 1 Nous pouvons conclure, je crois, avec assu- rance, de tous les faits et de toutes les considéra- tions renfermés dans cet article, 1°. que lorsque les fonctions chimiques du poumon s’interrom= pent, tous les organes cessent simultanément leurs fonctions, par leffet du contact du sang noir, quelle que soit la manière d’agir de ce sang, ce que je n’examine point; 20. que leur mort coïncide avec celle du cerveau et du cœur ; mais qu’elle n’en dérive pas immédiatement; 3°. que s’il étoit possible à ces deux organes, de recevoir dusangrouge pendant quele noir pénétreroit les autres, ceux-ci finiroient leurs fonctions , tandis qu'eux continueroient les leurs ;4°.qu’en un mot 2 PAR CELLE DU POUMON. 965 Pasphixie est un phénomène général qui se déve- loppe en même temps dans tous les organes , et qui n’est prononcé très-spécialement dans aucun. D’après cette manière d’envisager l’influence du sang noir sur les parties, il paroît que pour peu que son passage dans les artères se continue, la mort en est bientôt le résultat, Cependant certains vices organiques ont prolongé quelque- fois au-delà de la naissance , le mélange des deux espèces de sang , mélange qui a lieu, comme on sait , chez le fœtus : tel étoit le vice de conforma- tion de l’aorte naïssant par une branche dans chacun des ventricules, chez un enfant dont parle Sandifort ; telle paroît être encore , au pre- ‘nier coup d'il ; ouverture du trou botal chez l'adulte. Remarquons cependant que lPexistence de ce trou ne suppose point toujours le passage du sang . noir dans l’oreillette à sang rouge , comme tout Je monde le croit. En effet , les deux valvules se- mi-lunaires entre lesquelles il est situé, quand on le rencontre au-delà dela naissance , s’appliquent nécessairement l’une contre l’autre, parla pres- sion quelesangcontenu dans lesoreillettes exerce sur elles , lors de la contraction simultanée de ces cavités. Le trou est alors nécessairement bouché, et son oblitération est beaucoup plus exacte que celle de l’ouverture des ventricules par les val- vules mitrale et tricuspide, ou que celle de Paorte et de la pulmonaire par les sygmoïdes. Au reste, il est très-commun de rencontrer £e trou ouvert dans les cadavres ; Je l’ai déjà vu 286 . DE LA MORT DES ORGANÉS plusieurs fois. Quand il n'existe pas, rien de plus facile que de détruire Padhérence ordinairement très-foible , contractéé par les deux valvules qui le ferment , en glissant entr’elles le manche d’un scalpel. Si on examine lPouverture qui résulte de ce procédé , on voit qu’on n’a produit souvent au2 cune solution de continuité, et qu’il n’y a » nds simple dééollement. Le trou botal, ainsi artificiellement pratiqué, présente la même disposition que celui qu’of: frent naturellement certains cädavres: Or, sioû examine cette disposition, on verra que lérstrié les oreillettes se contractent, nécessairement: le sang se forme à lui-même un obstacle ,et ne peut passer de l’une dans l’autre. Il est fâcile même de s’assurer dela réalité du mécanisme dont je parle, par deux injéctions de couleur différente , faites en même temps des deux côtés du cœur, par les veines caves et par les pulmonaires. D’après tout ce que nous avons dit, et de Pine fluence qu’exerce le sang sur les dia organes, soit par le mouvement dont il est agité, soit par les principes divers qui le constituent, et de la mort qui succède, dans les organes, à l’antantis- sement de ces deux modes d’influence , ilest évi- dent que les organes blancs où le sang ne pénètre point dans l’état ordinaire, et que le cœur n’a point, par conséquent , directement sous sa dé- pendance , doivent cesser d’exister différem- ment que Ceux qui y sont immédiatement sou- mis. L’asphixie ne peut point tout-à-coup les atteindre ; ils ne sauroient, comme les autres ; PAR CELLE DU POUMON. 207 cesser presque subitement leurs fonctions, dans les plaies du cœur, les syncopes, etc. En un mot, leur vie étant différente, leur mort ne doit point être la même. Or je ne puis déterminer com- meut cette mort arrive; car je ne connois point assez la vie qui la précède. Rien encore ne me paroît rigoureusement démontré sur le mode cir- culatoire de ces organes, sur les fluides qui les pénètrent , sur leurs rapports nutritifs avec ceux où aborde le sang, etc. etc. = rh ARTICLE NEUVIENME, De l'influence que la mort du poumon exerce sur la mort gré: E x résumant ce qui a été dit dans les art précédens , de l’influence qu’exerce le poumon sur le cœur , sur le cerveau et sur tous les or- ganes , il est facile de se former une idée de la terminaison successive de toutes les fonctions, lorsque les phénomènes respiratoires sont inter- rompus, tant dans leur portion mécanique, ue dans leur portion chimique. Voici comment la mort arrive si les phéhb mèênes mécaniques du poumon cessent, soit par les diverses causes exposées dans l’article 5e , soit par d’autres analogues , comme par une rupture du diaphragme survenue à la suite d’une chute sur ’abdomen, dont les viscères ont été refoulés 268 MORT GÉNÉRALE supérieurement ; ainsi que j'ai déjà eu deux fois occasion de Pobserver (1), par la fracture;simul- tance d’un grand nombre de côtes, par l’écra- sement du sternum , etc. ete. 1°, Plus de phénomènes mécaniques; 2°. plus de phénomènes chimiques, faute d’air qui les entretienne; 3°. plus d'action cérébrale, faute de sang rouge qui excite le cerveau; 40. blu de vie animale, de sensation, de locomotion et de voix, faute d’excitation dans les organes de ces fonc- tions, par l’action cérébrale et par le sang rouge; bo. plus de circulation générale ; 6. plus de cir- culation capillaire, de secrétions , d’absorption, d’exhalation , faute d’action exercée par le sang rouge sur les organes de ces fonctions ; 7°. plus de digestion faute de secrétion et d’excitation des organes digestifs , etc. etc. ns (1) Lorsque le diaphragme se rompt, une cessation sn- bite des fonctions n’est pas toujours le résultat de cet acci- dent. Il est différentes observations où l’on a vu les ma- lades survivre plusieurs jours à leur chute ; ce n’est que l'ouverture du cadavre qui a pu faire connoître la cause de la mort. Les muscles intercostaux sont, dans ce cas, les seuis agens de la respiration qui devient presqu’analogue à celle des oiseaux , ou à celle des animaux à sang rouge et froid, qui sont privés de Ja cloison intermédiaire à la poitrineet à l'abdomen. Lieutaud cite diverses ruptures du diaphragme, détermi- nées par des causes autres que des lésions externes. Dic- merbroek a vu ce muscle manquer chez un enfant qui vé- ut cependant sept années. PAR CELLE DU POUMON. 29 :1 Les phénomènes de la mort s’enchaînent dit- féremment, lorsqüe”les fonctions chintiqu és du poumon ‘sont interrompues ; ce Qui arrivé! 19, dans la machiné du: vidé; 20, lors dé Pôbli: tération de la trätliéé-artère, ‘par ‘un robinet adapté artificiellement à éd catial, parut cotps étranger qui y est tombé’) par an autre qui fait saillie à la partie an(érieurede Rœsophage, par là strangulation , bar un-polype, par, des ma- tières muqueuses amassées dans les cavités aé- siennes etc. ; 3°: dans les différentes affections inflammatoires ; squirreuses et autres, dela bouche:, du gosier; du larynx ; etc. ; 4°. daris la submérsion; 5°: lors:d’un séjour sur le somiet des plus hautes montagries ; 6°. dans l’introduc. tion accidentelle ‘des ‘différens gaz non réspi- | rables, tels queles ÿaz acide carbonique , a26t, hydrogène, muriatique oxigéné, ammoniac ; ete; 7°. lors d’une respiration trop prolongée dans ’dirordinaire ; dans l’oxigène ; etc: ete. Dans tous ces cas, La mort survient de la mamière si. capte SSSatsMbbtoh noirs fs cie trou penc -: 1°, Interruption des phénomènes chimiques ; 2°, suspension nécessairement subséquente de l’action cérébrale; 3°.cessation des sensations , de la locomotion volontaire ; par la :mêrhe raison de la voix-et des phénomènes mécaniques dela respiration, phénomènes dont les mouvemeïs sont lesmêmes que ceux dé la locomotion volon. taire ; 4°. anéantissement-dé l’action du cœur et de la circulation générale ; 5°. terminaison delà circulation capillaire , des secrétions, detl’exha. T L 290 M OR TG É N:É R:A LE lation. cie Pa bsorption set consécutivement de [a digestion: 6°. cessation, de la chaleur.animale qui:est le résultat. de toutes. les fonctions; .etqui n’abandonne le corps que lorsque tout à cessé d’y être en activité. Quelle que: soit la fonction: par has cummence, la, PAF c’est dns ut, par ce le-ci qu, elle $ acteur noi: Li à: er ) : T. Réarques SU? bris di lifférences. que pré. | sentent les diverses’ asphixies. SEE A FA nat diga te danble genre de mort dont je viens d'exposer Venchaînement succéssifsile san noir influe toujours spécialement, par son con: tact, sur! l’affoiblissemént-et! interruption: de Paction: des organes, il ne faut ‘pas crôire! &e2 pendant. que cette cause Soi : d'nsténinengalà seule. Si cela étoit, toutes lesil asphixies .se res= sembleroient par leurs phénomènes , comme le Pro vons les considérations suivantes ih +101 © : D'un.côté , il ya dansttoutesces’affectionsiin: FAT ption de la coloration du sang noïr; et-par conséquent circulation de cette espèce de ‘sang dans le systèmerartériel-» d’un autre!côté; le sang ne présente aucune nuauce:particnlière à chaquerasphixie; dans toutes ïl'estile inêime |, c’est-à-dire qu'ilpasse dans l'appareil vasculaire à sang rouge; tel qu’il étoit dans appareil opposé. J’ai eu occasion de m’assurer très-souvent de ee fait. Quelle que soit la mamière dont Paye essayé de faire cesser les fonctions -ehimiques’ du pôut r- mon ; dans mes expériences, la noirceur” m'a 14 toujours paru à peu près uniormess 20100210 PAR CEMIE, DU, POUM ON. 291 Malgré cette uniformité relative aux phéno- mènes de la coloration du sang dans les asphixies, rien n’est. plus varié que leurs symptômes et que la marche des accidens qu'elles occasionnent. Leurs différences ont rapport, tantôt au temps que:la mort reste à s’opérer , tantôt aux phéno- mènes qui se développent dans les derniers ins- tans , tantôt à l’état des organes , à la somme des forces qu’ils conservent après que la’ vie les a abandonnés, etc. 19. L’asphixie varie par rapport à sa durée : elle est promptedanslés $azhydrogène sulphuré, nitreux, dans certaines vapeurs qui s'élèvent des fosses d’aisance , etc.;.elle est plus lente dans les gaz acide carbonique ; azot ; dans Pair épuisé par la respiration , dans Yhydtogène purs dans pa ÿ dans le vide; etc. . Elle varie parles phénomènes qui Pac= ré tantôt l’animal s’agite avec vio2 lence, est pris de convulsions subites, finit sa vie die une agitation ‘extrême ; tantôt il semble tranquillement voir ses forces Rai échapper , pas- ser d’abord de la vie au sommeil, et ensuite du sommeil à la mort. Lorsqu'on compare les nom- breux effets du plomb des fosses d’aisance, des vapeurs, du charbon, des différens gaz, déila submersion, etc. sur Péconshie animale, on voit que chacune de ces causes l’influence bé ma nière très-différente et souvent opposée. 3. Enfin les phénomènes qui suivent: Pas- phixie sont aussi très-variables, Comparez le ca- davre toujours froid d’un noyé , aux restes lons- T «4 292 MORT GÉNÉRALE temps chauds d’un homme suffoqué par les Va- peurs du charbon ; lisez le résultat des diverses expériences cxpéiées dansle Rapport des commis- saires de l’Institut, sur linfluence que le galva- nisme recoit des diverses asphixies ; parcourez l'exposé des symptômes qui accompagnent le méphitisme des Fosses d’aisance, symptômes dé- veloppés: dans un ouvrage du C. Hallé, qui & aussi spécialement Concouru au Rapport dont je viens de parler; rapprochez les nombreuses ob= servations éparses dans les ouvrages de difiérens autres médecins, du C. Portal, de Louis ; de Haller , dé Troja, de Pechlin , de Bartholin} de Morgagm, etc. etc.; faites les expériences les plus ordinaires, les. plus faciles à répéter sur la. submersion, sur la strangulation , sur là suffo- cation par les divers gaz: vous verrez par-tout des différences très-remarquables dans toutes ces espèces d’asphixies; vous observerez quécha-, cune est presque caractérisée par un'état dif- férent dans les cadavres des animaux qui 8 ont été exposés. Pour rechercher la causé de ces aimée) y distinguons d’abordlesasphixies en deux classes: 1e. en-celles qui surviénnent par le simple défaut d’air respirable’; 29. en celles où à cette prémière cause,se joint l'introduction dans le se se fluide délétère. -1 3 Lorsque le simple défaut d’air tibiséblé: oc- casionne l’asphixie, comme dans celles produites par lé vide, par la strangulation , par le séjour trop prolongé dans un air qui ne peut $e renou- e TAR CELLE DU POUMON. 293 veler, etc. par un corps étranger dans la tra- chée-artère:, etc. etc.; alors la cause immédiate de la mort me paroît être uniquement le contact du sang noir sur toutes les parties, comme Je l'ai exposé très en détail dans le cours de cet ou- vrage. L'effet général de ce contact est toujours le même , quelle que soit l’espèce d’accident qui le” produise; aussi les symptômes concomitans et les résultats secondaires de tous ces génres de morts présentent-ils en général peu de diffé- rence.entr’eux. Leur durée est la même; si elle varie, cela ne dépend que de l’interruption plus ou moins prompte de Pair qui est tantôt subite- mentarrêté, comme dans la strangulation ,et qui tantôt nest qu’en partie intercepté, comme lors. que les corps étrangers n ne bouchent qu'inexaëtez ment li glotte. - Cette variété dans la durée et dans l'intensité. de la cause asphixiante, peut bien en détérminer quelqu’une dans certains symptômes; tels sont la lividité et le gonflement plus ou moins grands de Ja face, l'embarras plusou moins considérable du poumon, etc. le trouble plus où moins mar- qué dans les fonctions de la vie animale, l’irrégn- larité plus ou moins sensible du pouls , ete. Mais toutes ces différences ne supposent point de di: versité de nature dans la cause qui interrompt les phénomènes chimiques; elles n indiquent que des modifications diverses de cette même cause. Voilà, par exemple, 1°. comment un pendu ne meurt point de même qu’un homme suffoqué par 294 MORT GÉNÉRALE une tumeur inflammatoire, de même que. celui dans la trachée-artère duquel est tombée une féve, un poids, ete:; 2°.comment, si on fait périr un animal sous une cloche pleine d’air atmosphé- rique , 1] restera bien plus long-temps à s’as- phixier que si on bouche la trachée-artère avee un robinet, et bien moins que si la cloche con- tient de Voxigène ; 3°. comment les symptômes de Pasphixie, à une hauteur de Patmosphère où Pair trop rarelié n’offre pas assez d’aliment à'la vie, dans une chaleur ‘étouffante qui produit sur ce. fluide le même effet, diffèrent beaucoup en apparence de l’asphixie que déterminent Pouver- ture subite de la poitrine , une compression très- forte de cette cavité, en un mot toutes les causes qui font commencer la mort par les “psnsRt yat mécaniques. Dans tous les cas, il n°y a qu’un pririeipe uni- que de la mort, savoir l'absence du sang rouge dans le système artériel; mais suivant que le sang noir passe tout de suite ot ce système, tel qu’il étoit dans les veines, ou qu’il puise encore quel- que chose dans le mennhes les phénomènes qui se manifestent pendant les derniers instans, et même après la mort, varient singulièrement. Je dis après la mort, car j’ai constamment observé que dans toutes les: asphixies produites par le simple défaut d’air respirable , plus la vie tarde à se terminer , et plus par conséquent Pétat d’an- goisses et de mal-aise qui la sépare de la mort, est prolongé par un peu d'air que recoivent en core les poumons , moins Pirritabilité et même la EE MU UN le) OS + SR RS PAR CELLE DU POUMON. 295 susceptibilité SeIvaniqué se montrent avec éner- ge dans les expériences consécutives. Maissidans Pasphixie l'introduction d’unfluide aériforme étranger dans les bronches, se Joint au défaut d’air respirable, alors la variété dessymp- tômes ne tient plus à la variété des modifications de la cause asphixiante, maïs bien à la différ ence de sa nature. … Cette causeest en’effét double dans le cas qui nous occupe. 1°. Le sang resté noir faute des élé- mens qui le colorentet porté dans tous les orga- nes à travers le système artériel, comme dans le cas précédent, détermine également l’affoiblisse- ment et la mort de ces organes, ou plutôt ne peut entretenir leur action. 2°. Des principes perni- cieux introduits dans lé poumon avec les gaz aux- quels ils sont unis, agissent directement sur les forces de la vie, et les frappent de prostration et d'anéantissément. I y a donc ici absence d’un excitant propre à entretenir l’énergie vitale, et présence d’un délétère qui détruit cette énergie. J’observe cependant que tous les gaz n’agissent pas de cette manière : 1l paroît que plusieurs ne font périr les animaux que parce qu’ils ne sont point resprrables , que parce qu ils ne contien- nent point les principes qui colorent le sang, Tel est, par exemple, Phydrog cne pur, où las- phixie s’opère à peu près de la même manière que lorsque la trachée - artère est simplement oblitérée, que lorsque l’air de la respiration a été tout épuisé, etc. etc. et où, comme Pobservent - 296 MORT. GÉ NÉ, R A:LE les commissaires de l’Institut, elle est beaucoup plus lente à s’etfectuer € que, SR les autres fluides aériformes. Ç Maislorsque, par les exhalaisons qui s'élèvent à V’air libre , d’une fosse d’aisance , d’un caveau, d’un cloaque où des matières putridés se sont amassées, un bomme tombe asphixié à l’instant même où il les respire, et avec des mouvemens convulsifs, des agitationsextrêmes, ete. alors certainement il y a plus que l’interruption des phénomènes chimiques ,.et par conséquent que la nonrpolnration en rouge du sang noir: En effet, r°. 1l entre encore dans lé poumon assez d’air respirable avec les vapeurs méphi- tiques dont cet air est le véhieule, pour entrete- nir pendant un certain temps la vie et sesdiverses fonctions; 2°. en supposant que la quantité! des vapeurs méphitiques fût telle qu'aucune place ne restêt pour l’air respirable, la mort ne devroit venir que par gradation, sans. des secousses vio- lentes et subites; elle devroiïit être, enun mot, telle qu’elle est produite par la simple privation de cet air : or la manière toute différente dont elle survient, indique qu’il y a ici, outre lecon- tact du sang noir, l’action d’une substance délé- tère dans l’économie animale. 4 Ces deux causes agissent donc simultanément dans Pasphixie par les différens gaz. Tantôt l’une prédomine ; tantôt leur action est égale. Si Je dé- létère est très-violent, il tue souvent lPanimal avant que le sang noir ait pu produire beaucoup d'effet; s’il l’est moins, la vie s'éteint sous l’in- PAR CEIMLE 1DU POUMON. 29% fluence de ce dernier autant que sous celle du premier; "il est foible , c’est principalement, le sang noir qui suffoque. | Les asphixies par les gaz ou les vapeurs méphi- tiques, se ressemblent 23 toutes par laffoi- blissement qu'éprouvent les organes de la partdu sang noir; c’est sous ce rapport aussi qu'elles sont analogues. à celles que détermine. la simple pri- vation g: Pair respirable. Elles diffèrent par la nature du délétère ; cette nature varie à l'infini; ou croit la-connoître dans quelques fluides aéri- formes, mais dans le plus. grand nombre nous Pignorons encore presqu’entièrement ; elle nous est surtout peu connue dans les vapeurs qui s’é- lèvent des matières fécales long- teraps retenues, des égouts, etc. D’après cela je ferai abstraction de la nature spéciale des différentes espèces de délétères , et de la variété des symptômes qui PeHeni naître de Paction de chacune en particulier ; je n’aurai égard qu'aux effets qui résultent de cette action considérée d’une manière générale. Je remarque aussi que la variété de ces effets peut beaucoup dépendre de l’état dans lequel se trouve l’individu , en sorte que le même délétère produira des symptômes divers suivant le tempé- rament , l’âge, la disposition du poumon, celle du cerveau , etc. etc. Mais en général ces variétés portent plus sur lintensité, sur la force ou la foi- blesse des symptômes, que sur leur nature qui reste assez constamment la même. . Comment les différentes substances délétères - 298 MORT GÉNÉRALE qui sont introduites dans le poumon, avecles va- peurs méphitiques qu’elles composent en partie, agissent-elles sur l’économie? Ce ne peut être que de deux manières; r°, en affectant les nerts du poumon, qui réagissent ensuite sympathi- quement sur le cerveau; 2°, en passant dans le sang, et en allant directement porter, par la circulation , leur influence sur cet organe, et en général, sur tous ceux de l’économie ani- male. : Je crois bien que la simple action d’une subs- tance délétère sur les nerfs du poumon, peutavoir un effet très-marqué dans l’économie, qu’elle est même capable d’en troubler les fonctions d’une manière très-sensible ; à peu près comme une odeur, en frappant simplement la pituitaire, agit sympathiquement sur le cœur , et détermine kr syncope , comme la vue d’un objet hideux pro- dnit le même effet, comme un lavementirritant réveille presque tout-à-coup et momentanément les forces de la vie, comme la vapeur du vinai- gre , le jus d’oignon, portés sur la conjonctive pendañt la syncope , suffisent quelquefois pour réveiller tous les organes, comme l’introduction de certaines substances dans l’estomac se fait su- bitement ressentir dans toute l’économie, avant que ces substances aient eu le temps de passer dans le torrent circulatoire , etc. On rencontre à chaque instant de ces exemples où le simple contact d’un corps sur les surfaces muqueuses, produit tout-à-coup une réaction symphatique sur les divers organes, et occasionne es te nt En TS CS OO us Re Nas Us di ae. = à à D: PAR CELLE DU POUMON. 299 des phénomènes très-remarquables dans tout le corps. | Nousne pouvons donc rejeter ce mode d’ac- tion des substances délétères qui s’introduisent dans le poumon. Maïs la même raison qui nous porte à Padmettre dans plusieurs cas, nous en- gage à ne pas en exagérer l'influence. Je ne connoïs point, en effet, d’exemple où le simple contact d’un corps délétère sur une sur- face muqueuse , produise subitement la mort. Il peut lamener au bout d’un certain temps, mais jamais la déterminer dans Pinstant qui suit celui où il agit. Cependant, dans l’asphixie des vapeurs mé- phitiques , telle est souvent la rapidité avec la- quelle survient la mort , qu’à peine le sang noir a-t-1l eu le temps d’exercer soninfluence , et que, bien manifestement la cause principale de la cessation des fonctions est l’action des substances délétères. Cette considération nous porte donc à croire que ces substances passent dans le sang à travers le poumon, et que, circulant avec ce fluide, elles vont porter à tous les organes , et principalement au cerveau, lacauseimmédiate de leur mort.Plu- sieurs médecins ont déjà soupconné et même ad- mis, mais sans beaucoup de preuves, ce passage dans le sang , des substances délétères introduites par la respiration des vapeurs méphitiques. Voici un très-grand nombre de considérations qui me paroïssent l’établir d’une manière indubitable : 1°, On ne peut douter, je crois, que le poison 500 MORT GÉNÉRALE de la vipère, que celui de plusieurs animaux ve- nimeux, que celui de larage même, nes’introdui- sent dans le système sanguin, soit par les veines, soit parles lymphatiques,etqu’ilsne déterminent par leur circulation avec le sang , les funestes ef- fets qui en résultent, Pourquoi des effets plus fu- nestes encore; et surtout plus subits, ne seroient- ils pas produits de la même manière dans les as- phixies par les vapeurs méphitiques ? 2%, Il paroît très-certain qu’une portion de Pair qu’on respire passe dans lesang, et que, se combinant avec lui, il sert à sa coloration. Ce passage se fait à travers la membrane muqueuse mème,etnon par le système absorbant, comme le prouve, dans mes expériences, la promptitude de cette coloration. Or, qui empêche que les va- peurs méphitiques ne suivent la même route que la portion respirable de Pair ? Je sais que la sen- sibilité propre du ponmon peut le mettre enrap- port avec cette portion respirable, et non avec ces vapeurs; qu’il peut, par conséquent, ad- mettre l’une et refuser les autres. Voilà même sans doute pourquoi, dans l’état ordinaire , les principes constitutifs de Pair atmosphérique , au- tres que celui qui sert à la vie , ne traversent point ordinairement Île poumon , et ne se mêlent pas au sang. Mais, connoissons-nous les limites précises des rapports de la sensibilité du poumon avec. toutes les substances! ne peut-il laisser passer les unes, quoique délétères , et s'opposer à Pintroduction des autres ? 3°. La respiration d’un air chargé des exhalai- PAR :CELLE DUÜ POUMON,. 507 sons qui s'élèvent de l’huile de térébenthine , donne aux urines une odeur particulière. C’est ainsi que le séjour dans une chambre nouvelle- ment vérnissée, influe d’une manière si rémar- quable sur ce flisde. Dans ce cas, c’est bien évi- demment par le poumon, au moins en partie, que le principe odorant passe dans le sang > pour se porter de là sur le réin; en effet, je me suis plusieurs fois assuré, qu’ h respirant dans un grand bocal , et au moyen duntube, Pair chargé de ce principe, qui ne sauroit alors agir sur la surface cutanée , l'odeur de l'urine est toujours notablement chakgéél: “Si donc lé poumon peut laisser pénétrer diverses substances étrangères à Pairrespirable, pourquoi n’admettroit-il pas aussi les vapeurs méphitiques dés mines, , des lieux sou- térPants Sel 0 | 4°. On coünoît l'influence de la respir ation ui air humide sur la production des hydropisies, Plusieurs médecmsont exagéré cette influence ür n’estpoint aussi éténdue qu’ils l'ont dit,inmais Far cependant très-réelle , prouve, ét le Passage d'un fluide aqueux dans salé ‘avec Pair de la réspir ration , ét , par analogie, Ta possibilité d'u passage de toute autre substance différente dé Pair rés- pirable. | PR 59. Si on asphixie un annil ‘dahs Je gaz Hy= k drogène sulfuré , et que, quelque temps après sa mort , on place sous un de ses organes , sous un PAT ‘par exemple , ane plaqué de métal ; Ja surface de cette plaque contiguë à l organe, devient sensiblement sulfurée, Donc lé principe 302 MORT GÉNÉ R AL étranger qui ici est uni à l’hydrogène, s’est introduit dans la circulation par le poumon, a énétré avec le sang toutes les parties que pro- bablement il a concouru à affoiblir, et même à interrompre dans leurs fonctions. Les commis- saires de PInstitut ont observé , dans leurs expé- riences, ce phénomène qui prouve manifeste- ment et directement le mélange immédiat des vapeurs méphitiques avec le sang, ainsi que leur action sur les organes. J’ai fait une observation analogue, dans Pasphixie,, avec le gaz nitreux. On connoît les phénomènes de même nature qui accompagnent l'usage du mercure, pris. intérieu- rement ou extérieurement. +5 Je crois que nous sommes presque dé. endroit É conclure ; d’après les phénomènes queje viens d’exposer, et d’aprèsles réflexions qui. les accom- pagnent, que les substances délétères dont les différens gaz sont le véhicule ; passent dans le sang à travers le poumon; et que, portées par la circulation aux divers organes ,: elles vont les frapper de leur mortelle influence. Mais. pour, suivons nos recherches sur cet objet, et tâchons d’accumuler. d’autres preuves sur les premières. Je me:suis assuré, par un grand nombre d’ex- périences, qu’on peut, sur un animal vivant, faire passer, dans le sang , par la voie du pou- mon, Pair atmosphérique en nature, ou tout autre fluide acriforme. | Coupez la trachée-artère d’un chien, pour y. adapter un robinét; poussez, par cé moyen, et ‘avec une seringue , une quantité de gaz plus con- PAR. CELLE DU POUMON. 503 sidérable que celle que le poumon contient dans une inspiration ordinaire ; retenez le gaz dans.les bronches, en fermant le MENT aussitôt Pani- mal s’agite , se débat, fait de grands effortsavec les muscles. pectoraux. Ouvrez alors une des ar- tères, même. parmi celles qui sont les plus éloi- gnées du cœur , comme à la jambe, au pied: le sang jaillit. aussitôt écumeux, et. PRESSE une grande quantité de bulles d’air. 2 pp Si c’est du gaz hydrogène que vous avez em- ployé, vous vous assurerez qu’il a passé. en na- ture dans le sang, en approchant de ces bulles une bougie allumée qui les enflammera. Je fais ordinairement l'expérience, de cette manière-1à. Quand le sang a coulé écumeux pendant trente secondes et mème moins, la vie animale s’inter- rompt; le chien tombe avec tous les. symptômes de la mort qui succède à à l'insufation de HAS 4124 25 ration. . coeune ésh.oli pie 3: EE: D À dès. que. se sang s’est. Eco FA artère, mêlé avec des. bulles d’air . déjà. il a porté son influence funesteau cerveau, et on peut assurer que, quelque moyen qu’on emploie, la mort estinévitable. On voit qu'ici les causes qui déterminent la mort, sont, les mêmes que celles qui naissent Ge linsufflation de l'air dans une veine, ra la dit férence.est que, dans le premier cas l’a r_ passe du poumon dans le système artériel, et que daus 4, 504 M'O'RT GENE R'A LE" le second , c’est du système veineux ét à travers | le poumon; qu’il se glisse dans lés artères | - ‘Dans l’ouverture cadavérique des animabx | morts à là ‘suite de’ces expériences, on trouvé tout l’appareïl vasculaire à sang rouge , en com- mercant par l'oreillette etleventricule aortiques, plein de bulles d’air plus où ‘moins importantes. Dans quelques’circonstänces lé sang passe aussi en cet état par le système capillaire général, et tout l'appareil vasculaire à sang noir est égale- mênt rempli d’un fluidé écumetix. D’autres fois les capillaires de tout le corps sont le terme où s’arrête l'air mêlé au sahig, et alors, quoique la circulation aît éncore continué quelque temps après l'interruption de la vie animale : , Cépen- dant-le sang noir ne présente pas la Hihdre bulle AéTIENnE ; haie 425 le rouge en est sur- chargé. FOR ID J'IOLT di D ‘Je Wa piité otetiel ‘dans ces ctpéibies) » qui ont été très-souvent répétées p que” les /brou- _ ‘ches’'aïent éprouvé H'iréiudre déchirure: ‘cepen- dantj’avoue qu’il est difficile de s’en assuréfd ris leurs dérnières rämifications ;Stu lement voici un phénomène qui peut jeter déè jôur &ur ‘éet ubjétl'tonrés les Fois oh pote Päir'avec tin trop érande ipétubsité danse poumon’, 6n pro- duit, outre le passage de ce fluide dans le sang, son. Saflfratioh hé 1e" Hsh ef ré GE se probabé dé pioène en proche et détertiiné par 1 Pémphysèmé de 14 poitrine, du cou ;etéMais 8 Pimpüls ion est HUE: l ques élseülemeht la Quantité d'air soit’ égientée a au-delà dé Ta me. PAR CEÉLLE DU ‘POUMON. 509 sure d’une grande inspiration, il n’y a que le pas- sage de Pair en nature dans le sang , et: re Jinfiltration cellulaire. (1) € (1) Ce fait > plusieurs fois constaté dans mes s expériences * n’est pas toujours le même chez l’homme. Souvent on voit des emphysèmes produits par des efforts violens de la res- piration , efforts qui ont poussé dans l’organe cellulaire Pair contenu dans le poumon. Or , 8ï le passage de l’air dans le sang précédoit ou même accompagnoit toujours son intro- duction' dans les cellules voisines’ des bronches, tous ces emphysèmes serdient nécessairement mortels, ét même d’une manière subite, puisque, ‘d’après ce qui a été dit plus haut , le contact de QE sur le cerveau où le porte la cir- cost ) interrompt inévitablement les fonctions de cet organe, Cependant on observe que rest les emphysèmes ,) OU: se guérissent, ou n’occasionnent la mort qu'après un temps assez long. Jai vu à l'Hôtel-Dieu une fumeur aérienne se développer. subitement sous laisselle, pendant que Desault réduisoit une ancienne luxation , par les efforts violens du malade pour retenir sa Dion. Au bout de quelques jours, cette tumeur disparut sans avoir nullement incom- modé. On trouve dans les Mémoires de l’Académie de Chi- rurgie, dans les traités d'opérations, etc. divers exemples d’emphysèmes produits par les vives agitations du thorax , à la suite de l'introduction d’un corps étranger dans la tra- chée-artère * emphysèmes avec lesquels les malades ont vécu plusieurs jours, et auxquels même ils ont échappé. Il est donc hors de doute que souvent chez l’homme l'air passe du poumon dans le tissu cellulaire, sans pénétrer dans le système artériel, Mes expériences faites sur les ani- maux n’ont point été exactement analogues à ce qui arrive dans l'introduction d’un Corps étranger , où une partie de l'air entre et sort encore: Il est donc probable que d’une. . V 506 MORT GÉNÉRALE Les expériences dont je viens de donner le dé- tail, présentent des phénomènes qui se passent dan bu état différent de Pinspiration ordinaire: je sens bien par conséquent qu’on: ne peut en à à cause exactement semblable, pourroit naître aussi le même effet chez les animaux. Réciproquement le passage de l’air dans les vaisseaux sanguins arrive quelquefois chez l’homme, sans que l’in- . filtration de l’organe cellulaire ait lieu ; alors la mort est subite. Un pêcheur sujet à des coliques venteuses, en est affecté tout-à-coup dans sa barque ; le ventre se Ai d la respira- tion devient pénible; le malade meurt presqu’à l'instant. Morgagni l’ouvre le lendemain, et trouve ses vaisseaux remplis d’air. Pechelin dit avoir vu également périr un homme subitement dans Îes angoisses d’une respiration pré- cipitée ,etavoir trouvé ensuite beaucoup d’air dans le cœur et dans les gros Vaisseaux. Jai déjà eu occasion de disséquer plusieurs cadavres dont la mort avoit été précédée d’une congéstion sanguine dans le syslème capillaire extérieur dé la fâce, du cou, et même de la poitrine. Ce système présentoit an engorge- ment et une lividité remarquables dans toutes ces parties; et j'ai trouvé en ouvrant les artères ét les veines, dans TT du cou et de la tête spécialement, un sang écumeux et mélé de beaucoup de bulles d’air. J’ai appris que l’un de -ces sujets avoit péri subitement dans une affection convul- sive des muscles pectoraux ; je n’ai pu avoir de renseigne- mens sur les autres. Aû reste, tous ceux qui ont quelqu’ha- bitude des amphithéâtres, doivent avoir observé ces sortes de cadavres qui se putréfient très-promptement et avec une odeur insupportable, Ils ont remarqué aussi que lair dans Les vaisseaux a préexisté à la putréfaction. Je soupçonne que dans tous ces cas la mort a été pro- duite par le passage subit de l'air du poumon dans le sang \ PAR CELLE DU POUMON. Soy tirer uue rigoureuse induction pour le passage des substances délétères dans la masse du sang ; mais cependant je crois qu’elles en confirment beaucoup la possibilité, qui d’ailleurs est dé- montrée par plasieris* des remarques are dentes. D’après tout ce qui a été dit ci-dessus, je ne pense pas qu’on puisse refuser d'admettre ce pas- sage. En effet, 1°. nous avons vu que la seule transmission du sang noir dans les artères ne suffisoit pas pour rendre raison d’une foule de phénomènes infiniment variés que présentent les diverses asphixies ; 2°. que le simple contact, sur les nerfs pulmonaires , des substances délétères qui forment certaines vapeurs méphitiques ne pouvoit produire une mort aussi rapide que celle observée quelquefois dans ces accidens ; 3°. que nous étions conduits conséquemment à soup- À. qui l’a ensuite porté au cerveau ; à peu près comme j'ai dit qu’elle survient , lorsque dans un animal vivant on pousse beaucoup d'air vers le poumon , et qu’on fait ainsi passer ce fluide dans le système vasculaire. En rapprochant ces phénomènes des considérations pré- sentées plus haut sur la mort par l'injection de l’air dans les veines , on sera, je crois, fort porté à admettre l'opinion que RER P ER ;.et qi ailléurs a été celle de plusieurs méde- cins. On a déjà fait sur le cadavre divers essais relatifs à ce point. Morgagnien présente le détail; mais c’est sur l’indi- vidu vivant que l’on doit observer le passage de Pair dans le sang, pour en déduire des conséquences sur l’objet qui nous occupe. On sait en elfet quelle cst l'influence de la mort sur la perméabilité des parties, V 3 p 308 MORT GÉNÉRALE conner , d’après le défaut d’autres causes, celle du passage de ces substances délétères dans le sang ; 4°, qu’une foule de considérations éta- blissoit positivement ce! passage qui se trouve ainsi prouvé, et par vole indirecte, et par voie directe. | Ce principe étant une fois établi, voyons quelles conséquences en résultent. La première‘ de ces conséquences est le mode d’action qu’exer- cent les substances délétères sur les divers or- ganes où les porte le torrent de la circulation. Rechercher le mécanisme précis de cette ac tion, ce seroit quitter la voie de l’expérience pour entrer dans celle des conjectures. Je ne m’en oc- cuperai pas plus que je me suis occupé à trouver comment le sang noir agit précisément sur les or- ganes dont il interrompt l’action. Je me bortie donc à examiner sur quel système se porte principalement l’influence des substances délétères mêlées avec le sang dans diverses espèces d’asphixies. Or tout nous annonce, 1°. que c’est en général sur le système nerveux, sur celui sur- tout qui préside aux parties de la vieanimale s Car les fonctions organiques nesont troublées que con- sécutivement; 2°. que dans le système nerveux animal, c’est le cerveau qui se trouve spéciale- ment affecté ; 3°, que sous ce rapport le C, Pinel a eu raison de classer parmi les névroses diffé- rentes asphixies, celles , surtout, dans lesquelles il y a, outre le contact du sang noir, la présence d’un délétère. Voici différentes considérations es 5 Ce M De Te EE P EEE NE RQ CR gare PAR CELLE DU POUMON. 309 qui me paroissent laisser peu de doutes sur cet pe %. Dans toutes les asphixies où l’ou ne peut réveil en doute la présence d’un délétère, comme par exemple dans celles produites par le plomb, les symptômes se rapportent presque tou- jours à deux phénomènes généraux et opposés; savoir, au spasme , à celui surtout des muscles à mouvement volontaire , ou à une torpeur , à un engourdissement agalogries aux affections so- poreuses. Deux ouvriers sortent d’une fosse d’ai- sance de la rue Saint-André-des-Ares, frappés des vapeurs du plomb: lun s’assied sur hé biique: s’endort et tombe asphixié ; l’autre s’enfuit en sautant convulsivement jusqu'à la rue du Bat- - toir, et tombe également asphixié. Le sieur Ver- ville s'approche d’un ouvrier tué par le plomb ; il respire l’air qui s’exhale de sa bouche : soudain il est renversé sans connoïssance , et bientôt il est pris de fortes convulsions. La vapeur duéhar- bon enivre souvent, comme on le dit. J’ai vu périr les animaux asphixiés par d’autres gaz avec une roideur des membres , qui indique le plus violent spasme.. Le centre de tous ces symp- tômes , l’organe spécialement affecté dont ils émanent, est sans contredit le cerveau. fl arrive alors ce qui survient quand on met cet organe à découvert, et qu’on lirrite ou qu’on le comprime d’une manière quelconque : lirritation ou la compression donnent lieu tantôt à Passoupisse- ment, tantôt aux convulsions, suivant leurs de- grés, et quelquefois suivant la disposition du 510 MORT GÉNÉRALE sujef, Ici 11 n’y a point de compression, maïs lirritant est le délétère apporté au cerveau par la circulation. 2°, La vie animale est toujours ubitmetit interrompue avant organique, dans les cas où Pasphixie a été telle qu’on ne peut soupconner le contact du sang noir de lavoir seul produite. Or le centre de cette vie est le cerveau ; c’est lui auquel se rapportent les sensations et d’où par- tent les volitions. Tout doit donc être anéanti dans les phénomènes de nos rapports avec les êtres voisins, lorsque l’action cérébrale a cessé. 3”. J’ai prouvé que lorsque le sang noir tue seul Panimal , le cerveau se trouve d’abord spé- cialement affecté par son contact. Pourquoi les substances délétères qui, dans l’asphixie, sont apportées comme le sang par les artères cépha- liques, n’agiroient-elles pas de la même manière sur la pulpe cérébrale ? 4% J'ai poussé par la carotide différens gaz délétères , Phydrogène sulfuré, par exemple; j'ai fait parvenir au cerveau quelques-unes des substances connues qui vicient la nature de ces gaz, en les mêlant avec des liquides; et toujours Panimal a péri asphixié, soit avec les symptômes de spasme, soit avec ceux de torpeur indiqués plus haut. En général, rien de plus semblable aux asphixies des différens gaz délétères , que la mort déterminée par les substances nuisibles, quelle que soit leur nature, qu’on introduit arti- ficiellement dans la carotide pour les faire par- venir au cerveau. J’ai exposé dans un des articles PAR CELLE DU POUMON. 5ai précédens plusieurs expériences relatives à cet objet, | 5°. Tousles accidens qu’entraînent après elles ces sortes d’asphixies, lorsque ie malade revient à la vie, supposent une lésion, un trouble dans le système nerveux, dans celui surtout dont le: cerveau est le centre. Ce sont des paralysies, des tremblemens , des douleurs vagues, des dérangemens dans Pappareil sensitif exté- rieur , etc. etc. Conchions: des considérations prÉbé nées; que c’est sur le cerveau, sur le système nerveux: cérébral, et par conséquent sur tous les organes de la vie animale qui en sont dépendans, que les principes délétères introduits dans la grande: circulation par les asphixies, portent leur pre- mière et leur principale influence ,. et que c’est de la mort de ces parties. que dérive spéciale ment celle des autres. Les divers organes sont sans doute aussi frappés et aHoiblis directement: dans. ce cas ; 1ls peuvent même mourir par le contact immédiat des principes qui y abor- dent avec le sang ; et sous ce rapport, leur ac- tion est analogue à celle que nous avons dit être produite par le contact du sang noir. Mais tous. ces phénomènes sont constamment bien plus. marqués dans la vie animale que dans l’orga- nique, où ils se développent sans doute eomme nous avons dit que cela àrrive par le contact du sang noir. Au reste, n’oublions jamais d'associer dans la cause de ces sortes de mort, l’influence de ce 312 MORT GÉNÉRALE sang noir à celle des délétères, qnoique nous ayons fait ici abstraction de cette influence. Elle est d'autant plus marquée, que la circulation a continué plus long-temps après la première in- vasion des symptômes, parce que le sang noir a eu plus le temps de pénétrer les organes. D’après ce que nons avons dit de Pintroduc- tion des délétères dans le sang, et de leur ac- tion sur les diverses parties , on se fera aisément, je pense, une idée de toutes les différences indi- quées plus haut dans les asphixies qu’ils produi- sent. La nature infiniment variée de ces délé- tères, doit produire en effet des symptômes très-différens par leur intensité, par leur rapi- dité , par les traces qu’ils laissent , et dans la vie des organes de celui qui échappe à l’asphixie, et dans les cadavres de ceux qui y succombent. Au reste, ces différences tiennent beaucoup aussi à la disposition du sujet : le même délétère peut, comme je lai dit, produire, suivant cette disposition, des effets très-divers, et quelquefois opposés en apparence. 6 IT. Dans le plus grand nombre des malaties, la mort commence par le poumon. Je viens de parler des morts subites; disons un mot de celles qui succèdent lentement aux diverses maladies. Pour peu qu’on ait observé d’agonies, on s’est, je crois , facilement persuadé que le plus grand nombre termine la vie par une affection du poumon. Quel que soit le siége de LP es mai PAR CELLE DU POUMON. 313 ja maladie principale , que ce soit un vice orga- nique, ou une lésion générale des fonctions, telle qu’une fièvre ; etc. presque toujours dans les derniers instans de l’existence , le poumon s’embarrasse ; la respiration devient pénible ; Pair sort et entre avec peine ; la coloration du sang ne se fait que très-difhicilement ; il passe presque noir dans les artères. Les organes déjà affoiblis généralement par la maladie, recoivent bien plus facilement alors influence funeste du contact de ce sang, que dans les asphixies, où ces organes soht intacts. La perte des sensations et des fonctions intellec- tuelles, bientôt celle des mouvemens volontaires, succèdent à Pembarras du poumon. L’homme na plus de rapport avec ce qui Pentoure ; toute sa vie animale s’interrompt , parce que le cer- veau pénétré par le sang noir , cesse ses fonctions qui, comme on sait, président à cette vie. | Peu à peu le cœur et tous les organes de la vie interne se pénétrant de ce sang, finissent aussi leurs mouvemens. C’est donc ici le sang noir qui arrête tout-à-fait le mouvement vital que la ma- ladie a déjà singuliérement affoibli. En général, il est très-rare que cet affoiblissement né de la maladie , amène la mort d’une manière immé- diate ; il la prépare ; il rend les organes entière- mentsusceptibles d’être influencés par la moindre altération du sang rouge. Mais c’est presque tou- jours cette altération qui finit la vie. La cause de la maladie n’est alors qu’une cause indirecte de la mort générale ; elle détermine celle du 514 MORT GÉNÉRALE poumon , laquelle entraîne ensuite celle de tous les organes. | On concoit très-bien , d’après cela, comment le peu de sang contenu dans le système artériel des cadavres est presque toujours noir , ainsi que nous Pavons déjà dit. En effet, re. le plus grand nombre de morts commence par le poumon ; 2°. nous verrons que celles qui ont leur principe dans le cerveau, doivent présenter aussi ce phé- nomène, Donc il n’y a que celles , assez rares, où le cœur cesse subitement d’agir , à la suite des- quelles le sang rouge peut se trouver dans l’oreil- lette et le ventricule aortiques, ou dans les ar- tères. En général on ne fait guère une semblable: observation que dans. le cœur des animaux qui ont péri subitement d’une grande hémorragie , dans celui des guillotinés, etc. quelquefois dans: les cadavres de ceux qui ont fini par une syncope, circonstance où cependant cela n’arrive pas tou- jours. D’après la fréquence des morts qui commen- cent par un embarras de poumon, on concoit aussi comment cet organe se trouve presque tou- jours gorgé de sang dans les cadavres. En géné- ral, il est d'autant plus gros, plus pesant , que Pagonie a été plus longue. | Quand ces deux choses, 1°. la présence dusang noir dans le système vasculaire à sang rouge, 27, l’engorgement du poumon par ce sang noir , se trouvent réunies , on peut dire que la mort a commencé chez le sujet par le poumon, quelle quait été d’ailleurs sa maladie. En effet, la PS —- PAR CELLE DU POUMON. 515 mort n’enchaîne jamais ses phénomènes immé- diats (je ne parle pas des phénomènes éloignés ) que de Pun des trois organes, pulmonaire , cé- phalique ou cardiaque, à tous les autres. Or nous avonsdéja vu, d’un côté, que si elle a son principe dans le cœur, il y a vacuité presque entière des vaisseaux pulmonaires, et ordinairement pré- sence du sang rouge dans le ventricule aortique ; d’un autre côté nous verrons que si la mort frappe d’abord le cerveau, on observe , il est vrai, du sang noir dans l’appareil à sang rouge, mais aussi nécessairement le poumon se frouve alors vide, à moins qu’une affection antécédente et étrangère aux phénomènes de la mort ne Pait engorgé. Donc le signe que j’indique ici, dénote que les premiers phénomènes de la mort se sont d’abord développés dans le poumon. ARTICLE DIXIEME. De l'influence que la mort du cerveau exerce sur celle du poumon. Dis que le cerveau de l’homme cesse d'agir, À le poumon interrompt subitement toutes ses fonctions. Ce phénomène , constamment ob- servé dans les animaux à sang rouge ” Chaud, ne peut arriver que de deux manières ; °. parce que action du cerveau est « directement néces- saire à celle du poumon ; 2°, parce que celui-ci 316 . DE LA MORT DU POoUuMON reçoit du premier une influence indirecte par les muscles intercostaux et par le diaphragme , in- fluence qui cesse lorsque la masse céphalique est inactive. Déterminons lequel de ces deux modes est celui qu’a fixé la nature. $ L Déterminer si c’est directement que le poumon cesse d'agir par la mort du cerveau. J’aurai prouvé, je crois, que ce n’est point directement que la mort du cerveau entraîne celle du poumon, si j’établis qu’il n’y a aucune iufluence directe exercée par le premier sur le second de ces organes; or rien de plus facile à démontrer par les expériences, que ce principe essentiel. Le cerveau ne peut influencer directement le poumon que par la paire vague ou par le grand sympathique, seuls nerfs qui établissent des communications entre ces deux organes, suivant l'opinion commune ; car suivant les lois de la nature, le grand sympathique n’est qu’un agent de communication entre les organes et les gan- glions, et non entre le cerveau et les organes. Or, premièrement la paire vague ne porte point au poumon une influence actuellement néces- saire aux fonctions qui s y exercent: les considé- rations et les expériences suivantes prouveront , je crois, cette assertion. 1°, Irritez la paire vague d’un seul côté ou des deux à la fois, dans la région du cou : la respi- ration se précipite d’abord ur peu ; lanimal PAR CELLE DU CERVEAU. 517 s’agite ; le poumon semble gêné. Vous croiriez _ d’abord que ces phénomènes indiquent une in- - fluence directe; détrompez-vous : toute espèce de douleur subite produit presque constamment, quels que soient et son siége et les parties qu’elle intéresse, un semblable phénomène qui, du reste, se dissipe dès que Pirritation cesse, Une simple plaie au con, sans lésion de la huitième paire, occasionne le même effet, si elle fait beaucoup souffrir Panimal. 2°, Si on coupe un seul de ces nerfs , la res- piration s’embarrasse aussi tout-à-coup par Pef- fet de la douleur ; maïs l’embarras dure encore quelque temps après que la cause de la douleur a cessé; peu à peu il se dissipe, et au bout de quinze ou vingt heures, la vie enchaîne ses phé- nomènes avec leur régularité ordinaire. | 3°. Si on divise, sur un autre chien, les deux nerfs vagues, la respiration se précipite beaucou plus; elle ne revient point à son degré ordinaire comme dans l’expérience précédente ; elle con- tinue à être laborieuse pendant quatre ou cinq jours, et l’animal périt. Il résulte de ces deux dernières expériences , que le nerf de la huitième paire est bien néces- saire, il est vrai, aux fonctions pulmonaires, que le cerveau exerce bien par conséquent une espèce d'influence sur ces fonctions, mais que cette influence n’est point actuelle , que sans elle le poumon continue encore long-temps son ac- tion , et que çe n’est pas par conséquent son iri- 518 DE LA MORT DU POUMON térruption qui fait cesser tout-à-coup la res- piration , dans les lésions du cerveau. | L'influence des nerfs que lé poumon recoit des ganglions est-elle plus immédiatement liée à ses fonctions? Les faits suivans décideront cette question. ‘ 1°. Si on coupe de l’un et Pautre côtés de cou le filet nerveux qu’on regarde commé le tronc du grand sympathique, la respiration n’est pres- que pas troublée consécutivement. Souvent on n’y aperçoit pas le moindre signe d’altération. 2°, Sion divise en même temps, et les deux sympathiques, et les deux nerfs vagues , la mort arrive au bout d’un certain temps, et d’une ma- nière à-peu-près analogue à celle où les nerfs va- gues sont seulement détruits. | 3°. En coupant, au cou, le sympathique, on ne prive pas le poumon des nerfs venant du pre- mier ganglion thorachique; or ces nerfs peuvent un peu concourir à entretenir action de cet or- gane, malgré la section de leur tronc; puisque, comme je lai dit, chaque ganglion est un centre nerveux qui envoie sesirradiations particulières, indépendamment des autres centres avec lesquels il communique, _ Jen’ai pu lever, par des expériences faites sur ces nerfs mêmes, ce doute très-raisonnable ; car telle est la position du premier ganglion thora- chique, qu’on ne peut Penlever dans les ani- maux, sans des lésions trop considérables, etqui feroïent périr l'individu , ou le jetteroient dans un trouble tel, que les phénomènes que nous PAR CELLE DU CERVEAU. 519 chercherions alors se confondr oient parmi ceux nés de ce trouble universel. Maïs l’analogie de ce qui arrive aux autres organes internes, lo rsqu’on détruit les ganglions qui y envoient des nerfs, ne permet pas de Ponses que le poumon cesseroit d'agir à Pinstant où le premier des thorachiques -seroit détruit. D'ailleurs le raisonnement suivant me paroît prouver d’une manière indubitable le principe que: j’avance. Si les grandes lésions du cerveau intérrompent tout-à-coup la respiration, parce que cetorgane ne peut plus influencer le poumoi au moyen des nerfs venant du premier ganglion thorachique, ilest évident qu’en rompantlacom- munication du cerveau avec ce ganglion, l’in- fluence doit cesser , et par conséquent la respi-- ration s’interrompre , (car l’influence ne peut s'exercer que successivement, 1°, du cerveau à la moëlle épinière ; 2°. de celle-ci aux dernières paires cervicales etaux premières dorsales; 3°.de ces paires à leurs branches communicantes avec Je ganglion ; 4°. du ganglion aux branches qu’il envoie au poumon; 9°. de ces branches au pou- mon lui - même.) Or, sion coupe, comme la fait Cruikshank , la moëlle épinière au niveau de la dernière vertèbre cervicale, et par consé- quent au dessus du premier ganglion thorachi- que, la vie et la respiration continuent encore long-temps, malgré le défaut de communication entre le cerveau et le poumon, par le premier ganglion thorachique. Je n’ai point rapporté les particularités di- 320 DE LA MORT DU POUMON verses qui accompagnent la section des nerfs du poumon, lesquelles vont aussi à beaucoup d’au- tres organes, comme on le sait. Les phénomènes relatifs # la respiration n’ont seuls occupé : on trouvera les autres dans les auteurs qui ont faït avant moi, et sous un rapport différent, ces ex- _périences cu rieuses. | Nous pouvons conclure ; je: crois, de toutes les expériences précédentes , que le cerveau n’a sur le poumon aucune influence directe et ac- tuelle ; que par conséquentil faut chercher d’au- tres causes de la cessation subite et instantanée du second, lorsque celles du premier PRORE- rompent. | 7 Il est cependant un phénomène qui eu jeter quelques doutes sur cette conséquence, et qui. semble porter atteinte au principe qu’elle éta- blit. Je veux parler du trouble subit qu’occa- sionne, comme Je l’ai dit, toute douleurun peu vive dans la respiration et dans la circulation. Ce trouble n’indique-t-il pas que le cœur ‘et le oumon sont sous l’immédiate dépendance du cerveau ! Plusieurs auteurs lont pensé, fondés sur le raisonnement suivant : toute sensation de douleur ou de plaisir se rapporte certainement au cerveau, Comme au centre qui perçoit cette sensation. Or si toute douleur violente précipite la circulation et la respiration , il est manifeste que c’est le cerveau affecté qui réagit alors sur le poumon et sur le cœur, et trouble ainsi leurs fonctions. Mais ce raisonnement est, comme on va le voir, plus spécieux que solide. PAR CELLE DU CERVEAU. 5oL Toute douleur un peu forte, produite, ‘soit dans homme, soit dans les animaux, est pres- que toujours accompagnée d’une émotion vive , d’une affection du principe sensitif, et non du principe ætellectuel. Tantôtc’est la crainte, tan- tôt c’estla fureur qui agitent l’animal souffrant ; quelquefois ce sont d’autres sentimens que nous ne pouvons: exactement dénommer, que nous éprouvons, mais que nous ne saurions rendre , et qui rentrent tous dans la classe des passions. D’après cela, 1l y a dansle plus grand nombre de douleurs, 1°. sensation ; 2°. passion, émo- tion, affection (1). Or j'ai prouvé que toute sen- sation se rapporte à la vie animale, et spécia- lement au cerveau, centre de cette vie; que toute passion, toute émotion au contraire , a rap- port àla vie organique, au poumon, au Cœ@ur , etc. Donc, quoique dans toute douleur ce soit le cervéau qui percoive la sensation, quoique ce soit dans cet organe que se trouve le principe qui souffre, cependant il ne réagit point sur les vis- cères internes. Donc le trouble qui aftecte alors et la respiration et la circulation, ne dépend point de cette réaction, maïs de Pinfluence 1 int- 7 7 (1) Ces mots passion, émotion, affection , étc: pré- sentent , je le sais, des différences très -réelles dans la langue des métaphysiciens ; mais comme l'effet général des sentimens qu’ils expriment est fomonrs le même sur la vie organique , comme cet effet gensrel m'intéresse seul, et que les phénomènes secondaires m’importent peu , HA indifféremment ces mots les uns pour Les autres. X B22 DE LA MORT DU POUMON médiate qu’exercent les passions qui agitent alors l'animal , sur son cœur ou sur son poumon. Les considérations suivantes me paroïssent d’ailleurs justifier ces conséquences Fume manière déci- sive. 1°, Souvent le trouble de “ rispitatis et de la ni préexiste à la douleur; examinez le thorax, et placez la main sur le cœur d’un homme auquel on va pratiquer une opération, d’un animal qu’on va soumettre à une expérience après qu ’il en a déjà éprouvé d’autres : vous vous convaincrez facilement de cette vérité. : 2°, 11 y a quelquefois une disproportion évi- denteentre la sensation de douleur qu’onéprouve, et le trouble né dans la circulation et dans la res- piration. Un malade mourut subitement après la section du prépuce. L’opération de la fistule à l'anus par la ligature fut également presque tout- à-coup mortelle pour un autre qu’opéroit De- sault, etc, etc. Or, dans ces cas, ce n’est pas surement la douleur qui a tué ( je ne crois pas qu’elle tue Jamais d’une manière subite) ; mais la mort est arrivée comme elle survient à la nou- velle d’un événement qui frap pe l’homme d’effrot, qui Pagite de fureur, comme j'ai dit que la syn- cope se manifeste, etc. Ce sont le cœur et le pou- mon qui ont été directement affectés par la pas- sion, et non par la réaction cérébrale, 3°. Il est des malades assez Conrageux pour supporter de vives douleurs avec OM Ph et Sans qu'aucune passion, sans qu'aucune émo= : tion se mamifestent : eh bien! examinez la poi= RS Se SO , r PLAN va + r= LA SR PAR CELLE DU CERVEAU. 5323 trine , placez la maïnsur le cœur de ces malades, à l’instant de leurs soufirances : vous ne trou. verez aucune altération dans leur circulation, ni dans leur respiration. Cependant leur cerveau percoit la douleur comme celui des autres; cet organe devroit conséquemment réagir également sur les organes internes, et troubler leur action. 4°. Cen’est pas par les cris ou par le silence des malades qu’il faut juger de état de leur ame pendant les opérations qu’ils subissent. Ce signe est trompeur , parce que la volonté peut chez eux maîtriser assez les mouvemens, pour les empêcher de céder à Pimpulsion que léur don- nent les organes internes : mais examinez le cœur et le poumon ; leurs fonctions sont, si je puis m’exprimer ainsi, le thermomètre: dés af- fections de l’ame. Ce n’est pas sans raison que l'acteur qui joue un rôle de courage , saisit la maiu de celui qu’il veut rassurer, et la place sur son cœur, pour lui prouver que Paspect du danger ou de la douleur ne l’intimide pas. C’est par la même raison qu’il ne faut point juger VPétat intérieur de ame par les mouvemens ex- térieurs des passions. Ces mouvemens peuvent être également réels ou simulés ; réels, si c’est le cœur qui en est le principe; simulés; s’ils ne partent que, du cerveau; car dans le premier cas ils sont involontaires , dans le second ils dé- pendent de la volonté, Examinez donc toujours dans les personnes chez qui la fureur, la dou- leur , le chagrin se manifestent, si l’état du pouls correspond aux mouvemens externes. Quand je X 2 Li 324. DE LA MORT DU POUMON: vois une femme pleurer, s’agiter, être prise de mouvemens convulsifs , à la nouvelle de la perte d’un objet chéri, et que je trouve son pouls dans son état, naturel, je fais ce raisonnement : La vie animale est ici seule agitée ; l’organique est calme, Or les passions, les émotions portent tou- jours leur influence sur la dernière ; donc Pémo- tion de cette femme n’est pas vive; donc ses mouvemens sont simulés. Au contraire ; j’en vois une autre dont le chagrin concentré ne se ma- nifeste par aucun signe extérieur; cependant son cœur bat avec force, ou s’est tout-àä-coup ra- lenti, ou a éprouvé, en un mot, un trouble quelconque. Je dis alors que cette femme si- mule un calme qui n’est pas dans son ame. Il n’y auroit pas d’équivoque s’il étoit possible de distinguer les mouvemens involontaires produits, dans les passions, par l’action du cœur sur le cerveau, et ensuite par la réaction de celui-ci sur les muscles ; d'avec les mouvemens volon- taires déterminés par la simple action dû cerveau sur Le système locomoteur de la vie animale. Mais dans Pimpossibilité de faire cette distinction, il faut toujours comparer les mouvemens externes avec l’état des organes intérieurs. 59. Quelque vives que soient les douleurs dans lesquelles survient le trouble de la respiration et.de la circulation dont nous avons parlé, ce trouble cesse bientôt, pour peu que les douleurs soient. permanentes. Cependant le cerveau qui - Un de ceux de la vie animale, et d’éta- blir ainsi un parallèle entr’eux. 22 542 DE LA MORT DU CŒUR, D'ailleurs , en.supposant que les phénomènes galvaniqu es eussent.sur ces deux espèces de mus- cles une égale influence , que prouverait ce fait ? rien autre, chose, ‘sinon que ces phénomènes suivent dans leur succession, des lois tout oppo- sées à celles des phénomènes de l’irritation ordi- naire des nerfset.des muscles auxquels ces nerfs correspondent. Voilà , je crois, un nombre assez considérable de preuves tirées , soit de observation des nra- ladies, soit des expériences, pour répondre à la question proposée dans ce paragraphe, et assurer que le cerveau n’exerce sur le cœur aucune in- fluence directe; que par conséquent lorsque le premier cesse d'agir, c’est indirectement que le second interrompt ses fonctions. $ IT. Déterminer si, dans les lésions du cer- veau , la mort du cœur est causée par celle d’un organe intermédiaire. Puisque la cessation des fonctions du cœur n’est point directe dans les grandes lésions du cerveau, et que cependant cette cessation arrive alors nent. il faut bien qu’il y ait un or- gane intermédiaire , dont. l’interruption d’action en soit la cause prochaine. Or cet organe, c’est le poumon. Voici donc quel est, dans la mort du cœur déterminée par celle du cerveau, l’enchaî- nement des phénomènes. 1°. Interruption de lVaction cérébrale; 2°. anéantissement de l’action de tous les muscles de UE TL TS En "20 LS PAR CELLE DU CERVEAU. 345 la vie animale, des intercostaux et du diaphragme par conséquent ; 3°. cessation consécutive des phénomènes mécaniques de la respiration ; 4°. suspension des phénomènes chimiques , et conséquemment de la coloration du sang ; 5°, pé= nétration du sang noir dans les fibres du cœur ; 6.ailoiblissement et cessation d’action de ces fibres. | La mort qui succède aux re graves du cerveau, a donc beaucoup d’analogie avec celle des différentes asphixies ; elle est seulement plus prompte, par les raisons que j’indiquerai. Les expériences suivantes prouvent évidemment que les phénomènes de cette mort s’enchaïnent de la manière que je viens d’indiquer. | 1°. J'ai constamment trouvé du sang noir dans le système à sang rouge de tous les ani- maux tués par la commotion, la compression cé- rébrales , etc. ; leur cœur est livide , et toutes les surfaces sont colorées à peu près comme dans Pasphixie. 2°. J'ai ouvert sur un dièn artère carotide : aussitôt du sang rouge s’est écoulé; Partère a été liée ensuite, et j’ai assommé l’animal en lut portant un coup violent derrière l’occipital. A Pinstant la vie animale a été anéantie; tout mou- vement volontaire a cessé ; les fonctions méca- niques , et, par une suite nécessaire, les fonc- ‘tions chimiques du poumon se sont trouvées ar- rêtées. L’artère, déliée alors, a versé du sang noir par un jet plus foible qu’à l’ordinaire; ce jet a diminué, s’est ensuite interrompu, et le sang, C2 544 DE LA MORT DU CŒGUR a coulé, comme on le dit, en bavant. Enfin le mouvement du cœur a fi au bout de quelques mi nie Se J’ai toujours obtenu un nt résultat en ouvrant une artère sur différens animaux que je faisois périr ensuite, soit par une section de la moëlle entre la pfemière vertèbre et loccipital, soit par une forte compression exercée sur le cer- veau préliminairement mis à nu, soit par la des- traction de ce viscère , etc. C’est encore ainsi que meurent les animaux par la carotide des- quels on pousse au cerveau des substances délé- tères. 4°. Les expériences précédentes expliquent la noirceur du sang qui s’écoule de l’artère ouverte des animaux qu’on saigne dans nos boucheries , | après les avoir assommés, Sile coup porté sur la tête a été très-violent , le sang sort presque tel qu’il étoit dans les veines. S'il a été moins fort et que Paction du diaphragme et des intercos- taux n’ait été qu’affoiblie , au lieu d’avoir subi- tement cessé, la rougeur du sang n’est qu’obs- curcie, etc. En général, il y a un rapport cons- tant entre les degrés divers de cette couleur, et la force du coup. On se sert pour lusage de nos tables, du sang des animaux. Sans doute que le noir et le rouge diffèrent; que l’un des deux seroit préférable dans certains cas. Or on pourroit à volonté avoir Pun ou Pautre, en saignant les animaux après ou avant de les avoir assommés, parce que, dans le premier cas, la respiration a cessé avant f’hémor- PAR CELLE DU CERVEAU. 545 ragie, et que, dans le second, elle continue pen- dant que le sang coule. En général, Pétat de la respiration qui est al- téré par un grand nombre de causes pendant les grandes hémorragies, fait singulièrement varier la couleur du sang qui sort des artères : voilà pourquoi dans les grandes opérations, dans l’am- putation , dans le cancer, le sarcocèle, etc. on trouve tant de nuances au sang artériel. On sait qu’il sort quelquefois très-rouge au commence- ment, et très-brun à la fin de l’optration. Exa- minez la poitrine pendant ces variétés ; vous ver- rez constamment la respiration se faire exacte- ment lorsqu'il est coloré en rouge, être au con traire embarrassée quand sa couleur s’obscurcit. En servant d'aide à Desault pendant ses opé- rations , Jai eu occasion d’observer plusieurs fois, et ces variétés, et leur rapportavec la res- pirapion, Ce rapport m’avoit frappé avant même que) ’en connusse [a raison. Je l’ai constaté de- puis par un très-grand nombre d’expériences sur les animaux. Je lai vérifié et fait observer dans l'extirpation d’une tumeur cancéreuse des lèvres, que je pratiquai Pan passé. En général, il est rare que le sang artériel sorte aussi noir que celui des veines, dans les Opérations ; sa couleur devient seulement plus ou moins foncée, Je n’ai jamais trouvé, dans mes expériences, de rapport entre le brun obscur de cette espèce de sang , et la compression exercée au dessus de l'artère , comme quelques-uns Pont assuré. Il en 546 DE LA MORT DU CŒUR existe bien un entre la couleur et Pimpétuosité du jet qui s’affoiblit en général lorsque cette cou- leur a été foncée pendant quelques instans. Mais c’est dans la respiration qu'est le principe de ce rapport, qu’on expliquera facilement d’après ce que j’ai dit en différens endroits de cet ouvrage. Revenons au point de doctrine qui nous occupe ; et dont nous nous étions écartés. Je crois que d’après toutes les considérations et les expériences contenues dans cet article, la manière dont le cœur cesse d’agir par l’interrup- tion des fonctions cérébrales, ne peut plus être révoquée en doute, et que nous pouvons ré- sondre d’une manière positive la question pro- posée plus haut, en assurant que, dans cette cir- constance , le poumon est l’organe intermédiaire dont la mort entraîne celle du cœur , laquelle ne pourroit alors arriver directement, Il y a donc cette différence entre la mort du cœur par celle du cerveau, et la mort du cer- veau par celle du cœur, que dans le premier cas, la mort de l’un n’est qu’une cause indirecte de celle de l’autre; que dans le second cas, au contraire, cette cause agit directement, comme nous l’avons vu plus haut. Si quelques hommes ont jamais pu suspendre volontairement les bat- temens de leur cœur , cela ne prouve pas, comme le disoient les disciples de Sthal , l’influence de l'ame sur les mouvemens de la vie organique, mais seulement sur les phénomènes mécaniques de la respiration , qui dans ce cas ont dû être , PAR CELLE DU CERVEAU. 57 - ainsi que les phénomènes chimiques , prélimi- nairement arrêtés. Dans les animaux à sang rouge et froid, dans les reptiles en particulier, la mort du cœur nesuc- cède pas aussi promptement à celle du cerveau que dans les animaux à sang rouge et chaud. La circulation continue encore très-long-temps dans les grenouilles, dans les salamandres, etc. après que lon a enlevé leur masse céphalique. Je n’en suis assuré par de fréquentes expériences. On concevra facilement ce phénomène , Sion se rappelle que la respiration peut être long- temps suspendue chez les animaux, sans que pour cela le cœur arrête ses mouvemens, comme d’ailleurs on peut s’en assurer en les forçant de séjourner sous l’eau plus que de coutume. En eflet, comme d’après ce que nous avons dit , le cœur ne finit son action, lorsque celle du cerveau est interrompue, que parce qu’alors le poumon meurt préliminairement , il est mani- feste qu’il doit exister entre la mort violente du cerveau et celle du cœur, un intervalle à peu près égal au temps que peut durer, dans l’état naturel, la suspension de la respiration. 548 DE LA MORT DES ORGANES ARTICLE DOUZIEME. De l'influence que la mort du cerveau exerce sur celle de tous les organes. Ex rappelant ici la division des organes en deux grandes classes, savoir, en ceux de la vie animale, et en ceux de la vie organique, Pon voit d’abord que les fonctions des organes de la première classe doivent s’interrompre à l’instant même où le cerveau meurt. En effet, toutes ces fonctions ont, ou indirectement , ou directe- ment, leur siége dans cet organe. Celles qui ne. lui appartiennent que d’une manière indirecte, sont les sensations, la locomotion et la voix, fonctions que d’autres organes exécutent, il est Vrai, mais qui, ayant leur centre dans la masse céphalique, ne peuvent continuer dès qu’elle cesse d’agir. D’un autre côté, tout ce qui, dans la vie animale , dépend immédiatement du cerveau, comme l'imagination , la mémoire, le juge- ment, etc... ne peut évidemment s’exercer que quand cet organe est en activité. La grande dif- ficulté porte donc sur les fonctions de la vie organique. Recherchons comment elles finissent dans le cas qui nous occupe. PAR CELLE DU CERVEAU. 349 6 I. Déterminer si l’interruption des fonctions . organiques est un effet direct de la cessation de l’action cérébrale. L’observation et l’expérience vont nous servir ici, comme dans Particle précédent, à prouver que toutes les fonctions internes sont, de même que action du cœur , soustraites à l'empire im- médiat du cerveau, et que par conséquent leur interruption ne sauroit immédiatement dériver de la mort de cet organe. Je commence par l’ob- servation. ” 3 1°. ]l est une foule de maladies du cerveau qui, portées au premier degré , déterminent une suspension presque générale de la vie animale, qui ne laïssent ni sensations , ni mouvemens vo- lontaires, si ce n’est de foibles agitations dans les intercostaux et dans le diaphragme, agitations qui seules soutiennent alors la vie générale. Or dans cet état où l’homme a perdu la moitié de son existence, lPautre moitié que composent les fonctions organiques , continue encore souvent très-long-temps avec la même énergie. Les se. crétions, les exhalations, la nutrition, etc. s’ Opè- rent presque comme à lordinaire. Ghagns jour l’apoplexie , la: commotion , les épanchemens, l’inflammation, cérébrale, etc. etc. nous Ré ces sortes dé phénomènes. | 29. Dans le sommeil , les secrétions s'opèrént certainement , quoique Bordeu s’appuie sur l’o- pinion contraire, pour prouver l'influence des nerfs sur les glandes : la digestion se fait aussi 550 DE. LA MORT DES ORGANES parfaitement bien alors; toutes les exhalations, la sueur en particulier, augmentent souvent au-delà du degré habituel ; la nutrition con- tinue comme à l'ordinaire, et même il y a beau- coup de preuves très-solides en faveur de lopi- nion de ceux qui prétendent qu’elle augmente pendant que les animaux dornrent. Or toût le monde sait, et il résulte spécialement de ce que nous avons dit dans la première partie de cet ouvrage, que le sommeil survient parce que le cerveau affoibli par Pexercice trop soutenu de ses fonctions , est obligé de les suspendre du- rant un aéntaiil temps. Donc le relâchement des organes internes n’est pas une suite de celui du cerveau; donc l'influence qu’il exerce sur eux n'est pas directe; donc, quand il meurt, ce n’est pas immédiatement ils interrompent Jeur action. | 20. Le sommeil des animaux dormeurs fait mieux contraster encore que le sommeil ordi naire, l’interruption de la vie animale , des fone- tions cérébrales par conséquent, avec la perma- nence de la vie organique. 4°. Dans les paralysies diverses, dan celles par exemple, qui aflectent les! meribres infé- rieurs et les viscères du bassin, à la suite d’une commotion où d’une compression de la partie inférieure de la moëlle épinière, la communi- cation des parties paralysées avec le cerveau, est, où entièrement rompue;, ou au moins très- afloiblie. Elle est rompue quand toute espèce de sentiment et de mouvement a cessé ; elle n’est FAR CELLE DU CERVEAU. 55€ quafloi blie quand l’une ou Pautre propriété reste encore. Or, dans ces deux cas, la circulation gé- nérale et pelle capillaire continuent ; l’exhalation s’opère comme à l’ordinaire dans le tissu cellu- laïre et à la surface cutanée; absorption s’exerce également, puisque sans elle Phydropisie sur- viendroit ; la secrétion peut avoir lieu aussi; rien en effet de plus fréquent , dans les paralysies complètes de vessie, qu’une secrétion abon- dante d'humeur muqueuse à la surface interne de cet-organe. Quant à la nutrition, ilest évi- dent que si les diverses espèces de paralysie la diminuent un peu, jamais elles ne l’arrêtent en- tièrement. 5o, Les spasmes, les convulsions qui naissent d’une énergie contre nature dans l’action céré- brale, et qui portent d’une manière si visible Jeur ‘influence surdes fonctions externes, modi- fient très-foiblement, et souvent pas du tout les exhalations, les secrétions, la circulation, la nutrition des partiès où ils se développent. Dans ces divers phénomènes maladifs, c’est une chose bien digne de remarque , que le calme où se trouve la vie organique , comparé au trouble, au bouleversement qui agitent la vie animale danh # le membre, ou dans la partie affectée. 6°, Les fœtus acéphales ont, dans le sein de leur mère, une vie organique tout aussi active que les fœtus bien conformés ; ils sont même quelquefois en naissant, dans des proportions supérieures à l’accroissement naturel. J’ai eu occasion de m'en assurer sur deux fœtus de cette 552 DE LA MORT DES ORGANES espèce, apportés Pan passé dans mon amphi- théâtre: non-seulement leur face étoit plus dé- veloppée, comme: il arrive:toujours, parce que. le système vasculaire cérébral étant nul ; le facial s'accroît à proportion ; maïs-encore toutes les parties, celles de la génération en particulier qui, avant la naissance, semblent ordinairement être à peine ébauchées, avoient un développe- ment correspondant. Donc la nutrition, la cir- culation, etc. sont alors aussi actives qu’à l’or- dinaire, quoique Pinfluence cérébrale eaaiue di tilaimett à ces fonctions. 70. Qui ne sait que dans les animaux sans cerveau, dans ceux même où aucun à r0$ nerveux n'est apparent , comme dans les’ lypes, la circulation capillaire, Pabsorption, A nutrition, etc. s’opèrent égalément bien ? Qui ne sait que fa plupart des fonctions organiques sont communes à l’animal et au végétal ? que celui- ci vit réellement organiquement , quoique ses fonctions ne soïent influencées ni par un ‘cér= veau , ni par un système nerveux ? | | 8°. Si on médite un peu les diverses preuves que Bordeu donne de linfluence nerveuse sur + les secrétions , on verra qu'aucune rétablit po sitivement Paétion actuelle du cerveau sur éette fonction. I n’y en auroit qu’une qui seroit tran- chante:, savoir, Pinterruption subite des fluides secrétés par la section des ‘nerfs des diverses glandes. Or je ne sais qui a pu jamaïs faïre exac- tement cette section ? On parle beaucoup dune expérience de cette nature, pratiquée sur les pa PAR CELLE DU CERVEAU. 553 rotides. La disposition des nerfs de cette glande rend cet essai si visiblement impossible, que je n’ai pas même tenté de le répéter; il wy a guères que le gland-où il est praticable. J’ai donc. isolé dans un chien le cordon des vaisseaux spermatiques ; les nerfs ont été coupés sans tou- cher aux vaisseaux. Je n’ai pu juger des effets de cette expérience par rapport à la secrétion de la semence, parce que l’inflammation est.sur- venue dans le testicule où s’est ensuite formé un dépôt. Mais cette inflammation mème, ainsi que la suppuration, formées sans l'influence nerveuse du cerveau , ne supposent-elles pas la possibilité de la secrétion , indépendamment de cette in- fluence? On ne peut, dans cette expérience , isoler lParière spermatiqué du plexus qu’elle recoit du grand sympathique, tantestinextricable l’entre- lacement de ces nerfs. Mais, au reste, leur sec- tion importe assez peu, attendu qu’ils viennent des ganglions : l’essentiel est. de rompre toute communication avec le cerveau, en détruisant les filets lombaires. ie Je pourrois ajouter une foule d’autres considé- rations à celles-ci, dont plusieurs ont déjà été indiquées par d’autres aufeurs, pour prouver que les fonctions organiques ne sont nullement sous la dépendance actuelle du cerveau , que par conséquent lorsque celui-ci meurt, ce n’est point directement qu’elles cessent d’être en activité, C’est ici surtout, que la distinction de la sensi- bilitéet dela contractilité, en animales et en or ganiques, mérite, je crois, d’être attentivement 4 e 864 JE LA MORT DES ORGANES examintesÆEn effet, lPidée de sensibilité rappelle presque toujours cellé des nerfs dans notre ma- nière de voir ordinaire, et l’idée des nerfs amène celle du cerveau ; en sôrte qu’on ne sépare guère ces trois choses : cependant il n’y a réellement que dans la vie animale où l’on doit les réunir; dans la vie organique elles ne sauroïent être + sociées , au moins directement. Je ne dis point que les nerfs cérébraux n Ent pas sur la sensibilité organique une influence quelconque ; ; mais Je soutiens, d’après Pobserva- tion et Peéxpérience, que cette influénce n’est point directe, qu’elle n’est point de la natüré' de celle qu’on observe dans la sensibilité animale. Plusieurs aûteurs ont déjà très-bien vu que Popinion qui place dans les nerfs le siége exclusif et immédiat du sentiment, est sujette à une foule de difficultés ; ils ont même cherché d’autres moyens d’expliquer les phénomènes de cette grande propriété des corps vivans, Mais il en est de la question des agens, comme de celle de la _ nature de la sensibilité : nous nous y égarerons toujours, tant que le fil de Ja rigoureuse expé- rience ne nous guidera pas; or cette question ne me paroît guères susceptible de se prêter à ce moyen de certitude. Contentons-nous donc d’analyser les faits, de bien les recueillir, de les comparer entr’eux, de saisir leurs rapports généraux. L’ensemble de ces recherches forme la vraie théorie des forces vi- fales ; tout le reste n’est que conjecture. ” Outre les considérations que je viens de pre- PAR °C LLE 'DÜ CERVEAU. ,555 senter , il en est une autre qui me paroît prouver bien manifestement que les fonctions organiques ne sont point sous l’immédiate inflaëénce du cer- veau. C’est que la plupart des viscères qui servent à ces fonctions, ne recoivent point ou presque point de nerfs cérébraux , mais bien des filets provenant des ganglions. sr On observe ce fait anatomique dans le foie, le rein ; le pancréas, la rate, les intestins , etc. lc: Dans lés organes mêmé de la vie PE il y a souvent des nerfs qui servent aux fonctions externes ;et d’autres aux internes; alors les uns viennent diréctement du cerveau, és autres des ganglions. Ainsi les nerfs Rae naissant du ganglion ophtalmique, président-ils à ala dutrition etaux sécrétions de Pœil, tandis que l'optique né du cerveau , sert directement à là vision. Ainsi Pacoustique est-il dans EL pituitaire agent de Ia perception des ouest tandis que lés filets du ganglion de Mekel n’ont rapport qu'aux phéno- mènes organiques de Cette membrane, etc. ‘Or les nerfs des ganglions ne peuvent trans- mettre l’action cérébrale; car nous avons vu que le système nerveux partant de ces corps, doit être considéré comme parfaitement indépendant du système nerveux cérébral; ; que le grand sym- pathique ne tiré point son origine du cerveau, de Ja moëlle épinière ou des nerfs de la vie animale ; A que cette originé est exclusivement dans les gan- glions ; que ce nerf n’existe même point, à pro- prement parler, qu’il n’est qu’un ensemble d’au- tant de petits systèmes nerveux qu’il y a de gan- Z 2 ae) à 23206 DE LA MORT DES ORGANES glions, lesquels sont des centres particuliers de læ vie organique , analogues au grand et unique centre nerveux de la vie animale, qui estle cer- veau: ie | Je pourrois ajouter bien d’autres preuves. à celles indiquées plus haut, pour établir que le grand sympathique r’existe réellement pas , et que les communications nerveuses qu’on a prises pour lui , ne sont que des choses accessoires aux systèmes des ganglions. Voici quelques-unes de ces preuves : 1°, ces communications nerveuses ne se rencontrent point au cou des oiseaux, où, comme lobserve le C. Cuvier , on ne Mcièté entre le ganglion cervical supérieur et le premier thorachique, aucune trace du grand sympa- thique. Le ganglion cervical supérieur est donc, dans les oiseaux, ce que sont dans home lophtalmique , le ganglion de Mekel, etc. c’est- à-dire indépendant et isolé des autres petits sys- tèmes nerveux dont chacun des ganglions infé- rieurs forme un centre; cependant, malgré lab- sence de communication, les fonctions se font également bien. Cette disposition naturelle aux oiseaux s'accorde très-bien avec celle non: ordi- naire à l’homme , que j’ai quelquefois observée entre le premier ganglion lombaire et le dernier thorachique, entreles ganglions lombaires même, ainsi qu'entre Jes sacrés. 2°, Souvent il n’y a point de ganglion à l’endroit où le prétendu nerf sympathique communique avec la moëlle épi- nière. Cela est manifeste au cou de l’homme, dans Pabdomen des poissons, etc. etc. Cette dis- 2 ss dd D et de 0. PAR CELLE DU CERVEAU. 557 position prouve-t-elle que l’origine du sympa- thique est dans la moëlle épinière ? Non ; elle in- dique seulement une communication moins di- recte que dans les autres parties entre les gan- glions et le système nerveux de la vie animale, Voici en effet comment on doit envisager cette disposition : le ganglion cervical inférieur fournit un gros rameau qui remonte au supérieur pour établir entr’eux une communication directe ; mais en remontant, 1l distribue diverses branches à chaque paire cervicale, qui forment une com- munication secondaire. Cette disposition ne change donc rien à notre manière de voir. Rapprochons maintenant ces considérations de celles expostes dans la note de la page 70, et nous serons de plus en plus convaincus, 1°. que le grand sympathique n’est qu’un assemblage de petits systèmes nerveux, ayant chacun un gan- glion pour centre, étant tous indépendans les uns des autrés, quoiqu’ordinairement communi-: quant entr’eux et avec la moëlle épinière ; 2°.que les nerfs appartenant à ces petits systèmes ne sauroient être considérés comme une dépen- dance du grand système nerveux de la vie ani- male ; 3°. que par conséquent les organes pour- vus excsivement de ces nerfs, ne sont point sous l’immédiate dépendance du cerveau. Jl ne fant pas croire cependant que tous les organes qui servent à des fonctions internes, re- coivent exclusivement leurs nerfs des ganglions. Dans plusieurs, c’est le cerveau qui les fournit ; et cependant les expériences prouvent également 5G PE L\ MORT DES ORCGANFS dans ces organes, que leurs fonctions ne sont pas sous l’immédiate influence de l’action cérébrale. : Nous n’avons encore que.le raisonnement et l’observation pour base du principe important qui nous occupe; savoir, que ce nest point di- rectement que les fonctions internes où organi- ques cessent par la mort du cerveau. Mais les ex - périences sur les animaux vivans ne le démon- trent pas d’une manière moins évidente. 1°. Jai toujours observé qu’en produisant ar- tificiellement des paralysies ou des convulsions dans les nerfs cérébraux de diverses parties, on n’altère d’une manière sensible et subite , mi les exhalations, ni l’absorption, ni la nutrition de ces parties. 29. On sait depuis très-long-temps qu’en irri- tant les nerfs des ganglions qui vont à Pestomac, aux intestins, à la vessie, etc. on ne détermrine point de spasme dans les fibres charnues de ces organes, comme on en produit dans les museles de la vie animale par lPirritation des nerfs céré- braux qui vont se distribuer à ces muscles. 3°. La section des nerfs des ganglions ne pa- ralyse point subitement les organes creux ,. dont le mouvemerit vermiculaire ou de resserrement continue encore plus ou moins long-temps éprès l'expéuence, 4°. J’ai répété, par rapport à l'estomac, aux intestins, à Îa vessie, à la matrice, etc. les Expé- riences galvaniques dont les résultats, par rap- port au cœur, ont été exposés, Jai armé d’abord de deux métaux différens le cerveau et chacun de PAR CELLE, DU CERVEAU. 559 ces \isceres en particulier : aucune coutractiou n’a été sensible à l'instant de la communication des deux armatures. Chacun de ces viscères a été ensuite armé en même temps que la portion de moëlle épinière placée au-dessus d'eux, Enfin j'ai armé simultanément, et les nerfs que quel- ques-uns recoivent de ce prolongement médul- laire ; et ces organes eux-mêmes : ainsi Pesto- mac et les nerfs de la paire vague, la vessie et les nerfs qu’elle reçoit des lombaires ont été ar- més ensemble. Or, dans presque tous ces cas, la communication des deux armatures n’a pro- duit aucun effet bien marqué ; seulement dans le dernier, j’ai aperçu deux fois un petit resser- rement sur l’estomac et la vessie. Dans ces di- verses expériences, je produisois cependant de violentes agitations dans les muscles de la vie animale, que j’armois toujours du même métal que celui dont je me servois pour les muscles de Ja vie organique , afin d’avoir un terme de com- paraison. 5o. Dans tous les cas précédens , Ce sont les diverses portions du système nerveux cérébral qui ont été arméesen même temps que les mus- cles organiques. J’ai voulu galvaniser aussi les nerfs des ganglions avec les mêmes muscles. La poitrine d’un chien étant ouverte, on trouve sous la plèvre le grand sympathique, qu’il est _ facile d’armer d’un métal. Comme, suivant l’o- pinion commune, ce nerf se distribue dans tout le bas-ventre, en armant d’un autre métal cha- cun des viscères qui s’y trouvent contenus, et en 560 DE LA MORT DÉS ORGANES établissant des communications, je devois espé- rer d’obtenir des contractions, à peu prèscomme on en produit en armant le faisceau des nerfs lombaires et les divers muscles de la cuisse. Ce- rues aucun effet n’a été sensible. 6°. Dans notre manière de voir le nerf sym- pathique, on conçoit ce défaut de résultat. En effet, les ganglions intermédiaires aux organes gastrijues et au tronc nerveux de la poitrine, ont pu arrêter les phénomènes galvaniques. J’ai -donc mis à découvert les nerfs qui partent des ganglions pour aller directement à l'estomac, au rectum , à la vessie, et j’ai galvanisé parce moyen ces divers organes : aucune contraction ne. m’a paru ordinairement en résulter; quelquefois un petit resserrement s’est fait apercevoir; mais il étoit bien foible en comparaison de ces violentes contractions qu’on remarque dans les muscles de la vie animale. Je ne saurois encore trop recom- mander ici de bien distinguer ce qui appartient au contact mécanique des métaux, d'avec c ce qui est l'effet du galvanisme. 7°, Ces expériences sont dilHiles sur Îles intes- tins, à cause de la ténuité de leurs nerfs, Maïs comme ces nerfs forment un plexus très-sensi- ble autour de l’artère-mésentérique qui va avec eux se distribuer dans le tissu de ces organes, on peut, en mettant cette artère à nu, eten l’entou- rant d’un métal, tandis qu’un autre est placé sur un point quelconque du tube intestinal, gal- vaniser également ce tube. Or, dans cette expé- PAR CELDE DU CERVEAU. 561 rience, je p’ai obtenu non plus aucun résultat bien manifeste. 8°. Tous les essais préeédens ont été faits sur des animaux à sang rouge et chaud ; j’en ai tenté aussi d’analogues sur des animaux à sang rouge et froid. Le cerveau et les viscères musculeux de l'abdomen d’une grenouille , les mêmes visetres et la portion cervicale de la moëlle épinière , ont été armés en même temps de deux métaux di- vers. Rien de sensible n’a paru à Pinstant de leur communication, et cependant les muscles de la vie animale entroient ordinairement alorsen con, traction , même sans être armés, et par le seul contact d’un métal sur l’armature du système nerveux. Ce n’est pas faute de multiplier les points de contact sur les viscères gastriques, que le succès a pu manquer ; car j’avois soin de pas- ser un fil de plomb dans presque tout le tube in- testinal pour luiservir d’armature. 9°. Quant aux nerfs qui vont directement aux fibres charnues des organes gastriques, ils sont si. ténus sur la grenouille, qu'il est très-difficile de les armer. Le C. Jadelot a cependant obtenu, dans une expérience , un resserrement lent des parois de l'estomac, en agissant directement sur les nerfs de ce viscère. Mais certainement ce resserrement , analogue sans doute à ceux que j'ai observés souvent dans d’autres expériences, ne peut être mis en parallèle avec les effets éton- nans qu’on obtient dans les muscles volontaires ; etil sera toujours vrai de dire que, sous le rap- port des phénomènes galvaniques, comme sous 562 DE LA MORT DES OBGANES tous les autres , une énorme différence existe en- tre les moins de la vie animale , et ceux de la vie organique. LI Voilà, je crois, une somme de preuves plus que suffisante pour résoudre avec certitude la question proposée dans ce paragraphe, en éta- blissant comme un principefondamental, 1°.que le cerveau n’influence point d’une manière di- recte les organes et les fonctions dela vie interne; 20, Que, par conséquent , Pinterruption de ces fonctions, dans les grandes lésions du cerveau, west point un effet immédiat de ces lésions. Je suis loin cependant de regarder l’action cé- rébrale comme entièrement étrangère à la vie or- ganique ; maïs je crois être fondé à établir que cette vie n’en emprunte que des secours secon- daites , indirects, et que nous ne connoissons en- core que très-peu. | Si] je me suis un peu étendu sur cetobjet , c’est que rien n’est plus vague en médecine que le sens qu’on attache communément à ces mots action nerveuse , action cérébrale, etc. On ne distin- eue jamais assez Ce qui Aphartiné aux forces d’une vie, d’avec ce qui est Pattribut des forces de l’autre. On peut faire, surtout à Cullen, le reproche de trop exagérer linfluence du cer- Veau. , PAR? CELLEDUNCERVEAU 565 SII. Déterminer l’interruption des fonctions de la vie organique , est un effet indirect de la cessation de l’action cérébrale. Puisque la vie organique ne cesse pas immé- diatement par la cessation de l’action cérébrale , il y a donc des agens intermédiaires qui déter- minent, par leur mort, cette cessation. Or ces agens sont Driicipalemenl : comme dans la mort du cœur par celle du cerveau , les organes méca- niques de la respiration. Voici la série des phéno- mènes qui arrivent alors. 1%, Interruption des fonctions cérébrales. 20, Cessation des fonctions mécaniques du pou- mon. 2°. Anéantissement de ses fonctions chi- miques. 4°. Circulation du sang noir dans toutes les parties. 5°. Affoiblissement du mouvement du cœur et de Paction de tous les organes. 6°. Suspension de ce mouvement et de cette action. : Tous les organes internes meurent donc à peu prèscomme dans Pasphixie, c’est-à-dire, 1°.parce qu’ilssontfrappésducontact dusangnoir;2°. parce que la circulation cesse de leur communiquer le mouvement général nécessaire à leur action mouvement dont l’effet est indépendant de celui que produit le sang par les principes qu’il con- tient. Cependant il y a plusieurs dir lesires entre la mort par l’asphixie, et celle par les grandes l6- sions du cerveau. 1°. La vie animale est assez communément interrompue dans la seconde, à 364% DE LA MORT DES ORGANES l'instant même du coup; elle ne l’est dans la pre- mière , qu'à mesure que le sang noir pénètre le cerveau. 2°, La circulation est quelque temps à cesser dans la plupart des asphixiés , soit parce que la coloration en noir n’est que graduelle, soit parce que l’agitation des membres et de tous les organes à mouvemens volontaires, l’entretient tant que le cerveau peut encore déterminer ces mouvemens. Au contraire, dans les lésions du cerveau, d’un côté Pinterruption de la respira- tion étant subite, la noirceur du sang ne se fait : point par degrés: d’un autre côté, la vie animale étant tout-à-coup arrêtée, tous les organes de- viennent à l’instant immobiles, et ne peuvent plus favoriser le mouvement du sang. Cette ob- servation est sur-tout applicable à la poitrine, dont les parois favorisent singulièrement la cir- culation pulmonaire, et même les mouvemens du cœur, par l’élévationet Pabaissement alterna- tifs dont elles sont le siëge. C’est là véritablement l'influence mécanique que la circulation recoit dans larespiration. Celle née de la dilatation ou du resserrement du poumon est absolument 1l- Jusoire , ainsi que nous l’avons vu. ; Au reste, les deux genres de mort, dont l’un commence au poumon et Pautre au cerveau, peuvent s’éloigner ou se rapprocher par la ma- nière dont ils arrivent ; et il s’en faut de beau- coup ; que les différences que je viens d’indiquer soient générales. Ainsi , quand Pasphixie est su- bite , comme, par exemple, lorsqu’on fait tout- à-coup le vide dans la trachée-artère, en y pom- PAR CELLE DU CERVEAU. 365 pant l’air avec une seringue, il n’y a ni taches livides, ni engorgement du poumon; la circula- tion cesse très-vîte: cette mort se rapproche de celle où la vie du cerveau est anéantie subite- ment. | Au contraire, si le coup qui frappe ce dernier organe, ne fait qu’altérer profondément ses fonc- tions , et permet encore aux muscles inspirateurs de s’exercer foiblement pendantun certaintemps, le système capillaire général peut se pénétrer aussi de sang en diverses parties. La circu- lation est alors lente à cesser. Cette mort a de Panalogie avec celle de beaucoup d’asphixies. On conçoit par là que la mort, dont le prin- cipe est dans le cerveau, et celle qui commence dans le poumon , se rapprochent ou s’éloignent Pune de l’autre, suivant que la cause qui frappe Pun de ces deux organes, agit avec plus ou moins de promptitude ou de lenteur. L’enchaînement des phénomènes esttoujours à-peu-près le même, surtout lorsque le premier est affecté: la cause de cet enchaînement ne varie pas, maïs les phé- nomènes eux-mêmes présentent. de nombreuses variétés. On a demandé sonvent comment mouroient les pendus: les uns ont cru qu’il y avoit chez eux luxation aux vertèbres cervicales, compression de la moëlle épinière, et par conséquent mort très-analogue à celle qui est l'effet de la commo- tion, de Penfoncement des pièces osseuses du crâne , etc. Les autres ont dit que le défaut seul de respiration Les faisoit périr. J’ai eu occasion 566 DE LA MORT DES ORGANES de disséquer un pendu où 1l w°y avoit pas luxa- tion , mais fracture de la troisième vertèbre cer- vicale, J’ai soupçonné , ilest vrai, que cette so- lution de continuité r’étoit pas arrivée à l’instant de l'accident. La personne s’étoit elle-même don- né la mort; lagitation du cou ne pouvoit donc avoir été très-considérable. C’étoit sans douteun effet produit sur le cadavre même, dans une chute, dans une fausse position , etc. ce que je ne me ‘rappelle pas cependant avoir observé sur d’autres cadavres. Au reste, que les pendus pé- rissent par Compression de la moëlle, cequi bien certainement h’arrive pas toujours, ou que chez. eux, le seul défaut de respiration cause la mort , on voit que lenchaînement des phénomènes n’est pas très-différent dans Punet Pautre cas, Quand il ya luxation , toujours aussi il y a asphixie si- multanée ; et aloës cette affection est produite ; d’un côté direétément ; parce que la pression de la corde intércepte le passage de l’air; d’unautre côté indirectement, parce que les intercostaux et le diaphragme paralysés ne peuvent plus dila- ter la poitrine pour recevoir ce fluide. En général, il y a plus de rapport entre les deux modes par lesquels la mort du cerveau ou celle dü poumon produisent la mort des organes, qu’entre un de ces deux premiers modes, et celui par lequel, le cœur mourant, toutes les parties meurent aussi. On pourra facilement , je crois, faire, ju, ce que j’ai dit, la comparaison de cestrois genres PAR CELLE DU CERVEAU. 567 de mort; comparaison qui me paroît importante, et dont voici quelques traits : 1°, Il y a toujours du sang noir dans le sys- tème à sang rouge , quand C’est par le cerveau ou par le poumon que commence la mort; sou- vent , au contraire, ce système contient du sang rouge, quand le cœur cesse subitement ses fonc- tions. | 29. La circulation dure encore quelque temps dant les deux premiers cas; elle est subitement anéantie dans le troisième. | 3°. C’ést à cause de l'absence dé $on mouve- ment général , que le sang cesse d’entretenir la vie des organes, lorsque leur mort dépend de celle du cœur : c’est bien en partie de cette ma- nière, mais aussi C’est principalement par la na- ture dei élémens qui composent le sing, que ce fluide ne peut plus.animér Paction des mêmes or: ganes ; quand leur mort dérive de celle du pou- mon ou du cerveau , etc. etc. J’indique seulerntit le parallèle des phéno- mènes divers de ce genre de mort ; le lecteur l’a- chèvera sans peine. Dans les animaux à sang rouge et froid, la mort de tous les organes succède bien plus len- tement à celle di cervéau , que dans les animaux à sang rouge et chaud. Il est assez difficile de rendre raison de ce fait , parce qu’on ne connoît . encore bien chez ces animaux, ni la différence du sang artériel avec le sang veineux, ni le rap- port qu’a le contact de chacun de ces deux sangs avec la vie des organes. 568 DB LA MORT DES ORGANES, etc. Quand lesreptiles , la grenouille par exemple, restent long-temps sous l’eau, est-ce que le sang, artériel devient noir faute de respiration ; et ces animaux ne meurent-ils pas alors, parce que chez eux le contact de ce sang est moins funeste aux organes que chez les animaux à sang chaud? ou bien le sang veineux continue-t-il long-temps alors à se rougir , parce que l’air contenu comme en dépôt dans. les poumons à grandes vésicules de ces animaux, ne peut quelentements’épuiser, attendu que, chez eux, très- -peu de sang passe dans l’artère pulmonaite > qui nest qu'une branche de Paorte ? L'expérience par laquelle nous avons vu qu’on prolonge la coloration em rouge, par injection de beaucoup d’air dans la trachée-artère des chiens et ‘autres animaux à sang. chaud , semble confirmer cette dernière opinion ; maïs ceci a besoin, malgré les. essais _de Goodwyn,. de beaucoup d'expériences ulté- rieures, comme en général tout ce qui.a rap- port aux trois grandes fonctions des animaux à sang.froid. : ‘ . de PNR he ne mb ne Os te fes" 1 ARTICLE TREIZIEME. De l'influence que la mort du cerveau exerce sur la QE générale. Ex résumant tout ce qui a été dit dans les ar ticles précédens , rien n’est plus facile, je CroIs., que de se former une idée précise de la manière dont s’enchaînent les phénomènes de la mort gé- nérale qui commence au cerveau, Voici cet en- chaînement : 7 A néantissement Fe l’action. phare 2 2°, Cessation subite des sensations et. de la loco- motion volontaire. 2°. Paralysie simultanée du diaphragme et des intercostaux, 4°. Interruption des, phénomènes mécaniques de la respiration ;: de la voix par conséquent. 5°. Aunihilation des phénomènes chimiques. 6”. Passage du sang noir dans le système à sangrouge.7°. Ralentissement de. la circulation par le contact de ce sang sur le cœur et les artères » €t par Lim obilité dr ras: pénètre habituellement le sang rouge. 109, vus. lition de la chaleur animale qui .est le produit. de toutes les fonctions. 11°. Terminaison consé-: cutive de l’action des organes blancs, qui sont. plus lents à mourir que toutes les autres parties , Aa 570 MORT GÉNÉRALE parce que des sucs qui les nourrissent sont plus indépendans de la grande circulation.’ Quoique, dans ce genre de mort, comme dans les deuxprécédens, les fonctions soient anéanties subitement, cependant plusieurs propriétés vi- tales restent encore aux parties pendant un cer- tain temps: la sensibilité et la contractilité orga- niques sont, par exemple, très-manifestes dans les muscles des deux vies ; la susceptibilité gal-. vanique reste très- “prononcée dans ceux de la vie animale. | Cru cause qui ÿ ap ra ses Sr différebtée cest la manière plus où moins lente dont Panimal a péri. Plus la mort a étérapide, plus la contrac= tilité sé prononce avec ‘énergie, et plus elle tarde: à disparoître. Plus, au contraire , les organes ont fini leñtement his fonctions , moins cétte pro= priété est susceptible d d’être mise en jeu." SD Toütes choses étant égales dans la durée des! phénomènes qui précèdent la mort générale par celle du: cérveau;, les expériences sur la Con htracti= lité présentent toujours à peu près lé mine 16 sultat, parce que lenchaînement de ces phéno:” mènes'ét la-cause immédiate qui les produit rés-! tent toujours aussi à peu près les mêmes. L'apo- plexie, la commotion ; inflammation , la com pression violente dù ARTENTE ) Ja PSE de la! moëlle épinière sons lyBéii él? la compréssion, parune luxation dés vertèbres, étc. sont des causes” éloignées tès-différentés, mais qui déterminent LE PAR CELLE, DU:OERVEAU. 571 toutes une cause immédiate constamment unie forme. n derrrbD | 12 à ul Il: Le sf pas de même de eupticié par les différens gaz, maladie à lasuite de laquelle Pétat de la contractilité varie beaucoup , quoique sou vent la durée des phéhomènes de la mort ait été analogue, Cela tient, comme nous l’avons vu, à la diversité de naturesdans' les délétères, ‘qui: sont introduits par les oies aériennes , et portés: par la. circulation, sur:les-divers organes qu’ils Fkanpant d’un afioïbhimement plus où moins 7” recf.;; rt ET tré dl « . î | 1 * FE 1» : 2 | 1 . 3 | Loétat du. potimo asierbeaucoup: dans les ca- dates des personnes. dont la moït:a éu son prin- cipe dans le cerveau. Tantôt gorgé , tantôt vide de sang, 1l indique en général, suivant ces deux: états , si la cessation des fonctions a été graduée, ‘si par conséquent le coup.n’a pas subitement anéanti l’action cérébrale , ou bien si la mort générale a été soudaine, Dans les cadavres appor- tés à mon amphithéâtre , avec des plaies de tête , des épanchemens sanguins du cerveau , effet de Papoplexie, etc. , à peine ai-je trouvé sur deux le poumon avec la même disposition, L'Etat d’en- gorgement et de lividité des surfaces extérieures, de la peau de la tête , du cou, etc. varie égale- ment. La mort qui succède aux diverses maladies, commence beaucoup plus rarement au cerveau qu’au poumon.Cependant, dans certains accès de fièvres aiguës , le sang violemment porté au cer- veau , anéantit quelquefois sa vie. Le malade a Aa 2z 572 MORT GÉNÉRALE, elc. le transport , commeon le dit vulgairemerit.} Si ce transport est porté au dernier degré, il est mortel, et alors l’enchaînement des phénomènes est le même que celui dont nous venons de par- ler pour les morts subites: HG E à Il est un. grand nombre dè cas autres pau celui des fièvres aiguës, où le commencement de la mort peut être au cerveau, quoique cet organe ne soit pas celui qui est affecté par la maladie. C’est dans ces cas , surtout, où l’état de pléñi- fide-ou de vacuité du poumon varie beaucoup. En général, cet état ne donne aucune notion sur la maladie dont est mort le sujet ; il n’indique que la manière dont les fonctions ont fini dans les der-" niers instans "fe pa rural | FF A at So 7.» - : <. ” L ,? L # s° € TABLE ANALYTIQUE DES MATIERES.. PREMIÈRE PARTIE. RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LA VIE. ARTICLE PREMIER. Division générale de la vie. D; INITION de la vie. — Mode général de l’existence des corps vivans, Pages 1-2 $ I. Division de la vie en animale et en organique. —Dif- férences du végétal et de l’animal. — Le premier n’a qu’une vie ; le second en a deux. — Raison de la déno- mination dés deux ‘vies. — La génération n ’entre point dans les fonctions qui les composent, 2-4 $ IT. Subdivision de chacune des deux vies ; animale et organique , en deux ordres de fonctions. — Le premier ordre, dans la vie animale , est établi de organe sensi- tif extérieur vers le cerveau; le second du cérveau vers les agens de la locomotion et de la voix.— Dans la vie organique , un ordre est destiné à l’assimilation, l’autre à la désassimilation des substances qui nourrissent ani mal , _ 4-8 ARTICLE SECON D. Différences générales des deux vies, par rapport aux Jormes extérieures de leurs organes respectifs. $ I. Symétrie desformes extérieures dans la vie animale, — Examen de cette symétrie dans les organes des sens, 374 TABLE ANALYTIQUE dans le système nerveux , dans le cerveau, dans les or- ganes{locomoteurs et vocaux. — Remarques sur les mus- cles et sur les nerfs de la vie organique, Pages 8-10 $ IT. Zrrégularité des formes extérieures dans fa vie or- ganiquei --- Examen de cette irrégularité dans les or- ganes de la digestion, de la circulation, de la respiration, des secrétions, de l’exhalation , etc. 11-12 $ III. CohiBadncss qui Au enE de la différence des Formes extérieures dans les organes des deux vies. --- Indépendance des deux moitiés symétriques de la vie animale. --- Dépendance mutuelle des fonctions orga- niques. --- Fréquence des vices de conformation dans la seconde; rareté de ces vices dans la première. —- Obser- vation , 12-16 ARTICLE TROISIÈME. Différences générales des deux vies, par rapport au mode - d'action de leurs organes respectifs. $ I. De l'harmonie d'action dans la vie animale.--- Elle dérive de la symétrie des formes extérieures. --- Exa- men de cette harmonie dans les sensations , dans lPac- tion cérébrale , dans la locomotion et du la voix, 19-31 S II. Discordance d'action dans la vie organique. --- Elle dérive de l’irrégularité des formes extérieures. --- Exa- men de cette discordance dans les diverses fonctions in- . ternes, . 81-33 ARTICLE QUATRIÈME. Différences générales des deux vies, par rapport à la durée de leur action. ST. Continuité d'action dans la vie organique. --- Exa- men de cette continuité. _—— Dépendance immédiate des . fonctions internes, 33-35 ( IL. Intermittence d'action dans la vie organique. DES MATIÈRES. 355 --- Preuves de cette intermittence. --- Indépendance des fonctions externes, Pages 35-36 SIT Application de la loi d’intermittence d'action à la théorie du sommeil. --- Le sommeil général est l’en- semble des sommeils particuliers de la vie animale. ---Ex- trêmes variélés dans cet état. --- Nous dormons rare- . ment de la même manière plusieurs fois de suite.--- Rap- port du jour et de la nuit avec le sommeil , 57-40 ARTICLE CINQUIÈME Différences générales des deux vies , par rapport à l'habitude. $ I. De l'habitude dans la rie animale. --- Différence de son influence sur le sentiment et sur le jugement, 4o-41 $ 11. Z’habitude émousse le sentiment. --- Division du plaisir et de la douleur en relatifs et absolus. --- L’habi- tude émousse la douleur et le plaisir relatifs. --- Preuves diverses de cette assertion, 41-46 III. L’habitude perfectionne le jugement. --- Considé- rations diverses à ce sujet, 46-48 $ IV. De l’habitude dans la vie organique. — lle n’y exerce point en général son influence. -— Elle en modi- fie cependant quelques phénomènes , 46-49 ARTICLE SIXIÈME. Différences générales des deux vies, par rapport aw moral. $ TI. Tout ce qui est relatif à l’entendement appartient à la vie animale. --- Considérations diverses, 50-53 $ II. Tout ce qui est relatif aux passions, appartient à la vie organique. -=- Distinction des passions d’avec les. sensations. -— Preuves que toutes les passions affectent les fonctions organiques, -=— Examen de chaque fonctio® 556 TABLE ANALYTIQUE sous ce rapport. --- L'état des organes internes influe sur celui des passions. --- Preuves de cette assertion dans la santé et dans la maladie, Pages 53-62 SIT. Comment les passions modifient les actes de la vie animale , quoiqu’elles aient leur siége dans la »ie or- ganique. --- Exemple particulier de la colère , de la crainte , etc. --- Considérations générales sur les mou- vemeus des muscles volontaires , produits par les pas- sions. --- Ces mouvemens sont sympathiques. --- Consi- dérations diverses à cet égard. --- Inflysgce de l’estomac sur, la peau, au moyen des passions , 63-69 $ IV. Du centre épigastrique ; il n'existe point dans le sens que les auteurs ont entendu. --- 1] n’appartient nt au pylore, ni au diaphragme, ni au plexus solaire du grand sympathique. --- Note sur ce nerf ; --- l’idée qu’on s’en forme communément est inexacte. --- C’est un en- semble de sysièmes nerveux, et non un nerf particulier. --- Il n’y a point, à proprement parler, de centre épi- gastrique. --- Pourquoi on rapporte à la région supé- rieure de l’abdomen les impressions vives. —- Rapports divers qu'ont entr’eux les phénomènes de l’entendement et des passions, : 69-78 ARTICLE SEPTIÉÈME. Différences générales des deux vies, par rapport aux Jorces vitales. Dans l'étude des forces de la vie, il faut remonter des phé- nomènes aux principes, et ne pas descendre des principes aux phénomènes, | 78-80 $ J. Différence des forces vitales d'avec les lois physiques. — Instabilité des unes , comparée à la stabilité des autres. — Cette différence doit en établir une essentielle dans la manière d'étudier les sciences des corps bruts et celles des corps vivans , 80-84 $H. Différence des propriétés vitales d'avec celles de dissu , 84-85 x DES MATIÉRES. 3797 $III. Des deux espèces de sensibilité , animale et organi- que. --- Sensibilité organique. --- Sensibilité animale. --- Attributs respectifs de ces deux propriétés. -—- Elles ne paroissent différer que par leur intensité, et non par leur nature. --- Preuves diverses de cette assertion , tirées de leur enchaînement insensible , desexcitans, dé l’ha- bitude , de l’inflammation , etc. Pages 85-90 $ IV. Du rapport qui existe entre la sensibilité de chaque organe , .et les corps qui lui sont étrangers. --- Chaque organe a une somme déterminée de sensibilité. --- C’est cette somme de sensibilité, et non la nature particulière de cette propriété , qui fait varier ses rapports avec les corps étrangers. --- Prenves nombreuses de cette asser- tion.-— Applications diverses, 90 - 96 $ V. Des deux espèces de contractilités , animale et orga- nique.-.-- Les parties se meuvent quelquefois en se dila- tant. --- Les deux contractilités deviennent très-mar- quées dans les morts violentes. --- Différence dans le rap- _ port des deux espèces de contractilités , avec leur espèce correspondante de sensibilité , 96 - 99 $ VI. Subdivision de la contractilité organique en deux variétés. -— Contractilité organique sensible. --- Con- tractilité organique insensible. --- Ces deux propriétés ne diffèrent que par leur intensité, et non par leur nature. --- Différence essentielle entre les deux espèces de eon- tractilité et les deux espèces de sensibilité, 99-104 $ VII. Propriétés de tissu; extensibilité et contractilité. --- Phénomènes de l’extensibilité. --- Degrés divers de cette propriélé. -— Phénomènes de la contractilité de tissu. -- Exemples propres à faire distinguer dans les or- ganes, leurs diverses propriétés vitaleset de tissu, 104-111 $ VIII, Résumé des propriétés des corps vivans.-— Tableau de ces propriétés. --- Vie propre des organes, 111-114 578 TABLE ANALYTIQUE ARTICLE HUITIÈME. De Porigine et du développement de la vie animale. $ I. Ze premier ordre des fonctions de la vie animale est nul chez le fœtus. --- Preuves de cette assertion pour les sensations générales et particulières , pour les fonctions cérébrales , la perception, l'imagination , le jugement , etc. Pages 115-122 $ II. Za locomotion existe chez le fœtus; mais elle appar- tient chez lui à la »ie organique. --- Les mouvemens du fœtus sont analogues à ceux que déterminent les passions dans les muscles volontaires de l’adulte.'--- Quelques conséquences tirées de ce principe, 122-126 $ III. Développement de la vie animale , éducation de ses organes. --- Comment les sensations, les fonctions céré- brales , la locomotion et la voix se développent peu à peu, 126 - 130 $ IV. Influence de la société sur l'éducation des organes de la vie animale. --- La société perfectionne certains organes de la vie animale. --- Division des occupations humaines. --- La société rétrécit la sphère d’action de plusieurs organes externes , 130-133 $ V. Lois de l'éducation des organes de la vie animale. --- On ne peut perfectionner qu’un seul organe à la fois. -æ La somme de sa perfection est en raison de l’imper- fection des autres. --- Considérations nombreuses qui établissent ce principe. -- Son application à l’éducation sociale , 135 - 140 $ VI. Durée de l'éducation des organes de la vie animale. --— Rapport de l’éducation des divers organes avee les âges, . 140-143 ARTICLE NEUVIÈME . De lorigine et du développement de la vie organique. SI. Du mode de la vie organique chez lefætus.-- L'ordre des fonctions d’assimilation est très-simple , très-rapide. rar ES. -F=. DES MATIÈRES. 37à _ += L'ordre des fonctions de désassimilation est très-lent, très-rétréci. = Rapidité de accroissement, effet de cette double disposition , Pages 144-148 $ IL Développement de la vie organique après la nais- sance.-- Les organes externes n’ont besoin d’aucune es- pèce d’éducation. --- Ces organes ne sont point suscepti- ‘bles d’acquérir en particulier une perfection supérieure à celle des autres. --- Léur supériorité , lorsqu'elle existe , est due à la constitution primitive, 148 - 192 ARTICLE DIXIÈME. De la fin naturelle des deux vies. $I. Za vie animale cesse la premiere dans la mort natu- relle. --- Comment s’éteignent les sensations, l’action cé- rébrale, la locomotion , etc. --- Réflexion sur l'enfance des vieillards. -— Comparaison de la durée des deux vies. Influence de la société sur la terminaison plus prompte de la vie animale. -- Avantage de cette terminaison prélimi- naire à celle de la vie organique, 153 - 160 $ IL. Za vie organique ne finit pas dans la mort natu- relle comme dans la mort accidentelle. --- Dans la pre- mière, c’est de la circonftrence au centre; dans la se- conde , c’est du centre à la circonférence, que la mort en- chaîne ses phénomènes, 160-162 SECONDE PARTIR RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LA MORT: ARTICLE PREMIER. | Considérations générales sur la mort. La mort naturelle est rare. --- La mort accidentelle se di- vise en celle qu’amènent les maladies , et en celle qui sur- vient subitement, --- Celle-ci nous-occupera plus spécia- Jement, --- Pourquoi? -- Phénomène général de toutes 380 TABLE. ANALYTIQUE les morts subites. --- Elles commencent tontes par le cœur, le poumon et le cerveau. -- Marche que nous sui- vrons dans leur examen, Pages 163-167 \ * F ARTICLE SECO N D. De l'influence que la mort du cœur exerce.sur celle du cerveau. Des agens de l’action du cœur sur le cerveau. -- Ce ne sont pas les nerfs. --- Expériences. --- Cesont les vaisseaux, 168 - 170 $I. Déterminer comment la cessation des fonctions du cœur à sang rouge interrompt celle du cerveau. -- le cœur interrompt l’action cérébrale par le mouvement qu’il communique au cerveau. --- Donc l’absence de ce mouvement est le comment que nous cherchons. --- Expé- riences et considérations diverses qui établissent ce fait. -—— Différence entre lemmouvement du cerveau et celui des autres viscères. --- Expériences , 170-177 SIT. Déterminer comment la cessation des fonctions du cœur à sang noir, interrompt celles du cerveau. --- La mort commence rarement par le cœur. -— Quelques exemples qui s’y rapportent cependant. -- Examen de la manière dont périssent les animaux , par l’injection de l’air dans les veines. --- C’est le cerveau qui meurt alors le premier. --- Expériences et considérations, 177-181 ARTICLE TROISIÈME. De Pinfluence que la mort du cœur exerce sur celle du poumon. Division des phénomènes respiratoires , 182-183 $ I. Déferminer comment, le cœur à sang noir cessant d’a- gir, l’action du poumon est interrompue. -- Dans ce cas, les phénomènes chimiques sont les premiers anéantis, 189 = 184 DES MATIÈRES. 382 $ II. Déterminer: coniment, le cœur à sang rouge cessant æagir, Paction du poumon est interrompue. —- Dans ce cas, la mort commence par les phénomènes mécaniques , Pages 184- 185 ARTICLE QUATRIÈME. De l'influence que la mort du cœur exerce sur celle de ‘ tous les organes. $ É Déterminér comment la cessation des fonctions du cœur à sang rouge interrompt celles de tous les organes. --- Les fAcHun de la vie animale et de la vie or gani- que cessent alors, en partie par les mêmes causes, en par- tie par des causes différentes. - Comparaison dés diffé ‘ rens organes avec le cerveau , sous le rapport de l’abord du sang , du mouvement, né -- Considérations diverses. sur l’excitemeift des organes par le mouvement du sang qui les pénètre, 185 - 195 Jai passé sous silence l’influence de la mort du cœur à sang noir sur celle des organes , parce qu” il est infiniment Tare que La mort commence par là. ARTICLE AA FRANS De Pinfluence que la mort du cœur exerce sur la mort nobles générale. ; Série des phénomènes dans la fin des deux vies. --- Perma- nence des propriétés vitales après la mort. -- Quelques réflexions sur la syncopé. -- Elle n’affecte le cerveau que secondairement; son ‘siége est dans le cœur. -- Preuves diverses de cette ‘assertion. --- Quelquefois la mort com- mence par le cœur dans lès maladies. -- Vacuité des pon- mons quand cet organe est le premier affecté , 195-208 . Leg | Le à eme PIS SE L'EOCIOIS LÉ TEO ÉRÉÉ . : LA é def nt tr ’ mr À cp pré : | d "4 4 60 Ag AMI nr . 302 TABLE ANAËYTIQUÆE ARTICLE Aéro # «x De l'influence que la mort du poumon exerce sur belle du CŒur. La mort du poumon commence tantôt par les phénomènes chimiques , tantôt par les mécaniques , Pages 203 - 20% $ I. Déterminer comment le cœur cesse dagir. par l'inter- ruption des phénomenes mécaniques du poumon. -- Les plis du ponmon né sont point, dans l'expiration , un obstacle à la circulation. -- Expériences diverses .quiéta= blissent ce pr incipe. -- Note sur l’état où se trouvent. les L' poumons des cadavres. mie : LES distention des cellules ' pendant Pinspiration, ne peut s’ opposer au cours du --- La cessation des phénomènes mécaniques ee la circulation , En; anéantissant les Pénomnes chimi- ques , soi 204-211 $ IL. Déterminer comment le cœur cesse > Pagir par l’in- {erruption des phénomènes chimiques du POUMON. 7. La cause de l’immobilité du cœur n’est pas Je. simple çon- | tact du sang = noir sur la surface interne du. veniricule à “sang rouge. -== Diverses cousidérations et expériences qui constatent ce fait.- --Le contact du sang noir peut ex- citer la surface interne, des prières. -—, Expériences à ce L sujet. --- Le sang noir arrête le mouvement du cœur , erL pénétrant son 1issu ,..en.se: distribuant . dans toutes ses fibres. --- Pourquoi le cœur à sang noir finit le dermier ses pulsations.-— La non- -excitation du ventricule à sang rouge par le sang noir; est cependant réelle, jusqu'à un. | certain point. --- Expériences. ;---.Dans, les, animaux à sang rouge.et a le poumon,a moins! d'influence sur le cœur. Pourquoidans l'interruption des phénomènes chimiques , le système à sang noirest plns gorgé,de,fluide que celui;à PAPE rouge: 4 Causes de ce phénomène rela- :tives au sang.” Causes relatives. au poumon..--= Causes qui ont rapport au cœur; --- Analogie entre la plénitude du cœur à sang noir, et le gonflement de la rate, dans les cadavres, 214 - 236 «1 DES MATIÈRES. 383: ARTICLE SEPTIÈME. æ linfluence que la mort du poumon exerce sur ‘celle du cerveau: à Le sang noir en Sbbétren le tissu du cerveau, en anéantit l’action. --- Expériences multipliées qui établissent ce fait.--- Injection au cerveau de diverses substances qui agissent à peu près comme le sang noir. --- Injections faites comparativement vers les membres. --- Résultats différens. --- Expériences diverses... L’excitation ‘du cerveau par le sang rouge injecté dans l’asphixie , est peu avantageuse. --- Tous les phénomènes des asphixies éta- blissent, comme les expériences, -la.cessation de l’action cérébrale par le;contact du sang noir. :+- Influence:du poumon sur le cerveau Fan les, En et les! poissons. _— Crnslusopst ÿ NT of nr) . Pages 236-253 ARTICLE CAUATIÈMER.. + De l'influence que la mort. du poumon exerce sur celle de tous les dif sue opte ot en à! PTE" 0) Ja % 2 k . S z: Expo mu ve phénomènes de la : production du sang noir, dans l'interruption des fonctions chimiques du poumon. si Les expériences ont été peu “précises sur cet objet. Es Précautions à prendre. - #7, Procédé général da mes, expériences. -—- Leurs résultats s dansV interruption de la coloration en rouge 6 ù sang noir. ps < Autres résultats ye- Jatifsau retour de la. couleur rouge. --- Conséquences d dé- duites de cés expériences, —— - Considérations sur Vinsuf- x: flation de Vair d dans la trachéeartère # pour rappeler Îles asphixiés à à la vie. r— Expériences sur la coloration du sang , en faisant r respirer divers : gaz. == La coloration ne se fait qu’ aux extrémités bronchiques add: .253 à 265 SIT, Ze sang resté noir par l'interruption des phénoménes chimiques du poumon ; pénétre tous les organes » EL Y Gir- çule quelque temps dans le système vasculaire à sang 3564 TABLE ANALYTIQUE, rouge. -—- Expériences diverses qui prouvent cette circu- lation du sang noir dans les artères des organes. --= Ex périences sur les muscles, les nerfs , la peau , les mem- branes muqueuses , les membranes séreuses , etc. --- Di- verses manières dont le sang noir se comporte dans le système capillaire général.--- Application desexpériences précédentes à la recherche des rapports circulatoires de la mère et du fœtus. -- Pourquoi le sang ‘est toujours - moïr dans tout le dira à sang ea dés cadavres, Pages 265-275 $ HT. Ze sang noir nest point propre à entretenir l’action et la.vie des organes; qu'il pénètre dès ‘que les Jonctions chimiques du poumon ont cessé.-- Preuves de : Vexcitation des organes par le sang rouge.--- Conjectures : sur le mode -d’exvitation. -= Comiient le satig noir inter- - rompt: les fonctions: de la vie animale. -- Expériences. © =--Commenit les fonctions de la vie organique cessent aussi par le contact de ce sang. --On peut vivre, le trou botal restant ouvert. 22 Réflexions sur’lés'orgânes blancs, ESA tement À à à 77 NEUVIÈME Le De Te se x morb du poumon exerce sur la mort pus tr ras 4 En roles one 2eme El ir, F0 Succession des ét, de le mort générale par célle du D dre a 7" a8y-2g0 ç I. Remarques sur ù 77e di érbiiés que présentent les di- ”perses asphiies, _ Toutes les asphixies ne dé lépendent pas du simple contact du sang noir sur les organes. _— Varié- "tés de.ces affections. -— Leur division ( en asphixies par Le ‘seul contact du & sang rouge, eten asphixies pee, le contact du sang noir , , plus par et des délétères. -— : Comment ‘les délétères agissent dans l’économie. - = Ils passent dans le sang. --- ‘Considérations et expériences diverses : _— Les délétères influencent surtout les organes de la vie, ‘animale , ét parmi eux le cerveau. -- La cause qui fait va- " mier les symptômes des asphixies , ést Ja variété des délé- tres, 290-312 ee DES MAT IE R ES. 585 $ II: Dans le plus grand nombre des malades, la msrt . commence par le poumnon.-— Le poumon s’embarrasse dans les: derniers instans. --- Le contact du sang noir ter- mine alors la vie que la maladie a affoiblie, Pages 312-315 ARTICLE DIXIÈME. De l'influence que la mort du cerveau exerce sur celle du poumon. $ I. Déterminer si c’est directement que. le poumon cesse d'agir par la mort du cerveau. -- Le cerveau n’influence point directement le poumon. --- Expériences diverses. --- L/agitation que détermine la douleur dans la circula- üUon et la respiration , ne prouve point une action directe du cerveau sur le poumon ou sur le cœur. -— Con- sidérations diverses. -- Conclusion, 316-326 $S II. Déterminer si c’est indirectement que le poumon ‘cesse d’agir par la mort du cerveau. -—- Les intercostanx et le diaphragme sont les intermédiaires qui déterminent la mort du poumon, quand le cerveau cesse d’être en ac-- tivité. -- Expériences diverses.-— Considérations sur le rapport de l’action cérébrale et de la respiration dans la série des animaux , 320-3531 ARTICLE ONZIÈME. De Pinfluence que la mort du cerveau exerce sur celle du cœur. $ I. Déterminer si c’est immédiatement que lé cœur cesse d'agir CA l'interruption de l’action cérébrale. -- Le cer- veau n’a aucune influence immédiate sur le cœur. -- Ob- servations et expériences diverses qui le prouvent. -- Effet du galvanisme sur le cœur, dans les animaux à - sang rouge el froid , et dans ceux à sang rouge et chaud. -- Conclusion, | CIE | 332 542 $ 11. Déferminer si, dans les lésions du cerveau, lamortidu . cœurest déterminée par celle d’un organe intermédiaire -— Le poumon est l’organe intermédiaire qui fait succé- Bb «+ 506. TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES. der la mort du cœur à celle du cerveau, --- Expériences” diverses qui établissent ce fait. -- Conséquence de cesex- ” périences. -- Considérations sur les rapports du cœur et du cerveau dans les animaux à sang froid , Pages 342-347 ARTICLE DOUZAËME De l'influence que la mort du cerveau exerce sur celle de tous les organes. L'interruption de la vie animale est ibde et directe dans Ta° | mort du cerveau, 348& $ I. Déterminer si l'interruption des Jonctions organiques estun effet direct de la cessation de Paction cérébrale. “— Le cerveau n’influence point directement les fonctions | organiques. -- Observations et expériences diverses qui prouvent ce fait. -- Considérations diverses sur les gan- glions et sur Je gr and sym mpathique. -- Essais galvaniques. Lis Conclusion , 349 862 II. Déterminer si l'interruption desfonctions organiques estun effetindirect de la cessation de l’action cérébrale. _— Organe intermédiaire dont la mort entraîne la cessa- tion des fonctions organiques, quand l’action cérébrale s’interrompt. -- Succession des phénomènes. -- Analogie enire l’asphixieiet la mort qui commence par le cerveau. -- Considérations sur le rapport du cerveau et des or- ganes dans les animaux à sang froid, 363-368 ARTICLE TREIZIÈME. De l'influence que la mort du cerveau exerce sur la mort générale. Succession des phénomènes de la mort générale par celle du cerveau. --- Permanence des forces de la vie orga- nique. --- Variétés dans l’état du poumon. -:- Dans les maladies, la mort commence quelquefois par le cer- veau, 369-372 : FIN DE LA TABLE. 049000 HN RL (hi 'mceN: ss Fi é LE #4. nl “Ut DE Veeit-à 4e AT M PLEASE DO NOT REMOVE CARDS OR SLIPS FROM THIS POCKET _— UNIVERSITY OF TORONTO LIBRARY Bichat, Zavier ._ Recherches physiologiqau sur la vie et la mort os, ER D ni LR M, de D My AR cu Re diese ei à 6 _ PAP ME EDEN AT AE RC APN RP APE : ei PAR OT RS D Te MELLE TS nerve Pro dr mr E x est à pu . ‘ = . > 7 ” E . . K - Len Roi) ù “ s : b | a À s er . | sv * » " * ; ; ‘ : : — pe ” Sn SU ER Re, 2027 ie ET ne one | CR en RE + L'or te bee LS rare ee T6 eg er ont Near GS CNET min 7." du A ré ere TL AT à À = à du LR RD GET TBE EN pu Mrs PAGE re PR LE à LE) PCR CS ARS SEE V3 Lt ne LES en Le e La ee Toct Apr n A ZE Je ait eur dE LR RES DATANT RER Lee LES ARS Lis 2) EE a et OM tete ue cite es DT ETAT A P SE CE A À CSST TO ES ES SET ÉRS VER RD SE R E7 4 shrbes NE Re 2 ten @p er De No EURE He TN ww PT ASE D um à tbtowdiir Gén aieganrepascnp'a sg)