5. ^§3,// COLLECTION ACADEMIQUE. TOME TROISI^ME, PARTIE FRAN(:OISE. So^-:s \- R E C U E I L DE MEMOIRES, o u COLLECTION DE PIECES ACADEMIQUES, Concernant la Medecine, rAnatomie & la Chirurgic, la Chymie , la Phyfique exp^rimentale , la Botanique &c I'Hiftoire naturelle , TIRfiES DES MEILLEURES SOURCES, Ec mis en ordre par feu M. J. BERRYAT. Confeiller-Medecin ordinaire du Roi, Incendant de fes Eaux minerales , Correfpondant de I'Academie Royale des Sciences de Paris , & Membre de la Societe des Sciences & Belles-Letcres d'Auxerre. TOME^lIXi PARTIE FRANgOISE. A DIJON, Chez Francois DesVentes, Libraire, de S. A. S. Monfeigneur le Prince de Conde. A PARIS, Charles Panckoucke, Libraire, rue & a cote de la Comedie Chez J Francoife. Antoike DesVentes de Ladoue, Libraire , rue Saint-Jacques , vis-a-vis les Colleges. M. D C C. L X I X. AVEC PERMISSION ET APPROBATION. if, ■-"■•ft ffff* r"-" - ■ i'- *^, — ■ — ^y^^ • ^(^ AVIS DES LI BRAIRES. Cv E troifieme Volume de la Colledlion Academl- que, Parde Francoife, faifant le Tome dixieme de rOuvrage, renferme, i?. Un Supplement ou Ton a raflemble par ordre de matieres tout ce qui a rapport a i'objet de la Colle6lion Academique , & qui avoit echappe lors de la redadlion des deux premiers Volu- mes. z°. LesMemoiresdesannees 1710, 1711, 171 2, 1713.de riiiftoire & des Memoires de I'Acad^mie Royale des Sciences de Paris. Plufieurs Memoires relatifs a un meme fujet qui fe trouvent repandus en plufieurs volumes de 1' Academic , ont ece reunis en un feul corps, notamment les Me- moires fur les taches du foleii , fur le flux & reflux , Sec. Plufieurs faics ont ete raflembles dans une table ge- nerale, fpecialement les Obfervations fur la declinai- fondel'aimant. On n'a conferve des extraits de I'Hifto- rien de I'Academie, que ce qui ajoutoit quelque chofe aux Memoires, & au moyen de ces precautions, on a prevenu beaucoup de redites & retranche beaucoup de difcours; ainfi ce Volume contient, independam- ment du Supplement , tout ce qui eft relatif a Tobjet de la Coiiediion Academique tire de quatre Volumes d'Hiftoire &des Memoires de I'Academie, auquelon a ij AFIS DBS LIBRAIRES. joint des additions aulli tirees des ouvrages de IMiM. Ics Academlciens, fans qu'on aic retranche un feui fait, ni une feulc vue utile. Le Tome quarrieme de la Partie FrancolJ'c , & le Tome huiticme de la Partie Etrangere , font fous prelle. Le premier de ces Volumes paroitra au mois de Fevrler , ou de Mars au plutard. Ces deux Tomes feront precedes de Difcours proliminaires comme aux Volumes des Academies Etrangeres. N. B. Messieurs les Souscripteurs font tns-injlam- ment pries ic (aire retirer leurs ExcmpUnres tout le plutot pojjihlc , chcr^ les Lib- aires ci-iipres nommes , qui font les puis qui ayent lafgnature desfoufcriptions, &qui/oient garantsdu Volume .i dclivrcr gratis a ceux qui ontfoufcrit, Tela:v. ement aux conditions public'es & donnees en 1757 & 1761, defquels demiers Volumes lis demeureront hien &• vaL.blemen: de'charges envers tous ceux qui nauront pasjuged propos defaire renouveller leurs foufcriptions , ou qui ne les reprefenteront point jignies des deux Lir hraires ci-apres. A DiJON, chez Francois DssVjxtes , Libraire tie S. A. S. AIonleign;;ur le Prince dc ConJc. A PARISjcIizAntoine DesVentesuf Ladoue, rue Saint- J.icques , vis-a-vis ks Colleges. "I AVERTISSEMENT Aux Relieurs pour la dijlribution de ce Volume. A P R ^ s les faufle-page & titre ; L'Avis des Libraires & le N. B. a MM. les Soufcripceurs. L'Avertiircment aux Relieurs & rcxplication de quelques Flinches &c Figures. La Table des Chapitres, pag. V, &c. Toute la Matiere du Volume, fans incerrupcion, jufqu'a la Page iSS>i3fl> TABLE DES CHAPITRES. PHYSIQUE. ^UR Us tsches du foUil. Page i Di la Lumkrt ^odiacali. . 8 Changemens dans Us fixes. 9 Jupiter & fits fatdUus. 1 1 Sur la lune. iS Sur la ptanttt de mars. 1 7 Sur i'aimanc. . Ibid. Obfervations fur la dedinaifon , rinclinalfon & autres phenomenis de l'ai~ mam. 2r Sur Us marees. 28 Sur U flux & rejlux qui arrive a la riviere de Menan , au Royaume de Siam. . l5 JJu jlux & rejlux de la mer. 2 c> Explication des principaux tffets de la glace & du froid , par M. de la Hire. 51 Diverfes obfervations meteorologiques. 3 t Sur la pefanuur. 37 Sur la differente longueur du ptndule a diferencts latitudes , par M. Richer. a 8 Sur la longueur du pendule. Ibid. Optique. 3 9 Sur la dilatation appparente des objets Lumineux. Ibid. Sur la refraction. 43 Sur U cryjlal d' Iflande , par M. Hughens. Ibid. Quelques faits relatfs a l' optique , par M. Mariotte. 41 Sur la refraclion. 41 Obfervations de Ihori^nrz de la mer faiies fur la montagne de Notre- Dame -de- la Garde , pres de Toulon. Ibid. Sur I'cffet cCune cicatrice at a cornee tranfparerue. 4J Circonflance remarquable de I'occuitation d'une etoihpar la lune. Ibid. Sur les imar^es muhipUees d^une bougie yui dans line gl&Ct, Ibid. Tome III , Partie Fran^oife. b vj TABLE DES CHAPITRES. Sitr liS refraaions horiipntaUs. 4^ Siir Li refract- on, ^j Dijfcnaiion fur ks diffirms accidens ds. la vue , par M. ile la Hire. 4 Explication de quelques figures des planches XIV & Xy. 458 Sur un gonflemeni fingulier d'acacia. 460 Sur dcs fruits mi-partis. 4(5 1 Obfervaiion fur la vegetation des trtiffes , par M. Geoffroy lejeune. Ibid. Eiablijfemeni de quelques nouveaux genres de plantes , par M. NilTole. 468 Defcnption des jleurs & des graines de divers fucus. 470 Oofervation d'un phenomene qui arrive a la Jliur d'une plante nommee par Brcynius dracocephalon americanum, lequel a du rapport avec lejigne pa- thngnomonique des catalepiiques , par M. de la Hire le cadet. 494 Obfervationfur lesfigues , par M. de la Hire le cadet. 497 Sur quelques pieds de mais dont lafieur male a pone du fruit, 499 Sur la fkondation des palmiers femelles. 500 Defcription d'un coryfpermum hylTopifolium , plante d'un nouveau genre , par M. Juflieu. V6\^. Defcription ^u ricinoi'des ex qua paratur Tournefol Gallorum, fi-t/e/'alypum Monfpelianum , par M. NilTole, 501 Exirait de I'hifloire du Carcajou envoy ie par M, Sarrafin , Midtcin du Roi en Canada. 5°5 Hifioire du cafe par M, Juflieu. <'05 TABLE DES ClIAPITRES. ' xj Chfirvation hotanlqitc , par M. de Resiimur. 5 i o Dicouvtru desjliUTi & des graines d'unc planic rangic par ks Botatiijlesjbtis U genre du Lichen , par M. Marchant. Ibid. Sur unc morllU branchue , de figure & dc couleur de cor ail , & trls-puanu , par M. de Reaumur. 515 MEDECINE, ANATOMIE, PHARMACIE. _/4 M PUTATI O N ci lambeaux, . 517 Okfirvation fur ta rhubarbe. jiS Sur ta noix de Bicuiba, < i i Sur ks effcts de la vapeurde la braife di boulanger. Ibid. Sur tufage des hains froids centre le rhumaiifme. 511 Sur une conformation vicieufe du itQcnm. Ibid. Sur diS picrres trouvecs dans unfac adherent au duodenum, jij Surun icen'ii rrouve dans une tanche. 524 Sur une tumeur enorme du ventn. Ibid. Sur une mon fubite & fes caufes, 525 Sur une hydropifie laiteufe. Ibid. Sur une groffefje incroyable. 5 2(j Sur k pareira-brava. Ibid. Sur le bled cornu appelte ergot. 528 Obfervationfur la racine de mechoacan, & fur fon ufage, par M, Boulduc. 5 50 Obfervationfur ks fibres du cceur & fur fes valvules , avec Li maniere de ks pre' parer pour les demonirer , par M. Winflow. Ibid. De la maniere dontfefont lesfecrcdens dans les glandes ,par M. Winflow. 5 5 J Obfervationfur la gonorrhee, par M. Litre. 5 3'^ De la gonorrhee viruknie des glandes de Couper. J 3 7 Sur un i'crotum prodigieux. 54" Sur le fang hors des veines. 54' Sur un fxtus fans ccrvclk , &c. Ibid. Sur des hydatides. . 54^ Guirifon d'un aveugkment accidentel & dunefurditi. Ibid. Sur la nature des fucs de refiornac. Ibid. Sur feau du pericarde & des ventricules du cerveau. Ibid. Sur i eruption d'umpetitt verole procuree par le bain. 5 45 Sur une epilepfle. ibid. Sur un nouveau febrifuge. 544 Sur unefontaine doni Ceau efi contraire aux dents. 5 4S Sur la Brione ou coukvree. Ibid. Sur le pavot ou coquelicot. lu- j Obfervationfur le nerfoptique ,par M. Mery. Ibid. Sur un cacur fans pericarde. tu-j Sur une conformation extraordinaire du vagin. Ibid, xij TABLE DES-CKAPITRES. >S'«/ une conformation firigulun de U luetic, Sur un fiZtus monjlrucux. Sur un autre fiClus. Sur une membrane r endue par le vomijjertient. Sur un anevrlfmt vrai , par M. Licre. De VaEl'ion dufer pris interieurement , & defes preparations. De quelques autres propnetes dufer relatives a la Midecine. Sur le quinquina. Extrait d'un mcmoire de M. Litre fur I' hydropijie tympanite. Obfervations fur une efpece d'enjlure appellee emphyfeme , par M. Litre. Sur un autre emphyfeme. Sur des defames de veffie, Sur Us accidens finguliers d'une hUffure affez legere. DiJJeHion des yeux d'un aveitgle. Sur un ajjoupijj'ement extraordinaire , par M. Imbert. Sur la fjlute lacrymale. Sur des as trouves dans la dure-mert. Sur un foetus monfiiueux. Sur les valvules figmo'ides. Sur le mouvement des inteflins dans lapaffion iliaqui , par M, Haguenot. 54? 350 Ibid, Ibid. 551 55^ 557 5J5> 560 5 , 5i: on en vit unc autre vers Ic bord oriental, qui .inpio- -^^m, choit fort du bord occidental le 17. En meme terns on en vit une autre Acad Royaip vers le bord oriental , dsns rhemifphere feprerttrional ou eile avoir une des Sciences dcclinaifon de 15 degrcs a pen prcs : comparce a celle du 7 Avril 1705 , de Paris. die donne la revolution du ioleil de 17 -^ jours. SueeLtMENT. 15 Decembre , autre tache qui paroit la meme que celle du 16 No- vembre precedent. J I Aout 1708, trainee de petites taches qiii a paru tout d'un coup , & ne fut vue que jufqu'au iS. 1 Septenibre , petites ta,ches qui fembloient etre les mc-mes que eel- les du 1 1 Aout, mais qui avoient moius de declinaii'on. On les apper- ^ut jufqu'au 14. 14 Novembre , taches deja fort av^ancces. 24 Novembre, autres taclies qui paroilFent etre les metnes que celles du mois d'Aout. I Decembre, encore quelques am.as de taches. 6 Janvier 1709, deux taches , dont Tune reparut le i()au bord oriental; elle fut obfervee dans I'lfle de la Conception par le P. FeuiUce. J Fevrier , nouvelle tache qui paroit tout a coup prcs du milieu du difque, & qui ne paroit plus le 5. 25 Aout, deux amas de taches qui paroiffent tout a coup. li Novembre, tache alTez grolfe qui difparoit le 1 8 , peut-etre par- ce qu'elle avoir paffe derriere le foleil. 24 Octobre 1710, tache qui paroit tout a coup dans la partie occi- dentale du difque. Le 18 elle conrinuoit fon cours vers I'occident , felon I'hypothefe des 27 -i^jours ^ mais fa dcclinaifon ctoit devenue fepten- trionale de la meme quantite dont elle etoit meridionale ie 25. Celle du 6 Janvier 1709 avoir aulll change fa dcclinaifon de 4 minutes 10 fecondes meridionales, en 40 feptentrionales, 171 J, une feule tache obfervee par M. Cafllni le 19 Mai, n'a cte fuivie que jufqu'au 2(J, a dii palFer le 25 par le milieu du difque .appa- rent, avec une latitude meridionale de 14 a 15 degres. 21 AoUt 1714, deux taches egales, rondes, & noires , dont I'une dif- parut le 16 Sc Tautre le 30 : elles etoient dans I'hemifphere fepten- nional, avec une dcclinaifon de 15 a 16 degres. Autre tache le 25 Septembre 17 14, dont le diametre ctoit la vingtieme partie de celui du foleil. Lorfque le foleil fut eclipfe le 3 Mai 171 5, il avoit des taches, & on vit la lime les cacher , puis les lailfer reparoitre 5 ce qui a etc obfervc en difterens heux de I'Europe , & ne I'avoit peut-etre pas encore ete. Sur la fin d'Oftobre fuivant , parut une tache pres du bord orien«- tal, dans I'hemifphere feptentrional , avec une dcclinaifon d:- 15 degres de la circonference du foleil ; & au commencement de Novembre, il en parut une autre audi vers le bord oriental , mais dans Themifphere meridional, avec une dcclinaifon de 19 degres. Cette .innee 1715, il y a eii onze apparitions de taches; mais il ell rare d'en voir deux amas a la fois &c de declinaifons aulli difTerente*. COLLECTION Depuls ce terns , les Aftronomes onr prefqne toiijaurs vu de ces ra- ~, n .,, ches; mais on ne fcra menrion dans la fiiite que de celles qui pour- DEs Sciences "-'on!^ intcrefler par leur lingulanrc , ou rcpandie de nouveiles lumieres UE Paris. fur leur hiftoire phyfique &: fur celle du foleil. Surl'I-tMENT. De la Lumierc Zodiacah. {a) C _ I Ette luniiere fcmble n'crre autre chofe que ratmofphere du foleil , repandue en plus granJe quautite autour de I'equateur de cet aftre , que par-tout ailleiirs j elle paroit tantot fous la forme d'une lance , tantot fous celle d'une pyramide ou d'un fufeau, comme doir paroitre tout corps lenticulaire vu de profil. Cependant les diffcrens etats de I'at- inofphere terreftre font varier fa figure apparente ; elle fuit conflam- ment Ic mouvement du foleil ; plus ou moins inclinee dans nos climats , perpendiculaire fous la zone torride. Sa hauteur , depuis le centre du foleil, varie en diftcrens lieux &: en diflcrens tems , de 45 a 120 degres , & fa plus gtande largeur a I'horizon, de 8 a 30. Cette lumiere avoit cte appercue dcs i(J68, par M. Caflini, a Paris, & par plufieurs autres Obfervateurs a Hifpahan, a Goa, a San-Salvador 8c le long du Cap de Bonne- Efperance ; mais ce ne fut que du 18 Mais 1683, que M. Caflini crut en avoir fait vraiment la decouverte , parce que ce ne fut que de ce jour-la qu'il connut fon mouvement Sc fes rapports avec le foleil. Cette merae lumiere fut vue a Siam en i6Sy &:«(J88 , £s Scu.nces niineufe plus pale , qui s'etendoic jufqu'a quaere degres de part & d'aurre ^^ Paris. du foleil ; mais on n'apperguc aucun veftige de la partie la plus rare de SuhUjient. la lumiere zodiacale , qui ne paroic le matin qu'avant que le crepufcule commence, &c le foir qu'apres qu'il eft fini. Audi les Obfervateurs de Montpellier remarquerent-ils que la plus grande obfcurite ne pouvoit etre comparee ni a la nuit , ni au crepufcule. Dans I'eclipfe totale d.- foleil de 171 5 , les Aftronomes de Londres obferverent que dans le terns de la parfaite obfcurite , le bord de la lune paroilToic environne d'un anneau clair d'enviroa j minutes de lar- fe, avec une efpece de penombre du cote de I'air : quelques-uns I'attri- . uerent a I'atlimofphere de la lune , d'autres a rathmofphere terreftre ; mais M. de la Hire crut que cet anneau etoit un efFer des rayons folaires re- flechis dans les inegalitcs des bords de la lune, & qu'il etoit femblable a celui qu'il vit autour d'un globe de pierre non poli , qu'il avoic fufpendu a une fenetre du cote du foleil , en le regardant du centre de Vombre , & d'une diftance telle que le globe lui caclioit tout le corps dft foleil & un.peu plus. II fuivroit de cette explication que I'anneau devroit etre interrompu aux endroits qui repondent a des montagnes ; caron fait que la lune en a d'alfez hautes pour empecher la lumiere rcflechio d'eclairer ces endroits. La lumiere zodiacale avoir etc obfervee plus de 1000 ans auparavant par Anaxagore; 171 ans avant J. C. par Callifthene, &: dans nos tems modernes, par Kirker, Defcartes, Childrey, & enfin par Samuel Maioli , Evcque de Voltiurara. (a) Le tems le plus commode pour bien voir cette lumiere a Paris , eft vers le premier Mars a fept heures un quart du foir, le crepufcule finilTant, & le point equinoxial etant dans I'horifon ; Sc aux environs du folftice d'hiver, le matin & le foir. Son axe fait alors avec I'horifon, un angle de 5 5 degres Ic matin , de .(.3 le foir , & au mois de Mars de (J4. ^ Au refte il faut favoir que I'apparition de cette lumiere eft fujette a des viciffitudes confiderables , 8c dont les periodes n'ont pas encore etc de- terminees. (/>) Ckangemens dans les Fixes. J_iEio Juin 1^70, Dom Anthelme , Chartreux de Dijon, decouvric proche la tcte du Cygne une nouvelle etoile qui s'evanouit au mois de Sej)tembre. 11 y en a une autre dans la meme conftellation , lujttte au tneme changement. (a) Voyei les jours canicubira , chap des mMores , oil cct Eveque dit qu'il a vu tre?- louvent, particuUerement dans Icscrcpufculcsd'Automne, une matiere ^clatantc Sc com- nic ardcntc, en forme dune colonne ou d'une poutre , tantoc droite & tantot obliaue. (A) l^oyei I AJlronomie de M. de la Landc. Tome III , Pariii Fra>iioife. ' B 10 COLLECTION ■ Outre ces deux etoiles du Cygne , (a) Sc celle dii con de la Baleine , (&) AcAD.RoYALE qiii jxiroiireiit & difparoiflent , M. Maialdi a obferve d'autres fixes fii- DES Sciences jettes aux memes changemens. i°. L'etoile qui eft a la jambe gauche pre- D£ Paris. ccdente du Sagittaire , eft marquee dans Bayer de la troilieme grandeur ; SuteiiMENT. g„ I (jy I , M. Caffini la vit de la fixieme ; eni6j6 elle lui parut fort belle , & M. Halley la mit alors de la troilieme grandeur; en 1691, a peine M. Maraldi pouvoit I'appercevoir ; dans les deux annees fuivantes elle lui pa- rut de la quatrieme grandeur. U y a encore dans' la menie conftellatlon d'autres etoiles fujettes a chan- ger : celle qui eft dans la partie auftrale de Tare ; une a la tete & unc autre a I'epaule droite ; celle du bras droit. Celle de la cuifte droite eft tou- jours invilible. La derniere de la queue du Serpent; la feizieme du Serpent; celle du pied precedent du Serpentaire qui avoir difparu au terns des obferva- tions de M. Montanari , eft toujours invilible; la onzieme du Lion que M. Montanari vit paroitre en i6yo , apres s'ctre rout-a-fait eteinte , & qui a reparu en Kjgi; la douzieme du Lion, la rreizieme : on ne voir plus l'etoile marquee i de la fixieme grandeur ; mais on en voit huit dans cette conftellatlon & tout proche , dont les catalogues ni les car- tes ne font aucune mention. La vingt-quatrieme du Cygne, la plus claire de la tete de Medufe , la plus feptentrionale de la meme tete, l'etoile marquee de la troifieme grandeur, qui eft a I'oreille dfoite du grand Chien. La trente - unieme &: la trenre - deuxieme du Navire , qui difparurent au terns des obfervations de Montanari , font toujours invifibles. (1694) L'etoile A felon Bayer dans Andromede , dif- parut du terns de M. Caflini , eft a prefent vifible : on voit quatre nouvel- les etoiles dans cette conftellatlon. En 1671 , M. Caflini trouva cinq etoiles nouvelles dans Cafl^iopee , dont trois ont difparu ; huit nouvelles dans le Pegafe , trois autour des Hyades , trois dans la 'V^ierge. M. Ma- raldi remarque que prefque tous les changemens arrivent dans la voie lac- tee. Celle que Tyclio obferva le 11 Novenibre 1571, faifant un rhombe parfait avec les etoiles a, ^, y, de Cafliopee , parut tout-a-coup fort eclatante , furpaftant Syrius & meme Jupiter perigee. La nouvelle etoile du Serpentaire qui parut le 10 Ottobre 160^, fut aufli brillante que celle de 1572 , difparut en Oftobre 1^05 , n'avoit point de parallaxe. L'etoile C de I'Aigle , paroit varier pour la grandeur, & etre plus eloignee de a qu'autrefois. M. Maraldi s'appercut en ijoS , vers la fin de Fevrier , qu'une etoile de I'Hydre difparoirtoit ; il la revit au mois d'Avril 1708 jufqu'au mois de Juin , &c il reconnut que fa grandeur apparente etoit variable. D'a - bord elle furpaftoit a peine les etoiles de la fixieme grandeur , di le zo Mai elle lui parut plus belle que Tantepenultieme de I'Hydre; apres cjuoi elle diminua & difparut encore : fes difparitions n'ont point de periode fixe connue. (:i) Les pciioJcs de? phafe^ de ces deux Etoiles font v.iriab!cs. (5) tapetiodcdcsphafesde cette ecoile eft de 170 jours, a quinze jours pres, felon M. Caflini. T. ACADEMIQUE. u M. Maialdi a encore obferve d-antres ^coiles qui paroifTent &: difpa- «.__«___„ roilTenr; cclle de la fixL-me grandeur au-delTous de la main auftrale de Acad. Rovaie la Vierge; une autre de la lixieme <;randeur fur la cui{re borcale dc la des Sciences Vierge j une autre de la fixieme grandeur dans la Balance occidentale au ^^ Paris. 11 f degrc du Scorpion , avec une latitude feptentrionale de j degres ; SuffLtMEti une autre de la quatrieme grandeur dans le baflin oriental de la Balance ; une autre de la quatrieme grandeur dans le Lievre. Ce n'ell: pas de ce (iecle leulement , que Ton voir paroitre de nouvelles etoiles : celle qui fur obfervee par Hipparque , 125 ans avant J. C. eft fameufe, Sc nous a valu le denombrement des etoiles alors connues. Hipparque I'entreprit pour conltater Tetat du Ciel , &: donner a ceux qui viendroient apres lui le ir.oyen de pouvoir toujours diftinguer les etoi- les nouvelles , d'avec celles qui appartiendroient a I'ancien fonds. II eu parut une autre plus brillante que Venus , du tems d'Hadrien , I'an 150 de J. C. une autre dans le Cygne, I'an 359; une autre en 589 , dans le quinzieme degrc du Scorpion : fa lumiere cgaloit celle de la quatrieme partie de la lune; elle ne parut que pendant quatre mois : une autre vers I'an 945 , encre Cephee & Cafliopee : une autre vers le meme endroit en 1164. Syrius qui briUe aujourd'hui d'une lumiere fi nette & fl pure, avoir autrefois, die- on, une teinte de rouge. Jvpltcr & fes Satellites. JL/E 5 Juin 1(^79, MM. Caffini & de la Hire, obferverent une eclipfe de Jupiter & de ies Satellites par la lune. Ces planetes ne parurent point changer de figure a leur rencontre avec le difque lunaire , ce qui devroit arriver , fi la lune etoit entouree d'une atiunofpWere comme la terre. [a) Le iS Juin 171 s , Venus ayant etc eclipfee par la lune a une heure &: demie apres midi, MM. di Malezieu, Caffini & Maraldi qui obfervoient chacunavec une lunette difterenre, ne virent, foit a I'imiTierfion , foit a I'cmerfion de Vc'nus, aucun cliangement ni dans fa figure , ni dans fon mouvement , ni dans fa couleur , quoiqu'ils y fuifent fort attentifs. Us n'en avoient jamais apper^u non plus a routes les eclipfes pareilles de planetes par la lune , qu'ils avoient obfervces foit de nuit , foit en plein jour. Au contraire Mrs de Louville, de Lifle le cadet & Cliardelou qui obferverent enfemble , virent Venus qui etoit blanche & brillante lorf- qu'elle ctoir eloignee de la lune , changer aflfez fubitement de couleur lorfqu'elle en approcha , & cela pendant une bonne minute de terns. Sou bord le plus proche de la lune, foit dans I'immerfion , foit dans I'e- (a)D'ahordM. F.uler en 1748, cnfuire M.du Stjour en I7«?, ont concla I'inflcxion dcs nyons paffant ptcs dc la luiic : M. du Sciour la croir de 4 " ; ce fcroit i " pciir la re/rac- tioa horizontalc de la lime. ( Vovez iAjhonomie de M. de la Lands. ) B ij li COLLECTION ^ merfion , devint fouge , & le bord oppofe bleu , ce que M. de Lifle attrl- ^cAD. RoYALE buoit a riiiflexion des rayons de Venus , rafant les bords de la lune. ^DE Paris^^ ^^' Caflini I'attnbuoit a I'etFet des verres des lunettes, d'autant plus qu'ils S'J'"L*uENT '^'^■^'■'sn'^ Iss mcmes couleurs aux ctoiles fixes. Jupiter, eclipfe par la lu- ' ne peu de tems apres , ne montra aucune couleur imputable a la lune ; mais M. de Louville dit que c'etoic a caufe du grand eloignement de Jupiter. On a obferve des taclies fur les fatellites de Jupiter , dans leurs con- joncVions inferieures ; ils paroiflent done plus petits qu'ils ne font, & c'eft apparemment pour cette raifon , que I'ombre du quatrieme paroit quelquefois par; grande que ce fatellite lui-meme , &: que ces fatellites chmgentde grandeur apparente dans des fituations qui font les memes a I'egard de Jupiter & du foleil. M. Caffini en a conclu le mouvement de ces fatellites fur leur axe ^ & a foupconne une atlimofphere au premier , fonde fur ce que dans quel- ques nnes de fes conjondions inferieures avec Jupiter , il n'avoit pu ap- percevoir Tombre de ce fatellite , quoiqu'il cut bien reconnu le fatel- lite meme a fes raches. Le cinquieme fitellire de Saturne demeure plus dun mois invifi- ble, fur-tout lorfqu'il eft dans la partie orientale de fon orbe. (a) 29 Mai 16S6, nouvelle tache obfervee par M. Callini dans Jupiter; elle occupoit environ la fixieme partie du diametre de cette planete, & fa revolution fut reconnue de 9 heures 5 5 minutes , plus courte d une minute que la revolution d'une autre tache obfervee dans la meme planete par M. Callini le 8 Avril precedent. 14 Decembre 16^0 , a quatre heures 10 minutes du foir, M. Caffinf ne voyoit que deux bandes obfcures dans le difque de Jupiter , un peu cloignees de fon centre, I'une au Nord, I'autre au Midi. CcUe-ci etoit la plus etroite ; celle du Nord paroit prefque toujours la meme depuis 40 ans. A 4 heures 18 minutes , on appercut dans la bande me- ridionale une ifle claire & blanche dans le milieu. On vit auffi un veftige d'une bande plus feptentrionale, etroite , eloignee de la plus large d'un peu moins de fon epaid'euj. Cette bande n'etoit pas abfolu- ment nouvelle ; on la voit tres-fouvent , mais elle ne s'etend pas toujours jufqu'aux bords du difque j elle manque tantot du cote de I'Eft, tantoc du cote de I'Oueft. II parut aulli au bord oriental de Jupiter, & dans fa partie mcridio- nale qui etoit forr claire , un comiriencement d'une quatrieme bande qui s'avancoit peu-a-peu vers le bord occidental j de forte qu'au bout d'une heure Sc demie , elle s'etendoit d'un bord a I'autre , & Jupiter avoir alors quatre bandes entieres paralleles entr'elles. Le 16 Decembre on en vit fix, favoir trois meridionales & trois feptentrionales , routes fix paralleles en- tr'elles. Le meme jour a 6 heures 58 minutes, on vit dans I'intcrvaile, cntre les bandes meridionales & les feptentrionales, qui etoit alFez large , (a) Cepcndant en 1705 il a etc vifib^s dans la partie orientale, de mcmc ijue dans la fartie occidcncale. ACAD^MIQUE. ij tine bandc oblique qui palToic par le centre , & ne fe voyolt que dans la • — — partie occidentale , declinanc beaucoup vers le Sud : c'eft la premiere que Acad. Rovale M. Caflini ait obfervce avec une obliquite fi fenfiblej en forte que non- des Sciences feuleinenc il y a des bandes interrompues dans Jupiter, mais encore qu'il ^^ Paris. s'en forme de nouvelles d'un jour a I'aurre. La binde meridionale la plus SvvtLtMSUT. firoche du centre, ne paroit jamais interrompue , &: occupe dix degrc sfur e difque de Jupiter. Pendant les fix derniers moisde i(?(J5 ,il parutfur Jupiter une cache ron- de , adherente a la bande la plus meridionale , du cote du centre apparent , & dont le diametre paroit etre la dix-feptieme partie de celui de la pla- nete. Du mouvement bien obferve de cette tache , M. Caflini deduifit la revolution de Jupiter fur fon axe en 9 heures 5 6 minutes. Cette tache s'efFaga en i66j , & reparut enfuite depuis le commencement de 1671, jufqu'a la fin de 1674 qui eft la plus longue apparition : elle difparut en- core, & revint en 1^77; & apres diverfes autres apparitions & difpari- tions, elle fut revue en Novembre & Decembre 1689, &i enfin au mois d'Avrii 1708 pour la huitieme fois depuis 166^, toujours dans la meme fituation a I'egard de la bande a laquelle elle etoit adherente , & apres avoir etc inviiible pendant quatorze annees, qui eft le plus long intervalle qu'il y ait eu entre deux apparitions fucceilives. Le 5 Decembre 1689, a 5 heures 15 minutes du foir , M. Caflini vie line nouvelle tache ronde , adherente a la bande la moins meridionale du cote du centre dont elle dtoit fort proche , a peu pres grande comme I'A- frique. Sa revolution fut trouvee de 9 heures 5 1 minutes j elle changea j)lulieurs fois de figure , elle s'allongea , elle fe retrecit , fes parties fe croi- lerent, elle fe fcpara en plufieurs taches comme celles du foleil. 1 3 Decembre , deux autres taches dont la revolution fut trouvee de 9 heures 51 {- minutes. Cette difference dans la duree de la revolution de ces taches , difference qui s'obferve aufli dans celles du foleil , fait foupcon- ncr un mouvement propre a chaque tache qui complique le mouvement de Jupiter fur fon axe. M. Caflini remarqua en 1690 que Jupiter qui lui avoir paru autrefois d'une figure un peu ovale , dont le plus grand diametre tendoit d'Orienc en Occident , paroilfoit a prefent parfaitement rond. Le 9 Juin 1691 , il le revit ovale, en forte que le plus grand diametre , qui alloit d'Orient en Occident , furpaflbit I'autre d'une quinzieme partie a peu pres. M. de la Hire a obferve la meme chofe. M. CalTini remarqua de plus que les taches de Jupiter femblent faire leur revolution plus vite loin du centre tjue proche du centre. On n'a jamais vu tant de taches dans Jupiter qu'en 1651, Jupiter etant dans fon perihelie. Le 13 Fevrier 1593, M. Caflini revit fur les fix heures du foir la tache ancienne de Jupiter , revenue apres plufieurs difparitions .nu milieu du difque de cette planete, &c toujours adherente a la bande la plus meri- dionale du cote du centre. La bande qui eft entre cette tache & le centre , avoit augmentc de largeur au point quelle furpalToit quelquefois celle de 14 COLLECTION _ la b.-aide feptentrionab qui avoir jufques-la paru la plus large de toutes. ~ ' Le Z4 Fevrier , M. Cadini appercut le premier facellue comme line DES Scir°N«sf tache claire & blanche fur cecce bande elargie. DE Paris. Au mois de Fevrier i (J514 , la tache ancienne reparut apres avoir e[(^ invi- SvffLiMSNT. iible plus de deux ans , & fon mouvemeiit fembloic avoir aiiticipefur les tables , pendant cc terns , de deux heures & iin peu plus ; ce qui ne fuppofe suere plus d'un quart de leconde d'erreur dans I'obfervation pour cha- que revolution. Le I I Juin i(?99, on vita 10 heures 38 minutes du foir, au centre de Jupiter , une tache obfcure fur une bande mince qui fervoit comme de diametre a la planete. Cette tache etoit longue de la fixielne partie du demi-diametrc , & large de la moitie de fa longueur qui etoit un peu obli- que a la mcme bande. II y avoit dans Jupiter deux autres bandes plus larges &: plus obfcures , une du cote du Midi , 6c I'autre du cote du Septentrion ; celle-ci moiiis eloignee du centre. Outre ces trois bandes , il y en avoit dans la partie feptenrrionale deux minces Sc paralleles aux autres. On vit un peu apres, vers le bord oriental de Jupiter, une autre tache plus grande que la prece- denre, &: un peu plus meridionale. A 11 heures 14 minutes, ces deux taches ctoient a egale diftance du milieu de Jupiter ; la feconde y arriva fix minutes apres minuit , &c alors on ne diilinguoit plus la premiere tache qu'on avoit vue un peu auparavant proche du bord. A I heure 3 2 minutes apres minuit , on voyoit la feconde tache pro- che da bord occidental de Jupiter , & en meme tems on en vit une troi- fieme encore plus grande fur le bord oriental , laquelle etoit precedce d'une petite , egale a peu pres au difque d'un fatellite. A 1 heures 41 minutes , le milieu de cette troifieme tache plus grande etoit au milieu de Jupiter j elle paroilToit aufli meridionale qiie la feconde dont elle etoit eloignee de 91? degrcs de la circonference de Jupiter : la diftance de la feconde a la premiere n'etoit que de 54 degres. Toutes trois font fituees dans la meme bande claire, entre deux obfcures , oil ctoient les taches obfervees en 16^1 & \6^t ; mais les deux bandes obfcures ne font plus fituees comme alors , etant plus eloignces entr'elles. M. Caflini remarque a cette occafion qu'il arrive des changemens confide- rables aux bandes de Jupiter , d'une annce a I'autre. Tantot elles s'etrecif- fent , tantot elles s'elargiifent ; elles s'interrompent quelquefois & fe reunif- fent enfuite ; il s'en efface Sc il s'en forme de nouvelles. Depuis deux ans , dit-il , la feptenrrionale qui, peujlant plus de 40 annees, avoit paru la plus large de toutes , s'eft etrecie , &c la meridionale s'eft elargie au point qu elles font devenues egales. Ces grands changemens ne peuvent ctre attribues a une illulion d'oprique , &c doivent avoir des caufes phyfi- ques & des caufes trt-s-puilfantes, puifqu'ils ne font pasmoins conhdera- bles que fi 1 Ocean inondoit route la terre ferme , Sc laiflbit a decouvert de nouveaux continens. Au-refte, on n'ai/oit pas encore vu paroitre a la fois dans Jupiter troi« laches auffi grandes. Jupiter etoit pres de fa moyenne diftance au (o- ACADlfeMIQUE. ,5 leil {a) ; la revolution de la premiere a ere rrouvee de 9 heiircs 50 minu- r*— ""»- res, & celle de la feconde de 9 heures 51 minutes: lefciucls refultats , acad. IIoyale compares avec qiielques autres de mcms s^enre , confirment la remarque do des Sciences M. Caflini, que les rachesqiii palfent plus prcs du centre apparent de Ju- °''- '''^"■'S- piter , ont un mouvement plus vite que celles qui en font phis eloi^nees. iiueFiiuENT, Le plus grand nombre des taches de Jupiter, depuis 166^ , a paru dans fon hemifphere meridional ; & il ell vraiTcmblable que chaque tache depend de la bande a laquelle elle eft adherente , puifqu'on i>.'a ja- mais vu de tache fans bande , quoiqu'on voie quelquefois des bandes fans aucune tache. Le 16 Mars 1707, a 6 heures 50 minutes du foir, M. Maraldi ap- percut dans Jupiter une tache qu'il n'y connoilfoit pas ; elle n'etoit point inherente au corps de Jupiter, ce qui fut conclu de ce que ni fa grandeur, ni fa vitefTe apparentes ne diminuerent lorfqu'elle approcha du bord occidental. De-plus fon mouvement etoit beaucoup plus lent qu'il n'au- roit du I'etre par la revolurion de Jupiter fur fon axe en dix heures : elle ctoit ronde Sc noire comme font les ombres que les fatellites jet- tent fur Jupiter. Mais des quatre fatellites, les trois les plus proches de Jupiter ctoient rrop cloignes de la conjoncftion , & pour le quatrieme , il eft vrai qu'il etoit alors en conjonftion a notre cgard , & qu'il paf- foir fur le difque de Jupiter; mais par cette raifon meme, fon ombre n'y croit pas , Sc felon le calcul aftronomique , elle ne devoir etre a I'endroit on ctoit la tache que fept heures plus tard. 11 falloit done que cette tache fur une partie plus obfcure du quatrieme fatellite lui- meme, qui parcouroit le difque de Jupiter. En effet la ilruation , le mouvement, tout convenoit, & peu de terns aprcs que la tache fur for- tie du difque de Jupiter , on vit le fatellite qui en etoit aulll forti par le meme endroir, & dont jufques-la la partie lumineufe avoit -etc in- vifible. Dela M. Maraldi conjeftura que la tache Sc la partie claire plus orientale que la tache , faifoient le diametre enrier du fatellite ; & le terns que le tout employa a fortir de Jupiter , eft affez exadtcment ce- lui que doit employer ce diametre , donr la grandeur eft connue d'ailieurs. Par une obfervation Sc des raifonneniens femblables , M. Maraldi re- connut audi une tache dans le troifieme fatellite , le 4 Avril au foir. M. Callini en avoit decouvert ou foupgonnc dans tous les quatre en divers autres terns. Un effet remarquable de ces taches , c'eft la variation des grandeurs apparentes des fatellites , independamment de leurs diftcrens eloigne- mens, foir a I'cgard de Jupirer, ou du foleil , ou de la terre. Cctre variation eft telle que le qu:itrieme fatellite qui eft ordinairement le plus petit de tous, paroit quelquefois le plus gros , & que le troifieme qui eft ordinairement le plus gros , eft quelquefois le plus petit : il en va de meme des deux autres. Tout cela ne pent s'expliquer plus naturelle- menr qu'cn leur donnanr de grandes taches qui, felon quell .s font, ou ( j) On a icconnu que les retours de la tache ds i Stfj n'avoicnt aucun rapport avec Ics diffcieiitcs diftaaces de Jupiter an fokil. i6 COLLECTION ■'" ' entierement oil en partle tournces vers la terre , diininuent plus ou moins Acad. RoYALE I'apparence de leur grandeur , Sc laifl'jnc paroitre cette grandeur telle Drs Sciences qu'elle eft , lorfqu'elles font taat-a-fait dans rhcniifpliere cache a nos DE Paris. ycnx. U y a plus; quelquefois quand on voit en nieme terns un fatellite 5i/ppLi,!/£.\T. a quelque diftance de Jupiter, &c fon ombre fur Jupiter, on voit I'om- bre plus gtande que le fatellite , quoiqu'elle foit certainement plus pe- tite , &; de fis;ute conique ; mais c'eft qu'alors le fatellite fait ombre par fon corps entier , Sc n'eft vu que par la partie claire de ce globe. Ces taches font-elles fixes comme celles de la lune, ou palfageres comme celles de Jupiter & de Mars? C'cft ce que M. Caflini n'a pas encore ofe determiner. Si elles font fixes , il eft clair que puifqu'on ne les voit pas toujours lorfqu'un meme fatellite pafTe devant Jupiter, les fatellites tourneront fur leur axe , & qu'il faudra un grand nombre de leurs con- jonftions avec Jupiter, pour s'aflurer qu'une tache eft la meme, & pour prcdire fes retours qui dcpendront de la compofition du mouvement du iatellite autour de Jupiter, & de fa revolution fur fon axe. Si elles font palfageres, il faudra encore une plus longue fuite d'obfervacions , pour s'af- furer qu'aucune periode ne les ramene. La nuit du iz Septembre 1713, M. Maraldi reconnut fur le quatrieme fatellite de Jupiter une tache qu'il jugea occuper la moitie du difque ap- parent de ce fatellite. Cette meme annee 1715, M. Maraldi ayant vu fe former dans Jupiter la bande .1 laquelle tient toujours la tache de 1665 , vit bientot reparoitre audi cette taclie a la mcme diftance du centre apparerrt de la planete ; Sc il conclutdefes revolutions apparenres, que la revolution moyenne de Jupi- ter fur fon axe etoit de 9 heures 56 minutes, precifement telle que M. Cadini I'avoit decerminee. II conclut aulfi que la tache etoit inherente a la furface de Jupiter , parce qu'elle paroilfoit etre plus grande & aller plus vite vers le milieu du difque , que vers les bords. Sur la Lune. J_J Ans I'eclipfe de lunedu 13 Decembre 1703 , obfervee a Montpellier, cet aftre difpatut dans le Ciel .i fix heures &: uemie du matin , quoi- qu'il ne dut fe coucher qu'apres fept heutes & demie , que le Ciel fiit trcs- ferein, & le crepufcule fi foible, que Ton voyoit des etoiles , meme du cote de Torient. Aprcs I'immerfion totale , la lune avoit paru plus rougea- tre qu'a I'ordinaire, fur-tout a fa citconference, le milieu reftant fort obf- cur. A Aries la lune parut toujours d'un rouge obfcur apres rimmerfioii totale , Sc au contraire d'un rouge tres-clair a Avignon : elle fut rougeatre a Marfeille dans fa partie Nord-Oueft, & fort obfcure dans fa partie oppo- fee : elle difparut aufti vers les fept heures , le Ciel etant fort net. Ces difte- rentes appatences de la lune , vues en meme terns de differens endroits , ne peuvents'attribuerqu'ala difference des vapeurs invifibles rcpandues d.ins I'athmofphere de cha-iv;uilles a Madagafcai , elle augmcntoii de i) degtcsa TOucft ; que de Madagalcar aux cctes de MozaniLiquc 6: d'Ajan , elle dimi- nuoii dc J degres \ que de la i Zocotora elle rtltoit i tres-ptu prcs la nicme i que lotr.iu'elle 6toil nutlc au Cap des Aiguilles , elle ctoit dc 17 dcgtJs Oucft i Go.l ; & qu'clam de 4 deg:cs Oucit :u Cap , elle fc trouvoit a_Goa de 1 1 dcgrfs Oucft , Sc s'cioit fai confequent tappiotbce vets I'tft , dc la mCme quaaiite doat elle s eo ctoit tloignOe au Cap. COLLECTION Acad. Roy ALE DES ScVfNCES. DE Paris. SvtrLtjllBNT. T E M S D E I'OBSERVATION. 1686. ■1649. . . 4(58-. Juin. ii688. . . ■16S9 ■1689 169J 167D 169s 1640. . • , • • 1697. 16 Decemb. 1698 1698 1600 1698. io Mai. . 1702. (a) • . • 1704. 9 revrier. io Fevrier. 18 Juillet. 20 Juillet. Cours de 1704. LlEUX DE l'observation Longitude. Latitude. ) Declinaifon. Dn AUn, Ve^' Mtn. li'S- ' 1680. 1704. Louvo Quebec Quebec Cap de Bonne-Efperance Louvo & Siam , prcfque comme a Paris. . Pondicheri. . . Ava Rome Rome Bologne en Italic , & Paris, Bologne enltalie, & Paris Lisbonne. . . ^ . . Genes. .... . . Londres Londres Paraibe Pointe de Madagafcar. . La Martinique. . . Ibidem Entre Porto - Cabeillo ou Golfo-Trirte, & Cura- cao Proche du Cap des Aiguil- les , peu dilunt des hautes montagnes de Ste Mar the Porto-Belo Port-Louis 5f7 22. 00. N. ?53 16. ^o. S. 354. .. . 18-23. 00. S. 357 28. CXD. S. Vue du Cap de Bonne-Ef- perance ^ &: de toute la co- te d'Angole jufqu'a Ben- gale _ Banc des Aiguilles du cote del'Oueft. .... Ibidem, du cote de I'Eft. Ibidem Canal de Mozambique juf- 4. If- 16. II. 7- 2. 7- 3- 4- 9- 7- II. 5- 7- 6. 6. Mtn. 4f. p 30. O. OQ. O. 50. o. 30. 0. CO. 0. 00. E. OD. 0. .30. 0. oo. U. 0 E. 18. 0. GO. 0. 00. 0. 20. E. ;f- E. 00. 0. f E. 10 E. 40. E. Inclinaifon. Dtg. Min. SlL'voit nota j blement du ^coccduNord 7. 6. E. 7- if- E. S- 00. 0. 00. 00. E. 2. 30. ^• 30. E. 6. GO. E. 9 a 10. 00 0. 12 00 0. M ~a 14 . CO 0. 7" a 8 00 0. (0 (0 i^) {a) En 1700 , I'cndroic oil raiguille ne dL-cltnoit point , ^toit , felon M. des Hnics , bcaecoup pl05 pro- che de Cayenne que dc Gorec. A Ton rccoiir des Iflcs en Fcance , it trottva. que la dcdinaiion paifoil dki Notd-Ert au Nord Oucft , a la latitude de ^o a ji degics. (6) Dans ccs mimes endroitsla diclinaifon ctoit en isSi de i i def;rfs Eft. (■^j Cettc vatiatio'i dinnmia en faifant route a I'Eft , Sc pafTi enluitc a rotieft, ("') Dans cet ciidroit \c-^ lignes f^iii niarc]Uoient Ics dcgrcs de variation , coupoicnt prefquc pcrpcndicii- laircinent ri-qiiiuoxial , & pouvuicm fctvu i uouver ailci exadtenicnc la longitude du litu ou Ton avoi: observe U vairiation. A C A D 6 M I Q U E. *J T E M S 1-IEU.XDE l'observation. D E Longitude. Latitude. Declinaifon. Inclinaifon. l'observation. ^■:- 1 1 Dtg. Min^ ^fg- Min. Drg. Min. Dig. Mm. qu'a la vue de la Baie de S. ■ Auguftin 22al; .00.0. i582 IHdem ^ 8a 1 0.00.0. ;I704-I7oy. . . Vue de I'Ifle de Jean de Noua. Vue des Ifles Mayote, Amfuam 22. co.O. & Moely 20. 50.0. 70 00. 00. 16. 00.0. 87 If. 00. N. 10. 50.0. 1 Vue de Canara. 16. 00. N. Sc tout le long de la cote de Ma- labar 6. 50 0. CapComorin 7. 30.0. I'roche la pointe de Galle, dans rifle de Ceylan S- 30.0. Prts de la cote de Coromandel. f. 00.0. Ifles d'Andaman & de Nicobar. 5. 00.0. Vue de rifle Diego-Rodiigue. 16. 50.0. Vue de I'lfle-Maurice. . . . 21. CO.O. Vue de rifle-Bourbon. . . . iia22 .00.0. 74. . . . 00. 25-. . 00. s. ^3- 30.0. 7_2. a 65. 4r. 27-35. If. S. i4- 30.0. Faifant route au banc des Aiguil- les . . . _ jf. . . . .^0.^ S. Vue de Ste. Helene du cote de I?- 00.0. I'Eft I. 20.0. Ifle de I'Afcenfion oao. co.E. jy7-8. . CO. fous la ligne. . Vue des Ifles Corves &: Flore. . 00. 00. 4. ij.O. Approchant de Terre-Neuve. . 7- 30.0. Cote de Bretagne s- 00.0. C'') i-Of. Janvier. . . Cartagene 7- 12.E. 1706. .... La Martinique 6. lo.E. 1706. i7 Decemb. Pres de rifle de I'Afcenfion. . . 7. 30. E. (^0 1I706 A 2? lieues N. N. E. de rifle de ' ■ Porto-Santo , pres de Madere. s- 00.0. (0 Selon Ivl. Hallev (en 1700.) . . 4- 0. Tout yroche de Madeie au S. O. 4- 30. 0. Acad. RoYALE DES Sciences DE Paris. SuPPliMEKT, fa) TouKs en obfcrvations , dtpuis ccUc de Port-Louis 1704 , font dt M. Houdaic, Officicr i: Ma- rine , qui iUit. Imit voyages aux liides occidcnulej. Quelqucs-unes s'acco^dcm cjaflcmcnt J tcHcs cjui fonc nurqucts cLuis la cane de M. Halley , & la plupatt n'en dilt'erciit que d'enviton an dcgrc. U en eft de mcmc des ublervaiions que fit M. de May , Mifiionnairc a la Chine, en I'annie 170J. (t) Lcs trois obfervations prjcMcntcs ont ere faites fuc le Maurepas : toutes Ics aurres qui ont ete faitcs fur Ic mcnie vaillcau depuis Ic Cap de Horn juf.jue pics de la ligne , s'accordenc la plupaic a ua degr^ pics , avec celks qui lorn marquees dans la carte de M. Halky. (■') Let oblccvations fuivantcs ont ccc rirces par M. de i'lfle , du Journal de M. D.iunus , prcTntcr rT!.)te du vaillcau Ic baini Louis , allauc .i la niei du iud , £c du Joutnil de M. Brunei , uadci oacicit du u;£me vaillcau. i4 COLLECTION Acad. Roy ALE DES ScltNCES DE Paris. T E M S D E l'observation. 1706. i4 Septemb, f Decemb. .lEUX DE L OBSERVATION, Longitude. Latitude. Deg. Alin. Dcg. Mm. Selon M. Halky Entre I'Ifle de Madere &: celle de Per Selon M. Hallejf A p lieues au S. S. O. de Tlfle de Fer Selon M. Halley. .... U7 18. . If. Entre le lieu precedent & le banc des Bifagos , fur les cotes de Guinee, d'apres 4 obfervations. Selon M. Halley , environ . . . 3j8. . . . 00. ... 6. ... 00. CO. ... 10. ... 5. . V,. 15. Selon M. Halley A 10 lieues auNord-Eftderiile de I'Afcenfion Selon M. Halley . . A 60 lieues S. O. du detroit de le Maire. . . . jy. . . 10. S. Et I'efpace de 40 lieues juf- qu'a 57. . . 40. S. A la Ville de la Conception. . . A Val-Paraife A Pifque &: a Cafiette Au Callao A 30 lieues des cotes du Chili. 44. . . 4J. S. A no lieues de ces memes cotes. . 44. . . 4y. S. A 10 lieues de ces cotes. . . . - . 40. . . 30. S. Dcclinaifon. Deg. Mm. ,. 30.0. 4- 5' 3- 1. 2. 2. I. 2. 2. o. 6. 6. 26. 9- 8. 6. 6. 00.0 00.0. 00.0. 00.0. 30.0. 35.0. 00.0. 00.0. 00.0. 30.0 co.E. 00. E. 00. E. 50. E. 00. E. 30. E. 00. E. 00. E. 00. E. 00. E. I C"^) (i) (c) [ lieues fous le meme par.^Ucle , la variarion fat trouvee roujours la m^me par ti ois obfervations ; ce qui s*accorde parfaitement a I'inclinaifon que M. Halley donne aiix ligncs de va- riation vers ccr endroit ; car ellesy fonr inclinces de I'Eft a I'Ouelt , I'efpace dc jo a (So lieues, apies quoi cllcs toutnent inlViifibiemcnt vers le S. O. jufqn'au detroit dc Magellan. [tj A mefare qu'on s'eloii|;'ioit des coles vers TOccidenr, en meine parallelc 5 la variation diminuoit p CCQime on peut le voir , par les irois cbrcivations fuiyantes. A A C A D. E M I Q U E. i5 T E M S D E l'observation. lyoC-. iiyoj. 14 Mai. 30 Aoilc. J I Aoiit. . 9 Octob. I)- Oitob. 16 Decemb. 31 Decemb. 1707-170S. 170S. 18 Mars. LlEUX DE l'oBS ER VATION. Longitude. Latitude. Deg. Mir.. A i;o heuesde ces cores ^o A 60 lieu£s. A 110 lieues. i97. 50. . . .' .' fi lieues du Cap Fiiiifterre, & .1 60 lieues de-li y ;o. 30. ■ 30. s. 50. s. 30. s. 49- S. auS. O. JCX). 10. Z99. 290. 197. 310. A k if- 17. II. 30. fO. 44- 51. , T. 4f-N. . 6. S. 30. I. 6. 19. If ---riviere de Gallegue , peu eloignee du dccroit de Mai^el- lan ° A 60 lieues a I'Ell. '. '. .'.'.\\ A 30 lieues, iiem A i;o lieues, litm ' A no lieues, iiem A ifo lieues, iiem A 60 lieues, idem A p lieues', idem A 20 lieues. Idem A 30 lieues, id^m ] A S lieues, idem ? r^n''^"*^ P'"' ^°'"> toujours a I hft A 1 20 lieues plus ioin. . . .' .' ." 60 lieues plus a I'Lll \ 80 lieues plus loin 60 lieues plus loin \ 140 lieues plus loin. ...... 60 lieues plus loin , pres le Ca[5 de i3onne-Efper4nce Declinaifon. Dig. ' Min. 6. 00. E, 7. 00. E. f. 00. E. 8. oo.E. 7- 7- 10. 7- 20. 2. 22. 20. i8. 16. 14- 12. II. 10. lo. . 4- 00. 2. 4- 7- 9- 20.0. oo.E. 00. E. 00. E. co.E. oo.E. 30. 00. E. . . E. . . E. . . E. . . E. . . E. . . E. . . E. E. . . E E. E. 00 00 0. 00 0. 00 0. 50. 0. 00 0. Inclinaifon. M.n. [■J CO AcAD.RoYAI.E DBS SciENChS DE I'aRIS. SuenLi.uEtiT. w £"] « dcgrcs -i « i , felon M. Hilley. [4] U deg. (o minutes , Man M. Hallty. C •] Scion M. H.liryTlavi^ra ion. nfl^? "•'''" ""f 1"' '°'" ■"«1"«') ft:] M Halley marque no lieues plus a I'Fil la li^ne oil il n*y a point de vatjation. Au refle , Ics o[t fecvations da retour , quoique la route fjit la rr.eac pendant Tefpacc de 800 lieues , ne s'accoidcient yulni avec cclksqni avoiem etc faites en albr.t. Par rx. le licucu on avoir tronve 10 minutes de variation N. E. e.-ialljat . Is trauvA par i*ft)me dz ^ ''rgr^s plus oriental que cclui ou en trouva if, minutes en revenanr , & les autrei eitdroiis .iproponion de Icue iirfhnce a rcflibouchurc dc ccitegrande riviere de la !?Ic;U, done le courant pcuc rewtdecUmarchedes vaifleaux artivans , & accelcrer ccUe des vaifieaux patcans. f5] Dans les autrcs points dela roure du vaiiTcau, ca it paroit par 'edfgre deIonptu:^c qu*!' etcir iloigne ties cotes de pluHcurs dcg:cs , U variation cll u;arquCe diiiereiite lous Ics UKrrjes puiuUslf.^. ( A C A D 6 M I Q U E. ^7 T E M S D E l'observation. 1708. LiEux DF. l'observation. Longitude. Latitude. Dtg. Mm. 1709, 1709, I f Mai-s. ii Mars. I J Aout. 1709. I710. Avril. S- Juiji. . Dig. Min. i7. f8. N, ?6. 00. N. 5n- • . ■ 40. . y-s- ... 46. . 24&i^Janv. Malthe il Aoilt. . . Buenos- Aires ] i4 Janvier. . Ide de la Conception .' A lio lieues des cotes de France. ... 44. 4f. N. Selon M. Halley Selon M. Halley 540. . 46 . . 43- 4J- N. A 250 heues de la Ro- chelle 46. yo. N. Selon M. Hallev A i6o lieues de la Rochelle .... 4;-. 00. N. Selon M. Halley . . '. Selon M. Halley - . . 316. . . . :J0. . . . 18. 50. N. Selon M. Halley 3Z1. . . . 4f. . . . 32. If. isi. Selon M. Halley. ........ 3^9 36. fo. N. Selon M. Halley. ....... Selon M. Halley Coquimboj jofii''' ipd- j4imin. . 1 llo . . 3o6f'i.!7«}6imin. Dcclijiaifon. Inclinaifon. Dtg. 4- r- 10. If- 10. 7- 7- 8. 8. 6. 3- I. I-. 4- 1. 4- 10. s. 6. Min. 32.0. 8.0. 2f.g. }2.K. io. E. 00.0. jo.O. 40.0. 30. o.- 00.0. fo.O 30.0, 00.0. 00.0. 00.0. 45.0. 30.0. 00. E. 10. O. 10. o. 10. 0. 30.0. 10. o. 10. 0. 32. E. 3S.E. CO (f) 6. 6. (0 20. S. AcAO.RoYAIE DES SciFNCtS DE Paris. 2,.S. 45-.S. [a] I dcg. 10 min. felon M. Halley. r^] 5 i deg. felon M. Halley. to 8 dcg. fcloa M. Halley. Di) ti COLLECTION. Acad. RoYALE DES SCIEWCES DE Paris. Si/ePltiUBNT, E X T R A I T DE LA SECONDS PARTIE DES OBSERVATIONS Fakes par pluCeurs AcademJciens &; Correfpondans de r Academic. Sur Ics Maries. J 1 A plus haute & la plus baflTe maree a Gorce, eft un jour ou deux apres la conjondion & apres roppofition. La difference du plus hauc & du plus bas, eft d'environ cinq pieds, & raremenc elle moiite un ou deux pieds de plus , ce qui arrive particulieremenc dans les grands vents de mer. Les jours de la nouvelle & de la pleinelune, la haute mer ariivoit environ a iept heures &: demie du matin. Observations envoyces a rAcademie par les Peres Jefuires qui vont k la Chine en qualite de Mathematiciens du Roi. Sur Ic flux & reflux qui arrive a la riviere de Menan , au Royaume de Siam. CJ N m'a affurc qu'a Bankoc, qui eft une forterelTe fur le Menan, a_ 11 lieues environ de I'embouchure de ce fleuve, I'eau monte aux nouvel- les & pleines lunes pendant iz heures, & defcend apres pareillement pendant n heures, auquel terns elle s'eleve de io pieds, & que hors les terns des nouvelles & pleines lunes, I'eau monte feulement pendant 6 heures, & defcend pendant tout autant de terns. C'e!t un Jefuite qui a demeure alLez long terns a Bankoc avec les troupes du Roi , qui m'a com- munique cette obfer' ation , qu'il m'a dit avoir taite. J'ai remarque moi- mc-me a peu pres la meme thofe a la Yiile de Siam , qui eft eloignee de Bankoc d'environ 30 lieiies. A C A D £ M I Q U E. 19 Acad. RoYALE DES SciENXHS E X T R A I T des Obfervations Aftronomiques & ^ Phyfiques de Paris faices a la Cayenne. SvffU.in^r. Par M. Richer. Du Flux & Reflux dc la mcr. JLj E flux tc refliix de la mer eft regie aiix cores de I'Amcrique , autour de I'lfle de Cayenne, & vers I'embouchure de la riviere des Amazones, comme aux cotes de France fur I'occan. Il eft haute mer autour de I'lfle de Cayenne , fur le bord de la grande mer , les jours de la nouvell& & pleine lune , .1 trois heures trois quarts apres miJi ; & plucot que cette heure , plus on approche de I'equateur , en fuivant les cotes fur le bord de la grande mer. A quoi j'ajoute que la mer haulfe & baifTe autour de cette Ifle , de fix pieds aux jours de la nouvelle & pleine lune , ce que j'ai remarque pendant une annee entiere , &r qu'aux equinoxes , dans le terns des grandes marees ou la mer monte beaucoup plus hauc aux cotes de I'Europe fur I'ocean que dans les autres terns , elle ne monte a la Cayenne que d'un demi-pied plus haut qu'a I'ordinaire dans les terns de la nouvelle & pleine lune , ce qui arrive pendant deux grandes marees , avant & apres celle des equinoxes. 11 arrive audi en ce mCme lieu , comme aux cotes de France fur I'ocean , que la mer monte toujours plus haut le troifieme jour apres la nouvelle & pleine lune exclufivement , que dans les jours meme de fon oppofition & de fa conjondtion. J'ajouterai a ces obfervations du flux & refiiix de la mer faires a Cayenne , celles que jc fis en I'annee 1670 aux cotes de i'Acadie ea Canada , & aux cotes de la nouvelle Angleterre. Je remarquai etant aiix cotes de i'.'^cadie , dans la riviere de Pentagoet , au Fort du meme nom , dont la hmtfcur/du pole eft de 44 deg. 12 min. 10 fee. & qui eft avance d'environ douze lieues dans la riviere pofee Nord & Sud , que la mer y etoit haute le 5 1 Juillec 1^70, jour de U pleine lune, a neuFou dix fecondes de tems avant mi- di. En ce tems le vent vc-noit tantot de I'Oueft, tantot du Sud-Oueft, & etoit fort petit- Je remarquai aufli en ce meme endroit que le 4C jouv d'Aoiit qui etoit le ^e apies l,i pleine lune, la mer y monia plus haut que les autres jours, & que la difference encre la luuce 5i balTe mer dans le temps le la pleine lune , etoit de dix picds. Aux lotts de la Nouvelle Angtcttrre , dans le port d'nn lieu qui s'ap- pelle Pefcatoue , qui eft fur le bord de la grande mer, & dont la hau- teur eft de 45 deg. 7 mia. j'obfetvai que la tKcr etoit haute le 16 Juil- JO COLLECTION -— ' — — let i ^ 7 r heures du matin , M. Caffini qui naviguoit a la hauteur de Chiavari , vie le foleil fe lever a la pointe du Cap Mefco , fous la forme d'une colonne de feu ariondie pat le hauc, traverfee d'un nuage , & qui , ,a mefure quelle s'clevoit fur I'horizon , fe retrecilloit par le milieu , jiifqu'a ce qu'elle prit la forme de deux foleils qui fe touchoienc, 6i don: I'un ccoit au-delfus de I'horizon , & I'autce a moitic au delTous. lis fe fepa- rerenc , & le veritable s'cleva a mefure que le faux s'abailloir. Le 1 5 Mai i'j99 , fur le; neuf ou dix heures du matin , on vit a Marfeille un grand cercle blanc & vivement marque, de (>9 degres de diametre , paf- fant par le centre du foleil , ayant le fien dans la ligne du zenith , & s'eten- dant fur des nuees ou fur des vapeurs parallelement a I'horizon. LTn autre cercle d'environ 22 degres de rayon, couronnoit le foleil auquel i! etoic concentrique. Dans les deux points oii cette couronne & le cercle hori- zontal fe coupoienr, on vie deux parelies foibles; on en apper^ut d'autres encore plus foibles au-del.i de ces intetfedions, 6i cela a diverfes reprifes. Ce phenomene dura en tout plus de deux heures &c demie. M. de la Hire obferva le matin du I i Mai 1701, a I'obfervatoire , un rayon lumineux perpendiculaire a I'horizon , 8c egal au diametre du fo- leil dans toute fa hau:eur, qui etoic d'environ 9310 degres. Cette lumiere a paru quelque terns avant tS: apres le levee du foleil; le Ciel etoit brouillc de petics nuiges couches en long fur I'horizoa qui tracoient de petites bandes noires lur le difqii.2 folaire , & faifoien: paroirre comme des de- chirures vers fes bords. Ce phenomene a du rapport avec ceux obfervcs par \i. Caffini en Kj/i & kJ^z. M. de la Hire I'explique endifant qu'il arrive aux rayons du foleil qui renconcrent les nuages dont on a parle , la mime chofe que ce qu'on appergoit lorfqu'on regarde la lumiere d'une chandelle au ttavers d'un verre qui eft un peu gras, Sc quand on I'a frotte avec la main dun cettain fens ; car il s'y forme alors une infinite de petits fiUons dont la partie elevse tenvoie la lumiere vers I'ceil, & Ton voir ces rayons etendus felon la perpendieulaire a la diredion de ces fiUons. Le rayon de lumiere doit paroitre a peu prcs egal au diametre du corps lu- mineux, parce qu'il n'y a que ceux qui rencontcent perpendiculairemenc la diretlion des fillons, qui pailfent fe rcllechir vers I'dil. II rcfulte des obfervations qae le P. Feuillee a faites en 1707 & 170S fur la hauteur du baromecre dans I'Ifla de ivialthe , comparees avec cel- les qui one etc faites les mCines jours a I'oblervatoire de Paris, que la dif!e- Eij jff COLLECTION ^^^^^^^^^^^ rence de hauteur obfervee dans les deux endroits , varia entre fix lignes Si Acad. Royalb una demi-ligue , & que les vents n'etoient pas les memes. ^DE Pa^ris^^ '-^ '' ^"*' ' '^°^ ' °" ^'^ ^ Clermont en Beauvoifis , autonr du foleil, una c„ . ' couronne fpacieufe & parfaitementronde qui avoir les couleurs de I'arc-en- OUPi'l.tiUENT. iTl-.-'r Jl ■ Jo ciel. II sy joignoir uneelpece de colonne qui rournoit un peu en rond Sc avoir les mcmes couleurs , mais plus foibles ; elle ecoit audi un peu moins large. Le lendemain le meme phenomene reparut encore , a cela presqu'au lieu de la colonne , c'etoient deux petites couronnes qui fe joignoient a la grande. Le 50 Juiller, vers le coucher du foleil , il fe fit un orage adez long, & dans le milieu de fi duree , le ciel s'eclaircir un peu vers le couchanrj il eroir forr rouge , &c enrremele de nuages epais. M. de la Hire vit alors a I'Orient un arc-en-ciel tres-bien forme , &c qui etoit un demicercle par- fait, parce que le foleil eroir a I'horizon : cer arc-en-ciel n'ctoir que d'un rouge afTez dair & alfez vif , a I'exceprion d'une perite bande bleue qui le terminoit en dedans. La partie du ciel renfermee dans Tare , ctoir audi d'un rouge afTez clair , mais beaucoup plus foible : au dehors le ciel droit noir , & Ton appercevoit le fecond arc-en-ciel rouge aufli , mais foible comme il doit I'ctre. Le 9 Avril 1708, a une Heure apres midi, a I'Obfervatoire , M. de la Hire vit autour du foleil un grand cerde lumineux tres-regulier, dont le foleil occupoit le centre, &c qui avoir 5 (5 degres de diametre , & i { degre de largeur. Le bord interieur de cer anneau etoit rougeatre 8c alTez bien termine ; I'exterieur etoit blanc Sc fe noyoit avec le ciel comme une penom- bre. Le ciel qui paroifToir au dedans du cerde etoir obfcur & principale- ment a I'endroir ou le cercle le touchoit j mais ce qui etoit au dehors etoit beaucoup plus clair 8c plus blanc. Tout I'air etoit alors rempli d'un leger brouillard for eleve. Le 6 Decembre 1713 , a huit heures quarante minutes du matin , I'hori- zon etant charge de vapeurs epailTes, M. Caflini apper^ut autour du foleil un cercle lumineux qui eroit interrompu par quelques nuages ; le foleil en etoit le centre , Sc deux parelies mal termincs eroient aux deux extremites du diametre horizontal qui etoit d'environ 45 degres. La lumiere de ce cercle diminua peu a peu, 8c le foleil s'etant eleve au-delTus des vapeurs, il n'en refta aucun veftige a neuf heures Sc deiiiie. i^ ACAD^MIQUE. 37 M< Sur la Pefanteur. Acad. Ro-^ ALE DEs Sciences DE Paris. 1 ONSIEUR de Roberval cnit que pour connoure la pefanteur , il nons fau- droit quclque fens particulier &c ipecifique done nous manquons. M. Frenicle & Mariotce fiippoferent une inclination naturelle que les parties d'un corps ont a fe tenir jointes enfcmblc , & une attraElwn par laqueile la terre rappelle les fiennes lorfLju'elles s'cloignenr. lis alleguerent laiinant, les petites gouttes d'eau , le mouvement pat lequel de petites ai- guilles trcs-legeres & qui nagent fur I'eau , fe vont chercher les unes les autres, les tuyaux capillaires de verre ou I'eau monte a un pouce ou deux , mais non le vif argent , a moins que Ic tuyau ne fut de quelque metal, exceptc neaninoint de fer ; une goutte de firop qui defcendant du bout d'uti baton , & ayant file quelque terns , yient enfin a fe rompre en deux & tombe du cote d'en-bas en goutte ronde , tandis quelle remonte du cote d'en-hauc vers le baton , &c. M. Frenicle avoit obferve trcs-exadement qu'une balle de moclle de fu- reau qui avoit environ quatre lignes de diametre , etant tombee de vingt pieds de haut , n'augmentoit plus fa viteffe j qu'un autre corps encore plus leger, ceJoit de I'augmenter a douze pieds, & que la balle de moclle de fureau & une de plomb de mtme volume tomboient egalement vite, quand ellcs ne tomboient que de quatre ou cinq pieds. M. Mariotte prouva que la premiere viteffe dont un corps pefanc com- mence atomber, u'eft point inhniment petite, mais d'une quantite derer- minee , parce que d'apres I'experience , un jet d'eau vertical choquant direc- tement un corps pefant fufpendu a un fil, ne le foutient , le fil ctant coupe , cue dans le feal cas ou la viteffe des premieres parties du jet , furpaffe autanc la premiere viteffe dont le corps tend a tomber , que fa pefanteur furpaffe celle des gouttes d'eau qui font les premieres parties du jet. M. Perrault, entr'autres objedions contre I'attraction, dir que fi elle avoit lieu, les corps qui tombent dans un puits fort profond, diminue- roient fenfiblement leur viteffe en defcendant Qu'un plomb le lono- d'une niurai'le qui feroic au pied d'une montagne , inclineroit vers le pied de la montagne. (Tout cela s'eft trouve vrni, ^: Tobjedion s'eft touinee en preuve.) La hauteur du Mont St. Michel prife depuis la greve jufqu'a I'horloge qui e(V fur le milieu de I'Eglife , fur trouvce de 6^ toifes, & la difference de hauteur du mercure dans le barometre fimple , etoit de quatre lignes &C demie. [Annie ifiSi.) Le 7 Dccembre i (58 1 , M. de la Hire trouva la hauteur du mercure dans le barometre fimple au fcmir^eT: du Mont Clairet, pres de Toulon, de x6 pouces4i lignes, & trois heures apres au bord de la irer de 28 pouces 1 lignes. La hauteur du Monc Clairet fut trouvce de 2S7 toifes. ( Annie i(?Ki.) ^ M. I'icart a determine le rapport de la gravite fpccifique de I'eau a telle jS COLLECTION ^ j^ |,_^.^^ commc 9 , determine Tare de la circonfcrence de la terre qui doit en etre apper9a , a ij min. 14 fee. &; attribuant les diminutions apparentes de cet arc aux retradions , il ci-.;it que les augmentations ap- parentes viennent de ce que lorfque Ton pointe la lunette a I'extremite de rhorizon de la mer pour faifir la ligne ou la mer paroit fe joindre au ciel , il arrive que la mer en cet endroit agiffant comme miroir , re- Hechit I'image du ciel qui fe confond avcc le ciel mJme, 8c fair que pointant la lunette trop bas, on trouve un arc trop grand. Lorfque la mer a ete groffe , ou que I2 NordOusft ou le Sud-Eft ont ete frais , & que lair a ete rempli a 1 horizon d'une brume deliee , le P. Laval a trouve que la refraiftion ecoit ordinairement moindre. I« refraiflion d'un aftre , vu au travers d'un nuage , n'tft pas plus grande. [Annce 1-06.) Du haut du rocher nommc Saint -Pilon, qui eft au- defTus de la Sainte - Baunie , & dont la hauteur a ere condue de 48 1 toifes au-dellus du niveau de la mer, le P. Laval a trouve que la va- riation apparenre de I'horizon de la mer ctoit comprife entre 55 min. &^ 57 min. 4 fee. {a) qui font des limites plus ecroites que celles dii meme horizon vu de fon obfervatoire, &: ce!a fans aucun rapport avec la pefanteur ^ la chaleur de I'air. Seulcment il a remarque que lorfque les refraftions elevoient le plus I'horizon , I'nir etoir alTez ferein & le venc de Sud-Oueft foible, & qu'au contraire lorfqu'elles ont laiiTe paroitre I'horizon le plus bas , il y avoir une brume 6c un vent de Nord-Oueft affez frais. {.-innu 170S.) * L'arc vcrltatle vu de cctte hauteur dans un milieu nniforme «t fans rcfraftion , a hi cakuli; de j8 min. 57 fee. SvifLiMiHT' ^6 COLLECTION jAcAD. ROYALE DES Sciences DE Paris. Supni-UBNT, DISSERTATION SUR LES DIFFERENS ACCIDENS DE LA VUE , Par M. D E L A li I a E. PREMIERE P A R T I E. I. V>^ N diftingue ordinairement toutes fortes de vue par les trois noms tie vue courbe ou force, vuc longue on foible, & bonne vue ou vue par- faite. Ceux qui ont la vue courre peuvenc voir diftiniSement les objets qui font fort proches, &c ne font qu'entrevoir les objets tloignes : ce font les Myopes. Au concraire , ceux qui ont la vue longue & que Ton ap- pelle Presbytes , voient mieux les objets eloignes que ceux qui font proches. Enfin , ceux qui ont la vue bonne 6c qui ciennent le milieu entre les Myopes & les Presbytes voient fort bien les objets qui font dans une mediocre diftance comme d'un pied , 8c femblablement ceux qui font fort eloignes ; c'eft cetce forte de vue que Ton peut conUderec comme la plus parfaite. II me femble qu'il y a encore trois principaux accidens qui peuvent arriver a chacune de ces trois fortes de vues qui leur caufent de grands changemens. Le premier eft I'imperfedion de I'organe qui peut etre dans les hun-«urs- ou bien dans la I'etyie que je fuppofe le principal organe de la vue , quoique je fois tres-convaincu de la vecite de I'experience de M, Mariotre. Le fecond eft une dilatation extraordinaire de I'ouvertute de la prunelle qui ne laiffe pas de pouvoir fe retrecir un peu dans la grande lumiere. Le troifieme au contraire eft un grand refiferrement de cette mcme ou- verture , qui peut pourtant s'entrouvrir un peu dans une grande obfcurite. Quoique la prunelle fe dilate toujours dans I'obfcurite , & qu'au con- traire elle fe referme a la lumiere , cette dilatation & ce rellerrement ne font pas pourtant egaux dans toute forte de vues. Les enfans, parce que leurs mufcks (l^i leurs tendons font encore fort mous , peuvent avec facilite dilacer beaucoup I'ouvertute de la prunelle dans I'obfcurite, & la rcflerrer beaucoup dans la grande lumiere. Le mufde de la prunelle peut faire ces grands mouvemens , & il y eft force par la dclicnceire de la retine qui feroit touchee trop fortement par une grande lumiere. Les adultes n'ont pas cette facilite a ciufe du mufcle de la prunelle qui a pris plus ds fermete ; & enfin les vieillards I'ont prefque toujours d'une mcme grandeur dans I'obfcurite & au grand jour. La dilatation ou le ref- ftrrement de la prunelle eft une chofe fort vifibie ; mais le defaut de I'cr- A C A D E M I Q U E, 47 gane ne peut s'appercevoir, a moins que les humeurs ne foient troubles — ^ ik. blanclratres. ^Acad. Royale II. J'ex.aminerai ce qui peut arriver a chaque vue en particulier avec dis Scu;nc£s les accidens de la dilaracion ou du rellerremtnt de la prunelle , en fup- "^ Paris. pofant I'organe ou defedtueux , ou fain. Pour ce qui ell de la caufe de Supplement. la courte ou de la longus vue, on fait a(Tcz que ce n'cft que la con- formation des humeurs 1?^ de tout le globe de ra-il. Je dirai feuiement que ceux qui ont la cornee fort convtxe , ont pour I'ordinaire la vus courte, a moins que le cryftallin ne foit fort plat, ou que tout le glo- be de I'a-il ne foit fort petit , auquel cas cette convexite de la cornee qui paroitroit extraordinaire, ne feroit pas plus clevie a proporcion au- defliis de la fphere de ['cell , que dans un autre ail qui auroit une vue mediocre. II peut encore arriver qu'une vue fera courte , quoique la cornee foit plare ; car fi le cryftallin ecoit fort convexe, les rayons qui viendroient d'un point cloigne ne fouffriroient prefque aucune refraction en entrant dans I'ocil ; mais comme la refradion feroit fort grande en palfant dans le cryftallin, ils concourreroient avant que de rencontrer la retine , Sc par confequcnt il y auroit de la confufion fur la retine & dans la vifion , ce qui n'arriveroit pas fi I'objet etoit proche de I'cEi! , car alors le con- cours des rayons feroit plus cloigne du cryftallin. III. On doit ttmarquer ici en palTant qu'une femblable conformation d'humeurs n'eft pas futHfante toute feule pour faire une egale perfec- tion de vilion , conime un ceil de deux lignes de diametre qui auroit les humeurs femblables en figure a un ceil d'un pouce de diametre, ne y pourroit pas voir les objets fort eloignes audi diftindtement que celui qui a un pouce de diametre, a moins qu'il n'edt I'organe trente-fix fois plus fin Sc plus ftnfible que celui de I'ceil dun pouce j car la peinture d'un objet feroit trente-fix fois plus petite dans le petit ceil que dans le grand , les fuperficies des globes de ces yeux etant dans la raifon d'un a trente-fix. II s'enfuit de-la que les oifeaux , Sc printipalemenc ceux qui vivent de proie, doivent avoir I'organe de la vue trcs fin , pour pouvoiu appercevoir de fort petits animaux dans une tres grande diftance. ^ IV. La grandeur de Iceil , fa forme en general & celle de chaque hu- meur en particulier , augmentent ou diminuent la peinture des objets fur la retine ; c'eft pourquoi routes ces parries etant ditferentes dans la plupart des yeux , il eft certain qu'ils ne voient pas les objets de me- me grandeur , c'efta-dire que les mcmes objets dans un meme eloigne- ment , n'y font pas des psintures egajes. Mais comme dans un meme CEil tous les objets font augmentes ou diminucs dans une meme propor- tion , des yeux difFirenrs jugeront tous de meme de la grandeur des objets, en les comparant les uns aux autres. Nous difons qu'un objet eft egal ou plus grand qu'un autre objet , lotfque fa peinture lur la retine etant egale ou plus grande que ceile de lautre , nous ne connoifTons rien qui nous puilfe faire dourer de la julteffe de la comparaifon que nous en faifons : mais il arrive raremcnc que cette comparaifon foit jufte , a caufe que nous fommes prefque tou- 4? COLLECTION jours trompe par la ciiftance de ra-il a I'objet; car fi denx objets font AcAD.RoYAT.E leurs peintures egalcs (iir la retine &: que nous ne puiffions* avoir au- DE5 Sciences cune connoiirance de leur diftance jufqu'a I'ceil, nous jugeons que ces DE Paris. deux objets fonr cgaux, quoiqu'ili puillcnt ctre en eftct fore inegaux. 5vyrLt.\t£tiT. Ji^^^ contraire deux objcrs train entierc;nieiu egaux &: femblables, fi nous jugeons que la diftance de I'un foic plus grande que la diftance de i'au- tre , nous eftimeions que celui que nous croyons le plus eloigne , eft aulTi le plus grand, quoiqu'en efFer ces deux objers faHenc leur peinture ecile fur la rccine. (Ttft en parrie ce faux jiigemenc qui nous fait croire que la lune cranr vers I'horizon , eft bien plus grande cjue quand elle eft forr clcvee. V. La grandeur apparenre d'un objet nous fert beaucoup pour juget de fa diftance quand il nous refte une idee diftindle de la grandeur appireine de ce ce tncme objet , lorfqu'il croit eloigne de notre ceil d'nne diftance connue. Mais la grandeur apparenre d'un objet , c'cft-a- dire la grandeur de fa peinrure fur ia retine etant toujouis accom- pngnee d'une couleur qui doit paroicre moins forte quand robjet eft eloigne que q land il eft proche, il s'enfuii que la couleur apparenre d'un objet nous doit fervir beaucoup a juger de fon eloignement lorf- que nous pouvons comparer les couleurs ; cat fi nous fommes aftures que deux objets font d'une couleur egale &c fetnblable , & que I'un nous Faroilfe quatre fois plus vif en couleur que I'autre , nous jugeons par experience que celui donr la couleur nous paroit quatre fcis plus vive , eft fculemenr une fois plus proche de I'ceil que I'autre ; car la lumiere fe repandant fpheriquemenr, une tneme quantire eclairera ou touchera des fuperficies qui feront enir'elles , comme les qiiarres des dillances de ces fuperficies jufqu'a I'objet lumineux. Ainfi a douze pieds de diftance de I'objet lumineux , une fuperficie de quarre pieds ne recevra pas plus de lumiere que celle d'un pied a fix pieds de diftance du me- uieme objet. La connoilTance que nous avons des couleurs des objets , nous fert done aufli a juget de leurs diftances ; mais lorfque ces objets ne font pas prefens , il ell: fort difficile d'en faite la comparaifon , car les cou- leurs nous paroilfent differentes par leurs oppofitions ou accon-.pagne- mens. Une couleur qui n'eft que de mediocre vivacite , paroir noire Cote d'une fort claire j maiS cette meme couleur oiroitra claire a cote d'une obfcure ou noire. La qualite de la lumiere qui eclaire les couleurs les change confidcrablement ; le bleu paroit verd a la chandelle, & le jaune y paroit blanc : le bleu paroit blanc a une foible lumiere comme au commencement de la nuit. Les Peintres connoilfent des couleurs dont I'eclat eft beaucoup plus grand a la lumiere de la chandelle qu'au jour. Au contraire il y en a plufieurs qui, quoique tres-vives au jour , per- dent entierement leur beaute a la chandelle : Par exemple, le verd de gris paroK d'une tres-belle couleur a la chandelle, & lorfqu'il eft tres- toible en couleur, c'eft-a dire lorfqu'on y mele une tres grande quan- tite de blanc, il paroit d'un allez beau bleu. Les cendres qu'on appelle ou vertes ou bkues, paroiifent a la chandelle d'un fort beau bleu ; les rouges a ACADEMIQUE. 49 rouges qui tiennenc de la laque paroiffent tresvives a la chandelle, Sc " '" les autres , comme la mine Sc le vermilion paroifTenc ternes. Acad.Royai.i VI. On voic parce que je viens de rapporcer , qu'on ne fauroit jugsr nRS Sciences qii'avec peine li un objct eft pins proche qu'un autre objet par la gran- ^^ ' aris. deur de fa peinnire fur la recine , & par la vivacite de fa couleur , &c SueeLi.uENT. qu'il eft plus difficile d'en juger quand les objers ne fon: pas prefents , que lorfqu'ils le font; ce qui eft ptefqu; impoffible quand on ne fe fere que d'un feul cril, L'habitude que nous avons prife en regardant avcc les deux yeux , nous fert beaucoiip dans le jugement que nous faifons de I'eloigncment des objets lorfqu'ils font prefents ; car pour voir un objet proche il faut donner aux deux yeux une difpofition fort difFe- ■rente de celle qui eft requife pour en voir un qui foit eloigne , & la peine que nous fentons quand nous voulons voir un objet fort proche, aprcs en avoir confiderc un qui etoit eloigne , ou au contraire, ne vienc que de la difficulce qu'on a de diriger les axes des deux yeux vers le nieme enJroit, & non pas de I'eftort qu'il faut faire pour donner aux yeux des conformations diiferentes pour voir diftinftement les objets a differentes diftances, ce que je demontrerai dans le difcours fjivant. On peut faire I'experience fuivante pour connoitre la difficultc qu'on a de juger des diftances avec un feul ceil. On fufpend un anneau a deux ou trois pieds dc Tceil , 8c I'on tourne cet anneau en forte qu'on n'en voit que le cote; enfuite ayant ferme un ceil on cprouvera qu'il fera aftez difficile d'entiler cet anneau avec une baguette, fur- tout fi I'on va un peu vite. VII. La parallaxedes objets eft ce qui nous fert le plus a nous en faire connoitre I'eloignement j mais il fnut que I'oeil change de pisce pour re- connoitre lequel des deux objets eft le plus proche. Far example , ii deux objets paroilFfnt fort proches I'un de I'autre dans une certaine poficion de I'csil , lorfque loeil fe meut vers la droite , I'objet qui paroit aufll s'eloigner de I'autre vers la droite eft le plus eloigne , &c I'autre qui de- meure vers la gauche fera le plus proche; de mcme fi Tceil fe meut vers la gauche, I'objet le plus eloigne paroitra aulli s'ccarter de I'autre vers la gauche, & le plus proche demeurera a droit. Vni. Eniin lorfque Iffiil peat voir diftiniflemcnt les petites parties d'un objet, il juge que cet objet eft plus proche que celui dont il ne voit les parties que confufement. IX. Il y a done cinq chofes qui fervent a la vue pour juger de I'e- loignement des objets , leur grandeur apparente , la vivacite de leur couleur, la direction des deux yeux, la parallaxe des objets & la dif- tindion des petites parties de I'objet. De ces cinq chofes qui fervent a faire paroitre les objers proches ou cloignes, il n'y a que les deux pre- mieres dont les Peintres puiiTenc fe (ervir dans leurs tableaux : c'eft [)ourquoi il ne leur eft pas poftible de tromper parfaitement la vue dans es decorations thcattales. On joint ces cinq chofes routes enfemble , & il ne faut pas s'etonner fi Ton ne fauroit fe defendre d'etre trompe. On y diminue la grandeur des objets a ptoportion qu'on veut les faire pa- roitre cloignes, & en mcme terns on diminue la vivacite de la cou- Tomc 11/ , Panic Frangoifc, G 5'^ COLLECTION ■^^ leur. On reprefente fur difFerens tableaux qui font un pen eloignes les AcAD.RoYAiE uns des autres , les parties d'un meme objet qu'on v^ut faire paroitrc 3 BES Sciences tJiff^fgntes diftances comme des colonnes dans un ordre d'architeiaure , BE ARis. ^g^ ^^^ j^^ j^^^ ^^^^ foient obliges de changer leur diredion pour OVftiJ/uENT. appercevoir diftindtement les parties du tableau proche & de celui qui £i\ un peu eloicne. Ce meme eloignement des tableaux les uns des au- tres , fert audi a faire remarquer un peu de parallaxe en changeant la pofition de I'ceil j & comme on ne conferve pas une idee diftinfte de la quantite de la parallaxe fuivant la diftance des objets , il fuflfit de connoicre qu'il y en a pour etre convaincu qu'ils font eloignes les uns ties autres fans en determiner la dillancej c'eft pourquoi ces quatre clio- fes fe trouvant enfemble , on juge d'abord que des objets alTez proches doivent etre fort eloignes. Pout la derniere chofe qui pourroit un pen decouvrir la ttomperie , on ne fautoit Tappercevoir a caufe du faux jour des lumieres done on eclaire toutes les decorations. X. Nous avons un endroic de la retine qui eft le plus fenfible de tons pour etre touchd plus finement par les objets. Lotfque la poirrte des pinceaux des rayons tombe fur cet endroit , nous voyons les ob- jets bien mieux que lorfque les rayons tombent ailleurs. Nous prenons done une habitude de tournet le globe de Tosil dune certaine maniere, afin que les objets que nous voulons voir diftindement falTenc leur pein- ture fur cec endroit de la tetine, Ce point de la retine doit etre natu- rellement celui qui eft expofe diredement aux objets, afin quelle en foit plus fenfiblement touchee ; cependant foit par une habitude ou par un defaut de I'organe qui n'eft pas affez delicat dans cec endroic-la , il y a des yeux qui font obliges de fe tourner de biais pour faire enforta que les objets qu'ils veulent bien voir faffent leur peinture fur I'endroic de forgane qu'ils ont le plus fenfible quoiqu'ils y tombent oblique- ment, & c'eft le defaut des vues que nous appellons louches. (a) De la J^uc courte. XI. \J I une vue courte a les organes bien nets & bien fains & la pru- nelle mediocrementouverte , elle diftinguera parfaitement les plus petirs objets lorfqn'ils feront proches de I'ceil a la diftance qui eft necefiaire pour faire que leurs im.iges foient diftindtes fur le fond de I'ceil; car iimage de ces objets etanc fore graiide , la peinture des plus petites par- ties occupera un efpace alfez confiderable fur la tedne, ce qui en ren- (o) Si I'ceil louche nc fe tournoit de biais, lorfqu'on re5;arJe des deux vcux , que pour reccvoir la peinture de I'obict quit vcut bien voir (tr I'cndroit le plus fenfi- ble, pourquoi fe dirigeroit-il droit a I'objct des que le bon ceil eft ferrae ? Cette objeftion eft de M. Jurin. ( V. un excelhnt Memom fur le Snulifme , par M, de Buffcn, Annde 1743-) ACADEMIQUE. 5* dra la vifion plus diftinde &C plus partictilsrifce que fi elle n'occupoit __» qu'uii ttcs-petit efpace ou il fe feroit roujours quelque peu de confufion. Acad.Royale XH. Mais fi les humeurs etoient troubles, comme il arrive fouvent , des Scienxes cette forte de vue ne pourroit s-oir iss objets que confufement , qtioique de Paris. leur imaoe en fuc fort grande fur le fond de I'ceil , a moins que ce ne S'j?PLtMEtn- fut dans un grand jour , ou la grande lumiere pourroit en quelque fa^on compenfer I'opacite des humeurs. Ces vues font afteftees de la tneme maniere que celles qui feroient bien faines , & qui vertoient les objets au travers d'un crefpe blanchatre. XIII. Si les humeurs n'ctoient point troubles, mais fi elles etoient teintes feuiement de quelque couleur , comme de rouge ou de jaune , on verra les objets teints de cette couleur quoiqu'o:i les vir fort diftinctement ; & ce feroit a-peu pres de la meme maniere qu'on verroit une vue biea faine qui regarderoit au travers d'un verre reint de ces memes couleurs. Ce qui eft de remarquabie en ce defaut , c'eft que Ton ne peut s'en ap- ■ percevoir , a moins qu'il ne foit trt-s-confiderable , & qu'il ne furvienne toutd'un-coup : car alors il refte une memoire des couleurs qui fert d faire la comparaifon d'un mcme o'jjet diverfement colore dans differens remps. Mais il faur qUe nous ayons une connoilfance certaine par una longue experience , que I'objet que Ion regarde doit ctre d'une certaine couleur , laquelle foit immuable. Il n'y a rien a quoi I'oeil s'accoutume plus vlte qu'au changement des couleurs , on en peut faire tres-facilement I'experience , en regardant au travers d'un verre un peu colore de verd ou de quelqu'aucre couleur , & en cachant les objets qu'on pourroit voir fans I'interpofition de ce milieu ; car en trcs-peu de temps on ne s'appercevra plus que tousles objets feroiit teints de couleur verte ou d'autre couleur , 6c I'cn s'en appercevra encore bien moins fi Ton met le verre devant les yeux apres les avoir tenus alfez long temps fermes , & avant qu'ils fulTent ouverts. XIV. On ne fauroit fe perfuader plus facilement que Ton voir tous les objets de differente couleur au jour & a la chandelle , a caufe que Ton compare routes les couleurs enfemble ; il eft pourtant vrai qu'un certain bleu y paroir verd , & li nous n'avions jamais vu le bleu qua. la lumiere de la chandelle , nous ne diftinguerions pas cette couleur d'avec le verd. Pour connoitre quelle difference il y a entre la couleur des objets cclaires de la lumiere de la chandelle , &: la couleur de ceux qui font cclaires de la lumiere du foleil , il faut bien fermer les fenetres d'una chambre pendant le jour , & y allumer de la chandelle qui puilfe bien eclairer tous les objets qui y font , & palTant enfuite dans un autre lieu cclairc de la lumiere du foleil , fi I'on regarde au travers de la porte de la chambre les objets qui y font cclaires de la lumiere de la chan- delle , ils paroitront teinrs d'un jaune rougeatre par comparaifon a ceux qui font edaites du foleil ijc qu'on peut voir en mcme temps ; ce qu'on ne peut remarquer lorfqu'on eft dans la chambre ou eft la chandelle. XV. A I'occafion de ces differentes apparences de couleurs , j'ai cherche s'il n'ctoit pas poiTible de connoirre fi I'on voir avec I'nn des yeux les objets teints d'une couleur difference de celle qui paroit avec I'autre ceil. Gij ■ji COLLECTION ^^^^^^^^^^^^ Quolqu'un mettle objet faflfe deux images differences dans les deux ytux^ ^IcAD. RoYALE nous HC voyoHS pourcanc cju'uii objet, lorfcjue nous pouvons tourner les DE Pari^^^ y^"^ ^^ ^^"^ maniere que les images tombent fur des parties analogues ^„=,.,j ' de I'oraane de la vue ; Sc pour ne voir qu'un feul obiec avec les deux yeux , 11 rauL necellniremenc que les yeux prennent la dilpolinon qui eit convenable a ce: effet , foit que I'objet qu'on regatde avec les deux yeux. foit proche ou cloignc. Cette difpofition doit ctre , pour I'otdinaire , la dire&ion des axes des yeux vers I'objet qu'on regarde. Tout autre objet plus proclie ou plus cloigiie que ceUii vers lequel les axes font dirigcs , paronra double , a caufc que la peinture ne s'en fait pas dans les deux yeux fur deux endroits analogues I'un a I'autre. On en peut faire I'expc- rience , il en dirlgeant les deux yeux vers quelque objet eloigne , on fait en mcme-temps attention a un autre objet qui foit proche; car cec objet pioche paroi:ra double ; & aii contraire , 11 les yeux font diriges vers quelque objet proche , i'objet eloigne paroitra double. De meme li en cirant les paupieres d'un ceil vers le coin excerieur , on I'empeche de prendre fa lituation ordinaire , I'objet que Ton regardera avec les deux yeux paroitra aulli double ; car la peinture de I'objet ne fe fera pas dans I'ceil contraint fur I'endcoit analogue a celui ou elle fe fait dans Tceil librc. On pcut encore voir un objet double en mettant au devant de I'un des yeux un verre qui foit allez convexe & en regardant I'objet de cote 5. car les rayons qui viendront de I'objet , & qui renconrreront obliqiie- nieiit le verre , fe detourneront conime s'ils venoient d'un autre point & feront par confequent leur peinture dans Ic fond de Tceil en un en- droic qui ne fera pas analogue a celui ou elle fe fait dans I'ceil q^ui eft decouvert. Toutes ces manieres de voir un objet double ctant contraintes ou al- terees pat le verre que Ton met entre deux , on ne peut pas s'en fervir pout connoitre certainement fi Ton voir un meme objet de difterentes- couleurs avec les deux yeux 5 car fi les deux images fe confondoient , leurs couleurs aufE fe meleroient. XVI. Apres avoir regarde avec un feul cell une grande lumiere pendant quelque temps avec une lunette d'approche qui occupe tout I'cEil , on .s'appercoit facilement que les objets que Ton voit avec eet o;il paroilFent be.iucoup plus fombres qu'avec I'autre que Ton a tenu ferme. Cette experience eft facile a faire au commencement de la nuit, en regar- dant alternativement avec lesdeux yeux une muraille blanche ou une feuille de papier blanc , apres avoir obferve la liine avec une lunette d'approche.K La veritable raifon de cet effet ne peut etre que le retrc-ciffement de I'uuverture de la prunelle qui a eti caufe par la grande lumiere ; car elle s'eft fermee autant qu'il lui a ete portibli , a caule de la grande clarte de I'objet , I'ouvercure de I'autre prunelle s'etant bien m,oms retrccie feulement par fympathie. Ainfi il entre bien moins de rayons de I'objet. blanc par la petite ouverture de la prunelle que par la plus grande j c'eit pourquoi i'objet paroit plus blanc avec i'ffiil q,vii a ete ferme c^u'avee A C A D £ M I Q U E. 53 I'autre. Si la muraille blanche ctoit fort edairce comme au grand jour , on ne pourroit pas bien faire cette experience ; car la grande lumiere Acad. Ro'i ale de I'objet bianc toucheroic avec trop de violence roeil qui la recevroit 1'aris^* par une petite ouverture , pour la diftingucr d'avec ccUe qui entreroit SvpfUmeut dans I'autre ocil par une ouverture mediocre. On pourroit encore ajouter a cette, raifon que la rctine ayant etc for- tement ebranUe par une grande lumiere , elle ne peut pas Iccre auflitoc par celle d'un objet mediocrement eclaire ; c'efl; pourquoi elle en ell touchee bien moins vivement que celle de I'autre oeil , & ainfi on verra cet objet plus clairement avec ra:il qui a cte fermc qu'avec celiii qui a regardc une j^rande lumiere j il ell: toujours facile ile faire ces fortes d'expcriences lorfque les ditferences font fort giandes ; mais il n'en eft pas de mcme lorfqu'elles font prefque infenlibles. Il fe trouve peu de perfonnes qui aient les deux yeux parlaitement femblables ; avec I'un on voir les objets dans une certaine diftance bien mieux qu'avec I'autre , &: il eft alfez difficile de s'appercevoir de ce dcfant , a moiiis qu'il ne foit tres-petit j & pour le reconnoitre on peut fe fervir de la metliode que j'expliquerai dans la feconde Partie pour mefurer exadtement la force & la foiblelfe des vues : mais il eft plus difficile de favoir fi Ton voic un meme objet de difFsrentes couleurs avec les denx yens , lorfque la difterence eft petite j voici pourtant une mcthode pour le connoitre cer- tainement , quelque petite que foit cette difference. On prend deux cartes minces , comme font celles dont on joue , &c I'on fait a chacune un petir trou ronJ & egal , de la grandeur d'un. tiers ou d'un quart de ligne , Sc les ayant appliqueet chacune a un ceil, on regarde au travers des trous un papier b[inc egaUmeut^ eclaire. II paroit achaque ceil .uii cerde du papier au. travers des trous, & ces; ceryles jje^'ont Juiijts I'un fur I'autre & n'en feront qu'un , h It^, rayons qui, vienneat' d'un .nitme point du papier , 6; qui ayant pade au travers du milieu de chaque trou des cartes , vont rencontrer le fond des yeux dans des points analogues , apres s'etre rompus dans les humeurs de I'oeil. Mais ii Ion change la polltion.de ces cartes. on .verra deux, cercles du papier fepares I'un de I'autre. Ainfi en approchanc ou en ecaftant lies cartes I'une de I'autre , on pourra faire en forte cjue ces deux cercles fe touchent par leuc cir- conference. Si I'un des cercles paroiftoit un peu plus grand que I'autre, il n'y auroit qua eloigner de I'ceil le trou de la carte au travers duquel il paroit , car le cercle paroitra d'autant plus petit que le trou fera plus eloigne. .■ ; . Ces deux cercles du papier etant proches I'.un de I'autre, il fera fort, facile de faire la comparaifon de leur couleur , £< li les yeux font par- faitement egaux , la couleur des cercles du papier paroitra egale Mais C les humeurs des yeux fonr teintes de qaelques couleurs, ou fi les le-ir. tines ne font pas egalement fenfibles a I'lmpreffion des objets, les cer-. ties paroitron: de ditferentes couleurs. On doit appiiquev alternative- ment les cartes aux deux yeux , pour connoitre li la diverfue des trous n'af- porte pas tjuelque changement a cette apparence. 5l C O L L E C T I O i\ XVir. J'ai remarque par cette experience que ceux qui voient les ob- ^cAD. KovAtE jecs plus rouges avec un ceil qu'avec un autre , eftiment cec CBil !e ^D^E ParTs^' nieilleur dans I'ufage ordinaire. On ne pen: pas dire que cet effet foir SvryiiiiENT ^^^'^ P-^"^ I'ouverture de la prunelle , ce que I'on pourroic attribuer i celle qui feroit la plus grande, puifqu'elle eft cgale pour les deux ytux , ecanc reduice a I'ouveriure des trous des cartes j c'eft pourquoi on pour- roic croire que cette rougtur vienc de la delicatelTe de la retine de cec ceil, qui ecanc ebranlee plus fortemenc que celle de I'aucre osil, lui fait paroure le meme objet plus rouge. Si I'on veut fiiire cette experience avec plus de juftelTe , il fauc tenir les yeux fermes un peu de cems avanc que de regarder au travers des trous des cartes. L'on remarquera aufli que fi Ton fe frotte legeremenc un ceil , on en verra I'objec plus rouge qu'avec I'autre , ce qui durera un peu de terns, & peut ecre caufe par I'ebranlement de toutes les par- ties de I'osil ou d'un peu de fang qui s'epanche par ce frottemenc dans les humeurs liquides de I'oeil. Il peuc arriver que Ton verra des couleurs differences avec le me- me ceil dans des cerris differens , ce qui peuc venir de quelque accidenc des humeurs ou de la rerine quand meme elle ne feroit pas le princi- pal organe de la vifion : car fi l'on fuppofe qu« ce foit la choroide , les changemens qui pourronc lui arriver cauferonc aufli des differences fans coutefois en exclure la retine par ou les rayons doivenc palfer avanc que de comber fur la clioroi'de. XVIII. On remarque ordinairemenc que ceux qui one la vue courte ne regardenc pas actentivemenc ceux qui leur parlent ; je crois que cela vient de ce qu'ils ne fauroient confiderer les mouvemens des yeux de ceux qui parlent , ce qui contribue beaucoup a expliquec la penfee Sc augniente la force des paroles , & qu'ils font feulemenc attentifs a leurs difcours fans avoir aucun objet fixe fur quoi ils atcachenc leurs yeux , comma on faic ordinairemenc en penfanc fortemenc a quelque chofe avec les yeux ouverts fans rien voir dillindement. XIX. Les vues cources done les organes font fort fains , ne voient que raremenc les objecs tces-diftindtemenc a quelque diflance que ce foit , fi I'ouverture de la prunelle eft trop grande; car il faudroit une confor- mation aux courbures de fccil fort differente de celle qu'on y remarque pour faire que les rayons qui viennent d'un poinc , apres avoir fouffert crois refradlions differences, allalfent s'aifembler exacftemenc dans ur; au- tre poinc qui devroit ecre determine par la forme des courbures * fe rencontrer audi fur le fond de I'ceil. S'il y a/oic quelque vue courte qui eur cous ces avantages, elle en auroit encore un autre fore grand j car elle pourroit voir dilfindtement les objets dans des lieiix fort fom- bres, a caufe de la quantite des rayons qui encrercienc dans roeil & qui y formeroienc une peinture diftindle : mais ces fortes de vues ne pourroient qu'avec peine fupporter la grande lumiere , laquelle feroic une trop forte imprelHon fur le nerf optique. Ceux done qui n'auronc pas les crois fuperficies des Immeurs d'une convexite tequife pour taf- A C A D E M 1 Q U E. j j fembler exa(ftemeiu les rayons qui viennent d'un point dans un autre point fuc le fond de 1 cril , verront Ics objets confus, & ils les verront Acad. Royale d'autant plus confus qu'ils feront dans des lieux plus obfcurs ; cette con- ees Sciences fufioii ne venanr pas de rohfcurite dii lieu , mus de ce (jue I'ouverture ^^ I'aris. de la prunelle le dilatant encore [>ius dans rohfcurite que dans le "rand Suf?LiHEt<7. jour, les extremitcs des rayons qui feront coupees hir le fond de I'ocil, en feroiu d'aucan: plus grandes, &c feront par confcquent une plus grande coiifufion; car, il n'y a prefque point de vue dont la prunella n'ait queU que latitude d'extenfion Sc de reircciirement dans I'obfcutitc & dans le grand jout. XX. Il arrive encore aux vues courtes de voir les objets doubles quand ils font cloigncs, conime les lignes noires des heures de quelque grand cadran folaire dont le fond ell clair ; j'entends feulemejit des vues courtes qui peuvent dillinguer nicdiocrement les objets cloignes • car pour celles qui font tres-courtes , quoique le meme accident leur arrive, elles ne fauroient le remarquer a caufe de la ttop grande con- fufion des images. Cet accident des vues couttes leur eft commun avec les vues foibles, &: il m\a femble un des plus difticiles a expliquer. J'a- vois cru d'abord que la feule confulion de Timage d'un objet noir fur un fond blanc , pouvoit caufer ceteffet; mais ayant examine la chofe attentivement , j'ai trouve qu'il ne devoir paroitre feulement qu'une pe- notnbre aux deux cotes du ttait noir, qui paroitroit alors plus petit qu'il ne devroit. Il C.mz done cherclier ailleurs la caufe de cet efiet; mais comme elle ne peut ette que dans les humeurs de I'oeil , il faut tacher de I'y decouvrir. XXI. M. Defcartes fut le premier que je faclie qui examina les cour- butes des corps tranfparens qui rompent les rayons de la lumiere pour faire que ceux qui viennent d'un mCine point s'allemblcnt auil: en unmemi point, aprcs avoir palle au travers du corps. J'ai trouve aulli dans Ifs manufcrits de M. de Robetval cette matierc traitee a fond , & enfiii depuis peu M. Huygliens en a fait imptimer une dcmonlhation dans fori Traite de la lumiere. On connoit done par ce que ces excellens Geomettes en ont ccrit, que les verres lenticuLiires qui font formes de deux convexitcs fphcriques , ne font pas propres a faire que les ravons qui viennent d'un point lumineux qui eft proche du verre , fe raltem- blent en un autre point apre; avoit pafTe au ttavers du verre. Ce fera peu^pres la meme chofe de tous les autres ccrps tranfparens, ^ Si Tune des convexites du corps tranfparent eft fpherique, I'autte doit crre plus clevce^ dans le milieu & recourbee enfuite en fens contrnire vers les bords.a peu pres comme la pteniiete des concoides de Nico- mede ; ou bien fi i'on veut diftnbuer cette courbure a routes les deux furfaces du corps tranfparent, il faudra que le milieu de ce corps foit plus cleve que les bords , ce qui eft facile a connoitre. Il fant dene que le cryftallin ait cette figure , ponr faire qu'un gW qui fera ptoche d'un objet le voie diftindement. a 5^ COLLECTION — Une femblable conformation de la cornee pent aufli fervir a la meme Acad. RoYALE chofe : miis ceux qui one la viie de cette iotte ne peuvenc pas voir D£S Sciences diltindement les objecs eloignes , & ils peuvent are Myopes par I'une DE I ARis. tjg j-gj deux caufes, ou par routes deux enfemble; car le verre qui a la SveyLt-iiENT- figure necelFaire pour que les rayons qui viennenc d'un point lumineux qui en eft proche , s'aflemblenc exadlement en un autre point fort pro- che, pent etre confiJere en qutlqus facon comme etant compofe de deux verres lenticulaires & fpheriques de diftcrens foyers, dont le plus convexe eft place au milieu de I'autre qui n'elt que comme un anneau. On fait par Its regies de dioptrique que le plus convexe des deux ver- res qui resolvent les rayons d'un objet cloif;ne, fait fon foyer, qu'ori appelle abiolu , plus proche que celui qui eft le moins convexe. II doic done arriver que le cryftallin qui aura la figure propre pour rafTembler en un point les rayons lumineux qui viennent d'un autre point proche de I'cEil, tera deux foyers fcparcs & diftincts , h le point lumineux eft fort eloigne de I'oell , quoiqu'il palfe plufieurs rayons entre ces deux foyers; mais il eft certain qu'en ces deux points il y en a une plus grande quantite qui y concoure que par tout ailleurs. J'ai eu entre les mains un verre de lunette d'approche de 1 5 pieds de foyer , qui avoic audi deux foyers tres-diftinfts ; mais je doute que cela vi:u de la figure du verre ; je crois plutot que cela venoit du peu d'homogeneite de la matiere dont une partie faifoit une plus grande refraftion que I'autre. Ce verre n'etoit pas d'un bon ufge, car les deux foyers differens cau- foient de la confufion dans I'image des objets. Il fe pourroit faire aufli par la meme raifon , que la matiere du cryftallin n'etant pas homogene , pourroic caufer des inegalices dans les refractions , §c rendre la vifion confufe. Si I'oEil eft done difpofe de fa^on que les rayons d'un objet eloignd ayant palfe au travers de la partie du milieu du cryftallin telle que je la viens de reprefenter , concourent ftir la rctine , il fe fera en cet en- droit une peinture de I'objet j mais aufli I'anneau du bord du cryftallin qui fait fon foyer plus loin , peindra le meme objet comme un petit anneau autour du premier ; car les rayons ne concourent pas encore fiour former Icur foyer. Ainfi fi I'objet eft un point noir place fur une uperficie mediocrement blanche, il doit former un petir point noir a I'endroit du foyer de la partie du cryftallin ; mais fi les rayons qui one paffe par le bori du cryftallin s'aftemblent en un point fur la retine , ceux qui paiTeront par le milieu ne rencontreront la rctine qu'apres leur point de concours , & y formercnt une bafe confufe. 11 arrivera de li quo fi I'ouverture de la prunelle eft fort grande , Si fi le cryftallin eft de la figure dont je viens de le fuppofer comme il convient aux Myopes > I'a-il vcrra I'objet double quand il en fera fort floigne ; car les rayons qui venoient d'un objet proche s'aiTembloient rous fur la rctine, & quand Tobiet fera eloigne, ceux qui toniberont fur les bards du cryftallin s'alFembleront au-delfus de la retine & au-deffous du point de concours de ceux qui tombenc vers Ic milieu j car alors A C A D £ M I Q U E. 57 ces rayons comme paralleles font deux foyers diffcrens , ce qui eft fa- ,^_^______ Cile a connoltie C'eft pourquoi chaque poinc de la ligne noire fera des T 7. ' cercles ou anneaux comme on le voir dans cette figure : mais ces an- ■"'^^''•'^oyai.e f t t I r'.-i J- DESoCIENCES neaux le recouvrant les uns les autres vers leur extrcmite, ils y feront de Paris. paroicredeiix lignesou bandes noires plus larges que la vericable image dii Sufeti.itENT, trait noir du cadran. Pour ce qui eft de I'imnge formee par les rayons qui tombent fur le milieu du verre, elle ne peut apporter aucun changement a cette apparence : car comme ces rayons concourent fort proche du verre , la rencontre de leur cone fur la retine eft fort large, &c paiTe par-defTus les exttcmitcs des anneaux , &c augments autant la force des deux bandes noires , qu'elle obfcut- cit la partie qui eft encre deux. On doit remarquer que les deux bandes ou traits noirs qui fe re- prefentent dans I'a-il, font dans I'ordre naturel ; c'eft-a-dire que fi Ton met un corps obfcur AB, encre i'a:il & I'ob- jet Si afTez proche de I'cril , Sc qu'on le fade avancer peu a peu de droit a gauche, le trait noir de la gauche forme par les parties des anneaux comme D , doit difparoitre le pre- mier, car le cote droit du cryftallin etanc cache, la bande noire qui fe trouve a gauche dans le fond de I'ceil difparoitra j Sc comme nous fommes accoutumes a juger les objets dans une pofition contraire a celle oil la pcinture sen fait dans notre osij , nous ju- geons aufli tot que c'eft la bande droite q«i difparoit; mais en examinant i'ceil des Pref- bytes je parierai plus au long de cet effet. Si le cryftallin a une conformation contraire a la precedente , je veux dire (i la partie du milieu eft plus applatie que celie des bords comme on le voit dans la figure fiiivante , ce qui convient aux Presbytes , il s enfuivra que les rayons qui tomberont fur le milieu de la convexitc en venant d'un point eloigne comme s'ils etoient paralleles entr'eux , feront un foyer plus eloigne que ceux qui tomberont fur les bords ; car ces bords font portion d'une lentilie fpherique plus convexe que la par- tie du milieu. Si Ton fuppofe done comme ci-devanc, que le fond d'un ceil foit a I» diftance qui eft necelfaire pour recevoir la pointe des pinceaux des rayons qui ont palTe par le milieu du cryftallin, Sc que I'ouverture de la pru- nelle foit fort grande , les rayons qui pafferont par les bords feront leur foyer avant quils rencontrent le fond de I'osil, Sc ils formeront fur le fond de I'oEil au-dela de leur concours un ajineau noit fi I'objet eft un Tome III , Panic Frangoifc. H Acad. Roy ALE DEs Sciences DE Paris. SuPFLi.VENT. COLLECTION point noir. Il arrirera done a cet ceil la tne- me chofe qu'a I'autre j car fi I'cbjet eft eloigne & que ce foit un trait noir fur un fond ine- diocrement eclaire, il fe formera fur la re- tine deux petices bandes noires par les ren- contres des anneauK qui font formes par cha- que point noir de la ligne de I'objet , & les points du milieu qui feiont les foyers de la partie du milieu du cryftallin, doivent former un petit trait qui fera prefque toujours efface par la lumiere des cotes qui I'environne , d le fond e(l fort clair 8c que le trait foi: delie. Le trait du milieu forme par les pointes des pinceaux du foyer de la partie du milieu da cryftallin poutra auffi s'evanouir, fi I'ceil eft un peu plus ou moins long qu'il n'eft neceflaire pour recevoir exadtment fur la retine la pointe des pinceaux des rayons qui ont palfe par le milieu du cryftallin. On doit aufti remarquer qu'il arrivera a cet cell le coiitraire de ce que nous avons dit de I'autre , fi I'objet eft proche ; car les rayons qui tombenc rant fur le milieu du cryftallin que fur les bords , faifant leur foyer fcpare & au-dcla de la retine , fil'on fait avancer de droit a gauche proche de I'ceil nn corps noir entre I'objet & I'oeil, cet objet paroitra cacher la bande noire qui eft de I'autre cote que I'objet qui s'avance ou qui cache la moitie du cryftallin , comme je I'expliquerai en parlant de la vue foible. Mais cet ceil cjui doit palfer pour celui d'un Myope quand I'ouvertute de la pru- nelle eft grande , comme je I'ai fuppofee , a caufe que l.i plus grande par- tie des rayons qui tombent fur les bords font un foyer plus vif que ceux qui tombent au milieu , dolt au contraire pafter pour I'ccil d'un Presbyte, fi I'ouverture de la prunelle eft petite , parce qu'il n'y aura que les rayons du milieu qui toucheront la retine & qui la rencontreront fort loin du cryftallin. Mais quand I'ouverture de la prunelle feroit grande, fi la figure du cryftallin , comme je viens de la fuppofer , ne peut faire concourir les rayons des bords qu'au- dels de la retine , cet ceil pafiera toujouts pour ceKii d'un Presbyte. XXII. J'ai dit encore que la figure exterieure de la covnee pouvoit faire le meme effet ; ce qui eft tres-facile a compreiidre apres ce que j'ai ex- p-lique ; & c'eft aufti pour cette raifon , qu'un homme ayant ^t6 blefte dans I'osil d'un coup qui avoir fenJu la cornee , fans toutefois en faire fcrtir I'humeur aqueufe , la plaie s'etant guerie , il refta au milieu comme un fillon qui corrompoit la convexite ordinaire de cette membrane , & qui for- moit comme deux convexites dift'erentes, ce qui faifoic que cet homme voyoit les objets doubles avec cet oeil. XXIH. C'eft aufti par les irregularites du cryftallin ou de la membrane cornee que Ton expliqae facilemenr les couronnes Sc les iris que Ton voir la nuit autour des chandelles ; & fi Ton voir toujours ces couronnes , on peut etre affiire que c'eft le defaut de la fupeificie du cryftallin ou de la cornee : mah fi on ne le voir aue dans de certains temps , on ne peutpref- A G A D 6 M 1 Q U E. 59 que attflbuer cet accident qua un changement de figure de h cornce , ccym- "* me quanJ on a tenu la main long-temps appuyee comre I'tril, laquellc a Acad.RovalS comptime la partie la plus clevee de cene membrane. "^^ bcJE>}( 25 On voit dans les figures precedentes, que les deux foyers que cau- fent les fuperticies irregiilieres des humeurs dans de certaines diftances , "J"?^ <" font qu'il fe peint fur la tetine u:i cercle lumineux & foible autour du point oil il fe ramaife plus de rayons, ce qui fait voir plus diftir,<£terr>eiit I'objet , &c c'eft ce cercle qui nous fait paroicre des couronnes autmir des objcts lumineux pendant la nuit. Si I'lrrcgularitc de la fuperfi^ie des humeurs n'eft pas fort confidsrable , on verra feulemenc un cercle dair fans pouvoir y appercevoir des couleurs ; mais li elie eft fort grande , il fe fera une grande refraction qui fera voit des couleurs. On pourra s'alTurer de ce que je viens d'expliquer en faifant pafTer un objet noir au devant de la pcunelle Sc proche de Torilj car quand cetobiet couvrira la moitie de la prunelle, la moitie du cercle lumineux difparot- tra d'un cote ou d'autre , fuivant la nature de I'ceil, comme je I'ai expli- que ci-devant j & cet effet arrivera toujours , fi Ton prend la precaution de mettre I'objet noir fort proche de I'oc 1 quand !« corps luminewc fen grand; s'll eft petit, cet objet incerpofe , pourra etre un peu eloigne de Tccil ; mais aulli le cercle paroitra moins lumineux fi klumiere eft petite. XXIV.Silalumiete eft petite, quelques philofdphesont attribuecet effet i des plis ou des tides circulaires Cur les lurfaces des humeursjmais il feroit dif- ficile d'expliquer dequeLle maniereces rides fe feroient formees , outrj queje ne crois pas qa'on au jamais rien obfervc de femblable dans aucun ceil. XXV. Si une vue courte a I'ouverture de la prunelle fort petite & lej otganes fort fains, elle pourra voir trcs-diftinctement les plus petits ob- jets lorfqu'ils feront expofes au grand jour , done la force ne pourra blef- fec la retine , parce qu'il n'entreca dans Teeil que peu de rayons ; & quoi- que cet ceil foit aulTi convexe qu'un autre ceil qui auroit Touverture de la ptunelle plus grande , il ne laillera pas de diftinguec les objets eloigneS bien mieux que I'autre : car les cones des rayons lumineux etant plus aigus , leurs pointes fetont plus delices , & elles formeront une peinrure plus diftincle fur le fondde Tceil , que fi ces cones etoient plus obtus. Mais ces fortes de vi'.es courtes ont un aiure defaut fort confiderable , qui eft qu'ellcs ne peuvent pas voir les objets proches , s'ils ne font fort eclai- res , a caufe que I'image etant ttes-grande fur le fond de I'oeil , la force de Li lumiere y eft fort dilUpee. Les vues courtes qui one I'ouverture de la prunelle fort petite & les hu- meurs troubles , voient confufement les objets au grand jour , & ne voient que tres- foiblement ceux qui font dans I'obfcufite : car la retine n'eft tou- chee que tres-foiblement par les rayons lumineux de I'objet. Enfin, les plus defecftueufesde toutes les vues courtes, font cellesdont la retine n'eft pas bisn faine ; car elhs ne voient ps les objets eloignes , & elles ne peuvent appercevoir que tres-confufement des objets mediocrement eloi- gnes , comme font ceux qui nous environnent & que boms devons eher- cher ou cviter pour la confervation de notre vie. XXVI. On voit les objets d'autanr plus grands qu'on a la vue plus H ij 4o COLLECTION ACAD.ROYALE DKs Sciences DE Paris. conrte , en cotnparant ces memes objets a eux-memes quand on les volt diftinftement par le moyen d'un verre concave. C'eft ordinairement ce qui furprend le plus ceux qui one la vue fort courte, & qui n'onr pas accoutume de fe fervir de verres concaves pour voir des objets ^loignes : car ils font etonncs de voir fi diftindbement des objets eloignes, en les comparant a ces mcmes objets qu'ils voyoient auparavant fi grands , mais confufement, etant prevenus que Ton doit voir les objets moins diftinc- tement quand on les volt plus petits , comme s'ils etoient plus eloignes de TcEil. Pour les vues courtes qui p'ont pas la rc'tine bien fame ni bien delicate , elles ne peuvent titer prefque aucun avantage des vetres con- caves : car comme ces verres feuls etant places contre I'ceil , approchent les pointes des pinceaux les uns des autres en les rendant plus courts , ils en forment una image plus petite fur la retine qui ne peut pas etre touchee alfez fenliblement pour faire une vifion diftin<5be. II n'enn'eft pas de mcme fi Ton fe fert de deux verres alTembles , dont I'un foit convexe & I'autre concave 5 carles rayons ayant pafle au travers de ces verres, fe trouvent difpofes comme il eft neceffaire pour entrer dans I'oEil , & potir fe reunir fur la retine, & de plus ils font detoutnc's de telle ma- niete qu'ils y forment une image beaucoup plus grande qu'a la vue Am- ple, qui eft tout ce qu'on pourroit defirer pour le fecours de la vue , (1 Ton pouvoit appercevoir un grand efpace tout a la fois. Si les verres qu'on joint enfemble font tous deux convexes , on peut voir un aiTez grand champ , mais les Myopes tirent peu de fecours de ces fortes de verres dans I'ufage ordinaire de la vie; outre que les objets y paroilTent renverfes , a moins qu'on aflemble trois ou quatre de ces verres , ce qui fait les lunettes d'approche. XXVII. Ceux qui ont la vue courte ecrivent ordinairement de petits carafteres , & ne fauroient foufFrir les grolfes lettres , car il leur arrive a peu pres la mcme chofe qua ceux qui ont la vue bonne quand ils lifent de pres de grofles lettres , comme des affiches qui font eciites en lettres capitales , a caufe qu'il faut trop remuer les yeux & la tete pour parcourir peu de mots, ce qui eft fort incommode , car on fait par expe- rience, que pour etre fort attentif a quelque chofe, il ne faut pas remuer la tete , les idees fe diflipant facilement par ce mouvement , & c'eft ce qu'on cprouve ordinairement dans la peinture quand on copie quelque chofe & qu'on eft oblige de dctourner la tete de delTus le tableau pour regarder I'objec original. Pline appelle Hebetiorcs ceux qui ont les yeux gios & faillans liors de la tete : mais ce n'eft pas cette grolfeur qui peut oter quelque chofe a la vivacite de I'efprit; ce n'eft a ce qu'il me femble que parce que la plupart de ceux qui ont les yeux fort gros , ont ordinai- rement la vue courte ; & comme ils ne regardenr pas attenrivement cernt qui leur patient, comme je I'ai remarque ci delTus, on croit qu'ils font plus ftupides que les autres , car on juge ordinairement de I'attention par la difpofition des yeux. XXyill. Ceux qui ont la vue contte & qui n'ont pas la cornee fore clevee jdoivent avoir le cryftallin fort convexe au moins pour I'ordinaire, & ces fortes d'yeux ne peuvent pas titer un grand fecours des verres ACADfeMIQUE. 6t concaves pour voir diflin(aemenc des objets eloignes : car les rayons qui ^=: viennent des objets, doivent fe rompre peu-apeu & en trois temps AcacRoyaie diffcrents & a-peupres cgaux , pour faire une reunion plus parfaite fur des Scienxes la rctine & fans y bire paroitre de couleurs , & dans cette conforma- °^ aris. rion ou la cornee efl pen convexe , leur tcfradion fe fera prefque route SvFfLt.uENT. a I'entree & a la fortie du cryftallin , en deux temps feulement : mais cette refraftion etant bien p'us grande qu'il ne faut pour voir des objets eloignes , on doit lui otev ce qu'clle a de trcp , & on ne peut le faire qu'en diminuanten quelque facon la coiivexite exterieure de I'oeil qui eft ceile de la cornee , par I'application du verre concave, en forte que la premiere refraction fe peut trouver entierement dctruite ; & les rayons patTant alors au travers du vcire concave & de I'liuineur aqueufe , qu'on peut confidcrer comme un feul corps tranfparent , fans fouffrir aucune rcfradlion , les trois rcftadtions ordinaires fe reduiront a deux feulen^enr, Sc les couleurs qui font toujours fenfibles dsns Ls grandes refradlio.iS fe joignant a la petitelfe de la peinture de I'objet eloigne , ia vilion ne fera pas parfaite. En voici li demonftration dans la figure fuivante. Soit Toeil ABR , avec fon cryftallin CDEF , &: fa cornee AB. Soir un objet place en O , en forte que les rayons qui viennent de ce point O s'ccant rompus fur la cornee comme en A & en B , fe dctournent dans rimmeur aqueufe AC & en BE , & rencon- trant la fuperficie antcrieure CE du cryftallin , ils fe rompent encore &: pafTent dans le cryftal- lin par les lignes CD, EF : enfin en fortant du cryftallin ils fe rompent pour la troiiieme fois & pafTent dans I'humeur vitrce par les lignes DR , FR , pour s'adernbler au point R. Si Ton pofe maintenant un objet au point P dans la rencontre des rayons CA , EB prolonges , Sc fi du centre P on decrit la courburo GH pour la figure exterieure du verre dont I'lnterieur AB foit accommodee a celle de la cornee , il eft evident que les rayons qui viendront de I'objet P , iront s'aflembler fur la retine au point R, apres avoir pafle au travers du verre & des humeurs de I'ceil , comme s'ils venoienc du point O ; car fuppofant, comme j'ai deja fait , que le verre & I'humeur aqueufe ne faf- fent qu'une meme humeur & de meme na- ture, les rayons qui viendront de I'objet P, entreront dans le verre qui eft comme la pre- miere humeur fans aucune refraftion , & pene- treront jufqu'a la futface du cryftallin en droite ligne jufqu'en C &: en E. Mais ces rayons qui viennent de I'objet P , ne fouffnront que deux refractions avant que de i'alTembler au point R j & fi cec objet n'eft qu'a une diftance mediocre , "comine de deux (I COLLECTION «— ou troU pieds, qui eft celie ou Ton voir diftindement les objets quand Acad. RoYALE ^'^'^ ^^ ^ien conforme, il s'enfiiit que cec ceil myope reunit les rayons DES Sciences d'lin objet place dans une diftance mediocre apres deux refra£tions feule- BE Paris. ment , ce qui eft un defauc, puifque I'ccil bien conforme ne les doic SveiwiftBNT. reunir qu'apres trois fefradions quand ils font places a cette tneme dif- tance. Si Tobjet etoit plus eloigne que !e point P comme en S dans la figure fuivante , il eft fa- cile a voir qu'il faudroit que la partie excerieure GH du verre concave , fuc plus concave qu'elle n'etoit quand I'objer etoi: au point P oil etoic audi le centre de la concavite du verre, c'eft- a-dire qu'il faudroit que le centre de cette con- cavite fut plus proche de Toeil comme en K , Sc alors les rayons qui viendroient de I'objet S, feroient une rcfradion en fens contraire a celle qui fe doit faire naturellement; car ils feroienc plus divergents que s'ils venoient du point S , puifqu'ils doivent fe detourner dans le verre Sc dans I'humeur aqueufe comme s'ils venoient du point P , pour (e reunir enfuite fut la re- tine au point R , en forte qu'il arrivera rou- jours que les rayons ne fe feront convergents qu'en deux terns avant leur reunion au point R, ce qui fera toujours une vifion imparfaite , puifqu'elle eft conttc I'ordre ordinaire de la nature. Mais fi le cryftallin de Toeil d'un. myope eft a-peu-pres de la meme convexite que celui d'un ceil bien conforme , & que tout ce qui rend cet ceil myope ne vienne que d§ la grande con- vexite de la cornee, il eft certain, que (1 d'ailleurs les organes de la viiion font bien fains , & les humeurs bien tranfparentes , I'ufage du verre concave donnera a cette vue tout ce qui lui manque pour la rendre parfaite ; car il eft fa- cile de voir par ce que j,e viens de dire, que le verre concave qu'on mettra au-devant de la cornee , ne faifant avec I'hiimeur aqueufe que comme une meme humeur , ptera a la cornee & par confequent d I'humeur aqu«ufe ce qu'elle a de trop , pour faire que les rayons qui vien- dront d'un objet mediocrement eloigne , puif- fent entrer dans I'oeil comme il feut pour s'af- (embler fur la retine apres rrois refraiSions, comme dans les vues bien conformees. Il fau: tematquer que fi Ion fuppofe que 1;? ACADfeMIQtTE. tf, partie AB du verre concave qai eft tournec vers I'oeil , foit accomtno- r^^TT^::^^:^ dee & appliquee immcdiatement a la cornee , comme je I'ai fiippofe Acad. Royale dans le cas precedent , il faudra que fa fuperficie extcrieure GH , foit des Sciences convexe & non pas concave , & qu'elle aic a pen pres la meme con- i>e Paris- vexite que celle dun ceil bien conformej car alors I'humeur aqueufe SvePLtMEnr. Si le verre ne font confiderces que comme une mcme humear. Mais ft Ton fe fere dun verre concave des deux co- tes ou feulement concave d'un cote, & plat de I'aurre, alors les rayons feront cinq refractions avant que de fe rcunir au fond de I'ceil , done les deux premieres qui fe font fur le verre , rendront les incidents plus divergents qu'ils ne font , Si les trois autrcs qui fe feront dans Toeil les rendront convergents, Ainfi la refraftion des rayons d'un objet mddiocrement eloigne , fe fera dans cet ceil dun myope en trois terns , comme dans celui qui eft bien conforme. Enfin, fi tout ce qui rend I'osil myope n'eft qu'une trop grande longueur de riiunieur vi- tree , qui fait que la retine eft trop eloignce du cryftallin , & que les rayons d'un objet me- diocrement eloigne qui fe font rompus dans 1 humeur aqueule & dans le cryftallin de la mt-me maniere que dans un osil bien confor- me , ne peuvent s'alfembler fur la retine , mais plus proche du cryftallin , le verre concave que Ton metrra au-dc- vant de la cornee , renjra Iss rayons un peu plus divergenrs en entrant dans 1 cell qu'ils n'etoient fans Ic verre , & ils fe rompront toujours en trois temps pour venir jufqu'a la retine ou la vifion fera parfaite. Cette efpece d'oeil myope n'a b.Toin que d'un verre trcs pcu concave , car pour peu qu'on detonrne les rayons en entrant dans I'oeil , leur concours s'a- longe ou fe raccourcit beaucoup. C'eft a ce dernier cas de Iceil myope qu'on peut attribuer ce que j'ai obferve a piufieurs vues , qui etant bonnes dans la jeunelfe jufqu'a I'age de vingt-cinq on vingt-fix ans font deve- nues enfuite myopes , & ne pouvoient plus voir les objets eloignes aulil facilement qu'ils les voyoient auparavant , quoiqu'ils vilTent toujours tres- diilinilement ceux qui n ccoient eloignes que d'un ou de deux pieds. Je dis done qu'il eft difticile d'attribuer ce changcment ou a la cornee qui eft fort dure & feche de fa nature, ou au crjftallin qui eft un corps homogene , & qui n'a que des corps liquides qui I'environnent ; mais il me femble que fi k-s mufcles de I'oeil qui Tenveloppinr deviement plus forts (S: plus gros qu'ils n'etoient a'lparavant , ou bien fi les grailfts qui font en affez gran e quantite dans CL-tte partie viennent a s'augmenter peu-a-peu , ellss comprimeront le glooe de I'oeil par le cote , & fa figure changeant peu i-p;u , & devenant plus longne' qu'elle nVtoit au- f)aravant , fans qu'il arrive aucun thangement a li coinee ou au cryftal- in , la retine s'eloignera du cryftallin , & cet ceil djviendra un peu ir.yope. ir diftindtement les objets eloignes , ni encore moins ceux qui font proches , lorfgu'il regarde une chan- delle a dix ou douze toifes de diftance : fi Ton faic avancer un corps obfcur du cote droit vers I'oEil, enforte que ce corps commence a lui cacher la lu- miere de la chandelle , il voir ce corps dans une pofition retiverfee ; car il lui femble que la chandelle commence a fe cacher vers fa partie gauche , quoique ce corps foit vets la droite. On ne fauroic attribuer cet effec au renverfement de la peinture des objets dans le fond de l'ceil , puifqu'elle fe fait aulfi-bien pour les objets proches que pour ceua qui font eloignes; & comme nous jugeons toujours par habitude , que les objets font dans une pofition contraire a celle de la peinture qui fe fait fur la retine, il femble que dans ce cas I'ordre de la nature eftrenverfe; puifque par cette experience on devroit condure que I'objet fait la peinture dans le fond de I'oeil du cote oii il eft , ce qui eft entierement con- traire a routes les loix de I'optique Sc a toutes les experiences. Pour expliquer ce phenomene, il fauc confiderer que la .chandelle A qui eft un petit ob- jet eloigne de I'oeil , ne doit ctre confideree que comme un point lumineux dont les rayons qui vien- nent a I'oeil CGDE, Si qui entrent pat I'ouverture de la pruneile CG , apres s'etre rompus dans les humeurs de I'oeil , iroienc s'affembler en un peine comme H au-dela de la retine , enforte que ces rayons de lumiere forment un cercle DE fur la re- tine. Mais il faut remarquer que la figure circulaire lumineufe qui fe forme fur la retine , depend en-^ ticrement de la figure du trou de la pruneile qui eft: comme la bafe du cone dont H eft le iommet 5 quoi- qu'ii foit vrai que la figure CDHEG forsaee par les A C A D 6 M I Q U E. ^9 rayons lutnineux qui craverfenc I'oeil, foit compofc'e dc quatre difFerens -^— . fegmens de pyramides, ce qui eft facile a voir, puifqu'il fe fait iin Acad. Royaie iegmenc different dans chaque humeur de I'oeil. Cependant quoique cette "^^ Sciences figure lumineufe foit compofce dc quatre fegmens de pyranndes , il de 1 aris. clt evident que les bales de chatun de ces fegiiuns' feront des SvryU/uEtn. cercles, (i la bafe du premier eft an cercle ; & fi la bafe du premier eft une figure ttiangulaire ou quarrce , les bafes de tous les autres feronc aufli triangulaires ou quarrees , Si ainfi de toute autre figure. Mais la bafe du premier fegment eft I'ouverture de la prunelle; c'eft pourquoi les bafes de tous les autres feront des figures femblables a I'ouverture de la prunelle : ainfi la figure lumineufe DE fur la tetine, fera fembla- ble a telle de I'ouveiture de la prunelle. Cet ocil dont la retine eft touchee dans toute fa partie DE , ju^e qu« la lumiere de la chandelle eft d'une grandeur propre a lui faire cette grande impreflion, car il ne diftingue aucune parcie dans cette lumiere; & s'll n'avoit jamais vu la lumiere d'une chandelle de plus pies que dix ou douze toifes , il ne pourroit point connoitre la veritable forme de fa Hamme. Je dis de plus pres que de dix ou douze toifes , quoiqu il foit tres-certain qua cette difiance il doit mieux diftinguer la figure de la flamme de la chandelle qu'a une diftance plus petite ; mais la figure de cette flamme a une petite diftance , fe fait mieux connoitre a caufe de fa grandeur , quoique chaque partie feparcment foit plus confufe qu'a une plus grande diftance. L'oeil presbyte jugeant done que la fi^'ure de la Hamme de la chandelle eft fort grande & ronde, comme eft I'ouver- ture de la prunelle, il en diftingue les parties par rapport a I'image DE qui fe forme fur la retine , & il eftime que la partie E de I'image eft: la partie gauche de la lumiere , 6.: au contraire que la partie D de I'i- iiiage eft la partie droite de la lumiere ou de la fiamme. Maintenant fi Ton met le corps B opaque & noir affez proche de I'ceil vers la droite, en le faifant avancer peu a peu vers le milieu de I'cejI , enforte que fon extremite vienne comme en B , i! eft evident que la moi- tie de I'ouverture de la prunelle eft cachee par ce corps , &.' quelle n'eft plus que d'une figure demi-circulaire par rapport au point lumineux A j c'eft-a dire qu'iln'encre plus dans I'cjjil de rayons lumineux que par la moitie de I'ouveftute de la prunelle laquelle eft vers C : ainfi la figure de la lu- miere n'eft plus qu'un demicone, ou plufieurs demi cones joints les uns aux autres. La peinture de la lumiere fur le fond de I'ceii fera done en denii-cercle fuivant ce que j'ai dit ci-devant, & ce fera vers le cote gau- che D que la lumiere demeurera fur le fond de I'osil : ainfi a mefure que le corps B s'avance de la droite vers la gauche' pour couvrir la pru- nelle , I'image lumineufe ED fur le fonddero a 41 , ce qui approche plus de celle du verre que de celle de Teau , quoique Thuile (bit bien plus legere que Teau , & que le verre foit plus pefant. XLV. Les corps etrangers qui s'engendrent dans Thumeur aqueufe , & qui font la feconde efpece de taches dont je viens de parlor , forment aufli les cataradtes quand il s'en trouve une grande quantite, & qu'ils s'arrctenc les uns aux autres ; car il s'en fait un tilFu epais qui empeche la lumiere de palfer , ou s'il la lailTent palfer , elle eft tres-foible. Quelques- uns croyenc que les cataracStes viennent des pellicules dont le cryftalliii eft forme, qaand celles qui font du cote de I'humeur aqueufe deviennent opaques Sc s'endurciftent ; & ils apportent pour raifon , que tous ceux a qui Ton abat des cataradles , ont befoin d'un verre fort convexe pcur voir dif- tindlement les objets apres Toperation , quoiqu'ils viffent fort bien fans lunette ou verre convexe avant que la catarafte fe fiitformee ; car ils di- fent que cette pellicule , qui faifoit partie du cryftallin , en etant deta- chee , le rend bien moins convexe qu'il n'etoit auparavant , a quoi il fauc fuppleer , en me'tant au-devant de Toeil un verre convexe ; cS: que fi la cata- raifte venoit feulement de quelques corps etrangers formes dans Thumeue aqueufe , lorfque ces corps feroient detournes de devant Touverture de la prunelle , on devroit voir les objets comme on les voyoit avant la catarafte , Toeil n'ayanr point change de figure. Toutes ces raifons font fore bonnes; mais il eft facile d'y repondre par ce que j'ai appris d'un tres- habile cpetareur. Il dit qu'il eft impoftible de faire cette operation fans . qu'il forte beaucoup de Thumeur aqueufe par la piqure , & c'eft ce qui m'a faic croire que U foiblefle de vue que Ton remarque i tous ceux a Acad. RoYALE DEs Sciences DE Paris. ACADfeMIQUE. 75 qui on a abattii des catarades , ne vienc que de cet epanchement qui lend I'oeil plus plat qu'il n'ticoic auparavanc Je ne fais pas de doute que , lorfqu'on fait I'opciarion a ds jeuties gens , I'ffil ne fe rc.'abliiTe dans fon premiet ccat apres quelque temps , puifque nous avons des experiences que I'humeur aqueufe ayant etc tiree de I'oeil de quelques SvprLt.'uu(T, animaux , &: I'ceil paroilFant tout decri, peu de temps apres, il s'eft re- tabli dans fon premier ctat. XLVl, Lorfque Ton a fait quelque effort , ou en eternuant avec violence , ouenfe mouchant fortemcnt , on voitdes etincelles de feu qui paroifTent courir d'un cote & d'autre fur les objets. J'ai vu auffi une pcrfonne a qui il en paroilToit de femblables , apres avoir regarde quelque temps un ciel fort clair avec grande attention. Cet accident paroit d'abord furprenant , & il donne de la frayeur : car Ton a des exemples de quelques perfonnes qui ont perdu la vue apres des accidens a-peu - prcs femblables. On ne peut pas rechercher la caufe de ce phenomene en d'autre endroit que dans la retine , que je regarde toujours comme le principale organe de la vifion ; m-'s comme nous ne pouvons pas connoitre ce qui lui arrive avec autant d'evidence qu'aux autres nerfs qui font repandus dans quel- ques parties de notre corps, nous n'en pouvons juger que par comparai- fon. Qiiand on a renu long-temps le bras ou la jambe dans une pofture conttainte , la main & le pied deviennent engourdis ; &: fi ces parties demeurent toujours dans la meme difpofition , on fent dans cet engourdiire- ment des elancemens comme fi I'on piquoit la chair en dirfcrens en- droits J ce qui caufe unedouleut fort confiderable. On fent audi la meme chofe quand on recoit quelques coups aux extremitcs du corps ; & fi Tceil eft blelTe dans fes parties excerieures , on fe perfuade voir une grande quantite d'ctincelles de feu. Il eft facile de juger que tous ces accidens viennent de la meme caufe, & que le cours des efprits etant interronipu dans les nerfs , Sc coulant enfuite par reprifes & fecoalTes , nous faic fentir dans les chairs ces piqures violentes , & dans I'cEil nous faic voir des etincelles de feu, les nerfs etant ebranles de la meme maniere que fi ces piqures etoient reelles & que ce feu fut ^rcfent. Ainfi en eter- nuant ou en fe mouchant avec violence , on cbranle tous les nerfs qui font repandus dans la tete , enforte que Ton fent for: (ouvent dans ce meme moment, ou une violente douleur de tete , oa une douleur d'oreille qui fe diflipe promptement , Si Ton voir auffi des etincelles de feu qui fe repandent d'ua cote 5c d'autre, mais qui ne durent au plus qu'une demi- minute. Pour ce qui eft des etincelles de feu qu'on voic apres avoir regarde quelque terns le Ciel fort eclaire , je les compare aux piqures qu'on fent dans I'engourdilTement des mains ou des pieds. XLVn. L'ccil presbyte reqoit de bien plus grands avantages de I'ufage des verres convexes, que I'ceil myope n'en recoit des verres concaves. Un des plus confiderables eft la grande quantite de rayons que ces ver- res font entrer dans I'oeil en les detournaut comme il eft necelfaire pour faire une peinture diftindle fur la retine; car I'lril presbyte n'ayant fes humeurs conformees que pour reunir au-dela de la retine les rayons qui vienasiu d lui d'un objet proche , il faut que ces memes rayons enttenc Kij BES Sciences DE Paris. SvefitMEMI, -ff. COLLECTION — convergents dans Tceil afin de pouvoir fe reanir fur la rctine. Or h Acad Royale proptiete des verres convexes etaiit de teunir les rayons apres qu'ils ont paffe au travers , il s'enfuic que les rayons qui viennent dun objet pro- che , apres avoir palTc au rravers d'un verre plus ou moins convexe, font difpofes en enrranc dans I'oeil pour concourir fur la rerine oii i!s font une peinture diftinde de I'objet. Mais lorfque les rayons ont paffe au travers du verre convexe, ils occupent moins d'efpace qu'ils ne fai- foient auparavant, puifqu'ils font difpofes pour concourir en un point; c'eft pourquoi I'ouverture de la rerine en regoir beaucoup plus apr^s qu'ils one paffe au rravers du verre convexe que s'ils n'y avoient point CAffe; & comme la plupart de ceux qui font Presbytes ont I'ouverture de la prunelle fort petite , il s'enfuit que les Presbyres regoivent un dou- ble avancage de I'ufage des verres convexes, puifque par leur moyen la peinture de's objets ell diftinfte fur la retine & aulli vive que s'ils avoient i'ouverture de la prunelle fort grande. La quantite des rayons qui entrent dans rocil rendent I'image plus vive & plus fenfit'-;, & d'au- tant plus que le verre convexe eft plus cloigne de Toeil j iTiais il faut remarquer qu'un meme verre convexe ne peut pas fervir pour un meme ceil a routes fortes de diftance de I'ocil & de I'objet. Par exemple, fi la lentille ou verre convexe AB efl placee a une certaine diftance de I'oeil , pour fairs que les rayons qui viennent de I'objet O s'etaiit rompus dans ce verre, &i. ayant enfuite paffe dans I'ceil par I'ouverture de la prunelle CD , concou- rent fur la retine en G j cette meme lentille etant plus eloignee de I'ceil , & etant placee comme eji Eil, les rayons qui viendront du meme objet O, apres avoir paffe par ce verre & par les luimeurs de Tail , ne pourront plus fe reunir fur la retine : .car fi nous fuppofons que le verre eft place ea AB, & que les rayons qui viennent de I'objet O, puilfcnt concourir ou faire leur foyer dans I'air aa point F lorfque ce meme verre fera place en ER , le point F ne fera plus le point de concouts des rayons , qui venant du point O de I'objet , fs rompcnt dcins ce verre, exccpte dans le feul cas oj la diftance de ER au poinr O , eft la meme que celle de AB au point F; maif par-tout aillenrs le foyer etant plus proche ou plus loin de I'ceil que le poinr F les rayons qui entreront dans ToeiI feront difpofes pour concourir plus proche ou pk;s loin que le point f ; car I'ceil etant toujours dans le meme endn it , il faut que les rayons qui doi- vent concourir fur la retine , tendent au point F avanc que d'entrer dans I'ceil ; c'eft pourquoi ils ne feront pas fur la retine une peinture diftir.'Tce A C A D fe M I Q U £. '77 de I'objet. Mais fi Ton place un aurre verre en ER, enforte que fa ^=^51^;:^ figure foic propre pour faire que les rayons qui viennent du point O, Acad.Royale concouren: au meine point F ou le verre AB les faifoit concourii; aupa- ^^^ Sciences ravant , il eft evident que ce verre les dctournera comme il faut pour ^^ aris. faire une peinture dilHntte fur la retine ; mais il y aura encore cet avan- SueBLtMitir. tage qu'il entrera dans Tocil par le moycii de ce verre ER beaucoup plus de rayons qu'il n'en entroit par le moyen du verre AB ; car les lignes FC , FD qui compienent tous les rayons qui peuvent entrer dans cec ceil pour f-Mce une peinture diftinifle, occupent plus de place fur le verre ER que fur le verre AB ; & ER ctant plus proche de I'objet O que AB , Tangle EOR qui contient tous les rayons qui peuvent entrer dans I'osil apres avoir palle pat le verre ER , eft be.mcoup plus grand que Tangle AOB. Ce n'elt pas ici le lieu de determiner quelle doit etre la convexite du verre; la diftance de I'objet a Tosil & du verre a Tosil ctant donnee dans une conformation de Tail qui foit detetminee. Il fuffit fculcment de remarquer que fi Tobjet eft fort eloigne , Sc que le verre etant eloigne de Tceil de deux ou trois pieds au plus , on puilFe voir au travers les objets diftindlement , on les verra beaucoup plus grands qu'a la vue fim- ple , Sc plus Tosil fera piesbyte, plus Timage fera grande ; enforte que par le moyen d'un feul verre convexe , 1 oeil presbyte re9oit le mcme avantage que d'une petite lunette compofee de deux verres. Voici de quelle maniere fe fait cette augmentation. XLVIII. Je confidere Tccil comme etant d'une matiere homogene , la- quelle eft propre avec la figure fpherique a faire , que des rayons or- donnes qui tendent en un mane point ptoche ou eloigne, en entrant dans cet ceil puilfent concourir fur le fond. Soit done Tffii! G H C D de figure fpherique dont K fort le centre, & le verre convexe E R place a deux pieds de Tail ay.int fon foyer abfolua la diftance F I , c'eft-.i-dire que les rayons qui tombetoient comme paral- leles entr'eux , en rencontrant le verre , iroient concourir vers la li- gne F I qui eft plus cloignce du vetre que Tocil CDGH. Pofons mainte- nantque cet ceil ne puille faire concourir fur fon fond G H des rayons qui foient comme parallcles entr'eux, a moins qu'ils ne tendent a des points de la ligne F I. S'll y a done quelque objet T V dont les rayons T E , T S qui viennent du point T , foient comme paralleles en:r'tux & VR, VS aulli p.iralleles lefqucls viennent du point V, ces rayons ayant palle au tra- vers du verre , iront s'alfeinbler aux points I & F fur leur rayon principal TSI 6c VSF qui palfe par le centre S du verre. Ces deux rayons TS , VS , comprenent Tangle TSV fous lequel on voit cet objet qui eft com- pris entre fes extremites T & V; car on ne tient pas compte de la dif- tance qu'il y a de Toeil au verre par rapport a. Tobjet, & q'li fait que Tangle TSV eft un peu plus grand que celui fous lequel on verroit Tob- jet fans Tinterpolition du vetre. Si ces tayons paralleles ayant pade aii travers du verre, & etant devenus convergents vers les points 1 Si F, rencontrent Toeil , ils s'y detournent pour allcr s'alfcmbler fur le fond GH ^ mais tous les rayons qui enttenc dans Tccil &: qui tendent vers les points. 78 COLLECTION Acad. Roy ALE DES Sciences DE Paris. SvffLt.mtiT. I & F, dolvent s'affembler fur celui qui pade par le centre K ^Eux qu'on dit avoir bonne vue voient diriin(fl:ement les objet3 a un pied de diftance ou name plus pres , de mtme que ceux qui fonc fort eloignes. Il femble que puifqu'ils voient diftindtement les objets fort eloignes , ils devroient ctre Presbytcs , car on ne met pas d'aiitre difference entre les Myopes & les Presbytes , fi ce n'eft que les premiers voient bien les objets proches &: ne voient pas ceux qui font eloignes : au contraire les aurres voient bien les objets eloignes Sc ne voient pas ceux qui font proches \ c'eft pourquoi fi ceux qu'on dit avoir la vue par- faite voient diltindement les objets eloignes , ils doivent etre mis an nombre des Presbytes &: ils ne doivent pas bien voir les objets proches. Il eft vrai que fi Ton donne le nom de Presbytes a ceux dont la con- formation de I'ocil eft propre a ralTembler fur la retine les rayons qui y entrent comme paralltks entr'eux , &c qui viennent par confequent des objets fort eloignes , il s'enfuit que ceUii qui a la vue parfaite comme je 1 etablis ici , doit audi etre appclle Presbyte en ce fens : mais par les noms de Myopes & de Presbytes on entend les deux execs oppofes, &z pat le nom de vue paifaite on enrend celle qui tient le milieu entre ces deux extremites. Ainfi la vue parfaite ne difFere pas beaucoup d'un? des efpeces de Myopes &c de Presbytes. II faut feulement remarquer que la diftance de trois pieds environ doit etre confideiee comme une trcs- granrle diftance , & que fi un cril Presbyte ne peut pas voir un objet place a cette diftance, il ne verra pas non plus ceux qui font plus eloignes. LI. Mais comme routes les vuespeuvent bien diftinguer des objets unpeu plusou moins eloignes , celui qui aura la vue propre pour voir rres-diftinc- tement les objets a deux pieds de diftance , les vtrra encore bien a un pied & a trois pieds, & par confequent il verra bien ceux qui font tres eloi- gnes , qui eft ce que j'appelle ici vue parfaite. Mais celui qui aura la vue propre pour voir tresdilHnftement un objet a quatre pieds de diftance , verra aulli alfez bien celui qui fera a trois pieds ; mais il verra un peu con- fufement celui qui fera a un pied , & plus confufement encore celui qui fera plusproche : il pourra voir audi diftinflement ceux qui feront plus eloi- gnes que quirre pieds a quelque diftance qu'iis foient places, qui eft ce que j'appelle Presbyte , 6c ceux qui font for: Presbytes , ne voient que trcs-confufement les objetaiqui font places a une mediocre diftance , &: ne voient pas diftini^ecnent les objets eloignes , quoiqu'iU les voient mieux So COLLECTION — que ceiix qui font proclies. Au contraire celuiquia I'oEil difpofe pour voir AcAD.RovALE tres-didindement a un demi-pied de diftance, pourra voir aflez bien un DEs Sciences objet eloigne feulemenc de croisou quaere pouces & d'un pied a peupres,. £ ARis. maisiine verra pas ceux qui feront plus eIoignc's,&c'eItce que I'appelleAlyo- vppLiMEtiT. pe , & ceux qui font fort Myopes ne fauroienc voir diftindlement les ob- jets s'ils ne font tout pres de I'ccil : cette latitude de vue vient en partie de ce que Ton peuftrctrecir ou elargir I'ouverture de la prunelle, fuivant que les ob;ets font proches ou eloignes de I'ffiil, ce quej'examine fort au long dans la feconde partie de ce traite , oii je donne la maniere de mefurer exadtement la force de la vue , en dcmontrant que Fo^il ne change point de conformation pour regarder I'un aptcs I'autre des objets proches, & dautres qui font eloignes. LI I. II y a des vucs parfaites , comme je les etablis ici , qui ayant la retine tres- delicate & tres-fenfible, ne fauroient foufFrir la grande lu- miere : c'elt pourquoi elles fe font accoutumees a retrecir Touverture de la prunelle quand il fe prefente quelque objet mediocrement edaire, & par cette habitude I'ouverture de la prunelle eft ordinairemnt fort petite. Ces fortes de vues, quoique tres-bien conformees d'ailleurs , ne fauroient voir diftindementde petits ob;ets s'ils ne font expofes au grand jour, afin que maigre la petitellede la prunelle , il entre encore afTez de rayons dans I'ffiil pour faire une impreflion fenfible fur la retine. Quoiqu'eiles ne foicnt pas Presbytes, elles ne laiflTent pas de le paroitre,car elles font obligees de fe fervir de lunettes convexes pour voir de petits objets comme les Presbytes: mais ce n'eft pas pour en detourner les rayons , enforte qu'ils faffent leur foyer fur la retine , mais feulenient pour en faire entrer une plus grande quantite dans I'ceil ; car les verres convexes ont ces deux pro- ■ prietcs tout enfemble , comme je I'ai remarque ci-dellus, en parlant de leur ufage. Mais il femble que ces fortes de vues parfaites , qui fe fervent de verres convexes pour faire entrer plus de rayons dans Tceil , afin d'en voir I'objet plus diftindement, en devroient recevoir un tres- grand defavantage , puifque les rayons feroient detourncs de telle maniere qu'ils ne concoureroient plus fur la retine de cet ceil parfait , ce qui doit toujours arriver , puifque ces deux eftets du verre convexe fontinfe- parables : mais on remedie facilement a ce defaut en approchant un peu Tcril de I'objet. On en pcut faire ['experience en prenant un verre fort convexe , Sc en regardant au travers quelque objet ; car on trouvera une diftance de cet objet a I'osil ou I'on verra toutes fes petites parties fort diftindement. J'ai vu une perfonne qui avoit TceII de cette efpece , 8c qui etoit obligee de fe fervir de lunettes convexes pour voir de petits objets. H lui furvint un jour une grande inflammation aux yeux , &c il remarqua qu'il pouvoit dans ce temps-la voir fort diftindement de tres petits ob- jets fans le fecours des lunettes convexes: mais quand il commen^oit a regarder les objets eclaires il fouffroit une grande douleur , qui diminuoic un peu dans la fuite. Il eft facile d'expliquer cet eftet , parce que j'ai die ci-devant : car I'intlammation de fes yeux ne laiftant pas la liberie au muf- chde la prunelle de la fermer a I'ordinaire , *entroit alors dans iVi^il une aifez grande quantite de rayons pour rendre la vifion fort diftinde , les organes A C A D E M I Q U E. gr organes n'etanc point malades. La grande douleur qu'il fentoit d'abord , „_______ venoit de limprtllion de ces rayons fur la ratine qui en ctoit cbranlde avec Acad. Ro vale une crop grande violence , &c de 1 'effort qu'il faifoic aumufclede la pru- des Sciences nelle pour la fermer comme a fon ordinaire ; ce mufole etant affligc par de I'aris. I'huineur qui caufoit I'inrtamniation. Mais cette douleur diminuoit enfuire Supn.iiiit.NT. un peu, car cemufde ayant fait fon effort demeuroit dans la mtme pofi- tion , ce qui ell femblable a ce qu'oii cprouve , quand on veut mouvoir quelque partie afiligee d'une fluxion; car la douleur n'eft fort fenfible que dans le changement de pofuion de cette partie. LIII. Ceux qui n'ont pas accoutuniede regarder dans les lunettes d'appro- che , y voient ordinairement les objets bordes de bleu Sc de rouge , quoi- qu'ils aient la vue fort bonne : la raifon de ces couleurs vient de la grande refradtion des rayons en entrant dans I'ocil : car tous les rayons d'une lu- miere vive ou d'un corps fort eclairequi font termincs par le noir , s'etant rotnpus , paroilTent avoir fur leurs bords des couleurs rouges ou bleues. Mais quoique les rayons rompus falFent les couleurs , il faut qu'il y aic encore un ecart dans ces rayons pour rendre les couleurs fcnfibles ; car fans cela I'cEil ne pourroit pas les appecevoir. Cell pourquoi ceux qui n'ont pasl'ufage de regarder dans les lunettes d'approche , ne mettent pas ordi- nairement le verre oculaire a la diftance que I'objedif demande pour con- venir a leur vue , & ils voient les objets un peu confus a caufe de I'ecarc des rayons , ce qui leur rend auffi les couleurs fenfiblcs ; & con-.meils ne fent pas accoutumes a voir diftinfter.tent les objets eloignes , ils font bien moins d'attention a la diftiniition de I'objet qu'a ces couleurs qui leur pa- roilfent extraotdinaires & furprenantes. Mais ceux qui favent connoitra par i'experience que les objets n'ont pas toute la nettere qu'ils peuvenc avoir , ils avancent ou ils recuknt le verre oculaire tant qu'il foit a la diftance Je I'objedif laquelle eft convenable a la portee dt leur vue, & alors ils ne voient point de couleurs ; ce n'eft pas qu'il n'y en ait toujours, mais elles ne leur font pas fenfibles a caufe du trop peud'ecart des rayons. Pour faire voir qu'il n'y a pas d'autre raifon de cet effet , c'eft que ceux qui font le plus accoutumes .i regarder dans les lunettes d'approche , & qui n'y re- marquent point de couleurs , voient les objets colores s'ils approchent ou s'lls ecartenr le veire oculaire de I'objeftif plus qu'il ne convicnt a leur vue : I'experience fuivante fervira encore de conhrmation a ce que je viens de dite. LIV. Quand on a rempli d'eau une petite phiole bien.ronde d'un pouce de diametre ou environ , & qu'on I'expofe au foleil dr.ns une chambr^ obfcure , fil'on regarde cette phiole en tournant un peu le dos au foleil , enfotte que la ligne droite qui va de I'ceil a la phiole , faffe un angle de 4i degtcs, environ avec celle qui vient du foleil a la meme phiole; on y verra un point d'une coaleur rouge tres-vive & enfuite on verra da jaune , du verd , du bleu Sc du pourpre en remuant un peu I'ccil de la place ou il voit le rouge. C'eft par ce moyen qu'on explique les couleurs de I'arc- cn-ciel : mais ce qui eft de plus remarquable dans cette experience , c'eft que ceux quiont la vue parfaite , ou qui ne font qu'un peu Presbytes, ne voient prefque pas ces couleurs, quand la phiole n'eft eloignee de I'oeil Tome III f Panic Francoiji, L Si COLLECTION • que de 5 ou 4 pieds , au - lieu que ceux qui font fort Presbytes on un yVcAD. RoYALE pj-y Myopes, voient ces couleurs fort diftiniStes 8c fort wives. Ces for- DEsbciiSNCES tes d'yeux voient tres-diftin<5lement les petites parties de la boule d'ou la c ^ ' lumiere rompue fe retlechit vers ToEil , fes rayons ne font prf^fque point d ecart & par confequent les couleurs ne lont point ou ttes-peu lerlibles: mais quand la phiole eft fieloignee de ces yeux par rapport a fa grolLur, qu'ils ne peuvent plus en diftinguer les petites parties , & les rayons qui font les couleurs s'ecartanr toujours de plus tn plus au-del.l de la lumiere pure , iis y voient des coukurs comme les autrts yeux: c'eft pourquoi ils voient fort bien les couleurs de I'arc-en-ciel dans ks petites gouttes de pluie. (rt) LV. C'eft acidi par la meme raifon que ces fortes de vues ne voient pas or- dinairemenc ks ..oulcurs de I'arc-en-ciel dans les gouttes de rofee qui font attaclices fur ks iierbes, a moins que ces gouttes ne foient tres petites , ou qu'elles ne foient fort eloignees de I'ccil \ car a 4 pieds de diftance envi- ron, i!s voient trop diftin(5tement les petites parties de ces gouttes : c'eft pourquoi les rayons de la lumiere ne faifant pas un affez grand ecart dans leurs yeux, ils ne fauroient appercevoir les couleurs qu'elle y forme. Mais s'ils m-ttcnt au-devant de Toeil un verre convexe on concave, ce qui les rend alors Myopes ou Presbytes, ils apper^oivent les couleurs comme fi leurs vues avoient ces defauts. Dc qudqucs accidcns qui arrivcnt aux trots fortes dc Vues. LVI. JVl oNsiEuR Descattc; dit que lorfque les rides qui fe font fur les furfaces deshumeurs de I'ccil font droites 6i qu'elles fe croifent dans I'axe , ce qui fe rencontre fouvent , nous voyons de grands rayons cpars cp. &: la autout des flambeaux. Mais cette raifon n'ell pas vraifembiable j car il faudroit qu'il y eut toujouts de ces fortes de rides fur ks yeux, ou qu'elles fulfent formees par le clignotement , & qu'elles fulfent feule- ment de haut en bas ; cat toutes les fois qu'en regardant une chandelle on ferme prefque I'cEil , on voir toujours de ces rayons qui .s'etendent feulementen haut & en bas. LVn. M. Rohaut explique ce phenomene d'une maniere fort diffe- rente de celle de'M. Descartes \ car il dit que les deux paupieres H & I { figure fuivante ) etaiit fort proches I'une de I'autre , ne lailTent qu .i peine une petite ouverrure entre-deux, par laquelle les rayons qui partent de la chandelle BCD, vont tracer fon image dans I'endroir E F G de k retine , & que ks bords des paupieres qui fe touchent ordinairement , font lilies comme deux miroirs convexes qui reflechilfent ks rayons de lumiere qu'ils (a) On fait a prefent <]ue I'inegale refranj;ibilite des rayons eft la vraie caiife de rapparcncc dc ces couleurs : on a mcme trouve les moyens d'cmpecher ces conleurs de paroitre , foit par la forme qu'on a donnce aux objcilifs , foit par le choix des maticrcs dlffaerament refringentcs dont on les a compofts. ■SupyiiMEHT. A C A D 6 M I Q U E. o, envoicnt vers la retine aux endroits E K , G L , qui fans cela ne feroient 1, r.- 'SSS ^branles que par les objets qui feroienr vers B M & C N; ainfi rimpredion Acad.Royaui qui fe fait en E K , caufe I'apparence des rayons lumineux qu'on rapporce des Sciences en B M, Sc ccUc qui fe fait en G L caufe I'apparence des rayons qu'on °^ I aris. imagine en C N. Mais il ajouteque la partie B de la flamme eclairanc la paupiere infe- rieure I.fes rayons font reHechis fur cette paupiere, & vont toucher la retineenhautdans y_£^ fa partie LG , ce qui caufe I'appa- rence des rayons d'en bas C N. Si Ton met done un corps opaque OP entre I'oeil &c le haut de la flamme , on cedera de voir les rayons d'en bas & on con- tinuera de voir ceux d'en haut parce qu'ils font formes par les rayons CH qui partem du bas de la flamme Sc qui ne font poinc interceptesj mais alors ils ne paroilTent plus a la meme dirtance que la chandelle , mais fur le corps opaque. LVIII. Cette explication a regu beaucoup d'applaudiflemens , & elle paroit d'abord fort convaincante , mais il me femble qu'en I'examinant de pres elle ne pent pas fe foutenir. M. R. remarque tres bien qu'il faut que la cliandelle foit cloignce de I'ceil , & I'expinence fait voir que le» rayons paroiflent bien mieux lorfque la chandelle eft fort eloignee, que lorfqu'elle ell; prociie : mais c'eft ce qui detruit enticrement f.i demonftra- tion ; cir alors on ne doit plus confiderer dans la chandelle de partie haute ni de bade comnie il a fait , les rayons qui en viennent al'oEil ctant comma paralleles entr'eux. De plus, quand il dit que les rayons B I qui viennenc de la partie fuperieure B de la flamme , font I'apparence des rayons C N en allant toucher U partie fuperieure G L de la retine , il ne confidere pas que les rayons du milieu de la chandelle & meme ceux de la partie inferieure , vont aulli rencontrer la fuperficie convexe de cette paupiere inferieure I , & par confjquent , quand on metttoit le corps opaque OP, on ne cache- roit qui2 quelquesuns de ces rayons qui feroienr fur la retine immediate- menc au-defTus de la chandelle, leur extremite L paroiflant loujours , la- quelle feroit tormee par la lumiere du milieu &: du bas de la chandelle : eg rayon ne dilparoitroit done eiuieremi,nt que lorfqu'il ne tomberoit plus au- cune lumiere fur la paupiere I. Mais s'll n'y avoir plus aiicun rayon de lu- miere qui put rencontrer la paupiere I , il n'y en auroit point qui tombac fur la paupiere H j car route la chandelle lui feroit caches par le corps opa- L ij t4 COLLECTION • ^^^ que,& fi Ton mcttoit les corps opaques proche de Tosil , apres rinterfec- AcAD.RoYAH tion Jes rayons , il arriveroit le coiuraire de ce que die M. R. , ce qui re- DES Sciences p^gng ^ I'experience : il faut done chercher ailleurs la caufe de cetce appa- DE I'ARis. r fa .1 ., - , ,- . „ rr c jL rence ; mais il faut auparavant rapporter plutieurs circonltances que cec aureur n a pas remarqueesou qu il a negligees , & raire voir en meme- temps qu elles ne peuvent pass'accorder avec fon fyfteme. LIX Je remarque premierement , que lorfqu'on panche un peu la tete en bas & qu'on regarde la chandelle, on voir feulement le rayon d'en bas CN ; & au contraire lorfqu'on leve la tete on ne voit que des rayons en liaut comnie B M , & enfin que pour voir de rayons eu haut Sc en bas , il faut tenir la tete droite & fermer prefque I'asil. Pour expliquer ces eftets , il faut confiderer que la paupiere d'en haut a un fort grand mouvemenc en comparaifon de celle d'en bas qui n'en^ a que peu > & que lorfque la tete eft un peu bailfee , le globe de I'acil s'eleve en haut pour regarder la chandelle , enforte que I'ouvertiire de la prunelle fe trouve alors fort cloignce du bord de la piupiere d'en bas , qui ne peuc pas s'elever jufqu'a I'ouverture de la prunelle , & par confequent il ne pent pas reHechir dans I'eeil aucun rayon du bord de la paupiere d'ea bas, ou s'il en reflechit , ce ne peur etre que bien moins que lorfque I'cEil eft mcdiocrememt ouvert : mais comme il n'y en reflechit point quand I'ocil ell: mcdiocrement ouvert, ce qui eft confirme par I'expe- rience , puifqu'on nevoit point de rayons, il n'y a done point de rayons reflcchis de la paupiere d'en bas dans cette pofition de la tete, & par confequent on ne verra point le rayon C N qui accompagne la chandelle vers le bas ; car les rayons reflechis de la paupiere d'en bas I font ceux qui font voir les rayons C N en bas dans I'explication deM. R. a caufe qu'ils ftappent la partie fuperieure G L de la retina , ce qui eft entiere- ment contraire a I'experience. Mais dans cette pofuion de la tete qui eft baiffee , I'ouverture de la 'prunelle fe rencontrant vis-a-vis du bord de la paupiere d'en haut , les rayons qui viennent de la chandelle vers Tceil , devroient fe reflechir fur le bord convexe de cette paupiere , & aller occuper la partie inferieure E K de la retine , qui feroient voir le rsyon B M au-delTus de la chan- delle , ce qui eft entierement oppofe a I'experience. Tout le contraire doit arriver lorfqu'on levera la tete. j car alors I'ouverture de la prunelle fe rencontrant proche du bord de la paupiere d'en bas , les rayons de la chandelle qui s'y reflechlront , iront occuper dans I'oeil la partie fupe- rieure , & par confequent ils feront voir le rayon de lumiere C N au- defTous de la chandelle , ce qui eft encore contraire a I'experience ; car la tete etant levee on ne voit que le rayon d'en haut B M. On ne peuc pas dire cfue ces effets arrivent a caufe de la grandeur de la chandelle , qui envoie des rayons differenrs de la partie fuperieure & de I'infc- rieure ; car lorfqu'elle eft fort eloignce de I'oeil , & qu'on met au de- vant une carte percee d'un petit trou , on ne laifle pas de voir la memo chofe , quoique les rayons qui viennent de cotites fes parties foient comme paralleles entr'eux. On remarque aufK qu'en regardant la lumiere de la chandelle an A C A D 6 M I Q U E. 85 travers de ce trou , la tcte etant mcdiocrement bailTce , on voir des =r=^=:=^ rayons cjui s'ctendent au-delTous de la lumiere du trou , & que fi on la Acad.Royalb bailie un pcu plus, ies rayons difparoiifent tout-d'un-coup , quoiqu'on voie ^^^ 1'ar^s"^ encore la lumiere au travers du trou. Cert ce qui fait trcsbien connoitre Cypyi.^ „ent. que ce ne font pas Ies rayons de la lumiere qui , frappant fur le bord de la paupiere infcrieure Ik. fe reflcchiflant vers la parcic fuperieure de la reiine , formenc Ies rayons qui paroiflenr au defTous de la lumiere du trou ; car puifqu'on voit encore la lumiere du trou , lien n'empcche que cette lumiere ne donne fur le bord de la puipicre. Il faut done chercher line autre -.aufe de ces efFets : Si voici celle que je regacde comme fa- tisfaifante a tous ^gards. LX. Soit done comme ci-devant I'oEil A &: le point Inmineux B , i quelle diftance on voudra , pourvu qu'il ait encore alFcz de force pout toucher I'aEil vivement. On fait que I'cril ell toujours liunitde d'unc eau glaireufe qui fe ramall'e en plus grande quantite au bord dts pnupieres que dans Ies autres endroits , parce qu'e'.les frottent fur la cornee. Cette liqueur qui s'attache aux paupieres en s'y elevant, forme une cavite en- ire la paupiere & la cornee , & Ies rayons qui viennent du po'.nt lum neux 13 en palfant au travers de cetce cavite vers H , fe dctournent vers la perpendiculaire &c palTent dans TcEil vers la partie fuperieure de la retine ; c'eft pourquoi fi la paupiere H fe trouve vis avis de I'ouvcrture de la prunelle , comme il arrive lorfque l.i tcte eft. un peu bailT'ee , il s'enfuit que Ies rayons de la lumiere qui fe ronipent vers le bord H de la paupiere fuperieure , rencontrent la retine en OL , & forment le rayon lumineiix qu'on voit au-deffous du point B en BN : mais fi Ton baide uii peu trop la tete, & que la faillie du fourcil & de la paupiere pu;lTe em- peclier que Ies rayons de la lumiere ne donnent plus fur la petite con- cavitc formce par I'humeur de I'oeil au bord de la paupiere fuperieure H , le rayon lumineux qui paroit au-dcrtous du point D , difparoitr.t comme il arrive en effet , quoiqu'on voie encore le point lumineux B par le moyen des rayons qui tombent a Fordinaire fur la partie de la cor- nee qui ert entre Ies deux paupieres & qui peuvent entrer dans I'oeil par I'ouvcrture de la prunelle. 11 eft evident qu'il ne fauroit paroitre de rayon au-delfus du point B lorfque h tete ell baiiTce ; car la paupiere infcrieure etant alors au delTous de I'ouverture de la prunelle , Ies rayons qui tombent fui la concavite faite par I'humeur qui eft au bord de la. paupiere I , fe detournent vers le bas de TQcil fans pouvoir pader au- dedans par I'ouverture de la prunelle qui eft au-dclFus , ce qui eft con- firme par experience. Mais fi la tete eft dtoite , & que Ies deux pau- pieres foient approche'es I'une de I'autre , la concavite qui eft formee entre deux par la liqueur, recevant Ies rayons du point lumineux R, tes detourne , en forte que ceux cjui rencontrent la courbure vers la paupiere infcrieure , vont vers ie bas de I'ceil en K , I'iceux qui rencontrent la courbure vers la paupiere fuperieure H , vont vers le haut en L j & comme dans cette pofition de loeil f : des paupieres , I'ouverture de la prunelle RS , fe trouve entre Ies deux paupieres, Ies rayons dccournes pcurront pt'netrer au dedans de i'aeil & renconcrer la retine au-dclTus & au-dcircus de I'axe S^ COLLECTION ill de I'oeil , 8c ainfi ils feronc voir deux rayons de lumiere BM , BN Acad. Roy AiE tout enfemble , au-delTus ^ au-defTous du point iunjineux. t>rs Sciences Si on leve maintenanc la tete fort haute , on appercevra un feul rayon BM au-delfus du point lumineux; car ie globe de I'oeil fe bailTant pour mettre fon axe dans la iigne qui vient du point B , la courbure qui touche la paupiere inferieute fe trouvera vis-a-vis I'ouverture de la pru- nelle, & les rayons qui fe detourneront fur cette courbure en defcen- dant vers le bas de I'oeil, pourront penetrer au-dedans , & rencontrer DE Paris. SuerLtMENT. la retine en K au-deflous de I'axe , d'oii 11 arrivera qu'on verra un feui rayon de Uimiere BM au-delFus du point lumineux B. On n'en verra point au-defTous , car les rayons qui rencontrent la courbure qui eft contre la paupiere fuperieure H, en fe detournant vers le haut de I'oeil , ne fauroient entrer par I'cuverture de la prunelle qui eft au-dellous. Quand on pleure , I'abondance de la liqueur forme une plus grande concavitc au bord des paupieres , d'ou il arrive que la refradlion etant plus grande, les rayons de lumiere paroillent plus vifs & plus longs (<2). Il refte maintenant a expliquer ce qui arrive lorfqu'on met un corps opaque entre I'ceil Sc la lumiere. Il faut premierement remarquer qu'on doit placer le corps opaque procfie de I'ceiI pour faire un effet plus fenfible. Lorfque la tete eft bai.Tee , & qu'on voit les rayons en bas , fi I'on place le corps opaque vers le b.is de roeil > les rayons qui paroiirent en basdemeurent ; ce qui paroit evident par ce que j'ai explique ci-devant , car les rayons de la lumiere qui font interceptes par le corps opaque , n'apportent aucun I (a) Si ce phenomene etoit un efFct de la rcfraiftioii commc Ie fuppofe ici M. de la Hire, les rayons refraifles dcvroient paroitie colorcs divcrfemcnt ; & comme cela a a point lieu , M. Smith en conclut que cette appareiicc eft pluiot produite par I'in- flexion des rayoiis palTant pres des bords des paupieres. ACADiMIQUE. 87 changement a ce qui fe pafTc au-dedans de Tail, puifqu'ils n'y enrroient ■ pas auparavant. Mais fi I'on place le corps vers le haut de loEil , en Acad-Rovalb avancant ton bord vers Is bas , ies rayons qui paroilTent au-delfous de la ^^ 1'aiu"* luiniere difparoiirent tout-d'uncoup , quoiqu'on vole encore la cliandelle. i^yyiUjicuT Ceci eft aifc a expliqusr ; car le corp> opaque P iiuerceptant alors Ies rayons de la lumicre qui tomboient fur la concavite de la liqueur, qui ctoit amaiTce aurour de la paupitre fupjrieuie H , n'entrenc plus dans I'oeil , & ne vont plvjs toucher la partie fupeneure de la retine ; c'eft pourquoi Ies ray.ns qui paroilTent au bas de la lumiere difparoilFcnt ; mais comme il y a encore des rayons de la lumiere qui rencontrcnt la cornte entre Ies deux paupicres , lis vont s'afTtniblcr au fond de I'cril , & y font a I'ordinaire une peinture exaifle de I'objet lumineux. Le con- traire arrivera par une meme caufe pour le rayon BM , qui paroit au haut de la lumiere en levant la tete ; ce qu'il n'eft pas nccellaire d'expli- quer plus au long. Quoique Ic fentiment de M. R. fur Ies rayons qui paroilTent aux chandelles ne puil'e pas fe foutenir , on ne peut pas nier pourtant que I'epailfeur des paupieres ne rcflifchilFe la lumiere au-dedans de I'ccil , dans quelques pofitions de I'oeil & de la chandelle : mais cette lumiere reflechie fait une appatence fort ditferente des rayons done nous avons parle ci-devant, Auditor que j'eus trouve cette explication , je refolus de la faire im» primer en particulier \ mais ayant rencontre le petit Traite qui a pour titre , rOjihtalmographie par M. Brigs , Medecin Anglois , j'y vis en ge- neial la meme explication de cette apparence. LX!. Il y a une efpece de tnche qui peuc paroitre dans route forte d'yeux , & dont je n'ai point parle ci-delTus; mais elle ne peut jamais apporter aucun dommage a Iffiil , car elle n'eft caufee que par que'.que glaire cpailie & irreguliere qui glilTe fur la cornee , ians lui donner aucune incommodite , fi ce n'cft de I'empLcher de voir dilrindlsmenc lorfqu'elle fe rencontre devant I'ouverture de la prunelle : mais en re- muant un peu la paupiere , on detourne ce' corps eiranger & aufli-tot la tache difparoit. On ne s'appercoit de ces taches que quand cm regarde une chandelle ou une lumiere fembable dans un lieu obfcur , & il faut que I'image de la lumiere paroilTe confufe : c'tft pourquoi fi cette lumiere * eft a une diftance de douze ou quinze pieds , 1 ceil qui la regarde doic etre myope ou fort presbyte pnur voir cette forte de tache ; car alors la peinture de cette lumiere qui fe fait dans le fond de Iceil ctant con- fute , on voir la figure de I'ouverture de la prunelle, comme j'ai die ci-devant , & non pas celle de la lumiere. C'eft pourquoi lorfqu'un corps opaque fe met au-devant de cette ouverture , il en change la figure , Sc ce corps doit aufli paroitre fur la peinture de la lumiere qui eft dans le fond de loeil , puifque la figure circulaire qui eft au fond de I'ceil doit ctre femblable a celle de I'ouverture , & en avoir routes Ies irrcgularites. Mai; un ceil bien conforme pour voir diftindtement Ies objets a la dif- tance oil la chandelle eft pofee , ne verra point cette tache ; car la pein- ture de la chandelle fera diftiniSe fur le fond de I'osil , de quelque figure ss colhection ■ ~— • que foit la pruttelle &: quelques irregiilarites quelle puifTe avoir. Cepen- AcAD.RoYALE daiit fi cec » me de I'ouverture de la prunelle. Cet ovale aura fon petit diametre dans la ligne qui determine I'inclination du cryftallin , & Ton poutra par ce moyen connoicre de quel cote le cryftallin eft incline dans I'ocil. On pour- ra auiTi remarquer fi le cryftallin eft incline de la meme maniere ou differem- ment dans chaque oeil ; car en fermant alternativement les deux yeux , & regardant toujours la meme chandelle, on verra fi les images de la lumiere font toutes deux ovales, & fi ces ovales font inclines du meme fens ou diverfement , ou d'un fens contraire , ce qui fera connoitre les differences inclinaifons du cryftallin. Ceux qui ont le cryftallin incline en fens contraire dans les deux yeux, verront la lune comme deux ova- les qui s'entrecoupent, comme il paroit dans cetce JTCt-y^-'^-rl figure , & ils jugenc d'abord qu'ils voient cinq lu- ;■.,.„.„, . nes jointes enfemble ; car la parcie du milieu qui eft commune aux deux ovales, paroit au milieu des autres Sc la plus claire parce quelle a double lu- miere. Les quaere excrcmites qui debordent audela de la partie du milieu , paroilfenc comme tjuatre autres images de la lune , done les centres feroienc eloignes les uns des aiicres & qui feroient en par- tie recouverces par celles du milieu. LXIII. J'ai aufii dcmonirc ci-devanc paragraphe XX , commenc un fcul objec pouvoit paroitre double avec un feul osil qui eft presbyre ou myope ; mais il faut voir prefencenient comment il fe jieut faire que toutes fortes de vues puifPent voir un meme objet multiplie plufieurs fois~, fansqu'il y ait aucune chofe extcrieure qui dccourne les rayons comme on le peu: remarquer dans I'expcrience fuivante. Si Ton mec au-devanc de losil Sc tout proche un papier ou un carton mince c^ui foic ouve«t d'une fence longjic & fore ccroite, 8c qu'on re- moment ou il fe detoiirnc ; il ne fe dt% SciEvces DE Paris. SvtrLi.ussT. io8 COLLECTION Acad. RoYALE DES Sciences DE Paris. SuFflijUENT. ACOUSTIQUE. Sur un £,cho Jingulier. JLi A Gout clu Genotay , maifon de Plaifance pres de Rouen , eft de la forme repriifentce par la figure ; el!e eft terminee dans le fond par k corps -de-logis , & de tous les aurres cotes par une enceinte de murs en demi-cercle. On y entend des echos finguliers. {V. PL I, Fig. I. d la fin de ce volume. ) cue eft I'enceinte de la cour dont H eft I'entree; ADB I'endroit ou fe placent ceux qui ecoutent. Celui qui chante fe met a I'endroit marque G , &C ayant le vifage tourne vers H , il parcourt en chantant I'efpace GF qui eft de to a iz pieds de longueur. Celui qui chante etant en G , I'echo s'entend en L, comme s'il y avoit plufieurs voix. Celui qui chante s'avangant vers E, ceux qui font en D, en- tendent I'echo comme s'ils'approchoic d'eux ; & la voix etant en E , ceuxqui font en D I'enrendent comme fielle etoit aleursoreilies & n'enrendent point la voix diredbe , tandis que celui qui chante s'entend Si n'entend point I'echo. Celui qui chante continuant de s'avancer vers F , I'echo femble s'eloigner de plus en plus au - dela de D. Lorfque la voix eft en F , wn ne Tentend plus en D , mais feulement en A comme fi I'on chantoit a gauche, & en B comme fi I'on chantoit adroite,& encore tres-foiblement. Q Extrait du Memoirc dc M. Sauveur. u A N D on entend accorder des orgues , & que deux tuyaux qui approchent de I'unilfon jouent enfemble , il y a certains inftans oii le fon commun qu'ils rendent eft plus fort, &C ces inftans femblent revenic dans des intervalles egaux : les organiftes ou fadlcurs difent alors que les tuyaux batttnt. M. Sauveur croit que ces battemensont lieu routes les fois que les vibrations des deux tuyaux , apres avoir ete feparees , viennent a fe reunir , & s'accordenc a frapper I'oreille d'un meme coup ordinaire de nos yeux , I'uvee qui fe refTerrc alors tire en dedans la circonfercnce dc la corn^e tranfparcnte a laquelle die tient par fon grand anneau mufculeux , ce qui augmcnce la convexit^ de cette membrane ^laftique & flexible , & par confequcnt rend la premiere r^fradion des rayons plus forte, & corapenfe leur tres-grandc diver- gence caufte par la proximit^ de robjec. Si au contraire nous regardons des objcts cloigncs au-dela de la portee dc nos yeux , dans ce cas les ligamens ciliaires qui fe contraflent, tirent, felon M. Jurin , les bords de la capfule , & prcflant vers la circonf^rence I'eau qui fe trouve entre cette enveloppe & le corps du cryftallin , dimi- nuent fon ^pailfeur ou plutot fa convexite , U compenfc Ic dcgre dc divergence qui manque aux rayous qui viennent de trop loin. A C A DIE M I Q U E. lop Si Ton prenoit deux tuyaux tels que les intervalles de kurs battemens ■■ ' . fulTcnt alfez grands pour ttre mcfurcs par les vibrations d'une pendule , Acad.Royale on fauroit exa(5tcment par la longueur de ce pendule, la durce de clia- nEs Sciences cune de fes vibrations , 8c par conlequenr celle de lintervalle dc deux de Paris. batttmens. On fauroit d'ailleuts par la nature de I'accord des tuyaux , com- SverLiUENT. bicn i'un feroit de vibrations, pendant que I'autre en feroit un nombre determine j & comnie ces deux nonibres feroient compris dans I'intcr- valle de deux battemenj dont on connoitroit la durce, on fauroit prc- cilcment combien chaque luyau feroit de vibrations pendant un certaiii temps , & par confequent ie nombre des vibrations qui apparticnt a chaque ton. ^l. Sauvcur prend pour fon fixe celui qui fera Too vibrations en une feconde (a) : il a trouve qu'un tuyau d'orgue d'environ cinq pieds ou- vetts rendroit ce fon fixe , Sc qu'un tuyau de 40 pieds rend le fon le plus grave qui puirte etre diftingue : 5: comma ce tuyau de 40 pieds eft huic fois plus long que celui de 5 qui fait 100 vibrations dans une feconde , il ne fera que ii i vibrations dans le meme temps. De meme fi le tuyau le plus court dont on puille diftinguer le fon , eft au tuyau dc 5 pieds comme i a 64, le fon le plus aigu fera en une feconde 6400 vibra- tions , & le rapport des vibrations du plus grave a celle du plus aigu , fera a-peu-pres comme I a ^12. M. Sauveur a trouve encore que le milieu d'une corde qui rendoit le fon fixe , & qui avoir fon diametre de i de ligne , parcouroit dans fes deniieres vibrations fenfibles ri' de ligne ce qui donne pres de 6 li- gnes pour 100 vibrations , & que dans les premieres elle parcouroit foixanre-douze fois plus de chemin , c'eft-a-dite 5 pieds par feconde. M. S. aremarque que quand deux tuyaux faifoient un tel accord, qu'ils re battoient que fix fois dans une feconde , on diftin"uoit ces batte- mensavec alFez de facilitc.... Ce font les dilfonances ; les accords au cou- traire dont on ne diftingue pas les battemens , font les confonances. Le mcme M. Sauveur a obfervc que ii une corde d'inftrumenc eft ten- due fur une table , & qu'un chevalet mobile qui coule fous cette corde foit arrctd fous quelqu'un de fes points , enforte qu'il n'empeche pas en- tieremcnt la communication des vibrations des deux parties de la corde les deux parties, quoiqu'incgales , rendent le mcme con & font le mc- me accord avec la corde entiere. Si I'obftacle eft au quart de la corde ce (a) C'ctoit une determination provifionnellc ; mais dans un Memoire pofthume im- prime en 1715 , M. S. a pri? le (on qui fait ij6 vibrations, fSe puiflance dc i,)pour ie (on fixe fondamental de I'oaave moyenne , chaque vibiation ctan: compo'fee de I'allee & du retour; enforce que les nembres 51a , 1014, 104S , &c. ( ^s:, loe, 1 ic, &c. puilfanccs de 1) forment les fons fondamenraux des i'- , if, 3c, &c. oflavcs fixes; & les nonibres 1 18, C4, 51, &c. (?=>«=, !=,&c, puillances dc 1.) des ire, ic, je.&c'. fous-oiflavc? fixes. Tous les fons polTibles font renfermes entre la ;e & la i ye od.i- vc ain(i ddterminee Les cordcs de fcr ou d"acier tirifcs a filiere font les plus suits pout faire les experiences des cordcs fonores. Ccllcs d'acicr calTcnc ctant tcndues par un poids iioco fois plus grand cue Ic poids dc 40 pouces de ces cordes : cellcs de c'.uvie jaune par ks ticis quarts dc ce poids, & cclk de cuivre rouffc p.ir les c-mi flouiicnus. no COLLECTION quarc Sc les autres I font entendre la double oftave aigue ; &: s'il eft au Acad. Roy Me "'^'^^ , au 5* au 6 c & de la corde; la partie plus longue de la corde , DES Sciences rendra toujours le ton de la partie la plus courte , qui fera dans les cas DE Paris. propofes , celui de la 5 ' , 5 "^ , 6 ' partie de la corde j fi au ?" > ce fera le SuppLi.iiENt. tO" '111 5 ' de la cotde j fi aux tV" , te fera le ton du 2.0 ' de la corde , Sc en general I'obftacle etant mis fous une partie aliquote ou non aliquote de la corde , la corde fe partagera toujours dans le nombre des parties marque par le denominateur de la fradion , lefquelles feront leurs vibra- tions routes egales entr'elles , entre aucant de noeuds ou points fixes & iinmobiles , ce qui a etc verifie pat les experiences de I'Academi-e, ( Annie 1701 j M. Sauveur a enccire remarque qu'urie 'corde de clavecin ^tnnt pincee , outPe le fon qu'elle rend , proportionne a fa longueur , a fa groiTeur & a fon degre de tention , fait encore entendre en meme terns a une oreille fine &C exercee , d'autres fons plus aigus, comme I'odtave , la douzieme , la double odave, la dix-feptieme, la dix-neuvieme dont les rapports font reprefentes par ces nombres i 7 , f, i, 1, « , &c. Ces fons harmoniques font donnes par la nature meme, &: quoique leuc generation ait ete jufqu' ici totalement inconnue , les muficiens les ont trouves , conduits pat leur oreille & par leur experience, au point que route la compofi- tion des orgues , roule furce principe qui n'etoit rien moins que developpe dans la tete desfadleurs & des organiftes. ( Annk lyoi, ) Sur les Jons des CyUndres folides , Par M. Carre. VfcUAND on voir des cordes d'inftrument pincees ou frappees , fremir dans route leur etendue , & qu'on entend que les fons qu'elles donnenr, fuivent de certaines proportions de leurs longueurs ; que pkarexemple , elles donnent I'oilave \ (1 ces longueurs font comme i a z la quinte , fi elles font comme 135, &c. il eft fort naturel de croire que les tons dipendenr des fremilfemens ou vibrations que font les cordes entieres dans toute leur longueur, & en efFet, la plupart des muficiens & meme des phyfi- ciensfont tombes dans cette penfee. Cependant M.Carre, apres avoir fort etudie cette matiere , eft perfuade que ce qui produit les fons immediate- ,ment, font les vibrations particulieres de routes les petites parties de la corde ou plus gcneralement du corps fonore , mifes en reltbrt les unes apres les autres par la premiere percullion , &c que les vibrations totales ne fetvent qua augmer.ter la force du fon ou faduree. Pour s'alTiirer de cette opinion , il a examine des corps fonores inca- pables de vibrations totales, comme des cylindres de bois , & il les a pris d'abord de bois de hetre , & enfuite de merifier , comme ayant plus de fon : il leur a trouve des tons ditTetens , felon les difFereates grandeurs , niais dans des proporcions bien diffetentes de cellcs dis cotJes. ACADEMIQUE. ll^ Afin que deux cylindres de bois pleins £< folides foient a I'oftave , il _____^„ faut que leurs folidites foient comme i & if, an- lieu que les longueurs de 7 71 ~ deox cordes , doiveiu etce comme i 8c i. Deux cylindres qui donnent desSciencps la quince font comme 8 & z? , & deax cordes comme i & j ; &: en ge- de Paris. ncral , afin que deux cylindres falTent «n accord determine , il faut SvrFiiMESiT. que Icurs folidites foient einr'elles comme les cubes des longueurs des cordes qui feroient ce mcme accord j ainii 1 on voic tout d'un coup , que ii deux cordes qui font comme 5 &: 4 font la qu.irte , deux cylindres qui feront comme 17 Sc 6+ la feront audi. Mais ce qui eft bien a remarqucr , il ne fufiir pas que les folidites de ces cylindres qui font I'ottave , la quinte , la quatte &:c , foient comme 1,8, zj , 64 , &;. Des cylindres de difFerentes proportions , c'eft-a-dire done la hauteur 6c le rayon de la bafe auront differens rapports , peu- vent avoir leurs folidites , par ex:mp!e , comme 1 a S , & tous ces cylin- dres-la pris deux a denx , ne teront pas I'odlave ; il n'y aura que les deux done les hauteurs & les rayons de la bafe , auront le reicme rapport de 1 i 2 y & qui par confequent feront femblables , puifqiie leurs hauteurs &: leurs rayons feront en meme proportion j il en va de mcme des cylindres qui font les 'aucres accords. Cette experience confirme bien la per.fce 011 eft M. Carre, que les vibrations des petites p'arties da corps fbnore , font la veritable caufe du fon : car cela fuppofe , il eft necelTaire qu'un cylindre frappe frcmilFrf, non-fealement felon toute fa l-ongueiir , mais encc)re felon tous les cercles- qui le compofent , & qu'il ait des vibrations rant circulaires que lon- gicudinales , en un mot qu'un corps folide en ait felon (cs trois dimenfions. iii la mture de I'ofbave eft telle qu'il fe doive faire deux vibrations d'uif cote , tandis qu'il ne s'en fait qu'une de I'autre , il f.uit , afin que deux cy-- lindres falTent cet accord , que I'un faflfe deux vibrations tant longitudinal les que circulaires, tandis que I'autre n'en fera qu'une de chaque efpece : & fi un cylindre moins long de moitie qu'un autre, emploie la moitie moins de cems a faire urre vibration longitudinals, il doitauflr avoir une" circonference , on ce qui revient au meme, un rayon la moitie moindre pour mettre la moitie moins d^tems a une vibration circulaire , & par confequent il faut que les deux rayons, aulli-bien que les longueurs ou hauteur's foient' dans \e nieme npparc dc r i i , Sz c'eft abfoiatneiTf fa mcme cho(* pour les autres accords. Par-la il'el! vifible que dieux cylindres' cjUf atiront la meme foli'dite , mais dirterens rapports de leur hauteur a leur rayon , feronr differens accords avec un meme cylindre , 6c c'eft auili ce que M. Carreatiouvi par un grand nombre d'experiences. Les cordes doivent ctre comprifes dans la theorie generale des cylin- dres, puifqu'elles en font elles-memes; maiscefont des cylindres donr le rayon eft prefque iflfitiiment petit par rapport a leur hauteur ou lon- gueur , &■ par confequent la bafe difparo'it dans les etfets fenfibles , & il n'eft p!us queftion que de la lonnuenr qui determine les accords. CrV peuc croire cepenJant qu'un- accor-J. de deivx cordes , fet&it encore plus I II COLLECTION DE Paris. SuffitjUENT. ■"■■■"—-'" jufte & plus patfaic , fi leiirs bafes fuivoient la proportion que dolvent Acad. RoYALE avoir celles de deux cylindres pour rendre le nieme accord. D£S Sciences M. Carre a enrore trouve que ies parallelipipedes , pour faire des accords , doivent etre femblables entr'eux comme les cylindres, & fem- blables felon les memes rapports. Mais qu'un cylindre de meme longueur qu'un parallelipipede , & done le diametre de la bale etoit egal a la dia- gonale de la b.ife du premier qui etoit un quarre , rendoit un fon plus ai- gu d'un ton etitier que le parallelipipede : ce qui vient apparemment de ce que les vibrations circulaires du cylindre fe font plus aifeoient & en moinsde temps que les vibrations quarrees du parallelipipede. Il feroit curieux de voir quels changemens de tons repondcnt aux chan- gemens de dimenfions , ou des cylindres ou des parallelpipedes, ou meme de quelques figures comme les coniques , & s'il y a dans ces varia- tions quelque fuite reguliere \ il faudroit audi eptouver des cylindres de metal , Sc de difFerens rnetaux, des tuyaux creux , aufll bien que des cylin- dres folides. M. Carre a deja fait quelques-unes de ces experiences, & en promet de nouvelles. [Annie 1709.) Obfcrvatlon d' Acoujllquc. Pi. l'o c c A s I o N du memoire de M. Carre , M. de la Hire fir remar- quer que quand on frappe un cylindre de bois fuccefllvement dans routes fes parties, (elon fa longueur , ilyatoujours vers fes deux bouts , deux endroits oii ie fon eft confiderablement amorci & piefque eteint ; il n'importe de quelles dimenfions foit le cylindre : ce font comme deux foyers non de reunion & d'augmentation de force , mais de diflipation & d'afFoiblilTement. HYDRAUI.IQUE. Experiences & Obfcrvations fur ks mouvemens des Eaux , &c. J-J E u X vafes cylindriques de meme hauteur , &: de largeur differente , dont le fond eft perce d'ouvertures egales,mais petites relativement a la bafe , 8c que Ton encrecient toujouis pleins d'eau , en rendent une cgale quantite , en temps egaux. 2°. II n'importe en quel endrolt le fond eft percc. j'.La furface de I'eau qui s'ecoule d'un vaiffeau cylindrique defcend en des parties egales de temps par des efpaces inegaux , qui font dans un ordr» renverie , les mimes que parcout: un corps pefant par (a chute acceleree. [Annec iCj(j8. ) I ACAD^MIQUE. nj Que Ton fiifTe tourner de I'eaudans un vailTeau qui ait le fond plat, ^^^^^^^^^^ aprcs y avoir mis quelques parcelles de maciere un peo. plus psfanre que Acad. Rovai.e I'eau ; on verra qu'au coinmencemenc ces petits corps Hoccant dans I'eau , "^^ n'^"^^' uiivronc ion mouvement circulaire lans sapprocher du cenrre : mais li- c ^ tot qu lis commenceroiu a toucher au tond , & que par-la leurniou- vemen: circulaire fera interrompu ou diminue , iis iron: vers Ic centre par des lignes fpirales & s'y amaircront. Si I'on met dans le vailTeau un corps qui , artcte entte deux filets , ne puilTe fuivre le mouvement circulaire , & qu'ayant fait tourner quel- jue temps le vailTeau , on i'arrete fubitement , I'eau confervera encore on mouvement circulaire , 8c le corps, empcche dele fuivre, ira droit au centre Sc y reftera. L'experience fe fera mieux encore fi le corps eft de mS- nie pefanteur que I'eau. ( Annie i66<). ) Une chiite d'eau fe faifant librement par une ouverture egale a la bafe , s'accelere comme celle.d'une pierre dans I'air , & dans ce cas I'eau ne jaillic qu'cnviron a la moiti-i de la hauteur dont elle eft defcendue. Dans un tuyau recourbc , s'il y a un robinet entre les deux branches qui ait etc ferme pendant qu'on en a rempli une d'eau , on voit , lorf- qu'on vient a I'ouvrir , que I'e.iu qui monte dans la feconde branche , mon- te d'abord plus haut qua le niveau, redefcend enfuite plus has, & ne s'y fixe enlin qa'apres plulisurs balancemens pareils a cenx d'un pendule qu'on a tire de fa ligne perpendiculaire , lefquels on ne peut guere attri- buer qu'a I'accelcration dans les lieux cas. Que Ton encretienne un tuyau toujours plein d'eau , I'ouverture etanc cgale a la bafe, & qu'on prenne garde que I'eau y tombe doucemenr, 1 eau ne jaillira prefqiie point a la forcie faute d'accelcration. Celt la prellion qui fait les jets d'eau, il faut done nedonnerau tuyau qu'une ouverture tort petite relativemenr a la bafe , mais ii petite que le grand frottement du jet contre les parois, ou fa trop grande divifion en petites gouttes , ne nuisit trop .a I'elevation. L'alt etant prelTe par des poids , fort d'un tuyau avec des viteftes qui font comme les racines quarrces de ces poids , &: fes eiforts a fa furtie font comme ces poids. Pour que I'air eleve le mcme poids que I'eau, il faut qu'il aille iif fois pUi= vire que I'eau, felon Ivl. Hughens, & 23 a i^ fois felon M. Mariotte. De I'eau qui coule avec la vitelTe d'un pied en une feconde , & qui frappe diredlement un plan quarre d'un pied, le frappe avec une force de 44 1 on- ces ; & fair coulant avec la vitelTe de ;o pieds en une feconde , qui eft celle d'un vent nvMiocre , frappe un pied quarre avec la force de 3 (J onces. .Aux environs de Bologne & de Modene, pour avoir des jets d'eau, meme des puits les plus profonds, on creufe la terre jufqu'a ce qu'elle pa- roilTe gonliee par la force de I'eau qui coule & qui poulTe par dcllous : alors on plonge dans le fol une efpece de longue tariere , laquelle t'tant retiree , I'eau fort avec impetuofitej & non-feulement remplit les puits entiers , mais arrofe encore par fa depsnfe continuelle , les campagnes qui en font voi- ' fin.'s. Peur-ctreces eaux viennent-cllcs par ces caiiaux fouterreins du haut de r.Appennin qui n'eft qu'a Jix milles. Tome III , Funk Frangoifc, P 114 COLLECTION ' Dans la BaffeAutriche, qui ell environnee des monragncs de la Styrie, Acad. Roy ALE '^s habitans fe fervent de la mane manoeuvre pour faire venir I'eau dans PES Sciences leurs puics. [Annee i(J<5y) DE 1 ARis. On a trouve par plufieurs experiences qn'un refervoir de i 2 pieds de ovFtLtMEUT, liauf ^ donne par un ajutage de j lignes de diametre , 14 pinres en une minute , c'eft-a dire un ponce d'eau kiivant le langage ordinaire dont on fe fert en cette matiere. Cela fere a determiner la depenfe de tout autre jet done on connoit la hauteur du refervoir & le diametre de I'ajutage j car la depenfe eft toujours en raifon compofee de la racine quarree de la hauteur & du quarre du diametre de I'ajutage. Pour eviter les frotte- tnens,il faut que les diametres des tuyaux & mcme des ajutages, foient comme les racmes quarrees des viteires. L'cpailfeur des tuyaux doit etre en raifon compofee de leur diametre & de la hanteur du refervoir. La refiltance de I'airell en raifoii doublce de la hauteur des jets. ( Arnee i6-/ii) Dans les experiences faites feparement , les plus grandes ouvertures des ajutages dcpenfenc plus. Lorfque les ouvertures difFerentes font au me- me fond de refervoir , les petites donnent plus a proportion que les grandes. M. Mariotte ayant rempli d'eau un tuyau de 100 pieds foude a un tambour de plomb d'un pied de circonference , & dont les feuilles avoienc 1 i lignes d'epailfeur , le poids de I'eau fit elever les deux platines du tam- bour , & leur donna un pouce & plus de convexite , (ans que rien fe rompit. M. M. fit enfuite limer le tambour vers fon milieu , pour dimi- nuer fon epaideur , & lorfqu'elle fut venue a un peu moiiis d'une ligne , le plomb s'enfla en cec endroit , & il s'y fit une fente de trois pouces de longueur par 011 route I'eau s'ccoula. [Annie :6Si. ) M. Caflini expliqua comment les Ferrarois nvoient detourne la ri- viere de Rene qui venoit chez eux , jufqu'a 7 milles au-dela, & I'avoient- enfuite fait venir a Ferrare par un autre chemin , quoiqu'il n'y ait en tout que 5 pieds de pente. ' M. de la Hire trouva que I'eau de la Seine depuis les \iinimcs jufqu'a Paffy , n'avoit que 10 pouces de pente fur loootoifes. Sa vitefle , lorfqu'elle eft la plus balfe , fut trouvce de 100 toifes en 5 minutes. Dans un canal de 10 toifes de long, 1 { pouce de largcui & autant de profondeur , la quantite d'eau qui y entroit etant egale a celle qui en for- toit, elle prit 4 lignes de pente fur les 10 toifes, lorfqu'elle etoit four- nie par une ajutage d'un pouce ; & feulement une ligne etant foutnie pat une ajutage d'un demi-pouce. ( Annie 1(585. ) On a reconnu par des experiences faites avec foin qu'un corps qui nage dans une eau trnnquille , etant tite par un poids donne avec une vjtelfe donnee , fera tiie avec une vjtelfe double par un poids quadruple du pre- cedent \ enforte que les vitelfes font comme ks tacincs quarrees des poids. La quantite de I'eau qui s'ecoule par une ouverture horizontale re(flan- gle , eft a la quantite d'eau qui s'ecoule pir une ouverture egale cc fembfa- b!e , mais verticale , la hauteur etant la mcme , comme 592. La quantite d'eau qui s'ecoulcra en 24 heures pnr un trou rond & ver- A C A:D^ t M I Q U E. "5 Acad. Royals rES ScuNCf.s DE Taris. ileal, i'wn poucc de diamstre , fait dans une lame d'uii tiers de linge d'epaiireiir, la faperficie de cette eau etaiu abfolument tranquille, Sc ne selevaiit que d'lina ligne au-defTus du trou , fera de 6^ {a. 65 t tonneaux. Si I'eaueft iin pen plus balfe , enforce que le petit rebord clcvc qui termine fa (urtace ne foit que d'une ligne au-delFus du trou, fans cependant que SutfLt/uEUT. la poufliere jettee lur cette eau puifTe fortir par le trou, il ne partera que 6j T tonneaux en 24 heures j & il n'en patfera que 59 a 60 , fi on adapte au trou exterieur un tuyau de 1 5 lignts de diamecre & de 5 t pouces de long. Dans un tube AB, dont le diametre etoic de 6 pouces & la longueur de mille toifes, dont les extremitcs cuvettes A & B etoient bien de ni- veau , puifque I'eau tranquille fe cenoit dans I'une & dans I'autre au bord de leut ouvettute, on mit cette eau en mouvement en en foutnif- fant continuellenient pat rexttemite B la quantite de 6 pouces , & pour que toute cette eau s'ecoulat a mefute pat I'autt e exttemite A , il failur percet le tuyau en C, 5 pouces au-dellous de A. ( V.Fi. II , Fig. I ', a La fin dect Vol.j Dan; les travaux qu'on a enttepris pour conduite des eaux a VerfaiU les , & qui furent diriges par M. Picart , on a remarque que I'eau de I'etang de Trape etant lach:e avec une charge de ttois pieds , employa quatte heutes de temps a faite 4000 toifes de chemin avec 3 pieds de pente. On a ttouve par des experiences faites a Verfailles, qu'un tuyau de plomb de id pouces de diametre & de 6f lignes d'epailfeur, furtit pour une co- lonne d'eau de 50 pieds de hauteut , d'oii Ton peut titer repailTeur re- quife pout les tuyaux de difFcrens diametres & de difFerentes hauteurs, par cette analogie. Soient D d les diamettes , H h les hauteurs, Ee les epailleurs , on aura toujouts D H : d h : E' : : e ' Pij llff COLLECTION AcAD.RoTALE DEs Sciences DE Paris. SuffLi/liSHI. Experiences fur la hauteur 6" F amplitude dc la projcclion dun jet de Mcrairc. Par M. R o E M E R. X-i E fel vertical etanc de 170 lif^nes, la hauteur des jets inclines a ete determince par le calcul & par I'obfervation de la maniere fuivante : Angles di la direilion . ^mpUtude caUuUe. Amplitude obfervte. Corrcfpondance au-dejfus dt 4^**. I dc^rcs. yPo" ■:• io''B- 10 . . . M • • 5 •• 15 . . . 11 . . 6 .. 15 . . . 34 • 6 . . 35 ■ • • 41 . ■ 3 •• 45 . . . 45 • 0 . . 55 . . . 41 . 5 .. (J5 . . . 34 • 6 . . 75 . . . 21 . 6 . . 80 . . . M • 5 • • 85 . . . 7 • . 10 . . 90 . . . 0 . 0 . . 8 f «"'• \6 . . Z3 . . 55 • • 45 • • 44 • • 42 . . 35 • ■ 22 . . 15 . . 7 • • o . . 6 . . 9 • • 6 . , o . , 9 • ■ o . , o . 4. 2 . 15 . . 22 . . 35 • • 42 . . 2 . . 4.. o . . o . . Hauteur Hauteur caUuite. ohfervce. 2 '<& 4'i6- 8 . . 9 • • 18 . . 21 . . 48 .. 51 . . 89 . . 94 . . 155 . . 140 . . 181 . . 187 . . 222 . - 116 . . 252 . . 254 . . 161. . . 2(5l . . 2.62, . . 2^9 . . 270 . . 270 . . Dans ces experiences on a fait les remarques fuivanres. I. Le filet ou petit cylindre de mercure etoit beaucoup plus gros que le trou par oii il fortoit, meme lorfque la diretTtion etoit indinee a Tho- rizon. II. Dans les jets fort obliques , comme de 45 , 50, 55 degres , le fi- let fe feparoit non en forme d'aigrette on de pinceau , roais en large dans iin plan vertical. III. Le jet vertical du mercure ne s'eleve pas plus pres que I'eau de la hauteur de fon refervoir : ici il etoit plus bas de 18 lignes fur deux pieds , quoique le diametre du tuyaa fut tres grand relativement a celui de I'ouverture. Maintenatit en comparant les refultats du calcul avec ceux de I'ob- fervation, on remarquera, 1*. Que les direflicns au-dellous de 45 de- ACADtMlQUE. 117 gres , donnent des amplitudes plus grandes que leurs corrcfpondantes au-de(Tus de 45 degres. i". Que les diredions au-delTus de 45 degres donnent des refultats plus conformes au calcul. j"*. Que les amplitudes s'accorderont mieux entr'clies Sc avec le cal-
    ar heure ; & celle d'un cheval , moindre qu'une puiffance continuelle de 60 livres, faifant une lieue par heure. ( jinnee 1699. ) M. de la Hire ayant mis fur une- table de bois non polie plufieurs mor- cfeaux de bois qui ne I'ctoient pas non plus , dont les grandeurs etoient inegales , &: qu'il avoit charges de forte qu'ils pefoient tous egalement, vit que pout commencer a les faire couler fur cette table , par le moyen d'un poids qui leu* cegk awach^ & qui patlott far une poutie , il falioic a tous le meme poids ; & il croit que cette proportion des poids a lieu dins les frottemens , lorfqu'il s'agit de taire plier des parties Hexibles ou de defengrener des parties dures \ au lieu cfue s'il s'agiffoit de rompre des parties roides , il penfe que c'eft la proportion des furfaces qui nura lieu-, mais alors le ftottement (era variable a proportion da nombre des patties roides qui fe briferont , S>c ces parties etant fuppofees coniques, plus le . poids fera grand, plus la bafe des cones rompus fera graiide & plus il faudroit de force pour les rompre , & dans ce cas la pioportion des poids auroit lieu ainfi que celle des furfaces. Acad. Roy ALE DES Sciences DE Paris. tSujPPii.«EWT» 114 COLLECTION " La refinance caufee par les frottemens eft a-peu-prcs k meme dans le- AcAD.RoYALE cuivre , le plomb , le fer , le bois , en quelque maniere qu'on les varie j DBS Sciences lorfque ces matieres font enduites de vieux oing , 8c cecte rcfiftance eft •de Paris. apeu-pres le tiers de la preflion : ces rcfiftances font entr'elles en raifon SussLtjiiEHT, compofee des poids ou preflions des parties qui frottent , des terns & des vitelTes de leurs mouvemens. ( Annet KJpp. ) Ta b le contcnant le refultat de pluficurs Experiences fakes fur la roideur des cordes. Poids dont i ^il'4'^nce des Rififtance au- Amour d'un Cordes pardUles ^f^" ""'""' T'S"" ^-^''T ^■^''"'^'f ^' ' ^ ^ Crojfeurs des etoiemchaTzdes. ''■"JV'"'*^* dre d un pouce de pouce de diame- Cordes. ° ■ jpoucedediam. diametre. tre. 4} onces ^ . . j lignes. loliv 40 . 60 . 10 , 20 . 60 . 40 ^9 1 1 4 onces. 38 38 . 9c once 60 . . 30 . 60 . 40 . 20 . 30 . 20 . 10 . 2 X 3 2 I J 2 I 3' 1 1 ( Anneei6c)c).) Q Sur les Frottemens. _ u E Ton ait a mouvoir I'un fur Tautre deux corps ayanr des furfaces raboteufes, la difficulte de ce mouvement ne pent venir que de ce qu'il faut fouleyer le premier pour degager fes parties engrainees dans celles du fecond , ou de ce qu'il faut brifer & ufer les parties de Tun centre celle? de I'autre , ou de tous les deux enfeaible. A C A D 6 M I Q U E. laj Dans le premier cas, la feule diflficultc de foulcver I'un des deux corps -... fait telle du mouvemenr , Sc par confequent Ic frottement ne vient que « o J, J J •j bouts , a foutenu dans fon milieu 5 1 livres avant fa rupture. Un quatrieme tout egal au premier, pofe & tire de meme, mais d'lin chene plus dur, a foutenu 51 livres. Un cinquieme, tout egal au fecond , pofe & tire de meme , mais de meme bois que le precedent , a foutenu 91 livres. Un fixieme de lapin moyennement dur , tout egal au premier , pofe & arrete de meme , a foutenu 57 livres avaiit de fe rompre, & apres s'etre beaucoup plus courbe que ceux de chene. Un feptieme de fapin , pareil au precedent & egal en tout au fecoxid , pofe & tire de meme , a foutenu au milieu Ci livres avant la rupture. Un huitiema en tout egal au troifieme , pofe &C tire de meme , 6c de meme bois queries deux precedens , a foutenu 106 livres. Dans les foli4es retenuspar un bout, la courbuf.e. qu'ils prennefit aecour- cit le levier defa.45 '"^ partie eaviton , & dans. ce;iix qi^i fojpt retenus pat les deux bouts , elle Taccourcit d'environ 6^ ""^' Un neuvieme parallelipipede de chene fort dur & fee , de 3 lignes un tiers d'epaiffeur , 13 7 lignes de largeur & fix pouces &c demi de lon- geur , retenu par un bout fur le plat , etant tire perpendiculairement , a foutenu avant defe rompre 381 livres. A C A D 6 M I Q U E. 117 Un dixieme bien moins dur , de 41 lignes d^fpbiflTeur , fur 5 t 3e large & dix pouces de long, pofc fur le plat , & tire perpendiculaiteinent par Acad.Royale le milieu , etant pofe fur fes deux bouts , a foucenu 25 livres. D£s Sciences Un onzicme de mtme bois que le precedent , de 47 lignes d'epaifTeur , de Paris. 5 T dc i.irgeur , & 14 pouces de longueur , pofc fur deux appuis a plat &c Surn-tUEjix. horizonralement , a foutenu a fon milieu 18 7 livres. Un douzieme de mcme bors , large & epais d'un ponce 8c long de deux pieds, pofe fur deux appuis de niveau, & tire a plomb , a foutenu 300 livres julteavancde fe rompre. Un treizieme de mcme bois de 14 pouces de longueur, 57 Hgnesd'epaif- feur, & de 47 lignes de largeur , foutenu fur le chan &: pofe fur deux appuis , a fuppottc 25 livres. Un quatorzieme de chene tendre de m^me longueur , ayant 6 lignes d'epaifTeur, Sc 5 lignes de largeur , foutenu de chan &c tire de mcme, a foutenu 57 T livres. Un quinzieme de mcme matiere & Idiigueur ayant 47 lignes d'cpaiflfeur &: 5 T lignes de largeur, pofe fur le plat, a foutenu iz livres en fon milieu. Un feizieme de mcme matiere & longueur, de 5 t lignes d'epaideur , 6 de 4 5 de largeur , foutenu & tir6 comme les pTecedens , a footenu 17 i livres dans fon milieu avant de fe rompre. En comparant les experiences faites fur le fapin , on tronve qu'ua modele de ce bois pireil i ceiui de la doiizieme experience , devroit foutenir 358 livres , en fuppofaut que les refinances proportionnelles font entr'elles comme les produits des quarrcs de leurs hauteurs par leurs largeurs , ce qui donne le rapport de la force moyenne du fapin & du chciie comme . - Le premier extrait rcfineux produific par le vomiflement des effbrts ' encore plus violens que ne fait la racine meme , avec peu ou point d'altric- /.CAD RoYALE tio„_ Le fecond extraic qui ne concenoit que les parties falines , fans me- DE. Sciences j^^gg jg partie rcfinenfe , poufla confiderabkment par les urines, purgea DE ARis. moderement avec peu ou point de naufees, ^ptoduifit enfin I'effct fpe- cifique de I'ipecacuanha, qui eft de gueric la dyllenterie. Cette experience a ete repetee pluileurs fois, & toujours iieureufement. ( Annie 1701. ) La fcammonee eft ie fuc laiteux d'une plante de nieme nom que ron faitepaiftir & delfecher aux rayons dufoleil. La meilleure eft celle qui de- coule d'elle-meme j celle qu'on exprime eft beaucoup moins bonne , & celle que Ton melange avec d'aucres fucs laiteux eft la plus mauvaife de toutes. En diftillant ce mixte a la maniere ordinaire , M. Boulduc a remarque que les difterentes parties effentielles s'en feparenc fort difficilement j qu'il contient peu d'efprit acide, peu d'urineux & de fel fixe, tnais beaucoup '.plus de patties huileufes : il n'a pu en tirer de fleurs par la fublimacion. De quatre onces dilfoutes dans I'efprit de vin , il en a tire trois onces , foit par la precipitation , foit par I'cvaporation a feu lent. L'eau qui avoit ete employee pour la precipitation n'avoit aucune vertu purgative , & n'a rien lailfe apres 1 evaporation qui en a ete faite. M. Boulduc a tire par le moyen de l'eau un extrait des parties rerreftres fur lefquelles I'efprit de vin n'avoit pu mordre \ cet extrait a plus poulfe par les urines que par les felles. Il a tire par le moyen de l'eau & des triturations reitcrees , de deux onces de bonne fcammonee, fix dragmes d'extrait laiteux fans refine &c du refidu une once de refine par I'efprit de vin. Par le vinaigre diftille il a tire detrx onces deux dragmes d'extraix de quatre onces de bonne fcam- monee , & du refidu une once , deux dragmes de refine par I'efprit de vin. Deux onces de fel de tartre fondu dans fuffifante quantite d'eau , ont diffbut quatre onces de fcammonee ; il s'eft trouve apres I'evaporation cinq onces deux dragmes d'extrait alTez folide , & les parties ter»eftres n'ont rien donne par aucun diflblvant : I'extrait eft un purgatif doux de 24 a 48 grains. Trois livres fix onces d'une decoftlon claire de huit onces de bonne re- glide feche , ont tire par le moyen d'une chaleur douce & de la trituration , trois onces fix dragmes d'extrait de quatre onces de bonne fcammonee , lequel extrait en contenoit deux onces de celui de la fcammonee , done le refidu ne pefoit que douze dragmes. ( Annie lyoz. ) Analyfc de r Urine de vachc. Par M. I, E M E R Y. v-» E T T E urine eft ordinairement un peu trouble , depofant un peu de matiere quand on la laifle repofer , fe corrompanc aifement : fa couleur eft jaune A C A D 6 M r Q U E. T19 jaune ou citrine ; fon oJeur eft fade , un peu diflFcreiite de celle ties autros urines, & ay.uu bien dii rspport a celle de la fiente ou bouze de vaclv- , ;^cad.Royai.b mais moins forte ; on y diftingiie mcme que^ue chofe qui approche un ^^s Sciences pcu de I'odeiir du laic de I'animal iiouvellement circ : fon gour eft un pcu de Paris. amer, fale & acre, principalement quand I'urine vienc d'une vaclie qui SueitLtHEHi- a cte nourrie dans la ville. On trouve a la campagne des vaches done I'ufine nouvellemcnc rendue n'cft qu'un peu amere , fans qu'il y paroille de falure: maisfi I'on la garde qiielques lieures, elle devieiit falee & acre. L'urine de vache fcnnciite avec les acides ; ce qui fait voir que le fel qu'elle contient eft alkili. J'ai mis en diftillation dans des cucurbites de verrefeiiC livres, ou luiit pintes d'urine de vache qu'on m'avoit apportce de la campagne , & qui avoir etc rendue depuis deux jours, ellc etoic claire, jaun.acre d'un odeur ordinaire, d'un goiic amer & fale avcc un peu d'acrdcc. J'ai fait boire a un malade deux verrees de l'urine diftillee , elle a purge un peu , mais beaucoup moins que l'urine qui n'a point ete diftillee. Cette qualite purgative venoic apparemmenc d'une portion de fel vo- latil que I'eau avoit enlcvee avec elle, car elle etoit un peu falee. J'ai continue la diftillation de I'urine ; j'en ai tire en la maniere ordinaire beaucoup de fel volatil &: d'huile , tous deux tr^spenctrans , & qui none en rien diftere du fel volatil & de I'huile qu'on tire de I'urine de 1 homme. II eft rerte au fond du vaiflfeau une malfe feche rarefiee , noire , pefanc quatre onces , d'un goi^it amer & f.ilc : je I'ai mife calciner a feu ouvert dans un pot qui n'etoit point vernillc ; elle s'eft allumee, elle a jettc des fumees & fa couleur eft devenue grife blanchatre ; j'en ai tire par la kftlve trois onces Si deux dragmes & demie d'un fel fixe prive d'odeur , bl.inc , acre Sc ailcati II pent fervir comme les autres fels fixes a exciter l'urine , fi Ton en prend demi-dragme ou deux fcrupules a la dofe. J'ai fait fecher les cendres reftees apres rextradlion du fel ; j'en ai eu trois dragmes & dix liuit-grains : elles font grifes fans odeur ni faveur j je les ai fait toucher au couteau aimante &c meme a la pierre d'aimanc , mais il ne s'y eft fair aucune attradion. J'ai expcrimente par occafion fi I'aimant attireroit quelque chofe de la come de cerf cakmee, de I'ivoire brfile , du crane humain calcine , des OS ordinaires briles , des coquilles d'huitres calcinees , Sc des cendres de plufieurs autres parties d'animaux , je n'y ai apper^u aucune attraiftion ni jonClion. [Annie 1707.) Sur la nature du Fen IVl . G E o F F R o I voulanc prouver la generation auificielle du far , difoic que de quelque maniere qu'on s'y prk pour tirer du fer d<. I'argille, on y en trouvoit toujours infiiiiment rnoins que quand on I'avoic mclce avec riuule de lin ; d'ou il concluoit que ce melange produifoic du fer. M. Lemeri le fils , qui foutenoit la preexiftence du fer, nioit la confc- quence de M. GeofFroi , par la raifon que le fer qui fe montre par I'addi- Tome III , Panic Francolfi, R 15© COLLECTION Acad. RoYALE DES Sciences DE Paris. tion de I'huile de lin , peut fort bien avoir ete {implement developpe Si non produit dans I'argille par ce melange , & il appiiyoit cette poflibilite par des fairs. Tout ce que I'aimant attire eft fer ; c'etoit un principere9u, (ou fi Ton veut 5 convenu ) entre les deux partis : mais il ne s'enfuivoit point , felon M. Lemery , que tout ce que I'aimant n'attire pas , ne foit point fer. Le fer peut fe trouver en tel etat qu'il ne foit plus ou prefque plus attire par i'aimant : pour le prouver , M. Lemery die qu'ayant verfe un acide fur une certaine quantite de limaille de fer , il lui fit perdre la propricte d'etre attiree par I'aimant : ayant enfuite divife cette limaille en deux portions cgales j a I'une defquelles il ajouta de I'huile de lin , & les ayant mifes routes deux fur un meme feu , qui etoit mediocre , &c pendant un meme temps , la portion oil il y avoit de I'huile de lin devint noire , & reprit fa propriete magnetique , tandis que I'autre en refta prefque entieremenc privee , & route rougeatre ; il a fallu un grand feu de fonte pour la rendre femblable a la premiere. Ici I'huile de lin ne fervoit qu'a faire reparoitre un fer deguife , & M. Lemery foutenoit qu'elle ne produifoit pas un autre eftet , etant combinee avec I'argille, fans compter ce qu'elle pouvoit four- nir de fer de fon propre fond. D'ailleurs M. Lemery produifoit une mine de fer fort riche , d< qui contenoit bcaucoup moins de parties attirables au couteau aimante que d'autres mines fortpauvres. Le ter peut done etre en grande quantire dans quelque matiere quoique fort enveloppe , & ne fe decouvrir que par les operations auxquelles on le foumet ; & celles que Ton fait pour titer ce metal de fa mine , font parfaitement femblables a celles qui fervent a le titer de I'argille. On y ajoute un fondant fulfureux qui produir deux efFets en meme temps ; il fuimonte la difficulce naturelle qu'a le fer a fe mettre en fufion , & il le degage des matieres etrangcres qui le renoienc embarralTe. Les Chymiftes conviennent que Ton tire des plantes les principaux fels mineraux , le fel marin , le nitre , le vitriol , & il fuflfit a AI. Lemery que ce foit en forme de vitriol que le fer monre dans les plantes. Mais com- ment ne fe rend-il pas fenfible au gout & a la vue dans les fucs & dans les huiles qu'on tire des plantes ? car on fait par experience qu'un grain de vitriol qui ne contient pas une quatrieme parrie de fer, etant diJlous dans 12 pintes d'eau , c'eft-a-dire une parcelle de fer melee avec 884756 par- celles d'eau qui lui font egales , leur donne un peu de gout , Sc les teint d'un rouge Icger , lorfqu'on y vetfe de la folution de noix de galles. W. Lemery repondoit a cette objecfcion par I'experience fuivante : il avoit mis de la folution de vitriol dans trois verres , a chacun defquels il avoit ajoute un acide different ; la noix de galle, en quelque quantite qu'il I'eut mile , n'avoit fait aucun effet fur aucun des trois melanges, au-lieu qu'elle en eiit fait un tres- prompt &: ttcs-ma'nifelle fur la folution de vitriol ii elle eut cce fans melange. Pour prouver que le fer eft dans les plantes comme 9.1ns le vitriol , M. Lemery remarquoit que ni le vitrei, ni les plantes fimplement de/Techees ne donnent de fer attirable par I'aimant , parce que dans ces deux ecas , A C A D 6 M I Q U E. M' les pores du fer fonc bouch^F^^*"^1 Rij 'J» COLLECTION Acad. RoYALE , DEs Sciences DE Paris. =^- An.u 17x0. EXTRAIT D'UNE DISSERTATION LATINE DE M. JEAN SCHEUCHZER. Correfpondant de TAcademie , SUK LES PIERRES FIGUREES. i_i E s carrieres des environs de Paris ont a difFerenres profondeurs iet .lies quelquefois a(Tez epais , de differences efpeces de coquillages forte- ment lies enfemble par de la terre ou du fable. Quand ces coquillages one conferve leur fubllance ou leur confiftance naturelle , ils ne meiirent pas encore le nom de pierres figurees , ce n'eft propremenc que quand ils fonc perrifies > & mieux encore quand apres avoir fervi de moule a une matiere moUe ou fluide qui les a enticremenc remplis , & s'eft durcie enfuite , leur fubftance a ere abfolumenc detruice par le terns , & qu'il ne refte que cette muiere petrifiee qui reprefente tres-exadtement leur figure inte- rieure. Alors rout ce que Ton voir n'eft vericablement qu'une pierre figu- ree , & Ton ne peuc s'affurer que quelque partie d'animat ait contribue a. la formation de cette pierre que par I'exadte conformice des figures. M. Scheuchzer ajoute qu'autour de ces pierres il y a roujours dans la carriere unefpace vuide, qui eft precifement celui qui remplilloit le coquiliage. Il peut fe trouver des pierres figurees dont I'analogue nous foic prefen- temeiit inconnu, foit que les coquillages qui les one formees ne fe trou- venc plus dans nos mers ou qii'ils nous echappenc, ou enfin que quelques efpeces de coquillages aienr peri ; mais pour employer cette idee un peu hardie , il faut appercevoir dans une pierre des rr.Tces alTez fenfibles de cette forte de formation : audi ne s'en fert-on pas jijfqu'a prefent pour expjiquer la pierre c]ue Clulius a nommee numifmale ; on croyoic qu'elle ne fe trou/oit qu'en Hongrie & en Tranfilvanie, mais M. Scheuchzer I'a recrouvee en SuifTe , & encore en plus grande quantite en Picardie aux environs de Noyon. Certe pierre qui a tire fon nom de fa figure reffem- ble pourtant moins a une mcdaille ou a une piece de monnoie qu'a un verre convexe des deux totes , mais plus eleve au milieu que ne demande la coutbure fpherique. Sqs deux moitics convexes fe feparent facilement, & quelquefois fe trouvent naturellement fcparees : alors on voir dans la pierre des tours de fpirale comme ceux d'une corde roulee autour d'elle- meme : ces rours font lies par des efpeces de petlts filamens qui s'eten- dent obliquement vers la circonference. La furface exterieure de la pierre eft quelquefois polie , mais le plus fouvent elle eft herilfee de perits points dont dilierentes fuites font des efpeces de cannelures itregulieres. La gene- A C A D E M I Q U E. ijj ration de ces Torres de pierres , fi Ton ne pent jamais les fonpgonner d'avoir j n etc moultes , rcduira pcut-ecre les Pliylkicns a riiypoiiielc 'i^'s des biiKrons Sc des pstites forets tres-agreables : celles-la DES Sciences a force de reprefenter , ne reprcfentent lien ; & en efFet , a les examiner BE Paris. tantfoit pen , on voir que ces arbresou builTons, ne rellemblent a aucune Annii 17 lo. p'ante vericable. Us font mcme quelquefois accompagnes de petits cha- teaux ou de figures qui en variant le tableau , le metccnt au rang des jeax de la nature. M. Schciichzer entreprend d'expliquer ce qu'il y a de pliy- , fojue dans ces jeux , c'eftidire , comment certains fucs qui exudoienc des pores d'un pierre a rhefure qu'elle. fe formoit , ont pu fe repandre entre deux des couches qui la coinpofoient , & y tracer certaines reprefentations a-peu-pres regulieres auxquelles enfuite notre imagination picte quelque- fois un p£u dc ce qui lent manque. II a mcme rendu fon explication fen- lible aux yeux par I'experience route femblable de deux plaques de marbre poli' qtj'il frotte I'une centre ['autre , aprcs avoir mis de I'huile entre-deux : cetre Uivile s'y repand de maniere qu'elle forme des troncs & des branches. M. Scheuchzer compte encore entre les monumens du deluge, un gros tronc d'atbre , qu'il fait qui eft couche fur le fommet du mont Stella la plus haute de toutes les montagnes des Alpes. II a tente deux fois d'aller le voir de fes propres yeux quoique les plus determines chalTeurs n'aient jamais ere la qu'avec crainte , mais les neiges ont ete un obftacle invincible a fon deflfein. Selon fon eftime , ce tronc eft eleve de 4 milles pieds au- defflis dtl lieu le plus eleve de ces montagnes , 011 il croifte naturellement des arbres, car parte un certaine hauteur il n'en croit plus , d'oii I'auteut conclut que ce tronc d'arbre y a ete tranfporte pat les eaux. OBSERVATIONS DIVERSES. M. Sur h Vtmis dts Indcs. [. de la Hire a apptis par un mcmoire que lui a envoyc de Pondiclieri le P. Tachard en 1709 , que le vernis de I'lnde , lequel n'eft pas beau comme celui de la Chine ou du Japon , fe fait avec une gomme de cou- leur d'ambte blanc ou de karabe , qu'on fait fondte dans un quart d'huile de lin. Sxir une Huile du Malabar. J-Ly a a la cote de Coromandel un arbre affez femblable a nos chenes ," qui porte une efpece de gland dont on tire de I'huile comme I'huile d'olive. Les Malabars s'en fervent dans leurs alimens , &c les Europeens s'y accoutument fans beaucoup de peine : les Malabars I'emploient aufli a bruler dans la lampe Sc a teindre leurs toiles ACADEMIQUE. i3f Sur ks mouvcmcns exterieurs dcs Plantes. J-'ES mouvemens intcrienrs des plantes font: ceiix qui font leur vegeta- tion ; les yeux ne les apper^oivenc point , & la raifon a bien de la peine a en faite plus que les yeux : mais les nioiivemens exterieurs , ceux , par exemple , qui font que les plantes pouflent toujouis leur tige verticalc- ment , qu'elles fe tournentdu cote du grand air; que leurs flcurs s'ouvrenc ou fe ferment en cevtaines circonftances , &i font vifiblcs , Sc cependant peu obferves, ou s'ils Ic font , les caufcs en font peu connues , peut-etre parcc que ces mouvemens exterieurs tiennent trop aux intcrieurs. M. Parent a entrepris de donner une idee generale de la mechanique qui les produic , en ne fuppofant que ce qui eft recu de tout le monde fur la ve- getation. Quand le (uc nourricier eft arrive a Textremite d'une tige naiftante , fi Ton con^oit qu'il s'cvapore, la pefanteur de Fair qui I'environne de tous cotes le fera :nontcr verticalement ; & s'il ne s'evapore point , mais quil fe congele, Sc demeure attache a cette extrcmitc par oii iletoit prctafor- tir , la mCine pefanteur de I'air ne lailPera pas de lui donner li meme di- reiftion , de forte que Li tige aura acquis une nouvelle partie fort petite pofee verticalemenr. II arrive alors la mime chofe a peupres que dans une chandelle , qui quoiqu'elle flit pofee obliquement a I'horizon , auroic toujours fa tlamme verticale par la prelTion de I'air. Le5 nouvelles gouttes de fuc qui fuivront cette premiere , prendront la mcme direction , SC comme routes enfemble elles forment la tige , elles la rendront dune ver- ticale , a moins que quelques circonftances particulieres ne la dctournenc un peu. II :f.c| ■ A regard des br.inches, que Ton pent fuppofer' qui forreiK lar^rale- ment de la tige dans le premier embryon dc la pi.inte , quand meme elles tn fortiroient alors dans une direftion horizontaie , elles fe releveroient cli haut , par la direction perpetuelle da fuc nourricier, qui d'abord ne trou- veroit aucune tefiftance dans une tresrpetite branche fort fouple-, & en- fuite, quoique la branche devinc plus ferme en croilfant , agiroit avec plus d'avantage , parce que cette mcme branche plus longue feroir pour lui uii plus long bras de levier. La foible action d une petite goutte de fiio devient trcs-puilfante ..S: par fa continuitc , Ik par le fccoursde ces' cir- conftances favorables. ^On lait auHi que fi une aiguille mife de niveau fur un pivot, Vient a etre aiman;ee , elle s'incline aulli-'tot du cote du pole ardique , & on en attribue la caufe a ee que la matiere magnetique qui fort de notre lumifphere feptentrional , va de bas en haut, & commenqant a enfiler I'aiguille aimantee , lui fait prendre fa direttion , Sc par confcquent, la faic pancher vers le pole , par rapport auque! elle tft dirigee de bas en haut , comme le cours de la mariere mngnetique. M. Patent pretend que par la mtme raifon les fucs de la terre , qui vont de bas en haut enfilet une racine naiilante , la font , pout ainfi dire , paachet en bas ^ AcAD.RoYALE DES Sciences DE Paris. jinnee 1710. i5(J COLLECTION ■ I'obligenr a fe diriger di.\ cote de la terre , & c'eft en efFe: dans cette AcAD.RoYALE ficuation qu'elle a plus de facilite a les lecvoir. On peut ajouter a touc DEs Sciences celace que die M. de la Hire fui la diredlion des tiges & des racines des BE 1 ARis. plantes dans les memoires de 1708. Anrui 1710, Si la predion de I'air fur une plante eft inegale, elle determiner! les fucs a fe porter dii cote oii elle fera la moindre , & a tourncr de ce cote - U les branches 011 la tige meme. Ainli une plante enferm^e ou dans une chambre dont la fenetre ell: ouverte , ou dans une cave , fe tournera d'elle- meme du cote de la fenetre ou du foupirail , comme fi elle cherchoit le plus grand air , & cela en eftet parce que ce plus grand air eft plus dilate , & fait une moindre preffion j de meme les arbres en efpalier femblent fuir la muraille. 11 faut bien remarquer que routes ces idces n'ont lieu que pour les jeu- nes plantes , & qui croilfent encore : ce n'eft qu'en ce terns la qu'elles lone en etat d'obeir au mouvem-^nt des fucs, qui leur donnent un pli a mefute qu'ils les forment ; & ce n'eft pas feulement a leurs fucs njurriciers que M. Parent donne ce pouvoir, mais encore a d'autres corjufcules tout- a-fait etrangers qui cependant penetrent les plantes : ce font ceux de la matiere magnetique. II a ete dit dans Tliiftoire de 170J que M. Parent attribiie a la diredion de leur cours le fens determine & prefque toujours le meme dont fe tournent tons les corps qui fe tournent , comme les coqiiilles & les tiges ou les fleurs , ou les goulFes de certaines ef.eces de plantes. II y ajoute prefentement les plantes foibles qui ont befoin de s'entortiller autour d'autres plus fermes ; telles font les difFerens cnn- volvulus , les feves , le houblon , &c. Get entortillement fe fait dans prefque routes ces efpeces de gauche a droite en montant, &c c'eft la le fens qui regne generalement dans tous les corps tournes que nous obfer- vons. La mariere magnetique par une a6tion legere , mais continuelle, a la meme force fur les plantes que les fucs nournciers. Que I'heliotrope , les foucis , les martagons , la fcabieufe argentee , la difJitale , &c. fuivent le foleil , c'eft-d-dire fe panchent toujours vers lui ; il eft evident que cela vient en general d'un plus grand dellechement des parties tournees de ce c6te-la , a quoi il faut qu'il fe joigne quelques cir- conftances particuiieres comme la moilelfe de la plante , & le poids des feuilles ou des fleurs. Les parties que I'ardeur du foleil a delFechees 8c afFoiblies par une trop grandc ttanfpiration des fucs, I'humidite de la nuit, ou meme quelquefois ia feule abfence des rayons du foleil les doit reta- blir dans leur premier etat. Ce raifonnement a lieu pour une caufe telle que le foleil, qui agit plus d'un cote de la plante que de I'autre ; mais non pas pour une caufe qui embrafteroit egalement route la plante; telle eft I'humidite de la nuit qui fait que certaines fleurs, comme celles de tous les convolvulus , d'une efpcce d'ornithogale , Sic. fe ferment ; & qu'au contraire celles des belles de-nuit 6c de I'arbre- trille s'c'panouillcnt. Pour cesphenomenes, qui quoiqu'oppofes en apparence , reviennent au meme , il faut avoir recours a I'incgilite des p.irties de la plante , plus ou moins extenfibles d'un cote que de I'autre. On peuc imaginer dans les plantes des tuyaiix flexibles , creux & comme cylindriques, CY A C A D f M I Q U E. 157 cylinJrlqacs , qui mnt remplis i! ■ .1 fluide, quel qu'il foit, fe gonflciu, & s'accourciHent neceirairemunc. Si cuelquos-iins de ces tuyaiix font noucs ^';'^^<,^"J"*t^ &c relfcrrcs d efpace en efpace , lis s accourciront beaucoup plus que ceux p^ Paris. done toute la cavite feroit cgalemein libre , parce qu'ils ftront fubdivifcs j^^^^ i , ic. en aucant de petits tuyaux plus courts , done chacun s accourcira autant qu'auroic fait le tuyau entier. Outre ks tuyaux creux , qui font ou des fibres ligneufes , ou les interlHces de a^ fibres, on eft perfiiadc quil y a dans les plantes des utruules , ou petits f.ics difpofes & arranges le long dfs fibres ligneufes auxqutlies ils font attaclics : il faut les concevoir coni- me faifant un; colonne ; quand un Huide les gonfle la colone s'alonge , & elL> s'accourcit quand ils font vuides j c'eft le concrahe des tuyaux. Voila felon M. l>. les principes de 1,> ditfcrente extenfibilite des parties des plan- tes ; nous n'en ferons point l\.pplication qui eft facile, car on eft alFez le niaitre de placer ou Ton veut en plus grande ou en moiiidre quantite les tuyaux Si les difFerens utricules : le meilleur microfcope ne peut guere retrancher de cette liberte. Quelquefois, ce qui peuc furprendre d'abord , & parokre s'accorder mal avec ce qui vient d'etre dit , la mctne partie d'une plante eft exten- fible en deux fens contraires , q loique la difpofition des tuyaux & des utricules ne puilTe pas changer ; ainfi quand la fleur de la couronne-im- periale s'epanouit , fon pedicule fe courbe tout- a -fait en -dehors, &: quand la H.nir eft palfee , il fe rccourbe en-dedans. Mais la ftrufture de ce pedicule ayant cte etablie par rapport a la premiere courbure qui fe fait dans le terns de la fleur , une moindre quantite de fuc qui apresce terns- la le gonfie moms d'un certain cote qu'elle ne faifoit auparav.ant , fuffit pour faire entendre la courbure contraire. Les mouvemens des fenficives meriteroienc prefque un traite a parr. Des qu'elLs font touchees ou par un vent un peu fort, ou par la pluie, ou par la grele, ou par le bout dun baton , &c. elles plient leurs feuilles en-deirus , &C en appliquent exadement les deux moities I'une contre I'autrc : il y en a meme une efp.ce qui faic encore^lus ; elle abat enticremenc fes branches contre fon tronc , & alors un pedicule qui attache les bran- ches au ttonc , tH 1'aris. '' fans la retoutner, &c d'l utres ne toucherent point du tout a une partie de ^nnee 1710. leur bled. \ Le bled dont on avoir coupe I'herbe, & dent la terre n'avoit point etc retournee, poiilTa en 1710, & fut de 10 cm li jours plus avancc que les autres bleds de 17 10 feme's vers la faint-Mar-tin 170^ j il fut moins fore & porta moins de grain , mais un grain plus gros & meilleur pour les bou- langers. Le bled auquel on n'avoit point touchefut fort beau en 1 7 1 o , & meme quelquefois plus beau que celui qui avoit cte feme en automnt J 709 : 1'un Sc I'autrc de ces deux cas ont ete verifies en dilferens lieux. On volt par-la que du moins en ce pays-ci, il faut que le bled pafle ua hiver en terre. I I. A cette occafion M. Homberg a dit que fi on etete des piantes annuelles avant qu'elles portent leur graine , elles la portent I'annee fuivante & que c'eft un moyen siir de les rendre vivaces. I I I. M. Carre ecrivit d'une campagne ou il etoit, qu'il y avoir vu dubled qu'on appelle bled de Mars, parce qu'on ne le feme qu'en ce mois-la, 8C dont par cette raifon les laboureurs devroient avoir provifion en cas d'un malheur comme celui de I'hiver de 1-09. Il faut etre connoilfeur pour le diftinguer d'avec le froment : I'epia des barbes 6c eft alTez court ; il eft nean- moins fort different d'un autre bled qu'on nomme Barbu , il refifte mieux que le fromen: a I'effbrt des vents comme M. C. atteftoit I'avoir vu lui- meme : il fait d'aulfi bon pain que le fromenr ; cette efpece n'a pas befoin de paffer un hiver en terre. I V. M. Jaugeon a dit qu'il avoit vu deux pieds d'arbre afTez eloignes Tun de I'autre pat le bas, qui fe font enfuite unis en un feul trsnc jufqu'a n'avoir <}u'une ecorce commune. Si) 14© COLLECTION ''de^'soe^nce" ^olci la continuation des ol^fcrvationsjur la pluic , fur h thcrmo- BE Paris. metre (5* fur le baromctrc , qucj'ai Jaites comme ks annees prccc- Atuiic 1710. dcntcs , dans le memt lieu & o-vec les mimes injlrumens. Lafomme de I'eau de toute I'annie ijog,eJldez6i-, lignes ou Z I pouces 9 ~ lignes ce qui eji un peu plus que les annees moyennes qu'on a determinees a ig jours [a). Par M. D E LA Hire, P lES trois mois d'Avril, Mai & Juin one donne prefqu'autant d'eau que les neuf iutres mois de I'annce, & c'eft ce qui arrive ordinairement dans les mois de Juin, Juillet & Aoijt; aufli les mars qu'on a femes fore card ont rapporte beaucoiip. La grande quantite de neige qui eft tombee pen- dant I'hiver a peut-etre contribue a la fertilite de laterre, & fi le froment & le feigle n'euflencpas ece geles jufques dans la racine , cette annee auroit cte foit abondance. Le thermomerre dent je me fersipour mefurer la chaleur & le.froid , efl: le meme que j'ai conferve depuis 40 ans environ ; mais comme il a ere place en differentes expoficions du ciel , excepte depuis 15 annees, on ne peut pas fcire une comparaifon bien exadle des piemieres obfervations avec les dernieres. Cependant ces obfervations etant toujours faites a la pointe du jour oii I'air eft le plus froid, on en peuc condure aftez exadte- rnent tout ce qu'on peut connoitre par le moyen de cet inftrument. Je re- marquerai feulemenc que le jugement que nous faifons ordinairement du froid , depend de pluficurs circonftances particulieres, comme du vent , de riiumidite , de I'air , de la chaleur ou du froid des jours precedens , de I'ex- pofition des lieax oii Ton eft & de la conftitution des corps, ce qui peut I'alterer coniiderablement; c'eft pourquoi il fera toujours plu sur de s'en rapporter an thermomerre. Le froid du commencement de cette annee a ete exceftif & accompagne de beaucoup de neige, car mon thermomerre eft defcendu jufqu'a cmq parties le 1 3 & le 14 de Janvier j & les jours fnivans etant un peu remonte, il revint a 6 parties le 20 & le 11 35 heures {, mais enfuite le froid dimi- nua peu a peu. Ce grand froid a ete fort fenfible , car le 4 de ce mois de Janvier ce thermomerre etoit a 41 parties, etat fort proche du moyen que j'ai determine a 48 ; \s 6 il defcendit a 30 , le 7 a zz , le 10 a 9, & enfin le 1 5 a 5 j c'eft fans doute ce changement fubit qui a paru fi extraordinaire. Ce grand froid eft furveim fans aucun vent confidera- ble, ou par un vent tres foible vers le Sud ; lorfque le vent augmen- toit & tournoit vers le Nord , le froid diminuoit. Ce vent du Sud fi froid indiquoit ce qui eft effedlvement arrive dans les pays meridionaux a notre egard , ou la mcr s'eft gelee en queiques lieux de la cote de Pro- (a) V. les tables des obfeivations dc la quantite dc I'eau tombee a Paris & ailleurs , Coll. Acad. part. Etrangere, torn. VI, pag. 584 & fuiv. & une table des dedinaifons de raimant ci-defl'us , pag. ii , & dans k meme torn, VI , pag. loS. I A C A D fe M I Q U E. 141 vence, &C ou la pluparc des arbres fruitiers font morts aufii-bien que dans » ce p.iysci. Acad.Royale Je n'avois point encore obferve que ce ihermometre fut defcendu des Sciences aufli bas que cecte annee j je trouve fealemenc dans mes regiftres que le °^ ^ aris. 6 icvrier i<>95 , le thermomeue etoit defcendu a 7 parties dans le me- ■Atnic ijio. me lieu on il eft a prcfent : le froid de cet hiver-la qui avoit cotn- inencc en 16^^, a ete regardc comme un des plus grands qu'il ait fait depuis long-tems; mais on voir qu'il n'tft pas comparable a ceiui de cecce annce. J'ai encore obferve quelquefois ce thermometre a 13 par- ties , mais alPez rarement. L'hiver de cette annee a dure fort long-terns , car le 1 j Mars il ge- loit encore tres-fort, le thermometre ctant a 14 parties, la gelee com- men^ant quand il eft a }i. On trouve dans I'hiftoire de France de Mczerai , que l'hiver de I'an- nee itfoS fut trcs-long Sc trcsrude , & que la plupart des jeunes arbres furent geles; cepenuant cette annce-Ia qu'on appelle I'annee du grand hiver , fut fort abondante. Il paroit que l'hiver dernier a etc encore plus rude , a en juger par la perte des arbres & des grains. Le thermometre a ete au plus haut a 6} parties le 1 1 Aout a 4 heures f du matin , Sc apr^s midi vers les trois heures 375 parties. Dans I'etat moyen il eft a 4S au fond des caves de I'Obfetvatoire. La chaleur de cette annee a ete bien moindre que celle de 1707, ou le thermometre etoit monte a prcs de 70 parties le 2 i Juillet au matin , Sc apres midi a 8z, le plus haut point ou il ait ete dans ce pays-ci, fans ctre expofe au foieil. Pour comparer les obfervations de mon thermometre avec celles qu'on auroit faites fur celui de M. Amontons , dont il y en a eu beaucoup de diftribues dans plulieurs endroits, j'en ai place un qu'il avoit fait avec grand foin a cote de celui dont je me fers ordinairement. On fait que dans tous les thermometres de M. Amontons, le 5^^ degre ou 54 pouces marque la temperature de I'air des caves de rObfcrvatoire , comme dans le mien le ^S"^ degre. J'ai done obferve que lorfque le thermometre de M. Amontons etoit a 55 pouces 8 lignes, le mien etoit a 63 parties, en forte que 15 parties du mien repondoient a 10 lignes de celui de A-L Amontons Mais lorfque le mien a marque dans le mois de Decembre 18 parties, celui de M. Amontons marquoit 51 pouces 6 lignes , ce qui donne dans le mien 10 parties au-deffous de I'etat moyen, & dans celui de M. Amont^ns 30 parties, ce qui eft un rapport bien different du pre- mier , & qui peut ttre caufe par I'inegalite de I'interieur des tuyaux ; & comme celui de M. Amontons eft fort petit <5<: le mien mediocre, je croi- rois que I'inegalite pourroit etre plus grande dans celui de M. Amontons que dans le mien. Cependant on peut connoitre par-la qu'on ne fauroic avoir rien de fort exatft dans la comparaifon des thermometres en diiferens pays & pour un meme terns ; a moius que les tliermometres n'aient etc rec- tifies I'un fur I'autre dans toutes fortes de degres de chaleur & de froid , & je crois qu'il ne fera pas poflible d'en trouver deux egaux , c'ell-a-dire 14* COLLECTION — done des dcgres egaux dans la divifion repondenc a des degres dgaiix de AcAD.RoYALn chaleuc ou de froid. Di;S Sciences p^^j. ^.g ^^[ g(j ^jg ^^^y, barometre, il eft toujours place a la hauteur de '^' la crande faile de I'Obfervatoire; je I'ai crouve au plus liaiu a 28 pouces A.'uiii 1710. 5 l!c'nes|Ie 19 Janvier avec calme & le Cicl ferein, ce qui etoit vers le tems du plus s;ran(l froid , & le 31 Decembre il croit a iS pouc. 5 lig. j avec un tres-rros brouillard , & calme. Il a cte audi pludcurs tois au-dcl,i des 28 pouces avec des vents dift.rens , niais qui p.ucicipoient plutot du Nord que du Sud, & toujours lans pluie. .'"ai obkrvc cc baromttre au plus bas a 16 pouces 7 lignes 4- avec fore Sud &c pluie mediocre, le 16 Decem- bre. La difference entre la plus grande & la moindre hauteur du baro- metre a done etc d'un pouce 8 lignes qui eft un peu plus que la diffe- rence mediocre qu'on obferve ici c|ui eft d'un pouce 6 lignes. Cet inf- trua-isnt a etc allez exadt a prcdire la pluie 6i le beau cems fuivant \i fen- liment commun. Compara'ifon des Obfcrvatlons fakes a VOhfcrvato'ire fur la pluie & les vents , avec celles que M. le Marquis de Pont— B riant a faites dans Jon Chateau pres Saint-Malo , pendant I'annie 1705. Par M. D E LA Hire. I L eft tombe moins d'eau au Pont-Brianc qu'a Paris, ce qui eft extraor- dinaire j car nous avions remarque les annees precedentes qu'il pluc beau- coup moins ici que dans ce pays la qui eft fur le bord de la mer : il eft vrai que pendant I'ete, il y a eu plus d'orages a Paris qu'au Pont Brianr. On voir , par le Memoire de M. de P., que la forte gelee a commence quelques jours plutoc dans ce lieu-la qu'a Paris ; mais il y a neige dans le memetems avec un vent Nord-Oueft. A Paris il ne faifoic prefque pas de vent & il etoit vers le Sud. Le mois de Janvier lui a donne 33 lignes y d'eau, & a Paris feulement 21 lignes {. Le Memoire porte que la forte gelee avoit diminue a la fin de Janvier Sc recommence en Fevrier, Sc que la nait du ij au 14 elle fut auffi forte que depuis le 6 jufqu'au 18 de Janvier. A Paris elle recommenca aufili en Fevrier a-peu-pres dans le mcme temps , mais elle fut bien moindre qu'en Janvier. Il ajoute auflS que le's vents etoienc Nord-Oueft tres-violens : a Paris le vent etoit Sud &c tres-foible. l! dit enfin que le froid n'a pas ete fi grand chez lui que dans le milieu de la Bretagne ; ce qu'on peuc attribuer a la proximite de la mer done les vapeurs humides abiorbenc une partie du grand froid , comme toutes les experiences nous le font connoitre ; car pendant la forte gelee Pair eft extrememenc fee, Sc aufTi tot qu'il devient hiimide il dcgele. Je lemar- querai encore ici que j'ai vu en 1679 dans le jardin du Roi a Breft , des ananas tres-beaux en pleine lerre, 8c je crqis qu'ils y avoieni palle Thiver j A C A D jfe M I Q U E. MJ peut-ctre aufTi que Ic terrein maritime contribuoit a cela , car je ne crois ^^^^ Roya« pas qu'on puilTe les clever dans ce pays ci. j,j5 Sciences En Decembre , nous avons eu ici pendant la nuit du 15 au i(S une de Paris. efpece d'ouragan. Annec 1710 En general , tons les vents de I'annee font un pen differens au Pont- ' Bciand & a Paris ; alTez fouvent ils tiennent plus du Nord an Pont-Briand qu'd Paris , ce qui pourroit ctre caufc par la dirtdion de la Manche & par routes les cotes de lAllemagne , da Dannemarck &c de la Norvege , piin- cipalement quand les vents viennent entre le Nord & I'Oueft. Comparaifon de mes Ohfcrvations avcc ccUcs de M. Scheuch^er fur la pluie ^ fur la conjlkution de I'air pendant I'annec 1709 , a Zurich en Suijje. Par Af. D E L A H I R E. IVi. Scheuchzer m'a envoye les obfervations qu'il a faites fur la quantite d'eau de pluie qui eft tombce a Zuric en Suilfe, ou il a demeure pendant I'annee 1709 ; d'ou Ton voit que les premiers fix mois lui ont donne lyi { lignes d'eau mefure de Paris, & les derniers 208 lignes , ce qui fait en tout jpof lignes , ou 51 ponces 6 lignes ^ j m3.\s a iaris il n'eii eft tombe que 21 pouces 9 lignes & 7. Il ajoute que ceite annee lui a fourni i pouce 10 lignes plus que la precedente. On voit par la comparaifon de ces obfervations qu'il pleut beaucoup plus en Suifie qu'a Paris. J'avois deja remarouc par les obfervations de la pluie a Lyon qu'il y pleuvoit bien plus qu'a Paris, ce que j'attribuois au Toifinage des niontajnes de SuiHe \ ainfi ma conjecture fe trouve confirmee par ces dernieres obfervations : car on ne peut pas dourer que les vapeuvs qui font foutenues en I'air dans un pays plat , & qui fe crouvent beau- coup au-de(Tous des hautes montagnes , lorfqu'elles viennent a les rencon- trer ne s'y arretent & ne s'y condenfent en forme de neige dans un terns froid , ce qui doit produire beaucoup plus d'eau , ctant poulfces par les vents contre ces rochers , que dans les lieux oii ellej ne s'arretent point ; & fi I'air eft alfez chaud pour empccher ces vapeurs de fe geler , elles s'y amaftent enfemble ou y tombent en pluie , outre que les neiges qui le fondent alors , &c dont une partie s'eleve aufll en vapeurs , y caufent des pluies trc'S-abondantes. Les obfervations de M. Scheuchzer fur les augmentations ou diminu- tions de la riviere de la Limage , fui vent naturellement celles de la pluie & de la fonte des neiges dajis les faifons oil cela arrive. La plus grande hauteur du mercure du barometre chez lui a ere de i(J pouces 10 lignes { le i 9 Janvier , & la plus balTe de 26 pouces le 20 & le 28 Fcvrier ; par confcquent la difference n'a etc que de 10 lignes f comme dans I'annee lyoS. Ce qu'il y a de confrdtrable ici, c'eft que men ba- romctie a cte audi au plus hauc le mane jour jp Janvier, a i8 pouces 144 COLLECTION - 3 ligiies I avec calme : ainfi la difference eft de 17 lignes ; & fi Ton vou'.oic Acad. RoYALE conclure de-la ladiffeience des hauteurs de lieux ou ces obfervations one ete "de Pari"' faites, en comptant pour une ligne de certe difference 12 toifes 5 pieds , J , comma je I'ai determine dans ces quartiers-ci , on diroit que le lieu oii ' ' M. Scheuchzer a obierve , eft plus banc que le milieu de l\)bfervatoire , ou eft mon barometre , de 211 toiles f. Mais les differentes hauteurs aux- quelles nous voyons qu'un mcme mercure fe foutienc dans differens tuyaux, quoique dans un mtme lieu, lailTent quelqu'incertitude lur cette conclu- fion. l^our ce qui eft de la moindre hauteur du baiometre de M. Scheuchzer , qui etoit a z6 pouces le 10 & iS Fcvrier , elle ne s'accorde pas tout-a-faic avec les miennes dans les memes jours ; car le 18 Fevricr j'avois 17 pouces 1 lignes avec un vent mediocre. He par confequent la difference de nos batometres feia ce jour-l.i de 14 lignes, au lieu de 17 que j'ai trouvees dans la p'us grande hauteur : peut etre que I'heure de nos obfervations n'eft pas la meme, & que le vent peut aulli y apporter du changement. M. Scheuchzer ne marque pas ces circonftances : mais le 20 Fevrier le mien ecoit a 16 pouces 10 lignes au lever du foleil avec un vent fort ; ainh la difference ne feroit que de 10 lignes, au lieu de 140U 15 que donnent les autres obfervations , & le mien feroit plus bas qu'il ne devroic de 4. a 5 lignes. Ce n'eft pas audi dans ces jours-la que mon barometre a ete au plus bas , car je I'ai obferve le 1 6 Dccembre a 26 pouces 7 lignes [ , avec un vent fort de Sud ; ainfi le mercure du barometre auroit des chan- gemens bien plus grands a Paris qu'.i Zuric en Suiffe. II me femble qu'on pourroit atcribuer ces forres d'inegalites a des caufes particulieres ; car il n'eft pas vraifemblable qu'elles puiircnt dependre des hauteurs differentes de I'atmofphere , ce qui en fait la pefanteur dans des lieux peu eloignes les uns des autres. Ne pourroiton pas croire que lorfqu'il fait un grand vent & qu'il y a beaucoup de nuages & principalement dans les mon- tagnes , comme en Suiffe , I9 vent comprimeroit & condenferoit I'air ren- ferme entre la furface de la terre , les rochers & ces nuages , enforte qu'il feroit alofs une bien plus forte impreilion fur le mercure du barometre , que s'il n'y avoir point de vent ? Mais comme il eft rare que dans ces fortes de lieux oil il y a beaucoup d'eau , il n'y ait ni vent ni nuage , auffi le mercure du barometre s'y foutiendra-t il par ces caufes prelque toujours plus hauc que dans les plaines. E Experiences de I'effet du vent fur le Thermometrc. Par At. C A s s I N I le Fiis. NTRE diverfes obfervations phyfiques que M. I'Abbe Teinturier , Archiuiacre de Verdan , m'a envoyees depuis fon rerour de Paris 3 il a remarque que lorfqu'on excite du vent centre un thermomette avec un fouftlct, la liqueur qui y eft enfermee augmente de hauteur, ce qui lui paroit contraire a rimpreflion que le vent fait fur nous qui paroit y exciter un fentiment de froid. Pour A C A D It M I Q U E. 145 Pour examiner fi le mcme effet arrive a nos thermometres , j'ai ap- ■ pliqiie un foufflec ordinaire a un tliermometre renfcrmc dans une cham- AcAu.RoyALE bre, qui dans les caves de I'Obfcrvatoire fe tienc a la haureur de 50 cts Sciences degres, & qui ccoit alors a la hiureur de 5 1 degres, c'eft-i-dire deux de 1'aris. degres au dslTus du tempcrc , & qu'aprcs avoir foufflc contre la boule Annie 1710. pendanr 7 ou S minutes, le tliermometre eft monte d'un degrc. J'ai rcitcrc quelques jours apres la mcme experience, le tliermometre etoit a la hau- teur de 46 degres, iSc il eft monte aufli d'un degre pendant le mane inrervalle de tems. Je me fuis fervi d'un tliermometre de M. Amontons, que j'ai appliqu^ an foyer d'une for^e 011 il y a plufieurs annees qu'on n'a fait de feu. Ce tliermometre eft monte de prcs d'une lii;ne dans I'efpace de fix minutes que j'ai fouftle contre le tliermometre. Enfin j'ai mis le menie tliermo- metre au foyer de la forge oii je I'ai laifte pendant I'efpace de tiois heu- res ou environ ; je I'ai enfuite retire pour voir la hauteur oii il etoit , que j'ai marquee de 53 pouces z lig. j ; j'ai foufflc contre ce thermomerre pen- dant I'efpace de 5 minutes , & I'ayant retire je I'ai trouve a la hauteur de ?; pouc. 4 lig. \, c'eft-a-dire une ligne .' -r plus haut. Je I'ai resiis aufti-tot, & apres avoir fouffle pendant I'efpace de 5 minutes, je I'ai trou- ve a la hauteur de yj pouc. 5 lig. 7. Ayant entin fouffli pendant 5 autres jTiinutes , il eft monte a la hauteur de 5 5 pouc. 5 lig. ~ \ enforte que dans I'efpace d'un qriart d'lieure le thermometre eft monte de plus de 5 lignes. On pent apporter pour raifon de cette experience que tout mouvement produit de la chaleur, & qu'ainfi I'air exiite avec violence acquiert quel- que degre de chaleur, quoiqu'en etFet il paroilTe nous caufer un fenti- ment de froid a caufe que les particules d'air poufTces avec violence s'ap- pliquent avec plus de force &: en plus grande quantite contre notre corps qui eft plus chaud que I'air que nous refpirons. Experiences fur les Thermometres. Par M. D E LA Hire le Fils. JVloN pere avoir obferve autrefois qu'ayant couvert de neige la boule d'un tliermometre a efprit de vin expofe a fair, mais non pas au vent, I'efprit de vin ii'avoit pas change de hauteur dans le tuyau , & qu'enfuite ayant foufflc fortement avec un foufflet contre cette neige , I'efprit de fin etoit toujours demeure a la mcme hauteur, d'oii Ton pouvoit ce fcmble conclure que la temperance de I'air qui agit fur I'efprit de vin , n'y pou- voit caufer aucune alteration y etant fortemenr poulfe ; cependant il x paru le contraire par une experience rapportee a Tacademie par M. Caf- fini le fils: c'eft pour decouvrir la raifon de cet effet contraire , que nous avons refait I'experience qu'il a rapportee , mais dans differentes circonftances , & fur quatre thermometres, dont ttois a efprit de vin, & un a air de fvl. Amontons. Twui III ) fariie Fran^oifc. ^ T AcAD.ROYALE DES Sciences DE Paris. Annie 1 7 1 o. i4(J. COLLECTION Le 17 Novembre 1710 , vers les 1 1 heures du matin , nous foufflames fof- tement avec un fouftlet centre la boule d'un thetmometre a efprit de vin , expofe depuis un grand nombre d'annees dans la tour orientale de I'Ob- fervatoire , laqu-Ue eft decouveite , enforte cju'il y eft a Tabii du vent j I'efprit de vin qui etoit a 35 parties dans le tuyau, ce qui marque un air un peu plus chaud que le commencement de la gelee , car lorfqu'il eft a 51 il commence a geler a la campagne, ne monta pas fenfible- ment dans le tuyau : nous avons pris la precaution avant de nous fervir du fouftlet , de le mettre pendant deux heures dans le meme endroic oil etoit le thermonietre \ de peur que 1« fouftlet n'echautFat ou ne refroi- dit I'air qui y entreroit , &c que cet air venant enfuite a rencontrer la boule du thermomtcre , ne fit monter ou defcendre la liqueur felon la temperature qu'il auroit acquife dans le fouftlet , independamment de I'effet du vent qu'il s'agilloit d'examlner : cette precaution n'etoit pas inutile , car aufli - rot apres I'experience rapportee ci-dilTus, nous fouf- flames avec le meme (oufflet contre la boule d'un autre thermometre renferme dans le cabinet de mon pere , 011 I'air etoit beaucoup plus chaud que I'air exterieur 011 le fL'afflet avoit ete expofe , ik. aufli-tot la liqueur defcendit d'environ une demi-ligne, puis elle remonta a la meme hau- teur a-peu-pres , quoique Ton continuat de fouffler. Nous avons fait encore une autre experience fur un des tjiermome- tres a air , que M. Amontons avoit faite d'abcrd pour I'experience de la chaleiir de I'eau bouillante : la boule qui eft au-bas du petit tuyau re- courbe eft fort grofte , elle a dans fa partie interieure adez de mercure pour fournir a la dilatation de I'air de la boule qui le fait elever dans le tuyau , lequel eft ouvert par le hauc , & a environ quatre pieds de hauteur , enforte que I'air n'eutre point dans le tuyau. Le tj Novembre 17 10 fur les quatre heures apres- midi , le termome- tre & le fouftlet etant reftes dans le meme lieu plus de cinq heures , nous marquames exaftement la hauteur du mercure dans le petit tuyau , apre« quoi nous foufflames pendant trois minutes contre la bou'e qui eft remplic dair, lequel etoit comprime par 15 pouces de mercure , & nousne remar- quames aucun changement de liauteur au mercure qui etoit dans le tuyau. Le lendemain i8 fur le dix heures du matin , nous reiterames la pre- miere experience fur le thermometre qui eft dans la tour orientale , & I'efprit de vin ne monta point fenfiblement. Proche de ce thermometre, il yen avoit un autre a efprit de vin dont la boule etoit plus petite , £c le ruyau fort delie; nous lotames , nous le mimes dans un lieu a cote qui eft ferme & oil il y avoit un fouftlet double : apres I'y avoir laidc trois ou quatre heures , nous foufflames contre l.i boule de ce iecond ther- mometre pendant fept minutes , avec le foufflet double, & Tefprit de vin monta de trois lignes dans le tuyau. Nous primes enfuite le thermometre a air de M. Amontons qui ^toic depuis long-tems dans ce meme lieu , & nous foufflames avec le foufflet double contre la boule pendant fept minutes & le mercure monta auffi de trois lignes ; a la verite nous ctions trois ou quatre perfonnes , & quoi- qu'iiu peu eloigncs du tbermome[r& pendant I'experience , nous foupc^on- A C A D E M I Q U E. 147 names que nous ponvions avoir caufc quelqiie legere augmentation dans ■ " la chikur de I'air, &c par confeqiient avoir un ptu contiibaca I'clcva- Acad.Royale tion dii merciire ; c'eft pourquoi nous laidames les thermometres I'un des Sciences profile de I'autre pendant deux ou trois hemes , Sc enfuite avec un fouf- de Paris. flee ordinaire , nous fouftlanies pendant tiuis minutes contre chacune des J„„' boules de ces deux tlierinometres 5 I'efprit de vin 6i le mercure qui ctoient ledefcendus a la hauteur ou ils ctoient avant la prccedente experience , remonterent chacun environ d'une ligns, mais celui a efprit de vin un peu moins que I'autre. Nous craignimes encore que cette difference ne vint de ce que nous avions commence par le thermometre a efprit de vin , & que le foufflet ne fe fiit cchaurte dans nos mains, c'eft poutquoi nous les lailFames dans la mcme pofition Ik le foufflet proche d'eux , (5c fur les fix heures du foir nous foufflames encore pendant trois minutes centre chacune de ces deux boules , en commen^ant par celui a efpric de vin qui monta peu ; mais celui a air ne monta point du tout. Enfuite avec le mcme fouftlst nous fouftlimes contre la boule d'un autre thermometre a efprit de vin de M. Amontons, qui eft place dans le cabinet de mon pore, ou I'air etoit plus chaud que celui ou croit le fouftljt, & I'efprit de vin monta danjle tuyau de 7 de ligne , &: ne def- cendit point d'abord comme il avoit fait la veille. Le 4 a fept heures du matin, le thermometre a air, le gros thermo- metre a efprit de vin , & le foufflet ayant palTe toute la nuit dans la cour orientale , nous foufflames pendant quatre minutes contre la boule de celui a air , & il ne monta point. Nous fouftlimes enfuite contre la boule de celui a efprit de vin, Sc il monta d'environ une ligne : enfuite nous fouffl.imes pendant plus de quatte minutes contre la boule d'un autre thermometre a efprit de vin Sc plus petit , que nous avions lailfe proche les vitres d'un lieu a cote qui eft fetme & expofe au niidi , les rrous-du fouftlet etant tourncs contre les vitres, la liqueur ne monta prefque pas ; maisen continuant de fouftl;r , les trous du foufflet toutnes de I'autre cote, elle monta davantage. L'aptcs-midi fur les deux heures, le meme thermometre etant refte dins la mcnr)e place , & ayant regu rimpteilion du foleil pendant trois heures & demie , & le foufflet etant refte dans le meme lieu fur un fiege environ a lix pieds de diftance du thermometre , le foleil ayant auill donne deffus , nous fonfll.imes contre la boule de ce thermometre, la liqueur dcfcendit plus de fix lignes , les trous du fouftlet n'ctant pas tourncs contre les vitre;, Sc continuant de fouffler , I'efprit de vin def- cendit en;ore conhderablement quoiqu'il fit fort chaud dans cet endroit, le foleil y donnant pendant I'experience , & le ciel ayant ete tres - ferein toute ia journee. Le 5 au matin nous portames le thermometre a air,& le petit a efpiic de vin dans la cave dc I'Obfervntoire , & aprcs les y avoir laide pres de trois quarts d'heure , & le fouftlet aulli , & avoir ouvert & ferme le foufflet pendant du terns pout lui faire prendre en dedans la mcme cha- leur que celle de I'air de la cave , nous fouftlimes pendant cinq minutes contre la boule du thermometre a air , & le mercure monta envifon T ij 148 COLLECTION de trois lignes : mais cotnme les deux thermometres etoient a un pied A^.rv n«->^4Tt de diftance Tun de Tautre , &: qu'avanc de foufflec conrre celui a ait DEs Sciences nous avions audi remarque la hauteur de celui a 1 elpnt de vin j nous DE Paris. nous apper^umes que celui a efprit de vin etoit audi monte d'une ligne , AnnU I7I0. quoiqu'on neiltpoint fouffle centre : enfuite nous fouftlames pendant le meme terns centre celui a efpti: de vin , & il monta aulll d'environ trois lignes, & pendant ce terns- la le ihermometre a air ne ttionta point. Nous avions pris la precaution de les porter dans la cave, craignant que la lumiere rcpandue dans I'air pendant le jour , ne fit fur ces ther- mometres quelque imprelTion qui eiit rapport ace qui arrive a la Pierce de Boulogne , & autre phofphore. Enfuite nous appliquames un morceau dc drap en deux ou trois dou- bles centre la boule du thermometre a air , & fouftlant avec violence centre , il ne monta que d'une ligne , & pendant ce tems- la, le ther- inometre a efprit de vin qui eteit refte a la meme place , monta d'una denn ligne ; enfuite nous appliquames le drap centre la boule du thermo- nietre a efprit de vin , & apres avoir foiifile centre pendant le meme tems , il monta encore d'une demi ligne ; mais le thermometre a air ne monta point pendant ce tems la , non plus que dans I'expetience precedente. Quoiqu'en general les experiences que nous venons de rapporter , fern- blent dctruire I'ancienne que men pere avoir faite , cependant elles four- nilTi;nt, a mon avis , un moyen d'en rendre raifen , & d'expliquer les diffe- rences qui fe trouvent entre elles. Car la neige qui etoit fur la boule du thermometre , & au travers de !a- quelle paffeit I'air peuffe par le fouffler , etoit alFez froide pour refroidir les particules de I'air un peu moins freides que la neige , qui fe fereienc appliquees en grande quanti:e &: en peu de tems , par le moyen du fouftlet , centre la boule du thermometre , & qui au;oienr fait morter la liqueur. L'on ne pour guere dourer que ce ne foit la veritable caufe du refultat d3 cette derniere experience , & il femble que par fon moyen , on peut ren- dre raifon de tout.s les differences que nous avons remarquees dans celles que nous avons faites ; cependant avant de decider ablolumenr , nous croyons qa'il faut artemire quon ait fait les deux experiences fuivantes r la premiere, eft de fouffler centre la boule d'un thenuemetre pendant un tres grand iroid ; & la feconde , d'y fouffler pendant un tres- grand chaud , afin de voir fi ce qui arriveroit dans les extremes , fereit conferme a ce qui eft arrive dans I'etat moyen , & autour du moyen. Le 1(5 a huit heurcs du matin , un thermometre a efprit de vin , & de I'eau dans un vailTeau etant rcftes route la iiuit dans un meme lieu, nous mimes ce thermometre d.ins cette e.iu , & apres I'y avoir- lailfc afTez de tems, nous ne tcmarquan\es point que I'e prit de vin eut change de hau- teur dans le tu/au ; enfuite nous retirames le rhermometre de I'eau , nous mouiiiames un linge dans cette eau, nous I'appliquames en deux ou trois doubles fur la boule de ce thermometre , &c nous feufflames fortement avec un foufflet ordinaire conrre ce linge pendant 435 min. fans que i'efprit de vin changeat de haut ur. Ayant laifle le thermometre dans cet etat pendant une heme, ncus- A C A D fe M I Q U E. 149 voulumes refairel'expcrience; nous otames le linge de dclTus la boule du ' thennom-tre pour faite prendre a I'efprit de vin le incme degre de cha- Acad. Roy ale leur que I'air du lieu 011 il eroit , &c en attendant qu'il TeCit reprife, nous des Sciences voulumes voir fi en TaL^ilTant dans I'air , il ne lui arriveroit pas la mCme de Paris. chole qu'cn fouffl.int deiFiis , ce qui nous rcuflitjcar I'ayant agite futte- AnnU 1710. men: dans I'air pendant 8 minutes , I'elprit de vin monta de deux lignes dans le tiiyan \ enfuite I'ayant lailfe repofer quelque tenis , il ne changea point de hauteur : nous le mimes enluite pendant 8 min. dans la mcme eau oii il avoir cte d'abord , &: la liqueur defcendit qu.ifi d'une ligne , mais ce ne fut qae pendant les quatre dernieres minutes \ enluite nous le reti- rames de I'eau , & ayant applique le linge mouillc di.lTlis , nous foufflamcs avec force pendant S min. contre le linge, & Tcfprit dv; vin remonta a la mcme hauteur 011 il etoit avant d'avoir etc plopge dans I'eau. Le 17 au matin fur Ls neuf heures , le meme thermometre a efpritde vin , ayant palle toute la nuit Jans la cour orientaie de I'Obfetvatoire , ainlique plulicurs morceaux de niarbre que noub y avions mis, nous les appliquames contre la boule de ce thermometre, & en une dcmi-heure I'efprit de vin defcendit dans le tuyau de plus dune I'gne , &: enluite continuant de I'cxaminer , nous nous appetgum^squ'il ctoit un pen remonte pendant cette experience j le grand thermometre qui demeure toiijours ■ dans cette tour , etoit remonte d'environ 2 lignes -r : cette experience fenibletoit prouver que le marbre fe refroidit plus que i'efprit de vin. Experiences fur Ic rejfort dc V-Air. Par M. C A R R E. V o u L A N T rcpeter les experiences par lefquelles M. Parent a voulu prou- ver que I'air n'avoit point de refTort (a) , j'ai fait faire d'abord par le fieur Deviile ,• Emailleur , quatre petites phioles de verre a long cou , fembla- bles a celles de M. P. Sc preparces de la mcme maniere. La premiere ctoic pleine d'air groflier , la feconde vuide d'air groOier, la troifieme pleine d'ait grollier avec une petite quantite d'eau commune ; la quatrieme ctoic vuide d'air grollier & contenoic aufli une petite quantite d'eau ; elles eioient toutes fellces hermetiquement. Les ayant mifes les unes aptcs les autres fur les charbons ardens, voici ce qui eft arrive. Celle ou il n y avoic que de I'air grollier & qui a etc quelque-tems fans faire fon effct a cau.*e quelle etoit un pen plus cpailfe que les autres, s'efl: ouvertc par un en- droit qui s'eft un peu alonge auparavant, & on a entendu un (ifilement caufe par I'air qui en eft forti fans aucun bruit eclntant. La feconde qui etoit vuide d'air a fait i peu prcs le meme efFet : le fiftlement a ete un peu plus- fort; la partie de la phiole la plus echauffee s'eft alongee un peu davan- tage , & a cede plus promptement. La troifieme qui etoit pieine d'air (a) V. Collec. Acad. Tart. Pian^oife j pag. ;jp , torn. II, i5« COLLECTION avec une petite quantite d'eau , a fait en fort peu de terns une grande de- AcAD.RoYALE conation, & a faute en eclats fort petits. La quacrieme qui contenoit aufll DES Sciences une petite quantite d'eau & qui etoit vuide de tout air groflier , a creve DE Paris. avec bruit & fort promptement , quoiqu'il ne s'y foit fait qu'un petit trou. Annu 1 710, J^ enfuite fait faire quatre autres petites lioles femblables aux prcce- dentes. La premiere qui etoit pleine d'air a demeure alfez long- terns fur les cliarbons fans fiire fon effet , puis elle a cteve avec bruit en s'alon- geant, & il s'y eft fait un trou alTez grand. La deuxieme qui etoit aufli pleine d'air a fait a-peu-prcs le meme effet, mais avec moins de bruit , I'endroit par ou elle a creve s'eft plus alonge , & le trou etoit plus petit. La troilisme & la quatrieme qui ctoient vuides d'air groflier ont rentre en dedans fans crever, lur tout la quattieme , de mjniere que la moitic de la convexite qui touchoit les cliarbons s'eft appliquee alTez txaftcment fur la concavite de I'autre moitie , & ne compofoit plus qu'un hemifphere creux en forme de coupe. Il paroitroit que c'eft-la ce qui devroit toujours arri- ver dans cette experience , parce que I'air exterieur quoique tres-dilate par la chaleur , doit prelfer plus fort que fair fubcil de dedans ne lui rcfilte , &" obliger ainfi la partie la plus echauffee de la pliiole de reiurer en dedans , & fi cela n'eft pas arrive dans la premiere experience femblable , c'eft appa- remment parce qu'il etoit refte aflfez d'air ou de quelqu'aucre matiere dans la " phiole pour la faire crever. Netant pas encore content de ces experiences , j'ai fait faire quinze autres petites phioles femblables aux precedentes : voici le detail des effets que le feu a produit. La premiere etoit pleine d'un air naturel j I'ayant mife fur les cliarbons elle s'eft caftee en morceaux en fort peu de tems avec un peu de bruit, ce qui n'etoit pas arrive dans les premieres experiences femblables. La deuxieme etoit vuide d'air groflier, elle s'eft fondue fans crever & s'eft changee en hemifphere creux. La troilieme etoit pleine d'air avec un peu d'eau, elle a creve avec grand bruit en peu de tems. La quatrieme etoit vuide d'air avec un peu d'eau , elle a creve en peu de tems , & le bruit a ete un psu plus fort que celui de la prccedente. La cinquieme etoit pleine d'eau j elle eft demeuree fort peu de tems fur les charbons qu'elle a jettes de tous cotes en crevant avec un tres-grand bruit. La fixieme etoit pleine d'eau &: vide d'air; le cou s'etant cafl'e a fait une efpece d'eolipyle qui a dure aflfez de tems, & quoique le feu fat fortvif, la phioU n'en a recu aucune alteration. La feptieme etoit vuide d'air avec un peu d'efprit de vin colore ; elle a creve avec allez de bruit prefque aulTi-tot qu'elle a ete mife fur les charbons. La Iniitieme etoit pleine d'air avec un peu de fel marin en poudre ; elle s'eft fendue, & il s'y eft fait un petit trou avec bruit. La neuvieme etoit pleine d'air avec un peu de falpetre ; il s'y eft f.iit un petit trou en tres-peu de tems avec un peu de bruit. La dixieme etoit pleine d'air avec un peu d'udue , elle a creve en peu de terns avec alfez de bruit. A C A D E M I Q U E. ,51 La onzieme citoit vuidc d'air avec un pen d'eau falte, elle a creviavec lui fort grand bruit &: en pen de terns. Acad. Royale La douiieme etoit vuide d'air avec un pen dor fulminant, elle a crevc des Sciences prefque aurti-toc qu'eile a hi mife fur les clurbons avec un peu ds bruit. ke Paris. La trcizieme ctoit vuide d'air avec un ptu de foufre, elle s'cft fondue j„^j^ . ,^ e ' I! r \ r * \ 1' r i yifiricc 1710, & a rentre en dedans lans eiever; le loutie 1 elt aulli rondu & a monte au haut du cou dc la phiole. La quatorzicme ctoit plc-ine d'air avec un pcu d'liuile de Inmpe, elle a demeure alfez long-tems fur les clurbons , puis elle a crcve avec un alfez grand bruit La quinzieme etoit vuide d'air avec une gouttc de mercure dune ligne de di.Trretre ou environ j elle ell demeuice lur les charhons pendant trois minutes fans recevoir aucun changenient. (^uand elle a etc refroidie, on I'a remife fur le feu pendant 7 ou S minutes fans aucun ertet j le mercure (e tenant toujou'rs au liaut du cou on y a feulement appercu une petite fehire. Il paroit que routes ces experiences;, bien loin de dctruire le relForc de I'air, fervent plutot a I'etablir \ mais il femble aulTi que ni li dilatation ni le relfort de Pair enferme ne font la caul'e immediate du bruit & de I'c- clat des patties du verre , piiifque quelquesuncs des phioles qui etoienc vuides dair & qui contenoient peu d'eau, d'efprit de vin , d'urine, &:c, ont edate avec bruit, &: que d'.iutres pliioles qui eroient remplies d'air ont cteve fans eclat; mais ce n'eft pas a dire que fair n'ait point de relFort; il fufht pour rendre fa fortie tranquille qu'il trouve une ouverture propor- tionnee a fa vitelfe, & Von concevra la chofe comme tres-pollible , fi Ton fait attention que I'aii" renfermc dans la phiole poufTe egalement en tous fens centre fes parois intcrieures, & qu'il eli difficile que la phiole rellrte cg.Tlement dans tous fes points : il faudroit pour cela qu'eile fiit par-tout da la mcme cpailTcur , & que routes fes parties fe trouvallent fondues dans le meme inftant, ce qui doit etre rare. Il fuit de tout cela que I'air a du ref- fort , mais qu'il ell cert.- a reconnoitre avec lui les trois periodes journalieres , lunaires , &: equi- noxiales ; ceux qui one ere le mieux inftruits des fairs , ont admis comme lui I'iftion de la lune &: du foleil : mais quand il s'eft agi d'expliquer cecte atlion , tout s'eft divife. Galilee ayant rennrque que dans la revolution joutnaliere de la terre , les parties expofees au foleil font emportees d'un fens different de celui dent la terre eft mue par fon mouvement propre , & qu'au contraire les parties de la furface de I'hemifphere oppofe au foleil, vont dans le fens de ce mouvement , en a conciu que les parties de la furface de la teire font mues tantot plus vite , tantot plus lentement dans I'efpace de 14 heures , Sc que les eaux de la met ne pouvant fuivre exaiteraent le mouvement de la tetre , font obligees de fluer & de refiner dans ce meme efpace de terns; mais que par I'efFet de la tendance de I'eau a fe mettre en equilibre , & de plufieurs caufes particulieres , comme les difFerentes profondeurs de la met , la diredtion de cotes, &c. le flux peut acceleter de 1 , 3, 4 , 5 a 5 heures , ce qui fait qu'on obferve ordinaire- ment, dit il , dans la Mediterranee le flux de 6 heures en 6 heures. A i'egatd des periodes des mareei qui fuivent ceiles des mois lunai- TES , il ptetend qu'elles font produires par I'inegalite du mouvement de la terre qui acquiert , felon lui,un plus grand degte de vitefTe lorfque la lune eft en conjondtion que lorfqu'elle efb en oppofition, d'oii il fuivroit en admettant meme cette acceleration inconnue aux Aftronomes, que les marees qui arrivent dans les conjonftions feroient difFerentes de ceiles qui arrivent dans les oppofitions, & que ceiles des quadratures feroient les plus uniformes de routes, ce qui efl contraire a I'experience. Enfln Galilee attribue les inegaiites de la periode annusUe des marees aux difFerentes combinaifons du mouvement annuel & du mouvement journalier , fuivant les difFerentes fituations de la terre fur I'ecliptique ; car la revolution joutnaliere fe faifanc autour des poles de I'equateur & la revolution annuelle autour des poles de I'ecliptique qui en eft eloigne de ij fdegres, il fuit que lorfque la terte efl dans les rropiques, ces deux revolutions fe font dans le meme fens, au lieu que lorfque la terre eft dans les equinoxes, les diredions de ces deux mouvemens font indinees I'une a I'autre de ij f degres. Il y a done alors une compofition de mouvemens diftevente de celle qui arrive lorfque la terre eft dans les tiopiqucsj mais cette difference donneroit les plus grandes marees pour les fol-ftices, auiieu qu'ellesarrivent conftamment dans les'equinoxes. D'ailleurs, fuivant ce fen^- timent,lesciifFerens degres de vitefte du mouvement annui.1 de la terie iorf- qu'eire eft dans fon aphelie ou dans fon perihelie, devroient aufG caufer une difference tres-fenGble entte les marees du folftice d'ete & celies da folftice d'hiver, cequi eft contraire k I'obfervation. ACADEMIQUE. ij5 Defcartes , mieux inftruit que Galilee, des piicnoinenes que I'on obferve dans les iiiaiccs fur I'Ocean , attribiia le Hux & rellux au niouvemcnt de Acad. Royals la lime. II jugea que la mniere celefte qui environne la terte , itant mue des Scie>xes par le mouvement journalier avec plus de vitede que la cerre , fc truuvoK "^ ^ aiiis. reirerrc'C encre la terre iSc la lane , ou plucoc le tourbillon de la lune , ce Anncc 1710. qui obligeoic la tene a ccJer un peu du cote oppofe ; que fes eaux etoL-nt par cec effit comprimees de cote ic d'autre , fuivant la dircftion de la luio a la terre , ce qui les faifoic reHuer ( difoit-il ) de cote & d'au- tre a la diftance de 90 degres ( tandis que daiis la verite elles s'elevenc lorfque la lune eft au tncridien ; ; que cet allre ctanc arrive 6 heures II min. apres i la diftance de ^jO degres du lieu oil elle etoit auparavanr, les eaux qui felon lui y avoient etc elcvces , s'y trouvoient comprimees alors par I'iinerpofition de la lune , & la mer y etoit confequeniment a fon hypo- thefe plus balFe ( mais dans le fair plus haute ) qu'en aucun autre endroit ; qu'ainli il devoir y avoir dans chaque lieu une viciJlitude de haute & de bafte mer , non pas en 24 heures , comme le veut Galilee , mais dans I'efpace de li heures 14 min. comme le prouve en eft'et I'obfervation. Il expliquoit les hautes marees des nouvelles & pleines lunes , en fuppofant que la terre a un tourbillon ; que ce tourbillon eft elliptique , & que le ^etit axe de cette ellipfe eft toujours dirige au foleil ; d'ou il fuivoit que la lune feroit plus prcs de la terre , & devroit par confequent agir avec plus de force dans les f\hgies que dans les quadratures, ce qui ne s'ac- corde point avec I'obfervation ; car il arrive fouvent que la lune eft plus pres de la terre dans les quadratures , fans qu'il arrive jamais pour cela que les marees des quadratures foient plus grandes que celles de fyfygies. Kepler attribue la caufe du Hux & du rcHux de la mer aux corps de la lune & du (oleil qui attirent les eaux de la mer par une vertu a-peu pres femblable a celle de I'aimant \ mais ne fachant pas deduire de cette caufe 'explication du Hux qui fe fait audi grand a minuit lorfque le foleil & la une fontabfents, qu'a miili lorfqu'ils font prcfents, il conjeftura que le flux de la nuit pouvoit etre produit par la reflexion qui fe fait contre Ie$ cotes de I'Amerique , des eaux que la lune a entrainees avec elle , &: re- ciproquement par la reflexion qui fe fait contre les cores de I'Afrique & de 1 Kurope , des eaux que la lune aniene a fon retour. Newton adoptant le fentiment de Kepler, attribue les marees a la force d'attradion qu'il reconnoit dans la lune & dans le foleil; il deduit de cette caufe les marees meme qui fe font la nuit & dans I'abfence de ces deux aftres ; car I'attradtion agilFant avec d'autant plus de force que la diftance eft plus petite , felon une certaine proportion , lorfque la lune & le (oleil font dans le meridien de nos antipodes , la furface de leur hcmifphere inferieur eft plus fortement attiree quo le centre du globe , & ce centre plus que la furface de notre hemifpiure fuperieur , d'ou il fuit que le fluide qui couvre I'hemifphere inferieur doit s'elever vers ces aftres plus que le centre , & celui-ci plus que le fluide qui couvre I'liemifphere fuperieur , proportionnellem«nt a I'exces de la force, par laquelle chacun de ca points eft attire , & par confequent le fluide b'clevera ou paroitra s'elever aux deux points oppofcs qui font dans la ligne par oii pallc le foleil ou la lune , Vij 15^ ~"~^ COLLECTION & il y aura rnaree en tneme- terns &c chez nous & chez nos antipodes. A AcAD.RoYALE mcfufe que la terre courne d'Occidenc en Orient, elle piefente fucceffive- DES Sciences ment a I'adtion de ces deux aftres de nouveaux points de fa furf.ice , S: DE Paris. p^^ confequent ia mer doit s'elever fucctffivement dans l.i dirtftion de AnrM 17 10. I'Ell: a I'Outft , ce qui produit le courant general obfcrvc d.ins la mer cntre les tropiques , &: qui eft fort fenfible dans les detroits de Magellan , de$ Manilles, &.c. & dans les golfes de Paria , du Mtxique, &c. Scion les calculs de Newton la plus grande hauteur de la rnaree doit arrivtr moins de fix heures apres le paffage de la lune ou du fo eil par le rneridien , commc on I'obferve dans la partie orientaie de la met Atlinti- que & Ethiopique , entre la France & le Cap de Borne- Efperante , ik fur Its lotes du Ch li & du Perou de la mer Paufique , ou le flux de la mer arrive environ fur la t:oifieme heure. Selon les memes calculs l'r.dion folaire eft a celle de la pefanteur com- me ' a 118681000 , & 1' 6bion lunaire paroit etre quadruple de celle da foleil , mais moindre fe'on d'autres. Dans les fyfygies , c'efta-dire dans les conjondions & oppofitions, I'adtion de ces deux aftres confpire au me- me effet qui eft d'tlevcr les eaux , & de la les hautes marees \ dans les quadratutes au contraire , le foleil qui eft alors a environ 90 degres de la lune , eleve les eaux dans I'endroit oii la lune les abbaille , & de la les petites marees des quadratures ; mais comme I'effet de la lune eft plus oranl que celui du foleil, la plus grande hauteur de la mer doit arriver a la troifieme heure lunaire : il appelle heure lunaire la vingt- quatrieme partie du terns qu'employe la lune a revenir au rneridien du meme Newton juge audi que les effets du foleil & de la lune font d'autant plus grands qu'ils agilTent de plus pres, & cela en raifon triplee desdia- metres appareius ; que par c nfequent toutes chofes egales, le foleil etant I'hiver dans Ion perigee , les marees doivent etre un peu plus grandes dans cette (aifon qu'en etc , &c. , Il ajoutc que I'efFet de ces deux aftres depend de leur diftanc e a Tequa- teur j que s'iU etoient I'un &c I'autre dans la diredlion du pole , ils attire- roient toutes les eaux uniformement , fans flux ni reflux ; Si qu'ainfi , en s'e- loignant de Tequateut ils perdent peu a peu leur efl^ort , & produifenr par cette raifon des marees plus petires dans les fylygies des folftices que dans celles des equinoxes. Mais dans les quadratures des folftices , les marees doi- vent etre plus grandes que dans les quadratures des equinoxes, parce que I'efFet de la lune qui eft alors dans I'equateur , furpalfe celui du foleil , ce qu'il dit s'accofder avec lexpetience. Newton trouve audi que les efFcts de la lune & du foleil dependent de la latitude des lieux {a) qu'on peut confiderer la mer partagee par le flux en deux hemifpheroides , I'un au nord & I'autre au raidi; que les marees de ces deux hemifpheroides oppofes palTent fucceflTivement par le rneridien de chaque lieu dans I'efpace de douze heures ^ que les pays feptentrionaux patticipenc plus de la rnaree boreale , &; les meridionaux de la rnaree auf- (a) Lc flux n'eft plus fenfible au-dela du 6 ; mc aegrede latitude Nord. I A C A D E M I Q U E. 757 trale , 8c qu'ainfl hors Ae I'cqu.iteur , les marees de cliaque jour font ^^— — ■ ■ alternativeineiit plus ^randes ou plus petites [a]. La plus grande marce Acad. Royale arrive trois h urcs apics Ic p.idaae de la lunc* par Ic meridien , lorfque des Sciences cette planete decline d I I'-quinodlia! vers le zenith , & la June changeant I'E Paris. de dcclimifcn , la marce (era plus petite. AnnU 1710. La plus f;rande differ' nee encre ks m.uees d'un mcme jour doit avoir lieu dans le terns des folftices, principalement lorfque le nocud afcendant de la huie ell: au commencement d' Aries. Aufli at on trouve par expe- rience que dans 1 hiver la maree du matin eft plus haute que celle du foir a Pli.nouth , d'envifon un pied , & de quinze pouces a Brifto). Elevation dcs Maixcs en differents pays. XjE long des cotes de Barbarie, depuis le Cap de Geer juf- qu'au dtttoit, la mer monte de lo pigds ' Depuis le dctroitjufqu'au Cap Sainte-Marie en Efpagne. , 10 Deli jufqunu Cap liniflerre ij De la a Saint Jean de Luz ,, Sur les cotes de Guienne & Gafcogne i r Sut les cotes d'Aunis & de Poitou. ..'..... is Sur Ls cotes mcridionales de Bretagne, depuis rembouehure de la Loire jufqu'au raz de Fontenay 18 Dans les radcs de Douernene iSc de Bcrtaume 20 A I'lfie de Bas ". jj Aux (ept Ifles jq A Btehat , Saint-Malo & Cancale .r A Grandville & aux liles Angloifes 3(^340 Depuis la Houg'.ie jufqu'au chef de Caux & au Pas de 1 8 Calais j >5 Du Pas de Calais . a I'Efcaut en dedans des bancs. ... 18 au large des bancs. ... 15 Aux embouchures de I'Efcaut & de la Meufe & hors le Texcl jp En rade des Marchands , en dedans du Texel. ... j 5 A Amilerdam y Sur les cotes d'Allemagne de Hambourg, jufquesdans le Fade au-dcla de Bremen j- Sur Iss cotes de Dinnemark. ... - 15 Aux Ifles Sorlingues a I'Ouefl de I'Angleterre jufeju'au Cap Lezard. ^q Du Cap Lezard a Gouftard & de Porland a I'lfle de Wieht. 2^ Dans la Rade de Sainte Helene , & au NorJ de I'lfle de Wicht iS (d) En s'avanqant plus loin vers le pole il nc doit plus y avoir qu'un fliiT & qu'un tn 14 hcures; parce que dans ccs climars H-ptcnrrionaux la liinc erant au-diflcus du ...c.i- dicn , fe trouve a unc diftnnce aflez peu dilftrcnte de jo dc2;rc's pour que les cam doivc.nt s'abaillei alois au lieu dc s'ekvcr, Y. I' Encydopidk au /«'.'.• Jliix if ref.ux. reflux mc'ri- Acad. RoYAiE VES Sciences DE Paris. An nee 17 10. 158. COLLECTION Le long de la cote en allant vers les Dunes. ...'.'. liJ piedj. Dans la rade des Dunes , & depiiis I'lile Tanor jufques devant la Tamife Depuis I'entree de li Tamife jufques devant Yarmouth. Au Nord d'Yarmouth jufqu'aux cotes feptentrionales d'Ecof- fe He aux Ifles Orcades , . . . Sat les cotes d'Ecolfe & d'Irlande , ainfi que des Ifles ad- jacentes 18 A Venife Dans I'Archipel & nu fond de la .iier noire. Le flux n'eft pas fcniible dans le refte de la Mediterranee. En general dans la Zone Torride J A Panama Dans la Baie de Hudfon Au Port de Saint-Julien , vers I'extremite de la terre Magel- lanique 20 a Au Port de Ciiequetan , 30 lieues Oueft d'Acapulco. . A remboucliure de la Riviere des Emeraudes. . . . A Guayaquil au Perou. , A rifle Gorgone fur la men;e cote. . ...... Aux Ifles Lobos fur la meme cote A rifle de Jean Fernandez ,. . . . 1 1 18 iO 5 ou 4 16 16 A I'entree orientale du dctroit de Magellan. 25 5 16 16 14 i 7 II 30 i 5 5 9 70 A I'embouchure de la Riviere des Amazones. . . . Aux Antilles A Louisbourg Au detroit de Fronfac , Au palfage de Bacareau fur la cote de I'Acadie. . Au fond de la meme Baie, a ce qu'on dir. . . . '•'^ ^ ^^^ ^<^ '"6'' arc'fi-'c'He 5. U conjedVure que les ani- majx : avant que de le dcbiter ; ce terns lui eft necefTaire pour fe depouillec d'une amertume qui feroit infupportable. Nous (upprimons un grand noni- bres d'obfervations fur le fel matin patce que cette matiere eft plus connue. M. NJ. n'a pas eu le loifir de fe contenter pleinetnent fur le fait du bitume contenu dans I'eau ds la mer ; il croit cependant que c'eit ce qui produit rondluofitc naturelle de cettc eau , que la didillation m:me ne lui ore pas i la grande quantite de glu qui s'attache fur les pierres Si fur les plantes ; lumon de tant de corps het(?rogenes qui fe collent enfcmble ; ce tartre qui endurcit en quelqucs enJroits le fond de la mer , ou en- durcit plulieurs fortes de mati-.res &; principakment ks litliophitons , plantes marines. I! a commence en difFerens terns (ur ks r.irtuifations de la met des experiences qui n'ont pu etre fuivics alFez loin : il a obferve que les legumes cuiis dans I'eau de la mer, en fortent plus durs qu'on ne les y a mis ; que la chair de mouton y devient plus blanche •^ plus ten.ke que dans I'eau douce, mais fort f.ilce 6i fi>rt amere ; que le pain fait avec I'eau de mer eft falc , Sc fe peut manj^er pendant qu'il tft Tome III , Partie Fran^olft. X LE iSi COLLECTION Acad. RoYALE BEs Sciences SE Paris. tendre ; niais que lorfqu'il eft raflis il prend une amertume exceflive. La mer a trois forces de mouvemens , le dux 8c reflux , les courans & I'ondulation. On fait que la Mediterianee n'a point de flux & de reflux, du moins dans fon tout ; 5c enefFet , felon le fyfteme ordinaire, Annee ijio. elte n'en doit point avoir, puifqu'elle n'eft pas fur la route de la lune : cependanc, comme un flux & reflux pen fenfibie auroit pu facilemeiic echapper aux obfervations que Ton fait communement , M. M. en a fair de nouvelles & auxquelles ce tnouvement ne fe feroit pas derobe ; il ne s'eft point du tout fau appercevoir dans les endroits oii Ton obfervoit. M. M. n'a rien decouvert de regie fur les courants , quoiqu'il n'y ait pas epargne fes voyages, ni fes peines. Il ii'a pu verifier ce qu'on die communement de ce fameux couranc qui cotoie la Mcditerranee , com- me s'il etoit forme par I'entree des eaux de I'Occan & par leur retour : mais- il croit avoir reconnu une chofe fort finguliere : pendant I'ete & dans le tems de la peche du corail , on apper^oit a la cote de I'abime un couranc qui paroit avoir rapport au mouvement du foleil fur I'horizon , mais de maniere qu'il lui eft coujours oppofe. Lorfque le foleil eft dans lapartie orientale de fon cours diurne , c'eft-a-dire depuis fon lever jufqii'a midi , le courant va a I'Occident ; a midi il fe tourne au Nord , enfuite a I'Orient : on n'a pas marque fi a minuit il alloit au Sud ; cela conviendroit au refte , & paroit meme neceffaire. Quant a I'ondulation , il fuffic d'en connoitre les exces. M. M. a ob- ferve entre Maguelone &: Peyrole , que dans une grande tempete les ondes s'clevoient jufqu'a fept pieds fur le niveau ordinaire de la mer : aux rivages moncueux, comme font ceux de Provence , un vent furieux de Lebi/'che n'y fait elever I'eau que de cinq pieds , mais la percuffion quelle fait contre les roches , la pouflTe quelquefois jufqu'a huit j cela n'eft pas comparable aux tempetes poetiques. A C A D ^ M I Q U E. ifij Af AD. RoYAtE Obfcrvations relatives a rHiJloire Meteorolog'tque. ^e 1'aris. A^'ANNEE 1710 a et6 I'une des plus fcclies qne nous ayons eue il jr a Anmt 1711. lon^-tenis , elle a etc n^anmoins fore abondante en grains , coinme il arr.ve toujaurs dans ces pays-ci , a caufe que la plupart dcs terrcs y fonc fiakhes & humides. 11 n'eft point tombc de neige a la fin de I'annce , mais au commence- ment il a neige mcdiocremcnt , & cela vers le milieu du mois de Janvier , ce qui me donne occafion de faire les experiences fuivantes. Le 10 Janvier au matin , j'enveloppai la boule de mon tliermometre , qui eft toujours expofe dans la tour decouverte de I'Obfervatoire , d'une trcsgrande quantite de neige , & aprcs I'y avoir lailfe trois heures entieres, je ne remarquai point que I'efprit de vin eut change de hauteur dans le tuyau J il etoit alors a 17 parties, & il commence a geler dans la cam- pagne quand il eft a ji j d'ou Ton voir que I'air n'etoit guere plus froid que dans le commencement de la gelce \ & quoique le thermometre monte toujours depuis le matin jufqu'a midi & au deli , il ne changea pas de hau- teuf pendant trois heures, a caufe que le degrc de froid de la neige !e confervoit toujours dans le mcme etat , le peu d'augmentation de clialeur de I'alr n'etant pas capable de pini^trer en fi peu de terns la maffe de neige qui etoit autour de la boule. Mais I'air s'etant extremement refroidi jufqu'au lendemain 1 1 ' du mois, ce thermometre etant alors a \.\\ parties , ce qui marque un grand froid , je repetai Texpcrience du jour precedent, & il arriva la meme chofe en- core j le riiermometre ayant fa boule couverte de neige , fe foutint a li meme hauteur ou il etoit auparavant j d'oii je con)e6ture que le froid de la neige n'eft pas un froid qui lui foit propre , mais qu'elle prend feule- ment le degre de froid de lair tel qa'il eft alors, a caufe qu'elle eft aflez rare pour lailTer la liberte a I'air de s'infmuer peu-a-peu entre toutes fes parries, ainfi la neige ne fera rien a I'cgard du froid, que de conferver pendant quelque terns le froid de I'air dans un meme etat. Il n'y a rien de confiderable a remarquet fur les vents, fi ce n'eft que le 1 1 OAobre il y eut une efpece d'ouragant , le vent etant Sud-Sud-Oucft fans pluie. Le thermometre a marque le plus grand froid de I'annee, le 11 Jan- vier, etant defcendu a 14T parties , ce qui eft la marque d'un grand froid ; mais le 1 1 il remonta a 17 , oii il etoit le 10 , & depuis ce tems-la , le froid ne hit que mediocre. Pour la chaleur, ellc a cte audi meJiocte pendant tout I'cte ; la plus gr.ande a ete marquee par le thermometre a 6\ parties, le 5 Aout au lever du foleil , &a 2 j heures apres-midi , le thermometre etoit a 71 r parties Mon barometre ordinaire qui eft toujours place a la hauteur de la granJe falle de I'obferv.atoire , a ete au plus haut a i8 pouces J lignes|, k- jmc jour de Janvier avec un vent de Sud, ce qui eft fort extraordinaire , car il ell ordinairement plus bas que hjut quand le vent eft au Sud. U a '>^^' COLLECTION eteau plus bas le 7 Mars , a 7.6 pouces 10 lignes &f , aufli par un vent Acad. RoYALE de Sud , & avec pluie. La difference eiitre le plus hauc & ie plus bas , "de Pari's'^^^ ^ '^°"'^ "^ '^ "" P""*^^ 4 ''o"^' 5 "'^ P^" taom% qu'a I'ordinaire , qui ^ , 'eft d'un pouce 6 lignes. ' • Je remarque encore , que dans tout le mois de Fevrier , ou il n'aplu que fortpeu. le barometrea toujours ete trcs-liau: , comme c'eft I'ordinaire; c'etoit audi la memechofe dans la premiere moicie du mois de Septembre. J'avertis encore ici que , I'orfqu'on fait les obfervations du barometre , il fiuK avoir foin de frapper un peu centre la monture de bois , oii eft attache le tuyau , sfin de ("aire couler le mercure a fa vraic hauteur; car, comme il eft toujours adherent au-dedans du tuyau, il ne s'y meuc pas librement , & fouvcnt on trouve une difference de f ligne , entre la h.uKeur 011 il parole d'abord , & la vraie hauteur ou il s'arrete , fur-toiu fi le tuyau eft delie. Comparaifon dc nos Obfervations fur la hauteur de I'eau de pluic (S' fur k Barometre , avec celles que M. Scheuch:^er a faitcs a Zurich en Suiffe pendant Vannee ij lo. Par M. D E LA Hire. a ete neanmoins cette p ^ ait obfervees a Paris depuis I'annee 1699. J'ai donne dans ie memoire de I'annee preccdente , mes conjedlures fur la caufe de ces plus grandes hauteurs d'eau dans les montagnes ; c'eft pourquoi je n'en parlerai pas ici. Je ferai feulement remarquer , que I'an- nee 1710 a etc plus feche qu'a I'ordinaire a Zurich comme a Paris. M. Scheuchzer dit , que la plus grande hauteur de fon barometre, a ete de 2.6 pouces 9 lignes J le 3 Janvier , & la moindre de 16 pouces 4- U' gne le 25 Decembre , dent 9 lignes i de difference. J ai trouve aufll mon barometre .nu plus haut le 3 Janvier, comme lui, a 20 pouces j lignes i , done difference de hauteur du mercuie le meme jour a Zurich & a Paris i pouce 5 lignes |, d'ou Ton pourroit con- clure a-peu-prcs combien Zurich eft plus eleve que Paris , C\ noa barometres etoient d'accord. La moindte hauteur du mercure que j'ai trouvee , a ete de 16 pouces ^° ''?• I i done la difference de nos moindres hauteurs, ferade 10 lig. ^, ce qui eft fort different de la precedente : aufii les jours font fort diffe- rens, & le 25 de Decembre, qui eft le jour de robfervation de Zurich , mon barometre etoit a 27 pouces. Pour ce qui eft des hauteurs de fon thermometre , je n'en faurois faira comparaifon avec celles du mien , car il faudroic qu'ils euffent ete reilifiiis Tun fur I'autre. A C A D 6 M I Q U E. 1^5 AcAD.RoYAtE Sur la caufc dc la variation du Barometrc. "^' Par'is^^^ I L eft conftant par le barometre que lorfqu'il pleut , & principalcmenc lorfqu'il doit pleuvoir , I'air devient d'ordinaire plus Icger. On imagine affez lifcment que li i'air devient plus icger , il doit pleuvoir \ car les parcelles d'eau imperccptibles rcpandues de toutes parts dans i'air en une quantice prodigieufe , n'etaiu plus fuififamment foutenues dcs que I'aic a perdu un certain degre de fa pefanteur &c de fa force , elles commencent a tomber , &c par cette chute fe joiguant plu(i-uts enfemblc fotment Acs gouttes de pluie. Cell ainfi que dans la machine du vuide , apres qu'on a ponipe environ la moitie de I'air 5c qu'on la par conftq'ient artoibli de moitie , on voit une petite pluie qui tombe. Mais pourquoi I'air devient- il moins pefant ? On pourroit croire que dans le lieu oli il pleut , il a petdti de fa pefanteur 6i de fa malle , parce que les vents en ont tranfportc ailleurs une partie : mais M. Leibnitz , dans une Lettre qu'il a ccrite a M. I'Abbe Bignon , en donne une raifon plus ingenieufe & plus neuve. II pretend qu'un corps ecranger qui eft dans un liquide pefe avec ce liquide & fait partie de fon poids total rant qu'il y eft fourenu , mais que s'il celFe de I'etre & tombe par confequent , fon poids ne fait plus partie du poids du liquide qui par-la vient a pefer moins. Cela s'applique de foi-mcme aux parcelles d'eau : elles augmentenc le poids de lair s'il les foutient , & le diminuent s'il les lailTe tomber ; & comme il peut arriver fouvent que les parcelles d'eau les plus elevees tombent quelque terns confi- derable avant que de fe joindre aux inferieures, la pefanteur de I'airdimi- iiue avant qu'il pleuve , & le barometre predit. Ce nouveau principe de M. Leibnitz peut furprendre ; car, que le corps etranger qui eft dans le liquide y foit foutenu ou non , ne faut-il pas tou- jours qu'il pefe ? &: peut-il pefer fur quelqu'autre fond que fur celui qui porte le liquide entier ? Ce fond ceffe-t-il de porter le corps etranger parce qu'il tombe , & ce corps en tombant n'eft-il pas toujours partie du liquide, quant a I'efFct de fa pefanceut ? A ce compte , pendant qu'il fc fait une precipitation chimique, le total de la matiere peferoit moins, ce qu'on n'a jamais vu &: ce qui ne paroit nulli-ment croyable. Malgrc ces objedions , le principe fablifte quand on I'examine de ptcs, Ce qui porte un corps pefant en eft prefTe. Une table , par exemple , qui potte une malfe de ter d'une livre en eft preftee , & ne I'eft que parctr qu'elle fou:ient toute I'adion & tout I'eiTort que la caufe de la pefanteur , quelle qu'elle foir , exerce fur cette mafte de fer pour la poufter plus bas. Si la table cedoit &: obcidoic a I'aiflion de cetce caufe de la pefanteur , elle ne feroit point prelfee Sc ne porteroit plus rien. De mcme , le fond. d'un vafe qui contient un liquide s'oppofe a toute ra(fl:ion de la caufe de la pefanteur centre ce liquide : fi un corps etranger y nage , le fond s'op- pofe aufli a cette meme adion contre ce corps , qui erant en equilibre avec Ic- liquide en eft i cec cgard uue veritable partie. Ainh le fond eft prefTe & pat Let Annce 1711. icfd COLLECTION ;-— ~--~-~~— liquide & par le corps etranger , & il les porte cous deux. Mais fi ce corps AcAD.RoYALE ton^tie, il obeic a I'adion de la pefanteur , & par confeqiient le fond ne DEs Sciences la foutienc plus Sc il ne la fouciendra que quaiid le corps fera defcendu DE Paris. jufqu'a lui. Done pendant tout le temps de la chute le fond eft foulage yinrJc 1711 du poids de ce corps qui n'eft plus porte par nen, mais pouffe par la caufe de la pefanteur , a laquelie rien ne I'empeche de ccder. M. Leibnitz , pour appuyer fon idee , propofoit une experience : il falloit attaclier aux deux bouts d'un fil deux corps , I'uii plus pelant , I'autre {>lus leger que I'eau , & tels que tous deux enfemble lis floctairent fur I'eau , es mettre dans un tuyau plein d'eau , fufpendre ce tuyau a une balance oii il fut exadement en equilibre avec un poids , &c enfuite couper ce fil ou feroienr attaches les deux corps de pefanteur inegale , ce qui obligeroit le plus pefant a tomber, II foutenoit qu'alors le tuyau ne feroit plus en equilibre , niais que le poids qui lui etoir tgal I'emporteroit & le feroic inonter , parce que le fond de ce tuyau feroir moins charge. On volt qu'il doit avoir une longueur fuffifante , afin que le corps qui tombe n'arrive pas au fond avant que le tuyau ait eu le loifir de nionter. Dans les preci- pitations chimiques , les vailfeaux ont trop pen de longueur , ou les matieres le precipitent avec trop de vitefTe , ou quelquefois meme avec trop de lenteur ; car alors les corpufcules qui tombent font toujours lenfiblemenc en equilibre avec la liqueur qui les contient. M. Ramazzini , fatneux Profelleur de Padoue , a qui M. Leibnitz avoir propofe fon experience , la faite avec fucces apres quelques tentatives inutiles. Elle a reufli de meme a M. de Reaumur , a qui I'Academie en avoir donne le foin : & voila une nouvelle vue de Phyfique qui , quoi- qu'clle tienne a un principe fort connu , eft fort fine &c fort recherchee , & nous donne lieu de craindre que dans les fujers les plus approfondis , il ne nous echappe encore bien des chofes. En 1709 le P. Feuillee ayant determine geometriquement la hauteur dune montagne du Perou a 145 toifes , & pres de 5 pieds fur I'horizon , il prit au bas de cette montagne la hauteur du barometre qu'il trouva de 27 pouces 5 lignes & qui furpalToit de lo lignes trois quarts celle qu'il ob- ferva au haut de cette meme montagne. Il eft a remarquer que pat les re- gies tirees d'un grand nombre d'obfervations femblables faites en Europe , une hauteur d'environ 144 toifes devroit caufer dans le barometre un abaiflTement de 12 lignes |-™"- Au refte le P. Feuillee a trouve la hauteur du mercure obfervee fur le bord de la mer , la meme qu'elle eft en Europe. Il a aulli reconnu dans fa navigation du detroit de Gibraltar en Ameti- que , que I'eau de la mer diminuoit de poids a mefure qu'il s'approchoit de la ligne, fans qu'on puilFe imputer cette diminution au melange des eaux douces , puifqu'il pafta la ligne a une fort grande diftance des terres, & par confequent de toute embouchure de rivieres. '€ A C A D E M 1 Q U E. 167 — ^- -~ """ Acad. Royale DES Sciences Nouvellcs Experiences fin- la dilatation de Fair faites par M. »e Paris. SchcucliTer Jiir les inontagncs dc Suijj'e , coininuniquccs par Annk 171 1. M. Ma r a ld I. IVA. Sclieuclizer voulanc s'afTurer fi I'air fe ciiLueroit fur les hautes mon- tac'iies , dans la meme proportion qu'il le dilate prcs de la mer , a obferve I'elevation du mercure dans le vuide a fept ftations dififerences fur les monca£;nes des environs de Zurich , & il a tait a chaque ftation les obfer- vations ordinaires de la dilatation de I'air (a), en laillant dans fon tube , qui avoir deux lignes de diametre, premierement trois pouccs d'air natii- rel , enfuite tix , & ainli toujours de trois en trois julqu'a trente: il a mefure exadcment la hauteur ou relloit le mercure apris la dilatation , de mcme que I'ctendue qu'occupoit I'air dilate apres le renverr.ment. Dans la plus balTe des Rations le mercure ctoit fufpendu dans le vuide a i.G pouces 7 \ lignes , c'ell-a-dire z pouces plus bas qu'd Paris , ce qui vaudroit , felon la progreflion etablie dans iHiltoire de lyoj , environ 1J4 toifes , dont Paris feroit moins eleve que ce lieii-Ia. Dans la plus haute ftation le mercure etcit a ii pouces 6 lignes ; de forte que la diffe- rence de hauteur du mercure dans le vuide , a ct% deux ftations txtremej» a ete de cinq pouces ; & pour connoitre fi la proportion ordinaire , felon laquelle I'air le dilate parmi nous , fe retrouvoit dans les obfervations dc M. Scheuchzer , j'ai calcule fuivan: cette proportion I'efpace cue I'air dilate devoir occuper dans le tube pour chaque obfervation , & j'ai com- pare I'un avec I'aucre. Il refulte de cette comparaifon que le cakul ne s'accorde avec Tobfervation que dans la dilatation qui repond aux trois premiers pouces ; car celle qui repond 35,6, &c. pouces eft moindre par I'obfervation que par le calcul , jufqu'au iS°". ou la dilatation obfervee s'accorde , a une ou deux lignes pres avec la calciUce , & depuis le 1 1: "" pouce jufqu'au 30""^, c'eft la calculce qui eft moindre. Le plus grand exec's du cakul fur I'obfervation elt de 8 a 7 lignes , & repond au s""- & •in 10"". pouce J fon plus grand defant , qui repond au 14"". & au 25"'". pou- ce, eft de 10 a 11 lignes, ce qui fair voir qu'i ces grandes hauteurs I'air ne fe dilate pas felon la meme proportion qui s'obferve proche du niveau de la mer. En comparant ces obfervations faites a Zurich au mois de Septembre 1710 avec celles que le P. de Beze fit a Malaca fur la fin du (lecle pre- cedenr (^) , on y trouve conlormite & difference \ eonformite en ce que la variation du mercure dans le barometre eft plus petite dans ces deux endroits qu'aParis & a Genes; difference en ce qu'A Malaca la dilatation obfervee eft toujours plus petite que celle qui refulre du calcul , au lieu qu'a Zurich elle n'eft plus petite que la calculce que jufqu'a un cctraia (a) V. Collcc. Acad. Part. Fransoife , torn, II, p.ig. jyj & fuiy. i)i) V. ibidem, pag. 7J7. i6t COLLECTION ■ terme , apres quoi elle devient plus grande. Certe efpece de progreflion Acad. RovALE jgj Jitfcrentes diljtacions de I'air , felon les differences qiiantites d'air iia- ^BE ParI^^^ ""'^'^' '*'''^"^* ^^"5 's tiiyau, a ete la meme dans routes les fept hauteurs ou J , ' ft.uions difFcrentes ou M. Scheui-hzer a obferve ; & conime la plus balle ' ' de ces ftatioiis eioit plus haute que Par's de la valeur de deux pouces de mercure , & que la plus elevee eioir de la valcnr de cinq pouns de nicr- curc au-delFus de la premiere , il s'enfuit de ce que la progrelliun eft la meme dans routes Its fept ftatums , qu'a une certaine hauteur qui peut etre deurminee a peu pres, lair commence a etre uniforme ( quani a fa iilaiabi- lle), au licu qu'on a fujet de croire qu'il I'cft allez peu au-dellous , ce qui avoir deja ete infinue dans I'Hiftoire de 1700 [a). M. Siheuchzer a trouve que dans un lieu echauffe pat le grand feu d'une mine d'acier, la dilatation de lair du baromettre n'en ecoit pas plus grande ; ce qui saccorde avec les experiences rapportees dans les Me- rnoires de 1709 (*), & par lelquellcs il paroit que la chaleur meme de I'eau bouillante ne fait pas vatiet lenfiblement la dilatation de I'air. Sur le Thcrmomctre. Jr E u Kf. Amontons , ainii qu'il eft rapporte dans I'Hiftoire de lyoz , avoir jnvente un nouveau thermometre dont le point fixe eroit la chaleur de I'eau bouillante. On a pretendu prendre un autre point fixe tout oppofe , qui eft le froid de I'eau glacee ; mais M. de la Hire le fils prouve , par des experiences dont nou< fupprimons ici le detail , que ce froid n'eft point du tout propre a etre le point fixe d un thermometre. Il a obferve qu'un thermometre , dont la boule eft plongee dans de I'eail qui vient a fe gelcr par le froid , ne lailTe pas de djfcendre encore apres qu'cUe eft gelee fi le froid augmente \ & qu'au contraire fi le froid n'aug- mente point pendant que I'cau it gele &: apres qu'elle eft gelee , le ther- nunietre fe t ent au mL'me etat , pourvu cependant qu'il au deja eprouve un plus grand degre de froid qu'il ne fnut pour gcLr i'eau , car autre- nienc il eft bien fiir que le thermometre refroidi par la glace defcendra. ]1 peut done y avoir un froid plus fort que celui de la glace , qui pc- nctre A travers la glace meme jufqu'a la boule du thermometre , & falls defcendre la liqueur plus ou moins ; par confequent le degre ou la glice met la liqueur d'un thrmometre n'eft pas toujours le meme. Si Ton ne met autour de la boule que de la glace pilee , ce meme froid exterieur penetrera encore plus aifcinent ; be s'il ne fait pas aiors alfez froid pour geler I'eau , le different degre de chileur qui fera dans I'air , combine avec le froid de la glace , fera une temperature moyennc qui tiendra la liqueur du thermometre a une hauteur diriferente. Nous n'entretons pas dans les details d'une experience furprenanie faite {a) V. CoUec Acad. Part. Frangoife, torn. II, pag. 616 & 578. il) y, ilidem, pag. 760, A C A D 6 M I Q U E: ((Tp ■pat un trcs-grand froid , fur un thermometre dont on plongea la boule dans i ■ ae I'eau qui gela trcs-vite , &: dont neanmoins la liqueur monta conftam- Acad Royaib ment pendant vingt-quatre Iieures , quoique le froid augmentat toujours. dls Sciences M. dc la Hire conjtdture , avcc beaucoup d'appareuce, que dans les pre- de 1 aris. miers momens oia la boule fut plongee dans I'eau , cette cau , moius froide Anncc 171 1. qu.> Pair extcrienr , puilqu'elie ii'ctoit pas encore gelee, avoit fait montet I'efprit de vin ; qu'enfuitc venant a fe geler , & par confequent a s'ctendre , elle prelFa la boule & en diminua la capacite , ce qui fit encore monter la liqueur ; enfin que la glace continuant de s'enfler , elle caflTa la boule , ?£ en efFet cette boule fe trouva calfce lorfqu'on la retira j de plus la colonne d'efprit de vin etoic entre-coupce par unc quancite de grandcs buUes d'air qui ne pouvoieiu venir que de la glace , ou Ton fait quil s en forme en grand nombre. OBSERVATIONS DE PHYSIQUE. Sur la Neige. •3 EL ON les ohfervations de M. de !a Hire , la neige etant fondue, fe reduit toujours a la cinquieme ou fixieme partie de la hauteur qu'elle avLir. Cependant la nuit , du 1 j au '.4 Fevner de cette annce , il tomba de la neige , qui fe reduifit environ a la douxieme partie de fa hauteur ; c'eft- 2-dite , qu'en fe fondant , elle diminua une fois plus qu'a I'ordinaire. La raifon eft, comme M. de la Hire I'a remarque, qu'elle etoit fort fine , fore dehee , Si toute en petits filets , extremement fees , qui fe foutenant les uns les autres , occupoient beaucoup d'efpace. A caufe de cette mcme fecherelFe , elle s'attachoit peu fur les toics , & ce qui en etoit lombe du cote du Nordjd'oii venoit le vent, en avoir ete entietemenc eiiipoite^ (; ce qui revient au meme, plus prelFe que celui de la longue branche , de- voit done entrcr dans I'eau , palfer dans la longue branche , s'y clever tou- jours au travcrs de I'eau, fe joindre a l'air du haut du tuyau, augmen- ter fon volume & fon poids, & fairs bailfer les 16 pouces 9 lignes d'eau. Pour faire entrer l'air exterieur dans I'eau en plus grande quantitc, la petite branche s'ouvroit dans une Sole de verre , qui ptelentoit a l'air une aflez granJe fupetficie. Cela tu: fait le 16 Mars 1710, & le tuyau recoutbe fut lailTe en expe- rience. MM. de la Hire s'atiendoient que I'eau de la longue branche baif- feroit , comms ils avoient vu cela arriver a celle d'un barometrc a eau qu'ils avoient eu : ils croyoient auffi qu'outre qu'elle defcendroit en gene- ral , par lintrodudtion d'un nouvel air dans le haut du tuyau , elle auroit des variations particulieres , mais I'evenement fur abfolument contraire a tout ce qu'on pouvoit prevoir. Au bout de trois mois , I'eau etoit inontce d'tn- ▼iron 4 lignes dans le tuynu , & le 2.6 Dccembte elle I'etoit d'un pouce entier ; de forte que fair qui y etoit renfertne , avoit perdu un quart de fon volume. De plus, les variations de la chaleur Sc de la pelanteut de I'athmofphere , n'eurent aucun effet fur cette eau. Remarqucs fur qudqucs Coulcurs. Par M. D E LA Hire. JLj E rouge pourpre & fonce ne paroit vif & cclatant , que lorfqu'il eft expofe a une grande lumiere ; mais lorfqu'on le regarde dans une lumiere mediocre, il nous paroit fort brun , & tirant fur le noir. Nous favons aulli que lorfqu'on regarde un corps lumineux ou fort clair au travers d'un corps noir &: rare , il nous piroit rouge , comme lorfqu'on regarde le foleil au travers dun verre eniume, & Ion ne peut pas dire que c'eft la coiileur propre de cette fumee noire qui lui donne ce rouge, puifque cette meme fumee etant melee avec du blanc , fait une couleur qui tire beaucoup fur le bleu , ce qui eft fort eloignc du rouge. Poutf expliquer cette couleur rouge , il faut avoir recours a ce que nous pouvons imaginer de la fenfation du rouge , qui n'eft autre cho:e qu'un branlement violent de la teiine , avec une certaine modification, laquelle Y.j i7i COLLECTION I ^— ne fe rencotfe point dans I'ebranlement violent de la retine , par la feule AcAD.RoYALE reflexion qui ne caufe que du blanc ; & fi la choroide qui re^oit , fuivanc DES Sciences mon fyftcme , les impreflions de la lumiere pour les tranfmettre a la retine , DE Paris. eft fort fenlible & fort epaifle j il doit arriver que la lumiere modifiee , Annie i-j\.\. qui nous fait fentir le rouge , venant a rencontrer cette choroide , s'y abforbe entierement , & n'ebranle pas plus la retine, que fi c'etoit un corps noir. C'eft audi ce que nous remarquons a quelques vues , qui erant d'ailleurs fort bonnes pour voir les plus petits objets tres - nettement , ne voient le rouge que comme le noir, & n'ont aucune idee de ce qu'or^ appelle rouge j & pour les aiitres couleiirs, ils les voient tr^s-bien. On fiit encore que lorfqu'on voir un corps noir au travers d'un corps blanc & rare , il nous donne la fenfation du bleu , & Ton ne peut pas en douter , puifque ce n'ell que par cette raifon que le Ciel nous paroit bleu ; ear fa profondenr immenle etant tout-a-fait privee de lumiere , ne peuc nous paroitre qu'au travers des particules de I'air qui font eclairees dir foleil , & qui paroilfent blanches; c'eft audi puurquoi le noir de fumee detrempe avec le b'anc, paroit bleu \ car les corps qui paroident blancs , etant toujours un psu tranfparents , & fe confondant avec le noir de derriere , donnent une fenfation de bleu. Ces deux explications du rouge &: du bleu , nous feront connoitre pourquoi les veines qu'on voit fur la fuperficie de la peau , fur-tout d'une peau bien blanche , nous paroillent bleues , quoiqu'elles foient remplies d'un fang fort rouge. Car d'apres ce que j'ai explique ci-devant , il eft clair que le fang qui eft rouge orun , etant renferme dans les veines , y eft en quelque faijoii dans I'obfcurite , & par confequent paroitroit comme noir , & ce noir etant vu au travers de la membrane de la veine , &: au travers de la peau blanche , nous fait une fenfation de bleu , ce qui n'arrive pas au refte de la peau qui eft blanche , & remplie d'une infinite de particules de fang juiqu'a I'epidermc, laquelle nous doit paroure d'un blanc un peu vermeil,, car ces particules de fang font fort difperfees; mais s'il arrive que par quelqu'accident , comme par quelque coup , ie fang fe ramafte en grande- quantite fous la peau , aulli-tot la partie paroit bleuatre , & on dit qu'elle eft meurtrie. C'eft audi fans doure cette couleur bleue des veines qui a engage les Anatomiftes qui font des injedions de cite dans les vaiifeaux du corps , de feringuer de la cire bleue dans les veines, 5i de la cire rouge dans les arteres , pour les diftinguer des veines , & pour faire connoitre en quel- que fagon la difFerente nature du fang de ces vaideaux , car il eft beau- coup plus vif,plus fpiritueux, & plus vermeil dans les arteres, que dans, ies veines. A C A D E M I Q U E. ^^y ACAD.ROYALE Experiences pour connoitre fi la force des cordes furpajfe la de Paris. J'omme des forces des fits qui compofcnt ccs mimes (,ordcs. Jnnec 1711. Par M. D E R E A u M u R. V>/ N eft dans le pcq'ugc de croiie qu'une corde compofee de difFerents fils tortillcs enfemble , a line force qui furpalTe la fomme des fortes de tous Iss fils qui la conipofeiu. Divers Savans penfeni: a ce fuji-t commc le vulgaire. Mais je crois au conrraire que le tortilkmenc ( on voudra bic-ii me palFer ce terme qui eft expreflif & qui me devient necellaire ) que le tortillement , dis-je, diminue la force des cordes, loin de rauf;mcnter» C'eft un probleme dont la folution eft de beaucoup il'ucilite dans la me- chanique ; car on s'expoferoic fouvenc a faire rompre les cordes qu'oii emploie , fi on comptoic trop fur leurs forces. Tout ce qu'on fait en formant des cordes , ou en tortillant des fils les mis autour des autres , c'eft de les mettre tous en etat de contribuet de quelque chofe a foutenir la force ou le poids que Ton fera agir contra cette corde , &c en metne-tems oA difpofe chaque fil de facon qu'il eft plus aife de le rompre que de le faire glifTer , ou que de le degager d'en- tre ceux qui I'enveloppent , c'eft ce qui donnc la facilite de faire des cor- des ires-longues , avec des fils tres-courts , conime nous le voyons dans. les cordes de chanvre , de lin , tk. dans cellcs de laine & de foie j cac nous pouvons regarder comme de petites cordes les brins de foie & de laine dont on fe fert dans I'ufage ordinaire , chaque fil etant prelle centre ceux qui I'environnent , & etant entortille avec ces meir.es fils , oppofe par fon frottement une telle refiftance a la force qui le tire , qu'il eft plus difficile a cette force de vaincte la reiiftance du frottement , que de calTer le fil. Mais s'enfuit-il de cette difpofition des fils que la fomme de leurs for- ces foit plus petite ou plus grande que ne I'eft la force de la corde ? c'efl ce qu'il n'eft pas pollible de decider par le feul raifonnement. On voit bien qu'en tortillant plufieurs fils enfemble, on raccourcit chaque fil, He que la corde gagne en groffeur ce que chaque fil petd en longueur; fi Ton regarde la corde feulement de ce c6te-la, il eft clair que fa force eftaugmcntee, car routes chofes d'ailleurs egales , les plus grollls cor- des font les plus fortes. Si, par excniple, on forme une corde en tor- tillant cinq fils , les uns autour des autres , & que le tortillement rac- courcide chaque fil d'un cinquieme , il eft evident que la grolfeur de la corde profite des | dont la longueur des fils eft diminitee , d'ou il fem- ble dcja que la force de cette corde devroit etre egale a la fomme des forces que fix fils pourroient foutenir feparemcnt. Il y a encore un autre endroit par lequel le tortillement parolt angmen- ter la force de la corde 5 il eft caufe que le poids qui tire la corde , tire obliquement chaque fil , de forte qu'une partie de ce poids eft employee 174 COLLECTION :. a prefTer ces fils les uiis centre les autres , e:?.nt moins tires chacun felon AeAD.RoYAiE ^'^^^ longueur , la corde qu'ils compofent pourroit etre en erat de refifter DEs Sciences a un effort plus grand que celui que peuvent knitenir tous les fils qui la DE Paris. compofent lorfqu'ils ronr tires perpendicuiairement. Annii 171 1. Ce font la les cores favorables par lefquels on peut envifager le tor- tillement ; mais on verra que par d'autres endruits il affoiblit la force des cordes , fi Ton veut faire attention qu'atin qu'une corde eiit une force egaie a la fomine des forces des fils qui la compofent , il faudroit que le poids attache a une de fes extremites , n'agit contre chaque fil qu'i proportion de la force de ce fil; car fi des fils plus foihles le troiivenc aulfi charges que des fils plus forts , ou que di.-s fils d'egale force fe trou- vent beaucoup plus charges les uns que le> autres, ils fe calleront , &: rout le poids retombera fur les fils qui etoient auparavant les moins charges : or le poids qui tire une corde , tire chaque fil qui la compofe , plus ou moins a proportion que ce fil eft plus ou moins tendu , & plus ou moins gros , & en tortillant ces fils , il n'eft pas poflible de les dif- pofer de fagon que les foibles foient moins tendus que les autres; quel- quefois les plus gros font les plus foibles , chaque fil ne contnbue done pas a proportion de fa force , a foutenir le poids \ & fi dans une corde compoiee de fix fils pat exemple , il y en a quatre qui ne contribuent que de la moitie de leur force a foutenir le poids, la corde ne doit etre plus confideree que comme t\. elle etoit compofee de quatre fils. D'ailleurs , puifqu'en toriillant les fils on les tend , il eft clait que le tor- tillement equivaut lui-meme a un poids qui tireroit chaque fil , &: a un poids plus ou moins grand , felon que la tenfion qu'il produi: eft plus oil moins grande , c'eft-a-dire, que plus ce fil eft rendu, moins il eft en etac de foutenir un poids egtl a celui qu'il foutiendroit iiaurellement ; le tor- rillement feul fufBt quelquefois pour ronipre les fils , comme on Te-xpe- rimente , I'orfqu'on veut les tortiller crop les uns autour des auttes. Le meme toitillemenr qui augminta la force des cordes par certains endroits , la dimlnue done par d'aucres endroits ; mais I'augmentation fur- palfe-telle li diminution , c'eft fur quoi la geometrie n'a de prife qu'au- tant qu'on fera des fuppoficions arbitraires , c]ui par confequent ne decide- ront rien. On ne fauroit connoitre fi , entte ces fuppofitions, on a choifi celles qui font conformes aux eflfets de la uatiire : il faut done ici , comme oids de vingc- deux livres. Comme j'avois connupar les experieaces ptec^ctertt» , Acad Royale DEs Sciences DE Paris. Annie 1 7 1 1 . 175 COLLECTION & par diverfes autres inutiles a rapporter ici , que le fil dont |e me fer« vois , avoit dans les eiidroits les plus foibles mutant de force qui! en fauc pout' foutenir un poids de fix livres, & que fa -force alloit fouvenc juf- qu'a foutenir neuf livres , je crus que j'etois en droit de faire enfuite mes calculs , fans examiner davantage la force des brins de fil que j'em- ployois ; & que lorfque je trouveroi^s que la force de la corde feroic moindre' que celle de la foitime des fils , en les regardant comme ne pouvant porter chaciin que fix livres, je ne courois au.un rifque de me tromper , puifque )e n'avois jamais trouve la force de ces fils plus petite , & que je I'avois ordinairement trouvee plus grande. J'ai done fait encore diffcrentes cordes avec le meme fil , parce que Ton ne fauroit trop repeter les expetienoes avanr que d'en conclure quelque chofe. Cinqulemt Experience. Je fis une corde de fix fils , elle auroit du pour le moins foutenir trente- fix livres , fi la force eiit ete egale a celle de la fomme d>,s fils , & cette corde fe tompit par le poids de trente-une livres. Sixieme Experience, Une corde de dix fils tres-bien torrilles qui auroit du porter pour le moins foixante livres , fi fa force n'eut pas ete moindre que cellc de la fomme des fils, s'ell rompue chargee par cinquante livres Septieme Experience. Ayant fait une corde en doublant le plus long des deux bouts qui m'e- toieat rertes de la corde precedente , comme elle etoit compofce de dix fils , on volt que j'en fis une corde de vingt fils qui ne pouvoit porter moins de cent vingt livres , fans etre plus foible que la fomme des fils , ^ moins de cent fi fa force n'etoit pas diminuce par le dernier tortiUe- ment : un poids de quatre- vingt livres fit caller cette corde, elle etou done encore diminuee de force par le dernier cortillement. Huetieme Experience, Une autre corde faite de vingt -huit fils qui auroit porte pour le moins cent foixante-huit livres, fi le tortillement n'eut pas diminue la force de la corde, a etc cafTee par un poids de quatre-vingt-deux livres ; diverfes autres experiences que je fupprime ici , ont eu le meme fucces ;_ mais pour prevenir routes les objedlions , j'ai voulu auflTi foumettre a mes epreu- ves les cordes ordinaires Neuvieme Experience Je pris done une petite corde de chanvre tres-bien faite par un cordier , elle ecoit formee de trois autres petites cordes, chacune defquelles etoit compolee A C A D 6 M I Q U E. 177 compofce de f;ros fils de clianvre ; je donne le nom de fil aux cordes qui j. SS3 ne font pas faites d'autres cordes plus petites , mais qui (one compolees Acad. Roy AtB de divers brins de thanvic ou de lin : ayaiit atcaclic un poids dc cinquante d^s Sciences livres a la corde done jo viens de parler, elle fe rompu un inllant aprcs; de 1'aris. comme certe corde me femhloit & devoir ctre plus forte, je fufpendis ^rmu 171 r. enfuitc divers poids au plus lung des bouts qui m'etou reftc ; il (outinc foixante-douze livtes, &: fe callii charge par foixaiue-quinze : pour favoic fi la fomme des forces des trois pecitcs cordes qui compofoient cclle-ci , ctoic plus grande que celle de cette corde, je la dctortillai , 8c ayanc cprouve la force de ceS petites cordes par differens poids, je trouvai que Tune avoir porte vingtfept livres fanrfe rompre , I'autre trente- trois livres , & li deruiere trente-cinq livres : la fomme de la force de ces trois cordes etoit done au moins cgale a celle qu'il faut pour foutenir un poids de quatre-vingt-quinze livres ; cependant la corde qu'elles compofoient s'c- toit rompue d'abotd a cinquante livres , & enfuite a foixante -quinze : fa force etoit done beaucoup moindre que celle de la fomme des fils. Au refte il faut remarqucr que fi j'eulFe cherclie la force des deux fils dont chacune des trois petites cordes litoit compofce , la fomme des for- ces de ces deux fils eut ete pent-etre trouvee moindrc que celle de la pe- tite corde qu'ils compofoient , &C cela par une raifon particuliere aux cor- des qui font faites de brins moins longs que la coide meme ; c'ell que chacun des brins ne peut exercer route la force , a moins que la rcfillance du frottement qu'il lui faut vaincre pour gliffer, ne furpade la force qua ce brin pour foutenir un poids : or il arrive fouvent que les fil: ne lont pas alfez tottilles pour qtie les brins de clianvre ou de lin qui les com- pofent , ne puilfent pas gliffer plus aifcment , qu'ils ne peuvent ctre rom- pus. Mais lorfqu'on fait une corde avec deux ou trois fils, par exemple , les nouveaux tortillemens qu'on leiir donne , ajoutent aux brins qui les compofent , ce qui leur manquoit de frottement , Si les mettent en etac de pouvoir ctre rompus par une force moindre , qui eft celle qui elVncceT- faire pour les faire glider ; & dcslors que chaque brin pourra ctre plus aifement rompu que dcgage d'entre ceux qui I'entourent , la force de la fomme fera toujours moindre , que la fomme des forces des fils ou des brins qui la compofent. Dixkme Experience, Une autre corde, a-peu prcs de la meme grofTeiir que la precedente , fervira encore de nouvelle preuve , elle a foutenu un poids de foixanta livres , Sc s'cll rompue environ au milieu par le pefanteur d'un poids de 71 I. j'ai attaclie un poids de foixante - quinze au plus long des morceaux qui me reftoient pout voir fi la corde n'etoit point cafTee dans un endroit beaucoup plus foible que les autres j mais elle n' a pu foutenir le poids de foixanteqainze livres. Ayant cherche fepardmenc la force des trois petites cordes dont elle etoit faite , la premiere a porte vingt quatre livres , & s'ell rompue a vingt -luiit , la deuxieme a porte vingt- huic livres, & s'efl: rompue "a vi::gt-neuf : enfin la troifieme a foutenu trente- livres , & ne s'eft calfee qua trente-une. La fomme des forces de ces trois Tome III, Parcie Franco! fe. Z tyS COLLECTION ' cort^es etoic done egale , du moins a quatre-vingt deux , &c par confequenC AcAD.RoYALE plus grandc que celle de la corde qui s'etoic caflee , cendue par un poids DEs Sciences de foixance dauzs livres. DE 1 ARis. On ne peut douter que les experiences que j'ai faites , n'eufTent reufli de Annii 171 1. I^ mt-me maniere fur de plus groiTes cordes; Ic grand nombre des fils ou pecires cordes , ne doic y appotter aucun changement j mais les experien- ces auroient ete beaucoup plus difficiles a executer , & les precedences fuflifent. J'en rapporterai pourtant encore une que j'ai faite fur un brin de foie , tel qu'on s'en fere ordinairement pour coudre : quelque petite que fut cette efpece de corde, on peut la comparer aux plus gros cables y fi Ton fait feulement attention ?u nombre des fils fimples qui la compo- foient : les fils de ce brin de foie etoient d'une finelle extreme , aulll en contenoit-il an nombre bien plus grand que ies brins dont j'ai parle dans I'Examen de la foie dzs araignui {a) ; car I'ayant fepare avec beaucoup d'attention & de patience , je I'ai divife en 851 fils fimples, au-lieu que je n'avois trouve que 100 fils dans les autres. Si ce calcula/oit quelque defaut, ce ne ponrroir etre que parce qu'il feroit le nombre des fils plus petit qu'il n'ctoir efPeCtivement , parce qu'il pourroic fort bien etre arrive que I'extreme finelTe de ccs fils , m'en eCic quelquefois faic prendre deux pour un : mais ce nombre ne fauroit etre trop grand, parce qu'il ne m'eft jamais arrive de compter un fil fans I'avoir bien fepare des autres : j'avois meme la precaution de le couper apres I'avoir compce, de crainte qu'd ne m'arrivac d'en faire uu double emploi. Ces 831 fils compofoient deux petites cordc-s difFerentes, qui etant tor- tillees I'une fur I'autre , formoient le brin de foie : ayant attache fuccefii- vement difFerens poids a ce brin de foie , je trouvai qu'il loutenoit ordi- nairement cinq livres pendant quelques inftans,apres quoi il fe rom- poit ; mais fa force altoit tres-rarement jufqu'a porter cinq livres & de- niie , & dans un grand nombre d'experiences , il n'y eut qu'un cas ou deux, que cinq livres &c demie ne le firent pns rompre. Ayanc examine enfuite la force des fils qui compofoient ce brin de foie, je m'alTurai par plufieurs experiences que les plus foibles pouvoient foutenir un gros fans fe rompre , & les plus forts un gros & demi : on vo;t que fi ces fils etoient beaucoup plus fins que ceux dont j'ai parle dans ['Examcn de la foie de raniignee , ils etoient audi beaucoup plus foibles , car ceux- la foute- noient deux gros & demi. Puifque ces fils portoient du moins un gros , & que les plus forts , dont je trouvois mtme un plus grand nombre que Ass plus foibles , portoient un gros & demi , il eft certain que je ne ferai rien de trop favorable 3 la fomme de la force des fils , lorf- que je prendrai un gros dix-huit grains pour la force moyenne de clia- que fil ; & felon cecte fuppofition , la fomme des forces des fils qui compofoient ce brin de foie,etoit de 1040 gros; ou divifanc cctte fom- me par 1 18 pour la reduire en livres, la fomme de la force des fils etoit de huit livres deux onces : or nous avoiis vu ci delTus que le brin di 'oie ne foutenoic pour I'ordinaire que cinq livres, & rarement cinq 5c demie ; fa (i 5 i gros , c'elt-a-dire de fix livres & deniic , par confequent plus grande que celle du brin de foie. On peut done sureinent conclure de routes ces experiences que la force d'une corile tortillee eft moindre que la fomme des forces des fils qui la compoleiit; mais il n'eft pas pofllble de determiner en quelle proportion le tortillement la diminue, parce que cette diminution depend d'un grand nombre d'irregularitcs, lefquellcs peuvent fe combiner de pliifieurs manie- res differentes. Ces experiences nous apprennent du moins que lorfqu'on pourra em- ployer dune maniere commode plufieur^ perites cordes, & qu'on les pourra tendre e^alement, ces petites cordes feront en erat de produire un plus grand effet, ou de reader a un plus grand effort, que ne le feroit un cable compofe de toutes ces petites cordes. Enfin fi nous ne pouvons decider quelle eft la force d'un cable , nous pou- vons decider entre quelles limites elle eft renfermee en cherchant quelle eft la force de quelques-unes des petites cordes qui le compofent, & en exami- nant quel eft le nombre de ces memes cordes, puifque nous avons vu que ia force du cable eft moindce que la fomme des forces de toutes ces cordes. i8o COLLECTION Acad. RoYALE BEs Sciences DE Paris. Annie 1712. •^= f^> Obfcrvations Mctcorologiques faites a I' Obfervatoirc Royal pendant Vannce, ij i i. Par M. D E LA Hire. M-i A fomme cJe la hauteur de I'eau de toute I'annee 1 7 1 1 a etc de 2^ pouces 1 lignes 6 pouces de plus que la hauteur des annees moyennes. Il eft alTez extraordinaire que cette annee ait donne tant d'eau , quoiqu'il n'ait plu que fort peu pendant les mois de Juin & d'Aour , qui avec le mois de Juillet en fourniffent aflez fouvent autant que les neuf autres mois de I'annee tout cnfemble , &c d'autanc plus que depuis le 3 Seprembre jufqu'au 191! n'a pas plu , & que depuis le 1 9 Sepcembre , oii il toniba 1 1 lignes jufqu'au 19 d'Odtobre , il n'en eft tombe que z ou j lignes : mais les grandes nciges du mois de Fevrier, avec les pluies qui les ont fuivies vers la fin de ce mois, ont donne tout d'un coup une grande quanrite d'eau , ce qui a caufe un debordement confiderable de la riviere j ce debordement n'a pourtant pas ece fi grand que celui qui arriva en 165 S au mois de Fevrier , & done la hauteur eft marquee dans le cloitre des CelelHns de Paris. On ne peut rien determiner de certain fur la hauteur d'eau que doit fournir une certaine hauteur de neige , car il y en a qui eft fort rare & d'autre qui eft a(Tez condenfee. Les 18 , 19 & 30 Juillet ont fourni environ 5 1 lignes d'eau , & c'eft la plus grande pluie qu'il ait fait pendant toute I'annee. Il y avoit un peu d'o- rage le 18 au foir. Mon thermometre, qui eft toujours expofe a I'air , mais a I'abri du foleil & du vent , a ete au plus haut a 61 parties f le 16 Juin au lever du (oleii , & a 1 heures apres mldi il etoit a 73 f , ce qui ne marque pas une fore grande chaleur , puifque je I'ai vu monter jufqu'a 80. Le 10 Juillet qui dans le cours ordinaire eft le terns des grandes chaleurs, il n'ctoit qu'i I'etat moyen vers le lever du foleil. Ce meme thermometre a ete au plus bas a 10 degres le 1 5 Fevrier j mais deux jours apres il etoit remonte a 3 (J, On fait que la temperature des cartieres de I'Obfervatoire qui eft conftante > eft de 1 S degres fur ce thermometre , & que la gelee commence dans la campagne lorfqu'il eft a 3 1 •, en forte que de la temperature moyenne jufqu'a la gelee , il defcend feutement de \6 parties , & par confequent le degre de chaleur d'air qui (era autant au-de(Tus de cette temperature moyenne que le degre du commencement de la gelee eft au-deflous, fera lignes , ce qui oe lailTe pas d'etre une des plus grandes hauteurs qu'on ait __,____^ vues ici. J'ai rapporcc ailleurs quelques raifons qui pcuvcnt f'aire coniioi- ~ 7. ,-, J • ^f^L L ' , ' „ o J • J I J ACAD.ROYALE tre qu 11 doit tomber bcaucoup plus ocau & de neige dans les pays des D^sSciENCfS montagiics, que dans les plaines qui en font cloignees. («) de Paris. II a trouvc la plus urande hauteur du barometre le 21 Decembre a Z7 . , pouces : le matin de ce jour-u ilctoit ici a iS pouces 5 hgnes ^ avec Ic barometre ordinaire \ mais avec un autre a 18 pouces 6 lignes [ , done dif- ference avec ce dernier 18 lignes [. La moindre hauteur de fon barome- tre a etc le 9 Fevtier 315 pouces 1 1 lignes [ ; & le mem£ jour id a iS pouces 1 1 lignes | avec le barometto ordinaire , & avec I'autre a 27 pou- ces 3 lignes, &c la difference avec ce dernier n'eft que de 15 lignes -j ; mais ces jours la ne font pas ceux auxquels j'ai obferve ici la plus gran- de, & la moindre hauteur du barometre : audi la difference encre la plus grande &: la moindre hauteur que j'ai trouvee a Paris, eft de io lignes, ik line la trouve que de 11 lignes y. C'efb, a ce qu'il me fembie , ce qui fait connoicre que les hauteurs du mercure dans les barometres , ne vi.en- nent pas toujours de la hauteur de route I'atmofphere qui ne peut pas ttre fort differente dans des lieux peu eloignes les uns des autres , &C dans un mcme terns , mais de queique accident parciculier de I'air : cepen- dant fi Ton prenoit une moyenne difference de haiucur du barometre i Zurich, & a Paris dans les obfervations que je viens de rapporter , on auroit a peu-pres 17 lignes; &: fi Ton pofoit 11 toiles d'elevation pour une ligne de changement de hauteur de mercure , il s'enfuivroit que Zurich feroit plus haut que Paris au-defTus de la mer , de 187 toifes. Il s'etendfort au long fur les meteores, & principalement fur le trem- blement de terre qu'on a reffenti a Bale , dont M. Bernoulli lui a en- voyc une relation tres-exacte : voici le refultat de cette relation. Il y euc deux fecoulles de ce tremblemenc peu eloignces I'une de I'autre , le 9 Fevrier entre 4 & 5 heures du matin : nous en relTentimes une a Paris le 6 Odobre a S heures du foir , d'oii I'on voir que les caufts de ces tremblemens ont ete fort eloignees. A Bale le tremblement de terre fur precede d'un vent tres-violent de Midi , femblable a une tempete ou a un ouragan , lequel fut accompagne d'une chaleur extraordinaire dans cette faifon de I'annte , quoiqu'aup.nraVdnt il fit fott froid ; aiors routes les neiges qui etoient en tres-grande abondance fur la terre, furent fon- dues en moins de deux heures , & routes les rivieres , & le Rhin meme criirent excraordinairemenr , ce qu'on n'avoit point vu jufqu'alors ; mais ce vent ayant ceffe , le froid recommenca, & il tomba une ttcs grande quantite de neige , & jufqu'a deux coudees de haureur : ce font ces ter- mes. M. Scheuchzer rtmarque que les mcmes accidents du vent iSc de la chaleur , furent aufli obferves a Zurich, mais il ne dir pas qu'on y reflentit le tremblement de terre ; il ajoute feulement que dans ce inane terns, il obferva la hauteur du barometre de 25 pouces 11 Jignes. Enfin il rapporte que les fruits de la terre n'ont pas bieu miiri daos ce pays. (ii) V. CoUcc. Acad, Part. Fran^oifc, torn. II, pag. 711, i84 COLLECTION ACAD.ROYALE ''de^p'A'i"^ R^fl'^xions fur Ics Ohfei-vadons du Barometre, dries d'um Icttrc Annii I \ icriu d'Upfalc en Suede , par M, Kalkrius , Diredcur di plujieurs mines de cuivre. Par M. D E LA Hire le fils. J E fis voir a M. Valleriiis qui eft fort bon Mathematicien , & qui etoic il y a qtielques annees a Paris , les changemsns qui atriverent au mer- cure dans le tuyau du barometre , en ie portant au Waut de I'Obfervatoire , & dans le fond des caves , & je le priai de faire ces experiences dans les mines done il a la direftion. Voici celles qu'il a faites dans les puits de Fkmingiennus &C Fkmingjf- chatet , & dans les mines qu'il appelle Falhunenfes , du grand mont de cuivre , &c fur la montagne Grufriis-Bcrget qui tienc a ces mines , le ciel etan: plein de nuages, & le vent un peu fort qui moderoit la chaleur. II commenca fes experiences par I'obfervation du barometre a I'entree de la mine , He il trouva que le metcure etoit a 14 pouces 4 lignes de Suede (.2), qui valent , mefure de Paris, zfi pouces y 73 lignes. Au fond de la mine qui avoir 81 toifes 1 pieds 4 pouces 5 lignes mefure de Paris, M. Vallsrius rrouva le barometre eleve de 17 pouces 5 lignes, & de 2(5 pouces 5 lignesj— au haut de la montagne qui avoir 47 toifes j pieds J pouces de hauteur au-de(Iiis de I'ouverture de la mine; & dans les differentes ftations ou il a obferve, foit en montant , foit en def- cendant, entre ces deux extremites, il a toujours trouve qu'a une ligne de mercure repondoient 10 toifes i pied 6 pouces 4 lignes : or par toutes les obfervations que Ton a faites dans nos ciimats , une ligne de mer- cure n'a jamais valu moins de 10 toifes f pieds, & quelquefois elte a ete jufqu'a 14 toifes i j pied. Il faut meme remarquer que dans les ob- fervations de ce pays-ci , au point le plus bas d'oii Ton ait commence a compter, le barometre etoit a zS pouces ou i-peu-prcs, & qu'au fond de la mine de M. Vallerius, qui a ete fon point le plus bas, le baro- metre n'etoic qu'.x 17 pouces 5 lignes. De forte quo les obfervations de Suede ayant commence a un point ou la colonne d'air etoit moins pe- fante ou moins condenfee , elles auroient du donner plutot de plus grandes hauteurs pour chaque ligne de mercure ; & fi maigre cela elles les ont toujours donnees plus petites, il faut que lair foit confiderable- mentplus pefant & plus condenfe en Suede. Dans route I'etendue de plus de 119 toifes ou M. Vallerius a obferve, il a toujours trouve qu'une ligne de mercure donnoit precifement la meme hauteur, c'eft-a-dire , que non-feulement les vapeurs metalliques de la mine n'y ont pas rendu I'air plus pefant que celui qui etoit fur la {a) Selon M. Picait !c pie.s. De la j^r.inde condenfation dc I'air de Suede, ou de la grande luuf-uc de I'atniolpliere ciui doit toujours aller en diminuaiit de Suede jufquici , ^ encore p us juiqu'i I'cquateur; il luit qu'on ne peut faire de table dts abaiiremcns de mercure pour difterentes hauteurs , qui foit comnmne i differens pavs un p.u cloignes. C H Y M I E. Ohfervations fur I'acide quijl trouve dans le fang ^ dans les autres parties dcs aniniaux. par M. H O M B E R G. J_j A fuhftance des animaux etant formee & reparee fans celTe par les ali- inens , il ell naturel de penfer que Ton doit y retrouver les principes qui compofint ces m}mcs alimens. La chair des canards fauvages d.s pays mantiiiies qui ne vivent que de poilfons , fent fi fort I'huile de poilTon qu'on ne fauroit en manger; & cclle d.s grivesqui ne vivent que de ner- prui ell purgative rant que le^ fruits du nerprun durenr. Cn peut done s'at- tendre a trouver des acides dans les animaux q i vivcnt de vegetaux; Sc meme fi Ton fait attention que les carn.illi rs inangent des animaux nourris avec des vegetaux , Ton fentira qu'il n'eft aucune efpece d'animal done I'analyfe ne doive fournir de I'acide, mais plus ou moins fuivuit que les animaux feront frugivores ou carnivores, de forte que dan? les uns la quan- titc d'acide furpallera cclle de I'alkali volatil, tandis que dans 'es uitres I'alkali exceJera I'acide. D'apres ces idees j'ai precede a Tanilyte de dif- ferentes parties d'animaux, tant des carnarticrs que de ceux qui vivent de vegetaux, & particulierement des hommes. Les refultats ont etc confor- "mes a ce que je penlois; & quelqucs unes'de mes operations, que je vais donner ici, me paroilfent ne lailfer aueiui doate fur la verite que j'avois entrevue. J'ai pris treize livres de fang d'agneau fraiihement tue , j'en ai feparc le Icrurn , il m'ell telle (\yi hvres de fang caille que j'ai difiille fans in- termede a rres petit feu de fable dans une grande cornue de veire, pen- dant loixante & quinze heures , c'ell a dire jufqu'i ce que par ce degrc de feu doux il n'en fo tit plus rien de fenfible; tout ce que cette didiU lation en a fep:irc , etoit pres de cinq livres de liqueur aqueufe & fort claire qui n'a donne aucune marqu." d'acide ; je changeai pour lor$ de recipient, Ik. j'augmentai le feu par degies fous la meme cornue juf j i ■ DE Paris blable a ceux du hit. J'ai obferve une difference remarquable dans la diftillarion de ces trois Aniue \-j\i. fortes de laic , c'eft que la liqueur aqueufe qui vicnt du laic de vache , & du laitde chevre , a uue odeur agreable , & mcme la liqueur roulie n'en fent point mauvais , comma elle fait ordinairement dans les autres ana- lyfes , mais elle a une odeur de gateau nouveau fait , & un peu grille ; au lieu que le lait d'anelle dcs le commencement de la dilbllatiun a donne une odeur fade & defagreable, qui a augmcnte de plus en plus en deve- nant alFez femblable a celle de la vielle grailfe , on du vieux oing ; la caufe de cette difference me paroit etre la difference confttudtion de ces trois fortes de lait : dans lexamen que j'en ai fait, il m'a paru que le laic de chevre contient autant ■ e vraie crcme , ou de matiere butyreufe , que de matiere cafeeufe. Le laic de vaclie m'a paru peu different du lait de chevre \ il contient un peu moins de crtine que de fromage ; mais le lait d'anelfe , contienc trois ou quatre fois plus de fromage que de creme ; & comme le fromage frais mis fur le feu , donne toujours une odsur fade 6c defagreable, le lait qui en contient le plus, favoir ceUii d'anelfe, fentira le plus mauvais fur le feu:au tontraire le beurre frais, ou la creme expofee a un feu modete , donne une odeur qui approche de celle d'un gateau qui eft ordinairement pctri avec du beurre fr.iis ; ainli le lait qui contiendra alTez de creme pour couvrir entietement I'odeur de fa matiere cafeeufe, comme font le lait de chevre , & ceiui de vache, ne doit fentir fur un feu mediocre , que la friture de beurre frais , ou le gateau un peu roci. J'ai eu par hafard une grande quantite de fueur d'une perfonne a qui un remede pris mal-a-propos , avoir fait une imprellion fudorifique fi ex- ceflive qu'en tordant les linges qui I'entouroient , on en pouvoit amafRr jufqu'a une livre par jour , & cela pendant plufieucs jours de fuite ; elle fentoit I'aigce comme le petit lait aigri , & fiifoic une legere imprellion de rouge au papier bleu, & a la teincure de tournefol. J'en ai fait I'ana- lyfe de la meme maniere que j'ai fair celle du fang : il en eft venu a la fin de la force diftillacion- , une liqueur rouffe , falee & acide qui a fait force couleur de feu avec la teincure de tournefol. J'ai aufli examine par curiolitc le remede que cette perfonne avoir pris , c'etoit une poudre jaune orangee, dans laquelle on reconnoiftbit partaite- ment du foufre commun j j'y ai aufli reconnu de la litharge : Ton mettoic de cette poudre environ douze ou quinze grains dans la main , qu'on avoir auparavant bien chauftee au feu, on y ajoutoit deux ou trois gouttes d'huile d'olives, & avec I'autce main qu'on avoir aufli chauffee aupara- vant , on frottoit la poudre & I'huile entre les deux paumes des mains pendant un demi-quart d'heure environ ; route la poudre fe fondoit avec i'huile , & penetroit par les pores dans les main? , de forte qu'en ouvranc les mains on n'y trouvoit plus rien du tout. Ceiui qui donnoit cette pou- dre faifoir faire ce manege a fes malades plufii^urs jours de fuite, & (juelquefois deux fois par jourj il en arrivoic ordinairement une legere Acad. Royale DES Sciences A C A D fe M I Q U E. 191 fucur pcriodique , on un flux d'luine qui conciniioit pendant plufieurs jours , iiKine anres avoir lini I'ufnsie de la poiidre : beaucoup de gens en oni etc incommodes , Hi daiures y ont troiive du louUgement. Si ^g Paris fon auteur avoir en un pen de connoiffance en medecine , il auroit peut- , cire trouvc moyen d'employer ce remede utili-nient en certaines mala- ■"'^^'^^ lyii dies : c'eft una maniere d'introduire le (.lomb dans le corps iiumain par les pores de la peau , commc an y introduit le mercure par les fridlions. L'urine diftillee fraiche & non fcrmentce, donne d'abord fon flcgme, enfuite un (el volatll , & fon huile fans donner de marques ftnfibles d'acide : niais I'urine qu'on a lailfce fermentcr , donne d'abord fon fel vo- latil , puis fon Hegme fuivi d'une liqueur roulfe qui i liange la teinture de toftrneiol en force couleur de feu. Le fel fixe de I'urine, foic qu'tUe ait fermentc , ou non , eft fimplement falin ; il donne un efprit tres acide quand il ell: diftille a feu nud avec una intermede , comme on diftjUe I'efpric de fel. * Cetefprir acide fe joint, fLlon routes les .ipparcnces, n I'huile la plus fixe de I'urine dans Ic grand feu qu'c n employe pour diftiUer le phofphoro de Purine ;car le melange de ces deux matieres, lavoir d'un acide violent, & d'une huile dilHllee , produifent toujours une efpece de refine qui e(b aifemenc inflammable comme elt ce phofpiiore ; la pieuve ne fera pas difH- cile a faire par la dccompofition du pliofpliore : dccompolition qui pourra fervic en mcme terns de preuve que i'urine concient un acide tres-fen- fible. Prenez un morceau de phofphore d'urine du poids d'un gros environ , metcez-le dans un ballon de verre de douze a quinze poueesde diameire, par un terns humide & point trop chaud ; couchez le ballon fur le cote, & LilT;z le goulot ouvert ; la morceau de phofphore commencera d'abord a fumer , & continuera de meme jufqu'a ce qu'il foic confommc ent erc- iTient , ca qui fe iera en un jour ou deux feion que le tems fera plus ou nioins chaud , & Ton trou^era au fond du ballon , au lieu du morceau de phofphore , une cuilleree environ d'une eau fort claire & acide , comme de I'efprit de vitriol, & la partie fuperieure du ballon fera couverte en dedans d'une matiere terreufe, jaunatre, & difficilemenr inriammable. Ce phofphore , comme nous I'avons dit , efl la partie de I'urine hum .ine, qui ne s'en decache qu'a la fin de la plus forte diftillation, c'eft- a-dire dans le tems que I'aciJe & I'huile la plus fixe s'en elevtnt par le grand feu : ces deux matieres fe joignrnt enfemble dans la diftillation , co'mpo- fent cette efpece de refine fi aifee a s'enflammer , que nous appellons le phofphore d'urine. Tant que ces deux matieres reftent unies, la compo- fition du phofphore fubfifte ; mnis quand on I'expofe a I'air , la moindre chaleur qui le touche , le rcduic en fumee ou en vapeur , & pour lots rhumidite qui nage toujours dans I'air , diflouc peu a peu en liqueur aqueufe route la partie faline du phofpore a mefure qu'elle la peur arteindr« dans cette vapeur , & la fepare de la partie hulleufe de l'urme.a qui ells etoic jointe , qui pour lots n'ccanr plus inflammable n 'eft plus un pho'phore , & que Ton tiouve fublimce dans la partie fuperieure du ballon en forme d'une maaere terreufe , friable & jaunatre j i'humiJite de I'air , cyji ^a; ^iinci 17 11. 191 COLLECTION -,. ;^^ le fel acide du phofphore quelle a dilToiit , eft devenue acide , coule Acad. Roy ALE jans le fond du ballon, & produic cette eau ciaire & acide qu'on y re- DES Sciences ^^^^^^_ DE ARis. ^^ ^^j ^^jj^ jg ^^ phofphore y eft en fi grande quantite, & fi peu enve- loppe paries parties huileufcs , qu'il s'en detache en mettanc fimplement treniper le phofphore dans I'eaii commune , qui en devient aigre comme de I'efpric de vitriol : on eft oblige pour conferver ce phofphore , de le garder dans une fiolc bien bouchee& pleine d'eau , autrement il fe perd en tres peu de rems. CeiDC qui en ont conferve de cette maniere , n'ont qua goiUer I'eau qui auia fejournc delTus pendant un an ou deux , ils ieront etonnes de la forte acidite qu'ils y trouveront. J'ai environ une ds- mi once de ce phofphore que je garde depuis fept a huit ans dans de I'eau , qui eft devenue fi acide, quelle bouilloiuie fur le pave. J'en ai dans utie autre fiole avec de I'efptit de vin depuis plufieurs annees, & Tefptit de vin eftdevenu auftl acide que I'eau dont je viens de parler. Le phofphore nouveau fait eft d'un jaune tirant fur I'orange , la fur- face des morceaux qu'on en forme , eft lille 6c fort polie 5 mais quand il a fejoiune pendant quelque terns dans I'eau , fa furface polie devient rabo- teufe , & fa couleiir fe change en blanc fale : il y a route apparence que ces changemens ne viennent que de ce que leau qui a fejourne dclTus, a dif- fout'la partie fatine de la furface du phofphore quelle a pu attemdre ; ce fel dilfout fe rcpand dans I'eau , & laKfe vuide les locules dans lefquels il etoit loge: ces locules vuides font tout le changement qui paroic fur la futface°de ces morceaux de phofphore , les parties internes de ces mor- ceaux que I'eau n'a pu atteindre , n'ont pas change de coulent ou de confiftance ; la croute blanchatre & raboteufe eft friable , & fe peut fepa- rer de delfus ces morceaux ; elle n'eft plus fi inflammable quelle rctoit auparavant , ayant perdu une des parties elfentielles du compofe du phof- phore. , /■ 1 L'efpritde vin qui eft devenu acide par I'inFufion avec le phofphore, pro- duit de la lumiere, ce que I'eau fimple aigrie de la meme maniere, ne fait pas : la raifon en eft que I'eau (imple ne diftbut qu'une partie du phofphore, favoir fon fel acide , qui feul ne produit jamais de la lumiere j au lieu que I'efprit de vin etant une huile etheree, diiTout le phosphore entier dont le caraftore eft de produire de la lumiere j mais comme il fe trouve toujours dans I'efprit de vin une grande quantite de phlegme qm n'eft que de I'eau toute fimple , ce phlegme ne fauroit diflbudre que le 111 acide da phofphore qui n'eft point lumineux , de forte que I'efprit de vin produit de la lumiere de fa partie huileufe qui a diffout le phofphore en- tier, & il eft acide par fa partie aqueufe qui a dilfout feulenitnt le lei acide du phofphore. J'ai fait auffi I'analyfe des excremens de plufieurs animaux , don: les uns ont donne beaucoup d'acide, d'autres fort peu, & d'autres point dii tout. J'ai obferve que plus il fe trouve d'acide dans certains excremens , moins il y a de fel volatil ; &C quand il n'y a point d'acide il y a beau- coup de fel volatil. Les excremens dont j'ai tait I'analyfe font reux des '■ brebis AcAD.RoYAtE A C A D 6 M I Q U E. ,3, brebis, des chevres, descliiens, des chevaux , des vaches, des aneffes des hommes , des poules & des pigeons. J'ai donnc iin detail fort ample de I'analyfe du /!ercus humain dans ^vCs^'icuscEi nos Mcmoires de Tannee paircc qui pent fuffire en general pour tous les de Paris. aurres; il ne s'agit ici que de I'acide qu'ils one rendu. Je dirai done pouc Annee 171 z. cliacun en particulier que les crottes des chiens n'ont point donne d'acides que le ftercus humain en a donne peu , que ceux des chevaox , des anes & des poules en one donnc nn peu plus , que la bouze des vaches, les crottes des chevres & des brebis en one donne beaucoup, maisque la fiente des pigeons en a donnc confiderablemenc plus que rous les autres. Les crottes des chiens n'ont point donne d'acide de la maniere dont i'eu ai fait I'analyfe , c'eft-a-dire fans les avoir lailTe fermenter comme elles one etc faires routes ; mais je fuis perfuade que j'y en aurois trouve fi je les avois fait fermenter nnparavanr. Nous avons vu que I'urine humaine frakhe ne donne point d'acide , & que quand elle a fermence elle en donne. Il re- fulte de routes ces obfervations que vraifemblablement I'acide des alimens dont les animaux fe nourrilTcnt , ne fe detruir point dans leurs cours mais qu'il entre dans leur fubftance & en fait partie , & que le furplus en fort avec les excremens fans avoir foufferc un chanpement notable. Sur unc odcur dc Romarin produitc artificidUment, •*-y*- Lem ER Y ayant fair diffoudre dans un matras neuf de Tor fin de depart avec trois fois autant d'eau regale ordinaire , y verfa peu a pen de I'efprit yolatil de fel ammoniac, & quelques goutres d huile de tartre pour faire precipiter Tor j il fe fit une effervefcence confiderable rclle quelle devoir arriver , &: il s'eleva en mtme terns des exhalaifons &c des fumees qui avoienc une forte odeur de romarin ; cetre odeur demeura la meme jufqu'a ce que I'or fut precipice , & ne s'affbiblit qu'a mefure que la liqueur jetta moins de funice. M. Lemery s'etoit bien apper9u en plufieurs occafions , que des matieres volatiks relies que le camphie, la camphorata , la melilfe , rendoient une odeur de romarin, mais cela'lui futnouveau dans une efprit urineux tel que le fel ammoniac. Sur les coulcurs differences des pricipitcs dc Mcrcure. Par M. Lemery le Fils. Vc u A N D les mctaux ont ere dilfouts par un efprit .icide , &• qu'on les precipice enfuite par quelques fels propres .1 cet etfer , ils acquierenr ch.icun , en fe fcparnnt du liquide , une couleur particuliere qui repond ortiinairement .1 de cerraines circonftances. L'argent, le plomb &: I'etain qiii ne donnent aucune couleur a leur dilTolvant . & qui y deviennent par- faicemcnt invifibles quand ils fcnc bien purs &: bicn didouts, fe pr^cipi- Tomt III, Panic Fnin^oife^' JJl 194 COLLECTION ;— ^^2^^;^; tent (bus Une c6uleur blinclie. Je dis i°. quand ils font bien purs; car , _ par exemple , fuivant que Tareent coiuienc plus ou moins de cuivre , fa AcAD.RoYALE \ tr I ■ ^ n 1 ^ • ki s f ' • • ■ ■ /r I DES Sciences diliolution eft plus ou moins bleue , oc Ion precipice tienc aulli plus ou DE Paris. moins de cette couleur. z" Quand ils font bien diirouts , car quand on , , fair fondre du fel de faturne , ou de plomb dans I'cau commune , la li- '7 -• queur devient trouble Sc blanchatre , parce que I'eau feule ne dilTour pas bien ce fel, & commence meme en quelque forte la precipitation du plomb ; mais quand on mcle avec I'eau une fuffifante quantiri de vinai- gre diftille, le metal difparoit entierement 6c la diflolutioneft parfaire. L'or donne fa couleur a fon dilfolvant , & fon precipite garde aufli la meme couleur. Le cuivre en donne une bleue ; enfin , le fer prend diffe- rences couleurs fuivant les differens acides dont il a ete penetre 5 il de- vient rouge avec I'efpric de nirre , verd avec I'efprit de vitriol , & ainfi dii refte , £< il fe precipite fous les mcmes couleurs : enfin j'ai remarque par plufieurs experiences faites fur les fix metaux dont il a ere parle , que quand leur diffolution avoir une couleur particuliere , foit que ce fur celle du nigral , comme dans la dillohition de l'or , foit que e'en fur une autre procures par le melange de I'acide & du inecal , comme dans la dilfolacion du cuivre & da fer, le precipite qui en refultoit , gardoit tou- jours la couleur de la dillolution , quelques lels abforbans qu'on ein- ployat pour cette effet. J'ai encore obf-rve que quand la dilTolution etoit claire dc limpide, & qu'en la faifanc evaporer e!le fe reduifoic en une matiere blanche, cetce diirolution fourniffoit toujours un precipite blanc. Le mercure dilfous dans I'efpri: de nitre , ou reduit en fublime corrofif ^ fondu dans I'eau , s'eloigne entierement de la regie qui vienc d'etre marquee ; car quoiqu'il ne donne auciine couleur a fon diilolvant , qu'il y devienne invifible dans I'un Sc dans I'autre cas , & qu'en faifant evapo- rer I'humiditc des deux dilfolutions , on le trouve reduit en une maffe blanche , ne^nmoins les differens fels abforbans qui operoient tons la rneme couleur fur un meme metal, agiilent differemmenc fur le iner- ci^ite , ce qui produir un fpedacle chymiqiie alTez agrcable; i". par la couleur qui nait tout d'un coup du melange de ces deux liqueurs egale- ment daires & limpides ; i° . par la variece des couleurs qu'on pent donner a pufieurs portions d'une meme c^ilTolution ; j''. patce qu'une meme por- tion de la dillolution pent fucceflivement recevoir differentes couleurs par differentes fortes de liqueurs vcrfees I'une apres I'autrc, done la derniere npres avoir enleve la premiere couleur , en fubftitue une autre a la place j enfin , parce que routes ces couleurs peuvent s'evanouir par unacide, &C- reparoitre de nouvrau comme auparavanr. . Comme ces fairs four alfez curieiix pourmcriter une attention particu- liere, j'ai fait a ce fujet be^ucoup d'experiences 8c d'obfervations , tanc pour vtfrifier les faits connus, & en rallembler de nouveaux , que pcuu decouvrir la nature particuliere d'uiV tr^s-grand nombre de fels abforbans qui peuvent fervir & donner lieu aux phenomenes done il s'agir, J'ai etu- die avec foin I'aftion dillerenre de tons ces fels fur la diiTolution du mer- cure ; les circont^ances dans lefquelles ils dcviennjnt incapabks d'agir ; ACADfiMIQUE. «ei cellas oil i!$ coiifervent leurajaion, & celles qui la ajpdifieftt.. J'^i auffi ex:iminc Ics differentes coulcurs done le mercure eft fufccptible , indaien- a . u dj/-ii -11 r ^ ilCAD- JVOA AXE jmmsnt des lels doiit on vjent dc- parler j ce lont toiices ccs n.inaic]ue^ " PE? StifNtiis 7i^' duiu il s'af^it , le melange devient a 1 inftaiu d'lin blanc fale & noiiatre , & lii precipitc qui en vient a la mcme couleur : j'ai remarqjie prccife- iiient la mcme cliofe , en fubfticuanc a I'efpiic de fel ammoniac pluCeurj .lucres efprits & fels volatils. L'huile de tarcre verfcc en petite quantite fur une autre portion de la dif- folution , produit une couleur de citron j a niefure qu'on en verfe davan- tage , la liqueur devient d'un jaune plus fonce , &: foment meme rou'-eatre : les fels fixes qui font bien alkalis , & qui fe refolvent facilemeiu a la moin- dre humidirc , excitent la mime couleur , 6c plus ils font alkalis , plus la couleur eft chargce , &: tiraiu fur le rouge. II n'en eft pas de mi/me des fels fixes qui font peu , ou mediocrement alkalis : du moins plufieurs de cette force que j'ai examines avec la dilfo- lution, lui donnent un beau blanc, mais fans produire I'ebullition qui ar- rive avec les fels qui font fore alkalis. L'efpric de fel, le fel ammoniac & le fel commun fonc enfembla un tres-beau blanc avec la meme dillolucion de mercure j &: I'urine y pror duic une couleur de rofes pales. Ce fcrolcici le lieu de parler des changemens de couleurs qui peuvenc arriver a une mcme portion de nocre dilfolucion par le melange fucceffif de difterentes liqueurs abforbantes ; mais nous commencerons par I'eclaic- cilfement des faits qui viennenc d ctre rapportes , ce qui fera dune aUez longue difcuftion , &; nous viendtons enfuue a I'examtn des autres expe- heiaces. Avant que d'entrer dans une explication decaillee , il fauc (avoir, \° . que les dirferences liqueurs verfies fur la diirolution du mercure , n'y ei- cicenc de couleurs qu'autanc qu'elles y font un precipice j c'eft ce preci- pice qui colore cout le liquide pendant qu'il y eft repandu j mais a niefur« qu'il combe an fond du vaiil'eau , le liquide devienc clair j cependanc il ar- rive qaelquefois que la liqueur eft colorce fans qu'il fe falle de precipi- tation bien feiifible, comme nous I'avons dq'a remarque au fujec du fel de facurne londudans I'eau; & pouren donner un exemple qui cqnvienne davantage a nocre fujec , fi I'on jetie fur notre dilTolution de mercure une tres-grande quantite d'eau, la liqueur devient aufli-tot blanclie , fans qu'on apper^oive enfuice de precipice fenlible. Mais fi c^tce couleuc n'cjl pas reffet dune precipicacion parfaice, c'eft coujours celui d'un commeri- cemenc de pcicipicacion ; car la gcande quanclte d'eau afFoiblic le dilTol- vanc , ou plutoc dccache quelques acides qui fervoienc a fufpendre & a divifer les parties du mercure , de force qu'elles etoient invifibles dans la liqueur : ces parries de mercure fe reunilTenc done alors en nombre fufhranc pour empLcIier le paftage libre des rayons lumlneux , ce qui decruic la limpidue du liquide j mais quoiqu'elies y tiennenc moins .en Bi ij ipS COLLECTION ' cer etar qu'auparavant , elles iie fe precipitent point , parce que I'eau ne leur AcAD.RoYALE 3 P^s enleve alfez d'acides , & que ce qui leur en refte fufti: pour les fou- DEs Sciences tenir. li arrive meme qu'elles le redilFolvent dans la luite , & qu'elles DE Paris. retablifTenr par la la liqueur dans fa limpiuite , parce que les acides qui Annce lyix. les avoienc abandonnces , les rejoignent de nouveau; il eft done vrai de dire que c'eft a la precipitation parfaite ou imparfaite du corps diflous que doit etre attribuee la couleur qui futvient tout d'un coup a la dillolution. Nous remarquerons en fecond lieu une chofe qui a etc fuffifammeni: expliquee dans un autre Memoire , ou je donne la rtiechanique des preci- pitations ciiymiques en general, cVft que les liqueurs abforbantes avec iefquelles on prccipite les metaux dilTous par des acides , & qui font pa- roicre fous diffeientes couleurs , la mcme dilfolution de mercure , agiffen: routes de la meme maniere , quant a I'effet de la precipitation de ce me- tal , c'eft-a dire en lui derobant une partie des acides qui fervoienc a le tenir fufpendu dans le liquide ; il eft vrai que cerraines liqueurs peuvenc abforber plus d'acides que d'autres , & par li , ou prccipiter une plus grande quantite de metal , ou deniier le metal d'une plus grande quantite d'acides ; mais ce ptecipite n'en n'aura pas pour cela une couleur differen- te , a moins qu'il ne lui fuivienne encore de la part des abforbans quel- Qu'autre alteration que celle de la perte plus ou moins grande de fes aci- des ; & en efFet , quand apres avoir prccipite par le ftl commun , le mer- cure diftous par I'efprit de nitre , on y vecCe enfuite de I'efprit de fel am- moniac qui eft un abforbant bien plus puilTant que le fel commun ; le prc- cipite a la verite en devient plus doux i3c plus abondant qu'il ne I'auroit ete fans I'efprit volatil , mais il ne change pas pour cela de couleur , & i'on verra par la fuite qu'avec des liqueurs tres-alkalines , & avec d'autres qui ne le font que fort peu , la dilfolution pent acquerir une couleur fem- blable. La difference des couleurs dont il s'agit , fuppofe done dans les liqueurs abforbantes quelqu'autre circonftance particuliere qui determine le mer- cure a prendre relle ou telle couleur j car c'eft fur le compte de ces liqueurs que doit etre mifu la difference des couleurs, puifque dans routes les ex- periences , la dilfolution eft ton jours la meme, & qu'il n'y a de variete que du cote des liqueurs abforbantes. Pour decouvrir la caufe de ces differenres couleurs , faifons attention a ce qui fe paffe dans deux operations de chymie qui font fort connues : la premiere , c'eft la diftillation de I'efprit de nitre ; on fait que les premieres vapeurs qui s'elevent par un degre de feu mediocre font blanihes , &■ que celles qui viennent enfuite par une derniere violence de f u, font fort rouges. Or n'eft-il pas tres- probable que la couleur rouge des dernieres vapeurs , vient de la grande quantite de parties de feu engagees dans ces vapeurs? & ce qui le prouvebien, c'eft que quand les vapeurs rouges font parvenues jufqu'au ballon , comme les parties de feu font alTez fubtiles pour s'echapper au travers de {es pores , elles abandonnent les vapeurs , qui renducs a elles-memes, & denuees de la c.iufe qui entretenoit leur rarei fadion & leur rougeur , fe condenfent, & torobent au fond du ballois en. une liqueut claire qiji n'eft plus rouge. A C A D E M I Q U E. 197 La feconde operation dont j'ai a parler, eft celle du precipitc rouge or- 1 dinaire , lequel porte improprtmcnt le nom de precipitc-^ car ce n'eft autre Aj-ad Royaie chofe qae du mercure dillous par rcfptit de nitie , & reduit enfuite par d£s Sciences revaporacion & la calcination fous la forme ou nous le voyons. de Paris. On fait que quand I'humiditc de la dilTokiiion a cti^ exhalee , la matiere jinnii i7ii. eft blanche, &; rerte encore quelque terns fous cette couleur j inais com- 1113 die perd toujouis des acidcs par la calcination , & qu'il s'y loge ea place des parties de feu, quand ces parties s'y font amallces jufqu'a uii certain point , elles donnent au mercure une couleur fort rouge ; ainli dans ia precedente experience , nous avons vu que les parties de ftu jointes aux acides nitreux , faifoient une couleur rouge ; & nous voyons dans celle- ci les memes parties de feu engagees avec des acides nitttux d;uis le mercure d'ou refulte la mcme couleur ; cependant il ne faut pas croire que le mercure ait befoin Ai% acides nitreux pour acqucrir cette couleur j car en calcinant long -terns dans un matr.s du mercure crud, il de- vient t res- rouge ," iJ; il augmente de poids a proportion des parties d» feu qu'il a retenues. Or je confidere*la matiere da feu comme un fliiide particulier qui ne doit pas feulement fes ptoprietes au mouvement rapide de fes parties , mais encore a leur figure conllanre ; & il n'eft pas plus difficile de con- cevoir qu'un pareil fluide foir enferme dans un corps folide , &: y con- fcrve fespropnetcs , que de concevoir la mcme chofe desautres fluides , te!s quel'eauiSi I'air, qui aprcs avoir cte emptifonnes dans plufieurs corps foli- des , en fortent enfuite avec la meme forme elTentielie fous laquelle ils y font entres & y ontetc caches un alfez long terns. Pour revenir au precipitc rouge ordinaire , on a vu qu'au commence- ment de I'operation le mercure avoir une couleur blanche, &: qu'enhn il ctoit reduit en une maife rouge : mais pour dccouvrir encore plus pat- ticulierement toutes les couleurs que le mercure penetre des acides du nitre peut prendre fucceflivement par une calcination continuee, j'ai faic du precipitc blanc ordinaire felon le procede connu , je I'ai mis dans uii creufet, & je I'ai calcine lentemcnt pour obferver plus exadement toutes les couleurs dont il eft fufceptible. Quelque terns aprcs avoir eie penetre par le feu, il a perdu fa couleur blanche , & en a acquis une d'un jauns clair qui eft devenu enfuite plus fonce, & enfin la matiere eft dever.ue fort rouge aptes avoir palFc par toutes les nuances du jaune qui fe fuccc- doient les unes aux autres, a mefure que le feu y faifoit une plus forte iinprenion. D'ou je conclus tjue la couleur rouge de cette matiere vient d'une gran- de quantite de parties de feu qui s'y font introduites ; que fa couleur jaune vient d'une moindre quantite de ces memes parties , & qu'enhn fa cou- leur blanche eft celle qu'a naturellement la matiere quand elle ne con- licnt point de parties de feu , ou du moins quand elle n'en contient que fort peu. La prefence des parties de feu , ttant la caufe de la couleur rouga qu'acquicrent les vapeurs du nitre S>c le mercure calcines, on concoic aifcaient pourquoi cette couleur fe diffipe dans les vapeurs, & fubfiftedans 193 COLLECTION , " ' "'"' ' le mereure ; car dans k premiere operarion, les parties de feu ne font AcAD.RoTALE arretees que par un fluide, c'ell-adire par dts parties qui font en mouve- BEs Sciences merit, & dont elles peuvenc facilement fe dcbarrallerj mais dans la fe- DE Paris. conde operation , les parties de feu fe font logces dans un corps folide , AniKt 171 i. T'' P^"^ '* nature refifte puilfamment i leur evafion , & qui le fait par une mechanique alfez curieufe , laquelle a ete fuffifamment expliquee dans ua autre Mcmoire. On a vu par ce qni a ete dit que le mereure penetie des acides du nitre, fj'a befoin que de I'evaporation & de la calcination pour prendre fuc- teflivement toutes les couleurs fous lefquelies il le precipite par les ditferens inter mcdes marques au commencement de ceMemoire. Nousallons prefente- ment faire voir que les couleurs procutees par les intcrmedts , ne different point quant a leur caufe , des memes coukurs produites par I'evaporation &; par la calcination , & que c'eft toujours pat la meme mechanique , & avec les memes cuconllances que fe font les uiies & les autres. Nous avons remarque au commencement de ce Memoire , que parmi les fels fixes, ceux qui etoient puilTamment alkalis precipitoient ie mer- eure fous une couleur rout;tatre; que ceux qji retount moins faifoient une couleur moins foncee ; & qu'entin ceux qui 1 etoient peu taifoitnt un precipite blanc. On fait que la propriete alkaline des fels fixes , ne leur vicnt que du feu de la calcination qui chalTe des pores de la partie terreule de ces fels, une certaine quantite d'acides , ce qui los rend propres a recevoir dans la fuite la meme q lantlte d'acides qu'ils ont perdus j par conlcquent , plus ils en perdent , plus lis font capables d'en recevoir de nouveaux , & plus auffi lis font alkalis; mais comme le feu en agiffant long-tems fur une matiere terreufe , y lailfe toujours beaucoup de fes parties propres , comme nous le voyons fenfiblement dans la ch.iux , ces fels ne manquent pas audi de s'en approprier plus ou moins fuivant la quantite d'acides qu ils perdent > & qui par leur fortie donnent lieu aux parties du feu de fe loger dans la partie terreufe du fel ; d'ou Ton peut conclure que plus les iels fixes font alkalis , plus ils contiennent de pirtie de feu. C'eft audi ce qui eft prouve par les experiences fuivantes ; car j^. li I'on plonge un thermometre dans I'eau , & qu'on falfe fondre dans cette eau quelques fels fixes purement alkalis , comme ces fels font des efpeces de chauxfalines , ils communiquent a I'eau des parties de feu qui I'echauf- fent , & font clever la liqueur du thermometre comme pourroit faire le feu ordinaire. 2". Plus ces fels font alkalis , plus ils font clever la liqueur du thermometre, 3". Et ce qui prouve que ce n'eft pas la fimple dilfolu- tion des fels , fans le f;cours des parties de feu qui fait haulfer la liqueur du thermometre, c'eft que ii Ton dilfout dans Teau un ftl qui nait point ete cakine comme le (el.commun , le nitre; ces fels n'ayant point de par- ties de feu a communiquer a I'eau , bienloin de I'echaufler , la rtfroidif- fent alfcz pour taire bailfer la liqueur du thermometre qui y eft plonge, & Cvda parce que ces fels en fe dillribuant dans I'eau , partagent avec ce liquide la matiete de feu qui s'y trouve natureilement , & qui eft indif- penlablement necelTaire pour entteteair fa flaidite ; car teue fluidiie eft une A C'A D 6 M I Q U E. 159 efpece de fufion Comparable a celle des mecaux , comme ]e !'ai ptouve ^^^ ailleiiis. ... Acad. RoYALE Ceci pofe, k c.iufe des couleurs differentes qui furviennent aux pr^ci- des Sciences pitcs de mercure n'eft pas difficile a devincr ; car en fiippofaiir roujours i>e I^aris. fiiiv.mt la regie deja erablis, que c'eit la matiere de feu qai communique Jrinic 17 11, ail inerciire routes les nuanctS , ou degrcs diffeiencs de jaune & de rouge , felon quelle s'infinue & s'arr£te plus 011 moins ahondaminent dans fes pores , on con^-oic i", que les parties de leu qui fe font engagees dans les fels fixes alkalis, &c qui y ont confervc leur proprictc elleitielle, puif- qu'elles cciiauffent I'eau, comme pourroit le faire le feu ordinaire , peu- vent bien aulTi comme cet agCnt , donnet au m.ercure les couleurs dont il s'agit , & cela en quittaut le fel alkali , & fe logeant dans le corps du metal. On concoit 1°, que parmi les fels fixes , ceux qui font devenus puifTim- ment alkalis , &: qui par la ont anialfe une plus grande quantitc de parties de feu , doivent auHi communiquer an mercure une couleur jaune ou rouge plus foncee , (sat la mcme raifon qu'ils dcliaufFehr davantage I'eau ou on les diflbut, ce qui s'accorde parfaitement avec I'experience. Enfin on concoit encore que les fels abforbants qui n'onc point etc ex- pofcs au feu de la calcination , ou qui y ayant cie expofes n'y font deve- nus que pcu alkalis , & par confequeiu n'ont ainalle qu'une ttcs petite qaantitc de feu, ne doivent aufll prccipiter le mercure que fous la couleji: blanche qui lui ell naturelle , quand il ell herilfc des pointes acides du nitre, &qu'il n'a point fait une cerraine provilior. de matiere de feu,, comme je I'ai fa-it voir affez clairemenr. Il y a ici une remarque a faire , c'efi: que quand les fels propres a faire un precipice blanc, contiennent quelque matiere etrangere qui en •pcut eire facilen-.ent feparee , cette matiere i'uivant fa nature & fa qu.-.nnre , altere dilfcremmenc la couleur blanche du precipite. On fait , par exemple , que les fels vplatils font toujours unis a une nutiere huileufe , qui ayant palfe par le feu , a acquis une couleur noire ; quand done les acides ccun- tenus dans les pores du mercure fe vont inferer dans ceux du fel , ils en chalTent ^ ils en expriment I'huile noire &: brulee , qui fe repandant ftjr le precipite, falit fa couleut blanche. C'efl; encore par la matiere huileufe qui fe trouve dans I'urine , iS: qui en accompagne les fels volatils , que cette liqueur melee a la dilfolution , proQuir une couleur de rofes piles; car cette matiere tient de la nature de la bile, du moins en a-t elle la couleur , qu'elle communique plus ou moins au liquide fnivanc fa quantite ; & cornme elle n'a point pafle par le feu com.me I'autre matiere huileufe , elie a confervc fa couleur naturelle qui meme a cie un p^u exaltee , & qui eft de venue rougeatre par la ren- contre des acides nitreux contenus dans le mercure , & par une fermer;ra- tion affez longue qui fuit le melange de I'urine & de la dilfolution , & qui procure la precipitation du mercure : eneffet, on fait que les niatieres^ hulleufes font fouvent rougies par les acides , & que Purine en particulier prend alFez ordinairemenr une couleur rouge quand il y a une grande' chalcur dans le fang. Quoi qu'il en foic , on pcuc dite qtie du jaune exalte e 100 G O L L E C T I © N ^^^^^^^_-_ de la matiere hulleufe , & de la couleur blauche du precipice , il fe forme A T, uiie couleur moyenne qui eft celle de roles pales. Eiifin ce qui ptouve J\CAD rVOYALE , . 1 /• 1 1 -1 ' tr' i r ^ BBS Sciences clairement que les Ids volanls , tanc ceux qui one palle par le feu , que .DE jpARis. ceux qui fe trouvent nacurellemenc dans I'urine , produiroienc toujours une Annie i-jn couleur pucement blanche, fans la matiere huileufe & etrangere qui s'en detache , & va fe meler au precipice , c'eft qu'il eft effeftivemenc tres-blanc quand il ne re^oic d'imprciFion que de la pare des fels volacils , purs de touc melange de matiere huileufe. II s'agit prefentement de faire voir ce qui determine les parries de feu contenues dans les fels fixes, a quitter ces fels pour le mercure ou elles fe vonc engager. Nous avons prouve que dans la formacion des fels fixes alka- lis , plus le feu de la calcination chalToit d'acides de la parcie terreufe de ces fels, plus la matiere du feu s'y introduifoic abondammenc. Il femble done par la que cetce maciere occupe la place des acides qu'elle a deloges; & en effec quand on verfe de nouveaux acides fur ces fels, & qu'on les fair fondre enfuice dans I'eau , ils ne I'echauffenc plus comni-je ils le fai- foienc auparavanc, ce qui marque que les acides nouveaux ne peuvenc entrer dans les pores du fel alkali , fans chalFer a leur cour les parties de feu qui avoienc pris la place des premiers acides : cela etant , on congoic que quand les acides qui tenoienc le mercure en dilFolution , s'iiifinuenc dans les pores du fel alkali , ils en font fortir les parties de feu ; &: com- me dans le palTage des acides , des pores du mercure dans ceux du fel alkali , ces deux corps font appliques I'un a I'aucre , les parties de feu qui s'echappenc des cellules du fel , enfilenc naturellemenc les pores du mercure que les acides viennent de quitter, &: qui leur ofFrenc par la une enctee libre. On me dira peuc-ecre que les aeides & les parries du feu ecanc d'une grofFeur inegale , & peut-etre meme tres-difproportionnees , les acides ne peuvenc s'infmuer & ecre contenues ou les autres fe font logees , &c que les parties de feu qui font plus fubciles , peuvenc bien a la verice s'intro- duire dans I'efpace abandonne par les acides; mais que comme cet efpace a plus d'etendue qu'cUes n'ont de volume, elles n'y feront point retenues & emptifonnees , & par confequent elles ne tarderonr gueres a s'en echap- pec , ce qui paroit detruire entierement ma fuppolltion. Je reponds cjue quand les acides s'in.lnuent dans le mercure , comme dans plufieurs autres corps, ils ouvrent &c dilatenc les pores ou ils s'enga- genc, & c'eft apparemmenc de cec efforc , & de cec ecartemenc que naic le trouble & I'agication qui regnenc dans la liqueur pendanc la dilTolu- tion \ car fi les pores de ces corps ecoient adez larges pour laifTer paffer libremenc les acides, ils y encreroient pailiblement , & ils en fortiroient fans peine , enforce qu'on n'auroitpas befoin fouvept d'un feu de fufiontres- violent pout les en chaffer , comme il arrive aiix acides qui font reftes dans le colcotar. Les poies du mercure fe trouvant done dilates par la prefence des acides , on console aifemencque quand ces acides en font forcis , les pores fe retabiilTent dans leur premier retrecifTement par le refforc naturel du metal , & c'eft la ce qui flit la foUition de la diificulte propofee ; car quand ies acides (^uictent le mercure, ils 4'latenc les pores du fel alkali pour s'y faire AC A D E M I Q U E. ior Lire un pndage , & au moment qu'ils s'y introduifen: , ils en cliaflent les ■■" i-i'"—ii parties de feu dans L's pores du mercure qui n'ont pas encore eu ie terns « n J r rr ■ ■ r ,r i » \ ' • r ■<.•.. ACAD. KOYALE de le relierrer , mais qui Ic rellerrant bientot apres , s oppofent par la a 1 e- ci:; Sciences vafion des parties de ten. J'ai dcja fait voir dans un autre Memoire que de Paris. les corps calcines ne s'approprioicnt la matiete du feu que parce que Icur Annk 17 ii. pores fe dilarant par la chaleur, ils donnoient par la une libre entree aux parties de feu qui n'en pouvoient plus fortir de mcme apres la calcination, parce que les pores s'ctoient alors relTerrcs. II y a encore une reiremblance entre la calcination du mercure penetre par les acides du nitre , &: Taction des fels fixes alkalis fur le meme mer- cure , c'eft que le fen en s'introduifanc dans le mercure en chalTe bcaucoup d"acides, &; meme plus il en chalfc, plus il y entre abondamment, d'oii vienc que plus le mercure ell expofe au feu , plus il devient rouge , : plus il perd de fa corrofun qui venoit de la quantitc de fes acides. De meme audi , plus les fels fixes font alkalis, plus ils abforbent d'acides au mer- cure , plus ils lui communiquent de patties de feu , plus la couleur jaune ou rouge qu'ils y excitent eft foncee , enforte que ces fels font prccife- ment le meme effet fur le mercure , que le feu auquel on I'appliqucroic immcdiatement , ce qui eft une preuve evidente que les parties de feu peuvent fubfifter dans un mixte avec leurs proprietes edentitlles qui fe declateront des que ces parties feront en libertc. S'il eft vrai i". que les fels fixes alkalis ne fallent un piecipite jaune ou rouge de mercure qu'a raifon des parties de feu qu'ils ont amalTees \ 1". que ces patties de feu ne fe foient logees dans ces f?ls qu'a ptopottion des acides qu'elles en ont chade ; 3°. que la prefence d'un nouvel acide les en falfe fortir a leur tour, je me fuis imagine que le fel de tartre etant faoule a demi d'acides, devroit avoir beaucoup moins de parties de feu qu'aupa- ravant , & etre devenu par la femblable en nature & en effet aux fels fixes peu alkalis, qui contenant plus d'acides, & bien moins de parties de feu que les fels plus lixiviels, ne precipitent le mercure que fous une cou- leur blanche; il m'a encore paru que ce meme fel de tattre devenu propre a faire un precipice blanc par les acides nouveaux qu'il a acquis, repro- duiroit une couleur jaune comme auparavant fi on le depouilloit de ces nouveaux acides , & qu'on rendit par le meme moyen les parties de feu qu'il avoir perdues. J'ai execute cette idee de plufieurs nianieres , S<. routes m'ont pleinement reufli. Je me fuis d'abord fervi pour cela du fel vegetal, qui , comme on fait , eft compofe d'un fel fixe tres-alkali ,■ & du cryftal de tartre qui eft un acide concret ; & comme ce fel moyen fermenre encore avec des liqueurs aci- des, j en ai verfe fur notre dilfolution de mercure qui en a acquis une couleur tt ^s blanche ; & ce meme fel fuffifammenc calcine a produit en- fuite un ptecipite fott jaune avec la meme dilfolution. Pour imirer encore davantage la compofition naturelle des fels fixes qui par la calcination ne font devenus que peu alkalis , j'ai verle des efprits de vitriol ,^ de foufce , de fel , d'alun , fur differentes parties de fel de rartre, & je n'ai employe de chacun de ces efprits qu'autant qu'il en falloit pour qu'une portion feulement des pores du fel de tartre fe trouvat bouchee Tomi III, Panic francoifc, . Ci loi COLLECTION ■ pat les acides, & que Tautre etanc libre rendic encore le fel propre a ab- AcAD.RoYALE f'T^'^r d'autres acides ^ le fel de tarcre a fait en cec etat un precipice de DEs Sciences mercure tres-blanc : ce tneme fel de tartre plus charge d'acides que dans DE Pakis. les experiences precedences a produit un effet femblable ; & ce qui fur- u^nnei lyiz. prendra peuc ecre , c'eft qu ecanc encierement faoule d'acides vitrioliques , Sc ayanc meme alors une faveur aigreletce , il n'a pas laifle de precipi- rer le mercure dilFous par I'efpric de nitre , ce qui marque que le fel de tartre a toujours en cet etat des pores inaccefliblcs aux acides vitrioliques, & afTez ouvetts aux acides nitreux pout operer encore par leut moyen an precipite blanc avec notre dilFolucion. Enhn j'ai employe le precede neceffaire 6c fuffifamment connu pour chaffer quelques uns des acides done il a ece parle , des pores du fel de tartre ou ils i'etoient engages, & ce lei de tartre eft rentre par la dans la pofreflTion ou il etoic auparavanc de precipicer le mercure fans une couleur jaune ; ce qui me confirme parfaitement dans le fentiment oil je fuis , non feulemenc fur la caufe des differences couleurs des precipices de mercure , mais encore fur la nacure particuliere des fels fixes , fut leur difference elfencielie , & fur les effsts que produit en eux la calcination. Pout ecre m'oppofeta- t-on , que fi la couleur rouge ou jaune qu'ac- quietc le precipice de mercure , venoic des parties de feu qui s'y font en- gagees a la place des acides qui en oi.t etc dcloges , le fel commun , £< les- fels fixes peualkdis fondus dans lean bouillance , & I'efpric de fel qu'on a fait audi bouillic , ne devroient plus precipicer le mercure fous une couleur blanche comnie auparavanc, mais fous une couleur rouge ou jau- ne; car ces liqueurs conciennent, fuivantmoi, tout ce qui eft neceffaite pout I'effet dont il s'agit, puifque par leuts parties abforbantes , eiles peu- vent derober des acides au mercuie , &i. qu'elles peuvcnt aufli lui donner une couleur jaune ou rouge par leurs parties de teu ; cependaiit le preci- pice qu'elles operent en cet etat, a toujours une couleur blanche , ce qui femble detruire mon hypothefe fur la caufe du rouge & du jaune. Mais on reconnoicra tacilemenc que cecte obje(Sion porte a faux , fi Ton coniidere que quand les parties de feu contenues dans une liqueur abfor- bance , ne s'y crouvent pas fituees de maniere a pouvoir enfilet les pores du mercure dansl'inftant que les acides en fortent , elles ne doivenr point coaimuniquer de couleur rouge au precipite , & c'eft-la precirement ce qui arrive dans les exemples propofcs ; car quand on fait biew bouillir de I'efprit de fel , ou qu'on fait fondte dans de I'eau bouillante dti fel com- mun, ou des fels propres a precipiter le mercure fous une couleur blan- che , les parties de feu que ces liqueurs one acquifes, nagenc entre les differences parcies du liquide ; mais elles ne fonc point emprifonnees dans I'incerieur de chacune de ces parties, comnie celles dont le fel de tartre eft charge , & qui , par rette raifon , ne fe fonc peine fen'ir excerieuremenr. 11 eft vrai que quand on fair fondre ce fei da- s I'eau , elle en devient pen- dant quelque terns un peu plus chaude qu'elle ne retoic auparavanc : mais c'eft a raifon des parcies de feu qui fe font detachees du fel , &' qui etant forcies de captivite , fonc devenues communes a couc 'e liquide, & Ton va voir que ce n'eft poinc a ces parties que doit ecre atttibuee la couleur A C A D i& M r Q U E. u^ touoe qu'acquiert le precipice ; mais a celles ■6[de le Tel &e tsitt^ 4 fete- iiues miil'^rcl.i tu(iL>h , & done la liqueur ne tire aiicune chaleur. (^)ii.inil Its acules dii mcrcure eiurenc , par cxenipic , dins les pores du fe: c )minun fondu dans I'eau boiiillante , ils ne challent p'int'di parties dw tea de ces pores , puilqu'il n'y en a point ; ils n'agillent point nan plus fur les parties du feu qui font aa dehors de ce fel , puifqde route kut acbon s'ctend au-dedans : les parties de feu ne font done poifit alors dc- terminees a fe porter plutot vers les pores du mercure, que dans ks in- terlhces du liqu de qui kur oilrent un pafTage libre, & dont elles s'ccar- tent d'autaiit moins , que les pores du mercure pour lefquels il fiudroic qu'elles fe detou.nafTciit , ne font en etac de les recevoir qud dans rinft.inc 'que les acid es les abandonnent , c'eft-ddire , quand ils font dans une cer- taine dilatation qui ne tlure pas long-cems. Or les acides qu'on peuc fup- pofer , qui s'enloncent par une de kurs extrcniites dans ks pores du fel ablorbant , tandis qu'ils tiennent encore au mercure par I'autre extrcmi- te , ne p-uvent entierement fc fepirer de kur gaine metallique, q-je le fel & le mercure ne fe foient appliques immediatement I'an centre I'autre & que I'adion mutuelk de ces deux corps n'ait fait laclier pr'ife au mer- cure; & il eft vraifemblable que dans ce contaiftimmediat , les pores du mer- cure & ceux du fel font abouches I'nn a I'autre, &: font une efpece de canal continu , enforteque (i le fel contenoit alors des parties de feu , elks feroient dirigees vers le mercure par lintrodudion des acides dans le fel- & comme elles ne pourroient fe rc'pandre ni a droire , ni a gauche a caufe de I'abouchement , elks prendroiei t la place des acides , dans le meme inftant que les acides prenncnt la kur : quant aux parties de feu qui ne font point au-dedans, mais au-dtia du fel abforbant , le contaifl immc- diat dont on vient de parler , eft auffi contraire a kur entree dans ks pores du mercure qu'il feroit favorable aux palTages des parties de feu aes pores du fel dans ceux du mercure : fi done on confidere en meme terns , & le dcfaut de determination des parties de feu dont il s'agit, vers le mercure , & le peu de facilite qu'elles onta y entrer , on convien- dra que dans k cas prefent, il n'en doit pas etre plus fenfiblement affede que s'il n'y en avoir point dans la liqueur. !a) Je reviens aux effl-ts de I'adlion immediate du feu fur le mercure : i'at dit que le precipitc blanc expofc a un feu doux He calcine knrement, pre- noit fuccelfivement routes ks nuances du jaune , & devenoit enfin tres- rouge, comme il arrive aufti a la matiere du prccipite rouge ordmaire impropremenc nomme prccipite; mais fi Ton fait agir fur le prccipite blanc un feu plus fort & gradue , alfez long-tems pour fublimer ce pteci- (d) Il faat fe foavenir qu'il n'eft qucftion dans tont ceci que de la diflbluiion du mercure pat I'cfprit de nitre. Les couleurs qui furviendroient a des precipit(is de mer- cure dilTous par d'autrcs acides, apparticndroicnt a un fyfteme general dont il fcinble que M. Lemery ne defcfpcre pas. II fjut remarcjuer aulTi que les autres m(!taux dif- fous ont leurs couleurs p.irticulicrss, qu'ils nc pcrdent point par la precipitation, quel- que alkali qu'on y cmploic , & il Icroit a fouhaitcr que le fvfteme general le fut alfez pouv expliquerpourquoi ils ditFerenc en ccla du mercure. S'il Ic fait, ce fcra une Rrande marque de vcrite ; & s'il nc le faic pas, il nc Icra pas de pitc condition que bcaucoup d' autres fyftemcs. {Hi^oireie 1711.; AcAD.lloYALE DES Scit.'-'CES DE Paris. An/lie 171 z. 104 COLLECTION <— ~^™~™~ pite dans un matras, il confervera fa blancheur malgce radlion dufeu Sc Acad. RoYALE la perte de fes acides, qui eft fort confidetable comme nous le prouvetons BES Sciences inceflamment , 8c qui peut meme allec plus loin par des fublimations rei- DE 1 ARis. terees : ce n'eft done point a la perte des acides qu'il taut attribuer le Annie ij 11, changement de couleur lorfqu'il a lieu; en elfet , 11 Ton examine bien le precipite blanc fublime avec foin , on reconnoitra evidemment qii'il lui refte beaucoup moins d'acides qu'au precipite rouge ordinaire. On voit au/li par cette obfervation que la matiere du feu a beaufrappet exterieurement le mercure , quoiqij'avec force & pendant un terns alFez confidetable , elle n'y produit de couleur nouvelle qu'autant qu'elle pene- tre a loilir dans I'interieur du mercure , £c qu'elle s'y engage en fufRfante quantite , comme il atrive quand on ne poulTe le precipite blanc que par line chaleur lente ; car dans ce cas le courant de la matiere du feu qui palTe an travers du vailleau , & qui va droit au precipite , fe trouvant inferieuc en force a la reliftance &: au poids de ce precipite , ne peut le foulever ; il faut done qu'il en traverfe les pores comme il a fait ceux du vailFeau , & en effet il les traverfe apres les avoir dilates , il s'y engage & y eft retenu comme nous I'avons explique , ce qui donne a la matiere une couleur fort rouge. Si au contraire on tait agir une chaleur beaucoup plus force fur le meme precipite blanc , la matiere du feu ne forme plus un fimple cou- rant, c'eft un torrent fuperieur qui ne trouvant qu'une foible reliftance dans le poids du precipite , n'a pas befoin d'en traverfer les pores pour concinuer fa route, mais il le fouleve ,il Temporie , la matiere du preci- pite en eft d'autant moins pcnetree qu'elle echappe , pour amii dire , afon adion en fuyant devant lui, &c elle conferve fa blancheur. Cependant fi les parties .du feu ne peuvenr dans cette operation penetrer fort avant dans le mercure, elles ne lailFent pas de lui faire perdre beaur coup d'acides ; ce qu'il eft aife de reconnoitre : i° , par la diminution con- fidetable de fa vertu purgative & vomitive qui lui venoicdes feuls acides, & qui s'evanouiroit entierement fi Ton continuoit de les faire exhaler , foic en reiterant les fublimations, foic autrement : i* , parce que cette matiere s'eleve & fe fublime de nouveau avec plus de facilite & de promptitude qu'avant fa ptemiete fliblimation : or il eft certain que les acides repri^ ment la vtolatilite du mercure , & que plus le mercure en contient, moins il fe fublime aifement : 3° , enfin , parce qu'entre les parties de la matiere fublimee,on trouve fouvent plufieurs globules de meicure revivifie, c'eftr a-dire , degage de tons les acides qu'il avoir acquis , d'oii I'on peut con- clure que les autres parties du fublime qui n'ont pas perdu tous leurs ' " acides, en one au moins perdu une bonne parcie. En effet, quoique dans cette operation la mariere du feu n'atteigne gueres que la furface exte- rieure du mercure qu'elle choque vigoureufement, elle en dilate toujours un pen les pores , fur-tout au commencement de Toper-ition , torfque la matiere n'a pas encore eu le terns de s'clever , ce qui faciiire d'autant plus la fort!e des acides , que quand le torrent qui poulfe le pretipite , I'a lublime jufqu'.i la hauteur qui convient a fon poids , il le fait alors circuler au hauc du vaiffeau , de forte que les difFerentes parties de ce precipite fe rencon- trentSi fe hemten: fiequemmenc & en cjifferens fens , & que par ces di-- A C A D £ M r Q U E. loj vers chocs , les acides qui fortent davanrage de la furface dii mercttre, 5c qui y font moins tederres qu'atiparavanr , font forces cnfin de I'abandonner. Mais commc le mercure rt(ifte plus ou moins d I'adion du feu qui tend a le fublimer, fuivant qu'il contient plus ou moins d'acides , &: comme jius il rcfifte a cette adion du feu , plus il donne de prife aux parties du feu pour s'infinuer dans fes pores, il s'enfuit qu'un mcme degrc de feu applique a deux portions de niercure incgalement cliargees d'acides doit y faire deux etfets diffcrents ; il rougira celle qui rclifteta par fon poids, & fubiimera I'autre fans en altcrer la blancheur : c'elt audi ce qui arrive a la malTe blanche reftee apres I'evaporation de notre dilfolution & au pte- cipitc blanc ordinaire. La made blanche contenant beaucoup plus d'acides, refille par fon poids a un degre de feu qui enleve bientot le prccipite blanc- mais quand cette maflTe eft devenue rouge , ce qu'on appelle le precipite rouge , comme elle a perdu alors beaucoup d'acides , le mane degre de feu n'y trouve plus la mcme refiftance , Sc il eleve la matiere avec les parties de feu quelle a acquifes , ce qui produit un fublime rouge. Par la mcme raifon , quoique le dernier degre de feu que le prccipite blanc puilFe fupporter fans en etre ebranic , foit de beaucoup infcrieur a celui qu'on pent employer pour faire le precipite rouge, il eO encore trop fort pour le mercure cru , il I'eleve fans s'alterer , tandis qu'il donne au precipite blanc une coulcur rouge. Si I'on veut done donner la meme cou- ieur au mercure cru , il faut diminuer le feu a proportion du peu de re- fiftance de la matiere. Mais il y a cette difference entre la calcination du mercure cru & celb du precipite rouge , que quand le mercure cru a etc expofe pendant un certain tems au degre de feu qui lui convient, it devienr capable d'en foutenir un plus fort , parce qu'il a acquis des parties de feu qui ont aug- mente fon poids ; au lieu que fi on augmente la feu fous la matiere du precipite rouge , ou feulement (i on le continue au meme degre , cette ma- tiere , comme on vient de voir , ne pent plus le foutenir ik fe fublime, parce qu'en acqucrant des parties de feu elle a perdu des acides qui fonr plus pefans , & qu'ainfi fon poids total eft diminue. On voit bien a prefent pourquoi il faut deux ou trois mois pour tr.mf- former le mercure cru en une poudre rouge , tandis qu'il ne faut que quelques heures au mercure charge d'acides pour prendre la mcme forme, ■'' ■^^•■'—- ce qu'on appelle precipitif rouge; c'eft que le mercure cru ne' Acad. RoYALE DES Sciences DE Paris. Annk 1711. 6>:de _ .... ^, ..„ .,v, peut foutenir qu'une chaleur' tres-foible ,°au lieu que le mercure chlrg^ d'acides en foutientune tres-forre. Il eft vrai que cette difference de deux ou trois mois a quelques heures eft confidcrable , & d'ailleurs comme fur la fin de la calcination du mercure cru on augmente le feu, quand on veur rendre la matiere aulfi rouge qu'elle peut' i'etre , il eft a piefumei: que dans le cours entier de ces operations la fomme du feu qui .-igit fuf le mercure cru eft plus grande que la fomme du feu qu'on fait agir fuc le mercure charge d'acides pour parvenir au meme effet; ainli il faut que ce dernier , outre I'avanrage de pouvoir foutenir un feu beaucoup plus violent , ait encore celui d'ofFiir aux parties du feu un accts plus facile ; ce que je concois aiuti, Les acides contenus daus les ^ores de ce mercuxe 10^ COLLECTION «— en foulevent les parois , & pour pen que le courant de la marJere dii fea /\cAD. RoYAlE concoure a les foulev-i- , Ics acides sVn echappent & laiir^nt les pores ou- Dts Sciences veits non feulement de tout I'cfpace qu'ils y occtipoienc, mais encore de EE Paris. toure la dilatation qui a facilite kurfovtie : la matiere du feu y entredonc JtnrJi 171 1. t>i^f plus abondanimcnt & en bicn moins de terns que dansle merrure cm oil rien ne favorife fon entree , & oil il taut qu'elle opete feule la dila- tation dont il s'agit. Et ce qui prouve bien clairemenc a ition avis que les acides contenus dans le mercute , accelerent I'etifet de la matiere du feu , c'cft-a dire la couleur rouge, indepenJamment du poids qu'ils ajoutent au mercurC , c'eft que fi Ion expole le precipite blanc au degrc- de feu que le mercure crupeuc fouccnir, il y deviendra plutot rouge que le mercure cru , dont il ne dif- . fere ccpendant que par les aciles qu'il a rettnus, & qui doivent par con- fequent etre reputes la caule de cet efFet. j'ai rapporre ci-de(Tias dans un alTez grand detail , comment differents fels abforbant, plus ou moins alkalis, agilRnt fur difFerentes portions de notre diirolutiou : voyons maintenant comment ils agilTent fucceHivemenc fur une Tule portion de la meme dilTolution. Quand on a donne a cette diffolution une couleur jaunatre ou rougeatre par le melange des fels fixes propies a cet effet , comme eft le fel de tartre , fi Ton y verfe enfuite de I'efprit de fel ammoniac ou d'autres fels volatils refous dans des phlegmes &: tires par la ditlillation , la couleur jaunacre ou rougeatre difparoit d'abord , & la liqueur devient d'un blanc fale & fouvent noiratre. Mais quand on verfe de I'liuilc de tartre ou d'autres fels fixes fort alkalis (ur la dillolution ceinte en blanc fale par le moyen des fels vola- tils, les fels fixes ne font point evanouir la premiere couleur en lui fub- ftituant celle qu'ils ont coutume de produlre , ils etendent feulement dans la liqueur la couleur noiratre que les fels volatils y avoient produite. Voici d'autres experiences dans lefquelles les fels fixes dont on vient de parler , changent en rouge ou en jaune la blancheur produite par d'autres iels qui ne peuvent a leur tour detruire cette couleur jaune lorfqu'elle s'eft emparee de la liqueur. Si Ton verfe du fel de tartre ou quelqu'autre fel de meme nature fur la dilfolution blanchie par le ftl commun ou par des fels fixes peu alkalis , la liqueur devienc jaune aulTitot, & cette couleur eft inalterable enfuite par rapport aux autres fels qu'on mele a la dinokition apres que le fel de tartre y a fait fon inipreffion. Le fel de tartre eft done dans cette occa- fion a I'egard de ces autres fels, ce que les fels volatils font a I'egard du fel de tartre &c en general des fels fixes qui ont la propriete de precipiter le mercure fous une couleur jaune. Jufqu'ici nous avons bien obfervc que de deux fels verfes I'un apres I'autre fur la diftblution , I'un detruifoit la couleur de I'autre & en fuljfti- tuoit une nouvelle j mais nous n'avons pas vu que celui dont la couleur avoit cte detruite put la faire reparoitre ; il y avoir toujours un de ces deux fels plus efficace He apres lequel I'antren'avoit plus d'aftion. Voici uncas oil le contraire arrive. Quand on verfe aUernacivemenc de I'huile de tartre ACAD^MIQUE. 207- Sc de I'efprit de fel fur none diirolution , elle devienc alternatiyement _^___,i„ iaune & blanche autant dc fois qu'on veut rcittrei' cette cprcuve. "T TJ ' Nous n avons employe dans cliacune des experiences indiquees ci dellus ^^^ Sciences que deux fortes de liqueurs ablorbantes : on pourroit en mcare en oeuvre d£ Paris. iin plus grand nombre fur une mcme portion de la diffolution , & y faire naitre a chaque fois une nouvelle touleur ; niais il faut pour opcrer " "-^ ^~ ' le changement de coulcur que les liqueurs les plus foibles paflent toujours les premieres. Pour bicn comprendre ces changemens de coulenr , il faut remarquer que p.irmi les acides done le mercure fe trouve charge dans notre dilFo- lutioii , il y en a qui y font eiifonces plus profondc'ment que les autres : s'ils y ctoient tous egalemenc engages , il arriveroit l-Jifqu'on y verfe quelque abforbant en fuffifante quantite, ou qu'aucun acide ne feroic enleve , ou qu'ils le feroient tous j or on obferve tour le contraire , car ces ab- forbants ont dcrobe au mercure tous les acides qu'ils font capables de de- raciner, il y en relle d'autres qui ne leur donnent plus de piife 8i qui reflent attaches au mercure , 3. moins qu'on ne joigne I'aiStion du feu a cello des abfoi bants. On pent mcme dire que c'eft a raifon dcs acides les moins engages , Sc qui fortent le plus de fa furface que le mercure efl dans cet etat un fi puifTant corrofif; car des que ces acides onr ete livres aux obfervants , le precipitc qui en refulte n'cfl plus que vomitif ou pnr- gatif, a caufe des acides qui lui reflent, done plufieurs font encore affez faillans pour produire I'iriitation purgative ou vomitive , & Ton peut mcme rcuuire a rien ou prefqu'a rien , ceite qualite de mercure en le d;;pouil- lant par divers precedes de la couche des aeides purg.itifs, apres quoi le mercure conferve encore d'autres acides , mais fi enveloppes , qu'ils n'onc plus d'autie effec que de rcprimer fa grande volatilite , comme on le re- marque dans la panacee. Ainfi je diflingue dans le mercure de n tre diflo- lution trois ordres d'acides , les uns qui y font peu engages & dont il eft herifTe de toure parts , ce qui fait la caufticite ; les feconds plus engages que les premiers , mais aflez faillans pour picoter & irriter , & les troi- fiemes qui font prefqu'entierement enfevelis dans le merccie. Voici un fait qui appuye ce que j'avance ici fur la cauflitite du mercure. Quoique 1 efprit de nitre foit tres corrofif , &: que le fcl cominun & le vi- triol ne le foient pas , cependant le mercure e(i beaucoup rooins cauftiqne lorfqu'il eft hcrilfe des acides du nitre que quand il I'eft des acides du fel ou du vitriol , parce que les pre.niers plus fubrils s'engagent plus avanc dans le corps du mercure , au lieu que les autres plus groHier s'y enfonganc peu le hcrilTent di piquants plus longs Sc plus gros , lefquels penetrenc plus avant dans les corps qui s'offrent a leur adlion. Si les acides qui fervent a tenir le mercure en difTclurion n'y font pas tous egalemenc engages , les difTerents ahforbsnts dont nous avons paile n'ont pas tous aiilfi la mcme facilite a les enle cr \ les uns n'ont de prife que fur les acides du premier ordre ou les pins fiill 'nrs , d'autres ont prife fur ces prjmi.rs Si encore fur ceu,\ du fecond ordre; enforre que.ll Ton verfe fur notre didolution les abforbanrs les mains efficaces, ih l.'ifleronr aux autres des acides a detacher, ce qui n'arrivera poinc li les abforbanrs loS COLLEC;TION — — les plus efficaces font employes les premiers; cela fe voir auffi t^ans la pre- AcAD.RoYALE cipitatioti de Targeiu dilTous par Tefprit de nirre; fi Ton y emploie le cui- BEs Sciences vre, I'argenc tombe fans prefque avoir retenii aiicun acide ; mais fi au lieu DE Paris. du ciiivre on emploie les fi-ls abfoibants , I'argcnt fe precipice avec une ^ I, bien plus grande quantite d'acides : le ciiivre enleve done dans cette oc- nnu I 71 2. ^^^^^^ ,^ d'acides , &: il en enleve fur lefquels ces fels abforbancs none point d'adtion. Ces differens abforbants ne produifent fucceffivement differentes cou- leurs fur une meme portion de mercure qu'autant que i'abforbant qui vient en fecond lieu eft le plus efficace & trouve encore des acides a enlever que lui a lailFes i'abforbant plus foible. Er^ effet j'ai fait voir que quand on vcrfe le premier abforbant fur la diirolution claire Sc limpide , il lie lui donne une couleur qu'en y faifant un precipice , c'efta dire en abfor- bant des acides, & lorfqu'un fecond ablorbant detruit cette couleur &: en fubftitue une autre, c'ell encore en abforbant d'aurres acides. Cette feule fuppolltion explique tons les changemens fucceflifs de couleur de notre dif- folution. Nous avons deja obferve que les fels volatils detruifoient la couleur jaune ou rou<'e produlce par les fels fixes, lefquels ne pouvoienc plus enfuite la retablir. Suivanc notre fuppofition les fels volatils font done de plus puif- fans abforbants que les fels fixes, puifqu'ils trouvent encore a agir apres eux fur le mercure : or ils ne peuvent lui derober de nouveaux acides fans faire difparoitre fa couleur rouge en donnant lieu a I'evafion des parties de feu que les fels fixes avoient introduites. En effet les acides contenus dans le mercure, dibtent necelFairement les pores qu'ils occupent , ce qui corn- prime les pores voifins oii font enfermees les parties de feu He font fepares des premiers par des cloifons mitoyennes. Lots done que les acides fe font echappes , les pores qu'ils laiffent vuides fe rederrent, & les pores ou font logees les parties de feu fe dilatent d'autant , ce qui donne lieu a I'evafioii de ces parties ; ainfi le meme effet fert a I'expulfion &c des acides & des parties de feu. II y a meme ici une reflexion a faire , c>ft que la fortie des parties de feu fe fait par deux mouvemens alternatifs : le premier eft un mouvement de comprclTion occafionne pat la prefence des acides dans les pores voifins, & augmentc peutctre par I'efFort que font ces acides pour s'echapper; ce qui doit produire des fecoulTes qui determinent puiffamment les parties de feu a s'elancer au dehors des que par le fecond mouvement leurs cellules fe dilateront a leur tour , ce qui arrive I'inftant d'apres que les acides fe font degages. Ces deux mouvemens fe font dans un ordre contraire lorfque les parties de feu s'engagent dans le mercure , la dilatation a lieu la pre- miere & facilite leur entree dans les pores , apres quoi furvient la contrac- tion qui les y retient. On pent ajouter que comme un relTort qui fe de- tend n'attrape pas tout-.i-coup le point du repos &c va un peu au-de!a , les pores qui etoient trop dilates par les acides fe retTerrent d'autant plus Sc donnent lieu a ceux qui contiennent les parties de feu de s'etendre plus que dans leur etat naturel, puifque c'efl: la meme cloifon qui ptoduit le relfer- rement A C A D fi M 1 Q U E. io9 rement des uns ?c la dilatation dcs amies , circonftance qui facilite encore — I'evalion de la paitic du feu. Acad. Ro\ Alt Qiimd on verfe de nouveau des feis fixes fur ce precipitc aj.rcs I'ac- Dts Sciences lion des feis volatils, les premiers nc peuvent y retablir la couLur jaune f^ 1 aris. oil rouge, car il f.iudroit pour cela qu'il s'en detachat encore des acides -^'"'"•■'-' i?'-- pour ouvrir comme la premiere f'ois la porte aux parties de feu contenues dans le (el, & lt;s determiner a enliler les pores dil.itcs du mercurej mais le lei fixe ne trouvant plus alors dacuies cju'il puilfe detacher & qui pc- nctrenc allcz d.ins les pores pour en clialFer les parties de feu , il n agic que fur I'lunle noire &c brulce , que les fels volatils avoient repandtie lur le mercure , Sc qu'il etend & fait paroitre davantage ; mais quand ces fels n'en rcpindenc point &c qu'ils font un precipice trcs-blanc , le fel fixe qui vienc enfuite n'y produit auciin effer. S'll ert vrai que les fels volatils ne- detruifentia couleur jaune produite pat le fel do tartrc ou par qu^^lqu'autre Icl fixe de m^me nature , que parce qu'ils font plus abllirbants, le fel de tartre doit detruire a fon tour la couleur blanche & y fiiblliruer la jaune , quand a la place des fels vo- latils, on s'eft fervi d'abforbants plus foibles que le fel de tartre pour faire le precipite blanc. Toute la difference qui fe trouve entre ces deux operations, c'ell que dans 1 une les fels volatils en abforbant de nouveaur acides , font aulli fortir les parties de feu que le fel de tartre avoir don- nees au mercure, & que dans I'autre le fel de tartre en s'emparant des acides que lui ont laidls les abforbanrs plus foibles, infere dans le mer- cure des parties de feu , comme il auroit fait s'il eiit ete verfe le premier dans la dillolution. Enfin ces fels moins efficaces verfcs de nouveau fur la liqueur apres que le fel de tartre y a fait fon impreffion , n'y doivenc plus retab ir la couleur jaune quand elle a cte detruire par les fels vola- tils : les experiences confirment ce raifonnement. Par exemple , il eft cer- tain que le fel commim & les fels fixes pea alkalis, font bien moins abfor- bants que le fel de tartre j audi la couleur blanche qu'ils produifent fait place a la couleur jaune excitee par le fel de tartre , laquelle demeure inalterable pai: rapport a ces autres fels ; de mcme le fel de tartre plus ou moins charge d'acides , eft inconteftablement moins abforbant que le fel de tartre pur & fans melange j aulli ce dernier I'emporte-t-il fur I'autre de la meme maniere que fur le fel commun & fur les fels fixes peu alkalis. Il refte a expliquer pourquoi I'efprit de fel & I'huile de tartre , par defail- lance verfes alternativement fur une mcme portion de notre dilTolution , la colorent tour-a-tour de blanc &c de jaune autant de fois qu'on veut , fans que I'acSion de I'une des deux liqueurs ferve d'obftacle a I'adlion fuble- quente de I'autre, effet tout oppole a ce que nous avons vu dans les expe- riences precedentes. Pour bien comprendre celle-ci , il faut faire attention que I'efprit de fel eft un abforbanr pour les acides nitreux, comme je I'ai nrouve ailleurs , &: qu'il pent aufli dilFoudrel* mercure , comme M. Hoin- berg I'a fait voir -, d'ailleuis le fublimc corrofif n'eft qu'un mercure pene- tr e pat les acides du vitriol Sc du fel, Sc men pere a demontre qu'on peuc meme en faire avec du fel commun. CeU pofe , quand on verfe de I'efprit de fel fur notre dilTolution, il nc J'ome III, Psrtic Fran^oijc, D i iio COLLECTION ■ peuc introduire fesacides dans le mercure faoule & revctu par-tout des aci- AcAD.RoV-ALE dcs nicreuxj I'efprit de fel ne peuc done agir alors que comme abforbant DES Sciences en s'emparant des acides les moins engages dans le mercure , qui par cette ' ■ perte commence a fe piccipiter fous une couleur blanche. Quand on verfe Annti ijii. enfuite de I'huile de tartre qui eft plus abforbante que I'efprit de fel, elis enleve encore des acides, introduit du feu & change en jaune ce qui ecoit blanc : mais quand on verfe enfuite de I'efprit de fel, il n'agit plus comme la premiere fois en qualite d'abforbant , I'huile de tartre plus ab- forbante ne lui a rien lailfe a faire en ce genre, il eft done probable qu'il agit alors comme dilFolvant du mercure ou il trouve plufieurs pores vui- des que les acides ont abandonnes; il entre dans ces pores , les dilate, challe les parties de feu , ou tout au moins bouche I'entree des pores ou elles font contenues, ce qui fuffit pour faire difparojtre la couleur jaune, comme je le ferai voir une autre fois par une experience alTez curieufe. Quoi qu'il en foit, quand on verfe enfuite de I'huile de tartre fur le me- lange , elle abforbe les acides de I'efprit de fel nouvellement attaches au mercure , & fait reparoitre la couleur jaune que I'efprit de fel detruic de nouveau. II eft aife de voir que ces effets peuvent fe renouveller autant de fois qu'on veut, & il fautobferver que dans cette experience I'efprit de fel a une double adtion , celle d'abforbant , qu'il n'emploie que la premiere fois Jorfque le mercure eft entierement faoule d'acides, & celle de diffolvant du mercure qu'il emploie routes les autres fois, ne trouvant plus d'acides fur lefquels il puilfe avoir prife; & ce qui prouve que c'cft en agilfant fur le corps du mercure, 8c non pas fur les acides, que I'efprit de lei detruit la couleur j.'une produite par I'huile de tattre, c'eft que quand on fubftitue a I'efprit de fel de I'elprit de vitriol ou de I'efprit ds nitre foible , la couleur jaune s'evanouit de la meme maniere. Or I'aftion de ces efprits n'eft point equivoque comme celle de Tefprit de fel , car an ne dira pas que I'efprit de nitre abforbe les acides nitreux engages dans le mercure i aufli quand on le verfe d'abord & avanc route autre liqueur, dans la dilTolution,, il n'y opere ni precipite ni aucun changement ; il ne peuc done agir que fur le mercure, & cela quand le fel de tartre' efi'aempor^e des acides que cet efprit remplace , 'mtne lorfqu'on emploie I'efprit de fel. j . Au refte on ne doit pas etie furpris que le precipice, malgre rintro" du(5tion des acidis du fel, reftc- indilloluble dans la liqueur; car I'efprit de fel agilfant la premiere fois comme abforbant , & enfuite I'huile de tartre, ils lui ont 6te plus d'acides que I'efpiit de fel ne peut lui entendre lorfqu'il agit comme dillolvant ; d'ailleurs I'aftion de I'efprit de fel eft na- turellement lente, & il ne dilFout totalemenc le mercure qu'en un tems confiierable : tout ce qu'il peut done faire dans cette occafion ou on ne lui donne pas le tems d'ag'r , & ou on I'emploie en petite quantite, c'eft de commencer la dilFolution comme fait I'efpric de nitre foible. Si cette dif- folution s'achevoit, toute couleur difparoitroit , parce que le precipirc fe remeleroit intimement a la liqueur qui reprendroit fa premiere limpidite, comme il arrive lorfqu'on fe fert d'un efprit de nitre plus fort qui rera^- place promptemenc tous les acides que le precipice avoit perdus. ACADEMIQUE, HI II refulte de tout ce qui a etc Jit : i". Que le mercure revetu d'acides DE I'ARIS. Annci i-jii. a lutuidlcmeiu une couleur blanche j i". que qu.iiid il devieiu rouge ou ArAD.RoyAifi JAune, celV par le plus lui le moins de parties de feu qui s"y font intro- » "^^ Sciences duites; j". qu'il nc palle du blanc au rouge qu'en acquerant des parties de feu, &c du rouge au blanc qu'en les perdant; 4". que quand l.i dilFo- lution commence a prindrc une coulcur , le mercure perd des acides; 5^. que routes les tois qu'il change de couleur il perd ou gagne des acides, fans quoi les parties de feu ne pourroient ni entrer dans le mer- .Fure, ni en iortir; 6". que quand un abforbant ne fair qu'enlevet des acides a la dilfolunon fans rien communiquer au mercure , il fait paroi- tre le precipice fous f.i couleur naturclle qui eft la couleur blanche ; 7". qu'il produit une autre couleur quand A la p!ace des acides qu'il ote au mer- cure , il lui communique d'autres parties qui le colorent diverfemeut im- vant leur nature & leur quantite; 8 '. qu'entre plulieurs abforbants pro- ()res a donner differentes couleurs , le plus alkali doit detruire la cou- eur des autres, mais qu'il ne doit point arriver de changement de cou- leur quand I'alkali le plus foible vicnt a la fuite d'un plus fort \ 9°. qu'une liqueur, meme tres- alkaline , verfee apres une autre qui I'ell: fort pen, nc produira point de changement dans le liquide , (i elle ne fait qu'otet au precipite de nouveaux acides, fans lui apporter ni lui enlever d'autres par- ties^ 10". que les acijes foibles peuvent faire paller le precipite du rouge au blanc, mais que les acides forts font difparoitte toutes les couleurs. Manicrc dc copier fur Ic vcrrc colore ks Pierrcs gravccs. Par M. H o M B E R G. X-/ ES pierres gravces font , ainfi que les mcdailles , des monumens hiftori- ques dont I'utilitc eft alFez ccnnue ; elles ont meme des avantages fur les medailles j la folidite de leur niariere les rend plus durables , & c'eft beau- coup en fait de monumens : d'ailleurs comme leurs figures font gravees en creux , ellcs font a I abri de tout frottemcnt, de toute altetation , & ellcs nous reprefentent I'antiqyie dans toute fa purete. Mais elles ont aufli un defavantage tres -grand relativement a I'ufage quon en peut faite ; c'eft qu'elles font toutes uniques, & la plupart cachees ou plutot enfouies dans les cabinets. On avoit tente depuis long-terns de remedler a cela , en muldpliant les empreintes des piettes gtavees fur la eire d'Efpagne , fur le foufre commun & meme fur des verres colores ; mais la cire d'Efpagne & le foufre font , comme on fait, des matieres trop peu folides \ les empreintes fut verre n'avoient ptoduit jufqu'ici que des copies imparfaites , & lart ctoit encore a trouver. Le precede nouveau que j'apporte aujourd'hui , eft dii a un long tra- vail , a un grand nombre d'clfais heureux & malhcureux , & a la permif- iijn que m'a procurce M. le due d'Orleans qui avoic dajgneaflifter a quel- Hi C O L L E C T I O N j_^mii»_iiiiji«i»ii ■■■ ques- lines de mes tentatives, pour copier routes les pierres gravees da Acad. RoYALE cabinet du Roi. Les copies que Ton fait prcfentement des pierces anti- DEs Sciences ques , fuivant men proccde , imitenc les orit^inaux au point que les con- DE 1 ARis. noifTeurs y font tous les jours trompes , fur-tout quand les compoiitions Jlririie lyiz. ^jgj yerres qu'on y employe, relTemblenr parfaitement a quelques-unes des pierres fines que Ton choifit ordinairement pour les graver , comme font les Agates ,Ies Jafpes, les Cornalines , les Onices , les Sardoines , Jes Amethiftes , les Grenats de Syrie , &c. que Tart imite fort bien , non- feulement pour la couleur , mais pour le poli , quand on les compare aux antiques , dont le poli a un peu foufFert par le terns ; is: Ton pent meme fe fervir de ces copies bien taites comme dts prototypes pour en tirec d'aurres qui font aiiffi parfaites que fi on y eut employe les originaux eux-mcmes. Un autre avantage de ce nouvel art , eft de pouvoir corriger dans les copies les defauts des originaux quand ils font cccrnes en certains endroits , & meme quand ils font calTes tout a fair , pourvu que les prin- cip.Tux morceaux ne foient point perdus. Jc donne ici les inftrudVions ne- celfaires pour y bien reuflir , & pour epargner a ceux qui voudront y tra- vailler , routes les peines inutiles que je me fuis donnees au commence- ment de ce travail. Tout notre ouvrage ne confifte qu'a bien mouler la pierre gravee en une rerre fort fine ,- fur laquelle on imprime un m.orceau de verre amoli au feu , ou a demi-fondu, de maniere que la figure de la pierre gravee, refte imprimee nettement fur le morceau de verre, en quoi il relfemble en general au travail des fcndeurs ^ mais quand on I'exr.niine de pres, il fe trouve des difficultes confiderables dans le notte , qui ne font d'au- ciine confcquence pour les fondeurs :par, exemple routes les terres leuc font bonnes pour en faire leurs moules , pourvu qu'elles foient aiTez fines, pour recevoir les imprellions , & qu'en fechant elles ne fe fendent pas ;, parce que les metaux que les foridteurs eroployent uniquement , font des niatieres abfolument difFerentes des fimples terres, & qui ne fe confon- dent jamais , quand meme ils auroient etc fondus enfemble , ce qui fait qu'aprcs la fonte le metal fe fepare parfaitement de la terre de fon mou- le , au lieu que le verre qui eft la matiere de notre ouvrage , ne difFere des fimples terres qu'en ceci feulement , que Tune eft une matiere terreufe qui a etc fondue au feu , & que I'autre eft la meme matiere terreufe qui ri'a pas encore etc fondue au feu , mais qui s'y fond aifemenr , & qui fe confond infeparablement dans le grand feu avec le verre , de forte que fi on n'a pas les precautions neceflaires dans le choix & dans I'emploi de la lerre , le moule , &: le verre moule fe collent fi bien enfemble dans le feu , qu'on ne fauroic les feparer fans detruire abfolument la figure qu'on avoic intention de donner au verre. Les matieres terrenfes fe fondent plus ou moins aifemenr dans le feu , felon qu'elles font melees avec plus ou moins de matieres falines qui leur fervent de fondant ; & comme nous avons abfolument befoin d'une terre pour faire nos moules , nous avons ete obliges de chercher celie qui con- tient naturellement le moins de matieres falines; je dis naturellemcnt , pacce que routes les matieres terreufes a (jiii on aenleve leuts fels,foit pac A C A D E M I Q U E. i , j le feu , foir par I'enu , comme font les cendres leflivces , & la cliaiix vive, ' ■ ' ■ "" ■■ ■■ couferveiu encniier les locules qui aoient occupcs par Ics fcls qu'eiles out Acad.Ivcyale perdus , & qui foiu tout pras a nxcvoir d'autres inatieies femblabies '^^■^ Sciln'cls quand dies fe prcfeiueront ; & comme nos vcrres n'ont etc fondus ou be 1 aris. vitrifies que par une grande quantity de fel fcMidant que I'art Icur a joint , ■^^"•^'^ lyii. ils en communiquent une partieatts fortes de matietes terreufes lorfque dans le feu ils s'approc hent , &: ils fe fondent enfemble j au lieu que les in.itieres tcrreules qui naturclleinent tie conti.nncnt rien , ou tres-peu de falin, n'ont pas les pores figures de nunierea retevoir facilement des fels ctraiigcrs , patticuUeremeiu quand ces fcls font deja enclialfes dans une autre niatiere cctreufe , comme ils le lont dans nos veices : fi cependanc on les tenoit trop de ten;s enfciiible dans le grand feu , la grande quantite de fclduverre nelailleroit pas de icrvir de fondant aces fortes de terres , &• ces matieres terreufes & falines, le fondroient & fe vitrifieroicnt a la iin les unes pat lesau'tes. De routes les terres quej'ai examinees, jen'enai point trouve qui corj- tiennent moins de fel, Sc dont le peu de fel qu'elles pcuvent contcnir, fe maniterte moins qu'une certaine forte de craye qu'on nomme commu- nementdu Tripoli, &c qui feit a polir les glaces des miroirs. Si la pliipart des pierres prccieufes , elle eft la feule qui convienne a notre ouvracre : il s'en trouve en France , & dans le Levant. La premiere eft bianchatre , nulte de rouge & de jaune , & quelquefois rouge touta-fait, elle eil ovdmai- rement feuilletee & tendre ; celle du Levant eft rarement feuillctee tirant toujouts fur le jaune, je n'en ai point vu de rouge, (.-He eft quel- quefois fort dure ; il faut choifir celle qui eft tendre , douce uu toucher con>- ine du velours , & point melee d'au^re terre ,ou de grains de fable: cette derniere eft beaucoup mellleure que celle que nous avons en ce pays-ci. Je me fuis fervi d'abord de la noire, mais j'ai reconnu enfuite que celle du Levant , que I'on nomme communement , Tripoli de Venifc , nioule plus parfaitement que le tripoli de France , le verre ne s'y attache ja- mais au feu, ce qui arrive fouvent au notre : nous ne laiffons cependanc pas de nous fervir des deux , & voici comment. Pilez le tripoli de France dans un grand mortier de fer, padez le par un tamis de crin , &: gardez-le pour I'ufage ; le tripoli de Venife doic ttre gratte tres-fincment, & fort peu a la fois , avec un couteau , ou avec des eclats de verre de vitre ; il faut le palfer enfuite par un tamis dc foie tres-fin , &i le broyer dans un mortier dc verre avec un pilon de verre : plus le tripoli de Venife fera fin , mieux il prendra les empreintes. Le meilleur moyen de feparer la poudre la plus fine,leroit ctlui des lotions ; mais on ne peut pas s'en fervir dans cet ouvrage, parte qu'il fe trouve naturellement dans !e tripoli de Venife , une le^ere oncluofitc qui fait que dans les imprellions , les petits grains de la poudre fe tienneiK colles enlemble , tk. formenr une fuperficie unie comme (i elle ctoit polie : cette onduofice s'en fepare paries lotions ; les petits grains fe defunilfent, & rendent ,i limprcllion une (uperficie grenue qui gate la finelfe des fi"vt- res que I'on vcut imprimer dans le verre. Les deux cripolis ecam mis en poudi e j comme nous venons de le dire ii4 COLLECTION AcAD.RoYALE DES Sciences DE Paris. Annh 1 7 1 i . il fant humedler le cripoli de Fiance avec de I'eau , jafqu'a ce qu'ilpuifTe fe mettre en un petit gateau quand on le prtlL' entre les doigts , a peu pres comme il arrive a la mie de pain frais qumd on la petric de meme entre deux doigts; Ton remplit de ce tripoli liumecte un petit creufec plat 4? la profoiidfcur de fept a hiiit lignes environ , & du diametre qui convienc a-peu-pres a la grandeur de la pierre que Ion veut mouler : on prelFe legerement ce tripoli dans le creuiet, puis Ion met par dtifus un pen de la poudre fethe du tripoli de Venife , (ur quoi on pofe la pierre que Ton veut mouler, & on I'imprime en la prellant dans le tripoli audi fortement qu'on le pent faire avec les pouces, puis on applaiit bien avec les doigts , ou avec un morceau d'ivoire tout le tripoli qui fe trouve a I'entour de la pierre ; on le lailFe repofer un moment jufqu'a ce que Ihii- midite du tripoli de France ait penetre & humedte celui de Venife, qu'on avoir mis en poudre feche immcdiatement au-dellous de la pierre. L'on jugera tacilement combien il fau: de terns quand on en aura imprime quel- ques-unes ; on fepare la pierre d'avec le tripoli , en enlevant un peu la pisrre avec la pointe d'un aiguille enchallee dansun petit manche de bois : pour lors en renverfant le creufet , la pierre tombera , & I'impreffion reflera dans le creufet; on reparera les bords du tripoli que la pierre aura quittes, & on lai.Tera feclier le creufet dans un lieu ou la poulliere ne pourra pas gater rimpreflion. L'on voir bien par ce procede que le tripoli de France ne fert qu'a remplir le creufet, pour epargner celui de Venife qui eft rare & cher a Paris, & que c'ell ce tripoli de Venife feul qui regoit I'impreffion de la pierre , & qui doit par confequenc imprimer la figure dans le verre. I! faut qu'ii ne refle rien dans la pierre quand on la fepare de delTus ie tripoli , autremenr la figure imprimce dans le moule fera gatee , car tout ce qui reftera dans ia pi.rre manquera dans la figure. Quand le creufec fera parfairement fee , on prendra un morceau de verre de telle couleur qu'on voudra, on le taillera de la grandeur conve- nable a la figure qu'on y veut imprimer; on le pofera fur le moule, en forte que le verre ne touche pas la figure iroprimee , car il I'ecraferoit : on approchera du fourneau le creufet ainfi couverc de fon morceau de verre , afin qu'il s'ecliaufFe peu a peu jufqu'a ce qu'on ne puifFe pas le tou- cher avec les doigts fans fe bruler; alors il eft en etat d'etre mis dans le fourneau qui doit ctre un petit four a vent, garni au milieu d'une mouffle oil il y aura grand feu de charbon delfus , delfous , & a I'entour de la mouffle. On mettra un ou plufieurs creufets fous la moufBe felon fa gran- deur : on boucliera I'embouchure de la moufTle avec un gros charbon rou- ge , & Ton obfervera le morceau de verre. Quand il commencera a deve- nir luifant , c'eft la marque qu'il eft affez amoli pour fouflrir rimpreflion ; il faudrapour lors retirer le creufet du fourneau, & prefTer incontinent le verre avec un morceau de fer pour lui imprimer la figure moulee dans le creufec. Auffitot que I'imprelTion fera faite , il faut remettre le creufet a cote du fourneau dans un endroit un peu chaud , & a I'abri du vent , ou il puilTe fe refroidir peu a peu fans fe caller. Lorfqu'ii fera refroidi , on otera le verre de defius le creufec, & avec des pincettes on egrugera les bords de A C A D 6 M I Q U E. 2ij ce verre , ce qui emptche qu'il ne fe calFe quelque tems aprcs avoir etc ■ ""^^ imprime , particuliciemeiit qiiand le verre eft uii peu re vLche ; tons les verres ^^'^°- l^o y alb ne le loiit pas cgalemeiu. II n y a pas ci autre regie pout les connoitre , que ^^ Paris. d'en imprimec rleux ou trois morccaux qui enfeigneroiu alFez la maniere dont il budra ks traiter. Les plus durs a fondtelont les meiUeurs a ufer , -"^"^^ jyii- ils portent un plus beau poli , & ne fe rayent pas fi aifement que les tendres. On a quelquefois envie de copier en creux une pierre qui eft travaillee en relief, ou de mettre en relief une pierre qui eft travaiUe en crcux , voici comment on doit s'y prendre. Il faut imprimer en cire d'Efpagne ou enfoufre, le plus exaftement qu'il fera poflible , la pierre que Ton veut changer , foit en creux ou en relief : fi c'eft un creux en pierre , il produira un relief en cire d'Efpagne j & ft c'eft un relief en pierre, il produira un creux en cire d'Efpagne. 11 faut rogner cous les bords fupeiHLis de Timprellion en cire d'Efpagne , Sc ne lailfer que U finiple grandeur de la pierre , dont on unira le tour le mieux qu'il fcra p flible avec une lime ou avec un canif , on moulera ce cachet de cire dans un creufet a tripoli , de la meme maniere que fi c'etoit une pierre , & on imprimera de meme au grand feu dans ce moulc un morceau de verre, comme nous lavons enfeigne ci-delfus. Il faut faire ces cachets de cire fur un petit morceau de bois , ou fur du carton fore cpais , afin qu'ils ne plient pas pendant qu'on les imprime dans le tripoli , ce qui calferoit la cire d'Efpagne , &; I'iropreinon en verre feroit g.uee. iic par coniequent fi I'atmofphere etoit moins elevee qu'elle n'eft , le crepufcule commenceroit plus tard & finiroir plutot , ou , ce qui revient au mcme , il commence- roit & finiroit quand le foleil feroit a moins de i8 deg. au-deflous de I'horizon ; & au contraire. On voir done que la grandeur de Tare done le foleil eft abaiffc quand le crepufcule commence ou finit , determine la hauteur de I'atmofphere. Cet arc , quoique pofe de i 8 degtc's , doit etre pris un peu moindre. La refradion eleve tous les aftres de 51 min, , & par confequent le rayon diredt ou qui , etant rcflechi , a fait le crepufcule , a cte eleve de 5 ^ min. & a touche un arc du s;lobe tetreftre , qui depuis ce point d'attouchement jufqu'au point oil eft I'obfervateur , a ces j2 min. de moins que 1 b' deg. , & par confequent n'eft que de 17 deg. 18 niin. De plus les premiers rayons qui font voir le crepufcule parcent du bord fuperieur du foleil , 6: ce bord eft eloigne de 16 minutes du centre que Ion fuppofe a 18 deg. fous I'horiion. L'arc qui dcterminera la hauteur de I'atmofphere n'eft done plus ^iie de 1 7 degres 1 1 minutes. Le5 I A C A D 6 M I Q U E. 1,7 Les deux rayons, I'un dircft & I'aiKre rcflechi qui touclient tons deux h terre , concourenr nccenairemenc dans 1 atmorplisie au point de re- y\cAD. Royaie flexion , & coiiiprciinenc entre eiix un arc de 17 deg. 11 win. dont ils bls Sciences font tani>ents \ de la il fait par la nature du cerde qu'une ligne tiree du de Paris. centre de la terre 8< qui coupera cet arc en deux , ira au point de concours Annct 171 }• de CCS deux i.iyons j & coinme il eft aife de crouvet I'exces do cetie ligne fur le demi-diameire de la terre qui eft connu, il ell audi ailc d'avoic dans i'hypothefe prcfeniela hauteur de ratmofplune qui n'cft que cet exces. M. de la Mire le trouve de ^7113 toifes, ou de pres de 17 lieues de 2ioo toifes. C'eft cctte incthode dont Kepler s'eft fsrvi , mais conime elle lui donnoit la hauteur de I'atmofphere vingc fois plus grande qu'il ne le croyoit d'ailleurs , il a employe divets moyens , mais peu heureux pour la diminuer. J'ai dit que 17 lieues feroicnt la hauteur de I'atmofphere dans Vhypothcfi pviftnu : cette hypothefe efl que le rayj 6 M I Q U E. no Acad. Royale Sur pluficurs Eaux Minerales dc France. ^^l l^U'll" J\vKis avoir eximine Ics eaux minerales chaudes de I'Auvergne 5c du Annit 171 J. Bourbonnois , M. Chomel palfe a I'l-xamen des eaux tiedes du nitme pays. Dune livre d'cau des fources de Jaude , du champ des Pauvres & de IJeau- repaire , routes trois prcs de Clermont, il a tire un peu plus de 1 j grains de rcfidence , ou de matiere minerale. Il foup^onne qu'elles ne contien- nenc pas un nicre pur, comir.e I'a cru M. Duclos , mais \\n melange de nitre & d'un peu de foufre qui s'evapore aifement , & de la vicnc que ce foufre a pu cchapper a M. Duclos qui n'a vu ces eaux qu'a Pans. De iS ou 10 fources minirales qui font entre Vic-le-Comte & Alirfleur, il n'y en a que deux qui ne foient pas gatees par les dcbordemens de I'AUier dans les terns ou elles pourroient etre d'ufage : ces deux font celles des Matres de Veyre & du Cornet. M. Chomel a trouve dans I'une & dans I'autre , 34 ou 55 grains de refidence , & il a trouve qu'outre le nitre pur que Nl. Duclos y teconnoilFoit feulemeric , il y entre quelque portion de fel ammoniac. D'une livre d'eau de Saint-Nitaire ou Nedaire, M. Chomel a tire pres de 18 grains de rellJence , dont les trois quarts n'etoient qu'une matiere rerreufe ou pLureufe ; la matiere (aline qui faifoit le telle patticipoit du fel marin & du nitre. Une livre dc I'eau de Chatelguyon a donne 5 3 grains de refidence , "dont pres de la moitie n'ctoit que de la terre , M. Duclos a cru que le ftl de cette eau tient du fel marin , & M. Chomel croit qu'il a plus d'al- Icali que d'acide , & que le nitre eft le foffile qui s'y manifefte le plus. [Jne livre de I'eau de Vicen-Carladois* a donne un gros de refidence dont les deux tiers etoient une matiere faline. M. Chomel s'eft accorde avec M. Duclos a juger que le nitre y dominoit, mais il croit que cette eau devroit etre comptee plucot paimi les eaux froides que parmi les tiedes ou M. Duclos I'a mife. Quant aux eaux froides qui font celles de BelTe , de Chsnonat , de Chafoteby , de St. Pierre de Clermont, du Vernet Ste. Marguerite, de Jilerac &: de Pougues en Nivernois , elles ont la plupart fi peu de matiere faline, les indices qu'elles donnent font fi equivoques uC fi Icgers , & d'ail- leurs M. Duclos & M, Chomel different fi peu dans leurs conclufions, qu'il auroir cte prefque entieremenc inutile de fuivre le tout en detail. Sur Ic Charbon dc Terre. iVl. Desl ANDES etant en Angleterre , fit fur le chatbon de terre qu'on y bride deux experiences , qu'il croit qui ont echappe aux Anglois. I. Ayant pile du charbon , il en mit dans un verre d'cau environ une demi-once , & I'eau, comme on le devine bien , devint toute noire : mais E2 ij 'ii9 COLLECTION — — ayanr bllTe le verre expofe a I'air toute la nuir fur fa fenctre , (c'etolt en Acad Royaie '■'i^'-'r , ) '1 trouva le lendemain que cette eau qui s'ecoit gelee avoit pris une DES Sciences couleur rougeatre, II falloit pour donner cette couleur a I'eau que la gelee DE Paris. eut dcveloppe les fouftes du charbon , quoique cette adlion ne paroilTe Annk 1715. guere lui convenir. II De 1,1 cen ire de ce charbon infufee dans I'eau de vie ,& melee avec de la limaille de fer, fait une teinture noire qui s'eclaircit a mefure quelle s'echauffe. Lorfqu'elle commence a bouillir , elle prend une couleur plus douce que le gris de fer ordinaire. M. Deflandes donna a de la laine criie cette agreable teinture qu'aucun ouvtier ne put imiter. Ohfirvations Metcorologiques fakes a VObfcrvatoirc Royal I pendant I'annee ij i 2. Par M. DE LA HiRH. J. L eft tombe pendant I'annee 171 1 1^4 lignes ^ , oa ii pouces z lig. ;J d'eau , ce qui ell plus que les annees moyennes que nous avons derermi- nees 3. 1 9 pouces. Mon thermometre a ete au plus has le dernier jour de I'annee , & il marquoit 144-de fes parties a tres peu-prcs comme le 8 Janvier, ce qui fait connoitre que le ftoid n'a pas ete grand , car il defcend alfez fouvenc jufqu'a 14, & dans I'erat moyen il eft a 48 comme dans le fond des carrie- res de I'Obfervatoire 011 i! demeure toujours au mcme point. Ce thermometre a ete au plus haut a 64 parties le 16 Aout j mais comme c'etoit au lever du foleil, qui eft le terns ouje fais toutes ces obfervations*, & que d.ms la plus grande chaleur du jour qui eft vers deux hturesapres- midi , il remonte au deflus de I'etat du matin , de 1 1 parties , il faudrou le confiderer a -jC parties pour la plus grande chaleur , Sc par confequenc la difference marquee entre le plus grand froid & le plus grand chaud feroit de 5 2 parties i done la moitie eft iS , qui etant ajouteea 24. , feroient 50 , ce qui n'eft pas eloigne de 48 ; d'oii Ton connoit que le froid a ete a tres-peu pres autant au-dcllous de I'etat moyen , que la chaleur au-deffus. Mon barolmetre ordinaire a ete au plus hauta I'i pouces 4 lignes \ le 10 Fevrier , & les jours voifins de celui-ci , il s'eft toujouis foutenu fort haut , lecieletoit alors adez ferein, le vent qui ctoit tres- foible vetioitdu Nordj & jeremarque que toutes les fois quece barometre a ete plus haut que iS pouces , ce qui eft arrive affez fouvent pendant I'annee, le vent a etc vers le Nord &: I'Eft , & quetquefois avec des brouillards. J'ai un autre ba- rometre oil le mercure eft toujours plus haut de 5 lignes , que dans celui ou j^obfcrve ordinairement : ce barometre ordinaire a ete au plus bas une feule foisle 6 Novembre a 16 pouces 10 lignes t le ciel etant ferein , avec Bii vent mediocre a I'Eft ; mais auffitot le mercure remonta, & le vent p^jfa versl'Ou.ft, Si le SudOueft , & la difference entre le plus haut , & le plus bas de cc barometre a ets d'un pouce 6 lignes comme d rotdinaire. A C A D E M I Q U E. 211 11 n'y a rien pour les vents de cette annce qui mciire d'y faire atten- >•< * > tion ; mais je remarque en general que dans ce pays-ci , routes les fois que Ar ad Royale le venr de Sud-Ouell & d'Oueft regne pendant quelque. terns, le ciel eft des Sciences couvert vers le foir & an commencement de la nuii , & que vers le matin de Paris. il eft ferein : il me fumble que la raifon en eft alFez daire , car pendant ^nnee 17U. I'apres-midi, le folcil donnant alfez a plomb fur ies mers qui font a notre couchant , en eleve beaucoup de vapeurs qui nous font apportces enfuice vers le commencement de la nuit; an contraire pendant la nuit , il s'cleve peu de vapeurs de ces memes mers , & le vent durant toujours le mcme , le ciel doit etre aflez ferein vers le matin. REMARQUE. Il arrive prefque toujours que ceux qui onr etc blelTes en quelque partie du corps , y fentent des douleurs , toutes les fois que le tems le difpofe i changer : voici de quelle maniere j'ai penfc qu'on pouvoit expliquer cette influence de temperntnre fur le corps humain ; le tilfu des parties offenfees doit etre fort dclicat, & fort fenfible : or dans les changemens de tems, I'air devenant , ou plus leger , ou plus pefant , fait une imprellion exrraor- dinaire fur ces parties , ou en les comprimant , ou en les eteiidant , comm fi eiles en ctoient touchees , ce qui peut caufer la douleur qu'on y relfent le Experiences & Refiexions fur la prodigieufe duBilitc dc diverfcs Maticrcs. Par M. D E Reaumur. J_j N general les corps dudiles font ceux qui ctant frappes , pre fifes , 011 tires , s'etendent, dans uii fens, a-peu-pres , d'autant qu'ils diminuent dans un autre : tels font les metaux , qui fous les coups de marteau acquierenr en longueur, & en largeur, ce qu'ils perdent en epailfeutjou qui eranr tires par une filiere , deviennent plus longs , a mefure que leur grolTeur diminue. Nous avons encore une autre efpece de corps qui , fans etre mal- leable? commc ks metaux, peuvent neanmoins etre appelles dudiles : les coUes , les gommes , les refines , & tous les corps qui ayant ete ramollis pan I'eau, par le feu, ou par quelqu'autre diftblvant , fo tirent en fils. Nous fournirons des exemples de cette forte de dudtilite : les corps duiftiles peu- vent done fe divifer en deux clalTes , dont la premiere contient les corps du6tiles que nous nommerons Jurs , tk qui font malleahles ; ce font ceux dont nous parlerons d'abord : la deuxieme clalFe eft compofee d^ corps dudiles mous qj'on ptut etendre en les rirant quoiqu'ils ne foient paj malleables, & ce font ceux que nous examinerons enfuite La maniere la plus commune d'ctendre les corps dudiles durs, c'eft de les etendre ei» les frappant A couf'S dc marteau j avec de pareils coups bicn men-ges, la plupatc des ouvricts eii or , en argent , eu ciiivre , en etain , donnenc le* lii COLLECTION ^^t:^:^^^^: figures qu'il leur plaic A des mailes informes. Quoiqiie ces fortes d'ouvra- AcAD RoYAiE 8*^* meiitenc plus d'atteiuion qu'on ne leur en donne communement, DES Sciences nocre delLeiii n'eft pas de nous y arreter , a prefent nous ne voulonsconfi- DE Paris. derer les corps dudtilesque par rapport a la grande etendue qu'ils peuvenc ^rWe 1715. acquerir. 11 n'y a guere que les Batteurs d or qui avec le lecours leul du marteau, rcndent des lames de metal extremement minces, lis nous preparent ces feuilles que nous employons dans la plupart de nos dorures j Ton fait qu'ils les tirent d'un lingot alfez gros dont ils diminuent 1 epailTeur a un tel point, que les feuilles qui en font formees, cedent au plus leger fouffle. Pour fa- voir par une voie plus sure que par le recit des ouvriers , auxquels Rohault s't-n eft rapporte , jufqu'oii cet art fait acftuellement etendre for , j'ai pris line certauie quantite de feuilles des plus minces , favoir de celles qu'on met dans les livrets ordinaires ; j'ai mefure avec foin leur grandeur , & je les ai pefees dans des balances trcs fines; j'ai vu qu'un grain d'or battu , (car qu'eit ce qu'un grain d'or ) avoir une etendue de 36 pouces quarres & demi , & 14 lignes quarrees, c'eft-a-dire , qu'une once d'or qui etant fous la forme d'un cube , n'auroit que 5 lignes & t de ligne au plus en tous fens , & ne couvriroit qu'une iurface d'environ 17 lignes quarrees; que cette once d'or, lorfqu'elle a ere etendue par les Batteurs d'or , couvre une furface de plus de 1^6 pieds quarres & demi ; etendue de pres d'une moite plus grande que cclle qu'on favoit donner a for en feuilles, il y a environ 50 ans , lorfque d'une once d'or on formoit i(Joo feuilles , qui routes enfemble ne pouvoient couvrir qu'une furface de 105 pieds quarres. Mais quelque confiderable que foit I'etendue de la furface de for en feuilles, elle n'aura rien de merveilleux lorfque nous la comparerons avec celle que le meme metal acquiert chez les 'fireurs d'or. II y a a la verite telle feuille d'or battu, qui n'a pas dans certains endroits un 30000 mil- lienie de ligne d'epailfeur; mais un Ijoooo millieme de ligne , eft une epailFeur alfez grande par rapport a fepailfeur de for qui couvre les lames d'argent dore qui font filees fur la foie. Pout mieux connoitre combien for eft alors etendu , il eft necelTaire d'avoir du moins une idee grolTiere des procedes des Tireurs d'or. Ce fil que nous nommons communement du fil d'or , Si qui , comme perfonne n'ignore , n'eft que du fil d'argent dore , eft tire d'une grolfe birre d'ar- gent : on prend cette barre du poids d'environ 45 marcs; en I'arrondif- fant , on en forme un cylindre ou rouleau qui a 1 5 lignes de diametre , & un peu moins de zi pouces de hauteur : on dore ce lingot avec les feuilles que preparent les Batteurs : on en emploie pourtant a cet ufage de plus epailTes que celles qui font deftinees a nos dorures ordinaires, & on en met fouvent plufieurs les unes fur les aucies : mais quoique la couche d'or qui couvre ce lingot , foit confiderablement plus epailfe que celle de nos autres dorures , elle eft encore alTez mince : il elt aife d'en juger par la quantite d'or qu'on y fait entter. Pour dorer ces 45 marcs d'argent , on emploie jamais plusde fix oncesd'or, e'en eft alfez pour faire du furdore, mais on n'y fait pas entrer deux onces , &c fouvent n'v en fait-on pas entrer beaucoup plus d'une, lorfqu'on veut du fil aulli Icgerement dore que I'eft A C A D ^ M I Q U E. 215 Feplus commun fil d'or de Lyon , c'eft A-dire , que la couched'or qui enve- =^ loppe ce linger , n'a jamais que la 1 5 roe partie dune ligne depaideur, que Acad.Rovale fouventelie n'en a que la }o °"= , ou la 45 "' partie j enfin elle n'a quelque des Sciences fois que la 90""= partie. de 1'aris. Cependant , combien cette couche d'or deja mince , le doit-elle devenir Anriii 171 f. davantac;e! Combien de fois, pour ainfi dire , doit-elle ctre divifee ! On alonge le lingot qu'elle couvre , jufqu'j ce que fa hneffe egale ou furpalTe celle des cheveux: on le fait palFer fucceffivemcnt par des trous plus ctroitj les uns que lesautres , ou ce qui eft la mcme chote , par des filieres. A me- fure qu'il palfe par un trou , Jon diametre diminue , il gagne en longueur ce qu'il petd en grolfeur , il augmente par confequent en furface j Tor qui couvre ce lingot d'argent , ne celle point de le dorcr , quelque prodigieu- fement qu'on I'etende , il fuir roujours I'argenr , il ne le lailfe point a de- couvert; cependant , combien de divifions a c-il fouffert , lorfque le lingot rcduiten til a un diametre environ 9000 fois plus petit que celui qu'il avoic en lingot ? Mais , pour nous faire une idee plus fenfible de la prodigieufe ducftilite de I'or , voyons la longueur a laquelle arrive le lingot tire a fa derniere tinelTe. J'ai pefe avec foin un demi-gros de fil du plus dclie, & j'ai rnefure avec le meme foin la longueur de ce demi-gros de fil , je I'ai trouve de lOi pieds ; par confequent I'once de fil avoir 315 1 pieds de longueur j & le mirc , ou 8 onces en avoienc 25 856 : notre lingot qui pefoit 45 marcs, & qui n'avoit d'abord que 21 pouces de long, etoit done parvenu entre les mains des Tireurs d'or , a une longueur de 1 1 63 5 20 pieds , ou redui- fant les pieds en toifes , & preiiant lalieue de 2000 toifes , fa longueur de 22 pouces, avoic ete changee dans une longueur de tjtJ lieues , &c 1910 toifes. Ce lingot, tout long qu'il ell , lorfqu'on le reduit en fil (1 dclie , n'en refte pas \i\ il a encore a s'alonger. La plus grande partie du fil d'or fe file fur la foie, Sc avantde I'y filer , on I'applatit, on le fait palfer entre des roues d'acier extremement polies : les roues en rapplatrilfant I'alongent de plusd'un 7""' ; voila done la longutfur de notre lingot encore augmentce de plus d'un 7 ""= , c'eft- a-dire que le voild parvenu a une longueur de 1 1 r lieues , aulli eft U alors reduit en lames bien ecroites , & bien minces : la largeur de ci s lames n'eft que d'environi de ligne, d'oii il fuit que leur epai'Isur n'.i qa'un 256™ de ligne. Le calcul en eft aife a faire : le poids d'un pied cube d'or , & le poids d'un pied cube d'argenr, etant con- nus p.ir des experiences alTez exadies , nous fuppofonsi^i que le pied cube d'or pefe : i 2iO onces , &: que le pied cube d'argtnt en pele 1 1523. Nous ne nous arrcterons point .1 montrer le chemin qu'on doit luivre pour con- noitre que i'epailfeur de ces lames d'argent n'eft que dun 256""= de ligne; on aimcra peut-Ctre niicux confiderer combien eft mince la feuille d'or qui couvre des lamcs d'argent deja fi minces. Il y a de quoi bien etonner "^^ I'im.igination , h Ton fe fouvient de la petite quantite d'or qu'on a appli- que fur le lingot d'lrgent: fuppofons qu'on en ait mis deux onces, (& on en emploie fuuveat moins , ) fi Ton fe donne la peine de calculet quelle eft la (mface qiie couvrent ces deus onces d'or , on trouver* ii4 COLLECTION _ „„ quelle eft de 13S0 pieds quarres , on qu'une onze enveloppe 11 90 pieds Z quavics , & tout ce qui les Batteurs dor favenc iaire , c'cll de I'ttendre ""Ml^ScirJct" ^ Hi^ pietis quarres & quelques lignes quarrees. DE Paris. Mais Tot h prodigicufement etendu , combien eft il mince ? Le calcul /< ,' 17 1. precedent fervira encore a montrer que fonepaiireur n'a pas un 175000 tnil- ""* • '■ Jieme de ligne ; ilfaudroic ahn que I'epailTeur de lor qui couvre I'argenr, fut d'un 175000 millieme , que Tor flic par-tou: egalemenr epais , c'eft cependant une fLippofition qu'on auroic torr de faire : quelque (oin qu'on fe donne en battanc les feuilles dor, il eft impollibie de les battre ega- lement ; on diftingiie d'une maniere fenfible par leur plus & leur moiiis d'opacite , qu ellt-s font au moins une fois plus epaiHes dans de certains en- droits que dans d'aucres : ces feuilles , lorfqu'elles dorenc le lingot , ie dorent done inegalement , & de fa^on qu'il y a des endroits 011 I'or eft line fois plus itiince ; or fi Ton cherche i'cpaiflTeur de Tor dans ces en- droits oil il eft le plus mince , on trouvera qu'elle n'eft egale qua la 251500 partie d une ligne , &: qu'elle eft a une ligne , ce qu'une ligne eft a 504 toifes. Ce n'oft pas encore la le terme jufqu'ou peut etre pouftee la duiStilite de Tor : au lieu de deux onces , on auroit pu n'en employer qu'une : Tor qui auroic couvert les lames d'acgent , n'auroic done eu alors d'epailleur dans certains endroits, que la 5^5000 millieme partie d'une ligne. Entin les lames d'argent, routes minces qu'elles font , peuvent refter dorees , Sc devenir la moitie plus minces , il n'y a qua les prelfer davar.tage entre les roues en les applatiftant doucement,de fagon que le froccement oce pen a des couches dcja fi peu deliees , & ces lames certainemenc reftent dorees , quoiqu'on leur donne une fois plus de largeur que nous ne I'avons dit cidef- fus , c'eft-a-dire , quoiqu'on leur donne j de ligne ; repaifteur de Tor qui les couvre , eft done reduite alors a n'avoir pas la millionnieme partie d'une ligne 5 c'eft-adire qu'elle eft a une ligne, ce qu'une ligne eft dune demi-lieue. Peuc-ecre feroit-on difpofe a ctoire que I'or qui couvre les lames d'ar- eent , a beaucoup plus d'epaifleur que le cakul ne lui en donne, & cela parce que I'or pourroit etre divife en petits grains ecartes les uns des autres, quoique pourtant affez proches pour donner leurcouleur a I'argentj en un moc , il feroic alTez naturel de croire que I'or qui couvre les la- mes , ne forme pas une feuille continue , mais I'experience demontre le contraire ; fi Ton met dilfoudre dans de I'eau forte des fils dores traits , ou des lames dorees , quelque petits que foienc ces fils , & quelque minces que foienc ces lames, apres que I'eau forte a diftbut I'argent , les fils & les lames dorees changent en de petits tuyaux creux , parce que I'eau force n'agic poinc fur For j d'ou Ton voic evidemmenc que I'or qui couvre I'argenc, forme un corps concinu: I'arc eft done parvenu a favoir divifet un morceau d'or de repaifteur d'une ligne , en un million de feuilles. L'art n'eft pas alle fi loin a beaucoup pres , en travaillanc les corps duftiles mous : dans ce genre , il n'y a gueres que le verre qu'on fcache prendre confidetablemenc. Qii'on ne foit pas furpris au refte , de ce que nous A C A D 6 M I Q U E. iij nous domions !e premier rang parmi les dudlilcs mous au plus ciUiUir , . Sc pour ainfi dire au plus roide de tous les corps ; on fcaic que lorfque la » n II 1 r I- L- ' ■ . 1, • I r ' • ACAD.KOYALE chalcur du rcu la bien penctre , Iwivrierle pent ngurer comme unc ore des Sciences molle; mais ce qu'il y a de plus (ingulier, 8c ce qui regarde diredlement de Paris. notrc fujet, c'eft qu'on le tire en fiLts d'une grande fine lie , & extreme- ^nrue 1713. ment longs ; les fileufes ordinaires ne forment pas aufli aifement leurs fils de chanvre ou de lin , que les tileurs de verre forment des fils de cette matierc Ci cadanre. On connoit ces aigrettes que Ton place pour I'ordinaire fur les bonnets des enfans, & que Ton emploie a divers autres ornemens : on fcait que ces fortes d'.iigrettes font formees d'une infinite de fils de verre ; 8i quoi- qu'on le fi^ache , on a peine a reconnoitre le verre Aans ces fils qui plus delies que ies cheveux' , (e plient comme eux aux gre du vent. A un ou- vrage fi fingulier , il ne manque pour etre fort cher Sc fort eftime , que d'etre plus difficile a faire , mais rien n'eft plus fimple & plus aifc ; il occupe en niL-me-tems deux ouvriers , & ne demande prefque aucune adrell'e ni de I'un ni de I'autre. Le premier tient un des bouts d'un morccau de verre ou d'email fur la fiamme d'une lampe : lorfque la chaleur a ramolli ce morceau de verre, un fecond ouvrier applique centre le verre en fufion , le bout d'un crochet qui eft audi de verre : il retire auffi-tot ce crochet qui entraine un brin de verre , lequel n'eft point fepare du refte de la made ramollie ; I'ouvrier engage enfuite ce crochet fur la circonference d'une roue d'environ deux p>ieds Sc demi de diametre , elle eft pofee verticalement , & elle eft la prin- cipale partie d'un rouet femblable aux rouets ordinaires : le crochet ctant arrtte fur la circonference de cette roue , il ne refte plus au fecond ou- vrier qu'a la faire tourner : a mefure quelle tourne , elle tire des parties du verre fondu , elle les oblige a s'eloigner du refte de la malFe : ces parties toujours adherentes a celles qui les ont entrainees, &a celles qu'elles en- trainent elles-memes enfuite , forment un fil qui vient entourer la circon- ference de la roue ; chaque tour de roue s'enveloppe d'un nouveau tour de fil j & enfin apres un certain nombre de revolutions, la circonference de la roue cftcouverte par un echeveau defil de verre ; la made qui ctoic en fufion fur la lampe , diminue infenfiblement comme fi elle etoit un peloton , elle fe devide pour ainli dire , & pade fur la roue : les parties qui font eloignces de la lampe fe refroidident, elles deviennent plus adhe- rentes a celles qu'elles touclient , & ainfi par degres ,"les parties les plus proches du feu , font les moins liees entre elles , d'oii il eft clair que celles- ci doivent toujours ceder a I'effort que font les autres pour les tirer vers la roue. Au refte il ne faut pas croire que I'ouvrier foit oblige de faire tourner la roue leiitement, de crainte que le fil ne fe rompe ; il lui donne un mou- vement aulfi rapide qu'il veut , ou plutot auftl rapide qu'il peuc ; plus la roue tourne vite , plus on expedie d'ouvrage en un certain temps , & le fil ne fe calfe pas pour cela plus fouvent. Ces fils formes d'une maniere fi fimple, ne font pas par-tout d'une cgale grodcurj leur contour eft un ovale fort applati , je veux dire qu'ils ont Tomel/I , Parcie Francoifc. F z D£ Paris. Annii 17 1 J. litf COLLECTION rrr^^^^^:^^ au moins deux on trois fois plus de largeur qu'ils n'ont d'epaifTenr. II y Acad Royale ^'^ * d'une grande finelFe , & qui , autant qu'en peut juget la vue fimple, Df s SciKNCES n'ont gueres plus d'epaifleur qu'un fil de ver a foie \ audi ces fils ft fins fonc-ils excremement flexibies. Si on entrelace las deux bouts d'un de ces fils de verre , comme on entrelace les bouts d'un biin de fil lotfqu'on vent le nouer , & qu'enfuite on tire les deux bouts , avanc que ce fil fe calTe, on le plie a tel point que I'efpace vuide renferme au milieu du noeud , n'a pas une demi-ligne , ni fouvent meme 5 de ligne de diametre , comme ie I'ai eprouve un grand nombre de fois. Quelque roide que nous paroifTe le verre en maffe , il ii'eft done pas elTentiellementaufll calfant , & aufli peu flexible que nous nous I'imaginons j i\ nous avions I'art d'en titer des fili beaucoup plus delies , ils feroienc aufii beaucoup plus flexibies, d'oii il femble qu'on peut conclure , que H nous f^avions faire des fils de verre audi delies que font les fils dont les araignees enveloppent leurs cEufs , nous pourrions faire des fils de verre propres a entret dans les tilfus , & que fi le verre n'efl: pas malleable, il n'ell pas vrai de dire qu'il ne foit pas uxtibU , fi Ton peut fe fervir de ce terme. J'ai rente diverfes manieres pour faire des fils de verre incompara- blement plus delies que ne le font ceux que I'att travaille communement ; mais il ne m'a pas ete poflible de parvenir a en faire de fort longs : il ell difficile de ne pas donner un trop grand degre de fufion a une matiere deja fort mince , telle que celle dont il faudroit fe fervir , Sc il eft prefque aufll difficile de titer avec alfez peu de force , & d'une maniere egale , des fils fi fins ; I'expedient fuivant ell: celui qui m'a le mieux reiifli. J'ai pris un brin de fil de verre de 7 a 8 pouces de longueur, je I'ai fufpendu en I'air par I'un de fes bours, & j'ai charge fon autre bout d'un petit morceau de cire qui ne pefoit peut-etre pas la lo""'. partie d'un grain; ce petit polds fufKfoit pour titer en bas le fil de verre. Pres de ce fil fufpendu , j'approchois une petite bougie : d^s que la bougie en ctoit proclio a un certain point, je voyois le petit poids defcendre par fecoulfes : comme il tiroit le verre aufli-tot qu'il etoit en fufion , il le contraignoit .n s'alon- ger : par ce moyen , j'ai fouvent donne plus de 9 ou 10 pouces d'etendue a une pottion de fil qui n'avoit peut-ctre p.is i ou 5 lignes de longiKur r mais rarement ai-je pu aller plus loin ; le plus leger fouftle de vent qui agi- toit la flamme de la bougie, fuffifoit pour I'apptocher trop pres du fil, elle le mettoit trop en fufion, alots il fe caffoit. Il ne m'a pas meme ete aife de faire alTez cle fils de la maniere precedente pour compofer de leur afTemblage un brin un peu gros. Cette experience m'a du moins appris qu'avec le verre on pent fotmer des fils plus delies que ceux des vers a foie ; ceux que je tirois de la forte me paroiffoient prefque aufli fins que hs fils de foie d'araignee , j'aurois bien voulu voir a quel point ils etoienc flexibies , ils me le paroiffoient prodigieufement , mais ils etoienc trop fins, trop courts , & j'en avois trop pen pour les manier commodemenr. Ce qui eft cettain, c'eft que la matiete meme dont les araignees, & les versa foie forment leurs fils, eft calTante lorfqu'elle eft en mafle, comme le font les gommes feches , c'eft ce que j'ai experimente en lailTant fcther ceuc matiere j & il eft fur , outre cela , que quand les fils qui ea I A C A D t M I Q U E. 117 font tiris feroient moins flexibles qu'ils ne le fonc , on poarroit encore en ' faire des tilTus, d'ou il femble qii'il ne nous manque que I'art de f^avoir Acati.Royale alonger le verre poiu le pouvoir faire entrer dans des croffes. bes Sciences Au rcfte fi par leur finede , les fils de verre avoienc acquis la flcxibi- "^ Paris. lite necelTaire pour ctre citTus, ils feroient iiaturellement aflez forts. Pour Annk 17I}. effaycr Icur force, j'ai fufpcndu diffcrens poids aux fils de verre les plus dclies que les ouvricrs fijavent former , & j'ai trouvc qu\in feul fil pouvoir foutenir jufqu'a 1 5 gros fans fe rompre , ou pres de 1 onces : a la verite ces fils avoicnt trois ou quatre fois plus de largeur qu'un fil de ver a foie, mais ils ne paroillent pas plus epais, d'ou il fuit que quand ils fe- roient aurti delies que des fils de ver a foie , ils feroient confiderablemenc plus forts , puifqu'un fil de foie des plus forts ne peut foutenir fans le rompre que deux gros 61: demi : leur force n'eft done par rapport .1 celle des fils de verre les plus delics , que comme un a fix , rapport plus petit que celui de leur foliditc; aulli fi Ton choifit les plus fins, & qu'en ayant forme un gros paquet , on divife ce paquet en differentes parties que Ton cntrelace les unes avec les autres en torme de trelTes, on trouvera que ces trclFes de verre ont beaucoup de force : divers fils pourtant fe cafferont pendant qu'on les entrelacera, & apres tout, il n'jr a pas grande appa- rence que Ton tire des avantages confiderables des fil; de verre, Les gommes , les refines , la cire font aulTi des corps ducliles mous ; mais la cire qui ell de routes ces efpeces de corps, celui fur lequel les arts s'exercent le plus, n'eft gueres travaillee comme dudile : il eft vrai que les ciriers font palFer leurs bougies par des filieres , mais ce n'eft point pout les alonger , c'eft pour les arrondir & pour les polir. Si nous fommes peu liabiles a travailler les corps du(5liles mous , la na- ture nous a en quelque forte dedommages de ce que nous ignorons de ce c6tc-la : elle a infttuir une infinite d'animaus a les etendre d'une manierc inerveilleufe , & nous n'avons qu'a mettre en ccuvre les fils qu'ils nous ont prepares : on entend bien que c'eft des fils de vers a foie dont je veux par- ler • ils ne font formes que d'une matiere vifqueufe prodigieufement eten- due , qui fortant du corps de I'infede prejid de la confiftence , a-peu-pres comme les fils de verre deviennent durs en s'eloignant de la lampe , quoique fiouvtant par une caufe differente , comme nous le dirons bientot j mais es araignees favent tirer des fils beaucoup plus fins de leurs filieres. Ces filieres (e trouvent pres du derriere de I'infedte : ellesconfiftent en fix mam- inelons , pat oii fortent leuts fils ( PI. XXIV. Fig. I. ) • mais quels fils ! dans un efpace plus petit que la tete de la plus petite epingle , il y a alTez de trous difFerens pour donner fortie a une quantite furprenante de fils fepa- res y on diftingue ces trous par leurs effets. Si ayant choifi une grofTe arai- gnee de iardin prcte a faire fes a-ufs, on applique le doigt fur une partie d'un de fes mammelons , en retirant le doigt , on entraine une quantite etonnante de fils feparcs Ka M N , ( P/. XXI V. Fig. I. ) J'ai voulu exami- ner leur nombre en me fervant d'un bon microfcope , fouvent j'en comptois plus de 70 ou 80 •, mais je voyois qu'il y en avoit incomparablement davantage que je ne pouvois compter , quoique les fils que j'avois tires neulfent pout bafe qu'une petite partie du maoimeloa. Enfin quand je dir»i F i ij ii8 COLLECTION '■ qu'il n'y a pas de bout de mammelon qui ne puifTe foutnir mlUe fils , je Acad. RoYALE dirai un nombre aflez etonnanc , mr.is qui me paroit encore au-defTous de DEs Sciences la realite. On le penfera comme moi , fi i'on veut fe donner la peine d'exa- D£ 1 ARis. miner avec un excelienr microfcope le bout d'un mammelon dune araignee Annii i-jii, de maifon : dans cet infedle fi degoutant on verra une partie d'une ftruc- ture fort jolie ; le bout de ce mammelon eft divife en une infinite de pe- tites convexites plus petites , mais difpofees a peu pres de la meme ma- niere que le font les convexites des cornees des yeux de papillons ou de mouchcs : chaque convexite fert ici fans doute pour un hi different, ou plutot il y a apparence que chaque petit creux qui etl entre les convexites, eft perce par un trou qui donne palTage a un fil , les petites elevations em- pechent apparemment que les fils ne fe joignent a leur fortie : ces petites convexites ne font pas n fenfibles fur le bout des mammelons des araignses de jardin ; mais on y apper^oit une foret de petits polls qui fervent appa- remment au meme ufage que les convexites precedences , je veux dire qu'ils feparent de meme les fils les uns des autres ; quoi qu'il en foit, il paroic certain que de chaque mammelon d'araignee, il peut forcit des fils par plus de mille endroits differens ; de forte que I'araignee ayant fix mammelons, elle a des trous pour donner paffage a fix mille fils. La nature n'a pas borne fon travail a percer ces trous d'une petitelfe extreme : les fils font deja formes lorfqu'ils arrivenr au mammelon, ils ont chacun leur petit canal ou leur petite gaine particuliere, on les trouve formes ^ fcpares les uns dos autres , alTez loin de I'origine des mammelons ; mais pour mieux com- f>rendre toute cette admirable mechanique, il nous faut remoncer jufqu'a a fource de la liqueur dont les araignees compofent leurs fils. Dans des infeftes fi petits & fi mous , ces parties delicates ne feroienc pas aifees a diftinguer fans un peu d'attention : il eft necelfaire de faire bouillir I'animal , ou de le faire fecher , ou de le lailTer quelques heures dans I'efprit de vin. Aprcs cette petite preparation , les parties les pliM eftentielles reftent en place , & font fenfibles fans le fecours du microfco- pe. Pres de I'origine du ventre D D , [Fig. 11.) on trouve deux petits corps d'une matiere molle , ce font la les premieres fources de la foie. Ces deux corps ont aftez la figure & la tranfparence d'une larme de verrej audi pour nous exprimercommodement , les nommerons nous les larmes ( Fig. 3. PL XXI y. ) La poi.nte de chaque larme R va en ferpentant , & en fai- fant une infinite de replis du cote des mammelons. Dc la bafe de la larme part une autre branche beaucoup plus grofTe S que celle qui fort de fa pomte ; elle fe recoude un plus grand nombre de fois , & fait de plus grand plis , elle forme enfuite divers lacis , & prend comme I'autre fa route vers le derriere de I'araignee. J'ai quelquefoisdeploye cette derniere branche jufqu'a 9 ou 10 pouces da longueur ; je n'en deployois qu'une partie , les larmes & les branches qu'el- les jettent, contiennent la matiere propre a former la foie , mais une ctia- tiereencore trop molle , & qui dans une araignee qu'on n'a point faitfc- cher ne fe tire pas en filets fort longs. Le corps de la larme eft une efpece de refervoir , & les deux branches font deux canaux qui en partent: lort qu'on ne fait pas crop cuke I'araignee , les branches font vifiblement ea- A C A D 6 M i Q U E. izp veloppees d'une membrane qui empeche de voir la tr.infparence de la li- ■ •% queur : cette membrane mince s'enleve fi on frotce le canal, meme dou- Acad.Royaie cement. Un peu plus prcs du dcniere, il y a deux aiitres larmes plus pe- desSciences tices , chacune de celles-ci ne jetce qu'une branche , elle part de leur poin- de Paris. te ,de forte que de chaque cote de I'araignee il y a deux larmes qui par Jnnei 1715. trois canaux (enfibles portent la liqueur, & ces canaux la portent aux vrais refervoirs d'oii fort la liqueur propre a faire la foie. De chaque cote de I'araignee EE, {Fig. //. ) , il y a trois corps que Von doit regarder comme les derniers refervoirs 011 la liqueur s'amalFe , nous les nommerons les grands refervoirs [Fig. lf^.)\ ils font beaucoup plus gros que les larmes : les trois qui font d'uu meme cote font arranges de telle tagon les uns aupres des auttes qu'ils femblent ne former qu'un feul corps. La figure de chacunen particulierelldifferente; ils ont pourt.intcela de com- mun qu'ils font recoudes fix a fept fois : que dans toute leur etendue leur grolleur eft .i peu-pres egale:une de leur extrcmitc eft pourtant plus grofte que I'autre ; la plus grolle eft V ( Fig. !y),\.\ plus proehe de la tcte de I'infeifte , & la plus petite TTT eft la plusproclie de I'anus. Les trois extrtinitcs deliees de ces refervoirs fe terminent en pointe, & fontappli- quees les unes prcs des autres , comme le font les trois doigts du milieu de la main:c'eft des trois pointes de ces refervoirs que partent les fils , ou que part la plus grande partie des fils qui fortent de trois mammelons: chaque refervoir tournit un mammelon , c'eft ce qu'on dccouvre avec un peu de patience; non -feulement on voit toujours la pointe de ch.icun de ces corps terminee par un fil ; mais fi on menage les parties voifines , on trouve quantite de fils dilhnfts qui partent de I'extremite de ces corps , & on fuit les his jufqu'aux mammelons. Enfin a I'origine des mammelons, on diftini;ue divers tuyaux charnus ; il y en a apparemment autant que de mammelons : fi on enleve douce- ment la membrane , ou la legere pcllicule qui paroit couvrirces tuyaux , 011 trouve qu'interieurement ils font remplis de fils, tous feparcs les uns des autres , & qui par confequent fous une enveloppe commune , avoient cha- cun une enveloppe particuliere , ou qui etoient comme des couteaux dans une gaine. Il eft vrai qu'en fuivant la route de ces fils, on en trouve quantite qui viennent de plus loin que de la pointe des grands refervoirs ; les uns paroif- fent venir du milieu , les autres d'un peu plus has , les autres d'un pevi plus haut \ de forte que je crois que cette immenfe quantite de fils qui ie rafTemblent prcs des mammelons de Taraignee , ne tirent pas tous leur origine dcs pointes des refervoirs : il me paroit plus probable qu'il y en a qui fortent de tous leurs coudcs , ou peut-etre de differens endroits de ces corps; ce qui eft certain , c'eft que ces corps paroilTent avoir une enveloppe commune , & que Ton rencontte beaucoup de fils qui fuivent leurS finuofitcs. Mais comment la liqueur s'amaffe-t elle dans les larmes ? Comment pafTe t-elle des larmes d ,ns les grands refervoirs f Elle a apparemment des routes que nos yeux ne peuvent appercevoir. Malpighy, tout clairvoyant qu'il etoit J s'eft contente dans lAnatomie dw ver 3 foie , de ' decrire 1« 150 COLLECTION ——" vailTeaii ou s'amafft' la liqueur d'ou les vers tirent la foie : il ne nous a Acad. IloYALE explique ni la route par laquelle cette liqueur y eiure , ni mcme , exade- DES Sciences menc parlanc, la route par laquelle elle en forr. Que pouvons nous faire DE 1 ARis. jJaris un infedte plu. petit que le ver a foie , & oii la nature a employe 6 ou Annk 1715. 7<3oo fois plus de parties ? Contentons-nous de faire quelques reilexions fur la prodigieu'e ductilite de la matiere dont les fils d'araignces font compolcs, & fur la prodigieufe fineffe des trous par ou ils pallent, & des tuyaux 011 ils le moulent. Nous avons dit que du bout de chaque mammelon , il pent fortir plus de 1000 fils; ce bout de mammelon n'a pourtant pas plus de diametre qu'une petite epingle , & les trous font nccedairemenc fepares les uns des autres par des intervalles qui doivent ctre beaucoup plus grands que le« trous mcmes. Mais nousne confiderons encore que les plus grolles araignees : fi nous examinons les araignees jiailTantcs produites par celles-ci , nous verrons qu'elles ne font pas plutoc forties de la coque de I'ccuf , qu'elles fiient : a la verite leurs fils ne fauroient gueres ctre apper^us ; mais on voit fort bien les toiiesqui en font formees : fouvent elles font aulTi epailTes que celles des araignees de mai- fons ; & cela , parce que 4 a 500 petites araignees concourent enfemble a ce meme ouvrage. Quelle eft alors la petitefTe des trous de leurs filieres ? c'eft oil I'imagination ne peut aller : a peine pourra-t-elle fc reprefenter la petitelfe de chacun de leurs mammelons. Ces araignees entieres, font peut-L'tre moins grotfes que ne I'eft un mammelon de celle qui leura donne naiffance j il eft aife de le voir : chaque grofle araignee fait 4 a 5 co ocufs ; ces oeufs font enveloppes d'une coque , & des que les petites araignees out rompu cette coque , elles commencent a filer. Combien done font delies chacun des fils qui fortent de leurs mammelons. Cependant la nature fait encore poulfer beaucoup plus loin la du(flilite de cette matiere. Cer- taines araignees font fi petites a leur naiflance, qu'on ne fauroit les diftin- guer fans le fecours du microfcope ; elles font alors rouges , & comme elles font jointes enfemble en grand nombre, elles paroilTent a la vue fim- ple comme diverfes trainees de points rouges; cependanr fous ces arai- gnees prefque imperceptibles ,il fe forme At% toiles : elles fiient done j mais quelle eft la tenuite des fils qui fortent de chacun de trous de leurs mam- melons ? Un cheveu doit etre plus gros , compare avec ces fils > que le lingot le plus gros, compare au fil d'argenttrait : enfin ces fils qui fe fou- tieiineiit cependant, ont moins de diamcrtre , que n'a d'epailTeur la legere couche d'or qui couvre I'argent le plus etendu. La matiere dont font formes les fils de foie , eft comme nous I'avons tlit , une matiere vifqueufe ; les larmes font les ptemiers refervoirs oii on la trouve en made , & ceux oii elle a le moins de confiftence; elle en a beaucoup davantage dans les fix grands refervoirs oii elle a ete portee par des canaux de communication ; elle en acquiert cliemin faifant : une pattie de I'humidite ou de la liqueur aqueufe qui y etoit mclce , fe diflipe pendant fa route , ou en eft feparee par des glandes : enfin , cette liqueur en allant aux mammelons par des tuyaux particuliers , fe feche encore da- vantage ; elle devient fil. Au fortir de la filiere , ces fils font cependant encore gluans : ceux qui font fortis de difFerens rrous fe collent enfemble a ACADfeMlQUE. 131 qaelque diftance de U. Cette matiere n'eft parfaitemeiu fcche , que lotf- ^. que le refte de rhumidice s'cft cvaporc a I'air. ^ -Acad.Royale Tout cela fe prouve parfaitement fi Ton fait lecher ptes da feu , ou fi p^, Sciences Ton fait bouillir dans I'eau unc grolfe araignce ; lorfqu'on ne I'a pas fait de Paris. cuire pendant long terns ; ou qu'on ne la pas fait beaucoup fechet ; on j^^^^^^ , , tiouve que les larmes ont plus de confiftence , elles fe tirent en fils,& la matiere des grands refervoirs ne peut plus s'y titer. Le meme degre de chaieur qui a fuffi pour fecher la premiere matiere , ne fuftit pas pour fecher la feconde. Enfin fi on faic cuire I'araignce julqu'aun certain point, la matiere des larmes ne fe laiffe plus titer en fils , elle paroit line efpece de colle dure, d'ou il eft clair que c'eft en fechant que la matiere de la foie devient foie. Cependant I'experience fuivante m'avoir prefque fait ctoire que ce n'eft point par I'evapcration d'une matiere aqueufe que les fils de foie prennent leut coi:fifteiice. Ayant tire des fils du derriere d'une araignee , &c les ayant entortilles fur un petit morceau de bois comme fur une bo- bine , je plongeai I'araignee & le morceau de bois dans I'eau , & faifant tourner le morceau de bois autour de lui-meme, je devidai pendant aufli longtems que je voulus des fils de foie. Je n'etois pas inftruit alors de la mcchanique par laquelie les araignees tilent ; j'lgnorois que les fils avant que de fortit des filieres , euHent deja alfez de confiftence : a la veiire il leur manque quelque chofe, mais ce qui leur manque n'eft pas fuftifant pour empccher qu'ils ne fe devidenr. Au refte lis n'achevent point de fe feciier dans I'eau ; ce qui le prouve decifivement, c'eft que li on mec tremper dans I'eau froiJe les larmes ou les grands refervoirs, ils n'y pren- nent aucune confirtence , I'eau ne les ditfout pas non plus & ils reftenc dans i'ecat oii on les y a mis. Si au contralre on lailFe pendant quel-, que terns une araignee plongee dans I'efprit de vin , la matiere des lar- mes & des grands refervoirs prend la meme contiftence qu'etle eiir prife fi on eut fait fechet I'araignee ; mais I'efprit de vin ne la dilfout pas non plus que I'eau. Au refte la matiere de ces refervoirs etant feche, ref- femble a la foie par fa couleur , mais elle ne lui reffemble qu'en celaj elle eft femblable a une gomme ou a une colle tranfparente ; elle fe calfe fi on la plie jufqii'a un certain point ou un certain nombre de fois ; c'eft une matiere qui ne peut comme le verre etre flexible , que quand elle eft divifee en des filets fort delies. U y a apparence que la matiere des refervoirs expofee a Pair ne fe feche jamais parfaitement, je veux dite que les parties du milieu reftanc un peu humedlees, la furface exterieure doit fecher la premiere j cette furface etant feche ne peut plus etre dilToute par I'eau, elle n'en peat plus etre penetree ; elle doit done empecher I'humidite qui eft au milieii de la mafle de fortir, comme elle empeche I'humidite exterieure d'entter. Enfin il n'eft pas futprenant que I'humidite s'etant une fois evaporee de la matiere de la foie^ elle n'y puilTe plus rentrer pour la dilFoudre : les intervalles qui font entre les parties de cette matiere doviennent trop petits. LaPhyfique nous foutnit raille eiijmples femblabies* i J3i COLLECTION ACAD.ROYALE ''cf Par"' '^"'- ^" teintures dcs Maaux. ArinU J 71 3. J_,A teinture du metal n'eft qii'une difTolucion ou le metal eft encore plus divife, plus etendu qu'll ne le feioit dans fon dilTolvanc naturel & ordi- naire : comme il eft fort attenue , il donne line couleur a la liqueur , iSc de la vient apparemment le nom de teinture. Si la teinture etoit irreduftible , c'eft-a-dire , il le metal dilTous I'etoit au point de ne pouvoir phis fe remettre en metal, ou, ce qui revient au meme , fi les principes qui le compofent etoienc defunis , ce feroit la ce que les Chyiiiilles ont tonjours fi ardemment fouhaite & recherche avec rant de travaux , fur-tout a I'egard de Tor dont la teinture irreducible s'appelieroit I'or potable. Mais on n'a encore reudi a aucune teinture de certe efpece : Tor potable n'eft que de I'or extrememenc divife , & il en eft de meme des autres metaux. M. GeofFroi a trouve une methode aftez generale de falre en certe ma- tiere ce qui fe peut, ou du moins ce qui fe pent jufqu'a prefent. L'inten- tion des teintures eft de rarefier & d'ttendre autant qu'il eft poflible les foufres du metal , & de rendre les parties fixes ou terreufcs , les plus fubtiles &: les plus volatiles qu'elles puiftent ctre. Et ^\ Ton veut en meme tems que ces teintures ayent quelque ufage en medecine, il faut y employer des intermedes qui n'ayent rien de nuifible ni de defagreable. Pour une teinture dor, M. Geoftroi prend des cryftaux folaires faits nvec une partie d'or & (J ou 7 d'eau regale , & ou par confequent lor eft deja extremement etendu j il les met dans un mortier de verre avec le double de terre foliee de tartre. Cette terre eft I'alkali de tartre impregne d'efprit de vinaigre & d'efprit de vin , & par confequent c'eft un diftbl- vant falin & fulfureux, propre a etendre les foufres de Tor ; on broye le , tout enfemble avec le pilon de verre , jufqu'a ce que le melange fe re- folve en liqueur epaifte. On acheve de le diftoudre dans I'efprit de vin , & Ton a la teinture. Cette teinture prend avec le tems une legere cou- leur qui a travers le jour eft pourpre , & a centre jour jaune. M. Geoffroi emploie le meme intermede de la terre foliee de tartre pour tirer du vitriol de Mars la teinture du fer, des cryftaux de Venus, celle du cuivre , &c. On voir aflez pour quoi il prend ou le vitriol de Mars , oq les cryftaux de Venus. C'eft que dans ces compofes les metaux font deja excremement divifes & attenues , foif naturellemenc, foit par art. Dt I'aclion des fdsfur diffcrentcs matkres inflammables. Q UE dans un creufetaffezchaud pour etre rouge il y ait un foufre , quel qu'il foit, ou une huile, cette matiere s'enflammera 5 & fi Ton jette delFus. du faipetre , la flamme augmentera tout d'un coup Sc de grandeur & de ACADfeMI^UE. ij} ■Ae force & d'cclat. Il fenible qu'on doive condure de la que le falpctre ■ ■eft fort iiirtimmable ; m.iis fi on I'avoic mis feul dans le creufct il ne fe Acad.Rovale feroic jus entiamme. Du moins pourroit-on croire que d'autres fels alTcz des Sciences femblables an falpctre , coinme I'alun , ou le vitriol, devroient augmen- ^^ Iaris. ter audi I'lnU.immabilice des foiiftes ou des liuiles , mais tout au con- ■^nna 171 5. traire ils la diminuent beaucoup. Nous pourrions encore rapporter d'au- tres flits fur la bizarrerie apparente de ces plienomenes; mais en voila alTez pour faire fentir la difliculte que M. Lcinery le cadet a entrepris de developper par fes experiences Sc par fes reflexions. On a vu dans I'Hiftoire de 1701 qu'un efprit acide extremement pur 5: dephlegme, etant mele avec une huile ellcntielle de plante aromati- que qui ne contlenne aucun acide , fait une effervefcence accompagnee de riamme. M. Lemery prend'pour principe cette experience; il cor- ^oit que quand du foufre &c du falpctre font meles cnlenible dans le creufet, la partie huileufe du foufre s'eleve & forme la Hamme ; qu'en meme terns I'acide du falpctre s'eleve audi tic va rencontrer en fair cette liuile. Des matieres qui compofent la flamme il y en a toujours quelque pirtie qui ne devient point flamme, & c'eft ce qui demeure en forme de fuie. Des partjes d'huile qui ne fe feroient point enflammees quoi- qu'elles fe fuffent elevees avec les autres , les acides du falpctre les en- flammeut, & deli vient I'augmentarion de damn.e qu'ils caufent , fans compter qu'ils etendent & rarefient beaucoup I'huile enflammc'e indepen- damment d'eux. Cela ne fuffit pas encore; car par I'experience fondamentale il fauc .que I'huile, pour recevoir faction des acides, foit bien denuee d'aci- des ; & n'y a-t-il pas beaucoup d'apparence que les acides du foufre mon- tent avec fon huile ; Ils monteroien: en efFet fi les acides du falpetre qui fe font degages tres-promptement , ne lailfoient la partie fixe & terreufe du falpctre dans un etat ou elle eft alkaline ur cendree qui occupoic le fond du vailfeau en alfcz gran.le quancite. U paroilFoit encre les cryftnux des efflo- refcences en maniere de petisi-hampignons jaunatres, d'une fubftance graflTe ou bntyreufe, mol'e fous les doigts , & s'y fondanr en quelque maniere, qui expofee a riiumidite de I'air pendant quelques jours, s'y rcfolvoit en une hqueur rouge brune , ondueufe Sc d'un gout extraordinairemenc ftyptique & fans acidite. Voici mon fecond procede; je prIs du vitriol verd que je fis diffoudre dans I'eau commune, puis filcrer & cryftallifer ; j'expofai enfuite ces cryf- taux au foleil pendant letc 011 ils fe calcinerent d'eux mcmes a la chaleur du foleil , & fe reduifirent en une poudre blanche aulli fine que de la fa- rine Lorfque ce vicriol me parut bien calcine, je verfai deflUs fuflfifante quancite d'eau t'e phiie pour le dilfoudre; je laiiTai pendant quelques jours digerer au foleil cette di(Tolution , puis je la filtrai & il refta fur le filtre beaucoup de cerre jaune comme de I'ocre. Je fis enfuite evaporer I'humidite au foleil 5 une parcie du fe! fe ctyftallifa, & une partie fe defle- cha en malfefaline, a la referve d'un peu de liqueur rougeatre & gralfe au toucher : je feparai cette liqueur rouge brune, & je laillai de nouveau cal- ciner ce fel au foleil ; je recommengai a dilToudrc cette chaux par I'eau de pluic , je la lailfai en digeftion au foleil, puis je la filtrai & evaporai , fepa- rant roujours la liqueur gralTe , ce que je reit6rerai de la forte pendant en- viron trois ans. A chaque fois il me reftoit un peu de terre fur le filcre , & de cette eau-mere ou liqueur ft:yptique a la fin de la cryftallilarion , en bien plus grande quantite que lorfqu'on fait ces diffblutions & purifications du vitriol fans le iailfer calciner au foleil. En fin une grande partie du vitriol fe reduifit en cette terre jaunatre & en cette liqueur huileufe & ftyptique. Troifieme procede. Je diftillai le vitriol verd , calcine jufqu'a la cou- leur jaune, dans une cornue fclee ou percee de quelques petics trous,. pour avoir I'efpric volatil fulfureux acide du vicriol, fuivanc le procede de M. Sthal. Dans cecte operation auffiiot que la diflillacion commence on fent une odeurde foufre rres forte , qui s'exhale des vailTeaux. Il fort des vapeurs fubciles de la cornue qu'on a foin de recevoir dans un recipient dont le tiers doit ctre rempli d'eau. L'operacion ecant finie on fepare le recipient de la cornue , & I'odeur acide & fubcile qui exhale de ces vaif- feaux en les deluctanc , eft aufli penetrance , & roure femblable a ceile du foufre bridanr , de forte qu'on diroic a I'odeur qu'il fcroit plein de foufre enHamme. L'eau concenue dans le recipienr, outre I'odeur fulfureufe , a une faveur acide route femblable a I'efprir de foufre : ce qui refte dans la cornue ftft un colcotar bejucoup plus rartfi? que le colcotar ordinaire, & A C A D fe M I Q U E. ij7 d'un rouge plus vif. Avant laifTe ce colcotar dans des territves expofces a ■ ' ■■ I'air, je m'apper^us au bout de quelque-rems qu'il s'hutnedloit , &: fe re- Acad.Royale duifoit en boulie : j'en fis une Icflive & j'eii feparai par la filtration une I'f.s SciEscis liqueur rou^^e , claire, dune faveur fort ftyptique , Ik acide. Ayant fait »£ 1 aris. evaporer cette liqueur jufqu'a peliicule, je la lailTai cryftallifcr , j'en re- ■^'^'^^ >7iJ' tirai de beaux cryftaux verds , Cic il me refta dans la cryftallifation une grande quantite d'eau-mere ou de liqueur grade & ftyptique. Cette liqueur ou eirence ftyptique de vitriol ell de couleur rouge bruii; , fort pefante , douce ou huileufe au toucher , d'une faveur extraordinaire- ment albingcnte, fans aciditc ni acnmonie , pourvu que par les cryftal- lifations reiterees on I'ait fcparce fort exademeiu du fcl de vitriol qu'elie pouvoit contenir. Elle fe delTcche ou par I'ardeur du foleil pendant I'ete, ou au feu en une malTe jaune faline qui fe refout tres-promptement a I'humidite en une efpece de beurre , &: enfuite en une liqueur rouge : elle a ncanmoins quelque peine d'abord a fe didoudre dans I'eau , a caufe de fon oncfluofite. Si on ne (cpare pas foigneufement par la cryftallifation la partie du vi- triol qui fe cryltallille d'avec cette liqueur qui ne fe cryftallife point, ons'appercoit en la gardint quelque terns , qu'elie travaille fur elle-mtme & qu^elle fermente fans celle , quoique foiblement j cela fe reconnoit aux bu'.les d'air qui s'elevent de terns en terns .i la furface de la liqueur , ce qui n'arrive point lorfqu'elle eft parfaitement depouillce de la partie du.vitriol qui fe cryftallife. Cette liqueur fermente tres - confiderablement avec I'efprit de nitrei elle s'echautFc feulement avec I'efprit de vitriol , fans tffervefcence fenfi- ble. Quand on la mele avec I'huile de tartre , il fe fait en premier lieu Mncoagulum qui fe dilTout enfuite en faifant un efFervefv.ence alfez vive & lorfque cette efteivefence eft finie, il refte un leger coagulum muci- lagineux. J'ai dit que cette eftence ftyptique du vitriol fe deflechoit par une forte chaleur en une mrtlfe jaune , faline 5 cette matiere fe rcduit en col- cotar d'une tres-bel'e couleur rouge en la caicinant au feu, & cette malFe rouge fe refout trcs-promptement en liqueur etant expofee a I'air. La liqueur grafPe qu'on retire du vitriol par ces trois procedes , & dans laqueile on peut convertir tout le vitriol, eft une fubftance faline , fid- fureufe , compofee en partie d'un fel acide, en paitied'un fel alkali & de la fubftance bitumineufe du fer unie a ces deux feis. iques qi tituent le vitriol , font fort grollieres. Cette groftierete, & peut-ttrc me- me la figure des (els vitrioliques , les emptchenr de s'engager bien avanc dans les pores du fer; ils ne s'y attachent done que tres fuperticieile- ment , enforce qu'lls s'en fcparenr avec facilitc , comme on pturenjuger par la faveur aciJe du vitriol. On s'en app. r(;oic encore loil'qu'en f.ii- Canc dilloudi'c uns petite portion de vitriol dans une granJe (juantitc i3S COLLECTION ^^= d'eaii , on voit tomber nu fond de I'eau le fer en poudre fubtile comme AcAD.RoYALE unc roiulle, & depouillc des fels auxquels il etoic uni ; ou lorfqu'ayant DEs Sciences dilFous le vitriol dans une mediocre quantite d'cau , on le met en digef- DE Paris. jIq^ a line douce chaleurj car pour lors une partie des acides abandonne Annii 1 7 1 - . 'ss molecules ferrugineufes qu'on voit fe precipiter au fond en poudre jaune. J'attribue tons les cliangemens qu'cprouve le vitriol & fes principes dans ees trois procedes , aux parties du feu qui penetrent ce fel dans les digef- tions , dans les calcinations & les diftillacions. On n'en poiirra difconvenir ll I'on confidere que lorfqu'oji expofe dii vitriol en cryll.iux au foleil , il fe reduit en poudre blanche , non-feulenient par la dillipation des parties d'eau qui tenoient les parties falines liees I'une a I'autre dans un certain ordre , mais encore parce qu'a la place des patties d'eau il s'y introduic des patties de feu. La preuve en eft prife de la volatilite de cette poudte qui pour pen qu'on la remue etjnt nouvellement calcinee , repand une odeur de vitriol dans le lieu oil on I'agite : une autre preuve encore plus convain ante , c'eft que fi on jette dans I'eau froide ce vitriol nouvellemenc calcine a la chaleur du foleil, il echauffe I'eau tres- confiderablement , ce qui ne peut provenir que des parties de feu reftees dans cette poudte , puif- que le vitriol (1 fubtilement pulverile qu'il puifle etre jette dans I'eau, en augmente la froideur bien loin de I'echaufFer. On ne peut point douter non plus que dans la cryftallifation du vitriol par la cornue percee de quelques trous ou de quelques fentes , les parties de feu ne s'y infmuent , & que ce ne foit i elles qu'on doive rappcyter cette fubtilite & cette volatilite des particules acides du vitriol qui egale celle de ce meme acide dans le foufre mineral lorfqu'on le brule ; avec cette difference que fa rarefaction eft lumineufe dans le foufre , & qu'elle ne I'ert pas dans la diftillation de I'efprit volatil acide du vitriol. Cette liqueur melee avec I'efprit de nitre fait une effervefcence tres- vive avec ebullition , petillement & chaleur , de la mcme maniere que font les fels alkalis, d'oii Ton peut condure qu'elle eft alkaline en panic : elle fermente audi avec les alkalis, ce qui eft une marque qu'elle contient aulli des particules acides. On ne doit point ctre furpris d'ailleurs de voir dans une mcme liqueur des acides & des alkalis confondus , & neanmoins tranquiUes , puifque dans routes les analyfes des plantes & des animaux , nous trouvons des liqueurs qui donnent tout alafois des marques d'acide & d'alkali , & qui contiennent reellement I'un & I'autre enfemble , fans qu'ils agilFen: I'un fur I'autre, fur-tout lorfqu'ils font meles avec des par- ties huilcufes ou bitumineufes. A I'egard du foufre du fer , il eft exalte ici autant qu'il eft pollible , fans etre neanmoins tout-a-fait depouillc de fa terre metallique , ni denue par confcquent des vertus qu'on attribue ordi- nairement au fer. Enfin cette liqueur ne dificre point elfentiellement d'un grand nombre de preparations que les Chymiftes ont faites du vitriol, du fer , & de la pierre hematite , & qu'ils ont tant vantces fous les noms 6.Q joufns fixts & ancdins du vitriol on di mars A'arcanes &C de magijierei de vitriol, de teinttires 8i d'hniles de vitriol dc mars , ou de pierre hematite , lefquelles n'ont pour bafe que le fer tres-fubtilife & tres-attenue. [a) [a) La partie de ce M^moirc cjui a rapport a la Mcdccine , fc trouvcra par cxtrait dans la fuite des Mcmoirss rclatifs a la M^decine , dans cc mcme Volume. A C A D E M I Q U E. 239 I Acad. K.OVALE „ r 1 T ■ 1 TUI UES ScitNCES iiur une Jublimation du Mercure. de Paris. Par M. HoMBERG. Annhi^i^. Jl ARMi les matieies minerales le mercure eft une des plus volatiles , il fe lie facilement avec routes fortes de fcls &: fe fublime avec eux. Tons ces fublimcs paroilTenr en forme feclie quand ils font liors du feu , mais t]uelques-uns fe riennenr long-tems fundus dans une mediocre clia- leur , ce qui fait qu'en les fublimant on a de la peine a les fcparer entie- rement de leurs tetes-mortes , parce que la voute du matras lublimatoire n'crant point par-tout alfez froide pour que ie fublinic s'y puilfe figer , il recoule continucUement dans le fond du vailfeau qui par ii fe cade aife- ment , &: la fublimation ne s'y fait qu'i demi dans le fommet fculcmentda matras j ce qui demande une operation fort longue , & encore faut-il la rcicerer dans d'autres vailfeaux h Ton veut fcparer de la tcte-morte tout ce qu'elle contient de fublime corrofif. Cet inconvenient ni'efl; arrive depuis peu dans un melange de parties egales de fublime corrofif , & de fel decrepitc que j'ai voulu fublimer plufieuts fois enfemble. J'aicruy re- medier parfaitement en mettant ce melange dans une cornue pour faire couler le fublime dans le recipient par le rrjoyen de !a dillillaiion , comme je I'avois vu couler le long des parois du matras fans fe figer pendant les fublimations ; mais je me fuis apper^u que la plus grande parrie du fublime fortoit en vapeurs par les jointures: j'ai done cteint le few; j'ai perce le ballon d'un petit trou pres de fon fond , & je I'ai radapte de maniere que le petit trou fe trouvoit dans fa partie fupcrieure. J'ai remis le feu fous la cornue fans latter les jointures, & ma fubhmation a palFc dans le bal- lon fans qu'il fe foit perdu la moindre fumee par la jomture ni par le petit trou. Tout le fublime s'ell trouve dans le fond du ballon ^ en partie congele comme du beurre d'antimoine I'ec , & en pattie comme de la neige ; 6c rien ne s'eft fublime au hant du ballon. Ilya beaucoup d'apparence que dans la premiere operation le fublime eft forti par les jointures, plutot que d'entrer dans le ballon , parce que I'air froid dor.t le ballon etoic templi fe rarefiant peu-a peu par la cha- leur de la cornue , en eft forti par fcs jointures, a mefure qu'il s'eft ccliauftc , &: a entraine avec lui le fublime qui etoit encore en vaueur : mais ce meme ait froid contenu dans le ballon ayan: trouve une' ilfue par le petit trou au haut du ballon , il en eft forti feul , & la vapeur mercurielle eft entree dans le ballon fans aucun obftacle ; & comme elle y a trouve un lieu alTez froid pour fe condenfer promptement, elle ne s'cft pas clevee jufqu'a la bauteur du trou dont j'avois perce le ballon , &: par confequenr il ne s'y eft pas fait de fublimation, mais elle s'eft dif- pofee au fond du ballon en forme de flocons comme de la neige , & a i^empli plus de la moitic du ballon , enforte qu'il ne s'eft rien perdu par fes ouvertures. La laifon pourquoi dans ces operations le fublime eft plus fufible, & 240 COLLECTION ^^^^^^^^^^^ fe tient plus long-tems en liqueur que dans les fublimations du fublimd Acad. RoYALE corrofif ordinaire , & du mercure doux , eft apparcmment parce que le "ee Pari"^ mercure y eft plus charge de fels que ne font ces autres fublimes:& A ' ' comme ce furpius de (el qui s'eleve dans roperation ne trouve pas afTez Anna 171?., ' ,, '. a utu'J i jl de mercure pour s y joger & pour en cere ablorbe dans la grande cha- leur , il s'y joint un efprit acide qui i'entretient liquide tandis qu'il eft encore chaud. Get efprit acide n'eft pas en trop grande quantity dans les premieres de ces operations, ce qui fait qu'il fe condenfe aifcmenc avec le mercure dans un lieu froid : mais en reitcrant fept ou huit fois cette mc-me operation fur de nouveau fel decrcpite , comme j'avois fait ici , il s'en fepate a la fin une fi grande quantite d'efprit acide , que le mercure n'eft plus capable de I'abforber meme dans le froid ; & il pa- roit alors en huile epailfe ou comme du beurre d'antimoine fondu. Toute cette operation s'eft achevee en deux heures de terns fur fix livres de fu- blime j au-lieu que par la maniere ordinaire ;e n'avois pas acheve la fubbmatioii en douze heures fur trois livres de fublime. La raifon en eft que dans cette operation le fublime a pu fortir de la tcrnue a mefure qu'il s'eft eleve en vapeurs \ au-lieu que dans I'operation ordinaire ne trouvant pas de lieu alfez froid dans le vaifleau fublimatoire pour fe figer , il retombe dans le fond du vaifieau a mefure qu'il s'eleve, & y circule pendant long tems. Sur unc, fcparation dc I' or avcc I' argent par la fufion. Par M. H o M B E R g. J. o u s les metaux & mcme quelques mineraux , qiroiqu'ils folent fort dif- ferents entre eux, ne lailfent pas de fe relTembler quand ils font mis dans une forte fufion , & on peuc alors facilement les meler enfemble , & de deux ou trois metaux fimples en faire un compofe dont I'ufage en certaines rencontres eft plus commode & plus utile que celui des metaux purs & fans melange. On pent, par exemple, de quelque metal pur que ce foit , faire des miroirs ardents qui n'auront pas I'eclat , ni ne feront a beaucoup pres li bons que fi Ton en mele deux ou trois enfemble ; parce que tout metal pur & fimple ne confifte qu'en des parries homogenes, qui fe lient parfai- tement enfemble, &: qui compofent un corps pliant & mou , auquel on ne peut donner un beau poli qui eft cependarit une des principales per- fections d'un miroir. Mais dans le melange de deux ou trois difFerens m^- laux , leurs parties de ditfcrentes figures ne pouvant pas fe lier parfaite- ment, compofent un corps a la vecue fort calfant , mais affez dur pour recevoir ie poli qui conv'ient .a un rriroir. L'or & I'argent fins ne font pas propres pour faire des ouvrages qui puilfent rellfter au fervice , parce qu'ils ne font pas alfrz durs; mais etant allies enfemble ou avec le cuivre , les ouvrages qu'on en fait rcfiftent niieux a la fatigue de I'ufage. Le cuivre put n'eft pas fi bon en ouvrage , particulieremen: d'horlogeiie & d'inftru- niens A C A D ife M I Q U E. i^, mens dc matlK-m.itiqiies, que le laicon qui eft un melange dccuivre avec du zinc. II eft aifc de faire ces melanges de diftciens mctaux; mais il eft Acad.Royale difticilc de les fcparer , fur-toiit loiTque dans les moindres mctaux on veut d..s _->< i. ^cts cond-rver 1 un 8c r?.utre 1^, , Il y a dautres matieres qui le rone ellcs-memej un padage force au travers d'un morceau de m^tal , qiianJ elles le peuvent attemdre d'une certaine fji;on ; comnie , par exemple , un morceau de foufre commun mis fur une plaque de tet fort rouge , y fait an trou , &c parte au travers; un morceau de fublime corrofif mis lur une d'argcnt rougie au feu, y fait un trou avec bruit Si palfe au travers ; & fi la plaque etoit trop cpailTe pour la pouvoir percer tout-a-faic , il la creufe jufqu'a deux ou trois li- gnes de profondeur , en repoulfant les parties dcplacecs de I'argent au bord de la cavitc qu'il y a creufee. Enlin il y a d'autres matieres qui traverfent la fubftance des metaux plus fenfiblemenr que celles de la premiere efpece que nous vennns de rap- porter , & moins violemment que celles de la derniere , c'eft-d-dire des matieres que Ton voir palfer tres-claitement au travers des pores de me- tal , fans en deranger les parties, & qui ne font point de trou pour y paf- fer. Nous examinerons avec un peu d'attention quelquesunes de cette der- niere efpece, comme moins connues que les prcccdentes, ne fachant per- fonne qui les ait obfervces avant moi. Le premier exemple fera un fel fondu, qui palTe au travers des poret du fer , comme I'eau palFe au travers du papier gris. J'ai cru autrefois , fur le teraoignage de quelques auteurs, que le borat eroi: une compofition artihcielle, ce qui m'a fait faire plnfieurs tentati- ves pour decouvrir le fecret de cette compofition ; decouvcrte vraimsnc impolfible , puifque le borax eft un fel foflile naturel , comme eft le vitriol ou I'alun; mais qiioique mon ttavail n'ait pu rtiullir felon mon in- tention, il a ete cependant Toccifion de quelques decouvertes qui m'ont paru neuves, parmi lefquelles fe trouv^ le fel dont il s'agic, & qui eft iieut-ette le plus penstrant , Si en meme terns le moins corrofif de tous es fels lixiviels que nous connoilTons : voici comment je I'ai fair. Prenez une livre environ de chaux vive , verfez dellus deux pintes de vinaigre , lailTez-les cnfemble en une douce digeftion , pendant dtux fois vingt quatre heures , en les remuant de terns en terns; lailTez raffeoir, & verfcz-en la liqueur claire par inclination ; puis prenez foufre commun, une partie , falpctre rafine deux parties , & fel decrcpite trois parties ; pilcz le tout, iSc apres les avoir meles exaiitement , vous mettrez au feu un creu- fet qui puille contenir route la matiere ; le creufet etant rouge , vous la mettrez dedans cuilleree a cuilleree , jufqu'j ce quele tout y foit entre-, la matiete s'enRammera foiblenient Sc fans deton.uion ; elle fe gonfle quand oUe commence a fe fondre, rdors il la faut remuer avec une verge de fer, & continuer le feu jufqu'a ce que le tout foit fondu comme de I'eau j ce qui arrive bientot aprcs que la flamme du foufre a fini : vous verferez pour Iocs votre matiere fondue dans un ballin de cuivce , ou elle fe durcit fur Hi ij 144 COLLECTION - le champ ; verfez enfuite fix parties de votre premier vinaigre prepare . Acad Royaie ^""^ ""* P^"^"® '^^ ""^ matiere , chauffez-les un peu pour la fondre plus DES Sciences Facilemenc ; etanc fondue, filtrez , & evaporez , puisliiirez rfitroidir, & DE Paris. verlez encore autant de ce vinaigre dellus, & evaporez julqua peliicule : Jnnie lyij niettrz cetce liqueur a la cave, il fe formera des cryftaux , lefquels etant foodus a grand feu dans un creufec de fer , palfent en ucs-peu de terns au travers de ce fer fans le trouer ,'comme le plomb palTe au travers d'une coupelle , mais lis ne penetreront pas fi vice un creufet de terre dans le grand feu, que Ic falpetre ordinaire. Les matieres qui entrent dans cetre compofuion , font la chaux vive , le vinaigre diftiUe , le falpetre , le fel marin , Sc le foufre commun , lefqueiles confi-lerees feparement, ne fauroient faire un eftet approchant, fi ce n'eft le foufre commun , qui penetre a la verite le fer prompte- ment , m.iis en le fondant Sc en le detruifant , comme nous I'avons remarque ci-dedus : au lieu que notre compofition ne le met pas en fufion , ni ne le detruit ; car le fer , apred en avoir etc penetre, refte aulli malleable qu'il etoit auparavant , &c il paroit convert de moins de mache-fer , que fi on I'avoit rougi au feu fans cette matiere, Il y a route apparence que I'adlon violente du foufre commun fur le fer ne provient que de ce que tout I'acide du foufre y eft joint a route fa partie liuileufe ; car I'acide ayant ete fepare du compofe du foufre commun, fa parrie huileufe feule n'eft plus inflammable,^ ni le dilTolvant d'auain metal , comme je I'ai montre dans un Memoire imprime en 1705 , Sc I'.icide du foufre feul & fepare de fon liu.le, ne fait pis plus d'eff;t fut le fer que I'efprit de vitriol ou I'efprit d'alun , c'eft-a-dire, le dillout lentem.nt & foiblement •, mais tant qu'ils fonr joints enfemble , ils compofent cette matiere intlammable , qui penetre aifement la fubftance du fer , le diftbut & le detruit dans le feu , eit produifant dans toute la maife du fer quelle p;iit atteindre , a-peu-pres le meme efFet que la flamme de la forge produit fur fa fuperficie feu- lement ; favoir quelle le brule en mache-fer , audi voyons-noiis que le fer calcine par le foufre commun, eft ttes femblable au mache-fer. Mais comme prefque toute la matiere gralTe & inflammable du foufre a ete cvaporee dans I'operation qui a ptoduit notre fel ou nos cryftaux, il n'y en refte qu'une tres-petite partie, dont I'adivite a ete affoiblie confiderabloment ; Sc I'acide du foufre, qui fans cette grailfe eft uu' foible dilTolvant du fer , ayant ete diffipe en p.utie dans le feu, Sc en partie abforbe par les parties alkalines du falpetre, du fel commun Sc de la chaux, n'Al plus capable de la corroder ou de la diffoudre; au contraire , la jondion de ces matieres alkalines, avec le refte du foufre commun, a proJuit le compofe de nos cryftaux , qui penetre a la verite aifement le fer , mais ce n'eft qu'en palfant au travers de fes pores , fans les deranger ou en dctruire la fubftance ; Sc comme les parties da- for , dans le grand feu , fe dilatenc & s'ecartent les unes des autres , elles prctent un paflage fort libre a notre compofition dans le grand- feu , mais les parties du fer fe rejoignanc etroitement , Sc fe rappro- A C A D E M I Q U E. i^j chant lorfque le fer fe refroidit , elles preflTent & expriment cette ma- ,., ,_, tiere , Sc la chalTent (iir la furface du fer , fans en garder dans (on T "iT ' interieur, ce qui fait que le fer eft audi malleable en fortant du fcu des bciEMCEs^ aprts cette penetration , qu'il I'etoit auparavant , Si meme il ne pent de Paris. pas (itoc par la rouille , que s'il n'avoit pas toucbe a notre compofi- j tion , ce qui pourra ctre de quelque ufage quand on le faura bien ' '' employer. Le fecond exemple fera une matiere nitumineufe metallique , laqueile syant etc fondue fur une lame d'argcnt de repailleur environ d'une demi-ligne , palFe au travers de cet argent, fans y faire de trou Sc tcint I'argent de part en part, & dans route fa fubftance en conlcuc de plomb , fans que les antres endroits de la lame d'argent, qui none pas toucbe a notre compaction , changent de cculeur ni au dedans ni au-dehois ; les parties noires de cet argent feront aufli mallcables que les parties qui font reftees blanches; de forte qu'en les battant en- femble , fur un enclume , elles s erendront egalement fous !e marteau fans fe crever & fans fe rompre. Voici comm.nt j'ai fait cette matiere bitumineufe metallique. DilTolvez de I'atgent fin autant que vous vouJrez dans de I'eau- forte a Tordinaire , prccipitez le enfuite en chanx d'argent par le fel commun , lavez & edulcorez cette chaux dans plufieurs eaux chaudes jufqu'a ce que I'eau en forte infipide ; fechezla pour lors au foleil ou a une tres-petite chaleur , Sc elle fera bien edulcoreej puis prenez de cette chaux d'argent une partie , de fublime corrofif deux parties , & d'antimoine crud trois p.uties ; mettcz le tout bien en poudre, m'elez cxadlement , ^ diftillez dans une cornue de verre , par degres, au feu de fable , il en fortira d'abord du beurre d'antimoine , Sc enfuite du mercure coulant : quand il ne fortira plus de mercure , vous poulTcrez le feu violemment pendant une heure , aprcsquoi vuus lailTerez refroidit votre cornue, Sc la callant lorfqu'elle fera refroidie, vous trouverez a Tentree^ de fon col un bourrelec epais , d'une n-iariere noiratrc , que vous detacherez avec un couceau ; c'tft notre matiere bitumineufe me- tallique, qui fond comme de la cire a une chaleur moderee , & qui eft proprement un cinabre d'argent & d'antimoine. Mais comme cette matiere rdfemble en qneique fa^on au vrai ci- nabre d'antimoine, il fera bon de voir ici en quoi ils different, afiii de ne fe pas meprenJre quand on voudra faiie notre experience. La premiere diffirence 6<: la plus confidcrable que i'y trouve, eft que notre compofition ccntient du metal, c'cft adue de I'argent, & que dans I'autre il n'y en a point, puifqne la notre eft une matiere compare & dure , qui a retenu fort peu du foufre briilant de I'antimoin: , & I'autre eft une matiere trss tendre , qui contient beautoup de ce foufre briilant,. qtu fe fond aifcmcnt au feu , qui briile 5i qui corrompt les metaux &: m:-me I'argent , coinme fait le foufre commun ; aulli fait il ordinaite- ment un trou dans la piece d'argent ,. quand on veuc I'employsr a fairs no re experience , & il rend r.argent qu'il a touche , dur & callint ; au heu que notre compofition en fe touJaiic fur I'argent, s'uubibe. i^S COLLECTION . ■■■■ I.I.I ..1. jjjj^j |g fnecal , le pcnetre de pare en part fans y faire de trou , & le AcAD.RoYALi teint en vraie couleur Je plomb , I'argenc reftanc doux fous le marteau , DF.s Sciences comma il etoit auparavanc j de forte que I'on connoi: aifement que x>E Paris. notre matiere bitumineufe mccallique, & le cinabre d'antimoine font ^nncc 171*. 'Jfiu" compofes fort difterens , dont 1 un ne confide qu'en mercure &c en beaucoup de foufre briilant d'antimoine , <:-r L Acad. Ro VALE C>ur le Jiijmucn. ^is Sciences Lot I'ams. E Bifmutli eft une efpcce d'ctain. C'eft line matiere mctallique , ^ ,11 rr 'r ,-^ C 1 /- ^ J AllrUi 171*. blanche , caflante , ailpolce en petues racettes luilantes comme des ' glaces , ce qui U fait nommer etain de glace. II parole etre compofe d'lia I'el mineral , d'un foufre groflier , de mC'Cute , d'un peu d'arfenic , & de bcaucoup de terre. JVI. Poll ayant pile feparement une partie de bifmuth & deux de fublimc corrofif , Sc les ayant mtltes enfenible dans tine cornue a laquelle il avoir adapte un recipient, en tira , par la dif- tillation , une efpece de gomme ou de beurre cjui s'etoit attache en partie au col de la cornue , & ctoit retombe en partie dans le recipient* Il diftilla le beurre une feconde fois , & outre un nouveau beurre qui vint comme le premier , il relta au fond de la cornue une poudre tr^s- fine , de couleur de perle orientale , douce au toucher , & gluante. Une troifieme operation lui donna une poudre encore plus fine & plus belle : enfin , il reitera I'opcration jufqu'a ce que le beurre fuc entierement change , partie en mercure coulant , partie en poudre de couleur de jerle. Cette poudre pourra fervir , foit a imiter les perles fines , i'oit a es reprefenter en peinture , foic a donner cette agreable couleur a tels ouvrages qu'on voudra I Sur hs vapiurs ds I'cjprit dc nitre, dcffl, &c. JL^ 6 s que Ton dcbottche an vaiflem ou eft de I'efprit de nitre. Air- tout fi cet efprit eft bien d^Aegme , on voit fortir une fumci aifez con- fiderable. Le; aurres efprits acid^j eo jetrgpt mcins , 8c a peine celle de I'efp'it de fel eft-elle fenfible.' Mais M. Geoffroi , le cadet , a obfetve qu'elle le devient beaucoup , fi oi» approche du vailleau ou eft I'efprit de fel , un autre vailTeau oil foit un fort efprit alkali volatil. Ce n'eft pas que le voifmage determine I'efprit de fel a jetter pius d'exhalaifons , mais c'eft que I'alkali en jette aufh de fon cote , qu'elles fe rencontrenc dans I'air les unes les autres , & que comme elles ne font que les par- ties les plus fubtiles des matieres d'oii elles font forties , elles font en- tr'elles ce que les matieres auroient fait , qu'elles fe joignenc intime- menc , & produifent, par leur union, un nouveau fel plus fenfible a la vue , que n'auroient etc les deux diffcrentes exhalaifons feparees. Ce fel eft celui qui doit naitre de I'acide & de I'alkali volatil, c'eft-a-dire, un verirable fel ammoniac : & en effet , fi on expofe a cette fumee , com- pofee des deux exhalaifons , une cloche de verre , elle fe charge de fleurs qui font les mcmes que fi on I'eut expofee a une vapeur des fleurs du fel ammoniac. La fumee de I'efprit de nitre mis aupres de I'alkali volatil , n'en paroit guere plus forte , apparemment parce qu'elle n'a pas befoin de ce fecours pour fe faire bien voir ; feulement de rouge qu'elle etoit, elle devient blanche, ce qui marque qu'elle eft alteiee auiS par celle de I'alkali. Z48 COLLECTION 'Acad Royale DES Sciences DE Paris. Jinnee 17 1 3. M royal Sur I'huik du Laurier Royal. PoLi a tire du laurier a grandes feuilles , que Ton appelle laurier a Lucques , oii il I'a trouve en grande abondance , une huile qui a 1e eout & I'odeut d'amandes ameres , mais avec beaucoup plus de force. Elle donne ce gout & cette odeur a tout, &C fans aucune empi- reume. Si on en mele une dragme avec une livre de fucre fin pulverife, &c que le tout foit bien pile dans un mortier de verre, il s'en forme line poudre blanche , excellente pour les douleiits d'eftomac , & qui tncme fouvent guerit les fievres tierces & quartes, pourvu qu'on fe foit purge avant que d'en ufer. Il n'en faut prendre qu'une dragme pendant quelques jours. 1 CHYMIE ACADEMIQUE. M9 Analyfc des Plantes marines , prindpalcmentdu Corail rouge (a). V_>i'est une partie conficierabic du grand travail de M. le Comte Marllgli , que fes experiences chymiques fur les plantes de la mer. Nous donncrons, dans la Butanique, quclqu'idee de leurs ditfercntes efpeces , ou plutoc de leurs ditFcreiu genres; nous la fuppufons ici , & d'autanc plus facilement qu'elle n'y e(t pas nccclFaire. Quoique les pl.intes de terre (oient li femblables dans leurs analyTes, qu'il feroit difficile de les diltinguer par la , &: encore plus de prevoir leurs differens effets , celles de mer paroilTenc encore plus femblables. En eftet les plantes terreRies vivent en differens terroirs, d'ou elles peu- venc Si mcme doivent titer differentes nourritures; les plantes marines n'ont toutes qu'un meme aliment , cette eau falce & bitumineufe , qui les embralle de toutes parts , les penetre & les fait vegeter. Audi M. Marligli a-t il trouve dans leur analyfe une grande unitoimite , prefque toujours la meme falure Sc la meme amertume , toujours un fuc fore glutineux qui les nourrit, beaucoup d'alkali, pen d'acide ; encore croit- il que les plantes marines , qui ont un peu d'acide ftnfib'ie , font venues a une petite profondeut , parce que felon Itii il n'y en a que* dans les eaux fupetficielles. Ces plantes ont beaucoup de fel volatil, mcme les pierreules, ce qui eft remarquable. Les lithophites en ont une cinquiemS' partie plus que la come de cerf, quoiqu'ordinaireiiunt cet efptit abonde davantage dans les animaux. Le fuc glutineux ne fe tire que des plantes fraiches , du moins des pierreufcs, car il fe durcit quelque temps apres qu'elles font lorries de I'eau. 11 fe tire oidinairement par fimple expreflion des extrtmites encore molles de leurs branches : il eft d'une couleur differcnte en differentes plantes , blanc ou jaune le plus communcment 11 a aulli differentes faveurs, tantot un goiit de mer, acre & piquant , tantot un goiit de poilTon corrompu , Sic. M. Marfigli seft attache a etudier le corail avec un foin particulier, ;rchees, & ils les ont donnees comme ayanr reufll. Cependant M. Lemery a alfure qu'il les avoit eprouvees routes fans fucces , & il chercha , il y a long terns, la teinture de corail par d'autres moyens ; non dans I'efperance qu'elle put etre d'un grand ufage dans la medecine , mais pour detruire I'erreur ^enerale ou Ton etoit en fa faveur. Il ne fongea qua dcs dilfolvans fimples , & trouva la cire blanche ainfi qu'il le marqua dans la premiere Edition de fon Tralti de Chymit , en 1675. Mais a I'occafion des expeiences de M. Marfigli , qui, faute de temps, n'a pu les continuer aucant qu'il eiu defite, M. Lemery reprit A C A D E M I Q U E. ijt ce fujet , Si le traita avec plus d'eccnJue. II n'a travaUle qne fu/ du — »»— ^—it qui par quelqu'accidenc avoir perdu fa propre matiere fulfureufe. J'ai commence , dans un Mcmoire precedent , a prouver cette fuppo- fuion par quelques cxemples. J'ai tire ces exemples des huiles vegetaies & des grailies animales que Ton pent faire rentrer dans les matieres mine- rales S<. m6talliqt.es, dellechees par la calcinarion au point qu'eiles ne fe fondent plus , oa qu'eiles fe vitritient feulement en une matiere fcorieufe -, fi Ton ajouce quelque iiuile que ce foit a ces mineraux ainfi detruits , i^ repreiinent dans un moment , au grand feu , la mcme forme de mineral ou de metal qu'ils avoient auparavant , parce que I'huile du vt'gcral fe met a la place de la matiere huileufe ou fulfureufe du mineral , que le feu de la calcination en avoir fait evaporer ; ce qui fe voir dans toutes les chaux des moindres mctaux, mais plus evidemment dans celle qui fe fait de retain au verre ardent. Quand on veut delfecher les meraux , il faut avoir la precaution de les dellecher fur un fupport qui n'ait en lui aucune matiere huileufe qui puiffe s'cvaporer avec celle du metal , autrement Ie metal reprendroit celle du fupport a la place de la fienne propre a mefure qu'il la prendroit, & ainfi le metal ne fe dellecheroit point, mais il s'ea iroit tout entier en fumce comme il arrive toujours a I'etain , au plomb & a tous les mineraux metalliques , comme le bifmuth , le regule d'antimoine , le zinc & autres , quand on les expofe fur un charbon au verre ardent : mais , par example , quand on delfcche I'etain fur une coupelle des raffi- neurs, il fumebeaucoup dans le commencement, & peu-a peu la goutte du metal devient herilFee , poulTant des pointes ou des polls qui s'al- longent ou mont«nt de plus en plus , jufqu'a ce que toute la malfe de I'etain foit changee en une houpe ou en une efpece de brolTe d'un blanc fale , & d'une matiere brillante dont les polls du milieu font les plus longs , dc ceux d'alentour s'accroiflent a mefure qu'ils s'eloignenc du centre de la houpe. En continuant d'expofer cette matiere fur le meme fupport au foyer par- fait du verre ardent, elle ne fe fondra jamais, meme etant expofce imme- diatement apres une pluie oil ce verre fair le plus grand efFet qu'il eft capable de faire. Mais quand on ore cette houpe ou cet etain calcine de dtllus ce premier fupport , & qu'on I'expofe fur un charbon au meme verre ardenr, il fe fond dans le moment & reparoit en une goutte d'etain 5 cela arrive parce que I'huile du charbon qui lui fert de fupport, rentre dans cette chaux a la place de la partie huileufe que I'etain avoir perdue dans fa calcinarion liir un fupport deftitue de toute matiere huileufe , comme font les cailloux, les pots de gres, la porcelaine des Indes dont on a ore I'email, A C A D E M I Q U E. 155 les coupelles des rafUneurs , le cryftal de roche , Sic. Si on concinuoit d'ex- ________» pofer cet ctain calcine au verre ardent fuc quclqu'un de ces derniers fup- "T ^ ,, , ■. ports acides , il ne reprendroit jimais la pren lere torme de metal a moins ^^^ Sciences qu'on ne mit delfus un peu d'huile 011 de grailTe qui y feroit Ic mLme effet pj Paris. que nous venons d'obferver dans 1 hmle de charbon. . , Cet exemple de la ciiaux d'ciain , joint a ceux que j'ai rapportcs autrefois, fuffira pour prouver que les huiles ou les graillcs animsks & vegetales ren- trent aifcment dans Ics matieres minetales & metalliques qui avoient perdu leurs foufres, lelquelles font tetablies par la dans Icur premier etat de mi- neral ou de metal. Pout appuysr davantage cette fuppcfition , je crois qu'il ne fera pas inutile de rapporter quelques exeroples qui prouvent que Ton pent fcpater audi les parties huileufes des mctaux , & lej iatroduire dans les efprits trcs legerement acides des vegctaux &: des fels folfiles qui naturelle- mjnt ont tres peu, ou moins de maiieres fulfureufes j par Id ces efprits non-feulement deviennent plus inflammables que I'efprit de vin rectifie , niais encore ils deviennent des huiles gralTes & qui nagentfur I'eau , com- jue font toutes les vraies liuiles des vegctaux. En examinant les nioindtes metaux au verre ardent, j'ai reconnu que le fer efl celui qui a le plus de matiete huileufe j car en ne faifant que I'y ex- pofer , on voir d'abord une grande quantite d'huile noire & fortliquide, nr.ger par-dclfus, long-tems avant que la vraie matisre metallique & bril- lante du fer, fe metre en fufion : cette huile eft abforbee avec une grande avidite par les meraux qui ont peu de matiere fulfureufe, comme eft parti- cuiicrement I'argent qui en change de coiileMt &c de confiftance. Au con- traire le fer refte tout d-fait prive de fon hulls , &: en cet etat il rcfifte a la plus grande chaleur du verre ardent fans fe mettre en fufion, d'oii je con- clus que la matiere huileufe qui fe trouve naturellement dans le fer, pour- roit bien ctre ce qui lui fert de fondant, puifque cette huile etant fepatee de fa fubftance, il ne fe fond plus. Pour ne pas manquev cette expciience , il faut obferver que I'on doit fon- dre I'argent le premier , &c fur I'argent fondu il faut coucher un morceau de fer fans quitter le foyer du verre ardent. On verracouler fur le morceau de fer une huile qui paroitra noire au foleil, fans que le morceau de fer fe, fonde j il paroitra blanc fous cette huile 6c btillant comme du fer nouvelle- incnt lime. A mefure que cette huile touche I'argent fondu fur quoi nag? le morceau de fer , elle entre dans cet argent avec r^utant d« viteffe que I'eau entre dans le p.ipier brouillard , & le fer qui a ainC perdu fon huile , devienc calfant, & ne fe fond plus au verre ardent. Ceci arrive lorfqu'on me; un morceau de fer fur I'argent fondu; mais G. au contraire on met de I'argent fur du fer fondu , I'argent fe fondra prompte- ment, & les deux metaux fe confondront de maniere que Ton ne pourra pas reconnoitre diftinclcment les parties du fer ou celUs de I'argent dans ce me- hnge , &: par confequent I'huile de fer reftera coujouES melee avec fon meral. Cette obfervation m'a fait voir non feulement que la matiere huileufe du fer en peut are feparee , mais aulli qu'on la peut introduire en un autre corps. J'ai faic plufieurs (eiuatives pour reuiei de I'argeuc ceue huile d« Z5(f COLLECTION fer qu'il avoit abforbe, niais inutilement , parce que pour tenir I'argent en AcAD.RoYALE fiifit'ii , il faut un grand feu qui diilipe cetce huile , de forte que par ia vio- DEs Sciences lence du feu je n'en ai fu rien cirer, &■ la feule liqueur qui diirout I'argenr , DE Paris. fa voir Tcfpric de nitre, eft un acide tres-violent, d'ailleurs fuffifammenc ji I „ cliarpe de fon nropre foufre , & plus propre a dechirer ou a detruire un Annec 1710. .fa ,, 1 r . \ r r r • i , r !■ ■ j rnixte , qu a en extraire ou a en conlerver la partie huileule. J at done abandonne rargent abreuvc de I'huile de fer, & j'ai taclie d'introduire cette huile dans quelqu'autre metal plus aife a traiter, tant par un degre de feu fort doux , que par un dilToIvant tout a-fait aqueux ou tres-lcgcremenc acide , & qui de lui meme ne contient.prefque pas de matiere fulfureufe. Parmi leselTais que jVn ai fair, j'ai vu qu'au verre ardent Ic fer fe mele parfaitement bien avec I'etain , que ce melange fume prodigieufement , & que la fumee fe condenfe en I'air en une efpece de coton , qui felon routes les apparences eft I'etain , metal volatil de la nature , rendu plus volatil en- core par I'huile du fer, parce que la fumee qui s'eleve de I'etain feul, ou me- le avcc quelqu'autre metal que ce foit, excepte avec le fer, ne vient pas en fi gr.mde abondance , & ne fe condenfe pas en une matiere cotonneufe ^ ma- jiiable, mais fe dillipe tout-a-fait en vapeurs comme il arrive a route autre forte de fumee. J'ai amaffe un pen de ce coton , il s'eft dillous fans aucune ebullition dans duvinaigre diftille, & a donne une couleur rougeatre a fon difTolvant. Il eft tres difficile d'amalFer au foleil une quantite fufHfante de cette matiere cotonneufe pour en faire une operation fenfible, tant parce qu'etant expofee a I'air libre, le vent I'emporte & la difiipe, que parce que nous avons tres-peu de jours en I'annee ptopres pour travaillei au veire ar- dent. Voici commrnt j'en ai amalfe une adez grande quantite pour fuffire a une operation fenlible. J'ai fait feulement le melange du fer & de I'etain au verre ardent de cette maniere : Ayant fait fondre fur un charbon deux gros de pointes de cloux de fer , j'ai mis fur ce fer fondu autant pefant d'etain fin , qui dans le moment s'eft fondu & confondu avec le fer. Audi tot que le melange en a etc fait , je I'ai retire de delFous le verre ardent & j'y ai expofe d'autre fer & d'autre etain : j'ai fait peu-a-peu de cette maniere environ une demi-livre de ce melange que j'ai mis fondre dans un creufct a la forge au feu de char- bons; mon melange s'eft fondu & i! a produit du coton femblable a celui qu'il prouuit par la chaleur du verre ardent, dont une partie s'eft attachee aux parois du creufet, & en aflez grande quantite pour que j'aie pu le deta- cher avec une cuil'er de fer & le retirer du creufet : j'en ai amaife environ une oncej la matiere quieftrefteeau fonddu creufet a ceffc peu a-peu de fumer & s'eft congelee en une matiere fort dure & caffante comme eft otdi- nairement le fer qui vient d'etre fondu. J'ai verfe fur ce coton du vinaigre diftiile que j'ai lailTe en infufion froide pendant huit jours; le vinaigre a travaille infenfiblemenr fur ce coton & a pris une couleur rougeatre tirant fur I'orange. De fort clair & liquide qu'il etoit, il eft devenulouclie , il m'a paru etre gras fous les do:gts & avoir plus &c une vraie Iiuile qui nage fut '»Es°S^°^^'^^ I'eau, dc non pas le vinaigre diflille. DE Paris*' Cette extraftion de la partie du fer , Sc de I'etain , quoique ingenieufe , ' &c bonne , in'a paru neaiimoins incommode a pratiquer , tant a caufe de ■^nnee 1710. \^ racete des granis verres ardens , qu'a caufe du petit nombre des jours oii Ton peut en faire ufage utilement ; &c comme dans les elFais que j'ai faits au verre ardent fur la plupart des matieres minerales connues , j'ai vu que le zinc y produit pour le moins une aiifli grande quantite de fu- mees blanches , que notre melange de fer & d'etain , & que ces fumces s'y condenfent de meme en une maiiere cotonneiife , j'ai cru qu'il pourroic bien produire le nieme efFet dans le feu du chaibon ; je I'y ai mis , & le coton s'y eft fait plus aifement encore, & en plus grande quantite que dans I'operation precedente de notre melange : j'ai employe ce coton de la meme maniere que celui qui avoir ete produit par le fer & par I'etain , pour en tirer I'huile & I'efprit inflammable , tant par le moyeii du vinaigre diftillc & des autres acides des plantes, que par le moyen de refprit de vitriol , qui ont egalement bien reufli ; de forte que Ton doit ctre aulli convaintu du paflage des matieres huileufes des metaux dans la lubftance des vegetaux , que du paflage des huiles vegetaks dans la fubftance des metaux j c'eft-a-dire , qu'il doit etre fuffifamment prouve que les matieres fulfureufes changent indifferemment d'etat, & qu'elles pafTent d'une efpece de foufre en une autre efpece , felon que les cir- conftances en fournilfent les occafions. L'operaiion que nous ver^ons de faire fur le zinc , qui nous a produit avec autant & pius de facilite les memes efFets que le fer & I'etain que nous avions mtles au verre ardent , m'a fait penfer que le zinc pourroir bien etre un melange naturel de ces deux metaux dent la combinaifon eft plus intimement forte par la nature, que la notre ne peut I'etre par I'art , & par des proportions p'us convenables pour la proaucfcion de la matiere cotonneufe ; enforte qu'on peut Ten tirer plus aifement , 6i en plus grande quantite que de notre meiange artificiel. Les autres raifons qui m'ont cor.firme dans cette opinion , font pre- mierement que le zinc fe tire d'une matiere minerale qui eft une vraie terci ferrugineufe , de couleur de rouille de fer , qui donne les memes. marques que le fer dans les infufions des noix de galle , 6c qui conrient: des pirties que la pierre d'aimant attire. En fecond lieu , le zinc donne- un certain cti quand on leplie, comme fait I'etain, ce que Ion n'ob- ferve dans aucun autre metal : on le peuc fubftituer auffi a la p'ace de I'etain dans I'operation commune de Vaurum mufuum , qui n'eft autre- chofe que Tet^iin fublime par le moyen da mercure , & colore ea cou- leur d'ot par le fimple degre de feu qui convient a cette operation, pen- dant que nul autre metal ne s'y fublime de m"me. Il paroir done que les- premieres raifons que nous venous d'alleguer , autorifcnt affez I'opi- nion que le zinc participe du fer; & paries deux dernieres il paroir qu'il conii.nt auffi de I'etain, & qu'ainfi la matiete cotonneufe qu'il rend,de menj.s que notre melange artificiel du fer & de I'etain , marque avec beaucoup de vraifemblance , qu'il eft un melange naturel de ces diiiix metaux. AC A D 6 M I Q U E. Mf Mc'moirc touchant Us vegetations artificicllcs. Par M, H O M B E R G. ^^oos avons dans les operations de chjrmic , beaacoup de prodadions qui rellcmblent en quelqutf fagon a la vegetation des plantes; ce quia donnc lieu de Ics appeller vegetations metalliques , arbres de Diane , fels vegetans , i^c. Il s'eft mcmc trouve des auteuts qui ont voulu que ces fortes de vegetations reiremblairent tcellcment a des plantes , cependanc ce n'eft rien moins quand on les examine avec un peu d'attcntion. J'ai range ces fortes de vegetations en trois differences clalFos ; j'ai mis dans la premiere routes celles qui confillenc dans un metal pur 8c maillf fans melange d'aucune autre chofe ; j'ai ms dans la feconde clalFe rou- tes celles dont la compofuion conlilte en un metal dilfous , le dilfolvanc reftant mtle avec le metal, & faifant partie de I'arbrifleau qui en ell produit : la troifieme claife eft de celles qui ne contiennent rien de me- tallique , mais (implement des matieres falines, terreufes , & huileufes. Toutes les produdions de la premiere claife fe font a fee , & dans l6 grand feu, c'elt-a-dire , fans aucune liqueur aqueofe ; elles font folides , Sc on les peut titer fans les rompre des vailfeaux dans lefquels elles one etc formees : au conttaire , les produdions de la feconde claife fe font toutes avec une liqueur aqueufe , elles font tres- fragiles , & on ne fau- roit les titer commodement de leurs vailfeaux ; & parmi celles que la troifieme claife fournit, il y en a qui fe foutiennenta fee , & d'autres qui ne fe foutiennent que dans une liqueur aqueufe , & que Ton ne fauroic remuer fans les gater. Je donnerai pout exemples de ia premiere claife les productions des trois operations fuivantes. 1°. Faites un amalgame d'une once ou deux d'ot fin ou d'argent fin , & de dix fois autant de mercure revivifie du cinnabrej broyez & lavez cec amalgame plufieurs fois avec de I'eau nette de riviere , jufqu'i ce que I'amalgame n.; falilfe plus I'eau : pour lors fecliez votre amalgame, met- tez-le dans une cornue de verre ; diftillez au bain de fable a tres-petit feu que vous enrretiendrez pendant un jour ou deux; plus vous pourrez continuet le feu , fans chalfer tout-a-fait le mercure , plus la vegetation fera parfaite : vous poufletez le feu a la fin jufqu'a faire fottir tout le mercure ; lailfez ereindre le feu , vous trouverez votre mercure dans le lecipient : I'or ou I'argent qui reftera dans la cornue fera doux & pliant , & de la plus belle couleur que ces metaux puilfent avoir , & cetts made de metal aura poulfe des branches en forme de petits arbrilfeaux de differences hauteurs. On peut tiret de la cornue ces arbrilfeaux, les fe- paret de la maffe de metal qui leur a fervi de bafe , les rougir au feu & les garder tant que Ton veut fans qu'ils fe gacent. ■Voici comment je concois la formation de ces arbrilfeaux. L'amalgame qui eft dans la cornue fur le feu s'echauffe peu-a-peu jufqii'i ce que le K 1 ij Acad. Rov.'.le CES Sciences SI Paris. Annit 1 7 Id. I'fTc COLLECTION • mercure commence a s'evaporer ; alors on apper9oit des fufces ou des Acad. RoYALE trainees de mercure en vapeurs qui fortenc de delliis toutc la furface de DBS Sciences I'amalgame : ce mercure qui eft le dilFolvanc du metal doiit eft compofe DE 1 ARis. I'amalgame en entraine avec lui des parties; ces petites parties de metal ■Aniiii 1710. n'etant pas volatiles comme le mercure, reftent attachees fur la furface de I'amalgame , tandis que le mercure qui leur a fervi de vchicule acheve de s'evaporer tout-a-fait , & les abandonne ; de cette maniere elles font placees peu-a-peu les unesfur les aurres , etanc toujours guidees par la trai- nee de mercure qui continue d'y ajouter de nouvelles parcelles de metal & de s'evaporer enfuite : ces parcelles de metal ainfi amoncelces les unes fur les autres , s'unilfent fi bien enfemble , qu'elles ferment des branches fur la furface de la made de metal qui refte a la fin de la diftillation au fond de la cornue. Ces branches ne reflemblent pas mal a une vraie vegetation quand on n'en regarde que la figure exterieure ; mais on reconnoit bientot que cette comparaifon ne pent fubfifter quand on confidere qu'une vraie plante eft un corps organique dont les parties fervent a tirer le fuc de la terre, a preparer ce fuc pour la nourrirure & pour Taccroiflement de la plante , & a produire enfin des femences qui font aulTi de petits corps organiques, lefquelles fe developpent en nouvelles plantes par la nourri- rure qu'elles prennent; au- lieu que nos vegetations artificielles ne font que de fimples cryftallifaticns , ou des affemblages de quelques petits mor- ceaux de metal que le hafard a place les uns fur les autres fans ordre & fans aucune partie organique. Nous avons dit que le mercure en s'evaporant de I'amalgame pen- dant fa diftillation , emporte des parcelles de metal \ la preuve eft que fi on fait le feu un peu trop fort dans le terns que I'amalgame eft encore li- quide , il s'enleve des parties fort fenfibles de Tamalgame qui fautent meme avec eclat centre la voute de la cornue ou elles fe colient, & font de grandes taches d'or ou d'argent qui y paroilfent apres la diftillation , felon le metal qui etoit entre dans la compofition de I'amalgame. 1°. Le fecond exemple de cette premiere clafTe des vegetations arti- ficielles , fe tire de I'operation fuivante. Prenez une once ou deux d'ar- gent fin, fondez-les dans un creufer , &: pendant qu'il eft en fufion , jettez par deftus a diverfes reprifes autant pefant de foufre commun ; remuez & melez-Ie bien avec une baguette de fer & retirez-le promptement du feu ; laiftez refroidir la matiere , puis pilez-la bien menu ; remettez-la dans un autre creufec , que vous placerez dans un feu doux de charbons , ou dans une forte digeftion aubain de fable fans fondre la matiere ; le foufre s'evaporera peu-a-peu de la malTe qui eft dans le creufet, & il entrai- nera avec lui une partie de I'argent en forme de filets & de lames fort blancs, brillans & fort doux , qui tiennent a la mafte du metal d'ou ils tont fortis : j'en ai vu de la hauteur de trois pouces , & des lames de deiuc lignes de large , de repaiflTeur d'uue carte a jouer. La caufe de cette vegetation eft a-peu-pres la meme que celle de la precedente , mais elle demande plus de tems & d'attention. Le foufre commun c^ui fere de diffolvanc a I'argenc , etant volatil , s'evapore peu-4- A C A D fe M I Q U E, 2(Ji pen, &r entraine des p.ircelles d'argent qui fe placent les unes au bout — i des autres &: s'aftachenc enfcmble , pendant que le foufre commun les Acad.Royale abandonne en athevant do s'c vnporer : ces parcelles d'argent reftant en for- des Sciences me de filets Sc de lanus attailiecsa lanialie d'argent qui eft au fond du ''^ 1'aris. creufet, forment une elpece de vegetation qui iie renembJe p.istantaun ■^««^'< 1710. arbrilFeau que celle de i'operation preccdente, mais qui redemble fort a certaines mines d'argent qui confiftenc de mcme en des filets , & une efpece de filigrame. j". L'opcration fuivante donnera notre troifieme exemple. Fondez enfemble deux onces d'argent de vaifTelie , & fix onces de plomb , met- ier ce melange dans une coupelie de ctndres d'os fous une mouffle • donnez le feu qui convient pour purifier cet argent a la coupelie , & des que vous verrez la marque que I'argent eft devenu fin, vous retire- rez la coupelie promptement du feu, & la laiderez refroidirj deux oa trois minutes aprcs que vous I'aurez retiree du feu , il fortira brufque- ment de delTus la fuperficie de cet argent plulfeurs jets d'argent fondu de la grolTeur d'un brin de paille , & de la hauteur de fept a huit li^nes qui durciront a I'air a mefure qu'ils fortiront de la made d'argent"qui eft dans la coupelie : ces jets font ordinairement creux, & prennenc fouvent la figure des branches de corail , ils ^relknt folidement atta- ches a la malled'ou ils font fortis. Selon ce que j'ai pu remarquer fur I'effet de cette operation que j'ai obfervee fouvent &avec attention, il m'a paru que ces' branches fe for- ment d'une maniere route differente de celles que nous venons de rappor- ter. Pour en faire concevoir la mechanique , il faut que j'eclairciile au- paravant en quoi confifte la marque que I'argent eft devenu fin dans la coupelie, puvfque c'efV de I'exaftuude a faifir ce moment que depend le fucccs^ de roperanon : cette marque eft lorfque dans le meme degre de feu ou I'argent a ete en parfaite fufion pendant tout Ic tems du rafi- nage , fa furface fe fige dans la coi;pelle tout d'un coup en une croute dure & brillante qui eft fortement attachee parfes bords au corps de la coupelie , pendant que 1 interieur de cette maffe d'..rgent eft encore en fulion ; c'eft dans ce moment qu'on doit titer la coupelie du fen & la placer en un lieu froid : quand on confidere ce qui lui arrive en'cec ctat , on comprendra que I'air froid qui touche le dehors de la coupelie & la furface deja figde de I'argent, les doit relferrer, & comprimer en meme terns la pattie mterne de cette malTe d'argent qui n'eft pas en- core figee parce que le corps de la coupelie eft afTez enflammi en le tirant du fcu , pour qu'il pmlfe entretenir pendant quelques minutes en tuiion la partie de Urgent qui le touche immediatement : cet argent Jiquide eft enfermc comme dans une boite bien clofe,en defTous par le corps fpongieuxde la coupelie, capable de beaucoup de comprcilion, & en dc(lus_ par fa propre croute figee , dont il eft fi fortement prellc 8c compnme par I'effet du froid fubit qui environne cetre bolte , & qui la rederre de plus en plus, qu'il en echappe une partie par les endroits les plus foibles de fa furface hgce , i-peu-presde la mcme mamere que nous voyons expnmer les couleurj 4es peintrcs qu'Us tiennenc enfermees isi Collection — dans des nonets de vefiiss de pore , en prefTant ces ncuets apres y avoif Acad. RoYAtE (au uu trou avec une eoingle. DES bcFENCEs Pout donner un exemple d'une preffion fembla'ole , prenez le vailTeau Di; ARis. j'm, thermometre done la boule aura deux ou trois pouces de diametre '^nm'e 1710. ^ t^ont le verre fera fore mince; plus la boule fera grande , plus I'efFct en fera fenfible; plongez cecce boule dans I'eau bouillante , & I'y lailT'ez j-ufqu'a ce que route la liqueur foic devenue chaude : marquez pour lors i'endroit ou la liqueur fera montce , puis retirez ce vailleau de I'eau chaude, Sc replongez-le fubitement dans I'eau froide ; on verra la li- queur monter trc-s fenfiblemenc dans le ruyau de ce vailfeau avant qu'clle coirsmence de defcendre par la traicheur de I'eau oii Ton vient de la mer- tre , &c ccla par la raifon que le corps de la boule, que je fuppofe d'un verre fore mince, fe refroidir dans le meme inftant qu'il touche I'eau froide ; & comme ce vailfeau a plus de capacice etanc chaud que quand il eft froid , il comprime pour uu inftant la liqueur qu'il contient en fe refroidilTant fubitement , & la fait monter dans le tuyau pendant un petit efpace de tems , c'eft-a dire , jufqu'a ce que la liqueur ayant commence audi de fe refroidir , occupe moins de place, &: defcend par confequent euvent routes fervir d'exemples pour erablir le caradtere de celles dont nous avons fait la fe- conde claffe ; ainfi nous n'en parlerons pas ici. Nous avons range dans la troifieme clalTe routes les aiitres vegetations artificielles qui ne tiennent rien de metallique ; nous en doiinerons ici de meme rrois exemples. Premier exemple : Prenez huit onces de fnlpc-tre fixe par le charbon a la maniere ordinaire; faites-le refoudre a !a cave en huile par defail- lance , filtrez certe huile , & vecfez dedans peu-a-peu de I'huile de vitriol ((!) V, CoUec, Acad. Part. Francoife, i« vol. pag. 184. A C A D fe M 1 Q U E. i6j lufqu'l parfaite facuracion , ou jufqu'a cc que rcbullition cefTc -y faiccs ^^:^::^^^ cvaporer toute I'liumiditc : il reftera une inalfe falice corapadte , dure , ^cad Royalb tres-blanche , & fort acre :pilez-la grofTieremenc , & vetfez defTus un dhs Sciences demi-feptier d'eau froide de riviere dans une ccuelli de gres ; laillezla on Paris. pendant quelques jours fuc une table decouvette a I'air , I'eau s'cvaporcra j4nnee 1710. en partie, & le fel encore humide coi\.niencera de vegeter en plufieurs endroits en poulfant des touffes en aigrettes qui partent chaciine dun mcme centre, & qui fe divifent en diverfes branches pointues, roides, & calTantes , longucs de douze a quinze lignes. Ces aigrettes fe forincnr ordinairement fur tout le bord de Tccuclle , & y compofent une efpece de couronnement : elles cedent de croitte quand toute I'eau a etc dvaporee de I'ecuelle ; mais en remettant de I'eau fur ce ftl , il vcgetede nouveau. Cette vegetation eft tout -a- fait diiicrente de celles de la premiere claffe , & elle approche un peu de la plupart de relies de la feconde : elle ne confifte qu'en une fimple cryftallifation du fel dillbus, & concenu dans I'ecuelle de gres. Il faut confiderer ici que ce fel , eft du falpCtre qui a etc calcine par le charbon , de forte qu'il eft devenu un fel fixe lixiviel , a-peu-pres comme eft le fel de tattre , ou le fel fixe de quelqu'autre ve- getal , dont il conferve une certaine confnlance gralTe qui fait qu'ils'atta- che facilement a toute forte de corps ; & par I'addition de I'acide du vitriol , il acquiert une volatilite , ou une difpolition a s'clever aifement en vapeurs plus legeres que I'air qui les environne j moyeonant quoi ce fel ayant ete dilTous dans une petite quantitc d'eau , la liqueur qui en refulte ne garde pas long-terns la meme fituation , & elle ne moul'le pas feu- lement le vailFeau qui la contient jufqu'au niveau de fa furface , comme font les autres liqueurs aqueufe'. j mais tile monte peu a-p;u , &: eft pouf- fee par le poids de I'air au-delTus de fon niveau, de forte quelle con- tinue de mouiller les parois du vailfeau jufqu'a fon bord fupcrieur,fi« paffe meme par dellus en mouillant les parois exterieures du vaiiTeau , particulierement quand il a la fupi.-rficie raboteufe & grenue , comme eft ici le gres. Cette liqueur agit dans les grains du grts apeu pres de la m;me maniere que I'eau commune agit dans les poils du drap qui fere de fihte , ou dans les filtres dune eponge nouvellsmer.t lavee , quand elle y monte, c'tft-dire, que les grains inferieurs , cu les plus pres du niveau de la liqueur etant mouilles , la liqueur qui ks enveloppe com- mence de toucher auffi ceux qui font imm diatement au deffiis , &: les mouiUe de meme par fa grande facilirc a s'attacher a toutes fortes de corps , &C en continuant ainfi , la liqueur monte toujours de grains en grains jufqu'a ce qu'A la fin elle commence a fe d;;(ri.cher j & comme elle confiiie en une didolution de fel, ce fel ayint perdu pnr revaporacion ]e trop de liqueur qui le tenoit didouSjil fe ctyftallife a fon ordinaire dans toute I'etendue du vaifteau 011 la licjueur etoic montJe ; car les p.irties falines ne s'evapcrent pas fi aifement que I'eau qui Icur avoir fervi de dillolvanc. Ces prenners peris cryftanx fe remouillent fucccfl^venient de la meme maniere que les grains du gres pir la liqueur de I'ecuelle qui continue dc montcr ainfi , & de fe cryftallif^t enftiite ; & par ce moyen elle groftit, & elle allonge les. premiers cryftauxqui reprenne;it 4- 1 ', 164 COLLECTION ■"' " " peu-ptes la meme forme qu'avoic le falpetre avant d'avoir ete calcine ,' Acad. Roy ALE c'eft-a dire , qu'ils deviennent des aiguilles d quaere , cinq, & fix pans, "d£ Pari"^ dontquelques-unes font collees enfemble , & les aucres font feparees , 8c . I ' produifent les aigrettes qu'on y obferve , ce qui ell: proprement ici notrc Annec 1710. r,,. , ^inj n. 01 ■ vegetation. La produdtion de ces cryltaux , & leur augmentation contmuent de fe faire , jufqu'a ce que le fel qui eft dans I'ccuelle , fe foit tout-a-fait defleclie , & alors cette vegetation cefle auffij on pent la faire recommen- cer en detrempant de nouveau avec de I'ean commune le fel qui refte dans I'ccuelle , & cela tant de fois , qu'a la fin tout le fel foit monte, ou cryftallife en cette forte de vegetation. Jerapporterai pour le fecond exemple de cette clafle, certaincs crydalli- fations en arbrilFeaux que j'ai trouvees produites naturcllement fur le ri- vaoe de la mer d'Efpagne &c que Ton peut aifement imiter ; car ce n'ell: au- tre chofe qu'une tige branchue de quelques plantes delTechees , & fans feuilles , qui ayant ete mouillee plufieurs fois par lean de la mer , eft reftee^a chaque fois induite d'une legere couche de fel qui s'eft cryftallife deiUis lorfque I'hi'midite s'eft evaporee ; de forte que par I'addition fuc- ceflive de ces couches, la plante a la fin paroit une plante de fel : j'en ai vu une fort belle de cette nature , haute d'environ un pied &: blanche comme la neige , dans le cabinet de feu M. de Tournefort ; & j'en ai fait de femblables en employant de I'eau falee filtree. II faut avoir la precau- tion doter I'ecorce de la branche qui fert de charpente ou de foutien a cette cryftaliifation , parce que Tecorce etant ordinairement brune , elle obfcurcit la blancheur tranfparente du fel qui s'atrache autour. Je donnerai pour troifieme exemple I'obfervation fuivante : Dans un tems d'orage , accompagne de beaucoup de pluie & de tonnerre , je rem- plis une bouteille d'environ trois pintes de I'eau de cette pluie qui avoit coule de delTus un vieux toit de tuiles , & qui avoit lepofc pendant une demiheure environ dans un bacquet de bois fous la gouttiere j je mis cette bouteille negligemment fermee d'un bouchon de papiet fur une fe- wetre expofee au midi , ou I'ayant oubliee , elle eft reftee fans ctre re- inuee pendant trois mois environ; I'eau ne paroilToit pas trouble quand je I'ai puifce j cependant il s'eft amalfe peu-apeu au fond de la bouteille un fediment de couleur verte , de repailFeur de trois cu quatre lignes j il s'eft fait apparemment une fermentation dans cette matiere , ou elle m'a paru fort fpongieufe , & pleine de petites bulks d'air qui , felon toute apparence, s'etoienr feparees du limon qui faifoit le fediment, cat il arrive toujours des feparations acriennes dans routes les matieres qui termentent, Un jour qu'il faifoit fort chaud dans le mois de Juillet , vers les deux heures apres-midi, je paflai dans I'endroit ou etoit cette bouteille j je la regardai par hafard , je n'y trouvai pas de limon au fond , mais je la vis templie d'une efpece de vegetation d'une tres- belle couleur verte, dont une partie paroilToit tenir au fond de la bouteille , & le refte etoiti fimplement fufpendu comme des fils dans I'eau : parmi ces fits il y en avoit qui etoient eleves jufqu'a la fupetficie de I'eau , & d'aucres qui eroient ' reftes a differences diftances de la fuperhcie , nageants entre deux eaux ; les A C A D E M I Q U E. irfj les extrcmitcs fupericures de routes les ramifications Sc de tous les fils « ctoiei.t j^.irnies thacuue d'un grain , ou d'uriL- petite boiile qui paroilToic Aj. . j, Rqyalb blanclie dans I'eau is: brillaiue comme de I .irgent , 6: qui reprelentoit Dts Sciences allez bien un fruit (ur le fommet dc f.i tige : en remuant uii peu la bou- de Paris. teiile , jc m'appirgus que cette vegetation n'avoit point de confillance , Annie iiiol niais qu'elle ctoit foutenue par I'eau de la boutcille , & qu'elle flottoic dans'toutela malk de cette eau , qui d'ailleurs eiuit fort claire, & fort limpide. Le lendemain vers les fept heures du matin , vou!ant faire voir cette vegetation a qin-lquun a qui j'en avois patle , je n'y trouvai que de I'eau bien claire , & le liaion verd rcapplique au fond de la bouceille , comme je I'avois vu au-refois , ce qui me donna la curiofue dj regardcr fou- vent^pendant la journee cette bouteille pout m'cclaiicir li 'm fait qui d'abord ni'avoit furpris. Vets le dix heures du matm, qui etoir le tems que le foleil eclairoit la fenctce ou etoit pofce la bouteille , le limon du fond commen^a de s'enfler , &: a mefure que I'eau s'echiufToit , il s'eleva de dcirus la fuperficie de ce limon une infinite de bofles , qui peu-a peu en s'elevant davantage diminuerent de grodeur , & produi- firent des filets de la fubrtance du limon m^me , de forte qu'en deux heures de tems tout ce limon qui tapilFoit le fond de la bouteille, etoic convert! en filets dont quelques-uns tenoient enf^mble , & paroilFoient fortir les uns des autres , reprefentant des brandiages, &: les autres flot- toient commie de fimples filets droits ou recourbei , felon qu lis avoient ete obliges de fe dctourner pat les autres qu'ils avoien: rencontres en chemin ; chacun avoir une perle blanche attachee a fon extr^mitc fii- perieure ; ces perles etoient de difFirentes grolfeurs , comme je les avois vues le jour precedent j cette vcoetation refta dans la menie fitua- tion pendanr tout le tems que le foleil I'edaira, c'eft-a-dire jufqu'a qua- tre heures apr^s-midi j immediat-ment apres ce tems je vis les filets & les ramifications retomber peu-a peu au fond de la bouteille, enrrainanc avec eux les petites boules blanches qui les furmontoient , & aue jevis diminuer peu a-peu de grolfeur ; enfin le tout tecompofa au fond de la bou- teille la meme quantite tie ftdimcnt ou de limon verd que j'y avois obferve en premier lieu : le lendemain il arriva la mane chofe , & aux memes heures, ce qui a continue pendant le refte de I'ete , c'eft-a-dire les jours qu'il a fait chaud , Sc que le' foleil a pu atteindre la bouteille ; le refte de I'annce , non feulement les branchagcs n'ont pas paru dans I'eau, mais le limon du fond , ou le fediment de la bouteille , qui pendant les nuits de I'cte, etoit epais de trois ou quatre lignes, s'eft C\ fore affaide pendant liiiver , qu'il n'avoit pas une ligne d'epailTeur , & les petites bullei d'air dont le limon etoit fort fenfibleuient parfeuie en ete, one difparu entierement pendant I liiver. j'ai de loin prcfente cette fiole au feu pendant I'hivor , les bulles d'air ont piru dans le 1;' liment , & a mefure que I'eau de la bouteille s'eft cchauffee, le fediment s'eft gonfle , les branchages fe font refaits dans route la malFe de I'eau , comme il etoit arrive en etc par la chaleur du foleil; & en elois;na t la bouteille du feu , U fedimeat s'eft temis au Tome 111 , Partii iran^oif;, L z iS(; COLLECTION D£ Paris. tdrmk ijio. '"'''''''"' fond de I'eau a mefure quelle s'eft refroidie j j'ai fait ces experiences trois AcAD.RoYALE OH quatre fois pendant Ihiver , & elles ont fort bien reuffi ; mais la der- I>£S Sciences niere fois , ayant trop echauffe la bouteille , il s'ell: fait line ecume fuc I'eau, ce qui n'etoit jamais arrive, &: tous les ftlamens & les branchages qui occupoient toute I'cau, fe font precipites fubitement au fond de la bouteille en forme de limon, & ce limon ne s'eft jamais releve en bran- chages , comme il faifoit auparavant. Il eft aife de voir que les buUes d'air enveloppees dans le fediment verd , ont ete la caufe de I'elevation de ce fediment en forme de filets SiC de bran- chages, qui ont occupe route la capacite de la bouteille, & que les pe- tites boules blanches & brillantes qui tenoient au haut de chaque branche en forme de fruits , n'etoient autre chofe que ces memes bulks d'air en- gagees & enveloppees en partie dans le rilTu de ce limon : ces bulles d'air ayant ete dilacees conlidcrablement par la chaleur du foleil ou du feu , font devenues fi legeres en comparaifori d'un pareil volume d'eau , que I'eaii de la bouteille les a pu enlever nonobftant le poids du limon auquel elles etoient attachees , de forte qu'elies ont entraine ce limon apres elles en forme de branciiages , qui ont forme cette vegetation j & comme la derniere fois que j'ai prefente la bouteille au feu , je I'ai trop echauffee, les bulles d'air trop dilatues ont dechire les enveloppes qui les retenoient, & elles ont forme I'ecume qui pour lots a paru fur I'eau de la bouteille y aufli depuis ce terns, le Hmon ne s'eft plus eleve dans fon eau , & il n'y a plus paru de vegetation. Si la fameufe palingenefie etoit bien verifiee , elle pourroit fervir en- core d'exemple de cette troifieme clalTe des vegetations artificielles. ACADliMIQUE. itfr Sur Ics Precipitations Chymiqucs , oil I'on examine par Ofca-^ fion la difo/ution dx /'or & dc I' argent , la nature particulicrc les efprits a.:ides , £• la manicre dont te/prit dc nitre agit/itr xluidejd daiis la formation dc I'eau regale ordinaire. di cc. AcAp.l\.evA;-t. D£S SflfNCES' DE VaJIIS. Anne* 1711. P.ir M. L E M E R Y le Filj. J-jE mot Ai prklf'aat'ion eft employe paries Chymiftes pour exprimer la chute d'uii corps qui avoir etc fufpendu & diffbus dans un liquide , dont il a etc enluite deluni. Les precipices i^ifterent fuivant la nature des matieres qu'on fait preti- piter, fuivant celle dcs liqueurs qui ont fervi a leur diflolucion , & en(in luivant le proctde dont on fe feit pout operer la precipitation , ce qui comprend les differents intennedes qu'on emploie pour cet efFet. Coninie Is corps dont fe font les precipices , ne font pas tous de mtme natute , on fe fert aulfi de liqueurs differences pour les dilToudre. Les bi- tumss & L-s refines fe dilfolvent par des liqueurs huileufes , & fulfu- reufes, & par des fels alkalis, particulicrement quand ces matieres font chargers d'acides, comme par exemple le foufre commun. La feule refine connus qui fe dilfolve par les acides , c'eft le camphre. Les m.ui.res falines n'ont befoin d'aurre dilFolvant que de I'eau , & enfin les corps meralliques fe dillolvent par des e'"prits acides : cependanp I'eau dans certaines circonftances peut etre regar.iee comme un veritable dilfylvant niet.iUique; on a reconnu cette vdrite fur I'or qui a I'aide de re liquide, 6c d'une longue tritur.ition , eft encierement, & fi bien reduic en liqueur, qu'il pafTe alors avec fon dilTolvant au travers d'un filtre ferre. On donne improprement en Ciiymie le nom de precip'nes mitaliiquts ides matieresqui p.ir la calcination , ou ime autre voie , ont acquis une forme (emblable a celles des veritables pricipitis , c'eft-a-diie qui ont })ecdu Leur premiere forme de metal , &c ont ete reduites en une malfe triable & inditlolubie dans I'eau , quoique fouvent allez chargee d'acides, d'oii vient que quand on la verfe dans ce liquide , elie ne peut s'y foute- nir , & tombe au fond comme les precipitcs ordinaires. On peut meme dire que le feu agit fouvent fur cetce malTe , precifement de la mcme ma.- niere c^ue les intermedes abforbants dont on fe fert pour les veritables pre- cipitations mUdUiques , comme on le verra clairemcnt par la fuite de ce aif- coufs , & pat un fccond Memoire que je donnerai une autre fois fur les diffetentes couleurs des precipices de mercure j par confequent les fr.ux prici/ues dont on vienc de pallet, ne diff^crent point erfentiellement des veritables , mais feulement par le ptocede diftetent qu'on a tenu pout lej ons & pour les aurres. Ces faux precipitcs ne C* pr^parent pas tous de la meme manicre , les Uus fe font par la fiinple calcination , & fans additions d'autune autre niaciete , comme il afcivB au precipite par lui-menie qui n'a befoin poar • L 1 jj i6% COLLECTION AcAD.RoYAtE DES Sciences DE Paris. fe changer en une poudre rouge , que dun petit feu long-terns continue.' D'autres fe prcparenc aufll pat la calcination , mais avec addition de matieres feches &c falines dont il ne refte au corps metallique apres I'o- peration , que ce qu'il y avoit dans ces matieres de plus acide & de plus Annee 1711. propre a s'arreter dans fes pores. On a un exemple de ces fortes depre- cipuis dans la preparation du prkipiU noir , ou du mercure violet. Il y a encore d'.iutres faux pricipites qui fe font fans le fecours du feu ,' & pour la formation defquels on n'emploie qu'un efprit acide qui trou- vant un corps trop difficile a diffoudre , ne le pcnetre qu'a demi, & le- lailfe au fond Ju vaiifeau fous la forme d'une matiere calcinee qui ne pent etre difToute dans I'eau. C'eft ce qui arrive a I'antimoine , fur lequel on a verfe de Tefprit de fel , ou de I'eau de regale ordinaire, car il fe leduit alors en une malfe blanche qui n'eft pas revetue d'une alFcz grande quantite d'acides pour pouvoir ctre fufpeiidue dans I'eau. Enfin nous avons en Chymie , d'autres matieres auxquelles on donne improprement le nom de prkipitis , 8c doutla preparation confifte dans la dilfolution, I'evaporation & !a calcination. Suppofons par exemple le niercure penetre par les acides de I'efprit de nitre , &c fufpendu avec ces acides dans la partie aqueu'e de cet efprit : fi Ton fait enfuite evaporer la liqueur par le moyen du feu , quand I'evaporation eft venue a un certain point , a mefure que chaque portion de I'humidite aqueufe s'echappe , chaque globule mercutiel qui y etoit foutenu , fe precipite par fon poids au fond tk aux cotes du vailfeau avec les acides qui y etoient incorpores; mais comme le mercure eft encore dans cet ctat dilfoluble dans I'eau , i caufe de la grande quantite d'acides qu'il a retenus, & qui lui donrrenr bien pkuot une forme faline que celle d'un precipiii! , on I'expofe alors a un feu de calcination allez forr, qui en fait exhalet les acides fuperflus , &c qui lui donne par la le veritable catactere de precipiii, Voila pour les faux precipites. - Mais les veritables font ceux qui fe feparent de la liqueur, & qui tom- bent au fond du vailfeau fans que le liquide s'echappe & difparoiffe ; 8£ ainfi dans le cas precedent, c'eft le liquide qui abandonne la matiere du prccipiti , &c dans celui-ci c'eft le precipite qui abandonne le liquide. Les veritables precipites fe font quelquefois naturellement , mais le plus fouvent par le fecours d'un intermede. lis fe font naturellement quand on n'emploie aucun fecours ecranger pour cela , & que la feule agitation inteftine du liquide 011 le cotps eft fufpendu, en opere la precipitation, Suppofons par exemple , un corps metallique penetre par une fuffifants quantite d'acides qui le tiennent fufpendu dans I'eau : fi ces acides ne font que foiblement engages dans le corps metallique , &: fi I'agitation conti- nuelle des parties de I'eau fulfit pour en degager enfin un certain nombre, comme ce qui en refte, n'a plus aftez de force pour foutenir le corps metallique dans la liqueur , fon propre poids I'entraine , & entraJne avec lui d'autres acides qai n'ont pu s'en debarralTer , & qui ont ete obliges de fuivre au fond du vaifleau. Nous avons une preuve de cette efpece de precipitation naturelle dans le vitriol fondu dans I'eau , qui quelque terns apres fa foliition, fe precipite en un fediment jiaunatre,ou une efpece de A C A D E M I Q U E. iSy rouille de fer qui contient bien encore des acides , mais qui n'en a pas ' ' affez pour fe foutenir dans la liqueur. On remarque encore le mcme etfec Acad. Roy ale dans piufieurs eaux miiicralcs ferrugincufes , & emre autres dans celles de des Sciences Palli ; lorlqu'elles viennent d'etre puifees elles font claires Sc limpides , de Paris. mais dans la luite elles dcvienntiu troubles 6c jaunattes, & remplillent Jnnci 171 1, lefond tk les parois de la bouteille ou elles Tone contenues , d'une matiere qui reilemble a la rouille de fer. Les intermedes done on fe fert poitr les precipitations chymiques no fon: pas toujours les memes j par exemplc quand il s'agit de precipiter une matiere rcfineufe diiroiite par I'efprit de vin , on fe lert de I'eau commune qui , coninie Ton fait, fe mtle incimement avec les parties de cot efpric, mais qui ne pent fe nieler de mcme avec celles des rellnes ; c'eft-li ce qui fait le changement vilible qui arrive alors a la liqueur ; car les parties de I'eau s'unillant au dilTolvant , I'enlevent a la matiere dilibute , & alors piu- fieurs parties relineufes qui , auparavant etoient invifibles , & lailToienc fiader librement les rayons Uimineux au travers de la liqueur, a caufe de eur grande attenuation , fe reunillcnt enfemble , &: forment des malfes plus confidcrables qui otent au liquide , fa limpidite , & qui lui donnent une couleur blanche : cette couleur fe dillipe louvcnt par la precipitation de la matiere refineufe qui la caufoit ; fouvent aulli elle fe conferve , parce que les malfes refineufes font encore alfez rarehees , ou tiennent encore alfez a quelques parties de I'efprit de vin pour fe foutenir dans le liquide fous la forme qui produit la couleur blanche. U n'arrive pas la mcme chofe quand on fe fsrt d'une hifiie grolliere pour la dilfolution de quel- que matiere refineufe, ou bitumineule ; car I'eau ne pouvant fe meler avec riuiile , n'excite aucune alteration ni defunion dans le melange; & fi Ton veur fcparer le dilTolvant d'avec la matiere dilFoute, il fauc avoir recours a la voie de I'evaporation ou de la diftillation. Je remarqucrai a cette occalion une chofe qui merite d ctre rapportee , c'eft que fi le diirolvant eft natureliement plus volatil que la matiere qu'il foutieut , il s'echappe en lair, & la Inilie a nud , comine il arrive dans I'evaporation de la dilTolution du camphre faite par I'efprit de vin ; mais fi le dilFolvant eft moins volatil, la matiere monte la premiere, comnie on le remarque dans la diftillation du camphre diflTous par I'huile d'olive ; enfin fi Tun tk I'autre font egalement volatils , ils montent enfemble dans la diftillation, & I'on ne peut les fcparer par cc-tte voie; c'eft ce qui s'obferve dans la diftillation de I'huile daire &c ethcrce de therebentine qui tient du camphre eii diirolution. Le camphre nous donnera encore lieu de faite une remarque; c'eft que quand il a ete dilTous par I'efprit de vin , Sc revivifie enfuue, ou fepare de fon dilFolvant park moysn de I'eau , au lieudefe precipiter au fond du vaiffeau , comme les autres refines , il monte a ia furface du liquide , nage delfus , & cela parce qu'il eft natureliement plus leger que I'eau , & qu'a- prcs cette operation , il eft tel qu'il etoit auparavant, ou du moins il ne peut avoir conferve que quelques patties de I'efprit de vin , _qui fonc trop dcliees pout le determiner a prendre une autre place. Cetce defunion du caaiphte d'avec fon dilFolvanc , fe fait fuivant la • i70 COLLECTION loi des veiitables precipitations, Sc elle n'en diflFcre qua par la legerete AcAD.RoYAi-H naturelle de cette rehiie ; mais quand elle a ete dilfcute par I'efprit de PKS Sciences nitre, & qu'on verfe de I'eiu fur la difTolution , ie caniphre fe prc'cipite DE Paiiis. alors fous la forme d'un caille epais qui tient an fond dii vailleau , & cela yhznee 171 j. parce que I'eau ne lui a pas enleve tons les acides qui i'y etoicnc incorpo- rcs , & que ce qui lui en refte I'appefancit allcz pour produire la preci- pitation dont il s'at;it; cependant , quand on ronipt ce caille en petites parries , quelque terns apres ces particules fe leven: routes vers la furface du liquide , parce qua force d'y tremper , elles fe dcpouillent roujours dequeiques acides , iJi redeviennent enfin alfez le^eres pour abandonner le fond du vaifleau. Voici un fair qui confirme la vente de ce raifonuement ; quand au lieu d'eau pure , on fe fert d'un ablotbant qui enleve au cam- phre une plus grande quintitc d'acide? , il fe range ordinairemenc vers la lurface dii liquide au moment mcme du melange de cet atforbant ; mais pour bien difimguer cer effer , il faut que la quantite de la dilfohition de camphre foit de beaucoup inferieure a celle de I'eau dans laquelle on verfe CTitre dilfolation. Le campiire revivifie ou fepare de I'efprit de vin , eft doux & onttueux au toucher ; mais ceiui qui a etc revivifie de I'efprit de iiicve , eft fee &:. grenu a caufe des acides qu'il a confeives. Pour la precipitation des corps bicumineux dilTous par det liqueurs «lkalines , on fe (ert d'un acide qui, s'infinuant dans les pores de I'alkali , y excite des fecoulfes qui font lacher prife aux corps bitumineux , & qui 1 obligent par !a a fe precipiter au fond du vailFeau. On pourroit encore , pour expliquer cet effct , fe ffervir de la comparaifon fuivaiite. Suppofons un morceau de bois on il y ait un trou qui ie perce de part en pan ; ft Ton poulfe dans I'un des orifices de ce trou la pointe d'ua fufeau qui ne puille y entrer que jiifqu'au tiers ou a la moitie de la Jong'ieur du troa , & que Ion poulfe enfuite par I'antre orifice de ce trou une chcville capable par fa figme & fon volume de le remplir tout entier , cette clveville en avan^ant diallera le fufeau &. le fera fortir tout-a fait pour occuper fa place [a): ne fe pourroit il pas faire que la nieme chofe arrivat dans la precipitation dont il s'agir ; & pour en donner un ext.-mple particulier , le foufre commun , qui efl un bitume , n'eft vraifemblablement fi dilToluble par les liqueurs alkalines , qua raifon des acides qu'il contient abondamment , & qui s'engagent dans les pores du fel alknli avec le bitume dont ils font reverus : mais comme ces acides ont en cet etat trop de volume pour penetrer bien avanc dans le fel alkali , & pour y renir fortement ; quand on verfe fur ce melange des aci^es plus degages & plus capables de traverfer route I'etendue des pores du fel, a mefure qu'ils y entrenr par un cote, ils en chalfent pir {'autre , ;S: en detacKent les parties du foufre commun, & il fe faic alois un prccipite appeUe commundment magijlce du foufre. (a) lyapres cet eBempIe , & en aJmettant les chcvilles.les fufeaux & les trous <3e M; Leraciy , il faut encore rirlriiettrc une force qui poufTe les chcville? acides dans les trous de I'alkali & en chalie les fufe.iux bifj.nineux ; & c'efl: cette force qui jouelewrand lole dans la Phylkjuedes petits corps, & doat il s'agit de dtcoiivrij: la loi, au ILeu de difputer fur fon exiftence. A C A D E M I Q U E. 17, Les fels alkalis fixes & volatils , font les intermtdeB dont on fe fert ordinaireiiienc pour la precipitation des mcraux dilTous par une liqueur Acad. Royale acidc ; mais j'ai reniarquc qiie ces intertnedes prodnifoient en general d£s Sciences deux fortes de precipitations differeiites , fuivant la nature du mtral. ^^ 1'aris. Dans les lines, le metal (a prccipite en poudre fubtile au fond de la Annec 1711, liqueur furnageante , qui dcvient claire & limpide , a niefure que le metal sen fcpare : cette liqueur qui furnage eft plus ou moins abondante fuivant que I'efprit acide a etc pins ou moins dcphlegnie , avant la dif- folution du metal, ou fuivant qu'il a dillout plus ou moins de metal: c'eft ainfi que fe font les precipites dot , d'argcnt , de metcure. Dans les aucres piecipitations , quoiqae I'efprit acide dont on s'ed fervi pout la dilTblution ne foit pas trcs-dephlegme , & meme qu'il con- tienne mcdioctement de metal , il femble que toute la liqueur fe pre- cipite , car elle fe convertit tout d'un coup, &c route entiere en uii coagulum epais , qui , ctant fee , a une confillance gralFe & vifqueufe , & fur lequel il ne furnage point de fcrofite , parce que ce qn'il y en a dans le melange eft cache &c contcnu dans les pores div piecipites Sciences I'our rclouiire cette dirhculte, raiionj attention que les acides contenus de Paris. d.ms les efprits de nitre , de vitriol & autres, & que les fels fix.s alkalis, AnMt 171 1,' dorit I'luiile de taitre ell compofc'e, nagcnt ciiacun d.ins une fufHiante qu.m- tite de phlegnie pour l.s Udpendre, & pour les rendre inviliblcs dans la liqu.'ur j cependant quand on mele quelques uns de ces efprits avec riuiile de tartre , lo fel qui refulte du mclant;e de I'acide & de I'alkjli, ne peuc plus ctre foutenu par la mCme quantite d'cau, & il tonibe abondamment au toad du vailleau fans fe diiFoudre enfuite , a moins qu'on n'y verfe de nouvclle eau , encore kii faut il pour fa dilFolution , bien plus de temps & de liqueur qu'il n'en euc tallu , par exemple, au lei de tartre pur, & tel qu'il etoit avant fon melange avec dcs acides ; ce qui marque que le fel moyen.dont il "I'agir , a plus de peine afe dilfoudre , & plus dc pente a fe precipiter que chacune des parties dont il eft compofe. Si done Us fels fixes & les acides Jeviennent par leur union moins dilTolubies , & moins propres a etre fufpendus dans un liquide aqueux , que doit il arriver a ce compose quand il fe trouvera encore charge de parties metalliqucs ? Peut-etre me dira-t-on encore que les acides engages par une de leurs extremites dans un metal , peuvenc bien a la verite par I'autre fe loget dans les pores du fel alkali, & tenir en meme-temps au met::l & au (el , comme il arrive dans la precipitation du cuivre &; du fer ; mais pourquoi CCS memcs acides revetus des parties de I'argent , abandonnent-ils ce metal pour du cuivre ou pour un fel alkili? Que ne confervent-ils I'un & I'autre ? Quelle eft la force qui leur fait faire cet echange ? Comment fe fait-il ? ou plucoc , qu'eft-ce qui peut obliger I'argent de ceder au cuivre, ou a un risl alkali les acides dont ils etoient en polleflion ? Je reponds qu'il eft trcs-certain que les acides abandonnent un metal pout entret dans un autre corps , comrne on le voit clairemcnt par la precipita- tion de I'argent avec le cuivre , qui fe dilfout a mefure que I'argent fe dcbar- ralTe de fes acides ; ce palTage dcs acides d'un corps en un autre etanc done tres-avere, il ne s'agit plus que d'en faire concevoir la mechanique : je me fervirai pour cela d'une comparaifon qui , route groQiere qu'elle eft, convient parfaiiement au fuiet. Suppofons un hi-ion poujjc iris.vigounufe- ment par une de {z% extremites dans un trou , & qui foit garni a I'autre extiemite d'une pomme de metal plus grolTe que le trou : quand la pomme fera arrivee au trou , comme ellene pourra I'enfiler a caufe de fon volume, elle y recevra un choc confiderable , & alors fi la pomme tient alfez forte- mentau baton pour refifter a ce choc , elle ne le quittera point , & il n'avan- cera pas davantage dans le trou , finon apres qu'elle en aura etc feparee; & continuerafon cliemin , fuivant la determination qui lui aura etedonnee. Voila une image fidelle de ce qui fe palfe dans les deux precipitations metalliques dont il a etc parle \ & en effet quand les acides engages par une de leurs extiemites dans un corps metallique, entrent impctueufement (a) par I'autre dans les pores d'un fel alkali , qui eft aulli poulfe vers eux avec (a) Quelle eft la caufe de cette impetuofiie i Tom 111 , Panic Fran^oift, Mi s DE Paris. Annee 17 ii. 574 COLLECTION r une cgale vigueur , comme le metal ne pent pas enfiler ces memes pores Acad. RoYALE ^'^ "'^'^ P^' ^'^^^ fortement attache aux acides, le choc violent qu'il re^oic DES Sciences alors , I'ebranle & le fepare ; fi au contraire il tient ferme , malgre la fecoufle qui lui eft donnee , il empeche I'acide d'avancer plus avant dans les pores de I'alkali , & il fe forme par-la un compofe d'acide , de fel alkali & de metal. Outre les fels alkalis fixes &: volatils, on peuc encore mettre I'eau de chaux aunombre des intetmedes propresaoperer la precipitation des metaux diflous par des liqueurs acides. La vertu de cette eau , pour ces fortes de preci- pitations , confifte dans un grand nombrede parties terreufes ou pierreufes dont elles'eftchargee , & que le feu auquel on expofe la pierre a chaux a for- tement brifces & attenuees \, Sc en efFet , quand on examine I'eau de chaux , &c la chaux meme , on n'y decouvre aucun fel j on y remarque fimple- men: des parties pierreufes ; 8c fi Ton confidere I'eau de chaux quelque temps apres quelle a cte faite , on voit une croute mince qui nage deflus , Sc qui n'eft certainement qu'une pure terre , ce qui prouve que les parties de I'eau font capables de foutenir celles de la chaux ; com- ment ne le feroient-elles pas puifqu'elles en fouiiennent bien qui font au' moins aufli pefantes , fans perdre leur limpidite naturelle ? Par exemple il n'y a gueres d'eau , quclque claire quelle foit, qui etant gardee ne fe depouiUe infenfiblement d'une matiere grodiere & terreufe dont eUe- s'etoit chargee , & quelle a foutenue un certain efpace de temps. Nous- voyons audi que I'eau d'Arcueil , & ccUe de plufieurs autres endroits, quoique parfaitement claires & limpides , depofent , en palFant par cer- tains canaux, un fediment picrrcux qui devient dur comme la pieire , Sc qui n'en differe point ; il n'eft done pas etonnant que I'eau mife fur la chaux en enleve , & en fufpende des parties terreufes , qui' etant alkalines, 8c par confcquent propres a abforber les acides, comme^ ks fels alkalis , agilFent aulli de la meme maniere dans la precipitation des metaux. Nou; avons encore d'autres intermedes qui produifent certaines pre- cipitations metalliques , par une mechanique allez finguiiere- En voici- des exemples. 1°. L'eau fenle , verfee fur du bifmuth , penetre par les- acides du nitre , Sc fur du plomb dilTous par ceux du vinaigre , fait precipiter I'un &: I'autre , 8c cela parce que les acides qui y font en- gages, ne I'etant que foiblemenc, {'agitation nouvelle que l'eau leur communique , fuffit pour degager ceux qui font le moins refferres ; 8c comme ces mcmes acides contribuoient neceflairemenr a la fufpenfion' du corps metallique , il fe trouve , par la perte qu'il en a faite , aban- donne tout a- coup a fon propre poids, quil'entraine au fond du vailfeau, malgre les acides qu'il a encore retenus. 2.°. Le fel marin , qui eft fort charge d'acides , fair precipi- rer certains corps metalliques dilfous &c fufpendus par des acides nitreux j le mercure penetre par I'efprit de nitre , fournit un exemple' de ce que je viens d'avancer, car il fe prccipite par le fel commun , & meme par le pur acide du fel, ce qui eft encore plus furprenanr ,, car d.ins les precipitacigns ordinaires, on emploie un alkali pour pre-- A C A p 6 M r Q U E. 275 cipltcr les corp5 dilTous par iin 'ncide , Sc Van fe fert d'lin acids pour cciix ■ " ' ' qui one etc duFoiis par uii alkili ; m.iis on ne s'imagine pas d'abord qi'uii Acad.Royale acide puilfe piccipiter ce qii'un aurre acide a diirout. des Sciences Avanc d'entrcr dans la nicchanique de cette efpece de precipitation. "^ 1 aris. arrctons-noiis un moment fur les diffcrcns effets des efprirs de (d & dt- iii- ^nnee 171 j. tre fcparcs & mtles I'un avec I'autre, parce qu'tn comparant ces experiences avec la precipitation dont il s'aj^it , elles fe prctent une clartc mutueile. On fait que I'efprit de fel dilFout I'or fans pouvoir moidre fur I'argent, Sc que I'efprit de nitre dilToiit I'argent fans pouvoir entamer Tor ; par confc- quent I'un eft le veritable dillolvant de I'or, &: I'autre le veritable dilTolvanc de I'argent; mais la liqueur qui refulte du melange de ces deux efprits &: qui eft I'eau regale ordinaire, eft plus propre a penctrcr ia fubft.ince de lor , que le pur efprit de fel , Sc n'a aucune adion fur I'argent, ce qui mc- rite une attention particuliere pour les inductions que nous tirerons dans la fuire. Il fuit de ce qui vient d'etre dit , 1 °. que les parties des efprits de nitre Sc de fel s'unilTent intimement enfemble dans le melange qu'on appelle eau regale ordinaire ; car fi les acides du nitre & du fel nageoient fimpie- ment dans un mcme liquide , tcls qu'ils etoient avant le melange & fans avoir regu d'alteration par I'union rcciproque des parties des deux efprits, ce compofe devroic diltoiidre en mcme terns I'or par Ces acides faiins , 6c I'argent par fes acides nitreux; du moins diiToudroit-il d'abord Tor & en- fuite I'argent, comme il arrive dans une experience curieufe rapportce par M. Homberg dans les Memoires de 1705. L'eau regale dont il fe itrt dans cette experience etant foible &: (1 nouvelle, que les acides du nitre & du fel ji'ont pas encore eu le terns de s'unir parfaitement les uns avec les autresj elle agit fuccelTivement d'abord fur I'or Sc enfuite fur I'argent; mais il y a lieu de croire que fi ces acides ne font pas parfaitement unis, du moins le font-ils a quelque degre , car fans cela je ne vois pas pourquoi les acides du nitre attendroient pour agir fur I'argent, que les acides du fel eulfent agi fur I'or; au lieu qu'en fuppofant ces acides unis imparfaitement , on con- •coit que ceux du fel fe feparent de ceux du nitre A mefure qu'ils s'engagent dans les pores de I'or, Sc que les acides nitreux ctant devenus libres par cette defuiiion , iis reprennent alors leur aftion fur Targenr. Enhn fi I'on examine route la fuite de I'experiencc de M. Homberg, on fe convaincra de plus en plus de I'union que les acides du nirre & du fel font capables de conirafter enfemble; carquand l'eau regale dont il fe fere a cte gardce un certain terns , elle ne dilfout plus que I'or & elle le dilfou: beaucoup mieux qu'auparavant. Or , fi les acides dont il s'agit ne s'unilfoienc pas , pourquoi la mtmeliqueur feroir elle des effers fi difFcrens en difFcrens terns? (S: ne paroit-il pas plus vraifemblable de dire que I'union quin'avoit cte qu'ebauchee dans le commencement , s'acheve enfuite par une fermenta- tion fourde qui fe continue dans la liqueur? II paroit en (econd lieu que dans I'union intime des acides nitreux Sc fa- iins , les uns font abfisrbes par les autres; Sc eneffer, comment cette union fe pourroit-elle faire autrement? D'ailleurs comme les uns prccipitenc ce Ni i i; 27^ COLLECTION ~— " que les autres ont didous , & agifTent en cette occafion prccifetiient Acad. RoYALE de la meme maniere que font en pareil cas lesacides fur les alkalis, ou les DBS Sciences alkalis fur lesacides, il y a tout lieu de croiire que I'un des deux efprits aci- BE 1 ARis. (jgj^ doncils'agit, fercalors d'abforbant a I'autre^ & fi lachofe fe palfe ainCi jinnee J71 1, dans les precipitations chymiques, pourquoi ne fe patTeroit-elle pas de me- me quand on mele ces deux liqueurs pour faire de I'eau regale? car alors elles one tout au moins autant de facilite que dans le cas precedent , a s'unir intimement enfemble de la maniere qui vient d'etre marquee. On exa- . tninera dans la fuite laquelle des deux efpeces fert d'abforbant a I'autre , & I'on verra clairement comment cette union rend I'eau regale ordinaire incapable de diflbudre I'argent, & plus propre a dilfoudre I'or que le put efprit de fcl , ce qui fervira de nouvelle preuve a notre fuppofuion. On me dira pent etre qu'en fuppofanc les acid^s des corps folides , longs Sc pointus par les deux bouts comme un grand nombre d'experien- ces prouvent qu'ils le font, il eft difficile de concevoir comment ils pour- roienc s'abforber les uns les autres, a moins de fuppofer encore que les uns font beaucoup plus gtos que les autres > fuppofition qui ne*fauve pas routes les difficultes. Je reponds que n'ayant pas befoin de fuppofer des acides de differentes grodeurs pour expliquer leurs difFerens effets, & les expliquant meme plus natuiellement fans cela, je n'en admets que d'une forte, perfirade que la voie la plus fuiiple doit toujouts etre fuivie, fur- tout quand au lieu de jetrer dans de plus grands inconveniens, elle diminue les difficultes. Par exeniple, fi I'eau d'Arcueil produit quelques efFets difterens de ceux de i'eau de la Seine, il n'eft pas necelfaire de fuppofer les panies propres- Ik. elTentielles de ces deux eaux de difFetentes grolfeurs , il fuffit de con- cevoir qu'il s'y eft mele des parties de differente nature qui en vaiienc les eifets. Par la meme raifon en fuppofant tous les acides de I'univers de meme grolleur & de meme figure, voici a quoi j'attribue la difference des li- queurs acides en general , & en particulier des efprits de nitre & de fel. Il n'eft pas poilible de trouver des acides parfaitcment purs , & exempts de tout alliage 5 la raifon en eft evidente : ils rencontrent toujours dans leur chemin des matieres terreufes ou fulfureufes auxquelles ils s'unilfeni: avec une extreme facilite, ce qui eft heureux pour nous, car les acides etant des pointes fort tranchantes & fort adives , lis fe fcroient fentir trop vivement, & cauferoient chez nous de grands defordres fi rien ne reprimoic leur a6tivite naturelle. J'ai deja remarquc la meme chofe dans un autre Memoire au fujet de la matiere du feu repandue dans I'air , laquelle con- fumeroit tout , fi elle etoit moins etendue par ce fluide , comme on peuten juger par les effets des rayons du foleil rcunis au foyer du verre ardent {a). Les acides done , quoique tous elfentiellement de meme nature , pro-- duifent differentes efpeces de fels concrets , ce qui vient , & des differen- tes mattices dans lefquelles s'engagent ces acides, & peut-etre aufli des- differentes patties etrangeres qu'ils appottent avec eux , & a lafaveiir def- (.(t)V. Collec. Acadi Part. Fran^oife, i vol. pag. 8oj. A C A D 6 M I Q U E. i77 flueiles ils s'!n(inucnt plus facilcmenc dans certaines matrices qu€ dans d'au- — — — ■ tres i ceci pofe il n'elt pas etomiant que les liqueurs acidcs qu'on retire de Acad. Royale chacun de cos fels different entr'tUes par leur'^ effl-rs, cotrjme les fclseux- des Sciences memes different les uns des autres j & en eitet , outre que les acides de de Paris. ces liqueurs pouvoient avoir chacun quelque alliage particulier avant qu'ils AnnU 171 1, entrairent dans la matrice dont on les a tait fortir , lis fe forit encore dans cette matrice combines avec des parties qui etint aulli volatiles que les a.cides, ne les abandonnent point dans la diitilbtion , qui s'y tieniient tou- jours attachees , & qui leut donnent par la de nouvellcs proprietcs. Cettc verjte paroit clairement par une experier.ce que j'ai donnee en 1707, au fujet de mes vegetations de Mars [a). On fe fert dans cette experience d'un efprit de nitre avec lequel on a auparavant dillout du fer , iJc qu'on en a enfuite fepare par la diftillation. Avec cet efprit j'ai fait des vegetations beaucoup plus belles & plus promptes qu'avec I'efprit de nitre ordinaire, parce qu'il contient deja beaucoup de foufre qu'il a enlcve du fer dans la diftillation j & en effet j'ai prouve dans un Memoire lu en 1706 [b) , que lout acide qu'on faifoit fortir des pores du fer par le fecours du feu , deroboit toujours a ce metal la plus grande partie de fon foufre , ce qu'il eft aife de reconnoitre patfaitement par plufieurs experiences fenfibles iu- diquees dans ce Memoire. On voir par tour ce qui a ete dit, que les matrices des fels concre.ts peuvent fournir Sc fournilfent en effet aux acides qui stn elevent , des parties volatiles & fulfureufesj on pourroit mcme comparer ce qui fe palfe dans les diftillations de liqueurs acides , a ce qui s'obferve dans les fublimations ordinaires de matieres fcches ; dans celles par exemple du benjoin , du foufre commun , la partie la plus fixe, & la plus grolliers de ces mixtes fe fepare de celle qui eft plus volatile & plus legere; mais I'acide qui fe fublime, demeure toujouts engage comme auparavant dans des gaines fulfureufes , & il ne perd par cette operation qu'une partie de I'engagement ou iletoit. Les diftillations ordinaires des efprics acides, font audi des efpeces de fublimations , elles fe font par la mCme mecha- nique , & il arrive la mcme chofe dans les unes & dans les autres, c'eft- a-dire que ce qu'il y a de volatil, s'eleve , & laiffe au fond du vaiffeau la partie fixe & terreufe. 11 eft vrai que dans les efprits acides, les pointes font plus libres & plus developpees qu'elles ne le font par exemple dans L-s lieurs de benjoin j miis comme il y a dans ce mixte plus de foufre qu'il n'y en a dans les fels dont on tire les liqueurs acides, il s'en eleve davantage avec I'acide du benjoin, & par confequent cet acide doit etre plus enve- loppe. Du refte , I'effet de ces deux pperations eft le meme, & ne differs que du plus au moins. La difference des efprits acides que Ton retire de differens fels concrets, ne venant pas de I'acide qui y eft contenu , mais des differentes matieres qui s'y font unies , on con^oit aifement , comment de deux efprits acides , I'un peut devenir I'abforbanc de I'autrej il fuffit de fuppofer que I'acid* (c) V. Collec. Acad, p.irt. Iran^oifc, 1 vol. pag. JIJ^ Ji*- (i) Wlitm , pag. }6j. iyS COLLECTION' ■ de I'lin eft accompagne d'une matiere fulfureufe plus gfofliere & plus y\cAD. RoYALE fpongieufe; &: que I'acide de I'autie eft plus libre , & uni a un foufre plus DES Sciences fubcil. On fait que les acides s'unilT'ent aifement aux foufres , & que les DE Paris. foufres plus fubtils penetrent les foufres plus grofliers j I'acide plus libre fe •* Annce 171 1, joindra done faiilement a I'acide enveloppe d'un foufre groflier , & cette union n'eft pas plus difficile a concevoir que celle de deux fels concrets, du cryftal de tarcre par exemple , & du fel de tartre , dont Tun fert d'ab- forbanc a I'autre , & qui formenc enfemble un nouveau fel qui eft le fel ve'^etal ordinaire. On peut mcme dire que I'union de ccs deux fels con- crets eft fort analogique a celle des deux efprits acides j car les acides qui font dans le fel de tartre , & qui lui donnent fa forme faline , font abfor- bes par une grande quantite de parties terreufes propres a abforber encore de nouveaux acides , de meme que le foufre groflier & fpongieux que nous avons fuppofe dans I'un des deux efprits acides. Les acides au contraire qui font en gtand nombre dans le cryftal de tartre, n'y font pas tous en- tierement enveloppes par les parties terreufes de ce fel, plufieurs ne le font qu'a demi , S>c peuvent encore penetrer les parties terreufes d'ua autre fel , de mcme que les acides plus libres que nous avons fuppofes dans I'autre efpece de liqueur acide , peuvent encore malgr^ les foufres qui les accompagnent etre admis dans I'interieur des foufres plus grofliers qui accompagnent d'autres acides. On m'obj>-'i5lera peut-etre que fi les efprits acides contenoient autant de foufre que je leur en fuppofe , ils s'enflammeroient quand on les vetfe dans un creufet rougi au teu , ce qui n'arrive point. Je repondsque quand les foufres font unis intimement a des acides, ils perdent fouvent la propriete qu'ils ont de s'enflammer , comme on le peut voir par le vinaigre diftille qui eft un efprit acide , & qui malgre I'efprit de vin qu'il contient, n'eft point inflammable par la voie qui a etc propofee. Cette vcrite paroit encore par une experience que j'ai faite fur I'efprit de nitre dulcifie mis a la meme epreuve , & qui ne s'eH- flamme point par la , quoiqu'il entre dans la compofition de cette liqueur autant d'efprit de vin que d'efprit de nitre. 11 eft vrai que dans un mixre cu le foufre domine beaucoup fur I'acide par fa quantite comme il ar- rive dans la compofition du foufre commun , la matiere conferve tou- jours fon intlammabilite ; mais plui'ieurs experiences donnent lieu de croire qu'elle s'enflammeroic encore mieux fans la prefence de I'acide, & que c'ert a cette circonftance qu'on doit attribuer la petite flamme bleue qu'exhale le foufre commun quand il n'eft mele avec aucune matiere qui favorife fon inHimmabiliti. J ai feit encore quelques experiences fur le camphre qui viennent affez bien au fujet. On fait que cette refine s'enflamme tres-aifement , & que quand elle a ete diffoute par I'efprit de vin, Sc revivifiee par I'eau , elle eft auffi inflammable qu'auparavant \ mais il n'en eft pas de meme quand elle a ete diffoiue par I'efprit de nitre, & feparee enfuite de fon dilfolvant par le fecours de I'eau ou de quelque alkali , quoiqu'elle ait perdu par la prefque tous fes acides; & quand apres I'avoif bien fechce on I'expofe a la flamme d'une bougie, elle ne s'enflamme point d'abord^ & elle ne reprend fon inflamtnabilite qu'apr^s un teuis affez confiderable, pendant A C A D 6 M I Q U E. t-o Icquel le peu d'aciiles nitreux qui lui reftoienc fe dillipent par la chaleur j ^_— — _-_ . carqiianJ on fait dilHIltr du caniplue dillous dans I'cfprit de nitce , d'abord "T Z !• r • 1 • •'! o 1 1 r /- LI- c ■ \c C r \ AcAD.RoVAlE 1 elpritde nitre seleve&le campnre lelublimeenluitqloiis ime tornie leche. ^^^ Sciences Apres avoir explique en quoi confine I'union des efprits de nitre & de de 1'aris. fel, il ne rerte plus qu'a determiner qui des deux efprits fere d'abforbant . a I'autre j il me paroit par les obfervations fuivantes que les pointes de •^''"^'- i?"- I'efprit de nitre font plus libres &: moins enveloppces , &C que celles de I'efprit de fcl font revctues d'lin foufre plus grollier &: capable comme il a aeja ete dit d'.ibforber encore de nouveaux acides. Ce qui me fait avancer cette conjerture, c*eft i°. que I'efprit de nitre agit en general avec une vivacite inhniment plus grande que I'efprit de lei 5 or on fair que plus les acides font enveloppcs par quelque foufre que ce puille ctre , moins its ont d'ai^ivite ; i'efprit de vin mcme qui eft un foufre tres-exalte, adoucit confiJerablement les efprits acides aux- quels on I'unit incimement, & les rend par la moins adlif's , & cela , \°. parce qu'il emoulTe les pointes de ces liqueurs; i" parcequ'en envelop- pant ces pointes, il les empeche de frapper immediatement les corps qui ieur font expofes, & qui en recoivent par confequent une moindre impref- fion j 3?. parce que comme les foufres font moins folides que les acides » le compofe qui refulte du melange des uns &: des autres, a moins de fo- lidite par rapport a fon volume, quecliaque acide en particulier , & ctaric. par la moins fufceptible de mouvement , il agit avec moins de vigueur St". a'efficacite fur les corps qu'il entame. „ .^, En fecond lieu la difference des parties dans lefquelles je fuppofe qiie font engages les acides des efprits de nitre &C de fel , s'accorde parfaite- nient avec deux experiences tutieufes rapportees par M. Homberg danS' les Memoires de iC<)>) (a). L'une de ces experiences fait voir qu'en pareil. volume, I'efprit de nitre pefe affez confiderablement davantage que Tef- prit de fel ; &c I'autre qu'tine once d'efprit de nitre conrient une tois au- tant d'acides qu'une once d'efprit de fel ; or fi les acides de I'efprit de fel font revctus d'une plus grande quantitc de maciere fulfureufe Sc abfor- bante , comme chaque acide occupe un plus grand efpace A caule de fon enveloppe , il eft clair qu'il y en a moins dans un meme volume de li-J queur ; &: comme les acides font des corps folides & compacftes, ils doivent ctre fpecifiquement plus pefans que les corps rares & poreuxdonc il s'agit; p.ir confequent I'efprir de nitre qui conrient plus d'acides & moins des autres parties, doit pefer davantage que i'elprit de fel, Enfin ce qui paroit encore confirmet que ce font les parties de fel qui fervent d'ablorbanc a celles de i~6fprit de nitre , c'eftqu'apres le melange intime de ces deux liqueurs , I'efprit de fel n'en devient que plus propre a dilTpudre I'or , & fait perdre a I'efprit de nitre fon aclion naturello fuc I'argenc ; car les pointes de I'efprit de nirre fe trouvant enveloppees fui- vant notre fuppolition dans les mades de I'efprit de fel , ces inalfes fe. prcfentent toujours aux pores de I'or fous la meme forme extetieure qui les rendoit propres a s'infinuer , Si elles y entrent en cet etat avec d'autant plus de facilitc , que par I'introduifiion de? acides nitreux, elle» , (a) f , CoUcc. Acad, Pait, Fran5oifi:, torn. 1, pag. 4<;3, . i; : \ -.. i iSo COLLECTION ; one acquis plus de folidite, & par confeqiient plus de force pour penetrer Acad. Royals ^ dilloudre ce metal. U n'en eft pas de mcme des acides nicreux par rap- DEsSciENCES port d I'argcnc ; car comme iis fe crouventalors revetus d'une matierc qui DB Paris. augmente beaucoup leur volume, & qui n'a nuUe analogic ni proportion 4nnee 171 1. ^^^'' '^^ pofes de I'argenr , i'entrce en devient par 11 impracicable a cer acides. Ceci me perfuade que les pores de I'or font plus grands que clux de I'argent, quoique la pefanteur fpecifique de ce dernier foit moinJre- que celle de I'or , parce que la petiteire des pores de i'argent , eft appa- remment plus que compenfee par leur nombre. Et quand on vouJroit me difputer que les parties de I'elprit de fel foient plus grolTes que ceiles Je I'efpnt de nitre , il fuffit pout decider la queftion que les por^s de I'ar- gent n'admetrent que les feuls acides nitreux , tandis que ceux de I'or resolvent les uns 8c les autres rdunis dans I'eau regale j union q li doic auginenter leur volume & ieui folidite, Sc qui cependant bien loin d'oter arux parties de I'efprit de fella faculte de penetrer I'or, augmente cette faculte, & ote aux parties de I'efprit de nitre route kur a(5tion fuc I'argent. Pour revenir prefentement au mercure difTous par I'efprit de nitre, 8c prccipite par I'efprit de fel ^ fi cet elprit s'unit (i intimement aux acides nitreux , Sc s'il les abforbe comme un alkali , la precipitation done il s'a- git , quoique differcnte en apparence de routes ceiles riont il a ete parle, n'en differe cependant pas eircntieilement , &c elle fe fait par la meme mechanique J c'eft-a dire , parce que I'efprit de fel enleve au corps me- tallique une petite parrie des acides nitreux qui le tenoient fufpendu dans le liquide ; & comme le fel marin contient , outre les parties abfot- bintes qui font dans I'efprit de fel , d'autres parties terreufes qui ont I3 meme propriete, il eft clair qu'il doit ctre encore plusefficace que I'efpric de fel , pour la precipitation du mercure , & c eft aufli ce que I'expe- rience juftifie. Obfcrvations fur la matiere fccale. Par M. Ho m B bug. -I L y a environ trente ans qu'une perfonne de confideration me pro- pofa d'elfayer de tirerde la matiere fecale une huile diftillee daire comme dc i'eau de Fontaine fans mauvaife odeur & fans couleur, parce quelle croyoit avoir vu cette huile fixer le mercure commun en argent fin:je me laifTai perfuader d'entreprendre cette recherche, & apres avoir rente diverfes pperations , j'obcins a la fin une huile telle que nous la fouhai- tions pour les apparences txterieures; mais qui n'a jamais pu nous fervir a fixer le mercure en aucun metal : cependant les expiJriences que nous avons faites d.ms le conrs de ce tr.ivail , nous ont dceouvert des faits inte- reftanrs dont je vais rendre compre. Pour ne pas travaiUec fqr une matiere ramalTee au hafaid, & dont ;e ne A C A D i W I Q U E. iSt ne connude pas les ingrcdiens , jai louc quaere hommas tobuftes , jeu- ' ■ — nes , (Sc en bonne lance, je les ai enfecmes trois mois avec mui dans une Acad.F-ovale maifon qui avoit un grand jardin pout les promenet; & pour ctre afliire des Sciences qu'ils ne prilTent autre nourriture que celle que je leur donncrois , j'etois ^^ 1 aris. convenu avec eux qu'ils ne mangeroienc d'autre chofe que du meilleur ■«'"'« 171 1. pain de Gonede que je leur fournirois frais tous les jours ,&c qu'ils boi- roient rant qu'ils voudroienc du meilleur viii de Champagne. J'appris i Van de ces hommes a diftiller feparement ce que chacun deux feroic d'cx- cremens , dans un alambic de verre , & au bain-marie; & apres que toute la liqueur aqueufe en etoic fcparee , j otois la matiere fcche de I'a- lambic , je la metcois dans une cornue de verre fans aucun melange, Sc je la dilliUois au bain de fable a touce (orte de degres de feu , mais je -n'en tirois que de I'huile rouge , ou noire, & tres retide. Laqu.intite de matiere rendue par un homme en une fois , pefoit dix _ ou douze onc?es environ , Sc ayanc ete deflechee au bain-marie , fe redui- foit a une once , ou a dix gros au plus : elle ne perd cependant par cette operation que fa liqueur aqueufe leulcment ; car tout ce qui s'en diftille au bain-marie, n'eft que de I'eau bien claire & infipide, qui ncanmoins conferve I'odeur de la matiere ; de force que les autres principes qui la dompofent , favoir le fel , la terre , & I'huile , ne font enfemble qu'en- viron un huitieme du total , I'huile fait a-peu-prcs la moitie de ce huitieme » Sc la terre & le fel I'autre moitie par egale portion. Voyant done que de cette manicre je ne pouvois pas avoir I'huile blan- che que nous fouhaitions , j'ai voulu feparer de la matiere fecale tout ce qu'elle contient de maiieres groflieres & terreufes par la filtration , avanc de la mettre fur le feu pour en diftiller I'huile , m'imaginant que cetce itiuiere grolliere pourroit bien ctre la caufe de la couleur noiracre , & de la mauvaife odeur que notre huile avoit contr.^ctce dans fa diftiUation : pour cet effet j'ai delaye la matiere fecale ' recente dans de I'eau chaude, une pince d'eaa pour une once de matiere ; ie les ai lailTees rehoidir: les parties grolfieres fe four precipitees au fond , & j'ai verfe par inclination i'eau qui furnageoit j je I'ai fiitree par ie papier gris, & je I'ai evaporee fur I'achanor a petit feu jufqu'a la pellicule ; il s'y eft fait des cryftaux longs a qiiatre , cinq Sc fix pans, que Ton pourroit appeller le fel elfen- tiel de la matiere fecale ; ils reftemblenc en quelque fa^on au falpetre , Sc its fufent dans le feu a-peu-pres de meme , avec cette difference que la flamme en eft rouge, & qu'elle brule lentement, au lieu que celle du fal- petre eft blanche & tre«-vive, appiremmcnt parce que dans I'un il fe trouve une trop grande qnaniite de matiere huileufe , &.que dans laiitre il s'en trouve moins. J'ai diftille ce fel par degre , &: a la fin a un feu tres foct dans une cornue de verre , il en eft venu d'abord une liqueur aqueufe , acre , scide , laquelle a ete fuivie d'un peu dhuile roulTe, Sc fetide , fentant tres-fort I'empyreu- me. ]'ai reiiere cette diftiUation qnatre fois , Sc a chique fois le feu a ptis dans la cornue , dans le tems que I'huile coninicn(;oit a venir y mais cpmme le peu dhuile qui en eft fortie , n'etoit pas blanche , ni fans odeur , ma,is ioufte , Sc fetide , j'ai abandonne cette operation , & j'ai recoimiiencc i Tvme III , Ptvtie Fran^oife. N 2. i^t CO L L E C T I O N — ■ trav.ailler far la matiere fimplemenc delTechee an bain -marie en y ajou- BEs'sciENcl" """^ feukment differens intermedes , c'eft- jl-dire , qu'avant que de la DE Paris. mettre dans la cornue pour etre diftillee au bain de fable , je la mettois ■ J , en poudre , & je la melois , oa avec de la chaivx vive , ou avec de la chaux ■Annei i-jii, i,^;„,o ^ p,;, „ „, j„i-.i „„ j.. ._i._.i... i i rque quecelle quej'avois tirce avec les intermedes etoic beaucoup plus fluide & un pea moins coloree que la premiere qui avoir ete tiree fans inter- mede , ce qui m'a fait penfer que fi cette huile ctoit plufieurs fois rediftiliee ou reftifiee fur de nouveaux intermedes, elle poarroit bien perdre entie- remenc fa couleur & fa mauvaife odeur :j'en ai ai fait I'experience avec route I'exacftitude & la patience poflibleitoutce quej'ai obtenudece travail c'eft que mon huile a change fa couleur rouge brune & opaque en unc beau rougs clair & tranfparent , mais elle etoit toujours fetide. J'ai obferve dans ces dernieres operations quand j'avois mele la ma- tiere avec de I'alun , ou avec du colcothar , que le feu s'eft mis a la tete- ■morte qui reftoic dans la cornue, un peu de terns aprcs que j'en avois fe- pare le recipient qui contenoit I'huile : ce feu etoit quelquefois fi violent qu'il faifoit crever la cornue j quelquefois aulli la cornue ne fe caflbit pas, mais il en fortoit pendant un moment un jet de flimme comme iion I'avoic poulfee par un chalumeau j cette Hammeayant ceffc , latete morte paroif- loit au fond de la cornue encore en feu pendant deux ou trois minutes j comme un charbon ardent: il y a toute apparence que ce feu n'a ete pro- duit que par un refte d'huile fore exaltee de la tcte-morte qui s'eft enflam- mee par la raifon que nous verrons ci-apresavec ia fuite de cette operation ,. lorfque j'aurai acheve de rendre compte de I'estradtion de 1 huile blanche : non fetide. Le melange des intermedes avec la matiere fecale n'ayant pas reufli , -non plus que les premieres matieres fimples & fans melange , j'ai change entierement de precede ; car voyant que par la je ne pouvois feparer la partic hiiileufe de la matiere que par un feu d'une violence extreme , & lachant d'ailleurs que ia violence du feu a donne a la matiere dans nos operations precedentes, une impreffion d'empyreume , qui dans les huiles ell toujours accompagnee de la couleur du feu , c'eft- a-dire , qui dans ce cas eft toujours rouge & fetide, de quelque fujetjfoit animal ou vege- tal qu'on le tire , j'ai voulu tenter la voie de la fermentation qui eft une voie douce , ou la violence du feu n' a point de part , ou les principes qui compofent le mixte fe degagent peu^-peu )es uns des autres, & qui nous donne occafion enfuite de feparer les parties les plus legeres d'avec les plus pefantes , par une chaleur fort moderee , au lieu du feu brulant dont je m'itois fervi dans mes operations precedentes : voici comment je m'y fuis pris. J'ai d'abord fepare le phlegme fuperflu de la matiere par le bain-marie, con-KBe j'avois fait dans le commencement, pour pouvoir garder commo- dement la matiere deftechee fans qu'eile fe gatat , jufqu'a ce que j'en eulfe aflez pour en faire la fuice des operations que je m'ttois ptopofees, &c I A C A D 6 M I Q U E. iSj aufli pour me cltbarrafTeir des quatre hommes que j'entretenois pour four- i iiir la matiere 5 je gardois aulli a part tour leplilegme qui fe (c'paroit de Acad. Hoy ale la matiere par le bain-marie , pour m'en fervir en terns & lieu. Quand its JjtiENCts j'eus la quantite de matiere feche que je crusnecellaire pour les operations ^^ I'Aais. que je voulois faire , je congcdiai mes hommes, & je quittai la maifon Annie 1711, que j'avois prife exprcs pour cela, afin de pourfuiviB 9 moq aife moa travail dans mon laboratoire ordinaire. Pour faire done fetmenter la matiere, je I'ai mife en poudre,& j'^ji, verfe delTus fix fois autant pefant de ce phlegme qui en avoit et^ fepare par la dirtillation ; j'ai enfermc le tout dans une grande cucurbite de verre couverte d'un vaideau de rencontre bien lute : je I'ai mis au bain-marie pendant fix femaines a une chaleur alfez douce pour y pouvoir tenir U main fans fe briiler ; au bout de ce terns j'ai ouvert la cucurbite , j'y ai adapte un chapiteau, & au meme bain-marie j'en ai diftillc a tres- petit feu toute Ihumidite aqueufe , elle avoit prefque perdu route fa mauvaifc; odeur qui iftoit changee en une fimple odeur fade ; elle s'eft diftillee un peu trouble , au lieu qu'elle etoit tres-claire quand je I'ai mife dans la cucurbite : j'ai donne de cette eau a quelques perfonnes dont le teint etoit touc-a-faic gate, la peau du vifage , du cou & des bras etoit devenue grife , feche , grenue &: rude \ elles s'en font frottees un fois par jour , I'ufage continue de cette eau leur a beaucoup adouci & blanchi la peau \ la matiere feche qui , apres la diftillation etoit reftee dans le fond de la cucurbite , avoit di- minue d'environ un vingtieme de fon poids , c'eft-a-dire, que de vingt onces que j'avois mis a la fois dans la cucurbite , je n'en n'ai pas retire tout a-fait dix-neuf onces j je foupgonne qu'elle etoit moins feche quand je I'ai mife dans la cucurbite , que quand je I'en ai retiree. Le relldu fee de notre vaideau ne fentoit plus du tout la matiere fecale, au contraire il avoit une odeur agreabj^ ^ aromatique , & la cucurbite dans quoi je I'avois mis en digeftion , ayant etc pofee ouverte dans un coin du laboratoire , a acquis avec le tetxis une odeur d'ambre h forte, que j'ai etc oblige de loter du laboratoire parce qu'elle m'incommo- doit: on I'auroit prife pour un vaifTeau dans lequel on auroit fait de I'ef- fence d'ambre. ll eft etonnant que la fin^ple digellion puilfe chaoger la iTiauvaife odeur de cecte matiere en une odeur aiiAi agreabie que celle fanteur , car elle eft plus pefante que la blanche , elle s'eft amaflfee au fond tie la fiole, & pour lots cette huile, quoiqu'en petite quantite, etant pure & fans melange, a pu agir aflez puillamment fur le peu d'huile blan- che qu'elle touchoic immediatemcnt pour lui fervir de ferment , & la convertir peua-peu en fa propre fubftance , de forte que toute I'huile blan- che eft devenue rouge & fetide. 'jS.t' •;'::: -.m.ni^i J'ai hit plufienrs elfais pour verifier cette conjefSbire en melant de I'huile rouge avec notre huile blanche , qui s'eft toujours rougie, mais plutot ou plus tard , felon que dans le melange'il etoit entre plus oti moins d'huile rouge. II feroit inutile Je marquer ici en combien de difFerentes manieres nous avons employe cette huile blanche pour la joindre au mercure , puifqu'elles ont toutes mnnque , & que le mercure n'en a jamais retju aucune impref- fion ni aiicun changement 5 je dirai feulement qu'en cinq ou fix jours de digeftionavec le mercure, ou avec quelqu'autre m^tal que ce foit, elle efl Revenue rouge coaime du fang , & meme noire a force d'etre rouge.. A C A D E M I Q U E. 285 ' Les tctesmortes des huiles done nous venons de parler , ont une facilitc , fi furprenante de s'enflammer fans le fecours d'aucun mouvement, ni feu Acad. Roy aie ctranger, qu'on pourroit a bon droit les placer au premier rang des Phof- des Sciencss pkons que nous connoiirons. En efFet , parmi les operations que j'ai faites ^^ aris. fur la matiere fecale, il s'en trouve de trois differenres fortes oia la tete- Annit 1711. morte a pris feu dans la cornue fans qu'on ait approche de feu par dehors pour railumer. La premiere , quand on dillilloit au bain de fable le fel ellentiel de la matiere fecale avec une chaleur aflez forte pour en tirer I'huile fetide , & pour lots le feu y prenoit dans le terns que I'huile com- men^oit a venir bien coloree, & il calToit toujours la cornue avant que la dillillation ffit finie : la (econde , quand on avoit mCle I'alun de roche avec la matiere fecale , & pour lors le feu ne prenoit a la cornue qu'une lieure ou deux environ apies que la diftillation etoit tout-a-fait finie, les vailTeaux ctant p.irfaitement froids, & le recipient fcpare de la cornue :1a troifieme , quand on avoit mele du vitriol calcine avec la matiere fecale , le feu y prenoit a-peu-pres de la meme maniere que d.ins le cas precedent , mais rarement , d'ou il etoit naturel de conclure qu'en operant fur la ma- tiere fecate avec quelqu'autre precaution , on fe procureroit facilemenc un excellent phofphore. J'ai pourtant neglige les confequences que je de- vois titer de cette obfervation, jufqu'a I'occaficn fnivante. Il y a deux ans environ que j'allai voir un malade qui depuis quaere ans fouffroit cruellement d'une ftrangurie j je lui avois donne difFercns reme- des qui le foulageoient chacun pendant quelque tems : mais comme dans toutes les longues maladies le corps s'accoutume aux remedes , on ell oblige de les changer , & d'en fubftituer d'autres a la place de ceux qui ne font plus d'etfet \ on avoit done propofe a mon malade une efpece de fel done la dilFolution faice dans I'eau , 6c feringuee dans la veffie , devoir appai- fer la douleur qu'il fentoit \ il s'en eft fervi , & en a etc foulage pendanc prcs d'un an. J'ai examine ce fel , & j'ai vu qu'en I'expofant a I'air , il s'enllammoit quelquefois de lui - mcme , particulieremenr quand il etoic ^ nouveau faitj il m'a patu par-la que c'ctoit une matiere a-peupres femblable aux tetes-mortes que j'avois vues autrefois s'allumer aufli d'elles - memes dans lefond de la cornue apres les diftillations des huiles fetidesdont je viens de parler. Lacuriolite d'en faireune comparaifon jufte avecccs tctes-mortcs, & d'examiner davantage le bon eflet que j'en avois vu dans les inflamma- tions douloureufes , &: dans les vieux ulceres , m'a fait refaire quelques- unes de mes operations ci-delTus rapporrees : j'ai neglige celles aue j'avois faites fur le fel elTentiel de la matiere fecale , comme trcs-longucs & fore incommodes; j'ai neglige aufli celles du melange de cette matiere avec le vitriol , parce qu'elles reullilfent rarement , & je me fuis attache feule- ment a celles ou j'avois employe I'alun de roche j j'ai corrige cette ope- tation en en retranchant tout le travail inutile , & en negligeant I'huile que la diftillation en pouvoit feparer , ce qui a rendu cette operation ai- fee & ptompte : voici la maniere dont je I'ai fairs , & qui reuflit roujours. Prenez quatre onces de matiere fecale recente , melez y autant pefant d'alun de roche groflierement pile ; mettez le tout dans une petite potle |de fer qui tiennc environ une pinte d'eau, fur un petit feu de chatbon!. 28(J COLLECTION Le melange fe fondra, & deviendra auffi liquide que de I'eaa; laiflez' AcAC.RoYALE le bouillir a petit feu en le remuant toujours avec une fpaiule de fer : DEs Sciences concinucz ce teu jufqu'i ce que la mariere ie feche : elle deviendra a la D£ 1 ARis. f5f, difficile a remuer : il faut continuer de la rotir dans la poele en la Annh lyii, remuanr toujours, & en lecrafant continutllement en petices iniettes , & en ratiirant avec la fpatule tout ce qui s'attache au tend , & aux cotes dc la poele , jufqu'a ce qu'elle foit partaitement feche : il faut de terns en terns oter la poele du feu, afin qu'elle ne rougilfe pas, & remuer meme hors du feu la matiere afin qu'elle ne s'attache pas en crop grande quantire a. la poele. Quand done la matiere eft de venue partaitenient feche, Sc grumclcufe , il hut la laifTer refroidir, & la piler menu dans un mortier de metal , apres quoi il faut la remettre clans la poele fur le feu , &c la remuer toujours : elle s'humedera un peu , & fe remettra en giumeaux qu'il faut continuer de rotir , Sc d'ccraier jufqu'a ce qu'ilsfoient parfaite- ment fees, les lailler refroidir, & les piler en poudre menue; puis re- mettte cette poudre pour la troifieme fois dans la pt;cle fur le feu , la rotir , 5i la fccher parfaitement , apres quoi il la faut rebroyer en poudre fort menue , la garder dans un papier en un lieu fee : voila la piemiere operation , ou I'operation preparatoite. Prenez de cette poudre deux ou trois gros , mettez la dans un petit matras dont la panfe contienne une once , ou une once &i demie d'eau , & qui ait le col de fix a (ept pouces de long; faites enforte que la poudre n'occupe qu'environ le tiers du matras ; bouchcz le cou du matras fort legerement d'un bouchon de papier , puis prenez un creufet de la hauteur de quatre ou cinq doigts , mettez dans le fond de ce creufet trois ou qua- trecueillerees de fable , placezce matras fur le fable au milieu du creufet , c'elf-a-dire , qu'il n'en touche pas les parois; remplilfez enfuite le creu- fet de fable afin que route la panfe du matras foit enterrce dans le fable , apres quoi vous placerez ce creufet avec le matras au milieu d'un petit four- neaude terra, qu'on appelle ordinairement une huguenotte qui ait I'uu- vetture en haut de huit a dix pouces, & la profondeur jufqu'a la grille de fix pouces : mettez tout-autour du creufet des charbons allumes juf- qu'au milieu de la hauteur du creufet pendant une demiheurc, puis re- mettez encore du charbon jufqu'au bord du creufet ; entretenez ce feu fiendant encore une bonne demi-heure , jufqu'a ce que vous voyiez que e dedans du matras commence a etre rouge ; alors vous augmenterez le feu ou les charbons par-defTus les bords du creufer : vous entretiendret ce grand feu pendant une bonne heare , apres quoi vous le laiflerez etein- dre. Dans le commencement de cette derniere operation , il fortira des fu- mees epailTes par le gouiot du matras au travers de fon bouchon de papier : ces fumees viennent quelquefois en fi grande abondance qu'elles jetteut le bouchon abas j il faut le remettre , & rallentir le feu : ces lumees cetTent quand le dedans du matras commence a rougir,c'eft ponr lots qu'on peut augmenter le fen fanscraindre de nuire a I'operation. Quand le creufet eft aflez refroidi pour qu'on le puitTe retirer du four- neau avec la main fans fe bruler , il faut lever le matras du fable jufqu'au A C A D £ M I Q U E. 187 milieu de fa panfe , & le lailFec accoutumer au froid pendant un demi- quart-d heure environ, puis le tirer tout-a-fait , Sc le laiirec repofer un moment fur fon fable ; mais C\ on n'eft pas ptelfe , ou fi on fiit cette ope- ration en hiver, on fera micux de lailler refroidir touta-fait le matcas dans le creufet avant que de Ten otcr : il eft bon aulli de mettre en mcme teins un bouchon de liege a la place du bouchon de papier, au goulot dii matras pour eviter , autant qu'il eft poHible , I'entree de 1 air dans le matras. Si la matiere qui eft au fond du matras fe met en poudre en la remuanr, c'eft une marque que Ton a bien opcre ; fi elle forme un gateau qui ne fe bcife pas en poudte en fecouant le matras , c'eft une marque que Ton n'a pas afTez roti &c feche la poudre dans la pocle de for pendant roperation preparatoire. Les operations etanc bien faites , c'eft-a-dire lorfque la matiere eft en poudre dans le matras , on en verfera un peu de la grolfeur environ d'un petit pois fur un morcean de papier , &c Ton rebouchera prompte- ment le matras ; la poudre comrnencera a fumer fur le papier un mo- ment apres y avoir cte mife , Sc en meme-temps elle s'allumera , 6c elle mettra le feu au papier , dc a toiice autre matiere combuftible. Si par hazard on avoir tire trop de poudre du matras, il ne faut pas la remettre dans le matras , quoiqu'elle ne foit pas encore a'lumee, car elle ne manqueroit pas de metcre le feu a route la poudre qui feroic dans le matras. On voit bien par-la qu'on ne pent la tranlvafer du matras dans une autre liale , il faut qu'elle refte toujours dans le memo vailleau ou elle a ete calcinee. Cette poudre eft de difterentes couleurs, tantot noire, brune , rou^e verte, jaunj, & mcme blanche, felon le vailfeau' dans lequel on fait I'opera- tion preparatoire , & felon les degres de feu qu'on lui a donnes dans les deux operations ; (i I'on mtle trop , ou trop peu d'alun ou de col- cothar avec la matiere fccale , la poudre ne s'allumera pas. Elle s'alluine aulii-bien le jour que la nuit , fans qu'on ait befoin de la frotter ou de la chauffer , ou dc la mcler de quelque chofe qui puiHe aider a I'enflammer , en quoi elle eft difFerente de tous les autres phofphores fadices que nous connoilFons; car celui de I'urine a befoin d'un peu de chaleur pour luire & pour s'enflammer , le phofphore fma- ragdin a befoin de beiucoup de chaleur pour faire fon eff'et , ia pierre de Bologne , & Je phofphore de Balduinns ne produifent de la lumiere que pendant le jour , & ne font nal effet la nuir. Les huiles diftillees de cannelle , de geroBes , de faxafras & autres, ne s'enflamment fan? feu , que quand on y mele de lefprit de nitre bien redtifie. Le Phof- phore que j'ai donne en 1695, dans les Mimoircs de I'Academu , ne devient lumineux que quand on le frotte rudement, ou quand on frappe deffus avec un corps dur, &c. Je n'ai encore tire cette poudre que de la matiere fecale , ou des gros excremens; mais je fuis perfuade qu'cn la peut tirer audi de I'urine, & meme je crois que I'urine , traitee de cette ni.iniere , donncra une plus grandc quantitc dc fon phofphore , que par la maniere conniw , ACAD.ROYALE DES Sciences DE Paris. Annii 1 7 1 1 . iSS COLLECTION --■ . ^^^= Sc que fa tete-morte aprcs La ciiftillacion du phorpKore , ne laKTcra pas Acad. Roy ALE Jg donner encore cette poiidre. BES Sciences j.^^^ aifait de trois difFerentes fortes , I'une met le feu aux matieres com- DE ARis. buftibles , & elle-meme ne paroit pas s'enfiammer. L'autre met le feu, Annee 171 1. ^ ^[[g s'enflamme comme un charbon ardent. Et la troificme met le feu & elle brule en flamme comme une bougie aliuniee , felon qu'elle a eu plus ou moins de feu dans fes preparations, ou qu'il y a plus ou rnoins d'alun Jans fa compofition. Pour conferver cette poudre long-temps bonne, it faut la garder dans nn lieu fee & tempete , tenir le matras bien bouche , le pofer toujours debout , c'efl-a-dire le gouloc en haut , & le tenir enveloppe de papier ou de quelque autre chofe , Sc dans un lieu fombre , car le grand jour la "ate aufli-bien que I'liumldite de I'air , mais moins vice. Pour avoir une idee vraifemblable de k maniere dont cette poudre s'enflamme , il faut fe fouvenir que c'eft une matiere fortement calcinee par le feu ; elle a perdu dans cette calcination toute la partie aqueufe qu'elle contenoit , &: la plus grande partie de fon fel volatil , elle a acquis par-la beauconp de grands pores, que les matieres volatiles chaf- fees par le feu ont lailfes vuides , de forte que la poudre qui refte aprcs la calcination ne confifte qii'en un tilLu fpongieux d'une matiere terreufe qui a retenu tout fon fel fixe & un peu de fon huile fetidej mais done les pores & les locules vuides confervent pendant quelque temps une partie de la flamme qui les a pcnetres pendant la calcination. Cela etant , nous pouvons confiderer que le fel fixe qui eft en grande quantite dans cette poudre , abforbe promptement , a fon ordmaire , I'humidite de lair qui le touche : I'introdudion fubite de I'liumidite de I'air dans les pores de la poudre , y produit un frottemeiit capable d'ex- citer un peu de chaleur , laquelle etant jointe aux parties de la flampie confervees dans ces mcrees pores , compofe une chaleur alTez forte pour embrafer le peu d'huile aifement iiifiammable qui a echappe a la rigueut de la calcination , &c qui fait partie de la poudre. Une preuve de cela eft que quand on garde cette paudre dans un vaif- feau qui n'eft pas exaftement bouche, elle abforbe peu-a-peu & lentement I'humiJite de I'air qui la pent atteindre , ce qui n'eft pas capable de faire alfez de frottement pour exciter aucune chaleur fenfible , & la poudre fe gate , en forte quelle ne s'enflamme plus ; de meme que la chauxvive, expofce pendant qutlque temps a I'air, ne s'echaufFe plus, parce qu'elle a abforbe peu-a-peu de I'humidite , mais en trep petite quantite a la fois pour produire un frottement capable d'excitet de la chaleur. La chaux vive qui contient des particules de feu , auffi-bien que notre poudre , ne produit pas de la chaleur par la feule humidite de lair , comme fait notre poudre , mais il la faut hume6ber en jettant de I'eau deftus pour avoir le meme degre de chaleur : la raifon en eft que la chaux ne contient pas comme notre poudre un fel propre a abforber beaucoup d'humidite a la fois , & c'eft 1 introdudtion fubite de I'hunii- dite qui produit la chaleur , mais en jettant de I'eau deffiis, elle s'jr introduit A C A D 6 M I Q U E. 189 inrroJuit adez promptement pout faire le meme effet. Et Ii ra'ifon pour- 1 1 Quoi la chaux-vive ne produic pas de la flamme coinme fait notre pou- , . u„„.,= dre , quoiqucUe contradte une aulli grande chaleur quelle, c eft que oes Sciences dans Id cliaux il ne fe trouve aucune inatiere huileufe capable de s'en- de Paris. flammer par la chaleur excitee , comme ils'en rrouve dans notre poudre : Annlt I7iii mais li on en mcle artificiellemcnr , elle s'y enflamtne de meme. Nous avons dit que le grand jour gare cecte poudre, quoiqu'enfermce dans un vailTeau de verre bien bouchi- j la raifon en ell que le frot- tement qui lui arrive par I'iiuroduction de I'humidite de I'air , n'eft paj la feule caufe de la chaleur capable d'allumer I'huile contenue dans notre poudre ; il faut encore que les particules de feu qu'elle a confervees dans fes pores y conrnbuent \ 8c comme le grand jour , ou la matiere de la lumiere en grand mouvement , frappe continuellement la poudre an travers du vailteau de verre , elle degage peu a-peu celle qui s'y etoic arrctee pendant la calcination , & la diminue , de forte qu'a la fin il n'y en refte plus pour fe joindre a la chaleur caufee par le frottement de '' rjiumiditc de I'air , He par confequenc elle ne peu( f'endaiiuaei^ Jbnw ///, Part'n Franfol/i, o» 1^ COLLECTION AcAD.RoYAtE »s Sciences »£ Paris. -i^^t. .^M.. =^» HISTOIRE NATURELLE. Obfervations divcrfes^ Par M. Richer. J'ai remarque etanc a Cayenne, die M. Richer, que le fang des mar» fouins , lorfqu'on leiir ouvre le ventre etant en vie , n'eft gueres moins chaud que celui des animaux terreftres \ mais il n'en eft pas de menie des cortues dont le fang , quoiqu'elles en aient une grande abondance , eft moins chaud^qne les eaux douces de ce pays-la. J'ai vn en ce meme endroit un crocodile enferme pendatic huit mois dans une grande cailFe pleine d'eau , lequel ne mangeoic rien quoiqu'on niit aupres de lui du poilFon & de la viande. On le changeoic d'eaii tous les jours. Apres ce temps je le fis embarquer fur le vaifTeau dans lequel je repafTois en France , mais ii mourut trois jours apres , ce que j'attribuai d I'agitation du vaifleau. Je fus beaucoup plus furpris de voir un poilTon long de trois a quatre pieds, femblable a une anguille grofTe comme la jambe , & telle que celle de mer que les pecheurs appellenc congre , lequel ecant touche non feulemtnt avec la main, mais mctr.e avec I'extremire d'un baton, engourdit tellement le bras & la partie du corps qui eft la plus proche, que Ion demeure pendant environ un demi - quart d'heure fans pouvoir le remuer ; on eprouve meme un eblouilfement qui feroit tomber fi Ton lie prevenoit la chute en fe couchant par terre , & enfuire on revient au meme etat qu'auparavant. Les Sauvages difent que cet animal, en frap- pant les autres poiftbns'ayec fa queue, les endorr, & en fait aifement la proie. II y a un pourceau fauvage dans les bois en ce paysla qui a un troii au milieu du dos par lequel il jette de I'ecume lorfqu'il eft pourfuivi par les chalfeurs , ce qui a fait croire mal a-propos a quelques-uns que cet animal refpiroit par ce trou ; je dis mal-a-propos , car ayant difleque un de ces animaux , je vis que ce trou etoit I'ouverture d'u;i petit refervoir fort uni au-dedans , a-peu-pres comme !e baftinet des reins de I'homme , environnc tout autour d'une efpece de glande fpongieufe & fort blanche , fans aucun conduit au travers dans les patties fpon- gieiifes du corps. {Mf moires , tome FJI.^ ^i% A C A D ]& M r Q U E; i?r Sur unc FraxincUc monjirueufe. Acad. U.OYALE DEs Sciences DE Paris. J_j'ete de iiJyZjM. Marchand obferva un pied de fraxinelle dont les SveeuiuiHTt fleurs avoienr un ftyle divife en cinq filets , & dont les filiques fc chaa- gerent en feuilles d'un vert jaunatre , longues de lo a li lignes, larges de 4 dans leiir milieu , pointues a leur extrcmite , fermes , roides & lifTes , qiielques-unes legerement dentelees par les bords ; routes perdirenc les poils dont elles etoient herilfces lorfqu'cUes eioiert encore filiques , Ik. emporterenc cliacune en s'alongeanc une partie du ftyle. Aucune de ces rieurs ne porte graine ; les unes ctoienc vertes & les autres rouoes , quoique pendant dix ans ce nieme pied n'eut porte que des fleurs rou- geatres. On avoir pu rompre quelques racines en voulant feparer cecte plante , d'ailleurs i'annee avoit ete ftajiche & pluvieufe. (.^«/je'< i6^i.) Sur quelques Serpents du Brejil. Far M. Marchant. i L y a dans le Brefil une efpece dc ferpent d'environ deux pieds dc long , & de 5 a 4 pouces de tour , cjue les Portugais nomment cou- leuvre a deux tetes , non qu'elle ait en etfet deux tetes , mais parce qu'elle a au bout de la queue une grolFeur qui de loin a Tapparence d'une tcte. M. Couplet en ayant tue Sc ecorche quelques-unes , fut couvert deux ou trois jours apres de puftules qui ctoienc remplies d'eau roufle, & qui n'etoient pas encore pallees trois mois apres. Il tua d'un coup de fufil une autre couleuvre qui avoir plus de ij pieds de long & 16 a iS pouces de tour; elle etoic route couverte d'ccailles noires , blanches , grifes 8c jaunatres, qui routes enfemble faiLienc un bel efFet. La niorfure des couleuvres de cette efpece eft venimeufe , cc qui n'empeclie pas qu'on n'en mange la chair. {Annie 17CO.) Sur VYquetaya & la grandc Scrophulaire, Par M. Marchand. j\X Marchand , aide de M. Homberg , a recoini que I'yquetayi , planre du lirtfil , fort vancee pat les verrus par un chirurgien frangois etabli €n Portugal , avoit entre autres proprietes , celle d'orer au fene fon' mauvais gout & fa mauvaife odeur , fans aftbiblir fa vertu purgative, ll a tiouve de plus que notre grande fcrophulaite aquatique , qui rellemble O li; l<>i COLLECTION ■ parfaitement a I'yquetaya , a aiilli cette meme proprietc. . .. Il faut mettfff AcAD.RovALE '^^"^ ^^ vaiffeau de terre une chopiiie d'eau commune que I'oiv fera D£S Sciences chauffer jufqu'a ce qu'on n'y puKFe plus tenir la main; puis qn y jetrera DE Paris. deux gros de fene, & en raeme terns autanc de feuilles feches de fcrophu- 'SvsFLtMEHT. ^ai"^s aquatique; on tetirera aufli-tot du feu rinfufion, &: cette infufion etant reftoidie , eft un purgatif excellent qui a toutes les bonnes qualites du fenc , fans en avoir I'odeut ni le gout [Annie 1701.) Defcription d'un Foic dc Mouton^ tiaaaada [PI. II.) , la circonference du foie. ^^, la portion ou le fond de la velicule du fielenflee, & qui n'eft paf attachee au foie. ccc, les courbures ou anfraftuofites de cette veficuie. dd, I'endroit du col qui s'unit au canal hepatique , deffgne fuivant la grolfeur & la figure qu'on lui a trouvees. eee, le canal hepatique tres-dilate. ff, continuation de la joncftion des deux canaux cyftique & hepatique qui forment par leur reunion le canal choledoque. gg, I'endroit ou le canal pancreatique s'ouvre dans le choledoque qui s'ell enfle en foufflant dans le choledoque. hhhhhh, canal pancreatique. iiili Portion du pancreas. //, deux glandes conglobees, fituees aux cotes de la jondion des ca- naux cyftique & hepatique qui leur font faire de chaque cote un enfonce- reent ou courbure. aaaaaaa [PL ///.), circonference d'un autre foie de mouton extreme^ ment grenele , & dont un endroit reftemble aflez a une portion de lobe du- poumon foufflee. bbbhbbb, la veficuie du fiel ouverte, ce qui laifTe voir quatre groffes embouchures des canaux hepatiques dont deux font oppofces aux deux au- nes : ces embouchures ne font que dans le col j on n'en a pu trouver dansi fes autres parties de la veficuie. cccc, les memes embouchures dans lefquelles aboutilTent plufieurs au-- tres tuyaux. eeee , une poche ou dilatation du canal hepatique, dans laquelle fe voient quatre embouchures oppofees les unes aux autres. ffff, les embouchures ou ouvertures des canaux hepatiques ou biliaire?^ ggggg, plufieurs 'ftgnes pon, fon col ouvert. cccc, le canal hepatique audi ouverr. dd, une portion du pancreas. «e, une ligne pondluee qui marque I'endroir ou s'ouvre le canal pan- creatique dans le canal hepatique. //, deux grofTes embouchures dans le canal hepatique. an, plulieurs embouchures de vaifTeaux hepatiques au col de la veficule du fiel , ou Ton palFoit un ftilet : le col de la veficule a paru crible , on n'a fait de(Tiner ici que les ouvertures les plus apparentes. kkkkkk, fix ouvertures de canaux hepatiques lefquels s'ouvrent dans la veficule du fiel ; on fe croit fonde a croire qu'il y en a piufieurs autres. Les vaifTeaux biliaires qui penetrent dans la veficule du fi^l, coulenc obliquement entre fes membranes. [AnnU 1701.) M Sur h fens dont piufieurs corps fc tournent. Parent, apres piufieurs recherches de tous les lima^ons de terre , de riviere , de mer , & meme pc'trifies , n'a pu trouver que trois efpeces dont les coquilles fufient tournees de droite a gauche a les regarder la pointe en haut j toutes les autres font tournees de gauche a droite. II a etendu cette obfetvation fur les plantes , & il a trouv'e que fur jj efpeces qui avoient leurs tiges tournees a droite , ii n'y en avoir que quatre qui les euffent tournees a gauche; que dans 15 efpeces les goufles etoienc tournees a gauche , & dans deux fculement a droite, Il a remarque de meme que les fibres du cceur de I'hcmme fonttoujours tournees en meme fens , les exterieures de droite a gauche en defcendant ,• & les interieures de meme fens en remontant; & qu'au contraire le toupit- Ion que forment les cheveux nailTans au fommet de latete, eft prefque? toujours tourne de gauche a droite a I'egard de celui qui les porte. {Arf ncc 1703. ; i5>4 ^CAD.ROYAIE DBS Sciences JDE PaiIIS. COLLECTION Defcription d'une Tortuc dc mer. Par M. Mery. J_j E s parties vitales de cette tortue etoienc renfermees avec les narurelles /dans line meme cavite dont les poumons occupoieiit la partie fiipc-neiire toute eiiciere; ils etoienc attaches au dos depuis le col jufqu'a la qm ue j le ccEur etoit place (iir le devanc , & les parc.es narurelles lur le dernere : il n'y avoic point de diaphragme qui les (eparat les unes des autres. Le ccEur de cecte torcue etoit neanmoins renferme dans un pencarde au fond duquel il etoit attache par trois petis ligamens charnus. Ce pcric.irde etoit plein d'une liqueur claire & cranfparente comme I'eau la plus pure dans faquelle baignoit le coeurj fa figure etoit conique; il avoit dtiix pou- ces de long fur un pouce fix ligncs de large ou environ Au dedans il ctoit partage en trois ventricules, lun a droite, I'autre a gauche & le troifieine au milieu fous le ventricule droit. Le ventricule gauche etoit fepare du droit par une cloifon charnue qui avoit vers la bafe du coeur une ouverture ovale alTez femblable a celle qui fe trouve dans la cloifon qui divife les oreiUettes du cccur du fosrus hu- main. Cette cloifon dtoit d'ailleurs toute percee d'un grand nombre de pe- tits trous par lefquels , de meme que par I'ouveriure ovale, ces deux ventri- cules commuriiquent enfemble. Il y avoit fur cette ouverture ovale deux valvules abattues, mais qui ne la fermoient pas entietement , & par coufequenc n'empechoient point U communication des deux ventricules. Le ventricule droit communiquoit encore avec le moyen par une autre ouverture qui avoir 536 lignes de long, fur j a 4. de large au milieu de fa longueur. Dans ce paflTage de I'un a I'aucre il n'y avoic aucune val- vule , & camme ce fecond trou de communication nvoit prefque autant de longueur que le ventricule moyen avoit de profondtur , on peut ne confi- der^r celui-ci que comme une continuation du ventricule droit dont il n'e- toit diftingue que par un petit retrecilTement. Les fibres dont ces trois ventricules etoienc conftruits au dedans , n'etanc pas eiroitement ferrees les unes contre les autres , formoient dans leur capa- cite une efpece d'eponge charnue j le ventricule gauche etoit egal a celui du milieu, mais le droit paroilFoic lui feul audi grand que les deux autres pris ^nfemble. Trois troflcs d'arteres fottoient de la bafedu coeur; deux de ces arteres avoienc leur embouchure dans le ventricule droit , & la troifieme dans celui du milieu. : ces trois vailfeaux n'avoieut chacun que deux valvules figmoi'des a leur ouverture. Les deux troncs d'arteres qui partoient du ventricule droit , avoient leurs diametres a pen pres egaux : ils ctoient I'un &c I'autre compofes de deux plans de fibres charnues tres-vifibles , couches I'un fur I'aucre. Les A C A D fe M I Q U E. i^j fibres Ju plan extcrieur ccoient difperfees felon la longueur des arteres , eel- « les du plan interieur paroilFoienr circulaires. Acad. Royau Ces deux plans de libres n'etoient pas fenfiblcs dans le troifieme tronc dls Scienxes qui tiroit fon origine du ventricule moyen ; mais la capacirc de celui-ci °^ 1'aris. etoit feule prefque audi grande que celle des dtux auttes prifes enfemblej SueeLi.itEtiTt d'aillcurs fes membranes avoient moins d'epailTeur. Des deux troncs d'artere qui forroient du ventricule droir places a cote I'un de I'aucre , le droit s'avancant en devant le divifoit aufli-toten deux grolTes branches; la premiere tirant en ligne droite vers le col, fe parta- geoir en deux autres , Sc celles-ci en deux rameaux chacune , deux defquels s'ctendoienc dans les nageoires de devant j ceux-ci faifcient les axillaires : les deux autres places encre les premiers, fe portoient a la tcte & fonuoient les carotides. La feconde branche fe recourbanr du cote droit, pafToit fous la branche droite de la trachee artere, aprcs quoi elie fe glilfoit entre les poumons pour gagner le derriere du corps. En faifant ce chemin elle donnoic des rameaux aux reins, a la velfie, aux parties de la generation & aux nageoi- res pofterieures. Par cette diftribucion d'arteres , il me fur aife de juger que ce premier tronc etoit celui de I'aorte, quoiqu'il partit du ventricule droit : fa capacite. etoit un peu plus gtande que celle de I'artere que je vais decrire. Le tronc gauche formoit de fon cote la meme courbure que faifoit i, droite la branche pofterieure de I'aorte, & fuivoit la meme route. Ce tronc n'envoyoit aucun rameau dans les parties anterieures; il fe divifoit feulement au dela du foie en trois branches, dont la premiere tenoit lieu de cceliaque, la feconde de mefenterique , la troifieme, palTant de gauche a droite , alloit fe reunir a la branche pofterieure de I'aorte, coni- me fait le canal arteriel de communication dans le fcptus humain, & c'eft par cetre raifon que j'ai donne a cette feconde artere le nom de canal de communication , afin de la diftinguer du tronc de I'aorte. Le troifieme tronc qui tiroit fon oiigine du ventricule du milieu, fai- foit le corps de I'artere pulmonaire; ce tronc fe partageoit en deux bran- ches confiderables qui formoient a droite & a gauche des courbures fetli- blablcs a celle de la branche pofterieure de Taorte & du canal de com- munication. L'une & I'autre palfoient foirs les branches de I'apre aTtete pour fe rendre I'une- au poumon droit &■ I'autre an gauche. Le circuif de ce troifieme tronc etoit prefque egal a celui de I'aorte & dll canat de communication pris enfemble : ces trois arreres etoient jointes en- femble par knrs membranes exterieares', depuis le ccEUr jufqu'a I'endroir de leur divifion en branches. Toutes les racines des veines d^cffa'qtie pbumorr, shaniflant enfemble',' formoient alafortie dei poumons uneVeine'de chaque c6t^ doht heir pacite etoit moitie plus petite que celle des deux arteres pulmonaires , cef qui merite attention. Ces deux veines alloient fe rendre .i I'oreillette gau- che , a I'embouchure de laquelle elles fe joignoient enfemble par leur extrCniite, fans former apres leur union un canal qui eiit feul la capa- fite de ces deux veines prifes enfemble j ainll elles oe fojmoienc point de ip(5 COLLECTION _ tronc : chacune d'elles verfoic immediatemenc le fang qu'elle portoi: dans 7 n '. la capacite de cette oreillette qui n'avoit aucune valvule a fon emboiKhure. des^Science" Les veines qui rapportoient au coeur le fang de toutes les autres par- DE Paris. ties du corps , faifoicnt la mtme chofe ; de forte qu'il n^ avoit point Su^FLiMEMT. de tronc unique a qui feul on put appliquer convenablement le nom de yeinycave- mais elles fe reunilfoient en deux troncs diftmds , quoiqu'unis enfemble , lefqueis verfoienc Ic fang qu'ils rapporcoient des extremitcs, immediatemenc dans I'oreillette droite. Les veines axillaires qui s'ouvroienc dans ces deux troncs, eroient remplies de fibres charnues qui formoient par leur encrclacement une efpece de trelTe d'une ftruduie admirable, dont on voyoit quelques rudimens dans le confluent des deux veines caves. L'oreillette droite avoit a fon embouchure deux valvules qui formoient entr'elles une ouvercure ovale , longne de fept a huit lignes, & large dans fon milieu de trois a quatre. Cette ouvercure faifoit la communication des veines dont on vient de parler avec cette oreillette. La capacite de loreilletce droite paroidoit double de celle de I'oreil- _ lette wauche, ce qui eft a obferver, ainfi que la capacite des artetes pul- monaites plus grande que celle des veines pulmonaires , pour determiner a peu pr^s la quancite de fang qui pafTe par ces vailTeaux , 6i fa vicelle dif- ference, . . , ,., Ces deux oreillettes etoient remplies de fibres charnues , qui etant liees les unes aux autres en divers fens , formoient une efpece de rczeau , & nicme de petites cellules alFez profondes. Ces oreillettes jointes enfemble par le dehors , etoient fcpirces au dedins par une cloifon moitic charnue , moitie membraneufe qui n'avoit pas demi ligne d'epailfeur. La partie membraniufe de cette cloifon, fake en forme de demilune , tomboit perpendiculairement fur la bafe du cceur , la partageoit en deux en s'y unillant, & dlvifoit ainli I'embouchure du ventricule droit, d'avec celle du ventricule gauche. A cette meme p.utie membraneufe etoient attachees & fufpendues deux valvules faites en forme de ctoilTant, iefquelles etant abailTees Tune dans le ventricule droit & I'autre dans le gauche , ne formoient qu'en partie, comme on I'a dcja fait remarquer plus haut , le trou ovale qui faifoit la communication de ces deux ventricules. En cet etat ces valvules formoient entc'elles une cavite; etant televees elles fe trouvoient paralleles a la bafe du coeur • miis a caufe de leur forme de croilfant , elles ne fermoient qu'environ la moitie de I'ouverture qui fert de communication entre les oreillettes & les ventricules. De ces dcux valvules, celle qui occiipoit Tentree du ventricule droit, itoit feule; celle du ventricule gauche etoit accompagtjee de deux autres beiucoup plus petites & non tnobiles , mais attachees a des colonnes char- nues qui les fixoient interieurement a la pwty ^u,,-vent£icijle gauche, ^Annee 1705.) ,,.;.^^ , i, ',;;■. i •'! , ^xtrait A C A D ^ M I Q U E. 't97 ACAD.ROYALE Extrait dcs Rc^ijircs dc l' Academic Royalc dcs Sciences , ces Scienxes D£ 1'aRIS. du IZ Mars /704. SvisUmuht. M, . E s s 1 E u R s Dodart , Maraldi & Litrre , nommcs par I'Academie pour verifier qiielques fairs conrenus dans la defcription du cccur de la rortue &c, faire par M. Mcry , one ccrtitid a la Coinpagnie : t". Que d^ns le Cffiur mou d'une grande tortue rerreftre de I'Amerique , & dans le cosur fouftle & feche de deux perites rortues de rerre, il n'y a ni grand , ni petit rtlervoir dans les veines qui aboutifTent a leurs oreillettes; que Ics deux veines du poumon ne font point de tronc commun , parce qu'elles aboutif- fent chacune a Toreillette gauche, en fe joignant I une a I'autre par le cote a I'endroit de leur aboutidement , & que ces veines etant vues exte- lieurement, paroiflent plus etroites a I'endroit de leur concours que pat tout ailleurs. 2". Que c'eft la mcme chofe dans les deux veines caves a i'egard de roreillette de ces trois coeurs. 3°. Que dans les cceurs des deux petites lortues de terre & d'une vipere,' foufflcs & feches, les deux valvules ligmoides adofTces entr'elles & arta- chees a la cloifon des deux oreillettes, etant foulevees , ne ferment point les embouchures des oreillettes aux ventricules, & qu'et.mt abailTees dans un coeur mou , elles ne ferment pas non plus ex.idtement le trou ovale qui eft dans la cloifon chainue qui fepare le ventricule droit d'avec le gauche. 4", Que les deux valvules qui font placees a I'embouchure des veines caves avec I'oreillette droite, laillent entr'elles une ouverture ovale qu'elles ne ferment pas. 5*. Que dans le cceur qu'on leur a dit etre d'une anguille, fouffle & fe* che, les deux valvules de I'aorte ne la ferment point exacflement. 6°. Que I'air fouffle dans le ccrur mou d'une grande tortu' de I'Ameri- que, foit par les veines, foit par les arteres, remplit & enfle fes ventricu- les, fes deux oreillettes & tous fes vaUfeaiix. 7''. Que dans le cosur dcs deux grandes torrues de mer il n'y a qu'une valvule a I'embouchure de I'oreillette droite au ventricule droit, & trois a I'embouchure de I'oreillette gauche ou ventricule gauche. 7°. Que des trois troncs d'arteres qui fortent des ventricules du cocur, il y en a un qui , apres avoir produit I'artere cocliaque & la mefenterique , fi- jiit en s'abouchant a la branche pofterieure de i'aorte. 9°. Qu'il n'y a que deux valvules figmoides a rembouchure de chaque tronc d'artere. i'. Que Ics tortuej de terre ont des pieds, & celles de mer des na- geoires. ii». Que la figure des coeurs de tortues de terre reprefente une demi- fphere un peu applatie ; que celle des cceurs des tortues de mer reffcmblj k un cone , de forte que la plus grande dimenfion des cceurs des premie- Tsnu III , Panic Franfoiji. P 1 DE Paris. ', SvFSi.t.VENT. 193 COLLECTION , ■ res , eft d'un cote a I'autre de fa bafe , & que dans les coeurs des dernleresh /. p elle eft de la bafe a la pointe. D£s'sci°Nc1" Les memes Gommiiraires one encore certifie que M. Mery leur a faic voir le caur & les vailfeaux de la tortue terrtftre de I'Amerique dunt ou- verts. 11°. Que la futface interieure des veincs qui rapportent le fang dans les oreillettes du caur de cet animal , eft fort lilfe &c polie , qu'il en eft ds mtme des veines du poumon dans la tortue de mer^ qu^au contraire dans celle-ci les veines caves & les axillaires font garnies de fibres charnues qui forment dans les axillaires une efpece de treffe dont on voir quelque vef- tige dans le concours des deux veines caves. ij». Que dans le ccEur de la torrue de mer il ny a que trois cavites qui communiquent enfemble pat deux endroits; que le coeut de U tortue terreftre de I'Amerique en a quatre qui ont aufli communication entr'elles par trois detroits. 14". Que du CGcur de ces deux efpeces de tortues, partent trois troncs d'arteres j que du ventricule gauche de I'un & de I'autre , il ne foit aucun de ces trois troncs j que dans la tortue de mer le ventticule droit donne naiftance a deux de ces troncs qui font I'ofiRce de I'aorte & du canal arteriel de communication , place dans le fcEtus entre I'aorte defcendante & I'artere du poumon; mais qu'il ne fort aucune artere du ventricule droit du coeur de la tortue terreftre de I'Amerique; que dans celle-ci les deux premiers, troncs tirent leur origine de la cavite qui communique immediatement avec le ventricule droit ; que dans la tortue de mer , I'artere du pou- mon fort de cette meme cavite ; que dans celle de terre I'artere du pou- mon part du ventricule qui communique avec ceUu d'ou fottent laorte £c le canal de communication. 15*'. Qu'au haut du detroit du ventricule droit a la cavite d'oii pattent Paorte & I'artete de communication , il y a dans la tortue terreftre de I'Amerique , une valvule faite en forme de croiilant , & qu'il n'y en & point dans celle de mer. I qui eft le plus petit des trois angles des elcmens; & fi le cote extcrieur du morceau fait avec la ligne du milieu un angle de lo degres vets la pointe, il s'enfuit que l'angle de la fourche CAD doit etre de 120 degres; & c'eft aufli a-peu- prcs ce qu'on y obferve , car pour I'ordinaire elle n'eft pas bien diftinfte. On remarque audi en quelques morceaux de ce talc , que les cornes font feparees du corps du morceau par un peu de la terre gralle qui eft autour , ce qui a pu arriver dans le temps de la formation : & cette fcparation n'eft pas reguliere , car il y a plufieurs couches epailTes d'une ligne environ , qui s'avancent plus ou moins Sc qui tendent a fe joindre au morceau , en' confervant la figure naturelle des angles des fuperficies. Quant a la for- mation des cornes , je dis que s'il s'eft rencontre quelque corps etranger vers A , qui ait empeche les deux triangles eiementaires qui devoient s'y placer de fe joindre a ceux des c6tes, alors laliaifon entre les deux parties des lames erant interrompue dans cet endroit , le refte a du achever de fe former & de fe terminer dans la pointe de la come par des iignes paralleles a EF d'un cote Sc d'autre en A C & en A D ; car la figure naturelle des triangles eiementaires en fe joignant formera toujours des triangles femblables aux Clemens. Tout I ce talc rencontre temps de la formation, par des parties & par des corps etrangers qui ont dctoutne les triangles eiementaires & qui leur one faic prendie , a I'ex* ACAD.ROYALE DES Sciences DE Paris. Annii 1 7 1 o. iH COLLECTION .AcAD.RoyALE EEs Sciences PE Paris. ' lAnnh i 7 1 o- teiieue feulement , des figures difFeceiues de celles qui doivent naJtte de I'allemblage des elemens , lans qu'on puifTe I'appercevoir dans ce corps, a caiife de la petitelFe de ces elemeiis , comme on le voit par des cotes un pen en ligne courbe , par quelques angles un pen plus petits ou plus grands que ceux des elemens , S< alors ces cotes doivent avoir de pctits redents , dont on en appercoit quelques-iins dans les fradluces iriegulures des lame? j & enfin on voit des morceaux de ce talc qui en ont d'autres attaches par leurs cotes ; quelques-uns ont leur pointe qui s'allonge en parallelipipede , feulement d'un cote; d'autres ou vers la pointe ils'tft forme un autre morceau femblable a I'ordinaire &: qui lui eft oppofe ; & enfin mille varietesde cette nature, qui ne font , pour ainii dire, que des jeus de cette fortuation. Apres avoir examine la figure de ce talc , j'ai fait toutes les obfer- vations necelfaires pour en reconnoitre les refradtions. Je les ai con- fidcrees d'abord entre les deux faces paralleles , qui eft le feul endroit par oil cette pierre eft natureilement tranfparente , & dans des plans per- pendicuiaires a ces faces , comme on fait ordinairement pour mefurer la refradion ; & de plus, dans tous les fens differens , comme fuivanc fa longueur par le mdieu de la pointe vers la fourche; dans fa longueur fuivant le cote , & d;ins fa longueur perpendiculaitement a la ligiie du milieu & auxcoies, & j'ai trouve par-tout & dans tous les differens angles d'inclinaifon , que le finus de Tangle d'incidence dans fair etoit au finus de Tangle rompu dans le corps comme 5331, qui eft a-peu- pres la meme que celle de Tair dans le verre de 3 a i ; & cette refrac- tion eft audi la meme que celle qui eft particuliere au cryftal d'lflande, Enfin , ayant fepare un des morceaux de ce talc en deux par le plan qui en divife la longueur & qui eft perpendiculaire aux faces , j'ai examine audi qu'elle etoic la refraction par le cote au travers de fon epailFeur , &: cette refradtion fe faifant dans un plan parallele aux faces, ce qu'on ne peut pas faire quand les deux moitics lont jointes enfemble a caufe de la trop grande epailTeur , & que le milieu ou eft la feparation n'eft pas alTez net. Mais ayant drelfe ce milieu, & Tayant frotte ou enduit d'un" peu d'tau de gomme , comme aufli le bord exterieur qui n'eft pas poli, pour pouvoir appercevoir au travers un corps noir , j'ai remarque que la refracfbion , en ce fens - la , etoit aufll la meme que la precedente , de5 a 5 4. Mais n'etant pas encore content de toutes ces obfervations , j'ai voulu voir fi les fentes ou felures qu'on appercoit par le cote de cette pierre, ne produiroient pas quelque eftet particulier ; & pour le faire plus fen- fiblement , j'ai applique un fil de fer fuivant la longueur de ces fentes, & en regardant au travers du talc , fon image me paroiiroit en deux endroits differens, ou beaucoup plus large qu'elle n'etoit en cffet, avec un efpace plus clair entredeux , ce qui eft une efpece de duplication de retraftionj & faifant mouvoir doucement ce fil de Rr , & toujouts fuivant la lon- gueur des fentes , je voyois fon image comme fautant d'une place a une autre , & toujours doublee. Pour rendre ces obfervations plus fenfibles a caufe que ce talc eft trouble par le cote , il faut Texpoier fort proche de I A C A D E M I Q U E. joj tie la lamlere d'une chandelle &'appliquer le fil de fer tout centre le .. corps. Acad. RoYALi Oh trouve encore a PafTy , proche de Paris, aux environs de la fon- des Sciesces taine des eaux mineralcs , de pecits morceaux d'un talc qui eft de la ^^ , aris. mcms efpece qua celui dcs carrieres de platre , car il fe peut fendre de -Annii 1710. mime par lames tres-minces \ \\ ell fort clair 6c fort tranfparent , & Ton volt qu'il eft forme dis mimes elemens triangulaires que celui du litre; miis la figure de fes deux faces qui font paralleles , & fuivant aquslle il peut fe fendre , eft un parallcLgramme , qui a deux angles aigus de 5 o degres cliacun. Les cotes de ce talc font avec les faces , d'un cote cc d'autre de chaque face, des angles de 115 degres environ, cat il eft diifictle de les melurer exattement , a caufe que les faces des cotes ne four p.is unies , n'ctant formees que paries extremites des lames qui y font des inegalitcs fuivant la longueur de ces cotes. Ce qu'il y a de particulier a ce talc, c'eft qu il fait un angle faiUant de 110 degres, a-peu pres vers le milieu de fon cpailTeur des deux cotes, enforte que la figure feroit un parallelipede a fix faces , fi fes deux extremites ou bafes etoient planes , mais elles font aulTi un angle faillant vers le milieu de I40 degres environ. Pour ce qui eft de la mefure des refrattions de ce talc , ;e n'ai pu en faire des obfervations exadles , a caufe que les morceaux en font trop petits , & je n'ai point remarque que les objets parulTent doubles en regardant a travers les faces paralleles. Examen de la Jbie des Araignees. Par iW. D E R E A U M U R. iVL. Bon , premier Prefident de la Chambre des Comptes de Mont- pellier ayant prefente a I'Academie des Sciences des bas & des mitaines faits avec la foie des araignees , I'Academie me chargea avec un autre academicieii de fuivre cette decouverte. Il nc s'agilfoit plus de favoir 11 les arai'gnees filoient dans certain terns une foie propre aux ouvrages ; ie fait etoit conftate : je me propofai done de trouver le moyen d'elevec & de nourrir a peu de frais une grande quantite d'araignees & de re- connoitre fi leur foie feroit a aulU bon marche que celle des versa foie , ou bien au cas qu'elle fut plus chere , fi cet inconvenient fetoit com- penfe par quelqu'autre avantage. L'adrelfe dont fe fervent les araignees pour attraper les mouches , a appris a tout le mondequ'ellesfenourilTentdeces infedesjinais onjuge aif^ment qu'il n'eft pas pollible de nourrir avec des mouches autant d'araignees qu'il en fau- droit pour fournir de foie des manufadures. Le naturel vorace des araignees ne perniittoit pas d'efpdrer qu'on put les noutrir avec aucune partie des plan- tes ; ainfi ni les feuilles, ni les fleurs , ni les fruits ne devoient etre d'aucune reflburce. Je ne laitTai pas de tenter ces fortes d'alimens pout n'avoit Tome III , Partie Fran^oift. Q 1 3®^ COLLECTION . pas a me reprocher d'avoir neglige quelque chofe ; 8i parce que je favofe Acad. RoYAiE qu'en matiece d'experience , les refulcats font fouvent tres difterens de ce "de Paris^^ qu'on attendoit; mais tout ce que je leur donnai en ce genre ne fut point , ' pour elles une nourriture. J'avois obferve que les araignees des jardins Sc ^nnu lyio. jjgj maifons, & celles qui habitent les trous des vieux murs, mangent egalement & les mouches 6c les autres infedtes lorfqu'ils s'embarraffenc dans leurs toiles ou lorfqu'ils fe trouvent a portee d'elles, c'eft pourquoi je m'avifai de leur donner des vers de terre quoique je n'en euffe ja- mais trouve dans leurs toiles, ni dans leurs trous. Get infede rampant efl aulTi commun que facile a prendre ; les jardins , les champs en font rem- plis : apres les nuits pluvieufes, les allees mtme des jardins font couver- tes de petits morceaux de tetre ronds & tournes en fpirale , lefquels ca- chent autant de trous par lefquels font fortis les vers de terre. On peuc j'en procurer aifement en les cherchant la nuit avec une chandelle, pourvu qu'il n'ait pas fait une grande fecherefTe. Ayant done renfermc dins des boites plufieurs grofTes araignees de diverfes efpeces qui avoient p.ure riiiver, car il y en a qui vivent plufieurs annees, je leur donnai des morceaux de ver , S>c je reconnus qu'elies s'en nourrifToient non-feulement parce qu'elies vecurenc. Cette preuve eut etc infuffifante , car j'avois moi-meme autrefois garde une araignee de maifon en vie pendant plus- de trois mois, fans lui donner aucune nourriture. On fait d'ailleurs que les petites araignees qui eclofent dans le mois de Septembre, vivent en- viron huit ou neuf mois fans manger, Mais comme j'avois renferme mes araignees dans des boites couvertes de verre, j'obfervois aifement fi elles s'attachoient a la nourriture que je leur avois donnee, & je les voyois attaquer les morceaux de ver, lefquels, comme on fait, confervent du mouvement quoique fepares du refte du corps , comme on les voit at- taquer les infedies a qui il refte encore quelque force apres s'etre laifTes prendre dans leurs filets : les divers mouvemens des morceaux de ver excitoient les araignees accoutumecs a vivre de proie j d'ailleurs elles con- ferverent leur grofl'eur & leur vivacite, ce qui n'arrivoit point a celleg que je lailfois fans nourriture. Enhn ce qui eft plus decifif , plufieurs fi- rent des coques dans lefquel es leurs oeuts etoienr renfermes. Je tentai enfuite diverfes fortes de viandes, mais )e vis qu'elies ne la cherciioient point , & que lorfqu'elles la rencontroieJit , elles s'appliquoient raremenr oelFus , peut-etre parce que I'appetit de ces infedlts feroces veut etre excite par des animaux vivans. J'miaginai cependant une autre nourriture qui fupplee apparemment a cet avanrage , par le gout exquis que les araignees y trouvent. Les jeunes araignees qui ne font que d'abandonner leur coque , la preferent a toute autre; je ne I'jmployai qu'a caufe du rapport qu'elle me parut avoir avec la chair tendre & moHa des infec- tes que les araignees fucent ; elle confifte dans cctte ful^ftance qui rem- plit les plumes des jeunes oifeaux , avrnt qu't lies foieni parvenues a leiic parfait accroillement. Lotfqu'on attache de ces jeunes plumes, en voir qu'elies font fanglantes par le bout & que le tu)au en eft mou. Si Ion prelTe ou fi Ton dilfeque ce tuyau, on le trouve rempli dune ful ftance lendre & garnie d'un grand nombie dft vaiiTeaux qm lailTent echappex A C A D 6 M r Q U E. jar du fan; lorfqu'oii les coupe. Aprcs avoir arrache de ces plumes a de jeuiies pigeons on a de vieux auxcjuc-U j avois ote quelque tcms aupara- varjc les grollcs plumes de la queue S< des ailes , je les divifois en petits morceaux d'une ligne ou d'une demi-ligne de longueur j je donnois ces petits morceaux aux araignees qui sen accommodoient tort , les jeunes fur-tout; j'en voyois quelquefois cinq a lix alleniblces fur un mcme mor- ceau de plume que chacune fugoit du cote oil il avoir ete coupe. Les araignees s'accommodant de ces alimcns fimples & taciles a trou- ver par- rout, & pour lefquels on ne cramdroit pas la gelee comme pour les feuilles de murier qu'on donne aux vers-a foic , il femble qu'on pour- roic nourrir des araignees en alkz grand nombre pour les rendre utiles. Les rotilTeurs tourniroienc urje grande quantite de ces jeunes plumes; on pourroit en arracher de rems en tems aux poules &: aux pigeons que I'on nourrit ek qui n'cn feroient pas moins leurs oeufs &C leuts petits comme je 1 ai eprouve. Mais nous allons voir qu'il y aura beaucoup a decomprer lorfqu'il s'agira d'elever alfcz daraii;nees pour fournir de foie des ma- nuhadures. Lorfque les jeunes araignees abandonnenc la foie qui les enveloppoir, dies paroUrent parfaitemcnt d'accord entr'elles, & travaillcnt de concerc a une meme toile ; les unes etendent de nouveaux fils fur ceux que les au- tres avoient deia fournis ; mais cette union ne dure pas long-tems. Je diftribuai en differentes boices quatre a cinq mille araignees auxquelles j'avois vu abandonner leurs coques ; j'en mis deux ou trois cens dans cer- taines boites, dans d'autres cent ou cinquante ou meme moins; ces boi- tes avoient a-peu pies la longueur & la largeur d'une carte a jouer , & dies ctoient audi hautes que larges; c'etoit un alTez grand efface pour de ii petits animaux. Comme j'avois obferve qu'elles s'attachoient au verre qui couvroit ces boites , j'avois fait a chacune une ouverture a une ligne de diftance de ce verre , par laquelle je faifois entrer une carte qui etoit ap- puyee fur la largeur de la boite ; cette carte bouchoit afifez exadtement I'ou- verture pour empecher les araignees de s'echapper. Cell: fur cette carte que je mettois la nourriture que j'avois trouvee leur etre propre; je la po- fois ainfi pres de la furface fuperieure de la boite ou du verre , afin que les araignees fulTent plus proches de cette nourriture, & afin que cel- les qui etoient au fond de la boite ou fur les cotes , pudent venir la cher- cher. J'avois eu la precaution de faire un grand nombre de trous a cette carte ; on pouvoit par ce moyen donner a manger a beaucoup d'araignees en tres-peu de tems ; on les voyoit les premiers jours chercher cette noar- riture avec emprelTement ; plufieuts s'attachoient au meme morceau de plume; mais leur naturel feroce fe dt-clara bien-tot; les plus grolTes Sc les plus fortes prirent gout a manger les plus petites & les plus foibles : cha- <]ue fois que je les regardois j'en voyois une plus petite qui etoit devenue la proie dune un peu plus grolTe , & au bout de quelque tems , a peine in'en refta-t-il une ou deux dans chaque boite. Je favois bien que les grof- fes araignees fe battent quelquefois lotfqu'elles fe tencontrent ; mais il j avoit quelqn'apparence qu'etant elevees enfemble , elles pourtoient deve- nir plus focjables. Comme nous voyons que les poulets 8c les dind ns ele- Qi ij AfAD.RoYALE LES Sciences DE 1'aris. tnnu 1710. }o% COLLECTION ^^ ves dans une mtme baffe cour , vivent fort bien enfemble quoiqu'lls faf- AcAD.RoYALE fctit quelqucfois la guerre aux nouveaux venus jufqu'a les tuer. Au refte DES Sciences Jes groires araignees fe mangent beaucoup moins que les petites, foit qu'el- DE AB.IS. ]gj gjgj^j moins befoin de nourriture, ou qu'etant plus pefantes , elles fe nnee 1710. remuent plus difficilement. Certe inclination qu'onc les araignees a fe man- get mutuellement , eft fans doute caufe de ce qu'ii en tefte fi peu a pto- pottion de la ptodigieufe quanfite d'oeufs qu'elles font. Je fais bien qu'ii y a diverfes fottes d'infedles qui les mangent. Pline parle de quelques efpe- ces de frelons & de lezards qui s'en nourtilTent. J'ai vu de petits lezatds bruns des murs en attraper avec beaucoup d'adreffe ; mais je crois que nous en vetrions infiniment davantage , fi elles ne fe mangeoient point. Si Ton vouloit done elevet des ataignees, il faudtoit lesloger une a une, par exemple , les garder dans des boites divifees en plufieurs cellules , comme je I'ai fait auili. Mais I'embarras & les frais qu'eniraineroit cette maniere de les nouttir fepatement, n'autoient point de proportion avec le peu de profit qu'on en tetireroit. C'eft tout ce qu'on pourtoit faire , fi Ton n'avoit pas la foie des vers a foie d'une maniere infiniment plus commode. Je fiis qu'on pourroit abrcger cette maniere de leur donner a manger ,, & j'en ai meme imagine quelques moyens que je ne crois pas neceffaice d'expliquer ici; mais quelque chofe qu'on fit, il eft vraifemblable qu'on y eniploieroit toujours beaucoup plus de terns qu'on n'en met a donner la nourriture aux vers-a-foie. La neceffite ou Ton eft de diftribuer les araignees dans des cellules feparees , ne diminue pas peu I'avantage qu'el- les ont fur les vers du cote de la fecondite; car , pour profiter de cet avan- tage , il faut pouvoir garder un grand nombre d'oeufs qui ayent ete fe- condes par I'accouplement , & pour eela il faut ncceffairement mettre des araignees enfemble. A la verite je crois que dans le terns de cette fc- condation qui doit prcceder de peu celui de la ponte , la ferocite naru. relle des araignees s'adoucit, & qu'on pourroit alors les mettre enfembls fans aucunrilque, fi Ton connoilfoit ptecifement ce terns, mais il n'eft nuliementfise, &: il y a fouvent plufieurs mois de diftance entre la poijte': des unes & celle des autres. D'ailleurs les vers i foie , fans avoir la fecondire prodigieufe des arai- gnees , qui font fix a fepr lens ceufs , feroient encore alTez feconds , meme quand on fuppoferoit cju'iis- ne font qu'environ cent oeufs , defqucis a pein^ quarante doimenr des vers qui falfent leur coque ; fuppofition trop foible de beaucoup, puii'que les vers a foie que j'ai elevcs, pour faire une exnfte comparaifon de leur foie avec celle des araignees , m'ont tou- jours donne au moins trois a quatre cens eeufs , & il eft aife de voir qu'on pourroit multiplier le nombre des vers a foie autant qu'on le vou- droit , fi cela dependoit feulement de la quantite de Icurs ffiufs ; il n'en faut d'autre preuve que la quantite de foie qu'ils fournillent aujourd'hui al'Europe , 011 ils n'exiftoient pas autrefois. Il feroit done aife avec le terns de multiplier les vers a foie que nous avons prefentement, en meme raifon que nous avons multiplie le petit nombre de ceux qui fureat appor- tes autrefois d'Orient en Europe, fi Ton troiwo^it de I'avantage a rendre la foie plus commune &c moins chere. Il femble d^^nc que iufgu'ici les ACADfeMIQUE, io^ . V;rs-a-foie remportent de beaucoup fur les araignees , par la facilite qu'on a a les elever , & par confcquent on doit peu fe proinettre de In noii- velle foie , fi elle n'a quelque avantage fur lancieniie , foit par la beaiite ou (a force , ou par la quaiuite qu'on en peut tirer. Cell ce qui nous lefte -k examiner dans le lecond article. Cotnine toiites les efpeces d'araignees ne donnent pas une foie qu'on puilTe mettre en oeuvre , & que ceiles qui fournilfent cette foie la hlenc feulement pout former les coques qui enveloppent leurs a?ufs ; car on fait que les filets qu'eiles tendent aux infcdcs font faits communcment d'une foie fi fine qu'on ne fautoit en faire aucun ufage ; il m'a paru ne- celfaire de donner une idee gencrale des diverfes efpeces d'araignees auxqa«lles on peut ramener routes les autres, & de la diflerente maniere dont les coques de ces ditferentes efpeces font faites , afin de faire connoi- tre ici celies dont on peut titer de la foie dans le royaume. M. Bon , qui confideroit fur- tout les araigndes par rapport a leur foie, les a aulfi dillnbuces en efpeces differentes par le rapport qu'eiles ont avec cette foie : il ks reduit pour cela a deux efpeces principales , qui ♦ fom'les araignees a jambes longues, & les araignees a jambes courtes : ce font ces dernieres , dit-il , qui fourniircnt la nouvelle foie. Mais cette divifion , qui auroit de grands avantages par fa fimplicite , ne me paroit pas donner une maniere alTez sure pour diftinguer ces araii'nees des au- tres ; car il eft des araign;5es qui ont les jambes d'une grandeur moyenne : fous laquelle des deux efpeces les ranger ? filent-elles de bonne foie ? II feroit difficile de decider cette queftion par le nicyen de la divifion precedenre , dont ce n'eft pas la neanmoins Ic plus grand inconvenient* elle trompetoit fouvent ceux qui voudroient amafler des araignees pour leuv faire filer de la foie , car la plupaft de celies dont ils en attendroient le plus J n'en donnent point du tout. TcUes font diverfes efpeces d'arai- gnees vagabondes & les grolfes araignees brunes qui h.ibitent des ttous de vieux murs , lefquelles ont pourtant les jambes plus.cpurtes t^ue la pluuart de celies qui fourniflfent la foie. i>I.],. nut-'! zij.oi i^b -io^ f.jr) Pour diltsnguer , parmi les araignees connues eh France , ceyesr'.qui donnent de la foie de ceiles qui n'en donnent point , je les rancp d'aiord routes fous deux genres. Le premier de ce«, genres eft comporcfde routes les efpeces que M. Honiberg a comprifes fous le nom d'araigneesrvaoa- bondi-s dans les Memoires de 1707 , nom qui convient p.irfaitement a ces efpeces d'araignees qui ne tendent pas-, comme les,aurres, des filets aux infecles , maisr qui Jes chaflent avec beaucoup de ru(e & d'adrell^ Toutesces araignees filont peu , & feuletnenr quand elles ouidllTent la toile qui fert de eoque a leurs oeiif* ; quelques-unes forment ceit?,pefite coquC en demi- fphere ^ elles la lailTent collce-a des pierres ^ ou cp,chae fous \% terre ; quelquefojs elles la mettent-, dans des arbres ou dans des Ijet-bes : quelques autres donnent a cette coque la figure d'une bouie qu'eiles n'aban- donnent jamais "; elles la portent toujoufs collee qux m?melons qui font aupresde leur anus , d& maniere gu'ilfemble gue & qui par confequent ont paffi pat difFerens trous. Ces fils font trop fins pour qu'on puifTe les compter exaftement ; mais ce qui eft certain , c'eft que j'en ai vu fouvent fortir plus de fept a huit d'un meme mamelon. On tire plus ou moiris de ces fils felon qu'on applique le doigt plus forte- ment , ou fur une plus gtande partie du mamelon , d'oii il eft aife de com^ ptendre comment les araignees font des fils plus ou moins gros quand il leut plait ; car non-feulement lorfqu'elles appliquent contre quelque corps plus ou moins de ces fix mamelons fenfibles de leur anus , mais aufll felon u'ellcs appliquent plus fortement, ou une plus grande partie de chacun e ces mamelons ^ elles font des fils compofes dun plus grand nombre d'autres fils, Sc par confequent plus forts & plus gros. Il doit y avoir dix huit fois plus de fils, tels qu'ils fortent des filieres,' dans chacun des fils des coques, qu'il n'y en a dans ceux des toiles , fi la quantice des fils qui compofent les uns & les autres , eft proportionnee ^ leur force j car ayanc (gllc un poid$ de deux grains a un fil de coile , ii 3: A C A D fe M I Q U E. ^t, il I'a. ordinairemein fourcnti fans romprc , Sc s'eft rompu lorfque ;e lui en i i ai attaclie un de irois grains , an lieu que les fils dus coques foutieniient Acad 'Ioyaib environ trente-fix grains, ik. nc fe callenc q.e lorfqu'on ks charge d'un dls . ciences plus grand poids. de Paris. Mais li Ics fils des coques d'araignees font plus forts que les fils de leurs Annit I7i0i toilcs, ils fonc toujours plus foibles que ceux des coques de vers a foie , qu 'ique dans une moindre proportion. La force des fils que je devidois de delfus ces deriiieres coques , a cte ordinairtment jufqu'-i foutenir un poids de deux gros & derpi. Ainfi la force d'un fil de cocjue d'araignee , ell a celle d'un fil de coque de ver a foie , environ comme i eft a 5 , & c'eft encore la un avantage de I'ancienne foie fur la nouvelle; car quoique chaque fil de coque d'arai^,nee foie plus fin qu'un fil de ver a foie, a-peu pres dans la mime proportion qu'il eft plus toible , cela ne compenfe pas enticre- menc ce defavantage , car il faut joindre enfemble plufieurs brins j & fans compter que c'ell une peine de plus, il eft toujours a craindre que les fils ne tirent pas tous igalemenc , & par confequent que la fomme des forces de ces fils ainfi reunis , foit moindre que la fomme des forces du mcme nombre de fils fepares. Cette multiplicite de brins qui compofent chaque fil de foie d'araignee, pour le faire audi gros qu'un fil de ver a foie , contribue peut-ctre en parne a rendre les ouvrages faits de cette foie, moins luihes que ceus qui font de foie de ver, car leur luftre eft effedli.'ement moms beau, comme M. de la Hire le remarqua lorfque les m taines furenc apportees a I'Academie. Ce qu'on appelle luftre dans une etotfe n'avant d'aut e caufe que de ce quY!'" rcHechit plus de lumiere coloree d'une ccttnine fa^on qu'une autre etotfe qui paroit de mcme couleur , plus un bun de foie aura de petits vuiJes qu'un autre brin de foie , moins il paroiira luftre, car il refiechira moins de lumiere. Or ces petits vuidc-s k-ront eviJem- ment en plus grand nombre dans un fil compofe de plufieurs fils dilfe- rens & reellement fepares , que dans un fil fimple & de mcme grolleur ; les parties de 1 1 liqueur vifqueufe qui compofent celui-ci , s'etant fans doute appliquces plus aifement les unes aux autres , doivent fe toucher en plus d'endroits que ni peuvenr fe toucher divers fils reellement fepares. Ainfi en fuppofanr que chaque fil de foie d'araignee n'eft pas plus luftre natu- rellement qu'un fil de ver a foie , il eft clair que lorfqu'on aura joint cinq de ces fils pour en compofer un autre de meme groffeur que le fil fimple de ver a foie, ce fil co 1 pofe & I'ouvrage qu'on en formera , pa- roitront moins luftrcs que le fil de ver a foie , & I'ouvrage qui en lera fait. Ceci feroit vrai en fuppofant, comme je viens de le dire, que ch.ique fil fimple d'araignee eft naturellement audi luftre qu'un fil fimple de foie j Diais cette fuppofition mems eft trop favorable a la foie d'araignee, car on peut remarquer que les his les plus crepes ont moins de lullre que ceux qui le font moins. Aulli voyons nous que la laine, dont chaque brin eft naturellement plus crfpe qu'un bnn de foie, eft aufli moins luftree. Si cha- que brin de foie d'araignee eft naturellement plus crepe qu'un brin de foie de ver, il doit audi avoir moins de luftre : or ce fil eft reellement plus cre- Tomt III f Panic Frangoife, R 2, JI4 C0LLECTI0I4 I — — pe, Sc ilii'eft pas difficile d'en trouver la raifon. La maniere doJit lei uftj . „ He les autres font dcvides , en eft apparemmenc la caufe : car on conceit Acad. Roy ALE >, , , , i , • , j ci j' ■ i" i i ir i n ' DES Sciences d abord quen devidanc des his dune maniere lache, on laillc la liberte DE Paris. aux telTorts de routes les petites parties qui les compofent , d'agir de tou- , , tes leurs forces pout les plier ou les frifer en plufieuts ftns difterens ; au nnci 1710. jjg^ qu'en devidant ces fils d'une maniere plus ierree, comme font les vets a foie , on empeche I'adlion du reflott de ces petites parties. Le relTort lui- meme s'ufe dans cette ficuation violente , ou du moins s'afFoiblit : ainfl les premiers fils d s coques, meme des vers a foie , qui font eux mcmes ' entortilles autour de la coque d'une maniere lache , font bien moins beaux & moins lu.ttcs que ceux qui forment le corps de la coque , lefquels font dc-vides d'une maniere tres-ferree. Cette maniere lache dont ks fils des araignees font entortilles, contribue encore d'une autre f.icon a en di- minuer le lufbre ; c'eft qu'elle empeche qu'on ne puilfe les devider comme on devide le fil continu ou I'organcin qu'on tire des coques des vers a foie , de fotte qu'on eft oblige de carder les coques d'araignees avant de les filet. Ainfi on apper^oir aifement que le gros fil de foie que I'ouvrier a file , doit ecre compofe d'une infinite de brins tres-courts , & que par confe- quent il n'eft pas poflible que ce fil paroifie aufli beau & aulli kiftre que eelui qui etant de meme groffeur fetoit compofe de difFerens brins conti- nus qui auroient chacun une longueur egale a la fienne , & cela parce que tous les bouts de ces brins courts produifent neceflairement dans I'etendue de ce fil , de petites inegalites qui lui otent fon luftre. De meme la foie qu'on tire des coques des vers a foie , aprcs les avoir cardees , eft beau- coup moins belle que celle qu'on tire en la devidant de dt- fliis ces coques.. Quand on fuppoferoit qu'il n'y a eu que deux des mamelons qui ayenc fourni des fils pour en faire un de toile d'araignee , & que chacun de ces mamelons qui fournilTent eux-snemes fouvent un fil compofe de plufieurs autres , en auroit fourni un fimple ; ce fil de toile crane dix-huit fois plus foible qu'un fil de coque , que nous avons dit ctre environ cinq fois plus fia qu'un filde ver a foie, devroit etre compofe de trente-fix brins au moins pour etre egal a un fil de coque, Sc de cent quatre-vingt brins pour etre egal a un fil de foie fimple , lequel fil de foie fimple n'eft que de la deux - cen- lieme partie d'un fil de foie des plus fins de ceux dont on fe fert pour condre; car j'ai fouvent divife ces brins de foie en deux cens fils, on a-peu-pr^s ; de forf'e qu'un brin de foie d'araignee de la grolTeur d'un brin de la foie la plus fine dont on fe fert pour coudre , feroit reellemenc compofe d'enviton crente-fix mille fils , & on pourroit les divifer adtueU lement en mille. Le brin de foie d'araignee compofe de ces trente-fix mille fils de foie fimple , feroit peut-etre un peu plus gros qu'un fil de foie a coudre , com- pofe de deux cens fils fimples de ver a foie , quoique la fomuie de la grof- ieur des trente-fix mille & des deux cens foit la meme , parce qu'il Itroic difficile d'arranger enfemble un fi grand nombre de brins , fans qu'il reftat: ena'eux plufieurs intervalles vuides qui paroitroienr augmenter !e volume^ C'eft pour cela que la foie des araignees a paru rendre davanrage a I'ouvrage que celle des vers k foie : mais ft on avoic fait attention qu'elle doit ette A C A D 6 M I Q U E. 3iy fontcroire qu'il peut y avoir pltifieurs efpeces d'anunaux dans lef- quels on trouve de ces pierres , & que cliacun aura decrit celui qu'il aura vu. Cette meme raifon peut fervir a prouver la caufe des difterentes cou- leurs du bezoard. Le bezoard Occidental eft facile a diftinguer a fa couleur plus pale ; il eft quelquefois gris-blanc , & roujours engendrc fur des matieres etrangeres comme le bezoard Orient.-il. Les lames en font quelquefois plus cpailles, & ftriees dar.s leur epailTeur. Les bezoards foftiL-s font des efpeces de pierres formees par couches , ayamla figure du bezoard animal : ils out ordinairement une couleur grife blanchatre , les couihes en font alTez minces , ils n'ont point d'odeur , SC s'emploient dans les niemes maladies 011 Ton emploie les autres bezoards. L'Amerique , comme je I'ai deja dit , nous fournit beaucoup de ces be- zoards , aufli-bien que I'ltalie , & plufieurs endroits de France. Ceux qui ont rraite du bezo.ird , & entr'autres Gafpard Bauhin , ont com- pris fous ce nom bien des matieres qui n'y ont nul rapport , ce qui ne peut apporter que de la confufion dans i'Hiftoire Naturelle. Si Ton vouloit done rancrer dans un ordce convenable , tout ce qui peut participer au nom de (a) Les bczcards du Perou fe trouvent dans I'eftomac des lamas & pacos fauvage-;., & ceux'de la Nouvelle Efpasine , dans I'eftomac d'une efpece de cerfs. Touces les gazelles Scchevres fauvagesquijiabicent ks roontagnesd'Afie, donnen^le bezoard orientaj. A C A D 6 M I Q U E. 515 bezoard , je crois qu'il feroic d propos d'en faire ici cinq claHTcs. ^— La premiere contiendroit Ics veritablts bczoards qui font I'Oriental , Acad. Royale Sc I'Occidental, des Sciences On mettroitdans la feconde, routes les pierres tirees des animaux qui "e 1'aris. approciient du bczoard par leur ftrufture , Ik par leur vertii , commf lont Jnn^i i-io. le bczoard de finge , celui de cayman , 6c mcme les difFerentes fortes de ' perles , & les yeux d'ecrevilfes. Dans la troifieme , les difFerentes forces de bezoards fortiles. Dans la qiiatrieme clade , les matieres figurces , con me le bezoard fans en avoir les vertus ; favoir la pierre humaine tirce de la vedie , celle dcs reins, celle de la vellicule du hel , avec celles qui fe trouven: dans la vtlli- cule du ficl des bccuts & des autres animaux. Dans la cinquieme &c derniere , les egagropiles qui font des efpeces de bouL's de difFerentes figures , afl'ez legcres , formees par un amas de poils, &C de fiSres des plances que les animaux n'ont pu digcrer. Ces fibres , Sc ces poils s'ourdi(rtnt de maniere qu'ils ne forment plus qu'un corps fembia- ble a une boule de feutre. U s'en trouve qui font recouvertes d'un croute bezoardique fort mince : elles nailFent ordinairement dans le premier ven- tricule de tons les animaux qui ruminent , on dans I'eftomac de ccux qui ne ruminent point ; tels ion: la pierce du pore-epic fauvage , &: les autres boules de poils trouvees dans les chevres j dans les ba-ufs , dans les vachcs , & dans d'aurrts animaux. Suitc^dcs obfervations fur les Be:^oards 5* autres fub fiances de. meme genre, avcc quelques partkularitis touchant le coquil- lase nommi Pine Marine. ^c* X L paroK fi elTentiel au bezoard de contenir quelque corps etranger, qu'on en trouve memo dans les bezoards foflik-s. Boccone y a obferve des noyaux de difFerentes efpeces , des cailloux , des graviers , du bois , du metal, du charbon , &c. J'en ai examine qu'on nomme Priapolites ^ cette efpece croit en Languedoc , & M. Bon m'en a donne un done le noyau eft de cryllal de roche. Entre les difFerens noyaux qu'on trouve dans les pierres du bezoard ani- mal , j en ai remarque un qui me piroilFoit alTez femblable aux noyaux de caUe ou de tamarin , mais plus petit. J'ai cependant rrouve depuis que ce pouvoit etre le fruit d'une goulle que je n'avois pas encore vue pour lors , & qui approche de celui ile la goulFe de I'arbre momme Acacia vera Egypiiaca. Cette gouife qui nous eft venue du Senegal , tft longuc de j pouces, ou 3 pouces & demi , & large de 9 a 10 lignes : elle eft com- pofee de deux membranes , une exterieure , & une interieure : la mem- brane cxterieure eft fort tendre , de coulenr brune , & attachee a Tinte- lieure qui eft cartiiaglneufe & fort mince. La maricre qui les unit eft gommeufe , de coulcur jaunatre tranfparcnte ; e!le fond dans la bouche , & eft d'un goiit fort acerbe. Dans les plus longues goulles j'ai trouve liuic graiiies fcparees Icj unej des autres par une efpece 4'ccianglement qui iiS COLLECTION .ii..!! reunit les deux parois de la membrane : chaque cavice de ces goulTeS Acad. RoYALE '•'oniient une graine places approchaiue d'un lupin , tantoc exad-cmenr cir- DES Sciences culaire, tantot un peu compnmee par I'etranglemenc de la goulle qui eft plus DE Paris. ftrree dans ion milieu que dans les deux extremices, enforce que les fruits ^nnec 1710. ^'^ milieu de la goulfe font un peu comprimes, 6c que ceux desextte- mitcs font exadement ronds. Ce qui m'a tait juger que ces fruits etoient ceux que j'avois obferves dans le bezoard qui eft rond , & un peu applati , c'eft que je les ai trou- ves avoir les msmes mar(]ues , & entr'autres une ligne blanchatre , cir- culaire , tracee lur chaque face du fruit , telle qu'tlle paroit fur celui qu'on trouve renferme dans le bezoard. J'ai mis de ces fruits dans I'eau, lis s'y font renfles a- peu pres de la meme maniere qu'ils ont pu I'eire lorfqu'ils fe font trouves dans I'eftomac de I'animal , ou ils ont commence a s'enduire de la matiere bezoardique. La teinture que j'ai tiree de ces fruits ctoit tres-rouge , & tres-acerbe : j'y ai jette un peu de vitriol , elie a noirci : on (e fert dans le pays de ces fruits , i^ de leur goulfe pour tanner les cuirs. De leur decodlion faite dans I'eau , on tire un luc qu'on cpaiffit , & qu'on nous appotte fous le nom AqJ'uc d' Acacia. On pretend audi que c'eft de cec arbre d'acacia que coule la gomme que nous nommerons Gomme Arabique , onGommi du SinegaLYK t -il quelqu'apparence que les contrefadteurs du bezoard allalTent chercher , entt'autres thofes , les fruits de I'acacia pour faire une des bafes de leur compoficion ? Et n'eft-il pas plus vraifemblale que ces fruits , & quelques autres fruits allringens qui fervent a la nourri- ture des bcftiaux caufent dans I'ellomac des aniniaux qui en mangent le plus, un epaiffiirtment de litpeurs qui peut occafionnet la formation des pierre> de bezoard. Voild de quelle maniere ces pierres naiiTent dans I'eftomac de I'animal qui ks porte , &: s'accroilf.nt au point oti nous les voyons. Il s'en peut trou/er p'ufieurs dans le ventricule dun feul animal. Tavernier dit foraiel- lement que fix de ces chevres dont on lui fit prefenr avoieiu en tout dix- fept bezoards , qu'on pouvoit les tacer par dehors, & les compter , & qn'ils augmencoient le prix de I'animal a proportion de leur nonibre. Cela cadre pnrfaitemenc avec ce que rapporte Clufius de I'animal qui porte le bezoard Occidental : il dit qu'un ami qu'il avoir au I'erou, & qui le premier avoir fait la decouverte du bezoard , voulanc favoir comment ces pierres fe for- . moient dans le corps de ces animaux , en dilfequa un , & trouva dans le ventricule une efpcce de poche oil ces pierres etoient rangees de fuite comme les boutons d'un habit. Ces deux paifages foic entierement oppofes a I'opinion de Pomet qui pretend qu'il ne peut fe trouver qu'un bezoard dans le ventre de chaque animal ; aiilfi nous alfure til qu'il n'eut pas ofe contredire les auteurs qui en ont traite, s'il n'avoit eu pieces en main pour juftifier fon opinion j c'eft ce qu'il fera bon d'exammer ici, d'autant plus que petfonne , que je fache, n'a encore expofe publiquement I'erreur de Pomet, fur la pre- tendue tunique du bezoard , animal qu'il difoit etre une des plus grandes cutiofites qu'ont eiit vues depuis long-tems en France. Citu tttniqui eji f dit-il, de la grojjiur d' un «iuf £oie , garnk au dihors A C A D ]& M I Q U E. 'jj7 'd'u/l poll rude, court t Hunt couUur tannU ,laquclU itant coupit tn deux il s'y rencontre une coqiic mince & brune qui fen de couverture a une autre coque blanche & dure comint un os , oil eft contenue cette pierre a qui on a donne le ^'^'^''•I^oyale nom d. heioard (a). - dhs Sciences Or cette enveloppe fi finguliere du bczoard , dont il prcceiidoit avoir fait la dccouverte, n'eft point du tout une partie de ranimsl qui porte le -^'"'" lyiO' bczoard , celt un fruit esotique dans lequel , ou Pomet, ou quelque char- latan par lequel i-1 s'etoit lailfc tromper , avoir enchalTe fort adroitinicnt une pierre de bczoard : cette fraude n'a etc dccouverte que depuis un an. Comme j'examinois avec M. Vaillant, & M. de Jullicu cette pierre fin- guliere du drogui.r de feu M. Pomet, nous nous app^r^umes que cette pretendue enveloppe ne pouvpit point etre une partie d'aucun anjmal , & qu'il falloit que ce fut quelque fruit peu connu : c'tft ce qui f'ut enfuite verifie par M. Vaillant qui fe trouva avoir de ces fortes de fruits, & qui n'eut pas de peine a en faire des bezoards avec leurs envoloppes tout fcm- blablcs au bezoard tant prifi^ par Pomet. J'en ai fait aulli de pareils : ce fruit vient fur une forte de palmier dccrit par Jean Bauhin qui I'appelle Fa/ma Crucifera : le meme fruit eft aufll dccrit par Theophiafte ; I'arbre croiten Egypte, la Nubie &c I'Ethiopie. Cordus I'appelle Nux mdica mi- nor , & a donnc une defcription de fon fruit , femblable a celle de PomeC que je viens de rapporter en parlant de la tunique du bczoard . II ne man- que a cette defcription qu'une particularite omil'e par Pomet : c'eft l,i peau qui lecouvre tout le fruit , & dont la couleur eft un jaune tanne. Ce fruit a un pedicule partage en fix pennies, ttois grandes &: trois petites : cela eut fuffi pour le detromper , lui, ou ceuxqui ont etc trompes aprcs lui & il n'eft pas inutile pour la perfeiftion de I'Hiftoire Naurelle que de pa- reilles fraudes foient rcvelees avec foin. Ce n'eft pas fans raifon que j'ai mis dans mon dernier Memoire au rang des bezoards , routes les raatieres qui fe fonr.ent par couches dans le corps dts animaux. Les perles que j'ai niifes de ce nombre le meritenc d'autanr mieux , que j'en ai ttouve dans certains coqiiillages , de fi fembla- bles au bezoard ordinaire , qu'on a de la peine a les en "diftinouer au pre- mier coup d'oeil. Ces perles s'engendrent dans une efpece de poiflTon a co. quille qu'on nomme P//:/i autres elpsces de coquillagcs. Je VIS done que quand la moule fe prepare a changer de place elle commence par cntr'ouvrir fa coquille : il ne lui importe fur quel cote elle foit appuyee {Fig. FI) , & peu apres que cette coquille eft entr'ouverte, on voit patoitre fur les bords , la pomte de cette partie que nous .ivons die relTembler a une langue :1a moule ne la laifTe point li , elle lui donnebien- tot plus d'e'tendue pour la porter plus loin des bords de fa coquille , elle I'allonge quelquetois iufqu'a un pouce & demi de ces bords , mais fouvent inoins. Qu..nd elle a air.ii change fa figure , en augmentant li coniidera- blement fa longueur, elle s'en ferr pout tater a droite on a gauche, devant &detriere, comme pour fonder le terrein qui I'environne , & decouvrir de quel cote il lui conviendrad'avancer. Toutesces pcpararions faites ,elle replie I'excremite de cette partie L I ( Fig VI) qui eft rharnue & ttes-fltxi- ble, fur quelque corps pour le faifirou s'y cramponner; Si reduifnnt alors cette mcme partie a-peutrcs a fon etendue n.itiirelle , fans lui laidtr abandon- ner le corps fur lequel elle s'eft cramponnee , elle oblige fa coquille a avan- cer vers ce corps. Ainfi Ton voit que la manccuvre dont les moules fe fervent dans leur mouvement ptogrelTif , relTemble affez a celle d'un homme qui etant cou- chc fur le ventre, vouJroit s'approcher de quelque endroit, en fefervant fiulement de fon bras ; il portcroit ce bras fur le corps le plus eloigne qu'il ' pourroit faifit avec la miin ; en le raccourcidant en fuite , il obligeroit fon corps a quitter fa place, comme les moules quittent la leur ; & route la difference qui eft entre I'ufage que I'homme fcroi: de ^on bras dans la cir- conftance precedente , &: celui que la moule fait de cette partie , eft qu'ellc la raccoutcit viritablement , au lieu que I'homme ne fcroit que plict le bras. 5 54 COLLECTION e • Les moules ne proficenc pas fouvenc de la facilite qu'elles ont a fe mouvoir ; AcaD. RoYALE car elles font tout s ordinairement attachees les lines aux autres ou a d'aii- DES Sciences tfgs corps par ditFerens fils , defquels nous patlerons au long dans un autre DE 1 AKis. Mcmoire; Sc ce n'eft que lorfque ces fils font rompus , qu'il leur arrive AnrJi 1710. quelquefois de faire ufage de cette efpece de bras : on voit fouvent des moules decachees au bord de lamer , auxquelles appatemment il eflde quel- que utilite. Du Lavignon. P ' E coquillage auque! on a donne le nom de iavignon fur les cotes de Poitou & d'Aunis , elt (ans doute une efpece de Clianie ( PL y. Fig. f^Jl , VIII He IX) , puifqu'il a le caraftere elTentiel a ce genre , qui ell d'avoir une coquiUe bivalve kquelle refte toujours entr'ouverte , c'eft a-dire , que les deux pieces qui la compofent ne font jamais appliquees exadhcment I'une fur I'autre , comme les deux pieces des coquiiles d'huitres, de moules > 3c de diverfes autres efpeces de coquillages ; aulli peut-on rendte en Francois le nom de Chama pat Coquilk bianu, comme Gaza la traduit en Latin par Hiacula, Les lavignons ont non-feulement ce caradiere enfenriel au genre des coquiiles beantes , mais ils ont encore cela de commun avec les efpeces dont parte Ror.delet , que leur coquille eft mince & fi fragile qu'on la tompt aifement en la prellant entre deux doigts ; d'ailleurs ils vivent com- me les chames dans la boue \ mais ils different en meme terns de ces efpeces que Gefner dit etre appellees flammes ou flammettes en Francois , & poi- yrees en Italien , parce qu'elles font (ur la langue le meme tftet que le poi- vre \ car le gout des lavignons eft tres- infipide. Leur coquille eft affez polie & blanche , fur-tout interieurement ; car fouvent la plus ancienne partie de la furface exterieure de cette coquille, c'eft-a-dire , les endroits voifins de fon fommet , ont une couleur noiiatre qu'ils ont prife dans la boue noire dans laquelie les lavignons vivent : ils fe tieunent enfonces dans cette boue, quelquefois a plus de cinq ou fix pouces de profondeur j mais malgre cela , on connoit facilement les en- droits ou ils font, par de petics trous ronds d'cnviron une iigne de diame- tre , qui reftent au delFus des lavignons : il y en a un ou deux qui repon- dent a chacun de ces animaux, qui font fort pres les uns des autres , &: en grande quanticedans les endroits ou on les tiouve. Quoiquela coquille du Iavignon foitnaturellement entr'ouverte , eile I'eft trop peu pourlailfer voir les parries intcrieures de I'animal ; mais fionl'ouvre beaucoup en coupant les deux mufcles qui font apeupres au bout de la longueur de la coquille , & qui fervent a la fermer ( PL F , Fig Vll M M ) , on verra audi tor la partie que le Iavignon emploie pour fe mouvoir. Cette efpece de jambe I iFig. yil) paroit placee a-peu-prcs au milieu de la coquil- le, ayant fon origine vers le fommet : toute fon extremite I eft en Iigne droite, & tranchante , die s'arrondit feulement vis-a-vis les deux tuyaux charnus A C A D fe M I Q U E. 33 j CC, au-Iiea que He I'autre cote elle avance iin pen , Sc formi une efpece de pointe cmoullcc marquee P : cell la la ftrudturc commune de cetrt par- ~^ Z I .1 II- II / .T-. r, . ■ ' , Acad. KOYALB ne. J ai ceptiidaiu vu ilcs lavij^nons dont la pomte emoullee P ctoit po'.ce des Sciences diredlcmenc Ue I'autre cote , c'eft a-diie quelle etoit dans I'tHdrou arcondi de Paris. qui ell le plus proche des tuyaux CC & tournce vers ces tuyaux j mais ^^^^^jjj 1710. peu-etre ctoient ce des monllres dans cette efpece de coquillage. Ordinaireii ent les lavignons employent cette partie pour s'enfoncer dans la boue , & pour fe rapprocher eniuite de la furface de I'eau lorfqu'ils one envie de quitter l.ur ancien trou : comme la boue les couvre pendant cette derniere adtion ; il n'lft pas fi aife dedecrire comment ils I'txecutenr que la premiere que Ton apper^oit diltindement; ccpendant ce que nous allons dire de la maniere done ils s'enfoncent dans la vafe, doit fuftire pour faire coraprendre de quelle maniere ils s'en retirenc , puifqu'iis n'ont pour cela qua faire precifcment le comraiie de ce qu'ils font dans I'autre operation. De quelque cote qu'on pofe un lavignon , pourvu qu'on ne I'appuie pas diredlemenc fur le fommet de fa coquille, il s'enfonce aifement dans la boue , mais on ne voir jamais mieux I'adlion de fon efpece de jambe , qu'en le couclunt fur le plat de fa coquille; onremarque facilement alors qu'il augmente , non-feulement la longueur, maisauili ia largeur de cette partie * il I'allonge aulli, & la rend pointue , fur-tout dans I'endroit V{higIII) done il fe fert d'abord pout s'ouvrir un chemin dans la vafe : ce chemin ouvert , il infinue route lextrcmite de fa jambc fous cette vafe , ce qui lui eft d'autant plus aife , que quoiqu'elle foit tranchaiite naturellement , il rend encore alors fon tranchant plus tin, parce qu'en allongeant & elarr-ilfanc cette partie, ill'applatit extrememcnc. Tout cela fe fait fans fe deplacer en aucune fagon ; le tranchant de cette parrie etant ainfi enfonce , il le re- courbe comme on le voir ( Fig. Fill) ; or . il eft aife de concevoir , que fi alors il raccourcit cette partie en lui lailfant toute fa largeur , il redrelfe d'abord fa coquille fi elle etoic pofee fur le plat; ou que fi elle etoit fur fa bafe , comme dans la Figure VllI , il doit nccelTairement la faire enfon- cer dans la boue : fi la coquille trouve moins de rcfiftance a y entrer que le tranchant recourbe n'en trouve as'slever , & fans doute que cette der- niere reiiftance eft plus grande que I'autre; car la coquille s'enfonce par le inoyen que je viens de decrire. En effetle botd de cette coquille etant trcs- mince , trcs-tranchant , &: formant une efpece de coin , doit trouver moins de difficulte a pcnetrer dans la boue que rexttemite de cette partie oni par fon recourbement occupe la place dun alfez gros corps, n'en rencontre ;i fortir de fa place. Cell en reitcrant fouvent la mcme manceuvre , que le lavignon s'enfonce dans la boue autant qu'il le veut. II remonte apparemment au delfus de cette boue, en faifanr un ufage tout contraire de la meme partie dont il fe fert pour s'en.'^oncer dedans ;je veux dire, qu'il fait fortir hors des bords de fa coquille fon extrcmiic , qu'il la recourbe ou I'applatit avant de I'avoir allongee autant qifelle le peut erre , ayant eu foin d'oter la boue qui pourroit lui rcfiller par delfus , c'ell- ^ dire , qu'au lieu que le recourbement de cette panie ( Z";^. ^"7/7) em- biafle la vafe comprife dansl'efpace RCOr, qui elt encre cette pactie re- 3jtf COLLECTION courbee , &: le bord de la coquilie , cette nutne partie , lorfqu'il vent Acad. Roy AiE moncer, ne trouve aacune boue dans cet efpace RCOr, pacce qu'avant DEs Sciences j^ prendre la figure que nous lui voyons, il a vuide cet efpace. Il nous DE 1 ARIS. , r . ^, . t^ * , r 1 r • i i • i elt done aile de compreiidre que li dans cette luuatton le lavignon acne- '"' 17 10. ^^ d'allonger la panie qui lui fert de jambe autanc qu'elle le peu: ctie, en confervanr la largeur qu'a le recourbemenr , il poullera fa coquille en haut, par la mcme raifon qu'il I'a tirde en bas auparavant en raccour- cilfanc cette partie, c'ell-a-dire parce que cette coquille qui ell faite en efpece de coin trouvera moins de rcfillance a ouvnr la boue , que I'ex- trcmice large .de cette jambe qui fait la fondion de pied , n'en trouve a defcendre. Le lavignon peut encore gliirer fur la boue lorfque fa coquille eft cou- ches fur le plat ; il allonge pour cela fa pointe cinoufTce marquee P (Fig. Fll.) , ^ ayant appuye I'cxtremitc de cette pointe fur la boue , il I'al- longe encore davantage (Si fait par confequent avancer fa coquille comme un hbmme qui eft dans un batteau , fait avancer en poufTant la terre avec une perche \ mais nous aurons lieu de psrier de ce mouvemenc plus an long a I'occafion de quelques autres efpeces de coquillages. Au refte cet animal, lorfqu'il enfonce fa coquille dans la boue, ne la. met pas de maniere qae la bafe de cette coquille foit en bas : par le plus ou le moins de recourbcment qu'il donne a un des cotes R ou r de fa jambe {Fi^. ^111.) il enfonce plus ou moins une des exttemites de fa coquille, de facon que la bafe CO de cette coquille fait un angle avec I'horizon. On peut le remarquer dans la meme figure ou le boue de la coquille proche de C eft plus ekve que celui qui eft auprcs de O. Plus meme cc coquillage s'eiifonce , plus il eleve le cote C par rapporc a I'autre, de forte que lorlqu'il eft enfonce de quelques pouces de pro- t'ondeur , la bafe CO, fait prefque un angle droir avec I'horizon. Neanmoins il n'eft pas indifferent lequel des deux bouts ds cette co- ' quille foit le plus bas ;• il en eft un qui doit etre toujours le plus elevf. Pour en connoitre la caufe , il fuffit de favoir que cette efpece de coquil- lage , comme plufieurs autres done nous traiterons dans la fuite, a deux tuyaux charnns pofes pres d'un des bouts de la longueur de fa coquille, c"eft-a-dire fort proche de Tangle curviligne q^ie fait la bafe avec le cote du fommet. Ces deux tuyaux paroilfent dans la Fig. VII C c. Or le lavignon fe fert de ces deux tuyaux pour fe conferver une com- munication avec I'eau du milieu de la boue dans laquelle il eft enfonce; car il les allonge jufqu'a la furface de I'eau , a-peu-pres comme ils pa- roilfent daijs la fig. IX , dc fouvent beaucoup davantage. On voit aife- ment que I'animal du fond de fon trou , &C quoiqua convert p.'.r la vafe , pent prohter de I'eau qui eft au-delUis de lui, puifque ces deux tuyaux ont chacun deux ouvertures a I'une & I'autre de leurs extremites. La premiere de ces ouvertures eft marquee Cc, Fig. VII & IX, & la feconde OO, Fig. VII ; auili s'en fervent ils a refpirer I'eau, comme nous nous fervons de notre bouche pour donner palfage a Tair dans nos pou- nions. C'eft ce qui eft tres-fenfible lorfqu'on lailFe peu d'eau au delFus de la boue dans laquelle ils font enfonces. On remarque d'une maniere claire A C A D 6 M I Q U E. ',,7 clAlre , ic I'eait qui entre & I'eau qui fore alcernativemetu par ces deux — ^ tuyaux , lefquels tone fouvent en la jetranc divers jets. II m'a paru qu'ils . r peuvenc I'un Ik Taiitre attirer I'eau 6c la rejetter. ,fr*A^,?J^,:'"/ ^ /~^ r ■ r I 1 Dtb oCIENCES Ce lone ces tuyaux qui ront les trous rends que nous avons die ctre au- be 1'aris. delFus de chaque lavignon. Si-tot que I'animals'eft enfonce dans la vafe, ji/tncc 1710. i'eau applanillanc aifcment les furfaccs qui refiftene peu , bouchcroic bien vice le trou qu'il a faie dans cecee va(e en y entrant j c'eft pourquoi il allonge fes euyaux pour conferver deux efpeces de canaux depuis la furface de I'eau jufqu'i lui , lefquels canaux one k mcmc diametre que ces euyaux. Les lavignons peuvene non-feulemenc allonger beaucoup ces tuyaux & les raccourcir jufqu'a les renfermer entieremene dans leur coquille , ce •qu'ils font routes les fois qu'on veuc les prendre , mais ils peuvene en- core les remuer en tons fens; quelquefois meme ils ne fe contentene pas de metere le bord de ces euyaux de niveau avec la furface fuperieure de la boue , ce qui eft leur firuation la plus ordinaire ; il lesclcvene au- delTus de cette boue , ou bien les repliene fur fa furface fur iaquelle ils tracene par leurs moyens difFerens filions. Nous ferons a I'occafion de ces euyaux charnus done les lavionons fe fer- vent pour attirer I'eau au milieu de leur coquille Si la rejetter enfuitc , une temirque generate; c'eft que tomes les efpeces de coquillages qui vivenc orJiiiairL-m-'ut caches fous le fable ou fous la bnue , ont un ou deux tuyaux charnus Tmblables a ceux des lavignons par leur fonclion , quoique fou- vene ditferens par leurs figures , & qui fone plus ou moins longs felon que ces animaux s'enfoncent plus ou moins dans le fable. La raifon en eft evidente; Us one befoin de fe conferver une communication libre avec Vem , & pour cela ils doivene empccher le fable ou la vafe de les cou- vrir entieremene : or ils ne peuvene fe nienager cette communication , i moins que le boue de ces euyaux ne puilTe aller jufqu'a la furface fupe- rieure du eerrein dans lequel ils vivent ; de forte que la longueur du tuyau & celle de la coquille jointes enfemble, fone la mefure de la plus grande profondeur a Iaquelle ils peuvene refter pendant quelque tems : aulli voyons- nous que les lavignons qui one de tres-longs tuyaux, defcenJene fore avant dans la vafe , & que les moules & tons les lima^ons de mer qui n'one poinc de pareils euyaux , reftenc coujours fur la furface de la terre. De la Palourdc. \J N ne doic pas prendre la palourde des cores de Poicoii , d'Aunis ic de Saineonge , pour une efpece de genre nomme chama pdoiis, ainfi que ^'ijori bien remarque Rondelec ; car foit que le nom ds pelor'u qui pa- role avoir quelque relfemblance avec c«lui Ae palourde , aie eee donne ace genre, parce que les coquilles qu'il comprend font plus grandes que les autres efpeces de chames ou coquilles beanees, comme quelques-iins le ptetendene , foit qu'il lui vienne du nom dun ptomoncoire de Sicile ap- Ti>m< Illy Ptirtit Franjoife. V i ii^ COLLECTION Acad. Roy Alt DES SCXENCES D£ Paris. Annie ijio. pelle Pelore, comme d'aiures le veulent ; il eft cerrain que la palourd« n'eft point line efpecc de c/iama peloris , puifqu'elle n'eft pas ime coquille beante , elle terme fa coquille tresexatcement : elie n'eft point non plus Jft paloutde ;d«s cotes de Prove^nce, car elle ne vit poinc comme elle dans laivafe. ■ Je ne vois. a,ticune figure-, ni aucune defcription dans Rcndclet , qui con- vienne parfaitemenc i I'efpece de coquille done je parle; car quoiqu'elle convienne nvec la coquille epailFe par TepaifTeur & la folidite, elie en differe parce qu'elle a.»fur route fa furface fuperieure de legeres cannelu- ves [Pi. y. Fig. X.) qu; partant des environs du foinmet, vont fe termi- ner a la bafe qu'elles; rencontrent a angles plus-ou aioins aigus , felon qu'elles font plus proches ou plus eloignees du milieu de cette bafe. La coquille. de la palourde eft bivalve; fa couleur eft d'un blanc fale, c'eft-a-dire un pen jaunatre, du moins en quelques endroits de fa furface exterieure, mais fa furface inti.rieure eft aftez blanche; fa longueur or- dinaire eft an luoins d'un pouce & demi, fa largeur d'environ un pouce ; elle a bien deml-ligne d'epajlTeur aurour de fes bords, . - Ce coquillage a comme le lavignon, deux tuyaux charnus C C -F/^. X, mjijs, beancoup ipJus courts, quoique plus gros ; il ne I'es etend jamais a pUiiS de trois lignes;; leur ouverture exterieure a pour lors un pen plus d'une ligne. Il n'eft pas aife de dire lequel eft le plus long & le plus gros de ces tuyaux , lorfque I'animal eft en vie , car quoique celui qui eft le plus proclie du fommecC, paroilfe communeuient leplus petit, & le pluseloigne C , le plus grand; on voir dans d'autres tems tout le coutraite., felon qu'il plait a I'animal id'allonger & .de groflir plus un de Css tuyattX. iLa dif- fedtion n'eft pas incme bien siire pour connoitre cetlte- grandeur , tar elle change foi't leur figure ; cependant iL parojB -que dans. tsiteefece , com- rne dans les iavignons , le pkis long :tuyau::eft le^ pJus; elotgOBidu fommet. Les tuyaux de la palourde foht.idecoupss trcs-finemeiM, &1 cotnme eij frange au bord de leur ouverture exterieure : c^lle qui eft intdriture j, c'eftr.i-dire qui porte I'eau au milieu de la coquille..' eft fimp tment ron- de ; on voit I'ouverture inrerieure du tuyau le plus eloigne du fom.ruetj marquee 0{Fig, XL), elle cache dans la fi^Hter l:'ouv.arture de.l'autre luyau. i :- .< , -jt'' •' • /a> --. La palourde ns fait pas toujours. paroitre ces niyiux:-,' cleft fculemeni lorfqu'elle eft dans I'eaii ; (1 tot qu'on la touche elle les renferme entiere- ment : quelque cearts- qu'ils foient , elle poutie -fouvent p>»r lewmoy^n I'eau ,i plus d'un demi-pied de ,a. coquille , & cela en raccourcilTant oit etrecilfant un de ces tiiyiuxaptes I'avoir. extV.5memeut gonHe. I-oifqu'elle. les allonge, elle fait audi fortir une petite partie de fa chair par loiLvefef rure de fa coquille , ce qu'on pent voir Fig. X, oil torn ce* qui 'n'eft' pa's cannele dans le contour de cette coquille^ i?ft-la chair de cette palou-ri de • elle's fe nennent quelquefois firr-la fiirfac^ dit fable , mais elles foht fouvenc enforicees -dedans autsnt que la''lon^^ueili''desViiyauX le peuf p'er- mettre, felon cS qiie nfeus avons dit dans l'.irtirle 'prt'cedent. '■• ■ Pour s'enfoneer dans -le fable, on pour s^lever au-dejTus , pHes-em'* ployent une manoeuvre seller ftitibiabie a cfellfc ' da 'hvi^rionv-aii fS/^i A C A D E M I Q U E. jf., nous arrcfbrons -nou? point a I'expliquer. II fuffira de faire voir dans ^::^T!:Tr^^^^^ la Fig. XI la coquille ouvette, parce qu'oii a coupe les mufcles qui fer- Acad.Royale vent a ia fermer : la partie qu'elles employent a cec iifage , eft marquee des Sciences J j die eft diftcrente de celle du lavignon par fon extrcmite qui eft plus oe Paris. grande que le reftc , au lieu que dans celle du lavignon, ceue extrcmitc jlnnie 1710. eft plus petite. Du Sourdon. i3 o R les cotes du Poitou & d'Aunis , on nomme fourdon un coquil- lage (Pi. Ft Fig. XII.) dont la coquille eft bivalve & beaucoup plus convexe que celle dont nous venous de parler j elle eft aulTi plus petite, car fa longueur n'eft que d'environ 14 lignes , & fa largeur de 9 ou ic La furface exn'rieure de cetre coquille eft ornee de cannelures afte? lac- ges, a cotes arronJies, qui voht du fonr.met a la bafe, la plupart en lignes droites , d'autres rn fe recourbant un pen; mais la furface interieure de cetce coquille eft lill'e jufques vers le bord 011 elle eft cannelee fur une bande d'environ une ligne dc largeur. Il n'eft point d'animal plus propre que le Sourdon a faire voir la verite de Texplication que je donn.u dans les Mentoires de i-^op, pag. 591 , de la formadon des cannelures qui pa- roiifent fur la furface exterieure des coquiUes , tandis que leur furface interieure eft lilfe Si polie. Je fuppofois dans ce Memoire qu'il etoic necelfaire pout forlner ces cannelures , que tout le contour du corps il fuffitde marquerque routes leuis adions font fem- blables a celles des tellines prccedentes ; il y a a la vente quelque difference dans la figure de la partiequi les produit , comme on le voir dans les Fig. XFllI , 6' XIX) : la Fig A fill reprelente cettc partie telle quelle pa- roit lorfqu'on a ouvert la coquille , en coupant les mufdes qui fervent a la fernier ; He la Fig. ^Y/Af reprelente cette partie telle qu'elle devient , lorf- qu'elle eft prete a percer leikble. ' r; ^. iu'l :.<; .Il • i : ^ r Dc P(S.il-dc-bQuc. S-/ Es Grecs onr donnc a cetre efpece de coquillape , le nom de Lepas , que Gaza en traduifant I'Hiftoire des Animaux d'Ariftote , a rendu en La- tin par celui de Patella. On I'appelle Berdin & Berlin fur les cotes dt Normandie ,& c'eft fur celles de I'oitou &; d'Aunis qu'on le noniaie ceil-de- bouc , i i j - ' _ 1- ,' leu rendu qu'ellcs excitoient , comme cette plante, une dcmangeaifon (.uil.mte Ac \d "oy s s dins les parties qui \es avoient toutheesj du moins fais-je que toiites let ues Scien-ce* efpeces d'orties qui viennent fur les cotes de Poitou & d'Aunis, ne pro- »e Paris. duifcnc point un pareii eftet. Les noms qu'on leur a donncs fur ces cotes jinnee 1710- & fur celles de NoriTiandie , me femblcnt niieux fondes , puifqu'ils re- tracent une image de la figure que ces orties font paroitre en un grand nombre de circonlknces : on Us appelle dans les premiers endroits c/.'/j- di-ckcvaux , Sc dans les autres c«/i- j'i/j« ; la partie marquee' A {Fig. /Y, yj/ & y/Il.) en fait voir la raifon. Phne n'a pu fe refoudre a les mettre parmi les animaux ; il les a fait d'a- prcs Ariftote dune defpece de nature moyenne entre celles des plantes Sc des animaux , quoique par des raifons differentes ; car une des plus grandes resemblances qn'Anltote trouvat entre les parties & les plantes , c'eft que les orties ne lui ont paru avoir aucun conduit pour donner for- tie a leurs cxctcinens , an lieu que Pline dit qu'elles les jettent par un tuyau delie : ce tuyau pourroit bien etre une des comes de I'ortie; mais ce que jettent ces cornes , defquelles ncJus parlerons dans la fuite , n'a point du tout I'air d'un excrement, puifque c'ell une eau tres-claire. Quoiqu'ilen loit, fi nous nous en tenons aux idees communes, nous devons tegarder Il's orties comme de vcritables animaux; car felon ces idces, peut-on refu- fer le nom d'animal a des corps fi bien organifcs , qui non-feulement don- nent des marques de fentiment lorfqu'on les touche, mais qui attrapenc des poilFons & des coquillages , & qui les mangent; enfin qui ont un mou- vement progreflif, comme Ariftote 6c Pline I'ont reconnu de diveifes ef- peces. Ces otties prennent fucceflivement tant de figures differentes, qu'il n'eft guere pollible de les decrire fous aucune forme deterniitiee. Les plus re- inarquables cependant de ces figures & du melange defquelles routes les auttes font en quelque facon formees, peuvent fe reduire a ceilts que I'oii voir dans les Fig. FI , Vll , Fill , IX & X, 8c on peur dire en general que la figure exterieure du corps de I'ortie, approche de ctUe d'un cone tronque , dont la bafe eft appliquce fur les pierres auxquelles on la trou- ve toujours adhcrente ; mais la bafe de ce cone qui piroit fonvent cir- ciilaire, eft tantot elliptique , tantot de quelque figure irre;;uliere ; & le cone eft tantot perpendiculaire a fa bafe, &c tnntot oblique : fa hauteur change a prbportion que la bafe s'agrandit outiiminue ; je veux dire que quand fa bafe devient plus grande , fa hauteur devient plus petite , & qu il eft plus cleve , lorfque fa bafe eft plus ctroire en tout fens. La furface fupeneure de I'ortie, ou celle qui eft oppofee a fa bafe, eft ordinairement convexe. Au milieu de cette furface, eft une ouverture qui s'agrandit &: diminue au gre de I'animal. Mais pour nous faire une image f)lus relTemblanre de I'ortie & des parties interieures qu'elle lailfe voir orfqu'elle agran.lit I'ouverture dont nous venons de parler , rcprefentons- nous fon exterieur que nous avons confidere jufqu'icl comme un cone tronque fous la figure d'une bourfe a jertoni , avec cetre difference cepen- dant que fon ouverture qui reprefente celle de la bourfe fe fermc , fans que X i i; J48 COLLECTION I le refte de I'enveloppe de I'ottie fe plilTe de haut en bas comtne les bour- Acad. RoYALE fes auxquelles nous les compacons , Sc auxquelles elles reflcmblent beau- DEs Sciences coup a cela ptcs. Au milieu de cette efpece de bourfe eft place le corps DE Paris. Q^ I'interieur de I'orcie, qui ordinairement approche afTez de la figure Annie 1710. coniquej il eft attache aux parois interieures de cette enveloppe ou bourfe, jufques un peu au-delTus de la moitie de fa hauteur, le refte ne leur efb point adherent , &C ces patois font plus ou moins etoignces de cette par- tie du corps qui ne leur eft point attaches , felon que I'ouvertare fupe- rieure eft plus ou mains grnnde. Aufli lorfque cette ouverture eft pref- que fermee , con, me dans la Fig. FI , on voir trcs-peu de I'interieur de I'oitie : fi elle I'elargit davantage, comme dans la Fig. Fill, on apper^oic diftinitement la partie exterieure A & quelques-unes des comes C C C ; & enfin fi elle augmente encore cette ouverture , prefque routes fes comes paroilfcnt; elles font fcmblables par leur figure a celle des limacons, 1 rnais par leur fondtion elles relTemblent peut-etre davantage a celles des coquilliges de mer , puifqu'il arrive fouvent que I'ortie poulle des jets d'eau tres fins par leur extrcmite lotfqu'on la touche. Ces comes font attachees aux parois interieures de la bourfe, ou enveloppees tout atipres de fon ouverture J elles font difpofees en trois rangs differsns places les ans fur les autres, qui tous enfemble en contiennent environ 1 ^o.(^Fig,VII.) Si I'ortie, non contente d'avoir agrandi extremement I'ouverture A , renverfe le contour de cette bourfe fur elle-meme, comme on recoume un bas , on rend exterieure une partie de fa furface interieure , elle mon- tre alors toutes f§s comes etendues ( Fig. VII. ) j ce qui forme une figure alfez finguliere , & qui ne reprefente pas mal une fleur epanouie. On voir audi lorfque I'ortie a pris cette figure , une efpece de petit anneau qui eft tres-pres du bord de la furface interieure de cette membrane, lequel eft compofe d'un grand nombre de demi-boules d'une belle couleur bleue ; trois de ces demi-boules font marquees OOO dans la meme fig. VIL La variete qui eft entre les couleurs des orties de differentes efpeces, ou entre celles de la meme efpece, egale prefque la variete des figures que prend fucceflivement une meme ortie : les unes font verdatres, les autres blanchatres, d'autres couleur de rofe , qaelques autres de diverfes couleurs brunes. Dans quelques orties ces couleurs paroiftent par-tout fur leur furface , dans d'autres elles font diftribuees par rayes ou pnr taches , quelquefois regulierement , quelquefois irregulierement , mais toujours d'une maniere tres-favorable. La plupart des vertes , telles que celles de I'efpece reprefentee Fig. VII & Vll! , ont une bande bleue d'une ligne de largeur tout autour de leur bafe B B Fig. VII & VIII, Au refte , la dif- ference des couleurs ne peut point etablir entre ces fortes d'orties une va- riete d'efpece ; il feroit plus sur de les diftinguer par la tifture ditferento de leur chair. Les orties reprefentees dans les Fig. VII & VIII qm font de mCme efpece , font par example differentes de celles de la Fig VI ,. parce que , quoiqu'elles prennent fouvent la m°me forme de ceile qui y, eft reprefentee, elles n'ont jamais une chair fi dure, ou ce qui taic encore une difference plus remarquable , la chair de la furface exterieure de laj Fig. VI , paroit chagtinee, aii lieu ^ue celle des autres n'eft j.amais telle. A C A D 6 M 1 Q U E. 549 . ll n'eft pas ncceffaire de dire que cette chair exterieure n'eft point cou- — — ■— — verte de coquiile, ni d'acune fubllance femblable. Acad. Royalb Quelque lent que foit le mouvement progreffif de ces animaux , il de- rEsSciENCES pend neanmoins d'une mechanique remarquabie , Si qu'il nous fera aifc de Tatiis. d'expiiquet fi nous continuous de nous reptcftntet fa figure, femblnble A Annit, i-7io. celle des bourfes a jettons : le fond de ces bourfes , qui elt plat & arrondi , rcpond a la bafe de I'ortie qui eft appliquee fur les piertes aiixquelles elle eft adherente : le corps de la bourle elt , comme nous I'avons deja dir , I'enveloppe danslaquelle routes les parties de I'ortie font renfermces, mais de maniere qu'elles ne remplilfent jamais cette enveloppe que quand I'ortie ferme entiercment fon ouverture ; or toute cette bourfe qui contient I'or- tie , eft une partie vcritablement tnufculeufe , ou plutot un alfemblage de mufdes droits & circulaires , auxquels je ne donnerai que le nom de canaux , parce qu'ils paroilFent vcritablement tels lorfqu'on les decouvre : la bafe de ces orcies B B B ( Fig. VI ^ Vll & Fill ) ne paroit pas , parce qu'elles font pofees fur cette bafe , mais on la peut voir dans la Hg. IX. qui reprefente une ortie renverfee : cette bafe eft compofee de divers ca- naux qui vont du centre a la circonference. Si je leur donne le nom de canaux , c'eft parce qu'on les trouve fouvent remplis d'une liqueur aqueufe. On obferve audi fur cette meme bafe differens canaux circulaires qui ont tous pour centre commun le centre de la bafe. Ces canaux ne paroilTenn pas dans la Fig. IX. : on y voit feulement ceux qui vont du centre a la circonference. Le corps de la bourfe , ou la (urfaco conique , eft aufli compofee d'un plan de canaux circulaires qui font tous paralleies a la bale & tres proches les uns des autres. Sous ce plan de canaux circulaires, eft un autre plan qui ne contient que des canaux droits , chacun d^fquels a fon origine a la bafe, & fe termine au cercle de la feiilion , ou cliacun va du fond de la bourfe en ligne droite a fon contour fupcrienr. Mais ce qu'il eft eflentiel de remarquer , c'eft qu'on ne voir jamais les canaux circulaites & les droits en meme terns dans un mcmecndroit, foit que le gonrtement des uns entraJne I'atfaidement des autres, ou fimolemenr, que lorfque les fuperieurs font gonfles, ils cachent les interieurs; de forte que fi I'on voit les canaux droits dans toute leur longueur, comme ils pa- roilfenc [Fig. VIII.) dans I'efpace A.I.T. F. B.D. on ne voit alors aucun des canaux circulaires; & dans les endroits oil Ton voit les canaux circu- laires, ou une portion de ces canaux, on ne voit point de ces canarx droits comme on peut I'appercevoir dans I'efpace A.C.I.F.R.A. Enhri les canaux droits paroiirent en partie dans les endroits oil il n'y a qu'une partie des canaux circulaires endes ; on peut le remarquer dans I'efpace I. F.T.O. ou les canaux droits font faifibles & oil tous les canaux circu- laires ne font pas gonflcs comme dans I'efpace C. O.T. R. Au refte ces canaux ne font pas moins vilibles dans I'ortie, qu'ils le font dans certe figure, du moins dans les efpeces qui ne font pas chagrinces comme colle de la Fig. VI \ mais ils paroilTent entles ou aftailles avec une varietc li ptodigieufe, qii'un grand nombre de dcifeins furfiroic a peine 4 les re- prclenter. Nous avons choili la Fig. VIII parce qu'elle eft la plr.s proprc a explicjuer ce que nous avonj a dire dans la fmte. Quelqucfois on voir $50 COLLECTION ■I I - '■ feulement des canaux droits dans toiite I'ecendue de cette furface fupe- AcAD. RoYALE rieure , au lieu qu'on en a reprefente ici de circulaires : dans d'autres terns DES Sciences on n'apper^oit que des canaux circulaires. Enfin quelqiiefois on voit cer- DE Paris. taines bandes de canaus circulaires tout au tour du corps de I'ortie qui Annh 1710. l^if^enc voir au-delfus & au dellous d'elles, des portions de canaux droits. Tous ces changemens qui arrivent aux canaux droits & circulaires du corps de la bourfe ou de la furface conique , ne lui font pas particuliers ; les canaux droits & circulaires de la ba(e , font fujets a ces mcmes change- inens ; il femble qu'il depend de I'ortie de rendre fenfibles les uns ou les autres de ces canaux en les gonflant a fon gre dans route leur etendue, on dans une partie feulement; mais ce qui eft tr^s-certain , c'eft que ces ca- naux ne patoilfent jamais que lorfqu'ils font remplis d'une huuieur aqueufe tresclaire, qu'on en fait fortir aifement en leur faifant une ouverureavec la pointe d'une epingle. 11 n'eft pas aife de favoir comment les orties rempliffent &^'uideiit ces canaux a leur gre j on pourroit foup^onner avec quelque fondement que les trois rangs de cornes qui font attachees au haut du contour de la bourfe {Fig, FII), font les refervoirs de cette liqueur aqueufe ; car elles font remplies d'une femblable liqueur , de forte que les cornes font pleines , ou vuides J felon que les tuyaux qui correfpondent a chacune d'elles font vui- des ou pleins , etant aife peut- etre a I'ortie de faire palTer cette liqueur des cornes dans les canaux , & des canaux dans les cornes ; mais ceci ne me paroit qu'une fimple conjeilure j ce que je fais de certain du gonflemenc & de raffaiiTement de ces canaux, c'eft qu'ils caufent non feulement tous les divers changemens que Ton apper^oit dans la figure de I'ortie , mais auffi fon mouvement progreflif. Pour nous arreter feulement a cette derniere adlion qui nous donnera une idee des autres , concevons d'abord une ortie pofee fur une bafe cir- culaire 5 &c dont le corps n'eft pas plus incline fur un cote de cette bafe que fur les autres , telles font celles des Fig. VI & FlI , Sc telle ctoit celle de la Fig. FIJI , lorfque la partie de la bafe qui eft aftuellemcnt allongce vers D etoit pofee en E & plus arrondie ; & celle qui eft en R etoit en S. l-'our comprendre comment cette ottie s'eloignera de S en R, & viendra de E en L) , fuppofant qu'elle foit determinee a avancer vers D , il faut remarquer que les canaux droits s'allongent en fe gonflant , ce qui leur eft commun avec la plupart des ruyaux m.ous & arelTort; de forte que fi I'or- tie gonfle tous les canaux droits compris dans fa furface AEBFTI, & qu'elle gonHe encore plus que les autres ceux qui font tournes vers E; il eft clair que par ce gonflement le canal qui etoit en E devenu plus long, doit fe trouver pofe vers D, fi I'on imagine qu'en meme rems I'ortie enHe aufli , c'eft-a dire , allonge cette partie des canaux droits de fa bafe qui font tournes vers E ; car fi les canaux droirs de la bafe confervoient leur premiere longueur , cet allongement des canaux de la furface conique ne fcrviroir ou qu'a faire paroitre plus haute I'ortie de ce cote-la , ce qui arrive quelquefois , ou qu'a lui fiiire une efpece de bofie , comme on le voit dans d'autres tems -, ileft done clair que I'ortie en gonflant tous les canaux droits foir de fa b.afe , foit de fa furface conique , qui font tournifs vers I A C A D 6 M I Q U E. 551 le cote oil elle veuc avancer , approche le bord de fa bafe de cet endroir _i^ quelle a fait avancer deEeiiD ( tig. FJII.) Mais voyons ce qui fe pallc ^i^^AD Rovale du cote oppofc dcelui-ci, je veux dire du cote doiit I'ortie s'cloigne. des Sciences II ell vifible qui pour eloigner fa bafe de S & la pofer en R , il faut con- de Paris. cevoir une mana-uvre oppofee a celle qui fe fait de I'autre cote , que les ^ . 1 ', I t \ r 11 ■ c r j^nnm ij 10, canaux droits qui , parrant du centre de la bale , alloient en b , lont raccou- cis &: plus affailles qu'ils n'ctftient auparavant , &c que I'ortie remplit tous les canaux circulaires qui font fur la furface conique vers S ; d'oii il ar- rive que I'ortie fe raccourcit de ce cotc-la, & que ce qui etoit pofe en S ell: contraint de venir en R, ce qui fuffit pour eloigner I'ortie de S dans le terns qu'elle s'approclie de D. Mais il y a encore une chofe qu'il eft necef- faire de remarquer , & do laquelle depend la continuation de ce mouve- ment.c'eft que I'ot tie , raccourcilfant les canaux droits de la bafe qui alloient vers S beaucoup plus que les autres, Sc gonflant fort les canaux circulaires, oblige une partie de la furface du cone de fe replier fous la bafe vers laquelle elle eft tlree , tant par le grand raccourciftemeiu des canaux droits pofes vers S, que par le gonHement des circulaires de la fur- face conique, lefquels, pred'ant les droits qui font fous eux , les font re- plier ; de forte qu'une partie de cette furface conique fe trouve recourbee IbusTortie, de la bafe de laquelle elle fait en quelque fagon partie , comme on le voir en R, par lequel moyen I'ortie eft un peu approchee dans cet endroit : ainfi ileft vifible que la meme force qui lulHroit pour faire avan- cer I'ortie vers D en la poulfant de ce cote- la , feroit trop foible pour la faire avancer vers R; & par confequent 11 I'ortie tenant toujours gonHes les canaux de la furface conique qui eft vers R , affaille un peu les canaux droits de fa bafe qui font vers D , en remplilfant en meme terns ctux qui font du cote de R j ileft clair que les canaux droits de la bafe qui par le recourbement qui eft en S trouveront de la reliftance a s'ctemlre de ce c6te-la , pourront s'etendre au contraire commodemcnt du core de D , vers lequel les canaux droits qui fe raccourciflent &: s'affailTent en meme terns que ceux-ci s'allongent, leur permettront de s'approcher : ainii I'or- tie a done fait un pas , &: eft en etat d'en faire un fecond , puifque les canaux droits de la bafe du cote vers lequel elle avan^oit , ne font plus gonfles; car il lui fera aifc fans changer de place de remplir a-peu pres- egalement de tous cotes, tant les canaux droits que les circulaires, parce qu'elle ne fera aucun cliangement aceux de la bafe , de forte qu'elle pren- dra une figure approchante de celle que Ton voit Fig. H & Fli Sc qu'elle avoit avanc de commencera fe mouvoir ; par confequent elle fera en etat de repeter la meme manoeuvre , & de continuer a avancer vers le meme cote. Celt par le moyen de ce gonflement & de cet affailTement des canaux tant dfoits que circulaires, que les orties changent Itur figure extcrieure en tant de fa9oris ; mais quelque chofe qu'elles f.ilftnt , leurs mouve- mens font toujours tres-lents iS: prefque imperceptibles. J'ai vu quelques orties fe fervir de leurs cornes pour marcher: ces orties etoient de celles qui vivent dans les trous des pierres -elles avoient, du moins cercaines efpeces, les cornes un peu plus longuesque les autres. 351 COLLECTION ■■I ■ propottionellemenc a leur giolTeur ; mais lorfqu'elles fe tralnoient par Ic AcAD.RoYALE moyen de ces comes, c'aoic dans une pofuion renveifee , c'eft-a-dire , DEs Sciences que leur bafe fe trouvoiten haut , leurs comes en bas, comme on ie voir DE Paris. ^^^g [^ Fig IX -. ces fortes d'orties ont les comes extrememenc gluantes, - / meme rudes au toucher : ainfi elles peuvent fe titer en avant par leur ■■/innec 171 o. ^ ... , ' ' f moyen avec tacilite. II ell aflez fiupienanc qu'un animal mou cotnine I'ell: celui-ci, qui n'a point de parte, ni rien d'equivalent , puilfe manger des animaux tres-bien de- f'endus , ce femblc , par leurs coquilles , tels que font les moules ou d'au- tres bivalves , & les diverfes efpeces de limacons de mer ; cat il faut oii- vrir les coquilles a deux battans , & trouver moyen d'oter Ie couvercle ou opercule de ces limagons : neanmoins il eft certain que les orties fe nour- risren: de la cliaic des ces animaux ; mais il ne patoit pas aifc de decouvrir de quelle adrelle elles fe fervent pour la tirer des coquilles , &C cela parce qu'elles font entrer ces coquillages tous entiers par leur bouclie , ou plutoc par I'ouverture marquee A ( Fig. VI , Vll & VIII ) qu'elles elargilTent ex- tremement , & prefque autant que celle du contour de la bourfe a laquelle les cotnes font attachees. Ayant ainfi fait entrer ces coquillages tout entiers dans leur corps pat cette ouverture , elles la rederrent de maniere qu'il ne paroit pas qu'elles con:iennent un fi gtos corps au milieu du leur ; c'eft alors qu'elles fucent ces coquillages a leur aife : mais comme les yeux ne peuvent appercevoii ce qui fe palfe dans I'interieur de I'ortie , on ne peuc aulH decouvrir quelle adrelTe elle emploie pour cela j tout ce qu'on voit , eft qa'elle fait fottir les coquilles vuides par la mtme oaverrure par la- quelle elle les avoir fait entrer pleines. J'ai vu quelquefois des orties d'une "randeur mediocre, jetter ainfi des coquilles des plus grofles moules vuides'j mais j'en ai vu d'aucres qui en rejettoient fans avoir mange I'ani- mal qui les habite; peut-etre parce que la coquille avoir etc trop difficile a ouvrir. J'en ai rencontre de meme qui etoient obligees de faire fortir de cette ouverture des buccins entiers : enfin j'ai vu une de ces orties faire paflTer une gcoffe moule quelle n'avoit pu manger , au travers de fa bafe , qui , comme on fait , n'a aucune ouverture ; de forte que I'ortie fut con- irainte pour fe debarralfet de ce corps etranger de fe faire une tres-grande plaie •■, & cela apparemment parce que la moule etant trop grofte pour I'ouverture qui lui avoir donne entree dans Ie corps de I'ortie , celle-ci n'avoit pn I'eRgloutir qu'avec beaucoup d'efFort , tk. parce quelle s'etoic trouvee heureufement placee : mais enluite quand I'ortie I'auta voulu re- jetter ,apres avoir rente inutilement de la manger , cette moule ne fe fera pas prefentee dans la meme pofition a I'ouverture j de forte que les efforts que I'ortie aura employes pour la changer , auront fuffi pour que la bafe de la coquille de la moule ait perce celle de I'ortie. Au tefte pour faire fortir ces coquilles du milieu de fa bouche , fur- tout lorfqu'elles font un peu grodcs, I'ortie ne fe ccntente pas de I'elatgir extrcmement , elle retoutne cette bouche comme on retourne un bas au- paravant , & cela apres avoir retourne de meme tout Ie bord du contour auquel font attachees les comes, c'eft-a-dire , que la furface interieure de ce concour , devieiu ejftcrieure , apies que I'ortie I'a repliee de telle forte qu'elle A C A D fe M I Q U E. ?5j quelle la reduic a envelopper fa bafe , ce qu'on pent remarquer dans la = Fig. A', ou le contour de la bourfe C C C, a la lurface extcrieure de ha- AcAc.Ro-iALE quelle les cornes font attachees , paroit fervir de bafe a cec animal par ce- des Sciences qu'il couvre fa veritable bafe; renvcrfant enfuite fa bouche comme il a ^^ 1 aris. renverfe les bords dc fa bourfe , il lui fait envelopper a fon tour cetre -^nnc^ 1710, bourfe qui I'cnveloppe ordinairement cUe-mcme. Les lettres O O O O lont le contour de cette bouche renverfce, & tout ce qu'on voit au-delTus , eft I'intcrieur de I'ortie au milieu de laquelle on dillingue une partie mar- quee S , qui paroit itre le fucoir dont elles fe fervent pout vuider les coquillagcs qu'elles ont rentermes dans leur bouche. Ce mnne renverfement tant de la bourfe ou enveloppe exterienre , que de la bouche , fert encore aux orries pour mettre au jour Icurs pe- tits \ cat elles font vivipares , comme je I'ai obferve. Ariftote les fait naitre des pietres ou des fentes de ces pierres : erreur qu'il n'eft plus iic-cellaire de combattre dans le fiede oil nous fommes : mais on auroit pu croire qu'elles font des CEufs , ou du moins etre incertain fur la maniere dont elles fe perpetuent, fi ce que j'ai obferve plus d'une fois ne decidoic jaquertion. En effet , j'ai vu les petites orties fortir du corps de I'ortie , leur mere, audi-bien tormces que cette ortie mcme,& telles qu'on les voit dans la Fig. XI : mais il eft neceftaire pour cette operation que I'ortie fe renverfe de la maniete que nous avons dccrite ci-delfus, & alors elle fait fortir par une grande ouverrure qui la rraverfe EE ( Fig.X) les peti- tes orties qu'elle eft en etat de mettre au jour: quoiqu'elle en contienne quelquefois plus de douze dans ion corps , &: que cette ouvetture foic alfsz grande pour enlailfer patfer plufieurs a la fois, elle les met pourtanc hors de fon corps une a une, elle les poulfe indifferemment par tons les endroits de certe ouverture \ mais on apper^oit ordinairement dans I'en- droit meme oil une petite ortie commence a paroitre , une efpece de j:tit inteftin tourne en fpirale marque I : routes ces petites otties avanc eur naiftance , font fur la bafe intcrieure de I'ortie au-delTous de la mem.< brane ou nous voyons I'ouverture EE, elles y font logees dans difie- rens replis qui font fur cette bafe. e r. Des Orties crrantes. I\. U nom pres , ces efpeces d'orties ne m'ont paru avoir rien de commun avec celles dont nous venons de parler. Il eft vrai qu'on pretend qu'elles excitent, comme les autres , une douleur cuifante dans les parties qui les ont touchces. Quelques Auteurs aftiirent audi qu'elles caufent cette mCrne douleur aux yeux de ceux qui les regardent : cependant , quoique j'en aie rencontre une quantite prodigieufe fur les cotes de Poitou & d'Aunis , je n'y en ai jamais trouve aucune ni de ces efpeces-ci , ni des precedentes, qui produifenr I'effcr qu'on leur attribue , & auquel probablement les tines & les autres doivent leur nom. On dilUngije celles dont nous Torm III, Pariii Francoife, Y i J54 C 0 L L E C T I O N allons patler des ptecedentes , qui paroifTent coujours fixees fur des pierresj AC D. K.OYALE gj, igj appellant ortus ditachks , on ortics erranus, DES Sciences rr , , < > j,r' ' j n DE Paris. ^^^ nonis quon leur donne lur ditterentes cotes du Royaume , varienc . , (i ion, a des diftances memes tres-petites , qu'il feroit long de les rap- ifi nci 1710, poftg[._ 5j j'gf, voulois donner un nouveau a ces orties , qui en ont deja trop d'anciens , je les appellerois ge/a-i de mer , nom qui caiaftL-rife fi fort la fubftance dont elles font formees , qu'il vautfeul une petite defcription pour aider a les reconnoitre. En efFet , la chair de ces orties, (i Ton peut I'appeller cliair , paroit une vraie gelee d'eau de nier j elle en a ordinairement la couleur & toujours la conliftance : fi on en ticnt un motceau pendant quelque temps, la chaleur naturelle des mains fuffit pout le faire dilfoudre entierement en eau , comme une gelee de bouillon qu'on mettroit fur le feu. Ces gelees , mal>;re cela , font de vrais animaux , &c ceux qui ont cru qu'elles n'avoien: aucune ftrudrure reguliere ne ks ont pas regardees d'allez pres. l! y en a , a la verite , de trcs- dirterentes entr'eiles , mais ce font des gelees d'efpeces diff'.;rentes , & ceiles qui font de mcme efpece ont exaiflenient la meme ^ figure. Les divers morceaux de ces orties qu'on trouve au bord de la mer , font apparemment la caufe pour laquelle on ne les a pas regardees comme des corps fort organifes , parce qu'on n'a pas obferve dans ces fragmtns toute la regularite qu'on ne devoir chetcher que dans la malfe entiere dont ils faifoient partie. On ne fcauroit ni donner une idee de toutes ces difFerentes efpeces d'orties , ni mtme decrire en detail toute la mechanique qui entre dans la compoiicion d'une de cts efpeces , fans s'engaget dans des chofes d'une longue diftufllon j peut eire aurai-je occafion d'en parler dans un autr©- endroit. Je me contenterai de faire ici quelquts remarques fur ce que toutes ces efpeces d'orties ont de comniun dans leur ftrufture j on (era moins etonne apies cela qu'tlles foient capables de mouvemens volon- taires. Quoiqu'elles foient toutes communement de la couleur d'une gelcc d'eau, il y en a de verdatres , telle que I'eau de la mer le paroit quel- quefois , d'autres ont tout autour de la circonlerence marquee DD , &c. ( Fig. /. Pi. VU.) HH^ bande couleur de pourpre de deux cu ttois lignes de large ; j'en ai vu d'autres qui fur un fond couleur d'eau avoienc diverfes taclies brunes fsmees d'une maniere fort agreable a la vue. La figure d'uii champignon peut extremement aider notre imagination a concevoit celle de ces gelees. Le caiivexe du champignon reprefente alFez leur cote convexe j elles ont ce cote plus ou moins convexe les unes que les aytres , comme on le voit dans les champignons d'efpeces differentes. Cette furface convexe des gelees n'a rien de fort remarquable 5 i.l paroit feulcment a la vue fimple quelle, eft garni« d'une infinite de pecits grains ou de petits mamelons de meme couleur que le refle de I'oriie ; mais la furface oppofee a celle-ci , c'eft-a-dire la concave, qui efl audi celle qu'on a repicfentce dans la figijre I , fait voir des paftie,^« ties organifees. Un peu aude-la de- (on hord, qui eft miqce &: decoupe. I ACAD^MlQUE. hy on diflln^ue tres-fenfiblcmenc divers ccrcles coiicentrlquej qui couvrent — ^^■^^^T cette furticc jufqu'aux deux tiers du rayon de fa circonlcrence ; ces cer- At ad. Royals cles ne regnenc pourtaiit pas touc aucour de cetce circonference ; les plus ^^ts bciiiNCES proclies du centre font fepares en feize arcs differens, & ceux qui en font ^^ 1'aris. les plus cloignes font fculement partages en huit arcs. Ces fcparations fonc Anmc 1710. faitc's pat dcs efpeces de canaux ou rdervoirs toujours pleins d'eau qu'ils peuvcnt communiquer a d'autres canaux jiluspetits, lefquels font renfermes entre doux des circoiiferences des cercles que I'on voir ici. On doit regarder routes les petites bandes renferniees entre deux de ces circonferences , comme des organes tres-remarquables de la gelee , puifqu'elles font touc autant de cmaux. Pour s'alTurer que ce font des canaux, ainfi que je viens de le dire, il fuFHt d'appliquer le doigt en haut du grand relervoir C , & en pref- fant un pcu ce refervoir, fair; glilFer fon doigt de haut en bas , c'eft- a dire de C vers D , par ce moyen on oblige I'eau qu'il contienr d'avancer vers D, ou fe triuvant trop refTerree , on en voit une partie qui enfile a droite &: a gauche dans tous les petits canaux qui fe terminent dans le refervoir. La fondion de ces grands canaux ou refervoirs, qui vont du centre a la circonference , & des canaux circulaires , paroit etre la mcme que celle des vailfeaux fanguins dans le corps des grands animaux- ils fournilFent une eau , peur-etre preparee , a route la bafe de cet animal ; & fi la chair ne paroit qu'une vraie gelee , c'eft quelle a tres peu de parties folides , & que ces parties fonc tnutes fort mnices & cxtremement gonflces par cette eau , qui eft apparemmenc renfermee dans une intinite de petits re- fervoirs infcnfibles a la vue. Je men fuis convaincu en faifant bouillir tres long temps dans un chau- dron plein d'eau une gelee , done la bale D DD Sic. avoir plus de deux pieds de diametre ; elle ne s'eft point entieremenr rcduite elle - mcme en eau, comme il arrive aux petits morceaux qu'on laille fondre dans fa main : mais confervant fa meme figure , elle elt dcvenue une ortie tres petite , c"eft-,i-dire de moins dun demi-picd de diametre , dans laquellc on voyoit prccilement les mcmes chofes que dans la grande, a cela pres que fa lubftance etoit folide, quoique flexible, &: qu'on la tenoic alors dans la main fans quelle laifsat ech.ipper aucune gourte de liqueur. Inutilemenc cnfuire la faifoit-on bouillir dans I'eau , die ne diminuoit que tres peu. Ce font done ces p.irties folides gonflies par 1 eau qui forment la chair de I'ortie. Ayant une autrefois laifle fcchcr une de ces orties expo'ee au grand foleil pendant I'etc , elle s'eft rcduite ptefque a rien au bout de quel- ques jours; il eft refti feulement un corps tres-mince qui avoir la foli- dite du parchemin & la couleur d'une belle colle rranfparente. Si les caniux droits fervent a fournir I'eau a touie la fubftance de I'or- tie, il femble qu'ils en doivent donner davantage aux parties ou cette fubftance eft epaiile , que dans les endroits oii elle ell m;nce. Audi peut on remarquer que la premiere bande circuliire qui va d^p'.iis la cir- conference DDDD jufqu'environ le tiers du rayon £EEE, (^"c. qui eft Yi ij i^e COLLECTION g*— '—*—'— ^" tres mince , n'eft arrofee que par huic refervoirs ED ED ED , Sec , au lieu Acad. RoYALE que la bande cE cE cE, &c , qui la fiiit , laquelle eft beaucoup pluJ DEs Sciences epailTe, en a feize. cE cF cE cF, &c , I'epaiffeur de cette derniere zone DE lARis. augmente en talus depuis EF EF, &c , jufqu'en CCCC, &c. ou elle jinnee 1710. ^ quelquefois plus de deux pouces &c demi d'epailTeur dans les grandes or- ties , c'efta-dire dans celles qui one un pied & demi ou deux pieds de diametre. Vers les deux tiers C du rayon , routes ces efpeces d'orties font comme divifces en quatre parties par quaere bandes ou quatre colonnes BBBB, i peu-pr^s rondes dans quelques efpeces d'orties, mais plattes dans telle de la Fig, I. Dans quelques efpeces elles font prefque clevces perpendicu- lairenient fur la bafe ; mais dans I'efpece qui eft ici gravee, elles font un angle tres obtus avec le bord du plan 011 font les canaux droits ; elles vont toutes quatre fe joindre a un troncTrond, environ de meme lon- gueur que ces colonnes, c'efta-dire du tiers du rayon. Ce tronc de figure cylindrique fe partage en huit rameaux RR, &c; chacun de ces rameau:c a a fon origine deux appendices ou efpeces de crctes que les lettres P P font voir feulement .a un de ces rameaux. On n'a pas jugc necelTaire de mettre des lettres aux autres dont une partie eft cachee dans le delTein 5 ce ne font pas feulement ces deux appendices qui font decoupees en crc- tes , une partie de cliaque rameau eft decoupee de la meme maniere. Dans I'efpace compris fous les quatre colonnes BBB, eft un large ca- nal forme par une membrane epailfe qui eft la feule chofe folide qui pa- roifle dans I'ortie; cette membrane eft piilTce en bourre, cu plutot comme ces appeaux dont on fe fert pour attraper les cailles; elle forme, com- me j'ai die , un grand canal qui , s'arrondiffant vers le pied d«s colon-^ nes , prend la meme figure que Ton donneroit a un ruban auquel on feroic entourer les quatre bras d'une croix aftez Urges & egaux. On volt feule- ment ici une partie de ce canal par les ouvertures que les colonnes laif- fenr entr'elles; ce qui en paroit eft marque I. Ce large canal efb rempli d'une matiere liquide , qui par fa conliftence' & fa couleur, relTemble fort a une morve jaune : ce m?me canal jetre une & quelquefois deux brandies dans chacune des colonnes ; on les fuic en partie dans la figure, dans I'endroit qui paroit obfcur , au travers du tranfparenr de la colonne marquee B. Ces quatre canaux vont fe rendre dans le tronc d'oit ils fe diftribuent dans les huit rameaux : on pent aifc- ment les fuivre dans route leur roure, parce qu'ils font pleins de la me- me matiere jaunatre qui eft contenue dans le grand canal , & que la cou-- leur de cette matiere ell fort differentc de la couleur tranfparente du refte de I'ortie. Cette meme matiere paroit dans toutes les cretes & toutes les' decoupures des rameaux. Il n'eft pas aife de decouvrir R elle eft ou un excrement de I'ortie, ou quelque efpece d'aliment. Je fcais bien qu'au bout de chaque rameau de I'ortie, il y a des ouvertures d toures les branches des canaux qui portent cette liqueur j mais il me paroic incertain fi ces' ouvertures lui donnent une forrie ou une entree j car felon qu'on prelfe' ces branches, ou du cote de leur tronc, ou du cote de leur bout, oil' fait aller cette liqueur de difterens cotes. ACAD^MIQUE. J57 Ces ouvernires paroilfenc dans la Fig. II , oii Ton a rcprcfentc .s par une quanrite prodigieufe de petits tuyaux dont toute leur peau eft remplie. Lorfqu'on prend des etoiles en certain terns oil elles font gonflees par I'eau , on voit bien vite I'eftet de ces tuyaux ; car on apper^oit une infinite de jets d'eau tris-delies qui fottenc par-tout de leur peau : mais fi Ton regarde alois avec attention I'etoile, on voit que chacun de ces jets part d'un petit tuyau peu fenfible a la vue, qui le devient pourtant d'autant plus,qu'on I'oblige de fortir davantage pn ptelTant la peau de I'etoile aupres de I'endroit 011 on I'a remarque : il paroit de) figure conique &C d'une couleur blanche. Ces petits tuyaux ne font jamais diftribues feparement : il y eu a otdinairement fix attaches les uns auptes des autres dans un petit efpace : pout les fiiire plus aife- ment remarquer , on a reprefente ( Fig. Ill ) un bout d'un trayon vu a la louppe , dans laquelle les lettres CCC font pofces aupres de trois de ces petits grouppes de tuyaux qui font reprcfentes allonges tels qu'ils le font forfqti'ils jettent I'eau , ou lorfgu'on le fait parokre en preflanc la peau de I'etoile A C A D E M I Q U E. 3/1 I'ctoileen RRR. Dans tons les autres en droits du rayon oul'onn'apas mis de tuyaux J mais artailTcs. on voic les manes groupn Sur la Moulc dcs etangs. Par M. M E R I. ACAD.ROYALE D£S ficiENCES DE Paris. Annie 1710. L A moule eft iin poKTon Iiermaphrodite d'une efpece finguliere en ce quelle muhipliefans aucun accouplement , comme j'efpere ie demontrec dar.s la fuire de ce difcours , aprts avoir parle de la formacion & de I'ac- croilTement de la coquille. Chacune des deux pieces de la coquille relTemble affez-bien a un petit baflTin irrtgulieremenc ovale dont la paitie anterieure eft plus large , plus arronJie , &c dont la partie pofterieure fe termine en une pointe moulfe : ce ballin eft revetu en dedans d'une membrane fi mince, fi adlicrente gii'on ne peut I'app&rcevoir qu'en rompant la coquille , ou bien lorfque cette membrane venant a fe deinicher, fe decliire 6c abandonne d'elle-mtme la furface interne du ballin. Les deux pieces de la coquille de la moule paroifTcnt formecs de plu- fieurs couches appliquces les unes fur les autres , & qui , en dcbordant 1 une au-delade I'aune , forment fur la (urface exterieure des bandes afRz d;ftinc- tes ; ce qui d'abord pourroit donner lieu de croire que ces couches ne font pas produites en meme tems , je veux dire routes a la fois , mais fucceffi- vement & I'une apres I'autre. Cependant fi Ton fait attention qu'il ne paioic p.is moins de bandes fur les plus petites coquilles que fur les plus granJes, on aura fujet de douter de cette opinion \ d'aiitant plus que s'll ctoitvrai que les diffcrentes couches de la coquille de la moule fe formafTent I'une apres 1 autre , il faudroic necelFairement que huit mufcles qui font atta- ches a leur furface interne, s'en detachalFent en s'eloignant toujours par de- gresdu lieude leur premiere attache toutes les fois qu'il fe formeroit une nouvelle couche ; ce que je n'ai point vii dans aucunes des moules que j'ai ju!qu'ici dilfequees en toutc failo;i : & comme d'ailleurs un tel deplai-ement: n'a point d'exemple dans les animaux de qui les mufcles font attaches aux OS , ni msme dans ceux qui n'ont point de veritables os , comme les cancres matins, leshomards, lescrabes, les ecrevilTes , &c. dont le corps n'eft revetu que de croiites ou coques qui leur tiennent lieu d'os , oii tous leurs mufcles ont leur origine & leur infertion; n'y a t il pasbeaucoup plusd'appa- rence que toutes les couches de la coquille de la moule fe forment en mcmc tems comme les coques de ces poilToiis ? Aufli voit-on que les bandes qui pa- roilfent fur la futface ixterieure , s'elargilFent a mefure que Ie corps de la moule augmente; ce qui ne fe pourroir faire , fi les couches de ces co- quilles fe formoient fucceffivement. Cela etant ainfi , il eft evident que la coquille de cepciiron doit fe nourrirde la meme maniereque font les autres parties de fon corps 5 & puifque les bandes qui paroilfent au dehors s'au- gmentent en tout fens fans fe fendre , c'll: une pretfve qu'elles fenourtiflTenc par intus fufception , & non par juxtapofiiion, Tuinc III , Partie Francoifc Z i ,(J2 COLLECTION ACAD.ROYALE DEs Sciences Dc la manicrc dont Ics Monies ouvrent & ferment leur coauille. DE Paris. ^ ' X^ A coquille de la moule s'entr'ouve par le moyen d'un puilfant reffort ; elle fe ferme par la coinraftion de deux forts mufcles : le relTorc eft fitue fur le dos de ce poilfon j il a environ un pouce & demi de long fur deux lignes de large dans une moule de huit a neuf pouces de grandeur j il eft convcxe en dehors , & concave en dedans : fes bords font enchaftes dans repaifteur de la coquille qui font creufes en gouttieres : ce reftort eft forme de deux lortes de marieres , I'une eft ecailleufe & de couleur grife; celle-ci fert d'enveloppe a Tautre qui eft blanche & fembable a du talc. On decou- vre dans celle-la plufieurs plans inclines les uns fur les autres \ mais on ne pent les voir qiVen rompjnt le reftbrt de la coquille. Les mufcles font tranfverfalement attaches a la paroi interne de chaque piece de la coquille , I'un en devant & I'autre en arrierc : celui-ci eft le plus gros. Ces mufcles font fairs de raftemblage de plufieurs paqnets de fibres charnues , croifes par d'aurres petites fibres ligamenteufes &: elafti- ques. Ce font la les moyens par lefqueh la coquille s'ouvre &i fe ferme- ll s'agit maintenanr d'expliquer lamechanique de ce mouvement, ce qu'on ne peut bien faire fans refoudte auparavant cette queftion ; favoir fi le raccourcilFement ou la contradlion des mufcles depend d'une vertu elafti- que , ou de I'influence des efprits animaux : les obfervations que j'ai faites lur la moule meme aideront a la decider. Apres la mort la vertu elaftique fubfifte dans les parties , jufqu'a ce que la pourriture fe foir emparee de leur fubftanre , & Ton fait que I'effet pro- pre de leur relfort eft de les retablir dans leur etat naturel , quand il n'eft plus force : or les efprits animaux etant etemts dans la moule, les mufcles de fa coquille rentrent dans leur etat naturel par leur vertu elaftique , qui les relache & les allonge : done leur taccourciftement doit dependre de I'influence des efprits animaux; auffi voit on qu'ils ne fe contradlent que pendant la vie. Cela prouve, il eft aife d'expliquer I'approche & I'cloigne- ment des deux pieces de la coquille : I'lnflux des efprits animaux dans les mufcles rapproche ces deux pieces &-' ferme la coquille : le relTort rendu libre par le relachement des memes mufcles I'ouvre \ mais jamais les mut- cles ne font dans un relachement abfolu & le relFort n'agit jamais avec une entiere liberte. La preuve en eft , que fi Ion detache ces mufcles d'une piece de la coquille d'une moule recemment morte , on verrales deux pie- ces s'ccarter une fois plus qu'elles ne faifoient pendant la vie de I'animal ; done leur relTort n'eft pas entierement debande quand leurs mufcles font attaches a I'une &: alautre, & qu'elles ne font qu'entr'ouvertes. Et Ci fans- feparer leurs mufcles on calfe une des pieces de la coquille d'une moule- vivante , fes parties rompues s'approchent davantage de celle qui refte en- tiere , & leurs mufcles |e raccourciftent une fois plus qu'auparavant ;. d'otV il fuifque la refiftance des deux pieces de la coquille entiere appliquees I'une contre I'autre , empeche que leurs mufcles ne fe concradent entii- A'C A D 6 M r Q U E. ^^^ remeiu : done la rcfillance Jcs deux pirces ds la cociui'lc aliifi apoliqiiees, Icmroitc fur la furface des efnrics aiiimaux , & il eft evident que Icurs a ^ » .. ..^ mulclos Hi loiit pas rtnit-a-taic raccourcis lorlque la coquille elt termee ; des S-^iences de forte que quand elle eft entr'ouverte , les mufdes quoiqu'alors re-laches, CI Paris. font cependant equilibre avec le reflort : ainfi I'cquilibre qu'ils "ardent tn- n • ' Jill' r i/.iirr AtmCC 1710. tr eux quand la coquille s ouvre , ne le ronipt lorlqu elle le rerme que par I'liiHiience des efprits aniinaux qui coulent alors dans les mufcles; d'oii je condus que la force de ces elprirs I'emporte fur la puiHance des fibres claftiques des mufcles , & du relfort de la coquille joints enfemble ; car autrement elles ne poufroient jamais fe fermer. Du mouvcmcnt prognjjif dc la Moulc {a). Vy E poKFon nage dans I'eau , & paroit quelquefois fur fa furface , mais tres-ratement ; plus fouvent il rampe dans la vafe fur laqnelle il refte pref- quetoujours en repos : mais foit qu'il nage , foit qu'il rampe , on ne voir que fan ventre fortir £c s'avancer de d;ux pouces ou environ au dela des hords de fa coquille ; c'eft felon route apparence le jeu des mufcles de cetr^ partie qui favorife le mouvement progrelTif , puifque c'eil la feule partie qui agilFe dans cetre circonftance. Le ventre de ce poilFon reprefentc aifez bien la carenne d'un vailTeau : fa partie la plus large eft tournee du cote de la tete j la plus etroite du cote de I'anus ; la plus aigue regarde le tranchant de la coquille , & eft fort pro- pre a fendre I'eau & la vafe; enfin fa parne la plus cpailFe &: qui eft arron- die , occupe route la partie fuperieure du ventre; ce qui ne tait pas nean- moins que le dos de !a moule foit tourue en delFous quand elle nage , parce" que fes poumons qui font remplis d'air, font places au-dellus de fon ventre, de forte que la partie la plus grolFe de fon corps , ell aullj la plus legere , fur-tout quand I'air qui remplit les poumons vient a fe dilater , c'efta-dire, lorfque les fibres du pjumon qui comprimoienr cet air par leur contraction fe relachent & lui permettent de s'etendre pat fon elalti- cite. J'ai trouve dans le ventre de la moule cinq mufcles, ciuatre queje nom- me obliq'^es , & le cinquieme tranfverfe a caufe de la difpofition de leurs fibres. Le premier & le fecond tirent leur origine de la partie anterieure ic fuperieure de la coquille ; le troifieme & la quatrieme de la partie pofte- rieure tic fuperieure. Les fibres de cts quatre mufcles en defcendant s'ccar- tenc les unes des'autres , & forment en fe developpant les parcis du ven^ tre : celles de devant vont s'infcrer au derriere , & celles de dertiere en devant , fe croifant les unes les autres en chemin : ce que je prends pour le cinquieme mufcle confifte dans un tres-grand nombre de fibres cliarnues rou- tes feparees les unes des autres : leur longueur variejfuivant la difference epaif- ((t) V. Ic5 obfcrvations de M. Poapart (?jnj k tome II de cert: Parde Franfoifi , page 549 ; cllcs s'accordcnt mieux avcc ccilcs dc M. de Reaumur qu'avec celles de M. Mery ; mais il paroit cjuc ccs divcifcs oblcrvations on: ere faitcs fur differeotes efpeccs, Z 1 ij ACAD.ROYALE DEs Sciences DK Paris. 36-4 COLLECTION feur du ventre : toutes ces fibres font nttachees tranfverfalement a la fiU' face interne defes parois par leuis extrcmitesj de forte qu'elles palTent en- tre les circonvolutions de I'inteftin &c a travers le foie , qui n'a point d'au- tre membrane pour le couvrir que I'cxpanfion des quatre mufcles obli- Jnrue 17 10. q"es La fit^ure du ventre ctant Jonnee , &c la difpofition de fes mucles recon- nue , il n'eft pas difficile d'expliquer le mouvemenc de progrelfion de la moule : quand fa coquille s'entc'ouvre , les quatre mufcles obliques fe rela- chent, & les fibres du mufcle tranfverfe fe contradent : ce!les-ci ne peu- venc fe raccourcir fans approcher les parois du ventre I'une contre I'autre , ce qui fait qu'il devient plus plat qu'auparav.int •, ainfi acqucrant plus d'e- tendue , &C tombant en bas par fa propre pefanteur ( les mufcles obliques etant reiaches) , il fort aifement hors de la coquille ^ apres quoi les fibres de ces memes mufcles entrant en contraftion les unes apres les autres , mais foiblement , la moule fait fon chemin. Si les mufcles obliques an- Terieurs fe raccourciffent de part 8c d'aurre alternativement ,elle s'avance en avant : quand ceuxci fe relachent , & que les mufcles pofterieurs fe con- tradent de meme , elle recule en arriere , ce qui Uii fuffit pour ramper fur la vafe ; mais pour nager , il faut outre cela que fair renferme dans fes pou- mons fe dilate , & reiide par ce moyen fon corps plus leger qu'un pareil volume d'eau. Au contraire il faut qu'il fe condenfe pour que le cor^s de ce poilfon devenant plus pefant que I'eau , retombe au fond. Enfin quand les fibres du mufcle tranfverfe fe relachent, & qu'en meme rems celles des quatre mufcles obliques fe contradbenttoures enfcmble fortement , elles re- tirent le ventre dans la coquille fort promptement. Dc la manicrc dont la Moule rcco'it fa nourriture. \_i A boiiche de ce poiffon eftfi etroitement attachee a la partie poflerieure du mufcle de devant la coquille , qu'il elt abfolumenr impofiTible quelle puilTe en fortir pour chercher I'allmenr qui lui convient : ainfi il faut qu'il y ait dans I'eau des parties nourricieres que la bouche puilTe recevoir quand la coquille s'ouvre ; mais comme la coquille refte prefque toujours fermce , il n'y a pas d'apparence que la moule pfit vivre commodemenr en cet erat, fi la nature ne lui avoir donne .quelques refervoirs particuliers pour conferver I'eau qu'elle rccoir quand fa coquille s'ouvre, & pour em- pecher que cette eau ne s'ecoule lorfque la coquille fe ferme. Auffi trouve- t-on de chaque cote du ventre de ce poilTon, un grand refervoir, & pro- che le bord de chaque piece de la coquille , un canal pour le fejour de I'eau. Ces quatre cavites communiquenx enfeirble entre le dos du cor^>s de la moule & celui de la coquille. Le refervoir eft forme du milieu de la furface interne de la coquille , & d'une membrane fpongieufe , qui d'ur.-e part eft unie au corps de ce poiftbn , &c de I'autre a un mufi-le circulaire : ce canal eft coniuofc du contour de la coquille £>: de ce meme mufcle , & voici comment : La partie charnue de ce mufcle qui n'a guere que cinq ou fix. A C A D 6 M I Q U E. jtf, llgnes de lar^e , eft adherenre par I'un de fes cotes a la coquille , a fept on s huic lignes dc diftance de fon bord. Le refte qui en eft dctachc , hiiic en y\c^n Rovale une membrane tresdelice , qui s'linic a une eCpece de peau fort mmce, pes Sciences jointe au tranchanc de la coquille; de forte qu'il refte entr'elle !k ce muf- de 1'aris. cle un viiide qui fait le canal. Ce mufcle circulaire (e joint avec ion coni^e- AnnU i7iOi nere au-delfus de la tete de la nioule pat devant , & p.u- derncre an deilus du rcElum. Entte leurs extrcmites , il y a un petit ligament qui Icur eft at- tache , & a la membrane du pericarde en delllis. Enlin on dccouvre au- delfus du nclum , un conduit qui communique dun bout dans I'anus, & de I'autre avec ces quatre refervoirs : c'eft par re conduit que I'eau pa(Te dans leurs concavites. Quand la coquille s'entr'ouvre , les deux mufcks circulaires qui font attaches, font forces de seioigntr I'un de lautrc ; & parce que I'anus leur eft iini , c'eft aulii une nccellite que fon entree ie dilate en meme tems ; alors I'e.iu entre dars I'anus , d'oii elle palle dans le ca- nal qui la decharge dans les refervoirs par une fente placee entre les deux mufclcs circulaires, tout proche de leur union pofterieure. Quand apres tela la coquille fe ferme, alors I'eau preftee dans les canaux par le gon- flement des mnfcles circulaires & par ceux du ventre dans les refervoirs, fort par le meme conduit par lequelelle eft entree, & fe repand peu-a- peu entre les parties de la generation & le ventre*, fans pouvoir de-la s'e- con.'er an dehors, tant parce que les pieces de coquille s'appliquent i'une contre I'autre exadement , que parce que I'eau qui remplit les canaux, fouleve les deux mufcles circulaires dont ils font formes ; ce qui fait que ces mufcles fe prennent fi fort I'un contre I'autre , que I'eau ne peut s'echapper , quand bien mcme I'application des deux pieces de la coquille ne feroit pas parfaite. La maniere dont le? mufcles circulaires fe contracflent pour chalfer I'eau hors des canaux, eft fort particuliere ; car etant attaches a la coquille par leur partie charnue , il eft evident qu'ils ne peuvent fe raccourcir quand ils fe gonflent ; il faut done que leur largeur diminue quand ils fe relferrent : ce qui arrive de cette faqon. Toute leur furface qui regarde la coquille, eft traverfee par une infinite de fibres fort cources qui s'inferent a leur aponeurofe : or celle-ci etant unie a la peau qui borde le tranchant des coquilles, il eft viable que ces petites fibres ne peuvent fe raccourcir fans diminuer la largeur de ces mufcles , & par confequent la capacite des canaux qu'elles applatilfent : ainfi I eau qu'ils contiennent eft obligee d'eii fortir plus ou moins promptement , felon la vitclfe avec laquelle ces pe- tites fibres fe raccourcilTent : c'eft ce que confirme I'experience ; car quand on pique ces mufcles , les efprits animaux y coulant alors plus abondamment qu'd I'ordinaire , leurs fibres tranfverfes fe contraftent li violemment , qu'elles rompent I'attache de leur aponeurofe avec la peau qui borde le I tranchant de la coquille \ ce qui fait que I'eau renfermee dans les canaux circulaires, s'echippe au dehors par cette ouverture extraordinaire. II refte maincenant a trouver par quel paffage I'eau entre d ms le corps de la moule ; & pour le decouvrir , il nous faut examiner une gLinde conlide- rable que je prends pour la tete de ce poilfon , quoique je n'y aie remarquc ni langue, ni nez, ni yetix, ni oreiliis : mais ce qui m'aucorife a lui den- ^r,(; COLLECTION -■■ — — iiei- ce nom, c'eft quelle eft la partie la plus elevee dii corps 5 qu'elle ell A R A E compofee de deux iubllances difFerentes en couleur , & formant dans fon DEs°SciENCES cetitrc plufieurs finuofites ; ce qui fait prefunier que ce corps tient lieu de DE Paris. cerveau : enfin c'eft qu'on y rencontie I'entree du tube iiueftinal , & qu'on >J«H^ ,-rio V voir une bouche garnie de deux levres charnues. Ces deux levres font fort croites a 1 entree de la bouche , qui elt placee entre le ventre &C le mufcle anterieur de la coquille \ mais en s'Lloi- cnant de cet endroit , elles s'elargilfent : elles font platces &; longues d'un pouce on environ , arrondies par leurs extrcmites , &c traverfees dans route leur loHL'ueur par de petires fibres faillantes fur leur fuperficie interieure. Ces fibres lailfent entr'elles de petits finus , de forte qu'elles reprcfenrent alTez b:en les hllons d'une terre labouree. Ces deux levres forment entre elles, de chaque cote de la bouche, une efpece de gouttiere qui pent fe chanaet en canal , parce que les petites fibres qui les traverfenc , peuvent en fe raccourcilTant , appliquer leurs bords I'un centre I'autre. Enfin je trouve dans le fond de cette glande I'euibouchure d'un autre canal, dont une branche va fe terminer dans le ccEur, &c les autres dans le refte du corps de la moule. D'apres ces fairs , il eft aife de comprendre que I'eau repandue enrre les parties de la generation &c le ventre de ce poillon , doit s'ccouler par les deux gouttieres des levres , qui s'ecartent 1 une de I'autre pout la rece- voir, & fe rapprochenr pour la poulTer dans la bouche de la moule, ou apparemmenr Ics parties nourricieres fe feparent de I'eau & palTenc dans I'inteftin , pendant que I'eau entre dans I'autre canal ; ce qui femble d'autant plus probable, qu'on ne trouve que de 1 eau dans le cceur, & dans le commencemenr de I'intefiin , qu'une matiere folide & aulli tranfparente ciue du cryftal , & fur la fin une autre fubftance femblable par fa confif- tance He fa couleur , au mmcomum du foetus renferme dans le fein de fa mere : d'oii I'on pent conjefturer que la premiere matiere peur etre cello de fa nourrirure , & la feconde, I'excrement le plus groffier qui en refulte. Mais quelque vraifemblable que paroilfe ce raifonnemenr , on verra dans la fuite qu'on peut former centre cette hypothefe une objedion impoflible a refoudre. Du fond de la bouche nait I'inteftin qui va palfer par le cerveau, fat des circonvolutions dans le foie , puis par une Ugne droite , traverfe le ccEur &: finit al'anus, dont le bord eft garni de petites pointes pyrarni- dales , & le dedans de petits mamelons glanduleux. On y voit auffi de cote & d'autre une glande femblable aux amigdales, d'oii fort une matiere fort vifqueufe. Ce que je prends pour le foie, eft un amas de petits globules formes de Talfemblage de plufieurs grains glanduleux, qui remplillent de telle fieurs ouvetcures dans i'inteftin. A C A D fe M I Q U E. ^^1 Dcs Parties dc la sreniration. T • J— < A moule a qiiatre parties qui peuvent fervir a la generation : deux que j'appelle ovaires , parce qu'elles contiennent les oeufs de ce poi(!on j & dtux que je nomme veficules Icminales , parce qu'elles renfermenc la femence qui eft blanche & laiteufe. La conformation des veficules & dcs ov.iires parole femblable tanc en dedans qu'en deiiors ; cependant puifque leurs iifages font differens , il faut qu'il y ait dans leur fttu£lure quelque diffe- rence , quoique la vue ne puilfe la faifir. Ces quatre parties ont a I'txtc- rieur, la figure d'un croillant fort ouverc , convexe par en bas, concave par en hauc, & applati par les cotes. Elles ont chacune un pouce de large ou environ dans leur milieu, qui va toujours en diminuant jufqu'a leurs extrcmites , lefquelles par devant font attacliees a la tete , & par derriere fufpendues a I'anus. Ce qu'il y a entre I'lin & I'aurre bout ell joinc a la partie fupcrieure du ventre : le refte de leur corps eft libre & place entre les refecvoirs d'eau &c le ventre. Leur fuperficie eft tilFue de deux plans de fibres ; les unes font perpendiculaires ^ elles travetfent route leur lar- geur, Sc font eloignees les unes des autres d'environ une ligne. L'efpace que ces fibres perpendiculaires lailfent entr'elles, eft coupe par d'autres fibres plus piellees & plus courtes , qui vont en ferpentant d'une fibre droite a I'autre. 11 y a entre toutes ces fibres de petits creux qui tormenc une efpece de refeau admirable. A I'cgard de leur ftrudure intcrieure , elle a encore quelque chofe de plus remarquable j car chaque ovaire & chaqua velicule eft p.irtage en pludeurs petits tuyaux tons fcrmcs par le bas, & ouverts dans leur partie fuperieure. Ces tuyaux font fepares les uns des autres par des cloifons attachees tranfverfalemenr aux parois de ces par- ties, & difpofci a cote les uns des autres , comnie ceux d'un fifflet de Chaudronnier. Au-dellus de tous ces petits tuyaux , qui contiennent les uns les ocufs , & les autres la femence, regne un canal dans lequel ils one tous leurs embouchures. Ce canal eft ferme par fon extrcmite, qui re- garde la tete , & ouvert par I'autre dans I'anus. Chaque ovaire & chaque veficule a le fien particulier. Ceux des veficules ont de plus que ceux des ovaires , une fente daras leur partie moyenne fuperieure , & s'unillent en un feul fur la fin. C'eft par ces quatre canaux que Its oeufs Sc la fe- mence de la moule fe rendent dans I'anus , ou ces deux principes s'unilfenc enfemble en fortant , ce qui fuffit pour la generation ; aufli la moule n'a- t-elle a I'exterieur aucunes parties fexuelles. 11 eft a remarquer que les ovaires de la moule ne fe vuident de leurs oeufs qu'au printems , &C ne s'en remplillent qu'en automne j de la vient qu'on les trouve roujours vuides en ere , & pleins d'oeufs en hiver. U n'en eft pas de meme des veficules feminales ; on les rencontre en route faifon plus vuides que plei- nes (. M. M. n'ayant point de livrcs , lorfqu'il fit fes obfervations , ne put al'or clierchL;r dans les auteurs li les plantes qu'il tiroit de la mer avoient cte diicrites ; qutls noms o\t leur donnoit , &: a quels genres ellcs fe rap- jrtoisnc. Laillanc done a d'autres le foin de les nommet tk. de les clafler otaniquement , il fe contents de les dccrire avec d'autant plus d'exa€lL- tude 3c de vcritc, qu'il n'etoit prcoccupc d'aucun fyftcme ni d'aucune mc- thode particuliere. Nous taclierons de prendre le mcme efprit dans la fuite de cet exrrait ^ & fans nous attacher a la determination des genres de ces plantes equivoques , nous taciiet'ons de tirer feulemenc de I'Ouvrage de M. M. ce qu'il y a de plus pliilofopliique. Les algues font les feules plantes de la mer qui aient 6es racines : auffi viennentelles dans des fonds fangeux comme des plantes terreftres. Toutes les autres , fans exception , viennent lur des corps durs , tels que des rochers , des coquilles , des morceaux de fer , des conglutinations de terre , tluboisSc mhne d'autres plantes , &cc. Elles s'y attachent etroitement par Icur pied : ni ce pied n'a des fibres propres a tirer de ralimenc , ni la plupart des corps qui le portent ne peuvent etre foup<;onnes de lui en fournir. Toutes ces plantes, autant que M. M. a pu reconnoitre leur rtruifture , & avec les yeux Si avec le microfcope, ne font que des amas de glandules, ou de petirs tuyaux , qu'il a trouves remplis de differens fucs , mais plus communcment de lues glutineux i^c laiteux. Si une partie d'une plante niolle , ou d'un litliopiiyte , eft dans I'eau de Ja mer , elle fe cocferve fraiche , tandis que I'autre partie qui eft dvhois fe deireche. Il arrive le contraire aux plantes terreftres , qui fe confervent fraiches en leur entier , pourvu qu'elles aient une feule partie qui trempe dans I'eau. Cela prouve que la communication qui ell entre ies parties des plantes terreftres , n'eft pas entre celles des plantes marines , & que les parties de celles-ci fe nourriirent independamment les unes des autres, Sc par une certaine oppofition de matiere qui le fait a chacune en paiticulier {a ). Aprc'S cette idee gcnerale des plantes de la mer , nous raflemblerons leurs plus remarquables particulariies obfervees par M. M. 11 y a un fucus dont le pied a trbis lignes de diametre lorfque la plante eft fraiche , & qui devient mince comme un fil quand il a perdu I'eau qu'il contenoit. (a) Ces f;randcs differences devoient fairc foup^onncr a M. le Comte Marligli , que te qu'il appclloit des plantes marines n'ecoient pas des plantes. Les obfervations pofti- rieurcs ont demontre que c'ecoit I'ouvra^c de differens infecles de mer deli^n^s (ous Ic 110m generique de polypes. Mais quoique le Comte Marligli fe foit trompe dans fa con- jcclute, fes defcriptions n'en font pas moins exaiScs, parce qu'il Ics faifoit d'aprcs ics diofcs mcmc , &: uon d'apres fes idees. A 5 ij 371 COLLECTION ■' II y en a an autre qui ferpente fur la roche fi irregulierement , que AcAD.RoYALE ToH ne pBuc diftinguec Ion veritable pied. DES Sciences L'orange de n.er , qui eft une efpece de fucus , porce ce nom a caufe DE 1 ARis. jg Cj figure ronde. EUe n'a ni tige , ni ranieaux , & enfin ce n'tft qu'une jinnee i-jic. orange , qui peut avoir 4 ~ pouces de diametre , & dont la fiibftance n'a que I 4 lignes : tout le refte n'eft qu'une grande concavitu loutenue par une infinite dc filainens qui la traverfent , di rempiie d'eau de mer. On troui'e une pl.inte , qui n'eft qu'une ecorce , attachee pour I'ordi- naire a des lith iphytes qui ont perdu leur ecorce naturelle , ou en tout , ou en p.irtie. EUe ne couvre jamais que la partie depouillee. (^uelquefois elle va revetir des pierres. Etant fraiche elle eft tpaiife comme le dos d'un couceau : elle eft de fubftance de champignon & d'un rouge fore v.f. Sa furface exteriture eft toute lierifTee d'un grand nombre d'enftures , plcines d'un fuc glu.int. Autour de ces enflures , on voir quantite de boutons ou tubules de couleur aurore , qui , fur uii beau fond rouge , font un effet trcs ngreable. La furhice interieuie eft toute unie , 5c s'accommode a la forme du corps , fur lequel elle s'etend. Cette plance eft d'une nature beaucoup plus finguliere que les plantes terreftres qui ne vivent que fur d'autres plantes. Plufuurs efpeces d'eponges , lorfqu'elles fortent de la mer, ont dans de certains p tits trous un mouvenient de lyftole & de diaftole, qui dure jufqu'i ce que I'eau qu'elles renferment foit entierement confumee. Quelques plantes de la clalle des niolles etant feches, fe froident aufll aifement entre les doigts que les ecorces des lithophytes. II y a un lithophyte qui porte un fi grand nombre de rameaux capillaires , qu'ils femblent compoler une efpece de feuillage. Cependant comme tous ces rameaux font parfaitement de la meme fuliftance que le trcnc , il eft vrai , fnns exception, que tons les lithophytes n'ont point de feuilles. ^ Une efpece de lithophyte eft fans ecorce. Sa fuperficie eft enduite d'une glu femblable a un vernis , & qui eft en plus grande abondance au pied. La plante eft toute pleine d'cpines j elles piroilfent mieux au fommet des rameaux, ou le vernis eft en moindre quantite. On y voit audi, au fottir de I'eau, certains petits globules d'une matiere glutineufe , qui , lorfqu'oii remet la plante dans un vafe plein d'eau de mer , s'ctsndent autour des rameaux en faifant une fymmetrie agreable. Le corail croit ordinairement dans des grottes , dont la voiite concave eft a peu-pres parallele a la fuperficie de la terre. Il faut que la mer y iolt tranquille comme un etang. Les pecheurs aflurenr , Sc M. M. le croit jufqu'a prefent d'apres fes experiences , que le corail ne vient jamais dani des grottes ouvertes au (eptentrion ; elks doivent I'ttte au midi, & tone au moins au levant ou au couchanr. Il vient meux & plus promptemeiic a une moindre profondeur qu'a une plus grande. Il vegete a contre-feiis Ats plantes terreftres & mcme des plantes marines molles &■: des litho- phytes j il eft attache par le pied au hauc de la grotte, & fes btaiichi^s font en en bas 5 il eft egalemenc rouge Si e^alement dur dans I'eau kc hois de I'eau ', feulemeut fon ecorce prend en fe fechant une couleur un pen plus livide , ^i les excremit^s de fes branches font plus niolles au fortix A C A D E M I Q U E. ^7. ie I'eau que Ic refte de la plante , parce qu'elles font pleines d'un fuc qui »^ n'elt pas encore confolidc. Ces excrimites en fe fcchant a I'air , dcvien- ^^^^^ Royalb nenc friables; le pied par 011 le corail s'atcache a iin corps folide, en pes Scif.n-ces prend exadement la figure & I'embraire en forms de plaque jufqu'j une be Paris. certaine etendue, ce qui prouve bicn que la fiibftance du corail a etc fluide j„„^i i-i dans fa premiere formation ; & ce qui ie prouve encore mieux , c'eU que " "" '' ' * ' quelquefois cette" mime fubllance va tapiller le dedans d'un coquillage oii elle n'a pu entrer qu'en forme de liqueur. L'ecorce s'etend cgal's- ment par-tout; die eft moins coinp.icte &: moins dure que la fuLftance propre qui eft pierreufe; on la detache vivement lorfque la plante eft fraiche; elle eft remplie & route traverfee de petits tuyaux ronds qui ont tons a leur fommet un trou qu'on ne peut guere appercevoir fans mi- crofcope; ils font pleins d'un fuc glutineux ," qui dai.s la plante fraiche eft de couiciir de bit, & enfuite fe condenfe Sc prend une couleur de fafran tirant fur le rouge. La ("urface intc-iieure de l'ecorce eft route cha- grincepar I'amas dune infinite de glandules; la fuperhcie du corail de- pouille de fon ecorce , eft route fillonnce de canaux qui s'etendent de- pujs la plaque jufqu'aux extremites des branches. Il y a dans la fubftance propre de la plante quantite de cellules pleines d'un fuc tout femblable a celui des tubules de l'ecorce; mais ces cellules ne font vilibles, &: peut- ette n'txiftent que d.ms la circonRrence exterieute de la fubftance propre; tout le dedans paroit parfaitement folide 8c pierreux ; les cellules font aufli plus grandts & en plus grand nombre vers les extrcmites des bran- ches, que vers le pied. Le corail eft rougi par des vers dont M. M. a donne la figure, & c^id fera connoitre encore mieux dans fon traite des animaux ije la met. • Les madrepores viennent alfez fouvent dans les memes iieux que le co- rail ; ellcs changent la plupart de couleur hors de la mer ; elles lone com- munement peu pefmtes Sc faciles a froilTer; quelques-unes font fr.-ifii-e? comme du verre, Sc d'auttes le font encote plus, de forte qu'on ne peuc ptefque y toucher. Les fleurs du corail font blanches, ayant chacune leur pidicule Sc huic feuilles, le tout enfcmble de la grandeur & de la figure d'un clou de giro- fle ; elles font en tr^s-gtand nombre fur toiite la plante ; elles fortent de tous les tubules de l'ecorce , Sc y rentrent dans 1 inftant qu'on retire la plante de I'eau. Si on i'y remet , elle refieurit toute entiere en moins d'uneheure, & quelquefois elle fe conferve pendant douze jours en etac de faire alternativernent ce manege autant qu'on le veut , apics quoi les fleurs ptennent la fotme d'une petite boule jaune , & tombent au ion J ■ de I'eau ('/) & G, [Pi- XI , Fig. VI ) on voit au milieu de la moule une petite partie noire ou brune, alfez refTemblante a une langue {Pt. V , Fig. V, A ]5 )• Dans les plus groftes moules cette pattie a cinq a fix lignes de longueur, Sc deux lignes 6c demie de largeur j elle eft plus etroite a fon origine Sc a fon extremite. De la racine de cette efpece de langue , ou de I'endroit ou elle eft attachee au corps de I'animal , partent un grand nombre de tils, qui, etant fixes fur les corps voifins, tiennent la moule alfujettie, DDD. QQ. ( Pi' XI , Fig. VI). Chacun de ces fils eft gros a-peu-ptcs comme un gros cheveu ou comme une foie de cochon : ils ont ordinairement depuis un jufqu'a deux pouces de longueur; ils fortent de la coquiile par I'endroit ou elle s'entr'ouvre naturellement , fe diftribuent de tous cotes & en tous itns Sc s'attachent par leur extremite fur les corps voifins, parexemple, fur des pierres , des fragmens de coquilles , mais plus fouvent fur les coquilles des auttes moules ; de la vient qu'on trouve ordinairement ces coquil- lages par grouppes. Ces fils font autant eloignes les uns des autres que leur longueur Sc leur nombre le peuvent permettre j j'en ai comptequel- quefois plus de cent cinquante employes a fixer une feule moule : ils font comme autant de petits cables , qui , tirant chacun de leur cote , tiennent la moule a I'ancre. L'obfervation de ces fils eft uue chofe commune ; il n'eft pas befoin pour les voir d'aller confiderer les moules au bord de la mer; celles qu'on apporte a Paris n'en font pas entierement dcpouillces , & les cuifiniers ont grand foin de leur arracher ce qui en refte avant de les faire cuire. L'ob- jet de rnes recherches fut de favoir fi ces fi's etoient une efpece de che- velute nee avec la moule, croiftant avec elle, & qui I'attachat necelTaire- ment , ou s'il etoit libre a la moule de fe lier avec ces fils. Pout m'en eclaircir apres avoir detache diverfes moules les unes des autres, Sc des pierres auxquelles elles etoient adherentes, je les renfermai dans des boites couvertes par delFus , & je les mis dans la mer. J'examinai ces moules quelques jours apres ; j'en trouvai qui etoient feulement atta- chcesaux parois du vafe , d'autres I'etoient, & a ces parois & a d'autres co- quilles de moules , par les fils dont nous avons parle. Cette experience ne fatisfaifoit qu'en partie nia curiofite , en m'apprenant •que les moules s'attachent a volonte ; il s'agilToit encore de favoir comment elles fe fervoient de ces fils pour s'attacher , fi elles les coUoient par leur extrL'mite , ou fi cette extremite beaucoup plus grolfe que le refte , ne pou- voit pas ctre rtgardee comme une efpece de mam dont Ic refte du fil eut ete le bras. Pour verifier ces faits , je mis chez moi une graiide qiiantice de ir.ouiefr iSx COLLECTION ^a^^!^^:^^^ dans des vafes , &: j'y verfai afTez d'eau de mer pour couvrir ces monies, Acad. RoYALE mais crop pen pour les derober a mes regards: elles fe trouvoient alors DES Sciences dans leur element naturel ; ainii il y avoir apparence qu'elles y agiroienc DE 1 ARis. coiiime elles avoient fait dans les boites que j'avois lailFees dans la mer. 4nnie 17H. Je les y confiderai attentivement, 6c bientot j'en vis qui entr'ouvroienc •leurs coquilles ; j'en apper^us enfuite quelques-unes qui faifoient fortir de la coquilie entr'ouverte cette partie que j'ai comparee a une langue , & de la bafe de laquelle partenc differens fils. Elles allongeoient cette efpece de langue L J [PI. V, Fig. VI), puis la taccourcifloient , apres quoi elles r.Ulongeoient encore davancage , & la portoient plus loin : enfiri apres plufieurs allongetnens & raccourciffemens alternatifs , elles lui donnoient quelquefois jufqu'a deux pouces de longueur. Je les voyois alors titer de tous cotes avec fon extremite J, cotnme pour fonder le terreiri environnant, aprcs quoi elles fixoient cette extremite T, ( Pl.XI, Fig. FI) pendant quelque tems dans un meme endroit , d'oii la retirant enfuite avec beaucoup de vitelTe , & la faifant entierement rentrer dans leur co- quilie , elles me laidoient voir qu'elles etoient attachees par un fil dans I'endroit meme oii le bout de cette efpece de langue etoit refte applique pendant quelques inftans. C'eft en repetant plufieurs fois la meme ma- noeuvre, qu'une meme irroule s'attachoit en differens points plus ou moins eloignes. Je crus alors avoir decouvert la maniere dont les moules s'attacholent aux corps voifins ; car il me fembloit que cette langue fervoit a y coller les fils qui partoient de fa racine. J'obfervai avec attention ces fils re- cemment colles , & je remarquai qu'ils etoient plus blancs &c en quelqne fagon plus tranfparens , plus brillans que les anciens. Cette difference jointe a diverfes autres circonftances, me fit foupgonner que les fils avec lefquels ces moules venoient de s'attacher , n'etoient point les memes fiU que je leur avois lailTes , que peut-etre elles les ptoduifoient & les filoienc au befoin commc font les vers a foie , les chenilles & les araignees. Cette conjedure me parut alTez fondee pour tenter quelques experiences pro- pres a la confirmer ou a la detruite. Il etoit queftion de favoir fi une moule depouillee de fes fils s'atta- chetoit peu de tems apres ; car il falloit pour cela qu'elle filat de nouveauj mais comme il y auroit eu a craindre qu'en arrachant la maffe des an- ciens fils , on eut blelTe la partie neceflfaire pour en former d'autres , je me fervis des deux expediens fuivans. Apres m'etre alfure que tous les longs fils fortent de la coquilie, & que ceux qui font renfermes dedans font irop courts pour attacher I'animal a quelque diftance , je coupai rous les fils le plus prcs qu'il me fuc poffible du bord de la coquilie. Ces fils aux- quels li ne reftoit pas cinq a fix lignes de longueur , ne pouvoient certaine- nient pas attacher la moule a un ou deux pouces de diftance de fa coquilie; cependant pour lever tout ferupule , j'otai entierement les fils a quelques- unes d'une autre maniere. Apres avoir entt'ouvert la coquilie d'une moule autant qu'on peut I'entr'ouvrir fans forcer le mufcle M M qui fert a la for- mer , & que Ton voir coupe ( PL V , Fig. F) , j'infinuois dans cette co- quilie des cifeaux avec lefquels je retraiichois toiite la houppe des fils F. A C A D H M I Q U E. 385 Ces precautions prifes, j'eus le plaifir de voir quelques heures aprcs s'attaclier aux vafes preftja'autant de ces moules depouillces de leurs tils, que y\f ^^^ Roy ale de celles auxquelles je n'en avois pas ote un feul, & les uiies ne s'atta- i>es Sciknces chercnt pas plus loin que les autres : ainfi je ne pus douter que la met ue Paris. n'euc des fileufes dans les mouies, comme la terre en a dans les clienilles jinnee 171 1, & les araignces. La parcie qui fert a former les fils merite d'etre examinee ; je I'ai de- fignee jufqu'ici fous I'image groffiere d'une langue a caufe de fa figure; je I'ai regarded ailleurs comme la jambe ou le bras de la mouie , parcc que les moules qui fe trouvent dctachees par quelque accident , s'eii fervent pour marcher \ mais comme cela arrive rarement , & que foii ufage propre fethble ctre de former les fils, je ne lui donnerai plus que le nom de filiere. I Pour la bien faire connoirre , nous obferverons ici que bien qu'elle foit platte comme une langue dans la plus grande partie de fon etendue ,. elle eft arrondie en cylindre vers fon origine ou fa racine A ( f'g.f^, PI. F) , & qu'elle y a beaucoup moins de diametre qu'ailleurs. Son autre extrcmice ou fa pointe B , eft a-psu-prcs faite comme la pointe d'une langue. Divers ligamens mufculeux font attaches auprcs de fa bafe ou de fa racine , & la tiennent aflTujettie prcs du milieu du dos de la coquille , c'eft-a-dire , a peu-pres vis-a-vis I'cndroit 011 finit le relTort qui fert a en- tf'ouvrir cecte coquille. Sans entrer dans le detail de ces ligamens mufcu- leux , nous dirons feulement qu'il y en a quatre principaux qui peuvent fervir a mouvoir la filiere en tous fens. Dans la Fig. VII , ( Pi. XI) R S eft I'un des deux ligamens qui I'attachent vers le fommet S , & Z X eft un des deux qui I'attachent vers la bafe Z. On appercoit aufli deux mor- ceaux M M des ligamens infcrieurs dans la Fig. VIII , ( minn PI. ) ou la filiere eft vue par derriere. Lorfque la hliere eft dans Tinaftion , fa pointe B ( Fig. V, PL V. ) eft tournee vers le fommet de la coquille , & Ion exrremite ne va pas loin de la bouche de I'animal. Cette bouche O ( mam Fig. ) eft formee de deux membranes alTez minces , qui paroilTent appliquees I'une fur I'autre : fa largeur eft H H. On ne voir point cette bouche ouverte fi Ton ne prend foin de I'ouvrir j elle forme une efpece d'entonnoir tres-applati, lequel fe termine a un conduit qui va jufqu'a I'anus. 11 y a apparence que la moule ne fe noutrit que d'eau & de. terre ; fes excremens font de meme couleur que la vafede mer. Revenons a la filiere. Depuis fon origine juf- qu'aupres de fa pointe, on voit une raie AJ, [meme Fig. V) &KP {Fig.XX)i ou plutot une rente qui penetre allez avant dans la fubftance de cette par- tie , & qui la divife en dsux felon fa longueur. Cette fente eft le vrai ca- nal ou palFe la liqueur qui forme les fils , & ou elle fe moule en paf-- fant. Il ne paroit exterieurement qu'une raie ou une legere fente, parce que les deux bords fuperieurs de ce canal font deux efpeces de levres ap- pliquees I'une contre I'autre : on voir aifement qu'il eft creux & qu'il a de la profondeur, (i Ton plie la filiere fuivant fa longueur de fa^on que' la raie foit fur la convexite du pli. Quoique ce canal foit ordinairementr- ferm^, la moule peut i'ouvrir, & nous dirons bientoc eu qiiclles circontf 3S4 COLLECTION tances elle I'ouvre. Des fibres a-peu pres circulaires font difpofees ttanf- AcAD. RoYALE verfalement dans coure Tetendue de la filiere oii regne ce canal, 6c fer- DES Sciences ^^^^^ ^^^^^ doute a I'ouvtir : il ne va pas jufqii'.i la pointe de la filiere ; les DE AR s. gbcgj tranfverfales finident au meme endroit que le canal , & le refte de la Jinnee 171 1. ^jjg^g pQ (^ fig. XX, PL f^.} a moins d'epailleur. Mais ce canal va jufqu'a la bafe de la filiere , c'eft-a-dire jufqu'a I'endroit ou , prenant une figure cyiindrique, elle forme un tuyau creux d'environ une demi-ligne de profondeur. Ce cuyau qui revolt le canal , contienc audi dans fon mi- lieu une efpece de tendon rond, ou plutot un fil de meme nature que les autres AB ( Fig. I, PL XII) , mais beaucoup plus gros. Dans les grandes moules il eft au moins aufli gros qu'un brin de foie a coudre ; il 'a fouvent un pouce de longueur \ quelquefois il eft aflez long pour for- rir comme les autres en partie par I'endroit ou la coquille s'entt'ouvre G [PL XI, Fig. VI). C'eft a ce tendon ou a ce gros fil que font attaches par une de leurs extremites tous les fils delies qui fervent a fixer la moule : il eft comme un cable auquel tiennent tous les petits cordages j ils y font attaches dans route fon etendue : le petit tuyau d'oii il partne feroit pas futiifant pour loget la quantite de fils qui fe trouve dans les grandes moules. Quelques experiences que j'aie tentees, je n'ai pu reconnoitre exaile- ment fi ce gros fil etoit fil6 comme les autres : ce que je puis alTurer, c'eft que dans route fon etendue a peupres, je I'ai trouve d'une matiere fort femblable a celle des autres fils j feulement a fon origine il fembloic un peu rendineux j ce qui me le fait regarder comme une efpece de gros cheveu qui croit de mtme que les notres. Une obfervation qui appuie ma conjedure , c'eft que les fils nouvellement files fe font toujours trou- ves colles pres de I'origme A de ce gros fil , { PL V, Fig. F) & je ne yois pas comment la moule les pourroit collet vers fon extremite ; mais il fe trouve aufli des fils plus anciens attaches a ce gros fil jufqu'a un pouce de diftance de fon origine j ce qui fuppofe qu'il a cru depuis que les pre- miers fils y ont ete colics. ^ Quoi qu'il en foit, il prend fon origine, comme nous I'avons deja dit ; dans un tuyau creux que forme la bafe de la filiere , & qui paroit are audi le refervoir dans lequel s'amalfe la liqueur vifqueufe dont fe fer- ment les fils. Ce tuyau eft entoure de diverfes parties glandiileufes pro- pres a filtrer cetce liqueur. La moule , comme la plupart des animaux matins, abonde en matiere de ce genre : fi Ton applique le doigt fur fa filiete, principalement a la bafe, & qu'on le retire doucement , on entraine divers filamens vifqueux , tels qu'on en tire des araignees , des vers a foie & des chenilles. Il eft aife d'expliquer a prefent les divers mouvemens que nous avons vus faire a la moule pour s'attacher, & de deviner ceux qu'elle dciobe a nos yeiix. Elle commence apparemment par comprimer les parties glan- duleufes qui contiennent le fuc vifqueux propre a former les fils , & fait ainfi pafler ce fuc dans le refervoir qui eft a la bafe de la filiere K ( PL V, Fig. XX. )-^ la une partie de ce fuc s'attache comme a fon tronc au gros theyeu ou tendon qui eft loge dans la meme caviie. La moule fait enfuite niontec AC A D 6 M I Q U E. ,8^ monter le reftc de cc fuc dans le canal qui occupe prefque toute la Ion- ___;^^___^ j;ueur de la hliere. Ce canal etanc alors (•ermij, le fuc ne peut sen (icou- . ,, ler ; c'cft fans douce pour I'y conduire que la nioule allonge 6c raccourcit d*s°J,c^ience\ alternativemenc fa filiere , un grand nombre de fois. pj Paris. La liqueur vifqueufe et.inc conduite jufqu'au bout du canal , forme un Ann'cnii fil auquel il ne manque plus que de prendre de la confiftance & d'etre attache fur quelque corps pour devenir un des fils dont nous avons patle. * La moule applique alors fur le corps qu'elle a clioifi le bout de fa fi- liere , & I'y lailTe quelque terns en repos; c'eft pendant ce terns que le fil acquiert de la confiftance He qu'il fe colle toujours par fon extrcmite : il eft coninie pofe perpendiculaiiemcnt fur le corps auquel il devient adhe- rent; c'eft un petit cylindre flexible dont la bafe eft pofce fur ce corps , & y tient d'autant plus fortement qu'elle a toujours ttois ou quatre fois plus de diametre que le refte du fil. Pour peu qu'on fe fouvienne que la filiere eft plus mince par fa points que par tout ailleurs , &: que le canal par oCt palfe la liqueur finit a ce mcme endroit , on imaginera fans peine qu'il «ft aife a la moule d'appli- quer le bout de ce hi fur un corps comrae on le voir en T, [Fig. FI , PL XL)^ Ce fil etant moule dans la filiere, attache par un de fes bouts au tendon ou cheveu qui fert de tige commune , & par I'autre bout a un corps liable , il ne refte plus .i la moule qu'a le degager de la filiere en onvrant dans toute fa longueur le canal oil il s'eft moule; c'eft ce qu'elle fait a I'aide des fibres cir- culaires dont nous avons parle; enfuite elle cloigne promptement fa fi- liere du fil qui y etoit contenu , & la porte en arriere prefque paralle- lement a ce fil , apres quoi elle la fait rentrer dans fa coquille. Il arrive quelquelois que la moule colle fur les corps voifins de?fi!s qui ne peuvent lervir a I'y h.ter elle-meme , foit que ces fils aient ere rompus ' au iortir de la filiere, ou qu'ils foient trop foibles pour porter I'animal. Quoi qu'il en foit , la moule n'a pas plutot forme un fil & fait rsntrer fa filiere dans fa coquille, qu'elle fc fait aller en avant en fe tirant fux ce nouveau fil comme pour eprouver s'll eft bon 6c bien attache. Pour obferver routes ces manccuvres, je mettois, comme j'ai deja die, les moules dans des vafes de verre pleins d'eau de mer : la tranfparence da verre & celle de I'eau me lailloient appercevoir tous les mouvemens des moules, & cela me fervit audi a reconnoitre que leurs fils s'attachent audi fortementcontre le verre que fur des corps moins polis, tels que le bois S<, la pierre. Les fils qu'elles ont files chez moi m'ont paru toujours plus blancs que les anciens , apparemment parce que la couleur n'en etoit pas encote alteree : ils ctoient aulli pour I'ordlnaire plus dclics , peutctre parce qu'ils avoient ete formes a la hate & dans un temps ou les moules n'avoienc pas une affez grande provifion de matiere vifqueufe. Du moins femble-t-il certain que cette liqueur s'epuife aifement : je n'ai point vu de moule faire plus de quatre a cinq fils dans un jour. Il ne m'a pas ete poiTible de decouvrir fi elles peuvent rompre a leur grc les liens qu'elles fe font formes : je fais qu'on en trouve fouvent de dc- Tonit III 3 Tanii Frangoife, C j its CO L L E C T I O N ACAD.ROYAIE D£s Sciences D£ Paris. Annie 1711. tachees qui ont de gros paqaets de fils , mais divers accidens peuvcnt avoir brife ces fils fans queles monies y aient eu part , & I'experience fui- vante femble prouver qu'elles ne peuvent fe detacher elles memes. Apres avoir laiffe des monies fe coUer contre les parois d'un vafe plein d'eau de mer, j'ocois cetce eau fans laquelle elles ne forment point de fils dans le vafe , &c je Totois de maniere que les lines en etoienc entietement pri- vees & que d'autres la touchoient feulement du bord de leur coquille ; elles devoient ctre alors dans une fituation violente , & i\ elles euflent eu quelque moycn pour fe detacher , c'etoic le tems d'en faire ufage pour allcr chercher un liqiiide qui leur eft necefTaite ; cependant je n'en ai appercu aucune qui ait rente de rompre les fils qui la retenoienr. Au refte les moules filent quelque jeunes qu'elles foient. J en ai fouvenc obfcrve de plus petites que des grains de millet qui formoient des fils tres- courts a la vcrite & d'une finelle qui egaloit celle des fils des vers a foie ; audi les plus petites font -elles afllmblees par grouppes comme les plus grolTes. A mefure qu'elles croilfent elles ont befoin d'etre retenues par des fils plus forts , les anciens trop foibles fe caflent : fouvent meme ils fe cadent quoique gros, foit qu'ils fe corrompent en vieillilfant , foit qu'ils efTuient des fecouffes trop fortes ou trop reiterees. Si la faculte de filer eft commune aux moules & a divers animaux terref- tres , rout ce que nous avons rapporte fait voir que la mechanique qu'em- ploient les moules leur eft particuliere. Les vers a foie, les chenilles, les araignees tirent de leur corps des fils aufli longs qu'il leur plait en les faifanc pader par un trou de filiere : leur precede reflemble a celui des Tireurs d'or ; mais le precede des moules relFemble a celui des Ouvriers qui jettenc les metaux en moule ; en etfet leur fil prend une figure & une longueur determinees dans le canal de leur filiere. Au refte il y. a apparence que les moules , ainfi que les vers a foie , les araignees & les chenilles , ne tra- vaillent qn'en certain temps dc I'annee ; du moins celles que j'ai renfer- mees dans des vafes pendant les mois de Juillet, d'Aoiit & de Septembre, ont file , &c je n'ai vu former aucuns fils a celles que j'y ai mifes pendant le mois d'odobre. J'en ai pourtant trouve quelques-unes qui , pendant ce dernier mois, ont file dans la mer. Au refte la refpiration de I'animal n'eft point interrompue pendant qu'il file. C D ( Fig. 11 , PI. XII) eft I'ouverture par ou la moule refpire I'eau „ ouverture a laquelle aboutit aufli le canal inteftinal ; I'anus eft en C , les excremens qui en fottent paroillenr une fimple terre , une efpece de glaife : ils ont fur leur longueur une cannelure qui leur donne la forme d'un tuyau creux De-la Ton peut inferer que le canal d'ou ils fortent , ou du moins I'ouverture qui leur donne palTage , n'eft pas ronde comme dans les autres animaux. RH eft I'endroit oii fe trouve le reflbrt qui fetr a ouvrir la coquille. On voir en E E une frange ou crcte charnue , que Ton voir auflfi ( PL XI , Fig. FI ) en E E : I'animal ne la lailfe paroitre que quand il refpire I'eau. La Fig. Ill reprefente une des deux pieces qui compofent la coquille de la moule. On pent remarquer une petite bande qui en revet le boid ACAD^MIQUE. 5?7 interieur. Dans I'crat natiirel , cette bande , qui eft de fubftance analogue ' a la corne , eft coUce au contour du corps de I'animal. Atad Royale Ariftoce & Pline one pade d'un coquillage bivalve , nomm^ en Latin des Sciences Pinna marina , beaucoup plus grand que la moule , & que Ton trouve de Paris. de mc-me fixe fur Les corps voifins par un grand nombre de fils. Les pinnes a marines, que Ton trouve prcs des cotes de Provence, ont environ un pied de long, & pres des cotes d'ltalie on en rencontre qui ont jufqu'a deux pieds. Les pinnes marines different encore plus des moules par la finefPe & le nombre de leurs fils , que par la grandeur de leur coquille. Rondelec die que ces fils font , par rapport a ceux des moules , ce qu'eft le plus fin lin par rapport a I'etoupe ; & ce n'eft p;ut-etre pas encore alFez dire , car les fils des pinnes marines ne font guere moins fins & moins beaux que ceux des vers a foie : aufli les fi!s des moules ne font employes a aucun ufage , au lieu que, felon le mcme Rondelet , une belle efpece de Bijfus des anciens ctoit faite de ceux des pinnes marines j & il efl certain qu'on en fait en- core a prefent a Palerme des etoffes & d'autres beaux ouvrages Ces fils etanc fi fins ne peuvent avoir beaucoup de force , mais ce defaut eft bien compenfe par Icur nombre , qui eft prodigieux. Comme je n'ai point fait d'obfervations fur les cotes oii vivent les pinnes marines, je ne puis dccrire la maniere done elles forment & attaclient leurs fils : mais I'analogie me porte a croire qu'elles filent comme les moules , puifque leurs fils ne different de ceux des moules que par la longueur & la finefle , & que d'ailleurs les uns & les autres partent du corps de I'animil , comme on le pent voir dans les figures de Rondelet , &: comme je I'ai vu plus diftiniftement dans une piiine marine delfcchee clisz M. Gioffroy le jeune. 11 y a un autre coquillage qui s'attaclie comme les moules avec des fils , dont on ne peut faire aucun ufage & qui font encore plus gtos & plus courts. Ce coquillage eft nomme en Latin Piclcn. Gaza , traduifanc Ariftote , emploie quelquefois le nom de Pecliminlus , mais Gefner pre- tend que c'eft a tort. Quoi qu'il en foit , on I'appelle petongle fur les cores ti'Aunis : il y eft fort eltimc quoiqu'affez commun , & c'eft un des meil- leurs coquiliages de la mer a manger cutr ou crud. Sa coquille BI3S (fig. IF, PI. XII) eft, comme celle des moules, compofee de deux pieces : le ligament a relTort qui les affemble eft du cote du fommet S ( Fig. IF) , L ( Fig. F). Depuis ce fommet la coquille s'elargit infenfi- blement Sc prend une figure arrondie ; mais precifement au fommet, elle eft comme coupee en ligne droite. Cliaque piece de la coquille forme un ou deux appendices ou oreilles SO {Fig. IF), RT ( Fig. F). L'appen- dice R eft plus etroit que T &: ne peut le couvrir enticremenr ; ils ne s'appliquent pas non plus exaftement I'un ftit I'aucre , mais ils laifi.nt une petite ouverture par laquelle fort une pattie des fils FF (Fig. IF). La petongle, que nousavons fait graver, n'aqu'une oreille. Diverfes cannelures partent du fommet de la coquille & vont a fa bafe en s'eUrgiffant pro- portionnellement a Tefpace : il y en a qui en difFerens endroits font litrifTees de petiies pointes , qui paroilFent dans la Fig. IF. C3 ij jS8 COLLECTION II On trouve une grande variete dans la couleur de ces fortes de coquilles : Acad Royale '^^ '^'"^^ ^°"^ entierement blanches , d'autres font rouges , d'aiitres brunes , DES Sciences d'autres tirent fur le violet ; enfin ,dans d'autres , routes ces couieurs font DE Paris. diverfement combinces. Dans la petongle , reprefentee ouverte { Fig. f^) , j4nnee 171 1. on voir le gros mufcle MM qui fert a fermer la coquille & qui a etc coupe. Mais pour tevenir a ce qui regarde diredtement notre fujet , les petongles s'attachent aux pierres ou a des coquilles , par le inoyen de fils femblables a ceux des moules , excepte qu'ils font plus courts FFF ( Fig. I y). lis partent de mcme d'un tronc commun : dans les petongles qui n'ont qu'unc oreille , les fils fortent de la coquille un peu xu-deiFous de cette oreille. Pour prouver qu'ii eft libre a ce coquiUage de s'attaclier quand il lui plait avec fes fils , il fulHt de dire que fouvent apres une tempcre on en trouve en des endroits ou on n'en trouvoit pas les jours precedens , &C que celles qu'on trouve font fouvent attachees a de grolfes pierres immobiles. Nous prouverons aufli qu'elles filent de la meme maniere que les moules, en difant qu'elles ont une filiere HG [Fig. f^ ) afli-z lemblable a la leur , quoiqu'elle foit plus courte & qu'elle ait un canal plus large : audi filent-elles des fils plus gros & plus courts. La houppe de ces fils GP {Fig. F) a ete coupee en P , 011 ils font tous attaches a un tendon commun , lequel eft attache auffi a I'origine de la filiere. On voir dans la /'/o'. FI le canal VX, pat lequel palTent les excremens de I'ani- nial : X eft I'ouverture de ce canal ou I'anus de la petongle. Il nous refte a examiner I'adliefion involontaire de certains coquiliages qui , comme les plantes , paflent toute leut vie fixes dans une meme fitua- tion. Tels font les huitres & plufieurs efpeces de glands matins Sc de vers, de mer. Nous nous arreterons aux vers de mer , &: ce que nous en dirons fera aifement entendre ce qui regarde I'adhehon involontaire des huitres & de quelques autres coquiliages. Les vers de mer , nommes en Latin vermes tubulau , &c que nous appellerons vers a tuyaux , fe peuvent divifer en deux efpeces principales. Ceux de la premiere efpece font loges dans des tuyaux compofes de corps ctrangers , comme de grains de (able & de fragmens de coquille colles enfemble. Les tuyaux de la feconde efpece font de veritables coquilles , dont la matiere eft fournie par I'animal. Il y a encore des vers dont les tuyaux font d'une fubftance moile , mais nous n'en parlerons pas ici. On trouve les vers a coquille attaches tantot fur le fable, tanrot fur des pierres, tantot fur d'autres coquiliages VVV (PI. F, Fig. FI). Leurs tuyaux font des efpeces de cones forr allonges, qui s'clargiffent infenfiblement depuis leur origine jufqua leur extremite , Sc qui font diverfement recourbes; car non-feulement ils fuivent la cour- bure de la furface du corps fur lequel ils fe collent , mais ils en forment encore d'autres auffi varices (^e le font les differentes figures que prenJ fucceffivement un ver de terre. Pour comprendre comment ces tuyaux fe collent fi exadtement fur la furface des corps , il fuffir de favoir comment fe fait faccroiftement des coquilles J ce que noos avons fuffifarament expiique dans les Memoires A C A D fe M I Q U E. 389 de 1709 (ti). Nous rappellerons feulement ici que ranim.il, aufli tot qu'il 1 eft nc, eft deja convert dune petite coquille j lorfqu'il a commence de j(\(-ad Royalb croitre , fa coquille n'cft plus allez grande pour le couvtir tout entier , des Sciences & c'eft de la partie du corps excedente , laquelle dcborde I'ouverture de de Paris. - cette coquille, que s'echappe un fuc pierreux & gluaiit qui, venant a jinnu 1711, fccher , forme un nouveau morceau de coquille autour de i'animal. Ceci fuppofe , il eft clair que (i la partie du corps de I'inimal qui deborde I'ancienne coquille uc qui lui ajoute de nouvelles bandes, s'applique fur quelque corps , comme elle le fait dans les vers qui rampent conti- nnellement, la meme glu qu'cUe fournira doit fervir non-feulement a unir cntr'clles les particules qui compofent le nouveau morceau de coquille 6c a le coUer a I'ancienne, mais encore a attaclier cette nouvelle portion de coquille au corps que touchoit la partie dccouverte de lanimal ; de forte que u en croilFaiit cette partie fuit toujcmrs la furface de ce corps &i y dccrit des lignes courbes , la coquille s'y coUera dans route fon etendue en fuivant ces mOmes courbures. Les vers de I'autre efpece , qui one des tuyaux & point de coquilles , palTent audi leur vie dans un meme trou. Us demeurent dans le fable comme nos vers de terre demeurent dans la terre. Le fuc qui s'echappe de leuc corps n'eft pas alfez abondant, ou n'a pas alTez de conliftance pour leur former une coquille \ mais il eft adez vifqueux pour coller enfem- ble les grains de fable & les fragmens de coquille qui les entourent , Sc pour leur fervir de ciment. La force de ce fuc gluant eft bien fenfible lorfque la mer , pendant fon reflux , lailfe a decouvert certains bancs de fable habitcs par ces fortes de vers : la furface de ces bancs parait herilfce d'une maniere (inguliere ( Pi. XII, Fig, Vll). L'ouverture des tuyaux ou font loges les vers & qui font tout pres les uns des autres , furpalTe d'une ligne ou d'une demiw ligne le refte du fable , parce que la met a entraine le fable qui ctoit de niveau avec I'extremitc de ces tuyaux ; mais elle n'a pu agir avec la meme facilite fur le fable qui compofe les tuyaux memes & qui eft lie par la tnatiere vifqueufe dont nous parlons. Lorfque la mer a dstache quelque grolTe piece de fable du bord des bancs ou vivent ces vets , leurs tuyaux paroiftent alors diftindemenc felon leur longueur , leur courbure &: leur rondeur BC {Fig. VII) : le fable qui compofoit les tuyaux eft refte lie , &; celui qui les fcparoit a cte en- traine. On trouve meme quelquefois de ces tuyaux vuides , entieremenc feparcs du banc de fable , qui ont a peine I'epaifteur dune feuille de papiec & qui cependant ont conferve leur forme. lis font tres- polls intc- rieurement , quoique formes de parties qui femblent peu propres a fe bien arranaer. L'animal qui habite ces tuyaux {Fig. f^III)ni puere qu'un nouce de longueur & feulement quelques lignes de diametre. Nous I'avons'fait dclfi- («) V. Collcc. Acad. Part. Fran^oife, torn, i, pag. 773. Swammerdam avoit aufTi obfen'c & explique la formation des coquilles. V. Collcc. Acad. torn. Y de la part. Etiangeie, & k ze dc I'Hift. Nac. Cifuic, pag. 88. 590 COLLECTION ner a la loupe [fig. /A') , afin qus fes parties parulTent plus diftindes. Acad. Roy \LE ^'^ ^^^^ T ell ce qu'il a de plus remarquable : 1 excremite en eft platce , DEs Sciences & a plus de diametre qu'aucun autre endroit du corps de ranimal. Eti DE Paris. certains terns cette extrcmite de la tete eft cirtulaite , elle eft divifee en Annli 171 1, fois parties, celle du milieu eft un peu ovale & vuide , celle qui fuic eft une zone ou bande circulaire qui entoure la prccedente ; enfin la der- niere partie de la furface de la tete eft une autre zone circulaire qui entoure celle dont nous venons de parler. Sue I'une & I'autre zone font marquees diverfes lignes qui , comme des rayons, ont leur dircdlion vers le centre. Quelquefois la furface fuperieure de la tete , au lieu d'etre circulaire , eft faite en efpece de croilFant ou de fer-a-cheval , parce qu'il y a un endroit O ( Fig. IX) oii I'animal I'entr'ouvre quand il veut. Au-delfous de la tete il a de cliaque cote trois nageoires NNN. Son corps approcke de la figure d'un cone j il fe termine par une longue queue Q. D'efpace en efpace on voit le long du corps de petites parties charnues faites en crochets recourbes vers la queue ; ces efpeces de crochets font difpofes fur trois rangs differens HH JJ EE , qui vont de la tete a la queue : peut- etre que ces crochets fervent de pattes a I'animal lorfqu'il veut , ou s'elever jufqu'a I'ouverture fuperieure de fon tuyau, ou s'enfoncer dedans. Apr^s avoir explique comment les vers a coquille fe trouvent attaches fur differens corps , il feroit alTez inutile de parler de I'adhefion neceftaire des luiitres & de queiques autres coquillages \ on voit bien qu'elle depend d'une caufe femblable. Celle des glands de mer meriteroit peut-etre que nous en parlaffions : ces efpeces de coquillages different des autres a biea des egards j mais le detail en feroit trop long pour ce Memoire. M Sur la Grottc dc Foligno. L. Maraldi a donne la defcription d'une grotte naturelle qu'on a trouvee en creufant les fondations d'une maifon que M. le Marquis Elifei faifoit batir a trois milles de Foligno en Italie. La figure de la grotte eft irreguliere , elle a dans fa plus grande hauteur qui elt inegale, trente ou quarante pieds , 8c dix ou douze pas de largeur ; fes murs font formes par une belle incrutaftion de marbre (<;) de couleur jaunatre , & ils font eleves de diftance en diftance par des colonnes en bas-relief de la meme matiere. Du haiic de la voure defcendent d'autres colonnes femblables , les unes jufqu'a terre , lefquelles ont vingt cinq pieds, les autres a dilfe- rentes diftances : les plus couites n'ont que deux ou trois pieds; ieurs dia- nietres font aufli de grandeurs differentes. Parmi routes ces diverfites, il y a une regularite remarquable ; la hauteur des murs Sc celle des colon- nes , tant des colonnes adolfees aux murs que celles qui defcendent d'en haut , pourvu qu'elles defcendent affez bas , eft divifee en deux parties ine- gales par un cordon qui regne par-tout 5c qui fe trouve dans un meme plan (a) Ou plutot d'albatrc. ACAD^MIQUE. 391 liorlfontal a environ quaere pieds au-defTiis du fol. Tout ce qui eft audef- ._»i__:»i_ fus du cordon eft plus cgal, plus uniformc, moins raboteux que ce qui Acad.Rovale eft au-dellous. Depuis le cordon, Ics colonnes vonc en grodiiranc vers dls Sciences le bas jufqua une certaine diftance , aprcs quoi ellcs diminuent. Dans ce '^^ Paris. renflement , la circonference d'une des colonnes , mefurce par M. M.iraldi , Annie 1- 1 1 fe trouva de trente pouces , &: au-dediis du cordon die n'ccoit plus que de vingt-deux. Le fol ou planeher de la grotte eft incgal & compofc de pla- ques larges &: minces, pofccs I'une fur I'autre &c formant quelquefois de petites voutes que Ton enfonce en iiiarchant delTus. Comme il y a prcs de ce lieu une riviere dont les eaux ont un gout Sc une odeur de foufre, M. Maraldi croit que ces eaux en fe filtranc au rravers des terres, auronc pu entrainer de I'argile ou du fable qui, mcles avec du foufre auronc forme routes les petrifications de la "totte • car ii obferve que les eaux foufrces de Tivoli , ont toujours quantite de petites pierres dont I'alli^mblage forme une elpece' de travertin , & qu'apparem- ment ces eaux ont fait naitre , puifque I'opinion commune des cuvriers, eft que ce travertin croit alfez fenfiblement. Les fables les plus fins en- craines les premiers, auronc d'abord produit les petrifications plus e^ales & plus parfaites qui font au delTus du cordon; eniuite des fables plus grof- fiers ayant palTe par ces routes que les premiers avoienc ouverces , & peut-etre etant nu-l^s avec trop d'eau a caufe de la plus giande facilite' du pafTage, auronc fait les petrifications inferieures moins unies &: moins belles. La grotte d'Antiparos dont feu M. Tourneforc a parle dans les Memoi- res de 1701, ecoic pleine aulli de pieces de marbre, mais qui nailToient de terre & s'elevoient en haut ; &: fi comme nous I'avons du dans I'Hif- toire de 170S, cette grotte, felon rbypothefe de M. Tournefort , etoit un jardin dont les pieces de marbre etoient les plantes , la grotte de Fo- hgno fera un jardin , mais renverfc , puifque fes plantes naillent de la voiite & font dirigees en bas comme le corail. Sur un nis-pctit InfiSc. xVl. Del ISLE a obferve un moucheron prefque invifible par fa petitePe qui parcouroit pres de trois pouces fur un papier en une demi-feconde. Cec infedte etant fi petit , il y a lieu de croire que fes partes s'appliquoienc fucceflivement fur tout I'efpace qu'il parcouroit , & comme elles ont pa. ru a M. Delifle , larges d'environ la quinzieme partie d'une ligne , il s'en- fuit que ce moucheron faifoic quinze pas ou quinze niouvemens en par- courant une ligne , ce qui fair 540 pour trois pouces parcourus en une de- mi-feconde. Quelle foupleffe ne faut-il pas pour exccuter un fi grand nom- bte de mouvemens en un terns fi court ! 11 eft vrai qn'a la loupe cec in- fcfte paroiflbit avoir des ailes, mais on ne s'appercevoic pas qu'il sea iexvit. 1 35i COLLECTION \CAD ROYALE „ - , r. C J- P BEs Sciences Decouvtrtc d'unc nouvclk teinturc dc Fourpre , 0" diverjcs expe- D£ Paris. riences pour la comparer avec cellc que Its Anciens t'lroient Annii \-j\i. ^g quelqucs e/peces dc coquillagcs que nous trouvons fur nos cotes de I' Ocean. Par M. D E Reaumur. LINE, celui de anciens qui a parle le plus au long de la teinture de die fieurs fiecles. . , , , , Ce que cec Autcur a laifTc fur cette matiere n'a point empeche que la teinture de pourpre n'ait ete mife au nomire des (ecrers perdus , 6i que Ton n'ait regarde comme neuves les obfervations d'un Anglois fur la pourpre que fournit un coquillage fur les cotes de fon pays. Ce coquillage , dont il fut beaucoup queftion dans les Journaux de France de 1686 , n'etoic qu'une des efpeces comprifes fous le genre appelle bucunum par les an- ciens , nom qu'ils avoient donne a ces fortes de poiiTons dont la figure de la coqaille a queique relTemblance avec celle d'un corps de chalTe : & on ne pouvoitignorer que les anciens tiralTent una partiede leurcouleur pourpre de ces efpeces decoquillages; Pline I'a dit trop clairement/:v. 7, chap. }6 , ou il range routes les efpeces de coquillages qui donnent la teinture pourpre fous deux genres , dont le premier comprend les petites efpeces de huuinum , & le fecond les coquillages qui portent le nom de pourpre comme la teinture qu lis fournilFent. Columna croit , fonde fur des raifons probables , que c'eft aufTi ce der- nier genre que Ton appelloit murcx , que ces noms differens ont ete donnes a ces coquillages confideres felon differens rapports ; le nom de murex rappelle lidee des pointes en canaux dont leurs coquilles font heriflees , comme le nom de pourpre rappelle I'idee de la couleur qu'on en tire. Nos cotes d'Ocean ne nous donnent point de ces dernieres efpeces de coquillages ; mais en revanche on y rencontre tr^s - communement one petite efpece de buccin , que M. de Juffieu prefenta il y a un an & demi a I'Academie , pour lui faire voir quelle fournilToit de la teinture pourpre, Je n'y ai point obferve non plus I'efpece de buccin d'Angleterre , fi la figure que nous avons dans les Journaux de France eft bonne , & je n'y ai trouvc que rarement celle que Columna a fait graver dans fon Traite de la Pourpre , comme le vrai buccin des anciens ( PL XII , Fig. VI) : mais je ne lui ai point vu de cette liqueur qui donne la pourpre , comme aux auttes buccins ; peut-etre que la difference des mers, ou la difference des faifons ou je I'ai obferve , en font la caufe. Les plusgrandes coquiUes de i'efpece de buccin , communes fur nos cotes, snp doHze i treize lignes de long & fepc a huit de diametre dansTendroit ou ACAD.ROYAIE A C A D ^ M I Q U E. 3 5j ou elles font le plus groHTes ( PL XIII, Fig. Vll , VIII (, IX). II n'dV pas necelFaire de dite que ce font des coquilles d'une feule piece , tournces en Ipiiale comme celles de nos hm39ons de jardin , mais en fpuales un des Sciences peu plus allongees. Leur f;randeiir convient fore avec ce que Pline die de de Paris. fon huccinum , qu'il appellc petite coquille , minor concha : il les dtcrit Anncc 1711. encore plus particulicrement lorfqu'il ajoute qu'elles font gravces ou canne- Ices au bord dc leur ouveiture : les notres le lont audi OOOO ( Fig. Vll), Il y en a de fort ditferentes eh couleurs , les tines font blanches , les autres font brunes , d'autres out des raies couleuc de fable qui fuivent les fpi- rales de la coquille fur des fonds bruiis ou blancs. La furface exterieure de ces mvmes coquilles eft ordinairemenr cannelec , mais de deux ma- nieres diftc-rentes : les cannelures des unes font formees par des efpeces de cordons qui fuivent la longueur des fpirales qu'elles decrivent ; & les autres ont encore d'autres cannelures qui traverfent les premieres , &: par conlequent les fpirales de la coquille. En confiderant au bord de la cote les coquillages de cette efpece , que la mer avoit l.iilTes a decouvert pendant fon reflux , je remarquai qu'ils etoient ordinairemenr autour de certaines pierres ( PL. XIV. Fig. I) , ou fouscertalnss arcades de fable que la mer feule a creufees , en enttainant le fable inferieur , & lailTant le (uperieur qui eft lie par les tiiyaux des vers qui y etoient autrefois loges. Je remarquai ,dis-je, que les buccins s'alfem- bloient quelquefois en fi grande quantite dans ces endroits , qu'on pouvoit les y ramalfer a pk-ines mains , au lieu qu'ils etoient difperfes <^a & la par- tout ailleurs : mais je remarquai en meme terns que ces pierres ou ces ar- cades de fable etoient couvertes de certains grains GG{ PI. XI K Fig. I) dont la figure avoit quelque air d'un fpheroide elliptique, ou d'une boule allongee. La longueur de ces grains eroit d'un peu plus de trois lignes , Sc leur grofPeur d'un peu plus d'une ligne : ils me parurent contenir une liqueur d'un blanc jaunatre , couleur alFez approchante de celle de la li- queur qui dans les buccijis donne la teinture de pourpre. Cette feule ref- femblance , (Ji la maniere dont les buccins etoient toujours affemblcs au- tour de ces perils grains , me fireiit fonpgonner qu'on en pourtuit peut-etre tiret une teinture de pourpre telle qu'on la tire de ces coquillages ; d'autanc plus qu'ayant examine ces grains de plus prcs, j'en appercus quelques-uns qui avoient un CEil rougeatre J'en detachai aulTi-totdes pierres auxquelles ils etoient fort adherens, & les ayant ecrafes fur mes manchettes, elles m'en parurent feulement un peu falies ; mais je n'y vis d'autre couleuc qu'un petit oeil jaunatre, que je demclois a peine dans certains endroits. Divers objets qui attiroient mon attention , me firent oublier ce que je venois de faire; je n'y penfois plus du tout, lorfque jettant par hafard les yeux fur mes manchettes un demi-quart d heure aprcs , je vis une fort belle couleur pourpre fur les endroits oii les grains avoient ete ccrafcs : j'avois peine a croire un changement fi prompt 6i fi grand- J'imaginai que des grains rougeltres s'etant miles parmi les autres, avoient feuls donnc cette belle couleur , & cela meme etoit alTez remarquable. Je ra- malfai done de nouveau de ces grains , & avec plus de choix : j'avois foin de ne detacher des pierres que ceux qui me paroilfent les plus blancs, ou Tomt III, Partit Francoifc, D } J94 COLLECTION 1^ m — — plutot les moins jaunes. Je moulUai encore mes manchettes de leur fee ; Acad Royale '"*'* ^" ^^^ endroits difFerens, ce qui ne leut donna point d'abord de DBS SciHNCES coulcur qui approchat en aucune fa^on du rouge ; cependant au bout de DE Paris. deux ou trois minutes, je leur vis prendre une couleur pourpre pareillea ^ ; celle que les premiers grains leur avoient donnee : cette couleur pourpre nme 171 1. ^^^.^ ^^ moins auffi belle que celle qu'on tire des buccins. J'avois feu- lement a craindre qii'elle n'en eut pas route la tenacite , & qu'elle ne fCic en cela moins propre a faire des teintures : mais ayant bien lave mes manchettes dans I'eau de la mer , je n'apper^us aucune alteration dans la couleur nouvelle qu'elles avoient prife , Sc plufieurs blanchidages n'ont fait qu'aff'oibiir cette couleur fans la detruire. Ce premier efTai ayant ex- cite ma curiofue , j'emportai une grande qnantite de ces grains; & a peine fus- je dans mon cabinet , qu ayant exprime le fuc de quelques- uns , j'en mouillai difFerens linges , comme j'avois fait au bord de la mer , etant bien aife de rcpeter une experience qui m'avoit paru fi finguliete ; mais le fucces repondit mal a mon attente. Au bout de deux ou trois heii- res , je n'appercevois pas la moindre alteration dans la couleur que j'avois donnee a mes linges. Inutilement ecrafai-je une grande quantite de nou- veaux grains , choilTiirant mcme ccux qui me paroiifoient les plus pro- pres a me faire voir ce que jc cherchois ; le fucces n'en fut pas plus heureux : a quelle caufe devois je attribuer des efFets fi dilFerei.s ? Je favoisbienqu'iln'y a pas de moyen plus propre pour faire prendre promptemenc une couleur pourpre a la liqueur dos buccins, que d'ex- pofer cette liqueur a un grand feu , ou a un foleil ardent : mais je favois aulTi que le foleil n'avoit point paru pendant tout le terns que j'avois etc au bord de la mer j fa chaleur n'avoit done point eu de part au fucces- des experiences que j'avois faites alors. Cependant, afinqu'il ne me reftat aucun fcrupule de ce cote- la, comme le foleil ctoit encore cache par les nuages , je pris le parti de mettre fore presdufeudes linges que j'avois trempes recemment dans la liqueur des grains; ils y fecherent fans changer de couleur; ayant mt-me mis aupres du feu dans une talfe de fayance beaucoup de cette liqiieur , apres y avoir demeurc bien du terns , elle s'y epaiffit , Sc pric meme la confi- ftance d'un corps folide , fans quitter fa premiere couleur. Je foupgonnai que I'eau de (a mer avoir peut-eire donne aux grains dont je m'etois fervi un fel propre a faire le changemenr que je cher- chois , & que ce fel n'etoit plus en afFez grande quantite fur les grains que je confervois depuis quelques heures , & fur lefquels il ctoit refte peu d'eau. Je crus le leur rendre en les trempant dans I'eau de mer que j'avois apportee : j'ajoutai mcme de nouveau fel a cette eau ; mais je ten- tai encore inutilement de titer par ce moyen des grains, une liqueur qui fe colorat en pourpre. Je ne favois plus a quoi avoir recours pour faire reparoitre cette belie couleur que j'avois d'abord trouvee fi heureufement ; je n'y voyois pref- que plus d'autre fecret que daller repeter les memes experiences au hord de la mer fur les grains que j'en avois apportes, pour decouvrir fi le tranfport ne les avoir point en quelque facon alteres , ou fi le cliange- A C A D 6 M I Q U E, 39; ment de coulear ne reulTiroic qu'avec la liqueur des grains recemment dc- ta ichcs, lorlque jettanc par liafard mes regards vers la fenare, j'anper^'us Acad.Rovale qiieiquss caches d'uii fort beau rouge, tcl que celui que je chercliois. Css des Sciences tachss ctoien: fur uii enduit de cliaux qui couvroit le muc de la fenccre ; k ^^ Paris. « liqueur de quelques grains que javois ecrafes ptcs de cette fenctre, avoit Annie 171 1. rc'jailli fur le mtu & y avoit pris cette couieur pourpre qui avoit difparu pour nioi depuis la premiere fois que je I'avois trouvce. J'lm.iginai que ralkali de la cliaux avoit contribue au chan^ement de couieur que j'appercevois , &C que peut-etre mes manclvenes devoienc la couieur rouge cp'elles avoient tait voir fi vite , a quslque chofe d'analo- gue a cet alkali, ce qu'clles tenoient, ou du blanchiffage , ou de quel- tju'autre caufe. Pour rD'alFurer de 1 effet de cet alkali fur ma liqueur, je decacliai un morceau de chaux du meme enduit qui s'ctoit colore de pour- pre, & layant mis fur ma table , je le mouillai de la liqueur des grains; ce qui ne fervit qu'a me faire voir qu'un raifonnement (1 vraifemblable , n'etoit pas vrai ; la liqueur ne fe colora pas encore dans cette circonftance. Enhn j'allai ecrafer des grains fur I'enduit mcme de chaux , tout aupres des endroics qui s'etoient colores : a peine reftai je quelques minutes a examiner quel eflet la liqueur produiroic, que je vis paroure la couieur pourpre. II me fut alors aife de conclure que ce n'etoit pas feulement a la chaux que je devois atcribaer ce changement de couieur, puifqu'il n'en etoit arrive aucun a celle que j'avois moaillee fur ma table , mais que la difference des pofniohs devoir y avoir beaucoup de part : cela mcme me conduific i foup9onner que fi je pla^ois des linges trempes dans ma liqueur aupres de la chaux qui avoit pris la liqueur de pourpre , peut-ctre ilb tou- giroient comme elle avoit rougi ; & en eftec , ayant mis divers de ces lin- ges aupres de I'enduit de chaux , & mJine fur la fenetre (qui avoit tou- jours ete ouverte ) , je les vis teincs au bout d'un inftant, dune fort belle couieur de pourpre. La caufe d'un changement fi prompt etoit alors aifee a appercevoir; Ton ne pouvoit I'attribuer qa'a I.1 diflFerente maniere dont I'air agilToit fur c>.'s linges dans I'une & I'autre pofuion , & c'eft ce dont toutes Its experiences que je lis enfuice ne me l.-.ilTerent aucun lieu de douter ; caray.mt mouille divets linges dune egale quantitede liqufur, & ayanr portes les uns au fond , ou au milieu de ma chainbre , & les autres fut ma fenetre , ou tout aupres ; ceux-ci rougirent dans un inftant , & les autres one loujours conferve leur premiere couieur d'un blanc tiranc fur le jaune. U arrivoit mcme lorfque j'cxpofois ces linges au grand air dans le mi- lieu de la cour , Si que pour empecher le vent de les emporter je pofois quelques petices pietres fur leurs coins, que tous les coins fur Itfquels ces pierres portoient, ne changeoient point du tout de couieur, qiioi- que le relbe du linge pric une fort belle couieur de pourpre. Cet eflet du plus ou du moins d'imprefllon de I'air , fe faifoit voir encore d'une ma- niere bien fenfible lorfoue j'expofois de cette liqueur dans un verre , ou dans une talfe , en quelque endroit ou le vent fouflloic libremert : route la furface fupctieure fe coloroit de rouge , pendant que les couches infe- lieuies reftoient blaachacies. Di ij j9(f COLLECTION -— C'eft done a I'air feul qu'il faut attribuer ce changement de couleur r Acad. RoYALE mais , comment le produit-il ? C'eft ce que nous examinerons aptes que DES Sciences nous aurons parle un pen plus en detail des grains qui donnent cette li- DE Paris. queur , & que nous aurons dit quelque chole de celle qu'on tire des ^nnec 171 1. buccins, & des differens changemens de couleur quelle prend fucceffive- ment. Quelques experiences que )'aye tentees , je n'cn ai point fait d'affez heu- reufes pour decouvrir ce que font ces petits grains ; je ne doute pourtanc pas qu'ils ne foient des ceufs de poiilon, & je crois qu'on n'en doutera pas aufli , lorfque j'aurai rapporte les raifons qui me le perfuadent. Ce que j'ionore , lie ce que j'ai rente vainement de decouvrir, c'eft I'efpece de poilTon qui les produit. Les pecheurs, au rapport defquels il ne faut guere fe fier , difent que ce font des graines de fucus. Un Memoire que Ton trou- vera dans la fuite de ce Volume , fera voir combien on auroit tort de les croire furcet article : nous y decrirons les fleurs & les graines des mtmes fucus d'oii ils pretendent que viennent nos petits grains. li eft certain neanmoins que la premiere fois qu'on les appercoit on ne pent les prendre que pour un oeuf , ou pour une petite plante; mais on n'eft pas long- terns a favoir laquelle des deux alternatives on doit choifir, lorfqu'on a remarqL>e qu'ils font tous d'une mcme grandeur , autant que les oeufs d'une meme efpece le doivent etre; & enfin qu'en quelque fai- fon qu'on les confidere , en ne voir pas qu'il arrive aucun changtment, foit dans leur longueur , foit dans leur groireur , ce qui empeche cgale- ment qu'on ne les puifte regarder comme des plantes naifthntes, ou com- me des plantes parvenues a leur dernier terme d'accroilfement. ll ne refte done qu'a les ranger parmi les oeufs de poilFon ; la defcrip- tion meme que nous allons faire de leur figure ne contribuera pas peu a le perfuader. On s'en fera une image aftez relTemblanie en concevant un petit fpheroide elliptique , ou une boule alloiigee ( PL XIV. Fig, II & JII) , dont le plus petit diametre d d a. an peu pins d'une ligne , Si le plus grander deux lignes, ou deux lignes Si demie : a un des bouts da grand diametre , eft attache un petit pedicule rp , tel qu'eft celui des fruits, d'environ une ligne de long, & d'un quart de ligne de diametre : le bout de ce pedicule selargit & forme un petit cerde/'d'un peu moins d'une licne de diametre. C'eft par le moyen de ce petit cercle que la boule ovale eft attachee aux pierres lur lefquelles ce cercle ou cette extremite de la queue eft collee. La petite boule ovale eft creufe , c'eft une efpece de bontetlle remplie de la liqueur dont nous avons parle jufqu'ici. Les parois de cette petite bouteille font d'une fubftance membraneufe , qui par fa confiftance Sc par fa couleur ne reflfemble pas mal au parchemin. Au reife cette bouls allongee a audi comme les bouteilles une ouverture 0 {-Fig' 1^1) a l'e» tremite du grand diametre , oppofce a celle ou le pedicule eft attache ; mais ce trou eft ferme par un petit bouchon b ( Fig. Ill) d'une matiere tranfparente affez femblable a celle du cryftallin de I'oeil ; il en a -nieme Ja fic^ure , car ce bouchon eft une boule applatie dont le grand diametre furpafle celui du trou de la boiiceille, Il eft mis dans un fens contrairei A C A D 6 M I Q U E. 597 celuiou nous mettons nos bouchons, c'eft-a-dire^ que fon grand diamctre eft dans le dedans de la bouteille : ainfi I'eftort mcme que hit la liqueur «-,„ i3„,. .,.. ^.^,. I- II I 1/111/ /ICAD. l\0^ Al-t pour lortir , iert a mieux appliqucr le bouchon qui outre cela elt colle au nts Sciences bord du trou. de 1'aris. Cette bouteille eft remplie dc deux diffcrentes liqueurs, qui ausmen- j \ . f 1 ir I I . 1 ' r 1. J? ^ Anna 1711. tent tort la rellemblance qu out ces grains avec les osurs : 1 une elt trcs- claire, & a peu-prcs telle que le blanc d'ocuf ordinaire j & I'autre eft jaunatre , & rellembie en cela au jaune de I'ccuf. La liqueur jaunatre ne fait pas un feul corps continu ; elle eft divifee en fept a huit gouttelettes qui nagent dans la liqueur daire. Le bouchon eft ordinairemtnt en bas ; c'eft une fuite neceftaire de !a pofition de ces ccufs , puifque I'txtrcmite de leur pedicule eft collee a la furface inferieure des pierres dans les endroits GG G {Fi^. 1) ou il refte quelque vuide entre cette furface , & le fable ou la terrejou d'autrefois elle eft attachee a la voute de cercaines arcades de fable que nous avons decrites au commencement de ce Memoire. On en voir quelquefois dc coUes les uns fur les autrcs ;cela eft plus rare, le pied de 1 un eft attache alors fur le bouchon do I'autre ou tout aupres E E {^Fig. / ) : la glu qui colle le pied de ces ceufs aux pierres ou au fable , eft tellement tcnace , qu'on ne fauroit les detacher fans courir rifque de les crever , & par con- fequeiit fans perdre leur liqueur , fi Ton ne fe Iert dun couteau par le nioyea duquel il eft aifc d'cn feparer pluheurs a la fois :ils font coUes fort pres les uns des autres comme on le voir dans la Fig. I. Commc les buccms paroilTent ordinairement alTembles en grand nom- bre aucour de ces ceufs , cela ms donna beaucoup de difpofition a les croire descents de czi memes poillons. lis me paroilFcnt neanmoins un psu gros pour fortir d'un fi petit coquillage 5 mais routes les experiences que j'ai i'aites ii'ont pu m'cclaircir la deflus. J'ai dilFeque inutilemert en different tems quantitc de buccins, je n'ai jamais trouvc de parcils ceu^s dans leuirs corps, quiauroient du y etre trcs-lenfibles. J'ai renferme des buccins dans des pots de terre pofes dans la mer , de maniere que I'eau pouvoit y en- trer & en fortir librement , & jamais ils n'y ont fait de ces ceufs, ce qui auroit du ce femble ,arriver, fi c'ttoient vc'rirablement de leurs ccufs. 11 faut pourtant, ou que ces ceufs foient faits par les buccins, ou que les buccins les cherchent comme une nourriture qu'ils aiment fort: car pour- quoi s'airemblerLient-ilsautour d'eux ? Quoi qu'il en foit , il me paroit in- certain fi les buccins donnent la liqueur pourpre a ces ccufs , ou fi au con- traire ils la tirent d'eux : mais il me paroit trcs clair que Ton ne peuc prendre ces perils grains que pour desoeufs j & jufqu'a ce que nous con- noiflions de quel poiflon ils viennent , ayant befoin de leur donner un noni , je leur donnerai celui d'ccuts de pourpre, pris de la couleur qu'ils fourniffent. J'ai cherche avec grand foin dans les Naturalilles , fur-rout dans Ariftote , & Pline , fi je ne trouverois point quelque chofe qui put m'eclaircir li- delTus ; mais je n'ai trouve aucun endroit ou ils en aient parle clairemen:, Un feul paftage d'Ariftote m'a paru y avoir quelque rapport; mais tout bien confidere, loin den titer quelque lumiere , jc fuis meme refte dans 598 COLLECTION ■.i.n.w» rincertinide Ci Ariftote y vouloit parler des eciifs dont il eft ici qiieflionj Ac\D.RoYALE ce palFage eft tire de la iin du i }' chap, du liv. de I'hijioire des Animanx. DES Sciences Voici comme Gaza la rendu en Latin : Defertur ex porno in HeUesponium DE Paris. purgamcrnum quodJam illius mans quod Algce nomine Phycos appellant co. Ainh 1 7 1 I . ^"'■^ pallidum ; fionm Algx id effe halii volunt , atque ex eo fucariam algam provenire :fit hoc ceflatis iniiio , eoque , (urn pifculi , tiim ojlrea hajus loci aluntiir : purpuram qtioque fuum florem hinc irahere nonnulli exiflimant, Il y a effeftivemenr dans ce palTage diverfes chofes qui fembler.t conve- nir aux trufs de pourpre , quoiqu'Ariftote ne paroille pas ies y reconnoitre pour des a-ufs. La couleur pale qu'il donne a ces efpeces de fucus , eft la mcms que celle de nos cEufs. Les habitants de la cote Ies regardent com- me une fleur de fucus, d'oii vient enfuite Valgue, ce qui eft tort conforms a ce qu'en croient nos pecheurs qui les prennent pour des graines de ces memes plantes , ou mcme pour de ces plantes nailFantes. Enfin il ajoute que les pouipres en tirent leur liqueur : le nom dejlos purpurea dans Ariftote firrmhe cecte liqueur ; ce quiconvient encore a ces osufs, d'ou on pourroit croire que les buccins tirent leur liqueur. Voili des relfemblances, mais nous aliens aulli trouver des difparites. i". Il dit/r hoc aftatis initio, &c nos "rains de pourprs ne commencent a paroitre qu'a la fin de I'ete , ou plutot au commencement de I'automne. i" Il ne dit rien de la liqueur qu'ils contiennenr. 5°. Ces cEufs font fi adherens aux pierres, qu'il n'eft pas facile qu'ils en foient detaches , ni par confequent tranfportes fort loin : on n'en trouve point , ou prefque point hots de I'endroit ou ils font atta- ches naturellement. Enfin tout ce qu'Ariftote dit dans ce palFage, peuc s'entendre fort naturellement de quelques petites efpeces de fucus tinclo- rius ; les coquillages en vivent : etant propres a faire la teinrure , il aura ete aftez naturel de croire que les pourpres en tiroient la leur. Et enfin ceux dont on parle ici , etant fort petits , on les aura pris pout de la fteut da fucus , ou plutot pout des fucus nailfans. Au refte on ne trouve point de ces oeufs ds pourpre pendant I'ece ; ou fi I'on en trouve , ce ne font que des coques vuides de liqueur : leur petit bouchon eft ore , fans doute parce que I'animal , ou les animaux qui naif- feut dans la petite coqne , en font fortis. Lorfqu'oii rencontre dans cette faifon de ces ceufs de pourpre encore pleins de liqueur , cette liqueur eft d'unecouleur jaune plus foncee,& n'eft plus capable dedevenir pour- pre . il fcmble que ce foient des a;ufs pourris. Les oeufs que j'ai gardes pendant prcs d'un an chez moi , dans de I'eau de mer , ont pris la meme couleur , & n'ont plus ete propres ,1 me donner de teinture pourpre. Il fera aife de voir qu'on tireroic la liqueur de ces oeufs de pouipre d'une maniere infiniment plus commode que celle dont les aneiens fe fervoient pour oter la liqueur des buccimim. Pour avoir la premiere, il n'y auroic d'autre fa9-)n d faire que de tordre c&s oeufs dans un linge, ou de les mettre fous une prelfe , apres les avoir laves dans I'eau de mer pour leur oter , autant qu'il feroit poilible , les ordures qui pourreient alterer la cou- leur. Les bduinum au contraire ne pouvoient ctre depouilles de leur liqueur, fans qu'on y employ at uu terns tres-confiderable. On le comprendra de relte A C A D E M I Q U E. j?9 pat le detail que nous en allons faire. II falloit d'abord cafTer la dure _^____^_ coquillc DDDD ( Fie. ^l ) dont ils font revttus. Cette coquille cadee a "7 3 T' ' , ,, 1 ? J 1 ^ J i ACAD.KOYALE quelque alliance de Ion ouverture , ou de la tcte ties euccuuim ^ on en- disScunxes levoit les morceaiix calTes E E E E ( f /. XIV, Fig. IF) j c'tft alors que Ton de Paris. appercoit une petite veiiie , ou rcftrvoit V V ( mime Fie. ) plem de la , , liqueur propre a teindre en pourpre : la couleur de la liqueur reiuermee dans ce petit refervoir , le fait aifeinent diftingucr ; elle ell tres diffc-rente de celle des chairs de Tanimal : Arillote & Mine difent quelle eft blan- che ; audi eft-elle d'une couleur qui tire fur le blanc , ou d'un bl.inc jaunatre , prccifcment comme le pus dcs ulccres. Le petit refervoir V V dans lequel elle eft contenue , n'elt pas d'une cgale grandeur dans tous Ics buccins ; il a pourtanr communement une ligne de large ou environ , & deux ou trois lignes de long. II eft pofe fur le limbe ou collier; car les buccins ont aulfi un collier comme les lima^ons : fon originc eft a quel- ques lignes de diftance du bord de ce collier, & fur fa partie la plus clevce , c'eft a-dire fur celle qui ell en haut, lorfque I'ouverture de la coquille eft en bas. La longueur de ce refervoir fuit celle du corps de I'ani- tnal , c'eft-a-dire qii'ellc va de la tete vers la queue, non pas en ligne droite , mais en fuivant la fpirale de la coquille. Ariftote le place entre le col, & cette partie que fon tradudteur rend par le mot papavir-^ ce qui, bien entendu , revient a ce que nous venons d'en dire ; car ce pa- paver eft I'endroit ou eft alTemble une matiere brune allez femblable a des excremens, 6i cet amas eft vers la queue de I'animal. C'etoi: ce petit refervoir que les anciens etoient obliges d'enlever au buccinum pour avoir fa liqueur j ils etoient contraints de le couper fe- patement a chaque poillon , ce qui ecoit un fort long ouvrage, du moins par rapport a ce qu'on en retitoit, car il n'y a pas la valeur d'une bonne goutte de liqueur contenue dan<, chaque refervoir. Dc Id il eft peu furpre- nant que la belle pourpre fuc a un fi haut prix parmi eux. Ariftote & I'line dilent a la verite que Ion ne fe donnoit pas la peine d'enlever fcparement ces petits vailfeaux aux plus petits coquillages de cette efpece , qu'on lespiloit fimplemenc dans des mortiers, ce qui etoic un tnoyen d'expedier beaucoup d'ouvcage en peu de terns : il femble me- nie que Vitruve donne cette preparation comme generale (a ). 11 eft nean- moins peu aife de concevoir qu'on piit avoir une belle couleur pourpre par ce moven : la matiere des excremens de I'animal devoir alterer coniide- rablement la couleur pourpre lorfqu'oii les faifoit chautfer enlfemble aprcs les avoir mtles dans I'eau ; car cette matiere qui abonde beaucoup plus que la pourpre , eft elle-meme coloree dun brun verdatre , couleur qu'elle communiquoit apparemment a I'eau, & qui devoir fort changer la couleur pourpre ; car j'ai obferve que plus on enlevoit de chair a ranimal en lai etant fa liqueur , moins la couleur qu'on en retiroit etoit belle. On n'en etoit pas quitte dans I'ancienne preparation de la pourpre pour la peine que I'on avoir eu3 a enlevet un petit refervoir de la liqueur a cliaque buccinum ; on jettoit enfuice tous ces petits refervoits dans une (a) Architeciurx HI. 7, Cap. 15. 4CO COLLECTION ---— --;— -^^^ grande qiuntite d'eau qu'on metcoit pendint dix jours fur un feu mode- AcAD.RoYALE ^^ = *■ o" '^''T^'C tout cc melange fur ie feu pendant un terns fi long, ce DEs Sciences n'ell pas qu'il fiit necelTaire pour donner la couleur pourpre a la liqueur; DE Paris. elle la prendroit beaucoup plus vite , comme je m'en fuis alTure par un . . , grand nombre d'experiences ; mais il falloit en feparet les chairs ou le ' petit vailfeau lui-meme dans lequel la liqueur etoit contenue ; ce qu'on ne pouvoit faiie fans perdre beaucoup de la liqueur , &c en faifant dif- foudre ces chairs dans I'eau chaude, aii-delTus de laquelle elles montoient enfuite en ecume qu'on avoit grand foin dorer. La chaudiere dont on fe fervoit etoic detain ; on fe fert encore au- jourd'hui de femblables chaudieres pour teindre en ecarlate : les chau- dieres de cuivre donneroient une couleur qui altereroic celle qu'on veut avoir. Les anciens faifoient difToudre beaucoup de fel matin dars I'eau avec laquelle ils meloient la liqueur des buccinum ou des pourpres : je ne crois point que ce fut precifement dans I'idee que le fel marin rendit la couleur plus belle , muis peut-etre ne I'emploient-ils que pour empecher les chairs qui etoient dans la chaudiere , de pourrir pendant le long terns qu'elles y devoient refter , parce qu'en y pourrilfant , elles auroient gate la couleur pourpre. Deux raifons me le font croire, dont la premiere eft que Ton ne retire point de belles couleurs des buccins , quand on les lailfe cor- rorapre a I'air ou dans I'eau ; & la feconde eft fondee fur diverfes expe- riences qui m'ont appris que le fel ne rend point la couleur de pourpre plus belle. Ayant meie une certaine quantite de liqueur des buccins dans de I'eau , & ayanr enfuite fepate cette eau teinte de la liqueur en deux vafes , dans I'un defquels feulement je mettois du fel , celle dans laquelle je n'avois point mis de fel , me paroifloit toujours du meme rouge que I'autte. Comme on retireroit la liqueur des aufs de pourpre fans aucun me- lange de matiere etrangere , on ne feroit point oblige de la teuir pen- dant plufieurs jouts fur le feu , ainfi qu'il falloit le faire pour feparer la liqueur des buccinum , des chairs qu'on avoit detachees avec elle , ce feroit encore I'un de fes avantnges ; fa preparation feroit des plus fimples & des plus faciles , puifqu'il fufliroit d'expoler cttte liqueur au vent dans des vafes larges &C pen profonds , & de I'agitcr dans ces memes vafes avec de grands batons, cu de quelqu'autre maniere. Par ie moyen de cette agitafion , route la liqueur du vafe fe trouveroit expolee fuccelTive- ment a lair en peu de tems , & par confcquent fe coloreroit fort vite. Ce que nous dirons dans la fuite feta voir encore une autre utilite de cette agitation. Dans le Journal des Savans de ifiSfi , on a decrit les changemens de cou- leurs finguliers qui arrivent a la liqueur des buccins , & que les anciens paroillent avoir ignores. Si au lieu de detacher le vailTeau qui la con- ti;nt , comme les anciens le ptatiquoient pour faite leur teinture pour- pre , on ouvre feulement ce vailFeau , & qu'en le ratilTant on lui enleve fa liqueur, les linges ou les auttes etoffes , foit de foie ou de laine qui feront imbibes de cette liqueur , ne feront voir d'abord qu'une eo^ileur jaunaire A C A D E M I Q U E. 401 jaunatre ; m.iis ces mcmes linges expofes a une chaleur mediocre du fo- T^^^lTi^^TTTS leil , telle qu'elle ell Ic matin dans I'ete , prennenc en peu d'heures des cou- Acad. Roy ale leurs bien diftcrentes: ce jaune commence d'abord a paroitre un peu plus "es Sciences verdure; il devient couleur de citron j a cette couleur de citron fuccede ^^ 1 aris. un verd plus gai : ce meme verd fe change en un verd foncc , qui fe Ann la. palette , c'eft-a dire , que celui qui a ete plus expofe aux imprefllons de i'air , a pris une couleur plus vive. Aprcs avoir vu aufti clairement que nous venons de le voir, que I'air ne fait changer la couleur des buccins , que parce qu'il fait changer la tigute ou I'arrangement des p.irties de cette liqueur, il ne feroit gueres raifonnable d'aller recourir a une autre cnufe pour expliquer par quel nioyen la chaleur du feu, ou ceile du foleil, font prendre fucceifivemcnt diverfes couleurs aux etoffes fur lefquelles on a etendu le fuc des buccins affez epais ; effet que I'air produit aulli , quoique moins vite , comme nous I'avons dit. On fait alfez que la chaleur eft capable de mettre dans une grande agitation toutes les parties infenfibles des corps , ou plutot que ce n'ert que par la qu'elle echauffe ; &c c'eft par cette meme agitation qu'elle donnc la couleur de pourpre a la liqueur des buccins , puifqu'oti peut produire le meme efFet par une agitation purement mcchanique. Lorfquc cette liqueur eft fort eoaiile , I'air ou la chaleur ne peuvent pas faire tout d'un coup tout le changement qui eft neceffaire pout la rendre rouge , foir qu'ils ne changent alors La figure que de certaines par- ties de cette liqueut , foir quils ne puillent leiK donncr , etant moins fa- ciles a mouvoir , precifemenc la meme figure qu'ils leur donnent enfuite j ^04 COLLECTION ^[TB — » ^ i\s font alors feulement ce qui eft neceffaire pour nous faire paroirre Acad. Royale fucceflivement differens verds plus ou moins eloignes du jaune , felon qu ils DES Sciences ont agi plus long-tems. DE Paris. jj ^^'^^\ ^^^ furprenant que la chakur produife fort vite fur cette liqueur Annk 171 1, lorfqu'elle eft cpailfe , un changement que I'air n'y peat faire que lence- menc : les parties du feu trouveiu toujours des chemins ouverts \ il leuc eft aife de s'iiifinuer dans des endroits ou I'air ne peut aller , & par con- fequent d'agirer toutes les parties de la liqueur, pendant que I'air n'y fait qu'une Icgere impreflion : on voit nieme que fi cette liqueur devient fe- che , avanc que les cliangemens de couleurs lui foient arrives, il doit etre tres-difficile a I'air de les produire. En foiifllant fur un corps folide , il ne peut gueres ainrer les parties infenfibles de ce corps , & la liqueur feche eft un corps folide j aulli ppur voir paroitre avec le feul fecoiirs de I'air, en peu de terns , tous les differens verds par lefquels pafte la liqueur jauns etendue fur des linges avant que de devenir pourpre, il faut fe donner le foin de mouilier un peu ces linges auflitot qn'on remarque qu'ils com- mencent a fecher ; on donne par la plus de prife' a I'air fur ks parties infenfibles de cette liqueur qui fait voir fort vite par ce moyen les dif- R-rcns changemens de couleurs. On trouvera peutctre plus de difficultc a concilier les premieres expe- liences que nous avons faites fur la liqueur des oeufs de pourpre , avec celles que nous avons faites fur la liqueur des buccins. Nous avons die au commencement de ce Mcmoire que nous avions inutilement approche du feu des linges imbibes de la liqueur des ccufs ; que meme de la liqueor contenue dans une tafle de fayance avoit pris aupres du feu une confif- tance folide fans changer de couleur : que fuit-il pourtant de-la ? c'eft que I'air & la chaleur du.feu peuvent changer I'arrangement ou la figure des parties de la liqueur des buccins , &; que I'air feul change I'arrangement & la figure des parties de la liqueur des oeufs de pourpre. Une afticn plus foible eft capable de faire impreflion fur cette derniere , elle fe colore a I'air plus promptement que I'aurie ; apparemment que la chaleur du feu en fait cvaporer trop vite ce quelle a d'aqueux , & qu'enfuite fes parties acquierent trop de conliftance pour etre remuees dune maniere conve- nable. L'odorat fait appercevoir defagreablement le plus ou le moins d'afticn du foleil , ou de notre feu fur la liqueur des buccins lorfqu'elle s'echauffe : on fent une fort mauvaife odeur , tres-approchante de celle de fail , comm« on I'a remarque en Angleterre j elle eft d'autant moins fupportable , que k chaleur du feu ou celle du foleil font plus grandes. Ayant mele de I'huile de tartre , du fyrop violat , de I'efprit de vitriol avec la liqueur des buccins , ces melanges ne produifirent aucun chan- gement dans cette liqueur II n'en fut pas de mcme du fubiime corrofifqne j'employai enfuite j une feule goutte de fa diffokuion , que je jettai fur un iinge teint du fuc des buccins, donna aufti vite la couleur de pourpre- a ce Iinge , que les rayons du foleil raiTemblcs au foyer de la loupe , ou la plus grande chaleur du feu auroienr pu la lui donner. Cette experience s'accommode afteiavec toutes celles que nous avons rapponees jufqu'ici;. E A C A d6 M I Q U E. 405 tar foit que Von regarde avec la plupart des Chymiftes le fublimc corro- ■ fif comme forme par uiie infinite de perites boules de mercure herilFees Acad. Royal de pointes de fel ; foic cju'on limagiiie de quelqu'aurre figure , pourvu dzs Sciences qu'on fe le reprelente comme trcspropre a ronger les corps , ce qu'on "^ 1'ar.is. doit necelFairetfient faire admettre , il elt aife de voir qu'il a pu faciitment Annii 1711. changer la figure des parties infenlibles de la liqueur des buccins. La couleur pourpre que donne cependant le fublime, n'eft pas prccifemenr la mcme que celle que I'air ou l.i chaleur font paroitre ; la premiere appro- che plus du violer. Aulfi arrive-t-il que fi , au lieu de jetter du fublimc corrofif fur de la liqueur epaiffe, telle quecoit celle de I'experience precc'dente , on en vcrfe fur cette mcme liqueur dclayee dans une grande quantirc d'eau , le fublime corrofif donne une couleur blcue a I'eau , qui , expofee au foleil ou a I'air , auroit pris une couleur rouge. Quoique mcme on expofe au foleil ou au vent I'cau teinte fur laquelle on a verfe ce fublimc, elle ne prend pas pour ccla une autre couL-ur que la bleue-, or il e(l a remarquerque cette couleur bleue n'elt point de cellcs que Ton appergoit dans Its divers changemens , par lefquels palfe la liqueur fur laquelle le folgl ou lair agilTent. Si dans le mcme verre oii Ion a mis la liqueur de buccin de- layee dans une grande quantite d'eau , il refte en quelques endroits de cette mcme liqueur plus cpailfe , comme il arrive lorfqu'on a jette quelque morceau de chair de I'animal fur lequel cette liqueur eft attachee , ce qui fe trouve de liqueur epailfe prend une couleur de pourpre tirant fur le violet , pendant que le refte dcvient bleu. L'eau perd bientot la couleur bleue que lui a donnee le fublimc , &: cela parce que la liqueur du buccin fe prccipite au fond du vafe apres avoir patu allemblee en differens endroits en des efpeces de filamens bleus , • tels qu'on en voir de verds dans la plupart des eaux qui croupilllnt : tous ces filamens tombent au tond du verre , & l'eau demeure audi claire qu'elle I'elt naturellement. Au refte, quelque quantite que Ton mette de fublime , il donne toujours la couleur pourpre lorfque la liqueur eft cpaille , & la blcue lorfqu'elle elt delayee. La liqueur des oeufs de pourpre eft d'un gouc fale. Je n'ai pu faire fur cette liqueur les experiences que j'ai faites fur I'autre avec le fublime corro- fif; on ne trouvoit point d'ccufs pleins au commencenienr de I'ete , cui eft le tems ou je I'employai fur la liqueur des buccins. Cette liqueur de buccin eft d'un gout tres different de celui des oeufs de pourpre ; elle fait la mcme impreffion fur la langue qu'y pourroit faire le poivre Ic plus violent. 11 fuffit pcur fentir cette impredion d'y mettre rres-peu de liqueur j un inftant apres on fent I'endroit de la langue ou elle a etc appliquee tout en feu. C'eft pour cette raifon que les gens qui de- meurent auprcs des cotes de la mer ne mangent point , ou mangent rare- ment de cette efpece de limacon , quoiqu'ils recherchent avec foin toutes les autres efpeces. lis trouvent qu'elle a un goiit trcs-poivre ; mais ils s'i- maginent que c'eft la matiere des excreniens qui donne ce goiit piquant ; il ne lui vicnt cependant que de la liqueur propre a teindre en pourpre. A I'egard de I'ufage que Ton pourroit faire de cette iiouvelle teinture , 4© J COLLECTION tout ce que je puis dire a prefent , c'eft qu'au commencement de I'hi-" Acad. RoYALE ver on trouve une quantite tres-confideiable de ces oeufs fur nos cotes DEs Sciences de Poitou ; qu'en peu d'heures un homme pent en ramafler plus d'un DE Paris. demi-boifleau , ce qui fourniroit beaucoup de liqueur, & ajouter qu'il Jnnk 171 1. !"£ paroit du moins fort certain qu'on poiirroit retirer de ces oeufs plus d'utilite que les Anciens n "en retiroient des buccins; car il y a incompa- rablement plus de ces ceufs que de ces coquillages , & on en auroit leur liqueur beaucoup plus aifement. J'ajouterai enfin que la couleur de cette liqueur paroit parfaitement belle fur le linge, & que dans le gout ou Ton eft: a prefent pour les toiles peintes, on pourroit s'en fervir avec fucces pour imprimer fur du linge routes fottes de deflfein. Cette liqueur , aufli bien que celie des buccins, y feroit d'autant plus propre , quelle ne s'e- tend point par dela I'endroit ou on I'a pofee , de forte quelle pourroit toujours tracer des traits precis & des figures dift;in6les. A C A D ^ M I Q U E. 407 . . x^7 /• ■ r ACAD.ROYAIE Suiu des Obfervations fur k mauvement progrJfif dc qudaucs ue^ Sciences Coquilla^LS dc men ^^ Paris. Par M. D E Reaumur, 'Annit 1711. DES COUTELIERS OU COUTEAUX. ,1 lES coquillnges dont nous voulons parler , font connus fur les cotes d'Aunis & dc Poitou fous le nom de couteliers , & Rondelet les appelle des couteaux ; ils doivent I'un & I'autre de ces noms a la fioure de leur coquille qui reirenible en efflt a un manche de couteau. ( Pi. IX Fi" // Si Ion avoit envie de leur donner un nouveau nom qui reprefentat en nieme terns une image de la coquille des couteliers & des parties qu'iis lailTcnt voir ea certaines circonftances , celui de feringue conviendroic' afTez ; il ne faut pour s'en convaincre que jetter les yeux fur la Fig. I (PL IX). La coquille forme un tuyau ou cylindre creux CCCC , fem- blable a celui du torps d'une feringue ; la partie clianiue qui fort de fon ouverturc intcrieure femble en etre le pifton IP, & I'aucre partie QO charnue qui fort de I'ouverture fuperieure , reprefente un tuyau adaptc a I'ouverture d'une feringue , avec cette feule dilTcrence que rexttemiie du tuyau patoit un peu renflee. Pour doi-,ner neanmoins une idee exade de la figure de la coq'.iil!e, nous ne devons pas la laitTer regarder comme un cylindre crcux, ou bien nous devons ajouter qu'elle eft compofee de deux pieces qui font les dsux moities d'uii cylindre creux a bafe elliptique, divifc felon fa lon"ueur. Ces deux pieces font attachees I'une a I'autre ptes de I'ouverture par hquelle fort la partie que nous avons comp:irce au pifton d'une feringue L [Fig. II]. Le ligament a relfort qui attache les coqailles des huitres, des moules, nous exempte de parler de celui qui joint ces deux pieces, il n'tn eft poinc different. Depuis re ligament jufqu'a I'autre bout de la coquille , il y a une mem- brane collte au bord de I'une & de I'autre de ces pieces ; elle auomente de largeur a mefure qu'elle s'eloigne de I'endroit d'oii elle tire fon origine ; de forte qu'elle forme, vue extcrieurement , un triangle pofcellc dont la bafe a environ deux lignes [Fig. II , LNN); elle relfemble par fa con- fiftance, fa couleur & fon epailfeur, a un morceau de parchemin ; elle eftelaftique &: mufculeufe , aufti ferr-elle a rapprocher I'un de I'auire les bords des pieces de la coquille auxquclles elle eft collee. Une membrane de mcme nature que la prccedente , eft auffi collee nux bords de ces deux pfeces du c6ce oppofe a celui que nous venons de confi- dtrer ; elle eft cgalement large a 1 un &■ a I'autre de fes bouts ; die fere audi a approchet I'une de I'autre les deux pieces de la coquille M M mm 408 COLLECTION ■ ^^^^^^ {Fig. III)., fon reflorc tend i la plider en differens plis paralleles a U ■Acad. RovALE longueur de la coquille ; ces plis s'effacent lorique la coquiUe eft autant Dis bcinNCBS Q^,verte quelle le peuc ttre , c'eft-a-dire quand les bords des deux pieces DE Paris. ^ ,-,i ' i, I'l. J j ■ i- '■ . , font diftans 1 un de 1 autre de deux ou trois lignes. " '"'^^ iji^. De la, il eft clair que quoique la coquille s'entr'ouvre , le corps de I'ani- "> mal , ou plutot fes parties interieures ne font point pcur cela vifibles. ni a decouverr. Les deux membranes que nous venons de decrire , formenc avec les deux pieces de la coquille une efpece d'ctui dans lequel les parties interieures font toujours renfermees j il n'y a que les parties qui fe trou- vent proche des bouts du cylindre ou de la coquille qui puiftent fortir SC fe laili'er voir. Les couteliers vivent dansle fable , ouils s'enfoncent fouvent a plus d'un pied & demi , ou deux pieds de profondeur : la longueur de leur coquille eft alors dans une pofition a-peu-pres verticale. De terns en terns ils re- inontent du fond de leur trou jufqu'au delTus du fable, de fagon nean- moins que la partie inferieure de leur coquille y refte toujours enfoncee ; ils rentrent enfuite fous le fable : c'eft a s'enfoncer dans le fable & a re- nionter un peu audelfus , que confifte tout leur mouvement progreflif , lequel par confequent fe reduit a parcourir un pied & demi ou deux pieds de hauteur verticale. Depuis la furface fuperieure du fable jufqu'a chaque coutelier, il refte un trou qui leur donne une libre communication avec I'eau. Les ouver- tures de ces trous font prcfches les unes des autrcs; on les apper^oit aife- ment, lorfque dans les grandes marees , la mer a lailfe a decouvert le fable habite; il n'y a pas a craindre qu'on les confonde avec les ouver- tures des trous des coquillages que nous avons examines ailleurs; celles- Ir. font rondesj & les ouvertures des crous des couteliers font oblongues , TT, &rc. {Fig. IF) , ou plus exadtement eiles font n-peu-pres femblables a une entree de ferrure. II n'y a que pendant les grands vents que ces trous foient difticiles a reconnoitre , parce que les grands vents agitent le fable & en bouchent leurs ouvertures. Quand la mer s'eft retiree , les couteliers fe tiennent pour I'ordinaire fort avant fous le fable : pour les attirer fur fa furface , les Pt-cheurs fe fer- vent d'une adrelfi; qu'on ne fera peut-ctrepas fache d'apprendre : ils jettent une pincee de fel dans chaque trou; a peine ce fel y eftil tombc, qu'on appercoit du mouvement dans le fable qui en entoure I'ouverture : moins dune minute apres , on voir le coutelier s'elever & fortir en partie de ce trou : environ la moitiede fa coquille en eft-elle dehors F D {Fig. F) , que le Ptcheur n'a qu'a le prendre , mais il doit prohter promptement de I'occa- fion , elle ne dare qu'un inftant ; le coutelier fe renfonce dans fon irou peu aprts qu'il en eft forti ; fi le Pccheur le manque , foit qu'en fe preftant jl ne le touche que de cote, foit qu'il ne le tire pas alfez fort, le cou- telier rentre fubitement pour ne plus fortir; quelque nouveau fel qu'on lui jette , il connoit le piege qu'on lui a tendu &c refte dsns (on trou. Une preuve qu'il connoit le danger , c'eft que de nouveaii fel le feroit fortir fi on I'y eiit lailfe rentrer fans le toucher ; mais fi on I'.i touche, il faut avoir f ecours a des fermens d'un pied & demi ou deux pieds de long ; les Pe- cheurs A C A D t M I Q U E. 409 cheurs Ics appellent des dar Js ou des dardiUons ; ce font en efFet des efpeces ■ ■ de dards ou de longs fers termines en pointe j on les enfonce jufqu'au def- ^(-ad Royale foils de r.-inimal, Sc on I'eiileve de force. j,£s Scienxes Si les coinelicrs fortent de leur trou lorfqu'on y a jette du fel , c'eft pour de Paris. fe dclivrer d'line inaciere done les picoteniens les incommodent. Pour em- Armee lyiz, peclier ce fel d'entrer dans leur coqiiille & au milieu de leurs corps , ils reriTient autuiu qu'iis pcuvenc les deux ouvertures O O , ( Ftg. V) , Icfqutl- les (one au bout de la parcie chnrnue qui fort par I'ouverture fupcrieure de l.icoquille; ils froncent ce bout comme une bourfe, & lui forment une efpece de ttte arrondie D , figure fort ditFcrente dc celle qua la meme par- tie lorfque ie coutelier s'cleve au delfus du fable fans y avoir ete contraint. Dans cette derniere circonftance , elle paroit conipolce de deux tuyaux adoffes AHC, aHC {f'g. l^i) , ou fcpares I'un de I'autre par une mem- brane ; lis font voir ciiacun une alfez large ouverture dont le contour eft legerement decoupc a A {Fig. f'l); une de ces ouvertuces eft plus grande que I'autre, audi les deux tuyaux ne font-ils pas d'egale grolfeur ; ils fonc tons deux plus gros a leur origine que vers leur extrcmite. Une pteuve evidente que le fel caufe des picotemens douloureux a ces coquilUges, quoique uniquement nourris d'eau fa lee , c'cft que par fa cortofion , il fepare , il divife en plufieurs parties les tuyaux dont nous ve- nons de parler ; ils font cliacun compofes de quatre a cinq anneaux , de quaere a cinq portions de cyhndres creux d'inegales hauteurs, appliquces les unes fur les autres; de petites rayes creufes & circuiaires CC HH ZZ, {fig. f^l), marquent le contour de cliacune de ces differentes portions , ou bien Tendroit ou une des fuperieures ell pofee fur une des inkrieures : or fi ayant ote un coutelier de fon trou, on jette quelques grains de fel fur I'endroit ou un de ces animaux eft applique fur un autre, par excmple tout antour de I'endroit marquci Cc ( / '^. ^■^)> I'lmprellion que ce fsl y fait eft fi forte, que la partie (upeneure fe detache dans I'lnftant de la partie inferieure; fouvent elle tombe a terre d'elle-meme, ou au plus il luHic de la roucher legerement pour I'obliger a fe feparer de celle a iaquelle elle ctoit jointe. Le contour du morceau qui fe derache par ce moyen , eft tres-arrondi ; fon epailTcur eft marquee par une furtace plane , comme on le peut voir dans la Fig. Vll , qui reprefente dctachee la partie qui eft depuis CC juf- qu'en Aa {Fig. VI) :Bb {Fig. VII), eft le contour qui ctoit pofe en CO. Si au lieu de mettre le fel en CC , on Teiat mis en HH , on eCit fe- pare la partie HH Aa, il en arrive de mcme aux joniflions des autres an- neaux dont les deux tuyaux font compofes : c'eft ce que le coutelier tache d'cviter en fortant de fon trou ; il jette dehors ce fel qui peut lui faire rant de mal j inais le danger d'etre pris lui paroit encote un mal plus re- doutable , puifqu'il ne fort plus de fon trou , quelque quantite de fel qa'on lui jette , cles qu'il a ete averti des enibuches qu'on lui tend. L'ufage de ces deux tuyaux eft le meme que celui de divers autres tuyaux dont nous avons parle dans le Memoire precedent ; Us fervent aux cou- teliers a refpirer I'cau : il m'a paru que taiitot ils I'attiroient par I'un & la jertoient par I'autre, Sc que tautot ils la jectoient par celui ci, &: I'atti- Tomc III , Piuut Fran^oifc, F 3 410 COLLECTION .,L *— roient par celui IJ : leurs ouvertures inferieures fe terminent a peu de dif- 4 . r> tance du bout fuperieur de la coquille : ils ne paroilTent ctre qu'iine con- ACAD.ROYALE , , ' 1 ' ■ I ' 1 ^ J 1. - DES Sciences tmuation de la peau on membrane qui enveloppe tout le corps de 1 ani- CE Paris. f"al , comme on pent le remarquer dans la Fig. Fill qui reprefente une ^ , coquille ouverte, parce qu'on a coupe la membrane qui eft attachee aur '7'^" deux bords de la coquille MM mm {Fig. III). Cette membrane etanc coupee , les tuyaux fe raccourciffent en formant plulieuts plis horifontaux , comme on le voit en E E II ( Fig. VILI). Apres qu'on a tire un coucelier de fon trou , fi on le couche fur le fable , on voit bientot comment il fe prepare pour execucer fon mou- Vement progrelfif. Il fait fortir de fa coquille une petite partie platte, marquee P , (^Fig. III). Mais pour mieux connoitre cette partie d'oir de- pend tOLite la mechanique que nous voulons expliquer, il faut conflderer la Fig. yill , qui reprefente le coutelier ouvert , on y voit une partie LP prefque audi longue que Ki moitie de la coquille j fa figure eft cylindrique, a cek pres que fes extrcmires fe terminent en pointe : c'eft une elpece de battant de cloche , je veux dire qu'elle eft fufpendue vers le milieu du corps de I'animal par un ligament , mais tout le refte de cette partie n'eft point adherent aux autres parties; elle eft la jambe du coquillage , comme nous I'allons voir. Si Ion confidere done le coutelier pofe de fon long fur le fable, comme nous I'y avons mis dans la Fig. HI, on ap- pergoit qu'il fait fortir I'extremite de cette partie environ jufqu'a un demi- pouce ou un pouce du bout de fa coquille \ il ne fe contente pas de I'al- longer, il change fa figure ronde en une figure platte, terminee en pointe p, [Fig. Ill) , Sc trahchante en quelque fagon par les bords; il fe fere alors , ou du tranchant^r de cette partie, ou de fa pointe pour s'ou- vrir un chemin dans le fable.- L'ouverture faite, il allonge encore davantage la tntme partie ; il I'en- fonce davantage dans le fable ; enfuite il la recourbe de telle forte , que fa pointe fe retourne vers la coquille , oti il donne a cette partie la fi- gure d'un crochet R, (fig- II], fur lequel il fe tire. Il eft aife d'ima- giner qu'en fe tirant fur cette efpece de crochet , il contraint fa coquille a fe redrelTer ; que de parallele qu'elle etoit a I'horifon , il I'amene , & par confequent tout fon corps dans une pofition verticale. Sa coquille etanr ainfi placee perpendiculairement a I'horifon, il ne lui refte plus qu'a I'enfoncer fous le fable ; c'eft ce qu'il execute par le moyen d'une mechanique tout-a-fait ingenieufe ; il allonge encore cette partie a laquelle nous donnerons le nom de jambe , pirce qu'elle en fait la fonc- tion ; il I'allonge , disje , jufqu'a lui donner hots de la coquille, une longueur egale a celle de la moitie ou des deux tiers de fa coquille; mais a mefure qu'il I'allonge , il I'infinue dans le fable , ou il la conduit tou- jours perpendiculairement. Comme il lui conferve pendant ce terns une figure platte terminee en pointe , elle ne trouve pas grande reiiftance a s'ouvrir un chemin. Sa jambe etant ainfi enfoncee dans le fable , il change tout-a-coup fa figure, fans diminuer fa longueur ; Sc c'eft d'oii depend le mouvement progreffif de I'animal; de platte qu'elle eroit , il la rend londe ou cylindrique : ce cylindre ya depuis I'exiremite de la coquille ACADEMIQDE. ^t, jufqu'finviron aux deux tiers de la longueur de la jambe I R, (,Fig. I). ••• •• Il a nil diamctre a-peu-prcs Cijal a la moitlc du crand diarriettre de I'ou- a.._ d,,., ..c II -fl '^1 f !]■ 1 I X\CAV. ^^u\ Ale. verture de la coquiUe^i mais Ic couceuec gonHt: bieii davantage le rtfte b^s Scienxes de fa jambe R P , ( Fig. / ) ; il en f-orme uiie efpece de bouton ou de de Paris. fphere elliptique , done le dianietre liorifoncal eft plus grand que le grand J„„:, i-,ii ' diam-'tre de I'ouverture de la coquille ; c'eft ce qui donne a cette jambe quclque air dun battant de cloche, ou du manchj d'un pifton de ferin- gue, fous la figure duqusl nous I avons reprelentee au commencement de ce Memoire : or I'extrcmite de la jambe en fe gondant , fe fait une ef- pece de niche dans le fable qui Tentoure de tous cotes : cette niche a beaucoup plus de diametre vers fon milieu , que I'efpece de tuyau cteux dans Icqu'.l eft loge le refte de la jambe. Tout etant ainli difpofe , il refte peu de chofe a faire a i'animal pout enfoncer fa coquille dans le fable. En tenant toujours I'extrcmite de fa jambe gonflee , il en r^ccourcit le refte , ou il fait rentrer dans la coquille toute la partie qui eft entre fon ouverture &: le bouton de la jambe I R, ( Fig. / ) ; or afin que cette partie rentre dans la coquille , il faut , ou que la coquille s'enfonce dans le fable , ou que I'extremitc arrondie de la jambe remonte vers la furface fuperieiire, c'eft-i-dire, que la ccquiUe ou le bouton de la jambe doivent changer de place , & que celb des deux parties qui a une plus grande reliftance a vaincre, fera moins de chemin. U eft aife de voir que c'eft la coquille qui rencontre moins de refiftance ; fon diametre eft un peu plus petit que celui de I'extremite de la jambe , & outre cela fon contour eft ovale : elle a done moins de fable a deplacer pour defcendre, que I'ex-remite de la jambe n'en a a deplacer pour monteri auftl s'enfonce-t-elle dans le fable. Le coutelier n'a qu'a reiterer la mane mancruvre pour s'y enfoncer davantage , ou s'il mVft petmis de parler de la forte , pour faire un nouveau pas. C hacun de fes pas, en fuppofant le bouton de la jambe tout-a-fait immobile, le fait autant defcendre dins le fable , quil y a de diftance depuis I'endroit oil rextrcmlte de la jambe eft la plus grofte , julqu'a I'ouverture de la coquille, c'eft-a-dire , qu'il parcourc a chaq'ie pas une longueur de che- min I II , ( Fig. I ) , egale environ a la moitie de la longueur de la co- quille. Qu'on ne foit pas furpris an refte de ce que nous patlonj aufli declfi- vement d'adlions qui fe palfent fous le fable , que nous parlerions de celles qui fe palferoient imniediatement fous nos yeux : il y a des cir- conftances ou Ton voit faire le mime manege au coutelier. Lorfqu'on vient de le titer de fon trou , & qu'on le tient en Pair entre deux doigts, il allonge aullitot fa jambe , il en gon le enfuite I'extremite , & cette ei- tremite ctant gonHee , il la retire extremement vite , de forte que rout le telle de fa jam'oe rentre dans la coquille 5 le feul bouton eft arretc a I'ouverture qui n'eft pis alfez grande pour lui donner palfage ; en un mot il fait dans I'air les memes efforts qu'il eft accoutumc a faire dans le fable , mais avec moins de fucces. Ici rien n'arrete rextremite de fa jambe J c'eft aulfi elle qui remonte jufqu'i I'oaverture de la coquille j F3 ij 4^1 COLLECTION - I I il repete plufieurs fois de fuite le meme manege pendant qu'on le foil- .AcAD.RoYALE "enc dans Pair. , ,. DES Sciences H feroit alTez inutile d'expliquer au long comment le coutelier apres DE Paris. s'etre enfonce dans le fable, remonte au-delFus de la furface quand il lui /Innee 1711. plait. On imagine facilemenc qu'il pent executer cette adion par le nioyen d'une mechanique femblable a celle que nous venons de voir , je veux dire en gonflant beaucoup plus que le refte rextremite de fa jambe ; mais on remarque fans doute qu'il doit la gonfler auflitot qu'elle eft fortie de la coquille , de forte qu'avant que le mouvemcnt , dont nous parlons, commence , cette extremite doit etre dans le meme etat 011 elle etoit lorfque le mouvement precedent finilfoit. S'il allonge alors tout-a roup fa jambe, au lieu qu'il la raccourcifToit tout-a-coup ci-devant, par les me- mes raifons que nous avons rapportees , il eft evident que la coquille mon- tera , & que I'extremite de la jambe ne changera pas de place. Pour faire un noiiveau pas en hauc, il n'a plus qu'a applattir toute fa jambe, &: la retirer dans fa coquille, le fable remplira I'efpace qu'elle occupoit, il lui donnera un nouveau point d'appui & plus eleve. Des Dails. J_jEs couteFiers quoiqu'enfonces pour I'ordinaire fous le fable, remon- tent quelquefois fur la furface; mais les coquillages que nous allons confi- derer a prefent , meurent dans le premier trou qu'ils ont habite apres leur naiftance , fans en etre jamais fortis pendant leur vie. lis font da genre nomme Pholas par les Anciens : nous en avons deux efpeces for: communes fur nos cotes de Poitou & d'Aunis , on les appelle DaUi ; nous nous fommes contentes de faire graver I'une de ces efpeces ( PL X, Fig. I) ; I'autre efpece a fa coquille pea difFerente , elle paroit etre la fe- conde coquille longue de Rondelet. La coquille du dail eft compofee de trois pieces dont deux AP {Fig. I &- II) font egales , femblables & fort grandes par rapport a la troifieme f celle ci eft pofee aupres du fommet des deux autres; elle remplit un petic efpace qui refteroit vuide entr'elles; elle a quelquefois la figure d'une lo- fange dont un des angles aigus touclie le fommet des deux autres pieces 5 quelquefois elle eft feulement pointue par I'un & I'autre de fes bouts &: arrondie autour du refte de fon contour DB [Fig. I). Quoique nous la reprefentions fous la figure d'une lofange , fa furface neanmoins n'eft pasplatte, elle eft un peu convexe par rapport a I'exte- rieur de la coquille. La longueur des deux grandes pieces AP , AP {Fig. I £' II) , furpafie plus de deux fois , &c meme prcs de trois , leur krgeur. Leur fommer DE {Fig. I) , ou I'endroit oil elles font jointes enfemble par un ligament a relTort, eft a des diftances inegales de leurs bouts; il eft environ one fois plus proche de I'un que de I'autre ; la largeur de ces deux pieces diminue infenfUilement en s'appiochant du bout le plus eloigne du fommet A A A C A D 6 M I Q U E. 41 j (Fig. I & II); la ellcs fe terminenc en ovale , mais de I'autre cote dii fom- ^ met, elles s'ctrecilFent tout d'lin coup & fiiiilient par une pointc aiguc dans ji\(;AD Rovalj I'efpece don: nous parlons; mais dans I'autre elpece , elles fe terminent d£s Sciences pat une pointe arrondie &: toujours concave par rapport au fommet , Sc de Paris. convexe par rapport a la bale de la coquille. Ces deux pieces font fouvent ^nnee 1-12. cannelees en lime , je veux dire que leurs cannelures fe croifent les unes Its autres : les unes vonr en ligne droite du fommet aux doux extrcmitcs & a la bafe de la coquille; les autres traverfent celles-ci en tragiint dts ligncs pa- ralleles a la bafe AGP [Fig. /), & au contour de la coqnille , elles en marquent les divers termes d'accroillcment ; les cotes dc ces cannelures font pour I'ordinaire herilfees de diverfcs petites pointes. Quoique ces deux pieces puillenc s'ecarter I'une de I'autre du cote de leur bafe, elles ne lailfent jamais voir I'interieur de Taiiimalj elles font collees fur une membrane LH HL (Fig. II), qui torme avcc elle une efpece d'etui dans lequel eft contenu le corps du dail. En un mot ces co- quilles font attachees enfenible comme le font celles des couteliers : au refte leur figure eft telle, qu'elles ne fauroient jamais s'appliquer par-tout exadement I'une fur I'autre; (\ elles fe touchent vers une de leuts exttc- mites , elles font beantes vers I'autre. Labanche, c'eft-a-dire une pierre aftez moUe , eft le rerrein qu'habitenc cTdinairement les dails. Sur nos cotes de Poiteu &c d'Aunis on en trouve aulli dans la glaife, ils y font loges dans des trous au moins une fois plus profonds que leur coquille n'eft longue. La figure de ces trous approche d'un cone tronque A A LL PPK [Fig. U), a cela pres qu'ils font ter- miiies par une furfcce concave & arrondie X ; leur direi5lion eft un peu oblique a I'horifon; cette obliquite n'a rien de fixe, elle eft toujours pc-u confiderable; les ouvertures de ces trous apprennent oii font les dails ; elles ont pour I'ordinaire un fort petit diametre en comparaifon de celui du fond du trou qui eft occupe par le bout de la coquille le plus pro- che de fon fommet. Appareniment qu'il n'y a guere dans la nature de mouvement progrcflif plus lent que celui du dail : mure comme il eft dans fon trou, il n'avance qu'en s'approchant du centre de la terre ; le progres de ce mouvement eft proportionnc a celui de TaccroifTjiTient de I'animal , a mefure qu'il au- gmente en etendue , il creufe fon trou & defcend plus bas. La parcie den: il fe fert pour creufer ce trou, eft une partie cintnue S {Fig. II) , lituei; pres du bord inferieur dc- la coquille , elle eft (aire en lofange & alTcZ grolTe par rapport au refte du corps. Quoiqu'elle foit d'une fubftance molle, il n'eft pas etonnant qu'elle vienne a bout de percer un trou aftez pro- fond dans une matiere dure ; elle y emploie bien du tems. J'ai vu des dails fe fervir de cette partie a I'ufage que je lui attribue , apres les avoir tires de leurs trous &: les avoir pofi.s fur une glaife aulfi molle que de la boue. En recourbant Sc ouvrant enfuite cette partie , ils fe creufoient un trou & en creufoient en peu d'heures un aulli profond que celui au- quel ils travailknt pendant plufieurs annecs ; aulli y trouvoienr-ils beau- coup moins de reliftance , &: le befoin qu'ils avoient de fe cacher , leur faifoic apparemment accclerer leur travail. 414 COLLECTION Nous .ivons dit que quelques daiis fe trouvenc dans la bandie, & que A R ALE d'autres de merae elpece fe trouvent dans la glaife : il fembleroit de-la jj. 5 Sciences que les uns one eu benucoup plus de peine que les autres a fe former leur i>E Paris. niche j car quoique ceue banclie foit une pierre molie , elle eft dure ^ J, , comoaree a la plaife; mais ceux qui font dans la banche , pour I'ordinaire /innee 171;, .r.^'.',. '. '.- , n ont point la peine de la percer. bi on examine ces trous julques dans leur fond , on voir pu'ils font termincs par la glaife I S I , & que la banche QQ II iF:g. 11, PI. X) , n'entoure qii'une partie du trou , c'eft-a-dire environ la moitie ou les deux tiers. 1 1 ne faut neanmoins pas conclure de la , quele dail a eu un corps plus dura percer lorfqu'il etoit plus jeune , ou lorfqu il occupoic un trou qui n'avoic que quelques lignes de profondcur , que lorfqu'il eft plus vieux : il eft tres-probable qu'il n'a rencontre alors que de la glaife ; mais cette glaife s'eft petrifiee depuis que le coquillage a commence a I'habiter : les preuves que fen vais rapporter me patoiirent decifives. Tous les jeunes dails , c'eft-a-dire , tous ceux qui ont a peine quelques licrnes de longueur , fe trouvent dans la glaife , du moins jamais je n'eii ai rencontre aiUeurs , &c les pecheurs m'ont alTure qu'on les y trouvoit toajours : tous les vieux dails au contraire, c'eft-a-dire , ceux dont les co- quilles ont trois pouces de longueur, ou a - peu - pres , font dans la ban- che J or le trou du dail eft fait de maniere qu'il ne lui eft pas polfible d'en fortir : il eft moule fur la figure de la coquille beaucoup plus etroic par en haut que par en bas : fouvent a fon ouverture, fon diametre eft cinq a fix fois plus petit qu'il ne I'eft prcs de fon extremite inferieure. D'ailleurs on ne fauroit imaginer que les dails aient quelque adrelfe pour aorandir ce trou par en haut comme par en bas, lorfqu'ils en veulenc fortir ; car tous les trous vuides que Ton trouve , font coniques , comme ceux qui font habices : fi Is dail en ctoit forti , les trous vuides feroient cylindnques. La confequence que Ton doit titer des faits precedens , eft atfez claire , puifque tous les jeunes dails font dans la glaife ; que tous les vieux font dans la pietre , & que vieux ils font dans les mCmes trous ou ils etoieqi jeunes : U eft evident qu'il faut que la banche qui entoure une partie de ces trous, fe foit formee depuis que Us dails les ontperces : de la il fuit riecelfairement , ou que c'eft la glaife qui s'eft petriliee , ou qu'au-dediis de la glaife, ou dans la place des morceaux de glaife detaches, il s'eft forme de la pierre. Mais lacouleur de cette banche, & la difpolition des feuilles qui la compofent , apprennent alfez que c'eft la premiere de ces opinions qu'on doit choifir. Cette nouvelle pierre eft formee de diver- fes feuilles paralleles a I'horifon. La glaife de la mer , quoiqu'elle ne fem- ble qu'une tetre , eft faite de femblables couches : pour men alfurer , j'en ai coupe differens morceaux de figure cubique ; ayant eu foin de remarquer les furfaces qui etoient paralleles a I horifon , lorfque la glaife ctoit dans fon lit. J'ai expofe ces difFeiens cubes a la chaleur du foleil , confervant aux uns leur fituation naturelle , mettaiit les autres dans une fituation perpendiculaire a celle la , &c doniiant a plufieurs autres des inclinaifons differentes j lorfque la chaleur du fgleil avoic alTez agi fur eux pcur les A C A D fe M I Q U E. 4,5 fecher , ils fe divifoient en feuilles : mais ce qui marque que la difpo- ^ fition de ces feuilles , eft d cere parallelts a I'horifon ; c'cft que ctux que Acad. Rovalb j'avois pofes dans le mCme fens oil Us ctoicnt dans Icur lit , fe divifoientcn bes Sciences feuilles paralleles a I'horifon ; ceux que j'avois places dans un fens contraire , ^^ Paris. fe divifoient en feuilles verticales , & ceux qui ^toient obliques a fhori- /innei 1711, fon fe divifoient en feuilles obliqufs. Ce n'eft pas feulemeiu par-li que la banche done il s'agit, retlemble a la glaife; elU en conferva prcfqus entierement la couleur : enfin enl'txa- minant de prcs , on obferve, pour ainfi dire , les divers degrcs de m.itu- rite. Sa furtace fuperieure p.iroic une vraie pierre alfez dure : un peu an deffbus, c'eftune pierre un peu molle , plus on la prend bas , moins tile eft dure , & moins elle eft difference de la plaife. En un mot , en s'ap. prochant du lit de pure glaife , elle paroit aufli iirfenfiblement s'approcher de la nature de cetce terre , & cela par des degres fi infenfibles , qu'il n'cft pas podible de dtfterminer preciRment ou la banche finic , Sc ou la "laife commence. L'eau de la mer eft pleine d'unc matiere vifqueufe qui ap- paremment apres s'etre infinuee danscette glaife , en colle ioutes Its par- ties entr'elles , & la change en pierres : leHTet de la matiere vifqueufe , eft trcs fcnfible dans des pierres de ditfcrentes efpeces, dans des coquil- lages , dans des grains de fable , en un mot dans divers corps de na- tures trts-ditferences que Ton trouve au bord de la iiier , lies aulTi pac- faitement enfemble que le font les parties des pierres les plus dures. Enfin il n'y a pas lieu, ce femble, de douter que I'cau de la iner ne foit propre a faire des petrifications : des morceaux de bois que Ton rencontre freqiiemment fur nos cotes , en fournilfent une preuve incon- teftable : on les trouve ces morceaux de bois plus d'a moitie petrifies, ou, pour patler plus proprement , ce qu'ils ont de pierreux occupe plus de la moitie de leur volume. Des feuilles dune pierre blanche fcparent la plupirt des fibres du bois , & au lieu de feuilles , on trouve des amas de pierres fenfibles dans les endroits oia il y a des interfiices un peu grands. De la il eft aife de voir pourquoi la furface fuperieure de la olaife fe petrifie plutot que I'infcrieure ; elle eft plus a pottee de profiler de la fubftance vifqueufe de l'eau de mer. Il n'elk pas audi furprenant que toutes les gfaifes ne fe petrifient point : celles qui font trop molles , ou dont les parties font fcparees par une trop grande quantite d'cau , n'ontpas une dif- pofition prochaine .1 devenir pierres; ce ne font pas aufli celles.la que les dails habitent , ils choifillent la plus dure. Au refte , c'eft de cette meme banche dont je viens ds parler , que ri- renc leur origine les pierres blanches que Ton voit en divers endroits fur les bords de nos rivages , & que Ton y appelle cai'.loux fort impropre- ment. L'agitation de la mer decache de terns en terns des morceaux plats de ces pierres, en les faifant rouler enfuite vers le rivage , elle les brife en morceaux plus petits , les angles de ces morceaux s'arrondiirent par les frequens frottemens qu'ils efTuisnt j ils acquierent enfuite une couleur plus blanche , & de la durete lorfqu'ils font expofes a I'air. La nature de cette banche eft telle quelle change fa couleur gcife en blanche , & qu'elle de- 4i5 COLLECTION' __ vicnt dure lotfqu'elle n'eft plus expofee a etre contiiniellementhumeftce par "7 „ I'eau. Quandte de maifons fur les bords de nos cotes ont ece bacies de DEs^CLENCES^ "^"^tte pierre recemmeiit tiree du fond de la mer ; elles etoient alors d'une DE Paris. pierre grife , elles font a prefenc d'une pierre fort blanche. Annie lyii. ^'^is pour revenir aux dails , ils ne percent la glaife que pendant qu'elle eft: olaife , ils ont a travailler fur une matiere plus tendre que la pierre } ce n'eft pas que je ne croie qu'ils ne vinlFent a bout de percer la pierre. Des dails fort jeunes que j'ai trouves loges affez avant dans un talon de foulier qui etoit de bois, font voir que quoique petits , ils peuvent per- cer des corps durs. Ce talon etoit dur, peut-etre plus difficile a creufer que ne feroit de la banclie nouvelle. Nous avons ditqueleur trou avoir an moins une fois plus de profon- deurqueleur coquille n'a de longueur : I'efpace qui rede eft occupe par un tuyau charnu de figure conique A A A K ( ivo-. //) qu'ils allongent ordi- nairement jufqu'a I'ouverture du trou , & rarement par de-la ; fon con- tour eft decoupe en K : quoique ce tuyau paroilfe fimple , il eft rcellement compofe de deux tuyaux , ou plutot il eft partage en deux par une efpece de cloifon membraneufe C I ( Fig. I ). L'ufage de ce tuyau ou de ces tuyaux , eft le ttieme que celui des autres tuyaux dont nous avons parle a I'occafion de divers coquillages : ils s'en fervent alternativement a attirer I'eau dans leur coquille, &: a la rejetter. Lorfqu'on approche de leur trou , ils le font rentrer fort vite dans leur coquille, & chaftant de mcrne avec vitefle I'eau qu'ils contenoienr, ils poulTent divers jets, conime nou? I'avonsdit de plufieurs autres coquillages. Vers^le milieu de leur corps ils ont un petit vailFeau dont j'ignore l'u- fage • il eft de couleur verdatre. Ayant laille quelque terns ces animaux dansde I'eau de vie, cevailTeau a pris une couleur de pourpre femblablc a celle que donnent les buccins ; mais la liqueur contenue dans le vaifteaii ne rougir point comme la leur, lorfqu'on I'expnfe a I'air, ou a la chaleur du foleil : apres tout , quand elle y rougiroit , elle eft en fi petite quantite , qu'elle ne mcrite aucune attention par rapport a l'ufage. Mais une propiete bien remarquable de ces coquillages , c'eft de luirs dms les tcnebres ; & d'autant plus qu'ils ont plus d'eau ; en forte que ce palFigede I'line (a) qui femble prefcnter une inerveille fufpede , ne con- tient que I'exaiSte verite : Dactyli , e concharum genere , ab humanorwtn un- guium Jimilitudim appeUati nmoto lumine , alio fulgore clarere in te. n^brii , & quanta magis hiimonm hahiant ; luccre in vn mandentium , lu- cerc in manibus , atqui aiam in foio & vefie decidenlibus guttis Les dails rcpandent d'autant plus de lumiere, qu'ils font plus frais & pcchcs plus rscemmei-it : cette lumiere n'eft point fuperficielle , elle appat- tient a tous les points de leur fubftance , & de quelque maniere qu'on les dechire , ils paroilTent toujours & par-tout egalement lumineux , de meme qu'un charbon bien allume, ou que le phofphore d'u:ine. Ces coquillages font de vrais phofphores natureh qui , comme le phofphore artificiel , eommuniquent aux corps qu'ils touchent, leur brillante propriete. («) Lib ?,c9p. tft, _ Lorlqu il ACADEMIQX/E. ;i7 Lorfqii'ils font fr.iicliement pcches ilsonc, comme les hutrres & les _ ..— . moiil.'S , beancoiip d'caii : potir pen qii'on les nianie , des "outtes s'en • „ dctatlient j ces goutces ellesnit-mcs lout lamineales, comme Inline I a cxac- des Sciences temeiit rapportc. Il n'eft pas polliblc que des patticules de I'animal ne de Paris. foient melees avec cette eau ; e'en eft alTez pour la rendre phofpliorique : Annit i-jii: apres avoir touche ces poiflons , j'ai d'abord par hafard , & enfuite a deflein , lave !e bout des mes doigts dans un verre d'eau, & de ce!a leul, cetie eau paroiiroit dans I'obfcurite , telle que le kit nous parolt en plcin jour. La lumiere que ces poifTons donne au corps centre lefquels ils one etc frottcs , n'eft pas de longue durce , elle celfe des que ce qu'ils one lailT^ fur ces corps y eft devenu fee. Quaiid j'ai neglige de laver mcs doigts fur le champ , j'ai vu la qualitc luinineufe qu'ils avoient acquife , s'affoiblir peu a pen, & enfin difparoiire enticrement. Mais lorfque j'ai enfuite tnouille mes doigts pour les laver , je les ai appergus prefque aulli lumineux qu'ils I'avoient etc d'abord. Cela m'a donne envie de tenter fi on ne pourroit pas faire de ces poif- fons un phofphore durable. J'en ai fait feciier quelques - uns , qui out , comme je m'y attendois , perdu leur propriete de luire. Au bout de qua- tre ou cinq jours , quand ces chairs ont ete bien f^ches , je les ai hu- meftees , foit avec de I'eau ordinaire , foit avec de I'eau dans laquelle du fel marin etoit dilTous; alors eiles ont recommence a luire, comme j« I'avois efpcrc ; mais cette lueut ayant ete beaucoup plus foible que la premiere , il m'a paru que ces poilfons fees n'etoient pas propres a rede- venir des phofphores bien brillans. J'ai tente de les conferver de quelques autres manieres qui none pas mieux rcuni. J'ai mis un de ces poilfons dans de I'eau de vie, il a prefque perdu fur le champ toure fa propriete de luire : j'en ai mis d'autres dans de I'eau avec du fel marin, ils y font reftes long-tems luifans , mais ils one repandu une lumiere beaucoup plus foible , que celle qu'ils donnoient d'a- bord. Celt vers la fin de I'Automne que j'ai tait ces experiences j alors, & dans tout terns , oil il ne fera pas fort chaud , on pent conferver ces animaux luifans pendant plufieurs jours: mais a mefure qu'ils vielliffent , ils le devi-'nnent moins , & corrompus jufqu'a un certain point, ils ne le font plus du tout : peut-etre meme , que de cts coquillages bien pour- ris fuftifent pour empecher ceux qui font frais, de luire. Une experience HI 'a donne lieu de le penfer. J'ai fait pccher devant moi des dails qui , quand je voulus les examiner dans I'obfcurite, ne donnerent aucune lu- miere J mais je remarquai qu'il y en avoir plufieurs qui etoieiit morts dans leurs tixius , & qui meme y ctoient devenus excelliveqient puans ; peut-etre que I'impreflion que ceux-ci firent fur les autres, eteignit , pour ainfi dire, toute leur lumiere; c'eft une experience que je n'ai pu repeter , n'ayant pu ravoir de ces ccquillagcs ; peut-etre aulli y a-t-ildes tems ou ces animaux paroilfent plus lumineux que dans d'autres. La fermentation qui fe fait dans les machines animales n'eft- pas toujours la meme , & une forte de fermentation peut donner a des chairs , la dif- pofition uccelfaire pour faire paroitrc la lumiere. Tumi III, Panic Frangoife, Gj HiS ' COLLECTION . Le terns ou les animaux s'accouplent , eft un teins ou il fe fait nne Acad. RoYALE ^^P^'^^ ^^ fermentation particuliere : il eft probable que la lumiere que BBS Sciences repandent les vers luifans , doit une partie de fa vivacice a cetce fermen- DE Paris. tation. Ce n'eft guere dans les terns chauds qu'ils luifent dans ce pays-ci, Annee 17 iz ^^ ^°"* ^^^^ ^^' luifent dans ce pays, font les femelles. On fait que ce font des infecftes fans ailes ; mais ceux qui ont lu les auteurs qui trai- tent des infeites , favent de plus que le male de cet infede en a:il eft fort bien reprcfente dans le theatre des infedles de Moufet , il vole U nuit : la lueur que jettent les vers femelles , lui apprend de quel cote il doic voler. Je ne connoilTois le male des vers lijifan? que par les livres: il ne m'etoit point encore arrive d'en trouver, lorfqu'un ver luifant fe- melle fervit a m'en faite voir un male il y a plufieurs annees. Je tenoi^ pendant la nuit ce ver luifant dans ma main , j'obfervois la vivacite de fa Uimiere , lorfqu'un autre infe^ ^^^^^ XN o u s avons cxplique dans le Memoire , dont celui-ci n'eft qu'une fuite , la mechaniqiie ingcnieiife d'ou depend le mouvemenc progrelllf des e(pe- ces d'etoik's les plus communes. Celui dune efpcce plus rare dont il me refte a prefent a patler , ne nous oftre rien de fi fingulier ; il eft pourtant dione deremarque, ne fut-ce qu'en ce qu'il s'ex^cuce d'une tnaniere fort dirterente. Quoique j'appelle etoile rinfeite dont il s'agit , la defcription que nous a lailfee Rondclet d'un autre infetle , qu'il nomme folcil de mer , me donne quelque lieu de dourer s'ils ne font pas I'un Sc I'aucre le meme ani- mal. Rondelet n'a pourtant pas attribue a Ion foleil tout ce qui convient a cette etoile , & il me femble qu'il attribue a celui-ci diverfes chofes qui ne conviennent pas a celle-Li. Gefner a fait mention d'une lune de mer , cu d'un infcdte qu'un de fes amis lui avoit fait tonnoitre fous ce nom , iequel infeifte , comme les ctoiles , etoit compofe de cinq rayons , mais de cinq rayons d'une maciere friable , propriete qui cntre le plus Hans le caradtere de I'ctoile dont je veux parler, Quoi qu'il en foit pourtant des animaux que ces deux auteurs nous ont dellgncs par les noms de foleil & de lune , je conferverai celui d'eioik a I'infede que je vais di^crire , & cela par la raifon gencrale des cinq rayons dont il eft compofe , ne mu- tant pas pollible de determiner surement a caufe de la brievete de def- criptions, s'll eft une efpece difFerente de celles dont ces Auteurs nous ont eutretenus. Pour etablir d'une maniere peu equivoque la difference qui eft entre cette efpece & toutes les aucres efpeces d'etoiles , je crois la devoir appel- lee etoile a rayons en queues de Lizards , ce qui la caradterife de maniere a ne pouvoir la meconnoitre , fur-tout lotfque nous aurons ajoute que c'eft aux queues des petics de lezards gris des murs que leurs rayons reffem- l>!ent ; ils en ont la couleur & la figure R R P T T ( Fig, III & If). Quoi- que ces queues de Itzardsfoient aflezcaffantes, les rayons de I'etoile le font beaucoup davantage ; il faut Its toucher tres doucement pour ne les pas rompre. Ces ravons ne font pas hcrilfes de pointes comme ceux des autres efpeces j leur furface fuperieure , ou celle qui eft du core oppofe a celui cii eft la bouche , eft arrondie & couverte d'ecailles figutees en anneaux {Fig. Ill) ^ I'autre furface ou rinft-reiire, eft platte !c garnie aufli d'e- cailles, mais de figure diffcrente ; elles font faites en fegmens de cerde', altetnativement dilpofees par paire, & une a une, je veux dire qu'il y a d'abord deux ecailles placees fur une meme ligwe qui occupent la iargeur du rayon ^ qu'enfuite au milieu du rayon , il y a une autre ecaille cachee en partie fou* les deux precedentes. Le milieu'du contour arroridi de eslle- ci , parte fur deux auttes arrangies fur une mtme Hgne comme les deux premiereij ces deux detnieres pofent encore- fw: une ecaiHe'feule,- fli Gj i] '4ie COLLECTION ' aiiiG de fuite. De la il eft clair que leurs rayons ne font point <»arnis de Acad. Roy ale jambes comme ceux des autres efpeces fur lefquelles nous en avons compte DES Sciences 1510; aufli les rayons font-ils eux-memes la fonftion de jambe : ils one DE I ARis. iji,f origine tres-proclie de la bouche ou du fu^oir S (Fig. IT) , qui eft Jinnee 1712. ici , comme dans les auties efpeces, au milieu de Tetoile , & prefque toujours en bas. La partie ou fon ouverture eft fituee, Sc qui fait la malfe du corps de I'animal , a un contour a-peu-pr^s circulaire ABDCE {Fig. Ill & ly) , dont le diametre n'a guere que le tiers de la longueur de chaque rayon : fa furface inferieure {Fig. IF) eft plane 5 la fuperieure (Fig. Ill) eft un peu convexe; elles font Tune & I'aucre couvertes d'e- cailles , mais arrangees ditferemment , ce que les figures font aftez voir. ' Au bord de chaque jambe , entre I'articulation de chacune des ecailles fuperieures avec les ecailles infcrieures , il fort une efpece de petite mem- brane terminee en pointe a-peu-pres triangulaire MM (Fig. III). Tou- tes cespetites membranes ne paroiftent que lorfque I'etoile eft dansl'eau; elle les remue en differens fens; elles font fi molles &: fl cources, qu'elles ne fauroient fervir a I'infede , ni pour fe mouvoir, ni pour fe fixer. N'au- roient-elles pas quelqae rapport avec les organes qui fervent a la refpira- tion , ou avec les ouies ? Le terrein qu habitent les autres etoiles ne convlendroit pas a celles-ci j leurs rayons font ll caftans qu'ils ne fauroient foutenir , fans fe rompre dansl'inftant, les chocs que la mer leur feroit eftuyer centre les pierres j audi fe tiennent-elles fur des cotes unies qui ne font couvertes que pac le fable : elles font fouvent enfoncees fous ce fable fur lequel on les voic marcher fort Isntement lorfque la mer Ta abandonne. Leurs rayons s'ac- quittent dans cette adtion de la fon(Stion de jambes. Comme ils partagenc le corps de I'etoile en parties egales , elle n'a ni devant , ni derriere , on elle pent avec la mcme facilite aller de quel cote il lui plait. Pour approcher de I'endroit vers lequel elle s'eft dererminee d'avancer, elle fe fert des deux rayons qui en font le plus proches : par exemple , pouc aller vers B ( Fig. Ill), elle fe fert de deux rayons RR & de celui qui en eft le plus cloignc , ou de celui P qui eft place vis-a-vis I'intervalle qui refte entre les deux precedens. Ces trois rayons feuls concourent a foil mouvement progreffif ; ils y concourent difFcremment. Elle replie I'extre- mite des deux premiers j elle les replie de telle forte qu'ils forment des .efpeces de crochets \ la convexite de I'un regarde la convexite de I'auire : les deux furfaces inferieures des extremites de ces rayons font alors pofces fur le fable contre lequel elles s'accrochent en quelque facon par leus; lecourbement : or recourbant encore davantage leurs extremites , fans aban- donner le fable , elles tirent leurs corsps en avant , tandis que la jambe oppafee le poulfe par derriere dans la mcme diredlion en fe butant contre le fable , de meme qu'un liomme qui eft dans un bateau poulfe , pouc le faire mouvoir , le terrein avec une perche. Au refte ce mouvement eft lent , & pour peu qu'elles le veuillent exe- cutec vice , ou que le terrein foit raboteux , leurs rayons fe caflent ; c'eft ce que {"ai yu.arriver i des etoiles que j'avois mifes fur m^ main bien eten- due J &qui.,yiyqoloient warcher j a^ifli en trouve-t^gn raremeijt d'entieres. ACADEMIQUE. 411 Lorfqii'elles veulent fe cachet foiis le fable , 011 elles ne s'enfoncent qu'ati- ■ j ■ cant qu'il faut pour qu'elles en foient couvertes , elles s'ouvrent iin che- Acad. Royale iTiin avec les deux rayons de devanc, & achevent le refte de la maniere dilsSciences done nous venons de le voir. , de 1'aris. , . Anna 1711. ' ' ' ' ' ■ , I I ■ I I I I. ■■a » . I / Dcs Hcr'ijfons ou Ourfins dc rner. 1—i E hcrijfon de mer , comme k hirijfon de terre , tire Ton nom des epines dont il ei]: hcriffe. Sur quclques cotes on I'appelie Chdiaigne de mer , & cela encore avec plus de tondement : il ne red'emble pas feulement aux enveloppes des chataignespar fes epines, mais encore par fa figure convexe. Le nom d'ourjin qu'on lui donne fur les cotes de I'rovence eft moins fonde ; il n'y a aucune reifLmblance encre le poil des ourfins £c les pi- quans des hcrilFons : il yen a plufienrs efpeces differentes. Nous nous fommes concentcs de faire graver cclle qui eft la plus commune fur les cotes d'Aiinis &c de I'oitou , & cela nous fuffit ici , ou nous n'avons pas deflein de faire lenumeration des animaux de mer. Apres ce qu'Ariftote &; divers Anciens nous one laiflc fur le mouvcmenc progrefiif de cet animal , il feroit inutile d'en parler , dii moins pour faire fimplement connoitre les parties par le moyen defquelks ii s'execuce , fi des oblervations modernes ne fembloient dctruire ce qu'ils ont avunce fur cette matiere. M. Gandolplie ayant obfervea Marfeille des heriirons qui marchoient a(Tez vice au fond de la mer , a cru que ce ne font point leurs epines qui exccutent ce mouvement , mais des jambes difpofecs autout de leur bouche qui eft toujours tournee contre le kind de la mer. Atiftote ncanmoins a eu raifon de croire que les ourfins fe fervent de leurs epines au lieu de jambes ; je les ai vus marcher avec ces mcmes cpjnes , dans des circonftances ou il n'etoit pas permis de s'y meprendre ; nonfeulemenc je les ai vus fe moiivoir par leur moyen , les ayant mis dans des vafes ou I'eau de la mer les couvroit peu , & ou il etoit par confequent trcs-facile de les obferver, mais ayant mis ces animaux fur nii main, je leur ai vu executer leur mouvement progrellif avec leurs feules epines. Ce fait eft done certain , quelque contraire qu'il foit aux obfervations de M. Gandolphe : cependant , comme nous ne pouvons douter de fa bonne foi , il eft bon d'examiner ce qui a pu tromper un Obfervatcuc habile. M. Gandolphe avoit lii apparemment dans Pline que les hcriHons , lorfqu'ils marchent , tournent en rond , ou qu'ils roulent fur eux-numes, in orbem vo/yi : or ayant vu marcher des ourfins la bouche en bas , comme ils marchent ordinairement , quoiqu'il foic probable qu'ils tournent comme une roue lorfqu'ils le veulent , ce fait lui aura rendu fufpeft ce que les Naturaliftes en ont rappoite : enfin , il auia cru avec fondement qu'ils marchoient d'une maniere differente de celle dont on I'a expliquc , apres qu'il aura ej obferve autour de leur bouche des jambes fcmblables i celles des ccoiles j il etoic alfez natutel de peafet qu'elles fervoient a» ^ii COLLECTION -5—;;^:;^^^^ rnemo ufage , Sc que les Naruraliftes ne les ayant pas remarqutes, aucun Acad. RoYALE da moins n'en ayant fait mention . ils avoient attribue aux epines un eifec DES Sciences dont elles n'etoient pas la caiife. L'erreur mcme de M. Gandolphe prouve DE Paris. fon habiletc a obfeivet : mais apres tout , il etoit a ptopos de n'en pas Annee nit. conclure i\ vice que c'eft pat ces ptetendues jambes que s'execute le moa- vement ptogreflif des heriirons. Elles relTemblent a la veiite par leur figure aux jambes des etoiles , ou , pour en donner une idee plus claire a ceux quine connoiirent pas ces jambes, elles relTemblent aux comes de limacons ; aulTi ne leur donnerons nous plus que le nom de cornes. Leur ufage elt bien different de celui qus M. Gandolphe leur a attribue 5 loin de fervir a mouvoir les herillons , elles fervent a les fixer, Le herilTon les emploie audi pendant qu'il ell en mou- vement pour reconnoitre le terrein qui I'environne , comme les limacons fe fervent des leurs , ou comme un aveugle tare avec un baton les corps qui fe trouvent fur fa route j pour cela il allonge &c raccourcit alterna- tivement les unes ou les autres pendant fa marche : mais la quantite de ces cornes eft beaucoup plus grande que M Gandolphe ne I'avoit cru ; non- feulement ils en ont , comme il la obferve , autour de leur bouche , ils en ont entre routes leurs epines , fur toute la furface fuperieure de leur corps. Pour faire connoitre diftindtement de quelle maniere elles y font diftribuees , il eft necelfaire de donner une idee exadte du fquelette de I'ourfin. Ce fquelette ( PL XI , Fig. 7 ) eft un corps ofTeux dont la figure appro- che fort de celle d'une portion de fphere creufe. Il a une ouverture O fur la partie la plus elevee de fa convexite , par laquelle Ariftote allure que I'animal jette fes excremcn?. Sur la furface oppofee a cette ouverture , Si qui ici eft un peu arrondie {Fig. H) > il y a une autre ouverture plus grande que la precedente , placce vis-a-vis d'elie , & c'eft cette derniere ouverture qui eft la bouche de I'ourfin. La furface exterieure de ce fque- lette eft raboteufe , ou marquee de diverfes eminences , de diverfes pe- tites inegalites, mais difpofees avec otdre : elles partagenc en quelque fa^on tout I'exterieur de I'ourfin en dix triangles fpheriques , ifofceles , qui ont leur fommet a I'ouverture fuperieure tk leur bale a I'inferieure. Il y en a cinq grands T T , &c. ( Fig. / ) &: cinq petits tit it -.Is h^illon a prefque tout par cinq. Tous les petits triangles & tons les grands triangles font egaux entr'eux. Une petite bande triangulaire BB, moins raboteufe que le relle, fepare chaque grand triangle de chaque petit triangle. Tous ces triangles font herilfes de diverfes eminences , & chaque petite bande eft percee d'un grand nombre de tious tres-dclies , a peu-pr^s de la grandeur des points qui compofent les lignes pondtuces : ees troHS traverfent Te- pailTeur du fquelette ; leurs ouvertures font plus fenfibles fur fa furface interieure , qui eft unie , que fur I'exterieure , qui , comme nous avons dit , eft fort inegale. Ces trous ont toujoursfait admirer le travail du fque- lette de I'ourfin ; on les diftingue fans peine lorfqu'on les regarde vis-a-vis le grand jour , mais on a ignore leur ufage : leur arrangement a audi plus d'ordre qu'on n'y en a remarque j ils font difpofes dans chaque bande BB ^ Fig. Ill) fur differens rangs d'une maniere conftante &: reguliete. 1! y A C A D fe M 1 Q U E.* 4ij a deux efpeces de rangs dans chaque bande ; les nns de' deux trctis , les _____^..^ autres de quaere , pofes alternativement depuis iinedtsextrcuiitesdc la bande ~. T * .,,,,,' ,'■ n I 1 /■ • J J < ■ J ACAD.KOYAIE jufqu a I autre. Au rede cliacun de ces rangs , loit de deux , loi: de quatre jj^j Sciences trous , eft incline fur fa bande , & rinclinaifon des rangs qui font aux de Paris. deux cotes d'un meme petit triancle , eft telle que les deux rancs pris j ^ / L r 1 J u J r • 'I • Annu 17 11. nieme hauteur lur l;s deux bandes , le rencontreroient sils etoicnt pro- longes dans le petit triangle qui les ftpare. Les rangs de deux rcpoiidenc au milieu de chaque rang dc quatre. L'cfpace renfermc par chacun dcs triangles eft aiifti comme divifc en plufieurs parties , & cela par diverfes lignfs qui partent du trou fujic- rieur & vont aboutir a Tinferieur ; mais au lieu que les lignes prcccdentes font tracees par des trous delies , cellcs-ci font marque<.s par diverfes emi- nences qui rcndent la furface du fquelette raboteule. Entre les eminences placees (ur une meme ligne , cellcs qui font le plus prochcs de fon milim ont plus de contour &: font plus elevees que celles qui font vers I'un ou I'autre de fes bouts. Enfin , les eminences de diflferentes lignes font de differentes grandeurs. II eft bon de connoitre plus particulierement ces petites eminences, ou ces petites apopliyfes : chacune d'elles reftemble a une mamelle M qui * a fon mamelon m ( Fig. J ) , ou , fi Ton veut une idee plus ex.:(fte , a une portion de fphere dent la partie fuperieure de la convexite eft en- veloppce par une partie de fphere creufe beaucoup plus petite. C'tft fur chacune de ces petites apophyfes que font pofees les bafes des epines des ourfins : comme elles font un peu creufes, elles enveloppenc le mame- lon de I'apophyfe , ou de la portion de la fphere fuperieure autour de laquelle elles peuvent tourner en tout fens. Les plus petites apophyfes fou- tiennenc de plus petites epines. Le nombre de ces apophyfes , ou , ce qui revient au meme , cclui des epines eft prodigieux ; comme il y en a d'exttc- mement petites , il n'eft guere poilible de les compter d'une maniere sure, j'en ai trouve environ iioo. Le nombre des petits trous qui forment les bandes qui feparent les triangles eft aufli ties-confiderable : j'en ai compte environ 1 300 , nombre qu'il eft bon de favoir pour connoitre combien I'ouriin a de cornes , car chacune de ces cornes tire fon origine d'un de ces trous, & reciproque- ment il n'y a point de trou qui ne donne naiillince a une come : elles ne font guere fenfibles que lorfque I'animal eft dans I'eau , encore n'y font- elles fenfibles qn'en partie. S'il marche , il fait voir fenlement quelques- unes de celles qui font du cote vers lequel il avance ; fi au contraire if eft en repos, on n'apper9oit que celles CC [Fig. V) qu'il a pu ou \ouIii fixer contre quelque corps P , & qui le tiennent en quelque fa^on i I'atlcre : il applique leur extremitc contre ces corps ; il les y colle fi forte- ment , comme nous I'avons explique ailleurs en parlant des eroiles, que fi on veut employer la force pour les detacher , on y parvient raremenc fans caffer une partie de celles qui I'attachoienr. Enfin elles celTentprefque entierement d'etre vifibles lorfqu'on le retire de I'eau ; il les atfailTe & les replie fur elles- memes , de forte que Ton ne voir plus que leurs extre- mices qui ne fauroienc ecre teconnoilFables qua ceux qui les one obfervees 414 COLLECTION ■*■'■" "— pendant que les cornes etoient gonflees. Dans I'etat de repos , les boucS AcAD.RoYALE des comcs font caches eiitie les bafes des epines, au lieu qu'ils furpalFenc EEsSciEN'CEs leufs pointes lorfque lourfin les allonge, D£ 1 ARis. Les epines done il fait ulage le plus ordinairement pout marcher font Annii i7ii. ^^^ environs de fabouche; comme elles peuvent s'indiner en tout fens egalement , il pent aufli avancer avec une facilite egale de tous cores j les epines qui font le plus proclies , & celles qui font le plus eloignees da point vers lequel il s'eft determine d'alier , lui fervent en meme terns j il fe tire avec les premieres EEE (^Fig, IV) & fe poulFe avec les fecon- des KK. Il n'eft pas difficile d'imaginer comment cela s'execiite; rourfin potce les plus procbes le plus loin qu'il peut de fa bouche , il accroche ou pique leurs pointes contre quelques corps avec la furface defquelles il leur fait faire un angle aigu ; & au contraire il approche de fa bou- che , ou du deffous de fa bafe , la pointe des epines le plus eloignees, d'ou il eft claic que loifqu'il fait effort enfuite pour ramener a foi les pre- iTiieres , ou les tirer vers le deflus de fa bafe , & qu'il fait en meme terns ua autre effort pout relever les dernieres ou les eloigner du def- fous de fa bafe , il tire & pouffe fon corps en avant par ces deux efforts. Ici il n'eft queftion que du mouvement progreflif de Tourfin lorfqu'il raarche la bouche en bas; mais on voit en meme tems que quand il mar- che la bouche en haut {Fig. V) , tout doit fe palFer dune femblable ma- iiiere. Enfin il paroit qu'il peut marcher, non feulement ctant difpofe des deux manieres precedentes, mais encore dans une infinite d'autres pofi- tions dans lefquelles la ligne qui paffe par le centre des ouvertutes oil font fa bouche & fon anus, eft ou parallele , ou inclinee a Thorizon fous divers angles : je dis qu'il paroit qu'il peut marcher dans toutes ces ii- tuations, parce que je n'ai point obfetve ces differentes adtions; mais leur poflibilite me paroit affez demontree, parce que les jambes peuvent s'in- diner avec une egale facilite de tous les cotes. Combien faut-il de muf- cles pour faire mouvoir en tout fens & feparement iioo jambes, & 1 500 cornes ! Dans la Fig. IV , cc reprefentent les cornes, eee les plus petites epines du heriffon, S<. dans la Fig. V , I reprefente une corne feparee. Sur unc Cavcrnc dc FranAc-Comte. -•4r' ^ pli-"ip'"'f ^^^ ge"s ne feroient pas furpris d'entendre dire que dans un lieu foutetrein, dans une cave, par exemple, il fait chaud en hiver & froid en ete , ils I'autont eprouve cent fois. Cependant c'eft-la un paft- doxe pour les Phyficiens qui favent que cette experience eft trompeufe. Que reellement il fnir nliK rli-inri rinnc uno ^ow^a or. J.rJ. ,-.,.'0.-. hi"*"" ■ •■•••-'•■■ tre la cave chaude en hiver quand on y paffe d'un air plus chaud. II n'y a done que des Philofophes qui puiirent cere ctonnes d'une caverne de Francha-Comtc , A C A D 6 M I Q U E. 415 Franche - Comtc , ou il fait reellemeiu en etc un trcs-grand froid. ^^^^^^^T^HTTT Cette caverne eft a cinq lieues do Befan^on a I'Eft , dans I'endroic de Acad.Rovale la Province appcUc commiinement Montagnc , & dans un bois c]iu eft au- " es Sciences prcs dii Village de Chaiix. Elle eft au pied d'un roc clevc de 15 pieds: ^^ I aris. elli en a 80 de hauteur ou de profondeur , 140 de longueur depnis Anncc 1711. I'entrce jufqu'au cote oppofe , & iii de largeur. Ce ne fu: qu'au mois de Septembre 171 1 , que M. Billerez , ProfclFeur d'Anatomie & de Bo- tanique c;i rUniverfitc de Bcfan^on , qui a envoyc cette rdlation a I'Acadc- mie, y defcendit pour I'examiner. Il trouva que le fond de I'antre, qui eft plat, ctoit encore couvert de 5 pieds de glace qui commengoit a fe fondre ,, & il vit trois pyramides de glace de 1 5 ou 20 pieds de haut , fur 5 ou 5 de large , qui ctoient aufli dcja beaucoup diminuces. Il commen- ^oit a fortir par Ic luut de I'entrce un brouillard qui en fort tout I'hi- ver & qui annonce ou accompagne le degei de cette glaciere. Ccpendanc le froid y ctoit encore 11 grand , qu'a moins d'y marcher & de s'agiter , on n'cLit peu y demeurer une demi-heure fans trembler, & qu'uii thermometre , qui hors de la caverne ctoit a 60 degres , y defcendit a 10, c'ell-a-dire a 10 degres au-deftbus du ties-grand froid. La glace de cette grotte eft plus dure que celle des rivieres, mtlce de moins de buUes d'air , & fe fond plus dirficilement ; il y en a d'autanc plus qu'il fait plus chaud en cte. M. B. a trouve l.i caufe de ce phcnomene en obfervant que les terres du voifinage, Si fur-tout celles du deftus de la voute , font pleines d'un fel nitreux, ou d'un fel ammoniac naturel. Ces fels mis en mouvcment par la chaleur de I'ete.fe melent plus facilement avec les-eaux , qui cou- lant par les terres & par les fentes du rochcr, pencttent jufqus d.;iis la grotte. Ce melange les congele precifement de la meme maniere que fe font nos glaces artifici.lles, & ce qui eft un petit vafe dans cette ope- ration , la grotte I'eft en grand. Des congelations ou incruftaiions pierreu- fes qui fe trouvent fur tout vis a-vis de I'ouverture expofee au Nord par ou il a pu entrer plus de parties nitreufes de I'air, confirment encore ce fyftcme. On dit qu'il y a a la Chine des rivieres qui gelent en etc par la m^me raifon. Ohfcrvations d'HiJloirc Naturdle. JVl. J. Jacques Scheuchzer , voyageant en 1709 dans les montagnes de Suifte,a vu une mine de charbon de pierre formee de plufieurs couches tellement difpofees , qu'il y a toujours alternativement une couche de pierre & une couche de charbon. Au-delTous de la plus profonde couche , eft une marjie cendree pleine de coquillages , comme font les mines de charbon d'Angleterre. U y a mcme parmi les charbons des fragmens de coquillages blanchatres qui femblent avoir etc calcines par le feu. M. Scheuchzer donne au Mont Gemmius , par fes obfervations, T147 toifes d'elevation fur le niveau de la mer, Tomtlll, Panic Francoiji, Hj 4iES Scienxes ruche , parce qu'on ne Ics voit point fe pofer fur les fleurs j & quand ^^ ^ aris. tnemc ils y en iroient prendre, ce ne feroic que pour eux, Sc non pour Annie i-jii, I'utilite commune ; car M. M. c-n preflant leur veficuie , a vii que Ic miel n'en fortoit point comme il fort de celle des abeiiles j ainfi les bourdons ne peiivent le rejctter. On pourroit croire que' ces animaux feroient les males de la grolle abeille femello, &: qu'ils ne feroient fouffetts dans la ruche qu'a caufe que leur oidvetc feroit fuflilamment compenfee par cette importante fonclion ; & ce qui appnyeroit cette idee, c'eft qu'cn effet a la fin de I'ctc les abeiiles font la guerre aux bourdons a route outrance , les tuent, ou leschalfent de la ruche fans quartier, de fotte qu'on ne fait plus ce qu'ils deviennent : il fembleroit que la caufe de leur n:alheur feroic d etre devenus abfolument inutiles, parce qu'il ne s'agit plus de genera- tion en hiver. Les abeiiles prennent routes en commun un ties grand foia des perits qu'elles n'ont pas fairs & qui n'appaitiennent qu'a leur reine ; dies mettent a chaque petit vet dans fon alveole quelques gouttes d'une liqueur pour fa nourriture \ enfuite elles font a I'alveole un couvercle de cire : ces diffcrentes operations ont leurs terns regies , & ils le font fans doute fur lesbefoiiisde I'embrion : celui-ci ayant pris tout fon accroilTement,&: etanc enfin devenu mouche, perce le couvercle de fon alveole, & aprcs quelque ten's de langueur, s'envole avec lesautres. Il el1: aobferver que les abeiiles ont a tel point I'efprit de menage , qu'elles ne veulent pas que ce couvercle perce foic perdu ; elles en viennent reprendre la cire & la rapportent dans le ma"afiii commun pour Ctre employee de nonveau : elles rendent en meme tenis a I'alveole fa figure rcguliete, fi elle a ete alteree , Sc le remettcnt en ctac de fervir encore au meme uf.ige : il y a eu cinq fois de fuite en trois mois des vers dans le m'-me alveole. Les bourdons viennent de la reine ou femelles comme les abeiiles : il y a dans les rayons quelques alveoles plus grands que lesautres deftines aux vers qui doi- vent fe changer en bourdons & a qui , par confcquent , il faut plus d'efpace. Ces vers font pondus par la mere-abeille comme les autres & ils font trai- tes enfuite par le public avec les m'"mes foins. Tout ell egal jufqu'a la fin do I'cte ; mais quand ce terns eft venu ou les abeiiles di'clarent la guerre aux bourdons, leur fureur s'erend jufqu'a ceux qui ne font encore que vers j elles rompent les couvercles qu'elles avoient mis elles-memes aux alveo- les ou ils font enfermcs , & les en tirent pour les tuer , & jetcer leurs petits cadavres hors de !a ruche [a). (a) V. la Colktl. Acad. Part. Etrang. torn. V. pag. ij?. ""Sr 430 COLLECTION AcAE. RoYALE DES Sciences DE Paris. ^nnk 1712. Sur les divcrfes reproduclions qui fc font dans les Ecrcvijfes , hs Homars , les Crabcs , ^c. (S' entr'autrcs fur cellcs dc leurs jambcs 6' dc lews ccailks. Par M. D E Reaumur. jC\_Y ANT eu occafion d'examiner certaines cotes maritimes qui font remplies d'une infinite de crabes, j'ai remarque nombre de ces animaux qui avoient une de leurs grclTes jambes , plus petite que I'autre ; & en- tte ces jambes plus petites, j'en ai trouve de tant de grolFeurs difFetentes , par rapport a la grolTeur de I'autre jambe de la meme paire , qu'on ne pouvoit guere les prendre que pour des jambes de difFerens ages. J'en voyois qui a peine commenijoient a paroitre , ou qui n'avoient pas encore la forme de jambes; d'autires un peu plus grandes , fembloient un peu plus developpees. ll y en avoit d'autres qui etoient des jambes tres-dif- tin£tes , mais tres-petites : enfin il s'en prefentoit dans tous les difFerens de- eres d'accroilfement \ Sc ce qui fembloit prouver une regeneration reelle , c'eft ce que les plus petites jambes, ou celles dont la figure n'etoit pas en- core bien diftinfte , n'etoient qu'un chair moUe & non revctue , comme les autres, d'une ecaille dure. Le pere du Tertre avoit apparemment fait de pareilles obfervations fur ces crabes de la Guadeloupe dont il nous a donne une hiftoire fi curieufe 5 car il alTure que , lorfque leurs partes ont ete cadt'es , elles reviennenc au bout de I'an , ou qu'ilen revient d'autres en leur place. Pour decider la queftion , il ne sagilFoit que de renfermer dans des vafes ces animaux apres leuc avoir coupe une jambe pour voir ce qui leur arriverolt , & c'eft le parti que je pris. Mes premieres tentatives ne furent pas heureufes , la met entraina & brifa quelques-uns de mes vafes; elle en remplit d'auttes de fable , Sc je ne revins a Paris qu'avec un doute bien fonde ; heureufement qu'il n'etoit pas difficile de s'inftruire du meme fait fur les ecreviifes : j'en pris plufieurs auxquelles je coupai une jambe , je les renfermai dans un de ces batteaux converts que les pecheurs nom- ment des Boutiques, 011 ils confervent le poilfon en vie , & jene les laif- fai pas nianquet de nourriture : au bout de quelques mois je visde noii- velles jambes qui occupoient la place des anciennes que j'avois enlevees ; a la grandeur pres , elles leurs etoient patfaitement femblables ; elles avoient meme figure dans routes leurs parties, memes articulations OC naemes mouvemens. Le terns necedaire pour la produition des iiouvelles jambes, n'a rien de fixe , c'eft un des points pat lefquels certe efpece de generation dif- fere de celle du fojtus. Ces jambes croiffent plus ou moins vite , comme les plantes , felon que la faifon eft plus ou moins favorable ; les jours les plus chauds fontceux qui avancent le plus leur formation & leur accroif- ("etnent. Divctfe? autres circonftances rendent encore la nouvelle repro- ■ A C A D fe M I Q U E. 4j i duftlon, ou plus prompte, ou plus tardive. Une des plus efTentielles eft ^ I'endroit ou la jambe a ete cifTee , ou pour me faire entendre plus ciaire- T jT mcnt , jc dois faire renfouvcnir que les jambcs des ecrevilTes ont plufieiirs d^s Sciences articulations ou jointures , c'eft-a-dire , que , comme nos doigts , par exem- de Paris. pie , elles peuvent fe plier en diveis endroits , & cela , parce que les ^f!„i£ i-n jointures ne font point, comme le rtftc de la jambe , revctues d'ccaiiles , ' mais d'unepeau flexible pkis mince que le parchemin , & d'line confiftance adez femblable. Chaque groire jambe a cinq jointures pareilles : fi nous Erenons pour la premiere la plus proche de rextrcmite de la jambe, on ien celle ou eft articulee cette grolle partie compofee de deux pinces, Sc qui eft remplie dune fubftance charnue ; fi , dis-je , on prend cette join- ture pour la premiere , c'eft lorfqu'on coupe la jambe pr^s de la quatrieme jointure qu'elle fe reproduit le plus aifcment ; & c'eft audi la que les jam- bes fe caltent naturellement. Ce n'eft pas dans la jointure mcme que la jambe fe calFe , la jointure eft recouverte dune membrane flexible & forte: mais I'ccaille qui eft auprcs de la quatrieme jointure , entr'elle & la troi- fieme , eft compofee de piufieurs pieces ditferentes : ce qui femble le prou- ver fuffifamment , font deux Sc quelquefois trois futures que Ton apper- 5oit dans cet endroit : c'eft dans ces futures, & fur-tout dans celle du mi- lieu que la jambe fe calfe : les morceaux d'ccaille y font foiblement atta- ches enfemble , ils ne s'ent^rcnent point d'une maniere fenfible a la vue fimple ; aulll la jambe y peut-elle etre calTce par une trts-pctite force : fi on tient une ecrevilfe par la parte , Sc de meme fi on tient un crabe , I'efFort que ces animaux font pour fe retirer, detache fouvent leur jam- be , ils la lailTent entte les mains de celui qui la tient , &: s'en vont avec celle qui leur refte. II n'y a point de pateilles futures aupres des autres articulations; d'ail- leurs la jambe y eft plusgrofte, aufli ne s'y ca(Te-t-elie point. Si pourtanc on coupe la jambe ailleurs que dans la future oil elle fe cafTe naturelle- ment , elle s'y reproduit , quoique moins vite : mais ce qui mtrite le plus d'etre remarquc , c'eft qu'il ne renait a chaque jambe precifcinenc qu'une partie femblable a celle qui lui a etc enlevee. Si par exempie , la jambe a etc coupce dans la quatrieme articulation, c'eft-a-dire , par- deli la future , la partie de jambe qui renait n'a que quatre articula- tions, en comprenant celle oii elle eft jointe a la partie de I'ancienne jambe qu'on a laiffee : fi on la coupe un peu par-dela la quatrieme arti- culation , la partie qui renait eft plus longue , que celle qui renait lorf- qu'on I'a coupce dans la quatrieme articulation , ou que celle qui renait lorfqu'on I'a caftee dans la future qui eft au-delFusde cette articulation: la nature ne rend a I'animal precifcment que ce qu'il a perdu : elle lui rend tout ce qu'il a perdu : cependant, Ci Ton coupe une grolle jambe a la premiere , ou a la feconde , ou a la troifieme jointure , on ne vena guere fe reproduire une partie d'une , de deux , ou de trois jointures. Si Ton va conliderer quelquesjours apres les ecrevilTes qu'on a ainfi niuti- lees , on trouvera pour I'ordinaire, que Us jamhes qu'on avoir coupees vets la premiere , la feconde , ou la troificnie jointure , fe font routes calfees dans la future qui eft proche de la quauieme. A la vcrite j'ai va 43 i COLLECTION ""' qa:-lquefois naitre des parties de jambes qui n'avoicnt qu'une , deux ou AcAq, RoYALE jf^jij articulations , mais elies renaiiroienc beaucoup plus leiuement que PES Sciences qq\\q^ qyj etoieni calTces a la future voifine de la quatrieme jointure. PE FARIS. „ . n I. 1 ■ ~ 1 J xv- /• f • I 1 " « , ,^ Comme c ell 1 endroit ou la reproduction le rait le plus vite , arrctons- - nuc^ 1712. ^^^^^ ^ ^^^^g jambe quia etecairee, pour raconcer les progres de la nou- velle reprodu6tion : tout ce que nous dirons de celle-ci, s'appliquera facilement aux autres. Si c'eft dans le mois de Juin ou de Juillet qu'on les a cafTees, &C qu'un jour ou deux apres on retourne obferver les changemens qui font arrives, on voit une elpece de membrane rougeatre laquelle recouvre les chairs aui font immediatement au bout de I'endroit coupe ; fa furface eft allez plane , comme le feroit celle d'un linge etendu fur le bout d'un tuyau cy- lindrique; aulli le bout de la jambe reflemble-t-il alors a celui dun tuyau d'e- caille. Quatre a cinq jours apres , la mcme membrane prend une furface un peu convexe, femblable a celle d'un fegmentde fphere , & apres quelqu'au- tres jours cette figure fpherique fe change en une conique, c'elt-a-dire, que la membrane dont nons parlous , s'allonge de fagon que fon milieu s'etend plus que tout autre endroit defa furface & forme un petit cone qui n'a pourtant pas pour bafe route la circonferencede I'endroit ou la jambe a cte caffee : il femble que le milieu , &c les contours du milieu ont ete feuls poufTes en haut : fouvent alors ce petit cone a environ une ligne de hauteur ; fa bafe refte toujours la meme, mais fa hauteur augmente dans la fuitej apres dix jours, elle a quelquefois trois lignes:la couleur de la membrane qui le forme devienr blanche j ce qu'il y avoir de rouge a fon excremite fe dc- tache. Au refte on ne doit point fe reprcfenter ce cone comme un cone creux, quoique nous ne I'ayons confidere que comme forme pat une membrane : cette membrane qui en fait la furface exterieure , fert a envelopper des chairs , & contient deja une portion de la jambe , trcs-petite a la verite , mais fembla- ble a celle qu'on a enL'vee a I'ecreviire ; elle lui tient lieu en partie de ma- trice , ou fi I'on veut , elle fait par rapport a cette petite jambe la mcme fonc- tion que le chorion , & Xamnios font par rapport au foetus j a mefure , s'il m'eft permis de parler de la forte , que ce fa:tus de jambe croit, la mem- brane qui I'enveloppe s'etend ; & comme elle eft aflez epaifle , ce n'eft qu'apres I'avoir coupee qu'on decouvre qn'elle renferme cette petite jam- be , car brfqu'on la regarde exterieurement, ce qu'on appercoit ne fem- ble qu'une excroiftance de chair de figure conique. Au bout de douze ou quinze jours^ cette figure change un peu, le petit cone fe recourbe vers la tete de I'animal. Quelques jours apres le mcme corps charnu fe recourbe davantage; le coude qu'il formoit augmente, il prend une figure afTez femblable a celle d'une jambe d'ccrevilTe morte ou en repos. Cette petite partie charnue eft couchee fur I'ecaille , fans lui etre neanmoins adherentej elle ne paroir capable d'aucun autre mouvement que d'un foible mouve- jnent de relfort, c'eft-a-dire que lorfqu'on la plie ou lorfqu'on la retire de la fituation ou elle etoit,elle reprend naturellement & infenfiblement fa premiere figure &c. fa premiere place. Cette mcme pattie toujours in- fapable d'aHc^ne aiSion ^ acquiert jufqu'a fix &: fept lignes de longueur dans A C A D ^ M I Q U E: 45. dans un mois ou cinq fcmaines ; mais comme la membrane qui I.i cou- 1 1 vre en s'ccenJant , devient plus mince, 3i qu'en mtme terns toutes ies a . n . . p.iinss de la jambe deviciinenc plus marquees, en regardant de prcs on cts .Sciences pent alors diftinguer que ce n'ell pas line limple carnolite : on demcle de 1'aris. quciques jointuress la premiere fur-tout eft fenlible , on appcr^uit aulli Annie 171 x, line iigne qui tait la (cparation des deux pinces dont Ics bouts forment le fonimet du cone , ou de la petite carnolite. La )ambe alors eft prete a naitre ou a cclorre , s'il m'eft permis de me fervir de ces termes, a force de s'etre etendue, la membrane qui I'enve- loppe fe dechire ; la jambe depouillce de ce fourreau paroit au jour, elle eft encore moUe ; mais aprcs peu de jours elle le trouve revetue d'une ccaille auffi dure que celle de I'ancienne jambe , il ne lui en manque que la grandeur &c la grolleur , apparemment qu'elle Its acquiert avec le terns : elle eft pour ainfi dire en age de croicre dans le temps que I'autre jam- be n'y eft plus. Dans I'inftant da fa nailTance , elle a environ la moitie de la longueur de la partie qui a ete emportce ; mais elle eft fort de- lice & capable pourtanc des memes mouvemens qu'on voir faire aux plus groftes jambes. Nous eullions volontiers raconte jour par jour Ies accroiffemens de cette nouvelle partie de jambe, comme d; fcavans Anatomiftes ont ra- conte la formation du poulet, fi Ies tems des accroiflemens de cts jam- bes ctoicnt audi regies : mais comme nous I'avons dit d'abord , une me- me partie des jambes edot tantot plus vlte & tantot plus lentemcnt, fcr Ion que la faifon eft plus ou moins favorable , & felon I'etat ou ctoit I'ecreviire quand on I'a coupee ; j'ai vu des jambes calfees a la future voi- fine de la quatrieme articulation , naitre ou eclorre au bout de trois fe- maines ; & jen ai vu d'autres qui ne font eclofes qu'apr^s plus de liK, Enfin celtes qui ont etc calTees en hiver, n'edofent qu'en ete; d'aillcurs il eft difficile de demeler , mcme avec Ies meilleurs microfcopes, ce qui arrive ici dans le commencement de la formation : ce font des parties molles & extremement delices ; Ies ptogrcs de leurs accroilFemens ne fau- roient etre fenfiijles , fi on ne met plufieurs jours d'intervalle entre Ies obfervations. Au refte, (i nous n'avons parlc que de la reproduftion des grofTes jam- bes , ce n'eft pas que Ies petites ne fe reproduifent aufli , mais elles le font, Sc plus rarement, Ik plus lentement. Enfin , fi au lieu de couper a une ectcviffe une jambe , on fe contente de lui retrancher une pince ou une parrle d'une pince , cette pince, ou cette partie de pince , levient comme Ies jambes. Si de mcme on lui coupe Ies comes , ou une partie de fes cornes , elles fe reparent comme le refte. En- tre la tete & Ies grofTes jambes, immediatement au-deftus de ces deux grof- fes jambes , elle a deux jambes plus petites, ou fi \'on veut.deux bras; car la figure de ces deux parties eft differente de celle des jambes, & rccreviile n'en fait guere ufage pour marcher : elles ne lui fervent appa- remment qua approcher la nourriture de fabouche. Ces bras, ccmmeces jambes, font compofejs de diverfes articulations; a quelque articulatioa qu'on Ies coupe , il renait una partie femblable a celle qu'on a enle- Tome III, Panic Francolfe. I ^ '454 COLLECTION ■II _ I J vee. Enfin la pluparc des parties de cet animal , peuvcnt (e reptoduire ,. „ conime on le verra plus patticulierement dans la fuite. ■^^L^^v-'-.fvwtc^ La reproducfbioii des queue-: de lezards n'eft pas a beaucoup pres aufll BE Paris. complete que cclle des jambes decreville, du moms sil ny arrive rien . , de plus que ce qu'on y a vu a I'Academie : voici ce qu'en die M. Duha- nee 17 ii. ^^^^1 dans fon Hijtoire : D. Thevenot laurtum viridem exhibuh (16S6) die 1 i Junii : illius caudu refeciu quaji rtnajci vifa ejl , feu nova ilLi cauda fuccreverit , feu catlum induclum fuerit ; illud additamtntum intra i i dies penk 8 lintis auclum. Die j Julii , idem lacertus allatus ejl , atqul illius caudam plurimum auclamfuij/e compertum ejl : hujus caudam pojl aliquot dies refeclam , increviffe deprehenfum , fed to in loco , cartilago tan turn cava erae , pelle obduclu. Dijfertationem ed de re confcripfit D. Perault. La diflertation citee par M. Duhamel , eft imprimee dans le torn. IV des Effais de Phyfique de M. Perault. Cet Auceur y rapporte que la partie qui s'elt engendree de nouveau , vue exterieurement , ctoit entieremenr lemblable a celle qu'on avoir emportee, excepte qu'ellen'en avoit pas I3 ^ couleur verte ; mais au dedans elle en etoic fort differente , puifquellc Ti avoit ni lei vertebres , ni les mufcles qui etoient a la partie emportee par am- putation , mais feuknunl au lieu de vertebres , un cartilage de la grojjeur dune groffe epingle. Il n'y a done ici de veritable reproduction que celle des ecailles & de la peau qui recouvroient cette nouvelle queue , au lieu que dans la regeneration des jambes des ecrevilfes, la partie nouvellement pro- duite eft (emblable en tout a celle qu'on avoit retranchee. Les ecrevifTes ayant une fource fi feconde de reprodudtion , j'ai vohIu favoir fi leurs queues ne fe reproduiroient pas comme leurs jambes : j'ai coupe pour cela les queues en difFerens endroits , mais il n'y eft jamais revenu de parties femblables aux parties emportees , Hi les ccrevifles font loujours mortes peu de jours apres. Nous n'avons point de reproduftion dans la nature qui paroide plus reffembler a celle qui fe fait dans les ccrevifles , que celle de rejettons que poulTent les arbres aupres des branches coupees. Ce qu'elles ont de commun pourroit fournir matiere a ceux qui aiment a trouver de I'ana- logie entre les plantes & les animaux : cependant tout confidere de pr^s 5 il y a beaucoup de difference entre ces deux produ6tions ; chaque rejetton eft lui-meme une plante entiere , & les parties qui renaiflent aux ecre- vifTes ne font que femblables a celles qu'on leur a otees , elles occupent la meme place , au lieu que les rejettons viennent aupres de I'endroit qui a ete coupe : enfin , outre qu'il eft dangereux de fe fier aux raifonnemens fondes fur une analogic , car on peut trouver de I'analogie par-tout , c'eft que la formation d'une partie capable de mouvemens volontaires , eft encore pins difficile a concevoir que celle des plantes. Il refte pourtant un rapporr que nous avons deja indiquc entre la pro- duiSbion des rejettons des arbres , He celle des [ambes des ecreviltes , c'eft qu'elles s'achevent I'une & I'autre plus promptement dans certaines faifons que dans d'autres. Si nous vouions appeller I'inftant de la nailfance de chaque jambe , celui ou elle fe degage de la membrane qui I'envelop- poit j une jambe qui naic en cte , un mois , ou cinq femaines apres que I'an- A C A D 6 M I Q U E. "4,5 cienne jambe a ete coupce , feroit dans uiie autre faifon plus de huit ou neuf mois a fe reproduire. Cell uu fait done il n'ell: pas fi difficile de rendre une bonne raifon, que de la generation meme de la partie ; cat quelle que foit la caufe formacrice , s'll m'ell permis d'ufer d'un terme ft obfcur , elle ne peut agir , ou plutot fairs pouircr une nouvelle jambe , que dans le terns ou elle trouve alTez de matiere pour cela : or , quoique les ccrevilTes foient des animaux carnailiers & voraces , elles mangenc peu , ou ne mangent point du tout pendant fept a huit mois de I'annee ; elles ne font pas en etat alors de fournir les fucs neceiraires a de nouvelles produdtions ; c'eft beaucoup qu'elles puifTent foutenir leur vie pendant I'hiver, elles s'alfcmblent plu- lieurs dans un mcme trou, qu'elles abandonnent rarement avant le prin- tems ; elles commencent alors a fe promener , mais elles ne tachent guere d'attraper , pour fe nourrir , des poiffons ou des infedtes d'eau , que quand la chaleur fe fait fentir. Le tilTu ferre de I'ccaille dont elles font revetues , empeche apparem- ment qu'il ne fe falFe cliez elles une tranfpiration considerable : elles tirenc affez de I'eau pour reparer la perte qu'elles font de ce cote-la ; auffi d^s qu'elles prennent des alimens plus folides , non-feulement elles ont les fucs ncurriciers que leur confervation Sc leur accroiiremenc demandent , mais elles en ont encore alFez pour fournir a de nouvelles productions. C'eft probablement lefurplus de ce fuc nourricier qui eft employe tous les ans a former une nouvelle ecaille a chaque ecreviile : il n'y en a point qui ne fe depouille de I'ancienne , les unes plus tot, les autres plus tard , mais jamais avant le mois de Mai , ni apres celui de Septembre , c'eft- a-dire toujours apres avoir recommence a manger. Avant de la quitter , elles celTent cependant encore de prendre de la nourriture folide pendant quelques jours , comme fi elles fe trouvoient trop pleines ou trop prelTces par leur ancienne ecaille , ou comme fi elles connoilToient qu'une diete v de quelques jours , diminuant un peu le volume de leurs chairs , detache en mime tems I'ancienne ecaille de celle qui s'eft formee dclTous, fi nous pouvons cependant donner le nom d'ecaille a une membrane epaille, mais encore molle. On trouve fi frequemment des ecrevifles molles pendant I'ete , qu'il eft peu de gens qui ignorenc qii'tUes changent d'ecaille. Divers aiiteurs one parle de ce fait ; mais comme perfonne , que je fache , ne nous a decrit com- me fe fait le changement d'ecaille , on ne fera peut-ette pas fache que je le raconte. Il eft aife de le prevoir deux ou trois jours avant qu'il arrive ; fi Ton prede avec le doigt , ou la gcande table d'ecaille qui couvrc la tcte Sc une parcie du dos de I'animd , ou quelqnesunes des petites tables qui couvrcnt la queue , on lent qu'elles plient ; ii'etant plus (outeiiues par les chairs en ditfcrens endroits , elles cedent a une predion alfez legere. Pour bien voir comment les ecreviifes fortent de cette enveloppe dure, j'ai voulu les confiderer dans leur element meme , & pour cell j'ai ar- range des pots perces au bord de la riviere de Marne qui pall'e le long de mon jatdin. Les ecrevilTes que j'ai mifes dans ces pots y avolent cour 1 5 'J AcAD.ROYALB Dus Sciences DE Paris. AnnU lyli.' ACAD.ROYALE DES Sciences DE Paris. Annie 1711. \Y- COLLECTION tinuellement de I'eau nouvelle , audi elles s'y font dc'pouillees bien plirt vice que celles que j'avois fait tranfporter dans mon cabinet dans des vafes pleins d'cau. Cependant les pteliminaires etoient les memes & dans la riviere & dans mon cabinet. Quelques heures avant de fe depoiiillet , 1 ccrevifTe frotte fes jambee les unes contre les auttes , les remue chacune feparement & fans chan- cet de place j elle fe renverfe fur le dos , replie fa queue, pais s'etend j elle aoite fes comes, Sec. tous mouvemens qui tendent a donner a cha- 'cune de ces parties un peu de jeu dans leur fourreau. Apres ces prclu- ,des , elle gontle fon corps plus qu'a Totdinaire : alors la premiere des tables qui recouvre la queue paroit plus ecartee de la gtande table qui recouvre la tete & que je nommetai le cafque , quoiqu'elle recouvre aulTi I'eftomac & d'aucres parties. La membrane qui joint ce caf- que avec la premiere table de la queue fe dechire , & Ton voir paroicre- le corps de Tecrevilfe qui eft d'un brun fonce , aulicu que la vieille ecaille eft d'un brun verdatre. C'eft a cette derniere couleur que Ton reconnoic les ecreviffes qui n'ont pas encore mue \ plus elles tirent fur un brun verd 6c fale , plus elles font proches de la mue. L'ecreville ne travaille point a fe defaire de fon ecaille imrnediate- ment apres la rupture de la membrane dont j'ai patle; elle tefte quelque terns en repos , puis recommence a agiter fes jambes & routes les ad" tres parties ; enfin elle gonlle & fouleve les parties reconvertes par le cafque. Ce cafque s'eleve , s'eloigne de I'origine des jambes & fe decolle. La membrane qui le tenoit tout le long du ventre fe dechire, & il ne refte attache que vers la bouche. On voit deborder autour du cafque la partie Ju corps qui en etoit recouverte auparavant. Lorfque I'operation etoic a ce point , il ne falloit plus a recrevifte qu'un demi-quart d'heure ou un quart d'heure pour achever de fe dcpouiller fi c'etoit dans la riviere; mais dans mon cabinet elles etoient plufieurs heures en travail , & comme elles etoient moins a leur aife , il leur eft arrive de s'y donner tanr de mou- vemens , que le cafque fe detachoit entierement , au lieu que dans la riviere ie cafque eft toujours refte attache du cote de la bouche. Le cafque etant fouleve a un certain point, on voit fon bord s'eloigner de la premiere des tables de la queue : I'ecreviffe tire alors fa tete en ar- riere, elle degage fes yeux de leurs etuis, & d^gage en mcme tems ub peu toutes les autres parties du devant de la tete. Les jambes font aufli un peu retirees en arriere , elles fuivent le corps , car il n'y en a qu'une paire qui foit articulee par de la le cafque. Enfin I'ccrevifle fe gonflea divetfes reprifes, &: retire fon corps en arriere; elle depouiHe ou une des groftes jambes , ou toutes les jambes d'un cote , ou une partie de celles d'un cote ; quelquefois celles des deux cotes fe degagent en meme tems , car ceci ne fe pafTe pas d'une maniere uniforme dans toutes les ecreviffes; elles ne trouvent pas toutes une egale facilite a degager les jambes femblablement placees; il y en a de fi ferrees dans leurs gaines , qu 'elles y reftent &: fe rompent. J'ai vu plufieurs ecrevifies, fur-tout des jeunes, mourir dans ce travail de la mue : elles ne fe donnent pas toutes les memes mouve- mens i on en voit qui fe contentent d'agiter doucement leurs jambes, d'au- ttes les frottenc aflez fort les unes contre les autres j toutes recourbenc A C A D £ M I Q U E. ^^7 fouvent leur queue. J'en ai vu qui pendant cette operation etoient fur le ■ ' cote , celles-ci fe tiroient d'affaire plus vice , d'autres etoient fur le ventre a ii & d'autres fur le dos : ces dernieres font celles dont il pciit le plus. cf 5 Sciences Quand les jambes font degagees , I'ccrevitie retire de delTous le cafque de Paris. & fa tete & les autres parties qu'il couvroit ; elle fe donne audi tot un ^^/^jf^ 17 12. mouvement en avant, ctend brufquement fa queue, puis la retire, &c par ce dernier mouvement elle abandonne tout fon ancien etui , apres quoi elle rcfte dans une extreme foibleiTe. Toutes les jambes font fi molles qu'etant' expofees a fair elles fe plient comme du papier mouille , fur- tout aux endroits des articulations. Cependant fi Ton touche I'ecrevilTe immcdiatement aprcs qu'elle s'eft dtpouiUce, on fent fon corps plus dur qu'il n'eft naturellemcnt , mais ce ii'eft pas I'enveloppe , c'eft la malfe entiere des chairs qui eft dure fans doute par I'eftet des convulfions vio- lentes dans lefquelles font alors les mufdes. Au refte, quand le cafque eft une fois fouleve, & que recreviffe a com- mence de degager fes partes, rien n'eft capable de I'arreter. J'en ai quel- quefois retire de I'eau dans cet etat , me propofant de les conferver a demi-dcpouillces ; elles achevoient malgre moi de muerentremes mains: j'avois beau leur prelfer le corps , elles ne lailFoient pas de titer leurs jambes de leurs fourreaux peu a-peu, mais avec vigueur : elles etoient fouvent entidrement depouillces avant que j'eulfe eu le terns de les jetter, foit dans I'eau-de-vie , foit dans le vinaigre ou j'avois dellein de les faire perir : quelquefois mcme celles que j'ai jettees dans ces liqueurs fi difFe- rentes de I'eau , ont acheve d'y muer. Avant que I'ecrevifte change de peau ou d'ecaille , il fe fait chez elle une mue encore plus finguliere ; c'eft celle de fon eftomac. Ce fait avance par Vanhelmont , a etc verifie par M. Geoffroi le jeune , qui a en efFet trouve un nouvel eftomac , lequel enveloppoit I'ancien , & qui a reconnu que cet ancien eftomac devenoit la proie du nouveau. J'ajou- terai ici mes obfervations a celles de M. Geoffroi. L'eftomac de I'ecre- viffe, (P/. XXIII , Fig. I), eft muni de trois dents, dont celle du milieu B eft d'une figure diffcrente des deux autres D D. Ces trois dents font fou- tenues pat trois cartilages \ le refte de l'eftomac, c'eft-a-dire, ce qui fepare ces cartilages les uns des autres, eft membraneux. Ayant ouverc quantite d'ecrevilles dans le terns de la mue , j'ai irouve dans I'eftoinac de quelques-unes, fix dents au lieu de trois : de ces fix dents, trois etoient blanches & adherentes a des cartilages blancs,qui faifoient partie du fond de l'eftomac : les trois autres etoient brunes ou noitartes, & ne tenoient point au fond de l'eftomac. Quelquefois j'ai trouve ces dents toutes de- tachees les unes des autres ; quelquefois elles fe tenoient encore par une portion de membrane jaunatre, qui etoit fans doute un refte de I'ancien eftomac, comme les dents noiratres etoient les anciennes dents : le nou- vel eftomac travailloit a I'aide des nouvelles dents, a digerer & les an- ciennes dents & les reftes de I'ancien eftomac. La depouille quittee par rccrevilTe , paroic elle-mcme une autre ecre- vlffe. La piece que j'ai nommce le cafque, n'etant plus foutenue & ^tant adherente vers la tete, rctombe dans fa premiere place. Si Ton examine ■en detail cette depouille ou ce fquelette, on voit qu'il n'y manqi;e rien 458 COLLECTION ==r:rT de ce que I'ecrevKTe a de cartilagineux & d'otTeux, excepts les dents de iicAD.RoYALE I'eftomac & les deux pierres connues du vulgaire fous le nora d'yeux DES Sciences d eccevilFes. Un grand nombre de patties, qui par leiir figure & leur pofi- DE Paris. tion, p,euvent etre appellees des vertebres , y reftent toutes, & Ton y re- Annh nil. trouve jufqu'a ce cartilage qui occupe ordinairement le milieu des chairs de la parte , jufqu'a ces poils qui bordent en maniere de frange le bout & les cotes de la queue , lefquels fervoient de gaines a d'autres polls femblables qui fe trouvent aux memes endroits dans I'ecreviire nouvelle- ment depouillee : il en eft de meme des poils que quelques ecreviffcs one fur I'ecaiUe des jambes. Il eft alfez difficile de concevoir comment toutes ces parties fe feparent de leurs tourreaux ; mais elles commencent certainement a s'en feparer avant que lecrevilte y travaille, & cela a I'aide d'une matiere glaireufe , tranfparente comme de I'eau , qui s'infinue entre I'ancienne ecaille & I'en- veloppe membraneufe deja fotmee deflous, & leur donne la facilite de glider I'une fur I'autre. J'ai trouve des pieces continues de cette matiere, auftl grandes que le cafque j elles etoient extremement minces & fans couleur; comme je n'y ai apper^u aucunes fibres, je ne leur donne pas le nom de membrane. Les grolTes jambes des ecrevifles ne fe tirent pas de leurs fourreaux comme les autres parties ; la grofte extrcmite de la patte elargic fon chemin a / mefure quelle fe retire en arriere j ce qui eft facile aux endroits des articulations, oii il y a des membranes qui peuvent fe dechirer comme celles qui retenoient le cafque ; mais chaque partie comprife entre deux aiiiculations , forme un etui d'ecaille qui ne paroit nullement flexible: celui qui eft entre la feconde & la troifieme articulation , eft le plus long & le plus etroit. La fuite de ces etuis ecailleux reunis par les articula- tions , forme un fourteau continu qui eft compofe de deux pieces a-peu- pres egales , lefquelles peuvent fe feparer , & fe feparent en effec leloii leur longueur dans le travail de la mue : elles s'ecartent allez pour laiffer fortir la jambe par le cote, apres quoi elles fe rejoignenc par leur reirort. La matiere gluante dont nous avons parlc ci-devant, les coUe, & peut-etre audi les membranes qui ont ete dechirees. L'enveloppe membraneufe &c molle dont 1 ecrevifte eft reftee couverte apres la mue, fe durcit ordinairement en deux ou trois jours, & j'en ai vu acquerir en 14 heures route la durete de I'ancienne ecaille. La promp- titude avec laquelle cette ecaille fe durcit , eft remarquable , & la voie que la nature emploie pour lui donner cette durete , I'eft encore davau- tage , au moins fi ma conjecture qui a ete auffi , fi je ne me trompe , celle de Vanhelmont , eft aufli bien fondee qu'elle me le paroit, & (i elle eft fuffifamment confirmee par mes obferv.itions. Je regarde les deux fiierres que Ton nomme impropremenr yeux d'ecreviffe , comme les re- ervoirs de la matieie qui fert a durcir I'ecaille. On fait qu'on ne trouve pas en tout tems de ces pierres aux ecrevides ; on peut fuivre leurs dif- ferens degrcs d'accroilTement en ouvrant des ecrevilFes en differens etats; jamais ces pierres ne font plus grolFes que quand I'ecreviire eft prete a uiuer : on les trouve auiTi dans celles que Ton ouvre immediatement apres la nrne. Mais H Ton ouvre une ectevilTe le ietidcmain de fa mue , od A C A D fe M I Q U E. 4,^ rrouve les pierres plus petites qu'on auroit cru, & on ne les trouve plus ^^ dans lecrevilTe, dont I'ccaille nouvelle a acquis toute fa durete. N'eft- Acad. Royale il pas naturel de croire qu'alors ces pierres font difTuutes, & que leur ces Sciences fuc pierreux a dte porte & depofc dans les interftices que laKToient en- "^ I'aris. tr'elles les fibres dont I'enveloppe membraneufe ctoit compofee ? Cette Annk 17 ii. enveloppe etant durcie a un certain point, n'admet plus de ces parties pierreufes \ aitfli fa durete n'augmente plus; il ne paroit pasnon plus que iecaille augmente dans la fuite en epaifTeur , & peutitre meme ne cioic- elle en aucun autre fens, peut-ctre enfin eft-ce la la vraie caufe de la mue qui arrive tous les ans ; cat le corps de I'ecrevitre continuant de croitre , doit a la longue forcer fon enveloppe qui ne croit plus, & s'en plus grande en tout fens, que le fourreau qu'elle a qu J'ai mefure des comes ou antennes & des jambes, avec les foutreaux dans lefquels les unes &: les autres avoient ete logees , &: ces fourreaux ctoient toujours plus petits , quoique ceux des jambes eudent du s'allon- ger pendant la mue, par la rupture des membranes dont j'ai paile. Les cornes ou antennes qu'il m'etoit plus aife de mefuter exadement, furpalToient au moins d'un cinquieme la longueur du fourreau qu'elles avoieiit quitte. Mais il s'enfuit audi de-la que I'accroifTement de Tecrevide eft lenr, puifque cet animal ne croit chaque annee que de la difference de volume qui fe trouve entre fa nouvelle envtloppe & I'ecaille qu'il quitte. Cette mue annuelle eft commune aux ecrevides , aux ferpens & a quan« tite d'infedes, fans parler de ceux qui fe metamorphofent, & dont la plupart fe depouillent d'une peau , meme dans les etats qui precedent un changement de figure. Les araignees quittent audi leur peau , & cette mue a beaucoup de rapport a celle des ecrevides ; car les araignees one pres de la tete , deux pattes plus courtes que les autres, que quelques- uns ont regardees comme les bras de cet infede , &: qui font, comme celles de recrevide, plus grofles a leur extremite qu'a leur origine. Enfin s'il eft vrai , comme le penfent les Anatomiftes., que lepiderme de la plupart des animaax n'ait aucuiie organifation , & ne foit qu'un fuc epaidi , cet epiderme ne fauroit croitre , & nous ne pouvons croitre rous-memes fans nous en depouillet ; mais cet epiderme tombe infenfi- blement par petites ecailles , & non pas tout a la fois comme la peau des araignees & des ecrevilfes , parce qu'il eft plus mince & plus fracrjle. Les ecrevides qui ont mue depuis peu , ont I'ecaille plus blanchatre ou d'une couleur moins foncee que les autres : quelquerois leur ^caille paroit rougeatre , & c'eft lotfqu'elles muent en plein midi , dans des jouts fort chauds & dans des endroits oil il y a peu d'eau. On fait que la cha- leur de I'eau bouiliante fait prendre une couleur rouge a la peau bleue qui eft au-dedbus de I'ecaille des ecrevides ; un moindre degre de chaleur ne donne a la meme peau qu'une teinte rougeatre. L'eau de vie a donne i mes ecrevides nouvellement muees , la meme couleur que leur eut donne le feu. 440 COLLECTION Acad Royale DES Sciences DE Paris. Awiii i-jii. ;^» B O T A N I Q U E. Sur la nourriturc dcs Planus- L A vegetation des plantes eft plus obfcure que celle des animaux : il eft facile de decouvrir qu'elles tirent les fucs de la terre par leurs racines ; mais aprcs cela tout le refte eft alfez cache , on ne fuit pas la route de ces flics comme celle du fang , & les vailTeaux qui les portent ne font pas vi- fibles &: vifiblemcnc diftribues comme des vaiiTeaux fanguins. Enfin I'ln- certitude eft telle , que Ton doute fi c'eft principalement par I'ecorce ou pat la moelle , ou dans les plantes qui n'ont pas de moelle , par la par- tie liwneufe , que la plante fe nourrit. I. L'opinion commune a ete jufqu'ici pour I'ecorce ; mais M. Parent I'avoit deja attaquee dans I'Hiftoire de 1 709, par I'exemple d'un orme des Tuileries qui vecut & produiiit des feuilles quoiqu'il fit entierement depouille de fon ecorce depuis le pied jufqu'aux branches : il y ajoute pre- fentement d'autres experiences & de nouvelles reflexions. II. Il a vu dans le jardin du Luxembourg quatre ormes a qui , dans le deftein de les faire petir , on avoir enleve I'ecorce jufqu'au vif a une petite hauteur de terre , fans leur en lailfer que peu vers le haut du tronc , 8c Rieme a un des quatre , point du tout : ils vivoient cependant depuis quatre a cinq ans, & pouftbient des fleurs & des feuilles. III. Le platane & le liege fe depouillent de leur ecorce & en repren- nent une nouvelle a la maniere des ferpens. Dans ce palTage ce n'eft pas I'ecorce qui nonrrit I'arbre , & parconfequent ce n'eft jamais elle ; ce n'eft pas non plus la nouvelle ecorce, encore nailfante & trop foible. IV. le fureau, la vigne, &:c. ont beaucoup de moelle & peu d'ecorce j ces arbres en vieilliflant fe remplilfent de fibres ligneufes en dedans & a la place de la moelle : la moelle eft done propte par fa nature a former des fibres ligneufes , & par confequent a fournir au bois fon fuc nour- ricier ; &: il eft vraifemblable quelle le fournit effedivement , puifque le tems d'e la diminuiion de la moelle eft I'epoque de la vieilleffe de I'arbre. V. Les greffes ne fauroient prendre qu'elles ne foient jointes au corps ligneux de I'arbre ; c'eft done ce corps ligneux qui les nourrit. VI. Si I'ecorce nourrit I'arbre , c'eft d'elle que part la nouvelle fub- ftance ligneufe qui fe forme j & fi au contraire c'eft le tronc , c'eft da lui que part la nouvelle ecorce. Or on trouve fous I'ecorce des vieux ormes des couches qui ont ete les dernieres formees. Il ne s'agit done plus que de favoir fi elles appartiennent a I'ecorce ou au tronc : dars le premier cas , le tronc les aura , pour ainfi dire , donnees a I'ecorce ; dans fe fecond I'ecorce les aura donnees au tronc. M. Parent pretend qu'elles ?.ppattiennent a I'ecprce , 8c parce qu'elles font quelquefois enrieremenc ''* detachees A C A D E M I Q U E. '^4, dctachees du tronc, quoi^jue fortement coUces les unes aux Amtts Sc i^— — — «»« paice qu'clles font parfaitement de la nature de cette ccorce fine ou par- T T" chemin qui eftfoiis Iccorce grofliere. On voit encore pbs clairement dans dTs'scL^nVes^ le palmier de la Cliine, que ce parchemin ferr a former Iccorce ; car ce de Paris. nell qu'un tilTu rcticulaire qui, ccar,t dctirc 6^ etendu felon fa lart^eur, ^nnie 171 1, relTemble a une toile fort claire ; & fi on le tire fuivant fa longueur il s'en fait une efpece de ruban cotonneux trcs-ferre & tres-fort done les Chinois le fervent comme de qprde. Cette efpece de tilTu ne convient pas au corps ligneux qui ne paroic cere qu'un amas de fibres longitudinales pofces en cylindre les unes contre les autres. VII. La pluparr des nosuds qu'on voit parcir do la mocllc des arbres, & qui font fouvent recouverts de fibres ligneufes, nijirquent que les bran- ches tirent leur origine Sc leur nourriture de la moclle. Malgre tout cela M. Reneaume perfilte dans la penfee que Tecorce eft plus importance pour la nourritute de I'arbre , que la moclle ou la partie ligneufe qu'il n'exclut pas cependant de cette fonttion : il en avoit donne pour preuve dans I'Hiftoire de 1709 , les arbres creufcs & caries i qui il ne refte de bois dans leur tronc que ce qu'il en faut pour foutenir I'ecorce , & qui ne laiffent pas de vivre 8c de produire. II rcpond maintenant aux principaux fairs allegues contre fon opinion. Des parties d'un arbre feparees de leur tout , peuvent emporter avec elles une provilion de fuc nourriffier qui les fafle veg^eter, fort dilferentes en cela des parties des animaux qui ont toujcurs befoin d'etre unies a leur tour. Ainii des branches de fureau , de faule , &c. cjupces, poudent des feuilles & de petites branches fans etre mifes en terre : quelquefois des morceaux de bois qui paroilFent fees en font autant. Il faut alors que I'air echauffc a un degre convenable , fubtilife & agite les fucs qui etoienc rcftcs en depot dans ces parties mortes en apparence. Cette adtion de I'air eft fort fenfible dans cercaines plantes bulbeufes qui ne pourroient venir de ^ graine que tresdifficilement ; car fi on vcut en avoir des graines qui n'a- vorcent pas Sc foient utiles , il faut conper les tiges 8c les fufpendre en I'air un cerrain terns , aprcs quoi les graines qu'on tire de ces ti"es font bonnes : c'eft que les fucs de ces plantes , trop epais & trop gluans pout s'lnfinuer dans les vallfeaux dclicars des graines qu'ils devroient develop- per, ont befoin d'etre attcnucs Sc fubtilifev par I'air. Si des branches cou- pces vegetent, a plus forte raifon celles qui font encote fur I'arbre, Sc qui ne peuvent jamais etre audi parfaitement privees de nouveaux fucs • car quand il n'en montera plus p.ir I'ecorce qui aura ere retranchce , & qu'on fuppofe qui leur en fournilloit en plus grande quantite, elles en' re- cevront encore par la p.irtie ligneufe, & fur-tout par I aubier , qui eft ce qu'il y a dans cette partie de plus tendre , de plus recemment forme & de plus femblable a I'ecorce. Ainfi I'orme des Tuileries vegeta fans ccorce pendant tout un cte en vertu de cette provifion de fuc qu'il avoit gar- dee ; mais il vegeta plus foiblemenr, comme M. Parent lui-meme en convient , Sc lorfque fa prcvifion auroit eie epuifee , il ne pouvoit man- quer de perir. Par la meme raifon une ente d'olivier (er pour cela, M. Maraldi a rapporte qu'une ente dt prunier ayant ete catTee , de forte qu'elle ne tenoit plus que par une par- tie de I'ecorce & enfuite relevee Sc foutenne , elle avoir produit du bois, des fteurs Sc des fruits par les fucs qu'elle recevoit de ce feul petit refte d'ecorce, & quoique la partie ligneufe rompue fe fut cariee. De cette mtme obfervation dei'orme du Luxembourg, M. Reneaume- A C A D 6 M I Q U E. '445 pent conclure que c'eft; I'ecorce ou le I'li'cr qui forme I'aubler ; & ■— ^ comme I aubicr til le dernier bois forme, tout le bois eft Ics El^insns 4« Botani^ue, PI. IV. 44S COLLECTION ...^..^ cfues plantes aromatiques, comme dans le romarin , la fauge, le thym,' AcAD.RoYALE elles font for: dures. DEs Sciences II y a des varietes infinies a obferver Air ia forme de ces capfules , fuc DE Paris. le nombre , fur la maniere done elles s'ouvrent , qu'il feroit crop long de , , rapporter ici : mais comme ces varietes font toujours conftantes dans clia- ■Ai.nu 7 . ^^ efpece , on ne doit point les negliger dans les caradteres des plantes tires des fleurs , puifque de routes les parties des fleurs, e'en ell une des plus elTentielles. La difference qui s'obferve entre les pouflieres de differentes efpeces de plantes , n'eft pas moins grande , foit pour la couleur , foit pour la grolfeur, foit pout la figure II y en a de daires , & meme de tranfparentes comme du cryftal ; telles font celles de I'erable , du meliante , de la bourache , & de la cigue \ de blanches , comme celles de la bedfamine , & de la jufquiame j de bleues , comme celle du lin ; de couleur de pourpre , comme celles de quelques tulipes \ de couleur de chair , comme celles de quelques efpeces de Lychnis ; de rouges , comme celle du ^eum a fleur rouge , quoique M. Greu affure n'en avoir jamais vu de cette couleur ; mais la plus grande partie eft jaune , & d'un jaune plus ou moins fonce. Il paroit cependant que la couleur des pouflieres vatie dans la mcme efpece fuivant la couleur de la fleur , & quelquefois les pouflieres dans une meme fleur font de differentes couleurs , ce que j'ai obferve dans celle de I'oeillet des champs. Il feroit difficile de decrire routes les figures differenres de ces pouflie- res; car, quoiqu'elles paroiflent aux yeux , fouvent plus fines que de la farine , cependant chacun de ces petits grains a une figure regulicre de- terminee & conllante dans toutes les fleurs d'une meme efpece \ & je n'ai point remarquefur cela de variete confiderable : il eft vrai que quelques- unes de ces pouffieres changent un peu de figure en fe deffechant : c'eft ^ pourquoi celles du cucumis filvejlrii prifes fur la fleur fraiche, paroiffeii: d'abord rondes comme de petits globules , &: quelques momens apres elles prennent la figure de noyaux de dattes , avec une rainure dans leur milieu a mefure qii'elles fe deffechent. Dans la plus grande partie des fleurs , ces pouflieres ont une figure ovale plus ou moins pointue par leurs extremites , avec une ou plufieurs cannelures dans leur longueur \ en forte que vues au microfcope , elles reffemblent affez a un noyau de datte, a un grain de bled, a une feve de caffe, ou a une olive : telles font celles du poUgenatum , de la bugle , de la bryone, de I'anacolie, du tithymale. Celles du millepertuis ( fi^. I. PL XF) paroiffenr de petits ovales en maniere d'olives , pointus par leurs extremites, un peu renfles dans leur milieu. Celles du nielilot(/';^. //) paroiflent des cyllndres ou des rouleaux avec une rainure dans leur longueur. Celles de la penfee ( Fig. Ill ) font des prifmes a quatre faces irrcgu- lieres , un peu tranfparens qui , felon leur pofition , reprefentent differentes figures. Celles A C A D & M I Q U E. 44<) Cellt'S tie la boiifradic {Fig. I^) fonr audi des rouleaux , mais ils fciu »^ etranelts dans leut milieu &: eclairtis dans leur lontiueur en trois ditfifreos a . d„, ..,. , '~ J . , . " ACAD. IVOi ALE eiidroics , comme par aucant de points lumineux. j3£5 Sciences Cellesde la grande confoude ( /"/§■. /^) reprefencent fort bien deux bou- de Paris. les de cryftal etroitement coUces I'lin i I'autre. Annk 171 1, ' Celles de I'erable ou fycomore { Fig. VI ) reprefentent deux cylindres pofesen croix, I'uii plus court que I'autte. Celles du lis ( Fg. Fil. ) (oiu en olives polnrues par les exttemitcs, cha- grinees en leur furface avec une raiiuire dans leur longueur. Celles de la joncquille ( Fig. yill) font en forme de rein. Celles de remephere de Virginie ( IX ) font de la figure d'un grain d'orge. Celles du ricin ( Fig. X) font des figures ovoides , chargees d'une rai- nure dans leur longueur. Celles de I'acanthe ( Fig. II ) font oblongucs , arrondies par les extte- mitcs, & chargees auffi d'une rainure dans leur longueur. Celles du genet d'Elpagne ( /"ig. .X'//) paroilfent oblongues, arrondies dans leurs extremites , &C chargees de deuxefpeces de rainures, ou de deux eminences lumineufes. Celles de la tubereufe ( /"/'j'. JV///) font oblongues , renflees dans leur milieu en maniere de piifme a trois faces. Celles de la pyramidale , & des autres efpeces de campanelle ( Fig[XlV) , font prelljui ronJes, tranfparentes, Sc chargees en leurs furfaces de quel- ques Icgeres eminences & un point lumineux au centre. Celles de la Heur de la pallion {Fig. XV) font aulli prefqne rondes, incgaies dans leurs furfaces. Celles de I'oeiilet fauvage ( Fig. Xll) font rondes , taillces a facettes. Celles du gcranum , & quelques - autres efpeces ( Fig. XVll ) font tonr des avec un efpece de nombril comme on le voit a la pomme. Celles du potiron ( Fig XKlll) font rondes, chargees de petites poin- tes elevees , fort courtes, Celles du cattka , du corona foiis ( Fig. XIX)&i d'une partie des fleurs ra- • dices , font de petites boules iicrilfces de polls fort courts. Cellesde Va.ihxa frutifccm , de la m.uive , ilu. convolvulus ( Fig. XX) font des globes herilfes de pointes alfez epailles & fort aigues a leurs ex- tttmites. Ces poullieres font reprefentees ici grollies au microfcope ; quclques- unes paroilfent fort dures , d'autres font tendres Sc tres-aife-js a ecrafer j elles contiennent toutes beaucoup plus de matieres fulfureufes que les ai.tres parties de la fieur ; aulli ont-elles beaucoup plus d'odeur. Celles du lis fonc rellement chargees d'huile , qu'elles graiflent le papier dans lequ-.l on les lient entermees, comme sil avoit ete huile. Les pouHieres de la pluparc des plantes aromatiques nagenc dans une huile elfentielle , ou efpece de tctcoenihine liquide. D'autres paroilfent enveloppees dune refine feche du licopodium ,oa mufcus urreftris clavatus ; car ii Ton fouffls cette pouf- fiere a travers la Hamme d'une chandelle ,elle s'alhime de mime que fi i.'e- pitde la refine en poudre. Quelquas-auttes poulfieres comme celles de I4 Tome HI , Parcii Frungoi^c, L 5 DE Paris. AnrHi 1711 \^ A fleur male du potironqui ne potte point de fruit, dont on a ore ia feuilie qui etoit pofee fur le cercle EF pour mieux lailfer voir les autres parties. 'A B E reprefentent la ttte placee au centre de. la fleur,, formee par les eirconvolutions des foaimets B , & foutenue par quatre efpeces de colon- nes GGG G. • . I vi ji!„ La partie B de cette tete reprefente les eirconvolutions des fommet? encore fermes , & la pattie E les reprefente ouverts & recouverts de la poufliere qu'ils contenoient , & qui fe repand au dehors dans le tems de la tnaturite de la iieur. : . , A C A D 6 M I Q U E. 459 H eft le pcdicule qui foutient la fleur 6c qui ne produit tien dans la ■ 1 1 fleur male. Acad. Roy ale Plancke XV , Figure XXII. L>ts Sciences . „ , r ■ r ■< r r °^ PaRIS. Une portion B cle ces lommcts vus au microlcope : lis rormeiit une ef- pece dc canal B divife en deux cavices DD, remplies de poullicres, fepa- •'*'^^ 171 it rees par la cloifon miroyenne C. Planche XV, Figure. XXUI. Les deux cellules DD de la Figure XXII , ouvertes &: vuides de leur fioulliere : elles font ouvertes felon leur longueur, & montrent a decouvert a cloifon CC. On a laide dans la cellule D quelques pouflietes E, pour faire voir de quelle maniere elles s'elancent au dehors dans le terns que les canaux ou cellules B qui les renferment, viennenc a ctever. Planche XV, Figure XXIV. La fleur femelle du potiron. On a ote comme a la fleur male la feuille qiii etoit pofee fur le cercle FF , pour mieux lailTer voir les autres parties. A reprefenre le ncEud de la Heur ou I'embryon du fruir. BBB, le piftile qui ne fait qu'un corps avec le noeud de la fleur ou I'embryon du fruit A ; le haut du piftile s'elargic en B B , en plufieurs corps formes en ccrur C. C , un de ces coeurs partag^ en deux lobes par un fillon. Ces corps fairs en cceur font heriftes de velicules & de polls proprcs a retenir les pouflie- tes de la fleur male , & a les conduire aux embouchures des canaux qui communiquentjufqu'aux cellules des gtaines contenues dans lejeune fruit. Planche XV, Figure XXV. Les mcmes parties de la fleur femelle & de fon fruit. On a coupe le piftile horizontalement au-deflous de la tete B , pour demontrer les quitre canaux DD, qui rcpondent a chacune des tetes du mtme piftile BB formces en ca:ur. Ces canaux defcendent verticalemenc depuis le fommet du piftile B , jiifque dans les cellules du fruit A A. On a coupe aufli horizontalement le fruit A , pour y demontrer quaere cellules D des graines. Ces quatre cellules rcpondent aux quatre canaux du piftile & aux quatre teres du mcme piftile BB qui font formees en ccrur. Comme chaque tete du piftile BB eft fubdivifee en deux lobes par un fillon C , aulli chacune des cellules des graines du fruit A, eft divifee en deux par le parenchyme qui forme une efpece de demi-cloifon j en forte qu'il fe voir dans chaque cellule deux rangees de graines attachees a un placenta qui repondent aux huit divifions du piftile. Planche XIV, Figure V. La moitie d'une pomme de calville coupee dans fa longueur pour y faire voir routes les parties internes. A , le nombnl de la pomnie forme par Textrtmice des feuilles du calice> qui fe rapptochent en maniere d'arc de voute. M 3 ij 4^0 COLLECTION Acad. RoYALE DES Sciences DE Paris. Annii 1 7 1 1 . B, une cavite qui prend depuis le fommet de la voiite, 6^ qui fe per- petue jufqu'a la cavite des cellules des graines C. Ces deux cavites BG viennent fe terminer en un point vers la queue D. A rextiemitc fupcrieure de la cavite B vers le nombril, fe trouvent attacliees aux parois de cette ca- vite les etamines feches &: furmontees de leuts fommets E, vnides de ieurs pouflieres. _ . , . F reprefence les cinq divifions du piftile pofees au-delTous des etami- nes E. On a figure le piftile dans foil entier , pour faire voir plus fenfible— ment fa polition. Les cinq divifions de ce piftile repondent aux angles des eapfules des graines G fur lefquelles il fe trouve pofe. Les canaux du piftile F viennenc fe replier en H & former en remontant le placenta I des graines K. ¥lanchi XIV Figure VI. La moitie d'une pomme de califllle coupee tranfverfalement pour de-- montrer I'ordre des cinq cellules cartilagineufes EEEEE. K, les graines ou pepins attaches a la bafe des cellules. B, la cavite- qui s'etend depuis le nombril de la pomme jufqu'au fond des cellules des t^raines , autour de laquelle elles font difpofees en rond. M Sur un gonflcmcnt fingulier d' Acacia.- Parent a vu dans la cour d'une maifon un a & q'le I'exces fcul en eft dangercux. Ce qu'ii y a de certain, c'eft que la trutFe a cela de commun avec les autres fruits , qu'elle fe raccrnit dans I'efprit de vin , &: qu'elle ne fe dilFouc dans I'eau qu'avec peine. J'en ai garde une pendant fix mois dans I'eau , fans qu'elle fuc entieremenc pourrie ; I'ecorce reftant encore , qui ne s'eft pourrie que la derniere. ^^^-^- N3 ij 4(?8 COLLECTION Acad. RoYAiE DBS SciKNCEs EtabUJfcment de cjuelques nouveaux genres de Plantes , par M- NissoLE^ dela Societe JR oyale des Sciences etablie a Finnic 17 1 u Montpellkr. \j ASPAR Bauhik, dans la quattietne fediion du onzieme livre da pinhx , propofe :rois elpeces At rhhs , favoir , \^ rhus folio ulmi , le rhus myrthifoLla monfpdiaca , & le rhus myrtifolia belgica ; mais comnie les ca- '^ radteres de ces trois plantes fontcouc-a-faic difFerens, il a ecenerefTaire de les feparer , & d'etablir de nouveaux'gentes pour les placer. M, Tourneforc , dans la premiere fedlion de la 21= cialfe de fes infticurions de Botanique 011 il donne le caraftere des arbres & arbri(feaux a fleur en rofe , dont le piftile devient un fruit qui n'a qu'une cavite, y a range le rhus folio ulmi , & il avertit dans le meme endtoic des Elemens de Botanique , qu'il faut exclure de ce oenre , le mynhijolia monfpdiaca , Sc le mynhifolia belgica , parce qu'ils n'en ont point le caraiSere; & dans les Memoires de I'Academie Royaie des Sciences de I'annee 1705 , oii il donne quelques nouveaijx genres de plantes , il etablit celui du gale qui doit ette range dans fa cinquieme fedtioh de la 15= claffe des inftitutions de Botanique, & qui comprend les plantes qui ont les fleurs a etamines , feparees des fruits fur le meme pied ; c'eft ce gale que Gafpac Bauhin appelle rhus mynhifolia belgica , & Jean Bauhin , gale frutex odoratus fipientnonum , nom que M. Tournefort a retenu. Et comme le myrthifolia monfpeliaca ne pouvoit etre range fous aucun de ces deux genres, j'ai ete dans I'obligation d'en etablir un nouveau , fous le nom da coriaria , ou hcrbe aux lanneurs. Coriaria. Le coriaria eft un genre de plante dont la fleur eft compofee de dix eta- mines chargees de deux fommets , chacune qui forrent du calice qui eft divife en cinq parties jufqu'a fa bife. Lorfque la fleur eft padee , le piftile qui eft contenu dans un autre calice aufti pareillemenr divife en cinq parties juf- qu'a la bafe , devient conjointernent avec i'un & I'autre calice , un fruit qui contient cinq femences , lefquelles ont a-peu-pres la figure d'un rein. Je ne connois qu'une efpece de ce genre : coriaria vulgaris : rhus mynhi- folia mo?ifpeHaca C. B. Pin. 4 1 4. Je Tappelle coriaria , ou herbe aux tanneurs , parce qu'elle a le meme ufage pour apprecer les cuiis , que Theophrafte , Diofcoride, Pline , & la plupart des autres auteurs attribuenc au fumach ou'ils ont nomme rhus coriaria , ou rhu^ coriariorum. Jafminoides, Je mefers de ce nom pour exprimer un genre de plante dont la fleur eft une cloche alongee en tuyau, & dccoupee en cinq crenelures. Le cahce qui foutient cette fleur eft un godet decoupe en cinq parties, dans le fond du- quel fe trouve le piftile qui s'emboite dans un trou au bas de la fleur , & qui Ac^B.KoYALi DHS i>CIENX£S D£ Paris. Annie 1711. A C A D E M I Q U E. 4^9 lorfqu'elle eft pafTcc , devlent un fruit, ou baye tonde & molle, laquclle renferme environ doure 011 quacorzc fcmences. Je ne ronnois qii'une cfpece de ce genre •.jafmino'Ues afilcanum , jafm'tni "nA'\r^^Kcls aculeaiifotiis & facie : an rkamnus , alter fol.fuHcisJl, purpurea Q. B. Pin, 477. d£ Paius. Rhamrii prioris altera /pedes. Clus. Avant de pafTer aux genres fuivans , j'ai cru qu'il ecoit a propcs d'avertic que je n'ai donns le nom itjafminoides a cec arbufte , qu'a caufe dii rapport- qu'il a avec le rhamnus cortice albo monfpelieiifium. J. B. que j'ai rapporte au genre du jafmin, & que ]i^^t\\tjafminumfruttfcens acukatumfloreyanthtno ^ parce qu'il n'a pas pu fe ranger au genre du nerprun , ni a celui iapaliare, nun plus qu'a celui du rhamno'ules que M. Tournefort a etabli dans le corol- laire des inftirutions de Botanique , ou il a place le rhamnus fulicis fulio an~ gujlo friiSu Jlavefcente. C. Ji. Pin. 477 , fous le nom de rhamnoiJes fruclifera ^ fo His fail CIS baccis leviter jlavtfcentibus ; Si c'eft ce qui m'a oblige de le rap- porter a la premiere fedlion de la vingtieme clalTe des inftitutions , oil il eft traite des arbres & des arbrilfeaux qui ont la fleur d'une feule feuille, & dont le piilile devient une baye , ou fruit mou , & rempli de pcpins; fe(ftion dans laquelle eft compris le genre qui contient les diffcrentes eineces de jaf- min :& il |e doute que cet arbre dont je viens d'etablir le genre, foit le mcme que celui que Cluiius nomme dans le chapitrc 77 du premier iivre de fon Wido'iK : rhamni prioris altera /pedes , qu'il dit n'avoir trouve que dans un feul endroit , pres d'Horivella , aux extremites du Royaume de Valence , le long du fleuve Segura, Sc Bellon , fur les cotes de la mer rouge; c'eft pourquoi celui-ci , quoiqu'il ait les feuilles & plus charnues , & plus petites , qu'il ne s'eleve pas audi haut que le jafminum acultatum , qu'il foit d'un gout tsnt foit peu fale, &: qu'il ait la Heur de couleur de pourpre , comme celui dont parle Clufius ; toutefois la Heur n'en eft pas du tout evafee , comme Clufius pretend que left celle du lien , & quil ne dit pas un moc de fon fruit. Ficoidea. Leficoidea eft un genre de plante dont la fleur eft a etamines , placees dansle calice deeoupe en cinq parties. Lorfque la fleur eft paffee, le piftile qui eft charge de cinq petits filets jaunes , devient un fruit pentagone qui s'ouvre en cinq parties , dans la cavite duquel font contenues qaantite de petites femences de la figure d'un petit rein. , Je ne connois qu'une efpece de ce genre ':' /fco/Vea proctimbens portulacce folio. Kali a^oiJts canarierife procumbens porfulacx palUfcenlibus foliis afptr- gine roridd perpetuo madidis. Pluk. Phytogr.T. J04. Volch. Flor. Noriberg. ^i6. . , ^ J'ai donne a cette plante le nom de ficoidea , parce que fon fruit a du rap- port avec le fruit de quelques efpeces dc ficoides dont parle M. Herman dans le catalogue des plantes du jardin de Leyden , & dont M. Tournefort ctablit un nouveau genre dans les Memoires de I'.Acadcmie Royale des Sciences de I'annee 1706 ^ & I'on peut aifement voir par les caraderes qui le conftituent, que cette plante ne peut pas y are compdfe, non plus que 470 COLLECTION' ■ dans celui qui coiuieiu les efpeces de kali , oil M. Plukenet, Sc M. Vol- AcAD.RoYALE chamer I'ont placee. DEs Sciences P artheniajirum, DE Paris. . , Ls par the niajlr urn eft un genre de plante a fleur radiee , dont le difque eft ' ' compofe d'un petit bouquet de fleurons difpofes en aigrette , la couronne de cinq autres perits bouquets compofes de deux Beurons feulement, couches fur une petite feuille. Lorfque la fleur commence a finer , il paroit entre les deux fleurons de petits bouquets qui compofent la couronne , cinq petites femences noires , chargees d'un petit toupet chacune , lefquelles ne repre- fentent pns mal un cceur enflamme, de la maniere qu'on a coutume de le peindre : toutes ces parties font foutenues par un calice limple , divife en cinq parties , &: fendu jufqu'a fa bafe. Je ne connois qu'une efpece de ce genre. Partheniajlrum americanum am- hrojia folio, Mairuaria americana ambrojics. folio paryo jlore albo. Infi. Rei. Herb. App. M. Tournefort , dans la troifieme feftion de la i4=cla(re de fes inftitu- tions , lorfqu'il etablit le genre de la matricaire , en faifant le detail des prin- cipales parties qui en font le caradlere , y fait entrer un calice compofe de plufieurs feuilks difpofees en ecailks , des fleurons, des demi-fleurons lorf- qu'il s'y en trouve , portanc chacuii fur un embryon qui devient enfuite une femence , & le refte qu'on pourra voir dans I'endroit que je viens de citer. Mais la plante dont j'etablis le genre, a le calice fimple d'une feule piece , deconpeen cinq parties , des fleurons a laverite, mais fteriies , qui ne portent fur aucun embryon, & le fruit eft (i different de celui de la matricaire, qu'il eft aife de conclure quelle ne doit pas etre rangee a fon genre. Je I'appelie /'rt«Aenii7/?r«OT, du nom Ae. parihimum que quelques auteurs ont doniie a plufieurs efpeces de matricaires. Malgre cette meprife , qu'il eroit facile de relever, je n'en regarde pas moins M. Tournefort comme le premier des Botaniftes. Defcription des flairs & des graines de divers Fucus. Et quelques autres Obfervations Phyfiques fur ces mimes Plantes. Par M. D E Reaumur. X ERSONNE, que je fache , n'a encore trouve les fleurs d'aacunes plantes de I'Ocean , meme de celles qui font les plus faciles a obferver, je veux dire de ces plantes que Ton peur examiner fur pied comme les ter- reftres, parce que la mer les abandonne chaque jour pendant plufieurs heures. Je ne vols pas meme qu'on en ait encore reconnu les femences ; quoique M. Ray nous tapporte page 1843. Hifl. &C page 6. Synop. que M. Robinfon a obferve le premier , que les veflies qui font aux extrcmites des feuilles de divers fucus font les capfules qui contiennenc les femences \ car M. A C A D fe M I Q U E, 47 1 Robinfon a regarde comme les femences , certains petits corps ronds ___„____^ d'une couleur obfcure , 8c ces , petits corps , comme nous le dirons dans T Z la fiiite , ne font eux-mcmes que les capfules des femences. nE^s"^'ciF°^Es^ Dans le dernier voyage que je fis fur les cotes de Poitou &;d'Aunis, de Paris. j'examinai attentivement les plintes qui y croill'ent , je trouvai dans quel- qucs-unes des fleurs & des graines ; d'autres que je confidcrai peut-ctre ^"''*' 1711. dans des tems moins favorables , ne me lailFerent voir que des fleurs, ou que des graines. Le nom ds fucus commun a qmntite de plantes marines, a eu une figni- fication a(Tez incertaine parmi les auteuts. Quslques-uns s'en font fervi pour exprimer routes les plantes marines ; d'autres ne I'ont attribuc qu'a une certaine plante de mer qui par fa figure relTemble a la racine d'une plants terreftre j c'eft d'aprcs Imperati que |e parle. M. Tournefort a fait des fucus , un genre de plantes , Sc pour nous donner le caradlere de ce genre , il s'cft contente de faire graver trois plantes differentes, & nous a dit de rapporter au mcme genre toutes les plantes qui croilfent fous les eaux , dont les figures approchent de celles qu'il a tait reprefenter; ca- radere a la verite uii peu vague , mais il n'etoit pas aife de mieux faire. Les premieres plantes ou nous avons trouvedes fleurs £c des femences , font d\i genre de fucus qu'il a determine. Entre les plantes de ce genre , il n'y en aguere de plus communes fur les cotes de Poitou & d'Aunis que celles que nous avons fait graver dans- la PI. XFI : c'eft \e fucus ,fivh A'ga latifolia major dcntata. Raii Synop. 3 & Hijl. A p. On I'a trouve dans Motilfon Hijt. Oxon. part. 5. ScB. 15. Tab. 9. Fig. I, EUe croit pres des bords des cotes. La mer pendant fon reflux lailfe toujours a decouvert un grand nombre de plantes de cette efpece , elles font fi proches les unes des autres dans la plupart des endroits ou elles viennent , qu'elles couvrent enticrement la furtace de la terre que la mer a abandonnee. Chaque plante eft attachee i une pierre par fa racine RR , fi pourtanc on peut donner ce nom a une partie qui relfemble plus a la racine des plantes terreftres par fa poiition , que par [es fonctions & fa figure. La furface inferieure de cette efpece de racine prend la figure de la pierre fur laquelle elle eft appliquee; fon contour eft a-peuprcs rond , &: a envi- ron un pouce , ou un pouce & demi de diametre ; elle eft tres-adherente a la pierre a laquelle il y a apparence qu'elle eft collce par une matiere glutineufe dont ces fortes de plantes font remplies ; du moins ne voit on pas que la racine jette aucunes fibres qui aillent s'infinuer dans lafabftancc de la pierre. Pres de fes bords, la racine n'a gr.ere qu'une ligne d'epailTeur; mnis cette epaifleuraugmente infenfiblement jafques vers fon milieu; la elle eft i!e quatre a cinq lignes , de forte que fa figure cxterieure a quslque air de ccllc d'un pied de verre : on v voit pourtant diverfes finuofites qui ont leur di- reftion du milieu vers les bords : fi couleur eft plus brune que celle 6a refte dc: la plante , meme que celle des tiges j elle eft d'un verd trcs-obf- cur , fa fubftance eft affez dure. C-cfi environ du milieu de cette racine que partent les tiges ; quelque- DE Paris. Annie 1 7 1 1 . 4,-ji COLLECTION -. -— ' fois la plante en a trois ou quaere T T T T {PL XFl! ) \ fouver c elle n'en AcAD.RoYALE a qu'une T { PL Xl'I)'- chaque tige elt un peu applacie. Si pres de fon »Es Sciences origine elle a quaere lignes de largetfr , elle n'en a que deux d'epaiffeur , fes cotes font arrondis. Cetce tige jette ordinairemenc trois ou quatre bran- ches , depuis la racine jufqu'a un pouce &: demi de U. Les branches font patfaitement fembhbles aux riges i leur grolTeur pres. De diftance en dif- tance les unes & les aurres fe divifent a deux diverfes fois : une tige fe divife pour I'ordinaire cinq a fix fois ; & chacune des parties nee de cette divifion , fe divife de la meme maniere quatre a cinq fois , plus ou moins. Les rameaux qui naiirent de chaque divifion , font a Tordinaire plus petits que la braiiche qui les a fournis:ce font tous ces rameaux, ces branches, ces tiges qui font les nervures des feuilles , ou qui , plus exadtement par- lant , font les nervures de la teuillejcar il fenible que la plante entiere , lorfqu'elle n'a qu'une tige , n'eft qu'une feuille profondement decoupee , &c que fur une meme racine , on ne doic compter qu'autant de feuilles qu'il y a de tiges difterentes , ou rout au plus qu'il y a de branches principales partanc immediatement des tiges. Toutes les branches & leurs ramifications font dans un meme plan , comme les doigts dune main etendue , &: pour me fervir d'uiie compa- taifon qu'Imperati a employee dans la meme occafion , la fubfbance de la feuille eft: attachee a ces difFcrentes ramifications , de la meme maniere que les plumes font collees conrre le bois d'une Heche ; ainfi chaque feuil- le , ou chaque partie de feuille eft divifce en deux egalement par une des ramifications. Mais il eft: a remarquer que les rameaux que nous pouvons a prefent anpeller les nervures de la feuille , deviennent plus etroits & plus delies a mefure qu'ils s'eloignenc de la racine, & que la feuille, ou les parties de la feuille deviennent au contraite plus iarges felon qu'eiles s'en eloi- gnent davantage. La tige elle-meme , & les principales branches qu'elle fournic , commen- centa fervir de nervure a la feuille a quelques pouces de leur origine \ eti cat endroit la feuille a une largeur prefque nuUe , qui augmente infen- fibleraent eii fuivant la nervure des deux cotes; un demi-pouce au deflus , quelqucfois plus loin de I'endroit 011 la nervure s'eft devifee en deux , la partie de la feuille qui eft: dans I'interieur de Tangle , fe divife aufli en deux , & la feuille continue de meme a fe divifer a mefure que les nervu- res fe divifent. Au refte ces nervures ne jettent aucunes fibres fenfibles dans la fubftance de la feuille, & quelqne dcliees qu'eiles deviennent, on les diftingue fort aiftment du refte de la fubftance, par leur couleur qui eft plus brune. Celle de la feuille eft d'lin verd tirant fur le verd d'olive , la leur eft d'un verd plus fonce ; d'ailleurs leur tifture eft a I'ordinaire plus ferree que celle de la feuille : comme elles deviennent de plus minces en plus minces , en certains endroits elles n'ont que Tepaifteur de la feuille; en d'autres elles en ont bsaucoup davantage : mais ou leur epaideur furpafte celle de la feuille , elle la furpalfe egalement de part & d'sutre , &c c'eft ce qui fait en partie que ces fortes de feuilles n'ont ni envers , ni endroit , je veux ACAD^MIQUE. 47 j veiix dire qu'clles n'ont point un cote different de I'autre , comme les — feuilles des pl.intes terrelbes doiu le deflous eft fort dift'crent du delfus. Acad.Rovale Los exrrcmites des teuilles , ou plutot les extcemites des parties de la des Sciences feuiUe , ont Icurs coins arrondis : la figure du refte de cette extrtmite n'a ^^ 1 aris. rien de .conitant ; quelquetois elle ell prefque carree , ayant pourtanc di- Annk 171 1. verfes petites decoupures , & une plus profonde que les autres vis a-vis le bout de la nervure : quelquefois au conrraire vis-a-vis le meme endroit, la feuille forme une efpece de poince qui avance plus que le refte. La lars^eur Ais feuilles des plantes de cette efpece varie fort; il y en a dont les extremites ont quatorze a quinze lignes de largeur; d'auttes vers les niemes extremites n'ont que cinq a fix lignes. La plus grande lar- geur de chaque portion de feuille n'eft pas neanmoins precilement aux extremites, elle eft un peu au-delfus d'une des dernieres divifions des netvures. La longueur de cette plante n'eft pas plus aifee a detetminer que fa lar- geur ; elle va rarement par de-la deux pieds & demi ; mais fouvent elle a beaucoup moins. Au refte j'ai dit la longueur , & non pas la hauteur , parce que la tige etant flexible, & trop foible pour foutenir la plante , on la trouve toujours couchce lorfque la mer s'en eft eloignee pendant fon reflux. Les bords des feuilles font denteles ou decoupe;; chaque petite dente- lure fe termine par un angle fort aigu, & eft incline vers le bout de la plante : il y a ordinairement deux ou trois de ces denteiutes , quatre a cinq fois plus longues que les autres , fituees vers des branches & des tiges : il y en a quelquefois de pareilles dans divers autres endroits de la plante. Aprcs.tout , il y a bien de la varicte d-ins la maniere dont font taillees & diftribuees ces dentelures; de forte que Ton ne pourra guere fe fier aux differences qui en nailfent pour diftinguer les efpeces de ces plantes , qu'apres une longue fuite d'obfervations rcitcrees. II y a meme lieu de foupconner qu'on adeja employe differens noms pour en dcfigner plufieurs comme diff"erentes , qui ne devroient fignifier que la meme, fous difte- rentes figures. La feconde plante de cette efpece que j'ai fiit graver ( PL XVll ) eft propre a taite lentit combien ce foup9on eft iorvAi. C t^\^ fucui mann- mus y vil qutrcus maritima vejiculas habens. C B. pin. 3 (J. 5. Ra'u. HiJI.-jo. Souvent Ton ttouve cette plante fans qu'elle ait aucunes denteiutes , au- cunes decouputes fur les feuilles : & fur Its mcmes feuilles on ttouve en differens endroits de petiies veflies approchanres de la figure d'une boule un peu applatie V V. LTne des moities de cette veflie eft d'un cote de la feuille , & I'autre moitie eft de I'autre cote de la meme feuille. Ces diffe- rences fembleroient fuffire pour determiner a regarder cette plante com- me differentc de la premiere dont nous avons parlc ; mais on verra qu'on ne peut compter surement fur ces fortes de varietes , fi Ton prend garde que la phnte de la PL XFJI n une branche prei-ifement decoupee com- me Valgadentata Rate , & que fur cette branche il n'y a aucune vcficnle. Si la plus grande partie des branches de cette plante ecoic comme la bran- Tome /// , Partie Frangoife. O 5 474 COLLECTION 1=:=:=^^ che Bdentelee & fans veficules , & que quelques unes feulement fudcnr Acad. Royale ^^"* dentelures , &c eulTent des veficules ; fous laquelle des deux efpeces DES Sciences la can^eroit-on ? De plus, ne peuc-il pas atrivec que dans certains endroits X)E Paris. routes les branches de la plance viennenc telles que la branche B , & que yinnie mi. flutes les aucres foient comme le refte de la plante , ce qui eft d'ordi- naire , & alors , tantot la meme plante feroit fucus Jivh alga latifolia den- tata Rail : & tantot le fucus v^ficulas habens. Enfin on a vu ,ces fortes de fucus dans des terns oii les extremites de leurs feuillesetoient gonHees , Sc dans des terns ou elles ctoient appLuies , & cela a fourni encore des dif- tindions de plantes differentcs bien peu fondees. Apres que noiisaurons fait connoitre leurs fteurs &c leurs graines, on verra que ce gonHtment des extremites des feuilleseft paffaget , & de quoi il depend. Quoi qii'il en Coit de la vatiete des efpeces de fucus qui par leur figure reffemblent a ceux des PL Xf^I &c XFII ,']e leur ai trouve a tous dss fieurs & des graines femblables & arrangees d'une femblable maniere. Leurs fieurs viennent fur route la fubftance de la feaille , depuis fon orj- gine jufqu'a fes extrcmires , il n'y a que fur les nervares ou on n'en trouve point , le refte de la plante en eft tout couvert F FF F , &:c. ( PL XVI.) Chaque fleur eft une efpece de petite houpe , de petite aigrette coin- pofee d'une infinite de filets difrcrens extrcmenient delies; ceux done rafTemblage forme une meme fleur , font tous a-peu-pres de mcme lon- gueur , mais des fliurs differentes font compofees de fikts plus longs ca plus courts : les plus longs n'ont guere plus d une ligne , & les plus courts ont du moins une demi-ligne : ils partent tous d'un petit trou fau dan* la fubftance de la feuille , ce petit troa leur tient lieu de calice. Ces filets quoique courts ne fauroient fe foutenir, tant ils font deliesj d'ailleurs ils (bnt extremement flexibles, on peut les comparer a des fils de versa foie, ou meine a des filsde coques d'araignees; lorfque la mer s'eft eloignee de la plante , ils font tous couches , ils y paroide.nt arranges de maniere fort ditferente \ fouvent on les voit difpofes en rond P P {PL XVI) comme le font les demifleurons des fleurs radices, ou com- me le font les feuilles des fleurs en rofes : quelquefois ils font tous jettcj d'un meme cote, ils reflemblent alors a une aigrette de verte ou de crin cojchee. Enfin , fouvent leur arrangement tient quelque chofe des-deux arrangemens precedens ; il depend beaucoivp de la maniere dont I'eau oii ils nageoient , s'eft ecoulee. On imagine affez que des fils delies & flexi- bles peuvent fe jetter de difterens cotes. Avec quelque foin que j'aie examine ces filets , je n'en ai pu trouver dont les extremites fuflent chargees de fommets , c'eft ce qui m'a empe- che de leur donner le nom d'etamines , qui ne fauroit leur convenir , fi I'ori' s'en tient a la definition des etamines que nous a donnee M. Tourneforr. Peut-ctre que dans les plantes marines les pouffieres fortent par toute la' longueur du filet , au-lieu que dans les plantes tetreftres , elles fortent feulement par les fommets dont les filets font charges. Cette derniere conjedlure n'eft pas entierement fans fondement , on voit fur ces filets, divets gtains de pou(fiere , mais il eft a craindre que ce ne foient de petices parties du iediment que I'eau y a iaifle. ACADfeMlQUE. 47j Au refte quelque nom que I'on veuille donner i cfisflears, je veux ~ (3ire,foit qu'oii Icslailft; dans la cbire des fleurs a etamines , foic qu'on Acad.Royale eii fa(Te une clalle qu'on nommcra des fleurs a filets , ou aigrecres ; la ^'^^ Sciences maniere doiit elles lone di(lribuci;s fur la feuille n'a rien de regulier ; ^^ tantot elles font plus prochus , tancoc elles font plus eloignees les unes Annce 171 1. des autres : quelquefois les bouts des hlets d'une Hear couclient les bouts pre a lui fournir de la nourriture , au-lieu que la racine feule des plantes terreftres eft couverte par la terre , comme I'a remarquc fort inge- nieufement M de Fontenelle. Hijl. di 1710. Une experience fimple dont M. de Fontenelle fait mention au mtme cndroit , & que j'ai repetee un grand nomhre de fois , en eft encore une nouvelle preuve , & fort decifive. Si Ton met nne partis d'une plante marine feche dans I'eau , quelque racornie , & quelque feche que fur cette partie , elle reprend en peu de terns fa premiere figure , & la pre- miere confiftance ; mais le refte de la plante qui fe trouve hors de I'eau , ne profite en aucune facon de 1 luimidite qui a rctabli en fon etat naturel la partie voifine. De-la il fuit cvidemment qu'il n'y a point de canaux dans ces fortes de plantes , cjiii portent le fuc depuis leurs pieds jufqu'aux extrcmites des feuilles : dquoi meme Qj^feut ajourer que leur fubftante ne peut pas comme le tiftii des dtaps filSmr a filtrer I'eau ; car quoique les bouts de la feuille qui font hors de I'eau , foient plus bas que la furface de I'eau , il n'y a toujours que la partie qui eft immediatement touchce par I'eau, qui s'humeCle ; de la il fuit cvidemment que les canaux qui fe chargent du fuc noutricier , font perpendiculaires, oupeu obliques a I'c- paiffeur de la feuille. Or ceci ctant bien etabli , il n'eft pas mal-aife de voir pourquoi les fleurs des bours des feuilles , donnent des femcnces, pendant que les au- tres fleurs n'en donnent point. Ces bouts font d'une tilfure plus molle , & f>lus lache que le refte de la plante : d'oii il fuit que leurs canaux font plus arges j qu'ils donnent une plus libre entree au fuc nourricier , & a cette matiete glutineufe qui doit fe loger dans repaiffeur de la feuille & fcpa- rer les capfules les unes des autres. D'ailleurs cette inatiere ne fauroic trouver place , fans divifcr en quelque facon en deux repaiffeur de la feuille : des parties moUes relies que font les bouts des feuilles, fouffrenc plus aifemenr une pareille divifion , que des endroits plus durs. Les grai- nes trouvent done dans les extrcmites des feuilles, plus de fuc nourricier , & moins de diflSculte a s'ctendre \ ellcs y doivent done croitre plus aife- ment. La couleur des bouts des feuilles eft aufli d'un verd jaunacre , ce 47? COLLECTION ^ n'eft qu'en vieilllfTant , & en prenant une tifliire plus ferree qu'ils prennent AcacRoyai-e la coiiieui- du refte de la feuiUe. DEs Sciences H ell peuc-etre plus difficile d'expliquer la formation de certains tuber- BE Paris. cules , ou de certaines vellies V V ( Pi. XFll) qui font diftribuees en dif- Annii 171 1. ferens endroits des feuilles : czs veflies ont de part & d'autre de la feuille , la figure d'une portion de fphere ; intcrieurement elles font vuides, ou du tnoins elles ne contiennent que divers filamens fees qui les traverfenc en tout fens, mais qui ne forment point un tilfu (olide. Ces tubercules ne devroientils point leur naifTance a une cau^e afTez femblable a celle qui contribue a former lesgoulles des capfules , je veux dire qu'il y a quelque apparcnce que la tilFure de la feuille s'etant trouvee plus lache qu'ailleurs en certains endroits , elle lui a donne une plus libra entree au fuc nourri- cier ; que dans ces endroits fe font formes des tubercules folides & prefque infenfibles \ mais la tiffure extcrieure etant devenue enfuite trop ferree pour donner la nourtiture nccelfaire a ces tubercules , ils fe font defleches, il n'y eft refte que divers filamens qui font ceux qui les traverfent. D'ailleurs parmi les parties aqueufes qui compofoient ces tubercules , il y avoir de I'air mele j lorfque les parties aqueufes fe feront cvaporees , I'air aura pu s'en degager, & refter dans la plante : il fe fera dilate alors fe trouvant en liberte ; cat fair mele dans les liqueurs , y eft comprime ;& c'eft probable- ment a la dilatation de cet air , & a I'air qui s'ademble en certains endroits de la plante , que ces tubercules doivent leur figure ronde , leur grolleur 6c leur accroiffement : ce qui eft de sur , c'eft qu'ils font plains d'air , & que cet air n'a point d'iffue au cravers des parois qui le renfermenr, Lorfqu'on marclie au bord de la mer fur ces fortes de plantes , on entend continuel- lement un bruit femblable a celui que fait I'air , lorfqu'en le comprimanr, on I'oblige a brifer les parois de la veflle oii il eft contenu \ aufti le poids qui charge alors les veflies des fucus , force I'air a fe faire une ilTue , & a |J crever ces veflies. n Si I'on retire de I'eau routes les efpeces de///cwi precedentes , lorfque les bouts de leurs feuilles font gonHes en forme de goufles , & peu de terns apres que les fleurs en font tombees ; quand ces plantes commencent a fecher , on voit une goutte d'une liqueur epaiiTe , d'un jaune tirant fur le rougeatre , qui vient fe placer fur I'ouverture de chaque capfule j cette liqueur fort fans doute des capfules , puifqu'on la trouve lur les ouvertures ; & ayant la coulcur des femences qui y font contenues , il eft clair qu'elle vient immediatement des femences , ou peut-etre qu'elle n'eft qu'une aflemblage de diverfes petites femences qui n'avoient pas pris encore une confiftanca bien folide , & qui jointes enfemble , paroiflent une goutte de liqueur. La caufe qui exprime cette liqueur des femences , ou qui oblige les femences a fortir d'elles-memes , eft bien claire. En fe fechant , les fibres de la goulFe fe raccourcilfent ; ces fibres ne fauroient fe raccourcir fans preiTer les capfules, & par confequent fans prefler les ftaines qu'elles renferment ; c'eft apparemment par una meclianique fem- lable,que ces plantes jettent leurs graines lorfqu'elles font a maturite. Nous avons dit que la tige de ces fucus eft trop flexible pour l-.s foutenir droits; que lorfque la mer les abondonne , ils reftent couches fur les piec- Ecs. Nous devons encore faire remarquer qu'ils font tous dans une pofition A C A D E M I Q U E. 479 iemblable : ils out leurs bouts tourncs vers la cote , & leurs pieds , ou Iciirs >>— ..^_^. racines font du cote de la met , c'eft-a-dire , qu'ils iont ctendus vers la cote. ~ ~~ A la premiere vue il pourroit fembler qu'ils devroient cire dans une po- Acad-Royale fition coniraire , etant ikxibles & agitcs par la nier j ils la devroient fui- '^nc Par's^* vre lorfqu'elle fe retire , & fo irouver par confequent etcndus vers la mer. lis ne font pourtant dans la fituation oppofce , que parce qu'ils cedent au ^"'"^ '7' '• mouveinent de I'eau; dans le terns meme que la mer fe retire , elle pouffe continuellement fes Hots vers la cote ; elle porte feulemtnt les derniers moins loin cjue les premiers. Chaque Hot arrivant avec quelqu'impetuo- fite, a alTezde force pour pouifer Xasfucus vers le tivage ; mais I'eau qu'une vague a apportee , secoulant enfuite doucement en fuivant la pente des bords , n'a plus alfez de force pour porter les plantes d'un autre cote. Audi arrive-til que quelques /wcui ont les extrtmites de leurs feuilles tournees du cote de la mer , & cela lorfqu'ils font dans des endroits plus bas que le refte du terrein qui les environne , ou qu'ils font entoures par des rochets , ou p.ir des muts , comme le font les fucus qui nailfenc dans les pares. Ces elevations les mettenta I'abri des dernieres vagues j ils font encore couverts par I'eau quand les Hots ne peuvent plus arriver juf- qu'a eux ^ ils fuivent alors le coutant de I'eau , fur-tout lorfque ce cou- rant a quelque rapidite. Aupres des cotes on emploie communement CQ fucus a fumer les terres : les fels dont ils font remplis ne contribuent pas peu a reiidre ces terres fer- riles -y car on fait que ces plantes font t|mplies d'une grandc quantitc de felsifi on les garde fans avoir eu le foin de les lailfcr tremper long-tems dans I'eau douce , ces fels patoilTent bienrot fur leurs furhces ; tantot on les y voit difpofes en aiguilles, tantot en cubes. Souvent ces fels couvrent enticrement certains endtoits de la plante ; il femble qu'elle foit frottee de poudre a poudrer : on en peut quelquetois ramalTer une quancite con- fiderable , fur-tout dans les racines tubeteufes de quelqucs plantes done nous parlerons dans la fuite. 11 elt alTez ordinaire de nouver d'auttes plantes fur ces fortes de fucus , fouvent on y trouve une petite efpece de coralline M M , &c. ( PL XFlll , Fig. I) que MorilFon appelle mufcus murinus UnJiginofus , minimus ^ are- nacci coloris. La figure qui! en a donnee, Hiji. Oxon. pan. ^Jccl. 1 j, tab. 9, Fig. II, eft bonne j nous I'avons fait repreienter ici fur une feuille de fucus differente de celles dont nous avons parle , ce qui fert en meme terns a montrer la varictc qu'il y a encre les feuilles de ces fortes de plan- tes. Il femble que cette corallme foit formee d'un grand nombre de ttian- , gles ifofceles difpofes de facon les uns fur les autres , que Tangle ren- ferme entre les cotes egaux du triangle fuperieur , va s'articuler dans la bafe du triangle inferieur, & ainfi de fuite. Sa longueur n'ell que d'uii pouce &: demi ou environ : fouvent elle a plulieurs branches , quelquefois elle n'en a qu'une : a fon origine il paroit divers petits filets rrr , longs de trois a quatte lignes qui lattachent a la plante fur laquelle elle crolt. Ces petits filets lui tiennenr apparemment lieu de racine ; une fi petite plante ne fauroit guere avoir de leniences bien fenfibles j c'eft beaucoup qu'on y puifle diftinguer les capfulcs ou eiles doivenc are contenues, &: ces capfu* 4So COLLECTION =• ' ' — - les font tres-fenfibles , fi Ton ne veuc pas refufer ce nom a de petlts vafes Acad. RoYALE qui relfeinblent fore aux capfulcs de diverfes efpeces de moufles : ce font DES -Sciences ^^^ efpeces de pecits gielots GG foutenus chaciin par un pedicule qui part DE ARis. dune des articulations de la plantej I'ouverture de chaque petit grelot eft ^/incc 1711. pouffj,,[ j,p, pgu ^vafee, & a un rebord t. On en trouve quelquefois dont Touverture ell bouchee par un petit couvercle K un peu convexe en dehors, & qui paroit s'em'ooiter en dedans fous le rebord. Souvent on trouve de ces petlts grelots dont le couvercle eft ote ; il y a apparence que ce font les femences ou la poulliere qu'ils contenoient, qui ont fait lauter le couvercle. J'avouerai neanmoins que ce que je viens de dire de la femence ou de la poulliere contenue dans cegr-.rlot, n'eft fonde que fur I'ufage que fa figure lemble exiger qu'on lui donne. J'ajoiiterai mcme que je n'ai jamais rien trouve dans ces pretendues capfules , quoique j'en aie ouvert pluiieurs qui portoient encore leur couvercle ; peut-utre celles-la etoient-elles infccon- des , &C la plus grande partie de celles qu'on trouve fermees dans le terns que les autres font ouvertes , le pourroient etre (n) : mais palfons a une autre plante oil les femences font moins equivoques. Laplante {Fig- //, PL XI^IIl) dont je veux parler , pourroit bien etre cclle qui eft gravce dans Morilfon. Hifi. Oxori. pan- ). Je&. 15. tub. 8._/?g, 1 i. il la nomme fucus anguftifolius vejiculh rugojis , bijurcatis , il n'en a pas donne de defcription; il n'y en a mcme qu'uie petite branche de reprefen- ■ tee , ce qui ne met pas en etat d'en connoitte le port , &c on n'a pas eu atten- tion dans la figure de faire fentir.que fes feuilles font .pliees engouttiere : a cela pres , Is jucus cite , Sc celui dont je veux parlsr , conviennent fort ; fa racine faite a peu-pres comme celle its fucus que nous avons decrits ci-def- fus , eft coUee aux pierres , fon contour eft rond & a environ fept a huit lignes de diametre. De cette efpece de racine , ou de ce pied , partent im- mediatement quatre a cinq feuilles fur lefquelies on ne voit ni nervures, ni fibres; leur couleur eft d'un verd d'olive , leur epailfeur eft a peu-pres la - rneme que celle des feuilles dont nous avons parle ri-devant , mais leur tif- fure eft plus ferree. C'en eft alTez de ces quatre a cinq feuilles pour formet une touffe tr^s-epaifte & tres-garnie : auffi chacune d'elles fe divife plufieurs fois, & par fes divifions fournit un grand nombre de branches. A quatre & cinq lii^nes du pied commencent les premieres divifions ; chaque feuille fe partage en deux, & les branches qui font nees de ce partage, fe fubdivi- fent elles-memes en deux a quatre & cinq lignes de-la , & ainfi contiriuent les divifions jiifqu'aux extremites des feuilles qui font une efpece de fourche a poirue emoudee , comme fi elles etoient preres encore a fe divifer : la plan- te entiere a environ fix pouces de hauteur. Malgre toutes ces divifions, les feuilles ont par-tout une largeur a peu pr^s egale ; elles en ont pourcant un peu plus qu'ailleurs vis a vis le point de (a) On fait que parmi les corallines il y en a qui font comme les coraux , I'ouvrage des infeftcs , & d'auties qui font de v^ritables plantes. On fait audi que parmi celles de la premiere efpece, il y en a qu'on a appellees Jemin/yera quoiqu'ellcs n'eu/Tent point dc v^ritablcs graines , mais feulement de petits grains ronds & rclfemblans a des graines on a des caplliles. Mais d'apres tout cela il eft difficile de favoir a quel genre rapportet la (orallme dout il s'agit ici. feparation. A C A D £ M I Q U E. 4? I fcparatlon. A la veritc elles paroiffent audi plus ctroites vers Iciir o.iigine , ■ que vers leut extremite; mais elles n'y font plus ctroites qu'en apparence j Acad.Royale cliaque feuille fe plie en gouttiere , & elle ell plusplice pres du pied qu'ail- des Sciences leurs. La les fibres plui dures ont plus de relFort : au refte cetce gouttiere eft ^^ ' aris. roujours vers le mcme cote de !a planre j je veux dire que pour la fuivre dc- Annct 1 7 n. puis le pied de la plaiite jufqu'aux exttcmites des feuilles , il ne faut que fui- vre la mcme face de la feuille. Plufieurs des extrcmitcs de cette plante fe gonflent comme celles des/w- CHS prccedens^ elles deviennent de mcme des gouffes GGGG [mime Fig. II) qui contiennent les femeiices. U feroit inutile dedecrire&la figure dc ces capfulcs , & la nianiere dont les graines y font arrangces : il fuffit de dire qu'eiles font parfaitement femblablcs a celles que nous avons decrites ci-devant; que les femences n'y font pas difpolces differemment. Nous ajouterons feulenient que ces dernieres goufles contiennent beaucoup moins de capfules , n'en ayant chacune que fepc a huit , & que I'ouverture de la capfule fur la furface de la gouHe eft ttcs-diftincle. Je n'ai pourtant point trouve de fieurs aux plantes de cette efpece , & cela fans doute patce que je les ai vues dans une faifon trop avancee : elles ont dans le refte luie fi grande rellemblance avec les plantes dont nous avons parle ci-devant, qu'il n'y a gueres lieu de dourer qu'eiles ne portent des fleurs femblables , & qu'eiles ne foient du mcme genre en les confiderant les unes & les autres par rapport a leurs Ik'urs & a leurs fruits. Les plantes dont la defcription va Auvre , ont des ficurs & dis graines arrangees difteremment , & mcme dit- ferentes. Fucus arborcus , polychidis , cau.'i piano, & 'tortuofo. Lc fucus arbortus , polychides , edulis C B. pin. 5 6^ , dont-parle Rai , hij}. pag. 7j , me paroit une efpece diftcrente dc celui-ci. L'autte a la tige ronde , grolFe comme le doigt , au lieu que celledu notre eft plate , tournceen fpi- rale , & celfemble en quelque facon a une colonne torfe : c'eft une des plus grandes plantes de la merj on en voit communcment qui ont 9 ou 10 pieds de long , &: j'en ai rencontre quelqnefois qui en avoient plus de 14 ou 15. Il ne croit point dans les endroits que la mer lailTe a decouvert pendant (on rcHux. Pour avoir ce fucus , il faut ou le faire pecher , ou attendre qu'il foit apportc fur la cote, ce qui arrive frcquemment aprcs les grands vents de met j on en trouve alors quantitc, & de fi entiers, qu'il eft aife de voir de quelle manierc ils font attaches aux pierres : ce n'eft point par le moyeu d'une feule racine ou d'un pied plat par-delfous comme s'attachenc les autres planres dont nous avons fait mention. Celle-ci, au lieu de cette efpece de racine, a un grand nombre de petits crochets ccc [PI. XIX , Fig. I) qui la tiennent fixee fur les pierres. Ces petits crochets ont quel- que rellcmblance avec les tenons de l.i vigne j quelquefois ils ont chacun cjuatre ou cinq ligiies de long, fouvent lis en ont moms; ils font ronds , & ont tantet une ligne , tantot une demi-ligne de diametre ; teut recourbement ne leur fert pas pour embraffer la pierre & la faifir; leur extrcmitc y eft •.police, auffi a-t-elle un peu plus de diametre que le refte. Tous ces petits crochets partsnc du dellous d'une grolFe tubctolite TT, Tomt III, Purtii Frdn^oift, P j 48i COLLECTION ■ femblable A celle des racines tubereufes. Cette tuberofite n'a guere de fi- AcAD. RoYALE g"f^ '^i^" decerminee; fon contour approche de la figure ronde, il y a DES Sciences delTus diveifes incgalites , fa furface fuperieure eft toujours convex», DE Paris. mais fa furface inferieure eft ordiiiairement plate & quelquefois concave Annii 171 1. dans les planres de y a 10 piedsdelong; fon diametre horizontal TT , eft de 4 a 5 pouces; fon diametre vertical eft plus petit. Ce n'eft au refte qu'exterieurement que cette tuberofite reffemble a celle des racines tubereufes des plantes terreftres j interieurement elle en eft fore differente, car elle eft vuide. Sa vraie epailfeur , ou lepailfeur de fes parois n'eft que d'une ligne ou peu davantage dans les endroits oii les parois font les plus cpaiires. Sur la partie fuperieure de cette tuberofite , eft I'origine B de la tige de la plante : cette tige eft plate, elle a environ une ligne &: demie d'epailfeurSc un pouce & demi de largeur ; elle a quelquefois un pied de longueur, Sc meme quelques pouces de plus. Un peu au-delTus de fon origine elle eft tournce pour I'ordinaire deux ou trois fois fur elle-meme en fpirale S , ce qui lui donne quelque air d'une colonne torfe. Sss bords font quelquefois un peuondes & denteles. Au refte, lalargeur de cette tige eft par- tout a-peu- pres la meme jufqu'a fon extrcmite A A , ou jufqu'a I'endroit oil en s'elargif- fant & devenant plus mince, elle ne femble s'etendre que pour former la feuille. Le bas de cetre feuille eft arrondi a I'endroit ou elle touche le pe- dicule , & elle en a bien cinq a fix, a trois ou quatre pouces de la D D. En etc endroit la feuille fe divife en huit ou dix autres feuilles plus petites , dont on en voit quelques-unes fe fubdivifer en deux. Ces diff'crentes divifions don- nenc a la plante une figure allez femblable a celle d'une longue bande de peau dccoupce depuis un de fes bouts jufques prcs de I'antre , & c'eft pour cela que fur les cotes on nomme ces fortes de plantes des courroies. Chacune des portions dans lefquelles la feuille eft divifee , augmente en largeur depuis fon origine jufqu'a un pied cu deux de diftance !■ F F , apres quoi elles deviennent de plus en plus ecroites jufqu'a leur extrcmite EE E qui eft faite en pointe tres-aigue : ils font bicn moins ppais que la tige : leur couleur eft d'un verd moins brun , ou d'un verd plus approchant de celui des plantes terreftres. On ne diftingue ni nervures ni fibres, foit fur la racine, foit fur la tige , foit fur la feuille de cette plante. J'ai trouve fur quanrite de ces plantes des fleurs compofees de filets tels que je les ai decrites ci-delFus, a I'occafion du fucus major deniata Raii, Les filets dont elles font formees font courts , ils ont au plus une demi-ligne de longueur , auffi ne lont-ils pas fenfibles, d moins qu'on ne regarde la plante de pres; neanmoins ce qui emptche qu'on ne les diftingue aifemefit, n'eft pas rant leur petitefte, que ' kur couleur fort approchante de celle des feuilles. Les plantes de cette ef- pece fur lefquelles j'ai rencontre des fieurs, en etoient toutes couvertes, je veux dire que les feuilles etoient a peine eloignees d'une ligne les unes des- autres , comme on peut le voir dans le morceau de branche L G qui eft reprc- fente apeu-pres dans fa largeur naiurelle. Avec quelque foin que j'aie examine ces fucus, je ne leur ai trouve ni femences, ni capfules de femences : c'eft dans le mois de juillet que je les- ai obferves j apparemment que ce n'etoic pas la faifon favorable pour leurs A C A D fe M I Q U E. 45; graines ; d'.iilleurs nous ne voyons de ccs plantes que celles que la mer rciecte — ' ,,.^1,.. > fur fes bords, & I'on ne peur cuere efpcrer d'en rencoiurer les craines audi ^ n tacilement que fuc celles que nous trouvons fur pied, toutes les fois que la de. Sciences mer fe recire. ce 1'aris. Fucus in llgulas tongas , angujlas, & fub rotundas divifus. Annee 1 7 1 1 . La mer couvre toujours les endroits 011 croit ce fucus , du moins ne Tai-je trouve que fur le rivage mcle avec les autres plantes que le Hux y apporte : je ne I'ai meme jamais rrouve entier , il n'cft compofe que d'une feule efpece de parties , je veux dire que' pour feuilles , pour tige , pour branches , il a des efpeces de longs cordons plus larges qu'cpais , leur contour eft un ovale done le grand diametre D D( Fig. II. ) a environ deux lignes , & le petit diametre B B un peu plus d'une ligne. J'ai rencontre frequemment de ces branthcs , ou de ces cordons qui avoient plus de deux pieds & demi de longueur, ils n'etoient cependant qu'une partie de la plante. Chaque plante fe divife plu- (ieurs fois en deux A E E , les divifions font au moins eloignees de fix a fept pouces lesunes des autres. Ce feroit le confondre que de le prendre pour \e fucus angufli follus iigulas firms C. B. Pin. 364. ou \q fucus marinus, Dod. Pempt. 479. Dodonee avertit que le fien a les tiges plates , les tiges de celui-ci lont arrondies. II y a encore une difference plus marquee entre cette plante & h fucus chordam refirens, teres , pralongus. Raii fynop. 6. & Raii hift. 75. Ce dernier n'a point de branches ; fa tige eft creufe , pattagee par diverfes doifons , au lieu que II tige du notre eft folide , du moins n'eft-elie remplie que d'une matiere vif- qiieufe affez femblable a celle qui remplit les exticmites des feuilles du fucus ma/or dcntata Raii, dans le terns que fes Heurs font tombees ou prctes i tomber. Il ne paroit ni nervures , ni fibres fur la furface exterieure des branches de cette plante, leur tiffu exterieur eft ferre, mais il renferme, comme nous venons de le dire , une fubftance gluante qui eft d'un vcrd blanchatre, au lieu que la couleur de la furface exterieure e(t d'un verd d'olive fonce. Ce fucus porte des fleurs ///"compofees dune infinite de filets delics , comme les fucus dont nous avons deja parlc. Les filets qui forment une meme tleur, partenc audi tous d'un memo trou qui leur fere de calice , comme on le peut voir diftincflement dans la figure F. G. H. deffinee a li loupe. Lorfquils font difpofes en rond a la maniere des demi-fieurons des fleurs radices F , la fleur qu'ils compofent n'a quelquefois qu'une demi- ligne ou trois quarts de ligne au plus de diametre, d'ou il paroit que les filets f."int courts ; mais ce qui fait qu'on ne les diftingue pas fans attention , non plus que ceux de la plante precedente , c'eft qu'ils font verds. Au refte cts fleurs, comme celles des plantes prccedentes , viennent fur toute I'aendue de la feuille. Quelquefois Slles font fi proches , que les bouts des filets de I'une touchent les bouts des filets de diverfes autres. Souvenc audi ces amas de fleurs font eloignes d'une ligne ou deux des autres amas de fleurs feniblables. Ce qu'il y a de particulier a cette plante , c'eft que toutes les fleurs , on au moins prefque toutes les fleurs donnenc des graines , je veux dire qu'on en Annie 1711. 4S4 COLLECTION ' trouve egalement fouslesfleurslesplnseloigneesdesextremites, & fouscellej yVcAD RoYAXE 'l'^' ^"^o"t lesplusproches;d'ailleursles endroits oiielies viennent nefegon- DES ScitNCES fls"t point; aufli avons nous fait temarquet que cette piante a pat-tout une Dj Paris. fubftance vifqueufe , femblable a celle qu'on ne trouve que dans les extte- mites gonflees da fucus major dentata Rail & A&s fucus iemblables , elle a pat cpnfequent par-tout de quoi noutfirles femences. Lorfque les dcursfont tombees , on appergoit fut la furface de la planie une infinite de petits trous ronds 000 , c'eft d'un de ces trous que fortoient les filets qui fotmoient une fleur. Au-dslFous de chaque trou il y a un petit cotps iphetique I qui eft la capfule danslaquelle lesgtaines font tenfermees : fi on divifeen deux le trou oii eft I'emboachure de la capfule , & la capfule elle-meme G , on appergoir quantite de grains ronds un pen ovales , attacbes contte les patois de cetrs capfule , ils font fenfibles a la vue limple , mais la loupe n'eft pas inutile lorf- qii'on les veut voir fort diftinttement. On les a reprefente en S. Fucus mantlmus nndofus. C. B. Pin. 5(35. Ra'ii Uijl. -jo.fucus marlnus veji' cuUs majoribus per intervalla dij'pojitis. Mor.Hijl. Oxon. part, 5 ,fici. 15 , tab. i ,fig. 2 , fucus marinus tertius Dod. Pempt. 480. NoHs avons faitgraver ce fucus {PL XVIU, Fig. ///)d'autant plus volon- riers, qu'il n'eft guere connoilTable dans les figures 011 il eft reprefente. Celle de Dodonee, un peu plus palTable que celle de Morillon, eft neanmoins ttes- mauvaifejon pourtoit le nommer en frant^o'isfucus a grojfes vejjies pkims d'air le long des tiges , il eft attache aux pierres par un pied ou par une efpece de ra- cine RR [Pi. XVlll, Fig. HI.) femblable a celle Anfucus major dentata Raci. De cette racitie partenttroisou quatre titles differentesTTT. Chaque tige fe divife en deux branches quatre a cinq difterenres fois ] leur longueur eft com- maneiTsent de fix pieds plus ou nioins : comme elles font fi flexibles qu'elles ne fijaufoient fe foutenit , lorfque la mer les abandonne , elles reftenc couchees de leur long, ayant lent racine vers la mer , Sc leur pointe vers la cote. Nous en avons explique la rnifon ailleurs. Ces tiges font faites a-peupres comme certains lacets plats dont les Dames fe fetventj leur largeur n'ell pourtant pas egale par-tout, elles font pluS' etroites qu'ailleurs a quelques pouces de leur oiigine Si a quelques pouces de leurs extremites ; a cela pres. leur largeur eft prefque par-tout la meme , c'eft-a-dire d'environ quatre a cinq lipnes ; leur epaiffeur en a un peu moins d'une. Quand nous determinons ainfi la figure, la largeur &c repailleur de ces tiges , nous ne les confiderons pas dans les endroits oil fe rencontrent les groftes veffies pleines d'air, ou ces efpeces de noeuds qui ont fait donner a ce fucus Tepithete de nodofus. C'eft de la tige elle-mcme que font formees ces veflies, ce fontfes parois ^cartees Tune de I'autre qui les cempofent, & entre lefquelles lair eft ren^ ferme. La figure de chaque vellie V V V , &c. eft celle d'un fpheroi'de ellip- rique, ou en langage plus connu, celle d'une boi le allongee. Leur grand diametre eft dans le meme fens que la longueur de la tige, il a quelquefois- plus d'un pouce & demi de long. Le petit diametre qui fe troave fur la; largeur ou fur I'epaifleur de Ja tige; a fouvent plus de huit oil neuf lignesj » A C A D ]fe M 1 Q U E. 48$ elles font diftribuees d'une maniere affez irreguUere le long dcs tiecs, ie ___.^___^_ veux dire que tantot on en troave de fort procliesles lines desautres, & tan- ~. ~ tot fort eloignees. Acad.Royaie I Aux deux cotes des tiges font attachces des feuillcs , elles ne commen- '^H Par'^"* cent guere a paroitre qu'd un pied au-dc(Tus de i'origine des tiges. Quel- quefois il ne fort qu'iine feuille , fouvent il en fort deux ou trois de la mime -"""" '7' »• aillellej tantot elles font rangees par paires , c'eft-a-dire qu'il y ad'uncote deux ou trois feuilles vis avis deux ou trois aucres feuilles qui font da cote oppofe; tantot elles font rangees akernativcment. La maniere dont elles font diftribuees , n'a rien de conft.int fur cet article , ni fur leurs dif- tances refpedives qui vatient entre un peu plus & un peu moins d un pouce, Les feuilles font attachces a la tige par un petit pedicule rond qui a a peine un quart de ligne de longueur, & moins encore de diametre. Il n'efl gaere fenfitle que lorfque la feuille eft arrachce : au bout de ce court pedicule eft la feuille ; c'eft le pedicule lui-meme quis'elargit en quclque fa^on pout la former : la figure , la grandeur & Icpailleur de toutes les feuilles ne font pas les memes : quelques-unes L L L , &c. font longuettes , feulement un peu artondies par le bout , & moins epailfes que la tiee n'ayant pas plus d'une demi-ligne d'epailTeur , une ligne de laroeur & quatre a cinq de longueur. Au rcfte on ne voir fur leur fubftnnce ni ner- vures , ni fibres , non plus que fur celle des tiges : les autres feuilles FFF , &:c. font beaucoup plus grandes , elles ont quelquefois huit a neuf lignes de long, leur contour eft ovate, au moins vers leur excremitc , car vers leur origine elles font plus pointues : leur epailftur devient audi beaucoup plus grande que celle de la tige : en un mot elles ont quelque air d'une boule ou d'un cEuf, a cela pres qu'elles font pointues a I'endroic- oil elles s'attachent a la tige. Au refte ce qui fait que ces dernieres feuilles font plus grandes oc plus grolTes que les premieres dont nous avons parle , c'eft qu'elles devienoenc des goulfes qui renferment les femences : elles font neanmoims de meme efpece, & avoient autrefois la mCme figure que les autres j c'eft de quoi il eft aife de fe convaincre lorfqu'on confidere que I'on trouve des feuilles- de toutes les figures moyennes qui font entre les plus plates & les plus ctroites , & cellis qui font les plus gonflees & les plus lances. Ce ne font que les plus groftes & les plus longues qui contiennent des graines : les graines font renfermees dans des capfules parfaitement fem- blables a toutes celles que nous avons decrites a I'occafion des fucus prc- cedens. Je n'ai point rencontre de fleurs fur ces plantes ; il y a lieude croire que c'eft que je ne les ai pas obfervees dans un terns favorable , & que leurs fleurs font compofees de filets difpofes comme ceux de ces autres fucus ; car j'ai obferve fur toutes les feuilles gonflees , de petits trous fem- blables a ceux qui dans les autres plantes marines fervent de calices aux fleurs. Quoique les feuilles qui contiennent les capfules des graines fegun- flent , toutes celles qui fe gonflent ne contiennent pas des capfules : je n'eii ai meme vu que trespeu qui en euffent. Les fleurs qui eroient venues fur le» autres , avoient apparemmenc etc infecondes j car , comme |e le viens> COLLECTION ==;r= de dire , il rlevoit y cere venu des fleurs , piiifqu'on voyoit feulemem fiit AcAD.RoYALE les feullles gonflees , les trous qui leur fervent de calice. Les feuilles qui DES Sciences fegonilent , on qui devicnnent propres d fervir de eoiifTes aux praiiies lone en plus grande quantite du cote du bout des tiges , que vers leur jinnic J 71 1, origine : neaninoins vers les bouts des tiges, il y a fouvent un grand nombre de petites feuilles , & fouvent la paire de feuilles qui repond a une paire de feuilles grandes , grolfes & gonflees , eft compofee des feuil- les plates & etroites. Souvent aulfi dans le meme paquetil ya des feuilles gonflees, & d'autres qui ne le font pas. Cetce plante croit aupres de la Rochelle , un peu audeffus de la digue : elle y vient en beaucoup plus grande quantite que les autres fucus , & on ne la trouve guere fur les autres cotes voilines. Fucus folio Jingulari long'JJlmo , lato , in medio rugofo. Raii. Synop. 6. & Rail, Hift. 75, Ce fucus eft appelle fur les cotes , le haudricr ; il eft attache aux pier- res pat vingt ou trente petites racines , ou plutot par vingt ou trente te- nons ou crochets C CC, &c.(P/. XX Fig. I) , tels que ceux dn fucus noiofus. Tous ces crochets naiiTent des divifions de trois ou quatre peti- tes tiges ou racines principales TTT ; chacune de ces racines a.depuis fon origne jufqu'a rextrcmite qui eft attachee aux pierres , environ un pou- ■ce ,ou un pouce &: demi de long. Au-delTus de leurs divifions, ou dans tendroit ou elles font les plus grolTes , eiies ont une ligne de diametre: leur circonference eft ronde , routes enfemble elles foutiennent un pedi- cule I' qui eft rond audi. Dans les plantes de grandeur commune, c'eft-a dire , dans les plantes longu.s de 8 ou 9 pieds ; ce pedicule a environ 1 lignes de diametre , ic plus d'un demi-pied de longueur ; fa grolfeur eft par-tout egale , jufqu'i rendroit ou il devient plat j la il eft attache a une feuille F qui eft la feule de la plante : cette feuille n'eft point divifee comme toutes celles que nous avons dc'crites jufqu'ici : aupres du pedicule auquel elle eft attachee , elle eft arrondie , & un peu plus etroite de quelques pouces audeffus, oii elle a environ un demi pied de largeur; largeur qu'elle conferve jufqu'aux deux tiers de fa longueur oii elle commence a devenir plus etroite; dela elk va toujours en s'eireciffant jufqu'a fon extremiteou elle fe termine en poinre. Pres de fes bords fouvent elle eft d'une tiffu afTez lifTe , affez poli ; mais le refte eft rempli de rugofites , de finuofites qui , quoique de figu- res irregulieres , & difpofees irregulieremenr , femblent affedcr un ordre precifement au milieu; les rtigofites forment une efpece de bande qui fe diftingue des deux bandes qui font aux cotes de celle-ci , & cela parce que les tubercules qui la formenr, ont leur longueur parallele a la largeur de la plante , & que les tubercules qui forment les bandes des cotes , paroif- fenr avoir leur longueur parallele a la longueur de la plante. On trouve qnelques-unes de ces plantes dont le contour de la feuille eft Icgerement decoupe ou crenele^ d'autres ou ce meme contour n'eft point decoupe. A C A D 6 M I Q U E. 4S7 Biais il eft frife : enfin on en voit d'.iutres qui ne lone ni ilccoupc ni frifc mais fealeinciit beaucoup plus uni & plus mince que le relte de l.i teuiile. ' =^== Quniqut j'-iie rencontre une grande quantirc de CCS pljntes je n'ai ia Acad.Royale mais vu quunc teu.lle fur ch.ique pcdicule . & qu'un pcdicule a chaque Tn^pf^Tf plunte; d on il femble que ces(unes de plantes ne confiltent qu'cn une feule teuille. J'ai vu ncanmoins quelquefois des touft'es qui concenoienc '^""'^ '''"• plus de dix feuilles, & de dix pedicules; mais il ctoit aife d'appercevoir que ces touffes ctoicnc formees des racin^-s de diverfes plantes entrelacces Ics unes dans les autres : Ics tenons des pcJicules , quoique palFes les uns encre les autres , n'avoient rien de commun. Cetce plante porte des fleurs compofecs de filets difpofcs comme ceux des plantes precedences; je ne lui ai pourtant jamais vu une au/li orande quantite de Hears qu'a celles done j'ai p.irle ci-devant ; a peine cliaque feuiUe en avoicelle dix a douze. Je ne fais li h place ou je les ai apper- §ues , €ft celle ou elles viennent conftamment , je les ai toujours trouvees dans rendroit 1 1 1 od la feuille commence a sctrecir , & plus proche des kords que du milieu. Les filets qui compofent lesHeurs font de mcrne couleur que la planre c'eft-d-dire , d'un verd tirant fur la couleur d'olive ; ils font beaucoup plus grands que tousceux done j'ai parle • ils ont fouvent plus de z licnes de force qu'etant difpofes a la maniere des demi-fieurons des tieurs ra- dices, ou des feuiUes do Meurs en rofes , ils forment une Hear qui a 4 a c lignes de diametre. Je n'ai point trouvc de graines a ces plantes , anparem- ment pacce que je ne les ai pas examinees dans une faifon favorable ■ on parce que la mer n'avoic point apportc a la cote de celles done les rra'ines- pouvoient etre fenfibles , car cette plance ne croic pas dans les endro'its que la met a lailles a decouvert pendanc fon reflux. • Fucus foliis ericcE, Rail Hijl. 75 , erica marina quibufdam. J. B, J- 7i'"9- Je ne fais fi on ne ponrroit point dlftinguer denx efpeces de cette plants qui ne different que par la grandeur, a moins que la difference du terrem ou elles nailTenc, ne foit la caufe de cette diverfite. Celles qu'on trouve fur pied au bord de la cote ; n'ont que i j ou 1 4 pouces de lonaiieur • & celles que la mer jette fur le rivage , onr quelquefois plus de 3 f 4 pie'ds A ea juger par la defcnption , & par la figure d'Imperati , on prendroic les grandes pour \abus manna Tluophrajli. Imperaci I'a ddcrite fous \i nom de gon^^o'ara-^ cependant. a la grandeur pres, celles que la mer apporte , & celles qui croilTenc fur les bords , font parfaitemenc fembla- bles. Les unes & les autres font compofees d'une infinite de branches : nous- avons fait reprefenter une branche des petices , & une partie de la mcme branche yue au microfcope [Pi. XX fig. II). Les grandes one quelque-- fois des tiges grolfes comme le petit doigt d'une fubrtance qui par fa con- fiftance & fa diircte paroit lijneufe ; cependant on n'y dccouvre aucunej- fibres; elles font rondes, m.iis raboteafes. De ces tiges part un nombre- pcodigieux de brandies i!' ^ /> , &C. Chaque branche jctte divers rameaux ; 4SS CO L L E C T I 0 N ■ ' ' les branches principales font rondes /, leurs rameaux font plats; chacun Acad. Roy ALE <^es rameaux temble en fournic d'autres plus petits qui font comme les DES Sciences feuilles de la plante. DE Paris. D'efpace en efpace on voit des efpeces de noeuds , ou plutot des veflies Annii 17 ii. 1"' "s font que les petites tiges ou les branches gonfleesjen ces endroits elles ont la figure d'une boule allongee , ce font des efpeces de gouffes qui fouvenr contiennent les capfules ou les graines font renfermees. Ces capfules font partairenient femblables a celles dans lefquelles font conte- nues les graines de divers y^cai dont nous avons deja parle ; ainfi il feroic egalement inutile de les decrire, & d'en donner une figure particuliere , il furtit que Ton voie dans une branche reprefenree , vue a la loupe B , les rebords des cous des capfules V V, &c. ; ils paroilTent fur la furface de la goude ou du tubercule dans lequel les capfules font contenues. ll y a ordinairement dix ou douze capfules dans chaque goulfe , de forte que de quelque cote qu'on regarde la goulfe , on voit les rebords des cous de cinq ou fix capfules : quoiqu'elles foient arrangces d'une maniere alfez irre- guliete dans la goulfe , elles fe trouvent ordinairement plus proclie de fon extrhnite fupeneure que de I'inferieure \ elles font toujours attachees aux parois de chaque capfule , comme les capfules le forit a celui des goulfes \ ces fcmences font rondes , il y en a grand nombre dans chaque capfule. Quelquefois les goulles ou vellies qui contiennent les capfules, fonc pofees immediatement les unes fur les autres , comme les grains d'un cha- pelet; quelquefois il y a beaucoup d'lntervalle entr'elks, certaines bran- ches en font remplies , d'autres en ont pen , d'autres point du tont C. On trouve quelquefois de ces gouffes vuides, comme le font les veflies du fucus nodnfus ; mais fur ces memes goulfes on voit divers petits points qui marquent les endroits ou ont ete les capfules qui font fans doute pe- ries , peut-etre apres avoir jetie leurs graines. Au refte je n'ai point trouve les fleurs de ces plantes , peut-^tre parce que je ne les ai pas examinees dans des tems favorables : il faut le fecours de la loupe pour decouvrir les rebords des capfules des graines dans les petites plantes, mais les yeux feuls les apper9oivent diftindement dans les grandes. Jufqu'ici nous avons parle des plantes marines dont les fleurs, ou les femences , ou du moins les capfules dans lefquelles les femences fonc renfermees, font fenfibles fans le fecours du microfcope. Nous allons parler maintenanc de celles dont les graines ne peuvent d'abord ctre ap- nercues fans la loupe, quoiqu'elles paroiifent fouvent alfez diftindtes a la vue fimple , apres qu'elles ont ete decounertes unefoisavec la loupe. Fucus mcmbranauus , acaulos , angujlior foliis paltnce inmodum divijis , mar- g'mihus laciniatis , & vcluti crlfpis.MonSon, Hift. Oxon. parr, 3. fedl. 1 5 , tab. S. Qq fucus e(l attache aux pierres par une efpece de pied ou de racine R ( P/. XXI Fig. J) dont le contour eft rond : de ce pied partent quatre a cinq branches , ou fi Ton veut quatre a cinq feuilles differentes ; car chacune des branches psut cere prife pour une feuille profondcment de- coupee. A C A D fe M I Q U E. 4S9 couple. La p.iitie de la feuille qui lui tient lieu de pedicule , qui rattaclie =:=^r^rrrT==; a la tacine , a environ une ligne tk deinie de largeur , Sc beaucoup moins Acad. Roy ale d'cpailleur. Aux deux cotes de cc pedicule, a 9 ou 10 lignes P de fon ori- uts Sciences cine , font attachces les premieres petitcs feuilles donr rafTembLigc forme i>E Paris. une de ces feuilles entieres qui eft une des branches de la plante : ce pcdi- Anncc i-i i, cule prolonge jufqu'a rextrcmitc de la branche , c'eft-adire , jufqu'd une longueur de 4 pouces , eft en quelque forte la nervure a laquelle font atca- chees d'efpace en efpace des parties de la grande feuille, ou d'aurres peti- tes feuilles. Entre ces dernieres feuilles, celles qui font les plus proches de I'extremite de la grande , font les plus petites ; celles qui en font tres- pres , ont a peine quelques lignes de longueur , & les autres ont fouvenc pres de deux pouces ; enfuite leur grandeur diminue par degres. Les decoupures qui forment ces feuilles , ou ces parties de la grande feuille, font profondes ; les bouts qu'elles forment font tous arrondis: fouvent ces bouts ne font pas places dans le incme plan que le refte de la feuille, ce qui donne une efpece d'air frife a fon contour. Chaque petite feuille, ou mcme chaque partie d'une petite feuille vue au microfcope B, eft alfez femblable a une branche entiere. Les quatre a cinq branches qui forment la plante entiere,, font chacu- ne jettees de cotes ditfcrens. Leurs pcdicules ont quelque folidite , ils les retiennent dans des pofitions contraires a celles ou le reflux de la mcr les mettroit : d'ailleurs comme les feuilles font tres decpupees , & qu'elles n'ont pas beaucoup de longu;ur , le mouvement de l'"i trouve moins de prife fur ces feuilles , que fur celles des grands fucus, Cette plante porte fes graines aux extrcmites de fes feuilles; elles font renfermees dans la fubftance intcrieure : on ne peut fans la loupe diftin- guer autre chofe, lorfque les graines font ainfi renfermees, qu'un peu d'obfcurite dans les endroirs oil elles font : cette obfcurite paroit caufee pat un alFemblage de divers petits corps : il faut pourtant regarder cette plante vis-a-vis un grand jour pour dcmelsr ces petits corps ; mais la fur- face interieure de la plante ne paroit pas moins unie vis-a-vis les endroits oii ils font, que pat-tout ailleurs , je veux dire qu'on n'y voir ni filets , tels que ceux des fleursdes autres/acai , ni aucunes petites parties elevees , relies que font les rebords des capfoles des graines dont nous avons parle. Si neanmoins on ouvre cette plante dans I'endroit obfcur , & qu'on la regarde alors attentivement , les yeux feuls y decouvrent de petites fe- mences , ou au moins une vingtaine des petits grains rougeatres tres- ronds , & alfez durs. Comme les extrcmites E E des feuilles dans lef- quelles ils font contenus font molles, il eft facile d'ecrafer ces bouts de feuilles fur I'ongle : on diftingue d'autant plus aifcment ces petits erains lorf- qu'on les debarralfe'de la matiere qui les entoure , que leur couleur aide a les ^ire appercevoir; ils font alfez rouges. A la loupe on ne les voir pas plus grands qu'ils font reprefentes dans la Fi^, G : la loupe fait neanmoins diftinguer de quelle maniereils font.arranges dans I'interieur de la feuille, comme on peut le remarquer dans les bouts de feuilles EEE dellincs a la loupe , &: cela parce que la feuille a quelque tranfparence ; mais, doit-on legarder ces grains comme les fcmcnces de la pUnce ; Malgre leur extreme Tomi III , Panic Francoijl, Q 5 490 COLLECTION AcAD.ROYALE DEs Sciences BE Paris. Annie 1711. petitetTe , nefontils point les capfules memes dans lefquelles les femen- ces font contenues ? c'eft de quoi nous avons lieu de douter , apres ce que nous avons vu dans fXad^uts fucus. Il y a un autre fucus fort femblable dans reflTentiei a celui-ci : il me parole neanmoins une efpece difFerente , & cela parce que tous les bouts de fes feuilles ont une figure cylindrique; ils font longs d'une ligne , ou d'une ligne &c demie , places dans differens plans ; mais ils font beaucoup plus proches les uns des aucres que les bouts du fucus precedent. Dans tout le refte cette plante eft parfaitemcnt femblable a la derniere que nous avons decrite j elle a aufli fes graines dans les bouts de fes feuilles, c'ell- a-dire dans les petits cylindres qui les terminent ; elies font audi de Is, meme gtoffeur , figure & couleur que celks de la plante precedente , 6c - font a peu-pres en mcme nombre, & arrangees de la meme maniere. Fucus tenuifolius , minimus , colorum varietatc clegans. La variete & la vivacite des couleurs qui paroilTent fur cette petite plante, lui donneiit une beauce trcs-patticuliere , elle forme une toufFe TB ( P/. XXI , Fig. II) haute d'environ 1 pouces, compofee de plufieurs branches , dont les unes , ou partie des unes paroilTent d'un fort beau bleu \ les autres entieres ou en partie font d'un verd tres-gaiy &C enfin d'autres entieres , ou en partie font d'une couleur de poarpre tirant fur ie violet: toutes c9S couleurs font tres-vives, & forment enfembie un effet tres-agreable j mais cette beaute ne dure qu'autant qu'on lailfe la plante dans I'eau ; audiiot qu'on Ten a retiree, toutes fes couleurs dif- paroifTent : elle en prend une alors d'un brun leger & rougeatre , mais pourtant plus fonce dans certains endroits que dans d'autres, c'eft-a-dire , que les endroits qui dans I'eau paroilTent de couleurs 4ifferentes, paroif- fent dans I'air de brun rougeatre un peu different. Pour avoir ete mife a I'eau, elle ne perd pas neanmoins la difpofition' naturelle qu'elle a a faire paroicre ces belles couleurs dans I'eau , pourvii qu'on ne la laifTe pas fecher pendant plufieurs jours , je vlUX dire qu'auffi- tot qu'on la replonge dans I'eau , elle paroic teinte des mCmes couleurs qui avoient difparu lorfqu'on Ten avoir retiree : au rtfte les couleurs qu'elle fait paroicre dans I'eau, ont quelque chofe de conftant & quel- que chofe de palTager, ou pour m'expliquer plus clairement , une bran- che bleue de la plante ne fait jamais voir de couleur verte ou pourpre j mais il arrive quelquefois que Ton cefTe de voir la- couleur bleue de cette branche , & qu'elle devient dans I'eau , meme , par rapport a nos yeux ,. d'une couleur femblable a celle qu'elle fait paroJtre a I'air , c'eft a-dire , que le bleu, le verd ou le pourpre paroilTent d'un brun rougeatre, & cela, felon que ces branches , ou les yeux qui le regardent , changent d& pofition t I U fera aife de voir quelles font les pofitions qui fonrparoitre les cou- leurs vertes, bleues & pourpres de ces branches, ou cellesqui les font evanouir , par une experience que j'ai faite pour m'en eclaircir , dans laquelle c&tte plante j (juoique dans I'eau, fsmble perdre toutes les couleur* ACADfeMIQUE. 491 qu elle ne perd orJinairement qu'a I'air. Si on la met dans un verre plein d'eau , n'importe de quelle can , elle paroic auffitoc coloree de la meme maniere quelle le paroUFoit dans la met : mais fi on regarde enCuite cette piance au travers du verre vis-a-vis une grande lumiere, cette plantc perd routes fes belles couleurs , & devient entiere d'un brun rougeatre , comme lorfqu'elle eft expofee a lair. Si enfuite on change dougement le verre de fituacion en regardant tou- jours la plante , on a le plaifir de voir reparoitre en partie la meme variete Sc la meme vivacitedes couleurs, aulTitot que le verre fe trouve en partie vis-a-vis des corps btuns , rouges , verds , bleus & de diverfes autres cou- leurs. Lorfque le verre eft entierement vis-a-vis des corps colore? , la plante paroit ornee de routes les couleurs qu'elle fait voir ordinairement dans I'eau de mer : fi en continuant de changer le verre de fituation , on le place vis- a-vis des corps blancs , ces memes couleurs difpaioillent commc lorf- qu'il etoir vis-a-vis la fenetre. On trouve cette plante lorfque la mer eft bafte , dans certains endroits od il refte de I'eau , parce qu'ils font plus profonds que le terrein qui Ics en- vironne : elle eft rare fur nos cotes de I'oitou 8c d'Aunis : elle eft attachee aux pierres par une racine plate T , femblable i celle de divers/« . tuyau etanc done pole fur le bout fuperieur d'un autre , celui-ci refte ouverc ACAD.ROYALE ' ■ o 1 a J. 1 rj' ur 1 DEs Sciences ^" partie , & il relte ouvert d autaiit plus conddcrablement ^ que le tuyau DE Paris. fuperieur eft applique immediatement contre la furfiice la plus intcrieure du a„„i. ,-,,, tuyau inferieur. ^nnec 1711. ' .,, - l j 1 > ■ j- i ' Chaque tuyau a una hgure approchante de la quarree ; je veux dire que le contour de fon ouverture fuperieure eft compofe de quatre cotes, mais qui ne font pourtant pas en lignes droites, comme on les voir diftindtement en WKKCm 1 1 oil on a teprefente un tuyau fepare. Les lignes qui marquent le - contour fuperieur des tuyaux, font beaucoup plus epaiftes que le refte. Du devant du bord fuperieur il s'eleve ordinairement deux petites pointes. Des quatre angles que font les quatre cotes de I'ouverture fuperieure , partent quatre grolfes fibres qui vont aboutir chacune a un pareil angle du bout inferieur. Elles font comme quatre colonnes qui portent tout I'enfemble du tuyau j les deux fibres qui font en devant fe prolongent ordinairement au- deffus du bord fuperieur du tuyau , & c'eft de leur prolongement que naiftenc les grandes pointes qui paroillent fur la plante , elles font ici reprefentees en grand en S d d. Chaque tuyau a plus de hauteur par derriere que par devant , le cote r /eft plus couvert que le cote km , aufti i'ouverture fuperieure du tuyau eft-elle oblique ; &: c'eft encore une des raifons pour lefquelles cette ouverture parole dans le terns meme qu'elle contient le bout inferieur d'un autre tuyau. A I'endroit oii fe trouvent les fibres dont nous avons parle , la fubftance da tuyau eft opaque , le refte eft tranfparent , mais de deux tranfparences diffe- rentes : ce qu'il y a de plus tranfparent , eft une infinite de perits cerdes aufti ronds que s'ils avoient ete traces au compas; ces cercles font fepares les uns des autres pat de petites bandes un peu plus obfcures. L'alfemblage de ces cercles forme une efpece de rczeau qu'on a reprefente en partie en O N. f)b/ervation d'un Phenomene cjui arrive a la flcur d'ung. plante nominee par Breynms Dracocephalon Americanum , lequel a du rapport avec le Jigne pathognomontque des Catalepti- ques. Par M. I) E LA H I R E le cadet. V oULANT defliner le dracouphalon americanum. Brcyn. Prod. I, 54, & chetchant une pofition avantageufe aux fieurs de cette plante, je m'avifai d'en vouloir ranger quelques-unes , & je m'apper^us alors qu'elles reftoient dans la fituation oil je les mettois; je crus d'abord qu'elles etoient paifees , & qu'elles ne tenoient plus a leurs pedicules j mais les ayant confiderees de plus pres, je reconnus qu'elles etoient encore dans leur etat natutel , ce qui me donna occafion d'examiner '[\. routes les fleurs de cette plante avoient la rneme propriete que fe venois d'obfervet dans quelques-unes, &: je trouvai qu'elles etoient toutes femblables. La propriete de ces Heurs eft que fi on les fait alfer & venir horifontale- A C A D ]fe M I Q U E. 495 fnent dans I'efpace d'un demi-cerde , elles reftent en quelqiie endroir que ce -., foit de cet efpace , fitoc que I'on celle de les poulFcr , tk a caufe que ce phc- "" ' nomene a du rapport avec la maladie que les mcdecins ont appellee caiaUpJie, Acad. Royaie j'ai cru pouvoir donner a la fleur de cette plants le nom de cataleptique' ^^^ Sc'enc£S d'aurant plus que cette proprictc n'avoit pas encore cte remarqude que ie ^^ ^ akis. fache dans aucune autre fleur. Anne: i-ii. La feule defcription de la fitaation de ces fleurs, & de la maniere done elles font attachees a la tige de la plante qui les porte , fera connoitre la caufe d'un efFer qui paroit fingulier. Les fleurs de cette e(pece de plante font en gueule , & font rangees alterna- tivement, oppofees le long d'une rige quarrel , dont elles occnpent la partie fuperieure. La longueur de ces fleurs ell d'environ un pouce. Le calice d'oii fon elles fortent tient a un pedicule mollet, flexible, un pen applati dans f< epailfeur, long d'environ une ligne, & qui nait de ('ailTelle d'une peti feuille dure , roide , fans pedicule , large a fa bale, & creufe en delfus en (._ meme endroit & a-peu-pres liorifontale , mais un pen plus relevec ; ie calice de la fleur s'appuie par fa bafe fur cette feuille , & ce calice , aufli-bien qus te ce e J rr I r ,■ petite ieuiUeq audeflous de (on calice, & que j'ai dit ctre dure & roide, la fleur fait un effort fur cette feuille qui lui fert d'appui : or,il efl: aife de conclure, 1°. que le pedicule de la fleur etant mollet & flexible, il peut ctre facilemeiu mCi a droite & a gauche , fans ctre rompu , ce qui n 'arrive pas aiix fleurs des autres efpeces de plantes qui ont ordinairement leur pedicule roide & tlaf- tique; 1°. que le pedicule de cette fleur tendant a Tabjilfer en en bas ,"la pefanteur y contribuant aufli , le calice s'appuie fur la petite feuille qui' le foutient, & s'y accroche par les petits poils done U bafe eft "arnie; ainll , routes les fois que Ton fera mouvoir la fleur horifontalementt die doit nc- celfairement s'arrcter des que Ton celfera de la poufler. Pour preuve de ce que je viens d'avancer, on n'a qua arrac'ier la feuille qui foutient le calice de la fleur, & alors le jeu de cette feuille celFera. La fleur s'abaiflera vers la tige de la plante par fon propre poids & par le relforc de fon pedicule qui la tire en bas, & Ton fentiraque la fleur refifte lorfqu'on votidra la relever , ce qui prouve que Ie calice de cette fleur s'appuyoit fur la petite feuille , avant que cette feuille fin otee. Tout ce que je viens de dire , eft plutot curieux qu'il n'eft utile ; mais voici une obfervatiqn ou les Botaniftes pourront s'arrcter. Outre la figure dune tete de dr.igon a quoi M. Tournefort dit que la fleur du dracocephalon reffemble, £c en quoi il fait confifter route la difference generique qu'il etablit entre ce genre de plantes & prefque tous les .lutres dont les fleurs font en gueule , il fuccede , apres que la fleur eft palTce , ( quatre femences renfermees au fond du calice de la iieur. J'ai obferve qu'il y a a la bafe des femences, entre les femences &: le cote infcricnr du calice, une efpece de coriie ou de dent pointue, recourbee en haut par le bout, arrondie par deflous , creufee par delfus , ayant une arete dans le milieu fuivant fa longueur. Cette partie fe diftingue aifement d'avec les embryons 49(J COLLECTION DE Paris. Annii 1 7 1 1 . -^_. desfemences.non-feulemenr par fa figure, mais par fa couleur:on peut AcAD.RoYALH meme I'appercevoir a la vue limple, quoique les embryons des femences DEs Sciences foient encore tres-petits , car elle a prefque autanc de volume elle feule que """*"'' les embryons en onr rous quaere enfemble, &c elle excede ordinairement leur grandeur. M. Marcliand a die qu'il avoir deja fait cette remarque quoi- Qu'ilnel'eut pas encore donnee. > , j i Quelques recherches que j'aie faites fur un afiTez grand nombre de plantes a fleurs, |e n'ai trouve que les trois plantes fuivantes qui euflTenc une parrie femblable au-de(Ious du fruit : f^avoir \q galeopfis patuiafegetum I. R. H.mol. davicabaoniccc folio. I.R.H. Hyfopus officinarum cccruUa feu fpicata. C.B. Pin. Mais les deux dernieres font fort dilferentes de la premiere : car dans celle-li la levre fuperieure de la fleur eft divifee en deux parties , &: eft re- trouOee en haut ; au lieu que dans celle-ci elle eft fans divifion , & qu'elle eft creufee en dellous en forme de cuillier , fi bien que la moldavua 8c I'hyflbpe doivent etre rangees fous d'autres genres que le gaUopfis ; mais, outrS que le zaltopfis &C le dracoccphalon ont tous deux une corrie ou dent a la bafe de ieurs. femences , ces deux plantes ont d'ailleurs un artez grand rapport entt'elles par la forme de Ieurs fleurs , de forte que je crois qu'on pourroit fort hienles X&a-. get routes deux fous le meme genre. / Obfervations A C A D ^ M I Q U E. 497 Ohfcrvations fur hs Figucs. Par M. D E LA Hire le cadet. \_J N trouve dans I'intcrieur de la figue trois fortes de corps pofes les uns au-delFus des autres, fuivant la longueur de ce fruit; ainfi je divife ce qui eft contenu dans la figure en crois efpaces AV X ( Fig. II , PL XXI U. ) qui marquent les endroits ou nailFent ces trois efpcces de corps qu'elle ren- ferme. Les corps qui font contenus dans I'efpace marque A ( Fig, II. ) occupent prefque tout le dedans de la figue. lis font les femences de ce ftuit : ce font de petits noyaux A ( Fig. III. ) au dedans defquels il y a une amande. Chaque noyau eft a moitie enveloppe d'uii parenchyme B, foutenu d'un calice de- coupe en quaere ou cinq parties couchees furce parenchyme. Ce calice tient a un pcdicule aflfez long qui eft attache aux parois interieures de la figue : il eft aife d'appercevoir ce calice , lorfque les figues font encore vertes , comme les fig. IV. V. & VI. le font voir. La figure IV reprcfente une femence de figue encore vertp , enveloppee dins fon parenchyme , au-delfus duquel eft un filet fourchu B qui pourroit etre conhdere comme un piftile ; Ton voir aufii le calice C qui foutient le pa- renchyme E dont la graine eft enveloppee : une portion du pedicule D da calice y eft auHi reprefentce. Les fig. V & VI font voir deux calices dont I'un eft decoupe en cinq parties, Sc I'autre en qaatre : Ton voir a chacun un creux oil s'emboite le bas du parenchyme qui rcntsrme la femence. La figure VII reprcfente la meme femence que la fig. IV, mais fcparee de fon calice. L'efpace X ( Fig II. ) de I'interieur de la figue eft rempli de petltes feuilles femblables a celles que la figure VIII reprefente , lefquelles font attachees pat leurbafe a la peaude la figue : 11 y a dans cet cfpice un trou B ( Fig. II) nomme umbilic, qui perce an dehors, dont le bord exteiieur eft garni de quelques perites feuilles qui bouchent cette ouvettute. Il y a dans l'efpace V des corps bien differens de ceux qui font renfer- mcs dans Tefpace A de la mcme figure. La figure iSC reprefente un de ces corps tels qu'on les trouve dans la figue & dans leur etat naturel. Ces corps font blanch-itres , longs d'environ deux lignes ; ils prennent naiffjuce des parois internes de la figue par uij pc- dicule A , qui pour I'ordinaire eft aftoz gros , a I'extfemite duqud il y a un calice B d'une feule piece, decoupe ordinairement en trois p.irties C, d'ou il fort trois autres corps DEF. La figure X fait voir le mcme corps que le precedent, dont Ics trois parties DEF qui fortent du calice, ont etc ccartces pcur faire voir une eminence G qui eft au centre du calice B. Entre la bafe de I'cminence G 3: les decoupures C du calice B, il s'eleve trois pedicules H qui foutien- Tomt III, Panii Francoift, R 5 Acad. Rov ALE DES SclENXES D£ PaRIB. Annii 1711. 498 COLLECTION 1!^^^:^^::=;:^ nent chacun un des corps DEF, dont rexrremite fe termine par iine Acad. Royale points I qui eft recourbee fur ce meme corps. Chacun des corps DEF , eft DEs Sciences une capfule dune feule piece compofee par-deflus de deux eminences ova- DE Paris. les, jaunatres LL, accompagnees d'un bourlet M. Annii 1711 ^^* capfules DEF, renterment une infinite de petits grains qu'il eft fa- cile d'appercevoir avec le microfcope j car fi on coupe en travers une de ces capfules loifqu'elles font pleines, & comme la lettre D de la fi- gure X les reptelente , & qii'on applique ce que cette capfule conrient fur le talc d'un microfcope a liqueur, on y verra diftinftement ces grains qui ont tous la mcme figure & la mcme grolTeur j tout-a-fait femblables en cela aux pouffieres que I'on trouve dans les fommets des fleurs desau- ires efpeces de plantes , dont le caradtere dcs Beurs nous eft parfaite- ment connu. Ainfi il femble evident que les capfules DEF, iont de veri- rabies fommets, puifqu'ils contiennent des poullieres comme les fommets dss fleurs des plantes en general. II s'enfuivra done que les corps qui fonc contenus dans I'efpace V de la figure II, font les veritables fleurs des fi- gues , quoique quelques perfonnes ayent reconnu pour les fleurs des figues les deux premieres efpeces de corps contenus dans les efpaces A Si X {Fig. //) , lefquels cependant n'ont aucune marque elfentielle qui les puifle faire confiderer comme des fleurs; aulieu que dans les derniei's qui font con- tenus dans I'efpace V , & dont les Auteurs n'ont fait que je fache aucune mention , les etamines , les fommets & les pouflieres qu'on y obferve , ne laillent, ce me femble , aucun doute qu'ils ne foient de veritables fleurs , quoique je n'y aye remarque aucune petale , les petales n'etant point du tone une pattie efTentielle aux fleurs des plantes , puifqu'il y a un affez grand nombre de plantes dont les fleurs n'ont point de petales , & ont ete nom- inees pour cela fleurs a etamines; ainfi les fleurs des figues feronc dcs fleurs a etamines renfermees dans I'interieur meme des figues. Le nombre dcs etamines des fleurs des figues varie aflez fouvent, mais ye ne I'ai jamais trouve plus petit que trois , ni plus grand que cinq ; il m'a paru qu'il y avoir plus de ces I'ortes de fleurs a trois etamines qu'i quatre, & je n'en ai trouve que tres-rarement qui en eufTent cinq. La figure X reprefente une fleur de figue dont les etamines ont ete ecar- tees les unes des autres pour en faire voir les fommets & I'endroit d'ou les filets ou pedicules qui les foutiennent tirent leur origine. Les etamines que j'ai repiefentees fur cette fleur , ont-^des fommets tous differens DEF, parce qu'on les voir fous ces formes diff^erentes felon que les etamines fonc plus ou molns avancees. D reprefente un de ces fommets lorfqu'ils fonc encore plains ou parfaits ; E les reprefente lorfqu'ils font un peu plus avances , F encore plus ; & enfin la figure XI reprefente une etamine done le fommet eft prefque tout-a-fait palfe, ou Ton voit que les eminences qui y font , ont bien diminue Si paroiffent ridces ; au lieu que celles de la figure X marquees LM, font pleines &i unies : ce qui me fait croire que les premieres ont jette leur pouftiere , & qu'il n'en refte plus que la capfule qui s'eft retiree Si ridee aprts qu'elle a ete vuide des pouffieres quelle contenoit. I ,L_i A C A D fe M I QU E. 4.5 La figure XII fjic voir deux ecamines vues par le dehors dans deux etats '■" ' '-^-^^^^^ diffeiens. Acad.Rovjale ■ J'ai encore obfervc qu'il y avoir quelquefois a la bafe des ecamines *-^^ btiSNCES une fcmence eiiveloppee de fon parcnchyiiie , Sc portce fur I'cminence G °' 1'aris. (I'ig. X). Cette femence n'ctoit difference de celles qui fonc contenues ^nnic xjix. dans i'efpace A (Fig. II), qu'en ce qu'eile ccoic cr^s maigre &c fembloit avoir avorte; & dans plufieurs figures que j'ai examinees avec le microf- cope , je n'ai crouve que cres-peu de ces forces de fleurs, ce qui ne fetoit alors qu'un jeu de la nacure. Sur quelgucs picds dc Mays 'dont la flcur male a porti du fruit, X-j E mays ou bled de Turquie eft une plante cu la fleur eft fcparee du fruic : la fleur eft au hauc de la tige & forme un bouquec qui renferme les ecamines; & dans le cems que cecte fleur s'epanouic.'il fore des ailfelles des feuilles qui fonc au bas de la cige , deux ou crois lioupes de lilecs. Ce font les piftiles de cliaque fruit qui font ranges par ordre le long d'un epi en- core cache par les feuilles, & qui s'allongent a mefure que I'epi croit. On voir par cette difpofuion combien il eft aifc aux piftiles de recevoir la poufliere des ecamines felon le fyfteme dont il vient d'etre parle dans I'arti- cle precedent. M. Geoff toy le cadet qui tient pour ce fyfteme, a remarque dans plufieurs pieds de mays , que de quelques-uns des calices qui naturellement lenfer- inent les etamines , il forcoit un long piftile porce fur un embryon de fruit, qu'il n'y avoit autour de cec embrion aucune ctamine, & que ce fruit avoic alfez groftl pour egaler les grains ordinaires. Il a meme vu un epi a fieur prefqu'enticremenc change en epi 1 truic, fans que I'epi a fruit en edt aucu- nemenc foufferc. De la il conclut que les etamines doivent crre d"elies-me- mes bien fccondes , puifque lorfqu'il y a une grande abondance de fuc nourriftier , comme dans les cas qu'il a obferves, elles fe changent en la fubftance des grains. II n'eft pourtant pas aife d'imaginer comment une fleur male devlent une fleur femelle. Commenc cetce poulliere done I'ufage eft de feconder les grains , & quidoiren are fort differente, devienc grain elle-mcme. D'ailleuts voila des grains ordinaires qui font venus a matu- rits fur un pied oii il n'y avoir point ou ptefque point d'etamines. e^.s<^^ ^V^' R3 ij '^o6 COLLECTION ACAD.ROYALE DES Sciences DE Paris. jinnee 1712. Sur la fccondation des Palmicrs fcmcUcs. JVl- Jaugeon a tcouve dans les Memoires de rambafTade de M. de Noin- tei a Conftantinople , la confirmation de ce que M. Tournefort avoir avan- ce dans la preface de fes InJUtunons , fur le rapporr d'un Ambalfadeur de Tripoli en France. Dans le terns que le palmier femelle jette du hauc de fa tige fes pre- miers rejetcons qu'on appelle epees ou poignards , c'ell-d-dire au mois d'A- vril ou au commencement de Mai , on va mettre dans fes epees qui s'en- trouvrent alors, une petite branche de la tieur du palmier male, fans quoi lesdattes du palmier femelle ne viendroient point a maturire, feroienr d'un gout defagreable Sc n'auroient pas de noyau, II ne faut qu'un palmier male pour fcconder deux ou ttois eens femeiles,. Defcription d'un Coryfpermum Hyflbpifolium , Plante fl'un nouvcau genre. Par M. D E J u s s I E u. J-' E s fruits de cette plante ont tant de rapport par leur figure & par leur couleur a une punaife , que j'ai cru ne pouvoir lui donner im nom plus convenable que celui de coryfpermum , qui en Grec fignifie Jlmence de punaife. Le coryfpermum eft nn genre de plante dont la fleur eft fans calice , com- pofee de deux petales oppofees , entre lefquelles s'elevent une etamine & un piftile qui devient par fa bafe un fruit arrondi , convexe d'un cote, un peu concave de I'autre, &: comme borde d'un feuillet Cette plante s'eleve a la hauteur d'environ un pied : fa racine eft tanto: fimple , tantotbranchue ^ quelquefois un peu rortue , longue depuis deux jufqu'a 6 pouces , garnie de quelques fibres chevelues , & epailFe a fon collet de 2 a 3 lignes. La tige qu'elle poulTe fe divife depuis le bas jufque vers lehaut en branches alternes qui fe fudivifent en d'autres plus petites: lesunes & les autres font pleines , fouples, anguleufes , unpen canneiees dans leur longueur, li(Tes , vertes , mais ordinairement purpurines dans le bas : cette couleur s'etend quelquefois fur route la plante , lorfqu'elle commence a fe paifer. Ses feuilles qui reifemble afteza V hijfopifolia , font altetnes , entieres ^ celles du bas qui font les plus grandes ont environ un pouce & demi de longueur fur 1 lignes de largeur^ les autres vont tou- jours en diminuant , de maniere que les fuperieures n'ont qu'a peine un, demi- pouce de longueur & une ligne de largeur. Toures ces feuilles fonr fans pedicule , un peu charnues , d'un verd alfez fonce & iuftre , creufees en defTus d'un leger filion qui regne d'un bout a I'autre , & relevees sa A C A D 6 M I Q U E. joi delfous d'lme petite ncrvure qui termine )a feuille par une pointc trcs- ^^r^r^^^s: cource & peu fenfible. Les feuilles fupcrieures font ordinairemcnt parfe- Acad.Rovaie mces , ainfi que le liaut des tiges ik des branches , d'un leger duvet blan- ues Sciencis chatre qui s'efface dans la luicc : d'ailleurs ces feuilles font pofces de '^^ 1'aius. manierequ'elks font des angles aigus avec la ti^e , & forment toutcs en- ^nnie 1712. femble comme des epis peu lerrcs , pendant que les infcrieurcs s'ctcndenc horifontalenient iSc fe renverfent mcme vers le bas. De ieurs aillclles for- tent fur les cotes deux petales oppofces d'un blanc-fale, & l\ petites qua peine les apper^oiton : d'entre ces deux petales part une etamine blan- chatre, longue d'une ligne ou deux , interpofce entre la tige & le piftile qui fort du mcme eiidroit. Ce pirtile elt furmonte de deux cornes trcs- courtes , & devienc par fa baft- un fruit ferme , cliatain , arrondi dans fa cir- conference , convexe en dehors, un peu concave du coce de la ti"e & comme bordc d'un feuillet. Ce fruit dans fa maturiie peut avoir 1 iicnej de longueur fur un peu moins de largeur ; il ell termine dans le haur par pne petite pointe. Cette plante qui croit en Languedoc, eft annuelle : etant maclice elle eft pateufe &c laide dans la bouche une faveur un peu acre , amere 6i defagreable^ Defcription du Ricinoi'des ex quaparatur Tournefol Gallorum. Inft. Rei herb. app. <^G<^. Et dc /'Alypum Monfpclianum , five friitex terribilis. Joan. Bauli. I. 55,8. Pai M. NissoLE, de lu Sociiti RoyaU da Sciences Ji.hiu a MontpelUer. JL/ E tous les Auteurs qui ont ecrit des deux plantes dont je vais donner la defcription , & que j'ai lus , il n'en eft pas un feul qui ne fe foit tronipc. Je commence par le ricinoides ex quaparatur , courncfol Gallorum. Infi, rei. herb. app. que M. Magnol avoit dcja nomme dans VHortus Regius Monjpelienjis Riccinis alijuo modo fimilis. Diofcotide , 6»: Macdiiolej , hc- Uotrophirn minus ^ que les Bauhins , avec Taberna, I'Auteur del'liiftoire des Plantes de Lyon , appellent hellotroplum tricocium. Clufius , heiiotropium minus tricoceum. Pena , & Lobel dans fes adverfaria hclioCropiuin yu'.gare , tournefol Gallorum ,Jiv^ Plinii tricoccon. La racine de cette plante eft blanche , ronde , ordinairement droire & longue, garnie de quelques petites fibres a fon exircmit(i , fur- tout aux pieds les plus eleves ; car il en eft plufieurs qui n'en ont point du tour. Elle poulfe une tige londe de diffcrente hauteur , fuivant le terrsin qu'elle occupe & qui fe divife en plufieurs branches , la plupart defquelles for- tent des ailfelles des feuilles. Clufius avoic raifon , lotfqu'ii a die que les feuilles de cette plance DEs Sciences DE Paris. Annii 17 iz. 50Z COLLECTION „,„.„.,___„ avoient quelque rapport avec ks feuilles du xanthium \ thais il s'eft tromp^ ~~ loifqu'il a cru qu'elles en avoient beaucoup plus avec celles da folanum AcAD.RoYALK fomnifcrum , auUi bicn que Lobel lorfqu'il les a comparees a celles du ca- "" '^^"^'^'^'^s i^j^gj^^^jg montagne : elles font d'un verd pale , quafi cendre , & attachees a uu fort long pedicule. Les fleurs font renfermees dans de petits boutons qui ferment une et- pece de grappe , laquelle fort d'entre les ailTelles de chaque branche , & de leur e'xtremite : ces Heurs font de deux diffcrentes fortes , les lines fte- riles,& les aucresfecondes. Les fterlles qui occupent la fommite de cette grappe, font contenues dans an calice divife en cinq parties decoupees jufqu'au centre, elles font compofees de cinq petites feuilles jaunes placees autour d'un piftile rond , furmonte de quelques etamines de meme couleur difpofees en aigrette : comme elles font attachees par un fort petit pedicule qui feche a mefuce que la grappe croit & s'eleve , elles fe fanent , & tombent en fort pea de terns. . Le calice de celles qui occupent la bafe de la grappe &: qui lont tecon- des , eft divife en dix pieces fendues pareillement jufqu'au centre \ elles font compofees de cinq petites etamines jaunes , furmontees chacune d'uri petit fommet de meme couleur , &C placees autour du piftile qui eft charge de trois filets fourchus & jaunes : ce piftile qui eft dans le fond du calice , devient dans la fuite un fruit rond, raboteux, d'un verd fence, dont les inegalites font blanchatres , divife en trois loges qui renferment chacune une^femence ronde & blanche ; il eft attache avec fon calice a un pedicule af- fez long, de forte que lorfque les premieres Heurs font palfees & que le fruit eft arrive a fa jufte groftcur , il pend des ailfelles des branches ,&: felii- ble y etre ne fans aucune fleur ; c'eft ee qui en a impofe a tous ceux qui ont a-.-ance que les fleurs & les fruits de cette plante , naiftbient fur des pieds differens. • Diofcoride laregardoit comme un bon remede centre les vers & centre les vermes ; mais fon principal ufige fe rapporte a la teinture , Sc ceux qui en one ecrit fous le nom A'hdiotropium , ont eu raifon de dire que le fuc de fon fruit donnoit une couleur d'un verd fort eclatant qui fe changeoit en tres-peu de tems en un fort beau bleu: le fuc des grappes otanique a Amfterdam. Par la vue du fruit fur I'arbre , I'idee que Ton s'eroir formee que ce fruit flit une feve crue dans une goulfe , fe trouve faulTe , Sc nous fommes audi defabufes de I'opinion de RauvoU qui nous a voulu perfuader que ce qui eft marque dans Avicenne fous le nom de bunck , 8c dans Razes fous le nom de bunca , 8c que la plupart de leurs interpretes di.fent etre une ra- cine provenanc de I'Arabie heureufe, foit le cafe. Et par la figure que j'en donne ici , on s'appercevra d'abord combien celles des Auteurs qui en ont parle , font defe(ftueufes , foit parce que le$ fleurs y manquent, foit parce que les feuilles 8c les fruits y font place* peu exa(flementc Si aprcs cette defcription , il reftoit encore le moindre doute que cet arbre fiit veritablement celui qui porre le cafe que nous tirons d'Arabie, on pourroit s'en cclaircir pleinemcnt par la conformitequi fe trouve a-peu- pres entre tout ce que je viens de rapporter, & les relations de ceux qui font arrives tout recemmenc de Zedia , lieu ou il fe cultive , cloigne de quelques journees de la rade de Moka. Ces relations quoiqu'imparfaites, noos apprenoient que cec arbre croif S3 ij '5055 COLLECTION :AcAD. RoYAlE DES SCIHNCES BE Paris. <^nnk 17 15. dans fon pays natal , Sc meme a Batavia jufqu'a la hautetir de 40 pleds, > ■^' ACAD-ROYAIE , DhS SCIENXES MEDECINE, ANATOMIE, PHARMACIE. ^^h Paris. A MP UT AT ION A LAMBEAUX. V-zETTE aniice M. Sabourin , Chirurgien de Geneve, ayant troiive une nouvelle mediode pour Tamputation des membies, & efpcrant qu'elle fe- roit utile pendant une guerre qui commen^oit , vint a Paris pour la faire connoitre , &: la propofa en pleine Acadcmie , fans fe rcferver &: fans difli- inuler aucune des circonllances de cette methode , & en mtme terns fans paroitre crop prcfiimer du fucccs. Tout le fecret confifle a garder un peu plus has que I'endroic 011 fe doit faire la fedtion , une piece de thair & de peau done enfuite on recouvre I'os. En moins de deux jours cette chair fe reunic avec rextrCmite des vaifleaux coupes , & par confcquent Ion n'eft oblige ni de lier avec du fil ces bouts de vaifleaux pour les fermer , ni d'y appliquer des cauftiques & des artringens, routes pratiques ou trcs-dange- reufes , ou au moins tres- incommodes. De plus, I'os fi promptement re- couverc, ne s'exfolie point, c'elt-a-dire qu'il ne s'en detache point une por- tion plus ou moins grande qui rombe d'ellemtme. Le moignon revetu de chair n'eft plus fenfible & douloureux comme il etoit , on pent par confc- quent appuyer defTus ; il n'eil: point neceHaire de tenir une jambe de bois toujours etendue , & on la peut porter comme une jambe naturelle. M. Sa- bcjurin , qui avoit deja fait une experience de cette methode, aduroit que dans Tampucation le malade avoit perdu trois ou quatre onces de fang , & enfuite pas une goutte. Ce morceau de chair applique a la partie , avoit fuftifamment bouche les orifices des vaifleaux, mcme avant que de s'y ttre entierement colle. L'inventeur expliqua route la maniere du panlementqui doit etre particuliere , & en fie voir le bandage & tous les inftrumens. 11 s'e- aoit rencontre avec M. Verduin , Chirurgien d'Amfterdam , qui avoit eu la meme penfce , quoiqu'il ne I'eiit pas etendue, comme M. Sabourin, juf- qu'aux articulations , &: que fes bandages fuflent fort ditferents , & a ce qu'il paroiflbit moins coinmodes. L'Academie lailFa voir aflezde goiit pour cetre nouveaute j cependant elle en revint a ce qu'clle pratique toujours en pareille occafion j elle fufpendit f^n jugemem , & atcendit I'experience. %f 5,S COLLECTION Acad. Roy ALE DBS Sciences Ohfcrvat'tons fur la Rhubarbe, D£ Paris. ' j j Annii 1 7 1 0. Pa-f M, B o u l u u c. X OUT le monde convient de la vertu purgative de la rhubarbe; mais il n'en eft pas de meme de la propriete que quelques perfonnes lui attri- buenc de relFcrrer & de fortifier par elle-mcme. Je fais qu'outre la favear amere &: nullcment defagreable qu'on y remarque quand on la mache, & qui femble indiquer fa qualite purgative , la langue fe trouve aulli frappee d'une certaine aprete femblable a celle qui s'obferve dans ce que nous ap- pellons aftringent ; mais jufqu'a prefent on n'a pu encore demontrer que les particules qui caufent cette aprete fur la langue , faflTent fur le ventricule & fur le canal inteftinal, une impreflion fumfante pour les refTerrer & les faire entrer en des contraftions oppofees a celles par lefquelles les matieres ecoient determinees a y couler de haut en bas , comme on I'eprouve de Tipecacuanlia , qui manifeftement purge & refterre tout a la fois. J'avou* que la rhubarbe torrefiee ne purge prefque pas, & qu'apres avoir tire la teinture de cette racine , le marc n'eft aucunement purgatif ; mais par rou- tes les epreuves que j'ai faites dans les occafions les plus propres a men eclaircir, je n'ai pu encore m'aflTurer que la rhubarbe apres ces deux prepa- rations he d'autres pareilles , foit veritablement aftringenre. Il eft conftant que dans tous les purgatifs dont on a tire la teinture par des menftrues convenables, il fe rencontre outre cette fubftance mielleufe qu'on nomme extrait , laquelle contient toute la vertu purgative, une feconde fubftance terrelbe, un marc qui fert comme de frein a I'adivite de I'autre lorfqu'elles ne font point feparees , & qui ne purge en aucune fa^on. Il faudroit done dire fur ce pied la que le marc ou le refidu de tous les purga- tifs feroir aftringent , ce qu'on n'a point encore avance , parce qu'afin qu'un medicament palfe pour aftringent , il doit fenfiblement reflerrer & etre em- ploye avec fucces dans les devoyemens. Je vais done rendre compte de ce que j'ai nouvellement obferve fur la rhubarbe par les differentes teintures ou extraftions , & par la diftillation. J'ai mis en infufion au bain de cendres , a chaleur toujours egale pendant vingt-quatre heures , deux onces de rhubarbe choiiie, coupee par tranches, dans 24 onces d'eau de riviere pure ; j'en ai enfuite coule I'infufion que j'ai legeremenr exprimee : la teinture ayant ete bien repofee, etoit d'un beaa jaune fence, tirant fur le rouge & d'une amertume fupportable avec une aprete ou aftriftion mediocre. Je n'ai point fiiit bouillir cette infufion , perfuade par quantite d'eitperiences que les purgatifs , principalemeni les vegetaux , perdent beaucoup de leur vertu par la grande chaleur ou par I'e- buUition. Ay.int fait evaporer cecte teinture jufqu'a confiftance d'extrait fo- lide, il m'en eft refte quatre dragmes &: douze grains. La teinture d'une dragme preparee comme je viens de le fpecifier , purge davantage que I'extrait de deux dragmes de rhubarbe fait de la meme tein- ture , & meme vingt-quatre grains de rhubarbe en fubftance , purgent plus ACADEMIQUE. 51? tjue rinfuCon d'une dragme & demie, & encore plus qu'iine dragme d'ex- j trait. Il en eft de meme du fennc & de plufieurs autres purgatifs de cette nature, d'ou Ton pent condute qu'il eft fouvent plus a nropos d'emnlover Acad. Roy ate 1 .V r I f r I J' r o 1 ' 1 DES SCIENCES les mcdicamens, uir-tout les purgatifs, lans les dcconipoler & tcis que la jjg Paris. nature lesproduit, a moins que le Mcdecin n'ait des raifons particulicrcs pour en ufer autrement. Je reinarquerai aulli en paffant que les infullonsdes -^'"'" 1710. purgatifs vegctaux agilfent mieux & ont de meilleurs eliets que les decoc- tions j d'oii il paroit que les principes les plus adtifs de ces niixtes fe difti- pent par la chaleur : Ton s'apper(,oit mcme que la plupart de ces vegetaux gardes trop long-tems, fur-tout en poudre, perdent beaucoupde leur enet- gie. Pour reprendre le fil de notre operation , je dirai qu'ayant fait dedcclier le marc de la rhubarbe dont j'avois tire certe premiete teinture & le premier extrait, j'ai trouve le marc du poids d'une once trois dragmes & quelques grains, & j'ai retire de ce marc par fimple infudon , line feconde teinture plus foible en couleur, moins amere & moins apre fur la langue , & enfia moins odorante que la prccedente de iaquclle elle approchoit fort; mais j'ai remarque en diverfes rencontres que ces fecondes teintures purgeoient moins que les premieres, quoiqu'elles fuflent donnees en plus grande dofe : je n'y ai point non plus remarque d'aftriifbion. Apres avoir fait evaporer cette feconde teinture bien feparee de fes/eces , j'en ai encore eu trois dragmes d'extrait alTez folide ; ce dernier extrait put- ge a la verite, mais notablement moins que celui de la premiere teintute. Le refidu de cette feconde infufion delfeche , ne pefoit que fepc dragmes, il etoit prefque inlipide & avoir peu d'aprete. Je n'ai pas laide d'en faire une troifieme infufion par ebullition ; la dccodion avoir une couleur noire, obf- cure , fans odeur , avec peu de faveur & prefque nulle aprete. Je ne me fuis pas apper(jU que cette troilieme teinture & fon extrait purgealTent, ni qu'ils relFerrairent , quoiqu'on les prit en une quantite confiderable. J'ai encore retire de cette troideme infufion ou decoclion , une dragme d'extrait dur , mais d'une confiftence peu liee &C tres-terreftre. Ce dernier marc apres avoir ete bien delfeche, ne pefoit plus que fix dragmes moins quelques grains, fans odeur ni faveur, n'ayant pas meme donne de teinture a I'efprit de vin. J'ai fouvent fait prendre de ces difFcrens relidus de rhubarbe a mes malades , fans aucun effet fenlible d'aftri(ftion. Les deux onces de rlnibarbe par ces trois infufions , ontainfi rendu une once douze grains d'excrait. Voila tout ce que j'ai remarque de la rhubarbe examinee par le dilTolvant aqueux , & voici ce qu'a produit le didolvant ful- fureux. J'ai tire avec fuffifante quantite d'efprit de vin redifie, la teinrnre d'une once de rhubarbe dans des vailFeaux ct'nvenables , par un feu de digefticn , lent au commencement &: un peu plus fort fur la fin , durant vingt-quarre heures. Cette teinture droit fort Icgere , d'un beau jaune de citron , & tres- differante de ceile qui avoit ete preparee avec I'eau, non-feulement quant a la couleur, mais encore a raifon de la faveur; car cette teinture faiteavec I'efprit de vin , eft peu amere &: prefque fans aprete , ce qui peut faire croire que la qualite purgative dela rhubarbe rcfide plui dans fcs parties falines , y_o COLLECTION que dans fes foufres qui doivent etre pen confiderables , vu que la teinture Acad. RoYALE en eroic tres Icgere. Je foap(,onne meme, comme je I'ai dit plufieurs fois , BES Sciences q^,g ^-g pg^, dg teinture que I'efpric de vin en a tiie , piovient de ce qui refte DE Paris. joujours de piilegme dans I'efpric de vin , quelque redifie qu'il femble ecre. ^nnee 1710. Ayanc retire par la diftillation I'efprit de vin de cette teinture, I'extraic reftanc pefoic une dragme 8c demie j il etoit trcsbeau, featant bon & laif- fant fur la langue le vrai gout de la rhubarbe. Demi-dragme de cec extraic pur^e leaeremenc &: fort doucetnent : cette teinture dont I'efpric de vin fe charge, ne devient point laiteufe lorfqu'on y mele de I'eau, ce qui montce • qu'elle ne contient que peu ou point de parties refmeufes. Le refidu de la rhubarbe fur laquelle I'efprit de vin avoit palle , pefoit fix dragmes apres foil parfait dellechement , &: il etoit prefque audi beau, prefque aiifli amer dc aulTi apre qu'etyit la rhubarbe avant qu'on I'eiit expofee a i'adtion de I'efptic de vin. I'ai donne plufieurs fois de ce marc au poids de demi-dragme j il a purge Cette teinture &c cet extrait purgenc comme les premiers done j'ai parle : j'ai remarque fi peu de qualites dans les dernieres teintures de ce marc , que je n'en ai prefque pas fait d'ufage. En examinant routes ces ceintures & ces ex- traits , il m'a paru que ce qu'il y a de plus purgatif & d'aftringent dans la rhubarbe , palTe dans la premiere intufion 8c dans le premier extraic, puif. que I'un & I'autce font plus amers 8c plus apres que les fuivans. La dillillation de la rhubarbe par la cornue a la maniere ordinaire , non plus que celle des autres purgatifs, ne m'a pas beaucoup inftruit. De la rhubarbe ainfi diftillee , j'ai tire par le premier degre du feu un phlegme qui avoit quelque odeur de rhubarbe , peu d'aprete & de faveur. Les autres por- tions qui viennent enfuice font acides par degres ; les dernieres ne fournif- fenc guere d'huilej car les mixces pourvus de peu de refine, rendenc peu d'huile par la diftillation. Le fel extraic du caput moriuum eft en petite quantite & fermente avec les acides. Par tous les faits que je viens de rapporter , il me femble qu'on doit etre aufli incertain de la faculte aftringente de la rhubarbe , qu'alTure de fa fa- culte purgative, celle-la n'ecanc etablie que fur un leger gout d'aprete & d'aftricT:ion qu'on y obferve , la correfadion qu'on en fait fur le feu , ne lui lailTant qu'une fubftance cerreftre, des proprietes de laquelle on ne fait encore rien de conftant ; de forte que fi dans les devoiemens on fe fent plus foulagc 8c moins abattu apres I'ufage de la rhubarbe , que fi Ton avoit pris la pluparc des autres purgatifs , c'eft parce qii'ordinairement elle ne caufe ni tran- chees, ni dcgoiit, 8c qu'en degageant les vailTeaux des huroeurs qui les in- commodoient , elle permet aux reirorts de reprendre leur tenfion & lew; direftion naturelles. Ohfcrvations^ A C A D fe M I Q U E. ji, Acad. Royals Sur la Noix di. Bicuiba. des Sciences! DE Paris. I i E s noix qu'on appelle bicuiba brulent comme du linge imbibe de poix , -^nntt 1710. & c'eft en les biulanc qu'on en tire i'huile , comme M. de la Mare I'a eprouve chez M. Boudm prtmier Medecin de feue Madame la Dauphine. M. Jean Verdois, Conful de la nation Francjoife, attefte qu'il a giieri plu- fieurs cancers avec cetce huile, & qu'en mangeant une de ces noix on ap- paife la colique. Ui Sur les effcts dc la vapeur de la braifc dc Boulanger, N Boulanger de Chartres avoir mis dans fa cave , qui eft de jff mar- ches de profondeur & bien vodcee, 7 a S poingons de braife de fon four : fon fils, jeune homme fort &: robufte, allant y porter encore de nouvelle braife avec une chandelle a la main, la chandelle s'eteignit a moitie de I'efcalierj il remonta, la ralluma & redefcendit : lorfqu'il fut au bas de la cave il cria qu'il n'en pouvoit plus, & qu'on vint a fon fecours, apres quoi on ne I'entendir plus. Son frere, aufll fort que lui, defcenditaulli-tot, cria de mcme, puis celTa de crier : fa femme defcendit apres lui; une fervante apres elle , & ce fut toujours la meme chofe. \Jn accident fi etrange emiit le voilinage, m.iis petfonne ne fe prefToit de defcendre dans la cave ; il n'y eut quun voilin plus zele & plus hardi, qui ne croyant pas ces quatre perfonnes mortes, defcendit pout leur donner la main & leur aider a fortir; il cria & on ne le revit plus. Un paiTant, homme fort &C vigoureux , demanda un croc pour retirer quelqu'un des gens de la cave fans defcendre jufqu'au bas; il jetra le croc & retira la fervante, qui ayanc pris lair fit un foupir; on la faign.i aulli-tot, mais le fang ne vint point &Z elle mourut fur la place. Le lendemain un homme de la campagne , ami du Boulanger, dit qu'il tetireroit tous ces corps avec un croc ; mais de peur de fe trouver mal fans pouvoir remonter , il fe fit defcendre dans la cave avec des cordes fur un poulin de bois, S<. on devoir le retirer des qu'il crieroit; il cria bien vite , mais comme on le remontoit la corde calfa malheureufement , & il retomba : on renoua le plus promptement qu'il fe put cette corde qui s'ctoit calTce alfez pres du haut de la cave , mais on ne put le remontsr que mort : on I'ouvrit, il avoir le cerveau fee, les meninges extraordinairement ten- dues, les poumons tathetes de marques noires , les boyaux entles & gros comme le bras, enflamnics & rouges comme du fang, tV ce qui droit le plus particulier , tous les mufdcs des bras, des cuifl.:s is. desjambes comme fe- pares de leurs parties. Le Magillrat prit connoifTince de cet evenement pour I'int^rcc public, & fit defenfe qu'aucun defcendit dans la cave , jufqu'a ce qu'on eut eu Tonii III y I'ureie Franguift. * V j 511 COLLECTION les avis desMedccins, des Chirurgiens & meme des Masons. II fut con- AcAD.RoYALE '-'" 1"^ '^ braife que le Boulanger avoic mile dans fa cave devoir etre tnal DES Sciences eceinte; que comme il y a beaucoup de falpetre dans toutes les caves de DE Paris. Chartres , la grande chaleur avoit excite dans cellc-la une vapeur trcs- Annit 1710. maligne qui avoit caufe tant de funeftes effets ; qu'il falloir y jetrei- une grande quantite d'eau pout eteindre le feu & faire tomber la vapeur ni- treufe. Cela fut execute , & au bout de quelques jours on defcendit dans la cave un chien lie fur une planche avec une chandelle allumee : ce chien ne mourut point, &: la chandelle ne s'cteignic point j figne certain que tout le peril etoit paffe. On retira les morts , mais fi corrompus par 1 eau qu'on en put faire aucune vifite , ils etoient fort tv\S[t% , & I'un avoit la lan- gue hors de la bouche comme s'il eut etc etrangle. L' Academic tient ceite hiftoite de M. de la Hire. Uy en a une a-peu-pres de la meme efpece dans THiftoire de 1701 (a). M. Sur I'ujage des Bains froids contre. le rhumatifme. 1. Ho M BERG a avance ce paradoxe , que Ton pour roit guerir un rhu- matifme par un bain d'cau froide , aufli-bien que par un bain chaud , ou par la fueur. Le rhumatifme eft caufe par une lerofite acre, devenue alTez lubtile pour s'echapper desveines, & fe repandre de-la dans les mufcles dont elle picotte les fibres & embarralTe les mouvemens. Comme fa grande fubtilite fait qu'elle s'eparpille beaucoup , elle ne peut plus etre reprife par les veines d'ou elle eft fortie. Il eft egal ou de la chalfer du corps , ou de la faire rentrer dans fes vailTeaux. Une grande chaleur la fera fortir par tranfpiration : le froid la condenfera & la mettra en etat de rentrer dans les veines; peut-etre meme fuffit-il que le froid empeche une nouvelle ferofite de fucceder a la premiere , qui necelfairement fe brife , s'attenue & fe diiTi- pe, &: en ce cas le bain froid feroit preferable au bain chaud j car le chaud difpofe une nouvelle ferofite a s'echapper des vaiffeaux. Sur une conformation vicieufc du Re3um. I Jans le cadavre d'un enfant mort a fix jours , M. Litrre a vu le recjum divife en deux parties, qui ne cenoient I'une a I'autre que par quelques petits filets, longs environ d'un pouce. Ces deux parties fepareess'etoient fermees chacune de fon cote par le bout 011 s'ctoit fait la feparation , de forte que les deux clotures fe regardoient : apparemmenc le redum n'ayant pas pris dans ce fcctus autant d'accroillement a proportion que les parties auxquelles il etoit attache, avoit ete diftendu & tire avec violence, & enfin enticre- ment dcchire , a I'exception de quelques fibres plus fortes qui etoient demeurees entieres quoique fort allongces. Ce dethirement s'etoit (ait dan? (a) V, CoUec. Acad. prcm. vol. pag. ^;j. A C A D 6 M 1 Q U E. p ; ie terns ou Is canal etoit encore vuide , ic rien par confequent Ti'avoit em- * " peche les excrcmitcs dcs deux parties Icparces de s'affailler &: dc fe collcr Acad.Rovaie enfsmble , ce qui avoit fait les deux clotures. Enfuite la partie fupccieurc ^'^^ -^ciences J !■■ rt- •' • r J ■ (T 1 DE Paris. de i inreltin sctoit remplie de micnntum , tnais non pas en allcz grande quantitc pour ctre obligee de fe r'ouvrir. Qnant a la partie infcricure , elle Anna 1710. avoit toujours du ctre & etoit en effet eutierement vuide. Il eft aiic de con- cevoir quels accidents s'enfuivoient de cette conformation accidenteile, & combien la mort de I'eiifant dut ctre prompte , puifque fes excr6mcns Jie pouvoienc forrir , &: que tout ce qu'on lui faifoit prendre pour le dcboucher augmentoit neceirairement ie nial. M. Littre qui a voulu rendre foil obfervation utile , a imagind & pro- pofe une operation Chirurgicale fort delicate pour le cas ou on auroit re- connu une iemblable conformation. II faudroit faire line incifion au ventre , & recoudre enfemble les deux parties de I'lnteftin apres les avoir r'ouver- tes , ou du moins faire venir la partie fuperieure de I'inteftin a la plaie du ventre que Ton ne refermeroit jamais & qui feroit lafondlion d'anus. Sur cette legere idee , d'habiles Chirurgiens pourront imaginer d'eux-mcmes le detail que nous fupprimons : il fuffit fouvent de favoir en gros qu'une chofe ferou poffible, & de n'en pas defefperer a la premiere vue. Sur dcs Pierres trouvees dans un fac adherent au duodenum, IVJL.Chomel a fair voir d I'Academie li pierres qui venoient d'etre trouvees dans le corps d'uneDame de 80 ans fort vigoureufe pour fonage, & morte d'apoplexie : elies s'ctoient formees dans un fac , qui n'etoit qu'une extendon des membranes du duodenum vers le haut de cet intertin ; ces pierres avoient 5 a 6 ligiies de diametre ; elles etoient toutes prefque egales & de figure alFez reguliare , du moins autant qu'il fe pouvoit apres s'etre comprimees les unes les autres dans nne cavite commune lorfqu'elles etoient encore molles. Leur couleur extcrieure etoit d'un blanc-jaunatre ; leur furface polie , lui'fante & un peu favoneufe : leur confiftance , quoi- que folide , n'etoit pas abfolumcnt pierreufe j on les calToit avec facilite, & Ton y voyoit diftintftement les ditfcrentes couches dont elles eroienc compofees jufque vers le milieu de leur epailTeur. Au centre , &: dans quel- que etendue a I'entour , la matiere etoit plus fpongieufe & moins dure; il partoit de ce centre des cannelures qui comme des rayons fe terminoient a la couche la plus interieure de celles qui fe pouvoient diftinguer : ce milieu etoit feme de quelques grains blancs , brillants comme des particules de fels cryftallifes. M. Chomel ayant mis aux elTais Chymiques ces pierres rcduites en pou- dre , trouva qu'elles ne donnoient aucun indice ni d'acide , hi d'alkali , & que par confequent elles etoient d'une nature abfolument terreufe. Comme c'elt a I'entree du duodenum que fe nYilent d'abord le chile qui fort de I'eftomac, le fuc pancreatique Sc labile, M. C. croit qu'un clule rail digere , & pat-li plus propre a faire une malfc folide , durci en- .V V J ij jt4 COLLECTION ■ core par le melange des deux autres fucs mal conditionnes, aflra pu donnei AcAD.RoYALE naiflaiice a una premiere pierre fort tendre an commencement , laquelle fe DES Sciences fera attachee a la membrane interne du duodenum : a mefure quelle grof- DE 1 ARis. liiIoit,elle aura augmente fa petite loge , & poufle les membranes ea Annie 1710, dehors, pour faire place aux matieres qui doivent couler dans ce canal. Voila le fac qui commence a fe former ; la pierre en fe durcilFant , a la longue aura perdu I'ondluofite qui I'y attachoit, & y aura flotte libremenr. Aptes cela la generation de nouvelles pierres &c I'augmentation du fac font aifees a imaginer. La Dame qui portoit ces pierres ne vomifloit point , mais deux heures apres qu'elle avoir mange , elle fentoit une legere douleur vers I'endroit ou le fac etoit place : c'etoit la juftement le terns ou le chile de la nouvelle digeftion cuuloit dans le duodenum , qui ne lui donnoitpas un pallage alFez libre , parce qu'il ctoic comprime & gene par le fac. Sur un Tenia trouvi dans une Tanchc. JVj.Geoffroi le jeune a fait voir un tenia troave dans une tanche fort faine &c fort gralfe , femblable a ccux qui fe trouvent dans I'homme , a cela pres qu'il n'etoit pas decoupe par anneaux;il avoit feulement des raies ou plis perpendiculaires a fa longueur , felon laquelle une autre grande rale alloit dcpuis la tete jufqu'a la queue, en le divifant en deux moitics et^ales. II etoit entiec Si avoit 1 pieds^: on n'avoit pas encore oui dire qu'il fe fut trouve de tenia dans des poilTons. 1 1 Sur une tumeur inorme du ventre. \j N Religieufe a eu pendant 18 ans une grolTeur de ventre fi enorme, qu'outre les'bandes qui lui etoieiu necelfaires pour le foutenir , il falloit , quand elle vouloit marcher, que deux religieufes marchaJfent en arriere devant elle , &c lui aidalfent a porter fon fardeau. Elle mourut a I'age de 49 ans dans de grandes douleurs •, on I'ouvrit , & des qu'on eut Icve la peau du ventre , avant meme qu'on en. eut perce la cavite, il fe prefenta un grand fac qui prenoit fa naillance de I'ombilic , & defcendoit jufques fur les genoux : il etoit pleinde quantite de corps fort differens ; les uns comme des pains de favon , les autres commc degros morceaux de chair ; d'aurres comme des pierres de plarre couvertes de quelques membranes. Ils'y trouva audi trois vefli^s de la longueur denviron un pied , pleinesea partie d'une eau jaune prefque huileufe , & en partie de matieres aulli dures que des pierres : ces velfies n'etoient atrachees a rien , que vers leurs em- bouchures. Il faut remarquer qu'entre la peau & ks mufcles qui etoient prefque entierement confumes avec leurs tegumens communs , on avoit trouve quantite d'auttes petites pierres, dures comme des morceaux de carreau blaiic , done I'une poudoic des pointes comme des moieties d'epe- A C A D E M I Q U E. 515 iron. La cavite ia ventre etant ouverte , on vlt les boyaux enveloppcs dans det 1 un grand fac qui prsnoit fon origine de la premiere des vertebres Acad.Rovaif. „w. .ombes ou il ctoic fortemenr atcache ; il c'coit rempli de corps ctran- cfb SciENCts gers toLis femblables aux premiers , &c de trois ou quatre pors d'cau jaiine. "^"^ aris. Le diaphragme etoit fort prelFe par ce fac & le cccurptefque applati. L'Aca- demie tient de M. Lemeri ces faits tres-remarquables , non pas tant par J'efpece de ces generations que par leut monftrueufe grandeur. Annu 1710. Sur unc Mort fubitc 6' fa caufc. M I. M E a Y a dit qu'ayant ouvert un Iiomme qui etoit mort en un in- ft.int , il y avoit trouve I'aorte ttllcment Jilatee, qu'elle avoit commence ife detacher de la bafe du ca-ur 6c a i'abandonner. Dansle moment plus de circulation. Sur unc Hydropifu la'ucufc. N o u s avons parlc dans I'Hiftoire de lyoo.d'une iiydropihe laiteufe ; en voici une , occafionnee par une ciiute iur la tcte. Pour f.ute voir com- ment cela pent arriver , nous meierons aux faits qu'a oblerve M. Littre les explications qu'il en a donnces Une liUe de 7 ans qui fe portoit parfaitement bien , etant tombee far la tete , les parties du cerveau s'affailfsrent par la commotion du coup , 5; d'autant plus facilcment qu'ellej etoient encore fort molies. La cavite des tuyaux diminua ; le fang qui n'y couloir plus librement donna lieu a la ferofite de fe feparer ,?c de s'echapper par les pores des vailTeaux , en cn- trainant avec elle une parrie de fes fels , qui picotoient les membranes & caufoient de grands maux de tcte: la tenfion violente des vailFeaux ou le fang fejournoit trop , y contribuoit encore ; mais le plus grand mal ctok que par I'embarrns & le defordre des parties du cerveau , la filtration des elprits ne s'y faifoit plus, ni alfez abondamment , ni alfez rei'uliereinent : aulli lajeune fiUe , qui auparavant etoit fort vive & fort "^aie, devint-elle pefante , trifte & allbupie : elle vomiiloit quelquefois Sc avoit du degor:c pour les alimens , parce que les efprits ne fe repandoient plus dans I'eftonuc comme il eut ete nccefTaire. De la mauvaife difpofition de reftomac , s'en- fuivirent les mauvaiies dlgeftions ; I'imperfedion , & fur -tout la frcllc- rete du chile peu anime d'efprits ; ce chile epais ne pouvoit entrer aifc- ment dans les veines ladees, vaifleaux forr delies , qui fe glilTent entre les deux membranes du mefentere , & vontfe rendre.i fes glandes. L'ne partie du chile qui ne pouvoit penarer dans ces petires routes , fuivoit done ceile d'.i canal intelUn.nl , incomparablement plus large, fie qui porte les excre- mens , & la malade eut ce que Ics Medecins appellcnr paffion cct'taque c'ell-a-dire, qu'avec les excrcmens ilfuitoit du chile ; comme il s"en per- 515 COLLECTION ^___________ doit beaucoup par la , & que ce qui en reftoit pour la nourritare des parties etoit crop cpais & peu propre 1 les nourrir , la malade tomba dans une Acad. RoYALB rnai^reur extraordinaire. Les membranes du mefentere fe dcpouillerenc DES Sciences pgu-a-peu de toute la grailFe qu'elles contientient naturellemenc , qui les A-J^^s. jjenj feparees I'unede I'autre & qui enveloppe les vailTeaux lades : de-la jl Annie 1710, arriva que quand ces vailTeaux gentles a la longue par le chile qui s'y etoit amaife , fe creverenc , le chile qui sepancha entre ces membranes &c qui leurcaufoit une tenfion violence , parce qu'elles etoient extremement rap- prochees , eut la force de les percer en plufieurs endroits ; apres quoi il tomba dans la cavite du ventre & forma I'hydropifie laiteufe : alors la pallion celiaque cedii , parce que le chile qui avoit force tous les obftacles trouvoit beaucoup plus de facilite a entrer dans les veines la£tees , & n'etoic plus oblige a prendre le chemin du canal inteftinal. Le chile qui s'etoic amalTe dans les glandes du mefentere , les grollir beaucoup au de-li dix naturel , & s'y petrifia meme en maniere de craie. Le canal thorachique ou il ne palToit prefque plus de cette liqueur , devint extremement menu & delie. On fit une fois la pondion a la malade , & on lui tira fix a fepc pintes de ce chile extravafe. EUe mourut quinze jours apres , ayanc encore dans la cavite du ventre une pareille quantite de la meme liqueur. Sa ma- ladie dura quatre mois. Sur une GroJfeJJc incroyabk, Jr E u M. I'Eveque de Seez a alTure qu'un homme de fon diocefe , & qu'il connoiflToit , age de 94 ans , avoit epoufe une femme de 83 ans groffe de lui , & qui etoit accouchee a rerme d'un gar^on [a). Sur k Pareira Brava. I 1 E nom de pareira brava eft portugais , & fignifie vigne fauvage. La drogoe qui le porte eft une racine qui vient du Brefil, ou Ton dit que les nacurels du pays I'appellent botou ou botoua. Nous ne connoidbns poinc le refte de la plante , & nous ne favons que par le rapport des Portugais que ce foit une vigne. Cette racine n'a point ete connue de Pifon , dont I'hiftoire naturelle du Brefil fut imprimee en \6^'&. M. Amelot^ Confeiller d'Etat , eft le prenwer qui I'air appoct^e en France, au retour de fon ambaftade de Portugal en 1688, comme M. Nicot , Ambalfadeur dans le meme Royaume, fut le premier qui nous en envoya le tabac, peut-etre avec trop de fucces. M. le Prefident RouilU , fuccelleur de M. Amelot .a I'ambalTade de Portugal , (a) Le terns ties Patriarches efl revenu, dit I'Hiftoricn de I'Acadcmie , ou plut6t n'e/I pas tout-d-fait pajfi'. Cela eft fort lieureux, car il faut avoir un pcu dc Icur foi pou£ croirc; a ce prodige qnoiijue attcftc pat un Auteur gtave. I 3-.. ACAD^MIQUE. 517 rapporta aufli entre plufieurs autres drogues rares , du pareira brava , avec ««.,«__i«„„_ un mcmoire de quantite de vertus tres-confidetables que les Portugais lui ' attribuent. Acad. Roy ale A caufe de fes verrus , M. Geoffroi qui s'etoit charge du foin d'examiner ^^^ ^ciences tout ce qui avoit ece apporte par M. de la Marre a I'Academie , cut una at- tention particuliere fur le pareira brava , qu'il connoilloit deja d'ailleurs , & -^^nu 1710. qu'il avoit mcme eprouve. En comparant tout ce qu'il avoit pu ramailer fur I'hiftoire purement botanique de cette planie , il forma plufieurs doutes & plufieurs queifions, fi la iutua ou bniiua ^ piaiue indienne dont Giacomo- Zanoni avoit parle dans fon iftorta boitanua en 1675, '^ I'l i' ^'t venii dans le Mozambique, n'etoitpas la mcme que le pareira brava , ou le raifmier de cette Ifle qui eft alTez connu. S'il y a deux efpeces de pareira brava , I'une qui vienne dans le Mexique , lautre dans le Brefil , ou fi routes deux viennent du Brefil, &c. Mais tout cela seclaircjra avec le temps, nous nous en tenons a ce qui ell utile. M. Geoffroi a vu deux efpeces de pareira brava , fi cependant la difference de couleur qui eft prefque la feule fuffit pour fail e deux efpeces. La premiere qui eft la plus en ufage eft brune par dehors , &: d'un jaune brun en dedans j la feconde eft blanche par dehors, & en dedans d'un jaune citrin. Celle ci eft de couleur de chair, lorfqu'elle eft recente , & palit avec le temps. Toutes deux font dune fubftance dure, & cependant poreufe & fpon^ieufe. Elles ont un goat amer , mtle de quelq .e legere douceur , comme la reglille. Elles font quelquefois de la groffeur d'un ponce. Les Portugais , qui ont d'abocjjj appris des Sauvac;es du Brefil les vertus de cette racine, pourroient bien les ex-igcrcr un peu; mais fans prendre a la lectretout ce qu'ilsenraconrent, M. Geoffroi a reconnu par fa propre expe- rience qu'elle ne manque guere de coliques ncphretiques \ non pas qu'il croie avec les Portugais qu'elle aille brifer la pierre dans les rtiiis ou dans la vellie , mais bien qu'elle dilfout les glaires qui collent enfemhle dans L's reins les fables & les graviers dont fe fornient les pierres j & en effet , aprC-s avoir pris du pareira brava, on rend ordinairement beaucoup de fable. En general , M. Geoffroi I'a trouve trcs efEcace dans tous les cas ou il s'aoilToic d'attenuer des maticres glaireufes. Il I'a donne auffi fort heureufcment a des malades affliges d ulceres aux reins & a la vdlie , dont les urines devenues purulentes & toutes glaireufes, fe fupprimoient ou ne couloient qu'avec beaucoup de peine ; I'uf.ige du pareira brava guerilfoit promptement ces fup- prellions, & Ics-urincs n'erolent plus epailles, oul'etoien: tres-ptu: cc mcme remede nettoyoit peu a peu les ulceres , &; en y joignant a la fin le baume de Capaiia , plufieurs ont ere entieremenr gueris. M. Geoffroi , ayant juge par analogic que le pareira brava feroir bon pour I'afthme hiunoral , maladie caufee par une pituite cpailfe &: gluante qui fur- charge les branches dupoumon , & pour la jaunille occafionncepar une bile cpaille, lemploya avec fucces dans ces deux cas : voici un exeniple de chacun. Un vieiHlard de foixante & douze an?, fort foible & prct a etre fuffoque par une pituite qu'il ne pouvoit arracher de fa poitrine, ay.int pris deux- vetres d'iafuHoHde paieiia bravaauue demvheuie I'mi de I'auue, jcruune- I jiS COLLECTION ■ fi grande quantite de glaires & de phlegmes , qu'il fembloit vomir j il fut ^ Acad. Roy ALE entierement delivre de Ion acces. DEsSciEMCES (jne femme tourmentee d'une violente colique avec une douleur aigue DE Paris. ^^^^^ j^ j— ^^ ^^^ ^^ menie temps une jaunitle univerfellej fes urines qui Annh 1710. etoienc fort cpailTes , teignirent le linge en jaune j leslavemens n'amenoient que des matieres blanchatres &: en petits quantite. Apres quelle eut ete faignee du bras & du pied , M. Geoffroi lui fit prendre trois verres d'infufion de pareira brava , a demi-heure I'un de I'autre. Peu de temps apres le troi- fieme , la douleur ceiFa , le ventre s'ouvrit , & la malade rendit des matieres fort jaunes; les urines coulerent abondamment & s'eclaircirent : on con- linua de donfter a cette femme du pareira brava de quatre heures en quatre ' heures , fa couleur jaune s'etFaga entierement, & vingt-quatre heures apres , elle parutparfaitementguerie. Ladofe de cette racine eftdedenx gros, coupes par petits morceaux , que Ton fait bouillir dans trois demi feptiers d'eau , jufqu'a ce que la liqueur foit reduite a chopine. On coule cette decodion , on la partage en trois verres que Ton fait prendre chauds comme du tire avec du fucre. Pour prefervec ceux qui font fujets a la gravelle , on leur en fait ufer tous les mois pendant huit jours, a la dofe de vingt-quaire grains feulemenr qu'on fait bouillic leoerement dans une taffe d'eau. On peut donner aufli cette racine en fubftance piilverifee , a la dofe de douze ou di;c huit grains. Sur k Bled cornu appdli Ergot, \ 1 A relTemblance des grains de ce bled avec I'ergot d'un coq , lui a fait donner le nom de bled cornu ou ergot. Il y a apparence que cette maladie n'eft occafionnee que par des brouiUards qui gatent les froments, & dont la plapart des epis de feigle fe defendent par leurs barbes. Dans ceux que cette humidite maligne peat atteindre & pcnetrer , elle pourrit la peau qui couvre le irrain, la noircit & altere la fubftance du grain meme : la feve qui s'y por% , n'ctant plus refi'errcc par la peau dans les bornes ordinaires , s'y porte en plus grande abondance, & s'amaflant irregulierement , forme une efpece de monftre. Ce n'eft que dans le feigle que fe trouve I'ergot ; &: dans le meme temps que fur les reprefentations de I'Academie , la Cour ordonnoit des precautions pour fe mettre a I'abri dos dangers de fon ufage, M. de U Hire fils ecrivit a un de fes amis , bon Phyficien qui ctoit a la campagne , Sc le pria de favoir a quoi les fermiers attribuoient la produdion de I'ergot, d'en nourrir des poules , & d<)b(er ver ee qui leur en arriveroit , d'en femer , pour voir s"il lev^^roit II eut fatisfadion fur ces trois articles. Cette mauvaife efpece de grain vienr en plus grande abondance dans les tcrres humidfs & froides , & dans les annecs pluvieufes. Un certain feigle parti- culier qu'on feme en mars , y eft plus fujet que ceux qu'on feme en automne. Les poules n'en veulent pas, des qu'elles I'ont reconnu, & de qtielque adrelfe qu'on fe ferve pour en mtler dans leur mnngeaille, ellcs aiment mieijx pailer u'ois jours fans mang2r. Cependant il ne patoit point leur faire de A C A D t M I Q U E. 51., de mal , qu.ind elles en ont mange par furprife, & ellcs ne laiiTent pas de — ^ pondre a I'ordinaire. « . n II ne leve point , ce qui ell aflez nature! & en meme terns trcs lieureux , t>ns ScitvcEs car fan ufage eft fort (ufpQiCt , & Ton attribue avec alTez de vraifemblance a ^^ Paris. cette mauvaifd nounitute, line gangrene endcmique & tres-redoutablc qui yJnnti 171 1, dcfola rOrleanois Sc le Blaifois en 1716. Cette gangrene ctoir fecbe , noire & livide , commengoit prefque toujoiirs par les orteiTs , de la s'ctcndoit plus ou moins Sc gagnoit quelquefois jufqu'au liaut de la cuKTe. A quelques uns, la gangrene fe feparoit naturellement &c fans qu'on y eut rien fait ; aux autres , elle le terminoit par les fcarifications Sc l;s topiques, plufieurs moururenc apres lamputation de la partie gangtence , patce que le mal continua de monter jufqu'au tronc. Cette ctrange maladie fembia refpeder les femmes; a peine elle attaqua quelques petites fiUes. Le plus maltraite , fut un payfan des environs de Blois , a qui cette gangrene fit tomber d'abord tous les doigts d'un pied , enfuite ceux de I'autre , apres cela le refte des deux pieds ; & enfin les chairs des deux jambes Sc celles des deux cuifTes fe detacherent fucceflivement , & nc laif- ferent que les os. Dans le temps qu'on en ecriveit la relation , les cavitcs des OS des lunches commen^oient a fe remplir de bonnes chairs qui renaiiroient. Tpiae IIJ, Panic Frangolfe. ' Xf J5« COLLECTION Acad. RoYAiE BEs Sciences BE Paris. Annie 171 1. Obfcrvat'wns fur la Racine dc Mechoacan , ^'furfon ufage. Par M. B o u L D u c. \__i'E mechoacan eft une racine ainfi appellee d'une Province de la nouvelle Efpagne , d'oii elle fut apportee en Europe , il n'y a giiere plus d'un fiede : on en a trouvedepuis dans plufieurs autres paysde I'Amerique. Des Botaniftes & quelqnes Auteurs de la matiere m^dicale , I'onr appellee Briofne dcs Indes , a caufe de la reflemblance qu'elle a avec notre briojne'^ d'autres en parlent fousle nom de muhoacanna alba , pour la diftinguer du jaiap qu'ils appellenc mfcAoacan/ra nigra, & d'autres ayant egard a les pro- prietes , la prennent pour une rhubarbe blanche , & la nomment rhubarbe des Indes. Le mechoacan a ixi connu avant le jalap qui eft aujourd'hui beaucoup plus employe , parce qu'on lui a trouve plus de vertu ; il eft vrai que I'ailion du mechoacan eft plus douce : mais par cela meme cette racine n'eft-elle paS' preferable? Elle a , outre cela, I'avantage de n'avoir befoin ni de preparation , ni de corre^bif , & elle purge par fa propre fubftance , telle qu'elle eft. Elle con- tient douze fois plus de fel que de refine, mais ni I'extrait falin, ni le rcfi- neux ne purgent autant que la fubftance meme, fu(lent-ils en plus grande dofe : ils ne purgent pas non plus audi doucement. Dans le choix du mechoacan , il fauc prcferer les morceauxqui font plus bruns en dedans , & d'unc fubftance plus ferree j ou piutot il faut rejetter en- tierement ceux qui ne font pas de cette qualite : ils ont au moins le defauc d'avoit trop peu de vertu. Le- blanc donne moitie moins d'ewrait que le- brun. En comparant les produits de I'analyfe du mechoacan avec ceuxdu jalap ,, on trouve que dans celui-U , I'efprit acide I'einpoite fur I'urineiix, & qu'il" contient bien moins de parties huileufes que le jalap. Obfcrvations fur les fibres du cceur & fur fes valvules ^ avec la maiiierc de les preparer pour les demontrer. Par M. W I N s L o w. iy 'o N regarde ordinairement le cosur comme un mufcle ccmpofe de fibres differemmeut pliees & contournees. J'ai fuivi autant qu'il m'a ete poflible les contours de ces fibres, & je crois avoir remarque que le cccur eft un double mufcle, dont le plus confidcrable forme le ventricule gauche 3 & le moindre le ventricuie droir. La doifon qui s'obferve entre les deux ventricnies, 8c que beaucoup d'Anatomiftes actribuen» touce entiere au ventricule gauche, apparii«:nt a . A C A D fe M I Q U E. j,i I'tm & a I'autre de ces ventricules , c'eft-i-dire quelle efl compofee de fibrej ■ .^^ da vencricule gauche Sc £s Sciences corps de ditferencss efpeces danimanx, efperanc decouvrir dans les unes BE Paris. ^e qui m'auroit ecliappe dans les autres , & enhn je crois etre parvenu a con- ^ , noicre ^ a pouvoir dcniontrer comment fe font les fecrctions. ' J'ai obferve, d'apres quelques Anacomiftes, que les glandes ne font que des pelotons ou des lacis de vaiffeaux ; mais j'ai remarque de plus , que les vaifleaux qui font propres a la glande, & qui en font la prmcipale partie , font des tiiyaux garnis interieutement d'un davet ou veloute , ou plutot d'uti tillu fpongieux trcs-fin qui remplit toute la cavite de ces vaiffeaux comme uue efpece de moelle ; on le remarque non-feulemenc dans les differentes glandes du corps humain , mais encore gener.alement dans celles des differens ani- mxux. Ce tiffueft de differentes couleurs dans les glandes diff^erenres , ce que Ton obferve meme dans les plus petits foetus. Ainli la glande eft compofee , pour la plus grande partie, de ces vailTeaux veloutes ou Jpongieuxque j'appel- lerai , a caufe de leur fondtion , vaiffeaux ou tuyauxficretoires , lefquels (or- nient fouventprefquefeuls,cequ'onappelleg/a;z(/eoacor/'ig/(z;zi/tt/««x. Mais outre ces vaiffeaux, on y en remarque encore de quatre fortes, favoir , des arteres, des veines ,des canaux excretoites &: des nerfs. Je diftingue les ca- naux excretoires des vaiffeaux fecretoires, en ce que ccux-ci pat leur tiffu fervent a feparer du fang une liqueur particuliere , & que ceux-la ne fervent qu'a tecevoir au fortir de la glande le fuc qui a ete fepare par les vaiffeaux iecrecoires , pour le porter au lieu ou il eft deftinc. On decouvre de plus dans quelques glandes des vailleaux lymphatiques. On pourroit m'objeder la ftrudure veficulaire & fibreufe de quelques olandes , comme des conglobses , &:c. Mais je fatisferai a cette objedlion , dans un autre Memoire que je donnerai fur les glandes en particulier, ou je les rangerai fous differentes claffes & d'une maniere nouvelle. J'expli- querai enfuite pourquoi les vailTeaux fecretoires font beaucoup plus etendus dans quelques glandes que dans d'autres. J'examinerai aulli ce que c'eft que les glandes fanguines que quelques-uns ont reconnues depuis peu, & dV-u depend la couleur cendree du cerveau , 8c la couleur brune des glandes re- nales , quoique les liqueurs qui coulent dans ces parties ne foient pas de la n;eme couleur. ll n'eft pas aifc de determiner quelle connexion peuvent avoir entr'eux tons les vaiffeaux differens qui compofent le corps de la glande. Ces vaif- feaux echappenta nos yeux par leur finelFe, & quand nous les avons fuivis autant qu'il eft pollible , il faut fuppleer au refte ou pat ce que nous avons deja obferve jufquesia, ou par ce que nous voyons de femblable dans d'autres organes dii corps plus fenfibles. Voici ce qui m'a paru de la difpofi- tion des vaiffeaux dans le corps de la glande : au(Ii-tot que I'artere qui y arrive en une ou plufieurs branches A ( P/. XF , Fig. XXVI. ) s'eft enfoncee dans le corps de la glande , elle s'y ramifie en une infinite de petits vaifffaus capillaires d'une extreme finelTe , lefquels enfin fe recourbent en C C C C , & forment par leur retour les petits rameaux de veines; ces petites veines fe teuniffent peu-a-peu pour furtir de la glande en une ou j)lufieuts branches B j •,il Acad. RoYALB Dns SciENCFS ACAD^MIQUE. jjj )e fuis en etat de demontrer cette continu|tc des arteres 8: des veines d'une maniere tres-fenllble. Dans la courbure ou dans les glandes que forment les petits rameaux d'ar- teres&de veines, font places les orifices des vailleaux fecretoiresC! D. C D. "iA^Parx^s. CD; ces vailFeaux qui font quelquefois d'une trc-s-grande ctendue , n'oc- . cnpent neanmoins qu'un trcs petit volume, parcc qu'ils font plits & replies ^"''" ''^" fureux mcmes, tantot en un feul pcloton , tantot en diK-rcns pelotons en- veloppes d'une membrane commune , ce qui a donne lieu a la dilliiidion des glandes conglobces & conglomcrces. Enfin ces differentes branches de vaif- ieaux lecrctoires.ou fe rcunilTent par des cnnaux continus en un feul canalexcrc'- toire E, lequel fort dc la glande , & porte dehors le fuc qui s'y ell prepare ; ou bien ces metres vailfeaux fccrcoires aboutilTent inn hnflin ou r 1 c^ 1 1 ■ DEs Sciences c^ur Ic oang liors des vemes. de Paris. JVJL- Parent s'ctant fair fsigner, remarqua que lorfqiie Ton fang fut con- •"'^""^ '7' gele, a la referve d'lin pen de bile qui iurnageoic, il yen eiir environ les deux tiers qui parurenc converts de bnlles rouges & rondes, grolfes apeu- pres comme des pois, le refte etant d'une couleur rouge grilatre & d'une fuperhcie unie. Quelque temps aprcs , la quantitL- de la matiere bilitufc aug- menta , &; les plus grolTes builes ayant crevc , laiirfrent en leur place autanc de cellules de figure polygone alFtz reguliere. La pliipart etoient hexagonales, les autres etoient pentagonales ou lieptagonales ; route I'crendue de la furface de ce fang qui avoir d'abord paru couverte de bulles j etoit divifte en ces cellules dont la petite aire etoit occupee par un matiere grifatre , fenjblable a celle de la partie unie de cette furface , & les cloifons des cellules etoient formees par un tilfu alTez folide d'un fang vermeil. M. Parent explique la formation de ces bulles par I'air on telle autre ma- tiere expanfive qui tendoit a fe degager du fang dont la vifcofite refilioit a un certain point. Lorfque I'expanfion I'a emporte lut la refiftance , les bulles one creve, & comme elles agilFoient routes les unes contre les autres, fi une bulle etoit environnee de bulks egales, la cellule qui lui a fuccede a dii prendre une figure hexagone , parce qu'elle etoit repoulfee par fix endroits : que fi une bulle etoit environnee de bulles plus petites ou plus grandes , elle a du par la meme raifon faire dans le premier cas une cellule heptagone , & dans le fecond une pentagone. Cette geneiation de la figure hexagone qui paroit evidente , s'appliquercic forr narurellement aux cellules des abeilles , en fuppofant qu'une abcille qui tend a faire fa cellule ronde , eft repouffee par fix abeilles voifines qui oni le meme delTein , &C qu'elle repoulTe egalement. * Sur un Fcetus fans cervellc , ^'c. iVA' Fauvel , Ghirurgien , a fait voir a I'Academie un foetus fans cervelle nicervelet, ni moclle epiniere, quoique tres-bien conforme d'ailleurs. H etoit venu a terme, avoit vecu deux heures, &: donne quelques ficnes de fen- ;nt. Ce fait feui, qui n'eft pas unique, demontre ou que les efprits ani- X ne font pas abfolument neceflairesa i'economie animale, ou que ces timen mau efprits peuvent s'engendrer ailleiirs que dans le cerveau, le cervelet &: }a moclie epiniere. 5 41 COLLECTION ACAD.ROYALE r.vZr S-r dcs Hydatidcs. Annii 171 1. J_) E meme M. Fauvel a fait voir audi fur ce qu'on appelle un ovaire de feinme, des hydatides d'une groffeur alFsz confiderable, & qui peuvenc donner quelque fujet de fe defier des cEufs, ou du moins de continuer a les examiner de -pxhs. « Guerifon d'un aveuglement accidentel & d'une furdite. EUK mancEuvres qui travailloient a una vieille foffe, laquelle-n'avoic poinc ete vuidee depuis un fort longtetns, parce qu'elle etoit cachee fous uue autre , furent tellement frappes par I'horribie exhalaifon qui en fortit , qii'ils en perdirent la vue, I'un ablolumcnt, I'autre au point de n'apperce- voir plus que foiblemsnt la grande lumiere. M. Chomel les guciit tous deux parfauement en vingt-quatre heures, par I'ufage tant intetieur qu'ex- terieur d'une eau fpiritueufe. Cette eau eft tiree de plantes aromatiques , thin, lavande, fauge , ferpolet , romarin , marjolaine , feuilles & Heiirs : on les fait macerer dans de I'hydromel , aprcs quoi on les diftille au bain de fable, &c tout 1 art confifte a bien confervcr i'huile elltotielle j cnfuite on retflifie la liqueur diftillee , fans feparer I'liuile. Cette meme eau prife interieurement & en memfe terns appliquce aux oreilles dans du coton , a gueri en huit jours deux perfonnes qui etoier>t de- venues fourdes aprcs de grandes migraines & de grandes fluxions fur les oreilles : I'une I'etoit depuis fix femaines, I'autre depuis quatre mois. Sitr la nature des Sues de Vejlomac. M. L I T T R E ayant coupe la tete brufquement & d'un feul coup a de petirs chiens qui tettoient, trouva leur eftomac plein dun !ait aigre & coagulc. Or il ne s'y etoit fait nulle alteration confiderable , puifque la mort de I'ani- mal avoit ete ft prompte , &c par confequent il parolt que le lait s'etoit aigii par un levain narurel de I'eftomac, & que ce levain contribue a la digefbion. Sur Veau du pericarde iS' des vcntiicuhs du cerveau. I/l. LiTTR n avoir encore un deflfein dans I'experience preccdente ; il vouloit voir fi I'eau du pericarde & celle des ventricules du cerveau qtr'on trouve ordinairement dans les cadavres, ii'ctoient produites, comme quel- A C A D b M I Q U ft 5^, ques-uns Ic foutiennent, que par Ics approches dc l.i more, par la mal.idie , • ^^^ par I'agitatien, Sec. Ces petits chiens morts fi brufi.|iicnient, ccoient pro- pres a refoudre la qiieftion : ils avoient de I'eau & dans le pciicarde & dans Acad. Rojale le ventdcule du cerveau, & par con(cquent elle y doit avoir des ufaces na- ^^^ Sciences tutels. Annie 1711 Sur r eruption d'une petite vcrole procuree par le bain. iVl. L EMERY ayant entre les mains un malade qui avoir cous les fymp- tomes de la petite vetole , & a qui il voyoit qu'elle ne pouvoit forrir , s'a- vifa de le inettre dans un bain d'caa chaude qui la fie fortir abondammcnt. 11 falloit remedier a la fcJiercflTc &: a la diirste de la peau : cette prati- que extraordinaire & bardie , eft rcmarquable. Sur une Epilcpfie. \J N jeune homme de condition age de neuf ans, qui fe portoit parFai- temeiit bien , qui avoir beaucoup d'efprit tc deja beaucoup de favoir pour foil age , un jour apres avoir un peu plus dine qu'a Ion ordinaire , fut atta- que fubitement d'un violent mal de tote; enfuite eut un grand vomille- ment , une grolfe fievre & perdit connoiirani:e. On lui donna de i'emc- tique avec fucccs, 5: en trois ou quatre jours la hevre cella : mais pendant ces trois ou quatre jours il ne parla point du tout , & apres fa c que les membranes & les nerfs memes s'oflifient dans les viellards \ ce qui prouve un rapport reel entre les fubftances odeu- fes & les membraneufes. Sur Un nouvcau Febrifuge. _ Reneaume ayant reconnu la noix de Cyptes pour un febrifuge exempt des principaux inconveniens du quinquina, a decouvert la meme vertu dans la noix de galle donnee par qui pro quo , au lieu de la noix de cypres. Il faut bien que la noix de galle ait gueri Ass fievres intermittentes , puifque M. Reneaujne I'attefte, maisil convient qu'elle ne les guerit pas routes. M. Boulduc alTure qu'il en a donnc fans effet jufqu'a fix fois dans des fievres tierces & quartes. MM. Lemeri & GeofFroy difent que ce re- mede caufoit un peu de cours de ventre j que la fievre tevenoit & ne ccdoit plus qu'au quinquina (a). (.1) On fait que MM. Boulduc, Lemeiy & GeofFroy etoicnt tous Apothicaires trc>- cetcbies. Sut ACAD^MIQUE. j4j A Acad. RoYALE Sur une Fontaine dont I'eau efl contrain aux dents. "" ^pII'Ic^* -J DE 1 ARIS. SuNtissE, village pr^s deChevreufe , il y a une Fontaine publique dont •^'""* 171^. I'eau tait comber les dents , fans fluxion , fans douleur & fans cjue Ton faigne. On ne peut fe prendre qu'a elle de cet efFet ; car I'ait eft dans cec endroit tres-bon , tres tempere, & les habitants plus robulles & plus fains qii'ailljurs ; feulementil y en a plus de la moitie qui manquent de dents. D'abord elles branlent dans la bouche pendant plufieurs mois j enfuite elles tonibenc fort naturellement. L'eau qu'on accuie de ce mal , eft vive ; on la troiive froide lorfqu'on la boit au fortir de la Fontaine ; on reconnoic quelle eft dure lorfqu'on s'en fert pour le pot, &C on pretend qu'elle donne des traiichces a ceux qui n'y font pas accoutumes. Quelques - uns corifeilloient de la faire bouiUir avanc de la boice. M. Lemeri I'ayanc examinee de routes les manieres , u'y a pu decouvrir rien de particulier , fi- non douze grains d'alkali fixe , fur quatre pintes de cette eau evaporccs a un tres pecit feu , m.iis pas le moindre indice de mercure. M. Lemeri s'eft fouvenu que Vitruve parle d'une Fontaine de Suze en Perfe, dont l'eau Fait tomber les dents, & il avu a Paris un Perfan ne dans cette meme ville de Suze , qui s'otoit avec la main fept ou huic dents de la bouche , & fe les remettpit audi facilement : il eft vrai que cct homme »voit violemment le fcorbuc. Sur la Brione ou Coukvree. I i A brione eft du meme genre que le mechoacan : fa racine qui eft la feule chofe qu'on emploie, ou pliitot qu'on employoit auttefois , difFeredu me- choacan , en ce qu'elle n"a que des principes falins fans aucune refine : cette racine purge avec affez de force , quelquefois par le vomilTement, mais fur-tout par les urines. Elle a plus de vertu ctant prife en fubftance, que de route autre maniere •, ce qui , felon M. Boulduc , lui eft commun avec la plupart des purgatiFs vegetaux ; maiscomme I'efFet en pourroit etre trop violent , M. Boulduc a eprouve les inFufions, les decoftions & les extraits de brione. L'infufion eft a preferer aux decoftions , & I'inFufion dans le vin blanc elt a preferer a I'inFufion dans l'eau. II ne Fauc qu'une dragme de cette racine feche , ou quatre de verte : fi Ton n'a en vue que de vuider les eaux , I'extrait du fuc vaut mieux , qpe I'extrait de la racine meme prepare , foit par infulion , foit par decottion. Tomt in. Panic Fran^olfc, Z. 5 54^ COLLECTION Acad. Royale BEs Sciences DE Paris. jinnii 1711. Sur h Pavot rouge ou Coqudkot. JVl • BouLDUc a trouve dans le pavot rou^e routes les vertusde I'opium, fans aucune mauvaife qualite. Ces vertus refident dans la tete ou le fiuit , & non dans lafleur. Quatre onces de ces tetes de pavot vertes & recentes, lui donnent cinq gros d'un extrait folide , dont il ne faut prendre que deux , trois ou quatre grains. Celt un bon remede dans les toux cruelles &C opinia- tres. Obfirvations fur k Nerf optiquc. Par M. M E R Y. J_jE mercredi27 Juillet lyiz, cette queftion fut propofce a I'Academie Royale des Sciences , par le reverend pere Gouye , prefident de cette iiluf- tre compagnie : favoir fi la retine prend ou non , naiirance du cerveau, la choroi'de de la pie-mere , la cornee de la dure-mere. Quelques Academiciens parurent en dourer, mais ils ne s'expliquer&nc point alTez nettement pour nous faire connokre leurs vcrirabies fentimens. Pour moi je pris raffirmative , &c je reprcfentai a rafTembiee, que pour re- foudre cette queftion , il n'y avoit qu'a examiner fi la retine eft ou non , continue a la fubftancc propre du cerveau, la choroide a la pie-mere, & la cornee a la dure-mere. Le famedi fuivant, trente du meme mois, je demontrai a la compagnie: 1°. la continuation de ces membranes fur des yeux d'hommes, & lui (is voir la feparation de la dure-mere d'.avi.c la pie-mere au nerf optique, telle quelle fe trouve au cerveau. i*. Apres avoir fait une incifion a la pie mere , j'exprimai de ce nerf, fuivant la longueur qu'il a dans I'orbite , une fubftance moflleufe femblable a celle du cerveau , que tons les affiftans virent fortir en comprimanc ce nerf. J °. Ayant expofe ces fairs , je pris un autre ofil & monrrai a TalTemblee la feparation de la cornee d'avec la choroide , &c de celie-ci d'avec la recine, telle encore qu'elle fe rencontre au cerveau. 4"^, Je fis remarquer que la choroide & la cornee , naturellemenr fepa- rees au cerveau, au nerf optique & dans le globe de I'oeil, etoienteiTentiel- lement uni'CS enfemble au palTage de la fubftance mob'Heufe du nerf optique dans I'ceil ; que la ce nerf eft plus menu que dans le refte de fon corps , &: que la couleur noire de la choroide fe termine 3. la circonference interne ■ de ce pallage qui n'a guere plus d'une demi-ligne de diametre : de la vient que le cenrre de rexrremite du corps du nerf optique 011 commence la retine , eft; blanc , ce qui eft caafe que la vifion ne fe fait point dans cet endroit, fuivant la remasque de M. Mariotte. ACADiMIQUE. S47 5*. Enfin pour dcliiontrer que la retine n'eft autre cliofe qu'an develop- ■ pement d'une fubftancc moclleufe femblable a celle du nerf optique , & qui Acad. Roy ai«. Jui eft unie , je feparai cntierement cette pretenduc membrane d'avec la i^KS Sciences choroide, 8c Us palTer la fubftancc moclleufe de ce nerf dans le globe de ^^ 1'aris. I'oeil , en prcfence de route lacompagnie; ce qui donne lieu de croire que Aiuiit lyii- la retine n'eft point un tillu de hiets membraneux qui contiennent cette xnoclle. Or , puifque par ces experiences , il eft aufli certain que la retine eft con- tinue a la fubftance moclleufe du nerf optique , qu'il eft conftant que la fubftance moclleufe de ce nerf eft continue avec celle du cerveau, & qu'il n'eft pas moms evident que la choroide eft unie a la pie-mere, qu'il eft claic que la cornee eft unie .i la dure-mere ; on peut dire, en fuivant le langage or- dinaire des Anjtomiftes, que la retine tire fon origine du cerveau, la cho- roide de la pie-mere, & la cornee de la duremere; quoiqu'il foit vrai que le cerveau, le nerf optique , I'oEil & leurs membranes foieat formes du meme tems , & que leur ftruiflure foit fort diffcrente. Au refte , I'Acadcmie me parut fatisfaite de ma demonftration ; il n'y euc que M. Litre qui , prevenu qu'il ne fe rencontre au nerf optique qu une feule membrane, me foup^onna de I'avoir divifee en deux. Mais j'ai dcmontre k. cet Anatomifte , fansaucunedi(re(flion , nonfeulement que le nerf optique eft depuis le fond de I'orbite jufqu'au globe de I'ocil, reellement compofe de deux membranes diftincles qui , quoique lices I'uue a I'autre par quel- ques fibres tres-deliees, formentcependant deux canaux fcparcs & renfermes I'un dans I'autre j mais encore que fon canal interieur eft rempli dans route fa longueur de petites cellules membraneufes qui ont communication les unes avec les autres \ que ces cellules reprefentent parfaitement bien celles dc la mocll." du fureau, & meme celles des corps caverneux de la verge, quoi- qu''elles foient plus petites, & que c'eft dans ces petites cavites que la moclle de ce nerf eft contenue; mais que ce.s linuolitcs ne fe trouvent point dans la parcie qui s'etend depuis le cerveau jufqu'au rrou de I'orbite qui lui donne paffage ; qu'enfin la pie-mere forme feule au dedans du crane un canal tout uni qui renferme la moclle du nerf optique, comme elle fait celle du cer- veau. Voici le moyen dont jc me fuis fervi pour faire ces obfervations. J'ai expiinie d'abord la fubftance moclleufe du nerf optique par fon extrc- mite oppofce au globe de I'ttil ; j'y ai feringui de I'eaii pour le mieux net- t'lyer , je I'ai fouftle enfuite & j'ai lie ces deux exticmites afin d'empcchsr I'air d'en fortir. Apres I'avoir lailFc fecher , je I'ai coupe tranlverfalement , & alors j'ai appercu le canal que la pie-mere forme a ce nerf au-dedans du crane entieremenr vuide, & j'ai vu dans fa partie placce dans I'orbite, les deux canaux que lui donnent la duremere & la pie-mere, fcpires, mais lies I'un a I'autre par plulieurs fibres aulli dclices que des cheveux , &■ dans fori canal interieur, les cellules que j'avois fait voir a la compagnic. Apes cette demonftration M. Litre fe rendit ; bicti plus, ayant change de fentiment , il s'engagea a montrer a la compagnie trors tuniques diftinc- tes au nerf opiique, ce qu'il n'a pas encore execute. Le finiedi treize du rncnie mois , le R. 1'. Gouye kit a I'Acadcmie un ex- trait tire du chapitre Vllldulivrc III de I'Anatomie du corps humain, par 54$ COLLECTION J — Isbrande de Diemerbroeck , pag. 607 , dans lequel il croyoit trouver la de- AcAD.RoYALE couverte que j'ai faite fur le nerf optique , enfuite il me le remit entre les DEs Sciences mains pour I'examiiier &c en rendre compte a la compagnie dans I'alTem- DE Paris. j,i^g fuivante ; ce que j'ai fait le mercredi 17 du mois d'Aout , en lui repre^ ^nnee \-jiz. fentant que loin de trouver ma decouverte dans ce chapitre , j'ai reconnu, apres avoir compare avec beaucoup d'attention les obfervations de ce fa- meux Anatomifte avec les miennes, qu'elles font extrcmemenc difFerentes les unes des autres. Cet Auteur dit que la fubftance des nerfs optiques eft compofee comme celle des autres nerts , de plufieurs petits fils ; quelle en differe cependartt en ce que leur fubftance eft dans fon centre en quelque fa^on poreufe , & que dans fes pores elle contient fort peu de moelle , qu'on peut exprimer en com- primant ces nerfs. Pour mieux faire connoitre que cet habile horame s'eft beaucoup mepris, je dois partager touxe la longueur du nerf optique en deux parties , dont la premiere eft placce dans le crane , & la feconde dans I'orbite : or , ni I'une ni I'autre ne font certainement point compofees de fils nerveux comme les au- tres neifs oil ces fils paroilfent fort diftinds. La pie-mere feule forme a la premiere partie un canal tout uni qui renferme en bloc route fa fubftance mocUeufe ; de la vient qu'on peut I'exprimer par la moindre prefliont Diemerbroeck s'eft done manifeftement _trompe dans ce qu'il y a de plus eftentiel a ce nerf. La feconde partie eft compofee de deux canaux feparcs, renfermes I'un dans I'autre & lies enfemble par plufieurs fibres tres-deliees; ce que ce fa- van: Anatomifte n'a pas non plus remarque. D'ailleurs le canal interieur que la pie-mere fournit a cette feconde partie, ell tout rempli de petites cellules membraneufes tres vifibles , lefquelles contiennent fa moelle , qu'il eft mojns facile d'exprimer que de la premiere , parce qu'il faut qu'elle palfe des unes dans les autres pour foitir : or il eft imp^ flible d'appercevoir ces canaux, ni les fibres qui les lient , ni ces cellules, fans fouffler le nerf opti- que , ce que Diemerbroek n'a point fait ni vu. Il eft done vrai de dire que quoiqu'il ait conjefture que la fubftance interieure des nerfs optiques fiic poreufe , il n'a pas connu leut ftrudure veritable & naturelle, non plus que tous les autres Anatomiftes dont il combat ou approuve les lentimens y ce qu'on peut connoitre en comparant leurs obfervations avecle'. miennes. Tous les Auteurs rapport« par Diemerbroeck conviennent avec lui que les nerfs optiques font compofcs comme les autres de plufieurs fils nerveux qui font enveloppes de la dure- mere &c de la pie mere : leur difterend ne confifte qu'en ce que les iins foutiennent que ces fils nerveux font tous droits, & les autres pretendent qu'ils font entortill^s. J'ai fait voiralAca- dcmie Royale des Sciences , que ces fils ne fe trouvent point aux nerfs opti- ques : tous ces Auteurs fe font done trompes fur la ftrufture dw nerf optique. COLLECTION 549 Sur un Cceur fans pcricardc. ACAD.ROYAIE DES Sciences DE 1'aius. JVJL- LiTTRE a trouve dans une femme de 54 ans le ctrur fans pcricarde, ■^^"'^ 1712. & enferme abfolument a nud dans la cavitc de la poitrine. Aiilfi etoit-il fee, dur, fa furface inegale & raboteufc; il avoic peu de grailFe , &: fa grailTe etoit peu ondlueufc. Cette femme n'avoit jamais eu de fantc , ni d'enfans en vingc annees de mariage. Sur une conformation extraordinaire du Vagin. \J Ne femme qui avoit etcmariee a I'age de feize ans, avoir le vagin G ctroit , qua peine le tuyau d'une plume d'oie y pouvoic entrer j il nVtoit tet- me par aucune membrane extraordinaire comme il arrive quelquefois j elle fenroit une teniion doulotireufe a la marrice dans le terns de fes regies qui ne pouvoient couler libremenr , ce qui faifoic foupconner que le vagin ctoit encore plus etroic ducoce de la matrice , que de celui de I'orihce exte- rieur ; d'aillears elle ctoit tourmencee par un mari jeune & vigoureux qui efperoit toujours fe faire un palfage & n'y reulliiroit poinr. Enfin au bout de onze ans elle devinc grolTe , fans que le mari cependant fuc plus avance que le premier jour , ce qui s'accorde avec d'autres obfervations rappoittes par les Auteurs. On craignoit que raccouchement ne fut impolllble; cependanc vers le cinquieme mois le vagin commenca a fe dilater , & continua tou- jours depuis , en forte qu'il prit a la fin une largeur naturelld &c ordinaire , Sc quell temnie accouclia for: heureufement. On a cru, avec beaucoup As raifon , qu'd mefure que la matrice s'etendoit par I'accroiircment du fa"tus, par I'afiluence du fang , &c. le vagin qui eft uiie continuation de la matrice , 'etendoit aulli ; encore fut-il moins dilate a proportion que la matrice , qui dans les filles pent a peine contenir une grolle feve, & vient enfuite a cou- tenir un enfant & touces fes dependances. Sur une conformation fngulierc de la Luette. JVx. DE L A Hi R E le fils , a dit qu'un homme de fa connoilTance s'sm- pechoit de fentir !es mauvaifes odeurs en faifant remonter fa luette, de forte qu'elle bouclioit I'ouverture par ou le palais communique avec !e nez , ce qu'il avoir vu de fes propres yeux. On pourroit cruire que les odeurs ne laiffenr pas pour cela de venir toujours frapper le nez ou eft le fiege du fentiment ; mais comme on ne refpire point alors par le nez , elles- ne font point attirees par la refpiration, & ont trop peude force pour fe faiie fentic. 5P COLLECTION e Acad. RoYALH r^ ' r? . a Di-s Sciences Sur uti Fcztus monjlrumx. DE Paris. t ... , 1 L naquic a Grenoble un foetus monftrueux , more , mais que la mere avoic Anna 1711. £-^^^^1 remuer pea de terns avant fa nailFance, & qui etoit de huit mois; bien conforme dans toutes fes parties , aux dcrangemens pres qui le ren- doienc monftre. Ce qu'il avoit de plus fingulier , c'eft qu'il portoit fon Cffiur en dehors , pendu a fon cou comme une medaille, de forte qu'il pou- voit aller & venit fur la poitrine. Ce cceur etoit d'une conformation natu- relie, fans pericarde, attache a fes gros vailfeaux qui lui tenoient lieu de cordon (S: qui etoienc a dccouvert comme lui ; ils avoient un palTage du de- dans au dehors par le has de la partie anterieure du cou. Ce fait a ete bieu attefte par les Medecins & Chirurgiens de Grenoble. Sur un autre Fcztus. iVJ. Mery a vu un autre foetus, male, venu a terme , qui n'avoit ni cerveau, ni moclle ^piniere & qui a vecu vingt-une heurcs &c a pris quel- que nourriture. La duce-mere & la pie- mere faifoient canal dans les ver- tebres. Ui Sur unc Membraiu vendue par Ic vomijjement. N homme age de j 5 ans , d'une complexion aflez tcrte , ayant eu il 7 avoit un an une attaque apopleptique , tomba dans des mouvemens convul- fifs avec perte de connoilfance , &: de la dans une letargie. Enfin lorfqu'a force de remedes on lui eut fait revenir la connoilfance , il fe plaignit d'une douleur violente a la gorge , & en efFet il avoit beaucoup de peine .1 avaler. On le faigna, & le lendemain il lui furvint un vomilfement ou il jetta un canal membraneux de la longueur d'un doigt , & pendant le rede de la jour- nee , il rendit en vomilfant , mais toujours fans jetter du fang , allez de dif- ferentes portions membraneufes de canal pour fiire toute la longueur de ce- lui de I'a-fophage. C'ctoit effeiftivement la membrane interieure de Tccfo- phage qui s'etoit detachee, &c etoit forrie. Aufll cet honmie en avalant quel- que liqueur fentoit-il comme une briilure, & on lui fit paffer cette douleur pat les emulf.ons. M. Winslou qui a rendu compte de ce fait , vit le malade bien gueri , exceptc qu'il lui reftoit un enrouement. Il lui voulut examiner le gofier, mais il n'y apperc^ut rien d'extraordinaire , finon que la luette & les patties voifines etoient legctement cnHammees. * ACADEMIQUE. jj, ^ur un Ancvnfmc vral "".""a^KcVs' Far M. L.TRE. '^^ ''^'^'^- yj N homme age de quarante-quatre ans, etant more d'un anevrifme, je fis I'ouvercure de Ion cadavre pout bien examiner Ics particalaritcs de ecus maladie. Get anevrifme ctoit un anevrifme vrai , c'cft-a-dire une dilatation extra- ordinaire d'artere, fitue en partie fur le cou & en partie dans la poitiine , prefque parallelement a I'epine, s'etendant depuis la troifieme vcrtebre fu- perieure du dos, jufqu'a la cinquieme infcrieure du cou , & couche dans route fa longueur fur rarfophage, par fa partie fuperieure & moyenne fur la trachce artere , & par fa partie moyenne & inferieure fur le corps du poii- mon. U avoir quatre pouces de longueur fur deux & demi de lar-eur a I'endroit de fon plus grand diametre; fa grolFeur ctoit incgrde, ctant plus gros en fa partie infcrieure qu'en fa fuperieure, & en la fuperieure qu'en la moyenne. U etoit rond & oblong , lille & uni , de couleur d'un rouge brun , & fi dur , que qiioique j'appuyalle dedus fortement avec le doigt , il s'aflfailloit pen. Ij ctoit fort adherent par devantau fternum , a la premiere cote de chaque cote , & a la peau ; & par derriere aux inufcles qui couvrent la trachee artere. Enfinil etoit contenu par route fa bafe a la paitie fupe- rieure droite du tronc de la grolfe artere dont il n'ctoit qu'une excenfion &S un allongement. Apres avoir examine cet anevrifme dans fa fituation , je le feparai de rou- tes fes attaches &: j'en fis I'ouverture. J'obfervai enfuite, i". que les parois en etoient fotc denfes & d'une epailTeur incgale, ayant un quart de ligne d'epailfeur dans les endroits les plus minces, & environ une lignc dans'^s endroits les plus epais, de maniere que dans les derniers endroits, ks pa- rois n'y etoient guere moins epaifTes que dans le refte du tronc. J'obfervai z". que la moitie ds la cavite de Tanevrifme etoir occupce psr une efpece de chair pc'ypeufe difpofee par femllets qui tenoient les uns aux autres, & le plus extcrieur a la furface intcrieure de cette partie, de ma- niere qu'on pouvoit les feparer fans les rompre, pourvu toutefois qu'on s'y prit doucement. J'obfervai 5°. que la mcme furface de cet anevrifme eroifunie aux en- droits ou la chair polypeufe n'croit pas attachee , & qu'clle etoit incg:ile en ceux ou elle tenoit. C'etoit vraifemblablement I'inegalite de cette furface qui avoit donnc lieu a I'attache de la chair polypeufe, & I'inegalite ctoir I'effet de I'crofion de la membrane caufee par que'lques fels fep.ues du fang dans la cavite de I'anevrifme a I'occalion du fcjour qu'ii etoit oblige d'y faire. " Enfin les parois de cet anevrifme formoient en dedans deux efpeces de cordon ; I'un etoit firue vers fa partie moyenne , il eroit de couleur rougea- »re , epais dune ligne, ..^ il ne dccrivoit que les trois quarts de la circonfc- rence. L'autie cordon etoit place a la partie infcrieure , fa couleur etoit Annie 1711. 5 51 COLLECTION ■ blanche , il etoit beaucoup plus dur que le premier, epais de devrx ligiies^ Acad. RoYALE ^ faifoir le tour entier de ranevrifme. A I'endroit de ces deux cordons, "nc pl^ifi^^^ I'anevrifme etoit moins gros qu'aux environs, & il y faifoit une efpece d'e- tranglement. Mnnu lyii. Tout le tronc de I'aorte, hormis a I'endroit de I'anevriCme, avoir con- ferve fa premiere forme de canal j il etoit devenu plus gros & fes parois un peu plus denfes; mais I'epaiiTeur paroilloit naturelle. Ce tronc avoir deux pouces , & fix lignes de circonference vers fon origine ou bafe , fix pouces dix lignes vers fon milieu , & deux pouces fix lignes vers fon extrcmite. On remarquoir dans I'epaifTcur de fes parois du cote interne , de perites lames pierreufes , de couleur blanche , allez fragiles , de difftrente largeur & de difFerente ^paiffeur. La furface interieure aux endroits ou il ii'y avoir point de ces lames , etoit percee de quantite de petits trous , d'oii il fuintoic quand je prelFois I'artere , une efpece de lymphe qui eroit claire &C un peu mucilagineufe. Cette lymphe peut donner quelque fluidite au fang, humeder la furface interieure des arceres , la rendre lilfe & gliffante, &: la garantir de I'adtion des fels du fang. L'artere axillaire dtoite avoit fa groffeur ordinaire, 8c fa furface exte- rieure etoit unie par tout comme de coutume; mais I'interieure, a quatre lignes de fon commencsment , eroit inegale fur une longueur d'un demi- pouce j les parois y etoient un peu plus denfes, & deux fois plus epaitfes qu'aux environs , & la cavite plus ctroite a proportion. L'artere fouclaviere gauche etoit pareillement grofTe a I'ordinaire , & fa furface exterieure cgale ^ mais I'interieure etoit inegale en fon commence- rnent fur une longueur de trois lignes; fes parois dans la meme etendue , etoient un peu plus compadlies, trois fois plus epaiiles, & la cavite y etoit plus etroite a proportion. On obfervoit dans les parois de ces deux arteres , aux endroits marques , une legere teinte de jaune. Enfin l'artere carotide gauche , & I'aorte defcen- dante eroient dans leur etar naturel. Le coeur etoit gros , la cavire de fes ventricules, & fur tout du gauche , etoit ample , leurs parois denfes , mais un peu plus minces que de coutume. Les poumons etoient pleins d'un fang groflier & noirarre; la trachee ar- tere a I'endroit ou pofoit Tanevrifme , etoit plus epailTe , plus compare & moins ronde qu'ailleurs. Enfin les branches & les veficules de ce vifcere contenoient dans leur cavite beaucoup d'humeur qui etoit vifqueufe, tena- ce & de couleur jaunatre. Reflexions Jhr hi fans que je vUns de rapporter. Premiere refltxion. L'anevrifme vrai n'crant , comme j'ai dit, qu'une di- latation extraordinaire d'artere, on pourroit avancer que dans le tronc de I'aorte de I'homme dont nous parlons, il y avoit deux anevrifmes vrais, un particulier & un univerfel. Le premier qui a fair le fujet de mon obfer- vation , n'etoit fait que d'une portion de ce tronc, & ie fecondl'etoit de tout le refte. Seconde reJUxion. Ces deux anevrifmes one etc produits par les memes caufes. I ACADfeMIQUE. 5,, caufes. La d'lininution de la cavitc des arteres , axillaiie droite , & fou- » claviere gauche , en accela caufe occafionnelle , le fang la caufe inllrumen- ^(-\d Royale tale , & le coeuc la caufe efficieiue. bjs Sciences II eft aife de comprendre , i". que le fang poufTe fans cefTe du ventri- ue Paris. cule gauche du ccEur dans le crone de I'aorte , ne trouvanr plus apres la Annie 17 ii, diminution de la cavite de ces arceres , la mcme facilite dans fa diftribution , a dii faire plus d'efFoct fur les parois de ce tronc , les forcer peu a peu , les dilacer excraordinairemenc , & former enfuice un anevrifme univecfel ; (I routes les parties ont egalcment cede a cet effort , &c un parciculier outre I'univerfel ; ll quelques-unes fe font lailfe plus etendre que les autres , foit qu'elles fe foient trouvees plus minces , ou d'un tilTu moins ferre , ou bien que reffort du fang s'y foit fait fentir davantage. II eft aife de comprendre , 1". que la circulation du fang en partie interrompue dans les parois de ces memes arteres , y a pu donner lieu A repaiffiirement du fang. L'interruption a pu avoir pout caufe le fronce- ment des fibres qui compofent ces parois , ircitces par queiques felsextra- vafes ; ou le relTort force de leurs membranes & de leurs vailFeaux patti- culiers , force , dis je , pat le fang que le caur y poulfe fans ceflTe. Dans ces cas , le fang n'ayanc pas fon cours libre , o'u n'ctant pas poufTe a Tocdinaire , a dii s'arrcter &: s'amalFer dans la cavitc de ces vailleaux particuliers , les dilater , en ecarter les fibres , en agrandir les pores , donner occafion a une plus grande quantite de fuc nourricier de s'echipper, de s'engager entre l;s differens plans des membranes d;s parois , de fe repandre entre leurs fibres , de les feparer , les eloigner , s'y coller de part &c d'autre, Sc par confequent d'augmenter Ic-pailleur des parois de ces arteres. Tro'ifiimi rijlixion. La diminution confiderable de la cavite des memes arteres ccoit I'efFec de lepailfeur extraordmaire de leurs parois ; d'autanc plus que tout I'cpaifllirement s'etoit fait du cote interne , foit que la circulation n'edt cte interceptee que da ce c6te-la , ou que les plans ex- lernes euftent plus refifte a leur ecartemenc que les internes ; ainfi la partie interne des parois devoir empieter fur la cavite , &: ia diniinuer a proportion. Quairiimc reflexion. On peut demander fi I'cpailleur extraordinaire des parois de ces artetes , etoit un vice de la premiere conformation , ou sil avoir cte contraifte depuis par quelque accident particulier. La feconde propolltion me paroit plus vraifemblable que la premiere , par les raifons iuivantes. I-*. Le malade , queiques jours avant que de mourir , me dit qu'il j avoir environ huic mois qu'il fentoit vers le milieu de la poitrine une chaleur , un battement , 6c une opprelHon extraordinaires , qui avoient toujours depuis augmentc ; trois ntcidens qu'cn peut facilement deduire de la defer; prion de I'anin'rlfme que je viens de faire. i°. II m'alFura audi qu'avant co mcme temps la , il n'avoit jamais f^nti la moin Irs indifpolicion a la poitrine. Eiifin le tilFu dss mem;s parois etoit irregulier , &; la furfaee interne etoit inegaie j c'eft pourquoi il n'y a pas lieu de cruice que ce vice fiic Tomt III , Farci'e Franioifi, A 4 554 COLLECTION SS: contrade depuis quarante-quatre an* que cet homnie avoit vecu , nl meme i\cAD.RoYAi.E '^^P"'* plufieurs annees , pmfque dans les enfans , & dans les adultes me- DES Sciences nies , a peine remarque-t-on le calus d'un os qui a ece rompu quelques- DE Paris. annees auparavant. ^nriie 17 12 Cinquumc reflexion. Les membranes du tronc de I'aorte , quoiqu'elles ' ' euffent dii etre fort minces a caufe de la grande dilatation qu'elks avoient fouffertes , avoient cependant conferve ieur epailTeur naturelle , vraifem- blablement parce qu'a mefure que ces membranes fe diiatoient , leurs pores s'entr'ouvroient , il secouloit plus de fuc nourricier entre les fibres, il s'y en colloit davantage , Si tiles gtofliiroient a proportion. Sixieme reflexion. L'anevrifrne particulier a dCi fe tormer a Tendroit de I'aorte , oij je I'ai obferve plutot que dans les auttes , toutes fes parties etant fuppofees d'nne egale epailfeur &: refiftance , d'autant que ce tronc d'ar- tere , dont la figure approche de la demi-circulaire , ne commence pref- que a fe rccourber qu'a I'endroit ou cet anevrifme etoit (itue. Ainfi le fang poulle par le cocur a du faire plus d'effort fur cetce partie , la dilater da- vantage , & J caufer enfin un anevtifme. Scpiieme & derniere reflexion. L'anevrifrne particulier a du fe former plutot a la partie fuperieure de I'aorte , qu'a I'inferieure , & qu'aux late- rales , parce que le fang qui en a ete la caufe inftrumenrale , a k deter- mination de fon raouvement de bas en haut , par confequent fon effort a du etre plus grand a fa partie fuperieure qu'aux autres j cette partie a done du etre pouffee en haut , etre infenfiblement dilatee , former enfin im anevrifme particulier , & cet anevrifme prendre fon accroifTemenc de ce c6te-la. Explication des principaux Jymptomes dont F anevrifme a ete accompagne, Le malade fe plaignoit d'une pefanteur &: d'une douleur de tete , & d'une foiblede dans les fondiions principales de I'ame \ ces trois fymptomes depen- doient de la meme caufe , f^avoir de la compreflion que I'anevrifme faifoit fur les veines jugulaires. En effet ces veines etant comprimees , le retour du fang du cerveau au Cffiur n'etoit pas libre , il devoir done en revenir moins , y en refter davan- tage , & la tete etre plus pefante, De ce qu'il y avoit plus de fang dans le cerveau , les runiques de fes vaifTeaux fanguins , fes membranes , &c. devoient etre plus tendues , plus tiraillees , & foufFrir une efpece de di-- vulfion & de dechirement dans lefquels confide la douleur. Les memes vailTeaux exceffivement remplis de fang , devoient eompri- met les nerfs places dans leurs intervalles , & par confequent affoiblir les fonftions de I'ame qui dependent de ces organes du mouvemenr. Le malade fentoit encore de la douleur an cou , aux epaules , & au bras , parce que I'anevrifme etant fitue fur les veines jugulaires , audi-bien que fur les fouclavieres par ou le fang revient de ces parties au ccsur , devoir les comprimer , y rendre le mouvemenr du fang difficile , I'arretet dans ces parties , celui-ci les etendre , ies forcer par fa quantire demefuree , les picotcer 6c irriter pac fes fels extravafes a I'occaaon du fejour du fang , A C A D 6 M I Q U n. ;5f 6i par ces deux moyens caiifer de la douleur a ces parties. =r=^=!!?T II avoit beaucoup de peine ^ refpirer & a avaler, parce que I'anevrlfme Acad. Royalb ctanc place fur la tracKee & I'oefophaee qui font les conduits de la refpira- des Science* tion &: de la deglutition , les predoit tortement I'un & I'autte , & en rendoit de Paris. I'ufage difficile, principalement a I'eiitree de la poitrine oii le pafTage etant Jnnce 1711," borne de tons cotes pat des parties olTeufes dont la refiftance eft invincible, ces deux conduits ne pouvoient cludet cette preflion. Get homme avoit le pouls du poignet droit, petit & foible , parce que, comme je I'ai remarque, I'entree de la branche de I'artere d'ou part le ra- meau qui fait ce pouls, etant fort diminuee, il devoit s'y porter peu de fang, &: ce fang devoit s'y porter lentement, ce rameau fe trouvant trop large par rapport a la quantitc du fang qui y pallbit. Ainfi ce fang ne pou- voit ni en remplir la cavite & faire un grand pouls, ni en dilater les patois avec force Sc avec impetuofite, 8c faire un pouls fort : ce pouls devoit done ctre petit & foible. Le pouls du poignet gauche etoit fi petit & fi foible qu'on ne le fentoic prefque pas ; nous avons remarque que Tentree de la branche d'artere qui en fourniiroit le rameau, etoit beaucoup plus petite que du cote droit j ainfi I'artere de ce pouls devoit recevoir beaucoup moins de fang , fes parois ctre nioins dilatees & plus foiblement , & le battement en etre prefque infenfible. Enfin le malade tomboit en fyncope, lorfque ialfe de tenir la tete & is cou dansune fituation droite , il les penchoit ou ctendoit un peu trop de quelque cote que ce fut. Lorfque la tete Sc le cou font penchcs en devant , les veines jugulaires font un pli &: font comme etranglces : lorfqu'ils font punches en atriere , ces me- rnes veines font trop etendues , & le diametre de leur cavite diminue , parce que les parois s'approchent I'une de I'autrej & lotfqu'ils font penches fur le cote droit , ou fur le gauche , les jugulaires d'un cote font trop flechies & font des plis , pendant que celles de I'aucre font trop etendues. Or, dans toutes ces fituations, les veines jugulaires fe trouvent preCTees, & leur cavite diminue ; par confequent le retour du fang du cerveau au coeut eft mal aife. Si Ton ajoute a ces predions celles que faifoit I'anevrifme fur les memes veines, on n'auta point de peine a comprendre que les veines du cerveau devoient ttre engorgees, &; que ces veines engotgeesdevoient corn- primer les nerfs, de forte quecesorganes du mouvement etant genes, pou- voient entretenir le mouvement du cceur fans interruption; or cette inter- ruption eft toujours fuivie de fyncopes qui font plus ou moins grandes, felon que I'interruption eft plus ou moins longue , & elle eft fuivie de la mort meme lorfque I'interruption eft de quelque duree. ^l A4 55^ COLLECTION Acad. Roy ALE DEs Sciences £)g I'aSion du Fer pris interkurcment , & de Jes preparations. .'Innh 1713. T , , I lE fer a roujours etc un grand remede pour plufieurs maladies, fur-tout pour celles qui viennent d'obftrudlion ou de I'embarras de la circulation, comme les pales couleurs. M. Lemery qui I'a beaucoup etudie, fe propofe de rechcrcher fa maniere d'agir , & ce qui eft bien plus important, la ma- niere la plus avantageufe de I'employer. ll i.\onfidere le fer comme un melange d'une fnbftance huileufe ou fulfu- reufe avec une matiere metallique. L'huile abonde dans ce melange, & ii refte de grands pores entre les parties du mixte. II fuit de-la ( & .de I'expi- rhme) que le fer eft tres-facile a diflbudre, & que fon huile fe degage aife- ment. Mais quand il eft decompofe , c'eft-a-dire, quand I'huile eft fepaiee de la partie purement ferrugineufe ou metallique, aucun diftblvant n'agic plus fur ceste efpece de tcte-morte , qui cependant n'en eft que plus fufcep- elles s'amaflent dan; les vailTeaux en trop gtande quantite, & alors il arrive on qu'elles s'epaiffilTenc & demeurent prefque coaguUcs , ou qu'il 558 COLLECTION ' sen echappe atravers des pores des vaifleauxune partie qui s'epanche aa" Acad Rovale '^^'^o" > i^ que meme elles les rompent &c fe font de nouvelles routes pour DES Sciences fortir. Dans le premier cas I'ecoulement eft arrete , dans le fecond il eft trop DE Paris. ahondant; I'un & I'autre efFet eft caufe par le relachement des fibres que Jlr,^J. .-ri- corrige lartipticitedufet la). Il eft vifible que le meme raifonnement s'ap- plique a toutes les maladies ou ce relachement a lieu ; car un des grands principes de la mechanique da corps eft I'equilibre ncceflaire entre les Huides qui font pouires, &c les folides qui poulTent. La ftipticite du fer etant done fi utile , il eft bon de la porter par art a fa derniere perfeiStion. C'eft ce que M. Geoffcoy a fait par trois operations difFerentes que lui donnent une eau mere de vitriol rougeatre , ondlueufe , extrcmement ftiptique , fans aucune acidite ni corrofion. Il la tire du vitriol , parce que le fer qui y eft fort divife & attenue , eft plus en etat de recevoir la forme qu'onveut, & fe prgfente mieux a I'artifte. Le vitriol a ete plulieurs fois dilFous, filtre, enfuite cryftallife, & I'eau mere eft ce qui eft refte de liqueur apres chaque cryftallifation. Il en refte une pareille de tons les fels folliles qu'on a traites de meme ; & comme en reiterant toujours i'operation, il fe refoudroit a la fin entierement en cette liqueur, on la nomme eau- mere parce qu'elle contient cous les principes du mineral, quoique defunis & alteres. M. Geoffroy s'eft fervi avec fucces de fon eaii-mere de vitriol , tant au- dedans qu'au dehors contre les hemorrhagies , foit internes, foit externes ; il la prefere aux gouttes anti-phtihques des Anglois dans les ulceres du pou- mon , des reins , de la velTie. La preparation dont il le fctt le plus fouvent &c le plus heureufement , eft le vin chalybe, c'eft-adire dans lequel on a fait infuferde la limaille de fer. •Il regarde le vin comme le diffolvaiit le plus con venable en pareil cas, parce qu'il agit par fon huiie fur le bitume du fer , & par fon acide fur la partie metallique. On en donne environ quatre onces le matin a jeun dans quel- que apozeme aperitif, & autaiit I'aprcs-dinee ; ou bien on I'etend dans beau- coup d'eau qu'on fait boire au malade en guife d'eau mincralepour la fup- preflion des regies & les maladies d'obftru6tions. Dans les foibleftes d'efto- mac & les devoiemens , le malade met une cuilleree de ce vin dans chaque verre de boilTon qu'il prend. Voici une pierre vulneraire compofee dont il a vu de fort bons effets. Prenez limaille de fer & pierre hematite pulverifees , de chacune trois onces, crime de tartre fix onces; fiites-en une pace avec le vin que vous ferez digerer & fcchsr au foleil d'cte , la remnant de terns en terns : reite- rez les digeftions Sc exficcatio)is jufqu'a ce qu'on n'appercoive plus de fer. Alots mettez votre pate feche en poudre fort fubtile ; mclez y exaCtement du maftic en larmes & du fafian bien pulverifes, de chacun une demi-once : faites dilToudre dans le vin une once d'alccs & autant de myrrhe ; arrofez vos poudtes de cette diffolucion, & verfez par-de/Tus du vin a la hauteur (a) Poiirva que robftruttioii ou en general I'obftacle ne foi: pas inrufmontable ; car s'ii I'etoit , I'ufat^e du mars leroit perniqicux ifommc dar.s les hydropilies iiiveteiccs , datis les obfkiiclions iquirreufes & daris les affcdionS'fcotbuciques poufliSes au dernier dcgnf. A CADfeMIQUE. 559 <3e qoatre (Joigts; lailTez le touc en digeftion, remuant de rems en terns, puis evaporez jufqua ficcitc. Remettez la pate en poudre , humedez-la avec I'eau-de-vie & en formez des boules que \'ous ferez fecher pour gar- Acad. Royale jgj^ * " DES Sciences D£ Paris. jinriit 17 1 J. I Sur le Qulncjuina. J. L eft a fouhaiter que I'ufage d'un bon remede s'etende aurant qu'il eft poflibic, & en mcme tems il eft a craindre que parce que ce remede eft Don, Ton n'en etende I'ufage trop loin. De plus, il u'y en a point done I'application ne demarde un foin fort circonlpeit & de grandes varicrcs. Celt dans ces vues que M. Reneaume a ctudic le quinquiii.i fur un grand nombre d'obfervations qu'il en a laites, & dont voiti les rcfultats qui ont le plus de rapport a la pratique de la medcciiie. Le quinquina eft fenfiblemert amer , abforbant , aftringenc ou ftiptique * car M. Reneaume ne va point chercher fes proprictcs dans la decompofition chymique de fesprincipes, & il pretend quece mixte, ainfi que beaucoup d'autres, agit non par fes principes dtfunis, mais par leur aflemblage qui forme des molifcules fenfibfes & groflieres. De ce que le quinquina eft amer , il s'enfuit qu'il adoucit les fucs aigres car I'aigre & I'amer lont le doux. De ce qu'il eft abforbant, il Aiit qu'jl emoulTie les acides & empeclie leur adion j par confequent il entretient la fluidite des liqueurs que les acides coaguleroient. De ce qu'il eft ftiptique il fuit qu'il a des parties terreufes qui abforbent les ferofites , ce qui tait que les parties qui en etoient abreuvees He relachees, fe reflerrent , & par confe- quent le quinquina augmente le reftbrt &C la fermete des fibres ou les leur redonnent. Le quinquina echauffe parce qu'il eft amer , & il facilite ou retablit la tranfpiration , parce qu'il echauffe & augmente la fluidite des liqueurs. C'eft fur ces proprietes qu'il faut fonder les ufages du quinquina en mcdecine : fi les alimens s'aigrilknt trop dans I'eftomac , & que la bile qui doit les adou- cir en fe mclant avec eux quand ils en forrent, ne pui'lFe corricer cette ai- greur exceflive , ou que quelque obftruftion dans les conduits biliaires, I'em- peciie de couler en alTez grande abondance, le quinquina fuppleera a fon defaut , & guerirala (levre qui aura eu cette caufe. En general il paroit fai- re la fondlion de la bile , &: parl.i il procure au chyle la douceur necefTaire , & repare le vice des digeftioi.s qui confifte dans I'aigreur des fucs. Mais fi la ,. fievrc ctoit caufee de plus par quelque obftrudion confiderable dans les con- " duits biliaires, le quinquina, tant qu'on en feroit ufage , pourroit bien tenic lieu de la bile qui manqueroit ; mais il ne vaincroit pas I'obllrudion , &: la fievre reviendroit djs qu'on le quittcroir. Si la fievre vient de Icpailliflement des liqueurs caufe par des acides, la qualiteabforbantedu quinquina retablit tout &promptement,& fans retour. Si I'eftomac dont les fibres font relachees garde rrop peu les alimens & les laifte fortir trop crus, la Aipticite du quinquina remet les fibres dans leur tenfion nacurelle, 5^* CO L L E C T I O N Enfin la tranfplration diminuee reviepdra par ce remede a fa premiefe AcAD.RoYALE quantitc, & comme routes ces differentcs caufes on feules ou combinees DEs Sciences gnfemble, produifeiu prefque routes les fievres, il doit y en avojr peu que DE 1 ARis. jg q^iinquina ne guerilFe. Annee 171 J. Cellesqu'il ne guerit point & que meme il agrave , ce font les fievres len- tes caufees par quelque abfces interne. M. Reneaume, d'apres Texempic? & les inftrudlions de Sidenham , a donne le quinquina fouvent & avec fucces dans des afFefftions melancholi- qnes Sc hyfteriques que Ton appelle communement vapeurs, fur-tout quand elles ont eu des acces bien marques , 8c encore a la fin de quelques dylTen- ferico. Extrait d'un Mitnoirc de. M. Li tkb /iirl'Hj drop ijie tympanite. J,_('a r R n'entre pas feulement dans notre corps par la trachee , il y entre encore par Tcefophage mele avec tons les alimens que nous prenons. Comme ces alimens fermentent enfuite dans I'eflomac Sc dans les inteftins, I'air fe degage d'avec ces matieres , &C quand elles ne remplitTenc plus les cavites de ces vifceres, ou qu'elles les rempIiJent moins, cet air degage y de- meure, les remplit Sc les tient dans une extenfion convenable j car fi elles etoient entierement vuides Sc de matieres groflieres & d'air , le refTort natu- ral de leurs fibres qui ne demandent qu'a fe contrafter , & leur propre pefan- teur les affaifferoient. L'air renferme dans I'eftomac & dans les intedins, agit done contt'eux pour tenir leurs cavites en ctat , & il agit par fon relTqrt qui s'eft etendu lorfqu'il u a plus ete emba'rrafie entre les alimens , & qui de plus eft augmente par la chaleur du corps. Amd il y a equiiibre entre I3 force de l'air pour etendre I'eftomac & les inteftins, Sc la force de ces vif- ceres pour fe rederrer j & Ton peuc confiderer ces vifceres comme des muf- cles cteux dont l'air eft I'antagonifte. ' . ,. r. Si I'equilibre fe rompt parce que la forfe des fibres de ces vifceres irri- tces, fi Ton veut, par quelque humeur, fera devenue fuperieure a cetle de Fair , il faut que l'air en foir chafTe, puifqu'ileft n'^Ceffaire alors que les vif- ceres fe relTerrent; Sc de 11 les deux eQjeces de verits qui fortent du corps. L'cqullibre peut fe rompro auffi, p.irce que la force de i'air fera devenue fuperieure a celle des fibres, & c'eft co qui arrive lorfqu'aprcs une longue maladie les fibres font depour-Aies de leur refTort ordinaire. Alors l'air. s'e- tend en libertc & anghieute a fon gre , pour ainfi dire , les cavites qu'il ren- ferme; Sc comme par la voie^les airmen's il' arrive roujovjrs de rouvel aic qui fe joint a I'ancien j &'qne d'ailleurs le relTpft des fibres une fois foTc^ jufqu'a un cetrain point ne fe recablit plus & rififte toujours de moins en moins, i'endure d'air peut devenir tres-confiderable & mcme prodigieufe. M. Littre a vu quelquefois des inteftins gros comme la cuilTe d'un homme, Il eft prouve par les obferv'ations de M. Littre , que le' ventre des m^Iades de la tympanite, refonne comme un tamboutmeine'aTi'r& leur liiort , que •"^"■""•"- Von A C A D^ M r Q U E, ^gj I'onne trouve de I'air que dans reftomac & dans les inteftins dont les mem- ..— . branes font tres minces & fans redort; qu'une ponaion qui nc fetoit faite Acad.Royaie qu'au ventre ne ferviroit de rien puifqu'il n'y a point d'air dans la cavitc du Di% Sciences ventre, & que celle qui feroit faite dans les inteftins ou eft I'air, pourroit avoir des fuites funeftes a caufe des cpanciiemens de tous genres qu'tlle oc- cafioneroicj'que les maladesqui fonr gonflcs de vents n'en rendent prefque jamais a caufe du refTort affoibli des membranes inteftinales; que le plus fouventilsne reflfencent aucune douleur, parce que Texcefiive diftention equivaut a une compreflion dont I'effet eft d'engoutdir les parties compti- mces j enfin que cecte maladie eft prefque toujours mortelle. DE Paris. ylnriii 171 J. Obfcrvations fur unc efpec& d'enflurc appellee Emphyfeme. Par M. L I T T R E. JLi'ENFLURE nommie emphyfimc eft une tumeur centre nature remplie d'air. - Cette tumeut a fon principal fiege dans la graifTe fous la peau qui recou- vre la poitrine. Lorfqu'avec le doigt on la prelfe , on fent une efpece de freciUement : le doigt y fait aifement une impreffion ; mais prefqu'aulli tot que la preftion celTe, la partie enfoncce fe releve, Sc le creux fe templir. Enfin cette tumeur accompagne quelques-uncs des plaies qui penetrent dans la capacite de la poitrine. On divife les plaies qui penetrent dans la capacite de la poitrine, en cel- les qui parviennent jufques dans la capacite, mais qui ne bleffent aucune des parties qui y font contenues & que nous appellerons plaies pcnitranus fimpUs; Sc en celles qui parviennent non-feulement dans la capacite, mais qui blelFent les parties contenues, &: que nous noramerons p/aiis penctra-ius compofeis. Les unes & les autres peuvent crre fuivies d'un emphyfeme. Les plaies penetrantes fimples font fuivies d'einphyfeme , loriqu'ellcs font crroites, que leur diredioii fe trouve tortueufe , & que par leur moyen il entrc de I'air dans la capacite de la poitrine dont il ne peut fortir p.u I'en- droit par ou il eft entre. Les plaies penctrantes compofees font aufll fuivies d'emphyfeme comme les limples, lorfque leur diamerre eft petit, & qu'avec cela le poumon eft blefle fans Tare pourtant confiderablement. A quoi il faut ajouter cette coiidition , que les autres parties renfermees dans la capacite de la poitrine , n'aieiu point cte bleilces, ou I'aient hi legerement. La raifon de cela eft que lorfque la plaie eft confiderable dans ces parties , il s'epanche une fi ^rande quantity de fang dans la capacite de la poitrine , que le blelFc eft etouftc avant que I'air qui s'y epanche audi , puifte former un emphyfeme. D'ailleurs, quand meme la mort n'arriveroit pas, le fang prefle trop le poumon (Sc embarraJe trop i'air, pour qu'il puilTe fe faire un emphyfeme. On n'a point d'emphyfeme a craindre , ni dans les plaies penctrantes fim- ples, ni dans les penctrantes compofees, lorfqu'elles font larges , droitts, Tome III, PartU Francoifc. 3 . 5(J4 G © E t E G T I O 51 •m^-^"*^^^ 5i que I'air entf e par ces plaies dans la capacite de la poitrine , en peat fortif Acad. Royal's librement par U' mfeme voie qu'il y eft entre. BES Sciences L'air peut parvenir dans la capacice de la poitrine par deux^ voies, & de DE 1 ARis. deuxendroicsdiff^rcns. Dans les plaies penetrances fitnples, il eft conduit da ^nnee I7r> dehors par lapiaie, &Outrff ce premier paiFage, le poumon dans les pene- tranteSicornpofees €n fournit un fecond par rendroit ou il aete blelFe. On vafvoirdansce qui fait la trtaniete done tout cela peuc fe faire. Nbtfe refpiratioH eft cotnpof& de deux fortes de mouvemens qui fe fiic- cedent I'un a Tautre- fans relache pendant que flous vivons. On donne le nom d'infpiration a I'un de ces mouvemens , & celui d'expiration a I'autre. Dans I'infpiration la poitrine eft dilatee par des mufcles dellines a cet ufage : par I'aiftioTTdrceS" mufcles, le? paroiis de^la poitrine fetrOuvent difpofes dg" maniere que les cotes ducote droit s'ecartentde celles du cote gauche, le y?i;'-A!a/7J s'oloigne dtes-vettebres du'udfe^, & le diaphragme defcend dans la ca- vite du ventre. Lorfque la poitrine fe dilate', d'Un cote fa capacite s'^largit a proportion , & le poumon qui y eft concenu en fait de meme ; il fe moule a la capscit^, Toccupe & la remplit, de forte qu'il n'y refte atrcun vuide : de I'aurte cote, fes parois acqucrant plus de volume, pouffent de tous cotes I'air qui les en- vironne , & le determinenr a s'engager dans le poumon ou ii rencontre nioins de refiftance. Par la meme raifon il s'infinue de i'air entre les pan- naux d'un foufflet lorfqu'on les ecarte I'un de I'autre : le reffbn de l'air & fa fiefanteur concourent encore a le faire entter dans le poumon pendant la di- atation de la poitrine. La bouche & le nez donnent a l'air Mn pafTage poitr atriver a la trachee artere; celle-ci fe divife en plufieurs branches & enune infinitude rameaux qui fe terminent en de petites veiicules. L'infpiration finie , I'expiration commence , en voici la raifon & la maniere. Lotfque les mufcles qui fervent a dilater la poitrine , fe menent en con- tradion , ils tirent & allongent ceux qui la doivent rclTerrer. A I'occafion du tiraillement & de I'allongement des mufcles deftinifs a reffetrer la poi- trine , leurs nerfs , leurs veines & leurs arteres fe trouvent preffcs , leur dia- metre diminue , & il n'y coule prefque plus ni efprit ni fang', jufqu'a ce que I'effort que font les efprits & le fang arietes a Tentree des mufcles pour y entrer , devienne fupetieur a celui des efprits & du fang qui tiennent les muf- cles antagoniftes en contraftion , a quoi donne bien-tot lieu la diffipation continuelle d'efprits qui fe fair dans les mufcles qui font en contradion, pendant qu'au contraireil fe porte & s'accumule de plus en plus du fang & des efprits dans les vailTeaux des mufcles allonges & relaches. Par cette mc- ehanique, les mufcles deftinesa refTerrer la poitrine, fe contradent a leur tour , & tirent &C allongent ceux qui fervent a la dilater; & ces deux mou- vemens une fois etablis, fe produifent I'un I'autre alternativement pendant hi vie , qui commence par l'infpiration & finit par I'expiration, Dans I'expiration la poitrine fe refferre; en fe relFerrant elle prelfe !e corps du poumon , & par cette preflion elle determine chacune des parries de ce vifcere a fe refTeriisr aufli par les fibres chainues dont ellesfcn: munies. A<: A D 6m IrQ U E. jtfj Tar ces d«ux moyens I'air eft clia(Fe dcs veficules &c des bronches du poumon, - & poude liors du corps par la bouche & par le nez. _ Les mufdesdu ventre en fe contradant en mcme terns que ceux qui ref- ms'scixncis^ ferrent la poitrine, concourent a la mcme adion : en effet en poud'ant les de P-ARrs. parties enfermces dans la capacite centre le diaphragme , ils prellent le pou- j^nnie jti j. mon en le poulTant de bas en haut , pendant que les cotes le prellent par les -Cotes, tk le fternum par devant. L'infpiration & I'expiration dans I'ctat nature!, fe font d'une maniere ai- fce, douce, egale & reguliere , au lieu que dans I'ctat contre nature, ces deux mouvemens fe font difficilement , avec violence, & d'une maniere precipiree & irreguliere. En etfet, lorfque la poitrine eft bleftee, fur-tout ii la plaie penetre dans la capacite, &: encore davantage fi clle entame le ,poumon , il fe glilTe de I'air & s'epanclie du fang par ces plaies dans la ca- pacite, qui gcnent & fatiguent ce v;fcere, Sc I'empcchent de fe dilater a fon ordinaire , parce que cesdeux liquides epanches occupent une partie de I'ef- pace que ce vifcere devoir occuper feul. Pour lots le bieffe fait maciiinalement des refpirations plus promptes, plus frequentes & plus fortes, mais moins grandes, d'ou il refulte, fans qu'il y peiife, une efpece de compenfation, c'eft-a-dire qu'il re^oit plus d'air dans le poumon , &c qu'il fe trouve foulage en quelque maniere. Pendant ces deux mouvemens violens, fur-tout pendant celui de I'expira- tion , I'air epanchc par la plaie dans la capacite de la poitrine , preft^e 8c poufte fortement de tous cotes, fait effort pour s'echapper. II s'cchappe enlin dans les plaies penetrantes llmples par I'ouverture qui eft dans la pievre , les muf- cles iiitercoftaux, &c. & dans les plaies penetrantes compofees, ii s'echappe & par I'ouverture de la pievre , & peut-etre par celle qui eft dans le poumon. Si I'air qui s'echappe de la capacite de la poitrine par I'ouverture de la pievre , ne trouve pas ouvert le refte de la route qui lui a donne entree d«ns cette capacite parce quelle eft bouchee & fermee en quelqu'endroit , foic t(ar un arrangement nouveau des chairs coupees, foit par leur reunion : pour ors cet air cherche a fe faire d'autres voies a travers les premieres parties qui fe prcfententiil force peu a peu & les liens qui les attachent eiitr'el- les, & ceux qui tiennent ctroitement jointes enfemble les fibres dont ces parties font compofees j il fepare & ecarte les unes des autres , & les oblige a ceder a fon effort & a lui donner paftage : de ces parties il paffe a d'autres plus eloigneesfoutenu par un autre air qui fans celte le pouflTe par derriere. Celui-ci eft poulle par un troi.leme &c ainfi de fuite , & d'interftices en in- lerftices, la plus grande partie de cet air parvient enfinjufqu'a la peau oail eft arrete par la denfite & I'epailTeur de cette membrane , pendant que I'autre demeure en chemin dans les Intervalles des parties ou deleurs fibres. L'air qui parvient jufqu'a la peau, fe loge principalement dans les cellu- les de la grailfe qui eft au-delTous, lescteiid, s'y accumule, fouleve la peau , & forme avec celui qui eft atrete dans les interftices des autres parties, ki lumeur^qu'on appelle emphyfeme, d'ou il parok que Je poumon pioduit ici le meme effet que le foufflet que le Bouclier emploie pout detacher plus facilement la peau d'un veau ou d'une autre bete. L'air qui dans les plaies penetrantes compofees s'infinue de la capacite de B41J 5e conftitution fort fanguine Sc trescharnue. 1°. Aux efforts violens qu'il a faits pendant plulteurs jours pour refpirar dans fa maladie; efforts qui , par lenr duree & par leur violence, ont pu fuffire pour faite palTer allez d'air dc la capacite de la poitrine a toute I'ha- bitude du corps , &c y produire un tel emphyfeme. }°. A la plaie, en ce quelle intcreffbit le poumon, & qn'elle y etoit affez longue pour qu'il y euc dans ce vifcere allez de velicules ouvertes, & qu'il jiftf COL LECTION s'eneckappat dans la capacite de la poictine, aflez d'air pour produire un AcAD.RoYALE emphyfeme de cette grandeur. DEs Sciences DE Paris. Annec i-ji}' Les yeux dans ce cadavre etolent (\ gros, qu'ils fortoient en partie dc leurs orbites; j'en detachai un d'abord ayant eu foin d'en Her a nceud cou- lanc les vailTeaux avant que de les couper. Cet ceil avoic feize lignes de dia- metre ; il etoit leger &C tendu comme un balon ; puisje fisptomptennent la- cherles vaifTeauxlies, & jepreffai ce globe en meme terns entre mes doigts; ilen fortit d'abord de I'air avec impetuofice, & fur la fin , a force de le pref- ;fer , il en fortit quelques petites gouttes de fang qui etoit fort vermeil. Ce globe diminua de plus de la moitie de fon volume durant la predion ; mais il en reprit une partie peu de terns apres, apparemment pat la rarefadlion de lair qui y etoit refte. Enfuite j'ouvris lememe globe, i'y trouvai peu defang, I'humeur vitree etoit a demi- fondue , & I'aqueufe etoit plus fluide qu'elle n'a coutume d'e- tre. Je remarquai de petites bulles d'air dans I'une & I'autre de ces hu- meurs ,principalementdans la vitree, oii vraifemblablement il avoir etear- rcte pat la vifcofite qui lui reftoit encore. Je procedai de la meme maniere a I'egard de I'autre globe , ou je fis ^ peu pr^ les memes remarques que dans le premier. Apr^s avoir examine les yeux, je paflaii I'examen de la poitrine & de fa plaie. Avant que d'ouvrir la poitrine, j'y fis un trou entre deux cotes vers leur milieu , faifant preffer en meme terns la poitrine & le ventre. II fortit par c« trou une alfez grande quantitc d'air en forme de vapeurs fort puantes. Je fis enfuite I'ouvemire de la poitrine, j'obfervai qu'il y avoir dans la cavite droite environ deux paletres de fang epanche qui etoit purulent; que la plafe penctroit non-feulement dans La capacite , mais auffi dans un des trois lobes du poumon droit ; que les detix lobes ou le coup n'avoit pas porte , ctoient lendus &: un peu enflammes; que le lobe bletfc etoit dor & noiratre; .que la plaie etoit encore ouverte dans ce globe, qu'elle avoit fept 1 huit licrnes de longueur fur une & demie de largeur , & une de profondeur. En- fin la plaie etoit audi ouverte a I'endroit de la plevre & des mufcles inter- coftaux : mais elle etoit fermee depuis ces mufcles jufqu'a la peau ou il pa- roilToit uue efpece de cicattice d'environ deux lignes de longueur. :u.:;r M Sur un autre Emphyfeme. j^, j.. Mery a fait auffi I'hiftoire d'un emphyfeme qu'il avoit vn.fem- iblabie a celoi done on vient de pat ler. Un homme de 60 ans avoit cte ren- ,v€tfe p^r un carrolfe dont les. roues lui avoient palfe fur la poitrine. Gn .reconnut qu'il avoitla quatrieme & la cinquieme cotes vraies du cpte gau- che , rompues dans leur partie moyenne , & peu de terns apres onapper9rtC :au meme endrou une tumeur affez confiderable caufee par un air renferme iftfus la peau. On n'appliqua ni remedes, ni bandage ; la tumeur alia toii- jours en augmentant ainfi que la difficuhe de lefpitet malgte les faignees A C A D fe M I Q u E. ;(f7 reiteries , & le makde mourut ie qnacrieme jour. Son cadiyrefut'oiiverc ^_«^.^__»_ le lendemain matin : on trouva que la tumeur, qui ctoit un vcririble em- T f^ phyfeme, occupoit tout lexterieur du corps a li r(fferve dc la plante des- ^'s'sciences^ pieds & de la p»ume dis mains. Le refle de la furface ctoit gontic d'lin air vt 1'akis. qui iayph foosles doigts pour peu qu'on prefsac la peaii. Gn fit^unc incifion j i, a. I'endroitide* cotes rompnes, Sc on temarquaaux mufcles intercoftaux une -^""^ '7' 5» oilV€fture prefque imperceptible & fans aucuneochymofe. Enfinonoovrit. laipoitrine & Ton trouva une petite portion de la niemlirare qui ervveloppe' le poumon, dechiree : d'une prt cilc-ctoit unie au poumon , &c de raiitre; elle tenoic a une partie des cotes ronipues. Ce qui parut fort linj^ulier, c'eft qn'ii ne s'etou ecoulc aucune gouttede fang du poumondanr la capa- cite de la poitrine. M. M6ry a-jug6 qne^ Kaipforriipar.la couverte : elle eft pleine dune infinite de cellules qui fe cornmuniquent &C qui resolvent de I'air j en forte quelle eft une efpece de poumon univetfel del'animal , oufi Ton veut , quel-animala unemphyfeme naturel. -fp u. Sur des D.cfcenus de J^eJJie. _ NE defcente d'inteftin dans le fcrotum eft une maladie fort commune • maisunedefcentede veflie eft fi rare, queM: Mery, neconnoit aucunAuteuf.' qui en ait parle. Lts hommes qui en font att.^ques.ont dans le fcrotum une; tumeur plus ou moins confiderable avec fludtuation; certe tumeur ctanc^ comprimee, difparojt, & I'urine forx en meme renis par le canal def la ver-iJ ge. Chez les femmes le fiege de la.tumeuceftentre ranu»'&. la parti& irrf^ ' rieure de I'orifice externe de la matrice ; & une funple comprellion de cette tumeur fair couler les urines par la voie ordinaire comme cherles hommes; M. Mcry ne ctoit pas que dans cesefpecesde defcentes, la veftie foit ainh fortie de fa place, patce qii'elle fe fera relacliee comme uninteftin. L'urine qui la reniplit la rend trop grofte pour pafter par les anneaux des mufcles" dli ventre qui font fi ctroits, qu'ils ne font capables naturellement que de donnerpafflige aux vaiireauxfpermatiques dans I'homme, & aux ligamenr' de la matrice dans la femme, & qui de plus font fermcs par le peritoine.' D'itlleurs la veftie, lorfqu'elle eft dans fa place naturelle, eft trop forte- reent attachee aux parties voifines\cAD.RoYALE ^^""^"^^ ' ^ ^^ partie pofterieure an peritoine. Ce n'eft done pas felon M. DES Sciences Mery par un fimple accident, mais par un vice de premiere conformation , DE Paris. que la veffie fe trouve ainfi hors de fa place naturelle. U eft bon d'etre averti Annie 171?. 1^^ cette maladie qui eft rare, ell neantnoins poffible, non qu'elle puiile ctre guerie , puifque les adherences du fond de la veflie avec les membra- nes du fcrotum , rendent cetre efpece de defcente trcs-dudlible, mais parce qu'il feroit dangereux de la prendre pour une hernie d'inteftin , & que Ton trouveta plus aifemenc les foulagemens qui y conviennent. u. Sur les accidens finguUcrs d'unt bhjjurc ajfc[ Icgere. N jeune homme avoir re^u un coup d'ipee a la partie fupdrieure ante- rieure du bras droir : environ trois heures apres il avoir deja une fievre tr€S-ardente , une difliculte de refpirer , & une douleur de poitrine du me- me cote de fa plaie , Sc fi violente , que M. Mery crut d'abord que la capa- cite de la poitrine etoit remplie de fang , & que c'etoit le cas de I'operation de I'empyeme. Cependant la plaie n'avoit au dehors tout au plus que trois lignes de long fur demi-ligne de large , & parut meme aufli reunie que I'in- cifion d'une faignee faite depuis peu, ce qui fit que M. Mery ne jugea pas . a propos de la fonder , etant rcfolu de faire I'operation. Mais ayant enfuite jette les yeux fur la poitrine , il apper^ut fous le mamelon droit une tumeur de fept a huit pouces de diametre , Sc de plus d'un pouce d'epnilFeur , refif- rante au toucher , d'ou il conjeftura que la plaie du bras au lieu de penecrer dans la poitrine, s'etendoit au grand tnufcle pedtoral , d'autant plus que cette tumeur etoit fans lividice, fans fluAuation, fans emphyfeme , &c que par confequent, ni le fang ni I'air ne ppuvoient eh etre la caufe. Il jugea done que le tendon du mufcle pectoral ayant ete pique, la douleur avoir deja atrire une fluxion defcrofites fur route fa partie charnue qui couvre le devanr de la poitrine , a quoi il remedia en faifant faigner le blsffe trois fois dans les vingt-quatre heuies , & en appliquant fur fa plaie & fttr fa tumeur une comprefle un peu epailfe trempee dans parties egales d'eau & d'efprit • de vin, Le lendemiin tous les accidens etoient beaucoup diminues ,i& ati bo.ut de lmit,JQur£le;malade fe croava parfaitement gueri. ;. ;:> '.'■ (.Diftnimo-) tl.irih] ,aii •'.^. , r.''.T._ « ,;!;,'. ' - ^ ' ) "j'lV'.i.', I •JlU.'jih: 1 v': .'If i.', ,- : JlC' ; , ;^(rj.i3i) sb?a3Jqj3 2S3 l.'IfD :3iJp ?..'; or;:.. .; Aai\'izv:X>uJ6Bm^i,^si\fm». -d un ■avwgk.,. , i.i . _,. ■^.-Ipr-r, '^'' •■:!'SOi:.,;i ; ,'. ' ly' ' '.•!■. '} 'i\'C'y^. - • :5 \,-v: r;! n. r.-iM .'! ,:, . J^J. Genti j Preir.e d'unfegrande vei'tn,. crant devenu aveuglc fur la fin de fa vie,legua par teftament I?.s deux yeux a M. Mery pour en decoiiytir.les defauts, & faire fervir cette decouverte au foulagement de ceux qui fe- roient dans le meme cas. M. Mery les ayant examines trouva dans I'un la furface anxerieur.e du cryftallin , ujceree , fon corps, ojpfcufci , I'lujmeurn aqueiife fort trouble , & la rranCparence du corps vitre,foxf ^i^ijj^eejjPanst I'autre A C A D fe M 1 Q U E. ^c^ I'autre rinimeur aqueufe , le cryftallin & le corps vitre n'avoient perdu quc'""'"^ fort peu de luiir tranfparence. Dans tous les deux les glandes qui environ-''^'-'^''- I^oyale nenc la circonference exterieure de I'iris , & fiUrent I'luiineur aqueufe, ''^^ ->^'t'^'^*s croient plus grolfcs qu'elles ne font ordinairemenr j une phiie luiilcufe ex- trCmement meime, paroilfoit rcpand le fur leurs humeurs, & les neifsop- -^""^^ i7'3« tiques ccoient fletris au point que Ton ne put en fairc fortir de moclle, comme on en fait fortir de ceux qui fonr dans leur etar nature!. Cette fle- trilFure des nerfs optiques, a paiuiM. Mcry la ptincipale caufe de I'aveu- flement de M. Genti , lequel fins ce dctaut autoit pu voir de I'oeil dont les iimeurs avoicnt a peu prcs conferve leur tranfparence ordinaire. Sur un ajfoupijfement extraordinaire. Par M. I M B £ R T. \J N gargon Charpentier d'environ 45" ans , d'un temperament fee & ro- bulle , apprenant qu'un autre Charpentier avec qui il avoir eu querelle peu de rems auparavant, etoit tombe d'un batiment & s'etoit tue, fut faifi de cette nouveile ; il fe profterna le vifage centre terre & s'alToupit infenfibie- ment. II rella dans cet adoupilTement complet pendant deux mois entiers fans donner aucune marque de mouvement ni de fentiment, ayant la refpi- ration libre, le pouls petit & lent, mais egal , les yeux fermes nuit & jour & temuant fouvent les paupieres : fes bras reftoient dans la fituation oii on lesmettoit, mais non les autres parties du corps. Quelques cuillerees de vin pur furent fa feule nourriture pendanr tout ce temsla ; mais les rsmedes, & les remedes les plus cnergiques ne lui furent pas cpargncs : faignees du bras , du pied & de la jugulaire, ptirgatifs, emeiiques, volatils, fangfues, veficatoires, toutcela ne put le reveilier qu'au bout des deux mois, encore ne fut-ce que pour un feul jour, apres quoiil fe rendormit pour deux autres mois , mais d'un fommeil moins profond j car il donna par intetvalles quel- ques marques de fentiment , tantot ferrant les mains a fa femme , &: tantot fe plaignant doulouteufement, ce qui arrivoit quand on avoit etc plufieurs jours fans le purger, prenanr routes les nourritures qu'on lui donnoit, mar- quant beaucoup de gout pout le vin, &: enfin ayant I'attention de ne plus gater fon lit , & de s'avancer fur le bord 011 ctoit une toile ciree mife expres , aprcs quoi il fe remettoit a fa place. Il avoit au refte les yeux toujonrs fer- mes, & reftoit immobile foit dans fon lit, foit dans un fauteuil, lots mc- me qu'on le rafoit. Enfin on s'avifa de le jetter tout nud dans un baflin d'eau froidej il paiut furpris, ouvrit les yeux, regarda fixement , mais ne parla point. Dans cet etat fa femme le fit tranfporter de la Charite chez elle, oil fans faire aucun remede , il fe reveilla par degres. M. Homberg avoit lu en 1707 I'extrait dune lettre Hollandoife impti- mee dGaude, conteuant I'iiiftoire d'une letargie de fix mois, preccd^e d'liiie affedtion mclancholique de trois , caufee par le chagrin. Au bout des fix mois , le Ictargiqne fe reveilla, s'entretint avec tout le monde & fe rendor- Tonii III , Panli Frangoife, C 4 570 COLLECTION ^_^^^^;«- mic vingtquatre heures apres; peut-erre dort-il encore, da moins n'a ton Acad Royale point eu de nouvelles de foil fecond reveil. DEs Sciences DE Paris. ■ ■ '■ ' Annci 1 7 1 3 . u. Sur la Fiftulc lacrymak. _'ne humeur qui arrofe continuellement les yeux & dont I'ufage eft d'entretenif la nettete &: la tranfparence de la cornee , a fa decharge par deux ouvertures tres-petites & prefque imperceptibles pratiquces vers le grand angle de I'oeil \ elles s'appellent points lacrymaux : ce font deux orifi- ces du fac lacrymal, conduit allez large par rapport a rextreme petittfle de ces deux ouvertures. ll y en a une ttoiiieme tort petite aufli qui penetre dans la cavite du nez , & y potce la liqueur qui a ece regue dans le fac la- crymal. Ce fac forme d'une membrane glanduleufe pent aufli filtrer une li- queur qui fe joigne a celle que loeil a fournie. Si une joie ou une triftefTe extraordinaires rendent plus abondante la liqueur de losil, ou relFerrent les deux petites ouvertures par ou eUe doit fortir , elle reflue dans I'oeil, s'y amalTe & forme les larmes. Si I'onfice qui s'ouvre dans le nez vient a fe boucher , toute la liqueur s'amatle dans le fac lacrymal, le dilate par fa trop grande quantite , I'ulcere parce qu'elle fe corrompt en fejoulnant, & peuc enfin ronger & carier I'os ou le fac eft renferme. L'abondance de cette li- queur corrompue fait qu'elle reHue dans I'oEil par les points lacrymaux, & ceftla ce qu'on appelle une fiftule iacrymale. M. Anel, Chirurgien de Madame Royale, mere du Roi de Sicile, a imagine un moyen de guerir surement cette forte de fiftule , &c avec toute la douceur pollible, poutvu qu'elle n'ait pas encore carie I'os. ll faut d'abord reconnoitre fi elle ne I'a point carie, &: en quel etat eft le fac lacrymal. Pour cela il a penfe qu'on pourroit faire une fonde fi deli- cate qu'elle s'introduiroit dans I'un ou I'autre des points lacrymaux , ou a peine une foie de fanglier pent entrer. La diflicultc feroit moindre fi Ton pouvoit donner une pointe tres-fine a cette fonde , mais elle piqueroit & de- chireroit, & il faut au contraire qu'elle porte un petit bouton de figure d'o- live & fort poll , plus gros que toute la tige de la fonde , & qui doit cepen- dant entrer par le point lacrymal. M. Anel porte ce nieme bouton a I'orifice que le fac lactymal a dans Ic nez, & en le pouftant centre les matieres qui font I'obftrudion , il les chalfe de cet orifice , le debouche , & patli enleve la caufe du mal. Aptes cela il ne faut plus que remedier par des injections de liqueurs a la dilatatioii exceffive du fic lacrymal , ou aux ulceres qui s'y fe- ront formes, & ces iniedions qui ne fe peuvent faire que par les points la- crymaux , demandcnt des tuyaux d'une finefte eNtreme , & encore plus etonnans que les fondes qui ne font pas creufes. L'extremite la plus fine des tuyaux doit etre d'or : avec ces inftrumens M. Anel a fait plufieurs cures heureufes. %^^ A C A D i M I Q U E. 571 Sur des os trouvcs dans la dure-mtre. Acad. Royals MDES Sciences . LiTTRE en ouvrant la tece d'un jeune homme de 19 ans , mort en de Paris. quaere heures d'une bledure cju'il s'ctoit faite par une chiite, trouva deux ^/Innh 171}. petits corps olfeux fitucs a un pouce I'un de I'autre, au cote droit du finus longitudinal fupcrieur, entre quelques plans de fibres dc la dure mere. Us etoient a-peu-pres ronds , de 4 a 5 lignes de diametre , herillcs de diverfes pointes peu diftantes les unes des autres, longues d'environ une ligne , & tres-fines a leur extremitc ; elles per^oient prefque toute U partie interieure de la dure-mere, & pafToient d'un tiers de ligne au-dela. A cette vue ^f. Littre ju^ea que ce jeune homme devoir avoir eu depuis un terns des mauz de tete qui alloienc en augmentant , & cela fe trouva vrai : ils eulTent eti abfolument incurables, SceulTent bien pu deveniraccidensepileptiques. U. Sur un Foetus monjirueux. NE femme accoucha a neuf mois d'un garcon bien ncurri & bien con- ■forme, a la tete prcs. Les difFerens os qui en font la ciiarpente n'ctoient :ii dans la fuuation , ni de la grandeur, ni de la figure ordinaires ; & fur le haut de cette tcte mal conftruite etoit un creux rempli par une tumeur qui relTembloit parfiiirement & par fa figure Sc par fa couleur a un rognon de boeuf. L'enfant vecut fix heures , mais il n'eut que des mouvemens fort foi- bles. M. Ronaut I'ayant ouvert, ne lui trouva ni cerveau , ni cerveler , & U moclle de I'epine ne commengoit qu'a la troifieme vertebre du cou; de la la foibletTe des mouvemens &: la prompte mort. La mere ne manqua pas de fe rappeller qu'etant groITe de 5 ^ mois , elle avoir eu envie d'un rognon de boeuf, que fon envie n'avoit point ete fatisfaite , quelle avoit portc fa main fur fa tete , &c. & M. Rouaut ne manqua pas de donner une explica- tion du tout, laquelle participoit necelfairement de Tincertitude dts fairs a expliquer. La feule chofe qui paroilTe bien sure dans tout ceci , c'eft la conformation irreguliere de la tete de l'enfant. Sur Ics Valvules Sigmoides. I I'f. F F o R T par lequel le coEur en fe conrradtant poufTe le fang dahs les arteres, ne fuffiroit pas pour le faire aller jufqu'aux extremites de ces vaif- feaiix fi longs J fi etroitsdans la plusgrande partie de leur etendue, & fi tor- tueux. Il faut encore qu'apres que le co?itr s'eft contrai 571 COLLECTION ' " applatit , & qus s'il fe prefentoic pour y rentrer il les rcmpliroit Sc lej gon- AcAD.RoYAiE fl'^'^°''^ j ce qui fait qu'elles ne s'oppofent point afa fortie, mais feulement DES Sciences a fon rctour. La figure circulaire qu'elles our quand elles s'enHent, ne per- DE 1 ARis. met pas qu'elles ferment exaftement renrrce du coeur; mais leur nombre AnnU 1 71 5. fait qu'elles la ferment fuffifamment , qu'elles empechent un reflux confide- rable & nuifible a la circulation. M. Littre a cru que dans une femme qu'il a ouverte, le dcfautd'une des valvules iigmoides a cte la caufe d'une mort prefque fubue, plutot qu'une hydropilie alFez legere. Cette valvule s'etoit collee contre le tronc de I'aorte , &: par-la ne pouvoit plus recevoir de fang ni faire fa fondtion. Aii- delfus de cette valvule etoit un ulcere fupecfiriel j le ventricule gauche dix co;ut fut inonde par la quantite de fang qui refiuoit & hers d'etat d'exercet fes mouvemens. ' Sur U mouvement des intcjlins dans la pajjion iliaque , par M. Haguenot, de. la Socicti Royale des Sciences de Mont- pellier. P 1 E s experiences qu'on a faites dans ces derniers terns fur le vomi(Temenr, & qui prouvent qu'il ne depend point de la contradtion violente & antipe- riftaltique de I'eflomac, m'ont donne occafion de faire les experiences fui- vantes pour determiner fi le vomilfement ftercoreux qui arrive dans la paf- fion iliaque , eft nn efFet du mouvement renverfe Sc antiperiftakique des in- teftins. J'en doutois beaucoup avant de faire aucune experience : i '■\ par- ce qu'il me paroifloit dur d'admettre en meme terns dans les memes inteftins deux mouvemens oppofcs , I'un de bas en haut au-delfus de I'obftrudtion , pour produire le vomillement ftercoreux , Si I'autre de haut en bas au-def- fous de la nieme obftrudtion , pour produire les dejections ordinaires qui ne font pas toujours interrompues dans la paflion iliaque. 2°. Parce que fi les matieres fecales etoient portees de bas en haut par le mouvement antiperiftakique desboyaux, le vomilfement ftercoreux arrive- roit pen de tems aprcs, c'eft a-dire des que la mariere ayant atteuit I'obf- trudtion auroit determine dans cette hypothefe le renverfenient du mouve- ment ordinaire , ce qui eft contraire a toutes les obfervations. j°. Parce qu'il me paroilfoit beaucoup plus naturel de regarder le vomif- fement ftercoreux comm.- un regorgement des matieres arretees dans la par- tie fuperieure du tube inteftinal par une obftrudtion quelconque, lefquelles matieres remplilfant cette portion des inteftins au bout d'un certain tems , & fe trouvant preftees par I'adtion des mufcles de I'abdomen & par celle du diaphragme , ne trouvant d'ailleurs aucune iffue par en bas , font forcees de refluer vers le haut Sc de fortir par I'cxtrcmite fuperieure qui eft ouverte j mais c'etoit a I'experience a conSrmer ou a detruire mes conjtdlures. Pqur fivoir feulement fi les inteftins etoient remplis dans le miferere , I'ouvetture des cadavres de perfonnes mortes de cette maladie , eiit ete de- cifive J mais la rarecc des occafions & la repugnance mal entendue des fa- A C A D fe M I Q U E. 575 nillles m'interdif^nt ce moyen , j'eus recours a la difTection des aniinaux , - d'autaiu plus volonticrs que faifant mes experiences fur les animanx vivans, Acad. Roy ale j'elpeiois dccouvrir daiiemonc C\ le mouvemenc ctoit aiuipctilbltique dans r>£S Sciences le terns menie du vomiirement llercoreux ; & comme je favois que le itidu- ^^ aris. vement des inceftinseft plus fcnfible dans les chats que dans les cliiens , je AnnU 171 ;• pris une chntte que j'actacliai fur une table a trois heures du foir; je lui ou- vris Wibdomin felon la longueur de la ligne blanche , alTez pour donne'r paf- fage aux intcftins:je les examinai pendant quelque terns fans obfeivcr le momdre mouvement. Le feul que je pus decouvnr avec ma loupe, & en piquant en meme terns les inteftins, fut un trenioulTement trespeu confi- derable; mais comine le but de mes recherches ne fe terminoit pas la, & qu'il ne s'agilloit pas cant du mouvement periftaltique que de celui qui y eft oppofe , je lui fis la li2;ature de ViUum , Sc recoufis la plaie , puis je fis manger la chatte dans I'efpcrance de la voir vomir bientot aprcs ; mais a fept heures du foir elie n'avoit pas meme encore eu de naufees; je la deta- chai done &c la mis dans un fac oil elle put inanger en liberie. Je reconnm le lendemain matin qu'elle avoit vomi pendant la nuit les morceaux de viande qua je lui avois fait avaler la veille , lefquels avoient pris rodeut de la fiente de chat. Je ne pus done ctte temoin de ce qui fe palfoit a I'mtc- rieur dans le terns du vomilfement; Sc d'ailleurs trouvant la chatte prefque fans force & trop foible pour pouvoir vomir , je rouvris I'incifion pour ob- ferver les inteftins ; je les trouvai remplis depuis la ligature jufqu'au pylore. Pour ce qui eft de leur mouvement , je n'en remarquai aucun avec la loupe , & en les piquant je ns voyois qu'un tremoufTement preTqu'infenfible , & femblable a celui que j'avois remarqae auparavant. Je repetai la meme experience fur une autre chatte avec cette difference que je la fis manger beaucoup plus que la premiere , Sc que je lui fis la liga- ture fur les huit heures du matin , comptant la voir vomir pendant la jour- nee ; mais a huit heures du foir elle n'avoit pas encore eu la moindrc envie de vomir , Sc I'ayant trouvee le lendemain hors d'crat de le faire , je rouvris I'incifion de ['abJomen , & je trouvai I'eftomac plein Sc les inteftins une fois plus gonfles que dans I'etat naturel. Je foupi^onnai que la gene 011 etoit I'a- nimal attache par les quaere partes , & la trop grande quantite d'alimens que je lui avois fait prendre, avoient pu fairc obftade au vomilTement. Pour eviter ces inconveniens , j'enferniai dans une cage de fil de fer un gros chat que j'avois fait jeuner vingt-quatre heures & a qui j 'avois fait la meme ope- ration qu'aux deux chattes- II mangea & but quelque terns apres, mais peu; je pouvois obferver facilement a travers la cage jufqu'au moindre de fes mouvemens, ce que je fis avec route I'attention polfible pendant 15 ou 2 %.?^ i V ^ V V V "7* V TABLE ALPHABETIOUE DES MATIERES CONTENUES DANS CE VOLUME. .^Beules obfervees , pag. die &• fuiv. comnienc rccueilleiit le miel & la cire fur les fleurs, 416. leur trompe , ibid. comment conftruifeiit leurs alveoles, 416, 417. pofitioii Jes rayons dans la ruche, 417. ufage des alveoles, ibid. mere-abeille nomniee vulgairement Ic Roi, 4Z7 &•/«;>. fa ponte, 417, 418. fa fcconditc, 42S , 419. incertitude fur Ja maniere dont elle eft fccondee , 418 , 419- Abime, nom donnea une partie du Golte de Lyon , pag. i j^. Ahfimke, efprit urineux tire de I'abfinthe, pag. 465-. AhfuTh.inis , combines avec une dilTolu- tion de camphre par I'efprit de nitre, pag. Z70. Acacia, ifr.i Egvpuaca , fruit de cet arbre , fa gouffe, la graine , pag. jif, 516. teintuve qu'on en tire, ufagc de ce fruit, ^if'. fuc d'acacia, ce que c'eft, 316. gonilement fingulier dans un aca- cia, 460. Acjnthe , fa pouffiere fecondante, p.ig. 449* Aciies , leur effet fur I'urine de vache, pag. 1Z9. effet d'un acide fur de la li- maille cie fer , 1 50. acide contenu dans le fang &: autres maticres animates , 18 f Zrfuiv. dans quels animauxabonde leplus, ibid, acide avec de I'alkali vola- til fans faire d'effervefcence, 186. aci- de contenu dans la chair de difterens animaux , quadrupedes, poilfons, oi- fcaux, reptiles, infettes, 18S , l8g. dans le lait, 190. dans la fueiir, ibui. dans I'urine, 191. dans les autres ex- cremens , 191, 19;. acide qui fe deta- che du phofphore d'urine, 191. Com- ment les acides s'introduifent dans les pores des corps qu'ils dilTolvent iop. poids que les acides donnent au mer- cure , iof. acides diverfement engages dans le mercure, 107 ^fuiv. effetsdes acides de differentes forces I'ur un pre- cipite de mercure, 210, iii. effet du melange dun efprit acide avec certai- neshuiles, 155, 154. acides &: alkalis unis & tranquilles dans certaines li- queurs, 15S. vapeur de certains efprits acides melee a celle d'un fort alkali volatil, 14-. acide fenfible dans quel- ques plantes ou autres produclions ma- rines, 249. acides diliolvent le cam- phre, 16-. font les dilfolvans des me- taux , ibid, leur adion fur les diffcrcns metaux, 271 Ofu/r. & fur les alkalis, 272 t-'fuii-. acide dctruifant I'effet d'un autre acide, 2-T4 , 2-'f. union des aci- des du nitre & du fel dans I'eau regale, z-'f , 276. acides rarement purs, ma- tieres auxquelles ils fc joignent, 276. liqueurs acides differentes entr'elles, 2-7. acide qui a fervi a diffoudre du fer, & qui en a etc fcpare par le feu , iJiii. dillillation des efprits acides, eft une efpece de fublimation , ibid, union des acides avec les foufres , 5-6 0" fuiy. acides fort & foibles combines avec la lague, 520. AcoujU.jue ( Experiences d' ) pag. 108 &* fuiy. Adhlrence de I'oeil-de-bouc aux pierres, 5-8 &■ f^'v. de deux marbres polis , d'un cuic flexible ^' mouille a une r<5 TABLE pierre , ;^9. des orties de mer aux pier- res, 5S0. dcs etoiles de mer aux pier- res, 380, ,8 1, ies ourfms ou heriffons de mer, 581. Ag.v.h- , pa'. i6c). Af^ncm (Analyfe du fangd')j!a^. 18 j, 186. Aiguille ainuntt'e decline dans le cuivre autrement que d.ins le bois, pag. 17. & diverfemL-nt en difterens lieux. V. DdcUnaif.n. Inclinaifon de cette ai- guille, p.-!g. ii. Aimant; changement de fes poles, fag, 17, e'prouve fur des cendres de diffe- rentes matleres animales ne Ies a point attirees, 129. Air , fa gravite Ipecifique , pag. 58. vitefTe de I'air foitant d'un tuyau , 11 3. quelle elle doit etre pour qu'il eleve le meme poids que I'eau, ibid, force d'un air qui fiit 20 pieds par feconde , ibid, refif- tance de I'air a i'eau qui fort des ajulla- ges , 114. fa rarefaftion par la chaleur de I'eau bouiUante, 117 (y fuiv- fa re- fiilance au mouvement d'un pendule comparee a celle de I'eau, 119. com- ment fa preftlon determine la diredtion des plantes , 15 j ^ fuiv. experiences faites fur un thermometre a air , ^f &- fuiv. autres fur le relfort de I'air, 149 & [air. etat & pefanteur de I'air quand il pleut, 16 f. dilatation de I'air obfer- vee en differens endroits & a differen- tes hauteurs, 167, 16S. experience fur la communication de I'air dans I'eau, 170, 171. pefanteur ou condenfation de I'air en Suede, 184. dans des mines, 184, i8y. remarque fur Ies condenfi- tiont de I'air, i8y. air contenudans de I'eau de pluie & dans !e fediment de cette eau , 166. effet de I'humidite de I'air fur le phofphore, tire de la Toatiere fecale, 18S , 289. fur lachaux y'ue.,ihii. effet de I'air fur la liqueur des ceufs de pourpre , 595. fur celle des buccins , 401. experience qui fait voir de quelle maniere I'air agit fur cette liqueur, 401, 405. adtion de I'air fur une morille branchue , fi f • sir dans I'eftomac & dans Ies inteitins, d'ou il vient ; fon adtion fur Ies tuniques de ces vifceres ; comment produit la tym- panite, f6o. comment I'air forme I'em- phyfeme, f6i fr/uii^. buUes d'airdans Ies humeurs de I'oeil d'un homme mott d'un emphyfeme, {66. Ajutages, leurs ouvertureSjpag. 114. Alh&'.re, ou marbre de la grotte de Fo- Vigno, -pag. 390. Alga latijoiia inajiT deniata. Voyez fucus. Algues, plantes de la mer, pag. 570. ont des racines comme Ies plantes terref- tres, 371. petite olive qu'on dit etrele fruit de I'algue , 574. Alimens , leur influence fur Ies qualites de la chair des animaux,;ia]7. 185-. Alkali, contenudans I'urine de vache, pjg. 119. dans plulieurs matieres ani- males . 18 f & fuiv. dans quels animaux domine fur I'acide, 18 j. alkali volatil fubfiftant paiiiblement avec un acide dans une liqueur, 186. effets des fels fixes plus ou moins alkalis fur la diflo- lution du mercure dans I'efprit de ni- tre, 195-, 19S S-Jiiij'. en quoi confute la qualite alkaline des fels fixes, 198. leur effet fur le thermometre, ibid, ac- tion fucceflive de difterens fels alkalis fur une dillolution de mercure par I'ef- prit de nitre, ioi O-fuiv. diffolutions des fels alkalis, 15 j. alkalis & acides unis & tranquilles dans certaines li- queurs , 238. vapeur d'un fort alkali volatil , melee a celle de I'efprit de fel, 247. alkali des pretendues plantes ma- rines, 249. Ies fels alkalis, diffolvans du foufre commun , &c. 267. effets des alkalis fur Ies metaux dilTous par Ies acides, 271, 272 ^ fuiv. effets du melange des alkalis avec Ies acides. Althsa frutefcens , pag. 449. Alum, fon effet fur la flarame des fcufres & des huiles, pag. 233. alun meleavec la matiere fecale avant de la diftiller, 282, 28 y. maniere de I'employer avec la matiere fecale pour en titer du phofphore, z8{ &' fuiv. alun bouilH avec Ies fleurs & Ies fruits daricinoides, teinture qui en a rcfulte , 505. Alveoles des abeilles, pag. ^16 &• fuiv. leur double ufage , 417. alveoles d'oii fortent Ies bourdons, 429. Alypum Monfpelianum five frutex terrililis , pag, {04. diffcrens noms qu'on a donnes a cette plante , fa racine , fes branches , fes feuiiles, fa fleur, fafemence, ibid. fon ufage dangereux , ibid. Amputation a lambeaux, p.ig-. ^17. Anhrifme vrai, obferve dansun cadavre, pag. ffr & fuiv. ce qui ctoit contenu dans fa cavite, ffi , ff2. anevrifme particulier &: anevrifme univerfel dans ce mems fujet^ yj2. conjedlures fur leur A L P H A B Icur formation & leurs caiifes, jfj & fuiv. fj'mptomes qui avoicnt accom- pagnes cet aiievrilme , { j; ir fuiv. ex- plication de cesfymptomes, fj4, 5fy. Anthirrmum , (x fleur : difpofition Ju pif- tile &; des etamines, pug. 454. Antimiine, combine avcc I'dprit de fcl & I'eau regale, pas,. i68. Anus, de la moiile dcs etangs, pag. 566. de la moule de mer, 5S6. de la peton- gle, 588. de I'ourfin de mer , 412. AoTte d'uiie tortue de mer, pag. 19 f. d'un homme mort fubitement, fij. valvu- les de I'aorte ; maniere de les demon- trer, 535. aorte formant un ancvrirme particulier &: unuiiiverfcl, jfi. Ar.iignies , matiere de leur fil , pag. 227. llrudlure de leur filiere, ibid, b- fuiv. maniere de preparer I'araignee pour obferver ces parties , 228. refervoirs de la matiere du fil, 228, 229. Ali- mens des araignees, 30 f (j- fuiv. les araignees fe mangent les unes les au- tres, 507, 508. autres animaux qui les mangent, ;o8. difficulte de nouvrir un grand nombre d'araignees , ibid, leur tecondite comparce a celle des vers-a- foie , ibid, terns de leur ponte n'eft point fixe, 508 & 512. foie dont les araignees ferment les coques qui en- veloppent leurs oeufs, foie dont elles tendent des filets aux infeftes, 309 &• fuiv. dirtribution des araignees en dif- fcrens genres & efpeces, 509 fy fu'-v. araignees vagabondes , 109. diftcrentes manieres dont les araignees font les coques qui enveloppent leurs oeufs, 309, 510. foin qu'elles pfennent de leurs oeufs & de leurs petits, 509, 310. quantite de foie fournie par une araignce , 3 1 f • araignees d'Anitrique , 516. mue des araignees, 439. /rJre (tronc d' ) couche, dit-on , fur le fommet du Mont Stella, la phis haute des montagnes des Alpes , a une hauteur oil il ne croit point d'arbres, pag. 154. arbres morts par la gelcede 1709 , 138 Zr fuiv. quels arbres refirte- rent le plus, ihid. jonition de deux ar- bres , 1 39. rapports entre la produc- tion des lejettons des arbres, 8j la re- produftion des jambes d'ccrevilfes , 434, 435. arbres qu'on avoit depouil- les de leur ecorce , autres a qui elle tombe d'elle-meme & fe renou- velle , 440. arbres qui ont beaucoup de moelle &: pcu d'ecorce ihid. fi les Tome III, Panie I'ran^cife. 1£ T I Q U E. f77 arbres tirent leur nourriture de I'c- corce , de la moelle , du corps ligneux, 440 ir fuiv. arbres caries & creufes, 441. branches d'arbres fiparees dc leur tronc , qui vcgctcnt fans ctre mifes enterre, ihid dans quelles parties des arbres la vegetation ell plus vivc , 443. arbres fruitiers ; accidens qui empt- chent que les fruits ne fuccedent aux fleurs, 4f4,4jy. Arc-en-ciel qui fubfifte quelques minutes apres le coucher du foleil, yag. 3f. Arc-en-ciel de deux couleurs , 56. caufe des couleurs do I'arc-en-ciel , 81, S:. Arcueil ( eau d' ) p.ig- 169, 170, 274. Argent pur , arpent melc d'or ou de cut- vre ; leur difierencc pour I'ufage , pag. 240. maniere dc feparer I'argent de Tor par la fufion, ihid &" fuiv. effet de la vapcur de la pierre de Boulogne fur I'argent , 242 , 245. effet d'une matiere bitumineufe, mctallique fur I'argent, 24f, 246. ce qui arrive lorfqu'on ex- pofe au verre ardent du fer fur de I'ar- gent fondu , 2ff. arbrifl'eau d'argent produit par la dillillation d'un amal- game d'argent & de mercure, 259, 2<5o. autre vegetation d'argent fondu avcc le foufre, 260, 2^1. autre d'ar- gent fondu avecleplomb, puis affinc a la coupclle, 261. marque a laouelle on connoit que I'argent eft affine dans la coupelle , 261. difference entre les precipitations de I'argent faites par les fels ou par le cuivre , 271. Arifleloche longue > fa fleur n'a point d'e- tamines p.ig. 447. Aroir.atiques (plantcs) capfules ou fom- mets qui furmontent leurs etamines, pag. 448. pouffiere contenue dans ces capfules , 449. Arteres ( fang des ) pag, 171. arteres d'unc tortue de mer, 294, 29 f, 29J. artere pulmonaire , 29 f. arteres des tortues de terre & de mer , 298. valvules de I'artere pulmonaire , maniere de les dcmontter , ^52. arteres qui entrent dans les glandes , s'y rarifient &z s'y recourbent pour former des veines , f34, nf- irteres axillaires, foucla- viere , carotides d'un homme mort d'un antfvrifme , (•f2. Affoupifement extraordinaire , pag. ^6^. comment fe termina , ibid, autre cxem- ple d'un afloupilfemcnt lethargiquc, f69, f-o, D4 578 TABLE ALPHABETIQUE. Afihme humoral, acces violent de cette jnaladie arrete par le pareira-brava , Amofphere de la lune, pa^. o, ii, 17 > 43. du premier fatellite de Jupiter, pa^. iz. hauteurs de ratmofphere en difte Benjo'm , fa fublimation , pa^, 177. Beriin ou Btrlin. Voyez (Sil-Se-louc. Bernard-rhermiie, pag- 345 , 346. fes grof- fes partes J fa coquillej ibid, fes jam- bes , 346. partie molle du corps de cet animal, fon tcaille, 346. reps climats , is maniere miner la hauteur de ratmofphere par la lumiere du crepufcule , ii6 , 117. Attrailion employee a exptiquer les pht- nomenes du flux & reflux jjjag. 15 J, if6. Aubier, pag. 441 , 443. AuTum muficum , pag. ZfS. Aveuglement caufe par la vapeur d'une vieille folTe, comment gueri, pag. ^^" B MJAtus froids propofes pour le rhuma- tiime, & pourqiioi,pag. S--- bain qui procura I'truption de la petite verole , Banche , forte de pierre tendre qu'habi- tent les dails ,413 i:- fuiv. fa formation , 414 & fuiv. pierres blanches nommees mal-a-propos cailloux & qui en font formees par la banche, 415- Bandes de Jupiter , pag. li irfuiv. Banmetre ( obfervationsdu) a Cayenne, auxindes, pag. 50. Barometre jettant de la lumiere , 31. fa hauteur obfervee a Malthe & a Paris, pag. 35 & 36. fur plufieurs montagnes, 37, 38. a Paris & en SuilVe, 141 iT'fuiv. 163, 164 (y fuiv. 180 G'/iiiv. caufe de la variation du barometre, 16 f. obfervations du barometre fur une montagne du I'erou & au bord de la mer , 166". dans un lieu echauffe par un grand feu , 168. Baro- metres qui doniieat de la lumiere, iSi. moyen d'avoir la vraie hauteiir du mercure du barometre , ibid, expe- riences du barometre faites dans des ; en amc- aiiiniai, 1011 t-caiuc, 5^*;'. de deter- Biioards oriental & occidental, en quels 184, 'ans, 2io. Bqfe des orties de mer , pag. 347, ?49y fuiv. canaux ou mufcles droits & cir- culaires de cette bafe , 349 (j-fuiv. bafe de I'oeil-de-bouc, 578. comment s'at- tache aux pierres 8c coii.ment s'en de- tache, 379, 580. fa texture , 580. Battemem des tuyaux d'orgue, pag. 108, 109. Baudrier , forte de fucus , Koye? fucus. Baume de Capaiia employe dans le trai- tement de quelques ulceres internes , fag. ^2.7. animaux fe trouvejit leurs vertus, leur configuration, pag. 311 ^ fuiv. leurs noyaux, 32.2. I'eau & I'efprit de vin fepareraent n'ont point de prife fur le bezoard, mais ils le penetrent etant meles enfemble, 311. le bezoard s'en- flamme aifcment , ibid- ce qu'il con- tient. ibid, quelquefois fonne comme la pierre d'aigle , 312 & 525. moyen de connoitre le bon bezoard, ibid, cou- leurs differentes qu'il donne a la chaux vive & a la craie, ibid, formation des bezoards , 325 , 526. bezoard foifile Sc d'Amerique , 3 24. diftribution metho- dique des bezoards , 324, 3iy.noyaux des bezoards fofliles, 32$. pretendue tunique du bezoard de Pomet , 526, 327. les perles font des efpeces de be- zoards, 527. & les pierres qui fe trou- vent quelquefois dans le cajloreum , 5^9. 35°- , . , ., Bicuiba , forte de noix , huile qu on en tire, fes vertus, pag. f2i. Biie oi\ fe mele avec le chile, pag. ^1^ , Eifmuth , analyfe , pag. 247. diflbus par I'acide nitreux , precipite par I'eau , 274. Bi£us des anciens , pag. 528 , 387. Bitume contenu dans I'eau de la mer, p.7^. 1(^0, 161. fes eflfets , ibid, compoii- tion d'une matiere bitumineufe metal- lique ; fon efi"et fur I'argent, 24? , 246. dilTolvant des bitumes , 267. precipita- tion des corps bitumineux diflbus par les liqueurs alkalines, 2-0. Bii'd/i'M ( coquilles ) pag. 3 3 1 . Bled feme en Avril , ce qu'il devient, pag. 158, 139. bled qui a befoin de pafler I'hiver en terre &: bled (]u'on feme en Mars, 139. bled barbu , ibid, pif- tile du bled, 4C0. mal que la nielle fait au bled, 4? y. bled deTurquie, fitua- tion de fesetamines , 4f6. experience faite fur ce bled par rapporr a la fruc- tification, ibid, bled cornu ou ergot, 5-28 , 529. quelle forte de feigle eft le plus fujette a I'ergot : annees oil ce mauvais grain eft plus commun, yiS i les poules le refufent quoiqu'il ne leut* ^L' DES MATIERES. fafle point de mal quand elles en man- gent, fiS, $19. ilne leve point, ^29. gangrene endcmique qui fut attribuee a ce mauvais grain , ibid. Bleu , produilionde cette couleur, pag. 171 > i7i- Bffu/( analyfe dufang de)pa^. 186. Bois de Brelil bouilli dans I'eau, dans le jus de citron fans addition, & en y ajoutaiit de I'huile de tartre, pag. 41. de merifier eft fort fonore , 1 10. rclif- tance des bois de chene & de fapin , Borax, ce que c cil, pag. 245. B >rou ou Bjtoua. Voye* Pareira-Brava. B:'ucAf des ortiesdc mer, p.T^. 3^2, j^:. de I'etoile de mcr, jjS. de la moufe des etangs, 366. de la moule de mer, 385. dune etoile de mer, 420. de I'our- fin, 422. Biiiirdons , en quoi different des abeilles, p.7g. 428, 429. faifon oules abeilles les tiient, 429. Bourrjc/ie, fa poufliere fecondante , pir^. _ 449- Bojaux d'un homme fufToque par la va- peur de la braife de four enfermte dans une cave , p2g. j2i. Braife de Boulanger enfermee dans line cave; effets de fa vapeur , pug. j2i , Bras ; accidens qui fuivirent une blcflure aflez legere au bras , pag. j68. Briofne des Indes, K Mkhoican. Brione ou Coulevree, 545. effets de fa racine prife en fublhnce, en infufions, de- codlions, extraits, ibid. Buccinum. Voyez Lim^s^cns de mer. Bucci- num aui donnoient la teinture de pour- pre dis Anciens, 59Z, 393. comment on en tiroit la teinture, 399. comment on la pr-'paroit, 400. Bui:cinsqui donnent la teinture de pour- pre, p.7g. 391. leur coquille , 392, 393. coukurs de ces coquilles , 393. vaifle.m ou rcfervoir de la pourpre, 399. effets de la chaleur du foleil 8c du feu fur la liqueur des buccins , 401. effets de I'air fur cette liqueur, il'ij. experience qui fait voir comment I'air agit fur cette mcme liaueur , 402, 405. odcur que lui donne la clialeur, 404. cette liqueur combince avec I'huile de tartre, le iirop violit, Tefprit de vi- triol, 404. avec le fublime corrofif, 404, 40f. gourde la liqueur des buc- cins , 40f. ufage qu'on pourroit taire de cette liqueur , 406. !?<> Vm' ADAVB.Z , ouvcrture du cadavre d'un homme ctouffc par la vapeur d'une cave ou Ton avoir enfermc de la braife de four, pag. f2i , 511. d'un enfant dont le rciitum etoit divife en deux parties & fans iflue, f22, fij. d'une temme de 80 ans. pierres qu'on y trou- va, ^23. d'une autre morte d'une tu- meur au ventre , 524. d'un homme , mortfubitement,j2f. d un homme atta- qut- d'une gonorrhee.f 59. d'un epilepti- (jue mort d'un abfccs au poumon , 5-4^. d'un homme niort d'un anevrifme vrai, ri (j- fuiv. d'un homme mort d'une Icflure a la poitrine , 56^, j6f. d'un autre qui avoit eu deux cotes caffees, ^66 , ^67. d'une femme morte prefque fubitement & attaquce d'une legere hydropifie, 572. C^fe, pag. 506 irfuiv. arbre qui porte le cafe , yo6. dc quel genre eli cet arbre , ifiri. defcription deceluidu Jardin du Roi, ibid, fes branches & fesfeuilles, ibid, fes fleurs, yo6, J07. fon fruit, fo-. fon nom turc , fa culrure ; quand il faut le femer, jo8. preparation du cafe, fes differentes qualites, fesver- tus, p8, 509. Cajtcr ou arbre qui porte le cafe. Vqye^ Cafe. Ca!cina:im, effet de la calcination fur le mercure, pag. 197. fur les fels fixes, 198. calcination du mercure cru & du precipite , 20^. de la matiere fecale pour en tirer du phofphore , 285 , iS6. effets de cette calcination , 288. Cihha ou corona fobs , fa poufiiere fc- condante , pag. 449. Canphre eft la feule refine connue qui fe diffolve par les acides, pag. 267. cam- phre diitous par I'cfprit de vin , 269 , 270. revivifie par I'eau , ibid, diflbus par I'huile d'olives , ibid, par I'huile claire & ctheree de therebentine. ibid. par I'efprit de nitre , 270. effets des ab- forbans fur cette derniere diffolution, ibid, camphre rcvivifi: de I'cfprit de vin , re'vivifie de I'cfprit de nitre , il id. revivifii- de rcfpric de vin par I'eau, eft inflammable mais non quand i! eft revivifie dc I'efprit de nitre par I'eau ou par les alkalis, 278, 2^9. Canal arteriel dc communication dans li fttus huinain, pag, 295. dans une tot- tue de mer. iiii. D4ij jgo T A B L E A L P 1 1 Canmix ou mufcles droits & circulaires de I'enveloppe des orties de mer, pag. 549 &- fuiv. liqueur qu'jis coiuiennent 549. 350- leur "fage , jfo, jyi. ca- naux des orties errantes ou gelees de mer , 35^. ufage de ces canaux, li- queurs qu'ils coinieiinent, 35 J (yfuiv. canaux ou vaifleaux qui paroifTent dans la fubftance de la truffe , 461 , 464, 46f. Cancellus. Voyez Bernard-VHeTmite. Caouche. Voyez Qifi!. Capillaires , petites feuilles qui pourroient en etre les lommets , pag. 4 j 3. ce qu'el- les renferment , ibid. Capricena , efpece de chevre fauvage qui aonne le bezoard , pag. 324. Canutes de la pouflSere fecondante des fleuvs. Voyez , fpmmets , pouffieres de la graine de certains fucus, 476 irfuiv. 481, 484, 485 , 488. d'une coralline, 479, 480. capfules de la graine , ou graines du Juctis memlranaceus , &c. 489, 490. efpeces de capfules en forme de mamelon dans le/ucuj teres ramnfiffi- mus, 491 , 495. dans la figue. Voye^ fommets. Carcajou, animal carnaflier d'Amerique, eft lent & pefant ; animaux qu'il at- taque, pag.^ jof. ^ Caribou, falegerete, fes ongles; animal qui lui fait la guerre, pag. fOf. Ciifque de I'ecrevifle , pag. 436. Cajior , lenteur de fa marcne , animal qui lui fait la guerre ; fort quelquefois I'hi- ver de fa cah^ne , pag. jof. Cajloreum , pierres trouvees dans cette matiere , pag. 519, 330. ufage du caf- tor ou caftoreum en Medecine, 530. choix de cette matiere, 3 50. a quoi Ton peut attribuer les differences qui s'y trouvent , ibid. Cajloreum de Canada , de Dantzick, du levant, de France, ibid. & 351. Catarade , fi elle fe forme fur le cryftallin ou dans I'humeur aqueufe , pag. 74. operation de la catarafte, fes fuites, 74, 7f- Caverne de Fran-che-Comte , pag. 414 , 425. glace qui s'y trouve en ete , 42 f . Caves , pourquoi Ton croit commune- ment qu'il y fait plus chaud en hiver qu'en ete, pag. 424. braife enfermee dans une cave , effets de la vapeur de cette cave, 52 1 , j22. Ciliaque (paffion) pag. J2y, y26. Cendres de differentes matieres animales A B £ T I Q U E. prcfentees a I'aimant , n'ont point ^te jjttirees, pag. 129. Cendres veries , leur couleur a la chan- delle, pag. 48. Cercles autour de la lune, pag. 34. autour dufo!eil,pag. 35-, 36. _ Cerveau de la moule des etangs , pag. }66. d'un homme fuffoque par la va- peur d'une cave oil Ton avoir enferme de la braife de four, 521. fubftance du cerveau manquant a un fetus ne a ter- me, 541. fubftance moelleufe du nerf optique continue a celle du cerveau, f47. cerveau manquant a un fetus ne a tcrme , 5 yo. a un autre dont les os de la tete etoient mal conformes. J71. Chair des orties de mer , pag. 548. des or- ties errantes ou gelees de mer, 554, Chala\ac dans des oeufs de poule fans jaune ; erreur a laquelle lis ont donne lieu, vag, 377. ChaleuT du feu , fes effets fur des phioles qui contenoient divers fluides , pag. 149 Zffuiv. chaleur de I'ete 1710, pag-. 16^. del'eaubouillante, 168 , de i'ete 171 1 , pag. 180. effet de la chaleur fur le plomb , 218. chaleur communiquee a I'eau par I'efprit de vin , 218. chaleur de I'annee 1712, pag. 220. eftets de la chaleur fur de I'eau de pluie & fur fon fediment, 16$, 266. chaleur du fang des marfouins, des tortues, 290. effets de differens degres de la chaleur du foleil &: de celle du feu fur la li- queur des buccins , 401. chaleur appa- rente de I'air des fouterreins en hiver , 424. Chama Peloris , pag. 537, 538. Chame, genre de coquillage , pag. 334. Champignons, pouffieres qui fe trouvent entre les feuillets fous le chapiteau, pag. 453. Charbon de terre eft un bitume, pag. \6o. efprit de charbon de terre employe a compofer de I'eau de mer artificielle, ibid, infufion du charbon de terre dans i'eau , 219 , 220. dans I'eau de vie , 220. ce qui arrive lorfqu'on expofe les me- taux au verre ardent fur iin charbon, 254. mine de charbon de pierre, 425. Chataignes de mer. Voyex Ourfins. Chatons ou fleurs a etamines, pag. 446. Chats, conformation de I'iris de leurs yeux, pag. 94, 9f- Chats ouverts vi- vants pour obferver le mouvementdes inteftins dans lapaflioniliaqne,573,574. t)ES MATIERES. f8« Chaux, contient des parties de feu, yag. 19S, 188, 189. eft'et de I'e.iude chaux fur les mi;t.uix difTous par les acidcs, 274. effet de I'humiditc de I'air Tiir la cnaux vive, i88. pourquoi la chaux vive ne s'enflamme pas comme le Fhofphore lorfqu'elle s'tchauffe par introduction fubite de I'eau , 188, i8q. Chene. Voyez Biois. Chevaux auxqueis I'humeur vitree man- quoit, pag^. 79. force dun cheval com- paree a celle d'un homme , iii , 122, 125, 126. Chevre fauvage qui donne le bezoard , . P'^^- U6. Chiem (petits) tues pendant qu'ils tet- toient, etat du hit trouve dans leur eilomac , ^ag. J42. eau dans le peri- carde & dans le ventricule du cerveau de ces petits chiens, 542, 54^. Chiens ouverts vivants & auxqueis on fit une ligature a I'ileum pour obferver les effets de la paflion iliaque, 575 , 574. Chile ^ en quel endroit fe mele avec le fuc pancreatique & la bile, fag. 523 , 524. chile epailfi par accident , evacuc par les felles , |2f. extravafe &: for- mant une hydropifie laiteufe , ji6. pe- trifie en quelque forte dans les glandes du mcfentere , ihid. diftribution du chile fe faifant a I'ordinaire dans des chiens & des chats auxqueis on avoir donne la paflion iliaque par le moyen d'une ligature faite a I'ileum, ^74. Choledoque ( canal ) de deux moutons , yag. 292. ChoTo'ide , fon ufage felon M. de la Hire , fag. 98, 172. d'ou prend naiffance, ,5-46 , 547. ou fe trouve unie a la cor- nee , 546. oii fe termine fa couleur noire , itid. Ciclamen , fa fleur , difpofition du piftile & des ^tamines ,pag. 4^4. Cinabre d'antimoine , pag. 245. Cire , effet de la cire fur le corail pour en tirer la teinture, pag. 2fo i-fuiv. effet de I'efprit de cire fur le corail, 2fi. comment les abeilles recueillent fur les fleurs la matiere dont elles font la cire, 426. comment elles en conllrui- fentleurs alveoles, 426 , 427. Citron ( jus de ) detruit la couleur du co- rail , vag. 42. quelles qualitcs doit avoir pour tirer la teinture du corail , 2f 1 , 2fi. charge de cette couleur ne fait point de mouvement avcc Thuile de tartre, ni avec I'efprit de vitriol , 2J2. Cloijoii du coeur d'une tortue de mcr, pag. 294, 296. de quoi la cloifon du ccEur elt formec, jjo, 551. Coch'iis , font friands de truffes & em- ployes a les dcterrer, pag. 464. CauT , en quel fens fes fibres font tour- nces, pag. 295. Coeur d'une tortue de mcr, 294 iy fuiv de quelques autrcs tortues de terre & de mer , 297 , 29S. d'une vipere , d'une anguille, 297 , de la moulc des ecangs , 566 , 568. eau qu'il contient, 568, a un ventricule & (ieux oreillettes, le tout renferme dans un pericarde, ibid. \6c). Urudlure du coeur, 530 G'/uij'. contours de fes fi- bres, 530, J3i.maniere de preparer le cceur pour obferver les contours des fibres & feparer les ventricules, y5i, n-- fes valvules, (-52, j53.ma- niere de preparer le coeur pour en faire voir les valvules, f32, 53 3. Coeur fans pericarde , 549. Coeur pla- ce a I'exterieur dans un fetus, yjo. Cceur d'un homme mort d'un anevrif- me, ^2. Colcotar , produit par une certame ma- niere de dilliller le vitriol vert , pag. 236 , 237. mele avec la matiere fecale avant de la dilliller, 282, 285-. Coliques nephretiques gucries par le Pa- reira-brava , pag. f 27. colique bilieufe guerie par le meme medicament, 528. CoUe de fromage, pag. 169. Colonnes dans le coeur , ce qui les forme, pag. U^- ^ „ . Condenfaticns de lair, remarque fur une table de ces condenfations, pag. 184, i8|. Congelation, a quoi attribuee, pag. 51. congelations ou incruftations pierreu- fes dans une caverne de Franche- Comte, 425. Confonances , pag. 109. Confoude ( grande ) fa pouffiere fecon- dante , pag. 449. Convolvulus , fa pouffiere fecondante , r-^g- 449- . , , Coq qui paffoit mal-a-propos pour avoix pondu des oeufs , dilfeque, p.-g. 57f. Coques dont les araignces enveloppcnt leurs oeufs , pag, 309 irfuiy. Coque des oeufs depoule, matiere dont elle fe forme, 577. oeufs fans coque, ibid. Coqudicot. Voyez Pavct, ;8i TABLE ALPHABETIQUE. Coqaillages petrifies , pag-. 132 ^ fuiv. mouvement progreffif de divers co- quillages, 351 &-fuh. moyenpoiir ob- ferver commodemenc les coquillages, 335. refpiranion de quelques coquilla- ges , 337. remarque generals fur la partie qui fert de pied aux coquilla- ges , 344. Coquillages qui font tou- jours fixes en un meme lieu, 388. Co- quillages qui donnent la teinture de pourpre, 592 ^ /uif. Coquillage qui luit, beaucoup d'aucres qui ne luifent point, 41S. Coquillages qui fe trou- vent dans une marne au-dertbus d'une mine de charbon , 42 j. CoguiUes, fens dans lequel elles fe con- tournent , pug- 136, 293. Coquilles univalves , bivalves &c. 3 3 1. ce qu'on entend par leur fommet , leur bafe, leur largeur, leur longueur &c. 53 1 , 331. Coquille du lavignon, 334. de la palourde , 338. du fourdon, forma- tion de fes canelures , 339. Coquille des tellines , 341. de I' ceil de bouc , 343. des limacjons de nier , 544. du bernard-l'hermite , 54?, ^46. de la moule de mer, 386. de la pinne mari- ne, 3S7. de la petongle. ibid &- fuiv. des vers a tuyaux , 38S , 389. des cou- teliers, 407. des daiis, 411, 413. Corail, pag. 249 Z^ fuiv. teintures de co- rail, 2fo &■ fun: ce qui arriva a du corail qui infufoit dans I'efprit de vin , 250. analyfe du corail, ifi. poudre de corai! , ibid, eftecs de Tefprit de vi- triol, d'alun, de nitre, de fel fur le corail, 2j2, 2J3. fel du corail, if3 corail blanc, ibid, en quoi le corail diEfere de la madrepore, 371. en quels endroits fe trouve , 372. fa pofition, ibid, fa fubllance , conjedlure fur fa formation, 372 , 575. d'oii lui vient fa couleur rouge , 373. fes prctendues fieurs, ibid. Coralline qui fe trouve fur des fucus, pag. 479, 480. filets qui lui fervent d'atta- ches ou de racines , 479. efpeces de capfules qui femblent en contenir les graines ou les pouflieres , 480. Coral- lines, ouvrage des infeftes; Coralli- nes, plantes, ibid. CoraUinaruben!,&CC. 492, Coralline qui fe trouve fur le fucus teres ramojijfimus , 495, 494. fes branches, fes articula- tions, fa tige , 493. vue au microf- cope, 493, 494. Cordes, experiences fur leur roideur au- tourde diffcrens axes, pag. 114. force des cordes comparee a celles des fils non tortilles , 173 irfuiv. Cordes fonores , leurs proportions, leurs vibrations, pag. 109. force de celles de fer, de cuivre jaunc & de cuivre rouge, ;i;c'. cordede la trompette ma- rine , remarque fur fes vibrations , 122, 125 Coriaria ou herbe aux Tanneurs , efpece de'rhue , pag. 468. Cornie bleflee & cicatrifee ; effet de cette cicatrice fur la vifion, pag- 43 , j8. fa conformation dans les diflferentes vues, 47 &• fuiv. phenomene fingulier de U vifion actribue a la trop grande eleva- tion de la cornee , 64. peut changer de figure, 67. tache occafionnee dans I'oeil par quelque corps qui glilTe fur la cornee, 87, 88. apparcnce occa- fionnee quelquefois par I'humeur qui enduit la cornee, 88. ce que c'eft que la cornee , ou a quoi elle ell continue , ^46 > 54"'- Corne.t de I'infefte du lima^on, pag. 318. des orties de mer, 547, 348, 350, 3yi, 3 j2. efpece de comes fervant de jambes a I'etoile de mer , 3 J9. efpece de cornes femblables dans I'ourfin , 421 , 422 ij'fuiv- rcprodudlion des cor- nes de I'ecrevilTe, 453. Corne ou dent pointue qui fe trouve a la bafe des fe- mences ou au-deffous du fruit de cer- taines plantes, 495 , 496. Corps fvnores , leur forme influe fur le ton qu'ils donnent , pag. 1 1 1 , 112. Coryfpermum HiJJbpifolium ,pag. fco, ^01. Couleur , change felon que I'objet eft ou plus ou moins obliquement , pjf. 41. couleur de la gorge de pigeon , des etoft'es changeantes , ibidem, couleur de la jonquille vue au travers de la flamme bleue de I'eau-de-vie, ibidem. du corail fe perd au feu & dans le jus de citron , 42. comment on donnc aux plumets la couleur ecarlate , ibidem. moyen de faire difparoitre la couleur d'un rubis , ibidem, couleur apparente des objets nous aide a juger de leur dillance , 48. les couleurs nous pa- roifl"ent difterentes par leurs oppofi- tions avec difFerentes couleurs , ibidem. font modifiees par la qaalitc de la lu^ miere, ibidem, experience fur le jugc- ment que nous portons fur la couleur des objets vus a travers un verre co- lore, f I. experience pour reconnoitre DES MATIERES fi Ics ieuTi yeux voient les objets de la mime couleur, 51 O/ujV. caulcs qui peuvent changer la couleur apparente a'un objet , $4. couleurs que voient dans les lunettes d'approche ceux qui n'ont pas I'habitude de s'en fervir. Si. experience pour faire paroitre les cou- leurs de I'arc-en-ciel dans une fiole d'eau , Si. quels fo/tt les yeux qui voient ces couleurs & dans la phiole & dans les gouttes de rofee , Si, 8z. couleurs des images que Ton voit apres avoir regarde le foleil, 96. cau- fes de quelques couleurs apparentes ou accidentelles, 97. couleurs des mt- taux enfufion, 169. couleurs des me- taux diflous & de leurs precipites , 193.. 194- differentes couleurs des pre- cipices de mercure comment produi- tes, 194 &■ fuiv. couleur des vapeurs du nitre , 196. du mercure calcine , 197. couleur naturelle au mercure he- rifTe des acides du nitre, 199, zii. couleurs fucceflives ou alternatives qu'on peut donner au precipitc du mercure, 8c comment, ioi G- fuiv. couleurs produites par le charbon de terre , 210, lio. couleurs fucced'ives que prend la liqueur des buccins ex- pofee a differens degres de chaleur, 401. Couleurs que le fublime corrofif donne a cette liqueur, 404, 40 f. couleurs d'uii fucit! dans quelques circonftances pa- loiflent &: difparoiffent, 490, 491. Coulevr^e. Voyez Brione. Couleurre ^ a deux teres , pourquoi ainli nommee , ja". 291. couleuvre tres- grofTe dont la morfure etoit veni- meufe & la chair faine .a manger, ihid. CoupcUe , a quoi Ton reconnoit que I'ar- gent contenu dans une coupelle eft af- fine, p.-:g. 161. Couperofe verte, pjg. 2^4 Zffuiv. Coarams de la iClcditerrance, p^g. i(52. CuuTonrieJn.ptri.-tle, fa fleur, difpofition du piftile & des t'tamines, p:ig. 4f4. CouTonnes autour du foleil , pag. 52. au- tour des chandelles, jS, f9. Coureliers ou Couteaux , forte de coquil- lage, pag. 407 &■ fuiv. leur ccquille , 407. ligament & membranes qui joi- gnent enfemble les deux pieces de cette ccquille, 407, 408. a quoi fe re- duit le mouvement progrelTif des cou- teliers, 40S , 410. ils vivent dans le fable ; moyens de les en faire fortir ; 58i effets du fel fur cc coquillage, ii/'n & 409. tuyaux qui leur fervent .i refpirei j'eau, 409, 410. partie qui leurfeit dc jambe, 410 t> fuii. comment s'en fer- vent, ibid, ne luifent point, 418. Crahes qui fe logent dans certaines co- quillcs bivalves, ne inangen: pas les poiflons renfermcs dans ces coquillcs , 529. reproduction des jambes ou pas- tes des crabes , 450. Cripufcuh , comment peut fervir a mefu- rerla hauteur de latmofpherc, ii(5, 217. Crre charnue de la moule de mer, pag. 586. Crocodile enfcrme dans une caifle pieine d'eau , combien y fut de terns farii vouloir minger , pag. 290. Crocus ou Safran de Mars, pag. jf6. Crue du Rhin Sc de quelques rivieres , p.lo. 1S5. Crjfld d'lflande diem par M. Hughens , p. 40 &■ fuiv. par M. de la Hire, 299 O-juiy. fa figure, fcs proprictes, 299 , fa rcfraftion, jco. Crjft.il de roche,;;. 41. fr^?.!/detartre,2-8. CryfidUirt , p. 47 , peut avoir differens foyers, ff &: 56. hgure qu'il doit avoir pour produire la vue dillindle , jr. cryrtallin des Presbytes , (^. vice du cryllallin , j8. le cryllallin ne peut gueres changer de figure, 6-. fi la ca- taratlefe forme fur lecryftallin, 74. crvftallin des I'resbytesqui ont la cor- nee fort convexe, 78. crylhllin tou- chant a la retine dans quelques fujets , -?<). moyens de reconnoitre I'inclinai- fon du cryrtallin, 88, 89. fa ftrufturc, 94, 100. cryftallin des yeux d'un aveu- '> gle , j68 , ^6^. CryftaUtfaiion qui fe fit dans une bouteil- le , p. 169, 170. cryrtallifation du vi- triol vert & des autres fels mine- raux, 25 J &fuiv. efpecede cryrtallifa- tion du corail 2fv cryrtallifation du fel du falpetre en forme de vegetation, 262,265, 264. _ Cutire, en quoi dift'ere du laiton, p. ijo, 241. cuivre diflous par I'efprit de nitre & precipite par les alkalis , 271 , 272. diijbluble par prefque routes les li- queurs acides, i-"!. effet d'une plaque de cuivre mife dans une diflolution d'argent , 272 O/uiV. Cuis - de- chevcux ou Cub - d'anes. Voyez Onits de mtr. 584 TABLE ALPH Cylindres fonores donnent des tons pio- portionnels i leurs foliditcs, p- Ho G-fuii'. cylindres de bois ont line ef- pece de foyer de diiripation a chaque bout. 111. D J_J Ai L s , forte dc coquilbge , p- 411 ^[aivAtwxcoqw'Mt, 411,415. leurs habitations ; efpece de mouvement progrcffif de ces animaux , 413,414.. leurs tuyaux , 416. leur pourpre , 416. leur propriete phofphorique , 416 G- fun: Vibordemen': de la '^eine, p. iSo. DicUn.iifon de raimant, reconnue varia- ble par Gaflendi , jag. 18. recher- ciies fur la loi de variation par Hailey, ■p. 19, 8c parM. de Li(le,p. 16 O/uiV. fuite' d'obfervations fur cette matiere , 11 &fuiv. Dents (efpeces de ) de I'etoile de mer, p. 55S. de Tellomac des ecrevilles , 437. efpece de dent au-deffous du fruit oudes femences de certaines plantes, 49,- , 496. dents qui tombent fans dou- leur ni effufion de fang , 545. J9^p£«/e de I'eau de difftrens jets, p. 114. Difomlk quittee par recreviffe dans fa mue, p. 437, 458- De/cratfi de vellie,p. 567, 565. Dilatation apparente des objets lumi- neux , p. 59, 4V ^^ !=• prunelle de I'oeil dans I'obfcurite, j^ efFets de la dilatation de fair & de quelques_ li- queurs, 149 6" fiiiv. dilatation de fair obfervee en differens cndroits & a differentes hauteurs, 167, 168. dilata- tion de fair du barometre dans un lieu echauflfe par un grand feu de mi- ne d'acier, i68. Dijjhhans des bitumes & des refines , p. 267. des matieresfalines. Sec. ibid, des mctaux, 2.71. Dijfonances , p. 109. Diflance connue d'un objet , influe fur I'idee qu'on fe forme de fa grandeur , p. 48. comment on juge de la dillance des objets par lavuefeule, p. 49. on en juge mal avec un oeilfeul felon M. dela Hire, iAirfem. dirtance apparente d'une chandelle vue pendant la nuit, 9f;. Dijlilktion des efprits acides eft une ef- pece de fublimation , p. 177- de la ma- tiere ftcale feule & avec differens in- A B E T I Q U E. termedes & a grand feu, 281 Et'/ujV. au bain-marie, 285. Diocephalon Americanum , p. 494 &" fuiv. propriete de fa fleur, pourquoi cette fleur a ete nommee cataleptique , 494 £-- fuiv. Du6liliii dc divcrfes matieres, p. 211 v fuiv. deux fortes de corps duftiles , 2ii. duftilite de for & de I'argent , 222 Er Juiv, du verre ramolli par le feu, 224 ^ juiv. de la matiere des fils de ver-a-foie & d'araignee , 227 &• fuiv. Duodenum , membranes de cat inteftin formant par leur extenfion une poche plcinedepierres,p. f25, P-4. Durt-Mere, la cornee lui ell continue, p. j4(j , 5-47. fa feparation d'avec la pie-mere, 546. canal qu'elle donne au nerf optique, 5-47. OS trouves dans la dure-mere, J71. TLau, comment fe glace , p. 51. fa re- fraftion , 52 , 74. fa gravite fp^cifique , 58. celle de I'eau de mer, ibidem, de difterentes eaux , 59. vitefles dc feau fortant par differentes ouvertures de tuyaux de differentes hauteurs, 112 &> fuiv. experiences fur le mouvement que prennent dans une eau, mue cir- culairement, des corps un peu plus pefans que I'eau, 113. acceleration de I'eau , ibid, force de feau qui fait un pied par feconde , ibid, jets d'eau natu- rels aux environs de Bologne & dc Modene & dans la Baffe-Autriche , 115 , 114. ce que c'eft qu'un pouce d'eau , 114. depenfe des jets d'eau, quelle proportion elle fuit , 114. vi- teffe d'un corps nageant dans I'eau , ibid, quantite d'eau qui s'ecoule par une ouverture horifontale & par une ouverture verticale , ibid, quantite d'eau qui fe perd par un trou rond d'un pouce de diametre, 114, 11 y. vi- teffe des ondes excitees dans feau par la chiite d'une pierre , 117. effet de I'eau bouillante fur fair , 117 Zr- fuiv. h refiftance au mouvement d'un pen- dule comparee a celle de fair, 119. refradlion des balles de moufqu.t dans 'eau , 1 20 &■ fuiv. effets & applatiffe- ment de ces balles, 120, 121. quan- tite d'eau torabte en 1709 a Paris, ■140. 140. en divers autres endroirs, 141 G- /uiV. eau de la mer , fcs aualites, 160. 161. eau de met- artific idle, 160, 161. analyfe de rcaudemer, 160. dif- ferences entre I'eau prife dans la mer ii diffcremes profonaeurs, a differen- tes dillancesdes terres, &c. iCo, i6i , 166. e.iu de mer filtrce a travers la terre Sc a travers le lable, i6i.effet de i'eau de mer lur les legumes & la chair de mouton qu'on faiccuire avec, 161. eau d'Arcueil, fel qui fe forma dans une bouteille de cetteeau, 170. depot qu'elle fait dans fes canaux , ibid, air contenu dans i'e.iu, 170. ex- perience fur la communication de I'air dans I'eau, 170, 17 l. quantitc d'eau tombee en nil en divers endroits, 180 (yfuiv. effet de I'eau fur le pliof- phore d'urine, 191. quelle ell la caufe dela fluiditc de I'eau, 198, 199. eau melee avec de I'efprit de vin, ce qui en refulte, 118. examen de quelques eaux minerales de France , 119. quan- tite d'eau tombee en 1711 , 2ZO. eau de pluie ramalTee fous une gout- tiere, ce qui s'y forma, 164 &- fuiy. I'eau eft le dilTolvant des matieres fali- nes, 167. precipite des eaux de Pafly , 269. rapports de I'eau avec I'efprit de vin, ibidem, eau de chaux , 174. eau verfee fur du bifmuth penetre des aci- des du nitre fur du plomp diffbus par ceux du vinaigre, ibid, eau tiree de la matiere fccale , 181 Er/io's'. eau diftil- lee de cette meme mitiere aprcs une longue fermentation, 285. I'eau feule n'agit point fur lebezoard, ;i2. eaux foufrees des environs de P'oligno, de Tivoli, ;oi. eaux falees de Gex, 42.6. I'eau nc dilfout point les poullieres te- condantes des neurs , 4J0. eau con- traire aux dents, f4f. Eau-mere du vitriol & des autres fels fof- files , 5J.r. 2;f ij fuiv. effets du me- lange de I'eiu-mere du vitriol avec di- verfes autres liqueurs , 257, 238, em- ployee en medecine , 5^58. Enu regale verfi'e fur I'antimoine , pag. 2'')8. compofitionde I'eau regale, 27^. experience faite a^ec de I'eau regale foible &: nouvelle, ibid. Eau fpiritueufe tiree de diverfes plantes aromatiques , fes bons ettcts, pag. J41. Ccaii/e des ecreviffes, deshomards, des crabes, fe reproduit, p.tg. 450. ccaille des pattes de I'ecrevilic, fes futturcs. Tone III , Panic Fruncoiji. D E S M A T I £ R E S. ygf 451. tiffu de rrfcaille de I'ecreviffe , 45;. comment I'^crevilfc change A'i- caillc , 45 f ir/t/ii . coulcur de I'ecaille quand la nuie eft prochaine ; coulcur de la nouvelle ccaille aprcs la muc , 4?^. 459- etfets de ditferens dcgrcsdc chaleur fur cette ccaille, 439, & de I'eau-de-vie, ibid. EcailUs des rayons d'une ^toile de mer , pag.^ic). Echo ,pag. 108, lyi , i f 2. Eclipfes de foleil, pag. 8 8f 9. de Jupiter & de fes fatellices par la lune, ii. de Venus par la lune , 1 1 , 12. de lune 16. autre fuivie d'un mcteore , 32. Ecorce enlevce a des ormcs en tout ou en partie, p.i^. 44o£.-/i;i;. tombe d'elle- meme a quelques arbres & fe renou- velle , 440. ecorce fine ou parchemirj qui fe trouve fous I'ecorce grofliere dc certains arbres, 441. tilfu de ce pai- chemin dans le palmier de la Chine, iifage qu'en font les Chinois, 441. A I'ecorce contribue a la nourriture dc I'arbre , ibid &• fuii'. portion d'ccorce enlevce a une ente d'olivier , ce qui en arrive , 441. a un vieil olivier & remplacee par I'ecorce d'un olivier plusjeune, 441. ecorce interieure ou libtr, 442 , 4^3. ecorce des triiffes, 461, 462, 467. EcreviJJes , reproduftion de leurs jambes ou pattes, de leur ecaille. Sec. pag. 430. &'J'uiv. de leurs pinces, de leurs cor- nes, &:c. 4; ;, 434. comment I'ecrevilfe change de peau ou d'ecaille, 435 &• fuiy. change aulfi d'eftomac , 457. yeux d'ccrevifie, ce que c'eft, 4;8. accroif- fement de I'ecrevifTc , fa lenteur, 439. il eft peut-etre la caufe de la mue. Effervefcence condition ncceffaire pour que le melange des acides des vegc- tanx & des animaux avec les alkalis volatils , produifenc I'effervefcence , P:lg. 186 , 187. Egigropil'! qui fe trouvent dans I'ettomac de quelques animaux, pag. 32 f. Emphyf-me, cc que c'eft, p.fj. crti. fe for- me quelquefois a la fuite des plaies de la poitrine, &: dans quel cas, f(5i , f(j2. comment fe forme , jtf? , f64. obfervation d'un emphvfeme I'urvcnu a la fuite d'un coup d'eptrc a la poi- trine , f ^4 &-fuir. grandeur de cet em- phyfeme , ^6^, {6f. occupoit prefque toute I'habiuide d'l corps , yf^f. en 585. TABLE ALPHA BETIQUE quelles paijties etoit plus confidera- ble, ibid, parties qui en etoient exemp- teSj itirf. 3 qvjoi Ton peut attribucr la grandeur de cet emphyfeme , 56^, (66. autre emphyfeme qui caufa aufll la mort obferve dans le cadavre , ^66 , $6j. membrane veliculaire qui paroif- foit en etre le fiege , $67. efpece d'em- phyfeme naturel dans le pelican , ibid. Empreinres dc coquilhges & de plantes fur des pierres , pag. 151 ^fuiv. Encre de fympathie , pag. 1^1. Engourdijjemtnt des pieds & des mains compare a certaine affeftionde I'oeil, V'^S' 7S- engourdiflement caufe par I'attouchement d'un poiiTon , igo. Eo!ipi/e expofe a un feu violent, pag. i Ji. Ephemere de Virginie , pag. 449. Epiderme de la plupart des animaux, ce que c'eft, pag. 459. Epilepfie qui attaqua un enfant a 9 ans , fes progrcs & fymptomes qui I'accom- pagnerent, mort du malade, pag, 54,. ouverture du cadavre , ^44. Epines de I'ourfin de mer, pag. 411. Eponges , pas,. 570. mouvement de fyftole & de diaftole dans quelques-unes , Epo/ige dublanc d'cEuf, 576, 577. Eralle qu'on avoir coupe, efpece de ve- getation qui fe fir fur la fouche, pag. 444 &■ fuiv. pouffiere fecondante de I'erable ou fycomore , 449. Efophage , fa membrane interne rendue par ie vomilTement, pjg-. 550. Efprit de nitre combine avec le mercure, pag. 268, avec I'efprit de fel , 27J , 179. avec I'efprit de vin, 278. Vnye^ Nitre. Proprietes de I'efprit de nitre , fon union avec les foufres, avec I'ef- prit de vin, 270. efprit de nitre mele avec les huiles diftill^es, 287. Efprit defil , fes differentes qualites rela- tivement aux acides niireux & au mer- cure , pag. 209 & fuii\ fes divers effets fur une diffblution de mercure, 210. vapeur de I'efprit de fel melee :i celle d'un alkali volatil , 247. efprit de fel verfe fur ramimoine , 268. effet de I'efpri: de fel fur I'or, 27J. efprit de fel mele avec I'efprit de nitre , ibid. ■ 279. fuites de cette union, 2-9. Efprit de vin, fa refraftion comparee a celles de quelques autres matieres , pag. 74. experiences faites fir des ther- mometres a efprit de vin, 14^ & fuiy. effet de I'efprit dc vin fur le phofphore d'urine ,' 1^2. du melarvge d-e Tefprit de vin avec l'eaUj'2i8. flaiiime de refprit de vin fur laquelle on verfe de I'efprit de nitre , 2^4. effet de I'efprit de vin fur le corail , ijo. fes rapports avec I'eau & les refines , 169. efprit de vin combine avec I'efprit de nitre, 278, 279. I'efprit de vin feul n'agit point fur le bezoard, 322. ne diffbut point les pouflieres fecondantes des fleurs, 4J0. en tire quelque teinture , ibid, em- ploye a tirer la teinture de rhubarbe, JI9- Eftomac de TecrevifTe , fa mue , dent dent il eft muni, pag. 457. fucs de I'eltomac, leur effet fur le lait dans des chiens qui tettoient, 5-42. Etain de glace, peg. i^-j. calcination de I'etain au verre ardent, 254. melange de I'etain avec le fer fait au verre ar- dent, 256. fiimee que produit ce me- lange , ibid, chaudieres d'etain em- ployees par les anciens pour preparer la teinture de pourpre : & par les mo- dernes pour faire la teinture d'ecar- late , 400. Etamiiies des fleurs &: leurs fommets, v. Aiifi , 447. fleurs a etamines 446, 452. etamines des fleurs tubulees , 447. manquent a I'ariiloloche longiie , iUd. des fleurs a fleurons , a demi-fleurons ou radices, ibid, de la fleur de la pref- le, 454. des fleurs des arbres fruitiets &c. accidens qui les empechent d'o- pci er la fecondation , 454 , 45 f . ce qui arrive lorfqu'on coupe les etamines trop tot dans les plantes ou elles font fcparees des fleurs a fruit, 4 y?. etami- nes du bled de Turquie coupees avant la chilte des pouflieres, 4f6. etamines du coriaria , 468. du ficoidea, 469. de la figue , 498 , 499. de la fleur du coryf- permum, joo , 501. de celle du rici- roidcs , '502. de celle de Valypum , J04. de I'arbie du cafe, J07. de I'opantia , out un mouvement analogue a celui des feuilles de ia fenfitive, 512. Erincetles de feu que Ton voit quelque- fois, a quoi attribuees,p.io'. 75. Etoilcs nouvelles , dans le eigne, p. 9, dans le cou de la baleine , dans le fa- gittaire, dans le ferpentaire , dins le lion, dans la tcie de Medufe , dans le grand chien , dans le navire , dans An- dromede, dans Cafliopee , dans Pe- gafe , dans les hiades, dans lavierpe, dans I'hidre , dans la balance , daris D E S M A T I E R E S. le lievre, lo & ii. obfcrv^es par Ics Anciens, ii. Etuiles de mer , p. 5 j8 S" fuiy. leur peau , ?s8. etoile a un feul rayon, leurs cou- leurs , ibid, leur boiichf nii fiKfoir , iliid. de quoi fe nourridenc, leurs de?its , ;'/>. chaleur bnilame qu'on leur a faiif)'e-i ment attribuee , ^jS. leurs jambcs 3f8 (r fuiy. jeu de ces jambes , ^59, ?6o. leur glu , ^So, ^8i. nombre de leurs jambes , 381. petite ccoiie de mer, 419 ^fuiv. fon mouvement pro- greliif , 4io. Excrimens de la moule de mer', n.' i%t , 586. ■ .. Emcroifknce ou plante finguliere ptoduite par la fouche d'un crable coupe , p. ^44. 44^. ftrufture externe &r interne ae cette plance , 445. efpece de graines trouvces dans fon interieur, 14/5. Extenfthiliti inegale des parties des plan- tes, a quoi peut s'attribuer, f.ig. 156 , - 157. extenfibilite d'une meme pirtie enfens-contraires, 137. Exirau refineux & extrait falin de I'ipe- cacuanha , leurs divers efFets , p. liS. extraits de la fcammonce , ibid, de la rhubarbCj 518 G'Juiy. de mcchoacan, F t^ ACULES obferv^es dans le foleil', p. 4 iyfuiv. 'I '- Ftdhur,enfes , mines de cuivre cn SUede , p. 184. Febrifuges, p. J44. Fkale ( matiere ) analyfee , p. iSq ^fuiv. quantite de matiere retydue par un homme fain en une fois , i8i. i quoi fe reduifoit ctant defTechee, ibid, dittil- lee feule , ibid, diltillee avec divers intermedes , l8l. avec de I'alun , avec du colcothar, ibid, refidu de cette ma- tiere fermentee , puis diilillce, 185. maniere de titer du phofpore de la matiere fccale, 18 f t- /ii/i'. Fer , s'il peut etre ppodtiit artificielle- ment, p. 119 &- fuiv. peut fe troilver dans certains melanges cn tel- etatqu'il ne foit plus attirable a I'aiman", i;o, 131. cn quelle proportion meld avec I'eau fiins celVer d'etre fenfible, 150. eft en forme de vitriol dans les plan- tes felon M. Lemery^ 130. qualitc du fer tire du vitriol S: de5p!anres, 151. principe du fer tire du vitriol, lu- en quel etat Ic fer ell dans le vitriol. f87 237. effet du foufre fur 1c fer , 143 S" fuiv. effet d'un fel fomlu fur le fer , 144. fer dans le corail, iC3. huile du fer, moyen de ll faite paflcr dars I'avgant, lyj. -.nelinge du fer avec I'ctain, f^- mcc qu'il jctte , 2f6. fer dilTous par •I'efprit de nitre & precinjii^ par les al- kalis, 271 if fiiiv- dilTolublepar pref- que routes les liqueurs acidcs , 27 1 . fer pris intcrieurement , fes preparations , ff6j ?f7. cn limaille, en fr3cu.r, fj6. fon adion , ibid, fon huile, ibid, em- ploye en fubftance comme abforbint , ■ibid. iux. du fer dans le vitriol ff6, f J7. fon adlion etant pris interieure- ,ment, 5-57. preparation de fer non- ■ mee arbre de Slars , ibid, prife intc- rieurement , a qucUes dofes &: dans quellcs maladies, ibid le fer eft aperi- tif &: aftringent ; comment rcunit ces deux qualites, <;^j , jjS. fa ftiptiche, ibid. . I Tamtntonim , fes ei&ts fur la matiere fccale, p. 282, 283. FeTtilxti de la terre aprcs I'hiver de 1709 , p. 140. Ferut fans cervelle, cervelet ni moelle cpi- niere, p. ^41. autre fetus monftrueux portant fon coeur au dehors pcndua foa cou, yyo. autre tetus fans cerveau^ni moelle ^piniere , ibid, autre fetus farii cerveau & a./ant les os dc la tect mal conformes, f7i. .■ '. Ffu ordinaire, en quoi differe du feu (b- laire, p. 41. effets du feu I'ur des phio- les contenant divers fluides , 149 &• fuiv. d'un feu violent fur u;i eolipylt , I fi. matiere du feu . effet de la pre- fence de fes parties fur les vapeurs du nitre 196. fur le mercure , 197. prei. fence des parties du feu dans les ma- tiares terreufes calcinees, 198. dins I'eau, 198, 199. comment donnent la couleur rouge aux precipites de mer- cure, 199 t>/uir. comment revues Sr retenues dans les pores de ce ce mct»l , 2c». effets de leur prefence dans c«r- taines preparations de vitriol , 2;8 if fuiv. font rcpandues dans I'lir. effet tie la violence du feu fur des huiles dif- tillees , 282. particules de feu conte- nues dans an pnofphore , dans la chaux vive, 288, 289. FtuV.U d'une forte de fijcus ou _-ii_j.. cij — ir-:„_-,. I- i-j„c; _. *0 ^^u^^^i a celle du fil des vers-a-foie; 313. le fil d'araignee eft pluscrep^, ibid, fils des monies, 334, 381 G^./ijiy. despin- nes marines , 387. de la petongle, ibid. Fihu de la retine & du nerf optique, p. 66, 6y. dans les oifeaux , 67. royaume de Siam, ;;. 28. de Ja mer a Cayenne , 29. en difi"erens endroits d'Amerique , 29 & 30. opinions de di- vers Auteurs fur les caufes du flux & reflux , I J2 &■ liiii . a quelle latitude le flux ceffe d'etre fenfibk, 156. flux &; D E 5 M A T I E R E S. icfliix ne fc fait fcntir qu'uiie fois en 24 heures dans certains cliniats , ip. n'a pas lieu dans la Mediterrancc en general , 161. Foiesde moutons decrits, p. 191. foie de la moule des ctangs, 564, j66. f on^f de la mer , p. 159,160. Fontaines dont I'eau ell contraire aux dents, p. J4f. Force, experiences fur la force de I'hom- me & fur celledu cheval, p. 121 , lii , 125' , 126. fur la force des mufcles, 125. fur celle des cordes & des fils non tortiilcs, 175 iy fuiv. force des fils de verre , 217. Foiirmis , ciuantite d'acide qu'elles doii- nent par la dirtillation, p. iSg. Foyers des verres de lunettes , du cryftal- lin de I'oeil, p. ff , 56. des humeurs de I'oeil & des matieres etrangeres qui peuvent s'y trouver , 72 , 74. foyer ab- iolu d'un verre convexe , 77. foyers des verres de lunettes employes a me- furer la force des yeux , 105. foyers de difllpation du fon obferve dans les cy- lindres de bois, H2. Fr^xinells monrtrueufe, p. 291. Froid, ( fenfation du ) a quoi attribuee, p. ?l. froidde 1709, ijS, 1 39 , 140 &• fuw. froid de 1710, froid de la neige , 165 , froid de la glace, 168, iCi^). de I'annte I7i2,p. 220. effetdu froid fur une malTe d'argent fondu qui com- mence a fe figer, 261. du contaft fubit d'un air froid fur la boule d'un ther- mometre fort tchauffee , 262. froid que Ton fent dans les caves en cte, trovemens des corps , par quoi font occa- fionnes & a quoi font proportionnels , p. 123 &fuiy. frottement des fils qui compofent une corde, 173, 177. Fruits, moyen de les garantir de la ge- Ice , p. jr. fruits non murs Sc fruits milrs ; differences que donnent leur analyfe, 1S6. fruit de VAcucia ftni Egypti^c.i, 5IJ, 526. teinture qu'on en tire, ufage qu'on fait de ce fruit dans le pays, 326. fruit du paima crucifera de J. Bauhin, 327. de quelques plantes marines, 3-74. accidens qui empcchent la formation du fruit fur des arbres bien fleuris, 454,4? y. fruits mi-partis, 461. fruit du coriaria, 469. du jafmi- noides, 469 du ficoidea, jAiif. du co- ryfpermum , joi. du ricinoides, 502. Fruiex tenibilis. Voyez Alypum, ih Fucus, p. iyo& fuiv. 396. grains & fleurs defucus, 4-0 fj-fuiv. capfules dc ces graines, 470, 471. ce qu'on entcnd par Ic mot fucus , 471. defcription d'un fucus ou alga laiifoiia &cc. 471. &• fuir. efpece de racine de cette plante, ibid, fa couleur , ibid, fes tiges ou ner- vures,47i, 472. fa feuille, 472, 473. fucus nomme quercus marinma &c, 475 &fiiii'. fes vtficules, 473 &• Juiv. fes fleurs, 474 &r 475. fes graines 47 j O/u/i. leurs capfules, 476 G- fuiv. po- fition de ces fucus, 475 , 478, 479. ufage qu'on fait de ces fucus , fel qu'ils contiennent, 479. coraiine qui croit fur des fucus, 479. fucus a feuilles four- chues, plicesen gouttiere, 480,481. Fucus arboreus , 481 , 482. fa tige , 481 , 482. fes tenons , racines ou crochets, 4S1 , 482. tuberofite qui forme le pied at cette plante , d'ou partent la tigc Sc les crochets, 481 ,482. fa feuille 482, fes fleurs, ibid, fucus a longues feuilles ou blanches comme des cordons, 483 , 4S4. fes fleurs, fes graines. fucus mariti- musnodjjus,&:c.o\x .i groffcs vefl'ies,fon pied ou fa racine, fa pofition , fes ti- ges , 484. fes veflics pleines d'air , 484 , 48 f. fes feuilles, 4S5 , 486. fucus nom- me b.iudrier. 4.86 , 487. fes racines, te- nons ou crochets, 486. fon pcdicule , ibid, fa feuille, 486, 487. fes fleurs, 457 fucus nomme ahies marina o\x gor.- goiara , 487 , 480. fes branches , fes ti- ges ,487, 48S. leurs veflles ou goufles, 4S8. fucus mertibranaceus acaulos , &c. 458 &fuiv. fa racine ou fon pied , 48S. fa feuille , 488, 4S9. fes graines ou leurs capfules , 489 , 490. fucus de plu- fieurs couleurs , 490. comment perd & reprend fes couleurs , 490 ,491. fa racine, fes tipes , fes branches, 491. fes graines, ou fe trouvent , ibid, fucus nnltis condicans , &C. fa racine, fes ti- ges, fes feuilles, fes graines, 491. /u- cus teres ram^fij/imur , &c. 492 , 453 , fa racine, fes tiges & fes branches , 492. fes boutons ou mamelons femblenc Ctre des capfules de graines , 492 , Fumie jettee par deux liqueur? , & dans quel cas, p. 127. couleur dc la lumicre vue a travers une fumee noire, 171. fumee noire melee avec du blanc , 171 , 171. fumee produitc par un me- lange de fer & d'ctain, if,(>. effet du vjnaigre diftillc fur cette fumoe con- 590 TABLE ALPHAB denfce en forme de c'ofon, iy6, 257. eftet de Tefpiit de vitriol fur ce meme coton ; huile tiree de I'une & I'autre foludon, iijj. G (jr ALEOPsis , efpece de dent a la bafe de fcs femences , ^i!,^. 496. Gangrene feche endemique , attribuee a I'ufage du bled cornu nomme ergot , pag. ;!<). Gelse , ton effet fur las arbres , p. 1 58 &• fuif. fur de I'eau de fleur d'orangc , ii8. Celees de mer , efpece d'orties de mer. Voyez Orries de mer. Cemmius ( Mont) fa hauteur, p. 41 f. Genet d'Efpagne , fa pouffiere fecondante , V- 449- Geranium , fa poutTiere fecondante , p, 449. Glace, conjeftures fur fa formation, p. }i. fa refraction, 52. une glace de mi- roir multiplie les images d'une bou- gie, plus on la regarde obliquement, 45. froid de la glace, 168, i6y. glace qui fe trouve en ete dans une caverne de Franche-Comte, 41 f. Claires ; effets du pareira-orava dans les maladies caufees par des glaireSj p. ji7,p8. ' Claife, comment devient blanche, p. 414 & fuiv. Glandes du mefentere groffies par un amas dechile,p. 52.6. Ufage des glan- des, 535 &■ faiv. leur ftrudlure , j?4. Ez/uiV. glandes conglobees Sc glandes conglomerees , en quoi different, fjf. comment font les fecretions, 55 f, 556. Glandes de Couper, font le fiege d'une forte de gonorrhee , 556. C- fail', obfer- vations faites fur le cadavre d'un homme attaque de cette gonorrhee , J 39, J40. etat des glandes de Couper dans ce cadavre, liqueur qu'elles cpn- tenoienr, n9- indices de cette mala- die dans les corps vivans , fa cure, J40. Glands de mer, leur adhefion a d'autres corps, p. 388, 590. Globes de feu , p. 33. Glu da coquillage nomme ceil-de-bouc , ufage qu'en fait cet animal, 379, )8o. desortiesde mer, 380. des etoiles de jner, 380, 381. de la moule de mer, 384. E T I Q U E. Golfe de Lyon , obfervation de fon fond , P- i^> . , . Gomme qui fert a faire le vernis de I'lnde , p. 134. gomme Arabique ou gomme du Senegal, 526. Gon^olara ou Abies marina , forte de fucus. Voyez Fucus. Gonorrhee virulente diftinguee en plu- fieurs efpeces, fes differens fieges, p. S'36&'/u!v. fes caufes, 557, 538. com- ment devient compliquee ayant d'a- bord ete fimple , ibid. Obfervations faites fur le ca-davre d'un homme qui avoit eu une gonorrhee fimple, 539, HO- GouJJes des plantes, fens dans lequel elles fe tournent le plus fouvent , p. 295. goufle de Vacacia vera Egyptiaca, 32 j , 326. des femences de quelques fucus, 475 G-JuiV. 481,485,488. Graines de I'acacia vera Egyptiaca , pag, 325', 3 26. de quelques plantes marines , 574. lies plantes bulbeufes; moyen de les avoir bonnes, 441. embrions des graines, dans quelles parties des fleurs font renfermes , 447, 4fo&'yiiij'. font fecondes par les pouffieres , 452, 455. efpece de graines ou de poufliere fecondante dans les truftes , les cham- pignons , les capillaires , les moufles , 453. embrions des graines de la figue, iiicf. graines de la prefle ne font point connnes , 454. embrions de graines non fecondes par les pouffieres obferves en differens degres d'accroiflement, 457. embrions de graines des plantes Itgu- mineufes obferves en differens tems avant & apres la fecondation, ^p, 4f8. graines des pivoines a fleurs dou- bles, 4f8. cellules des graines du po- tiron, 45'9. de la pomme calville, 460, efpece de graine dans les truifes , 462 , 464 , 465. graine du parrheniajlrum , 470. de quelques fucus , 470 t> fuii' . liqueur exprimee de ces graines , 478. graines de quelques autres fucus, 481 , 483, 484, 485, 486. (y fuiv. graines du fucus membran.iceus ou leurs capfu- les , 489 , 490. d'un petit fucus de plu- fieurs couleurs,'49i. d'un autre petit fucus, ibid, du fucus teres ramrjijjimus , 493. du dracocephalon , 495, 496. graines de la figue , efpece de noyaux , 497. de Valypum, J04. graines vagabon- des, fi2.du lichen etoile, iiW. Grains ou oeufs qui donnent use teinturc U E S M A de pourpre , pag. 595 &• fuiv. GraiJJes de I'oeil , accident qu'clles pcu- vent caiifer, pag. 63. cellules de li graifle fituecs fous la peau , fiege prin- cipal d'un emphyTeme, J65. Crav'ui fpccifiqiie de I'eiu de la Seine, de I'air, de I'eau de mer, du vin, fag. Greffes , condition neceflairepour qu'el- les prennent , ]>ag. 440. Grojjejje incroyablCj fag. ji6. Crotte de Foligno , pag. 590&-/uiV. fes incrullations, fes colonnes, fon plan- cher oil fol , 390!, 391. Crotte d'Antiparos, 391. H .11 ^ LOS pag. ; 4. Herijjhns de mer. l^oyer Ourfiis. Heure lunaiie fuivant Neuton , p. 1 j(?. Hexagone , generation de cette figure dans des cercles qui fe preiTent appli- quee aux cellules des abeilles, p. ^41. Hiacuh , coquilles auxquellesHaza don- ne ce nom , pjg. 554. /■/iicn tres-rudes , pug. 158, 159, 140 &< fuiv. Homards y reproduftion de leurs jambes, p2g. 450. Homme, fa force dcterminee par des ex- periences, p:lg. !2I, Hi, iif, 116. Houblon femelle eleve dans un lieu oil il n'y en avoit point ds male , pag. 456. Kuiie d'olives, fa refraftion comparee a celles de quelques autres matieres, p. 74. huile de I'urine de vache &: de I'u- rine d'homme , 119. huile de lin em- ployee pour tirer le fer de I'argile & lis divers melanges , 119, 130. huile d'une forte de gland du Malabar, fes ufages , 1 34. dans quel cas les plantes Sc les fruits ont le plus d'huile, 186. effet du melange de certaines huiles avec un efprit acide. 133 , 134. huile du laurier royal , 148. matieres deltituees de toute nu«ile , 154. effet de I'huilc de charbon on de quelqu'autre grailTe fur la chaux dVtain, i?4, ijf. matiere huileufe contenue dans le fer en eft peut-etre le fondant , ijj. nioyen de taire palTer I'huilc du fer dans I'ar- gent. Iff. huile mttallique inflamma- ble. If?, paffage des huiles des nie- taux dans la fubttance des vt-gttaux & des huiles vegctaks dans la fublhnce T I h R L S. fo, des metaux , 1 58. huiles font Its dillol- vans desbitumes & des refines, zfi-?, 169. huile d'olives& I'huilc de thtrt- bentine diffolvent le camphre , 169. huile de tartre niek'e a quelques ef- prits acides, 175. huile tirte de la ma- tiere fccale , iSo & full', etfet de la violence du feu dans la diftillation ds cette huile, iSi. huile blanche & hui- le rouge tirtesde cette matiere, 283, iSa. cette huile blanche mife en di- geftion avec le mercure ou quelqu'au- tre metal, 284. huiles dirtillces dans quels cas s'enflamment , 187. huile contenue dans le phofphore tire de la matiere fccale, 188, 289. huile d'oli- ves , huile ^theree de terebenthine, huile de tartre combinee avec lalaque, 320. huile dont les poudleres de quel- ques fleurs font chargees , 449. 1'huile d'olives & celle de tcrebenthine ne dififolvent point ces poulTieres , mais entirentune teinture, 450. huile tiree des truflfes &: Comment, 467. desnoix de Bicuiba, f2i. Huitres, perles qui fe trouvent dans leur? coquilles , p. 328. comment on rend verte la chair des huitres, 351. leur adhciion a d'autres corps, 388, 59Q. ne luifent point, 418 HU7, It poin e I'oei 1, p. 47, fi. condition neceffaire dans fes humeurs pour pro- duire la vue diltindte , ^4. dans laquelle dc ces humeurs pent refuler la caufe des nches &: des fils noirs que I'on voit quelquefois fur les objets, 73. epanchement de I'humeur aqueufe dans 1 operation de la cataratte , 74. fa re- generation, Tf. humeur glaireufe qui humefte I'ocil & fur-tout le bord des paupieres, 85 &■ fuiv. effet de latrop grande vifcolitc de cette humeur, 88. humeurs de I'oeil d'un homme more d'lm emphyfeme, f66, d'un aveugle, f68 , J69. Hjdarides fur I'ovaire d'utK ferame , ;;. Hi. Hv(^r.iu/!jue ( experiences d' ) p. iii &■ fuiv. Hyjropifie laiteufe, a quoi attribuee, ;•. f2f, f26. hydropliie tympanite , fa caufe, j6o. inutilite Sc danger de la pondtion dans cette maladie qui ell prefquetoujoursmortelle, ffii. H;Jfpe a une efpece de dent au-dcffous "de fon fruit, p. 496. f9i TABLE ALP I 1 LEU. 11, ligature faite a cet inteftin dans des chats vivaiis pour obferver les efFets de la paflion iliaque, p. $75, „.J74- Iliaque (pa/Tion) p. jji ^fuiv. fes eftets obferves dans des c'nats ouverts vivans & dans des chiens, yyj, ^74. Indinaijon de Taiguille aimantee, p. 2i. Inflammation aux yeux , efFet fingulier qu'elle produifoit, p. So, 81. Injlammahiliti des tetes-mortes de certai- nes diftillations de la matiere fecale ou de fon fel eflentlel, p. 181, i8j. difte- rens degres d'inflammabilite de diffe- rens phofphores, 287, 288. des pouf- fieres fecondantes de certaines fleurs, 449. Inflexion des rayons du foleil paflant pres delalune, p. 11. des rayons lumineux pafTant pres des bords des paupieres , «6. InfeBes donnent beaucoup d'acides par la diftillation J p. 188, 1S9. iiifeftes du limai^on, 516 ^ fuiv. ou feplaifentle plus, 516, 3 !7. terns de les obferver, 317. la fecherelTe favorifeleur multi- plication , 51S. leur trompe, leurs cornes, leurs jambes, leurpdil, leur anus, 518, 319. infede qui tait fauter fa coque en fautant lui-meine comme le ver du fromage, 319. vitefle du mouvement progreflif d'un tres- petit infefte, 591. mufcs de quantite d'in- fedes, 4i9, infedes des truffes , 463. Intejlins de la moule des etangs, p. 566. matieres qu'on y trouve, ibid mouve- ment perillaltique & antiperillaltique attribue aux intertins, J72 &-/u/V. ob- fervations fur leurs raouvemens dans la palfion iliaque faites fur des ani- niaux ouverts vivans, f75, ^74.- Ipecacuanha, analyfe, effets de fes parties feparees, p. 127 , 128. purge Sc ref- ferre, ji8. Iris que Ton voir autour des chandelles , p. 57. Iris de I'homme & de la plupart des animaux diffcrente de celle du chat, p. 94. eiTets & caufes de fa trop grandc dilatation; dans quel cas fe di- late ou fe reiTerrc, 107. Jjj/i.p compare au mecho.ican, p. f50. Jamles de I'infede du limafon, p. }lS. parcie qui fe':t de jambe a la moule , 333. au lavignon, 534 ^ fuiv. jambes HA B ^ T I Q U E. du Bernard-l'hermite, 341J. de i'etoile de mer, 558 b-fuiv- 3S0 , 381.de \x moule, 385 , des couteliers, 410 &• _/i(jV. des ecrevifles , deshomacds, des crabes , leur reprodudion , 430 irfuiv. leurs jointures ou articulations dans les ecrevifles, 431. ou fe calTent natu- rellement, ibid, futures qui s'y trou- vent, ibid, ce qui arrive lorfqu'on a coupe la jambe de I'ecrevifle ailleurs qu'a I'endroit oil elle fe cafle naturelle- ment, ibid, dans quelle faifon cette re- produdion fe fait le plus prompte- ment,432, 433, 4j4,-f5y- comment les grofles jambes de recrevifle quit- tent leurs fourreaux dans I'operation dela mue,438. Jamble. Voyez (Sil-de-Bouc. Jafminoides ajricanum , fa fleur, fon fruit, p. 468, 469. Jaune des ceufs de poule , ce qui arrive lorfqu'il fc creve dans I'ovidudus, p. ^7.7- . , Jauni/fe gaerie par I'ufage dupareira-bra- va, p. 528. Jonquille , fa poufliere fecondante, pag. J:;pifer eclipfe par la lune, p. 11 & 12. fes fatellites. V. Satellites, fes taches & Ces bandes, p. 12 & fuiv. fes chan- gemens de forme, p. 13. JUait de vache , de chevre , d'anefle analyfe, p. 189, 190. fon effet fur le corail , 1 jo. lait qui fe trouva dans I'ef^ tomac de quelques petits chiens tues pendant qu'ils tcttoient, ^42. Laiton , ce que c'cft , p. 241. Lamas d'Amerique qui donnent le be- zoard occidental, p. 324. Laque , fa couleur a la chandelle, p. 49. cette refine ert I'ouvrage de certaines fourmis, 319, 320. fa preparation, 320. fa nature , ihid. laque combinee avec I'huile d'olives , I'huile cthtrt'e de terebenthine, I'eau alumineufe, rhuile de tartre, les acides forts & foibles, ibid. Larmes , forte de rtfervoirs de la matiere du fil dans I'araignc'e , p. 22S &- fuif. Laurier royal ou a grandes feuilles , p. 148- Lavegnes ,p. 341. Lavignon, coquillage, p. 534. &■ /ii/r, fa coquille, gout de fa chair, mufcles qui ferment D E S M A T I E R F. S. v;5 ferment fa coquille , 55^, fa jambc, ii^O- fuiv. comment s'entonce dans la bone , & comment s'en retire, 555. fon mouvement progrelfif, 556. LentUlcs ou verres convexes , comment utiles aiix presbytcs ,pj^. y& Zr'fuiv. Lep,2s. Voycz (P.il-de-Uouc. Uthargie de plufieurs mois, pag. 569, f70. lji\ards , reprodudlion de leur queue , ^ m- 454-, Liber, ou ccorce imerieiire des arbres , pj^. 442. parol t former I'aubier , 445. fa texture &: fon accrkjilfementj iiiJ. en quel terns devient adherent a I'au- bier, Ibid- Lichen petrccus fellatus, dccrit, pag. po iffuiv. fon calice, (.\ fleur, fcs filers, jli. fes pouffieres, fesgraines, lieux ou elles reufl'iflent, leur aftion , yi2, fes caradteres , fes vettus, J15. I-i4;«, change d'ecorce, yag. 440. Ligament ciiiaire, pag. 100. ufage que h'i attribue M. Jurin , 108. ligament ou reflbrt de la coquille des moules, 561. ligameiis de la filiere des moules de mer, 3S5. des coquilies bivalves , hui- tres, moules, couteliers, 407. iimacej rouges analyfccs,p3^. 188. Limafon (infededu) pag. 316 &- /u/V. petit limaijon a opercule, 317. lima- ^onsterrertres, 544. lima^ons de mer, 544 , 345. leur coquille , 544. leur pied, leur mouvement progrelfif , leur opercule, 344, 345. ne luifent point, 418. Limaille de fer, comment perdit& com- ment recouvra la propriete d'etre at- tiree par i'aimant , pag. 1 50. Lim (Golfede) pag. 1^9. Liqueurs qui jettoient de la fum^e , & dans quel cas, p.ig. ixy. dilatation des liqueurs , fes effets , 149 £> fuiv. expe- rience finguliere a I'occafion de la chiite d'un corps dans un liquide , i(J>5, liqueur tirte du fang contenant de I'a- cide & de I'alkali volatil en repos, 186. liqueurs lixivielles ou dillolii- tions des fcls alkalis, ijy. liqueur ou effence ftiptique de vitriol , 136, 237. etfets refultans de fon melange avec diverfes autres liqueurs, 137, 138. effets de diffcrentes liqueurs fur du co- rail , ifo G'/u.'v. liqueur des buccins &: de certains CEufs ou grains qui don- . ne la couleur de pourpre , 593 &■ fuiv. experiences fur cctte liqueur qui font Tome III, Purtie Franfoife. voir comment clle acquiert la coulcnr de pourpre, jiii/. effets de diftcrens de- grcs de la chalcur du foieil &r |dc cclle du feu fur la liqueur des buccins , 401 , effets dc I'air fur la meme liqueur, 401. experience qui fait voir de quelle ma- nierc I'air agit fur cette liqueur, 402, 405. cf?ets iifferens de I'air & de la chaleur I'lir la liqueur des a?urs de pourpre, 403, 404. odeur que la cha- leur donne a la liqueur des buccins , 404. liqueur des buccins combinee avec I'huile de tartre, Ic lirop vinlat, fefprit de vitriol, 404. avec le fubli- me corrofif, 404, 405. goiit de la li- queur des a-uts ae pourpre & de celle des buccins, 405. ufage qu'on pourroit faire de ces liqueurs , 406. liqueurs tirees des truffes par diffcrentes opera- tions, 466, 467, mouvement des li- queurs du corps aide par celui de leurs vailfeaux, 557, jf8. Lis, fa pouiliere fecondante, po^. 449. huile dont cette poulfiere efl chargee , ibid, fon pittile , 451. Lithophyies , contiennent beaucoup de fel volatil, pu^. 249. leur fubfhnce , 371. leur ecorce , ihid. lithophyte dont les rameaux reflemblent a un feuillage, 372. autre qui a une efpecc de vernis &: des epines, ibii. fes globules, 572, .?74- Litophjiton tirreftre, pag. 44 f. Lustre ( conformation imguliere de la ) _ P^g- 549-. ^ J, Lumiere ■{odiacale , pag. 4. fa decouverte en plufieurs pays, 8. apper^ue dans les eclipfes totales de foieil, 8 & 9. connue des Anciens , 9. tems le plus commode pour la bien voir a Paris, g. fujette a des viciflitudes, ihid. Lumieres accidcntelles apperi^ues autour du foieil & de la lune , pag. 31 &fuiv. lumiere apperif ue dans un barometre , ibid, lumiere en forme de lances, 34. en forme de colonne , ; j , 56. la lu- miere du feu folaire infeparable de fa chaleur, & non pas celle du feu tcr- reilre , 42 , 119. grande diflerence des deux lumieres, p.ig. ji. quels yeux craignent le plus la gtande lumiere, 64. lumiere vue a travers le noir, 171, 172. lumiere de quelques phofphores, 101 , 192, 285 C- /-!!■• lumiere des dails , 416 C- fuiv. fe communique, s'eteint Sc reparoit , 417. lumiere des vers luifans, 418. de mille-picds, ibid. 1 4 f94 TABLE ALPHABETIQUE. Lune , prejuge centre fon atmofphere, pag. II. fon aftion fur les rayons du foleil , ibid, difparoit dans le ciel etant eclipfee , pag. i6. fa furface, 17. s'ap- per^oit meme an terns des conjonc- tions, ibid, aftion de la lune fur les marees, 152 ^fun'. circonftances qui peuvent modifier cette adtion, 1^1, L,une de mer de Gefner , jag, 419. Lunettes d'approche , pag. 60. art de s'en fervir J 81. M IVLad R EPOnEs , pag. 571, 575. Magijlere de foufre , pag. irjo. Magnitique ( matiere ) comment peut in- ifuer fur la direftion des plantes & des contours des coquilles, pag. Ji6. Ion aftion fur le fer non enipechce par I'intevpofition des autres corps , 241. Mamelons de la filiere des araignees , ];i!|;. 217 ^fuiv. Marbre ou albatre de la grotte de Foli- gno, pag. 390. de la grotte d'Antiparos, 391. 'Marchamia Jlellata , fes carafteres, pag. Marks de I'ifie de Goree, pag. 18, de Cayenne , d'Acadie, 8tc. pag. 29 & 30. obfervations fur les marees , leurs va- rietes, leursperiodes, &c. iy2 (rfuiv. explications de ces phenomenes par difterens Auteurs , i y4 G- fuiv- eleva- tions des marees en diffcrens pays, 157. Marne pleine de coquillages , pag. 42 f . Mars , fes taches , pag. 17. arbre de mars, f J7. obftruftions oil I'ufage du mars elt utile, cas ou il fereit dange- reux, fyS. 'Marfouins , chaleur de leur fang , pag. 290. Matricaire , principales parties qui font Ic caraftere de ce genre de plante , pag. 470. Matrice , fa dilatation dans une groffeffe , J"^g- J49- Maurelle , plante. Voye^ Ricinoides. Mauve, ti pouffiere fecondante , pag. 449. Majs ou bled de Turquie ; fituation de fes etamines , experience faite fur ce bled relative a la fruiSification, pag. 156. fleur male feparee des embrions du fruit , 499. pieds de mays dont les fleurs males ont porte du fruit, ibid. Mechanique ( experiences de ) pag. 121. ix fuiv. V. Michoacan, racine purgative, pag. J50. differens noms qu'on lui a donnes, fes effets, pcut s'employer feule, fesprin- cipes, plus efficace & plus douce en fubrtance qu'en extrait ; choix qu'on doit faire du mechoacan, analyfe & ' & compare au jalap, ibid. Miditerranie n'a point ou prefque point de marees , pag. ij8 , 162. courans dans cette mer, 162. Mtlilot , fa pouffiere fecondante , pag. 448. Membranes quijoignent enfemble les deux pieces de la coquille des couteliers, pag. 407 , ^oS. membranes qui forment lenerf optique, ^47. membrane rendue par le vomifTement , jfo. membrane veficulaire fituee fous la peau , fiege d'un emphyfeme , 567. cette membra- ne dans le pelican , ibid. Meninges, leur etat dans un homme fuffo- que dans une cave ou Ton avoir enfer- me de labraife de four, pa^-. f2i.petits OS trouves entre les meninges d'un cpi- leptique, 544. Mer, effai fur I'hiftoire de la mer, IJ9 &/uiv. fond naturel & fondaccidentel de lamer, 159, 160. temperature de la mer, 160. qualites de I'eau de la mer, ibid. & fuiv. la mer a trois fortes de mouvemens , 162. Mercure , experiences fur des jets de ce fluide, pag. 116. fes differens abailTe- mens pour differentes hauteurs & diffe- rens pays, 184, iSy. mercure diflfous par I'efprit de nitre & precipite par differens fels, fes differentes couleurs, 194 G- fuiv. couleur du mercure cal- cine, 197. couleurs que donnent aux precipites de mercure les differens fels alkalis, 199 irfuiv. mercure precipite par le fel de tartre faoule d'acides vi- trioliques, 201 , 201. d'ou vient au mercure la qualite purgative & vomi- tive, 204, 207. fublimation du mercu- re, fes effets, i^jrf. difference entre la calcination du mercure cru & celle du precipite, 20f. difference entre le mercure hcrilfe par les acides du ni- tre ou par ceux du vitriol ; du fel com- mun, 207. volatilite du mercure, 239. differentes fublimations du mercure , 239, 240. mercure amalgame avec Tor ou I'argent , puis fcpare par un feu graduc, ce qui en refulte, 259, 260. combine avec I'efprit de nitre , 168. DES MATIERES diflous par I'efprit de nitre & preci- pice par refprit de fel, 280. Mercuriale a fruit elevce feparemeiit de cellc qui porte les ctamines, pag. 4(6. Mitaax, diidlilite de queiqucs metaux , fag. 2.11 iffuif. teinture des metaux, 252. melange des metaux par le moyen de la fufion, 240. reparation des me- taux par latulionj 241, 242. matieres oui traverfent des metaux fans les fon- dre , 242 iffuiv. precaution a prendre lorfqu'on veut defTt'cher des metaux , 2J4. effet des huilcs fur les metaux de- pouilles de leur foufre , 254 , 25-^. moyens de titer les parties huileufes des rnetaux & de les introduire dans certains efprits , 255. paflage de ces huiles dans les fubitances vegetales , 2y8. les metaux font diflolubles par les acides, 271. quels metaux fontaif- folubles par un plus grand nombre d'a- cides, ibid, intermedes propres a opc- rer la precipitation des metaux , 271 ^ fuiv. Mixiores , pag. 52 G- fuiv. Miel ( efprit de ) employe a tirer la tein- ture du corail , p.:/. 252. matiere dont les abeilles compofent le miel , 42(1. Mille-pertuis , pouiliere fecondante de la fleur, pag. 448. ]VIille-pietis iuifans, pag. 418. Mimofa. Voj'ez Senfitiie. Min^rales (Eaux) de France, pag. 219. matieres minerales depouillees de leur foufre abforbent aifement les huiles , M4. iff-, . Mines , experiences du barometre faites dans des mines, pag. 184, 18 f. Miroirs ardens fairs avec des metaux purs ou meles , pag. 240. Mnelle trcs-aoondante dans certains ar- bres , fa diminution , par quoi ell rem- placee , pag. 440 , 44;. (i elle contribue a la nourriture de I'arbre , 440 &■ fuiv. moelle epiniere manquant a un fetus , Moldavica , a une efpece de dent au-def- fous de fon fruit , pag. 496. Monflns plus communs parmi les ani- maux vivipares, que parmi les ovipa- r«, p-i^. 377, 578. Min;agnes ( pays voilms des ) plus fujets a la pluie que les grandes plaines, jag. 143. 185- Mini t brancnue , de figure Sj de couleur de corail , tres-puante , pag. f i j C-fu'V- lieu oil elle croilfoit, ji 5 , 514. direc- SOS tion de fes branches, /14, fiy. leur fubftance, leurs filamens, 514. enve- loppc commune , d'oii elles fortent , f 14, yi J. fa racme, fif-comment fes branches fecolorent, jij.fon odeur, ft;, 516. Mart fubite, fie fa caufe , pag. 525. Moucheron tres-petit , fes pattes ; efpace qu'il parcouroit en une demi-fecondc, pag. 391. Mouches communes & mouches cantha- rides analyfces , pag. 189. lefquellcs donnent le plus d'acidc , ibitl. mouches provenant des vers qui rongent les trut- fes , & de ceux qui s'y engendrenc , 465. Moules de tivieve , leur mouvement pro- greflif, p. 352. moules de mer, ib. &• /uiv. partie qui leur fert de jambe , ^33. terns ou Ton peut les obferver au bord de la mer, ihV. leur mouvement pro- grefl'if , iijc'. leutsfils, 334. mouledes etangs, 361 O'fuii-. eft hermaphrodite, 361. rtrudure de fa coquille , liid. ma- niere dont cette coquille s'ouvre & fe ferme, 362, 363. rcltort &: mufclesqui fervent a certe operation , itid. mouve- ment progrelfif de la moule , 363. comment elle fe retire dans fa co- quille, 3(14. comment fe nourrit, 364 &-fuiv. 369. fes refervoirs d'eau ; com- ment I'eau y entre Sc en fort, 364, 56J. fa tete, 565. fa bouche &: fes le- vres , 366. ion cerveau , 566. fon cceur, ibid- Sc 56S. fes inteftins, 566. fon anus , ibid, fes parties de la genera- tion, 367 0" fuiv. fes poumons, 569. fa refpiration finguliere , 3-0. monies de mer, comment s'attachent les unes aux autres & a differens corps, 381 &• fuiv. leurs 61s & leur filiere , ibid, muf- cles qui ferment leur coquille, 382, leur bouche, 383. leurs manceuvres , 384 0' fuiv. combien elles filent dans un jour, 38 f. a quel age elles com- mencent a fder, 3 86. fi elles peuvcnt detacher leurs fils a voloine, ibid, fai- fon ou elles filent, ibid, leur refpira- tion , ibid, ne luifent point. 418. Moujfes, petits corps qui fe trouvent d^ans certaines moufles & qui pourroient ctre ou des fommets remplis de pouflicrcs fecondantes ou des capfules de graine , m- 453- Moufes demer , pag. ^ri. Mournn ( analyfe du fang de) pag. 106. foies de moutons decrits , 291. F4 ij 596 TABLE ALPHABETIQUE. Mouvement ptogreflif de quelques coquil- lages, Sic.-pag. 351 iffuiv. de la mou- le, 333. du lavignon, 35(5. du fourdon, 340. des tellines, 341 , 542. de I'a-il- de-bouc , 344. des lima(,ons de mer, 344, 345. des orties de mer, 546 &- juiv. mouvement des orties errantes oil gek'es de mer furreau, 357. mou- vement progreffif de rctoile de mer, 360. de la moule des ctangs , 363 , 3(^4. d'un tres-petit infedte, 591. des cou- teliers , 408, 410 Zrfuiv. des dails , 413, 414. d'iine petite etoile de mer, 419. de rourfin de mer, 411 , 424. Mouvemens extcrieurs des plantes , fag. 15J (y fuiy. de la fenlitive, 137. cir- conftances des mouvemens de la mer dans le flux & reflux, 153. mouvement diurne de la terre employe par Galilee a expliquer le flux & reflux, 1^4. dif- ferentes fortes de mouvemens de la mer, 161. Mues des c'cievifTes, p.ig. 43 j &'fuiv. com- ment s'opere, 436, 437, 438. mue de Tertomac, 457. des gioiles jambes, 43S. caufe a quoi Ton peut actribuer la mue de rccreviffe, 459. mue des Terpens & de divers infeiftes des araignces,4^9. Murex ou pourpre , forte de coquillages ainfi nommes par les anciens , pag. 392. Mufdes des yeux , changemens qui peu- vent leur arriver , & ce qui en refulte , pag. 63 , 67. exptiieiices fur la force desmufcles, i23.mufcles qui fervent a fermer la coquille des lavignons , 334. mufdes des orties de mer, 349 &■ fuiv. mufcles de la moule des etangs , 362 , 363 0- fail-, mufcle qui fert de bafe a I'oeil-de-bouc, 578 6' /i^iv. etat convuHif des m.ufcles de I'ccrevifie dans roptration de la mue, 4^7. muf- cles des bras, des cuiiTes & des jam- bes d'un homme mort dans une cave ou il y avoir de la braife defour, 521. mufcles de la poitrine, leur jeu dans I'infpiration & la refpiration , 562 , Mufcus marinus hni'tiiinofus , minimus are- nacei coloTis. Voyez Cnralline. My as , efpece de moules de mer, jiag. Myop s, p.ag. 46, 47, 50. quand voient double, 56, 58. peuvent foutenir une grande lumiere, J9. tirentpeu de fe- coui s des verrcs convexes , 60. miyopes iuxquels les verres concaves font uti- les, 62. differentes caiifes qui peuvent rendre myope, 60 iy fuiv. avantages des myopes , 65. moyen pour les myopes de voir un objet bien dirtinfte- ment, ibid, experience fur leur maniere de voir dans certains cas comparee a celle des presbytes, 70. ce qu'on en- tend precifcment par le mot de myope, ^79, 80. N i V ^CflE, jeu de fes couleurs,pi;^, 41. ^ageoires des vers de mer , pag. 390. Nt--^ge, eftet attribue a I'abondance de la neige, pag. 140. neige appliquc'e fur la boule d'un thermomctre a efprit de vin, i45£r'Ji(;V. 163. froid de la neige, 163. a quel volume fe reduit en fon- dant, 169. varicte de cette reduftion, ibid. S' 180. neige tombee en 1711. pag. 180. I'iephrecique, effcts du pareira-brava dans cette colique , pag. 527. Nerfs de la tcte trop ebranles par quel- que fecoufle, ce qui en refulte, pag. 75. nerfs des organes des fens, com- ment resolvent les impreffions des ob- jets exterieurs, 98, c)<\. Nerf optique , finefte de les filets , yag. 6- , 68. effets de I'cbranlement trop vio- lent de ces nerfs, 75.obfervations fur le nerf optique, J46 (j-fuiv. fublhnce exprimee de ce nerf, 546, 547. ftruc- ture de ce m.eme nerf & fes membra- nes formant deux canauxj cellules du canal interieur, 547, 548. flruflure du nerf optique fuivant Diemerbroeck, 548. nerfs optiques d'un aveugle , 568, Nitre (efprit de) fa qualitt' corrofive, pag. 207. qualitc du mercure penctre des acides du nitre, ibid, ce que c'ell que I'efprit de nitre , fon eftet fur la fiamme du foufre, 235, 234. fur celle de I'efprit de vin, 234, fur les huiles cnfiammees, fur les charbons ardens , itid. efprit de nitre combine avec le mercure, 268. avec I'huile de tartre, 273. efprit de nitre dulcifie, 278. Noir , corps lumineux vus a travers le noir , pag. 171 , 172. noir vu a travers le blanc, ibid. Noix de bicuiba, huile qu'on entire, fes vertus, pag. ;ii. noix de ciprcs em- ployee comme febrifuge , 544. Ncix de gall: , effet de la folution de noix de gallc fur celle de vitriol noyte dans DES MATIERES one grande quantitc d'eau & fur cettc meme folution de vitriol incite avec divers acides, p^i- ' 57. 34J- d'un petit buccin, 344, 34?. Optique (experience finguliere d') par M. Mariotte, r.;|:. 39. autre experience qui explique un par.-i.doxe d'optioue, 64, 6f. explication fortnaturelle d'une quellion a optique , 97. Opunrid, fes etamines ont un mouvement analogue a celui des feuilles de la fen- fitive, pag. ^11. Or , ( preparation d' ) odeur qu'elle pro- duilit, p.ig. 193. dudtilitc de I'or 111 irfaiv. art des batteursd'or, 111, 115, 124. des tireurs d'or , iiz t> fuiv. moyen de feparer lor des fils dores traits, 1Z4. or potable, 231. teinture d'or, ibid- or pur , or mele d'autres metaux, leur dirfcrence pour I'ufage, 240. maniere de feparer Tor de I'ar- gent par la fufion , ibid, tffuiv. arnal- game d'or & de mcrcure, arbrifleau forme par cet or , 259, 2 fuiv. ter- minc dans les unc>; par depetits poils ou par un veloute, dans d'autres par des' filaments en panache, dans d'au- treS, par des vcficules, 450.^ 3 quoi repondent fes divifions , Hid. fentc qui fe troHve dans le piflife , 4^1. piftile de la fleur femelle du potiron , 4;2. de la figue, 4f 5.pofitiondu piftile relati- • vcment aux fommns djns fes fleurs 6oo TABLE /LPHABETIQUE qui reuniflent ces parties, 451 , 454. pillile dcs fleurs lies arbres tVuitieiis, acciJens qui empechent le fruit de s'y former, 454, 4j-j. des plantes Ie:;Li- niineiifes obferve en difterens degrcs d'.iccroilTement , 4)-S. de la fleur te- meile du potiron, 4J9. de la pomme calville, 460. du coiiaria, 460. du jaf- miiioides, 46S. du ficoidea, 469, du mays, leur iituation ordinaire ; pillile foitantdes fleurs males & qui donne- rcnt de la graine , 499. pillile de la fleur du coryfpermum , jco, ^oi. de celle du ri«;io;(/e^, jol,ducafe, J07. Ph'oines a fleurs doubles, n'oiit ni Ibm- 191. effet de la chakur fur le plomb , 218. plomb dilTous par les acides du vinaigre , precipite par I'eau , 274. Pluie tombee en 1709 a Paris & en divers autres endroits, ;a 140, 142, 143. en quels pays la pluie ell plus abondante , 145. pluie tombee pendant I'annee I" 10. en divers endroits, 165, 164. etat de I'air lorfqu'il pleut , l6j-. pluie qui tombe dans la machine du vuide lorfqu'on a pompe fair , ibid. pluie tombee en 171 1 en divers en- droits , 180 'iffuiv. eaude pluieramaf- fce fous la gouttiere d'un vieux toit, 264 &• fuiv. mets, nietaniines, leurs graines, 4^8. Poires, cavite qui contient le pillile Si plames contiennenc du fer Sc des fels mi ncraux, p. 150, 151. comment on peut en titer le fer , i^i. empreintes de plantes fur des pierres, i^j. mouve- mens exterieurs des plantes , 13 fG* fuiv. caufe de la difterente extenfibilite de leurs parties, 15^, 137. moyen de rendre vivaces les plantes annuelies, 139. terns ou pluiieurs plantes marines repouflent, 160. dans quel cas les plan- tes contiennent plus d'huile, &c dans quel cas elles ont plus de fel , i_S6. Plantes de mer prctendues , confor- mite quon decouvre entr'elles par I'analyfe , 249. fens dans lequel elles fe tournent, 293. plantes de la mer, 3~o £r fuiy. plantes moUes , 370. fleurs, fruits & graines de quelques-unes , 374. opinions fur la maniere dont les jlantes fe nourriflent , 440 &■ fuiv. lesetamines, s'y coi.ferve,p. 4fi. Poijjons , en quoi conlifte leur refpira- tion , p. J 70. poiffon qui caufe de I'en- gourdiffement lorfqu'on le touche , 290. ■ Poitrine , plaies qui penetrent dans fa capacite, dans quels cas peuvent etre fuivies de remphyfeme, 561 iy Juiv. plaies penetrantes fmiples , compo- fees, f6i , 563. pus paflant de la ca- pacite de la poitrine dans les poumons & les reins, & fortant avec les uri- nes, f64. ce qui fe trouve dans la ca- vite de la poitrine d'un homme mort d'un coup d'epee dans cette partie , fuivi d'un emphyfeme , 566. autre bleflure a la poitrine fuivie de I'em- phyfeme , de la mort & de rouveiture du cadavre, 566, 567. Poles de I'aimant, p. 17. plantes le nourrinent , 440 v juiv. x i 'o uc idinuun, jj. i/. Plantes bulbeufcs , moyen d'en tirer Pommes de calville ; cavite qui contient de bonnes graines, 441. Plantes dont les fexes font fepares, 446, 4^1. Plan- tes dont les fleurs males & les fleurs .femelles font fcparees , mais fur un meme pied. 4^2. autres ou les fleurs males & les fleurs femelles viennent fur des pieds fepares, ibii. Plantes le pillile & les ttamines s'y conferve , p. 4p , 4S'9, 460. pommes en partie poires, 461. Pores du mercure, comment re^oivent & perdent les acides du nitre, puis les parties du feu, p. 200, 201, 208, leur reflort, 201 , 208. auxquelles on ne connoit point de Pofiron, fa poufliere fecondante , p. 449, fommets ni de poullleres, 4^3. que ques genres de plantes etablis par M. Niflele, 46S &- Jui>:. Plantes piarines feches, repjongees dans I'eau;, 477- Platane, cliange'd'ecorce, p. 440. Phmb, (i force determinee par ex[De- 'rience, p. 114. balles'de plomb tirees dans I'eau, 120, 121. morceau de plomb laifle long-tems dans une bou fes fleurs lleriles, ou fleurs males, ou faulTes fleurs , 4fl. leurs fommets, leurs pouflieres, ibid. & 458, 4^9. (es fleurs femelles, fleurs a fruit ou fleurs nou^s, 451, 4(2, 459- Poule qui pondoit des oeufs fans jaunes , fon chant, matieres qu'elle rendoit, f- 375 3 37^- diffedlion de cette poule, 576 &fuiv. teiiie d'eau,&;c.i70. effet duvinaigre fur Poumons d'une tortue de mer ,' leur pofi- leplonib, ibid. Plomb enrrant dans la tion , p. 294. de la moule des etangs, fompoiition d'un fudorifique , 19Q, 369, 570. d'un homme fufi'oque dans DES MATIERES. (Ill une cave oil Ton avoit cnfermc de la braife defour, Jli. d'un homme mort d'un anivrifme , f ji. d'un homme more d'une blelTiire a la poitrine , fuivie d'un emphyfeme, j66.cfpccede poumon uiiiverfel dans le pelican , ^67. Pourceau fauvage de Cayenne ayaiit un trou fur le dos, pag. 2.90. Pourpre (teincure de ) dcs Anciens, re- trouvee par les MoJernes , pa^,. 591 &• fuiv. coquillages & oeufs qui la donnent, 595 &-fun'. maniere doiit les Anciens la tiroient des buccins &: la preparoient , 399, 400. ufage qu'on pourroit t'liie dc 1j pourpre des buc- cins & des oeufs de pourpre , 406. pourpre des dails, 416. Pou/fere^ fecondantes des flcurs, renfer- mees dans les fommets ; .efpeces de capfules que portent les etamines , pag. 447 &- fuiv. varietes de ces pouf- fieres en differentes plantes , leurs cou- leurs , leurs figures , 448 , 449. font chargees les unes d'huile , les autres de refines, ii;rf. d'auties font chargees de matiere mucilagineufe, 449, 450. liqueurs qui ont tire de la teinture de ces pouflieres fans les dilloudre non plus que I'eau , 4J0. ces poulfieres bouillies dans I'eau, chauffces a fee, ihid- elles font neceffaires pour fecon- der les embrions des graines , 4^1. plantes oii Ton ne voir ni fommets ni poufTieres , 455. pouflieres de la fleur de la prefle , 454. des fleurs des arbres fruitiers ; accidens qui empechent quelquefois leur effet, 454, 455. pouf- fieres du palmier male , du houblon male, &c. vont au loin fcconder les plantes femelles, 4j6. conjeiSiire.s fur la maniere dont les pouflieres operent la fecondation, 4f7, 4f8. poulfieres de la fleur male du potiron , 458 . 4(9. de la fleur de la figue, 498, du lichen etoile, ifiz. Pricip'uanons chymiques , »i^. 267 C- fuiv. cas oii le corps dilTous ftpare de fon difTolvanc, s'eleve a ia furface , 169, i-o. precipitations des corps bi- tumineux dilTous par les liqueurs al- kalines, 1-0 deux fortes de precipita- tions metalliques, i-l (r fuiv. intcr- medespropres a.opverces precipitaV lions, i7i , Z71, 2.-4. fricipi'i! de mermce ..leurs differeiy*^ couleurs, vig- 19; iyfuiy, ce que c'eft que le prccipite rouge ordinaire^ J07. Tome III, PuTtii Friuifoife. precipitc de mercure diffous dans I'ef- prit de nitre , couleurs que lui donnent les fels alkalis fixes, 199. couleur qui lui eft naturelle , iHrl. cffcts des fcis volatils meles de matiere huilcufc & de Purine fur ccttc couleur, 199, ico. couleurs fuccefllves ou alternatives qu'on peut donncr au prtcipit. prc- cipite per fc, iCj. prccipite rouge, i68, prccipite noir, i/uJfw. faux prc- cipitcs de rantimoine de mercure , ibidem- prtcipites veritables, en quoi diiferent des faux , 16S. du vitriol, ibid, des eaux de I'affy , 169. des refi- nes dilToutes dans I'efprit de vin, ibidem, du foufre commun dilfous par les liqueurs alkalines, 1-0. de diffe- rens mctaux diflous par des acides d'or, d'areent, de mercure, Z71. du cuivre & du fer diflous par I efprit de nitre. Hid. difference entre les preci- pites de I'argent fairs par les fels ou par le cuivre , 272. Preslytes , pig. 46, p, 58, 66 ty fuiv. deviennent rarement mvopes, 66, 67. maisdeviennentfouventplHspresbytes, 67. experience fur leur viie ou fur leur maniere de voir dans certains cas , 68 &fuiv. font fujets a voir des taches 8c des filets noirs , 70 &■ fuiv. fecours qu'ils tirent des verres convexes, 76, 77, 78. ce qu'on entend par le mot Presbyte , 79 , 80. Prefle. plante dont on ne connoit point fa femence, maisfeulemenc les fleurs i etamines, pig. 4^4. Prejfion des corps, coinbien contribue i leurs frottemens , ;».:f . 125 &■ fuiv. efifet de la preflion fubite dun air froid fur de I'argent fondu & commen^ant a fe figer, 261. fur la boule d'un checrao- metre fort echauffte , 262. . Priy>oli:es, pag. ;ij. J, Pro/fatfj, maladie dont elles fontle Cege, ou I'un des fieges , pag. j-}6 irfuiv. Prunes monftrueufes, pag. j!o. PruneUe . fe dilate dans I'obfcurite, ft reflerre a la lumiere ,. mais non pas egalement dans tcyire forte de i;YtteS, p:ig. 46, Jf, 8a,iptunelle des myopes, jo, 59. dos presbytes , 66. .:inj»verturede |a prunelle determine U rifi^re qu'un objct lumineax forme fur .',!a fetine a une certaine dillance. 68. tj!/«-4Us»S ^ fW^JTeue. PO'"- resarder i G4 for TABLE diffwdntesdiftanceSj 107. prr.nelle des enfans, ibid^ Pargatifs, effets compares des ourgatifs . vegetaux , employes en fubltance &c de'leuis differences preparations , pag. n8, fi9, f30. -HJ- , „ ^yriimidate Sc aiitres efpeces de Campa- nelkj leur pouffiere fecondante, pug. :^ Q (JvERCus mantitna vefuuks hcihens , V^oyez Fucus. Queue des lezards coupee , fe reproduit en quelque maniere, pag. 434. queue des ecreviffes coupee ne s'ell point re- produite , ibid. Quinquina , fes qualites fenfibles , fes ef- fets, pag. 559, f6o. casoii il ne fait que fufpendre la fievre , 559. cas ou il doit la guerir , J J9 , 5^0. cas ou il Tag- grave, f6o. donne dans les affeftions melancholiques & hyfteriques ou va- peurs, fur la fin des dyflemeries, f6o. R R ALPHABETIQUE crylbl de roche , pag. 41. quamite dont la refraction eleve le niveau ap- parent de lamer, 41. refraftions ho- rizontales , p. 44. effets fingtiliers de la refradtion , p. 4f. refraftions des rayons lumineux dans Tceil & dans les verres, 61 G- fuiv. refraftions de I'huile J du verre , de Teau , de I'efprit de vin, 74. effet attribue par M. de la Hire a la refradtion des rayons lumi- neux dans I'humeur qui eft au bord des paupieres, Sy irfuiv. refraftion des balles de moufquet.dans I'eau, 110 &• /uiv. ducryftal d'Iflande, 500. d'untalc qui fe trouve au-deflus des bancs de pierre a platre, pres de Paris, 504, 50f. Recrcdudion des jambes ou partes , de I'ecaille, &c. des ecrevilTes, des ho- mards , des crabes , pag. 450 ^fuiv. des queues de lezards, 434. faifon oii cette reproduftion fe fait le plus vke dans les ecreviffes, 451 &fuiv. R^fervoirs de la matiere du fil dans I'a- raignee, pag. iz8 ^fuiv. de Teau dans la moule aes etangs , 564, 3<>f. Refines, leurs diffolvans , pag. 167, 169. refine feche dont les poumeres ftcon- dantes de certaines neurs font enve- loppees, 449. Refijtance occafionnee par les trottemens des corps , a quoi elt proportionnelie, p. 125 G- fuiv. refiftance des bois de chene & de fapin, 516, 527. des fils qui compofent une corde , 173 , 177. Refpiration des poiffons , en quoi confifte , pag. 170. de quelques coquillages , 337. de la moule des etangs , 570. de la moule de mer , 386. mccha- nifme de la refpiration, 562, 563. Ritine, principal organe de la vue felon M. de la Hire, pag. 46 &-/uiV. 7J. elle a un point plus fenfible que les autres , yo , 88. eftets des differens degres d'e- branlement de la retine , ^4, 7f. fi- neflfe de fes filets, 67 , 68. eft femee de vailTeaux fangnins ; effet du fang extra- vafe dans ces vailTeaux , 71. retine tou- chant au cryftallin , 79. fa tro{) grande fenfibilite dans des yeux tres-bons d'ailleurs, 80. fon ufage, 98. d'ou la retine prend naiflfance, f4(5, H7- ce que c'eft, ibii!. Rhin , crue extraordinaire de ce fleuve , effets de la refraaion dans I'obferva- fihularie ,pag. ^li^fJv. fesyertus reel- tion desaftres, 40. refraftion double les & fuppofees , fes differentes pre- au cryftal d'Iflande, ibidem &- faiv. •du -Irarations, 518 Qfuiv. effets compares ACi N B^ des fucus ou leur bafe , poe. 471, 4S I. 48i, 4S4 , 486, a88, 491, 492. du Coryfpermum , ^^00. d'une morille branchue qui croiflbic fur un mur , yi6. Rdjoni du foleil paflant pres de la lune , eprouvent fon aftion, pag- II. condi- tions neceffaires pour que les rayons lumineux fe ratTemblent au fond de I'cEil en un meme point, 55. com- ment reunis par les verres con- vexes , 76 & fuip. effets de la differente refrangibilite des rayons lumineux, 81, 82. rayons que I'on voit autour d£s flambeaux en fermant I'oeil en par- tie, rechetches fur la caufe de cette apparence, 82 &• fuiv. Rayons de Tctoile de mer a queues de lezards , pi!?. 419- a • Rayons ou gateaux de cire que conttrui- fenc les abeilles , p,^- 426 Gr'/un'. ReSum divife en deiix parties & fans iffue , pag. •J22 , j'2'5'. operation propo- fee pduf ce cas, ^23:.^ ^ ,, . i R^/e;<:ii;ndufon cprtiparee a celle de la lumiere, pag. iji. Rifradion de Teau & de la glace , pa/.' i 2. DES NfATIERES. 6of des teintures tiroes par I'eau des ex^ traits de ces teintures & de la rhubar- be en Tublbnce , jiS, fly. le marc n'enelVpointpurgatif, fiR. ni leiiiible- ment altringent , 519. autre teinture de rhubarbe a Tefprit de vin. Ion ex- trait & fon marc, 519, j-io. rhubarbe dilUlIee , fio. rhubarbe blanche ou rhubarbe des Indes. Fits^ Mi'-laacan. Rhuir.utifinc (bains troids prop o Its pour Ic) yag. fiZ. raifcnnemeiis fur fa caufe & (a cure , ih'.d. Rhus , trois efpeces de rkus felon G. Bau- hin, C.I.,. 4" b. Rkin, fa poulllere fecond.inte , pj^. 449. HicinoiV." ;, plante donr on tire la teinture nommce tournefol, pag. joi ^fuiv.d racine, fatige, joi. fesfeuilles, joi , foi. fes fleurs , foi. fon fruit, ibid. vcvtusqu'on lui a attribuees, iii'rf. fon ufage pour la teinture , ibid &■ fiiiv. fteurs &: fruits de cctte plante bouillis avec de I'alun , tjvec du crvllal de tar- tre ; coulcurs qu'ils ont donnces , fo;. Riviere dont I'cau fent le foufre, pig. 591. rivieres qui gelent , dit-ori, en ■ etc, 4if. Rouge , pourquoi Ton voit quelquefois les objets plus rouges avec un ceil qu'avec I'autre , p^g. 5-4. rouge vu dans I'obfcdrite, 171, i-"!. fenfation du rouge comment produite , Hid- pire- Cipite rouge improprement nonime pr^cipite J 197. J AC prertant fa nailTanc* de rombilic & tombant jufques fur les genoux ; diffcrens corps qii'il contenoit, pag. 514 , fif. autre fac' contenant les boyaux & auffi des corps ctrangers dans ce mcmecadavre, fif. fac lacry- mal, les orifices, fon engorgement eft la caufe de la fiftule lacrymale , <~o. S-ilpitre, fel qu'il contient, ^-jj. u.fon a£tion fiir quelques m'atieres inflam- mables , Zi 1 ■j' fuiv. fur I'efprit de vin , 2^4. employe' dans une operation pout feparct Vof def Targent , 14!. vegeta- tion du fe! du falpetre , i6i , i6^ , i(>4. accidens occafionnes par de la braife de four enfermee dans une cave ou le fahpetre abondoit, 511, fli. falpetre qui fe forme dans une prepa- ration de fet- nommce arbre d^e mars , S^ng* des Tcines & fang des »Kef es , pag. 171. fang de quelques animaux analyfe, i8j (rfuiv. de I'homrae, 187, 188. fang des marfooins, des toitaes, 290. obfervations faites fur le fang hors des veincs, bull«b qui en cou- vroient la plus«>rande partie, cellules qui parureiit lorfque les bulks curei* crey^, ^41. a<5bion du fang dans la for- mation d'un aiicvrifmc , ffj. Sapin. Voyez B if. Sareilins de Jupiter, on« des taches, changeiit de grandeur apparente, pag. II Jfe If, 16. It quatricme paroit plus petit que fon on>bre , pig. 11. atmof- phere foup^onnc-c au premier , ibidem. Le cinquieme farellire de Saturne quel- quefois invifible , ibidem. Scummonie , plante & fuc de cetlC plante , fes etfets , fon analyfe , effets de fes diffcrens extraits , pag. izS. ScUrodijue, pag. 64, 67, 100. Scrophulaire (grande ) pag. 191 , 191. Scrotum prodigieufement enfle , fon poids , pag. f40. S^chsrejje accompagnce d'abondance , pag. Sicr^'inns qui fe font dans le corps des animaux ^ P.tjf- fi5 (rfuiv. organes qui font les fecretions, 534, 55$. com- 555 . f?,'5- ment elles fe tont, ^^^, _ Sediment forme dans dc I'eau de pluie, pag. 164 &- faiv. fedimenc de I'eau d'Arcueil , 174. Seine, fa pente & -fa vitefle, p.7g. 114. dcbordemens de cetce riviere , 1801 hauteur de I'mi deces dcbordemens ou ^larquee, iMd: ' " Sel commun, png.-3'i. fel tire de I'ipcca- duanha, 118. en quelles proportions le fel fe trouve dans I'eau de la mer prife a differentes profondeurs, diffe- rentes dillances des rerres , 160, i-6i. qualites differentes de ce fel dans ces differens cas ,. 161. fel forme dans une bouteitle d'eau , t-»o. dans quel cas le fel abonde dans Iss plantes & dans les fruits , 186. effet du fel commun &■ du nitre fur lethermome'tre, 19S. fel fori- du dans I'eau bouillante quelle coi>- leur donne au prccipite de mercure , 101 , 205. efprit de fel , fes qualm's relativemcnt aux acides nitrcux Sc au mercure, 109. fes divers effet.s fur une ' difTolution de mercure , no. fclscou- tenus en plus ou moins griiide quan- tite dans ditferentes terres , mi. dalis ■le verre, ill, nj- »St\on des feU fur G4 ij eo4 TABLE ALPHAB^TIQUE fur les nerfs des mitieres inflammables , 151 &■ fuiv. fel decrcpite mele avec le fublime cor- rofif , fulilimation de ce melange ,159. 240. fel decrcpite employe dans une feparation de Tor & de I'argent, 241 , 141. effe:s du fel marin fur I'or & fur I'argent , 141, 242. compofition & /uiV. dans quels cas les foufres perdent leur inflammabilite, 278. eaux foufrees des environs de Foligno, deTivoli, 591. Sourdon des cotes de Poitou, p. 359 &* fuii: fa coquille, ^^9. fes tuyaux char- nus, ibid, fon pied , fes mouvemens progreffifs , 340. Str.itifme , f. fo, 88, 89. S.ubi!/n.ztion dumercure, p. 204, 20f, 259 , 240. fublimation des matieres feches,fes rapports avec'la dilliUation des efprits- acides , 277. Sublimi corrofif , ce que c'eft , p. loi) , 259 , 240. effet du fublime corrofif fur I'argent, 245. fur la liqueur des buc- cins, 404, 40 f. difTolution du fublime corrofif combinee avec des teintures & liqueurs tirees des truffes , 466. Sua nourriciers des plantes , leur aftion , p. I3f &" fuiv. fuc glutineux du corail & de quelques autres produdtions ma- rines, 249 C- fuiv. effai des fucs depuvcs de divers fruits pour tirer la teinture de corail, 2ji. fuc laiteux du corail , effets de fon melange avec diverfes li- queurs, 2J2. fucd'acacia, ce que c'ell, 326. Sudnfi.iue (remede) fa compofition & fes effets, p. 190, 191. SiisuT analyfee , p. 190. SiitdiU a la fuite de migraines &: de fluxions, comment gucrie, p. 541. Surfaces des corps , dans quels cas les frottemens font proportionnels aux furfaces, p. 12; 6- fuiv. Sureauj abonde en motile, p. 440. Sjrius , changement dans fa lumiere , pag. 11. 1 ACHES du foleil , p. i & fuif. des fatellites de Jupiter, p. 12 , if, 16. de Jupiter lui-mtine, p. 12 G- fuiv. paroif- feiit dependre dans cet a^he des ban- dcs correfpondantes, p. 15. taches de mars, 17. taches &c fils noirs qui fe forment dans les veux , 70 ir fuiv. 87. Talc , le cryllal d'lilande ell une efpece de talc, p. 299. talc qui fe trouve au- deffus des bancs de pierre a platre , pres de Paris , ?00 irfuiv. Ion rapport avec le veritable talc, ;O'0. fa figure, 301 , fa rtrudfure intcrieure, 301 &• fuiv. fes irrcgularites , 303 , 304. fes refraifions, 304, 305. talc dePalTy, fa figure, 305'. Ta/icAe dans laque lie ontrouva un tenia, Tar'je (felde) faoule d'acides vitrioli- ques , fon effet fut une dilfolution de mercure , p- 201 , 202. effets de I'huila de tartre par dcfaillance fur cette dif- folution , 2of. terre folice de tartre, ce que c'eft , fon ufage pour tirer des teintures de certains metaux , 252. etlet du melange de I'huile de tartre ' avec des efprits acides, 275. ducryftal de tartre avec le fel de tartre, 278. huile de tartre combinee avec la la- que , 320. cryllal de tartre bouilli ayec les fleurs &: les fruits AuTicinoides., teinture qui en a refultt, 503. Teintures des metaux , f. 232. teintures de corail , 2fo &• fuiv. teinture tiree du corail par le moyen de la cire, puis retiree de la cire, 2p, 251. teinture de pourpre tiree de certains coquilla- ges, 391 ^ fuiv. & de certains ceuls ou grains, 395 b fuiv. comment on pent la tirer aifement de ces oeufs, 398. comment les Anciens la tiroient des buccins, 399, 400. ufage qu'on pourroit faire de la teinture tiree des oeufs de pourpre & des buccins, 40<>. teintures des truftes, leurs effets fur le firopviolat, fur la diffolution de fu- blime corrofif, 466. fur I'eaii , ibid. teintures tirees des fleurs & des fruits 6o6 TABLE ALPH du ricinoides , foj. de la rhubarbe , leurs effets, f i8 irfuiv. TetUnes des cotes d'Aunis, leurs coquil- les, leurs tuyaux charnus , pag. 541. leui- pied , 541. leur mouvement pro- greflif J 541 , 542. faut particulier aux tellines, 542. Temperature des caves de I'obfervatoire a Paris , ou temperature moyenne de Tair, ptig. 140, I4i , iSo. du fond de la mer, 160. varietes de la tempera- rure dans le tenis d'un tremblement de terre , 183. effers de la temperature fur le corps liumaiii , 221. temperature des fouterreins dans les differentes fai- fons, 424, 4Xf. Tinia trouvc dans une tanche, pag. ^24. Ter&enthine ( huile de ) combinee avec la laque, pag. ^lo. Teries , leur fufibilite, de quoi depend, pag. 2iZj zi 5. terre toUce de tartre , 252. terre depoft'e par !e vitriol dans les diflolutions & les digeltions, 25 f & fuiv. terre tiree de la matiere fe- cale, 281. Terrein de quelques cotes &: des Ifles &r ecueils voifins , pag. i f 9. Tete, fon mouvement diilipe les idees fe- lon M.de la Hire, p. 60. tete de Toeil- de-bouc , 545. de la moule des etangs, 5(3 J. des vers de mer, 590. tete monf- trueufe d'un fetus, 51. Teies-mortes reilies aprcs differentes diftil- lations de la matiere fecale ou de fon fel eflentiel , leur inflammabilite, p. 282, 285-. tete-motte des truffes diftil- lees , 467. Thermometre ( obfervations du) p. 140 Z:- fuiv. 165, iSo, 220. effet du vent fur le thermometre, 144, 14? ^ fuiv. obfervations du thermometre plonge dans la mer , 160. plonge dans I'eau ou Ton fait fondre des fels alkalis fixes, 19S. & dans i'eau oii Ton fait fondre du fel commun, du nitre, ibid, dans un melange d'eau & d'efprit de vin , 218. oblervation du thermometre dans une caverne ou glaciere naturelle de Franche-Comte , 42 y. Tiges de fucus, p. 471 , 472, 481 , 482, 483,484,48^, 486, 487, -488,491. 4<;2. d'une petite coralline qui nait fur un fucus, 495. Tom , de quoi ils dependent, p. 110. tons diffcreir, de morceaux de bois diflfe- rens en grandeur, quelles proportions ils- fnivent , 110 , ui , la forme du A B E T 1 Q U E corps fonore influe fur le ton , 1 1 1 , 112. ToTtiUement des fils qui compofent une corde , fon effet, p. 173 irjuiv. Tortues, degre de chaleur de leur fang, p. 290. defcription d'une tortue de mer, 294 &■ fuiv. obfervations faites fur quelques autres tortues, 297, 198. tortues de terre ont des pieds & celles de mer des nageoires, 297. Tournefol , teinture que Ton tire du rfri- noides ou de la maurelle, fes differen- tes preparations, p. f03. tournefol en drapeau J 5-03. en pate & en pain , ihid. Trachie afere d'un homme mort d'un anevrifme, p ^52. Travertin, fa formation , p. 391. Tremblemens de terre, p. 181, 182, 183. circonftances du vent & de la tempe- rature , Sec. qui ont accompagne iia tremblement de terre, 183. Tripoli, forte de craie, p. 313, 514. Trochus. Voyez Limafons de mer. Trompe des abeilles, p. 426. Truffes, on n'y voit point de pouffiere fc- condante , de fommets , Sec. efpeces de graines & de fleurs qu'on y a apper- f ues , p. 453, 462, 464. pays oii tiles croilient , lieux oia elles Ic trouvenr > arbres au pied defquels elles font le plus communes, 461. faifon ou elles commencent a fe former , ihid- leur accroilfement, leurs diiferens dt gres de maturite , trutfes blanches , marbrces , noires, 461, 462. leur ecorce, 461, 461. leur interieur obferve au microf- cope , 462. lemr reproduftion , ihid. le grand froid leur eit contraire , ibid. ver qui lesronge, mouche en laquelle il fe change , 463. autres petits infec- tes qui les rongent , 463. terres des truffieres , indices qui les font decou- vrir, manieres de les tirer, 463. vers qui naifl'ent dans les truffes pourries , mouches qui proviennent de ces vers , ibid, deux efpeces de truffes, felon M. Tournefort , 464. opinions de Pline fur leur nature & leur produftion , ibid, parenchyme , fibres , canaux , &:c. qu'on dirtingue dans les truffes , 4(14 , 465-. analyfe de la truffe, 465 0" fuiv. fon analogie avec les plaiites, ihid. fon odeur exaltee , effet de la fermenta- tion fur la truffe , 465-. maniere de con- ferver les truffes , ibid. & 466. teintu- res de truffes tirees par I'eau , par I'ef- prit de vin, 466. liqueurs tiieeS des rruffes, 466, leurfel volatil, leur Cc\ tixe alkiili , ^-.y. qualitcs qu'on Icur attribue, ihi'^. ce qu'ellcs devieiinenc dans I'efpiit de vin, 446, ^67, dans I'eau, 4&7. I'libireufe , fa pouffiere fccondante , ;;. ^449- , Tumeiir enorme du ventre , ce qu'on y nouva a rouverture du cadavre , }>. Turbo. Voycz Limafom dt mer. ■/uy.iux de conduite, leiirs proportions, ;;. 114, leiir torce determinee p.ir ex- perience, iiy. niyaux cluvnus du la- vignon , efpece de trachee , 536. & dcs autres coquillages qui vivcnt enfon- ces dans le fable, la boue, &c, 557. de la palourde, 3 58. leur ufage, ibiS. dufouidon, qui lancent I'eau a plus de deuxpieds, 559. des tcllines, s-41.de I'etoile de mer_, 560. tuyaux des vers de mer de differentes efpeces , 588. des coutclicrs, 409, 410. des dails, 416. Tuj.iti.v d'orgues , p. loS, 109. Tympanue , Voyez HyJr:^;^lfte. Jyphon , pheiioinenes qui I'accompagnent, ,. ,0. ^ LJlceres aux reins & a la veffie , com- ment gueris , pag. 51-. eaii-mere du vitriol donnee pour les ulceres des poumons , des reins & de la veflle, 5j8. ulceres du fac lacrymal, 570. Urine de vache, fes qualitcs, pa^. 128, 129. urine de vache diftillcc & non diftillee prife interieurement, fes ef- fets, 129. analyfce, ibid. 191. phof- phore d'urine, ibid i^-r. effet de I'u- rine fur le mercure diflbus dans I'ef- prit de nitre, 199, 2cx3. urines glai- reufes, purulentes & prefque fuppri- mees; effet du pareira-brava dans ces cas, J27, 528. pus fortant par les uri- nes & venant de la capacitc de la poi- trine, J64. Vyie J ufage que lui attribue M. Jucin, pag. lay , 108. r AGiu (conformation extraordinaire Au^jiag. f49. fa dilatation pendant une grofleffe, ibid. Vaijfeaux qui compofent les glandes ou qui s'y rendent, pag. ^34. vaiffeaux fe- D E S M A T I E R E S. 607 crctoires, f 34 (yfulv. vaiffeaux ou ca- ux excrttoires fj^, jjj. vaiffeaux i cor.tiennent les liqueurs ducorp;.. naux I ■qui comment aidcnt au mouvetnent de tcs liqueurs, fyr, ftS. Valvules du caurd'u::c tortue de mer, pjf;. 294, 296. de quelquestortues tcr- rcllres, 297. d'une vipcre i!i,!. dune anguille, ibtJ. de deux graiidcs tortucs de mer, ibid, des tortues de terre Sc de mer, 298. valvules du cicur & leurs appendices , maniere de les dcmnn- trcr, f32 , 553. valvules ficmoidcs , leur llrutturc &: leur ufage, 571 , 572. niort qui parut occafionnee par un ac- cident arrive a I'une de ces valvules, Vapeur de I'encre de fympathie , pag, 242. de la pierre de Boulogne , 242, 243. de quelques efprits acides, Sec. 247. eifcts de la rencontre de ccrtaines va- peurs, j'ijrf. vapeur inflammable pro- duite par la limaiiie de fer, & com- ment, 2p. vapeur de l.i braile de bou- langer , fes funeftes effets, 521, ji2. eflFets de la vapeur d'une vieillefofle, VapeuTs , maladies auxquelles on donna ce nom, pag. j6o. quinquina donne dans ces maladies , ibid. Vegetation ( mechanique de la ) felon M. Reneaume , pag. ^140 & fuiv. vegeta- tion finguliere fur la fouche d'un arbre coupe , 444 &■ fuiv. Vegetations artificielles de differentes for- tes , 2f(>. difference effentielle entrc ces vegetations apparentes & les plan- tes , 260. ve'getauon du fel du falpe- tre, 262, 263, du fediment de I'eau de pluie , 264 (yjuiv. vegetations de Mars, 177. Vigitaux , paflage de leurs huiles dans la fubilance des me'taux, pag. 2^8. Veines , pourquoi paroifTent bleues fur la peau, pag. 172. fang des veines, ibid. veines d'une tortue de mer , troncs qu'elles formoient & leurs embouchu- res, 29f, 296. veines axillaires de la meme tonue , leurs fibres , 296, 298. veffies de trois autres tortues, 29T. furface interieure des veines ca\ es de la tortue terreltre & des veines pul- monaires, des veines caves &: des vei- nes axillaires de la tortue de mer, 298. veines des glandes, ^36. Veniricuks du coeur d'une tortue de mer , pag. 294. cloifon qui lesfcparoit, ou-; fioS TABLE A L vertures & valvules qui s'y trou- voient , :hid. maniere de feparer les deux ventricules du coeur en laiflant a chacun fon oreillette & fon artere. Venire de la moule des etangs , pag. 565. tumeur du ventre , ce qu'on y trouva a I'ouverture du cadavre , Ji-t- Vents de I'lde de Cayenne &: des envi- rons de la riviere des Amazones, p. JO. ne fjnt pas les memcs a Paris & a Malthe , p. 36- obfervations fur les vents qui ont accompagne certaines temp--:.: 1 140 -T fuiy. 165, 181 &f.i.v. 210, zii effet du vent fur le thermcme-re, IJ,4, 14^ &■ Jiiiv. vents qui fe hrent feiitir dans le terns d'un tremblement de terre, 185. vents qui fortent du corps, 560. pourouoi Ton n'en rend prefque jamais dans I'hydro- pifie tympanite , j6i. FentitecUpfee par la lune, p. 11. VtTS de mer ou y^rs d tuyaux , leur adhe- fion a d'autres corps, p. 38S v fuiy. ieurs diffcrcntes efpeces , iHd- leur tete , 390. Ieurs nageoires, iHd. Ieurs pattes , itid. vers luifans, 414. le male adesailes, la femcUe non, ii.'i^. vers desabeiiles, 428, 429. vers qui man- gent les truftes , autres qui nailfent dans les truffes pourvies, mouches qui proviennent des uns & des autres, 4^3- . , Ver-d-fie , fa fecondite , p. 3p8. quantite de foie quefournit un ver-a-foie, 3 1 j. Ve'-d-de-^rh, fa couleur a la chpadelkj pag. 48. Vermilion, fa couleur a la chandellCj p. 49. Vernh de I'lndc, p. 134. de la Chine, ibid. 169. Verre , fa refraftion comparee a celle de quelques autres matieres , p. 74. quelle colle eft bonne pour le verre , 169. maniere de copier fur le verre les pier- res gravces, 21 1 G'/uiv. ce que c'cft que le verre, 212, 213. quel verre il faut choifir pour copier les pierres gravees, 214, 2iy. duftilite du verre ramolli par le feu , 114 &fuii\ prece- de des fileurs de verve, m , 226. ten- tative pour perfeiSionner cet art, 226. force cies fils de verre , 227. Verre ardent , calcination de I'^tain _au verre ardent, p. 2^4. melange du fer avec i'etain fait au verre ardent, 2y(5. Verres des lunettes peuvent produire de PHABETIQUE fauflfes apparences , p. 12. convcxit^ que doivent avoir les verres lenticu- laires , ff, f6. verres qui ont deux foyers , f6. cas ou les verres concaves font utiles, 60, 61. verres convexes peu utiles aux myopes , 60. comment font utiles auX presbytes , 76 &-fuiv. &c aux vues parfaites , 80. ont deux proprietes differentes & infeparables , 00. verres des lunettes employes a mefurer la force des yeux , 103. Vijicules fur les feuilles de quelques fu- cus , contenant les femences, 475 &• fuiv. 481. Vijicule du fiel de deux foies de mouton , p. 292, d'un boeuf 193. Vijiculetfiniinalesde la moule des etangs, p. 367, 368. maladie dont les veficules feminales font le fiege ou I'un des fie- ges, 536 ir fuiv. VeJJie pleine d'eau trouvee dans le corps d'une poule , p. 376. effets qu'elle pro- duifoit fur I'ovidudus & fur ks oeufs , ibid, veflies pleines d'air dans certains fucus, 478 , 483 , 484. veffies pleines d'une eau jaune trouvees dans une tu- meur du ventre, 524. ulceres a la vef- fic, comment gueris, 517. defcentes de vefiie femblent fuppofer un vice de conformation, 567, j68. Vibrati.iiis des cordes fonores , p. 108 &• fuiv. lefquelles des vibrations totales ou des vibrations partielles cojiihtuent leton, no, 1 11. vibrations de la cor- de de la trompette marine, 122, 123. Vigne, abonde en moelle, p. 440. piftils de fa fleur , 450. caufe de la coulure de la vigne, 45- j. vigne du Brefil. Vojei Pareira-Brava. Vin , fa gravite fpecifique , p. 38. vin cha- lybe , comment donne dans differens cas, 558. Vinaigre, fon effet fur le plomb , p. 170. Viperes analyfees,p. 188. Vifion, phenomenes de la vifion relati- vement a la pofition des objets , p. 64 , 68 & 69. diverfes opinions & recher- ches fur le mechaniiVne de la vifion, 99 &• fuiv. Vitefe du mouvement de la mer dans le flux & dans le reflux , p. 1^3. Vitrie (humeur) inconvenient de fa trop grande longueur, p. 63. manque dans quelques fujets , accident rare , 78, 79. obfervee dans I'oeil d'un horn - me mort d'un emphyfeme , ^66. dans les yeux d'un aveugle, 568 , ^69. Vitriol , DES MATIERES. Cq9 Viirhl ; (piViti An mcrcure hc'ridc des acides du vitriol, pjg. xo-. cffct du vitriol fur la flamnie dcs foufrcs &: des Iniiles , 155. vitriol vert, 254 C- fuu'. procidci pour cointnir le vitriol en eau-mcre, 255 irfuii'. pour en tirer un efprit volatil lulfureux, acide , i^r,. en quel ctatell le ter dans le vitriol, 257, 258. diftcrens effets que produi- fent fur I'eau le vitriol calcine par Ic foleil & le vitriol pulverifc, 258. fou- fre fixe Sc anodin du vitriol , arcane He magillere de vitriol , teinture de vi- triol, huile de vitriol. 258. huile de vitriol verft^ dans du falpetre calci- ne &: liauetie ; ce qui en refulte , 262 , 263. prccipite du vitriol fondu dans I'eau, 2uS. efprit de vitriol melc avec I'huilc de tartre, i-?-? , vitriol pris in- terieurement , fon aftion , melange du vitriol avec la teinture de galle, 5p. eifets d'une eau-niere de vitriol dans dcs hcmorrhagies internes & externes, les ulceres des poumons , des reins , de la veflie, 558. Vomifsment de membrane, p:ig. ^fo. vo- mifTement llercorcux dans la patiion iliaque, ^^i&juiv obfervation de ce vomilTement & de 1 etat des inteftins pendant ce vomifTement, faite fur des chats Si des chiens, 575, J74. Vut , fes diffcrens accidens, pag. 46 &• fuiv- vue des oifeaux , 47. tous les yeux ne voient pas les mcmes objets de me- me grandeur , ibid, vue louche , fO. dans quels cas on voic les objets dou- bles , & dans quels cas on les voit fim- pl«s. Jij 55 0- fuiv. 89, y6. vue courts , f4 C-/!j:V. rarcment diflinfte, J4. vues courtes & yues foibles, /c, confufts, f4 &- Jhii/. bont'.c vue, Oj! vue longue ou foible, 66 Kj-Juif. vue dimiiuie avec ragc,67. ell ^rdinairc- ment foible apres I'opcration le |a ci- taradle, 74, ^5. latitude de la VLc go IC. vue parfaite, -9, 80. vue rtndue plus dillinile par une inflammation aux yeux, 8c, 81. moyens fort(impl;s de faire voir un objct multiplie plu- lieurs fois , 89, ici. explication de cette apparence, 90 L'fuiv. confc'quen- ces qu'on en peut tirer fur la forme dcs p.uties de I'ocil , 94. moyen de faire rcuflir cette experience, ou de I'em- pecher de rtulllr pour routes fortes de vues , ibid, vues qui napper^oivent pas le rouge, 112. Y T^ 1 Eux ( inflammation aux ) & fon effct /ingulier , pjg. 80 , 81. moyens de con- noitre la difpolition & de mefurer la force des yeux, lozO" fuiv. ycax d'e- crevifTe , ce que c'ell, 458. veux d'un homme mortd"un coup d'epce dans li poitrine, fuivi d'un emphvfeme, $66, veux d'un aveugle dilTcques , 568 , '569. Yqueiaya , plante du Brefil , pag. 291 , 292. Z jt' INC, Operation fur le zinc, re- flexion fur fa nature , p.:g. 2?S. Zone des taches folaires felon Galilee , pag. 2. FIN du trolficmc J^oliimc dc la Panic Frangoife. I H f#"«t fi 1^ lumieie eft petite. dan' t.i figure au lieu de la lenre B qui re'ponid I'hrerralU enrre la 17 6" J J i8e%. metcei unB.. iig. 6 V. Pi. ] , lifef. PI. XXVII. lig. 4> le fel , lif:i le jet. /ij. 4 , en ragiil'ant , lifex. en r.igitanc. lig. dermere , al^c , life\^ Tilee. /i^. II en remontam , 18, /fj^j 48. lig* i + , fans J /i/e^ fous. lig. ii , obfervans, life^ abforbans. tig. 8 enr,Tnomant , <.i,lifex_ j 1. /ij. 8 , une d'arfent , life\ une plaque d'argent. lig. 16 , la prendioit , iife^ la pcrdroit. 191, lig- I J , defigne, lifii demn<;. 107 , ;i>. 1 1 en remontant, ou , life^ au. ,01 , ii?- .1 , V. i la fin du vol. lifei PI. XXVII, Fig. II. lig. S en remontant . Fig. V , life^ Fig. IX. lig. 1 1 , Fig. HI , lifex. Fig. VII. lig. 9 en remontant , tuyaux, life[ tuyaux CC, lig. 19, cellus , ii/et cancellus, lig. 14 , patties, iije\ crties. /fg. 6,P1 VIl,/i/f?Pl. VIII. lig.zi , Fig. lifetYig.l. lig. 2 , furfacE , lifii force. lig. i4,prennent, life^ prelTent. _ lig. J4, oppofition , ii/e^ appofitioo. ligne I o , vivement , lifei aifement. lig. n en remontant, U Seyrcnie , /i/et la Peyronie. tig. 9 en remontant, I'ceil-de-bouc , lijei le •t ■ J lig. S en remonriint , la pierre a 1 ccil-de-bouc , Ufei i la bafe de I'ail-de-bouc. 59. 7", lei! 116 14J l£0 j8o 103 ao7 il<5 145 »S4 3il . 3J5 . 341 > J4S. 347' 3S8. 3«i > 3S! . J7I. 373 • 374' 5-9 • ;» s , tig. 4(5, la Fig. Ill , ajcutei Pi. XII, 387, lig. 21, peCtiminlus /lyi^ peflunculuj. i9i , ; 6 en remontant , PI. XII , li/c^ PI. XIII. 407, I. 9, pofcelle , life[ ifofcele. 408 , /. 1 0 J aprc's Fig. V , effacex H"*^- 409 , !. Z7 , animaux, lif. anneaux. 414, /. penultieme , plus chaud , lif, plus froid« 44! . ' •— -"— -^ Bid. 449 ibid. , I. premiere , efface^ C. /. 20, Fig. I, /./.Fig. IV. lig. 15, Fig. II, lif. Fig. XI. J. ., , » ,j,. ., , ..J. . ,^. .... I. 4^ , du lycopodium , lif. comme celle da lycopodium. 4!j, ;. 1 , C , tif CC. ibid, I. 10, globes, /i/ lobes. 4n , i S3, figure , /;/ figue , 1. 44 . figure, tif. figue. 458, ^9 en remontant , FF, ij/ FF. 460, /. 10, aux angles, lif aux cinq angles. A6i ,1' 10, portion, lif. vapeur. 468 , I. 7 en remontant , fumach , lif. futnac. 469, /. 10 , paliare, /i/. palivre. ibid, t. 14, poutquoi celui-ci, quoiqu'ii ait, life^ parce que , quoique celui-ci ait. 475 . I. II, Fig XVI, Ji/.Pl.XVI. 481 , I. iz , apres /e mot p^dicule , ajoute^ elie n'3 qu'un peu plus d'un pouce de laigeur. ibid. I. 6 en remontant , feuiiles, tif. fleuis. 490- /. zs, al'eau, tif a Fait. 492, ;, 5 en remontant, leut figure, I. la figure; 49 i , t. 17 J graine, tif faine. 499, /. 7, figures, lif. figues. 507,;. 6 , apres Royal , ajoutei PI. XXV. J08 , ;. 8, Floane, lif. Sloane. 1 1 3 , /, I o en remontant , Poitu , lif. Poitou. 514, 1, J en remontant , cc c lif CCC. 5j!, / 19. en qualite, lif en quantite. 537, ;. J, firople de., tif. fimple des glandes de. 5 39 , /. 5 en remontant , couleur, lif liqueur. 5<8, I. 7, ttes-duSible , lif. itreduSible. A CIS r,u'il eut echappS queiijues autre! fames , comme etles ne porteront pie fur la partie typo- grapkique ,'appellies ccquilles, ellesferomfadtes dfuppUer dtous Leileurs. APPROBATION. J'-^lI lu, par ordre de Monfeigneur le Vice-Chancelier , le troifieme Volume de la Colledion Acadcmique de la Partie Frangoife, faifanc le Volume dixieme de I'ouvrage. Ce Volume renfermant des obfervaiions fur routes les parties de la Pliyfique, & ces obfervations etant tirees des Memoires de I'Academie des Sciences , il y a lieu de penfer que ce Volume fera audi recherche des Savans que les pteccdens I'ont ete. A Paris ce 18 Aout 1758. GUETTARD. Le Trivlkgi general fe troure a la fin du premier & du troijiemt Volumt de la Partie Etran^rs-.- ~ 1 rcte ''''' ^ ''''•"art.FrafU'Jbm..UI.Pl ID. frat>« p.^f p . Sitno-ine^vi Ir Fttf . /^ I C o/leciioiv Ocac/e/ni/^itc ^,irhc /riuii;ourc To/n . III. Fl.TfT tty. ^!7- c.T.c TC 'fj^u i^y^ i^^"^- Collection, acaciemvaue partie /ra/icxnsc Tarn . Ill . Pi . T^. F^.6 T I Fu;.i8 Fif.J^. Ft^. ao. ^\0 Fu/. X . fa/Icchon Ucac/('nu(^uc ^. 71^ -i- its. -J:!^ •_"-*- I ■J CoUeciion CUxu/erm<^uc par/ie frajicoiseTom III . P/ XII . <^ U I II 1 ivr N Q7/lec/u>n^c.aJerm.fue Parlie J^aiuoure^ Jhm. 77/ . PLJJK '"o^'L ' iimncMd. Ml ^SaU- ZuAijpAi/ L-^ri tivrco-fy'e Ji,7Ua/u/n fu>/ri^/n ■ '^^L.^il' ColL-c/ion UcuJAnujiu- ^„iHu- /nin.:oi.n' 'Jont . HT . PlXir. Fu,. . £, Fu/.S. i Collec/io7i Clca^miaiie vcuhe fraiicoise luni. fll . J'l .\l . ^ ^ k ^ ^i i" i 72 J^ 14. m h ( 'mmui ^''^i^*^^^ ^^'^^'^^'^ff^"' /•■"■A^ frangcn^e Tom . Ill Fl.XFI. Co/leciian ,^^^^>^fu^ /yartie /ra/ujoi.n- Torn . TTT P/ XTTL Hv^.^i../ ■il . Cc>//ei-/um y/caJ^nii,^ue pa/-A,' ^jFr.tn.v/.pe'.'t) 'Znh <'/7rs>\ >5^/ ^ J 7JI/. F,.;. /. V , H*^ r- '/.tf- ^ '4:0 * Collecti "^^ ^ini'^" '/'"'/""■''"■ /^'-'''s'-'^-'-'' Toni.jn p/xm CoUccium Clcad'enu.^u.- /^.jr/ic franf^yurc Tom . 13 l/.XIX. E \ 1|\ I CoHeciion acaarfye /r. yayu^vre Tom. M. PI J(XV 0 11 1 -y^ ■ *- ! si-"- /,■■.• Ti>//i III 1*1 TV/ / ii;!!t /;./ y ^;^>.1* I »J ^'■^'M ^.-*~V '^ Fu,^''^'-^^ V. 4- . is* Y. j)\ 1) . >' Fi !•/■ Hfpf Ta^ -V I O D 5M Ci>UecAj>n ^^caJtyru^ fhrt franc '/em.3 /VXl'l^i. \