ï'v? -^a^i^jm m. t'y/,'>f,')4'^ R E C H E R C H E S '^''o^^' ''o;^ ^i l'Olll SKRVIIi A L'IllSTOIllE LITIHIELLE VÉGÉTAUX INFÉRIEURS PAU T. Di: SEYNRS PROh'ESSKllIl \(;ilEr.E A LA F A C U f, T K [>E MKttRCINK llK I' A K I S DES FISTULINES 'Ù '% PARfS F. SAVY G. MASSON LIBRAIIIE DE LA SOCIETE RDTANIQUE 24, RUi; HAUTEFEUILI.E LIBRAIRE UE l'aCADÉMIE UE MÉDECINE PLACE DE l'ÉCOLE-BE-SIBDECINE 1874 UE(:iii:uciii:s l'OUK SERVIR A I. HlSTOlKK NATIIUKI.I.K DES VÉGÉTAUX INFÉUIEIUS C U i/ PARIS. — IMPRIMERIE DE E. MARTINET, BUE MIGNON, 2 RECHERCHES l'OllR SEIIVlll A l/IIISTOIRR NATIRELIE DES f r VEGETAUX INFEHIEUIÎS PAK .1. DE SEYNES PROFESSEUR AGRÉGÉ A LA FAGULTÉ DE MÉDECINE IIK l'ARI> DKS FISTULINES PMUS F. SAVY I.IBUAIllE liE LA StIClÉTÉ BOTANMiUE 24, RIIK HAIITEFF.UILLL G. MASSON LIBRAIRE DE L ACADEMIE DE MEDECINE PLACE DE l'ÉCOLE-UE-MÉIiECINE 187i L'étude des êtres organisés, après avoir débuté par l'examen attentif des formes et des rapports extérieurs, a singulièrement étendu son domaine depuis les temps où la simple description spécifique constituait toute l'iiistoire naturelle. Une première analyse a décomposé l'animal ou la plante en organes, dont elle a cherché à déterminer le jeu par des analogies et des déductions logiques, et longtemps la physiologie a vécu d'hypothèses. Plus tard, aidée des progrès des sciences exactes, elle a cherché dans une expérimentation rigoureuse un appui plus solide. L'observation analytique, faisant un pas de plus, a décomposé les organes eux-mêmes en leurs premiers éléments; elle a montré que l'être vivant était composé d'un nombre souvent considérable d'éléments simples , doués d'une vie individuelle et liés entre eux par des rapports d'ordre physico-chimique : sans la connaissance précise des conditions matérielles et des actes de la vie des éléments cellulaires, on a facilement reconnu qu'on ne pourrait résoudre un grand nombre de problèmes soulevés par l'étude des êtres organisés. En trouvant à leur DE SEÏ.VES portée dos organismes réduits à un petit nomljre d'éléments, quelque- fois à un seul, les observateurs ont bientôt, compris quelles ressources offrirait pour la solution de tels problèmes l'étude de ces organismes jusque-là si peu connus. On n'a pas encore tiré de cette étude tous les avantages qu'elle promet poiu' la connaissance des végétaux ; cependant on pourrait dès aujourd'hui faire une bibliographie considérable des travaux dans lesquels l'observation des végétaux inférieurs est venue en aide à la connaissance des procédés de développement ou de nutrition des tissus ou des organes des végétaux supérieurs. Lorsque Mirbel voulut connaître le développement du tissu cellulaire des plantes, c'est au Marchantia ^iolymorpha qu'il demanda la réponse aux questions qu'il se posait sur ce sujet ; puis de l'étude de l'organe femelle de cette humble Cryptogame, il fut conduit à mieux appro- fondir l'organogénie de l'anthère. C'est chez les Algues que les botanistes recherchent avec avantage les procédés de formation des enveloppes cellulaires autour du protoplasma; c'est sur des Conferves que Mohl a observé le développement des cloisons intracellulaires ; ce sont les Char a qui ont fourni les premiers et plus frappants exemples de mouvements du protoplasma au sein de la cellule végétale. C'est à propos des Prèles, si bien étudiées par M. Duval Jouve, que M. Brongniart disait naguère : <( Des détails pleins d'intérêt siu' le développement et la structure des » stomates de ces végétaux, sur leur position toujours limitée aux parties » de l'épiderme qui recouvrent un parenchyme rempli de chlorophylle, » sur leur perméabilité par l'air et sur leur occlusion dans d'autres cir- » constances, fournissent de nouvelles preuves du rôle de ces petits )) organes dans les fonctions respiratoires des plantes (1). » (1) Rapport de M. l!rongniait sur un mémoire, elc. {ConqUcs rendus de V Académie des sciences, I8G3, t. LVI. Ul Quelques-uns des végétaux auxquels je viens de faire allusion sont relativement élevés dans l'éclielle des Cryptogames. Les travaux de M. Pasteur, poursuivis à un point de vue plus éloigné de Tliistoire naturelle proprement dite, ont montré quel parti on pouvait tirer pour la physiologie végétale de recherches dirigées sur les plantes les plus infé- rieures; et M. Raulin, rendant hommage à cette méthode, s'est servi d'une Mucédinée comme sujet d'expérience pour ses Études diimiques sw la végétation. Sans doute il faut soignensement se garder d'une trop grande précipitation dans les déductions que Ton tire de certains rapproche- ments, et cet écueil n'a pas toujours été évité : les comparaisons que l'on a voulu établii* entre les phénomènes de digenèse chez les végé- taux inférieurs, et la succession des actes végétatifs et reproducteurs chez les Phanérogames, n'ont pas toujours résisté à une critique sérieuse. Mais qui pourrait dire qu'une notion plus intime et plus vraie des phé- nomènes qui précèdent, accompagnent ou suivent la fécondation, n'ait rien à gagner aux rapprochements entre l'albumen et le prothallium, entre le sac embryonnaire et la macrospore, dus aux botanistes allemands, et résumés par M. Sachs dans son récent traité de botanique? L'étude de la vie chez les êtres inférieurs est à la portée de tous; elle ne nécessite pas l'usage du laboratoire, dont M. de Candolle décrivait à un congrès d'horticulture de Londres le plan si logiquement combiné, mais dont l'exécution se fera sans doute longtemps attendi'e. Ici quelques bocaux, quelques récipients où puissent être entretenues dans une humidité suffisante les plantes à utiUser ; un modeste châssis d'appartement, vitré, pour abriter des Mousses, des Hépatiques, des Lichens ; un petit réser- voir à eau pour les Algues ; quelques vases et cloches pouvant se prêter à des combinaisons avantageuses pour conserver ou faire accroître et se multiplier les Champignons; puis le microscope avec ses réactifs et ses accessoires , parmi lesquels il faut citer les lamelles de verre à cellules IV semblables, celles que M. Van Tiegliem a décrites (1), voilà les conditions très-simples d'observation et même d'expérimentation qui peuvent donner à ceux qui savent les utiliser des résultats tels que M. Tulasne nous en a montré de si merveilleux dans son Selecta Fimgorum Carpolofjia. Quel que soit le nombre des travaux de ce genre qui depuis plu- sieurs années ont apporté une vive lumière sur l'organisation et la reproduction des végétaux inférieurs, le moment n'est pas encore venu où l'on pourra systématiser d'une manière rationnelle et générale les connaissances acquises à leur sujet. De là vient que la plupart de ces travaux revêtent la forme d'observations détachées. Les Icônes àaM. Hoft- mann, les fascicules publiés sous différents titres par MM. Fresenius, de Bary, Bail, Brefeld, etc., traduisent très-bien les nécessités présentes de la Mycologie en particulier. Ces publications, sans avoir aucun lien apparent, guident d'autres observateurs, entretiennent entre eux des com- munications fécondes, et auront pour résultat de cojitribuer pour une bonne part aux progrès de l'Anatomie et de la Physiologie végétales. Tels sont les motifs qui me font commencer aujourd'hui la publication de fascicules qui paraîtront à époque indéterminée, et qui n'auront d'autre but que de faire connaître celles de mes observations journa- lières qui me sembleront dignes de quelque intérêt ; je crois avantageux d'adopter même le format usité en Allemagne pour ces sortes de publi- cations, format qui permet de donner aux ligures un développement sou- vent nécessaire. Je chercherai à être le plus fidèle possible au programme que je signalais en commençant, et je m'efforcerai de montrer les points de contact que présentent l'anatomie et la physiologie des végétaux infé- rieurs avec l'anatomie et la physiologie des autres végétaux ; mais je (1) Van Ticgliera et Le Monnier, Recherches sur les Mucorinces (Ann. se. nat., 5'- sér., t. XVII, p. 263). ne puis avoir la prétention de m'y astreindre toujours, par cette raison bien simple qu'une comparaison, pour être fondée suppose, une égale connaissance des deux termes à comparer. Or, à l'heure qu'il est, le plus inconnu des deux termes est encore la plante crj^ptogame ; il faut la faire connaître tout à la fois dans son anatomie et sa physiologie spéciale et dans la place qu'elle occupe dans la classification. Il m'arrivera donc de joindre quelquefois à ces études des descriptions et des figures d'espèces nouvelles ou peu connues. On sait quelle est, en particulier pour les Champignons, l'utilité, je devrais dire la nécessité des figures. La monographie que contient le premier fascicule a pour sujet un genre dont les affinités sont multiples et les espèces peu nombreuses. Dans le Règne végétal comme dans le Règne animal, l'observation de ces êtres à caractères mixtes est particulièrement instructive et offre des rapprochements pleins d'inattendu. Mes premières recherches sur cette plante datent de loin, elles remontent à l'année 1802. J'ai eu deux fois l'occasion de faire connaître quelques-uns des faits nouveaux qui avaient attiré mon attention; je les complète aujourd'hin par une étude histologique plus détaillée, par des observations sur le dévelop- pement du réceptacle et de ses différentes parties, sur la germination des conidies, sur leur passage à l'état de cellules végétatives pendant une période du développement du chapeau; par la discussion des faits qui concernent les réservoirs à sucs propres et leurs rapports avec les laticifères, etc. Enfin j'ai pu y faire entrer l'étude des deux espèces nouvelles décrites dans le Grevillea (novembre 1872), et dont je dois l'obligeante communication à MM. Rerkeley et Cooke : je suis heureux d'avoir l'occasion de leur en exprimer ici toute ma reconnaissance. RECHERCHES POUR SERVIR A L HISTOIRE NATURELLE f f DES VEG]]TAUX INFERIEURS DES FISTULI^ES JF'islulina Bull. Les Fistulines [Fistulhia Bull.) sont des Champignous voisins desPolypores; elles en ont été séparées par Bulliard à cause du caractère que présentent les tubes dont est garnie la surface inférieure du chapeau. Ces tubes, tapissés à l'intérieur par l'hyménium, ne sont pas soudés entre eux comme chez les Bolets et les Polyijores, et, suivant l'ingénieux rapprochement de Fries, le genre Fistulina est aux Bolets ce que le genre Scliizophylhnn est aux Aga- rics, Les Fistulines vivent sur les troncs d'arbres et les vieilles souches; elles s'atta- chent aux parties souterraines ou sur le tronc à diverses hauteurs, là où le bois apparaît privé de son écorce par une déchirure accidentelle, ou dans les cicatrices imparfaites qui suivent la chute d'une grosse branche. Une espèce, le Fistulina hepatica Fr,, est commune en Europe. Elle offre l'aspect d'une masse charnue épaisse, à contour simple ou lobé, de couleur rouge foncé; la surface supérieure, boniljée, estpapilleuse, ce qui lui donne l'apparence d'une langue. Cette apparence curieuse et ses qualités comestibles ont attiré de tout temps l'at- 8 DES FISTULINES. teiition sur ce Champignon. Les Romains l'appelaient, an dire de Panlet, Lmqua hovina. Le nom languedocien dt; Lengiiahouine, cité par Sauvages, se retrouve paraît-il, dans les endroits où les Romains avaient établi des colonies. Je l'ai vu plus fréquemment coimu dans ce pays sous le nom de Lenguo île Castaniè (Langue de Châtaignier) ; il est api)elé en Toscane Lmgiia di Castagno, et en Piémont Langhe. Dans le nord de la Finance, il est connu sous le nom de Langue-de-bœuf, Foie-de- hœuf, Langue de Chêne, Glu de Chêne. Un des noms le plus anciennement donnés à cette plante, nom conservé par Sterbeck et adopté plus tard par Persoon, est celui A' Ilijpodrys, que Solenander adopta en 1 596, désignant par là que le Chêne est un des arbres sur lesquels se ren- contre le plus souvent la Fistnline. Ruxbaum paraît être un des premiers à avoir observé la séparation des tubes hyménophores ; il la dépeint ainsi : Agaricus gelati- nosus parte pronâ erinaceus. La Fistnline fut confondue avec les Bolets jusqu'en 1 701 , époque à laquelle Bulliard lui donna le nom de FistuUna buglossoides . Paulet la rangea parmi ses Doidrosarcos, qui comprenaient un grand nombre d'Hyméno- mycètes lignicoles. Enfin le nom de Buglossus lui fut attribué par Walilenberg, qui transporta à la dénomination générique le caractère sur lequel Bulliard avait basé le nom spécifique de buglossoïdes (1820, Wahl., FI. Up.sal.,\>. i')9). Ou retrouve en- core ce nom en 1833 dans Wallroth [Flor. Crgpt. Gerni., IV, p. 009). OudoitàFries d'avoir fait prévaloir le nom de Rulliard, et aujoiu'd'hui ce Champignon est nonnné par tous les auteurs FistuUna. Quant à la désignation spécifique, Fries a repris celle ([ue lui avaient donnée les anciens auteurs qui la rangearent parmi les Bolets, au lieu d'accepter celle de Bulliard, et c'est sous le nom de FistuUna hepatica Fr. que les botanistes se sont habitués à désigner l'espèce la plus répandue (1). Trois autres espèces, toutes trois d'origine américaine, ont été découvertes depuis. La structure particulière des Fistulines a frappé l'attention de la plupart des botanistes. Bulliard déclare que ce Champignon est un des plus curieux que nous ayons en France. Plus tard, Persoon s'exprime à peu près dans les mêmes termes : « Ce Champignon, dit-il, qui est le seul de son genre, est un des plus sin- guliers que l'on connaisse. » Cependant aucune étude spéciale n'en a été entreprise ; (1) Voyez la synonymie plus complète au dernier chapitre. DES FISTULINES. un seul auteur, Schmalz, paraît avoir voulu se reudre compte de sou orgauisatiou, et il u'a fourni que des données inexactes (1). MYGKLICM ET UKGEl'ÏACLE. • g 1". Mycélium. — Tout à l'ait transitoire, il n'est plus visible au moment où le ChaJui)ignon se montre sous forme d'une petite sphère de la grosseur d'une tête d'épingle ; les cellules qui sont directement en contact avec le bois font pariie du parenchyme du réceptacle, et seront décrites avec lui. J'ai pu obser\er quelques filaments germinatifs, j'en donnerai les caractères en parlant des conidies; mais la période de germination intermédiaire entre l'issue des premiers filaments germi- natifs et la constitution d'mi parenchyme distinct a échappé jusqu'ici à toutes nos investigations, soit dans le laboratoire, soit sur la nature. Il serait d'autant plus désirable de comliler cette laome, que c'est probablement à cette période que se rattachent les phénomènes de fécondation ou de eopidation. § 2. SIrwcturc du Rëceplaclv, ses vléniciils cellulaires. — La loriuc générale du réceptacle a beaucoup d analogie avec celle des l'olypores de la section des Fleuropes ; le plus souvent il se compose : 1° d'un pédicule (|ui varie de lon- gueur : j'en ai rencontré qui avaient jusqu'à 20 centimètres, ce qui se pro- duit si la Fistuline est portée par vuie racine un peu profondément enfoncée en teiTe; il a d'ordinaire 2 à 5 centimètres de longueur; 2° d'un chapeau à direc- tion horizontale et perpendiculaire ou légèrement oblique sur le pédicule, et (pii s'étale en une masse charnue de dimension et d'épaisseur très-variables. Le bord circulaire est obtus, tantôt assez régulier, tantôt lobé. La surface supérieure est bombée, rouge, et couverte de tidjercules papilleux comme le pédicule. La sur- face inférieure est pleine ou légèrement concave, d'im blanc gris tournant au jaune orangé par places et surtout vers le pédicule, et devenant rouge brun après la matu- (1) Schmalz, Prospectus Fumjonnn specics, pars I (1827), p. 5. DE SETXE3 10 riES FISTULTNES. rite : elle semble recouverte d'une épaisse villosité : ce sont les tubes liyméno- phores distincts (|ui lui donnent cet aspect; les ouvertures de ces tubes sont visibles comme chez les Polypores. Le pédicule peut manquer et le chapeau être sessile ; d'autres fois la Fistuline a ime tendance à se ramifier : elle présente plusieurs chapeaux plus ou moins fusionnés, ou bien des mamelons sur le pédicule, qui annoncent cette tendance. L'aspect exté- rieur de chacune des parties du réceptacle sera mentionné avec plus de détails en traitant de l'histologie de ces parties. Nous commençons par celle du parenchyme formant la masse du chapeau et du pédicule, qui ne sont pas séparables anatomi- quement. Nous étudierons ensuite les appendices situés à la surface externe de ce réceptacle ou son revêtement, puis les organes reproducteurs. Une coupe faite à l'intérieur du réceptacle laisse voir un tissu charnu d'une con- sistance homogène, un peu plus ferme à mesure qu'on approche de la base du pédicule, plus molle au contraire vers la partie supérieure du chapeau, qui, dans une variété de la Fistidine hépatique, devient tout à fait gélatineuse. La teinte de ce tissu est rouge de chair crue, tirant quelquefois un peu sur le rouge violacé de la Bette- rave. La partie du pédicule soustraite à la lumière est blanche intérieurement et extérieurement, mais elle devient très-vite rose, puis rouge ; la teinte généi'ale rouge reste néanmoins toujours plus claire à la base du pédicule, et fonce beaucoup vers la partie supérieure du chapeau. Le pédicule et le chapeau présentent d'étroites bandes blanches ou légèrement rosées lorsqu'elles ont été exposées à la lumière, et (|ui restent toujours plus claires que le reste du tissu ; elles se dirigent d'une manière uniforme de la base du pédicule vers la périphérie du réceptacle ; à la partie infé- rieure du réceptacle, au point qui correspond à la naissance des tubes, elles se tou- chent et forment une ligne blanchâtre d'environ un millimètre de largeur. Si l'on fait une coupe perpendiculaire au plus grand axe du réceptacle et à la direction générale de ces veines plus claires, on voit qu'elles se rejoignent et forment ainsi des aréoles de forme irrégulière, qui rappellent la disposition des faisceaux musculaires circonscrits par le tissu aponévrotique. Nous verrons plus loin la signification de ces bandes claires. Le tissu du réceptacle est formé par des cellules d'une composition assez iden- tique pour (ju'on ne puisse pas séparer des couches distinctes; on ne peut étaldir DES FISTULINES. i\ que des zones tout à lait artificielles. Ces cellules sout de divers calibres, cloisonnées de distance en distance et de direction variée. On peut les ranger en deux catégories : 1" Les cellules- larges. Celles-ci sont tantôt régulièrement cylindriques, tantôt fusiformes, à cloisons rapprochées ; leur calibre A'arie entre 0"'°',008 et O^^jOâS; il est le plus ordinairement de 0""",015 à 0°"",02:0. Quand elles sont fusiformes, le calibre de la partie effilée peut descendre au-dessous de O^^jOOS et n'avoir plus que 0""",00i ou 0""°,005 au niveau de la cloison, le plus grand diamètre de la partie moyenne ne dépassant plus alors 0'"°',010 ou 0'"'°,0I2. La paroi est peu épaisse, transparente, et n'a guère plus d'im demi-millième de millimètre d'épais- seur. Le protoplasma est hyalin,- les granulations graisseuses, de dimension va- riable, y sont rares et quelquefois nulles chez les plus grandes. Leur longueur ou la distance mesurée entre deux cloisons est extrêmement varialde, suivant les points du réceptacle où on les considère; les plus courtes ont 0"'°',02:5, elles sont alors presque aussi longues que larges; les plus longues sont depuis 0""",OiO jusqu'à O""! 28 et au delà (voy. pi. II, fig. 2, 3, 4, 5"). 2° Les cellules étroites, dont le calibre ne dépasse pas 0°"",010. Celles-ci off"rent des variétés qui, tout en ayant le caractère commun d'étroitesse et de longueur qui les a fait appeler hypha ou filaments, doivent être facilement étudiées à part. On |)eut aisément distinguer cinq variétés. a. Cellules longues, étroites, de calibre à peu près égal, contenant un plasma homogène réfringent à reflet, jaunc-paille, qui remplit la capacité cellulaire de manière à masquer l'épaisseur de la paroi , ou quelquefois un plasma granuleux et riche; leur calibre est de 0'"'°,00i- à 0""°,00o. C'est à cette catégorie que se rattachent les cellules de la base du pédicule en rapport avec le bois de l'arbre qui sert de support à la Fistuline, et qui n'ont quelquefois que 0'"",003 ; les cloi- sons de ces dernières sont assez rapprochées, et leur plus grand axe est en général de 0''"",0G0. Elles constituent en grande partie le tissu du réceptacle à son premier âge, lorsqu'il n'a encore que quelques millimètres. Elles sont figurées planche II, fig. 1 et 1 '■. h. Cellules de même forme, qui se distinguent des précédentes par l'ii-régularité de leur trajet et de leur calibre, par l'éloignement très-grand des cloisons qu'elles présentent, et qui doivent être comprises parmi les cellules laticifères reconnues tout d'al)ord chez les Lactaires. Les unes ont un contenu homogène réfringent 12 DES FISTULINES. à reflet jaune très-clair; les autres ont un aspect analogue ou sont granulées, mais elles offi'ent une coloration ({ui varie de l'orange au rouge souvent très-intense. Je réunis les luies et les autres sous le nom de réservoirs à suc propre, mais j'appellerai les dernières, pour la facilité de la description, cellules chromogènes, le nom de « réservoirs à suc propre » devant prendre une signification plus étendue, et désigner aussi des cellules plus ou moins irrégulières, qui contiennent nn plasma riche, sans coloration rouge spéciale, et dont les cloisons ne se rencontrent (ju'à des distances indéterminées. Elles donnent souvent naissance à des branches très-ténues, de sorte que leur calibre varie depuis 0°'"',002 jusqu'à O^^jOOo, qui est la largeur moyenne, et jusqu'à 0'°'",008. Quelques portions renflées atteignent 0""°,010, et j'en ai vu une de 0""°,013. Elles sont quelquefois variqueuses, et leur direction est tantôt rectiligne, tantôt irrégulière, contournée ou spiralée, suivant les zones du réceptacle où on les con- sidère; enfin elles s'anastomosent sans pour cela se cloisoniler vers les points où naissent les prolongements anastomotiques (voy. pi. II et III). c. Cellules longues présentant un calibre moyen de 0'°'",003 à ()""", 000 uniforme, remplies d'un protoplasma toujours granuleux, et dont les globules sont petits et à contour très-accusé. Les cloisons qui se présentent sont à intervalles éloignés envi- ron de 0"°',080. A cette A-ariété se rattachent les cellules qui forment les tubes hymé- nophores (voy. pi. \T, fîg. 4 et 5). d. Cellules à parois fines, allongées, à protoplasma riche finement granuleux, fusiformes ou présentant un renflement assez net, mesurant de 0°"", 001 à0'°'",003 et 0'"°',003 dans le renflement, où s'observe souvent un globule graisseux for- mant nucléole beaucoup plus gros cjue ceux qui font partie du protoplasma des cel- lules. Ce type de cellules ne se rencontre que dans la zone supérieure du chapeau et a la plus grande analogie avec les cellules qui portent des conidies (voy. VII, fig. 1 1). e. Cellules du tissu trémelloïde, semblables à celles de la volve des Phalloïdes, d'un calibre uniforme de 0°"", 003, quelquefois sensiblement élargies aux cloisons; leur direction est généralement courbe ; leur contenu, homogène, transparent ne laisse pas nettement distinguer la paroi, qui est épaisse, ainsi que permet de le con- stater une coupe transversale. Les cloisons sont situées à des distances variables, environ à 0'"'°,050 et souvent beaucoup plus. On rencontre ces cellules à la péri- phérie du réceptacle et surtout à la partie supérieure du chapeau, auquel elles DES FISTULINES. 13 communiquent la viscosité qui lui est pi'opre par les temps humides et lorsque le revêtement externe et les petites houppes furfuracées se sont détachées. Toutes les cellules que je viens de décrire sont colorées en jaune par l'iode, soit employé en teinture, soit par la solution du chloroiodure de zinc. L'intensité de cette coloration est variable; elle est en rapport avec la richesse plasmatique du contenu, la membrane isolée se colore en jaune doré très-clair. Sur aucune d'entre elles on n'obtient de coloration bleue, quel que soit le traitement qu'on leur ait fait subir, tel que séjour dans l'eau à divei'ses températiu^es, dans les acides, dans les alcalis, dans l'alcool ou l'étlier, etc. La glycérine produit, comme sur beaucoup de cellules végétales, la séparation très-nette du protoplasma d'avec la paroi interne de la membrane cellulaire, pourvu que son action n'ait pas été continuée trop longtemps. Nous étudierons, k propos du protoplasma, les diverses réactions chimiqvies qu'il présente. § 3. Dislribution des cellules dans les différentes zones du réceplaele. — A la base du pédicule, au point où il adlière au bois qui lui sert de sol nourricier, les cellules appartiennent à la variété a du second type, rectilignes, parallèles, légère- ment renflées à l'extrémité par où elles touchent le bois, non ramifiées, présentant des cloisons et un protoplasma riche, souvent homogène huileux. Sur une coupe trans- versale, on reconnaît qu'à une faible distance de l'origine du pédicule, ces cellules ne tardent pas à changer de calibre. Elles sont très-inégales, et des cellules larges se montrent déjà en grand nombre; elles se ramifient et ont perdu leur parallélisme, bien que leur direction générale soit de bas en haut dans le sens de l'axe longi- tudinal du pédicule ; un certain nombre divergent , croisent celles-ci horizonta- lement pour se terminer en cul-de-sac à la surface externe du pédicule. Si l'on fait une coupe longitudinale tout près de la surface du pédicule, elle montre la section (les cellules perpendiculairement à leur plus grand axe (fig. 3, pi. II), exactement comme si la coupe avait été conduite vers le milieu du pédicule dans le sens hori- zontal; la courbe suivant laquelle s'infléchissent les cellules pour devenir Iku'I- zontales, de verticales qu'elles étaient d'abord, est exactement indiquée par la direction des veines pâles que j'ai déjà signalées dans le tissu du réceptacle. Lorsque le chapeau est bien formé, les cellules de la partie médiane ont un caliluM^ jilus grand; elles appartiennent au type n° 1 . Sur une coupe médiane suivant «- DES FISTULINKS. l'axe aiiti'r()-i)Ostérieur, on peut distinguer truis zones non séparablcs anatoini- quement. mais qui présentent à l'analyse microscopique une prédominance de tel ou tel groupe de cellules : la zone médiane, la plus considéralde, qui peut, suivant l'épaisseur totale du cliapeau, être deux, trois et quatre fois plus large que les deux autres; la zone supérieure et latérale, de dimension assez variable ; et la zone inférieure, qui supporte les tubes hyménophores, et qui n'est, à celle du milieu, que comme I est à 6 ou comme 2. est à 20. Zofte médiane. — C'est dans la zone médiane que dominent, nous l'avons dit, les cellules de grand calibre; elles y forment un feutrage (fig. 2, pi. II) dans letpiel on distingue une direction générale des filaments cellulaires dans le sens antéro-pos- térieur-, quelques-uns se dirigent latéralement, d'autres vers le liout, d'autres vers le bas, ce qui donne cinq directions différentes ; mais l'examen anatomique confirme le fait d'une direction prédominante, que l'aspect de la déchirure du tissu et le sens dans lequel elle s'opère le plus facilement indiquent déjà (PI. II, fig. 4). Des cellules de petit calibre appartenant aux variétés /> et c parcourent ce feutrage, et l'on peut en voir qui naissent dix'ectement des cellules de grand calibre. On y ren- contre aussi des cellules chromogènes. Il n'y a du l'este rien de particulier à noter sur les grandes cellules : la pauvreté du protoplasma chez bon nombre d'entre elles indique qu'elles sont peu actives dans les phénomènes d'accroissement total et de végétation du réceptacle; c'est à la périphéxne du réceptacle qu'ils paraissent reportés. Il en est de même, on le sait, chez un grand nombre d'Ilyménomycètes charnus, chez les Agaricinés en particulier, chez lesquels le centre du pédicule et du chapeau est formé de cellules plus grandes, plus pauvres, et qui tendent même à disparaître chez certaines espèces, pour laisser à leur place une cavité centrale. Chez les Polypores subéreux, il n'en est pas ainsi, les cellules filamenteuses qui les composent ont sensiblement le calibre et la même composition au centre et à la périphérie du réceptacle. Zone inférmirc. — Elle est formée de cellules étroites naissant de cellules à grand calibre ; leur intrication est ici complexe, par suite du changement de direction qui, dans l'ensemble du tissu, devient verticale pour donner naissance aux tubes hyménophores de la surface inférieure du chapeau. Les cellules étroites, à plasma, abondant qui doivent former ces tubes, naissent de cellules larges, courtes et ventrues f[ui deviennent étroites en conservant les cloisons rapprochées DES FISTULINES. 15 à leur origine. On trouvera plus loin ce qui se rattache au développement de ces tubes. Les cellules chromogènes sont abondantes à la partie supérieure de cette zone ; elles s'y présentent contournées et entortillées ; mais dans la partie infé- rieure, là où les tubes prennent naissance, on n'en rencontre plus, ce tpii explique la teinte pâle de cette partie, ainsi que des tubes hyménophores. Zone supérieure, ou plus exactement {supéro-tatérale). Les cellules de cette zone forment un lacis dans lequel on distingue une tendance générale de ces élé- ments à prendre une direction perpendiculaire au plan de la surface du réceptacle; on y retrouve tous les types de cellules. Toutefois les cellules à grand calibre qui dominent dans la zone médiane ne s'y retrouvent que dans des individus arrivés à une grande dimension et à la période lapins avancée de leur développement. La masse principale du parenchyme est formée de cellules étroites à protoplasma dense et granuleux, naissant de cellules plus grandes, et qui, sauf l'absence d'une direc- tion rectiligne et bien déterminée , sont analogues aux cellules des tubes hyméno- phores. Des réservoirs à suc propre liomogène, réfringent et transpai^ent, ou sous forme de cellules chromogènes , s'y présentent en abondance ; ils ont une grande tendance à prendre dans cette région des directions contoui^nées, entortillées, spiralées, et arrivent jusqu'à la surface du chapeau. Ils s'anastomosent fréquem- ment (1). Pour voir l'ensemble du réseau qu'ils forment par ces anastomoses, il faudrait faire des coupes d'une trop grande épaisseur, et cette étude deviendrait impossible -, mais on se rend très-bien compte de son existence en faisant macérer quelques portions de tissu, dans lesquelles une dessiccation préalable a conci'été et durci le contenu des réservoirs à suc propre ; ils résistent plus longtemps à l'action de l'eau, et lorsqu'on écrase une portion de ce tissu sous le microscope, on saisit une ilisposition générale de mailles formées par les cellules chromogènes. Dans la partie supérieure de cette zone, partie plus ou moins développée suivant les échantillons, le tjqjc de cellules qui domine à l'exclusion de tous les autres, sauf les cellules chromogènes, est celui des cellules que j'ai appelées cellules du tissu trémelloïde, type qui a été déci-it plus haut. Elles sont hygroscopiques et se com- portent comme les cellules qui donnent le mucilage, soit chez les Cryptogames, (1) M. Hoffmann, de Giessen, a très-bien rendu compte de l'aspect tout à fait comparable de l'enchevêtrement des cellules à latex des Lactaires dans ses Ic.on. anal. Fimgorum, fasc. II, p. 13. Si Itt DES FISTULINES. ?oit chez les végétaux supérieurs. Leur grande alxnidance chez certains individus explique la propriété ([ui a fait donner au Fistulina hepatica le nom de Glu de Chêne. La couche qu'elles forment n'est point surajoutée et distincte des couches inférieures, et, si elles permettent la séparation du revêtement épidermique d'avec le tissu du parenchyme du chapeau, ce n'est qu'en se divisant elles-mêmes par suite de leur fragilité naturelle. A l'examen microscopique, on reconnaît que les cellules trémelloïdes naissent directement des autres cellules du parenchyme, et même de celles à grand calihre. Cette observation est surtout facile à faire dans les points où ces cellules sont en moindre abondance, dans le pédicide par exemple, au moment où il va se confondre avec le chapeau. Les cellules du tissu trémelloide perdent parfois l'aspect transparent et homogène i[\\\m leur connaît dans les Champignons dont elles forment l'élément fondamental, pour se remplir d'ini proto- plasma finement graimleux, lorsqu'elles donnent naissance à des poils ou à des conidies. Le môme phénomène s'observe chez les Trémelles ou les Exidies, au voisinage de l'hyménium. Si on les soumet à l'action de l'acide chlorhydrique, on remarque aussi que leurs extrémités libres en cul-de-sac présentent de fines granulations à l'intérieiu'. Le tissu trémelloide ne se rencontre pas dans les récep- tacles dont le chapeau n'est pas encore formé ; il prend un développement consi- dérable dans une variété de F. hepatica dont Saint-Amans a fait une espèce sous le nom de F. sarcoides [Flore agenaise, p. 516). On rencontre quelquefois une forme de celhdes tout à fait spéciale à cette zone, décrite sous le type d et figurée planche Vil, fîg. IL Ces cellules, toujours étroites, à parois fines remplies d'un protoplasma sans vacuoles, à granulations fines et nombreuses, présentent sur un, plus rarement sur plusieurs points de Icnr parcours, un renflement brusque d'environ O^^jOOG de diamètre. Quand ces cellules atteignent une grande loiigueur, ce renflement est moins net et la cellule tend à devenir fusiforme, comme on le voit figure 1 1 ; elles naissent des autres cellules qui forment le tissu de cette zone et dont le diamètre est supérieur. Je n'ai pu (ju'à grand'peine me rendre compte de l'origine et de la vraie nature de ces cellules dont la forme si particulière sollicitait vivement mon attention ; elles m'ont permis de reconnaître mi fait très-curieux dans la morphologie de ce Champignon. (Jn en trouvera l'étude détaillée au chapitre W , qui traite du développement du récep- tacle et des conidies. DES FI8TULINES. 17 Je n'ai pas séparé l'étude du pédicule de celle du chapeau, mais il est bon de faire observer que la distinction des trois zones que je viens de décrire ne s'applique point au pédicule : celui-ci, ne portant pas de tubes hyménophores, n'a pas de zone correspondante à la zone inférieure du chapeau; il serait même fort difficile d'établir des distinctions de ce genre dans le pédicule, dont les éléments sont confondus d'une manière assez uniforme, cellules à petit calibre dans l'état de jeimesse, passant à l'état de cellules larges, entremêlées de cellules à petit calibre, de réservoirs à suc propre et de cellules chromogènes; ces trois derniers types ayant luie tendance à prédominer vers la i)ériphérie, qui correspond à la zone décrite ci- dessus comme zone supérieure dans le chapeau. Une conclusion précise à tirer de l'étude que nous venons de l'aire, suit des cel- lules, soit de leurs parcours et de leurs rapports dans les différentes zones, c'est que toutes les cellules que nous avons distinguées : larges, étroites, à suc propre, chro- mogènes, trémelloides, etc., ne forment pas des systèmes distincts par leur origine, ou bien qui, ayant une origine commune, s'isolent plus tard en foi'mant des groupes distincts, comme seraient les fibres ligueuses et la moelle, les fibres du liber et les cellules subéreuses par exemple. Ici les cellules différentes par leurs dimensions, leurs formes, leur contenu, passent les unes dans les autres; elles apparaissent, il est vi'ai, dans un certain ordre, mais elles restent toujours en connexion directe. Toutes mes observations sur les H}jmeno)nycetes pileàtl Fr., dont les cellules sont les plus différenciées, comme les Lactaires et les Russules, m'ont montré la même disposition chez ces Againcinés que dans les Fistulines. En cela je ne suis pas de l'avis de M. Hoffmann, qui verrait volontiers dans les cellules à grand calibre des Russules une formation de parenchyme spécial [Icon. anal. Fung., Heft II, p. 13 ). § ^1. Réservoirs à suc propre. — Les cellules qui entrent dans la composition du réceptacle ont été rangées en plusieurs types (voyez § 1) (pie nous avons vus passer de l'un à l'autre dans les zones fictives dont l'étude précède. Quelle que soit la difficulté de donner un caractère précis exclusivement propre à chaque type de cellules, il faut reconnaître qu'il y en a tout un système dont la forme et le contenu frappent tout d'abord et tranchent sur le tissu du réceptacle; c'est ce que nous avons appelé les réservoirs à suc propre. Ils se distinguent des cellules environnantes non-seulement par la coloration souvent intense de leur contenu, mais aussi par les DE SEÏNES. 3 18 DES FISTULINES. sinuosités qu'ils présentent dans leur parcours, par une certaine tendance à la l'or- mation de poches variqueuses ou de bosselures et d'anastomoses très-courtes ou à longs réseaux. Ces caractères nous frappent moins, quand ils se rencontrent dans les autres cellules d'un calibre semblable, parce que celles-ci ne contiennent pas un liquide fortement réfringent ou coloré qui permette de les suivre, comme on suit avec plus de facilité sur un tissu animal les vaisseaux injectés par ime substance colorée. On peut cependant s'assurer par une dissection attentive que les caractères tirés de la direction sinueuse, des anastomoses, de l'état bosselé, qui sont fréquents et presque la règle chez les réservoirs à suc propre, sont l'exception pour les cellules ordinaires delà trame du tissu. L'absence ou le très-grand éloignement des cloi- sons, qui fait de ces réservoirs comme un passage aux vrais vaisseaux, n'est pas un caractère exclusivement propre aux réservoirs à suc propre, ainsi qu'on peut s'en convaincre en examinant la figure 1 de la planche III : cette figure reproduit une cellule mesurant 2 millimètres et demi de longueur sans offrir auciuie trace de cloison ; il faut noter que, malgré toutes les précautions employées, les extrémités en e sont rompues, et que nous n'avons pas la longueur totale. Cette cellule, prise dans le chapeau d'un Fistidina hepatica, présente tous les calibres ; elle est très-pauATe en protoplasma dans les portions larges et plus riche à l'extrémité et dans les deux bifurcations étroites rompues. En cherchant quelle est l'origine des réservoirs à suc propre, on les voit prendre naissance de cellules étroites dans lesquelles le protoplasma se concentre peu à peu, soit en gai\laut une teinte jaune clair, soit en se chargeant en même temps de ma- tière colorante rouge, ainsi que l'indiquent les figures 12 de la planche YI, 4 de la planche III; des cloisons se forment en général dès que cette tendance à la concen- tration du suc propre s'est établie : on les voit notamment figures 4, (5, 7, planche III. La cloison semble parfois prendre un accroissement assez grand pour faire saillie dans l'intérieur de la cellule contiguë, ainsi qu'on le voit figure 7, planche II; mais c'est un fait qui se reproduit dans les autres cellules du parenchyme (voy. pi. II, fig. 2), et qui n'est peut-être qu'un cas particulier des formations qui caractérisent les cellules à boucles. L'extrémité libre du réservoir à suc propre est tantôt en cul-de-sac, souvent très-élargi, tantôt en forme de bec recourbé, et ces terminaisons variées annoncent DES FISTULINES. 19 la tendance, soit au changement de direction, soit au changement de calibre, soit même, nous semble-t-il, aux anastomoses. Les anastomoses, très-courtes, telles qu'on peut eu voir un exemple dans la figure 11, planche III, ne nous paraissent nullement produites par le mécanisme habituel, si facile à voir dans certains mycé- liums et décrit par M. de Bary [Morphol. xind Physiol. der Pilze, p. 10). Une terminaison très-fréquente des ré- servoirs à suc propre est celle qui est figurée planche III, figure 11, mais réduite, et que je reproduis ici à un grossissement plus fort. Si l'on suppose que les extrémités de la partie de (n° 1) s'allongent dans les deux sens indiqués par les deux pointes de la flèche, tandis que l'extrémité a s'allonge de son côté, on aura la figure 2, qui n'est point fictive, et que l'on retrouve de temps en temps; on comprend quels intermédiaires nous amèneraient à l'anastomose de la figure 1 1 mentionnée ci-dessus. Les deux directions opposées de croissance ne se produisent pas nécessairement dans le même plan. Les directions inverses peuvent être dans des plans ditférents, et latérales par rapport à l'axe du réceptacle. Du reste, il n'y a pas d'expériences précises sur le mode d'accroissement des réceptacles fongiques, soit en hauteur, soit en diamètre, et l'on rencontre assez souvent des ramifications de cellules dirigées dans deux sens inverses, et montrant leurs extrémités libres aux deux pôles opposés de l'axe de la cellule qui leur a donné naissance ; une direction de croissance régressive, par rapport au mouvement général d'accroissement du réceptacle, déterminé depuis une base, qui est le point d'insertion du pédicule sur le sol nourricier, jusqu'au pourtour libre du chapeau, ne nous semble donc pas inadmissible pour quelques branches des réservoirs à suc propre, quand nous en avons l'indication pour d'autres cellules. Quant aux anastomoses que j'appellerai à longue portée, elles ne me paraissent qu'un fait de ramification, de sorte qu'il n'y aurait dans ces diverses anastomoses aucun phénomène de soudure avec disparition des parois mitoyennes. Il se présente V'vf. A. — Extrémités do réseryoirs à suc propre. 20 DES FISTLLINES. des phénomènes de soudure longitudinale entre deux parois de cellules accolées, mais sans résorption des parois. La figure 3, planche III, en indique une réalisée entre un réservoir à suc propre et une branche issue de lui; cette soudure est incomplète. La figure 7, planche II, en montre une autre entre une cellule ordi- naire et un réservoir à suc propre. Enfin la figure o h, planche II, reproduit deux cellules du parenchyme issues d'une même cellule et soudées parallèlement- Des ramifications sans cloisomiement, comme celles indiquées planche II, fig. 8, peuvent très-bien, en s'allongeant, se l'épétaut, changeant de direction, rendre compte des effets simulant des anastomoses qu'on rencontre sur le parcours de ces cellules. Un mode de ramification rare chez les cellules fongiques, ainsi que le constate M. de Bary [MorpJtol. und Physiol. der Pi/ze, p. 15), est la bifurcation directe du sommet de la cellule : les réservoirs à suc propre présentent quelquefois cette disposition, figurée en c, 3. L'extrémité libre de ces cellules affecte, du reste, souvent les formes les plus bizarres. Les réservoirs à suc prû})re ne présentent que très-rarement des cloisons sur leur parcours. Ce fait tient-il à ce qu'ils sont le produit de rallongement d'une même cellule, ou bien à une destruction subséquente des cloisons? Je n'ai surpris aucmi fait qui put être favorable à cette seconde hypothèse, et je suis disposé à admettre la première, qui a été défendue, comme on le sait, par M. David (1) pour la formation des vaisseaux laticifères chez quelques plantes phanérogames. Les ob- servations citées par M. Trécul (2) sont trop précises pour qu'on puisse douter que dans un grand nombre de plantes les laticifères se foi'ment par fusion de cellules; mais il ressort évidemment de l'ensemble des travaux modernes sur cette question que les laticifères ne peuvent être ramenés à un mode de développement uniforme et qu'on est bien forcé d'admettre des origines très-diverses pour ces vaisseaux. Les rapports que M. Scluiltz a pensé exister entre les laticifères des Phanérogames et les réservoirs à suc propre des Agarics ou Lactaires ne nous paraissent pas douteux, et ceux-ci ont leurs analogues chez les Agarics non laiteux et les autres Hyménomycètes charnus, dans les cellules que je décris ici. Les l'ap- (1) G. David, Uebei' die Mikhzellen der Ewphorbiaceen, Moreen, Apocynecn und Asdepiadeen. Breslau, 1852. (2) Trécul, Comptes rendus Acad. des se, décembre 1860; mars, juin, novembre, décembre 186S. — Ann. des se. nat, 5= série, t. V, VI, VII. DES FISTULINES. 21 ports que présentent ces organes sont de trois sortes : rapports de contenu (nous les étudierons plus loin à propos du protoplasma), rapports de structure histologique, rapports de situation. La tendance que j'ai signalée comme carac- téristique des réservoirs à suc propre, chromogènes ou non, à l'inégalité, aux bosselures, aux directions contoimiées et à l'éloigncment indéfini des cloisons, se retrouve chez les Lactaires. La figure de M. Schultz (1) n'en donne point une idée; mais celle que M. Boudicr a })ubliée {Des diampignons au point de vue de leurs caractères usuels, chimujues et toxicologiques, 18GG, \A. II, fig. 4) en fournit un excellent exemple, et on les croirait pris dans une Fistuline, tant la forme repré- sentée par cette figure est fréquente chez notre Champignon. Un Agaric qui contient un suc aqueux et non laiteux, VAg. dentatus L., a ses réservoirs à suc propre remplis d'un liquide qui prend à l'air une teinte noire foncée, et permet de suivre le parcours de ces organes au sein d'un tissu transparent et fragile; ils sont le plus souvent spirales et présentent des inégalités de calibre dans le chapeau; il en est de même dans r.4^. olearms DC, l'A^. ceraceus Sow., etc. L'abondance des réservoirs à suc propice vers la périphérie du réceptacle n'est pas moins remar- quable, soit qu'on les envisage chez les Lactaires, soit qu'on les étudie chez les Hyménomycètes non laiteux, comme \Ag. dentatus L. ou la Fistuline. Le contenu des réservoirs à suc propre est le plus souvent coloré en rouge plus ou moins foncé dans le Fistulina hepaticn, et j'ai désigné sous le nom de cellules chromogènes ceux qui sont ainsi colorés ; mais la faculté de produire une substance colorante ne change rien aux dispositions habituelles et aux carac- tères des réservoirs à suc propre, ainsi qu'on peut s'en convaincre dans le tissu du Fistulina pallula, qui ne contient presque pas de cellules chromogènes, mais qui présente des réservoirs à suc propre, homogène, réfringent, légèrement teintés de jaune. La figure 8, planche III, montre du reste un réservoir à suc propre ne pré- sentant dans le milieu que la teinte propre au protoplasma huileux des Cham- pignons et qui devient chromogène aux deux extrémités ; il n'y a donc pas en réalité deux systèmes différents (2). (!) Schultz, Mémoire pour servir de réponse, etc. , 1833, p. 49 (pi. 1, lig. I, 2). (2) La même chose s'observe chez les Plianérogames, et l'on sait que la matière colorante n'est pas contenue dans des celhiles spéciales ; elle accompagne le laiex ou la chlorophylle, ou bien se rencontre dans des cellules épi- dermiques. 22 DES FI-STULLXES. Los réservoirs à suc propre envoient fréquemment des branches plus fines dans le tissu. 31. de Bary le constate dans les Lactaires. Il en est de même dans les Fistulines (la coupe figurée pi. III, fig. 13, i)rise sur un individu jeune, près de la surface, nous montre la section des cellules du parenchyme); les gros troncs des réservoirs à suc propre suivent luie dii'ection à peu près parallèle à ces cellules, mais les ramifications plus fines suivent une direction perpendiculaire à celle des gros troncs et des cellules du parenchyme, sans rester cependant toujours dans le même plan, ce qui fait que la coupe les interrompt et ne i)eut pas indi(]uer leur terminaison. La figure 14 présente une de ces fines ramifications, très-grossie, ainsi que les cellules environnantes ; on peut voir que les directions courbes de la cellule chromogène sont subordonnées à la [trésence des cellules du tissu qu'elle croise, comme un fil passant alternativement dessus et dessous le fil d'une trame prend des courbures alternativement inverses ; on y voit aussi des portions renflées remplir des espaces intercellulaires, de sorte que la forme générale tortueuse et variqueuse de la cellule chromogène parait déterminée par la présence des cellules du tissu croissant en sens inverse de cette cellule. Il est bien probable qu'il en est souvent ainsi : il est digne de remarque, en effet, que chez les autres Agarics ou Lactaires, qui contiennent des réservoirs à suc propre, la direction de ces i^éservoirs, assez régulière dans le pédicide où ils sont parallèles à la direction générale de la plupart des cellules, devient tortueuse près des lamelles, c'est-à-dire au point 011 les cellules du chapeau sxd)issent des changements de direction en vue de la formation des lamelles. C'est aussi dans les points où les changements de direction sont les plus accusés que les réservoirs à suc propre forment des courbes soiivent très-complexes, ou lùen lorsqu'ils suivent une direction opposée à la direc- tion générale des cellules, (hi voit, figure 12, planche III, une cellule chromo- gène ah très-rectiligne, et qui l'était sur une bien plus grande longueur que n'a pu l'indiquer la figure parallèlement aux cellules du parenchyme dirigées en ce point, presque toutes dans le même sens. Les branches nées en c croisent cette direction et sont toutes bosselées. Toutefois ces circonstances ne permettent pas d'expliquer dans tous les cas les dispositions des réservoirs à suc propre. C'est ainsi que l'Ag. dentatus L. a le pédicule formé de cellules rectilignes et parallèles. Les cellules chromogènes qui se trouvent à la périphérie du pédicule suivent exactement la même direction que DES FISTULINES. 23 les cellules du tissu qu'elles accompagnent; elles sont cependant très-fréquemment disposées en tire-bouchon. On a vu plus haut comment se développent les réservoirs à suc propre, et comment ils naissent des cellules à protoplasma ordinaire. Les réservoirs à suc propre peuvent à leur tour donner naissance à des cellules du tissu fondamental à calibre étroit et à protoplasma granuleux (pi. lll, fig. H); seulement il ne se forme pas de cloison entre le réservoir à suc propre et la nouvelle cellule, ainsi qu'on le voit dans cette figure pour les deux branches issues de la cellule clu'omo- gène. Il se présente donc une question assez délicate à résoudre : S'agit-il réellement d'une nouvelle cellule à laquelle le réservoir à suc propre a donné naissance, ou bien le protoplasma de ce réservoir s'est-il simplement modifié dans la même cellule? Si l'on adopte cette dernière vue, il devient presque impossible de distinguer les réser- voirs à suc propre des autres types cellulaires, puisque, nous l'avons vu plus haut, plusieurs; des caractères histologiques de ces réservoirs ne leur sont pas exclusi- vement propres et ne peuvent pas être séparés de ceux que fournit le contenu. Cependant j'ai eu l'occasion de noter bien des fois et de dessiner des exemples de réservoirs à suc propre qui présentaient les caractères saillants d'inégalité de trajet tortueux décrits plus haut, et dont les cellules à protoplasma ordinaire qui en étaient issues étaient d'iui calibre uniforme et rectilignes, tout en continuant la direction que suivait le réservoir à suc propre. Il y a doue, malgré l'absence de cloison, une distinction à établir entre le prolongement des réservoirs à suc propre ayant subi cette modification de forme et de contenu et le réservoir à suc propre qui lui a donné naissance. La nouvelle cellule se cloisonne plus tard après un parcours souvent assez long et finit par se confondre avec les cellules de la trame du parenchyme. g 5. Surface externe du rcceittacie* — Les cellules de la surface extérieure du réceptacle ne forment pas un épidémie distinct, elles naissent directement des cellules du parenchyme, ou bien forment la terminaison de celles-ci. Ainsi que nous l'avons dit plus haut, il peut arriver, par suite de la fragilité du tissu trémelloïde de la zone supérieure, qu'on enlève comme une sorte de pellicule les cellules, superficielles du chapeau ; mais en réalité il n'y a absolument rien qui puisse se comparer à un revêtement épidermique. Les cellules qui en tiennent lieu se dirigent le plus souvent normalement à la surface, quelques-unes sont couchées horizontalement 2û DES FISTULLNES. OU obliquement ; elles ne forment pas une coTiche lisse et continue, et toute la périphérie du réceptacle, pédicule et chapeau, est verruqueuse ou papilleuse. A la face inféineure du chapeau se trouvent des tubes qui dillereut des papilles par leur couleur pâle et leur plus grande longueur; ces tubes seront étudiés dans le chapitre des organes reproducteurs. Les verrues des autres points de la surface externe sont formées par des poils agglomérés en houppes, dans l'intérieur desquelles ils sont agglutinés; ils forment une petite masse solide par suite d'une sécrétion sur laquelle j'aurai à l'cvenir. Ces poils sont unicellulés, non ramifiés, à termi- naison renflée ou fusiforme ; leur protoplasma est fréquemment plus coloré que celui des cellules dont ils sont nés : il présente d'ordinaire la teinte rouge foncé qui est propre aux cellules chromogènes, dont quelques-uns sont la terminaison, ainsi qu'.on peut le voir dans la figure 13, planche V. Quand ces houppes pileuses sont encore jeunes, elles sont formées de poils parallèles qui se recouvrent en se courbant légèrement en dedans; elles ont alors la plus grande analogie avec les tubes hyménophores au même âge ; plus tard, les poils divergent et la houppe pileuse prend la forme d'une rosette ou d'un éventail, comme le montre la silhouette de quelques-unes de ces houppes représentées figure 1 2, planche V. De très-bonne heure les poils, qui sont répandus partout et forment déjà de petits faisceaux à la base du pédicule, laissent exsuder à travers leur memliraue une substance qui se concrète et durcit à l'air; rarement elle reste jaune, elle est ordinairement rouge foncé, comme le protoplasma des cellules chromogènes. La membrane, tout en laissant échapper lu substance colorante, ne se colore jamais, ainsi que permettent de le constater des vacuoles ou des retraits du contenu de la cellule (fîg. !), pi. II). Il est facile de reconnaître que les cellules pileuses à suc coloré ou non coloré naissent indiiféremment des cellules larges, des cellules étroites, des réservoirs à suc propre et des cellules du tissu trémelloïde. On voit (pi. V et VI) des poils d'un calibre moyen de O'"'",00o naître tantôt de cellules qiii ont deux fois ce dia- mètre, tantôt de celhdes qui ont un diamètre moitié moindre. Quelle que soit leur origine, les poils peuvent concentrer à leur intérieur les substances contenues dans le protoplasma des cellules du réceptacle: c'est ainsi que nous voyons, figure 2, planche IV, un poil né d'une cellule tout à fait incolore, rempli de protoplasma coloré et sécrétant une portion de ce contenu. Chez les individus de grande dimension, développés dans une atmosphère DES FISTULINES. 25 humide, on voit la surface extérieure lisse, gluante, en grande partie dépourvue des petites verrues si caractéristiques formées par les houppes pileuses. Ce fait me paraît trouver son explication dans l'accroissement du tissu trémelloïde, qui, soit par son développement normal, soit par un gonflement hygroscopique, rompt la couche externe non extensible et rendue cassante par l'exsudation des pi'oduits colorés cassants ; il en résulte une sorte de perte de substance qui ne se répare pas et qui amène à la surface les cellules du tissu trémelloïde. C'est surtout au pourtour externe du chapeau, et à partir de là jusque vers sa portion médiane, que se produit cet accident, c'est-à-dire dans la portion la plus récemment accrue. Il ORGANES DE REPRODL'CTIO.N. g 6. Tiiiics byiuénopiiorcsT^ La surface inférieure du chapeau présente des tubes cylindriques, creux, seiTés, mais non adhérents les uns aux autres. Ils tran- chent sur l'ensemble du réceptacle par leur coloration pâle blanchâtre, tirant sur le gris ou le jaune, coloration qui se prolonge sur une poiiion très-limitée du pédi- cule adjacente à ces tubes. Cette couleur se teinte quelquefois d'orangé, de rose, de rouge, et finit par prendre, lorsque le Champignon vieillit ou se dessèche, la même teinte l'ouge brun que le reste de la surface du chapeau. Si l'on étudie ces tubes chez un individu bien développé, ou voit qu'ils ont en moyenne une longueur de 3 à 5 millimètres. Ils sont, ou régulièrement cylindriques, ou légèrement bombés au miUeu en barillet ; leur base est intimement adhérente au parenchyme du chapeau, contrairement à ce qu'a avancé Gleditsch. Leur sommet libre est à la maturité légèrement étalé en collerette et présente un orifice, de sorte que la surface inférieure du chapeau des Fistulines a l'apparence poreuse de la surface inférieure du chapeau d'un Polypore ou d'im Bolet. A vm faible grossissement, on reconnaît, soit sur une coupe, soit par transpa- rence, que la cavité régulièrement cylindrique du tube qui est ouverte à l'extrémité libre de ce tube se termine en dôme à la base. Ce fond de la cavité intérieure ne correspond pas toujours exactement au point où le tube émerge du parenchyme du réceptacle : tantôt il paraît se prolonger à l'intérieur du tissu, comme si les DE SEY5ES. 26 HKS FISTULI^'ES. tubes étaient soudés à leur base jusqu'à une certaine hauteur; tantùt au contraire le fond de la cavité est situé au-dessus du point où les tubes se séparent, comme si chaque tube était porté par un court pédicule. Schmalz a donné inie figure représentant grossi un tube qui présente à l'extérieur des flocci septati, ce tube doit sans doute se prolonger beaucoup dans la substance du réceptacle, puisqu'un jeune tube à peine développé est représenté attenant à lui vers le milieu de sa longueur totale, ou bien s'agit-il d'un tube ramifié? La figure de Schmalz est tout à fait incompréhensible; et ([uant aux porri spptal'i; ils n'ont jamais existé, pas plus, que dans les houppes pileuses que l'auteur représente formées aussi par les mêmes fhxcl septati . 11 est probable qu'ici cet observateur aura été induit en erreur par le retrait que subit, dans les échantillons secs, le contenu des poils et des cellules chromogènes (1). Les tubes sont formés par des cellules régulièrement cylindriques non ramifiées, à direction parallèle et verticale. Leur calibre est sensiblement uniforme, un peu plus fort cependant pour les cellules les plus externes que pour celles qui sont à l'intérieur du tube. Les cellules extérieures s'élargissent aussi un peu à leur ter- minaison au sommet libre du tube, et tendent à prendre une direction divergente lorsque le Champignon est arrivé à sa maturité ; de là cet aspect d'une petite collerette qui entoure l'ouverture du tube. Un protoplasma à petites granulations, abondant surtout dans les cellules les plus intérieures, remplit ces cellules ; les cloisons sont assez espacées, sauf vers leur origine, à la base du tube; on ne rencontre jamais dans les tubes, ni à leur origine, de cellule chromogène, ce qui explique leur couleur plus claire. Le protoplasma n'est cependant pas absolument transparent, et si, en isolant quelques faisceaux de cellules, on les examine en superposition les mies sur les autres, on observe que le contenu a une teinte rosée tirant sur le jaune ou le brique, qui l'appelle tout à fait la couleur des spores. Les tubes hyménophores apparaissent sous la forme de mamelons formés de cellules qui convergent les unes vers les autres sans aucune apparence d'ouverture et de cavité intérieure ; lorsque ces mamelons se sont tui peu allongés, tout en conservant la même forme, l'hyménium apparaît et permet de distinguer ce qui sera la paroi interne de la cavité tubulaire; lorsque l'hyménium est tout à fait (1) Éd. Schmallz, 'Fnwjm-amspecies. Prospectus, p. 6, fig. 8, 9 et 10. DES FISTULINES. 27 formé et présente des spores, les cellules du sommet s'écartent, et ainsi se forme l'ouverture par où s'échapperont les spores. Les cellules qui constituent ces tubes naissent de cellules à grand caliljre plus courtes que celles de l'intérieur du paren- chyme et ventrues. Les figures 1 et 5, planche VI, indiquent cette disposition ([ui a la plus grande analogie avec celle que présentent aussi chez beaucoup d'Agarics les cellules des lamelles à l'origine de celle-ci. La figure 2 présente une lamelle peu développée d'Ag. hijdivphilus Bull,, et la figure 3, même planche, reproduit l'origine des cellules constitutives des lamelles chez un Tricholoma voisin de VArj. vaccinus Pers. Tous les observateurs ont du reste remarqué qu'en règle générale, les cellules sous-hyméniales sont des cellules étroites nées de cellules plus larges situées au centre de la lamelle. Les cellules des tubes de la Fistuline peuvent être considérées comme des cellules sous-hyméniales très-allongées, naissant aussi de cellules d'un calibre plus fort. Lorsque les tubes ont pris par la vieillesse du réceptacle la teinte rouge que présentent toutes les autres portions de la surface du Champignon, il est facile de voir que les cellules des tubes ont laissé exsuder une substance rougeâtre qui agglutine leurs extrémités libres au sommet. Cette sécrétion est absolument semlîlable à celle que donnent les houppes pileuses de la surface non fructifiante. Dans le Fistulina pallkla B. et Rav., cette sécrétion m'a paru plus abondante à la base du tuljo qu'au sommet (1). Du reste, même dans leur jeunesse, les cellules extérieures des tubes hyménophores exsudent ime légère couche formant cuticule : l'azotate de mercure rend cette couche manifeste en la séparant de ces cellules sous forme d'un mince enduit jaune vif, finement granuleiix. g 7. iiyMiéiiîHiii. — Les éléments de l'hyménium tapissent la cavité intérieure des tubes hyménophores qui viennent d'être décrits. Ces éléments sont des cellules courtes, serrées les unes contre les autres, ayant toutes leur sommet au même niveau ; leur direction est perpendiculaire à l'axe du tube, et par conséquent à celle des cellules qui le forment ; ce dont on s'aperçoit facilement en faisant une coupe (1) Je ne serais pas étonné qu'il n'y eût là que l'effet d'un accident dû à la préparation et au mode de dessic- cation qu'avait sulji le seul écliantillon que j'aie pu examiner. 28 DES FISTULINES. perpendiculaire à cet axe (fig. 7, pi. Vl). On voit dans cette figure la section des cellules constitutives du tube, leur lumière, tandis que les cellules hyméniales se présentent suivant leur plus grand axe. Ces cellules hyméniales ne sont cependant pas insérées sur le parcours des cellules du tube et ne s'en détachent pas comme une branche latérale; les cellules sous-hyméniales s'infléchissent et se recourbent pour porter à leur sommet une ou plusieurs des cellules qui constituent l'hymé- nium. Les cellules de l'iiyménium sont toutes des basides, presque tous fertiles, amincis à l'extrémité par où ils émergent de la cellule sous-hyméniale, élargis à leur extrémité terminale libre, qui forme 'un dôme surbaissé, quelquefois tout à fait aplati. Les basides stériles ou fertiles mesurent 0'°'",025 à 0""°,030 de haut sur O^^jOOT à 0'"",008 dans leur plus grande largeur, et O'^'^^OOS de diamètre à leur base. Les stérigmates apparaissent sous forme de petits mamelons obtus (fig. 9, pi. VI); ils s'allongent, deviennent rectilignes et arrivent à avoir jusqu'à 0°"°,003 de longueur, c'est-à-dire la dimension du plus long diamètre de la spore. Ils sont au nombre de quatre, quelquefois de trois, plus rarement de deux. Les basides situés vers l'exti-émité liljre du tube hyménophore sont un peu plus grêles que ceux des autres portions de l'hyménium. Les basides sont, ai-je dit, la terminaison des cellules sous-hyméniales : on peut voir parla figure 10, planche VI, que plusieurs peuvent terminer une même cellule; ils forment ainsi un bouquet à son sommet. Les cellules des tubes hyménophores ayant un calibre sensiblement uniforme, on comprend que sans cette disposition, et si chacime de ces cellules ne correspon- dait qu'à un seul baside, leur nombre diminuerait de la base des tubes vers leur extrémité libre; ils de\Taient présenter luie forme conique, ce qui n'est point; et si le tTd)e est quelquefois un peu plus large à sa base ou dans sou milieu, il est le plus souvent régulièrement cylindrique sur tout son parcours. Les basides sont remplis d'un protoplasma à granulations nombreuses, surtout avant la formation des spores ; plus tard les granulations graisseuses diminuent, il se forme de larges vacuoles, et l'on peut suivre cette évolution en comparant les basides figurés planche VI, fig. 8 et 9. L'hyménium apparaît dans le tube hyménophore quand celui-ci est encore fermé et ne forme qu'un mamelon peu allongé. On aperçoit alors les premiers basides sous forme de cellules renflées, à sommet régulièrement sphérique, dirigées oblique- ment, surtout les plus voisines du sommet; mais à mesure que le tube s'allonge, DES FI8TULINES. 29 ils prennent leur direction normale, perpendiculaire à l'axe du tuljo. En isolant vni baside à cet état, on constate que la portion rétrécie est plus longue que la partie élargie ; celle-ci foi-me une petite tête distincte, dès que la longueur de la cellule a atteint 0""",018 àO""",020. Bientôt une cloison se forme à la base et sépare le baside de la cellule sous-hyméniale qui lui a donné naissance. Un gros nucléole huileux réfringent occupe le centre de la portion renûée, accompagné quelquefois d'un plus petit au-dessous; le protoplasma (]ui l'entoure est transparent ou très- faiement granulé vers la cloison basilaire. Les Fistulines ne présentent sur leiu* hyménium rien de comparable aux cellules appelées cystides par Léveillé. Plusieurs mycologues, M. de Bary enti-e autres, considèrent comme des cystides les extrémités des cellules constitutives des tubes hyménophores qui terminent ces tubes (1) sansporter desbasides, et que l'on peut voir figux'ées en P dans la figure 4, planche VI. Ces fdaments cellulaires ne méritent guère un nom spécial, puisqu'ils n'ont pas ime forme spéciale et différente de celle que présentent les cellules du réceptacle et de sa surface non fructifiante ; on peut cependant les comparer à des cystides qui, au lieu de s'entremêler aux éléments de l'hyménium, se trouvent réunies en touffe terminale; les cystides ne sont pas autre chose en effet que la terminaison d'un certain nombre de cellules sous-hymé- uiales, très-souvent semblable à la terminaison des cellules ordinaires du récep- tacle, soit dans l'intérieur du réceptacle, soit à sa surface non fructifiante. J'ai fait ressortir ailleurs cette analogie, et j'ai cherché à déterminer par là la nature des cystides (2). M. de Bary a cité quelques exemples, et notamment ceux qu'on peut tirer de plusieurs Coprins, et qui sont si démonstratifs. 11 me paraît instructif de présenter deux spécimens qui sont bien faits pour entraîner la conviction. Je les dispose en un tableau dans lequel la colonne 1 représente des cystides, et la colonne 2 des terminaisons piliformes ou non des cellules végétatives du récep- tacle dans les Champignons dont on a figuré les cystides dans la colonne 1 . Dans le Russula rubra Fr., les poils de la surface du chapeau, légèrement clavi- (1), De Bary, Moi-phol. imd Physiol. dcr Pihc, chap. V, traduit in Ann. des se. nat., 5° série, t. V, p. 3/i2. — Génération sexuelle des Champit/nons, p. 365. (2) Essai d'une Flore mycol.,^. 27 {Ann. des se. nat.,5^série,\S(i'-i,t. I,p.2i6; — Comines rendus de VAcad. des se, avril 1867). 30 DES FISTULINES. l'ormes, portent, puiir la plupart, un petit appendice spliérique translucide, tandis que le contenu du poil est coloré et opaque. Cette forme est exactement celle que présentent aussi les cystides figurées en ce. Le chapeau de 1 A*/, hydrophilus Bull, est lisse, hygrophane, et sa surface est limitée par de grosses cellules aplaties. Pwl ' Wc' '\ l'ig. D. — CjstiJcs et poils d'Agariciiiés. C'est aussi la forme (]ue prennent les cystides, ainsi qu'on peut eu juger par une silhouette de l'hyménium reproduite en hit; elles ont souA'ent aussi une forme de bouteille, et nous voyons en .v, à la surface du chapeau , une cellule préseider aussi la même forme. Ces deux exemples nous montrent les cas extrêmes : dans le dernier, des cellules peu caractérisées forment la surface du chapeau et se retrouvent à l'état de cystides sur l'hyménium ; dans le premier, des cystides à forme très-spéciale apparaissent sur l'hyménium, et cette forme est précisément celle des poils du revêtement externe du chapeau. J'ai indiqué (1) la faculté que possèdent les cystides de sécréter une partie de leur protoplasma qui se concrète rapidement et qui agglutine des cystides voisines ou opposées. Les Fistulines nous montrent cette analogie dans les cellules termi- nales des tubes ([ui laissent exsuder à la maturité une substance rougeàtre, seni- (1) Comptes rendus de l'Acad. des se, avril 1S67. DES FISÏULINES. 31 blaltleà celle qui agglutine les houppes pileuses, et cpii est le produit de l'exsudation des poils. On pourrait sur ce sujet donner de nombreux exemples. Il est impossible de se méprendre désormais sur la signification morphologique des cystides , fort éloignées, comme on le voit, de la haute dignité d'organes reproducteurs à laquelle on les avait élevées. Connaissant ces faits on peut les exprimer par la construction d'une figure théorique à laquelle se ramènerait le réceptacle des Basidiosporés ectobasides. Soit une sphère vue en coupe en POMN, divisée par un équateur MN : la moitié inférieure repré- sente la surface fructifiante; les cellules ou poils épidermiques y apparaissent çà et là, mais leur lieu d'élection est sur la moitié ;^ l'"ig, C. — Type tlieori(|iie des Basuliospores supérieure, où leur rôle protecteur devient ectobasides. nécessaire. La surface MPN peut devenir concave et s'appliquer contre la face interne du revêtement supérieur (Cyphel/a , Hirneola, etc.), ou se plisser en plis, lames et alvéoles, être découpée en dents. On pourra toujours se repré- senter déplissés et étendus tous ces artifices de nniltiplication de la surface fructi- fiante, et en revenir à notre figure théorique, (pu met en relief Ihomologie primitive des parties du réceptacle. § 8. Spores. — Les spores sont nombreuses, constituées par mie cellule de forme arrondie, oblongue, plutôt cunéiforme qu'ovoïde, et présentant, au point où se ter- mine la partie amincie, un bile apparent malgré les petites dimensions de la spore. Elles ont, dans leur plus grand diamètre, 0"''",003 à 0-",006 sur 0"'-",003 à ()'«">,004 pour le diamètre opposé pris à la plus grande largeur de la spore. L'enveloppe, qu'on ne peut dédoubler par des moyens artificiels, est lisse, faililement colorée quand on la voit par transparence et agrandie, d'une teinte analogue à celle des spores des Agarics de la section des Hyporhodhis. Vues en masse sur une feudle de papier blanc, ces spores ont une couleur dite brun clair par Fries, mais qui est plutôt saumon ou brique ; elle fonce du reste avec le temps, peut-être à mesure que les spores se dessèchent et perdent ainsi de l'eau. Plusieurs auteurs les indiquent 32 DES FISTULINES. comme incolores. Elles sont très-peu colorées à l'état jeime, et peuvent, si l'on n'y fait attention, passer pour translucides. Le contenu de l;i spore se compose d'une grosse goutte huileuse centrale qui remplit la plus grande partie de la cavité réfringente, à reflets jaunes très-clairs ou légèrement bleuâtres. Entre la goutte huileuse. et la paroi, il y a un liquide trans- parent ou très-finement granulé. Les réactifs chimiques agissent sur la spore de la même manière que sur les cellules chromogènes. Les petites dimensions de la spore et du stérigmate qui la supporte ne permettent pas d'étudier son développement, et de se rendre compte s'il est véritablement acrosporé, ou si la spore se forme à l'intérieur du renflement qui termine le. stérig- mate : pour avoir la preuve directe du fait avancé par M. Hofïmannpour les spores des Basidiosporés (1), il faudrait l'étudier sur des Basidiosporés dont les basides soient plus accessibles et les spores plus volumineuses. Certains Corticium, et en particulier le C. quercimcm Pers., se prêteraient plus facilement aune semblable observation : ses stérigmates volumineux s'amincissent à mesure que la spore se développe, comme la cellule mère de V AspergUlas candidus Lk s'amincit et voit son calibre diminuer au-dessous du point où la spore se développe. Tout ce qu'il est permis de regarder comme une présomption favorable à ce mode de développement intracellulaire dans les Fistulines, c'est que la spore est avec la conidie la seule cellule dont la membrane soit colorée : celle des basides et de toutes les autres cellules du réceptacle est incolore ; mais ces cellules contiennent en plus ou moins grande abondance un principe colorant, dont on comprend très-bien que soient imprégnés des organes formés par voie endogène, ainsi que cela se voit chez certaines Pezizes, P. aurantia Pers. par exemple. On voit dans cette Pezize la sub- stance colorante se concréter, d'une part, dans les paraphyses et entrer dans la compo- sition de la membrane de la spore, qui se teinte légèrement en se formant au sein d'un protoplasma qui contient les éléments de la substance colorante ; tandis que la mem- brane des thèques, des paraphyses aussi bien que des autres cellules, est incolore. L'expérience suivante m'a montré un principe colorant étranger introduit dans le courant plasmatique, participant à la formation de la membrane sporique. On sait (1) Hoffmann, iJ.j^ Zeit., 1856, p. 153. I DES FISTULINES. 33 que la spore du Penicillmm glaucum Lk est verdâtre, tandis que la membrane du mycélium et des cellules sporophores est incolore ; avec un peu d'attention, on peut remarquer dans le protoplasma un reflet verdùtre d'autant plus prononcé (judn approche des cellules mères des spores, et qui n'est quelquefois appréciable que dans la cellule d'où naît la cellule mère. En cultivant le P. (jluticum sur un liquide sucré ou amylacé, contenant de l'urine, on voit le Pénicillium fixer la matière colorante ro'ugc do l'iunne souvent avec beaucoup d'intensité : le protoplasma se colore en rouge, et les spores formées à l'intérieur de ce protoplasma participent de cette cou- leur, de sorte que la spore, au lieu de sa couleur (pii est celle du bronze vert, pré- sente la couleur du bronze rouge, connu sous le nom de bronze florentin. La membrane de la cellule mère des cellules du mycélium est restée incolore comme dans le P. glaucum. Si la membrane de la spore se formait aux dépens de celle de la cellule génératrice, de pareils faits seraient difficiles à expliquer; ils deviennent au contraire très-simples quand on admet que la spore se développe dans l'intérieur de la cellule mère aux dépens du plasma coloré, comme pour les Pezizes à spores teintées. C'est ce que nous avons montré pour le P. glaucum au congrès de Bor- deaux de l'Association fi-ançaise pour l'avancement des sciences (1). La coloration de la membrane sporique du Fistulina ne peut cependant donner qu'une présomption en comparant ce fait à ceux que je viens de citer; mais il ne peut suffire à une démonstration rigoureuse de sa genèse endosporée, car on pour- rait nous objecter l'exemple des cellules à membi'ane colorée, naissant manifeste- ment de cellules à membrane incolore chez les Helminthosporium, Sporidesmium, Sporocijhe atra, etc. Je n'ai observé aucun phénomène particulier relativement à la dissémination des spores; elle paraît aidée par là dessiccation du réceptacle : en suspendant un récep- tacle de Fistuline au-dessus d'une feuille de papier, ou ne recueille que fort peu de spores tant que le réceptacle est frais ; elles s'accumulent au contraire rapidement dès qu'il commence à sécher. Des essais très-souvent répétés et variés pour amener ces spores à germer, ont toujours échoué. J'en ai mis de récentes et d'anciennes dans toutes sortes de liquides (1) Comptes rendus de la iwemière session (1872), p. 699. DE SEYNES. 3Û DES FISTULINES. miti'itifs ou dans de l'eau, sans jamais rien obtenir, pas mémo une déformation ou tout an moins nn gonflement endosmotique appréciable. § 9. Coiiitiios. — Un des points les plus curieux de l'organisation du Fistulina hepatica est la formation de conidies se développant, comme les spores des Gastéro- mycètes, à lintérieur du pai^enchyme du réceptacle .J'ai déjà eu l'occasion de signaler ce fait; mais j'ai eu depuis lors la bonne fortune de suivre l'évolution du F. hepatica depuis l'état très-jeime jusqu'au développement complet du réceptacle : j'aurai donc beaucoup à ajouter et certains détails à modifier sur ce sujet. Dans les Fistulines arrivées à leur complet développement, on peut déterminer une région qui occupe la partie sous-jacente de la surface supérieure du chapeau, et qui, au point qui cor- respond à l'extrémité supérieure du pédicule, s'étend à une profondeur plus grande qu'au bord périphérique du chapeau. Si l'on fait luie coupe suivant l'axe du chapeau et du pédicule, on peut reconnaître que cette région va en s'élargissant d'avant en arrière, le pédicule étant supposé représenter la partie postérieure, ce qui est en effet sa position naturelle lorsqu'on regarde inie ^''istuline fixée à son support ; et elle arrive, dans la partie où elle est le plus développée, jusqu'à plus d'un centi- mètre de profondeur dans le tissu du réceptacle. Elle ne se prolonge pas jusqu'aux bords du chapeau, elle se termine toujours à 1, 2 ou 3 centimètres de ce bord et quelquefois plus; de sorte que jamais on ne trouve de conidies au voisinage des tubes hyménophores : le bord externe du chapeau marque en effet la limite entre la région extérieure supéro-latérale et la région inférieure ou tubulaire. Si l'on fait dessécher avec soin, sans les entamer avant dessiccation complète, des réceptacles de Fistidiue, et qu'à ce moment on fasse une coupe qui partage à la fois le chapeau et le pédicule en passant par le milieu de l'un et de l'autre, on voit que le tissu est d'une couleur claire à la partie centrale, tandis qu'il se colore fortement si l'on fait la coupe à l'état frais et qu'on la laisse sécher ensuite. La région en question se distingue nettement par une coloration roussàtre qui indique les limites de la production la plus intense des conidies ; elle se termine à la partie supérieure par mie bande noirâtre d'un demi-millimètre d'épaisseur, qui règne tout le tour de la coupe, sauf au point où se trouvent les tubes hyménophores. Si l'on prend une par- celle quelconque de cette zone et qu'on la porte sous le microscope, on s'aperçoit qu'elle contient une innombrable quantité de petits corps arrondis, ovoïdes, plus ou moins allongés. En les examinant isolément, on voit que ces petits corps sont des DES FISTULINES. 35 cellules qui présentent une enveloppe nettement accentuée, teintée d'une couleui" brique ou saumon comme les spores. 11 est difficile, à la simple vue, de reconnaître si cette enveloppe est simple ou d()u])le; mais, au moment de la germination, elle se dédouble très-nettement et la membrane externe se rompt et se sépare. Le contenu se compose d'une gouttelette huileuse assez grande et souvent d'une plus petite, et d'un liquide transparent qui les sépare de l'enveloppe membraneuse. Ces cellules sont des organes reproducteurs, ainsi (pie le démontre leur faculté de donner naissance à des fdaments germinatifs ; je leur ai donné à cause de cela le nom de conidies, auquel je n'attribue d'autre signification que celle d'organes secondaires de reproduction, quelles que soient du reste leiu* forme, leur structure, leur évolution. Les conidies du h\ hepatica ont une forme assez variable, mais qui se rapproche toujours de l'ovale plus ou moins allongé ou d'un ovoïde tronqué vers l'extrémité là plus étroite. Leur dimension est de 0""", 007 àO""",009 dans leur plus grand diamètre, et de 0"'"',004à0""",000 dans la largeur moyenne ; les nombres les plus fréquents sont 0°"",008 sur0°"°,00i. On rencontre aussi, mais rarement, quelques conidies irré- gulières, claviformes, baculoïdes, droites ou courbes, qui présentent depuis 0""", 010 jusqu'à 0""",019 de longueur. I-es rapports des conidies avec leurs cellules mères, et de celles-ci avec les cel- lules du réceptacle, sont faciles à suivre même sur des échantillons secs; en les étu- diant sur des échantillons frais, de petite taille, jeunes et nullement endommagés, on peut se convaincre facilement, à la première inspection, que ces petits organes n'ont nullement pu pénétrer du dehors dans l'intérieur du tissu de la Fistuline. L'étude anatomique ([ui va suivre, celle des individus exclusivement gemmipares et celle du développement du réceptacle que nous ferons plus loin, ne laisseront, j'en suis convaincu, aucun doute dans l'esprit. Les conidies, telles que je viens de les décrire, sont disposées sur des cellules longues ou courtes, mais étroites, fines, et à protoplasma granuleux, qui se divi- sent en branches coiu'tes à l'extrémité desquelles se trouve une conidie. Ces bran- ches sont souvent nombreuses, et forment ainsi des bouquets de conidies assez élégants ; d'autres fois une seule conidie se détache sur le trajet d'une cellule et paraît presque sessile; elle a cependant toujours un court pédicule. Tantôt les cel- lules conidiophores présentent des cloisons au niveau des divisions en branches fertiles, tantôt elles n'en ont pas. Quelquefois le bouquet de conidies est allongé, et 36 DES FISTULINES. la cellule conidiophore donnant naissance à des conidies alternes sur deux rangs prend l'aspect d'un rachis de Graminée. Il y aurait à noter une foule de variétés, mais il est difficile de décider si ces différences d'insertion des conidies sur la cellule conidiophore sont, si je puis ainsi dire, congénitales, ou bien si quelques- unes d'enti'e elles sont le résultat de la genèse successive des conidies. Les celhdes conidiophores appartiennent au type décrit en d, § 1". Cependant elles sont <]uelquefois d'un calibre plus fort, et ne se distinguent pas des cellules de toutes variétés du deuxième type, ou cellules étroites, mais elles ne proviennent jamais de cellules chromogènes ou de réservoirs à suc propre. Les figures 5, 6, 7, 8, 11, planche V, nous montrent diverses variétés de cellules conidiophores et leurs con- nexions avec les cellules du tissu du réceptacle. On voit qu'elles proviennent le plus souvent des cellules étroites, mais rarement cependant de cellules plus étroites qu'elles; souvent elles prennent naissance des cellules du tissu trémelloïde, comme l'indique la figure 1 1 h. Je n'ai pas voulu me contenter d'avoir constaté la con- nexion des cellules conidiophores avec les cellules filamenteuses du réceptacle; dans la crainte que celles-ci ne pussent encore être accusées d'appartenir à un mycélium étranger, j'ai cherché à retrouver le point où la cellule étroite fila- menteuse portant une cellule conidiophore était elle-même en rapport avec une cellule de grand calibi'e : cette recherche m'a souvent réussi, surtout dans les points où la zone conidifère étroite se trouvait rapprochée du système plus profond des grandes cellules, dans le pédicule par exemple, un peu au-dessous de son sommet, et j'en ai représenté une figure planche VI, fig. 6. On peut constater sur cette figure, et j'ai plusieurs autres dessins semblables pris en différents points, qu'il y a une continuité complète entre les cellules à grand eali])re du réceptacle et celles à calibre étroit portant des cellules conidiophores. En réalité, on peut dire que la difficulté n'est pas de reconnaître ces connexions si nettes, mais bien plutôt de trouver quelque part, dans le tissu à son état normal et à cette profondeur, un fragment de mycélium étranger. Je ne puis donc m'empècher de croire qu'eu insistant sur la différence qu'il y aurait entre les cellules conidio- phores et celles du tissu de la Fistuline, M. de Bary a rencontré des conidies portées, comme cela arrive fréquemment, sur les cellules du tissu trémelloïde, qui , tout en présentant de fréquentes modifications qui les rapprochent des cellules des autres types, en diffèrent cependant assez notablement, et peuvent faire tomber DES FISTULINES. 37 dans l'erreur, si l'on ne connaît pas les relations de ces cellules avec les autres «cellules du réceptacle. Pour donner naissance aux conidies, la cellule mère, ou cellule conidiophoro, se divise, ai-je dit, et chaque division se renfle à son extrémité. Ce renflement aug- mente, et, dans l'intérieur, apparaît une gouttelette huileuse plus grosse que les granulations du protoplasma qui remplit le reste de la cellule mère ; quelquefois cependant, au-dessous apparaissent une ou plusieurs gouttelettes de dimension analogue, qui deviendront le centre des conidies qui se formeront successivement au-dessous de la première. La gouttelette, comme le nucléole central de la spore des Pezizes, est entourée d'un liquide hyalin contenant de fines granulations. Cette portion périphérique du protoplasma sert sans doute à former la membrane interne de la conidie, dont le développement n'est sensible que par l'aspect de son contour plus accusé que n'était celui du cul-de-sac primitif de la cellule mère, et par la formation d'une cloison aii point où la conidie se séparera de la cellule mère; à ce moment, la conidie ne contient (pi'un noyau réfringent, quelquefois deux, et un liquide hyalin tout autour. Quelquefois, mais exceptionnellement, il redevient gra- nuleux même avant la germination. En saisissant toutes ces périodes de formation, on peut présumer la formation endogène de la conidie, bien que la soudure immé- diate de sou enveloppe avec la membrane de la cellule mère empêche de le constater d'une manière directe. Cette genèse est presque aussi claire que celle des chlamydo- spores des Mucor; seulement elle est terminale, au lieu de s'opérer sur le trajet d'un fdament; il en est quelquefois ainsi pour les chlamydospores, et si l'on n'avait eu à observer que cette dernière variété, je ne sais pas si l'on aurait admis sans contestation leur formation endogène. Toutefois je laisserai encore ici un point d'in- terrogation, et je ne donnerai point aux conidies de Fistulines le nom de chlamydo- spores; j'ai montré ailleurs (1) que des spores dites acrogènes ont en réalité un développement endosporé, il faudrait leur donner aussi le nom de chlamydospores. \0a les a appelées quelquefois conidies, notamment chez les Aspe^^jUIiis , lorsqu'on .a découvert chez eux un autre mode de reproduction de la forme thécasporée. On woit quelle confusion crée cette application de noms dilïérents au même corps; aussi (1) Association française pour l'avancement des sciences, etc. Bordeaux, t. 1, p. 499. Hic' 38 DES FFSTULINES. préférerions-nous voir prévaloir les anciennes dénuminations, et les clilaraydospores des Mueo>\ par exemple, appelées eonidies intramycéliennes, jusqu'au jour où l'on pourrait faire une classification rigoureuse de ces différents termes. Peut-être, si nous voulions caractériser plus exactement les eonidies des Fistu- lines, leur développement angiocarpe tout à fait nouveau, l'analogie de la cellule mère et du liaside, de la conidie et de la spore, conduiraient à les appeler des psendospores ; mais il nous semble qu'une dénomination de plus, (jui peut flatter l'amour-propre de l'inventeur, loin d'apporter de la précision et de la clarté, ne fait qu'ajouter une confusion de plus dans un sujet déjà assez embrouillé, en faisant perdre complètement de vue les rapports généraux des organes similaires dans les végétaux différents. C'est le motif qui me fait conserver pour les Fistulines le nom de eonidies; ce qui n'empèclie nullement de relever dans la description et dans l'exposé du développement, les caractères tout à fait spéciaux qu'elles peuvent présenter. Lorsque la conidie est formée, elle se détaclie de la cellule conidiophore, f{ui s'est très-amincie au point qui la supporte, et il se forme au-dessous une autre conidie de la même manière, destinée à se détacher à son tour; quelquefois même la seconde se forme avant que la première se soit détachée, et c'est souvent alors une cause de déformation : cette seconde conidie, ayant ses deux extrémités tronquées, a plutôt la forme d'un bâtonnet, ou bien est un peu coudée, si elle s'est développée en un point voisin de la lufurcation de la cellule conidiophore. Dans tous les cas, ce développement basipète continuant, doit amener, on le comprend, petit à petit, la destruction de la cellule C(niidiopliore, (|ui ne sallonge pas à mesure qu'elle donne naissance à de nouveaux corps reproducteurs, comme cela arrive par exemple chez les Pénicillium. De là deux conséquences. D'une part, les cas dans lesquels nous voyons une seule conidie portée sur un court pédicule émerger d'une cellule de parenchyme pourraient bien être le résultat de la réduction successive de la cellule .conidiophore; toutefois, comme je l'ai observé chez de jeunes Fistulines, je ne crois pas que ce soit toujours le cas. Secondement, dans de vieux exemplaires, il m'est arrivé de rencontrer des lacunes, dont j'ai figuré une très-grossie (pi. V, fig. 1), dans lesquelles toutes les cellules conidiophores ont été employées à la fabrication des eonidies, et l'on ne trouve que sur les boi'ds des eonidies attenantes à leurs cellules mères; c'est un de ces bords que représente la tigurc 2 de la même planche. Un pareil j^hénomène pourrait faire croire à la destruction du tissu du Cham- DES FISTULIiNES. 39 pignon par un parasite étranger ; mais, quand on a recueilli des individus dans lesquels le développement conidien a eu moins d'intensité ou est moins avancé, ce qui frappe au contraire, c'est de voir sur une coupe, soit à la vue simple, soit à la loupe, la parfaite homogénéité du tissu du réceptacle, y compris la zone coni- dienne, à laquelle on ne voit d'autre transition que de légères dégradations de teintes. Cette homogénéité extérieure n'est guère le cas, il faut en convenir, des tissus envahis par un parasite étranger. Dans le nombre considérable d'échantillons que j'ai examinés jusqu'ici, je n'en ai pas encore rencontré un seul qui ne, présentât pas les conidies qui viennent d'être tlécrites. Non-seulement depuis plus de dix ans j'en ai examiné tous les ans venus de divers points de la France, et en particulier des environs de Paris et des €évennes, mais j'en ai examiné dans les herbiers, notamment dans la collection Desmazières (2« série), remontant à l'année 1853; xm autre de l'herbier Maille, datant de 1825. J'aui'ai voulu en avoir de pays étrangers; et bien que le Fistidina liepatica ne soit rare ni en Angleterre, ni en Amérique, je n'ai pu m'en procurer de ces deux pays. J'en ai vu d'Allemagne. J'ai examiné un exemplaire appartenant à l'herbier Montagne, provenant de Sikkim, dans l'Himalaya ; cet échantillon est abondamment pourvu des mêmes conidies de même forme, ayant les mêmes rapports de position que celles que m'ont toujours offertes les Fistulines de France. La germination des conidies est difficile à obtenir, et ce n'est qu'après bien des essais infructueux que j'ai réussi à en voir germer; ce résultat m'a été donné par des conidies qui avaient plus de quatre ans de date. J'avais inutilement essayé des substratum les plus approchés de l'état naturel, comme des infusions de bois de Châtaignier et diverses autres combinaisons liquides. C'est tout simplement l'eau très-légèrement sucrée qui a suffi. Huelques conidies, placées dans ce véhicule entre deux verres le 26 avril 1870, me montrèrent les phases successives de leur germi- nation dans les derniers jours de mai et les premiers jours de juin de la même année; quelques jours après, des mycéliums étrangers, s'étant insinués parles bords de mon petit appareil et ayant pénétré à l'intérieur, m'obligèrent à arrêter mes observations. Voici ce que je pus observer dans l'intervalle : Après un repos absolu d'environ un mois, plus long pour un certain nombre de conidies qui n'avaient pas encore germé le 3 juin, la membrane interne se gonfle, rompt l'enveloppe externe, se débarrasse de ses débris par l'accroissement considérable qu'elle prend; elle devient iO DES FISTULIXES. alors régulièrement sphéi'iqiio et présente un diamètre de O'"°',006 à C'^jOOO. Les gouttelettes huileuses, luieou deux, (jui existaient dans la conidie avant l'ouverture de la membrane externe, sont toujours visiljles et ne paraissent pas avoir subi d'augmentation; quand il y eu a deux, l'une d'elles est toujours plus petite. Le reste du protoplasma est hyalin ou très-finement granulé ; puis le protoplasma tout entier présente une masse de granulations graisseuses plus petites que les gouttelettes primitives qui ont disparu, et la conidie donne naissance à un filament germiuatif, plus rarement aux pôles opposés. Souvent il sendîle qu'elle dmnie naissance à une conidie secondaire ; le bourgeonnement produit par elle se rentle en s'étranglant légèrement au point où il émerge de la conidie mère; mais avant de se détacher, ce bourgeonnement sphérique donne naissance au filament germiuatif (voy. fig. 10, pi. IV) : je n'ai pas pu suivre son allongement au delà de 0'""',120. A ce moment, il ne m'aprésenté qu'une fois une cloison (voy. fig. 10, pi. IV) ; le protoplasma qui le rem- plit est granuleux, mais ne paraît pas très-riche, ce qui peut être attribué au milieu artificiel dans lequel germaient les conidies ; sou diamètre moyeu est de 0""", 003. 111 DISTRIBUTION DES LIQUIDES NOURRICIERS ET DES GAZ. § 10. Proysi. Mijcûl. p. 501. DES FISTULINES. 65 plus grande ténacité de leur tissu. Nous avons vu le F. hepatica se rapprocher des Trémellinés par l'existence dans son parenchyme d'éléments anatomiques semhlahles à ceux qui forment le tissu de ces derniers Champignons, et ce qui est plus imjxn'laut, par un mode de reproduction conidipare tout ù fait voisin. Quant aux i^apports des Fistulines avec les Hydnés, ils sont de même ordre que ceux (jue l'on pourrait leur trouver avec les Gastéromycètes, à cause de la genèse angio- carpe des conidies, ou encore avec les Thécasporés, à cause de l'existence même de ce double mode de i-eproduction qui, pour M. Tulasne, établit un lien entre les Tré- mellinés et les Thécasporés (voyez plus haut). Nous avions donc raison de dire en commençant, que le type choisi pour cette étude était lui type à affinités multiples; mais, quoi ([u'il en soit des affinités éloignées, les affinités directes ne peuvent pas faire classer les FisluHnes ailleurs que dans les Polyporés, et voici comment nous comprenons leur arrangement méthodique. DE SEYNHS. POLYPOREI. FISTULINA BULL. Hist. des Champ.de la France, I. I, p. 313, 31/», pi. lli; —U6U-lidl. A. — TENACES. 1. Fistuliiia spatbulata B. et C, in Grevillea, vol. I, n» 5, novembre 1872, p. 71. « Pileo tenui, spathulato, in stipitem gracilom basi attenuatum ciim tubulis » (leciuTeiite. — N° 606G, Alabama Peters. — A la base d'uu Chêne. » (PI. VII, fi"' I "> H ) Le chapeau de l'échantillon sec mesure 15 millimètres de long sur 18 de large, très-mince, à peine un millimètre et demi; sa superficie est rugueuse, pulvérulente, d'un brun rouge foncé, comme le pédicule latéral, qui a 3 centimètres et demi de longueur, 3 millimètres d'épaisseur à sa jonction avec le chapeau, très-atténué vers l'autre extrémité. Les tubes sont plus pâles que le chapeau, d'une teinte jaunâtre (pi. VII, fig. 2). Les spores ont la même teinte, la même forme et les mêmes dimen- sions que celles du F. hepatica F. 2. Fîsfnliua pallida B. et Rav., in Grevillea, vol. I, n° 5, novembre 1872, p. 71. « Pileo reniformi, pallido rubente, stipite laterali, tubis decurrentibus. — » Ravenel (n° 1486). — Sur le sol. Montagnes de la Caroline du Sud. N° 6339, » Alabama Peters. — A la base d'un tronc de Queixiis alha. » (PI. VII, fig. i, a, b, c.) Le chapeau mesure, sur un échantillon sec, 2 centimètres dans un sens, 68 DES FISTCLINES. 2 centimètres et demi dans Tantre; la surface, dun l)nui jaunâtre, est pulvérulente, la marge sinuée et infléchie ; le pédicule latéral a 2. centimètres de ■hauteur et 6 à 7 millimètres de diamètre sur la ctiupe longitudinale. Les tubes sont de la même teinte que le chapeau et légèrement décurrents, comme chez toutes les espèces connues. Les spores sont comme chez l'espèce précédente. 3. FIstulîiia rndieata Sz., Syiwps. Fiing. Cwoliutr Snperioris, édita ù D' Schwœgriclu'ii, ]). 100. — Fries, Ekndi. J-'wuj. (1S28), |). 128. --Epier. Si/st. mytol. (1838), p. 504. « Carnoso-coriacea, pileo lobato subramoso spaduon, tul)ulis liberis hadiis^ stipite » in longissimam radicem atteuuato. » Non rarus in truncis cavis, pra^sertim Castanea-, autumno. Foi'mam Agarici » pleuropodis spathulati 1ère hal)et. Pileus minor, rarissime itnciam si/perans, » su]j.stantia paulum duriore quam in Holeto Iiepatico, cœterum cadem. Radiée » longissima, attenuata, lignosa, fissuras arborum ad intima pénétrât. » B. — CARNOS/E. h. Fistnllna hepalica Fr., Syst. mycoL, vol. I, p. 396. Pileo carnoso, crasso, molli, succoso, rotundato, subtus piano, margiue obtuso, irregulari, lingua' simili, aut hepatis figuram (émulante, «/;#/^e.y, docenteTratlinick, toiiifruis graves iiunagmi distanfià ex Jiorizoïtli assur-genf('s imitanti, et verho adeo irregulari, ut vi.r ullaFungi forum eogitari queat, quœ hou luiie verissiuto Profeo vegetahili convenireln, sessili, vel stipitato. Stipite laterali, Itrevi, interdum longo ut in fig. W, pi. 1, cum pilei substantia continuo colore pilei et stipitis Y* (^ l? f" Û — fuscescente. Pilis exsudantibus in verrucis conglomeratis aliquando secedentibus undique pileo superiore et stipite sparsis. Tndiulis inferis, liberis pallide lutescen- tibus, cum carne continuis, exsiccato Fungo, rubro i'uscescentibus, 3 usfjue 6 millim. longis, ore subdenticulato. Hymenio intus iu tubulis explicato, fertili, basidiis parvis a'qualibus 4 sterigmatibus oruatis composite. Sporis uniguttulatis, roseo fuscis, rotuudatis, liilo pellucido cuneiformibus; O'-^jOOS vel 0"""',006 longis. In Fungo sterili aut hymenifero, conidiis angiocarpis oblougis, fasciculatis, rariùs solitariis, dilute fuscescentibus, 0""°,007 usque ad 0"'",009 longis, summo receptaculo farcto et aliquando usque ad intima stipitis apud asporos puUulantibus . DES FISTULLXES. 69 Var. a. F. sarcoides. Saint-Aiiiaiis, Flore ageti., 1831, p. 567. Ne diffère de F. hepatica que par un dévelopitenieut plus considérable des cel- lules du tissu trémelloide. J'en ai rencontré un échantillon très-caractérisé à l'inté- rieur d'un tronc de Châtaignier dans la forêt de Saint-Germain. La Fistuline lié})atique croît de préférence sur le Chêne et le Châtaignier. Elle a été indiquée sur les arbres suivants : le Hêtre, par Schœtfer, Persoon, Walli'oth, Pries, Duby, Kickx; le Saide, par Haller; le Charme, par Gleditsch; l'Aune, par Buxbaum; le Frêne, le Noyer et le Noisetier, par Berkeley. Je ne pense pas qu'on l'ait jamais signalée sur des troncs d'arbres morts; elle se développe de préférence sur des arbres languissants, ou quelquefois sur la souche restée en terre des arbres coupés, mais qui n'est pas absolument privée de vie (1). Quant à la saison où elle se montre de préférence, c'est l'automne; quelques auteurs l'ont signalée en été, et d'autres, en plus petit nombre, au printemps. La Fistuline hépatique présente une aire de végétation assez étendue, puisque nous pouvons constater sa présence depuis la Caroline jusqu'à l'Himalaya; c'est surtout entre le 32"^ et le 55*= degré de longitude N. qu'elle se rencontre. 3Iais, dans ces limites qui pourraient s'étendre peut-être au sud, si l'on avait des ren- seignements plus nombreux sur la végétation fongique de l'Afrique et de l'Inde, on peut encore circonscrire une aire où ce Champignon est à son plus haut degré de fréquence et où, par suite, il est utilisé. Nous savons eu effet que la Fistuline hépa- tique est rare au nord de l'AngleteiTe, eu Hollande, en Suède, dans le nord de l'Al- lemagne, dans le nord et le sud-ouest de la France, tandis qu'elle est indiquée comme enti'ant dans la nourriture du peuple depuis la chaîne des Cévennes, à l'ouest, jusqu'aux monts Carpathes, à l'est. C'est dans le Languedoc, le nord de ritalie, l'Autriche, la Bohême, qu'il faut placer le centre de production de ce végétal. Dans ses stations méridionales, on le rencontre dans les montagnes et à une altitude qui compense le degré de (1) M. Westendorp [les Cryptogames classés d'après leurs stutions naturelles,' Gaud, 1854-1863, p. 178) a indiqué par erreur l'écorce comme étant le lieu d'éleclion de la Fistuline. C'est toujours sur le bois qu'on la rencoQtre. 70 DES FISTULIXES. longitude méridionale, et le ramène ainsi aux limites plus étroites d'une région tempérée également éloignée des grands froids et des chaleurs excessives. Les qualités comestibles de ce Champignon sont très-réelles ; il peut être utilisé au même titi-e que beaucoup d'auti^es espèces et sans aucune chance d'eiTcur. Parmi les mycologues, les uns ont exalté sa valeur alimentaire et son goût délicat, d'autres en font un mets grossier et jH-esque désagréable; c'est évidemment une question d'âge du Champignon et d'apprêt. Pour moi, '- «^ l'ai toujours trouvé aussi fin et d'un goiit plus agréable que les Chanterelles, les Clavaires et bon nombre d'autres espèces qui passent pour un aliment de bonne qualité. Contrairement à l'usage, je termine ce qui concerne le F. hepatica Fr. par une liste synonyraique; sa longueur eût été gênante, et je n'ai pas voulu la restreindre, afin d'en faire comme une sorte de bibliographie de mon sujet. 1583. — « Linguœ in caudicibus n, CEesalpin, Be Plantis, p. 619. — Rai, IJist. Plant., t. 1, lil). II, i>. 100. 1623. — « Fungiis latus et... », C. Rauh., Pinax, p. 371. — « Jecorinus », lioccone, Musco di Fàica, p. 30/i. — « Non vescus », Lœselius, Flor. p)'ussica, p. 90. 1718. — w Agariciis porosus, oie... hepatis facie », Dill., Calai, plant, circa Giss., p. 192. — « Gelati- nosm, etc.. », l'uxbauni, Plant, minus cognit., cent. I, p. 36, lab. 56. — ■ « Agaricum esculent. cast. », Miciieli, Nov. plant, gen., p. 117, lab. 30. — Agarico suillius, Haller, Enumer. plant. Hi'lv., p. 29. 1751. — « Poria lata ruf. », Ilill, A gêner, nat. lUst., p. 29. 1768. — Polyporus sessilis sang., Ilaller, Bist. stirp., t. III, p. 1^7. 1596. — Hypodri/s, .Solenander, Consilia rncdica , sect. 5, p. 50. — Sterbeeck, Theatr. Fung., p. 262, 263. — Ilepaticus Persoon, Mycol. Europ., p. 169. — Le[c\Vwv,Hist. et descript.des Champ., p. h(y. — Rocjues, Hist. et descript. des Champ, comest., p. A9. 1751. — Bûletus acaulis linguiformis, Sauvaf;es, Method. flor. Monsp., p. 2. — Gleditsch, Method. Fung., p. 77. — B. hepaticus, Schœiïer, Fung. Bav., t. IV, p. 82, lab. 116, 117, 118, 119, 120.— Lighlfoot, Flor. scut., 103i. — Wildenow, Flor.Beroi, p. 391. — B. sanguineus. Planer, Lui. plant. Erfurt. Fung. add.,yi. 25. — B. Buglossum, Relzius, Flo?-. scand. Prodr., n" 1576, p. 250. — FI. Dan., t. VII, lab. 1136, 1137. — B. hepaticus, Schrader, Spicileg. Flor. German., pars prior, p. 157. — Gmelin, Syst. -nat., Linné, t. 11, p. liSS. — Iludson, Flor. Engl., p. 625. — Sowerby, English Fungi, tal). 58. — l'crsoon, Synops., p. 569. — Albert et Scliweinilz, Conspect. Fung., p. 259. — DeCandolle, FI. franc., t. II, p. 113. — Nées, Syst., p. 216, lai). 209. — Pers., Traité Champ, comest., p. 266. — Bolton, Hist. Fung., p. cxli, lab. 79. — Laterrade, Flore bordelaise, p. 670. — Trattinick, Fungi austriaci, p. 116, lab. 12. 1793. — Dendrosarcos hepaticus, Paulet, Traité des Champ., t. II, p. 98, iconogr., pi. IX. DES FISTULINES. 71 1820. — Biiglossus rjuercinus, Waiilenberg, Flom l'psaliensis, p. 459. — Suec, t. II, p. 961.-- Wallrotli, Flo): C'rijpt. Germon., t. IV, p. 609. 1791. _ Fisiulina buglossoides, Bulliard, Hist. des Champ, de la France, t. I, p. 313-316, lab. 74, ûôi, 497. — Saint-Amans, FI. agenaise, p. 546. — Hepatica, Sibthorp, Flor. Odoniens., p. 381. — Withe- ring, Bot. Arrang., t. IV, p. 308, 309. — Rclhau, F/, cant., suppl., p. 544. — Fries, Sijst. Mycol., t. I, p. 396. — Greville, Scott, crijpt. Flora, t. V, tab. 270. —Fries, Elench. Fung., t. I, p. 128. — Baillis, Flore lyonnaise, t. II, p. 287. — Ed. Schmalz, Prosp. Fung. Sp. pars 1, t. II. — Duby, Bot. fjalL, t. II, p. 780. — Hogg et Johnston, Flor. II, t. 7. — Lenz, Die Nutzl. Schad und verd. Schwamme, f. 78. t. 10. — Secretan, Mijcogr. suisse, t. II, p. 538. — Winch, Bot. Guide of Turner and Dillir., II, p. 93. — Vittadini, Funghi rnangerecci, p. 280, lab. 36. — Berkeley, British Flora (Smiths), t. V, p. 154. — Fries, Epier. ,\t. 504. — Corda, Icon. Fung., p. 43. — Kronii)hoIz, Schicumme, Heft VII, p. 5, tab. 5, fig. 9, 10, tab. 47. — Godron, Plantes cell. de la Meurthe, p. 24. — Rabenhorst, Deutschl. Krgpt. Flor., t. I, p. 412. — Fries, Summa veget. Scand., p. 325. — Ilussey, Illustrât. ofBrit. Mycol. I, t. 65. — Badham, The escul. Mushr., t. 12, fig. 4. — Payer, Bot. crypt.,^. 106-108. — Desniazières, sér. II, fasc. vi, n° 272. — Ba\\,Das System der Pilze, p. 25, t. 29. — l'radal, Catalogue des pi. crypt. de la Loire-Infér., p. 96. — Lamy, PL crypt. de la Haute-Vienne, p. 23. — Berkeley, Outl. of. Brit., ]). 257, tab. 17. — Fuckel, Enumer. Fung. Nassov., p. 105. — Grognot, PI. crypt. de Saône-et-Loire, p. 222. — Blanche et .Malebranche, Plant, cell. de Seine-Inférieure, p. 41. — Lefèvre, Bot. d'Eure-et-Loir, p. 284. — Martrin-Doiios, Flor. du Tarn, t. II, p. 252. — De Bary, Morphol. und Physiol. der Pilze, p. 53 et 193. — Kickx, Flore crypt. des Flandres, t. I, p. 249. — l'érard, Catal. des pi. (Allier). — Cordier, Champ, de France, t. 132. — M.- G. Cooke, Handb. of Brit. Fung., p. 292. — Quelet, Champ, du Jura et des Vosges, \>. 275 (1). (1) J'ai cilé des auteurs qui n'ont publié que des catalogues, tandis que j'en ai omis qui avaient donné des descriptions plus coinplèles dans des flores. Cela vient de ce que je me suis placé non-seulement au point de vue descriptif, mais aussi au point de la géographie botanique, et j'ai voulu, surtout au sujet de la France, pouvoir citer les auteurs qui avaient mentionné notre Champignon dans les divers déparlements dont nous possédons des Flores ou des catalogues cryptogamiques. ERRATA Page IV, liftne 1 : semblables, celles que lisez semblables à celles que Page 9, g 1'", ligue 6 : mais la période de germination intermédiaire, lisez mais la période de végéta- tion intermédiaire Page 11, ligne 18 : doivent être facilement étudiées à part lisez doivent être ('tudiées à part Page 15, ligne 7 : ou plus exactement {s upcro- latérale), supprimez les parenthèses. Page 20, ligne 13 : cette disposition figurée en r. 3; lisez cette disposition, figurée ci-dessus en c, 3 (fig. A). Page 22, ligne 3 et h, supprimez les parenthèses. Page ZiO, ligne 8 : plus rarement aux pôles opposés lisez plus rarement deux aux pôles opposés. Page /i9, ligne 2 : en être abondamment pourvues lisez être plus abondamment pourvues de réservoirs à suc propre. Page 5.5, dernière ligne : en bec-de-cane lisez en bec de canne Page 58, ligne 12 : c'est le seul auteur qui se soit douté de ce que cette absence de tubes avait de sin- gulier. Sans doute parce qu(\.. lisez c'est le seul auteur qui se soit douté de ce ((ue cette absence de tubes avait de singulier, sans doute parce que. .. TABIB. — IMPniMEItlE DE E. MAnTINET, RUE MIGNON, 2 PLANCHE I FISTULINA HEPATICA Bull. FiG. 1. — FiSTULiNA HEPATICA Fr. Échantillon provenant de la forêt de Saint-Germain, représenté à moitié de sa dimension naturelle. Fil.. 2. — Le même, vu par la surface supérieure. Fil.. '.'>. — Échantillon de petite taille, recueilli dans les Cévennes (dimension naturelle). On trouve tous les intermédiaires entre les Fistulines de cette dimension et celles qui atteignent le volume de l'exemplaire figuré en 1 et 2. Fil.. U. — Coupe du même individu indiquant les veinures plus claires du tissu. Fii;. 5. — F. UEPATiCA Fr. avant l'épanouissement du chapeau et présentant un long pédicule. Fui. (i. — Tuhes grossis, vus sur une coupe du tissu. Fie;. 7. — Tubes vus par dessus, plusieurs en a, un seul un peu plus grossi en b. Vu;. 8. — Couleur des spores vues en masse. FISTULINE PL.I. Kg. 1 Kg. 2 J.deSeynes adnal.del Imp B ecipiet:PàTis . A.Karmanski Chromolith. Fistulma hepatica E.ull. PLANCHE II • TISSUS DU RECEPTACLE, Yi(-_ 1. — Cellules de la base du pédicule en rapport avec le bois de l'arbre sur lequel est fixé le Champignon, grossies 350 fois. — 1 " , ensemble des cellules. — 1 ' , cellules isolées. — / / / /, débris de cellules du périderme de Châtaignier. Fiii. 2. — Parenchyme médian du chapeau près du pédicule, représenté à un grossissement de 350 diamètres. Fiu. 3. — Coupe transversale à la direction des cellules, conduite tangentiellement à la surface du pédicule, chez un individu âgé et très-développé. On observe en X une exsudation de matière colorante qui s'est produite à travers les cellules les plus externes. (Même grossissement. ) Fk;. h. — Cou])e du parenchyme médian dans le chapeau. La dirrction des cellules larges est assez uiiifdrme, et l'on observe trois cellules chromogènes. (Même grossissement.) Vui. 5. — Divers modes de ramifications des cellules. — 5 ", cellule large ^350) donnant naissance à un bourgeon étroit à son sommet, et à une cellule encore plus étroite dirigée perpendiculaire- menlà son axe, et dont on voit la coupe au point a. — 5 ', cellule étroite(580), bifurquée au sommet, et dont les deux branches se sont cloisonnées transversalement et soudées longiludinalement. — 5 ' , cellules étroites, présentant des rentlements comme les cellules à boucles. — 5 ■', cellule étroite (350), se ramifiant en bec de canne. h'ic. 6. — Cellules étroites à ramifications parallèles ou verticillées et cloisonnées à l'origine. Fiu. 7. — Cellule chromogène en connexion avec une cellule ordinaire. Celte cellule présente une solution de continuité dans le suc propre concrète, qui pourrait faire l'illusion d'une cloison. La cloison qui sépare les deux cellules est en cul-de-sac. (580 fois.) FiG. 8. — Terminaison et bifurcation de réservoirs à suc propre chromogènes. (350.) Fk;. 9. — Poil renfermant du suc propre coloré, naissant d'une cellule à protoplasma incolore, et mon- trant par les vacuoles qu'il présente que sa membrane elle-même n'est pas colorée. (350). Fig.l FISTULINE . Fier. 4. PL . II J, de Seynes adnat.del. Imp .Secm2et,Paris . Th.Dejrolle Hth. Tissus du Réceptacle PLANCHE III CELLULES ORDIXAIRES, ClIROMOGÈNES ET A SUC PROPRE. FiG. 1. — Longue cellule non cloisonnée sur un parcours de 2 millimètres 1/2, et présentant des diiïérences de calibre qui sont reproduites à côté au grossissement de 350 fois. ~ a, extré- mité libre élargie. — b, point où se trouve condensée la partie huileuse du protoplasma. — c, portion rétrécie. — d, extrémité à protoplasma granuleux. — e, bifurcation rompue. FiG. 2. — Cellule à renflement au niveau de la cloison qui la sépare d'une autre [Schnallenzellen], cellule en boucle des Allemands. (350.) FiG. 3. — Réservoir à suc propre, donnant naissance à une branche latérale qui se soude avec lui (350 f.). Deux soudures paraissent des anastomoses, mais il y a en ces deux points une paroi que la réfringence du contenu rend moins apparente. Fk;. U. — Origine des cellules chromogènes; dans la branche c s'accumule la matière colorante. (350. ) Fii;. 5. — Cellule chromogène à un degré plus avancé, séparée par une cloison des cellules non chromogènes. (350.) Fk;. 6. — Cellules chromogènes courtes et pi'ésentant une cloison. (350.) FiG, 7. — Cellule chromogène se formant sur h- trajet d'une cellule étroite, et donnant une branche. (350.) FiG. 8. — Réservoir à suc propre, incolore dans le milieu, devenant chromogène de chaque côté. (350.) FiG. 9. — Cellule chromogène dans laquelle la substance colorante se condense, et ([ui donne naissance à une branche plus mince ; une vacuole indicjue que la membrane n'est pas colorée. (350.) FiG. 10. — Cellule chromogène dans laquelle la substance colorante n'est que partiellement conden- sée. (350.) FiG. 11. — Cellule chromogène anastomosée, donnant naissance à deux branches non colorées. (350 réduite à 2/3.) FiG. 12. — Cellule chromogène rectiligne, donnant deux l)ranches à direction irrégulière, suivant une direction différente de celle de la cellule rectiligne. (350 réduite à 1/2.) FiG. 13. — Coupe du parenchyme près du pédicule, chez un individu jeune. Les grosses cellules chromogènes ont à peu près la même direction que les cellules du tissu coupé transver- salement ; des ramifications plus étroites ont une direction ])erpendiculaire à celle des autres cellules. (350.) FiG. ih. — Une fine cellule chromogène de la figm-e 13 grossie 580 fois avec les cellules adjacentes du parenchyme. PL. III FISTULINE Jcle Seynes adnatdel. Imp.Becmiet Paris A Karraanslii Clirofnolith. Cellules ordinaires, chromoôènes et à suc propre. Fgi. 1 Fk;. 2. Fir.. 3. Fk;. !l. PLANCHE IV POILS. - PROTOPLASMA. — TISSU TliÉiMKLLOIDE. — CONIDIES DU PREMIER AGE. r.ERMINATION DES CONIDIES. — Poils formant une houppe encore peu développée, naissant de cellules larges. (350 réd. h 1/2.) — Poils sécrétant, dont un est né de cellules incolores (260), et dont quatre sont agglutinés en b par leur sécrétion. (350.) — Cellules étroites et cellules du tissu trémelloïde, naissant de cellules larges. (350.) — Cellules du tissu trémelloïde. Les extrémités élargies et granulées arrivent au niveau du revêtement épidermique comme des poils. Une cellule dans le bas préseiilr uiir quadruple bifurcation. (350.) Fk;. 5. — Portion de tissu montrant des cellules remplies de protoplasma riche et à gros granules graisseux en P, une portion de cellule chromogène à protoplasma granuleux, et une cellule V dans laquelle on remarque des vacuoles hyalines et la portion huileuse du pnjto- plasma est à l'extérieur. Ces cellules ont été prises dans un individu jeune et très-frais. Au bas de la figure, en s s, est représentée une cellule chromogène dans laquelle le proto- plasma est disposé en spirale. (350.) Fk,. (i. — /(, portion de l'hyménium de C/ai»a?va auran/îa Pers., dans laquelle on voit une cellule chro- mogène diinn(>r naissance à une des cellules stériles ou paraphyses (580). — />, baside rem- pli de protoplasma (580). — i', cellule stérile chromogène avec un globule de protoplasma ordinaire au sommet, et baside rempli de matière colorante. (350.) Fk;. 7. — Coupe de Fist. hepafiea au premier âge h la surface. — Poils dont quelques-uns sont déjà groupés en houppes. Conidies apparaissant entre les poils. Pn;_ 8. — Conidies et poils du même individu, grossis 480 fois. Pli,, i). —L Bouquet de conidies jeunes dans le même individu, grossi 580 fois. Fi(i. 10. — Germination des conidies (580). On peut suivre tous les degrés depuis les conidies n'ayant pas encore germé. On en voit à côté qui se dépouillent de la membrane externe; elle n'est encore que fendue chez l'une d'elles, tandis que chez d'autres il n'en reste qu'un fragment à la surface de la sphère que forme la conidie en germant; plusieurs donnent naissance à des filaments germinatifs plus ou moins longs. On voit à l'intérieur de celles qui n'ont pas donné naissance à des filaments germinatifs un ou deux nucléoles brillants, tandis que dans les dernières le proloplasma est uniformément granuleux. FISTULINE PL. iV. YiQ.S. J àe Seynes aduatûel. ImB.Becquet, Pans. Th.Devrolle M. Poils. Protoplasma . Tissu tremelloide . Conidies du premier à^e . Germination des Conidies PLANCHE V POILS. - CONIDIES. Fie. 1. — Lacune formée dans le tissu d'une vieille Fistuline par le développement des conidies. (Grossie environ 80 fois.) — Bord de la lacune ci-dessus montrant la surface hérissée de conidies. (350. ) — Fistuline exclusivement conidipare, ne présentant pas de tubes hyménophores. (Plus petit que nature.) — Coupe de l'individu ci-dessus, indiquant la direction des bandes claires. — Portion de tissu avec conidies naissant des cellules du parenchyme. (350.) — Conidies en bouquet (350), échantillon Desmazières. — Cellule conidiophore et formation des conidies à l'extrémité de ses branches. (580.) — Cellule conidiophore; il se forme deux conidies l'une au-dessous de l'autre sur deux branches. (580.) Vu;. 9. — Cellules conidiophores présentant la ramification en bec de canne de la figure 5 d, pi. 11. (580.) Fn:. 10. — Conidies naissant isolées sur le trajet des cellules, comme on en voit figure 5 ; la cellule conidiophore est réduite à un court pédicule. (580.) Fk;. H. — Diverses variétés présentées par les cellules conidiophores. — En a, elles sont cloisonnées à chaque bifurcation et plus fines que la cellule qui leur donne naissance. — En fj, la cellule conidiophore naissant d'une cellule du tissu trémelloïde est plus large que cette dernière. Kn c, les cellules conidiophores sont de simples ramifications, sans cloisonnement à l'origine, d'une cellule ordinaire. (350.) Fk;. 12. — Silhouette de houppes ou verrues formées à la surface des Fistulines par les poils. Fi(i. 13. — l'oils incolores et colorés. Parmi ces derniers, l'un est la terminaison d'une cellule chromo- gène, les autres naissent des cellules du tissu trémelloïde. (350.) Fn;. 2. Fit;. 3. Vu:. /i. Fk;. 5. Fk;. 6. Fk;. 7. Fk;. S. FISTULINE PL. V. Kt^^j: TlCT.l. Cl ,c ^ &'n ifm ^-..1 [ ïïj. 4 ^^^imii^ J. de Seynes aànat.del , Aip .Becffuet, Pans A.KarTiiaTiski CliroTnolilh. Poils , Conidies PLANCHE VI TUBES. — IIYMÉNIUM ET SPORES. FiG. 1. — Moitié de la base d'un tube hyménophore. On voit en a les cellules larges et courtes donnant naissance aux cellules étroites, qui sont courtes au fond du tube et donnent naissance à l'hyménium; d'autres se prolongent en d pour former le tube lui-même. L'espace compris entre deux tubes est indiqué en c. On voit la direction des bulles gazeuses qui aboutissent dans l'espace intertubulaire, et non pas dans l'intérieur du tube. (350 fois, réduit à un 1/2.) FiG. 2. — Naissance d'une lamelle d'Ag. hydrophilus Rull. Cellules étroites naissant des cellules larges du chapeau pour former la lamelle. (350.) FiG. 3. — Coupe prise entre deux lamelles d'un Tricholoma vaecinus, de manière à présenter une con- cavité où se trouvent des cellules hyméniales nées de grosses cellules ?• du chapeau, et la naissance d'une lamelle en/ (350 I. diminué). Cette ligure reproduit exactement la figure 1, représentant l'origine d'un tube de Fistuline. FiG. 11. — Coupe longitudinale d'un tube hyménophore montrant à la partie interne l'hyménium en h h, et l'extrémité des cellules stériles en D, considérées comme des cystides par divers auteurs. (350.) FiG. 5. — Origine des cellules des tubes naissant de cellules larges et courtes (350). Ces cellules sont prises à la partie externe d'un tube, la connexion des cellules étroites avec les grandes cellules dans celte région n'étant pas très-claire dans la figure 1. Fk;. 6. — Cellules étroites, dont plusieurs conidiophores, naissent de cellules larges dans la zone supérieure. (Environ 200.) FiG. 7. ^ Hyménium, coupe transversale. — t, coupe des cellules du tube. — b, basides. (350.) Fk;. 8. ^ Hyménium, coupe longitudinale suivant la direction des cellules du tube qui se recourbent pour porter les basides, comme on le voit aussi dans la figure U. (350.) Fig. 9. — Basides isolés à divers états (580). L'un pousse ses stérigmates, l'autre porte des spores développées; le troisième adonné naissance à des spores qui se sont détachées. Fk.. 10. ^ Basides. Plusieurs sont portés sur une même cellule qui leur donne naissance, de lamême manière que les cellules conidiophores aux conidies. Fk;. 11. — Spores en s, grossies 350 fois, et en s', grossies un peu plus de 1200 fois. Fig. 12. — Deux cellules chromogènes 0 0, dans lesquelles on voit la substance colorante partielle- ment condensée. La cellule mn qui leur donne naissance présente un plasma granuleux plus riche que la cellule 711 1. — P, extrémité d'une cellule chromogène dont le petit bec qui la termine n'est pas coloré. (350.) PL. VI FISTULINE . Fig.8. m.l wVit J.de Sfynes aiiiatdel. Imp.B ecauet^ F^ris . ■TTiDéjrolle tot. Tubes, HymeniuTTi et spores PLANCHE Vil DÉVELOPPEMENT DES BASIDES ET DES CONIDIES. — ESPÈCES EXOTIQUES. FiG. 1 . — Fistulina spathulata B. et C. , vu par la surface supérieure. (Grandeur naturelle de l'échan- tillon sec.) Fil.. 2. — Le même, chapeau vu par dessous, côté des tubes. Fi,;, 3. — Le même, coupe grossie du chapeau et d'une partie du pédicule. FiG. /i. — Fistulina pallida B. et Rav. — a, vu par dessous ; — b, vu par dessus; — c, en coupe. (Grandeur naturelle de l'échantillon sec.) Fie;. 5. — Cellules de F. pallida. — En P, réservoir à suc propre; coupe prise dans le pédicule, partie médiane. (350.) FiG. 6. — Cellules de F. pallida près de la partie supérieure du chapeau. En RP, est un réservoir à suc propre à contenu fragmenté. (350.) Fk;. 7. — Poil sécréteur (580) de/', pallida, laissant exsuder une substance jaunâtre. Fi' . 8. — Développement des basidcs à l'intérieur d'un tube jeune de F. hepatîca, non encore ouvert. Ce sont de simples renflements lerminau.Y des cellules sous-hyméniales présentant près de leur sommet un globule huileux assez gros, très-apparent. (350.) FiG. St. — Développement des conidies et passage des conidies non cncoi'e complètement formées à l'étal de cellules végétatives, chez des individus jeunes n'ayant pas encore un chapeau formé. (350.) FiG. 10. — Développement des conidies. (Grossissement de 580 fois. ) Fk;. 11. — Cellules conidiophores revenues à l'état de cellules végétatives chez l'individu adulte. (580.) FiG. 12. — Mycoderma Cerevisiœ, présentant des granules mobiles. (900.) FISTULINE PL . VI] J. de Seynes adTxatdel. Imp.Becqaet Paris. Développement des Basides et des Conidies Th.Deyrolle litK. )pp Espèces exotiques RECHERCHES 6>. 0> /l ^&. <5. ^^ POUR SERVIR A L'HISTOIRE NATURELLE DES VÉGÉTAUX INFÉRIEURS PAI! J. DE SEYNES II POLYPORKS PARIS G. MASSON, ÉDITEUR LIBRAIRE DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE lao. Boule V ara Saint-Germaixi. 130 KN FACE DE L'ÉCOLK DE MÉDECINE 1888 V ^:^^- SCTL^ '■'^^ îf.W ^' RECHERCHES POUR SURVII! A L HISTOIltK N AT H II K LL li DES VÉGÉTAUX INFÉRIELRS im-2. - IJIMIIMEIUES llÉUNIES. A, UUE MIONO.N, 2, PAIIIS ,,<"^ ^- ^ ^3 ]''-■ . ;^ A 0 i vi >k y <» & RECHERCHES POUR SERVIR A L'HISTOIRE NATURELLE VÉGÉTAUX INFÉRIEURS l'Ail J. DE SEYNES II POLYPORES PARIS G. MASSON, ÉDITEUR LILSKAIRE DE L'ACADEMIE DE MÉDECINE lao, Boulevara Sa i n t- G ermai n . 130 KN FACE DE l.'ÉCOI.E DE MÉDECINE 1888 La publication d'im mémoire présenté en 1878 à l'Académie des sciences, sous ce titre : Les conidies du Polyporus sulfureus Bull, et leur développement, devait faire l'objet du présent fascicule. Des recherches et des observations nouvelles ont successivement agrandi le champ de ce travail. Dans le précédent fascicule, j'avais été conduit à une étude auatomique très minutieuse du réceptacle charnu de la Fistuline, pour suivre les connexions de ses conidies endocarpes et leur continuité organique avec les cellules de la trame de ce Champignon. J'ai pu affirmer cette continuité depuis la première ébauche du récep- tacle jusqu'à son complet développement, et l'établir d'une manière assez nette pour exclure toute hypothèse d'intervention parasitaire dans la production des conidies endocarpes de la Fistuline. Les ressources que fournissait un pareil examen, pour se rendre compte de la structure et des procédés de développement des réceptacles charnus, m'avaient con- duit il examiner les relations des cellules du tissu stérile entre elles et avec les réser- voirs à suc propre. Ces derniers surtout, encore mal connus chez les Champignons, avaient attiré mon attention, et j'ai pu déterminer le rôle que joue leur contenu comme réserve alimentaire. La même méthode a été suivie pour les Champignons que j'ai ici en vue; les mêmes motifs m'ont conduit à examiner de très près la structure anatomique, afin de bien établir les rapports des conidies endocarpes avec le tissu du réceptacle et DE SEYNES. 1 II l'iilciitité (les réceptacles exclusivement couidipares avec ceux qui portent des tubes tapissés par un hyméiiium sporifère. Les éléments cellulaires dont se compose le tissu du réceptacle des Polypores subéreux diffèrent à beaucoup d'égards des cellules de la trame des réceptacles charnus dont la Fistuline pouvait être considérée comme un type caractérisé. Le Po/l/porus sulfureus Bull, présente un réceptacle d'une nature intermédiaire entre les réceptacles charnus et les réceptacles secs et subéreux ou plutôt scléreux et lignifiés; le mode de développement cellulaire est sensiblement modifié; ce n'est plus dans le sein du protoplasma que se rencontrent les matériaux de réserve nutri- tive, mais bien dans les dépôts solides qui ont épaissi la paroi des cellules. Il m'a paru nécessaire d'étudier à ce point de vue les tissus de notre Champignon, qui forme ainsi le second des deux types entre lesquels on peut répartir toutes les espèces fongiques. Le but que je cherche à atteindre par ces publications est surtout de grouper des faits intéressant la connaissance générale de l'anatomie et de la physio- logie des Champignons. Des conidies naissent librement sur le mycélium du Polij- porus sulfureus; ce fait, que j'ai observé depuis la présentation de mon mémoire à l'Académie des sciences, complète le cycle de reproduction multiple chez un même basidiosporé ; il m'a conduit à des conséqiiences qui seront développées dans le courant de ce fascicule; il confirme celles que j'avais déjà cru pouvoir tirer de l'existence de réceptacles uniquement couidipares dont j'avais communiqué la décou- verte au Congrès de Paris (1878) de l'Association française pour l'avancement des sciences. De nombreux exemplaires de pareils réceptacles ont été retrouvés depuis et rapprochés des Ptychogaster. Enfin, des réceptacles du même ordre, connus sous le nom de Ceriomyces, m'ont fourni l'occasion de recherches parallèles à celles que j'avais entreprises sur le Pobjporus sulfureus. Grâce à l'obligeante communication de M. Saccardo, j'ai pu étudier les relations intimes qui unissent le Ceriomyces terrestris Schultz. au Poly- porus Sericellus Sacc. La notion du polymorphisme reproducteur peut ainsi s'étendre à l'ensemble des Polypores avec d'autant plus de certitude que la cou- III naissance des rapports des Ptychogaster avec les Polypores a fait de grands progrès à la suite des observations de MM. Ludwig, Boudier et Patouillard. Une confirma- tion nouvelle de l'identité des genres Pohjponis et Ptychogaster nous arrive aujourd'hui d'Allemagne. Dans le fascicule VII de ses recherches mycologiqucs, M. Brefeld annonce {Basidiomyceten, II, 1888, p. 6) qu'il a reproduit par des cul- ' tures laborieusement suivies les diverses phases reproductrices des Basidiosporés, et qu'il a obtenu des formes conidipares angiogastres , des conidies mycéliennes libres ou agrégées en Coremiwn et des réceptacles sporifères. Il n'y a donc plus lieu de répondre à la critique très adoucie, il est vrai, mais encore formulée dans la deuxième édition de la Monographie et Physiologie des Champignons du très regretté professeur de Bary, à propos des conidies endocarpes de Fistuline décrites dans mon précédent fascicide. L'éminent mycologue s'est, du reste, chargé de me donner raison plus loin; dans le chapitre où il traite des Chlamydospores des Nyctalis, il invoque, contre la supposition qu'elles appartiennent à un parasite venu du dehors, la continuité organique des filaments du Nyctalis qui les produisent ; mes propres observations me l'ont confirmé , j'aurai occasion de le montrer plus loin; c'est exactement le même motif que j'ai invoqué à l'appui de la filiation des conidies endocarpes de Fistuline avec le réceptacle qui les poiie. Comme de Bary, M. Brefeld met les observateurs en demeure d'obtenir la repro- duction intégrale d'un réceptacle fongique pour faire accepter la filiation directe d'un organe reproducteur et doué de faculté germinative observé sur un récep- tacle de la même espèce. 11 faut ici tenir compte d'une tendance naturelle de l'esprit humain à exclure tout mode d'investigation autre que celui dont on a coutume de se servir avec succès. M. Brefeld a réussi à reproduire par la germination des spores d'Agarics les réceptacles de ces mêmes Agarics ; faudra-t-il contester le caractère d'organe de reproduction aux spores portées sur les basides d'Agarics toutes les fois qu'on n'aura pas obtenu la reproduction du réceptacle lui-même par la germination de ces spores? C'est une puérilité qu'aucun auteur sérieux n'oserait sans doute se permetti'e. IV Au début tle mes travaux, je me suis attaché à uue étude aussi précise que possible des caractères histologiquos, pour y voir clair dans le chaos accumulé par la méthode cultiu'ale qui n'était alors qu'un instrument de confusion et d'erreur. Aujourd'hui cette dernière méthode a pris des allures vraiment scientifiques et une précision qui ne laisse rien à désirer, pourvu qu'on ait à sa portée l'installation nécessaire; les mycologues auraient grand tort de lui marchander leur confiance et de dédaigner d'y avoir recours, mais il y a place pour d'autres méthodes d'obser- vation, pour d'autres études ; le sujet est assez compliqué pour qu'aucun procédé de contrôle ne soit superflu. L'observation anatomique a fait, elle aussi, des progrès; elle est devenue plus exigeante et plus précise, elle peut s'aider de l'action mieux connue des réactifs chimiques et du perfectionnement des instruments d'optiqiuî. Ses mécomptes, trop souvent dus à des idées préconçues sur le polymorphisme, ont rendu les observateurs plus prudents ; il est donc excessif de dire, comme le fait M. Brefeld (Joe. cit., p. 10) : «Abstraction faite des germinations spoiMgènes de Dacryomtjces, on ne doit voir dans les assertions citées sur la présence d'autres formes de fruit chez les Basidiomycètes pas autre chose qu'un simple indice de la possibilité àe. l'existence de pareilles fructifications. » Sans doute un pareil préam- bule permet de se faire la part belle et d'attribuer au contrôle la priorité sur la découverte ; mais nous doutons qu'il soit ratifié par les travailleurs appelés ainsi à reléguer à l'arrière-plan les magnifiques travaux de Tulasne , auxquels nous sommes redevables, malgré quelques imperfections inévitables, des plus grands progrès qu'ait faits en ces derniers temps la connaissance des végétaux inférieurs. Les exemples de polymorphisme accumulés par Tulasne, dans son Selecta Fungo- rum Carpologia, ne sont pas plus à l'abri de la critique de M. Brefeld que ceux qui ont été observés chez les Basidiomycètes. RECHERCHES POUR SERVIR A L HISTOIRE NATURELLE DES VÉGÉTAUX INFÉRIEURS POLY PORES DU POLYPORE SULFURIN M^olifportts stt/pit*eus Bull. Les Polyporés du genre Polyporus attirent rattention par leur lialiitat presque toujours épixyle et quelquefois par leur grande dimension. Leurs réceptacles sont placés en évidence à diverses hauteurs du tronc ou des branches des arbres ; ils sont très répandus et depuis longtemps décrits. Le nombre des espèces s'accroît d'une manière considérable à mesure que se multiplient les explorations des régions tropi- cales dans lesquelles abondent les Champignons à réceptacles résistants, scléreux ou lignifiés. Cependant la structure et l'organisation des Polyporés a été peu étudiée jusqu'ici et beaucoup moins que celle des Agarics. A l'origine, on ne s'est préoccupé que de lem^s usages médicinaux et économiques ; plus tard, et comme conséquence naturelle leur composition chimiqTie a été l'objet de quelques travaux depuis Braconnot (Paris, 1811 , 1812) jusqu'à M. Ilarz (Moscou, 18G8). Bulliard, Palisot de 0 POLYPORES. Beauvois, Diitrochftt ont étudié In végétation pérennante dos Polypores et la for- mation de leurs zones d'accroissement dans le réceptacle du I\ imcjulatus Bull, et de ses congénères. Quelques autres phénomènes de cx'oissance ou de vitalité des éléments subéro-ligneux ont attiré l'attention de Desvaux, de Tulasne, de MM. Berkeley et Broonie. L'analogie de structure anatomique des Polypores des Xylostroma et des Rhizomorpha a fait considérer ces deux derniers genres comme de simples mycéliums de Polypores ; leur continuité organique a été plusieurs fois observée et a confirmé cette vue (voy. Tulasne, Select. Fung. Carp.^ t. I, p. 128). Au moment où j'ai publié mes premières recherclies concernant les Polypores [Comptes rendus de V Académie des sciences, \" avril 1878), les seuls organes de reproduction connus chez les espèces de ce genre étaient les spores issues des basides de l'hyménium. En m'adressant au Pohjporiis su/furens Bull, pour recher- cher l'existence possible d'organes de reproduction supplémentaires, j'ai été guidé par deux points de ressemblance que ce Champignon présente avec la Fistuline : la nature semi-charnue du réceptacle jeune, qui ne devient dur et cassant qu'avec l'âge et ne se lignifie jamais complètement, et en second lieu la tendance de certains de ses réceptacles à prendre des formes globuleuses mamelonnées en rapport avec une surface tubulifère restreinte. Mon attente n'a pas été trompée, elle a même été dépassée, puis([ue j'ai pu reconnaître chez le Polypore sulfurin trois modes de reproduction au lieu de deux et établir ainsi une homologie remarquable entre les Basidiosporés et les Théca- sporés (1). Le Pohjporus sulfureus Bull, est une des rares espèces de Polypores qui ont eu, comme le P. officinalis Fr., le privilège d'attirer l'attention des observateurs. Depuis Clusius qui le tenait pour suspect, le P. sulfureus Bull, a été décrit et figuré par tous les auteurs. La détermination en est facile quoiqu'il soit assez polymorphe et qu'il offre des variétés, dont la fixité, une fois reconnue, donnera peut-être lieu à la création de nouvelles espèces, ainsi que cela est arrivé pour VAgaricus carnpestris de Linné ou VAgaricus amarus de Bulliard. Tous les Mycologues le donnent comme assez rare en France ; il est signalé, au contraire, (I) De Seyncs, Les conidies mycéliennes du Polyporus sulfureus Bull, in Bull. Soc, bot., I. WXI, 1884, 296. POLYPORES. " comme répandu en Angleterre (Berk, Outl., p. 241, Cooke, Brit. Fimcj.^ p. 268), dans les pays Scandinaves (Pries, Syst. myc, I, p. 357), en Italie. Secretan en décrit les principales variétés reconnues en Suisse. C'est en automne et en été, surtout après les temps chauds et pluvieux, qu'on le rencontre sur le Chêne, l'Or- meau, le Hêtre, le Saule, le Peuplier, le Châtaignier et divers arbres fruitiers. Ses qualités alimentaires éprouvées par Paulet le font rechercher aux Etats-Unis, mais il ne peut être employé qu'à l'état jeune pendant que le réceptacle conserve une consistance caséeuse. D'après M. Barla, une variété récoltée sur le Caroubier est consommée à Nice. Plusieurs auteurs le disent doué de propriétés tinctoriales, mais il se pourrait qu'il y eût sur ce point quelques confusions avec des variétés du /'. hispidus. Paulet dit l'avoir vu dégager une lueur phosphorescente sur un Chêne au Bois de Boulogne. Dès 1804, B. Scott avait reconnu la présence de cristaux d'acide oxalique presque pur dans le réceptacle du /'. sulfureus. Le professeur Thompson, d'après Gréville, y aurait constaté la présence du bioxalate de potasse. Le travail le plus important sur ce sujet est celui de Tripier [Note sia^ la présence de l'acide oxalique dans les Champignons, Paris, 1838). L'auteur indique la présence de l'acide oxalique et de divers oxalates et la propriété qu'oflre le tissu de bleuir légèrement par la teinture d'iode. I RliCEPTACLE ET MYCÉLIUM § 1". Réceptacle; ses ccllule!i». — Le réceptacle, au début, a l'aspect d'une masse charnue, bosselée, irrégulière, de forme variable, d'une belle couleur jaune d'or ou soufrée (pi. I, fig. 6); cette masse boursouflée s'épanouit en grandissant et forme des raquettes, tantôt aplaties, tantôt en dôme, disposées en étage à bords ondulés, se confondant à leur origine au point où le réceptacle sessile s'attache à l'arbre qui le porte; la couleur s'accentue et tend vers le rouge orangé. 11 y a souvent ainsi plusieurs chapeaux soudés, imbriqués ou fusionnés de diverses manières; d'autres fois il n'y en a qu'un seul (pi. I, fig. 2). La surface supérieure est lisse, glabre; l'inférieure, tournée vers le sol, montre des pores petits arrondis, 8 l'OLYPOUES. de teinte sulfuriiu" claire eorrespoiidaut aux tubes serrés assez courts, tapissés à l'intérieur par l'hyménium. Chez certains exemplaires le chapeau ne s'étale pas, même après l'apparitiou des tubes hyménifèi'cs , il reste épais et mamelonné (pi. I, fig. 1). Le parenchyme du réceptacle est mou, caséeux, imprégné d'un suc qualifié par les Floristes de lactescent sulfurin. En mûrissant il devient sec, cassant, friable, blanc, lav'é d'une teinte fauve clair dans certains points voisins du sommet; les tubes en vieillissant prennent aussi cette teinte fauve. La surface stérile, après avoir passé par des colorations jaunes ou rougeàtres plus ou moins foncées, pâlit en séchant et devient d'un blanc fauve sale tournant au rose ou au brun. L'odeur est nulle, fade ou peu agréable; dans le réceptacle sec, elle rappelle celle de l'urine, elle est nauséeuse chez les échantillons secs qu'on expose à l'air après les avoir trempés dans l'eau. Le tissu du réceptacle est formé de cellules peu différenciées; aussi l'aspect de la cassure en est uniforme. On aperçoit à un grossissement suffisant lui lacis compli- qué, laissant difficilement reconnaître la direction générale des filaments, quand on examine des coupes parallèles à la direction du réceptacle prise de son point d'attache à la marge du chapeau (pi. II, fig. I). Si l'on fait des coupes perpendiculaires à cette direction, on voit qu'un grand nombre de filaments ont été sectionnés de manière à montrer leur calibre intérieur, les cellules ont été coupées perpendi- culairement à leur direction. On s'assure ainsi que le plus grand nombre présente une direction générale de l'insertion du réceptacle vers les bords (pi. II, fig. 2), leurs ramifications sont nombreuses, divergentes et souvent perpendiculaires à la direction des cellules mères ; les ramifications à angle droit sont parfois si accusées *pi'il n'est pas rare en dissociant les cellules de la trame d'en rencontrer qui figurent de véritables échelles de Perroquet (pi. II, fig. 6 et 7 a). Examinées isolément, les cellules se rattachent naturellement à deux types : toutes ont un diamètre longitu- dinal plus long que le diamètre transversal, elles sont allongées, mais les unes sont larges et les autres étroites. Les premières ne sont qu'un état de dévelop- pement plus avancé des secondes. Il n'y a pas là deux systèmes différents. Les cellules étroites sont uniformes, on ne retrouve pas ici les cinq types que j'ai distingués dans la Fistuline hépatique; les cellules larges ont aussi un calibre plus constant et dont la moyenne est 0""",0I0; ce diamètre s'abaisse parfois jusqu'à l'OLVFORES. 9 0""",008 et peut s'élever jusqu'à 0""",01.2, 0""",01 i, 0""",0I8. Les cellules étroites issues directement comme des branches de ces dernières (pi. Il, fig. 7) ont un diamètre de 0""",04, c'est aussi la dimension des cellules du mycélium et des jeunes cellules des tubes hyméuifères (pi. Il, fig. 10, il, 12, et pi. III, fig. 8); leur dia- mètre est quelquefois un peu inférieur et descend jusqu'à 0""",003. Les cloisons sont très rares. Au point de vue de la structure on peut aussi classer ces cellules en deux groupes d'après le plus ou moins d'épaisseur de leur paroi : cellules à paroi mince, cellubs à paroi épaisse. Ces dernières dominent dans le réceptacle adidte. Chez les cellules les plus larges dépassant la moyenne de 0""",010 à 0™"',01i pour atteindre, ce qui est rare, de 0"™',014 à 0"™,020, la membrane cellulaire est peu épaissie, elle a d'or- dinaire à peine 0"™,001. Souvent dans les cellules larges du type le plus fréquent, 0""",008 à 0""",010, l'épaisseur de la membrane égale la lumière de la cavité intérieui'e; soit par exemple un filament cellulaire ayant 0""",009 : vu par trans- parence, le calibre intérieur mesure 0""",003, et la paroi cellulaire, dont l'épaisseur se mesure de chaque côté par im double trait, a 0""',003 ; ainsi les quatre traits qui délimitent la cellule dans sa longueur, laissent entre eux trois intervalles égaux. D'autres fois le calibre intérieur est moindre que l'épaisseur de la paroi et dans un filament cellulaire de même dimension que le précédent on mesure une épais- seur de membrane de 0™"',004, soit 0""",008 pour les deux côtés, de sorte qu'il ne reste plus que 0""",001 pour le diamèti^e intérieur de la cellule. Les cellules étroites présentent une paroi mince dans le mycélium à son début et en plusieurs points de la trame du réceptacle à l'état jeune. Quelques-unes parmi les plus grandes de ces cellules mesurent 0""",005 à 0""",006 de diamètre et con- tiennent un protoplasma rendu très apparent par le grand nombre de fins granules ([ni lui donnent l'aspect du latex fongique (pi. II, fig. 8); dans ces cellules, les cloisons sont assez rapprochées, tandis que chez les cellules d'un développement plus avancé les cloisons sont très rares. Dans les cellules des tubes jeunes et dans celles de la superficie du chapeau l'épaisseur de la membrane est considérable et le calibre intérieur linéaire est impossible à mesurer (pi. II, fig. 7, b; pi. III, fig. 1, b, 8). Le protoplasma est clair et transparent dans le plus grand nombre de cellules, il n'est optiquement reconnaissable qu'à l'aide de réactifs, l'iode le colore en jaune DE SEYNES. 10 POLYPORES. brun plus ou moins foncé. Dans les cellules d'apparence laticifère dont nous avons parlé plus haut, il est finement granulé, et, quand il s'écoule, il a, à l'œil nu, l'aspect de petit-lait trouble, plutôt que celui plus consistant du lait non dépourvu de caséum, aspect sous lequel on a coutume de le voir chez les Lactaires et beaucoup d'autres Champignons, comme chez les végétaux phanérogames. M. Hartig mentionne la forme étoilée comme fréquente parmi les cellules dii l'éceptacle de notre Polypore, la coupe transversale de cellides donnant naissance à des branches qui se détachent perpendiculairement à la direction de ces dernières, et c'est souvent le cas, on l'a vu phis haut, peut donner cette disposition étoilée au tissu. On rencontre aussi des cellules irrégulières bosselées avec des appendices divergeant en sens divers (fig. 5, pi. II) qui pourraient être visées par le terme de cellules étoilées. Elles semblent être les ves- tiges d'une forme spéciale de tissu qui caractérise certains réceptacles très jeunes et leur donne de l'analogie avec les Sclérotes. Le Poli/porus fomenta- r'ius Fr. ti'ès jeune à l'état globuleux, avant l'apparition des tubes, présente une intrication de cellules courtes ramifiées, les unes très colorées en brun, les autres moins, aux formes irrégulières et bizarres et à parois épaisses. Ces cellules ont des cloisons rapprochées qui se dissocient facilement de sorte que certains groupes de cellules paraissent isolés et sans connexions avec leurs voisins, cette disposition donne à la coupe faite au travers du réceptacle un aspect analogue à de la sciure de bois remplissant le réceptacle. Cette désagrégation est spontanée et se complète par la dessiccation ; elle est dans tous les cas très facile à obtenir par la plus légère pression exercée sur un fragment du pseudo-parenchyme placé sur un corps dur ; l'examen le plus attentif ne réussit pas à surprendre l'action d'un animal ou d'un mycélium parasite. Tous les réceptacles jeunes que j'ai pu examiner m'ont offert cette disposition. Dans la zone coiTcspondant au point où le réceptacle Fig 1. — Cellules du réceptacle 1res jeune de Polijporus fomentarius Fr. POLYPORES. il traverse l'écorce de l'arln-e qui le porte, on trouve des débris de cellules apparte- nant au tissu de l'arbre; on est ainsi amené à se demander si la forme bizarre des cellules fongiques ne vient pas de la nécessité où elles se sont trouvées de con- tourner les cellules corticales et de se mouler dans les méats intercellulaires et dans les cellules traversées, mais on constate que la même forme de cellules se répète bien au delà de cette zone; il est d'autres exemples de cette dispo- sition dans lesquels on ne pourrait d'ailleurs invoquer une pareille cause; j'ai décrit, dans une communication au Congrès de Clermont de l'Association fran- çaise, une disposition anologiie que je reproduis ici, prise cliez un Lepiota Ccpœs- tipes Sow. Le réceptacle très jeune de cet Agaric surgit librement du mycélium sans que les cellules qui le composent aient à se frayer un passage à travers d'autres tissus végétaux. Je serais donc tenté de voir dans ces cellules une formation analogue à celles des tissiis entor- tillés qui se développent autour des ascogones chez les Discomycètes. Ce sont sans doute les cellules qui représentent le péricarpogone et qui peuvent dans certains cas prendre un dévelop- pement considérable. Sur un réceptacle de P. fomentarius Fr. un peu plus avancé et dans lequel se forment des couches de cellules parallèles (jui donneront naissance à l'hyménophore, si l'on examine au microscope des coupes conduites dans la zone intermédiaire, entre le tissu fibreux formé par les cellules cylindriques et le tissu formé par les cellules irré- gulières, on voit que ces dernières donnent directement naissance aux cellules cylindriques, et se transforment ainsi pour former le tissu ligneux à texture fibreuse que l'on connaît dans le réceptacle développé de ces Polypores. Chez le Lépiote, cité plus haut, la différence est encore plus grande entre les cellules allongées à parois minces du l'éceptacle et les cellules irrégulières épaisses dont elles émanent. A la base d'un réceptacle de P. sulftireus, j'ai retrouvé une formation cellulaire analogue (fig. 9, pi. II); mais je n'en ai pas eu d'assez jeune pour savoir si, à un moment donné ces cellules constituent le tissu du récep- tacle tout entier, et si elles présentent des réserves de cellulose accunmlées dans Fig. U. — Portion de réceptacle très jeune de Lepiota Cepastipes Sow. 12 rOLYPORES. les parois en aussi grande abondance que chez le Lepiota CepœMipes Sow. oii le P. fomontariuft Fr. J'ai trouvé chez ce dernier, au moment où j'ai examiné le réceptacle jeune, uue plus grande variété de formes des cellules irrégulières que chez le Lepiota, ainsi que le montre la comparaison des deux figures ci-dessiis. Dans la figure I, page 10, certaines cellules laissent à peine voir leur calibre intérieur [a) ; d'autres présentent un trait intérieur très irrégulier [h) ; d'autres offrent une sculpture interne de la paroi en bosselures à peu près d'égales dimen- sions; ces bosselures font l'effet de boutons ari'ondis plus ou moins serrés appli- qués sur la membrane, dont ils ne se distinguent pas du reste [miï). Cette structure est (juelquefois assez régulière pour rappeler les épaississements partiels présentés par la membrane cellulaire des végétaux phanérogames. On peut rapprocher de ce fait celui qu'a signalé M. Brefeld dans le sclérote du Pénicillium glaucum Lk. Voici comment il le décrit. Après avoir parlé de l'épaississement des parois cellu- laires, il ajoute : «... 11 y a aussi quelques points où la membrane ne s'est pas épaissie ; ces points paraissent à la surface comme des ouvertures oblongues, transparentes avec un contour accentué. Dans la trame du sclérote, les points non épaissis des cellules voisines coïncident et offrent, siu' la coupe en travers, l'image fidèle d'un pointillé , comme on le voit chez les plantes snpéi'ieures )) [Schimmelpilze, II Ileft, 1874, p. 54). Dans les deux cas, on peut ainsi reconnaître, chez les tissus fongiques à déve- loppement lent, un acheminement à la structure du parenchyme chez les végétaux plus différenciés et d'une organisation plus complexe. § 'i. Myc-ciium. — On rencontre le mycélium du Polyporus sulfiireus Bull, dans le bois de divers arbres dont il amène la carie par un travail de perfo- ration des cellules du bois et d'absorption des matériaux hydrocarbonés, cellulose, amidon, de ces cellules. Le mécanisme et les divers résultats de ce travail ont été étudiés et décrits par M. Ilartig [die Zersetzimgserscheinungen des Holzes, etc., Berlin, 1878, p. 109-113). L'action que ce Champignon exerce ainsi sur les tissus vivants de l'arbre porte à le considérer comme parasite, mais on ne peut douter qu'il ne vive surtout en saprophyte aux dépens des éléments des cellules et des fibres mortes et non complè tement détruites, c'est ce qui explique la longévité des arbres qui résistent à l'action POLYPORES. 13 du mycélium sur leur bois ; ce bois désagrégé et moi't entretient la vie du Polypore sans qu'il soit obligé de s'attaquer à des tissus nouveaux et vivants. Il eu est ainsi pour l)eaucoup de Champignons épixyles. Le mycélium, tel qu'on le rencontre dans ces conditions, est composé de filaments cellulaires étroits; pour en trouver qui dépassent le diamètre de 0"™,003 à 0"™,004, il faut arriver au voisinage du réceptacle; là les filaments mycéliens tendent à se condenser sans former encore un tissu continu; cette partie du Champignon, inter- médiaire entre le mycélium et le réceptacle, a été appelée, par M. Hartig, tissu spongieux, elle est, du reste, reconnaissable chez beaucoup d'espèces fongiques, même chez des espèces épigées. I^cs filaments mycéliens forment des lacis faciles à étudier dans les vaisseaux du bois attaqué, qui en sont d'ordinaire remplis. Ces lacis se feutrent souvent eu formant des membranes assez denses, analogues à celles des Rhizomorpha suhcorticalis. M. Hartig en a vu de près de 1 mètre de longueur et de 3 à 6 milli- mètres d'épaisseur, ayant la consistance de semelles de cuir et produisant au toucher la même impression. Les cellules des filaments mycéliens jeunes ont la paroi mince, mais, de très bonne heure, la paroi s'épaissit et offre les caractères des cellules étroites du réceptacle développé. Elles sont ramifiées, présentent des inflexions brusques; les l'amifications se détachent assez souvent à angle di'oit; il est impossible de méconnaître l'analogie de structure du mycélium et des cellules du pseudo-parenchyme du réceptacle. On peut s'en faire ime idée en comparant les figures 1, 7, 11, planche II, et les figures 9, 11, planche III. Les cellules mycéliennes se continuent directement dans le tissu appelé spongieux par M. Hartig, qui n'est qu'une intrication plus dense de ces mêmes cellules, comme un intermédiaire entre le mycélium et le chapeau, dans la trame duquel le tissu spongieux se confond. Le chapeau ne se prête pas à la distinction de zones formées par tel ou tel type de cellules. Les cellules à parois minces lui donnent la consistance caséeuse, pendant qu'elles dominent, mais plus tard, quand le développement du chapeau est complet, ces cellules sont rares et elles n'ont pas de lieu d'élection ; le pseudo-parenchyme est très homogène, limité seulement par l'hyménophore tubu- leux à la partie inférieure et par une couche de cellules étroites formant un pseudo- épiderme sur le reste de la surface du chapeau. Cette couche n'est pas distincte du tissu sous-jacent, elle est formée par les terminaisons étroites des cellules du li l'OIAl'URES. pseudo-parenchyme gviit'r.il appliquées les unes contre les autres sans aucune proé^ minence, ce qui donne à la surface supth'ieure le caractère glabre, uni, qui lui est propi'c et qui se retrouve chez d'autres Polypores (pi. Il, fig. 11!). § 3. ÉpniKisissenieiit des parois cclliil»ii-e.s. — 11 ressort de la description qui vient d'être faite de la structure des celhiles du réceptacle, qu'elles présentent des différences notables dans l'épaisseur de leur paroi, suivant que le chapeau est plus ou moins jeiuie, et dans la trame d'un même chapeau développé et arrivé à maturité. Les cellules les plus anciennement formées et chez lesquelles la présence de l'air dans leur cavité indique la fin de la période végétative, ont \m calibre plus grand et une paroi plus mince que les cellules formées plus récemment. L'examen anato- mique suivi à diverses phases montre trois états successifs de la cellule : d'abord le filament germinatif, cellule à paroi mince, à contenu granuleux, se retrouvant dans le pseudo-parenchyme du réceptacle jeune, rare au delà de cette période et disséminé dans le réceptacle sous un aspect analogue à celui des réservoirs à suc propre, mais présentant des cloisons assez fréquentes. De bonne heure les autres cellules ont épaissi leur membrane ; les granules graisseux du protoplasma ont disparu, et la présence du protoplasma ne peut plus être constatée que par l'action des réactifs. A mesure que les cellules jeunes à paroi épaissie fojirnissent des rami- fications et qu'elles croissent en diamètre, la paroi s'amincit, tandis que dans les ramifications la paroi est de nouveau épaisse et le calibre quelquefois à peine visible ; on surprend donc ici une sorte de migration successive de la cellulose fongique, un déplacement analogue à celui qu'on voit dans les matériaux du protoplasma à partir des premiers développements germinatifs, et qu'une recherche minutieuse peut permettre de suivre dans le tissu des réceptacles charnus. La cellule la plus ancienne s'est élargie et appauvrie, tandis que le bourgeon cellulaire, auquel elle a donné naissance et dont une cloison la sépare bientôt, est rempli d'un proto- plasma très riche en matériaux nutritifs. Dans les deux cas, le travail d'assimi- lation et de désassimilation, les transformations chimiques (jui l'accompagnent, rendent le phénomène plus complexe que ne le laissent supposer les termes de migration et de déplacement; ceux-ci ne traduisent que l'aspect extérieur, la simple apparence optique. POLYPORES. 13 Chez la plupart des Champignons à réceptacle formé de cellules à parois épaisses et chez le Polijporus .sulfurms Bull., en particulier, la migration cellulosique s'arrête à l'hyménium, dont les éléments gardent les caractères des cellules très jeunes, une paroi mince et un contenu finement granuleux. Les réceptacles d'ordinaire assez petits du Polyporiis cœsiiis Fr. ont une organi- sation cellulaire très simple. Ses cellules allongées, régulièrement cylindx'iques, peu ramifiées, sont disposées parallèlement, ce qui donne une texture fibreuse au pseudo-parenchyme; on y peut facilement reconnaître, chez le réceptacle mûr, la disposition suivante : la masse du pseudo-parenchyme se compose de cellules à parois minces, à contenu transparent, comme cela a lieu chez les cellules épuisées du P. sul furcus Bvûl.-, la portion périphérique inférieure, la région de l'hymé- nopliore dont les éléments sont les derniers formés, est constituée par des cellules un peu plus éti'oites, comme le sont les cellules jeunes par rapport à celles qui leur ont donné naissance; ces cellules ont leur paroi épaissie par les dépôts de cellulose, la lumière en est à peine visible et elles forment la trame des tubes. Ici, les cellules mères disposées d'une manière régulière montrent d'une façon plus sensible que chez le P. sulfirreus la migration de la cellulose de leurs parois au profit des cellules de plus récente formation; on a, de la manière la plus nette, l'analogue de ce qu'on voit dans les germinations, chez lesquelles les premières cellules formées semblent absolument vides, tandis que la dei'nière est gorgée d'un protoplasma très riche en matériaux de réserve. Les observations précédentes sur le réceptacle des Polypores et celles que j'ai encore à faire connaître plus loin, eu particulier à propos de la germination des conidies, sont tout à fait d'accord avec les connaissances acquises jusqu'ici sur le rôle des cellules épaisses dans les sclérotes et sur la tendance des tissus fongiques pendant l'état de repos, à transformer leur protoplasma en épaississements cellulo- siques. Une citation empruntée au Mémoire de M. Brefeld sur le Pénicillium glaucum Lk. permettra de constater l'homologie générale que je tiens à faire res- sortir : « Au moment de la maturité du sclérote(du Po7iicillium glaucum), dit M. Brefeld, les membranes cellulaires commencent à s'épaissir, cela arrive ordinairement le cinquième ou le sixième jour après leur première apparition Les premières traces d'épaississement se montrent simultanément à deux endroits, à la péri- i6 l'OLYPORES. phério dans une couche de cellules tangenticUes distendues et dans l'intérieur des filaraouts de l'ascogone (tab. III, fig, 18). A l'extérienr, les parois des cellules sont colorées en jaunâtre, cela indique en même temps la limite extérieure du sclerotium, il y a en effet quelques couches de cellules, celles qui sont tout au pourtour, qui n'épaississent pas, qui se détachent et meurent. Ceci est une preuve évidente qu'à mesure que la plante nulrit elle ne prend plus de nourriture et que c'est l'épaississement intérieur des cellules qui fournit à leur nutrition (1). » Le réceptacle naissant du Lepiota Cepœstipes Sow. présente l'analogue de ces cellules externes formant un tissu villeux très fin; quelques-unes de ces cellules sont dessinées à la droite de la figure 1 1 page 1 1 , en a. Comme conclusion de tout le travail physiologique dont le sclérote a été le théâtre, M. Brefeld ajoute {loc, cit. p. 53) : « Dans l'espace de plusieurs mois le tissu stérile du sclérote est absorbé jusqu'à l'écorce brune qui se compose de deux ou trois couches de cellules. » Il y a cependant ici, dans les procédés de développement des réceptacles, une dilïérence , c'est que la paroi cellulaire n'est pas consommée tout entière pour les besoins de l'accroissement du pseudo-parenchyme, comme dans le sclérote. Une zone d'épaississemeut à l'intérieur de la paroi est seule utilisée. Ou peut quel- quefois surprendre un aspect strié de la surface interne, de telle sorte que, par transparence, le trait qui marque cette surface est irrégulièrement dentelé; cette apparence n'est pas sans analogie avec celle du grain d'amidon soumis aux effets de l'action chimique qui doit amener sa dissolution. Quand la ceUulose subit une action analogue, elle réagit avec l'iode et bleuit comme la granulose , ce qui rend beaucoup plus saisissable les phénomènes qui se produisent, ainsi que je l'ai observé chez le Phjchocjaster albus Cda. A l'état jeune ou dans des portions du réceptacle de Ptjjchogaster plus récemment formées, on peut surprendre des cellules allon- gées à paroi épaisse bleuissant légèi-ement sous l'influence des préparations iodées (fig. 3, pi. IV). Arrivées à leur complet développement, les cellules ont un calibre plus grand, une paroi mince; elles donnent naissance aiix spores qui se déve- loppent en grande quantité et occupent à la fin de la végétation la plus grande partie du réceptacle. Entre ces deux sortes de cellules, on en trouve d'autres (1) Brefeld, Schimmelpilzc, 11 llel't, 1874, p. 51. l'OLYPORES. 17 semblables aux dernières et qui présentent, sur certains points de leur membrane cellulaire, à la surface interne, des épaississements de formes et de dimensions variées. Ces épaississements partiels réagissent vivement en bleu ou en violet avec l'iode ; ils n'ont aucime régularité, ainsi qu'on peut le voir dans la figure 4, planche IV, et n'ont aucun rapport avec ceux qu'on observe dans les cellules du capillitium des Trichiacés et dans beaucoup d'autres cellules de Cryptogames ou de Phanéro- games. Ils adhèrent à la couche externe de la membrane sur laquelle ils forment parfois des traînées aplaties. On ne peut les considérer que comme des témoins de l'épaississement qui occupait primitivement toute la surface interne de la membrane cellulaire. Chez les exemplaires déjà mûrs que j'ai eus à ma disposition, ce sont surtout les cellules voisines de la périphérie, c'est-à-dire d'une formation rela- tivement récente qui présentaient cette structure. Il est probable qu'à l'état jeune on la retrouverait dans toute la trame à une période correspondant à l'allongement et à la formation des cellules à paroi mince et à protoplasma riche en granulations qui donnent naissance aux conidies. Un fait du même ordre a été observé par de Bary chez les Polysligma rubrum et fulvum, DC. développés sur des feuilles de Prunier. Les filaments qui forment le réceptacle de ce Champignon présentent çonner à M. Hartig l'existence d' « un certain Champignon saprophyte qui détruit les membranes mycéliennes » [loc. cit., p. 109), et il attribue les conidies du Polypoi'e à ce Champignon, dout il m'a été impos- sible de reconnaître l'existence dans les échantillons que j'ai examinés. La dimi- nution dans la densité du feutrage mycélien s'explique par la production luxuriante des conidies. Une production semblable amène le même résultat à l'intérieur du réceptacle, la trame cellulaire dense y fait place peu à peu à une accumulation de conidies isolées, ainsi que nous aurons occasion de le constater tout à l'heure. Il est à peine nécessaire d'ajouter que cette consommation partielle du mycélium au profit des conidies n'entraîne nullement une diminution d'activité végétative du Polypore. Les conidies, en germant, forment un nouveau mycélium qui donnera naissance à de nouveaux réceptacles en perpétuant ainsi l'action du Polypore et sa réapparition annuelle, ce qui ne pourrait avoir lieu si le mycélium était peu -2X POLYPORES. à peu détruit par un Champignon antagoniste se nourrissant soit du mycélium lui-même, soit aux dépens de celui-ci dans le bois carié. Les couidies nées des filaments mycéliens sont globuleuses, leur paroi lisse s'épaissit rapidement , soit qu'elles proviennent de cellules à parois épaisses, soit qu'elles aient été formées aux dépens de cellules plus jeunes à paroi mince et à protoplasma riche; elles diffèrent en cela des spores, comme par leur forme moins allongée. Leur diamètre moyen est de 0"'"',006 à 0""",008; leur paroi toujours épaisse est réfringente, et le globule huileux qui la remplit l'est aussi ; une légère couche hyaline sépare ce globule de la paroi; celle-ci paraît transparente, mais avec le temps elle prend une teinte fauve clair, très analogue à celle des spores, bien que la couleur jaune du globule huileux lui donne par transparence un ton un peu jaunâtre. Elles portent toujours un appendice plus ou moins long, qu'un grossissement suffi- sant permet de reconnaître, quand il est trop court pour être aperçu de prime abord; c'est le point par où laconidie était attachée à la cellule mère, dont elle a quelquefois entraîné quelque vestige, comme en b de la figure 14, planche III; au lieu d'être amincie à ce point d'attache, comme le sont souvent les spores à leur extrémité atténuée ou hile, il se produit une accumulation de cellulose au-dessous du point où se formait la conidie, ce qui rend en général solide et non pas creux le petit appendice que la conidie emporte avec elle, B. Conidies endocarpes. — C'est en 1876 que pour la première fois j'ai reconnu l'existence de conidies à l'intérieur du pseudo-parenchyme du réceptacle d'un P. sul- fureus Bull. Le fait me parut assez important, surtout après en avoir constaté la complète homologie avec ce qui se passe chez la Fistuliue hépatique, pour en faire l'objet d'un mémoire présente plus tard à l'Académie des sciences. Le présent cha- pitre contient la substance de ce mémoire, dont un extrait a été publié dans les Comptes rendus de V Académie des sciences (avril 1878). L'exemplaire de Polypore recueilli à Fontainebleau, qui m'avait fourni le sujet de cette observation, est figuré planche I, figui'e 1 ; il est très épais, mamelonné et diffère sensiblement des réceptacles en raquette, tels que celui de la figure 2 et tels que les reproduisent les figures de Bulliard (pi. 347), de Sowerby (t. 135), de Schœffer {Fung. Bavar., tab. 131, 132), ou de Sturm {Deutsch. Flor., tab. 20). Je n'ai jamais rencontré de conidies dans de pareils réceptacles, et cette absence de conidies dans le chapeau aplati, à surface tubulifère très développée, est beau- POLYl'ORES. 20 coup plus proiioucce que chez les Fistulines; chez ces dernières, l'ammcissement du chapeau est en corrélation avec une diminution de la région conidienne et de la quantité de conidies produites sans entraîner leur absence complète. La région coni- dienne dans les exemplaires globuleux et épais du P. sulfureus est supéro-posté- rieure, comme chez la Fistuline ; elle se traduit chez les échantillons secs ou mûrs par une teinte ocracée qui fonce en vieillissant et qui se nuance sur la zone qui la limite avec la couleur blanche de la partie stérile du réceptacle. La couche la plus externe de cellules, sur une épaisseur d'un demi à deux millimètres, reste stérile et forme, comme dans la Fistuline, une couche protectrice ; au-dessous de cette couche, les cellules qui donnent naissance aux conidies ne constituent pas un sys- tème spécial; toutes celles qui forment la trame du réceptacle paraissent pouvoir devenir fertiles, qu'elles appartiennent au type des cellules à paroi épaissie ou à celui des cellules à membrane mince; ces dernières étant les moins nombreuses dans un réceptacle adulte, on n'en rencontre que rarement de conidiophores. Des ramifications terminales ou latérales portent les conidies en bouquets de moins en moins fournis, à mesure que les conidies sont arrivées à maturité et se sont déta- chées ; les branches se raccourcissent ainsi peu à peu, et certaines cellules ne portent plus qu'une ou deux conidies ; leur formation est en effet successive ; quand ime conidie est arrivée à maturité, elle se détache, une seconde se forme au-dessous et se détache à son tour, ce qui du reste ne rend compte que de l'apparence extérieure du développement de ces petits organes, développement qui ne consiste pas en un simple phénomène de bourgeonnement et de scissiparité. Au bout d'un certain temps, le tissu du réceptacle où ce travail s'est produit ne présente plus de consis- tance, il est devenu pulvérulent comme la gleba d'un Lycojierdon, et l'on ne trouve plus qu'une masse de conidies désagrégées traversée par quelques filaments stériles à paroi épaisse, comme le sont d'habitude ceux du capillilium des Gastéromycètes. Ainsi que je l'ai fait remarquer plus haut, il y a une identité complète entre la manière dont la trame du réceptacle est ainsi absorbée par la fabrication des conidies dans leur zone de production, et celle dont les feutrages de mycélium sont également absorbés dans les vaisseaux ligneux qu'ils occupent. Les relations des conidies avec les cellules mères sont plus faciles à étudier chez les conidies endocarpes que chez les conidies mycéliennes, bien qu'elles aient les mêmes caractères , mais les conidies endocarpes présentent quelquefois de fortes ;^(i POLYPORES. dimensions ou des irrégularités qui sont d'un grand secours pour la juste interpré- tation des faits. Comme chez la Fistuline hépatique, le début du développement de la conidie est marqué par un léger renflement de la cellule mère et l'apparition d'un nucléole graisseux réfringent (fig. 10, pi. III), ce sont des ramifications de cellules à paroi épaissie qui sont ici le siège de cette production ; toutefois, la paroi s'amincit au point qui se renfle, jusqu'à ce qu'il se soit formé au-dessous une cloison comme en r, figure 11, quelquefois il s'en forme deux, comme en c, figure 14; ici, les matériaux qui forment les granulations dans le protoplasma se sont groupés en un corps globuleux, à l'intérieur de la chambre que la cloison a formée au sommet du filament; puis ce corps protoplasmique apparaît revêtu d'une membrane visible en ?% figure 1 1 ; le plus souvent, cette membrane s'accole à la paroi interne de la cellule mère ; dans la figure H , on voit que le contour ne s'est pas appliqué sur la cloison et en reste distinct, mais un double travail se produit bientôt : la cellule mère voit sa paroi s'amincir au-dessous de la cloison, à une plus ou moins grande distance, tandis qu'il se fait dans la membrane propre de la conidie un dépôt considérable de cellulose qui comble l'espace compris entre elle et la cloison, comme on le voit en h, figure 14 (1); il n'est pas rare de rencontrer des conidies, surtout celles d'une grande dimension, dont la paroi propre, en se développant et s' épaississant, ne s'est pas appliquée sur tout le pourtour de la cellule mère, dans laquelle elle est renfermée; elle laisse voir ainsi, même après sa maturité, des indications de sa genèse endocellulaire ; pendant que se produisent ces diverses modifications des enveloppes cellulaires, le contenu change d'aspect, les réserves hydrocarbonées se fusionnent en un gros globule huileux, séparé de la paroi par une mince couche hyaline; c'est sous cet aspect que se présente désormais la conidie jusqu'au moment de sa germination. Le développement de la conidie n'est pas toujours terminal, on la voit quel- quefois née latéralement comme un bourgeon sessile ou pédicule, figure 11, /, planche III, et figure 9, )Ji, planche IV, disposition qui peut provenir de ce qu'une branche latérale a formé des conidies de son sommet jusqu'au point où elle se (1) Ce double travail d'amincissement d'un côté et d'épaississement de l'autre est tout à fait comparable à celui que j'ai décrit dans les cellules mycéliennes hypertrophiées du P. glaucum, voy. p. 19 et 21. POLYPORES. 31 détache ; dès lors la dernière conidie formée paraît appliquée sur la cellide d'où la ramification était née, ou bien de ce qu'il s'est formé une conidie dans un simple bourgeonnement latéral, quelquefois, alors, il s'est produit de chaque côté de ce bourgeonnement une cloison, comme on le voit en m, figure 9, planche IV. Le dépôt de cellulose dont la conidie est le foyer s'étend à la cellule mère, et la cellulose comble l'intervalle entre les deux cloisons (t, fig. 11, pi. III); quand la conidie formée dans ces conditions est bbre, elle entraîne avec elle un appendice qui paraît double, et qui se distingue de l'appendice simple qu'on lui reconnaît en a et è, figure 14, quand son développement est terminal; dans un troisième mode de développement, développement qu'on peut appeler intercalaire, la conidie présente aussi deux appendices opposés; ce troisième mode se rencontre plutôt chez les cellules à parois minces, il est analogue à celui des chlamydospores de Mucor ou de Nyctalis. Dans le trajet d'un filament cellulaire, il se forme deux cloisons rapprochées ou quelquefois une simple condensation protoplasmique qui se recouvre d'une membrane cellulaire pour former une conidie (fig. 9, pi. IV); la paroi de cette conidie se soude latéralement avec la membrane mince de la cellule mère et avec les cloisons transversales lorsqu'il s'en est formé, puis sa paroi propre s'épaissit fortement et, à la maturité, elle présente les caractères de toutes les autres conidies, sauf la présence d'un double appendice, quand un épaississement cellulosique s'est produit entre la conidie et les cloisons propres à la cellule mère; si la conidie s'est formée sans cloisons préexistantes, elle n'offre pas d'appendices, et sa genèse est tout à fait comparable à celle des conidies du PUjchogaster alhus Cda. (1). Plus le réceptacle conidifère est jeune, plus on devra s'attendre à rencontrer ce dernier genre de formation des conidies, puisque la proportion de cellules à paroi mince est aussi plus forte en ce moment que chez les réceptacles d'un développe- ment plus avancé. Les variations de formes et de dimensions sont plus fréquentes chez les conidies endocarpes que chez les conidies mycéliennes, ainsi qu'on peut en juger par leur rapprochement, planche III, figures 11 et 14; la dimension moyenne la plus fréquente est celle des conidies mycéliennes, 0""°,00(3 à 0""",008; la présence du petit appendice cellulosique qui, à un faible grossissement, leur fait prendre une (I) Voy. Cornu, Note sur le Ptychogaster alljus, in Bull. Soc. bot., t. XXIII, p. 359. 32 POLYPORES. apparence cunéiforme, est cause, suivant qu'il est plus ou moins proéminent, d'une différence plus ou moins grande dans les diamètres, elles ont 0""", 005 surO™'",006, ou 0""",006 sur 0""",007 ; la longueur la plus fréquente du plus long diamètre est de 0""",007à O^^jOlO; on trouve ensuite tous les intermédiaires, jusqu'à la dimension extrême et rare de 0""",016 sur 0""°,019; elles prennent quelquefois des formes qui s'éloignent du type, elles sont oblongues, trigones, d'autres fois unies deux à deux, le développement de deux conidies superposées s'étant fait simultanément et l'épaississement de leurs parois ayant entraîné une soudure entre elles. Ces inégalités de dimensions paraissent dues à la différence de dimension des cellules mères, différences plus grandes dans le réceptacle que pour le mycélium. Les conidies formées les dernières sont aussi assez souvent plus volumineuses et plus sujettes à des irrégularités que celles qui ont été produites dans les foyers les plus actifs de développement. Les réactifs chimiques permettent de compléter les données de l'observation micrographique. Au moyen des acides, et en particulier de l'acide osmique, on peut constater que le globule intérieur homogène et de même réfringence que la paroi n'est pas une cellule à paroi propre; il se divise sous l'action de l'acide ou se déforme par l'effet de la glycérine, de manière à ne permettre aucune incertitude sur le caractère de cette formation de matière grasse. L'acide sulfurique amène une dissociation remarquable de l'enveloppe de la conidie qui se dédouble (fig. 15, pi. III). On sait que chez les cellules à paroi épaissie, cette paroi peut, sous l'influence de l'acide sulfurique, se dédoubler aussi en couches distinctes, mais ici l'effet de l'acide est plus net et plus précis ; un simple séjour dans la glycérine peut même produire cette séparation de l'enveloppe conidienne; il est donc bien certain que cette enveloppe est double. Ce fait serait insuffisant à lui seul pour nous donner l'assurance que la membrane interne appartient à la conidie et l'externe à la cellule mère, à l'intérieur de laquelle elle se serait développée, car ily a des spores ou des conidies qui peuvent voir s'accroître le nombre de leurs enveloppes en restant indépendantes de leur cellule mère; il n'acquiert toute son importance qu'en le rapprochant des détails de développement ou d'organisation définitive qui ont déjà été signalés et qui se retrouvent chez d'autres espèces, ainsi que je me propose de le montrer dans un mémoire spécial (voy. Recherches fOur servir à Vhist. nat. des végét. in/ér., fascicule III). rOLYPORES. 33 La teinture d'iode ou le chloroïodure de zinc donnent au contenu des conidies une teinte jaune très sensible ou une couleur rouge brun (fig. H, pi. IV) semblable à celle que M. Errera attribue au glycogène et qui est commune à la dextrine et à divers glycosides. Dans certains cas, l'enveloppe cellulaire prend la teinte bleue caractéristique ; il est difficile de se rendre compte de ces différences dans l'effet du réactif iodé ; elles se rapportent sans doute au travail intime qui s'accomplit soit dans le protoplasma, soit dans la paroi, pour amener dans le sein de cette paroi le dépôt de cellulose souvent considérable qui est un des caractères propres des conidies du P. sulfureus. Le caractère d'organe reproducteur attribué aux conidies que je viens de décrire est confirmé par leur aptitude à germer. Après un séjour prolongé dans l'eau sucrée stérilisée, la membrane extérieure qui s'est gonflée se dissout par son sommet et laisse passer la conidie; si l'on a mis en germination des conidies emportant avec elles une portion du filament cellulaire qui leur avait donné naissance, il est facile de voir la continuité organi([uc de cette portion de cellules et de l'enveloppe externe rompue, véritable sporange qui entourait la conidie. Celle-ci se trouve mise en liberté, tantôt avant que son protoplasma ait manifesté le moindre changement, elle présente alors son enveloppe épaisse et le gros globule graisseux qui occupe la plus grande partie de sa cavité, tantôt après que le globule huileux s'est émulsionné et que le protoplasma est devenu granuleux. La provision de cellulose que la conidie avait emmagasinée dans sa paroi est bientôt consommée. La paroi s'amincit, la dimension de la conidie s'accroît, de 0""",007 à 0""",008 elle atteint 0'""*,013 à 0""",015 et ap|iaraît alors remplie d'un protoplasma très riche (fig. 10, y, pi. IV). 1^'observateur peut ainsi constater le changement produit sous ses yeux par la digestion de la cellulose qui formait une réserve solide dans la paroi avant la germination. Ces phénomènes si clairs dans les préliminaires de la germination s'accomplissent dans l'accroissement du réceptacle et la formation des tissus nou- veaux; ceux-ci avant de fixer de la cellulose présentent des membranes minces et un protoplasma riche en globules graisseux dont elles ont emprunté les éléments à des dépôts de cellulose existant dans les cellules qui leur ont donné naissance. On surprend ainsi sur le fait pendant la germination les phénomènes physiolo- giques dont l'examen anatomique des diverses portions du réceptacle indique clai- rement la succession. »E SEYNES. 5 34 POLYPORES. C. Conidics développées dans des réceptacles non tabulifères. — J'ai pu signaler au mois (raoût 1878 (1) chez le Polyporus sulfureus Bull, l'existence de récep- tacles uniquement conidipares semblables à ceux que j'avais décrits précédemment chez la Fistuline hépatique. Ces réceptacles, comme chez la Fistuline, sont plus petits que les réceptacles tubulifères, ils affectent une forme globuleuse ovoïde, tantôt régulière, tantôt mamelonnée (pi. I, fig. 3 et pi. IV, fig. 17), la surface est unie et et sans ouverture. Un échantillon recueilli près de Bellevue au printemps 1 878 (pi. I, fig. 3) est d'un blanc soufré taché de roux orangé dans les endroits qui onl subi la pression d'un corps dur; cette teinte rouge tournant au brique est celle qui domine avec l'âge; une fois la période de maturité passée et à l'état de dessiccation elle passe au fauve brunâtre. La coupe longitudinale (fig. 4) présente un tissu homogène blanchâtre tournant au fauve clair, ce tissu prend en vieillissant une teinte café au lait foncé et en même temps il devient moins tenace et pulvérulent. Quand la période de maturité est atteinte ou dépassée, le réceptacle présente l'aspect d'un Gastéromyecte ; une enve- loppe externe non différenciée il est vrai, mais rendue distincte par sa compacité relative, n'ayant guère plus d'un millimètre d'épaisseur, abrite une sorte de gleba pulvérulente qui prend plus de densité vers la base, celle-ci conserve sa texture fibreuse. Sans présenter de zone proprement dite, la trame intérieure a une tendance à se dissocier légèrement suivant des lignes concentriques et radiales (pi. I, fig. 4). Ainsi les caractères extérieurs, couleur, forme, colorations successives, sont tout à fait ceux du réceptacle du P. sulfureus sauf la présence des tubes. Ceux-ci ne se sont pas développés sur un exemplaire gardé sous cloche dans une chambre jus- qu'à la maturité. L'examen raicrographique confirme un tel rapprochement. Le tissu est formé de filaments cellulaires soit à paroi mince, soit à paroi peu épaissie à double trait apparent. Les filaments cellulaires ou hyphes qui forment le tissu fondamental se ramifient dans divers sens et se terminent par de nombreuses arborisations dont chaque branche se renfle à sou sommet; dans l'ampoule ainsi formée se développe une conidie, puis d'autres au-dessous de la première par le procédé connu et déjà décrit. Les conidies isolées ont les mêmes dimensions, les mêmes caractères très nettement {\) Associai, franc, pour l'av. des sciences, Paris, 1878. POLYPORES. 35 déterminés que les conidies endocarpes du réceptacle tubulifère et que les conidies portées sur le mycélium; l'examea des figures qui représentent ces conidies (pi. III et IV), permet de se rendre compte de leur identité, quel que soit leur lieu d'élection. Le revêtement externe du réceptacle conidifère est constitué comme celui du réceptacle sporifère par l'intrication de ramification, courtes et étroites des filaments qui forment la masse primitive du pseudo-parenchyme. Aucune de ces ramifications ne proémine pour former des poils et la surface externe est glabre dans les deux formes de réceptacles ; elle peut se sillonner, se mamelonner, présenter quelques élevures ou verrues accidentelles, mais elle reste toujoui-s lisse. Les conidies endo- carpes ne sont mises en liberté que par sa destruction sous l'influence des agents extérieurs ou des insectes ; la durée du chapeau ne dépasse pas une année, et il tombe en poussière au moins, dans sa majeure partie, quelques mois après sou apparition. Le réceptacle conidifère du P. sul/ureus a été retrouvé par M. Patouillard, qui lui a donné le nom de Ptychogaster aurantiacus (1). M. Boudier exprimait dans le Journal de botanique (15 février 1887, p. 12), l'avis que ce Phjcltogaster pour- bien correspondre au réceptacle conidifère de P. sulfureus que j'avais décrit; rait j'ai depuis lors envoyé un échantillon de ce réceptacle à M. Patouillard qui a reconnu leur identité et m'en a informé. J'ai reproduit (pi. IV, fig. 17, 18) la figure qu'a donnée M. Patouillard dans ses Tabulw analytkœ\ sa couleur est celle [)ar laquelle passe en vieillissant le réceptacle conidifère de P. sulfureus; les coni- dies figurées sur la même planche (fig. 18) ont tous les caractères de celles du P. sulfureus. M. Boudier a reçu de Senlis un échantillon venu sur une souche de chêne et formant des nodules orangés isolés ou confluents de la dimension d'une noix, qu'il rapporte au même Polypore. Une fois l'attention des botanistes appelée sur ce sujet, on retrouvera plus fréquemment ces réceptacles conidifères de P. sul- fureus. Ils ont passé inaperçus jusqu'ici comme ceux de la Fistuline, parce que ces réceptacles ont chez ces deux Champignons les mêmes caractères que les indi- vidus jeunes avant le développement des tubes; ils ne pouvaient donc attirer l'attention par un caractère distinct et insolite. (1) l'uiûuillard, Tahul. analijl. Fung., V (188G), p. 201, n" 458. 36 POLYPORES. III APPAREIL CONIDIEN, PYCNIDES DES POLYPORES Plychof/aster , Ceviomyces, Fibrillaria. § 7. ptjciiogasicr. — Eli 1837, Corda avait trouvé dans le jardin zoologique de Brezina (Bohème) une production fongique qui ne rentrait exactement dans aucun des groupes définis connus alors. Sa forme globuleuse plus ou moins régulière, sa consistance un peu molle à un certain moment, sa texture fibreuse, la présence à l'intérieur de spoi'es mêlées en grand nombre aux fibres du tissu, firent supposer à Corda qu'il était en présence d'un Myxomycète, et il rangea ce nouveau Cham- pignon à côté des /Elhalium, en lui donnant le nom de Ptychocjaster. Le Pfycho- gaster albus, la seule espèce connue pendant longtemps, fut considérée par Pries comme une monstruosité du Polyporiis horealis Fr. ; Tulasne, induit en erreur par une fausse interprétation de la genèse des spores, hésita sur la place à donner à ce Champignon; il voyait dans la disposition des filaments sporophores une certaine analogie avec les cellules conidifères des Poronia. Il ne parait pas s'être beaucoup arrêté aux analogies qui pouri'aient le rattacher à un Polypore ; il se contenta de le rapprocher des Pilacre, et, dans le dernier passage qu'il leur a consacré, il semble abandonner tout à fait l'hypothèse de Pries, et en parlant de ces deux genres, il les qualifie de Gastéromycètes, malgré l'absence de péridium vrai, qu'il avait constaté lui-même. Il est permis de supposer que dans cette circonstance Tulasne ne les maintint dans ce groupe que pour constater la nature endocarpe de leur sporification (A?m. des se. ?iat., S°sér., 1872, t. XV, p. 228). En 1880, M. Ludwiga eu l'occasion d'examiner assez souvent des Ptycltoymler albus ; il en a trouvé munis de tubes, et voici comment il les décrit : « Parfois ou trouve des réceptacles globuleux de Ptychogasto^ complètement développés, dont la partie inférieure a formé sur toute sa surface des tubes dePo/yporus, ou qui laisse entrevoir distinctement une tendance des hyphes à devenir une sorte de feutre tubulaire. En pratiquant des coupes à travers le corps du Champignon, ou ne peut observer, soit à l'œil nu, soit au microscope, aucune diflerence entre une couche de POLYPORES. 37 tissu de Polypore et uue couche de tissu de Ptychogaster. J'acquis la conviction que les tubes Pohjporus et les cavités Ptychogaster (1) ne représentent que deux modes de fructification d'un seul et même Champignon. Les tubes Potyporus sont de gran- deur moyenne, avec oriGce polygonal ou rond, et cet orifice offre quelques rares dentelures produites par des hyphes effilochées qui dépassent les tubes. On l'a déjà dit, dans le voisinage on ne trouvait pas d'espèces de Polypores semblables ; donc, suivant toute apparence, le Champignon en question est une espèce de Polypores distincte du P. borealis Fr. et du P. destructor Fr., espèce qui ne se reproduit que rarement par la fructification normale, mais qui se propage d'ordinaire par la forme conidieniie décrite coinnie Ptychogaster albus par Corda, de même que certaines plantes bulbifôres ou stolonifères n'arrivent que rarement à former des fruits, quoi- qu'elles portent des fleurs. Nous appellerons cette espèce Polyporus Ptycho- gaster (2). Pour compléter l'historique de celte importante découverte, j'ai reproduit les figures dessinées par M. Ludwig, planche IV, figures 20 et 21 . Voilà donc une nouvelle démonstration de la fusion de réceptacles tubulifères et de réceptacles conidifères ou de réceptacles mixtes, pareils à ceux que j'ai décrits chez la Fistuline et chez le Polypore sulfurin, et cette observation, rapprochée de celles qui vont suivre, me paraît clore le débat sur la vraie nature des Ptychogaster ; mais il est à regretter que M. Ludwig se soit si vite décidé à créer une espèce nouvelle de Polypore sur des échantillons dans lesquels la très grande prédominance du réceptacle conidifère permet difficilement de supposer qu'on se trouve en face du Polypore type. M. Ludwig ne donne guère que les caractères des orifices des tubes, rien sur leur couleur, leur longueur, l'hyménium, les spores, enfin aucune comparaison qui permette de constater que les tubes du Polyp. Ptychogaster n'ont rien de commun avec ceux des P. borealis et destructor Fr. Les traits de ressem- blance si grande des réceptacles du Ptychogaster et du P. borealis ont permis à Fries une affirmation aussi précise que catégorique : « deleatur Ptychogaster ; est nempe monstrosa progenies Polypori borealis; his cliebus a me plane obser- (I) Li s cavilés au.\i|uelles fait allusion M. LuJwig élaul ri;iM|ilies de coiiidies n'ont pas, liii-n entendu, l'aspect de cavités rreiises. Ci) Ludwig, iii Zeltsch. f. d. Gesam. Nalunvis., 1880, p. 4"2i-431. Si POLYPORES. vatay> [Sum. veget. Se, 1849, p. 564); elle est confirmée par les observations de M. Cornu, qui a eu l'occasion d'observer et d'analyser des Ptychogaster et des échantillons de/*, borealis Fr. recueillis à la Grande-Chartreuse; par la figure de M. Richon [Descript. de quelques pi. crypt., Yitry-le-Français, 1878), qui repré- sente un Ptychogaster à forme de chapeau pédicule ; par celle de Schœffer, dont Pries dit qu'elle est imparfaite, sans doute parce qu'elle ne reproduit pas les tubes ; mais la naïveté de ces anciennes figures est quelquefois un guide plus sûr que la perfection artistique de planches plus récentes ; la ressemblance est aussi grande entre le Ptychogaster albus et les exemplaires jeunes du P. alhus {Ijorealis Fr.) figurés par Schœfïer qu'entre les Fistulines ou les Polypores sulfurins à l'état jeune et leurs réceptacles conidifères. Enfin, la description donnée par Séciétan du P. bo- realis donne sur cette espèce des détails de structure qui corroborent singulièrement l'assimilation indiquée par Fries (1). M. Boudier invoque des motifs d'oi'dre géogra- phique fondés sur la préférence du P. Iwealis Fr. pour les sapins et les pays de montagne, et penche pour l'hypothèse qui ferait du Ptycliogaster albus la forme conidienne du P. destructor Fr., qui se rencontre dans nos régions et qui est d'ailleurs très voisin du P. borealis; on peut se demander à ce sujet si les formes conidiennes de réceptacle n'ont pas plus de tendance à apparaître là où les condi- tions de développement de la forme typique et complète sont moins bien remplies; des conditions de nutrition pauvre ayant pour conséquence de hâter la fructification aux dépens de l'accroissement végétatif; il y aurait là une application de lois phy- siologiques bien établies. Je n'ai pas d'exemple à citer à l'appui en ce qui concerne la Fistuline ; mais le premier exemplaire qui ait été rencontré de réceptacle coni- dipare de P. sulfureus s'était développé dans des conditions favorables à cette hypothèse. Au lieu de prendre naissance dans un milieu riche en matériaux nutri- tifs, comme peut l'être le tronc d'un arbre encore en partie vivant, il s'était déve- loppé dans un trou carré pratiqué dans un vieux pieux desséché, autrefois enduit de couleur verte à l'huile. 11 est incontestable qu'un pareil milieu ne pouvait oltrir au Champignon les moyens de développer son mycélium et de végéter, qu'il eût trouvé sur quelque vieux tronc de Chêne, de Charme ou de Poirier, Mais je (1) La figure de Sturm ne concorde guère avec la description de Secrelan, il est difficile de penser que les deux auteurs ont eu en vue le même Champignon. POLYPORES. 30 ne me dissimule pas l'insuffisance d'un fait ainsi isolé ; il reste là un champ ouvert à des observations et peut-être à des expériences instructives. Non loin du Ptychogaster albus peuvent se placer les Plychogaster que M. Bou- dier a fait connaître et qui lui ont présenté, comme à M. Ludwig, à côté des exem- plaires à conidies endocarpes, des formes de réceptacles mixtes et munis de tubes très reconnaissables. On en trouvera la description dans le Journal de botanique de M. Morot (n° 1, février 1887). Ce?, Ptychogaster sont de petite taille, globuleux, isolés ou agrégés et à surface velue comme le Ptychogaster albus; ce sont le Pt. citrinus dont les réceptacles lorsqu'ils sont mixtes reproduisent les caractères du Polyporus amorpJms Fr. et le Pt. rubescens qui accompagne des réceptacles tubu- lifères de Polyporus vaporarius Pers. ; j'ai fait reproduire planche IV, figures 12, 13, 19, quelques-imes des figures données par M. Boudier afin de réunir les principaux exemples de réceptacles conidifères des Polypores et de faciliter la comparaison des caractères communs qu'ils présentent. Les conidies sont disposées en bouquets analogues à ceux qu'elles forment chez la Fistuline ou le Polypore sulfurin, leur genèse est endocellullaire, la figure 14 représente deux conidies du Pt. rubescens développées à l'intérieur du filament cellulaire comme celles du Pt. albus; lorsqu'elles se détachent, une portion de la cellule mère qui s'est détruite entre d(Mix conidies, reste quelquefois adhérente au sommet de la conidie sous- jacente, celle-ci peut alors présenter deux petits appendices, si elle entraine à sa base une portion de la cellule mère, disposition que j'ai observée dans des coni- dies de Ceriomyces dont il sera question phis loin. La continuité organique entre le pseudo-parenchyme du Ptychogaster et le pseudo-parenchyme tubulifère est dans ces deux derniers cas aussi nettement confirmée par l'examen anatomique de M. Boudier qu'il l'a été par M. Ludwig pour son Polyporus Ptychogaster. § 8. Ptychogaititei* Lycopercion. — Sous ce nom M. Patouillard a publié dans le .Journal de botanique (juin 1887, p. 113) la description d'un réceptacle conidiparc fort curieux dont le nom n'indique pas très bien les caractères essentiels, le terme spécifique Lycoperdon exprime en effet un caractère de genre, celui qui a fait ranger provisoirement les Ptychogaster parmi les Gastéi'omycètes , tandis que le caractère spécifique est ici comme pour le Polyporus Ptychogaster Ludw. la -ilj l'OLYl'ORE. présence de tul)es. Il s'agit donc d'un réceptacle mixte conidipare dans sa portion la plus considérable et muni sur une petite surface d'un hyménophore tubulé ainsi qu'on peut le voir dans la figure ci-dessous dont je dois la communication à M. Morot qui a bien voulu me confier le cliché pour le reproduire ci-contre. Le Polypoi'e auquel appartient cette forme conidienne est d'une section très éloignée des Spongiosi ou des Caseosi auxquels appartiennent ceux dont nous avons décrit les réceptacles conidipares; celui-ci est de la section des Lucidi si abondants en Kig. \\\ (lirùcilii Journal de liolanUinc, \" aiinùc, |i. lli), l'IijdiiKjasler Lijcoperdon. — 1, cuM|ie ilii réccplaile, gr. nat.; 2, celhili'S tic la couclio extrrne; 3, arliusciilcs eoiiiclil'Ères; i, liy)ilies stériles; 5, coiiidics. espèces des régions chaudes et dont M. Patouillard a proposé de constituer un genre distinct sous le nom de Ga/wdet'ma, nom emprunté au caractère que présente leur surface extérieure solide, crustacée et souvent vernissée. Celui-ci est originaire du Congo; l'hyménium étant stérile et ne pouvant laisser soupçonner les caractères que ses éléments et les spores fournissent à la fixation des espèces, M. Patouillard s'est, avec raison, refusé à rattacher cette production fongique à une espèce connue ou à constituer une nouvelle espèce de Polypore. Les conidies. les filaments à parois épaisses qui les portent, ont la plus grande analogie avec ceux du Pobjporus sulfm^eus, la comparaison des figures suffit à l'établir, malgré la distance qui sépare les divisions auxquelles appartiennent ces deux espèces de Poly pores. § 9. ccrioiiiyccs. — Pendant que Corda recueillait et décrivait le Ptychogaster POLYPORES. 41 aihus, il recevait d'A. Fischer nu Champignon qui avait pris naissance sous la charpente d'une grange près de Nixdorf on Bohème. Ce Champignon de grande dimension (45 centimètres et même plus) est léger, d'une consistance subéi'eusc, d'une forme irrégulière arrondie, bosselé, rétréci en pédicule court au point où il adhérait à son support ligneux; sa surface extérieure est d'une couleur brun foncé. La trame intérieure d'un beau jaune est assez ferme sans être dure, elle est par- courue dans toTite son épaisseur par des cavités ovales ou rondes, quelquefois sinueuses, comme l'hyménophore d'un Dœdalea. Ces cavités sont tapissées de fda- ments cellulaires et de spores, mais sans trace d'hyménium ni de vrais basides; elles s'ouvrent à l'exté rieur par des orifices arrondis et irréguliers. Les spores sont très petites, rares, ovoïdes, jaunes. Le bord des cavités qui les renferment est d'un brun pourpre et le tissu jaune préseule des zones plus foncées. La figure donnée par Sturm [Deutschland Flora, taf. 61 ) est défectueuse, de l'aveu même de Corda (1). Ce Cham- pignon, auquel l'auteur a donné le nom de Ceriomyces Fischeri (2), n'a pas été retrouvé, il est resté à l'état problématique et longtemps relégué parmi les mons- truosités, notamment par Fries qui dit avoir reçu de Gunther le même état monstrueux recueilli dans les mines de Silésie et appartenant au Dœdalea quercina Pers. (3). Trente-sept ans après, M, Schultzer décrivait un nouveau Ceriomyces présentant les caractères fondamentaux du C. Fischeri, mais de très petite taille. M. Schultzer lui a donné le nom de C. terrestris et l'a décrit et figuré dans les Verhandlungen d. Kais-Kœniglichen. Zoologisch-botanischen Gesellschaft, Wien, BandXXIV, 1874, p. 451. Retrouvé plus tard, près de Padoue (1873-1875), par M. Saccardo, le Cerio- myces terrestris a été décrit (4), figuré (5) et distribué en exsiccata par cet infa- tigable observateur dans la Mycotheca veneta (n° 835). La netteté des caractères de ce Champignon, déjà accusée par M. Schultzer, avait frappé M. Saccardo, qui terminait sa description par ces mots : « Cian plura specimina viderim, speciem antonomam censeo Hymenomycetihus certe spectantem. » Quelque temps après, (1) Corda, Anleiliing, p. If.l. (2) DcHtschlands Flora , von J. SUirm, III Ableil, 3 B.aisdchen, 1837, p. 133. (3) Fries, Sum.veget. ScawL, 31ô. (i) Saccardo, Fmigi veneti novi vcl critici, ser. V, p. 1G7, in Nuovo Giornate bot. Uni., I. VIII, avril ISTG. (5) Saccardo, Funyi italici, n" 107. DE SEVNES. 6 1-i l'OLYl'ORES. cJelaiiV' par la rcncoiiti'c inattendue d'un Polypore développé conjointement avec des Ceriomijces, M. Saccardo, comparant les Ceriomyces aux réceptacles coni- difères de FistuUna hepatica, disait à la fin de la note sur ces réceptacles : « Ceriomyces terrestris Scliulz., Sacc, Fung. ven., ser. V, p. 1G7, Certe Polijpori sericelli Sacc. quocum ?iascitur, status (jasteroporus habendus{\). » 31. Saccardo a eu l'extrême obligeance de m'envoyer trois échantillons du Polypore en question, soit du type, soit des variétés qui le ramènent au Polyporus rnfescens Fr.; ce dernier Polypore, donné par M. Boudier, figure dans l'herbier du Muséum; j'ai pu l'étudier ainsi que l'échantillon de la Mycotheca veneta; enfin, j'ai examiné aussi plusieurs échantillons de Ceriomyces terrestris appartenant à l'herbier du Muséum. L'examen de ces matériaux m'a donné des résultats curieux, quelques-uns assez inattendus, qui se rattachent à la question de la multiplicité des corps reproducteurs chez les Polyporés, et ont un lien très étroit avec les observations (]ue m'a fournies le Polyporus sulfurcus Bull. Le Ceriomyces terrestris Schulz. présente un réceptacle de forme irrégulière- ment sphérique ovoïde ou en cône renversé; souvent plusieurs sont agrégés ou comme fusionnés, ce qui fait paraître l'ensemble mamelonné; ils se prolongent à la base en un pédicule tantôt court, tantôt assez allongé et aminci; les dimen- sions varient de 2 à 3 et môme 4 ou 5 centimètres de diamètre ; d'abord d'un blanc jaunâtre carné, il fonce et devient bnui clair ou brun roux; sa surface est poreuse et comme sillonnée de lamelles déchiquetées et sinueuses dont la structure et la disposition sont difficiles à saisir sans le secours de la loupe; la consistance, d'abord charnue, mais ferme, devient sid)éreuse et comme spongieuse. Sur une coupe longitudinale la trame d'une teinte fauve clair analogue à celle de la surface externe, est dense, homogène, creusée de lacunes arrondies, quelquefois sinueuses, dont quelques-unes communiquent entre elles et qui s'ouvrent au dehors par les pores de la surface ou paraissent ne pas avoir d'ouverture. Sur tous les exem- plaires que j'ai examinés, les logcltes ainsi formées étaient disposées à la péri- phérie en une ou plusieurs séries concentriques; elles n'atteignaient pas, comme dans le C. Fische^n Cda, jusqu'à la base du réceptacle, il restait toujours au centre ime partie plus ou moins considérable de pseudo-parenchyme tout à fait homogène (I) Saccardo, Michelia, 1. 1, 1879, p. 3C3. l'OLYPOKES. a:] d'une consistance de liège ou de cuir fin. Les coupes figurées dans les Fton/i ikilici de M. Saccardo semblent indiquer que dans ces échantillons les zones concentriques de logettes arrivent jusqu'au centre; la figure de M. Scliultzer, d'accord avec celles que je donne ici (pi. V, fig. 4, 4, a, 3) présente un moins grand nombre de logettes, mais il n'y a là qu'un caractère secondaire dépendant d'un état de maturité plus ou moins avancée ou de conditions variables de développement, les caractères essentiels sont les mêmes. Ni à l'œil nu, ni à la loupe, il n'est possible de distinguer une enveloppe externe ditTérenciée ; la connaissance exacte de cette structure est complétée par l'examen micrograpliique dont voici le résultat. Le tissu du réceptacle est formé de cellules régulièrement cylindriques, étroites, peu ramifiées, hyalines, à paroi épaisse, à cavité peu apparente, qui s'entrelacent longitudinalement et se dirigent en divergeant à partir du mycélium jusqu'à la périphérie; l'extrémité de ces filaments, arrivés à la surface, s'allonge et se distribue inégalement en formant les petites tubérosités ou crêtes sinueuses; celles-ci donnent à la surface du Champignon sa physionomie spéciale, ([ui nest cependant pas sans analogie avec celle du Ptijchogaster; elle n'en diffère que par la densité plus grande des appendices dont elle est hérissée et par la présence de pores permanents fort petits, mais nettement circonscrits; ces pores correspondent avec les cavités intérieures en ampoules amincies vers l'extérieur ou de formes très diverses, sinueuses, serpuliformes, et souvent anastomosées. Beaucoup, cepen- dant, parmi les plus intérieures, restent closes et sans issues à l'extérieur; leur paroi, un peu plus foncée que le reste du tissu, ne présente rien de comparable à un hyménium, ainsi que M. Schultzer l'a déjà fait observer, on n'y reconnaît que des ramifications des cellules de la trame donnant naissance aux conidies (fig. 6, pi. iV); celles-ci sont produites en si grande abondance que très souvent elles remplissent la cavité et forment des masses compactes agglutinées par le résidu de la destruction des cellules mères qui se sont gélifiées à la maturité des conidies. En pratiquant des coupes minces sur ces masses, on peut obtenir des coupes de conidies dans tous les sens, comme on en pratique sur des préparations de spores de pollen ou de toute autre cellule végétale isolée, que l'on a pris soin de réunir eu masses accessibles à l'histrument tranchant en les agglutinant avec une substance gommeuse qu'on laisse durcir au degré voulu. Vues isolé- ment, les conidies sont globuleuses, quelquefois un peu allongées, munies d'un U POLYPORES. appendice qui tend à agrandir l'un des diamètres, et qui est un reste de la cellule mère adhéi'ent à la paroi assez épaisse. Au centre est un globule graisseux, rarement plusieurs. Leur diamètre est de 0'"™,005 ou 0""",006, plus rarement 0""",004 ou 0""",008. Elles paraissent hyalines, mais avec un peu d'attention on reconnaît que la membrane est d'une teinte carnée fauve ou rouillée qui rend compte de la teinte foncée que leur agglomération donne aux logettes du récep- tacle dans lesquelles elles sont renfermées; cette teinte est bien rendue dans la figure 107 des Fwtcji italici de M. Saccardo. La description de M. Schultzer reproduit très exactement les caractères que j'ai reconnus dans les exemplaires de la M ijcotliecd vcneta et dans ceux de l'herbier du Muséum de Paris. Ces derniers viennent de l'herbier de Tulasne; ils ont été recueillis par lui dans les bois de Fleury-Meudon , en 1841, mais ils n'avaient pas été déterminés. Dans une enveloppe voisine figuraient , à titre de monstruosités de Da'dalea quercina , des fragments fongiques de même caractère envoyés de Poitiers ainsi qu'un exemplaire de Fibrillaria suhterranea Pers., envoyé de la même localité en 18ul à M. Tulasne, et soigneusement étudié par lui dans les Fuiuji Jujpogœi, page 2, planche XXI, figure XII. § 10. riiiriiiaria. — Le Fibrillaria suhterranea présente des cordons radici- formes peu ramifiés, s'anastomosant et donnant naissance à des fibrilles grêles ; il présente des nodosités qui sont surtout nombreuses dans un point vers lequel les divers rameaux de ce mycélium paraissent confluer, l'une de ces tubérosités paraît même être le point culminant de la végétation de tout l'ensemble ; la couleur uniforme est d'un blanc jaunâtre qui distingue les Fibrillaria des Rhizornorpha recouverts d'une écorce brune ou noirâtre. Les nodosités du Fibrillaria de Poitiers présentent à leur surface des aspérités dont on reconnaît à la coupe la structure lamellaire plus ou moins déchiquetée, et la disposition sinueuse qui rappelle en petit le caractère de l'hyménophoi-e des Dœdalea. Les figures XII 4 et XII 5 de la planche XXI des Fungi hypogwi rendent aussi exactement que possible cette disposition, qui a déterminé Tulasne à voir dans ce Fibrillaria une sorte de Dœdalea avorté. Entre ces sinuosités lamelliformes s'ouvrent des pores plus ou moins fins qui communiquent avec des logettes creusées dans le tissu des renfle- ments noueux, et sur une coupe de ces renflements on constate sans peine la POLYPORES. 45 même oi'gauisatioii que nous offrent les réceptacles luberculeiix de Cermnyces ierrestris. J'emprunte à Tulasne sa description qui reproduit sous une forme un peu différente ce qu'on a lu plus haut au sujets du Cermnyces. « Ces rameaux (du Fibrillaria suhterranea Pers.) offraient çà et là des renflements dont la section présentait une matière très dense ornée de marbrures comme la chair d'une Tubéracée parvenue à sa maturité; celles-ci dues à la substance subéreuse du Charapifiiion limitaient de nombreuses cavités remplies d'une sorte de pulpe homo- gène et durcie, d'un bruu ferrugineux. Humectée et observée au microscope , cette pulpe s'est trouvée ne renfermer exactement que des spoi*es ténues et globu- leuses » [Fung. hijp., p. 2). Tulasne ajoute que, parmi les alvéoles, les unes ont inie entrée ou largement béante ou plus souvent rétrécie et que d'autres à peu près closes sont par suite plus abondamment remplies de spores accimiulées. Ces spores figurées en XII 1 dans la planche XXI [Fung. hyp.) reproduisent exacte- ment les caractères des conidies de Ceriomyces terrestris, même forme, même consistance des parois, même appendice, même couleur, même dimension, même disposition du contenu. J'ai voulu ne pas m'en tenir aux organes de reproduction et poursuivre l'examen des tissus stériles, j'ai pu constater que les fdaments cellu- laires constituant le Fibrillaria avaient les mômes dimensions, la même épaisseur de paroi, les mêmes modes de ramifications que ceux qui entrent dans la compo- sition du réceptacle de Ceriomyces. L'analogie de caractères du tissu de ce réceptacle et de celui du mycélium a été constatée par M. Schultzer, et il est impossible de douter que le Fibrillaria suhterranea Pers. ne soit le mycélium du Ceriomyces terrestris Sehulz. , luais en poursuivant l'analyse du mycélium j'ai reconnu que la production des conidies n'était pas limitée aux logettes; dans les portions même les plus rétrécies des rameaux mycélicns, les filaments cellulaires portaient sur des ramifications quelques rai-es conidies semblables à celles des logettes. Je me suis assuré que ces rameaux mycéliens avaient leur surface intacte, et à un grossissement suffisant il était facile de constater que le revêtement externe ne présentait pas de solution de continuité; les conidies s'étaient développées à l'intérieur même du tissu mycélien à filaments parallèles présentant du reste leur structure normale et leui-s rapports habituels. Il est bon de noter ce fait dont nous retrouvei'ons tout à l'heure l'analogue. 46 l'OLYl'OI'.ES. § 11. roiypoi'Hs .sci*ireilii.s Sacc. — J'ai ligiii'é planclic V, figure 7, la coupe grossie d'un des échantillous de ce Polypore qui m'out été envoyés par M. Sac- cardo, et cette coupe montre le pédicule avec des dispositions semblables à celles que nous ont présentées les Fibrillaria et les Cerioim/ces, de telle sorte que ce iiédicule a l'air formé d'une succession de Ceriomijces ou de renflements de Fibril- laria \\i&(\}xk la naissance du chapeau; au point de jonction du pédicule et du chapeau, ce dernier offre en p des logettes brunes analogues à celles du pédicule et qui forment une transition avec l'hyménophore tubuleux normal avec lequel plusieurs communiquen t. Sans les éléments de comparaison que je viens de donner dans les types décrits ci-dessus, la première pensée (jui vient à l'esprit, c'est que le réceptacle de ce Poly- pore a été envahi par une espèce diUstilaijo qui a occasionné des déformations ou des boursouflures analogues à celles ([ui sont souvent produites par ces Champi- gnons sur les plantes qu'ils habitent. L'examen anatoraique fait promptcment justice de cette hypothèse et montre les mêmes éléments cellulaires donnant nais- sance aux mêmes conidies que chez les Ceriomijces. Les logettes centrales ont une teinte plus foncée que chez les Ceriomyces par suite du fait si bien observé par Tulasne sur les Fibrillaria, parce que n'ayant pas d'issue au dehors elles se sont remplies d'un plus grand nombre de conidies accumulées. La très grande luiifor- mité de tissu du Fibrillaria, du Ceriomijces et du Polypore en rendait, du reste, la comparaison aisée; c'est dans les trois cas le même élément cellulaire étroit, régulièrement cylindrique, à consistance élastique et tenace, qui caractérise les Polypores subéreux ou scléi'cux, ayant plus de ressemblance avec les fibres libé- riennes qu'avec les fibres ligneuses. En outre de ce caractère général, les dimensions, l'épaisseur des parois, le mode de ramifications et d'entrelacement longitudinal donnant à la coupe la même apparence fibreuse, tout est conforme dans tous les échantillons que j'ai (examinés, ainsi que les figures des planches V et VI en témoignent. La continuité de la trame du chapeau avec celle du pédicule est facile à recon- naître à cause de la disposition peu entrelacée et fort souvent parallèle des cellules qui forment le tissu de l'un et de l'autre. L'examen du chapeau m'a montré un fait auquel j'étais loin de m'attendre et que j'ai eu besoin de vérifier un très grand nombre de fois avant d'oser l'admettre. Les coupes variées faites dans tous les sens POLYPORES. i7 sur les tubes de l'hyménopliore, ne présentent pas trace d'hymcnium et de basidcs, ce n'est pas que les pai-ois de ces tubes soient stériles, loin de là, elles sont cou- vertes d'une couche épaisse de petits corps arrondis qui, sur la coupe, font l'effet d'une sorte de bourrelet appliqué sur les filaments cellulaires qui forment le tissu fondamental dos tubes (pi. VI, fig. 1); d'autres fois, une arborisation élégante tapisse le tube, ainsi qu'on peut le voir figures 3 et 4, planche VI. Ici rien ne sem- blerait plus facile que l'interprétation de cet aspect : qu'un échantillon sec ayant voyagé ou séjourné en herbier, peut être humide avant d'avoir été conservé, présente à la surface de ses tubes une végétation de Mucédinés étalant sur lui ses conidies, rien de plus naturel et rien de plus fréquent; mais la régularité de leur disposition dans tous les tubes, sans qu'aucun en soit rempli et sans qu'il se produise à l'extérieur des taches blanchâtres ou d'une couleur différente de celle du Cham- pignon, et cela sur de grands échantillons mesurant 0 à 10 centimètres de diamètre, paraît étrange avant toute étude micrographique. Il y a pour cette étude quelques difficultés à vaincre, mais elles ne sont pas insurmontables; avec l'aide tantôt des alcalis, tantôt des acides, tantôt des uns et des autres maniés avec prudence, quel- quefois de la simple ébullifion dans l'eau, on arrive à dissocier les couches épaisses de conidies formant un enduit plus ou moins durci et à se rendre compte, sur des coupes suffisamment minces, de l'organisation vraie de cette partie du Champignon. Ici, cependant, j'ai constaté une nouvelle difficulté, c'est que, n'ayant à ma disposi- tion que des échantillons très mûrs, j'ai vu bien souvent les conidies se dissocier toutes ensemble, laissant au-dessous d'elles le tissu cellulaire sous l'apparence d'un tissu stérile et ne présentant que des traces insuffisantes des rapports qui avaient pu exister entre les conidies et les ramifications de ce tissu ; il faut donc examiner un grand nombre de régions différentes, chercher les points où l'on peut supposer que le tissu est de formation la plus récente, pour vérifier ces rapports. On arrive ainsi à trouver des points dans lesquels les cellules mères des conidies son t plus faciles à isoler; la figure 2, planche VI, montre des cellules de la trame que l'on peut suivre dans le tissu des tubes dont elles font manifestement partie, ces cellules se i^amifient et portent un certain nombre de conidies et souvent la trace de l'insertion de beau- coup d'autres ; il est facile de voir que de pareilles cellules groupées ensemble forment le centre des grandes grappes et des bouquets très fournis de conidies dont on a reconnu l'existence sur des coupes qui n'ont subi aucune préparation et qui 18 POLYPORES. sont vues à un plus faible grossissement, comme celles que reproduisent les figures 3, 4 et H, planche VI. Les conidies encore attachées à leur cellule mère, comme celles que la dissolution de ces cellules a laissées libres, et qui se sont agglo- mérées sous forme d'un enduit épais et serré couvi'ant l'intérieur du tube, ont exactement les mêmes caractères très nets, du reste, que les conidies de Fibri/lmia, de Ceriomyces et du pédicule du Polypore ; les dimensions, la paroi épaisse, l'appen- dice plus ou moins long, témoin de leur mode d'insertion sur la cellule mère, la teinte ferrugineuse, le contenu huileux, tout est semblable. Sans dispenser de l'examen anatomique dont je viens de dire le résultat, celte similitude, on peut dire cette identité, est déjà une forte présomption que l'on n'est pas en présence d'une végétation étrangère au Polypore; cette présomption s'accroît encore, quand on a la bonne fortune de pouvoir comparer plusieurs échantillons. Dans la description du Ceriomyces terrestr'is, RI. Saccardo attribue aux spores de ce Champignon un diamètre de 0"™,005, 0"'"',00:)5 à 0""",006; c'est là une moyenne qui est assez souvent dépassée, et pour le Polypore [Polyporm sericellus) dont je viens de décrire l'étrange constitution, M. Saccardo attribue aux spores un diamètre moindre 0 ',003 sur 0'""',004, ou 0""",0025 sur 0'"'",003, ce qui serait en contra- diction avec la similitude des organes de reproduction que je viens de décrire dans les deux sortes de réceptacles; j'en ai reconnu l'explication. Quand on est arrivé à dissocier les amas de conidies qui tiennent lieu d'hymé- nium dans les tubes du Polypore, on reconnaît bientôt deux formes de ces corps, les uns plus grands, exactement semblables aux conidies de Ceriomyces, les autres plus petits, elliptiques, assez uniformes, et distincts des autres conidies; quelques- unes de ces dernières un peu plus petites peuvent, à la rigueur, être interprétées comme formes de passage, mais dans l'ensemble on distingue très nettement les unes des autres. En voyant cette deuxième forme de conidies, j'ai cru d'abord avoir afftdre aux véritables spores; il était difficile de les rencontrer attachées à des basides, mais la propriété de gélification que présentent les cellules conidiophores ne pourrait-elle pas s'étendre à l'hyménium, et ne pourrait-on admettre qu'ici, comme chez les Gastéromycètes oii chez les Coprins, l'hyménium ait passé par un état de déliquescence auquel le reste du chapeau aurait résisté? Ou bien ne serait-on pas en présence, cette fois-ci, d'une végétation fongique surajoutée d'une moisissure? Le caractère des spores ténues à membrane mince pouvait facilement POLYPORRS. 49 leur faire soupçonner une semblable origine, mais ni l'une ni l'autre de ces deux suppositions ne se sont trouvées fondées. Ces nouveaux corps reproducteurs sont portés sur des cellules qui appartiennent au Polypore, cellules qui se ramilient de la même manière que celles qui donnent naissance aux conidies plus fortes et forment des arborisations ou des bouquets de petites conidies ; les cellules mères ramifiées portent quelquefois une seule des deux formes de conidies (fig, i 1 , pi. VI), mais quelquefois aussi on voit les unes et les autres portées sur les ramifications d'une même cellule, figure 10, planche VI. Je n'ai pas rencontré les petites conidies ou microconidies ni dans les Ceriomyces ni dans le Fibrillaria, ni dans le pédicule des Polypores. Il sendilerait qu'elles sont surtout abondantes dans les parties périphériques de l'hyménophore, c'est-à-dire dans celles qui sont formées le plus récemment. Quant à un véritable hyménium, il m'a été impossible d'en découvrir aucune trace, j'ai été plusieurs fois tenté de le reconnaître dans certaines coupes, mais il n'y avait là qu'une illusion dont j'ai réussi à me rendre compte. La trame des tubes de Polypores se compose de cellules allongées qui se sont détachées de celles du pseudo-parenchyme du réceptacle, soit par ramification, soit plus souvent par un simple changement de direction pour se diriger dans un sens perpendiculaire à leur direction primitive ; elles s'entrelacent faiblement en suivant des directions parallèles, et elles tendent à se recourber de nouveau, dans une direc- tion perpendiculaire, pour circonscrire par l'extrémité libre de leurs filaments la cavité du tube, exactement comme le fait l'hyménium quand il existe ou de la même manière que les filaments cellulaires d'un chapeau d'Hyménomycète quelconque tendent à se redresser près de la surface externe et forment à son voisinage une intrication qui naît de ce changement de direction pour constituer le revêtement externe pileux ou lisse du réceptacle; il est rare en effet que ce revêtement soit constitué par des cellules parallèles à la direction générale du chapeau à la surface duquel elles seraient couchées. Les cellules qui forment le revêtement intérieur de la cavité des tubes, suivent donc la loi générale, elles sont redressées; au lieu de se constituer en hyménium et de former des basides, ces cellules se ramifient et portent les bouquets de conidies qne j'ai décrits, mais par suite de la loi du développement basipète de ces conidies, les celhdes ramifiées se détruisent petit à petit en se gélifiant pour mettre en liberté DE SEYNES. 7 50 POLYPORES. les conidios nées dans lonr intérionr; il ne reste donc à la fin qu'une sorte de tige simple, courte, qui représente la base de la ramification allongée qui se présentait comme dans la figure 4, planche VI, au début de la production des conidies, de là l'aspect présenté par la figure 7, dans laquelle la cellule conidiophore porte encore des conidies, enfin par la figure 10, dans laquelle il y a des cellules conidiophores I)ortant à la fois des microconidies et des conidies ordinaires. Cette dernière figure présente des cellules l'enflées qui malgré leur irrégularité pourraient à im faible grossissement passer pour des basides, ce sont des réservoirs à suc propre très réfringent, rares dans le pseudo-parenchyme général et qui paraissent se concen- trer au voisinage de la surface externe des tubes. Les pseudo-basides figurés par M. Saccardo dans sa planche du Ceriomyces terrestris [Ftmgi italici, pi. 107) ne sont pas autre chose que les vestiges des cellules conidiophores qui peuvent comme l'indique la figure 8, planche VI, se montrer parallèlement disposées et redressées sur les cellules sous-jacentes comme les éléments de l'hyménium. Ainsi voilà un Polypore dont tous les éléments de l'hyménium ont fait retour à la forme reproductrice la moins spécialisée et qui donne naissance à des conidies déjà produites dans son mycélium [FibrUlaria), dans un réceptacle conidifère spécial {Ceriomyces) et cela non pas seulement dans un échantillon, comme celui qui est figuré planche V, figure 7, et dont la constitution mixte, à pédicule de Cerio- myces, pourrait sembler aberrante et presque monstrueuse, mais également dans l'exemplaire qui a servi de type à la planche 106 des Fiimji italici, dans l'échan- tillon de la Mycotheca veneta n° 818, dans un autre grand échantillon de couleiu* plus foncée tendant au P. rufescens Fr. que m'a adressé M. Saccardo et enfin dans un P. rufescens Fr. recueilli par M. Boudier lors du dernier congrès myco- logique, octobre 1877, et figurant dans l'herbier du Muséum de Paris. La diffé- rence des localités et des temps, les échantillons ayant été recueillis les uns en 1877, les autre en 1887, montre une constance dans ce caractère qui permet de le consi- dérer comme aussi général que la production des conidies chez les Nyctalis; seule- ment on a pu quelquefois retrouver les basides et les spores des Nyctalis et jusqu'ici je n'ai pu y arriver pour le Polypore en question, je ne puis que recommander cette recherche aux botanistes qui auraient sous la main le Polypore dont nous allons tout à l'heure déterminer la véritable place. La comparaison d'un pareil type de Champignon avec les Nyctalis s'imposait ; POLYPORES. 51 je me suis empressé de la l'aire; j'avais à ma disposition iiu assez bon nombre d'échantillons du Nyctalis parasitica Fr. La forme simple des conidies connues chez cette espèce rend son étude plus facile que celle du N. asterophora Fr. Ces conidies sont lisses en forme de cylindres tronqués ou un peu atténués en barillet, forme fréquente , on peut même dire ordinaire , chez les chlamydospores. des Mucor. Pour bien suivre leur développement, il faut l'étudier là où leur produc- tion est le moins abondante. Si l'on examine des coupes complètes de Nyctalis, on voit les conidies apparaître dans le pédicule à des hauteurs variables, augmenter en nombre dans l'épanouissement des fibres cellulaires formant le chapeau (1), suivre toutes les courbures de ces cellules jusque dans les lamelles où elles four- millent. Il y a dans ce premier aspect ime telle homogénéité qu'on s'explique difficilement un parasite se moulant avec cette complaisance sur l'organisation de son hôte. Les Hijpomyces qui envahissent les Bolets donnent souvent à l'hymé- uophore d'étranges aspects ou déforment les lamelles des Lactaires, auxquels ils s'attaquent, quelquefois même les font avorter, au moins par places. Ici rien de pareil : pied, chapeau, lamelle, tout est régulièrement constitué, dans la plupart des cas; pas la moindre trace d'une lutte entre le parasite et son hôte, aucun avortement, sauf celui de l'hyménium, aucune exubérance qui rejette çà et là le parasité en dehors des limites du revêtement externe du réceptacle hospitalier. Cette première vue, qui a sans doute frappé plus d'un observateur, bien qu'assez démonstrative par elle-même, ne saurait suffire, quand on sait toutes les surprises que vous réserve la nature dans un pareil domaine ; il faut pénétrer plus avant et suivre les filaments conidifères dans leurs rapports avec le tissu du réceptacle de Nyctalis; or il est inqjossiblc de distinguer un point quelconque où la moindre différence s'accuse entre les cellules du pseudo-parenchyme et les cellules dans l'intérieur desquelles se forment les conidies, cellules qui portent elles-mêmes, dans certains cas, les basides. Par une heureuse rencontre, rien n'est plus homogène que la trame du Nyctalis parasitica Fr.; seules les cellules qui forment le revête- ment externe du pédicule ou du chapeau sont un peu plus étroites et colorées ; tout (1) Dans l'édition 1881 de Morphol. und Biol. d. Pilzc, p. 361, de Baiy affirme à lort (|u'il ne se rencontre pas de clilainydospores dans le chapeau en dehors des lames ; cela dépend sans doute du degré de maturité du réceptacle. 52 rOLYPORES. le reste du tissu, au moins dans les échantillons qu'il m'a été donné d'examiner, est composé de cellules allongées, cylindriques, à paroi très mince, à cloisons transver- sales assez fréquentes ; on ne rencontre pas ces intrications de cellules de calibre différent, habituelles chez certains Agarics comme les Russules et les Lactaires, ou ces zones échelonnées de cellules plus ou moins larges, comme en présente le réceptacle charnu de la Fistuline déciMt dans le précédent fascicule. Très différentes par les caractères de leur membrane, les cellules de Nyctalis sont aussi semblables entre elles que les cellules scléreuses de notre Polypore conidifère et de beaucoup d'autres Polypores subéreux ou lignifiés, La figure 9, planche VI, qui reproduit une petite portion de la partie médiane d'un pédicule de IS . parasitica Fr. donne une idée de cette structure très simple ; le tissu représenté ici avec un petit nombre de couidies est le même partout; seulement, dès qu'on arrive au chapeau et aux lamelles, la production des couidies augmente ; elles foisonnent, et leur couleur fuligineuse obscurcit les préparations ; cependant, grâce à leur forme, elles ne voileut pas trop les directions générales des cellules, qu'on peut suivre dans des coupes assez minces, et dont les relations intimes avec la trame de tout le réceptacle, y compris le pédicule, ne peuvent pas échapper à l'observateur; j'ai donc le regret de constater que Tulasne a été induit en erreur et que l'opinion de de Bary est la vraie. Le long débat dont ce Champignon a été l'objet peut se clore sur cette affir- mation : les Nyctalis sont des Agaricinés, chez lesquels une production exubé- rante de couidies ou chlamydospores précède , diminue et quelquefois empêche complètement le développement des basides, et dans ce cas supplée à l'absence des spores. Le Polypore, dont je viens de faire l'histoire, est dans le même cas sans que rien de spécial, ni dans l'aspect de son réceptacle ni dans l'habitat, trahisse au premier abord cette constitution particulière, il ne faudrait pas supposer que ces deux types, si distincts de leurs congénères, soient tout à fait isolés et sans liens avec les autres types normaux de leur groupe. On connaît des Hyniénomycètes qui présentent une sorte d'hyménium mixte, ils ont des basides et des spores déve- loppés, mais entre les basides des cellules de la trame non spécialisées donnent naissance à des couidies. Divers Trémellinés, des Corticium, des Trametes, des Polypores présentent cette disposition (1). D'autres fois les éléments mômes de (1) Voy. Tulasne, Ann. se. nat., sér. 3, t. XIX, p. 193. — lUclioii, Note sur le Corticium amorphum (Bull. Soc. POLYPOnES. 53 rhyménium, des cystides, des basides s'allongent et reviennent à l'état de simples filaments végétatifs, M. Eichclbaum a fait cette observation sur des Agaricinés, Agaricus tenerrimus Bcrk. et rugosus Fr. M. Hartig, sur VAgaricus melleus et le Merulius lacrymans Fr. (Ilartig, Die Zerstorungen des Bauhoher durch Pilze, I, tab. Il, fig. 7); dans ce dernier exemple les éléments de l'iiyménium du Merulius revenus à l'état de cellules végétatives reformaient une seconde couche hyméniale fructifère. Ce dernier phénomène semble déterminé par des lésions pi'oduites sur le réceptacle. On doit reconnaître dans ces faits tantôt réguliers et faisant partie du pi'ocessus végétatif de l'espèce, tantôt accidentels et passagers, comme un ache- minement à la production exclusive de conidies présentée par les Nyctalis et par notre Polypore. Une question se pose maintenant, c'est celle du nom à donner à ce Polypore. Ne doit-il pas, comme les Nyctalis séparés du genre Agaricus, former un genre à part ? Ainsi que je l'ai fait remarquer plus haut, l'examen ayant porté sur des échan- tillons de deux provenances distinctes recueillis à douze ans d'intervalle ne permet pas de supposer qu'on soit ici en présence d'un simple accident; la production des conidies dans les tubes rentre dans la constitution normale de ce type de Cham- pignon, mais il reste uu point à éclaircir : Les échantillons que j'ai pu étudier étaient tous arrivés à l'état adulte; il pourrait se faire que l'hyménium se montrât au début pour faire place ensuite aux cellules conidiophores qui finiraient par le remplacer. Cette hypothèse est peu vraisemblable, car les conidies précèdent l'appa- rition des corps reproducteurs spécialisés, d'une manière si générale, qu'il semble que ce fait soit la conséquence d'une loi physiologique déterminée. Toutefois il serait imprudent de se prononcer avant d'avoir pu analyser des individus jeunes. Je conserve donc pour le moment à cet Hyménomycète sans hyménium son nom générique de Polyporus, mais ce qui me paraît ne plus pouvoir subsister c'est la distinction spécifique entre le P. sericellus Sacc. et le P. rufescens Fr. ou le P. hiennis Bull., laissant de côté la dénomination de sericellus déjà donnée par Léveillé et que MM. Cooke et Quelet ont changée en Saccardoi pour ce motif [C lavis Hymenomyc, p. 124). 11 faut examiner les affinités de notre Polypore sans tenir bot., t. XXIV, p. U8).— Paionillard, Tabula' analijt. Fung., fasc. I et II). — Eiclielbaum, Uebcr conidienbildung bei Hymcnomycelen (Gesettschaft fur Bolanik zu Hamburg, févr. 1885). 54 POLYPOliES. compte de l'hyinéuium dont les caractères ne sont du reste indiqués que dans les Flores les plus récentes. Sous le nom de Sistotrema rufcscens et de S. biennc, Persoon a décrit {Syn. Fung., p. 550) deux Champignons très voisins, caractérisés par la disposition de riiyménophorc à tubes irréguliers, lacérés et sinueux. Les caractères différentiels sont difficiles à saisir. Dans sa Mycolofjia Europœa (II, p. 206-207) il ne distingue plus les deux espèces et décrit avec doute le S. bïennc qu'il dit lui être inconnu, il donne le iS. rufescens comme ayant un chapeau zone et il renvoie à la figure 0 de ses Icônes pictœ, qui dill'ère de notre Polypore non seulement par les zones mais aussi par la disposition des bords du chapeau. Dans le Systema (I, p. 332) Pries adopte le S. tienne dont il fait un Dœdalea, il range le S. rufescens dans les Polypores et plus tard dans les Trame tes (Sum. veget. Se., p. 322), mais dans ïE/jïcrisis (2'' édit., p. 529), il rapproche de nou- veau ces deux types si voisins et les range à côté sous les noms de Polyporus rufes- cens et P. biennis, il a vu le premier vivant et le second à l'état sec. Leurs carac- tères se nuancent tellement dans les échantillons que j'ai pu examiner, qu'il est facile de comprendre la tentation que M. Saccardo a eue de constituer un troi- sième type intermédiaire, sous le nom de P. sericellus. D'autre part, les recherches à travers les auteurs semblent indiquer que le /'. rufescens est pour les uns une espèce qui tend vers le P. aeanlhoides BuW., pour les autres, MM. Berkeley et Cooke en particulier, il aurait surtout de l'affinité avec le P. peretitiis, et par consé- quent avec le P. leucoporus Holmsk. Le /'. rufescens, depuis la première carac- téristique de Persoon, me paraît avoir dévié et pouvoir en effet rejoindre les P. perennis et acanthoides. Nous serions ainsi ramenés à la caractéristique du P. biennis, tel que l'a décrit et figuré Bulliard, pour y rapporter les divers échan- tillons que j'ai examinés sous les dénominations de P. sericellus Sacc. et P. rufes- cens Fr. (Boudier). Les uns et les autres ont un caractère commun assez important, la production de conidies à la surface des tubes, conidies qui ont les mômes carac- tères de forme, de couleur et de dimension dans les divers échantillons indiqués ci-dessus. En décrivant le Boletus biennis, Bulliard dit : « Pileiis pri?7iu?n globosus poris omnino pervius, » et il figure planche 449, figure 1, le réceptacle jeune sous forme d'un corps irrégulièrement sphérique, porté sur un court pédicule contigu POLYPOP.es. ô5 au stipe d'un exemplaire numi d'un chapeau ; des pores sont figurés à la surface de ce petit corps. On ne peut se défendre d'une certaine hésitation sur la nature de ce réceptacle jeune; sauf chez certaines espèces résupinées, les pores n'apparaissent guère qu'au moment où le chapeau s'étale à la partie inféro-externe, la partie supérieure étant, à la naissance du réceptacle, lisse ou villeuse. Pries admet aussi cette structure, sans la décrire dans les mêmes termes, il dit : « primo sistit massam undique porosmn griseo albam » {Epier., 2" édit., p. 529). Ce premier état du réceptacle, indiqué par Bulliard et par Pries, ne serait-il pas une formation conidi- fère, le Ceriomyces terrestris Schultz. (1)? Un des échantillons de Ceriomyces de l'herbier du Muséum offre une agglomération de plusieurs de ces réceptacles, dont la forme un peu plus trapue a une grande analogie avec la figure de la planche 449 de Bulliard. Pries y ajoute un caractère de couleur, griseo albam, et de forme peu définie, massam, qui rendent l'affinité avec le Ceriomyces encore plus plausible, sans qu'on puisse trancher la question d'une manière certaine. Pries a rangé le P. rufescens et le P. hiennis dans les Mesopus ; le P. sericellus de M. Saccardo a le pédicule latéral des Pleuropus. Ce dernier caractère est aussi celui que Sowerby a donné au P. biennis dans sa planche 191 [Etujl. Fung.) citée par Pries comme reproduisant le P. rufescens, ce qui ne l'empêche pas de laisser ce Polypore dans la division des Mesopus. Il faut donc supposer que ce Polypore est en réalité, comme beaucoup d'autres, sur la limite des Mesopus et des Pleuropus. Ce caractère peut varier par suite de sa station tantôt immédiatement épixylo, le réceptacle sortant au niveau du sol appliqué contre un pieu ou une vieille souche, tantôt paraissant épigée, le réceptacle se développant sur la terre à une certaine distance des corps ligneux auxquels on peut supposer qu'il adhère par son mycélium. Il y a, du reste, bien des espèces fongiques chez lesquelles le pédicule peut être ou excentrique ou latéral, sans que cette variation paraisse dépendre d'une cause extérieure déter- minante. Il reste maintenant à réunir les différents traits qui ressortent de notre étude sur ce Champignon pour en constituer la caractéristique suivante : Poljporiis biennis Bull, {suh Boleto). Hist. Champ., I, p. 333, tab. 449, (îg. 1. — Sow., Engl. (1) Fries a consiJéré le Ceriomyces de Corda comme une monslruosité de Dœdalea {Sum. veget., p. 315); mais il n'avait en vue que le C. Fischeri, seul connu alors et très différent du C. terrestris. 56 POLYPORES. Fung., tab. 191. — Pries, Epier., 2" éd., p. 529. — P. sericellus Sacc, Fung. vetiet., 1876, sér. V, p. 163. — p. Saccardoi, Clavis Hymen., p. 124. —Dwdalea biennis Frie.s, Syst. myc, I, p. 332. — Vallroth, Flora crypt. Germ., IV, p. 634. — Quelet, Eiicliir. Fung., p. 184. Mycélium [Fibrillaria suhterranea Pers.) en cordelettes d'un gris blanchâtre lisses, ramifiées et anastomosées, comme chez les Rhizoïnorpha, donnant naissance à de très fines divisions comme des radicelles, et présentant des nodosités irrégu- lières qui ont les caractères du réceptacle conidifère à forme de Ceriomyces et qui produisent comme lui des conidies de même forme. Pycnide, réceptacle conidifère [Ceriomyces terrestris Schultz.), en tubercules irrégulièrement arrondis ou en cônes renversés plus ou moins stipités, tantôt isolés, tantôt en groupes qui tendent à se fusionner, de couleur gris clair ou carnée, fonçant avec le temps; la surface est hérissée de crêtes ou lamelles sinueuses, courtes et laciniées entre lesquelles sont des pores petits et irréguliers ; pas d'enveloppe di.stincte de la trame qui est fibreuse, spongieuse, tenace et enfin d'une consistance subéreuse, creusée de lacunes plus ou moins profondes et s'ouvrant au dehors par les pores de la surface, ou communiquant entre elles, ou tout à fait closes; ces sortes delogettes sont disposées en séries concentriques à partir de la surface du réceptacle et se multiplient plus ou moins de la périphérie vers le centre et la base. Conidies développées au pourtour des logettes qui en sont souvent remplies et de même caractère que celles du chapeau tubulifère. Dans ses Vegetahilia in Hercyniœ subterraneis collecta (p. 1, tab. I, II, V), G. -F. lloflmann a décrit et représenté, sous le nom de Boletus ceratophora, une pro- duction fongique dont la structure est la même que celle du Ceriomyces. A côté de la forme globuleuse se rencontre, il est vrai, chez le B. ceratophora, des expan- sions rameuses en formes de clavaires, contenant aussi les lacunes typiques à la péri- phérie; cettte sorte d'exubérance, que l'action du milieu, dans la profondeur des mines, suffit à expliquer, témoigne d'une tendance à réaliser le réceptacle de Poly- pore. Dans les milieux qui provoquent de pareilles monstruosités, les réceptacles déformés ou avortés se présentent souvent sous forme de pédicules isolés ou rami- fiés, s'ils appartiennent à des espèces stipitées, ou sous forme d'expansions membra- neuses laciniées, si l'espèce normale a un chapeau sessile. Hoffmann a décrit, sous le nom de Boletus polymorphus, la forme de Polypore associée et fusionnée avec cette production; la couleur, la surface tomenteuse, l'état déchiré des pores sont les l'ULVrORES. 57 caractères qui sembleraient devoir rapprocher ce Polypore du /'. hiennis, que nous décrivons, et par conséquent faire accepter le B. ceralophora comme synonyme du Cerioînyces terrcstris. Le Ceratophora Fribergensis de Ilumboldt (F/or. Friberg. Specim., p. 112, tab. 1), considéré par Hoffmann comme synonyme du B. ceratophora., s'éloigne un peu plus de notre espèce par la couleur et par d'autres caractères; mais, quoi qu'il eu soit de ses affinités spécifiques, on ne peut douter que ce ne soit aussi un Ceriomjjcea. D'autres figures (VII, Vlll et XI) d'Hoffmann et leurs descriptions paraissent se rapporter à des Cermnijcefi plus éloignés encore; elles nous indiquent le parti qu'il y aurait à tirer de l'exploration de mines qui pourraient nous offrir de nouveaux organes couidifères là où un ne voyait autrefois que des monstruosités d'un médiocre intérêt. Réceptacle à hyménophore tubuliforme [Polyporus). Stipe excentrique ou latéral, de longueur variable, mais le plus souvent court (la figure 6, grossie et vue en coupe figure 7, planche V, représente un exemplaire exceptionnel au point de vue de la longueur du stipe), irrégulier, bosselé ou resserré, villeux ou seulement velouté, devenant presque glabre avec l'âge, de même couleur que le chapeau. Chapeau, plan concave avec tendance cyathiforme, dimidié, lobé, à sillons rayonnants peu profonds, d'autres fois se creusant surtout vers les bords de manière à rendre le chapeau incisé ou flabelliforme, jamais zone, à bord mince involuté; villeux ou seulement velouté ou dénudé par places; de couleur fauve très clair, blanc carné allant jusqu'au brun foncé, suivant les individus ou l'état de maturité. Dimension très variable, d'après Bulliax'd, en moyenne de 6 à 10 centimètres. Trame coriace élastique, [)renaiit une consistance subéreuse, blanche, tantôt carnée, tantôt fauve, constituée par des cellules étroites, régulièrement cylindriques, à cloisons très rares peu ramifiées, formant des entrelacements parallèles. Hymé- nophore continu, avec la trame en tubes de 3 à 5 millimètres de longueur, anguleux, de forme irrégulièrement polygonale, les parois se déchirent à mesure que le réceptacle s'accroît et il se forme ainsi des cavités labyrinthiformes à bords déchi- quetés qui ont fait ranger ce Champignon successivement dans les Sistotrema, les 58 POLYPORES. Trame tes et les Da(-tèi>cs Aes VyvniAes de Polyporeis. — De l'étude que noUS avons poursuivie, soit dans le fascicule 1 des Recherclies sur les végétaux inférieurs, soit dans le présent fascicule, se dégage un fait désormais certain, c'est la tendance des Champignons de la division des Polyporés à former des réceptacles conidifères isolés ou fusionnés avec le réceptacle sporifère. .J'ai apporté à l'appui de ce fait deux exemples très démonstratifs et indiscutables dans le Fistulina hepatica et dans le Polyporus sulfureus, j'ai en la bonne fortune de pouvoir confirmer pour le Polyporus biennis ou sericellus Sacc, les pressentiments très justes de M. Sac- cardo. J'ai groupé les observations récentes qui permettent de rattacher différents Ptycliogaster à des Polyporés et qui portent sur le Polyporus Ptychogaster Ludw., le Ptychogaster Lycoperdon Pat., les Polyporus vaporurius Fr. et arnorphus Fr. (1) Il me paraît superflu d'opter entre un de ces noms, qui conviennent mieux que celui de Polyporus, jusqu'à ce que la question de l'existence d'un hjméniunj, tout au moins transitoire, soit vidée et purmelle de savoir si ce Champignon doit ou non former un nouveau type générique. l'OLYPOP.ES. 50 (Boudior). D'autres exemples pourront encore s'ajouter à ceux-ci, quand les obser- vations qui les mentionnent auront été complétées par des détails essentiels et par une analyse anatomique plus précise. Parmi ceux-ci , l'un des plus intéressants est celui qu'a signalé M. Patouillard sur la végétation vernale du Polijporns versicolor Fr. [Tah. onaJ. Fmuj., II, p. 62, fig. 143). Le corps que M. Patouillard considère comme appartenant au P. versicolor paraît avoir la constitution d'un Ceriomyces : la fréquence de ce Ciiampignon permettra des recherches plus appro- fondies dont on peut prévoir un résultat favorable. Tous ces réceptacles conidifères ont à la fois des caractères communs avec le réceptacle sporifère spécial et des caractères communs entre eux, c'est sur ces derniers que je voudrais maintenant attirer l'attention. Un caractère général qui a frappé tous les observateurs, c'est la ressemblance de ces réceptacles avec les Gastéromycètes , avec lesquels ils ont été quelquefois confondus; il n'en est peut-être aucun chez lequel elle soit plus frappante que chez le P. mlfureus. Lorsque l'appareil conidien est arrivé à maturité, la partie extérieure de la trame amincie et durcie lui forme comme un pseudo-péridium, à l'intérieur les conidies désagrégées prennent l'aspect d'une gleba parcourue par des cellules à paroi épaissie comme celle du capillitium des Gastéi'omycètes. Cette apparence de péridium ne se produit ni chez la Fistuline charnue et qui ne durcit pas, ni chez les Ceriomrjces et les Ptychogaster dont la structure fibreuse, à direc- tion radiale, présente à la surface extérieure l'extrémité de fibres cellulaires à peu près parallèles au lieu de l'intrication en sens divers qui s'observe chez le P. sulfu- reus (fig. 3, pi. II). La forme extérieure est d'ordinaire celle d'un sphéroïde plus ou moins régulier, souvent allongé en ellipse ou prolongé en coin vers la base sessile ou pédiculée. La forme en coin est quelquefois assez accentuée pour faire supposer une tendance à former un chapeau, soit chez la Fistuline, soit chez le P. biennis (voy., pour la Fistuline, pi. V, fig. 3, i du fascicule I, et pour le P. biennis, pi. V, fig. 5 du présent fascicule). Le Ptychogaster albus Cda présente quelquefois cette disposition, qui est très nettcmeut indiquée par la figure qu'a donnée M. Richon, mais d'ordinaire il tend plutôt à s'étaler sur le sol en présentant une base aussi large que le sommet. Les dimensions varient beaucoup chez la Fistuline, depuis 1 centimèti-e (pi. V, fig. I) (U) POLYPOP.ES. jusqu'à 9 ou 10 centimètres; le petit nombre d'exemplaires recueillis jusqu'ici ne permet pas d'en juger pour le Polj/porus sulftirem; le Ptjjchngaster alhus varie entre des limites restreintes et la moyenne peut être estimée à 4 ou 5 centimètres; le Ceriomijces tei^restris, de 1 à 3 ou 4. Une disposition commune à tous ces types c'est la présence de logettes ou lacunes au sein de la trame intérieure, comme dans les Gastéromycètes, il faut distinguer deux cas qui se retrouvent aussi chez ces derniers, tantôt les logettes sont transitoires et tantôt elles sont permanentes. Le /'. mlfureus à l'état de maturité ne laisse plus voir aucune trace de l'état lacunaire de son tissu, la Fistuline agrandit rapidement les siennes et le tissu paraît envahi d'une manière complète par les conidies, plus tard on retrouve de grandes lacunes irrégulières, dont j'ai donné une figure planche V, figure 1 (fasc. I, rMs- Fistulines)\ toutefois, en arrêtant de l)onne heure la végétation par la dessiccation ou l'immer- sion dans l'alcool, on voit que la production des conidies s'est faite par places, suivant une direction uniforme marquée par des lignes plus foncées, ainsi que le montre la figure 2, planche V, coupe grossie d'une partie de la figure 1. Dans le Ptychogaster albus Cda, la disposition lacunaire devient assez confuse à la maturité, mais elle est visible pendant longtemps. On voit les hyphes parallèles former des cloisons assez larges qui s'entrelacent de manière à circonscrire de grandes mailles allongées dans un même sens du bas du réceptacle vers la périphérie (pi. IV, fig. 27, d'après M. Ludwig). C'est aussi la constitution que M. Boudier attribue au Ptijchogaster rubescens. Chez. les Ceriomyces, la structure des logettes est beaucoup plus précise; le nombre de celles-ci peut varier, augmenter avec l'âge; mais elles sont plus nette- ment circonscrites, et elles persistent au delà de la maturité du Cliampignon; je ne reviens pas sur les détails de cette organisation décrite plus haut. Ces nuances dans la tendance de la trame du réceptacle à la formation de lacunes persistantes ou transitoires, nous paraissent en rapport avec l'activité vitale et la rapidité ou la lenteur des phénomènes végétatifs chez les différents types cités plus haut. Si l'on admet que cette activité est en raison directe de la quantité de protoplasma contenue dans les cellules, et en raison inverse de la quantité de matériaux orga- niques solides, soit de réserve, soit de soutien, que présentent les cellules, on com- prendra que chez les Polypores, dont les cellules ont une forte tendance à se sclérifier, la production des conidies se limite et se circonscrive, tandis que pour POLYPORES. (il les réceptacles charnus ou semi-charnus, chez lesquels les matériaux nutritifs sont accumulés dans un protoplasma très riche et très plastique, la production des coni- dies doit èlre rapide, envahir les portions restées stériles et restreindre à nu petit nombre de filaments cellulaires la portion inactive de la trame, ainsi que cela a lieu chez la Fistuline, le Pohjporus sulfureus Bull, et les Ptijchogaster connus jusqu'ici. Cela ne change rien à l'unité fondamentale de structure; cette unité nous paraît être aussi mise en évidence par le développement des logettes. Dans les réceptacles charnus comme dans les réceptacles tendant à devenir scléreux, on pent voir des noyaux de formation des conidies parsemés çà et là, ainsi que le montrent la figure 3, planche V. chez la Fistuline, et la figure Vô pour le Cerio- myces terrestris Scludtz.; à mesure que de nouvelles conidies se forment, comme elles se développent aux dépens des cellules adjacentes qui les portent, celles-ci se détruisent pour faire place à un amas pulvérulent de conidies; ainsi se forme une cavité (fig. 1 i, pi. V), qui s'agrandit et l'este pleine de conidies en prenant l'aspect reproduit figure IG, par la coupe du tissu d'un Cermnijces vu à un faible grossissement. Il est facile de compreiidre comment, par le simple méca- nisme de la formation des conidies, i-alentie ou accélérée, ces logettes adventives peuvent ou rester isolées ou déboucher les unes dans les autres, et s'ouvrir une issue au dehors. Si à la surface des Cerùmiyces lerrestris il y a une formation sinueuse de lamelles s'organisant comme chez les Divdalea ou les Agaricinés, on doit recoimaître que dans l'intérieur du réceptacle la formation des lacunes labyrinthiformes ne précède pas l'apparition des conidies, elle en est la consé- quence. L'existence de pores permettant aux conidies d'arriver cà l'extérieur, tandis que chez les autres réceptacles les conidies ne sont rendues libres que par la des- truction du réceptacle lui-même, est un trait distinctif des Ceriomyces; il n'établit cependant pas une différence fondamentale quant au mode de dissémination des conidies. En effet les pores des Ceriomyces sont promptement bouchés par les conidies elles-mêmes agglutinées par la gélification de leurs cellules mères, et, d'ailleurs, la plus grande masse des conidies se trouve remplir des lacunes closes situées à l'intérieur de celles qui débouchent au dehors et souvent ju séries concentriques nombreuses; la dissémination des conidies se produit donc sur- tout par la destruction du réceptacle comme pour les autres appareils conidiens groupés ici. Cd l'OLYPOliKS. Le mode de ramification des cellules mères et la forme des couidios présentent de grandes analogies; il suffit de rapprocher les figures des conidies de Cerio- myces, de Pohjporus hieimis Bull., du PtycJiogastei' b/coperdon Pat. et du /V>///- porus sul fnreiis^nW. pour être frappé de cette ressemblance dans la forme générale, la disposition du liile, l'épaississcment des parois. Chez les Ptychogaster alhus, citi'inus, rubescens, l'analogie est grande aussi, et leurs conidies se rapprochent des formes ovales des conidies de Fistuliue. Le développement des conidies est cndocellulaire chez tous les réceptacles conidifères cités plus haut. M. Brefeld, dans l'introduction du Yll'' fascicule, part. II, [^'i'è, de ses Untersuchimgen mis der (jesammtgehiete der MyJwlogie, p. VI, déclare, d'après le résultat de ses expériences et de ses observations, que « chez des Agaricinés et des Polyporés, chez les Nyctalis, chez les Fistulina, dans le nouveau genre de Polyporés appelé Oligoporus, on constate des chlaniydospores à formes différentes sur tous les points du Champignon, sur le mycélium, sur le réceptacle, dans l'hyménium, sur le chapeau, voire même sous une forme semblable au réceptacle avec ou sans chapeau, accompagné d'une sorte d'hymé- nium avorté représentant pour ainsi dire une forme de Champignon spéciale qui portait jusqu'ici le nom de Ptychogaster. » On voit, par le nom de chlamy- dospore, que M. Brefeld admet la genèse cndocellulaire même pour les conidies de Fistuline, chez laquelle ce mode de développement est difficile à reconnaître, ainsi que je l'ai observé (p. 37, fasc. I, des Fistulines). Si je n'ai pas adopté le terme de chlamydospore ou plutôt de chlamydoconidie , c'est que le mode de formation auquel ce nom correspond m'apparait comme tellement général chez les conidies que je ne vois pas la nécessité de changer ce dernier terme ancien et connu et de le remplacer par un nouveau qui tendrait à faire supposer que le mode de formation endocellulaire est exceptionnel. Il devient utile de choisir -une dénomination pour les réceptacles conidifères des Basidiosporés, afin d'éviter les périphrases embarrassantes ou les dénomi- nations multiples de Ptychogaster^ Ceriomyces, etc. La meilleure me paraît être celle déjà adoptée par Tùlasne pour les Thécasporés. Dans les deux groupes fongiques, ces sortes de réceptacles jouent le même rôle, ont la même fonction; il convient de les désigner sous le même terme de pycnides. Ce terme est d'un emploi commode et ne mérite pas d'être éliminé de la nomenclature au même titre POLYPORES. 03 que ceux de stylosporcs, sperniaties et spermogoiiies, dont plus d'ua auteur a contesté avec raison Intilité. L'homologie entre les Thécasporés et les Basidiosporés, que Tulasne pressentait lorsqu'il découvrit des conidies chez les Tréniellinés (1), paraît aujourd'hui cer- taine, et telle était déjà eu 1878 la conclusion du mémoire que j'ai présenté à l'Académie des sciences ; le f^olijponi.s stdfureus Bull, nous fournit un des types les plus complets, puisqu'il présente à la fois des conidies mycéliennes libres, des pycnides à conidies endocarpes et un réceptacle à liyménium sporifère. Quelle que soit la multiplicité des termes du cycle végétatif de certains Thécasporés, ils peuveut tous se ramener à cette disposition ternaire, les spermogonies et leurs sperniaties pouvant être considérées comme des pycnides à conidies |»lus petites. La production de conidies à la surface d'un hyméaophore tubulé porté sur un réce[)tacle semblable à celui de beaucoup de Polyporés à basides normaux, ainsi qu'elle a lieu chez les /*. hiennis Bull., provoque un autre rapprochement avec les Thécasporés. Les Sphéropsidés ont un réceptacle qui ne contient pas de thèques, mais de simples cellules conidiophores ; la similitude de leurs réceptacles avec ceux des Sphériacés à thèques est si grande que souvent on ne saurait se prononcer avant l'examen des organes intérieurs pour savoir auquel des deux groupes appartient tel échantillon ; elle a permis de les ranger daus une division commune sous le nom de Pyrénomycètes qui ne désigne que le caractère tiré du réceptacle. On serait donc fondé à dire que les Hyménomycètes sans basides, tels que le /'. Iiieniiis Bull., sont aux Hyménomycètes basidiosporés ce que les Sphéropsidés sout aux sphé- riacés ou aux groupes affines. Nous avons constaté combien la forme générale du réceptacle, la situation endocarpe des organes reproducteurs rapprochaient les pycnides de Polyporés des Gastéromycèles, il y a là les indices d'une véritable affinité. Les lacunes primitives de la gleba des Gastéromycètes présentent à leur surface un hyménium caractérisé, tandis que les lacunes des pycnides sont constituées par des cellules conidiophores dont on a vu plus haut les principales dispositions ; mais l'organisation du /'. hiennis avec des conidies semblables à celles de sa pycnide se retrouvant dans les tubes, (1) Tulasne, Ann. se. nat., 1° séi., 1853, t. XIX, p. 193. G4 l'OLYl'OHES. fait de ce Polypore un trait d'union entre les Polyporés et les autre Hyménomycètes basidiosporés d'une part, et les pycnides considérées comme une forme de passage couidifère, conduisant aux Gastéromycètes à hyménium spécialisé d'autre part. Ce trait d'uuion devient plus sensible, si l'on a égard aux nuances présentées par plusieurs types cités plus liaut et dont l'hyménium mixte présente des cellules coui- diophores entremêlées avec les basides. Tout en étant surtout consacrées à la recherche des organes secondaires de repro- duction chez les Basidiosporés, les observations contenues dans les fascicules i et II que je termine ici, m'ont fourni l'occasion d'étudier et de comparer trois types d'organisation auxquels peuvent se ramener la plupart des Champignons à réceptacles polycellulés . 1° les réceptacles charnus comme dans le Fistulma hepa- tica à cellules différenciées et que l'on peut appeler hétérogènes ; 2° des réceptacles mixtes du t'olij parus suif ar eus Bull, chez lesquels les éléments des réceptacles charnus se rencontrent encore, mais d'une manière transitoire, pour faire place aux éléments sclérifiés, aux cellules à parois épaisses ; 3" des réceptacles homogènes à cellules presque toutes de même calibre et sclérifiécs comme dans le P. hiennis ou le P. fomentarius. Dans les deux derniers types les développements successifs du réceptacle se font aux dépens des réserves déposées sous forme solide dans les épaississements cel- lulosiques des membranes cellulaires par un mode analogue sinon identique à celui qui permet à des réceptacles charnus de se développer aux dépens des matériaux cellulosiques accumulés dans la trame d'un sclérote. Chez les réceptacles solides, appelés subéreux, la production de cellulose qui épaissit les parois des cellules dépasse les nécessités de la nutrition, ces épaississe- ments deviennent alors une substance de soutien et de consolidation. 11 y a là, semble-t-il, une application de ces emprunts physiologiques si fréquents chez les animaux inférieurs, chez lesquels un même oi'gane sufOt à des fonctions multiples destinées à être remplies par des organes spéciaux, à mesure qu'on s'élève dans l'échelle. Chez les végétaux d'une organisation plus élevée, les fonctions se spécia- POLYrORES. 05 lisent aussi; la réserve alimentaire solide se présente sous la forme d'uu corps isolé de l'enveloppe, le grain d'amidon, et les épaississeraents, subéreux, scléreux ou ligneux n'ont plus à remplir que des fonctions de soutien ou de protection, sauf à l'état embryonnaire chez les plantes, dont les graines ont un albumen corné. Dans les réceptacles fongiques étudiés ci-dessus, les corps hydrocarbonés de nature grasse, huileuse ne se rencontrent que d'une manière transitoire à l'inté- rieur des cellules très jeunes, au moment du bourgeonnement qui produit une conidie, dans les basides, ou, à l'état de réserve, dans les spores et les conidies. Ces corps forment au contraire les principales réserves alimentaires des réceptacles charnus; leur présence en grande quantité dans des poils ou des cellules périphé- riques qui marquent le terme de la végétation du réceptacle, ne saurait être invoquée contre la réalité du rôle de substance nutritive que leur attribuent les observateurs. J'ai cherché à fixer à cet égard l'enseignement qui se dégage de l'étude du processus végétatif, dans une communication faite au Congrès de VAsso- ciatio?i française à Clermont-Ferrand (1). La réplétion des cellules périphériques tient à ce que le protoplasma et les éléments qu'il contient, émigrent des cellules anciennes vers les nouvelles formées, non pour être éliminés, mais pour fournir à des développements nouveaux; quand la végétation s'arrête et ipie les cellules périphériques n'utilisent pas les matériaux de réserve pour se développer d'une manière considérable, comme le font les poils de certains Agaricinés, elles restent remplies de ces réserves accumulées sous forme de corps gras ou de cellulose solide. On ne serait pas fondé pour cela à considérer ces matériaux de réserve comme