LE : AN IX TON SERA , BRARIES SMITHSONIAN INSTITUTION NOILNLILSNI NVINOSHLIWS ES SMITHSONIAN NVINOSHLINS SMITHSONIAN SMITHSONIAN NVINOSHILINS S31%\ LIBRARIES à SMITHSONIAN NOTINIILSNI S31#vV4911 LIBRARIES INSTIT S3IYVU8IT LIBRARIES INSTITUTION NOILNLILSNI S3IYVUS9IT LIBRARIES INSTITUTION S314vV49817 INSTITUTION NOIINLIISNI NVINOSHLINS S3181 à AS )ILNLILSNI fe NYINOSHLINS SMITHSONIAN NYINOSHLINS NYINOSHLINS NVINOSHILINS S31UVH@17 LIBRARIES INSTIT PS < Z : © SF ViCE FH = an) as n bal n > : s 6 < s ss. œ La. œ “ee + = NK Me e. < # = Œ S . œ | A = : “e mn 5 1 ON O 5 5 1 me 7 | ps Æ p=< BRARIES_SMITHSONIAN_INSTITUTION NOILNLILSNI NVINOSHLINS. S31%\ FA ô “ 6 — 6 F ss _ ss es . 5 7 5 ELA LA E a = H 77 2 a s = 2 5 2 D ‘ LALISNI NVINOSHLINS, SA1HVH 417 @SMITHSONIAN _ INSTIT < Es = £ & 7 f 6 LT. = 6 NY e G #0 2 Ô , Ô M N 7/4 em Z Z É 4 d = > Li “ > = n 2 NANTES n BRARI ES" SMITHSONIAN _ INSTITUTION NOILNLILSNI_ NVINOSHLINS S314\ SÉPARER - ui 8 KR MI DE = 2 NN = V4 a < NS = em 4/4 3 œ . 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Animaux sans | remplacés par des corps est mou, divisé ; point d’yeux, de | pourvu de membres arti° / soies ou muni de deux pe Un système nerveux a. dinal, ganglionnaire ielques soies propre- un système circulatoire d ANNÉLIDES TERRICOLES. nant ordinairement dujres, d'yeux ou d’an- canal digestif s’ouvrant | è mités du corps. Un ay dioïque. ANNÉLIDES SUCEUSES , lez les Siphostomes, ANNÉLIDES. Animaux sans vertèbres dont le corps est mou, divisé en anneaux, dé- pourvu de membres articulés et garni de soies ou muni de deux cavités préhensiles. Un système nerveux central, longitu- dinal , un système circulatoire distinct et conte- ganglionnaire et symétrique ; nant ordinairement du sang rouge; un canal digestif s'ouvrant aux deux extré- mités du corps. Un appareil générateur dioïque. Distribution des Corps garni de soies sail- lantes. Point de cavité préhensile en forme de ventouse. # Corps toujours garni d’ap- pendices mous. Pieds bien distincts. Des appendices mous distribués (un seul genre excepté) (x) sur presque toute la longueur du corps et point rassemblés sur l'extrémité céphalique. Des cirres existant presquetoujours; en général deux pour chaque pied. Pieds d’une seule sorte; en général très sail- lans et armés de soiïes proprement dites ; rare- ment de soies à crochets et qui alors existent à tous les pieds (2). Téte en général bien distincte et pourvue d’yeux, d'antennes, et d’une trompe rétractile; souvent des mächoires. Des appendices mous rassemblés en général sur l'extrémité céphalique seulement. Cirres des pieds presque toujours nuls (3) et jamais au nombre de deux sur le même pied. Pieds presque toujours dissemblables entre eux , de deux sortes, et armés de soies à cro- chets; quelquefois nuls ét remplacés par des soies simples (4). | Point de téte distincte; point d’yeuxr, de trompe protractile ou mâchoires. Corps toujours complètement dépourvu d’appendices mous. En général point de pieds distincts mais seulement quelques soies propre- ment dites. Point de téte distincte, de trompe protractile, de mâchoires , d'yeux ou d’an- tennes, Corps dépourvu de soies de toute espèce et complètement apode. Une cavité préhensile en forme de ventouse à chaque extrémité du corps. Point de téte distincte mais en général deux yeux et des mAchoires. (1) Genre Péripite. (2) Arénicole (3) Lés Hermelles exceptées. (4) Chez les Siphostomes, . j (Page 50.) ORDRES. ANNÉLIDES ERRANTES. ANNÉLIDES TUBICOLES OU SÉDENTAIRES. ANNÉLIDES TERRICOLES. ANNÉLIDES SUCEUSES . #° CHAPITRE Ji. Moœurs et Organisation extérieure des Annélides errantes. — Obser- vations sur les Poils de ces Annélides, considérés comme moyens de défense. — Division de l’ordre des Annélides errantes en fa- milles naturelles. OBDEL PRBUTIBR. LES ANNÉLIDES ERRANTES. Le groupe naturel des Annélides errantes, quiconsti- tuent le premier ordre de cette classe, renferme les espè- ces dont l’organisation est la plus compliquée. Comme leur nom l'indique, ces animaux n’ont pas un genre de vie sédentaire; aussi sont-ils pourvus d’un appareil locomoteur très développé, qui leur permet de marcher ou plutôt de ramper avec assez de vitesse, ou bien de nager avec agilité. Quelques-uns d’entre eux, certains Amphinomes, par exemple, paraissent être essentielle- ment pélagiens , et n’ont été rencontrés encore qu’à de grandes distances en mer, mais la plupart habitent les côtes et se réfugient sous les pierres ou parmi les Zoo- phytes et les plantes marines. Enfin, il en est un petit nombre qui se cachent dans le sable (les Nephtys, les Arénicoles, etc. ) ou qui se logent dans des tubes plus ou moins solides (les Acoëètes, la Polynoé scolopendrine Mœurs. Structure extérieure. Tête, etc. 28 ANNÉLIDES ERRANTES. et divers Euniciens) ; mais ces fourreaux ne leur sont pas indispensables, ils les abandonnent sans inconvénient et peuvent presque toujours aller au loin chercher leur nourriture. La plupart sont pourvues de certains orga- nes des sens assez développés, et la nature les a douées d'armes défensives dont nous allons exposer plus loin les particularités curieuses. Toutes habitent exclusive- ment la mer ou les eaux saumâtres et ne sont jamais parasites. Souvent on les voit se tenir patiemment en embuscade afin de saisir au passage les petites Annélides, les Mollusques et les autres animaux aux dépens des- quels elles vivent ; mais elles n’ont aucun instinct bien remarquable. Plusieurs d’entre elles peuvent perdre une grande partie de leur corps sans que la mort s’en suive nécessairement; cependant si on les coupe en plusieurs morceaux, ceux-ci ne paraissent pas pouvoir continuer de vivre, et ne sont pas susceptibles de repro- duire les parties manquantes de manière à donner naïs- sance à autant d'animaux parfaits qu'il y a de fragmens, ainsi que cela arrive chez la plupart des Annélides ter- ricoles , lorsque la division est convenablement opérée. En général, les Annélides errantes ont une forme svelte, allongée et plus ou moins linéaire; mais quel- quefois, au contraire, elles sont aplaties et ovalaires. Presque toujours leur corps se termine antérieurement par une téte bien distincte et pourvue à quelques ex- ceptions près d'yeux, et surtout d'antennes, dispo- sitions qui ne se rencontrent dans aucun autre ordre de cette classe. Au-dessous de la tête, et dans le point de jonction de ce renflement avec le premier anneau ORGANISATION EXTÉRIEURE. 20 du corps, se voit la bouche, qui se prolonge quelque- fois plus loin en arrière et qui est alors entourée par les pieds. La trompe, qui en sort à volonté, est composée d’un ou deux anneaux charnus. Son extrémité est pres- que toujours armée de mächoires, et dans plusieurs cas elle est entourée de petits barbillons 1entacu- laires. De chaque côté du eorps il existe toujours une série de pieds ayant la forme de tubercules charnus plus ou moins saillans. Ces organes peuvent ne présenter qu’une seule rame, ou bien en offrir deux, et alors on les divise en rames dorsale et ventrale. Leur sommet est toujours armé d’un ou de plusieurs faisceaux de soies proprement dites, grèles etallongées, quidépassent de beaucoup lasur- face des tégumens, mais qui sont en général susceptibles de rentrer plus ou moins complètement dans l’intérieur du corps à la volonté de l’animal, et qui, dans ce but, sont entourées de fibres musculaires destinées à les mouvoir. Ces soïes sont en général raides, plus ou moins subu- lées , et de forme très variable; presque toujours elles sont accompagnées d’acicules. On rencontre aussi chez les Annélides de cet ordre , mais très rarement , de ces petites lames courtes et dentées qu'on nomme des soies à crochets; alors tous les pieds en présentent à leur rame inférieure, tandis que chez les T'ubicoles cette unifor- mité de structure ne se voit presque jamais, et ne coïn- cide dans aucun cas avec l'existence de cirres. Les appendices mous des Annélides errantes sont en général nombreux et très développés. Ceux dont l’exis- tence est la plus constante sont les cirres; on ne connaît Cirres Branchies. 30 ANNÉLIDES ERRANTES. qu'un très petit nombre d’Annélides placées sur la li- mite de l’ordre des Errantes (les Arénicoles, les Ché- toptères et les Péripates) qui en soient dépourvues, tandis que parmi les Tubicoles les Hermelles seules en présentent. Ces appendices affectent communément la forme de filamens tubuleux plus ou moins rétractiles, mais dans certaines espèces ils constituent des lames minces ayant l'aspect de folioles membraneuses. Enfin, à quelques exceptions près, on trouve toujours deux cirres pour chaque pied. Les appendices qui ont recu le nom de branchies manquent souvent, et d’autres fois elles ne se pré- sentent que sous la forme de tubercules ou de lan- guettes charnues fixées soit au sommet, soit près de la base des pieds; mais quelquefois aussi ces organes ac- quièrent un développement considérable et constituent des arbuscules, des houppes ou des espèces de panaches membraneux. Enfin, dans plusieurs espèces le dos est recouvert par des appendices mous, squammiformes, les élytres, qui sont propres à cet ordre. Ç En général les appendices mous sont répartis à peu près également dans touté la longueur du corps. Dans quelques espèces, on voit les cirres supérieurs , les ély- tres ou les tubercules branchiaux paraître et disparaître alternativement d’anneau en anneau, mais dans la plu- part des cas ces organes se succèdent sans interruption. Îl est assez commun de rencontrer le premier segment du corps pourvu seulement de cirres tentaculaires , et ne porter ni tubercules sétifères , ni branchies propre- POILS:. 31 ment dites. Aux deux extrémités du corps , ces derniers organes sont toujours nuls on moins développés que vers sa partie moyenne, et jamais ils n’occupent exclusi- vement les premiers anneaux qui suivent la tête. Le dernier segment porte l’arus, qui est en général dirigé en haut, et les appendices de cet anneau ont com- munément la forme de cirres ; on les nomme cirres sty- laires. Tels sont les traits les plus remarquables de l’organi- sation extérieure des Annélides, que nous rassemblons dans notre premier ordre; mais pour compléter ce que nous en avons à dire nous croyons devoir placer ici des détails circonstanciés sur la nature et les usages des soies dont les pieds de ces animaux sont, avons-nous dit, abondamment pourvus. OBSERVATIONS SUR LES POILS DES ANNELIDES ERRANTES, CONSIDERES COMME MOYENS DE DEFENSE (1). On a dit en termes généraux, et avec quelque raison, que chaque animal avait ses ennemis, et que par une prévoyance bien admirable, la nature avait donné à chacun des armes propres à sa défense, ou du moins, qu'il leur était échu en partage cértaines ruses capables souvent de les soustraire au danger. Considérée sous ce (x) Ces observations ont été communiquées à l’Académie des Sciences le 19 juillet 1829, et M. Cuvier en a rendu compte dans la séance du 15 novembre 1830. Voyez Annales des Sciences naturelles, t. XXI, p. 320. Anus. 32 ANNÉLIDES ERRANTES. point de vue, l’histoire des animaux est riche en traits curieux, plus surprenans les uns que les autres. Cer- taines classes industrieuses et actives, telles que les A rai- gnées et les Insectes, en offrent de si variés, qu'il faudrait encore bien des volumes pour en compléter le récit. Persuadés que les Anuélides, qui habitent au sein des eaux et qui sans cesse sont en présence d’une foule d’ennemis redoutables, devaient offrir aussi sous ce rap- port des particularités qui leur étaient propres, nous nous sommes attachés, dans notre séjour aux îles Chau- sey et sur la côte de Granville, à découvrir quel moyen elles avaient d'échapper aux dangers qui de toute part les menacent. Il nous a été facile de reconnaître que, pour plusieurs d’entre elles, le seul moyen de défense dont elles pus- sent se servir consistait dans la faculté qu’elles ont de construire au fond de l’eau des espèces de loges, de tubes, ou de galeries droites ou contournées, de formes diverses, ou bien dans le choix qu’elles font d’une habitation analogue précédemment abandonnée par quelque autre animal. Ce genre de vie sédentaire, qui caractérise surtout les Annélides tubicoles, indique, avec un caractère timide, la privation d’armes propres à l’attaque ou à la défense; et en effet, arrachez ces animaux à {eur retraite, ils ne chercheront point à fuir; ils se borneront à s’enrouler sur eux-mêmes, et contracteront autant que possible toutes les parties de leur corps. Ce que nous leur avons vu faire de plus hardi dans ces circonstances , consistait à épa- nouir les tentacules buccaux, dont plusieurs d’entre POILS. 33 elles sont pourvues, et à s’en servir pour se traîner au fond du vase dans lequel nous les conservions et où nous avions placé des grains de sable, qu’elles réussissaient quelquefois à joindre et à aglutiner autour d’elles. Nous ferons connaître ailleurs les moyens de construction que ces espèces sédentaires mettent en usage, et nous nous bornerons à traiter ici des Annélides errantes qui, par leur genre de vie, sont exposées à de plus fréquentes at- taques. Et d’abord, les observations que nous avons eu occa- sion de faire nous ont montré qu’au moment du danger certaines espèces se contentaient d’enrouler leur corps, tandis que d’autres s’agitaient dans tous les sens et don- naient à leurs extrémités des mouvemens semblables à ceux qu'on imprimerait à la lanière d’un fouet en agi- tant son manche avec force. Les espèces qui se contractaient avaient un corps court, ovalaire et couvert de longues soies: au con- traire, celles qui se mouvaient avec agilité avaient cette partie allongée généralement nue, et les poils qu’on y dis'inguait étaient courts et ne dépassaient que peu le sommet des pieds. Dans tous les cas, ces poils, quelle que soil leur disposition, semblaient être des ornemens que Ja nature avait accordés à ces animaux, et il faut avouer qu’elle les en avait richement dotés, car ces filets soyeux brillent des couleurs métalliques les plus vives. L'or, l’azur, le pourpre, le vert, se nuancent à leur sur- face de mille manières, etces couleurs, souvent irisées, se trouvent dans une harmonie parfaite avec les reflets cha- toyans et successifs des anneaux de leur corps. L’aile du Papillon n’a pas recu une plus brillante parure que I. 3 Acicules, 3/ ANNÉLIDES ERRANTES. ces Vers cachés au fond des eaux, et enfoncés quelque- fois dans un limon noir et boueux. Ces longs poils, ces brillantes aïigrettes et tout ce luxe d’ornemens a cependant un but plus uule qu'on pourrait le croire au prémier abord. Ce sont les armes de l'animal, les seuls moyens de défense que la nature lui ait donné. Au premier abord, on conçoit aisément qu'ils peu- vent garantir leur corps toujours plus ou moïns mou, et servir en quelque sorte de pelage; c’est ce qu’on voit chez les grands animaux, et ce que l’on rencontre aussi fré- quemment dans les Chenilles ; mais ce n’est pas là le rôle le plus important qu'ils sont appelés ici à remplir. M. Savigny, auquel l’histoire naturelle des animaux sans vertèbres, et particulièrement celle des Annélides, est redevable de si importantes découvertes, a observé que la plupart de ces poils étaient susceptibles de ren- trer dans le corps et d’en sortir à volonté. A cet effet ils sont pourvus de muscles particuliers ei de gaînes qui leur sont propres; mais M. Savigny ne parait pas avoir étu- dié ces appareïls sous le point de vue qui nous occupe, et il n'en a donné aucune figure suffisamment grossie. Pour remplir cette lacune, nous les avons observés avec tout le soin dont nous étions capables, et dans un grand nombre d’espèces. Ces poils sont du genre de ceux que M. Savigny a nommés Soies, et qu’il a distingués en Soies proprement dites (festucæ) et en Acicules (aciculi). Ils existent à chaque pied, tant à la rame supérieure qu’à l’inférieure. Les acicules (pl. 1*, fig. 9; — pl. rx, fig. 6), ont une POILS. 35 nature diflérente de celle des Soies proprement dites. M. Savigny les a brièvement fait connaître en les défi- nissant : « Des soies plus grosses que les autres, droites, coniques , très aiguës, de couleur brune, noire ou diffé- rente de celle des autres soïes auxquelles ils sont associés, manquant quelquefois et n’existant jamais qu’en très petit nombre, c’est-à-dire qu'on en trouve rarement plus d’une à chaque rame.» Nous les avons reconnus à ces caractères précis dans le plus grand nombre des Annélides errantes, que nous avons soumises à nos recherches (1), et nous avons cru observer que ces poils, généralement courts et susceptibles de sortir du sommetdu pied, étaient employés par l'animal à donner , s’il nous est permis de nous exprimer ainsi, le coup de boutoir aux ennemis contre lesquels il les dirige. En effet, les acicules, bien qu'ils soient encore assez fins pour que la loupe devienne quelquefois nécessaire pour les voir, ne sont pas très acérés à leur sommet, comparativement aux poils déliés auxquels on les irouve associés ; ils sont raides, très ré- sistans, et se briseraient plutôt que de plier. Les poils proprement dits (festucæ) méritent sous plusieurs rapports de fixer l'attention. Leurs formes va- riées sont importantes à connaître pour la classification, et leurs usages sont assez remarquables pour piquer vi- vement la curiosité. M. Savigny a parlé quelquefois très (x) Les acicules sont composés de deux parties (pl. 14, fig. 9), le corps proprement dit, a, et la base ou la cupule, b. Cette dernière, lorsqu'on retire forcément l’acicule du tubetgule charnu dans lin- térieur duquel il est contenu, se détache, et reste adhérente au trousseau de fibres musculaires qui s’y implante. Poils propre ment dits. i$ de Poils sumples. 36 ANNÉLIDES ERRANTES. sommairement de leurs formes, en tête des caractères qu'il a assignés aux ordres et aux familles, mais dans ses ouvrages il ne dit jamais rien de leurs usages, et il ne donne aucune figure propre à montrer leur orga- nisation. Le même silence s’observe chez les auteurs qui, à notre connaissance, ont traité avant ou après lui des Annélides. L'étude comparative que nous avons faite de ces or- ganes nous a dévoilé leur singulière structure, et nous a bientôt appris le but que la nature s'était proposé en variant de tant de manières leurs formes élégantes : les uns ont une structure fort simple , tandis que chez d’au- tres elle paraît assez compliquée. Cette différence dans la composition nous a permis d’en former deux groupes, sous les noms de Poils simples et Poils composés. Les PorLSs SIMPLES ne sont formés que d’une seule pièce, et si quelquefois ils se composent de plusieurs articles, ceux-ci sont d’une même nature et ajoutés à la suite les uns des autres, comme les articles des antennes filiformes ou sétiformes propres à certains insectes. Leur forme varie beaucoup; les uns sont terminés en pointe plus ou moins aiguë, quelquefois tranchante, denticulée ou fourchue ; les autres présentent une extré- mité obtuse, arrondie et même élargie: et ces diverses modifications permettent de leur imposer des dénomi- nations différentes (pl. r, fig. 6 et fig. 13 — 19; — pl. PS HBUORE PLATS AE OS TUE 0e — pl. n4, fig. 6,42 13, 143 — pl. vu, fig. 11, 19, 19, etc. AETÉ-). POILS. 37 Le nom de soies convient quelquefois parfaitement aux poils simples qui garnissent les pieds de plusieurs Annélides , tant à cause de leur extrême finesse, qu’en raison de leur couleur d’un jaune métallique à reflets chatoyans : tels sont les poils très flexibles et bien con- nus de certaines Aphrodites (pl. 14, fig. 5, d). Chez les animaux de ce genre, et seulement dans quelques espèces, l’Aphrodite hérissée, par exemple, ces longues soies, se rencontrant et s’entrelacant intimement, for- ment une sorte de feutrage (a) au-dessus des élytres (b) et des branchies (c), qui alors sont cachées dans une cavité propre, ouverte à la partie antérieure pour le passage de l’eau qui vient sans cesse les baigner. Ainsi enlacés pour constituer une sorte de voûte, ces poils n'ont évidemment d'autre usage que de protéger le corps et de le garantir, comme le ferait un vêtement. Leur rôle est tout-à-fait passif , et l'animal ne peut les rentrer dans son corps ou les diriger vers le danger pour sa dé- fense. Lors mème que ces longs poils ne sont pas ainsi en- trelacés et qu’ils sout libres, comme cela se voit dans d’autres Annélides errantes, ïis ne peuvent, à cause de leur longueur et de leur finesse, se cacher dans le corps ou être dirigés avec succès vers un point quel- conque. Au reste, si on les examine à Ja loupe , ils paraissent simples, sans aucune des armures que nous trouverons ailleurs, et leur Jongueur jointe à leur finesse les rend tellement flexibles, que le moindre mouvement de l’eau suflii pour les plier et les balancer dans tous les sens. Ces poils, ou plutôt ces soies deuvent être désignées sous Le nom de flexibles : elles 5 , Soies ou Poils flexibles. So es raides. Poils en massue, Poils en spatule. Poils fourchus: 38 ANNÉLIDES ERRANTES. sont remarquables par une excessive minceur, jointe à une grande longueur. On observe aussi dans les Aphrodites et dans plusieurs autres genres certaines soies lisses dans tout leur contour, et amincies vers la pointe; mais elles sont moins nom- breuses, moins flexibles, moins longues que les pré- cédentes ; quelquefois même raides et très courtes. Alors elles peuvent rentrer chacune, en tout ou en partie, dans la gaîne qui leur est propre, et comme leur extré- mité est acérée, elles agissent, quand l’Annélide les fait sortir, comme autant de Jardoirs sur le corps des animaux mous qui l’inquiètent ou lui portent ombrage. On peut leur appliquer l’épithète de raides et de ri- gides (pl. 14, fig. 7, e). Chez d’autres Annélides, les poils simples affectent la forme de petites massues (poils en massue, pl. ru, fig. 15 }; c'est ce qu’on peut voir dans deux espèces nouvelles de Lombrinère de la côte de Granville que nous avons nommées Lombrinère de Dorbigny et Lombrinère de Latreille. Ailleurs ils sont comprimés, et ressemblent assez bien à une spatule qui serait légèrement courbée sur elle-même (poils en spatule, pl. 114, fig. 4, e). Les Palmyres en offrent un exemple remarquable. Dans plusieurs cas, les poils simples ont une orga- nisation un peu plus compliquée. Ainsi, la rame dorsale de certaines Néréides , et surtout la rame ven- trale de l’Aphrodite hispide, sont pourvues de soïes ter- minées en une sorte de fourche à deux branches inéga- POILS. 29 les, unies ou denticulées sur leurs bords (poils fourchus, pl. 1, fig. 6; — pl. n14, fig. 6 et 13, etc. , etc.). D'autres espèces présentent des poils ayant dans leur longueur, surtout vers l'extrémité, un sillon dont les bords sont garnis de denticules, dans une étendue plus ou moins grande. Ces poils, qu’on retrouve dans les Polynoés, rappellent quelquefois par leur forme une sonde can- nelée (poils cannelés, pl. 1, fig. 18), et souvent, comme dans la Polynoé écailleuse et la Polynoé lisse, ils figurent, par la disposition de leur pointe élargie à sa base et acérée , une petite lancette (poils en lancette, pl. 1, fig. 13, 14; — pl. xx, fig. 18), dont les bords relevés et denticulés laisseraient dans leur intervalle une gouttière. Dans une espèce du même genre, la Polynoé scolopendrine, la pointe de la lancette est bifur- quée (pl. r, fig. 17). Voici donc les Annélides déjà pourvues de stylets, de piques et de plusieurs autres armes pour leur défense, et elles en sont abondamment fournies, car on en trouve plusieurs faisceaux ou plusieurs rangées à chaque pied , et dans certaines espèces : ces pieds sont au nombre de plus de mille (1). Ayant une fois reconnu les moyens de défense que la nature a accordés à ces espèces d'animaux, et qu’elle a placés dans leurs poils , nous avons tâché de compléter cette étude en examinant ces organes chez un grand nombre d’Annélides. Nous espérions rencontrer, dans ces recherches microscopiques, des modifications cu- rieuses de structure qui nous dédommageraient du (5) 500 environ de chaque côté, comme dans certaines Phyllodocés Poils canneles. Poils en lancelte, Poils composés. Poils en arête. 40 ANNÉLIDES ERRANTES. temps qu'il faudrait nécessairement y consacrer. Effee- tivement, cette observation attentive, long-temps sui- vie, nous a dévoilé des faits que nous croyons de quel- que importance. Les formes variées des poils simples nous ont parfai- tement expliqué l'utilité dont ils sont pour l’animal qui en est pourvu. Ceux que nos observations nous ont de- puis fait connaître ont une structure plus compliquée, mais qui rend encore mieux compte de leurs usages. Nous les avons distingués des premiers en leur donnant le nom de porcs composés: ces espèces de poils, ordinai- rement raides et quelquefois flexibles, sont toujours formés de deux parties, et c’est là leur caractère distinc- tif (pl. x, fig. 103 — pl. 11°, fig. 8, 12; — pl. vur, fig. 6 bis, 12 et 13, etc.). Les deux portions qui les forment sont assez souvent réunies par une véritable articulation de l'espèce que l’on nomme articulation en gynglime. La partie du poil qui tient au corps, et que dorénavant nous nommerons la tige (pl. ru, fig. 8, a), est la portion dans laquelle est creusée l’articulation , et qui reçoit l’autre partie ; celle-ci, toujours terminale, souvent allongée et fili- forme, peut porter le nom d'appendice. La minceur du poil et surtout celle de son appendice le font quelquefois ressembler à une fine arète de poisson, et nous les nommerons alors poils en aréte. Ordinairement leur appendice est acéré, et ses bords sont tantôt simples, comme cela se voit aux pieds de l’Eunicede Harasse(pl. ur, fig. 8), de la Néréide de Beaucoudray (pl. 1v, fig. 6 bis), de la Glycère (pl. vr, fig. 6,11), d’autres fois denticulés, POILS. 41 comme on le remarque dans,le Sigalion Mathilde (pl. 11, fig. 10), dans la Néréide pulsatoire (pl. 1v, fig. 13). L’appendice acéré et les denticules de cette variété de poils ont les mêmes usages que ceux dont nous avons déjà parlé : seulement leur flexibilité les rend moins re- doutables. À côté de ées poils, et ordinairement à la rame ven- trale, on en rencontre d’autres dont l’organisation n'est pas plus compliquée, mais dont la structure est assez différente. Le nom de pois en serpe leur conviendrait as- sez bien, car leur tige supporte une partie terminale qui au lieu de s’allonger en arète est restée excessive- ment courte, et ressemble pour la forme à un hachoir ou à une serpe. Le tranchant de cette sorte de lame est sou- vent simple comme dans les Néréides que nous avons dédiées à M. Duméril et à M. Beaucoudray (pl. 1v, fig. 12); et dans quelques cas, par exemple dans cer- taines Lysidices, il présente une ou plusieurs dents, mais ces dents sont ordinairement embrassées par une lame mince qui les dépasse à peine ( pl. 11°, fig. 8). On ne saurait méconnaître les usages de ces lameiles, ordinairement tranchantes , et toujours mobiles sur la tige qui les supporte; elles sont, maigré leur petitesse extrème, des armes défensives très puissantes, et il nous paraît probable, par l'inspection d'un grand nombre de poils qui les avaient perdues, que lorsqu'elles ont pé- nétré dans un corps, elles se désarticulent d'avec la tige et restent plongées dans la blessure. C’est ce qui devient évident pour d’autres poils dont Poils en serpe. Poils en harpon. 42 ANNÉLIDES ERRANTES. nous allons faire connaître la singulière structure. Leur usage nous a été d'autant plus facile à comprendre que nous avons retrouvé dans ces petites armures les mo- dèles exacts des diverses formes que l’homme a su don- ner, avec calcul, à ses armes de guerre , pour les rendre plus redoutables et pour assurer leurs coups; il n’en possède certainement pas de mieux adaptées à ce but que celles dont sont pourvues certaines Annélies. En effet, nous avons reconnu dans plusieurs espèces, et souvent à côté des poils simples, d’autres poils qui sont une modification dés poils en aréte et des poils en serpe, et pour lesquels nous ne saurions trouver de nom plus convenable que ceux de harpon, de baïonnette et de flèche. Les poils en harpon se voient dans les Nephtys et dans quelques autres genres voisins. Îls offrent cela de remarquable que le Harpon ne se montre pas toujours tout formé, et qu’il paraît quelque- fois ne se produire que lorsque le besoin l'exige. Qu'on se figure un poil très aigu à sa pointe et pré- sentant en travers une ligue de soudure très oblique, qui indique la réunion de l’appareil terminal avec "la üge , et l’on aura déjà une idée exacte de ce qui existe. Cette articulation vient-elle à se disjoindre, le harpon se trouve aussitôt formé par la pièce terminale qui, ne se séparant pas dans toute l'étendue de sa soudure mais seu- lement vers la partie supérieure du biseau, produit une sorte d’arête ou d'entaille qui devient le crochet posté- rieur et aigu du harpon. Un coup d’œil jeté sur nos POILS. 43 dessins rendra plus clairement encore cette singulière disposition (1). L'usage de cette nouvelle arme est suflisamment indi- qué par la disposition qu’elle présente. Il est clair que si ce poil pénètre assez profondément dans un corps quelconque pour que le barpon s’y engage en entier, il ne pourra, à cause de son arèête postérieure, en sortir. Maïs cette circonstance tournerait au détriment de l’'Annélide, si l'animal qui l’inquiète, et dont elle veut se débarrasser, se trouvait ainsi atteint et retenu ; aussi arrive-t-il alors que le harpon se détache toujours du poil. Nous avons vu plusieurs individus qui, s’étant trouvés dans le cas de faire usage pour leur défense de ces instrumens, les avaient presque tous perdus. Les poils privés ainsi d’une partie qui leur était si essen- tielle, nous offrent un fait bien curieux; 1ls sont encore des armes redoutables à cause de l’obliquité de leur bord qui , terminant le poil à l'endroit où il s’unissait au har- pon, présentent une sorte de biseau dont l'extrémité est taillée en pointe aiguë. D’autres poils ont une structure plus compliquée que les poils en harpon : nous les avons nommés poils en baïonnette (2), parce qu'ils sont armés d’une espèce de pique qui s'articule à l'extrémité et sur le côté de la tige, et qui représente assez bien, par la place qu'elie occupe, une Baïonnette mise au bout du fusil. Mais ces instrumens servent en même (1) Voy. la figure des poils des Nephtys, etc. (2) Voy. les figures des poils des Phyllodocés. Poils en baïonnette, Pois en flèche. 44 ANNÉLIDES ERRANTES. temps de fourreau , et si l'on devait désirer encore des armes plus dangereuses que celles qu'on possède, elle fournirait le moûèle d’une espèce nouvelle et des plus redoutables. Indépendamment de ce que cette sorte de Hallebarde est très acérée à son extrémité, et qu’elle offre plusieurs tranchans, elle est garnie postérieurement d'une forte pointe qui lui donne le même avantage que le harpon, en sorte qu'ayant pénétré dans une plaie, elle ne peut en sortir, et qu’elle se détache aussitôt au poil sur Île côté duquel elle est articulée par une tige très grêle. Mais ce n’est pas encore là le point le plus curieux de cette armure singulière. Nous venons de dire que la baïonuette servait en même temps de fourreau. En effet , quand on parvient à l'écarter de la tige, on fait sorur de son intérieur un stylet corné qui est la véritable ter- minaison du poil. Ainsi ce poil, qui paraissait obtus et même renflé en bouton à l'endroit où commencait la baïonnette , est terminé réellement par un stylet; ce stylet est engaîné et protégé par la baïonnette, celle-ci sert en même temps de harpon , et lorsqu'elle est per: due dans la défense, l’animal présente encore une pointe aiguë au bout de son poil. L’Aphrodite hispide, qui déjà nous a oflert à sa rame inférieure des poils simplement fourchus, en mon- tre d’une tout autre forme à sa rame supérieure et d’une composition toute différente. Ce ne sont point des espèces de harpons, de hallebardes, de baïonnettes ou de stylets, mais bien de véritables Flèches (pl. r, fig. ñ ). POILS. 45 On en preudra une idée exacte en se représentant une Flèche, ou plutôt une longue pique aiguë et bardée d’une manière très élégante sur deux côtés et près de la pointe. Seulement on ne devra pas perdre de vue que les armes que nous prenons pour point de comparaison ont de grandes dimensions , tandis que celles que nous voulons faire connaître sont tellement petites, qu’il faut une loupe ou un microscope pour en apercevoir les détails ; par conséquent ces détails sont des chefs-d’œuvre de fi- nesse, et ces armes, des armes achevées, à côté des- quelles nos instrumens les plus délicats et nos ouvrages les plus soignés nesontencore quede grossières ébauches. L’Aphrodite hispide présente à chaque pied un grand nombre de ces poils , et comme ils sont raides et serrés, ils représentent souvent, quand on les examine au mi- croscope, des espèces de faisceaux d’armes, au milieu desquels Panimal qui les hérisse paraît être à labri comme derrière un rempart (pl. 1, fig. 1, 2 et 4). N'ayant d’abord rencontré qu'un petit nombre de ces poils en flèche, élégamment bardés, nous crûmes qu'ils étaient rares, et nous pensàmes qu'à cause des pointes qui garnissaient l'extrémité de la flèche, ils ne pouvaient rentrer dans l’intérieur du corps de l'animal; mais une découverte à laquelle nous étions loin de nous attendre, vint détruire notre conjecture. L’énumération rapide que nous venons de faire des principales formes des poils considérés comme organes de défense, a pu donner une connaissance assez exacte des moyens nombreux que possèdent les Annélides pour résister aux attaques qui sont dirigées contre elles ; ce- pendant, l’idée qu’on a pu en prendre resterait incom- AG ANNÉLIDES ERRANTES. plète si nous n’ajoutions à nos descriptions celle d’une autre espèce de poils assez différens de ceux dont il a été parlé, et qui offrent une structure encore plus singulière. Nous avions vu habituellement et en très grand nom- bre, à côté des poils en flèche, d’autres poils simples et terminés en boutons (pl. 1”, fig. 8). Voulant étudier la texture de ces petits boutons , nous parvinmes à en ou- vrir un dans sa longueur, et nous ne fümes pas peu sur- pris de voir dans son intérieur une flèche bardée, et en tout semblable à celle qui terminait les poils que nous avions déjà rencontrés (pl. 1, fig. 8). Cette observa- tion plusieurs fois répétée nous apprit que les poils en flèche étaient pourvus chacun d’une gaine, et que cette gaîne existait seulement à l'extrémité, c’est-à-dire dans le seul point où elle pouvait être utile pour garantir les épines déliées qui arment les flèches. Mais indépendam- ment de ce que chaque flèche porte ainsi avec elle son car- quois, on peut dire que chacune des pointes de la flèche est pourvue de son fourreau. En eflet, en séparant les deux espèces de valves en cuiller qui, par leur réunion et leur soudure, forment le tubercule ou le bouton, nous avons reconnu que leur intérieur n'était pas simplement creux, mais qu'il présentait de chaque côté des espèces de petits goussets étagés en crémaillères (pl. 1, fig. 8, b). Leur nombre est toujours égal à celui des épines qui bardent la flèche (a), et celles-ci se trouvent logées dans leur intérieur. Ainsi, la flèche de cette espèce d’Aphro- dite est revêtue de son fourreau, et ce fourreau ressem- ble à un véritable carquois, dans lequel est logé chacune des épines qui sont sur les côtés dn dard. Nos dessins représentent cette structure singulière, POILS. 47 mais ce qu'ils ne sauraient rendre, c'est le jeu admirable et très simple de ces diverses parties. Et d’abord, on conçoit maintenant que le poil en flè- che, bien qu’il soit bardé , et que les épines soient diri- gées du côté du corps, peut facilement , comme les poils les plus lisses, rentrer dans son intérieur, puisque toute cetle partie est enveloppée par un étui protecteur. Il n’est pas plus diflicile de comprendre comment le dard, bien qu'il paraïsse entouré de toute part, peut sortir de la gaîne, et agir comme arme défensive. Nous avons été témoins du jeu de ces parties, et le mécanisme en est bien simple. Nous avons dit que la gaine était formée de deux pièces ou valves appliquées l’une contre l’autre par leur bord. Nous ajouterons que son sommet est percé d’une petite fente, par laquelle on voit poindre quelquefois l’extré- mité de la flèche; ce fourreau est flexible, très élas- tique, et ses bords qui, dans l’état naturel et de repos, sont appliqués l’un contre l’autre, sont susceptibles de se disjoindre. Or, s’il arrive qu'un corps étranger et mou se présente à la pointe de la flèche, celle-ci, si le corps pèse sur elle, ou si l'Annélide pousse son poil, pénètre dans son intérieur, en sortant par la fente dont il a été parlé; aussitôt la gaîne flexible s’abaisse derrière lui, en écartant ses branches quise ployent chacune dans leur milieu, puis, en vertu de leur élasticité, elles re- viennent sur elles-mêmes et dans l’état où elles étaient d'abord, à moins , comme cela a lieu quelquefois, que la flèche ne se brise, et que le poil ne se rompe au-des- sous d’elle. D’autres détails relatifs à la structure variée des poils Se divisent en huit familles. 48 ANNÉLIDES ERRANTES. des Annélides, que nous avons cru devoir passer sous silence, prendront leur place dans la description des genres et des espèces ; mais nous avons pensé qu’on trou- verait quelque intérêt à en voir plusieurs réunis ici, parce qu'ils établissent, sans qu’on puisse le révoquer en doute, que les poils de ces animaux, que l’on se bor- nait à regarder comme de simples ornemens, ou, avec plus de raison , comme des organes de locomotion , sont aussi des armes défensives d’une composition toute particulière, et qu’on ne saurait mieux comparer qu'aux aiguillons des Abeilles, aux piquans de plusieurs poissons, et aux poils raides et mobiles de certains mammifères. DIVISION DES ANNELIDES ERRANTES EN FAMILLES NATURELLES, En comparant entre elles les Ænnélides errantes , on voit dans l’ensemble de leur organisation huit modifica- tions principales; aussi les divisons-nous en autant de familles qu’il y a de types bien tranchés. Dans la plupart de ces animaux, et ce sont les plus parfaits en organisation, il existe une téte distincte, munie presque toujours. d’yeux et d'antennes ; chaque anneau du corps supporte des pieds d’une structure or- dinairement très compliquée et pourvus d'une ou de deux paires de cirres. Tels sont les Aphrodisiens , les Amphinomiens , les Euniciens et les Néréidiens. Dans d’autres ( les Péripatiens ), la téte conserve encore un dé- veloppement remarquable, et présente de longues an- tennes , mais les pieds se simplifient, ne portent même plus de cirres; sous ce dernier rapport, ils sont moins CLASSIFICATION. 49 parfaits et se rapprochent des Ænnélides terricoles. I] en est plusieurs chez lesquelles les pieds offrent au con- traire des appendices membraneux très développés, tandis qué la téte devient moins distincte, et ne présente plus d’appendices, ou du moins n’en a que des vestiges. Cela se voit dans les Ariciens, qui établissent un passage évident entre les Ænnélides errantes et les T'erricoles. Enfin, on en connaît aussi dont la téte ne se distingue plus du corps, n’offre point d'antennes, et dont les pieds, quoique pourvus d’appendices membraneux très déve- loppés, ne présentent pas de cirres; parmi ces derniers, les uns ont les pieds armés seulement de soies propre- ment dites (les Chétoptériens), et les autres (les Arénico- liens) portent sur chaque pied des soies à crochets, comme les Tubicoles ; du reste ils avoisinent aussi sous d’autres rapports l’ordre des Terricoles. D'autres modifications de structure nous ont servi aussi de base pour la division des Ænnélides errantes en familles naturelles. La disposition variée des bran- chies et de l'appareil buccal nous a surtout donné des caractères non moins utiles que ceux fournis par l’exa- men deswpieds et de la téte. Mais dans tous.les cas, nous avons cherché à réunir dans le mème groupe les êtres qui ont entre eux les analogies les plus nombreu- ses et les plus intimes , et cela nous à souvent obligé de nous attacher à l’ensemble de l’organisation, et non à un seul organe , quelle que soit en général son impor- tance. ; Dans le tableau suivant on trouvera le résumé des ca- ractères propres à chacune de ces families. Mais lorsque nous ferons l’histoire particulière de ces deux groupes, VA AT.  ANNÉLIDES ERRANTES. nous en traiterons avec plus de détail, et nous expose- rons en même temps les motifs qui nous ont guidés ne Pétablissement de nos divisions. ‘4 œ Re. Le 1H À: 1! * Anneaux da vement d Li 2 Trompe ordinair t axméeïde quatre méchoires réunies par paires. .. +, #+ « 4 5 # , 3 “A Pieds plus ou moins saillanss É£ Je x DE . ârmés seulement de soies proprement! ‘ LÉ 4 - bites : ü i h t - | e os due un ee nie. || « d ORDRE MER Re p 4 Fe . antennes, des yeur, une longue nneau x sdu i ms À ÿ: LU À trompe et des mdchoires). ü moins w'ét ais alternati- ot vément pourvus ouryus de À =ANNÉLIDES ERRANTES. PR. appendict s; jamais Branclies, tantôt nulles, tantôt 7 #. _ bars \ d'élytres. Le sous la forme de filamens, insérées An Corps presque toujours garni d'appen- ) 9 sur un seul rang droit ou con dices mous dans toute sa longueur. Des _ pieds ordinairement bien distincts et 4 . portant des cirres ; des sois proprement tourné en spirale, tantôtsous forme de lobules ou de languettes. En gé- néral des mdchoires et presque tou- i k dites et en général point de soies à cro- chets (mais lorsqu'elles existent, point jours des acicules. de cirres et des piedgssimilaires dans | toute la longueur du corps). En géné- ral une téte distincte ainsi que des yeux, A | ni ES ERRANTES, en Familles naturelles. # : - 5% : me. à - +; L£ z sors dissemblables ; certains appendices mous (tels que les élytres, ou les cirres supérieurs), paraissant et disparaissant altern gentlen segment , dans une certaine étendue du corps. Dos en généraltrecouvert d'élytres branchies rudimentaires. Téte bien distincte. +. Branchies proprement dites très développées, affectant la forme d’'arbuscules, de houppes ou de panaches, _ 2 ne " ñ et fixées sur le dos ou à Ja base des pieds. Téte distincte. Trompe dépourvue de mächoires ; point d'acicules. Trompe armée de sept à neuf mächoires cornées articulées entre elles et d'une espèce de vre sternale également cornée. Branchies tantôt nulles, tantôt très développées, affectant la forme de filamens pectinés et insérées au-dessus du cirre dorsal. Pieds pourvus d’acicules. Tiompe dépourvue de mächoires ou n'en ayant qu'une ou deux pai- res. Zranchies nulles ou sous la forme de lobes, on de languettes très simples, insérées en général’au sommet des pieds. Téte bien distincte et portant presque toujours des antennes et des yeux. Trompe très grosse, dépassant de beaucoup la tête et ordinaire- ment armée de méchoires. Presque toujours des cirres tentaculaires ; des acicules. Téte rudimentaire et peu dis- tincte; antennes nulles ou n’existaut qu'à l’état de vestiges. Trompe très courte, ne dépassant pas la tête et jamais armée de müchoires. Point de cirres tentaculaitæs. Téte distincte et pourvue d'antennes et de mdchoires ; pieds dépourvus d’appendices membraneux. Téte nulle; ni antennes, ni méchoires ; pieds pouvus d'appendices membraneux très développés. . vT; » des amennes, une trompe protractile et à des mdchoires. Jamais de cavités pré . - » hensiles en forme d ses, ke i 6 n É: e venton: Pieds saïllans et armés seulement de soies Proprement dites; point de e. cirres distincts, À 3 ns Pieds à peine saillans et armés tous de soies à er. - Fr ’ Rp" He 7 tête, d'antennés, d'yeux où de mdchoires, … i r 1 Le. > NE » nn 7 # Le Ni 4 CN CE. | " » ochets auési bi e ; } : Re : Sr ë A à bien que de sojes proprement dites. Point de cirres. Des branchies affectant la forme d’arbuscules, insérées sur le dos. Point de | y ! -s e 4: n "+ “ APHRODISIENS. js LA de S F 1 "a EUNICIENS, + +. NÉRÉIDIENS. , e ARICIENS. } PÉRIPATIENS. } CHÉTOPTÉRIENSS | AR ÉNICOLIENS, Rennes = SRE CHAPITRE I. F Considérations générales sur les Aphrodisiens. — Organisation exté- rieure. — Division en tribus et en genres. — Tribu des Aphrodi- siens ordinaires. — Genre Aphrodite. — Genre Polynoé.— Genre Polyodonte. — Tribu des Aphrodisiens vermiformes. — Genre Acoète, — Genre Sigalion. — Tribu des Aphrodisiens nus. — Genre Palmyre. PREMIÈRE FAMILLE. APHRODISIENS (1). Parmi les Annélides pourvues d’une tête distincte , il Historique. en est un certain nombre dont le corps est en général aplati et ovalaire , d’autres qui l’ont grêle, cylindrique, et presque filiforme. Les premières constituent le genre Aphrodite de Linné; les secondes ses Méréides. Mais ces deux groupes renfermaient des animaux trop dissem- blables entre eux pour qu’on ait pu les conserver tels que ce grand naturaliste les avait établis, et quant aux Aphrodites , on doit à Bruguières d’en avoir commencé la réforme en les partageant en deux genres : les 4phro- k L. | (x) La plupart des auteurs ont désigné cette famille sous le nom d’Aphrodites ; mais il ressemble tellement à celui d’Aparodite, qui est consacré comme nom de genre, que nous avons cru devoir le mo- difier en celui d’Aphrodisiens. Caractères zoologiques. 52 ANNÉLIDES ERRANTES. dites proprement dites et les Æmphinomes (1). Cetie modification était d'accord avec les principes de la clas- sification naturelle, aussi fut-elle adoptée par MM. Cu- vier (2) et Lamarck (3). Plus tard M. Savigny a érigé en famille le groupe des Æphrodites ainsi circonserit (4), et sou exemple a été suivi par MM. Lamarck (5), La- treille (6) et de Blainville (7). Les Aphrodisiens présentent tous les caractères pro- pres à l’ordre dont ils font partie , c’est-à-dire que leur téle est distincte du corps , qu'ils ont des Jeux ; des an- tennes, une trompe charnue et rétractile; enfin, que les pieds saïllans dent chaque anneau du corps est pourvu ne présentent jamais de soies à crochets, mais sont ar- més d’acicules, de soies proprement dites plus ou moins rétractiles, et d’appendices mous fort développés. La forme de ces animaux est en général très différente de celle de la plupart des autres Annélides, car leur corps est presque toujours court, élargi, aplati et plus ou moins ovalaire ; cependant on en connaît qui l'ont grèle, allongé et à peu près cylindrique comme les Néréides. Mais une des choses les plus remarquables dans la structure externe de la plupart des Aphrodi- (x) Encyclopédie méthodique (Dictionnaire des Vers). (2) Tubleau élémentaire de l'Hist. nat. des Animaux, p. 626 , et Règne animal , "€ édit., t. 11, p. 525, et 2° édit., t. 111, p. 198. (3) Système des Animaux sans vertèbres, p. 325. (4) Système des Annélides (édition in-fol.), dans la Description de l'Égypte, et imprimé séparément, p. 15. (5) Histoire des Animaux sans vertèbres , t. w, p. 304. (6) Familles naturelles du règne animal, p. 239. (7) Article ers du Dictionn. des Sciences natur., t. LYIX, pe 454. APHRODISIENS. 53 siens, et qui appartient en propre à ces animaux, © est l'existence d’un certain nombre de grandes écailles mem- braneuses formant deux séries longitudinales et recou- vrant la face dorsale du corps. Ces organes , que M. Sa- vigny désigne sous le nom d’élytres, sont fixés à la base de la rame supérieure des pieds à l’aide d’un pédoncule, et sont formés de deux lames cutanées ou épidermiques appliquées l’une contre l’autre, et susceptibles de s’écar- ter de manière à laisser entre elles un vide qui communi- que avec l’intérieur du corps et qui, à certaines époques de l’année, paraît se remplir d'œufs. Le nombre des ély- ires diffère beaucoup, et leur forme n’est pas toujours la même ; mais ce qui ne varie point, c'est l'existence d’un certain nombre de pieds constamment privés de ces ap- pendices lamelleux et alternant avec ceux qui en sont pourvus. Les élytres manquent presque constamment aux pieds de la première, de la troisième, de la sixième pai- res , et parmi les pieds suivans , à ceux qui correspondent aux nombres pairs dans une étendue plus ow moins con- sidérable du corps. En général , les pieds portant des élytres cessent d’alterner ainsi avec ceux qui en sont dépourvus, après le vingt-troisième , le vingt-cinquième ou le vingt-septième segment du corps; et, à partir de ce point , tantôt les élytres existent à tous les pieds (1), tantôt elles manquent complètement (2), et d’autres fois elles paraissent et disparaissent alternativement, mais dans un ordre différent de celui dont nous venons de parler ; par exemple, elles ne se montrent que de trois Gà) Dans notre genre Sigalions pl. 14, fig. r et 4. (2) Dans la Polynoë écailleuse, etc., pl. 1, fig. 11 Elytres, Branchies. 54 ANNÉLIDES ERRANTES. anneaux en trois anneaux (1). Enfin, il est des cas où la même alternance binaire des pieds à élytres et des pieds non squammiferes se remarque dans toute la longueur du corps (2) , ainsi que l’absence complète de ces appen- dices (3). Chez quelques Annélides de la famille des Néréidiens on remarque bien aussi de chaque côté du corps une série de grandes lames foliacées qui, par leur aspect , ressemblent beaucoup aux élytres des Aphrodisiens (4) ; mais, comme nous le verrons plus tard, ce soni des organes diflé- rens , et les pieds qui se suivent se ressemblent tous, c'est-à-dire qu'on ne voit jamais ces espèces d’écailles membraneuses paraître et disparaître alternativement. Lesautres Annélides ne présententnon plus rien de sem- blable, et l'existence de pieds garnis d’élytres qui alter- nent régulièrement avec d’autres pieds dépourvus de ces appendices est, sans contredit , un des caractères les plus importans des Aphrodisiens. “ D’après la structure des élytres , il paraît bien pro- bable que ces appendicéé membraneux servent à la res- piration, et cependant on leur trouve souvent associés des organes auxquels on a donné le nom de branchies. Celles-ci sont cachées au-dessous des élytres , et ont la forme de petites crêtes ou de mamelons cutanés (5). Elles (x) Dans les Aphrodites, pl. r, fig. 1, 2, 4, 5. (2) Dans notre genre Acoëte, pl. ue fig. 7, 10 et 11, et peut-être dans le Phyllodocé maxillaire de Ranzani. (3) Dans le genre Palmyre de M. Savigny, pl. 114, fig. 1, 4. (4) Genre Phyllodocé de Savigny. , (5) Voy. pl. 14, fig. 7, c. APHRODISIENS. 55 occupent la partie supérieure de la base des pieds et sont toujours placées en dedans et au-dessus du cirre de la rame dorsale. Quelquefois ces petits appendices sont à peine visibles, et presque toujours ils disparaissent là où il existe des élytres, c’est-à-dire aux pieds du second, du quatrième , du cinquième , du septième , du neuvième segment , et ainsi de suite. Cette alternance binaire des pieds qui portent des tubercules branchiaux ou qui en sont dépourvus se remarque mème dans les espèces qui manquent complètement d’élytres (1); mais elle n’est pas aussi constante qu'on le croyait jusqu'ici ; car dans les Aphrodisiens, dont nous avons formé le genre coûte, il existe des tubercules semblables à tous les pieds ; seu- lement leur nombre est moins grand sur les segmens qui portent en mème temps des élytres (2). Dans les groupes naturels voisins des Aphrodisiens on trouve des espèces qui ne présentent point de bran- chies visibles; mais lorsque ces organes existent , leur forme ou leur position est essentiellement différente de ce que nous venons de voir. Ainsi, dans la famille des Néréidiens , elles affectent la forme de languettes char- nues (3) placées à l'extrémité du pied entre le cirre su- périeur (c) et l’inférieur (d), tandis que chez les Euni- ciens et les Amphinomiens, elles ont à peu près la même position que chez les Aphrodisiens; mais elles ont la forme de filets plus ou moins pectinés, de houppes, d’arbuscules ou de feuilles pinnatifides (4). (2) C’est ce qui a lieu dans les Palmyres, pi. nm. (2) PL. r1#, fig. ro, pied sans élytres,.et 11, pied à élytres (3) Voy.pl.xv, fig. 4, 5,6 e, f,g. (4) Voy. pl. ri, fig. 5 et 7, d. Cirres,. Pieds, 56 ANNÉELIDES ERRANTES. Dans le plus grand nombre des Aphrodisiens, la pré- sence des élytres coïncide avec l'absence des cirres su- périeurs , c’est-à-dire qu'on ne trouve ceux-ci qu'aux pieds portant des branchies et point d'élytres. Mais ce caractère, de même que les précédens , subit des excep- tions, car dans notre genre Sigalion nous avons constaté la présence d’un cirre supérieur à tous les segmens du corps pourvus ou non d'élytres, et ce fait n’est pas sans intérêt pour ceux qui chercheraïent à retrouver dans les cirres les analogues des élytres, chez les Annélides dont le dos n’est pas recouvert par ces lamelles foliacées. En effet, si ces dernières occupaient la mème place que les cirres supérieurs, et he se rencontraient précisément que sur les pieds dépourvus de ces filamens tentaculairés, on pourrait être porté à croire que les élytres et les cirres ne sont que deux modifications d’un mème organe; M. de Blainville semble mème regarder la chose comme cer- taine ; mais aujourd'hui que nous avons constaté l’exis- tence simultanée de ces deux espèces d’appendices sur un même pied (1), cette opinion ne nous paraît plus admissible. Quoi qu'il en soit, les pieds des Aphrodisiens sont divisés en deux rames (2), en général très distinctes, (x) Voyez pl. 1’, fig. 4, et pl. 11, fig. 3, e, élgtre, ete, cirre dorsal. (2) M. de Blainville (article Fers du Dict. des Sc. nat., p. 454) in- dique l'existence de pieds à une seule rame comme étant un des caractères de cette famille ; mais c’est évidemment par inadvertance : car, en parlant plus loin du genre Aphrodite (p. 466), il dit que les pieds sont profondément divisés en deux rames; et en cela il est ? . ’ - d'accord avec tous ceux qui ont observé ces animaux. b #7 J APHRODISIENS. munies chacune d’un acicule, de soies proprement dites et de cirres dont la forme varie suivant les espèces (1). Nous venons de parler des cirres supérieurs, les irfe- rieurs existent à tous les pieds et ne présentent rien de remarquable , si ce n’est au premier segment, où ils sont très grands et constituent avec les supérieurs les cirres tentaculaires , espèces de filamens antenniformes placés de chaque côté de la tête (2). Les véritables antennes , faciles à confondre par leur aspect avec les cirres tentaculaires, s’en distinguent essen- tiellement par leur insertion , qui a lieu d’une manière plus directe à la tête. On en compte généralement cinq : une impaire ou médiane, deux mitoyennes et deux ex- ternes (3). Les yeux ont l'aspect de points noirs, ordinairement au nombre de quatre et situés par paires en avant l’une de l’autre (4). Enfin, la trompe est armée de quatre màchoires réunies par paires (5), deux en haut et deux en bas opposées (x) PL x, fig. 5, et pl. xx, fig. 3, 4, 14 et 15, a, rame supc- rieure ; b, rame inférieure. Dans chacune d elles on voit par transpa- rence J’acicule. (2) PL. x, fig. 3, c, d;et pl. xx, fig. 13, d. (3) PL r, fig. 3; a, la médiane en partie rentrée; 4, les ex- ternes. PI. 11, fig. 13; a, la médiane en partie rentrée; b, les mitoyennes ; c, les externes. (4) PL x, fig. 3 et 9. — "Pl. 1x, fig. 13. (5) PL 11, fig. 6 et 16; a, tubereule par lequel la mâchoire s’ar- ticule avec sa congénère. Antennes. Yeux. Trompe, Resume des caractères. 58 ANNÉLIDES ERRANTES. les unes aux autres par leur tranchant, et cette disposition est une des plus caractéristiques de leur organisation ; car chez les Euniciens on ne compte jamais moins de sept mächoires ; chez les Amphinomiens il n’y en a point. Il n'en existe pas non plus dans beaucoup de Néréidiens , ou quand elles se montrent dans cette famille(1), on n'en trouve ordinairement que deux; cependant un petit nombre d'espèces en présentent quatre, de même que les Aphrodisiens ; mais alors elles sont divisées par pai- res parfaitement distinctes et éloignées entre elles (2). En résumé , nous voyons que la structure extérieure des Aphrodisiens diffère beaucoup de celle des autres Annélides du même ordre , et qu’ils forment un groupe parfaitement naturel. Toutefois, les caractères qu'ils présentent sont loin d’être aussi constans et aussi précis qu'on l'avait pensé jusqu'ici , l'étude d'espèces nouvelles nous ayant fait connaître des combinaisons d’organisa- tion qui Jusqu'ici ne s'étaient pas encore offertes et qui nous ont obligé de les modifier sur plusieurs points. Voici les traits naturels qui, dans l’état actuel de la science, nous paraissent les plus propres à les caracté- riser : Tère bien distincte et portant des antennes. Tromwrs en général armée de quatre MAcnorres réunies par paires. Pieps très développés, dissemblables et alter- nant dans une étendue plus ou moins grande du corps , les uns sans ÉLYTRES mais pourvus d'un CIRRE (1) Dans les genres Nephtys et Néréide, pl. 1v, fig. 2 et # (2) Dans certaines espèces de Glycères, pl. vr, fig. *, 4: APHRODISIENS. 59 supérieur, et accompagnés en général de srANcHiES; les autres ayant ordinairement des ÉLYTRES, mais point de CIRRE SUPÉRIEUR 74 de BRANCHIE (1). BRANCHIES , lors- qu'elles existent , peu développées , situées à la par ie supérieure de la rame dorsale au-dessus du cirre eten forme de crêtes ou de tubercules. Les modifications que nous venons de signaler dans la structure extérieure des Aphrodisiens servent de base aux coupes secondaires à établir dans cette famille, et nécessitent sa division en plusieurs genres. On remar- que d’abord que les uns (et ce sont les Palmyres) ne présentent aucune trace d’élytres , tandis que chez tous les autres Aphrodisiens ces organes existent à un état de développement plus ou moins considérable ; mais leur disposition n’est pas toujours la mème : tantôt elles ne se rencontrent point sur les pieds qui portent soit des branchies, soit des cirres supérieurs, et d’autres fois elles existent simultanément avec l’un ou l’autre de ces organes. Les Aphrodisiens à élytres alternant avec des cirres et des branchies étaient les seuls connus des naturalistes du temps de Linné, et ils constituent le genre AÆphro- dita de cet auteur, adopté par M. Cuvier dans la pre- mière édition de son Aiègne animal. Mais pour donner aux caractères distinctifs leur juste valeur et la préci- sion désirable , il convenait de porter plus loin la divi- sion de ce groupe et d'en former deux genres distincts. (x) Ces derniers pieds peuvent présenter aussi la structure sui. vante : 1° des élytres, et en même temps des cirres supérieurs ou bien des branchies ; 2° ni élytres, ni cirres supérieurs. Classification des Aphrodisiens. 60 ANNÉÉYDES ERRANTES. C’est effectivement la marche qui a été suivie par M. Sa- vigny, et qu'ont adoptée la plupart des zoologistes. Dans la méthode de ce savant, les Aphrodites de Linné se distinguent en //alithées (qui, pour la plupart des auteurs, sont les Æphrodites proprement dites) et en Po- lynoës. M. Savigny fit connaître en même temps les Pal- myres , de sorte que le groupe naturel des Aphrodites, qu'il érigea en famille, se composa dès lors de trois genres : les Palmyres, les Halithées et les Poly- noës. Plus tard, M. de Blainville apporta quelques chan- gemens dans la classification de ces Annélides, qu'il divisa en Æphrodites proprement dites, Æermiones, Eumolpes, Phyllodocés et Palmyres. Ses genres Aphro- dite et Hermione correspondent aux alithées de M. Sa- vigny. Les Polynoés de ce dernier auteur prennentici le nom d’Eumolpes, emprunté à Ocken; le genre Pal- myre est conservé dans son intégrité; quant au genre Phyllodocé , c’est un groupe nouveau établi par M. Ran- zani et fondé antérieurement par Regnieri sous le nom de Polyodonte. Nos recherches ayant fait connaître d’autres types d'organisation, il est devenu nécessaire d’augmen- ter le nombre des genres dont se compose la famille des Aphrodisiens. Dans notre méthode, nous n'avons eu rien à changer aux divisions établies par M. Savigny pour la classification des espèces dépourvues d’élytres , ou pour celles dont les élytres alternent avec des bran- chies et des cirres supérieurs ; mais nous avons dû créer deux genres nouveaux, l’un (le genre Æcoëte), pour y placer les Aphrodisiens, dont les élytres existent simul- APHRODISIENS. Gt tanément avec des branchies, mais alternent encore avec les cirres supérieurs; l’autre (le genre Sigalion ) pour recevoir des espèces dont les élytres existent sur des pieds, pourvues en outre de cirres supérieurs. Pour nous, la famille des Aphrodisiens se compose donc de trois groupes principaux : 1° les Aphrodisiens à élytres alternant avec des cirres supérieurs et des branchies, et n’existant pas simultanément avec ces or- ganes ; 2° les Aphrodisiens à élytres existant simultane- ment soit avec des cirres supérieurs, soit avec des bran- chies; 3° les Aphrodisiens sans élytres. Le premier de ces groupes (les APHRODISIENS ORDINAIRES) correspond, comme onle voit, au genre Aphrodite de Linné, et se sub- divise en trois genres: les Æalithées de M. Savigny, aux- quelles nous avons cru devoir restituer leûr nom primitif d'Aphrodites, les Polynoës du mème auteur, et les Po- lyodontes. Le deuxième groupe, remarquable par la forme allongée du corps aussi bien que par le mode de distri- bution des appendices mous, et que nous appellerons, pour cette raison, les APHRODISIENS VERMIFORMES, com- prend nos Sigalions et nos Æcoëtes ; enfin, le troisième groupe, celui des AParobisiEns Nus, ne renferme qu’un seul genre, celui des Palmyres de M. Savigny. Quant à la distinction de ces six genres, elle est facile à saisir au moyen des caractères énumérés dans le tableau ci-joint : EEE nr qu XF , À % Distribution de APHRODISIENS, en Gonrd ‘a | a ei ? Len bd à à Fe a / Mächoires rudimentaires et cartilagineuses ou nulles. Treize paires d'élytres alternant avec SE x ir les cirres supérieurs et suivies de quelques é/ytres surnuméraires qui paraissent et disparaissent } APHRODITE. dans un ordre différent. Trois antennes. * 4, + pente DAUER, Douze paires d'élytres alternant avec les cirres supérieurs et rieurs, n’existant jamais con- , ne PAM F - Sr FE 4 x 1 ë suivies ordinairement par un certain nombre d’élytres supplémen- POLENOË Ç ointement sur les mêmes : ds LS ; APHRODISIENS. ] ds taires, qui paraissent et disparaissent dans un autre ordre. Qua- : press. : Anneaux du corps dissem— tre ou cinq antennes. / blables; certains appendices ; Re fa Mächoires grandes et cor- mous, paraissant et disparais- Er — Ë F: É les élytres recouvrant le dos nées. n À Branchies nulles. Deux an- santalternativement d’anneaux JA \ Élytres alternant régulière- £ Ï n totalité. : en anneaux, dans une étendue | A Partie on € ta tennes ment avec les cirres dans toute plus ou moins considérable la longueur du corps et au du corps. En général desé/ytres. nombre de plus de vingt Branchies proprementdites nul- Des tubercules branchiaux à tous les pieds. Cinq an- paires. ‘ les ou rudimentaires. Trompe tennes. ordinairement armée de quatre : méchoires réunies par paires et Ë A vingt-septiè u et se succédant ensuite sans interruption jusqu’à l'extrémité postérieure du corps. agissant verticalement. gt-septième annea se nt ensui s interruption jusqu à l'ext P P ! Les élytres et les cirres dorsaux fixés sur les mêmes pieds. Les élytres paraissant et disparaissant alternativement jusqu'au | Point d'ébytres. Les cirres dorsaux paraissant et disparaissant jusqu'au vingt-cinquième segment et se succédant ensuite sans interruption. Mächoires semi-carti= | \ lagineuses. Cinq antennes. APHRODISIENS. 63 PREMIÈRE TRIBU. APHRODISIENS ORDIN AIRES 9 » . Pourvus d’élytres, et ne permettant, sur les pieds qui portent ces organes, ni cirres supérieurs ni branchies. GENRE 1. APHRODITE, Æphrodita (1). (lys fie. 1-0, et pl. #2 fes 7.8, 0.) Les Aphrodites propres ou Æalithées de M. Savigny ( x _ontle corps plus large et plus déprimé que la plupart des Fr autres animaux de la même famille. Le nombre des an- neaux qui entrent dans sa composition est peu considéra- ble (33 à 39). La téte , cachée plus ou moins complète- ment par les élytres (3)ou par les soies, porte deux yeuxen () Aphrodita, Linné, Syst. nat., éd. 13,t. 1, pars vr, Vermes, p. 3107. —Cuvier, Règne animal, 3° éd., t. x11, p. 206. — Halithea, Savigny, Syst. des Annelides , dans la Description de l'Égypte, éd. in-fol., p. 18. —Lamarck, Hist. des Animaux sans vertèbres, t. v, p. 306. — Aphrodita et Hermione, Blainville, Dict. des Sc. nat., article Pers, p. 455 ct Ar. (2) M. Savigny avait été entraîné à changer le nom d’Aphrodite en celui d’Halthée, parce qu’il avait désigné la famille entière sous le nom d’Aphrodites. Celui d’Aphrodisiens, que nous employons , permet de restituer au genre son véritable nom, ce qui évite toute équivoque. (3) PI. T, fig. 29 64 ANNÉLIDES ERRANTES. quelque sorte pédonculés (1), etseulement trois antennes dont la médiane petite et subulée (2) et les externes très grandes (3) ; les antennes mitoyennes sont nulles: L’ori- fice de la trompe est entouré d’un cercle de petits tenta- cules et en général armé de mächoires minces et cartilagi- neuses. Les pieds sont divisés en deux rames biendistinc- … tes (4)et garnies en géneralau moins de trois faisceaux de * soies dont deux appartenant à la rame dorsale et le troi- sièmefixé sur la rame ventrale. Les soiesdela ramedorsale sont quelquefois très compliquées; celles de la rame ven- _ trale simples ou fourchues. Les pieds de la première paire sont petits et pourvus de longs cirrestentaculiformes (5), et ceux dela dernière ne diffèrent pas notablement des autres. Les cirres sont subulés, les inférieurs petits et … coniques, les supérieurs longs et filiformes (6) ; les é/y- 1res(7)sont très grandes et recouvertes plus ou moins com- plètement par les soies des rames dorsales ; leur nombre est de quinze paires, et celles de la treizième paire sont toujours fixées aux pieds du vingt-cinquième segment ; celles qui les précèdent alternent d’anneau en anneau avec les cirres supérieurs , tandis que les suivantes, que J'on appelle élytres surnuméraires , ne se montrent que de trois anneaux en troïs anneaux. Les branchies (8)con- (r) Fig. 3 et 9. (2) Pl0r, fig. 3,a. (3) Fig. 3, à. (4) Fig. 4 et 5, a, rame supérieure, #, rame inférieure. (5) Fig. 3, c, d. (6) Fig. 4 et 5, c, cirre supérieur; d, cirre inférieur. (7) Fig. 2 et fig. 3, £, et fig. 4, e. (8) PL ré he. oc. Le: de APHRODISIENS. 65 sistent en des tubercules quelquefois peu distincts , sou- vent frangés sur leurs bords, disposés par rangées transversales , et de même que le cirre dorsal, elles cessent de paraître et de disparaitre alternativement à chaque segment après la vingt-cinquième paire de pieds. Quelquefois elles ne diffèrent que peu des tubercules ovalaires qui donnent insertion aux élytres. M. Savigny a établi dans ce genre deux tribus fondées Dixision, principalement sur la He 1 des soiïes qui garnissent d les pieds, et plus tard M: de Pianiie doué cont LE vertirces tribus en deux genres distincts, celui des Æphro- dites et celui des ZZermiones; maïs nous pensons que cette distinction ne repose pas sur des caractères assez impor- tans, et nous conservons au genre Æphrodite les limites que la plupart des auteurs lui ont assignées. On peut le caractériser de la manière suivante : LE Treize paires d'écyrres sur le dos fixées à des PIEDS Résumé qui ne portent ni BRANCHIES 72 CIRRES SUPÉRIEURS , € qui alternent régulièrement (1) depuis l'extrémité an- térieure du corps jusqu’au vingt-cinquième segment avec d'autres pieds n'ayant pas d’élytres, mais pourvus d'un cRrE porsaz et de BrANcmiEs. Quelques paires d'ÉLYTRES SUPPLÉMENTAIRES fixées sur les anneaux suivans, mais paraissant et disparaissant dans un ordre différent. Trois anxennes. Macnoires petites et cartilagineuses ou à peu près nulles. (x) Excepté au quatrième et cinquième segment, qui ont tous deux des élytres; de sorte que la treizième paire de ees appendices cor respond toujours au vingt-cinquième anneau du corps. H. 5 des caractères, se Je d 66 ANNÉLIDES ERRANTESS 7 PREMIÈRE SECTION (1). Espèces dont les ÉLYTRES sont recouvertes et cachées par une voûte épaisse, feutrée , ayant l'aspect d’étoupe, et formée par des sors flexibles. La nAME supérieure * detous les pieds pourvue de trois ordres de sois. 1. APHRODITE HÉRISSÉE, Æphrodita aculeata (2). (PL. 14, fig. 7.) LL M .… L Corps. LL’ Aphrodite hérissée est, de toutes les Annélides que * l’on connaît, celle dont les couleurs sont les plus bril- Jantes. NT" bd Sa forme est ovalaire et sa longueur est de quatre ou ’ (x) Cette division correspond à la tribu des Halithées simples de M. Savigny, et au genre Aphrodite de M. de Blainville. (2) Synonymies principales : Physalus, Swammerdam, Billia nature, tab. x, fig. 8 (figure médiocre).— Hystrix marina, Redi, Opuscala, t, 111, tab. xxxv (F. mauvaise, mais offrant quelques détails anatomiques). — Eurica marina, Seba, t. 117, tab. 1v, fig. 7-8, vol. 1, tab. xc, fig. 1-3. — Aphrodita aculeata, Baster, Opusc. subs., p. 2, lib. 1r, tab. vr, fig. 1-4 (mauvaise). — Pallas, Miscel. zool., tab. vit, fig. 1-13 (F. assez bonnes ; des détails anatomiques : reproduites dans l'Encyclopédie méthodique , article Vers, pl. zxr, fig. 6-14). — Pennant, British zoology, vol. 1v, tab. xxx, fig. 25 (F. très mauvaise). — Herbst, Pers, t. 1, tab. xx (F.mauvaise).—Cuvier, Dict. des Sc. nat., t. x1,p. 282, et Règne animal, 2° édit., t. 111, p. 206. — Halithea avuleata, Savigny, Syst. des Annélides, P- 19. — Aph. aculeata, de Blainville, Dict. des Sc. nat., article 7ers, pl. 1x, fig. 1 (figure assez bonne). La fig. 2, qui est donnée comme l'Hermione hispide, est évidemment encore une Aphrodite hérissée, plus petite, — Tréviranus, Zeitschrift für Physiologie, t. xxx, cah. 2, P:157,et, par extrait, dans le Bulletin des Sc. nat. de M. de Férussac, Œ XXI, p. 165. $ +. APHRODISIENS. 67 cinq pouces. Lorsqu'on l’examine en dessous, on voit que son corps est blanchâtre , plat, divisé en 39 seg- mens et terminé postérieurement en pointe ; en dessus on aperçoit seulement le feutrage soyeux qui recouvre toute la face dorsale de l’animal et une bordure flottante d’un beau vert nuancé des couleurs métalliques les plus vives , et formée par des faisceaux de sotes très longues, flexibles , soyeuses (pl. 14, fig. 7, d), entre lesquelles apparaissent en dessus un grand nombre d’autres soies raides ; pointues , spiniformes et dorées (e). La téte de cet animal est petite et dépourvue de m4- chotres ; les antennes sont subulées, et la médiane est beaucoup plus petite que les externes. Les élytres (a), comme nous l'avons déjà dit, sont cachées sous une voûte épaisse ( b) , ainsi que les bran- chies (c), ce qui ne soustrait pas celles-ci à l’action de l’eauambiante, car la cavité qui les renferme communique au dehors par une ouverture située au-dessus de la tête. Le nombre des élytres est de trente; les treize premières paires appartiennent aux vingt-cinq premiers segmens du corps et se succèdent de deux en deux anneaux; la quatorzième paire est fixée aux vingt-huitièmes pattes, et la quinzième aux pieds de la trente-unième paire, en sorte que l'alternance des segmens qui en sont pourvus ou qui en manquent, après avoir été binaire devient ter- naire. Leur forme est presque orbiculaire ; au milieu du corps elles sont très grandes , maïs près de la tête et de l’anus elles deviennent assez petites ; enfin, elles sont très minces et leur surface est lisse. Tête. Appendices Habitation, A phrodite soyeuse. 68 ANNÉLIDES ERRANTES, Là rame supérieure de tous les pieds est garnie en dessus de longues soies fines , flexibles et brillantes , qui constituent l'espèce de frange marginale (d) dont il a déjà été question , et d’un second faisceau de soies encore plus fines qui ressemblent à de la filasse, et se réunissent pour former au-dessus du dos une épaisse voûte feu- trée (a). En dessus, ces mêmes rames sont armées d’un grand nombre de soies raides (e) , très grosses, pointues, non bardées à l’extrémité et d’une couleur brune dorée, qui forment des rangées transversales, se dirigent en arrière et passent à travers l’espèce de tissu feutré dont nous venons de parler. Sur les pieds qui ne por- tent pas d’élytres , on trouve encore en dedans de ces longues épines un autre faisceau de soies filiformes qui concourent à la formation de la voûte dorsale. Les soies des rames inférieures sont raides, subulées , pointues, dirigées au dehors et de la même couleur que celles de la rame supérieure, inais moins grosses; on en compte environ quinze pour chaque pied. Enfin, les acicules sont d’un jaune doré, et celui de la rame ventrale est beaucoup plus gros que celui de la rame supérieure. Cette espèce habite toutes nos côtes et a reçu dans quelques localités les noms de Taupe de mer, de Souris de mer. Nous l'avons trouvée en assez grande abondance en draguant dans la baie de Cancale. Elle habite princi- palement sur les fonds abrités et sur les bancs d’huîtres. Ce n’est qu'accidentellement que nous l'avons rencon- trée à marée basse sur la plage. M. Savigny a donné le nom de HALITHÉE sOYEUSE * APHRODISIENS: 69 (Æphrodita sericea (1)) à une espèce très voisine de Ja précédente, mais qui est plus petite des deux tiers, et qui en diffère aussi par la couleur des sotes de la rame supérieure. Celles qui forment une frange autour du corps sont blondes et celles qui sont spiniformes ont une belle couleur verte. On ignore la patrie de cette Aphro- dite, mais il est probable qu’elle provient de nos mers. L'individu décrit par M. Savigny se voit dans la collec- tion du Muséum. M. Risso a aussi mentionné, sous le nom de Harrraée DORÉE , //alithea aurata (2), une espèce nouvelle qui habite la Méditerranée et qui paraît s'éloigner des précé- dentes par le nombre des segmens du corps et par la nature de l'enveloppe qui recouvre les élytres. Mais cette Annélide n'est encore qu’imparfaitement connue, et, d’après la petitesse de sa taille et le nombre de ses an- neaux, on pourrait supposer qu’elle n’est qu’un jeune de l Aphrodite hérissec. (1) Savigny, Syst. des Annélides , p. 19. (2) « H. aurata, H. dorée, Risso. A. corpore ovato-oblongo, pedunculis pennicellatis 32, fasciculis setaceis, elongatis, auratis, in serie una ad cor- poris latera dispositis. Cette espèce presente un corps ovale oblong, assez large , varié de gris, composé de 32 segmens pourvus de lames orbiculaires, imbriquées, cachées par une peau mince; antennes blanches; rames dorsales formant autour du corps une large bande de très longues soies, d’un jaune doré très brillant ; une seconde rangée de rames ventrales, disposées en pinceaux de soies courtes, plus fortes, jaunâtres, est placée sur d'assez longs pédoncules, au nombre de 32 de chaque côté; le ventre est jaune. Longueur 0,024; largeur 0,012; séjour sous les cailloux ; app. printemps, automne. » (Risso, Hist. nat. de l'Europe méridionale , 1. 1v, p. 413:) Aphrodite dorce. LA 5 LE 5 s e En FE : Eee L RESES RES Aphrodite bispide. 70 ANNÉLIDES ERRANTES. : DEUXIÈME SECTION (1). $ B. Espèces dont les exvrres sont à découvert et dont la RAME supérieure est garnie de so1ss de deux ordres sur les pieds à élytres et d’un seul ordre sur ceux qui sont dépourvus de ces appendices. 2. APHRODITE HISPIDE, Æphrodita hystrix (2). (PL. r, fig. 1-0.) Cette espèce d’.#phrodite, qui n'avait encore été trou- vée que dans la Méditerranée, habite aussi la Manche et l'Océan. Nous l'avons pêchée assez fréquemment sur les bancs d'huitres de la baie de Cancale et nous l’avons aussi rencontrée aux îles Chausey, près d’un écueil appelé les Huguenans , recouvert de plantes marines, et sur un terrain vaseux que la mer abandonne seulement lors des plus fortes marées. Elle n’a que deux ou trois pouces de long, et sa forme est plus régulièrement ovalaire que (x) Tribu des Halithées hermiones de M. Savigny, loc. cit, p. 20. — Genre Hermione, de Blainville, Dict. des Sc. nat., art. Vers, p. 457. (2) Halithea hystrix, Savigny, loc. cit., p. 20. — Hermione hystrix, de Blainville, loc. cit., p. 457, pl. xx, fig. 2. (Cette figure ne peut donner qu’une idée très fausse de l’animal qu’elle est destinée à représenter. En effet, du côté gauche du corps les élytres sont recouvertes d’une membrane, et du côté opposé on a enlevé cette même membrane, exactement comme dans la figure de l'Aphrodite hérissée; or, dans l'espèce en question, il n’y a point de trace de membrane semblable, et les élytres sont complètement à découvert, ce qui prouve évidemment que l’individu qu’a fait figurer M. de Blainville était une Aphrodite de la section précédente, et non l’Aphrodite hispide.) ÀPIIRODISIENS. y celle de l’Æphrodite hérissée. Les élytres, qui recouvrent toute la face dorsale du corps, ne sont pas renfermées sous une voûte feutrée, et on ne voit pas sur les côtes du corps cette bordure, soyeuse si belle qui fait l’ornement de l’espèce précédente. La téte (fig. 3) est petite et son extrémité antérieure se prolonge au-dessous de Vantenne moyenne (a) de manière à former une espèce de lèvre supérieure. Les yeux sont portés sur de petits pédoncules. Au premier abord on pourrait croire qu'il n'y en a que deux (fig. 3), mais si l’on exà- mine la partie latérale aussi bien que la face su- périeure, de ces tubercules, on voit que chacun est pourvu de deux petits points oculaires situés à peu près sur la mème ligne transversale (fig. 9). L’antenne impaire est habituellement en partie rentrée et naît entre les pédoncules oculaires (fig. 3, a). Les externes (b) sont très grandes, mais souvent l’une d'elles est beaucoup moins développée que fautre. Les mdchoires sont très petites et cachées dans la membrane qui tapisse la trompe. Les élytres sont en même nombre et insérées sut les mêmes segmens que dans l'espèce précédente; elles sont à découvert, lisses, souples, sémi-transparentes sur les bords, et d’une couleur tantôtgrise jaunâtre, tantôtbrune tirant un peu sur le lilas; enfin celles de la première etde la quinzième paires sont presque rudimentaires. Les pieds sont divisés en deux rames bien distinctes (fig. 4 et 5) dont l’inférieure (b) est grande, conique, d’une couleur jaune brunâtre et comme chagrinée. La rame supérieure (a) est beaucoup moins saillante que Téte Elytres. Pieds. à 6 s ” Y Æ" .0 x! ‘ Es d ÿ" (2 1 72 ANNÉLIDES ERRANTES. l’inférieure, mais elle est plus grosse que dans l’Æphro- dite hérissée. On observe, sur les pieds à élytres , deux faisceaux de soies raides ; l’un, épanoui en éventail et appliqué sur les élytres, est fixé immédiatement en dehors de l'insertion de ces appendices lamelleux ; les soies qui le forment sont subulées, sans dentelures, un peu cour- bées, et dirigées en dedans et en arrière ; leur couleur est brune claire , avec des reflets dorés. Le second faisceau est inséré plus en dehors sur un pédoncule tuberculeux (fig. 4, a), et se dirige horizontalement en arrière et en dehors. Les soies qui entrent dans sa composition sont très iongues, très fortes, et terminées par une pointe lancéolée dont les bords sont garnis de dents recourbées vers la base (fig. 7). Ce sont de véritables flèches bar- dées ayant quelquefois leur extrémité à nu, mais sou- vent aussi cachée dans une gaîne (1) formée de deux pièces cornées (b) susceptibles de s’abaisser en s’écartant et de revenir ensuite sur elles-mêmes , ainsi que nous l’a- vons décrit précédemment. L'usage de ces deux espèces de valves est aisé à saisir : elles protègent les pointes de la flè- cheet permettent à l’Aphrodite de la fairerentrer dansson corps , sans que les tégumens qu'elles traversent se trou- vent déchirés. Mais lorsque ces armes sont enfoncées pro- fondément dans un corps étranger, la gaîne ne pénétrant pas avec elles et se repliant derrière, il en résulte que les dents sont mises à nu , et qu’à cause de leur direction elles ne peuvent être retirées qu'avec beaucoup de difi- culté; alors, dans beaucoup de cas, la flèche se brise, mais (1) Voyez, pl. 14, fig. 8, ces deux valves de la gaine appliquées exactement l’une contre l’autre et cachant la flèche dans leur inté- rieur. Dans la fig. 8, pl. 1, la gaine est ouverte. APHRODISIENS: 73 l'animal en est pourvu d’un si grand nombre, que ces pertes sont peu sensibles, et qu’il lui en reste toujours assez pour se défendre. La rame supérieure des pieds dépourvus d’élytres (fig. 5, a) est conique et porte à son sommet un long cirre subulé (c) et un seul faisceau de soies disposées en éventail et dirigées en dehors ; ces soies sont beau- coup moins grosses et moins raides que celles des autres pieds , et leur forme est également différente; car, au lieu d’être bardées , elles sort rétrécies en une pointe aiguë , et l’extrèmité libre est comme annelée , mais ne présente aucune trace de dents latérales. Leur cou- leur est jaune clair. Les soies qui garnissent les rames inférieures ont la mème structure sur tous les pieds (fig. 6) ; elles sont peu nombreuses, très grosses, ren- flées près du bout, et armées de deux pointes, dont l’une est terminale, et l’autre , beaucoup plus petite, se voit à la base de la première ; elles représentent une sorte de fourche à deux branches inégales. Les acicules sont pe- tits et d’un jaune doré (x). Les cirres inférieurs (pl. 1, fig. 4 et 5, d) sont très courts, si ce n’est aux pieds de la première paire, où ils ont, ainsi que les supérieurs, la forme de grands tentacules dirigés en avant de chaque côté de la tête (fg. 3, c, d). (x) Dans la fig. 5 de la pl. 1, les acicules sont vus dans leur position naturelle et par transparence à travers les tegumens; dans la fig. 14 de la pl. vur, l’acicule a est isolé et on remarque en # une sorte de petite cupule qui existe à sa base et se détache assez facilement. Vu 74 ANNÉLIDES ERRANTES. VARIETES DE L?4PHRODITA HYSTRIX. ge os 1 La collection du Muséum possède plusieurs Æphro- hispide. dites de la Méditerranée qui appartiennent évidemment à cette espèce , maïs qui en différent par la forme géné- rale de leur corps ; beaucoup plus allongé , par un rétré- cissement plus prononcé de son extrémité postérieure, et surtout par la iongueur des pieds qui avoisinent cette partie. Un de ces individus a été envoyé de Naples par M. Otto, sous le nom bizarre d'Æphrodita hoptakero. On peut les considérer comme des variétés de lÆphro- dite hispide. GENRE Il. POLYNOÉ , Polynoëé (1). (PL. x, fig. 10-19, et pl. 17, fig. 11-19.) Les Polynoëés ne diffèrent pas des Æphrodites , sous le rapport des points les plus importans de leur organi- (x) Aphrodita, Pallas, Miscel. zool., p. 72. — Linné, Syst.nat., édit. 13, Vermes , p. 3107. — Cuvier, Règne animal, 2° édit., t. 11, p. 206. — Eumolpe, Ocken, Syst. gén. d'hist. nat., Zool., 1. 1, p. 374. — Po- lynoë , Savigny, Syst. des Ann. de la description de l'Égypte, p. 20.—1La- marck, Hist. des animaux sans vert., t. v, p. 308. — ZLepidonote, Leach , Suppl. to the Encyclop. britarica , vol. x, partie 2, art. Annu- losa. — Eumolpe, Blainville, Dict. des Sc. nat., article Vers, p. 457. Nous avons adopté le nom de Polynoëé plutôt que celui d’Eumolpe, parce que ce dernier est employé depuis long-temps en zoologie pour désigner un genre d'insectes coléoptères. Il est encore à remarquer que M. Risso vient de proposer le nom d’£umolphe, très peu distinct du précédent, pour un genre nouveau d’Aphrodisiens différent suivant lui des Polynoës. Voyez son ist. nat, de l'Europe méridionale, t.1v, p. 415. APHRODISIENS. 75 sation , mais on peut les en distinguer facilement par le nombre de leurs antennes, par l’armature de leur bou- che, et par la partie du corps où les élytres cessent d’al- terner avec les cirres. La forme de leur corps et le nombre des anneaux qui le constituent varie beaucoup; certaines espèces sont peu allongées et ovalaires , tandis que d’autres sont presque linéaires et très longues, ce qui les fait ressembler aux genres suivans. Plusieurs sont complètement recou- vertes par de grandes élytres squammeuses , tandis que chez beaucoup d’autres ces appendices sont plus où moins rudimentaires et laissent à découvert la presque totalité du dos. La téte des Polynoés est grande, et sa face supérieure présente en général quatre éminences mamillaires por- tant chacune une tache oculiforme ( pl. 11, fig. 13). Les antennes sont quelquefois seulement au nombre de quatre, mais dans la plupart des espèces on en compte cinq; les externes sont ordinairement très grandes (c), souvent un peu renflées près du bout, et terminées par une pointe filiforme ; les mitoyennes sont très petites, et la médiane, quelquefois nulle, quelquefois rentrée (a), est en général subulée. La bouche est, comme dans les Æphrodites, pourvue d’une trompe dont l’orifice est garni de petits tentacules coniques. Les mdchoires sont grandes, cornées et recour- bées vers la pointe (pl. r, fig. 12 et pl. 1, fig. 16). Les élytres ne sont jamais ni recouvertes, ni mainte- Corps Tête. Bouche, Elytres, Branches. Pieds, 76 ANNÉLIDES ERRANTES. nues par les soies des pieds; leur nombre varie beau- coup, mais toujours il y en a douze paires qui alternent régulièrement avec les cirres supérieurs, sur les vingt- trois premiers segmens; et lorsqu'il existe un plus grand nombre d'élytres, les dernières paraissent et disparaissent dans un ordre différent (de trois anneaux en trois an- neaux). Ainsi, les Polynoës se distinguent encore des Aphrodites par ce caractère, puisque chez celles-ci on compte treize paires d’élytres se succédant de deux an- neaux en deux anneaux. Ces appendices, en général foliacés , sont quelquefois vésiculeux ; leur surface, ex- terne est souvent hérissée d’une multitude de petits tu- bercules miliaires, et leur bord externe garni de petites franges membraneuses (pl. 1, fig. 11). Les branchies, qui sont simples et peu disunctes, n'existent que sur les pieds dépourvus d'élytres; elles paraissent et disparaïssent alternativement à chaque seg- ment jusqu'au vingt-troisième , et ensuite existent sur tous les anneaux ou bien ne manquent que de trois an- neaux en trois anneaux. Les pieds sont composés de deux rames, mais la su- périeure est petite et presque confondue avec l’inférieure qui est très développée (pl. 11, fig. 14 et 15). Les cirres supérieurs , aux pieds où ils existent, sont toujours très longs (c), les inférieurs sont courts et coniques (d d). Les soies de la rame supérieure sont courtes et presque toujours plus fines que celles de l’inférieure ; tantôt elies sont subulées et sans dentelures au bout, d’autres fois elles ressemblent à celles de la rame inférieure, et pré- APHRODISIENS. 7 sentent près de l’extrémité une petite dilatation dont les bords sont denticulés (1). Dans aucun cas elles ne sont fourchues à la manière des poils de la rame inférieure des Æphrodites. Les acicules ne présentent rien de re- marquable. Les pieds de la première paire ne portent pas _desoies , et se terminent par deux longs cirres tentacu- laires qui s’avancent de chaque côté de la tête et ressem- blent aux antennes (pl. 11, fig. 13, d). Enfin, les appendices du dernier anneau ne sont for- més que par les cirres supérieurs, et constituent er gé- néral des stylets terminaux. D’après les détails que nous venons de rapporter, on voit que l’organisation des Polynoëés est très analogue à celle des Æphrodites, mais que cependant on peut leur trouver les différences suivantes : Des é1vrres, au nombre de douze paires ou plus (14, 15, 16, etc.), fixées sur des pieds ne portant ni CIRRES SUPÉRIEURS , 721 BRANCHIES , €{ alternant réguliè- rement depuis l'extrémité antérieure du corps jusqu'au vingt-troisième segment avec d'autres pieds r’ayant pas d’élytres, mais pourvus d'un GiRRE SUPÉRIEUR et de BRANCHIES. Les ÉLYTRES SUPPLÉMENTAIRES (lorsqu'il en existe) paraissant et disparaissant dans un ordre diffe- rent. ANTENNES au nombre de cinq ou de quatre; ma- CHOIRES grandes et cornées. Les Polynoés se trouvent fréquemment sur les bancs d’huîtres ou sous des pierres à des profondeurs assez (1) Voyez pl. 1, fig. 13-19 et pl, 11, fig. 17, 18, divers poils de Po- lynoes. Resume des caractères, 78 ANNÉLIDES ERRANTES. considérables. Quelques espèces se construisent, avec. une sorte de mucus et des fragmens de coquille, des fourreaux, et s’y trouvent ordinairement cachées: mais lorsqu'on les en retire elles savent marcher et nager très bien. Nous avons observé que plusieurs étaient phospio- rescentes. Comme ce genre renferme un nombre considérable d'espèces , nous avons cru utile de présenter ici , sous la forme de tableau synoptique, l'indication des carac- ières les plus remarquables de toutes celles qui nous ont paru suffisamment bien établies pour prendre place dans le catalogue de ces Annélides. GENRE POLYNOE. APHRODISIENS. 79 / Antennes mé-\ dianes etmitoyen- | nestrès dévelop- ep NE |} P. SQUAMATA. ties, coriaces pa Douze |granulées. 7 paires d’élytres. Antennes mé- 5 dianes et mi- Élytres toyennes tudi-\ » JWPATIENS. grandes mentaires, ély- En tres molles et | LS \lisses. Nes Quatorze paires d’élytres. } P. LEVIS. les , Soies delarame\ autres / dorsale dé. | et coup moins dé. | cachant veloppées te Ps CIRRATA, la celles de Espèces | totalité dont ou la Quinze paires Sotes dela rame les majeure antennes | partie d ‘élytres. sont du dos. rame a dorsale beau- coup plus gros- ses, plus lon- | P. SETOSISSIM À. / au | bee gues et plus nombreuses que de “ celles delarame ventrale. Seize paires d’élytres. P. FLOCOSA. \ Vingt paires d’élytres. P. FOLIOS4. Élytres lais- sant à décou- vert une gran- de partie du dos, en géné- ral peu déve- loppées et ne se recouvrant pas toutes les unes les au- tres. Espèces dontles antennes sontau nombre de qua- tre seulement, l'antenne médiane n'existant pas. tres ; corps composé de quatrevingt-deux seg- mens. P. SCOLOPENDRINA. Dix-huit paires d’élytres.\ p, LONGISSIMA. } j Quinze paires + = j; 1 7 e- it Trente-huit paires d’é vur ve lytres ? Cinquante-six paires] P. LONGA. d’elytres » Soixante paires d’ély- \ P. BLAINVILLII ? tres. j } P, MURICATA. Polinoë écailieuse. Corpse 8e ANNÉLIDES. ERRANTES. S A. Espèces dont les ANTENNES sont au nombre de cinq et dont les ÉLYTREs ( grandes et se recouvrant les unes les autres ) cachent la totalité ou la majeure partie du dos. 1. Pozynoé éÉcAILLEUSE, Polynoë squamata (1). (PL. :, fig. 10-16.) L'espèce de Polynoé qui a été observée par le plus grand nombre de naturalistes, et qui se rencontre le plus communément sur nos côtes, est celle à laquelle on a donné le nom d’écailleuse à cause de la forme des élytres, squammeuses et imbriquées, qui recouvrent entièrement la face supérieure de son corps. La longueur de cette petite Annélide varie de dix à dix-huit lignes (fig. 10). Son corps, oblong et également obtus aux deux bouts , est divisé en vingt-sept anneaux. La téte est petite et garnie de cinq antennes, dont la mé- diane (a) est encore plus grande que les externes (b) et renflée comme elles vers l'extrémité. Les mitoyennes sont au contraire grèles et courtes. Les mächoires (2) Aphrodita squamata, Baster, Opuscula subsceciva, vol. 11, lib. 11, p.62, tab. vi, fig. V-A-C (figures très médiocres).—Pallas, Wiscell. zool., p- 92, tab. “il. 14 (figures passables ). — Pennant, British Zoolopy, vol. 1v, tab. xxin, fig. 26 (figures très mauvaises). — Cuvier, Dict. des Sciences nat., tom. 11, p. 283. — Polynoë squamata, Savigny, Syst., p.22. — Eumolpe squamata , Blainville, Dict. des Sc. nat., art. Vers, planche 1x, fig. 2. (Dans cette figure on a représenté les Elytres sans frange marginale et l'extrémité postérieure du corps à découvert, ce qui n’est pas exact.) APHRODISIENS. . St (fig. 12) sont terminées en pointe recourbée en dedans et leur extrémité libre n’offre point de dentelures ; enfin, l’orifice de la trompe est couronné de dix-huit petits ten- tacules. Les élytres sont toujours au nombre de douze paires ; par conséquent les dernières sont fixées sur le vingt- troisième anneau , et il n’y en a point de supplémen- taires ; elles sont croisées sur le dos et recouvrent com- plètement le corps de l’animal, mais ne cachent pas les pieds dont les soies nombreuses constituent de chaque côté une sorte de bordure épineuse. La forme de ces élytres est ovalaire ; leur grandeur ne diminue pas vers l’extrémité postérieure du corps ; leur surface externe est légèrement convexe, coriace, grisàtre et hérissée d’une multitude de petits tubercules miliaires, de couleur brune ; enfin, la partie externe et postérieure de leur contour est frangée, et le pédoncule qui naît de leur face inférieure les fixe d’une manière solide sur le dos de l’animal. Les longs cirres supérieurs (fig. 11 ,d,d) que l’on re- marque sur les pieds dépourvus d’élytres, ont la même forme que les antennes externes. Les cirres inférieurs s sont très courts, grèles et pointus. La rame supérieure des pieds est petite et garnie de deux ordres de soies rangées sur deux plans : les unes (fig. 15), longues, flexibles, fines, subulées et d’une couleur jaune brun, se détachent facilement et sont or- dinairement garnies de matières étrangères qui se trou- vent accrochées à une mulütude de denielures très fines, IL, 6 Elytres. Cirres. Pieds, Habitation, Varietes de la Polynoë écailleuse, Polynoë poncluee. 82 ANNÉLIDES ERRANTES. constituant les bords d'autant de petits anneaux imbri- qués. Les autres (fig. 13 el 14) sont grosses, courtes el élargies vers le milieu, recourbées près de leur extrémité, cannelées sur l’une de leur face et dentelées surles bords. La rame inférieure a la forme d’un gros mamelon, dont le sommet est hérissé par un assez grand nombre de soies (fig. 16), d'une couleur jaune foncée, qui diffèrent des précédens par leur mode de terminaison, et par une grosseur et une longueur beaucoup plus con- sidérable. L’acicule de la rame inférieure est beaucoup plus gros que celui de la supérieure ; leur couleur est ferrugineuse. Les pieds de la première paire sont dirigés en avant, et les deux cirres qui les terminent chacun, sont longs et semblables à des tentacules (c, fig. 11). Enfin les pieds de la dernière paire ne consistent plus qu’en deux grands stylets, semblables aux antennes et aux cirres. Nous avons trouvé assez fréquemment la Polynoé écailleuse sur les côtes de la Manche et de l'Océan. Nous l'avons aussi reçue des environs de Montpellier ; enfin nous avons constaté l'identité de cette espèce indi- gène avec d’autres individus envoyés du Cap-Nord au Muséum d'histoire naturelle, par M. Noël. Ainsi elle paraît être commune à toutes les mers de l’Europe. Dans la Polynoé ponctuée (Æphrodita punctata) de Muller (1) il y a également douze paires d’élytres fran- gées sur les bords et comme chagrinées ; mais ces ap- (x) Gedrüpfelte Aphrodite, Muller, Naturgeschichte ciniger wurm-arten, p.170, tab. xrrr. (Ces figures, assez bonnes, ont été reproduites dans APHRODISIENS. 83 pendices ne se croisent pas sur la ligne médiane, et lais- sent ainsi une partie du dos à découvert, tandis que le contraire a lieu chez tous les individus de la Polynoé écailleuse que nous avons pu nous procurer. Sur tout le reste la Polynoé ponctuée ne paraît différer en rien de l’écailleuse, et si la disposition dont nous venons de parler n’était réellement qu’accidertelle, elle devrait lui être réunie. Ce qui ajoute encore quelque poids à cette opinion , c’est que Muller et Othon Fabricius ne parlent pas de la Polynoë écailleuse , bien qu’elle existe dans les mers du Nord, et que le premier de ces zoologistes a indiqué l’Aphrodita squamata de Linné comme syno- nyme de sa punctata. Nous sommes portés à croire que l’Æpärodita cla- vigera de M. Freminville n’est également autre chose qu'une Polynoé écailleuse ; la figure qu’il en a donné vient à l’appui de cette opinion, qui est basée principa- lement sur le nombre et la texture des élytres (x). lEncycl. méth., art. Fers, pl. zxi, fig. 21, 26.)— Aphrodita punctata, Cuvier, Dict. Sc. nal.,t. 11, p. 284. — Polynoë punctata , Savigny , loc. cit., p. 26 (note). — Eumolpe punctata, Blainville, loc. cit., p. 458. Rien n’est plus embrouillé que l’histoire de cette Polynoëé. La figure que Muller en à donné dans la Zoologie dunoise, t. tit, tab. xovi, fig. PE sous le nom d’Aphrodita punctata, ne ressemble pas à celle qu’on trouve sous la même dénomination dans son Histoire naturelle des vers, et ne s'accorde pas avec la description qu’il en donne dans l’un et l’autre de ces ouvrages ; en effet, on lui compte quinze paires d’élytres dont la surface paraît être lisse, au lieu de douze qui devraient être hérissées de petits tubercules. Dans l'ouvrage sur les Vers, le même auteur dit que cette espèce pourrait bien différer de la Scabra d'Othon Fabricius ou de l’Zmbricata de Linné, et dans sa Zoologia Danica, il cite positivement en synonymie la Squamata de Pallas et de PBaster. (1) Aphrodita clavigera, Frém., note sur ur° -“nèce d’Aphrodite (Wou- Polynoë clavigère. Polynoë écussonnee. 84 ANNÉLIDES ERRANTES. Enfin nous croyons devoir rapporter encore à la Polyno€ écailleuse, la Polynoë écussonnée, de M. Risso. Les ca- * . . . , . . . ractèresqu'illuiassignene peuventl’en fairedistinguer (x). { nous paraît donc probable que c’est la même Anné- lide, dont on aura fait au moins trois espèces différentes. veau Bulletin des Sciences, par la Société Philomatique, t. 11, p. 253, 1813, pl. 1v, fig. 7). M. Freminville a observe que cette Annélide est très phosphorescente pendant la nuit, ét que la lumière qu’elle répand provient de la partie inférieure de son corps. Voici la description qu’il en donne : « Corps allongé, oblong; dos convert de vingt-quatre écailles, vingt « quatre pieds, des appendices latéraux de chaque côté, portant chacun un « paquet de soies raides ; cinq soies à la bouche , desquelles celle du mi- « lieu et les deux latérales sont terminées en massue. Une soie portant un « bouton arrondi en forme de tête de clou, placée latéralement entre cha- « que paire de pieds. La longueur totale de cette espèce, que M. Fré- « minville a rapporté des côtes de l’île de Gorée, est un peu plus de deux « centimètres. Sa couleur en dessus est d’un vert olivâtre avec une barre « longitudinale, brune sar le milieu du dos. Les écailles sont tres finement « pointiliées de brun et ont tout leur bord externe de couleur brane. Le « dessous est de couleur nacrée avec une bande longitudinale rase qui in. « dique le canal intestinal (loc. cit.). » (1) Voici la description que M. Risso en a donné dans son Histoire na- turelle de l'Europe méridionale, t. iv, p. 414: « P.scutellata. — P. écns- sonnée. — P. corpore lineari, rubro fusco , nigro punctulato ; lamells duüo- decim, scabris; dorso sub-nudo, fasciculis setaceis æqualibus , minimis, auratis ornato. — Son corps est allonge , lineaire, d’un rouge brun, tacheté de noir, recouvert de douze paires de lamelles ovalaires, un peu bombées, hérissées de pointes qui ne couvrent pas le milieu de la ligne dorsale; la tête est presque aplatie, la trompe médiocre, couronnée delongs tentacules rouges; les antennes mitoyennes sont courtes; les faisceaux supérieurs à soies courtes, d'an jaune doré brillant; les faisceaux inférieurs composées de soies raides , situées sur d'assez longs pédoncules , au nombre de trente paires ; l’abdomen est jaunâtre, long. 0,060, larg. 0,006. Séj. sous les cail- loux. App. printemps , automne. Elle diffère comme l’on voit de l’4phro- dita cirrhosa figurée par Montagu dans les Transactions de la Société lin- ncenne de Londres. » APHRODISIENS. 835 2. Pozynoé zisse, Polynoë levis (x). (PL 1x, fig. 11-19.) -Ceite espèce, nouvelle ou mal décrite, habite les îles Chausey; mais elle paraît y être rare, car nous n’en avons trouvé qu'un seul individu. Son corps, plus étroit et plus allongé que chez la Polynoë écailleuse, est complètement recouvert non plus par douze, mais par quatorze paires d’élytres membraneuses dont la sur- face est parfaitement lisse, et dont les bords ne présen- tent aucune trace de franges (pl. tr, fig. 15, c). La forme de ces appendices est ovalaire , leur grandeur augmente successivement d'avant en arrière. Les dernières sont sui- vies de sept paires de pieds non squammifères (fig. 14 ). La structure des soies diffère peu de ce que nous avons vu dans l'espèce précédente ; elles sont toutes dentées aux deux rames, et presque lancéolées à l’extrémité (fig. 17-19); celles de la rame supérieure sont plus courtes , plus grosses et dentelées dans une étendue plus considérable que celles de la rame inférieure. L’antenne impaire (fig. 13, a) est beaucoup plus petite que les externes (c), mais plus longue que les mitoyennes (b); les machoires (fig. 16) sont plus grandes que chez la Polynoé écailleuse ; leur bord libre présente près de sa base quelques dentelures. Les cirres tentaculaires (fig. 13, d) de la première paire de pieds égalent en lon- gueur les antennes externes. Enfin, les tentacules sty- laires formés par la u'ente-sixième et dernière paire (1) Aud, et Edw. Polynoe lisse. Corps. Elytres Suies, Antennes, elc. Cirres. Polynoë massue, Corps. Elytres, 86 ANNÉLIDES ERRANTES. de pieds sont courts, grèles et difliciles à apercevoir. Sous les autres rapports, cette espèce ne diffère pas es- sentiellement de la précédente. Sa longueur est d’en- viron un pouce (fig. 11). L’Aphrodita clava de Montagu paraît se rapprocher de notre Polynoëé lisse; maïs la description que ce zoolo- . giste en a donné est si vague et si incomplète, qu'il est impossible de s’en former une idée précise (1). 3. Pozcynot crRReusE, Polynoë cirrata (2). Nous croyons devoir rapporter à l’Æphrodita cirrata d’Othon Fabricius une espèce de Polynoë que nous avons trouvé en assez grand nombre à Granville, à Noir- moutier, et sur les côtes de la Bretagne. Sa longueur est d'environ un pouce , et tout son corps est caché sous les élytres, dont le nombre est de quinze de chaque côté. Les douze premières paires sont fixées dans l’ordre ac- coutumé aux vingt-trois premiers segmens, et les trois paires supplémentaires correspondent aux pattes de la vingt-sixième, vingt-neuvième ettrente-deuxième paires; (1) Aphrodita clava, Montagu, Transactions of the Linnean Society, vol. 1x, p- 108, tab. vui, fig. 3. (D’après la description, il y aurait 12 ou 13 paires d’élytres, maïs d’après la figure , il y aurait treize élytres d’un côté et qua- torze de l’autre.) (2) Aphrodita cirrata, Othon Fabricius, Fauna Groenlandica, p. 308, n° 290, fig. 4—D (fig. passable , reproduite dans l'Encyclopédie , pl. xwi , fig. 30-33). — Polynoë cirrata, Savigny, loc. cit., p. 26, note n° 4. — Eu- molpe cirrhata, Blainv., loc. cit., p. 459.— Othon Fabricius cite en syno- nymie de cette espèce l’Aphrodite aplatie ( flache aphrodite) de Muller, Würm, tab. xrv; mais dans cette figure on voit dix-sept ou dix-huit paires d’élytres , au lieu de quinze, et dans le texte, le nombre de ces appendices m'est pas mentionné, Cette synonymie est par conséquent inexacte.. DRE ie — APHRODISIENS. 87 ces lamelles se touchent sur le milieu du dos, et ne di- minuent pas notablement de grandeur vers l'anus ; en général elles sont écailleuses, mais quelquefois elles res- semblent à des vésicules (1); enfin, leur surface est hé- rissée de petits tubercules granuleux , d’une couleur jaune brun , et leur bord est légèrement frangé. L’orifice de la trompe est couronné de dix-huit tenta- cules et armé de mâchoires pointues, sans dentelures sur les bords. L’antenne médiane est de grandeur mé- diocre, les mitoyennes et les externes ne présentent vien de remarquable. Les pieds , au nombre de quarante- et-une paires, sont courts et hérissés de grosses soies peu saillantes , d’une couleur brune; celles de la rame su- périeure sont très courtes, obtuses, plus grosses au milieu qu'aux deux extrémités, et sans dentelures nota- bles ; celles de la rame ventrale sont beaucoup plus minces, très grèles à leur base, un peu élargies et cour- bées vers la pointe, qui présente sur le côté, comme dans l'espèce précédente, deux rangées de dents, et paraît creusée en forme de gouttière. Parmi les espèces du mème genre décrites par les au- ieurs , il en est plusieurs qui présentent , de même que celle-ci, quinze paires d’élytres. La lolynoëtrès soyeuse, la P. rude et la Scolopendrine sont dans ce cas; la der- nière n'appartient pas à celte division, et la première semble devoir constituer une espèce distincte dont il sera question bientôt. Quant à la Polynoé rude décrite par (1) Cette disposition , que nous n’avons remarquée que chez des indi- vidus conservés dans l'alcool, dépend peut-être de l’action de ce liquide. Tete. Pieds. Polynoë rude, Polynoë houppeuse. Corps. Elytres. 88 ANNÉLIDES ERRANTES. Othon Fabricius (1), elle ne paraît différer que très peu de l'espèce dont nous faisons ici l’histoire ; il est seulement à remarquer qu’on lui compte trente-six segmens au lieu de quarante. Elle se rapproche de lÆphrodita cirrhosa de Pallas (2) par le nombre présumé d’élytres, et par la ma- nière dont cès appendices restent éloignés les uns des autres sur la ligne médiane du dos. 4. Pozvnoé nourreuse , Polynoë floccosa (3). Nous n'avons pas eu l’occasion d’examiner par nous- mêmes cette espèce décrite par M. Savigny, et malheu- reusement on n'en a pas encore donné de figure. Elle habite nos côtes occidentales. Du reste on peut la distin- guer, au premier coup d'œil, par le nombre de ses ély- tres, qui est de seize de chaque côté du corps. Nous sommes donc réduits à donner ici ia description qu’en a fait M. Savigny : Corps long de neuf à dix lignes, oblong-linéaire, rétréci en pointe vers l’anus, formé de quarante segmens, dont le dernier porte les filets, et muni de seize paires d’élytres caduques; les vingt-six, vingt-neuf, trente-deux et trente-cinquième segmens portant les quatre paires surnuméraires, qui laissent, par conséquent, toujours (2) Aphrodita scabra, Othon Fabricius, Fauna Groen., n° 292. — Polynoë scabra , Savigny, loc. cit., note 5 de la page 26. (2) Aphrodita cirrhosa, Pallas, Pre zool., tab, vi, fig. 3-6 ce: dans l'Encyclopédie, pl. x1, fig. 17-20).— Polynoë cirrosa, Savigny, loc. cit., p. 26, note 3. —Æumolpe cirrhata, Blainville, loc. cit., p. 459. (3) Polynoë floccosa, Sav., Syst. des Ann., p. 23.— Eumolpe houppeuse, Blainv., Dict. des Sc. nat. , article Vers, p. 459. Le. A APHRODISIENS. 89 deux segmens et deux paires de pieds entre elles. Zrompe de grandeur moyenne. Wächoires dentelées. Antennes mitoyennes et extérieures, comme dans la Polynoë squamata ; l'antenne impaire était rentrée. Je ne puis décrire les élytres, qui étaient tombées et que je n'ai pas vues. Faisceaux supérieurs à soies flexibles, eylindri- ques, tomenteuses, formant de petites houppes d’un gris tacheté de brun. Faisceaux inférieurs à soies plus longues, raides, hérissées et légèrement coudées au- dessous de leur pointe, d’un jaune ferrugineux. Acicules jaunes. Couleur du corps, gris de lin tirant au violet, avec des reflets légers. » 5. Pozvwofé FEuILLÉE, Polynoë foliosa (1). Cette espèce offre plusieurs caractères distinctifs. On lui compte dix-huit paires d’élytres très minces et caduques, se croisant imparfaitement sur le dos; les six paires surnuméraires se succèdent de trois segmens en trois segmens , les autres présentent la dis- position ordinaire, leur surface est lisse, molle et de couleur gris violacé. Les cirres supérieurs sont grands et un peu renflés vers la pointe. La rame dorsale necon- siste qu'en un petit tubercule charnu, placé derrière (1) Aphrodita imbricata , Linn. , Syst. nat., édit. Gmelin, t. 1, p. 3108. — Polynoë foliosa, Savigny, Syst. des Annélides, p. 25.—Risso, Hist. nat. de l’Europe mérid., t. 1v, p. 4x4. (Nous citons cette dernière synonymie avec réserve, quoique l’auteur la donne sans aucun doute; mais sa description, outre qu’elle est très succincte, présente plusieurs différences avec celle de M. Savigny.) — Eumolpe imbricata, Blainv., Dict. des Sc. nat., article Vers, p. 459. Tête. Soies. Polynoë feuillee. Pieds, Âcicules. Tête, Habitation, Polynoë très soyeuse. 90 ANNÉLIDES ERRANTES, l'insertion du cirre, et porte un faisceau de soies peu nombreuses, filiformes, subulées, d’une finesse extrème. La rame ventrale est au contraire très grande, et se termine par deux lobules membraneux , entre lesquels. se trouve un faisceau de soies raides, assez grosses, très nombreuses, disposées en éventail et d’une couleur blond doré ; elles sont longues, légèrement dilatées près de l'extrémité , simplement striées par de petites entail- les , et garnies d’une dent immédiatement au-dessous de la pointe terminale, à peu près comme ceux que nous avons figurés chez la P. scolopendrine. Les acicules sont longs, pointus et jaunâtres. Le nombre des segmens du corps est de quarante-deux. La téte est déprimée. Les antennes sont renflées vers le bout, comme dans la P. écailleuse. Les extérieures dépassent un peu la médiane. Enfin la trompe , ainsi que l’a constaté M, Savigny , est couronnée de trente tentacules et armée de mächoires non dentelées. L’individu que nous avons examiné était long de quinze lignes, et provenait des côtes de la Vendée. G. PoLyNoË TRÈS SOYEUSE , Polynoë selosissima (1). Cetie Annélide se rapproche de la P. cirreuse par le nombre et le mode d'insertion des élytres; mais nous ignorons si elle doit prendre place dans la même divi- sion ou être rangée avec les espèces dont les ély- (1) Polynoë setosissima, Savigny, Hist. des Annélides , p. 25. — Eu-- molpe très soyeuse, Blainv., loc. cit., p. 459. APHRODISIENS. OT ires laissent à découvert la majeure partie du dos; car le seul individu connu et qui existe dans la collec- tion du Muséum a perdu tous ces appendices. Ce qui distingue principalement cette espèce , c’est le dévelop- pement excessif des soies, d’un blond doré, qui triple la largeur du corps ; celles de la rame supérieure (pl. r, fig. 18) sont réunies en un bouquet touflu, et dirigées en dehors et en haut ; elles sont très grosses, droites, obtuses , finement annelées et creusées d’une cannelure; les soies de la rame inférieure sont beaucoup plus grèles, plus longues , dentelées sur les bords, dans une grande étendue, et terminées en une pointe très aiguë. Le corps est aplati, rétréci en arrière et composé de quarante segmens. La téte est renflée de chaque côté. Les anten- nes médiane et mitoyennes sont petites ; les externes au contraire sont très grandes. La trompe est large, cy- lindrique et couronnée de vingt petits tentacules, entre lesquels on aperçoit des mächoires très analogues pour leur forme à celles de la Polynoë écailleuse. Le cirre inférieur, le seul que nous ayons pu observer, est assez grèle , et n'offre rien de remarquable. Les branchies se présentent sous forme de petits tubercules insérés sur Ja même ligne que les mamelons portant les élytres. M. Cuvier nous a appris que l'individu qui a été com- muniqué à M. Savigny et à nous-mêmes avait été trouvé au Hävre. Les autres espèces de Polynoé, dont les élytres sont grandes et imbriquées, sont exotiques, et par consé- quent ne doivent pas nous occuper ici d’une manière spéciale. Nous dirons cependant que l’une des plus re- Soies, Corps. Tête. Cirre. Branchies, Polynoës exotiques, Polynoë vesiculeuse. Polynoë scolopendrine. Corps. Elytres. 92 ANNÉLIDES ERRANTES. marquables, la Polynoë vésiculeuse (1) de M. Savigny, présente des antennes presque rudimentaires et douze paires d’élytres vésiculeuses. Cette espèce habite la mer Rouge. $ B. Æspèces dont'les ANTENNES sont au nombre de cinq et dont les éLyrres (en général peu développées et ne se recouvrant pas toutes les unes les autres) lais- sent à découvert la plus grande partie du dos (2). 7: POLYNOËÉ scoLOrENDRINE , Polynoë scolopendrina (3). La Polynoë scolopendrine a été découverte par M. Dorbigny père aux environs de La Rochelle. Nous l'avons observée nous-mêmes sur les côtes de la Manche, et avant nous elle avait été étudiée avec soin par M. Sa- vigny. D’après ce savant, le corps de cette espèce a en- viron une vingtaine de lignes, mais plusieurs individus que nous avons examinés étaient plus grands du double. Sa forme générale est linéaire, et on lui compte quatre- vingt-deux segmens. Sur la partie antérieure du dos, on voit quinze paires d’élytres membraneuses , lisses et or- biculaires. Ces appendices se recouvrent un peu mutuel- (à) Polynoë impatiens , Sav., Syst., p. 24, et pl. 1u, fig. 2 (figure tres belle). Cette figure a été reproduite par M. de Blainville ( Dict. des Sc: nat. atlas des Vers ‘pl. x, fig. 1 ) sous le nom?d'Eumolpe impatiens. (2) Les espèces de Polynoé qui rentrent dans cette subdivision semblent établir un passage entre les Aphrodisiens et les Néréidiens; car en même temps que leurs élytres ;deviennent quelquefois rudimentaires , leur corps s’allonge et prend une forme linéaire. (5) Polynoë scolopendrina, Sav., Syst. des Annélides, p. 25. APHRODISIENS. 93 lement vers l'extrémité céphalique ; mais en arrière ils laissent à découvert tout le milieu du dos; leur mode d’in- sertion ne présente rien de remarquable, et ceux de la dernière paire occupent le trente-deuxième anneau du corps. À partir de ce point, le dos est complètement nu, et cela ne dépend pas de la chute des élytres qui auraient pu le recouvrir, car tous les pieds sans exception, de- puis la trente-unième paire jusqu'à la quatre-vingt unième, portent à la base de leur rame dorsale un long cirre filiforme, appendice qu’on ne voit chez aucune Po- lynoé, sur les pieds garnis d’élytres. Les pieds sont très saillans. Les soies de la rame dorsale sont beaucoup plus courtes, plus fines et moins nombreuses que celles de la ventrale ; elles sontun peu courbées aux deux extrémités et denticulées dans leur moitié externe (pl. r, fig. 10); les soies de la rame ventrale sont droites , très longues, un peu élargies tout près de l’extrémité, et terminées par deux dents, au-dessous desquelles est un bord obli- que dentelé (fig. 17). Les pieds de la dernière paire sont transformés en filets stylaires très courts. Les tubercules branchiaux sont assez saillans, et vers les deux tiers postérieurs du corps, le dos s’élève presqu'en carène sur la ligne médiane. Quant à la couleur de cette espèce, voici la description que nous en trouvons dans notre journal d'observations, et qui a été faite d’après le vivant : La teinte générale du corps vu en dessus est brunûtre; le milieu du dos est occupé par une bande jaune qui pré- sente sur chaque anneau un point brun. Vers la base des pieds existent quelques stries d’an Jaune rouge et une Pieds, Couleur, Mœurs. Polynoë de Blainville. 94 ANNÉLIDES ERRANTES. petite tache jaunâtre correspondant au tubercule bran- chial, qui est assez saillant et élevé. Les cirres dorsaux sont bruns. Les élytres, d’un blanc sale mêlé de brun sur le bord postérieur. Les pieds sont jaunätres. La tête a une teinte rose, Les yeux sont noirs et la face inférieure du corps est d’un jaune rosé avec une ligne médiane rouge. L'esprit de vin altère la plupart de ces couleurs. Les mœurs de cette Polynoé sont remarquables ; elle vit sous les pierres, dans les lieux abrités , et est en outre logée dans des tubes assez solides , formés par du sable et des fragmens de coquille agglutinés; nous l'avons trouvée assez abondamment aux environs de Saint-Malo , à la pointe de Cancavale, dans la Rance; elle vivait en société avec des Zérébelles. Il nous paraît indubitable que l’Annélide figurée par M. de Blainville sous le nom d’Eumolpe scolopendrine, et qu'il n’a pas décrite, est une espèce distincte de la précédente, à laquelle ïl la rapporte (1). En effet, on lui voit des élytres jusqu'à l'extrémité anale du corps, tandis qu’un des caractères les plus remarquables de la P. scolopendrine est d’avoir toute la partie postérieure du dos complètement dépourvue d’élytres, et garnie de cirres supérieurs sur tous les segmens. Dans cette figure le nombre des élytres est de soixante, ce qui est exacte- ment le double de ce qui existe dans l'espèce dont nous venons de parler. Toutes ces élytres sont rudimentaires, au lieu d’être grandes et en recouvrement. Enfin l’an- tenne moyenne, est plus longue que les externes, tandis (1) Blainville, Dic. des Sc. nat., article Vers, p. 459, et pl. x, fig. 2. APHRODISIENS. 95 que chez la P. scolopendrine elle est beaucoup plus courte. Si la figure que nous citons est exacte, et tout porte à le croire, cette espèce devra donc être regardée comme nouvelle et recevoir un nom distinct. Nous proposerons de la dédier à M. de Blainville. Nous igno- rons la patrie de la P. Blainvillii, et nous n’avons pas eu l’occasion d’observer l'individu qui a été figuré. 8. Pozynoé Tres LONGUE , Polynoë longissima (1). M. de Blainville a donné ce nom à une espèce nou- velle qui habite, dit-il, les côtes de Gènes, et qui d’après la figure qu’il en donne porte dix-huit paires de petites élytres rudimentaires qui finissent au quarante-unième anneau. Les suivans, au nombre de dix-huit dans la fi- gure qui, étant tronquée par le bas, ne représente pas l'animal en entier, sont complètement nus. Le corps est allongé et filiforme. Malheureusement cette espèce, cu- rieuse et bien distincte, n’est pas encore décrite. Il est propable qu’on doit ranger dans cette section l'Aphrodita longa d'Othon Fabricius (2), qui porte cinquante-six paires d’élytres et qui habite les côtes du Groënland. Le mème auteur (3) décrit sous le nom d’Æphrodita mi- (1) Eumolpelongissima , Blainville, loc. cit., p. 459, atlas, pl. x, fig. 3. (2) Fauna groenlandica, p. 315 , ou l’Aphrodite scolopendre de Guvier, Dict. des Sc. nat. , tom. 11, p. 285. (3) Loc. cit., p.514. Polynoé très longue. Polyuoé longue. Polynoë petite, Polynoë épineuse. 96 ANNÉLIDES ERRANTES. nuta une autre espèce de Polynoé caractérisée par l’exis- tence de trente-huit paires d’élytres ; mais les détaiis qu'il donne à ce sujet ne sont pas assez circonstanciés pour A que nous puissions assigner à cette Annélide une place précise. $ C. Æspèces dont les ANTENNES ne sont qu'au nombre de quatre. Cette division, à laquelle M. Savigny donne le nom d'Irmionz , contient une seule espèce qui est exotique, la Polynoé épineuse de M. Savigny (1). Elle se rappro- che des Æphrodites par la forme ovalaire de son corps, qui est complètement caché, ainsi que les pieds, sous treize paires de grandes é/ytres réticulées. Elle a été rap- portée de l'Ile-de-France. GENRE III. POLYODONTE, Polyodontes (2). L’Annélide que M. Ranzani a décrit sous le nom de Phyllodoce Maxillosa, et que M. Renieri a pris pour typede son genre Polyodonte, a beaucoup d’analogie avec (21) Polynoë muricata , Sav., Syst. des Ann., p. 21, pl. xx, fig. 1. (Fi- gure très belle qui a été reproduite par M. de Blainville dans le Dict. des Sc. nat., Vers, atlas, pl. xt, fig. 1, sous le nom d’Eumolpe muricate.) (2) Phyllodoce, Ranzani, Memorie di Storia naturale, deca prima; Bo- logna, 1820, p. 1, et pl. 1, fig. 2-9.— Polyodontes, Renieri (voy. Blainville, art. Vers du Dict. des Sc. nal., t. LV, p. 461). — Eumolpe, Ocken, APHRODISIENS. 97 les Acoëtes, dont nous aurons bientôt à parler, et, lors- qu'il sera mieux connu, il ne faudra peut-être pas l’en distinguer. Mais le défaut de renseignemens suflisans sur ce sujet nous a empèché d’opérer cette réunion. D'après les descriptions et les figures que nous pos- sédons du Polyodonte, on voit que ces Annélides ont le corps ovalaire et formé au moins de quarante-six seg- mens (l'extrémité postérieure paraît manquer). La téte est petite, garnie de deux yeux pédonculés et de deux antennes assez longues. La trompe est très grosse, cou- ronnée de tentacules et armée de grandes mächoires comme dans le genre Æcoète. Les élytres ne se recouvrent pas les unes les autres, et laissent à découvert la ma- jeure partie du dos; elles existent sur les pieds de la se- conde, de la quatrième, de la cinquième, de la sep- tième paire et ainsi de suite, de deux anneaux en deux anneaux, Jusqu'à l'extrémité du corps. Les pieds intermé- diaires portent un petit cirre rudimentaire, mais ne pa- raissent pas garnis de tubercules branchiaux. Enfin tous les pieds sont divisés en deux rames sétifères , dont l’in- férieure porte un cirre plus long que le supérieur. Le genre Polyodonte est, nous le répétons, très voisin des Acoëtes, mais il paraît s’en distinguer par l'absence des antennes mitoyennes et médianes et par le manque de tubercules branchiaux. Il serait cependant possible que (d’après la citation de M. de Blainville, ibid.). — Phyllodocé, Blainville, loc. cit., p. 461. Le nom de Phyllodocé ayant été employé depuis l’année 1817 par MM. Savigny et Lamarck (trois ans avant la publication du Mé- moire de M. Ranzani) pour désigner un genre de la famille des Néréidiens, nous n'avons pas cra devoir le conserver ici, et nous lui avons substitué celui proposé par M. Renieri de Padoue. IL. 7 addt* v Resume des caractères, 08 ANNÉLIDES ERRANTES. ces parties aient échappé à l'observation de M: Ran- zani, et alors ces deux genres n’en feraient réellement qu'un seul. Quoi qu’il en soit, dans l’état actuel de la science nous croyons qu'on doit admettre cette division et caractériser les Polyodontes de la manière suivante : Des preDs portant des ÉLYTRES SANS CIRRE SUPÉRIEUR» alternant dans toute la longueur du corps avec d’au- tres pieds ayant des ciRREs suPÉRIEURS et point d'élytres. Macuoires grandes et cornées, ANTENNES au nombre de deux seulement , vrANcarEs nulles. Le Polyodonte maxillé, qui est la seule espèce con- nue, paraît habiter la mer Adriatique , et avoir environ cinq pouces de long (1). (1) Phyllodoce maxillosa, Ranzani , loc. cit. , pl. x, fig. 2-9 (reproduite dans l’atlas du Dict. des Se. nat., Vers, pl. xtr). — Eumolpe maxima , Ocken (/5is), — Polyodontes, Renieri. — Phyllodoce maxillosa, Blainv., loc. cit. , p. 461. ‘êt APHRODISIENS. 09 DEUXIÈME TRIBU. APHRODISIENS VERMIFORMES Pourvus d'élytres fixées sur des pieds qui portent aussi un cirre supérieur ou des branchies bien distinctes. GENRE IV. ACOÈTE, ÆAcoëtes (1). (PI. 1x4, fig. 7-14.) Presque tous les Aphrodisiens observés jusqu'ici mè- nent une vie complètement errante, et fort peu se logent dans l’intérieur d’un tube solide. L'espèce d’après la- quelle nous avôns établi ce nouveau genre offre des mœurs toutes différentes, car elle habite un fourreau très long, flexible, coriace, ayant l'aspect et la consistance du cuir. Son corps (pl. 114, fig.) est très allongé et formé d’un Corps. grand nombre de segmens (2). Sa téte (fig. 8) est pelite, Tite. pourvue d’yeux presque pédonculés , et de cinq an- tennes (a, b, c);sa trompe (fig. 7, a) est très grande, ‘couronnée d’un cercle de tentacules (b) et armée de quatre mädchoires fortes et cornées, semblables à celles des Polynoës. Les élytres(fig. 7,det11,e) sont Eiytres. (1) Acoëtes , Aud. et Edw. — Adopté par Cuvier, Règne animal, af édit., tom. 111, p. 207. (2) On n’en présente ici que la partie antérieure , de grandeur naturelle. Pieds, Soies. Resume des caractères. 100 ANNEÉLIDES ERRANTES. grandes, membraneuses et en forme de disque la- melleux ; leur nombre est très considérable , et elles se succèdent régulièrement de deux anneaux en deux an- neaux sur toute la longueur du dos. La première paire est fixée sur les seconds pieds, la seconde et la troisième paires sur les quatrième et cinquième pieds, et les sui- vantes sur tous les segmens correspondant aux nombres impaires. Quant aux pieds dépourvus d’élytres (fig. 9 et 10 ), ils portent un cirre supérieur (c) qui manque constamment aux pieds à élytres; mais les uns et les autres présentent en dessus de la base de la rame supérieure un certain nombre de tubercules bran- chiaux (f), et sont divisés en deux rames (a, b) peu distinctes, garnies chacune d’un acicule et d’un faisceau de soies. Les soies supérieures (fig. 12) sont flexibles et bipinnées, c’est-à-dire garnies de chaque côté de petits poils ansérés à peu près comme les barbes d’une plume sur sa tige. Les inférieures (fig. 13) sont raides, avec une seule dent au-dessous de la pointe ; celle-ci est fournie à sa base de quelques petits poils. D'après ces détails, on voit que notre genre Æcoëte diffère beaucoup de tous les autres Aphrodisiens dont nous avons déjà parlé, si ce n’est des Polyodontes, et qu'il peut être caractérisé en peu de mots de la manière suivante : Des prEps pourvus d'ÉLYTRES, mais n'ayant pas de cirres supérieurs, au nombre de cinquante paires ou plus, alternant régulièrement avec des pieds sans ély- tres, maïs garnis d'un CIRRE SUPÉRIEUR. Cinq ANTENNES ; APHRODISIENS. IOT wuatre MACHOIRES grandes et cornées. Des vrANcaies tuberculeuses sur tous les segmens du corps. Jusqu'ici on n’a pas trouvé d’Æcoète sur les côtes de France; la seule espèce connue a été envoyée de la Mar- tinique par M. Plée, et fait partie de la collection du Muséum. Bien que cette espèce soit exotique, nous croyons de- voir en donner une description détaiilée, parce qu’elle sert de type à un genre nouveau et très remarquable. L’Acoëète de Plée(1) (Æcoëtes Pleei), est très grande, car l’individu que nous.avons examiné, bien qu'il fût mutilé à son extrémité postérieure, avait encore environ six pouces de longueur ;* sa largeur est de huit lignes. La téte (pl. 114, fig. 8) est aplatie; on observe qua- tre yeux; ceux de la paire antérieure sont grands et saillans, les postérieurs sont au contraire très petits. L’antenne impaire (a) est un peu plus lengue que les mitoyennes (b) et subulée comme elles ; les ex- ternes (c) sont très grosses et annelées. Les mächoires sont grandes , dentelées sur les côtés et entourées d'un cercle de tentacules (fig. 7, b) interrompu de chaque côté; ces petits appendices sont au nombre de trente, quinze en haut et autant en bas; ils sont tous à peu près égaux entre eux, si ce n’est celui qui occupe le milieu de la rangée supérieure, qui est plus grand et conique. Les pieds de la première paire sont dirigés en avant de chaque côté de la tête, et se terminent par deux cirres tentaculaires (fig. 8, d, d) à peu près de la longueur de (1) Aud, et Edw. + Acoète de Plee, + 102 ANNÉLIDES ERRANTES. l'antenne impaire ; leur base est garnie de quelques soies qui se dirigent en dedans , et recouvrent l'insertion des antennes externes. Les élytres (fig. 7, d, et 11, e) sont grandes et ovalaires; elles se recouvrent les unes les autres , mais dans un sens inverse de celui des Æphro- dites et des Polynoëés, c’est-à-dire que le bord pos- térieur de chaque élytre est recouvert par le bord antérieur de la suivante. L’extrémité postérieure de l'individu que nous avons étudié étant mutilée, nous n’avons pu constater l'existence de ces appendices au-delà du cent-neuvième segment. Cependant l'examen de quelques débris de l'animal nous a convaincus qu'ils se continuaient plus loin. Chacune des rames des pieds des premières paires consiste‘en un simple tubercule sétifère ; mais plus loin de la tête, les pieds sont com- primés, et la rame inférieure vient se placer sur le même plan que la supérieure (fig. 9, a, b). Les cirres inférieurs sont très grands à la première paire de pieds et courts à ceux qui suivent; enfin, les tubercules bran- chiaux (f) sont plus nombreux et plus grands sur les pieds dépourvus d’élytres que sur ceux qui en portent. Le tube qui renfermait cette Annélide paraît être uni- quement le produit de quelque sécrétion, car on n’y voit ni fragmens de coquilles ni autres détritus de corps ma- rins. Son extrémité antérieure est la plus large et sa longueur est d'environ trois pieds. APHRODISIENS. 103 GENRE V. SIGALION, Sigalion (1). (PL. r4, fig. 1-6 et pl. 11, fig. 1-10.) Nous avons établi ce nouveau genre d’après deux es- pèces très remarquabies dont l’organisation générale est la même que celle de la plupart des Aphrodisiens , mais qui se distinguent de toutes les Annélides connues par l’existence simultanée de cirres supérieurs et d’élytres sur un même pied. Le corps des Sigalions (pl. 1* et ir, fig. 1), est très allongé, déprimé, presque linéaire, et formé d’un grand nombre de segmens. La disposition de l'extrémité céphalique est très singulière ; car la téte, au lieu d’être complètement terminale, est dépassée antérieurement par les pieds de la première paire qui sont logés au-dessous d’elle et plus ou moins rapprochés sur la ligne médiane (pl. 1, fig. 2 et 3, et pl. 11, fig. 2). L’antenne impaire (pl. 1“, fig. 2, a) n'existe pas toujours, et les mitoyen- nes, lorsqu'elles se montrent, sont réduites à l’état rudi- mentaire et reposent sur le pédoncule des pieds, dont nous venons de parler. Les antennes externes (b) sont au contraire très grandes et placées en dehors ou au-dessous de ces mèmes pieds, dont les deux cirres terminaux (c) sont dirigés en avant et pourraient au premier abord être (x) Aud. et Edw. — Adopté par Cuvier, Règne animal, 2° édit., t. xxx, P: 207. Corps. Tète. .” Pieds, 104 ANNÉLIDES ERRANTES. pris pour des antennes. Nous n'avons pas vu d'yeux; ce qui dépend peut-être de l’action de lalcooi sur l'animal, que nous n'avons étudié qu'aprés son im- mersion dans cette liqueur. La bouche est tout-à-fait inférieure (pl. 1°, fig. 3) et donne passage à une grosse trompe, exactement semblable à celle des Polynoëés. Les mächoires (pl.xr, fig. 6) ont aussi la même disposition que dans ce dernier genre. Les pieds sont grands et divisés profondément en deux rames (pl. 14, fig. 4.et pl. 11, fig. 3 et 4). A la partie supérieure de la base de chacun de ces membres il existe une éminence arrondie quidonne insertion à un carre (c), et qui, sur les pieds à élytres, porte aussi ces derniers appendices (pl. 1“, fig. 4, et pl. 11, fig. 3, e), ce qui prouve, comme nous l'avons déjà dit précédemment, que les élyires ne sont pas des cirges simplement modifiés dans leur forme , mais bien des organes distincts. À l’ex- trémité antérieure du corps, elles paraissent et disparais- sent alternativement d’anneau en anneau; mais après la vingt-sixième paire de pieds, il en existe à chaquesegment, excepté tout au plus aux deux derniers ; aussi leur nom- bre est-il très considérable. La forme de ces appendices est discoïde et ovalaire ; ils se recouvrent les uns les au- tres , et la partie externe de leur contour est garnie de petites franges membraneuses, quelquefois pinnatifides (pl. r4, fig. 4, g, et pl. 11, fig. 3 et 5). La rame supé- rieure (a) porte un seul faisceau de soies et l’inférieure tantôt un, tantôt deux. Le cirre inférieur (d) est facile à apercevoir, il est inséré assez loin de l’extrémité du pied. Enfin les appendices du dernier anneau forment; APHRODISIENS. 10 au moins dans une espèce, deux tentacules stylaires très grands. Quant aux branchies, on n’en voit aucune trace à la base des pieds; mais elles paraissent remplacées par les franges dont le bord externe des élytres est garni. L'organisation de l'appareil masticateur des Sigalions et Ja disposition de leurs élytres ne permettent pas d’éloi- gner ces animaux du genre Polynoë; mais la forme de leur tête et de leur corps semble conduire aux modifications de structure que l’on rencontre dans les Annélides des famiiles suivantes. Du reste, la particularité qu’elles pré- sentent dans l’adjonction des cirres supérieurs avec les Elytres établit une séparation bien tranchée entre ce genre et tous les autres Aphrodisiens. Nous lui assigne- rons les caractères suivans : Des r1Evs pourvus en méme temps d'éivrres et d'un CIRRE SUPÉRIEUR, alternant avec des pieds sans élytres jusqu'au vingt-septième anneau, et se succédant ensuite sans interruption jusqu à l'extrémité postérieure du corps, qui est vermiforme et trés long. 1. SiGALION DE Maruirpe, Sigalion Mathildæ (r). (PL 17, fig. 1-10.) C’est aux îles Chausey que nous avons trouvé cette Annélide, qui a environ cinq pouces de long ettrois ou quatrelignesde largeur. Son corps diminue graduellement de grosseur d'avant en arrière, se termine presqu’en pointe , et se compose de cent quatre-vingt segmens. {1) Aud, et Edw. Resume des \ caractères, Sigalion de Mathilde. \ #1 Tete, Pieds. Soies 106 ANNÉLIDES ERRANTES. La téte est comme tronquée en avant, et porte à son extrémité deux petites antennes miloyennes, rudimen- taires , à peine perceptibles. On n’y aperçoit pas d’an- tenne impaire; les antennes externes qui s’insèrent à la partie inférieure et latérale de la tête sont au con- traire très longues (pl. 11, fig. 2, b). Les mächoires sont grandes , très recourbées vers la pointe et sans dente- lures sur leur bord libre (fig. 6). Les tentacules qui entourent l'extrémité de la trompe sont tous petits et arrondis ; on en compte environ trente. Les pieds de la première paire sont dirigés en avant et se voient au-dessous du front et au-dessus de la trompe , lorsqu'elle est saillante. Leur pédoncule est garni de deux faisceaux de soies assez nombreuses et de deux cirres (fig. 2, c,c), dont l’interne est plus long que lexterne. Le cirre inférieur des pieds de la seconde paire est aussi très développé et constitue une espèce de tentacule (d). Les élytres, qui sont au nombre £ eh fl de cent soixante-quatre paires, se croisent sur le milieu du dos et sont frangées sur une portion de leur bord (fig. 3et 5), La rame supérieure des pieds (fig. 3 et 4, a), est surmontée par une espèce demamelon sur les par- ties duquel sont implantées un grand nombre de soies raides, subulées, très acérées, dentelées sur le bord , un peu courbées en haut et dirigées en dehors. La rame inférieure (b) est plus grosse que la supé- rieure, et se termine par deux mamelons ; celui d'en haut est situé derrière un faisceau de soies raides, di- rigées en dehors eten haut ; l’'inférieur livre passage par son sommet à un second faisceau de soies flexibles et APHRODISIENS. 107 tomenteuses, qui se portent en bas. Les soies du faisceau supérieur sont de deux espèces, les unes, assez courtes, sontdroites, un peu élargies vers le bout, et terminées par une pointe aplatie, dont les deux bords sont dentelés (fig. 7), les autres, plus grosses et plus longues, sont renflées au milieu, un peu coudées et paraissent formées de deux pièces (fig. 10) ; la première est élargie vers le bout, et terminée par une pointe taillée en biseau , sur laquelle s'applique la seconde portion; qui est eflilée et dentelée sur les bords. Les soies du faisceau inférieur sont très fines, filiformes et annelées de loin en loin (fig.9). Les acicules ne présentent rien dé remarquable, et se voient distinctement aux deux rames et à travers les tégumens (fig. 3 et 4, a etb). 2. SiGALION D HERMINIE , Sigalion Herminieæ. (PL. 14, fig. 1-6.) Nous devons à M. Cuvier la communication de cette espèce, bien distincte de la précédente, et qui lui a été envoyée par M. Dorbigny père. Elle est un peu plus longue et plus large que la pre- mière. On lui compte cent soixante paires d'élytres qui sont étroites et laissent à découvert la majeure partie du dos. Ce caractère suflirait pour la distinguer du Siga- lion Mathildæ ; mais on peut encore en ajouter plusieurs autres : La téte (pl. vur , fig. 2) est petite, ovalaire, et terminée par une longue antenne impaire (a) ; iln’existe pas d'antennes mitoyennes visibles. Les antennes ex- ternes (b) sont longues, comme dans l'espèce précé- dente. Acicules, . Sigalion d’'Herminie, h Pieds. Nereis stellifera, 108 ANNÉLIDES ERRANTES. Les pieds de la première paire sont dirigés en avant ; ils portent à leur bord supérieur ur petit cirre et seter- minent par deux tubercules pourvus chacun d’un cirre assez long ( cc); leur tubercule supérieur est garni aussi d’un faisceau de soies, et sur la face antérieure de ces pieds , il existe un feuillet vertical et membraneux. Les pieds dela seconde paire portentune élytre et un cirre in- férieur très long (d). Aux autres pieds, le cirre inférieur est court (fig. 4 , d). Quant à la forme générale de ces pieds, elle diffère sensiblement de ce que nous avons vu. dans le Sigalion de Mathilde. La rame inférieure (b) est grosse, arrondie, et armée d’un seul faisceau de soïes com- posées (fig. 5), raides, d’une forme particulière, et de la nature de celle que nous avons nommée poils en serpee La rame supérieure (a) est lamelleuse et garnie d’une série de poils longs, flexibles et touffus qui, vus au mi- croscope, montrent de chaque côté une rangée d'espèces d’entailles ou de dents profondes dirigées vers la pointe (fig. 6). Le cirre supérieur (c) s’insère à la base de l’élytre et à la partie correspondante des pieds dépourvus de ces. appendices. Enfin, sur le bord des élytres, on remarque un grand nombre de franges simples et même quelques petites crêtes membraneuses (2). Cette espèce habite les côtes de la Rochelle et vit pro- bablement dans le sable, car la surface de son corps en est tout incrustée. Nous sommes portés à croire que le ereis stellifera. de Müller, dont M. Savigny a fait le genre douteux Le- pidia et que M. de Blainville a placé parmi les Phyllo- docés, devra être rapproché de nos Sigalions ; car le APHRODISIENS. 10G corps vermiforme de cette Annélide est entièrement re- couvert d'élytres membraneuses orbiculaires et cadu- ques qui se croisent sur le dos. Il est vrai que Müller ne parle que de deux mächoires , mais il est bien possi- ble que chacune d'elles soit formée par la réunion de deux de ces organes, et l’on sait qu'à moins de les déta- cher, elles sont ordinairement difficiles à voir. Du reste, l'incertitude où nous sommes restés à ce sujet explique pourquoi nous n'avons pas adopté le genre Lepidia de M. Savign#( 1) et pourquoi nous n’y avons pas rapporté nos Sigalions. (1) Mereis stellifera, Muller, Zoo!. Danica,t.un, tab. rxtt, fig. 1-3 (assez bonne; reproduite dans l'Encyclopédie, Vers, pl.rvr, fig. 16-18, et dans le Dict. des Sc.nat., sous le nom NWéréiphyle stellifère, Blainville, Atlas pl. xvru, fig. 2).— Nephthys stellifera, Cuvier, Règne animal , 1° édit. (additions) t. xv, p. 173.—Lepidia , Savigny, loc. cit., note de la p. 45. (C’est un genre dont le caractère est fort incertain, et qui a quelque ressem- blance extérieure, dit M. Savigny, avec les 4phrodites; néanmoins il le place parmi les Néréidiens.) — Néreiphyle stellifère, Blainville, loc. cit., p- 467. 110 ANNÉLIDES ERRANTES. TROISIÈME TRIBU. APHRODISIENS NUS Dont le corps est dépourvu d'élytres. GENRE VI. PALMYRE, Palmyre (1). (PL x14, fig. 1-6.) Le genre Palmyre de M. Savigny s'éloigne de tous les autres Aphrodisiens par l'absence d’élytres; du reste il se rapproche beaucoup des Aphrodites de la tribu des Hermiones ou de notre deuxième section. Le corps de ces animaux (pl. 114, fig. 1) est déprimé et composé d’un petit nombre d’anneaux ; la téte (fig. 3) porte deux yeux et cinq antennes dont les mitoyennes. sont très petites (2), l’impaire (a) est assez développée et les externes (b) sont grandes; la trompe est dépourvue de tentacules, et les méchoires sont sémi-cartilagi- neuses. Les pieds (fig. 4) sont divisés en deux rames dis- (1) Savigny, Syst, p. 16. — Blainville, Dict. des Sc. nat. (Ters), p- 462. (2) M. Savigny dit qu’elles sont très petites et coniques. Quelque soin que nous ayons mis dans leur recherche, il nous a été impossible de les apercevoir. Et cependant l'individu que nous avons observe avait été étudié par M. Savigny. C'est par ce motifque nous ne les avons pas repré- sentées dans lafigure que nous donnons de la tête de la Palmyre aurifère. Peut-être ces antennes avaient-elles été enlevées dans l’examen qu’en avait fait précédemment M. Savigny. APHRODISIENS. III tinctes ; la rame dorsale (a) est garnie de deux faisceaux de soies disposés en éventail et semblables sur tous les segmens (fig. 4, e et fig. 2, a); la rame ventrale (fig. 4 ,b) n’en a qu'un seul; lescirres (fig. 4, c, d et fig. 5) sont grè- les, cylindriques et composés de deux parties, l’une ba- silaire, presque claviforme et l’autre courte, filiforme, et un peu renflée au bout. Enfin, les branchies sont peu visibles et cessent de paraître et de disparaître alternati- vement d’anneau en anneau après le vingt-cinquième. On peut reconnaitre ce genre aux caractères suivans : Point d’éivrres; des riens dépourvus de cirnes su- PÉRIEURS alternant régulièrement avec d'autres pieds ayant des ciRRES, jusqu'au vingt-Cinquième segment, et se succédant ensuite dans un ordre différent. La seule espèce connue est la Palmyre aurifère, qui habite l'Ile-de-France ; elle est remarquable par le bril- lant métallique des soies aplaties qui garnissent la rame supérieure; ces appendices sont très gros, obtus et élargis vers le bout , presque en forme de spatule, un peu courbés et disposés de manière à former, des deux côtés de chaque anneau, une palme voûtée qui recouvre Ja suivante (fig. 2, a). M. Risso a établi sous lenomd’Æumolphe (Eumolphe), un nouveau genre d’Aphrodisiens des côtes de la Médi- terranée, dont les caractères, s’ils avaient été bien ob- servés, seraient des plus remarquables. D'après lui les antennes extérieures seraient bifides, disposition dont nous ne connaissons pas encore d'exemple (peut-être Resumé des caractères, Palmyre aurifère. Genre Eumolphe de M, Risso, TT 4 AE : 112 ANNÉLIDES ERRANTES. — APHRODISIENS. £ sont-ce les deux cirres tentaculaires des pieds de Ja pre- #4. 4 mière paire qu'il aura pris pour des antennes); il ajoute encore que sa téte est arrondie en pointe (1). (:) Genre Eumolphe, Eumolphe, Risso. Car. génér. : « Corps ovale, aplati; TÊTE arrondie en pointe; ANTENNES incomplètes , inegales, les ex- térieures bifides; quatre Yeux ; MACHOIRES cornées ; des £GaILLES sur les côtés du dos. » E. fragilis, E, fragile. « E. corpore ovato-elongato, roseo-albo ; fascia dorsi longitudinali, cærulea. » < Son corps est ovale allongé, d’un rose clair, traversé au milieu du dos d’une bande longitudinale d’un blanc azuré, recouvert sur les côtés d’écailles minces, jaunûtres , placées en recouvrement ; sa tête est arrondie en pointe; les tentacules intérieurs allongés, jaunätres, les extérieurs bifides, annelés de jaune ; les yeux noirs; la bouche ornée d’un rebord charnu, noirätre, avec deux filets de chaque côte ; les bords latéraux munis de quarante paires de lames branchiales ciliées. Sa vivacité est extrème ; se brise avec une grande facilité. Long., 0,036 ; larg., 0,009. Séj., sous les pierres ; app., février. » (Risso, Hist. rat. de l’Europe méridionale, tom.1v,p. 415.) #, L? PT, "mpia, "© - Las : hé . n% MES , ” M. «A ve CHAPITRE IV “ | e Considérations générales sur les Amphinomiens. — Structure exté- rieure. — Division en genres. — Genre Chloé. — Genre Amphi- nome. — Genre Euphrosyne. — Genre Hipponoé. DEUXIÈME FAMILLE. AMPHINOMIENS (:). Les Annélides que Linné avait rangées parmi les Aphrodites, et que Bruguière distingua sous le nom d’AÆAmphinomes, forment un petit groupe très naturel, qui vient se placer à côté de la famille précédente ; mais qui présente des modifications de structure trop remarquables pour qu'on puisse l’y réunir. En effet, ces animaux n'ent jamais d’élytres, et ils présentent sur presque tous les anneaux une série non interrompue de grandes branchies ayant la forme de houppes ou de panaches. Le corps des Amphinomiens (2), est épais, obtus, (1) Genre Amphinome, Bruguière, Encyclop. méthod., art. Vers, t.1, p.44. — Cuvier, Règne animal, 1'° édition, t. 11, p. 526, et 3€ édit., t. 111, p. 198. — Famille des Amphinomes, Savigny, Syst. des Annél., p. 57. — Blamville, art. Vers (Dict. des Sc. nat., t. Lvar, P. 449). (2) Voy. pl. 115, fig. 1. Je 8 Cäractères zoologiques. Tûte. Antennes. Bouche Pieds. 114 ANNÉLIDES ERRANTES. aplati et souvent ovalaire ; le nombre de segmens qu'on y compte est tantôt assez borné, tantôt plus ou moins considérable. . La téte est moins saïllante que chez les Aphrodisiens, et présente unedisposition analogue à ce que nous avons vu dans notre genre Sigalion ; c’est-à-dire qu’eile est re- foulée en arrière, et en général dépassée par les pieds des premières paires, qui se rapprochent de la ligne mé- diane, et se portent directement en avant (1). Le nombre des yeux varie de quatre à deux. Les antennes sont peu développées; en général on en trouve cinq (2); mais quelquefois la médiane est la seule qui existe (3), et dans la plupart des cas, cet appen- dice est situé immédiatement au-devant d’une espèce de crête charnue, appelée carancule (4). L'ouverture buccale s'étend, en général, sur la face ventrale du corps, jusqu’au niveau du quatrième ou cinquième segment ; elle est pourvue d’une grosse trompe, dont l’orifice est longitudinale, et ne présente ni tenta- cules , ni mâchoires. Les pieds sont presque toujours divisés en deux grandes rames très éloignées l’une de l’autre, garnies (x) Fig. » et fig. 11. (2) Fig. 11, 2, l'antenne médiane; c, les mitoyennes ; d, les externes. (3) Fig. r. (4) Fig. 1; fig. 11,6, et fig. 12,g, k. AMPHINOMIENS. 119 chacune d’un faisceau de soies dépourvu d’acicules, et portant des cirres subulés, très apparens (1). Les soies de la rame dorsale sont en général longues, droites, non articulées, et plus ou moins dentées sur les bords (2); celles de la rame inférieure rappellent souvent ce que nous avons déjà vu dans les Aphro- dites (3). 4 Enfin, les branchies ont la forme d’arbuscules (4), de houppes (5), et de feuilles pinnatifides (6), et elles existent, sans interruption, à tous les anneaux du corps, excepté aux trois ou quatre premiers au plus; tantôt elles sont fixées à la partie supérieure de la base des rames dorsales, tantôt derrière ces organes, et quelquefois elles s'étendent jusqu'aux rames ventrales (7). Plus loin nous verrons que certaines Néréides de Linné (les Euni- ciens) présentent sous ce rapport quelque chose d’ana- logue ; mais l’armature de leur bouche les distingue d’une manière bien tranchée de tous les Amphinomiens connus. La comparaison de la structure extérieure des Amphi- nomiens avec celle des autres Annélides du même ordre, fait voir qu'ils s’en distinguent par ces caractères : Trompe dépourvue de MAcHoires. Prens d’une seule (1) Fig. 2, 5,6 et ro bis. (2) Fig. 2, 5, 6 et 7. (3) Fig. 3 et 4. (4) Fig. 2 et 6, f. (o) Fig. 5, f. (6) Fig. 1, k. (7) Fig. 2. Branchies. Résumé des caractères, Classification. 116 ANNÉLIDES ERRANTES. sorte, ayant tous un cirre supérieur et point d'ÉLYTRES, BRANCHIES très grandes, en forme de houppes, d'ar- buscules ou de panaches, fixées au-dessus ou en ar- rière de la rame supérieure de tous les pieds, et man- quant seulement aux deux , trois ou quatre premiers. Dans le système de M. Savigny, cette famille se com- pose de trois genres, les CAloés, les Pléiones, réunies jusqu'alors sous le nom d’Æmphinome, et les Euphro- synes, Annélides découvertes par ce savant sur les bords de la mer Rouge. Ces divisions ont été généralement adoptées, et nous les admettons nous-mêmes, en resti- tuant à celle des Pléiones, son nom primitif, d’Æm- phinome. Nous avons cru aussi devoir augmenter le nombre des coupes génériques, afin de ranger, dans cetie famille, une Annélide nouvelle, à laquelle nous avons donné le nom d’Æipponoé. Le groupe des Amphino- miens se composera donc de quatre genres, dont les principaux caractères sont résumés dans le tableau suivant : -spord sop oinomodns oseq er e 592x "AONOddXH { PHRASE 7 I VI K S99X5 se[Nosn que, p ro *s2ÿn919D p Au10d £s210yopu 2 saddnoy 9P SUIOJ U9 $27/2UD19 *9/9U0109 9P JUIOGT ‘AUWULA 9[N9$ aun 19 spard anAmodop oduozr, *spord sap SU EI & NO SOP 9] ANS S20X1 10 | *Spotd sa[ SnOj 2P 2JESIOP OWUI E] 9P NI] égogoeued op no sejhoënque p ; = £ornne j e awex ; aNASOUHANA } 1" PI SIA oaraquou|ddns aux un fanner € ‘saddnoy op owtoy ej iuvoa7je | aun,p Auepuas,s 7 “Spord S9j AAQIHOP S29MIS *S2[N9 | ‘sooddopoaop son sonpuouard | -SNqie,P 9UIIOJ U9 S2MJouvig auuaqu» A[N9S AU] leo sanpouvig £Se1.02,p 1u104 ‘snou sa2/puoddn sure1a9 Car) ramououvo À SP uaweaneutae snAanod Sa4112 9D AUIOH ‘spord 59 A 10. SP AUrOG Er psE P oup “anney op sun | -?P © snaamod sœuwuel quejo u "ANONTHANV À 5seq vx op soud sa s92xy égoarertuns sdioo np auvouup SHQUBIOT) 19 SSJOUTJSIP ‘amosnqiep no oddnoy s : SOUL XN9P E 214 "SNAHINONIHANV 9P 9UMOJ U9 S27/2UbDIT “saxred S9I9TU -oid buis sop spord “sonquouod | xne stoonbjonb sou -dns sa snod 9p ouuoy | 55 15 sonequourgddns ET JU9)997JE S2T9 NO XNEAU | 52479 op quiod { buro op “HO'THD -ue SIIW91d sto13 sa] anS À srquiou ne souuauÿ g1dooxs ‘spord sop oseq v] 2P $2911299 39 ‘SOp 9[ ans Saaxg ‘opynieuurdir 91m} ap 9UIOJ US S22J0UDIY —— / “SHUNAHI ‘SOAU9T) U2 ‘s NHINO AIX dv Sp UOHNGLISIT | Structure extérieure, 118 ANNÉLIDES ERRANTES. GENRE I. CHLOÉ, Chloeïa (1). (Pl. r15, fig. rx et 12.) M. Savigny a donné le nom de Chloë à une Annélide très remarquable, décrite précédemment par Pallas, sous le nom d’Aphrodita flava, et que Bruguière a rangée parmi les Æmphinomes. Elle est originaire des mers d'Asie. Voici les traits les plus saillans de l’organisation extérieure de ce genre exotique : Le corps (pl. n°, fig. 11), est large, aplati, et composé d’un petit nombre d'anneaux (environ quarante). La téte (a) est très petite, et dépassée en avant par les deux lobes de la lèvre supérieure ; on y voit deux petits yeux, cinq antennes filiformes (b, c, d) et une caroncule (fig. 12, g), en forme de crète verticale, dont la moitié postérieure est libre, et s'étend jusque sur le cinquième anneau du corps. : La trompe se termine par un bourrelet épais, et pré- sente dans son intérieur une grosse masse charnue pres- que foliacée, qui en occupe la moitié inférieure, et qui a été considérée par M. Savigny comme une langue ou une (1) Savigny, Loc. cit., p. 58. — Amphinome, Bruguière, Encycl. méthod., art. Vers, t. 1, p.45. — Chloé, Blainville, Dict. des Sc. nat., art. Vers, p. 452. — Cuvier, Règne animal, 2° édit., t. 111, p. 198. AMPHINOMIENS. 119 sorte de palais. Les pieds se composent de deux rames peusaillantes; la rame supérieure occupe la face dorsale du corps, et se termine par un faisceau de soies lon- gues (fig. 11, f), derrière lequel s’insère un grand cirre filiforme (7). Ces soies sont garnies à leur extrémité de petites dents en scie dont la pointe sg recourbe vers leur base. La rame inférieure porte également un gros fais- ceau de soies très longues et bifurquées (g), et un cirre qui s'implante immédiatément au-dessous d’elles (2). Le dernier anneau du corps porte , au lieu de pieds, deux gros cirres coniques ou styles. L’anus se voit au- dessus. Il offre une ouverture longitudinale. Les branchies (k) ont la forme de panaches ou de feuilles coniques , profondément découpées, et présen- tent sur leur bord , et dans toute l’étendue de leur face postérieure, une multitude de filamens rameux qui manquent presque entièrement à leur face antérieure. Elles sont insérées sur le dos , à une distance à peu près égalede la ligne médiane et de l’origine des pieds. Elles se convertissent sur les trois, quatre ou cinq premiers anneaux , en des espèces de petits cirres surnumé- raires. En comparant ces Annélides avec les autres Amphi- nomiens , On peut résumer ainsi leurs caractères : ANTENNES, au nombre de cinq; TÈTE surmontée d'une Résumé Ê ’ : des caractères. caroncule. Preps biramés, et portant deux cirres. Brax- caies fixées sur le dos &t écartées de la base des pieds, en forme de feuilles tripinnatifides, excepté sur les trois premiers anneaux et sur le pénultième, où elles affec- tent celle de petits cirres. Chlos chevelue. Chloe des rochers. 120 ANNÉLIDES ERRANTES. On ne connaît encore qu’une espèce appartenant à ce ce genre, c'est la Caroé caeveLuE (1) Chloeïa capil- lata. Nous n’osons rapporter à ce genre la Chloeïa rupes- tris de M. Risso , qui est décrit d’une manière extrème- ment superficielle, et qui, suivant cet auteur, est pourvu de mâchoires, caractère qui, jusqu'ici , ne s’est pas rencontré dans les Chloés (2). (x) Aphrodita flava, Pallas, Miscellanea, tab. vrrr, fig. 7-11 (bonne), reproduite dans l’Encycl. méthod., article Vers, pl. zx, fig. 1-5. — Amphinome capillata, Bruguière, Encycl. méthod., article Vers, t. 1, pe 45. — Amphinome flava, Cuvier, Dict. des Sc. nat., t. 11, p. 71. — Chloeia capillata, Savigny, loc. cit., p. 58. — Chloeïa flava, Blainville, Dict. des Sc. nat., art. Vers, p. 452, et Amphinome flava, atlas, pl. vit, fig. 1 (bonne). C’est à cette espèce qu’il faut sans doute rapporter lPAnnélide figurée par Krusenstern dans son Atlas, pl. Lxxxvw111, fig. 14 et 16. Dans la pl. 11°, fig. 11 et 12, nous avons figuré d’après nature la portion antérieure du corps de la Chloé chevelue, et la ca- roncule qui surmonte sa tête vue de profil et grossie. (2) Voici du reste ce qu’il en dit dans son Hist. nat. de l'Europe mé- ridionale , t. 1v, p. 425 : Chl. rupestris, Chloé des rochers. « C. corpore hyalino, supra azureo-virescente, infra cœrulescente ; maxillis nigerrimis. La partie intérieure de son corps est hyaline, réfléchissant l’azur et le vert métallique ; l’inférieure est bleuâtre, diversement nuancée; les yeux et les mâchoires sont d’un noir foncé ; les tenta- cules blancs et les faisceaux de soies longs, très brillans. Long., 0,250. Séjour dans les rochers. Apparaît presque toute l’année. » AMPHINOMIENS. 121 GENRE II. AMPHINOME, Æmplinoma (1). (PL. 11, fig. 5-8.) Le genre Amphinome, tel que M. Savigny l’a cir- conscrit sous le nom de Pléione, est assez nombreux en espèces, mais aucune ne paraît habiter nos côtes; aussi en parlerons-nous ici très succinctement. Le corps de ces animaux est épais , presque linéaire, et rétréci graduellement vers l’anus. La téte est bifide en dessous, et porte en dessus une caroncule, qui est tantôt verticale, tantôt déprimée , et dont la base s’a- vance entre les yeux, qui sont au nombre de quatre. Il y a cinq antennes très courtes semblables entre elles ; les mitoyennes sont placées sous la médiane, et les ex- ternes sont écartées. Les pieds (pl. n°, fig. 5 et 6) sont divisés en deux rames saillantes, très écartées (a, b), pourvues chacune d’un seul cirre (c, d), et d’un faisceau de sotes ; les soies de la rame supérieure sont dans quelques cas très aiguës, et garnies de plusieurs rangées de petites dents en scie, à peu près comme dans le genre précédent (fig. 7) ; celles de l’inférieure sont quelquefois un peu renflées près de l'extrémité. Enfin, les branchies (f), ont la forme de rameaux touffus , occupant la partie supérieure et pos- (1) Bruguière, Encyclop. method., article Fers, t. 1, p. 44.— Pléione, Savigny, loc. cit., p. 59. — Amphinome, Blainville, oc. cit., p. 450. — Pléione, Cuvier, Règne animal, 2° édit., t. 111, p. 199. Structure exterieure. Resumé des caractères, Amphinome errante. 122 ANNÉLIDES ERRANTES. térieure de la base des rames dorsales ; elles ne se con- vertissent jamais en cirres surnuméraires , et manquent quelquefois sur les deux premiers anneaux du corps. Pour distinguer ce genre des autres Amphinomiens, il suffit de se rappeler les caractères suivans : ANTENNES au nombre de cinq ; une cAROoNcULE à l’ex- trémité antérieure du corps; »1E0s biramés, et portant seulement deux ciRREs; BRANCHIES en forme de houppes touffues qui recouvrent la base des rames supérieures. La plupart des espèces d’ÆAmphinomes connues habi- tent les régions tropicales ou les mers voisines. Une seule, l’Æmphinome errante, a été décrite par M. Savigny, comme se trouvant sur les côtes d’Angle- terre, mais nous savons que, postérieurement à la publication du Système des Annélides, ce savant a été conduit à douter de l’authenticité de cette origine. Nous- mêmes, malgré des recherches assidues, n’avons pu en rencontrer aucune sur le littoral de la Manche et de l'Océan. Néanmoins nous rapporterons ici la description que M. Savigny en a donnée, car cette Annélide, à cause de ses habitudes, pourrait bien quelquefois se trouver accidentellement sur nos côtes. AMPHINOME ERRANTE , P. vagans (1). « Corps long de douze à dix-huit lignes, large de deux à trois, tétraèdre , rétréci très sensiblement dans son tiers postérieur, composé de vingt-huit, trente-six segmens, à peau ridée. Caroncule petite, très déprimée, (1) Pleione vagans, Savigny, $yst. des Ann., in-fol., p. 60. AMPHINOMIENS. 123 lisse, échancrée en cœur par devant, pour l’insertion de l’antenne impaire , rétrécie en pointe vers la nuque ; elle ne se prolonge point sur le second segment. 4n- tenne impaire plus longue que les autres. Pieds à fais- ceaux très écartés et très inégaux de soies blondes ; le faisceau supérieur à soies nombreuses, longues, molles, très fines et très aiguës ; l’inférieur formé de neuf à dix soies grosses, raides, pointues à leur sommet qui est courbé sans renflement ni denticule. Cirres peu déliés, roux. Branchies touffues de la Pléione tétraëèdre, plus sensiblement bifides, subdivisées en ramuscules d’un roux ferrugineux; elles manquent aux deux premiers segmens. Couleur gris-brun, teint de violet en dessus, plus clair en dessous , sans taches. » « Elle habite, suivant M. Leach, sur les fucus qui flottent vaguement à la surface de la mer (1). » (1) On connaît six à sept autres espèces d’Amphinomes : 1° A MPHINOME TÉTRAËDRE , À. tetraedra. Syn. : Aphrodita rostrata. Pallas, Misc. zool., tab. virr, fig. 14-18 (assez bonne), reproduite dans l’Encyclop. méthod., article Vers, pl. xt, fig. 1-5. — Terebella rostrata, Linné , Gmel., Syst. nat., t.1, part. VI, p. 3113. — Amphinome tetraedra, Bruguière, Encyci. méthod., article Pers, t. 1, p. 48. — Pleione tetraedra, Sav., Syst., p. 60. Nous avons figuré un pied de cette espèce (pl. 11”, fig. 6), d’après un indi- vidu faisant partie de la collection du Muséum, qui l’a recu de M. Dussumier; il avait été rencontré en pleine mer à cent cinquante lieues S. O. des Acores. Jusqu'ici on n’avait trouvé cette Amphinome que dans l'Océan indien. 20 AMPHINOME CARONCULÉE, À. caronculatu. Syn. : Millepeda marina Amboinensis, Seba, Thes. rer. nat., tome 1, tab. cxxx1, n° 7 (médiocre). — Nereis gigantea, Linné, Syst. nat., éd. 12,t.1, part. 11, p. 1086, n° 2. — Terebella carunculata, Linn., Gmel., Vers, part. vi, p. 3113.— Aphrodita carunculata, Pallas, Misc. 12/ ANNÉLIDES ERRANTES. GENRE Ill. EUPHROSYNE, £uphrosyne (1). (PL) gt) Les Amphinomiens renfermés dans cette division gé- nérique n’avaient été trouvés jusqu'ici que dans la mer zool., tab. virr, fig. 12, 13, extrémité antérieure (passable) reproduite dans l’Encycl. méthod. (Vers), pl. zx, fig. 6 et 7. — Pleione carunculata, Sav., Syst., p.61. 3° AmPHINOME DE Savieny, Brullé, Expédition scientif. de Morée (Zoolog.), p. 398; et pl. zurx, fig. 1. Cette espèce qui a beaucoup d’analogie avec la précédente, et qui n’en est peut-être qu’une variété, a été trouvée dans la Méditerranée, sur le littoral de la presqu’ile de Metana. Nous en recevons la com- munication au moment de mettre sous presse. 4° AMPHINOME EOLIENNE, Amph. æolides, Sav., Syst., p. 62. 5° AMPHINOME ALCYONIENNE, Amph. alcyonia. Syn. : Pleione alcyonia, Sav., Syst., p. 62, et pl. 11, fig. 3 (figure excellente), reproduite dans le Dict. des Sc. nat., article Vers, atlas, pl. vi, fig. 2, sous le nom d’Amphinome alcyonienne. \Voyez un pied de cette espèce, d’après M. Savigny, dans notre planche 11, fig. 5.) 6° AMPHINOME APLATIE , Amph. complanata. Syn.: Aphrodita complanata , Pallas, Misc. zool., tab. vrix, fig. 19-26 (passable) reproduite dans lEncycl. méthod., article Vers, pl. 1x, fig. 8-15, sous le nom d’Amphinoma complanata, Brug.— Terebella com- planata, Linné, Gmel., Syst. nat., t. 1, part. vi, P. 3113. — Pleione complanata, Sav., Syst. des Ann., p. 62. 7° Enfin il existe dans la collection du Muséum une petite espèce rapportée d’Amboine par MM. Quoy et Gaymard, et que ces voya- geurs ont nommée PÉLAGIENNE. Elle a beaucoup d’analogie avec V4. tetraedra. (1) Savigny, Syst. des Ann., p. 63.— Blainville, loc. cit., p. 452. — Cuvier, Règne animal, 2° édit., t. 111, p. 199. Le HE PA < AMPHINOMIENS. 125 Rouge, mais nous en avons rencontré une espèce sur nos côtes, en draguant sur des bas fonds. Ces Annélides. (pl. n°, fig. 1), ont le corps ova- . laire ou oblong, et formé d’un nombre assez limité de segmens ; leur téte (a) est étroite , rejetée en arrière et garnie en dessus d’une grande caroncule plus ou moins ovalaire, qui s'étend jusque sur le quatrième ou cin- quième segment du corps. Les yeux au nombre de deux sont disposés comme dans le genre précédent; il n’existe ui antennes mitoyennes, niantennes externes; la médiane est subulée. La face inférieure de la tête est occupée par deux tubercules, en arrière desquels se voit la 2ôuche, qui laisse sortir une grosse trompe très courte , à bords simplement froncés. Les pieds sont divisés en deux rames peu saillantes et peu distinctes entre elles (fig. 2, a, la supérieure; à, l’in- férieure), portant des soies de formes variées (fig. 3 et 4), et des cirres à peu près égaux (fig. 2, c, d); la rame supérieure de tous les pieds présente aussi vers son milieu un cirre surnuméraire (e) (1). Ces branchies sont très développées (f) et insérées exactement der: rière les pieds ; elles s’étendent de la base de la rame dorsale à celle des rames ventrales, et consistent cha- cune en sept ou huit appendices rameux , ayant la forme d’arbuscules foliacés, alignés transversalement; elles sont très touffues , et forment de chaque côté du dos une grosse frange épaisse et élevée. Les pieds de la partie antérieure du corps sont dirigés en avant, et dépassent (x) M. Savigny nomme surnuméraire le cirre c ; maïs cet appendice occupant la place normale des cirres est plutôt le supérieur, et le cirre surnuméraire serait celui qui occupe la partie médiane e. Structure extérieurs Résumé des caractères. Euphrosyne feuillée, 126 ANNÉLIDES ERRANTES. de beaucoup la tête, qu’ils semblent envelopper ; ceux de la partie postérieure du corps se portent en arrière, et, sur le dernier segment, la dernière paire est remplacée par deux petits appendices globuleux. Les caractères les plus saillans de ce genre, sont les suivans : Une seule ANTENNE, une CARONCULE à l'extrémité antérieure; PIEDS biramés, et portant tous un CIRRE surnuméraire vers le milieu de la rame supérieure. Brancures en forme d’arbuscules foliacées , situées der- rière Les pieds , et s'étendant d’une rame à l’autre. EuPHRosyNE FEUILLÉE, Euphrosina foliosa (1). (PL 118, fig. 1-4.) Cette espèce diffère très peu de l’Euphrosyne myrti- fère trouvée par M. Savigny sur les bords de la mer Rouge , et nous ne l’en avions pas d’abord distinguée. En effet , comme elle, sa taille est d’environ un pouce: son corps est obtus aux deux bouts. Les soies de la rame dorsale des pieds (fig. 2, æ), se prolongent très loin, et atteignent presque la base de la rame ven- trale; elles sont grêles, blarchätres, flexibles, et rangées en série linéaire; enfin, le faisceau de soïes qui garnit la rame inférieure est circonscrit dans un espace beau- coup plus petit. Mais ce qui distingue l’Euphrosyne feuillée, c’est surtout le nombre des rameaux des bran- chies (f) et leur disposition. Aïnsi, dans les espèces déjà connues, on ne leur compte que sept rameaux pour cha- (1) Aud. et Edw. AU! À MPHINOMIENS. 1 27 que pied, ici il en existe huit; en outre, elles sont plus courtes que dans l’Æ. laurifère, et plus touffues que dans l’£. myrtifère. Enfin , les folioles qui terminent chaque branche, sont plus larges et plus ovalaires. La caroncule diffère aussi de celles de ces deux espèces; elle est étroite, presque linéaire , et assez élevée, au lieu d’être ovalaire, très large et déprimée. La couleur de cet Annélide est d’un beau rouge cinabre, très vif sur les branchies, et mêlé de jaune et de vert sur le dos. Les cirres sont jaunes avec une ligne rouge au milieu. La caroncule est également d’un rouge plus vif que le dos. La face ventrale offre une teinte générale de lie de vin, et une ligne médiane d’un rouge vif. Nous avons trouvé cette espèce au mois d'août, dans deux localités voisines. La première fois sur un banc d’Huîtres et d'Anomies, situé entre Granville et Chausey, à environ une lieue et demie de la côte , et par quinze brasses d’eau , et une seconde fois dans la rade de Saint- Malo, sur un petit banc d’Huîtres situé près du rocher Dodeal. À cette époque de l’année, un des individus avait les parties latérales du corps remplies d'un nombre immense d'œufs. Ces Annélides marchent très lentementet en rampant ; elles ne semblent pas pouvoir nager. On ne connaît que deux autres espèces d'Euphrosynes, qui ont été découvertes par M. Savigny sur les bords de la mer Rouge (1). (1) 1° Euphrosyna laureata, Savigny, loc. cit., p.63, pl.11, fig. (figure excellente), reproduite dans le Dict. des Sc. natur., atlas des Euphrosynes exotiques. Structure extérieure. 128 ANNÉLIDES ERRANTES. GENRE IV. HIPPONOÉ, //ipponoa (1). (PL. 115, fig. 1o et 10 bis.) Les Annélides que nous distinguons sous le nom d'Hipponoé, ont beaucoup d’analogie avec les Amphi- nomes. Leur corps est presque fusiforme, et divisé en un très petit nombre d’anneaux. La téte est petite (pl: 1°, fig. ro), et pourvue de cinq antennes, dont la médiane, assez grande et conique , est située un peu en arrière des quatre latérales qui sont très petites (a, c); il n’y a point de caroncule. Les pieds (fig. 10 Dis) ne sont composés que d’une seule rame (a) qui est peu saïllanie, comprimée, verticale, garnie d’un grand nombre de soies fines, dirigées en arrière, et pourvue d’un seul cirre (d) qui en occupe l'extrémité inférieure. Les branchies (e) sont fixées en arrière des pieds , et consistent en une espèce de houppe divisée dès sa base en quatre rameaux. Ces divers caractères ne permettent point de con- fondre nos Ælipponoës avec les autres Amphinomiens. En effet, si on les compare avec les genres dont nous Vers, pl. vrir, fig. r, et dans l’Zconogr. du Règne anim., article Anné- lides, pl. 1v bis, fig. x). 2° Euphrosyna myrtosa, Sav., loc. cit., p.64, pl. 11, fig. 2 (repro- duite en partie dans les Ann. des Sc. natur., t. xx, pl. 111, fig. 6, 7 et 8. et dans l’Zconogr. du Règne animal, article Annélides, pl. 1v bis, fig. 2), (1) Aud. et Edw., #nn. des Sc. nat., t. xx, pl. 111, fig. 1-5. — Cuvier, Règne animal, 2° édit., t. III, p. 199. AMPHINOMIENS:« 129 venons de parler, on verra que ce sont les seuls qui. ont : la TÈTE dépourvue de caroncule, et portant cinq AN- TENNES. Les rrEDs unirarnés et pourvus seulement d'un . ce ventral. Les BrANCAIES insérées derrière les pieds, et ayant la forme de houppes rameuses. Nous avons dédié à notre ami, M. Gaudichaud, la seule espèce d’ÆJipponoé connue ; ce savant l’a trouvée au port Jackson, pendant son voyage autour du morde avec M. le capitaine Freycinet (1). " M. Savigny pense que c’est à la famille des Amphino- miens que doit se. rapporter son genre Æristénie (2), remarquable par le nombre des cirres qui n’est pas moins de sept pour chaque pied ; maïs ce savant auteur ayant encore divers points à éclaircir relativement à l’organi- sation de cette Annélide, n’en a pas dit davantage, et il a renvoyé pour d’autres détails, à explication des plan- ches de l'ouvrage de l'Égypte. Malheureusement cette explication n’a point paru, et la figure citée ne repré- sente qu'une portion de l’animal , de sorte qu’il est im- possible de se former une idée prétise de l'ensemble de sa structure extérieure. On voit seulement que le corps est aliongé et cylindrique; que les pieds (pl. nr”, fig. 13 (x) HrppoNoË DE GaupicHauD , H. Gaudichaudi (Ann. des Sc. nat., t xx, p. 156, pl. 111, fig. 1-5) (reproduite par M. Guérin dans l’/co- nographie du Règne animal (Annélides), pl. 1v bis, fig. 3). (2) Aristenia, Sav., loc. cit., p. 64 (en note), pl. 11, fig. 4 (repro- duite dans l’atlas du Dictionn. des Sc. nat., et en partie dans notre L pl: 115, fig. 13 et 14). 11. 9 Resume des caractères, Hipponoë de Gaudichaud, Genre Aristeuie. 130 ANNÉLIDES ERRANTES. — AMPHINOMIENS. et 14), sont formés de deux rames non saillantes, armées de soies raides, et portant des cirres. Enfin, que les branchies sont petites et pectinées. M. de Blainville a adopté ce genre, et l’a rangé à la fin des Amphinomiens (1). Par son aspect il se rappro- cheraitdes Annélides terricoles , dont nous avons formé le genre Trophonie ; mais il s’en disungue par l'exis- tence d’un grand nombre d’appendices mous. L'espèce figurée par M. Savigny sous le nom d’Aris- ténie tachetée | habite les côtes de la mer Rouge. , Pa Enfin, M. Risso a donné le nom de 20THÉE à un nou- veau genre qu'il place dans la famille dont nous fai- sons ici l’histoire ; mais les mêmes raisons qui nous ont portés à croire.que son Chloé des rochers n’est pas un Amphinomien nous font penser aussi que ces Anné- lides, vaguement décrites , ne doivent pas appartenir à cette division ; c’est probablement à la famille des Néréi- diens qu'il faudra les rapporter (2). (x) Article Fers, loc. cit., p. 453. (2) Zothea, Risso, Hist. rat. de l'Europe méridionale, à. 1v, p. 424. Genre Zoraée, Zothea. « Corps très long , graduellement aminci en arrière; tête armée de deux mandibules cornées, aiguës, bidentées ; quatre yeux égaux; huit tentacules filiformes inégaux; dos couvert de lamelles bran- chiales feuilliformes le long des bords latéraux; ventre à segmens munis chacun d’une pointe ciliée. » Z. MERIDIONALIS, Z. meridional. « Le corps de ce Néréïde est fort long, délié, flexible, d’un rouge mêlé de jaunâtre; les yeux sont noirs ; les tentacules jaunâtres; le ventre d’un blanc sale, et les lamelles rougeâtres. Long. o,110; séi. moyennes profondeurs; app. juin. » a CHAPITRE V. Considérations générales sur les Euniciens. — Caractères zoologi- ques. — Classification. — Tribu des Euniciens branchifères, — Genre Eunice. — Genre Onuphis. — Genre Diopatre. — Tribu des Euniciens abranches. — Genre Lysidice — Genre Lombrinère. — Genre Aglaure. — Genre OEnone. TROISIÈME ‘FAMILLE: EUNICIENS (1). Les Annélides , désignées par M. Cuvier sous le nom d’Æunices, établissent, pour ainsi dire, le passage entre les Amphinomiens et les espèces que Linné avait réu- nies dans son grand genre Véréide, car leur forme gé- nérale est linéaire , et de chaque côté de leur dos il existe une série continue de grandes branchies composées de filamens pectinés. Un autre point non moins remar- quable de leur organisation, consiste dans l’ärmature (:) Genre Exnice, Cuvier, Règne animal, 17° édit., t. 11, p. 524. — Famille des Eunices, Savigny, Système des Annélides (édition in- folio), p. 13; 47. Dans ia Méthode de M. de Blainville il n’y a point de division correspondant à ce groupe, qui se trouve confondu avec les Néréi- diens. Caractères zoologiques. Tête. Yeux. Antennes. 132 ANNÉLIDES ERRANTES. de leur bouche; en effet, chez ces animaux, l'appareil de la mastication atteint presque le maximum de sa com- position, et la trompe que nous avions toujours vue jus- qu’à présent armée seulement de quatre mâchoires (la plupart des Aphrodisiens), ou mème complètement dé- pourvue de ces organes (les Amphinomiens), en présente ici au moins sept, d’une consistance cornée ou calcaire, et à ces mâchoires est jointe une espèce de lèvre infé- rieure d’une texture analogue, et formée de deux pièces. Les Annélides qui offrent cette organisation constituent le type de la famille dont nous faisons ici l'histoire, mais nous y placons aussi, à l'exemple de M. Savigny, d’autres espèces qui, avec la mème structure de l’appa- reil buccal et la mème forme générale du corps, ne pré- sentent plus de branchies. Les Euniciens ont le corps allongé, linéaire, presque cylindrique et atténué postérieurement (1); le nombre des segmens qui le composent est très grand. La téte (2) en occupe toujours la partie antérieure et n’est jamais dépassée par les pieds des premières paires comme chez beaucoup d'Amphinomiens. Les yeux sont quelquefois très distincts et au nombre de deux (3), d’autres fois à peu près nuls. Les antennes présentent aussi des variations très grandes ; tantôt elles ont absolument disparu, tantôt “ (x) Pl ens: (2) Fig. 6,a. (3) Fig. 6. EUNICIENS. 133 * l. elles sont courtes et au nombre de deux ou irois (les Lysidices), d'autres fois assez longues et au nombre de cinq (les Éunices); enfin dans quelques cas on en compte sept (les Onuphis) ou mème neuf (les Diopaires) (1). La bouche est située à la partie inférieure et anté- rieure du premier anneau du corps; elle ne se prolonge jamais sur les segmens suivans comme dans la famille précédente; la trompe est courte , très ouverte , fendue longitudinalement et sans tentacules à son orifice ; les mächoires sont articulées par leur base, situées les urnes au-dessus des autres (2), dissemblables eutre elles, et ordinairement en nombre différent des deux côtés ;: chez certains Euniciens on en compte trois à droite et quatre à gauche (les Æunices), chez d’autres quatre à droite et cinq à gauche (les 4glaures), quelquefois il y en à quatre de chaque côté (les Zombrinères). Enfin, au-dessous de cet appareil compliqué, on trouve encore deux pièces loigitudinales cornées ou en partie d'apparence calcaire, réunies sur la ligne médiane et constituant une espèce de lèvre inférieure. Les pieds (3) ne sont formés que d’une seule rame pourvue d’acicules, d’un ou plusieurs faisceaux de soies (x) El est probable que les appendices qui dans lès Néréidiens sont bien distincts des antennes, et constituent ce que l’on nomme les cirres tentaculaires, se confondent ici avec les véritables antennes, et, d’une manière si complète, qu'il n’est pas possible de trouver de caractère certain pour les en distinguer: (Voyez pl. nr, fig. 2 et 6; pl. rn4, fig. ret6, et pl. ur, fig. 2.) (2), PL'rix, fig: 115 plan, fig. 12, et pl. mr, \fig. 15. GPL TE, fig: Bouche. Pieds. Branchies. Résumé des caractères. 134 ANNÉLIDES ERRANTES. et de deux cirres, dont le dorsal est'le plus grand. Le premier et le second segment du corps sont en général complètement dépourvus de pieds, ou bien ces organes sont transformés en, cirres tentaculaires (1). Les Annélides de cette famille sont tantôt dépourvues de branchies, d’autres fois on leur voit deux rangées de longs filets respiratoires pectinés d’un seul côté, et fixées au bord supérieur de la base dés pieds er dedans des cirres dorsaux (2); d’autres fois ces organes présentent un développement bien plus grand et se composent cha- cun d’une espèce de frange enroulée en spirale, ce qui leur donne l'apparence d’une toufle (3). Quoi qu'il en soit, ces branchies sont petites ou nulles vers les extré- mités du corps. En résumé, on voit que les caractères les plus sail- lans des Euniciens sont les suivans : Tromre armée de sept à neuf mAcnoires soldes articulées les unes au-dessous des autres et garnies en dessous d'une espèce de LÈvVRE iNFÉRIEURE de méme consistance. Prens similaires uniramés et portant des AcIcULES. BrancniEs nulles ou ayant la forme d’une frange plus ou moins pectinée, droite ou enroulée en spirale, et fixées à la partie supérieure de la base de tous les pieds'dans une étendue plus ou moins grande du corps. (x) PE 1x7, f8. 6, ff (2) PL ur, fig. 3 et 7; pl. ur“, fig. 3 et 8, d. (3) PL 1xxb, fig. 8, d. + Qi dé AE FE NO ET AT A ee AR LH NUE EST EUNICIENS. 135 La famille dont nous faisons ici l'histoire à été établie crssiieution. sous le nom d'Eunices par M Savigny, pour recevoir, outre les Æunices de M. Cuvier, auxquelles il donne le nom de Léodices, trois genres nouveaux, les Lysidices, les Aglaures et les OEnones. M. Latreille, dans ses Familles naturelles, a adopté cette classification; et M. Cuvier , lui-même, dans la seconde édition de son . Règne animal, n’y à apporté aucun changement impor- tant, Mais M. de Blainville n’admet pas celte division, et 1] réunit dans la deuxième famille de ses Homocri- ciens , les Léodices, les Lysidices et les Æglaures de M. Savigny , avec les Néréides du même auteur ; puis il subdivise ce groupe ainsi formé, en quatre tribus, les Zygocères, les Azy gocères, les Microcères et les Æcères, suivant que le système tentaculaire (ou les Æntennes ) est paire, impaire, très peu développé ou nul. Quant aux OFnones, il les place dans M famille des Néréi- coles avec les Lombrinères, les Cirratules, ete. Cet ar- rangement nous paraît avoir le grave inconvénient de réunir des Annélides très dissemblables, et d’en séparer au contraire plusieurs qui ont entre elles la plus grande analogie , comme nous le verrons, du reste, en traitant de ces divers genres. La marche qu'afluivie M. Savigny nous a paru pré- férable à toute autre; mais en adoptant sa famille des Eunices, que nous nommons Euniciens, nous avons cru nécessaire d'y apporter quelques modifications. Aïnsi, nous y plaçons le genre Lombrinère de M. de Blainville et deux genres nouveaux, les Onuphis et les Diopatres ; nous la divisons ensuite en deux 1ribas suivant qu'il existe ou non des branchies " (4 We ÿ * À | L 136 ANNÉLIDES ERRANTES. Dans la première tribu, celle des Eunicrens srANcHI- rÈREs, se trouvent les espèces dont la structure est la plus compliquée et les organes les plus parfaits. Dans la se- conde iribu, les Eunicrens ApRANCHES, sont rangées les espèces dans lesquelles tous les appendices mous , ainsi que la tête, tendent à devenir rudimentaires. Ces Anné- Yides établissent un passage entre les Euniciens et les Lombriciens, famille de l’ordre des T'erricoles dont nous traiterons plus loin. È Ne : (Pag. 136.) &. | GENRES. jectinées d’un seul côté, et dans une étendue plus ou }? EUNICE. 1ombre de sept, dont quatre EUNICIENS. * trois autres la recouvrent Trompe armée de sept à. choires solides, articuléenombre de neuf, dont cinq au-dessous des autres, ete contournée en spirale, et DIOPATRE. dessous d’une espèce de rieure de même consistance RARE : milaires, uniramés et POUl V»tennes subulées et bien cules. Branchies nulles ou. Sept méchoires. LYSIDICE. forme d’une frange plus pectinée, droite ou enrouyes nulles ou rudimentaires, rale, et fixée à la partie s ]a forme de deux petits tu- de la base de tous les p}, Téte en forme de mamelon une étendue plus ou 1. LOMBRINÈRE, du corps. cachées sous le premier } AGLAURE. du corps, qui est bilobé. d'antenne. Premier anneau OENONE. | antennes extrêmement pe- s unilobé. EUNICIENS. Tiompe armée de sept à neuf mà- choires solides, articulées les unes au-dessous des autres, et garnie en dessous d'une espèce de lèvre infés rieure de même consistance. Pieds si- milaires, uniramés et pourvus d’aci- culs. Branchies nulles ou ayant la forme d'une frange plus ou moins pectinée, droite ou enraulée en spi- rale, et fixée à la partie supérieure de la base de tous les pieds, dans une étendue plus ou moins grande du corps. PREMIÈRE TRIBU. EUNICIENS BRANCHIFÈRES. Des branchies bien distinctes, fixées immédiatement au-dessus du cirre supérieur, et plus ou moins pecti- nées. Des antennes généralement très développées. Mächoires au nombre de sept, articulées entre elles, et placées au-dessus de deux pièces cornées constituant une espèce de lèvre sternale. rs »" DEUXIÈME TRIBU. EUNICIENS ABRANCHES. Point de branchies. Des antennes rudimentaires ou nulles. Mächoires tantôt au nombre de sept ou de huit, et disposées comme dans la tribu précédente, tantôt au nombre de neuf, et affectant une disposition différente. Une lèvre sternale confor- mée comme dans la tribu précé- dente. Distribution des EUNICIENS. en (Genres Le Ce d il bd Cinq antennes. Pieds similaires. Branchies peêtinées d'un seul côté, et fixées au-dessus du cirre dorsal des pieds, dans une étendue plus ou moins considérable du corps. Antennes où appendices antenniformes , au nombre de sept, dont quatre seulement s’insèrent évidemment à la tête, et les trois autres la recouvrent en prenant naissance à la nuque. très développées. Branchies disposées en frange contournée en spirale, et ? DIOPATRE. ayant l'aspect d’un pinceau très touffu. Trois antennes subulées et bien Téte à découvert ou à peine re- fl Rss À distinctes. Sept méchoires. LYSIDICE. couverte par le premier anneau du ci . Bouche ée de i £ e corps Mona année dent En Antennes nulles ou rudimentaires, et ayant la forme de deux petits tu- bercules, Téte en forme de mamelon \ unilobé, méchoires semblables à celles des Eunices, et fixées sur une double tige très courte. LOMBRINÈRE, Téte cachée sous le premier seg- Trois antennes extrêmement pe- ment du corps. Bouche armée de | tites, et cachées sous le premier neuf mdchoires, disposées autrement ) anneau du corps, qui est bilobé. que chez les Eunices, et dont les = Antennes ou appendices antenniformes, au nombre de neuf, dont cinq | J postérieures sont fixées sur une tige Point d'antenne. Premier anneau } OENONE, très longue, du corps unilobé. = 1 ‘ vrv Le < Î 1 Lebcr -EUNICIENS. 137 PREMIÈRE TRIBU. EUNICIENS BRANCHIFÈRES Pourvus des branchies bien distinctes , fixées immédia- tement au-dessus du cirre supérieur, et plus ou moins pectinées ; des antennes généralement très dévelop- pées ; mächoires au nombre de sept, articulées entre elles, et placées au-dessus de deux pièces cornées constituant une espèce de lèvre sternale. | GENRE LE = EUNICE, Æunice (1). MEL ET) : C’est dans le genre Zunice qu'on trouve les Annélides NS. les plus grandes. Plusieurs , qui sont exotiques, ont au A ©: LJ - = % < + - Le moins quatre pieds de longueur; mais sur nos côtes il # n’en existe que d’une taille médiocre. Ne: Le corps de ces animaux (pl. 11, fig. et 5) est suucture linéaire, presque cylindrique , légèrement déprimé, "#8 atténué postérieurement et un peu renflé près de l’ex- - (x) Eunice, Cuvier, Règne anim., 1"° édit., t. 11, p. 25, et 2° édit. t. 111, p. 199. — MNereis, Linn., Gmel., Syst. nat. V. 1, pars vi, p- 3115. — Branchionereide, Blainville, Bull. des Sc. par la Societe Philom. , t. vi, 1818. — Nereidonte, Blainville, Dict. des Se. nat., art. Vers, t. LVI, p. 479. « " L Bouche - division ; les antennes (b,c, d), toujours au nom- LA, 4 s 4h + mouvement et s’éloignent d'autant plus entre elles DURS VPN TANT Vi 138 ANNÉLIDES ERRANTES. trémité céphalique ; les anneaux qui le composent sont courts mais très nombreux : on en compte dans cer- aines. espèces plus de quatre cents. | 4 La téte (fig. 6, a) est parfaitement distincte et à peine recouverte par le premier segment du corps : son ex- trémité antérieure est en général divisée en deux ou quaus lobes, mais quelquefois elle est arrondie, sans bre de cinq, sont subulées, assez grandes, et insé- rées si près du bord du premier anneau du corps qu'on pourrait les prendre pour des cirres tentaculaires. I existe deux yeux qui se voient presque toujours en ar- rière et en dehors des antennes mitoyennes. an La trompe est peu saïllante ; : lorsqu e le est rentrée, son ouverture extérieure est longitudinale + t les mdchoires (fig. 11) sont fixées de chaque côté Peas de la ligne médiane; mais quand ell rapprochées t, les deux bords de sa longue fente deviennent horizontaux en s’écartant l’un de l’antre, et les mâchoires alors suivent le même qu’elles sont plus antérieures. L'espèce de lèvre infé- rieure (fig. ro) qui garnit la face sternale de la trompe est placé au-dessous de cetté® fente et se compose de deux lames cornées unies vers leur extrémité antérieure, et prolongées posté gnent en pointe. Le bord anté- qu : . : es deux lames triangulaires est sail- lante, et en général à oûtée d’une matière calcaire dont la couleur blanche contraste avec la teinte noiratre de leur partie cornée. Les mdchoires sont au nombre de EUNICIENS. I 39 sept, trois à droite et quatre à gauche ; les deux supé- rieures (fig. 11, &, a) sont parfaitement semblables entre elles et opposées l’une à l’autre, elles sont grandes ; étroites, pointues, recourbées en crochet vers le bout eét.articulées par leur extrémité postérieure sur une double tige cornée plus courte qu’elles ; les mâchoires de la seconde paire (b, b) sont larges, aplaties, semblables entre elles et articulées sur la face inférieure des pre- miers, de manière à ne les dépasser qu’à peine; leur bord interne est droit et armé de dentelures très pro- fondes. Les mâchoires de la troisième paire (d, d) sont petites, lamelleuses , concaves et crenelées; elles se fixent par leur bord inférieur en dehors et en avant des se- condes, qu’elles recouvrent pendant Île repos. Enfin, la mâchoire surnuméraire (c) qu'on rencontre du côté gauche seulement, est petite, semi-circulaire, dentelée _et placée enîre les mâchoires de la seconde et de la troi- sième paire. Toutes ces pièces sont dépassées par le bord de la trompe (e) qui est souvent dure et noirâtre. Les pieds (fig. 3, 4,7) sont comprimés et d'une struc- ture très simple; on ne leur voit qu’une seule rame qui se termine par un gros tubercule sétifère et porte deux cirres ; les soies sont en général grêles et articulées (fig.8); le cirre supérieur (fig. 3, 4.et 7, b) est grand et pointu; T'inférieur (c) ordinairement court et très renflé près de sa base. Le premier segment du corps (fig. 6,f) ne présente aucun appendice ; ilen est quelquefois de même pour le second, mais’ en général, ce deuxième anneau porte une paire de cirres tentaculaires (e) insérés sur sa face dersale près de son bord antérieur ; enfin, les > du Jan Ÿ » # 140 ANNÉLIDES ERRANTES. : .] ; appendices du dernier anneau du corps sont transformés , en filets stylaires (fig. 5). ‘ Branchues. Les branches (fig. 3 et 7, d) sont très développées et consistent en un certain nombre de filamens cylindri- ques et flexibles dont l’un des côtés est presque toujours garni de prolongemens, dermoïdes également filiformes, disposés à peu près comme les dents d’un peigne ;. ces organes sont fixés à la face supérieure de la base des pieds immédiatement au-dessus du cirre supérieur. Pendant le repos elles sont couchées sur le dos de l’animal ; mais lorsqu'il nage elles flottent librement comme autant de à petits panaches, leur couleur est rouge et dépend du sang qui circule dans leur intérieur ; presque toujours les premiers pieds, ainsi que ceux de l'extrémité posté- rieure du corps, sont dépourvus de branchies , tandis que tous les autres en portent sans exception; mais quelquefois aussi on les trouve circonscrites sur une vingtaine d’anneaux situés à quelque distance de la tête (Hg. 2, a). D’après les détails qui précèdent, on voit que l'orga- nisation des £unices présente un assez grand nombre de modifications qui n’existeni pas aïlleurs, et qu'on Le les distinguer en les caractérisant ainsi : Résumé Cinq ANTENNES. Prens similaires. Brantmies pecti- des caractères. 2 Ur , < nées d'un seul côté, fixées au-dessus du cirre dorsal des pieds, dans une étendue plus ou moins considé- rable du COTPS EUNICIENS. 141 À. Espèces dont le second anneau du cores est pourvu de deux ciRRES TENTAGULAIRES fixés derrière la nuque (1). 1. Eunice DE Harasse, Æunice Harassii (2). (PL. 11, fig. 5,6, 7, 10 et 11 (3).) Cette Annélide, que nous avons rencontrée en assez Eunice grande abondance aux îles Chausey et aux environs de °°" Saint-Malo, a beaucoup d’analogie avec l Eunice an- tennée qui habite les côtes de la mer Rouge. Son corps, long de deux à six ou sept pouces, est un peu renflé vers la tête et formé d'environ cent cinquante segmens. La téte (&g. 6, a) est terminée antérieurement par deux Tite. grands lobes arrondis et divisés assez profondément, Les antennes (b, c, d) sont insérées presque sur la même ligne tout près du bord antérieur de l'anneau suivant ; elles sont peu développées , subulées et comme articu- lées dans toute leur longueur ; la médiane (b) dépasse généralement toutes les autres, et les externes (d) sont les plus courtes, mais quelquefois le contraire a lieu ; les mitoyennes (c) ont une longueur intermédiaire. Les mächoires (fig. 11) ne présentent rien de remarquable. (1) Cette section représente la tribu des Leodices simples de Sa- vigny. (2) Eunice Harassi, Aud. et Edw.— Cuvier, Règne anim., 2° édit., t. II, p. 200 (note). — Eunite sanguinea, Laurillard , Zconogr. du Règne animal de Cuvier, par M. Guérin, Annélides, pl. v, fig. 2? (3) Les poils figurés sous les n° 8 et 9 appartiennent à l’£Zunice Bellii. 142 _ ANNÉLIDES ERRANTES. du. Le premier anneau du corps (fig. 6, f) est très grand, il . égale en longueur presque les trois suivans réunis. Le second segment, quelquefois presque confondu avec le premier, porte sur sa partie dorsale deux cirres tentacu- _ laires (e) qui sont grèles, subulés, annelés, dirigés en e Pieds. ‘1 Branchies. avant et courts, car ils ne dépassent pas le premieranneau. Les pieds (fig. 7) sont formés d’un tubercule sétifére assez gros, arrondi et qui cache dans son intérieur trois acicules jaunes, dont deux ont la forme ordinaire, et ». dont le troisième est un peu courbé et arrondi au bout ; les soies sont groupées quelquefois en deux faisceaux distincts, celles du faisceau supérieur sont renflées à quelque distance du bout et terminées par une pointe très aiguë, les inférieures sont également élargies près de l'extrémité; mais au lieu de se prolonger ensuite en pointe, elles se terminent brusquement par un biseau sur lequel est insérée une petite pièce mobile, à peu près comme cela se voit dans les Lysidices (pl. ru?, fig. 8). Le cirre supérieur (pl. m1, fig. 7, b) dépasse de beaucoup le tubercule sétifère situé au-dessous. L’inférieur (c) ne se prolonge que peu au-delà de son sommet et présente à sa hase un renflement qu’au premier abord on pourrait prendre pour une seconde rame. Les appendices du dernier anneau sont transformés en filets stylaires. Les branchies commencent à se montrer sur les pieds de la troisième ou quatrième paire, et ne disparaissent que vers le cent trentième segment. Elles ne consistent d'abord qu'en un filament tentaculiforme et très petit JNICIENS. vas HAS (fig. 6, 2); mais bientôt on voit d’autres filamens naître du bord de celui-ci et sur les pieds de la dixième ou dou- zième paire on en compte de onze à quinze (fig. 7, d); vers le vingt ou trentième anneau leur nombre diminue de nouveau graduellement, et sur le cent deuxième on ne trouve plus qu’un seul filament comme sur les premiers. Vers les deux extrémités du corps, la tige principale de la branchie est beaucoup plus longue que le cirre su- périeur. Quoi qu'il en soit, les filamens latéraux naïssent régulièrement les uns au-dessus des autres, et leur lon- gueur diminue de la base vers le sommet, A Vétat de vie, cette espèce est en dessus d’un rose vi- neux, plus foncé sur la ligne médiane et à la base des p'eds. Cette couleur n’est pas répandue uniformémeni , et à l’aide de la loupe on aperçoit sur chaque anneaw plusieurs taches jaunes ou blanches, dont les princi- pales, au nombre de trois, occupent le milieu et les côtés. À la naissance de chaque pied on observe un poini brun. Les antennes sont blanchâtres et annelées de gris verdâtre; les civres sont également blanchâtres et les branchies rosées. Le dessous du corps est d’un rose très pâle et nacré. Toutes ces couleurs disparaissent dans lesprit-de-vin pour faire place à une teinte générale jaune à reflets cuivreux et 1risés. Cette Annélide se trouve assez communément aux iles Chausey et dans la rade de St.-Malo, sur les bancs .d'huîtres. Elle habite des tubes sablonneux qu’elle paraît construire, et se cache souvent dans ceux abandonnés +, ANNPATANE Couleur, Habitudes, 2 Eunice francaise. 4 À 144 ANNÉLIDES ERRANTES. par les Hermelles. Elle nage très bien en exécutant avee son Corps des mouvemens ondulatoires rapides. Quel- quefois la violence des contractions, surtout lorsqu'on cherche à la saisir, est telle que l'extrémité postérieure de son corps se brise d'elle-même. 2. Eunice FRANÇAISE, Funice gallica (1). Nous ne connaissons cette espèce qui habite nos côtes que d’après la description succincte que M. Savigny en a donnée; elle se trouve sur les coquilles d'huîtres, et se rapproche beaucoup de notre Eunice de Harasse , dont elle ne paraît différer que par les antennes qui ne sont pas articulées et par la disposition des branchies qui ne commencent à paraître que sur les pieds de la sixième paire, et ne deviennent bifides que sur ceux de la neuvième. Ces caractères la distinguent aussi de l’Eunice antennée. Voici, du reste, la description que M. Savigny en donne : « Corps formé de soixante- onze segmens dans l'individu que j’ai sous les yeux et qui ne se distingue sensiblement de l'espèce précédente (LL. antennata ) que par les antennes plus courtes , non articulées , de mème que les filets postérieurs, et par la couleur gris de perle à reflets légers. Le sixième, sep- tième et huitième segmens n’ont encore pour branchies que des filets simples; le neuvième n'a que des filets bifides ; les dix-huit derniers segmens ne portent pas du tout de branchies. » . (1) Leodice gallica, Savw., Syst, p. 50. EUNICIENS. 149 Ii serait possible qu’on renconträt aussi sur nos côtes V Eunice espagnole de M. Savigny (1), qui habite le litto- ral de l’Espagne , et qui est remarquable par la brièveté du premier segment du corps et le peu de développe- ment des branchies, Ne serait-ce pas l’Eunice de Pa- retto que M. de Blainville indique comme une espèce nouvelle des côtes de Gênes, « remarquable, dit-il, par la brièveté et le grand nombre de ses anneaux, ainsi que par la petitesse de ses appendices ? » mais il n’en donne pas d’autre description (2). Les espèces exotiques qui appartiennent à cette pre- mière section du genre Æunice, et qui ont été décrites : > . . , avec assez de soins pour qu’il soit possible de s’en former une idée bien précise, sont l’£. norvégienne (3) l'E. pinnée (4), VE. antennée (5) et VE. gigantesque (6). (x) Leodice hispanica, Sav., Syst., p. 51. (2) Nereidonte de Paretto, Blainv., Dict. des Sc. natur., article Vers, t. LVIL, P. 476. , (3) Mereis norwegica , L. Gmel., Syst. nat., t.1, part. V1, p. 3116. — Mereis pennata, Muller, Zool. Dan., part. 1, tab. xx1x, fig. 1-3 (repro- duite dans l’Encycl. méthod., article Vers, pl. zvr, fig. 5-7). — Leodice norwegica, Say., Syst., p. 51. — Nereidonta norwegica, Blainv., Dict. des Sc. natur., article Vers, p.476. (Des mers du nord.) (4) Nereis pinnata, Muller, Zoo!. Dan., part. 1, tab. xx1x, fig. 4-7 (reproduite dans l’Encycl. méthod., article Vers, pl. zvr, fig. 1-4). — Linné Gmel., Syst. natur., t. 1, p. 3116. — Leodice pinnata, Sav., Syst, p.51. — Nereidonta pinnata, Blainv., Loc. cit., p. 476. (Des mers du nord.) (5) Leodice antennata, Sav., Syst., p. 50, pl. v, fig. r (reproduite dans le Dict. classique d'Hist. natur., pl. zxxiv; dans le Dict. des Sc. ñat., article Vers, pl. xv, fig. 1; dans l’Zconographie du Règne animal, par M. Guérin, Annélides, pl. v, fig. x). (6) Nereis aphroditois, Pallas, Nov. act. Petrop., t. 1, p. 229, tab. v, IT. 10 Eunice espagnole. Eunices exotiques. 146 ANNÉLIDES ERRANTES. On trouve aussi dans l'ouvrage de M. Risso la des- cription de trois espèces d’'Eunices appartenant à cette division. Cet auteur leur a imposé les noms de Zeodice fasciata, L. punctata et L. Triantennata (1); mais les détails qu’il donne sur leur structure ne sont pas assez multipliés pour les faire reconnaître avec certitude. Enfin M. Delle Chiaje, naturaliste distingué de Naples, a décrit dernièrement, sous le nom de Vereis Bertoloni(2), une grande espèce d'Eunicien qu'il rapporte au genre Leodice (ou Eunice). Cetie Annélide a bien, il est vrai, l'aspect des Æunices, mais nous ferons observer que ses branchies ne paraissent pas pectinées, et elles le sont constamment dans ce genre. fig. 1-7. — Terebella aphroditoïs, Linn. Gmel., Syst. nat.,t.7, p- 3114. — Eunice gigantea, Cuvier, Règne anim., 1° édit., t. 11, p. 525, et, 2° édit., t. 111, p. 199. — Nereis gigantea, Blainv., Dict. des Sc. nat., article MWereide, pe 426. — Nereidonte aphroditois, du même auteur, ibid., article Vers, p.476. — Nereide od Eunice gigantesca ? Delle Chiaje, op. cit., t. 11, p. 389, tab: xx vit, fig. 1-8. M. de Blainville regarde aujourd’hui l’Eunice géante comme for- mant une espèce distincte de l’Aphroditoïde. X\ a donné une bonne figure de l’Eunice géante, qu’il nomme Wéréidonte géante, dans la Faune franc., atlas Chétopodes, Néréides, pl. x1v; mais, jusqu'ici, cette figure est restée sans description. (Ces espèces sont essentiellement pélagiennes, et ont été rencontrées dans les mers d'Asie, dans l'Océan atlantique et aux Antilles.) (x) Hist. de l’Europe mérid., t. 1v, p. 421 et 422. (>) Mereis Bertoloni, Delle Chiaje, Memorie sulla Storia e Notomia, degli animali senza vertebre del regno di Napoli, in-4°, t. 1, P- 174 ; tab. xLIV, fig. 12-15. EUNICIENS, 147 B. Espèces qui n'ont point de cIRRES TENTACULAIRES insérés sur le second anneau du corps (1). 3. Eunice sANGUINE , Eunice sanguinea (2). L’Æunice décrite par Montagu , sous le nom de Vé- réide sanguine, et par M. Savigny, sous celui de Leo- dice opalire, est une des espèces les plus grandes et les plus communes de nos côtes ; nous l’avons trouvée en grande abondance à Granville, à St.-Malo et à Noir- moulier. M. d'Orbigny en a envoyé au Muséum d'His- toire naturelle plusieurs individus de La Rochelle et du golfe de Gascogne ; on en a reçu aussi des environs de Marseille. Lecorpsde cette Eunicea quelquefois plus de deux pieds de long ; cependant , en général , sa taille est de huit à dix pouces ; elle est large, un peu aplatie ; on lui compte de deux à trois cents anneaux. Sa téte est divisée en deux lobes arrondis, comme dans les espèces précédentes ; les antennes sont courtes, grèles et non articulées ; la médiane est la plus longue, (x) Tribu des Leodices Marphises, Say. (2) Nereis sanguinea, Montagu, Trans. Linn. Societ., t. x, p. 26, tab. tr, fig. 1. — Leodice opalina, Sav., Syst., p. 51. — Nereidonte sanguine, Blainv., Dict. des Sc. nat., article Vers, t. LvI1, p.477, pl. xv, fig. 2 (bonne). L’Eun.sanguinea, figuré par M. Guérin dans l’/con. du Règne animal, Annélides, pl. v, fig. 2, d’après un dessin de M. Laurillard, n’est pas cette espèce, et appartient évidemment à la division précédente. (Voyez p. 141, note.) Eunicé sanguine. Têèté. Pieds. Branchies. Couleur. 148 ANNÉLIDES ERRANTES: et les externes , qui sont beaucoup plus courtes que les mitoyennes, Sont insérées presque sur la même ligne qu'elles. Les méchoires ne présentent rien de remar- quable. Le premier anneau du corps est aussi grand que les deux suivans réunis, et le second n’offre aucune trace d’appendices. Les pieds sont un peu comprimés, et se terminent par un lobe membraneux assez large qui se prolonge derrière des soies très fines, plus longues vers la partie supérieure du pied qu'inférieurement et de couleur jaune ; elles sont articulées comme celles de l’£unice de Bell (pl. ur, fig. 8). Les acicules sont noires et au nombre de trois ou même quatre pour chaque pied; enfin le cirre supérieur dépasse à peine le tubercule séti- fère, et l’inférieur, fortement renflé à sa base, est ar- rondi à son sommet. Les branchies ne commencent à paraître qu'après le vingtième segment du corps, et ne présentent jamais qu'un nombre assez borné de filamens ; on en compte rarement plus de quatre ou cinq, et ilsne sont pas disposés régu- lièrement les uns au-dessus des autres sur la tige prin- cipale, comme dans la plupart des Æunices, c'est en général depuis le quarantième ou cinquantième jusqu’au centième anneau qu'on trouve les branchies les plus développées ; on les voit ensuite diminuer progressive- ment de grandeur, devenir de plus en plus simples et disparaître enfin vers l'extrémité postérieure du corps. La couleur de cette espèce, lorsqu'on l’examine à l’état ) ] , , » + | vivant, est partout d'un vert foncé, si ce n'est aux EUNICIENS. 149 branchies qui sont d’un rouge intense; dans l'alcool, elle devient en général uniformément noirâtre et irisée. Elle habite ordinairement à une profondeur assez grande dans le sable vaseux. 4. Euxice ne Bezz, Eunice Bellii (1). (PI. xxx, fig. 1-4 et 8, 9 (2).) Nous dédierons à M. T. Bell, zoologiste distingué de Londres, une petite espèce d'Eunice que nous avons rencontrée aux îles Chausey et qui diffère des précé- dentes par un caractère bien tranché. En effet , jusqu'ici nous avons toujours vu les branchies commencer = raître sous une forme très simple à peu de distance de la tête, se compliquer de plus en plus, puis suivre une marche inverse et finir par disparaître sur les derniers segmens du corps. Ici, au contraire, ces organes n’oc- cupent qu’un très petit nombre d’anneaux, sont réunis en une touffe épaisse vers le tiers antérieur du corps (pl. ur, fig. 2, a) et présentent tous un degré de déve- loppement à peu près égal. La longueur de cette Annélide n’excède guère deux pouces, et sa largeur n’est que d'environ deux lignes; son corps n'est pas notablement renflé vers la tête, et se compose de quatre-vingts à cent segmens. (1) Eunice Bellii, Aud. et Edw.— Cuvier, Règne anim., 2° édit., t. tx, p. 200 (note). (2) Les poils de cette espèce, représentés fig. 8 et 9, ont été indi- qués comme appartenant à l’Eunice de Harasse, mais c'est une erreur que nous avons déjà relevée. Eunice de Bell. Tête. Pieds, Branchies. 150 ANNÉLIDES ERRANTES. La téte n’est pas divisée en deux lobes comme dans toutes les espèces précédentes, maïs se termine parun' bord assez régulièrement arrondi; les antennes sont grêles, très courtes, presque de mème longueur entre elles et insérées à peu près sur la même ligne. Le premier an- neau du corps est aussi grand que les deux suivans, maïs il ne présente, ainsi que le second, aucun appendice. Les pieds ont la même forme que chez l’ÆEunice san- guine ; seulement ils sont moins comprimés, et la la- melle terminale (fig. 3 et 4, a) est plus étroite et plus saillante. Leurs soies (fig. 8 et 9) ne présentent rien de bien diflérent. Le cirre supérieur (fig. 3 et 4 à) dépasse à le sommet du tubercule séüfère. Le cirre 2 inférieur est court et en mamelon. Les quatorze premiers anneaux n’offrent point de bran- chies (fig. 1 et 2), mais le quinzième et les dix-sept sui- vantes en présentent de très grandes (fig. 2, a, et fig.3,d). Quelquefois on en trouve aussi, mais de beaucoup plus petites sur les deux anneaux situés en arrière de ceux-ci. Les autres anneaux en sont constamment dépourvus. L'insertion de ces organes a lieu, comme d’ordinaire, sur les pieds, immédiatement au-dessus des cirres supé- rieurs. Le bord interne de la tige principale de la bran- chie est garnie de huit à dix gros filamens dont la Ien- gueur ne diminue pas sensiblement de la base vers Île sommet, comme cela a lieu dans l’Eunice de Harasse (fig. 7) et dans la plupart des espèces précédentes. M. Risso a donné les noms de Léodice de Grunwald(s) (x) Leodice Grunwaldi, Risso, op. cit., t. av, p. 422 EUNICIENS. re ei de Leodice à téte rouge (x) à deux Eunices sans cirres tentaculaires qui habitent les côtes de Nice ; mais il n’a guère fait connaître que leurs couleurs. D’après cet au- teur, l’£unice à téte rouge n'aurait que trois antennes, GENRE IT. ONUPHIS, Onuphis (2). (PL. rrrd, fig. 1-5.) Les Annélides dont nous formons le genre Onuphis ressemblent beaucoup aux Æunices par la forme géné- rale de leur corps, par la disposition de leurs branchies et de leurs pieds, ainsi que par l’organisation de leur appareil buccal; mais la structure de leur extrémité céphalique est si différente qu’on ne peut les réunir avec elles dans un même groupe générique. Au premier abord, on croirait que la téte se termine par cinq grosses antennes (pl. 1“, fig. 1) dont les mitoyennes (b) seraient moins longues que les externes (ec) et que la médiane (a); mais lorsqu'on renverse sur le dos ces trois dernières, on voit qu’elles naissent réellement sur le bord du premier anneau des corps, et que la véritable tête était cachée au-dessous d'elles (fig. 3). Celle-ci est petite, pyriforme, et a beaucoup de ressemblance avec la tête des Méreides ; elle se termine antérieurement par deux petites antennes conoïdes (d), et donne naïssance (1) Leodice Erictrocephala, Kisso , op. cit, L. IV, p. 424: (2) Aud. et Edw. Siruciure extérieure, Tête. Resume des caractères, Onuphis bernite. Tête, 152 ANNÉLIDES ERRANTES. par ses parties latérales à deux autres antennes beau- coup plus grosses, plus longues et annelées comme les trois appendices insérés sur le premier anneau du corps (b). Les caractères génériques se réduisent donc aux suivans : Brancuies comme dans les Eunices. ANTENNES ou appendices antenniformes au nombre de sept, dont quatre seulement s’insèrent évidemment à la téte, et dont les trois autres la recouvrent en prenant naissance à la nuque. Les Onuphis habitent des tubes étroits et circulaires qui ressemblent quelquefois, par leur consistance , leur structure et leur demi-transparence, à des tuyaux de plume. 1. OnuPuis HERMITE , Onuphis eremita (1). (PI: 1114, fig. 1-5.) Le corps de cette espèce est cylindrique et sans renfle- ment notable près de la tête. Sa longueur est de trois ou quatre pouces , et le nombre des segmens qui le forment est considérable. Sur un individu dont l'extrémité pos- térieure manquait, nous en avons compté plus de deux cents. La téte est petite, conique et terminée antérieurement par deux antennes miloyennes courtes et assez grosses (fig. 1,2 et 3, d). (1) Aud. et Edw. | EUNICIENS. 153 Les antennes (b) externes, qui naissent de chaque côté de la tête, sont assez longues, grosses etannelées dans toute leur longueur ; enfin les trois appendices qui s’insèrent près de la nuque et qui par leur position ressemblent aux trois antennes médianes des Æunices, sont beaucoup plus longs que les précédens , annelés comme eux, et cachent complètement la tête (a, c, c). Les yeux, au nombre de deux, sont très petits (fig. 3). La lèvre supérieure estgrosse et transversale (fig. 2, e). L'armature de la bouche (f)ofïre une ressemblance frap- panteavec celle des Eunices.Le premiersegment du corps n'est pas plus grand que les suivans, et de chaque côté du second on voit un petit cirre tentaculaire (g) qui est évidemment l’analogue des appendices de ce nom fixés sur la partie dorsale du même anneau dans les Zunices simples. Les pieds sont placés fort près du dos et présentent des différences très grandes , suivant la partie du corps où on les examine; ainsi, sur les premiers anneaux ils sont grèles, allongés et saillans (fig. 4); le pédoncule sétifère est à peu près cylindrique (a), et porte à son extrémité une languette conique très développée et située derrière les soies (b) ; le cirre supérieur est assez long, maïs ne dépasse qu’à peine le sommet du pied ; le cirre inférieur (c) pré- sente une forme ordinaire, et est environ un tiers moins grand que le supérieur. Sur les pieds qui suivent on voit ce cirre inférieur se raccourcir et devenir tout-à- fait nul. Le pédoncule sétifère s’élargit en même temps et perd de sa longueur ; enfin, à partir du dixième ou quinzième anneau, les pieds (fig. 5)sont à peine saillans et Pieds. Branchies. Habitation. Nereis tubicola, 154 ANNÉLIDES ERRANTES. ne consistent plus qu’en une espècede mamelontrès court portant quelques soies à son sommet; toutefois ils ont un cirre supérieur (b) dont la longueur est à peu près la même qu'aux pieds qui avoisinent la tête ; mais le cirre inférieur leur manque complètement, et les soies sont peu nombreuses , d’une finesse extrème, et sans articu- lation. Les branchies (fig. 4,5, d)existentsur tous lesanneaux, excepté sur les deux premiers; elles ne consistent d’abord qu’en un simple filament, maïs bientôt elles deviennent pectinées , et vers le vingtième anneau on leur compte trois divisions; plus loin, le nombre de ces divisions s'élève jusqu’à cinq ou six. La couleur de l’'Onuphis hermite est opaline , et son dos présente deux rangées de taches rougeûtres. Il se trouve aux environs de La Rochelle, enfoui dans le sable, et vit dans un tube mince et cylindrique qui est formé par des grains agglomérés à l’aide d’une matière mu- queuse que sécrète probablement le corps de l’animal. La Nereis tubicola de Muller (1), qui habite les mers du Nord et se trouve dans un tube entièrement corné et ressemblant tout-à-fait à un tuyau de plume , appartient à ce genre, et diflère de l'espèce précédente par la peti- tesse des antennes mitoyennes, par la forme grêle et allongée des autres appendices de la tête, par la sim- (1) Muller, Zoo. Danica, t. 1, p. 18, tab. xvrrr (reproduite dans lEncycl. méthod., article Vers, pl. 1v, fig. 7-12. — Leodice tubicola, Sav., loc. cil., p. 52. — Nereidonta tubicola, Blainv., Dict. des Sc. natur., article Vers, p. 477. 2 dt + EUNICIENS. 1 plicité des branchies et par quelques autres caractères. Nous la croyons identique avec une espèce que l’un de nous a reçue des mers de Sicile, et la Spio filicornis de M. Delle Chiaje pourrait bien aussi ne pas en dif- férer (1). | GENRE III. DIOPATRE, Jiopatra (2). (PL. rx, fig. 6-8). Les Diopatres ont beaucoup d’analogie avec les Onu- phis par la disposition de leurs appendices céphaliques, mais ces organes sont encore plus nombreux ; on n’en compte pas moins de neuf (fig. 6, a, b, c, d,e). Leur téte est bien moins distincte ; et ce qui surtout les caractérise, c’est la structure de leurs branchies. Ces organes (fig. 8 , d')s’insèrent au-dessus du cirre supé- rieur, comme chez les Eunices et les Onuphis ; mais les filamens qui les terminent sont extrèmement nombreux, et l'espèce de frange qu’ils forment, au lieu d’être insé- rée sur une ligne droite depuis la base jusqu’au sommet de la branchie , se contourne sur elle-même, en décri- vant une spirale d’où résulte une espèce de pinceau très touffu. Les autres particularités propres à ce genre étant moins importantes, trouveront place dans la description de l’espèce unique que l’on connait. Voici au reste les caractères génériques qui distin- (x) Loc. cit., t. in, p. 76, tab. xzv, dig. 6. (2) Aud. et Edw. Spio filicornis, Organisation extérieure, Resume des caractères, Diopatre d’Amboine. 156 ANNÉLIDES ERRANTES. guent ces Annélides des autres Euniciens branchi- fères : BrancriEs disposées en une frange contournée en spirale, et ayant l'aspect d’un pinceau très touffu. ANTENNES ou appendices antenniformes , au nombre de neuf, dont cinq très développés. La Diopatre d'Amboine, Diopatra Amboinensis (pl. tm“, fig. 6, 7 et 8), la seule espèce que nous ayons eu l’occasion d'examiner, est exotique. Elle a été envoyée d’Amboine par MM. Quoy et Gaymard, et nous en de- vons la communication à M. Cuvier. Elle ne dépasse pas en grosseur un tuyau de plume. Sa longueur n’a pu être déterminée exactement; mais à en juger par les fragmens que nous avons pu observer, elle ne dépassait guère quatre pouces. La téte (fig, 6), est courte; les antennes mitoyennes ( d) sont subulées, renflées vers la base et situées comme celles des Onuphis. Elles ne s’avan- cent pas au-delà de la portion basilaire des autres appen- dices antenniformes. Cinq de ceux-ci se font remarquer par leur grand développement ; ils naïssent sur une ligne transversale, près de la nuque, et se composent chacun de deux portions, l’une basilaire , grosse, cylindroïde et profondément annelée , l’autre subuléeet sans divisions apparentes ; la médiane ( a ) est la plus longue, et les ex- ternes (c) les plus courtes. Enfin, au point où la tête se réunit au premier anneau du corps , on trouve deux autres appendices subulés et lisses (e) que l’on peut regarder, si ce. n’est comme des antennes surnumé- raires, au moins comme des cirres tentaculaires appar- EUNICIENS. 157 tenant au premier anneau, et analogues à ceux qui se _ voient sur le second chez certains Eunices. Les pieds des premiers anneaux (fig. 7)sonttrès saillans etsecomposent d’uneseule rame, terminée par deux petits mamelons (a),et par une languette assez allongée quires- semble à un cirre. Entre ces mamelons se voit un fais- ceau de soïes courtes et peu nombreuses. Le cirre supé- rieur (b) est assez long et l’inférieur (c) très court, mais viennent très courts (fig.8), et le cirre inférieur se traus forme en un tubercule comprimé en manière de crête. Les branchies manquent sur les cinq premiers an- neaux , et aussitôt qu'elles se montrent, elles ont déjà un volume considérable. Leur longueur va ensuite en diminuant, et vers le soixantième anneau, elles devien- nent tout-à-fait rudimentaires, et ne consistent plus qu’en quelques filamens pectinés , comme les branchies des Eunices. Bientôt après elles disparaissent entière- ment ; mais là où elles sont plus développées, elles ont une structure très insolite, et que nous avons fait con- naître en énumérant les caractères génériques. M. Delle Chiaje a fait connaître dernièrement, sous le nom de Vereis cuprea (1), une nouvelle espèce d'Euni- ciens qui appartient évidemment à notre genre Diopatre, et qui, outre sa taille beaucoup plus grande, paraît en- core différer de l’espèce précédente par un développement moins considérable des appendices antenniformes mi- toyens et par l'absence de branchies sur les six premières (1) Nereis cuprea, Delle Chiaje, Mem. sulla Storia e notomia degli ani- mali senza vertebre del regno di Napoli, vol. 11 p. 393, tab. xxvrr, fig. 9-16. Diopatre cuivrée. Neréide vuivrée. 158 ANNÉLIDES ERRANTES. paires de pieds. Cette Annélide à environ ün pied et demi de long et habite un tube cylindrique composé de sable et de fragmens de coquilles agglutinés ; elle a été découverte dans le sable sur le rivage de la baie de Naples. On devra sans doute rapporter aussi au genre Diopatre, la Nereis cuprea que Bosc a découvert dans l’Amérique septentrionale, et qu’il a figurée dans son ist, natur. des Vers(1). En eflet, les antennes paraissent être en tout analogues à celles des Diopatres, et quoique l’auteur dise qu’elles sont au nombre de cinq, on peut supposer qu’il en existe réellement neuf, car il dit que la tête supporte en outre quatre tubercules coniques fort gros placés au-des- sous. La Vereis cuprea offre avec ces Annélides un autre trait de ressemblance dans ses branchies. Bosc paraît les avoir confondusavecles poils ; mais, à en juger par la figure qu'ilen donne, on voitqu’elles formaient au-dessus du dos des espèces de pinceaux très touffus, qui sans doute résul- taient d'un enroulement analogue à celui qui existe chez les Diopatres. Quoi qu’il en soit, voici ce que l’auteur dit de ses habitudes : « Comme les Amphitrites, cet ani- mal se loge dans un tube cartilagineux , enfoncé dans le sable de quatre à cinq décimètres et prolongé au-dessus de sa surface de deux à trois contimètres, par le moyen de morceaux de bois, de fragmens de coquilles et autres corps étrangers réunis par une soie très ténue. Ces tubes sont placés dans les parties de la côte que la mer aban- donne dans les basses marées, de manière que l’animal est alternativement sous l’eau et dans l’air. Au moindre danger, il se contracte au fond de sou tube auquel il (x) Tome 1, pl. v, fig. 1-4. EUNICIENS: 159 s'attache par l’extrémité de sa queue, de manière qu’il est fort diflicile de l'obtenir entier, même après l'avoir fouillé avec la bèche. Rien de plus brillant que ses cou- leurs lorsqu'il est en vie; lorsqu'il est mort, elles se transforment en un bleu terne. Il est fort commun dans la baie de Charleston. » Sa longueur moyenne est de deux décimètres et sa largeur de cinq millimètres. Ce corps est composé d’en- viron deux cent dix articulations. DEUXIÈME TRIBU. EUNICIENS ABRANCHES Dépourvus de branchies ; des antennes rudimentaires ou nulles. Mächoires tantôt au nombre de sept ou de huit, et disposées comme dans la tribu précédente, tantôt au nombre de neuf, et affectant une disposi- tion un peu différente. GENRE IV. LYSIDICE, Lysidice (1). » (PL rx, fig. 1-8.) Les Annélides que M. Savigny désigne sous le nom Lysidice sont en tout semblables à des Funices qui se- raient dépourvues de branchies, et qui auraient seule- ment trois petites antennes. (x) Savigny, Syst., p. 52. — Néréidice, Blainv., Dictionn. des Sc. nat., t. LVIT, p. 474. — Lrysidice, Cuvier, Règne anim., 2° éd., t. 114, p. 200. Organisation extérieure. Tête, Picds. 160 ANNÉLIDES ERRANTES. Le corps de ces Euniciens (fig. 1 ) est toujours grèle, cylindrique, plus ou moins filiforme et divisé en un grand nombre de segmens. La téte (fig. 2)est plus large que longue, très petite, mais Jamais cachée sous le premier segment du corps. Les antennes ( a, b ) sont courtes et moins longues que la tête; leur nombre ne s’élève pas au-delà de trois. L’armature de la bouche est essentiellement la même que dans le genre Æunice, c’est-à-dire qu’on trouve toujours au-dessous de l'ouverture de la trompe une espèce de lèvre sternale plus large que la première paire de mà- choires, et formée par la réunion de deux pièces cor- nées. Le nombre de mächoires est de sept, et leur forme ainsi que leur disposition sont exactement les mêmes que dans les genres précédens. Dans le repos , ces organes s'appliquent les uns contre les autres, et ceux de la première paire, qui sont toujours étroits, crochus et sans dentelures, s’articulent sur une double tige moins longue qu'eux. Le premier segment du corps (c) est plus grand que les suivans, mais n'avance pas sur le front et ne porte point de cirres tentaculaires. Les pieds manquent aux deux premiers anneaux, et sur le défnier ils sont rem- placés par deux filets stylaires (fig. 4). Toujours peu développés (fig. 3), ils se terminent par un gros tuber- cule armé de deux faisceaux de soies, de deux acicules (a, b), et constitue à lui seul la majeure partie de l'organe locomoteur ; le cirre supérieur (c) est grèle, subulé et un peu plus long que le tubercule médian ; l’inférieur (d) est au contraire court et obtus ; il n’arrive pas jusqu’à + EUNICIENS. 167 l'extrémité de la rame. Enfin, chez toutes ces Anné- lides comme chez toutes celles qui vont suivre, il n’y a point de branchies. Nous comprendrons dans le genre Zysidice toutes les Annélides de la famille des Euniciens, ayant pour caractères : Tère à découvert; trois ANTENNES petites, mais bien distinctes. Boucax armée de sept MACHOIRES et d'une espèce de 1LÈvVRE STERNALE formée de deux pièces cornées. 1. Lysioice Ninerre, Lysidice Ninetta (1). (PL. rrxb, fig. 1-8.) Cette espèce, qui habite les îles Chausey, est la plus grande que nous connaissions ; elle a près de cinq pouces de long , et à peine une ligne et demie de large. Son corps (fig. 1) est cylindrique, sans renflement près de l'extrémité antérieure et formé d’environ cent soixanie- douze anneaux. Le bord antérieur de la téte (fig. 2) est divisé en deux lobes arrondis. L’antenne médiane (a) est située un peu au-devant des externes, qui ont exac- tement la même forme et la mème grandeur qu’elle. Le premier segment (c) du corps est plus grand que le second et les suivans. Les pieds ne commencent à pa- raître que sur le troisième anneau. Ceux des premières paires sont très courts, mais bientôt ils deviennent assez saillans ; le tubercule sétifère qui le termine est gros (:) Aud. et Edw. IT. AT Resume des caractères. Lysidice Ninette, Lysidice Valentine, Lysidice olympienne. 162 ANNÉLIDES ERRANTES. et obtus (fig. 3). Du reste, ces pieds ne présentent rien de remarquable. Quantaux filets stylaires, ilssont courts et onaperçoità leur base un petit cirre rudimentaire (fig. 4). La Lysidice Ninette est d’une couleur brune avec des reflets métalliques irisés. 2. Lysioirce VazenTINE, Lysidice Valentina (x). Le Lysidice V'alentina , ainsi que les autres espèces décrites par M. Savigny, diflère de la précédente par la forme de la téte qui est simplement arrondie en devant. Le corps de cette Annélide présente, d’après cet auteur, les couleurs et les reflets de la nacre; sa longueur est d'environ deux pouces, et on lui compte un grand nombre d’anneaux dont le premier est à peine plus long que le second. Les soies sont jaunâtres ; celles du faisceau su- périeur sont plus minces et plus longues que celles du faisceau inférieur, lesquelles sont terminées , ainsi que dans l'espèce précédente, par un appendice mobile. Les acicules ont une couleur jaunâtre comme les sotes. Cette espèce habite les côtes de la Méditerranée. Nous ne la connaissons que d’après la description qu’en a faite M. Savigny. 5] » 3. LysiDICE OLYMPIENNE , Lysidice olympia , Sav. (2). M. Savigny a donné ce nom à une petite Annélide de (r) Savigny, loc. cit., p. 53. — Nereidice Valentina, Blainv., loc. cit., p. 479. — Lysidice Valentina, Risso, loc. cit., p. 423. (2) Savigny, loc. cit., p. 53. — Nereidice olympia, Blainv., loc. cit., p: 475. EUNICIENS. 163 nos côtes occidentales, qu’on trouve sur les coquilles d’huitres. Elle n’a que quatorze lignes de long, et, d’après les observations de ce savant, son corps est formé par cinquante-cinq segmens à la suite desquels on voit encore une douzaine de petits anneaux qui constituent une espèce de queue conique , ciliée de deux rangées de pieds presque imperceptibles, et terminée par deux petits filets. Les antennes sont semblables à celles des espèces précédentes , mais derrière la médiane, dans le point où la tète se joint au premier segment du corps, se trouve un petit mamelon conique qui n’existe pas chez les premières. Enfin les acicules sont très noires. Du reste la Lysidice olympienne ne difière pas de la Jalentine. La Lysipice cALATrINE de M. Savigny ne nous paraît pas devoir être considérée comme une espèce distincte de la précédente (1). P La Zysidice parthenopeia de M. Delle Chiaje (2) est remarquable par sa grande taille et le développement considérable des appendices, que l’auteur appelle des branchies , mais qui nous paraissent plutôt être des cirres dorsaux. (x) M. Savigny met en doute l’existence de cette espèce, qu’il croit AU CE: . FRE ASE être une variété de la précédente, et qu'il caractérise de la manière suivante : « Corps plus épais, antennes très courtes, ovales, avec un large ma- melon derrière l’antenne impaire. Couleur blanc laiteux; les trois premiers segmens d’un roux doré en dessus; les yeux sont comme noyés dans une tache ferrugineuse. Acicules très noirs.» (Loc. cit., p. 54.) (2) Mem. sulla Storia et notomia degli animali senza vertebre del regno di Napoli, 1.111, p. 175, tab. xL1v, fig. 2-11. Lysidice galathine. Lysidice par- thénopienne. 164 ANNÉLIDES ERRANTES. GENRE V. LOMBRINÈRE, Lumbrineris (1). (PL. 1rr, fig. 9-12.) M. de Blainville a établi ce genre pour recevoir quelques Annélides qui, par la forme générale de leur corps, se rapprochent des Lysidices et des Lombrics. D'après les caractères que cet auteur leur assigne , les Lombrinères ne devraient pas prendre place ici; car, suivant jui, leur bouche ne serait armée que de quatre mâchoires, ce qui les exclurait de la famille des Euni- ciens et les rapprocherait dans celle des Néréidiens. Mais l’examen que nous avons fait de plusieurs espèces appar- tenant sans aucun doute à ce nouveau genre, nous a convaincu que leur appareil buccal ne différait point essentiellement de celui des autres Euniciens. En effet, nous leur avons trouvé huit mächoires (fig. 11) dispo- sées exactement comme dans les Æunices etles Lysidices, ainsi qu'une lèvre sternale formée de deux pièces (2). (1) Blainv., Dict. des Sc. nat., t. Lvix, p. 486. (2) Voici comment M. de Blainville s’exprime a cet égard : «Orifice « oral, grand, transverse, avec une masse buccale considérable, sub- « proboscidale, armée à l’intérieur de deux paires de dents longitu- « dinales, cornées, calcaires, l’une supérieure à couronne plate et mo- « lariforme, linférieure tranchante et onguliforme. » (Loc. cit., p.486.) Nous croyons qu’il y a ici de la part de M. de Blainville quelqu’erreur que nous ne saurions nous expliquer. En effet, il donne à son genre Lombrinère Ye même nombre de mâchoires qu’à son genre Wéréidonte, lequel correspond à nos Eunices ou aux Léodices de M. Savigny. Or, EUNICIENS. 165 Le corps de ces énimaux est cylindrique et composé Organisation d’un grand nombre d'anneaux. La téte (fig. 9) est obtuse , An unilobée et plus ou moins conoïde. On n'y aperçoit point d’yeux, et dans quelques espèces elle n'offre aucune trace d’antennes; d’autres fois on distingue , au point de jonction de la tète avec le premier anneau du corps, deux petits tubercules arrondis que l’on peut considérer comme des vestiges d'antennes. Les pieds (fig. 10 et 13) sont petits et uniramés. Le cirre supérieur (c) est court, gros et quelquefois renflé en forme de mamelon ; le cirre inférieur (d)est obtus, à peine distinct et très rapproché du supérieur. Les sotes sont peu nombreuses et réunies en un seul faisceau qui sort de l’espèce d'échancrure placée entre les deux cirres. Enfin les pieds manquent au premier segment du corps et quelquefois aussi au second. Les Lombrinères se distinguent de tous les autres Eu- niciens abranches par les caractères suivans : Tère à découvert en forme de mamelon unilobé. résume des caractères. Boucue armée de huit mäâchoires portées sur une double ce dernier observateur a constaté, sans qu’on puisse le révoquer en doute, que les Léodices sont pourvues de neuf mâchoires, sans même compter les deux pièces qui composent la lèvre inférieure. On peut donc croire qu'ayant commis une erreur relativement à l’armature de la bouche des Wéréidontes où Léodices, M. de Blainville a pu également se méprendre sur la structure de cette partie chez ses Lombrinères, quand il dit (p. 475) : « Bouche contenant quatre dents longitudinales. » Ce serait au reste, quant aux Lombrinères, un point à éclaircir par l'examen des espèces qui ont été observées par ce naturaliste. Lombrinère dOrbigny. Tête. Môchoires 166 ANNÉLIDES ERRANTES. tige très courte. ANTENNES nulles ou rudimentaires et ayant La forme de deux petits tubercules. 1. LomgrinÈre D'Orsieny , Lombrineris d'Orbignyi (1). (PL. 1115, fig. 9-12.) Cette Annélide a cinq ou six pouces de long et seule- ment une ligne et demie de large environ; son corps est cylindrique , presque de la mème grosseur jusqu'auprès de l’extrémité anale, et divisé en un grand nombre d’an- neaux ; sur un individu incomplet nous en avons compté plus de cent quarante. La téte (fig. o, a), petite et globu- leuse, a son bord régulièrement arrondi. On voit à sa parte postérieure, près de la ligne médiane du dos, deux petits tubercules (d) qu'on pourrait regarder comme des antennes, mais qu'on pourrait aussi considérer comme des vestiges de cirres tentaculaires appartenant au pre- mier anneau du corpset analogues à ceux qu'on rencontre chez d’autres Annélides. Cette disposition semble même conduire à une modification d’organisation que nous verrons dans le genre suivant. La forme des appendices cornés qui constituent l’ap- pareil buccal est la mème que dans les £unices et les Lysidices. Les mächoires (6g. 11) de la première paire (b) et de la seconde (c) ne présentent aucune particularité no- table ; ces dernières sont toujours lamelleuses , armées (1) Aud. et Edw. EUNICIENS. 167 de fortes dents sur le bord interne et articulées sur les précédentes dont elles dépassent à peine le sommet. Les machoires de la troisième paire (d) ont à peu près la forme d’un triangle dont le sommet serait bidenté et dirigé en dedans ; elles sont placées au devant et en dehors des secondes, exactement semblables entre elles et situées vis-à-vis l’une de l’autre ; celle du côté gauche n'est pas séparée de la précédente par une mâchoire supplémentaire comme chez les Zysidices et chez les Eunices. Enfin les machoires de la quatrième paire (e) acquièrent ici un grand développement, sont cornées et ont à peu près la même forme que celles de la troisième paire qu'elles recouvrent, mais leur bord interne ne présente pas de dentelures. Les bords de la trompe (f) dépassent ces diflérentes pièces et sont semi-cernés. Les pieds (fig. 10) ne commencent à paraître que sur le second anneau du corps, et sont toujours très petits. On leur distingue un pédencule à peu près cylindrique, terminé par deux tubercules. L’une de ces éminences charnues, située au-dessus de l’autre , est grosse, conique et beaucoup plus saillante que l’inférieure, c’est le cirre supérieur (c); l'autre, qui représentele cirreinférieur (d), est confondue avec le reste du pied. Enfin, du bord de l'échancrure qui sépare ces deux appendices sort un faisceau de soies : celles-ci (fig. 12) sont assez longues à la partie antérieure du corps, un peu renflées au milieu, et terminées par une pointe grèle et recourbée qui s'articule sur une tige ; mais sur Îes pieds situés plus loin de la tête les soies deviennent plus courtes et se terminent brusquement par un renflement arrondi qui Pieds, Couleur et habitation. Habitation. Organisation exterieure, 168 ANNÉLIDES ERRANTES. à 1 clavifor dans l’espë cependant n’est pas aussi claviforme que dans l'espèce suivante (1). La couleur de la Lysidice d’'Orbigny est jaunâtre avec des reflets irisés très brillans. Elle a été trouvée aux environs de La Rochelle par le naturaliste à qui nous l’avons dédiée. 2. LoMBrINERE DE LATREILLE, Lombrineris 4 Latreilli (2). (PL. 1118, fig. 13-15.) 1 Cette espèce se trouve aux iles Chausey ainsi que sur les bords de la Méditerranée. Nous en avons rencontré ayant près de huit pouces de Jong et à peu près trois lignes de diamètre; mais, à en juger d’après un individu mutilé qui a été envoyé au Muséum d'Histoire naturelle par M. Roux de Marseille, il en existerait d’une taille encore plus grande. Comme dans l’espèce précédente, le corps est cylin- drique , ne diminue de volume que d’une manière insen- sible et se termine brusquement par un anneau plus long que les précédens ; le nombre de segmens qui le compose est d'environ deux cent soixante. La téte est plus conique que chez la Lombrinère d'Orbigny, et dans son point de jonction avec le premier anneau du corps il n’existe aucunes traces de tubercule antenniforme. Les mächoires et les pieds (fig. 3) ont aussi la mème forme, seulement le cirre supérieur est plus grand et plus comprimé. (1) Voyez, fig. 15, une des soies de la Lombrinère de Latreille, (2) Aud. et Edw. EUNICIENS. 1 69 Les poils de la partie moyenne du corps sont gros, pointus et un peu flexueux (fig. 14), et ceux de la partie _ postérieure sont beaucoup plus gros vers le bout et se terminent en massue (fig. 15). Le genre Lombrinère a été établi sur deux espèces nouvelles décrites et figurées par M. de Blainville sous les noms de Lombrinère Scolopendre (1) et de Lombri- nère brillant (2); il ignorait leur patrie et pense que l’une d’eiles au moins est originaire des pays chauds. Le mème auteur rapporte aussi à ce genre, sous le nom Lombrineris Pallasit, la Nereis ebranchiata de Pal- las (3) que M. Savigny avait déjà dit devoir être rangé dans la famille des Euniciens près des OEnones (4). Dernièrement M. Delle Chiaje a fait connaitre quelques Annélides nouvelles de la Méditerranée qu’il rapporte aussi au genre Zombrinère. Celles qu'il désigne sous les noms de Zombrineris coccineus (5) et de L. nesiden- sis (6) appartiennent bien évidemment à ce groupe, mais il n’en est peut-être pas de mème de ses Zombrineris (x) Le Lombrinère Scolopendre , Blainv., article eéréide du Dict. des Sc. nat., t. xxxIV, p. 454, et article Vers, t. zvit, p. 486; Atlas des Vers, pl. xx, fig. 2. (2) Le Lombrinère brillant (L. splendida, Blainv.), t. zvrt, p. 486; Atlas ibid. fig. 1.— Nereis lombricalis, Blainv., ibid., t. xxx1v, p. 455. (3) Mereis ebranchiata , Pallas, Nov. Act, Petrop., t. 11, p.231, tab. v, fig. 8-10 (reproduite dans l’atlas du Dict. des Sc. natur., article Pers, pl. xx, fig. 3). — Lombrineris Pallasüi, Blainv., ibid., t. Lvir, p. 486. (4) Savigny, Syst, p. 56. (b) Lombricus vel Lombrineris coccineus. (Mem. sulla Storia e Notomia degli animali senza vertebre del regno di Napoli, t.xt1, p. 178, tab. xzur, fig. 3, 10 et 15.) (G) L. nesidensis, loc, cit., fig. 5 et 9. L. Scolopendre et L. brillant, Nereis ebranchiata, L. coccineus, Nesidensis, Rolandii et S.-Hilairii. Lombricus fragilis. 170 ANNÉLIDES ERRANTES. Rolandi (à) et S.-Hilairi (2). La première parait avoir des branchies bifides au bord supérieur des pieds , ce qui établirait un passage entre nos Euniciens branchifères et nos Euniciens abranches, et la seconde est pourvue d’un appareil buccal disposé comme dans les OEnones. Du reste la brièveté des descriptions et l’imperfection des figures ne nous permettent pas de nous prononcer défi- nitivement sur ce point. Enfin il nous paraît probable que lorsque le Lombri- cus fragilis de Muller (3) aura été mieux étudié, ce sera dans le même groupe qu’on devra lui assigner une place ; mais dans l’état actuel de la science, cette Annélide est trop mal connue pour que nous ayons à ce sujet une opinion bien arrêtée, et à plus forte raison pour que nous puissions adopter le genre Scolétome de M. de Blainville qui a été créé pour recevoir cette espèce, bien que cet auteur avoue ne pas l’avoir vu et ajoute qu’elle pourrait bien être une de ses deux espèces nouvelles de Lombrinères (4). (1) L. Rolandi, loc. cit., fig. 2 et 19. (2) L. St.-Hilairii, loc. cit., fig. 4,11 et 16. (3) Lumbricus fragilis, Muller, Zool. Danica, t.1, tab. xx1x, fig. 1-3 (reproduite dans l’Encycl. méthod., pl. xxx1v, fig. 15). — Savigny, loc. cit., note de la page 10. — Scoletoma fragilis, Blainv., article Fers, loc. cit., p. 492. (4) Blainv., Dict. des Sc. nat., t. LVI1, p. 492. EUNICIENS. 171 GENRE VI. AGLAURE, Æglaura, Sav. (1). (PL. 1114, fig. 9-13.) Les Æglaures ressemblent beaucoup aux Zombri- nères, soit par la forme générale de leur corps, soit par l’état rudimentaire de leurs antennes, soit enfin par la forme de leurs pieds ; mais elles s’en éloignent par l’or- ganisation de l'appareil masticateur. Ce qui permet encore mieux de les distinguer au premier coup d’œil des autres Euniciens, c’est le prolon- gemeni du premier anneau du corps qui s’avance sur le frontde manière àrecouvrir toute la tête, et quise termine par deux lobes saillans et arrondis (fig. 9 et 10). Lesantennes(c)sontrudimentairesetégalement cachées sous le premier segment du corps. La trompe est garnie en dessous d’une espèce de lèvre inférieure commie dans les genres précédens , mais ici cet organe est plus étroit. Les mächoires(2) sont au nombre de neuf; celles de la pre- mière paire ont une forme très différente de ce que nous avons vu chez les Eunices ou les Lysidices , elles sont larges, aplaties, profondément dentelées en scie au côté interne, terminées par un crochet très fort et articulé sur une double tige cornée beaucoup plus longue qu’elles. (x) Syst. des Annél., édit. in-fol., p. 54. — Blainville, Dict. Sc. nat., t. LvI1, p. 480. — Cuvier, Règnc animal, 2° édit., t. 117, p. 201. (2) La disposition de ces organes est la même que chez les OEno- nes, où ils ont été figurés d’après M. Savigny, pl. ur4, fig. 12. Organisation extérieure, Resume des caractères. Aglaure éclatante. 172 fs ANNÉLIDES ERRANTES. Enfin celle du côté droit est beaucoup plus grande que l’autre , profondément échancré sur le bord externe près de la base , et elle offre à son extrémité un double cro- chet. Les cinq mâchoires suivantes se ressemblent entre elles, toutes sont larges, dentelées intérieurement, et terminées par un fort crochet. On en voit deux à droite et trois à gauche, et celles qui suivent les mächoires de la première paire ne les recouvrent pas comme chez les Eunices, mais les dépassent de presque toute leur lon- gueur. Enfin les mâchoires de la paire la plus anté- rieure et la plus externe, les seules exactement opposées l’une à l’autre, sont très petites, divisées en deux branches à leur base , aiguës et sans dentelures. Quant aux pieds (fig. 11), ils ressemblent beaucoup à ceux des Lombrinères. On peut caractériser le genre Æglaure de la manière suivante : Tère cachée sous le premier segment du corps qui est bilobé ; trois ANTENNES presque rudimentaires. Bou- ce armée de neuf MACHOIRESs et d’une espèce de LÈVRE STERNALE formée de deux pièces cornées. Ce genre ne renferme qu’une seule espèce, l’4glaure éclatante, Say. (1), qui habite la mer Rouge. (x) Aglaura fulgida, Sav., Syst., p. 55, pl. v, fig. 2. (Très belles figures dont nous avons reproduit quelques détails.) EUNICIENS. I ÿ GENRE VII. OENONE, Ofnone (1). (PL. zrr, fig. 14-17.) Les OEnones ne paraissent différer des Aglaures que par la forme du premier anneau du corps qui est uni- lobé (fig. 16, a) et par l’absence de tout vestige d’an- tennes. La disposition des mächoires est exactement la même que celle des Æglaures, et ces divers caractères suffisent pour les distinguer de tous les autres Euniciens abranches. On ne connaît bien qu’une espèce propre à ce genre, l'OEnone brillante qui habite la mer Rouge (2); mais, dans le dernier ouvrage de M. Risso, on trouve la des- cription succincte d'une seconde espèce, nommée par cet auteur OEnone lithophaga (3). (x) Savigny, Syst. des Annél., p. 55. — Blainville, article Vers, p- 401. (2) OŒEnone lucida, Sav., Syst., p. 56, pl. +, fig. 3 (reproduite dans le Dict. des Sc. nat., atlas, article Vers, pl. xvt, fig. 2; dans l’Zconogr. du Règne animal, article Annélides, pl. xvr, et en partie dans notre pl. zir4, fig. 14-17). (3) OEnone lithophaga, Risso, op. cit., t. IV, p.424. Caractère distinctif. OEnone. CHAPITRE VI. Considérations générales sur les Néréidiens. — Organisation exté- rieure. — Classification. — Tribu des Néréidiens tentaculés. — Genre Néréide. — Genre Lycastis.— Genre Hésione. — Genre Alciope. — Genre Myriane. — Genre Phyllodocé. — Tribu des Neréidiens non tentaculés. — Genre Nephtys. — Genre Glycère.. — Genre Goniade. QUATRIÈME FAMILLE. NÉRÉIDIENS. Le nom de Véréide a été donné par Linné à un groupe d’Annélides dont le corps, allongé et pourvu d’appendices mous bien développés, se termine en avant par une tête portant des yeux et des antennes (1). Les limites et les caractères de ce genre ont été successivement modifiés par Pallas (2), Muller {3), etc. M. Cuvier, tout en l’adop- tant, y distingue deux groupes secondaires, les Eunices et les Néréides proprement dites (4), et M. Savigny a consacré cette division en formant avec ces deuxgenres, deux familles distinctes (5). (x) Syst. nat., 13° édit., Vermes, p. 3115. (2) Miscel., p. 113. (3) Wurm-Arten, p. 103. (4) Règne animal, 1"° édit., &. 11, p. 5244 (5) Système des Annélides , p. 28. : : NÉRÉIDIENS. 175 M. de Blainville (1), au contraire, réunit tous ces Annélides dans une seule famille, celle des Néréides, qui correspond par conséquent au genre Néréide de Linné, et qui comprend les Néréides proprement dites et les Eu- nices de M. Cuvier. Il divise cette famille en quatre tri- bus dont aucune ne correspond au groupe dont nous nous occuponsici, et ces sections sont établies sur des carac- tères tout-à-fait artificiels ; aussi ont-elles l'inconvénient de réunir des genres qui diffèrent beaucoup entre eux, et d'en séparer qui sont très semblables; en les adoptant dans l’état actuel de la science , il faudrait même placer dans des tribus différentes des espèces qui appartiennent évidemment, par leur ensemble de leur organisation , au mème genre (2). (x) Article Vers ( Dict. des Sc. nat., t. Lvir, p. 464). (2) Dans la méthode de M. de Blainville, la famille des Néréidés est divisée en quatre sections, savoir : les Zygocères, les Azygocères , les Microcères et les Acères. La première de ces divisions comprend les espèces pourvues d’un système tentaculaire paire, c’est-à-dire ayant des antennes latérales, mais point d’antenne médiane; les Azygocères se distinguent par l’existence d’une antenne médiane ou impaire, et les Acères, par l’absence complète de ces appendices. Quant aux Yicrocères, M. de Blainville a omis de leur assigner des caractères quelconques; mais il est probable que ceux-ci consistent dans la petitesse des antennes. Malheureusement ces divisions sont tout-à-fait artificielles , et déjà, dans l’application que son auteur en a faite, on trouve les Annélides les plus semblables disséminées dans des tribus différentes; les 4glaures de M. Savigny, par exemple, sont placées à côté des Oplilies ; les Syllis sont rangées, avec les Eu- nices, dans la section des 4zygocères, et éloignés par conséquent des Néréides et des Phyllodocés, qu’on trouve dans celle des Zygocères, ainsi que des Vephtys, qui sont relégués parmi les Acères. Si l’on employait ce système pour la distribution désliverses espèces de Structure extérieure. 176 ANNÉLIDES ERRANTES. La marche que nous suivrons ici se rapproche beau- coup de celle qui a été adoptée par M. Savigny; elle n’en diffère même qu'en ce que nous séparons de la famille des Néréides quelques Annélides dont l’organisation s’é- loigne beaucoup de celle des genres qui forment le type de cette division. Il nous a paru convenable d'employer aussi, pour désigner cette famille, le nom de Véréidiens de préférence à celui de Néréide, qui doit être conservé comme nom générique, ou à celui de Néréidés , qui res- semble trop à ce dernier. Nous y rangeons toutes les Néréides de M. Savigny, dont la tête est bien distincte, dont la trompe est grosse et ordinairement armée de mâchoires, et dont l’organisa- tion est la plus compliquée (x). Le corps des Néréidiens est toujours grêle, linéaire et plus ou moins cylindrique (2); le nombre des an- Néréides que nous allons faire connaître, les rapports naturels se trouveraient violés d’une manière encore plus évidente; car on se- rait obligé de rompre quelques-uns des genres les mieux établis et de placer, par exemple, les Phyllodocés en partie dans la section des Zrygocères et en partie dans celle des Æzygocères ; quelques Glycères devraient se ranger parmi les Acères, d’autres parmi les Wicrocères , etc., etc.; et du reste cela ne doit pas nous étonner, car, dans beau- coup de ces animaux, les antennes, devenues plus ou moins rudi- mentaires, ont perdu toute importance, et peuvent par conséquent présenter les plus grandes variations dans les espèces les plus voi- sines. (x) Nous séparons des Néréides de M. Savigny les genres Aricie, Ophélie et Aonie, dont nous formons une cinquième famille sous le nom d’Ariciens. (2) PL 1v, fig. 1; pl. 1v5, fig. r et 6; pl. v, fig. 6; pl. vé, fig. ; pl. vi, fig. 1, etc. & NÉRÉIDIENS . 197 neaux qui le constitue est en général très considérable, et, à quelques exceptions près, les segmens qui suivent immédiatement la tête sont les plus grands ; enfin leur diamètre diminue ordinairement de l’extrémité anté- rieure vers l'anus, mais quelquefois le corps est atténué aux deux bouts. La téte est facile à distinguer, et, dans toutes les espèces que nous avons eu l’occasion d’exami- ner, elle portait au moins quatre antennes; en général elle est aplatie, tronquée antérieurement et à peu près aussi large que longue (1); mais quelquefois elle à la forme d’un cône au sommet duquel sont insérées les an- tennes qui alors sont rudimentaires (2). La trompe, tantôt cylindrique (3) et tantôt claviforme (4), est tou- Jours très grosse et très longue ; elle dépasse de beaucoup l'extrémité céphalique ; en général on lui distingue deux anneaux, et son ouverture, qui est circulaire, présente quelquefois une couronne de tubercules et, presque tou- jours, des mâchoires cornées, au nombre de deux, ayant la forme de lames allongées, pointues, recour- bées en faulx, plus ou moins dentelées sur le bord in- terne (5), et disposés de manière à agir horizontalement l’une sur l’autre ; dans quelques espèces il existe quatre mâchoires qui ont la forme de crochets simples, et qui sont placées de façon à représenter les angles d’an carré GPL xv, fie: rx, met: ;plirvé, fig. x et ro; pl: iv, Îg:2 ets p!. v, fig. 4 et 7, etc. (2) PL. 1v, fig. 1 et 2. GyPkzv, fig 2,3;81ét 9. (4) PL vi, fig. 1, a. (5) PI. 1v, fig. 2 et 11, etc. IT. 1-2 Tête. Trompe. Michoires. Cirres tentaculaires, Pieds, DULESe + à 178 ANNÉLIDES ERRANTES. équilatéral (1). Enfin chez d’autres espèces la trompe est complètement dépourvue d’appendices de cette na- ture (2). . La plupart des Néréidiens présentent de chaque côté de la tête un certain nombre de cirres tentaculaires plus ou moins développées (3); mais quelquefois ces filamenas n'existent pas (4). Les pieds sont très-saillans ; ils occupent toujours la ligne latérale du corps, et ne diffèrent jamais entre eux, si ce n’est par le développement un peu plus ou un peu moins considérable de quelques-uns des appendices qui en dépendent. En général ces organes sont divisés en deux rames bien distinctes (5), mais chez quelques Né- reidiens on n’en voit qu’une seule (6). Les sozes dont elles sont armées sont presque toujours formées de deux pièces, l’une basilaire, longue et un peu renflée vers le: bout, l’autre terminale, articulée sur le sommei de la première et plus ou moins aiguë (7). Les acicules ne pré- sentent rien de remarquable. Dans la plupart des cas chaque pied est pourvu de deux cirres filiformes, subulés, et placés de la (x) PL vx, fig. r,bet fig. 4: (2) Pl: fig. 4 (3) PI. 1v4, fig. x et 10, c; pl. v, fig. 4, c, etc. (4) PL. ve, fig. x, et pl. vr, fig. x et 2. (5) PL 1v4, fig. 3, 4, 5, 6; pl. vi, fig. 4, etc. (6) PL. 1v5, fig. 4, et pl v, fig. 3. (7) PL. 1v, fig. 6, dis, x2 et 13, et pl. 1vP, fig. rx et 12; pl. y, fig. 5 et r1; pl. v4, fig. 7, 8 et 9, etc. s” J NÉRÉIDIBNE » 17) manière ordinaire (1); mais quelquefois ces appen- dices ont la forme de larges folioles membraneuses (2). . Enfin les branchies manquent souvent d’une manière pu . complète, mais d’autres foiselles existent dans une éten- due plus ou moins considérable du corps, et affectent l2 forme de tubercules, de languettes ou de lobules char- nues (3) ; du reste, leur structure esttoujours très sim- ple, etelles n’acquièrent jamais un développement con- sidérable ; leur position varie un peu, mais en général elles sont fixées à l'extrémité des pieds (4). En resumé, la famille des Néréidiens, telle que nous la circonscrivons, peut être distinguée des autres divisions établies dans l’ordre des Annélides errantes à l’aide des caractères Su1vans : Macnorres tantôt nulles, tantôt au nombre de deux Le ou de quatre (mais dans ce dernier cas n'étant jamais ds caractères, articulées par paires). Tromrs très grande et dépas- sant de beaucoup la téte qui est bien distincte et pour- vue D'ANTENNES presque toujours assez développées. Preps similaires et n'étant jamais alternativement pourvus et dépourvus de certains appendices (tels que CIRRES, ÉLYTRES OU BRANCHIES). BRANCHIES nulles ou peu développées et sous la forme de petites languettes (x) PL. 1v4, fig. 2, etc. ; pl. 1vô, fig. 4, 5 et 9, et pl. v, fig. 3; c, cirre supérieur ; d, cirre inférieur. (2) PL vé, fig. 3, c et d. (3) Dans les Glycères , elles sont fixées sur le côté et vers le milieu du pied (pl. vr, fig. 3et13,e). CORP IE 60.2, 6,7, 15 ef; gpl Y: Üg:010, frertète: Division en URLs 0 que : Les, COTE deux tribus. naturelles, faciles à distinguer d’après la considération Le 4 gY < K » . | ÿ F M. "pr: | AO . * L PwgE + a. ++ $ 180 ANNÉLIDES ERRANTES, 7. #4? 54 de mamelons ou de lobules charnues. Point D'ÉLYTRES+, « En général des cirres tentaculaires. HT Le des appendices des premiers anneaux du corps. En eflet, les Néréides, les Syllis et quelques autres one d mème groupe présentent de chaque côté de la tête un certain nombre de cirres tentaculaires très ‘développé tandis que les Nephtys et les Glycères en ne à ment dépourvus , et cette disposition coïncide avec l’état plus ou moins rudimentaire des antennes. Nous rangeons dans la tribu des NéRÉIDIENS TENTA- cuLés les genres Véréide, Lycastis, Syllis, Hésione, : Myriane et Phyllodoce de M. Savigny, et un genre nou- veau auquel nous avons donné le nom d’ Alciope k - “= # Dans la tribu des NÉRÉIDIENS NON TENTACULÉS, nous 44 notre genre Goniade. placons les genres Vephtis et Glycère de M. Savigny et à # Le tableau suivant contient le résumé des caractères les plus saillans de ces divers genres : # ._ | en Genres. …. inctes; des mamelons branchiaux à l’extrént ” ? | / Antennes dissemblables ; deux L'or L ni eux | une Antennes similaires ; point de ma choires: m— une urt. * Des tubercules branchiaux très died ; ee M deux antennes. * nom ama # .) pe , leu . très mes 4 er Point de branchies à la base d Le ieds; quatre ou cin etites a Pour P 4 LE leur F l .dév tennes. s la- À chies Y $ a mam prront. antérieurement ; pieds à deux rames /$1€/te isieurs rangs de tentacules palpiformes (Pag. 180.) GENRES. NÉRÉIDE. | LYSIDICE. 1 { SYLLIS. HÉSIONE. Ü ALCIOPE. Ft MYRIANE. PHYLLODOCÉ. E NEPHTYS. artés ; * ées de urvue ement |. > de l'extrémité antérieure du corps. GONIADE, F ie con- e ordi- e mûà- s exIs- ) GLYCERE. pieds. = NÉRÉIDIENS. Hichotres tantôt nulles, tantôt au re de deux ou de quatre, mais ï ‘articulées entre elles; trompe e let dépassant de beau- tte, qui est distincte et ñ nnes en général assez éreloppées; pieds similairesÿ éran- # nulles où peu développées et lant Ja Forme de languettes, de Jons ou de lobules charnus ; PREMIÈRE TRIBU. NÉRÉIDIENS TENTACULÉS. Des cirres tentaculaires sur le pre- mier anneau du corps ; antennes en général bien développées. DEUXIÈME TRIBU. NÉRÉIDIENS NON TENTACULÉS * és * s LETRCRR.. * "1 he s L L- ” _ GENRES. à ° : + à F »,— Pieds à deux rames bien distinctes ; des mamelons branchiaux à l'extrémité des pieds; antennes dissemblables ; } NÉRÉIDE ! deux méchoires. s je - PAL Antennes dissemblables ; deux mdchoires. } LYSIDICE. Cirres supérieurs des pieds fili- PR. *. . formes. Pieds uniramés ou formés de deux Trois antennes longues et moni- | : rames presque confondues en une nu liformes; corps très long. } ; seule; point de ranchies. Antennes similaires ; point de md- | choires: Antennes rudimentaires au nom= L p bre de quatre et formant chacune } HÉSIONE. + \ L ë deux petits articles; corps très court. | Fe tubercules branchiaux très développés insérés à la base des be: | ALCIOPE. deux antennes. Cirres supérieurs des pieds aplatis et plus ou moins foliacés; antennes : Cirres supérieurs élargis à leur petites; point de machDIE extrémité ; les inférieurs filiformes. | 4 Point de branchies à la base des ieds; quatre ou cinq petites an ï : : 5q fu) Cirres supérieurs très larges à leur ennes. 4 base et foliacés; les inférieurs la- L \ | melleux. / Téte bien distincte et tronquée antérieurement ; pieds à deux rames très écartées et séparées par une langttette branchiale ; trompe garnie de plusieurs rangs de tentacules palpiformes. | NEPRUXS: Pieds à deux rames très écartés; trompe armée de deux rangées de dents en cheverons et dépourvue de mâchoires ou en ayant seulement deux, presque rudimentaires. | GONIADE, Point de cirres tentaculaires ; antennes rudimentaires. 9 ; isti t émité éri : Téte conique et peu distincte de l'extrémité antérieure du corps. Pieds à deux rames presque con- fondues en une seule ; trompe ordi- nairement armée de quatre mâ- choires ; branchies, lorsqu'elles exis- tent,insérées sur les côtés des pieds. : GLYUËRK * | MYRIANE. PHYLLODOCÉ. à 47: NÉRÉIDIENS. 181 PREMIÈRE TRIBU. é.. NÉREIDIENS TENTACULES Pourvus de cirres tentaculaires insérés sur le premier anneau du corps. ANTENNES bien distinctes. | GENRE I. NÉRÉIDE, Vereis (1). (PL 1v et pl. rv4.) Le genre Néréide, tel que M. Cuvier l’a circonscerit dans son règne animal, et tel qu'on le trouve défini dans la plupart des ouvrages les plus récens, ne renferme plus, à beaucoup près, toutes les Annélides désignées sous ce nom par Pailas, Muller, Linné, etc., mais il ne laisse pas que d’être encore très nombreux en espèces. , Le corps des Néréides est toujours étroit, fort allongé, Strutture extcrieure, presque linéaire, atténué postérieurement, comme tron- (x) Nereis, Linné, Gmel. , Syst. nat., tom. #, pars 1v, p. 3115. — Néréides proprement dites , Cuvier, Règne animal, 1° édit., t. 11, p. 5a4, et 2° édit.,t IT, p. 201.— Lycoris, Savigny, Syst. des Annélides, p- 29. — Lamarck, Anim. sans Vertèbres, t. x, p. 311. — Néréis, Schweigger, Handbuch der Naturgeschichte, p. 596. — Blainville, art. Vers du Dict. des Sc. nat., t. Lvit, p.469. Dans l’article Weéréide du même dictionnaire (t. xxx1v), M. de Blainville réunit sous ce nom toutes les Annélides dont il a formé ensuite la famille des Wéréides.. Tète. Antennes. Trompe Girres eutaculaires, Pieds. 182 ANNÉLIDES ERRANTES. qué en avant et divisé en un grand nombre de segmens ; le dos est convexe, mais la face ventrale est aplatie, et on y remarque toujours une ligne longitudinale qui en occupe la partie médiane. La téte est libre, bien distincte du corps, comprimée en dessus, un peu rétrécie en avant et pourvue de deux paires d’yeux placés l’un au devant de l’autre. En géné- ral l'antenne impaire manque; les mitoyennes, petites et subulées, sont insérées au devant du front; enfin les externes, très grosses et formées bien distinctement de deux articles, occupent les côtés de la tête et ne dépas- sent que de peu les mitoyennes (pl. 1v4, fig. 1 et 10, b). La trompe (pl. 1v, fig. 2, 3, 9, 8) est très grosse, cylindrique et partagée en deux anneaux dont la sur- face est hérissée de petits points ou tubercules cornés plus ou moins nombreux ; son orifice n’est pas en- iouré de tentacules, mais présente deux méchotres (b) saillantes et latérales qui sont formées par une lame cornée , courbée en faulx et dentelée sur le bord interne (fig R1/lete): Le premier anneau du corps est souvent plus grand que le suivant, et donne insertion, près deson bord anté- rieur, à quatre paires de cirres tentaculaires qui avan- cent de chaque côté de la tête et ont la forme de longs filimens subulés (pl. IV. fig. Tac à IC): | Les pieds sont assez saillans et formés de deux rames distinctes, réunies par leur base sur un tronc commun et portant chacune un acicule et un ou deux faisceaux de NÉRÉIDIENS. 183 soies dont le mode de conformation est assez constant (pl. 1v, fig. 6 bis et 12). Ces appendices sont com- posés de deux articles, l’un basilaire, un peu renflé vers le bout, est échancré de manière à recevoir la pièce terminale qui y est logée comme dans une charnière ; la forme de la pièce terminale varie; tantôt elle est longue, étoite ei subulée (fig. 6 biset 13), d’autres fois courte, aplatie et légèrement recourbée en crochet (fig. 12). Les cirres sont toujours filiformes et subulés (pl. 1v”, fig. 2, 3, 7, 9, 11, 13, etc., c, d). On en voit un près de la base de chaque rame, et celui de la rame ventrale (d) est constamment plus court que celui de la rame dorsale (c). | Les Branchies entrent, pour ainsi dire, dans la com- position des pieds et consistent en trois mamelons ou languettes charnues qui en occupent l'extrémité (e, f, g). Deux de ces appendices (e, f) sont fixés à la rame dorsale , l’un sous le cirre supérieur, l’autre sous le tu- bercule sétifère ( a’); enfin le troisième est placé de la même manière sur la rame ventrale, c’est-à-dire entre le tubercule sétifère (b’) et le cirre inférieur (4). La forme de ces languettes branchiales, ainsi que leur gran- deur relative, varie souvent dans les différentes parties du corps ; mais elles existent à tous les pieds, excepté quelquefois sur les deux ou trois premiers où elles sont plus ou moins rudimentaires. Enfin les ap- pendices du dernier segment se présentent toujours sous la forme de deux longs filets stylaires (pl, iv, fig. 7, c). Seies Cixtes. » Bravchies. Résume des caractères. 184 ANNÉLIDES ERRANTES. Les caractères les plus saillans des Néréides, sont : Tromre armée de deux grosses mächoires cornées. ANTENNES externes beaucoup plus grosses que les mi- loyennes et de forme plus ou moins conique. Preps à deux rames portant à leur extrémité trois languettes ou mamelons branchiaux, et pourvus de deux cirres filiformes et subulées. Les Néréides sont très-communes sur toutes nos côtes ; on les rencontre fréquemment sur les huîtres, et à marée basse sous les pierres. Les diverses espèces de ce genre sont, pour la plu- part, très difficiles à distinguer d’une manière certaine, et les caractères employés à cet usage n’ont peut être pas autant de valeur que M. Savigny paraît leur en attribuer. En effet, c’est principalement d’après ce développement relatif des différens appendices groupés autour des pieds que ce savant zoologiste a établi les divisions spécifiques, et, comme l’ebserve M. de Blainville, ces parties pré- sentent souvent des variations assez grandes d’un ivdi- vidu à un autre. Pour avoir des connaissances certaines à ce sujet , il faudrait étudier les mêmes Néréides à dif- férens âges, à l’époque de la reproduction, et un certain temps après la ponte des œufs; mais jusqu'ici nous ne croyons pas qu on s’en soit occupé. NÉRÉIDIENS. 185 it À S À. Espèce dont les antennes sont au nombre de qua- tre, et dont le bord supérieur de la rame dorsale est élevé en forme de lobe au-dessus du niveau de l'in- sertion du cirre correspondant. 1. NÉRÉIDE DE Marron, iVereis Marionii (1). (PL 1v4, fig. 1-6.) L'espèce de Néréide que nous dédions à notre ami M. Marion de Procé, naturaliste et médecin distingué de la ville Nantes, est une des plus faciles à reconnaître, la moitié postérieure du dos étant recouverte de chaque côté par une série de grandes lames foliacées dont le sommet est échancré, et donne insertion à deux petits appendices rudimentaires. La couleur générale de cette Néréide, lorsqu'elle est conservée dans l'alcool, est fauve, sans mélange de tache, et sa longueur est d'environ six à sept pouces. Le corps est gros et cylindrique antérieurement, mais irès atténué et un peu déprimé vers l'extrémité anale ; on lui compte cent quarante segmens, dont le premier u'est pas notablement plus grand que les suivans. La téte (pl. 1v°, fig. 1) est assez forte; les antennes mi- toyennes (a) sont très courtes, tandis que les externes (b) sont très développées. Les machoires (fig. 6) sont minces, allongées et très pointues ; elles présentent sur le bord interne de quinze à seize petites dentelures. Les cirres (1) Aud. et Edw. Nereéide de Marion Structure extérieure. Pieds. 186 ANNÉLIDES ERRANTES. tentaculaires (fig. 1, c) sont courts et n’atteignent pas l’extrémité des antennes externes. Les pieds sont assez grands ; leur composition est es- sentiellement la même dans toute la longueur du corps, mais leur forme change beaucoup. Ceux des neuf ou dix premières paires (fig. 2) ne présentent aucune lame folia- cée ou lobe élevé sur la partie supérieure de la rame dorsale. Leur cirre supérieur (c) est filiforme, subulé et plus grand que l’inférieur (d) ; il dépasse un peu le tuber- cule branchial placé au-dessous (e), et s’insère près du point de réunion du dos avec la base du pied, qui n’est pas élevé en manière de crête. Leur languette ou bran- chie supérieure (e) est très grosse, en forme de mamelon conique, et ne dépasse qu’à peine les autres ; leur tuber-- cule sétifère, situé au-dessous, est saillant et garni d’un nombre assez considérable de poils (a); leur second tu- Lbercule branchial (f) a la mème forme que le premier, mais il est plus petit. La rame ventrale (b) présente à son sommet un petit lobe membraneux, conique, au devant duquel sont implantées les soies, dont les unes ressemblent exactement à celles de la rame dorsale, et les autres, au lieu de porter une longue tige subulée comme celles-ci, se terminent par une petite pièce mo- bile, aplatie, pointue et courbée. Leur languette branchiale (g), située au-dessous, est conique et arrive à peu près au même niveau que le lobule ter- minal ; enfin le cirre inférieur (d) est moins long que la branchie correspondante , et on ne remarque pas de renflement lobulaire au-dessous de son point d’in- sertion. 4 NÉRÉIDIENS. 187 Dans tout le reste du corps, la rame ventrale ainsi que la branchie inférieure et le tubercule sétifère de la rame dorsale ne présentent aucun changement notable. Mais il n’en est pas de mème de la partie supérieure des pieds, car celle-ci se modifie d’une manière remarquable. Ainsi le point d'insertion du cirre dorsal se rapporche de plus en plus du sommet de la languette branchiale, et la por- tion de la base du pied, comprise entre ce cirre et le dos de l'animal, s'élève en forme de crête arrondie (fig. 3 et 4); en même temps la branchie supérieure (e) devient de plus en plus saillante et plus comprimée; et dans les trois quarts postérieurs du corps, cette portion du pied prend même la forme d’une grande lame foliacée dont le som- met est échancré et donne insertion à un petit cirre fili- forme qui disparaît presque entièrement vers le quaire- vingtième segment. Enfin ces espèces de feuilles mem- braneuses finissent par constituer à elles seules la pres- que totalité des pieds (fig. 5), et, en se recouvrant l’un l’autre, forment de chaque côté une bordure lamelleuse qui donne à ces Néréides une apparence singulière ; car par la partie antérieure elles ne diffèrent pas des espèces ordinaires, tandis que leur portion postérieure les fait ressembler aux Phyllodocés dont nous aurons bientôt à parler. La Néréide de Marion habite les côtes de la Vendée, Nereide Structure fardée, extérieure. 158 ANNÉLIDES ERRANTES. Néréipe FaRDÉE, ÎVereis fucata (1). La Néréide fardée, que M. Savigny a décrite avecsoin, a beaucoup d’analogie avec l’espèce précédente, mais il est facile de l'en distinguer; car le cirre supérieur Le devient pas rudimentaire vers la partie postérieure du corps, et, bien que la portion supérieure de la rame dor- sale des pieds soit élevée et comprimée , elle n’a jamais la forme d'une lame foliacée. Le corps de cette Annélide est formé d'environ cent vingt segmens, dont le premier est plus grand que le second sans égaler celui-ci et le troisième réunis. La téte diffère à peine de celle de la Néréide de Marion, seulement les antennes externes dépassent à peine les mitoyennes. Les mächotres, de couleur ferrugineuse, sont fortement tordues, et leur bord interne présente une série de vingt petites dente- lures qui s'étend de la base à son sommet. Les cirres tentaculaires ne dépassent que peu les antennes exter- nes. Vers l'extrémité antérieure du corps les languettes branchiales sont toutes de la même longueur et égale- ment saillantes; mais bientôt la supérieure dépasse de beaucoup les autres. Le cirre inférieur est égal en lon- gueur à la branchie correspondante ou plus courte qu ‘elle. Le cirre supér teur est au contraire toujours beaucoup plus long, et le bord supérieur de la “base du pied s'élève de manière à former nne espèce dé lobe comprimé ou plutôt de crête arrondie; maïs celle por- (1) Lycoris fucata, Savigny, loc. cit., p. 31. — Nereis fucata, Blainville, Dict. des Sc. nat., t. xxx1v , p. 43 ett. LVII, p. 469. LÉ: + * NÉRÉIDIENS. 189 + tion du pied ne ressemble jamais à une lamelle mem- braneuse , et l’insertion du cirre a toujours lieu assez loin du sommet de la branchie située au-dessous, et ne dépasse jamais celui de la languette inférieure de la rame dorsale. Le tubercule sétifère de la rame venirale est ierminé en pointe conique à peu près au même niveau que la branchie ; enfin les soies sont peu nombreuses, et la rame dorsale présente les mêmes caractères que dans l'espèce précédente. à La couleur générale de la Néréide fardée, conservée dans l’alcool, est d’un gris chamois, et de chaque côté on voit une bordure brune formée par les taches qui ornent le sommet des languettes branchiales. L'individu que nous avons examiné a été trouvé près du Hävre par M. Homberg , il paraît être le même que M. Savigny avait observé. Il nous a été communiqué par M. Cuvier. 3. Néréine Ponorayire. Vereis Podophylla (1). (PL rv4, fig. #3.) Nous n'avons que peu de chose à ajouter à la descrip- Néreide uon que M. Savigny a donnée de ceite espèce de Néréide. ns DE L' Les appendices de la partie antérieure du corps ne nous ont paru différer, sous aucun rapport important, de ce Æ à LR: 4 ACC , “ M A que nous avons déjà vu dans la Néréide fardée; après “de À, * LA à & nd xp md. le vingt-cmquième anneau, le bord supérieur de la rame "où (1) Lycoris podoplilla, Savigny , loc. cit., p. 30. — Nereis podo- phylla, Blainville, Dict., t. xxx1v, p. 43r, ett."Lvir, p. 469. he se AN à FR. $s < Br: 1 As Lap* _ do ls 190 ANNÉLIDES ERRANTES. dorsale (fig. 13, i) s'élève de même en forme de lobe comprimé, mais les rames ventrales présentent une dis- position toute particulière. Le tubercule sétifère (b) porte à son extrémité un grand lobe membraneux (h) qui a presque la forme d’un disque, et qui dépasse de beaucoup la branchie située au-dessous (g) ; enfin le cirre inférieur (d), au moins aussi saillant que la lan- guette dont nous venons de parler, est inséré dans lé- chancrure d’un petit lobe qui se prolonge au-dessus de lui (*). Au reste, la Néréide podophylle ressemble à la fardée, et, pour plus de détails à son égard, nous ne pouvons mieux faire que de renvoyer à la description que M. Savigny en a donnée : « Corps long de cinq à six pouces, formé de cent huitan- neaux ; il en manquait quelques-uns ; le premier anneau, égal aux deux suivans réunis. Mächoires brunes, à peine dentées. Pieds avec des branchies dont la languette su-. périeure dépasse les autres; la portion du pied qui sup- porte à la fois cette languette et le cirre supérieur étant plus longue que les gaînes ; elle est de plus haute et com- primée en forme de feuille. La rame ventrale a sa double gaine terminée par un lobe conformé comme dans l’es- pèce précédente (Néréide lobulée) , maïs beaucoup plus grand ; le cirre inférieur est aussi placé dans léchan- crure d’un autre petit lobe. Les deux cirres sont grèles et dépassent à peine leurs branchioles respectives, si ce n'est vers les extrémités du corps. Soies pâles et fi- nes. Deux acicules irès noirs qui se trouvent dans tou- tes les espèces suivantes. Couleur générale tirant sur le fauve pâle avec des reflets cuivreux. » (Loc. cit., p. 30.) Cette Annélide habite les environs de La Rochelle. 4 NÉRÉIDIENS. 101 4. Néréine Losurée. /Vereis Lobulata. (1). (PL 1v4, fig. 7 et 8.) La Néréide lobulée, qui se trouve aussi aux environs de La Rochelle, diffère très peu de la précédente; le grand lobe terminal de la rame ventrale (fig. 7, k)com- mence à paraître vers le vingt-deuxième anneau, mais n’acquiert pas des dimensions aussi considérables que dans la Podophylle, et la branchie (g), située au-dessous, arrive presque au même niveau; le cirre inférieur (d) présente à sa base un petit lobe arrondi et comprimé (4) qui est fixé à son bord inférieur, et deux petits tu- bercules charnus placés sur son bord supérieur ; enfin la languette branchiale supérieure de la rame dorsale ne dépasse pas celle située au-dessous, et le lobe (x), placé derrière le point d’insertion du cirre supérieur, est petit, mais assez élevé. Les mächoires sont courtes et ne présentent que quatre ou cinq grosses dentelures (fig. 8). Cette section du genre Néréide renferme encore une espèce décrite par M. Savigny, sous le nom de Zycoris folliculée(2).On ignore sa patrie, et elle ne paraît diffé- rer de la podophylle que par l’absence du lobe terminal de la rame ventrale et par les cirres inférieurs qui sont (1) Lycoris lobulata, Savigny, loc. cit., p. 30. — Nereis lobulata, Blainville, Dict., t. LIV, p. 430, et t. Lvit, p. 469. — Lycoris lobu- lata, Risso, op. cit., t. 1vV, p. 416. (2) Lycoris foll'culata, Sav., op. cit., p. 30. Neréide lobulée, Neréide folliculée, Nereide de Beaucoudray. Structure exterieure. 102 ANNÉLIDES ERRANTES. sessiles; du reste, nous ne voyons pas ce qui la distingue de la Néréide fardée. Enfin la Néréide hétéropode (1) de MM. Chamesso et Eysenhardt; la Néréide frangée de Muller (2); le Spio caudatus de M. Delle Chiaje (3), paraissent devoir pren- dre également place dans cette subdivision du genre Néréide. S B. Æspèces dont les antennes ne sont qu’au nombre de quatre, et dont la base de la rame superieure des pieds n’est pas élevée en forme de lobe foliacé et de créte très élevée. 5. Néréive DE Beaucouprav. Vereis Beaucoudrayi(4). (P1. 1v, fig. 1-7.) Nous avons rencontré aux îles Chausey une espèce de Néréide d’assez grande taille, et de couleur brun- rougeâtre, dont les caractères ne s'accordent avec ceux d'aucune des espèces décrites par M. Savigny, et que nous croyons nouvelle. Son corps (fig. 1), long de sept à huit pouces, est cylindrique et divisé seulement en une centaine d’anneaux : le premier segment n’est pas nota- blement plus grand que le second. La téte et les antennes (x) Mereis heteropoda Chamisso et Eysenhardt, Mova acla, Acad. nat, cur. Bonnæ , t. x, tab. XxIv, f. 2. (2) Mereis fimbriata, Muller, Wurm., pl. vatx (reproduite dans lEn- cyclopédie method. , pl. 1v, fig. 18-20), (3) Spio caudatus, Deile Chiaje, Memorie, t. 11, p.403, tab. xxvur , fig. 10 et 15. (Le pied est probablement renversé.) : Aud. et Edw. NÉRÉIDIENS. 103 (fig. 1, a, b et fig. 2) ont les mêmes formes et les mêmes proportions que chez la Néréide de Marion. La trompe (fig. 2 et 3) est grande; le premier anneau qui la consti- tue présente en dessus quelques pointes cornées assez grosses, et en dessous une double ligne transversale d’as- pérités de mème nature; sur le second anneau (a) ces pointes sont beaucoup plus fines et forment six groupes très distincts les uns des autres ; enfin les méchoires sont d’une couleur brun-rouge, et présentent sur leur bord interne une série d'environ dix fortes dentelures qui s’é- tend jusqu'à leur sommet. Les cirres tentaculaires (d) sont assez développés; le plus grand dépasse l'extrémité de la trompe, et si on le renverse en arrière il arrive à peu près au sixième anneau. Les pieds (fig. 4, 5 et 6) sont petits et peu saillans, et les deux rames qui les con- stituent ne deviennent bien séparées entre elles que vers le milieu du corps (fig. 5 et 6). Le cirre supérieur (c), d’abord à peu près de même longueur que la languette branchiale correspondante (fig. 4), la dépasse ensuite (fig. 5 et 6), mais est toujours assez court. Les branchies (e, f et g, fig. 9) ont la forme de mamelons coniques et sont toutes à peu près de même longueur, si ce n’est vers lextrémité postérieure du corps où la supérieure (e) dé- passe un peu les autres (fig. 5). Le tubercule sétifère de la rame dorsale est petit, et ne porte que très peu de soies; celui de la rame inférieure se divise à son sommet en deux petits lobes, et dans la moitié postérieure du corps est un peu moins saillante que la branchie. Enfin le cirre inférieur (d) est plus court que la languette branchiale placée au-dessus, et les soies présentent la même dispo- sition que dans les espèces précédentes. AT: 12 Neréide rougeâtre. Néréide égyptienne. Neréide nébuleuse, Néreide ulsatoire. 194 ANNÉLIDES ERRANTES. La NÉéRÉIDE ROUGEATRE (1), espèce trouvée par Peron pendant son voyage, paraît assez voisine de la Néréide de Beaucoudray. La seule différence connue consiste dans le nombre des dentelures dont le bord des mà- choires est armé. La NÉRÉIDE ÉGYPTIENNE (2) est dans le même cas. Enfin la Néréine nNéBuzeuse (3), dont on ne connait pas la patrie, n’en diffère guère que par la grandeur du premier segment du corps et par les cirres supérieurs qui sont égaux à leur languette branchiale près de la tête, mais devient ensuite beaucoup plus court. 6. Néréine Puzsaroine, Vereis Pulsatoria (4). (PL. 1v, fig. 8-13.) Nous croyons devoir rapporter à cette espèce une Né- réide que nous avons trouvée aux îles Chausay, et qui présente tous les caractères indiqués par M. Savigny, si ce n’est d’avoir le premier segment du corps à peu près de mème grandeur que le suivant. Elle ressemble beau- coup à la Néréide de Beaucoudray, mais la trompe (fig. 8 et 9) est plus courte, et les petites pointes cornées qui garnissent la face inférieure de l’anneau antérieur de” (&) Zycoris rubida , Savigny, loc. cit., p. 32. (2) Zrcoris AEgyptia, Sav., loc. cit., p. 31, pl. 1v, fig. x. (Très- bonne). (3) Lrcoris nubila, Savigny, loc. cit., D. 32° (4) Nereis pulsatoria, Montagu. — Lycoris pulsatoria, Say., loc, cl, p. 39% NÉRÉIDIENS. 105 cet organe sont très nombreux et forment presque une bande transversale et continue. Les cirres tentaculaires sont peu développés; les cirres supérieurs des pieds n’at- teignent pas le sommet de la branchie correspondante (fig. 10, c). Enfin le long appendice terminal des soies de la rame dorsale et de l’un des faisceaux de la rame ventrale est finement dentelé sur le bord, disposition que lon n’observe pas dans les espèces précédentes (fig. 13). La Néréine Fauve de M. Savigny(r) paraît se rap- procher de la pulsatoire par la brièveté des cirres, et de- vra peut-être ne pas en être séparée. On ne connaît pas Je lieu qu’elle habite, 7. Néréine nacréE, Vereis Margaritacea (2). Nous avons encore trouvé aux îles de Chausay un assez grand nombre d’Annélides ayant tous les caractères as- signés à la Néréide nacrée , si ce n’est la couleur; car, lorsqu'elle est conservée dans de l'alcool, au lieu d’être d’un gris de perle avec les pieds presque blancs, toute la face supérieure de son corps est d’un jaune cuivré, et on remarque près de la base des pieds, ainsi que sur les branchies, de grandes taches brunes. Le corps de ces Néréides, long de quatre à cinq pouces, est plus large et moins cylindrique que dans la plupart des espèces voisines; on y compte environ cent vingt seg (1) Lycoris fulva, Sav., loc. cit., p. 32. (2) Nereis margaritacea , Leach , Encyclop. Brit. , suppl. v, 1, p. 45 tab. xxvr. — Lycoris margaritacea , Say. , loc. cit., p. 33. Néréide fauve. Nei cide nacrée. Structure extérieurs. Néreide de Duméril, Structure xtérieure. 106 ANNÉLIDES ERRANTES. mens, dont le premier est au moins aussi grand que les deux suivans réunis. La téte et les antennes sont confor- mées de même que dans la Néréide de Beaucoudray, si ce n'est que les antennes mitoyennes sont plus écartées entre elles, et que le bord antérieur de la tète forme une espèce de front transversal, La trompe présente un grandnombre de petites pointes cornées disposées comme dans la Né- réide pulsatoire. Les mächoires sont noires, sans dente- lures vers la pointe, mais armées de quatre ou cinq créne- lures à leur partie mitoyenne. Les cirrestentaculaires ont à peu près le même développement que chez la Néréide de Beaucoudray. Les pieds sont plus saillans et les deux rames qui les forment beaucoup plus écartées entre elles. Le cirre supérieur dépasse à peine la branchie corres- pondante sur les premiers anneaux, mais il devient plus long vers l'extrémité postérieure du corps. Les Zan- guettes branchiales sont très courtes, et c’est vers les deux postérieures du corps où la supérieure dépasse notablement les autres. Enfin celle de la rame ventrale est moins saillante que le tubercule sétifère situé au- dessus, et à la partie antérieure du corps le cirre infe- rieur est presque aussi long qu'elle. 8. Nénéine DE Dumerirz. Nereis Dumerilu (1). (PL. rv4, fig. 10-12.) Cette espèce a beaucoup de rapports avec l’une de celles rapportées par M. Savigny des bords de la Mer- Rouge, et nommée par lui Lycoris messagère. Elle n’a (r) Aud. et Edw. NÉRÉIDIENS. 197 guère plus de trois pouces de long, et son corps est di- visé en quatre-vingts segmens dont le premier n’est guère plus long que le second. La téte (pl. 1v{, fig. ro) est très courte et les antennes mitoyennes (a) presque aussi lon- gues que les externes (b). La trompe ne présente qu'un très petit nombre de pointes cornées, et les mächoires sont finement dentelées jusqu'à une petite distance de leur pointe (fig. 12). Les cirres tentaculaires sont très développés ; la paire la plus grande a environ le cin- quième de la longueur du corps. Les rames des pieds (fig. 11) sont très écartées entre elles, et les Zangueties branchiales à peu près-de mème longueur, si ce west vers l'extrémité postérieure du corp$. Le cirre supérieur (c) est au moins deux fois aussi long que sa branchie (e), tandis que l’inférieur (d) est beaucoup plus court que la branchie correspondante (2) ; enfin le tubercule séti- fère de la rame ventrale est terminé par un ou deux petits lobules , et est presque aussi saiilant que la lan- guette branchiale fixée au-dessous. Cette petite espèce est de couleur jaunâtre, avec quel- ques taches brunes sur la base des pieds. Elle habite les environs de La Rochelle. La Néréine messacÈRe (1) se distingue de cette es- pèce par plusieurs caractères, entre autres par le déve- loppement plus considérable des cirres supérieurs des pieds qui deviennent quatre ou cinq fois plus longs que leur branchie. (x) Lycoris nuntia, Savigny, op. cit., p. 33, pl. 1v, fig. 2 (très bonne ; reproduite dans le Dict. des Sc. nat., atlas, art. Vers, pl xrv, fig. 1, et dans l’Zconographie du Règne animal, art. Annélides, pl. 7). Neéréide messagère, Spie entilabrum. 5. coccineus, \. pelagique. aphroditoïde. N. frontale. N. verte. N. de Ranzani. NW, d'Edwards. 198 ANNEÉLIDES ERRANTES. Le Spio ventilabrum (1) et le Spio coccineus (2) de M. Delle Chiaje sont évidemment des Néréides de cette division ; la première de ces espèces est remarquable par la brièveté des cirres tentaculaires, la seconde par la longueur de ces appendices et des filets stylaires. C’est aussi à la division du genre Néréide dont nous traitons ici que paraissent devoir se rapporter la plupart des Néréides décrites sous divers noms par les auteurs ; mais malheureusement la plupart d’entre elles ne sont pas assez bien connues pour qu’on puisse indiquer les caractères propres à les faire distinguer. De cé nombre sont la Nénéine PÉLAGIQUE (3), la NÉréIDE ApHro- piroïne (4), la Néréine FrronTALE (5), la Néréine vente (6), la Néréine DE Ranzani (7), la Nénéine (x) Spio ventilabrum , Delle Chiaje, op. cit., t. 11, p. 404 et 426, tab. xxviit, fig. 12 et 17. | (2) Spio coccineus, Delle Chiaje, op. cit., t. 11, p. 404 et 426, pl. xxviux, fig. 11 et 16. (3) Wereis plagica, Linn., Fauna succica , 2096 Baster , Op. subs. 2, tab. vtr, fig. 6. — Nereis ferruginea, Gannerus, Acta Hafn. X, tab. e, fig. 10. — Nercis verrucosa, Muller, Wurm., tab. var (repro- duite dans l’Encycl. méthod., pl. zv, fig. 21-23).— Othon Fabricius, Faura Græen, p. 292, n° 275. (Othon Fabricius cite, dans la syno- nymie de cette espèce, la Nereide ferruginea , figurée par Strom 4:1: Hafn. X, tab. E, fig. 4, mais elle parait en différer beaucoup.) (4) Nereis aphroditoides, Othon Fabricius, Fauna Græen, p. 296, n° 278. (5) MNereis frontalis, Bosc, Hist. nat. des Vers, t. 1, Pp. 143, pl. V, fig. 5. (6) Lycoris wiridis, Johnston, Zoological journal, vol. 4, p. 41%; 1629. à (7) Nereis Ranzani, Delle Chiaje, Memorie, t. 117, p. 167, pl. x1Y fig. 8 et 0. (M. Delle Chiaje en fait une Phyllodocée.) 148 È] NÉRÉIDIENS. 199 ? Spio v’Enwanps (1), le Srro quapniconne (2), le Lxconis DE one. Ÿ EL Ne Nrce (3), le Lyconis À zones crrrHes (4), et le Lyconis TACHETÉ (5): L. à longs cirrhes. L. tachete. $C. Espèces pourvues de cinq ANTENNES. Aucune Néréide de nos côtes ne présente d'antenne médiane, mais Muller à fait connaitre une Annélide des mers du Nord qui ne paraît différer des espèces précé- Nereide versicolore, dentes que par cette disposition; c’est la NéÉréine ver- SICOLORE (6). GENRE II. LYCASTIS, Lycastis (7). (PI. 1v', fig. 6-12.) Parmi les Annélides décrites par Muller sous le nom de Néréides, il s’en trouve une qui, tout en ayant l’as- (x) Nereis Edwardsit, Delle Chiaje, op., t. 117, p. 168 et 176, pl. xzurr, fig. 12 et 20. L'auteur range cette espèce dans le genre Nephtys, mais c'est évidemment à tort. (2) Spio quadricornis, Delle Chiaje, op. cit., t. 11, p. 403 et 426, pl. xxvrrr, fig. g et 14.. (3) Lycoris Nicæensis, Risso , op. cit., €. 1v, p. 416. (4) Lycoris cirrhosa, Risso , op. cit., V. x, pe 417. (5) Lycoris guttata, Risso, op. cit., V. 4, p. 417. (6) Vereis diversicolor, Muller, Prod., 2624, et Wurm., tab. wix (reproduite dans l'Encyclopédie, pl. zv, fig. 1-6.) — Lycoris versicolor Savigny , loc. cit., uote de la page 45. — Nereis versicolor, Blain- ville, loc. cit., p. 477. (7) Lycastis, Savigny, op. cit. , note de la page 45. Structure exterieure. Résumé des varactères. 290 ANNÉLIDES ERRANTES. pect général de ces animaux, s’en distingne par ses pieds uniramés ; M. Savigny n’a pas eu l’occasion de lobser- ver, mais il a pensé qu’elle devait probablement’ former un genre distinct, et a proposé de désigner cette divi- sion nouvelle sous le nom de Lycastis. À peu près les mèmes caractères nous ont été offerts par un Néréidien de nos gôtes, et d’après l'étude que nous avons faite de cette Annélide, nous avons la satisfaction de pouvoir con- firmer lopinion de ce savant. | Les Lycastis (pl. rv”, fig. 6) ont le corps grèle, cylin- drique, et atténué postérieurement comme celui des Néréides ; il est comme tronqué en avant et supporte une téte (fig. 6) grosse, aplatie, un peu rétrécie antérieure- ment, terminée par un bord transversal droit et garni en dessus de quatre yeux. La trompe est forte et armée de deux mâchoires comme dans le genre précédent. Les antennes sont au nombre de quatre, et exactement sem- blables à celles des Néréides. Les cirres tentaculaires offrent aussi la même disposition que chez ces Anné- lides; mais les pieds (fig. 8et9) ont une structure toute difiérente; les deux rames sont presque confondues en une seule, et il n'existe point de languettes branchiales ; les cirres sont subulés et les soies articulées, à peu près comme le genre précédent. Ce genre nous paraît établir le passage entre les Né- réides et les Syllis. On peut le distinguer des autres Né- réidiens tentaculés , à l’aide des caractères suivans : Tromre armée de deux grosses mächoires cornées ; ANTENNES eXlernes beaucoup plus grosses que les mi- hey NÉRÉIDIENS. 201 toyennes , et de forme plus ou moins cônique; rrEDs uriramés Ou formés de deux rames à peine distinctes et pourvus de deux cirres filiformes et subulés; paint de languettes ou de mamelons branchiaux. 1. Lycasris BRÉvICORNE , Lycastis brevicornis (1). (PL rv?, fig. 6-12.) Le corps du Lycastis brévicorne a environ sept pouces de long et trois à quatre lignes de diamètre; on y compte cent quarante anneaux , et on n'y voit pas de raie lon- giiudinale sur la ligne médiane comme chez toutes les Néréides , mais sur les côtés du dos, on remarque une espèce de bordure produite par un léger plissement des tégumens, disposition que rappelle ce qui existe d’une ma- nière bien plus marquée encore chez les Hésiones. Le pre- mier segment du corps est moins grand que les suivans. La téte (fig. 7) ne présente rien de remarquable ; les antennes mitoyennes (c} sont petites, côniques et très écartées l’une de l’autre ; les antennes externes (d) sont également assez courtes, et formées comme celles des Né- réides, de deux articles, l’un basilaire très-gros , l’autre terminal et fort petit. La trompe n'est pas très-longue, et son ouverture est armée de deux grosses mdchoires cornées, pointues , fortement dentelées du côté interne et un peu courbées en forme de faux (fig. 10). Les cirres tentaculaires (fig. 7, e), nous ont paru très- courts , mais peut-être étaient-ils en partie rentrés. Ils sont au nombre de quatre de chaque côté de la tête , et (x) Aud. et Edw. Lycatis brévicorne. Tête, Pieds Neéréide irmilaire. 202 ANNÉLIDES ERRANTES. sont groupés près les uns des autres, entre le bord du premier anneau et les antennes externes. Les pieds (fig. 8 etg) ne sont pas très-saillans , et ont à peu près la forme d’un cône dont le sommet serait tronqué ; le cirre supé- rieur (c) est gros, pointu et un peu comprimé ; à la partie antérieure du corps (fig. 8), il ne dépasse qu’à peine le tubercule sétifère ; mais, vers l'extrémité anale (fig. 9), il devient beaucoup plus long et en même temps plus large. Le cirre inférieur (d) est conique, subulé et extrêmement petit; il s’insère presque au point de réunion du pied et de la face inférieure du corps; eufin le pied lui-même , présente des tracés des deux rames, mais elles ne sont pas divisées , et la supérieure (a) ne consiste qu’en un petit repli des tégumens livrant passage à un acicule et à quelques soies. La rame inférieure (b) est beaucoup plus saillante ; et se termine par un bord droit d’où sortent les soies. Ces soïes sont de deux sortes ; les unes ex- irêmement fines et droites portant à leur extrémité un appendice qui s'articule avec eux, et a la forme d’une petite tige très acérée (fig. 12); les autres, beaucoup plus grosses, un peu courbées, portent également un ap- pendice terminal mobile, mais il est très-court et plus ou moins dentelé sur Le bord (fig. 11). Les faisceaux ap- partiennent aux deux rames, présentent également des soies de l’une et l’autre espèce ; les acicules ne présentent rien de remarquable. La couleur de cette Annélide, lorsqu'elle a été conser- vée dans l’alcool, est grisâtre , avec des reflets peu vifs. Nous l’avons trouvée sur les côtes de Noirmoutier. L'Annélide dérite par Muller, sous le nom de We- NÉRÉIDIENS. 203 reis armillaris, cst évidemment trés voisine de notre Lycastis bréviconne, mais elle s’en distingue par la disposition des cirres supérieurs qui sont monilifor- mes (1). La Véréide incisée d'Othon Fabricius paraît être dans le même cas (2), et nous sommes portés à croire que la Vereis Otto (3), la Nereis Ockenü (4) et la (1) Nereis armiliaris, Muller, Wurm , tab. 1x (reproduite dans l’En- cyclopédie méthod., pl. zv, fig. 14-17, et dans l’atlas du Dict, des Sc. nat., art. Vers, pl. x1v, fig. 2); Lycastis armillaris, Savigny , Syst. des Annél., note de la page 45. — Néréide armillaire, Blainville, art. Vers, op. cit., t. LVIL, P. 470. (2) Wereis incisa, Othon Fabricius, Fauna Groen., p. 295, n° 277. — Lycoris incisa, Savigny, loc. cit., note de la page 33. — Mereis incisa, Blainville , art. Vers, loc. cit., p. 470 et art. Neéréide du même dict., p. 434 et 437. D'après la description d’Othon Fabricius, ce serait à tort que M. Savigny aurait placé cette Annélide dans son genre Lycoris , car cet auteur dit expressément que les pieds ont la forme d’un cône dont le sommet est armé de soies. Nous ferons remarquer aussi que, dans l’article Wéréide du Dict. des Sc. nat., M. de Blainville a fait de cette Annélide un double em- ploi. Il l’a décrit d’abord page 434, dans la section des Néréides uni- dentées qui correspond au genre Lycoris , et qui a pour caractères des appendices locomoteurs à deux rames; puis, page 437, il la décrit une seconde fois comme appartenant à la section suivante qui répond au genre Lycastis de M. Savigny, et qui a pour caractère des appendices locomoteurs à une seule rame. (3) Mereis Otto , Delle Chiaje, op. cit., t. 111, p. 167 et 155. pl. xexi, fig. 7, 12, 17, 20 et 21. L'auteur rapporte, avec uu point de doute, cette espèce au genre Phyllodocé; mais l’existence de mächoires et d’anténnes semblables à celles des Néréides et des Lysidices, n’autorise pas ce rapprochement ; les pieds paraissent être uniramés comme chez les Lycastis, mais lecirre supérieur est représenté comme s’il était plutôt lamelleux que filiforme. (4) Nereis Ockenüi, Delle Chiaje, op. cit., &. 111, p. 166 et 175, pl. xzu, fig. 6 et 22. Cette espèce paraît ressembler beaucoup à la précé- Néréide incisée. N. Otto. N. Ockenu Nereis Blanvillu. Structure exterieure. 204 ANNÉLIDES ERRANTES. Nereis Blainvillii (1) de M. Delle Chiaje devront éga- lement prendre place dans le genre Lycastis. : GENRE IIL. SYLLIS, Syllis (2). (PL rv?, fig. 1-5.) Le genre Syllis a été établi par M. Savigny pour re- cevoir des Annélides qui ont beaucoup d’analogie avec les Néréides, mais qui se rapprochent surtout des Lycas- tis. Ce sont des animaux à corps grêle , allongé et com- posé d’un grand nombre d’articles (fig. 1 ) ; leur téte (fig. 2) est petite, arrondie, saillante et libre en avant , avec les côtés renflés en deux lobes (a) (3) et le front échancré; les yeux sont au nombre de quatre comme chez les Néréides ; mais au lieu d’être placés par paires , les uns au devant des autres, ils occupent dente, seulement les cirres supérieurs des pieds sont encore plus lamelleux; l’auteur ne dit rien des mâchoires, mais la forme de la tête éloigne cette Annélide des Phyllodocés. (1) Nereis Blainvillii, Delle Chiaje, op. cit., t. 3, p. 167 et 176, pl. xznr, fig. 8 et 23. (Ici les cirres supérieurs sont filiformes, et la forme de la tête paraît être assez celle des Néréides et des Lycastis; les pieds sont évidemment simples, comme chez ces derniers). (2) Sydis, Savigny, op. cit., p. 43. — Néréisylle, Blainville, op. cit. , t. LVII, p. 472. — Syllis, Cuvier, Règne anim. , 2° édit. , t. 1171, p: 203. (3) M. de Blainville considère ces lobes comme les analogues des antennes extérieures des Néréides; opinien que nous sommes assez portés à partager. / NÉRÉIDIENS. 205 ordinairement une ligne courbe transversale; les an- tennes (fig.2,b,c) sont grèles, filiformes, monilaires et au nombre de trois seulement; elles sont semblables aux cirres et s’insèrent à la face supérieure de la tête, près de la nuque. La trompe est de grandeur moyenne, divisée en deux anneaux, plissée à son extrémité et dé- pourvue de mächoires. Les cirres tentaculaires sont également grèles et moniliformes ; il y en a deux pai- res (d, e). Enfin les pieds (fig. 4) sont à une seule rame (a) et portent deux cirres dont le supérieur est long et moniliforme et l’inférieur court et subulé. Les branchies sont nulles. Voici en quelques mots le résumé des caractères les plus remarquable de ce genre : Boucue dépourvue de mächoires, trois ANTENNES longues, gréles et moniliformes; prEDs uniramiés; CIRRES filiformes , les supérieurs monilaires ; point de BrAn- CHIES. 1. SYLLIS MONILAIRE, Syllis monilaris (1). (PL. 1v8, fig. 1-5.) Cette espèce que M. Savigny a trouvée sur les bords de la mer Rouge , habite aussi nos côtes ; la seule difté- rence qu'elle présente est d’être chez nous un peu plus (1) Sylis monillaris, Savigny, Syst. des Annel., p. 44, pl. 1v, fig. 3 (très-bonne ; reproduite en partie dans le Dict. des Sc. nat., atlas des Vers, pl. xvix, fig. 2, et dans notre pl. 1v?. — éréisylle monillaire, B'ainville, op. cit., t. Lvix, p. 473. Resume des caracières. Syllis monilaire. 206 ANNÉLIDES ERRANTES. petite qu’en Egypte. Les individus que nous avons exa- minés n'avaient guère plus de deux pouces de long sur environ une ligne de large. Leur corps est un peu aplati, aminci insensiblement vers la queue, et presque fili- forme; nous y avons compté de cent à deux cents et quelques segmens, tandis que chez ceux décrits par M. Savigny, il y en avait trois cent quarante. Le pre- mier segment est à peu près de même longueur que le second , et le dernier égale les trois précédens réunis. La tête (fig. 2) est plus large que longue, et les yeux sont placés sur une ligne courbe transversale. Les antennes sont très-écartées à leur base ; la médiane est un peu plus longue que les externes et s’insère un peu plus en arrière. La trompe présente à la partie supérieure de son orifice une petite corne solide dirigée en avant. Les cirres tentaculaires sont insérés de chaque côté de la tête, et sont placés les uns au-dessous des au- tres ; les supérieures (e) sont plus longues que les infé- rieures (4). Les pieds (fig. 4 ) sont formés d’une seule rame cylindrique , sans lobe terminal , et pourvus d’un seul faisceau de soies (a) ; le cirre supérieur (c) est très- long, grêle, moniliforme, et semblable en tout aux cirres tentaculaires de la paire supérieure, l’inférieure (d) ne dépasse pas le tubercule sétifère ; ilest cônique et sans articulations. Les acicules ne présentent rien de remar- quable ; enfin les appendices du dernier segment ont la forme de petits stylets assez longs et moniliformes (fig. 5, a). La couleur de la Syllis monilaire, lorsque l'animal à été conservé dans l'alcool, varie du gris rou- geàtre au Jaune. NÉRÉIDIENS. 207 2 SYLLIS ÉCLAIR, Syllis fulgurans (x). M. Dugès, professeur à Montpellier, a bien voulu nous transmettre la description, et un croquis de cette espèce nouvelle de Syllis , trouvée par lui sur les bords de la Méditerranée. Elle a quatre pouces de longueur sur une ligne à une ligne et demie de largeur, et son corps se compose d’environ cent trente anneaux. Ce qui la distingue principalement de l’espèce précédente est la position des yeux qui sont disposés en carré, et la pe- uitesse du premier segment du corps , qui est beaucoup plus étroit que les suivans , et paraît en quelque sorte faire partie de la iète. La couleur de la Syllis éclair est, pendant la vie, d’un beau vert pré, qui, par l’action de l'alcool , se change en un jaune sale ; les cirres sont incolores. Cette Anné- lide a été trouvée parmi les rochers volcaniques qui hé- rissent en quelques points la plage voisine d'Agde ; elle habitait dans la vase , sous les pierres voisines du rivage, et s’y pratique des galeries ou fourreaux ouverts d’un côté seulement et formés de.divers corps étrangers ag- glutinés au moyen d’un enduit transparent. Cet animal nage peu , mais marche avec assez de vitesse , et répand une lumière phosphorescente des plus remarquables. Voici comment l’habile observateur à qui nous devons la connaissance de la Syllis éclair s’exprime à cet égard : « Lorsqu'on la touche, et surtout qu’on la presse (1) Dugès, Notes manuscrites communiquées par l’auteur. Syllis éclair. Mœurs. 208 ANNÉLIDES ERRANTES. un peu fortement, soit dans l’eau, soit hors de l’eau , elle projecte un éclat subit et fort vif qui se répand sur- tout, à ce qu'il m'a semblé, d’arrière en avant; une partie seulement du corps prend ordinairement la phos- phorescence ; un tronçon détaché la produit avec une égale vivacité s’il est récemment séparé; la mort détruit totalement ce phénomène, qui faiblit lorsque animal est languissant; alors il ne manifeste plus guère sa phosphorescence que par des points lumineux le long de la partie latérale. Le même effet s’est produit quand j'ai immergé lanimal dans l’alcool; mais, en pleine vigueur, la lumière qui en résulte est si fixe, qu'elle nous causa, sinon un mouvement de frayeur, du moins une vive surprise la première fois que nous l’obser- vâmes , quoique l'animal füt exposé à la lumière d’une bougie. Dans l’obscurité, cette lueur éclaire momenta- nément les objets environnans; je dis momentanément, car elle ne persiste que quand on tourmente la Néréide d’une manière continue ; d'ordinaire elle cesse assez vite, mais bien moins brusquement qu’elle n’a paru. La rapidité avec laquelle elle éclate a en effet quelque chose d’électrique , et lui mérite bien le nom que nous Jui avons donné. Ce n’est point une humeur répandue par l’Annélide qui produit cette phosphorescence ; elle ne reste nullement aux doigts, et toute lumière dispa- raît même dès qu’on écrase le tronçon brillänt. Je ne doute pas que cet animal ne puisse contribuer à la pro- duction du phénomène de la mer lumineuse; en effet, une forte agitation de l’eau qui la renferme la rend quel- quefois brillante dans l'obscurité, surtout si l’eau la laisse de temps en temps à découvert. » NÉRÉIDIENS. 200 « M. de Blainville donne le nom de Syzzts ORNÉE à une espèce très-petite, voisine de la Syllis monilaire, qui habite les côtes de la Manche, et qui se trouve sur les coquilles des huitres qu'on apporte à Paris; mais la description n’en a pas encore été publiée (1). Le mème zoologiste observe avec raison que c’est pro- bablement à côté de ces Annélides qu'il faudrait ranger quelques espèces décrites d’une manière très incomplète par M. Viviani (2). M. Savigny rapporte également à cette- division la NéréiDE PRoL1FÈRE (3), et elle nous paraît devoir renfermer aussi la Néréine rosée (4), la Né- RÉIDE PONCTUÉE (5), la NÉréine prospnoriqQue (6), (1) Nereisyllis ornata, Blainville, article Pers, loc. cit., p. 473. (2) Wereis Cirrhigera, Viviani , Phosphorentia maris , tab. 111, fig. 1-2. Cette espèce, presque microscopique, ressemble beaucoup à la Nereis prolifera de Muller, et devrait peut-être ne pas en être dis- tinguée. — Nereis mucronata , Viviani , loc. cit. , tab. 1171, fig. 3-4. (3) Nereis prolifera, Muller, Zoo!. Dan., t. 11, tab. Lit, fig. 5-9 (reproduite dans l’Encyclop. méthod., pl. 1v1, fig. 12-15). — Sylis prolifera, Savigny, Loc. cit., p. 45. — Nereisyllis prol-fera, Biainville, loc. cit., p. 473. (4) Wereis rosea, Othon Fabricius, Fauna Groenlan., p. 301, n° 284. — Castalia rosea , Savigny , loc. cit., note de la page 45. — Néréimyre rose, Blainville, art. Vers, loc: cit., p. 468. Nous sommes portés à croire que l’une des divisions des pieds mentionnée, par Othon Fa- bricius, est le cirre ventral. (5) MNereis punctata, Muller, Zoof. Danica, tome 11, tab. Lxrr fig. 4 et 5 (reproduite dans l’Encycl. méthod., pl. vtr, fig. 19-20). (6) Nereis noctiluce, Linn., Faur. Succ., n° 2098, et Amænit. Aca- demicæ , t. 111, p. 203. — Muller, Z0/. Danica, t. 1v, tab. CXLvIIE, fig. r-3 (reproduite dans l’Encycl. méth., pl. Lvr, fig. 9-11). — Ne- réide phosphorique , Bosc., Hist. nat. des Fers,t. 1, pe 145. j 4 11. 14 Syllis ornée. N. prolifere. N. rosée. N. ponctuée. N. phosphoriq. 210 ANNÉLIDES ERRANTES. N.deRudolph. Ja Nérérne DE Rupozpuar (1) et la NérÉIDE DE Tren- N. de Tiedm. Structure extérieure. MANN (2). GENRE IV, HÉSIONE, /esione (3). (PL. v, fig. 1-5.) Les Hésiones de M. Savigny ont beaucoup d’analogie avec les Syllis , et ils semblent établir un passage entre ces animaux , les Phillodocés et les Annélides de la fa- mille suivante. Leur corps , court et gros, ne se compose que d'un petit nombre de segmens , et se rétrécit très-brusque- ment à son extrémité postérieure ; il est comme bordé de chaque côté par un bourrelet saillant et présente une multitude de stries transversales (pl. v, fig. 1). La téte (fig. 2 et 4) est complètement soudée au premier segment du corps; elle est plus large que longue, tronquée en avant , et pourvue de quatre yeux placés sur les côtés. Les antennes sont au nombre de quatre (4), semblables (1) Nereis Rudophui, Delle Chiaje, op. cit., t. xx, p. 176, pl. xzirr, fig. 14 et 19. (2) Nereis Tiedmannii, Delle Chiaje, op. cit., t. 111, p.176, pl.xzur, fig. 13 et 14. (3) Savigny , Syst. des Ann., p. 39. — Blainville, loc. cit., t. Lvur, p. 481. — Cuvier, Règ. anim. , 2° édit, t 3; p'a61: (4) Dans les Hésiones que nous avons examinées, nous n’avons pu distinguer que deux antennes, et dans la figure que M. Savigny en NÉRÉIDIENS. 2711 entre elles, extrèmement petites et très-écartées de la ligne médiane. La bouche est armée d’une grosse trompe cylindrique (fig. 4, d), qui ne présente ni mà- choires, ni plis, ni tentacules. Les cirres tentacu- laires (c) sont extrêmement longs et forment un paquet de chaque côté de la tête ; on leur distingue un article basilaire court et renflé et un filet terminal cylin- drique grêle et fort allongé; on en compte huit paires. Les pieds (fig. 3), sont très-écartés entre eux, saillans et uniramés; leur forme est cylindrique, et leur extré- mité, qui est tronquée, livre passage à un petit faisceau de soiïes très courtes (a); les cirres sont filiformes et semblables aux cirres tentaculaires ; le dorsal (c) est très Jong et le ventral (d) court. Il n’y a point de branchies distinctes; enfin, le dernier anneau du corps porte de chaque côté de l’anus nn stylet terminal, surmonté d’un petit tubercule qui est évidemment un rudiment de pied (fig. 1). Dans l’état actuel de nos çgonnaissances sur la classe des Annélides, il suflit des caractères suivans pour dis- tinguer le genre Hésione de tous les autres Néréidiens. Preps unirames; CIRRES f1liformes ; TROMPE très grosse et dépourvue de MACHOIRES ; point de BRANCHIES. a donnée, on n'en voit pas du tout; mais ce savant en a observé quatre ; il est donc probable qu’elies étaient en partie rentrées dans nos individus. Hesione yantherine, 2192 ANNÉLIDES ERRANTES. 1. HÉSIONE PANTHÉRINE, lesione pantherina (x). (PL v, fig. 1v.) PC dt, Cette Annélide qui a été décrite récemment par M. Risso, et qui nous a été rapportée de Nice par M. Laurillard, ressemble beaucoup à une espèce déjà figurée par M. Savigny sous le nom d’ÆZésione écla- tante ; mais elle s’en distingue par la forme de la tête. Sa longueur est d’un peu plus de deux pouces sur environ quatre lignes de large; son corps est un peu aplati, oblong à ses deux extrémités. Sa face dorsale parait formée de trois portions ; une médiane très-large et striée en travers, et deux latérales, renflées , fron- cées irrégulièrement et constituant une espèce de bor- dure qui se voit aussi à la face inférieure du corps où la portion médiane est lisse et marque sur la ligne médiane d’une bande longitudinale. La téte (fig. 4, a) est à peu près quadrilatère et présente en arrière un petit silion qui la divise en deux lobes: il Tai peu saillie au-dessus de la lèvre supérieure qui est beaucoup plus large qu'elle, et se voit de chaque côté entre son bord et les cirres tenta- culaires. Les antennes (b) sont courtes, subulées et fili- formes ; elles s’insèrent aux angles antérieurs de la tête. La trompe (d) est grosse et cartilagineuse à son extrémité; sa portion moyenne est froncée longitudinalement , et on y remarque à quelque distance au-devant de la tête un petit mamelon impair (e); son extrémité est lisse. Les cirres tentatulaires (ce) sont très-rapprochés à leur base (1) Rüisso, op. cit. ,t, 1v, p. 418. Il est à noter que ce que M. Risso décrit comme étant l'anus, est réellement l'extrémité céphalique. NÉRÉIDIENS. 213 et s’insérent sur trois lignes obliques (3, 3 et 2); les pos- térieurs et supérieurs sont les plus longues. Les pieds de la première paire ont des cirres ( f) aussi longs que les autres, mais leur tubercule sétifère est très-petit ; ceux de la dix-septième paire sont dirigés en arrière et très rapprochés de ceux de la dernière paire qui se touchent presque, et qui en constituent les filets stylaires. L'a- nus est entouré d’un cercle de petits mamelons coniques. Enfin les soies sont d’un jaune verdâtre , et ont à peu près la même structure que celle des Néréides ; l’acicule est noir. D’après M. Risso, cetie Hésione a le dos d’un rouge brun clair à reflets métalliques, et annelé de petites raies transversales jaune citron; l’abdomen est d’un blanc rose. Elle habite les régions vaseuses de la côte de Nice. 3. HésionE AGRÉAULE, Âfesione fertiva (1). M. Savigny a donné ce nom à une petite espèce qui habite la Méditerranée et qu’il n’a pu étudier qu'impar- faitement , tous les cirres étant rentrés chez l'individu qu’il avait sous Îes yeux. Elle doit être facile à distin- guer de, la précédente, car M. Savigny dit qu’elle a le même nombre de pieds que l’Hésione éclatante, c’est- à-dire dix-sept, tandis que chez l'Hésione panthérine on en compte dix-huit. Une troisième espèce appartenant à ce genre, la Hé- sione éclatante, Sav. (2), est exotique. (1) Savigny , Op. cit., p. 4o. (2) Hesione splendida, Sav., op. cit., p. 4o, pl. ur, fig. 3 (figures très-belles , reproduites en partie dans le Dict. des Sc. nat., atlas des Vers, pl. xvit, et en partie dans notre pl. v, fig. 1, 2 et 3). Hésione agréable, Hesione éclatante. Structure exterieure. ESS 21 ANNÉLIDES ERRANTES. GENRE V. ALCIOPE, Alciopa (1). (PI. v, fig. 6-11.) Le genre Alciope , que nous avons établi d’après une Annélide très curieuse trouvée par notre ami M. Rey- naud pendant son voyage à bord la Chevrette, s'éloigne, à plusieurs égards, de tous les autres groupes qui for- ment les Néréidiens. Ft Le corps de ces animaux (pl. v, fig. 6) est linéaire, un peu aplati, tronqué antérieurement et atténué vers : l'extrémité anale. On n’y compte qu’un petit nômbre d’anneaux dont le premier est moins grand que les sui- vans. La téte (fig. x et 2) est remarquable par sa gros- seur et par le développement des yeux (a) qui sont au nombre de deux, et qui occupent les parties latérales de deux grands lobes globuleux ; le bord antérieur de la tête est transversal, et donne insertion à quatre an- tennes (b, c), subulées, dont Îes mitoyennes sont les plus longues. La bouche est transversale, et c’est son bord supérieur plutôt que les côtés de la tête qui donne insertion aux cirres tentaculaires (e). Ces appendices sont au nombre de quatre de chaque côté ; mais au premier abord, on pourrait les croire plus nombreux, car ils ressemblent exactement à deux tentacules qui sont fixées à la partie antérieure et supérieure d’une petite trompe x) Aud. et Edw. — Cuvier, Reg. anim. , 2° éd., te 111, p. 202. NÉRÉIDIENS. 219 * charnue , et qui se portent en avant au-dessous de la tête (d). n’y a point de mâchoires. Les pieds (fig.9et 10) sont similaires et formés d’une seule rame très grosse, ter- minée par un tubercule sétifère (a),etentouréde plusieurs appendices mous. L’un de ces organes (c) occupe la partie externe du bord supérieur du pied, et a la plus grande analogie avec le cirre supérieur des Phillodocés ; il est. charnu, aplati, presque lamelleux, cordiforme et fixé à l’aide d’un pédoncule. Un autre cirre (d) de même forme et de même texture, mais moins grand, s’insère au bord inférieur du pied , à peu de distance de son extré- mité. Un troisième appendice mou qu'on doit regarder comme une branchie de l'arceau supérieur( f), se voit à la face postérieure ou au bord supérieur du pied, près du point de jonction de cet organe avec le corps ; il est mou, membraneux , presque vésiculeux, assez grand , divisé en général en deux lobes, ei s'élève sur les parties laté- rales du dos. Enfin , à la partie correspondante du bord inférieur du pied, se trouve un quatrième appendice membraneux (g) ayant la forme d’un tubercule renflé à sa base et la même texture que fa branchie supérieure ; aussi le regardons-nous comme étant un lobe branchial de l’arceau inférieur ; en sorte que chaque pied porterait deux cirres lamelleux et autant d’appendices bran- chiaux. Les différences principales qui distinguent le genre * Alciope des autres Néréidiens peuvent'être résumés de la manière suivante : Tère très-grosse , beaucoup plus large que longue, et portant des ANTENNES filiformes et des veux latéraux Resume des caractères Atciope de Reynaud. 216 ANNÉLIDES ERRANTES. if 4 très gros; point de mAcnoïres; des CIRRES tentaculaires ; P1EDS à une seule rame portant deux cirres foliacés et deux lobes branchiaux insérés près de leur base. Aucune Annélide de ce genre n'a encore été trouvée sur les côtes de la France , et elles paraïssent être essen- tiellement pélagiennes. L'espèce d’après laquelle nous l'avons établie, et que nous dédierons à M. Reynaud, a été rencontrée par ce naturaliste dans l'Océan Atlan- tique (1). GENRE VI. « MYRIANE, Myriana (2). M. Savigny a donné ce nom générique à des Annélides qui paraissent se rapprocher beaucoup des Phillodocés et établir un passage entre ces Néréidiens d'une part et les Syllis et les Hésiones de l’autre. En effet, ils ne se distinguent guère des premiers que par lexistence de cirres ventrales filiformes , et par la disposition du cirre dorsal des pieds, qui, au lieu d’être foliacé et de se rétrécir vers sa pointe, est simplement dilaté près de son sommet, caractères qui les rapprochent des genres dont nous venons de faire l’histoire. Nous n'avons pas (a) L’Alciope de Reynaud (A. Reynaudii), Aud. et Edw., a environ 1 pouce et demi delong,et son corps se compose d'environ cinquante anneaux; on pourra se former une idée exacte de la forme deses diver- ses parties par les figures que nous en donnons, pl. v, fig. 6-11. (2) Myriana, Savigny, op. cit., p. 4o. — Nereimyra, Blainville, ôp. cit. ; t. LVIT, p. 466. Nr NÉRÉIDIENS. 217 eu l’occasion d'observer par nous-mêmes ces Annélides qui se trouvent cependant sur les côtes de la France, et nous nous bornerons par conséquent à rapporter ici la description que M. Savigny en a donnée. « Trompe grosse, longue, de deux anneaux; le pre- mier très-long, claviforme, hérissé de courts et fins tentacules ; le second plissé; mächoires nulles. Feux peu distincts, deux antérieurs, deux postérieurs. 4n- tennes complètes ; les mitoyennes écartées, petites , co- niques, de deux articles distincts, le second subulé; limpaire nulle; les extérieures semblables, pour la forme et la grandeur, aux mitoyennes ; insérées un peu plus en avant, et divergeant en croix avec elles. Pieds dissemblables : les premiers, seconds, troisièmes et quatrièmes non ambulatoires, privés de soïes et con- vertis en huit cirres tentaculaires , deux supérieurs, six inférieurs, disposés sur les côtés de trois segmens peu distincts formés par la réunion des quatre premiers seg- mens du corps ; les pieds suivans, excepté peut-être la dernière paire, simplement ambulatoire. Cirres tenta- culaires filiformes, inégaux, le supérieur de chaque côté plus long que les trois inférieurs ; l’antérieur de ceux-ci le plus court. Pieds ambulatoires à une seule rame , pourvue de deux faisceaux de soies fines , ou plu- tôt d’un seul, divisé en deux par un acicule; cirres allongés, rétractiles : les supérieurs, dilatés près du sommet , plus grands que les inférieurs; ceux-ci fili- formes. Dernière paire de pieds... inconnue. Bran- chies paraissant suppléées par les cirres, nulles. Zéte rétrécie en arrière , élevée sur le front en un cône court, Structure exterieure, Myriane très longue. 218 ANNÉLIDES ERRANTES. qui porte les quatre antennes. Corps linéaire, très- étroit, formé de segmens très-nombreux; le premier des segmens apparens pas plus grand que celui qui suit. » Les caractères qui paraissent distinguer principale- ment les Myrianes des autres Néréidiens tentaculés sont : les cirres supérieurs des pieds élargis à leur extrémité, les inférieurs filiformes; point de branchies distinctes ; antennes très petites. 1. Mvyriane œRÈs LoNeuE, Myriana longissima (1). Cette Annélide habite les côtes de l'Océan. Voici la des- cription que M. Savigny en a donnée : « Corps long de plus de vingt-sept pouces sur une ligne et demie de lar- geur, par conséquent très grêle, presque cylindrique, formé sur un individu incomplet de trois cent trente- deux anneaux peu marqués, striés circulairement. Trompe hérissée de tentacules presque imperceptibles ; un mamelon conique sur la nuque, cirres plus longs que les rames; les inférieurs très-rétractiles; rames ciliées par deux légers faisceaux rapprochés du sommet, linférieur le plus touffu et le mieux épanoui; soïes jau- nâtres ; acicule d’un jaune de succin. On remarque sous la base des cirres tentaculaires postérieurs, quelques traces des autres parties du pied. Couleur générale, blanc-bleuâtre, avec de légers reflets ; les cirres, con- tractés et déformés pour la plupart, paraissent d’un pourpre foncé. » (x) Savigny, op. cit. , p. 4r. NÉRÉIDIENS. 219 Nous croyons devoir rapporter à ce genre , la Nereis pennigera de Montagu (1), jolie espèce de Néréide qui a été trouvée sur les côtes du Devonshire en Angle- terre. GENRE VIL PHYLLODOCÉ, Phyllodoce (2). (EL UE) Les Néréidiens qui composent le genre Phyllodocéres- semblent sous plusieurs rapports aux Syllis, mais il est facile, au premier coup d’œil , de les distinguer de ces Annélides , ainsi que de la presque totalité des animaux de la même classe ; car leur corps, allongé et à peu près linéaire, est recouvert de chaque côté par une espèce de bordure élevée et lamelleuse, formée par la réunion d’une multitude de petites écailles, ou plutôt de fol- léoles membraneuses qui se recouvrent les unes les (1) Nereis pennigera, Montagu, Descrip. of general marin. animals, Trans. of the Linn. soc. , vol. 1x, p. 111, tab. vi, fig. 3. La description que cet auteur en donne est si incomplète qu’elle apprend moins que la figure. (2) Phyllodoce, Savigny, Syst. des Annél., p. 42. — Lamarck, Hist. des Anim. sans vertèbres , t. v, p. 316.— Cuvier, Règne animal, t. 111, p- 202. — Nereiphylla, Blainv., art. Vers, loc. cit., p. 465. Le nom de Phyllodocé a été donné aussi par M. Ranzani à une Annélide très différente de celles dont il est ici question (les Polyodontes), mais il n’en doit pas moins être conservé à ces dernières, à cause de l’antériorité du travail de M. Savigny, publié dans l'ouvrage de M. Lamarck en 1818, tandis que les Memorie di Storia naturale de M. Ranzani, n'ont paru qu’en 1820. Nereis pennigera. Structure estérieure. Tête 220 ANNÉLIDES ERRANTES. autres (fig. 1). Cette disposition curieuse rappelle ce que nous avons déjà vu dans les Sigalions et dans la plu- part des autres Aphrodisiens, mais elle dépend d’un mode d'organisation très-différent ; chez ces dernières Annélides, ce sont des espèces de disques fixés sur le dos de l’animal par leur face inférieure et existant quel- quefois , conjointement avec un cirre supérieur long et filiforme ; chez les Phillodocés c’est, au contraire, ce cirre lui-même qui s’est élargi en forme de feuille, et qui est fixé au pied par son bord inférieur (fig. 3, c). L'aspect des Nephtys et de quelques Néréides pourrait les faire confondre avec les Phyllodocés; car, chez les premiers , les pieds sont bordés de lamelles membra- neuses (1), et, chez les seconds , la base du cirre supé- rieur s’élargit quelquefois de manière à constituer une grande feuille membraneuse (2); mais chez toutes ces Annélides, les pieds sont divisés en deux rames, et pour- vues de languettes branchiales , tandis que chez les Phyl- lodocés, ces organes ne sont formés que par une seule rame et ne portent point de branchies proprement dites. Toutes les Phyllodocés ont le corps (fig. 1 et 9) pres- que linéaire, très-allongé , à peu près cylindrique et formé d’un grand nombre d’anneaux (fig. 1 et 9); la téte de ces animaux est petite et plutôt globuleuse que conique (fig. 2 et 11 ): les yeux, dont on n’apercçoit en général qu'une paire, occupent sa face supérieure, et les antennes mitoyennes et externes sont fixées sur son bord. (1) Voyez pl. v£, fig. 4. (2) Voyez la Néréide de Marion, pl. 1v4, fig. 4 et 5. LA nl NÉREIDIENS. 221 antérieur. Ces appendices sont très petits, subulés et sem- blables entre eux (fig. 11, a, b); l'antenne médiane, lorsqu'elle existe, est placée un peu plus en arrière que les latérales , et ressemble à un petit tubercule conique fixé sur la partie supérieure de la tête (fig. 11, c). L’ou- verture buccale est pourvue, comme à l'ordinaire , d’une grande trompe claviforme qui est divisée en deux segmens et couronnée, à son extrémité, de petits tenta- cules (fig. 2, Q et 10); à l’intérieur elle ne présente aucune trace de màchoires. Les appendices des premiers anneaux du corps sont convertis en cirres tentaculaires (fig. 1 et 2, f); en général, ils sont réunis en groupes de chaque côté de la tête, et le segment qui les porte n’offre point de trace de division (fig. 2); mais d’autres fois ils sont disposés en série de chaque côté du corps et portés sur trois an- neaux distincts (fig. 11); quant à leur nombre, il est ordinairement de huit. Les appendices de tous les anneaux suivans, à l’ex- ception du dernier . sont semblables entre eux et ont la forme de pieds ambulatoires (fig: 3, 4 et 12) ; chacune présente une seule rame garnie de deux cirres et termi- née par un faisceau de soies, derrière lequel on dis- tingue un lobule membraneux plus ou moins profon- dément échancré vers le milieu (a); les soies (fig. 6, 7,8 et 13) sont armées d’un appendice mobile et en- tourent un acicule qui ne présente rien de remarquable. Le cirre dorsal (fig. 3, 4 et 12, c), ainsi que nous l'avons déjà dit, n’a point, comme chez la plupart des Annélides : la forme d’un tentacule subulé, mais bien à 9 Cirres testaculaires. Pieds. Resume des caraëtères. Phyllodoce lamelleuse. 222 ANNÉLIDES ERRANTES. celle d’un lobe aplati et semblable à une feuille dont la surface est légèrement veinée ; la grandeur et la forme de ces lamelles membraneuses varient suivant les es- pèces, maïs leur sommet n’est jamais échancré comme chez la Néréide de Marion ; elles sont beaucoup plus larges à leur base que vers leur extrémité, et en s’in- fléchissant les unes sur les autres, elles forment une espèce de bordure qui recouvre les parties latérales du corps et la presque totalité des pieds. Le cirre ventral(d), inséré à la face inférieure du pied, est beaucoup moins grand que le cirre dorsal; en général, sa forme est à peu près la même; dans quelques espèces, cependant, il est beaucoup moins lamelleux, mais il n’est jamais filiforme et subulé. On ne voit aucune trace de branchies pro- prement dites. Enfin les appendices du dernier anneau du corps constituent deux filets stylaires qui sont dirigés en arrière (fig. 1). En résumé, on peut assigner au genre Phyilodocé les caractères suivans : Tère bien distincte du corps; une grosse TRoMPE sans mächoires; des CIRRES TENTACULAIRES ; PIEDS sinilans à une seule rame, sans branchies, et portant deux des cirres foliaces. 1. Payzzonocé LamerreusE, Phyllodoce laminosa (1). (PI. vé, fig. 1-8.) Cette Annélide, que M. Savigny a décrite le premier, est une des espèces les plus grandes de nos côtes. Sa lon- (1) Savigny, op. cit., p. 43. NÉRÉIDIENS. 223 gueur est quelquefois d'environ deux pieds , mais sa lar- geur n’excède guère quatre lignes; elle est également remarquable par la beauté de ses couleurs. A l’état de vie , les larges cirres foliacés qui garnissent le côté de son corps sont d’un beau vert, et son dos, bien quil offre la même teinte générale , brille d’un éclat métal- lique et présente toutes les nuances variées de l’iris. Con- servée dans l'esprit de vin, elle prend une couleur brune avec des reflets pourpres très-riches. La forme générale de la phyllodocé lamelleuse ne présente rien de remarquable (pl. v,, fig. 1). Le nom- bre des anneaux qui en constituent le corps varie beau- coup, mais est toujours très-considérable; chez quel- ques individus , nous en avons trouvé près de cinq cents, tandis que chez d’autres, on n’en comptait qu'environ trois cents. La téte (fig. 2) est un peu échancrée près de la nuque; l'antenne médiane manque; les mitoyennes et les externes (e) sont très courtes, grêles, coniques, diver- gentes et fixées presque dans le même point, au bord an- térieur de la tête, assez loin de la ligne médiane. La trompe (fig. 2, a, d), est très longue et renflée vers son extrémité ; sa surface est lisse vers Sa base (d), mais hé- rissée ensuite d’un grand nombre de petites papilles miliaires; enfin, dans sa moitié jexterne, elle présente un grand nombre de rides transversales, interrompues par des séries longitudinales de petits tubercules , de fa- çon à paraître presque hexagonale (:). Son ouverture (a) est entourée d’un cercle de seize petits tentacules arron- dis ou plutôt de papilles (b). Le premier segment apparent du corps n’est pas plus Structure extérieure. Pieds. 224 ANNÉLIDES ERRANTES. grand que les suivans, mais porte tous les cirres tenta- culaires, qui sont réunis en groupes de chaque côté de la tête (fig. 2, f). On en compte dix, mais ceux de la paire postérieure sont rudimentaires et cachés sous la base des deux précédens (fig. 5, e); aussi est-il assez difficile de les apercevoir ; les autres cirres tentaculaires sont au contraire très développés et placés sur deux rangs; enfin les supérieurs sont plus longs que les inférieurs. Les pieds de tous les anneaux suivans ont la même forme et la même structure ; ils sont peu saillans et pré- sentent à leur sommet une série verticale de soies dis- posées en-éventail, et dont l’organisation est très cu- rieuse (fig. 6, 7 et 8). Près de leur extrémité libre , ces soies se renflent tout à coup de manière à former une sorte de bouton allongé, terminé par une épine très fine (fig. 7, b), et sur les côtes de ce renflement vient s’ar- ticuler uue seconde pièce cornée presque ensiforme dont la base présente deux branches séparées par une échan- crure profonde (fig."6) ; l’une de ces branches, beaucoup plus longue que l’autre, est terminée par une pointe très fine qui est fixée au bouton dont nous venons de parler; l’autre branche est libre et s'appuie, dans l’état naturel, sur le côté opposé du bouton, de façon que l’épine ter- minale de celui-ci est reçue dans l’échancrure qui oc- cupe la base de l’appendice en question; maïs une légère pression suffit en général pour reployer cette pièce cornée terminale et pour mettre à nu l’épine. Or, ce mécanisme très-simple paraît destiné à multiplier les moyens de dé- fense de l’animal. En effet , lorsque le corps qu'il cher- che à blesser est facile à percer , l’appendice ensiforme NÉRÉIDIENS. 225 y pénètre , et la forme de son extrémité postérieure, en même temps qu'elle s'oppose à sa sortie, doit rendre sa rupture très-facile ; si au contraire la surface qu’il at- taque avec ses soies n'est pas facile à entamer , l’appen- dice mobile qui les termine peut se reployer et laisser à nu l’épine acérée qui constitue l’extrémité de la soie elle- même. Quant aux acicules, ils ne présentent rien de remarquable ; chez tous les individus que nous avons examinés, ils étaient d’une couleur jaune-paille, mais chez ceux observés par M. Savigny, il paraît que ces appendices cornées étaient d’un brun rouge. Le cirre supérieur (fig. 3, c) est très grand, aplati, dilaté dès sa base, lamelleux et irrégulièrement cordiforme ; sa surface est presque plane et présente un grand nombre de ramifica- tions ayant l'aspect d’un lacis vasculaire ; son bord infé- rieur est échancré en croissant dans le point où ii s’in- sère au tubercule au moyen duquel il est fixé à la base supérieure du pied; enfin son sommet, dirigé en de- dans, ne présente ni échancrure ni appendice subulé , et si l’on tirait une ligne droite entre ce point et le mi- lieu de l’échancrure basilaire, on diviserait l’espèce de feuille qu'il représente en deux parties très-inégales ; la portion interne ou dorsale serait très-étroite et l’externe fort grande. Dans les individus examinés par M, Savigny, le cirre supérieur des pieds de la première paire était su- bulé et semblable par sa forme aux cirres tentaculaires ; mais dans ceux que nous avons observés il n’en était pas de même, car ces appendices ne différaient du cirre su- périeur des autres pieds qu’en étant plus étroits et d’une forme plus lancéolée (fig. 4 , ec). Le cirre inférieur (d) est lamelleux comme le supérieur ; il est à peu près des 1. 15 Mœurs. Phyllodoce clavigère. 226 ANNÉLIDES ERRANTES. deux tiers plus petit et d’une forme semblable, si ce n'est vers l'extrémité céphalique du corps, où il est beaucoup plus arrondi. Enfin les filets stylaires qui terminent l'extrémité postérieure du corps, sont très- peu développés ( fig. 1 ). La phyllodocé lamelleuse se trouve sous les pierres à très-basse mer, et paraît habiter de préférenee les localités où le sable est fin et dépourvu de vase ; aussi ne l’'avons-nous pas rencontrée aux îles Chausay, tandis qu’au nord de Granville elle est assez commune. Elle existe aussi en grande abondance aux environs de La Rochelle et à l’île de Noirmoutier, vis-à-vis un endroit appelé Za Pointe de Devin. Enfin nous l’avons vue de Nice. 2. Payrronocé cLavicere, Phyllodoce clavigera (x). (PI. vé, fig. 9-13.) Cette Annélide est beaucoup plas petite que l'espèce précédente ; elle n'a que quatre à cinq pouces de long, sur environ deux lignes de large, et les feuilles mem- braneuses des pieds ne recouvrent plus qu’une très- petite portion du dos. Le nombre total des anneaux du corps est d'environ deux cent dix, et le premier n'est pas notablement plus large que les suivans ; sa téte est un peu conique et porte cinq antennes, dont les quatre latérales sont disposées comme dans la Phyllodocé la- melleuse , et [a médiane est insérée un peu en arrière (1) Aud. et Edw. NÉRÉIDIENS. : 227 de la mitoyenne (fig. 11, c); les yeux sont très petits, mais au nombre de quatre et disposés sur une ligne transversale comme dans la Syllis monilaire. La trompe (fig. 10) est remarquable par sa grosseur ; son extrémité est gra- duellement renflée en massue; sa première moitié est à peu près lisse, maïs sa portion antérieure est hérissée d’une multitude innombrable de papilles courtes et ser- rées les unes contre les autres ; enfin son orifice (g) est couronné d’un cercle formé par vingt-quatre petits tenta- eules ou papilles arrondis. Lescirrestentaculaires(fig. rr, d)) assez courts, et au nombre de quatre paires, ne sont pas réunis en groupes comme dans les deux espèces précé- dentes; la première paire (fig. 10, c) est fixée sur le premier anneau du corps ; les deux paires suivantes (4) sont portées par le second anneau ; enfin la quatrième paire (c) appar- üent au troisième segment et recouvre une paire de pe- tits appendices charnus qui paraissent être des pieds ou des cirres inférieurs dans un état rudimentaire. Les pieds ambulatoires présentent comme à l'ordinaire deux cirres et une seule rame ( fig. 12 ). Le cirre supérieur (c) est un peu arrondi et à peine foliacé près de la tête, mais , à quelque distance de là, il devient aplati, veiné et de forme lancéolée; sa base est toujours échancrée pour se fixer sur un tubercule charnu placé à la partie supérieure du pied; enfin sa longueur augmente à mesure qu'ou s'approche de l'extrémité postérieure du corps. Le tubercule sétifère (a) est arrondi et terminé par un lobe membraneux vertical très peu saillant et légèrement échancré à sa partie médiane ; c’est au-devant de ce lobe terminal que se trouvent l’aci- cule et les soies. Le cirre inférieur (d) ne dépasse guère Phyllodoce de Gerville. Phyllodocé . de Geoffroy. 228 ANNÉLIDES ERRANTES. l'extrémité du pied ; il est dilaté près de sa base, maïs est beaucoup plus épais que le cirre dorsal , et ressemble à un gros tubercule plutôt qu’à une lamelle foliacée. Enfin l'extrémité postérieure du corps porte deux stylets pyriformes ; mais ces appendices sont très-rapprochés des derniers pieds ambulaioires. La couleur générale de cette Phyllodocé clavigère est d’un vert brillant qui, par l’action de l'alcool, passe au brun métallique. | On trouve la Phyllodocé clavigère sur les côtes de la Vendée et de la Manche. Nous l'avons rencontrée sur des rochers habituellement couverts par la mer et sur des bancs d’huîtres, parmi des Serpules, des Néréi- des , etc. 3. Pnyriovocé De Gervizre, Phyllodoce Gervilleit (1). Cette espèce que nous dédions à M. de Gerville de Valognes, est remarquable par l’absence de tout vestige d'antenne médiane, et par la brièveté des cirres tenta- culaires (1); du reste , elle ne diffère pas de la Phyllo- docé clavigère. Elle habite les côtes de la Manche, et nous a été communiquée par M. de Beaucoudray. A. Payzionocé pe GEorrrox, PhAyllodoce Geoffroyi (2). Le caractère le plus saillant de cette espèce nouvelle (r) Aud. et Edw. (2) Aud. et Edw. \ NÉRÉIDIENS. 229 consiste dans les cirres tentaculaires dont on ne voit de chaque côté de la tête que deux, lesquels sont très petits. Le corpsestallongé et formé de cent soixante-quinze an- neaux ; la téte ne porte que quatre antennes, eton y dis- tinguele mêmenombrede points occuliformes. Lescirres tentaculaires ne dépassent guère le front; les pieds sont très saillans , le cirre supérieur est aplati, cordiforme et porté sur un pédoncule remarquable par sa grosseur et par sa longueur, surtout vers la partie postérieure du corps ; le tubercule sétifère ne porte qu'un seul acicule et des soïes semblables à celles de la Phyllodocé lamel- leuse ; le cirre inférieur est à peu près de la mème lon- gueur que le tubercule sétifère. Enfin les deux filets sty- laires qui terminent le corps sont très-courts et difficiles à distinguer des pieds des dernières paires. Cette Phyllodocé a environ quatre pouces de long et se trouve aux environs de La Rochelle et de Saint-Malo. A l’état vivant, elle est jaune avec des lignes transver- sales interrompues d’un brun-noirâtre. Le genre Phyllodocé renferme encore plusieurs es- pèces connues d’une manière incomplète et qu'on n’a pas encore rencontrées sur les côtes de la France. De ce nombre sont la Vereis lamelligera (1) de Pallas et la Payzropocé DE Parerro (2) que M. de Blainville a figuré dans l’atlas du Dictionnaire des Sc. nat., mais dont il n’a pas donné de description. Cette dernière est très voisine de la Phyllodocé lamelleuse, et devra (1) Nov. Act. Petrop., &. 11, tab. v. (2) Nereiphylla Paretii, Blainv., art. fers, loc. cit., p. 466, et atlas des vers du inême dictionnaire, pl. xr1r, fig. 1.— Faune frane., Ché- topodes, pl. 1x. - ee ? Nereis lamelligera. Phyllodoce de Paretto. N. viridis. N. maculata. N. flava. 230 ANNÉLIDES ERRANTES. peut-être ne pas en être distinguée ; il paraitrait cepen- dant que les antennes sont plus longues, que les cirres tentaculaires’sont plus courts, et que le corps , au lieu. d’être vert, est d’un beau bleu. Les Annélides décrites par Muller sous le nom de Nereis wiridis (x) et de Nereis maculata (2), ainsi que la Nereis flava (3) d'Othon Fabricius, devront probablement se rapporter aussi au même groupe. M. Savigny regardait ces espèces comme n'étant pas connues d’une manière assez précise pour pouvoir leur assigner une place définitive dans sa méthode de classi- fication ; il reconnaissait qu'il fallait les rapprocher des Phyllodocés, mais il demande s’il ne faudrait pas éta- blir pour les recevoir deux genres nouveaux qu’il pro- (r) Die Grüne Nereide, Muller, wurm, tab. x1 (reproduite dans. VEncyclopédie méthod., art. Vers, pl. zvit, fig. 9-11, et dans latlas du Dict. des Se. nat., fig. 2). — Nereis viridis, Oth. Fabr., Fauna Groen., p. 297, n° 279. — Eulalia viridis, Sav., loc. cit., note de la page 45. — Néréiphylle verte, Blainv., loc. cit., p. 466. Cette espèce a beaucoup d’analogie avec notre Phyllodocé cla- vigère, mais paraît être dépourvue d'antenne médiane; les cirres supérieurs sont lancéolés. (2) Die Geflechte Nereide, Muller, Wurm, tab. x (reproduite dans l'Encyclop. méthod., pl. zvrr, fig. 1-6). — Nereis maculata, Muller, Prodr., et Oth. Fabr., Fauna Groen., p. 298, n° 281. — Neplutis macu- lata, Cuvier, Règne animal, t. 1v, p. 173. — Eulalia? maculata, Sav., Annélides, note de la page 45. (3) Mereis flava, Oth. Fabr., Fauna Groen., p. 299, n° 282. — Eteone Flava, Sav., loc. cit., note de la page 45.— Néréiphylle jaune, Blainv., Loc. eit., p. 466. (Othon Fabricius regarde la Wereis stellifera te Muller comme étant la même espèce; mais cette opinion nous parait erronée.) NÉRÉIDIENS. 231 pose de nommer Eulalia et Etéone. M. de Blainville, au contraire, a suivi la marche que nous avons adop- tée ici. Ce zoologiste range aussi dans ce genre la Vereis crassa (1) et la Vereis longa (2) d’Othon Fabricius , mais cela ne nous paraît pas admissible, car, dans la figure que Muller a donnée de cette dernière Annélide, on n’aperçoit aucune trace des cirres lamelleux caracté- ristiques des Phyllodocés, tandis qu’on voit au contraire, à l'extrémité de chaque pied, des branchies rameuses , et dans la description qu'Othon Fabricius a tracée de la Nereis longa, il est dit expressément que Îles pieds sont formés de deux rames sétifères ; enfin il paraît aussi que, chez cette Annélide, les cirres supérieurs sont coniques et en forme de mamelon au lieu d’être lamelleux (3). (x} Die Bicte Nereide, Muller, #urm, tab. x11 (reproduite dans le Dict. des Sc. nat., atlas des Pers, pl. xrr1, fig. 3, sous le nom d’Étione épaisse.) — Mereis crassa, Linn., Syst. nat., 1.1, pars. vx, p. 3118. — Néréiphylle épaisse, Blainv., loc. cit., p. 467. (2) Nereis Longa, Oth. Fabr., Fauna Groen., p. 300.— Sav., Annel., note de la page 46.— Néréiphylle longue ; Blainv., loc. cit, p. 467. (3) Il est à remarquer que les caractères que M. de Blainville as- signe lui-même à la subdivision renfermant ces Annélides sont en contradiction avec ceux qu'il indique comme propres à tout le genre. En effet , cette section comprend, dit ce savant : « les espèces dont les pieds sont biramés, et qui n’ont que deux cirres tentaculaires réunis à leur base.» Or, lestraits distinctifs de son genre Néréiphylle (ou Phyllodocé) sont précisément des pieds uniramés et quatre paires de cirres tentacu- laires. Si l’on compare les caractères de la subdivision D avec ceux du genre, on est frappé d’une discordance non moins grande; cette der- nière subdivision renferme la Wereis stellifera, dont nous avons déjà ‘parlé en traitant des Sigalions. (Voyez Dict. des Sc. nat., art. Vers, loc. cit., p. 466.) N. crassæ, N. longa, Corps. 232 ANNÉLIDES ERRANTES. DEUXIÈME TRIBU. NÉRÉIDIENS NON TENTACULÉES. \ Point de cinres tentaculaires ; ANTENNES rudimentaires.… GENRE VII, NEPHTYS, Vephtys (1). (PL vi, fig. 1-6.) M. Cuvier a distingué sous le nom de Nephtys quel- ques Annélides voisines des Néréides, mais dont la trompe est garnie à son extrémité de pétits tentacules, et porte dans son intérieur deux petites machoires cor- nées. M. Savigny a fait voir ensuite que les caractères dont nous venons de parler coïncident avec d’autres modifications non moins importantes de l’organisation ; aussi le petit groupe formé par ces animaux est-il sé- paré de ceux qui l'entourent par des limites bien tran- chées , et est-il admis dans tous les systèmes de classifi- cation les plus récens. Le corps des Nephtys (fig.1)est linéaire, allongé, épais, mais à peine convexe, et formé d'un grand nombre de seg- mens; son diamètre diminue graduellement de l'extrémité (x) Wephtys, Cuvicr, Règne animal, 1"® édit. , t. 1v, p. 173. — Say... Syst., p. 34. -- Blainv., art. Vers, op. cit., p. 483. NÉRÉIDIENS. 233 céphalique vers l'anus, mais le premier anneau est moins développé que les suivans. La réte est bien distincte, assez grande et tronquée antérieurement; les yeux sont difhciles à apercevoir, et les antennes, au nombre de quatre, sont semblables entre elles , très-petites , coniques , et for- mées de deux articles plus ou moins distincts. Les mi- ioyennes sont insérées au bord antérieur de la tête, assez loin de la ligne médiane, et les externes , un peu plus en arrière et au-dessous des premiers. La trompe (fig. 2 et 3) est grande et divisée en deux anneaux; le premier, charnu et très-long , présente à son extrémité une ou deux rangées de petits tentacules coniques ; le second, très court, est divisé par une grande fente, plu- tôt verticale que longitudinale, dont les bords sont éga- lement garnisde petits tentacules. Les mdchoires (fig. 3,a, et fig. 5) ne sont pas saillantes, mais renfermées dans l’in- térieur de la trompe, à quelque distance de son orifice; elles sont petites , cornées, pointues, et au nombre de deux. Il n’y a point de cirres tentaculaires , et tous les seg- mens du corps, à l’exception du dernier, portent des pieds ambulatoires (fig. 4) divisés en deux rames très écartées l’une de l’autre, ce qui donne à l’animal presque la forme d’un tétraèdre. Ces rames sont assez grandes ; elles portent chacune un acicule entouré d’un faisceau de soies , et leur sommet est bordé par un grand feuillet membraneux (a). Le cirre supérieur est nul ou rudimen- taire et caché derrière l’appendice lamelleux dont nous venons de parler, l’inférieur(d) est tantôt filiforme, tantôt obtus , très-court et en forme de mamelon. Enfin les branchies (e) consistent en une grande languette charnue qui est attachée au sommet de la rame dorsale de chacun Tite. Pieds, Branclnes, Resume des caractères. 234 ANNÉLIDES ERRANTES. des pieds, excepté ceux des trois premières paires, et se recourbe en bas et en dedans, de manière à avoir la forme d’une faucille et à se loger dans l’espace que les deux rames laissent entre elles. Quelquefois il existe un ou deux petits tubercules charnus du côté externe, près de la base de la branchie ; mais la rame ventrale ne présente jamais de languette ou d’autre appendice branchiale. Quant aux appendices du dernier anneau, ils consistent en un seul filet stylaire terminal (fig. 5). Les Nephtys, comme on le voit, ressemblent aux Néréides sous plusieurs rapports; mais elles s’en dis- tinguent par des caractères qui ne nous permettent même pas de les réunir dans une même tribu. Voici en résumé les traits d'organisation qui nous paraissent être les plus caractéristiques du petit groupe naturel qu’elles forment : Tère bien distincte et tronquée antérieurement ; AN- TENNES pelites et semblables entre elles ; rroMrE garnie de plusieurs rangs de tentacules papilliformes ; point de cirres tentaculaires ; vrens à deux rames très séparés; une languette branchiale fixée à leur rame supérieure. Les Nephtys vivent enfouis dans le sable vaseux du rivage , près des limites des plus basses eaux. NÉRÉIDIENS. 235 1. Nevarys ne Homsene, Nephiys Hombergü, Cuv. (:). (PI. vê, fig. 1-6.) Cette Annélide acquiert jusqu'à quatre ou cinq pouces de long; son corps est épais, mais aplati en dessus comme en dessous , et se compose de cent trente anneaux (1) Nephtys Hombergü, Sav., Syst. des Annél., p. 34. M. de Blainville a figuré sous ce nom une Annélide qui paraît différer à plusieurs égards de la Nephtys de Homberg, et dont la synonymie est un peu embrouillée. Elle a été nommée Wereis clava par M. Leach, qui l’en- voya à M. de Blainville, et ce dernier savant l’a décrite dans le e. xzrn1 du Dict. des Sc. nat. (p. 439), mais en changeant son nom primitif pour celui de Wéréide éclatante (N. splendida), bien que dans le même article (p. 429) il donne cette même dénomination à la Hésione splen- dide de M. Savigny ; enfin dans le t. zvr, art. Vers de ce dictionnaire, M. de Blainville en fait un Nephtys, et dans les planches qui accompa- gnentce volume il l'appelle Nephtys de Homberg ou Nereis clava. Dureste, la description que M. de Blainville en donne ne s’accorde pas avec celle ‘que M. Savigny a tracée de son Nephtys de Homberg , car ce zoolo- giste indique comme un des caractères l'existence de quatre antennes à peu près coniques, tandis que M. de Blainville affirme qu'il n’y a point de traces d’appendices semblables, et il explique cette dif- férence en supposant que M. Savigny avait pris des pieds pour des antennes. L’exactitude minutieuse que M. Savigny portait dans tous ses travaux rendait une telle méprise peu probable, et, en effet, il ne s’était pas trompé. Il faudra donc rétablir les choses comme elles étaient , et ne plus confondre les deux espèces en question. La Né- réide massue de M. Leach appartient bien certainement au genre Nephtys, mais elle se distingue de la Néréide de Homberg par l’ab- sence ou l’état rudimentaire des antennes et par la forme des pieds, comme on peut s’en convaincre en comparant nos planches avec celles de M. de Blainville. 236 ANNÉLIDES ERRANTES. chez les individus de petite taille, et de plus de deux cents anneaux chez les grands. Chacun de ces segmens paraît composé de trois lobes , un médian qui est plane et deux latéraux qui sont renflés; la téte est petite et presque hexagonale ; les quatre antennes très-petites et à peu près coniques ; la trompe (fig. 2 et 3) est grosse et présente à son extrémité une couronne de tenta- cules assez longs du milieu de laquelle sort une espèce de double lèvre latérale qui est également tentaculée. Dans leur intérieur , on trouve de petites mdchoires cornées (fig. 3, b, et fig. 6). Les pieds des quatre ou cinq premières paires sont peu saillans et ne pré- sentent tout au plus que des vestiges de branchies. Les autres pieds (fig. 4) sont plus grands, mais tou- jours l’espace qui sépare les deux rames est au moins égal à la saillie de celle-ci. Le cirre supérieur (c) est très court , et se trouve en général caché par la grande lame membraneuse qui s’insère au bord supérieur et à l’ex- trémité de la rame dorsale (e); ce feuillet n’est que très peu saillant aux deux extrémités du corps ; mais aux pieds de la trentième paire et à ceux des quarante à cin- quante segmens suivans, il est grand et ovalaire. Le tubercule sétifère de la rame dorsale (a) porte un acicule jaune et deux rangées verticales de soies assez longues. Ces soies sont placées derrière le feuillet membraneux dont il vient d’être question, et sont recouverts à leur base du côté opposé , par un petit lobe pyriforme qui termine le tentacule sétifère. Au-dessous du feuillet et à l’extré- mité de la rame dorsale , se trouve un petit appendice subulé (2), et immédiatement au-dessous, la branchie (g) qui se recourbe en bas et en dehors. La rame ventrale (b) NÉRÉIDIENS. 237 porte également à son extrémité un lobule pyriformeetun grand feuillet membraneux (f) qui , aux pieds de la partie moyenne du corps , acquiert des dimensions très-consi- dérables , et s’élève comme une disque ovalaire vers la rame dorsale , tandis qu'inférieurement elle s’étend jus- qu’à l'insertion du cirre ventral (d)qui est court et obtus. Chaque rame présente deux espèces de soies, les unes peu nombreuses, simples, droites, raides et en général anne-. lées (fig. 4"), sont groupées de chaque côté de l’acicule; les autres, beaucoup plus nombreuses et situées entre les premières et le lobe foliacé, sont longues, cour- bes et formées de deux paires disposées en manière de baïonnette. Enfin le dernier segment du corps est globu- feux, et porte un filet stylaire impair (fig. 5). À l’état vivant, le Nephtys de Homberg est d’un blanc argenté et irisé, tirant un peu sur le rose. Sur la ligne médiane, on remarque une ligne rougeâtre , tandis que le fond est d’un jaune plus foncé que le reste du corps. Les branchies sont rouges. Cette Annélide vit dans le sable du rivage de la mer, à la manière des Arénicoles , et de même que celles-ci elle est souvent recherchée des pêcheurs pour servir d’appât. Aux environs de Saint-Malo, on la connaît sous le nom de chatte. Ses mouvemens sont très-vifs, et la manière dont elle creuse le sol pour s’y enfoncer est assez curieuse; c’est sa trompe qui, à cet effet, lui sert de tarrière. Si on place un de ces Nephtys sur la sur: face du sable dont on vient de le retirer, on le voit cher- cher en tâtonnant pour ainsi dire un point convenable pour y commencer sa galerie. Lorsqu'il en a fait choix, : he 6 De Mœurs. Nephtys scolopendroïde 238 ANNÉLIDES ERRANTES. il y enfonce un peu sa tête et déroule tout à coup sa trompe qui pénètre dans le sol en le refoulant de tous côtés; sa trompe étant ainsi complètement sortie, il ouvre l’espèce de lèvre qui en occupe l'extrémité, et semble saisir le fond du trou qu’il a formé; puis faisant rentrer cette même trompeg il pousse son corps en avant et avale souvent , comme d’une bouchée , la por- tion de sable à laquelle il s'était en quelque sorte accro- ché. A l’aide de ses pieds, il se maintient alors dans la position qu’il vient de prendre , et enfonce de nouveau sa trompe plus avant dans le sable. La rapidité avec laquelle l'animal exécute ces mouvemens est très-grande ; ainsi, bien qu'il ne creuse à chaque reprise qu’un trou circulaire de la longueur de sa trompe, il n’en est pas moins vrai qu’il avance très-vite dans cette espèce de course souterraine, et qu'il ne lui faut guère que quel- ques minutes pour miner ainsi le sol dans l’espace de plus d’un pied. M. Delle Chiaje a décrit récemment une nouvelle es- pèce de Nephtys découverte par lui dans la baie de Naples ; il l’a appelée Néréide scolopendroïde (1). -. * (x) Wereis scolopendroïdes, Delle Chiaje, op. cit., t. 11, p. 4o1 et 424, tab. xxvurx, fig. 8 et 13. NÉRÉIDIENS, 239 GENRE IX. GLYCÈRE» Glycera (1). (PI. vr.) Tous les Néréidiens dont nous avons parlé jusqu'ici, ont la tête plus ou moins globuleuse, élargie transver- salement et bien distincte du premier anneau du corps. Dans le genre Glycère, au contraire, on ne voit pas de ligne de démarcation bien tranchée entre ces deux par- ues , et la tête a la forme d’une corne allongée. Le corps de ces Annélides (fig. 1) est linéaire , con- vexe en dessus comme en dessous, atténué aux deux extrémités et divisé en un grand nombre d’anneaux qui paraissent composés chacun de deux segmens. La téte (fig. 2) est également divisée en deux parties ; l’une basilaire et arrondie (c), l’autre conique, très allongée et annelée dans toute sa longueur (b). Dans la plupart des espèces , sinon dans toutes , on trouve quatre antennes très petites fixées au sommet de cette sorte de corne céphalique (b) ; elles sont semblables entre elles, subulées et disposées en croix (2). (1) Savigny, Syst. des Annél., p.36.— Blainville, op. cit., art. Vers, P- 484. (2) M. Savigny avait décrit ces antennes avec détail, mais M. de Blainville n’a pas apercu d’appendices semblables sur la tête d’une Annélide qu'il appelle Glycère douteuse, et qu'il croit être la même espèce que celle observée par M. Savigny, bien qu’elle en diffère par Structure extérieure. 240 ANNÉLIDES ERRANTES. » La bouche des Glycères est garnie d’une trompe extrêmement grande, claviforne et striée longitudinale- ment (fig. r a); son ouverture est circulaire et sans tentacules. Dans plusieurs espèces, elle est armée de quatre mâchoires cornées , situées à égale distance l’une de l’autre et terminées par une pointe crochue (fig. # b et fig. 4); mais ces organes n'existent pas toujours, et dans lespèce observée par M. Savigny, on n'en trouve aucune trace, ainsi que nous l'avons vérifié par unéxamen attentif. Les pieds des premières paires sont très petits, mais ils ont tous la même forme et sont tous composés de deux rames réunies entre elles et portées sur une base com- muue (fig. 3,7, 8et13(1)). Chacune de ces rames est armée d’un acicule et de quelques soies (fig. 5,6, 9, 10 et 11) placées entre deux tubercules terminaux, charnus et de forme conique. Le cirre supérieur (d) est subulé et inséré près de l'extrémitédu pied; l’inférieur (c) se trouve presqu’au sommet du pied. Enfin à la face antérieure de chacun de ces organes , excepté à ceux des deux extrémités du corps, on voit dans la plupart des es- pèces deux languettes branchiales oblongues et réunies par leur base (fig. 3 et 13 e); mais ces appendices membraneux n’existent pas toujours. D'après les détails que nous venons de rapporter, on peut déjà apercevoir que la série de modifications que nous avons signalée dans la famille des Euniciens se la présence de mâchoires et l'absence de branchies : aussi paraît-il penser que ce savant s’est trompé, ce qui n’est certainement pas. Voyez l’article Pers du Dict. des Sc. nat, p. 484. (4) Dans ces figures le pied se trouve renversé. NÉREIDIENS. + r 241 rencontre aussi parmi les Néréidiens , et que dans cha- cun de ces groupes il existe une espèce de dégradation successive qui conduit vers les Annélides de l’ordre des ne A Glycère constitue évidemment un des degrés de cette chaîne ; mais , comme nous le verrons bientôt, il est d’autres Annélides errantes dont l’orga- nisalion se rapproche encore davantage de celle des Lombrics. En résumé, voici les caractères les plus marquans des Glycères. Point de c1RRES TENTACULAIRES ; TÈTE conique et peu distincte du premier segment du corps. Boucre armée d'une grosse trompe ayant en général quatre mA- CHOIRES. Preps similaires , formés de deux rames reu nies en une seule. En général, deux vANGUETTES 5RAN- CHIALES fixées à la face antérieure des pieds. Ces Annélides ont les mêmes mœurs que les Nephtys; on les trouve enfoncés dans le sable vaseux du rivage de la mer. Gzivycëre DE Meckgz , Glycera Meckelii (1). (PL. vr, fig. 1-4.) La Glycère que nous dédions au savant anatomiste Meckel, habite les côtes de la Vendée. Elle est d’une couleur jaunâtre à reflets métalliques ; sa longueur est d'environ quatre pouces sur quatre lignes de large. Son corps (fig.1), beaucoup plus grêle en arrière qu'en avant, est divisé en deux cent cinquante anneaux, très couris, (1) Aud. et Edw. in. 10 Resume des caractères. Glycère de Meckel. 7 Glycere de Roux, 242 ANNÉLIDES ERRANTES. qui sont formés chacun de deux segmens bien disuncts, dont l’antérieur parait plus spécialement en rapport avec les pieds. La corne médiane, qui représente la téte (fig. 2 a), porte à son sommet quatre antennes (b), d’une petitesse extrême, et lorsque Îa trompe est sortie, elle forme avec le corps un angle assez marqué. La trompe (fig. 1 a ) est extrèmement développée ; sa lon- gueur égale environ le quart de celle du corps, et le diamètre de son extrémité est beaucoup plus grand que celui du tronc; enfin l'ouverture qui le termine est armée de quatre mâchoires (2) cornées ayant la forme de crochets (fig. 4). Les pieds des premières paires sont un peu relevés sur le dos lors de Ja sortie de la trompe; mais les autres oc- cupent exactement la ligne latérale et sont dirigés direc- tement en dehors. Le cirre supérieur est rudimentaire (fig. 3,d). Enfin les branchies (e) sont très développées; elles commencent sur les pieds de la dix-huitième paire et cessent vers ceux de la cent quatre-vingtième; ces appendices consistent en deux langueites coniques qui dépassent de beaucoup le sommet des pieds , et qui dans la position naturelle sont dirigées l’une en bas l’autre en haut, et recourbées en arrière sur les bords supé- rieur et inférieur des pieds. Gixcëre pe Roux, Glycère Rouxü (x). (PL. vr, fig. 5-10). La Glycère que nous dédions à M. Roux, naturaliste de Marseille , se trouve aux environs de cette ville, et a (1) Aud. et Edir. 1 di à, de. À NÉRÉIDIENS. 245 été envoyée par ce savant à M. Cuvier qui a bien voulu nous la communiquer. Elle est plus grande que l'espèce précédente, et s’en distingue principalement par l’ab- sence de branchies. Son corps est divisé en anneaux formés chacun de deux segmens dont la postérieure est beaucoup plus étroite que l’antérieure; sa forme est la même que celle de la Glycère de Meckel et sa couleur est d'un brun cuivreux; le sommet de la téte porte quatre petites antennes et la trompe est armée d’un nombre égal de mächoires. Le cirre supérieur des pieds (fig. 6 et 7 d)est presqu’aussi saillant que les quatre tubercules coniques qui sont placés au-dessous , tandis que le cirre inférieur (c)est rudimentaire ou même nul. Enfin Îles soies sont d’une ténuité extrême; celles de la rame dorsale sont simples, filiformes et très acérées (fig. 5 et 10 ), tandis que celles de la ventrale sont composées de deux pièces, l’une basilaire et renflée à l'extrémité, l’autre terminale, subulée et un peu courbée ( fig. 6); les aci- cules ne présentent rien de remarquable (fig. 9 et 10 ). L’Annélide décrite par M. de Blainville, sous le nom de Glycère douteuse (1), paraît être voisine de la précé- dente et n’en différer que par l’absence des antennes. On ignore sa patrie. La Glycère unicorne (2) d’après laquelle M. Savigny établit ce genre se distingue de toutes celles dont nous (x) Glycera dubia, Blainv., op: cit., art. Pers, p, 454. (2) Glycera unicornis, Sax. , Syst. des Annél., p. 37. M. Savigny re- garde cette Annélide comme étant identique avec la Wereis alba de Muller, Zool. Danica, t. 11, tab. zxrr, fig. 6-5 (reproduite dans l’En- Glycère douteuse Glycère unicorne Glycère polygone. Lumbricus syphonostoma 244 ANNÉLIDES ERRANTES,. venons de parler par l’absence de màchoires, et c’est à tort que M. de Blainville la regarde comme étant pro- bablement identique avec la Glycère douteuse, car elle est pourvue bien réellement de quatre antennes et de branchies. On ne conuaît pas le lieu qu’elle habite. M. Risso a donné le nôm de Glycère polygone (x) à une espèce nouvelle, mais qu’il ne décrit pas d’une ma- nière assez détaillée ni assez précise pour être facile à reconnaitre. Enfin c’est encore à ce genre que doit se rapporter le Lombricus syphonostoma de M. Delle Chiaje (2). GENRE x. GONIADE, Gomiada (3). (PI. vrd, fig. 1-8.) Les Annélides dont nous avons formé le genre Go- niade ont l’aspect général des Glycères , mais elles en diffèrent cependant beaucoup par la structure de leurs pieds et par quelques autres particularités d’organisa- tion, cyclopédie méth., art. Vers, pl. 1vr, fig. 21 et 22). Nous avons repré- senté l’un des pieds de cette Glycère unicorne, afin de montrer ses branchies (voyez pl. vr, fig. :3). (x) Glrcera polygona, Risso, op. cit., t. 1x, p. 417. (a) Lumbricus syphonostoma , Delle Chiaje, op. cit., t, 117, p. 413, tab. xxvI11, fig. 21. (3) Aud. et Edw. NÉRÉIDIENS. 245 Leur corps est long, grêle et presque cylindrique; on y compte un nombre considérable d’anneaux qui à leur tour paraissent divisés chacun en deux segmens, et on nl remarque en dessus comme en dessous une par- tie médiane lisse, bordée de chaque côté par une bande jongitudinale froncée, et plus ou moins profondément échancrée,entre la base des pieds (pl. vr4, fig. 1). La téte se prolonge en forme de corne comme chez les Glycères, et présente un certain nombre de plis trans- versaux qui la rendent annelée (fig. 2) ; vers sa base, on y remarque de chaque côte un renflement au milieu duquel se trouve une tache. qui paraît être un point oculaire (c), et à son extrémité il existe quatre petites antennes (b) très courtes et disposées en croix de la même manière que chez les Glycères. La trompe (à) est extré- mement longue et présente à sa face inférieure, près de sa base, deux petites plaques linéaires et noires qui se com- posent chacune d’une série de petites pièces cornées ayant à peu près la forme d’un V (fig. 5, d, et fig. 4) ; ces espèces de fourches s’enchevètrent les unes dans les autres et sont fixées à la paroi charnue de la trompe par l’ex- trémité de leurs branches , tandis que leurs pointes sont dirigées en bas et en arrière ; elles ressemblent assez aux chevrons que les militaires portent sur la manche de leur habit pour indiquer le nombre de leurs années de service ; et elles sont disposées de facon à former une sorte de ràpe dont l'animal se sert probablement pour (1) Voyez fig. 5, où la trompe est à moitié déroulée, et fig: 6, où elle se voit dans toute sa largeur, et où elle est fendue à son extrémité pour montrer sa structure. Structure extérieure. 246 ANNÉLIDES ERRANTES. faciliter le creusement des galeries souterraines dans lesquelles il se retire. Enfin l'extrémité de la trompe est tantôt complètement dépourvu de méchoires, tantôt garnie de deux petites mâchoires cornées placées laté- ralement (fig. 6, b, et fig. 8). Les pieds (fig. 3 et.5 bis) sont composés de deux rames bien distinctes qui deviennent d'autant plus séparées qu'on les examine plus loin de la tête. La rame dorsale (a), qui est beaucoup plus courte et moins grosse que la rame ventrale (b), présente à sa partie supérieure et externe un petit lobe pyri- forme qui peut être considéré comme un cirre dor- sal (c), et à son extrémité un second appendice à peu près de mème forme (a) ; entre ces deux lobes sortent un acicule et quelques soies simples. La rame infé- rieure est beaucoup plus grande et a aussi une structure plus compliquée ; l'extrémité de tubercule sétifère (b) est garnie de trois lobes bien distincts entre lesquels se trouvent un acicule et une rangée de soies composées, et vers la base de cette rame il existe un cire ventral bien distinct (ec). L’extrémité postérieure du corps ne présente rien de remarquable. En comparant ces Annélides aux autres Néréides non tentaculés, on trouve qu’elles s’en distinguent princi- palement par les caractères suivans : Résume Tère conique ; riEns à deux rames très écartées ; des caractères rRoMPE armée de deux rangées de dents en chevrons et dépourvue de mächoires ou en ay ant seulement deux. NÉRÉIDIENS. 247 1. GONIADE vÉréRANT, Goniada emerita (à). (Pl.-v14, fig. 1-4.) Cette Goniade a environ neuf pouces de long; son Goninde corps se compose de deux cent quarante anneaux, etse FERRRE rétrécit brusquement à son extrémité postérieure (fig. 1); é sa téte paraît formée de sept petits anneaux et d’une portion basilaire plus grosse (fig. 2); sa trompe est hérissée d’un grand nombre de tubercules papilleux , visibles seulement à la loupe; chaque série de dents en chevrons se compose de 11 de ces petits corps (fig. 4) , et ce qui caractérise surtout cette espèce, est l'absence com- plète de mâchoires ou d’appendices quelconques à l’ex- trémité de la trompe. Les pieds sont médiocrement sail- lans, mais très élevés (fig. 3); le cirre et le lobe terminal de la rame dorsale ont tous deux la même forme et sont à peu près de même longueur (c a). L’acicule de cette rame est lougue et noire, et n’est entourée que de deux ou trois soies aciculiformes et très courtes. La rame ventrale est presque deux fois aussi grosse que la dorsale, et est garnie d’un graud nombre de soies articu- lées , disposées en éventail et ayant la forme de harpons. Le cirre ventral s’insère près de l'extrémité du tuber- cule sétifère. Les derniers pieds conservent la même composition que celle de la partie antérieure et moyenne du corps, mais les derniers appendices qu'ils supportent deviennent grêles et presque filiformes. (tr) Aud. et Edw. _ 48 248 ANNÉLIDES ERRANTES. — NÉRÉIDIENS. La Goniade vétérant habite les côtes de la Méditer- ranée. L’individu que nous avons observé nous a été communiqué par M. Cuvier, qui lui-mème l'avait eu de Nice par les soins de M. Loreillard. Éonade Parmi les Annélides que le même savant a bien voulu velerant. nous confier , nous avons trouvé une seconde espèce de æ Goniade qui habite la Nouvelle-Hollande et qui se distin- gue essentiellement de la précédente par l'existence de deux mâchoires cornées à l’extrémité de la trompe, d’une ceinture de petites denticules cornées et noires entre ces mâchoires, d’une couronne de papilles immédiate- ment au-devant de ces denticules, de 13 chevrons à chaque série , etc. Cette Annélide a été donnée au Mu- séum par MM. Quoy et Gaimard, et a été nommée par nous GONIADE A CHEVRONS (1). (x) Dans la pl. vr4, fig. 5-8, nous avons rapporté divers détails caractéristique de cette espèce nouvelle. CHAPITRE VIL Considérations générales sur les Ariciens. — Organisation exté- rieure. — Classification. — Genre Aricie. — Genre Aonie. — Genre Ophélie. — Genre Cirrhatule. CINQUIÈME FAMILLE. ARICIENS. D Les Annélides que nous groupons autour du genre Aricie de M. Savigny, et dont nous formons la cinquième famille de l’ordre des Errantes, présentent des diffé- rences assez grandes dans leur structure extérieure; mais cela ne doit pas nous étonner, car toutes les fois que des org” 1es deviennent de peu d'importance dans l’économie, et qu'ils sont prêts à disparaître plus ou moins complètement , on les voit varier dans leurs formes. Or, c'est ce qui a lieu pour les appendices extérieures des Âriciens, et cette petite famille établit, sur plusieurs points, le passage enire les groupes naturels dont nous avons déjà fait Phistoire et les deux ordres d'Annélides Terricoles et T'ubicoles. C’est probablement à cause de ces différences que jus- qu'ici on n'avait pas saisi les rapports naturels qui nous on dd Structure extérieure. 250 ANNÉLIDES ERRANTES. semblent unir entre eux ces diverses Annélides, et que la plupart des espèces connues ont été disséminées dans des groupes différens. Plusieurs d’entre elles ont été regardées comme des Lombrics , d’autres comme des Néréidiens , enfin un certain nombre ont été réunis par M. de Blain- ville dans sa famille des Néréiscolés. Le but que ce z00- logiste avait en vue dans l'établissement de cette division est à peu près le même que celui que nous nous sommes proposés d'atteindre en réunissant dans un groupe distinct les Annélides errantes dont nous allons mainte- nant parler, et il est probable que s’il en avait observé par lui-même un plus grand nombre d’espèces, ses opinions relativement à la composition de cette famille auraient été moins éloignées de celles que nous avons été con- duits à adopter (1). Les Ariciens (2) ont en général la forme allongée et linéaire des Néréidiens et des Euniciens ; mais leur corps n’est pas tronqué en avant comme chez ces Anné- lides, et diminue graduellement de grosseur versl’extré- mité céphalique. Lis sont à peu près cylindriques et ils pré-. sentent, presque toujours, un nombre très considérable (x) Un grand nombre des Néréiscolés de M. de Blainville ne sont qu'imparfaitement connues d’après des descriptions de Muller, d’'Othon Fabricius, etc., et doivent être rapportées suivant nous à la famille des Euniciens, tandis qu'on n’y trouve pas la plupart des Annélides que nous rangeons parmi nos Ariciens, et qui d’après les caractères que ce savant y assigne, elles ne peuvent y prendre place. Il nous a donc paru nécessaire de ne pas adopter la famille des Néréiscolés, mais d’y substituer celle dont nous allons tracer l'histoire. (2) Voyez pl. vix, fig. set 5. ARICIENS. 251 d'anneaux dont les premiers sont moins grands que les suivans. La téte(ï) est petite; souvent on ne la distingue pas de la lèvre supérieure, et elle n’est pas nettement sé- parée du corps. Les antennes sont en général nulles, ainsi que les yeux. La trompe est très courte et ne dépasse pas sensiblement l’extrémité céphalique ; elle est plutôt membraneuse que charnue , et ne présente jamais de màchoires ; quelquefois on y voit des tentacules (2). Les premiers anneaux du corps sont très étroits et portent toujours des pieds ambulatoires. Jamais ces organes ne sont remplacés par des cirres tentaculaires ; en général ils sont peu saillans et divisés en deux rames. Les soies dont ils sont garnis paraissent être peu propres à servir à la défense de l’animal. Dans la plupart des cas, tous les pieds sont similaires, mais chez quelques espèces la portion antérieure du corps en présente qui ne sont pas semblables aux autres et dont la rame ventrale rap- pelle celles pourvues de soies à crochets que nous ren- contrerons presque toujours dans l’ordredesTubicoles(3). Les appendices mous varient beaucoup chez les divers Ariciens. Les cirres ne manquent jamais, au moins à l’une des rames, mais le plus ordinairement on n’en trouve pas aux deux; tantôt ils ont la forme de filamens charnus plus ou moins déliés (4) ; d’autres fois ils cons- tituent des languettes aplaties (5). Enfin les branchies (a) PL. var, fig. 1,2, 5et 6; pl. vh, fig. 5, et pl. vif, fig. ro. (2) PI. vP, fig. 7, 8 et 9. (3) Dans le genre Aricie. Voyez pl. vir, fig. 5, 7, 8, 9 et 10. (4) Dans les genres Cirrhatule et Ophélie, pl. vrr, fig. 1, et pl. vr, fig. 7. (5) Dans le genre Aonie, pl. 64, fig. ro et 11. Pieds, Resume des caractères. 252 ANNÉLIDES ERRANTES. proprement dites sont en général nulles ; quelquefois ce- pendant elles ont la forme de lobules fixés aux pieds (x), et dans d’autres cas, elles consistent en un certain nombre de filamens tentaculaires semblables aux cirres et fixés sur l’arceau dorsal de l’un des anneaux de la partie antérieure du corps (2); disposition qui conduit évidemment à celle propre aux Annélides tubicoles. Les Aricièns, comme nous l'avons déjà dit, se dis- tinguent principalement des Annélides des familles pré- cédentes par l’état de dégradation de toute la partie cé- phalique de leur corps. Dans la tribu des Euniciens abranches, nous avons déjà rencontré des modifications semblables dans la structure de la tête ; mais ici elles se montrent également dans l’appareil buccal qui se sim- plifie extrèmement. Voici le résumé des caractères les plus saillans de leur organisation. Prevs peu saillans et d’une structure peu compli- quée , tantôt similaires , tantôt dissemblables dans dif- férentes parties du corps , mais jamais alternative- ment pourvus et dépourvus de certains appendices mous. BrAnCniEs nulles ou très simples. Tère rudi- mentaire; ANTENNES el YEUX nuls ou rudimentaires ; point de mAcnoires. TromreE très courte et peu distincte ; point de CIRRES TENTACULAIRES. {7 senéral, un seul cine & chaque pied, et le second, lorsqu'il existe, rudimentaire. (1) Dans le genre Aricie, pl. vrr, fig. 5, etc:, et dans le genre Aonie, pl. vré, fig. 11. (2) Dans le genre Cirrhatule, pl. vir, fig. 1 et 2, d. ARICIENS. 253 Cette famille ne renferme qu’un petit nombre d’Anné- lides dont deux seulement avaient été observées par M. Savigny ; savoir, les Ophélies et les Aricies; nous réunissons à ces deux genres les Cirrhatules de M. La- marck et le genre Aonie établi avec doute par M. Savi- gny d’après une espèce décrite par Othon Fabricius. Le tableau suivant présente les principaux caractères dis- tinctifs de ces quatre divisions. "ATALVHAUII | / / ‘AITAHdO | pe fm Z < | : É \ 4 a un ER 24 A « "AINOY De: & Z A “ / . \ “AIDIUV + ee 1 “Saunao ap xuvouur $2p un] 9p 2] -sds09 np ounorraque onaxed e| esIOp otued ef ans S29X1} 19 S1119 XNE S9[QUIUOS JUDUIDIDUX S27Y0UD.1Q S2P [UIQUIS UF ‘s8uOf sa 19 SOULLOJI]T XNESIOP 524479 S9(T "[UTIUOA 944119 9P AUIOY ‘ANNE 2P UN] SOJUBIO[S S2N SAUUA xnap v ‘suejjres nod sp2q ‘aluvisip nod 39 onbruoa “snour soorpuodde,p anAmnod9p iuow99[dw09 227 -sdioo npouuo{owu onxederep xuvou ue So] ans Jeu A 94419 U(} *[US10P 94419 9P qui04 ‘XNAULIqUIA UT saqo] 9P snAanodap 39 saueqqtes outod e soux CI Xn9P e sp21d *xnD997q $2/11907U9] 9p 219499 un quejUOUWANS 79 ‘sauxr -JOJI[N2L}U9 SaUI09 sopueis Xn9P red oouruaa ‘apounstp nod 2/27 *‘Sarouv1q 9P qur04 ‘[umuoA 94419 2P quiod sreu ‘[ESIOP 24412 U A) *XN9[[OU “EI 2{0] un p aunseyo SOIUIES SOI -UI XN9P U9 SPSIAIP sP2/d ‘XNEION saynobu2 2P AUIOY ‘2MNO9 S91} 19 onbiuoo auuaur oun,p aaiuoumns 42 “ayounsIp uoIq STeUu ‘aynod 2/21 \ \ | / ‘(xnvo -ouq sa[u°12q -n] no sauu»] -ue) SNOW 599 -1puodde s5p queyod 227 ___ ‘omos a[nos aun,p sp?1d “cnDDONQ S9/N0bJU2I SP AUTO ‘SALEIUQUNPUI NO S9[[NU SAAUAUF “anbruos 27 ‘ouaoy awuqui 8j saud nod & iueÂe sourex xnap ap sonne sa “(siayoox e spord sap pes °o4e a1So[eue,] 9p iuefe o[enuos ouuea e[) seqe[quressip sou sourvx xn2p 2p uesodw09 os sdioo np onon -aue oguvd ej op Xnoo s0p 2] ANS S2A9[21 19 SOMOS XN2P 9P 5p?/d a ————— EP TCTELTS -Ipua oysixo [rnbsio] ‘puosas a] 32 “pord anbeyo ve a4uo ]nos un jexou -28 UT *s21D719D7U9] S91419 9p qur04 “ajounstp nod 39 a11n09 s9x) adu01 F, *S2410Y9DU 9P AUIOY ‘S2IERUOUTPNX no sjuu æno Jo souuyu;y ‘ajoun -stp nod 32 oarequoutipni 2727 ‘sad -UIIS $91) ÜO S2][NU $27J0UbIY ‘SUOU saotpuodde sutey29 9p sanainodop 12 sonaanod juowoaneuiaye sieuref seu ‘sdioo np soruvd souie)109 SUP Sa[qUIQUESSIP 1Q1UE) ‘S9ref -tuis joue) ‘oonbriduos nod sam -2nns aun,p 39 sueqjres nod spa1q Xi SNATOIUV SA ATTIN VA ‘SOAU9) U9 6 SNARDIUV ‘7 UONQ1NSUT LE. 4 Lt SE ARICIENS. 255 GENRE I. ARICIE, Æricia (1). (PL vi, fig. 5-13.) .Le genre Aricie de M. Savigny est un des petits groupes les plus remarquables de la famille dont nous faisons ici l’histoire, et il semble établir le passage entre ces Annélides et certaines Tubicoles, en même temps qu'il présente des modifications de structure que nous rencontrerons dans l’ordre des Terricoles. Le corps de ces Annélides (fig. 5) est allongé, li- néaire, pointu aux deux bouts, plat en dessus, semi- cylindrique en dessous et divisé en un grand nombre de segmens. La téte (fig. 6 a) est petite, conique et portée sur un anneau, dépourvu d’appendices, qui semble en être la continuation. Les antennes sont en général complètement nulles, mais quelquefois il en existe quatre d’une petitesse extrème (2). La bouche est pourvue d’une trompe charnue très courte , et ne pré- sente ni méchoires ni appendices, soit en forme de ten- tacules , soit en forme de crète. IL n’y a point de trace (1) Aricia, Savigny, Syst. p. 35. — Blainville, Dict. des Sc. nat., art, Vers, t. LVIT, p. 482. (2) Dans les deux espèces que nous avons observées, nous n’avons trouvé aucun vestige d’antennes ; dans l’Aricie sertulée, M. Savi- gay a au contraire découvert quatre de ces appendices à l’état rudi- mentaire. Structure extérieure Pieds. 256 ANNÉLIDES ERRANTES. de cirres tentaculaires , et à partir du second anneau du corps, tous les segmens (à l’exception peut-être du dernier) portent des pieds ambulatoires ; mais ces organes ne sont pas semblables entre eux, et ceux des vingt ou trente premières paires ont une forme toute différente des autres.Les premiers (fig. 7et 8) sont composés de deux rames très écartées ; la supérieure, placée sur le dos plutôt que sur les côtés du corps, est formée d’un tuber- cule sétifère (a) dont le bord postérieur est garni d’un lobe charnu et d’un cirre (c) aplati, allongé et triangu- laire , inséré près de la ligne médiane , assez loin du tu- bercule dont nous venons de parler. La rame inférieure des pieds antérieurs est très grande , comprimée , arron- die et garnie dans toute sa longueur d’une crête char- nue (b} profondément crénelée et armée de deux sortes de soies, les unes grèles, flexibles et assez lon- gues (fig. 12), les autres grosses, cylindriques, cour- bées à leur pointe, peu saillante et rangées sur plusieurs lignes verticales (fig. 11). Il n’y a pas de cirre ventrale, mais plusieurs segmens présentent sur leur face infé- rieure une espèce de petite frange transversale qui se continue avec celle du bord postérieur de la rame infé- rieure ; en sorte que dans cette partie du corps les appen- dices forment souvent une série d’anneaux complets. Les pieds de la seconde espèce (fig. get ro) commencent vers le vingtième ou le trentième anneau du corps et en occupent seulement la face dorsale; on y distingue toujours deux rames. La supérieure conserve à peu près la même forme qu’à la partie antérieure du corps, mais son tubercule sétifère (a) devient très saïllant et se ter- mine par un grand lobe conique. La rame inférieure , au ARICIENS. 257 lieu d’être très longue, comprimée et peu saillante , prend la forme d’un tubercule conique à peu près semblable à la rame dorsale; on y trouve seulement quelques soies grèles et flexibles ; son bord inférieur donne en général] insertion à un petit cirre subulé (d) et chez la plupart des espèces, il existe à sa partie supérieure une ou deux languettes branchiales (e). Quant aux ap- pendices du dernier segment du corps, nous n’avons pas eu l’occasion de les examiner. L'aspect de la rame ventrale des pieds antérieurs est fort semblable à celui des pieds armés de soies à crochets qui sont propres aux Annélides tubicoles , et il est pro- bable, d’après leur organisation et d’après la position des appendices des autres anneaux du corps, que les Âriciens vivent dans l’intérieur de tubes solides. En effet , aucun de ces organes ne paraît pouvoir prendre un point d'appui sur le sol; les premiers occupent les côtés du corps et ne peuvent servir à la locomotion que si l’a- nimal est placé dans un tube cylindrique et ceux de la portion moyenne et postérieure du corps , étant com- plètement relevés sur le dos, doivent être entièrement inutiles à la marche et ne peuvent servir qu'à la natation ; aussi quand les Ariciens se meuvent sur le soi, ce doit être à la manière des Lombrics et des vers apodes. Enfin cetie analogie présumée entre les mœurs de ces Anné- lides et celle des Lombricines coïncide avec d’autres points de ressemblance dépendans de la forme générale et surtout de la disposition de l'extrémité céphalique. Voici en peu de mots les caractères les plus saillans du genre Aricie. 17. 1 Li) “4 Résuiré des caractères. Aricie le Cuvier. Structure xtérieure, 258 ANNÉLIDES ERRANTES. TÈrE conique. ANTENNES nulles ou rudimentaires. Prens de deux sortes et relevés sur le dos; ceux de la partie antérieure du corps composés de deux rames très dissemblables et les autres de deux rames ayant à peu près la méme forme. 1. AriCIE DE Cuvier, Aricia Cuvierii (1). (PL vi, fig. 5-13 ) Cette espèce, qui nous a été communiquée par M. Cu- vier, provient des côtes occidentales de la France; sa couleur, après son immersion dans l’alcool, est fauve. Elle paraît être de grande taille, car l'individu que nous avons observé avait près de huit pouces, bien que son extrémité postérieure manqut. Le corps (fig. 5) est divisé en plus de deux cent cinquante segmens très courts, et présente sur la face inférieure un sillon médian. La téte (fig. 6, a) est pointue, très petite, et ne présente aucune trace d'antennes. Les pieds, qui ont la rame ven- trale en forme de crête, cessent après le vingt-deuxième anneau, mais les espèces de franges situées au-dessous continuent un peu plus loin. La rame dorsale de ces pieds antérieurs est petite et peu saillante ; on y remarque un acicule fort grèle et quelques soies très fines derrière les- quelles est un petit lobe membraneux (fig. 8, a). Le cirre supérieur n'existe pas aux pieds des quatre premières paires (fig. 6); ceux fixés sur le sixième anneau sont très courts (c), mais bientôt ils deviennent beaucoup plus grands et prennent la forme de languettes aplaties, (1) Aud. et Edw, ARICIENS. 299 allongées, triangulaires et légèrement veinées sur les bords (fig. 10, c). La rame ventrale est peu saïllante et présente à sa partie postérieure une espèce de lobe ver- uücal, très long, dont le bord est découpé de manière à former une série de petits tentacules séparés par quel- ques soies très fines (fig. 8); enfin au-devant de cette crète se trouve un assez grand nombre de grosses soies peu saillantes, courbées et renflées au bout (fig. 11), qui sont disposées sur trois lignes verticales et occupent toute la partie jatérale du corps. Les pieds des anneaux qui suivent le vingt-deuxième (fig. 10) ont la rame dorsale terminée par un grand lobe conique placé derrière les soïes et moins écartées du cirre supérieur qui est très grand et de mème forme que sur les segmens précédens. La rame inférieure est plus petite que la supérieure ; elle présente un petit cirre conique inséré près de sa base (&), et son extrémité est armée d’un aeicule et de quelques soies semblables à celles de la rame dorsale. Enfin, vers le vingtième segment du corps, on com- mence à apercevoir un petit tubercule branchial (e) qui s'élève entre les deux rames, et sur les pieds de la se- conde espèce, cet appendice prend la forme d’une Jan- guette conique insérée au-dessus de la base de la rame ? = 9 ventrale et presqu’aussi longue qu’elle. 2. Aricie DE LarreiLLe, Aricia Latreillii (x). L’Aricie, que nous dédions à M. Latreille, est beau- coup moins grande que l'espèce précédente. L’individu (1) Aud. et Edw. Âricie de Latreite Aricie sertulée, £umbricus armiger. 260 ANNÉLIDES ERRANTES. que nous avons observé était long d'environ cinq pouces, et on y comptait 160 anneaux, bien que l'extrémité pos- térieure füt tronquée. La téte est encore complètement dépourvue d'antennes. Les pieds, à rame ventrale grande et comprimée, sont au nombre de vingt-neuf paires ; les grosses soies de ces rames inférieures sont plus grèles que chez l’Aricie de Cuvier, et celles de la rame supérieure sont annelées vers le bout, disposition qui n'existe pas dans l’espèce dont nous venons de par- ler. Enfin le cirre inférieur des pieds qui suivent ceux de la treizième paire est filiforme et subulé, mais ne tarde pas à redevenir rudimentaire, et il finit par dis- paraître plus ou moins complètement. Du reste, cette es- pèce ne diffère pas notablement de la suivante. 3. Aricse SErtuLÉE , Aricia Sertulata (x). Nous ne connaissons cette espèce que d’après la des- cripuon que M. Savigny en a donnée; elle se distingue de celles que nous avons observées par l'existence de deux paires de petites antennes subulées, fixées près les unes des autres sur les côtés de la tête. Les pieds, à rame venñtrale en forme de crête, occupent les vingt-deux anneaux qui suivent le premier, et les cirres supérieurs sont nuls sur les pieds des quatre premières paires. L’Aricie sertulée habite le voisinage de La Rochelle, et a été envoyée à M. Cuvier par M. d'Orbigny. Il nous paraît bien probable que c’est dans le genre Aricie que devrait prendre place l’Annélide décrite et figurée par Muller sous le nom de ZLombricus armi- (1) Aricia sertulata, Savigny, op. cit., p. 36. ARICIENS. 261 ger (1). M. Savigny avait déjà remarqué combien cet ani- mal différait des Lombrics proprement dits, et M. de Blainville a cru devoir établir, pour le recevoir, un genre nouveau qu'il nomme $colople(2), mais c'est sans l'avoir observé par lui-même et sans rien ajouter au peu que l'on en savait. GENRE II. AONIE, Æonis (3). (PI. vi, fig. 9-13.) Afin de ne pas multiplier inutilement les noms déjà si nombreux, employés pour désigner les diverses An- nélides, nous donnerons celui d’Aonie à un genre dont les caractères nous seront fournis par une espèce d’An- nélide de nos côtes, et dans lequel nous croyons pouvoir ranger la Néréide aveugle que M. Savigny avait proposée, mais avec doute , comme type de la division de ce nom. La description qu'Othon Fabricius nous à laissée de ce dernier animal n’est pas assez complète pour nous faire connaître d’une manière précise ses caractères et ses rapports naturels, et il serait même possible que son organisation l’éloignàt réeilement de l’Annélide que S 8 (1) Lumbricus armiger, Muller. Zoologie Danica, t. 1, tab. xx1, fig. 4 et 5 (reproduite dans l’Encyclop. méthodique , atlas des vers, pl. xxx1v, fig. 13 et 14; et dans le Dictionn. des Sc. nat., atlas des vers, pl. xxv, fig. 1, sous le nom de Scolople armé). (2) Scoloplos. Blainville, Dict., art. Vers, t. LVIT, p. 495. (3) Aonis. Savigny, op. cit,, note de la p. 45.— Blainville, op. cit, t. LVII, P. 479. Siructure extérieure. 262 ANNÉLIDES ERRANTES. nous allons faire connaître ; mais dans l’état actuel de la science, nous pouvons en douter, etlorsqu’on aura bien constaté ces différences, il sera toujours temps de créer un genre nouveau pour y placer l’une des deux espèces que nous réunissons ici dans la même division. Les Annéïlides que nous prenons pour type du genre Aonie ont le corps linéaire, allongé, un peu déprimé, et composé d’un nombre considérable d’anneaux (pl. vi“, fig. 9). La téte (fig. 9 et 10, a), assez distincte du pre- mier segment du corps, est petite et porte une antenne rudimentaire. Les yeux ne sont pas distincts. La bou- che est garnie d’une trompe très courte, grosse, hérissée de petites papilles et dépourvue de mächoires. [n’y a pas de cirres tentaculaires, mais les pieds de la première paire sont rudimentaires et ont la forme de tubercu- les (c) ; ceux des segmens suivans (fig. 10, e, et fig. 11) sont au contraire très grands, comprimés, et divisés chacun en deux rames bien distinctes, formées l’une et l’autre par un tubercule sétifère derrière lequel est un grand lobe membraneux, mince, foliacé et placé ver- ticalement ; celui de la rame dorsale se continue avec le cirre dorsal (c) qui est grand, un peu comprimé et couché sur Le dos. On ne voit aucune trace de branchies proprement dites, et la rame ventrale est dépourvue de cirre (1). (1) D’après Othon Fabricius, la Néréide aveugle présentait une disposition contraire ; la rame dorsale n’aurait pas de cire, et la ventrale en serait pourvue; mais il serait possible qu'il y eût à cet égard, une méprise qui est très facile à faire chez ces animaux, et dans ce cas, cette Annélide présenterait tous les caractères les plus importans qui distinguent nos Aonies. ARICIENS. 263 D'après ces détails, on voit que le genre Aonie, tel que nous l’admettons, a des rapports avec les Nephtys, mais qu'il en diffère essentiellement par l'absence des bran- chies, par la forme des pieds, de la trompe, etc. Nous y assignerons les caractères suivans : TèTE très petite mais distincte ; ANTENNES rudimen- Résumé .. ct QUE ñ : . des caractères. taires; p1Eps similaires pourvus d'un seul cirre et di- visés en deux rames garnies chacune d’un lobe lamel- leux ; point de branchies. 1. AONIE FOLIAGÉE, Æonis foliosa (1). (PI. vré, fig. 9-13.) C’est d’après cette espèce que nous venons de tracer Aonice les caractères du genre Aonie, aussi n’aurons-nous que oo e peu de choses à ajouter pour en complèter la descrip- tion. La téte est globuleuse et surmontée d’une petite antenne médiane conique. Les cirres et les lobes mem- braneux de la rame supérieure des pieds forment de grandes lames membraneuses, terminées en pointe qui se recouvrent les unes les autres, et qui cachent la ma- jeure partie du dos (fig. 10 et 11). Les sotes dont cette rame est armée sont très fines, acérées, peu nombreuses et dirigées en haut et en dehors (fig. 12); on n’y trouve point d’acicule. Les soies de la rame ventrale sont plus grosses, obtuses et dirigées au bas (fig. 12); le lobe foliacé situé derrière le tubercule sétifère inférieur est mince, ar- rondi sur les bords, et s’élève jusqu’à la rame supérieure. Quant au nombre total des anneaux du corps et à la (1) Aud. et Edw. 264 ANNÉLIDES ERRANTES. forme de son extrémité anale, nous ne pouvons en rien dire, car l'individu soumis à notre examen était tronqué postérieurement. Îl nous a été communiqué par M. Cu- vier et provenait des environs de La Rochelle. La NérÉIDE AVEUGLE (1) que nous placons (au moins provisoirement) à côté de notre Aonie foliacée n’habite pas le littoral de la France; elle est propre au Groenland et vit sous les pierres du rivage et dans le sable à la ma- nière des Arénicoles. Le Lombricus squammatus de Muller (2) nous paraît pouvoir être également rapporté à ce genre. M. de Blain- ville en a formé son genre Scolèlepe, mais il n’en parle que d’après Muller qui ne l’a fait connaître que très imparfaitement. GENRE Il. OPHÉLIE, Ophelia (3). (PL vs, fe qe) La forme générale des Ophélies rappelle un peu celle de la Hésione splendide; mais elles s’en distinguent, ainsi que de toutes les Annélides dont nous avons déjà fait (x) Néréis cæca. Othon Fabricius. Fauna Græn., p. 304, n° 287. — Aonis cœca? Sav., Syst. des Annél., note de la p. 45. — Blainville, loc. cit., p. 480. (2) ZLombricus squammatus, Muller, Zoolagia Danica, vol. 1v, tab. eLv, fig. 1-5. — Scolelèpe écailleux, Blainville, loc. cit., p. 492. (3) Ophelia, Savigny, op. cit., p. 38. — Blainville, op. cit., art. Vers, p. 479. ARICIENS. 265 l’histoire, par l'organisation de l'extrémité céphalique du corps et par la forme des pieds. Le corps de ces anneaux (fig. 7 et 8) est court, cylin- drique et composé d’un petit nombre d’anneaux peu distincts. La téte, presque confondue avec les segmens suivans (1), est profondément divisée en deux lobes coniques, qui, d'après M. Savigny, portent chacun à son sommet deux antennes excessivement petites ; mais si ces appendices existent, il faut qu'ils soient susceptibles de se retirer de manière à ne laisser aucune trace de leur présence; car M. Cuvier ayant eu la com- plaisance de nous communiquer l'individu même d’après lequel M. Savigny avait fait sa description , nous l’avons étudié avec l'attention la plus scrupuleuse, d’abord à l’aide d’une loupe, puis au microscope , sans pouvoir y distinguer ni antennes, ni aucune espèce d’appendices fixées au sommet des cornes qui terminent la tête. La bouche occupe l'extrémité antérieure plutôt que la face inférieure du corps. La trompe est très courte ; mais on peut y distinguer deux anneaux; le premier présente sur son bord treize à quatorze tentacules (fig. 9 b) sem- blables aux cornes de la tête (a) et formant avec eux un cercle continu ; le second constitue un tube charnu que M. Savigny nomme le palais ; il est renflé, comprimé et terminé par une espèce de crête (c) garnie de tenta- cules et située au-dessous de son ouverture: enfin il est (1) Dans la figure que nous donnons de cet animal, et que nous devons à l’obligeance de M. Laurellard, on ne distingue pas la tête du reste du corps, mais cela peut dépendre du mauvais état de con- servation de l'individu observé par ce naturaliste. Structure extérieure. Résumé des caractères 266 ANNÉLIDES ERRANTES. renfermé dans le premier anneau et ne le dépasse guère. Les pieds sont très courts et divisés en deux rames à peine saillantes, garnies de quelques soïes très fines. La rame dorsale ne présente point de cirre, et sur les six premiers anneaux du corps iln’y a également pas de trace de cirreventrale ; depuis le dix-septième anneau jusqu’au vingt-unième inclusivement, on voit au contraire un grand cirre filiforme que s’insère au-dessous de la rame inférieure (fig. 8 b); mais ces appendices disparaissent de nouveau sur la portion postérieure du corps. Le dernier anneau se termine par un prolongement conique qui occupe la ligne médiane. Enfin il n’y a pas de trace de branchies. L'organisation des Ophélies est, comme on le voit, très différente de celle autres Annélides dont nous avons parlé jusqu'ici, et l’état rudimentaire des appendices des diverses parties du corps, ainsi que la soudure de la tête avec les anneaux suivans, sont des modifications qui conduisent vers celles que nous rencontrerons dans l’ordre des T'erricoles. On peut reconnaître les Ophélies aux caractères sulvans : Preps similaires et divisés en deux rames à peine saillantes qui ne présentent point de lobe membraneux terminal; point de ciRRE DORSAL; ur CIRRE VENTRAL filiforme sur un certain nombre des anneaux de la partie moyenne du corps seulement ; point de 8RAN- CHIES. ARICIENS. 267 1. OPnéLie sicorne, Ophilia bicornis (1). (PL. v£, fig. 7-0.) La seule espèce d’Ophélie que l’on connaisse a été découverte aux environs de La Rochelle par M. d’Or- bigny et décrite par M. Savigny. EHe est de couleur gris clair à reflets irisés. Son corps (fig. 7 et 8) , long de deux pouces et assez épais, est cylindrique, renflé vers l'extrémité postérieure et divisé en trente-un segmens, dont le dernier est conique et terminé brusquement par un stylet pointu (d). Les deux espèces de cornes formées par la bifurcation de la téte (a) sont un peu plus grosses que les tentacules placés au-dessous, mais elles ont la même forme. Ces derniers appendices sont au nombre de sept paires, et leur longueur diminue à mesure qu’ils se rapprochent de ia ligne médiane inférieure; la crête membraneuse qui termine la trompe est garnie de sept tentacules. La finesse des soies dont les pieds sont ar- més est extrême ; elles sont simples et de couleur dorée ; les acicules sont jaunes. Enfin les quinze paires de cirres appartenant à la partie moyenne du corps sont très longues, et l’anus (c), au lieu d’être terminal, comme dans la plupart des Néréidiens , est situé sur le dos comme chez les Aphrodisiens, et présente deux lèvres transversales. On ne sait rien sur les mœurs de ces Annélides. Nous sommes portés à croire que l’Annélide figurée (1) Ophilia bicornis, Savigny, op. cit., p. 38. Nas de Horatüs 268 ANNÉLIDES ERRANTES. par M. Delle Chiaje, sous le nom de Nais de Horatiis(1), pourrait bien être une Ophélie. GENRE IV. CIRRHATULE, Cirrhatulus, Lam. (2). (PI. vx, fig. 1-4.) Ce genre a été établi par M. de Lamarck, d’après la description et la figure que Stroem et Othon Fabricius nous avait laissé d’une Annélide singulier des mers du Nord. Ces auteurs avaient considéré cet animal comme étant une espèce de Lombric, mais le naturaliste français que nous venons de citer a pensé que les caractères qu’il présente devaient, sinon l’éloigner de ce genre, du moins l'en faire distinguer, et M. Savigny a été porté à croire qu'il était tout-à-fait étrange à l’ordre des Lombricines (ou des Terricoles). À une époque plus ré- cente, M. Johnston a étudié de nouveau ces animaux, et le résultat de ses observations confirme l'opinion de M. Savigny ; aussi M. de Blainville, en adoptant le genre Cirrhatule de M. Lamarck, le place-t-il dans sa famille des Nérésicolés. Enfin l’examen des Cirrhatules qui ha- bitent nos côtes nous a déterminé aussi à ranger ces animaux vers k fin de l’ordre des Annélides errantes, car (1) N. Horatiis, Delle Chiaje, op. cit., t. 11, p. 405 et 427, tab. xxvir, lig. 20 et 21. (2) Cirratulus, Lamarck, Hist. des animaux sans vertèbres, L. v, p. 300. — Savigny, op. cit., note de la page 104. — Blainville, op. cit., t. Lvrr, p- 489. ARICIENS. 269 en même temps qu'ils offrent des caractères qui ne per- mettent pas de les éloigner des genres dont nous venons de faire l'histoire, ils en présentent d’autres qui les rap- prochent des T'erricoles. Le corps (fig.r)des Cirrhatules est à peu prèscylindrique, atténué aux deux extrémités, et composé d’un très grand nombre d’anneaux extrèmement étroits. La téte est à peine distincte des segmens suivans, et ne consiste qu’en uu petit tubercule conique analogue à la lèvre supérieure des lombrics, et ne portant ni antennes ni yeux (fig. 2 a). La bouche, située au-dessous (fig. 3 a), est pourvue d’une petite trompe membraneuse dont la fente est longitudi- nale, mais ne présente ni tentacules ni mächoires. Un ou deux des segmens qui suivent cette ouverture sont très grauds et complètement dépourvus d’appendices (fig. 2, b); tous les autres au contraire portent des pieds ambula- toires peusaillans,comprimés et formés de deux rames très éloignées l’une de l’autre (fig. 4 a, b). La rame ventrale ne consiste, pour ainsi dire, qu'en une seule soie très courte ou un petit nombre de ces appendices. La rame dorsale présente la mème structure, mais au-dessus du tubercule sétifère est inséré un long appendice filiforme, très grêle, cylindrique et charnu, qui dans l’état de vie est coloré en rouge, et qu’on peut regarder comme un cirre supérieur où comme une branchie (c). Enfin un certain nombre d’autres tentacules tubulaires exacte- ment semblables aux appendices dont nous venons de parler, sont fixés sur la partie dorsale de l’un des an- neaux de la partie antérieure du corps (fig. 1, a, et», d, d); ils remplissent évidemment les mêmes fonctions ue les premiers, mais pour nous conformer à l’usage, 4 P ) Ï Resume des caractères. 270 ANNÉLIDES ERRANTES. nous les désignerons sous le nom de branchies, tandis que nous appellerons les autres des cirres. M. de Blainville a établi sous le nom de CrRRINÈRE un genre nouveau très voisin des Cirrhatules, et qui ne paraît même en différer que par l’absence des appendices branchiaux réunis en paquet sur la partie antérieure du dos de celles-ci ; mais nous ne considérons pas ce caractère comme étant assez important pour motiver cette division, car nous avons constaté que ces filamens, ainsi que les cirres, se détachent avec une facilité extrème , et il se pourrait bien que l’absence des premiers chez les Cirri- nères füt dépendante de leur chute accidentelle ; aussi re- garderons-nous ces Annélides comme ne formant qu'une subdivision du genre Cirrhatule, que nous caractérise- rons de la manière suivante : Preps similaires, peu saillans, et formes de deux rames très éloignées l’une de l'autre ; point de cire VENTRAL ; des CIRRES SUPÉRIEURS filiformes et très longs ; en général des srANCIES exactement sembla- bles aux cirres fixés sur l’un des anneaux de la partie antérieure du corps. Les Cirrhatules s’enfouissent dans le sable ou dans la vase, et lorsquelles sont baignées par l’eau, on les voit agiter continuellement les appendices filiformes qui gar- nissent toute la longueur de leur corps et qui ressem- blent à de petits vers. ARICIENS. 271 S À. Æspèce ayant des branchies filiformes fixées sur la partie dorsale de l’un des anneaux de la partie antérieure du corps. CirrHAtTULE DE Lamarck, Cirrhatulus Lamarckii (1). (PL. vrx, fig. 1-4.) Nous dédierons au savant auteur de l'Histoire des Ani- maux sans vertèbres, cette espèce nouvelle de Cirrhatule que nous avons trouvée aux îles Chausay. Elle est longue d'environ deux à quatre pouces, un peu rétrécie vers le milieu du corps et formée d'à peu près deux cent trente segmens.Les pieds sont très serréslesunscontrelesautres, et forment de chaque côté une espèce de côte tronquée ; le faisceau de soies qui constitue la rame ventrale est composé de quatre ou cinq de ces appendices, qui sont très courtes, raides, un peu tordues et de couleur jaune (fig. 4, b). Les soies de la rame dorsale sont plus grèles, plus longues et un peu plus nombreuses (a). Les cirres fixés au-dessus des pieds des six premières paires, sont très courts (fig. 2, c), mais ensuite leur longueur et leur grosseur augmentent pour diminuer de nouveau vers le milieu du corps (fig. 1, à) et redevenir plus longue vers l'anus; enfin les derniers segmens du corps n’en portent que de très pelits, et ces appendices paraisseat même manquer toujours sur les anneaux qui précèdent immé- diatement l'anus. Les cirres branchiaux sont très longs et occupent toute la largeur de l’arceau supérieur de l'anneau qui porte les pieds de la septième paire; on en compte environ quinze : (1) Aud. et Edw. 22 ANNÉLIDES ERRANTES. Cette section du genre Cirrhatule renferme plusieurs autres espèces qu’on n’a point encore trouvées sur nos côtes, telles que les CIRRHATULES BRUNATRE (1) et JAUNA- TRE (2) de M. Johnston, le CrrrHATULE BorÉéAL de M. La- marck (3), et la Terebella tentaculata de Montagu (4). Les deux premières espèces sont faciles à distinguer de celles que nous venons de décrire par la position des filamens branchiaux, qui, au lieu de correspondre aux pieds de la septième paire, sont insérés au-dessus de ceux de Ja seconde paire. Dans la Cirrhatule boréal, il paraît que les branchies sont insérées encore plus près de la tête, et que la rame ventrale des pieds n’est armée que d’une seule soie. (1) Cirrhatulus fuscescens, Johnston, contributions to the British Fauna, Edinburgh philosophical Journal (Jameson’s), vol. xrt1, p. 318. 1825.— Blainville, art. Fers, loc. cit., p. 490. (2) Cirraculus flavescens, Johnston, Loc. cit. — Blainville, Loc. ci. Les caractères que M. Johnston assigne à ces deux espèces ne nous paraissent pas assez importans ni assez tranchés pour les faire dis- tinguer entre elles. (3) Lumbricus marinius cirrhis longissimis, Strom., Mém. de la soc. roy. de Danemarck, vol. x, tab. vitr. — Lumbricus cirratus, Othon Fabri- cius, Fauna Groenlandica, p. 281, fig. 5, reproduite dans l’atlas de l'Encyclop., pl. xxx1v, fig. 10-12, et dans celui du Dict. des Sc. nat., atlas des vers, pl. xxv, fig. 4.—Cirrhatule boréal, Lamarck, Hist. des Anim. sans vertèbres, t. v, p. 302.— Blainville, art. Vers, loc. cit., p. 490. (4) Trans. Linn. Soc., vol. 1x, tab. vr, fig. 2. Pi NÉRÉIDIENS. W SJ $ B. Espèces dépourvues de branchies filiformes fixées sur le dos. 2. CirrATAULE DE BELLE VUE, Cirrhatula Bellavistæ (1). Nous ne connaissons cette espèce nouvelle que par le peu de mots que M. de Blainville en a dit dans son arti- cle Vers du Dictionnaire des Sciences naturelles ; aussi ne pouvons-nous pas l'indiquer ici. Ce savant l’a décou- verte aux environs de La Rochelle. .M. de Blainville a publié aussi, d’après un dessin de M. Lesueur, une figure d’une seconde espèce de Cirrha- tule appartenant également à cette division, mais pro- . venant des côtes de l'Amérique ; il la nomme Cirrhinère filigère (2). (1) Cirrhinereis Bellavistæ, Blainville, Dict. des Sc. nat.,t. Lvar, p. 488. (2) Cirrhinereis filigera, Blainville, op. cit. t. 1vn, p. 488, atlas des vers, pl. xxt, fig. 1. — Genre Probascidea, notes manuscrites de M. Lesueur, citées par M. de Blainville. I. 18 Organisation extérieure. CHAPITRE VII. Considérations générales sur les Péripatiens. — Organisation exté- el rieure. — Genre Péripate. SIXIÈME FAMILLE. PERIPATIENS. L'animal décrit par M. Lansdown Guilding sous le nom de Péripate, et considéré par ce naturaliste comme étant un mollusque, est évidemment une Annélide qui nous paraît devoir prendre place dans l’ordre des Anné- lides Errantes, et y constituer le type d’une famille dis- tincte. En effet, la forme générale de son corps (1), l'existence d’une téte distincte et pourvue d'antennes très développées, l’armature de la bouche (2) et la con- formation des pieds ne permettent pas de confondre cet animal singulier avec les Tubicoles, les Terricoles, ou les Annélides Suceuses ; mais, d’un autre côté, l'absence complète de cirres, de branchies, et äe toute (x) PL vuux, fig. 5. (2) PL vrrx, fig. 6. PÉRIPATIENS. 279 espèce d’appendices mous autres que les antennes, le distingue de toutes les autres Annélides Errantes. Comme nous ne connaissons encore qu’une seule es- pèce ayant ce mode d'organisation, nous ne pouvons entrer dans des détails plus circonstanciés sur les carac- ières propres à cette famille dont le genre Péripate con- stitue le type; et nous nous bornerons à résumer ici les traits les plus saïllans de la structure extérieure de ces animaux !: Preps saillans, garnis seulement de soies proprement … Résumé . : MES u des caractères. dites, et ne portant ni ciRres ni d’autres appendices mous ; TÈTE bien distincte et pourvue d'ANTENNES très développées ; sBoucHE armée de MACHOIRESs. GENRE UNIQUE. PÉRIPATE, Peripatus (1). (PI. vaux, fig. 5-7.) Le corps de ces Annélides est presque cylindrique, structure 7 : b extérieure. obtus aux deux bouts, et divisé en un petit nombre d’anneaux qui, à leur tour, sont chacun subdivisés en plusieurs segmens ; la téte est arrondie et porte deux antennes très grosses et très longues ; la bouche en oc- cupe la partie inférieure, et loge une petite trompe armée de mächoires très développées ; enfin , les pieds sont coniques, gros et très saillans. (x) Peripatus , Lansdown Guilding , Zoological Journal , t. 11, p. 443 etZsis, Ÿ. xxr. Péripate juliforme. 376 ANNÉLIDES ERRANTES. PÉRIPATE JULIFORME, Peripatus juliformis (x). (PL. vrtr, fig. 5-7.) Corps long de deux ou trois pouces, couvert de pe- tites granulations papilliformes, et composé d'environ trente anneaux peu distincis, subdivisés en plusieurs segmens par des plis transversaux ; face dorsale très bombée, face ventrale presque plate. Zéte grosse et arrondie, portant en avant deux longues antennes cy- lindriques et annelées, et sur les côtés deux tubercules qui paraissent représenter les yeux (fig. 5 et 6, b). Trompe (fig. 6) très courte, couronnée d’un cercle de petits tubercules, et armée de deux mächoires (2) grosses et creuses, dans l’intérieur desquelles s’en trouve d’autres qui sont sans aucun doute destinées à les rem- placer (fig. 7). Pieds insérés à la partie inférieure des flancs (c), très gros, coniques, granuleux, et présen- tant à leur face inférieure une ouverture qui paraît être analogue à celle que nous avons déjà signalée dans le geure Hipponoé; à leur extrémité on remarque un petit appendice, du milieu duquel sortent deux ou trois soies, et en dessous deux ou trois lignes saillantes, transversales, qui paraissent formées par l’agsloméra- tion de plusieurs des tubercules dont. toute la surface (1) Lansdown Guilding, Zoo. Journ., t. 11, pl. x1v, fig. 1 (repro- duite dans l’Zsis, t. xx1, pl. —1). (2) Les mächoires n’ont pas été aperçues par M. Guilding ; mais l'individu que nous avons observé ressemble si exactement à celui figuré par ce naturaliste, que nous ne pouvons croire qu'il appar- tienne à une espèce différente. ° PÉRIPATIENS. 277 de la peau est hérissée. Enfin, l'anus est situé à la face venirale du corps, entre les pattes des deux der- nières paires. Nous devons à la générosité de M. Lacordaire, connu par ses intéressans voyages entomologiques, l'individu dont nous avons donné la description. Il l’a trouvé à Cayenne sous des bois pourris, enfoncé dans la vase sur les bords de la rivière d'Approuague et à trois lieues de son embouchure. Les eaux gient d’une na- ture saumâtre. Structure extérieure. CHAPITRE IX. Considérations générales sur les Chétoptériens. — Organisation extérieure. — Genre Chétoptère. - ES SEPTIÈME FAMILLE. CHETOPTÉRIENS. Les CHÉTOPTÉRIENS présentent un mode d'organisation si singulier, qu'ils ne se laissent que difficilement ranger parmi les Annélides Errantes, et cependant ils diffèrent encore davantage des autres ordres dont se compose cette classe. Il aurait été peut-être plus naturel d'en former un ordre particulier ; mais la crainte de multiplier sans nécessité les divisions nous en a empêché, et nous avons préféré suivre l'exemple de M. Cuvier, qui a placé ces animaux dans son ordre des Dorsibranches. Le corps de ces animaux est long, presque cylin- drique, et un peu aplati. On n’y distingue point de tête; mais sa partie antérieure (1) est élargie, très aplatie, (x) PL var, fig. 1, a. CHÉTOPTÉRIENS. 270 en forme d'écusson, et terminée par un bord transversal presque droit, garni en-dessous d’une espèce de voile marginal. La bouche est située au-dessus de ce rebord; eile est petite, et ne présente ni trompe ni màchoires : de chaque côté on remarque un petit tubercule qu’on peut considérer comme une antenne rudimentaire. Les pieds sont de quatre sortes. Ceux de la partie antérieure du corps (1) sont formés d’une seule rame dorsale, ayant l’aspect d’un cornet membraneux, du fond du- quel sort un faisceau de soies. Les pieds de la seconde sorte (2) se composent de deux rames, dont la dorsale ressemble beaucoup, quant à son mode d'organisation, à celle des pieds de la première sorte, et dont la rame ventrale ne se compose que d’un lobe charnu, qui, d’a- bord bien distinct, se soude bientôt avec celui du côté opposé pour former une sorte de bourrelet transversal impair. Les pieds de la troisième sorte (3), qui suivent les précédens, ont également la rame ventrale non sétifère, et confondue avec celle du côté opposé; mais leur lame dorsale diffère beaucoup de ce que nous avons vu jus- 3. > » : qu'ici, car elle est également dépourvue de soies, et ne consiste que dans un grand appendice membraneux et boursoufflé, qui se confond avec son congénère, de façon à constituer une espèce de grand sac vésiculaire, dorsal et impair. Enfin les pieds de la quatrième sorte (4), qui oc- cupent toute la partie postérieure du corps, se composent (1) PL vin, fig. 1, 2. CNE y Ag EE "ce, d. (3) PL. va, fig. 5, f, g et k, 5. (4) PL. viu, fig. 1, /, m. LV “ Fm, Resume des caractères, 280 ANNÉLIDES ERRANTES. d’une rame dorsale presque semblable à celle des pieds de la première et de la seconde espèce , et d’une rame ventrale formée de deux tubercules charnus bien dis- uncts, et occupant toute la face inférieure du corps. Pour distinguer ce type d'organisation de ceux pro- 8 YP É pres aux autres familles de l’ordre des Annélides Er- rantes, ils suffit des caractères suivans : Preps saillans, de plusieurs espèces, et armés seule- ment de soies proprement dites ; APPENDICES mous irès développés ; ère nulle ; point de mAcnorres. D’après le mode d'organisation de ces Annélides , il est évident qu'elles doivent être nageuses plutôt que rampantes. Elles habitent dans des tubes. 4 GENRE UNIQUE. CHÉTOPTÈRE, Chetopterus (1). (PL. va, fig. 1-4.) Pour caractériser ce genre nous ajouterons aux détails que nous avons déjà donnés , que chez ces animaux les pieds de la première sorte, au nombre de huit paires, et une paire de celles de la seconde sorte, sont fixés sur les côtés de l’espèce d’écusson quadrilatère, formé par la partie antérieure du corps. Nous ferons remarquer aussi que la seconde paire de pieds de la deuxième espèce est très développée, et que leur rame dorsale, soutenue par (x) Chetopterus, Cuvier, Règne animal, a° édit., t. x17, p. 208. CHÉTOPTÉRIENS. 201 un grand nombre de soies, forme de chaque côté du corps une sorte d’aile, disposition qui a valu à ces ani- maux leur nom générique. CHÉTOPTÈRE A PARCHEMIN, Chetopterus pargamen- taceus (1). (PL. vu, fig. 1-4.) Corps long de six à huit pouces, mais très étroit, si ce n’est à sa partie antérieure, qui a environ dix lignes de large. Pieds de la seconde sorte au nombre de deux ; ceux de la troisième sorte sont au nombredequatrepaires, dont les trois premières ont leurs rames ventrales confondues en une espèce de godet impair ; leurs vésicules dorsales sont extrêmement grandes, surtout celles de la première paire. Pieds de la quatrième espèce au nombre d’en- viron cinquante. Les soïes de tous ces pieds sont simples; mais leur forme varie un peu, comme on peut le voir plan, fig. 2, 3 et 4. Ces animaux se trouvent sur les côtes de la mer des Antilles, et habitent dans des tubes épais et très longs, qui ont l'aspect du parchemin, et qui, à l'extérieur, sont recouverts de sable. L'individu que nous avons examiné avait son extrémité postérieure rompue: (1) Cuvier, Loc. cit. Chétoptère à parchemin. a CHAPITRE X. Considérations générales sur les Arénicoliens. — Organisation exté- rieure. — Genre Arénicole.— Appendice à la famille des Anné- lides Errantes. — Genre Polydore. — Genre Spio. — Genre Nainère. — Genre Camponta. . HUITIÈME FAMILLE. ARENICOLIENS (1). Les animaux qui forment cette petite famille sont encore au nombre de ceux qui établissent le passage entre le type d'organisation propre aux Annélides Er- rantes, et celui qui appartient essentiellement aux Annélides Tubicoles ; aussi ont-ils été placés tour à tour dans les divisions correspondantes à ces deux groupes. M. Savigny les range parmi ses Serpulées, et M. Cuvier parmi ses Dorsibranches ; en effet, c’est avec ces der- niers que les Arénicoliens nous paraissent avoir le plus de rapports. Structure Leur corps est cylindrique et formé d’un petit nom- exterieure. bre d’anneaux, mais divisés par une mulutude de plis (1) Famille des Telethuses, Sav., Syst, p. 92 ARÉNICOLIENS. | 283 transversaux (1). La téte est nulle ou rudimentaire, et la bouche terminale ; on y trouve une petite trompe rétrac- tile, mais pas de mâchoires. Les pieds (2) sont similaires et composés de deux rames, savoir une rame dorsale garnie de sotes proprement dites, et une rame ventrale portant des soies à crochets ; il n’y a point de cirres. Enfin, sur un certain nombre des anneaux de la portion moyenne du corps, il exisie des branchies rameuses et très développées, fixées en arrière de la rame dorsale. On ne connaît encore qu’ur seul genre appartenant à cette famille qui se distingue facilement de toutes les précédentes par les caractères suivans : Pins d'une seule espèce, armés de soies à crochels Résumé aussi bien que de soies proprement dites. Point de ARE CiRRES, de TÈTE distincte, d'ANTENNES, de MACHOIRES où d'xeux ; des srANCH1ES en arbuscules sur la portion moyenne du dos. GENRE UNIQUE. ARÉNICOLE, Ærénicola (3). (PI. vin, fig. 8-13.) Le corps de ces Annélides est cylindrique, divisé en structure extérieure. un nombre bien plus considérable de segmens secon- (1) PL vru, fig. 8 et 13. (2) PI. viu, fig. 9. (3) Lumbricus, Lin., Muller, O. Fabr., etc. — Arenicola, Lamarck, Hist. des Anim. sans vertèbres, t. v, p.335.—Cuvier, Règ. anim., x'°édit., 28/4 ANNÉLIDES ERRANTES, daires que d’anneaux , obtus en avant, tronqué en arrière, et composé de trois portions assez distinctes ; l’une antérieure, ordinairement renflée et ne portant pas de branchies (pl. virr, fig. 5 et 13, a), une moyenne, étroite et branchifère (b), et une postérieure, apode (c). La téte n’est pas distincte, et 1l n’existe ni yeux, ni antennes, ni mâchoires ; on remarque seule- ment à la partie antérieure et supérieure du corps une petite caroncule rétractile, logée dans une fente trans- versale (fig. 10, c). La bouche n’est pas située à la face ventrale du corps comme chez les autres Annélides de cet ordre, mais elle est complètement terminale, et pourvue d’une petite trompe charnue et circulaire, dont la surface est hérissée de papilles coniques (fig. 10, a). Les pieds (fig. 9) sont formés de deux rames bien dis- ünctes ; la rame dorsale (a) se compose d’un tubercule garni d’un faisceau de soies simples et subulées ; la rame ventrale (c), au contraire, a la forme d’un ma- melon , transverse , armé d’une rangée de soies à cro- chets. Sur les derniers anneaux du corps ainsi que sur le premier il n’y a point d’appendices. Les branchies ont la forme &’arbuscules et ne commencent à paraître que vers le tiers antériear du corps ; leur nombre varie suivant les espèces de treize à vingt. Enfin l'anus est terminai et ne présente rien de remarquable. Ces Annélides, comme leur nom l'indique, vivent enfouies dans le sable du rivage de la mer ; elles y creu- sent des cavités cylindriques très profondes, qui com- t. 11, p. d27, et 2° édit, t. 117, p. 197, Savigny, Syst, p. 9b. — Blain- ville, art. Vers du Dict. des Sc, nat., it, Lyt1, p. 446. ARÉNICOLIENS, 28% ‘muriquent ordinairement au dehors par deux extré- mités. 1. ARÉNICOLE DES PÈCHEURS, Ærenicola piscatorum (1). (PL. vin, fig. 8-12.) Cette Annélide est très commune sur les plages sa- Arémeole blonneuses de nos côtes , et sa retraite se découvre faci- % Pécheurs- lement par les petits cordons de sable contournés sur eux-mêmes que l'animal rejette au-dehors lorsqu'il creuse sa galerie. On la rencontre principalement près de la limite des basses eaux , à environ un pied et demi ou deux pieds au-dessous du niveau du sol ; mais sa ga- lerie paraît se prolonger beaucoup plus profondément , car si on ne creuse pas dans le sable de façon à couper saretraite, l’Arénicole parvient souvent à s'échapper. Les pêcheurs en font une chasse active, et s’en servent pour amorcer leurs lignes ; enfin, lorsqu'on le touche, cet animal dégorge une liqueur jaune qui a l’aspect de la bile, et qui fait aux doigts des taches difliciles à enlever. (1) Lümbricus marinus, Belon, Poissons, p. 444. — Linné, Syst. nat, ed.12,t. 1, part. 11, p. 1077. — Muller, Zoo!. Dan. , part. 1v, tab. czv, fig. B, x à 5. — Barbut, Gener. Verm., pl.1, fig. 8 (repro- duite dans Bosc, Hist. des Pers, t. 1, pl. vi, fig. 3). — O. Fabricius, Fauna Groen., p. 279. — Lumbricus papillosus, ib., p. 283. — Nerers lumbricoïdes, Pallas, Nov. Act. Petrop., t. n, tab. v, fig. 19 et 19*. — Arenicoia piscatorum, Lamarck, Animaux sans vertèbres, 1. v, p. 336. — Cuvier, Dict. des Sc. nat., t. 11, p. 4793. — Dumont, Bull. des Sc. de la Soc. Philom.,t.1, p.114. — Savigny, Syst, p. 96. — Blainville, art. Vers, loc. cit., t. vu, p. 447, atlas de vers, pl. vi, fig. 1. — 4re- nicola tinctoria , Leach, Encycl. Britann. Suppl., vol. 1, p. 452. Aremicole noire, Arénicole \ a massue,. 286 ANNÉLIDES ERRANTES. Son corps (pl. vit, fig. 8) a de huit à dix pouces de long ; sa portion antérieure est renflée, et sa portion postérieure constitue une espèce de queue; la peau qui le recouvre est épaisse, granuleuse, et comme veloutée, surtout antérieurement. Les anneaux sont subdivisés chacun en cinq bandes transversales, et ne sont bien distincts que là où il existe des membres. Les pieds sont au nombre de dix-neuf paires ; ceux des premières paires ayant les rames très écartées et la rame ventrale peu distincte ; les suivantes sont plus saillantes et ont leurs deux rames contiguës. Les DPranchies, au nombre de treize paires, commencent à paraître au-dessus des pieds de la septième paire. La couleur de cette Arénicole est en général d’un cen- dré jaunûtre. M. Leach a donné le nom d’ArÉNIcOLE norme (1) à une Annélide qui ne nous paraît pas différer spécifique- ment de la précédente, mais qui est d’un noir de char- bon. L’Arenicola clavata de M. Ranzani (2) diffère aussi très peu de l’Arénicole des pêcheurs, et pourrait bien n’en être qu’une simple variété. (x) Arenicola carbonaria, Leach, Encyclop. Britann. Suppl., vol. 1, p- 452, tab. xxvi, fig. 4. — Savigny, Syst., p. 97. (2) Arenicola clasatus (au lieu de clavata), Ranzani, Mem. di Storia Nat., deca prima, pl. 1, fig. z. Pr ARÉNICOLIENS. - 287 2. ARÉNICOLE BRANCHIALE, Ærenicola branchialis (1). (PI: vin, fig. 13.) Cette espèce, que nous avons rencontré près de Saint- Mäâlo, est beaucoup plus petite que la précédente, et s’en distingue principalement par le nombre des pieds et des branchies. Ces derniers organes , au lieu de commencer au-dessus des pieds de la septième paire, ne se montrent que sur l'anneau qui porte les pieds de la treizième ou quatorzième paire, et au lieu d’être au nombre de treize paires, on en compte de dix-neuf à vingt paires. Du reste , cette espèce ne nous a présenté rien de parti- culier. APPENDICE DE LA FAMILLE DES ANNELIDES ERRANTES. Parmi les Annélides décrites par les auteurs, il en est plusieurs dont nous n'avons pas fait mention , bien qu'elles se rapportent évidemment à l’ordre des Anné- lides Errantes ; nous nous sommes abstenus d’en parler, parce que leur description est si imparfaite qu’il nous aurait été difficile de leur assigner une place dans notre méthode, et il nous a paru préférable de les laisser, jus- qu’à plus ample information, parmi les incertæ sedis : (1) Aud. et Edw. Arenicole branchiale. Genre Polydore: Genre Spio. 288 ANNÉLIDES ERRANTES. de ce nombre sont les Porvpores de Bosc, les Srro de divers auteurs, etc. Le genre Pozypore (1) a été établi par Bosc, d’après une petite Annélide d'Amérique dont la forme générale paraît se rapprocher de celle des Péripates, dont la tête est pourvue de quatre yeux bien distincts, dont les pieds sont composés de deux rames , l’une dorsale, sétifère , l’autre ventrale, garnie de petits mamelons branchiaux, et dont la partie postérieure du corps est dépourvue de membres , et constitue une sorte de queue. C’est proba- biement dans la famille des Néréidiens que les Polydo- res devront prendre place. Le nom de Srio a été donné à un grand nombre d'Annélides très différentes les unes des autres, mais remarquables toujours par l'existence de deux antennes ou cirres tentaculaires , extrêmement longs et gros. Othon Fabricius (2) a établi ce genre d’après deux Annélides ayant de l’analogie avec les Néréides, savoir : : le Spio seticornis (3) etle Nereis seticornis (4). Ces Spio sont évidemment des Néréidiens , et paraissent se rapprocher des Syllis, car leur trompe est dépourvue de mandibules , leurs pieds uniramés et privés de branchies proprement dites. Le Spio filicornis de M. Delle Chiaje (5), ainsi que nous l'avons déjà dit , appartient au contraire à la fa- (1) Hist. nat. des Vers, t.1, p. 160, pl. v, fig. 7 et 8. (a) Schrif. der LBerl. naturf., t. vi. (3) Loc. cit., pl. v, fig. 1-r2. (4) Fauna Groen., p- 306. (5) Memorie, t. in, pl. xzv, fig. 6. Li APPENDICE. 200 mille de Euniciens , et paraît se rapporter à notre genre Onuphis (1). Les Spio caudaitus (2), coccineus (3) et ventilabrum (4) du mème auteur, paraissent, au con- iraire , être de véritables Néréides, et son Spio quadri- cornis (5) fait partie de la même famille. Le Spio vulgaris de M. Johnston (6) nous parait être très voisin des Syllis. Enfin M. de Blainville rapporte au genre Spio une Annélide très singulière, figurée par Baster (5), qui à beaucoup d’analogie avec un animal de la mème classe, ob- servé par M. Surriray, et représenté dans l’Atlas du dic- tionnaire des Sciences naturelles , sous le nom de Spio seticornis (3). D'après cette figure et d’après la courte descriptio : qui l'accompagne, on voit que cette Annélide doit appar- tenir à l’ordre des Errantes, mais elle parait différer beaucoup de toutes celles dont nous avons eu à parler. ê. La tête est bien distincte et pourvue de quatre yeux , “de deux grandes antennes, et d’un tubercule médian qui pourrait bien ètre une antenne impaire à moitié rentrée. Les pieds sont biramés ; la rame dorsale se compose P 9 } d’un tubercule sétifère et d’une languette aplatie qu'on (1) Ann. des Sc. nat., t. xxvIu, p. 228. (2) Memorie, t. u, p. 403, tab. xxvin, fig. 10 et 15. (3) Ibid., t. 1, p. 404 et 426, tab. xxvur, fig. 16 et 15. (4) Ibid. t. un, tab. xxvin, fig. 11 et 16. (6) Ibid., t. u, tab. xxvinu, fig. 9 et 14. (6) Contributions to the British Fauna , Zoo. Journ., vol. 11, p. 335. (7) Opus. subs., 1. n, iv. in, pl. xn, fig. 2. (8) Dict. des Sc, nat., art, Pers, t. Lvn, p. 441, et Aulas des Vers, pl: xrx, fig. 2. 290 ANNÉLIDES ERRANTES. — APPENDICE. doit regarder comme un cirre ou une branchie; la rame inférieure ne présente au contraire ni cirre ni branchie;, et paraît divisée en trois lobes , portant chacun un cro- chet. Enfin , sur le quatrième anneau du corps la rame supérieure est remplacée par cinq ou six crochets où appendices subulés, recourbés en haut. - Seolopendre La ScocopENDRE MARINE de Slabber( x) a la plus grande marine, analogie avec Le Spio seticornis de M. de Blainville. Genre Le Nais quadricuspida ; d'Othon Fabricius (2), doit Naivère. prendre place aussi parmi les Annélides Errantes, et nous parait se rapprocher de nos Ariciens : M. de Blainville en forme le genre Vainère (3). » Cenre Eufa le genre CamronrrA, établi par M. Johnston (4), Campontia, À , : »ve appartient également à l’ordre des Annétides Errantes, mais ne nous paraît pas avoir été observé avec assez de précision pour qu'on puisse se faire une idée exacte de. son organisation. (2) Slabber, Oôserv. microscop., tab. vu, fig. x et 2. (2) Fauna groen., p. 315. (3) Art. Vers du Dict. des Sc. nat., t.£vu, p. 490. (4) Op. cit., Zool. Journ., t. in, p. 325. FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE. (0 e M : # : & # de la France ANNÉLIDES.PL. 1. Fig. 1. dE = ne ATEN 4 GS Hi =) LAS nor PPT CHI PTIT ee. PHRODITE hispide ; Fig 1016. POLYNOE écalleuse . Fo. 1719 . Poils de diverses Polynoes . Dumenid Dir le SU 1 \ fig 1-6 SIGALION d'Ierminie Pigs 7 APHRODIÎTE Fig. 8 ct 9 poils de l'APHRODITE hispide herisscée RL DD here m6 0 à D PÉTER PT 2 e- PL S Te PP RE < +» ke Pntil Pres BE : |! PL. 2. A+ £- 5e N A F LIDES États Ls hr ALION Mathilde: à 3) Ji —10. SI( _ Fio- 1 NE VS. CR __. ANNEÉLIDES.P£L. 2. L4 de V4 LR a a RD)" Ce LDES PL, 20 Fie, 10. FN ‘ L DZ » QE La Lu. Pumentt Dirt ANNÉLIDES. PL. 5. { sa Li CRES Li LEUATA LALLATS io. 1._ 4 EUNICE de Bell. Foy. 5._n. EUNICE de Harasse. | & ] D -/ ? Dumnerit Dir ! Dâmborne | Mo 15- AGLAURE Eclatante.F ie. 14 -27 -ŒN ONE Brillante . 1.5_ONUPHIS Hermite _ Fis-6-8_ DIOPATRE del. " P Dumenit Dire . Le. - » D. 1 ANNÉLIDES PL,3, ? . pe f: ñe. 7. Figi-8 LYSIDICE de Ninete Fig 19-12 LOMBRINÈRE 4' Orbigny Fig 15-15 LOMBRINÈRE de Latreille fume Lrr! inidilel, FT ua NE ral de la France. ANNELIDES. PL. 4 à A. Fio.G ur. 1-6 . NEREIDE de Beaucoudray Fig. 9-15. NEREIDE pulsatoire . Bi dl Dumenil Dir! ANNÉLIDES PL.44 Fig. 2 È Mg:-6 NEREIDE de Marion lie 7et8 NEREIDE Lobulée. LE Fig. 9 -12 NEREIDE de Dumeril Fig. 15 NE RÉIDE Podophyle. LP Dumenil dir! S Brevipalpe : — SYLLIS Monilaire Fi. 6-12 LYCASTI Fie. 1-5. Le & È è \ à (AA MANU SU 1 Are TA L PT ANTN 102.708 FR LIDES. PL:9. Fig.1-3 HESIONE Eclatante Fig 4-b HESIONE Panthérine Be. G-u ALCIOPE de Revnaud —_ LP Dumend Dir! le ." Dral de La France. ANNÉLIDES. PLe54 (22 LA Fe. 1-8 PHYLLODOCE Lamelleuse ge. 9-15 PHYLLODOCE Clavigère P Pumeril Dirt RQ ÿ 6 S a) : \ Ki à i \ AE é È ge NN 77/77/1140 d (I .. Fig.1 6 NEPHTYS d Hombere. Fig. 7 OPHELIE Bicorne. LP. Dumenil Dir! Ë S Ve.1-4 GLYC ERE de Meckel. Fig b 12 pieds et poils de diverses GI NCÈ RES . LI Pumoril Pr! its | n = ASE S — NE (C5 _ en (Mrs [l ü C) Ur Vrr jp ù A Rs UETUT ll Fire 5 bur Mig.1-4 GONIADE Vétéran. Fe. 5-6 GONIADE à Chevrons. lg 9-10 AONIE Foliacée % P Dumeril Pirexit ET RTE se EEE | Figr. 4 CIRRHATULE de Lamarck Fig. 5.15. ARICIE de Cuvier . CAR # Darérit Dire! are mire re *3 ge FT d à LIDES PL. 8. b (x L'rance. . Fig. 19: FHHÉIEN a +EHERT a g. 1-4 CHETOPTERE a parchemin. Kig.5-7 PERIPATE Juliforme "8-u ARÉNICOLE des Pécheurs. Fig.15 ARENICOLE branchiales # * [2 Dpt je L ï "A ni di 0 01 L 1 | 2 ne ' 2 ( à l CU V ; nl Li À Tes ?, l NYNRE : "a © È = _ sn l U & ; > dl ° Î f (l | à ñ 'E . Mi} ” : - & net ; " TP in 0] h 1 A) = NRA Fe Mes Qi 5) + D JOPE 1 MERNAT AT EEE A © 2 KE asn O Re | O Æ — 7 A) Z ARI ES. SMITHSONIAN _INSTIFUTION _NOIINLILSNIE NVINOSFIENNS S314vu S Fe S n Ne $ Æ res à fs sa = . 5 Er. E ÿ sa D 2 Ps É sd E Des F ET Z } ne NLILSNI NVINOSHIINS S3I4VY9I1 LIBRARIES SMITHSONIAN Pa (22 FL sw: a Z = Pare = £ ii , CL . 6 TZ À #4 Q : KR Ô L 0 À LA . 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