'-^^^^^ t2&^ ^r.<^^^ 'imm -^^ r^ '^^^ ^^^. 3S^^^^^^^^^^^^^E3(] Marine Biological Laboratory Library Woods Hole, Mass. Presented ty Dr. R. P. Bi^elow Oct. 22, 1954 c !r = 1 < -£. pr £ f- 5 2 5 2.- f. =■ 2 , 5 § C/i o d E =■ Q = ^ P g-5 ^ = 3 2 =- ^- !^ ■• ^2 C = 3~' £ ET SUR QUELQUES AUTRES SUJETS RELATIFS A^ L'HISTOIRE DE LA VEGETATION. PAR CHARLES BONNET, De la Societe Royale de Londres , de rAcadtmic de rinftitiu do Bokgne , Corrcfpondant des Academies Royales des Sciences de Faris & de Montpellier. A GOTTINGUE £? LEJDE, CuE2 E L I B L U Z A C, riLS. Iwp.-LiK M D C C L I V. .17 5 H. Ill © e^^.-^-^ r>,Tj.-T. ^e^)M'> a. ,r,05a> CM)^^ 8 PREFACE, g^Ss!IS^g£S InfeCles 772' ont occupe pendant quel- !H / S ^'^^^^ rtw/z/^i". Uavdmr avec laqmllc Ik % f^ me fids livre a cette Etude , a fati- ^^^3'^^^ g^^^ ^«^-y 3'^«'^ ^« P^^'«^ qnc fai etc force de ?interrompre. Prive de ce qui avoit fait jus que s la mes plus chercs d slices , fai cherche a me confokr en cbangeant d^objet. Je me Jnis tourne vers la Phyfique des Plantes , fujet moins anime , nwius fecond en decouvertcs , juais d'tme iitilite plus gemralcment reconnue. La Z^- ^ 2 ge- IV P R E' F A C E. gdtation des Plantes dans d'^autrcs matm'es qm la 1\rre^ &? pyiucipakment dans la Moiiljc^ 8? C U- fage des Fenilks , ont ete les preiukrs Otjjets de mes Recherches. On a pu voir dam les nouveaux Memoires puhlies par I'Acade'mie Royale, DES Sciences (*), l<^s Experiences que fai commence'es Jiir le premier de ces Sujets. ye don- m ici cellcs que fai tentees fur k fecond. Qtioi- que les unes 8^ les antres ne foient que de legeres ehauches , /V me fiatte qiielles ne Jeront pas inuti- les a rHifioire de la Vegetation. Le goiit de la bonne Fhyfique eft aiijourd'^hui fi repandu , qiiil fiiffit d'indiquer line route , pour qiiellejoit hientot tres frequentee. Des Figures font ahfolument neceff aires a mi Ouvrage de la natm'e de celui-ci. Qjtelque clarte que faie tdche de donner a mes de/criptions , fau- rois risque de n''etre pas toujour s entetidu ft favois ete prive de cefecours. Mr. S o u B e Y R a n , ^^/i joint Ml Efprit Philofopbique aux Talcns d^un ex- cellent Dejfmateur , a deffine toutes les Planches de ( * ■) Memoires de Mathcmatique S de Fhyfique prefciitjs i FAca- demie Royale des Sciences , par divers Savans , ^ its dunsfes Ajjem- hlees y 1 7 JO. PREFACE. V de cet Ouvrage , a r exception do celle qui repre- fente Jes dijjercns Arrangefnens des Feniiks. Ses Dcjjeins , qnoique parfaits en leur genre , aiiroicnu acquis un nouvel eclat , s'il avoit eu en 'cue d'y faire admirer Ics Mervcilks de fon Crayon. Mais il a penfe comme moi , qii'il fnffifbit qiiih fatisfis- Jent an but de cbaque Experience , ^ il a eu Vejpece de courage d'eviter ime elegance pittoresque plus dijpendieuje qi^ utile. La Plane he qui reprefente les cinq Ordres de Difirihutions qii'on obferve dans les Feuilles, eji de- la main de Mr. Calandrini (f) , auquel je dois encore les remarques 8? les vues qui ont fervi de Bafe a mon travail. Je le prie d'^agreer qu'^en hii en temoignant ici ma ju/Ie reconnoiffance , je we pare aupres du Fublic , dc ?amitie dont il w'/6(?- nore. Mr. Wandelaer dont k favant Burin fait Padmiration des ConnoiJJeurs dans les magnifi- ques Tables Anatomiques de Mr. Albinus a (t) Ci-devant PrnfeJJeur de Mathematiqtm & de FhUofophk a Genive ; aujourd'hui Cortjeilter d'Etat , £? Triforkr Cental de cette Republique. *3 VI PRE' F ACE. a grave la phis gr ancle par tic des Planches decet On- vrage. Les autres font de Mr. van der Schley, qui a donne dcs preuves de Jon hahikte dans la belle Hi/loir c dcs Polypes de J/^-. Trembley. La reputation de ccs deux Artiflcs eft im fur ga- rant de la fuielite a'ccc laquelk ih ont rendu les Des- feins de ccs Kccherchcs. De. fon cote le Lihraire a tdche que ? Edition repondit a la heante des Planches , 8? // pcut fe flatter d'y avoir renffl. EiNFiN 5 pour qiiil ne manqudt ricn a ? exe- cution de cet Oiivrage , Mr. Allamand', Profefjeur de Matheniatiques 6? de Philofophie dans P Univer/ite de Leide , fort connn dn Public par d'excelkntes Productions en divers genres , a bien voulu s^y intercfjcr jusqti^a fc charger d'^en re- voir les Epreuves. Je croirois jnanquer a ceque je dois a fes foins fi je ne fajjurois ici de ma parfaite gratitude. Les Deffeins les plus par fait s n''egalent pas la Nature : c'cft elk qii'il faut fur - tout conftilter. Je fouhaiterois d^infpirer ce defir a mes LeCieurs , a? P R E' F A C E. VII 6? de ks porter a chercher dans la Campagne , Z^^- Originaux dont je ne letir donne que ks Copies, lis verifieroient ainfi vies Obfervations en fe pro- menant. Les promenades feroient des fources d^in- Jiru^lions Ji Part de voir etoit plus comnimi : il £ommence a le devenir , ^ fervira a dijiingiur notre Sieck. A Geneve le 28. Avril , 1753. TA. TABLE D E S M E Al O I R E S. Premier M e m o t r e. De h Nutrition des Plantes par lews Feuilks. Pag. I Second Me' moire. De la Dircdion^ 8? du Retournement des Feuilks; 8? h cette occafion de la Perpendicularite £# du Kepliement des Tiges. 77 T R o I s I e'm e M e'm O I r e. De r Arrangement des Feuilks fur les Tiges , 8? Jitr les Branches , 8^ de celui qi^on obferve dans quelques autres parties des Plantes. 15^ Qu A T R I e' M E M e'm O I R E. De cjuelques fmgularites des differ entes parties des Plantes , 6? principakment des Feuilks. 191 Cinq^uie'me M e'm o ire. No uv elks Kccbercbcs fur les Feuilks des Plantes, ^c. Confirmation des Kecberches precedentes. 221 RE- ; -^j^ -^.gK^ -^So^ ^>^5«» RECHERCHES S U R L'USAGE DES FEUILLES DANS L E S P L A N T E S. PREMIER MEMOIRE De la Nutrition des Plantes par kurs Feuilks. I. g>C^§!g3J::^gES Feuilles, fi varices dans leurs !H T ^ formes , dans leurs nuances , & g J—/ 1^ dans leurs diflributions , n'ont pas g ,,g ^ ete donnees aux Plantes unique- *" ''^ ment pour les orner : elles ont des ufages plus importans , & qui repondent mieux aux grandes idees que nous nous formons dela SAGESSE supreme. Enxre ces ufages 3 celui d'elever le Fluide A nour- 'if/:^ 2 RECHERCHES SUR L'USAGE nourricier, efl un des principaux & des mieux conflates par les belles Experiences de Mr. H a- LES(*). Mais la preparation de ce Fluide, I'introdu- €lion de I'Air dans le corps de la Plante , & la fuccion des particules aqueufes repandues dans rAtmofphere , font d''autres fondions qu'on 3 attribuees aux Feuilles , fur des faits qui n'ont pas ete jufqu'ici afTes approfondis. J' A I fait , en ce dernier genre , des Recher- ches , dont le fucces femble nous promettre plus de lumiere. ]e les dois principalement a un en- tretien que j'eus un jour fur ce fujet , avec Mr. Calandrini, & dans lequel cet excel- lent Profefleur me communiqua quelques Re- marques , qui quoique fort fimples , montrent a quel point il poisede I'Efprit d'obfervation. Voici le precis de ces Remarques. II. On diflingue deux Surfaces dans les Feuil- les des Plantes ; la Surface fuperieure , ou celle *PL.viii. qui regarde le Ciel *; la Surface inferieure , ou •""'';■•; ,. celle qui regarde la Terre *. Ces deux Surfaces different fenfiblement Tu- ne de Faurre dans prefque tomes les Plantes ter- reflres. La Surface fuperieure efl ordinairement 'PL. I. lille & luflree; fes Nervures * ne font pas fail- lantes. La Surface inferieure au - contraire , efl plei- (*) Statigui des FigHaux. Fia. I . n,n. DES FEUILLES. I Mm, 3 pleine de petites afperites, ou garnies de Foils courts; fes Nervures * ont du relief, & fa ecu-* Fig.i. leur toujours plus pMe que celle dela Surface fli- "'"" perieure n'a que peu ou point de luftre. Ces differences affes frappantes ont fans dou- te une Fin. L' Experience (*)demontre que la Rofee s'eleve de la Terre. La Surface inferieu- re des Feuilles , auroit-elle ete principalement deftinee a pomper cette vapeur , & a la trans- mettre dans I'interieur de la Flante ? La pofition des Feuilles relativement a la Terre , & le tis- fu de leur Surface inferieure, femblent Tindiquer. En me faifantpart de cette ingenieufe conje- cture , Mr. Calandrini voulut bien me charger du fbin de la verifier, & d'approfondir ce fujet ; des occupations plus importantes ne lui en laidant pas le loifir. Pour repondre a cette invitation , je propo- fai a Mr. Calandrini une Experience qui me vint alors dans i'Efprit , & qui lui parut pro- pre h. decider la Queftion. Elle confifloit a pofer fijr la fuperficie de i'Eau contenue dans des Vafes, plufieurs Feuilles d'une meme efpece,de fa^on, queles unes fuflent humeftees dans leur Surface fuperieure, les au- tres dans la Surface oppofee. C'est de cette Experience que je fuis par- ti. C* ) Mmeires de VAcademie Royale des Sciences, i73<1. A 2 4 RECHERCHES SUR L'USAGE ti. Elle fera le principal fujet de ce Memoire : j'expoferai dans ceux qui le fuivront , les nouvel- ks Recherches auxquelles elle a donne lieu. III. ToUTES fortes de Vafes de verre font propres a cette Experience. Les plus parfaits feroient ceux dont Touverture imiteroit la for- me des Feuilles. Mais pour s'en procurer de tels , il faudroit etre a portee d'une Verrerie. ]e me fuis ordinairement fervi de ces Vafes con- *PL.ii. nus des Curieux fbus le nom de Poudriers *, & f'g.i. ^ qui reflemblent aux Pots de verre ou Ton met des Confitures liquides. Apres avoir rempli d'Eau de femblables Va- fes , j'ai pofe fur fa fijperficie une Feuille de la ♦ /. Plante trempee dont j'ai voulu faire I'epreuve *. Cette Feuille ne s'efl pas d'abord appliquee exadtement a la fuperficie de TEau. La courbu- re , & le reflbrt de fes principals Fibres ont te- nu quelques endroits de fa Surface plus eleves que le rede. Mais bientot la transpiration a fait per- dre a ces Fibres de leur roideur , & la Feuille s'efl abaiffee par-tout egalement. I'ai tente d'affujettir ies Feuilles furk fuperficie de I'Eau , en les chargeant de quelques petits Poids. Mais les Poids , quelques legers qu'ils foyent, agis- fent trop , des qu'ils agiflent. Les Feuilles s'enfon- cent alors dans les Vafes beaucoup plus qu'on ne le voudroit. 11 en eflcependant dont les grofles Ner- vures font fi roides , qu'on peut les charger avec fuc- ces. J'ai DES FEUILLES. I Mem. 5 ]' Ai choifi des Feuilles d'une grandeur propor- tionnee a Touverture des Vafes fur lesquels je les ai appliquees. On console aifement que plus la Surface qu'on prefente a I'Eau a d'etendue, & mieux on repond au but de PExperience. D'uN autre cote, j'aurois cru m'ecarter de ce but , fi j'avois laifTe mouiller les bords des Feuil- les. Ces bords font communs aux deux Surfaces, & il efl neceflaire de ne tenir humedees que les parties propres a Tune ou a Fautre de ces Surfaces. I'ai done fait enfbrte que les bords * de chaque * h,b. Feuillle ont un peu outrepafTe ceux du Vafe. J' A I ufe de la meme precaution a I'egard da Pedicule *. J'ai eu fbin qu'il n'ait jamais ete hu-* «. mefte. J'ai prefere les Feuilles les plus vertes, les plus faines, & les moins eloignees de leur par- fait accroiflement. Pour rendre les Refultats plus decififs, j'ai mis a la fois en Experience plufieurs Feuilles de chaque eipece. J'aurois fouhaite que toutes ces Feuilles euilent ete parfaitement egales & (embla- blables; mais comme cela etoit impoffible, j'ai eu (bin feulement qu'il n'y ait pas eu entr'elles de difference confiderable. L'edentiel a ete de les tenir toutes egalement hume6lees. Aux Feuilles que j'ai diipoiees de la maniere que je viens ded'ecrire, j'en ai joint d'autres de meme efpecej^ de mcme grandeurjdem les u- A 3 nes 6 RECHERCHES SUR L'USAGE lies n'ont pompe I'Eau que par Textremite infc- rieure de leur Pedicule , & dont les autres ont demeure abfblument privees d'humidite. J''ai donne lieu par la a des comparaifbns qui ont ren- du ces Experiences plus inftruclives. A mefijre que I'Eau s'eft evaporee j'en ai mis de nouvelle. Je me fuis fervi pour cet effet d'u- ne petite feringue , afin de n'etre pas oblige d'6- ter la Feuille de defTus fbn Vafe ; & ce precede m'a paru le meilleur. J'ai juge de la quantite de cette evaporation (bit en regardant a travers les parois du Vafe , fbit en fbulevant un peu un des cotes de la Feuille. Dans les Feuilles d'une con- texture delicate , j'ai reconnu I'evaporation par un enfoncement qui s'efl fait au milieu de chaque Feuille. IV. J'ai mis au rang des Feuilles pajjees coX- les qui ont commence a s'alcerer. Cet etat, comme on le concoit a lies , ren- ferme bien des degres , il feroit difficile de dire precifement quel eft celui dont on doit partir. D'ailleurs les Feuilles de toutes les efpeces , ne font pas fiijettes aux memes alterations. Les u- nes palillent , les autres jauniflent, de troifiemes fe couvrent de tkches noires, Toutes ces varietes fe reuniflent fbuvent dans le meme fujet. Mais ce font la des details, auxquels on ne s'arretera que lorfqu'ils renfermeront quelque particularite remarquable. Ce DES FEUILLES. /. Mm. 7 Ce qu'il ya principalement a obferver ici, eft de ne prendre pour terme dans chaque Experien- ce qu'un meme genre & un merne degre d'alte- ration. Ainfi en fuppofant que ce genre fbit ce- lui ou les Feuilles ont perdu leur couleur naturel- le, toutes celles ou ce changement de couleur fe manifeflera au meme point , feront reputees pas- fees. 1l en fera de meme, du degre de Pourritu- re , fi on prefere de prendre pour terme ce genre d'alteration. En general, il ne s'agit point ici d'une ex- treme precifion : on ne fauroit y atteindre. On doit fe contenter des rapports les plus prochains. Les bords de la Feuille n'entreront point en confideration. Souvent ils fe defsechent, ou chan- gent de couleur , pendant que ie milieu de la Feuille demeure tres fain. On voit Ja raifbn de cette difference. Les bords de la Feuille ne com- muniquent pas immediatement avec i'Eau du Va- fe. (ill.) A u rede , la Temperature du Cabinet ou j'ai fait ces Experiences, a ete a I'ordinaire, pendant les chaleurs, de 15 a 20 degres du I'hermome- tre de Mr. de Reaumur, -& de 5 a 10 de- gres, pendant une partie du Printems & de I'Au- tomne. ]e rangerai ces Experiences fbus deux Clafles: k premiere Clafle comprendra Jes Experiences que 8 RECHERCHES SUR L'USAGE que j'al faites fur les Peuilles des Herbes: la fe- conde Clafle renferraera les Experiences que j'ai tentees fur les Feuilles des Arbres & fur celles des ArbriJJeaiix. V. QuATOR'i E Elpeces d'/Z^rZ-^j ont four- ni a ces Eflais ; 1. Le Plantain, 8. Le Soleil, 2. Le Bouillon blanc, 9. Le Cboti, 3 . Le Pied de P^eau , 1 o. La McJiJJe , 4. La grande Maidve, it. La Crete de Coq, 5. U Or tie, 12. U Amarante afeuil- 6. Le Haricot, les poitrpres, 7. hd. Belk de Nuit , 13. UEpinard, 14, LiSi petite Matthe. Entre ces E{peces j'en ai obferve fix dont les Feuilles ont vecu a peu-pres auITi longtems, loit qu'elles aient pompe I'Eau par leur Surface fuperieure , (bit qu'elles I'aient pompe par leur Sur- face inferieure. Ces Efpeces font le Piedde J^eau , le Haricot, le Soleil, le Chou, VEpinard, hi pe- tite Mauhe. Dans fix autres Efpeces , le Plantain , le Bouil- lon blanc, h. grayide Mauhe, VOrtie , la CretG de Coq , VAmarante a feuilles pourpres, la Sur- face fiiperieure des Feuilles a paru plus propre a recevoir ou k tirer I'humidite, que la Surface op- pofee. C'est ce qui a paru fur -tout dans VOr- . tie J DES FEUILLES. I Mim, 9 Ue^ le Bouillon blanc , & V Amarante a feuilles pourpres. Des Feuilles dCOrtie que je tenois hume6lees dans leur Surface inferieure , ont pafle au bout de 3 femaines , pendant que de lemblables Feuilles , que je tenois humeftees dans leur Surface fupe- rieure, ont vecu environ 2 mois. Des Feuilles de Bouillon blanc ^ qui ■ pom- poient I'Eau par leur Surface inferieure, n'ont ve- cu que 5 a 6 jours , au-lieu que de femblables Feuilles, qui pompoient I'Eau par leur Surface fii- perieure, ont vecu plus de 5 femaines. Des Feuilles de V Atfiarante a feuilles pour- pres , qui etoient pofees fur I'Eau par leur Sur- face fuperieure, ont vecu environ 3 mois, tandis que de femblables Feuilles appliquees fur I'Eau par la Surface inferieure , ont pafTe en moins d'une femaine. Dans les Feuilles de la Belle de Nuit , & dans celles de \sl AfeliJJe ,]a. Surface inferieure apa- ru avoir quelque avantage fur la fuperieure. Les Feuilles du Pied de J^eau , & de la Cre- te de Coq , qui ont pompe I'Eau par leur Pedicu- le, fe font confervees plus longtems que celles qui ont ete appliquees fijr I'Eau par Tune ou I'au- tre de leurs Surfaces. Les Feuilles de la grmtde Mauhe , de VOr- tie , du Soleil^ de la Belle de Nuit ^ de VEpinard, dont le Fedicule a ete plonge dans I'Eau, ont, B moins lo RECHERCHES SUR L'USAGE jnoins vecu que ceJIes qui ont pompe ce Flui'de pjr Tune ou Tautre de leurs Surfaces. Les Fcu'iWes du Boiii I Ion hknc, du Plantain, & de Vjlmarante pourpre , qui ont tire TEau par rextremite de leur Pedicule , fe font maintenues plus longtems que celles qui ont pompe ce Flui'- de par leur Surface inferieure. Je ne parle point des Feuilles du Haricot^ du Chou 5 & de la Mclijje , dont le Pedicule a ete plonge dans FEau: leur hiftoire trouvera fa pla- ce ailleurs. II me fufBra de dire ici , qu'elles ont eu un avantage qui a rendu leur etat fort different de celui des autres Feuilles qui ont ete nourries par la meme voie. Une Feuille de Crete de Coq, qui pompoit i'Eau par fbn Pedicule , a vecu 2 mois & 9 jours. Une Feuille ^Ortic mife en Experience par fa Surface fuperieure, a vecu 2 mois. Une Feuil- le de Melilje qui repofoit fur TEau par fa Surface inferieure, a vecu environ 4 mois & demi. La longue vie de ces Feuilles eft remarquable. Tet^s font les principaux Refultats des Expe- riences que j'ai faites fur les Feuilles des Herbes. Je terminerai cet article par un Fait affez curieux, que les Feuilles du Soleil m'ont off^ert , & que j'ai obferve depuis dans celles de plufieurs autres Efpeces de Plantes Herbacees. On fait que les Feuilles du Soleil ont beau- coup de conliftence. Elles la doivent principale- ment DES FEUILLES. I Mem, ir inent a la grofleur de leurs Nervures. j'avois mis de tres grandes Feuilles de cette Efpece fur des Cloches de verre pleines d'Eau IVois jours apres je trouvai ces Feuilles en fi mauvais etat que je les jugeai pres de pajjer: elles a- voient perdu toute leur confillence : elles e- toient couchees fur Pouverture des Vafes , com- me Fauroit ete un Linge mouille; & leur cou- leur n'avoit rien conferve de fbn premier luftre. Quelle fut done ma furprife le jour fui- vant , lorlque je vis toutes ces Feuilles relevees , fermes, & d'un beau verd , telles , en un mot, que celles qu'on vient de detacher de la Plante ? Je reiterai auffitot I'Experience fur des Feuil- les de moyenne grandeur ; & ce fut avec le me- me fucces. ]e n'obfervai, a cet egard , aucune difference entre les Feuilles qui avoient ete pofees fur I'Eau par leur Surface inferieure , & celles qui Tavoient ete par la Surface fuperieure. Il n'en fut pas de meme des Feuilles qui a- voient pompe I'Eau par I'extremite de leur Pedi- cule : elles fe fannerent au bout de quelques jours, & peu apres elles jaunirent, L' Ex PLICATION de ce Fait n'eft pas dif- ficile. Les orifices des Vaifleaux fevenx font plus grands dans le Fedicule qu''ils ne le font dans Tu- ne ou Pautre Surface. L'Eau doit done s'infi- nuer plus facilement & plus abondamment duns B 2 Pin- 12 RECHERCHES SUR L'USAGE I'interieur de la Feuille , par la premiere de ces voies que par la feconde. De-la vient que les Feuillesdont le Pedicule eft plonge dans PEau , ne fe fannent point pendant les premiers jours. Mais lorfque les Vailleaux compris dans la partie du Pedicule qui demeure humeftee , ont acheve de fe remplir, ils s'obftruent , ou s'engorgent, & la Feuille ne recevant plus de nouveaux fucs , (e fanne ou fe defseche. Tout fe paile difFeremment dans les Feuil- les qu'on pofe fur I'Eau par Tune ou I'autre Sur- face. La Tranfpiration fait d'abord perdre a ces Feuilles plus de fucs qu'elles n'en resolvent par les Pores tres fins de la Surface humedee. Les Vaifleaux moins remplis fe reltlchent & fe rident. Leurs Membranes ne reflechiflent plus la lumiere avec la meme vivacite. Bientot la Feuille cfl fans couleur & fans confiflence. Mais PEau s'infinuant peu-a-peu dans les Pores de la Surface qui lui eft oppofee , penetre les- Vaifleaux , & les remplit en- iin entierement. Alors la Feuille reprend fbn lu= fire & fa confiflence ordinaires. O N comprend que cette fraicheur ne pent dii- rer qu'autant que les Pores abforbans fourniflent de nouveaux fucs. Et comme ces Pores font ex- tremement nombreux •, qu'iJs ne fauroient etre tous humeftes a la fois, a caufe des inegalites de la Feuille , & que les Vaifleaux auxquels ils cor- refpondent, fe raniifient prodigieufement , il arri- ve DES FEUILLES. I Mem. 13 ve ordinairement que les Surfaces s'obflruent plus tard que le Pedicule. Je dis ordinairement, par- ce que j'ai rapporte ci-deirus des exceptions a cette Regie. L'O BSE RVAT ION que je viens de decrire , me donne lieu de remarquer, que les Feuilles qui pompent I'Eau par leur Pedicule, ne perilTent pas de la meme maniere que celles qui ont une de leurs Surfaces continuellement humeftee. Dans celles-la, le Pedicule fe corrompt & les Surfaces ie defsechent. Dans celles -ci, le Pedicule fe defs^che , & les Surfaces fe corrompent. C'efl ce qui arrive fur -tout dans les Feuilles des Ar- bres , toujours moins fpongieufes que celles des Herbes. Aflez fbuvent le Pedicule noircit en fe ^eflechant. j E ne dis rien des Feuilles quidemeurent pri- vees de nourriture (ill-)- ^^ ^^'^ bien qu'elles doivent fe deffecher. Je n'ai pas cru cependant "devoir prendre ce deffechement pour terme de la vie des Feuilles des Herbes, laiilees fans nourri- ture. Leur tiflu lache & fpongieux retient trop longtems les fucs dont il efl imbibe. II m'a done paru plus convenable de mettre ces Feuilles ati rang des Feuilles pajjees (iv.), des qu'elles ont perdu leur couleur & leur confiflence naturelles. Il fuit de ces Remarques, que lorfque j'ai dit ci-defTus (iv. ), qu'on devoit principalement ob- ierver de ne prendre pour terme dans chaque B 3 Ex- t4 RECHERCHES SUR L'USAGE Experience , qu'un meme genre & un meme degre d'alteration , cela doit s'appliquer principa- lement aux Feuilles qui pompent I'Eau par une de leurs Surfaces. II arrive cependant quelquefois que les Feuilles d'une meme Efpece, celles qui Ibnt humeftees duns leur Surface fuperieure , fe defsechent, tandis que celles qui le font dans la Surface oppofee , fe corrompent. Alors on eft force de renoncer a Punite de terme; &c'eft ici un Fait tres remarquable, mais fiir lequel je n'in- fiflerai pas aftuellement. VI Les Experiences que j'ai tentees fur les Feuilles des Arbres & des Arbrifjeaux , embras- fent feize Efpeces; 1. 2. 3.- 4- 5- 6. 7- 8. 9- D E toutes ces Efpeces le hiJac & Je Tremble font les feules oii la Surface fuperieure des Feurl- les ait paru egaler i'inferieure en aptitude a pom- per I'humidite. Dans toutes les autres Efpeces, la Surface in- Le Lilac ^ lO. Le Tilieul^ Le Poirie¥^' II. Le Fenplier , La Vigne ^ 12. U ylbrkotier ^ Le Tremble^ 13- Le Noytr , Le Laurier Cerife , 14. Le CoudrierouNoi- Le Ceri/icr ^ Jet tier , Le Primier^ I^ Le Chine , Le Maronnier d^Inde, 16. La P^ne de Canada. Le Meiirier hlanc , DES FEUILLES. /. i^//;«. ly inferieure I'a emporte fenfiblement, a cet egard fur la Surface oppofee. Cette difference entre les deux Surfaces des Feuilles a ete tres-frappante dans le Meurier blanc. Je n'ai pu voir fans furprile que des Feuil- les de cet Arbre -qui pompoient I'Eau par leur Surface fuperieure , fe Ibient fannees des le cin- quieme jour \ & que de femblables Feuilles qui pompoient I'Eau par leur Surface inferieure , fe foient confer vees tries, i.yertes pendant pres de 6., mois. "rQrrro r" i^': L A f-^igne , le Peuplier , & le Noyer , m'ont encore fourni des exemples remarquables du peu de difpofition qu'a la Surface fliperieure des Feuil- les des Plantes Ligneufes a tirer rhumidite. J'ai obferve que les Feuilles de ces trois Elpeces, qui ont etc appliquecs fur I'Eau par leur Surface fli- perieure, ont paffeenaufTi peu de terns, ou a-peu- pres , que celles qui ont ete laiflees fans nourri- ture. Les Feuilles du Poirier , du Meurier hianc ^ du Maronnicr cf hide , & de la f^igne de Canada, qui ont tire TEau par I'extremite de leur Pedicu- le , ont vecu autant que chiles qui ont ete hume- £lees dans leur Surface fuperieure Les Feuilles de la Vigne ^ du Peuplier^ du Noyer & du Coudricr , qui ont pompe I'EaQ par leur Pedicule , ont furvecu a celles qui I'ont tiree par leur Surface fuperieure. Au i6 RECHERCHES SUR L'USAGE A u refte , on juge aifement que les Expe- riences dont je viens de donner le precis, font de nature a varier beaucoup quand on les repete- ra. Mille circonflances peuvent contribuer a ces varietes- la temperature de I'Air, I'etat aftuel des Feuilles, leur efpece , leur age,- leur tiilu, leur confiflence , ieur grandeur, le plus ou le moins d'exa6litude de TObfervateur , &c. Mais quelle que ibit Fe-ffic-ace de ces differentes circonftan- ees^ je me perfuade cependant qu'on n'aura pas des Refultats direftement oppofes aux miens. Je rne fdnde principalement fur ce quViant repete plufieurs de mes premieres Experiences, les Rd- fultats n'ont pas varie d'une maniere fenfible. Le Lilac ^ hf^igne^ \e Meurier blanc , \e Soleilj la grande Matihe , le Bouillon blanc , m'en four- niroient des exemples, VII. TouTES les Experiences precedentes ont ete faites fur des Feuilles qui avoient atteint leur parfait accroillement , ou qui n'en etoient pas eloignees. Les Feuilles de grandeur moyenne , & flir-tout celles qui font fort petites , hume6tees les unes & les autres dans leur Surface inferieu- re, ne fe confervent pas vertes auITi longtems que les grandes Feuilles de meme Efpece , hume- ftees dans la meme Surface. Des Feuilles de Vigne^ de 3 pouces de longueur fur 4 pouces de largeur, mifes en Experience de cette maniere, ont vecui5Jours. D'autres qui n'avoient que 8 a 10 lignes , DES FEUILLES. L Mem. 17 lignes, & qui touchoient fEau par leur . Surface inferieure , ont pa(Ie en 5 jours. LeS Feuilles de grandeur moyenne, pofees fiir I'Eau par leur Surface fuperieure , vivent au Gontraire plus longteras que les grandes Feuilles de meme Efpece , huraedees dans cette Surface, De grandes Feuilles de J^igne n'ont vecu ainfi que 2 ou 3 jours, pendant que des Feuilles de meme Efpece , mais de grandeur moyenne^ ont vecu environ un mois, II en eft de meme des Feuilles qui pompent I'Eau par I'extremite de Jeur I*edicule. Celles qui font parvenues a leur parjfait accroiflement, paflent beaucoup plus vite que ceJles qui en font encore eloignees.. j'ai verifie ces differentes Ex- periences. U s'agiroit de Jes etendre a d'autres Efpeces. A prendre ici I'Analogie pour guide, il y auroit lieu de penfer qu'ilen efl, a cet egard, des Feuilles de la pJupart des Axbres & des Ar- brifleaux , comme de celles de la J^igm. Maig c'efl une jeflexion a laquelle j'aurai occafion de -revenir. QuoiQ^u'iL en fbit , on voit par ces Expe- xiences , combien il importoit que je fifle remar- quer, que celles donu j'ai donne les Refukats, (v., vj. )ont ete/aitesiurdes Feuilles qui avoient atteint, ou a-peu-pres^ J'age de maturite. Ceux .qui auroient repete les memes Experiences fur de jeunes Feuilles, auroient ete furpris de trouver C des i8 RECHERCHES SUR L'USAGE des Refultats fi contraires a ceux que j'ai donne dans I'Article precedent. VIH. Le tidu, lille, delicat & uniforme des Feuilles des Fleurs, indique allez qu'elles n'ont pas precifement les memes fonftions que celles des autres Feuilles de la Plante (ii. ). J'ai vou- lu cependant m'ailurer par une Experience , s'il n'y avoit point entre les Surfaces de ces premie- res Feuilles , des differences femblables a celles que nous avons obfervees entre les Surfaces des dernieres (v, VI.). Dans cette vue, j'ai pofe fur des Vafes pleins d'Eau (ill, IV. ), des Petales (*) de cette grande Efpece de Kenonctde^ qui porte le nom de Pi- 'Doine. Les unes ont ete mifes en Experience par leur Surface fuperieure, ou par celle qui regar- doit I'int^rieurde la Fleur; les autres font ete par la Surface oppofee. D'autres Petales ont ete plongees dans I'Eau par leur extremite inferieure. D'autres enfin ont ete lai(fees fans nourriture. Le quatrieme jour, les Petales privees de nourriture etoient entierement fannees. Le neu- vieme , les Petales qui etoient humeftees dans leur Surface fuperieure, ainfi que celles qui I'etoient dans leur Surface inferieure, avoient paffe. Le quatorzieme, il en fut de meme des Petales qui pompoient I'Eau par leur extremite inferieure. IX. ( * ) Les Botaniftes donnent ce nom aux Feuilles des Fleurs. DES FEUILLES. I Mem. 19 IX. QuoiQ^UE les Bords des Feuilles , qui font humedees dans Tune ou Tautre de leurs Sur- faces, ie defsechent ou perillent ordinairement avant le refte de la Feuille, parce qu'ils n'ont pas une communication immediate avec I'Eau du Vafe (iv. ), on voit cependant des Feuilles ou ils fe confervent tres fains des femaines & meme des mois. C'efl ce que j'ai obferve fijr les Feuil- les de plufieurs Efpeces de Plantes, foit Herba- cecs , fbit Ligneufcs^ & principalement fur celles du Meurier blanc. Des Feuilles de cet Arbre qui pompoient I'Eau par leur Surface inferieure de- puis plus de 5 mois, avoient leurs Bords & leur Pedicule aulTi verds & audi (ains, que fi elles eus- fent ete detachees de la Plante depuis peu de jours. 1l eft done une etroite communication entre toutes les parties de la Feuille. Les Vaifleaux en s'abouchant les uns avec les autres , fe commu- niquent reciproquement les fucs qu'ils resolvent des Pores abfbrbans les plus voifins. Une medio- cre attention fufiit pour decouvrir a I'oeil cette communication. Elle forme fur les deux cotes de la Feuille une Efpece de Rezeau * , qu'on ne « p^ j fe lafle point d'admirer , lorfqu'il eft devenu plus ^'s- 2- fenfible par une longue maceration , ou que de petits Infe6l^es ont confume la lubftance delicate qui en rempliftbit les mailles. - Dans les Feuilles dont la Surface fuperieu- C 2 re 20 RECHERCHES SUR VUSAGE re n'a que peu ou point de Pores abforbans, cette Surface efl nourrie par Jes Vaifleaux qui partem de la Surface inferieure. Mais cette cor- refpondance reciproque jufqu'ou s'etend-elle ? Les Feuilles fe tranfmettent-elles mutuellement les flics qu'eiles ont pompe ? Les Experiences que j'ai fait pour m'en in- flruire, font de deux Genres. Les unes ont ea pour objet les Feuilles y^w^p/^j".* les autres ont re- garde les Feuilles compofees. * PL. XII. On nomme Feuilles compofees'" ^ les Feuilles ^%}jj.€[m font formees de plufieurs Fenillets'^ , ou Fo- * p. Holes, qui tiennent a un Pedicule * commun. * PL. Telles font les Feuilles du Haricot * y de Vjica^ ^pl'.^xii. ci^ * y du Rozier *, ♦p'l'xi L^ Alaulve^, la p^igne*, le Coudrier, &c. *pl'x poi'^^n^ ^^^ FeuWhs Jtmp les. Ges Feuilles par- Fis-r. ' tent immediatement de la Tige, ou des Bran- Fis. i. ' ches 5 & n'ont d' autres divifions que les decou^ *pl.l pures plus * ou moins * profondes , dont leurs J'^L 'x. ^rds font fbuvent ornes. ^*''g;'; Les difFerens Feuillets d'une Feuille compo- fee, ne conflituant , a proprement parler, qu'une feule Feuillfe , quoique tres diflindts les uns des autres , on conjefture facilement que les fucs que recoit un de ces Feuillets , pallent bientot aux au- tres. Ce eas eft peu different de celui d'une Feuille fimple, qui fe conferva verte, quoiqu'il fi'y ait cju'une partie de la Surface q.ui fbit hume- DES FEUILLES. I Mim. 2i tlee. C'efl auffi le rapport de ces deux eas , qui m'engage a parler d'abord des Experiences fur les Feuilles compofees. Ces Experiences, ainfi que celles fur les Feuil- les fimples , pouvoient etre varices d'une infinite de fa^ons. Je m'en fliis tenu a. ceiles qui fe pre- fentoient les premieres; & j'ai precede ici com- me dans les Experiences precedentes (in.). J E me borne a donner le Refultat de ces Eflais* Le detail en feroit ennuyeux & fuperflu. I>EUX Feuillets de Haricot en ont nourri un troiiieme pendant environ fix femaines ; 6c ceux-la ont jauni trois femaines avant I'autre. Un Feuillet de Noyer en a nourri quatre 3 jours. Deux Feuilles de J^igm en ont nourri trois pendant pres de huit jours. Une Feuille de cet- te Efpece a vecu dix-fept jours par le fecours de deux autres. Deux Feuilles ^ Ahricotier qui tiroient Teur ifubflance de deux autres , n'ont pafle qu'au bout de quinze a feize jours. Elles ont meme flirvecu aux Feuilles d^un Rameau qui pompoit I'Eau par fbn bout inferieur. Une Feuille ^ Ahrketier qui etoit entiere- ment plongee dans I'Eau, en a entretenu deux autres pendant dix-neuf jours. I'ai compte la duree de toutes -ces Feuilles, du JDur oil elles. out ete mifes en. Experience. 11 C 3 au- 22 RECHERCHE3 SUR L'USAGE auroit peut-etre mieux convenu de ne la compter que du jour ou celles qui etoient privees de nour- riture, ont ceire de vivre, X. Les Pores au moyen defquels les Feuilles tirent rhumidite, s'ctendent-ils fur la Surface ex- terieure du Pedicule? Cette Surface plongee feu- le dans I'Eau, pompera-t-elle afTez d'une nourritu- re, pour fournir pendant quelque terns a Fentre- tien de la Feuille? Dans la vue de m'en eclaircir, j'ai pofe fur *PL. II. Touverture d'un Poudrier * plein d'Eau, une Pla- ^'1 p.^' que "* de Plomb percee de plufieurs Trous * de 3 *t,t,t.'^ 4 lignes de diametre. J'ai introduit dans cha- * a. que Trou le Pedicule * d'une Feuille, en le cou- dant de maniere qu'il n'y a eu que fa. Surface ex- t^rieure d'humedee. Son bout inferieur a ete ramene a I'entree du Trou , & retenu dans cet- * e. te pofition par une Epingle * qui le traverfbit de part en part. J'ai fait cette Experience fur des Feuilles qui avoient atteint Vkge de maturite , ou qui n'en etoient pas eloignees. Les Feuilles des Plantes Herbacees que j'ai mifes a cette epreuve , m'ont paru fe fanner un peu plus tard que celles des memes Efpeces que j'ai laifTees fans nourriture. Il n'en a pas ete de meme des Feuilles des Plantes Ligneufes: celles qui n'ont ete hume6lees que dans la Surface ext^rieure du Pedicule, fe ^ font DES FEUILLES. /. Mm. 23 ibnt deilechees aufTi promptement que celles des memes Efpeces qui ont ete totalement privees de nourriture. Le tillu exterieur du Pedicule, plus /pongieux dans les Feuilles des Herbes que dans celles des Arbres, eft la fource de la difference -que nous ve- nons d'obferver entre les Feuilles de ces deux Clafles. Cette Experience nous donne lieu de con- je6lurer, que les Feuilles des Arbres qu'on appli- que par leur Surface inferieure fiir I'ouverture de Poudriers pleins d'Eau, & qui s'y confervent tres vertes des mois entiers (vi. ), tirent moins leur nourriture des Pores places a Texterieur de leurs principales Nervures, que de ceux qui fe trouvent flir les plus petites Nervures , & dans les efpaces qu'elles laiilent entr'elles. O N s'aflureroit de la verite de cette Conje6lu- re, en enduilant d'un Vernis impenetrable a I'Eau ks plus grofles Nervures de la Surface inferieu- re de differentes Feuilles. On verroit fi les Feuilles qu'on auroit ainfi enduites , & qui au- roient ete pofees fur I'Eau par leur Surface infe- rieure , conferveroient leur fraicheur aufTi long- tems que les Feuilles des memes Efpeces qu'on n'auroit point enduites , & qu'on auroit tenues hu- meftees dans la meme Surface. Si le Pedicule des Feuilles des Arbres ne s'im- bibe pas de I'humidite qui environne fa Surface ex- 24 RECHERCHES SUR UUSAGE exterieure , le tiiTu des Branches & des Tiges, beaucoup plus ferre que celui du Pedicule , doit etre encore moins capable de cette efpece d'imbibition. XI. LoRSQ^UE je commenfai h reflechir lur I'ufage des Feuilles , une des premieres Ex- periences qui ie pr^ienterent a mon efprit, fut d'introduire dans des Vafes pleins d'Eau, des Ra- meaux de differentes Plantes, fans les detacher de leur fujet , & d'obferver ce qui ie pafleroit alors dans ks Branches & dans les FeuiJles dejces •Rameaux. ]'ai fait plufieurs fois cette Experience , & 3e I'ai variee de plufieurs facons. En voici FHi- floire abregee, Au commencement de TEte de 17475 fin- troduifis dans desPoudriers pleins d'Eau , des Ra- meaux de f^igne. Ces Rameaux appartenoient a tin Sep plante dans le milieu d'un Jardin. Des quele Soleil commen^a h. echauifer TEau des Vafes, je vis paroitre fur les Feuilles des Ra- meaux, beaucoup de Bulles femblables a de petites Perles. J'en obfervai aulTi , mais en moindre quantite, fur les Pedicules & fur les Tiges, Le nombre & la grofleur -de ces Bulles aug- menterent a mefure que I'Eau s'echauffa davan- tage. Les Feuilles en devinrent meme plus le- geres -, -elles fe r'approcherent de la fuperficie de PEau. La DES FEUILLES. I Mim. 2; La Surface inferieure des Feuilles etoit beau- coup plus chargee de Bulles que la Surface fupe- neure. Les plus confiderables paroiiloienr fortir des angles des Nervures ; mais les principales Nervures n'etoient pas laines,celles ou adheroient les plus grolles Bulles. Le diametre de ces der- nieres egaloic a. peu pres celui d'une Lentille. Ces Bulles fembloient douees d'une forte de vifcofite, qui les rendoient tellement adherantes a la Feuille, que quoique je la fecouafle, & que je paflafle meme le doigt defllis , elles ne Taban- donnoient pas. T o u T E s difparurent apres le coucher du So- leil. Elles reparurent le lendemain matin , iors- que cet Afire vint a darder fes Rayons fur les Poudriers. Elles ne fe montrerent pas ce jour -la en audi grand nombre que le jour precedent. La chaleur n'etoit cependant pas moindre. Le nombre des Bulles diminua encore plus le troifieme jour; quoique la chaleur eut augmente, & qu'elle tint le Thermometre de Mr. de R e au- M u R aux environs du vingt-deuxieme degre. En FIN elles difparurent entierement Tapres- midi. J E repetai cette Experience, fur d'autres Ra- meaux. Ce furent les memes Phenomenes. L'apparition de ces Bulles a la prefen- ce du Soleil , leur difparition a Tentree de la D Nuit, 26 RECHERCHES SUR L'USAGE Nuit , me firent d'abord penfer qu'elles etoient produites par une forte de refpiration de la PJan- te, par une refpiration dont les alternatives de- pendoient des alternatives du chaud & du frais; du chaud, pour Fexpiration ; du frais, pour I'in- fpiration. ]e jugeai de ces Bulles comme un il- luflre Academicien (*) a juge de celles qui pa- roiilent fiir le Corps d'un Ver a fbie qu'on tient plonge dans I'Eau, Je crus qu'elles etoient four- dies par les petites Trachees qui rampent fur les Surfaces des Feuilles. La diminution prefque grc- duelle du nombre de ces Bulles d'un jour a I'au- tre me parut provenir de quelque alteration que ra61:ion de I'Eau occafionnoit dans le tiflli des Parties. Mais confiderant enfuite que la Surface in- ferieure des Feuilles montroit conflamment un plus grand nombre de Bulles que la Surface fupe- rieure , & fachant d'ailleurs que la premiere de ces Surfaces a plus de difpofition que I'autre a pom- per rhumidite (vi.), je changeai d'idee • je foup- connai que ces Bulles etoient de I'Air, que les Feuilles feparoient de I'Eau en la pompant. Impatient de verifier ce foup^on, je fis bouillir de I'Eau pendant trois quarts d'heure, afin de chafler I'Air qu'elle contenoif. Apres I'avoir laif- (*) Mr. de Reaumur. Mmoires pour fervir a rHiJloire ies Infe- cles, Tome I. Memoire 3. DES FEVILLES. I. Mem. 27 laifle refroidir , j'y plongeai un Rameau fembla- ble aux precedens : je I'y tins en Experience envi- ron deux jours. Le SoleiJ etoic ardent. Je ne vis pourtant paroitre aucune BuJIe. Incontinent apres , je fis I'oppofe de cette Experience. J'impregnai d'Air une certai- ne quantite d'Eau, en foufflant dedans avec une Canne a Vent. Un autre Jet de P^igne fut plon- ge dans cette Eau. II s'y couvrit bientot de BuUes , qui me parurent plus grofles & plus nombreufes que celles que j'avois obfervees fur les Jets de la premiere Experience. Apres avoir vu difparoitre entierement les Bulles qui couvroient un Jet de l^igne plonge dans I'Eau , je pompai cette Eau avec un Cha- lumeau, pourne point toucher au Jet. Je larem- pla^ai fur le champ par de I'Eau fraiche. Au bout de quelques heures, je vis paroitre beaucoup de Bulles fijr la Surface inferieure des Feuilles. Ces Bulles aVant difparu, jerenouvellai I'Eau pour la feconde fois. J'oblervai bientot de nou- velles Bulles fiir la Surface inferieure des Feuil- les, mais en moindre quantite qu'auparavant, ToUTES les Experiences que je vicns de rapporter, je les tentai dans le meme terns, fur piufieurs autres Efpeces de Plantes , fbit Herba- cees , fbit Ligneufes. Je les fis fur de fimples Feuilles, & fur des portions de Feuilles. Par- D 2 tout 28 RECHERCHE3 SUR L'USAGE tout les Refultats furent les memes. Je les retra- fierai ici en peu de mots. Les Bulles qui s'eleverent fur la Surface in- ferieure des Feuilles, furent conflamment plus grofTes & plus nombreufes que celles qui s'eleve-. rent fur la Surface oppofee. Ces Bulles ne fe montroient ordinairement que lorfque le Soleil commen^oit a echauffev FEau des Vafes. Elles etoient d'autant plus grofles & d'au- tant plus abondantes que la chaleur etoit plus forte. Elles dilparoiffbient la plupart a I'approche de la Nuit. Elles paroiilbient & difparoillbient ainfi pendant plufieurs jours ; leur nombre diminuant prefque graduellement d'un jour a f autre. Enfin elles cellbient de paroitre. Il fe formoit de nouvelles Bulles lorfqu'on re- nouvelloit TEau; mais ces Bulles etoient conflam^ ment moins nombreufes que celles qui avoient paru les premiers jours. L E nombre & la grofleur des Bulles augmen*- toient dans I'Eau fort impregnee d'Air. On n'en decouvroit aucune fur les Rameaux ^ fijr les Feuilles plongees dans de I'Eau qu'on avoit purgee d'Air en la faifant bouillin Ai ANX reflechi de nouveau fiir ces differen- tes Experiences , je les ai jugees equivoques En les faifant , j'avois gmis une precaution eilentiel- le :. DES FEUILLES. 7. Mem. 2p le : je n'av^ois pas eu fbin de chafler I'Air de I'exterieur des Rameaux & des Feuilles avant que de les plonger dans I'Eau. On fait que TAir adhere a la Surface de tous les Corps fees. II les fuit dans i'Eau. 11 s'y montre ardinairement ious la forme de Bulles , dont le nombre &le volume varient fuivanc la na- ture dii Corps. On ne fauroit done etre fur que les Bulles qu'on voit paroitre flir la Surface d'un Corps plonge dans I'Eau , proviennent de finte- rieur de ce Corps , que lorfque Ton a eu atten- tion de chafler I'Air de fbn exterieur. C'est pour avoir neglige la precaution dont je parle , qu'on a ete conduit a penfer que les Eulies qui s'elevent fur le Corps des Chenilles ra.- fes plongees dans I'Eau , font fournies par les Tra^- chees de I'Epiderme. Lorfque j'ai plonge ces In- fe6tes dans I'Eau, apres avoir eu fbin de chafler I'Air de leur exterieur, en le frottant a diverfes reprifes avec un Pinceau mouille, je n'ai point vu s'elever de BuJles flir la Peau ; mais j'en ai vu fbr- tir un grand nombre de Stigmates. On pent voir dans les Transatlions Philofophiques N°. 487. (*) le precis de ces Recherches fur la Refpiration des Chenilles. J'ai done repete I'annee derniere, mes pre- mieres Experiences fur les Bulles des Feuilles, ea pre- (*) Annde 1748.. D 3 30 RECHERCHES SUR L'USAGE prenant la precaution que je viens d'indiquer. J'en ai ufe de meme a Tegard des Vafes dont je me fuis fervi : j'ai fait enfbrte qu'il ne fbit point refle d'Air a la Surface de leurs parois. Je n'ai eu, pour y parvenir , qu'a les remplir d'Eau plu- fieurs jours avant que d'y introduire des FeuilJes, & a les tenir expofes au Soleil. L'Air demeure adherant aux parois interieures s'eft dilate par la chaleur, & detache peu-a-peu par Taftion de I'Eau , il s'eft eleve a fa fuperficie en forme de Bulles. Ces Bulles venant a rencontrer les Feuil- les qu'on a renferme dans le Vafe , s'attachenr a leurs Surfaces, & augmententTillufion. J'avois eu cependant attention dans plufieurs de mes pre- mieres Experiences de me fervir de Vafes dont I'interieur etoit purge d'Air; &je ne fais com- ment je n'avois pas etendu cette attention aux Rameaux & aux Feuilles. En general, il efl tres difficile de chaffer I'Air de I'exterieur des Plantes. 11 en efl un tres grand nombre d'Efpeces dont les Feuilles font eriduites d'un Vernis naturel , fur lequel I'Eau n'a que fort peu de prife. II faut pafler & repafler le Pinceau un .errand nombre de fois fur le meme endroit , a- vant que de parvenir a le mouiller entierement;& iorfqu'on abandonne cet endroit pour humecterles endroits voifins , il fe seche bientot , & i'Air y ad- here comme auparavant. Telles font en particu- lier les Feuilles' des A^rbres toujours verds. T o u- DES FEUILLES. L Mm. 31 TouTES les Feuilles qui ont pu etre humeo tees a fond avant que d'etre plongees dans TEau , n'ont donne que peu ou point de Bulles lorfqu'el- les y ont ete plongees. I L en a paru un aflez grand nombre fur les Feuilles dont je n'ai pu parvenir a. chailer entiere- mentl'Air; mais ces Bulles ont toujours ete en moindre quantite que celles qui fe font elevees fur de femblables F'euilles que je n'avois point hu- meftees avant que de Jes plonger dans TEau. On voit maintenant ce qu'on doit penfer de mes premieres Experiences fur les Bulles des Feuilles. Elles prouvent feulement que TAir ad- here fortement a I'exterieur des Plantes , & principalement a la Surface inferieure de leurs Feuilles. Cet Air dilate par la chaleur du Soleil, & prefle de toutes parts par I'Eau qui I'environ- ne, revet la forme de Bulles, dont le nombre & la groileur font determines par la quantite d'Air que fourniflent difFerens points de I'exterieur des Feuilles & des Rameaux , & par le degre de cha- leur qui agit fur cet Air. Les Bulles difparoifient a I'entree de la Nuit: I'Air contra6]:e par la fraicheur qui furvient alors, cefle de former des Bulles fenfibles. Ce n'efl que peu-a-peu , & a la longue que I'Eau penetre toutes les inegalites des Feuilles qui y font plongees , & qu'elle parvient a furmonter la refiflance de I'Air ioge dans ces inegalites. De- Ja, 32 RECIIERCHES SUR L'USAGE la, Tapparition journaliere des BuIIes. Leur nom- bre diminue continucllemenc d'un jour a Fautre, parce que I'Eau gagne chaque jour plus de ter- rain fiir les Feuilles, Si les Feuilles qui font plongees dans de I'Eau qui aete fort impregnee d'Air , fe couvrent d'un plus grand nombre de Bulles , c'eft que cette Eau deja tres chargee d'Air, n'abfbrbe point de celui qui adhere aux Feuilles. L E contraire doit neceflairement arriver dans I'Eau qu'on a purgee d'Air, en la faifant long- tems bouillir. Ses Pores vuides d'Air , fe gorgent de celui qui efl fourni par les Feuilles. Si la Surface inferieure des Feuilles qu'on plonge dans I'Eau qui n'a pas bouilli , fe couvre d'un plus grand nombre de BuIIes que la Surface fuperieure, c'efl que la premiere de ces Surfaces donne plus de prife a I'Air par les inegalites de fbn tifTu (ii.). Ces inegalites augmentent encore I'e- tendue de la Surface a laquelle elles appartien- ncnt: or, toutes cho/es d'ailleurs egales, I'Air doit adherer en plus grande quantite a un Corps qui a plus de Surfaces, qu'a un Corps qui en a moins. Qu AND on renouvelle I'Eau fans toucher auX Jets ou aux Feuilles qui y font plongees , on les voit produire de nouvelles Bulles : c'eft que de- meurant expofes quelques terns a I'imprefTion de TAir exterieur , divers endroits de leur Surface fe DES FEUILLES. / Mm. 33 fe de/Techent, & fe chargent d'un Air nouveau. Un deffechement auITi prompt ne fauroit avoir lieu dans des Feuilles qui font demeurees long- tems fbus I'Eau. De-la vient que ces Feuilles n'ofFrent point de Bulles quand on les retire de •. TEau ou elles ont fejourne pour les plonger dans une Eau fraiche. Ce ne font pas feulement les Feuilles plon- gees vivantes dans I'Eau qui s'y couvrent de Bui- lds; je n'en ai pas moins obferve fur des Feuil- les mortes , fur des Feuilles cueillies depuis plus d'un an. Ce Fait acheve de demontrer que les Bulles qui s'elevent fur les Feuilles vertes & qui vegetent encore , ne font pas I'effet de quelque mobvement vital. Je puis en fournir une autre preuve. Ai'ant retire hors de I'Eau des Feuilles vertes tres char- gees de Bulles J ces Bulles fe font crevees dans i'Air, & la place qu'elles occupoient fur la Feuil- Je, a ete facile a reconnoitre , parce qu'elle n'etoit point humc(51:ee. L'Eau n'avoit pas encore pene- trc ces endroits. L'Eau qu'on a purgee d'Air en la faifant bouillir, eft plufieurs jours a s'impregner d'un Air nouveau. Des Feuilles plongees en Ete , dans de I'Eau que j'avois fait bouillir trois jours aupa- ravant, n'ont point produit de Bulles, Les Pores de I'Eau ne s'ecoient done pas encore aflez re m- •plis de I'Air exterieur , pour n'etre pas en ctat E d'.d- 54 RECHERCHES SUR L'USAGE d'admettre TAir fourni par les Feuilles. LoRSQ^UEJ'ai fait CCS Experiences dans un terns froid , & ou le Thermometre ne fe tenoit qu'a I ou 2 degres aii-defllis de la Congelation, je n'ai point vu paroitre de Bulles. L'Air ad- herent aux Feuilles, etant contrafte par le froid, .• n'a pu revetir de forme fenfible. Mais je Tai force de fe montrer fbus celle de Bulles , en ren- fermant les Poudriers dans une petite Etuve. XII. On fait que les Infedes meurent , lors- qu'on les plonge dans I'Huile , ou qu'on applique feulement fur leurs fligmates quelques gouttes de cette Liqueur. Les Plantes fi femblables aux Infeftes par la flrudure de leurs Trach^es , re- douteroient-elles autant ce genre d'epreuve ? Mr. Calandrini a'fant plonge dans de FHuile de Noix un jeune Rameau de Vigne , obferva qu'il y perit en fort peu de terns. J'ai reitere cette Experience , non feulement fur la l^lgne , mais encore fijr plufieurs autres Ef^ peces 5 fbit Herhacees , foit Lignenfes. La Vinai- grette , une Efpece ^ Amarante qui porte de longs pendans couleur de pourpre , la Belle de Ntiit , le Lilac , le Noyer , le Poirier , le Pes- cher, le Cerijter , le Laurier Cerife^ le Figuier^ V Abricoticr , le Jasmin , &c, ont .ete mis a cette rude epreuve. TouTES ces Plantes ne Font pas egalement Ibutenue. En general , j'ai obferve que les par- DES FEUILLES. I.Mem. 35 parties plus delicates , ou plus herbacees , ont (buffert de plus grandes alterations , que les par- ties plus dures ou plus ligneufes. Des Jets en- core fort tendres , ont noirci , quelquefois , un jour ou deux , apres avoir ete huiles, Des Jets plus ages, ou plus vigoureux, fe font defTeches, fans noircir, & leurs Feuilies font tombees tou- tes vertes j comme celles qui fe detachent en Automne, apres line gelee blanche. De gran- des Feuilies de Laurier Cerifc , bailees a fond , ont vecu plufieurs mois , fans autre alteration apparente qu'un leger changement de couleur. Des Feuilies de cette Efpece ^Amaranu a pendans pourpres, huilees de la meme maniere, fe font confervees aufTi plufieurs femaines , fans changer fenfiblement. Un Jet de yigne , de la poulle d' Automne , & qui avoit commence a s'endurcir , aYant ete tenu plus de trente heures dans de i'Huile de Noix, en efl forti tres fain en apparence. Ses Feuilies I'ont cependant aban- donne quelques jours apres , quoique tres vertes , & il s'eft lui-meme deffeche. Je n'ai pas remarque que les parties fituees immediatement au-deffus de celles qui etoient plongees dans I'Huile , aient fbuffert de ce voi- finage. On pourroit en conclure que I'Huile de Noix eft trop epaille pour etre admife dans les Canaux des Plantes , & pour y circuler. Mais c'efl une Experience qui demanderoit d'etre re- E 2 pe- 36 RECHERCHES SUR L'USAGE petee. On pourroit la varier en y employant differentes efpeces d'Huiles plus ou moins fub- tiles , cu d'autres Liqueurs analogues. On re- pandroit ainfi beaucoup de jour fur la ftrufture interieure des Vegetaux , & principalement fur la diflribution , & fur le jeu de leurs Trachees. Il m'a paru que la Surface inferieure des Feuilles foufFroit plus du conta6l de I'Huile , que la Surface fuperieure. Le Vernis nature! dont celle-ci efl enduite , a femble lui fervir de defenfe. Une Experience que j'ai faite fur Ics Feuilles du Lilac ^ a acbeve de m'en convain^ ere. J'ai pofe par une de leurs Surfaces, fur des Poudriers pleins d'Eau , fix grandes Feuilles de cet Arbufle. -Trois ont ete humeftees dans leur Surface fuperieure , trois I'ont ete dans la Sur- face oppofee. J'ai applique fur la Surface qui. ne touchoit point I'Eau , une couche allez e- paifle d'Huile de Noix. J'ai huile en meme terns plufieurs Feuilles , de meme efpece , que j'ai laiifees fans nourriture. J'ai huile les unes dans la Surface fuperieure. J'en ai huile d'autres dans la Surface inferieure. D'autres font ete dans les deux Surfaces. Au refte , on doit le r'appeller que dans le Lilac , les deux Surfaces des Feuilles ont une dif^ pofition a-peu-pres egale a pomper I'humidite. (.VI.). C'efl cette efpece d'egalite , qui m'a por- DES FEUILLES. I Mm. 37 porte a choifir ces Feuilles poiir rExp^rience dont je parle. Au bout d'environ 24 heures , les Feuilles qui pompoient I'Eau par leur Surface fuperieure , commen^oient a s'alterer dans la Surface oppofee. Gette Surface etoit jfemee 9a & la , de taches brunes , h. plufieurs angles , dont les cotes etoient formes par des Nervures. Lorsque j'ai regarde la Feuille au grand jour , les taches m'ont parii tranfparentes. L'Huile y avoit produit I'eiFet qu'el- le produit Cm le Papier. CiNC^ a fix jours apres , ces taches avoient augmente au point que la Feuille en etoit de* venue presque entierement tranfparente. Entre les Feuilles que j'avois laillees /ans nourriture , celles qui n'avoient point ete hui^ lees, etoient feches. Gelles qui etoient huilees avoient noirci. Les Feuilles- qui pompoient I'Eau par le?jr Surface infcrieure , etoient en bon etat. Elles ont fiirvecu aux autres plufieurs femaines ; & les ta- ches y ont toujours et€ peu nombreufes 6c peu etendues. J'ai efiaye d'huilerdfes Feuilles de Lilac ^ fans les detacher de la Plante. J'ai varie cette Ex- perience de plufieurs famous. Tantot j'ai liuiM les Feuilles en entier. Tantot je n'ai huile qu'u- ne des Surfaces. Quelquefois je n'ai enduit que le feul Pedicule, D'autres fois , je n'ai huile E 3 qu'u- qu'une pdrde d'ane des Surfaces. Tantot je n'ai applique PHuile que fur les bords de la Feuille , tantot fur le milieu , tantot aux extremites. Mais ces Experiences ne m'ont pas valu les lu- .mieres que j'en attendois. La chaleur ai'ant ije&ueoup diminue , & les rofees etant devenues fort abondantes !;- i'Hpile n'a pu fecher fuffifam- xnent : elle a coule ; & les limites que je lui a- vois prefcrites fiir les Feuilles ont ete franchies. . Il fera done mieux de preferer .pour ces Ex- periences des Vernis de differences Elpeces, dont les uns fbient impenetrables a TAir , les autres a .J'humidite , fuivant le but qu'on fe propofera. ]e n'infifterai pas fur I'utilite dont ces Experien- ces peuvent etre a I'Hifloire de la Vegetation : on la fentira ailez pour peu qu'on y reflechiile. JE crois avoir obferve, que le bord des Feuil- les , & fur-tout Fextremite oppofee au Pedicule, font les parties qui redoutent le plus rimpreffion deTHuile. De grandes Feuilles ^ Atriplex que j'ai hui- lees fur la Plante , fe font fannees en tres peu de terns. Mr. du Ham EL, a qui la Phyfique & les Arts doivent tant de Decouvertes intereflantes , ni'a prevenu dans le genre d'Experiences dont je viens de parler. Mais fes Recherches n'aiant point ete rendues publiques , je les aurois abfblu- xnent ignorees , s'il n'avoit bien voulu m'en faire part DES FEUILLES. /,3/^w. 39 part aprcs la le(5iure de mon Manufcript , & m'ofj frir meme de les inferer dans ce petit Ouvrage, Le Public auroit eu de juftes reproches a me faire, fi je m'etois prevalu de cette offre obligeante, & fi j'avois entrepris dc lui donner en detail des Ex- periences qui ne fauroient etre bien rendues que par la Main favante qui les a faites: Je me bor-. nerai done a lui en tracer une legere efquifie , plus propre a piquer fa curiofite qu'a la fatisfaire. Mr. du Ha MEL, toujours 2;ele pour le progres des Sciences , ne le refufera pas fans doute a Tempreflement que les Phyficiens ne manqueront pas de temoigner de voir fes Experiences re- cueillies par lui -meme; & j'ofe me flatter qu'il ne desaprouvera pas Telpece d'engagement que je lui fais contra£ler ici , a ce flijet. Ce celebre Academicien a eflTiVe d'enduire de Colle de Parchemin, de Vernis a i'Efprit de Vin, d'Huile, de Cire, de Miel, &de plufieurs autres Matieres , differentes efpeces de Plantes, & dif-. ferentes parties de la meme Plante ; & il a ete tres attentif a obferver les effets de ces Enduits. Tous n'ont pas agi de la meme maniere , ni d'u- ne maniere egalement fenfible. Je ne parlerai ici que des Enduits qui ; one pradtiit" ' les plus grands changemiens. '• '^:? '^"'' " T A NT ox Mr. du Hamet^ n'a employe que la Colle. Tant6t il n'a employe que le Ver- nis. Tantot il a employe a la fois ces deux ef- 40 RECHERCHES SUR L'USAGE efpeces d'Enduits , en les appliquant par couches (iir Ja Plante. En general , il lui a paru que le Vernis e- toit plus nuiTible que la Colle. Les Plantes ver- nies ont noirci presque fur le champ, & la pourri- ture a bientot fuccede a ce changementdecouleur. Dans les Plantes enduites de Colle, I'altera- tion a ete moins prompte. Pendant la nuit , & dans un terns pluvieux , ces Plantes ont femble reprendre un peu de vigueur. La Colle fe ra- molliflbit alors. Mr. du Ham EL crolt que la Colle nult aux Plantes, en empechant la tranfpiration & I'imbibi- tion qui fe fait par les Feuilles. Le Vernis qui femble oppofer a. I'une & a I'autre de ces fonc- tions un obflacle encore plus puiflant , paroit plus s'infinuer dans les Vaifleaux , & en deranger I'organifation. Mr. du H AMEL aVant remarque que c'efl: dans . le terns oil le Soleil donne fur les Plantes vernies qu'elles fbufFrent le plus , il en a conclu que c'efl dans ralternative de la Tranfpiration que le Ver- •nis efl le plus agiflant. Le Vernis penetre & detruit toute la fiibflan- ce des Feuilles encore tendres. 11 agit avec moins de vivacite fur celles qui font plus fortes. Des Fruits qui pendoient encore a I'Arbre, aVant ete converts d'une couclie de Vernis , ont noirci 6c pourri entierement. De DES FEUILLES. I Mim, 41 De /emblables Fruits qui n'avoient ete qu'e«- ■colks^ ont pris une couleur fauve, & leur chair a- volt un gout qui approchoit de celui des Fruits qui ont fermente. Les Fruits qu'on a recouvert de Colle avant que de les vernir, fe font alteres plus tard. Les Plantes & les Fruits qui ont ete fimple- ment enduits d'E/prit de Vin , n'en ont point ete endommages; ce qui fombleroit indiquer que c'eft moins cette Liqueur, que les matieres aux- quelles on I'unit, qui rendent le Vernis fi nuifi- brle. A la verite , TEiprit de Vin s'evapore fi promptement qu"'on peut douter s'il a le terns de faire impreffion. Des Bourgeons & des Feuilles de jeunes Plan- tes qui avoient ete huiles , fe font deileches , mais fans que la Plante en ait foufFert. Des Arbres dont le Tronc & toutes les Bran- ches avoient ete enduits de Colle & de Vernis , mais dont les Feuilles avoient ete laiflees dans leur etat natural , ont paru fouffrir moins des grandes chaleurs , que des Arbres de meme Ef^ pece qui n'avoient point ete vernis. L'Enduit arrete appar-emment la Tranfpiration qui fe fait par I'Ecorce dans un terns fort chaud. Cet ex- ces de Tranfpiration eft ce qui affoiblit les Arbres qui n'ont point ete enduits. C'efl du moins la raifon que Mr. du Ha MEL indique de cette difference \ & cette raifon paroit tres naturelle. F XIII. 42 RECHERCIJES SUR L'USAGE XIII. Nous avons vu dans F Article precedent les divers efFets de I'Huile fur les Plantes , & en particulier fur les Feuilles qui en font endui- tes. 11 m'a paru intereflant de favoir quelles fe- roient les imprefTions de cette Liqueur fur ces memes Parties, lors qu'elle s'introduiroit dans leur interieur par I'extremite inferieure du Pedicule. j'ai voulu en meme terns decider par une Expe- rience , fi les Vaifleaux du Pedicule ne font pas trop fins pour admettre une Liqueur aufTi e- paifle. ]'ai rempli d'Huile ^Olives unTubede Ver- *PL. 2. re * de 3 lignes & demi de diametre. Un au- ^'^' ^' tre Tube de meme capacite a ete rempli d'Eau. j'ai introduit dans chaque Tube le Pedicule d'une Feuille de Belle dc Nuit. Les deux Feuilles e- toient egales &femblables: elles avoient 5 pou- ces de longueur , fur 2 pouces & demi de lar- geur ; & la portion du Pedicule de chaque Feuilfe ^ui etoit plongee dans la Liqueur , etoit parfai- tement egale dans Pune & I'autre Feuille. Au bout de 24 heures , la Feuille qui etoit plongee dans I'Eau a tire 13 lignes. La Feuille plongee dans THuile a tire i ligne , & cette Feuille ^toit dejk tres fannee. Pendant le fecondjour, la Feuille plongee dans I'Eau a tire 9 lignes. La Feuille plongee dans I'Huile a tire en tout demi ligne. Dans les 3 jours iuivans, la Feuille plongee dans DES FEUILLES. I Mem. 43 dans I'Eau a tire en tout 10 lignes. La Feuille plongee dans I'Huile a tire en tout i ligne. Cetxe Feuille a noirci dans la Partie qui touche au Pedicule : le refte de la Feuille s'eft defleche & plilFe. J'ai repete cette Experience avec un egal fucces fur d'autres Feuilles de Belle de Nuit. Une grande Feuille ^ Amaranthe potirpre dont le Pedicule a ete plonge dans un Tube rem- pli d'Huile A^ Olives & de meme diametre que les precedens , a tire en 2 jours 2 lignes & demi. Cette Feuille s'efl fannee des le premier jour. On obfervoit des Taches noires placees le long des principals Nervures , & qui indiquoient les endroits ou I'Huile avoit penetre. Ces Taches p'etoient fenfibles que dans la Surface infe- rieure. Une grande Foliole de Haricot plongee de meme dans I'Huile, a tire en 3 jours 2 tiers de ligne. Une grande Feuille de Cerifier mife en Ex- perience de la meme maniere , n'a rien tire en 24 heures , & s'efl defTechee. Une grande Feuille ^ Abricotier n'a rien ti- re non plus en 3 jours , & s'e/l aufTi de/Iechee. Le Pedicule des Feuilles Herbacees admet done I'Huile dans fbn interieur , tandis que le Pedicule des Feuilles Ligneufes lui en refufe I'en- tree. Ce Fait eft une nouvelle preuve de la F 2 dif- 44 RECHERCHE3 SUR L'USAGE difference qui efl: entre le tiflu des Plantes Her-- bacces & celui des Plantes Ligneufes, II faudroit tenter de femblables Experiences flir les Racines. Ces Experiences feroient pro- pres a nous faire juger du degre de finelle que do-ivent avoir les lues nourriciers pour etre ad- mis dans les Canaux des Plantes. J'ouBLioiS de faire remarquer qu'il ne s'eft fait aucune- evaporation , pendant un mois dans des Tubes pleins d'Huile d' Olives & de meme diametre que ceux dont je viens de parler. Cet- te remarque eft neceOaire pour detruire le fbup- ^on qu'on pourroit avoir , que la diminution qui s'eft faite de cette Liqueur dans les Tubes oil j'ai introduk des Feuilles , eft due en partie a une evaporation naturelle a tous les Liquides. XIV. Si des Liqueurs grades , commerHuIi- le , font admifes dans les Vaifteaux de beaucoup de Plantes j des Liqueurs fpiritueufes doivent y avoir un acces bien plus facile , a caufe de leuir fubtilite. Mais des Feuilles dont le Pedicule feroitr plonge dans une Liqueur fpiritueufe , fbuffri- roient ^ fans doute , de I'adivite d'une telle Li- queur. Quelle feroit I'efpece d'alteration qui fur- viendrolt alors a ces Feuilles ? Pour acquerir la deftiis quelque lumiere , j'ai eu recours a une Experience de meme genre ^ue la. precedente. J'ai plonge dans un Tube pleia DES FEUILLES. I Mem, 45 plein d'Eau de Vie , Je Pedicule d'une Feuille de Belle de Niiit longue de $ pouces & large de 3 pouces & demi Le Pedicule d'une autre Feuille de cette Efpece , egale & femblable , a ete introduit dans un Tube plein d'Eau com- mune. Le diametre de chaque Tube etoit d'en- viron 3 lignes & ;. La Feuille dont le Pedicule a eteplonge dans^ I'Eau commune , a tire Le r^'. Jour. .... Lignes 14 Le 2^ ... . - - - _ Y Le 3^ .... 3 Le 4\ , . . . 3 La Feuille dont le Pedicule a cte plonge' dans TEau- de Vie , a tire. Le 1". Jour Lignes 8 Le 2 - ir Le 3'. . . . . - - - - II Le 4\ . . . . 9 ^ Cette Feuille s'eftfannee des le fecondjour. Son Pedicule s'eft deileche ; & le volume dc eette Partie a diminue fenfiblement. Le qua- trieme jour ce defTechement a gagne le refte de la Feuille. L'ExPE'RiENCE aVant ete repetee fur d'au* tres Feuilles de raeme Efpece , le fucces en a ete a- peu pres de meme. F 3 Ja, 46 RECHERCHES SUR L'USAGE Je Pai tente quelques. jours apres ., fur 4 Feuil- les di Ahricotic}' de 4 pouces de Icngueur fur 3 pouces de largeur. Les Feuilles plongees dans i'Eau commune ont tire Le 1^'. Jour. . . . Lignes 13^15 Le 2^ . , . 16 a 18 Le 3^ - - - . . . 16 a 17 Les Feuilles plongees dans i'Eau de Vie ont tire Le i^"". Jour. . . . -. Lignes 6 Le 2\ . . . . 5 Le 3\ . . . . 4r C E s Feuilles m'ont paru le premier jour auffi fannees que celles de meme Efpece que j'avois laiflees fans nourriture." On oblervoit le long des principales Nervures desBandes brunes,qui en fuivoient la direftion & qui marquoient les en- droits ou PEau de Vie s'etoit infinuee. Le troi- fieme jour ces Bandes av'oient augmente en lon- gueur & en largeur. Les Feuilles s'etoient au- tant deflechees que celles. qui etoient demeu- rees privees de nourriture. Les Feuilles qui etoient plongees dans PKau commune, n'avoient rien perdu de leur fraicheur. Il s'eft fait une evaporation de 3 lignes en 24 heures , dans un Tube plein d'Eau de Vie. Cet- DES FEUILLES. L Mem. 47 Cette evaporation n^a ete qu'a demi ligne dans un femblable Tube plein d'Eau commune, Le Thermometre etoit alors aux environs du lo^ degre. XV. Il efl done blen prouve , que les Plan- tes tirent rhumidite par leurs Feuilles. li ne Te/t pas moins qu'il y a une etroite communication entre ces Feuilles , & que cette communication s'etend a tout le Corps de la PJante (v. & fuiv. ix.). Ainfi on peut dire que Jes Vegetaux font plantes dans i'Air , a peu pres , comme ils le font dans la Terre. Les Feuilles font aux Branches , ce que le Chevclu efl aux Racines. L'Air efl un Terrein fertile, ou les Feuilles puifent abondam- ment des nourritures de toute efpece. La Nature a donne beaucoup de Surface a ces Racines Ae- riennes , afin de les mettre en etat de raflembler plus de Vapeurs & d'Exhalaifbns ; les Foils dont elle les a pourvues , arretent ces fucs ; de petits Tuyaux , toujours ouverts , les re^oivent, & les transmettent k I'Interieur. On peut meme dou- ter , fi les Foils ne font pas eux - memes des efpeces de fuc^oirs. Sou VENT, au-lieu de Foils , les Feuilles n'ofFrent que de petites inegalites , qui prcdui- fent apparemment les memes effets eflentiels. Dans les Efpeces, dont les Feuilles font fi ctroites , qu'elles reflemblent plus a des petits Tuyaux qu'a des veritables Feuilles , la petitefle des 48 RECHERCHES SUR L'USAGE des Surfaces paroic avoir ete compenfee par le nombre. Ces EfJDeces ont plus de Feuilles, dans un efpace don-ne , que n'en ont , dans le meme efpace, ceiles qui portent de plus grandes Feuil- les. h^Presk, \q Fin, [QSapin, &c. en four- oiHent des Examples. , C'est fur-tout a I'aide de leurs Feuilles, que des Plantes , nees dans un Terroir aflez ingrat , ne laiflent pas d'y faire de grands progres : les Rofees , les Brouillards , & les Pluies leur four- niilent d'abondantes nourritures , & dont elles perdent d'autant moins qu'elles ont plus de bou- ches preparees pour les recueillir. De la vient encore que, dans certaines Contrees, les Rofees fuffifent presque feules pour fentretien des Plan- tes. Enfin 11 eft des Plantes qui ont peu de Ra- cine & qui s'elevent cependant fort haut & s'e- tendent beaucoup. A I'aide des Feuilles , dont elles font pourvues , elles puilent dans I' \ir des Hies qui fuppleent au defaut de ceux qu'elles ne peuvent titer de la Terre. La quantite de Rofee , qui s'elcve dans un jourd'Ete, eft fort confiderable ; Monfieur liA- LES a obferve qu'elle efl d'environ un pou- ce. Il a encore eprouve qu'une Plante de trois li- vres 3 augmente de 3 onces apres une forte Ro- fee. Dans DES FEUILLES. /. Mem. 49 Dans les Vegetaux qui s'elevent k une gran- ge hauteur, les Parties, fituees a I'extremite des Branches , ne doivent pas recevoir beaucoup de nourriture des Racines , dont elles font fi eloig- nees : mais les Feuilles , comme autant de Ra- cines Aeriennes, font chargees de leur en four- nir. En ccmparant les Experiences que j'ai faltes fur les Feuilles des Herbes , (v.) avec celles que j'ai tentees furies Feuilles des Arbres, (vi.) j'ai remarque que les Feuilles des Herbes , qui pompent I'Eau par I'extremite de leur Pedicule, vivent plus longtems , que celles des Arbres , qui fe nourriflent par la meme voie. J'ai en- core obferve , que dans les Feuilles des Herbes, les deux Surfaces ont une difpofition a peu-pres egale , a pomper I'humidite ; au lieu que dans les Feuilles des Arbres , la Surface inferieure eft ordinairement plus propre k cette fondlion , que k Surface fuperieure. Queile efl la raifbn de ces differences ? nous la trouverons , je penfe , dans la diverfite des 'I'iflus. Le TifTu des Plantes Herbacees efl l^che & fpongieux : leurs vaifleaux font larges , & pleins de fucs. Le Tiflu des Plantes Ligneufes eft au contraire ferre & compad. Leurs vaifleaux font etroits , & peu fournis d'humeurs. Les Herbes etoient appellees a croitre plus promp- tement que les Arbres : eiles devoient etre plus G fufcep- ^o RECHERCHES SUR L'USAGE fufceptibles d'Extenfion ; elles devoient tirer , & tranipirer , en terns egal , plus que les Arbres. C'esx aufTi ce que j'ai eu fbuvent occafion d'obferver dans mes differences Experiences. Mais il s'agiroit d'apprecier ces Rapports. je ne Tai encore fait que d'une maniere fort gros- fiere. J'ai pris le Sokil pour terme de compa- raifbn. On fait par les Experiences de Mr. H a- LES , que la tranlpiration de cette Plante eft tres abondante , & qu'elle eft a celle de I'Homrae comme 17 eft a i. J'ai tache que les Feuilles que je comparois fuft^nt egales en grandeur , mais je m'en fuis rapporte a cet egard au coup d'oeil , ians employer de meftires aftuelles. Une Feuille de petite Maulve a tire en 34 heures par Ion Pedicule , autant qu'une Feuille de Sokil. rUne Feuille ^ Amarante pourpre. les \ Une Feuille ^Epinard. . . . les i^ metre a 8 UuC Fcuillc d' AhviCOtier. . . IcS | d^gres au u^^^ Feuille de f^ime. . . . les i la Conge- Une reuiUe de Lenjier. . . . Jes | Une Feuille de Noyer. . . , la ^ Une Feuille de Chesne. . . . . les ^ Si nous comparons les Experiences que Mr. Hales a faites pour s'allurer de la quantite de nourriture que les Herbes tirent , avec celles qu'il a tentees dans la meme vue fur les Arbres , nous trou- laCioD. DES FEUILLES. I Metn. jfr trouverons qu'elles reviennenc aux miennes pour I'eflentiel, Suivant cet habile Phyficien. Le Soleil a tire en 24 heures. . ~ de pouce. Le Chou en 12 heures. . . . ^^ La Vigne ^, Le Pommier ^7^ Le Citronnier ^'j Inde'pendamment de la nature du TifTu , la Taille de la plupart des Herbes , eft telle , qu'elle les met en etat de pomper beau- coup d'humidite. Comme elles-s'elevent peu , elles font toujours plongees dans les couches les plus epaifles de la Rofee. Les Arbres , au con- traire, s'elevant beaucoup , leur fbmmet fe trouve fbuvent place dans des couches de Rofee extre- mement rares. II etoit done tres convenable que la Surface inferieure de leurs Feuilles , eut une grande dispofition a abfbrber I'humidite. Cexte remarque n'efl: point contraire aux Experiences que j'ai r'apportees dans I'Article VIII de ce Memoire. Ces Experiences prou- vent feulement que lesjeunes Poufles des Plantes Ligneufes approchent de la nature des Herbacees. Les Bulles qui s'elevent en fi grand nombre fur les Feuilles qu'on tient plongees dans I'Eau, prouvent que TAir adhere fortement a ces Par- ties de la Plante^ On peut en inferer que les • ' G 2 Feuil- 52 RCCHEUCilES SUR VUSAGK Feuilles ne fervent pas feulement a pomper Phu- midite , mais qu'elles font encore deflinees a in- troduire dans Je Corps des Vegetaux, beaucoup d'Air frais & elaftique. L'Analogie des Tra- chees des Plantes avec celles des Infedes , & Fabondance des Trachees dans les Feuilles, for- tifient cette conjedlure. Mais les Plantes refpirent - elles ? Les ouver- tures , oil les Efpeces de Stigmates qui permet- tent k I'Air d'entrer dans rinterieur de la Plan- te , fbnt-elles repandues par tout le Corps; ou ne fe trouvent - elles que dans quelques endroits particuliers ? Quels font ces endroits ; & quels font la forme & le jeu de ces Efpeces de Stig- mates? la Refpiration a-t-elle une regularite qui ne fbit pas abfblument dependante des variations du dehors? ou , les mouvemens alternatifs d'/^i- Jpiration & ^Expiration dependent -ils unique- ment des alternatives du Froid & du Chaud ? U Infpii'ation & V Expiration s'operent- elles par les memes Organes ? quel efl I'ufage de la Re- fpiration dans les Plantes ? C'a ete principalement dans la vue de re- pandre quelque jour fur ces Queflions , que j'ai plonge dans I'Eau des Feuilles & des Ra- meaux de differentes Efpeces ; (xi.) & que j'ai convert d'autres Feuilles , & d'autres Rameaux d'Enduits impenetrables a I'Air (xir.). J'invite les Phyficiens k repeter ces Experiences , a lea va- DES FEUILLES. I Mm. 53 varler , & a en imaginer de plus propres k eclair- cir ce fujet interellant. Je voudrois qu'on ob- ferv^t avec attention au Microscope, Jes Feuilles qu'on tiendra plongees dans TEau , dans J'Huile, ou dans quelque autre Eipece de Liqueur. Je fbuhaiterois encore qu'on fit ces obiervations dans le Recipient de la Pompe Pneumatique. XVI. J'ai etabli, (vi.) fur des Experiences faites avec fbin , que ies Arbres pompent Ja Ro- fee par la Surface inferieure de leurs Feuilles : il s'agiroit maintenant de rechercher quel eft le principal ufage de la Surface fuperieure. Je dis Je principal ufage , parce qu'il paroit que cette Surface n'efl: pas abfblument incapable de la fon- flion que I'autre Surface exerce dans un degre plus eminent (vi. ). Les Experiences de Mr. Hales demon- trent , que les Feuilles font le principal agent de ]'afcenfion de la Seve , & de fa tranfpiration hors de la Plante. Mais Ja Surface fuperieure dtant la plus expofee a J'adion du Soleil & de J'Air 5 caufes premieres de ces deux effets , on pourroit inferer que cette Surface efl celle qui doit avoir ici le plus d'infJuence. Elle eft d'aiJ- leurs tres propre par fbn extreme poJi , a faciJiter le depart du fuc. IJ ne s'y trouve ordinairement ni poils , ni afperites qui puiflent Je retenir & I'empecher de ceder a I'lmpreiTion de J'Air qui tend k. Je detacJier. G J J'Al * PL. I'ig- 3- 54 RECHERCHES SUR L'USAGE J'aI eflaye de verifier par une Experience , ce que je viens d'expofer fur les principales fon- dions des deux Surfaces des Feuilles dans les Plantes Ligneufes. J'ai plonge dans des Tubes * pleins d'Eau , femblables a ceux done j'ai parle Art. XIII. & XIV., le Pedicule de plufieurs Feuil- les de meme Efpece , & de meme grandeur. J'ai enduit ces Feuilles d'Huile d'Olive , les u- nes dans leur Surface fiiperieure , les autres dans leur Surface inferieure , d'autres dans leurs deux Surfaces. De femblables Feuilles ont ete mifes en Experience fans enduit. J'ai obferve avec fbin ce que chacune de ces Feuilles a tire ou ^^PL. 2. tranfpire en tems egal *. J'ai choifi pour cette Experience , des F^euilles qui avoient pris leur dernier accroiffernent; & j'ai fait enforte qu'il n'y ait pas eu entre elles de differences fenfibles, fbit a I'egard de la couleur, fbit a I'egard de la con- fiflence. Vingt-une Efpeces de Plantes Ligneu- fes ont ete mifes a cette Epreuve. En voici les noms. Le Lmirier Cerife. Le Lilac. Le Maronnier delu- de. Le Metirkr bknc. Le Noyer. VOfier. 14. Le Fig. 3 I. U Ahricotier. 8. 2. UAtilne. 9- 3- Le Cerijlcr. 10. 4- Le Coiidrier. 5- Le Che me. 1 1. 6. Le Figmer. 12. 7- Le Framboifter. n- DES FEUILLES. /. Mem. 55 14. Le Pefcher. 18. Le Rojier. i^. Le PeupUer. 19. Le Tremble. 16. Le Poirier. 20. La Vigne, 17. Lq Primier. 21. 'L^l f^igne de Canada, On voit aflez quelle etoit ma maniere de rai- fbnner en faiiant cette Experience. Je penfbis que fi la Surface fuperieure des Feuilles des Ar- bres etoit principalement deftinee a Ja tranfpira- tion 5 les Feuilles que j'avois enduites dans cette Surface , devoient moins tranfpirer que celles qui avoient ete enduites dans la Surface oppofee. L'Expe'rience n'a cependant pas ete auffi favorable a ce raifbnnement que je I'avois prefume. Le Maronnier dUnde a ete la feule Efpece dont les Feuilles ont moins tire , en terns egal , quand elles ont ete enduites dans leurs Surfaces fupe- rieures , que lorsqu'elles Font ete dans la Sur- face oppofee. Des Feuilles de cet Arbre dont la Surface fuperieure etoit huilee, ont tire en 14 heures 12 lignes- tandis que de lemblables Feuil- les huilees dans leur Surface inferieure , ont tire dans le meme terns 17 lignes. Les Feuilles du Ro/ter & celles de la /^ig^te de Canada ont tire a peu pres egalement , fbit qu'el- les aient ete enduites dans la Surface fuperieu- re, fbit qu'elles I'aient ete dans la Surface infe- rieure. Les Feuilles du Metirkr bianc m'ont oiTert a cet 56 RECHERCHES SUR L'USAGE cet egard, des bizarreries €]ui m'ont laifle inde- cis fur ce qui les concerne. Mais les Feuilles de toutes les autres Efpe- ces ont tire davantage en tems egal , lorsqu'el- les ont ete enduites dans la Surface fuperieure , que lorsqu'elles I'ont ete dans la Surface oppofee. Je ne citerai ici que les Exemples les plus frap- pans. Une Feuille de Cerifier enduite dans la Sur- face fuperieure , a tire en 2 heures 3 lignes. Une femblable Feuille enduite dans la Surface infe- rieure, n'a tire dans le meme tems que i ligne. Une Feuille de Noyer dont la Surface fupe- rieure etoit enduite , a tire en 4 heures 9 lignes 6 \. Une femblable Feuille dont la Surface in- ferieure etoit enduite , n'a tire dans le meme tems que 3 lignes & \. Une Feuille de J^igm hull(fe dans la Surface fuperieure, a pompe en i heure ^, 6 lignes. Une femblable Feuille huilee dans la Surface oppofee, n'a pompe dans le meme tems que 2 lignes & \. Une Feuille de Cotidrier qui avoit ete endui- te dans h Surface fuperieure, a tire en 2 heures \. 7 lignes & ^ ; au lieu qu'une femblable Feuille enduite dans la Surface inferieure, n'a tire dans le mcm^e tems que i ligne. Une Feuille de Laurier Ccrife enduite dans la Surface inferieure, n'a rien pompe en 2 heu- res &i. tandis qu'une femblable Feuille enduite dans DES FEUILLES. / Mim. si dans la Surface fuperieure , a pomp^ dans le me- me terns 4 lignes. Je ne me fuis pas borne a tenter cette Ex- perience fur plufieurs Efpeces ; je Tai repetee plufieurs fois fur la meme Efpece. Les refultats en font demeures k peu pres les memes pour I'ef^ lentiel. J'ai fait encore la meme Experience fur de tres jeunes Feuilles ^ AbHcotier ^ de Cerifier ^ de Prunier; mon but etoit de favoir fi dans des Feuil- les de cet kge, j'obferverois entre Jes deux Sur- faces la meme difference que j'avois obfervee en- tre les deux Surfaces de celles qui etoient par- venues k leur dernier accroiflement. C'efl en effet ce que j'ai obferve : les Feuilles qui ont ete enduites dans la Surface fiiperieure, ont tire davantage en terns egal que celles qui ont ete enduites dans la Surface inferieure. A regard des Feuilles qui n'ont point ete en- duites , elles ont ordinairement plus tranfpire que les autres , & fur-tout que celles qui ont ete en- duites dans leurs deux Surfaces. Il y a ici mille petites circonflances qui peu- vent faire varier les Experiences , & qui empe- chcront toujours de parvenir a une grande pre- cifion. Entre ces circonflances , I'etat aduel des Feuilles eft une des principales : deux Feuilles qui paroiflent k Poeil parfaitement femblables , peuvent differer par bien des Cara6teres qu'on H ne •58 RECHERCHES SUR L'USAGE ne fauroit faifir. La longueur & la groUeur da Pedicule peuvent encore devehir des fburces de varietes. Ceux qui repeteront ces Experiences ne pourront done fe rendre aflez atterttifs aux moindres chofes. J'ai remarque qu'il eft touj ours plus difficile d'cnduire exadement la Surface inferieure , quil ne Teft d'enduire la Surface luperieure : les inc- ■galites & les petits polls qui herident le Tillu de telle-la (ii.) divifent THuile , .& rempechent de p^hetrer par tout. J'ai ete fbuvent oblige de re- Vehir plufieurs fois a enduire cette Surface. II ferdit fans doute plus convenable d'employer une Huile moins coulante que Veil celle d'' Olives: L'Huile de Noix epaiffie jusqu'a un certain point par la coftion (*), feroit plus propre a arreter les Particules aqueufes qui s'echapent des Feuil- les par la tranfpiration. Mais quel que fbit le degre d'influence des div^erfes circonftances que je viens d'indiquer, je crois que I'Experience dont il s'agit, prouve tres bien que la Surface inferieure des Feuilles des Flames Ligneufes n'eft pas moins deftinee a la Tranfpifation qu'a la Nutrition (vi.). ■ Quel eft done le principal ufage de la Sur- "- ' face (*) Mr. de Reaumur a prouv^ dans les Mcmoires de I'Acad^- mie pour I'Annee 1747. quel'Huiled'Olives s'cpaifTilToit beaucoap aa grand Air ; une femblable preparation pourroic fuffire pour Ic b^s ^li'ori fe propoTe ici. ' DES FEUILLES. /. Mim, 59 face fliperieure ? On peut conjefturer qiril con- fine a lervir de defenie a la Surface inftM-ieure. Le Vernis naturel de la Surface fuperieure , fbn TifTu ferre , fa direilion , en vertu de laquelle cette Surface eft toujours tournee v'ers le Ciel , ou le plein Air (ii-)? fortifient cette conjefture. La tranfpiration des Arbres eut ete fans dou- te excelTive , fi la Surface fuperieure de leurj Feuilles eut ete aufTi poreufe que la Surface in- ferieure. . . Enfin la Surface fuperieure feroit peut-etre un Filtre plus fin , deftine a ne laifler pafler que les matieres les plus fubtiles. Je laifle ce fujet bien imparfait ; mais je m'eftimerai heureux , fi Je peu que j'en ai dit donne lieu de decouvrir le vrai. Des Feuilles de Vigne qui pompoient I'Eau par leur Pedicule , & qui avoient ete huilees dans Tune & Tautre Surface , fe font confervees tres vertes plus d'un mois , tandis que de femblables Feuilles qui fe nourriflbient par la meme voie , mais qui n'avoient point ete huilees , ont pafTe en moins de trois jours. J'ai obferve que la tran- fpiration des Feuilles enduites a ete toujours eri diminuant. En s'etendant de plus en plus, I'Huile bouchoit apparemment un plus grand nombre de; Pores; & d'une moindre tranfpiration dans un Corps organife decoule naturellemenc une plus iongue vie. H 2 Au 60 RECHERCHES SUR L'USAGE A u Jieu d'Huile diOHves , j'ai employe allez fbuvent le Blanc cPOeuf ; mais il m'a pam que cet Enduit etoit moins propre que le premier a diminuer la tranfpiration. II fe detache facile- ment de la Feuille , & tombe ordinairement par ecailles. XVII. L' Experience que je viens de r'apporter fur les Feuilles des Arbres , je Pai tentee fur celles de neuf Efpeces de Plantes Herbacees; 1. U u4tnarante a fmiU 5- Le Mays , on Bled les pourpres. de Turquie. 2. La Belle de Nuit. 6. La Maiilve , de la 3. Le Convolvulus , de grande Efpece. la grande Efpe- 7. Le Melon. ce. 8. UOnie. 4. Le Haricot. 9. Le Soleil. D E routes ces Efpeces , la grande Maiilve a ^te la feule dont les Feuilles ont plus tire quand elles ont ete enduites dans la Surface inferieure , que lorsqu'elles I'ont ete dans la Surface oppo- fee. De grandes Feuilles de cette Plante, endui- tes dans la Surface inferieure , ont tire en 4 heures 7 a 9 lignes ; tandis que de femblables Feuilles, enduites dans la Surface iuperieure,n'ont tire dans le meme terns que 3 a 4 lignes. Les Feuilles des autres Efpeces ont pompe k Tordinaire davantage , lorsqu'elles ont ete huilees dans la Surface fuperieure , que lors- qu'el^ DES FEUILLES. 7. Mini. 61 qu'elles Font ete dans la Surface inferieure. Une grande Feuille ^ Amarante dont Ja Sur- face fuperieure etoit huilee, a tire en 3 heures 27 lignes. Une femblable Feuille huilee dans la Surface inferieure , n'a tire dans le meme terns que 1 3 lignes. Une grande Feuille de Belle de Niiit enduite dans fa Surface fliperieure , a tire en 2 heures 5 lignes. Une femblable Feuille enduite dans fa Surface inferieure , n'a tire dans le meme terns que 2 lignes. Une grande Feuille de Soldi dont la Surface fuperieure etoit enduite, a tire en 7 minutes 13 lignes \ tandis qu'une femblable Feuille enduite dans la Surface inferieure , n'a tire dans le meme tems que 2 lignes. 1l paroit done par ces Experiences, que dans les Feuilles des Herbes , comme dans celles des Arbres , la Surface inferieure efl plus propre k la tranfpiration que la Surface fuperieure. Ces deux Surfaces ne difFerant pas moins I'une de I'autre dans les Herbes , que dans les Arbres , on pent conje61:urer avec fondement, que I'ufage propre a la Surface fliperieure efl chez les unes & chez les autres de fervir de defen/e a la Sur- face qui lui eil oppofee. XVIII. AiNSi le flic nourricier , qui pafle pendant le jour, des Racines dans le Tronc, par les Fibres I'tgneufes , aidt^es de Tadion des Tra- il 3 chees 3 62 RECHERCHES SUR L'USAGE chees, eil porte principalement a la Surface in- lerieure des Feuilles , ou fe trouvent en plus grand nombre les ouvertures qui lui permettent de s'echaper. A Tapproche de la nult , la chaleur n'agiffant plus fur les Feuilles & fur I'Air contenu dans les Trachees , la Seve retourne vers les Racines ; alors la Surface inferieure commence a exercer fon autre fon(Stion. La Ro(ee s'elevant lente- ment de la Terre , rencontre cette Surface : elle y eft condenfee par la fraicheur de I'Air : les pe- tits Foils , & les inegalites de cette Surface , retiennent la Vapeur : des Tuyaux , menages ii deilein , la pompent a I'inftant , & la conduifent dans les Branches , d'oii elle pafle enfuite dans le Tronc (ix.). On voit par cette legere esquifle de laTheorie du mouvement de la Seve , que les Feuilles ont beaucoup de rapport dans leurs ufages, avec la Peau du Corps Humain. Celle-ci a aufTi fes Vaiileaux cxcretoircs , qui font les organes de la tranfpiration. Elle a pareillement des Vais- feaux ab for bans , qui pompent les Vapeurs qui font a la Surface , ou aux environs , & les con- duifent dans I'interieur du Corps. De la I'aug- mentation de poids apres le Bain , & quelques autres Phenomcnes aflez finguliers. Il y a lieu de penfer qu'une Anatomie deli- cate des Feuilles , nous y decouvriroit ces deux Sy- DES FEUILLES. I. Mem. 6i Syflemes de VaifTeaux. C'eft ]a un vafie Champ pour les Obfervations Micrographiques. En ob- fervant au Microscope des Feuilles de Pie de T'^eau , qui avoient commence a s'alterer par h. maceration , Mr. Calandrihi y a d'ecou vert une Membrane reticulaire analogue a cfclfe du Corps Humain. Les MaiJles de ce Rezeau lui ont paru aflez grandes , & de forme a peu pres exagone. Ce Rezeau ejfl apparamment plus gros- fier dans les Plantes qui tranfpirent beaucoup , & plus fin dans celles qui tranfpirent peu. A u refle , en tentant fur les Feuilles , les Experiences que j'ai rapportees ci-delTus , (Vo VI. ) on aura louvent occafion de voir I'Epiderme fe detacher des Parties voifines. On (era furpris de Fextreme finefle de cette Membrane , qu'on pourroit comparer a cette pellicule qui fe forme quelquefois fijr TEau corrompue. Plus d'une fois , j'ai vu la Surface inferieure des Feuilles plongees dans I'Eau pure , fe charger de petits grains grifatres. Je comparois ces grains aux Filamens terreux qu'on voit s'attacher a I'ex- tremite des Racines de difFerentes efpeces ^Oig- nons qui vegetent dans des Vafes pleins d'Eau. Ces Filamens indiqueroient-ils, que les Organes par lesquels les Racines tirent la nourriture , font places a leur extremite inferieure. J'ai fait quel- ques Experiences pour m'aflijrer de la verite de cette conjeciure. j'ai mis , fbus differentes po- fi- ' 64 RECHERCHES SUR L'USAGE fitions , dans des Vafes pleins d'Eau , de tres jeunes Maronniers d'lnde venus de graine. Mais je n'ai point obferve que ceux qui ont pompe I'Eau par TExtremite inferieure de leurs Racines, aient vecu plus longtems que ceux qui Pont pom- pe par differens points de la Surface de leurs Raci- nes. Je fbuhaiterois qu'on reiterkt ces Experiences. Les fondions des Racines , & la maniere dont elles les exercent , ne nous font encore que fort peu connues. je voudrois qu'on eflayat de faire tirer aux Plantes diifcrentcs fortes de Teintures, fbit Vegetales, fbit Minerales. On fait combien le celebre Mr. du Hamel a re- pandu de jour fur raccroillement des Os , (*) par ce nouveau Genre d' Experiences. Une Dis- fertation ( t ) fur la Circulation de ia Seve , qui a remporte le prix de fAcademie de Bourdeaux en 1733 , nous fournit fur ce fujet , des Expe- riences curieufes , & qui repondent a ceiles que je propole. L'Auteur de cette Diflertation , Mr. de la Baisse, a effaye de faire tirer a difFeren- tes Efpeces de Plantes & a difFerentes Parties de la meme Plante , la Teinture rouge du Fruit de Phytolacca. Je ne rapporterai ici -que deux de ces Experiences. Mr. (*) M^m. de I'Acad. Roy. des Sc. An. 1739. & fuiv. (f ) Diffcrtation fur la Circulation de la Seve dans les Plantes, qui a remportd le prix , au Jugement de I'A ademic Royale des Belles LettreSj Sciences & Arts, k Bourdeaux 1733. DES FEUILLES. /. Mem. 6$ Mr. de Ja Baisse a plonge la Racine de dif- ferentes Plantes , dans Ja Teinture dont je viens de parler; " & dans Ja difledion qu'iJ a faite 5, deux ou trois jours apres de ces Racines , iJ 3, a toujours trouve I'Ecorce impregnee d'une „ teinture rouge repandue dans toute fa fubflan- „ ce , mais beaucoup plus forte dans les menues 3, Fibres , vers J'infertion des Racines coJJatera- „ Jes, & a tous Jes Tubercules de Ja maitreile „ Racine". Seconde Experience. AVant plonge des Branclies de Figtder , de Pefcher , d'Ormemx , &c. dans la meme Liqueur , J'Auteur obferva qu'il n'y avoit que Ja partie Jigneufe qui montr^t des fiJets rouges ; I'Ecorce & Ja MoeJJe en e* toient parfaitement exempts, De ces Experiences I'Auteur conclud; 1°. Que „ I'Ecorce des Racines boit Jes Sues 3, environnans j mais que cette fuccion fe fait „ principaJement vers les Branchages & extremi- ,5 tes Jes pJus deliees de Ja Racine". 2°. Que „ Jes Canaux defiines a porter Ja^ „ nourriture dans Je Corps de Ja Plante , ne font „ ni dans la MoelJe , ni dans I'Ecorce , ni entre- 3, I'Ecorce & le Bois , mais dans Ja fubftance Jig- „ neufe des PJantes". Des qu'on fait que les Parties ofleufes des Animaux , font Jes feuJes qui rougiffent dans Jes^ Experiences de Mr. du Hamel , on voit que 1 cel^ 66 RECHERCHES SUR L'USAGE celles de Mr. de la Baisse ne prouvent pas ce qu'elles lui ont paru prouv^er. La teinture de la Garance traverfe toutes les Parties molles , fans s'y arreter , elle ne fe depofe que dans les Os , ou dans les Parties qui font analogues aux Os , par leur durete. II peut done en etre de meme dans les Plantes. La feconde Experience de Mr, de la Baisse (emble Tinfinuer. Ainfi, quoique nous ne puifTions pas deduire, de ces Ellais, la route que tient la Seve , ils ne laiflent pas de repandre du jour fur la fl;ru6lure des Vaifleaux & fur leurs Ramifications. Ce font des Injeiitions natureiles qu'on ne fauroit trop repeter. I L feroit a defirer qu'on parvint a comparer exaftement la quantite de nourriture que les Plan- tes pompent par leurs Racines , avec celle qu'el- les pompent par leurs Feuilles. Cet Examen ap- prendroit peut -etre que I'Air ne fournit pas moins que la Terre a la Nutrition des Vegetaux. La prnfonde Analyfe que Mr. Hales a faite de ce FluVde, dcraontre qu'il entre dans la compofition d'un tres grand nombre de Corps , & qu'en per- dant fbn Elaflicite, il revet fucceffivement diffe- rentes formes. Mais I'Air ne contribue pas feu- lement par lui -meme k la Nutrition des Plantes: 11 ell" encore rimm.enfe Refervoir ou les Cor- puscules qui s'exhalent de tous les Corps , vont ie raflem.bler J E n'ui pas fait la comparaifbn que je propofe; mais DES FEUILLES. I Mem. 67 mais j'en ai faitune autre oui a avec elle de grands rapports. J'ai voulu eprouver fi des Plantes qui ne fe nourriroient que par leurs Feuilles, vivroient auiTi longtems , & feroient autant de progres que de femblables Plantes qui fe nourriroient par leurs Racines. J'ai plonge dans des Poudriers pleins d'Eau , des Plantes de Mercuriales , les unes par leurs Feuilles , les autres par leurs Racines. J'ai JaifTe a chaque Plante un ou deux Rejettons que j'ai tenus hors de I'Eau , & qui n'ont ete nour- ris que par la partie de la Plante qui y etoit plon- gee. j'ai rendu tons ces Rejettons auflTi egaux & femblables qu'il m'a ete pofTible. J'ai laiilc ees Plantes en Experience environ 5 a 6 femai- nes , au bout desquelles je n'ai point obferve de difference confiderable entre les Rejettons nour- .ris uniquement par les Feuilles, & ceux qui ne I'etoient que par les Racines. J'ai feulement re- marque que les Feuilles plongees dans I'Eau, ont paru foufFrir un peu plus de Tadion de ce FluTde que- les Racines. Ces dernieres ont ete appellees a vivre dans I'humidite ; elles ont etc rendues eapables de la fbutenir. XIX. Les Experiences qui ont fait le prin- cipal objet de ce Memoire , ne font pas fimple- ment curieufes ; elles peuvent encore devenir fort utiles a la pratique du Jardinage & de FAgri- culture. De's que les Feuilles fervent a la fois a ele- I 2 ver 68 RECHERCHES SUR L'USAGE ver le Sue nourricier, (xviir. ) & a en augmen- ter la mafle , (v. vi. ix. ) nous avons un moyen tres fimple d'augmenter , ou de diminuer la force d'une Branche dans un Arbre Fruitier : nous I'aug- menterons , en laiflant a cette Branche tomes fes Feuilles , & en en retranchant aux Branches voifines : nous la diminuerons , par le precede contraire. Nous parviendrons par le meme moyen, a determiner le cours de la Seve du cote qui nous paroitra le plus convenable. Ainfi lorsqu'un Ar- bre en Efpalier montrera trop de diipofition a s'e- lever , on previendra les fliites de cette difpofi- tion 5 en dechargeant les Branches les plus elevees d'une partie de leurs Feuilles. C'eft ici une efpece de Taille dont nous ne tenons encore que les premiers principes , & dont I'Experience nous • enfeignera les Regies. O N fait que ce qui empeche fouvent les Fruits de notier ^ eil la trop grande abondance de la Se- ve : on remediera a cet exces par une fupprefTion des Feuilles habilement menagee. Cette metho- de qui reuffit fi bien fur la f^igne^ pourquoi ne reulTiroit-elle pas fur d'autres Arbres Fruitiers ? Mais on comprend que le vrai terns ^ejfeidller , n'efl pas celui oil le Fruit efl dans fbn plein ac- croiflement : il a befbin alors de toutes fes Ra- cines ; les Feuilles qui i'environnent immediare- ment font ces Racines. Au DES FEUILLES. 7. Mim. 69 Au lieu de retrancher abfolument toutes les Feuilles furabondantes , on pourra fe concenter de les rogner avec des Cizeaux. Cette petite o- peration ne leur nuira point , & previendra un trop grand afFoibliflement du Sujet. Des Feuilles qui n'avoient pas ete detachees de la Plante, ont cm plus qu'a 1 ordinaire, parce qu'elles etoient dans le voifinage d'autres Feuil- les , qui etoient plongees entierement dans I'Eau. Ce fait ne nous enfeigne-t-il pas un moyen tres finiple d'avoir de beaux Fruits ? on lui donne- roit., fans doute, plus d'efficace, en faifant tirer aux Feuilles des matieres plus nouriflantes , ou plus aftives , que TEau pure. Je ne ^is meme , (1 on ne parviendroit pas par- la a colorer les Fruits , (xviii. ) & a leur donner plus d'odeur , ou une odeur plus agreable. Je n'ignore pas que Mr. Hales a tente inutilement cette der- niere Experience. Le peu de fucces de ce grand Fhyficien feroit aflurement bien propre a decou- rager ceux qui , fans avoir fes lumieres & fa faga- cite , voudroient faire les memes Eflais. Mais Gombien les voies de la Phyfique font-elles va- rices ■& etendues ! L'exroite communication qui efl: entre t-outes les Parties d'un Arbre , & fur tout entre les Feuilles & les Branches, (ix. ) doit rendre tres attentif a I'etat des Feuilles. II leur furvient quelquefois des Maladies qu'elles communiquent 1 3 aux 70 RECHERCHES SUR L'USAGE aux Branches. On previendra Jes dangereux ef- fets de cette communication , en retranchant les Feuilles alterees ou mal-faines. L'excellent Au- teur du Trait6 de la Culture des Pefchers nous- fournit un Exemple remarquable d'une fembiable alteration dans les Feuilles. La „ Cloque (*) , „ dit cet Auteur , eft une Maladie tres frequente 35 dans ce climat \ efl: TefTet d'un mauvais vent , „ qui fait recroqueviller les Feuilles de TArbre. 5, Elles s'epaifTilIent & deviennent jaunes , rou- 5, ges & galeufes , ce qui eft desagreable ^ la „ vue; eft tres pernicieux au Fruit, en ce qu'el- 5, les abfbrbent inutilement toute la Seve aux de- „ pens du Fruit". „ QuAND vos Arbres font atteints de cette „ Cloque 5 il faut oter non feulement toutes les „ mauvaifes Feuilles , mais couper encore jus- ,5 qu'au deflbus du mal les Branches qui en font 35 infeftees , & qui forment une efpece de Toupe 5, hideufe. Cette operation donne a la Seve la- „ facilite de repoufler au deflous de nouvelles „ Branches , qui font egalement bonnes pour „ I'annee fuivante. Obfervez cependant que fi „ votre Arbre eft entierement infe6te , comme cela arrive quelquefois , & qu'il ne refte point J de Feuilles faines pour couvrir le Fruit , il faut , en laifler quelques-unes des mauvaifes , pour „ lui (*) Pag. 100. Seconde Edition i PanV. 35 DES FEUILLES. I Mim. 71 lui fervir d'abri , en attendant qu'il en re- poufle de bonnes : fi vous negligez cette o- peration , toutes ces Feuilles infectees confbm- ment la Seve , & I'empechent de chercher d'autres idues ; elles viennent enluite a le- cher & k tomber : votre Fruit qui eft tendre alors , fe trouve a decouvert; Je Soleil le fur- prend , ii fane , & il rombe , au point qu'il n'en refte pas quelquefois de la montre fur I'Arbre". Je ne fais fi je me trompe , mais il me paroit que ce n'eft pas en detournant la Seve a leur pro- fit 5 que les Feuilles attaquecs de la Cloqite nui- fent aux Branches & aux Fruits ; je conje61ure que c'eft plutot en leur communiquant des Sues vicies. La grande alteration que cette Maladie produit dans le tilTu des Feuilles , eft tres propre il changer la nature des Liqueurs. C'lst une maxime re^ue, qu'il eft utile d'ar- rofer la tete des Arbres Fruitiers : nous avons vu quels font les fondemens de cette pratique; & nous fommes* en etat de juger du degre de. ion eftlcace. Je ne puis done la recommander aftez; mais je confeille d'en faire fur-tout ufage dans un terns ferein , & au coucher du Soleil. Et commc ces arrofemxns ne mouillent que la Surface fuperieure des Feuilles , moins propre que Tinferieure a pomper Thumidite , (vi. ) je penfe qu'il conviendroit d'arrofer aufTi la Superfi- de 72 RECHERCHES SUR L'USAGE eie du terrein ; rhumidite qui s'en elevera pen* dant la nuit , ira s"'attacher a. la Surface inferieure des Feuilles , qui la transmettra a. I'interieur de I'Arbre. (ix. xviii.). Mr. DU Ha MEL dans ^n Trait e de la Cul- ture des Terrcs ^ Juivmit les Principes de Mr. TuLL, Anglois ^ fait fur les Feuilles one refle- xion par laquelle je terminerai ce Memoire. „ Tout (*) ce que nous venons de dire ^ 5, remarque cet habile Academicien , prouve que 3, les Feuilles , de quelque fa9on qu'on les con- „ fidere , font tres avantageufes aux Plantes \ & „ qu'ainfi on caufe un tort confiderable aux Sain- „ foins , auxLufernes, auxTrefles, &c. quand 5, on les fait paitre de trop pres par les Beiliaux^ „ fur-tout quand ces Plantes fbntjeunes. On ne „ peut done approuver la pratique des Fermiers 5, qui mettent leurs Troupeaux fur leurs bles. „ quand ils les trouvent trop forts", (*) Pag. IS. EX' DES FEUILLES. /. Mm. 73 EXPLICATION DES FIGURES BU PREMIER ME MO IRE. Planche I. CETTE Planche eft deftinee a reprefenter les principales differences qui s'obfervent encre la Surface ftiperieure & la Surface inferieure des Feuilles des Plantes Terrejlres. La Vigne eft prife ici pour exemple. La Figure i. repr^fente au nature! une Feuille de cette Plante , vue par fa Surface fuperieure. Le tiflli de cette Surface eft uni ; les Nervures w, «, y font gravees en creux. ^5 d^ d, de- coupures profondes. La Figure 2. eft celle de cette meme Feuille , vue par fa Surface inferieure. Le tiflu de cette Surface eft plein de petites inegalites , que le Deffinateur a omifes pour eviter un trop grand detail. Les Nervures n^n^ font gravees en relief Ce font la les differences les plus fenfibles qu'on remarque dans les Feuilles du commun des Plantes Terreftres. Mais il eft des Efpeces ou ces differences font moins fenfibles , & ou meme elles n'exiftent point. Le Laurier Rofe & le Guy nous en fourniilent des exemples. K Dans 74 RECHERCHES SUR L'USAGE Dans d'autres Efpeces , au contraire , Jes differences dont il s'agit font beaucoup plus frap- pantes qu'elles ne le font dans les Feuilles de la Vigne. Dans le Tremble^ par exemple, la Sur- face fuperieure eft trcs rafe , & d'un verd fonce & luifant ; au lieu que la Surface inferieure eft veloutee, & d'un blanc aflez eclatant. Les Feuil- les du Bomllon Blanc font couvertes d'un Duvet cotonneux dans I'une & i'autre Surface ; mais le Duvet de la Surface inferieure eft beaucoup plus epais que celui de la Surface oppofee. Plan CHE II. LA Figure i. reprefente un Poudrier /?, plein d'Eau , fur la fuperficie de laquelle a ete appliquee, par fa Surface inferieure, la Feuille de P'igne f ^ la Surface fiiperieure eft la ieule qui fbit ici en vue \ h ^ b ^ font les bords de la Feuil- le : ils outrepaflent ceux du Poudrier ^ & cela doit etre ainfi , afin que ces bords ne fbient ja- mais humedes, a ^ eft le Pedicule de la Feuille , place a I'exterieur du Vafe pour la meme fin. J'ai fait conftruire de longues Tables fiir les- Cjuelles j'ai range une fuite de Poudriers qui por- t.oient des Feuilles difpofees comme je viens de I'indiquer. Un coup d'oeil jette de tems en tems fur ces Tables m'inftruifoit de I'etat des Feuilles, ci-'ivG La DES FEUILLES. L Mm. yj La Figure 2. eft celle d'un Poudricr n , flir I'ouverture duquel eft pofee une Plaque de plomb de figure ronde /),percee de plufieurs trous /, /, ^, de trois a quatre lignes de diametre. Le Pedicule ^, de la Feuille /", a ete introduit dans un de ces trous, de maniere que fbn bout inferieuri, a ete ramene hors de I'entree du trou , & retenu dans cette pofition par une Epingle e , fichee de part en part, ou tranfverfalement, dans laTige du Pe- dicule. Le Poudrier eft plein d'Eau , & le but de I'Experience efl: de (avoir fi les Feuilles pom- pent Thumidite par la Surface exterieure de leur Pedicule. LoRSQ^UE I'on met en Experience des Feuil- les dont le Pedicule ne (auroit etre coude un peu fortement fans risquer de le rompre, on doit pra- tiquer dans la Plaque de plomb/?, ou fimplement dans une Planche , des trous beaucoup plus grands que ceux dont je viens de parler. La Figure 3. eft celle d'un Inftrument que je nommerois volontiers un Porte - Tube. C'eft: un Cadre de bois C , foutenu fur un Pie ,.5,5. Ce Cadre porte deux Traverfiers T, 7\ d'un pouced'epaifleur, dans lesquels ont ete pratiques plufieurs trous ^ , ^ , /, qui ne les traverfent pas de part en part , mais qui vont mourir pres de leur Surface inferieure. Dans chacun de ces trous eft engage le bout inferieur d'un Tube de Verre u , v^ z; , plein d'Eau ou de quelque autre K 2 Li- 76 RECHERCHE3 SUR L'USAGE, &c. Liqueur. Une Feuille f^ f ^ eft introduite dans ce Tube par (on Pedicule. L'abbaiftement de la Liqueur de ^, en /; , exprime la quantite qui en a ete pompee par la Feuille. Les F'euilles d'une meme Efpece ont ete plongees dans des Tubes de meme diametre \ & on s'eft afluree de Fega- lite de ce diametre en introduifant dans chacun de ces Tubes une Baguette de bois exa6lement fy- lindrique , & qui en rempliilbit toute la capacite. Le plus ou le moins de liberie avec lequel cette Baguette entroit dans les differens Tubes , indi- quoit le plus ou le moins de capacite de chacun. On mettoit apartceux qui apres avoir ete ainfi ca- libres, etoient trouves egaux en diametre. A^ A^ font deux Liftes de bois, dont les extremites font attachees aux Montans du Cadre , & qui fervent a fbutenir les Feuilles qui n'ont pas de la confi- flence. De petits morceaux de papier appliques fur les Traverfiers , indiqueront I'heure & le jour ou les Feuilles auront ete mifes en Experience. Entre ces Feuilles les unes n'auront point ete enduites ; d'autres I'auront ete dans la Surface fliperieure , d'autres dans la Surface inferieure , d'autres enlin dans les deux Surfaces. RE- •(W50. ^^». •*>^^ -^'Skn- i^S (ir-S S>: -^so^ •^?&<^ -^'c-o^ ^K'^o* RECHERCHES S U R L'USAGE DES FEUILLES DANS L E S P L A N T E S. SECOND MEMOIRE. De h DireBion 6? du Ketoiirnement des Feuilles\ y a cette occafion de la Perpendicularite ^ du Repliement des Tiges. XX. g^t^sl^^^gE Memoire precedent a ete prin- ^ T S* ^^P^^^rn^"^ ^"^ploye ^ faire con- ^ J— y g noitre une des plus importantes g-^^^., g fbnaions des Feuilles , celle •"'"^ de pomper la Rofee. Je rap- porterai dans celui - ci des Faits qui rendront cette deftination encore plus evidente. K 3 Mr. .78 RECHERCHES SUR L'USAGE Mr. DoDART (*) efl le premier qui ait ob- ferve que les Arbres pouflent Jeurs Branches in- ferieures dans une direftion k peu pres parallelle au fbl fur lequel ils font plantes. Mais on n'a- voit point donne jusqu'ici a la diredion des Feuil- les I'attention qu'elle meritoit. ElJe n'a pas e- chappe a Mr. Calandrini; & quoique je i'eulle auffi entrevue , je dois a cet excellent Pro- felleur d'en avoir mieux faifi tout ce qu'elle ren- ferme d'eflentiel. Les Feuilles , fbit celles des Herbes , fbit celles des Arbres , font toujours dirigees de fa^on que leur Surface fuperieure regarde le Ciel , ou *^PL. III. p^jj, |j|^j.g . « I'inferieure , la Terre , ou I'inte- * PL in ^^^'^'* ^^ ^^ Plante *. &?v. Les Experiences que j'ai rapportees dans le premier Memoire , (vi, xv, xvi,) nous don- nenu la caufe finale de la diretlion des Feuilles. La Surface fuperieure etant principalement defli- nee a fervir de defenfe ou d'abri a la Surface in- ferieure, devoit regarder le Ciel ou le plein Air. La Surface inferieure aTant pour une de fes princi- pales fondions de pomper la Rofce , devoit re- garder la Terre ou Tinterieur de la Plante Dans les Efpeces , telles que les Polypodes , les Fougeres , dont les Graines naiflent fur les Feuilles , ces Graines font logees dans la Sur- face (*) Hift. de I'Acad. Roy. des Sc, 1699. t. I. %• DES FEUILLES. // Mem. 79 face inferieure : la Surface fuperieure toujours tournee vers le Ciel ou leplein Air, Jeur (ert mani- feftement de defenfe. XXI. Mais il eft une infinite d'accidens qui peuvent changer la diredion des Feuilles. Inde- pendamment de ceux qui arrivent naturellement, la main de rhomme en occafionne un grand nora- bre. Un Jardinier ne fauroit ranger les Bran- ches d'un Arbre , qu'il ne falle prendre aux Feuil- les de nouvelles pofitions. Comment done arri- ve-t-il qu'elles prefentent toutes leur Surface fu- perieure a I'Air libre ? On a beaucoup admire le retournement de la Radictik dans les Graines femees a centre -jfens. On n'a pas moins admi- re le mouvement des Racines qui fuivent ceux d'une Eponge imbibee d'Eau. Les Feuilles , fi femblables aux Racines dans une de leurs princi- pales fonftions , leur rellembleroient - elles encore par la finguliere propriete de fe retourner , ou de changer de direftion ? Nous nous fbmmes con- vaincus, Mr. Calandrini & moi, de la ve- rite de cette conjefture , par diverfes Experiences : vpici le precis de celles que j'ai tentees. ]'a I incline, ou courbe * des Jets de plus de * pi. vi. vingt Efpeces de Plantes, (bit Herbacees ( *) , foit '''^' '" / ^^'^■^~ ( * ) Efpeces Herbacees 5. La Maulve de la petite Efpke T. VAtr.fleXf 6. L'Ortie , 2. La Belle de Nuit , 7. Le Soleil , 3. La Julienne , 8. Lc Trifle , 4. La Maulve a la grande EJptce y. La Finaigntle, &c. So RECHERCHES SUR L'USAGE Ligneufes ("*), & je les ai tenues lixees dans cet- te fituation. Les Feuilles de tous les Jets aVant ete mifes dans une pofition contraire a celle qui leur eft naturelle , j'ai eu bientot le plaifir de les voir fe retourner , & reprendre leur dire61ion or- dinaire. J'ai reitere I'Experience fur le meme Jet, jusqu'a quatorze fois confecutives , fans que cet admirable retournement ait cefle de s'y operer. Mais donnons plus d'etendue a ce fujet : il en efl bien digne. XXII. RiEN de plus facile que d'incliner un Jet , & de le retenir dans cette fituation. Une •PL. VI. petite Corde , ou un fimple Fil , * attache par '^' ^' ' un bout a Textremite fiiperieure du Jet , & par I'autre a un petit Baton fiche en terre , en four- nit le moyen. Com ME il ne s'agit que de mettre les Feuil- les dans une diredion oppofee a celle qui leur eft naturelle (XX.), toute inclination, ou toute dis- pofition du Jet , propre a produire cet efFet, fera convenable. A IN SI tantot on inclinera le Jet , perpendi- culairement en embas ; tantot on le courbera o- bli- (■ * ) Efpeces Ligneufes. 7. Le Lilac , I. VAbrkolkr ^ 8. Le Noyer , 1. l^Cerifier, 9- Le Priinier , 3. Le Framboifier, 10. Le Poirier , 4. Le Fresne , li. La Ronce , 5. Le Figuicr, 12. Le Rofier , 6. Le LauTier Cerife , 13. La Figne , &.c. DES FEUILLES. II Mm. 8i bliquement , ou horifbntalement , fuivant la dis- pofition aduelle des Feuilles. XXIII. Le Rctournement des Feuilles s'exe- cute fur le Pedicule : le degre de ibuplefle dont il eft doue , lui permet de fe preter a tous leurs mouvemens. Tantot il fe replie , ou fe courbe en differens endroits : tantot il fe contourne en maniere de Vis. Quelquefois il fe contourne & fe replie a la fois , ce qui donne lieu a des inflexions remarquables. Ordinairement le plus Crand efFort fe fait dans fbn extremite inferieure *•* ^^- ^^• n / • 1 n • ' c , c, c. mais la fuperieure n en eft pas toujours exempte. Sou VENT la Feuille fe retourne , fans que Pinclinaifbn du Pedicule fur la Tige , change d'u- ne maniere fenfible. Mais dans d'autres circon- ftances on obferve ici des varietes confiderables. Elles m'ont paru dependre principalement de la pofition du Jet relativement a I'Horizon. C'efl ce qu'il eft aife de voir fijr la T-^igne & fur la J{.once. LoRSQ^UE le Jet * s'eleve perpendiculaire-* pl. iir. ment , les Feuilles "* s'inclinent vers fbn extre-*A/./. mite ftiperieure ^ \ les Pedicules forment alors*^, avec le Jet un Angle * aigu, dans I'interieur du-* a, a, a, quel les Boutons * fe trouvent places. *b,b,b, LoRSQ^UE le Jet * panche vers la Terre ,* p^-i^- les Feuilles * font inclinees en fens contraire ;*/-/'/' I'Angle aigu * que les Pedicules forment avec * '!■«,«. lui , regarde alors vers Porigine * du Jet , & * ^ L les 82 RECHERCHES SUR L'USAGE *t,6,6,]e3 Boutons * font hors de cet Angle , OLi de X^AilJelle des Feuilles. * PL. V. En FIN lorsque le Jet * eft horizontal , les Pedicules lui font perpendiculaires. Ce que je viens de dire de difFerens Jets , peut s'obferver aufTi fijr difFerentes portions du meme Jet. Mais il eft une autre caufe de ces varietes , dont je ne parle pas encore , & que je ferai connoitre ailleurs. Les Feuilles au lieu de tourner fur leur Pe- dicule pour prefenter leur Surface fuperieure a I'Air libre , fe renverfent quelquefois fur la Bran- che , jusqu'a s'y appliquer par leur Surface infe- rieure. D'autrefois elles ne font que fe con- tourner plus ou moins. Le mouvement dont je parle, fe manifefle dans les Feuilles , des leur fbrtie du Bouton , & avant meme qu'elles aient commence a fe de- ployer. XXIV. Nous venons de confiderer d'une vue generale le Retournement des Feuilles. Ob- iervons de plus pres ce mouvement fingulier. Voyons les Feuilles fe retourner, & fuivons les progres de leur Retournement. Dams le mois de Septembre , j'ai courbe , (xxii. ) en Arc de Cercle , un Jet de V^igne , portant quatre grandes Feuilles , deux de chaque cote. Apres I'operation , la pofition du Jet & celle des Feuilles etoient telles que je vais I'expofer. Le DES FEUILLES. II. Mem. S3 Le Jet etoit courbe d'Orient en Occident. II croifbit le Merldien a Angles droits. La Sur- face fuperieure des Feuilles regardoit dire(5lement la Terre. L'extremite fuperieure de celles qui etoient fituees a la droite du Jet , etoit tournee vers le Nord. L'extremite fijperieure de celles qui etoient a la gauche , regardoit le Midi. Le Jet etoit allez ifble. Au bout d'environ deux jours , la diredlion des Feuilles a commence a changer. La Surface fuperieure n'a plus regarde la Terre qu'oblique- ment. Cette obliquite a augmente de jour en jour. Bientot le Plan de chaque Feuille , aupa- ravant parallele a la Terre , lui eft devenu per- pendiculaire : la Surface des Feuilles , fituees fur la droite du Jet , s'eft prefentee direclement au Nord. Celle des Feuilles fituees du cote oppofe s'^eft tournee vers le Midi. En FIN le Retournement aVant continue, la Surface inferieure des Feuilles s'eft offerte de nou- veau a la Terre ; la Surface fliperieure au Zenith. L'extremite fuperieure des Feuilles placees a la droite du Jet , a regarde alors le Midi : celle des Feuilles placees fur la gauche, a regarde le Nord. XXV. J'ai dit , ( XXIII. ) que le Pedicule le contournoit dans le Retournement des Feuil- les 5 & que le principal effort fe faifbit a fbn ex- tremite inferieure "". J'ai partage avec un Seal- * vl. iv. pel 5 fuivant leur longueur, plufieurs Pedicules^' "' '' L 2 de 84 RECHERCHES SUR L'USAGE *T^^^^'de Feuilles de J^igne * J'ai remarque pendant cette petite operation, que le Scalpel divifbit plus * ^' '^' facilement les extremites ^ que le milieu , ou le *^- corps * du Pedicule. AYant prefence a la Loupe les parties divifees, *«. ^. j'ai obferve que les extremites * etoient formees '' " d'une fubiiance plus fpongieufe , plus tranfparen- te , & plus brune , que celle qui formoit le * ^' '■ corps * du Pedicule. C'est a cette fubflance fpongieufe que les extremites du Pedicule doivent le degre de fbu- pleile qui leur eft propre , & qui leur permet d'obeir aux divers mouvemens de la Feuille. XXVI. TouTES chofes d'ailleurs egales , les jeunes Feuilles fe retournent plus prompte- raent que celles qui font plus avancees en age. Les premieres ont un degre de fbuplefle que les autres ne fauroient avoir. De - la vient en par- tie, que cette Experience n'a que peu , ou point de fucces fur la fin de I'Automne , comma je I'ai eprouve. Les Feuilles font alors trop en- durcies. XXVlf. Les Feuilles des Herbes fe re- tournent plus promptement que celles des Ar- bres. Entre plufieurs Experiences , qui m'en. ont convaincu , je ne rapporterai que celle -ci. Le 12. Septembre , a 9 heures du matin, j'ai incline un Jet de f^igne & un Pie ^ Atri- fkx : a I. heure , plufieurs des Feuilles de \'A- trl- DES FEUILLES. IL Mem. 85 triplex avoient commence- a ie retourner ; mais celles de la p^igm n'avoient fait aucun mouve- ment. XXVIII. Les Feuilles des Arbres toujours verds fe retournent-elles auITi promptement que celles des autres Arbres? Je m'en (uis convaincu en inclinant un Jet de Laurier Cerife , & \m Jet de Vigm , qui paroiflbient a peu pres du meme ^ge. Les Feuilles du Pin., & celles du Sapin., quoi- que fi differentes des Feuilles de la plupart des autres Arbres (xv.), favent cependant fe retour^ ner. XXIX. Pour favoir fi les Feuilles fe retour- nent pendant la nuit , j'ai fait I'Experience fui- vante. Le 20. Juillet 5 a 8 heures du fbir , j'ai ren- verfe deux Jets de Vigne ; Tun de ces Jets por- toit 15 Feuilles I'autre 9. Le lendemain matin k 4 heures & demi , chaque Jet montroit 3 Feuil- les qui avoient repris leur fituation naturelle. Le terns etoit couvert , & la rofee peu abon- dante. XXX. Le Retournement des Feuilles fe fait plus promptement dans un tems chaud & fe- rein , que dans un tems froid & pluvieux. Des. Feuilles qui appartenoient a des Jets courbes en Ete , dans un tems pluvieux & oil le Thermo- metre ne fe trouvoit qu'aux environs du 12^ L 3 de- 86 RECHERCHES SUR L'USAGE degre au deflus de la Congelation , ont mis quatre jours a reprendre leur premiere dire6];ion ; pendant que de femblables FeuiJles , a la meme expofition , & qui tenoient a des Jets mis en ex- perience la femaine fuivante, mais dans un terns ferein , & dont la Temperature etoit de 20 a 2i degres , n'ont employe que deux jours a leur Re- tournement. XXXI. La promptitude avec laquelle les Feuil- les fe retournent a un Soleil ardent , eft tres remarquable. J'ai vu les Feuilles d'un Pie d'^- triplex que j'avois place contre un Abri le 14. Septembre , apres Favoir recourbe , reprendre leur pofition ordinaire , dans I'efpace de deux heures. Le Thermometre etoit dans I'ombre au 18°. de- gre. XXXII. Plus le iiombre des Retournemens augmente , & plus ils exigent de tems pour etre rendus complets : les Fibres perdent peu a peu leur fouplefle , & ne jouent plus avec ia meme facilite. La Table qui fu'it , ou j'ai defigne les tems des Inverfions de trois Jets de Vigne , fera mieux juger de ce que je viens de dire. T Aw DES FEUILLES. IL Mem. TABLE Des Inverfions de deux Sarmens de Vigne. S7 AoiV 22. 23- 24. t. h. Soil-. I. 1. Iiwerfion. Les Feiiilles avoient aciiev^ de fe retour- ner. 2. Invcrfion. 2. 1. Inverfion. Les Feuilles avoient achevi^ de fe rctour- ner. 2. Inverfion. 3. I. Inverfion. NB. Ce Jet avoit dd- ja fubi une inverfion; ainfi celle-ci n'ei^pro- prenient que la a*. 25. apres Midi 16 10. h. Matin. Le Retournemcnt i- toit complct. Le Retournement € toit complet. 3 2. Inverfion. 29 9. h. Matin. 3- Inverfion. 3. Inverfion. ; Septembre I. 10. h. 4. Inverfion. 4. Inverfion. 3. Inverfion. 4- 6. h. Mat. 8. h. Mit. Le Retournement %'€■ toit fait. Le Retournement s'tf- toit faic. Le Retournement s'4- toit fait. 5. Inverfion. 5. Inverfion. 4. Invcrfion. 10. Les Fem'iles ajiant a- Les Feuiiles aiant a- chev6 cic fe retourner chcv^ de fe retournci j'ai fait la j'lii fait la Comme i. & 2. 6. Inverfion. 6. Invcrfion. 5. Inverfion. 18. Le Retournement e toit encore incompifct. Roinpu par accident. Le Retournement i- toit parfait. [,e mauvais dtat des Feuilles ne m'a pas permis de poiilfer [Experience plus loin fur ce Jet , ainfi que fur le 3'. • On 88 RECHERCHES SUR L'USAGE On voit par cette Table que des Feuilles qui n'avoient mis qu'un jour a fe retourner apres h premiere & la feconde Inverfion , en ont mis 4 a le faire apres la 4'^. Inverfion , & 8 apres la 6^ La Temperature de I'Air etoit demeuree a peu •pr^s la meme pendant toute la duree de I'Expe- rience. XXXIII. Les Feuilles qui ont fubi plufieurs Jnverfions, paroifient s'amincir, leur Surface in- ferieure fe defleche & femble s'ecailler. Le 'Pedicule fbuffre une alteration analogue : il noir- cit & fe gerfe 9a & la , mais fur-tout aux endroits "on il efl le plus tourmente. L'Alxe'ration qui fijrvient aux Feuilles qui fe font retournees plufieurs fois , efl natu- relle : non feulement leurs Fibres etant fort tour- mentecs , doivent recevoir moins de fucs & par confequent fe referrer ; mais peutr etre encore , que celles de la Surface inferieure demandent d'etre a I'ombre , & a un certain degre d'humi- dite ; or , dans I'Experience dent il s'agit , on prefente cette Surface aux Rayons du Soleil. Ce que je viens de dire fur la caufe de I'al- teration des Feuilles dans le Retourneraentj n'efl pas une fimple conjedure , c'efl presque une confequence necellaire des Experiences que j'ai rapportees dans les Articles VI. & XVI. de cet Ouvrage. En efTet , la Surface inferieure des Feuilles etant principalemeqt deflinee a recevoir rhu- DES FEUILLES. IL Mem. 89 rhumidite , fes Fibres doivent avoir ete mifes a I'epreuve de I'Eau. La Surface fuperieure , au contraire etant principalement deflinee a mettre la Surface inferieure a couvert des impreffions du Soleil , les Fibres de cette Surface doivent avoir ete rendues capables de fbutenir les regards de cet Afire. J'ai cherche a juflifier ce raifbnnement par une Experience: j'ai ajufte les Feuilles de quel- ques Arbres, de maniere que leur Surface infe- rieure a ete expofee au Soleil pendant deux mois d'Ete. Lorsque j'ai enfuite examine ces Feuil- les 5 j'ai remarquejfur leur Surface inferieure, des endroits dont les Fibres avoient noirci & s'e- toient delTechees. XXXIV. Les Feuilles ne font pas les feu- les Parties de la Plante expofees a nos yeux , ou Ton obferve le mouvement fingulier dont nous parlons. La Tige & les Branches y participent aulTi plus ou moins , a proportion de leur fbu- plefle, De jeunes Tiges , inclinees vers la Ter- re , fe redreflent peu a peu , & regagnent la Perpendiculaire. Dans celles qui n'ont de libre que I'extremite , c'eft cette extremite qui fe re- drefle. M. DoDART efl encore le premier qui ait obferve ce Fait (*). Des Pins^ qu'un orage a- voit C*) Voyez le M^moire qui a pour TittcSurl'JfeSlatm de la Per' ^o RECHERCHES SUR L'USAGE voit abbatus fur Je penchant d'une Colline , attire- rent I'attention de cet habile Phyficien. 11 re- marqua avec flirprife que toutes les fbmmites des Branches s'etoient repliees fur elles memes pour regagner la Perpendiculaire,en forte queces fbm- mites forrnoient avec la partie inclinee, un Angle plus ou moins ouvert , fuivant que le Sol etoit plus ou moins oblique a THorizon. M. Do- DART cite a ce fujet Texemple de quelques Plantes qui croiflent dans les murs, telles que la Pari^taire , qui apres avoir poufle horizontale- ment , fe redreflent pour fuivre la direftion du mur. Mais il ne paroit pas qu'il ait fait des Ex- periences pour approfondir davantage la nature de ce mouvement des Tiges. II s'eft contente d'en faire quelques -unes fur le retournement du Germe dans les Graines fennees a contre-fens ( *) , & dont j'ai parle au commencement de ce Me- moire. (xxi.) Le huitieme O6lobre, j'ai incline perpendi- culairement en embas un Pie de Mercuriale , a- pres I'avoir depouille d'une partie de fes Feuil- ?L- VI. les *. Je I'ai retenu fixe de cette maniere par un ' I'. Fil * attache a-peu-pres vers le milieu de la lon- gueur de la Tige. Dans cette pofition , les Feuil- pendiculaire remarquahle dans totttes les Tiges , dans plujieurs Racines, 6? auUint qu'il ejlpnlfthle, dans toutes les Branches des Plantes, M^moires de I'Acad^mie Royale des Scitnces, Annde 1700. (*) Ibid, DES FEUILLES. IL Mem. 91 Feuilles "^pre/entoient leur Surface inferieure * au*{'{' Ciel. Le Thermometre de Mr. de Reau- mur etoit alors a 1 1 degres. Au bout de deux jours I'extremite fuperieu- re * de la Plante s'etoit redreflee; fa dire6lion *p^-vii. etoit a peu pres perpendiculaire a I'Horizon. Les Feuilles * avoient leur Surface fliperieure *tour-*{'{" nee vers le Ciel. On obfervoit que la principale inflexion de la Tige s'etoit faite dans un des- Noeuds *; & c'eft une obfervation que j'ai eu * «■ depuis bien des occafions de repeter. Le Guy fait une exception tres remarquable a la Loi qui veut que toute Plante inclinee fe redrefle. Cette finguliere Plante Para/tte con- serve indifFeremment toutes les pofitions (bus les- quelles le hazard I'a fait naitre. Je ne fiiis pas le premier qui en ait fait la remarque : Mr. du H a- MEL m'a prevenu la-delTus dans un Memoire fort curieux fur le Guy , qui fe trouve parmi ceux de l'Academie Royale des Sciences. XXXV. Dans les Plantes ifblees ^, & fur*PL.viii. les Tiges, ou flir les Branches perpendiculaires a I'Horizon, les Feuilles * fe difpofent, de ma- */./,/• niere que leur Surface inferieure * regarde la*»,j.i. Terre. Dans les Plantes "* voifines d'un Abri ', ^l^^/- fur les Tiges ou fur les Branches paralleles a ^. ' ' I'Horizon, les Feuilles * prefentent leur Surfa- */././• M 2 ce 92 RECHERCHES SUR L'USAGE *'ii,i- ce inferieure * a I'Abri ou a Tinterieur de Ja Plante. Excepted dans le premier cas , ]es Feuilles dont le Pedicule eft fi long & fi delie qu'il ne pent les fbutenir dans une fituation ho- jizontale. XXXVI. Le Soleil , par Con a6lion fur la Sur- face fuperieure des Feuilles, change fbuvent leur direftion, & les determine a fe tourner de fbn cote. Cela etoit connu des Phyficiens ; & ils ont nomme ce mouvement la Natation des Plan- tes. Cette Nutation eft beaucoup plus fenfible dans les Feuilles des Herbes , que dans celles des Arbres. j'ai obferve que celles de la gran- de(*)& de la petite Maulve , celles du Trefte & de l'^/ri/>/i?A:, fuivent en quelque forte le cours *PL.x. du Soleil: en forte que le matin ces Feuilles* ♦Fig. I. regardent le Levant *; vers le milieu du jour, *Fi£!. 2. le Midi* j le fbir, le Couchant ^ Pendant que le Soleil demeure fbus I'Ho- rizon , & en terns couvert ou pluvieux , les Feuilles des Plantes que je viens de nommer, fe difpoient horizontalement , & prefentent leur Sur- face inferieure a la Terre. Les Phenomenes du Tourne-fol n'ont done rien ( *) Cette erpfece eft connufi des Fleuriftes fous le nom de Pajfe' Ro/es. 'Fig. 3- DES FEUILLES. II Mim. 93 rien de particulier; & presque toutes les Plantes Herbacees deviendront fans doute des Tourne-foh pour I'Obfervateur qui les fuivra avec attention. Les Feuilles de la plupart des Plantes Ligneii- fes ont trop de roideur pour fe preter auffi facile- ment a toutes les impreffions du Soleil. j'ai vu ,cependant des Pies de Pervanche dont toutes les Feuilles regardoient le Levant , parce qu'elles a- voient derriere elles a une diftance d'environ une Toife , un Arbre qui Jeur cachoit le Couchant & le Midi. J'ai fait depuis plufieurs autres ob- fervations du menae genre. ]e n'en detaillerai qu'une feule. SuR un Jet * de Rofier horizontal, j'ai ob-* pl. xr. ferve deux diredions difFerentes des Feuilles , '^' ^' toutes deux tres dignes d'attention. Les Feuil- les * qui etoient placees fur la partie luperieure *r. ^ du Jet, fur celle qui regardoit le Ciel , etoient dirigees de fa^on que le Plan de leurs Folioles **/./,/. etoit vertical. Leur Surface fuperieure * regar-*^,^;^. doit le Soleil; & le Pedicule * commun de cha- • p^p, que Feuille etoit incline vers cet Af^re. Les Feuilles * qui avoient cru fur la partie laterale &* c,c,c. inferieure du Jet, s'etoient courbees en forme de Goutiere *, dont la concavite etoit tournee ' o>g, vers le Soleil. QuELQ^UEFOis toute la Plante s'incline vers le Soleil , & en fuit les mouvemens. C'efl ce que j'ai fbuvent obferve fur des Pies ^ Ama- M 3 ran- 94 RECHERCHES SUR L'USAGE rdnte a Feuilles pourpres, & fur des Pies de So- lei! qui n'avoient pas encore fleuri. J'ai obferve dans des Champs de Ble , que le plus grand nombre des Epis etoient inclines vers le Levanu, le Midi, ou le Couchant , & tres peu vers le Nord. J''ai obferve la meme chofe dans des Planches de Fleurs, & en particu* lier dans des Planches de Jacinthes. Les Plantes voifines d'un Abri , fuient cet Abri , & s'inclinent en avant plus ou moins , fe- lon qu'elles en font plus ou moins eloignees. EI- les femblent chercher le Soleil, & tocher d'expo- fer a fes regards toutes les parties de leur Corps. J'a I eu deflein de faire des Experiences pour m'infl-ruire de la diflance oii un Abri pent faire fentir fbn imprefTion a une Plante, & de me- furer I'Angle que cette Plante formeroit alors a- vec le Sol. Je voulois drefler une Echelle de tous les Angles , depuis la plus grande diflance de I'Abri jufqu'a la plus petite. XXXVII. Un autre effet tres remarquable de I'aftion du Soleil fur les Plantes, c'efl de rendre la Surface fuperieure de leurs Feuilles con- * PL. XI. cave *, en maniere d'Entonnoir ou de Goutie- ^cTd'c. re , dont la profondeur varie fuivant I'efpece , f ^; \ ou le degre de chaleur. Ordinairement les Feuil- les des Herbes s'applattiflent , lorfque le Soleil cefle d'agir fur elles ; mais celles des Arbres m'ont paru fe reflentir plus longtems de fbn adion. DES FEUILLES. // Mem. ^s a61ion. J 'en exxepterai cependant celles de V A- cacia, dont les mouvemerts , quoique tres connus des Botaniftes , doivent trouver place ici. Les Feuilles de r Acacia * font compofees de *PL.xn. 19 a 21 petites Feuilles ou Fo/ioks * oblongues, *.(//, rangees par paires iiir un Pedicule commun '^ * i\p,p. (ix.), Ce Pedicule ne porte a fbn extremite qu'une jfeule Foliole *, & dcla vient que le nom- * e,e, e. bre de ces petites Feuilles e(l ici impair. .Pendant Je jour, en tems frais & cou- vert ,1a direction des Folioles eft parfaitement ho- rizontale *; mais des que le Soleil vient a don-*Fi3i- ner direftement fur une partie de FArbre, tou- tes les Feuilles comprifes dans cette partie , fe ploient en forme de Goutiere ^jdont la profon- * Fig. 2. deur augmente a proportion de la chaleur. Lors- qu'elle eft tres forte , les Folioles de chaque cote fe rapprochent tellement les unes des autres, qu'elles parviennent a fe toucher. Celle qui eft placee a I'extremite * du Pedicule , s'e;leve alors * e. perpendiculaireraent, & ferme la Goutiere. A mefure que le Soleil fe retire, ou que la chaleur diminue, la Goutiere s'elargit, Jes Fo- lioles s'abbaiflent , & reprennent peu a peu leur premiere direftion. Elles ne la confervent pas neanmoins pen- dant la nuit: apres le coucher du Soleil, & fur- tout lorfque la Rofee eft abondante, on les voit ie renverfer, & fe fermer en fens contraire a ce- lui 96 RECHERCHES SUR L'USAGE lui dans lequel elles s'etoient fermees pendant le jour. Alors c'etoit la Surface fuperieure des Folioles qui compofbit Tinterieur de la Goutie- ♦Fig.2. re *; prefentement c'efl: la Surface inferieure * ♦Fig's. La meme gradation qu'on obferve dans Tef- ''*'" fet que produit la chaleur fur ces F'euilles , je I'ai aulTi obfervee dans celui qu'y produit la Ro- fee. J'ai remarque que celles qui font les plus bafles , fe ferment avant celles qui font plus ele- vees; &je Tavois deja conclu de la diredion du mouvement de la Rofee. En meme terns que les Feuilles de V Acacia revetent la forme d'une Goutiere, chaque Folio- le la revet auffi, mais d'une maniere moins fen- fible. „ Les Feuilles de I'^^^a^ tournent encore fur *Fig.2. elles memes 5 ou fur leur Pedicule propre *. Au ^'^'^" lieu de fe trouver placees les unes a cote des au- tres dans le meme Plan , celles d'un meme co- te fe trouvent quelquefois placees les unes au des- fus des autres , en difFerens Plans. Au refte en decrivant le Jeu des Feuilles de V Acacia , j'ai decrit celui de toutes les Feuilles de meme genre. XXX VIII. Nous avons vu que le Soleil donne une forme creufe k la Surface fuperieure des Feuilles, (xxxvii.): lorfque j'ai confide- re celles de difFerentes elpeces de Plantes , vers le milieu de I'Automne , apres des Rofees tres froi- DES FEUILLES. II. Mem, 97 froides , & tres abondantes , j'ai obferve que la plupart etoient creufees en fens contraire -, leur Surface inferieure etoit devenue tres concave. XXXIX. ]'ai tran/plante en motte dans des Vafes , des Pies de Maulve & de Tre.Jie ;> j'ai place ces Vafes fur la Fenetre de mon Cabinet. Au bout de quelques heures , j'ai vu toutes les Feuilles pre/enter leur Surface fuperieure a I'Air exterieur; I'inferieure etoit aJors parallele aux ver- res de la Fenetre. J'ai tourne Jes Vafes , & j'ai prefente la Surface inferieure a i'Air exterieur : bientot les Feuilles ont commence a fe retourner; & en moins de 24 heures elles ont acheve de reprendre leur premiere diredion. J'ai repete plufieurs fois cette Experience a- vec flicces ; & j'ai toujours obferve que le plus ou le moins de chaleur de I'Air rendoit le Re- tournement des Feuilles plus ou moins prompt. XL. J'ai coupe fur des Seps de Vigne & fur des Pies 4e grande Mmdve , des Jets d'environ i pie \ de longueur : j'en ai plonge Textremite in- ferieure dans des Vafes pleins d'Eau; & j'ai por- te les uns dans mon Cabinet, & les autres dans une efpece de Cellier qui ne recevoit de I'Air que par des Soupix'-aux aflez etroits. Les Feuilles mifes en Experience dans mon Cabinet , ont prefente leur Surface fuperieure \ la Fenetre. Celles de f^igne placees dans le Cel- lier 5 fe font un peu detournees vers un des Sou- N pi. 98 RECHERCHES SUR L'USAGE piraux. Mais celles de Maiilve n'ont fait aucun mouvement. LoRSQ^UE j'ai laifle la Fenetre ouverte , on que le Soleil a donne fur les Feuilles, le Retour- nement s'eft execute avec plus de promptitude ; mais il a toujours exige plus de tems que n'en exige celui des Feuilles qui tiennent a la Plante, J'ai fait une femblable Experience (ur les Feuilles de V Acacia. Celles que j'ai expofees au Soleil dans des Vafes pleins d'Eau , ont com- mence a fe fermer un quart d'heure apres, Cel- les que j'ai tenues a I'ombre , font demeurees ho- rizontales. J'ai tourne trois a quatre fois un meme Jet de yigne qui etoit plonge dans I'Eau: fes Feuil- les ont continue a fe retourner, mais tres len- "tement , & d'une maniere fort imparfaite. Les Plantes qui ont ete femees dans une Ca- ve 5 s'inclinent vers les Soupiraux. Celles qui naiflerit dans une Chambre , fe tournent du cote des Fenetres. De jeunes Haricots^ qui avoient ete femes dans une Serre , s'inclinoient pendant le jour vers la Porte , & fe relevoient a I'approche de la nuit. XLL.Les efFets oppofes que le Soleil & la Rofee produifent fur les Feuilles de diverfes Es- peces de Plantes , & en particulier fur celles de \^ Acacia^ (xxxvi, xx^vii, xxxviii j xxxix. ) peuvent etre pfoduits par Art; C'est DES FEUILLES. II M^m, 99 C'est une Experience que j'ai cru devoir tenter. Le but que je me fuis propofe en la fai- fant, n'efl: pas difficile a decouvrir. J'ai cherche par la a penetrer ia caufe du Retournement des Feuilles. Vers la fin du mois d'Aoiit, flir les 9 heures du fbir , j'ai prefente aux Feuilles d'un Acacia la lumiere d'une Bougie, de maniere que la pointe de la flamme en fut aufli pres qu'il etoit poflible fans les bruler. J'ai vu aufTitot les Folioles placees direcle- ment au defTus de la Bougie , fe mettre en nmou- vement , & fe rapprocher les unes des autres jus- qu'a fe toucher. J'a t obferve le meme Jeu dans toutes les Fo- lioles fbus lesquelles j'ai fait pafler la Bougie. Ce mouvement a ete tres prompt , fbit que j'aie prefente la lumiere a la Surface fuperieure des Feuilles , foit que je I'aie prefente a la Surface inferieure. Mais cette Experience a beaucoup altere les Feuilles fur lesquelles je I'ai tentee. Elles ont cefle de fe fermer au Soleil & a la Rofee. EJles n'ont fait que languir pendant plufieurs jours ; au bout desquels elles fe font deflechees. Les fortes raifbns que j'ai eu de fbup^onner que la fumee fulphureufe de la Bougie a eu beaucoup de part aux mouvemens dont je viens de parler, m'ont porte a me fervir , pour cette N 2 Ex- loo RECHERCHES SUR L'USAGE Experience, d'un fnftrument moins fufpeCt. J'ai done eu recoufs a un Fer ehaud , & je Fai tenu a une telle diftance des Feuilles, qu'il les a e- chauffe fans paroitre leur nuire. J'ai obferve dans ces Feuilles le Jeu ordinaire. Mais il a ete beaucoup moins prompt qu'a Id Ju- miere de la Bougie , quelquefois meme il a ete presque infenfible. Et les Feuilles n'ont pas laifTe de fouffrir : elies ont feche au bout de quel- ques femaines. J'ai tent^ ces deux Experiences fur les Feuil- les de la ^ipje , & fur celles de la grande Maul- ve , & de Vjitripkx. Plufieurs ont change de pofirion d'une maniere fenfible. La Bougie a excite dans celles de la J^igne , des efpeces de vi- brations ou de balancemens femblables a ceux du Balancier d'une Montre. Le Pedicule a ete le Pivot fur lequel ces balancemens ont ete execu- tes. Mais je ne fuis point parvenu k voir de Re- tournement proprement dit. Peut-etre que pour y reufTir , il auroit fallu donner k cette Expe- rience plus de tems que je ne lui en ai donne. Les Feuilles demandoient apparemment d'etre tenues a une chaleur moins forte , mais plus du- rable. Je reitererai cette Experience avec plus de fbin. XLII. Une autre maniere de faire cette Ex- perience 5 a laquelle j'ai eu recours , a ^te d'y employer la chaleur de differentes Etuves. J'AI DES FEUILLES. 11 M^m. loi J'ai mis dans une petite Etuve, des Plantes ^Atripkx que j'avois tranfplantees m motte dans de petits Va(es. La chaleur de cette Etuve a ete a ['ordinaire de 20 a 25 degres , & quel- quefois de 25 a 30. J'ai laiile la Porte de I'E- tuve ouverte d'environ 3 doigts , pour donner de I'Air , & prevenir par la le deiTechement des Plantes. Au bout d'un jour ou deux , les Feuilles qui regardoient le bas de I'Etuve, fe font relevees, & ont prefente leur Surface iuperieure , non ii I'endroit le plus chaud de ^ Etuve , mais a I'ou- verture de la Porte. ]'ai repete plufieurs fois cette Experience , avec un fucces a peu pres femblable. SuR le Soupirail d'un Four a Poidets verti- cal (I) , echauffe par la chaleur du fumier , j'ai couche horizontalement une Plante ^ Atriplex. BiENTox la Tige s'efl: mife en mouvement; mais ce n'a point ete pour s'approcher de I'inte- rieur du Four ; 9'a ete , au contraire , pour s'en eloigner. Elle s'eft eleve peu a peu fur le Soupirail, & elle s'efl enfuite inclinee vers le plein Air. Les Feuilles ont fuivi le mouvement de la Ti- (t) Art de faire ^-dorre & d'elever en toute fairon des Oifeaux do- ineftiques de toutes Efp^ces, foit par le moyen de ]a chaleur du fu- mier , foit par le moyen du feu ordinaire, Tome i. feconde Editioa 2. M^moire, Pl.vi. Fig. 8. N 3 I02 RECHERCIiES SUR L^USAGE Tige ; elles n'ont point ofFert leur Surface fupe- rieure a I'interieur du Four. Au refte j'ai prefere pour ces Experiences , VAtriplex ^ parcequej'ai obferve que ces Feuil- les ont une grande dispofition a fe retourner. XLIII. J'ai place fbus des Feuilies d'' Acacia , une grande Eponge imbibee d'Eau. Ces Feuil- ies venoient d'etre detachees de I'Arbre , & elles etoient plongees par leur extremite inferieure dans des Vafes pleins d'Eau , fur lesquels elles s'elevoient un peu obliquement. Leur Surface etoit a peu pres plane, les Folioles (xxxvi. ) n'inclinant d'aucun cote , & formant un Angle droit avec le Pedicule commun. Les plus balles etoient a i pouce de I'Eponge : les plus elevees en etoient diftantes de 5 a 6. A u bout d'environ deux jours , les Folioles le font inclinees vers I'Eponge. Celles d'un meme cote fe font couchees les unes fur les autres , en s'approchant du Pedicule commun. Elles ont forme avec lui un Angle aigu , tourne vers I'E- ponge. Cet Angle a ete d'autant plus aigu, que les Folioles qui Font compofe, ont ete plus bafles, ou plus pres de I'Eponge. On pourroit tenter cette Experience d'une autre maniere : elle confifleroit a faire recevoir aux Feuilies la Vapeur de I'Eau chaude. C E feroit meme une Experience curieufe , que de varier I'efpece de la Vapeur. hcs diffe- rens DES FEUILLES. IL Mm, 103 rens effets que les diiTerentes Vapeurs produiroient fur les Feuilles , pourroient nous decouvrir la ve- ritable caule de certaines alterations qui leur fur- viennent , & dont quelques-unes font connues ibus les noms de Brouiffure , de Fonine , &c. Je dirai a cette occafion , qu'aVant ellaye d'ar- rofer plufieurs fois a un Soleil tres ardent , un Sep de Vigm adofle centre un Mur expofe au Midi , je ne fuis point parvenu par la a caufer aucune alteration dans les Feuilles de ce Sep. La figure /pherique des gouttcs de la Rofee produi- roit-elle dans les Rayons de la lumiere des refrac- tions nuifibles aux Feuilles ? ces gouttes fe- roient-elles , comme on Pa fbup^onne , des ef^ peces de Verres brulans ? les T^ches noires , fbuvent tres rondes , qu'on obferve fur les Feuil- les apres de fortes Rofees , fembleroient I'infi- nuer. je voudrois qu'on tentat d'en produire de femblables flir les Feuilles , au moyen de ces pe- tits Microfcopes fpheriques , qui font entre les mains de tout le monde. Je ne iais cependantj fi les matieres falines & fijlphureules qui s'ele- vent avec la Rofee , ne font pas ici des Agents plus puillans. XLIV. Apre's avoir tente de produire par Art dans les Feuilles , des mouvemens fembla- bles a ceux que le Soleil & \i Rofee y font nai- tre , (xLi, XLii, XLiir. ) il convenoit de re- chercher les moyens d'empecher ces mouvemens , de I04 RECHERCHES SUR L'USAGE de les retarder , ou de les modifier. C'etoit une autre voie de parvenir a la connoiflance des cau- fes qui opercnt le Retournement des Feuilles. Dans cette vue j'ai fait plufieurs Experien- ces. Je me bornerai ici a en indiquer quelques- unes. J'ai pique avec une Epingle de moyenne grofTeur , des Feuilles d^x^cacia , & des Feuilles de p^igne. j'ai fort multipiie le nombre des pi- q^res dans les unes & dans les autres. Mais jc n'ai point obferve que cela ait apporte aucun changement dans le Jeu des Feuilles A^ Acacia. 11 n'en a pas ete abfblument de meme des Feuil- les de Vigne: il m'a paru que le Retournement en etoit un peu rallenti. Celles dont je n'avois pique que le Pedicule, fe font fannees en peu de terns. Elles ont cefle de recevoir la nourriture qui leur etoit neceflaire : les petites plaies faites au Pedicule avoient dechire les conduits feveux. j'ai vu des Feuilles Aq grande Maulve qui ne jouoient point an Soleil. (xxxvi. ) 11 ne leur re- floit que les principales Fibres , de petits Infedtes avoient devore la fubftance intermediaire ; ils a- voient fait a ces Feuilles un nombre presque in- fini de trous. J'ai coupe k des Feuilles de V^igne quelques- unes des principales Nervures. Elles n'ont pas laifle de fe retourner. J'a I fait au Pedicule de quelques autres , deux k DES FEUILLES. II Mm. 105 a trols fortes Ligatures : deux de ces Ligatures etoient aux extremites du Pcdicule , la troifieme etoit au milieu. Cela n'a point empeche que plufieurs de ces Feuilles ne fe fbient rctournees. Il en a ete a peu pres de meme lorsqu'au lieu de Ligatures, j'ai fiche transverfalement dans Je F^edicule deux a trois Epingles de moyenne grofleur. J'ai plonge des Feuilles ^''Acacia dans de PHuile de Noix : je les en ai retire presque iur le champ. Immediatement apres elles ont joue , mais plus foiblement qu'a I'ordinaire , & ce jeu n'a pas continue. Bientot les Folioles fe font detachees du Pedicule commun & font tombees a terre, quoique tres vertes (xii.). J'ai fait une Experience d'une autre maniere. J'ai huile , avec un Pinceau , tous les Feuillets de quelques Feuilles 6? Acacia. J'ai huile les uns dans leur Surface luperieure : les autres font ete dans la Surface oppofee. Ceux-ci ont paru raoins fenfibles aux impreflions de la Rofee. Ceux-la font ete moins a I'adion du Soleil. Des Feuilles de Vigne qui avoient ete endui- tes dans I'une & I'autre Surface , n'ont pas laifle de (e retourner. . XLV. Les Plantes terreflres n'etant pas ap- pellees a vivre dans I'Eau , il y avoit lieu de douter , fi leurs Feuilles fe retourneroient dans ce Fluide comme elles fe retournent dans I'Air. O Les io6 RECHERCHES SUR L'USAGE Les Experiences qui pouvoient decider cette que- flion 5 etoient faciles & meritoiem d'etre faites. Le 3. de Septembre fur les fept heures du matin , j'ai fair entrer dans un grand Vafe plein d'Eau , un Jet de Vigne portant deux jeunes Feuilles. Je I'ai difpofe de maniere que la Sur- face fuperieure des Feuilles regardoit le fond du Vafe , & qu'elles avoient au deflus d'elles deux a trois pouces d'Eau. A I heure apres midi , ces Feuilles avoient deja fait un mouvement tres fenfible. Le 1 her- mometre fe tenoit alors aux environs du 20. de- gre , & le Soleil donnoit dans le Vafe des le matin. L E Jour fuivarit , fur le fbir , les Feuilles a- voient acheve de fe retourner : leur Surface fu- perieure regardoit le Ciel. J'ai fait la meme Experience, & dans le me- me tems , fur des Feuilles ^Acacia , que j'ai plongees presque perpendiculairement dans des Cloches de Verre pleines d'Kau. Des que le Soleil a commence d'echaufFer ces Vafes , tou- tes les Feuilles fe font fermees comme elles au- roient fait dans I'Air. (xxxvii. ). Elles fe font ouvertes infenfiblement a mefijre que le SoleiJ s'efl abbaifTe vers I'Horizon. Elles Etoient parfai- tement etendues a I'approche de la nuit : fitua- tion qu'elles ont confervee jusqu'au lendemain matin. Mais le retoyr du Soleil fur I'lionTon n'a D E S F E U I L L E S. //, Mm. 107 n'a pas produit fur ces Feullles , des mouvemens auffi fenfibles que ceux qu'il y avoit produit la A^eille. Des le 3. Jour les FolioJes font: demeu- rees parfaitement immobiles. XLVI. J'ai dit que le Retournement des Feuilles s'execute fur le Pedicule (xxiir. ) : mais j'ai dit auiTi que ce Retournement s'opere fbuvent fins que le Pedicule y ait aucune part : j'ai fait encore obferver qu'il n'efl point eflentie! pour ce mouv-ement , que la partie de la Tige a laquelle tient le Pedicule , fbit detachee de la Plante , ou qu'elle faile corps avec elle (xL.). Ces Faits au- roient pu me faire fbup^onner que les Feuilles avoient la propriete de fe retourner , quoiqu'elles fuflent feparees de la Plante. Je n'avois cepen- dant point encore forme ce fbup^on,lorsque Mr. Calandrini m'apprit qu'il I'avoit ver.ifie par I'Experience fuivante. Au fond d'un Vafe plein d'Eau , Mr. Ca- landrini avoit fiche perpendiculairement un petit B&.ton , a I'extremite inferieure duquel te- noit une Feuille de Vigne , dont la Surface fu- perieure regardoit le fond du Vafe. Au bout de quelques heures , Mr. Calan- drini obferva que cette Feuille s'etoit elevee, & avoit prefent^ fa Surface fuperieure au grand jour. Mr. Calandrini aVant enfuite tourne le Vafe , & mis ainfi la Feuille dans une fituation O 2 op- loS RECHERCHES SUR L'USAGE oppofee a celle qu'elle avoit auparavant, remar-' qua qu'elle s'etoit contournee , pour offrir de nouveau fa Surface fuperieure au grand jour. Cette Experience etoit trop de mon gout pour que je ne fouhaitafle pas de la repeter, Les Procedes, auxquels j'ai eu recours,paroitront fiin- ples & commodes. *PL.xi(. J'ai fait faire a plufieurs Poudriers * un Cou- * ^'- ^- vercle "* de bois, dans le milieu duquel j'ai pratique * ^' un petit trou *: j'ai fait pafler dans ce trou , j'ex- *-^ tremite fijperieure d'un Fil d'^rc/W * ordinaire, dont Textremite inferieure etoit fichee au centre ' ^- d'un petit B^ton, * perce transverfalement , de *"'*'"• part en part, de plufieurs trous, * places fur dif- ferentes Lignes. La longueur de ce Baton e- toit, a peu pres , egale a la hauteur du Poudrier: fbn epaifleur etoit de 3 a 4 lignes. j'ai engage dans chaque trou, le Pedicule * d'une Feuille *, & j'ai eu fbin de la retenir dans une pofition ho- rizontale , au moyen d'un petit Coin. Tout e- tant ainfi difpofe , j'ai rempli d'Eau le Poudrier, & j'y ai plonge doucement le petit Bolton charge de toutes ces Feuilles: le Couvercle dans lequel je I'ai engage fortement , a I'aide d'un Coin * de bois 3 ne lui a pas permis de vaciller. On pourroit fe pafler de Fil d'Archal & fe contenter d'amincir le bout du petit Baton , pour le faire entrer dans le trou du Couvercle. Souvent au lieu de cette eipece de Tigcartificielle, j'ai fufpendu au Cou- ver- * p. XUI. DES FEUILLES. 11. Mem. 109 vercle, I'extremite d'une Tige naturella, portant deux OLi trois Feuilies. Quelquefois je n'y ai fufpendu qu'une feule Feuille , * & a la place du* ?l. Couvercle , j'ai mis un petit Traverfier perce"^' d'un ou de plufieurs trous , pour y inferer le Pe- dicule d'une ou de plufieurs Feuilies. Je ne dis point que j'ai eu attention que les Feuilies ne touchaflent pas les Parcis du Vafe. La neceffite de cette precaution le fait aflez fentir. Le 27. deSeptembre,j'ai garni le petit B^ton de jeunes Feuilies ^ Atriplex^ & de jeunes Feuil- ies de P^igne. La Surface fuperieure des unes & des autres regardoit le fond du Vafe , auquel . elle etoit a peu pres parallele. j'ai place le Pou- drier lur la Tablette interieure d'une Fenetre oa- verte , expofee au Couchant. Au bout d'environ vingt quatre heures , tou- tes ces Feuilies ont commence a le mouvoir : . elles fe font un peu elevees : leur Surface fupe- . rieure a cefle d'etre parallele au fond du Vafe. Le jour fuiv^ant , le Retournement a continue. Le terns etoit convert & pluvieux des la veille- le Thermometre fe tenant aux environs du 14. degre. Le 30 plufieurs des Feuilies di' Atripkx s'e- toient contournees , ou recoquillees. j^a Sur- face fuperieure formoit I'exterieur du Rouleau, Dans les unes, le Contournement s'etoit fait per- pendiculairement a la principale Nervure. Dans O 3 ^ Ie.s * IT,. XVA. * i'T I lo RECHERCHES SUR L'USAGE les autres , il s'etoit fait plus ou moins oblique- ment a cette Nervure. Les Feuilles de Vigne ne s'etoient pas contournees. Elles s'etoient ren- verfees fur leur Pedicule,en(orte que leur Surface iuperieure * etoit devenue parallele aux Parois du Vafe. Le 24. Juin , fur les 9 heures du matin , j'ai fufpendu dans des Poudriers * pleins d'Eau , 6 * ^- Feuilles * de petite Matilve. La Surface fupe- rieure de ces Feuilles etoit tres concave : eile * o. formoit une efpece d'Entonnoir * dont I'ouverture re^ardoit direftement le fond des Poudriers. Le lendemain apres midi , toutes les Feuil- les avoient commence a le retourner. Elles pre- fentoient deja leur Surface fuperieure aux Parois des Vales. Le 3. Jour, le Retournement etoit complet : les Feuilles s'etoient elevees perpendiculairement *J-'-p fur leur Pedicule , "* & ofFroient leur Surface fii- * -y' perieure * a la fuperficie de TEau. Cette Sur- * '■• face etoit devenue convexe * : les Feuilles s'e- toient contournees de deilus en deilbus. Ce Fait revient a celui dont j'ai parle dans I'Article ( XXXVIII. ). * PI" Une Feuille "^ de Haricot efl compofee de *//./• trois Folioles *. Deux de ces Folioles font ar- * '> ^- rangees par paire * fur le Pedicule commun *. * i'- Ce Pedicule fe prolonge * & porte a fbn extre- * 3- mite la 3. Foliole *. Apres avoir detache les deux DES FEUILLES. II Mem. in deux Folioles difpofees par paire, j'ai plonge per- pendiculairement en embas , dans un Vafe plein d'Eau, la 3. Foliole *. Dans cette fituation la*pu Surface fuperieure de cette Foliole etoit a peu ^^^'i. pres parallele au cote droit du Vafe. Celui-ci etoit pofe fur la Tablette exterieure de la Fene- tre de mon Cabinet. BiENxoT la Foliole s'efl difpofee parallelle- ment au fond du Vafe *; & continuant a fe mou- * ^'g-^* voir, clle a prefente fa Surface fuperieure au cote gauche du Vafe *. Elle a decrit ainfi fur fbn* Fig 3. Pedicule un demi Cercle. Le foir , cette Foliole s'efl abbaiflee d'environ 45 degres * : elle s'eft relevee le lendemain matin , * a. lorsque le Soleil a commence k darder fes Rayons fur le Vafe. Ce mouvement me paroit tout-a- fait analogue k celui dont j'ai fait mention dans le dernier Paragraphe de I'Article (xL. ). XLVJI. C E ne font pas ieulement les Feuilles entieres qui fe retournent , cjuoique detachees de la Plante ; la meme propriete fe manifefle en- core dans des portions de Feuilles coupees a vo- lonte. C'esx ce dont je me fuis convaincu par une Experience. Je ne la rapporterai pas , parce qu'elle fe r'approche beaucoup de la preccdenie. XLVIII.Reflec HISS ANT fur les deux Ex- periences que je viens d'expofer , & confiderant que la premiere avoit reufTi a un degre de chaleur tres foi- ble , 112 RECHERCHES SUR L'uSAGE ble J (xLVi. ) j'ai fbup9onrie que c'eft la lumie- re, plutot que la chaleur, qui opere leRetourne- ment des Feuilles. Mr. Tremble y m'avoit deja propofe cette conjefture, mais quelques Faits qui s'etoient ofFerts alors a mon eiprit, ne m'a- voient pas permis de ceder aux imprelTions que fait fur moi tout ce qui part de cet excellent Phyficien. Mr. Trembley lui-meme avoit abandonne fur le champ fa conje6lure , lorsque je lui avois fait part des raifbns qui m'erapechoient de I'adopter. Eilles n'etoient pourtant pas Jes plus fortes qu'il y eut a propofer , comme on le verra ci-apres. Un Surtout de fort papier bleu , qui intercep- toit abfblument la lumiere, aiant ete d'abord pofe fiir un des Poudriers , je n'ai vu aucun mouve- ment dans les Feuilles. Ce Poudrier etoit place a cote des precedens (xlvi.); & le petit Bkton qui y etoit renferme, etoit garni de Feuilles de meme efpece & de meme age. Nouveau degre de probabilite en faveur de la lumiere. J'ai penfe auiTitot a pratiquer dans le Surtout, de petites Fenetres, pour voir fi les Feuilles fe dirigeroient vers ces ouvertures. Mais je n'ai riea obferve de decifif. J E me fuis tourne d'un autre cote. J'ai ima- gine d'eclairer nuit & jour les Poudriers , avec PL. ^ une, Bougie '^ de 4 a la livre, placee a deux ou trois pouces de chacun d'eux. DeU3? XIII. B. DES FEUILLES. IL M^m. 113 Deux Jets ^Atriplex^ portant chacun 3 a • 4 Feuilles , ont ete mis ainfi en Experience le, II. Oclobre , a midi. La Chambre etoit par- faitement obfcure , & fa temperature difFeroit peu de celle du dehors. A I heure & demi , une des Feuilles avoit commence a fe retourner. Le 12 , k 7 heures du matin , cette Feuille s'etoit fort elevee , comma pour ofFrir fa Sur- face fuperieure * a la lumiere. Les autres Feuil- ^^f^-j^ Jes n'avoient pas fait de mouvement bien fen- fible. Le 13 5 a 7 heures du matin , la Feuille dont je viens de parler, avoit presque fait un demi tour fur fbn Pedicule. L'extre'mite' fuperieure de cette Feuille etoit un peu recoquillee en deilus. Ce merae jour, k midi , j'ai mis k la meme epreuve une jeune Feuille de Vigm , qui.tenoit k un Jet de 3 a 4 pouces. Le 15". a 6 heures du fbir, cette Feuille dont Ja Surface fuperieure regardoit auparavant le fond du Vafe , s'etoit elevee fur fbn Pedicule , & of- froit toute cette Surface a la lumiere. XLIX. J'avoue qu'apres ces deux Expe- riences 5 je n'ai presque pas doute que la lumiere ne fbit la caufe du Retournement des Feuilles ; & je ne fais fi mes Ledeurs n'auront pas ete por- tes a penfer comme moi , fur ce fujet. V IL 114 RECHERCHES SUR L'USAGE II m'etoit cependant refte dans I'efprit , quel- ques fcrupules. Un Pie ^ Atrip kx qui avoit ' et^ tranfplante en 7notU , avoit ete place d'abord a 5 ou 6 pouces de la Bougie , enfuite a 2 ou 3 , fans que fes Feuilles eullent fait aucun mou- vement , pour ofFrir leur Surface fuperieure a la lumiere. J'avois encore obferve , que- parmi les Feuilles qui s'etoient retournees dans des Vales eciaires par la Bougie , plufieurs I'avoient fait d'une maniere equivoque. Ces Feuilles fituees du cote oppofe a celui ou etoit la Bougie , s'e- toient elevees comme les autres , mais fans pa- roitre chercher la lumiere. En FIN , quoique le degre de chaleur com- munique a I'Eau des Vafes par la Bougie , fut peu confiderable , il n'etoit pourtant pas tel, qu'on n'en dut tenir aucun compte. Pour tocher de m'eclaircir (ur tout cela, & pour parvenir , s'il etoit poflible , a decider en- tre la lumiere & la chaleur , j'ai eu recours k I'Experience qui fuit. ■ J'a I choifi 6 Jets de Vigne , encore tres ten- dres , a chacun desquels tenoit une jeune Feuille. j'ai lufpendu ces Jets aux Couvercles de 3 Pou- driers , c'eft-a-dire , que j'ai mis 2 Jets dans c-haque Va-(e. L'extremite fuperieure de tous ces Jets etoit tournee en embas , & la Surface fuperieure des Feuilles regardoit le fond da Va- ' (e. DES FEUILLES. 11 Mem. 115 fe. (xLVi.) Un des Poudriers a etc place a 5 ou 6 pouces de la Bougie. Le fecond en a ete mis feulement a la diflance d' un pouce ; mais ce- lui-ci a ete recouvert d'un Surtout de fort papier bleu 5 qui interceptoit totalen:ient Ja lumiere , fans intercepter la chaleur. Le troifieme Poudrier a ete renferme dans une armoire ou regnoit une profonde obfcurite ; & afin d'interdire encore mieux tout exces a la lumiere , je I'ai recouvert comme le fecond , d'un Surtout de papier bleu. Six jours apres, aVant compare entreelles lesFeuil- les des differens Poudriers , j'ai ete fort furpris de voir que les unes & les autres s'etoient ele- vees k peu pres egalement. L'Eau du fecond Poudrier etoit un peu plus que tiede : celle des deux autres etoit froide. J E ne me fuis pas contente de faire ces Ex- periences fur les Feuilles de la Vigne , je les ai faites encore fur celles de la grands & de la petite Maidve *. Elles ont eu le meme fucces. j'^ixiv" feulement obferve, que les mouvemens des Feuil- les de la petite Matdve ont ete beaucoup plus grands & plus prompts que ceux des Feuilles de la Vigne. En moins de 24 heures , les Feuil- les * de la petite Matdve fe font repliees fur*PL,xv, leur Pedicule , & ont gagne presque perpendi- culairement la Surface de TEau , dont elles e- toient auparavant eloignees d'environ 3 pouces. La longueur , & la fbuplefle de leur Pedicule P 2 leur ii6 RECHERCHES SUR L'USAGE leur a permis d'exdcuter ces mouvemens. L. Force' par toutes ces Experiences h chercher una autre caufe du Retournement des Feuilles , j'ai penfe qu'elle pouvoit etre dans la communication de I'Air exterieur. j'ai done t^- che d'interrompre cette communication ; & voi- ci les procedes auxquels j'ai eu recours pour y parvenir. Le io. Juillet,- a lO heures du matin, 6 Feuil- les de petite Maulve ont ete fufpendues par leur xiv" Pedicule dans des Poudriers * pleins d'Eau jus- ques k 5 ou 6 lignes de leur ouverture. J'ai verfe fur la fliperficie de I'Eau de 3 de ces Pou- driers, autant d'Huile de Noix qu'il en a fallu pour achever de les remplir. J'ai place les 6 Vafes fur la Fenetre de mon Cabinet. A 2 heures toutes les Feuilles avoient deja fait un mouvement tres fenfible, Le lendemain *PL.xv. matin toutes avoient acheve de fe retourner * Apre^s avoir difpofe un Jet ^e petite MauU ve , de la maniere que j'ai decrite , (xLVi) j'ai * PL. place le Poudrier * au fond d'un grand Vafe * ^r^'" ''■plein d'Eau. J'ai plonge dans ce Vafe , une , Cloche * de Verre , au milieu de laquelle le Poudrier s'ell: trouve renferme. J'ai eu foin de ne point laiiler d'Air , ni dans la Cloche , ni dans le Poudrier. Trois jours apres aiant examine les Feuil- les 5 je les ai trouvees precifement dans le meme etat DES FEUILLES. II. Mem. 117 etat ou je les avois mifes : elles n'avoient fait aucun mouvement. J'ai reitere cette Experience : le flicces n'en a point varie. ]'a I laiiTe de I'Air fbus la Cloche : les Feuil- les ont fait quelques mouvemens; & j'en ai vu une qui a gagne la Surface de I'Eau. LI. J 'a I fait remarquer que le Guy conserve indifFeremment toutes les pofitions fbus lesquel- les il nait (xxxiv.). En examinant les Feuilles de cette Piante , j'en ai vu un tres grand nom- bre qui etoient contournees. Cela m'a fait pen- fer qu'il convenoit de m'afTurer fi les Feuilles du Guy etoient fufceptibles des mouvemens qui font .communs aux Feuilles de presque toutes les Plan- tes terreflres. Pour cet efTet , j'ai fufpendu dans des Pou- driers pleins d'Eau, de petites Branches de Gtiy^ enforte que la Surface fuperieure des Feuilles a regarde le fond des Vafes. J'ai laifie ces Feuil- les en Experience environ 3 femaines d'un terns chaud, pendant lesquelles elles n'ont pas fait le moindre mouvement. Dans les premiers jours, elles fe font couver- les de fort petites Bules ; mais ces Bules n'ont pas ete plus confiderables , ni plus abondantes fur la Surface inferieure , que fur la Surface op- pofee (xl). Les deux Surfaces font fi femblables dans les P 3 Feuil- lis RECHiiRCHES SUR L'USAGE FeuilJes du Guy ^ qu'on ne parvient a !es diflin- guer I'une de I'autre qu'en failint attention k Fin- (ertion des Feuilles dans ies Tiges. Cette grande reflemblance indique une conformite de fonftions dans Ies deux Surfaces. Aut^i Ies Feuilles du Gny ne fe retournent-elles point. Ce mocve- ment leur etoit inutile (xx, xxi.). L'excep- tion confirme ici la regie. LII. En traitant du Retournement des Feuil- les , j'ai eu plufieurs fois occafion de parler du Redrefiement des Tiges (xxxiv, XL, xlti. ). Ce mouveraent ne meritoit pas moins d'etre fuivi que celui qu'on obferve dans Ies Feuilles. Je vais rapporter quelqucs-unes des Experiences ■que j'ai tentees pour tucher d'en connoitre la ma, niere & la caufe. CoMME ce mouvement eft plus prompt & plus fenfible dans Ies Plantes lierbacees que dans Ies Plantes Ligneufes, je me fuis arr^te a la Mcr- cnriak , Herbe tres commune , & dont Ies Ti- ges longues & aflcz fbuples m'ont paru propres pour ce genre d'Experience. \r^\^'^' I^ ^'^^ Ij^i^i^ a chaque Tige "* que quelques */./• Feuilles * placees a fen extremite fiiperieure. J'ai coupe avec des Cizeaux Ies autrcs Feuilles , Ies Graines & Ies Rejettons. A p re's avoir vu un grand nombre de Ti- *.Jf-^ ^'^- ges inclinees perpendiculairement en embas *, fe replier fur elles -memes pour reprendre leur fitua- DES FEUILLES. 11. Mem. 119 fituation naturelle *, & avoir conflamraent ob-*PL-vii. ferve que les principales inflexions le font dans lesNoeuds *; une des premieres Experiences que * «» "• j'ai cru devoir tenter, a ete d'eflayer d'empccher le Redreflement , en fichant des Epingles dans tousles Noeuds * de la Partie incliriee. *rL. vi. G'est ce que j'ai pratique de deux man ieres «',"«,«,«. difFerentes. Tantot j'ai fiche trans verialement dans chaque Noeudj deux Epingles qui s'y croi- foient a angles droits : tantot je n'en ai fiche qn'une feulc , mais fUivant une direction k peu pres parallele k la longueur de la Tige. Les Epingles dontje me (uis fervi , etoient femblables a celle qui eft reprefentee dans la Figure feconde de la Planche deuxieme. Dans Pun & I'autre cas , le Redreflement n'a pas lailfe de s'operer ; mais la principale in- flexion s'eft faiteentre deux Noeuds, & le Coude produit par cette inflexion, a ete moins aigu qu'a i'ordinaire. C'eft ce que j'ai lur-tout remarque dans les Tiges ou les Epingles ont ete fichees longitudinalement. Les Fibres etoient torfes ou contournees a I'endroit de I'inflexion (xliv. ). Les Noeuds font des efpeces de points d'ap- puis fur lesquels la Tige execute fes mouvemens. Les Fibres font plus fpongieufes pres de ces Noeuds qu'elles ne le font ailleurs : elles y ont plus de facilite a ceder a la force qui tend a les flechir. J'ai fait une femblable remarque fur le Pe- 120 RECHERCIIES SUR L'USAGE Pedicule des Feuilles (xxv.). Cela eft encore tres fenfible dans les Plantes a Tuyau , comme \e, Froment ^ VOrge ^ VAvoine^ &c. Lorsqu'un orage les a fait verfer , on les voit bientot fe replier dans les Noeuds inferieurs , pour fe rap- procher de la Ligne perpendiculaire. Des Tiges qui avoient fbufFert a plufieurs re- prifes une gelee de 5 a 6 degres , aVant ete mi- fes en Experience dans une Chambre • dont la temperature etoit de 10 a 11 degres , elles s'y font redreflees , mais plus Jentement que de fem- blables Tiges qui n'avoient point etc expofees au meme froid. Pour m'inftruire des varieties que le plus ou le moins de chaleur peuvent produire dans Je mouvement des Tiges , j'ai fait I'Experience fui- vante. Le 30. d'06lobre , au matin , j'ai mis en Experience dans des lieux de temperature fort differente, plufieurs Tiges a peu pres egales & femblables. Les unes ont ete laiflees k I'Air ex- terieur, a un Air dans lequel le Thermometre fe tenoit pendant la nuit au terme de la Congela- tion , & pendant le jour a 4 ou 5 degres au defllis. D'autres ont ete placees dans une Cham- bre ou le Thermometre fe tenoit la nuit aux en- virons du 6 degre, & lejour aux environs du 12. D"'autres ont ete renfermees dans une petite Etuv^e, dont la chaleur etoit a I'ordinaire de 1 2 a.20 degres. Le DES FEUILLES. II Mm. 121 Le 31. au matin , les Tiges placees dans la Chambre, avoient fait un grand mouvement : tou- te la partie de chaque Tige comprife entre le Fil * & les Feuilles *, s'etoit courbee en demi * pl. Cercle. Les Tiges renfermees dans I'Etuve ';'^. 4- '. s'etoient aufTi repliees , mais feulement dans leur ' extremite *. Celles qui etoient demeurees a * f's- s- I'Air exterieur n'avoient fait aucun mouvement. Le I. de Novembre au matin, les Tiges de la Chambre ai'ant continue de fe mouvoir, leur extremite fuperieure avoit repris , ou a peu pres, fa direftion naturelle * Les Tiges de I'Etuve * Fig. c. etoient dans le meme etat que* le jour precedent. Celles qui etoient a I'Air exterieur avoient com- mence a /e redreffer : on appercevoit une legere inflexion dans les Noeuds les plus voifins des Feuilles *. * Fig. 7. Je ne dois pas negliger de remarquer que les Tiges renfermees dans i'Etuve, n'ont point paru chercher I'endroit le plus chaud (xlii.). Mais une de celles qui etoient en Experience dans la Chambre , apres avoir repris fi diredion naturel- le, s'eft inclinee du cote des Fenetres: la partie qui s'etoit redre/Iee a cefTe d'etre dans le meme Plan que le refle de la Tige. Dans le meme tems, j'ai fait conftruire de petites Caifles quarrees *, d'un bois aflez min-'.iT" ce , h. chacune desquelles j'ai donne un Couver- Fig. i. 2. cle *" de meme matiere. J'ai abbatu aux unes un*V, V. Q des 122 RECHERCHES SUR L'USAGE •Fig.i.r. des cotes , que j'ai remplace par un Verre '. J'ai pratique fur un des cotes des autres , une Fe~ *Fig.2. F. netre * d'environ 2 pouces en quarre. Au centre de chaque Caiile j'ai place I'extremite fuperieure d'une Tige tournee en embas. J'ai pofe les Cais- fes fur un Fourneau de Terre cuite qu'on chauf- foit tous les jours ; & je les ai placees de ma- niere que leurs ouvertures ne repondoient pas aux Fenetres de la Chambre. J'^ai ete fort at- tentif k obferver de quel cote les Tiges dirige- roient leurs mouvemens, mais ils ont et^ ii va- ries qu'ils ne m'ont rien offert de decifif. Les Feuilles executent leurs mouvemens dans I'Eau, comme dans 1' Air (xLv, xlvi. & fuiv.): il n'y avoit pas lieu de douter qu'il n'en fut de meme des Tiges, Mais c'etoit a FExperience a nous en convaincre. Je n'ai pas manque de la confulter; & j'ai eu plufieurs fois le plaifir de fuivre les progres duRedreflement des Tiges plon- gees dans I'Eau. Voici une de ces Experiences. Le 13. d'Odobre , a 10 heures du matin, le terns etant cou^'ert & le Thermometre a 10 degres , j'ai fufpendu a ma maniere ordinaire dans un Poudrier plein d'Eau , (xlvi.) expofe au grand Air , une Tige d'environ 3 pouces de longueur. Elle etoit dans une fiiuation renver- fee , (on extremity fuperieure regardoit le fond xJffi. ^-u Vafe *, au centre duquel le Corps de la Tige Fig. I. ji. {^ trouvoit place. D E S F E U I L L E S. II. Mem. 123 A 4 heures , la Tige avoit abandonne le mi- lieu du Vafe , pour s'approcher des Parois ; de perpendiculaire elle etoit devenue oblique ^^ , & * |'s- »■ Ton obfervoit a Pextremite une petite inflexion *. * «■ Le lendemain matin fur les 10 heures , la Tige etoit courbee en Arc de Cercle * * c^**' SuR les 2 heures I'Arc de Cercle s'etoit chan- ge en un Crochet , dont la plus courte Branche formee par la partie repliee *, etoit parallele a*Fig. t. la Branche formee par le gros bout de la Tige. A' 7 heures , le Crochet etoit devenu un An- neau * , la Tige aVant continue a fe replier , les * J's- s- Fcuilles s'etoient r'approchees du gros bout au point qu''elles n'en etoient difl:antes que d'environ une ligne. Des mouvemens que des Tiges plongees dans TEau n'ont executes qu'au bout de 30 heures , dans le milieu d'Odobre , a une tem- perature de 10 degres , je les ai vus executer a de femblables 1 iges en moins de 6 heures , le 24. Aout , a une chaleur de 24 degres (xxx. ). J'ai obferve a peu pres la meme difference entre les mouvemens de fort jeunes Tiges , & ceux de Tiges avancees en &ge (xxvr.). Ai'ANT remarque que quelques Tiges plon- gees dans I'Eau , avoient dirige leurs mouve- mens du cote d'ou venoit la chaleur , j'ai penfe que la contraftion que la chaleur excitoit dans la partie de la Tige qui etoit le plus expofee a (on Q 2 ac- 124 RECHERCHES SUR L'USAGE adion , etoit la principale caufe du mouvement dont je parle : j'ai done imagine que fi je tour- nois d'heure en heure les Vafes dans lesquels des Tiges auroient ete mifes en Experience , que fi je prefentois ainfi fucceiTivement tous les points de la Tige a Ja chaleur , j'empeclnerois le mouvement , ou que du moins je le retarde- rois beaucoup. C'eft ce que j'ai execute dans FAir & dans I'Eau ; mais il ne m'a pas paru que cela ait produit le moindre changement dans le Teu des Tiges. On repondroit mieux au but de cette Experience en faifant tourner les Vafes d'un mouvement uniforme & non inrerrompu, & en les pla^ant dans un lieu oil ils fuflent expofes d'un cote a I'aftion du Soleil, & de I'autre a Timpref^ fion d'un Air frais. Une douzaine d'EpIngles fichees tranfverfa- lement en differens fens , dans des Tiges de 3 a 4 pouces de longueur , plongees fbus I'Eau , perpendiculairement en embas, ne les ont point empeches de reprendre leur direftion naturelle. Mais lorsque j'ai augmente le nombre des Epin- gles, les Tiges n'ont joue qu'imparfaitement; & elles n'ont point joue du tout lorsque ce nom- bre a ete porte jusqu'a 30. Une Tige qui avoit pris dans I'Eau la forme * ^J'j de Crochet "* , y aVant ete replongee par la plus lig. 2. D. courte Branche y I'extremite fuperieure en em- xix^- bas 3 elle s'efl repliee en forme d'S * , I'extre- t'g' I- mite DES FEUILLES. IL Mm. 125 mite /uperieure * s'eft elevee perpendiculairement* ■^• k la fuperficie de TEau ^ Aiant change de nou-* 5. veau la dire6lion dc cette Tige , en la renveriant , la forme d'S a difparu , & celle d'un Arc de Cer- cle "^ lui a fuccede. J,J[|- Au fond d'un Refervoir (*) plein d'une Eaui''^. i- c: qui fe renouvelloit a chaque inftant , & renfer- me dans une efpece de Grotte artificielle de 4 pies en quarre, j'ai plonge le 26. de Septembre 4 Poudriers , dans chacun desquels etoit fufpen- duc une Tige de 3 a 4 pouces de longueur , dont Textremite fuperieure regardoit le fond du Vafe. J'ai mis en Experience fur les bords du Refervoir, meme nombre de Tiges. J'ai place a cote un Thermometre, J'ai plonge dans I'Eau du Refervoir la Boule d'un autre Thermometre, & je I'y ai tenue fixee. J'ai ferme exaftement la pcrte de la Grotte , ou a regne une profonde obfcurite. Cette Grotte etoit fort humide : on y voyoit de tous cotes des Plantes & des Infec- tes qui ne fe plaifent que dans des lieux humides & obfcurs. A u bout de 3 jours j'ai ouvert la porte de la Grotte : trois des Tiges qui etoient plongees dans le Refervoir, s'ctoient repliees & ofFroient leur extremite fuperieure a I'ouverture des Vafes. On C*) Ce Refervoir n'avoic qu'environ 7 pouces de profoudcur, fur lo en quarrd. Q3 . 126 RECHERCHES SUR L'USAGE On obfervoit la meme chofe dans celles qui e- toient placees fur les bords du Refervoir. Les deux Thermometres etoient precifement au me- me degre , a 12 au defTus de la Congelation. La chaleur de I'Air du dehors etoit de 15 k 16 degres. S I j'eufle ete a portee d'un Pults , ou d'un Fleuve fort profonds , je n'aurois pas manque d'y repeter cette Experience. Les deux Experiences que j'ai rapportees fur les Feuilies dans I'Article (l. )' meritoient d'e- tre tentees fur les Tiges. Je I'ai fait au mois de Septembre. La premiere de ces Experiences a eu fur les Tiges le meme fucces que fur les Feuilies. Les Tiges auxquelles j'ai interdit tou- te communication avec I'Air exterieur , en ver- fant fur la fuperficie de I'Eau dans laquelle elles etoient plongees, 7 a 8 lignes d'Huile de Noix , ont repris comme les autres , leur diredion na- turelle. Leurs mouvemens n'ont ete ni moins prompts , ni moins complets que ceux des Ti- ges aupres desquelles I'Air exterieur avoit un li- bre acces. Il n'en a pas ete de meme de la feconde Ex- perience: elle n'a pas reulTi fur les Tiges comme fur les Feuilies. Des Tiges renfermees fbus des ♦^PL. Clocles *, plongees dans un grand Vafe * plein Fiij. 3. c d'Eau, fe font repliees , mais 2 ou 3 jours plus tard que les autres. Ce mouvement a ete fort ac- * F. DES FEUILLES. 7/ 3//W. 127 accdiere , & s'eft execute dans I'elpace de 9 a 10 heures , fbus des Cloches expofees au Soleil. LoRS(^UE j''ai fait cette Experience fiir les Feuilles de la petite Mauhe^ le tems etoit froid. Je ne doute presque pas que fi je la repetois dans un tems chaud , ou que 11 j'expofbis les Cloches k un Soleil ardent , les Feuilles ne fe retournaf^ {ent comme a I'ordinaire. C'efl ce que je me propofe de faire. Les Tiges font naturellement perpendiculai- res a I'Horizon. L'extremite fuperieure , celle qui a le moins de diametre, fe dirige vers le Ciel. Le degre de fbuplede dont elle eft douee, lui per- met de (e preter k tous les mouvemens qui ten- dent a lui faire reprendre cette dire6lion lors- qu'elle I'a perdue. L'extremite inferieure feroit- elle capable de ces mouvemens? Rien ne porta k le fbup^onner. J'ai voulu cependant m'en €- claircir par une Experience. Le 16. d'06lobre , j'ai introduit dans une Phiole * pleine d'Eau , l'extremite fuperieure ^ * p^- d'une Tige d'environ 5 pouces de longueur; &^'' 4 a ramenant l'extremite inferieure perpendiculaire- ment en embas , & parallelement a la I'hiole , j'ai retenu la Tige dans cette fituation par un Fil * dont une des extremites etoit attachee a fa par- */ tie fuperieure , & I'autre au Col de la Phiole. Cette Tige n'avoit que deux Noeuds *qui la * "' f*- partageoient en 3 parties ; l'extremite fuperieure *, * ^ la I2S RECHERCHES SUR L'USAGE ^^ la partie moyenne*, & rextremite inferieure '"', les deux premieres parties etoient a peu pres egales en longueur; la troifieme etoic la plus courte. Ci N Q^jours apres, la 1 ige avoic fait des mou- vemens tres remarquables. Elle avoir abandonne la Phiole : au lieu de lui etre parallcle, elle lui etoit * Fis- 5- devenue presque perpendiculaire *. Elle s'etoit elevee a peu pres horizontalement. L'extrer * ^- mite inferieure * fe diiigeoit obliquement vers le Ciel ; elle formoit avec la partie moyenne uq * "^ Angle obtus *. L'extremite fuperieure * eroit * <^- arcquee; la concavite de I'Arc * regardoit la Ter- re, & cette extremite formoit aufll un Angle ob- lg_ tus * avec la partie moyenne * Celle-ci etoit parfaitement horizontale. J'ai fait cette Experience en plein Air , & k une temperature de 12 a 13 degres. Je I'ai re- petee plufieurs fois; ce qui m'a donne lieu d'ob- ferver quelques varietes, que je ne rapporte pas, parce qu'elles font peu confiderables. En meme terns que j'ai tente cette Experien- ce dans I'Air, je I'ai tentee dans I'Eau. Par le * Fig.(5.Ctj-ou pratique au centre du Couvercle * d'un Fou- drier plein d'Eau , j'ai introduit rextremite in- ferieure d'une Tige de 3 pouces & demi de lon- gueur, j'ai ajufte cette Tige de maniere qu'elle s'eft trouvee placee precifement dans le milieu * '• '' ou I'Axe du Vafe. Deux Epingles * qui tenoient les Feuilles appliquees au Couvercle , tendoient a DES FEUILLES. //. Mim. 129 a conferver a la Tige fa direftion naturelle. Cetxe Tige etoit partagee comme la pre- cedente, en trois parties par deux Noeuds *. La * "• •• partie fuperieure * etoit la plus courte : la partie * '^• moyenne * & I'inferieure * etoient a peu pres * ^• egales en longueur. Le fecond jour, la diredion de la Tige avoit totalement change. Elle ne fe trouvoit plus dans I'Axe du Vafe. La partie moyenne & I'infe- rieure b'etoient rapprochees des Parois ; & ce mouvement avoit produit dans les Noeuds deux inflexions tres marquees * * «> a- Le troifieme jour, la partie inferieure * s'etoit *^'g-7-c- difpofee parallellement a I'Horizon. L'Angle ob- tus qu'elle formoit le jour precedent avec la par- tie moyenne, avoit diminue de grandeur * , ainfi * «• que celui que formoit la partie moyenne avec la fuperieure *. * «• Le quatrieme jour, la partie inferieure fe di- rigeoit obliquement vers la fuperficie de I'Eau *,*>5- qu'elle touchoit de fbn extremite *. L'Angle que cette partie formoit alors avec la partie moyenne , etoit a peu pres droit. ]e n'ai pas appercu de nouveaux mouvemens dans cette Tige ; mais j'en ai obferve de fem- blables dans d'autres Tiges mifes en Experiences de la meme maniere. C'est une regie a laquelle je n'ai point en- core vu d'exceptions , que le RedrefTement des R Ti- h. jijo RECHERCHES SUR L'^USAGE Tiges fe fait de fa^on que la partie qui fe re- *PL.vii. (Jfelfe * devient exterieure a celle qui demeure * j*. inclinee *. La Tige revet alors la forme d'un SypKon h trois Branches. QuELQ^UEFOis neanmoins j'ai vu le replie-^ ment s'operer fur un des cotes de la Tige : ^a a ete le cas de quelques-unes des Tiges qui ont * I'l" ete renferm^es dans les petites CailTes * dont i'ai XVII. , ^ J lig !• 2. parle. LIII. Telle eft I'hiftoire de mes Experien-^ ces fur le RetGurnement des Feuilles , & fur le Redreflement des Tiges. II s'agiroit maintenant d'affigner la caufe de ces mouvemens. Je n'ai la-deflus que des conjedures k ofFrir , mais qui ne font pas deftituees de vraifemblance. Des re- cherches plus varices & plus approfondies que celles que je viens d'expofer , decideront du me- rite de ces conjedures. Mr. DoDART (*) a donne une idee tres ingenieufe flir le Retournement du Germe, dans les Graines femees a contre-fens (xx. ). Elle- confifte a fuppofer que la Radicuk fe contrade a I'humiditd , & la petite Tige , ou Plmntik, k- la fecherefle. SuivANT cette idee, lorsqu'une Graine eft femee h. centre -fens, la Radicule qui fe trouve alors tournee vers le Ciel , fe contrade du co- te (*} Hiftoire de rAcad^mie Royale des Sciences y Ann^e i^cx). DES FEUILLES. 11. Mem. 131 te d'ou vjent rhumidite , & s'inciine ainfi vers la Terre. La Plumule, au contraire, fituee ver- ticalement en embas , fe courbe du cote ou il y a le moins d'humidite, & fe rapproche ainfi de la Surface de la Terre. Cette difference entre la Radicule & la petite Tige , depend fans doute de celle de ieur organization. On obferve que les Fibres Ltigneiijes^ les Utrimks font difpofees dans la Ra- cine d'une maniere precifement contraire a celle dont elles font difpofees dans la Tige. Ici , les Fi- bres Ligneufes occupent I'Exterieur, & les Utri- cules rinterieur. La , les Utricules occupent TExterieur , & les Fibres Ligneufes I'Jnterieur. Ces deux ordres de Vaifleaux fe croifent au Co- let de la Plante. -d Rapprochons-nous de notre fujet. Le Soleil rend concave la Surface fuperieure des Feuilles (xxxvii.). La Surface inferieure le devient a Thumidite (xxxviii. ). Ce Fait nous indique, qu'il eff entre les deux Surfaces des Feuilles, une difference analogue a celle qui efl entre la Radicule & la Plmnule. Nous pouvons done fuppofer , avec fonde- ment, que la Surface fuperieure des Feuilles eft formee de Fibres qui fe contradent a la chaleur, & que la Surface inferieure eft compofee de Fi- bres qui fe contradent a I'humidrte. .'] j) n J' A I conftruit fur ces principes , des Feuilles R 2 arti- 132 RECHERCHES SUR L'USAGE artificielles , dont la Surface luperieure etoit de Parchemin, & dont la Surface inferieure etoit de Toile : j'ai ajude ces Feuilles fur des Tiges arti- ficielles , & j'ai obferve les divers changemens que la chaleur & i'humidite y ont produits. lis ont ete a peu pres les memes que ceux qu'on obferve dans les Feuilles naturelles. LoRSQ_UE les deux Surfaces font egalement contradees , 11 fe fait entre elles une efpece d'd- quilibre , & dont la Feuille demeure plane. Tel eft en particulier le cas des Feuilles de ? Acacia fur la fin d'un jour d'Ete (xxxvii.). L'Humidite' qui s'eleve de la Terre (ii.) determine la Surface inferieure des Feuilles k fe tourner de ce cote la. Telle eft la caufe de la direction naturelle des Feuilles (xx.). QuAND une Feuille n'eft pas egalement con- tractee dans tous fes points , ou ce qui revient au meme, lorsque la chaleur qui Penvironne n'efl pas par-tout egale , la diredion de la Feuille chan- ge : les parties les plus contradees fe tournent du cote oil la chaleur eft ordinairement la plus forte , & font prendre ainfi , peu -a -peu , au refte de la Feuille la meme diredion. Les changemens de dire6lion des Feuilles font d'autant plus fenfibles , ou d'autanc plus prompts , que leurs Fibres ont plus de difpofition a fe prefer aux impreiTions de la chaleur & de I'humidite. Tel efi le cas des Feuilles qui fui- DES FEUILLES. II Mm. 133 vent les mouvemens du Soleil (xxxvi. ). Tel eft encore celui des Feuilles qui fans fuivre les mouvemens de cet Aftre , fe tournent du cote ou il paroit le plus longtems. (lb.). La pofition ou le Soleil laille a fbn coucher les Feuilles de plufieurs Efpeces d'' Herbacees ^ n'eft pas toujours celle ou il les retrouve a fbn lever. Pendant la nuit , I'humidite qui s'eleve de la Ter- re J produit fur la Surface inferieure de ces Feuil- les , un ef?et femblable a celui que le Soleil a- voit produit pendant le jour fur la Surface fu- perieure. Ces Feuilles reprennent la diredion qui leur eft la plus naturelle : elies redeviennent horizontales ; leur Surface inferieure regarde la Terre, leur Surface fuperieure le Ciel (xxxvi.). Le Retournement des Feuilles fur les Tiges, ou fur les Branches qu'on retient inclinees (xxii), eft un mouvement du meme genre que les pre- cedens , mais beaucoup plus fenfible. Les Fi- bres de la Surface fijperieure contra6lees par la chaleur qui fe fait fentir au dellus d'elles , deter- minent la Feuille a fe tourner , peu-a-peu, du cote ou la chaleur agit avec le plus de force. La Surface inferieure fe prete avec d'autant plus de facilite , a ce mouvement , que fes Fibres font alors dans un etat de rel^chement , ou de dilata- tion, occafionne par la chaleur que leur nouvelle pofition leur a fait fouffrir. L'humidite qui agit enfuite pendant la nuit fur la Surface inferieure , R 3 con- 1 34 RECHERCHES SUR L'USAGE concoLirt k faire reprendre a la Feuille fa premiere direftion. 11 paroit cependant que I'humidite efl ici moins efficace que la chaleur (xxx. ). Le Rctournement des Feuilles s'execute fur leur Pedicule (xxii.). C'efl: une efpece de Pi- vot , fur Icquel la Feuille tourne. Comme il eft le centre oii les principales Fibres vont rayon- ner , elles ne fauroient fbufFrir aucune contrac- tion, que le Pedicule n'y participe plus ou moins. Jl y participera d'autant plus qu'il fera , k la fois, plus long & plus fbuple. II y participera d'autant moins qu'il fera, a la fois, plus court & plus roide. Dans ce dernier cas , le Retournement fe fera fur les parties de la Feuille qui refifteront le moins a la force qui tendra a les contrafter. L'extremite fliperieure de la Feuille fe contour- nera, ou fe rccoquillera plus ou moins (xxiii, l.). Les Feuilles fe retournent dans I'Eau , com- me dans I'Air , (xLV.): la chaleur peut exercer ion aftion fur des Feuilles plongees fous I'Eau , comme elle I'exerce fur celles qui font dans I'Air. Mais fon effet fera d'autant plus prompt & plus fenfible , que la mafle d'Eau dans laquelle les Feuilles fe trouveront plongees, fera plus petite, ou plus facile a penetrer. De-lu vient que les Feuilles mifes en Experience fbus des Cloches de Verre plongees dans de grands Vafes pleins d'Eau (l. ), n'y jouent pas comme celles que I'on ren- ferme fimplement dans des Poudriers. Le DES FEUILLES. IL iWm. 13^ , Le Retournement des FeuiIIe« fcfparees de la Plante , (xl, xlvi.) n'a rien que de fort natu- re!. L'organization d'une Feuille ne change point par cette feparation. La chaleur & I'hu- midite doivent done cont inner de produire fur eette Feuille les memes effets qu'elles y produi- ibient pendant qu'elle tenoit k la Plante. J'e n dis de meme du Retournement des Por- tions d'une Feuille, feparees de leur Tout (xL, XLVI.). Ces Portions ont efientiellemcnt en pe- tit la meme flrudlure que la Feuille a plus en grand. J'a I parle de la dire6lion que les Feuilfes af- feiSent quelquefois^ fur des Jets difFeremment fi- tues relativement a l'Hori2on (xxiii.) *. La * p^- "i- caufe de cette diverfit^ de diredion n'efl pas difficile a decouvrir. Lorsque le Jet efl hori- zontal * , toutes les parties de la Feuille fe trou-*PL. v. vent a peu pres egalement contraftees, Leur Pedicule doit done etre alors perpendiculaire au Jet. Celui-ci vient-il a s'incliner en embas *^*pliv-, le c6i6 du Pedicule qui regarde Torigine du Jet, fe trouve alors plus expofe a la chaleur que le eote oppofe : I'equilibre qui etoit entre toutes les parties de la Feuille, efl detruit. La Feuille doit done s'incliner vers Torigine du Jet. L'incli- naifbn des Feuilles en fens contraire , derive de la meme fburce. Ces varietes peuvent etre modifiees de mille ma- 136 RECHERCHES SUR L'USAGE manieres par diiFerentes circonftances. J'ai vu , par exemple , des Jets de Vigne- horizontaux , dont routes les Feuilles etoient inclinees vers Forigine du Jet , parce que le Soleil dardoit fes Rayons avec force de ce cote la. Le Retournement des Feuilles s'opere plus promptement dans un terns chaud & fee , que dans un terns froid & pluvieux (xxx. ). La chaleur excite de plus grandes contraftions que I'humidite, & procure une tranfpiration qui don- ne plus de jeu aux Parties. 11 eft vrai qu'on voit des Feuilles fe retourner dans I'Eau a un Air aflez froid (l.), mais ces Feuilles appartiennent a des Herbacees extremement fenfibles : les Feuilles de la petite Mauhe font de ce genre. Quels font ces Vaifleaux qui fe contraftent a la fecherefle ? quelles font ces Fibres qui fe contradent a I'humidite ? Donnons quelques mo- mens a cette recherche. On fait que les Plantes ont de trois genres de Vaifleaux. Les Trachees , les Fibres Ligneujes & les Ulricuks. Une Lame argentee , elaftique , & tournee en Spirale , a la maniere d'un Reflbrt a Boiidin , forme les Trachees , ou les Poumons de la Plante. Ces Spirales fe decouvrent a Tocil , lorsqu'on dechire doucement une Feuille de f^igne , ou de Kofier. On les voit s'alonger lorsque I'on ecarte Tune de I'autre les portions de la Feuille : on les voit DES FEUILLES. II Mem. 137 voit fe racourcir , & reprendre Ja forme de Spi- rale , des qu'on rapproche ces portions. Les Fibres Ligneiijes font des Vaifleaux de- flines principalement a conduire le Sue nourricier dans toutes les parties de la Plante. Les Fibres JLigneu/es & les Trachees marchent ordinairement de compagnie , & parallelement a la longueur de la Plante. Les Faiileaux qu'elles forment , font fouvent couches les uns a cote des autres ; mais ils fe croifent ou s'ecartent de terns en terns , & les intervales qu'ils lai/Ient entre eux , font rem- plis par des efpeces de Veficules , ou des Sacs de forme ovale , places horizontalement , & dont Ja principale fondion paroit etre de preparer ie Sue nourricier. On les nomme les Utricules. n La nature , la forme & le jeu des Trachees , indiquent aflez qu'elles font tres fufceptibles de contraftion a la fecherefle. Ce font des Ban- delettes de Parchemin beaucoup plus fenfibles k la chaleur que celles que 1' Art humain fait pre- parer. Les Fibres Ligneufes paroiflent tenir de Ja nature des Cordes de Chanvre. On pourroit comparer les Utricules a des Eponges. On re- marque que les Trachees & les Fibres Ligneu- fes font to uj ours placees les unes a cote des au- tres , ou les unes autour des autres (*). Ce font deux puiflances qui fe balancent en quelque fbr- ■ (*^ Malpighy, Anatomia Plantarum, Tab. iii. Fig. 15. 16. s 138 RECHERCHES SUR L'USAGE {brte; mais les Trachees conftituent la principale; tout concourt a TetabJir. Elles ne font pas feu- lement les Poumons de la Plante , elles font en- core des efpeces de Mufcles , au moyen desquels plufieurs de fes parties executent divers mouve- mens , & fe difpofent de la roaniere la plus con- venable a I'exercice de leurs fon6lions. J'ai fait fecher les Feuilles d'un grand nom- bre de Plantes , en fufpendant ces Feuilles par des Fils a une Corde tendue a deilein. J'ai ob- ferve que toutes ces Feuilles fe font contournees de de(Ibus en dellus , en fe delTechant. Cela demontre que les Fibres de la Surface fuperieure fe racourciflent a la fecherefle , & que le con- traire a lieu dans celles de la Surface inferieure. Les conjeftures par lesquelles j'ai tente de rendre raifbn du Retournement des Feuilles, peu- vent s'appliquer aux mouvemens des Tiges , des Branches , & des plus petits Rameaux. C'eft par-tout la meme organifation : les memes Vais- feaux regnent par -tout. Jl y a plus; chaque Branche , chaque Rameau , & meme chaque Feuille peuvent etre cpnfideres comme une pe- tite Plante , entee fur une Plante principale , dont elle tire fa nourriture. L'inclinaifbn de la petite Plante fur la Plante principale , TAngle qu'el- les forment entre elles efl determine par djiTe- rentes circonflances. Les Tiges ifblees font perpendiculaires a FHo- DES FEUILLES. // Mem. 139 I'Horizon (xxxvi.). Ce cas revient a celui des Feuifles qui demeurent planes & horizontales : il y a alors entre toutes les parties de la Tige, una efpece d'equilibre : toutes ces parties font egale- ment concradees. L'eq^uilibre eft rompu des que la chaleur environnant eft diminuee , ou interceptee quel- que* part , fbit par un Abri , fbit autrement (xxxvi.). La 1 ige plus contra6lee du cote op- pofee k I'Abri que de celui qui le regarde di- reftement , s'incline en avant , & femble fuir TAbri. La Tige eft fbuvent elle meme un Abri pour la Branche qui en fort : les Branches font elles memes des Abris les unes a I'egard des autres. De la, I'inclinaifon des Branches fur les T iges, & la pofition refpeftive des Branches. Enfin , le Sol lui meme eft un Abri , qui determine la pofition des Branches qui en font les plus voi- fines. Si on s'arrete a confiderer la forme exterieure des Plantes , & en particulier celle des Arbres , on aura de frequentes occafions d'appliquer les principes que je viens de pofer. On obfervera que f Angle que les Branches inferieures forment avec la Tige , eft toujours plus grand que celui que les Branches fuperieu- res forment avec cette meme Tige. O N remarquera encore , que les Branches in- S 2 . fe- 140 RECHERCHES SUR L'USAGE ferieures tendent a fe diTpofer parallelement au Sol, quel que (bit la pofition decelui-ci, rela- tivement a THorizon. C'efl ici la fameufe Ob- fervation de Mr. Dodart, dont j'ai parle au commencement de ce Memoire (xx. ). ^'^"- En FIN on obfervera que I'extremire des Bran- ches horizontales tend a regagner la Perpendicu- laire. Tous ces Faits femblent s'expliquer aflez heu- reufement ; les Branches inferieures recouvertes par les Branches fuperieures , ne fauroient s'ap- procher autant de la l^ge que le font celles-ci; elles doivent meme s'en tenir d'autant plus eloig- nees qu'elles font plus bafles. Le, Parallelisme. des Branches a I'Horizon , lorsque le Sol eft lui meme horizontal , eft un cas du meme genre que celui des Feuilles hori- zontales , dont la Surface inferieure regarde la Terre, la Surface fuperieure le Ciel (xxxv.). L'iNCLiNAisoN des Branches a THorizon-, lorsque le Sol eft lui meme incline , eft un cas analogue a celui des Feuilles voifines d'un Abri, lesquelles pre(entent leur Surface inferieure a cet Abri, la Surface fuperieure au' plein Air (xxxv.). Les Branches fituees du cote ou le Sol eft le plus eleve , font plus contraftees dans leur partie fuperieure que dans la partie inferieure. Le con- traire a lieu dans les Branches fituees du cote op- pofe. - L'ex- DES FEUILLES. 11 Mem. 141 L'extre'mixe' des Branches horizontales n'etant point recouverte par les Branches fupe- rieures, cede a la force qui tend a la redrcller, & a mettre toutes ces Parties en eqiiilibre (xxxvi.). ]'ai recouvert un Jet horizontal * d'une Plan-* pl. chette * qui lui etoit parallele , & qui pouvoit iig. 2. /. etre abbaiflee ou elevee a volonte. Jc Pai tenue ' ^'" k un pouce des Feuilles. Bientot celles-ci ont change de diredion ; elles fe font abbailFees * , & * Fig- 3- ont ofFert leur Surface luperieure * a I'Air libre. * ^. ^• On obfervoit diftindement lesContournemensque ce changement de direction avoit occafionnes dans les Pedicules *. La Tige s'eft enfuite inclinee * -^^ f- vers la Terre, & a forme un Angle aigu * avec* ^• la Planchette: voila TefFet des Abris. Le Redreflement des Tiges renverfees ^ eft ^^'f- '^'J- un mouvennent qui connme les precedens , depend ^^- v^i. de la contra6lion qui s'excite dans un des cotes de la Tige. Et fi la partie qui fe redrefle n'eft jamais interieure a celle qui demeure inclinee , c'eft peut-etre que I'Air, qui environne immedia- tement le Vafe * dans lequel une des extremi- *.f'f- '^'J- tes de la Tige eft plongee , fe trouve moins ''^ '' ^' echaufFe que celui qui eft a I'exterieur de la Tige. La force qui tend a contra61er les Tiges, de- ploie fbn action fur i'extremite qui demeure li- tre. Si cette extremite eft la fuperieure, elle la coatourne fuccelTivement en maniere d'Arc de Cercle , de Crochet, d'Anneau (ui.) *. Si * pl. •=> 3 cet- Fig.1,2,3. 142 RECHERCHES SUR L'USAGE cette extremite efl I'inferieure , Pinflexion ne fe fait que dans les Noeuds ; les parties interme- diaires trop roides ne peuvent ceder, & demeu- * Fj- 4. rent droites *. La chaleur & I'hun:iidite parolflent done etre les caufes naturelles des mouvemens qui ont fait le principal objet de ce Memoire : c'eft du rap- port que I'AuXEUR de la Nature a mis entre certaines Parties de Vegetaux & Paction de la chaleur & de I'humidite, que naiflent ces mou- vemens. Je I'ai deja dit , la chaleur agit avec plus de force que I'humidite. Cela provient apparem- ment de ce que la chaleur contradte plus les IVa- chees^ que I'humidite ne racourcit les Fibres Lig- miijes. La chaleur du Soleil efl: beaucoup plus effi- cace que celle de I'Air. Si I'on fait attention au Retournement des Feuilles , & au Redreflement des Tiges & des Branches , on obfervera qu'ils fe font fur -tout du cote ou la chaleur du Soleil agit avec le plus de force. Cette Obfervation eft parfaitement con- forme a ce que nous connoiflbns de la chaleur dire(5le du Soleil , comparee a celle qu'on eprou- ve a I'ombre. Les Experiences que nous avons fur ce fujet , font egalement flires & curieufes. Nous les devons a Mr. le Prefident Bon, qui- aux qualites qui font le Magiftrat , a reuni celles qui font DES FEUILLES. II iWm. 143 font le Naturalise. Les Ob/ervations (*) de ce Savant illuftre ont appris, que la chaleur direde du Soleil en Ete eft ordinairement double de celle qu'on eprouve a I'ombre dans la meme fai- fon. Cette proportion change & varie beaucoup au Printems & en Automne. Dans ces deux iai- fbns , la chaleur direcle du Soleil eft aflez (buvent tri- ple & quadruple de celle qu'on eprouve a I'ombre. Dans un terns ou la bonne Philolbphie n'e- clairoit point encore les Efprits , on n'auroit pas hefite a regarder ies. difFerens Faits dont je viens de parler, comme autant de preuves inconteftables de I'exiftence d'une Ame J^egetative , appellee a produire & a diriger ces mouvemens que nous admirons. Et il faut avouer que rien ne rapproche plus les Plantes des Animaux que ces mouvemens. Combien y a-t-il d'Efpeces de ces derniers , dont les mouvemens n'ont ni plus de varrete , ni plus de fpontaneite apparente? VOriie de Mer ^ VHiii- tre ^ hGaliinfede, &c. paroiilent-elles plusani- mees que les Plantes ? Mais il eft d'autres fburces d'Analogie entre ces deux claftes d'Etres organifes. LI V. C E s T fur-tout a la difference de chaleur qu'il faut attribuer la caufe d'un Fait qui s'eft attire mon attention. Confiderant au Printems des Jets de plufieurs E/peces d'Arbres & d'Arbuftes, fitues pa- ( * ) AJJemUie puUique de la Soci^ti Royak des Sciences a Montpd- Ktr, 1746. 144 RECHERCHES SUR L'USAGE parallelement a I'Horizon , j'ai obferve que les Boutons de ces jets etoient epanouis d'une maniere fort inegale , mais fort reguliere. Les Boutons places a Textremite du Jet , ainfi que ceux qui etoient fitues fur fbn cote fuperieur, e- toienc plus developpes que ceux qui etoient pla- ces vers I'origine du Jet , & fur fbn cote infe- rieur. Qu'on eflaie de donner a ces Jets une pofition contraire , on verra fi on ne parviendra pas par-la, a h^ter le developpement des Boutons les moins avances. Je crois que cette idee pour- roit devenir utile a la Pratique du Jardinage. Il eft certain qu'il fort plus de Boutons fur le cote d'une Plante expofe au Soleil , que fur celui qui n'eft jamais favorife des regards de cet Afire. I r^ y a longtems qu'on a remarque , que les Couches concentriques des Arbres s'etendent plus vers le Midi-, I'Orient, ou I'Occident, que vers le Nord. On a fait la meme obfervation fur les Maitrefles Racines : on a obferve que celles qui regardent le Nord , font moins confiderables que celles qui fe dirigent vers les autres Points Car- dinaux. J'ai cru appercevoir quelquefois la m^- me difference dans les Branches qui correfpon- dent a ces Racines , dont elles ne font propre- ment qu'une prolongation. EX' DES FEUILLES. II Mim. 14^ EXPLICATION DES FIGURES DU SECOND MEMOIRE. P L A N C H E III. CETTE Planche reprefente un Jet de Vig- ne , portant trois Feuilles y, f^ f. Ce Jet elt tourne vers le Ciel. Les Angles aigus^, a, a^ tjue les Pedicules forment avec la Tige, regardent I'extremite fuperieure S du Jet. Les Boutons b , b , b, font loges dans ces Angles. La Sur- face fuperieure des Feuilles s , s y s , regarde I'Air libre ; la Surface inferieure , i, i, i, la Tige. j^ efl Textremite inferieure du Jet. Planche IV. CETTE Planche reprefente un Jet pareil au precedent , mais renverfe j fon extremite fuperieure S regarde Ja Terre ; fon extremite inferieure y regarde le Ciel. Les Feuilles /,/:,/, que cette pofition du Jet a force de fe retour- ner , fe font inclinees vers le gros bout y. Leur Surface fuperieure s, s , j , s'efl: offerte a I'Air libre ; ['inferieure i , i , i , a la Tige. L'An- gle aigu a , a, n, que les Pedicules forment a- vec celle-ci , efl tournee vers Textremite infe- T rieu- 146 RECHERCHES SUR L'USAGE rieure J. Les Boutons b ^ /; , /> , font hors de cet Ang^Ie. c , ^ , ^. , Coutourneraens de la partie inferieure du Pedicule , produits par le mouve- ment de la Feuille. P JL A N C H E V. CETTE Planche montre un Jet tel que ceux dont je viens de parler , mais dont la fi- tuaiion eft horizontale. J ^ Textremite inferieure du Jet. 5, I'extremite fuperieure. Les Feuilles fe font difpofees horizontalement ; leur Surface fuperieure ^ , ^ , ^ , eft la feule qui (bit ici en vue. Les Pedicules forment des Angles droits avec la Tige. Planche VI. LA Figure i. eft celle de la Coupe longitudi- naled'un Pedicule de Feuille de Vigne ^ grofTie a la Loupe. J eft Textremite inferieure da Pedicule. S eft Textremite fuperieure. A^ A^ eft une fubftance fpongieufe, & d'une cou- leur moins claire que celle qui occupe le milieu du Pedicule B. Cette fubftance fpongieufe s'e- tend de ^ en /> , & de ^ en ^. La Figure 2. reprefente une Tige de MeV' curiale^ dont I'extremite fuperieure a ete ramenee perpendiculairement en embas , & retenue dans cet- DES FEUILLES. 11 Mem. 147 cette fituation par un Fil /, dont un des bouts efl attache vers le milieu de la Tige , & dont I'au- tre tient au pie du Vafe /^, dans lequel I'extre- mite inferieure de la Tige eft plongee. Ce Vafe eft reprefente plus petit que le naturel : il faut ftippofer qu'il defcend jusque vis-a-vis I'extre- mite fuperieure de la Tige. j1 Support fur le- quel le Vafe eft pofe. f^ f\ Feuilles dont la Sur- face inferieure i, i, regarde le Ciel. w, «, n^ n^ Noeuds. P L A N C H E VII. CETTE Planche reprefente la Tige de la Planche precedente , dont I'extremite fu- perieure S s'efl repliee , pour s'ofFrir de nou- veau au Ciel. Les Feuilles /", f ^ lui prefentent aufTi leur Surface fuperieure s^ s. n, n^ Noeuds dans lesquels les principales inflexions fe font o- perees. / Fil qui retient la Tige en place La Partie de cette Tige qui s'eft repliee ou redreflee 5, eft exterieure a celle qui eft demeuree incli- nee J. Planche VIII. LA Figure reprefentee dans cette Planche , eft celle d'une Plante de Laurier Cerije , qui a cru ifblee. Ses Feuilles /, /, y, font hori- T 2 2on- 148 RECHERCHES SUR L'USAGE Zontales , ou a peu pres. Leur Surface fupe- rieure s , s ., s , regarde le Ciel ; leur Surface inferieure i, i, i, regarde la Terre. Enfiii il part des Feuilles de tous les cotes de la Tige. Planche IX. LA Figure de cette Planche eft celle d'une Plante de I'efpece de la precedence , qui a cru pres d'un Abri. Cet Abri ^, ^, ^, ^, efl ici un Mur. La Plante en eft eloignee d'en- viron 8 a lo pouces. Les Feuilles /", /", /*, lui prefentent leur Surface inferieure , dont on n'apper^oit qu'une tres petite portion ? , i , i. La Surface oppofee fe prefente a I'Air libre. En- fin les Feuilles rangees en Eventail , femblent ne partir que de deux cotes de la Tige; quoiqu'il en parte reellement de tous les cotes. On ne doit pas negliger de remarquer les Contournemens que ks mouvemens des Feuilles ont occafionne dans les Pedicules , en le difpofant toutes dans le me- me Plan. Planche X. LA Figure i. reprefente une Feuille de gran- de Mauhe obfervee le matin. Sa Surface fuperieure regarde le Levant, La Figure 2. eft celle de cette meme Feuil- ~3K) , *^ DES FEUILLES. //. Mim. 149 le vue vers le milieu du Jour. Sa Surface fu- perieure regarde le Midi, d^ d^ d^ decoupures mediocrement profondes. La Figure 3. eft la meme Fcuille confidere'e fur le fbir. Sa Surface fuperieure regarde le Couchant. Planche XI. LA Figure i. repre/ente une portion d'un Jet de Kojier horizontal. /^, /^, font deux Feuilles qui fe font difpofees dans un Plan vertical, pour offrir la Surface fuperieure j, s^ s^ de leurs Folioles/, /^, /, au Soleil. P, F , Pedicules communs inclines vers cet Afire. C, C, C, font des Feuilles ployees en maniere de Goutiere G , G J dont la concavite regarde le Soleil. c ^ c ^ c , Folioles dont la Surface fuperieure eft elle meme creufee en Goutiere par I'adion de la chaleur. La Figure 2. eft une Feuille de Soleil, fur laquelle la chaleur a produit un efFet encore plus fenfible que fur les Folioles de la Figure prece- dente. Cette Feuille eft creufee en maniere de B'^teau ; la Surface fuperieure s ^ s , compofe rinterieur de ce Bateau. T 3 Plan- ISO RECHERCHES SUR L'USAGE Planche XII. LA Figure i. montre une Feuille ^Acacia dont les Folioles f^ /", /", font planes ou horizontales. s ^ s , s , Surface fuperieure des Folioles. e , Foliole de I'extremite de la Feuille. P, Pedicule commun. La Figure 2. efl celle de cette meme Feuille expofee au Soleil. Ses Folioles f, f, /, fe font elevees , pour fe rapprocher les unes des au- tres. Elles forment une efpece de Goutiere, dont la Surface fuperieure des Folioles j , s , 5 , com- pofe rinterieur ; la Surface inferieure ^ , i , i , I'Exterieur, e , Foliole de fextremite qui s'eft elevee pour fermer la Goutiere. /> , p , p , Pe- dicules propres fur lesquels chaque Foliole exe- cute fes mouvemens. ^ , Pedicule commun. La Figure 3. reprefente la meme Feuille ployee en fens contraire par I'adlion de la Rofee. j ^ f ■> f -i &c. Folioles abaiflees. j, x , f. Sur- face fuperieure des Folioles formant TExterieur de la Goutiere. 2, i, i. Surface inferieure qui en compofe rinterieur. ^, Foliole de Textremite. F J Pedicule commun. Plan- DES FEUILLES. 11 Mem. 151 P L A N c H E XIII. CETTE Planche repreiente un Poudrier Z^, dans lequel une Feuille de Vigm a ete mile en Experience. Le Poudrier eft plein d'Eau; Ja FeuiJle F, eft dans une fttuation horizontale ;. fa Surface fuperieure regarde le fond du Vafe ; la Surface oppofee qui eft ici en vue , regarde Pouverture , ou la fuperficie de I'Eau. Le Pe- dicule /* 5 de la Feuille a ete introduit dans un trou 0, pratique dans un petit Bkton cylindrique B , qui tient lieu de la Tige naturelle. 0,0, font d'autres trous, menages pour y introduire en meme terns d'autrcs Feuilles. j\ eft un Fil de fer, fiche dans le centre du petit B^ton. C, eft un Couvercle de bois , au milieu duquel eft un trou e, ou eft inferee Textremite fuperieure du Fil de fer. c , petit Coin de bois , deftine a te- nir en raiibn le Fil de fer & le petit B^ton fus- pendu au centre du Vafe. B , eft une Bougie allumee , placee a quelques pouces de la Feuille. K , eft cette Feuille qui s'eft elevee fur fbn Pedicule , pour oftrir fa Surface fuperieure a la Bougie. Plan- 152 RECHERCHES SUR L'USAGE P L A N c H E XIV. CETTE Planche fait voir une Feuille de pe- tite Maulve F , fufpendue dans un Pou- drier plein d'Eau /^, la Surface fuperieure tour- nee vers le fond du Vafe, & creufee en maniere d'Entonnoir O. C eft un Couvercle de bois au centre duquel efl un trou , ou tient Textremite du Pedicule de la Feuille. Planche XV. LA Figure reprefentee dans cette Planche, eft celle de la Feuille de la Planche prece- dente , qui a repris fa dire6lion naturelle. La Surface fuperieure 5 , qui regardoit auparavant le fond du Vafe , regarde a prefent fbn ouverture. Cette Surface eft devenue concave ; la Feuille s'eft contournee de delTus en deflbus c. P , Pe- dicule replie. Planche XVI. LA Figure I. montre une Foliole ^Haricot plongee dans I'Eau perpendiculairement en embas. i. Surface inferieure. s^ Surface fuperieure creufee en Goutiere. La Figure 2. eft cette meme Foliole qui s'eft dis- DES FEUILLES. IL Man, 153 difpolee horizontalement. La Goutiere efl effa- cee en partie , & rextremite fuperieure de la Foliole e(l un peu contournee de dedlis en des- fbus c. La Figure 3. reprefente la meme Foliole qui s'eft elevee perpendiculairement fur fbn Pedicule 7^. S, Superficie de I'Eau. ^, la Foliole qui s'eft abbaillee h. I'entree de la nuit. La Figure 4. eft I'extremite fuperieure d'une Tige de Mercuriale , mife en Experience dans I'Air. Cette extremite avoit ete ramenee per- pendiculairement en embas , & retenue dans cette fituation par un Fil /, comme dans la Planche VI. Elle a prefentement commence a fe mettre en mouvement , & elle s'eft courbee en Arc de Cercle. y, /, Feuilles. La Figure 5. eft celle d'une autre Tige de la meme Efpece mife en Experience dans une Etuve. Son extremite fuperieure s'eft repliee , mais le mouvement ne s'eft opere que fur les JN'oeuds les plus voifins des Feuilles. La Figure 6. montre la Tige de la Figure 4. qui aiant continue a le mouvoir , preiente fbn extremite fuperieure au Ciel. La Figure 7. eft une Tige de I'Efpece des precedentes dont Textremite fuperieure a com- inen(3e a fe replier. Plan- 154 RECHERCHES SUR L'USAGE P L A N c H E XVII. LA Figure i. eft une Caille de bois C, dont un des cotes eft ouvert de haut en bas , & garni d'un Verre V ^ qui perraet d'obferver I'ln- terieur de la Caiile. On y voit un Poudrier a- vec fbn Couvercle , /* , au milieu duquel eft fii- fpendu une Feuille horizontale. On peut flib- ftituer a cette Feuille une Tige , fi c'eft le mou- vement des Tiges qu'on a deflein de fuivre. La Caifle a un Couvercle de bois reprefente en pe- tit c. La Figure 2. eft celle d'une Caifle C, fem- blable a la Caifte de la Figure i. excepte que I'ouverture pratiquee fur un des cotes F^ eft plus •petite & f&ns Verre. La Figure 3. reprefente un grand Vafe de bois /^, plein d'Eau, au fond & au milieu du- quel eft place un Poudrier jP, qui renferme une Feuille F^ mife en Experience horizontalement, la Surface fuperieure tournee en embas. A eft un poids pofe fur le Couvercle du Poudrier, & de- ftine a Tempecher de gagner la Superficie de TEau. Le Poudrier ef1: reconvert d^ine Cloche de Verre C, vuide d'Air. Le grand Vafe eft re- prefente ici par fa Coupe longitudinale. Plan- DES FEUILLES. //. M^m. 15^ P L A N c H E XVIII. LA Figure I. eft celle d'une Tige de Mercw- m/5,plongee perpendiculairement en embas dans un Vafe plein d'Eau, qui n'eft pas reprefen- te ici pour ne pas charger inutilement les Des- feins. A eft cette Tige. B eft la meme Tige qui a commence a fe mouvoir ; fbn extremite fliperieure eft legerement coudee au premier Noeud i. La Figure 2. reprefente la fuite des mouve- mens de la meme Tige. Elle eft courbee en Arc de Cercle en grand C Elle eft repliee en crochet en Z). 6', Superficie de I'Eau. La Figure 3. montre le dernier mouvement de la Tige , en vertu duquei elle a pris la forme d'un Anneau, E. Les Figures 4, 5", 6,7. font encore des Ti- ges de Mercuriak miles en Experience de difFe- rentes manieres. La Figure 4. eft une Tige dont I'extremite fuperieure ^, eft plongee dans une Phiole pleine d'Eau P , & dont I'extremite inferieure a ete ramenee perpendiculairement en embas , & rete- nue dans cette fituation par un Fil f. Deux Noeuds n ^ n, partagent la Tige en trois par- ties , la fuperieure A ; la moyenne , B ; i'in- ferieure , C. V 2 La ys6 RECHERCHES SUR L'USAGE La Figure 5". montre la direftion fliivant la- quelle cette Tige s'eft diipofee. La partie fu- perieure ^, eft courbee en Arc c. La partie moyenne B^ eft droite & horizontale. La par- tie inferieure C, eft droite & fe dirige oblique- ment vers le Ciel. a ^ a ^ font deux Angles ob- tus produits par i'inflexion de la Tige dans les Noeuds. La Figure 6. eft une Tige plongee par fbn extremite inferieure dans un Vafe plein d'Eau, dont on n'a reprefente que le Couvercle c. Cette Tige eft aufti divifee en trois parties A^ B J C y par deux Noeuds n , n. La Figure pointillee reprefente le mouvement qu'a fait la Tige. a , a ^ inflexions dans les Noeuds. ^ , e ^ Epingles qui retiennent les Feuijles attachees au Couvercle. La Figure 7. montre les autres mouvemens de cette Tige. ^ , ^ , inflexions. C , partie in- ferieure devenue horizontale. Cette partie aVant continue a s'elever , fon bout inferieur i^, a at- teint la Superficie de I'Eau. #.J[. ^ '/ Plan- DES FEUILLES. II Mm, 157 Planche XIX. LA Figure i. eft celle d'une Tige de Mer- curiale qui s'efl repliee en maniere d''S. Son extremite fuperieure A fe dirige perpcndi- culairement vers la Superficie de I'Eau S. La Figure 2. reprefente un Jet de Melijier horizontal, qui n'a point ete detache de I'Arbre, & au defTus duquel eft une Planchette /*, qu'on peut elever & abbaifler a voionte. ;«, Queue ou Manche de la Planchette traverle d'un Fil de fer y", fur lequel il fe meut. Ce Manche eft engage dans une efpece d'Entaille pratiquee a I'extremite fuperieure de la Perche B , dont I'extremite in- ferieure eft plantee en terre. Au Manche tient une Cordelette F , qui va s'attacher a un Clou c, fiche dans la Perche, & qui retient la Plan- chette dans une fituation horizontale. y eft le gros bout du Jet ; fes Feuilles font paralleles a la Planchette , & on n'en voit que la Surface inferieure. La Figure 3. montre le changement de di- rection furvenu aux Jets par le voifinage de la Planchette. Les Feuilles fe font abbaiflees , & difpofees fur deux Plans verticaux oppofes paral- lelement Tun a fautre \ la Surface fuperieure J- , ^ , tournee vers le plain Air. La Tige s'eft auITi eloignee de la Planchette , elle a for- V 3 me 158 RECHERCHESSURL'USAGE,&c. me avec elle un Angle aigu A. Le chan- gement de dire6lion des Feuilles a occafionne dans les Pedicules , des Contournemens exprimes en r J c. RE- W5fr ^id<>^ -^i^^ •*)'?^ s^ (Jj3 S^ -^M*- -^l&O^ -^^ ^W5«» RECHERCHES S U R L'USAGE DES FEUILLES DANS L E S P L A N T E S. TROISlkME MEMOIKE. De P Arrangement des Feuilks, fur les Tiges, ^ fur les les Branches , 8? de celui qiion obferve dans qiielgues autres par- ties des Plantes. ^^' ^^^^^^^^^pRe's tout ce que je viens d'ex- fiA k >5i pofer fur Jes Feuilles, il n'efl, ^ -TX >5 je m allure, aucun de mesLec- Jeurs princjpales Fonclions ne fbit de pomper laRofee. Cependantje ne penfe pas i6o RECHERCHES SUR L'USAGE pas Tavoir encore fuffifamment etabli. Les Feuil- les appliquees fur I'Eau par leur Surface inferieu- re , Ce confervent des femaines & meme des mois : cette Surface eft toujours difpofee de ma- niere k recevoir fhumidite qui s'eJeve de la Terre : enfin , lorsque les Feuilles viennent k perdre cette direction , elles la reprennent par un mouvement qui leur eft propre, & qui s'exe- cute avec aflez de promptitude. Ce font la , pour ainfi dire , trois conditions du Probleme auxquelles j'ai fatisfait : mais il en eft une qua- trieme que je n'ai pas rempli : les Feuilles fe recouvrent les unes les autres ; elles doivent done fe nuire reciproquement dans I'exercice de la Fon6lion que je leur ai aftignee : celles qui font placees immediatement au deilbus , doivent in- tercepter la Rofee a celles qui font au deflus. La Tranfpiration qui s'opere par les Feuil- les, exigeoil aulTi que I'Air circuit librement au- tour d'eiles , & qu'elles fe recouvriflem le moins qu'il etoit pofTible. L'Art avec lequel la Nature a pourvu au libre exercice de ces deux Fonftions, eft un de ces Fairs qui font tous les jours fbus les yeux , qu'on avoic meme vu en partie , mais dont on n'avoit point encore la caufe finale. II confifte dans une telle diftribution des Feuilles fur les Tiges & fur les Branches , que celles qui fe fliivent immediatement 3 ne fe recouvrent pas par- es f)ES FEUILLES. Ill Mm, i6i Ce qu'elles font pofees fur differentes Lignes. Mr. Sauvages , Profefleur de Medecine dans PUniverfite de MontpelHer , a donne un Memoire (*) fur une nouvelle methode de con- noitre les Plantes , ou il etablit quatre genres de diftributions dans les Feuilles. Il place dans le premier , les Feuilles qu'il nomme oppofees deux a deux. Il compofe le fecond des Feuilles verticille'esy ou rangees trois a trois , quatre a quatre , par Stages. Le troifieme renferme les Feuilles ah ernes ^ mt rangees Pune plus baut , P autre plus bas , alter- nativetnent. La quatrieme comprend les Feuilles eparjes , 6U r/ingees fans aucun ordre conftant. Mr. LiNNEUS, dans fa Fhilofophia Botani- ca^ fuit les memes divifions , en y ajoutant d'au- tres caraderes. Void fes termes, pag. 48. Edit. in S''. 1751. ,5 Situs efl difpofitio Foliorum in Flantae Caule. 5, Steliata Verticillata cum Folia plura quam „ duo verticillatim Caulem ambiunt. „ Terna , Qiiaterna , Qtiina , Sena , &c. flint „ fpecies numeri flellatorum Mm/w 5 Brabejwn^ 5, Hipparis. „ Op- ( * ) Mimoire fur une nouvelle mkbode de connoilre les Plantes par les Feuilles. AlTembl^e publique de la Soci^td Royale des Sciences de Montpellier, 1743. X x62 R£CHERCHES SUR L'USAGE „ Oppofita , cum caulina Folia duo , per paria 5, decurfatim , e regione collocantur. n „ Alterna^ cum unum poft alterum tanquam 5, per gradus exit. „ Spar/a , cum in Planta fine ordine copio- 35 filTima. M,, Conferta, cum ita copiofa, ut Ramos occu- 5 J pent totos , vix relido fpatio. 5, Imbrkataj fi conferta & ere6]:a ut invicem „ fe quoad parcem tegant. „ Fafciculata , fi ex eodem pun6lo plura. Folia 35 prodeunt : harix. „ Di/iicha , fi omnia Folia duo latera Rami „ tantum reipiciunt : Abies , Diervilla. AvANT que j'eufle jett^ les yeux fur les deux Ouvrages que je viens de citer, j'avois dejci obferve les quatre genres de diflributions dont parle Mr. Sauvages; mais je les avois ran- gees difFeremment , & j'avois apper^u dans le quatrieme , une Symerrie qui me paroit avoir e- chappe aux deux celebres Botanifles , ainfi que la eaufe finale de ces diflributions. j E vais done m'etendre un peu plus fur ce fujet que n'ont fait MefTSAUVAGES & Linneus. La matiere efl interefTante par efle meme; mais^ elle le devient encore plus dans le rapport fbus lequel nous la confiderons. LVJ. On obferve dans les Feuilles cinq Or- dres de diflributions. L E DES FEUILLES. ///.M'^. 163 Le premier^ qu'on peut appeller Alterne *pj^^;^*' • & qui eft le plus fimple , eft celui dans lequel ^ les Feuilles font diftribuees le long des Branches, fur deux Lignes paralleles a ces memes Bran- ches, &diametralement oppofees Tune a. J'autre; enfbrte qu'une Feuille placee fur la Ligne droi- te * , eft fuivie immediatement d'une autre fituee * « fur la Ligne gauche *; celle-ci I'eft d'une troi-** fieme * placee fur la Ligne droite, & ainfi alter-*'' nativement. Le fecond Ordre , que I'on peut nommer a Paires croijees *, eft compofe de Feuilles diftri- * f's- 2 buees par Paires vis-a-vis Tune de I'autre * , de* "• *• fa^on que celles d'une Paire croifent a Angles droits celle de la Paire qui fuit *. * <^. ^' Le troi fieme Ordre que les Botaniftes connois- (ent deja (bus le nom de Feuilles verticillees * , * ^'s- ?• eft celui dans lequel les Feuilles font diftribuees autour des Tiges ou des Branches , a peu pres comme les Rayons d'une Roue le font autour du Moyeu, Cet Ordre peut etre fbusdivife par le nombre des Feuilles, fuivant qu'elles font diftri- buees de trois en trois , de quatre en quatre , &c. Pour comprendre Part de ces diftributions , bornons-nous a la plus fimple, a celle de trois en trois j & repre^ntons - nous deux Triangles equilateraux, circonfcripts k une Branche & po- fes horizontalement I'un au defTus de i'autre , .de X 2 ma- i64 RECHERCHES SUR L'USAGE maniere que leurs cotes fe croifent , & a chacun des Angles desquels fbit placee une Feuille. Par cet arrangement , les Feuilles du Triangle infe- * "' ^> <■• rieur * repondront non aux Feuilles du Triangle ^'^e,/. fijperieur *, mais aux cotes de ce Triangle. II en fera de meme des Feuilles difpofees fur touts autre Figure a plufieurs Angles. L E quatrieme Ordre peut fe nommer en Quin- * Fig- 4- conces *, & efl compofe de Feuilles diflribuees de cinq en cinq. Pour concevoir nettement cette, diftribution , tirons le long d'une Baguette cinq Lignes paralleles , & a egale diflance les unes des autres. Au bas de la premiere Ligne, mar- * « quons la place de la premiere Feuille *. Un peu au defTus , & fur la troifieme Ligne , plafons la * ^ feconde Feuille *. A egale difiance de celle-ci , & fur la cinquieme Ligne , pofbns la troifieme * ^ Feuille *. Placons la quatrieme Feuille * fur la * « feconde Ligne : la cinquieme Feuille * occupera la quatrieme Ligne. Nous aurons ainfi une fuite de cinq Feuilles, dont Jes Surfaces ne fe recoii- vreront point. CoNXiNUONS & forraons un fecond Quin- ** quille : la premiere Feuille * de celui-ci fe trouvera pofee precifement fur la meme Ligne que ^ « la premiere Feuille * du QuinquilJe precedent. Mais comme ces deux Feuilles font placees a u- ne diflance confiderable I'une de I'autre , elles ne fauroient fe nuire dans leurs Fonctions. Les DES FEUILLES. /// Mim, 163- Les cinq Lignes que nous venons de tirer /iir une Baguette , la Nature les a tirees elle meme fur les Tiges & fur les Branches de plufieurs es- peces de Flantes , & en particulier fur celles de Konce , ou elles forment cinq Cannelures * tres *^^'^- diflindes , fur lesquelles les'Feuilles * font ran-i;is'.2,.'5, gees. La Coupe transverfale * d'une femblablerf,?'. &c.' Tige efl un veritable Pentagone. i\' '' Le cinquieme Ordre eft le plus compofe , & peut fe nommer a Spirahs redoublee^ * , il efl for- *pi..xx. me de Feuilles arrangees fur plufieurs Spirales pa-^'"^' ^' ralleles. Le nombre de ces Spirales & celui des Feuilles dont chaque Tour efl compofe, peuvent donner naiflance a des fbusdivifions. Tantot les Spirales font au nombre de trois *, dont cha- * «. ^.*■• que Tour renferme fept Feuilles. Tantot les Spi- rales font au nombre de cinq , dont chaque Tour contient onze Feuilles. Dans la premiere efpece on compte vingt-une Feuille dans un Tour com- plet de trois Spirales ; dans la feconde efpece le Tour complet de cinq Spirales donne cinquante- cinq Feuilles. TRA90NS fur un Baton trois ou cinq Spi- rales paralleles; fur chaque Tour de ces Spirales,^ piquons a une diftance a peu pres egale les unes des autres , fept ou onze Epingles , & nous aurons une idee tres nette de cet arrangement. AiNSi dans la Branche de Pin reprefentee dans la Planche xx. Fig. 5. les Feuilles mon- X 3 tent 1 66 RECHERCHES Sim L'USAGE tent en formant trois Spirales , qui partent des trois Angles du Triangle equilateral « , b , c. Les Feuilles de la premiere Spirale a , font ran- gees fuivant les Angles de I'Heptagone E. Cel- les de la Spirale b , repondent aux Angles de THeptagone H. Celles de la Spirale c , aux Angles de I'Heptagone /. II fuit de la, que ces Feuilles font placees correfpondamment aux An- gles d'une Figure k 2i. cotes. Dans le Sapin, ou I'on compte cinq Spirales , les Feuilles de chacune repondent a un Endecagone , & ferment fur les jeunes Poufles , des Cannelures tres fenfibles. L A decouverte de cet Ordre efl due a la gran- de fagacite de Mr. Calandrini. 11 ne paroit pas du moins que les Botanifles aient connu cette diflribution. LVII. J'ai ete tres frappe, je I'avoue, de ces diflributions des Feuilles ; & je me fuis livre avec un extreme plaiflr, aux fentimens d'adrairation , qu'el- les ont excite chezmoi, pour cette Sagesse Ado- rable qui a fi bien approprie les Moyens a la Fin. De's lors , j'ai ete fort attentif a obferver les Plantes qui me font tombees fbus la main , afin de Juger de I'Ordre auquel je devois les rapporter. Voici une Lifle des Efpeces que j'ai examinees , & recueilles dans cette vue. II m'eut ete aife de groITir cette Lifle; mais j'ai cru pouvoir me borner a ce petit nombre d'Exemples. Je ne traite point ce fujet en Botanifte; je le trajte en fimple Obfervateur. Lj 1 b- DES FEUILLES. i//. M>». 167 L I S T E De 125. Efpeces de Plantes, diflribuees en cinq Ordres , fuivant Parrangement de leurs Feuilles (lvi.). 1. ORDRE. 2. ORIDRE. 3. ORDRE. 4. ORDRE. 5 ORDRE. Le Creffbn du Per»u. ISEJparffete. La Fougere. Le Cranten. Le Haricot. Le June. Le Lizeron. Le Melon. L'Orge. Le Pois. Le Seigte. La Tubenufe. Efpic. Le Cou'lrier. Le Cbataigner. Le Cbarme. Le Lierre. Le N'!flier. l/Onne. Ln FnJJlon. Le Ttllietil. La I'igne. ■ I 5 ETper Efpeces Herbac^es. La Belle deNuit. Le Cbemvre. La Crofx r/« Maltbe. L'Epurge , ou grand Tltimale. L'HyJfope. La Lavande. La M?/j/7e. La Mercultale. Le Millepertuis l.'Oeuitlet. L'Ortie. LePaJJe velours La Sauge. La Scabieufe. La Fertiaine. ETp^ces tigneufes. Efpiccs Herbacfei. Le CiiV/ff /.aia. Le Graieron. Efficts Ligneuft: Total 4 Efpfces. Efpo L'ylbfinthe. L'/lmarantbe. L'ArrSte hoeuf. L'Atripkx. La Baljamine. Le Bouillon Blanc. Le ^i^ !iO!r. Le Cerfeuil. La Cbicorie, Le Cioii. La Cry/ante- mum. L'Epinard. L'EJlrngm. La 'Julienne. La lyiiteron. Le Li.'. La Maulve. La Metavfeme. Le Navet. Le PiV d y^.'cj/ff La /'tr«. Li /Jaiif. Lc SenegoH. Le i'o/f//. Le i'liufi. Le Titimale a flews jaunes. Le 7'Wn/pj. L' 7r# Total 28. Eft^ces, Efpices Merbac^s. I J Efiieccs Lignturer Le Pin. Le Sapin. Total » tfpices. I. OR- i68 RECHERCHES SUR L'USAGE X. ORDRE. 2. ORDRE. 3 ORDRE. 4- ORDRR. 5- ORDRE. Efpcces Ltgneufct. Le Maronnier. L'OHvier. Le Plane. Le Romain. Le /Jo^er de Gueldres. Lt' Sureau. Efiie Eft^'^cs Ligneufes. VAbrkotier. U Acacia, VAltMa.. h'Amandier. L'Aubepine. Le Cerijier. Le Citronnier. Le Coignafisr. L.e Cbems. L'Egtanticr. L'tpitieVtnette Le Figtiier. Le Framboijter. Le Giu flier. Le Gfojeiller. Le HoMX. L7/ Le Lwrier Ce rife. Le Laurier a Dard Le Melifier. Le Mewier. Le Noysr. L'Oranger. L'Ofter. Le Pefcber. Le Peuplier. Le Poirier. Le Pommier. Le Prunier. La /Jones. Le /{o^er. Le Tremble. Lt- 5fltt/?. Total ii. EfpAci I L refulte de cette Lifle ; 1°. Que des 125. Efptes dont elle efl: com- pofee , 24 appartiennent au premier Ordre ; 3 2 au fecond ; 6 au troifieme j 6 1 au quatrieme j 2 au cinquieme. 2°. Que DES FEUILLES. ///. Mim, 16^ 2°. Que la pJupart des Efpeces qui rampent, ou dont les Tiges ne fauroient fe fbutenir qu'a I'aide de petites Mains , apparxiennent au premier Ordre. 3°. Que les Plantes a Tuyau , ou dont les Feuilles font faites en maniere d'Epee , viennent fe ranger dans le meme Ordre. 4^. Qu'enxre les Efpeces a Oignon ^ il en eft qui appartiennent au premier Ordre; & qu'il en efl d'autres qui appartiennent au quatrie- me Ordre. 5°. Que parmi les Plantes, qui portent le meme nom generique, il y en a qui fe rangent fbus differens Ordres. LoRSQ^UE I'on aura poufle plus loin ces ob- fervations , on pourra mieux juger de ces Reful- tats. C'efl ce qu'on peut fe promettre des Bo- tanizes, lis fe font deja beaucoup exerces a cher- cher dans les Feuilles des caraderes propres a diftinguer les Plantes , a les ranger en clafles & en genres. Le Tiilu des Feuilles, leurs formes, leurs proportions, leurs dire6lions, leur arrange- ment ont fixe tour a tour leurs regards. Mr. Sauvages a ete flir-tout frappe des diflribu- tions des Feuilles ; & fi la methode qu'elles lui ont donne lieu d'imaginer , (lv.) a des defauts qui lui font propres , elle peut au moins fournir dans certains cas, des caraderes fiibfidiaires cui ne doivent pas etre negliges. Un exemple e- Y clair- i-jo RECHERCHES SUR L'USAGE claircira ma penfee. Suppofbns que le Laurkr Rofe & le Laurier Cerije fe rellemblaflent par tous les carafteres . qui ont ete employes pour diftinguer les Plantes , il feroit facile de les ca- rafterifer par Tarrangement de leurs Feuilles , le haiirier Ko/e appartenant au troifieme Ordre , & le Laurier Cerije au quatrieme. Je defire done que ce que j'ai dit fur I'arrangement des Feuilles, & ce qu'il me refte encore a en dire , ierve a per- fe6lionner la methode dont il s'agit. La maniere dont j'ai range les cinq Ordres de diftributions , eft peut-etre la plus methodique : elle eft fondee fur la Regie qui veut qu'on pafle du fimple au compofe. ]e fuis , au refte , tres perfuade qu'on decou- vrira plufieurs autres genres de diftributions dans les Feuiltes : mais je ne prefume pas qa'aucun de ces genres detruife le Principe que j'ai pofe, fur la caufe finale de ces diftributions (i-v.). LVIII. On ufera de quelques precautions en comptant les Feuilles. En premier lieu, pour eviter toute meprife, on tiendra le doigt fixe fur le Bouton, ou fur la Feuille d'oii Ton fera parti. E-N fecond lieu, on s'arretera a quelque diftan- ce de I'extremite fuperieure de la Branche , parce que les Boutons etant fort ferres a cet endroit , y occafionnent une forte de confufion. En troifieme lieu , on choifira des Jets de Fan- DES FEUILLES. Ill Mem. lyr Tannee , les plus longs , les plus droits & les plus ilbles. Enfin on fera moins d'attention aux Feuilles qu'aux Boutons dont elles partem. On fentira mieux I'utilit^ de ces precautions par ce qu'il me refte a expofer fur ce fujet. L!X. On pourra fe trouver embarrafle a de- terminer rOrdre auquel une Plante devra etre rapportee. Cet embarras proviendra de plufieurs fburces. J'indiquerai les principales. On a vu ci-delfus (liv, Liir.), que la di- reflion des Feuilles d'un Jet depend de la po- fition de ce Jet reiativement a THorizon. Lors- qu'il eft horizontal , ou lorsqu'il eft voifin d'un Abri , toutes fes Feuilles fe trouvent dirigees dans le meme fens les unes par rapport aux au- tres. Le Contournement qui s'eft fait dans plu- fieurs de ces Feuilles, les a toutes difpofees dans le meme Plan. 11 faut done y regarder de tres pres , pour decouvrir I'Ordre de leur arrange- ment. J'ai vu des Jets de Laiiricr Cerife voifins d'un Abri * , dont toutes les Feuilles s'etoient * ^^- ^-^• difpofees de maniere qu'on les auroit cru diftri- buees fuivant le premier Ordre (lvi. ). Le Jonc m'a ofFert quelque chofe de plus frappant. Confiderant plufieurs Plantes de cette Efpece , qui avoient cru le long d'un Abri * , j'ai J^xfc ete furpris de voir que toutes les Feuilles * de^v^J! ■, ces Plantes etoient pofees les unes au dellus des Y 2 au- 172 RECHERCHES SUR L'USAGE autres, fur le meme cote de la Tige. Le cote qui regardoit i'Abri, etoit abfblument depourvu de Feuilles. Ce n'etoit point , comme on pourroit le croire , parce que les Boutons places fur cet- te partie de la Tige, n'avoient pu le developper. Si cela eut ete ainfi , ces Jones auroient du pa- roitre moins charges de Feuilles qaa Tordinaire: cependant , ils en etoient tres garnis ; & ce qui eft plus decifif , les intervalles qui leparoient ces Feuilles , etoient beaucoup plus petits qu'ils ne le font dans le commun des Jones. On voyoit tres diftinftement , qu'une troifieme Feuille e- toit venue fe loger entre deux Feuilles placees originairement fur la meme Ligne. La place qu'occupoit cette Feuille, repondoit precifement a celle qu'elle auroit du occuper fur le cote op- pofe de la Tige. Si j'eufle ignore le Retournement des Feuilles, j'aurois ete fort embarrafle aexpliquer ce Fait: je doute meme qu'il eut fixe mes regards. Mais inftruit de ce que j'en devois penfer , j'ai cher- che dans la Campagne , des Jones parfaitement i- fbles : j'en ai trouve un grand nombre ; & j'ai obferve , que les Feuilles de tous ces Jones e- toient diflribuees alternativement fur deux Lignes, * PL. fuivant le premier Ordre "* (lvi. ). Cet arrangement eft aife a reconnoitre dans les Cannes de Rofeau. La place des Boutons y eft extremement fenfible , & indique dans quel xxm< DES FEUILLES. ///. Mem. 173 quel Ordre on doit ranger cette Pknte. J''ai examine PExterieur des jfoncs. La par- tie inferieure de leurs Feuilles tient a un Tuyau qui embrafle la Tige , & tourne autoiir d'elle. On peut fans le moindre effort, faire tourner ce Tuyau avec les Doigts , & determiner aind a fbn gre I'arrangement des Feuilles. Les memes varietes qu'on s'eft plu a pro- duire dans I'arrangement des Feuilles du Jonc , on peut les retrouver dans la Campagne : la di- verfite des Abris, & des expofitions, en fournis- fent mille exemples, ]'a I vu le meme jeu dans d'autres efpeces de Plantes a Tuyau ; en particulier dans le Gra- men. J'ai coupe des Jones ;, je les ai portes dans mon Cabinet , ou leur extremite inferieure a ete plongee dans des Vafes pleins d'Eau : leurs Feuil- les ne s'y font donnees aucun mouvement. Les Feuilles du Jonc changent apparemment de di- rection , quand elles (bnt encore fbuples. Mr. LiNNEUS parle de la direction des Feuil- les, comme d'un caradere. „ Folium, dit-il, „ Pag. 42 , 49. PhiloC Bot. confideratur fecun- 5, dum Jimplicitatem ^ compofttiomm aut determi- „ nationem. 5, C. Determinatio , aliunde (nee a propria „ flrudtura ) notam adquirit • uti a Loco , Situ , 55 Injertione aut Direclione. DireClio. Y 3 • „ M, 174 RECEIERCHES SUR L'USAGE „ Adverfum , quod latus ( non co^Io , fed ) „ meridiei obvertit : Amoniiim. „ Ohliqmim , cum bafis FoJii coelum , apex „ horizontem fpedat : Frotea , Bntillaria. „ Inflexum, ( Incurvum ) dum furfum arcuatur . „ verfus Caulem. „ Adpreljmi , dum discus Folii approximatur 5, Cauli. „ EreClum , quod ad angulum acutiiTimum „ Cauli adfidet. „ Patens , quod ad angulum acutum Cauli infidet. „ Horizontale , quod ad angulum redum a Cau- 5, le discedic. „ Reclinattim , quod deorfum curvatur , ut a- „ pex fiat bafi inferior ; quibusdam etiam Re- „ flexiim dicitur. „ Revolutiim , quod deorfum revolvitur. „ Dcpendens ^ quod recta terram fpeftat. „ Radicans ^ fi Folium radices agat , &c. Nous voyons aujourd'hui que tous ces pre- tendus carafteres , pris de la direftion des Feuil- jes , font de purs accidens. Un Botanifle qui ignoreroit I'efFet des Abris , & qui obferveroit des Jones ^ dont les uns auroient leurs Feuilles diflribuees fur une feule Ligne , les autres fur deux , trois ou quarre Lignes , feroit rente de les croire d'Efpeces differentes. II efl" , en ef- fet , bien des Efpeces qui ne fe difTerencient pas par des cara6teres plus faillans. LX. DES FEUILLES. Ill Mem, 175 LX. Deux Ordres paroiflent quelquefois reunis dans le meme fujet. On ne fait alors auquel donner la preference : une mediocre atten- tion peut cependant fuffire pour determiner le vrai. On (era plus rarcment expofe a cet em- barras a I'egard des Arbres & des Arbrifleaux qu'a regard des Herbes : dans celles-ci , les diftributions font moins regulieres , & les inter- valles qui font entre les Feuiiles, y fuivent des proportions moins exa(5les. J E ferai pourtant remarquer qu'il efl des Plan- tes qui em.braflent reellement deux Ordres ; en- tre les Plantes Ligneufes , le Mirthe , le Grena- dier , & une efpece ^Ozier cfun rouge brim ; entre les Herhacees , le Cbanvre , nous en four- niflent des exemples. Le Mirthe & le Grenadier ont leurs Feuil- les diflribuees les unes fuivant le fecond Ordre , les autres fuivant le troifieme (lvi. ). Dans VOzier * d^tin rouge brun, les Feuilles inferieu- ^.^f- res * font arrangees fuivant le fecond Ordre , ng.'s- Jes fuperieures * fuivant le quatrieme. l\ cn*^,/^'/; efl de meme du Cbanvre. ■^' '' *•' Dans les Efpeces qui appartiennenr an troi- fieme Ordre (lvi.), le nombre des Poh/gones que forment les Feuilles autour de la Tige , ou des Branches , varie beaucoup, Dans le Grate- ron , par exemple , les Feuilles compofent des Polygones de 6, 7. & 8. cotes, &€. Ces 176 RECriERCHES SUR L'USAGE Ces varietes m'ont paru fbumifes k une Loi ; c'eft que le nombre des Angles des Polygenes augmente ou diminue en proportion de ]a gros- feur des Branches ou des Tiges. Suivant cette Loi , une Branchc qui n'a pas aflez de circon- ference , pour que quatre Feuilies puiflent y e- tre pofees les unes a cote des autres fans fe re- couvrir, cette Branche, dis-je , porte des Feuil- ies diflribuees de 3 en 3 , ou par paires. Cefl ce qui s'obferve dans les petites Branches & a I'extremite des plu.'j grofles. Lors done qu'on veut juger de POrdre d'une Plante , on doit fe fixer aux Branches ou aux Tiges de moyenne groileur. LXI. La pofition, & la diflance relative des Feuilies , font une autre fdurce de variete , ou de confufion , comme je I'ai deja infinue (lx.). QuELQ^UEFOis le premier Ordre fe rap- proche du (econd ; le fecond , du premier. II en eft a peu pres de meme du troifieme & du quatrieme. Ces irregularites proviennent , fans doute , de ce que la Tige, ou la Branche, ne fe prolonge pas egalement de tous cotes. Le Bouton qui auroit du percer a une certaine hauteur , perce plus bas, fi les Fibres qui enveloppoient le Germe de ce Bouton , ne fe font pa3 autant prolongees que celles qui enveloppoient le Germe du Bouton place fur le cote oppofe. Re- DES FEUILLES. Ill Mdm, 177 Remarq^ue^ cependant que ces irregulari- tds ne detruifent point ce que j'ai avance fur la caufe finale de ces diflributions (lv. ). L'arran- gement efl moins regulier , mais il produit les memes efFets eflentiels. LXII. Le quatrieme Ordre a fes varietes. Les Piantes qui lui apparciennent n'ont pas toujours leurs Feuilies diflribuees exadement de cinq en cinq (lvi.). On y obferve des fuites de trois , de fept, & de huit FeuiJIes : mais ces fuxtes font rares , comme on peut le voir par la Table fuivante : je ne me rappelle pas d'en avoir jamais vu dans le Prunier. Au refle, les varietes dont je viens de parler, paroiflent dependre fur -tout de I'inflexion des Branches , ou de certains accidens qui empe- chent le developpement de quelques Boutons , ou qui en font developper de furnumeraires. TA^ i'7S RECHERCHES SUR L'USAGE TABLE De qmlques dijiributions irregulieres du quatrihm Ordre (lvi.). Branche de 3 pii^s \ 5. i5. 5- 5- 5- 5- Frunier. Abricotier. Branche Branche de de 3 P'^s. 4 pi^s. 5- 5- 5- 5 5- 5 5- 8 5- S 5- S 5- 8 5. V, 5- 8 5- 8. pommier. Branche de I pi^. , pouces. 5- 3- 5- 5- pefcher, Branche de 3 Pi'is. 5- 5- 5- 5- 5- 5" 3- 3- Branche de 3 pi^s 4 poucts. 2. 7- 5- 5- peopUer. Branche de I pid -i 5- 5- 5- 5- 5- 5- Tremble. Branche de 3 pids 10 pouces. 5- 5- 5- Branche de 2 pids. S- . 5- Framboifier Branche de 3 pids. 5- 5- Figuicr, Branche dc 2 pidf. 5- S- Gtofeiller. Branche de 2 pids. 5- 5- S- II eft Line autre variete du quatrieme Ordre, qui revient beaucoup plus frequemment que la precedente. Voici en quoi elle confifte. LoRSQ_UE Ton compte les Feuilles , en fui- vant rOrdre des Lignes fur lesquelles elles font placees ( lvi. ) , la feconde Ligne fe trouve tan- tot a la droite de la premiere , & tantot a Ja gau- DES FEUILLES. Ill Mem. 179 gauche : la troifieme Feuille * du Quinquille qui \f}^'^f; eft toujours placee fur la feconde Ligne , fe trouve done tantot fur la droite du Jet , & tan- tot fur la gauche. Ainfi Tefpece de Spirale que les Feuilles forment par leur arrangement , monte autour de la Branche ou du Jet , tantot de droite a gauche , tantot de gauche a droite. Cette variete n'a jamais lieu dans le memo Jet : elle ne pent fe rencontrer que darts difFe- rens Jets d'une meme Plante. De 75 Pies de Chicoree , j'en ai compte 43 dont les Feuilles etoient placees fur une Spirale qui montoit de droite a gauche; 30 dont la Spi- rale alloit de gauche a droite; i qui avoit poufle fur la meme Racine deux Tiges egales en gros- feur & en longueur, dont une portoit des Feuil- let diftribuees de droite a gauche , & dont I'au- • tre avoit les fiennes arrangees en fens contrai- re ; i , enfin , qui avoit 8 Tiges inegales , dont la principale avoit fes Feuilles diftribuees de gau- • che a droite , les autres de droite a gauche. J'ai obferve un jeune Melifter , qui avoit poufTe 6 Branches principales : fur 3 de ces Branches la Spirale montoit de droite a gauche; fur les 3 autres , de gauche a droite. J E ne fais , s'il eft des Efpeces , dont les In- dividus n'offrent point des exemples de cette va- riete. Jel'ai, du moins , obfervee . dans toutes celles que j'ai eu occafion d'examiner. Z 2 LXIJI. ISO RECHERCHES SUR L'USAGE LXIII. Je ne mets point au rang des varietes du quatrierne Ordre , une particularite qui merite une grande attention, J'ai dit en decrivant cec * PL. XX. Ordre (lvi.), que la premiere Feuille * du fe- cond Quinquille repondoit precifement a la pre- * " miere Feuille * du premier Quinquille. Un jour * PL- que j'obfervois attentivement un Jet ^'' Abricotier % Fig. 4- je remarquai que la premiere Feuille * du fecond Quinquille declinoit un peu a droite de la Ligne *''' fur laquelle la premiere Feuille * du premier Quinquille fe trouvoit placee. J'obfervai que cette declinaifbn continuoit dans le meme fens > & fuivant la meme proportion , dans toutes les **'''^'''' Feuilles correfpondantes "* , & que cela formoit une Spirale qui tournoit autour de la Tige. Je fbup^onnai d'abord que c'etoit la un de • ces cas particuliers , dont on ne peut tirer aucu- ne confequence. Mais aiant examine un grand nombres d'autres Jets de la meme efpece , & des • Jets d'efpeces differentes , je vis dans tous la me- me particularite , la meme declinaifon. Tantot la Spirale montoit de droite a gauche , lantot de gauche a droite (lxii.). Cexte obfervatioa m'a fait un extreme plai- fir 5 parce qu'elle m'a paru une efpece de de- iTionflration de la Fin que j'ai afTignee (lv. ) a I'arrangement des Feuilles. La declinaifbn gra- duelle des FeuilJes correfpondantes de la meme Tige previent le Recouvremem , & allure a. cha- DES FEUILLES. Ill Mim, i8i chaque Feuille le plein exercice de fes fonc- tions. J'ai cherche dans tous les autres Ordres , des difpofitions analogues , mais je n'en ai point en- core decouvert. L'inflexion des Tiges & des Branches , qui eil: toujours tres frequente , la di- verfite de la pofition des Jets relativement a I'Ho- rizon , le changement de direction des Feuilles produit par le voifinage des Abris , ou par la dif- ference de chaleur, contribuent beaucoup a em- pecher les Feuilles correfpondantes d'un meme Jet de fe recouvrir. LXIV. Une des principales varletes du cin- quieme Ordre , (lvi. ) font de petits Boutons epars 9a & la , fans aucune regularite appa- rente , & qui interrompent quelquefois la fuite des Feuilles. J E dirai a cette occafion , que le Sapin , qui appartient a cet Ordre (lvii. ), paroit fe rappro- cher du troifieme , a certains egards (lx.). Ses Feuilles font arrangees fur cinq Spirales paralle- les , dont chaque Tour en contient onze (lvi. ), ]1 poulle de diftance en diflance de petits Ra- meau-x , qui font arranges autour de la Tige , a peu pres comme le font les Feuilles des Plan- tes qui appartiennent au troifieme (Jrdre. Je n'ai pas encore obferve, fi les Spirales ^w cinquieme Ordre moment conflamment dans le meme fens , ou s'il n'y a point a cet esard Z/ 3 des iS2 RECHERGHES SUR L'USAGE des varietes femblables a celles du cjuatrieme Or- dre (lxii.)j comme il y a lieu de le foup- ^onner. LXV. Les Branches fortent des memes Bou- tons que les Feuilles , d'ou il fuit que celles -la doivent obferver le meme Ordre que celles -ci. C'eft aulTi ce qu'on apper^oit fur les Arbres que I'Hyver a depouille de leurs Feuilles. Mais cet- te didribution eft ordinairement moins fenfible dans les plus grofies Branches , qu'elle ne I'eft dans les plus petites , & dans celles de moyenne grofleur. L A forme exterieure des Plantes , & en par- ticulier celle des Arbres, eft un Probleme qui n'a point encore ete refolu. I L eft des Arbres dont la forme eft , a peu pres , hemifpherique. D''autres tiennent de I'AI- liptique , de la Parabolique , &c. II en eft de forme tres bizarre , & qu'on a peine a deter- miner. J E ne crois pas qu'on puifle trouver la fblu- tlon de ce Probleme dans I'arrangement des Bran- ches. Des Arbres qui appartiennent au meme Ordre , different par leur forme. D'autr&s qui ne dependent point du meme Ordre, fe reilem- blent par leur forme. LXV I. Dans les Herbes qui s'elevent fi peu , que leurs Feuilles touchent immediatement la Surface de la Terre , ces Feuilles font arran- gees DES FEUILLES. ///. i)/f'w. 1S3 gees autour du Colet , ou du Pie de Ja Flante , en maniere d'Etoile *, dont les Rayons font plus *^^- ou moins nombreux , fuivant TEfpece. Le Plan- ^k- ^'^ tain en fournit un exemple. D'a u t r e s Herbes , comme le Bouillon hlanc , ont leurs plus grandes & plus bafles Feuilles dilpo- fees en forme d'Entonnoir. La Surface flipe- rieure eft a I'interieur. Cet Entonnoir peut ras- fenribler I'Eau des Pluies , & celle des Rofees ; & nous avons vu (v.) que dans Jes Feuilles du Bouillon blanc , la Surface fuperieure a plus .de difpofition a pomper I'huraidite que n'en a celle qui lui eft oppofee. C'eft par-tout , comme on voit, meme Fin, & Moyens analogues (lv. ). LXVII. Les Fleurs, ou les Fruits en Grappe^ ne luivent pas toujours Parrangement des Feuil- les. Les difterens Grains qui compofent chaque Piramide , ne font pas conftamment difpofes au- tour de la Tige qui les raflemble , comme le fonJ: les Feuilles fur les. Branches. Nous en avons des exemples dans la Kigne , & dans le Maron- nier tflnde. Les Feuilles de la yigne fuivent exaftement le premier Ordre (lvii.). Les Grains du Rai- p.n font diftribues fur la Tige de la Grappe d'u- ne maniere irreguliere , & qu'il feroit aftez difti- cile de decrire. J'en ai trouve cependant qui etoient diftribues les uns fuivant le fecond Ordre, les autres fuivant le quatrieme, Et pour etre plus i84 RECHERCHES SUR L'USAGE plus fur de leurs arrangemensje me fu'is iur-tout attache a des Kaifins qui n'etoient encore qu'en Fleurs. Les changemens que raccroiflement produit 5 & ceux qui naiflent de mille autres cir- conftances , peuvent deguifer k nos yeux la veri- table diftribution des Grains. Les Feuilles du Maronnier d'^Inde font arran- gees par paires. , fuivant le fecond Ordre (lvii.). Les Piramides , que compofent les Fleurs de cet Arbre , n'offrent rien de plus regulier , a cet egard , que les Grappes du Kaijin. Il n'en efl: pas de meme des Fleurs du Gi- rofier & de celles du Lilac. Elles fuivent aflez exaftement I'Ordre de leurs Feuilles. Le Froment , VOrge cojn?nune , le Seigle y VIvroye , & les autres Plantes de ce genre , ont leurs femences difcribuees comme leurs Feuil- les. Les Fleurs & les Fruits tranfpirent : ils par- ticipent encore au benefice des Rofees : une di- ftribution pareille k celle des Feuilles , ne leur etoit pas inutile ; mais ils n'y exigeoient pas la meme regularite. LXVIil. Les Epines dont plufieurs efpeces de Plantes font armees , nous ofFrent dans leurs diflributions les memes varietes que les Fleurs & les Fruits. On diftingue les Epines en Lig- ncu/£S & Corticalcs : celles - Ik partent du Bois , celles -ci de TEcorce. 11 m'a paru que les Epi- nes DES FEUILLES. Ill Mem. n$ nes Ltigneufes fuivent le meme arrangement que les Feuilles : telles font celJes du Poirier & du Primkr Sauvages, qui font elles-meraes de petites Branches : telles font encore celles de V Acacia , & de VEpine Vinette. Les Epines Corticales m'ont paru diflribuees d'une maniere tres irreguliere , mais dans laquelle j'ai cru appercevoir quelque- fois des traces du cinquieme Ordre (lvi. ). Tel- les font les Epines de V Eglantier & de la Ronce. Les Epines Ligneufes peuvent fervir de de- fenfe ou d'appui aux Parties qu'elles avoifinent. ]1 convenoit qu'elles obfervaflent I'arrangement de ces Parties. LXIX. Nous ne chercherons point dans les Racines, des diftributions femblables a celles que nous avons admirees dans les Feuilles : elles y ieroient fuperflues. Les Racines pompent , ii efl vrai ■, I'humidite ; mais ce n'efl pas a la ma- niere des Feuilles. Les Racines habitent un au- tre Element. Elles ont comme les Feuilles des fonftions qui leur font propres, & qui n'exigeoient pas qu'elles fuflent diflribuees fuivant les memes Ordres. Quand on arrache au hazard une Plante fbit Herbacee ^ fbit Ligneufe^ on n'apperfoit dans les Racines aucun arrangement. Elles paroiflent fe ramifier , fe divifer & fe fbusdivifer de la maniere la plus irreguliere. J'ai done ete tres agreablement furpris d'une petite decouverte que le Haricot m'a donne lieu de faire. J'avois mis A a ger- 3 86 RECHERCHES SUR L'USAGE germer des Feves de cette Plante fur une Eponge imbibee d'Eau; apres que le Germe eut fait un certain progres , je remarquai qu'il partoit de la t.i'f" Maitrerie Racine * quatre rangees de Radicule^ ^'5 FiR 5- pofees exafternent les unes au delllis des autres, '''^'''''a egales diftances , fur quaire Lignes paralleles, qui partageoint la Maitrefle Racine fliivant fa longueur en quatre Segmens egaux. Si Ton compare cet arrangement avec ceux qu'on obferve dans les Feuilles , on reconnoitra Gu'il fiiit une regie preci/ement contraire a celle qui determine I'arrangement de ces dernieres (lv.). Les Moyens repondent aux Fins. Cette Obfervation nous invite a chercher dans les Racines de toutes les Plantes, un arran- gement qu'on y avoit meconnu jusques ici. Et comme les Racines changent beaucoup en s'eten- dant & en fe ramifiant, on preferera de les exa- miner peu de tems apres leur naiflance, en fai- fant germer des Graines de diiferentes efpeces dans des Eponges imbibees d'Eau. £X- DES FEUILLES. Ill Mem. 187 EXPLICATION DES FIGURES DU TROISIEME ME MO I RE. Planche XX. LA Figure i . reprefente un Jet de Coiidrier , dont les Feuilles font rangees alternative- ment fur deux Lignes paralleles & oppofees ; en- fbrte qu'une Feuille «, placee fur la droite , efl fuivie immediatement d'une autre Feuille />, pla- cee fur la gauche; celle-ci , d'une troifieme c, placee fur la droite ; cette derniere , d'une qua- trieme d ^ placee fur la gauche; &c. La Figure 2. efl celle d'un Jet de Lilac. Les Feuilles font diflribuees par paires , qui fe croi- fent k Angles droits: les Feuilles ^, /», croifent les Feuilles c , d , placees immediatement au deffus. La Figure 3. montre un Jet de Grenadier. Les Feuilles font arrangees trois a trois autour de la Tige, avec cette regularite que les Feuil- les fuperieures d, e , f, repondent aux interval- les qui font entre les Feuilles inferfeures a, b^ c. On nomme ces Feuilles verticillees. La Figure 4. fait voir un Jet de Primier. On y obferve que les Feuilles y font rangees fur les Angles d'un Fentagone, comme il efl define Aa 2 au i88 RECHERCHES SUR L'USAGE au bas de la Figure. On vok que fi Ton nom- me I. 1' Angle fur lequel eft la premiere Feuille rt, la Feuille la plus prochaine, en montant a droi- te /», repondra a I'Angle 3 ; la fuivante c a FAn- gle 5 ; la quatrieme d a I'Angle 2 ; la cinquie- me £? , a I'Angle 4 ; la fixieme f reviendra re- pondre a I'Angle i ; la feptieme g a I'Angle 3 j &c. Voila la diflribution en Quinquonce. La Figure 5'. eft un Jet de Fin ^ dont je vais decrire la diflribution d'apres Mr. Calan- DRINI. Les Feuilles montent en formant trois Spirales, qui partent de trois Angles du Triangle Equilateral , a, b ^ c ; on a repreiente en entier les Feuilies de la premiere Spirale qui part da point a ; on n'a reprefeme que k Guaine des Feuilles de la feconde Spirale qui part du point e. Les Feuilles de la premiere Spirale a font ran- gees fuivant les Angles de I'Heptagone E ; cel- ies de la Spirale b repondent aux Angles deJ'Hep- tagone //, & celles de la Spirale c aux Angles de I'Heptagone L ; ce qui fait qu'elles font pla- cees correlpondamment aux Angles d'une Figure a 21 cotes J on a nomme cet Ordre des Spira- les redouhlees. Dans d'autres Plantes q.u'on peut rapporter a cet Ordre , le nombre des Spirales peut etre different ; dans le Sapin il y a cinq Spirales , & dans chaque Spirale les Feuilles re- pondent a un Endecagone^ Plan- DES FEUILLES. Ill Mm. 189 P L A N C H E XXI. LA Figure i. montre une Tige dc Ronce ^ le long de laquelle font couchees parallele- ment cinq Cannelures i , 2 , 3 , 4 , 5. Sur ces Cannelures font rangees en Quinquonce les Feuilies f- L^s Epines dont cette Tige eft armee, font diflribuees fort irregu- Jierement. La Figure 2. efl la Coupe transverfale de cet- te Tige vue a la Loupe. C'efi un veritable Pentagone F , les Cannelures en compofent les Angles. La Figure 3. reprefente un Jet d'une efpece ^Ozier d^un rouge brun , dont les Feuilies infe- rieures a^ /; , c ^ d ^ font arrangees par paires , & dont les Feuilies fuperieures e^ fy g , hy z, k, font arrangees en Quinquonce. La Figure 4. eft celle d'un Jet ^ Ahrkotier. Elle eft deflinee a faire voir I'efpece de Spirale que tracent autour_ de la Tige les Feuilies cor- refpondantes a^ b^ c^ d^ e, en declinant con- tinuellement dans le meme fens. La Figure 5. efl une Racine d"^ Haricot ^ ftir laquelle font placees a diflances egales quatre rangees de Radicules r, r, r, r, Aa 3 Plan- ipo RECHERCHES SUR L'USAGE, &c, P L A N C H E XXII. CETTE Planche reprefente un Jonc qui a cm pres d'un Mur A^ A. iSes Feuiiles f ^ f-,/-, ^ ^nt toutes arrangees fur Ja meme Ligne ; & cette Ligne regarde le plein Air. P font les Pennaches. j'y ai ob(erve des diftri- butions du quatrieme Ordre. Planche XXIII. LA Figure i. efl un Jonc qui a cru ifble. Ses Feuiiles font exaftement alternes. La Figure 2. reprefente un Pie de Plantain, dont les Feuiiles forment une efpece d'Etoile a cinq Rayons ; ce qui indique que les Feuiiles de cette Plante font diflribuees en Quinconces. "iff RE- ^^^ •*?.> •«»^b La Foliole de I'extremite * egale a peu pres*e> ces dernieres en grandeur: ce que celies -ci ont de plus en longueur , I'autre Ta en largeur. La diflance qui efl entre les Folioles de la fe- conde Paire, & la Foliole de rextremite, eft tou- jours moindre que celle qui eft entre les Folio- les de cette Paire, & celies de la premiere. Cet- te Remarque aura bientot fbn utilite. Les Feuilles des plus petites Branches , & celies qui font a I'extremite des plus grands Jets, n'ont ordinairement que trois Folioles. Mais il eft ici des varietes tres remarqua- Bb bles: 194 RECHERCHES SUR L'USAGE bles : elles dependent de ce que plufieurs Folioles fe collent , ou fe greffem les unes aux autres , & ne forment ainfi qu'une feule Foliole. Dans les Feuilles k cinq Folioles, ce font toujours les Folioles de la feconde Paire qui s'u- nilftnt a celle de I'extremite du Pedicule. Laproxi- mite qui eft entre ces Folioles , favorife cette union. •?Fig.2.c, Tantot il n*y a qu'une feule Foliole * qui fe greffe a celle de I'extremite j tantot c'eft la ^^ Fig. 3. Paire entiere *. Tantot I'union fe fait dans toute la lon- gueur de la Foliole , ou des Folioles ; tantot elle ne fe fait que fur la moitie , le quart , ou une tres petite partie de cette longueur. La jondion commence toujours a I'origine du Pedicule particulier. On voit ordinairement a I'endroit de la reunion , un Pli , ou une efpece *F^s- 3- d'Arrete ^ On peut conje6lurer avec vraifemblance , que cette Greffe finguliere fe fait lorsque la Feuilie eft encore tres tendre , peut-etre lorsqu'elle eft encore enveloppee dans le Bouton , ou du moins lorsqu'elle efl fort abreuvee de Sues. Je crois qu'il ne feroit pas impofllble de produire par art de femblables unions , & dans des Feuilles de toute efpece. On en imagine aflez les moyens. lis confiftent principalement a tenir plufieurs Feuilles collees les unes aux autres pendant un certain efpace de terns. Le DES FEUILLES. IF. Mm. 19J Le Noyir porte des Feuillcs qui ont depuis Crois jusques a onze Folioles. Les Feuillcs placees I'ur les plus perites Branches, ou k j'ex- tremite des plus grandes , n'onc le plus fouvent que trois ou cinq Folioles. Les Feuilles de cet Arbre offrent plus de va- rietes , & des varietes plus conlidercrL>les , que n'en offrent les Feuilles du Framhoijicr. Voici un precis de celles que j'ai obfervees , & dont deux Individus feulemenc m'onc fourni les exam- ples. J'ai vu une Feuille a cinq Folioles , dont eel- le de I'extremite etoit plus petite que les autres, & parfaitement circulaire (lxx. ). J'ai vu d'autres Feuilles , dont les Folioles tenoient au Pedicule commun , non feulement par un court Pedicule , mais encore par une e(^ pece de Peau , ou de Membrane , qui donnoit h ces Folioles une figure tres irreguliere. J'ai obferve une Feuille qui portoit a fbn ex- tremite deux Folioles , dont I'une etoit fort e- chancree d'un cote. D'autres Feuilles m'ont offert des Gref- fes femblables a celles des Feuilles du Framboi- ftcr. Mais il m'a paru qu'il etoit plus difficile de fuivre ici ces abouchemens , & qu'ils y for- moient des Touts moins reguliers que dans le Framboijier. J'ai vu une Feuille dont toutes les Folioles Bb 2 s'e- 196 RECHERCHES SUR L'USAGE s'etoient reunies. Cette FeuilJe , de forme tres bizarre , etoit un peu pliflee ; & fa principale Nervure , au Jieu d'etre arrondie , etoit abfb- lument platte , & fort large. \ J'ai obferve une Feuille qui n'avoit que deux Foiioles , dont une etoit fort petite , & dont I'autre etoit fort grande , & de forme tres irre- guliere. AssEZ fbuvent , les Foiioles ne font pas di- flribuees par paires ( lxx. ) mais alternativejnent y fuivant le premier Ordre (lvi. ). Il y a aulTi beaucoup de varietes k Fegard de la grandeur relative des Foiioles. Ordinaire- ment les Foiioles augmentent de grandeur , a mefure qu'elles font plus eloignees de i'origine du Pedicule commun. Mais les Foiioles des ex- tremites font quelquefois plus petites que les in- termediaires. Les Feuilles du Jasmin ont ordinairement * f's 4- depuis trois jusques a fept * Foiioles. Ces Feuilles m'ont ofFert des exemples de presque tomes les efpeces de varietes , que j'ai obfervees dans les Feuilles du Noycr. Elles m'en ont encore ojffert qui leur font peut-etre parti- culieres. QuELQ^UEFOis on ne trouve qu'une feule * Fig. 5- Foliole , la ou il devroit y en avoir deux *. D'autrefois on en trouve fix, ou il devroit n'y * F's- 6. efi avoir que deux *. Dans ce dernier cas , les Fo- DES FEUILLES. IV. Mim. 197 Folioles furnumeraires *, au lieu de fbrtir dUp.y-^;^* Pedicule commmi , fbrtent du Pedicule particulier d'une autre Foliole. ^ O N obferve des Feuilles dom les Folioles , au lieu de fe terminer en pointe , comme fe ter- minent les folioles de I'Efpece, affe^tent au con- traire une figure ronde. On voit d'autres Feuilles dont une des Paires eft: formee par une Foliole de forme & de grandeur ordinaire , & par une Foliole dont la forme & les proportions font precifement les me- mes que celles de la Foliole placee a I'extre- mite du Pedicule commun. QuELQ^UEFOis 11 eft uue grande portion du Pedicule commun qui demeure denude de Folioles *. * Fig. 6. D'autrefois la Foliole de Fextremite '^*i%X'e, eft plus petite , ou auffi petite qu'aucune des au- tres Folioles. 0 N trouve des Feuilles dont toutes les Folio- les partent d'un Centre commun , & {e difpofcnt en main ouverte *. ♦ rig. a. 1 E ne finirois point fi je voulois indiquer tou- tes les irregularites de ce genre que j'ai eu oc- cafion d'obferver. Elles font fi communes dans le Jasmin , qu'il .fuffit de jetter un coup d'oeil fur cet Arbufte , pour en decouvrir un grand . nombre. TouTLS ces Feuilles, dans lesquelles nous ■ B b 3 ve- jrjg RECBERCHES SUR L'USAGE venons d'oblerver tant de varietes , peuvent ^- tre regardees comme de veritables Monfires , dont les Efpeces font peut-etre plus diverfi- fiees que celles que nous offre le Regne Ani- mal, je ne crois pas pourtant qu'il foit befbin de recourir a I'Hypothefe des Gerrnes originai- rement monftrueux, pour rendre raifbn des Mon- fires dont il s'agit. Leur formation eft due k d'autres caufes qu'il n'eft pas difficile de pene- trer. Nous les trouvons , fbit dans les deran- gemens furvenus a la marche du Sue nourricier; ibit dans le plus ou le moins d'abondance avec laquelle il eft porte a queiques parties ; (bit dans line trop forte compreftion de certains Vailleaux; {bit dans d'autres accidens du meme genre , ou de genres dilFerens. J'ai encore obferve les Feuilles du Fresne ^ & celles de V Acacia. Mais elles ne m'ont ofFert que queiques varietes peu confiderables. LXXil. Les Feuilles du Chou-fleur offrent une efpece de Monftre beaucoup plus fingu- jiere que celles dont je viens de faire mention. \^y Du deflus * , & de la principale Nervure "* d'u- Fig^i. s. ne Feuille , s'eleve une Tige cylindrique * qui * T. porte a fbn fbmmet un bouquet de Feuilles. La forme de ces Feuilles eft extremement remar- quable ; elle imite parfaitement celle d'un Cor- * c, c, net *. La Surface inferieure , aifee a reconnoitre ''''''' ^ (a couleur & au relief de fes Nervures , for- me DES FEUILLES. IK Mem. 199 me I'Exterieur du Cornet, dont les Bords font denteles. Quelques-uns de ces Cornets ont u- ne efp^ce de Bee *j leur ouverture eft ellipti-* i', i. que *j je veux dire qu'au lieu d'etre dans un*o. rlan parallele a THorizon, elle eft dans un Plan qui lui eft incline. D'autres Cornets ont leur ouverture a peu pres circulaire *. La grandeur *<:, c, *, des Cornets varie beaucoup : il en eft qui ont environ un Pouce d'ouverture , fur un Pouce & demi de hauteur *. D'autres font fi petits, qu'ils* c, a ne paroi/Ient que comme des tetes d'Epingles mediocres , portees fur une Tige aflez courte & cylindrique "*. Examines de fort pres , on * e. apper^oit au Centre un enfoncement, qui indique qu'ils ont eflentiellement en petit la meme for- me que les autres ont plus en grand. Ces tres petits Cornets partent de la principale Nervure **»^ d'un autre Cornet. On decouvre ^a & la des Appendices * de forme irreguliere , quelquefois * "> «- approchantes de celles d'un Cornet , qui adherent a la principale Tige , ou a quelques-uns des plus grands Cornets. Tout cet aflemblage a aflez de Pair de ces Produ6tions marines du genre des Polypiers. Ces Monftres font plus communs que Je ne Pavoit penfe. Une feule Planche de Choiix-fleurs m'en a fourni plus d'un exemple. Quelquefois je n'ai vu qu'un feul Cornet de mediocre gran- deur & bien termine. D'^autrefois j'en ai obierve une 2C0 RECHERCHES SUR L'USAGE une multitude de tres petits , qui partoient d'une Tige commune , & dont plufieurs etoient aflez mal fa^onnes. Mais ce qui n'a que peu ou point varie , c'efl: Ja pofition de ces Feuilles mon- flrueufes. Je les ai toujours trouvees vers I'ex- tremite de la principale Nervure, & fur le defllis de la Feuille. D'ou' precede cette ef{:)ece de Monftre ? Pourquoi ces Feuilles fingulieres affeclent - elles la forme d'Entonnoir ? d'ou vient qu'elles nais- fent de la principale Nervure , & fur la Surface fuperieure ? je n'entreprendrai point de Texpli- quer. LXLIIf. Nous venons de voir des Feuilles de I'lnterieur desquelles naifient d'autres Feuilles. Les Fleurs nous montrent un femblable Pheno- mene. il n'efl: pas rare de voir des Fleurs de KenoncuJes , du milieu desquelles fort une Tige qui porte une autre Fleur. Cette efpcce de Monilre m'a paru aflez frequente fur les Rojiers, dans certaines annees chaudes & pluvieufes. J'ai l^" vu une Role * du Centre de laquelle partoit une Fig 2, R, Tige * quarree , blanchktre , tendre & fans e- pines , qui portoit a fbn fbmmet deux Boutons * ^' ^' a Fleurs * , oppofes I'un a I'autre , & abfblu- ment depourvus de Calice. Un peu au deflus * ^ ' de ces Boutons fbrtoit un Petale * , de forme aflez irreguliere. On obfervoit fur la Tige epi- * ^' neu(e o^i'i portoic la Rofe , une Feuille * qui dif- DES FEUILLES. i/^. ;^B;;. 201 difTeroit beaucoup de celles qui font propres au Rofier. Elle etoit en Trefle , & fbn Pedicule etoit large & plat. LXXl V. O N obferve dans les Fruits a Pepin des Monftres analogues a ceux qu'offrent les Fleurs de la Remncule , & celles du Rofier. J'ai vu u- ne Poire * , de I'Oeil de laquelle fbrtoit une J^J;- Touffe * de treize a quatorze Feuilles tres bien ^^s- 1- p- conformees , & dont plufieurs avoient leur gran- deur naturelle. J'ai vu une autre Poire * qui donnolt naillan- *Fig.2.^, ce a une Tige ^ ligneufe , & nouee "* , dont le * ^' fbmmet portoit une feconde Poire * , un peu ♦ fi' plus grolle que la premiere. La Tige avoit ap- paremment fleuri , & le Fruit avoit noue. LXXV. Je ne fais fi Ton doit mettre au rang des Monftres une Plante de Froment , d'un feul Tuyau , de Tun des Noeuds duquel fbrtoit un fe- cond Tuyau, qui portoit a fbn extremite un Epi ^Tvroye. Le Tuyau commun fe prolongeoit , & fe terminoit par un Epi de Froment. Mr. Calandrini ai'ant difleque ces deux Tuyaux k Tendroit de leur infertion , a trouve leurs Membranes parfaitement continues, VoiLA un argument bien fort en faveur de ceux qui adm.ettent la degeneration du Ble en Yvroye. Mais ne feroit-ce point ici une efpe- ce de Greffe , une GrefTe par approche ? Plus on rcilechit fur la Loi des Generations ; plus on Cc ttu- 202 RECHERCHES SUR L'USAGE etudie les cara6leres qui differencient les Efpe- ces , & moins on eft difpofe a croire qu'une Plan- te puifle devenir une autre Plante. Les Phyfi- ciens , & fur-tout les Botanifles, nous ont indi- que bien des cara6teres qui diflinguent le Ble de I'Yvroye: la couleur des Feuilles & celle de la Tige , leur tifTu , Tarrangement refpedtif des Grains , leur ftrufture , la qualite de la Farine qui y efl renfermee , les proportions relati- ves des Parties leur en ont fourni de tres mar- ques. A ces carafteres j'en joindrai un autre , que je ne fache pas qu'on ait decouvert. J'avois fe- me a part dans une Caifle divifee par Comparti- mens , un certain nombre de Grains de Ble & d'Yvroye. Quand les Plantes eurent poufle leurs deux premieres Feuilles , j'en arrachai quelques- * Fig. 3 4. unes. Toutes montroient a leur Collet le Grain * ^' ^' dont elles etoient forties , ou pour parler plus exaftement , les Enveloppes de ce Grain. Les * Fig 3- f- Tiges * du Ble etoient plus grofles vers ces En- veloppes , que pres de I'origine des Feuilles. II fortoit au deflbus du Collet un grand nombre de * a, petites Racines * Dans les Plantes d'Yvroye "* '^'^' tout etoit autrement ordonne. On voyoit s'e- * t, lever des Enveloppes du Grain, une Tige * droi- te 5 efElee , & d'un blanc argente , au delTus de * b, laquelle fbrtoient de petites Racines * inclinees en '* r, embas. La Tige * augmentoit fubitement de gros- feur immediatementaudefTus de ces Racines. D'au- tres DES FEUILLES. IV. Mem. 203 tres Racines * partoient comme a I'ordinaire , de I'ex- * ** • tremite inferieure du Grain , ou de fes environs. J'ai repece cette Gbfervation un grand nom- bre de fois , • & j'ai vu conflamment la meme particularite. Ce feroit une Experience curieufe que d'ele- ver une fuite de generations d'Yvroye dans une Terre k Froment , que Ton cultiveroic chaque annee avec plus de fbin. On verroit fi I'Yvroye parviendroit par-la a fe rapprocher infenfiblement du Bie. 11 faudroit encore tenter la meme Ex- perience fur les Gramens , qui reflemblent le plus aux diverfes efpeces de Grains dont nous tirons notre fubfiftance , ou dont les Animaux domefli- ques fe nourrifTent. LXXVI. Beaucoup d'efpeces de Plantes ont de trois fortes de Feuilles , non compris ces Feuilles qui ne font que Texpanfion des Lobes de la Semence. Elles ont les Feuilles jemina- les , qu'on pourroit nommer les Feuilles de r En- fance ; les Feuilles par lesquelles la Plante eft la plus connue, & qu'on pourroit nommer les Feuil- les caraderijiiques * , ou les Feuilles de VAdo- ^^iv lefccnce ; les Feuilles qui accorapagnent les Fleurs ^'s- y- ou les Graines , & qu'on pourroit appeller les Feuilles de ^ ^ige miir *. * Fig. 12. La difference qui efl entre les Feuilles Jemi- nales , & les autres Feuilles, efl tres frappante. Elles font fbuvent plus charnues & d'un verd Cc 2 plus 204 RECHERCHES SUR L'USAGE plus fonce. Elles font ordinairement tres Iifles , leurs Fibres ont peu de relief, & leurs Bords ne font pas denteles , ou le font irregulierement. heBIenoir, le Cbou, Stc. fournifient des exem- ples de cette efpece de Feuilles. Les Feuilles de la troifieme Efpece different presque autant des Feuilles caratlerijiiques , qu6 celles-ci different des Feuilles feminales. Les Feuilles dont je veux parler , font ordinairement * Fig. ii-fimples "* , allongees , & etroites. Les Feuilles * Fis- 9- cara^erijliques * , au contraire , font compofees ; elles ont quelquefois depuis trois , jusques a neuf Folioles ; ou bien ces Feuilles font decoupees de diverfes fa^ons , ou profondement dentelees. Le Cbanvre , V Abfyntke , le Pie d\41ouette , &c. nous offrent des exemples de cette fingularite. J'ai remarque 5 (lx. ) que dans les Plantes qui appartiennent au troifieme Ordre , ou dont les Feuilles font diflribuees au Tour des Bran- ches , comme le font les Rayons d'une Roue au Tour du Moyeu (lvi. ), le nombre des Feuil- les augmente ou diminue , fuivant que les Bran- ches ont plus ou moins de grofieur (lx.). J'ai fait une femblable Obfervation fur les Plantes a Feuilles compofees (lxxi.). L'efpece de Feuille dont il s'agit aftuellement , paroit etre une fuite de la meme Loi. II y auroit cependant lieu de douter fi cette efpece de Feuille ne feroit point une FeuiJIe ordinaire , raais qui n'auroit pu ache- ver- DES FEUILLES. ir. Mem, 205 ver de fe developper. Les Traits imparfaits de rellemblance qu'on obferve entre cette Feuille & celles de la feconde Efpece , femblent favo- rifer ce (bup^on. LXXVII. Il eft des Feuilles dont Jes prin- cipales fonftions font moins de pomper I'humi- dite , & d'aider a Tevaporation des humeurs fu- perflues (xvi.), que de preparer le Sue nourri- cier , & de fournir peut-etre de leur propre fub- ftance, une nourriture convenable a la petite Ti- ge qu'elles renferment. La Pomme du Chou en .eft un exemple extremement remarquable. La forme de fes Feuilles, leur epaifteur, la maniere dont elles font preflees , & arrangees les unes fur les autres , leur deperiflement lorsque la Tige qu'elles nourriflbient a acheve de fe developper , perfijadent facilement qu'il en eft de cette Pom- me , comme de certains Oignons , qui s'epuifent pour fournir au developpement de la Tige placee a leur centre. Si Ton met une Pomme de Chou fur un Vafe plein d'Eau , il fbrtira du Tronfon beaucoup de Racines ; la petite Tige paroitra bientotj elle montera & fleurira comme elle au- roit fait en pleine Terre. LXXVIII. LoRSQ_UE j'ai donne dans men premier Memoire (v.), les Refultats des Expe- riences que j'ai faites fur les Feuilles des Herbes, j'ai annonce THiftoire de quelques Feuilles , dont Textremite du Pedicule plongeoit dans des Vafes Cc 3 pleins W 2c6 RECMERCHES SUR L'USAGE pl.cins d'Eau. C'efl ici le lieu de parler de ces Feuilles. Je dirai done qu'elles ont poufle des Racines, & qu'elles font devenues de veritables Plantes. Le Haricot , le Cbou , la Belle de Niiit , & la Melifje font les Efpeces qui m'ont ofFert cette fins;u!arite. o Les Feuilles du Haricot ont commence afai- re des Racines dix a douze jours apres avoir ete plongees dans I'Eau. Ces Racines font forties de presque tons les points de la Surface du Pe- dicule. Elles etoient nombreufes, afTez longues, fimples, & tres blanches. Il y avoit lieu de s'attendre que des Feuilles fi enracinees vivroient longtems. Cependant el- les ont pafle au bout d'environ une femaine. J'ai efTaye d'en tranfplanter dans des Vafes pleins d'u- ne Terre preparee , mais elles n'y ont fait au- cun progres. Les Feuilles du Haricot a Bouquets incarnats ^ plongees dans I'Eau par leur Pedicule , y ont fait auffi des Racines , mais feulement a I'extremite infe- *y^^\^ rieure de ce dernier. Une Feuille * de cette Ef^ pece mile en Experience flir la fin d'Aout, avoit poufle le 24. de Septembre , plufieurs Racines, dont une avoit environ trois pouces de longueur. Cette Racine a cru de 6 Lignes , dans Tefpace de 24 heures ; le Thermometre de Mr. de Reaumur etant a 18 degres. Le 14. d'Oc- to- DES FEUILLES. IF, Mem. 207 tobre , la maitrefle Racine *" s'etoit fort prolon- * ^ gee; de petites Racines en fbrtoient de tous co- tes. D'autres Racines , du nombre des principa- les, montroient a leur extremite un renflement *. * »■> »"> J'ai fait alors delTiner la Feuille. Elle n'a pas fait depuis de progres fenfible ; & vers le com- mencement de Decembre, elle a perdu fes Folio- les. J'avois pourtant jette dans le Vafe, de la Terre de Jardin tres divifee , & qui a rendu I'Eau fort trouble. Je tacherai de conferver de fem- blables Feuiiles pendant I'Hyver, & jusqu'au re- tour du Printems , pour (avoir fi elles ne poufle- ront point alors des Boutons a Feuiiles , & en- fuite des Boutons a Fleurs. A I'egard des Feuiiles de Chou , dont le Pe- dicule a ete plonge dans TEau (v.), elles ont commence le 25. de Septembre ("*) a poufler des Racines, de I'extremite de celui-ci, (bit en dedans de la Coupe , (bit en dehors. 11 en a pa- ru de nouvelles de jour en jour ; & toutes ces Racines /e font divifees & fbusdivifees au point de remplir la capacite du Vafe. ]e n'ai plus doute apres cela de la verite des Experiences d'Agricola (t) fur la multiplication des Plantes par leurs Feuiiles. Et j'en ai ete encore plus convaincu , lorsquV/ant plonge dans TEau (*) C'efl-a-dire , 23. jours opres avoir ete mifes en EspevicDCc. ( t ) V Agriculture parfaite. 2oS RECHERCHES SUR L'USAGE I'Eau parleur Pedicule, d'autres Feuilles de Chou, je les ai vu y prendre Racines. Une des Feuilles de Belle de Mutc^m ont ete plongees dans I'Eau par leur Pedicule (v), a commence a prendre Racine dans Je meme terns que celles du Cbou, Cette Racine etoit tres blanche , fort unie , & de I'epaifleur d'un gros Fil. Elle efl fbrtie de Textremite du Pe- dicule & du bord interieur de la Coupe. Ai ANT mefure cette Racine exadement, j'ai trouve qu'elle s'efl prolongee de 3 Lignes dans Fefpace d'environ douze heures. Deux jours apres , fa longueur alloit a 2 Pouces. Elle ne fit depuis aucun progres- & le 20. d'06lobre la Feuille avoit palTe. La Meliffe ne m'aVant rien ofFert de plus par- tic ulier que la Belle de Nttit , je ne m'y arretai pas (v). AvANT que j'eufie fait les Experiences que je viens de rapporter , j'avois tente de faire des Boutures de Feuilles dans de la Terre preparee. le m'etois fixe , pour cet effet , aux Feuilles des Plantes qui ont le plus de difpofitions a reve- nir de Bouture ; comme la J^igne , le Coiidrier, \e Gro/ci/kr y VOfier^ {2. Girqflee^ VOcillet : j'a- vois fait a plufieurs de ces Feuilles, des incifions le long des principales Nervures; & j'avois eu loin de tenir les unes & les autres dans un lieu frais; niais aucune de ces Feuilles ne poufia des Racines. DES FEUILLES. IV. M6m. 209 Je conje6lure qu'afin que ces fortes de Bou- tures reulTilIent, on doit ies faire dans TEau, & les tranlplanter enfuite dans la I'erre. On pourroit fe fervir ici des moyens inge- nieux que Mr. du Hamel a mis en oeuvre fi heureufement fur Ies autres efpeces de Bou- ture , & qui font expofes dans les Memoires de l'Academie Royale des Sciences, pour I'annee 1744. ^'^ paroiflent plus fimples & plus fjjrs que ceux d'AcRicoLA. A u refte fi les Feuilles des Plantes Herbacees ont plus de difpofition a poufler des Racines que n'en ont celles des Plantes Ln nc.iifes , il faut ap- paremment i'attribuer a la delicatefle de leur Tiflu , qui favorife Feruption des Germes caches (bus la premiere Enveloppe du Pedicule. LXXIX. Il furvlent _aux Plantes qu'on ele- ve dans des lieux renfermes , une alteration tres remarquable : on la nomme EttioJcnient. On dit en terme de Jardinage , qu'une Flante ^ Ettiole^ quand elle poufle des Tiges longues , effilees , * d'un Blan eclattant, terminees par de tres petites Feuilles, afTeZ mal fa^onnees, d'un Verd pale. ]'ai cherche a decouvrir la caufe de cette altera- tion. J'ai voulu m'afTurer fi c'q^ au defaut d'air, de chaleur, ou de lumiere qu'on doit I'attribuer. .,. Pour cet efTet, j'ai feme vers la mi-Sep- tembre , trois Pois , I'un a. I'ordinaire , I'autre fbus . un XiJy^'U de verre * enfonce en terre par une * pl. v, - Y\A ^1 XXVIII. 3fioi - ■L' a cie lig. 2. r 2IO RECHERCHES SUR L'USAGE de fes extremites , & fcelle par Pautre avec un * ^' Bouchon * de liege ; le troifieme Pois a ete fe- ♦i''3-3-B ixie fous une petite Boete *, d'un bois de Sapin tres mince , longue & ailez etroite , enfoncee de meme dans la terre par un de fes bouts , & fiir- * ^ monte a Pautre d'un Couvercle * du meme bois qui la fermoit exaftement. L'expofition du lieu etoit au Nord-Eft. SuR la fin d'06tobre, j'ai compare Petat des Plantes provenues de ces trois Pois, & je Jes ai ♦Fig- 2-^ fait defliner. La Plante * qui avoit cru dans le Tuyau de verre , etoit a peu pres telle que cel- * Fig- 1- le* qui avoit cru naturellement; elle etoit feulement * Fig. 3- un peu plus petite. La Plante * qui avoit cru dans la Boete, etoit extremeraent ettiolee. Elle * ^ avoit poufle uneTige * Tort longue, fort efElee, d'un Blan tres eclattant , qui portoit a fes extre- * F> p, mites de tres petites Feuilles * d'un Verd ten- dre , dont on avoit de la peine a reconnoitre la forme. La Terre ou ont cru ces trois Plantes, etoit precifement la meme. Un Thermometre aiant ete renferme dans la Boete , la Liqueur s'y eft tenue auffi haut que celle d'un autre Thermo- metre place immediatement a cote & en plein Air. ]'ai repete cette Experience avec le meme fucces , fur le Haricot. Les Plantes qui ont cru dans des Tuyaux de verre bien bouchies , ne s'y font • DES FEUILLES. IV. Mm. 211 font point ettiolees ; elles font demeurees feule- ment plus petites que les Plantes qui ont cm en plein Air, Celles-ci ont pu s'etendre en liberte; celles-Ia ont ete genees par les Parois des Tu- bes. Les Plantes qui ont pris naiflance dans des Boetes , fe font au contraire fort ettiolees. 11 en a ete de meme de celles qui ont cru dans des Tubes renfermes dans des Etuis d'un hois mince. J'ai enleve entierement un des Pans d'une Boete ■* quarree j je Pai remp\a.c6 par un Verre^^[- fort transparent , tourne direftement vers le tig. i*' Nord , afin que le Soleil ne donnat point dans rjnterieur de la Boete. Les Plantes qui ont ete mifes ainfi en Experience , ne fe font pojnt et- tiolees. J'ai introduit au mois d'Avril , un Bouton de Vigne dans un Tuyau de fer blanc long d'envi- ron trois pies , & d'un pouce de diametre , pla- ce perpendiculairement. J'ai enveloppe ce Tuyau de Moufie , pour le garantir de la trop forte im- prelTion du Soleil , qui auroit pu I'echaufFer au point d'incommoder la Plante que j'y voulois e- lever. J'ai laifle le bout fuperieur ouvert. Cinq k fix femaines apres , aVant enleve le Tuyau , j'ai vu une Tige fort droite , d'un Blan tres vif, & qui portoit k Con extremite des Feuilles d"'une extreme petitefTe , & d'un Verd jaun^tre. J'ai eflaye de Planter cette Tige dans la Moufie; elle a bientot noirci , & s'cfl enfuite deflechee. Dd 2 Ces 212 RECHERCHES SUR L'USAGE Ces Experiences ne femblent-elles pas infi- nuer que la Lumiere eft ici le principal Agent ? On a penfe qu'elle coloroit les Fruits. En exa- minant le cote inferieur de piufieurs Jets de Ronces horizontaux, j'ai remarque qu'il etoit de couleur blanchatre , tandis que le cote (uperieur plus expofe a la Lumiere, etoit de couleur brune. Mais comment la privation de la Lumiere empeche-t-elle le developpement des Feuilles, & prolonge-t-elle excefTivement les Tiges ? II eft bien manifefte, que ce prolongement exceftif provient de Fexces de duclilite des Fibres de la Tige, Ces Fibres confervent trop longtems le degre de fbuplefte qui leur permet de s'eten- dre ; elles s'endurciftent trop tard. Or la cha- leur, & fur-tout la chaleur direfle du Soleil (liii.) paroit d'abord devoir etre I'unique , ou du moins le principal Agent de cet endurciflement. Ce- pendant nous avons vu que le Thermometre s'eft tenu audi eleve dans les Boetes ou s'eft fait I'et- tiolement , qu'en plein Air. Je ferai encore re- marquer, que le Soleil ne donnoit que tres peu de tems fur les Boetes & fur les Tubes ; & que des Plantes qui vegetoient dans des Boetes vitrees d'un cote , oil le Soleil ne penetroit point , ne s'y font pourtant pas ettiolees. Un certain degre d'humidite ne paroit pas non plus devoir etre la caufe de I'ettiolement. 11 s'eft raftemble tant de vapeurs dans les Tu- bes .DES FEUILLES. IT. Mint. 213 bes ou croiflbient des Plantes , que ces vapeurs diflilloient de tous cotes. L'obscurtte' produlroit-elle done feule I'ettiolement j le grand jour fuffiroit-il feul a le prevenir ? Tout ceci merite un examen plus appro- fond i. Je me borne aduellement a mettre les Phyficiens fur les voies. EXPLICATION DES FIGURES DU QVATRIEME ME MOIRE, P L A N C H E XXIV. LA Figure I. reprefente une Feuille de Fram- hoijier ^ a cinq Folioles a^ b^ r, d^ e. Les Folioles /2 , b^ c^ d^ font difpofees par paires fur la meme Ligne. La Foliole e^ eft feule a I'extremite de la F^euille, L"'intervalle qui efl entre cette Foliole & les Folioles de la fecon- de Paire , eft plus petit que celui qui efl entre les Folioles de cette Paire & celles de la pre- miere. Les Figures 2. & 3. font deflinees a repre- fenter une efpece de Greffe qui s'opere entre Dd 3 les 214 RECHERCHES SUR L'USAGE les Folioles d'une meme Feuille. Dans la Fi- gure 2. la Foliole c , efl unie en partie a la Foliole de I'extremite. Dans la Figure 3. les Folioles c ^ d , font aufTi unies en tres gran- de partie a la meme Foliole. Les Lignes ponftuees ^ , ^ , « , indiquent la place d'une e(^ pece d'Arrete qui append ou s'eft fait la Jonc- tion. La Figure 4. efl: celle d'une Feuille de jfasfinn , a fept Folioles. La Foliole de I'ex- tremite efl: plus grande que les autres , & plus allongee a proportion de fa largeur. Cel- les-la font arrangees par paires fur deux Lignes paralleles , & a egales diflances .les unes des au- tres. Les Figures 5, 6, 7, 8, font des exem- ples de Monftres qu'on obferve dans les Feuilles. du Jasmin. On voit dans la Figure 5. une Feuil- le a trois Folioles difpofees irregulierement ; en- fbrte que les Folioles u , ti , qui devroient avoir vis-a-vis d'elles une Foliole correfpondante , n'en ont point. La Figure 6. montre une Feuille a neuf Folioles. Quatre de ces Folioles i , s , i , s , fbrtent du Pedicule particulier de deux autres Folioles , avec lequel elles font deux Angles droits. La Foliole de I'extremite a* une forme irreguliere , qui paroit lui avoir ete donnee par une efpece d'Incorporation d'une des Folio- les voifines , qui auroit du correfpondre avec la Fo- DES FEUILLES. IV. Mm. 215 Foliole i. L'intervalle " -^^ ■^:i^ -^ijiN- io^wj* RECHERCHES S U R L'USAGE DES FEUILLES DANS L E S P L A N T E S. CINQUIEME MEMOIRE. Nouvelles Rechercbes fur les Feiiilles des Plantes , ^c. Confirmation des Kecberches precedentes. LXXX. B^^^^^^'^Jn fujet de Phyfique, quelque ^ T T >v5 petit 5 ou quelque fterile § yJ II qu'il paroilTe , s'etend , & ^^^^^^J^ devient feconden decouver- tes a meiure qu on 1 appro- fondit. De ce Germe fort bientot une Tige , qui prenant de jour en jour plus d'accroiiTement , Ee 3 pous- 222 RECHERCHES SUR L'USAGE poulle une multitude de Branches & de Ra- meaux, qui font autant de verites nouvelles, G'tST ce <|ue j'ai eprouve en travaillane -fur I'Ufage des Fsiulies dans les Plant es. . Je n'a- vois d'abord eu pour principal objet que de m'as- furer fi la Surface inferieure . des Feuilles etoit plus propre que la Surface fuperieure a tirer I'humidiie (ii.). L' Experience qui devoit m'en' inflruire etoit tres fimple (iii.) : on en a vu le flicces (v. VI.). Elle m'a conduit 'a obferver la diredlion & le retournement des Feuilles, (xx. XXI.) le jeu analogue des Tiges (lIl), I'arran- gement des Feuilles fur les Branches (lvi. ) , & plufieurs autres Faits remarquables (lxx.) &c. Xa plupart des Experiences qui etabliflent ces Faits , ont ete repetees plufieurs fois dans I'efpace de quatre a cinq ans: quelques-unes demandoient a I'etre : toutes pouvoient etre pouffees beau- coup plus loin, Je les ai done reprifes I'annee .derniere , depuis I'envoi de mon Manufcript au Libraire. J'ai t^che de les varier. En me con- firmant ce que j'avois deja vu , cette efpece de revifion m'a donne lieu de decouvrir des Faits nouveaux. Je vais expofer dans ce Memoire, la fuite de mes Recherches. Je le diviferai naturellement en quatre Parties, qui repondront aux quatre Memoi- res precedens, & qui feront a peu pres (bus les memes Titres. DES FEUILLES. V, Mm. 223 T>e la JSluirition des Planus par kurs Feuilles. LXXXL Dans les Feuilles que leur figure a fait nommer Enjtformes-^ telles que celles du J one * , du Gramen , du Ble , he. les deux Jj[Jj Surfaces different fort peu Tune de I'autre. Ce n'eft gueres que par le relief de la principale Nervure (11.) qu'on parvient k diflinguer la Sur- face inferieure dans les Feuilles qui ont ete de- tachees de la Plante. C'eft ce que Ton oblerve fur-tout dans celles du Ble de Turqide ; & c'efl aufTi ce qui m'a rendu curieux de favoir fi les deux Surfaces des Feuilles de cette Plante fe res- femblent autanr par leur difpofition a pomper rhumidite , qu'el.es fe reflemblenr par leur tiffli & par leur couleur. J'ai done fait fur des Feuil- les de Ble de Turqide parvenues a leur parfait accroidement , une Experience femblable k celle que j'ai decrite dans les Articles iii. & iv. du pre- mier Memoire. Mais comme ces Feuilles font d'une longueur & d'une figure qui ne permet- tent pas de les appliquer d'une maniere convena- ble (ni. ) fur la fuperficie de I'Eau contenue dans un Poudrier , j'ai pris Je parti de les cou- per transverfalement par morceaux egaux & fem- blables. j'ai ufe a I'egard de ces morceaux de Feuilles, des memes procedes dont j'ai ufe a I'e- gard des Feuilles entieres : les uns ont ete ap- pli- 224 RECHERCHES SUR L'USAGE pliques fur !a fuperficie de I'Eau par leur Surface fuperieure ■ d'autres Font cte par leur Surface inferieure ; d'autres ont ete plonges dans PEau par leur plus petit cote, par le cote qui determi- noit la largeur de la Feuille j d'autres enfin ont ete laifles fans nourriture. C,A ete le 4. d'Aout que j'ai commence cette Experience. Le 6. les morceaux de Feuil- les laifles fans nourriture etoient abfolument fan- ncs. Deux jours apres il en etoit de meme des morceaux qui etoient appliques fur I'Eau par leur Surface fijperieure. Le 24. ceux qui'pom- poient I'Eau par un de leurs plus petits cotes , commen^oient a pafler. Les morceaux humec- tes dans leur Surface inferieure etoient au con- traire tres verds ; & ils n'ont commence de s'alterer que vers les premiers jours de Septem- bre. Il paroit done par ce que je viens d'expofer, que dans les Feuilles du Ble de Turquie^ la Sur- face inferieure a plus de difpofition que la fupe- rieure a pomper I'liumidite. Je ne deciderai point qu'il ne fbit de meme a I'egard de toutes ies Feuilles enfiformes ; c'efl a I'Experience a nous en inftruire. LXXXII. J'ai fbuvent obferve les Feuilles du Laurier Cerije apres une gelee blanche. J'ai vu fur la Surface inferieure, une infinite de pe- tits Gla^ons, qui foririQient des.efpeces de Houp- pes DES FEUILLES. V. Mem. 225 pes feparees Jes unes des autres par de legers in- tervalles. Ces Houppes ne s'obfervoient point fur la Surface fuperieure : Jes Gla^ons y compo- fbient des Couches repandues par-tout d'une ma- niere ailez uniforme. Les Houppes dont je parle, indiqueroient-el- les les endroits des Pores abjorbants ; feroient- elles analogues a ces filamensterreux qui s'atta- chent a Textremite des Racines des PJantes qui vegetent dans PEau (xviii.) ? Ou ces Houppes feroient-eJIes produites par la matiere qui s'e- chappe des Pores excre'toires ? Pendant une geiee aflez forte, mais dans un terns couvert, j'ai vu fur Ja Surface inferieure des memes Feuilles , au lieu de Houppes de gla- ce , de tres petites t^ches brunes , de figure irre- guliere. LXXXIII. L'action par laquelle I'Eau s'e- leve dans les Feuilles vertes, s'exerce-t-elle enco- re dans les Feuilles feches? Je me fliis aflure du contraire en plongeant par leur Pedicule dans des Tubes pleins d'Eau , differentes efpeces de Feuil- les que j'avois fait lecher a deflein. L'Eau de ces Tubes n'a pas Ibuffert une plus grande dimi- nution que celle de femblables Tubes ou je n'a- vois point mis de Feuilles. LXXXIV. On croit aflez communement que la Seve tend a s'elever : on a meme cherche dans cette tendance, la cauie de la perpendicularite des Ff Ti- 226 RECHERCHES SUR L'USAGE Tiges y & j'avouerai qu'avant que d'etre mieux inftruit de la Mechanique du retournement des Feuilles & du repliemerit des Tiges , j'avois eu quelque penchant a attribuer ces mouvemens a rimpulfion de Ja Seve de bas en haut. ]e me fuis convaincu par une Experience , de la fauflete de cette opinion fur la tendance de la Seve. Quatorze grandes- Feuilles (^ ylbrkotier egales & fen^blables, ont ete plongees par leur Pedicule dans des Tubes pleins d'Eau & d'un egal dia- metre : fept de ces Feuilles ont ete inclinees en embas ; les fept autres Feuilles ont ete placee^ perpendiculairement en enhaut. Les unes & les autres ont tire egalement en terns* egal. ]'ai fait une femblable Experience fur des Ti- ges de Jasmin., de Alermriale , & (T Or tie: le fucces en a ete a peu pres le meme ; s'il y a eu quelque difference entre les Tiges d'une me- me Efpece , I'avantage a ete plutot pour celles qui etoient inclinees en embas que pour cel- les oui etoient dans la pofition contraire ; les premieres ont un peu plus tire que les fecon- des. LXXXV.L'Expe'rience des Feuilles dont le Pedicule a ete plonge dans des Liqueurs fpi- ritueufes (xiv. ), meritoit d'etre repetee & variee. ]'ai fbuhaite de connoitre plus particulierement quelle quantite de chaque efpece de Liqueur , des Feuilles egales & femblables tireroient en terns DES FEUILLES. V. Mim, 227 tems egal , & quelles alterations ces difFerentes Liqueurs y produiroient. J E me fuis fervi , pour cet effet , des Tubes de verre, dont j'ai donne la dimenfion dans les Articles xiii. & xiv. J'ai rempli ces Tubes d'Eau commune, de Vin roOge , d'Eau de Vie, d'Efprit de Vin , d'Eau des Carmes. J'ai plon- ge dans chaque Tube le Pedicule d'une Feuille d^ Ahrkotier de 4 pouces de longueur fur 3 pou- ces de largeur. JLe Pedicule avoit 1 5' lignes de longueur, De femblables Tubes ont ete remplis des memes Liqueurs, mais dans lesquelles je n'ai point plonge de Feuilles. Le Thermometre de Mr. de Reaumur etoit alors a \(i degres au deflus de la Congelation. Au bout de 30 heures, Tabbaidement des dif- ferentes Liqueurs dans les Tubes 011 il n'y avoit point de Feuilles , etoit tel qu'il eft exprime dans la Table fuivante. Eau commune. . . . Lignes i. '■ Vin rouge - - - ' 1- \ Eau de Vie - - - - 6. j Efprit de Vin. . . . .• ^2. ; Eau des Carmes. . •. ■. " 7- f L'abbaissememt des memes Liqueurs dans les Tubes oii les Feuilles etoient plongees , a ete dans le meme tems tel que ci-apfes. Ff 2 . Eau 228 RECHERCHES SUR L'USAGE Eau commune. . . . Lignes 12. Vin rouge 3. ;; Eau de Vie •- i3- Efprit de Vin. . . . 15. i Eau des Carmes; . . . - - - - 12. Si I'on retranche les quantites exprimees dans cette Table de celles de la Table precedente , on aura a peu de chofe pres, ce que les Feuilles ont tire en terns egal. ]e dis a peu de chofe pres, parce que I'evaparation des Liquides fe fai- fant en raifbn des Surfaces , elle a du etre un peu plus grande dans les Tubes ou il n'y a point eu de Feuilles, que dans les autres. Le diametre de ces derniers efl: devenu plus petit que celui des premiers de toute I'epaifleur du Pedicule qui y a ete plonge. Mais le Pedicule des Feuilles <^^ jlbrkotier etant fort effile , la difference dont il s'agit doit fe reduire a fort peu de chofe. Ainfi en negligeant cette difference, on aura pour la fuc- cion des Feuilles les quantites qui fuivent. Eau commune. . . . Lignes 10. ^- Vin rouge _ - _ - o. ^ Eau de Vie 6. \ Efprit de Vin 3. Eau des Carmes. . . . 4. ^ Les Feuilles qui ont pompe les Liqueurs fpi- ritueufes, etoient presque leches au bout des 30 heu- DES FEUILLES. V, Mm. 229 heures. Obiervees vis-a-vis Je grand jour, on decouvroit dans celles qui avoient tire les trois dernieres efpeces de Liqueurs, des Bandes brunes qui fuivoient les principales Nervures , & mar- quoient le paflage de la Liqueur par ces diiFe- rens endroits. Ces Feuilles avoient contrade I'odeur des Liqueurs qu'elles avoient pompees : c'efl; ce qu'on remarquoit fur-tout dans celles qui avoient ete plongees dans TEfprit de Vin , & dans PEau des Carmes. LXXXVI. Mr. Hales dans fa Statique des Vegetaux^ rapporte plufieurs Experiences qu'il a tentees, pour ellayer de changer le gout naturel des Fruits & leur communiquer celui de quelques Liqueurs fpiritueufes & de diverfes Infufions o- doriferantes. 11 a plonge pour cet effet , dans ces difFerentes Liqueurs , des Branches ou des Rameaux charges de Fruits ; il les y a laifles pendant un certain terns , fans que le gout des Fruits en ait ete le moins du monde altere, fbit qu'ils fuflent miirs , fbit qu'ils futlent encore e- loignes de leur maturite , mais cet habile Phyficien a presque toujours retrouve I'odeur des Liqueurs ou des infufions dans les Que*ues des Feuilles & dans le Bois. II conje6lure avec beaucoup de vraifem- blance, que les Vaifleaux deviennent fi fins pres du Fruit, qu'ils ne fauroient admettre lesParticules o- doriferantes qu'on cherche a y introduire. lis chan- gent 5 ou s'affimilent les matieres qu'ils resolvent. Ff 3 J'AI 230 RECHERCHES SUR L'USAGE J'ai fait fur les Fleurs des Experiences fem- blables a celles que Mr. Hales a tentees fur les Fruits. J'ai choifi par preference des Fleurs qui ont naturellement peu de parfum , comme cel- les de V Enthyfmum ou Gueule de Loup ^ & cel- les du. Haricot cPElpagm ou Haricot incarnat. Des Tiges chargees de ces Fleurs ont ete plon- gees dans des Tubes, dont les uns etoient rem- plis d'Efprit de Vin , d'autres d'Eau des Car- mes , d'autres d'Eau de la Reine de Hongrie , d'autres d'une Eau fans pareille d'une odeur tres relevee. . A u bout d'environ 24 heures , les Fleurs fe font fannees , elles avoient deja contrafte allez fenfiblement I'odeur des Liqueurs qu'elles avoient pompees. Cette odeur eft devenue plus fenfible dans ces Fleurs les jours fliivans. Il paroit done par ces Experiences, qu'il n'en efl pas des Vaifleaux des Fleurs comme de ceux des Fruits , & que les premiers admettent , du moins jusqu'a un certain point , la Partie odori- ferante 'des Liqueurs dans lesquelles les Tiges demeurent plongees. C'efl ce qui paroitra plus evident , fi j'ajoute que j'ai bouche avec un Couvercle de Carton, les Tubes dans lesquels les Tiges ont ete plongees. Un IVou pratique dans le milieu de ce Couvercle, laiilbit paller la 7'ige qui le rempliflbit exadement. Par cette precau- tion je me fuis^affure que les Fleurs n'ont point ^ i ^ em- DES FEUILLES. V.Mem. 231 emprunte leur nouveau parfum de Vapeurs ex- halees des Tubes. J'ai dit au commencement de cet Article, que Mr. Hales avoit remarqUe que des Branches plongees par un bout dans des Liqueurs fpiri- tueufes , ou dans des Infufions odoriferantes , a- voient contra6le I'odeur de ces Liqueurs ou de ces Infufions, & que cette odeur s'etoit encore manifeftee dans les Queues des Feuilles. Je puis dire quelque chofe de plus ; je puis allurer que non feulement les Queues des Feuilles , mais en- core toute leur fubftance , contraftent aflez forte- ment i'odeur des Liqueurs fpiritueufes dans les- quelles les Branches font plongees. Je m'en fuis convaincu en faifant flir des Rameaux ^ Ahrko- tier , la meme Experience que j'ai rapportee fur les Fleurs de V Enthyfinum & du Haricot incarnat. En moins de 3 jours les Feuilles de ces Rameaux ont contracle une odeUr fpiritueufe tres fenfible. On obfervoit, fur ces Feuilles, le pallagede la Liqueur par les Lignes noiratres qu'elle avoit tracees fur tomes les Nervures. Cette efpece d'in- jedion rendoit Jes plus petites ramifications tres diflinftes. On voyoit a la bafe de quelques- unes de ces Feuilles, une t^che jaun^tre, qui oc- cupoit une certaine largeur de part & d'autre de la principale Nervure. LXXXVII. J'ai compare plus exadement que je n'avois encore fait (xv. ), la quantite de nour- ri- 232 RECHERCHES SUR L'USAGE riture que tirent en terns egal par leur Pedicule les Feuilles des Plantes Ligneufes & celles des Plantes Herbacees. J'ai pris pour exemple VA- bricotier & le Haricot. Les Feuilles ^ AbricO" tier fe rapprochent beaucoup par leur forme & par leur grandeur, des Folioles de Haricot : c'eft ce qui a rendu mon Experience plus exade. H ne m'a pas ete fort difficile de trouver des Fo- lioles de Haricot precifement egales aux Feuilles ^ Ahricotier que j'avois choifi. J'ai fait encore enfbrte que toutes ces Feuilles fe reflemblaflent par les proportions de leur Pedicule, & par leur couleur, J'ai introduit le Pedicule de ces Feuil- les dans des Tubes de 3 lignes & ^ de diame- tre remplis d'Eau commune. J'ai mefure tres exadement Tabbaiflement de I'Eau dans chaque * Ji- "■ Tube * ; & voici en peu de mots quels ont ete les refultats de cette Experience. Dans un lieu dont la temperature etoit de 15 degres du Thermometre de Mr. de Reau- M UR, des Feuilles d''Abricotier de 3 pouces de longueur fur 2 pouces & I de largeur, ont tire en 2 heures & ; , 3 lignes. Des Folioles de Haricot de meme grandeur , ont tire dans le me- me terns , & a la meme temperature , 6 lignes. D' AUTREFOIS la quantite de Liqueur qui a ete tiree en tems egal par les Feuilles d'J^- bricoticr \, a ete a celle qui a ete tiree par les Fo- lioles de Haricot corame 4 a 6. Ces Fig. 3- DES FEUILLES. ^. Mem, 233 Ces refultats reviennent pour Tefientiel a ceux que j'ai donnes dans I'Article xv. lis prouv^ent egalement que les Feuilles des Plantes tierbacies tirent beaucoup plus dans le meme tems par leur Pedicule que celles des Plantes Ligmu/es. II n'y a pas lieu de douter qu'il n'en fbit de me- me de la quantite de nourriture que les unes & les autres resolvent par les Pores de leurs Sur- faces. LXXXVIIf. Pour continuer a m'inflruire de I'ufage des deux Surfaces des Feuilles , j*ai repete differemmenc mes premieres Experiences fur cerujet(xvi, xvii.). Au lieu d'appliquer une ou plufieurs Couches d'Huile fur I'une ou I'autre Surface, ou fur toutes les deux enfemble, j'ai ima- gine d'appliquer I'une a I'autre , deux Feuilles de me- me Efpece J egales & fcmblables , & de les retenir dans cette fituation en les coufant le long de leurs bords. Tantot la Surface inferieure a ete placee ci I'Exterieur , tantot a I'lnterieur, Dans le pre- mier cas , les deux Feuilles ont ete appliquees I'une fur I'autre par leur Surface fijperieure; dans le fecond , elles I'ont ete par leur Surface infe- rieure. QuelquefcJis j'ai plonge dans I'Eau les deux Pedicules ; d'autrefois je n'y en ai plonge qu'un. On comprend aflez , fans qu'il fbit be- (bin que je le repete , que dans cette Experience comme dans toutes les autres , j'ai traite unifor- mement toutes les Feuilies cntre lesquelles j'ai Gg eu 234 RECHERCHES SUR L'USAGE eu deflein d'etablir des comparaifons identiques. ]e n'extrairai de mes Journeaux que les reful- tats les plus frappans : j'en donnerai deux a trois pour chaque Efpece ; ils fuffiront. A u refte j'ai presque toujours opere fur des Feuilles qui avoient atteint , ou a peu pres , leur parfait accroiflement. Surface inferieure d I'Extcrieur Lignes r- Surface infdrieure a rint^rieur Lignes Merifier. 5- 3. 4. 2. 6. 3. — ^ jlbricotier. 3. 2. 5. 2. 10. 2. --^ r- Laurier Cerife. 5. I. 2. \. I. 3. I Si»- DES FEUILLES. K Mem. 23^ Surface infi^riture I Surface inf^rieure i a I'Ext^rieur I I'lnterieur Lignes | Lignes Pommier. 3- ■ 2. 3.;-. 2. 5- • 3- -^ Tremble 3- I- 2. \. I. 3. I -^ Rofier de Gtieldres (*) 6. 4- 7- J- -- ^ Haricot, 12. 9. 16. 10. Je me fuis borne a un petit nombre d'Efpe- ces : il m'a paru que des que le precede dont il s'agit, me donnoit des refultats femblables a ceux des (*) OiieTi Stireau d'Eau. Gg 2 • n6 RECHERCHES SUR L'USAGE des Experiences precedentes (xvi, xvii.), if etoit aflez inutile d'etendre ce precede , d'ailleurs un peu long , a un plus grand nombre d'Efpeces. Jl refulte done de cette nouvelle Experience, que les Feuilles cui ont ete appliquees Tune k Fautre par leur Surface fuperieure, ont beaucoup plus tire , en terns egal , que celles qui Font ete par la Surface oppofee. ' La quantite de nourri- ture que ces dernieres ont tiree, n'a ete quelquefois que la £- 5 le }, la '-, & meme la \ de celle que les autres ont tiree dans le meme terns. J'ai eu recours dans la meme vue, a d'autres precedes , qui m'ont fourni des refultats analogues. Far exemple , j'ai enduit d'une ou de plufieurs Couches d'Huile d'' Olives , mais d'un cote feule- ment , une Feuille d'un Papier aflez fort : j'ai Epplique cette Feuille de Papier par le cote en- duit fur la Surface dont j'ai voulu intercepter la tranf:iration ; je I'ai ccufu fur cette Surface. D'autrefois , j'ai employe a cet ufage un Vernis de Lacqiie fait avec I'Efprit de Vin. De gran- des Feuilles d^Meurier bianc^ enduites de ce Ver- nis , ont moins tranlpire lorsque le Vernis a ete- applique fur la Surface inferieure , que lorsqu'il fa ete flir la Surface fiiperieure (xvi, xvii.). \V lorsqu'au mi- * PL XXIX. ^8 RECHERCHES SUR L'USAGE milieu d'O^lobre il m'efl: venu dans Fefprit de faire tirer une Teinture d'Kncie a des Haricots ettioles. Deux jours apres confiderant ces Plan- tes avec beaucoup d'attention , j'ai ete agreable- ment furpris d'appercevoir a travers I'Ecorce , des Lignes noirktres * qui montoient le long de la y?'- }• Tige parallelement les unes aux autres. J'ai en- * £• leve aufTicot TEcorce * ; j'ai vu au dedbus , des * ^' ^' Lignes * du plus beau Noir, aulTi nettes , aufli bien terminees, aufli droites, que fi elles eullent ete tirees avec la Plume & la Regie. Je ne le repeterai point aflez ; la ncttete de ces Traits 6- toit de la plus grande perfection. Obferves a la Loupe , ils n'en paroillent pas moins tranches ; elle n'a pu me faire decouvrir entre eux de Ra- meaux colores. On comprend fans que je le dife, que les Lig- nes dont je parle , font desPaquets de Fibres Lig- jteu/es^de Fibres deftinees a conduire le Sucnourri- cier. En cofitinuant d'enlever I'Ecorce , j'ai fiiivi ces Vaifleaux colores jusques a I'extremite de la principale Nervure des Feuilles , & jusques dans les Nervures laterales. C'etoit a la Surface infe- rieure qu'ils alloient fe rendre. Les Faisceaux qu'ils formoient , & qui , comme je I'ai dit , e- toient reprefentes par des Lignes d'un beau Noir , diminuoient de nombre , de grofleur , & de tein- te a mefure qu'ils s'eloignoient de.la bafe de la Tige. J'ai eu la curiofite de compter le nombre de DES FEUILLES. V, Mini. 249 de ces Faisceaux un peu au defTus de cefte Bafe: j'en ai trouve huit , di/pofes par paires : la diflan- ce qui etoit entre chaque paire etoit un peu plus grande que celle qui eroit entre ies Faisceaux d'une meme paire. C'est ce que j'ai encore obferve ties dis- tin6lement en coupant la ^lige transverfalement un peu au delFus des Racines *. j'ai vu fur la ^l}-- Coupe huit roints noirs , qui, examines aut'f^-.i- R- Microicope , m'ont paru etre Ies Orifices de huit* r^b\c'i. gros Vailleaux. '^' ^^'' LoRSQ_UE j'ai partage la Tige par la moi- tie fuivant fa longueur, & que j'ai continue cet- te divifion jusques dans Ies Racines , de nouvel- les particularites fe font offer tes a mes yeux. j'ai vu au centre de toutes Ies Racines un Faisceau de Fibres parfaitement bien coJorees *: ce Fais-! ''.^' ceau alloit fe rendre a un Faisceau principal * lo- * ^• ge au Coeur de la maitrefle Racine: celui-ci fe divifbit au Collet * en d'autres Faisceaux plus * «^- petits , qui montoient le long de la Tige , entre I'Ecorce & la Moelle. La Coupe longitudinale ne prefentoit que deux de ces Faisceaux * , op-* ^' ^-■ pofes I'un a I'autre , & au milieu desquels etoit placee la Moelle * qui n'avoit point change de * ^^^ ^^■ couleur J non plus que I'Ecorce *. J'ai apper^u * £. e. feulement dans I'une & dans I'autre pres du Col- let * , une teinte bleuatre , qui provenoit , " " ne petite tache d'un beau Noir *. La Coupe transverfale d'une maitrelle Racine montroit une * F^'g-^4. t^che ronde '^ de menne couleur , environnee *\!c,c. d'un Cercle blancMtre * ailez epais , & qui dd- terminoit la place qu'occupoit FEcorce. Ce Cercle indiquoit que la couleur noire ou noirS.- tre qu'on obfervoit a I'exterieur des Racines, n'e- toit que fuperficielle, II en etoit probablement de cette couleur comme de ces t^ches irregulie- res qui paroiflent ^^a & la fur I'Epiderme de la Tige , & dont j'ai parle ci-deflus en rendant compte des Experiences que j'ai faites a\^ec la Teinture de Garmice. Peut-etre ndanmoins , que I'exterieur des Racines plus poreux que ce- lui de la Tige , s'imbibe jusqu'k un certain point de la matiere colorante , & la transmet en partie a I'interieur. Une teinte bleu^tre que j'ai ap- per^u quelquefois dans I'Ecorce des principales Racines fembleroit Tinfinuer. Quoiqu'il en fbit, la quantite de nourriture que les Racines pom- pent par cette voie , eft fiirement tres inferieure a celle qu'elles pompent par les pores places a leur extremite. La forte coloration de cette ex- tremite & du Coeur de la Racine en eft une preuve. - ]'AI \ DES FEUILLES. />-: MM. 2?r •J? J'ai repete un grand nofnbre de fois les Ob- ;fervations- precedences. J'ai vu conftamment k J'cxtremite de routes les Racines , une petite ta- che d'un beau Noir *, qui m'a paru defigncr les * pl. Orifices du Faisceau * de Fibres colorees , loge i'!?- 1 \ +. au Coeur de chaque Racine. Ce Faisceau va*'i"g.*3. -en s'eJargiirant a mefure qu'ii s'eloigne de i 'ex- ■''"''' ^" tremite de la Racine. Heft, commeelle, de Fi- gure conique. Le Faisceau principal , celui qui efl: place au centre de la maitrefle Racine , jette dans Ja Tige 8 ou lO Faisceaux plus petits , efpaces regulierement, qui embraflent la Moelle , & qui font embrailes eux memes par PEcorce. Ces Faisceaux courent en ligne droite le long de la Tige fans paroitre fe ramifier fiir leur route. On en fiiit quelques-uns jusques a Textremit^ des Nervures de la Surface inferieure des Feuilles, Lh, on les perd de vue. L'Ecorce & la Moelle obfervees k la Loupe, n'ofFrent point de fembla- bles Faisceaux ; on n'y decouvre pas meme le moindre Filet colore ; mais on appercoit a tra-* vers I'Ecorce de la Tige * & des Feuilles , les J^^fj^ Faisceaux colores places au deflous , & qu'on J ig- 1* pourroit croire appartenir a I'Ecorce , fi on ne '■''''''■ s'etoit auparavant aflure du contraire e-n I'enle- vant avec un ScaJpel , & en I'obfervant attenti- vement des deux cotes. J'ai parle des Faisceaux de la Tige comma etant paralieles le^ uns aqx autres: lis le jparoiflenf li 2 ef- ' 2^2 RECHERCHES SUR L'USAGE efFe6livement Jorsqu'on ne les confidere que /iir •F^. I. uj^g petite partie de leur longueur "*; mais fi on les fuit dans leur cours , on reconnoitra bientot */./>/>/• qu'ils tendent a fe rapprocher les uns des autres *, a mefure qu'ils s'eloignent de la Bafe de la Tige. Ainfi la Plante eft compofee de deux Cones prin- cipaux , appuyes I'un centre I'autre par leur Bafe , & cette Bafe eft au Collet. C'eft ce que Mr. SouBEYRAN a t^chc d'exprimer dans la Figure I. de la Planche 30. Les Traits foibles /, f-^f^ reprefentent les Falsceaux les plus eloignes de I'oeil du Spedateur. L'endroit C ou ils font in- terrompus, defigne le Collet. 7i, K^ font des Ramifications de la maitrefle Racine. Cette Fi- gure ne rend I'Original que tres imparfaitement ; elle n'eft deftinee qu'a aider I'imagination a fe former une idee de I'arrangement des principales Fibres qui compofent chaque Cone. Ces Obfervations mettent dans un grand jour ce que j'ai dit ailleurs (liii. ) de la difference qu'on obferve entre la ftrudure de la Racine & celle de la Tige , & de la diverfite de mouve- mens qui en refulte. On voit par ces Obferva- tions, que les Fibres qui conduiient le Sue nour- ticier, occupent le Centre dans la Racine & laCir- conference dans la Tige. L'Ecorce de celle -ci eft moins epaifle que I'Ecorce de celle -la. AvEC un Scalpel j'ai detache d'une Tige plongee dans I'Encre depuis 3 jours, une Lame tres DES FEUILLES. /^M'»?. 253^ tres mince , fur laquelle etoient trois Faisceaux qui paroiflbient fort colores : j'ai expofe cette Ls- me au Micro fcope , & nous I'y avons obferve attentivement Mr. Soubeyran & moi. Nous avons remarque que les trois Faisceaux * n'^toient * I'r.. pas egaiement colores: un * dc.ces Faisceaux Kig.V etoit beaucoup plus noir que les deux autres *. ♦ t, c. Nous avons fait une femblable remarque k re- gard des Fibres qui compofbient chaque Fais- ceau ; les unes nous ont paru d'une teinte tres forte^ les autres d'une teinte plus ou moins foi- ble. Immediatement a cote d'un de ces Fais- ceaux, nous en avons decouvert un quatrieme *, ♦ d. dont les Fibres plus exa6lement paralleles entre elles que celles des autres Faisceaux, mais biea moins colorees , etoient femblables a des Fils foyeux. L'intervalle compris entre les diiFerens Faisceaux, etoit rempli par des Fibrilles * difpo-*?,/, fees aflez irregulierement, & comme par ondes ^' *' luivant la longueur de la Tige , dans lesquelles nous avons apper^u une teinte noir^tre. Nous aurions poufle plus loin ces Obferva- tions microfcopiques , fi les occupations de Mr. SouBEYRAN, & les menagemeus que mes yeux exigent , nous I'avoient permis. Je cite ici le temoignage de Mr. Soubeyran , parce qu'il ne poffede pas feulement I'art de bien reprefenter ce qu'il voit, mais qu'il fait en- core voir en Obfervateur. li 3 J'ai 254 RECHERCHES SUK. t'USAGE 7;:;;J''Ai dit que Jes Faisceaux' cdlores qui s'ele- -vent de la Racine dans la Tige, font au nombre jde huit , cfpaces reguliereraent & difpofes par *^llj^ paires * On fe tromperoit beaucoup fi I'on p'°-.»- croyoit fur cet expofe , qu'il n'y a pas dans ja &cf' ' PJante un plus .grand nombre de Faisceaux qui .; ;,: jfe colorent. Tout ce que Ton peut inferer de cette Ob(ervation , c'efl que les huit Faisceaux ■dont il s'agit, font ceux qui fe colorent les pre- miers, II Y a. dans la coloration des FaisceauX), ■line gradation que Ton fijit a I'oeil. Pius la Plante fejourne dans la Teinture , plus le nom- bre des Faisceaux colores augmente. Enfbrte que fi Ton .coupe transverfalement a quelque dir (ftance du Collet, un Haricot qui a ete plonge dans TEncre peridant 7 ou 8 jours, on verra fur la Coupe , au lieu de huit Points noirs , un Cer- cle de meme couleur, qui , examine a la Loupe paroitra forme d'une multitude.. de Points noirs. Non feulement le nombre des Faisceaux colores augmente de jour en' jour , _mais encore leur grofleur & leur teinte: Les Obfervations qui luivent aideront a juger de cette gradation, cv La vitefle avec laquelle Ja matiere colorante s'eleve dans les Fibres de la Tige , eft tres re- marquable. :: Dans un Haricot long de 6 pouces, dont les Racines etaient plongees dans la Tein- ture depuis 2 heures , a une temperature d'en- viron 10 degres du Tbermometre. de..Mr^.d0 I/' 7 i^ Reau- DES FEUILLES. y. Mm. 2$^ Reaumur, j'ai trouve la matiere colorante -j^^^ y elevee dans la Tig€ k plus d^ 4 pouces de hau-i -V?'^ teur. Les Traits qu'elle y formoit etoient tres foibles & tres fins. Ceux des Racines etoient bien plus fenfibles. On voyoit un Point noir a I'extremite de chacune. - fc'"'i-> A u bout d'une heure , & a peu pres a la Hl(^^ me temperature , j'ai vu la matiere colorante s'e- Jever dans la Tige a environ 3 pouces de hau- teur. Les Traits ^u'elle y formoit etoient d'une grande finefie , & plus femblables a des Traits, de Crayon qu'a des Traits de Plume. Enfin 5 j'ai vu cette matiere s'elever en demi heure a i pouce & \ au deilus du Collet. Il faut un certain terns pour que la quantite de Particules colorantes qui fe depofe a ehaque inftant dans les Mailles des Vaiileaux feveux, devienne fenfible a I'oeil. A me/Iire que ces Vaiileaux re^oivent du nouveau liquide, il fe for- me dans leurs Mailles un nouveau depot , & la teinte fe fortifie. Mais , comme les Fibres quf compofent le meme Faisceau, n'ont pas toutes une egale difpofition a recevoir , ou a retenir les Particules colorantes , elles ne fe colorent pas toutes egalement en terns egal : de la vient que le Faisceau paroit d'abord (bus I'afpetl: d'un Fi- let tres delie, qui s'dpailTit peu -a -peu par I'ad- dition graduelle de nouvelles Particules colorantes dans les Mailles des Fibres voifines. 2^6 RECHERCHES SUR L'CSAGE XXIX ■ y^^ doute fi les Lobes * admertoient la ma- Fig- r.' ti^re colorante : je les ai regardes d'abord comme ' ' des efpeces de Filtres qui ne laiiTbient pafler que les Sues les plus fins. Pour decider cette ques- tion qui m'a paru interellante , j'ai tenu plonges dans I'Encre , pendant 2 jours , des Haricot dont les Lobes etoient encore tres verds. J'ai enfuite enleve I'Ecorce de la Tige au dellbus des Lobes , & aVant trouve les VailTeaux feveux tres colores , j'ai continue d'enlever I'Ecorce jusques a Tinfertion des Lobes dans la Tige : j'ai decouvert alors a I'origine de chaque Lobe , fept *J:'ig.7r. Vaifleaux *, reprefentes par fept Traits noirs tres delies , qui alloient fe plonger dans I'epais- (eur du Lobe , & s'y ran:iifier. J'ai apper^u ces Ran:iifications en partageant le Lobe fuivant fa longueur; j'ai vu fur la Coupe de chaque moitie, * F's- 8. une multitude de Traits * noirs , extremement fins , & dilpofes fort irregulierement. La matiere colorante penetre done dans les Lobes 5 comme nous I'avons vu penetrer dans les Feuilles. J'ai plonge dans I'Encre par leur extremite fuperieure, des Haricots dont les premieres Feuil- les etoient parfaitement developpees. J'ai cou- pe ces Feuilles h quelques-uns pres de I'origine du Pedicule. J'ai plonge en meme terns , dans la meme Liqueur , par leur extremite inferieu- rej d'autres Haricots egaux & femblables, aux- quels DES FEUILLES. /'. Mem. 2^7 quels j*ai retranche Jes Racines pres du Collet. Au bout d'un jour ou deux , ai'ant enleve I'E- corce de la Tige , j'ai vu dans les Haricots pri- ves de Feuilles, des Traits noirs , tres diftinifts, qui tendoient vers les Racines : ils etoient beau- coup plus fins & moins longs que ceux qu'on ob- fervoit dans les Haricots qui avoient tire la Tein- ture par leur extremite inferieure. On n'apper- cevoit point de femblables Traits dans les Hari- cots dont les Feuilles avoient ete plongees dans cette Teinture. Ces Feuilles n'en auroient-el- les point admis la Partie colorante ? Au refle, les Vaifleaux feveux de la Tige e- tant de petits Cones fort allonges, dont la Bafe eft au Collet 5 les Traits que la matiere colorante y produitj doivent etre plus fins & s'etendre moins lorsque cette matiere penetre dans la Tige par le fbmmet des Cones , que lorsqu'elle y penetre par leur Bafe. Dans le premier cas , les Parti- cules colorantes font en bien moindre quantite ; & fe divifant de plus en plus a mefure qu'elles s'elevent , parce qu'elles ont a occuper un plus grand efpace , elles deviennent toujours moins fenfibles. Nous avons vu que les Fibres qui fe colo- rent, font placees immediatement au deflbus de TEcorce : celle-ci feroit-elle incapable de colo- ration ? ne fauroit-elle recevoir , ou transmettre \qs Particules colorantes ? je crois avoir decide Kk cet- 258 RECHERCHES SUR L'USAGE cette Queflion par une Experience analogue k celle que j'ai rapportee. dans 1' Article x. J'ai choifi des Haricots fort ettiolles , qui a'fant ete inclines perpendiculairement en embas, s'etoient replies , & formoient un Coude au deflous des Lobes. C'eft ce Coude que j'ai plonge dans la * PL. II. Teinture , en fubftituant a la Plaque * de plomb *'f/t/t.percee de trous * ronds , une Planchette de bois dans laquelle on avoit pratique des ouvertures ob- longues de 3 a 4 lignes de largeur, fur 20 a 25* de longueur. Les Haricots ont etd introduits dans le Va(e par ces ouvertures , qui les ont maintenu dans la fituation qu'exigeoit le but de I'Experience. Si j'ai prefere des Haricots cou- des naturellement ^'a ete pour eviter les deran^ gemens que j'aurois pu y occafionner en lescou- dant n:ioi-meme. i ■^vlD:' DEUX a trois jours s'etant ecoules, j'ai retire les Haricots de la Teinture; je les ai lave plu- fieurs fois avec de I'Eau claire , & j'ai examin^ tres attentivement a la vue fimple & a la Lou- pe , la Surface exterieure de I'Ecorce : elle a- voit contrade au Coude une couleur noir^tre ; par -tout ailleurs elle avoit conferve fa couleur naturelle. J'ai enleve I'Ecorce a I'endroit colo- re ; j'ai obferve fa Surface interieure ; mais fa grande tranfparence ne m'a pas perm is de m'aflu- rer fi la couleur avoit penetre jusques a cette Surface. J'ai vu feulement 9a & la, fur la Par- tie DES FEUILLES. V.Mem. 259 tie que FEcorce recouvroit , une tres legere teinre de Noir , qui indiquoit que TEcorce a\oit laille pafler un peu de matiere colorante. Mais, ce qui n'etoit point du tout equivoque , c'eft que les Vaifleaux feveux qui fe colorent fi parfaitement dans les Tiges qui pompent la Teinture par I'une ou I'autre de leurs extremites , formoient ici des Lignes blanch^tres , tres aifees a diftinguer. La matiere colorante n'avoit done pas ete transmife a ces Vaifleaux ? Pour eiiayer de decolorer des Fibres qui a- voient tire une infufion d'Encre pendant 24 heu- res , j'ai mis les Plantes dans de I'Eau pure , a- pres les avoir lave avec fbin : je les y ai laiflees environ 3 (emaines. Au bout d'un terns fi long, a'lant enleve I'Ecorce , j'ai ete furpris de trouver les Fibres aufTi colorees que le premier jour. L'AiR paroit plus propre que I'Eau a decO' lorer les Fibres. II occafionne dans les Sues une evaporation qui detache les Particules colorantes des endroits ou elles font logees. j'ai remarque plus d'une fois , & Mr. Soubeyran I'a re- marque comme moi , que des Faisceaux tres bien colores, mis k I'Air par I'enlevement de I'Ecor- ce, fe decoloroient peu-a-peu ; enfbrte qu'au bout de quelques heures ils ne confervoient plus qu'une teinte ailez foible. L'Encre n'altere pas moins que la Garance les Plantes qui y font plongees ; mais c'ei): une Kk 2 alie- 26o RECHERCHES SUR L'USAGE alteration d'un genre oppofe. Au lieu de ramol- lir 5 de corrompre , il raffermit , il reflerre la partie de la Tige qu'on y tient enfoncee ; il pro- duit au Centre une cavite tres fenfible. Le refte de la Tige , la partie qui demeure a I'Air , fe fletrit en peu de jours. On a beau mettre la Plante dans de I'Eau fratche , qu'on a fbin de renouveller de tems en terns , elle ne s'y retablit point. Les Conduits une fois obftru^s par les Particules colorantes , ne fe rouvrent plus. Ce- pendant , comme je n'ai tente cette Experience que dans une mauvaife faifbn , je ne voudrois pas decider qu'il en fut de meme fi on la repetoit au Printems , ou en Ete : pent - etre qu'alors on verroit fbrtir de la partie la moins alteree de la Tige, de petites Racines, comme je I'ai dit de quelques Piantes qui avoient ete plongees dans la Teinture de Garance. XCI. Il ne fuffifbit pas d'avoir tente fur des Piantes Herbace'es les Experiences de la colora- tion ; il failoit encore les tenter fur des Piantes JJgneufes. Si j'avois penfe plutot k y employer I'Encrc, j'aurois fait, fans doute , des Obfervations plus intcrefTantes , & plus inflrudives que celles qu'il me refle a rapporter. Ce n'a ete qu'a la fin de Novembre, & a une temperature de 3 a 4 degres , que j'ai com- mence h. faire tirer des infufions d'Encre a des Branches de difFerentes. Efpeces» UAbricotier , le DES FEUILLES. V, Mim. 261 le Chesne , le Coudrier , le Laurier Cerife , le Pefcher , le Peuplier , le Poirier , le Sureau , la yigne , ont ete mis ainfi en Experience pen- dant quelques jours. Les Branches aVant ete en- fuite coupees en difFerens fens , toutes m'ont offert les memes particularites que le Haricot :, k quelques varietes pres. Sous I'Ecorce *, abfblument privee de Vais-*PL, feaux colores , j'ai obferve une , ou plufieurs Fig. 9.' & Couches de Fibres Ligneufes , plus ou moins noi- ^' ^' res. Celle * qui touchoit immediatement k I'E- * F''5-J>- corce etoit d'un beau Noir. La teinte s'affoi- bliflbit dans la Couche * la plus voifine de la * ^• Moelle. Celle -ci *, avoit conferve (a couleur * f'& 9- naturelle (f); on n'y appercevoit pas le plus j^. ^"•■^• ger changement. La Coupe transverfale d'une Branche faite un peuaudeflus, ou un peu au deflbus du Point qui repondoit k la fuperficie de la Liqueur , repre- fentoit trois Cercles tres diftin6ts , concentriques les uns aux autres. Le premier Cercle *, ^^\^!fu Cercle exterieur form^ par I'Ecorce , n'avoit point change de couleur. Le fecond *, forme parle**' Bois 3 etoit d'un Noir plus fonce a fa partie ex- t^- ( -f ) Je prends ici laMoeHe ur peu au dcfTus du Point qui r(«poiid ^ la fuperficie de rEnere. Comme celle qui elt plac^e ^ rextr6mit6 inf6- rieure elt huraeft^e immediatement par la Teinture , elle s'en imijibe ^ quelques lignes ce hauteur de la mfime manitre qu'une Epongc. Mr. de la Baiss^e I'a remarque avant mok, Kk 3 262 RECHERCHES SUR L'USAGE terieure , qu'a la partie interieure. Le troifie- * "»• riie *, qui rq^refentoit la ^ioelle, avoit la'couleur propre a cette partie de la Plante. Dans quelques Branches partagees fuivant leur longijeur , la matiere colorante eroit encore fenfible a 7 ou. 8 pouccs au defTus de Pendroit qui determinoiL la fuperfoie de TEncre : mais, les Traits que cette matiere y produifbit , etoient extremement foibles. Les plus forts , les plus nets etoient un peu aU deilous de cet endroit. En general, les Traits colores occupoient u- ne largeur plus ou moins grande , fuivant que le Bois etoit plus ou moins epais, ou que la Moelle ^ prenoit plus ou moins de place. Ainfi ces Traits etoient plus nombreux dans le Chesne que dans le Sureau. * PL. En enlevant I'Ecorce * vers I'extremite XXIX- Fig. 12. e. inferieure d'une Branche , on mettoit a decou- vert , non des Faisceaux tres diftinds, comme dans le Haricot , mais un nombre infini de Fais- *^'^'.i ' ceaux , qui compofoient une Couche *" noire, tres uniforme. * '• La Surface interieure * de I'Ecorce, celle qui etoit appliquee immediatement fur la Cou- * ^' the * coloree , n'offroit pas la plus legere tein- te de Noir , ni a la vue fimple , ni a la Lou- pe. La couleur de cette Surface etoit auffi na- turelle a la partie de la Tige qui etoit enfoncee dans I'Encre , qu'a celle ou la matiere colorante n'e- DES FEUILLES. V.Mem. 263 n'etoit point paryenue. La Surface exterieure de I'Ecorce n'avoit done pas transmis cette ma- tiere a la Surface interieure ? Sou VENT j'ai partage des Branches fuivant leur . longueur , de maniere que la Coupe a pafle par le milieu d'un Bouton. j'ai obferve alors ce Bouton tres attentivement avec le fecours de la Loupe : je n''ai pu decouvrir, (bit dans le Coeur *, *^'s-9e. (bit dans les Enveloppes *, aucune trace de la Li-,* '• queur colorante. Mais , lorsque j'ai fait la fee-;- tion par un Plan parallele k Ja Bafe du Bouton ,. j'ai vu fur la Coupe * trois Points noirs , qui m'ont * Fig' lo- paru etre les Orifices de, trois Faisceaux de Fibres, colorees. ^ ..ofi'jd i>3i>'>;13g-aJ ■ J'ai ecorce circulairement des Branches ^ A- bricotier & de Peuplier ; j'ai enleve ^a & la fur ces Branches des Tuyaux d' Ecorce , qui ont laifTe le Bois a decouvert. Tantot j'ai enleve TEcorce a I'extremite inferieure de la Branche, a celle qui devoit etre plongee dans I'Encre ; tantot je I'ai enleve . un peu au deflus , ou usa peu au deflbus du Point qui devoit repondre a la fuperficie de la Liqueur: dans tous ces cas, la matiere colorante s'eft elevee aufTi haut & a co- lore les Fibres du Bois aulli forternent , que fi je n'eufle point enleve I'Ecorce. Ainfi quand je n'aurois pas fii par toutes les Experiences pre- cedentes, que la Liqueur colorante monte par les Fibres du Bois, & non par celles de J'Ecorce, I'Ex- 264 RECHERCHES SUR L'USAGE 1' Experience que je rapporte m'en auroit con- vaincu. Des Branches de plufieurs Efpeces plongees dans i'Encre par leur extremite fuperieure , m'ont fourni les memes Obfervadons que le Ha- ricot. J'ai partage longitudinalement I'extremitd in- ferieure de quelques Branches tres colorees : j'ai lave fbigneufement la Surface exterieure de cette extremite , afin d'en enlever les Particdes colo- rantes qui y dcoient demeurees attaciiees : j'ai ^ enfuite plonge ces Branches dans de I'Eau pure que j'ai renouvelle aflez frequemment : je les y ai laifle en Experience pendant plus de trois fe- maines. Durant tout cet intervalle , Jes Fibres Ligneufes n'ont point celle d'etre humedlees dans chaque moitie produite par la fed'ion. Cepen- dant la couleur noire qu'elles avoient contraftee, n'en a point ete affoiblie. Mais, aVant ecorce d'autres Branches qui n'e- toient pas moins colorees , aiant mis a i'Air * Pf- cette Couche * noire dont j'ai parle; en moins Fig. li. t. d'une minute j'ai vu les Fibres de cette Couche fe decolorer & blanchir. La decoloration a con- tinue ; mais , elle n'a pas ete au point de ren^ dre aux Fibres leur couleur naturelle ; elles ont toujours conferve une legere teinte de Noir. A P re's avoir eflaye de colorer les Branches de diverfes E/peces Ligneufes , en les plongeant par ^ DES FEUILLES. V. Mem. 265 par leur extremity dans un Vafe plein d'Encre , j'ai cru devoir tenter par la m^me voie d'en colorer les Racines. Je me fliis borne ci celles de la J^igm , pour eviter des details qui m'au- roient mene trop loin , & qui auroient pu fati- guer mes yeux dans une faifbn fort avancee. J'a I done plonge dans un Vafe plein d'Encre , des Racines de P^igne de differente grandeur : je les y ai tenu pendant 4 a 5 jours , au bout desquels je les ai partage fliivant leur longueur, ainfi que le Sep dont elles partoient. J'ai obferve tres diftindlement que le Coeur * de toutes les \^[^ Racines etoit fort colore, & que I'Ecorce "* nef's-'^.F. Tetoit pas. J'ai vu le Faisceau Ligneux place au centre de chaque Racine, porter dans les Vais- feaux feveux * de la Tige la matiere colorante*/. dont il etoit impregne. J'ai vu cette matiere s'elever dans la Tige a i pouce ou 2 au delTus de I'infertion de la Racine. La Coupe trans verfale d'une Racine de V^igne ofFre une Etoile a 9 ou 10 Rayons parfait.ement biendefTinee des mains de la Nature: cette Etoile a paru fort coloree dans les Racines qui avoient pompe I'Encre quelques jours ; c'efl qu'elle etoit formee par ^arrangement des Fibres Ligneufes de la Racine. J'ai obferve encore, que la Liqueur colorante s'eleve plus haut , en tems egal , & a la meme temperature , dans la Racine que dans la Tige. LI Le • E. 266 RECHERCHES SUR L'USAGE Le Guy qui , comme nous I'avons vu , ( XXXIV, LI.) difFere a plufieurs egards des au- tres Plantes , fe colore pounant comme elles , lorsqu'on le tient plonge dans I'Encre. La feule difference que j'y ai remarque , efl qu'il fe co- XXIX ^^^^ moins *. Son Ecorce *, de couleur verte. Fig- 14- efl fort epaifle. Sa fubflance paroit plus charnue que fibreufe. On a de la peine a le partager fuivant fa longueur. Sa Coupe transverfaJe ofFre , ainfi que celle des autres Plantes , trois Cercles concentriques dont Fintermediaire eft ie feul co- lore. La plupart des Experiences que je viens de rapporter fur les Plantes Ligneufes^ ont eie repe- tees avec la Teinture de Garance. Le fucces en a ete precifement le meme. J'ai feulement obferve que cette Teinture coloroit moins les Vaifleaux feveux que ne le fait I'Encre. QuELQ^UES Phyficiens ont penfe que les Li- queurs montent dans les Canaux des Plantes par la meme force qui les eleve dans les Tubes Ca- pillaires. Cette conje6lure qui a un grand air de vraifemblance, paroitra faufle fi Ton reflechit fur TExperience fuivante. J'ai plonge par leur extremite , dans une in- fufion d'Encre, des Rofeaux fees. ]'y ai plonge en meme tems des Branches ^Abrkotier , ' de Pejcher , de Sureau que j'avois fait fecher ex- pres. ]e les ai tenues ainfi en Experience 738 jours DES FEUILLES. V. Mem. 26-j jours dans une Chambre dont I'Air etoit fort tempere. Des Branches vertes fe feroient fort bien colorees en beaucoup moins de terns , & a un Air aflez froid : cependant aVant coupe en dijfFerens fens celles dont il s'agit , de meme que les Rofeaux , je n'ai pu decouvrir ni dans les u- nes , ni dans les autres, Ja plus legere nuance de Noir. On fbupfonnera peut-etre , que la fe- cherefle avoit tellement reflerre les Orifices des Vailleaux feveux qu'ils ne pouvoient plus admet- tre la Liqueur : mais ce fbupfon ne fauroit tom- ber fur les Rofeaux , dont les Vaifleaux feveux font toujours aflez ouverts pour que leurs Orifi- ces fbient tres fenfibles a I'oeil nud. J'ai rap- porte ci-deffu3 (lxxxiii.) , une Experience fai- te fur les Feuilles , qui a beaucoup d'analogie avec celle-ci, & qui la confirme. Il, faut done chercher une autre caufe de i'e- levation de la Seve dans les Plantes. Cette cau- fe refideroit-elle dans quelque mouvement ana- logue au mouvement peri/Ialtique des Intef]:ins ? I'Aftion d'un Air plus ou moins chaud fur Ja Lame elaflique des Trachees, feroit-elle le prin- cipe de ce mouvement? la roideur que le defse- chement produit dans les parties elafliques & W- gneufes , s'oppoferoit-elle a ce mouvement ? XCII. QuoiQ^UE les Experiences dont je viens de fnire le recit, ne fbient que de foibles eflais, elles nous apprennent neanmoins ce que LI 2 ' • nous 268 RECHERCHES SUR L'USAGE nous pouvons attendre des Injeclions colorees pour la perfeftion de rios connoifTances fur I'Oe- conomie vegetale. AlTurement on ne fauroit trop exhorter les Phyficiens a pouHer ces Experiences auOTi loin qa elles peuvent I'etre , & a fouiller fans relache dans cette riche Mine. Je n'en ai fuivi que les Veines les plus fuperficieiles ; des Ou- vriers plus habiles & plus intelligens penetreront aux Veines les plus profondes , & y puiferont des Trefbrs que je ne fais qu'entrevoir. * Apres avoic acheve I'ArticIe precedent, j'ai relu la DifTertation de Mr. de la B a i s s e , que j'ai cite dans le premier Memoire (xviii.) & dans celui-ci (xc). Je ne I'avois que parcourue , & meme afTez rapidement , lorsque j'ai fait mes Experiences. Les principaux details de cette piece avoient eu le terns de s'efTacer dans ma memoire, & j'avois evite de les y rappeller pour n'etre point prevenu fur les Faits que je decou- vrirois. j'ai voulu depuis me procurer le plaifir de comparer ma marche avec celle de Mr. de h Baisse: j'ai vu que nous nous fbmmes rencon- tres quelquefois, &que d'autrefois nous nous fbm- mes ecartes I'un de I'autre , conduits par diiFeren- tes vues. Celle qui occupoit principalement Mr. de la Baisse , etoit de dccouvrir s'il y a une circulation de la Seve dans les Plantes. Fonde fur des Obfervations fpecieufes, & entraine par I'analogie qu'on remarque entre les Plantes & les DES FEUILLES. V. Mim, 269 les Anlmaux , cet ingenieux Phj'ficien a penfe que la Seve circuloit comme Je Sang. Pour moi , perfuade de la faufiete de cette opinion par les Experiences de Mr. Hales (*) , j'ai cher- che fimplement comment le Sue colore paile de la Racine dans la Tige , & de la Tige dans les Feuilles , & comment il eft transmis des Feuil- les dans la Tige. Non (eulement plufieurs de mes Experiences ont differe de celles de Mr. de la Baisse, par la nature de leur objet, mais quelc]ues-unes leur ont ete encore oppofees. Je ne ferai point ici un extrait fuivi de la Difler- tation dont je parle, il me meneroic trop loin: je me bornerai principalement a en rappeller les deux refultats les plus eflemiels , que j'ai dejk rapportes dans I'Article xviii. lis fuffiront pour faire juger de Taccord & de Foppofition de nos Recherches. Ceux de mes Ledeurs qui vou- dront poufler plus loin cette comparaifbn , & ap- profondir davantage la matiere, liront la Diflerta- tion meme. lis la trouveront remplie de Faits intereflans , de vues fines , de conjedures inge- nieufes, qui prouveront la fagacite de I'Auteur, & juftifieront pleinement le Jugement avanta- geux que 1'Acade'mie de Bourdeaux a port^ de Ton Ouvrage. Dans le premier refultat, Mr. de la Baisse eta- (-♦_) La StatiQue des V^g^taux, Chap. iy. Li 3 270 RECHERCHES SUR L'USAGE ^tablit que PEcorce eft la voie principale if m- turelle par laquelle les Racines tirent les Sacs ex- fdrieurs dont les Plant es fe nourri(fent ( Page 8. ). II tire cette conclufion des Experiences qu'il a faites avec le Sue de la Phytolacca iur les Racines de difFerentes efpeces de Plantes. II a obferve que I'Ecorce de ces Racines contra6loit extericu- rement & interieurement une teinte de Rouge plus foncee dans les menues Racines que dans les grofles. 11 confirme cette Experience par u- ne autre d'un genre different. Des Plantes dont les Racines ecorcees avoient ete plongees dans I'Eau, s'y (bnt fannees plutot que de femblabies Plantes dont les Racines y avoient ete plongees rev^tues de leur Ecorce. D'un autre cote, les Plantes dont les Racines avoient ete ecorcees , ont conferve leur fratcheur plus longtems que cel- les qui avoient ete laiflees fans nourriture. L'Au- teur conclud de cette derniere Obfervation , que les Racines pompent aulTi le Sue alimentaire par leur partie Ligneufe , mais en bien moindre quan- tite que par TEcorce. J'ai vu comme Mr. de la Baisse, I'Ecorce des Racines contra6ter exterieurement & inte- rieurement la couleur des Infufions dans lesquel- les je les ai tenu plongees (xc). J'ai remar- que comme lui , que cette couleur etoit plus lenfjble dans les menues Racines que dans \q.s grofles. Mais j'ai obferve conflamment , que le DES FEUILLES. V, Mim, 271 le Faisceau de Fibres Ligneufes Joge au Coeur de chaque Racine , contraftoit une teinte incom- parablement plus foncee que celle de I'Ecorce. L'extremite de ce Faisceau , qui eft aufli celle de Ja Racine , m'en a toujours paru la partie la plus coloree. j'ai vu le Faisceau principal fe prolonger dans la Tige , s'y divifer en d'autres Faisceaux plus petits impregnes de la meme cou- leur. D E ces Ob/ervations repetees avec loin , je crois etre fonde a conclurre , que c'efl fur -tout par les Fibres Ligneufes de la Racine que le Sue nourricier s'eleve dans la Plante ; & que cq.{S. a leur extr^mite que font les principals Bouches qui lui donnent entree dans Pfnterieur. Une Experience de Mr. de la Baisse confir- rne cette derniere conclufion. Aiant ajufte des Plantes de maniere que les unes ont pom- pe I'Eau par le corps de la Racine , les autres par l'extremite , il a toujours obferve que cel- ies-ci ont vecu plus longtems que celles-}^. On fait que le Chevelu eft la partie la plus eflen- tielle des Racines : ces Obfervations le demon- trent d'une maniere bien fenfible. En multi- pliant le Chevelu on multiplie les Bouches des IVIaitrelTes Racines. C'eft la le principal objet de la nouvelle methode de cultiver les Grains, jnventee en Angleterre par Mr. Tull, in- troduite en France avec fucces par Mr. du Ha- 272 RECHERCHES SUR L'USAGE Hamel (*), & perfeftionnee par Mr. LuL- LiN DE Chateauvieux (f ) mon Oncle, qui a occLipe I'annee derniere le premier Pofle de notre Republique {§). Si I'iionneur que j'ai de lui appartenir de fort pres me permettoit de faire Con eloge , je dirois qu'il joint aux qualites qui font le Magiftrat , une connoiflance fort e- tendue des Arts , & des Metiers. J'ajouterois qu'il n'en pofTede pas feulement la Theorie , cette belle partie de I'Hiftoire de I'Efprit hu- main , mais qu'il en polFede encore la Pratique, & qu'il (ait , quand il le faut, mettre lui-meme la main a I'oeuvre. Nouveau Cincinna- TUS, on I'a vu tenir alternativement les Re- nes du Gouvernement & les Comes de la Char- rue ; mais cette Charrue , il I'avoit inventee. Elle etoit conftruite de maniere qu'elle executoit •toutes les operations du Labourage avec moins de forces & plus de perfedion que les Charrues -ordinaires. On a vu encore fbrtir des mains de cet illuftre Magiftrat, un Semoir fort fuperieur dans fa conftrudion & dans fes effets a tout ce qui avoit ete imagine jusques ici dans ce genre. Mais (*) Trait^ de la Culture desTerres, fuivant les principes de Mr, TuLL, Anglois. (t) Lettre de Mr. Lullin de Chateauvieux , premier Sindic de la Hep. de Gen. Suite des Experiences & Reflexions rela- tives au Traite de la Culture dos Terres, public eu 17JO. Par Mr. du Hamel, pag- 47. & fuivances. . (§) La R^publique de Geneve. DES FEUILLES. V.Mem. 273 Mais la De/cription de ces Inftrumens , qui va bienrot paroitre , apprendra mieux au Public que je ne le faurois faire , les fervices que Mr. de Chateauvieux rend au genre humain. Par cette nouvelle methode d'enfemencer les Terres , le Ble re^oit , pendant qu'ii croit , une cul- ture , qui en multiplie prodigieufement les Raci- nes , & confequemment les Tuyaux. Seme Grain a Grain au fond de trois Sillons , traces par le Semoir fur des Planches d'une certaine lar- geur , feparees les unes des autres par des Plat- tes bandes ou efpaces intermediaires qu'on n'en- femence point , il etend fes Racines en liberte \ elles vont puifer dans ces efpaces intermediaires une abondante nourriture. Une petite Charrue qu'on y fait pader de terns en terns , taille ces Racines. L'effet naturel de cette Taille eft de procurer le developpement d'un grand nombre de Radicules qui ne fe feroient point develop- pees fans cette operation : la Seve qui n'auroit fervi qu'a prolonger une Racine fimple , s'arre- tant a la Coupe , ou dans fes environs , y developpe les Germes des Radicules qui s'y trouvoient lo- ges. Ces Radicules font autant de Bouches tou- jours ouvertes , pour recevoir les Sues alimen- taires , & les transmettre aux maitrefles Racines. Une plus grande abondance de Sues occafionne le developpement d**un plus grand nombre de Tuyaux. Les Plantes de Froment cultivees de M m cet- 274 RECHERCHES SUR L'USAGE cette maniere, tallent done prodigieufement , & il n'efl; pas rare d'en voir qui rendent 8 a 900 pour I , fans le fecours d'aucun Engrais. Cette furprenante multiplication s'etend encore plus loin dans rOrge-i & y produit quelquefois 2000 pour I. L'application de cette Culture aux difFeren- res efpeces de Plantes qu'on eleve en pleine Campagne & dans les Jardins , y fera fuivie des memes effets , ou d'effets analogues. C^ed ce que Mr. Tull a experimente fur le Sainfoin, & que Mr. de Chaxeauvieux a commence de tenter avec beaucoup de fucces fur quelques Plantes Potageres. ' Ce n'efl pas feulement en operant le deve- Ibppement d'une infinite de Radicules , que la Taille des principales Racines eft avantageufe k k vegetation ; elle le devient encore en aggran- diilant & en multipliant les Pores abfbrbans qui Ibnt a I'extremite de ces Racines. Nous avons vu (xc.) que chaque Racine renferme dans fon Centre un Faisceau de Fibres Ligneufes , qui groffit k mefiare qu'il s'eleve , ou qu'il approche du Collet de la Plante. Lors done qu"'on coupe cette Racine, on met en aftion des Pores plus grands & plus nombreux que ceux qui etoient places "a fbn extremite. Si I'Ecorce des menues Racines fe colore mieux que celle des plus grofles , cVfl appa- remment que celles-la font plus ipongieufes que eel- DES FEUILLES. V.Mem. i']^ celles-ci ; elles s'imbibent davantage de la Li- queur coloree. Le fecond Refultat que j'ai extrait de la Dis- fertation de Mr. de la Baisse, efl fi parfaite- ment conforme a ce que j'ai obferve (xc, xci.) j qu'on ne peut douter que nous n'aVons atteint le vrai. Ce Savant dit expreflement ; que les Ca^ naux deftines a porter la nourritiire dans le Corps de la Flante , ne font ni dans la Moelle , ni dans PEcorce , ni entre PEcorce 8? le Bois ; mais dans la Juhjiance I^igneuje des Pla?ites ; ou pour parler encore avec plus d^ exactitude ^ que ces Canauxfont de veritables Fibres Ligneujes , renfermes entre la Moelle 8? PEcorce des Plantes ^ qui tirent leur o- rigine des Kacines ^ 6^ s''etendent en montant dans toutes les prodti6lions de la Plante (Pag. 20. & 21.). II etablit ce Refultat fiir les Difle6lions qu'jl a fait avec fbin , de Tiges de plufieurs efpeces de Plantes, qu'il avoit tenues plongees pendant quel- ques jours dans la Teinture de l^hytolacca. W a vu , comme moi , le Sue colore monter par les Fibres de la partie Ligneufe , & atteindre jus- ques k Textremite des Feuilles. Mais il a fuivi ce Sue plus loin que je n'ai fait : il I'a vu pafler des Nervures dans le Parenchyme des Feuilles. 11 I'a retrouve dans des Fleurs de luhereufe & 6'' Entbyrinum , oxije n'ai pu le decouvrir (xc). 11 i'a obferve changer jusqu'a un certain point la couleur naturelle du Fijiille & des Etamines, II Mm 2 •a 276 RECHERCHES SUR L'USAGE a vu le meme changement s'operer dans le Du- vet qui tapifle interieurement les Fleurs <^E?i- ihyrinum. II a remarque que ce Sue s'eleve d'abord dans les Canaux lateraux plus fins & re- plies. Enfin J il I'a vu teindre i''Ecorce dans la partie fuperieure de la Tige , & la teindre en- fuite dans la partie inferieure. il a fait une fem- blable obfervation fur la Moelle. De ces Obfervations Mr. de la Batsse conclud ; qu'il y a dans les Plantes un Sue {is- cendant & descendant ; un Sue qui s'eleve de la Racine a I'extremite fuperieure de la Tige par les Fibres du Bois , & qui descend de I'extre- mite fuperieure de la Tige vers les Racines par les Fibres de I'Ecorce. 11 veut que la Moelle fe nourrifle du Sue defcendant qui lui efl fourni par les Fibres Ligneufes , & qu'elle fbit princi- palement deflinee a fervir de Poumons , ou de Refervoir d'Air. C'efl principalement aux con- traftions & aux dilatations alternatives de cet Air & de celui des Trachees, que Mr. de la Baisse attribue les mouvemens du Sue nourricier. 11 efl entre I'Air renferme dans I'interieur des Plan- tes & I'Air exterieur, une etroite communica- tion , d'ou refulte une efpece de bafancement , qui en produifant fur les Vaifleaux une preflion inegale , modifie difFeremraent leur jeu. Mr. de la Baisse confirme par plufieurs Ex- periences I'exiftence du Sue defcendant ; je n'en • rap- DES FEUILLES. V. Mm. 277 rapporterai que deux ou trois. Dans les Inci- flons circulaires qu'il a pratique a TEcorce de Ja Tige & des Branches de quelques Arbres , il a toujours vu (e former a la partie fiiperieure de I'lncifion, un Bourlet plus ou raoins fenfible , qu'il n'a point apper^u a la partie inferieure. 11 eft manifefte que ce Bourlet eft produit par un Sue defcendant que fournit I'Ecorce. Ce Sue arrete par i'lncifion , travaille fur les Fibrilles du bord fuperieur^ il les developpe , il les etend en tout fens. Si on enveloppe le Bourlet de Terre ou de Moufte humedee , comme Mr. du Ha- MEL (*) a imagine dele faire , il en fbrtira de petites Racines. En coupant la Tige, ou la Branche , a I'endroit de I'lncifion on aura une Bouture prete a mettre en Terre , & qui y re- prendra avec beaucoup de facilite. Ces Raci- nes, pour ainfi dire, artificielles font done nour- ries par le Sue defcendant ; & il eft tres vrai- femblable qu'il en eft de meme des Racines na- turelles. Il y a des Plantes qui ont eftentiellement un Sue colore. Telles font V Eel aire , le Tytimale^ le Figuier , &c. Ce Sue refide principalement dans I'Ecorce. Les Vaifleaux qui le contiennent font longs & afTez gros. Malpighi (f) les a *) M^m. de I'Acad. t) Anatomia Plantarum. Mm 3 278 RECHERCHES SUR L'USAGE a nomtnes les Vafes propre%. Mr. de la Bais- SE a remarque que ce Sue eft plus abondant k I'extremite fuperieure de la Tige & des Feuiiles qu'a Textremite inferieure. 11 en conclud que ce Sue eft un Sue defcendanr. Une Experience qu'ii rapporte acheve de le demontrer. Si apres avoir arrache : un Tytimale , on le coupe trans verfa- Ien:ient par la moitie , on obfervera , au bout de quelques heures , que les J^afes prnpres de la moitie fuperieure fe feront entierement vuides , tandis que ceux de la moitie inferieure feront en- core tres pleins. On verra la meme chofe liir les Feuiiles. Nous remarquons en general que PEcorce renferme des Sues tres exaltes. Combien de Li- queurs , de Sels , d'Huiles , de Gommes , de Refines, fournis par I'Ecorce , & que la Mede- cine & les Arts favent employer utilement ! Com ME NX ces Sues font-ils produits ? Quel eft leur principal ufage dans la vegeta- tion ? Mr. de la Baisse ioup^onne que le Sue laiteux du Tytimale fert prineipalement a nour- rir les Fibres Ligneufes. Apparemment qu'il fubit encore de nouvelles preparations avant que de s'incorporer aux Parties dont il doit augtnen- ter la made. ■ ' I'a I entrevu dans mes Experiences ce Sue defcendant. Des Fhes qui avoient pompe pen- dant quelques jours la Teinture de Garance^ ont con- DES FEUILLES. V. Mhn. 279 contra6le exterieurement une couleur Lilac (xc), qui m'a paru plus foncee vers Ja fbmmite de la Tige que vers fa Bafe. En FIN, Mr. de la Baisse prouve qu'il y a une communication entre le Sue moniant & le Sue defcendant. II a vu celui-ci prendre une couleur V^iohtte dans des Tytimaks qui avoient pompe la Teinture de Phytolacca. AvANT que d'aller plus loin, je dois re- pondre a une Objedion que j'ai moi- meme e- }eve centre les Experiences de Mr.de la Baisse dans I'Article xvili. Si je laiflbis cetfe Objec- tion fans reponfe , elle infirmeroit toutes les confequences que Mr. de la Baisse & moi a- vons cru pouvoir tirer de nos Obfervations. J'a;i dit dans cet Article , que lorsqu'on fait que les Os & les Cartilages ont ete les feules parties qui ont contrafte une couleur rouge , dans les Experiences que Mr. du Ham el a fait fur les Animaux avec la Teinture de Garnnce , celles de Mr.de la Baisse ne prouvent plus ce qu'el- les lui ont paru prouver. Les Fibres Ligneufes font aux Plantes ce que Fes Fibres Ofleufes font' aux Animaux. Les unes & les autres fe colorent parce que leur TifTu ferre retrent les Part'icules colorantes- , que Ife inifu l^che & fpongieux de FEcorce & des Mem.branes laille pafier. Les Experiences de Mr. de la Baisse & les mien- jnes ne demontrent done pas que Ifes' Fibres Lig- neu- 28o RECHERCHES SUR L'USAGE neufes font les feules par lesquelles s'eleve le Sue nourricier : elles prouvent fimplement que ces Fibres ont plus de dilpofition que les autres k retenir la matiere colorante. Je ne penfe pas qu'il /bit maintenant fort dif- ficile de detruire cette Objection. S'il en etoit de la coloration des Piantes comme de celle des Animaux , les Haricots ettioles qui ont pompe difFerentes efpeces de Teinture , n'auroient point du fe colorer; du moins auroient-ils du fe colorer tres foiblement. Jndependamment de la qualite di'Her- bacee^ qui les rendoit peu propres a cette colora- tion , I'ettiolement augmentoit encore cette inap- titude, par le degre de molefle qu'il entretenoit dans les Parties. Cependant ces Haricots fe font aufTi bien colores que des Branches (^ Abricotier , de Coudrier, & de Chene ^ qui avoient ete plon- gees en meme tems dans les memes Jnfufions. Les Fleurs , dont le Tiflu efl delicat , ont ofFert a Mr. de la Baisse, des Veines plus co- lorees que celles qu'on obfervoit dans la Tige. Je reviens aux reflexions que ces Experiences fourniflent, Assure'ment on ne fauroit douter apres les Experiences de Mr. de la Baisse & celles que i'ai tentees , qu'il n'y ait dans les Piantes un Sue qui s'eleve de la Racine dans la Tige par ks Fibres du Bois , & un Sue qui defcend du fbmmet de la Tige vers les Racines par les Fibres de DES FEUILLES. V. Mim. 281 de I'Ecorce. II n'e/l: pas moins certain qu'il y a une ^troite communication entre J'un & I'au- tre. Mais comment , & dans queJIes parties cette communication s'opere-t-elle ? je fbupcon- nerois volontiers que c'eft principalement dans les dernieres ramifications des Feuiiles & des Fleurs. Je con^ois que les extremites les plus deliees des Vaifleaux du Bois, s'anajlomofmt ou s'uniflent a cet endroit avec les extremites les plus deliees des Vaifleaux de I'Ecorce. Voici les raifbns qui me portent k le prefumer. En premier lieu, dans toutes les difledions que j'ai faites des Tiges & des Branches qui a- voient pompe differentes efpeces d'lnfufions , je n'ai jamais obferve de communication dire6le & immediate entre la Couche coloree & la Cou- che d'Ecorce qui Tenveloppoit immediatement (xc, xci.). En fecond lieu, quoique I'Ecorce des Hari- cots ettioles , humedee exterieurement avec une Infufion d'Encre , m'ait paru laifler pafler un peu de matiere colorante , les principaux Troncs des Fibres Ligneufes , places immediatement au des- fbus , n'en ont jamais ete le moins du monde colores (xc). En troifieme Jieu , j'ai vu les Vaifleaux fe- ■ veux tendre en ligne droite vers les Feuiiles , & y porter en fort peu de tems le Sue colore dont ils etoient remplis. Je les ai vu fe rendre Nn de 282 RECHERCHES SUR L'USAGE de meme dans la fubftance des Lobes , s'y raml- fier (xc). En quatrleme lieu, les Sues de I'Ecorce ^- tant ordinairement plus elabores que ceux du Bois (xciT. ), fuppofent une preparation. Suivant le Principe le plus re^u de laTheorie des Secretions, dans quelles parties une femblable preparation peut-elle mieux s'operer que dans celles dont les Vailleaux tres fins & tres replies, rallentiilant le cours du liquide , facilitent aux Molecules qui doivent s'en feparer , J'entree dans les Vai/Ieaux deftines a les pomper , & dont les Calibres leur font proportionels ? mais ce ne font Ik que des conjedures qui ont quelques probabilites. 11 fau- droit des Obfervations tres fines pour les veri- fier ou les detruire. Mr. Hales , dans fbn excellent Ouvrage de la Statigue des Vegitaux , combat fortement I'opinion des Phyficiens qui veulent que la Seve monte par les Fibres du Bois, & qu'elle defcen- de par celle de I'Ecorce. II rapporte fiir ce fu- jet diverfes Experiences , dont Je fucces lui pa- roit dementir formellement cette opinion. II dit quVi'ant fait diif^rentes fortes d'Entailles a PEcorce de plufieurs Arbres , il a toujours trou- ve le bord fuperieur de I'Entaille , tres fee ; tandis que le bord inf^rieur etoit tres humide. Le contraire auroit du arriver , fliivant ce celebre Auteur , fi le Sue nourricier , apres s'etre eJeve jus- DES FEUILLES. V. Mim. 283 jusqu'au fbmraet de la Tige & des Branches , par les Fibres du Bois , retournoit vers la Ra- cine par celles de I'il^corce. 11 ajoute , que les Tiges & les Branches chargees de Feuilles, fur lesquelles il a pratique ces Entailles , ont tire & tranfpire en tres peu de terns, une fort grande quantite d'Eau. Mr. Hales infifte beaucoup fur cette Experience, qu'il juge tres decifive. Elle m'avoit paru telle avant que j'eufie eu connoifTance des Experiences de Mr. de la BAIS- S e , & que j'eufie fait celles que j'ai rapporte (xc, xci.). Aujourd'hui elle me femble tres equivoque. Je laide neanmoins a mes Le6teurs h juger entre ces deux Phyficiens. Mais s'il m'eft permis de m'expliquer la-defTus , je ferois remarquer , que le Phyficien , qui a vu le Sue nourricier s'elever , pour ainfi dire , fbus fes yeux, par les Fibres du Bois, jusques a I'extre- mite des Branches & des Feuilles, &r qui Pa vu pafler enfuite dans I'Ecorce, a beaucoup d'avan- rage fur le Phyficien qui a trouve fimplement {^c le bord d'une Plaie qu'il auroit du trouver humide, & humide le bord qu'il auroit du trou- ver fee. Si la Seve montoit en meme temi- par les Fibres de I'Ecorce & par celfes du Boisy comme le penfe Mr. Hales , pourquoi Mf.- de la Baisse & moi n'avons-nous jamais vu I'Ecorce fe colorer en meme tems que le Bois? pourquoi n'ai-je point' obferve de difference Nn 2 dans 284 RECHERCHES SUR L'USAGE dans la coloration entre les Branches ecorcees & celles qui ne I'etoient pas ? je ne, chercherai point a rendre raifbn de J'Obfervation de Mr. Hales: je me propofe de la repeter. Je di- rai fimplement que ce Sue defcendant, que le fa- vant Anglois a tache de decouvrir , fe manifefte aflez par le Bourlet qu'il produit aux bords Hi- perieurs des Entailles. Mr. Hales rapporte un autre Fait qui ne lui paroit pas moins contraire que le precedent , a I'Hypothefe dont iJ s'agit. 11 aillire que fi on examine au Printems I'Ecorce des Arbres , on trouvera celle du Pied , humide avant celle des Bran- ches; au lieu que ce devroit etre Toppofe, fi la Se- ve montoit par le Bois & defcendoit par I'Ecorce. Je fuis plein de refpeft pour un Phyficien de Tordre de Mr. Hales ; je fens combien on doit etre referve a decider qu'il s'efl trompe , fur- tout quand on a autant de raifbns que j'en ai , de fe defier de fes propres idees. Je ne- puis cependant m'empecher de dire, que ce fe- cond Argument de Mr. Hales me paroit en- core moins decifif que le premier. Eft-il facile de faifir precifement le tems ou la Seve com- mence a s'elever dans Ics Arbres ? ce Flui'de monte d'abord en fort petite quantite , & fa marche efl toujours aflez rapide : il atteint bien- tot les fbmmites des Branches ; de la il pafle bientot vers les Racines. Cette marche ne dis- con- DES FEUILLES. l^. Mem. 28^ continue pas meme pendant THiver; Mr. Ha- les Ta demontre , & j'ai vu des Plantes , les unes Herbacees , les autres "Ligneufes , fe colo- rer tres bien en Hiver. JI eft nature! que I'E- corce du Pied foit trouvee plus humide que celle des Branches; elle recoit les Sues qui deicendent de toutes les extreraites (uperieures. 11 y a plus; I'Ecorce du Pied pent paroitre tres humide , fans que Ton fbit en droit d'en conclure qu'elle I'efl par un Sue qu'elle reyoit des Racines , & qu'elle tranfinet aux parties fuperieures. La raifon en efl fimple. Les Fibres Ligneufes font gorgees au Printenas de Sue nourricier ; \\ tranfude a travers les Parois , & fe glille entre le Bois & I'Ecorce : on I'y trouve alors en abon- dance. L'Ecorce pent done en etre abreuvee , s'en imbiber. Enfin , fi la Seve montoit egale- ment par I'Ecorce & par le Bois , pourquoi les Boutons places a I'extremite fuperieure des Ti- ges & des Branches, s'epanouTroient-ils avant ceux qui font places vers I'extremite inferieure ? Mais fi les Experiences de Mr. Hales ne me paroiflent point prouver que le Sue nourri- cier ne s'eleve pas par le Bois & ne defcend pas par I'Ecorce , d'un autre cote , celles de Mr. de la Baisse ne d^montrent point, a mon avis, que la Seve circule dans les Plantes , comme le fang circule dans les grands Animaux. Je ne puis done a cet egard que me ranger au fentiment de Nn 3 Mr. 286 RECHERCHES SUR L'USAGE Mr. Hales qui nie cette Circulation, & qui n'admet dans la Seve qu'une forte de BaJance- ment : les jiidicieufes reflexions fur lesquelles il etablit fbn Hypothefe, meritent d'etre lues dans rOuvrage meme. Je ne ferai ici que Jes indi- quer. Les Plantes recoivent & tranfpirent en terns egal , beaucoup plus que les grands Animaux. Le ^le'd , par exemple , tire 8: tranfpire en 24 heures dix-iept fois plus que ^ Homme. Les Plantes font dans un erat de perpetuelle fuccion ; dies prennent fans cefle de la nourriture , pen- dant le jour par leurs Racines , pendant la nuit par leurs Feuilles (xviii.). Les Animaux, au contraire , ne prennent de la nourriture que par intervalle. La digeflion de cette nourriture ne s'opereroit point , ou s'opereroit mal , fi de nou- velles nourritures fe fuccedoient fans interruption. La Mechanique qui execute la nutrition des Plan- tes , paroit done devoir differer beaucoup de celle qui execute la nutrition des Animaux qui nous font les plus connus. La nutrition des Plantes femble devoir fe fai- re d'une maniere plus fimple , exiger moins de preparations que celle des grands Animaux. C'eft ce qu'indique encore I'infpedion des Organes. Les Plantes n'ont point de parties qui repon- dent, par leur ftrufture ou par leur jeu, k celles qui operent la circulation du iang dans les grands Ani- DES FEUILLES. V. Mm. 287 Animaux. Elles n'ont ni Coeur , nl Arteres , ni Veines. Leur flrudure eft tres ftmpie , & tres uniforme. Les Fibres Lagncujes ^ les Utricules, les yafes propres , les Trachees compofent le Sy- fleme entier de leurs Vifceres; & ces Vifceres font repandus univerfellement dans tout le Corps de la Plante : on les retrouve jusques dans les moin- dres parties. Les Vaifleaux feveux n'ont point de P^ahtiles deftinees k favorifer raicenfion de la Seve , & a en empecher la retrogradation. Quand ces Valvules echapperoient au Microscope, FExp^rience en demontreroit la faullete; puisque les Plantes que I'on plonge dans I'Eau , ou que I'on met en Terre par leur extremite fuperieure, ne laiflent pas de vegeter. Il eft ft vrai que la Seve monte & defcend librement par les memes Vaifteaux , que ft apres avoir coupe dans la belle laifbn, une des grofles Branches d'un Arbre , on adapte au Tron^on un Tube de Verre qui contienne du Mercure , on verra la Seve elever le Mercure pendant le jour 5 & le laifter tomber a I'approche de la nuit. On parviendra ainft a mefurer la force de la Seve par I'elevation du Mercure, & a comparer cette force dans differens ftijets. Toutes chofes d'ailleurs egales , les variations du Mercure fe- ront d'autant plus confiderables que le jour fera plus chaud & la nuit plus fraiche. La marche de la Seve dans la belle faifbn, reftemble done ailez 288 RECHERCHES SUR L'USAGE aflez a celle de la Liqueur d'un Thermometre : Tune & I'autre dependent egalement des alterna- tives du chaud & du frais. - Enfin , les divers Phenomenes Botaniques, qu'on a regarde comme de fortes preuves de la circulation de la Seve, ne la fuppofent point ne- ceilairement. Tous ces Phenomenes s'expli- quent de la maniere la plus heureufe par un Principe fort fimple , fonde fur TObfervation. Ceil: qu'il y a une etroite communication en- tre touces les parties d'une Plante. Elles font toutes les unes a I'egard des autres, dans un etat de fuccion : la nourriture que prend une de ces parties fe tranfmet aux autres. Les Feuilles fe nourriflent reciproquement (ix. ). La Racine pompe le Sue de la Tige , la Tige pompe le Sue de la Racine. Ainfi , du commerce mu- tuel qui efl entre le Snjei & la Greffe , refulte cette communication reciproque de leurs bonnes ou de leurs mauvaifes qualites, qu'on allegue en preuve de la circulation. Le Sue nourricier pafle alternativement du Sujet dans la Greffe , de la GrefFe dans le Sujet. Certainemenx Mr. de la Baisse a ete au de la des Faits , quand il a cru voir dans les Plantes un Eftomac , des Inteftins , des Veines Ladees, un Coeur avec fes Ventricules, des Arteres, des Veines, &c. On ne pent dis- convenir qu'il n'y ait des rapports entre les Plantes & DES FEUILLES. V, Mim, 289 & les grands Animaux \ mais ces rapports ont leurs limites , & on ne doit ufer de I'Analogie qu'avec une extreme fobriete , lorsqu'il s'agit d'efpeces de clafles fort eloignees. Si Ja Na- ture a prodigieufement varie les Formes exte- rieures des Corps organifes , elle n'a pas moins varie les moyens qu'elle a choifis pour les faire vivre, croitre , multiplier. Parmi les Animaux meme , combien en eft-il ou la circulation ne fliit pas les memes Loix qu'elle obferve dans rHomme! N'y a-t-il pas encore des Animaux dans lesquels on ne decouvre point de circula- tion ? N'en eft-il pas 011 les Alimens paroiflent (implement balotes de haut en bas & de bas en haut ? Ces nombreufes families de Polypes , qui ont tant exerce la fagacit€ & Taddrefle de Mr. Trembley 5 n'en fourniflent-elles pas des exemples ? On fait que ces Polypes multiplient comme les Plantes , par Boutuns & par Rejet- tons. lis compofent fbuvent de petits Arbres fort toufFus. La nourriture que prend un Ra- meau, (e communique bientot a toutes les Bran^ ches & au Tronc. Il me paroit done qu'il y a un milieu a gar- der entre le -fentiment de Mr. Hales, qui ne croit pas que la Seve monte par Je Bois & defcende par I'Ecorce , & le fentiment de Mr. de la Baisse, qui admet dans c€ FluVde une veritable circulation. Une partie du Sue nour- O o ricier « 290 RECHERCHES SUR L'USAGE ricier, qui s'tMeve par les Fibres Ligneufes, pafle par les Feuilles & les Fleurs , dans I'Ecorce , de la 5 dans la Racine. Une autre partie de ce Sue retourne , par les memes Vailleaux , vers la Racine ; d'ou elle repafle encore dans la Tige. Par ce balancement qui fe repete plus ou moins, le Sue groffier re^oit deja une forte de prepa- ration : il fe perfeftionne dans des Vaifleaux plus delies & dans les Utricules. Le fuperflu s'e- chappe par les Feuilles. De la DireBion 6? du Jen des Feuilles 6? des Tiges. XCin. ]'ai continue d'obferver la Dire6lion des Feuilles & leurs mouvemens divers. Mes Obfervations m'ont conduit a voir bien des pe- tits Faits femblables, ou analogues, a ceux que j'ai decrit dans le fecond Memoire. Tous m'ont paru prouver egalement , que les Feuilles dirigent leur Surface fuperieure du cote ou la chaleur fe fait le plus fentir , & qu'elles prennent en con- fequence toutes les pofitions que les circonftan- ces exigent. Quelques-unes de ces pofitions font fi remarquables , qu'elles ne pourront que frapper beaucoup ceux qui chercheront a verifier mes Experiences. J'ai vu , par exeraple , des Feuilles ^ Auhi- 'pine , qui appartenoient a des Branches couchees hori- DES FEUILLES. V.Mem. 291 horlzontalement fbus un Berceau de Charmes , fe difpoier les unes k I'egard des autres en for- me de Goutiere, comme le font les Folioles de Vj^cacia lorsque le Soleil les echaiilfe (xxxvii.). La concavite de Ja Goutiere formee par la Sur- face fuperieure des Feuilles , etoit tournee vers I'entree du Berceau. Mais , au lieu que les Fo- lioles de V Acacia fe difpofent en (ens contrair^ a I'approche de la nuit, les Feuilles d"* Aiibcpine; moins fouples , ne changeoient point de pofition -( XXXVI ). Je me borne ici k ce feul exemple : je ne finirois point fi je voulois parcourir tous les Faits de ce genre qui ont fixe mon attention. XCIV. Dans le coeur de I'iLte, j'ai ajufte des Branches de Prunier^ de maniere que la Sur- face inferieure de leurs Feuilles a toujours ete expofee a I'aftion du Soleil. Ces Feuilles a- voient atteint , ou a peu pres , leur parfait ac- cruifiement , & les Branches tenoient a TArbre. Infenfiblement la Surface inferieure des Feuilles a change de couleur ; elle a pris un oeil livide , une couleur plombee , & elle m'a paru le defle- cher. j'ai vu la meme chofe fur des Feuilles de Poirkr qui n'avoient pu parvenir a fe retour- ner. Il eft done bien importan t pour les Feuilles , que leur Surface inferieure ne demeure pas ex- pofee k f imprelTion du Soleil , & qu'elles puis- Oo 2 fent 292 RECHERCHES SUR L'USAGE (ent reprendre leur dire6lion naturelle, quandquel- que accident la leur a fait perdre. Cette Expe- rience confirme celles que j'ai rapportees dans I'Article xxxiii , & ce que j'ai avance £ir le principal ufage de la Surface fuperieure ( xvi , XVII , LXXXVIII.). XC V. L E Soleil n'aitere pas le Tiflu ferre & luflr^ de la Surface fuperieure des Feuilles; mais il creule cette Surface , il la rend concave ( XXXVII.). Un exces , ou une continuation d'humidite, produit le meme effet fur la Surface inferieure. C'efl ce que j'ai fbuvent obferve fur les Feuilles de la f-^igne apres des Rofees tres froi- des & tres abondantes (xxxviii.). J'ai fait une femblable Obfervation fur les Feuilles de la Mercitriale. Cette Plante efl extremement com- mune en Automne ; les Terres en jacheres en font presque couvertes. Lorsque les matinees ont commence a devenir froides & humides, & que la gelee blanche a paru , j'ai vu les Feuil- les de toutes ces Merciiriaks fe recourber de deflus en deflbus , & devenir concaves dans leur Surface inferieure. ]e les ai vu fe rapprocher de la Tige , s'y appliquer. On auroit pu croire au premier coup d'oeil , que le froid les avoit altere , qu'elies etoient devenues flasques. Mais independamment de la vivacite de leur couleur, qui annon^oit le contraire , fi en paflant le doigt ious ces Feuilles on tendoit a les Eloigner de la Ti- DES FEUILLES. V. Mim. 293 Tige , on fentoit de Ja refinance; & quand on les abandonnoit a elles-memes , elles faifoient reflbrt , & reprenoient brusquement leur pre- miere fituation. Les Vaifleaux de la Surface inferieure fe trouvoient dans un etat de forte contraftion par I'humidite qui les penetroit. XCVI. A la fin de Septembre , par un terns fort chaud , j'ai applique fiir des Feuilles de J^i- gne J deux Couches d'un Vernis de Lacqiie fait a- vec I'E^rit de Vin, Tantot j'ai applique le Ver- nis /ur la Surface fup^rieure 3 tantot je I'ai ap- plique fur la Surface oppofee. Dans Tun & I'au- tre cas , le Pedicule en a toujours ete enduit tres exaftoment. TouTES ces Feuilles /e font parfaitement retournees , mais quelques-unes ont fouiFert une alteration fenfible (xii, xliv.), XCVII. Dans mes premieres Experiences j'ai eu recours a un moyen bien different de celui des Enduits , pour empecher le Ketournement des Feuilles. Le moyen dontje veux parler, efl d^crit dans I'Article l. & reprefente dans la Fi- gure 3. de la Planche xvii. J'ai dit que les P'euilles de la petite Mauve ^ mifes ainfi en Expe- rience dans wn terns froid , ne s'etoient point retournees. Depuis, aVant obferve le contraire, dans un tems chaud , fur des Tiges de Mercu- riale (lh.) , j'ai conjedure qu'il en feroit de meme des Feuilles de la petite Mauve y fi je re- Oo 3 p^- 294 RECHERCHES SUR L'USAGE ^)etois fur elles cette Experience dans un terns plus favorable. Je I'ai fait Tannee derniere , a un Soleii ardent : le fucces a ete tel que je fa- vois prefume. J''ai remarque que le Retourne- tnerit s'eft execute du cot^ ou Je Soleii agiiloic avec Ic plus de force. '"''' XCVJIf. La plupart des Tiges que j'al vu fe replier dans T Air , ont execute ce mouvement de fa^'on que la partie qui s'eft repliee , s'eft pla- cee a I'exterieur de ccUe qui eft demeuree iri- cliriee (xxxiv,' Xjti.). En fe repliant elles ont femble fuir le Verre dans lequel leur extremite inferieure etoit plongee. J'ai ete d'abord allez embarafle a rendre rai- fbn de cette efpece d'afFedation. Enfin , j'ai penfe que le Verre refroidillant I'Air qui I'en- vironnoit immediatement , le cote interieur de la Tige, celui qui regardoit le Vafe, fe trouvoit par-la moins difpofe a la contraftion que le cote exterieur (liit.) : mais comme la fraicheur que le Verre communique a I'Air qui I'environne', efl toujours fort peu confiderable , j'ai juge que fi j'expofbis le cote interieur de la Tige a la chaleur direfte du Soleii , je verrois le Replie- ment s'operer fur ce cote, comme je I'ai vu tant de fois s'operer fur le cote exterieur. **' J'ai fait cette Experience dans le mois de 'Juin , & au lieu de n'ajufler a chaque Vafe qu'u- ne feule Tige, j'en ai ajufle deux- a Toppofite • ' i. i ' ' I'une DES FEUILLES. V. Mem. 295 Tune de I'autre *. J'ai place le Vafe * fur une/ p^-- efpece de fupport ^, couvert d'un petit Dais *, h?- i- & expofe au Levant. J'ai dilpofe Jes Tiges dans * s. un Plan qui coupoit le Merldien a Angles droits^ * ^* enfbrte que le cote exterieur de Tune * des Ti- * £. ges regardoit .le Levant , & que le cote exte- rieur de I'autre * Tige regardoit le Couchant. * ^• BiENTox ces Tiges fe font mifes en Jeu. Celle dont le cote exterieur regardoit le Cou- chant, s'efl repliee fur le cote interieur *• elle*»' s'efl rapprochee du Vafe , pour ofFrir au Soleil la Surface fuperieure de fes Feuilles, L'autre Tige s'eft repliee , comme a I'ordinaire , fur le cote exterieur *. * a. ]'ai repete cette Experience, avec le meme fucces 5 flir des Tiges de Mcrcuriak. ,^ Des Tiges de Haricots ettioUs^ mifes de la meme maniere en Experience fur la Fenetre de mon Cabinet , m'ont ofFert les memes particularites. Celles dont le cote exterieur regardoit la Fene- tre , fe font repliees fur le cote interieur , & ont prefente au plein Air la Surface fuperieure de leurs Feuilles. Celles dont le cote exterieur regardoit , au contraire , le plein Air , fe font repliees fur ce meme cote. Mais les Tiges de Haricots ettioles , plus fouples 5 ou plus fenfibles que celles de la Mer- curiale & du jasmin , m'ont fait voir quelque cho- fe de plus. J'ai remarque que celles qui s'etoient re- 296 RECHERCHES SUR L'USAGE repliees le jour fur le cote interieur , fe replioient a I'approche de la nuit , fur le cote oppole : el- les tendoient alors a fe rapprocher de la Fene- tre ', mais ce raouvement etoit toujours plus foi- ble que le premier. Pendant le jour I'Air exte- rieur, beaucoup plus chaud que ceiui du dedans, agiflbic fur les Tiges avec plus de force , & les determinoit a fe replier de fon cote. A I'appro- che de la nuit, I'Air du dedans devenant un peu plus chaud , ou un peu plus Cec que celui du dehors, imprimoit aux liges un mouvement en fens contraire. XCIX. J'ai dit (lii. ) qu''aTant introduit des ^Jfj- Tiges de Mercuriale dans de petites Caifles * tjs-i'&2. d'un Bois mince, ouvertes d'un cote, les mou- vemens de ces Tiges avoient ete fi varies , que je n"'avois pu tirer aucune conclufion de cette Experience. J'ai conjedure depuis , que cette in- determination de mouvemens etcit provenue de I'indetermination de la chaleur. j'ai done cher- che a la determiner d'une maniere fi precife , que les effets n'en fuflent plus equivoques. Pour y parvenir , j'ai fait conflruire des Caifles de Sapin de i o pouces en quarre , dont * i"^" trois cotes * , ainfi que le fond * & le Couver- Fig.' 2. cle avoient chacun envn-on 2 pouces d'epaifleur. Celle du quatrieme cote * n'etoit que de 3 k 4 *■ "lignes. Sur ce cote , j'ai pratique une Fene- tre * de 3 pouces de hauteur , & de 2 pouces de 2>: DES FEUILLES. V. Mem. ic^i de largcur. J'ai renferme au milieu de chaque. Caiiie un Verre *, plein'd'Eau, dans lequel e-*"- toient plongees deux Plantes * de Haricots ettio- * a,],. les , oppoiees Tune a J'autre , & dont Textrc- mite fuperieure * etoit inclinee en embas. J'ai*^,*. difpofe ces Plantes de fa^on que le cote exte- rieur de i'une * regardoit la Fenetre , & le cote * »- exterieur de ' Tautre * , la Parois oppofee. J'ai * "• place les Cailles dans un Jardin , & j'ai afFecle de les mettre routes dans des pofitions differen- tes ; je veux dire , que dans Jes unes la Fenetre a ete tournee vers le Midi, dans d'autres vers le Nerd, dans d'autres vers le Couchant, &c. L'Air etoit chaud & ferein. Au bout de <]uelques heures , toutes les Ti- ges fe font repliees *, & toutes ont dirige leur*'-.f- mouvement vers la Fenetre. Ainfi les unes * * ^• fe font repliees fur le cote exterieur; les autres %* "• fur le cote interieur. A Tapproche de la nuit , celles-ci ont commence a fe replier fur le cote exterieur *; elles fe font eloignees de la Fene-*«. tre , pour s'approcher de la Parois qui lui etoit oppofee. La caufe de ces deux mouvemens contraires , efl la meme que celle dont j'ai fait mention a la fin de I'Article precedent. J'ai mis d^autres Haricots en Experience dans les memes Caifles , apres en avoir ferme la Fe- netre tres exaftement avec un Volet * de Bois , * f- de 3 lignes d'epaifleur. Tous ces Haricots n'ont Pp pas 298 RECHERCHES SUR L'USAGE pas laifle de fe replier ; & ce qui m'a paru tres digne d'attention , c'eft que tous I'ont fait comme les precedens: tous ont dirige leurs mouvemens vers la Fenetre , ou vers la Parois dans laquelle elle etoit pratiquee. Ceux dont le cote exte- rieur regardoit la Parois oppofee , fe font un peu d^tournees vers cette Parois a I'entree de la nuit. C. La fenfibilite des Fibres qui operent le Retournement des Feuilles , & le Repliement des Tiges , eft lurprenante. J'en ai ddjk rapport^ plufieurs traits dans le fecond Mdmoire & dans celui-ci : on me pardonnera fi j'en rapporte en- core un. Apres avoir fufpendu des Tiges de Menu- ride dans des Poudriers pleins d'Eau , de ma- niere que I'extremitd fuperieure de ces Tiges a ete tournee en embas , j'ai place les Poudriers au fond du Baffin d'une Fontaine. Ce Baffin a- voit 14 pouces de profondeur , & k Fontaine qui s'y dechargeoit, formoit un Jet de demi pou- ce de diametre : 9'a ^i€ pr^cifement fbus le Jet que j'ai mis les Poudriers. J'ai enfonce en meme terns un Thermometre dans I'Eau du Bas- fm : j'en ai expofe un autre k I'Air exterieur , & a I'Ombre. J'ai fait cette Experience le 23. de Septembre, fur les 10. heures du matin. Le tems etoit beau , & le Soleii a donn^ fiir le Baffin pendant une partie du jour. Le DES FEUILLES. >F:M>». 299 Le lendemain matin , j'ai trouve routes les Tiges repliees ; & ce qui etoit tres decifif, rou- tes retoient dans le meme fens , je veux dire , du cote ou la chaleur du Soleil s'etoit fait Je plus fentir. Le Thermometre place au fond de I'Eau , etoit k 12 degres. Celui qui etoit k I'Air exterieur, le tenoit k 18. Il ell: allurement tres remarquable que le So- leil ait agi avec autant d'efEcace fur ces Tiges k travers una malle d'Eau de 14 pouces de hau- teur , & qui le renouvelloit a chac^ue inflant. Je ne doute pas que cet Aftre ne fit fentir Ion impreflion k ces Tiges a de beaucoup plus gran- des profondeurs. J'ai deja invite les Phyficiens k I'eprouver (lii.). CI. Les Experiences que je viens de rappor- ter , me paroiUent prouver de la maniere la plus evidente , que la chaleur , & fur - tout la cha- leur direde du Soleil , efl la principale caufe du Retournement des Feuilles & du Repliement des Tiges & des Branches (ltii.). C'efl , fans doute , aux contractions qu'elle excite dans la Lame elaftique des Trachees , qu'il faut attribuer ces mouvemens. Ainfi lorsque la chaleur du lieu ou Ton fait ces Experiences, efl a peu pres la meme en differens endroits , les Feuilles , ou les Tiges ne jouent pas toutes dans le meme fens; mais les unes fe retournent, ou fc replient dans un lens , les autres dans un autre , fuivant Pp 2 le 3CO RECHERCHES SUR L'USAGE le plus ou le moins de difpofition des Fibres a fe contrafter d'un cote plutot que de tout autre. C'eft te que j'ai fbuvent obferve fur des Hari- cots qui avoient cru dans une petite Etuve , & qui s'y etoient ettioles. Ces Haricots avoient ete femes dans des Vafes pleins de Moiiffe. Lorsqu'ils ont atteint la hauteur de 7 a 8 pou- ces , & que leurs premieres Feuilles ont com- mence a fe deployer , j'ai mis les Vafes dans une fituation renverfee , j'ai prefente leur ouverture au Sol de I'Etuve. En le faifant , je n'ai pas eu a craindre que la Moujje fe detach&:t des Va- fes , outre qu'elle y etoit tres prefTee , fes Fi- lamens fe lient mieux les uns aux autres que ne le feroient des Molecules purement terreufes. D'ailleurs la Monffe efl beaucoup plus legere que la Terre qui I'efl le plus. J'ai retenu les Vafes dans cette fituation par deux Cordons , dont les extremites etoient attachees a un B^ton qui tra- verfbit le milieu de I'Etuve. Nous avons ici j pour le dire en paflant, une maniere tres fure & tres fimple de repeter une partie de ces Expe- riences. Par la on ne risque point d'of^enfer les Tiges en les coudant ; on change leur diredion naturelle fans les toucher , & on ne les place point dans le voifinage d'un Corps froid (xcviii.)*. J'ai tourne & retourne ainfi en plein Air, le me- me Haricot dix-huit fois confecutives dans Fe- Ijpace d'un mois & demi. ]\ n'a paru en fbuf- DES FEUILLES. V. M^n. 301 frir que dans fa forme exterieure : il eft devenu tres contrefait. Sa Tige , & routes fes Branches fe font contournees en maniere de Vis. W a fleuri , & porte de tres belles Siliques. Je lui aurois fait fubir bien d'*autres inverfions , fi un coup de Bize ne favoit g^te. Mon but etoit de lavoir fi ces inverfions reiterees nuiroient aux Fleurs ou aux Fruits. Mais je reviens aux Ha- ricots de I'Etuve. Ils n'ont pas tarde a fe replier , & comma ils ne Pont pas fait dans Je meme fens, j 'en ai cherche la raifbn. Four la decouvrir , j'ai fufpendu des Thermometres autour des Vafes , & les aVant ob- ierve i heure apres , je les ai tous trouves k peu pres au meme degre. J'ai connu alors que cette diverfite de mouvemens provenoit de la di- verfite des Tifllis. J'ai mis aufTi-tot d'autres Haricots en Experience dans I'endroit le plus chaud de I'Etuve. Ils ie font tous mus vers cet endroit. La fuperiorite de la chateur a (ijrmon- te I'obftacle que I'inegalite des Tidus pouvoit apporter a I'uniformite des mouvemens. Selon que la chaleur eft plus ou moins for- te , le Repliement s'opere fur une portion de la Tige plus * ou moins longue. A une chaleur *PL.vn, tres foible , il n'y a que la fbmmite * qui fe replie : * ^^' c'eft la que les Fibres ont le plus de fb uplefle Fig. V ou de fenfibilite. SuR ces principes on expliquera facilement Pp 3 quel- 302 RECHERCHES SUR L'USAGE quelques Experiences du fecond Memoire dont je n'ai pas rendu raifbn (xlii , Lii , Liii.}. Par exemple celle de V Atriplcx couchee hori- Zontaleraent fur le Soupirail d'un Four k Poulets, & qui au lieu de s'incliner vers I'interieur du Four , s'efl portee vers I'Air libre , s'explique d'une nnaniere fort fimple, des qu'on (ait que I'in- terieur du Four, quoique beaucoup plus chaud que I'Air exterieur , eft ordinairement moins De P Arrangement de diver fes Parties des Planus, ClI. ]e n'ai rien dit dans le troifieme Me- moire , de I'arrangement des Feuilles & des Bran- ches du Guy. Je devois etre curieux de favoir auquel des cinq Ordres que j'ai decrit (lvi.) cette Plante finguliere pouvoit fe rapporter. Voi- ci ce que j'ai obferv^ Cur ce fiijet. AuTOUR de I'extremite fuperieure du Tronc naiflent plufieurs Branches cilyndriques , fort droites & fort unies , inegales en longueur & en epaifleur , qui vont en s'ecartant les unes des autres a mefure qu'elles s'elevent. Chacune de ces Branches jette de meme a fbn fbmmet d'au* tres Branches plus petites , furmontees a I'ordi- naire de deux Feuilles, oppofees I'une a I'autre, & quelquefois de trois, placees fur les Angles d'un DES FEUILLES. V. Mim. 303 d'un Triangle Equilateral. Souvent le Tronc fe prolonge , & du centre des Branches qui le cou- ronnent , fort une Tige qui fe ramine connme le Tronc k Con extremite fuperieure. Cet aflem- blage forme une Touffe a peu pres fpherique, aflez epaifle pour que de pet its Oileaux puillent y nicher. Il refulte de ce court ExpofH , que le Guy ap- partient au troifieme Ordre , k celui des f^er- ticill^es, Clir En parlant dans 1' Article lix. de la dif- ficulte qu'on a quelquefois k reconnoitre I'Or- dre auquel une Plante doit etre rapportee , je n'ai point fait mention de celles dont la Tige fe contournant en Spirale, cache la veritable diftribti- tion de fes Feuilles. Tel efl , par exemple , le cas de la Feve. La premiere fois que j'ai jett^ les yeux fur cctte Plante , fes Feuilles m'ont paru diftribuees en Quinquonce, ou fuivant le qua- trieme Ordre (lvi. ). Mais I'aTant obferv^ avec plus d'attention, j'ai reconnu qu'elle appar- tenoit au premier Ordre , k celui des themes (lvi.). Le contournement de la Tige en va-- riant la pofition apparente des Feuilles , laiflbit croire qu'elles etoient diflribuEes d'une maniere plus compofee qu'elles ne I'etoient en effet. CIV. QuoiQ^UE la Tige & les Branches de la plupart des Plantes (^oient cylindriques , & que leur Coupe transverfale fbit par confequent cir- 304 RECHERCHES SUR L'USAGE circulaire , il n'en eft pas toujours de meme de ieurs extremites , & fur -tout de celles qui font les plus deliees. Leur Coupe transver^Ie eft ^flez fbuvent une Figure a plufieurs cotes , dont le nombre m'a paru invariable dans chaque Efpe- ce. Ces Extremites font canellees , & ce font CCS Canellures qui determinent les Angles de chaque Figure. J'ai deja parle (Ibid.) des Can- nelures de la Konce , & de fa Coupe transverfale. J'ai fait depuis de femblables Obfervations fur plufieurs efpeces de Plantes , fbit Herbacees fbit Ligneufes. J'ai vu des fbmmites a 3 , 34, a 5', a 6, a 8 cotes. U^uine, V Granger ^ le Peuplier m'ont fourni des Exemples de fbmmites a 3 Pans , ou dont la Coupe eft triangulaire. Celle de la Feve , du Bonis , du Fufain , eft un Quarre. Celle de VAtripkx , du Jasmin jaune des Indes , du Pefcher^ eft un Pentagone. Celle de la Clematis , de VErable, du Jasmin commun, ei\ un Exagone. Celle du Cbanvre eft un OSto- gone. Enfin j'ai vu des fbmmites parfaitement circulaires ; telles fbnt celles de la Julienne blan- che ^ de VAmandier^ du Prunier ^ de VOJier. A mefure que les extremites groiTiflent , elles prennent de la rondeur , & les Canellures s'efFa- cent. II eft cependant des Efpeces qui retien- nent ces Canellures : le Fufain & la Ronce en font des Exemples. CV. Il n'eft point de Plantes ou la diftribu- tion DES FEUILLES. V. Mim. 30^ tion des Graines fbit plus fenfible que dans le Mays ou Bled de Turquie. Je me fuis plu a I'y obferver. Les Epis de cette PJante fi feconde & fi utile , forment des Mafles coniques qui ont quelquefois plus de 9 k 10 pouces de longueur fur 2 k 3 pouces de diametre a leur Bale. Les Grains , de Figure ^llyptique , & un peu. plus gros que des Pois , font ranges a la file fur plu- fieurs Lignes , tantot droites , ou paralleles a I'Axe de I'Epi , tantot courbes ou qui montent en Spirales autour de cec Axe. Les Grains font places fur ces Lignes de fa^on que leur grand Diametre coupe a Angles droits I'Axe de i'Epi. M'e'tant avife de compter le nombre des Lignes , ou des Rangees de difFerens Epis , j'ai ete furpris d'en voir fur la plupart 12 ou 14. Les Grains de ces Epis etoient ainfi diflribues fur des Poligones de 12 ou de 14 cotes. J'ai ete curieux d'approfondir ce Fait, & de m'afTurer fi I'AuTEUR de la Nature avoit prefere ces Po- ligones a toute autre Figure pour la diflribution des Grains du Bled de 1\irqide. Dans cette vue, j'ai examine avec fbin 724 Epis de cette Plante. Sur ce grand nombre j'en ai trouve i<:)^. oil la diftribution des Grains etoit irreguiiere, je veux dire, ou les Rangees etoient tellement confondues les unes dans les autres , que je ne pouvois les fuivre diflin6lement d'un bout a I'autre de I'Epi. J'ai remarque que cette confufion etoit plus Qq gran- 3o6 RECHERCHES SUR L'USAGE rrande a la Bafe de I'Epi , que vers fon Extre- mite fuperieure. J'ai meme vu bien des Epis du nombre de ceux dont je parle , ou les Ran- gcefs etoient tres diftin6tes vers TExtremite fu- perieure. Je n'ai cependant pas laifle de mettre ces Epis au rang des irreguliers. Je n'ai eftime regijliers que ceux dont Jes Rangees etoient par- tout diflinftes. Parmi ces derniers j'en ai comp- te trois ou la diflribution des Grains etoit fur 8 Lignes ; i6 ou cette diflribution etoit fur 1 8 Lignes j 32 fur TO Lignes ; 78 fur 16 Lig- lies ; 144. fur 14 Lignes; 252. fur 12 Lignes. On voit par cet examen , que les Poligones de 12 & de 14 cotes font ceux qui dominent dans les Epis du Bled de Turqiiie. J'ai dit que les Grains de cette Plante font ellyptiques : cela efi: tres vrai de ceux qui font places vers le milieu de TEpi ; mais il m'a paru que ces Grains s'arrondiflbient a mefure qu'ils approchoient de la Bafe de FEpi ou de fa Pointe. Quelle efi la raifbn pbyfique (*) de ce change- ment de forme ? Quelle en eft la caufe finale ? CVI. J'ai repete mes premieres Obfervations (lxix.) fur I'arrangement des Racines du Hari- £0t. Je lai trouve le meme dans tous les Indivi- dus (*) Les Grains placds dans le milieu de I'Epi , plus prefll's par les Grains qui Tone au deffus & au deflbus d'cux , que par ceux qui font places fur les c6t6s , trouveroient-ils plus de facility a s'^cendre dans ce deruier fens que dans le preraiei? DES FEUILLES. F. Mm. 307 dus que j'ai obferve. ^ Je I'ai encore retrouve tel , a quelques varietes pres , dans les Racines du Pois 5 de la Five , du Sarrazin. J'ai aufTi obfen^e les Racines des ^mandiers naillans , elles ne m'ont rien ofFert jusques ici de regulier. J'ai annonce dans 1' Article xc. une Obferva- tion qui merite de trouver place ici. 11 s'agit de quelques Tiges de Haricots , qui aVant ete plon-' ge'es pendant 4 jours dans une Infufion de Ga- ranee, avoient commence h. poufler de petites Racines,, dont j'ai renvoye a decrire I'arrange- ment. Ces Radicules "* femblables a de tres petites * pl. Epines , etoient di/lribuees comme les divifions fig.3.'&4, de la maitrefle Racine , fur 4 Lignes exadement paralleles & a egales diflances les unes des autres. Quelquefois ces Lignes montoient en Spirales **F'g-4' autour de I'Axe de la Tige. Les intervalles compris entre les Radicules d'une memeRangee, n'etoient pas par-tout les memes , & ces varietes ne m'ont paru fbumifes a 'aucun ordre conftant. On obfervoit 9a & \k jflir les Rangees, de tres petites Femes oblongues , qui defignoient la place ou devoit bientot paroitre des Radicules. En efFet , les Radicules "* obfervees a la Loupe pa- * f's- 5 '•• roifloient fbrtir d'une femblable Fente *. */. Ce n'etoit pas feulement par leur arrangemenc que ces Radicules fe faifbient remarquer : elles •.i^jL Qq 2 at- 3o8 RECHERCHES SUR L'USAGE attiroient encore I'attention par leur couleur : el- les etoient d'un rouge tres vif , que la blan- cheur naturelle de la "J ige ne cpntribuoit pas peu a relever, J'ai vu des Feuilles de Haricot plongees dans I'Eau , pouller le long de leur Pedicule de peti- tes Racines , dont I'arrangement imitoit celui que je viens de decrire. De quelqncs fingidaritis des Plantes. ' CVIT. On a vu dans le quatri^me Memoire (lxxi. ) 5 que les Folioles des Feuilles compofees fe grej^ent aflez fbuvent les unes aux autres, en- fbrte que deux ou trois Folioles n'en compofent plus qu'une feule , fur un Pedicule commun. "L^- J'ai obferve plus d^une fois deux Folioles * Fig- r- de Haricot greffees I'une a I'autre par leurs bords, *'i),'p. ians que les Pedicules propres * participaflent a cette union : ils etoient demeures tres diflinds & fepares Tun de i'autre par un aflez grand inter- valle. ]'ai vu de femblables GreiFes operees de deux fa^ons difFerentes entre des Feuilles J tmples. Tarftot ^xxi J'^^ ^^ deux Feuilles * reunies par leurs Bords , depuis Porigine du Pedicule jusques vers les deux tiers de leur longueur. On appercevoit fur le Pedicule une petite Rainure * , qui fe prolon- geoit dans ia principale Nervure , & qui indiquoit fen- FiS. 2. », b. DES FEUILLES. V.'Mim: 309 J'endroit de la jonftion des deux Feuilles. Le Grenadier m'a fourni un Exemple de cette forte de Greife. Tanxot j'ai vu deux Feuilles colees I'une a I'autre par leur Surface inferieure. Les deux Nervures principales s'etoient unies pres de leur Bafe. J'ai obferve cette Greffe dans Ja Laitue. TouTES ces GrefFes ne concourrent - elles pas a prouver qu'il y a dans les Feuilles deux Tub- fiances analogues a Ja fubftance Corticale & a ia fubflance Ligneufe qu'on obferve dans les Bran- ches & dans la Tige ? On fait que c'efl de I'ex- panfion en tout fens de la fubflance Corticale fur la fubflance Ligneufe , que depend I'Union de la Grejfe avec le Sujef. Un leger dechirement pro- duit dans les VaifTeaux de deux Feuilles encore ten- dres & qui fe touchent, peut fuflire k les unir. Peut-etre meme que la fimple application de ces deux Feuilles I'une fur Tautre , continuee pendant quelque terns, eft capable d'operer le meme efFet. CVIII. Le Cboti-Fletir abonde en produftions monftrueufes du genre de celles que j'ai decrit dans I'Article LXXii. Elles m'ont offert I'ar^ nee derniere de nouvelles varietes. Je ne ferai qu'indiquer les principales. C,a & la fur Ja principale Nervure de la Sur- face fuperieure , on voit s'elever de petites Feuil- les, les unes en formes d'Oreilles de Chat, dont la concavite regarde Textremite fuperieure de Ja Qq 3 Feuil- 3IO RECttERCHES SUR L'USAGE Feuille; les autres en maniere de Langues, dont h Bafe.fuit ordinairement la direction de la Ner- vure. Dans quelques-uncs cette Bafe lui efl in- clinee ; dans d'autres elle lui efl: perpendiculaire. Qaelquefois .on n'apper^oit fur la Nervure qu'un^ Arrete vive dirigee iuivant fa longueur , du mi- lieu de laquelle fort un Bouton conique , gros comme la Tete d'une Epingle. Ce Bouton efl une Feuille naiflante. D'autres fois ces Feuilles fingulieres au lieu de s'elever perpendiculaire- ment fur, la Nervure j, rarHpent fur la Surface fu- perieure'de la Feuille. ' ^Enfin j'ai vu des Feuilr les en Entonnoir partir de la principale Nervure de'la Surface inferieure; mais ce cas m'a paru tres rare. L'Interieur de ces Entonnoirs etoit comme a Pordinaire d'un Tiflu femblable a celui de la Surface fuperieure; le Tiflu de I'Exterieur reflembloit a celui de la Surface oppofee. CIX. L A Plante mi - parti Bled & Tvroys que j'ai fait connoitre dans I'Article lxxv, efl une de ces Productions extraordinaires , dont on ne fauroit trop conflater I'exiflence. Si le temoi- gnage d'un aufli excellent Obfervateur que I'efl Sir. Calandrini, ne fufiifbit pas pour diffiper tous les doutes qu'on pourroit fe former la-desr fus 5 j'ajouterois qu'il diflequa cette Plante en 1733. devant une Societe de Gens de Lettres, qui fe rendirent tres attentifs a toutes les parti- cularites . qu'elle xenfermoLt. . .On ob/erva tres ^ DES FEUI1.LES. V.Mem. 311 diflin6lement, que les dSu^Tuyaiix Tun * AeBIed^ * ^^■ Fautre * d'^Vvroye, partoient d'un Tuyau * & d'uriiig- 3' -8. Noeud communs. On ouvrit ce Tuyau com-* f. mun fuivant fa longueur ; on I'examina avec la plus grande attention , & on n'y deeouvrit q'u'u- ne feule cavite, L'Epi de Bled paroillbit afl^^ chetif; mais I'Epi (TTvroye Qtok tres beau ^ bien fourni de Grains. - On a cherche a rendre. raifbn de ce Pheno- mene en fuppofant que deux Plarttes, Tune de £/ed , I'autre d'T'uro}'^ ,' aTant cru' fort pres Turre de I'autre , s'etoient grefFees en approche. Mr. du Ha MEL a qui j'ai communique le Fait, a regarde cette conjedure comme faufle ; il a pre- fere de reeourir k la confii/ion des PdufTieres des Etamines. Je the range volontiers a fori'fenti- ment^, comme a celui qui me paroit le plus pro- bable. Je voudrois neanmoins qu'on edayat de- produire des GrefFes femblables a celle qu'on fup- pofe ici , fbit en liant enfemble des Plantes de Bled & des Plantes d''Tvroye encore tendres j fbit en pratiquant dans quelques-unes de legeres Jncifions a I'endroit du contaft , & principale- ment aux plus gros Noeuds. ex. LoRSQ^ij'oN reflechit fur les cara6le- res qui diftinguent \e Bkd^ de VTvroye ; lors- qu'on fait fur-tout attention a la grande difference qu'on remarque dans la forn e de I'tpi , & dans I'arrangement des Grains 3 on ne fauroit fe per- fua- 313 RECHl^RCHES SUR L'USAGE fuader que le plus, ou le moins d'humidite , que certaines diverfites dans le Terrain , dans le Cli- mat , dans la Culture , fbient capables de me- tamorphofer le Bled en Tvroye. S'il ne falloit pour operer cett&metamorpho/e , que changer fim-. plement les proportions d'un Tout , qu'allonger excefTiveijient des Parties qui, dans I'etat naturel ieroient demeurees raccourcies ; s'il ne s'agiflbit que de produire quelques varietes dans les Tiflus & dans les Couleurs , afllirement les caufes qu"'on vient d'indicjuer /croient tres fijffifantes pour ope- rer de tels effets. Le Regne Vegetal & le Regne Animal nous fourniflent mille exemples de fem- blables changemens operes par ces differentes caufes. Et fans fbrtir de notre fujet , quelle difference la nouvelle Culture ne met-elle point entre les Grains d'une meme Efpece (xcii.) ! Mais la Transformation dont il efl ici quefTion , fuppofe encore de beaucoup plus grands change- mens J des changemens qui afre6tent la flrufture m^me des Parties eflentielles , & leur arrange- ment refpectif. Or ce font ces changemens , que les caufes qu'on a indique ne paroiHent pointy du tout capables d'effe6tuer. En vain alleguera- ton en preuve de la pretendue metamorphofe , la Plante dont il a ete parle dans I'Article prece- dent ; en vain produira-t-on des Grains pris fur le meme Epi , & qui fembloieni tenir le milieu entre des Grains de Bled^ & des Grains d'' Tvroye -^ - en DES FEUILLES. V. Mem. 313 en vain citera-t-on des Champs enfemences avec du Bled tres pur , & t|ui ont paru cou verts d'2^- vroyc au terns de la MoilTbn : tous ces Faits , & beaucoup d'autres de meme genre , ne font que des preuves tres equivoques de la Degene- ration qu'on voudroit etablir. L A Plante mi - parti Bled & Tvroys eft un Phenomene extremement rare , qu'on ne fauroit alleguer en preuve dans un cas fort coramun. On a d'ailleurs une explication de ce Phenome- ne , qui peut concentei' les Phyficiens (ciX.). Les Grains qui ont femble tenir Je milieu entre les Grains du Bkd & ceux de VTuroye , etoient des Grains qui offi-oient de legeres varietes dans leur exterieur. Ces varietes ont ete mal obfer- vees , ou obfervees par des Yeux qui cherchoient a y voir la Degeneration. Les Champs que Ton a cru avoir enfemences avec du Bled tres pur , I'avoient ete avec du Bkd mt\6d''Tvroye: I'An- nee ou le Terrain aVant ete plus favorable a VT- vroye qu'au Bled, les Grains de VTvroye ont pro- fpere , & ceux du Bled ont manque en partie : de la , la Degeneration apparente. On fait aflez que le Bled qui au premier coup d'oeil paroit le plus pur , fe trouve fbuvent tres charge d'^Tvroye quand on vient k I'exarainer Grain a Grain. On fait aufTi que VTvroye de la derniere /^ Recolte peut fe conferver faine en Terre , au moins jusques aux femailles fuivantes. Enfin \^ Rr par A' 3 14 RECHERCHES SUR L'USAGE par combien de moyens auxquels on ne prete aucune attention , VTvroye peut-elle fe glider dans les Champs ? Les Engrais feuls peuvent y en introduire beaucoup plus qu'on ne I'imagine. Je ne fais qu'effleurer ce fujet. 11 a ete trai- te avec autant de fagacite que d'agremens , dans un Discours Latin , prononce a une de nos der- nieres fblemnites academiques , par feu Mr. Cramer, mon illuflre Compatriote , dont la Republique des Lettres , & notre Etat en par- ticulier, pleurcront longtems la mort prematuree. Ce Discours , qui par I'^legance & la purete du flile, feroit honneur aux meilleures Plumes de I'Antiquite , eft une efpece de Dialogue entre deux Amis , dont Tun defend par les Argumens les plus fpecieux , la pretendue Degeneration du Bled en Tvroye , & dont I'autre la combat par toutes les raifons que fourniflent la faine Phyfi- que & les Experiences de divers Savans. L'Au- teur fe declare en faveur des Phyficiens qui nient cette Degeneration ; & fbn Jugement paroitroit encore d'un plus grand poids, fi Ton favoit com- me moi , combien il etoit habile dans Part de pefer les Raifbns , & d'apprecier les Probabilites. Le Discours de ce favant Profefleur a ete imprime il y a environ un an , dans le Mufemn Heheticum. J'ai commence des Experiences qui me pa- roiHent tres propres a demontrer la verite ou la fauflete de la Converfion du Bled en Tvroye. Le DES FEUILLES. V.Mem. 315 Le 3. d'06lobre 175 1. j'ai fait fouiller dans une Terre qui , de memoire d'homme , n'avoic point porte de Grains, j'ai rempli de cette Terre , pour ainfi dire , Vierge , une grande Caifle di- vifee en fix Compartimens egaux , de i Pied en quarre , dont les cotes exaftement joints les uns aux autres , avoient plus de i pouce d'e- paiileur. J'ai feme dans les deux Compartimens des Extremitds , 48 Grains de Bkd^ je veux dire , 12 Grains dans chaque Compartiment. Ces Grains avoient ete choi/is & examines avec un (bin & une attention vraiment fcrupuleux. J'ai feme dans les deux Compartimens du milieu, 24 Grains ^Tvroye , examines avec la meme at- tention. Pour ecarter tout fbupcon & prevenir les equivoques & les accidens qui auroient pu repandre quelque nuage fur cette Experience , je pouvois me contenter de femer les Grains dans un ordre qui fut propre a faire reconnoitre les Plantes qui en naitroient. Je ne me fiiis pourtant pas borne a cette precaution. J'ait fait faire 72 Tuyaux de Bois de 2 a 3 pouces de longueur, & de 5 a 6 lignes de diametre. J'ai enfonce ces Tuyaux en Terre jusques a 3 a 4 lignes de leur Ouverture fuperieure. Au Centre de chacun d'eux a ete depofe le Grain, fbit de Bled fbit ^Tvro'je^ que j'avois choifi. J'ai recouvert ce Grain de la meme Terre dans laquelle I'Ou- verture inferieure du Tuyau etoit enfoncee. A Rr 2 ces 3 i6 RECHERCHES SUR L'USAGE ces difFerentes precautions, j'al joint encore celfe de tenir la Caifle dans un Jardin renferrae de Murs. Et comme les Partifans de la Degenera- tion du Bled en Tvroye veulent qu'elle s'opere par un exces d'humidite, j'ai fait arrofer plufieurs fois la femaine & jusqu'au terns de la Moiilbn , la Terre de deux des Compartimens ou j'avois fe- me du Bled. L'Eau a furnage chaque fois , & a couvert entierement les Tuyaux. La Terre de ces Compartimens a ete confervee ainfi dans un degre d'humidite /ijperieur ^ celui des Champs qui abondent le plus en Tvroye. Je ferai cepen- dant obferver que j'ai interrompu les arrofemens dans les grands froids. Le Refultat de cette premiere Experience faite avec tant de (bins & de precautions , a ete tel que je Tavois prevu : j'ai recueilli du Bled ou j'avois feme du Bled ; de VTvroye ou j'avois feme de V Tvroye. Mais ce qui m'a paru tres digne d'attention , j'ai eu de la Nielle ou du Cbarbon dans le Bled qui n'avoit ete humecle que par I'Eau du Ciel , comme dans celui qui I'avoit ete & par cette Eau & par celle des ar- rofemens. Cette maladie du Bled ne paroit done pas provenir d'un exces d'humidite , com- me le penfent quelques Auteurs , & en particu- lier Mr. TuLL (*). Le (*) Trait6 de la Culture des Terrc's fuivant les Principes defefc. TuLL, par Mr. UuHameu DES FEUILLES-^/^". Mim. 317 Le 25'. d'Aout i75'2. j'ai repete cette Expe- rience dans la nneme Terre , & avec Jes memes precautions. Je me fuis fervi , pour cet efFet , des femences que j'y avois recueillies Je mois precedent. Mais cette gnnee Jes arrofemens ont ete beaucoup plus multipJies. Tous Jes jours, & fort fbuvent plufieurs fois par jour , on a ar- rofe excefTivement Ja Terre de deux des Compar- timens 011 j'ai feme du Bled. Par la , on a en- tretenu cette Terre dans un etat qui a difFere peu de ceJui des Terres marecageufes. Cepen- dant le Bled qui a cru dans un Terrain fi abreu- ve 5 ne m'a pas offert un feul Epi attaque de la Nlelk^ ou du Charbon. Je n'en ai point vu non plus dans le Bled qui n'a pas ete arrofe, Le Bled arrofe a ete conflamment d'un Verd beau- coup plus fonce que le Bled non arrofe. Jl efl aulTi devenu plus grand , il a plus tale , & fes Epis ont ere plus fournis de Grains. Confide- rant ce Bled vers la mi-Juin , je n'ai pas ete me- diocrement furpris d'y decouvrir une belle Plante ^Tvroye. Elle paroifloit partir du Pied d'une Plante de Bled. J'ai examine aufTitot le Tuyau dans lequeJ cette derniere avoit pris fbn accrois- fement. J'ai reconnu a ne pouvoir s'y mepren- dre , que Ja Plante 6^Tvroye avoit cru hors de ce Tuyau. Mais pour qu'il ne reflat aucun doute la-defllis, j'ai arrache avec precaution les deux Flames, & j'ai obferve tres attentivement leurs Rr 3 Ra- 3i8 RECHER-CHES SUR L'USAGE Racines. Celles de VVvroye etoient appliquees immediatement a I'exterieur du Tuyau , dans I'in- terieur duquel celles du Bled etoient renfermees. J'ignore par quel accident un Grain d^Tvroye s'e- toit glifTe dans cet endroit ; mais ce Fait nous apprend combien on doit fe defier des Experien- ces qu'on a tentees fur ce fujet, & a quel point la precaution de femer cfans des Tuyaux etoit ne- ceflaire. Je me propofe de continuer cette Ex- perience pendant quelques annees : je la repeterai meme plus en grand , Sc dans un Terrain plus a- breuve encore. Les Refultats en deviendront ainfi plus decififs , (bit a I'egard de la Degeneration pretendue du Bkd en Tvroye , fbit a I'egard de la Nielk & des diiFerentes efpeces d'alterations qu'une trop grande humidite peut occafionner dans ce Grain. CXI. La petite particularite que les Racines de rTvroye m'ont ofFert , & dont j'ai parle dans I'Article lxxv. m'a paru demander un nouvel examen. J'ai voulu fliivre des fa naiflance , la Vegetation de ces Racines que j'ai nomme Su- periciires ^ & m'aflurer s'il n'en paroit jamais de femblables dans le Bled. La maniere d'y parvenir etoit tres fimple : tout confiftoit k femer a part de V Tvroye & du Bled dans une Terre qui n'eut jamais porte de Grains , & a arracher avec pre- caution un certain nombre de Pieds de I'une & de I'autre Efpece , pour en obferyer attentive- ment DES FEUILLES. V.Mem. 319 ment I'Extremite inferieure. Je I'ai fait I'annee derniere ; & je vais rapporter ce que mes Ob- fervations m'ont fourni de plus remarquable. Le 4. d'06tobre j'ai feme , comme je viens de le dire , du BIed& de VTvroye^ dont j'ai exa- mine chaque Grain avant que de le mettre en Terre. Le 19 les Plantes aVant commence a le- ver , j'en ai arrache quelques-unes avec beau- coup de precaution , & apres les avoir lave je les ai mifes dans un Verre plein d'une Eau tres claire. La' j'ai apper^u dans les Plantes d^Tvroye ^ 14 ou 1 5 lignes au deflus des Racines , un pe- tit Noeud * , un peu faillant , de m6me couleur * pl. que la Tige , c'eft-a-dire , d'un Blanc tres vif. lig. 4*«, La Partie * de la Tige comprife entre ce Noeud * J. & les Racines , etoit plus effilee que la Partie * * ■5- comprife entre ce meme Noeud & I'Origine des Feuilles * * o- J E n'ai rien obferve de femblable dans les Plan- tes de Bled : je n'ai pu y decouvrir de Noeud ', & la Tige loin de diminuer de grofleur dans fbn Extremite inferieure, paroiflbit, au contraire, en augmenter , comme je I'ai deja remarque dans I'Article lxxv. Il etoit facile de conjedurer que le Noeud que j'avois apper^u dans VTvroye, feroit I'endroit d'ou fbrtiroient les y^^o/;//^5 Racines, ou les Racinesyf//)^'- rieures. Pour en hkterle developement, j'ai porte 3 a4 320 RECHERCHES SUR L'USAGE a 4 Plantes cCTvroye dans une Chambre echaufFee par Lin Fourneau , & ou le Thermometre de Mr. de Reaumur fe tenoit , a Tordinaire , aux environs de 12 degres. J'ai mis dans la meme Chambre 3 a 4 Plantes de Bled, J'ai expofe en meme tems a I'Air , fur la Fen^tre de mon Ca- binet , le meme nombre de Plantes de Bled & ^''Tvroye pour juger de la difference des progres. Le Thermometre fiifpendu a cette Fenetre fe te- noit alors aux environs du 6' degre. Deux jours apres , /avoir J e 2 1. Jes PJantes !^Tvroye , qui etoient dans la Chambre , com- men^oient a poufler les Racines fuperieiires. Fi- les ne paroillbient encore que comme deux petites Excroiflances placees aux deux cotes du Noeud dont j'ai parle : ces Excroiflances fe font allon- gees, & le lendemain j'ai vu deux petites Ra- * F's- 5- cines * s'offrir k mes yeux. J'ai confidere alors les Plantes de Bled , mais je n'y ai rien decou- vert qui ait fixe mon attention. Le 24. j'ai commence a voir les Racines /Fif- pe'rieures dans VVvroye expofee fur la Fenetre de mon Cabinet, & dans celle que j'ai tire de Terrele meme jour. J'ai apper^u fur rVvroye de la Cham- bre, une troifieme Radicule qui fbrtoit d'entre les deux premieres fnperieures , a la maniere des Feuilles l^erticilUes (lvi.). Ces Racines fupe- rieures qui avoient commence a paroitre le 2r. avoient deja 7 a 8 lignes de longueur. Eiles e- 6. c. DES FEUILLES. r. Mem. 321 ^toient tres- efEJees , & cpuvertes de Filamens fort courts. Le 10. deNovembre, j'ai arrache de nouveau quelques Plaiites de Bled : je Jes ai mifes dans un V'erre plein d'Eau , & je les y ai obferve tres attentivement. j'ai remarque que la Tige etoit devenue tranfparente. On obfervoit inte- rieurement un Corps * cylindrique , un peu moins xlxr, tranfparent que I'Enveloppe * exterieure , & qui ^'^• n'occupoit qu'une partie de la capacite de cette Enveloppe. Entre cdle-ci & le bord de ce Corps, il y avoit un vuide qu'on diflinguoit nettement. Dix a douze jours apres , le Corps cylindri- que a paru diminuer de grolleur , & perdre de fa tranfparence. On voyoit aflez manifeftement qu'il n'etoit autre chofe que le Corps menie de la Tige renferme dans une Enveloppe fort dia- phane. Sous cette Enveloppe , a 2 pouces des Racines , j'ai apper^^u un Noeud * fort opaque , * pr. beaucoup plus gros que dans rTv7'oye , & qui fig. 7." r*. rempliflbit presque toute la capacite de I'Enve- loppe. C'etoit immediatement au deflbus de ce Noeud que le Corps interieur de la Tige dimi- nuoit de grofleur *, & cette diminution fe fai- * *• ibit d'une maniere fort brusque. Depuis cet en- droit jusqu'aux Racines , ce Corps confervoit le meme diametre , ou a peu pres : j'ai vu une Plan- te dans laquelle il etoit contourne en vis un peu au defFus du Collet. Ss La 322 RECHERCHES SUR L'USAGE /' La decduverte du 'Noeud dont je viens de parler , annon^oit qu'il en feroit du Bled comme de VTvroye^ qu'il poulleroit comme ceiui-ci des Vi^c'mes fnperitures. ■ Ne les voyant point paroi- tre, rii Hir les Plantes que'je tenois dans des Ver- r6s ,- rii' fur celles que 'j'ele-vois dans line Cai(Ie, je me fuis lafle ' d'atteridre. j'ai ete arracher dans uri Champ plufieurs Pjahtes de Bled femees ■' depuis quelques mois : j'ai Vu au{rit6t un grand '^^'^•^•■'•hombre de Racines /* . qui partoient du Noeud que j'ai decrit. EJies etoient affez" Jongues , & beaucoup plus fortes que dans VVvroye. Au des- **• flis de ces Racines la Tige * etoit extremement effilee.' Elle avoit perdu fbn Enveloppe. 'Quel- ques iFeuilles feches qu'on remar'quoit autourdu IXoeud , indiquoient qu'elles tenoient aiiparavant a cette Enveloppe , qu'elles n'en etoient qu'une prolongation 5 comme celle- ci n'etoit elle-meme qu'une prolongation des premieres Racines. A la fbrtie de I'Hiver , les fecondes Racines o'nt deja -fait de grands progres! Leur nombrc determine celui des Tuyaux que la Plante pous- ■ iera.^ Ce font les extremites de ces Racines que I'oh coupe par la nouvelle Cultufe (xcn.). Lors- que les Tuyaux s'elevent , il fort du Noeud place irnmedi'atement au deflus de celui dont j'ai parle, -*Fig■9.^(3e troifiemes Racines * deflinees apparenimenr k fburnir a la Plante une abondance de Sues neces- iaife a la nourriture ^es nouvdlles Prddudions qui ^'- ■ doi- ^T'DES FEUILLES. V.Mim. ^n daivent s'y^-devJeIopper. ,pn pourroit .nommer ces troifiemes- Racines Jes .Racines //^ ^'-^^ ^i- r,iL Les fecondes * Racines feront cellesde VA- " dolefcence ; les prerai,eres * ^ celles de V En fame. ' T- C;&jS^;trois Ordres ^fi' Racines font repre/entes (de la maniere la plus parfaite dans fa Figure 9. de Ja Planche xxxi. Cetce Figure efl: celle de PExt tremice inferieure d'^ne Plante de Bled arracliee apres la Moiflbn. On voit encore en g I'Enve- Joppe du Gr^in dont cet^e Plante etoit fortie un an auparavapt. Cette ^iqveloppe n'a pu etre con^ lumee pendant un terns fi long; & je I'a'i retrou- ve dans presque tous les Pieds que j'ai exaniines, Au deflbus de cette Enveloppe paroiflent les pre- inieres Racines, les Racines de VEnfance p. Fi- les font fort menues &.peu nomSreufes. Du milieu de ces Racines s'eleve Fancienpe- Xige 7^5 longue d'environ i pouce , & qui n'a gue- res que I'epaifleur d'un Fil. Souvent cette Tige efl 2 a 3 fois plus longue : d'autres fois elle eft fi cpurte que I'Enveloppe du Grain paroit attachee jmmediatement au premier, Noeud. Ces varietes •dependent fans doute , du plus ou du moins de profondeur auquel le Grain a ete enfbnce. A I'Extremite fuperieure de cette Tige efl, le pre- mier Noeud n , d'ou partent les fecondes Raci- .nes de V Adokjcence s , aflez grofles proportion- nellement a la Plante , & qui n'ont ici qu'une tres petite partie de leur longueur. A i pouce Ss 2 du;.. 324 RECHERCHES SUR L'USAGE du premier Noeud on en voit un fecond iV, qui donne naiflance aux troifiemes Racines, ou k cel- ks de l^^ge J^iril t : ces Racines ne different pas fenfiblement de eelles de VAdokJcence. TouxES ies particularites que les Figures 7, 8 & 9. de la Pfanche xxxi. font deflinees a met- tre fous Ies yeux, je les ai obferve dans VTvroye. Ainfi le Caradere que j'ai indique dans PArticle Lxxv. pour diflinguer cette Plante , du Bkd^ fe reduit principalement a ceci ; que VTvroye poufle les fecondes Racines beaucoup plutot que le Bled ; & que le Noeud d'ou ces Racines fbrtent (e di- ftingue auITi plutot dans celie-la que dans celui-ci. Ce ne font pas la de grandes differences; mais peut- etre que les Phyficiens qui s'appliquent a caraderi" fer lesEfpeces, ne lesjugeront pas indignes de leur attention. Plus les Efpeces d'une meme Clafle fe rapprochent , & plus on doit fe rendre attentif ^ tons les Traits qui peuvent les differencier. Quo I QUE j'aie vu dans les Pieds de Bled & ^Tvroye que j'ai arrache apres la Moiflbn , les • trois Ordres de Racines exprimees dans la Figure 9. Planche xxxr. on n'en doit pas conclurre qu'ils fe trouvent conflamment dans tous les Individus. II pent Y avoir a cet egard des varietes analogues a eelles qu'on remarque par rapport a la longueur de I'ancienne Tige , & qui procedent de la me- me Caufe. Par exemple , j'ai vu des Plantes de xxxi. Bkd cu le fecond Noeud ^ etoit fi rapproche du lig. 9. K pre- DES FEUILLES. V. Mim. 32jr premier * , que les Racines qui en partoient fe* Gonfondoient les unes dans les autres. D'un au- tre Gote on trouvera des Plantes on les deux Noeuds feront beaucoup plus diflans Tun de I'au- tre qu'ils ne le font ici. Ces Obfervations pourront conduire a quel- que Regie de Pratique fur la profondeur a la- quelle on doit enterrer le Grain pour procurer le diEveloppement d'un plus grand nombre de Raci- nes. On remarque en general, que les Noeuds font les parties de la Plante ou la vegetation des Racines & des Boutons s'opere avec le plus d'e- nergie ; foit que les frequens repliemens que les Vaifleaux y foufFrent , rallentiflants le cours du Sue nourricier, facilitent fbn entree dans les Germes que renferment ces Noeuds ; fbit que ce Sue y resolve une preparation qui le rend plus propre au developpement de ces Germes. C'est done des Noeuds places a ieurs Pieds, que le Bled^ rTvroye, ?Orge & les autres Plan- tes de ce genre pouflent ces nombreux Tuyaux qui font leur fecondite, De jour en jour il fort d'entre ces Tuyaux de nouvelles Racines *. 11* en fort pareillement de Ieurs Noeuds inferieurs.. La Plante de Wed reprefentee dans la Figure 9, Planche xxxi. n'avoit poufTe qu'un feul Tuyau. Mais celle qui efl reprefentee dans la Figure 8. en avoit deja poufTe 4 a 5. F, F, F, F. J'ai fait part a Mr. du Hamejl de ces par- Ss 3 to- ^■26 RECHERCHES SUR L'USAGE licularites. II m'a appris que les R Seines qui -pouflent aux Noeuds desPlantes Graminacees, lui jetoient connues depuis longcems.. 11 m'a ofFert -obligearament de m'enenvoyer un Dellein; mais j'ai cm que ceux que je donne ici , de la main •ieMr. SouBEYRAN,ne laiflbient rien a defirer. - LoRSQ^u'oN examine au Printems les Raci- ng, rjjgs du Bled, on .remarque que celles * qui fe Fig. 8. p. font developpees les premieres, paroiflent comme * ^' -dellechees ; il en eft de meme de la Tige * tres efElee qui s'eleve du milieu de ces Hacines. Ce -dellecheraent eft-il aulli reel qu'il le paroit ? Ces Racines & cette Tige fbnt-eiles devenues incapables des fonclions qui leur font propres?Je fuis en etat de iatisfaii^ a cette Queftion. Des vPlantes de jS/jijfjagees .de day mois, que j'ai te- * ^^{ :;tiues plongees par ieurs jpremieres. Racines * & une Fig- 8. p. partie de I'ancienne Tige /* , dans des Verres pleins d'Eau, fe font fechees en aufTi peu de terns -que de femblables Plantes qui ont ete laiflees ab- folument fans nourritune. D'autres Plantes de : Bled qui ont ete plongees dans I'Eau , les unes • * ^•'■^ avec toutes Ieurs Racines fuperieures * , les au- tres avec une partie de ces memes Racines, ont .continue a vegeter. II. en eft done des Racines .:& de la Tige que le Bhd poufle a fa naifTance, iieomrae des Lobes &.des Feuilles feminales , qui fe deflechent apres avoir rendu a la jeune Plante des fervices neceilaires. L CXII. CDES FEUILLES. V. Mm. ii-j '--^CXIIv Com ME le 5/^^ ordinaire & plufieurs autres efpeces de Grains , le Bled de Turquie eft fujet a la Nielle ou au Charbon. Cette ma- ladie y produit des alterations extremement fin- gulieres , & que je ne fache pas qui aient enco- re ete decrkes. Je dois dire cependant, que Mr. du Ha MEL m''a ^crit le mois de Decembre der- nier, qu'il les avoit obierve; mais fans doute que ^'a ete depuis la publication de.fon dernier (*) Ouvrage /f/r la Cidture Acs Terres , puisque dans ie Chapitre ou cet hatile Academicien traite de ia Nielle , & oil il fait I'enumeration des diffe- rent es efpeces de Grains qui en font attaques 5 "il n'y comprend point le Bled de Turqnie. JLes Phyficiens qui cherchent a penetrer la caufe de h Nielle., ne devront pas negliger de I'etudier dans cette Plante. Tout y eft incomparablement .pjus fenfible que dans le Bled ordinaire. Au commencement de TAutomne , on m'a apporte un Epi de Bled de Tiirquie d'une gros- feur furprenante. II avoit 9 pouces de longueur & 15 pouces de circonference. II pefbit 36 on- ces. Jl etoit garni de Grains d'une groileur & d'une figure monflrueufes. Les plus petits etoienc de la groffeur d'une Noifette; les plus gros ega- loient le plus gros 'Oeuf de Poule. \\ y en a- voit de toute grandeur entre ces deux termes. (*) Suite des Experiences, &c. 1752. • 328 RECHERCHES SUR L'USAGE C^lui qui eft reprefente dans la Figure lo. de la Planche xxxi. etoit au deflbus de la grandeur mediocre. Le Grain de la Figure 12. avoit con- {erve & fa forme & fa grandeur naturelle. On en voyoit de femblables fiir cet Epi en deux en- droits diiferens , pres de la Bafe & vers le fbm- met ; mais ces endroits n'occupoient qu'une fort petite etendue. La plupart des Grains mon- ftrueux etoient de figure oblongue , un peu ap- platis fur les cotes, & termines par le haut aflez irregulieremerit. lis etoient formes d'une Mem- brane d'un blanc argente , mince & facile a s'ou- vrir. lis etoient compofes interieurement de plu- JJJ} fieurs Feuillets * pofes les uns fur les autres, & F's-ii- qui laiflbient entre eux des vuides. Ces vuides etoient remplis par une PoufTiere d'un brun noirk- tre , d'une odeur tres fetide , & femblable a la Poufiiere du Froment charbonne. Une Eau noiratre & puante decouloit de cet Epi. On voit par ce que je viens d'expofer , que cette Akeration du Bled ae Turquie eft de I'Es- pece de celle que Mr, du Hamel a nomme la Bojje , par oppofition a la Nielle proprement dite, qui detruit entierement le Grain. Je n'ai pas obferve au Microfcope la Pouftiere de ces Grains monftrueuxj mais je ne doute pas qu'elle ne renferme de ces tres petites Anguilks que Mr. Needham(*) a obferve dans laPous- fiere ^*) Nouvelles Dicouvertes failes au Microfcope, &c. DES FEUILLES. V.Mem. 329 fiere du Froment charbonne. Ces Anguilles fbnt- elles la caufe de la pourriture du Grain; ou n'en font-elles qu'une fuite ? C'eft ce qu'il s'agiroit de decider- Dans un de mes Memoiresy^^r la Vegetation des Plantes dans d'^autres Matieres que la 1 erre^ ^ principalement dans la Moufje ^ publics en 1750. parmi ceux des Correfpondans de I'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, j'ai dit quelque chofe fur la Nielle ou la pour' ritiire du Bied J 'en ai attribue la principale caufe a des Rofees froides. Mais des Epis ^Orge que j'ai trouve depuis entierement con- liimes par la Nielle proprement dite , lors me- me qu'ils etoient encore renfermcs dans leurs Enveloppes, m'ont demontre la fauilete de cet- te conjefture. Mr. du Ham el. panche a at- tribuer a des Tn(e6les, la caufe de cette altera- tion. Un Fait paroit favorifer cette idee; c'ed la prodigieufe augmentation de volume que la Nielle occafionne dans les Grains du Bled de Turq'die: Augmentation qui a beaucoup d'ana- logie avec celle que les piquures reiterees de di- vers Infeftes produifent dans les Feuilles, dans les Fleurs & dans les Fruits d'un grand nombre de Plantes. Remarquez encore que i'effet de ces piquures ne fe borne point a augmenter confiderablement le volume de la Partie fur la- quelle elles agiilent; elles en changent jufqu'a un certain point le TifTu; & c'efl auffi ce que Tt la 330 RECHERCHES SUR L'USAGE la Bo(jc produit dans les Grains du Bled de Tur^ quie. Ces deux efpeces d'alrerations , je veux dire , I'augmentation de volume, & Je change- ment de Tillli, s'oblervent dans les Grains du Froment , mais d'une maniere incomparable- ment moins fenfible que dans ceux du Bled de Tiirqiiie. A u refle , la Nielle n'efl pas a beaucoup pres aufTi commune dans le Bled de Turquie que dans le Bled ordinaire. CXIII. J'at donne dans TArticIe LXXIX. quelques Experiences fur V Ettiollement , qui ont paru prouver que cette alteration fi remarquable procedoit de la privation de la Lumiere. J'ai fait I'Ete dernier de nouvelles Experiences qui nous ramenent toutes a la meme Caufe. J'ai fait croitre a la meme expofition , des Pois d'une meme Efpece, les uns fbus des Tu- * PL- bes de Verre *, les autres fbus des Etuis * d'un lig 2. Bois mince, d'autres fbus des Etuis de Carton ^^'^^'blanc, d'autres fbus des Etuis de Papier bleu, d'autres a decouvert. j'ai laiile aux uns une libre communication avec I'Air exterieur; j'ai te- nu les autres renfermes, en bouchant I'ouverture fuperieure des Tubes & des Etuis. Enfin j'ai pratique fur le cote de quelques -uns de ces E- tuis, de petites Fenetres, que j'ouvrois ou que je fermois a volonte. Le Refultat de loutes ces Experiences a ete, que DES FEUILLES. V.Mem, 331 que plus Tobfcurite ou les 'Poh ont cm, a ete par- faite,plus leur Ettiolkment a paru complet. Aiiifi les Vois qui ont cm dans ]es Etuis de Bois & dans ceux de Papier bleu, ont etc les plus ettiolles. Ceux qui ont pris leur accroiilement dans les E- tuis de Carton blanc ,ontete bcaucoup moins ettiol- les que ceux-la; auffi ces Etuis n'interceptoient- ils pas abfblument la Lumiere. Les FoU qui ont ete eleves dans les Tubes de Verre , font demeu- res femblables a ceux qui ont ete eleves a decou- vert. Enfin, les rois , font les Lobes encore tres verds, niais qui ont pourtant perdu un peu de leur embonpoint. F, F, font deux Faifceaux de Fibres tres bien colores , que I'on a mis k decouvert en enlevant I'Ecorce. E^ efl la por- Tt 3 tion 334 RECHERCHES SUR L'USAGE tion de cette Ecorce qu'on a enlevee , & qui n'of- fre pas le plus petit Filet colore. /", /",/", / , font les deux Faifceaux dent on vient de parler, vus a travers PEcorce. R, font les Racines dont I'Exterieur a pris une Teinte de Noir. Cette Teinte efl incomparablement plus forte dans les Extremites 0,0,0,0. La Figure 2, eft celle de la Coupe trans- verfale d'un Haricot femblable au precedent. Cette Coupe eft reprefeniee groOTie au Micros- cope, ab, cd, ^y", gh:, defignent ies Orifices colores de 8 Faifceaux de Fibres. La Figure 3. montre un Haricot parfage fui- vant fa longueur. L, L^ font deux Faifceaux de Fibres du plus beau Noir. E, E, efl I'E- corce nullement coloree. M, M, efl la Moel- le qui n'a point non plus contrafte de couleur, excepte en e, oil elle ofFre une Teinte bleiiatre. F, efl le principal F'aifceau de la Racine, dont le Centre eil tres bien colore, ainfi que celui des Faifceaux fecondaires /", f,f. Le Faifceau prin- cipal commence a entrer dans la Tige en c. La Figure 4. efl une Racine de Haricot dont le Tronc & les Rameaux font coupes transverfa- lement, pour laifler voir le Coeur qui efl colore. t,t,t, montrent une tache noire & circulaire qui efl ce Coeur. c , c, c , efl I'Ecorce qui n'a con- trade que peu ou point de couleur. 0,0,0, font les Extremites des Racines ou des Faifceaux colores. La. DES FEUILLES. V. Mm. 33J La Figure 5. reprefenfe au Microfcope Und Lame detachee d'un Haricot avec un Scalpc! , & fur laquelle font trois Faifceaux de T ibres colo- rees a^ b^ c. Le Faifceau a^ eft !e plus colo- re. On peut obferver que fes Fibres ne font pas toutes d'une egale Teinte. On voit en d^ un quatrieme Faifceau femblable a un paquet de Fils fbyeux, exaftement parallelles entre eux , & dont la Teinte eft moins forte que celle des trois autres Faifceaux. Les Fibrilles c^f^g^h^ placees entre ces Faifceaux , font dilpofces aflez irregulierement , & n'ofFrent qu'une tres legere Teinte de Noir. La Figure 6. aide imagination a fe repre- fenter Parrangement des difFerens Faifceaux qui compofent les deux Cones dont font formees la Racine & la Tige d'un Haricot. Ces deux Co- nes font appliques I'un contre I'autre par ieur Bafe. Cette Bafe eft au Collet fitue en C On a eflaye de reprefenter en /i, /i, des Ramifi- cations de la maitrefle Racine. Z', f ., f, /", font ]es quatre Faifceaux les plus eloignes de I'osii du Speclateur, & dont on a afFoibli la Teinte pour aider a la Perfpedive. Tous ces Faifceaux 3 fbit ceux de la Tige , fbit ceux de la Racine , ne forment qu'un Tout continu. lis font reprefen- tes ici plus grands que le narurel. La Figure 7. Eft un L(>be de Haricot qui a ^te fepare de la Tige quelques jours apres Ja naif^ 336 RECHERCHES SUR L'USAGE naiiTance de la Plante. :;, font 7 Vailleaux co- lores qui vont fe plonger dans le Lobe & s'y ramifier. La Figure 8. e(l celle du Lobe precedent, partage par la moitie fuivant fa longueur. On voit flir la Coupe, des Traits irreguliers, qui font les Ramifications des Vaiileaux dont je viens de parler. La Figure 9. reprefente une portion d'une Tige de Fe/cber, coupee fuivant fa longueur. £), eft I'Ecorce qui n'a pris aucune couleur. By efl la Couche Ligneufe qui fuit immediate- ment I'Ecorce, & qui s'efl parfaitement bien co- loree. F, ed une autre Couche Ligneufe que recouvre la premiere, & qui efl bien moins co- loree. La Moelle A/, a conferve fa couleur na- turelle. c, efl le Cceur d'un Bouton coupe aulTi fuivant fa longueur, dans lequel on ne pent de- couvrir de Vaifleaux colores , non plus que dans I'Enveloppe L Le haut de la Figure reprefen- te une moitie de la Coupe transverfale de cette portion de Tige. On y voit trois Cercles prin- cipaux , concentriques les uns aux autres. Le Cercle exterieur ^jfourni par I'Ecorce ,n'efl; point colore. II en eft de meme du Cercle le plus in- terieur m , forme par la Moelle. Le Cercle inter- rnediaire b, reprefente le Bois qui a pris une for- te Teinte de Noir. La Figure 10. eft un Bouton femblable a ce- lui ,-DES FEUILLES. V. Mim. 337 1-ui dela Figure precedente, mais coupe transver- falement. On voit fur la Coupe, trois Points noirs qui expriment les Orifices de trois Faifceaux de Fibres colores. La Figure 11. efl une portion de TIge de Sureau partagee en deux longitudinalement , & qui ofFre les nniemes particularites eflentielles que la Figure 9. E, I'Ecorce fans couleur. JB, le Bois tres colore. M, la Moelle qui a conferve fa couleur naturelle. La Coupe trans- verfale reprefente trois Cercles concentriques qui repondent aux trois Couches que je viens d'in- diquer. £, I'Ecorce. b^ le Bois. m^ la Moelle. La Figure 12. efl celle d'une portion de Ti- ge femblable a la precedente. On a enleve a un des bouts I'Ecorce e, pour mettre a decouvert la Couche Ligneufe b , devenue d"'un beau Noir. £, efl la Surface interieure de I'Ecorce qui ne s'efl point coloree. La Figure 13. efl la Coupe longitudinale d'un petit Sep de J^igne & d'une Racine qui en fort. F, montre un Faifceau de Fibres Li- gneules tres bien colore, loge au Coiur de cette Racine : fbn Ecorce E a conferve fa couleur na- turelle. /", efl un Faifceau de la Tige qui com- muniquant immediatement avec celui de la Raci- ne, en a re^u une Teinte de Noir tres foncee. Cette Teinte ne s'eft ^tendue ni dans I'Ecorce ^, ni dans la Moelle ;;/, ni dans les Faifceaux les plus voifins. Vv La 338 RECHERCHES SUR L'USAGE La Figure 14. reprefente une portion d'une Tige de Guy ^ oh I'on voit les merTies chofes que dans les Figures 9 & 11. E^ I'Ecorce tort epaifle & de couleur verte. B^ le Bois devenu noir. M, la Moelle de couleur naturelle. P L A N C H E XXX. LA Figure I. eft une efpece de Support S^ couvert d'un Dais D. Sur ce Support po- fe a J^rre dans un Jardin , e/l un Vafe de Ver- re /^, plein d'Eau, dans lequel font deux Tiges de Jasmin E^ /, inclinees perpendiculairement en embas , & retenues dans cette fituation par un Fil. e , indique le fens fuivant lequel la Tige E s'eft repliee. i indique celui fuivant lequel la Ti- ge /, a execute le meme mouvement. On con- ^oit aflez que cette Figure efl beaucoup plus pe- tite que le Nature!. La Figure 2. eft une Caifle quarrde , dont on a enleve un des Cotes pour mettre a decouvert rinterieur. /? , eft un des Cotes epais de 2 pou- ces. ^5 eft le fecond Cote qui a la meme epais- feur. ^, eft le quatrieme Cote qui n'eft epais que de 3 a 4 lignes. Dans le milieu de ce Co- te eft pratiquee une Fenetre 0 , qu'on peut Ter- mer exa6lement au moyen du Volet f. Au Cen- tre de la Caille eft un Verre v plein d'Eau, dans lequel font plc'^''''>s par leurs Racines deux PJan- ■ ' • tes DES FEUILLE^. V. Mini, n^ tes de Haricots ettiolles a , b, L'Extremite fu- perieure e^ e^ de ces Plantes aVant ete tournee en embas, s'efl repliee vers la Fenetre.. r, r, mon- trent ce repliement. n^ eft un repliement en fens, contraire qui s'eft fait a Tapproche de la nuit dans la Plante a. /, eft le fond de la Caille. Lie Couvercle a ete fupprime pour mettre les Plan-, tes & les Cotes plus en vue. Cette Figure eft comme Ton voit, beaucoup plus petite que le Naturel. • La. Figure 3. eft une Tige de Haricot ettiol- U vue de grandeur naturelle, & qui a poufle des Radicules femblables a de tres petites Epines. Ces Radicules font pofees fur quatre Lignes pa- ralleles entre elles & a I'Axe de la Tige. Les Intervalles qui feparent les Radicules d'une me- me Ligne , ne font pas par-tout les memes. Ceux qui font entre les Lignes m'ont paru egaux. On ne voit ici que trois de ces Lignes, la quatrieme eft cachee derriere la Tige. . La Figure 4. eft celle d'une Tige femblable k la precedente , dans laquelle les Rangees de Ra- dicules montent en Spirales autour de I'Axe de la Tige. La Figure 5. eft une portion d'une de ces Tiges obfervee a la Loupe, r, eft une Radicu- le , qui fort d'une Fente oblongue dirigee paral- lelement a la longueur de la Tige. J'ai fait en plein air fur une Tuber ettfe^ plan- Vv 2 tee 340 RECHERCHES SUR L'USAGE tee dans un Vafe rempH de Monde , une Expe- rience femblable a celle que j'ai rapportee fur Je3 Plantes de Haricot de la Figure 2. J'ai fait fubir a cette Tuberetife 1 1 Inverfions , dans I'efpaee d'environ 5 femaines d'Lte. L'extremite fupd- rieure de la Tige^ eelle ou font les Fleurs, n'a point eeffe de (e replier. Comme certe Expe- rience n'a ete faite qu'apres I'imprefTion de la Feuille ou il efl parle de ce repliement , je n'ai pas pu I'y inferer. La Figure 6. reprefente par fes differens Nu- meros les diverfes Inflexions que les Inverfions cnt produit fur la Tige de cette 7ubereiife. Le N°. I. la fait voir telle qu'eile etoit le 17. d'^Aout, Le N°. 2. k reprefente telle qu'elle a paru le 23. Le N°. 3. comme elle etoit le 27. Le 29. elle ^toit comme au K^. 4. Le i. de Septembre com- me au N° 5. Le 5. comme au N°. 6. Le 8. Gomme au N°. 7. Le 12. comme au N°. 8. Le 14. commie au N°. 9. Le 18. comme au N°.. iOa Le 22. comme au.N°. 1 1., P L A N C H E XXXL LA Figure r. reprefente plus petite que le Naturel , une Feuille de Haricot , dont deux Folioles a^ b^ fe font greffees I'une a I'autre par leurs bords , fans que les Pedicules j5> , py aient participe a cette union. DES FEUILLES. V. Mim, 341^ LrA Figure 2. eft celle de deux Feuilles de Grenadier a, h ^ qui fe font aufli unies par leurs bords- mais cette union s'eft etendue depuis To- rigine du Pedicule jufques aux deux tiers de la longueur des Feuilles. r, eft une Rainure qui marque I'endroit de la jon(5lion. La Figure 3. reprefente plus petite que le Naturel , une Plante mi- parti Bled & Tvroye, L'Epi B, eft un Epi de Bled ^ mais aftez clie- tif. T:> eft un Epi (\''7''vroye qui eft tres beau. Les deux Tuyaux qui portent ces Epis, par- tent d'un Tuyau eommun T. Cette Plante n'a et^ qu'efquiflee par Mr. Calandrini. La Figure 4. eft une Plante d"" Tvroye qui ne faifbit que de fbrtir de Terre. «;, petit Noeudd'ou doivent partir des Racines. /, Partie inferieure de la Tige plus effilee que la Partie fuperieur re 5, On voit en 0 Torigine des Feuilles. La Figure 5. eft la Plante precedente vue a -Pendroit du Noeud. II fort de ce Noeud deux. Eadicules ?r, r. L A Figure 6. eft une Plante de Bled qui a ua certain degre de transparence, qui permet d'ob- ierver dans ion laterieur une efpece de Corps cy- lindrique c. II eft renferme dans TEnveloppe ^..; La Figure 7. reprefente une portion de. cet- te meme Plante , obfervee quelque terns aprcs. iV, gros Noeud opaque. ^ , Corps cylindrique vu au-deftlis de ce ISloeud. d, ce meme Corps 341 RECHERCHES SUR L'USAGE dans fa Partie inferieure qui eft tres efHlee. «, tres petite Feuille. ~' La Figure 8. reprefente -une Plante de Bled tiree de Terre quelques mois apres fa naiilance. y,. fecondes Racines oU Racines fuperieures qui font forties du Noeud dont j'ai parle dans le Pa- iragraphe precedent, t , la Tige extremement efS- Jee. F, F, F, F, Feuilles, dont on n'a re- prefente qu'une partie, & qui appartiennent a 4 Tuyaux. Quelques -unes font seches. r, efl une Racine qui a pris naiflance entre deux Tu- yaux. /), premieres Racines. La Figure 9. efl celle d'une Plante de Bled arrachee apres la Moiflbn. On y voit tres di- flinftement trois ordres de Racines placees les unes au deflus des autres. />, montre les Racines qui ont poufle les premieres. Elles font tres effilees & en petit nombre. Elles fe reconnoif^ fent encore a I'Enveloppe du Grain g, qui ne les a point abandonne. i", font les fecondes Ra- cines. /, font les troifiemes, Les unes & les autres partent d'un Noeud n^ N, aflez faillant. Cr, eft la Tige de FEnfance qui eft tres re- connoiflable parce qu'elle eft extremement me- nder ;C;c:,?Vi!.: La Figure 10. eft celle d'un Grain de Bled de T^iirquie devenu monftrueux, & reprefente de grandeur naturelle. La Figure 11. eft ce meme Grain partage fui- DES FEUILLES. V. Mm. 343 fuivant fa longueur. On voit qu'il eft compo- fe de Feuillets, pofes les uns fur les autres. Ces Feuillets font rempjis d'une Poudre fetide fem- blable a celle du Bled Charhonne. La Figure 12. reprefente un Grain de Bled de Turquie vu de grandeur naturelle , & qui n's fbuifert aucUne 'alteration. \ F I K AVIS '^ AVIS Ai; RELIEUR, Ztc Relieur placera les Planches I & H. i la /hi, du premier Memoire ; Ltcs Planches irr, rv, v , ^c. jufqiies a la Plan* che XIX. hiclujlvement ^ a la fin du Jecond Mi- moire i Les Planches xx, XXI, xxir, xxiii, a la Jm du troijleme Memoire', Les Planches xXiv, XXV, jufqms a la XXVIH. a la fin du quatrieme Memoire. Les Planches xxix, XXX, . E# XKXL h U fin du cinquihne Memoire. . ^ * n'-'. i p/VW, '^ C w\$ ^ -Ti.. '. SMiy /^ ^: n-a„Maa.ra'cutf, I'j.: Ill cJli-m: 4. S .^ %y ^-« ^ ^K , 'J. J ^.- TfandUaarScu/p. Pj.. v. QAUm:Z- ^Mf% M ,1 d/- Wanti^l^ar- Sci4/^ Pu. VI Mem- -2 ,-/:}!:,„JJu.,rS«tlp. Pr.: vn. J- ■ ■«fr>^ Pi-: -VIII . QJlietn: z. iS7.- n'^nMlaar-cScu^- ■ Plx. oJlcm : z. ^ '^J- ^ oJ/l^tU Ci/.- "y^an^eltt^r'cS^ui^. Cy.- Ifand^a^f tJ^W^. Pt. xir. '\ 0/ 7/'.mA/ja, J>„^. # ll 'K Pf. JCIV. Qjlfjn X.. tS'. il-anJtJaa^ ^ctr Pf. XV. • (/■ X',,,,. M^MirSaui-fr. l^.'WanJ.rla^'-^iJf. C/' V\>ndctiUti-Jiii/f. ry. m,nJ.tU.x,- ti'clf. C5^ U'anJr/^li'il'fu/^. PlXX. ^Atcm 3 J"' IllJOrclre Coudrier Lilac (Grenadier ^ Ordre Qjitncirncc Pru liter S Ordme Pin ,^.^. tj/.- yfa n^^la^f^cAvt^ • <^.- M'^nJ^/a^ T- 0\-uifr . CS?.- U>an^elM^r- Cj/2w^ . / X^w---"- \^^ 7 ^^.i ^■■f-- c5'.- )l'a.ru2^a.z^ cJ: :,./<■ ty.' WiMfzi/cIa^r;- Ti'a nd^laa^t d'cuJ/) . Cy.- Wun- 3 - o 4, s P- rt H « ^ '^ n ■ = 2 o-a ^ = '^ -^ o «j .t: CD 3 3 O .-3 T^ 2 2 3^3 — " U 3 if I ft- a -^ ^ j-> • ." S;^-3^ f3 4_, . ^ :5 g- 5 -S ft- — . — 4) « ^355 : 4j — ■ "5 2 4J "^ "? ^ i ^ 5 S 2 'I, i I" ^ 5 11 s _ '^ « -u •— « - 3 C3 — ^ 'i> 3 3 3 cr-o -n 'S cr (2 i 4J r5 ■J c 3 fi O O "SJ ^^^^, yi^i^j. "^^^^