COLLECTION ACADfiMIQUE. ■mytpwi. TOME QUATRI1SME, PARTIE FRAN^OISE. JL>ff> COLLECTION AC A D EMI QUE, COMPOSfiE Dcs M^moires, A&es ou Journaux des plus celebres Academies & Societes Litteraircs, des Extraits dcs meillcurs OuvragesPeriodiques, desTraites particuliers & des Pieces Fugitives les plus rares , CONCERNANT L'HISTOIRE NATURELLEET LA BOTANIQUE, LA PHYSIQUE EXPERIMENTALE ET LA CHYMIE, LA MEDECINE ET L'ANATOMIE; Ica res acceniunt lumlna rebus. Ll/C RET. ±SiZi& Tome QUATRIEME dela Parcie Franc,oife. -5tt5^ttt: i A PARIS, Cher. PANCKOUCKE, Libraire, rue des Poitevins , Hotel deThou, Quartier S.iint Andre des Arts. M. DCC. LXX. AT EC APPROBATION ET PRIVILEGE DU ROI. M V A MESSIEURS BE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES D E PARIS. M ESSIEURS En vous prefentant la fuite de la Partie Francoife de la Collection Academique, commencee il y a douze ans par feu M. Berryat , je ne fais que vous rendre votre bien : le fonds en eft tout a vous , & ce fonds eft excellent en lui-meme. Toute l'Europe fcavante reconnoit la fuperiorite de votre Recueil fur les autres Recueils de meme genre; & fi je me fuis charge de- lui donner une nouvelle forme, ce n'eft point que j'cufle la ridicule prefomption d'y ajouter quelque merite reel ; je mc a ij £PITRE DfiDICATOIRE. fuis propofe feulement d'etendre la fphere de fon utilite en le repandant davantage , & en facilirant la circulation des treTors que vous y verfez tous les jours. Vos Memoires , Messieurs , font le plus beau monument que les hommes ayent jamais confacre a la verite ; mais fa grandeur meme fi glorieufe pour Vous, fi honorable a votre fiede , fi utile a l'avancement de la fcience en general , devient un inconvenient pour un grand nombre de Gens de Lettres. II n'appartient pas a -tous de manicr un tel infbrument , ni de fe l'approprier. La'pliipart determines par leur gout , ou par d'autres, raifons non moins decifives , a s'attachcr a un objet particulier , fe trouvent dans la facheufe neceflite ou de fe charger d'une multitude de volumes etrangers a leur but , ou de renoncer,. a- des fecours qifils chercheroient vainement •11 ailleurs, J'ai done cru que je ferois une chofe avantageufe aux Lettres, & qui par cela meme vous feroit agreable , Messieurs , fi , fans alterer le fonds de votrc ineilimable Recueil , je pouvois en alleger lamafle, & le rendre, pourainfi dire , plus maniable & d'un usage plus commode , foit en divifant les maticres , foit en les abregeant. Que ce projet d'abreger vos Ouvrages, Messieurs, nc vous revoke point contre mon travail : je fcais mieux que pcrfonne que la plupart des Memoires de l'Academie des Sciences , & fur tout des plus modernes , etant confideres en eux-memes , font fi pleins , fi ferres, fi bien conftruits, que Ton ne peut en rien retrancher fans alterer ces rapports delicats qui en conflituent l'unite , & qui ne fe trouvent que dans les Ouvrages dictes par le goiit , ou infpires par le genie. Mais fi Ton confidere ces rnernes Memoires comme faifant partie d'un grand tout , on avouera que beaucoup d'e'clair- ciflemens qui etoient peut-etre neceffaires , il y a #un demi- fiecle, pour l'intelligence de chaque memoire en particulier, doivent difparoitre aujourd'hui dans 1'ordonnance generale , comme des cadres devenus inutilcs , plus qu'inutiles , puifqu'ils romproient rharmorrie de l'enfemble , fans rien ajouter a £PITRE DEDICATOIRE. iij rinflruflion. Et il ell vraifemblable que i\ 1'un de Vous, Messieurs , eut compofc Jui feul tons les Memoircs contends dans 1'iin de vos volumes , il auroit prevenu pour ce volume les abbreviations dont il s'agit ici , en fupprimant la pliipart des introductions & des generalkes que le progres de l'efprit humain rend tous les jours moins neceffaires , en mettant a la place de cela un pen de ce fil qui lie ordinairement toutes les produclions forties d'unc feule tdce , enfin en eclairant les difrecentes pieces les unes par les aucres , & par Tart de leur diftribution. Je n'entreprends done aujourd'hui que ce que chacun de Vous, Messieurs, feroic s'il etoit dans le cas, & feroit beaucoup mieux que moi , puifqu'outre les avantages qu'il auroit du cote des talens &: des connoiilanccs , il feroit encore anime , rempli de l'efprit de l'Academie , de cet efprit vraiment philofophique qui doit influer fur la diftribution de Vos Memoircs , comme il prefide a leur compofirion. Mais ce feroit un malheur pour les Sciences , que vous fortiffiez des routes de l'invention ou vous marchez a grands pas , pour revenir fur vos anciennes decouvertes & leur donner une nou- velle forme. Ce travail indifpenfable,mais ingrat, ne doit point enlever de vrais Scavans a des travaux d'un ordre fuperieur ; il convient beaucoup mieux, ce me fcmble, a un fimple Ama- teur, qui, par fa pofition , peut-ttre meme par fes talens, n'a pas d'autres moyens de contribuer a Pavanccment des Sciences. J'efpere done , Messieurs, que vous ne defaprouverez point la liberce que j'ai prife de faire quelques changemens foic dans l'ordre , foit dans la forme de vos Memoires ; je n'y ai touche qu'avec le refpecl qu'on doit aux chofes faintes; li j'y ai fait quelques additions , elles one ece puifees la plupart dans vos autres Ouvrages ; ii j'ai fait des retranchemens , ce n'cll que de ce qui m'a paru furabonder. Le fiiperilu eft une efpece de luxe infcparable des grandes richefles ; & il ne doit point etrc ici regarde' comme un defaut, mais feulemenc comme un inconvenient attache a tout grand Livre qui ell l'ouvrage de plufieuis. a z iv EPITREDEDICATOIRE. Je crois pouvoir mettre au rang de ces fuperfluites tine parciedes ecrits occafionnes par des difputes fcavantes, qui , pcut-e'tre , etoient neceffaires pour faire eclorre , ou pour perfedtionner certaines decouvertes; mais dont il ne doit relief que ces decouvertes memes , & la trace des pas qu'on a faits pour y parvenir. Tous les Philofophes aiment la verite en general; mais il eft difficile de ne pas avoir un pen plus de zele pour les verites particulieres qu'on a appercues le premier; & il n'imporre pas toujours a la gloire d'un Auteur , ni a l'inftaiclion des hommes de tranfmettre a la poiterite tout ce que la chaleur de ce zele , quoique pur, lui a fait dire ou ecrire dans le cours d'une longue difpute. II s'ell trouve parmi Vous , Messieurs , d'autres Philofophes qui , ayant ete hommes une feule fois , c'eft-a-dire , s'etant trompes , ont eu la bonne-foi de reconnoitre & le courage dc publier leiir erreur , & fouvcnt une erreur dont eux feuls etoient capables de s'appercevoir. Des faits de cette nature mettent dans tout fon jour la grande influence de la morale fur les progres de la phyfique; mais Ton fcait affez, & vous le prouvez , Messieurs, a. tout 1'univers , que la ou il y ale plus de connoiffances reelles , il y a auffi plus de. vraievertu. Ainfi fans infifter fur les exemples particuliers de ce genre , routes les fois qu'un Memoire de vos Predeceffcurs fe trouve reclifie par un memoire fubfequent , je me fuis fait une loi de fupprimer de Fun & de l'autre tout ce qui refute 1'erreur , ou qui la juftifie , & de n'employer que ce qui repand du jour fur la verite , ou fur les chemins qui y conduifent. Vous fcavez , Messifurs, qu'il eft certains faits, ou plutot certaines fuites de faits , qui ne peuvent etre prefente's d'une maniere lumineufe , qu'en les rcdigeant en forme^ de Table ou toutes les circonftances analogues font rapprochees , ou les comparaifons fe trouvent toutes faites , & d'ou les refultats fortent d'eux-memes, & fautent, pour ainfi dire, aux yeux du Ledeur- Je ne ponvois gueres manquer ce genre d'abbreviation , penible a la verite , pour le redacleur, mais qui d'ailleurs quadre parfaitemenr a mes vues , puifqu'en EPITREDfiDICATOIRE. v diminuant le nombre des paroles , il ajoute a la clarte. La neccflite d'abregcr m'a paru tcllement indifpen fable , que je me fliis fait la violence de retrancher les extraits bril- lans & fages de votre Hiflorien toutes les fois que j'ai cru devoir conferver en entier les-Memcires auxquels ces extraits avoient rapport ; mais dans ce cas j'ai infe're dans le cours du Memoire les viies que I'Hiftorien philofophe ajoute quelque- fois de ion fonds a l'cxpofe des decouvertes d'autrui : & dans le cas au contraire ou fes extraits me paroifTent renfermer completement tout le fonds d'un Memoire, je retranche ce Memoire , & je conferve l'extrait auquel j'ajoute feulementa leur place tous les details omis. J'ai ofe faire moi-meme l'extrait de quelques Pieces , & m'expofer par cette efpece d'imprudence a des comparaifons qui , je le fcais , ne peuvent etre a mon avantage : mais je n'ai point hefite de facrifier tout interet d'amour-propre a 1'utilitc publique , fcul but de mon travail. Les pieces que j'ai cru devoir donner ainfi par extraits, font celles dont les Auteurs, quelquefois etrangers, femblent s'ctre plus occupes des chofes que des mots , & fur tout celles qui renferment des hypothefes que le temps & vos experiences, Messieurs , n'ont point confirmees. Mais com me en general les hypothefes font ce qui appartient le moins a l'Academie qui n'en adopte aucune, j'ai lieu de croire que le parti que j'ai pris de les abreger, ou raeme de les retrancher quelquefois , ne lui deplaira point , fur-tout fi je n'ai omis aucun flit , aucune vue utile , f; dans mes operations j'ai ete guide par un tact heureux & fur ; en un mot, Messieurs, fi j'ai feu bien entrer dans votre efpriti J'ai die que pour rendre votre Recueil plus maniable, & d'un ufige plus facile, outre les abbreviations dont je viens de Vous rendre compte , je m'etois encore propofe de feparcr les imtieres. Dans cette vue IaifTant a d'autres le foin de fembler dans un corps toutes Its Mathematiques purest & meme la partie des Sciences I-'hyfiques ou la Geometric & Je ealcul dominent , je me borne ici, comme a fait M. Berry.-.: pour les deux premiers volumes , a. !a feule Phyfique generate vj EPITRE DEDICATOIRE. & particuliere fous laquelle je comprends la Phyfique experi- mentale & la Chymie, la Medecine & 1'Anatomie, la Bota- nique & l'Hiitoire naturelle , les obfervations des Phenomenes de l'atmofphere & de ceux de l'Afironomie phyfique. Je rap- procherai , autant qu'il me fera poffible , les Memoires de meme genre ; & fi je n'etois pas gene par le plan qua fuivi mon Predecedeur , j'en formerois plufieurs fuites indepen- dantes, qui pouvant fe detacher ou fe reunir au gre des Gens de Lettres , fe repandroient plus facilement, & repandroient avec elles le gout des Sciences utiles , & d'admirables modeles dans 1'art de les cultiver. II feroit fuperflu d'infifter fur les avantages de ces divifions multipliees auxquelles je renonce a regret: jamais les eaux de POcean ne font plus utiles que lorfqu'ayant ete elevees dans l'atmofphere par l'adion du Soleil & des vents , elles retom- bent enfuite fur les montagncs , d'ou fe precipitant par diffe- , rens canaux , elles abreuvent les terres arides , &. portent par-tout la fertilite & la vie. Voila, Messieurs, l'idee que je me fuis faite de mon travail ; c'efl: maintenant a Vous a juger. Les materiaux que i'ai employes font de Vous , & font excellens : mon but , qui eft l'utilite des Gens de Lettres , ne pent etre blame; mais I'execution fera-t-elle digne du fujet ? rcpondra-t-elle ames intentions ? c'efl: ce dont je n'ofe me flatter. Mon ambition fe borne a obtenir vos confeils fur ce qui refle a faire plutot que votre approbation pour ce qui e(l deja fait : le feul interet que vous prendrez a l'Ouvrage , animera mon zele , etendra mes vues , excitera mes efforts ; je croirai fans ce(Te travailler fous vos yeux ; vos regards me tiendront en haleine , m'eleve- ront au-deffus de moi-meme , ils me vaudront la confiance du Public , & le fucces de l'entreprife vous fera du a toutes fortes de titres. Je fuis , avec refpecl: , MESSIEURS, Votre tres-humble & obeidlint Serviteur, GUENEAU DE MflNT BEILt ARD. f) a $ x^x ft,^* Mi ***$ x« ft t==*r=*:^=*=-J^-^ri=*=(* TABLE DES CHAPITRES. PHYSIQUE U U R Us Effets du Tonnerre obferves a Nevers , par M. le Chevalier .de Louville, page i Sur Us refractions , 2 Sur I'ejfel du fyphon dans U vide , 4 Star /a cA#/« 8 Addition au Memoire precedent ( 1 7 z 1 ) 7 5 Experiences fur Us effets de la Poudre a canon , 74 C H I M I E ... ^>UR l' Agaric, 75 Surlesfuilles&lesfieurstendresduPecher, _ 7* Sur /a fermentation des acides entr'eux & des alkalis entr'eux , Sur la fermentation de I'eau avec I'efprit de foufre , 78 Sur un enduit impenetrable a I'eau , »> ^em .Jar la formation du Salpetre , ibidem Jar /(i volaiibfation des fels fixes des planus , ^ 79 Sur differentes matures propres a faire un phofphare avec Valun , S $ 1 7 1 5. Reflexions phyfiques fur un nouveau phofphore , ibidem Extrait d'un Memoire Jur Vhuile d'ajpic, 9* Sur L'huile de Petrol, 94 Addition ou neuveaux details fur le Petrol ( tires de 1736 , p. 56 ) ^ 9? ,, , /; Sar /a diflolution de differensfets dans I'eau commune , irc , ie & ? Addi- '/'°- " ■" 107 lions, .... Jar la compofuion dufel Ammoniac , ibidem Sur fori gine du Nitre, , J J .5 7 '' Sur le changement des fels acides en fels alkalh , volaiils , unneux , 139 Sur la volatilifation des fels fixes , J 4^ , 7 , 8. Sur les rapports des differentes fubftances en Chimie , par M. Geofttoy , 1 49 Addition au Memoire precedent , ( tiree de I'annee 1 7 10, ) * > 6 Epreuves de I'eau- de vie & de Vefprit de-vin , > 74 Sur /a volatilile des fels urineux , 1 7* .Sar an TO0y«rc de fe preferver des vapeurs nuifibles , &C. J 79 5a/- /« Concombre fauvage & /'Elacetium , » 8 ' £«/• /« Chacril , *** HISTOIRE TABLE DES CHAPITRES. IX HISTOIRE NATUREJLLE ^u R la Torpille , 185 1714. Sur i.n vcr aquutique , 191 Sur un rat d' Amtnquc , 194 Sur la Laque, ibidem Sur It Kermis , 20$ Sur quelques coquillages petrifies , 207 Sur un Cluen parlant , ibidem I7I5« Sur le Liivrt ou Chat marin , ididem Sur les mines de Turquoijes , teur matiere & les moyins de les c»lorer , zo8 Sur la matiere qui colore les perles & lur la formation des icailles dcpoijjon ,224 ijlC. Sur la formation & I'accroijjement des coquilles , 2 j 2 Sur I'origine des Pierres , 1 j 7 Sur la Hmne marine & la formation des Perles, 241 1717. Sur un fetus de couleuvre , 250 Sur une pretendue vegetation d'une come de hoeuf, ibid. Sur Us Pierres de Florence , 251 Sur une efpece d'aimant de Ceylan , 251 Sur un ceuf monflrueux , ibidem Sur le Sperma ceti , 255 Sur un Lizard a deux queues, ibidem Sur les Animaux microjeopiques , 254 Sur les paillettes d'or qui Je trouvtnt dans quelques rivieres du Royeume , &c. 155 Sur les paillettes d'or de I'Ariege , , 267 Sur une Mine de fir du pays de Foix , 270 Sur Us caufes des impreffigns des plantes marquees fur cerlaines pierres de S aint-Chaumont , 272 Sur Us Sangliers d' ' Afrique , 11-1 *' - Sur le Cam apro lupo vulpes, 278 Sur un poiflnn vivipare, ibidem Sur des crapaux trouves dans le tronc cTun gros arbre , 270 Hijloire des Guepcs , ikdum Sur Us petrifications de plantes & d 'animaux en angers, Irouvees en France, Sur des ojfemens trouves dans une rocke, , ^ Suite des obfervationsfur le placenta & les membranes du foetus {dries de 1 7 1 5 ,) 419 Sur le Chorion & le Placenta , (tire de 17 16 , ) 411 Sur la force qui poujfe le fang dans le foetus , (tire de I 7 1 S , ) 413 Sur un agneau monflrueux , 414 Sur la fnuation & la conformation de pluficurs vife'erts , 415 De quelques-unes des fonclions de la bouche , 4jo Second Mimoire fur le mime fujci , 4 3 4 1 7 1 (J Sur un enfant Jans articulation , 440 Sur un foetus monflrueux , ibidem Dtfcription d'un fcerus diff'orme , 441 Sur un enfant monflrueux , 444 5ar u/z aa/re enfant monflrueux , 445 Jar un autre enfant monflrueux , 447 Sur une nouvelle valvule de la veine-cave in/irieure qui peut avoir rapport a la circulation dufang dans le fectus , 451 EclaircifJ'emens fur le Memoirc pricedent , avec quelques remarques fur un jyf- ' '' lime de iW.Wieuffens , & fur un ecrit de Af.Rohault, (tire dt 1725 , ) 45 5 Sur la circulation du fang dans le foetus, (tire dt 1739 , ) 462 Sur un fectus qui n'avoit qttun ceil , 46$ xij TABLE DES CHAPITRES. 1 7 1 8. Sur la manure dont une filltfn f langue s'acquitte des fonclions qui dependent dc cet organe , 47° Sur les Injections anatomiques , 474 Sur un poumon d'une conformation ftnguliere, 475 Sur le poumon de I'homme, 47s Sur la circulation du fang, 455 Sur la manure dont I'air agh fur lefangdans les poumons , [tire de 1718,) 490 7 7 1 9 , Sur la digejlion , 4 9 l Sur le mime fujet , f Sur les glandes de I'eflomac , ibidem Sur les mufcles de Vomoplate , _ <( ibidem De I 'action des mufcles en general & de plufteurs en particulier [tire de 1710 ) 499 Sur quelques mouvemens extraordinaires des omoplates & des bras, & fur une nouve vdle efpece de mufcles ( tire ^1715) 5 °4 Sur les mouvemens ordinaires de I'epaule , fur l' action des mufcles auteurs dt ces mouvemens , & fur I'ufage particulier de quelques-uns des memts mujcles , du grand dorfal , de ceux du has ventre tire de J716 , 509 Sur la mecamque des cartilages femilunaires , 5 1 1 Sur une conformation Jlnguliere , 5 1 5 OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES. Pour l'annee 171 3. 52^ Pour l'annee 1714. 5*8 Pour l'annee 1715 > 5Z9 Pour l'annee 1716, 53 l Pour l'annee 17171 53^ Pour l'annee 171 8, 5"36 COLLECTION COLLECTION ACADEMIQUE, PARTIE FRANgOISE, Con TEN A NT I Ex trait de I'HiJlolre des Me'moires de f Academic Royale des Sciences de Paris. P HY S I Q U E. Sur les effcts da Tonncrrc , obferves a Ncvcrs , Par M. k Chevalier se Louville. ( Hijioire pag. 7. ) N aibre du pare du c'lateau de Nevers avoit ete frappe au fom- Acad. Royale met du tronc , d'un coup qui s'etoit en quelque forte fepare en bes Sciences d* trois , & avoit fait fur le bois de ce tronc trois fillons d'inegale PA»1S- groffeur, comme li Ton cut tire du ham de l'aibre vers la racine trois coups de fufil a balles. L'arbre avoit etc depouille de fon ecorce, d'un cote, depuis environ la moitie jufqu'en bas : il ctoic tortu , & les trois coups avoient exademenf, fuivi fes finuofites , g'ilTant toujours entre le bois & 1'ccorce , tant dans la partie fr.perieure du tronc qui fefta re- vctue de l'ccotce, que dans la partie infiirieure, qui en fut deppailleed'uh cote. Tome IV, Partie Frangoiji, A Annce 171 4. i COLLECTION Le bois n'etoit aucunement noirci , 6c n'avoit aucune marque de brulure. Acad. Royaie \[ v aVoit fous line cheminee un fagot couche fur !es cheners, fans feu. Le es ciences de tonnerre tomba par la cheminee , & brifa le fagot en cent mille morceaux , fans Physique, y mettrele feu, ni meme le noircir. On fait que les effets du tonnerre ne font Annex 17 14 P'1S rouiours acrompagnes de bruiure : il tue quelquefois les animaux , feule- ment en tombant proche d'eux , ce qu'on attribue a la vapeur du foufre qui les fuffoque. Sur les Refractions m (Hijf.p. 61.) \_10MME les refractions s'etendent depuis l'horizon jufqu'au zenith, & qu'elles vont en decroifTant deptiis la refraction horizontal, qui eft la plus grande de toutes, jufqu'a la verticale qui eft nulle, il faudroit avoir par observations routes les retractions de degre en degre , & meme, pour plus dVxactitude, de dix minutes en dix minutes. La maniere de trouver par obfervation la refraction qui c^nvient a un degre quelconque, eft d'obferver la hauteur apparente d'un a-tre , du foleil , par exemple, & d'avoir exactement l'heure 011 fe fait 1'obfervation. On trouve enfuite geometriquement Sc par calcul quelle doit etre i'a hauteur verit.ible du foleil a cette heure-la; le corn me la hauteur apparente obfervee a ete trouvee pltis grande , la difference des deux eft la refraction qui appartient au degre oik eft le foleil par rapport a l'horizon , c'eft-A-dire, la quantite dont il paroit a ce degre-la plus eleve qu'il ne l'eft reellement. Alin que la difference de la hauteur veritable & de l'apparente foit plus fen- fible , & par confequent la quantite de la refraction plus exscte , il eft bon d'ob- ferver le foleil a une petite hauteur. Mais , par la meme raifon , il eft pref- que importable d'avoir par obfervation, avec exactitude, les refractions des grandes hauteurs j &; de plus ce feroit un ttavail prefqu'infini de les chercher ainfi toutes. Feu M. Caflini s'appliqua done a trouver une metnode par le moyen de la- quelle on put determiner toutes les refractions , quand on en auroit quelques- unes d'obfervees. On fuppofe d'abord qu'un rayen , apres s'etre rompu a 1 'en- tree de la matiere refractive, quelle qu'elle foit, /ienne a Fceil en ligne droite. II eft vifible que tout fe reduit a calculer de? angles : i! y en a deux dont la connoilfance eft abfolument neceffaire ; celui c"incidence & celui de refraction. L'angle d'incidence eft celui que le rayon , trrive a un point de la furface de la matiere refractive , fait avec une perpendiculaire tiree par ce point a cette furface : &: en fuppofant , comrae il eft na.urel , que la matiere refractive foit coiicentrique a la terre fenfiblemenr fphenque , cette perpendiculaire eft tiree du centre de la terre au point d'incidence du rayon. L'angle de refraction eft celui que le rayon, en fe rompanrou en changeant de direction', fait avec la meme perpendiculaire; & comrae il s'en approche en fe rompant, l'angle de refraction eft toujours moindre que celui d'incidence , ck leur difference eft un troifieme angle qu'on peut appeller fimplement refraction. Son fommet eft le point d'incidence du rayon , & il eft compris entre le rayon incident & le rompu prolonge vers l'objet, par lequel feul l'objet eft vu. Tout ce que l'ob- ACADEMIQUE. j fervation immediate peut dormer , c'eft cette refraction : elle ne donne ni L'an- !— — ^a gle d'incidence , ni celui de refraction. Acad. Royjui II y a un principe en cette matiere; c'eft qu'a quelque point de la furface dis Scunces de refractive que les rayons rombent, le finus de Tangle d'incidence a toujours le Paris. mc-me rapport au linus de Tangle de refraction. De-li il fuit que fi on a ces Phvsiqui. deux angles, Sc par confequent leur finus pour un point quelconque , Sc Tun Annt'c 1714. oil Tautre des deux angles pour un autre point, on a le quatrieme angle , & pat confequent la refraction de ce point li , puifqu'elle n'eft que la difference des angles d'incidence & de refraction : ce qui donne le moyen de trouver la refraction de tons les points de la furface refractive. Mais il faut comraencer par avoir Tangle d'incidence Sc Tangle de refraction d'un point , & Tun on Tautre de ces deux angles pour un autre poinr. Le calcul de ces angles qui ns peut fe faire que par trigonometric , demande necelTairement la connoilfance de la grandeur de quelques-uns des cotes des triangles oil ils eritreDt,; & parmi ces cotes, les deux principaux font , Tun le demi-diametre de la terre qui eft connu, &i Tautre la perpendiculaire tiree du centre de la terre jufqu'a la furface exterieure de la matiere refractive. Cette perpendiculaire eft le demi-diametre de la terre , plus la hauteur de la matiere refractive au-deifus de la terre : or cette hauteur eft inconnue , S: il faut la decouvrir. M. Caflini fe fert pour cela de deux refractions obfervees , dor.t Tune qui eft l'horizontale , eft de trente-deux minutes to fecondes , Sc Tautre qui ap- partient au dixieme degre d'elevation fur Thorizon, eftde 5 minutes iS fecon- des. II chercheen tatonnant , ou ileftime a- peu-pres, quelle doit etre la hauteur de la matiere refractive qui donne ces deux refractions : 6\: com me il trouve que cette hauteur etant fuppofee de deux mille toifes , les deux refractions viennent jufte, il en conclut que la hauteur de la matiere refractive eft en effet de deux mille toifes; apres quoi on peut calculer les angles d'incidence Sc de refraction pour tous les degres , be par confequent les refractions qui leur con- viennent. Cette hauteur de deux mille toifes qui n'eft pas d'une lieue , eft beaucoup flus petite que celle de fix lieues Sc demie que donnent a l'atmofphere ceux qui ui donnent le moins , comme Mellicurs Caliini & Maraldi ; car il y en a d'au- tres qui vont a dix-huit 011 vingt. L'atmofphere ne feroit done refractive que dans une perite partie de fon etendue , Sc dans fes couches les plus balTes , ou , fi Ton veut, la matiate refractive fetoit dirferente de l'atmofphere. Mais Thypothefe d'oii Ton tire cette hauteur de deux mille toifes eft que le rayon rorapu vienne a Tceil en ligne droite, & Thypothefe peut bun 11 etre pas yraie. II eft poflible que la matiere refractive foit uniforme Sc homogene ; mais il y a plus d'appatencc qua fa denfite eft inegale , &: augmente toujours en ap- prochant de la terre; Sc alors le rayon rompu decrit une courbe , Sc la ligne par laquelle nous voyons l'aftre , eft une tangente de cette coiube : mais quelle elt-elle? On ne le peut trouver qu'en faifant une hypothefe fur la variation inconnue de la denfite de la matiere refractive. M. Caliini fait Thypothefe la plus (imple qu'U foit pollible; c'eft que la denfite croitle toujours egalement a chaque couche infiniment peu cpaiife de la matiere, e'eft-a-dire , comme les nombres Aij I COLLECTION i , i, 3 , 2cc. De-li il fuit que le rayon rompu fe detourne toujours egale- ment; & comme i chaque pas infiniment petit qu'il fait , il eft le cote de la i^ScimcisDi combe quj fe deci.it, cette courbe eft toute compofee de cotes qui fe detour- l>ARIS. nent egalenient, ou qui font des angles de contingence egaux , 8c par confc- Physique. quent tile eft circulate, puifque le cercle feul a cette unirormitede courbure. Annce 1 7 1 4. En prenant done pour un arc de cercle la courbe decrite par le rayon rompu , 8c h refraction horizontal ctant toujours de 3 1 minutes 20 fecondes , M.Caf- fihi trouve la hauteur de la matiere refractive pres de trois fois 8c demie plus grande que quand le rayon etoit fuppofe s'eiendre en ligne droite: il enfeigne a calculer fur le pied de cette hauteur les refractions qui doivent appartenir a chaqued-grcd'clevationde. l'aftre fur l'horizon. Onuouve, par exemple pour 10 degres, 5 minutes 2.4 fecondes, a 4 fecondes pies de la refraction ob- fervc-e pour cette meme hauteur : ce qui prouve que l'hypothefe ciiculaire s'eloigne pen du vrai. M. Caffmi trouve en effet que les calculs fondes fur cette hypothefe repondent affez jufte aux obfetvations , 8c beaucoup mieux que ceux de l'hypothefe rectiligne : mais en meme rems il ne diffimule pas que fes calculs font quelquefois dementis. 11 arrive, fur-tout en hiver , que les refractions obfervees vers l'horizon font plus grandes que celles de fa table j alfez fouvent enfuite elles deviennent plus petites; apresquoi, a deplus gran- des hauteurs, elles fe remettent d'accord avec la table. La caufe de ces irre- gularis ne paroit pas fortcachee. Le pen de mouvement que les vapeurs grof- iieres ont en hiver, principalement le matin 8c le foir, les tient moins elevees an-deffus de la terre , 8c rafiemblees dans un efpace beaucoup moindre que celui ou un plus grand mouvement les auroit repandues. La pattie de cet ef- pace qu'elle n'occupent point, eft plus nette , & par- la moins refractive qu'elle n'em etc dans une autre faifon. Le ham de la matiere refractive eft plus egal en tout tems. II faudroitdonc differentes tables de refractions pour les differentes faifons, & meme pour les differentes temperatures de l'air d'un meme climat , comme nous avons dit ailleurs qu'il en faudroit pour les difterens climats. M. Caflini travaille a raffembler aifez d'obfervations pour etabhr quelque forte de regie. Quel travail & quelle opiniatrete de travail pour furmonter l'erreur continuelle 011 la nature nous met fur le lieu veritable des afttes ! Sur I'cffct du Syphon dans le vide. (Hift. pag. S4.) U n tuyau recombe ou fyphon etant mis dans un vaiffeau plein d'eau , par une de fes branches que j'appelle la premiere, & l'autre par confequent la feconde, il eft clair que la predion de l'air exterieur fur l'eau du vaiffeau ne don point la faire monter dans la premiere branche, parce que l'air contenu dans cette branche prefTe l'eau qui lui repond , & s'oppofe a fon elevation avec une force egale a celle de l'air exterieur. L'air contenu dans la feconde branche a aufli la meme action, & s'oppofe de meme a l'clevation de l'eau : mais fi Ton vient a fucer par le bout de la feconde branche , on attire a foi l'air de toutes les deux , on en diminue la quantite ; 8c l'air exterieur qui pefe fur l'eau du vaif- feau , devenant le plus fort, fait monter l'eau dans la premiere branche, d'ou die paffe dans la feconde. ACAD&MIQUE. 5 Pour favoir ce qui arriver.i fi Ton celfe de fucer, il faut determiner la Ion- JSSSSSSSS gueur de la kconde branche par rapport a celle de la premiere. L'air exterieur Acad. Royali qui tend a reiuter dans la feconde branche, & de la dans la premiere, a dis Sciences de dans cette tendance ou action tome la force du poids de I'atmofphere moins P ■**'«• celle de la colonne contenue dans la feconde branclie & qui agit contre lui ; de I'h*siqoe. 1'autre cote, lair exterieur qui fait monter 1'eau dans la premiere branche, a Anncc 1714. aufli route la force du poids de I'.irmofphere moins celle de la colonne d'eau contenue dans la premiere branche, Sc dont 1 elevation cpuife une partie de fa force : Si done la foice de l'air exterieur eft egalement affoiblie des deux cotes, e'eft-a-dire, ii les deux colonnes d'eau ou les deux branches du fvphon font de meme longueur, il y aura equilibre, & des qu'on aura celTc de fucer, l'eau ceflera de monter dans la premiere branche, &: de fortir par la feconde : a plus forte raifon ret erret anivera-t-il , ii la feconde branche eft la plus courte ; & an contraire l'eau continuera de fortir par la feconde branche ii elle eft la plus longue, comme elle left ordinairement dans lesfyphons qui nefontdef- tines qn'a cet ufage. . La pefanteur de l'air eft done inconteftablement la caufe de 1'efFet des Cv~ phons. Aulii les fyphons mis en mouvement dans l'air libre , rendent-ils l'eau plus lentement dans la machine pneumatique, a mefure qu'on en pompe l'air, & enfin ils s'arrc-tent tout-a-fait, quand lair eft pompe autant qu'il pent I'etre. Si on les remet a l'air libre, ils ne recommencuit point de coulei , a moins qu'on ne les fuce de nouveau : il eft evident que cela doit etre ainfi, puifqu'ils font dans le meme cas que s'ils n'avoient jamais coule. Cependant M. Homberga obferveque des fyphons d'un tres- petit diametre, comme d'un tiers de ligne, apres s'etre arretes dans le vide, ont recommence decouler d'enxmemes , desqu'ils onteteremis a l'air libre. Quand ils y ont ete , d'abord ils ne rendoient l'eau que gouttc i gourte &c par imervalles d'environ deux fecondes, au lieu que les fyphons d'un plus grand diametre la rendoient par tikis continus, de meme diametre que le ca- libre de la feconde branche. Cette difference vient de ce que les fyphons fort menus font pleins d'eau des que leur furface interieure eft mouillee : chaque goutte d'eau qui mouille un point de cette furface fe joint a la goutte d'eau qui fe trouve vis-a vis d'elle, & s'y joint par line certaine vifcofite que les phyli- ciens reconnoiffent dans l'eau. A l'air libre , quand ces fyphons font une fois mouillespar l'eau qui y a paffe, il faut, pour continuer leur mouvement, que la pefanteur de l'ait furmonte non-feulemenr le poids de l'eau qu'clle a a cle- ver , mais encore la vifcofite ; ce qui ne fe fait que par une certaine quantite d'eau amallce, & par confequent avec un peu de temps. De-la vient que ces fyphons ne coulent que goutte a goutte & par reprifes : le poids des gouttes fuperieures preffe les inferieures , & conttibue a les faire tomber. Lorfqu'cn met ces fyphons dans le vide, non feulement la pefanteur de l'air exterieur agit de moins en moins, & eiihn n'agit plus, mais encore l'air contenu dans lean n'etant plus prelTe par l'air exterieur , s'etend , fe degage , & forme de grolTes bulles qui interrompent la fuite des gouttes d'eau dont les deux bran- ches ctoient mouillees & remplies ; celles qui fe trouvent a I'extrCmite de la feconde branche ne font plus affez pefantes ni alTez preflees par les autres pour tomber. Si Ton remet les fyphons a l'air libre, l'air interieur qui setoit 6 COLLECTION etendu, reprend fon premier volume, les gouttes d'eau qu'il netient plus fe- Acad Roy ale parces retombent , les fuperieures fur les inferieures , & le fyphort recommence »is Sciences m a coder, mais roujours goutte a goutte & toujours plus lemement: il ne cefTe Paul point que fa feconde branche ne foit feche, du moins jufqu'a tin certain point. Physique. {[ fuit de Ce qui vient d'etre dit , que fi l'eau contenue dans un fyphon tres- Annec 1714. menu n'avoit point d'air dans fes interfaces , ce fyphon continueroit de couler dans le vide tant qu'il feroit mouillc ; &c c'eft audi ce que M. Homberg a eprouve avec de l'eau purgee d'air , foit parce qu'on l'avoit fait bien bouillir , foit parce qu'on l'avoit mife dans la machine pneumatique. II eft aife de prevoir que fi pour l'expcrience des fyphons capillaires on emploie des liqueurs qui contiennent ou plus d'air, ou de l'air qui fe degage plus facilement, telles que font les liqueurs fermentees, les fyphons s'arrcte- ront plutot dans le vide. De mime tout le refte etant egal , ils doivent s'ar- reter plutot en hivet qu'en ete ; car en hiver l'air eft plus difpofe a fe degager , puifque dans les liqueurs qui fe font gelees, il eft tout feme par grofTes bulks. On jugera aufli par cette experience que les liqueurs grafies, comme l'huile ou le laic", contiennent moins d'air ou de l'air plus engage ^ car avec ces liqueurs les fyphons ne s'arretent point dans le vide en quelque terns que ce foit. Sur la chute des corps dans l'air , Par M. de la Hire. (Memoircs, pag. 333. ) J ai voulu repeter les experiences que j'avois faites autrefois avec M Mariotte fur la chute des corps dans l'air, & par lefquelles il avoir cherche a determiner les effetsde la refiftance de l'air pendant les quatre premieres fecondes de terns de la chute. Void comment je m'y fuis pris. J'ai fufpendu contre un mur un pendule fimple fait d'une balle de plomb de neuf li^nes & demie de diametre , & dont la longueur du ill , qui etoit fort de-lie depuis le point de fufpenfion jufqu'au centre d'ofcillation de la baile, etoit de trente-fix pouccs huit lignes & demie : on fait que ce pendule fait fes vibrations en line feconde , & fes demi-vibrations en une demi-feconde. De plus j'ai plante contre le meme mur , un fil de fer bien poli , & j'ai fait pafler par-defTus ce fil de fer un fil tres-delic qui foutenoit line aurre balle de plomb que j'appelle F, de meme groffeur que la balle du pendule que je nomine P; le tout difpofe de maniere que Ton pouvoit elever la balle F , en drain fon fil , & la laifler retomber verticalement , en lachant le fil. Le pendule etoit eloigne du mur de trois pouces , & j'avois place le fil de fer, par-defTus lequel pafToit le fil de la balle F, fi pres du pendule, que le pendule etant en repos, & la balle F y etant aufli, ils commencoient a fe tou- cher j afin que lorfque j'aurois pris entre mes doigts &z la balle P du pendule & le fil de la balle F, & que je viendrois a les lather en meme terns , ils puflent fe rencontrer , fi la hauteur d'ou la balle F tomboit qui etoit de trois pieds fix pouces, cofivenoit au terns marque par le pendule, qui etoit une demi-feconde. Cette experience que j'ai.iepetee plufieurs fois, m'a loujourj acad£mique. / tres-bien reufli; car la balle F rencontroit toujours la balle P du pendule, Sc mmmmmm^m~m en rompoit le fil , quoiqu'elle ne fit que l'effleurer. Acad. Royaie Maiscomme la balle Fne tomboit que de trois pieds &demi, &que M.Ma- DES Sciincis d* riotte avoir trouvc qu'une balle de hx lignes de re, en tombant dans r>ARIS- l'air, pjrcouroit 14 pieds dans la premiere feconde de terns, j'ai voulu faire HYs'-Qw«- tomber ma balle de la hauteur de quatorze pieds , en me fervant toujours du A110" I7I4< pendule a feconde, & lui faire rencontrer la balle 1' de ce pendule a la fin de fa vibration entiere. Cependant j'aipenfe que cette balle P va fort lentement danscetendioit , Sc qu'elle pourroit Cere rencontrce par la balle Fun peuplutot ou un pcu plus tard qu'elle ne devroit par rapport a la hauteur de la balle F : e'eft pourquoi j'ai iuge a propos de faire le pendule a double feconde, Sc d'en faire rencontrer la balle dans le milieu de fa vibration , qui eft l'endroit oil elle va le plus vite, Sc ou elle doit marquer la feconde enriere. J'ai done fait l'ex- perience comme dans le cas precedent; Sc ayant ecartc la balle P de ce pen- dule de 20 pouces de fon point de repos,oii elle touchoit la balle f quand elle etoit au III en repos, puis ayant cleve la balle F de 14 pieds par le moytn de fon til , je les ai laifle aller cnfemble , Sc dans plulieurs repetitions de cette experience, j'ai toujours remarque que les deux balles fe choquoient en fe ren- contrant : car la balle du pendule etoit toujours rejettee par l'autre un peu en arriere ou a cote ; ce qu'on pouvoit aufli connoitre par 1'impreflion qu'eiles fai- foient I'une contre l'autre. II faut prendre garde dans ces experiences que le fil de fer fur lequel pafle le filet de la balle F, doit etre poli , & que ce filet foit place prefque a l'ex- tiemite du fil de fer , afin qu'il s'en degage aufli-iot qu'on le lache, Sc qu'il ne retarde pas le mouvement de la balle F en coulant & frottant fur ce fil'de fer. J'ai aufli obferve que dans le terns de ces experiences, le barometre etoit a la hauteur de 27 pouces 9 lignes dans l'endroit 011 je les faifois ; car s'il y avoit une difference considerable de hauteur d'air , & par confequent de con- denfation , il pourroit s'en trouver audi entre les obfeivations. Puifque cette experience de la chute de la balle de plomb de 14 pieds de hauteur dans Fair s'accorde avec celle que j'avois faite autrefois avec M. Ma- riotte, je puis aufli fuppofer que celles que nous fimes alors pour differentes haut.urs , Sc qu'il rapporre , approchent autant qu'il eft poflible de la verite. Quant aux differentes grofleurs des balles, comme de fix a neuf lignes , elles n'appoitentaucune varietc dans ces obfervations : nous I'eprouvames alors pour des hauteurs teiles que nous les avions; Sc meme il me fernble que j'ai encore entre les rnains la balle dont nous nous fervimes, & qu'elle a beaucoup plus de fix lignes de diametre. Or, connoiflant que le chemin de la balle en tombant d-ins i'air pendant la premiere feconde, eft de quatorze pieds, Sc fuppofant que pendant cetts meme premiere feconde elle auroit parcouru dans le vide f de pied de plus que dans i'air ; fuppofant de plus que la perte du chemin de la balle tombanr dans I'air feroit de S fois f de pied ou 5 { pieds, pendant la deuxieme feconde de terns de 27 fois deux tiers, ou dix-huit pieds, per.Jant la troilieme, de u °1S j ou 41 pieds f pendant la quatrieme, Sc ainli de fuite en raifon des cubes des tems ; voici ce qui refulteroit de ce fait & de ces fuppofitLns. Smvant la regie de Galilee; fi la balle dans le vide eft tombee de 14 pieds 8 COLLECTION _ f de hauteur pendant la premiere feconde, elle doit tomber pendant les deux premieres de quatre fois cette hauteur qui l'era s 8 f pieds , pendant les trois pre- ACAD. R.OYALE r . .. j1 , cc-*- ' • J j e J 1 • sCI£HCES UE mieres lecondes de neut rois quatorze pieds on i 3 1 pieds, 8c dans les quatre pARls. premieres fecondes de 254-^ pieds. Physique. Si done Ton ote les pertes trouvees ci-deifus , de chacun de ces efpaces , it Annec 1714. reftera , la perte etant deduite, pour la premiere feconde de terns, 14 pieds; pour les deux premieres fecondes, 5 3 j pieds ; pour les trois premieres fecon- des ,114 pieds , 8c entin pour les quatre premieres ,191 pieds. Nos obfervarions , comme M. Mariotte les a fait imprimer , donnent 14 pieds pour la premiere feconde , 54 pieds pour les deux premieres , 117 pour les trois premieres, 8c 200 pour les quatre premieres. II y a fi peu de diffe- rence entre ces nombres & ceux que je viens de trouver , qu'on pent les re- garder comme veritables, d'autant plusqu'il n'etoit pas poflible, dans nos an- ciennes obfervarions , de favoir le terns de la chute de la balle a quelques tierces pres , ic qu'a la fin de la troifieine feconde la balle parcourt par fa vi - teire acquife un pied 8c pres d'un tiers par chaque tierce de terns ; fur le pied de 264 pieds, double de 1 52 pour trois fecondes. Sur le pajfagc de I 'air & de Ye.au a travers certains corps , Par M. i) e Reaumur.) Memoires , pag. 56. ) J_iA plupart des phyficiens croient que les parties de fair font plus gtoflieres que celles de l'eau , &: ils prerendent le prouver en difant que l'eau paffe a travers le papier, & cjtie l'air n'y paffe point. Cependant tout ce qu'on pern dire en conlequence d'une epreuve journaliere & commune , e'eft que le papier ne donne point paffage a un courant d'air fenfible au toucher : mais quand il feroit conflate que le papier ne peut etre penetre par aucune des parties de l'air, il ne s'enfuivroit pas encore que celles de l'eau fufTenr plus renues; car l'eau en humectant le papier, peut s'ouvrir des routes ou aggrandir celles qui eroient ouvertes : cela eft tres-vraifemblable , puifque le papier mouille eft plus long que le papier fee. J'ai mefure des bandes de papier qui n'avoient qu'onze lignes etant feches , 8c elles en avoient plus de treize etant mouillees. L'eau les avoit done allongees de pres d'unfixieme, en ecartant leurs parties: on ne croira pas que ce papier eut perdu en cpaifTeur ce qu'il avoit gagne en longueur. J'ai tente une experience affez decifive, ce me femble , pour reconnoitre fi le papier dortne pafTage a l'air ; elle eft fondee fur un fair bien connu en phy- fique. On fait que la caufe qui foutient le vif argent dans les tuyaux des baro- metres , n'efl autre que la pefanteur de l'air exterieur. Le tuyau qui contienc le mercure, etant bouche hermetiquement par une de fes extremitcs, la co- lonne d'air qui y repond, porte fur cette extremite fermee du tuyau, & non fur le mercure renferme au-dedans. Pour favoir done fi un tuyau eft bouche hermetiquement, ou du moins s'il eft bouche de facon que l'air n'y puiffe ert- trer, il ne s'agit que de remplir en partie ce tuyau de mercure ou d'une liqueur quelconque , acad£mique. ? quclconque , & de le renverfer enfuite dans un vafe plein de la mcrne liqueur. i>\ la liqueur du tuyau fe met de niveau avec celle du vafe , il eft evident que Acad. Rovalc Tail- entre dans le tuyau : fi au contraire la liqueur fe tient dans le tuyau a des Sciences de one hauteur notable au-deflus de la furface de la liqueur du vafe , e'eft une Paris. preuve que lair ne ttouve point de paiTage pour s'insinuer dans le tuyau. ■:'-'E' D'.iprcs ce piincipe , pour decouvrir fi l'air pafle a travels le papier, je me Annce '7«4* fervisd'abord d'un tuyau de verre de }S polices ue longueur tk de cinq lignes de diametre, dont les deux bouts etoient ouvetts : j'en couvris l'un avec un petit cercle de papier , je collai les botds du papier amour du bout du tuyau avec un melange de cire & de poix-refine,dont j'enduilis tout le tour de ce bout du tuyau fur la longueur d'environ un pouce & dewii , pour are fur que l'air ne put fi; gliifer p.u-dellous le papier. J'etois fur aulli que l'air ne palloit point a ttavers ma compofition de cire & de poix-rt'fme, ayant epiouve que quand le tuyau eioit bouche avec cette competition , le mercure s'y foutenoit ; & les experiences que je rappoiterai , feront adez voir que l'air ne pouvoit s'infinuer entre cette matiere & le papier. Apres avoir pris toutes ces precautions pour que l'air n'euc d'acces dans le tuyau qua travers le papier, je fis entrer dans ce tuyau afTlz de mercure pour occuper fa capacite fur une longueur de 1 5 a 16 polices, je le renvetfai i la maniere ordinaire : le mercure defcendit lubite- nient jufqu'd ce qu'il kit a la hauteur ou il dcvoit demeurer etant poulfe pat l'air ratefie qui etoit telle dans le tuyau : mais il ne rtfta pas long-terns a cette hauteur ; il commence bientot a defcendre , & ne s'arreta que lorfqu'il fut a-peu pres de niveau avecle mercure qui etoit dans le vafe. J'ai repete cette experience plus de vingt rois & avec differens papiers tantot, minces ■, tantot epais , 6c meme avec le papier le plus fort , connu des graveurs fous le nom de papier du nom de Jefus : fair s'elt toujours iniinue dans le tuyau , mais moms vite pour l'ordinaire a travers les papiers epais qua travers les papiers fins. 11 fuit done de ces experiences que l'air prefle par une force moindre que celle du poids de i'atmofphere , peut uaverfier les difierens papiers dont nous nousfervons, &meme, quelque petite que foit la predion; puifque l'air entre jufqu'a ce que le mercure foit de niveau. 11 eft a remarquer feulement que plus la quantitc de mercure eft diminuee dans le tuyau , plus ce qui en refte defcend lentement , ou ce qui eft la memechofe, qu'il entre a chaqne inftant moins d'air dans le tuyau , a mefure que la predion devient plus foible : cette predion ctant produite par l'exces de la force de l'air exterieur fur celle de l'air interieut , elle diminue a mefure que la malfe d'air augmente dans le tuyau, & que le mercure bailfe. 11 fuit audi de ce rallentidement que l'air trouve de la refiftance a traverfer le papier, & qu'il furmonte cette refiftance plus ou moins vite, fuivant qu'il eft poude par une force plus ou moins grande. L'experience m'a encore appris que l'air qui palfe au travers du papier fee ne pade pas fcnfiblement au travers du papier mouille : pour peu que je mouil- lade le papier qui couvroit I'orifice du tuyau, le mercure s'arrctoit audi tot, & il ne recommencoit i defcendre que quand le papier commencoit a fe fe- cher. Cette experience qui n'etoit pas necefTaire pour rendre raifon de l'ufsge qu'ont les matelots de mouiller leurs voiles lorfqiuls veulem aller plus vite, fert Tome 1V> Panic Frangoifi. B DES 10 COLLECTION pourtant a faire voir que ies voiles mouil'^s doivent .-ureter l'air encore plruS Acad Royale qu'on ne l'imigine : mais voia une ailwe experience plus analog'-., i ce ait. Sciences cs Je bouchai le bout du tuyau avec une toile ferree, & tout autour icievai un Paris. petit rebord fait avec ma compoficion de cire & de po>x, ce qui rormoit une Physique. efpece de petit vafe oil je mettois de l'eau a la hauteur de quelques lignes. Annee 17 14. Tant qu'il y avoit de l'eau dans ce petit vafe, le mercure ne defcendoit point fenfiblemeut , & il defcendoit audi tot que l'eau etoit toute entree dans le tuyau ; ce qu'on recon uoiiToit an lirTlement qu'on entendoit faire a l'air avant meme que I'ceil put en juger : en remettant de l'eau dans ce petit vafe, on arretoit de nouveau le mouvement fenfible du mercure. Mais on rend le papier impenetrable a l'air, d'une maniere durable, en le frottant d'huile : le mercure fe foutient dans le tuyau lorfque l'oririce eft bouche avec un papier htiile. Avant bouche le tuyau avec du vieux parchemin, je trcuvai que l'air pafloic aflez iibrement au travers, & qu'il ceftbit d'y paller lorfque le parchemin etoic mouille. J'ai employe la vellie de cochon que Ton regarde comme afiez im- penetrable a l'air ; j'ai trouve qu'en eftet il eft rare que l'air la penetre, fur-tout lorfque la furface interieure de la vellie eft mife en dehors : j'ai pourtant vu divers cas oil l'air palfoit au travers, quoiqu'elle fiu mile dans ce fens; mais il en palToit li pen a la fois , que le mercure defcendoit avec une lenteur egale acelle d'une aiguille d'horloge, fur-tout lorfqu'il etoit en petite quantite dans le tuyau. J'en rapporterai un exemple. J'avois bouche I'orifke d'un tuyau de 10 polices de long avec de la velTie de cochon , j'avois mis enfuite du mercure dans ce tuyau, puis je l'avois renverfe : le mercure parut s'y foutenir; mais au bout de quatre a cinq heures , je trouvai le tuyau vide. Pour repcter cette ev~-'rience , je remis du mercure dans le tuyau, je le renverfai , & le mercure parut s'y foutenir a quatre pouces fept lignes ; mais au bout d'une heure je trouvai qu'il etoit defcendu de trois pouces quatre lignes; car il n'etoit plus qu'a un pouce trois lignes de hauteur : dans la feconde heme , le mercure 6eC- cendit encore de huit lignes , & fe trouva reduit a fept : dans la troifieme heure , il defcendit de quatre lignes, , de forte qu'il n'etoit plus qua trois lignes : enfin dans la quatrieme heure, il fut reduit de trois lignes a une Sc demie. II paroit par la lenteur avec laquelle fair entre dans les tuyaux a travers la vellie de cochon, que Ton pourroit faire des horloges a air comme on en fait a fable & a eau. A la verite ces horloges auroient plufieurs inconveniens aux- quels les autres font fujettes , & peut-ctre en auroient-elles encore de particuliers. Au relre, il m'eft arrive pludenrs fois, & meme le plus fouvent , de boucher 1'orifice du tuyau avec de la vefiie de cochon , de telle forre que l'air ne pouvoit s'y infinuer : cela me donna occalion de faire une' tentative pour decouvrir s'il y a des corps que l'eau traverfe, & que l'air ne puifle traverfer. On fait que l'eau paffe de dehors en dedans d'une vellie , quoiqu'elle ne puifle pafler de dedans en dehors : elle a des routes dans le premier fens , & n'en a pas dans le fecond. Je bouchai le bout d'un tuyau avec de la vellie dont je mis la furface exterieure en dehors : j'elevai autour de 1'orifice ainfi bouche, un rebord fait avec mon melange de cire & de poix ; ce qui formoit un petit vafe dont la vellie faifoit le fond : jemis du mercure dans ce tuyau, & je le renverfai : le mercure s'y foutint environ a dix-huic pouces , & s'y foutint avec ftabilite j A C A D E M I Q U E. 1 1 comme jc Ie vis en comparant ce tayau au barometre Sc au thermomctre. Etant — :2 done fur que I'air extcrieur n'avoit aucune communication avec le mercuredu Ac/.p. Royale tuy.ni , je remplis d'eau le petit vafe que j'avois forme au-deffus" l'eau s'infinua i>es Sciences de au travers de la vefiie, & au bout de quelques heures, il y eut onze lignes PaR'5- d'eau fur !e mercure. De-la il fuitque l'air & l'eau etant poufTes par une meme Physiqoi, force, l'eau peutdans cettaines circonftances paffer ou l'air ne palle point ; mais Anncc 1714. cela ne prouve aucunement que les parties de l'air foient plus grollkres que celles de l'eau; j'en conclurois piutot que les parties c!c l'eau etant plus maflives, s'ouvrent des palfages qui refiftoient a l'air, & meme des paffages ou i'air s'in- finne jvcc l'eau, comme le prouve l'obfervation fuivante. Apres avoir vu que l'eau etoit entree dans mon tuyau jufqu'a une cettaine hauteur, j'obfervai que le mercure etoit beaucoup plus defcendu qu'il n'euc fair en vettu de la feule introduction de l'eau , foit a caule de !a charge, fcit acaule du volume. II etoit aife de calculer allez exactement de combien ces caufes devoient faire deicendre le mercure, en fuivant la regie de M. Mariotte, qui eft connue & qu'il feroit inutile de rapporter ici. Je ne rapportetai pas lion plus les diftcrenres augmentations d'air que je trouvai dans mes tuyaux a mefure qu'il s'y etoit infinuc plus d'eau , car )i n'ai point trouve de progreflion reglee: rnais le refultatde mes experiences, e'eft qua mefure que la quantitc d'eau augmehtoir dans le tuyau , laquantitc d'air y augmentoit pour I'otdinaire aulli. Voici une experience qui doiinera quelque idee de cette augmentation. Aprcs avoir remplide mercure affez pur un tuyau de-fi pouces de longueur, & l'avoir renverfe a la maniere ordinaire, le mercure fe trouva a 27 pcuces & demi au deffus de la furface du mercure du vafe, & je reconnus qu'il fe foutenoit dans ce tuyau a la hauteur a-peu pres ou il devoir fe fourenir en le comparant a un barometre : j'etois done fur au moins qu'il n'y avoir pas une quantitc* d'air fenlible dans ce tuyau. L'orifice fuperieur etoit bou.he comme dans les experiences precedentes , avec de la vefiie de cochon , & entourc du rebord de cire Sc de poix done nous avons parle; ce qui formoir une efpece de vafe : on y rait de l'eau, & elle s'infinua au travers de la veffie, mais avec une extreme lenteur : en neuf jours il n'en enrra que 25 pouces dans le tuyau, & il me fut aife de voir qu'il y entroit audi de l'air ; car le mercure defcendoit rrop a proportion de la hauteur de l'eau. Lorfqu'il y eut 23 pouces d'eau, je bouchai avec mon doigt le bout du tuyau qoi etoit plonge dans le mercure, & le tenant toujours bouche , je renverfai le tuyau, mettant en bas la partie qui etoit auparavanr en haut : alors je vis monter vers mon doigt l'air qui etoit pro- che de la veflie ; il formoit un cylindre d'environ deux pouces de long. II me fut aife de calculer de combien cet air etoit dilate , parce que je favois la hauteur du mercuro dans le tuyau, & je trouvai que ces deux pouces fe leduifoient a environ huit lignes d'air aulli denfe que l'air exteiieur : il etoit done entre la valeur de huit lignes d'air avec i; pouces d'eau , & peut-ctre y en avoit il encore de raele avec l'eau. Ceci n'eft point contradi&oire a ce que j'ai dit plus haut , qu'en mouillant le papier qui bouchoir le tuyau , j'empechois l'air d'y enuer : car je me fuis explique alors en difant exprefTement que j'an mouvement fenlible du mercure , & il ne s'enfuivoit pas de la que i i' jint r.ifenliblement Sc d'une mani:re qui ne pouvoit etre appercue qu a ia laogiie. Bij A COLLECTION «— n—^— Quoique j'nie dit auffi que j'avois mis !a furface exterieure de la veffie en Acad. Royali dehors, j'ai fait des experiences cu j'ai mis en dehors la furface interieuie, des Sciences de pour voir fi l'eau preflee par le poids de I'atmofphere ou par un poids beaucoup Paris. rnoindre, n'y trouveroit point de pafiage : car de ce que l'eau ne palfe pas de Physique. dedans en dehors de la veffie lorfque Pair prefle egalement fes furfaces inte- Annec 17 14. rieure & exterieure, il ne s'enfuit pas qu'elle n'y puilfe palTer lorfque la furface exterieure fcra plus prelfeeque l'interieure ; auffiai-je reconnu que l'eau v paf- foit dans cette circonftance, lors meme qu'il reftoit peu de mercure dans !e tuyau. On voir par- la que les membranes peuvent dans certains cas donner paffage a l'eau, a l'air, ou a quelqu'autre fluide quine les penetre pas ordinaivement , & cela , fi , par quelque convulfion de ces membranes , il refte un efpace rempli d'air beaucoup plus rare que l'air exterieur. Si l'on ne remet pas de l'eau fur le bout du tuyau couvert de veffie , lorfque l'eau s'eft ou infinuee dans le tuyau , ou evaporee , la veffie fe feche, 8c le mer- cure cefTe de defcendre; ainfi l'air ne pafTe au travers de la veffie que quand il eft mele avec l'eau, ou dans le terns que l'eau tient des paflages ouverts. J'ai rempli de mercure l'efpece de petit vafe qui etoir au bout de mon tuyau; mais le mercure n'a pas penetre fenfiblement la veffie dans l'efpace de 14 ou 15 heures. Pour tirer des confluences plus frires de ces experiences , il feroit bon de les repeter &c de les varier en employant des liqueurs differences & des corps differens pour boucher le tuyau. Experiences fur des corps phages dans un tourbillon. Par M. S a u l m o n. ( Mem. pag. 3 8 1 . ) jE mouvement circulaire des fluides produit dans la nature des effets confi- derables, tels que font Iapefanreur& les revolurions periodiques desplanetes; voici quelques experiences que j'ai faites relativement a cet objet. J'ai fait conftruire un vafedecuivre cylindrique , droit, ham dequmze pou- ees, & dont la bafe a dix-huit pouces & demi de diametre en dedans. Je l'em- plis deau d'Arcueil jufqu'i la hauteur d'onze pouces & demi , & le laiffant immobile fur un plan horizontal, je fais tourner l'eau le plus vite qu'il m'eft poffible avec une csnne de noyer , epaifle de fix lignes ev. fon milieu, & de cinq au petit bout, des Cannes beaucoup plus grofles ou d'un bois plusleger, font des touibillons moins reguliers. La canne etant retiree, on voir un tour- billon qui s'eleve d'abord jufqu'aux bords du vafe, Sc qui diminuant enfuite peu a peu de hauteur, continue fort long-temps avec une forte de regularite, comme s'il eut ete produit par des machines dont le mouvement frit uniforme & regulier; car dans cecas, les corps qu'on mettroit nager fur la futrace du tourbillon acheveroient leurs revolutions autour de fon axe d'autant plus vite qu'ils feroient plus proches de cet axe : e'eft auffi ce qui arrive dans mon wurbillon. Si j'y mccs en meme tems deux corps egaux & femblables qui academique. U nagent fur fa furface , I'jn prcs des bords du vafe , & l'autre a une diftance — — — rhoyehne entte les bords & I'axe do tourbillon , le corps le plus proche de l'axe Acad Royju r fait a peu-prcs d;ux revolutions nutour, pendant que l'autre jn'en fait qu'une, nES scuhces de lorfque le tourbillon eft devenu regulier, & il commence i Tare quand il s'eft F*ms. abailfe d'environ un pouce Sc demi. Physique. Ce phenomene imporcant & conformc a la Gcomenie ne peur avoir lieu Annie 1714. dans un vafe qu'on fait tourner fur 1111 pivot , comrae faifoit M. Huvghens ; cat alors toutes les parties de l'eau Sc les corps plonges dedans achevent leut re- volution autour de l'axe i-peu-ptes dans le meme terns. D'ailleurs ce vafe de M. Huyghens etant fort etroir , fort court & Lrmc en haut par une giace, on n'y peut fake aucune experience ni a la furfr.ee de l'eau ni au milieu ; au contraire le vafe dont je me fers , etant haut , large & ouvert , penr.et de faire avec affezde precilion des experiences a la furface de l'eau , entre deux eaux, Sc au fond. Je vais rendre compte de ces trois ordres d'experiences , en com- mencant par celles que j'ai faites fur la furface de l'eau, dont je concois ainft* la caufe generale. La furface du tourbillon eft toujours un peu concave ; la pente qu'elle a des bords vers le milieu, devient continuellement plus deuce, & approche de plus en plus d'un plan horizontal. Quand un corps eft emporte circulairement fur cette furface , la pente qu'elle a , tend a le hire approcher de l'axe du tour- billon; au contraire, la force centrifuge que ce corps acquiert par fon mou- vement circulaire, tend a l'eloigner du meme axe; ce qui doit produire des phenomenes fort varies fuivant les differentes malles des corps. Des coques d'eeufs pofees fur la furface du tourbillon s'approchent fort vite de fon axe , Sc y perfeverer.t : li j'y infere quelques grains de plomb , elles s'en approchent encore , mais beaucoup plus lentemeht ; li les grains de plomb font en grand nombre , les coques s'eloignent de l'axe du tourbillon ; elles s'en cloignent plus vite , a mefure qu'elles font pics chargees , Sc vont heurter les bords du vafe. J'en ai qui s'approch'.nt de l'axe, iv rout plus de foixante re- volutions autour avant d'y amver : j'en ai au contraire qui seloignent de l'axe , & font audi plus de foixante revolutions autour avant de parvenir aux bords du vafe. Si des corps un pen gros nagent a fleur d'eau ; Sc font prcs de l'axe , ils s'en ecartent fort vite; a peine ont-ils fait trois ou quatre revolutions autour, qu'ils vont heurter rudement les bords du vafe. J'ai un globe creux de laiton de deux pouces dix lignes de diametre , Sc qui pefe une once, fept gros, douze grains. Si je le charge de cinq onces deux gros & demi , il s'eloigne tout d'un coup de l'axe ; is: a peine a-t il fait autour cinq ou fix revolutions , qu'il heutte les bords du vale : mais fi ce globe eft- vide, il fait plus de quatre vingt revolutions avant d'y artiver j j'en ai co: une fois quatre-vingt cii ;. Une boule de buis Si une d'erable, chacune de meme groftcur que ce globe, donnent un femblable phenomene : cellede buis, beaucoup plus pel-ante que l'autre, nage prefque a fleut d'eau , & touche les bords du vale apres avoir faw quatre ou cinq revolutions autour de l'axe; mais la boule d'erable, plus legere, hit plus de quarante revolutions avant d'arrivet a ces bords. La meme chofe arrive encore avec des balles de cire ; j'en ai mis de trois fortes fur la furface du toiubillon ; les unes ctoient des balles de cire , foit M COLLECTION —— ■■ blanche, foit jaune, fimple Sc fans aucun melange; les autres etoient cle cire Acad. Royalf melee d'un quart de terebenthine, 5c les troifiemes etoient des balles de cite ],Ei Sciences de diverfement chargees de gtains de plomb. Les balles melees d'un quarc de Paris. terebenthine, Sc les balles chargees de plomb, fe font ecattees fort vite de Physique. i\lxe Ju tourbillon , & out bientot heurte les bords dn vafe ; mais les balles Amice 1714. de cire fimple , 011 il n'y avoir aucun melange , ni aucun poids ajoute, font reftees fenliblement a la meme diftance de l'axe pendant prefque route la duree du tourbillon : mais quand (on mouvement a ete fort rallenti & prefque de- truit ces balles ont commence a s'ecarter aulli de l'axe , & s'en eloignant de plus en plus, ont enfin heurte les bords du vafe. Ce phenomene donne lieu de penfer que fi le rluide celefte qui emporte les planeres autour du foleil, venoir a perdre une partie confiderable de fon mouvement circulaire , les phneces commenceroient alors a s'ecarter du fuleil , & continueroient enfuite a s'en ecarterde plus en plus. J'ai reicere 1'experience des balles de cire; mais quit rid elles ont ccrrimence a s'eloigner de l'axe, j'ai pofe une plaque de verre horizontalement fur la fur- face de l'eau , de telle forte que les balles fuffenr entierement plongees dans l'eau , & aufli-tot elles fe font routes raffemblees en l'axe du tourbillon, en d fcrivant des fpirales , qui etoient plus fenfibles dans les balles melees d'un quart de terebenthine, a caufe que leurs frottemens contre la piaque etoient plus petits. Si quelqu'unede ces balles ell beaucoup plus grofle que les autres , elle lesdeplace de l'axe, & s'y rixant, elle toume fur elle-meme pendanr que les autres font emportees circulairement autour d'elle par le liquide environ- nant, a-peu-pres comme des fatellites font emportes autour d'une grande pla- nete par le rluide celefte. Ces experiences font voir que parmi les globes qui nrtgent fur la furface du tourbillon , les plus maflifs font ceux qui s'ecartent le plus vite de l'axe. J'ai vouludonnera un corps aulli maflif une figure qui le tic approcher de l'axe pen- dant que ces globes s'en eloigneroient : pour cela j'ai fait avec de la ore blanche , melee d'un quarr de terebenthine, un difque de quatre pouces de diametre Sc d'une ligne d'epaiffeur , Sc j'y ai infere deux grains de plomb pour le rendre encore plus maffif. Ce difque nage a fleur d eau comme la boule de buis : neanmoms, li on le pofe a plar fur la furtace du tourbillon , en quelque en- droir que ce foit de cette furface , il s'approche tout d'un coup de l'axe , & y arrive avant d'avoir fait autour de cet axe la moirie d'une revolution ; & il s'en approche ainli lors meme que le mouvement du tourbillon eft confidera- blement rallenti , Sc que fa furface paroit comme fi elle etoit plane Sc parallele a l'horizon. Je ne m'arreterai point a expliquer les caufes de ces phenomenes , & jepalTe aux experiences du fecond ordre, e'eft-a-dire, aux experiences faites entre deux eaux. Ces experiences ne font pas auffi aifees a executer que celles qui fe font a la furface du rourbillon : Ton peut bien avoir des corps qui foienr en equilibre avec l'eau quand elle eft en repos ; mais 1'experience ne m'en a fait connoitre aucun qui etant mis entts deux eaux dans ces tourbillons, y refte en equi- libre avec l'eau. L'une des caufes de cette difference eft la chute d'eau qui fe fait continuellement i la furface du tourbillon, des bords vers l'axe, & qui fait variet fans celTe la pefanteur des filets d'eau ou des colonnes perpendicu- A C A D E M I Q U E. 15 laires a ['horizon. Cependant, comme les experiences faites enrre deux eaux «— »^— feroient , de toutes celles qu'on peut faire dans- un touibillon, les plus utiles Acao. Rov;ie pour la dceouverte de la pefanteur. j'ai employe divers corps & divers poids dis Sciemcas de pour menager des biltes trcs-lentcs dans l'eau , afin d'obfervet quels font les I'^ris. corps qui s'approchent on qui s'eioignent de I'axe, & quelles font les figures Physiqob. les plus propres a produire chacun de ces effets. Tout corps qui defcend dans Annce i"'^.' l'eau eft plus pefant & par confequent plus m..llir qu'un pared volume d'eau : cependant rout corps qui defcend dans l'eau ne s'tloigne pas de l'axe; mais les uns s'en approchent tandis que d'auttes s'en eloignent : voici a quoi j'attri- bue cette difference. Un corps qui chmcele pendant fa chute dans un tourbillon , recoit en mime terns deux imprellions fort differences; l'une le fait tournoyer ou ba- lancer autour de fon propre centre, l'auti e le fait tourner circulairement autour de l'axe du tourbillon ; par confequent la force centrifuge qu'il acquiert pour s'eloigner de l'axe du tourbillon, eft moindre qu'elie ne levoit, fi toute 1,'im- ' n que ce corps recoit de l'e«iu etou employe" a le faire circuler autout de ce meme axe ; done la force centrifuge d'un pareil volume d'eau fera pius grande que celle de ce corps , & pourra le forcer a s'approcher de i'axe : or , les corps dont la figure eft la plus irreguliere , font ceux qui recoivent les imprel- fions les plus inegales , & qui , par confequent , doivent avoir plus de balan- cemens , & s'approcher plus de l'axe 5 & les moins maftlfs fenr ceux qui s'en approcheron: le plus feniiblemenr , toutes cliofes etant egales d'ailleurs : nous allons voir dans les experiences du fecond ordre les effets ue cette caufe ge- nerale. J'ai mis dans le tourbillon une lampe detain u'une figure fort irregu- liere ; elle eft en forme de conoide creux parabolique , un peu applati par en haut, fon axe eft de deux polices dix lignes, egal au diametre du cer- c!e de la bafe ; deux petits cetcles paralleles a (1 bafe forment fa pointe : du milieu de cette bafe seleve un tuyau creux, haur de treize lignes, large de neuf , ouyert par en haut : le conoide n'a aucune ouvtuure , li ce n'eft ati bee de la lampe, par ou l'eau y entrant, la fait balancer; ce bee eft creux, il a deux pouces de longueur fur huit lignes de largeur c\." autant de profondeur; la lampe pefe fept onces trois gros. Elle chancele conhdcrablement pendant fa chute dans l'eiu, & s'approche brufquement de l'axe : arrivee au rond du vafe, elle touche l'axe autour duquel elle tourne continuelleraent fans s'en eloigner , en failant de grands balancemens. J'ai Iaille tomber fuccellivement fix balles d'yvoire de diverfes grolfeurs , & dont les diametres qui font en progrellion geometrique , ont depuis un demi-pouce jufqu'a deux pouces Sc >icmi : leur chute etoit i\ rapide , que je n'ai pu m'allurer qu'elles fe foient cloignces de l'axe ; mass il eft certain qu'elles ne s'ea font pas appiochees. Une balle de cire d'Efpagne d'un demi-pouce de diametre ayant ete mife a uu pouce des bords du vafe quar.d le tourbillon etoit tort rapide, s'eft maniftfte- menc ecartee de l'axe pendant fa chute; cat elle a heurte les bords du v-le avant d'.uriver au fond : au contraire , la cire d'Efpagne concafiee & rcduite en parcelles de figures irregulieres , etant jetee dans un femblable tourbillon, s approche de l'axe des le commencement, & continue de s'en approcher pen- dant [i chute : un baton de cire d'Efpagne quelquefois s'ecane de l'axe pen- it COLLECTION dant fa chute, quelquefois s'en apptoche, felon la variete de fes bnlancemens Acad. Royals & f-'lon l'obliquite de la face qu'il prcfente au choc de 1'cau. J'ai pris de la des Sciences pe poix blanche ou de Bourgogne & de la poix noire , j'en ai fait des globes , des Pakzs. cylindres, des cones & diverfes amies figures que j'ai jetees dans le tourbil- Physio.de. Jon t ksc cous ces corps fe font approches fenliblemenr de l'axe pendant leur Annce i-i+. chute. La raeme chofe arrive a deux boules de buis qui font un pen plus pefantes que l'eau. L'une a deux pouces huit lignes de diamerre , & pefe nx onces trois gros ; l'autre a un pouce neuf lignes de diametre, & pefe une once neuf gros Sc demi. Si on les met dans le tourbiilon lots meme qu'il eft encore rapide , elles s'approchent toutes deux'ues fenliblement de l'axe pendant leur chute: j'atcribue cet erTet a deux caufes dans les boules de buis ; l'une eft la peine de la furface de l'eau , Sc l'autre eft I'megalite de pefanteur dans les parties d'une meme beule ; car dans tons les arbres , la partie expofee au nord eft toujours plus pefante que celle qui regarde le midi , & cette inegalite de pefanteur dans les boules y produit pendant leur chute des balancemens qui peuvent les faire appioehet de l'axe. J'ai verifie cette inegalite de pefanteur dans le hois fur un difque derable, de deux pouces de largeur fur trois pouces de hauteur; ecant pofc a plat fur la furface de l'eau , il n'y demeure point paraliele a l'ho- rizon , mais il s'mcline d'environ quarante-cinq degres. " J'ai voulu donner a d'auttes corps cette inegalite qui fe trouve naturelle- ment dans la fubftance du bois ; j'ai mis de la cite jaune &c du liege dans un globe creuS de laiton de deux pouces de diametre ; ce globe, ainli charge, eft plus leger que l'eau; mais un grain de menu plonib de furcroit le rend plus pefant qu'elle ; je le lailfe tomber en 1'air de trois ou quatre lignes de hauteur fur la furface du tourbiilon , il arrive fort pres du vafe fans parvenu a le tou- cher , & s'approche un peu de l'axe pendant fa chute , fans doute par les me- rries caufes que les deux boules de buis ; mais il s'en eloigne en remontant ; car je l'ai vu alors heurtet les bords du vafe etant encore entre deux eaux ; j'at- tribue ce fecond effet a la meme caufe qui eloigne de l'axe les balles de cire Ample quand elles nagent fur la furface du tourbiilon vers la tin du mouve- ment ; car les parties d'un corps dur etant en repos les unes a. l'egard des autres , ne perdent , fous ce point de vue, aucune partie de leut mouvement circulaire autour de l'axe du tourbiilon , ni par confequent de leur force cen- trifuge; au contraire, les parties d'un pared volume de l'eau du tourbiilon achevant leurs revolutions autour de l'axe, chacune en des terns inegaux , ont des mouvemens refpeclifs & des frottemens mutuels qui dctruifent une partie de leur mouvement circulaire autour de l'axe, Sc par confequent de leur force centrifuge; e'eft pourquoi les corps durs , tels que les balles decire, en confervent davantage. Le globe de laiton , dont il eft ici queftion , refte long- tems entre deux eaux, Sc y fait jufqu'a douze revolutions. Enfin , j'ai employe dans ces experiences du fecond ordre les racines bulbeufes, qui etant depouillees de leurs peaux , tombent fort lentement dans le tourbiilon, & s'approchent toutes de fon axe en lui prefentant leur tete , ce qui eft fur-tone fort fenfible dans les echalottes. Venons anx experiences du troifieme ordre, e'eft-i dire, a celles que j'ai fair.es au fond du Vi(e ; voici, felon moi , la caufe generate de leurs refultats. Tous A C A D £ M I Q U E. 17 Tous les corps, emporrcs circulairemenr au tonddu v.ife par 1c rourbillon, fu- — ■— mh billenr des frortemens, & parconfequent des balancemens , des tournoyemens autour d'eux-memes, qui diminucnt & leur mouvement circulaire autour de DES sciences l'axe du rourbillon , & leur force cenrrifuge a 1 eg.ud de cer axe : done un Paris. corps qui s'ecane de l'axe pendanr fa chiire, pourra s'en rapprocher quand il Physique. touchera lc tonddu vafe; & s'll s'en approche pendanr fa chiire, il s'en appro- Ar.ncc 1714. chera encore plus vice quand il rouchera le fond du vafe ; e'eft ce que {'expe- rience a continue. Tous les corps qui s'approclienr de l'axe pendanr leur chiire, s'en approchenr encore plus vite en rouchanr le fond du vafe : la balle de cire d'Efpagne d'un demi-poucc de diamerre s'ecarte de l'axe pendanr fa chiire , s'en approche en rouchanr le fond, &: s'y fixe vers la fin du mouvemenr : les • balles de cire , chargees de grains de plomb , & rendues un peu plus pefanres que l'eau , s'eloignenr auili de l'axe en rombanr , &c s'en approchenr en rou- chanr le fond. J'ai cherche quelles etoient les figures les plus propres a faire approcher ou eloigner de l'axe du rourbillon les corps qui rouchenc le fond du vafe. J'ai employe a ces experiences des cailloux de mer qu'on nomme galets : le vafe etant a demi plein d'eau , j'en ai mis fucceffivement plulieurs dans un rourbillon rapide, les pofanr doucemenr avec la main fur le fond du vafe, & faifanr un rourbillon nouveau pour chaque caillou , afin qu'ils ne fe fiifenrau- cun obftacle ; les uns fe fonr approches de l'axe , &c les aurres s'en four eloignes. Ceux qui s'en fonr eloignes, etoienr a peu-pres des cylindres, des cylindroi- des , des globes , des fpheroides allonges & bien arrondis , des pyramides done l'axe eft forr courr & la rere forr grolTe : ceux qui fe font approches de l'axe etoienr a-peu-pres des difques forr plats, des fpheroides applaris , des fphe- roides allonges , mais fort plats , des conoides applatis , des corps tallies a racettes fort inegales & fort obliques les unes a l'egard des aurres ; des pyra- mid's dont l'axe eft forr long par rapporr au diametre de leur bafe. J'en ai vu quelques uns arriver des bords du vafe a l'axe , avanr d'avoir fait autour la moitie d'une revolution. Us relTembloient a des conoides un peu longs , & ils etoienr revetus d'une ecorce blanchatre, apre & rude, qui fe trouve Alt tous les cailloux lorfqu'ils fonr dans leur marrice , cv que le frottement des vagues de la mer n'avoir pas encore ufce. Void d'autres corps oil i'arr a reuni les deux phenomenes eppoies des cailloux. Une balle dyvoire, d'un pouce & demi de diametre, crant pofce fur le fond du vafe a un demi-pouce de l'axe, s'eft ecartee jufqu'aux bords fans fe rapprocher de l'axe. J'ai enveloppe cerre balle avec de la cire jaune melee d'un. quart de terebenthine , .>nib de fix lignes de diametre , telle que font les balles de Physiqoi. rnoufquet ordinaires, cc qui pcfoit quatre gros quaue grains, etant mife au- AnncciTi^. pres de l'axe, s'en ecartoit fans jamais s'en rappcocner, & alloit lieurter les bards du vafe. Je l'ai convene de cire jaune melee dun quart de terebenthine , & j'ai fait du total un globe dontle diametre eft d'onze lignes , & lipoids decinq gros St demi dix-fept grains : j'ai mis ce globe dans un tourbiilon rapide a un pouce de l'axe , l'eau en repos etant encore a la hauteur de trois pouces huic lignes : il s'eft d'abord approche de l'axe fort vite, & s'y eft fixe tout d'un coup, y demeurant immobile : jel'ai retire ptefque aull;-tbt , & je l'ai mis a deux pouces environ de diftance de l'axe: il s'en eft cioigDe jufques vers le milieu du rayon de la bafe , puis s'eft rapproche de l'axe & s'y eft fixe. J'ai forme encoie un tourbiilon fort rapide, & j'ai mis ce globe environ a trois pouces de l'axe; il s'en eft eloigne fort vite , a heurte les bords du vafe; SC apres avoir un peu circule, il s'eft approche fort vite de l'axe, & s'y eft fixe brufquement, J'ai mis fucceflivement toutes les balles d'yvoire fur le fond du vafe a des diftances femblables de l'axe dans un tourbiilon rapide , & je n'ert ai jamais vu aucune s'approcher d'abord de l'axe, bien loin de s'y fixer ; elles fe font toutes eloignees auiii-t6t jufqu'aux bords du vafe , &c les plus petites feulement fe font un peu rapprochees de l'axe vers la fin du mouvement. J'ai reitete ces experiences dans un tourbiilon dont l'eau en repos avoit quatre pouces de hauteur; elles out reufli de meme. J'ai forme encore un tourbiilon rapide ; & voulant verifier la diverfite des mouvemens de plufieurs corps de meme matiere , mais de maftes fore difre— rentes, j'y ai jete en meme terns des balles deplomb de fix lignes de diametre, & des grains de plomb d'une ligne de diametre ; ( la mafte des balles eft ainfi. deux cens feize fois plus grande que celle des grains) toutes les balles de plomb fe font eloignees de l'axe jufqu'aux bords du vafe fans s'en rapprocher; & au contraire tous les grains de plomb fe font approches de l'axe fans jamais s'en eloigner. Je finirai par une experience dont on pourroit douter, fi elle n'etoit facile a reiterer, Sc qui femble contraire a celle-ci. J'ai mis des grains de plomb dans un globe creux de cuivre , de deux pou- ces de diametre : ce globe etoit alors un peu plus pefant que l'eau : en touchanc le fond du vafe, il s'eft alle fixer en l'axe. J'ai mis enfuite un furcroit de grains de plomb, & il s'eft encore approche' de l'axe du tourbiilon, mais plus vite qu'auparavant. J'y ai encore ajoute des grains de plomb, Sc il s'eft encore approche plus vite de l'axe: s'il eft trop charge, il demeure immobile a l'en- droit oii on le place. Mais pourquoi les balles s'eloignent-elles de l'axe, tandis que les grains de plomb beaucoup plus petits s'en approchent, & que le globe de cuivre, feize fois plus gros que la balle, s'en approche aufli , lors meme qu'il eft plus charge qu'il ne l'etoit d'abord? On voit affez que ces varietes de- pendent des balancemens & de la diminution du mouvement du tourbiilon , toujours plus grande aux endroits les plus proches de l'axe ; ce qu'il fuffic d'indiquer en general , fuppofant le tourbiilon en fa plus grande regularire , laqnelle a lieu lorfque les terns de la revolution periodique des parties du A C A D £ M I Q U E. 19 fluide amour de fon axe font entr'eux a peu pies comme les diftances de ces — * parties a 1'axe. Voici les refultats gcneraux des experiences que je viens de rap- Acad. Royali porter. bis S^iencis de i". Toutes chofes d'ailleurs ctant femblables, les corps qui s'approchent de Paris 1'axe du tourbillon , font moins maflifs que ceux qui s'en eloignent. Phti/ L „ „ c„„„„ fixoit , quel que rut le nombre de les revolutions , Sc re 1 at vue louvent s en nAKIS. ecarter eniaire de deux pouces , Sc quelquerois de trois. PHYsicjur. Seconde exDerience. J'ai vu arriver le contraire en me fetvant d'une bo lie Anuceiji.!. de cire jaune melee d'un quart de terebenthine, chargee de deux grains de plomb enfonces dans fa fuiface , Sc pofes de pan Sc d'autre aux extrcmites d'un meme diametre. Son poids total etoit vingt huit grains, Sc fon diametre fix lignes. Elle alloit fe fixer en l'axe a la douzieme revolution qu'elle faifoit au- tour de lui , quelquefois elle y arrivoit a la dixieme, Sc quelquefois a la on- zieme; mais je ne lui en ai jamais vu faire quatorze. Dans la premiere expe- rience, lagrofle balle etoit a la moitie de la bafe du vaifieau a la quatorzieme revolution ; dans la feconde experience , la petite baile avoit toujours parte cette moitie a la fin de fa feconde revolution : la grolTe ne touchoit le fond du vafe an commencement que par des foubre-fauts fort rares , en des inter- valles fort eloignes les uns des autres , Sc fort legere-ment, jufqu'a la leizieme revolution, a caufe qu'elle etoit d'abord emportee fort rapidement, Sc que Ion poids excedoit de peu celui d'un pareil volume d'eau ; ce qui fe manifefte par la lenteur de fa chare : enfuite fon mouvement dimmuant, elle touchoic plus frequemment le fond du vafe ; vers la fin elle le touuioit continuellemene Sc rouloit. On y voyoit alors des inegalites de mouvement autour de fon pro- pre centre, Sc des balancemens tres-fenfibles. Celt apparemment cette grande variete de mouvement qui fait avancer la balle vers l'axe pendant les fix der- nieres revolutions autant qu'elle avoit fait pendant les quatorze premieres. La cire jaune eft plus tenace que la blanche , la terebenthine l'eft encore plus que la cire jaune, & pefe plus que chacune en pareil volume : c'eft pourquoi la petite balle, qui d'ailleurs etoit fenfiblement plus pefante qu'un pareil volume d'eau , comme le prouve la vitelTe de fa chute , devoit trouver plus de refiftance contre le fond du vafe , Sc fubir pat confequent des tournoyemens en elle- nieine Sc des balancemens plus grands Sc plus nombreux que ne faifoit la pre- miere. C'eft apparemment la meme caufe qui retenoit la petite balle en l'axe , & l'y fixoit nonobftant Pacceleration qu'elle pouvoit avoir acquife pour s'appro- cher de lui , Sc qui tendoit a la potter au-dela. Au contraire, la grofte balle, plus tenace Sc d'ailleurs beaucoup plus legere dans l'eau , ne trouve pas appa- remment contre le fond du vafe une refiftance capable de la fixer en l'axe, Sc de contrebalancer l'acceleration acquife qui tend a la porter au-dela. Pour ve- rifier cette raifon, j'ai mis femblablement cette grofle balle dans un »ourbillon dont le mouvement etoit confiderablement rallenti ; elle eft arrivee en l'axe en un moindre nombre de revolutions, Sc s'y eft alors aflez fouvent fixee, ou en eft reftee fort pres. II fuit de la que fi cette balle etoit plus tenace ou plus chargee, elle arriveroit plutot en l'axe; ce qui eft confirme par l'experience fuivante. Troifieme experience. Une balle de cire jaune d'un pouce deux lignes de diametre, a-peu-pres comme la premiere, chargee de dix grains de plomb enfonces dans fa furface aux extremites d'un meme diametre , fix d'une part & quatre de l'autre , le poids total etant de cinq gros deux grains ; cette balle s'eft toujours fixee en l'axe a la quat,orzieme r? volution ou environ , lois meme A C A D E M I Q U E. n qu'elle etoit dans un tourbillon des plus rapides ; & fi Ton attcndoit qu'il fut revolution. Dli Sciences nq Quatrieme experience. Une balle de cire blanche de huit lignes de diametre I'aris. & du poids total d'un gros, y comptis les grains de plomb dont die eft char- I'kysiqoe. gee , fe lixe en l'axe a la dix-neuvieme revolution ou a-peu-pres. Ani.^c syif. Cinquieme experience. Une balle de cire blanche de fept lignes de diametre, chargee de grains de plomb, & du poids total dun demi gros quinze grains, fe fixe en l'axe a. la feizieme revolution ou a-peu-pies : a laiixieme elk arrive a la moitie du rayon de labafe du vailfeau : e'eft vers la fin du mouvc-ment que fon approche eft plus fenfible. Elle- touche fort legercment le fond dn vafe comme la balle de la premiete experience, & fait cependant moins de revo- lutions autour de 1 axe du tourbillon pour parvenir u c.t axe , apparernmenc parce qu'etant plus petite, cV a :: par confequent plus de furtace, eu cgard a fa made, que la balle de la p. niere experience , ellje trcwye plus de refif- tancecontre le fond du vale, iS: yl iita. .eus plus nombrcux. Comme la balle de hurt lignes de dumetre de la quatfieme experience eft plus pefante , a raifon de fon volume, que cellc de ia cinquieme , c'tft apparemment par cette raifon que ceile-ci fait moins ci . revolutions pour aniver en l'axe. Sixieme experience. Celt apparemment par une caul; femblable qu'une autre balle de cue jaune de cinq lignes de diaruetre., chargee dun crain de plocob & pefant en tout vingt-un grains , nc- tai: pa, moins de douze icvolu- tions autour du meme axe pour y arriver, quoiqu; des la troiueme revolution elle fe trouve au milieu du rayon de la bafe du vaifteau. Tout cela fait voir que dans les experiences faites en de tels tourbillons , les refultats fe renouvellent avec une exactitude fenliblc, pourvu qu'on les falfe en un meme vafe. C'c-ft pourquoi ii quelqu'un vouloi; repeter celles done j'ai pa le , il faudroit que ce fut avec un vale cgal & femblable au mien Sc avec les mimes quantites d'eau : autrement on pourroit trouver de la diffe- rence dans les refultats; comme il m'arriva dans 1'experience d'un ceuf qui prefentoit une meme face a l'axe du tourbillon dans un vafe cvlindrique d'un pied de hauteur & d'un pied trois pouces de largeur tn fa concavite , & que j'indiquai a 1' Academic au mois de Septembre 171c. Car ce meme ccuf ayanc cte mis dans le vafe dont je me fers prefentemenr , il fit moins d'une revo- lution apparente autour de fon centre , pendant qu'il en fit une autre autour de l'axe du tourbillon : pour faire rencontrer as deux fortes de revolutions, il me tallut introduire un autre poids dans les ceufs. II faudroit done quelquefo:$ faite des changemens fur les corps, foir dans leur grandeur, foit dans lea: poids, fi Ton vonloit employer un autre vafe & une autre quantite d'eau. L'orii etoit prefque a demi vide, Sc nageoit fur la furface du tourbillon. 7r?&<$Vi ii COLLECTION W-' '-^^ ' Acad. Royale »rs Sciences he Paris. Extrait d'uti memotre fur le tourbillon flu'idc. Physique. Annie 1 714. Par M' S A u l M o N. ( Hijl. de \yl6 , pag. 6*8).) I ,e but que M. Saulmon fe propofoir dans les experiences dont on va rendre compte , etoit d'obferver le mouvement circulr.ire des corps , foit autour de l'axe du tourbillon ,- foit autour de leur prcpre centre, & de tirer parti de ces ob- fervations pour s'elever julqu'a la mechanique celefte , dont les tourbillons paf- foient en ce temps-la pou £tre les grands reflorts. II a ete dit que les porps plus peians font ceux qui etant mis fur le tour- billon d'eau, s'eloignent de Ion axe; & que ceux au contraire qui font plus legers , s'en approchent : &c cela fe confirme toujours. Mais on peut avoir def- fein de faire circuler les uns ou les autres le plus long-terns qu'il eft poflible. Pour cela ll faut rendre le mouvement de l'eau plus grand & plus durable dans l'endroit ou les tins ou les autres feront portes , e'eft-a-dire vers les bords ou vers le centre. S'il s'agit de corps pefans , qui par confequent feront portes vers les bords ; il faut que le mouvement de la canne par lequel on forme le tourbillon , finiffe par lecentre : car , puifque e'eft l'exces de la force centrifuge des petits cercles d'eau pris enfemble , ou des petits filets circulates, fur la force centrifuge des grands , qui fair que l'eau s'eleve vers les bords du vafe , comme on l'a vu ci dellus; plus on imprimera de mouvement aux petits filets circulates, plus l'eau s'elevera, ou ce qui eft le meme, plus elle aura de mou- vement vers les bords, & plus elle y en confervera , lors meme qu'elle fe fera remife fenfiblement de niveau. Par la raifon contraire , s'il s'agit de corps legers , il faut finir le mouvement de la canne p.ir la circonference. M. Saulmon a obferve que plus la canne dont il fe fervoit etoit mallive, roide , menue & d'une grolfeur eg.de , plus la vitefle qu'il imprimoit a l'eau , etoit en meme terns grande £: uniforme. Les principales lumieres que donnent les nouvelles experiences, regardent les revolutions que les corps font fur leurs propres centtes dans le terns qu'ils tournenr autour de l'axe du tourbillon. J'appelle cyhndriques les revolutions qu'ils font autour de cet axe , pa-rce que le tourbillon eft ou un cylindre quand l'eau s'eft remife de1 niveau , ou au moins un cylindroide quand elle eft elevee vers les bords du vafe; &c j'appelle revolutions fpheriques, celles que les corps font autour de leurs propres centres; parce qu'elles fe font autour de l'axe d'une fphere, (i ces corps font ronds , ou autour d'un axe equivalent, s'lls ne le font pas. Pour connoitre le nombredes revolutions cylindriques , on met fur les bords du vafe la canne dont on s'eft fervi , & on la met de maniere qu'elle foit un diametre de la bafe funerieure : autant de fois qu'un corps paffe fous la meme moitie de cette canne, autant il.fait de revolutions cylindriques. Pour connoitre les revolutions fpheriques , on fait une taclie fur la furface du corps qui doit circuler. Si pendant une revolution cylindrique, cette tache garde roujours la meme pofition , foit a legard de l'axe du tourbillon, foic a i'egard des bords du vafe, foit a lVgard de la canne pofee en diametre, le ' ACADtMIQUE. 13 «orps & fait ntfcefTiirement une revolution fpherique pendant qu'il en a fait line ■— »»■ rylindrique : il fera aifc tie s'en convaincre par un moment d'attention. C'eft Acad. Royali par-la que les Aftronomcs ont iuge qu'il eft impofl.ble que la lune qui toume des Scunces ci en un mois autour d>: la r?rre & Idi p efente toujourfi la m? me face, tourne P-*' en meme terns fur fon centre, a mains quelle n'y tourne aulli en un mois. lHVttqtis. Si au bout dime revolution cylindriqu .- dtl corps qui circule dans un toutbil- Annie 171.). Ion , la cache ne fe rerrouve pas dans la prermiere polition, le corps a fait plus ou moins d une revolution fpherique jplus, ii latache eft en-deca de cette pre- miere polition ; moms, fi elic eft au-deii. La quantite dont elle eft en deed ou au-dela s'eftime a I'ceiU Pour connoitre l'axe d'une revolution fpherique , on determine un axe fur le corps par deux taches fort differences qui en font les deux extremites, Si on pofe le corps fur l'eau de maniere qu'il foit oblige de tourner fur cet axe ': ft cependant il n'y toume pas, il eft aile de jugerde combien l'axe fur lequel il tourne eft eloigne de ce premier. Si pendant une revolution fpherique les deux caches font toujours paralleles a la furfacc du fond de l'eau , l'axe de cette revolution eft perpendiculaire a cette futface : (inon , on eftime de combitn il eft eloignede la perpendicularite. Tout ce'a pofe, voici le reftiltat des experiences nouvelles de M. Saulmon. i°. Les corps , de quelque figure quils foient, globes , difques , cylindres, cones , cones tronques , cubes, ne font point leur revolutions cylindriques fans en taire aulli de fpheriques. De la il paroit fuivre que la revolution fpherique eft un effet neceffaire de lacylmdrique; Sc d'autant plus que M. Saulmon ayant mis dans l'eau un globe de bois traverfc d'une venge de fer bien arrondie , autour de laquelle il pou- voit tourner librement comme autour d'un axe , & ayant arrue une extremite de cette verge contre le fond du vafe, jamais le globe, quoique frappe con- tinueliement par l'eau qui circuloit , ne tourna aurour de fi verge , quelqua inclinaifon que l'on donnat a cette vetge par rapport a la furface de l'eau. On ne voit autre chofe qui manqrat au globe pour tourner fur fen axe, que de participer a la revolution cylindrique de l'eau. A ce compte l'hypothefe du tournoyement de la lune autour de fon axe en un mois , ne feroit plus une hypothefe, mais une fuite neceffaire de fa revo- lution autour de la terre. i°. Pendant que le mouvement de l'eau qui s'eft remife de niveau , eft le plus uniforme & le plus rapide qu'il pinlle are , e'eft-a-dire , que la rapiditc & i'uniformitc fe concilient autant qu'il fe peut, des globes d'une certaine pe- fanteur font une revolution fpherique dans le meme terns precifement quils en font une cylindrique; Si cette egalite fe confervequelquefois dans ub nom- bre de revolutions qui va jufqu'i 70 ou 71. Apres cela le mouvement de l'eau etant rallenti, it fe fait moirrs dune revolution fpherique dans le terns d'une cylindtique, Si cette incgalite peut fe conferver pendant vingt-cinq ou trente revolutions, & apparemment elle va en augmentant. II n'eft done pasetonnant que le terns de la revolution de la lune autour de fon axe foit egal a celui de fa revolution autour de la terre ; Si au coritraire , ce font les revolutions diurnes des autres planetes , beaucoup pluscouites que les annuellcs, qui doivent etonner. 44 COLLECTION — ^— — <-a» }°. Les difques ne font pas a cet egard fi reguliers que les globes : quef- Acad. Royalf. I1165"1105 commencent pat faire moins tie la moitie d'une revolution fpherique ues Sciences de Pendant une cylindtique , enfuite une moitie jufte, & enfin ils reviennent a Paris, moins de la moitie. D'autres commencent par plus d'une moitie, partem par Physiqub. moins d'une moitie, & finilTent par plus. II peut y avoir encore d'autres irrc- AnniJe 1714. gularitcs dont les principes feroient peur-etre dihSciles a demeler, mais toujours les deux efpeces de revolutions egales ou inegales, ne font jamais en aucun corps lune fans l'autre. 4°. La revolution fpherique fe fait dans le fens dont elle fe doit faire, fup- pofe que la partie du corps qui regarde les bords du vafe ait ete frappee la pre- miere, ou avec plus de force, le fens dont 1'eau circule ecant d'ailleurs de- termine par le mouvement de la canne. Cela s'accorde avec les phenomenes celeftes : car le mouvement du tour- billon du foleil etant d'Occident en Orient , la partie de la terre oppofee au foleil fera done celle qui (era frappee felon une direction d'Occident en Orient , & par confequent la terre fera en ce fens-la fa revolution fpherique ou diurne. 11 en va de meme des autres planetes : ii eiles etoient frappees par leur partie tournee vers le foleil , leurs revolutions diurnes feroient du fens contraire. 50. II y a uncas, mais qui ne detruit point 1'article precedent, ou les corps mis dans le tourbillon fluide , tournent fur eux-memes en fens conrraire : e'eft lorfqu'ils font allez maliirs pour selpignet avec virelTe de l'axe du toHrbillon , & pour aller choquer rudement le bord du vafe : alors ils fe rerlechilfent , & changent le fens dont fe faifoit leur revolution fpherique. La caufe en eft evi- dente : la partie qui avoit le plus de force ou de viteife , eft devenue par ce choc celle qui en a le moins. 6°. Quand meme on aura fait que la partie du corps qui regarde l'axe da tourbillon , quand on l'y met, ait des inegalites fut fa furface fort confidcra- bies par rapport a l'autre partie , & que par-la elle femble donner plus de prife au Huide qui la fcappe de ce cote , le fens de la revolution fpherique ne chan- gera poinr : ainfi ce ne font point des montagnes qui determinent le fens dour fe font les revolutions diurnes des planetes. 70. 11 ne paroit pas que des fuihices plus inegales dans leur tout diminuent la vitefTe des revolutions fpheriques. 8". L'axe des revolutions fpheriques eft toujours a-peu-prcs perpendiculaire i la furface de l'eau ; Sz s'll eft incline, e'eft vers l'axe du tourbillon. 90. Un globe , dont les deux hemifpheres font d'une pefanteur inegale , a l'axe de fa revolution fpherique moins perpendiculaire a la furface de l'eau , ou plus incline vers l'axe du toutbillon. II faut avouet que ces confequences tirees du tourbillon d'eau aux tourbil- lons celeftes , font un peu hafardees, & meme jufqu'aprefent anticipees. Ce toutbillon d'eau r.'imice les celeftes que fort imparfaitement. Ceux ci one un mouvement toujours entretenu , foit par leur centre ou eft le foleil qui tourne toujours , fait par leur circonference , ce qui eft cru le moins vraifemblable. Ils n'ont que des bords prefqu'infiniment eloignes , Sc dont les reflexions n'al- terent point les mouvemens directs & primitifs j ou , fi Ton vein , les alterent autrement que ne feroient les bords immobiles d'un vafe : car les bords d'un tourbillon celefte font des portions des circonferences d'une infinite d'autres toutbillon? ACADBMIQUE. M tourbillons en mouvement. Enfin chaque planete eft, par rapport au tour- — » "billon du folsil , prefqu'infiniment plus petite que ne left , par rapport au tour- AcAD. Royale billon d'eau, aucun corps qu'on y puilfe obferver. Cependant , quand routes des Sciences vi les reiremblances §C les differences des deux efpeces de tourbillons auront ete Paris. bien pefees, il y a lieu d'efperer qu'on tirera des lumieres de la comparaifon. Physique. Asncc 1714. Extrait d'un Memoir e ferv ant dc fuitc aux precedens. Par M. S A u l m o N. {Hijl. dc 1 7 1 5 , pag. 6 1 .) VjE qui a ete dit ci-deftus , etant fuppofe , voici comment M. Saujmon pour- Suire dc 1714. fuit un fujet dont on peut tant attendre. Le creux du tourbillon d'eau etant forme , il eft d'aurant plus profond que l'eau a ete plus long-terns 011 plus violemment agitee; car on fuppofe le meme vafe Sc la meme quancite d'eau. Ce creux , donr la figure eft d-peu-pres & fenfiblemenr conique , peut, fuivant fes differences profondeurs, ecre de trois differences efpeces ; fa pointe fera ou en deed du fond du vafe, ou fur ce fond , ou ati-dela ; Sc dans ce dernier cas, fa figure fera un cone tronque. Dans un meme vafe Sc avec une meme quanrite d'eau , le creux etant dans deux experiences differences de la meme profondeur , ou l'eau elevee a la meme hauteur , i! eft clair que les deux experiences fe reduifent a une feule , Sc que les memes refulrats doivencferetrouvcr, du mains fenfiblement Sc i tres-peu pres. II eft manifefte que !es parties du tourbillon d'eau les plus elevees fontcelles qui one pris la plus grande viteffe , Sc qui circulent le plus rapidement. En effet, quand on a retire la canne de l'eau , l'eau redefcend toujours jufqu'a ce qu'elle fe foir remife fenfiblement de niveau ; & enfin quelque terns apres, e'eft un fluide tranquille dont les patties n'ont plus aucune inc'galite de mou- vement. Avant qu'elle en foit venue la , & candis qu'elle etoic deja de niveau , el!e a circule, & fes parries out eu des mouvemens inegaux , mais les moins inegaux qu'il fuc poflible en circulant : Sc de-la nous avons condu que les terns de leurs revolutions circulaires etoient entr'eux comme les circonferenees des differens cerdes de ces revolutions. Done avant que l'eau fur de niveau, & tandis que le creux fubfiftoir, les mouvemens etoient encore plus inegaux; ou, ce qui eft la meme chofe , les rems des revolutions circulaires etoient plus courts par rapport aux cercles des revolutions. Par exemple, de deux parti- cules d'eau egales , donr les circonferenees des cercles des revolutions ccoient comme z Sc i\ la premiere faifoic fa revolurion en un rems qui ecoic moins que double de celui de la feconde : done les parties du tourbillon d'eau les plus elevees font celles qui circulenr le plus vice, ou qui ont le plus de viteffe ab- folue. De-la il fuit auffi que plus le creux eft profond , ou plus les particules d'eau les plus elevees font elevees, plus la difference de leur viteffe abfolue a celle des paiticnles moins elevees eft grande. En un mot, l'elevation de l'eau Sc la viteffe abfolue de fa circulacion font deux chofes elfentiellement liees , qui Tome IF, Panic Frar?goi/e. D i6 COLLECTION SSS dependent du mime principe, 8c qui croilfent ou decroiflent toutes deux en- Ac ad. Roy a li femble. des Sciences de Quand l'eau s'eft remife de niveau , j'entends toujours fenfiblement, auqiiel Pa£is- cas les terns des circulations font comme les circon'.erences ou comme les dif- tances des particules d'eau a I axe du tourbillon , fi l'on con<;oit que les diftances < i , UU/ de differences particules foient 1 , 2 , 5 , 8cc les terns de leurs circulations fui- fcc 1 Armec 17 14. . . r „ • r 1 1 j> 1 ls horifomaux circulaires contiendra les poids ou liauteurs des filets verticaux qui des Sciences de font les ordonnees de la courbe generatrice de la figure du creux. Or les forces p*R's. centrifuges des filets horifontaux circulaires dependent des vitefles abfolues de Pl"fsiQ«. leurs circulations. Done voila trois fortes de grandeurs effentiellement & ne- Surltc ceffairement liees enfemble, les hauteurs des filers d'eau verticaux, les vitefles e 1Anucc *7'4. de la circulation des horifontaux 8c la courbe generatrice de la figure du creux : ia forte que l'une des trois erant determinee , les deux autres s'enfuivront, 8c e'eft ce que M. Saulmon demontre par une methode plus geometrique. 11 faut fe fouvenir que ces determinations ne font que pour un moment , Sc que d'un inlhnt a I'autre tout change ; la courbe , par exemple , quoiqu'elle ait toujours des ordonnees croiffanres, dont les differences font croifiantes audi, a toujours ces differences croiffantes felon differens rapports , ou plutot felon difterentes fuices de rapports. Extract d'un autre mim.6ire.jur h tourbillon Jluidc. Par M. Saulmon. (Hijl. 1 7 i 6 , pag. 7 5 .) 1l s'aeit ici de la force dont le tourbillon d'eau agit contre les bords du vafe qui le contient. Un cylindre d'eau en repos , &c qui par confequent ne feroit point tour- billon, agiroit aulli contre les bords de fon vafe , puiiqu'il tendroit a defcendre par fon poids & a les ecarter; il faut voir d'abord qu'elle feroit fa force, & en- fuite quel changement y apporte la quahtc de tourbillon. Si le cylindre d'eau en repos etoit de glace ou en general foltde, il tendroit a defcendre par fon poids \ mais comme il ne pourroir augments fa bafe cir- culaire, il ne tendroit qu'a enfoncer la bafe de fon vai(Te2u , & nullement a en ccarter les bords ou les parois ; il n'agiroit point contre ces parois. Mais , arce qu'il eft Huide , il tend tout a la fois & a defcendre & a augmenter fa afe en defcendant : fon effort eft done partage ; une partie eft employee con- tre la bafe, & I'autre partie contre les parois du vaiffeau. La bafe du vaiffeau etant fuppofee immobile , comme elle doit 1'etre dans la theorie prefente , il n'y a done plus a confiderer que l'effort qui s'emploie contre les parois du vaiffeau \ &c cet effort n'eft que celai de tous les filets d'eau verticaux infiniment menus , dont chacun s'appuye fur un point de la circon- ference de la bafe circulaire, & qui tous enfemble font la furface du cylindre d'eau. II n'y a done que le poids de cette furface cyhndrique qui agifle. On fait qu'une telle furface eft le nrouuir de la circonfcience de la bafe par la hau- teur , au lieu que la folidite du cylindre eft le produit de la bafe par la hauteur. Mais outre le poids qui agit, il y a Taction du poids qui en eft differente. Un cylindre d'eau etant determine , il y aura un autre cylindre de la meme fo- lidite ou du meme poids qui aura une bafe infinie du premier ordre 6c une hauteur infiniment petite du premier ordre ; il eft evident que ce fecond cylin- Dij E iS COLLECTION — — ■— i dre, faute de hauteur , n'agira nullementcontte les parois de fon vaifTeau, mais . AD p^oyALE feulement contre fa bafe j ce qui fuflit pour demonrrer que faction du poids »es Sciences de 1u' ng't contre les paresis du vafe , ne depend pas feulement de la grandeur du Paris. poids, mais encore de la hauteur du cylindre d'eau. Physiqdi. Tout effort d'un corps eft la memechofe que la viteffe qu'il auroit aifluelle- Suitc ment, fi le corps qui lui refifte lui cedoit; done l'efFort avec lequel un filet de 1'Annce 1714. d'eau vertical agit contre les parois du vafe s'exprime par la viteffe qu'il auroir, s'iltomboit actuellement ; or, cette viteffe , qui eft proportionnee a la hauteur, feroit decroiffante depuis le commencement de la chute jufqu'a la fin ; done die nes'exprimera pas par la hauteur entiete. D'un autre cote, il eft: demontre dans l'hydraulique qu'un tuyau toujours enttetenu plein , donnera dans le meme terns deux fois plus d'eau que s'il fe vide; ou , ce qui eft le meme, que la viteffe totale de l'eau fera dans le premier cas deux fois plus grande que dans le fecond ; done la viteffe totale du filet d'eau qui tomberoit , ou l'efFort qu'il a contre les parois du vafe en vertu de fa hauteur, doit s'exprimer par la moitie de cette hauteur. Done le poids du cylindre d'eau, en tant qu'il agit conrte les parois du vafe , etant celui de fa ftuface cylindrique, qui eft la circonterence circulaire de la bafe multipliee par la hauteur , & faction ou l'eftort de ce peids etant la moitie de la hauteur, l'efFort total du cylindre d'eau contte les parois du vafe, ou le poids multiplied par fon action , eft la moitie du produit de la circonference cir- culaire par le quarre de la hauteur ; 6c e'eft ce que M. Saulmon trouve plus geometriquement , mais d'une maniere qui n'a qu'un rappott plus eloigne a la natute de la chofe. Maintenant fi le cylindre d'eau qu'on a fuppofe en repos , eft cylindroide ou tourbillon , onne peut, parce qu'il change continuellement, le confiderer qu'un inftant, comme on 1'a deja die j & pendant cet inftant ou il eft cenfe immobile, il eft clair que fon effort contre les parois du vafe depend de la hauteur de la futface cylindrique la plus elevee ou appliquee aux parois , & que d'ailleurs la. circonference circulaire eft toujours la meme. On voit afTez que le tourbillon etant forme & l'eau abandonnee a elle-meme, l'efFort contre les parois va toujours en diminuant , &c qu'enfiu il ne devient que celui d'un cylindre d'eau en tepos. En voila afTez pout faire appercevoir du moins en gros les confequences que Ton pourroit tirer fur la force neceftaire aux parois du vafe pour foutenir l'ef- fort du toutbillon , ou le foutenir egalement en toutes leurs parties, & fur les efforts des differens toutbillons cylindroides , felon que leur pointe ou fommet eft fur le fond du vafe ou en de^a , ou au-dela , 8cc Sur Saturne. (Hift. p. 43 , & Mem. p. 42.) A;Wt 171;. JLe 15 Mars 1715 a dix heures trois quarts dufoir, M. CafTini appergut fur le difque apparent de Satutne, trois bandes obfeures , paralkles entr'elles; celle du milieu etoit fortr.ee par l'ombre que fait l'anneau fur le difque de Saturne ; les deux antics ctoisnt beaucoup plus fenfibles, la meridionale pa- ACADEMIQUE. 19 loilfoii la plus large, & Saturne , qui n'etoit depouille de fes anfes apparentes « cue depuis peu de jours, vu par une lunette de 1 14 pieds, rellembloit par- Acad. Roy ale faitement a Jupiter obferve par une lunette de 54 pieds , 011 Ton diftiwgue or- nrs Scu:.v.ii ot dinairement trois bandes, 8c il paroifloit l'egaleren grandeur. Ces bandesfu- P**'»- rent obfervees jufqu'a la tin d'Avril toujours les memes, ou du moins avec Ph^s'qoe. ties-peu de changement; on remarqua feulemenr que le 8 Avril la bande mc- Annec 1715. ridionale etoit plus pres de celle du milieu que la feptentrionale , qu'ellcs etoient toutes trois exadlement paralleles entr'elles , & qu'elles occupoient une panic conlidcrable du clifque de Saturne. La difpofition 8c la figure de ces bandes a fervi a M. Caffini a en decouvrir la nature. La meridionale & la feptentrionale paroiiToient en ligne droke, &c en meine terns paralleles a celle du milieu rormee par l'ombre de l'anneau fur Saturne ; ce qui marque qu'elles font dans tin plan qui lui eft parallele , &: que leur figure eft circulaire. Mais de ce qu'on n'y a point obferve dans leurs differentes apparitions en 1675 , i<5S$ , \6<)6 & 170S, une couibure telle que le demandoit l'cleva- tion de I'oeil fur le plan de l'anneau , M. Callini a conclu que ce qui forme ces bandes, n'eft point adherent au globe de Saturne, mais en eft eloigne a une afTez grande diftance ; enforte que nous ne diitinguons fur cette planete qu'une parrie de la circonference de ces bandes, dont la courbure doit etre beaucoup moins fenhble. Et ceci n'eft point one limple conjecture ; car l'optique nous apptend qu'entre tous les cercles d'une fphcre vue a quelque diftance que ce foit , il n'y a que ceux dont le plan pafte par notre ceil , qui foient vus en ligne droite, Si que tous les autres doivent paroitre en forme d'ellipfes plus ou moins larges, felon que le rayon vifuel qui va de notre ceil au centre de ces cercles , eft plus ou mains elevc fur leur plan. 11 fuit de ii que les bandes de Saturne qui font toujours paralleles au plan de l'anneau , 8c qui cependant fe voient en forme d'une ligne fenliblement droite , quelqu'elevation que notre ceil ait fur ce plan , ne font point fur la futface de cette planete, mais qu'elles en font eloignees a une grande dif- tance j & comnreonne pcut les appercevoir immediatement, mais fenlement par l'ombre qu'elles font fur le difque de la planete , M. Caftini a conjecture que ces bandes peuvent avoir quelque analogie aux images qui environnent laterre, lefquels interceptent une partie des rayons du foleil fans pouvoir les reflechir ; 8c il confirme cette conjecture par une autre qui eft que Saturne fe trouvoit au meme terns dans l'un de fes equinoxes, ce qui, felon lui , pou- voit etre la caufe de ces nuages prodigieux , de meme qu'il arrive fur la terre dans cette faifon tie l'annee. Ces nuages ay ant une courbure femblable a celle de la circonference exte- rieure de l'anneau, doivent etre a-peu-pies a la meme diftance, & par confe- quent l'atmofphere dans laquelle lis font places , doit embraffer entitlement l'anneau. M. Caflini fe fert encore de cette atmofphere , qui n'auroit pas moins de dix- huit millc fept cens cinquante lieues de hauteur, pour entrainer & faire tour- rie-r d'un mouvement unifoime autour de Saturne l'amas de Satellites dont il fijppofe que fon anneau eft compofe; & en effet dans cette (uppofition cet anus de fatellites prcfenteroit toujours une apparence uniforme , femblable a 5o COLLECTION. girww -r-nMjjrcgr. i celle qu'on obferve conftamment dans 1'anneau ; au lieu que s'ils ctoient au- >. Rovale deflas decetteatmofphere, la loide Kepler, a laquelle chacun de ces fatellites n«. Sciences b: feroit alors foumis , produiroic neceltairemenr par la difference de leur mou- 1'aris. vement & la varietc de leurs combinaifons des irregulatites dans la figure de PnYsiqtu. l'anneau Sc des changemens que l'on n'y remarque point. Auat:ei7i;. j^ Caffini met au rang des obfervatious rares & fingulieres qu'il fit dans le mesne terns , d'avoir vu les cinq fatellites enfemble trois jours de fuite , Sc quelques jours auparavant l'un d'eux eclipfe par Saturne. Au refte , on eut beau cherchec avec attention fur cette planete quelque tache ou marque fenfible , comme on en voir fouve-nt dans Jupiter , pour pou- voir leconnoitre le mouvement de Saturne fur fori centre, on ne put y de- couvrir rien de femblable. Anuce 171 6. Sur la chute d'une Montague. (Hi/I. 1715- P«g- 4-) Mr.. Scheuchzer a fait favoir a l'Academie qu'au mois de Juin 17H » 1* partie Occidental de la montagne de Diableret en Valais tomba fubitement & toute a la fois entre deux & trois heures aprcs midi , le ciel etant fort fetein. Elle etoitde figure conique. Elle renverfa cinquante-cinq cabanes de pay fans, ecrafa quinzeperfonnes Sc plus de cent bceufs Sc vaches Sc beaucoup plus de menu betail, &: couvrit de fes debris une bonne lieue quarree. II y eut une obfcunce caufee par lapouffiere. Les tas de pierres amaffees en bas font hautsde plus dejtrente per- ches qui font apparemment des perches du Rhin de dix pieds. Ces amas one arrcte des eaux qui forment de nouveauxlacs fort profonds. II n'y a dans tout cela aucun veftige de matiere bitumineufe ni de fouffre , ni de chaux ante , ni par confequent de feu fouterrain. Apparemment la bafe de ce grand rochet s'etoit pourrie d'elle-meme Sc reduite en pouffiete. Sur urn inondation. (Hz/?, p. 16.) Le dernier Novembre il y eut en Baffe-Normandie un debordement terrible de la mer qui dura jufqu'au 2 Decembre , & s'etendit depuis Avranches juf- qu'a Saint-Malo. Tons les lieux bas furent inondes , la mer etoit extremement aEs Sciences de pane faiteda oanneaux avec dc-s montans & des travetfes plus, fortes. le Con Paris. que rendoit la corde devenoit beaucoup plus fort & plus giand : j'ai place Physique. ceji-e CJ «Je nleme , & elle a fait le meme effet. Annie vjit, Cette experience pourroit faire connoitre que !es differens fous des cydindres debois & de fer ne viennent pas des vibrations differences de ces corps, puil- que dans la corde tendue on ne remnrque pas ces differens foils, quoiqn'on ne pu iffe pas dourer que le fon qu'elle rend ne foit produit par Ces vibrations. Continuation des experiences fur lejon. Par M. de la Hire. (Mem. p. 264.) Il v a quelques jours que je rapportai a 1'Academie des remarques que j'avois fates fur le fon que rendoient des cylindres de bois & de fer en les frappant avec quelque corps dur , ce qui fervoit a fiire connoitre que le fon ne depen- doi't point des vibrations du corps fr.ippe ou choque, mais feulement du fre- miffement des parties dece corps. Void encore d'autresobfervations qui feroiit voir plus feniibiement la veritc de cette propciition. ■ ( Dans le memoire que je donnai a l'Academie , & qui fur imprsme en 1 m il femble qu'il devroit etre plus aigu en la frappant par le plat que par le cote, car il fe doit f.iire des vibrations egales des deux cotes du foutien , & qui feronc plus courtes que celles qui fe font par le cote, l'appui ne leur apporrar.t point d'obftacle dans ce fens ; mais aulli le corps de L regie refifte bien plus au choc , equipollant a un corps plusep.iis. Celt ce qui m'a fait penfer que je pourrois decouvrir quelque chofe denou- ■" n- que tres-diftindement que le fon par le plat etoit bien plus aigu que C*llM par le cote ; ce qui eft le contraire de ce qui arrivoit dans la premiere experience oil la regie etoit foutenue par fon milieu. On remarquoit aulli dans ces expe- riences l'endroit de la regie ou le fon etoit amorti , comme je l'ai cbferve luc les cylindres dans raon precedent memoirs , foit que la regie fut foutenue par Ion milieu, ou fufpendue par fon extrcmite. Mais pour pouvoir decouvrir en quelque facon ce qui arrive a ces fons, j! taut expliquer ce que e'eft que le fremilfemenr , & de quelle maniere il fe forme dans les corps a reflort ; car pour les vibrations de ces corps, elles font fi vifibles , qu'on ne peut pas douter que ce ne foit un changement de la figure totale du corps. Les vibrations d'un corps a relTort ne produifent pas de fon fenfible , quoi- que ces vibrations foient fort grandes, comme on le peut voit dans les pin- cettes, en ferrant avec les doigts les extrcmites des branches 1'une contre l'au- tre vers le has , &: les lachant fubitement : ce re font done pas les vibrations du corps qui produifent le fon ; au contraire, pour peu qu'on tou.he un corps fonore avec un corns dur, qu.md le corps tou.hc feroit d'une grandeur cv d'une pefanteur prefqu'immenfe., on entend aulTi-tot le fon , & il me femble que ce fan ne peut venir que du fremirTement du corps frappe , ou ft on l'aime mien des patticules de la matieie de ce cores, lefquelks etant detangees Eij 3<5 COLLECTION. — ■— ^— par le choc dans l'endrou ou il eft touche , & communiquant leur ebranlement Acad. Royale a toutes les parties da corps fucceliivemer.r , font le fremiffement, & ohligent i>es Sciences de l'air qui eft renferme dans fes pores d'en fortir : mais auffi-iot ces pores fe reta- Paris- bliflant, &: devenanr meme plus grands, recoivent un nouvel air, & ce font hysique. jes fr^quentcs l'ecoudes de cet air qui font une impreiiion fur l'oreille, & qui Anaee 1716. produifent le fon. Cepenuant on ne peiu pas nier que les vibrations du corps d'ou naiffent des ondulations, ne produifent an mouvement dans l'air qui eft renferme dans les pores ducoips; mais ce mouvement eft fi lent par rapport a celui qui fait le fon , comme je l'ai montre , que l'oreille ne fauroit I'apperce- voir, Sc ce mouvement fe melant avec celui du fremiffement, produit diffc- rens fons dans les corps cheques, enforte qu'on peut dire , a ce qu'il me fem- ble , que les vibrations determinent le ton du ion qui eft forme par le fre- miffement ; ainfi les differentes vibrations oil ondulations des corps fonores font les difterens tons de leur fori , & meme cela arrive dans le mane corps, comme les experiences que j'.ii rapportees ci-devant nous i'ont fail connoitre. C'eft aulli pourquoi lorfque dans un corps le mouvement des vibrations peut s'accorder avec celui du fremiffement , on entend un fon diftinct , & qui fera une confonance avec un autre fon du mtme corps choque d'une maniere dif- ferente de la prccedente , ft le fremiffement eft le meme : car fi les vibrations en font differentes , & qu'elles ayent un rapport prochain de l'une a l'aiure comme de 1 a 2 , de 1 a j , &c, le fremiffement s'accordera avec ces vibra- tions , Sc produira une confonance. On doit aulli remarquer que quand meme les vibrations du corps ne s'accorderoient pas exadlement avec les fremiffe- mens , la confonance ne laifteroit pas de paroitre; car le mouvement compof& <3es deux s'y accorderoit, comme je l'ai remarque fur ce que j'ai donne fur les tons de la corde de la ttompette marine. Ces confiderations pourront nous conduire a l'explication de l'amortiffement du fon produit dans un corps long Sc fonore, quand il eft choque dans uncertain endroit (a). On voit tacilement dans ce que je viens d'expliquer , que plus la mariere du corps choque eft aigre , plus le corps rend un fon clair & eclatant, a caufe du fremiffement qui y eft plus vif j mais cela n'exclur pas le fon des cordes , foit de metal ou d'autre matiere ferme, & bien tendues, qui etanr pincees, comme on dit , regoivent les memes impreflions que fi elles etoient affez dures, Sc qu'elles fuffent choquees ; & en quelqu'endroit qu'on les pince dans leur longueur , elles confervent toujours le meme ton , puifque leur fremiffement fe communique aaffi-t6t au long de la corde , & que les vibrations fe reduifenc a celles du milieu 011 elles perliftent , £c ou elles font toujours les plus gran- des , Sc non pas aux endroits ou elles ont ete pincees. (a) II femble , die l'hiftonen , que cela pourroit avoir quelque rapport aux ncruds d'oa- dularion dont il a etc parle1 dans l'hi/loire de 770/, pag, 1 3 1 v fuiyante s. WWW* ACADEMIQUE. 37 IL Stir une propriitefinguliere du bols de Sapin. (Hift.pag. i 6.) nss sciences de Paris. Iiommc de la premiere dignitc dans I'eglife etant en Pologne, tit mettre Physique. une planche de fapin devnnt une cheminee pour l'empechct de fucner. Cette Anucc 1716. planche rendir peu a pea rant de refine, que le tout ramalle avec foin pefoit cinq fois autanr qu'une paieille planche de (apin pleine de fa refine. On avoic briile dans la cheminee beaucoup de bois rchneux , &c il falloii que la planche fe flit chargee d'une grande quantite de la refine que le feu en avoir fait for- tu , & qu'elle n'en eat guere lire de la terre par rapport a ce quelle en pou- voit prendre. De Id Conjlrueiion des boujfoles dont on fe fert pour obj'ervcr la declinaifbn de V aiguille aimantee. (Mem. pag. 6.) Par M. de la Hire. _La heme dont on fe fert dans ces fortes do boulToles, doit etre d'une figure quarree , ou d'un quarre long, dont deux de fes cotes qui rioivenc etre diriges vers le feptentrion dans l'ufage , foient exattement paralleles enrr'eux , & bien a I'equerre avec le fond de la boite. La matiere de cette boite eft ordinairement de leton ou de bois bien ferme , 6\: non fujet a fe tourmenter a l'humiditc &: a la fecherelfe : mais celles qui font de leton , on celles dans lefquelles il y a quelques pieces de leton , font fujettes a caufer de l'erreur , fur-tout (i ce leton aete fondu; car il s'y trouve aftez fouvent quelques grains de fer qui detour- nent I'aiguille de fa vraie direction : d'autre cote celles qui font de bois fe tour- mentent tres-facilement ; & comme elles font formees de pltifieurs pieces, elles fe decolent fort fouvent, & Ton pent d'ailleurs foupconner quelques parti- cules de fer dans la colle dont on s'eft fervi pour en joindre routes les pieces. Celt pourquoi , pour eviter ces accidens, j'ai penfe a raire ces boites de mar- bre blanc , ou de pierre de hais qui l'egale prefque en durete. Sur le fond de cette boite, il faut tracer par dedans & par dehors une ligne droite fuivant fa longueur, &: qui divife fa largeur en deux parties egales en- tr'elles ; ou bien il la boite etoit quarree , il faudroit que ces lignes fullent pa- ralleles aux cotes de la boite dont on doit fe fervir dans l'obfervation , pour les diriger fuivant la ligne meridionale. Pour bien tracer ces lignes , Sc pour verifier fi la boite eft d'egale largeur par-tout , il faut faire nn calibre de fer blanc ou de carton , lequel embraile les. cotes de la boite, & qui puifle eiurc-r jufqu'au fond par dedans en s'appuyant fur les boids de la boite. On divifera ce calibre par fa longueur en deux parties egales par une petite ligne , & l'extremite de cette ligne marquera fur le fond de la boite le milieu de la largeur du fond , & par le delTbus de la boite le truf- quin fera le meme office : ce tiufquin eft un inftrumeni de menuifier. Enfuite ayant divife la longueur de la ligne tracee daus le fond de la boite en deux par- ties egales , on percera un petit trou dans le point de divifion , lequel doit repon- Acad. Royalt pes Sciences di Paris. Physique. Aunec 1 7 1 6. chee 38 COLLECTION clre anlTi au milieu de la ligne du deflous de la boite. Ce trou fervira pour y fcellet le pivot qui doit foutenir la chapelle ou chapiteau de l'aiguille. Ce pivot doit etre de leton , &: non pas d'acier, &c il doit aller en diminuant depuis (a bafe jufqu'a fa pointe , laquelle doit etre fort deliee , Si doit etre pofee bien perpendiculairement fur le fond de la boite, & repondre au point qui divife en deux c^alement la ligne qu'on a menee par le milieu de la boite. Ce pivot doit etre alfez ferme pour ne pas fe fan tier par le mouvement de l'aiguille lorf- qu'on tranfporte la boulfole. Le calibre etant applique fur le travers de la boite fera connoitre fi la pointe du pivot eft bien a fa place. On doit remarquer que le pivot doit etre d'une hauteur convenable pour lailler la hberte a l'ai- guille de fe mouvoir facilement d'un cote & de l'autre , fans en etre trop empe- par le fond de la boite , ni par la glace ou le vetre dont on la couvre. On attache au-dedans de la boite, & vers les extremites de fa longueur, fi elle n'eft pas quarree , deux arcs de cercle egaux qui doivent etre divifes dans leurs degres , & dans leurs parties les plus petites qu'il fera polTible. Le rayon du cercle interne de ces arcs doit etre egal , ou tant foit peu plus grand que Id moitie de la longueur de l'aiguille, afin qu'en toumant fur fon pivot, elle puifle effleurer par fes pointes le bord intchieur de ces arcs , pout montrer exactement la quantite de la declinaifon de l'aiguille aimantee. La matiere fur laquelle on doit tracer ces arcs , ne doit pas etre de leton , de peur, comme j'ai dit ci-devant , qu'il ne s'y trouvat quelques grains de fer, mais plutot d'etain , d'y voire ou de carton fin. Ces arcs feront un peu eleves fur le fond de la boite, etant pofes fur deux talTeaux de bois a la hauteur de l'ai- guille , & ces talTeaux doivent ctrearrctes bien ferme dans le fond de la boite. On arrete fur ces talTeaux les arcs de cercle , lorfquc la ligne droite qui pafle par le milieu , ou par les points de zero de leur divihon , palTe audi par la pointe du pivot, 8c lorfqu'elle eft exactement parallele aux cotes de la boite, ce qui fera facile a fiire en fe fervant du calibre dont on s'eftdcja fervi, & dont on pourra retrancher une partie de fa hauteur , puifqu'on n'en a plus a fiiire que pour aller jufqu'audelUis des arcs j car ce calibre etant applique fur la largeur de la boite , & embralTaiit fes cotes, la ligne qui eft tracee dans fon milieu , & qui eft parallele aux cotes de la boite , doit convenir aux points de zero des arcs, &: a la pointe du pivot, comme on a deja f.'.it. Toutes les aiguilles des boutfbles doivent etre d'acier trempe, mais les plus legeres qu'il eft poflible par rapport a leur longueur : on en a fait de differentes figures , tk les plus communes font en forme de flee he applatie , dont la pointe qui reprefente le fer, doit marquee le Nord , & l'autre pointe oppofce, leSud. La ligne droite qui va d'une pointed l'autre, doit palTer par le fond de la cha- pelle ; e'eft pourquoi on pent cambrer un tant foit peu les deux branches en deiTus j mais on ne petit s'alTnrer que les deux pointes conviennent avec le fond de la chapelle que par l'experience. On fuppofe premierement que l'aiguille eft bien dreflce, &bien equilibree fur fon pivot. Quand on a place i\: arrete les deux arcs de cercle dans la boite , on a bien pris garde que les points de zero de leur divi.'ion , cV: la pointe du pivot fulTent en ligne droite \ c'elt pourquoi fi l'aiguille eft bien dtefiee lotfqu'elle fera pofee fur fon pivot , fes deux pointes doivent convenir exactement avec les deux memes points de divifion des arcs j & ii les pointes n'y conviennesn ACADEMIQUE. t :■ pas, II n'y aura q i^snt fur le plat 1'une des brandies pour ce S l'i i ,:.n:_- . j U err iK->.i.!!'.ii.-e. Cette pratique fsrvira pour d'aucres ai- ovale guilles de quelq^oes figures qu'etles.foient. ris ' :s fortes df font fort longties, comine d'un pied & plus , ! dies devifinnenc fort pefantes , & font fujettes .1 s/aireter hois de Leut veritably * p ipn; c'ell poiuquqi on en a fait tie ess longu< . dont fes branches lont Amite • i linces, 6c elk-: pc tent a, leurs extreraixes deux pice . c aflez gtolles qui fe rerroijsent cq une poinre fine. Ces deux raorceaux d'acier etantaUuantes tiguille, font comme deux aimants qui fetoient places en ces endro.ts-la. Lotfque ces aiguilles font en mouvement, elles font beaucoup de vibrations haut & bas par hi grande flexibility du teflon des branches. Mais ces deux mor- 1'aciec etaiu comme deux aimants qui font joints pat les branches de l'ai- guille , on pourroit foupconner que la direction de la matiere magnetique qui leferuit dans ces deux aimants ,ne feioit pas rojic-a-fait la mime que celle de 1 autre, Sc qu'il sen compoferoit une des deux qui feroit eloignee de la veri- table, a pea pr&s comme il arrive quand on met lur le verre d'une boulfole une autre aiguille aimantee, Si places fur fon pivot-, cV exaclement au-deflus de celle du dedans de la boulfole; car on voit que ces deux aiguilles fe de- railment de plutieurs degrcs 1'une d'un cote, &c 1'autre de I'autre , & qu'elles fe placent 1'une fur I'autre a contre fens de leurs poles, comme il arrive a un aimant qu'on a coupe en deux foivant fes poles. On a fait d'autres aiguilles en forme de navette applatie , Sc pointues paries deux bouts , & dont le milieu ctoit perce pour y fouler la chapelle ; mais j'ai remarque qu'elles font tonjours fort pefantes ii dies font bien longues. Il eft vrai qu'elles peuvent content! une grande quannte de la matiere magnetique; mais dies ne lailfont pns d'etre, comme on Pa dit, fort paretleufes. E'ifin je fuis perfuade par i'experience que les meilleures de routes les ai- guilles font celles qui font formees d'un fil d'acier bien droit & an peu applati , Sc poiniu par les deux bouts, Sc dans le milieu affez etendu pour y percer im trou , &c pour y fonder la chapelle ; mais comme cette chapelle qui eft de leton , eft toujours pefante, j'ai trouve a propos d'en emporter une grande partie par le bas, & du cote des branches de l'aiguille, Sc de ne lui laiifer qu'enviion ]-■ ti.rs de fa hauteur vers la pointe; par ce moyen l'aiguille devient fort Ic- gere , Sc elle ne peut pas fottir hors du pivot ; car les vibrations de l'aiguille qui fe font fur fa longueur , font trop courtes vers le pivot pour s'en pouvoir :-r, au contraire de celles qui fe font par le tote ; mais en cet endtoitla chapelle n'eft pas videe. Pour donner la detniere perfection a la boite , on doit faire une petite feuil- lure au haut des cotes vers le dedans, pour foutenir un verre on une glace, la- quelle doit etre tant foit peu eloignee du haut de la chape He quia deux petites ailes vers fa pointe ; ces aiies qui font peipendiculaires a la longueur de l'aiguille, fervent a empechei que l'aigiuile ne foite hors de fon pivot quand on tranfpotte la bouftole. On doit prendre un grand foin de bien boucher les fentes qui font entre les bords de la glace & de la feuillure, de peur que le vent n'y pafTe , & n'agite l'aiguille. J'ai trouve que pour remedier a cer inconvenient , il falloit coller au fond de La feuillure de petites bandes de drap mince fur lefquelles la glace 4o COLLECTION poferoit , & par ce moyen le vent ne pourroit pas entrer dans la boite. Quand on obferve la declinaifon de l'aiguille aimantee , il eft toujour* a des Sciences be ptopos de retourner la boite bout par bout pour voir fi Ton trouve la meme Park, declinaifon par les deux cotes ; & fi la boite eft longue , & que l'aimant n'y puifte Physique. pas fa;re un tour entier, on pourra changer l'aiguille de petition dans la boite. A^nec 1716. Mon ptincipal deffein n'a ete que de parler des gtandes bouiroles fur lef- quelles on peut voir facilement les degres 8c leurs parties , & non pas de celles dont on fe fert fur mer , qui font fi groflieres , qu'on ne peut aflez s'ctonnet comment on s'y fie pour la conduite d'un vaiffeau. Mcthodc pour tlrcr les bombes avec facets. Par M. de Ressons. (Memoircs, pag. 79.) COuoiQu'iL foit conftant que la theorie jointe a la pratique foit le plus fur moyen pour atteindte a la perfection des arts , neanmoins l'experience m'a faic connoitre que la theorie etoit d'une tres petite utilite dans l'ufage des mortiers. Le livre de M. Blondel nous a decrit avec affez de jufteffe les differentes lignes paraboliques qui respondent aux differens degres d'elevation du quatt de cer- cle; mais la pratique a demontre qu'il n'y a aucune theotie peur les effets de la poudre ; car m'etant attache a pointer les mortiers avec toute ['exactitude pof- fible , conformement a ces calculs , je n'ai jamais pu etablir aucun fondemene fur leurs principes. Je ne pretends pourtant pas avancer que ft les bombes fe trouvoient routes d'un poids egal , que (i Ton pouvoit tons les coups donnet le meme arrange- ment a la poudre, & que la plate-forme fut fi folide, qu'elle ne changeat ja- mais de fituation , Ton ne put fe fervir utilement de la theorie 5 mais il arrive un fi gtand nombre d'inconveniens tant dans la maniete de charger les mor- tiers que dans les differens poids des bombes, & dans la qualite des poudres, que le plus habile bombardier ne peut pas rcpondre de tirer ttois coups de fuite avec julteffe , s'll ne prend les precautions ci-apres qu'une longue expe- rience m'a fait decouvrir. Je commencerai par faire connoitre les principaux de ces inconveniens que je divife en trois claffes , dont il y en a huir qui vien- nent de la bombe, tteize du mortier & quatre de la poudre. Defauts des Bombes. i°. Les bombes different de poids entr'elles, parce qu'etant coulees chacune fcparement dans des chapes , il s'y fait toujouts quelque alteration foit en re- cuifant ces chapes, foit en recuifant le noyau, qui eft ce qui en referve lc vide , lequel noyau fe trouve quelquefois plus gros , d'autres fois plus petit j foit parce que la gueufe eft coulee quelquefois fort chaude , & par confequent fort liquide , d'autres fois moins chaude Sc par confequent plus epaiffe ; ce qui depend du terns fee ou humide , & qui fait que des bombes faites dans le meme fourneau & par les memes ouvriers different communement de 1 5 livres en poids les tines des autres. ACADEMIQUE. 41 i°. Les clnpelets qui foutiennem le noyau ne font pas toujours fi cgaux qu'ils Tie different de quelques lignes en longueur; d'ou il arrive que la bombe fe " ~ trouve plus nche de metal d un cote qui de (autre, detain qui la rait denver DES scir-.rrs di en lair du cine qu'elle pefe le plus , comme feroit en roulant une botile char- Paris. gee de plomb. Phtsiqob. ?°. Les anfes de la bombe nefe mettent qu'a l'efiime de l'ccil de l'ouvrier , An 1 171*. Sc par confequent pen rcgulierement , d'ou il arrive que fe trouvant de qn.l- ques lignes plus pies ou plus eloigners du centre de la bouclie de la bombe, elles lui nuilent dans la route , pares que la refinance de l'air eft plus ou moins grande felon lis differentes politions des anfes. 40. 11 fe trouve fouvent des fuuftlures ou cavitcs dans le metal , ce qui altere lequilibre de la bombe; & lorfque ces cavites font au-dehors , fair y tntre avec violence , ce que Ton connoit par le f.ffiement qui fe fait entendre, & la route de la bombe en eft retardee. 50. Les monies ou chapes fe gercent fouvent au feu en fechant, d'ou rc- fultent des coutures cv des incgalites fur la fuperrlcie de la bombe. 6". Le noyau fe trouve quelquefois fitue ou nop en avant ou trop en arriere, & ainfi releive le vide ou ttop en avant ou trop en arriere , ce qui en change la proportion & lequilibre. 70. Comme les hifees qu'on met dans la bombe ne peuvent etre faitesavec affcz de jufte'Xe, pour qu'elles n'aient qu'nn pouce de fullie, comme il feroit a deliier, il arrive fouvent que les unes fortent d'un demi pouce, d'autres de S lignes, d'autres d'un pouce, d'autres de 1 5 , 1 S , & jufqu a 14 lignes; de maniere, que felon leurs dulereiues longueurs, elles font en l'air diflerens ef- fets auxquels on ne peut remedier , parce qu'une fufee etant chalice a. foil point, ne peut etre poullce plus avant fans courir rifque de fe f nJre, Sc de faire crever la bombe dans le mortier a l'inftant qu'on y met le feu , comme je I'ai vu louvent arriver. S°. Souvent la bombe a la bouche de travers , ce qui eft caufe que la fufee etant obliquementpofee, elle retardefacouife en fair, & la rait aller en roulant. Je pourrois encore rapporter un; infinite d'autres inconveniens dependans de la bombe; mais il lurHra d'avoir indique les ptincipaux , & je palTe touc de luite a ceux du mortier. i°. Quelque ptecaution que l'on prenne pour bien pointer le mortier par les diffciens degres, on tire un nombre de coups avant d'attraper celui qui convient. i°. Lotfqu'on I'a trouve , il eft tres-difficile de remettre le mortier au meme point , foit que la plate-rorme ait confenti , foit que le mortier fe foit jettc a droite ou a gauche dans les bouloirs de fes tourillons. ?". Suppofe que le mortier Kit pointe tous les coups egalement, lorfqu'on a mis la poudre dans la chambre , on met une toile deffus pour c-inpccher quelle n'ait communication avec la tetre. Or, par cette toile , il refte fouvent des vides , ou bien l.i poudre fe tiouve plus d'un cote que de l'aurre. 4°. Cette terre dont on eft oblige de fe fervir pour achever de remplir la chambre, etant plus ou moins leclie, plus ou moins humide, fait faire cirle- rens effets a la poudre. 50. Par-dell us cette tsrre on a toujours pratique de mettie un tampon de Tome IF, Panic t'ran^oijt. F 4i COLLECTION — bois, (que je n'ai jamais approuve) fut lequel on frappe plufieurs coups avec Acad. Royalf. un refouloir, Si rous ces coups etant fiappes inegakment , l'enfoncent ttop ou des Sciences de crop peu , ce qui fait une difference considerable. Paris. 6», Souvent ces tampons font trop gros ou trop petits : s'ils font trog gros, Physique. j|s n'entrent pas alfez, &: laiflent un intervalle vide au-dedans de la chambie ; Armeeiyitf. & s*ils font trop petits, ils enfoncent trop, & ferrent davantage la charge, ce qui eft un inconvenient des plus gtands. 7°. Souvent il arrive que les tampons font plus enfonces d'un cote que de- l'autre; enforte qu'attaquant la bombe de biais & hors de fori centre, ils font faire de tres mauvais coups. b°. Qmnd la bombe eft en place dans le mortier , on eft encore oblige de farnir le pourtour avec de la terre , laquelle on bat avec le tranchant de la queue du refouloir, & quelquefois il y en a plus , d'autres fois moins. 9®. Tres-fouvent la bombe eft plus avancee ou plus reculee dans le mortier par les differentes epiifleurs de fori lit , provenant du trop ou du trop peu de terre qu'on y a mis, ce qui fait faire de grandcs erreurs. io°. Les plates-formes s'afEaiflent & bondiftent entirant. 1 1°. Souvent elles penchent plus d'un cote que de l'autre, ce qui fait jetter la bombe a droite ou a gauche. 1 2°. Quelquefois & trop fouvent un tourillon a plus de jsu & d'aifance que l'autre , ce qui fait dejetter le mortier en tirant. i j °. Comme le mortier s'echauffe en titant , il faut beaucoup de prudence pour diminuer la poudre an prorat a. Voila les principaux inconveniens qui dependent du mortier , ou de la fa con, de le charger, & voici ceux q ii dependent de la poudre. i°. II petit arriver que toute la poudre d'un meme barril ne foit pas egale , & quand elle le feroit, des que ce barril eft confomme, & qu'on en entame un autre, il fe trouve de la difference, foit parce que l'un a ete au-dc-ifus des autres , expofe dans le pare au foleil , ou a la pluie , foit parce que l'autre aura pofe a terre ou attire l'humidite. 2°. Quand bien meme la poudre feroit egale, il fe fait de grandes etreurs par fa difpofuion dans le mortier, etant quelquefois trop fetree , & d'autres fois trop au large. 3°. Le grain de la poudre ne pouvant fe faire egal , lorfqu'elle fe trouve un peu plus groffe , le feu fe communique mieux par les intervalles , que lorfqu'elle eft plus menue & plus ferree. 4°. Le terns influe fur 1'adion de la poudre : quand il eft humide, elle a moins de force, & quand il eft fee , elle eft plus gaie. Pour remedier a ces divers inconveniens, voici ce que j'ai pratique aux fiegesdeNice, Alger, Genes, Tripoli, Rofe, Palamos, Barcelonne , Alicant, & nombre d'autres places que j'ai bombardees. A l'egard des bombes , il faut d'abord les faire arranger avant de les char- ger, la bouche en haut, & aflifes le plus perpendiculairement que faire fe peuc fur le culot, enfotte qu'en les regardant bien I'une apres l'autre , il foit aife de voir fi elles ont la bouche de travers, ce qui denote qu'elles font plus riches de metal d'un cote que de l'autre , tk il faut rebuter toutes celles qui out ce defa«t. 11 faut pareillement mettre a part celles qui ont des anfes difproponion- A C A D £ M I Q U E. 45 ns-es , ou des foufllures considerables dans le metal , & referver ces bor defeftaeufes pour tirer far les villes , parce que li dies manquent un quaruer, Acad. Royals elles combent fur un autre, & elles ne font bonnes que pour ctre employees ms Sciencis di a cet ufage. Lorfque Ion a mis a part les mieux conditionnces, il faut faire Pari1;. pefer un nombre des mieux faites que Ton rcferve pour les coups de confe- -hysiqih. qucnce, & en faire des lots fcpares , un de celles de 125 a ijo livres , un Anncci/itf. lecond lot de celles de 150a 1 } 5 , un troilieme lot de celles de 155 a 140, & ainfi du refte ; apres quoi on approprie en chaquc bombe la fufee, de ma- niere qu'elle n'excede le dehors de la bouche que d'un pouce feulement quand on chargera la bombe, & qu'elle fera pouffee entieremenra fa place; & lorf- qu'on tirera les bombes foit fur un magalm a poudre , ou fur un retranchement, ou en toute autre occafion qui demande des coups juftes, il faudra tirer ces bombes lor par lot , l'une apres I'autre , fans en prendre au hazard tantot d'un cote, tantot de I'autre. La raifon eft qu'ayant ces bombes d'un poids a peu- pres e'gal , on regie la quantite de poudre que Ton doit mettre dans le mortier , fuivant le lot que l'on tire. Quant a la correction de la poudre , il ne s'agit que de la rendre le plus egale que faire fe peut; pour cela il faut juger de la quantite de bombes que l'on doit tirer en un jour ou pendant une nuit; que ce foit par exemple 100 bom- bes a raifon de 6 livres de poudre pour chacune , on vetfera 1 200 livres de poudre fur une grande coile ; & apres l'avoir bien remuee & bien melee, on la remettra dans les barrils, cequila donnera autant egale que faire fe peut en unj expedition militaire. A l'egard des plates-formes , il convient d'en faire deux a cote Tune de I'autre pour chaque mortier ; & lorfqu'apres un nombre de coups tires , l'une s'eft afFailTce , on remet le mortier fur I'autre, Si on raccomode la premiere. Quand au mortier, pour le bien charger, il faut le drefTer debout fur Ces tounllons, verfer la poudre dans la chambre, en reglant la quantite par une mefure de fer blanc & non au poids , la ranger le plus liniment que Ton pourra avec la main , enfuite mettre une toile feche deflus , taillee de grandeur con- venable, & achever de remplirla chambre de terre qu'on refoulera feulement avec la main , puis fans mettre de tampon de bois, la chambre etant remplie entitlement de terre , jufqu'AI'ame du mortier, mettre encore un demi-pouce de terre de hauteur, pour former le lit de la bombe; apres quoi on mer la bombe dans le mortier, la bouche au milieu de l'ame, obfervant qu'elle ne Eouche le metal de cote ni d'autre , ce que Ton empechera , en la garniiTant de terre tout autour. Si par hafard la bombe n'avoit qu'une anfe, 8c que I'autre eiit ete rompue, cequi arrive fouvent, en les chargeanr ou les dechargeant, il ne faut pas man- quer de calfer l'anfe qui refte avec un maillet de bois , autrement elle iroit de travers , & deriveroit du cote de l'anfe reftante. Tout etant ainfi prepare, on abbaifte doucement le mortier fur fon couflin de mire, on le pointe au quart de cercle fuivant le degre que Ton a decouvert le plus convenable , & fur-tout l'on prend fa mire avec une corde au bout de laquclle il pend un plomb, & divifant le mortier en deux, par ce trait on prend la mire le plus jufte que Ton peut a l'objetou Ton veut tirer. Fij 44 COLLECTION Acad. Royale t>h Sciences de Paris. Sur la dijlma des etoiles fixes a la terre, & fur lair grandeur, Thysique. { Hijioire. pag. 6z.) Annee 17 17. VjEux qui n'ont pas d'idee de I'aftronomie, prendroienr volontiers pour des reveries de fnv.ins tout ce qu'ils entendent dire fur les diftances des pianettes a la terre & fur leurs grandeurs. Tout cela elt cependant determine afTez pre- cifement, & prefque aufli precifement, les proportions gardees, que s'll s'a- gi iToit d'objets terreftres & peu eloignes de nous. Mais on ne pent difconvenir qu'aux etoiles fixes tout I'art ne foit en defaut, du mains jufqu'a piefent. C -ft a Mars que firimeriPl'es connoilfances des diftances que I'on peut avoir pf- les parallaxes horifoncales , c'elt-a-dire , par la difference des deux lieux dune meme pianette vue en meme terns du centre de la terre , ou de delTus * Voyez 1'hif- fa fu face *. Encore la diftance de Mars eft elle rres difficile a attraper par toire Jc 1706. cette voie. Celles des deux pianettes qui font au delTus , Jupiter & Saturne , ne fe peuve'nt connoitre que pit les parallaxes annueiles de leurs oibes , qui * V 1'hf *°nt aul'' *eurs ^econ^es incgilit^s *, ou par la regie de Kepler , qui s'etend a toire dc 1704. ' tous ICS corps ceUftes mus autour d'tin centre commun Mais il eft ties vifible que tons ces moy.ns cedent abfolument a I'egard des etoiles fixes. Si elles etoient routes egales au foleil , & que nous connuiiions leurs gran- d.urs apparentes , nous jugenons , par le rapport de ces grandeurs a celle du foleil , ^nel feroit le rapport des diftances ou elles font de la terre a celle ou en eft le foleil qui eft connue. Ainli , par exemple, line etoile fixe egale au foleil, & dont le diarhetre apparent feroit 1 000 fois plus petit , (eroit 1 000 fois plus elormee de la terre, ou en feroic a 1000 fois 3 3 millions de lieues. Mais outre que la fuppolition de l'egalite de toutes les fixes, ou meme d'une feule fixe &c du foleil , feroit tout a fait giatmte , nous ne connoirfons point les orandeurs apparentes des fixes ; celle qu'elles out a la vue font tout-a rait fauf- fes , a caufe du rayonnement & de la Icintillation qui etend beaucoup ces objets lumineux & eloignes , & de plus rend leurs diametres indeierminables. Et quand on regarde les fixes avec la lunette , elles font a la veritc depouillees de cette fcintillation trompeufe ; mais ce ne font plus que des points , & il eft prefqu'impofiible de trouver une grandeur aux plus grandes. Cela feu! fufTi!: pour donner une idee de leur prodigicux eloignement ; quel doit-il etre fi une lunette qui grollit les obj.ts deux cens fois ne fait paroitre la plus grande etoile fixe que com me un point M. Huguens , dans fon Cofmotheoros , a imagine un moyen de mefurer la dilbnce des fixes , digue de fa grande fagacite. II a choifi Sirius , la plus grande & la plus luminetife de toures les fixes qui paroilTent fur r.otre horifon , & l'a fuppofee egale au foleil. II a difpofe une lunette, de forte qu'elie diminuat le fo- leil jufqu'a ne le faire plus paioiue qu egal en grandeur & en cl.nte a Snius; apres quoi ayant calcule , felon les regies de la dioptrique, qu'il avoit reduii: le ciiametre du foleil a n etre que la z-166^. partie de ce qu'il nous paroit or- dinairement, il a conclu qu'il avoit fait la meme chofe que s'il avoir pone le foleil a uue diftance de la terre 17S64 fois plus grande que celle ou il eft t ACABfeMIQUE. 45 &t que par confequent Sitius , s'll eft egal au Soleil , eft eloignc de nous de 27664 fois 53 millions de lieues. _ Acad. Royaie Nous avons dit en 1^99 que felon le fyftcme de Copernic , la terre dans nis sCUNCLS DE l'efpace de fix mois, eft plus proche ou plus eloigntede la meme etoile fixe de I'akis. route I'etendue du diametre de fon orhe annuel , ou de 6b millions de lieues. Physic II fetnbte done que la terre devioit voir cette fixe plus grande & plus petite, Annie 1717. ou du moms lui voir quelque variation de polition par rapport a des points immobiles , ce qui feroit une parallaxe. Si cecte parallaxe eft abfolument in- fenlible, e'eft nnc difficulty contre le fyfteme de Copernic, aifee cependant a digerer, &: plus tffrayante pour ('imagination que pour la raifon. Si cette pa- rallaxe fe tiouvi etie de quelque grandeur , non feulement elle demontre a la rigueur le fyfteme de Copernic, mais elle donne un moyen de mefurer la diftance des fixes j car on la ttouvcra geomecriquement par la grandeur ob- fervee de Tangle de cette parallaxe, & par la grandeur connue du diametre de l'oibe annuel de la terre, bafe de cet angle. II eft vihble que plus Tangle qui aura toujours cette meme bafe fera petit , plus la diftance des fixes fera grande. M. Callini a tente ce moyen ; & comme il s'eft bien attendu que Tangle, s'il y en avoit un , leroit tics-petit, & que par confequent Tobfervation ferek tres- delicate, il y a apporte toutes les attentions & toutcs les precautions pof- fibles. 11 a ptis pour Ion etoile fixe Sinus , non-ftulemen: par la meme rai- fon que M. Huguens , mais pour d'autres encore plus aftronomiques Sc plus rccherchees. II a obferve affidument Sinus pendant une annee entiere. 11 ne fuffirpasque Suius varie de pofition, il faut qu'il varie comme il doit varier, fuppofe le mouvement de la terre, autrement la variation de Sirius ne prouveroit , ni ne donneruir la parallaxe qu'on cherche. Sirius hit pofe d'abord dans le fil horifcntal de la lunette qui ctoit fixe Sc immobile , & TepailTeur de ce til fe rrouva heureufement cgal an diametre ap- parent de Siius , de forte qu'il en etoit cache entierement. On jugea par-la que le diametre apparent de birius etoit de cinq ou fix fecondes an plus. Si Tctoile n'avoit nulle variation de hauteur , elle devoit toutes les fois qu'elle repalfoit par la lunette , pafter exaftement derriere le fil , cependant elle pafta taniot au-deftus , tantot au-dfelT'ous , mais pendant toute Tannee d'obfervation , jamais elle ne s'eleva au-delTus , ni ne s'abailfa au-deftoas de plus que de Te- paiileur de ce fil ou de fon diametre apparent. A une meme hauteur fur Thonfon, comme celle ou ctoit toujours Sirius en paflant par le fil de la lunette, les refractions font inegales en ditterentes fai- fons de Tannee, plus grandes ordinairement en hiver qu'en ete. Siiius ayant puu .1 la meme hauteur dans Tune $c dans l'autre faifon , il etoitdonc reel- lement plus bas en hiver , &C il avoit une vraie difference de polition caufee par le mouvemenr annuel de ia terre, ou une parallaxe ; & plus Tinegalite des refia&ions de 1 hiver .i Tetc fera gtande, plus cette parallaxe le feraaulli. Mais ccla fuppofe Tinegalite des iefi; clions dune faifon a Tautre conitante & rcgu- liere, & Ton late qu'elle nel'cft pas allcz, & de plus pour en tirer une parallaxe fenfibie , il la fiudroit fuppofer plus grande qu'elle ne peut l'etre par toutes les observations qu'on en a Kates. Anili les variations de la hauteur de Sitius dans la lunette pourroient n'ctre 4(5 COLLECTION qu'un efFet de l'inegalite irreguliere des refradhons ; & fi l'on ne vetit pas y Acad. Royale rapporter tout , l'angle de la parallaxe de Sinus fera tout au plus de lix fecondes , Drs Sciences de ce qui donne la diftance de la terre a Sirius plusde 4*700 hois plus giande que Paris. celle de la terre au foleil ; au lieu que M. Huguens ne la trouvoit que de Physique. 27664 feis plus grande. Aace'e 1717. J_a diftance de Sirius trouvee par M. Caflini , etanr fuppofee , il eft aife de trouver la grandeur veritable de cette etoile ■, car on a un tuangle rectangle ou Ton conr.oit un angle aigu de 6 fecondes , fous lequel eft vu le diameire de Sirius, & un cote qui eft fa diftance a la tetre. De-la il refulte que lediametre de Sirius eft 1 00 fois plus grand que celui du foleil , qui eft cent fois plus grand que celui de la terre. Tout le monde fait que les etoiles fixes font divifees en fix daftes par rap- port a Ieur grandeur apparente vue a l'ceil nud. Si Ton fuppofe qu'elles foient a-peu-pres egales entr'elles , & que leurs diametres apparehs deaoifTent felon la proportion des nombresdepuis fix jufqu'a un , celles de la fixieme grandeur, qui eft la moindre, feront done fix fois plus eloigners de la terre que Sirius; & celies qu'on ne voit qu'avee des lunettes qui grollillent ico fois , feront 1 100 fois plus eloignees. Mais que routes les fixes foient egales entr'elles , ce n'eft point unefuppofition recevable en bonne phyfiqae, on voit bien par- tout certaines proportions , mais non pas de l'egalite. Si au contraire on fuppofe routes les fixes egalement eloignees de la terre, celles de la fixieme grandeur auront un diametre fix fois plus petit que celui de Sirius , & qui par confequent fera la fixieme partie de celui du Soleil , & plus de feize fois plus grand que celui de la terre ; & celles qu'on ne voit qu'a- vee de bonnes lunettes , auront un diametre douze fois moindre que celui de la terre. Mais la fuppofition de 1'eloignement egal des fixes , n'eft pas non plus recevable, ne fiit-ce que parce quelle eft trop conforme au temoignage des fens , qui'nous les reprefentent comme attachees a une meme votite. 11 n'elt pas. pollible que des corps dont le diametre feroit douze fois plus petit que celui de la tette, ou cent-vingt mille fois plus petit que celui de Sirius, foient vifibles, memeaux lunettes, a la meme diftance oil eft Sirius. II n'y a d'idee raifonnable que l'inegalite tant de la grandeur des fixes que de leurs diftances a la terre. Comme il n'y a pas d'apparence que Sinus foit la plus grande , parce qu'elle nous le parou , il faut que celles qui feront plus grandes , foienr plus eloignees , & il peut y en avoir telle beaucoup plus grande que Sirius , qui ne fera vifible qu'aux meilleures lunettes , a caufe de fon grand eloignemenr. Quelques philofophes ont deja foupconne que le Soleil etoit une des plus petites etoiles fixes ou des plus petits Soleils. Des fixes plus petites que Sirius peuvent audi etre plus eloignees que lui , & etre du nombre de celles qui font au-defious de la premiere grandeur , ou qui ne paroilTent qu'aux lunettes. De meme il eft plus vraifemblable que des fixes plus petites que Sirius font plus proches de nous ; mais enfin ces fixes les plus proches ne peu- vent l'etre alfez pour donner une parallaxe bien fenfible de l'orbe annuel de la terre; e'eft-a-dire, que le moindre eloignement qu'on puifle imaginer, eft tel, que par rapport afonetendue, 66 millions de lieues ne font lien , ou du moins ne font pas une grandeur dont on puilTe bien s'aflurer. Quelle immen- fite a done ce que nous voyons de l'Univers ! Et que fera-ce fi ce que nous en voyons n'eft encore qu'un point ? A C A D i M I Q U E. 47 Sur Us principes dcl'aBiondesfluides. (Hi/I. pag. yj.) Acad. Royale nrs Sciences di Paris. Physique. V_/n imagine ordinairement les folides Sc les fluidcs comme deux efncces de ° . 1 ■■/ 1 _ 1 ■../'. 1 Aance 1717 corps qui n ont de cominun que 1 etenduc & les autres propnetes gcnerales ; mais quand on y penfe un psu plus philofophiqucment , on voir bientot que les Huides ne doivent etre que des amas d'un nombre prefqu'infiiu de folides prefqu'infiniment petits , qui n'onr enfemble nulle liaiibn, Sc par confequent ont uue extreme faciliteafe mouvoir independamment les uns des autres. Pour plus de limplicite , on pent concevoir en general que ces petits folides font des boules ou des fpheres. C'eft fous cette idee que M. Saulmon a pris les rluides dont il a voulu confiderer les differentes actions. Tout fe reduit a examiner & a calculer felon les regies etablies du mouvement les efforts d'un amas de fpheres d'une grandeur quelconque mues felon certaines conditions ; quand leurs efforts feront trouves , il n'y aura plus qu'a concevoir la grandeur de ces fphe- res extremement diminuee, & fi 1'on veut jufqu'a l'infiniment petit , & on aura a tres-peu pres les efforts des fluid es , Sc on les aura fans aucune erreur fenfible j car les petits folides clementaires qui torment les fluideslont infini- ment petits par rapport a tous les autres corps que nous pouvons melurer. Pour conduire cette queftion par les degres que demande l'ordre d'acque- rir des connoiflances , il taut d'abord, comme a fait M. Saulmon, concevoir une colonne verticale formee de fpheres d'une grandeur finie arbitraire , routes egales entr'elles, fans pefanteur & fans relFort. On les fuppofe f«ns pef.nteur, pour n'y confiderer que le mouvement qui leur fera imprim.e , & fans reflort , aiin que ce mouvement fe communique des unes aux autres de la maniere la plus fimple. La colonne eft formee de forte qu'il y a une premiere fphere pofee fur deux autres qu'elle touche, les deux font pofees fur une feule qu'elles touchent audi, Sc toujours ainfi de fuite j une fphere feule eft pofee fur deux , Sc deux fur une , &: enrin la colonne fe termine par une feule fphere , de mime qu'elle avo:t commen- ce. Elle a autant d'efpeces d etages qu'il y a de fois ou une fphere ou deux fpheres , & puifqu'elle eft termineeen haut Sc en bas par une fphere feule, le nombre des etages eft necefTairement impair , Sc dans la fuppofition prefente le nombre des etages a une fphere feule eft la plus grande moitie du nombre total. La colonne vetticale eft pofee fur un plan honfontal; Sc puifqu'elle eft fans pefanteur , & jufqu'ici fans mouvement , elle ne prelle point du tout ce plan , ou ne fait au- cun effort contre lui. Mais fi on donnea la premiere fphere une impulfion verticale de haut en bas, ou , ce qui eft la meme chofe , fi la premiere fphere devient elle feule pefante , quelle impreftion la colonne fera-t elle fur le plan qui la porte, ou quelle fera la charge de ce plan d'appui ? L'impulfion verticale que la premiere fphere a rec,ue , & qu'elle doit communiquer aux deux qui la portent, ou l'impreilion, verticale qu'elle fait fur ces deux en vertu de fa pefanteur , n'eft plus verticale quand elle agit fur elle , mais necefTairement obiique a l'horifon ; car la pre- miere fphere ne prefTe ni Tune ni 1'autre des deux inferieures qui la portent, que felon une lignt qui joint fon centre avec celui de cette inferieure, &: qui, pat confaaueiu eft oblique a 1'horifon. Ainfi l'impreilion verticale de la pre- e 48 COLLECTION bbjui;i,j^m miere fphere fur les deux inferieures , doit fe decompofer , & par la meme raifon l'impreflion des deux fpheresdu fecond etage fur la fphere feule du troi- Acad. Koyale jj e £on fe decompofer encore, & on trouve par le calcul de ces decom- TES SCIENCES DE . J r .. ■ 1 1 1 r 1 r 1 I ' *1 j.ARIS_ pourions que de limpreflion verticale de lalphere leule du premier etage , ll Thysique. n'en arrive a celle du troifierne feule auffi que la moitie, a ceile du cinquieme Annee 1717. que le quart, & roujours ainli de fuite felon une progreflion geometrique fou- double i de forte que (i la colonne a treize etages , la derniere fphere ne regoit que la foixantequatrieme partie de i'imprtflion de la premiere, & par confe- quent le plan d'appui n'eft charge que de cette foixante-quatrieme partie. Plus le nombre des etages fera grand, moins fera grande la charge du plan d'appui; Sc entin li ce nombre etoit inhni , la charge du plan d'appui feroit in- finiment petite ou nulle , de meme qu'une progreflion geometrique fou-double qui a une infinite de terrnes ne peur aboutir qua l'iiafiniment petit ou a zero. Ce qui diminue toujours la charge du plan d'appui , c'eft que toutes les Iphe- res, tant celles qui font feules a leur etage, que celles qui y font deux, n'a- giflent fur les etages inferieurs que par des lignes obliques a l'horifon , ce qui fait que dans ces directions obliques, lorfqu'on les concoit decompofees, il n'y a que ce qu'elles ont de vertical qui ferve a la preflion du plan , & que tout l'horifontal y eft inutile. Et il n'eft pas etonnant que l'impreflion verticale de la premiere fphere, qu'on fuppofe feule pefante, fe partageant toujours a un plus grand nombre de fpheres , devienne toujours moindre dans chacune , &c enfin infiniment petite quand elle s'eft infiniment partagee. Nous n'avons encore confidere que ce qui refulte de l'impreflion verticale d'une feule fphere, la premiere de toute la colonne. Mais fi la colonne, tou- jours terminee par une feule fphere , commencoit par deux qui euflent chacune une impulfion verticale ou une pefanteur egale a celle de la fphere feule , quelle charge en refulteroit a la derniere fphere ou au plan d'appui ? II fe trouve par la decompoh'tion des directions que la fphere feule a fon etage qui porteroit ces deux premieres , recevroit les trois quarts de la fomnie de leurs impulfions, que la fphere fuivante feule a fon etage recevroit la moitie de ces trois quarts; & toujours ainfi de fuite felon une progreftion geometrique fou-double , de forte que la fphere feule que Ton fuppofe qui termineroit la colonne ou le plan d'appui , recevroit une impulfion d'autant moindre que le nombre des termes de cette progrcflion , ou des etages de la colonne , feroit plus grand. 11 eftclair que la quantite de cette impreliion eft determined par le tetme corref- pondant de la progreflion. On a done les deux differentes impreflions que feroient fur le plan d'appui deux colonnes formees de fpheres egales & d'un nombre d'etages donne ou connu , l'une commengant par une fphere , la feule de toutes qui fur pefante , l'au- tre par deux feules pefantes audi , & toutes deux terminees par une feule fphere. Maintenant li l'on fuppofe que dans la premiere colonne les deux fpheres du fecond etage deviennent pefantes audi bien que la feule du premier , on aura done l'impreflion qu'elles feront fur le plan d'appui. On aura de meme celle qu'y fera la fphere feule du troifierne etage devenue pefante aufli-bien que celles des deux premiers, & toujours ainli de fuite, e'eft-a-dire, qu'on aura l'imprelTion que fera fur le plan d'appui la colonne entiere devenue pe- fante. Cela ne confiftera qua ajouter enfemble les derniers termes des pro- greflions A C A D E M I Q U E. 49 greflions gcometriques fous doubles Sc inc-gales par 1c nombre des tefmes qui '■'■■■ proviendront d'une part des ctagcs a une fphere, Sc de l'autre , des ctages a Acad. Royal* iieux fpheres. Toils ces dirfcrens derniers termes provenant de meme part , pes Sciences de feront encore une progrellion geomctrique , is: par confequent il eft fort aife Paris. ci'-n avoir la fornme , & enfuite la font me de tears deux foinmes. Phtsique. De-la il refulte qu'une telle colonne formce dun nombre infini de fpheres , Amic: 1717. ou , ce qui eft le meme , infinie en hauteur , ne fait fur Ie plan d'appui qu'une impreflion cinq fois plus grande que le poids d'une ieule iphere , Sc par con- fequent tant 'que la colonne eft finie, quelque grande quelle foit , cette im- preflion ne va jamais jufqu'a ctre cinq fois plus grande que ce poids , feule- ment elle en approche toujours d'autant plus que la colonne eft plus haute. Une fi petite impreflion d'une colonne , meme infinie , iur fon plan d'appui , vient cfe ce que, comme nous l'avons vu, toutes les impreflions verticals dc chaque Cohere font decroiffantes, Sc toutes les horifontales perdues. II n'en iroit pas de meme fi Ton concevoit la colonne enfermee dans un tuyau , dont les patois feroient immobiles. Alors toutes les imprellions hori- fontales agifiant contre les parois qui ne leur cederoieut nullement , elles ne feroient ni perdues, ni memes diminuees, Sc le plan d appui feroit charge du poids abfolu de la colonne. 11 faut bien rematquer que celle que M. Saulmon confidere eft ifolee. Si 1'on fyppofe dans une colonne infinie ifolee les fpheres infiniment peu pefantes, ou , fi la pefanteur eft proportionnce a la malfe, infiniment petites, l'impreflion fur le plan d'appui fera infiniment petite, carle quintuple dun in- finiment petit l'eft aulli. De la il eft aife de tirer des confluences pour le fiui, M. Saulmon a raiformc de la meme maniere fur une colonne qui feroit ter- minee de part & d'autre par deux fpheres ; il a conduit !e raifonnement par les memes degres, Sc enfin il a trouve que cette colonne entiere ctant pefante , fon imprellion fur le plan d'appui, quandelle eft infinie en hauteur, n'eft que cinq fois & demie plus grande que la pefanteur d'une feule fpherc. 11 eft clair que ce qui rend fon impreflion plus grande que celle de la colonne infinie ter- minee de part Sc d'autre par une fphere , e'eft cette difference meme de conf- trudtion ou de formation j car nous avons vu que dans une colonne qui com- mence par deux fpheres, la premiere impreflion verticale qui part de ces deux fpheres , eft plus grande que fi elle ne partoit que d'une ; celle que les deux dernicies fpheres font fur le plan d'appui eft plus grande aulli que s'il n'y en avoit qu'une. On a done les deux impreflions totales que feront fur on plan d'appui deux differentes colonnes compofees de fpheres egales entr'elles , Sc ceiles de l'une u ceiles de l'autre ; mais l'une terminee de part Sc d'autre par une fphere , £c l'autre par deux. Ces impreilions font exprimees algcbriquement. Si mainte- nant Ton concoit ces deux coloruies egales en hauteur, & pofecs fur un meme plan horifontal , afTez proches l'une de l'autre , mais fans le toucher, elles feronc exaetement entremclees , e'eft-a-dire, qua un etage de lune qui n'aura qu'une fphere , rcpondra toujours un etage de l'autre qui en aura deux; Sc li Ion vcut favoir 1'imprellion que routes deux enfemble feront fur le plan d'appui com- inun , il n'y aura qu'a faire une fomme des deux exoreflions algcbriques de 1'imptellion de chacune. Quand ces deux colonnes feront infinies, l'imprellioii Tome IV, Partit Fran$oife. G 50 COLLECTION — _u i — i. qu'elles feront toutes deux enfemble ne fera que onze fois & demie plus grande Acad. Royals que le poids d'une feule fphere. des Sciences de On prend la precaution de fuppofer que les deux colomies ne fe touchent r-\RIS- point , parce que cette idee convient alTez aux Huides qu'on peut imaginer com- 1'hvsiqui. rji J ■ 1 CI /-> ' I I /" poles de petites colonnes ou hlets lepares les uns des autres ioit par une ma- tiere fubtile qui coule dans ces interftices, foit par des vides , li Ton le rel'oiu a en admettre. C'crt-la la raifon des colonnes ifolees. II eft clait que les deux colonnes entrelacees etant finies , leur inipreffion fut le plan d'appui eft d'autant plus grande, i°. qu'elles font plus hautes, i°. que la pefanteur d'une fphere quelconque eft plus grande. La hauteur des deux colognes, ou, ce qui revient aumeme, d'une feule, eft d'autant plus grande, que le nombre des etages eft plus grand , & le dia- metre des fpher s egales plus grand ; fur quoi il eft bon de remarquer que la hauteur d'une colonne n'eft pas le diametre d'une fphere repeiee autant de fois qu'il y a d'etages, elle eft moindre que cette grandeur. I a hauteur d'un et.'ge forme d'une ieule fphere eft egale au diametre de cette fphere ; mais la hau- teur d'un etage forme de deux fpheres eft moindre , & il eft aife de trouvet felon quel rappott e!!e eft moindre , ou quel eft dans une hauteur donnee d'une colonne le nombre des crages , fi le diametre des fpheres eftdonne, ou le dia- metre des fpheres, fi le nombre des etages eft donne. Enfin on voit aftez en general que deux colonnes egalement hautes peuvent etre formees d'un nom- bre d'etages difft-rens & de fpheres d'un diametre different, j'entens les fphe- res d'une colonne etant comparees a celles de l'autre : mais dans la colonne ou le nombre des etages fera plus grand , le diametre des fpheres fera plus petit, & au contraire. Si Ton fuppofoit la pefimteur des corps proporrionnee a leur gran leur feule ou a leur volume, la pefanteur des fpheres feroit done uniquement proportion- nee i leur grolTeur , ou , ce qui eft le meme , au cube de leur diametre. Mais la pefanteur depend & de la grandeur des corps & de leur denlite. La denfite eft d'autant plus grande qu'ils ont plus de matiere propre qu'on appelle leur maffe , & moins de matiere etrangere qui remplit leurs pores , ou moms de vides. La denfite eft done d'autant plus grande que la malfe eft plus grande par rapport au volume, ou la malfe plus grande & le volume plus petit. M. S.mlmon mefiire la denlite, en imaginant que tous les vides dun corps fphenque font raffembles , de forte qu'ils font un creux concenrnque a la fphere , & que toute fa made ou matiere propre fait une enveloppe a ce creux. Le rapport du dia- metre de la fphere totale au diametre du creux etant connu, on a facilement l'expreilion de la denfite de ce corps. Tout cela etabli , il ne faut plus que reprendre deux colonnes egalement hautes entrelacees comme nous l'avons conc,u , l'une terminee de part& d'au- tre par une fphere, l'autre par deux. Cet eryrelacement etant le feul qu'on puilTe imaginer entre difterentes colonnes , il faut concevoir qu'on ajoute a la premiere paire de colonnes plufieurs autres paires egales & femblables , de maniere que les centres de toutes les fpheres foient dans le mctne plan M. Saul- mon appelle ce plan une rangee. L'impreffion de route une rangee fur le plan- d'appui eft l'imprellion d'une paire de colonnes mulripliee par le nombre de ces paires, ou par le nombre total des colonnes. Si a cette rangee on en ajoute ACADEMIQUE. 51 plufieurs autre? egales & femblables en diffciens plans , il fe forme un folide z dont limprcflion fur It; plan d'appui eft celle d'une rangee multiplied par le Acad. Royals nombre des ran: ues Sciences de Com me nousavonsconfidercchacune a patt, routes les grandeurs quientrent Paris- dans la formation de ce lolide, is: tout ce qui p^ut les faire vatier, il eft aife "hvsiqoe. de voir dans tout le detail qu'on voudra les rapports qu'autont les imprellions Annie 1717. fur le plan d'appui de dirlerens folides ainli formes , &: quelles feront les chofes qui devront etre counties , afin qu'on en puifle conclure d'autres inconnues. Tout ccla n'eft plus qu'un jeu pour la geometrie , quand la formule generate eft une fois trouvee. Si 1'on veut qu'un tel folide fe change en un fluide . il faut concevoir que les fpheres deviennent extrcmement, & meme li 1'on veut, infiniment petites, & par confequent infiniment peu pefantes. En ce cas il eft vrai , felon ce qui a etc dit , qu'une colonne , h'tt-elle infinie en hauteur , ne fera fur le plan d'appui qu'une impreflion infiniment petite; mais aulTi, fi 1'on veut donner a ce fluide une bafe infinie, il faudra, par une fuite neceiTaire de la meme hy- potheTe, multiplier infiniment 8c le nombre des etages d'une colonne, & celui des colonnes d'une rangee , & celui des rangees , ce qui donnera une impref- fion finie fur le plan , pourvu qu'on traite le calcul avec certaines precautions. Quoique les fpheres des deux fluides difteiens foient fuppofees infiniment petites Sc egales, elles ne laiffeiont pas d ctre capables de denfites, & par confequent de pefanteurs dirFeientes , qui feront des imprelllons difterentes fur le plan. Apres avoir confidere l'imprefiion que fait fur un plan d'appui horifontal un folide forme de fpheres egales egalement pefantes, M. S;.u!mon vient a confiderer celle que feroit contre un plan vertical ce meme folide mu d'un mouvement horifontal uniforme. 11 faut concevoir que le plan vertical qui doit ctre choque, n'eft qu'a une diftance telle, que les fpheres du folide qui doit choquer , ne foient pas tombees par leur pefanteur avant que de rencontrer le plan vertical. Par l'efpace qu'on fait qu'un corps pefant parcourt en une feconde au commencement de fa chute , &c pat le fyftcme etabli de ('acceleration , on determine quelle peut etre la plus giande diftance de ce plan qui fera choque. M. Siulmon trouve pat fa theone que la force abfolue ou la pefanteur to- tale du folide qui choque fera a la force de fon choc contre le plan vertical , comme fix rois le nombre des etages dune colonne a un peu moins de 1 1 , & par confequent comme le double du nombre des etages eft a 7 , quand on prend 11 fans diminution , ce qui eft permis quand la fraction qu'il en faut retrancher eft alFez petite. De la il fuit que quand le folide fuppofe eft un fluide, ce qui rend le nom- bre des etag.-s dune colonne inftni, li les fpheres en font concues infiniment petites, la force du choc de ce fluide mu honlontalement d'une vitelfe quel- conque finie , eft nulle par rapport a fon poids total , & cela peut paroitre pa- radoxe. Mais puifque les frheies font fuppofees infiniment petites , la premiere couche verticals du folide qui sV-npiique contre le plan vertical , & le trappe , n'eft qu'un plan matfaematique fans profondeut, & pat confequent fans malfe & fans force, quelque vkefte qu'ii ait. Dun autre cote la pefanteur abfolue du folide qui fe incut , eft la force d'un corps qui a fes trois dimenlions ; oa Gij ji COLLECTION a done fait la meme chofe que C\ on avoit compare la force d'un plan a ceHe d'un folide, ou un plan a un folide , & dans cette comparaifon le plan eft nul. A°ScuRcesAde IJ"ifque dans la nature le choc d'un rluide, com me Lair ou I'eau, mu hori- Paris!"' ^ fontalement contre un plan vertical , n'eft pas nul par rapport a la pefanteur Physique. abfolue , il s'enfuit que les particules elementaires qui compofent ces fluides, Annfc 1717. ne font pas inliniment petites ; ou que fi elles l'ctoient , elles formeroient des molecules ou colonnes finies en s'entretouchant en nombre infini. C'eft ainfi que des idees purement geometriques , & qui ne paroiffent d'abord que des ficlions de l'efprit, peuvent avoir des applications reelles alaphyfique. lllemble meme qu'on en pent attendre beaucoup d'autres de la thcorie de M. Saulmoa poulTee aulli loin qu'elle peut aller. Rcmarques fur V aimant. Par M. de la Hire. (Memoires , pag. 275.) On ne peut pas fe perfuader facilement comment un aimant peut enlever £ un autre aimant qui eft plus fort que lui , un morceau de fer qu'il tient fuf- pendu ; car il femble que la vertu du plus fort doit toujours l'empoiter fur cells du plus foible. Cependant on ne peut pas douter de l'experience; car je l'ai faite avec foin , pour voir fi ce qu'en tapporte M. Rohault dans fa phyfiqus etoit bien certain. II appelle cette experience une belle difficult* , & pour la xefoudre , il n'en donne point d'autre raifon , fi ce n'eft que \efer louche alors le plus foible aimant en plus de parties qu'il ne louche C autre. 11 faur remar- quer que cette experience ne reuflit pas toujours , mais feulement quelque- fois , comme le dit auiii M. Rohault , & e'eft fans doute ce qui lui avoit donne lieu de conje&urer que cela ne venoit que des differens attouchemens du fer a l'aimant , ce qui paroit fort probable; mais nous verrons dansda luite fi cette raifon peut generalement fe foutenir , & d'oii viennent ces differences. J 3 remarque d'abord que pour faire exactement l'experience dont il s'agit ici , il ne faut pas fufpendre un moiceau de fer a un aimant, puifque la pefanteur du fer tendra toujours a le feparer de l'aimant fuperieur : e'eft pourquoi il vaut mieux placer l'aimant , en forte que la ligne de fes poles foit horifontale , & que le fer que je fuppofe etre une petite verge qui fera appliquee par un bout an pole le plus fort, e'eft a-dire, au meridional, Si par fon autre bout an pole feptentrional de l'aimant le plus foible , foit aulli honfontal dans fa longueur, & pofe fur un corps poli comme du verre pour y pouvoir glirTlr facilement : & 1 1 on obferve que quand on eloigne l'aimant foible du plus fort felon la direc- tion defes poles , quelquefois cet aimant foible arrache au plus fort la verge de fer, & I'enu.une avec lui , demeurant toujours appliquee a fon pole; & quel- quefois l'aimant foible fe fepare de la verge de fer qui demeure jointeau plus fort , coram; il femble que cela devroit toujours aniver. Mais l'experience que Ton fait d'ordinaire pour reconnoitre la direction des poles d'un aimant, qui eft de femer fort legerement de la limaille d'aciet fur un papier que Ton a place au-deiTus d'une pierre d'aimant, cV: fuivant fes po- ACADEMIQUE. 53 les a-peu-ptc-s, m'a fait foupconner s'il n'y auroit point dans tons les aimants — ■— ^—» quelques pores par oil la matiere magnctique repandue fians l'air s'y introdui- Acad. Royale roit bien plus facilement que dans d'autres; car on remarque toujours que les des Sciencii ui petits grains de cette limaille fc- difpofent en filets feparcs les uns des autres, Pahs. 2c jamais autrement , fi ce n'eft hors de la fphere de la vertu de la pierre 011 Thysiqce. cette limaille fe voit femce indiifc-remment , 6c fans aucun ordre regulier. Cell Anncc 1717. pourquoi il fe pourroit faire que dans un aimantqui ne paroit avoir que peu de force, il y auroit pourtant des pores qui rccevroient plus de matiere magne- tique, Cv qui par confequent pourroient faire un plus grand effet dans les ex- periences que plufieurs pores d'un aimant plus gros &: plus fort ; & fi cela etoit, il feroit facile de voir pourquoi un aimant plus foible dans une certaine pofi- tion avec une petite verge de fer , la retiendtoit &c l'arraclieroit a tin aimant plus fort en general , cv que dans d'autres pofitions , 1'aimant plus fortretien- droit le fer quand on eloigneroit le plus (bible; mais comme ce que je viens de dire , n'eft qu'une conjecture , j'ai voulu voir (1 les experiences ne me pour- roient point donner quelque lumiere fur ce fujet. J'ai pris pour ce fujet un gros aimant qui pefe environ fix livres, Sc qui eft affezfort, puifque fa fphere d'activite eft fenlible fur une aiguille de bouffole, a lix pieds de diftance : cet aimant eft tout nud & fans armure ; il eft un peu irregulier, fi ce n'eft vers fori pole meridional qui fe termine par trois faces, dont il y en a une qui eft beaucoup plus erande que les autres , & e'eft cette pointe qui a toujours fervi a toucher des aiguilles ; ik comme j'avois toujours dans la penfee qu'une petite pierre d'aimant qui ne paroit pas avoir beaucoup de force en la comparant a une autre qui faitde plus grands effets , poiuroit nean- nioins etre plus forte dans quelques unes de fes parties, j'ai pris un petit mor- ceau de fer d'un pouce de long, 6c de trois lignes environ de groffeur, & l'ayant aimante avec ma pietre , j'ai juge que ce morceau de fer ne pourroit jamais avoir autant de vertu que la pierre qui I'avoit aimante; & comme ce fer eft devenu par l'attouchement en quelque f.icon une pierre d'aimant , je m'en fuis fervi au lieu du foible aimant ci-defTus , pour en faire l'exptrience par rapport au gros aimant. Celt pourquoi j'ai applique contre ce gros aimant une petite verge ou fi! de fer d'une ligne environ de groftuur , relle qu'etoir la verge de ('experience pre- cedente , & dont la longueur etoit dun pouce & demi ; ce fil de fer s'eft ai- mante aulli lot, iv tenoit fortement a la pierre , & y demeuroit attache ho- rifontalement fuivant la pofition des poles de la pierre; j'ai applique enfuite a ramre extiemite de ce fil de fer le morceau de fer aimante ; en forte que les poles de vertu contraite (e touchafTent; c'tft a dire, que le pole feptenttional du fer touchat le pole meridional du fil de fer, afin qu'ils fuffent unis plus fortement enfemble & avec l'aimant , le tout etant pofe de niveau. Enfuite ayanc retue doucement le fer aimante, le fil de fer lui elf demeuie attache, £c a quitte la pi. ire d'aimant . & cela eft touj.urs arrive de meme toutes les fois que j ai teitcrc cette experience ; mais il eft vrai que lorfque j'ai eloigne le fer aimante de la pierre d'aimant de dnux ou de trois pouces environ , le fil de fer a quitte aulli le fer aimante. j'ai voulu voir enfuite ce qui arriveroit, fi j'appliquois d'abord contre l'ai- mant le morceau de fer aimante, & enfuite contre celui-ci le hide fer, fc too- — — " "-•- -rrri • 54 COLLECTION jours Ies poles joints aux poles de difrerentes denominations; car alors le fii de Acab. Roy ale feme touchoit le fer aimante que dans un petit endroit, Sc le fer aimante toil- bes Sciences bi choit la pierre d'aimant dans tine place beaucoup plus large; car les extremire's 1'aris. de ces fers avoient ete bien drellcs a la lime , Sc j'ai remarque avec un peu Physique. je rurpriTe , Sc contre le penchant que je pouvois avoir pour la raifon de Anneei7i7. ^ Rohault, que le fil de fer etant retire en arriere, emportoit avec lui le fer aimante qui touchoit la pierre d'aimant ; Sc cela toujours de meme dans la re- petition de I1 experience. J'ai cm que je ne m'en devois pas tenir a ces feules experiences , Sc qn'il falloit encore en fure quelques autres pour tacher de decouvrir la veritable caufe de 1'eftet dont nous parlons ici : c'eft pourquoi j'ai commence a placer mon gros aimant , en forte que fa grande face & fes poles fuflent dans une po- rtion horifontale; Sc ayant mis delTus un papier blanc , j'y ai feme de la li- niaille d'acier a l'ordinaire, & j'y ai remarque les poles & les ventres, comme on les appelle, du tourbillon de la matiere magnetique qui circule autour de cette pierre. Enfmte ayant ore le papier, Sc ayant place la verge de fer F pi i. contre l'aimant A , & au bout de ce fer le fer B , la longueur de ces deux fers etant dans la ligne des poles de l'aimant, comme je les avois places d'abord , j'ai remis le papier par deffus , & y ayant feme de la limaille, j'ai remarque , comme on le peut voir dans la figure, que les filets de la matiere magnetique qui fortoient par le pole M de la pierre , paroifloienr fe couther le long de la verge F fans y entrer, Sc que du fer B qui etoit applique a cette verge, il fortoit des filets prefque perpendiculaires a la longueur de ce fer , lefquels rencontrant ceux qui venoient du pole M de l'aimant, les emportoient avec eux , Sc qu'a l'extremite de ce fer B , il fe formoit une efpece de pole ou tour- billon tres-fenfible , qui setendoit au loin en fe joignant a la matiere qui ve- noit du pole M > laquelle pouvoit retourner enfuite vers 1'autre pole de l'ai- mant ; ce que je dis de la mitiere qui fort des poles de la pierre Sc des fers, fe doit entendre de me me de celle qui tendroit a y rentrer, ce qui eft indif- ferent, Sc qui feroit le meme efret , fuiv.mt le fyfteme de M. Hugens. La meme difpolition des filets arrive aufli fi Ton place le fer B proche de l'aimant, & le fer F au-dela. Ces experiences pourroient perfuader que leferou l'acier aimante a plus de force que l'aimant meme qui l'a aimante , 6V c'eft aufli ce que nous voyons aflez fouvent qu'une verge ou une regie d'un certain acier, ayant ete aimantce par un bon aimant , foutient ou porte un poids bien plus pelant que ne fait l'aimant meme a nud , & fans etre arme. II me femble qn'on pourroit dire encore que cela viendroitde ceque leferou l'acier etant un corps mou par rapport a l'aimant, quoiqu'ils foient de meme nature, a Ces pores bien plus p opres a tecevoir l'lmpreilion de la matiere magnetique , que non pas l'aimant qui eft un corps dur, puifque ce n'eft qu'une pierre; aufli le fer perd il fa vertu tout d'un coup pour en prendre une autre toute contraire, ce que ne peut pas raire facilement un aimant , Sc ce qui pourroit feulement arriver dans quelques-unes de fes parties qui ne feroient pas tout-a-fait pierre; aufli il reprend peu a pen fa premiere vertu, apres qu'eile a ete ckangee , ou alteree par un plus forr ai- mant que lui, Sc par confequent il pourra s'introdnire dans l'acier une plus grande quantite de matiere magnetique que dans l'aimant meme qui a dings & ouvert les pores de l'acier pour recevoit cette matiere. ACADEMIQUE. 55 Ainfi !es deux morceaux endant e'eft cette meme matiere qui a la longue en dirige & en ouvre tous es pores , pour faire devenir ce fer un fort bon aimant , apres qu'il a change de natute par la rouille, & qu'il eft devenu pierre , comme on l'a vu a Aix en Provence & a Chartres. Ce fut aulli ce qui m'engagea il y a vingt cinq ou trente ans , a enfermer dans une pierre de la mcine nature que celle du clo- cher de Chartres plulieurs his de rer fuivant le cours de la matiere magneti- que , ces tils s'etanr aimantes d'abord , fe font convertis en pierre en fe rouil- lant , Sc font devenus desaimants. La meme chofe eft arrivce a un hide fer qui a etc fulpendu en l'aii pendant tort long-tems. J'ai fait encore une observation fur le cours de la matiere magnetique qui paffe au rravers d'une grofte pierre d'aimant, ce qui eft marque diftindtement par les filets de 1j limaille qu'on feme fur un papier pofe fur l'aimant , ou Ton voit que vers les poles de la pierre , il s'anialfe beaueoup de limaille qui forme l'origine d'un touibillon dont les venttes font entre les poles , que la li- maille eft aulli en grande quantite vers les bords de la pierre , & que les filets fortent prefque perpendiculairement de ces bords ; mais il n'y a que ties peu de limaille dans le milieu oil elle a des directions different s fuivant les mc- galites de la pierre, d'ou 1'on pourroit juger que la pieire n'auroit que tres- peu de force dans fon milieu. On remarque aulli la meme chofe a une verwe de fer aimantee. Ceci fe trouve continue par ['experience que je fis autrefois fur un anneau d'acier de troispouces de diamene que j'avois aim nteen appto- chant feulementle pole de la pierre d'aimant contre un enclroit de cet anneau ; car je connus pat la limaille d'acier femee fur un papier que j'avois place au- dellus de cet ann au , les deux poles, l'un ou il avoir etc louche par la pierre , & 1'autre a I'cxtreinite du diametre de l'ani,eau qui paftoit par l'endroit ou il avoit ete touche. On y rem.nquoit aulli les venttes entte ces poles; mais il ne paroifloit nen de fenfible dans le milieu de I'anneau. Ce qui me fit con- noitra que la vertu de l'aimant avoit palle d'un pole a I'autre, U s'etoit com- muniquee au long de I'anneau, fans que les ventres fe confon.iiilent. PES Si COLLECTION Enfin les experiences que j'ai fiiites fur le cours de la matiere magnetique, , „ _ com me on a vu dans la figure precedence , font connoitre que lorfqu'on a joint Acad. Royale v . . , ° • r > -j i / _es Sciences de a 'a Plerre 'es deux morceaux de fer , toute la vemi pafle de Ion pole S , le Paris. plus eloigne des fers , au pole M du fer le plus eloigne de la pierre, & que THYsiquF. vers le milieu oil eft place l'autre rer, il n'y a que tres-peu de force; car la Ajincc 17 1 7. pierre Sc les deux fers ne font plus enfemble que comme une feule pierre d'aimant , Sc e'eft ce que j'ai connu tres-clairemer.t fur une excellence pierre qui etoit armee , on la matiere magnetique s'introduifant toute dans les armures qui etoient appliquees contre les poles , fe detoumoit toute vers les totes des armures pour leut faire foutenir un poids tres-confiderable; car alors les cotes des armures vis-a-vis les poles n'avoient plus aucune force fenfible. 11 en feroit ici a-peu pres de meme ou toute la vertu de la pierre paffant de fon pole S au pole M du fer le plus eloigne, nefauroit plus retenir que tres- foiblement le fer du milieu qui demeure attache a ce fer le plus eloigne , lequel , a caufe de fa longueur , a beaucoup de force pour agir fur le fer du milieu qui en eft proche , & e'eft ce qui eft marque par les filets de la limaille qui fottent prefque perpendiculairement de ce fer, ce qui lui donne plus de force pour fe joindre au fer du milieu , qu'il n'en refte a l'aimant pour le retenir. J'ai rapporte ci-devant , que lotfque je faifois cette experience avec l'aimant A , Sc les deux fers B & F, je n'avois point remarque que le fer du milieu reftat attache a la pierre A, lorfqu'on en eloignoit l'autre fer, mais qu'au contraire il reftoit toujours attache a l'autre fer, Sc le fuivoit ; cependant M. Rohault rapporte que cela arrive quelquefois , Sc e'eft ce qui m'a fait foup- conner que l'aimant A ayant beaucoup de force, en cornmuniquoit audi au fer le plus eloigne, ou a l'aimant dont il tient la place ; e'eft pourquoi au lieu de cet aimant A , j'ai piis un morceau de fil de fer afTez gros Sc long , lequel ayant ete aimante , eft devenu un aimant propre pour ces experiences ; Sc au lieu des deux autres fers B Sc F, j'ai pris un morceau de fil de fer d'une demi-ligne de groffeur Sc de trois pouces de long que j'ai coupe eq deux parties, l'une d'un pouce , & l'autre de deux , Sc ayant aimante ces deux morceaux de fer, je les ai places fuivant leurs poles fur un verre , enforte que d'abord le plus court etoit au milieu , & ils fe touchoient pat leurs extrenntes : ces trois fers ne compofoient alors que comme un feul aimant; car ces trois fers fe tenoient attaches enfemble lorfqu'on les faifoit mouvoir , Sc il arrivoit audi que lorfque j'eloignois du plus gros le plus long des deux autres , il entrainoit avec lui le plus court qui etoit au milieu ; car le plus gros ^toit arrete ferme : ce qui etoit conforme aux premieres experiences ; car le plus gros des trois cornmuniquoit aftez de vertu au plus eloigne pour lui faire retenir celui du milieu qui etoit le plus petit ; mais lorfque j'ai voulu placer le plus petit a l'extremite , Sc l'autre qui lui etoit egal en groffeur , mais plus long, au milieu , j'ai obferve que quel- quefois le petit n'entrainoit pas l'autre, lequel s'en feparoit en demeurant joint au plus gros des trois qui etoit immobile , ce qui ne s'aecorderoit pas avec les premieres experiences; mais audi je puis dire que le plus petit des deux plus delies qui etoit le plus eloigne , n'avoit pas affez de force pourentrainer l'au- rre qui lui refiftoit par fa pefanteur. J'ai remarque aulii en confiderant attentivement la maniere dont ces fils de fer s'appliquoient I'un contre l'autre pour y agir , qu'ils ne joignoient pas leurs extremites A C A D E M I Q U E. j7 extrcmires circulaires exa&ement 1'une au bout de l'autre , mais qu'ils s'en de- — toutnoicnt un peu pour fe rencontrer par les bords de leur circoniercnce ; car Acai>. Royale ils avoient etc bien drelTcs par les bouts, ce qui venoit fans doute de ce que des Sciences de la matiere magnecique fortoit en plus giande abondance en cet endroit que vers Paris. le milieu, comme ll arrive a tous les corps un peu larges lorfqu'etant aiman- Physique. res on veut lew Sake foutenir un morceau de fer y comme on le remarque a Ann" I7'7' un couteau dont la pointe eft arrondie. II faut prendre garde encore dans les experiences qu'il y a des fers qui ne fauroienc s'aimanter, c'eft a-dire, qui ctant touches d'une bonne pierre, 6c emit d'une figure longue , ne peuvent pas foutenir un fer tres-leger, a moins qu'ils ne foient en prefence d'un aimant ; mais ce n'eft pas qu'ils ne foienc d'une nature propre pour cela ; c'eft feulement a caufe que leurs porss ne peuvent pas retenir la verm qui leur a ete imprimee par l'ainunt. Mais enhn pour condulion , on doit conliderer que les premiers fers appli- ques contre l'aimant , lui font une efpece d'armure qui a beaucoup de force vers fon extremite en raifemblant la vertu qui eft repandue autour de la pierre, ce qui le fait agir plus puiirammenr que la pierre meme , ce qui eft ttcs-connu par les armures , & c'eft ce qui lui fait arracher a la pierre les autres fers qui en font plus proches ; car cette efpece d'armure fe joint tres-forrement au fer qui Li touclie , & qui par confequent doit l'cmporter avec elle quand on les reut feparer ; c'eft auiTi ce qu'on peut voir en appliquant contre l'un ou 1 autre pole de la pierre un fer qui lui ferve comme d'armure, fans etre attache a la pierre ; car l'extremite de cette armure fe joindra tres-fortement au fer qu'on lui prefentera; enforre qu'ils fe fepareront enfemble de la pierre, &c cela juf- qu'i ce que le fer qui touchoit l'aimant foit trop eloigne de la pierre pour en re- cevoir alU-z de force pour retenir l'autre ; & c'eft la , a ce qu'il me femble , la veri- table raifon de l'effet que nous avons entrepris d'expliquer dans ce memoire. Sur une lumicre horifontak. (Hi/hire , pag. j.) Mr. Maraldi a revu le m & le 1 6 Decembre 1 7 1 6 , & les 6, 9 , 1 o , & 11 Janvier 1 717 la meme lumiere qu'il avoit vue en Aviil 1716, toujours fem- blable a l'aurore en clarte , blanchatre, tranfparente ; de forte qu'on voit les fixes au travers, elevee au-dellus des nuages, puifqu'ils la cachent en pallant, mais renfermee dans l'atmofphere de la terre , puifqu'on ne la voit point par- ticiper au mouvement des erodes d'Onent en Occident, ce qui fe reconnoit en ce quelle eft immobile a leur egard. Mais cette lumiere , qui en Avril 171c?, n'etoit etendue que fur So degres de l'horifon du cote du Nord , a occupe dans les obfervations des 1 5 Sc 16 Decembre 90 degres du Nord-eft au Nord-oueft, Cv le tour entier de l'hori- fon dans la pliipai t des obiervatiorr. de Janvier ; c'eft pourquoi nous ne la nom- mons plus feptentrionale , mais honfontale. Elle s'eft eleve.e en cei tains en- droits jufqu'a 10 degres; elle a toujours ete partaitement tranquille; an lieu qu'en Avril 1716 , elle ctoit fouvent traverfee par d'autres lumieres paftageres qui s'elevoienc verticalement au-deiTus d'elle , &c qu au Mois de mars 1716 en Tome lVt Panic Frangoijc. H 5S COLLECTION ' Angleterre, ce pKenohjelle fut dans line agitation continuelle 5i tres-bizarre. Acad. Royale Enfin la lumiere du mois d'Avril ne dura pas pins de deux hemes dans unc ris Sciences de meme nuit , & celle des mois de Decembre &: Janviet fuivans parut pendant Paris. les nuits entieres quand le ciel fut ferein. Physique. II y a meme beaucoup d'apparence que celle qui paroifToit pendant deux Amice 1717. nuits confecutives , avoit toujours dure fans interruption, & n'avoit ete effacee que par le jour ; peut-etre meme a-t-elle dure depuis le 1 5 Decembre jufqu'au 1 i Janvier, terns extreme des obfervations; car pendant ce tems tile n'a celle de paroitre la nuit que lorfqu'il y a en des images ou du clair de lune. , Par routes les obfervations pareilles repandues dans les auteurs tant anciens que modernes , cv recueillies avec foin par M. Maraldi , il paroit que ce phc- nomene affez independant de ,1a faifon de l'annee, tient a un tems fee & qui foit chaud pour la faifon. Le phenomene doit plutot fuivre ce tems & en etre 1'erTet que le preceder & l'annoicer; car il femble ne pouvoir etre forme que par des exhalaifons fulfureufes qui fe feront elevees plus haut qu'a l'ordinaire, qui pendant une alfez longue fecherelle n'auront point ete detrempees par des vapeurs aqueufes , fe feront amaflees en grande quantite, & enfin auront puis feu. II fera fort naturel que cet anus de foufre, avant de s'enrlaminer, caufe de la chaleur dans l'air, ou du moins adouciire le froid de l'hiver. Des exha- laifons nitreufes feroient un eftet contraire. 11 fe fait done un grand incendie dans une region aflez elevee de I'atmof- phere , & s'il peut durer un mois, il faur que les matieres qui le forment, oa foient en prodigieufe quantite, 011 ne s'enHamment que fucceflivement , on fe confument ties lentement , ou plutot que ces trois conditions fe trouvent reunies. Cette lumiere qui eft a Paris une grande bande horifontale, eft nccefiaire- ment pour quelqu'autre lieu une bande verticale. S'il y avoit par- tout des ob- fervateurs , le phenomene auroit etc vu fous cette derniere apparence : mais combien d'auttes chofes nous echappent faute d'obfervateurs ! 11 n-y a eu a Paris que des aftronomes qui fe foient appercus de la derniere lumiere hori- fontale. Sur une lumiere feptaitrionalc. ( Hiji. pag. 1 2. ) J_,e 15 octobre a dix heures & demie du foir, M. de la Hire le fils vit un rayon de lumiere blanche & alfez vive d'environ deux degres de largeur fur cinq a fix de hauteur, qui paroiftbit directement au Nord derriere des images epais, eleves fur l'horifon d'environ quinze degres. 11 etoit femblable a ceux que forme la lumiere du foleil cache derriere des nuages , lorfqu'elle parte entre deux plans differens de ces nuages, & qu'elle y rencontre des trainees de vapeurs qu'elle eclaire & qui font expofees a nos yeux. Ce rayon de lumiere fut une minute a s'elever, & demeura immobile pen- dant quatre ou cinq autres, apres quoi il comment^ a s'elargir, & s'etendit en trois ou quatre minutes dans un efpace de zo a 15 degres, en partie a l'Eft, en partie a l'Outft, & rendit tout cet efpace beaucoup plus clair, aufli- A C A D E M I Q U E. 59 bion que quelques nuages qui etoient a fes extrcmitcs. Enfuite cette lumiere «g«i^g vine a s'aftoiblir toujours du milieu vers fes bords; de forte qu'elle fut entie- Acad. Royale rementcteinteau milieu, tandis que vers les bordselle ctoit encore alfcz forte, ues Sciences ds Cj phenomena etant fini , il en reparut a dix heures trois quarts au meme en- Paris. droit un autre tout pareil & pour la figure, & pour Ie progtes,& pour la fin. 1'm™Q"*- II eft facile de voir par la fituation ou etoit alors le foleil , qu'il n'avoit nulle AmKC '7'7.' par; a ces effets : on ne pent les rapporter non plus a la lune, quoiqu'elle eiit bnze fours, & fiit nlfez haute fur l'horifon. L'etendue de ces lumieres, leur accroilfement fucceflif & leur decroilTiment conviennent uniquement & trc-s- jufte a des exhalaifons enflammees dans l'air. Ces lumieres font en petit ce que font en grand les lumieres horifontiles dont on a parle ci-delTus. Sur un globe de feu. (Hijl. pag. 8.) .Mr. Geoffroi le cadet a appris a l'Academie que le 4 Janvier , au Quefnoy, le terns chant fort convert , les nuages baifterent au point qu'ils paroilToient toucher les maifons, qu'un tourbillon ou globe de feu parut dans le nuage au milieu de la place, alia avecl'eclat d'un coup de canon fe brifer contre la roue de I'cglife , & fe repandit fur la place comme une plnie de feu ; apres quoi la meme chofe arriva encore au mcmelieu. Sur un putts qui a une efpzee de flux & reflux. (Hi/I. pag. 5) Dans la cour de l'hotellerie du paflage de Plongaftel , entre Breft & Lan- derneau, il y a un puits dont l'eau monte quand la mer qui eft fort proche defcend,& aucontrairedefcend quand la mer monte. M. Robelinqui a examine ce fait , en a envoye a l'Academie une telation avec une explication fort fimpls. Le fond du puits eft plus haut que la bafte mer en quelque maree que ce foit ; de-la il arrive que l'eau du puits qui pent s'ecouler , s'econle , & que le pints defcend tandis que la mer commence a monter , ce qui dure jufqu'a ce qu'elle foit arn- vce au niveau du fond du puirs; apres cela, rant que la mer continue de raon- ter, le puits monte av:c elle. Quand la mer fe retire, il y a encore un terns confiderable pendant lequel un reite de l'eau de la mer qui eft entre dans les terres , les penetre lentement , & tombe fuccellivement dans le puits qui monte encore quoique la mer defcende. Cette eau fe filtre fi bien dans Its terres, qu'elle y pevd fafalure ; quand elle eft epuifce, le puits commence a defcendre, & la mer acheve. Comme ce puits qui n'a pas ete creufe jufqu'a l'eau vive , & qui n'eft revetu que d'un mur de pierre feche , recoit aufli des eaux d'une montagne voiline quand la pluie a ete abondante , il f.uu avoir egard aux chnn- gemens que ces eaux peuvent apportei a ce qui ne depend que de la mer. Elle l'empechent de tarir entierement en hiver quand la mer eft bafle. Hfechequel- quefois en ete fame de ce fecours , & parce que toute l'eau de la met eft bus par une terre trop aride. Hij 60 COLLECTION. Acai>. Royale p"RISc_ Sur Vabatflcment fublt de VEraut. (Hijloire pag. g) Physique. ■»- AnntSe 1717. -LE I(J Ju'n vers 'es S ou 9 heures du matin a A;de , qui eft vers l'emboa- chure de 1'Er.iuc, cetce riviere baifla tout d'un coup & a tel point que le pone de bateaux s'affailla , & qu'on fut oblige de lather les chaines & les cables qui le retenoient. Get abailfemenr qui pamt aux yeux tres-confiderable a caufe du talus du rivage, & du grand retreciflement du lit de la riviere, ne fut pourtant que de lix pieds : la hauteur ordinaire des eaux dans le port d'Agde, eft d'environ vingt-deux. Elles demeurerent un quart d'heure dans cet abaiflement, apres quoi elles remonterent fort vite pendant un autre quart d'heure. Elles furent d'abord d'un pied plus hautes qu'elles n'avoient ere ; mais un moment apres elles reprirent leur premier niveau ; ce pied de plus en hauteur ne fut que l'effet de la rapidite de leur retour. L'apres midi du meme jour il arriva un autre abaiflement, mais moins conhderable. Dans lun & dans l'autre, quand les eaux revenoient , elles etoient falees , 8c pat confequent elles venoient de la met. Les citconftances qui ont accompagne le grand abaiflement Sc le retour des eaux , font un petit vent qui vatia du Nord-eft au Sud-eft & au Nord-oueft, un petit calme & un peu de pluie : il avoir plu auili la nuit precedente. L'eau de la mer ne fe mele avec celle de la riviere , ni lorfque le vent eft Nord-oueft & frais , parce qu'il jette les eaux de la riviere dans la mer , ni lorfque la riviere eft giofle, parce qu'alors elle eft au-deiTiis du niveau de la mer j mais lorfque le vent eft au Sud-eft & au Sud-oueft , il pordfe l-es eaux de la mer vers la riviere, & on 1 appelle pleine , parce que l'eau y eft plus haute d'un pied & demi ou deux pieds qu'a l'ordinaire , & alors eile eft falee. Les eaux de la mer & celles de l'Eraut a Agde font otdinairement au meme niveau a-peu pies. On compte depuis l'embeuchure jufqu'au pont de bateaux 1750 toifes. 11 n'y a aucun flux ni reflux fenfible fur les cotes d'Agde. II y a eu autrefois a Agde de pareils abaiflemens. On en a vu arriver un en Fevrier , mais communement ce n'eft qu'en Juin , Juillet & Aout. Quelque- fois il y en a eu jufqu'a trois ou quatre en un jour. Quelques marelots difent qu'ils ont elTuyc alors des tempetes , &c qu'il y avoit plulieurs courans a la mer. On doit cette relation a M. de Mairan. II femble qu'on peut afTez natu- rellement attribuer ce phenomene a un tremblement de terre qui n'aura eu lieu qu'au fond de l'embouchure de la riviere & de la mer ; il aura rout d'un coup abaifle le terrein qui portoit la riviere, Sc l'aura enfuite releve Si remis dans fon premier etat. 7**^jt^>*> academique. ci Ac: a ii. Roviii Sur une lumiere fcptentrionak on horifontale. (Hillpag. i .) J 1 \ * * ^ * Paris. L Physique, a lumiere dont nous avons p.ir'e en 171 6 & en 1717, & que Ton peut Annie 1718. appellee feptentrionale & horifontale, niais plutot feptenttionale , parce qu'on ne la voit guere que dans la partie feptentrionale de l'horilon , a continue de pa- roitre cette annee., Sc il eft remarquable qu'on ait vu dans trois annees confecu- tives un phenomene qui etoit auparavant Ii rare, ou s'll ne I'etoit pas rant, il eft ctonnant qu'on ne l'eur pas obferve. II a paru le 4 Mars au Nord , occupant environ 90 degres de I'horifon , & prefque une meme etendue de cote &. d'autre du Nord. La clarte varioit en lar- geur eu hauteur j elle avoit tantot 5 ou 6 degres , tantot 7 ou 8. Cequ'il y eutde fingulier , ce furent deux arcs lumineux qui en peu de terns fe formerent Tun au- delfus del'autre, lepluseleve fur I'horifon I'etoit de 4 5 degres, & beaucoupplus au-deiTus de fon inferieur que cer inrerieur n'etoit au delfus du refte de la lu- miere : ils durerent a-peu-pres un quart d'heure. Apies qu'ils eurent ete dif- fipes, des colonnes verticales , qui n'avoient point encore paru, s'cleverent en grand nombre , Sc traverferent la lumiere horifontale , s'elevant jufqu'a la hauteut de 15 degres. C'etoitdonc, felon ce qui a ete dit ailleurs, un redou- blement d'incendie dans l'atmofphere. Tout ce phenomene du 4 Mars ne dura que depuis 7 heures & un quart du foir jufqu'a 8 heures 8c demie. M. Maraldi a encore obferve cette lumiere le 16 Septembre & le 23 No- vembre. Dans cette derniere obfetvation il la vit entre deux lits ou couches de nuages, les uns fuperieurs qui cachoient le del & quelle eclairoit, les au- tres inrerieurs qui la cachoient par le milieu. La matiere qui forme le pheno- mene n'eft done pas fi elevee dans l'atmofphere, qu'il n'y ait des nuages en- core plus cleves , & e'eft la une connoillance qui doit etre imporunte pour l'explication phyfique. Sur la lumiere feptentrionale. (Hift. pag. 1.) Jl_,a lumiere dont nous avons patle en 1716, 17 17 5c 1718 , a paru encore AntKc 17;?. cette annee en ditferens terns & en differens pays. Elle n'avoit ete guere vue a Paris que par les obfervateurs de profellion ; mais le 30 Mars a 8 heures 18 minutes du foir, elle y tlevint un phenomene poptilaire. Tons ceux qui etoient dans les rues en furent frappes , Si dans le meme inftant il s'eleva un cri d'admiratiun de toute cette grande ville. Heureufement M. Maraldi fat audi fpedateur du uieteore. Cetoit une colonne de feu elevee de 10 defies fur rhotifon , & couchee prtfque parallelement a I'horifon fur une etendue de 25 ou 30 degres , un peu plus latge que le demi-diamette du loleil dans fan extcemite orientale, ce terminee en pointe dans 1'occidentale. Dans touie fa longueur le haut etoit beautoup plus clair que le bas qui etoit fort rouge. Le Si COLLECTION tout enfemble effacoit la Iumiere do la lune, quoiqu'clle fit alors dans fon Acad. Royale hiiitieme jour & fort nette, parce que ie ciel ctoit ietein. Ce meteore etoit des Sciences de entre le Notd-nord-oueft & l'Oueft , & avoir un peu de mouvemcnt vers Paris. l'Oueft. A peine M. Maraldi 1'eur obferve pendant quelques fecondes, qu'il Physique. difturut entierement en un infant , Si fans avoir change de pofition par rap- Anni;ei7i?. port a I'hotifon. Le 7 Avril a 9 heures du foir , M. Maraldi obferva encore depuis le Nord- eft jufqu'au Nord-oueft un autre meteore d'un eclat audi vif que le precedent , mais non pas tranquille com me lui, ni unitorme , ni d'une courte duree. ll reflembloit , par des colonnes qui s'elevoient de terns en terns & difparoiffoient , a celui dont il a ete parle en 1716. 11 dura pies d'une heme & demie. Quand ces fortes de meteores ne font pas tranquilles, mais agues, il parcit que leur agitation eft ordinairement la meme. II y aim fond, une bafe He Iumiere, d'oii il s'eleve a differentes reprifes des colonnes verticales. II y a petit- ctre dans 1'embrafement general, des matieres quin'ontpas encore pris feu, qui ne le prennenr que les lines apres les autres , & commencent toujours a le prendre par le bas 011 elles font plus inflammables. De pareils meteores ont etc vus le n Fevrier a Vicence 8c a Bologne, & le 15 Mars a Mont.uiban en Languedoc, une hcure oil deux apres le coucher du foleil. M. Manfredi a calcule que celui dltalie ne pouvoit avoir ete eleve au-deffus de la terre de moins de cjuatre lieues. Voici done depuis 1716 inclufivement quatre annees confecutives oti ces meteores ont patu affez frequemment , quoique pendant tout le fiecle patTe oivn'en compte guere que quatre apparitions. Le plus fouvenr ils ont ete de l'efpece de ceux que nous appellons tranquil- les; ils ont paru une heure 011 deux apies le coucher du foleil, dans un rems mediocrement fioid & fort fee, £c ils ont ete vus en diftcrens p.iys de l'Eu- rope dans des intervalles de terns peu cloigncs. Cette derniere circonft.mce prouve que la meme difpofition a regne en meme terns dans une alfez grande etenduede l'atmofphere, ce que M. Maraldi avoitdeja remarque par lesgran- des variations du barometre. Tonnerre extraordinaire. {Hifi- pag. 2. 7 .) I l y eut en Baffe-Bietagne , la nuitdu 14 an 15 Avril 171 8 , un tonnerre ex- traordinaire , dont M. Deslandes , qui etoit alors a Breft, a donne l'hiftoire a I'Academie. Il tut precede par des orages & des pluies qui avoient dure prefque fans interruption pendant pluucurs jours ; enfin vint cette nuit du 14 an 15 qui fe palla prefque route en eclairs tres-vifs , tres-frequens & prefque fans in- tervalles. Des marelots qui eroient p.irtis de Landerneau dans une petite bar- que, eblouis par ces feux continuels , & ne pouvant plus gouverner, fe laif- ierent aller au hafard fur un endroir de la cote , qui par bonheur fe trouva faine. A quatre hemes du matin , il fit trois coups de tonnerre fi horribles, que les plus hirdis ftemirent. Environ a cette meme heure , & dans I'cfpace de cote qui s'etend depuis A C A D E M I Q U [-;. 6f Landemeau jufqu'a Saint-P.uil do Leon, le tonnerre tomba fur 14 eglifes, & — • precifement fur des eglifes ou Ton fonnoit pour l'ccarter. Des eglifes voi- Ai n Rotalb lines ou Ton no fonnoit point , riirent cpargnees. Le peuple s'en prenoit a . nets nt ce que cc jour- la ctoit celui du Vendredi faint oil il n'eft pas permis de fonner. P**"- M. Deslandes en conclut que les cloches qui peuvent ccarter in tonnerre cloi- Physique, guc , facilitent la chiice de celui qui eft proche , & a-peu-pres vertical , parce Aunee 1719- que I'cbranlement qu'elles comniuniquent a l'air difpofe la nue a s'ouvrir. II eut la curiolite d'aller a Gouefnon , village a une lieue & demie de B:eft , dont I'cglife avoit cte enticrement dettuite par ce meme tonnerre. On avoir vii tiois globes de feu de trois pieds & demi de diametre chacun , qui s'ctan: minis , avoieni pris leur route vers I'cglife d'un cours tres-rapide. Ce gros tour- billon de flam me la perca a deux pieds au-deflus du rez-de-chauitee , fans calfer les vines d'une gtande fenc-tre peu cloignee , tua dans l'inftant deux per- fonnes de quatre qui fonnoient , & fit fauter les murailles & le toit de I'cglife co nme auroit fait une mine ; de forte que les pierres etoient femees confufe- ment a l'entour , quelques-unes lancees a 16 toiles , d'autres enfoncees en terre de plus dc deux pieds. Des deux homines qut fonnoient dans ce moment- la , & qui ne furent pas cues fur le champ , il en teftoit un que M, Deslandes vit. II avoit encore lair tout cgarc , & ne pouvoit parler fans fremir de tout fon corps. On l'avoit retire plus de quatre heures apres enfeveli fous les mines, & fans connoiiTance. M. D.flandes n'en put tirer autre chofe , fuion qu'il avoit vu tout d'un coup I'cglife toute en feu, & qu'clle tomba en memo terns. Son compagnon de fortune avoit fuivecu 7 jours a I 'accident , fans avoir aucune contufion , St fans fe plaindre d'aucun mal que dune loif ardente qu'il ne pouvoir eteindre. Plu'u defalk. {Hijl pag. zj.) J_,e 6 Avri! , il romba dans la mer Atlantique a 45 degres de latitude fcpten- trionale, & 311 degres 45 minutes de longitude, une pluie de fable qui dura depuis 10 heures du foir jufqu'au lendemain a une heure apres midi. Elle fuc precedee par une lumiere femblab!e a celle qui fut vue a Paris ie 30 Mars, jmis de moindre durce. Les vents etoient alors a l'Eft-fud eft. Le capitaine du vailTeau, & tons ceux qui y etoient, ont awefte ce -fait auPere Feuillce, a qui ils ont donnc de cette pluie qu'il avoit cte facile de garder. 11 en a fait voir un petit paquet a l'Academie : e'eft du fable commun & fort fin. La terre la plus prochedu lieu qui a ete dttermince eft l'ifle royale qui en eft a 3 ou 9 lieues. La pluie de fable aura done fait au moins ce chemin-la dans l'air. N Sur les taches du Soleil. (lTift. pag. 74.) ous reprenons l'hiftoire abregee des taches du foleil que nous avons cefTe defuivre depuis l'annee 171 G. Ce n'a pas ete fame de matiere. L'annee 1716, compares aux prccedentes, avoit etc remarquable par le grand nombre de ta- Acad. Rovale ' OY*^'^^^ de 1 eipnt qui ne court que trop vice an fyfteme. Paris Suite des obfcrvat'ions fur les taches du Soldi. ( Hiji. de ijzo. pag. $6.) l_iES taches du foleil de l'annce 1720, ont etc en audi grande quancice pour le moins q'ie dans aucune des trois precedences. Plufieurs taches dans chaque mois, i>c jufqu'i dix taches differences dans un feul , comme en Janvier. Toujours plulieurs caches a la fois , & quelquefois fix, fepc, 8c jufqu'i dix enfemble. Des caches dans coutes les pofitions fur le difque du foleil. Celle qui pafla par le milieu du difque le 21 Decembre de Can nee prece- dence, a midi , & que nous avions crouvee plus de quaere fois plus grofle que la cerre , ecoic effe&ivemenr fi grofle, que quand elle arriva an bord occideu- cal , elle y fie une ecluncrure noire , au lieu que des caches plus petites difpa- roiftenc abfolumenc en cec endroit par la raifon d'opcique. Sur une itoile de la Baleinc. ( Hi/?, pag. 66. ) o n eft defabufe prcfentement de I'immurabilice des eeoiles fixes : les caches feules de notre foleil fuffiroient pour la derniire ou pour la rendre fore fuf- pecte ; mars fans tirer fon exemple a confequence , il y en a atfez qui par elles. memes fonc fujecres a des changemens vifibles , 8c par confequenc ctes-con- fiderables. Parmi celles-la fonc celles qui paroiffenc &: difparoiffent , & une des plus fameufes eft une etoile de la baleine done nous avons die en 1 70S que la revolution ecoic ordinairemenc d'onze mois. Cell a-dire, que fi ayarit etc invifible , elle commence a paroicre pour la premiere fois le premier Jan- vier d'une annee, elle difparoiera dans le cours de cecee annee, 8c recom- mences a paroitre au commencement de Decembre, comme il eft arrive en 171S , 8c ainfi de fuice. On encend afTez que les obftacles ecrangers ne fonc pas compcesici , les cems 011 cecee ceoile eft dans les rayons du foleil , ou dans les crepufcules , & les clairs de lune. M. Maraldi ayanc joint aux obfervacions qu'il a faiees de cecee ceoile coutes celles qu'il a pu ralTembler , voici ce qui en lefulte. Depuis 1596, cems de la premiere obfervation , jufqu'en 16S7 , la revo- lution fuppofee de pres d'onze mois, ou plus precifemenc de dix mois vingc- mipq jours, s'eft trouvee affez jufte. Depuis 1687 jufqu'en 1710,1a revolu- tions toujours eee en augmeneane, &c s'eft crouvee plus longiie qu'elle n'avoic eee fuppofee. Depuis 1710 elle a etc en diminuanr. J-e cems pendant leque'I l'eeoile p.uou dans une de fes revolutions, eft afic; Tarn IF, Par tic Franqoifc. ' \ 1 PHYSiqUE. Annee 17 1>. 66 COLLECTION .,,, -— » inegal. Le plus court a ete de trois mois & quelques jours , & Ie plus long de Acad. Royale qu.ure mcis & demi. ^ ' ■; ;: ^ des Sciences de Depuis fa premiere apparition , elle croit , & enfuite decroit jufqu a ce Paris. . qu'elle difparoifle; mais elle eft moins de rems a croirre qua decroitre. Elle Physique. arrive en quinze ou vingt jours a fon plus haut point de grandeur ou elle s'ar- •Anin!ei7ij>. rete quelque terns, 6V: enfuite elle met au moins trente ou quarante jours i diminuer. Le plus haut point de grandeur ou de clarte ou elle arrive n'eft pas toujours le merae. Les deux termes entre lefquels il varie font les etoiies de la deu- xieme -orandeur 8c celles de la quatrieme. Quand l'etoile eft plus grande ou plus lumineufe, elle paroit aufli plus long-terns. Le fyfteme des demi-foleils explique en 1705, & qui paroit le feul qu'on puiffe appliqucr aces phenomenes, demande des fupplemens ou des augmen- tations confiderables pour convenir a cette etoile. Comme les revolutions d'apparition quelle a a notre egard, dependent des revolutions qu'elle fait reellement fur fon axe , il faut que ces revolutions fur l'axe foient aifez irregulicres, ce quin'a point encore d'exemple dans les corps celeftes. Elles auront etc pendant quatre-vingtdix ans affez conftantes ; enfuite ellesauront augmente de grandeur ou de duree par degres , ou, ce qui eft la meme chofe, fe feront ra'llenties 5 & maintenant elles retourneront vers leur premiere grandeur ,' ou redeviendront plus courtes. 11 fautqu'il y ait un grand defordre dans un tourbillon dont le foleil tourne fi irregulierement fur fon axe , ou que l'ordre en foit bien different de celui du notre dans lequel tous les mouvemens font li uniformes. M. Maraldiexpliqueqftelle pent etre la caufe phyfique des autres irregularites. On en a deja donne une legereidee en 1705) a l'occafion d'une etoile de l'hydre. II eft affez facile d'imaginer ou de grandes taches paftageres qui s'alTemblent diverfement avec des taches fixes, ou une matiere liquide Sc lumineufe re- pandue comme une mer fur le globe d'une etoile, & qui meme ait des mou- vemens tantot en meme fens que celui du globe, tantot en fens contraire : mais quoi que ce foit que Ton imagme, il en faudra venir a reconnoitre de prodigieux changemens dans cette etoile ; une difference eronnante entre ce monde & le notre , & la pdffibilite d'une infinite de changemens que la fuite des fiecles peut amener. , _ Sur la lifraBion du vide dans I' air. (HiJ?. p-Jt- Mem.p.330.) Un "rayon dehimi'ere' qui pafTe du vide ccla maihirfe pneumatique dans l'air , doit fe rompre , & fe rornpt en isfYe't ,' comme il eft prouve par les expe- riences faites par la Societe Royale de Londres , & tout recemment encore par celles que M. Deliffle le cadet a faites felon les vues de l'Academie. II s'elt fervi d'un tuyau de 16 polices de long Sc de deux pouces de diametre : ajfr- deffbus de ce tuyau , on aVoit fait un petit trou vis-a-vis lequel on fouda un petit canon de cuivre, perpendiculairement a la direction du tuyau, & dans ce cation s'introduifoit la branche ouverte d'un baiomecre , moyennant quoi ACADEMiQUE. 67 Ton pouvoit s'affiirer de la rarefaction de l'air du tuyau, par 1'abaiiTement du — ■» mercure du barometre. Acad. Royals Aux deux extremites du tuyau, qui devoit etre vide d'air, etoient deux des Sconces di verres plans, inclines a l'axe du tuyau d'environ 45 degres chacun : a l'un des Paris- bouts du tuyau on avoit place une lunette de 10 pieds; dans la direction du ""vsiqtje. tuyau , Sc au foyer de la lunette etoient deux fils panlleies a 1'horifon , dont la Anncc 17 1 >. diftance devoit mefurer la variation de la hauteur apparente de l'objet, qui etoit une pointe de cloclier at fez eloignee. Le tuyau 8c la lunette etant diriges a l'objet, &c le tuyau plein d'air, on voyoit a quel fil l'objet repondoit; en- iuite on donnoit un coup de pompe pour tirer de l'.iir du tuyau , le mercure du barometre br.iffbit dans l'inftant, ce qui marquoit qu'il etoic fotti de l'air , Sc l'objet vu au travers du tuyau, ne repondoit plus au til auquel il repondoic auparavant, parce que le rayon par lequel il etoit vu, avoit palle de l'air plus, rare du tuyau dans l'air ordinaire ou etoit 1'obfervateur. Un iecond coup de pompe faiioit encore bailCr le mercure, &c varier davantage la hauteur appa- rente de l'objet, Ik ainfi de fuite ; & enfin on marquoir par le fecond fil la plus grande diftance ou l'objet atrivoit a l'egard du ptemier hi. Danscelle des experiences qui a le mieux reufii a M. Delifle , car il eft rare que toutes aient le meme fucces , il a fait defcendre le mercure a une ligne pres du niveau, c'eft-a dire, qu'il ne sen eft gueres fallu que tout l'air du tuyau n'ajt ete pompe. Alors l'objet a ete d'une minute & demie eloigne de fa pohtion naturelle , 6c a varie de cette quantite par la refraction. Or , comme le rayon vifuel s'eft rompu deux fois , l'une en entrant dans le tuyau , & I'autre en fortant, & toutes les deux fois egalement, parce que les deux verres plans etoient inclines du meme angle de 45 degres environ, il n'appartient a une feule incidence fake fous Tangle de 45 degres que la moitie dune minute & demie ou 45", pour l'angle cortefpondant de refraction, lleftaife de juger que quand le mercure eft defcendu moins bas, &c que par' coufequent l'air du tuyau a ete moins rare, les refractions ont etc moindtes,. En Angleterre on a trouve que les refractions fuivojent la- proportion des hauteurs du mercure; M. Delifle l'a trouve aufli, mais feulement quand les hauteurs du mercure etoient encore conliderables , carvers la fin, c'eft-a dire, quand le mercure approche beaucoup du niveau , une petite difference dans fa hauteur en produit une grande dans la refraction. Peuc-etre , felon la penfee de M. Delifle , l'air a befoin d'une certaine cor.denfafiori pour pefer par-tom fon volume fur la boite du baromctre, & tenir eleve le mercure du tuyau j Jorfqu'il eft trop rarefie , il paffe dans les interltices du mercure, & pefe d'au- tant moins fur la boite. En cet etat, il ne latffe pas de pouvoir encore etre ra- refie , & par-la de changer fenfiblement la grandeur des refractions lorfqu'il ne change prefque plus les hauteurs du mercure. La retraction aftronomique eft celle que les rayons fouffrent en paffant de la matiere etheree dans Tatmofphere. Comme l'atmofphere augmente toujours de denlitc depuis fa fiuface la plus exterieure jufqu'a la plus iiuerieure qui en- veloppe la terre , il fe fait a chaque couche une refraction nouvelle ; & fi Ton fuppofoitque la premiere couche & lauemierefe touchaflentimmediatement, toutes les autres etant fupprimees , il fe feroit de cette premiere a cette der- niere une refraction egale a celle qui fe fait de l'une a I'autre par le moyen des tfS COLLECTI"Otf. »— «i— » intermediates. Si le vide du tuyau de M. Delifle, lorfqu'il a ete !e plus par- Acad. Royale ^a'c' ^to't * Peu p'es un efpace rempli de mariere etheiee, il s'enfuit que le nss Sciences de "yon C]«i a traverfe cet efpace, a du', en paflant dans notre air fourTrir line j-.'.ris. refraction fcndblement egale a la retraction alrroiiomique 3 car il a paflc im- Fhysique. mediatement de la premiere couche.de l'atmofphche dans ia derniere. La re- Annee 17 19. fraction aftrononiique ayant ete calculee pour tons les angles d'incidence an climat de Paris , M. D;lifle favoit quelle devoit c-tre la refraction pour l'inci- dence de 45 degres qu'il employoit dans fes experiences , & il a trouve qu'elle devoit en e plus grande que celle qui lui venoit par obfervation ; ce qui prouve que notre vide artificiel, du moins celui du tuyau de M. Delifle, eft encore aflez eloigne de la fubtilite & de la rarete de la matiere etherce. M. Delifle indique en faveur de ceux qui voudroient repeter fes experien- ces , les inconveniens qu'il a eprouves & auxquels on peut remedier. Le tuyaa donr il tiroit l'air ctoit trop grand ; il n'eft point neceflaire qu'il le foit rant ; moins il aura de capacite^ plus on pourra approcher du vide exact. Ce mem-e tuyau ne lui a point paru aflez large ; ce qui fait que les verres ne font point aflez decouverts , & que les objets ne paroiflent point au travers aflez diftinc- tement : par la meme raifon il faudroit que ces verres fuflcnt moins inclines j a la verite cela diminueroit la quantitc de la refraction, & la rendroit plus difficile a mefurer ; mais audi Ton voit moins diftinctement au travers des verres fort inclines; il faudroit done prendre un milieu entre 1'un & 1'autre. A l'egard de la machine pneumatique i il taut trouver moyen d'appliquer le tuyau plus immediatement au corps de pompe qu'il n'a ete poflible a M. De- lifle , la conftruction parriculiere de la machine dont il s'elt fervi , ayant de- mands- qu'on mit entre elle & le corps de pompe plulieurs ajuftemens dont la multitude ne pouvoit que nuire a l'exactirude des experiences. Enfin, il fau- droit rendre cette machine propre a condenfer l'air, en arretant bien ferme- ment la foupipe , & faifant faire des liens pour arreter la machine "dans la- quelle on voudroit condenfer l'air aflez ferme pour refifter a la plus grande condenfation qu'on pourroii faire. 11 faudroit alors avoir des tuyaux de baro- metre alfez longs poury mefurer la quantite de la condenfation par l'elevation dii mercure. On le peut encore , comme on fait , par le nombre des coups de pifton , lorfqu'on aura mefure les capacites du corps de pompe & du tuyau dans lequel on condenfe l'air; mais cette methods fuppofe tant d'exadhtude dans la conftruction de la machine , qu'on ne pourroit peut-etre pas l'employer avec furete. Sur la caufe gaicralc du froid en hivcr & du chaud (fa ete. {Hift.pag.3.) VyE qui n'eft pas une queftion pour les philofophes en eft qnelquefois une pout le commmi des hommjs , & pareillement ce qui n'eft pas une quefbon pour le tommun ;e3 hommes en eft fouvenr une pour les philofophes. 11 n'y a gue- res q.i'eux qui puiflent trouver des difficultes fur la caufe generale du iroid en hivete^ du chaud en ete, cV Ah le detail de toute cette matiere. M. de Mai- A C A D £ M I Q U E. (9 ran a juge qu'elle avoit ete jufiua'a prefent peu approfondie, & qu'elle mcri- toit de lure. _ , , . Acad Royaie 11 faute aux yeux que cette caufe generale eft la diiFc-rente elevation du fo- PES sciences oj lerl Air l'liorifon en etc & en hiver ; mais cela ne laifte pas de demander de 1'aris. la difcuflion, Sc cette difcuflion fait fentir la difliculte. Dhyskjob. Lcs rayons du foleil , ainfi que tous les autrcs corps , frappent un plan qui Acac-c 1719. les rcgoit avec d'autant plus de force qu'ils lui font moins inclines , & au con- traire ; Sc il eft vifible qu'en etc ils font moins inclines a la partie de la fur- face de la terre qui a 1'ete , fi Ton prend cette furface pour exa&emcuc fplicrique ; mais il s'en faut bien qu'elle le foit , fur tout a l'egard des rayons du foleil. La plaine la plus unie , ( & que fera-ce des autres ? ) eft un af- femblage d'une infinite de petits plans diffiremment inclines , & qui recoivent des rayons du foleil fous tous les angles poffibles , de forte que l'inclinaifon generale du climat n'eft plus a compter. Par cette raifon quelques uns croieiu que ce n'eft pas fur la furface inegale de la tetre qu'il faut prendre cette inclinaifon du climat, mais fur celle de l'atmofphere qui eft parfaitement unie, parce que e'eft un fluide, & un fluide tranquille , du moins dans fa region la plus clevee. La partie de l'atmojphere correfpondante au climat de Paris, par exemple, feia done plus vivemenr. frappee en ete par les rayons du foleil, & par confequent plus cchauftee , Sc echauffera Taris : cela peut avoir lieu ; mais outre cette chaleur mediate com- munique^ a la teire par l'atmofphere , Si qui u'empeche pas qu'il ne fafle toujours be.iuioup de froid fur les hautes monugnes , il y en a cunflanimenr. une autre caufce imnu-diatement fur la terre par les rayons du lolcil moins inclines, 5: e'eft celle dont il s'agit pnncipalement. Quelques Phyliciens rapportent audi a l'atmofphere, mais d'une maniere un peu difteiente, la caufe du froid Si du chaud : ils difent qut les corps crant d'autant p'usfacilement reflcchisparune furface fur iaquelle ils tombent , qu "ils y tombent plus obliquement, ainfi qu'il paroit par 1'exempledcs ricochets que Ton fait fur l'eau avec des pierrcs qui la penc'treroient , (1 elles y tomboient avec moins d'inclinaifon , l'atmofphere rerlechit par fa ftirface fuperieure Sc convexe d'autant plus de rayons, & par confequent en lailie clamant moins pafter juiqu'a la terre , qu ils tombent plus inclines , Sc au continue. Mais M. de Mairan pretend que par toutes les experiences ,'iii ont ete fai- tes, Si par celles qu'il a faiies iui-meme itir la lumiere , il ;.c paroil point que qnand Ion incidence eft plus oblique, la quantite qui s'en reflechit foit plus grande par rapnoit a celle qui fe rompr. L'ex.mple du ricochet pounoit ne pas tirer a coniequence pour la kin iere qui a fes propriaes a part. II eft bien vrai , &: e'eft une fuite nc-ceftaire du rapport conftanr & determine des firms d'incidence Si de rcfradtion, que quand la lumiere pane d'un milieu plus denfe dans un plus rare, de l'eau dan^ i'air, par exemple , il y a une ce-rtaine obliquite determinee , apres Iaquelle tout rayon qui a une incidence plus ob- lique, ne peut que fe lefic'chir, Si ne fe rompt point pour pafter dans le fe- cond milieu , ce qui reprefente parfaitement le ricochet. Mais nous fommes ici dans le cas oppofe, oil la lumiere p'fle d'un milieu plus rare drns un plus denfe, de Tether dans l'atmofphere, & ce cas la petmet egalement a tous les jayons de fe rompre,, quelle que foit leur incidence , Si Ton n'a pas lieu de 7o COLLECTION !_ "5 foupconner que dans des incidences plus obliques, il s'en reflechifle plus Acad. Royale qu'il ne s'en rompt. bis Sciences de Un grand aftronome a cru que la chaleur s'augmentoitpar une incidence des rApIS' rayons fur la cerre plus approchante de la perpendicularite , parce qu'un rayon perpendiculaire fe rerlechuTant fur lui-meme , echauffe une feconde fois le Anntc 171?. meme air qu'il a deja echauffe , & que les autres rayons en font autant a pro- portion de ce quits approchent plus d'etre perpendiculaires. Mais il eft vilible qu'il n'importe en aucune maniere que ce foit le meme air qui foit echauffe une feconde fois par la reflexion des memes rayons , Sc que tout rayon reflechi cchauffera une feconde fois un air deja echauffe par quelqu'autte rayon inci- dent, parfaitement egal en force an premier. On ne fauroit rien tirer du plus grand ou du moindre eloignement du foleil a la terre, lorfqu'il eft dans fon apogee, ou dans fon perigee : il eft prefente- ment dans fon perigee a la fin de Decembre., & cette plus grande proximite n'adoucit gueres la rigueur de nos hivers , & augmentera peu la chaleur des etes de notre climat, lorfque dans un grand nombre de fiecles le perigee fera au mois de Juin. En effct cette plus grande proximite n'eft pas la trentieme partie de la diftance tot.ile du foleil a la terre. M. de Mairan a done recours a d'autres principes : il regarde la lumiere comme un fluide , Sc e'eft effectivement 1'idee la plus naturelle qu'on en puilfe prendre. Une furface etant determinee , un fluide qu'il faut concevoir comme divife en une infinite de filets patalleles entr'eux , la frappe par tous fes filets, s'il la frappe perpendiculairement , & ne la frappe par aucun , s'il lui eft pa- rallel; d'oii il (uit que plus il la frappe obliquement, plus la quantite des filets par lefquels il la frappe, eft petite, & au contraire. II en eft de la force du choc de chaque filet comme de leur nombre ; le choc a toute fa force pof- fible quand le filet eft perpendiculaire a la furface, & quand it lui eft paral- lele , cette force eft nulle , puifqu'il n'y a pas de choc. Par confequent & le nombre & la force des filets dependant l'un ft: 1'autre de leur angle d'incidence lur la furface, its font mefures chacun par le finus de cet angle, be tous deux enfemble par le quarre de ce finus. On trouve par les tables qu'a Paris le finus de la hauteur meridienne du fo- leil fur l'horifon au folftice d'etc , eft au finus de fa hauteur meridienne au folftice d'hiver a-peu-pres comme 5 i 1 , & par confequent l'effet total des rayons du foleil, ou la chaleur d'un midi, doit etre neuf fois plus grande que celle de 1'autre. Ce raifonnement n'eft vrai dans toute fon ctendue & fans modification qu'a i'egard de la portion de la furface extetieure de I'atmofphere correfpondante a. notre climat : il fubfifte encore a I'egard de la terre ou de Paris pour ce qui eft de la quantite des rayons , mais non pas pour ce qui eft de la force de leur choc ; cat comme on l'a vu , leur incidence eft toujours fort differente fur les plans difterem- ment inclines du tet rein de Paris. M. de Mairan fupplee a cela par une reflexion : il concoit, 8c de plus il a obferve que tous les petits plans difTeremment in- clines qui forment la furface inegale d'un terrein, etant frappes par les rayons du foleil , jettent des ombres du cote oppofe ; que ces ombres etant d'autant pluslongues que le foleil eft moins eleve, elles rafraichifTent, pour ainfi dire, un plus grand nombre de plans voifins j que de-la vies: que le terrein s'e- ACADtMIQUE. 7' rhauffe d'autant moins , & que c'eft le coiurnire quand le folei! eft plus cleve. —■——=■ Alors le melange d'ombre etant beaucoup moindre , prefque tout eft en feu. Acad. Royals Par ce moyen I'erTet de la force des rayons du foleil fuit aulli-bien que leur p"RTSsc,ENCES B* quantite les diffcrentes hauteurs du foleil fur l'horilon. /. ApHYSIQnr. Aux deux piincipes deia trouvesd'une plus grande chaleur au folftice d'ete, il , . ~ - r • i • i j» j' ii c Anr^jc i7i 9» s'en joint un troifieme qui don avoir beaucoup d trier : plus les rayons lont inclines, plus ils e>nt uoe grande epailH-ur de 1'atmofphere a traverfer , on plus ils y font de chemin , & par coufequent ils rencontrent d'autant plus dc parties folides qui les interceptent , ou les amortilfent, Sc au contraire. Mais on ne peutpas s'afturer quece troiheme principe fuive. comme les deux autres, le rapport des finus de la hauteur du foieil. La raifon de certe difference efc que le premier & le fecond font compris entre deux points fixes & determi- nes , dont i'un eft la perpendicularite ou les rayons ont route leur force & leur nombre entier, & I'autre le parallelifme oil ils n'ont nulle force, & ne font en aucun nombre ; mais le troifieme principe n'eft pas de cette nature; dans le cas de la perpendicularite meme , il y a encore des rayons intercepted on amortis par 1'atmofphere, Sc Ton ne fait quelle en eft laquantite , ni de com- bien elle eft plus grande pour chaque angle d'inclinaifon. Ce n'eft done que par eiiime qu'on peut mefurer ce rroifieme principe, encore faut-il que l'ef- time foit differente pour chaque climar. [.'augmentation ou diminution de lumiere fuit celle de lachaleur, & il eft cettain qu'un pays eft fenfiblement moins eclairc en hirer qu'en etc. M. de Mairan a obferve dans les eclipfes de foleil que quand la moitie de fon dif- que eft couverte , & qu'il nous envoie par coufequent la moitie moins de rayons , il n'y a encore aucune diminution de lumiere qui fo;t fenhble ; 8c de-li il juge atftz fiirement que quand elle l'eft, comme en hiver , il y a done une diminution de plus de la moitie des rayons. 11 n'en prend que la moitie pour <§viter d'enrler fon calcul , & par confequent il y a en etc deux fois plus de rayons qui penetrent 1'atmofphere , & viennent jufqu'a nous , ou , ce qui eft le meme , le troilieme principe multiplie par deux le produit des deux autres qui etoit 9 pour Paris , ou enrin la chaleur du folftice d'ete y eft 18 fois plus grande que celle du folftice d'hiver. Cela feroit geometriquement vrai quand le foleil feroit dans ce moment au folftice d'ete, Sc dans le moment fuivant au folftice d'hiver, tV que Ton comp.ireroit ces deux momens enfemble j mais phyfiquemer.t cela n'eft , ni ne peut etre ainfi. Le foleil echauffe davantage des tetres deja echauffees , & de la vient qu'apres le folftice d'ete la chaleur eft plus grande qu'avant ce folftice a pateille hauteur du foleil. 11 y a dans Taction de la chaleur une efpece d'ac- celeration , mais dont on ne fauroit tenir un compte exact, 8c d'autant moms cju'elle eft interrompue par ks nuits , & conjoins inegalement interrom- pue dans notre fphere oblique. Mais enfin il y a toujours quelque rdie u'ac- celeration qui augmente le rapport de 18 a 1. Cette augmentation doit aller alfez loin , a en juger par la difference trcs-fenfible de la chaleur qui luit le folftice d'ete a celle qui le precede. C'eft lamcmechofe pour le folftice d'hiver, qui eft fuivi d'un ftoid beaucoup plus grand que celui qui l'a precede. Cette acceleration de chaud ou de froid eft ordinairetnent dans fa plus grande force quatante jours apres l'un & I'autre folftice. 7i COLLECTION ■jj-'^a^.^! Eii pafTant pu-delTus toutes les difficukes parriculieres &c apparemment in— furmoiuablcs qui fe trouveroient dans le calcul de l'acceleration de la chaleur , Acad. Royale x , ■ K . ■ n . i • \ . 11 i • » • <>i i des Sciences de ™' l'e Mairan jnge en general quelle doit etce proportionnej a la grandeur pARIS. des jours qui font vers le folftice d'ete. Or, iis font alors a Paris deux fois Physique. plus longs que ceux du folftice d'hiver. Mais il y a plus, non-feulement le Annce 171?. foleil a etc alors deux fois plus de tems fur l'horifon, mais il a eu trois fois plus de force. II eft vrai que cette force paroit avoir ete deja employee, quand on a trouve le rapport de 9 a 1 pour le folftice d'ete & celui d'hiver; mais il faut remarquer que ce n'eft pas la meme force : la premiere etoit celle des rayons d'un folftice compares a ceux d'un autre , la feconde dont il s'agit ici eft celle qui refte du jour du folftice d'ete au fuivant , & de celui-ci a un autre , puifque ce n'eft qu'en cela que confifte l'acceleration. On poutroit done pren- dre le rapport de 6 a l pour celui de l'acceleration de chaleur caufee par le folftice d'ete ou croiffante depuis ce folftice , a l'acceleration de chaleur decroif- fante au folftice d'hivet , ou , ce qui eft le meme , au froid de ce folftice -, mais M. de Mairan , pour mettre tout fur le plus bas pied , tie prend que le rapport de 4 a 1 , ce qui multipliant le rapport de 1 8 a 1 , lui donne pour Paris la plus grande chaleur de I'ete 71 fois plus grande que celle de l'hiver. 11 a cependant le fcrupule de ne s'en tenir pas encote a ce rapport. II a egaid a ce que le rapport des finus du folftice d'ete 8c du folftice d'hiver n'eft pas exaCtement celui de 3 a 1 , a ce que la refraction elevant toujours le foleil , quoiqu'inegalement , fait demeurer fes rayons plus long-tems fur l'horifon , enfin , a ce qu'il eft plus proche de la terre pendant notre hivet j & tout cela mis en comptc, reduit finalement le rapport cherche a n'etre que celui de 66 a. 1 . M. de Mairan fe fait liu-meme une objection qui paiolt d'abord renverfer la theorie de fon calcul fans reffource. Nous a vons dit dans l'hiftoite de 1 701 que par des obfervations de M. Amontons It chaud qu'il a fait Paris aux rayons du foleil a midi dans It folftice d'ete, ne differt du froid qu'il y fait , quand I'eaufe glace , que comme 60 differe de 51 - ou 8 de 7 a-peu-pres. Que devient done le rapport de 66 a 1 ? Les experiences de M. Amontons ont etc faites avec le thermomecre qui fent , pour ainfi dire , toute la chaleur qui eft dans un lieu , & en rend compte. Ainfi au folftice d'hiver il y a a Paris 5 1 \ degres de chaleur, & 60 au folftice d'ete. Mais le c.ilcul de M. de Mairan ne marque que le rapport de ce que le foleil produit de chaleur en hiver a ce qu'il en produit en ete ; de forte que s'il y a un fonds de chaleur independant du foleil, caufe , foit par l'agitation continuelle de la matiere fubtile , foit par les feux fouterrains , ou meme que la terre aura acquis a la longue par Paction du foleil , & qu'elle ne perdra plus , la chaleur de l'hiver fera 1 degre qui s'ajoutera a ce fonds de chaleur , &c la chaleur de l'etc 66 degres. Or , il eft aife de trouver un nombre tel qu'en hit ajcutant 1 d'une part, Sz d'un autre 66 , les deux nouveaux nombres re- ftiltant de ces additions foient comme 5 1 t& 60. Ce nombre eft 393 , a une fraction prcs ; de forte que, dans cette hypothefe, Ton a 393 pour le fonds de chaleur conftant & perpetuel du climat de Paris , auquel l'adbon du foleil ajoute 1 au folftice d'hiver, Sc 66 au folftice d'ete. Addition ACADfcMIQUE. 75 , n t r J r • J 1 ■ C Acad. Royale Addition au memoirc preceuent fur la caujc au jroul en luvcr o" DES sciences de du chaud en etc. {Hift. de ijzi. pag. 1 6.) ' PARp£TSI(iUE JV1. de Mairan demontre que les differens chemins de la lumierc folaire dans Anna: 171?. l'atmofphcte felon les differences elevations du foleil , font en raifon renver- fee des finus de ces elevations; d'oii il fuit que les quantites de lumiere in- tercepteespar I'atmofphere feront audi en meme taifon , U , com me il y a lieu de le penfer, ces quantites font plus grandes en meme raifon que les chemins de la lumiere dans I'atmofphere font plus longs, ou qu'll y a one plus grande cpailleur d'atmofphere a travel fer. Or, plus I'atmofphere eft haute , moinsles chemins de la lumiere, autres que le veitical qui la traverfe, font longs par rapport a ce chemin vertical le plus court de tous , ou ce qui revient au meme , mows ces chemins vont en croilf.mr, & au contraire. M. de Mairan a calcule que li la hauteur de I'atmofphere eft de 1 5 lieues, comma on le fuppofe or- dinairement , le chemin hotifontal eft pres de 1 5 fois plus grand que le ver- tical, & qu'il feroit 18 fois plus grand, fi la hauteur n'etoit que de 10 lieues. Deli il fuivroit que fi I'atmofphere ( fuppofee de 15 lieues) interceptoit la quinzieme partie de la lumiere lorfqu'elle decrit le chemin vertical , ou que le foleil eftau zetiit Sc au meridien , elle intercepteroit toute la lumiere lorfque le foleil eft a Ihonfon , &: que par confequent le foleil devroit alors difpaioitre comme s'il etoit convert de nuages epais ; mais cela etant contraire a l'experience, il faut qu'il y ait quelqu'erreur dans les principes d'ou Ton a tire cette conclulion. Ce qu'il y auroit de plus deesiif fur ce fujet, ce feroit de favoir quel eft dans le chemin vertical le rapport de la lumiere ahfolue , a la lumiere inter- cepteeparl'atmofphere.Mde Mairan arrouvecette determination poflible, pour- vu que Ton fiit exaftement par obfervation le rapport de deux quantites de lu- miere , lorfque le foleil feroit a deux differentes elevations quelconques. II eft vrai que l'obfervation feroit difficile; mais enfin , en la fuppofant, M. de Mairan decouvre par un calcul fort limple le rapport cherche : fa formule ne fuppofe point que la hauteur de I'atmofphere foit cennue, & e'eft un avan- tage : elle donne le rapport de la lumiere abfolue, e'eft-a-dire, qui viendioit a t'oeil s'il n'y avoir point d'atmofphere, a celle que I'atmofphere intercepte, non feulement pour le cas du chemin vertical, mais pour tout autre chemin. Si Ion a par obfervation que la lumiere du folftice d'ete a midi foit a la In— miete du folftice d'hiver a midi comme 1 a 1 , on trouvera aulli-tot pat la formule generate ou l'on fera entrer le rapport des linus des deux elevations, lequel eft de 3 a 1 , que la lumiere abfolue verticale feroit 150, la lumiere interceptce 17 , la lumiere du folftice d'ete qui a traverfe I'atmofphere 12?, & la lumiere pareille du folftice d'hiver 60. D'oii il fuit que de la meme lu- miere abfolue & verticale esprimee par 150, dont l'atmolphcre recrancheroic 27, elle en retranche 30 au folftice d'ete, & 90 au folftice d'hiver. Si la hauteur de I'atmofphere eft de 1 5 lieues, & par confequent le chemin horilontal de la lumiere quinze rois plus grand que le vertical , comme on la vu ci-delfi.is, I'atmofphere, loifque le foleil fera a l'horifon le jour du folftice d'ite cetranchera 15 fois ^7011 405 de la lumiere abfolue & verticale qui n'eft Tome IF, Pan':; Francoife. K 74 COLLECTION I j — que 150, c'eft-a-dire , que le foleil feroit abfolument invisible ; ce qui eft tres- Acad. Rovali faux. Ce feroit encore le meme inconvenient, quoiqu'un peu moindre, fi. des Sciences de au lieu du rapport de 2 a 1 , pour les deux lumieres du folftice d'ete & du Paris, "folftice d'hiver , on avoit pris un rapport beaucoup moindre , tel que celuide Physique. 5 a 4 , qui reellement eft de beaucoup trop petit, vu la difference tres fetv Ann^e 171?. iible de ces deux lumieres folftitiales. Pour lever cette difficulte , M. de Mairan conceit que ce n'eft pas Tatmof- phere proprement dite qui intercepte de la lumiere , du moins pour la plus grande partie , mais les vapeurs groffieres , dont le bas de l'atmofphere eft charge. Leur hauteur eft tres petite par rapport a celle qu'on fera toujours oblige de donner a l'atmofphere dans quelque fyfteme que ce foit , & la partie qu'ils intercepteront de la lumiere abfolue 5c vcrticale fera par confequent aufll tres-petite. 11 eft vtai que par la meme raifon de leur peu de hauteur , le che- min horifontal de la lumiere y fera trcs-gtand par rapport au vettical ; mais ce vertical aura ete fort petit, & il n'eft plus a craindre que le foleil foit eclipfe a Thorifon 5 feulement il fera fort fenfiblement affoibli en vertu de la grande longueur du chemin horifontal dans les vapeurs , ce qui s'accorde parfaitement avec l'experience. M. de Mairan finit par tirer des diffetentes hauteurs de ces vapeurs qui occupent la bade region de l'atmofphere, une des caufes de Tinconftance des refractions horifontales. Car plus cette hauteur diminuera , plus Tangle du rayon horifontal avec la furface de ces vapeurs diminuera audi : or on fait que la refraction , toutes chofes d'ailleurs egales, eft d'autant plus grande que le rayon d'incidence eft plus incline a la furface du plan rompant. D'ou il fuit que des vapeurs de meme nature & de meme denfite doivetat donner une refraction horifontale d'autant plus gtande qu'elles font moins elevees , ou que la couche qu'elles forment fur la furface de la terre eft moins epaifle. Experience furies ejfets de lapoudrc a canon. (Hijl.pag. 2.0.) JVl, de Ressons a fait voir a la Compagnie l'experience fuivante : il a charge un fufil d'une balle forcee fans aucune poudre , & l'a attache a un poteau , parce qu'il feroit dangereux qu'un homme Pappuyat contre fon epaule. II a enfuite mis de la poudre dans un piftolet fans bourre , &ayant adapie la bouche du piftolet a la lumiere du fufil, de forte que les deux canons du piftolet Sc du fufil faifoient un angle droit , il a tire. La poudre du piftolet enHammee qui en- troit par la lumiere du fufil , en a fait fortir la balle avec tant de violence , qu'elle pouvoit percer une ported quinze pas, cequiexcede la force du piftolet. Uparoit par-la , & par un plus grand bruit du coup , que la force eft augmentee , du moins n'eft- elle pas diminuee , & il femble qu'elle le devroit etre ; puifque l'effort de la poudre , qui 11 e peut jamais etre plus grand que qnand il fuit une ligne droite , a etc rompu par Tangle droit du piftolet avec le fufil. Cependant ce detour 8c cette btifure ne Taffoiblit point, la poudre enflammee agit comme un liquide, comme Teau , qui, quoiqu'elle ait etc conduite par des tuyaux que Ton a difpofes felon difftrens angles, fait toujours un jetde la meme isn- p-kucfiie. A C A D L M I Q U E. 75 Pour bien rcuflir dans cette experience , il faut choifir un fufil qui ait la lu- ■ ■■■■-■■» tniere gtande, & un piftolet qui ait le calibre petit , il faut audi dcmonter la Acad. Rovni platine du fufil, non-feulement parce qu'elle feroit inutile, mais parce que la »es Sciences de bouche du piftolet s'en appliquera mieux a la lumiere du fufil. Paris. Chymie. *■— —^»1— —"'——'— *——^^———— Annie 171+. C H Y M I E. Sur I' Agaric. (Hijl.pag. 2.7.) M Boulduc, cn continuant l'hiftoire des purgatifs, eft venu a I'Agaric, alfez eftime autrefois, mais decredite aujourd'hui, parce qu'il eft lent dans fon operation , Sc que par le long fejour qu'il fait dans l'eftomac , il excite des vomiffemens, ou tout au moins des naufces infupportables fuivies de fusurs, de fyncopes, de langueurs & d'un long degout pour tous les alimens. Les anciens ne fe feivoient appatemment de ce purgatif que faute d'en avoir a choifir. L'agaric eft une efpece de Champignon qui vient fur le Iarix ou meleze. Quelques-uns ,le regardent comme une excrefTence, une galle ; mais M. de Tournefort le range parmi les plantes Sc avec les autres champignons. On croit que celui qui nous eft apporte du Levant vient de la Tartarie , & e'eft le meilleur j il en vient audi des Alpes & des montagnes de Dauphine Sc du Trentin. II y a un autre Agaric qui ne croit pas fur le larix , mais fur les vieuic chenes, les hetres , &c. Sc dont l'ufage feroit tout-a- fait pernicieux. On di- vife l'agaric en male Sc femelle : le male que M. Boulduc appelle faux agaric, ne s'emploie pas en medecine , Sc e'eft peut-etre le meme qui ne croit pat fur le larix ; il a la fuperficie rude & raboteufe , la fubftance interieure tres- fibreufe , ligneufe, difficile a divifer, de diverfes couleurs a I'exception de la blanche ; il eft pefant. L'agaric femelle au contraire a la fuperficie liffe & brune , il eft interieurement blanc, friable, &c fe reduit aifement en farine , Sc par confequent il eft leger. Tous deux paroiffent d'abord doux fur la langue, Sc enfuite amers Sc acres, fur-tout le male. M. Boulduc a employe fur l'agaric femelle les deux grandes efpeces de dif- folvans, les fulfureux Sc les aqueux. II a tire par l'efprit-de-vin une teinture refineufe d'un gout Sc d'une odeur infupportables. Une goutte mife fur la langue faifoit vomir Sc donnoit un degout de tout pour toute la journce. De deux onces d'agaric, il eft venu fix dragmes 5c demie de teinture; le marc, pefant neuf onces , n'etoit qu'un mucilage , une boue dont on n'a pu rien tirer. Ce mucilage vient de la partie farineufe de l'agaric , la partie exterieure ou corticale fournit feule la teinture; M. Boulduc, pout s'en affurer , a fepare ces deux parties, & n'a tite de teinture que de l'exterieure, & prefque point de l'interieure ; la partie corticale eft done la feule purgative ; mais fi Ton vouloit l'employer , il faudroit , pour diminuer fes mauvais effets , la meler avec quc-lques autres purgatifs. 7<5 COLLECTION —a——— Les difTolvans aqueux n'ont gueres mieux reufli fur l'agaric. L'eau feule . „ n'en tire rien , on n'a qu'un mucilaee epais , une boue & nul extrait. L'eati Acad. Royalf. . . , , r . , 1 . o - ,r , > _ nis Sciences de a'^ee "u 'el de tartre , parce que les lels alkalis des plantes dillolvent ordi- Paris. nairement les parries reiineufes, donne encore un mucilage done apres quel- Chymh. ques jours de repos la partie fuperieure forme une gelee tranfparente. Decette Ann& 1714. gelee feparee du refte du mucilage, M. Boulduc a tire par evaporation -i chaleur lente un extrait d'affez bonne confiltance qui devoir contenir la partie rcfineufe & la parrie faline de l'agaric, Tune tiree par le fel de tartre, & l'au- tre par l'eau. Deux onces d'agaric avec une demi-once de fel de tartre avoient donne une once Sc demi-dragme de cet extrait : il purge tres-bien , fans nan- fee Sc beaucoup plus doucement que la teinture refineufe tiree avec 1'efprit de vin. La partie inferieure du mucilage n'eft que la terre de l'agaric, & ne purge point du tout. M. Boulduc ayant employe le vinaigre diftille au lieu du fel de tartre &C de la meme maniere , a eu un extrait tout pareil a l'autre & de meme vertu , mais en moindre quantite. La diftillation de l'agaric a donne aflez de fel volatil & un peu de fel ef- fentiel ; il y a tres-peu de fel fixe dans la tete morte. L'agaric male ou faux agaric, a tres-peu de parties refineufes 8c encore moins de fel volatil ou de fel eflentiel : aufli ne vient-il que fur de vieux ar- bres pourris. L'infufion de cet agaric faite dans l'eau, devient noire comme de l'encre lorfqu'on la mele avec la folution de vitriol ; on fe fert de l'agaric male pour teindre en noir; tout cela fait voir qu'il a beaucoup de conformite avec la uoix de galle qui eft une excrefcence d'arbre. Surhs flairs & hsfcuillcs tendres du Pecker. (Hifl.pag.3j.) V-»'sst en qualite de purgatif que les fleurs &c les feuilles tendres du pechet ont ete examinees par M Boulduc. Les fleurs font fouvent employees conrre les vers qui rourmentent les enfans. Voici quelles font les principals obfer- vations de M. Boulduc fur les fleurs de pechers. On greffe ordinairement le pecher fur le prunier ou fur l'amandier ; les fleurs du pecher greffe fur prunier font plus purgatives ; aufli les prunes le font-elles un peu Sc non les amandes. Les fleurs des peches les plus communes ic les moins recherchees pour le gout , comme les peches de vignes , font les meillcures. Ces fleurs contiennent pres de trois quarts d'humidite fuperflue ; les bou- tons un peu moins que les fleurs epanouies j ce qui eft fort naturel, puifque e'eft 1'humidite qui caufe l'epanouiflement. Les boutons paroillent un peu plus purgatifs que les fleurs epanouies. De quatre livres de fleurs epanouies mifes au bain de vapeur, il eft venut par la diftillation a une chaleur tres-lente douze a treize onces d'une eau tres- blanche , tres-douce fur la langue & d'une agreable odeur de noyau de peche pile : quelques gouttes de cette eau communiquetu le meme parfum a routes les liqueurs, A C A D t M I Q U E. 77 La meme quantite de fkuis en gros boutons a donne a-peu-pres !a meme —**; quantite d'eau ; mais hop pas tout-A-faii fi agrcable , elle feiuoit tin peu l'herbe , Acad. Royaie parce que la matiere vcgcule d'ou elle ctoit fortie , ctoit moins mure. des Sciences di Les matieres qui avoient etc au b;iin de vapeur , mifes enfuite dans une PAIIS- cornue, a un feu de reverbcre clos , qui a etc1 conduit par degres , out donne <-HYMIE- des liqueurs qui contenoient des acides 6V: des Alkalis developpes , &c entin Al>r>':<: 1714. un efprii d'un rouge obfeur , rempli de beaucoup de f uliginodtes , & mele d'un peu d'huile, dont la partie la plus lcgere furnageoit, & l'autre choir au fond. Nous patterns ici ce qui eft trop commun a toutes les plantes. La rcinture des fkurs de pechers tirce par 1'elprit de vin , eft tres- foible Sc bien moins amcre que celle qui eft uree par leau. M. Boulduc a reconnu par experience que l'infulion faite du foir au matin dans I'eau chaude , de demi-once de fleurs de pechers vertes , ou d'une dragme de fiches , car les vertes contiennent trois quarts d'humidite fuperHue, etoic un puigatif tres-doux : elle fe prend avec du fucre comme le the. 11 seft encore confirme dans I'opinion ou il etoit que les infufions des pinnies, fur-tout des purgatives, ont plus de vertu que les fucs tires des me- mes plantes , foit par exprellion , foit autrement. Apres qu'on a tire ces fucs , il refte dans le marc trop de particules actives ; l'eau qui eft un grand diflol- vant, les degage & les entraine mieux. Les infulions de Heurs de pechers , aulli-bien que celles de rofes , fe confer- vent mieux que les fucs : ceux-ci s'aigriltent aifement; au lieu que les infu- fions fe gardent des annees fins alteration, avec des precautions pareilles , dont la principale eft de mettre de l'huile delfus; elles fe gardent encore mieux , fi avant de les ferrer on les fait evaporer a moitie. Les fels fe concentrtnt da- vantage. 11 faut preferer pour mettre fur ces liqueurs, l'huile qui fecongele le plus difticilement, comme l'huile d'amandesdouces; carquand l'huile fe gele , il fe glide entr'elle & la liqueur de l'air qui la gate. La difpohtion que les fucs ont a s'aigrir plus que les infufions , marque peut-etrequ'ils contiennent moins des ditferens piincipes du vegetal, lefquels fe conferveroient mutuellement. Quant aux feuilles tendres du pecher, car il les faut toujours telles, l'in- fufion en eft moins agreable que celle des fleurs ; mais elle eft aufli purgative Sc peuc-etre plus j elle fe prend de la meme maniere. Elle eft tres-bonne pout les enfans qui ont des vers & pour les accidens que les vers caufenr. Sur la fermentation des Acides cntr'eux & des Alkalis cntr'cux. (Hijloire, pag. 39.) JNous avons dit aillcurs que l'efprit de fel eft un alkali a l'egard de 1'efprit de nitre; par confequent ces deux fels, tous deux conftamment acides, ne laifTcnt pas de fermenter enfemble. Nous avons audi parle en 1701 de la fer- mentation de certains acides avec des fcuffres. M. l'oli a confirme par d'autres experiences a-peu pres femblables ces phenomenes qui femblent contraires au fyftcme commun de la fermentation des feuls acides avec les feuls alkalis. 11 78 COLLECTION ■MtmiMMj ■jgrarm y a ajouts la fermentation des alkalis avecles alkalis; lefel ammoniac, le fel Acad. Roy ale d'urine , celui de corne de cerf & les auttes alkalis volatils fermentent avec le nis Sciences ci fel de tartre. Paris. Chymie. Sur la fermentation de I'cau avec C efprit de foufre. Aanee 17 14. M. Poli a fait un efprit de foufre concentre qui fermente dans l'initanr avec l'eau 8c fi vivement, qu'elle en devient chaude 8c bouillante; cependant l'eau n'eft cenainement ni acide ni alkali. M. Poli tirecet efprit du foufre fait a la cloche : il le met dans une cornue fur le fable , & donne le feu par degres. II s'eleve d'abord dans le recipient une eau infipide , enfuite vient un efprit tres-acide , dont chaque goutte , en tombant dans cette eau , y produit le meme eftet que feroit un petit morceau de fer rouge. La cornue etant retiree du feu le refroidie , la liqueur qu'elle contient fe trouve daire & tranfparente comme du criftal , & prefque aufli pefante que du mercure. C'eft la l'efprit de foufre concentre. Sur un enduit impenetrable a feau. M. de la Hire le fils a dit qu'il n'y avoit point d'enduir plus impenetrable a l'eau que celui qui etoit fait avec de la limaille de fer, du vinaigre & du fel. Sur la formation du falpitre. A ce qui a ete dit en 1 7 1 5 que les vapeurs des acides & des alkalis volatils fe rencontrant en l'air , deviennent ou fenfibles , ou plus fenfibles , M. Poli a ajoute que fon laboratoire a Rome s'etant ainfi rempli de fumees nebuleufes , elles defcendirent peu de terns aprcs dans une cave voifine : il fe fait done une precipitation de ces matieres fi fubtiles apres qu'elles fe font unies en l'air, d'ou M. Poli conjefture que le falpetre fe forme ainfi. L'air contient un nitre fluide , un efprit avec lequel fe joignent les fels volatils alkalis ou uri- neux qui s'exhalent des vieilles ecuries ou etables , des fepulchres ou cime- tieres , des mafures abandonnees , &c. Ces matieres unies fe precipitent , s'incorpotent avec la terre , fe condenfent en petites pierres de figures de prifme, & font le falpetre. M. Poli a obferve qu'il faut que les lieux immon- des ou fe forme le falpetre foient couverts , afin qu'il n'y tombe pas d'eau ; car elle le dilToudroit ; 8c que ces lieux ne foient perces que d'un cote , car le paiTage continuel de l'air entraineroit les vapeurs infenfibles, & ne leur donneroit pas le terns de fe condenfer en pierres : pour appuyer encore ce fyfteme de la generation du falpetre, M. Poli a laifie putrefier pendant prcs de deux ans des urines & autres excremens qu'il a enfuite le/Tives Sc fait eva- porer felon l'art, & il n'en a tire par la diftillation qu'une huile fetide & un fel volatil , mais jamais de nitre : marque aflez fure que la formation du fal- petre demande le concours de quelqu'autre matiere que l'air feul peut fournir. ACADEMIQUE. 79 Stir la volatllifat'ion des fels fixes dcs planus. Par Jlf. Homberg. ( Mimolres , pag. i 86 . ) I ,r fel lixiviel on l'alkali fixe de quelques plantes eft une fubftance faline qui a perdu dans le grand feu la pliipart des parties volatiles que conrenoit Is vegetal , favoir, fon phlegme , fon efprit acide , fon efpric urineux , les huiles qu'on en pent diftiller & le fel qui fent l'urine j on peut le confiderer comme une efpcce d'cponge dont les pores ouverts & vides font prets a recevoir des matieres volatiles femblables acelles que le feu en a feparees, &que l'art y peuc rejoindre de manieie que le fel perde fa fixite , Sc que ce nouveau melange devienne tout-i-fait volatil. II s'agit d'introduire infeparablement dans le fel lixiviel une ou plufieurs des parties volatiles qui en ont etc chaftees, &z cela fe fait par descohobations reiterces, jufqu'a ce que le volatil fe foit tellement uni au fixe, que le me- lange devienne volatil en tout ou en partie. Cependant , comme routes ces matieres volatiles font des fubftances differen- tes, quoiquetirces du meme mixte,ellesdemandent auflides manipulations dif- ferences, pour cjue les cohobations foient utiles, &C donnent la volatilise auxfels fixes. Nous allons examiner toutes les parties quele feu peut chaffer d'un vegetal; nous prendrons entre les matieres vegetales le tartre du vin pour fervir d'exem- ple, & nous expofeions enfuite les manieres d'y reintioduire les volatils quele feu en a chaffes; e'eft-a dire , les divers moyens de rendre volatil le fel de tartre felon la nature du volatil qu'on y introduit de nouveau. Mais comme le fel de tartre & tout autre fel lixiviel , quelque bien calcine & quelque bien purific qu'il foit paries leffives & les filiations, ne laifle pas de contenir quantite de matieres terreufes , plus ou moins faciles a enlsver par les diffcrens volatils , felon que ces volatils ont plus ou moins d'adlivite , quel- ques uns de ces volatils en changeront beaucoup , d'autres en changeront moins , & laifferont au fond du vailfeau une partie de la terre fixe & infipide. Le fel lixiviel qui aura etc volatilife, fera change tantot en une liqueur dif- tiliee falce, tantot en un efprit acide, en un efprit urineux, en un fel volatil falc, en un fel volatil acre & feride , ou enfin en un fel volatil aromatique, felon les operations & les volatils qu'on aura employes. La premiere mat-iere que le feu fcpare du tartre & de tout autre vegetal, eft fon phlegme qui d'abord tie paroit pas capable de volatilifer une matiere aulTi fixe que le fel de tartre. Cependant fi Ton confidere que I'humidite aqueufe , lorfqu'elle eft mife en mouvemenr par le feu , eft une des principales caufes de tons les chaagemeas qui arrivent aux vegetaux, aux animaux, le peut-etre a tout ce qui appar;ient a notre terre , on n'aura pas de peine a l'admettre ici pour Tun des agens qui contribuent a enlever dans le feu une partie du (el de tartre, & a le rendre volatil. Mais comme I'humidite aqueufe eft de tous les principes que la d'ftillation fi^.\ri des vegetaux le moins aclif & le plus lent dans fon action , 1'operation dans laquelle on l'emploie dure plus long ten Acad. Royale MS Slunces ut Paris. Chymie. Anncc 1714. Acad. Royale bes Sciences de Paris. Chymie. Ann.ee 1714. 80 COLLECTION ■5 que celle 011 Ton emploie d'autres principes. Nous allons voir comment par fon moyen une partie c!u fel fixe lixiviel s'eft fublimee c-n fel volatil. En chymie, il n'eft pa5 hors de propos d'indiquer les circonftances, meme fortuites, qui one conduit a quelque operation unguliere; je dirai done ici comment le hafard m'a donne occajion de faire des tentatives fur la volatiii- fation du fel lixiviel des plantes Sc routes les circonftances qui ont accompagne la premiere de mes operations. Les favonettes , dont je me fervois pour me rafer, n'etant pas a tr.on gre, je voulus en raire d'autres ; je pris environ deux livres de favon de Genes, je le coupai par tranches i peu-pres de lepailTeur d'un ecu. Je le mis fecher a l'ombre pendant troismois, pour en oter la mauvaifeodeur que le favon a or- dinairement; il la perdit en partie, & devint ailez fee pour qu'on put le piler dans un rnortier : com me il ralloit le tehumecler , afin d'en pouvoir former des favonettes , je verfai dedus trois onces d'efprit de-vin que j'avois patfume en y mettant un gros d'huile de lavande Sc quelques gouttes d'elfence d'am- bre : j'incotporai bien l'efprit de-vin avec le favon en les pilant enfemble dans un rnortier de maibre, mats le favon n'en fut pas alfez humecte pour faire line pate liee ; j'y ajoutai trois onces d'eau de fleurs d'oranges, & tout ce me- lange fe mit en une pate bien conditionnee , dont je formai des boules que je mis fecher a l'air par un terns froid Sc humide. Environ deux mois apres, je fus fort ctonne de trouver ces favonettes heriiTees de pointes aflez femblables au lalpetre qui vegete fur les pierres : je voulus m'en fervir, mais je m'ap- pergus que ce favon ne faifoit point d'ecume; il s'ammollifToit feulementdans l'eau chaude, s'etendoit comme du beurre, 8c fe colloit a la chair fans monf- fer. La hngularite du phenomene me fit examiner avec foin le fel qui avoir vegete fur ce favon ; je trouvai qu'il avoit entietement perdu le gout de la foude ou du fel lixiviel , Sc qu'il avoit a-peu-pres celui du falpetre ; neanmoins il ne fufoit pas dans le feu , il y jettoit feulement une fumee abondante qui ne fentoit ni l'acide , ni l'urine. Je penfai que cette fumee pouvoit etre du fel volatil qui fe fublimeroit a l'ordinaire dans des vaifteaux convenables; je relTayai , mais je n'en fus pas tout-a fair content. Cependant un peu de matiere fanneufe falee qui s'etoit attachee aux parois du vailleau , me fit efperer qu'on en pourroit venir a bout en faifant quelque changement i l'operation. Je ra- malTai done de nouveau tout ce que je pus avoir de ce fel ; & quand mes boules de favon n'en poufterent plus , parce qu'elles etoient trop feches , je les lis porter a la cave , ou quelque terns apres elles vegeterent de nouveau : a la fin je lavai ces boules dans l'eau pour en tirer encore un refte de fel qui etoit fur leur ftuface, & qui rendoit leur croute dure. J'ai mis toutes ces eaux en- femble , j'y ai ajoute le fel que j'avois amalTe , je les ai diftillees dans un alembic de verre a petit feu ; j'ai cohobe cette eau cinquante fois au moins fur ce qui reftoit dans la cucurbite , Sc je me fuis appercu qu'a la fin des dif- tillations, il s'eft attache aux parois de la cucurbite & dans le chapiteau un peu de fel volatil blanc & leger comme de la neige; tel a-peu-pres qu'eft le fel volatil narcotique de vitriol dont j'ai donnc la defcription en 1701. J'ai con- tinue ces cohobations jufqu'a ce qu'il ne fe fublimat plus rien , Sc j'ai eu en- viron deux gros de fel volatil concret; mais l'eau diftillee* en etoit chargee, car elle etoit falee. J'ai reftific cette eau , j'en ai fepare les premieres portions qui A C A D (i M I Q U E. 81 qui etoient infipides : j'en ai garde environ deux onces qui contenoient bien en- '. -«~~ core un gros de fel. Ce fel a un gout approchant de celui du falpetre fans nu- Ac^n. Roy-alu cune acrimonie; il fait une tres legere ebullition on plutotun Ample frcmifTe- »ts Scuncei at ment avec I'efprit de fel , il rougtt legerement la teinture de tournefol , il fe ?**'*• fond dans le moment qu'on lejettefut des clurbons ardens , fans fufer dans le feu comme le falp'-tre. Aaaic ' 7 r+- Le fel volatil qui a etc produit par cette operation , ne fauroit provenir que d'une partie de la foude qui eft entree dans la compolition du favon ; & comme le fel de la foude eft un des plus forts alkalis que nous ayons , & qu'il ne le cede point au fel fixe de tartre , j'ai penfe que je pourrois titer aufli de ce der- nier un fel volatil. Pour cela j'en ai fait d'abord un favon a la maniere ordi- naire , e'eft-a dire , que j'ai fait une lellive tres-forte de parties egales de tartre calcine & de chaux vive ; car on emploie de la chaux pour faire du favon : j'ai mis trois patties d'huile d'olives & une de ce fel , ce qui m'a produit un favon tres-ferme & tres-bon ; j'ai traitc ce favon de la meme maniere que le favon de la foude dans I'operation precedente, j'en ai vua-peu-prcs les mimes effets , & j'en ai tire la meme quantite de fel volatil. J'ai obfervc que dans ces operations l'humiditeaqueufe etoit neci.Gire pour enlever le fel volatil , &c que ce fel , quoique tout ptepare , ne fe fcparoir plus de la mafTe favonneufe qui etoit au fond de la cucurbite des que cette maire etoit defti-chee; mais en luimeiftant de nouveau cette mafTe, & fimplemenc avec la meme eau qui en avoit ete diftillee, on en faifoit une feconde (ublima- tion , & ainfi de fuite jufqu'a douze ou quinze fois , e'eft-a-dire , jufqu'a ce que tout le fel volatil en rat fepare. II femble done que dans cette operation l'eau eft ce qui contribue le plus a la volatilifation des fels fixes du tattte & de la foude, & qu'elle y pourtoit fuffire feule ; d'autant plus qu'on fait par une experience conftante que l'eau ctant fouvent diftillee & cohobee fur du fel comiuun, contratte une qualitc falce & meme acide : j'ai voulu cependant m'en eclaircir, j'ai cohobe de l'eau de riviere environ cent fois fur du fel de tartte , fans appercevoir de fel volatil concret : il m'a patu feulement qu3 l'eau etoit devenue un peu faleej il y a apparence qu'avec le terns on en auroit eu quelque cbofe de plus ; mais j'ai abandonne ce travail dont la longueur m'a rebute. En examinantavec fointoutes les autres particularity des operations prece- dentes, j'ai obferveque les fels fixes, pour pouvoir fe volatilifer, doiventdre d'abord prepares, e'eft-a-dire, qu'il en faut faire du favon : e'eft ce qu'on re- connoitra dans les operations fuivantesqui prouveront aufli quefi l'eau a ete dans les precedentes le vehicule neceflaire pour enlever le fel volatil tout pre- pare dans le favon , Ton peut cependant abfolument s'en pafTer, & m&ma qu'elle devient nuiiible dans certains cas. J'ai done penfe non feulement qu'il falloit commencer par la compolition du favon pour volatilifer les fels fixes des plantes, mais que I'operation teufliroit mieux, & produiroit plus de fel volatil en compofint le favon avec une huile diftillee, Jaouelle, felon les ap- parences , feroit deja route volatile , qu'avec tine buile /implement exprimce, comme 1'huile d'olives qui a etc employee dans les operations ptecedenres , & qui a befoin elle-meme d'un feu violent pour devenir volatile. D'apies ceite idee j'ai fait l'eflai dont on va voir le fucces dans l'opeiation fuivante, ou je Tome IV, Panic Francoife. L 81 COLLECTION n'ai pas voulu joinJre au ftl de tartre une autre huile qrr- toure le refte da matras de fable ; apres quoi j'ai place le creufet dans un petit fourneau; j'ai fait autour du.creufet un feu dn premier degre pendant environ une demi-heure, & quand le vaiffeau a ete cduuffe, j'ai atigmente le ftu jufqu'a faire rougir la matiere, ce qui demands environ I'efpace de cinq A C A D E M I Q U E. 85 quarts d'hcurcs : cnfuite j'ai l'aillc eteindre le feu , j'ai bouchc exadtement le g-r-TaFmrwujMM matras avec un bouchoii de liciie, obfervant de le laiirer rerroidir peu a pcu . „ avant one de le bien bouchir, parce que fans cette precaution le vaide.iu calte- , roit ; cc en erfet il m'eft arrive qu'ayant bouchc nop toe mon matras , !a vapeur p^ rarthee qui s'clevoit encore de la matiere , & qui ne put trouver d'iiTue par Chkuis. le cou , avoit fait un trou au fond du matras, & avoit meme en quelque facon Anncc 1714. detruit la forme du vaifltau, lequel etant allez mince, cedoit d'autant mieux a l'elrort de la vapeur. Quand la matiere a ete fufHfamment refroidie, je l'ai verfee fur du papier, £c tile ne l'a ni briile , ni meme echauffe; elle ctoit d'une couleur grife. J'ai fuivi le meme procede pour routes les matieres dont je parlerai dans la fuite. Le fang avec parties egales d'alun , a rait un phofphore qui bruloit aflez vite. Le jaune d'ecuf tralte de la meme maniere, en a auffi donne un fort bon 5 mais le blanc d'ecuf n'a rien fait du tout. Les mouches cantarides , les vers de terre, m'ont fort bien reuffi. La chair de bceuf , de mouton , de veau, hachees & pilees alTez de terns pour qu'elles puifent palfer au travers d'un tamis , &c melees avec autant pefant d'alun , ont donne un phofphore femblable a celui du fang. Parmi les matiere* animales que j'ai employees , Purine & le blanc d'ecuf etant les feules qui n'avoient pu faire un phofphore avec parties eg.iles d'alun , j'ai ellaye li elles en feroient avec le double de ce fel , mais ma tentative a ete inutile. J'ai examine enfuite fi les phofphores qui avoient reuffi avec parties egales d'.iluu, teulliioient de mime avec le double de ce fcl , & de cette maniere le fang , le jaune d'eeuf , les chairs , les mouches Sc les vers cut fait un phofphore qui m'a parti s'enHammer plus vite que quand on emploie parties egales d'alun ; cela m'a donne la curiofite de refaire les memes experiences en augmentant par degres la dofe de l'alun. J'ai obferve qu'en mettant fix parties d'alun fur tine partie des matieres fulfureufes rapporrees ci-deflus le phofphore qui en refultoit biuloit plus vivement que dans les experiences precedentes; il m'a paru encore audi vif a fept parties d'alun qua hx ; mais a huit , il n'a prefque plus de force j il ne s'enflamme que quand il eft encore chaud & nouvellemenr tire du feu j deux on trois heures apres il n'a plus de vertu, au lieu que les autres confervent la leur pendant plus de huit jours, pourvu qu'on les tienne exadlement bouches. Quand j'ai employe dix parties d'alun fur tine partie des matieres fulfn- teules ci-de(Tus mentionne>.s, je n'ai jamais fait de phofphore. L'urine & le blanc d'eeuf n'en ont fait avec aucunedes ptoportions d'alun qui avoient reuffi avec les autres matieres. De l'examendes matietes animales, j'ai pafle aux vegctales, j'ai commence par les graines ; les farines de feigle , de fromenr , d'orge & plufieurs autres ne fe font point enriammees comme les matieres animales avec parties egales d'alun, mais depuis le double d'alun jufqu'a fept patties, le phofphore s'eft toujours de mieux en mieux allume , Si meme prefque auffi vivement que celui du fang &: du jaune d'eeuf. Le miel comme les autres matieres vegetales , n'a tien fait a poids ega! , & il a fait beaucoup avec fix panics d'alun. 86 COLLECTION m , Les feuilles de romarin , de baume , de fene , ont fair un phofphore a deux ,' "" " ~ ' trois & quaere parties d'alun ; mais elles n'ont plus rien fait a cinq ni a fix. Ce cao o^ ale | j- |lore ni£me ne Jure pas lone-terns, & ne fait bien fon effet qu'etant en- rits Sciences d: r r . r t> ' r mi 1>ARIS coreun peuchaul : celui du fenc m a paru plus tort que celui des autres reiulles. Chymie. Les fleurs, fur-tout les rofes , fe font bien enflammees a trois & quatte Annie 17 14. parties d'alun. Les bois de faffafras , de gayac , m'ont donne un phofphore ; mais il faut obferver, pour en tirer de ces bois , de ne pas faire audi grand feu qu'aux au- tres matieres ; car fans cette precaution il ne fe feroit rien du tout. Les racines d'iris , la rhubarbe , ne fe font bien allumees qu'a deux & trois parties d'alun ; elles ne reuiliiTent pas quand on y en met davantage. Comme e'eft par la matiere huileufe contenue dans ces corps que le phof- phore fe fait, j'ai cru que les huiles fe'parees des autres principes pourroient faire un phofphore, comme les autres matieres ci-delfus memionnees; mais j'ai trouve beaucoup de difference; car elles n'ont rien fait au fimple, au double, ni au triple d'alun; & quoiqu'en continuant par degres , elles aienc produit un phofphore a cinq parties d'alun, ce phofphore n'eft pas, a beau- coup pres, audi vifque celui qu'on tire des animaux 8c des femences. Ce que j'ai remarque de particulier , e'eft qu'avec dix parties d'alun ces huiles ont fait du phofphore; mais il n'etoit pas audi bon qu; celui qu'elles avoient fait avec cinq parties d'alun. Les huiles dont je me fuis fervi font celles d'amandes douces , d'olives , de gayac 8c de come de cerf; ces deux dernieres ont mieux fait que les deux pre- mieres. Aprcs avoir fait des phofphores avec des matieres animates & vegetates , j'ai travaillc fur beaucoup de matieres minerales 8c meralliques, telles que le fer, le foufre commun , l'antimoine, le foufre dore d'antimoine 8c quelques autres :jz les ai melees avec differences proportions d'alun ; aucune ne m'a jamais paru produire de flamme , ni meme de chaleur ; d'01'1 Ton voit que pour faire un phofphore femblable a celui de M. Homberg, il faut employer principalement les matieres vegctales cV animales. Examinons maintenant s'il n'y auroit point quelqu'autre fel qui put etre fubftitue a l'alun pour la formation du phofphore dont il s'agit. Par les differentes analyfesqui ont ete faites des fels que nous connoiffons, on fait que les acides du vitriol , du foufre commun 8c de l'alun font d'une meme nature; j'ai done voulu voir fi Ton pourroit fubftituer les uns aux au- tres; ?c comme M. Homberg a dit que le colcothar lui avoit raremenc reufli, j'ai ciu que le vitriol qui eft beaucoup plus charge d'acide pourroit faire plus d'effet- : je l'ai done employe de la meme facon que l'alun ; mais mon epreuve a ete inutile. Je n'ai jamais reufli non plus avec le colcothar, quelques ten- tatives que j'en aye faites : peut-etre ai-je manque a quelques circonftances ; car j'ai fouvent eprouve dans les operations dont je viens de parler fur les vege- taux , que le fucces dependoit fouvent d'une petite difference dans le degre de feu ou dans la quantite d'alun. Le vitriol n'ayant rien fait , j'ai effayeavec aufli peude fucces le fel de foufre qui n'eft , comme on fait , qu'un fel artificiel compofe de l'acide du foufre in- corpore dans les pores du fel de tartre. ACADEMIQUE. 87 Enfin , pour ne rien negliger , j'ai examine d'autres fels , quoique je ne Its ..... ,— mm^. crufte pas capables de produire l'tiTec de l'alun fur les matieres animates Sc Acf0 RovAlE vegetates. ris Sciences de Le fel marin, le criftal de tartre , Ie borax, le fel pofychrefte , le cartte Paris. vitriole, le fel de tattre, mclcs en differences proportions avec ces matieres, Chymh, n 'out rien fait. . Aanc»i7«4. Le falpecre a fait dans notre operation ce qu'il a coutume de faire quand i! eft mele avec des matieres huileufes ; e'eft-i dire , que quand la matiere a etc cchauflee , elle eft forcie du macras avec grand bruit Sc detonnation , & pat confequent le phofphore a manque. Mais ft Ton met a peu-pres deux gros de falpctre bien fee fut une demi- once de phofphore fait avec l'alun , fe de matiere huileufe eft trop petite , I'alun pourra conferver trop d'acides faute d'un vehicule fulhfant pour les enlever , & dans ce cas il fera d'autant moins capable d'agir que l'humidite de Pair s'y logera moins aifement. Toutes ces obfervations font voir combien cette operation eft delicate 8c combien les circonftances dont le lucces depend doivent etre juftes &: lesdofes ptecifes. Par exemple , comme il hut que li matiere huileufe qui doit etre de- pouillec d'acides , & le fel concret qui doit rournirdes acides nouveaux , foienc calcines enfemble, il ne s'eft encore trouve que I'alun qui puiile etre ce fel concret, & qui malgre la calcination conferve la quantite d'acides ncc-lFaires pour I'erlet du phofphore , &c les conferve aufli peu engages qu'il le faut dans leur bafe terreufe. Cela depend prefque d'un point indivilible. Les autres fels concrets qui paroiftbient les plus propres a produire ici le meme eftet que I'alun, n'ont jamais reufli; les uns , comme le falpetre, lailfent echapper trop aifement leurs acides : dans d'autres an contraire Ies acides font trop engages dans leur matrice terreufe ou metallique, & e'eft peut-ctre le cas du colco- thar; a quoi Ton pourroit ajouter que quand 1 humidite de fair vient a (rapper Ies acides de cette matiete , fi quelques-uns de ces acides fe degageni julqu'.i un certain point du metal , ils entrainent toujours avec eux une fubftance grade Sc onctueufe qui ne leur permet pas de penetrer une autte matiete fultureufe avec autant de rorce & de facilite qu'ils le (eroienr fans cela. D'autres ie Is , aprc-s leur calcination , font trop ou trop peu fufceptibles de l'humidite de l'air, ce qui fait que leurs acides ou manquent de vehicule, ou font r.op attoiblis aria quantite de leur diflblvant. Enfin I'alun eft le feuifel qui ait rempli routes es conditions requifes pour la production de ce phofphore. Mi; I. . j>* -COLLECTION Acad. Royaee pes Sciences de „ „ r , . r ,, . ., ,, A r . Paris. Extrait a un Mernoirc Jur I liiulc a Jljpic. Chymie. Annceiyi;. Par M. Geoffroy, (JSUmoires , page 156) jL 'huile d'afpic qu'on nous apporre de Provence & de Monrpellier, &: dont on fait un grand ufage pour la peinture en email Si pour les vernis , eft line huile effennelle de lavande. On la tire de la plante nominee par C. Baulu'n, Lavandula Latifolia j par J. Sauhin , Pfeudonardus , Si en francois Lavande ou Afpic. Cette plante eft fort commune dans toute la Provence ou on la nomme af- pic , parce que fa fleur eft en epis. Lorfque la plante eft venue en fleur , & que les epis font prefque fees, on les met dans un grand alembic avec beamcoup d'eau. Apres quelques jours de maceration Ton diftille Ie tout : il fort avec l'eau une huile qui eft de couleur jaunatre ambree ; e'eft la la bonne huile d'af- pic telle qu'eiie doit etre fans alteration. L'epi eft clioifi preferablement a toute autre parne de la plante , parce que e'eft celle qui contient le plus d'huile ef- fentielle , comme on le remarque dans les fleurs en gueule dont le calice con- tient prefque toute la partie huileufe de la plante. Mais il faut obferver que les plantes aromatiques fournitFent genetnlement flftez pen d'huile ; il n'y a done que la facihte de ramafter abondamment ces fleurs , Si de les diftiller a peu de frais, qui rende dans le pays l'huilc eifen- tielle de cette lavande plus commune Si a meilleur marche que ne feroit cells qu'on pourroit tirer de la plante que Ton cultive ici Cependant malgre la faciiite qu'il y a a tirer cette huile fur les lieux, elle ne pourroit fuffire a la grande confommation qu'on en fait , & le prix qu'on en donne eft trop modique pour qu'on I'ait parfaitement pure j audi eft elle prefque toujours faliifiee. J'en ai fait venir de Montpellier pour l'avoir de la premiere main ; mais voyant qu'elle ne reuflifToit pas etant employee pour le vernis , &r ne pouvant non plus la meler avec des huiles eflentielles, dont j'etois fur pour les avoir faites, je commencjai a m'en defier ; je l'examinai, & je decouvris deux moyens dont on fe fert ordinahement dans le pays pour falfifier cette huile. Cette premiere huile d'afpic que j'ai examinee , & qui m 'avoir ete" envoyee comme la meilleure qu'on put avoir dans le pays, fe trouva melee d'efprit- de-vin. J'en pefai une once, & la mis dans une bouteille longue Si cyhndri^ que ou j'avois mis auparavant une once d'eau j j'avois eu foin de marquer avec un papier la hauteur de l'eau, afin de pouvoir examiner le changement qui arriveroit aux deux liqueurs dans leur melange. J'obfervai done que le me- lange blanchit Si s'echaufta , preuve tertaine qu'il contenoit de 1'efprit-de-vin. I.orfqu'avec le terns le melange fe fin eclairci , il fe fit une ftparation de l'huile efTentielle qui futnagea la liqueur , & fe trouva reduite d deux gros , tandis que l'eau s'etant unie a I'efpnt de vin, monta & fe treuva augmentee de Cm gros. Je reconnus ainli que mon huile d'afpic contenoit trois quarts d'efprit-dc-vin pout un quart d'huile effencielle. Je tamenai enftiite mes rrs Scunces d« ::f. ACADfcMIQUE. 95 deux gro: d'luiile effentielle au poids d'une once en jeitant defTus fix gros d'huile dc tcrebenthine reftihee, cequi me produifit une once de pat fakement Acad. Royale bonne hnile d'afpic; car la commune qu'on dibite , n'eft le plus fouvent que de I'huile de tcrebenthine parfumceavectrcs-pju de veritable huile d'afpic, & c'cft le fecond moyen done on fe fert ordinairement pour etendre cette huile. Voici comment on petit diftinguer fur le champ ces huiles d'afpic falfifiees. On reconnokra aifement celle qui eft melangee d'huile de tercbenthine, fi Fen en imbibe un papier, & qu'on I'allume ; car il jettera beaucotip de fumee epaiffe, parce que I'huile de tercbenthine eft de touces les huiles effevuielies celie qui repand le plus de fumee lorfqu'on la brule. Au contraiie I'huile d'afpic melangee d'efprk-de vin donnera trcs-peu de fumee en comparaifon de l'autre, £c la damme en fera vive &: bleue. Si 1'on prend de I'huile d'afpic dans une cuillicr , 6V' qu'on y metre le feu , celle qui fera melangee d'cfpii;- de-vin brulera d'abord fans fumee, donneta une flamme bleue comme I'ef- prit de-vin, jettera a la fin un peu de fumee, dc ne lailfera point de refidll ou ne fera que vernir lacuillier. Celle qui fera melangee d'luiile de tere- benthine, vernira davantage la cuillier, felon qu'elle fera plus ou moins giof- fiere , & jettera quantite de fumee. Si I'huile eft mauvaife, e'eft-a-dire , que I'huile de tcrebenthine nefoit pas bien re&ifiee, la fumee fera tres epaiffe, &i il reftera au fond de la cuillier une matiere comme de la poix fondue. J'ai voulu voir C\ I'huile de tercbenthine bienreifliP.ee, employee feule pour les vernis , ne fcroit pas aufli bonne que I'huile d'afpic commune : a la verite, lorfqu'elle eft bien rectifiee , elle feche aufli-bien &: meroe mieux que I'huile commune d'afpic; mais elle laifle une odeur qui ne fe diflipe jamais : au lieu que li Ton ajoute a I'huile de tcrebenthine de 1 huile eflentielle de lavande , 1'odeur qui rcfulte de ce melange fe diflipe entierement fans buffer d'impref- lion au vernis. J'ai rente de faire fur le champ de I'huile d'afpic commune en jettant fur une once de bonne huile de tcrebenthine vingt gouties d'elfence de lavande diftillce de celle que nous cultivons leplus communement en ce pays, & qui eftnommee par C. Bauhin Lavandula Angujlifolia. Cette huile eft un peu plus grade que celle des pays chands , Sc d'une odeur un peu difference , mais ties-agreable; l'autre tire un peu fur 1'odeur de la terebenihine. J'ai fait le meme melange avec i'huile d'afpic dont j'avois fepare l'efprk-de- vin, & ces deux huiles out approche beaucoup de 1'odeur de I'huile d'afpic la plus commune. J'ai verfe fur Cix gros d'efprit- de-vin deux gros d'huile de lavande ; 1c me- lange a its prompt & exiifc. J'ai aufli verfc deux gfos de cette pareille huile de la- vande fur lix gros d huile de tercbenthine , ce qui m'3 produit de fort bonne huile d'afpic a la tercbenthine , mais dont les odeurs ont un peu varie a caufe de la dif- fetene.-des deux huiles de lavande. J'ai enrin pris deux gros d'huile d'afpic que j'avois fcpiree de fon efpnt-de-vin , je les ai verfes fur fix grosd'efprir de vin} ce qui m'a reproduit la meme quantite d'huile qu'auparavant. Eufin en prenant , comme j'ai dit, fix gros d'huile de terebenthine 6c deux gros d'huile pute d'afpic , on fera de I'huile d'afpic aufli bonne que toute celle qu'on debite. Si Ton veut done avoir de bonne huile d'afpic, il faui l'effiyer comme je 1'ai in lique ; ec i'i elle eft compofee d'huile de tercbenthine comme e'eft l'or- dinahe, il taut la nature dans un's cucurbite avec beaucoup d'eau , & h tec- 94 COLLECTION «. '.■■i.tu-vBToar] tifier au bain marie : il diftillera avec un peu d'eau une huile blanche 5: aufli ~ „ limpide que de l'eau. Lorfque cetce huile commence a jaunir , il taut cefTer Acad. Royale . f._ ... K , ,, .. ~.rl, , , ■ \ , „. de-» Sciences de 'a diftillation. L mule rechhee de cette maniere s unit a tous les vernis , « pARIS. s'evanouit dans l'inftant. Si 1 huile qu'on retirera de cette maniere n'avoit pas Chymie. alTez l'odeur d'huile d'afpic, il f.iudra de neceflue faire le depart, par le moyen Ann'ce 171 f. de l'eau, decellequi eft melangee d'efprit-de-vin , & la leparer par le fyphon. Lorfqu'on aura ram a lie fuffifammenr de cette huile , il faudra en ajouter dans les proportions que j'ai marquees , parce que, fi Ton prenoit l'huile telle qu'elle eft melangee avec 1 efprit-ds-vin, on retomberoit dans 1'inconvenient ri'avoir une liqueur qui ne fe meleroit pas avec tomes fortes de vernis. Voili pour ce qui regarde les vernis ; patterns a. prefem aux efFets de ces deux huiles par rapport aux emaux. L'huile d'afpic qui n'a pas affez de corps n'y convient pas , parce qu'elle fecha trop vite, & ne nourrit point la fecherelTe de l'email , lequel n'eft autre chofe que des parties de verre broyees tecs-fines j dans ce cas ces parties roulent fuc elles-memes , enforte que le peintre n'en eft point mature , & la couleur n'a point de confiftance. Loifque l'huile a trop de corps, l'ouvrage eft trop pateux par la quantite de la refine, ce qui caufe a la cuillbn un autre inconvenient-, car la fumee qui s'en exhale peut gater les couleurs. En general toute l'huile de terebenthine trop cpailfe doit par fa fumee gater les emaux. L'huile d'afpic melangee avec l'efprit-de-vin y convient mieux 5 mais (i l'ef- prit-de-vin y eft en trop grande quantite , il fe fepare trop tot; cette feparation corrompt le glacis des emaux. C'eft par cette raifon que pour fe fervir de cette forte d'huile d'afpic , il faut qu'elle ait etc girdee un an ou deux , & qu'une partie de l'efprit de-vin s'en foit feparee par l'cvaporation. II fera done ne- celfaire, pour n'etre pas alfujetti a ce delai , de faire dans cette occafion un depart de l'huile d'afpic , qui toute fettle aufli-bien que celle de notre lavande , jette peu de fumee. Cette huile pure pourra etre employee fur le champ, elle fechera fans faire de foulflures &: fans alterer la couleur de l'email. Si l'efprit- de-vin, lorfqu'il y fera en petite quantite, n'y gate rien , on fera toujouts maitre d'y en ajouter en telle proportion qu'il conviendra. Sur l'huile de Petrol. (Hift.pag. 1 5) jLes huiles naturelles & niTnerales qui fortent d'elles-memes des entrailles de la terre font nominees huiles de petrol ou petrols , parce qu'elles fortent de quelques femes de pierres ou de rochers. Elles font apparemmem l'ouvrage des feux fouterrains qui ont eleve ou fublime les parties les plus fubtiles de certaines matieres bitumineufes. Ces parties fe font condenfees en liqueur par le froid des voutes des rochers ou elles fe font amalTees , 2c ont enfuite coule pat les fentes ou par les ouvertures que la difpofuion du terrein leur a four- nies. Le petrol eft done un bitume liquidc, & nediffere que par fa liquidite des bitumes folides tels que 1' ' Afphaitum , le Jayet, Sec. Le Naphte qui eft un bi- tume ou liquide ou du moins fort mod , eft la meme chofe que le petrol. A C A D £ M I Q U E. 95 Jufqu'a prefent on a trouve plus de parol dans les pays chauds que dans — les autres. Olearius dit qu'il en a vu plus de trence fources aupres de Scama- chie en Perfe. On en trouve pourtant audi en France, mais feulement dans les PES cc,'£K, Provinces metidionales. II y en a en Italie dans le duche de Modene, & c'eft r Ie meilkur que nous ayons ici. II vient d'une vallee tres-fterile du bailliage de Chymis. Mont-Feftin a dpuzi milles de Modene. Ce fut un medecin deFerrare nomme Azoic 171c. Francois Ariofte qui le dccouvrit en 1640. On a menage dans le lieu avec beaucoup de depenfe & racme de peril , differens canaux d'oii coulent dans de petits refervoirs ou ballins trois difterentes fortes de petrols. Le premier eft prefque audi blanc , autli clair & nulit fluide que de l'eau , d'une odeur tres-vive , ties-penetrantc & point dcfagreable. C'eft le plus parfait. Le fecond eft d'un jaune clair , moins fluide que le blanc & d'une odeur moinspenetrante. Le troifieme eft d'un rouge noiiatre , d'une confiftance plus forte & d'une odeur de bitume un peu defagieable. Les Inliens n'envoient gueres le premier hors de chez eux ni meme Ie fecond pur , mais en melant ce ftcond en petite quantitc avec le troifieme , Sc y ajou- tant quelque Iiuile fubtile comme celle de terebenthine, ils donnent le tout pour le premier. L'odeur de ces petrols eft fi forte & fi penetrante quelle fe fair, dit-on , fentir a plus de demi-lieue de la fource. M. Boulduc regarda comme un bonheur fingulier d'avoir eu du petrol de la premiere efpeceou blanc , qui fut hors de toutfoupgon d'avoir ete fallilie. C'eft fur ce petrol qu'il a fait les obfervatioss fuivantes. 11 s'allume a une bougie dont il ne touche point la fl.imme, &; quand il eft echaufte dans un vailk-au, il attire la flamme de la bougie quoiqu'clevee de plufieurs pieds au-ddlus du vaifleau , & enfuite fe con fume entierement , e'eft-a dire , qu'une vapeur fubtile , qui s'eleve de ce bitume liquide , va jufqu'a la flamme de la bougie oil elle prend feu , & que le feu fe communiquant a toute la fphcre de vapeur, gagne jufqu'au petrol du vailleau. II brule dans l'eau , & fans doute e'etoit une des matieres du feu Gregeois. II lurnage toutes les liqueurs , & meme l'efprit de-vin rectifie qui eft plus pefant d'un fcptieme. 11 fe rnele parfaitement avec les huiles eflentielles de tliim , de lavande, de terebenthine, quoiqu'il foil mineral, & que ces huiles foient vegetales. Mais [>eut-etre le mineral & le vegetal ne different ils pas tart en cette matiere ; car es huiles vegetales ont etc d'abord minerales , puifque les plantes les ont tirces de la terre. Le petrol fortement agitc fait beauconp de bulles; mais i! fe remet en fon ctat naturel plus promptement que toute autre liqueur. Ctla vient de ce que Fair d.ftribue dans toute la fubft.mce du petrol y eft diftribue d'une certaine ma- mere unique &: necellaire, &c que les parties de la liqueur n'en peuvene na- Jurellement fouffrir une autre. En effet les puties d'une huile ont une certaine union , certains engagemens de leurs filets ou petits lameaux les uns avec les autres, ce qui oblige Fair qu'elles renferment a s'y conformer. Le parol tft dune extenfion furprename fur l'eau j une goutte s'e'tend S" plus 9 Chymif. refultent dc la dijfolution des diffcrcnsjels dans I eau commune. Anncc I?I<- Par M. Lemery, (Mem. p. 1 5 4.) J'ai proavc dans an aut-e memoire que la fufpenfion des matieres Tilir.es, terreufes, metalliques, dilfoutesdans 1111 liquide, netoit point dans le cas des taix ordinaires de I'hydroltatique , enoncees dans ce memoire, &: que cette efpece de fufpenfion parriculiere fuppofoit une mecanique ires ditferente done i'ai cache de developper avec foin toutes les circonftances. C'eft de quelques- unes de ces circonftances dont je vais faire une recapitulation fuccinte avant que d'entrer en matiere, & cela pour une plus gtande intelligence de ce que j'ai a dire dans la fuite. Je remaiquerai i°. que quoique toutes les liqueurs dilTblvantes foienr exte- rieurement fort tranquilles, non feulement ellesfont interieurenient dans une agitation continuelle , mais meme qu'on ne devineroit jamais jufqu'on va la force de ce mouvement, fi Ton ne taifoit attention & a la caufe qui le pro- duit, & fur-tout aux etftts dont il eft capable. i°. Que ces liqueurs reduifeut le corps foumis a leur action , en une pouf- Gere d'une fineftl* qu'on n'imagineroit prefque point , fans des expediences fend, bles & inconteftables qui ne laiir.nt aucun lieu d'en dourer. 50. Que quand le corps eft parvenu au point de divilion dont on vient de parler , cinque petite portion du liquide peut alors en envelopper & en enle- ver une particule par une mecanique dont le detail feroit on peu long a rap- porter, & dont on peut toujours faire fentir la verite par la comparaifon d'un vent foit confiderable , ou d'une liqueur fortement battue & agitee , 2ui par le feul mouvement de leurs parties , enkvent facilement la pouf- cre d'un corps plus pefant en pared volume que ces deux fluides , & qui ne lepourroient fare, ii les parties de ce corps ctoient reunies, Ik lc faifoient qu'une feule £-: unique malfe. Enfin , comme il ne rcfte aucun lieu de douter que la fufpenfion du corps diflous ne foit une fuite necelfaire de ['extreme divilion qu'il a lcurk-rte dans le liquide, puifque jufqu'a cette divilion il nepeuw>- cue fufpendu , & qu'il de- tneure toujours au-delfous; par une raifon contraire , quand plulieurs particu- les du corps dillbus viennent a fe reunir enfuite par quelque caufe que ce puille tire, le liquide ne doit plus etre capable de les foutenir en cet etat , audi s'en feparent-elles en le precipitant. Quoique Taction de toutes les liqueurs dilTblvantes foit la meme, & con- fide dans un meme point, e'eft-a dire, dans une divilion tres-exacte du corps mis en dilfolution , & que l'eau commune , par exemple , diflolve tens les fels differens pat la meme voie ; cependant quand on examine ce qui ie palle dans toutes ces diifbluticns , on y remarque des differences aiRz cutieufes qui «e viennent pas de la part du dilTolvant aqucux qui eft toujours le meme, Tome IV, Panic Francoift. N 98 COLLECTION. — — mais de la part des fels qui font differens : c'eft fur quelques-unes de ces ob- Acai>. Royali fervations que je vais propofer mes conjectures. des Sciences de Paris. Premkri Panic. Chymie. Annee 17 i«. Qn fa;t qU'entre ]es differens fels , il y en a qui demandent plus de tems que d'autres pour leur diffolution. La premiere & la principale caufe qui s'oftre a l'efprit pour imagine! cette difference , c'eft le plus ou le moins de folidite" des fels; car ceux dont les parties font plus rapprochees les lines des autres, laitfent enrr'elles moins d'interftices 011 les parties d'eau prudent s'infinuer ; le liquids n'agit done alors particulierement que fur la furface exterieure du fel dont il attache continuellement quelques particuLs jufqu'a la fin; au lieu ployc Mais on ne concjoit pas , du moins a u ll 1 aifement , que quand on a verfe feparement differentes portions egales d'eau commune fur differens fels , il y en ait de certains dont l'eau enleve &c tienne en diffolution une beaucoup plus grande quantite que d'autres. On croiroit meme volontiers que ce liquide de- vroit fe charger autant des tins que des autres, pourvu que d'ailleurs on lui accordar le tems requis pour la diffolution , lequel doit etre plus ou moins long fuivant la nature du fel. Cependant j'ai remarque par un grand nombre d'experiences , que quelque precaution qu'on prenne du cote du tems , l'eau fe charge toujours d'une beau- coup plus grande quantite de certains fels , qu'elle ne le peut faire d'autres fels; & je n'en ai meme jamais vu deux qui fe reffenblaffent afTez parfaitement par cette circonftance , pour ne demander precifemenr que la meme quantite d'eau pour leur diffolution ; mais ou cette difference eft plus remarqnable &c plus (inguliete, c'eft dans la comparaifon du fel de tartre avec plufieurs autres fels , comme par exemple avec le falpette ; car j'ai obferve qu'il falloit quatre parties d'eau ou environ pour diffoudre une partie de falpetre , au lieu qu'il n'en fautqu'une de ce liquide pour une de fel de tartre j j'ai quelquefois meme dilfous plus d'une once de ce fel dans une once d'eau , & par-la plus de la moitie du nouveau liquide etoit fel. On dira peut etre que quoique ie volume de 8 gros de fel de tartre foir beaucoup plus grand quecelui de 2 gros de falpetre, cependanr les patties da falpetre ne s'arrangent pas a beaucoup pres aulli-bien les tmes auptes des au- tres que le font les parties du fel de tartre, dans les intetftices que laiffent na- ttirelLment entr'elles les parties de l'eau; & par- 1 i le meme efpace qui ne peut contenir que deux gros de falpetre . peut cmbratTer jufqu a 8 gros & plus de fel de tartre : mais on verra clairemem par la fuite que ce n'eft pas dans ces intetftices que fe logent les fels fondus dans l'eau , 6c que les parties du fel de tartre ne s'arrangent pas mieuxdans le liquide que celles des autres fels , pour ce qui reg.irde I'efpace qu'ils ont tous a remplir. Peut-etre dira t on encore que le mouvement des parties de l'eau, ou plu- tot la force qu'elles ont pour dilfoudre, etmt finie , deux gros de fa!petre de- mandent aucant de cette force pour leur diifoiution que 3 gros de fel de tattre ; acad£mique. <>9 & qu'alors cette force eft egalement epuifee dans I'uii 8c 1'autre cas , puifque —»■■» Pane & I'aatre portion d'eau ne peuvent point aller au-dela da leur dofe par- /iC roy/l. ticuliere de fel. ues Sciences de Je conviens que fi l'eau fe trotiToit chargee jufqu'a un certain point dequel- Paris. ques (els, comme elle partageroit avec eux la quantite du mouvement quelle Chymie. a, ce mouvement diftnbue pourroit a la fin diminuer fi fort que tout ce que Anocc i?i(. I'eau pourroit faire alors, ce feroit de contenir en divifion & en mouvement le corps qu'elle auroit dcja dillous , -& qui ne liti permettroit plus d'en dif- foudre de nouveau; mais cette raifon n'a pas lieu dans le cas dont il s'agit; car une once d'eau qui ne contient que deux gros de falpetre , a une charge bien moindre a foutenir , & doit avoir conferve bien plus de mouvement qu'une autre once d'eau qui a un poids egal au fien & meme plus confidcra- ble , a clever & a conduire ; & fi la force de quelque liqueur doit ette epuifee, ce doit etre celle de la demisre. II eft vrai que le falpetre eft plus compacte , cV: laitfe moins d'intervalle entre ces parties j que le fel detartre; d'ou Ton ne peut conclure autre chofe, finon qu'il y aura moins de parties d'eau qui agiront a la fois fur le falpetre , comme il a dcja etc explique , & par confequent qu'il faudra plus de terns pour le dif- foudre; mais la force de l'eau ne diminuera toujours que de la quantite du nouveau poids dont elle fe fera chargee apres la divifion du corps j cN: fuppofc qu'il faille le poids d'une once de fel pour epuifer la force d'une once d'eau, cette once d'eau qui n'aura difious que deux pros de falpetre , aura encore la force requife pour la dilution de fix autres gros de ce fel , pourvu qu'au- cune circonftance parriculiere ne s'oppofe alors a fon adtion , & e'eft precife- ment la ce qui arrive dans la dillolution du falpetre ; car fi c etoit par un defcut de force que l'eau ne put plus en enlever au de!a de la dofe marquee , pour-' quoi fe chargeroit elle encore enfuite d'une afiVz grande quantite d'autres fels dont il y en a qui font plus difhciles a dilToudre que le premier? Pourquoi recommenceroit-elle a mordre fur le falpetre dans un terns que fa force eft rcel- lement bien plus affoiblie qu'elle ne l'etoit quand elle a cede d'y agir , comme nous le marquerons dans la fuite? Toutcelane prouve que trop qu'il faut avoir recours a une autre voie pourexpliquer la difFerente quantite d'eau que demande chaque fel en oarticulier, £c pourquoi la liqueur ne fauroit pallet au-dela d'une certaine dofe de fel , quoiqu'elle paroilfe avoir , & qu'il lui refte en effet beaucoup plus de mouvement qu'il n'en faudroit pour continuer la dillolution du meme fel. C'eft la ce que nous allons tacher d'expliquer d'une maniere tres* fenfible , par la comparaifon du fel de tame & du falpetre. Pour entrer dans cet eclairciifement, faifons d'abord une fuppofition qui fe trouvera parfaitement juftihee dans la fuite par l'experience. Imagir.ons que les petites parties integrantes du fel de tame lont d'une figure qui ne leur pcr- met pas de s'unir bien etroitement les lines aux auttes , qu'elles laillent tou- jours entr'elles b;aucoup d'intervalle, c\: qu'elles ne font que fe toucher en quelqueS endroits fans pouvoir contracter une union plus parfaite , quand ayant cte fcparces les unes des autres, elles viennent enfuite a fe rencontrer. Suppc- fons au contraire que la furface exterieure de ch.-.que petite partie imegrjnte du falpetre eft telle que plulieursde ces parties font fottement unies les uncs aux autres& laiirentnaturellemententteellesd'autantmoins d'intervalle; de maniere Nij loe COLLECTION que quand ces parties auront ete defunies , & qu'elles viendront enfuite a fe rap- procher, elles fe reuniront facilement , apeu pies com me deux timbres foit CcD tv.^rY^I P°l's dont les furfaces fe prefenreroient Tune a l'autre. Suivant cette fuppo- PES jCIINCES DE I, . ... . .* r, < ■ * t " J /* 1 J Z pARIS_ Imon les parties d eau doivent ieparer men vite les parties du lei de tartre qr.l Chymie. ne font pas deja fort unies, & qui offrent a leur diiTblvant une grande quantue Annee 1716. d'endroits pour les aller attaquer. Par la meme raifori une grande quantue du fel de tartre doit fubfifter en dilfolurion dans le liquide; car quand les par- ties de ce fel viendront a s'y rencontrer, comme la nature de leurs furfaces ne leur permet point de s'approcher de fort pres , le moindre mouvement fera capable de les empecher de fe reunir alfez fortement plufieurs enfemble, pour former de grolfes malfes qui ne puiflent plus etre fufpendues en cet etat dans le liquide. II n'en eft pas de meme du faipetre; car outre que l'eau ne trouve pas au- tant d'interftices entie fes parties, ?c empl >ie par confequent plus de terns i les feparer , la facilite qu'elles ont a fe reunir eft caufe qu'il leur faut beau- coup plus de parties d'eau qu'au fel de tartre ; non pas a la verite pour les mou- voir & les emporrer, mais pour leur fervir en quelque foire d'mtermede qui les eloigne les unes des autres , & qui les empeche par la de fe rapprocher; car fins ces parties d'eau interpofees , celles du faipetre ne fublifteroient pas long terns dans leur divifion , elles fe rencontreroient a tout inftant , & ne tarderoient guere a produire par leur reunion des malfes incapables de fe fou- cenit dans le liquide ; au lieu que quand chacune de ces parties fe trouve toujours enveloppee par une fufhfante quantite' de parties d'eau , elles ne fe reuouvent point , ou , fi par hazard elles le font , les parries d'eau qui leur fer- vent d'intermede, ne leur donnent pas le terns de fe reunir. De maniere que quand on verfe de l'eau fur un mo'ceau de faipetre, el!e en detache continuellement des parries qui s'miroduifent , le placent & fub- fiftent dans le liquide, rant qu'elles s'y trouvent fuftifamment feparees les unes des autres ; mais quand routes les parties d'eau out ete employees ou comme vehicules , ou comme intermedes, l'eau qui rnppe toujours fur la m.ilfe de fel teftee au fond , & qui s'y prefente avec les patties du meme fel quYlle a deja dilfoutes, peut bien encore detacher queiques parties de cette mafle ; mais des que ces parties detachees feront en et.u de s'elever , elles trouveront audi tot dans la partie meme du liqui le qui les touche, d'antres parties du mane fel deja dilfoutes qui les feront precipuet a I'inftant.ou qui ne leurdon- neronr pas le terns de s'elever; & fi par hazard queiques-unes de ces parties nouvellement detachees trouvoient le fecret de s'infinuer plus avant dans la li- queur, ou elles fe joindroienr bientot avec les anciennes , ou elles leur dero- b.-roient les parties d'eau qui fervoient a leur dilfohuion , Ik par-la il en retom- b ;roir autant des anciennes qu'il en fcroit entre des nouvelles ; ce qui feroit toujours la meme dofe de fel pour le liquide. Par confequent fi 1 gros de faipetre demandent autant de parties d'eau pour leur diffolution que 8 gros de fel de tartre , ce n'eft pas qu'il faille trois fois plus de force pour enlever & foutenir une partie de faipetre, qu'il en faut pour une de fel de tartre ; mais c'eft que les parties du fel de tartre peiivent fe tou- cher plus impunement dans le liquide tk fans crainte de reunion. Lnfin , quoir que les deux ditTolutions de nitre & de fel de tartre ne foient pas pius tapa- A C A D E M I Q U E. 101 bles Tune que l'autre de dilToudre une plus grande quantite de leirs fels que — ■■■■■■_ la dofe qui a etc marquee, ce n'eft pas que le mouvtment du total du liquide Acad. Royale foit egalement aftoibli dans I'un & dans l'autre cas ; mais e'eft que les parties r>is Sciences hi de i'eau fe trouvent egalement employees, li ce n'eft coinme vehicules , du Paris. moins comme intermedes. Chymie. Pour ctre prefentement convaincu que notre fuppofition fur le falpetre &c Annie 1 71 *• le fel de tartre eft parfaitement conrorme a I'exprrience , ll n'y a qui confiderer ce qui fe parte , quand apres avoir dillous du falpetre, on fait enfuite evaporer la liqueur Jufqu'd pelhcule; car les petites parties de ce fel qui fe trouvoicnt auparavant ftparees par le dilfolvant , ven.int enfuite a fe rapproclier & a fe rencontrer les unes c\c les autrcs par levaporation de l'intermede qui les cloi- gnoit , elles foiment en fe rainillTant des criftaux ou des malfes groifes cV fo- lules telles qu'elles etoicut avant la dilloiiition du fel. Mais quand on fait la meme operation fur le fel de tartre , fes parties peu propres a fe reunir malgre leur rencontre, ne fe criflallifent point; elles tombent feulement les lines aupres des autres en une potifliere friable iV li poreufe, que la moindte humidite tie l'air eft capable de la penetrer & de rhumecler. Er ce qui prouve que celt yeritablement le peu de diipoiition qu'ont les parties du fel de tartre a s'unir etioitcment enfemble , qui fait que I'eau diflout plus de ce fel que de tout autre, e'eft ui e obfervarion que j'ai faite de la dilfolution du mercure COmparee a celle de plulieurs autres corps met.dhques diilolubles pir l'efprit de nitre ; car on fait que les parties du mercure fe touchent feulement en quelques endroits , fans etre etroitement unies les unes aux autres, ce qui fait que la moindre force eft capable jde lesfeparer& de k-s agitec; auconrraire, les par- ties de l'argent , du bifuuith tiennent rortement enfemble , & quand on les fe- pare par le moyen de la fulion , a meiure que la caufe de cette fulion fe c:f- iipe, les parties metalliques par la natuie de leurs fuifaces, s'appliquent im- mediatement les unes contre les autres , 6V rentrcnt dans leur premier etat de durete & de folidite. Le mercure eft done en quelque forte par rapport a ces metaux ce qu'eft le fel de tartre par rapport aux fels qui fe criftallifent ; at,lll ai j^ obterve qu'il failoi; bien moins d'efprit de nitre pour la dilloiiition uu mercure que pour celle de t'argent& du hiimuth. Ce qui a etc dit (ur le fel de tartre e-: le falpetre donne lieti a I'ecIairciiTe- ment dune obfervation cuneufe que j'ai faite, 6i qui fert elle-meme a con- fismer de plu^en plus notre fuppolition. On fait que- J huile de tartre n eft autre chofe que le fel memedu tartre dif- fous dans une fumfan e quantite de phlegme ; on fait encore que les efprits aci- des, comme ceux du nitre, du vitriol, font des corps folides & pomtus qui nagent aufli dans du phlegme. < 'es deux corps , favoir les acides or- Acad. Royals I' au, cependam elle n'eft pas la feiile qui ait etc imagince pour le meme dis Scilncis «s , quelques autems out donne fur cela leurs conjectures } mais foic qu'en Paris- 1 a 11 leurs hypothefes , ils n'eoffent pas fuffifamment enviftge toutes les dif- htmie. js particulieres que fournit la diffolution des fcls, foit qu'ils n'en fuf- Anncc l7l6» fent pa* inftruits ; toujours eft-il certain que ce qu'ils ont die eft fujet a rant d'inconveoie'ns , & eclaucit (1 peu la matiere dont il s'agit, que je n'31 pas cm devoir m'y arreter : je pafTe done a l'expofuion de mon fentiment, qui n'eft que la fuite naturelle ou la confequence de la meme fuppofuion qui regne & qui a etc fumfamment confirmee dans la premiere partie de ce memoire. Comme nousy avons prouve que de l'eau commune qui s'eft chargee jufqu'a un certain point d'un premier fel , tel que le falpetre , ne cede pas d'en ad- mettre davanta^e , parce que fon mouvement ou la force diffolvante fe trouve epuifee par les parties du fel quelle a deja enlevees , mais parce que les par- ties nouvelles du meme fel qui auroient encore etc detachces par la liqueur qui frappe delfus , ne pourroienc y conferver un inftant le degre de divifion qu'elles auroient acquifes & qui eft indifpenfablement nccefTaire pour lcnr fufpenfion ; il fuit de cette remarque que la liqueur, route chargee qu'elle eft de falpare , n'eft point encore hors d'etat d'agir fur un autre fel ; &c en effet il sen faut bien qu'elle le foit, puifque, comme il a deja ere dir, elle dilfout encore, & alfez promptement, d'autres fels qui paroilfent plus difficiles a dif- foudre que le premier. Mais comment le fecond fel qui s'eft infinite dans le liquide, cV: qui s'eft approprie pour fon mouvement & fa fufpenfion une certaine quantite de par- ties d'eau qui fervoient auparavant d'intermede aux parties du premier fel , comment, dis-je, ce fecond fel ne donne-t il pas lieu par-la aux parties du premier de fe reunir Sc de fe precipiter? Comment lui-meme ne s'unir-il pas au premier, du moins par quelques-unes de fes parties, Sc n'abandonne-til pas le liquide , puifque de nouvelles parties du premier fel, fubftituees a celles du fecond , n'auroient pas manque de le faire ? Entin pourquoi ces nouvelles parties du premier fel qui, avant la diffolution du fecond, ne pouvoient fe maintenir dans la liqueur , peuvent elles enfuite le faire? C'eft ce qui va etre parfaitement eclairci par les reflexions fuivantes. Je fuppofe , & je vais inccftamment prouver que.quoique les parties inte- grantes d'un fel capable de criftallifation , ayenc une difpolition particuliere a s'ajufter & a fe joindre trcs -etroitement les unes aux autres , elles n'ont pas la meme difpofition a fe joindre aux parties intcgrantes d'un autre fel qui a aufli la propriete de fe criftallifer. Par exemple , les parties du fel commun s'uniflent bien a d'autres parties de fel commun, celles du falpetre a d'autres parties de falpetre; mais 1'un des deux fels ne pent s'unir a l'autre , ou s'il le fait , .c'eft fi imparfaitement, que le moindre effort eft capable de les fc- parer ; & en effet , comme chaque fel differe de tout autre par fa compofuion , on a fujet de ctoire qu'il n'y a pas entre les parties des differens fels la meme convenance qu'entre les parties d'un meme fel , qui , par l'experience , fe joignent exadlement enfemble -y c'eft- la ce qui fait auffi qu'une particule d'or s'ajulte Sc s'allie infiniment mieux 6c plus etroitement a une autre Tome IF, Part'u Frangoi/h. O 105 COELECJION immuuMim particule d'or, qu'elle lie le pouiroit faire a tine particule de fer ou d'acier. . ., Cela crane, quand les p.mies du fecond fel fe font introduites dans le li- ACAD. KOYALE . . . . » 1 !■ , r?s Sciences Dt quiie, elles peuvent le prclenter impunement a des parties du premier, fans i--Akis. s'y joindre comme I'eiifTent fait d'autres parties dti premier fel qui auroient Chymii. ete nouvellement charriees , & fi plwdenis patties d'eau qui fervoient d'inter- Amice 17 1 6. mede au premier fel, deviennent le vehicule du fecond, elles ne perdent pas j-iotir cela leur premier emploi d'intermede, puifqu'etant toujours placees en- tre les parties du premier fel , elles ne ceftent point de les eloigner les tines des autres, & elles le font d'auunt mietix, qu'elles entrainent avec elles des parties du fecond fel qui grolliffent de tout leut volume I'efpace qui feparoic chaque partie du premier : d'ou il paroit que les deux fels repandus dans le li- quids fervent mutuellement de barriere l'un a l'autre pour empcdier de plus en plus les parties femblables de s'approdier. Enfin, puifque depuis l'mtrotludiion du fecond fel, il fe trouve tin plus t^ranl intervalle qu'auparavant entre les parties du premier, & que ce furplus d'eloignement leur eft inutile pour fe maintenir dans la liqueur, d'autanc qu'elles s'y maintenoient bien ruparavant fans ceia ; c'eft a la fiveur de cette circonltance que de i>ouve!les parties du premier fel peuvent fe glilTer alors da^s le liquide ou elles ne feront pas plus a poriee de rencontrer les anciennes parties du meme fel & de s'y reunir, que 1'etoient les anciennes de fe ren- contrer les unes les autres avant la dillolmion du fecond fel. En un mot le li piide devient alors pour ces nouvelles parties du premier fel a- pen- pies ce qu'il feroit s'il ne contenoit point d'autres parties que celles du premier fel , & qu'il n'en eut pas encore dillous la dofequi lui convient. Comme le raifonnement que je viens de hire a pour bafe principale le pcu de difpbittion qu'ont les patties de diflerens fels a s'unir les unes aux autres , & que quelque vraifemblable que put paroitre d'ailleurs ma fuppofirion , fi le principe fur lequel elle eft etablie , ne 1'etoit pas lui-jneme fuflifamment , on auroit route la raiforl polfible de s'en derier , j'ai cru qu'il m'eroit importanc de juftifier le fondement fur lequel je m'etois appuye, fc j'ai imagine pour cela une experience que j'ai faite, s'il m'eft permis de le dire , avec tine con- fiance dans mon hypothefe qui me repondoit d'avance du fucces de ['expe- rience , & qui m'en a fait prevoir tome la fuite. J'ai chotfi deux fels qui fulTent aifement reconnoiflables par plus d'un en- droit , favoir le falpetre & le fel commun. On fait qu'ils ont cliacun une fa- veur bien marquee & bien diftindle, que leurs criftaux font ties differens , Sc que le nitre fufe fur les charbons ardens, ce que nefait point le fel commun. J'ai f.iit fondre une bonne quantite de chacun de ces fels dans beaucoup d'eau, & quand ils ont ete tout a-fait diftbus & meles exaftement enfemble dans la meme liqueur, je l'ai fait evaporer jufqu'a pellicu-'e pour donner lieu aux parties divifees de ces deux fels de fe reunir en criftaux , &c pour voir en meme terns fi ces parties dirTeremes qui fe trouvoient confondues dans un meme lieu , fe rcuniroient de maniere que chacun des petits criftaux qui en refiilteroient , fufTent un alfemblage de parties egales de nitre $c de fel com- mun liees etroitement enfemble; ou fi au contraire les patties du fel commun & celles du nitre ne s'uniroient chacune qu'a leurs femblables pour former en- fuite des ctiftaux fepares, dont les uns ferofem tout- a-fait fel commun , & les A C A D E M I Q U E. 1*7 .-nitres tout-i-fait nitre, a peu-pres de mime qu'ils eulTent etc, fi on ei'it fait dilTbudre feparement ces deux fcls, & qu'on cut aufli fait . Royale par ia perte de fes acides, e'eft qu'en rendant a thacun de fes ports des aci- t>:s Sciences de des du caractere de ceux qu'ils ont perdus , en vetfant , par exemple , de l'ef- Pakis- prit de nitre fur du nitre fixe par les charbons, on reproduit du falpttre. Mais ll eft a remarquer que fi les acides entreiu dans les pores des fels al- Smtcde 17U. ]ca|jSj ce n'efl- pas fans p2jne , Sc ce qui le prouve, e'eft le bouillonnemenr qui furvient alors a la liqueur, Sc qui n'eft produit que par les efforts 6c les fecouffes reiterees des acides, Sc par la refinance qu'y apportent les fels al- kalis. Les acides nes'infinucntdoncdans les pores de ces fels , comme jel'aiex- plique ailleurs, qu'en foulevant les patois de ces pores, qui fe rabattant en- luite fur les acides , les preffent &c les relferrent fi fort , que le feu le plus vio- lent ne peut alors les en chaffer fans le fecours d'un intermede : d'ou Ton voit qu'ils ont naturellement crop de volume pour are a. l'aife dans les pores des fels alkalis , Sc pour y entrer Sc en reffortir avec une grande facilite. 11 n'en eft pas de meme des parties aqueufes que je fuppofe beaucoup plus fines 8c plus deliees que les acides : ce qui fenibleroit en quelque forte auto- rifer a les fuppofer relies , e'eft que les acides etant certainement plus pefans que les particules d'eau , on pourroit croire qu'ils ont audi plus de groffeur j mais cette raifon, qui n'eft, a proprement parler, qu'une prefomption , ne prouve rien; car les acides pounoient avoir moins de volume Sc plus de'pe- fanteur que les parties d'eau. L'autre raifon , qui eft veritablement une preuve de ma fuppofition, e'eft que l'eau eft le dillolvant des acides; une liqueur acide , comme l'efprit de nitre , l'efprit Sc I'huile de vitriol , n'eft autre chofe qu'un compofe d'acides Sc de particules d'eau qui feparent ces acides les uns des autres , Sc qui les foutiennent contre leur propre poids en vertu des loix de la diflolution; car fi ces acides contenus dans l'eau n'y etoient pas foumis a l'a&ion diffblvante de ce liquide, ils fe precipiteroient au fond de l'eau en vertu des loix de l'hydroftatique , comme le font en pareil cas tous les corps qui font plus pefans que l'eau , Sc qu'il ne lui eft pas poflible de difToudre. Si done les particules d'eau font le dilfolvant des acides, n'a-t-on pas tout lieu de penfer que les parties du diflolvant font plus fines Sc plus deliees que celles du corps difTous : ou voit-on le contraire dans aucune diffolution ? Quand on veut difToudre une matiere graffe Sc refineufe, on fe fert d'un menftrue de meme nature, mais beaucoup plus fubtil Sc plus delie, tel que l'efprit-de- vin. Dira-t-on que !es metaux Sc les corps terreux ont des parties plus fubtiles que les efprits acides qui les diftblvent? Tous les fels concrets qui fe fondent dans l'eau , palferont-ils jamais pour avoir des parties moins groflieres ou du meme c-ilibre que celles de l'eau , & le contraire ne feroit-il pas bientot demon- tre? Enfin quand je n'aurois en ma faveur aucune des preuves qui viennent d'etre rapportees , pourvu qu'il n'y en eut point de contraires , Sc que ma fuppofition quadtat parfaitement avec mon experience, je pourrois toujours avancer que les parties d'eau font plus fines que les acides, Sc qu'etant telles, elles pafle- ront librement au travers des pores du fel alkali fans y etre arretees comme le font les acides; & en efFet, en examinant 1°. la maniere dont la moindrehu- midite aqueufe s'infinue en peu de terns dans toute une maffe de fel alkali, Sc ladiffout, qui peut empecher de penfer que cette liumidite ne penetre les fores de chaque molecule de fel , Sc que ce ne foit par rapport a cette circonf- tane'e ACADEMIQUE. 115 tance que la fel alkali s'hurae&e & fe diilbut infiniment plus vice que les fels — moyens dont on fait que les pores font bouihc-s par des acides , & inaccelfi- Acad. Royalf. ties pai li aux partus aqueufes? 2°. En confiderant la facilite avec laquelle des Sciences de l'eau entre dans les pores du fel alkali, le pea de trouble qu'elle excite en y Pa^.mie entrant, &: la facilite avec hquelle on l'en degage par la diftillation ; & com- . parant cet eflfet avec celui des acides qui s'engagent avec peine dans ce fel , UIIC & que le feu le plus fort n'en fauroit enfuite degager fans un intermede , oa concoit clairement qu'il taut que les patticules d'eau foient plus fines que les acides, & que c'cft par cette raifon que ces particules font a l'aife dans le? pares du fel alkali, ou les acides font fort a l'etroir , & qu'elles y enttent & en fortent avec tine ires grande facilite , ce que ne peuvent raire les acides. Enfin fi les acides n'entrent qu'avec p;ine dans les pores du (el alkali , les fels moyens , j'entends ceux avec lefquels les fels alkalis ne fermentent point, & qui font ceux dont il s'agit ici, les fels moyens , dis-je , n'y entreront point du tout; & en effet les fels moyens font des acides engages dans une matrice terreufe qui n'entrera jamais dans les pores d'une autre matrice terreufe a peu-pres de meme nature qu'elle, & qui y entrera encore d'autant moins que les acides qu'elle contient , ont eux-memes bien de la peine a y entrer etant feuls &: qu'ils n'ont pas diminue le volume de cette matiere terreufe depuis qu'Us y ont ere recus. Suppofant done que l'eau patfe avec la derniere facilite au tiavers des pores du fel de tame , & que tout fel moyen doit s'arrecer a l'en tree de ces pares; quand on aura fait fondre dans de l'eau autant de falpetre ou dim autre fel moyen qu'elle en pourra contenii alors, & qu'on jettera^ enfuite au fond de cette liqueur une dofe de fel de tartre proportionnee a fa quantite , l'eau ne manqueta pas d'enfiler promptement les pores du fel de tattre, laiuant a I'es- tree de ces pores les differenres parties de falpetre quelle contenoit , & qui (ante du vehicule & de l'intetmede aqueux qui vient de les abandonner , £c qui fervoit a les eloigner les unes des autres , fe trouvent fi bien raftemblees a l'embouchure de ces pores , qu'elles forment a I'inftant des mafles dont la grolfeur ne leur permet point de prendre d'autre place que celle du fond du vailfe.iu. Pour le fel de tartre , comme il eft naturellement tres-prompt & ices-facile a dilTbudre, l'eau qui a entile fes pores, opere d'autant plus vite fa dilfolution , qu'elle vient de depofer fon premier fel, &z quelle a, pour ainfi dire, rattrappe par-la toute la force. Le fel de tartre eft done une efpece de nitre qui donne lieu aux parties d'eau de fe depouiller de leur premier fel , Sc qui ne ditfere de tout autre nitre qu'en ce qu'etant diftbluble, il reprend dans l'eau la place du fel qu'il en a fait exclure, & qui par cela meme n'y peut plus rentrer. En effet fuppofe que la liqueur ne coutienne plus que du fel de tartre , & qu'une once d'eau, par exemple, en -ait dilfous une once & plus, fa force eft epuifee, & elle n'eft plus en etat de dillbudre d'aucun autre fel. Si au contraire on n'a employe qu'une demi-once de fel de nitre, qu'il n'y ait eu qu'environ un gros de lal- petre de precipite, & qn'il en refte encore un gros dans la liqueur avec la demi-once de fel de tartre , le gros de falpetre precipite ne pourra rentrer ni dans la portion du liquide chargee du fel de tattre , par la raifon qui vient d'etre expliquee , ni dans la portion du liquide oil habite le gros de lalpetie, parce que cette portion contient alors tout ce quelle peut contenir de ce fel, Tome IF, Pareii Frungoi/e. V ii4 COLLECTION Sc que s'il 7 en veTioit davantage, il n'y pourroi: demeurer, pat les raifons /cab. Royaie Q111 ont tie fuffifamment deduires dans ce memoire. i>is Sciences de L'experience m'a fait voir quo pout faire prc-cipirer tout !e fel moyen contenu Paris. dans une mefute d'eau, il fallal! employer route la quantite de (el de tartre Chymii. que cette mefare d'eau eut pores , il ne fe fera jamais qu'un contaft ;Mtneu.r 1)8 COLLECTION »».«.:^.»tW des particules J'eau d'un courant avec les particules de fel de tartre de Acad. Royali l'autre courant, & ce conrad qui n'ira pas plus loin, n'operera jamais de pre^ des Sciences de cipitation. Paris j°. Suppofe que deux courans vinflent a fe confondre, il ne fe feroit point Chymie. encore de precipitation, a moins que l'un des deux courans ne contint du fal- Suirc dc 171 6. petre , & l'autre du fel de tartre j ce qui fe prouve cvidemment, pares que quand on jerte fur une folution de nitre une folution du mome fel , i! ne fe rait point de precipitation , au lieu qu'il s'en fait une tres-prompte & tres-abon- dante quand on y verfe une luftilante quantite d'huile de tartre. 4°. Quand deux portions d'eau , dont 1'une feroit chirgce de nitre & l'autre de fel de tartre, viendroient a fe confondre , vk feroient l'une par rapport a l'autre tout ce qui feroit necertaire pour operer la precipitation du nitre con- tenu dans la petite portion de la folution nitreufe , on verra par la fuite qu'il ne fe feroit point encore alors de precipitation complette , a moins qu'on n'em- pechat les parties d'eau , lorfqu'elles viennenr d'abandonner le nitre qu'e'les contenoient , de le recueillir ptefque audi tot qu'il commence a le precipiter , Si de le faire difnaroitre en 1'ablorbant de nouveau. Enfin fuppoft que toutes les circonftances requifes concourent a operer une precipitation dans la liqueur chargee de nitre & de fel de tartre , il eft aife de juger par tout ce qui a ete dit que la precipitation du nitre ne fe fera toujours que dans quelques endroits de cette liqueur, & que la quantite en fera fort petite; c'ell aufli.ce que l'experience m'a fait reconnoitre, comme j? I'ai dejd dit. J'ai meme obferve que quand l'un des deux fels que contenoit la liqueur, etoit du falpctre, on pouvoit appercevoir quelqnehus le premier aflemblage des parties de ce fel , d'ou. naitloient infenfiolertiem & apres un long terns des aiguilles ttcs-fines a la verite , mais tres-fenlibles par leur longueur, & qui, apres avoir etc fufpendues quelque terns dans la liqueur , formoient au fond du vaifleau une ties petite dole de precipite. Nous allons rapporter une autre experience ou la formation de ces aiguilles eft bien plus prompte Be plus vi- fible. II fuit de ce qui a ete dit que quand une certaine dofe de fel de tartre a pris en quelque forte fon rang & fa place dans un liquide , avec une autre dofe de fel moyen , & que les deux fels contenus chacun dans leurs conrans particuliers obeiflent aux memes mouvemens de ce liquide , il regne , en verm de ces mouvement regies , uniforrwes , & diftribues egalement a toutes les petites mafles d'eau, une efpece d'equilibre de force dans toutes ces petites mafles; ainfi elles ont thacune aflez de force pour fuivre leur roure , & pour rcfifter a l'impullion des autres mafles au milieu defquelles eiles fe trouvenr; mais aucune n'en a affez pour faire lur les autres mailcs une impreflion dif- ferent de celle qu'elle en recoit. Par ces raifons , le fel de tartre , toutes chofes etant d'aiileurs egales , trouve alors bien moins d'occalion de precipiter le nitre contenu dans les autres mafles du liquide avec lefquelles il y nage, que quand on a dilloiis feparement ces deux fels dans une quantite d'eau, & qu'apres Ten avoir pjrfaitement faouiee , on verfe la liqueur du fel de tartre fur 1'autre folu- tion. Car la liqueur qui tombe a plomb , a dans cette occalion un mouvement que ACADEMIQUE. 1x9 n't pas l'atitte liqueur qui la recoit , &c par ce mouvement non-feulement ■ . I'huile de tartre fe fait jour dans U folution nitreufe, en dctruifant I'ordre & /CAD r^OYAL£ l'arraagement de fes courans , mais encore chaque petite portion de I'huile de Dls Scuscis Dt tartre qui perse dans une portion de la folution nitreufe avec laqutlle elle fe Paris. mele & fe confond , force & determine par fa chute mime les parties aqueu- Chtmie. f:-s qui contenoient le nitre, a enfiler les pores du fel de tartre, a-peu-pres Suite dc 171*. de meme qu'un morccau de metal crible de trous an travers defquels un li- quidep mrroit pafTer lihrement , ctant j.-tte dans un vailTeau rempli d'eau, obli- geioit 1'eau qu'il prelferoit en tombant , de pafler ait travers de fes pores : l'c ce qui allure encore d'autant plus, dans l'expetienca dont il s'agit, 1'efTet de la precipitation , e'eft que chaque petite portion d huile de tartre tombant tou- jours fur autant de portions de la folution nitreufe , ellcs ne portent jamais i faux , comine dans le cas precedent on deux courans charges des memes fels pourroient fe renconttet & fe confondte lans qu'il en refukat aucune precipi- tation. Troif.einc Memoire, 011 fuite des reflexions fur title precipitation fmguliere de plujieurs fels par un autre fel. Par M. L e m e R Y. ( Memolres de 1717, page 114.) J_,a difficuhc qu'il s'agit d'eclaircir ici eft que quand une folution de fel de tartre a precipire beaucoup de fel moyen content! dans l'autre folution , les partictiles d'eau qui ferroient a la diffolution de ce fel moyen precipite de- meurant fans emp'.oi , fans aucane charge a foutenir , pourroient redifloudre le meme fel qui, pour etre precipite, n'en eft pas moins difToluble. Je re-pond1- que e'eft audi ce qui arrive dans certaines circonftances. Par exemple , j'ai fouvent obferve qu'en ne verfant fur une folution de falpetre qu'une petite quantite d huile de tartre, on voyoit luitre a proportion de la quantite de fel de tartre une pouftiere blanche qui fembloir devoir s'aller pre- cipiter bieutot au fond du vaifTeau, tomboit en trfet jufqu'au milieu de la li- queur, remontoit vers le haut, puis difparoifloit en fe redillolvant. Mais quand on verfe (at la folution ue falpetre loute la quantite nccefTaire d'huiie de tartre , il fe fait alors en pen de terns une precipitation abondante 8i proportionnee a la quantite de fel de tartre , &: s'ii fe rediftout enfuitequ.lque portion du fel precipite, e'eft en fi petite quantite qu'elie n'eft pas feniible. C'eft dans cette derniere experience que j'ai fouvent obferve qu'il naiftoit dif- tinctemem ck en peu de terns de la poulliere nitreufe formee au milieu du liquide, une grande quantite de filets longs & nitreux qui fe precipitoient e:i!uite ?.u fond du vaifTeau. Pour coucevoir le different effet que produit une petite ou une plus grande quantite d'huile de tartre par dcfailiance verlee fur une folution de falpetre , conli ierons qu'il ne fuftit pas , pour que cette huile y produife une precipita- tion complete , qu'elie fafle lacher prife aux parties d'eau qui foutiennent cette petite partie de nitre, il faut en.ore quelle empeche les patties d'eau qui fer- no COLLECTION ""**""""*"*""*" voient a !a fufpenfion de ce nitre , & celles qui lui fervoient d'intermede , de Acad. Royale la rediftbudre foit a l'inftant qu'il a ete abandonne a lui - meme & qu'il eft pes Sciences de encore afl"ez haut ,Jans Je Hquide , foil lorfqa'il eft parvenu au fond du vatfTeau. A*IS' Or, quand on n'emploie que peu d'huile de tame, la petite quantite de Chymie. /-,,1 • „ r 1 ri- v. ,-,, r. re \ rr fel de tartre qui y eltcontenue, peut bten a la veute donner pallage a un aliez mcc ei,' • |1on nombrv; je parties aqueufes de la folution de nitre pour exciter une preci- pitation fenfible , & en efret des qu'il ne s'agit que de fervir de couloir a une liqueur , il n'eft nullement necelfaire que le filtre reponde par fon volume a toute la quantite de liqueur qu'il eft capable de lailTer palfer ; mais comme fimple filtre , il n'empechera pas que la liqueur 6-ltree & feparee de la matiere qu'elle contenoit ne puiffe s'y remeler 8c la redilTbudre quand elle fe trouvera a portee. Aufli lorfque nous avons dit dans le memoire precedent que pour faire precipiter deux gros de nitre difloitf par une once d'eau , il falloit pre- fenter a la liqueur une once de fel de tartre , avons-nous remarque que ce n'etoit pas qu'il fallut toute cetteonce, i beaucoup pres , pout la filtration de l'once d'eau, mais pour que la dilfolution de tout le fel de tartre, qui n'arri- voit que l'inftant d'apres la precipitation , fervit a charger fi bien de fel de tartre l'once d'eau , qu'elle fut incapable enfuite de redilloudre le nitre preci- pitin. Ainli le fel de tattrs, en operant la precipitation d'un fel moyen , a na- turellement un double emploi, 1 un de filtre qui ne demande que peu de ce fel, l'autre qui en demande bien davantage, e'eft-a-dire, toute la quantite requife pour occuper les parties d'eau qui one ete filtrees , & pout les empecher de fe livrer de nouveau au fel moyen piecipite : par confequent une petite dofe d'huile de tartre verfee fur la folution du nitre , p<=ut bien remplir la premiere fonction , e'eft-a-dire, celle de riltre , tk faire precipiter une certaine quantite de nitre; mais pour la feconde , elle en eft entitlement incapable, ne pouvant par fa quantite faire race tout a la fois aux parties d'eau qui foute- noient le nitre , Sc a celles qui lui fervoient de baniere , & le pouvant d'au- tant moins que le fel de tartre qu'elle contient, porte avec lui un poids egal au den de particules d'eau qu'il occupe deja : ce lei de tartre laiiTe done tou- jours un grand nombre de particules d'eau dans une liberte paihite , & d'au- tant mieux en etat de rediiloudre & faire difparoitie de nouveau les pctites imfTes nitreufes qui fe precipitent, que l'huile de tartre ayant ete employee en petite quantite, n'a pu obliger aulli qu'une mediocre quantite de parties de nitre a fe feparer de la liqueur, que ces parties nitreufes ne pouvant par con- fequent fe rencontrer qu'en petit nombre, ne forment que des aiguilles tres- fines, lefquelles, bien loin de fendre tk decarter vigoureufement le liquide, pour fe precipiter promptement au fond du vailleau , n'y vont qu'avic lenteur , e'eft-a dire, avec une force proportionnee a leur malTe , & que par-la elles s'eloignent moins des parties d'eau qui leur avoient dcjA fervi de vehicule &c d'intermede , & demeurent plus a portee d'en etre refaifies. Et comme le fluide particulier dont l'eau emprunte fon mouvemenr & fa fluidite ne celTe point alors d'y a^ir, & fait fans ceife etfort pour rctablir la diftindtion des malTes d'eau confondues tk la regularite de kurs mouvemens interrompue , des que le mouvement nouveau de trouble tk de confulion procure par la chute de l'huile de tartre fur la folution nitreufe , & propor- tionne pout fa force. & fa dutee a la quantite de cette huile, fe dil]ipe& s'c- vanouit , ACAbEMIQUE. in vanouit , chacune des portions dont on vient de parler, n'ayantplus rien alors — — — » qui 1'empcche d'obeir a la caufe generals de leur fluidite, ellcs rentrent Acad. Royalt dans leurs mouvemens reguliers , les differens courans dont la liqueur eft in- des Sciences de terieurement compofee, reprennent leur route naturelle & ordinaire , & les Paris. parties d'eau privees de falpetre , trouvant en leur chemin , dans le fein & au Chyuie. milieu du liquide , les mimes parties nitreufes auxquelles elles fervoient de Suitedc ijk. vehicule ou d'intermede , elles s'en refaifilfent atifli-tot , 6c fervent une fe- conde lois a leur dilfolution. Quant a ['autre experience, oii une fuffifante quantite d'liuile de tartre ver- fec fur la folution du falpetre y produit un effet li different de celui qu'excite en pared cas une moindre quantite de cette huile, il lemble que toute la dif- ference confidant dans le plus ou le moins d'huile de tartte employee, l'effet devroit aulli ne differer que du plus au moins, & que fi une plus grande quan- tite d'huile de tartre precipice une plus grande quanritc de falpetre , fi meme la matiere nitreufe fe precipice jufqu'au fond du vailfeau , elle devroit du moins rentier enfuite dans le fein de la liqueur, comme le fait une plus petite quantite de fel de tartre : car le fel de tartre qu'on emploie tout diilbus dans l'une &c l'autre experience, n'a pas plus befoin dans l'uneque dans 1'autre des parties d'eau qui tenoient le nitre en diffolution , & qui depuis la precipitation de ce nitre peuvent etre fuppofces vacantes : ces portions d'eau fe rencontrenc egalement dans 1'un & laucre cas, & plus ou moins abondamment fuivant la quantite de matiere precipitce. Pourquoi done ne rediffolvent-elles pas cette matiere en tout ou en partie, au moins a la longue ? Cela n 'arrive point, car la matiere precipiree ne diminue pas plus de volume ni de quantite, quel- que terns qu'elle demeure fous ce liquide, que li elle ctoit fous un liquide dont tomes les parties fufTent reellement chargees de fel de tartre ou de fal- petre, au point d'etre dans L'impoliibilite phyfique d'admettre la plus petite dofe de cette matiere. Pour refoudre cette difficult , confiderons d'abord que quand on verfe une grande quantite d'liuile de tartre fur la folution du falpetre , il s'en fepare ne- ceffairement une poufliere nitreufe plus abondante & plus epaifle que quand ia dofe d'huile de tartre a ete beaucoup moindre. Or cette plus grande mul- titude de petites parties de falpetre forment par leur rencontre des mafTes plus groffes & plus pefantes , lefquelles ecartant avec plus de force les parties du liquide, pour fe faire jour au travers du haut en bas, s'eloignent aulli davan- tage des portions d'eau qui les y contenoient auparavant, & font bien moins a portee de les y rencontrer, & d'en etre refaifies & redilTbutes , fuppofe que les portions d'eau fuffent alors capables de le faire. Aulli lorfque ces portions d'eau viennent a recommencer dans le liquide leur cours ordinaire & natuiel, interrompu par la chute de 1'huile de tartre , elles ne fe chargent point alors comme dans l'autre cas du falpetre qui en avoit ete fepare. Mais pinfque cc n'eft pas faute de partieules d'eau que le liquide, tout charge qu'il ell deji de parties falines, ne redilfout pas encore celles qui en out ete precipitees, il faut neeeffairemenr , ce femble , que depuis leur preci- t>itation, il fe foit fait dans les parties du liquide quelque arrangement lingu- ier, moyennant lequel la matiere precipitce ne puilfe plus y etre admife , 6c reprendre la place qu'elle occupoit auparavant, Void celui que j 'imagine d'a- Tomc IV , Panic Franfoifi. Q 111 COLLECTION 1 ' — ■ pres l'examen de ce qui fe paffe dans Ie liquide par !e melange de l'huile de Acad. Rovali. tartre & de la folution du falpette. t>ss Sciences de II eft vraifemblable que de toutes les petites portions de cette diffblution , rARIS- celles qui rec,oivent une plus grande alteration par le melange de l'huile de tartre , ce font celles fur lefquelles les differentes portions de cette huile tom- Suite de 1716. bent ^ plomb, & qui par la font obligees de lacher le nitre qu'elles contien- nent ; car pour celles fur lefquelles l'huile de tartre ne tombe pas de me me , il ne leur furvient que quelque changement dans l'ordre & la direction de leurs courans. D'ailleurs comme la precipitation du nitre fuit immediatement la chute de l'huile de tartre fur la folution nitreufe , & ne fe fait guere d'une maniere fen- fible que dans ce moment, il y a lieu de croire, ainfi que nous 1'avons dcji obferve , que par le choc qui refulte de la chute des differentes portions de l'huile de tartre fur un certain nombre de celles de la folution nitreufe , &c qui brife , ouvre & confond enfemble toutes ces portions , les parties aqueufes de cette folution fur lefquelles tombent celles de l'huile de tartre , etant frap- pees , preflees & obligees par le fel de tartre a enfiler les pores de ce fel , en recpivent une determination de bas en haut , en vertu de laquelle elles mon- tent au travers & au-deli des pores de ce fel , pendant que les parties du nitre qui ne peuvent traverfcr de meme le- fel de tartre , comme nous 1'avons prouve , abandonnces a elles-memes par les parties d'eau qui les tenoient au- paravant divifces , prennent en vertu de leur pefanteur fpecifique une route oppofee , c'eft a-dire, de haut en bas. Ceci pofe, comme les deux effets differens que nous avons a expliquer , ne dependent que du plus ou moins d'huile de tartre verfee fur la folution du nitre , c'eft dans ce plus ou ce moins d'huile de tartre que nous devons cher- cher la caufe de la difference en queftion. Suppofons que pour la feule filtra- tion des particules d'eau contenues dans les differentes portions de la folution nitreufe , il faille a chacune des portions de cette folution une portion d huile de tame qui y tombe & s'y applique immediatement , & que ce qu'on y en verfe foit precifement cerre dofe ; quand les parties aqueufes de la petite maflfe ou portion de folution nitreufe auront traverfe les pores du fel de tartre con- tenu dans l'autre portion , & qu'elles feront parvenues au-dela de ces pores, la perte qu'elles auront faite , en fe filtrant , du nitre qu'elles contenoient ne les aura rendues que plus propres a en recommencer la diffblution dans le fein du meme liquide , comme elles le font en effet , Sc cela d'autant mieux qu'elles auront ete fufEfainment rafTemblees au fortir de ces pores du fel de tartre : car c'eft la une circonftance abfolument ncceflaire pour la diffblution des fels, comme nous l'allons faire voir. ^ Mais quand au lieu de verfer (implement fur cluque portion de la folution nitreufe une portion d'huile de tartre, on y en verfe fucceflivement cinq , iix^ en un mot autant qu'il en faut pour operer une precipitation complette , c'eft- a-dire, qui foit telle que la matiere precipitee ne fe rediffolre pas enfuite, avant meme de parvenir au fond du vaiffeau , les parties aqueufes de la portion de folution nitreufe, apres s'etre filtrees au travers de la portion d'huile de tartre qui y etoit immediatement appliquee, trouvent alors au dela qtiantitc U'autres portions d'huile de urtre dont elles n'ont pas beloin a la vente pciw ACAD^MIQUE. jM fe depouiller de leur nitre , puifque e'eft une chofe deja faite, mais dans lef- quelles elles fe nu-lent, fe rcpandent & fe perdent en quelque forte, & cela acad rov,l. plus ou moins, fnivant la quantite dc l'huile de tartre verfee fur la folution des Sciences de nitreufe j -de maniere que quand enfuite le calme Sc l'ordre, interrompus par Paris. la chute de l'huile de tartre, commencent 1 fe retablir dans toute la liqueur, Chymie. c'eft-a-dire , quand les patites malfes dont elle eft compofce , pouflees en dif- Suite dc 17K. ferens fens par differenres portions du fluide particulier qui en eft le mobile , reprennent chacune leurs routes ordinaires , celles de l'huile de tartre Sc de la folution nitreufe qui ont eie melees &: confondues enfemble , Sc dont l'af- femblage forme des mattes trop grottes & trop difproportionnces pour fubfif- ter en cet ctat avec les autres petites mattes du liquide , fe reduifent a leur premier volume par Taction de leur mobile interieur , dont les diffcrens cou- rans en emportent chacun quelques parties, les tines d'un cote, les autres d'un autre. Par-la il fe reproduit autant de petites malfes , diftinguees les unes des autres , qu'il y en avoir avant leur melange Sc leur confufion. Mais comme fur cinq ou fix portions d'huile de tartre , il n'y en avoir qu'une de la folution nitreufe , Sc que cette portion l'inftant d'apres qu'elle a etc depouillee de fon nitre par la filtration , s'eft repandue & difperfee dans toute letendue des fix portions d'huile de tartre confondues les unes avec les autres Sc avec elle, cha- cune des fept petites portions qui refultenr de ce melange , eft a proprement parler, compofee de fix feptiemes d'huile de tartre Sc d'un feptieme de par- ties aqueufes provenant de U pottion de la folution depouillee de nitre. Ec quoique le fel de tartre contenu dans chacune de ces nouvelles petites por- tions, n'ait nullement befoin pour fa diftolution de ce feptieme de parties aqueufes , puifqu'avant de s'y meler il etoit deja tout dittbus , quoique ce feptieme de parties aqueufes , libres Sc degagees de fels , foit en quelque forte furabondant & fans emploi , & que par-la il femble d'autant plus pro- pre a redittbudre le nitre precipite , il ne ledittbudracependanrpas, pour deux raifons ; Tune , e'eft que ce petit nombre de parties aqueufes fera tellement oftufque , abforbe , recouvert par l'huile de tartre , qu'il fera toujours ou pref- que toujours impoflible a ces parties aqueufes d'agir immediatement fur le nitre precipite , fans quoi cependant elles n'en dittbudroient jamais rien , quand meme elles le pourroient d'ailleurs. L'autre raifon , e'eft que chaque partie in- tegrante de fel demande necertairement une certaine quantite de patticules d'eau qui travaillent Sc concourent enfemble & a la fois pour la detacher, l'en- trainer , fc lui fervir de vchicule Sc d'intermede j or tout ce qui eft au def- fous de cette quantite requife, etant incapable de cet eftet, le feptieme des particules d'eau dont il s'agit , Sc que nous regardons comme fort au-dettbus de cette dofe requife pour diflbudre la moindre partie de nitre , demeurera par- faitement inutile pour cette diftblution , quand meme il frapperoit a tout inf- tant fur le nitre precipite? Au refte , I'arrangement qui vient d'etre expliquc paroit indifpenfablement neceflaire pour empecher le nitre precipite de rentrer dans la liqueur. Pour mieux nous convaincre de la neceftite de ce moyen , faifons quelques re- flexions fur la difference du fel de tarrre prefente fous une forme feche a une folution nitreufe, Sc de celui qui y arrive tout dittbus Sc fous une rorme li- quide. Dans le premier cas chaque petite partie integiantc de ce fel n'eft point Qij H4 COLLECTION encore penetree & entouree d'un certain nombre de parties d'eaa , qui lorf- ~ ~ n qu'elles s'en font une fois emparees , ne permettent gueres a d'autres parii- Acac. Royale i . „ ,,,, ,,r r ' r ■ o' : jus Sciences de cu'es ° eau de la penctrer a leur tour lans une cauie majeure & etrangere qui pARis. les y force. Ainfi chaque petite portion de la folution nitreufe n'a befoin que Chymie. dc fon mouvemein propre cv naturel pour entrer dans les pores du fel de Suite dc 1711;. tartre non dilfous , au lieu que quand on emploie du fel de tartre diffous , ce n'eft plus que par 1'efSet & pendant l'effet que produit la chute de 1'buile de tartre fur la folution nitreufe, effet dont la caufe eft independante de ce'le du mouvement du liquide, que quelques portions de cette folution trouvent une entree dans les pores du fel de tartre. De plus , dans l'experience du fel de tartre prefente a la folution nitreufe fous une forme feche, chaque petite portion de cette folution, qui depofe a l'entree des pores de ce fel le nitre qu'elle contenoit , fe charge enfuite de toute la quantite de fel de tartre qu'elle petit dilfoudre , & ce (el n'apportant alors dans la liqueur aucunes parties aqueufes , & ne fe dilfolvant memequ'aux depens de celles qui y etoien: deji, & qui appartenoient au falpetre dont il prend la place , emploie fi bien toutes ces parties aqueufes qu'elles ne peuvent plus mordre fur le precipite nitreux , non plus que fur tout autre fel. Mais dans ('experience ou Ton fe fert d'huile de tartre , le fel de tartre , qui s'y trouve tout diflous avant d'etre verfefur la folution nitreufe, n'a aucun befoin des parties aqueufes de cette folution depouillees de leur nitre ; il fe foutient dans la liqueur par celles qu'il a apportess avec lui ; ainfi , quelque quantite d'iiuile de tartre qu'on verfe fur la liqueur nitreufe , les parties d'eau de cette liqueur qui auront perdu leur nitre , demeureront toujours fans emploi ; Sc comme nous ne pouvons les aneantir, & les etnpecher par la de rediffoudre le precipite nitreux pour la diffolution duquel elles fe trouvent dans toute la quantite neceflaire, il faut que leur effet fur ce precipite foit aneanti , ce qui fuppofe quelqu'arrangement tel que celui qui vient d'ette expofe , ou quel- qu'autte iemblable. Par l'arrangement que nous fuppofons , cV: qui diftribue dans chaque petite portion de l'liuile de tartre verfie fur la folution nitteufe un feptieme , ou peut-etre une dofe encore plus petite , des parties aqueufes de cette folution , le liquide fe trouve charge par-tout ou des petites portions d'huile de tartre , telles que nous venons de dire , ou de falpetre refte dans les portions d'eau que 1'huile de tartre n'a point entamees. Par quelle porte done, ou a la fiveur de quelles parties d'eau le falpetre precipite rentreroit-il dans le liquide? Ce n'eft pas par celles qui, chaigees autant qu'elles peuvent 1'etre de falpetre, ne pourroient en admettre davan- tage fans qu'il s'en fit aulli-tot la precipitation , & cela par les rations rappor- tees dans les deux memoires precedens : ce ne fera pas non plus par les por- tions d'eau qui contiennent du fel de tartre ; car elles ne pourroient agir fur le precipite mtteux que par les parties aqueufes fc furabondantes qu'elles out admifes , & nous avons fait voir que dans la diftnbntion fuppofee ces parties aqueufes deviennent comme nulles , 8c tout-a-fait impuiffantes a cet egard. Peut-etre dira-t-on que fi ces particules d'eau degagees du nitre, & diftti- buees dans 1'huile de tartte , ne pouvoient , a caufe de leur extteme difperlion a redilfoudre le nitre , elles pourroient au moms fe xeunir infenfiblement dans A C A D E M I Q U E. n< la i'uite, Sc a mefure qu'elles fe reuniroient , agir eflicaccmenc fur Ic precipice — — ^^mm nitreux, qui de jour en jour diminuant de volume a proportion des parties ni- Acad. Royal* treufes qui feroient renuees dans la liqueur, s'evanouiroit enfin tot.ilement; ce des Science* de qui feroit tout le contraire de ce qu'on obferve dans le nitre precipitc , qui de- Paris. injure conftamment au fond du vaitfeau , fans qu'on y appeiccive apres beau- Chvmie. coup ile terns aucune diminution. Suite de 171*. Je reponds que quand une fois les parricules d'eau dont il s'agit out ere re- pandues & diftribuees de la matliere que nous l'avons fuppofe dans les dift'e- rentes portions d'huile de tartre, il ne leur eft pas bien aife de fe reunir, du moins comme il le faudroit pour agir enfemble & tflicacement fur le preci- pitc tutreux. Les petites mafles ou poitions dans Lefquelles chacune dc ces parties aqueufes font contenuts les empottant Its lines d'un cote , les autres dun autre, ne les mettent pouu a ponce ce le rafTcmbler : un des moyens qui leur conviendroit en apparence pour cela , feroit lc melange & la confu- lion de plufieurs de ces portions ; mais nous avons vu que quand ces por- tions ne font foumifes & expofees qu'aux mouvemcns egaux , regies & uni- formes qui fe paifenr au dedans du liquide, elles y fubfiftent en leur enuer, ou du moins s'y confondent rarement. Suppofons cependant qu'elles fe confondent foit par le mouvement intc- rieurdu liquide , foit par quelquecaufe etrangere , cela nefufhroit pas encore: il faudroit de plus i°. qu'apies laconfufion des petites malTesd'huile de tartre, les parties aqueufes furabondantes & etrangercs dans ce5 mafiTes , fe cherchaf- fent par preference dans cette efpece de chaos, fe trouvaflent , & ne fe quit- calTunt pins dans la fuite , & fur-tout Iorique des ditterentes portions confon- dues, il s'en formeroit de nouvelles, ce qui n'eft pas bien aife a conccvoir. 1*. II faudroit, pour que ces parties aqueufes furabondantes fe rcuniftent d'une certaine maniere, & jufqu'a une certaine quantite, qu'il y eut aufli une certaine quantite de petites mailes d'huile de tartre qui fe confondiflent a la fois : fuppofe qu'il fallut par exemple route une portion d'eau pour diflcudre unepartie integrante defalpetre, comme les particules aqueufes furabondantes qui font repandues dans fept 011 huit portions d'huile de tartre , ne font en- femble que la valeur d'une portion d'eau pure, il faudroit, pour lui donner lieu de fe repro.luire , que fept ou huit petites mailes , tontes d'huile de tattre , fe confondiifent a la fois ; car fi une partie de ces maiFes croic charge d hui!e de rartre, & 1'autre parrie de folution nirteufe, bien loin que leur confuhon mit la liqueur en etat de s'enrichir anx depens du precipitc nitreux , elle ne travailleroit au contraire qua une nouvelle precipitation & a enrichir le preci- pite lui-meme. Pat cenfequent , en conlulerant la diftincticn reelle des friafTes d'huile de lartre , oil les particules d'eau furabondantes fdftt continues, la dirrerente de- termination de mouvement aui emportant ces mailes les unes dun cote, les autres de 1'autre, les tient toujours feparees , Itur refinance mutuelleafe iaifTer penetrer Sc afeconfondre, l'lnutiiite de cettfe confution , 11 ces mailes n'ctcient pas exadement te'.les par leur quantite & leur qualite qu'il le faut pour cet ef- fet; le peu de probabilite que ces particules d'eau furabondantes qui par leuc petite quantite font noyees & comme perdues dans les parties d'huile de tartre, patent toujours , ou ordinairement , ou alfez fouvent par-deilus celies qui font ii(5 COLLEGTION mm — Mm. employees a foutenir le fel de tarrre , pour fe rejoindre les unes aux autres , Acad. Royale & ne faire plus qu'un feul corps ou une portion d'eau pure. En un mot , apres pes Sciences dj avoir combine enfemble totts les obstacles qui s'oppoient a cette reunion, Sc 1'aris. done un feul fuffiroit pour la faire manquer, on ne psut s'empecher d'avouer. Chymii. que qUand le hafard viendroit a bout de I'operer malgre ce concours de dirfi - Suite de 171^. culCeS ■ ce ne pourroit etre que fort rarement & feulement en quelques en- droits du liquide. Or le peu de parties d'eau pure qu'il ralfembleroit alors ne pouvant difloudre qu'une tres-petite quantite de precipite nitreux , certe pe- tite quantite feroit plus que remplacee par la petite dofe de precipite nitreux qui fe forme a la longue au-defTous des liqueurs chargees de nitre & de fel de tartre , comme je 1'ai deji remarque. Concluons done, que fi le nitre ou tout autre fel moyen qui fe trouve tout place dans un liquide, s'y maintient , du moins pour la plus grande partie, malgre le fel de tartre qui s'y trouve audi , quand une fois ce fel moyen a etc precipite au-de(Tous du liquide par une fuffifante quantite d'huile de tartre, cette liqueur l'empeche d'y rentrer & de s'y retablir, quoique le fel moyen put d'ailleurs y retrouver place fans l'arrangement fingulier Sc nouveau qui s'y eft fait, &qui y apporte un obftacle invincible. Voye{ les reflexions de M. Ba- ron fur la proprihe qua le fel de tartre de precipiler les feels ntutres feur lefquels il n'a point d 'action , tome I des memoires prefecntes a l' Academic >pag. 100. Sur la nature & la compofition du fel Ammoniac. Par M. Geofphoi le Cadet {Memoires, de I'annee lyio pag, 195) (a). vJuelque commun que foit le fel ammoniac que la chymie emploie en tant de differentes preparations, on eft fott peu inftruit de fon originefur laquelle Anniie 171 6. de les auteurs ne nous ont encore rien donne de certain. Pour commencer par les anciens, il y a une difference tres- grande entre leur fel ammoniac Sc celui qui eft communement en ufage parmi nous. En effet celui que Plinedit qu'on tiroit de la Cyrenaique, ou on le trouvoit fous le fable , eft un fel qui femble plus tenir du fel gemme que de tout autre , puifqu'il le decrit comme un fel tranfparent & divifible en plufieurs lames pa- rallels : Diofcoride en parle a-peu-pres de meme , ce qui paroit convenir en- tierement a la nature du fel gemme. Les anciens l'ont nomme ammoniac , parce qu'on le tiroit de 1'Ammonie, contree de la Libye ou etoit le temple de Jupiter Ammon ; & non pas , comme l'a cru Pline , du mot gtec Ammos qui fignifie fable. Ceux qui ont affure que le fel ammoniac fe trouvoit dans les fables de Libie , ou il fe formoit de 1'urine des chameaux , n'ont pas indique la fource ou ils ont puife cette particularitc. Saumaife , qui rapporte cette opinion , la traite meme de ridicule ; en effet, il n'y a guere d'apparence qu'on ait vu de ce fel (a) Ce memoire ayant ete donne a I'Academie en 171 6, & la publication n'en ayant etc retardee que par des raifons qui ne fubfiftent plus , on a cru devoir le remettre ici a fa ve- ritable place. A C A D E M I Q U E. 117 ammoniac naturel qui ait etc recueilli dans ces fables de Libye fans aucune ^"^"^M autre preparation. Tout ce qu'on peut dire la-defliis , e'eft qu'il vient origi- Acad. Royal* nairement des pays orientaux, & je ne fache que trois endroits d'ou les au- DES Scimcii i>« teurs fallen t venit tout le fel qui a pone le nom d'ammoniac. *Ci«mu Nous venons de voit que les anciens tiroient le leur de la Libye. Parmi les . 1. " • modernes , Tavernier dit quon apporte a Surate le lei ammoniac de meme que le borax , fans etre ratine , d'une ville du Mogol qu'on nomme Amadabat j mais il ne nous inftruit point de la nature de cet ammoniac. Un voyageur, dont M. Delillem'a communique l'obfervation , dit que dans la montagne des mines , qui n'eft autre qu'une partie du mont Taurus , fituee dans la partie orientale de la Perfe , on recueille une efpece de fel qu'on nomme ammoniac. 11 eft forme des vapeurs falines qui s'elevent des fentes des rochers , & qui s'attachent au tour du tok & des murailles de certaineS cabanes que les ha- bitans du pays conftruifent expres pour le ramnfler. Ce fel paroit etre femblable a celui qui fe tire du mont Vefuve , & qui fe trouve attache de la meme maniere aux ouvertures des rochers pat 011 fortenj les vapeurs; les Italiens lui ont audi donnc le nom & ammoniac , quoiqu'on ait reconnu par les experiences que ce n'etoit qu'une fleur de fel marin fublime pat les feux fouterrains. Quoi qu'il en foit de ce* differens fels ammoniacs, celui que nous employons aujourd'hui fous ce nom , eft apporte en Europe pat le commerce du Levant, fans qu'on ait pu encore etre inftruit au vrai de fon origine ou de fa fabrique. Si Ion en juge par fa forme exterieure , il paroit etre produit par le moyen de la fublimation \ en effet on nous l'apporte en pains d'une figure prefque ronde, d'environ huit ou dix pouces de diametre , convexes par detlus , avec une efpece de bouton au milieu , & portant les traces des inegalites du vaitleau dans lequel ce fel a ere fublime ; on y ttouve meme quelquetois des morceaux de verre adherens a cetie fuperficie convexe, qui eft ordinairement d'une cou- leur noiratre, parce que les premieres parties qui fe fubliment font toujours> chatgees d'un pen d'huile fcetide. ' Le cote oppofe eftune fuperficie plate , & quelquefois un peu concave. J'en ai de cette forme , ou Ion decouvre des enflaux cubiques , dont il femble que tout le pain foit un alTemblage. lis font en erfet forr fenfibles au milieu, fiC tiaroiffent confon lus vers les bords ; e'eft ce qui m'avoit fait conjedturer que e fel ammoniac pouvoit audi fe former par la criftallifation , comme le fucre j mais ayant depuis oblerve dans la fublimation que j'ai faite de ce fel , qu'il y a certaines parties qui prennent la forme cubique , j'ai cru qu'il n'eioit point befoin pour cela de criftallifation, & que e'etoit 1'eftet du lei marin qui s'y trouve fi aboudammenc qu'il fe manifelle par la figure cubiqae qui lui eft par- ticuhere. Qii ?!qnes tins ont avance que notte fel ammoniac ne fe tiroit point , romme on le penfoii , de Purine humaine , mais du tumier des betes de cha'g-.- qu'on ram life i us les terres de Bengale. C'eft la apparemment l'ongine Hu pre- tend:] lei ammoniac forme de 1'urine des ch .i?aux , parce que ce lont ces betes de charge qui fe trouvent le plus communement dans les Indes. U eft done a prefumer que c'eft originairement une preparation qui fe fai: dans le pays meme des tettes & des fables d'une nature faline, oil les fu- ii8 COLLECTION miers & Purine de ces animaux one fejourne. Cette conjecture eft d'autant plus . „ plaufible , que ie ferai voir dans la fuite que ces matieres , diffetemment me- Acad. Royale f j r i /• - ' r r • j \r i pes Sciences de langces avec des lels , iont tres-propies a la compoution du iel ammoniac. Paris. L'urine de chameau en ces pays-la peut fournir ce que l'analyfe de l'urine Chymie. humaine ma donne dans les experiences que j'ai faires a ce fujet. En travail- Annec 171s. .lant fur cette matiere dans Ie delfein d'en titer Ie lei volatil plus abondam- menr, j'ai obferve plufieurs particularises qui en feront mieux connoitre la na- ture , Sc dequel ufage elie peut etre dans la compofuion de Pammoniac. L'urine ell line lerohte qui a diiTous des fels & des foufres : elle eft plus ou moiiis chargee.de ces principes, felon que les riltrations fe font plus ou moins lentemenc, & que les fels ou les loufres font plus ou moins abon- dans. . Si on examine Purine dans Perat fain Sc lorfqu'elle eft encore chaude , e'eft lin ammoniac liquide, ou Un file prefque aufli parfiit que le fel ammoniac : elle en foutiendroit meme les epreuves ordinaires , fans donner aucunes mar- iques ni d'acides ni d'alkali , 11 les fels volatils unis au fel marin ne dominoient fur les autres principes; ce qui rait qu'elle precipite en bianc la dillouition du fublime corrodf ; mais elle n'altere point la teinrure de violettes. i°. Quand au contraire dans un rems chaud elle a ete gacdee quelques heures , elle commence & par fon odeur Sc par les epreuves, a donner des marques beaucoup plus fenlibles d'un alkali volatil , Sc verdit la teinture de yiolettes , ce qu'elle n'avoit point fait auparavant, parce qu'il s'y eft pafte une legere fermentation qui a debarrafle les principes volatils d'avec les parties fulfureufes; ce font ces parties fulfureufes- qui venant a depofer , changent la couleur blanche du premier precipite en une couleur rougeatre qui a rait nomraet Ie precipite que Pon fait du mercure avec Purine, precipite de couleur de chair. j°. L'urine recente etant mife fur le champ en diftillation , lailTe echapper avec le phlegme une partie de fel volatil , qui marque que Punion de ces prin- cipes eft fi legere que le finiple mouvement du feu eft c.pable d'en fublimer une portion , fans que la fermentation y ait part. C'eft cette piompte diifipa- tion des fels volatils de l'urine qui eft caufe qu'on a rant de peine a les en re- nter en forme feche par rapporr i la quantite de phlegme qu'elle contient. . 40. J'ai done eu recours au fel marin, efperant de brider par la le fel volatil de. Purine : j'en ai pris demi-livre que j'ai jette fur trois livres d'urine encore chaude : il s'y eft diiTous totalement a une legere chaleur , fur quoi j'ai ob- ferve une fingularite qui peut etre de quelque ufage : c'eft que cette addition de fel empeche la puanteur de l'urine j car quoique je Paie gardee long terns au chaud Sc au froid , elle n'a rendu depuis aucune mauvaife odeur. 50. Quand j'ai diftille enfuite ce melange au feu de fable, il a fourni un phlegme infipide, tel qu'il a coutume d'en fortir de l'analyfe de routes les matieres animales que Pon diftille feches. Ce phlegme ne laiiloit pas de contenir nn pen de fel volatil qui Pavoit en- leve, comme je Pai reconnu a la couleur d'opale qu'il a donnee a la folution du fublime corroftf : il a ete fuivi d'un efprit tres-penetrant d'abord, Sc qui s'eft enfuite affoibli infenfiblement , jufqu'a ce que la mafTe du fel marin ait ete entierement deOTechee Sc unie intimement avec toutes les difterentes pat- ties de la liqueur urineufe epaiftie. 6'. A C A D £ M I Q U E. 129 6n. J\ii cnfuite ponfic le fed plus vivement au rcverbere : au Kerf d'en tirer « du fel volatil mcric avec de I'huile fatide dans b quantite ordinaire , il n'en Acad. Rotale eft monte qae Fort peu ; mais en recoinpenfe il s'eft fubhme au col de !a cor- ris Sciences di nue unecroiite {aline , difpofceen aiguilles, femblable au fel ammoniac, e\: qui Paris. n'avoit d'autre odeur que celle que I'huile fcctiJe lui avoir pu communiquer. Chymie. 7°. Cette croCite faline s'eft crouvee du poids de 50 grains, de force que Annie 171*. comme roui fel ammoniac roumit environ moitie de fel volatil , on peut af- furer par ce procede que trois livres d'urine donneront au moins 15 grains de fel volatil converti en ammoniac, fans compter celui qui s'eft attache aux pa- rois du balon , & celui qui a ete emporre avec l'efprit , ce qui peut bien aller au double. Mais je voyois bien que ce n'etoit pas , a beaucoup pres , tout le fbl volatil qu'on pourroit retirer de Turing; c'elt aufli ce qui m'a determine a prendre une autre voie : je me fuis fervi de la concentration a laquelle le grand froid de l'hyver de 1 7 1 5 n'a pas ete peu favorable. Je nomine ici concentration d'uni liqueur , la feparation de la partie fpiritueufe qui refifte a la gelee, d'a- vec la partie aqueufe qui n'y refifte point. Ayant expofe a la gelee , pendant le plus grand froid , environ 10 livres d'urine, j'en ai fepare a plulieurs fois la liqueur qui n'a pu fe gelsr, &: qui s'eft enfin trouvee du poids de trois livres. Je 1'ai mife dans une cornue pour la diftiller au feu de fable ; apres en avoir fepare tout le phlegme , il eft monte un efprit volatil beaucoup plus penetrant qu'a l'ordinaire, He enfin du fel vo- latil en beaucoup plus grande quantite; car, apres 1'avoir tout ramafte, j'en ai trouve trois onces; cequi reparti furies 10 livres que j'avoisconcentrees, donne certainement un gros & 1 1 grains de fel volatil par livre d'urine, fans compter celui qui eft mcle avec l'efprit, & celui qui peut etre refte dans la liqueur gelee. J'ai mis enfuite la cornue au feu de reverbere , & il eft encore monte un peu de fel volatil mclc avec de I'huile fcetide, & enfin il s'eft attache au col de la cornue, comme dans l'operation precedente, du fel ammoniac. 8°. Cette formation de fel ammoniac m'a paru fi linguliere , que je me fuis attache a le tirer de 1'nrine en la plus grande quantite qu'il feroit poilible , &c par une operation qu'on put faire commodement & en tout terns. J'ai done pris de I'urine humaine, je l'ai fait e-vaporer promptement, en confiftance de miel epais , negligeanr alors le fel volatil. J'en ai fait une pate avec du fabloa bien fee ; par l'analyfe j'en ai tire tous ks principes. En pouftant le feu j'ai vu s'attacher au col de la cornue le meme fel ammoniac de l'operation precedente, & en plus grande quantite. J'ai repete plufieurs fois ces operations, pour ra- mafler une certaine quantite de ce nouveau fel , apres quoi je lui ai donne fori dernier degre de purification en le fublimant. Enhn je n'ai omis aucune des experiences qui pouvoient en faire connoiire la nature, & elles demontrenr toutes que e'eft un veritable fel ammoniac. Premierement , il eft tout volatil; car fi on en met fur une pelle rouge, il s'eleve en vapeurs blanches , & de la meme odeur que le fel ammoniac, fans qu'il refte rien fur la pelle. De plus il fe dilTbut dans l'eau , y depofe fes impuretes, Si fe criftallife en neige comme le fel ammoniac. En troifieme lieu , lorfque je Tai mele avec le fel de tame ou la chaux vive, Tome IV, Partie Frangoife. R ijo COLLECTION — ■ in~-wcg» il a donne une odetir urineufe aulli forte que le fel ammoniac. Enfin il fert . R aulli bien que lui a etamer !e fer & le cuivre , de forte qu'il a lepondu a tou« rizs Sciences de tes 'es epreuves d'un vrai fel ammoniac. 1;aris. J'ai fait une leflive de la tete mo;te reftee dans la cornue apres la diftillation Chi-mie. de Purine , & j'en ai retire par evaporation un fel fixe tout-a-fait femblable .Annee 17VM nu fel mirin. Ces criftuix font les memes ; its font cubiques , ils decrepitent fur le char- bon , & ils m'ont FoOFni de Pefprir de fel pireil a celui que I'on retire du fel qui refte apres la diftillation du fel volatil ammoniac j enfin, ce fel pouuoit s'employer aux memes ufiges que le fel marin. Par la premiere analyfe de Purine, je demontre un fel volatil ties fubtil, puifque la moindre fermentation ou la moindre chaleur Penleve , ce qui fe manifefte dans la liqueur recente, 20. Par la feconde operation j'ai fait voir rous les principes femblablesa ceux qu'on tire des autres matieres animales folides, & de plus tin lei volatil em- barralTe dans un fel marin qui le retient jufqu'a ce que la force du feu les chaffe tons les deux enfemble , ce qui fait Pammoniac. Enfin, j'y trouve une terre legere qui etant chargee de principes fulfureux, change la couleur blanche du precipite du mercure en une rougearre , fans qu'auain fel alkali fixe y ait eu part, puilque le fel fixe que j'ai fepare de Pu- rine a blanchi la folution de fubhme corrolif, quoiqu'i! ait verdi la teinture de violertes; ce n'eft pas que je n'y foupconne du fel alkali, mais fon melange avec le fel marin le fait varier , enforte qu'il ne differe point pour les effets du fel alkali volatil. Ces operations m'ont fait juger que le fel ammoniac etoit un fel qui pou- voit fort bien fe tirer des urines des animaux , puifqu'elles contiennent toutes du fel volatil , quoiqu'en differentes proportions. En examinant enfuite la defcription que tous les chymiftes ont donnee du fel ammoniac, je trouve que la fine de cheminee qu'ils font entrerdansceitecompo- ficion, efttout-a fait inutile , puifque la fuyeteUe que nous l'avons, nous fournit dans fon analyfe trop d'huile fcetide en comp.iraifon du peu de lei volatil quelle contient ; & il eft evident que l'on doit chercher a deponiller le fel ammoniac de Phuile fcetide plutot que d'y en ajouter. Je ne pretends pas pour cela tejetter la fuie comme une matiere tout a -fa it impropre a la production d'un fel am- moniac; je foutiens feulement qu'elle eft inutile a la compofuion du fel am- moniac qui fe fait avec Purine humaine. Pour ce qui eft du fel marin , la feconde & la troifieme operation font affez voir qu'il n'eft point abfolument neceffaire dans cette compofuion quand on voudra fe fervir d'unne humaine , parce qu'elle en contient beaucoup , & que Pacide qui s'en eleve par le moyen du feu , a etc fuffifant pout abforber le fel volatil, & former enfemble de Pammoniac. Mais fuppofe qu'on vouliu faire du fel ammoniac avec Purine des animaux qui ne contient pas tant de fel marin mele avec le fixe, peut-etre y faudroit-il ajouter du fel marin Voici encore une maniere affez d'ufage pour faire promptement du fel am- moniac, & qui fait voir que f addition des huiles fcetides y eft inutile , puif- que les efprits ou les fels volatils en font toujours exttemement charges. .On prend de Pefprii ou du fel volatil d'urine , on jette delfus de l'efpritde ACADEMIQUE. 13-1 fel marin , jufqu'A ce qu'il ne fe fefle plus de fermentation ; on fait evaporer — ip— ■ au ("able la liqueur . laquelle ctant feche, fournit un fel G»le qui a les memes . ,.,„.,, c ets que le lei ammoniac. D[s Sciences de Toutes ces expediencies in'ont fait penfer qu'il n'y avoit point de niatiere Irakis. animate qui ne put fervir a faire du lei ammoniac; qu'ainli on en pounoic Chymit. tirer des ongles, des os, des comes , despoils, desutines, & m erne du fang. Anncc 1 7 . t> . 11 ne faut pourcela, conime je l'ai demontre, qu'unir ces maiieres avec un acide voLuil , & le plus volatil eft celui du lei marin , puifqu'il volatilife les nietaux. t 'eft cet acide qui s'unit aux fels volatils alkalis qui le trouvent en trop grande quannte dans le fang; ll palle avec eux pat les urines, & en forme une efpece d'ammoniac. Poui faire done fur le champ du fel ammoniac avic telle matiere titee des animaux qu'on voudra cfaoilir, je pcenJs du fel marin, j'y joins deux parties de fon uuermede qui eft le bol ou la terre a pipe : j'ajoute a ce melange autant , par exemple, de corne de cerf que j'ai employe de fel ; je mets le tout dans une cornue au feu de reverbere. La diftillation etar.t pouftee a la maniere or- dinaire, il en lore du phlegme , de l'elprit volatil, une huile ratehee par l'a- cide du fel marin, mais en petite quantite, tk. enlin un fel ammoniac attache au col de la cornue Apres avoir ramalfe ce fel , il faut le fublimerde nouveau pout le depouillet de i'huile fcetide qui y eft melee } & voici comme on y parviendra. II faut y joindre environ moilie debol ou de terre a pipe, Sc fublimer ce melange ; on aura par ce moyen un fel fort blanc qui n'auia pas befoin d'autte prepa:ation : Si on le vent avoir plus pur , on en fera une lellive , on le hltrera, & par evaporation &c aiftallifanon , on auta un fel leget Sc cnftallife en forme de neige. 11 luffit prefentement de conliderer les effets du fel ammoniac tel que nous l'avons , pour etre perfuade que le fel marin doit taiie la bafe de tomes les compofitions de fel ammoniac; ii on veut qu'il imite parfaitement le natural. En etrct , il compote , etant mele avec l'eau forte ou l'efprit de nitre , une eau regale audi ..Chve pour diftoudre I'or, que celle ou il entre de l'efprit de fel : il elt tout naturel d'en conje&urer que la bafe du fel ammoniac eft un fel ma- rin ; mais ce fel eft tellement uni avec un fel volatil , qu'ils demeurent infe- parables l'un de I'autte tant qu'il n'intetvient aucun alkali qui les divife. En effet , meticz dans une retorte du fel ammoniac au feu de reverbere , il palTera tout en Heurs dans le bilon , fans rien lailler au fond de la retorte. Si au contraire on joint au fel ammoniac un poids egal de fel de tattre, celui- ci s'unuTant au fel acide, met aulii tot en libettele fel volatil utineux qui fe fublime en fteuis volatiles d'une odeut urineufe tres-penetrante. Quand apres avoir fepare par le moyen du feu tout le fel volatil qui etoit contenu dans ce melange , on vient a obferver la malfe qui refte , on la trouve femblable au fel marin , fans autre difference que celle qui petit provenu de 1'addition du fel de tame ; & cette difference elt ii peu ccmGdsrable que les criftaux qu'on tire de cette malfe fahne par le moyen de la lellive & de la coa- gulation , font de forme cubique , & decrepitent au feu comme le fel marin ; toute la difteience que j'y ai trouvce , e'eft que ce fel precipite en blanc la dif- folution du fublime cotiolif, Sc vetdit la teintute de violette, comme tan le fel fixe de l'utine. 11 ij ij* COLLECTION — — jttSB "~ ' Si Ton fait un melange de ces ctiitaux avec dix parties d'argile, on retirera Acad. Royaie par la diftiiiation au feu de reverbere un efprit acide qui ne differe en rien du des Sciences m l'efprit de fel. P-»RIS- 11 eft done prouve par toutesces operations que le fel acide du fel ammoniac hymie. eft un vraj ^ej mat;n j ^ie c'eft celL1i qui fe trouve dans l'urine humaine, & Aunee 171^. qUi m'a fourni naturellement le fel ammoniac, fans addition d'autres matieres , lorfque j'ai analyfe l'urine. Ainfi lorfque Ton voudra faire du fel ammoniac avec d'autres matieres qua l'urine humaine, on fera oblige d'y employer le fel marin , fans quoi il n'y aura point d'ammoniae. Perfuade que j'etois de la nccefiite du fel matin pour la fabrique de I 'am- moniac , j'ai voulu tenter d'en faite par le melange des differens fels volatils tires des matieres animates , avec Ies acides des fels mineraux. L'efprit de fel uni avec tous les fels volatils , a fourni des fels ammoniacs parfaits. J'ai pris huit parties d'efprit de fel fur lefquelles j'ai jette a plufieurs fois cinq parties & demie de fel de viperes ; il s'en eft fait une diflblution avec fermentation & vapeurs blanches. La dilTblution Ctant finie, j'ai diftille le tout : II eft forti un phlegme infipide, enfuite tin peu d'efptit volatil : la mafte faline s'eft fu- blimee , &c il n'eft refte au fond de la cornue qu'une matiere terretife, brune , legere comme une meche brulee, qui eft la teite de l'huile fcetide contenue dans le fel volatil, Sc qui ne s'eft point fublimee. J'ai fait le meme melange de fel volatil avec l'efprit de nitte : une once cPcf- ptit de nitre a abfotbe cinq gros de fel volatil. Pendant la fermentation il y avoit affez de chaleur, &: il s'eft eleve quantite de vapeurs blanches. Ayant fait enfuite diftiller cette matiere, il ne s'eft point fublime de fel ammoniac. La mafte faline s'etant fondue , a pafte limpide par le bee de la cornue : il n'eft refte au fond qu'une tache qui etoit l'huile contenue dans le fel volatil. Cette liqueur n'avoit qu'un gout fale fans aucune odeur , les auttes ptincipes s'etant diftipes par la trop grande rarefaction de I'acide nitreux. J'ai tente la meme operation avec les huiles de vitriol , d'alun & de foufre ; mais comme il n'y a point eu de vatiete , je ne rappotterai que les effets du melange des fels volatils avec l'huile de foufre. Jai pris huit parties d'huile de foufre titees par la campanne , j'ai jette deflus cinq parties & un tiers de fel volatil, qui eft une proportion de trois a deux 5 il s'eft fait une fermentation fort tranquille : lots meme que j'ai agite le me-* lange , il ne s'eft point eleve de vapeurs , quoique la mafte fe foit gonrlee; La liqueur en fe refroidiffant , s'eft criftallifee , & la diftiiiation a fourni d'a- bord une liqueur alkaline : en poufTant le feu, il s'en eft eleve des fleurs blan- ches comme une folle farine, qui eft tout ce que j'en ai pu titer d'ammoniac t ces fleurs ont eu peine a fe corpotifier , & ne font fait qu'a l'aide des acides legers que le feu a eleves de l'efprit de foufre. En meme terns l'huile con- tenue dans l'efprit volatil s'uniffanr a cet acide , a compofe du foufre , & en a repandu l'odeur. Enfin le refte de l'huile de foufre s'etant concentre au fond de la cornue, n'a pu s'eiever pour former avec le fel volatil une mafte faline ammoniacale auffi parfaite que dans les melanges fans avec l'efprit de fel. Ces eftais font voir que de tons les acides qui fe tirent des mineraux , il n'y a que celai du fel matin qui foit bien prupre. a former du fel ammoniac av.c les feJs volatile .i A C A D E M I Q U E. >3* II ne fain pas omc-ttre ici une grande utilite qu'on peut retirer de la me- J^* thode que j'ai fuivie pour compofer des ammoniacs avec tous les fels volatils -J ■■>•>■ Royaie urineux. On ftit que cesfels font accompagnesd'uneodeur d'nuile fcctide tres- DE' Sc,£nce$ oe dcfagreable dont on ne les fauroit eniierement depouillei par les voies ordi- A£,s\ naires ; on a beau les fublimer pltifieurs fois avec des matieres abfoibantes ou de l'efprit de vin pout en emporter l'huile, il en refte toujours quelque chofe qui fe developpe au bout d'un terns , & lui donne une odeur & une couleur defngrcable; mais en les convertiirant com me j'ai fait, en fels ammoniacs avec l'efprit de fel , les purifiant par les lotions & les fublimations . on aura des fels ammoniacs des dittetens fels volatils , & il fera ailc apres cela de leur re- donner leur premiere forme de fels volatils : car fi on lestraite a la maniere dti fel ammoniac, qui eft d'y joindre un poids egil de fel de tartre pour abfor- ber 1'acide du fel marin qui y eft entre, on aura par le moyen de la fublim;- tion un fel volatil tel qu'il etoit auparavant; mais entierement depouille de toutes fes impuretes huileufes qu'on ne fauroit enlever par le fecours feul des fublimations. C'eft done la un vrai moyen d'oter aux fels volatils qui folic d'un Ci grand ufage dans la medecine, le defagrement qui les accompagne, comme le deliroit M. Dodart : il n'a point encore patu de procedeplus fur que celui-ci pour arriver au but que fe propofoit cet Academicien. Apres toutes ces experiences, on me permettta de dire que fi je n'ai pu de- cider en naturalifte la queftion , favoir li le fel ammoniac eft naturel ou ar- tificiel , j'aurai du moins demontre par le fecours de la chymie qu'il nous eft indifferent qu'il y en ait de naturel ; que fi il y en a , la nature ne le petit for- mer que par le concours des fels dont j'ai parle , lefquels fe trouvent dans la teire , & que fi il n'y en a point , la maniere de le fabriqtier ne peut guere s'eloigner de celle dont je me fuis fervi. C'eft pourquoi u la fource en man- quoit aujourd'hui, on pourroit mettre en ufage cette merhode, & etablir des manufactures dans des endroits ou Ion auroir des ouvriers & le fel marin a bon marclie. 11 feroit aifc de ramafTer toutes les matieres animales & meme les vieiiles liardes'dont la matiere fe tire des animaux , comme les bines, les loyes, les cuirs, &c. toutes fubftances qui contiennent du fel volatil. On poutroit m'obje£ber que le peu de fel volatil qui eft contenu dans des matieres qui occupent beaucoup de volume, fourniroit par jour peu de fel am- moniac, iur-tout eu egard au prix ordinaire de ce fel j mais j'ai a oppofer a. cela i'exemple de la fibrique d'un autre fel qui eft le fucre : combien demande- 1- ilde tems icdedepenfe? Combien peu chaque canneen fournit-elle? Celan'em- peche pas cependant que le prix n'en foit moindre que celui du fel ammoniac. N.B. Le memoire precedent avant ete donne parM. Geoffroi a 1'Academie 1715 , effliya des contradictions alTez fortes , fur-tout au fujet de la fublima- tion du fel ammoniac du levant; & en effet , a en juger par la figure des pains qu'on nous envoie , cette fublimation ne paroiifoit guere vraifembl»ble : on demeura done en fufpens entre les penfees de M. Geoffroi & les objections qui lui furent faites. Mais route l'incertitude a ete levee par une lettre du Pere Sicatd, Millionnaire Jefuite en Egypre , imprimee en 1717, 8c ecrite en 1 7 1 6 , mais dune date pofterieure a lecrit que M. Geoffroi donna a I'Academie ; 5; pat une autre lettre de M. Lemere, Conful du Caire, ecrite a 1'Academi 1719- Voici ces deux pieces qui prouvent que M. Geoffroi avoir devine U veritable formation du fel ammoniac, Ij4 COLLECTION Acad. Royale bes Sciences de £xtrait dc la Lcttrc du Pcre Sicard a Monjcigncur It Lomte dc Touloufc. Paris Chvmie. e Suite s 171 . ^ C'est a Defmayers, village du Delta, que fe fait le fel ammoniac le plus » eftime de toute 1'Egypre. Ce fel fe fabrique dans des fours dont le delfus eft » fendu en long, & en plufieurs endroits : on pofe fur ces fentes 20 ou 30 » bouteilles de verre, rondes, d'environ un pied & demi de diametre avec » un col d'un demi-pied : on rerme ces bouteilles apies les avoir remplies de » fuie avec un pen de jel murin & d'uiine de beftiaux; enfuite on eleve un » plancher de terre grafle & debrique qui couvre tout, excepte le h.iut du col » des bouteilles qui eft a l'air. Mors L reu fe met dans le four, & > eft en-. » tretenu conrinuellement pendant trois jours & trois nuits : le phlegme des „ matieres contenues dans les bouteilles , s'exhale, fc les fels acides & alkalis » fe rencontrant & s'accrochant les uns aux autres proche du col , forment une „ malTe blanche & ronde. L 'operation etant nine , on calle routes les bouteilles , » & on en tire ces malTes qu'on nomine fel ammoniac. II eft a lemarquer que „ h fuie dont j'.ai parle eft produite par la fumee de ces mottes a biuler qu'on >, nomme G elite en arabe : dies font formees de la fiente des animaux; toute » aiuie fumee ne feroit point propre a fe condenfer en fel ammoniac •». Ce recit du P. Sicard elt parfaitement conforme aux conjectures de M. Geof- froy, puifqu'il fpecifie exprellement que kfel marin enue dans la composition dil fel ammoniac. Memoire adrcjfi a V Academic fur le fel Ammoniac, &c. Par M. le Me RZ,Conful au Caire, 14 Juin 171 9. Je remarquerai fur le fel ammoniac i°. la matiere, z°. les vafes qui la con- tiennent, j°. la difpofition des fourneaux , 4°. la facon du travail , 50. la quan- tise & l'ufage de ce fel. i°. La matiere unique eft de la fuie pure, mais une fuie qu'on racle des cheminees 011 Ton briile des mottes de fientes d'qeimaux , paitries avec de la p.ulle , telles qu'elles font en ufage dans ce pays ou le bois manque. Ces mot- tes empreintes de fels alkalis &c urineux impriment a la fuie certaines qualites qu'on attendroit envain cie la fumee du bois & duchatbon, qualites pourtant indifpenfables pour la production du fel ammoniac. i°. Les vafes qui contiennent la matiere relTemblent parfaitement a des bombes : ce font de grandes bouteilles de verre rondes, d'un pied & demi de diametre avec un col de deux doigts de haut : on enduit ces bombes de terre oralfe , on les remplit de fuie jufqu'a quatre doigts pres de leur col qui demeiuje vide & ouvert. II entte environ 40 livres de fuie qui rendent a la fin de l'operation environ 6 livres de fel ammoniac , plus ou moins, felon la qualite de la fuie. ACADEMIQUE. 135 j°. T es fourneaux font dilpofes comme nos fours communs, excepte que .-_-.— llu.'.u.i.m» leius vour.es font entr'ouve'rtes de quatre rangs de fences en long : fur cheque feme il v a quatre bouteilles qu'on adapte de telle forte que lc fonds us la bou- PIf seiE ° teille ctant cnronce &c expofe a ladion de la flamme, les flanimes font en- Paris. gagees dans Icpaifleu de la vodte , & le feul col derneure. a fair : quant an Chymie. rtfte de la feme , il eft rehouche ex bicn cimente. Cfaacun des foumeaux ton- Suuc de i7i. Royale l'alun Sc dans le vitriol fe trouve joint avec l'acide vimolique qui entre dans 1 la composition de ces fels; qu'il y fotme une efpece de fe! ammoniac , & que r, le feu venant a agir fur ce compofe, oblige le fel volatil a fe defunit d'avec Chymie. l'acide qui ne peut s'elever auili ham ni audi promptement que lui. On pour- Aanee 17 ;-. roit dire encore que quand on mele un fel fixe alLili avec le vitriol ou l'alun, ce fel fixe ne fait en cette occalion que s'unir a l'acide vittiolique qui tenoit an fel volatil , & donner lieu par la a une plus grande quantitii de fel volatil de fe degager , & de s'elever fous la forme ordinaire & avec les proprietes de cette efpece de fel. Ce qu'il y a de vrai , e'eft que la promptitu.'e avec laquelie le fel volatil s'eleve du vitriol artificiel de notre experience, des que ce vi- triol a etc touche pat le fel de tartre, eft un prejuge contre la production ar- ' tiricielle du fel volatil qui fembleroit demander un terns plus confiderable pour fa formation De plus on fait que lorfque le fel ammoniac ordinaire a ete humecte &c mele avec un fel fixe alkali , le fel volatil que contient le fel ammoniac s'en degnge aufli-t6t, & s'eleve avec la rrieme promptitude iv dans les manes circonft.inces que dans notre experience; ce qui fembleroit favo- rifer encore 1'idce d'un limple developpement. Tabic des differens rapports ob/erves en Chymie entre dtfferentes J'ubjiances. Par M. Geoffroy l'aine. (Mem. pag. 101.) \Jn obferve en Chymie certains rapports entre differentes fubftancesqui font Annce 17 is. qu'elles s'umflent aifement les unes aux autres : ces rapports ont leurs degres & leurs loix. On obferve leurs differens degres en ce que parmi plufieurs ma- tieres confondues , & qui ont queique difpofition a s unir enfemble , on s'ap- per^oit qu'une de ces fubftances s'unit conftamment avec une certaine autre, pretcrablement a routes. Pom ce qui eit des loix de ces rapports , j'ai obferve que patmi des fubftan- ces qui avoient cette difpofition a s'unir enfemble, deux fe trouvant unies, queiques-unes de celles qu'on en appiochoit ou qu'on y meloit, fe joignoient a I'une d'elles, oc faifoient lachet pufe a l'autre j tk quclques autres aufli ne fe joignoient ni a lune , ni a l'autre , & ne les detachoient point. D ou il m'a paru que Ton pourroit conclure avec alfez de vtailemblanceque celles qui fe joignoient a I'une des deux , avoient plus de rapport d'union ou de difpo- fition a s'unir a tile, que ks autres qui lachoient pufe a leur appioihe : & j'ai cru que Ton pourroit deduire de ces obletvations la proposition fuivante qui eft trcs-ctendue , quoique je ne puiffe pas la donner com me generate , n'ay.mt pu examiner toutes les combinaifons pollibles pour m'aflurer ti on ne trouveta lien de contraire. Toutes les fois que dtUX fubftances qui ont queique difpofition a fe joindrt I'une avec I autre , fe trouvint unies enjembie , s'U en furxnent une troijlcme qui ait plus de rapport avec i'une des deux , elle s'y unit en faifant Lickcr prife a l'autre. r~ ■•-•"■"' — " ~~*~r: r.-.T"i IJ0 COLLECTION Cette proposition eft d'un tres-granH ufagedans la Chymie ou Ton rencontre, Acao. Roy ale P°ur ainfi Hire, a chaque pas ties effets de ce rapport. Cell de cette propiiete pes Sciences dz que dependent la plcipart des mouvemens caches qui fuivent le melange des Paris. corps, & qui etoicnt prefqu'iinpcnctrables fans cette clef. Mais comme I'ordre Chykii. jg ces rapports eft peu connu , j'ai cru que ce feroit une chofe tr^s- utile de Annie ryiS. niarquer celui que les principales m.uieres qu'on a coutume de traveller en Chymie , gardent entr'elles , & d'en dreffer une table, oil d'un coup d'oeil on put voir les differens rapports qu'elles ont les unes avec les autres. J'expofe aujourd'hui dans cette table ces differens rapports que j'ai recueillis tant des experiences & des obfervations des autres Chymiftes que des miennei propres. Par cette table ceux qui commencent a apprendre la Chymie, fe formeront en peu de terns une jufte idee du rapport que les differentes fubftances ont les unes avec les autres , & les Chymiftes y trouveront une methode aifee pour decouvrir ce qui fe piffe dans plufieurs de leurs operations difhciies a bien demeler, & ce qui doit refuher des melanges qu'ils font de differens mixtes. La premiere ligne de cette table (Planche II) comprend differentes fubftan- ces qui s'emploient en Chymie : au-deffous de chacune de ces fubftances font ranges , par colonnes , differentes matieres comparees avec elle dans I'ordre de leur rapport avec cette premiere fubftance j en forte que celle qui en eft la plus proche, eft celle qui y a le plus de rapport, ou celle qu'aucune des fubftances qui font au-deffous ne fauroit en detacher , mais qui les en detache routes lorfqu'elles y font jointes, & les ecarte pour s'unir a elle. Ainfi , dans la premiere colonne les efprits acides font des fubftances auxquelles je compare les quatre autres genres de fubftances qui font au deffous , favoir les fels al- kalis fixes, les fels alkalis volatils , les terres abforbantes & les fubftances me- talliques. Les fels alkalis fixes font difpofes dans la colonne immediatement au-deffous des efprits acides , parce que je ne connois point de matiere qui en le joignant aux efprits acides , les detache & les fepare quand une fois ils font unis , Sc au contraire, lorfquequelqu'une des trois fortes de fubftances qui font au-deffous, fe trouve unie aux efprits acides , elle abandonne la place aux fels alkalis fixes lorfqu'ils s'en approchent , & leur laiffe la liberte de s'unir aux acides. Dans la troifieme cafe font les fels alkalis volatils qui ont plus de rapport avec les efprits acides que les fubftances rerreufes ou metalliques qui font au- deffous , mais moins que les fels alkalis fixes qui font au-deffus : de maniere que lotfqu'il y aura quelqu'une de ces deux fubftances jointe aux efprits aci- des, ils lui feront lacher prife, & prendront fa place en s'uniffant a ces me- rries acides. Ces memes fels alkalis volatils ont audi moins de rapport avec les efprits acides, que les fels alkalis fixes : ce qui fait qu'ils n'ont nulle ac- tion fur ces deux fubftances unies enfemble : au contraire , lorfque ces fels al- kalis volatils font unis avec les efprits acides, il les abandonnent a I'approche des fels alkalis fixes a qui ils cedent la place. Nous dirons la meme chofe des terres abforbantes renfennees dans la qua- trieme cafe. Elles n'ont nulle action fur les fels alkalis fixes ou volatils joints avec les efprits acides ; & lorfque ces fubftances teireufes fe trouvenr unies aux efprits acides , elles cedent la place a fun ou I'autre de ces deux fels qui eh ACADEMIQUE. 151 approcfie. A la verite elles ont plus de convenance avec les efprics acides que "*-•" H les fubftances metalliques qui font au-delfous ; c'eft pourquoi lorfqu'elles les Acad. Royali trouvent unies aux efprics acides , elles leur font lacher prife pour occuper leur "ls Scl1 NC£' UE place. . . P*Ch;«ie Aucune des fubftances contenues dans ces trois cafes fuperieures , erant unie aux acides, ne cede fa place aux fubftances metalliques qui font au-def- Ann<-C l71' fous, & chacune des trois ecarte les metaux attaches aux efprits acides pourfe mettre en leur place. Comme les fubftances metalliques n'ont pas une egnle convenance avec les efprits acides , l'acide du fel marin difTolvant certains metaux que 1'acide ni- treux ne diffout point , &c. j'ai difpofe chacun des trois efprits acides mine- raux a la tcte des trois colonnes fuivantes ; favoir l'acide dufel marin , l'acide nitreux & l'acide vitriolique , 6c j'ai range au-deffous d'eux dans cliaque co- lonne les differences fubftances metalliques fuivant l'ordre des diffcrens rap- ports que j'y ai obferves. La cinquieme colonne marque le rapport des differens fels acides avec les terres abforbantes. La fixieme deftinee aux fels alkalis fixes nous donne les rapports de ces fels avec les efprits acides 3c le foufre commun. La fnivante attribue.- aux fels alkalis volatils nous prcfente les differens rap- ports de ces fels avec les acides differens. La huitieme reprefente les rapports des memes acides avec les fubftances metalliques , qui font un pen differens de leurs rapports avec les terres & les fels alkalis j l'acide du fel marin ayant un rapport plus intime avec les fubftances metalliques que l'acide nitreux ou l'acide vittiolique , & en ayant moins que les deux autres avec les terres &c les fels alk.ilis. ; La neuvieme colonne affignee au foufre commun fait voir l'ordre des rap- ports de plufieurs fubftances avec ce mineral. La dixieme renferme les fubftances qui ont quelque rapport avec le vif ar- gent. _ : La onzieme marque l'ordre des rapports de l'argent &: du cuivre avec le plomb. La douzieme marque les diffcrens rapports de la pierre calaminaire & du mercure avec le cuivre. La treizieme marque de meme l'ordre des rapports du cuivre &c du plomb avec l'argent. La quatorzietne marque les rapports du regule d'antimoine, de l'argent, du cuivre & du plomb avec le fer. La quinzieme donne les rapports du fer , de l'argent , du cuivre 3c du plomb avec le regale d'antimoine. Dans ces deux dernieres colonnes, l'argent, le cuivre & le plomb fe trou- vent renfermes dans une meme cafe , parce que la difference de leur rapport avec le mars ou avec le regule d'antimoine, n'eft pas encore connue , quoi- qu'on fache bien que ces trois metaux ont moins de convenance avec le mars qu'avec le regule d'antimoine, & avec le regule d'antimoine que le mars> comme nous le dirons en fon lieu. Enfin b feizieme colonne marque le rapport de l'eau avec les efprits ardens & avec les fels. r — """"" " ' ' Acad. Royale des Sciences de Paris. Chymie. Annec 171 S. 151 COLLECTION Pour faire fentir prefentement de quelle utilire peut etre cette table pour ae- couvrir ce qui fe palfe dans les diffcrcns melanges des corps mixtes , & pour prevoir ce qui en doit refulter , prenons pour exemple la preparation du fublime corrolif , qui eft une opeianon fort ordinaire, & dont neanmoins la theorie eft tres peu connue. Ce au ro :tte preparation fe fait ordinairement en prenant le vitriol calcine prefque u^e , c'eft-a-dire, extremement dephlegme, le fel marin decrepite , & tin fel nitreux mercuriel forme de la diflblution du mercure dans l'efprit de nitre , evapote a ficcite. On mele exadtement ces trois fubftances enfem- ble , & dans le moment du melange on commence a fentir 1'odeur de l'efprit de nitre qui s'eleve en vapeuts jaunes. Si on fait diftiller le melange dans une cornue, il en fort un efprit acide a un feu tres-modere , lequel eft, pour la plus grande partie.de l'efprit de nitre , mele de quelque peu d'ef- prit acide du fel marin ? qui le rend une foible eau regale. II s'eleve enfuite au ham de la cornue, en augmentant le feu , une malTe laline , blanche , crif- taline, iv il refte au fond une malle rougeatre, d'ou par la lcflive on fepare u'n fel blanc, & une terre rouge metallique. Les fubftances qu'on retire dans cette operation, font tres-differentes de celles qu'on y a employees , comme nous l'allons voir. Le vitriol qu'on y emploie, eft un fel moyen compofe d'un acide vitrioli- que & du fer diffbus par cet acide, & uni tres etroitement avec lui. Le fel marin eft aufli un fel moyen , compofe de l'acide falin & d'une terre abfor- bante, etroitement unis enfemble; & le fel nitreux mercuriel eft un compofe du mercure uni a l'acide du nitre. II faut examiner quel eft le rapport des fix fubftances qui compofent ces trois mixtes, pour juger de la maniere dont elles agiftent l'une fur l'autre. Je confidere que ces trois mixtes font compofes de fels acides difterens , dont l'un , qui eft l'acide du fel marin , a pour bafe une terre abforbante , & les deux autres, favoir l'acide vitriolique &c l'acide nitreux, ont pour bafe des fubftances metalliques. Je trouve par la premiere colonne de ma table , qui eft celle des efprits aci- das , que les acides en general onr plus de rapport avec la terre abforbante du fel marin qu'avec le fer & le mercure, & par la cinquieme colonne des terres abforbanttSy que l'acide vitriolique en particulier a plus de rapport avec cette ineme terre que l'acide nitreux , & que l'acide meme du fel marin qui y eft uni : d'ou je juge, felon ma propofition fondamentale , que l'acide vitrioli- que doit abandonner fon metal pour fe joindre a la terre du fel marin , ce qu'il fait effectivement. L'acide du fel marin lache done prife a l'approche de l'acide vitriolique , Sc fe diffiperoit en l'air, etant volatil de fa nature, s'il ne rencon- trou dc-s fubftances metalliques avec lefquelles il a plus de rapport que les autres acides , comme il paroit par la huitieme colonne des fubftances metalliques : il attaque done tout a la fois & le fer du vitriol & le mercure du nitre. Comme cet acide du fel marin a plus de convenance avec le mercure que l'acide nitreux, il force cet acide d'abandonner le mercure. Cet acide nitreux devenu Ubre , ne trouvant d'ailleuts rien ou fe prendre , fe diilipe en fair, & s'exhale hors du vaiileau en vapeurs rougeatres ou jaunatres. En metne terns qu'une portion de l'acide du fel marin s'attache au mercure, une A C A D E M I Q U C. i5j ane autre partie & la plus considerable s'attache au fer , & elle y refteroit en- ■— — gagee , ii ce n'eft que la force du feu qu'on augmente &c qu'on rend affez vif acad. Royaie pendant la fublimation, oblige cette mcrae portion d'acide a fe detacher de la des Scunces de Fubftance ferrugineufe trop fixe pour pouvoir etre elevee avec cefel : ce meme Paris- acide mis de nouveau en liberre par le feu , rencontrant les parties mercuriel- Chymif. les qui n'ctoient pas encore tout-a-fait detachees de 1'acide nitreux , fe joint a Annce 1718. elles , & en detaclie totalement 1'acide nitreux qui fe dillipe en vapeuts jau- natres , pendant que de la jondion de 1'acide du fel marin Sc des parties mer- curielles, il fe forme une concretion faline mercurielle, affez volatile pour s'e- lever , ou, commeparlent Its Chymiftes, pout fefublimer au hautdu vaiffeau j c'eft pourquoi on le nomine mercure fublime. Cequi fe dillipe en vapeurs jaunatresou rougeatres, eft, pour la plus grande portion, nitreux; c'eft 1'acide du nitre qui aetedetachc du mercure par 1'acide du lei marin ; je dis pour la plus grande partie, parce qu'il y a audi quelque petite portion d'acide du fel marin melee, laquelle enlevee par la violence du feu affez loin dans le vide de la coinue , ne peut plus retomber fur les matieres. II refte une maffe rougeatre au fond du vaiffeau ; c'eft la terre metallique ou le farran de mars qui , avant loperation etoit uni avec 1'acide vitriolique , & qui en eft piclentement detaclie; car cet acide a quitte le metal, pout fe join— dre & s'unir tres-etroitement avec la terre du fel marin : ils forment enfemble un fel moyen qui eft encore a la verite' confondu avec le fafran de mars , mais fans y etre uni en aucune facon. En effet on en fepare ttes-aifement ce fel pat la leilive , il eft de la meme nature que le fel merveilleux de Glauber. Le col- cotnar ou farran de mars refte apres la leilive entierement depouille de fon acide, loifqu'on n'a employe qu'une jufte proportion de ces fels. L'acidedu nitre devroit dans cette occaiions'attacheraux parties de feraban- donnees par l'acidedu vitriol, (1 la violente chaleut n'ecartoit ces particules acides , Sc ne les cliaffoic hors du vaiffeau. 11 paroit done que 1'acide du nitre eft inutile dans cette operation , puifqu'en abandonnant le mercure, il s'ecluppe Sc s'en va fans avoir d'aclion fur aucune de ces fubftances. En effet quelques-uns fuppriment la diffolution du mercure dans l'efprit de nitre : ils le contentent de meler le vitriol , le fel matin iv le vit argent tel qu'il eft , Sc le fublime ne s'en fait pas moins bien. Un obfetve a la verite que dans cette preparation il faut trituter le melange 4ong-tems pout bien divifer les matieres & les unit plus intimement ; ce qui eft penible & meme dangereux pour l'artifte, a caufe des parties qui s'elevent de ce melange pen- dant la trituration. Auconttaire, lorfqu'on a fait la diffolution du mercure dans l'efprit de nitre, cette liqueur metallique etant dej.l tres-divitee par cette dif- folution, eft bien plus en erat de s'unir promptement Si intimement avec les SlkLs du fel marin. Une autre r.nlon pour ajouter cet acide nitreux , c'eft qu'on pi crenel qu'il at- tcnue &c volatilile confiderablement 1'acide du fel marin , & le met par la en etat de s'unir p'.us etroitement au mercure : comme on voir que l'efpiit de fel quiparjui-meme abeaucempde peine adiffbudre Tor, le diffourttes prompte- ment c\: rrcs-exa&ement li on l'anime de quelque pen d'efpnc de nitre : ce qui vient. k'lon le feiitiment de quelques-uns , d'unpiincipe fulfuteux tres-fubul contenu dans l'efprit de nitre, & qui fe communique parce moyen a 1'acide Tome IV , Panic Funfoife. V ij4 COLLECTION ^^^^!^: du fel marin. Ce n'eft pas ici le lieu d'examiner a foiids cette matiere : il eft Acad. Royali conftant feulement qu'on fait egalement le fublime fans acide nitreux & avec des Sciences de cet acide, qu'il fe fait plus promptement quand le mercure eft divile pat cec ^aris. acide, Sc un pen plus difficilement quand il ne 1'eftpoinr. Chvmie- Une autre obfervation a faite , c'eft que quand on emploie le mercure Annee 1718. reduit en fel par l'efprit de nitre, on peut fe pafler de vitriol , au lieu que ii on n'emploie que le mercure coulant pur , il en faut abfolument 5 la raifon en eftclaire dans nos prmcipes : l'acide du fel marin ayant plus de rapport avec fa terre qu'avec les fubftances meralliques , comme il patoit par la premiere colonne ( efpriis acides) ne l'abandonnera point pour s'attaclier au mercure s'il n'y eft determine par quelque caufe. II n'y en a nulle de la part du mercure feul. Mais fi on emploie le mercure reduit en fel par l'acide nitreux , cet acide nitreux ayant un plus grand rapport avec la terre du fel marin que l'acide du fel marin , comme il paroit par la cinquieme colonne ( terns abforbantes ) & ce meme acide nitreux ayant audi plus de rapport avec cette meme terre qu'avec le mercure, comme on le voit dans la premiere colonne {efprits aci- des); ce meme acide, dis-fe , commencera Taction , il abandonnera le mer- cure pour s'attacher a la terre du fel marin , & il en detachera l'acide. Cet acide du fel fe trouvanc feul Sc debarrafle de fa terre, renconrrant audi le mer- cure debarrafle , fe joindra a lui, Sc ces deux fubftances formeront enfemble le compofe du fublime qui s'elevera au haut du vailfeau, pendant que l'acide nitreux Sc la terre du fel marin formeront un fel moyen qui reftera fixe au fond du vaifleau , Sc qui fera de bon falpetre. Quelques-uns font encore du fublime corrofif en faifant diflbudre du vif argent dans l'efprit de nitre, & verfant fur cetce diflolution la diflolution du fel marin dans l'eau , il fe fair un precipice blanc : lorfque la liqueur s'eft eclaircie, on la verfe par inclination, Sc on la fepare de la poudre blanche qui occupe le fond du vaifteau , Sc qui eft le mercure precipice blanc. On faic feclier ce precipite , Sc on le fublime en une mafle compare , faline , blanche qui eft le fublime corrofif. Si on evapore la liqueur claire qu'on a mife a part, on en retire de tres-bon falpetre. La theorie de cecte operation eft la meme que celle de l'operation prece- dence; on fait en liqueur dans celle-ci ce qui fe pratique fut des matieres fe- ches dans l'autre. Dans l'une Sc dans l'autre, l'acide du nitre quitte le mercure qu'il tenoit en diflolution , & s'attache a la terre du fel marin ; il fair en meme terns lacher prife a l'acide de ce fel qui s'attache au mercure, & qui tombe avec lui en une poudre blanche : le feu eleve enfuite cette poudre en un fel blanc. On peut faire audi du fublime corrofif avec le (imple acide du fel marin fans y employer fa terre, en verfant peu a peu de l'efprit de iel fur la diflolu- tion du vif argent dans l'efprit de nitre. 11 fe fait d'abord un precipite blanc comme dans l'operation precedente. Si on fepare promptement ce precipice , on pourrale|fublimer de la meme maniere; mais fi on le laifle fejournet quel- que terns dans la liqueur , une partie du precipite fe diflbut de nouveau dans cette liqueur qui eft devenue eau regale fi-tot que l'efprit de nitre & l'efprit de fel fe font unis enfemble intimement. ACADEMIQUE. i54 Mais pour avoir par cette operation une plus grande quantire de fublime , ■—■■■-—— on met tout ce melange dans une cornue, 8c on le diftille a feu gradue-, il Acas. Royals fort d'abord une eau regale compofee de 1'efprit de nitre qui a abandonnc le ues Sciences de mercure , de quc-lque portion de 1'efprit de fel , & cliargce meme de quelques P**is. parties mercurielles qui fe font clevces dans la diftillation. II refte au fond de Chymie. la cornue une maife faline compofee du mercure & de l'acide du fel marin. Aunec 1718. En augmencant le feu, cette maife faline fe fublime en fel blane qui eft le fublime conohf. Dans cette operation l'acide de 1'efprit de fel commence l'a&ion. Comrae cei acide fe trouve libre , & qu'il n'eft point retenu par fa terre , comme dans les autres operations, il attaque immediatement Ies particules mercuriellesavec lefquelles il a une plus grande convenance que l'acide nitreux, comme il pa- roit par la huitieme colonne , {J'ubflanccs mitalliques ) & il en ecarte l'acide ni- treux qu'un feu moderc eleve enfuite, & fait palfer par le bee de la cornue dans le recipient , pendant que l'acide du fel marin , joint au mercure , de- meure en maffe faline au fond de la cornue 011 ils ont befoin d'un feu beaucoup plus vif pour fe fublimer au haut du vailfeau. Quoique cette table contienne un a(Tez grand nombre de fubftances done on compare les rapports , je ne doute point cependant qu'on ne puiiFs y en ajouter encore beaucoup d'autres dont, a force d'experiences, on reconnoitra les rapports. Je donnerai par la fuite , fi on le juge a propos , toutes les experiences fur kfquelles font fondes les rapports des differentes fubftances renfermses dans cette table , & qui m'ont determine a les ranger dans I'ordre ou on les voit difpofees. 11 faut obferver que dans plufieurs de ces experiences, la fcparation des matieres n'eft pas roujours parfaitement exa&e Sc precife : ce qui vient de plufieurs caufes qu'il n'eft pas poftible d'eviter , comme la glutinofite du liquide , fon mouvement , la figure des patties precipitantes ou precipitees , & autres chofes femblables qui ne permettent pas une prompte defcente ou une exade feparation de toutes les parties ; ce qui eft neanmoins ll peu con- fiderable que cela ne doit pas empecher de regarder la regie comme conf- tante (a). (a) Plus la Chymie fe pcrfeflionnera , die l'Hiftorieri dc ("Academic , plus l» table de M. Geojfroy fe perfeclionnera aujfi. Plufieurs Chymiftes ont en eftet propoft divers changemens ou additions a faire a cette table ; & fans parler de cellc qu'on a imprimee avec la rharmacopee de Quincy , & qu'on ne peut gueres regarder comme un progres de l'art , M. Jean-Philippe de Limbourg en a conftruit une beaucoup plus ctendue que cclle de M. Georfroy , laquclh a lemporte le prii piopofe en 17 jS par I'Acade'mie dc Rouen. Voye-^ i Encyclopedic au mot Rjpports chy- miatts. Vij ti<$ COLLECTION Acad. Royalb Pakis!1£NCES DI Eclaircijfancns fur la tabic prcccdente concernant les rapports Chvmie. chymiqucs obfcrvis entre differentes Cub fiances . Suite de 171*. J 1 J ■» J J Par M. Gjoffroy l'aine. {Mim.de 1 7 10, pag. 20.) Vjomme !e detail des operations qui fervent de fondement a la table 011 j'ai re- prefente l'ordre des divers rapports que j'ai obferves entre les fubftances les plus familieres aux Chymiftes , feroit trop etendu pour pouvoir etre renferme dans les bornes d'un memoire, &c qu'il demanderoit un cours de Chymie tout entier, je n'ai pas cm devoir y entrer. Je me fuis propofe feulement de re- pondre de terns en tems & felon que l'occafion s'en prefenteroit, aux objec- tions qui me feroient faites fur cette table , d'eclaircir quelques endroits qui auroient befoin d'explication , & de faire connoitre les raifons que j'ai euesde placer certaines matieres dans l'ordre ou je les ai mifes. Premiere Ob- Une des premieres difficultes qui rn'ait ete faites , regarde l'ordre des rapports jecftion. jnfere dans la premiere colonne de cette table. J'y ai etabli que les terres abfor- bantesont un moindre rapport avecles aoides, que les fels alkalis foit fixes , foir, volatils. Suivant cela , toute terre abforbante ne doit avoir aucune action fur les acides joints avec les fels alkalis. On m'obje<5te cependant qu'on eprouve tous les jours que la chaux (qu'on regarde ordinairement comme une terre abfor- bante) fe joint aux acides , quoiqu'ils foient unis avec des alkalis volatils , 5c qu'elle les en detache (a). Cell ce qu'on pretend demontrer dans le melange qu'on fait de la chaux & du fel ammoniac , pour en retirer l'efprit volatil uri- neux. Je reponds a cette objection , que cette experience ne detruit point l'ordre des rapports etabli par cette table entre ces fubftances , parce qu'on ne doit point reearder la chaux comme une fimple terre abforbante j elle n'a prefque de commun avec ces terres que de fermenter avec les acides ; mais elle a d'ailleurs tant de convenance avec les fels alkalis fixes , que pluiieurs Chy- miftes n'ont point fait de difficulte de reconnoitre en elle un veritable alkali fixe, a-peu-pres femblable aux cendres gravelees ou au fel de tartre. En effetle gout acre & cauftique de la chaux ne peut venir que des parties tranchantes Sc pointues , capables de picotter &: de dechirer les fibres de la langue. Proprietes que nous ne faurions attribuer aux feules parties terreufes qui font infipides par elles-memes , & qu'on fuppofe ordinairement poreufes & fans pointes. La chaux corrode & diflout les corps qu'elle touche, ce qui n'eft point une propriete de la terre feule. On ne peut expliquer cette corrosion , qu'en fup- pofant dans la chaux ces memes parties tranchantes qu'on ne fait point de difficulte de reconnoitre dans les fels alkalis. II eft vrai qu'on peut attribuer cec effec aux parties de feu done on la fuppofe chargee; mais en ce cas , la (a) On pourroit ajouter que la craie & certaines chaux metalliques telles que le minium decompofent le fel ammoniac , & que la chaux elle-me me eft reciproquement precipicee pat les alkalis volatils, Voye\ tEncydopidi< au mot Chaux. ACADEM1QUE. ij7 chaux n'agiroit plus comme fimple terre abforbante ; Sc d'ailleurs il faudroit attribuer a ces parties de feu les autres proprietes dcs fels alkalis fixes , ce qui ne Acad. Royai«s laifTeroit pas que d'etre difficile a prouver ; car la chaux fait encore la difTolution bes Sciences db des corps gras , refineux 8c bitumiiieux , de meme que les fels alkalis. Si on fait Pa"is- bouillir dans de l'eau la chaux vive avec du foufre , le foufre fe diflbut avec la chaux dans l'eau , 5c donne a l'eau une teinture rouge , femblable a celle qu'on Smtc t7't' en tire avec les fels alkalis fixes ; Sc apres avoir filtre la liqueur, on en preci- pite le magiftere avec une liqueur acide, de mEme qu'on fait pour le lait de foufre. De quelle maniere la chaux peut-elle faire Ja diviiion Sc la diftblution des parties rameufes de ce bitume , fi elle n'a pas des parties propres a faire cette divihon , Sc femblables aux molecules des fels alkalis ? La chaux facilite la fufion du fable , des cailloux & du criflal pour en faire du verre ; propriete qui lui eft commune avec les fels alkalis , & que la craie & les terres abforbantes n'ont point, li elles ne font rcduites en chaux. La chaux d'ailleurs verdit le drop violat, comme les fels alkalis. Elle prc- cipite la diiTolution du fublime corrofifen jaune, de meme que ces fels , avec certe difference que le precipite par le» fels alkalis fixes, eft orange , au lieu que celui qui eft produit par la chaux, eftcouleur de cirron , a raifon de quel- ques parties terreufes blanches de la chaux qui fe trouvent melees dans le pre- cipite. & qui en arToibliflent la couleur. Enfin la chaux, de meme que les fels alkalis fixes, abforbe I'acide du fel mann dans le fel ammoniac, & detaehe lelel volatil urineux : ce que ne font point les (imples terres abforbantes. Si done on veut faire attention que les fimples terres abforbantes, lacf.iie, le corail , les yeux d'ecrevifles , & meme la pierre a chaux avant fa calcination , n'ont rien de ces proprietes que nous reconnoiflons dans la chaux , & que la chaux a beaucoup de proprietes qji lui font commune; avec les fels alkalis fixes , on fera premierement force de convenir que la chaux eft tres-differente des fimples terres abforbantes, ce que j'avois a prouver. En fecond lieu , on fera bien pres de reconnoitre dans la chaux un prmcipe femblable aux fels al- kalis fixes , ou du raoins un principe capable des memos eftets. Ceux qui went qu'il y ait On fel alkali fixe dans la chaux, fe fondent fur ce qu'on n'en peut retirer aucun fel par la leffive. Mais eft-ce une raifon fufhfanse pour afiurei qu'il n'y ait point de fel ? Les fels alkalis unis Sc fondus avec le fable dans le verre, ne s'en leparent plus par la leflive ; lis ne donnc-nt plus dans ce compofe aucune marque de fel alkali : dira-t-on pour cela qu il n'y en air point? 11 en eft peut-etre de meme du fel de la chaux. Ce fel pout y etre li intimement uni avec la terre , que l'eau ne foit pas capable de les fc- parer. Cette difficult;: ne paroic done pas fuffifanie pour detruire les an (aifons qui femblent prouvei I'exiftencede ce fel dans la chaux. O.i poarroit demander d'ou vient ce fel alkili dans la chaux ? A quoi je reponirai qu'iU'y eft forme p-.e.niirement de I'acide alumineux vitrioli jue ou nit: jus: contenu dans la pierre , f;con> lenient de lacide du bois qui y a etc in- tioduit pendant la calcination. J'.ii deja fait voir dans d'autres memoires cette efpece de metanrotpaofe des fels acides en fels alkalis. Cette meme colonne ou je conlidere les difterens rapports des efprits acides Sccoade ob- avec les fels alkalis, les terres & les lubitances mctalhques , a fourni matiete jeftioa. i$8 COLLECTION a une feconde objection. J'y place-.les fubftances metalliques au-deflous des Acad. Royals fels , comme ayant un moindre rapport avec les acides. Suivant cela , les fubftan- i>es Scienck ds ces mctalliques etant melees avec des fels fales ou compofcs d'acide & d'alkali 1'ajus. comme le fel ammofiiac, ne devroienr. point faire lacher ptife aux acides, ni Chymib. detacher les fels alkalis. Suicc dei7i8. Cependant il arrive fouvent que dans la preparation des fleurs martiales de fel ammoniac , fc dans celle des fleurs ammoniacales avec la pierre hematite, oil Ton mele le fel ammoniac avec le fer ou avec {'hematite, il s'eleve un peu d'efprit urineux an commeucement de l'operation , ce qui femble prouver que ces fubftances metalliques one quelqu'aftion fur ces fels. Avant que de repondre a cette objection , j'avertis que j'entends par fubftance metalliqiie les Iix metaiix fepares de letirs mines, Sc dans leur etat de purete fous leur forme de metal , aufli-bien que les demi-metaux, tels que l'anti- moine, le bifmuth , le zinc aulli purifies, Sc les autres fubftances minerales qui participent du metal, comme I'hematite , Paimant, la manga nefe , les pyrites , &c. Mais je ne pretends pas comprendre fous ce nom les compofitions ou les preparations metalliques qui changent la nature du metal , tels que les fels, les vitriols, les chaux, les fleurs , Sec. dont les proprietes font tres-dif- ferentes de celles des metaux , fuivant leurs differentes preparations. Cela pofe , je conviens qu'il s'eleve quelquefois de 1'efprit urineux , au com- mencement de la fublimation des fleurs de mars ou d'hematite , mais en petite quantite , & feulement dans certaines circonftances. Cat il eft toujours vrai de dire en general que ces fubftances n'agiflent point pat elles-memes fut le fel ammoniac pour en detacher ('alkali volatil , & qu'elles ne donnent ou ne con- tiennent point non plus de fel alkali volatil ou hxe dans leur etat naturel : li done elles en donnent quelquefois, cela attive feulement lorfqu'elles ont tecu quel- que alteration confiderable \ comme on l'obferve dans l'experience de M. Da- dos fur le fer , rapportee dans mon memoire de 1 7 1 S du changement des aci- des en fels alkalis. Le fer qui a pafle pat des feux ttes-violens , ne doit point contenir de fel alkali volatil urineux , puifque la violence du feu auroit du l'enlever. Aufli fa limaille n'en donne-t-elle point en l'expofant dans une cornue au feu de re- verbere. Neanmoins cette meme limaille fournira de 1'efprit urineux , lorf- qu'elle aura ete reduite en rouille foit par l'humidite de l'air qu'elle aura con- tradee , foit par l'eau dont on l'aura artofee de tems en terns , la laiflant fecher a. chaque rois. Or dans cette circonftance oil il s'excite entre les patties du metal une ef- pece de fermentation ou de putrefaction , les principes agilfant les uns fur les autres , s'arrangent Sc fe combinent d'une maniere diflerente de ce qn'ils etoient , Sc forment des fels alkalis volatils 8c fixes , lies encore & embarrafles par les parties fixes du metal. Si done on diftille cette rouille ou ce metal a-demi puttefie , il ne fera pas furprenant den voit fortit par une chaleur aflez moderee le fel volatil auquel cette putrefadion adonne naiflance. Or fi la limaille defer rouillee, diftillee feule , donne du fel volatil , on ne doit point rapporter uniquement a la decom- polition du fel ammoniac celui qu'elle produira , ctant diftillee avec ce fel. Ce n'eft pas que je pretende que la rouille n'aicaucune action fur le fel am- A C A D E M I Q U E. *59 ,^____ moniac. Carfi cette rouille, comme il y abien de l'apparence, contic-nt quel- a que peu de fel alkali fixe qui s'y fera forme en meme terns que le fel volatil , Acad. Royaii cefel fixe, quoique en petite quantite , detachera audi qutlque portion de p"RjStUNCES D* l'alkali volatil du fel ammoniac, Sc pour lors on aura de l'efprit urineux , ve- ^q^^. nant en partie de la rouille metallique, Sc en pattie de quelque portion du fel ^^ ^' . ammoniac decompofe. Mais on ne doit pas regarder cette decompofition du fel ammoniac comme l'effet de Taction du fer fur ce fel , mais comme la fuite de l'aftion du fel alkali fixe content! dans la rouille. Ce qui prouve encore bien manifeftement que l'efprit urineux qui precede la fublimation des fleurs martiales , eft l'effet de la fermentation du metal , c'eft queii on emploie pour cette operation la limaille de fer neuve, ouqui ne foit point rouillee , Sc qu'on faffe la fublimation des fleurs bientot apres le melange , il ne s'elevera point d'efprit urineux. Je dis pourvu qu'on fublime les ma- tieres bientot apres le melange : car fi, comme quelques auteurs le deman- dent, on laiffe le melange a la cave, ou dans un lieu humide en digeftion pendant quelque terns , avant de le fublimer , il fournira encore un peu de fel volatil urineux. La raifon en eft que le fel ammoniac fe chargeant de l'humi- dite de l'air, Sc agiffant de concert avec les parties d'eau fur les molecules de limaille, il s'excitera dans le melange ce meme mouvement de fermentation dont le fel volatil urineux eft une des productions. lJour lors le fel volatil qui vient dans cette operation n'eft pas tant un des principes du fel ammoniac , qu'un des produits des principes du fer , combines d'une maniere particuliere par la fermentation. Aulli feu M. Lemery , qui etoit un des artiftes les plus exacts que nous ayons ens , demande-t-il dans fon cours de chymie qu'on faffe cette operation avec la rouille de fer, & qu'on la laiffe en digeftion avec le fel ammoniac pendant vingt-quatre heures : circonftances qui ne manqueront point de don- ner toute la quantite poilible d'efprit urineux. Encore dans routes cescirconf- tances ne retire-t-on qu'une once Sc demie de liqueur urineufe, de huit onces de fel ammoniac Sc de douze onces de rouille : le refte du fel ammoniac monte en fleurs , ou demeure embarraffe dans la rouille de fer fans fe decompofer. On doit penfet la meme chofe de la pierre hematite : ainfi ces deux expe- riences nc detruifent point la regie generate etablie dans cette premiere co- lonne, qui eft que les acides ayant un plus grand rapport avec les fels alkalis foit fixes , foit vofatils, qu'avec les fubftances metalliques , celles-ci ne fauroient detacher les fels alkalis des fels acides auxquels ils font joints. M. Stahl avoit fait attention a cet effet des fubftances metalliques fur le fel ammoniac, lorfqu'il dit dans fon fpeclmen Becchcrianum , feconde partie qui a pour titre Experlmenta , ou il traite des proprietes- des acides § i6$.ZX refolvlt quadamlenus hoc acldum [falinum nempe ammcnlaci falls'] a vdla'tUi fuo , etiam fcrrum , hxmatius , cadmia , &c. quando It.i ftccd forma & folo ignis aRu cum hoc fait coagitantur ; ou il n'apporte pour toute caufe de cet effet que l'adtion du feu fur ces matieres : mais hors ce cas particulier, il re- connoit dans le paragraphe fuivant que les volatils urineux precipitent les fubftan- ces metalliques Sc les tetres diffoutes dans l'efprit de fel. Ce qui eft conrorme a la regie avancee dans ma table. Ubl tamen notatl mtretur , dit-il , ilia diffe- rentia , qubd fal volatile talia metal lie a at que terrea , ft ilia feorjim in acldo falls fpiritu folvantur , ex ilia fpiritu pracipitet. i(jo COLLECTION On doit raifonner a-peu pres de meme fur l'experience faivante qui femble Acad. Royale prouver que les fubftances metalliques ont quelquefois un plus grand rapport »es S«ences de avec les acides que les fels alkalis volatils. Elle me fut propofee par M. Neu- Paris. man, Chymifte du Roi de Prude. Chymie. Qn prencl trois parties de minium & une partie de fel ammoniac , on mele Suite de 171*. le tout fort exadtement , & on diftille ce melange par la cornue. On en retire Troifierac Ob- une bonne quantite d'efprit urineux tres-volatil , ttes-penetrant & tres-caufti- jection. que. J'ai cprouve que la chaux de plomb , la chaux d'etain & la chaux d'anti- moine faifoient aulfi le meme effet. On fait que le minium n'eft qu'une chaux de plomb reverberee jufqu'd ce qu'elle ait acquis la couleur rouge. II eft vrai que ces chaux metalliques agiffent dans cette occalion fur l'acide du fel marin contenu dans le fel ammoniac, & qu'elles en dmchent le fel urineux : mais il y a bien de l'apparence qu'elles ne le font que par l'entremife d'un fel alkali fixe qu'elles contiennent , & qui s'eft decouvert 011 forme dai'S la calcination de ces metaux , comme il fe forme dans lescendres du bois pen- dant fa deflagration , ou du moins par quelque chofe d'analogue a la fubftance qui opere le meme effet dans les fels alkalis fixes &c dans la chaux. Ainfi cette experience ne conclut rien contre l'ordre des rapports de ma premiere colonne. En effet, on doit confiderer la chaux de plomb comme un compofe fort different du plomb. Ce n'eft, pour ainfi dire, que lecadavre dece metal dont l'ame a ete enlevee par le feu, c'eft-a-dire, le principe huiieux qui conftitue le metal, & fans lequel il n'eft plus metal. II ne refte dans la chaux de plomb que la terre & le fel du metal. Le piincipe huiieux, qui dans le metal avant Ja calcination, etoit uni avec ces fubftances, eft empoite par le feu , & en fa place il furvient des parties de l'element du feu en (i grande abondance , que ces chaux fe trouvent fouvent augmentees d'un dixieme du poids du metal. Ce qui compofe un combine fort different de ce qu'aoit le maal avant fa cal- e cinanon. J'avoue que nous n'avons pas encore aflez d'experiences pour reconnoitre la nature de ce principe dans les chaux metalliques ; mais quel qu'il paiffe etre, & quand meme on en nieroit l'exiftence , on ne doit tirer aucune confluence de 1'effet de ces chaux fur le fel ammoniac qu'on puiffe juftement apphquer aux metaux & aux fubftances metalliques pines , puifqu'on ne peut pas dif- convenir que ce ne foit des chofes tout-a-fait difterentes. J'ajouterai aux eclairciffemens que je viens de rapporter , la reponfe a unq queftion propofee il y a quelque terns par M. Stahl , dans une letire qu'il ecri- voit au meme M. Neuman , Chymifte du Roi de PrulTe, dans le terns qu'il etoit a Paris. On verra auffi par cette reponfe quelle raifon j'ai eue de placer dans ma table, a la colonne de l'acide vitriolique, le principe huiieux ou iulfu- reux immediatementau-deirous de l'acide vitriolique , & au-deffus des fels al- kalis fixes. Voici l'enonce de la proposition de M. Stahl. Probleme de M. Quand on a future & cnflalllfi un acide vitriolique avec le fel de larrre , trou- Stahl. ver moyen defeparer cet acide de ce fel fixe dans un moment de terns & dans la paume de la main. II ajoutoit dans la meme lettre que e'eft une chofe des plus fimples dans la pratique, & tres-connuej que cela fe fait d'unemaniereues-exa&e, fanscha- ACADEMIQUE. itfi leur , par confcquent fans feu : que cette pratique eft tres-utile, particulierc- r**— — ment lorfqu'on vent avoir un acide vitriolique bien pur. Acad. Royale La folution de ce probleme de chymie doit paroitre d'aurant plus difficile a i>es Scienccs d» trouver, que l'aeide vitriolique eft de tous les acides celui qui eft le plus fixe, ,[>AR1S- pour paiier le langage des Chymilles, c'eft-a-dire, celu: qui clniTe tous lesau- tres acides joints avec quelques alkalis , fixes ou volatils, falins ou terreux, & Suite « 171 . qu'aucun autre ne challe lotfqu'il eft joint a ces matieres : que d'ailleurs le fel alkali fixe, tel que le fel fixe du tartre, ou autre femblable, eft do toutes les fubltances connues jufques a prefent , celle qui a le rapport le plus intime avec l'aeide vitriolique , &c que par confcquent les autres fubltances n'en pourront pas detacher. Cela etant ainfi, il paroit difficile de pouvoir trouver une fubftance qui fe joigne a l'aeide vitriolique plus intimement que le fel de tartre , Sc qui en lepare ce fel alkali lorfqu'il y eft joint; ou une fubftance qui s'uniffant au fel alkali, mette en liberte l'aeide vittiolique. Le mime M. Stahl avoit fait fentir cette difficulte dans quelques endroits de fes ouvrages , Sc il avoit mane deja propofe ce probleme dans (on traite De Zimotcchnid ou de Femieniaiione , en ces termes : Connexio acidiviirio'itico- fulphurei cum alkali fixo eji quxfi ui:ima & fatalis falino- terrea commiflio , quarn purhfeparare, itaut alteruiium am uirumque Jul purum fegregetur , inter pojlu- lata chimica hue ujqucfuit. Voici deux moyens que je propofe pour parvenir a operer cette feparation. Ces moyens ne font point inconnus a M. Shtal , puifqu'il les a fuggcres lui-meme dans plulteurs endroits de fes ouvrages. Mais la maniere dont;il a toume la propolition la fera concevoir ttes-difticile a ceux qui n'ont pas affez etudie les ccrits de cet habile Chymifte, Sc peut detoutner ceux qui les poiTedent bien, de penfer que ce qu'il entend n'eft que ce qu'ils favent deja. J'ai donne l'idee d'un de ces moyens dans la table des rapports de l'aeide vitriolique, en blatant au-delfus du fel alkali le principe huileux, ou comme M. Stahl le nomme, le principe phlogiftique , le principe inflammable ou de l'inrlammabilite : Sc je lai ainli place, parce qu'en eftet il n'y a jufques a pre- fent que ce principe ou cette fubltance que je connoille propre a s'unir a l'aeide vitriolique joint au fel de tartre, Sc a les mettte en etat de fe feparer l'un de l'autre. Il eft vrai que ce principe inflammable s'unilK\nt A l'aeide vittiolique , ne fail p.is lacher enrierement pnfeaufelds tartre, coiunu il arrive dans la phi- part des precipitations. Nous en dirons la ration tout a 1'heure. L 'operation fe fait ainli. On fait fondre le tartre vitriole dans un creufet avecun peu de fel de tartre ou de cendres gtavelees pour en faciliter la fudon. Lorlqu'ii eft rondu, on y. jettequelque matiere inflammable, comme de lapoudre de bois, du charbon pile, ou bien quelque matiere nr.Ule , huileufeou refineufe. Le melange s'al- Iume & donne d'abord une 3 roll e flimme avec beaucoup de fumee, a laquelle fuccede une ftammc fubtile 6c bleuatre, Sc une odeur acide ires-pepetrante , telle que la rend le loutrc enrlamme; en retirant du reu-.la matiere dans ce moment, Sc 1'eioignant aulli-tot , on trouve dans le creufet un; nmle rou- geatre, faline , fulinreafe , femblaole z.l'/iepar J'ulphuris qui eft un melange Tome IF, Partie Francoife. X i£i COLLECTION *"——"—— de lei de tartre Sc de foufre fundus enfemble. On fait fondre cettc matte dans Acad. Royale fuftifante quantite d'eau, & apres l'avoir filtree, on en precipite le foufre en nis Sciences de verfant delfus du vinaigre diftille , ou un efpric acide afFoibii par l'eau com- P-*m«. mune. Dans cette operation le principe huileux raiefie 6c mis en mouvement Chymie. par ['element du feu , s'infinue entre les parties des fels. Comme il y a plus de Suite de 1718. rapport avec l'acide vitriolique qu'avec le fel alkali , ii s'unit a lui tres-erroite- ment , & il en detache par confequent le fel alkali. II refulte done du melange du principe huileux & de cet acide vitriolique, un compofe qui eft le foufre mineral commun. II eft vrai que le fel de tartre ne fe fepare pas totalement de ce melange , quoiqu'il ait abandonne l'acide vitriolique; il refte uni avec ce nouveau bitume dans Yhepar fulphurls ■ en voici la raifon. Quoique le principe huileux ait un peu plus d'affinite avec le fel acide vi- triolique, qu'avec le fel alkali fixe, cependant il conferve toujours un rapport aflez etroitavec le fel alkali. Ce qui faitqu'en meme terns qu'U s'unit a l'acide vitriolique , & qu'il en detache 1'alkali , il le rerient avec lui ; de forte que nous voyons le fel de tartre uni avec le bitume qui refulte du melange de ces deux fubftances ; & ces trois fubftances forment enfemble Yhepar fulphuris. Bien plus , ce meme bitume qui n'a de lui-meme nolle difpoiition a s'unir aux parties de l'eau , ou a fe dilfoudre dans l'eau , s'y didout ties facilement a l'aide du fel alkali : car ce meme fel a une affinite prefque egale avec l'eau &: avec les huiles , de maniere qu'il s'unit tres-aifement a l'un lans abandonner l'autre. Ce que nous voyons non-feulement dans Yhepar fulphuris , mais en- core dans les favons qui font des composes de fel alkali & d'huile , qui fe diiTolvent dans l'eau avec beaucoup de facilite , quoique le foufre & les huiles aient peu de difpofition a s'unir aux parties de l'eau. Quand on a fait la dillblution de Yhepar julphuris dans l'eau , les particules du fel de tartre , quoique feparees de l'acide vitriolique dans cette diiTolution , reftent neanmoins tellement unies aux molecules bitumineufes du foufre, qu'el- les ne sen feparent pas aifement. 11 faut , pour faciliter cette feparation , verfer fur cette liqueur quelque acide; car le fel alkali ayant un rapport beaucoup plus confiderable avec les acides qu'avec les parties bitumineufes, il fe joint a eux en abandonnant le bitume. 11 faut que cet acide , aufti-bien que la diiTolution de Yhepar, foient etendus dans une grande quantite d'eau pour faciliter la precipitation du foufre, fans quoi il ne fe fait qu un coagulum epais fans precipitation. Dans Pinftant de la confufion des liqueurs le melange fe trouble, Sc les molecules bitumineufes n'etant plus foutenues par les fels , tombent au fond de la liqueur en une poudre qui n'eft que du foufre commun, e'eft-a-dire , un compofe du principe huileux , Sc de l'acide vitriolique qui eroit contenu dans le tartrevitnole. Le fel de tartre fepare de l'acide vitriolique refte dans la liqueur uni avec l'acide du vinaigre ou tel autre dont on s'eft fervi pour cette precipitation. Or pour remplir routes les conditions de la propofition de M. Stahl, Sc re- foudre fon probleme dans routes fes circonftances , il faut prendre Yhepar ful- phuris refout en liqueur , en verfer un peu dans la main, & verfer deflus quel- ques gouttes de vinaigre diftille , il fe fait dans l'inftant une precipitation. Ce A C A D E M I Q U E. i*j precipice eft du foufre qu'on retire en verfant doucement la liqueur apres quelle ■H"?"?,"!!!H» s'eft eclaircie. Acad. Royale C'eft lone cette precipitation cm cette reparation que M. StaM demande ; fe- ues S:iLNcti at paration qui n'eft achevee que dans cette derniere operation par le viruigre, Paris. diftille, miis qui avoit etc commenced dans la premiere par le prtncipe_ hui- leux des matieres inflammables qu'on avoit jettccs fur le tarne vitriols fondu ?^CJC '7'8, dans le feu. La derniere operation eft trcs connue & triviale, puifque c'eft la maniere dont fe fait le tnagiftere de foufre trcsconnu dans les boutiques. Elle nous donne l'acide vitriolique tres-pur , puifque dans cette occafion cecacide doit ctre degage de routes les patties meralliques ou minerales qu'on peut foupCjonner d'etre melees daivs l'liuile on l'efprit de vitriol diftille a la maniere ordinaire. On peut enfin le retirer en efprit acide tres-pur, en faifant avec ce foufre artificiel un efprit de foufre, comme on a coutume de le preparer. . On pourra m'obje&er que cette operation eft longue , qu'elle demande dit feu & d'autres vaitfeaux que la paume de la main. J'en conviens , fi on em- brace tout le procede. Mais il faut confiderer qu'il n'y a de feparation appa- rente & bien fenfible de l'acide vitriolique d'avec le fel de tartre, que dans le melange des deux liqueurs dans la paume de la main : que de ces fubftances qui coinpofoient le tartre vitriole , Sc qui ctoienr encore confondues dans la dilTolution de i'hepar fulphuris , l'une qui eft l'acide vitriolique, tombe en poudre fous la forme du foufre, & l'autre , qui eft le fel de tartre , refte dif- lbute dans la liqueur &c unie avec le vinaigre : que cette feparation fe fait prom- ptement & fans feu : & qu'on ne doit regarder tout ce qui precede que comme la preparation des matieres. Si neanmoins on veut prendre les chofes a la rigueur , il faudra convenir que la defunion de l'acide & de l'alkali eft deji faite dans la premiere opera- tion , e'eft a-dire, dans la preparation de Yhepar, quoique la feparation lo- cale ou la precipitation ne s'en fafte qu'en dernier lieu. Je propofe pour fecond moyen de refoudre ce ptobleme, une operation moins commune a la verite , mais touc-a-fait curieufe, que nous devons a M. Stahl , qui l'a publiee dans la feptieme de fes obfervations. Si apres avoir imbibe des linges dans une forte leflive de fels alkalis, on les expofe a la vapeur du foufre enflamme, la vapeur acide de ce foufre fe corporihe avec le fel alkali, & couvre le linge d'une fleur faline. On trempe ces linges dans une quantitc d'eau fumfante pour en diffoudre le fel , puis on en evapore Ihumidite a une douce chaleur jufques a un cer- tain point, apres quoi on laille criftallifer ce fel , qui prend la forme de hou- pes ou d'aiguilles fort fines difpofees par paquets , dans le centre defquelles elles fe reunillent, a la difference du tartre vituolc, qui prend celle de dode- cahedre ou de double pyiamide a fix pans. Ce fel n'eft autre chofe qu'un tnrtre vitriole , oil un fel de tartre fature par l'acide vitriolique, avec cette difference que dans cette deiniere operation les patticules acides vitrioliques lout exttemement rarefies par l'clcment du feu, ou comme M. Stahl le pretend , par le principe inflammable j au lieu qua dans la preparation ordinaire du tame vitriole, l'acide y eft txuememc in con- centre. X ij iAR,,. 8c elle s'eft ecl.iircie apies que les gouties d'huile fe font elevces .1 la furface. ChVmie. Lameme chofe arrive fi 1'on etend de l'efprit-de-vin dans beaucoup d'eau , Sc Annie 171*- qu'on laifle cette liqueur a I'air, les efprits les plus fubtils venanr a scchapper infenliblement, Indent la liqueur chargee de gouttes d'huile pareilles a celle du phlegme. Enfin le phlegme de I'efprit le plus parfait, ne contient prefque point de cette huile fupetflas , ou du mains ce qu'il y en peut avoir n'eft point fenfible , comme je l'ai obferve dans l'efprir-de vin qui a foutenu les plus fortes epreuves. Si la diftillation des eaux de vie fe pouvoit faire dans les hbriques avec certaines precautions , on remedieroit a I'inconvenient que l'abondance de cette forte d'huile caufe enfuite dans I'efprit. C'eft ce que j'ai obferve en dif- tillant du vin au bain-marie pour en faire de l'eau-de-vie, elle s'eft trouvee beaucoup meilleure. L'efprit que j'en ai tire eft d'une odeur fort douce, & le phlegme qu'il a laille apres l'uftion eft de bonne qualite & fans aucune marque d'huile. II fuit de ces obfervations que dans toutes les liqueurs Sc les boiftbns ou entre l'eau-de-vie , il vaut beaucoup mieux , comme quelques-uns le prati- quent , fe fervir de bon efprir-de-vin qu'on ramene au jufte point de l'eau- de-vie, en I'affoibliirant avec une certaine quantite d'eau commune. Car cette forte d'eau-de-vie ne participera point de la maiivaife quajite du phlegme des eaux-de-vieordinaires, lequel les rend acres 8c de mauvaife odeur : Si l'efprit- de-vin etoit huileux, il faudroit l'etendre dans beaucoup d'eau iv le re&ifiec enfuite au bain-marie pour en detacher l'huile fuperflue. Sur les analyfes ordinaircs. (Hiji. page 5 1 Mem. pag. iyj-) -L'Academif commenca fes travaux chymiques par des analyfes faites felon Anncc 1719. la pratique ordinaire. Plus de quatorze cents plantes , comme nous l'avons dit ailleurs, ne luidonnerent que les memes produits, quelque difterentes qu'elles fullenr entre c-lles , & ne lui firent connoitre autre chofe finon que ce travail ne pouvoit conduire a la connoiftance de l'interieur des mixtes. 1 out devenoit egalparcesdecompofitions ; ce n'etoit , fuivant l'exprellion de M.Lemery , que des materiaux brifes, des plattas tout femblables de batimens detruits; il ne reftoit dans cet amas confus aucunes marques des difpolitions regulieres qui avoient forme les dirferens batimens , ni de la forme particuliere des mate- riaux. Le feu avoit detruit toutes ces formes Sc altere toutes ces fubftances. M. Lemery penfe qu'il faut menager ces materiaux, e'eft-a-dne , que pour bien connoitre les mixtes, il ne les faut pas tanc decompoler , ma:s ieulement les refoudre en d'autres mixtes moins mixtes qui feront des pnncipes a KXtc egard ; les plus confiderables de ces principes font les patties (alifies Sc les par- ties gralfes ou fulfureufes; il eft important pour la connoilfarc; de la verm des mixtes de retirei Sc de connoitre ces parties dans leur entier, & telles Yij Acad. Royale 171 COLLECTION qu'elles habitent dans les mixtes; cat c'eft ainfi qu'elles agitlent imtnediate- ment fur nos liqueurs. Ms sciences de ^a pattie fahne des plantes & des animaux y elt ordinairement contenue Paris, fous la forme d'un fel concret. Le fel qui fe trouve plus communement dans Chymie. les matieres animales, eft le fel ammoniac nitreux , c'eft-a-dire , un compofe Anoie i-ij. d'un acide nitreux S-: d'un alkali volatil , ainfi que nous l'avons defini en 1 7 '- 5 mixte, le feu enleve a la fois les deux parties de ce fel , routes deux volatiles qui lyfes ordinaires enlev >ra aulli des acides. les parties d'un mixte ne s'elevent Anncc tyj. meme pas roujours dans l'orctrt: de leurs degrcs A / 1 ; / I .f falpetre des matieres vcgetales , 8c en general leurs fels concrets, fuivent naturellement le fei ammoniac des matieres animales^ ces fels apportent dif- ferens degres de refinance a 1'aclion du feu, fuivant la nature de l'acide dont ils font compofes 8c de la matrice dans laquelle cet acide eft engage : & ces differentes matrices recpivent aufll difterens degres d'alteration par Taction du feu. On remarque mc-me qu'un acide qui aura etc deloge plus ou moins facile- ment de piulieurs fortes tie matrices, ne pourra l'etre de certaines autres ma- trices fans le fecours d'un intermede convenable : plufieurs fels moyens naru- rels ou artificiels en fournilTem la preuve, 6c entt'autres le falpetre ordinaire & celui que Ton peut faire fur le champ par le melange d'un acide nitreux avec un fel fixe alkali. Quelque violence de reu qu'on emploie fur chacun de ces fels, ils fe difliperont plutot tout entiers foit en 1'air, foit paries pores du vaitfeau, qu'ils ne fe decompoferont fans intermede ; il arrive dans cette operation deux etfets differens fuivanc la nature particuliere de l'intermede; s'il eft purement fulfureux , 8c qu'il ne fafte qu'aider l'enlevement de l'acide nitreux, fans rien communiquer de nouveau a la matrice du falpetre , cette matrice paroit apres l'operation fous la forme d'un fel fixe alkali, tel qu'etoit celui qui avoit ete employe pour faire le fiilpetre artificiel, noes en avons un exemple dans la fixation du falpetre par les charbons. Mais li l'intermede contient lui-meme beaucoup d'acides plus fixes que ceux du falpetre & d'une nature vitnolique , non-feulement il contribue a la feparation 8c a l'enlevement des acides nitreux , mats encore il en fubftitue d'autres a leur place , 8c en ce cas la matrice du fal- petre reparoit, non fous la forme d'un fel fixe alkali, mais fous la forme d'un fel moyen qui eft un veritable tartre vitriole , tout femblable a celui qu'on peut faire avec un fel fixe alkali 8c un acide vitriolique. Cet acide vitriolique etant le plus fixe de tous les acides, s'il fe trouve en- core joinc a une de ces matrices tres-fixes qui ne laiflent pas echapper meme l'acide nitreux fans le fecours d'un intermede, il relifte a Taction reunie du feu & de l'intermede. Si Ton mele dans un creufet rougi au feu , du tartre vi- triole 8c de la poudre de charbon, l'acide vitriolique ne s'echappera pas, 6c apres la deflagration totale de l'huile ou de la partie graffe du charbon , Ton re- trouvera le tartre vitriole toujours a peu-pres le meme, 8c n'ayant pas perdu fenfiblement de fes acides. 11 faut done un autre procede ; le corps gras mele avec le tartre vitriole dans le creufet rougi au feu n'enleve pas l'acide vitrio- lique , mais il s'y joint, 8c le detache en partie des pores du fel fixe alkali , ce qui produit un nouveau compofe de couleur jaune ou rouge , d'une odeur de foufre commun 8c foluble dans Teau; il faut faifir ce moment pour faire celTer Taction du feu & faire fondre ce compofe dans Teau , puis verfer fur la diftblution un acide libre qui s'infinuant dans le fel alkali , achevera d'en chalTer l'acide vitriolique, 8c celui-ci ne tenant plus alors qua la matiere grafle , for- A C A D fe M I Q U E. 175 mera avec elle un veritable foufre commun qui fe precipitera au Fond du — —^— i vailfeau. , „ ..... . . , , 1 ,r ■ 1 r ■ t j • Acad. Royale V oici Ies prmcipes gencraux necellaires pour le fujet preient, ou admis par DES SclENCES DS tous Ies Chymiftes, ou refultans des vues es Sciences de quelle d'ailleurs il refTemble aflez par la figure. Quand il eft miir , il fe de- Apls' cache de fon pedicule au moindre vent & au funple toucher, 8c darde fagraine , '. avec violence aux environs de fori cerrein. De-la le concombre a ere appelle ' 9' Elaurium , qui chaffs avec force y mais ce nom eft demeure principalemenc a un exrrair que les anciens faifoienr de fon fruit, & peut-etre eft-cede la qu'il a paffe dans Hippocrare a cous les purgatifs violens. Dans ['intention de rendre plus doux 8c plus prnticables les remedes tires de cette plante , M. Boulduc l'a travaillee de routes les manieres , & il a trouvc qu'elle n'a prefque pas de principes fulfureux, parce que 1'eau-de-vie & 1'ef- prit-de-vin n'agilfenc prefque pas fur elle, 8c ce qu'ils en tirent meme , n'eft autre chofe que des (eis qui ont ete diflous 8c entraines , non par le foufre de ces diflolvans, mais par le phlegme qu'ils confervent toujours. Le concombre fauvage n'a done que des parties falines en quoi confifte fa vertu; 8c comme e'eft un fort purgatif, il en fauc conclure que les fels fonc audi propres a cec effer que les foufres, auxquels cependant on 1'attribue le plus communemenr. M. Boulduc s'eft confirme dans la penfee que les fucs tires par expreflion ont moins de vertu que les decoctions on inhifions. Dans la premiere maniere d'operer , on laifle comme inutile un marc qui ne l'eft pourtant pas , 8c qui contient des principes de la plante , done l'union avec les autres feroit necef- faire ou pour les corriger, uu pour les fortifier. Par la feconde maniere on tire tout egalement, & meme quand le mixce peche en force ou enacrete, les principes unis & lies enfemble que Ton tire , font ce qui s'eft pu detacher le plus aifement , 8c ce qui a ete le plus doux. Apres avoir tourne la plante de tous les fens 5c par difterentes fortes d'ope- rations, tantot la prenant avec routes fes parties , tantot n'en prenant quequel- ques-unes, enfin M. Boulduc eft parvenu a faire de la racine feche, par une nmple decoftion, un extrait preferable a celui qui feroit fait de toutes les au- tres parties , & qu'il a reconnu par experience pour un hydragogue doux 8c puiffanr. Ladofe en eftdepuis vingt-quatre jufqu'a trente grains, joinr aquel- ques grains de mechoacan ou de rhubatbe , &: de fel d'abfinthe incorpores avec l'extrait de genievre. L'Elarerium , remede fameux chez les anciens, fe faifoit avec beaucoup de foin 8c de myftere ; les auteurs qui ont parle de cette preparation en out parle aflez obfeurement , 8c ne paroiflent point s'accorder ; il feroit meme difficile de pratiquer rout ce qu'ils difent qu'on pratiquoit. Diofcoride qui en a parle avec le moins d'obfeurite , dit qu'il faut aller fur le lieu oil font des concom- bres fauvages dont les fruits touchent a leur parfaite maturitc, les mettre dans l'inftant qu'on les a cueillis fur un tamis, les y tendre en deux , recevoir dans un baflin pofe fous le tamis le fuc qui en coulera , en feparer , quand il fera tour ramafle 8c repofe , la partie claire d'avec lepaifTe Si mucilagineufe , &: garder celle-ci, qui etant delfechee , etoitle veritable & lemeilleur Elaterium ; car on faifoit audi quelque ufage du fuc clair 8c fluide. On ctoit averti qu'en cueillant ces fruits, 8c en faifant la preparation , il filloit, autant qu'il etoit pollible, tourner le vifage d'un autre cote; autiement il fe feroit enflamme & rempli de veflies , cane etoient vifs les corpufcules qui exhaloient de cette acad£mique. 183 plante. Si tile ne fait plus ici le mcme effet, il faut s'en prendre an dimat ou — —— au terroir. s-, 1 r • 1 l /• - -,v 1 * 1 Acad. Royali Lomroc les fruits du concombre lauvage ne murilleni que les tins aprcs Ies DES sclENCls M autrcs, & qu'il falloit les prendre, pour ainfi dire, au moment precis qui Paris. precedoit leur maturitc parfaite , parce qu'un moment plus tard ils lomboient Chymie. & dardoient leurs graines, ce qui les rendoit inutile*; M. Boulduc juge que Anncci7i>. la pratique des anciens, qui eft perdue depuis long- terns , devoir are fort pe- nible. 11 a voulu la renouveller en partie, il a conferve ce qu'elle avoir d'ef- fentiel , & il eft parvenu a faire un Elaterium au moins audi bon que celui des anciens , puifqu'au poids de fix grains il purge tres-bien & fans violence. 11 faut le joindre a quelque poudre de ihubarbe & a quelque fel alkali. Mais le plus fimplc Elaterium eft celui qu il a fait dans la penfee que la plu- part des bons remedes vegetaux fortent tous prepares des mains de la nature \ il a bien fait fecher des fruits de concombre fauvage , les a mis en poudie avec leurs graines , &c a trouve que e'etoit la un tres-bon hydragogue. Jufqu'ici dans toutes les analyfes que M. Boulduc a donnees des plantes pur- gatives, il n'a point etc queftion de leurs fels effentiels, qui, felon l'idce de plulieurspliyficiens, en doivent comenir tome la vertu; & en effet rien ne pa- roit plus vraifemblable : cependant M. Boulduc s'en eft defabufe par une lon^ue fuite de travail & d'oblervations. Les fels effentiels font un tartre de chaque plante du me me genre que celui du vin , mais qui a des differences fpeciti- ques. C'eft toujours un acide joint a quelques parties terreufes ou fulfureufes 3 Sec. C'eft un fuc qui fe criftailife & qui fe cnftailiferoit dans toutes les plan- tes, de fotte qu'on tireroit de toutes un fel elfentiel, ft quelquefois la matiere huileufe & gluante n'etoit en trop grande quantite , & n'empechoit la criftalli- fation. Quels que foient les fels elfentiels, ils n'ont point les qualites de la plante j d'un autre coce le fuc d'bu I'on a tire ce fel ne les a pas non plus ; quelle eft done la partie qui les contient? ni l'une ni fautre feparcment j mais lune & l'autre , ou toutes les deux jointes enfemble. Sur U Chacril. (Hijl pag. 53.) 1_,f. chacril , remede peu connu , & dont les livres qui traitent des drogues me- dicinales , du moins ceux de ce pays-ci , ne font nulle mention , eft une ccorce alfez ligneufe, epaiffe depuis une ligne jufqu'a une ligne & demie, affez ref- femblante au quinquina ordinaire, mais moins compacte , plus friable, d'un bmn plus pale , d'un gout atner , un peu fliptique , piquant la langue avec sfTez d'acrimonie, & lailfant une impreflion d'amcrtume melee de quelque chofe d'aromatique. Cette ccorce eft couverte d'une pellicule blanchaire , mince & infipide, ridee & fillonnee legerement en divers fens; c'eft I'ecorce dune plante du Perou encore inconnue. Elle a tarn de reflemblance avec le quinquina , dont on comptoit deja juf- qu'a fix efpeces , qu'on la met pour une feptieme. Aufll quelques-uns lui don- nent les noms de kinakinafpuria,falfa , mens, odoriftra. Elle porte chez les droguiftes le notn de cortex tlattrii, fans doute par rapport a fon amenume ff9W*9k\**nxm3*aaa 184 COLLECTION piquante femblable a celie de {'claterium j mais d'ailleurs il n'y a pas d'apparence Acad. Royale que cette ecorce foit celle d'un concombre fauvage. Le nom de chacril vient ms Sciences D2 de l'Efpagnol chacarilla ou cafcarilla. Paris- Malgre fa refTemblance avec le quinquina , le chacril en differe beaucoup. Chymie. a1u g0lK (| epc p|us amer > p[us £cre gr prefque brulant; au lieu que le quin- Annec 171?. quina eft d'une amerrume plus defagreable, Sc a plus d'aftridtion ou de ftipti- cite. Le chacril echauffe ou brule donne line agreable odeur aromatique que n'a point le quinquina. Enfin le chacril ailume a la bougie jette une fumee epaifte & beaucoup de fuliginofites, & ce qui en refte eft un charbon bour- fouffle Sc rarefie , pareil a celui des refines bailees , ce qui marque une grande quantite de maciere refineufe par rapport a ce que le quinquina en peut con- tenir. De la M. Boulduc le fils jugea que le chacril donneroit par l'efprit-de-vin beaucoup d'extrait refine ux , Sc en effet une once en donne cinq gros , d'un gout amer , piquant Sc aromatique, le me me que celui du mixte, Sc d'une belle couleur de pourpre. M. Boulduc ne connoit point de vegetaux qui don- nent tant d'extrait : a peine d'une once de quinquina en tire-t-on vingt grains. Le marc deffeche pefoit trois gros , Sc netoit plus que la partie terreul'e Sc fixe du chacril. II paroit pat-la que le mixte en petite quantite doit avoir beaucoup de verru. Feu M. Fagon avoit dit plufieurs fois a M. Boulduc que dans le terns ou le quinquina etoit encore rare en France , il avoit fouvent employe le chacril -avec lucces dans les fievres intermittentes. Apparemment fa partie refineufe & penetrante attenue Sc divife les matieres mal cuites , epailTes , vifqueufes , qui font le levain de la fievre. Ce febrifuge a cet avantage fur le quinquina, qu'il agit en plus petite dofe, & n'a pas befoin d'etre fi long-tcms continue. En general M. Fagon , au rapport de M. Boulduc, etoit fi perfuade que dans les febrifuges e'eft la partie reiineufe qui agit le plus pour la guerifon de la fievre, qu'il Faifoit fouvent faire une infufion du quinquina dans l'eau-de- vie , pour l'ajouter aux infulions ordinaires , Sc hater par la l'eflfet du quinquina. Quelques-uns y ajoutent d'autres matieres refineufes en fuivant la meme idee. Apinus, medecin & profelfeur a Altorf, paroit etre le premier qui ait em- ploye le chacril en teinture ou en infufion pour les maladies epidemiques Sc cathatrales, & en fubftance pour les fievres ordinaires. M. Scahl , medecin du Roi de PrufTe, en a etendu l'ufageaux pleurefies , aux pcripneumonies , Sc a ces toux acres Sc convulfives qu'on appelle quintts. C'efl: encore en incifant Sc en attenuant des vifcofites que le chacril produit ces bons erTets. Par la meme raifon il eft fort utile dans les cas ou il faut aider ou augmenter la tranfpira- tion. M. Boulduc a eprouve Iui-meme la vertu du chacril dans des coliques veii- teufes , dans des afte&ions hifteriques ou hipocondriaques , qu'on appelle com- munement vapeurs. Mais il eft bon de remarquer que s'il ne s'agit que de fubtilifer des liqueurs, la teinture de chacril fumt, parce quelle contient tout le refineuxj que s'il faut de plus retablir Sc aftermir le relTort de quelques parties qui ont ete fecouees , agitees , tiraillces , il faut le chacril en fubftance , parce qu'on a befoin que fa partie cerreufe Sc rtiptique faffe fon oflice d'af- tringent. Le ACADEMIQUE. ,85 Le chacril en fubftance reuflit pour les hemorrhoides internes qui ont peine — — afluer, pourvu que le maladeait l'habitudedu corps un pen gralfe : c'eftqu'alors /CA0 RoyAl le tilfu dc la peau n'ctant point trop ferrc, le chacril augmente la tranfpira- des Sciincsi d tion, tomes les liqueurs ont plus de liberie; , & les hemorhoides s'ouvrent. Paris. Peut-etre audi le chacril contnbue-t-il a les faite couler en refterraut les vaif- Chyuie. feaux qui contienncnt le fang hemorrhoidal. M. Boulduc a etc tcmoin du fait. Annee 171^. Mais ce qu'il y a de plus particulier Sc de plus avantageux au chacril, c'eft le grand fecours done il a etc- dans les dysenteries de 1719 , foitqu'elles aienc etc accompagnces de fievre ou non. L'ipecacuanha s'y eft prefque decredite , Sc le chacril y a acquis beaucoup de reputation , ce qui ne tire pourtant pas a confequence pour une autre annee ; car il n'eft que trop certain que d'une annee a I'autre les maladies qui ont les memes noms font dirFerentes. M. Boul- duc a reconnu qu'au lieu que l'ipecacuanha & les autres vegetaux emetiques, laiflent un long abattement Sc beaucoup de foiblefle d'eftomac, le chacril re- met 1'eftomac fort promptement , Sc lui tend toute fa force. HISTOIRE NATURELLE. Sur la Torplllc. Par M. de R e a u m u r. ( Memoires , pag. ? 45 . ) JYI'etant trouvc fur les cotes de Poitou dans une faifon 011 Ton y peche afiez communement des torpilles, je me propofai d'examiner ce poiiTbn, non par rapport a fa ftru&ure fur lequel le petit traite de M. Lorenzini imprime a Flo- rence en 167S , ne laiflfe prefque rien a fouhaiter , mais dans la vue de de- Annc'c couvrir la nature , la caufe & les circonftances de rengourdilTcmeiu qu'il fait cprpuver aux perfonnes qui le touchent. Ce poifton appellc en latin torpedo eft nomme Trembh fut les cotes de Poi- tou , d'Aunis & de Gafcognc ; c'eft fous ce nom que Belon en parle. Ron le nomme Torpitle , Sc ce nom qu'on lui donne en Provence etant le plus nine , nous nous en fetvirons par preference. 11 y a plufieursefpeces de torpilles que nous nous difpenferons de cara qui feparalTeni cette matiere , ces coups poiuroienr bien ctre fucceflifs ; car rou- tes Ies parties des corps mous ne frappent pas en meme terns , e'e l'iaipreflion des dernieres ne fe fait que qiund Ies premieres ont ceffe d'ag:r : au refte ces diHcrenrcs cloifons fervent encore .i augmenter le nombre des relloits, Sc par consequent la viiefle & la foice tie Taction. Ces coups redoubles donnes par une matiere molle ebranlent Ies nerfs, & foil qu'ils fufpendent ou changent le cours de quelque rluide qui y circule, foit qu'ils proJuifent dans Ies nerfs un mouvement d'ondulation contraire a celui que nous devons leur donner pour moavoit le bras, il en refulte de I gourdiirement &: de la douleur. D'apres cette explication il femble que lator- pille ne devroit engourdir que lorfqu'on la touche vis-a-vis des deux grands mufcles compofes des groiTes hbres cylindriques; en effet j'ai eprouve , aiiiii ]iie MM. Borelli, Redi & Lorenzini , que c'eil la ou cette adion a le plus de orce ; mails elle fe fait fentir encore a quelques diftances de ces mufcles, & toll) ours d'.iutant plus foiblement qu'on s'en eloigne davantage : on pent pren- dre impunement la torpille par la queue, & ks pecheurs ne manquent p. la failir par la. Ceci n'eft nullement contraire a notre explication ; la peau du poiiTon fe refTentir du coup des mufcles, Sc communiquer avec plus ou moms de force Tebranlement qu'elle a recti , fuivant qu'on la touche plus ou moins pres de 1'endcoit ou clle recoit l'impreiiion. Les auteurs qui ontattribue la vertu de la torpi!!ea certains corpufcules tor - poririques , n'ont pu s'empecher dans leur explication d'avoir recours a ces deux grands mufcles, & ils les ontregardes comme les refer voirs, des prctendus cor- pufcules ; M Lorenzini pretend que la contraction de ces mufcles qu'ii a ob- fervee comme moi , fert a en exprimer les coipufcules : mais li cela etoir, t°. ces corpufcules , comme les parties du feu auxquelles on Ls compare , ngi- roient a quelque difcance , & engourdiroient la main qui s'arprocheroit de . torpille fans la toucher ; l'cloignement rendroit feulement 1'engcufJ. ment plus foible; mais de l'aveu meme de M. Lorenzini, pour p.u cue la main foit fcpareede la torpille , on n'y reflent aucun engourdiirement. :.\ 5i cet engourdiiremciit etoit caule par des corpufcules torporiliques exprime's des mufcles lorfqu'ils fe contiaclent , cet engourdiuTement auroit lieu pendant la contraction ; au lieu qu'il ne commence que quand la contraction ceffe vu cette contraction durer long-terns . & tant qu'elle duroit, nous touchions la torpille fans en reflentic aucun erret. 5". Enrin fi I'engourdiffemer.i ei 1 1'erret des prctendus corpufcules , il croitroit a mcfure que ces corpufcu unueroient dans le bras , comme la main s'echaufte par degres aupres d ; mais au contraire cet engourdiffemenr , comme routes les douieurs c. des coups fubits, n'clt jamais plus fort que lorfqu'U commence, ix S cet inltant il oblige toujours de lacner prife, apres quoi il diminue pat d g i9o COLLECTION '■■'■■■■ ■"■»mn« J'ai fait quelquefois mes efforts pour ne point lacher prife , aynnt un de Acad.Royale mes doigts en deflus, & l'autre en deffous de la torpille, je les preffois for- des Sciences de tement l'un vers l'autre, &: quand je voyois la torpille prete a agir, je redou- Paris. blois mes efforts; mais c'etoit toujours inutilement , ma main s'ouvroit irulgre Hist. Natur. moi des que l'engourdiffement commencoit. 11 femble pennant cju'en preffunc Anncc 1714. ainli la torpille entre les deuxdoigts, on pourroit conrcmr les hb.es claftiques dans leur etat de contraction , & empecher le jeu de res reffotts; mais il hut remarquer ici que le doigt ne preffe pas egalement dans tous fcs points , is: que chaque partie du doigt preffe d'autant moins qu'elle fe trouve plus eloignee du point 011 fe fait la prellion, de forte qu'il fe trouve toujours plufieurs par- ties du doigt expofees a la petcullion fubite de ces fibres; cependant il faut convenirque rengourdiifement a ete leger & moins douloureux lorfque je te- nois la torpille fortement preiTee, que quand je pofois nonchalammeiu le bout de mes doigts fur fon corps. Quoiqus nous n'ayons parle que de l'engourdiffement du bras , on voir bien que les autres parties du corps peuvent l'eprouver de meme ; la torpille engourdit les jambes lorfqu'on marche fur elle nuds pieds ; les pecheurs affu- renc unanimement ce fait , & difent meme que ce coup les renverfe : je n'en ai pas fait l'cpreuve. Quant a la force qu'on attribue a. la torpille d'engourdir meme lorfqu'on la touche avec un long baton , je ne puis l'affurer ni le nier : en touchant une torpille avec une canne de longueur ordinaire, j'ai cru reffentir fon action, mais tres-foiblement : peut-etre y en a-t-il qui peuvent la faire reffentir au bout d'un long baton ; mais je ne puis croire qu'il s'en trouve d'affez vigou- reufes pour engourdir les mains des pecheurs qui tiennent les filets oil elles font prifes , comme le veut M. Perault. 11 eft aife de voir pourquoi Ton ne reffent point ou prefque point d'engour- diffement lorfqu'on touche la torpille avec un baton. Cet engourdiffement najt d'un coup donne avec une extreme viteffe , laquelle diminue en fe com- muniquant au baton , 1'impreiTion que la main recoit dans ce cas, doit etre d'autant moindre que le corps intermediaire eft plus long , & meme elle peut devenir nulle. Mais fi entre le doigt & la torpille il n'y a qu'un corps mince, ce corps peut prendre affez de viteffe pour occalionner l'engourdiffement ; nou- velle preuve que ce n'eft pas l'effet d'une emanation de corpulcules , mais d'un ebranlement qui peut etre re^u & tranfmis par un corps folide, Sc non par un fluide ; en effet le doigt ne fiu-il qua une ligne de la torpille , fi cet in- tervals eft rempli par un fluide comme lair ou l'eau , le doigt ne reffent au- cune impreflion. 11 auroit ete curieux de favoir de quelle epaiffeur doit etre le corps intermediaire pour rendre nulle Taction de la torpille; mais comme la force de cette adtion varie par differentes caufes , & a la volonte de l'anima! , je n'ai pu rien determiner a cet egard. Cette propriete de la torpille ne lui fert pas beaucoup pour fe defendre , Sc ne la fauve gueres des mains des pecheurs; mais fuivant Ariftote , Pline &: la plupart des naturaliftes , elle lui eft utile pour attraper des poiffons ; ce qui eft de fur, au rapport des pecheurs, e'eft que la to"rpille fe nourrit de poiffons , Sc qu'on en trouve fouvent dans fon eftomac : cependant elle fe tient ordinai- rement comme la pliipart des poiffons plats fur le fable ou fur la vafe : peut- ACADEMIQUE. 191 etre y eft-elle en quelque forte a 1'afTut : elle feroit fans doute a redouter aux ■ poilfons qui la coucheroiem. Lorfquc j'ai eu des torpilles vivantes, je n'avois Acad. Rov»u point d'autres poiflons vivans, mais je fais que ces coups redoubles peuvent des Sciences d« faire mourir des animaux plus forts ce femble que des poiflons, j'en ai fait I'^R's- l'cpreuve fur un canard; je choifis cet oifeau comme un de ceux qui ont le Hist. Natur. plus de rapport aux poiflons; je mis la torpille & le canard dans un meme Anueei7i4. vairt~eau plein d'eau de mer& recouvert d'un linge, afin que le canard ne put s'envoler : au bout de quelques heures je trouvai le canard mort , apparemment pour avoir touche trop frequemment la torpille. Une propriete moins vraifemblable atmbuee a la torpille dans l'hiftoire de l'Abiilinie, c'eft de ranimer en quelque forte les poiflons morts , lefquels, y dit-on ferieufement, s'agitent lorfqu'on les met dans un meme vafe avec des torpilles. On aflure dans la meme hiftoire qu'en AbilTinie on fe fert des tor- pilles pour guerir la fievre ; on lie , dit-on , le malade fort ferre fur une table , enfuite on lui applique la torpille fucceflivement fur tons les mtmbres , ce qui le met a une cruelle torture , mais qui eft fuivie d'une guerifon certaine. Bellon rapporte que Ton pretend que nos torpilles appliquees mortes contre la plante des pieds, appaifent audi l'ardeur de la fievre L'Amerique a des torpilles femblables aux notres par leurs effets , mais de figures differentes. M. Richer (a) fait mention d'une efpece que Ton com- pare aux congres , c'eft-a-dire , qui eft d'une figure approchante de celle des anguilles ; il dit qu'elle engourdit le bras lorfqu'on la touche, meme avec un baton , & que fes effets vont jufqu'a donner des vertiges, ce qu'il aflure avoit lui-meme eprouve. Quand la torpille eft morte , nos pecheurs ne la craignent plus ; ils la man- gent comme un autre poiflbn ,cependant fa chair n'eft pas d'un gout fort agrea- ble, & ils en tirent peu de profit; ils jettent les deux grands mufcles dont nous avons parle , & qui ne contiennent gueres qu'une matiere molle d'un gout fort fade ; le foie qui eft le meilleur morceau , eft gros & femblable a celui des raies. Outre les parties indiquecs ci-defTus , on voit dans la figure premiere la peau FFF qui recouvroit le mufde & qu'on a relevee ; le mufcle charnu ou la chair GG du poiflon. Un paquet de vaifleaux HH qui portent une matiere vifqueufe , laquelle enduit le deflus da cotps du poilfon. Diverfes branches KKK , &c. de vaifTeaux a matiere vifqueufe , dont les ouvertures fe terminent a la futface exterieure de la peau comme on le voit en LL. (a) Voycz Mcmoiresdc l'Acad^mie, annce 1677. Annee 1714. 191 COLLECTION Acah. Royale Dts Sciences he £ur U!l petit Vcr aqtiatiqUC. Paris. Hist. Natur. /^a AT. de Reaumur. ( Memoires , pag. 1 o 3 . ) 1l n'eft pas furprenant que le ver dom je veux parlcr air echappe aux obferva- teurs; il eft rare, alfez petit Si pcu remarquable au premier coup d'ceil : fa longueur eft de fept a huit lignes : il a entre la tete & la queue onze anneaux , tons a-peu-pres fphe-riques or femblables a des grains de chapelet enfiles les uns aupres des autres- 11 n'eft ni tout-a-fait aquatique , ni tout-a-fait terreftre, & ne vit pas non plus alternativement fur la rerre & dans l'eau; mais il a tou- jours la tete & la queue dans l'eau & le refte du corps fur la terre , parce que le corps eft replie en maniere de liphon , la branche terminee par la queue eft un peu plus longue que celle qui eft terminee par la tete , quoiqu'il ait cinq anneaux dans cnacune, le recourbement etant pour 1'ordinaire au fixleme an- neau; mais les anneaux font plus longs du cote de la queue que du cote de la tete. Les deux parties du corps ainfi replie, font prefque paralleles, & la tete & la queue toujours fort proches 1'une de l'autre. 11 n'y a que fa tete Si fa queue , & l'anneau le plus proclie de la queue qui foient conftair.ment dans l'eau; les neuf autres anneaux, ou au moins fept, font fur la terre; audi cet infette fe tient-il aupres du bord des eaux tran- quille; fi l'eau le gagne plus que je n'ai dit , il s'eloigne; fi elle le couvre moins, il s'en rapproche a l'inftant. II ne feroit pas aife de faire cette obferva- tion fur un auffi petit infecle lorfqu'il eft au bord d'une grande piece d'eau ; e'eft dans des verres ou dans des talTes pleines d'eau que je 1'ai obleive ; je le voyois toujours s'attacher aux parois du vafe , de facon que fa tete Si fa queue etoient dans l'eau , & le refte de fon corps a l'air ; il seloignoit ou s'approchoit de l'eau , felon que j'inclinois le vafe, de inaniere a le baigner trop ou trop peu. Lorfque ce ver marche de la maniere qui lui eft naturelle , il refte pile e-n forme de liphon , Si e'eft le milieu de fon corps ou le fixieme anneau , e'eft- a-dire , celui qui forme le coude qui avance le premier , tiranc apres lui Si la tete Si la queue , non par un mouvement vermiculaive , mais a l'aide de dix jambes tres-petites dont on ne diftingue pas bien la figure lans le fecouts dela loupe. Ces jambes font attachees au dos du ver, e'eft a dire, fur le cote qui eft oppofe au ventre , en donnant le nom de ventre a la meine partie qu'on nomme ainfi dans les chenilles, les mille-pieds & autres inlecles qui ont des rapports de fieure avec celui-ci ; e'eft le cote vers lequel font les ouvertuies de la bouche Si de l'anus, Si vers lequel la tete eft inclinee qu'on prend pour le ventre. Ce ver eft done toujours couche fur le dos, &: a toujours la bouche tournee en ham , ce qui lui eft commun avec plufieurs elpeces de mouches & d'infetles aquatiques , lefquels fe nourriflent comme lui d'autres infedtes qui marchent ou qui nagent fur la furface de l'eau. Les dix jambes de ce ver font pofees fur cinq anneaux, deux fur chaque anneau , il n'y en a que quatre entre le fixieme anneau Si la tete ; mais ce font les plus grofTes. La premiere paire eft placee vers la fin du troilieme anneau, la feconde vers la fin du quatrieme ou fur le commencement du cinquieme. La ACADEMIQUEf i \ r i i l i> * i it r i , c-.rv,-,-, „„ abondance lur quelques arbres , ou Ion pourroit meme la ramaHer ians leur DBS 5CILNCES DE 1 ~1 . . » . , - . pARiS- fecours; ceux qui lone de cette opinion, croient quo celt cetce laque non re- Hist Natuh. cueillie, ni travaillee par les fourmis , qu'on nous apporte en tvulle, & ou Aiincc 1714. ou ne voit ni les alveoles , ni les petits corps rouges qufe ion decouvre dnns I'autre. Mais il y a plus d'apparence que toute cette matiere a etc rravaillee par les fourmis , & que la laque en ma (To eft celle dont les Indiens ont deja tire la teinture , ou qu'ils one netcoye des ordures qui y etoient melees. De meme nos ouvriers qui fe fervent de la laque en batons pour en rirer la teinture, la metamorphofent en celle que nous appellons laque en grains qui peut encore etre employee a d'autres ouvrages, preferablement meme a la laque en malTe. Mais ce ne font la que des conjectures fur la laque en maile ; il faudroit ve- rifier ces faits fur les lieux , fi Ton aime mieuxs'en rapporter a ce que die Ta- vemier, qu'il y a au Pegu une laque moins eftimee, & melee de quantice d'ordures, parce que les fourmis la depofent a terre , ou elles en font fouvent des monceaux de la groffeur d'un tonneau. 11 faut done diftinguer plulieurs fortes de laques; la premiere eft la laque en batons de couleur d'ambre jaune foncc qui a des alveoles , mais qui n'a pas rec^i affez de chaleur pour prendre la couleur rouge des parties animates qui y font contemns , ou bien dans laquelle ces parties animates etoient en trop petite quantice relativement a la cire. La feconde efpece eft encore la laque en batons d'une couleur plus obfeure a l'exterieur , mais entierement rouge lorfqu'on regarde la lumiere au travers. Cette belle couleur lui vient de ce que les alveoles font remplis , & que les parties animates qui y abondent ont communique leur teinture a la cire a l'aide de la chaleur du foleil. C'eft la laque dans fa maturite, aufll eft-elle plus pe- fante, plus ferree & plus folide que la precedence. La troifieme eft une laque fale en morceaux, melee de terre, de bois , & ou Ton decouvre a peine quelques alveoles ; c'eft peut-etre celle de Tavernier. La quatrieme eft celle de Madagafcar que j'ai decrite , Sc qui reffemble plus , comme je 1'ai dit , a notre cire qu'a la laque ordinaire. La cinquieme eft la laque en graine detachee , de couleur rougeatre. La lixieme eft en groffe malTe ou en pains, qui paroilfent des amas depetits grains reunis Sc de couleur brune : celle-ci paro'it affez revenir a celle dont parle M. Rai, s'il eft vrai , comme il le pretend, qu'il en decode des arbres. J'ai fait voir que la laque en barons eft une forte de ruche comme celle de nos abeilles; voyons a quels ufages on l'emploie. La principale partie de la laque eft celle qui eft renfermee dans les alveoles, &c que je regarde comme une cryfalide ; cependant n'eft cette matiere qui colore tout le tefte, &: lorfqu'elle eft ciree des alveoles & infufee dans l'eau ou dans l'efprit-de-vin , elle donne a ces deux liqueurs une couleur rouge aufli beJle que la cochenille; au lieu que la matiere des alveoles ne donne de couleur aux differences liqueurs qu'a proportion de ce qu'elle en a recu des cryfalides; c'eft pourquoi les alveoles de la premiere efpece de laque font peu colorees , £c ne donnenc que peu ou point du tout de couleur dans les eflais. La laque la plus eftimee pour les teintures eft la laque en branche, psree ACAD^MIQUE. 199 qu'elle contient plus de parties animales. On choifit ordinairement la plus rouge. Celle du Royaume de Bengale eft, au rapport de Tavernier , plus chere . fur les lieux que celle qui vient du Pegu , parce que les habitans de Bengale nts sconces t>i en tirent la belle couleur d'ecarlatte done lis teignent leurs toiles. Celt an Hi pA(Us. celle qu'on tranfporte en Perfe pour les teintures. 11 dit aulli que celle du Pegu Hist. N'atur. eft la moins eftimee, parce que e'eft le pays ou les founnis plus negligentcs la Anncc 1714. depofent a terre He par monceaux. Pour tirer la teinture rouge de la laque , dit le P. Tachard , on la fepare des branches , on la pile dans un mortier , on la jette dans l'eau bouillante, & quaud l'eau eft bien teinte, on en remet d'autre jufqu'a ce qu'elle ne teigne plus. On fait evaporer au foleil la plus grande partie de l'eau. On met ceite teinture epaiffie dans un linge clair, on I'approche du feu, 5c on 1'exprime au travers du linge. Celle qui a paffe la premiere eft en gouttes tranfparentes , &C e'eft la plus belle laque; celle qui vient enfuite par une plus forte expref- fion , & qu'on eft oblige de racier avec un coiiteau , eft plus brune & d'un moindre prix. Telle eft la preparation la plus limple de la laque, qui n'eft qu'un extrait de la liqueur rouge que donnent les parties animales. Cet extrait conferve le 110m de laque, & e'eft de cette premiere preparation que les autres qui fe font introduites depuis, ont pris leur nora. De U viennent routes les laques employees dans la peinture , &c qui font des pates feches auxquelleson a donne en premier lieu la couleur de la laque , felon les differens degies necellaires pour la gradation des teintes. Ce 110m s'eft ctendu depuis a quantite de pates feches &c de poudres de differences couleurs , & teintes avec differentes matieres; & de routes les poudres rouges qui s'em- plolent aujourd'hui , il n'y a que la laque de la cochenille qui ait change de nom pour prendre celui de carmin, emprunte du kermes. L'on fait une preparation de laque plus compofee pour teindre en rouge les peaux de maroqnin ; il y a apparence que les plus beaux maroquins du Levant i'onr prepares avec cette matiere , quoiqu'aucune relarion ne nous l'aitapptis. 11 eft certain que ceux qui les preparent en France, iV qui ont imite de pies la fabrique du Levant, y emploient la laque, foit qu'ils y aient ete portes par conjecture ou par quelque connoiftance qu'ils en ont eue , car ils en font encore un fecret. Void ce que j'en ai pu apprendre. On thoifir la laque en batons la plus coloree, on la fepare des batons, on la reduir en poudre, on la jette dans l'eau bouillante avec da la noix de galle cpineufe & legere , de l'alun & un peu de cochenille. Lorfque la teinture eft: faite on y paffe les peaux de chevres qui ont ete appretees auparavant d'une maniere particuliere , qu'ils nomment le confis. Cette preparation confifte a faire tremper ces peaux dans un bain fait avec la heme de cbien , parce que cette matiere eft apparemment plus propre a exalter la teinture que le tan ou les au- tres drogues femblables. Ces peaux etant bien lavees &c coufues en double pour que la couleur ne prenne que dun cote, font paffees a cette teinture jufqu'a ce qu'elles loient affez colorees , apres quoi on les feche , & on les luftre avec de l'huile de [in. II n'en eft pas de meme des peaux de moutons rouges qui fe fabriquent a Limoges. On n'y emploic qu'une laque commune tiree du Brefil, om il n'entrc point de laque en batons. Acad. Royale des Sciences de Paj [S. Hist/N'atur. Annc'e 1 7 1 4. 100 COLLECTION La matiere qui refte aprcs la teinture pout les maroquins, eft en maffcs le- geres, boutfoulilies , de differences figures, de couleur rouge plus ou moins ronce, ce que les ouvriers nomment gravois. On l'emploie avecd'autresma- tieres pour la cire d'Efpagne commune. La partie de la laque qui forme les alveoles , fert a fabriquer la laque plate , qui eft une laque fondue & jettee en feuilles minces Sc tranfparentes. 11 s!en eft vu en petits morceaux plats , ronds d'un cote Sc creux de fautre , que Ton a nomine laque a oreilles i caufe de fa figure. Toutes ces laques s'emploient dans les vemis , fur- tout la laque en batons Sc la plate. L'analyfe de la laque fert encore a juftifier la comparaifon que j'en fais avec notre cire , car on en tire a peu-pres les memes principes , favoir up efprit acide 6c un beurre, comme l'a remarque M. Lemery. Mais comme les parties animales contenues dr.ns la laque doivent fournir quelque chofe de particulier, Sc qu'il n'eft pas aife d'en faire l'analyfe feparemcnt, j'ai pris de la laque re- duite en grains, apres avoir fervi aux teintures , & abfolument depouillee des parties animales , & j'ai remarque par l'analyfe entre cette laque en grains & la laque en batons , une difference qui juftifie mes conjectures fur les petits animaux renfermcs dant les alveoles ; car l'efprit acide tire de la laque en ba- tons eft mele avec un efprit volatil que la feule partie animale peut rournir, Sc qui fe manifefte en produifant un precipice blanc dans la folution du fublime cotrofif, ce que ne fait point l'efprit acide de la laque en grains qui ne contient point de parties animales. L'examen des parties animales contenues dans la laque m'a donne lieu d'exa- miner aufti les autres matieres animales qui donnent la teinture de pourpre. Celle qui a ete le plus long-tems en ufage eft le kermes que je range an nombre des galles , parce que c'eft une excroiffance produite fur un arbre par la piquure d'un infedte, Sc qui prend de la fon nora, kermes en Arabe, iignifiant vermiffeau. On ne peut douter que le kermes n'ait ete connu & em- ploye par les anciens', mais on fait aufll qtul y a eu nombre de differentes ma- tieres qui croiffent en divers pays &c fut differentes1 fortes d'arbies Sc de plan- tes, Sc qui toutes ont fervi aux teintures d'ecarlatte. De toutes ces matieres il n'ya plus que le kermes qui ferve encore quelquefois dans nos teintures. Ce font de petites vellies rondes , groffes comme des pois qui fe trouvent fur l'ar- biiffeau nomine lilcx acculcata cocci glandifera, C. B. p. 41 5 . Cette veffe caufe'e par la piquure d'un infefte qui y depofe fes ceufs , paroit a 11 ptintems fur les feuilles Sc les jeunes pouffes decet atbriffeau; elle eft d'abord audi petite qu'un grain de millet ; mais elle groffit infenliblement , & devient a 1'exterieur d'une couleur gnfe cendree, qui n'eft autre chofe qu'une efpcce de fleur femblable a celle qui paroit fur quelques fruits Sc qui cache leur couleur rouge. Les Grecs ont nomine ce grain Coccos Baphichce , les Arabes Kermes alkermes , Sc les Latins Coccus ou Vtrmiculus , d'ou nous vient le nom de Vermilion : celui d'Ecarlatte. qui eft le plus en ufage , vient , dit-on , de 1'ancien Celtique. Lorf- que cette galle eft mure, on la cueille, on en tire le fuc ou la pulpe en l'ecra- fant, ou bien on l'arrofe de vinaigre pour tuer les infecT.es qui font renrermes dedans; car fi on les laiffe eclorre , ils laiffent les coques vides , & en fortenc fous la forme de petits moucherons pareils a ceux que Ton voit fe venir noyer fur le vinaigre Sc fur les autres liqueurs odorantes qu'on laiffe expofees a fair. En ACADEMIQUE. 101 En obferv.mt bien ces coques f-ches , j'en ai trouve beaucoup de vides; cellcs- ■■ la avoient un tron a I'endroit par ou elles adherent a la feuille de 1'arbre. Cette acab. Royals £alle eft fort legere , fragile , a(Tez luifante , & d'un rouge vif : elle eft couverte DES Sciences db d'une pellicule membtaneufe, fort dcliee &c cairante,excepte I'endroit pacou elle I'aris. tient a la feuille ; car de ce cote elle eft an peu applatie , & l'on y voir une ma- Hist. Natur. tiere ronde , blanche , charnue , qui paroit fervir tout a la fois de pcdicule a la Anacc 17 14. baie, & de courerde pour empecher l'air d'y penetrer. La peau de la baie forme a la jon&ion du pcdicule uns efpece de bourlet qui eft ench.ifle dans le pedicule comme dans une feuillure. Sous cette premiere coque il s'en trouve une autre plus tendie, quoique plus epailfe 2c de couleur rouge \ c'eft appa- remment le fuc defteche, le parenchyme qui foutenoit les infe&es. L'interieur de cette feconde coque eft divife en deux 011 trois cavites qui va- rient comme celles de certains fruits ou baies. La plus grande eft remplie d'une poulliere femblable a une vermoulure , dans laquelle on diftingue hcilemenr du blanc 'Sc du rouge. Cette matiere , que les teinturiers emploient , eft ce qu'on nomine communement paftel d'ecailatte. Ayant mis de cette poudre an roicrofcope , les parties blanches m'ont paru figurees en cornets fort delies, ce font apparemment les enveloppes d'ou les infedes font fortis. J'ai fait l'analyfe du kermes, & j'en ai tire, independamment du phlegme qui avoir l'odeur du kermes, mais qui n'a rcpondu a aucun elTai, pluficurs portions de liqueurs urineufes & volatiles qui n'ont point altere la teinture du tournefol , mais qui ont verui celles des violettes & des rofes. Cequ'il y a de particulier, c'eft que dune livrede kermes que j'avoismifedans la cornue , j'ai tire demi-once d'un beau fel volatil cnftalhfe, & la valeur d'une dragme ou deux melange avec une huile citrine. L'huile fctide a ete ires abon- dante fans etre noire, elle ctoit epaifTe comme du beurre & d'un jaune fonce. Je ne puis mieux comparer les principes que j'en ai tires qu'a ceux de la foie platte , dont l'analyfe a ete faite par feu M. Tournefort. Le kermes eft done une matiere qui tient plus de l'animal que du vegetal , ou plutot qui a ete entierement transformed par l'infcde en une fubftance ani- male , puifqu'il donne beaucoup de fel volatil & de foufre trcs-pur. On fait peu d'ufage a prefent du kermes dans les teintures , & fi on ne 1'employoit pas en medecine , on en auroit fans doute neglige la recolte , Sc nous pourrions bien ne le plus connoitre que fur le rapport de ceux qui l'au- roient vu recueillir en Languedoc; nous avons perdu de mesne 1'ufagedes au- tres coques ou vers & de plulieurs matieres animates qui fcrvoient autrefois a la teinture de pourpre : telles font la pouipre des anciens , celle que AI. de Reaumur a obfervee : les infectes de la racine de la pimprenelle, ceux du len- lifque, de la parietaire , du plantin , &; enhn ceux du knavel qui fe trouve cu qu.intite en Pologne , lefqucls m'ont paru meriter quelquc attention. Cette derniere matiere ayant ete encore obfervee de nos jours, eft un peu plus connue \ c'eft une coque nommee par quelques-uns cochenille de Pologne. La plante a la racine de laauelle elle fe trouve, eft une efpece A'silchimilta graminio folio. On ramalTe ces coques au mois de Juin \ la coque renferme un ver rouge dont le fang donne une bonne teinture , ce que les habitans one fouvent reconnu aux txcremtns rouges des poules qui en avoient mange. On ramalToit auttefois ces infedejs avec loin , & on les etouftoit dans l'eau Tome IT, Panic Frangoiji. C c 102 COLLECTION *"■"* ■" *"— ' fraiche & quelquefois dans l'huiie. Les Ephemerides d'Allemagne difent que Acad. Royale 'es Hollandois les emploient encore dans les teintures avec la cochenille, & pes Sciences be qu'on les ramaffe fans faire tort aux plantes avec une efpece de truelle creuie i>ARIS- faite expres; mais cet infedte n'eft plus connu des teinturiers. Hist. Natue. |__a cochenille qui nous vient d'Amerique en li grnnde quanthe, & dont la Aimcc de 171+. couleur eft li belle , a rendu inutiles prefque toutes les matieres dont on fe fer- voit auparavant. Quelque commune que foit cette fubftance, les auteursn'ont pas ete d'accord fur fa nature, les tins ayant pretendu que c'etoit uninfette, 8c les autres unegraine. Le pere Plumier, Minime , grand botanifte, aifure que la cochenille qu'on appelle mejlequt , eft un infedte femblable a une punaife , que Ton recueille fur une plante de l'Amerique nominee Opuntia major vali- diffimis acu/cis munita. Injl. R H. &c que nous appellons cardafte , raquette & figuier d'inde. Pomet, fur la foi d'un de fes amis qui etoit fur les lieux , prc- tenddit que la cochenille etoit une graine. Cette derniete opinion , quoique la moins fuivie, n'a jamais ete, que je fache , expreftement refutee, & Ton ne peut decider la queftiori fur la leule infpeclion de la cochenille deftechee telle qu'on nous 1'apporte. Pour eclaircir ce fair j'ai mis de la cochenille dnns Feau, elle s'y eft renflee & a repris une fouplefte & une forme qui ne peut coiivenir qu'a un infecle. On y diftingue a la (imple vue la tete , l'anus , les efpcces d'anneaux , les pla- ces des pattes , & on les decouvre fenliblement a l'aide du microfcope. J'en ai prepare de la forte cii l'on voit les pattes bien aniculees , trois de chaque cote ; mais je n'y ai appercu aucun veltige d'ailes, cependant quelques-uns ont pre- tendu que la cochenille etoit une efpece de fcarabee. J'en ai ouvert quelques- anes des plus groifes , il en eft forti une liqueur rouge avec une efpece de gtappe attachee a un canal creux garni de petits grains , qui au microfcope paroiftcnt etre de petitescocheniiles. Cette configuration tant interne qu'externe , fait voir que la cochenille eft veritablement un infeite. Le pere Plumier l'a comparee a une punaife, ce qui eft aftez jufte j cependant elle n'eft pas (i platte , & je crois quelle a encore plus de reflemblancepar fa tondeura ces fortes d'infedtes qui s'attachent aux chiens. Quoique l'infccte de la cochenille naiffe fur divetles fortes d'aibres , cepen- dant , fuivant la remarque du pere Plumier , il ne donne la belle couleur d'e- carlatteque quand i! a eteeleve fur les feuillesdertt/j/; Annec 1714. Qn a donne a cette matiere differens 110ms, cV je lui conferve celui de ker- mes que les Arabes lui ont donne &c qui lui eft confacre par cet eiectuaire fi connu qu'on debite en ce pays , & que 1'on appelle confection Alkermcs : oil l'a nomine aulli coccus baphica , coccus infecloria , coccum fquarlulinum , granum tinclorium , vermilion 8c graine d'ecarlatte. On le recueille ordinairement depuis la fin du mois de Mai jufqnes environ la Saint- Jean, ou meme jufqit'a la fin de Juin, lorfque la recolte en ell abon- dante ; 8c e'eft fur cette efpece de chenevert que Gafpard Baubin a nomrree ilex aculeata cocci- glaniiferu\ Jean Bauhin fon frere , Ilex cocci-gem ; l'auteur de I'hiftoire des plantes de L.yon , d'apres Pline , Ilex aquifolia \ Valerius Cordus dans fes annotations fur Diofcoride , Lobel dans fes adverfaires , Caftor Du- rances 8c Taberna, Coccus inficloria; maisce dernier nom eft prcprement celui du kermes , 8c non de l'arbufte fur lequel on le trouve. Cet arbufte s'eleve a la hauteur d'environ deux pieds, fa racine qui trace beaucoup , eft ligneufe 8c convene d'une ecorce de la couleur du terrein quelle occupe, tantor noiratre, tantot rougcatre. 11 y a des pieds mi cette racine a plus d'un demi-pouce de diametre, 8c d'autres ouellen'a que trois ou quatre ligner.j quelquefois elle eft garnie de p'uiieurs fibres , d'autres fois elle n'en a point du rout. Elle poufte plufieurs liges dont l'ecorte eft d'un blanc cendre & fori mince; ces liges fe divifent en plufieurs branches qui font chargees de fe utiles d'un vert gai , rangees fans ordre , ondees fur leurs bords & armees autour de quelques piquans , de forte qu'elles ne reiremblent pas mal aux feuilles du houx; mais elles font beaucoup plus petites, n'ayant ordinairement qne huit a dix lignes de long fur fix a fept de large ; elles font attadiees par un fort petit pedicule , qui n'a pas plus d'une ligne de long. Les fleurs font des chatons a- pcu-pres femblables a ceux d'un chene vert ordinaire , qui font compofes de plufieurs fleurs en godet decoupe en pointe , du fond duquel selevenc quel- ques examines. Les fruits font des glands aflez gros pour la petiteffe de l'arbufte qui les porte ; ils font prefqu'entierement renf:rmes dans line efpece de ca- lotte raboteufe 8c heriflee de perites pointes alTez riules. 11 s'en trouve dans nos campagnes une autre efpece que Lobel nomme Ilex media coccifircc I/ici planh fuppar , foliis aquifolii. 11 eft fort difficile de diftmguer celui-ci du precedent avant qu'il foit charge de fruits ; mais fes glands font beaucoup plus longs & plus evafes. Je n'ai point encore obferve s'il s'y trouve du kermes. Les auteurs font partages fur l'origine du kermes ; felon quelques-uns cer- tain vermifTeau pique l'arbufte , y fait naitre une coque ou une veflie , dans laquelle s'amaflTe un fuc qui devient rouge en murilfant; le vermifleati fe Joge dans la meme coque, fe nourrit du fuc qu'elle contient , y devient adulte, &: y fait fa ponte, d'od nait cette multitude d'infectes qui fe trouvent dans la coque , 8c qui eft telle , felon ces auteurs , que lorfqu'on fait fecher le kermes , il en fort une fi grande multitude de vermifieaux & de moucherons prefqu'im- perceptibles, qu'il femble que touse fa fubilance interieure fe foit conveitie ACADEMIQUE 105 en ces infe&es , de forte qu'il ne rcfte qu'une peau vide & legere. Se'on d'au- tres auteuis, ces infec~r.es s'engendrent au printems dans certaines gouttes de Acad. Rotali liqueurs qui paroilfent alots fur cet arbufte , Sc qui fe condenfent & sechauf- pmSwimcbi di fent enfuite par Paction du foleil. Entin d'aurres aunbuent 1'o'rigine du ker- PAr-'s- % » , r , .- ,- , , f, b Hist. Natur. mes a quelque portion de lenience ou a ties ccurs depolcs par certains petits animaux qui habttent ordinairement , ace qu'ils prerendent, fur ce mcme ar- nse ' * bufte.Ce dernier fentiment me paroit lemieux fondc 5 quant a moi, voici ce que j'ai obferve. Vers le commencement de Mai on trouve fur differens endroits de Xlhx acuhaia cocci- gland: fira , tant a la tige qu'aux branches , a leurs aiflelies &C mcme aux feuilles, des points blancs d'e-nviron tine dcmi ligne de diametre, veloutes & rides , qui lorfqu'on les ecrafe , rendent une liqueur rouge tour- a-rait femblable a du fang. Ces petits points en gro'Titlant infenfibleir.ent de- viennent une coque blancnatre placee fur une efpe-.e de duvet blanc, laquelle etant parvenue a fa j'ufte grolfeur, fe trouve remplie de petits ceufs tres-rouges, tres-vermeils, Sc dont la coque eft une pellicule blanche Sc deliee. Chaqne ceuf renferme un petit animal ovoide fort rouge qui a lix pieds, trois de cha- que cote , deux comes ou antennes Sc une queue fouahue. La coque du kermes fe fepare aifement du duvet fur lequel elle femb'e avoir pris niiilance ; le duvet fe detache aifement audi de Parbulle fans y laitfer aucune trace d'adhcrence que Ton puilfe appercevoir , mcme avec le fecours dc la loupe ; ce qui fetnble prouver que les ceufs depofes en premier lieu dans ces ditferens endroits , y font d'abord eclos , & que l'infe&e qui en eft fotti s'eft conftruit une loge ou coque pour y pondre a fon tour ces ceufs que Port trouve en 11 grande quantite dans cetre mcme coque a laquelle on a donne le nom de kermes j & ce qui femble conhrmer cette opinion , c'eft que lorfque la recolte en a ete fort abondante , on eft quelques annces fans en recueillir, apparemnient parce qu'il n'eft pas refte afTez d'nifectes pour depofer des ceufs en fulfifante quantite les annees fuivantes. Des que ces petits animaux font eclos , ils fortent de la coque Sc courent de cote & d'autre, pour chercher leur nourriture Sc un endroit pour depofer leurs etufs : mais ils n'acquierent point d'ailes, comme on Pa prc'tendu ; Sc fi parmi ces infectes on voir quelquefbis des moucherons, ces derniers doivent leur naiffance a d'aiyres vermilleaux que l'on trouve, quoique fort rarement, dans la coque du kermes, Sc qui font peut-etre fortis d'nne certaine tumeur qui fe trouve quelquefois fur le meme arbufte. Ces vermilleaux fe gliftent dans la coque du kermes, Sc fe nourrilfent du fuc Sc des ceufs qu'elle contient. J'en ai trouve de totit-a fait femblables , & mcme avec leurs moucherons , dans plu» fieurs tetes de chardons , d'ambreites , de jacees Sc d'autres plantes de mcme nature, Sc je n'y trouvois point alors de leniences ; car ces vers ont coutume de les manger. Des que les coques du kermes font cueillies, o\\ leur donne differentes preparations felon les differens ufages auxquels on les deftine. Pour faire la confection alkermes , on en reduit la pu'pe en (irop ; pour cela on choilit let coques les plus recentes, Sc apres les avoir bien nettoyees, Sc des feuilles 6c de toute autre ordure , on les pile dans un mortier de marbre avec un pilon de bois , puis on palle la pulpe far un tamis de crin renverfe, avec une fpatulc de Amice 1 7 14. ioe Paris. Hist. Natur. Annce 17 1 4. Sur dcs Coquillagts petrifies. (Hifl.pag. S.) JYI. df. Lagny a vu en Poitou descoquillagcs petrifies & tres-bien confetves, qu'on a rrouves a hait 011 dix pieds en terre fur des cdteaux eloignes de la mer de dix 011 douze lieues : il y avoir parmi ces coquillaces plufi'eurs comes d'Am- mon. II a vu audi pies de I'Encloitre maifon de Fontevraud, 1111 champ tout convert de coquilles d'huitres petrifiees, grandes comme des alliettes. Sur tin Chien pari ant. (Hijloirepag.j.) Jans nn garant tel que M. Leibnitz, temoin oculaire, nous n'aurions pas la Annie 171c. hardielle de rappocter qu'aupres de Zeitz dans la Mifnie il y a un chien qui parle. Celt an chien de payfan , d'une figure des plus communes & de grandeur mediocre. Un jeune enrant lui entendit pouller quc-lques fons qu'il crut ref- femblet a des mots Allemands, ic fur cela fe mit en tcte de lui apprendre a parler. Le maitre qui n'avoit lien de mieux a faire , n'y epargna ni fon terns , ni fes peines , & heureufement le difciple avoir des difpofinons qu'il eut cte difficile de retrouver dans un autre. Enfin au bout de quelques annees le chien fut prononcer environ une trentaine de mots. De ce nombre font the, cafFe chocolat , aliemblee , mots francois qui ont paile dans l'allemand tels qu'ils font. 11 ell a remarquer que le chien avoir bien trois ans quand il fut mis a lecole. 11 ne parle que par echo, e'eit-a-dire, apres que fon maitre a prononce un mot, & il femble qu'il ne repete que par force 6c malgre lui, quoiqu'on ne le maltraite point. Encore une fois, M, Leibnitz l'a vu & entendu. Sur le Lievre ou Chat marin. (Hijloire pag. it.) .Le lievre ou chat marin eft un animal qui , malgre fon nom , marche tres- lentement & n'a point de jambes. II reflemble afftz au limaces rerreftres ■ il a comme elles des cornes, mais plates. M. de Reaumur a obferve fur la cote de Poitou la maniere dont cet animal s'accouple. La femelle a l'ouverture de la parue feminine prefque au milieu du dos. Le male monte fur elle ; il fort de deflous fon ventre une partie mafculine tournee en fpirale, a-peu-ptcs comme celle des canards. io8 COLLECTION ACAB. ROYALE Paris" * Obfcrvatiotis fur les Mines de Turquoifes du Royaume , fur la Hist. N'atur. nature de la matiere qu'on y trouve, & fur la maniere dont on Aur.ee 17:;. fa} dQnnc [a coulcur. Par M. B£ Reaumur. (Memolrcs page 174.) JLe Royaume n'eft pas riche par fes mines de pierreries ; fori terrein excellent fournit abondamment des biens dont la valeur eft independante de l'opinion. 11 n'eft pourtant pas entierement depourvu de ces pierres rares qu'un confente- ment prefqu'unanime a mis a un haut prix ; mais nous ne fommes pas toujours aflezattentifs a profiter denosrichefTes; laPetfe eft fameufeparmi nous, comme elans le refte du monde, par fes Turquoifes : peut-etre les lui envions-nous, pendant que nous ignoronsque les mines de ces pierres font plus rares enPerfe qu'en France, Si que les Turquoifes que nous negligeons de tirer desnoties, ne font pas fort inferieures a celles qui nous viennent d'Orient , pour ne rien dire a prefent de plus 5 qu'elles meritent davantage l'attention de ceux qui aimtnt 1'Hiftoire Naturelle Ik la Phyfique. Nous le verrons lorfqu'apres avoir examine les Turquoifes en general, nous viendrons aun examen particulier de celles du Royaume. La Turquoife eft regardee comme la premiere des pierres opaques : fa cou- leut eft bleue. Le bleu de celles qui font le plus eftimees, n'eft ni fonce, 111 clair ; fur-tout il ne doit pas etre blanrhatre , ou en terme de jouaillier , il ne ion pas reflembler au bleu d'empois , il doit plutot approcher du bleu de vert de gris en mafle; fans avoir une nuance de vert fenfible, il peut tirer un psu lur le verdatre. C'eft une des pietres precieufes des moins dures : fa durete egale a peine celle des criftaux , ou celle des cailloux tranfparens; mais il y en a de bien plus tendres les lines que les autres. Les plus dures , toutes chofes d'ailleurs egales , font les plus belles , 8c cela parce que la vivacite du poli eft proportionnee dans toutes les pierres a leur durete; ce- pendant celles qui font d'une belle couleur, d'un poli vif , qui n'ont fur leur furface ni filets , ni raies , ni inegalites dc qui pefent plufieurs karats, font tres-cheres. Rofnel , jouailler & auteur d'un traite fur les pierres precieufes, a prefent aflez rare, imprime il y environ 50 ans fous le titre de Mtrcitn lndien ; Rofuel , dis-je , dans ce traite ou il apprecie les pierreiies en connoif- feur , eftime les Turquoifes qui raftemblcnt les qualitcs que nous venons de rnpporter, fur ie pied des Emeraudes les plus parfaites, ceft-a-dire, autant cjue le diamant. Il eft vrai qu'il ell rare de trouver de ces pierres d'une grolTeur on pju confiderable , fans defauis , & les defauts diminuent bien leur valeur. Le meme Rofnel qui a mis les parfaites a un fi haut prix, n'eftime qu'un ecu le karat de celles qui pefent peu , & qui pechent encore par quelqu'autre endroit. II y a apparence que les premieres Turquoifes qu'on a vues en Lurope , y ont ece appotteesdeTurquie , & que de-la vient leur nom. Quelques aureurs en tirent cependant I'etimologie de bien plus loin, il n'eft pas crop aife de deci- der fous quel nom ks anciens en ont patle ; ils ont cara&erife la plupart des pietres , A C A D E M I 0 U E. lor, pierres , de f.icon qn'il n'eft fouvcnt pas polllblc de les reconnoitre. Bien tics ■— modernes ne travaillent pas mieux pour la pofterite; ne fera-t-tlle pas em- AcAD R0yAlE barradee pour favoir quelle eft la pierre que nous appellons aujourdhui Tur- ues Scunces de quoifi , quand elle rrouvera dans le livre de Berqtien, joailiier de profcflion, Paris. qui par consequent devoir avoir manie bien des Turquoifes dans fa vie, que Hist. Natu*. cetce pierre eft tranfparence , qu'elle ne tienr fon opacite que du chaton dans Aun.ec 17 iy. lequei elle eft fertie ? Elle eft cependant opaque, (1 quelque pierre l'eft. J'en ai calTc plulleurs pour en avoir des morceaux minces, j'en ai confidere vis- a-vis le grand jour qui n'avoient pas une demi-ligne d'epaiffeur , je n'y ai ja- mais trouve aucune tranfparence. Quelqu3$-uns croient que cette pierre eft celle que Pline nomme Bona, & qu'il a placee parmi les differences efpeces de Jafpes. D'autres veulent que ce foit celle qu'il a appellee Calais, quoiqu'il ait die expreflement que cette der- niere pierre eft verte. Rofnel nous raconte meme la maniere done on tire les Turquoifes de leurs minieres d'apies l'hiftoire, ou plutot d'apies le conte qua Pline a rapporte fur la maniere dont on tire le Calais de la fienne. 11 veut que cette pierre ne fe trouve que fur le fommet de quelques rochers que les glaces rendent inaccellibles, qu'avec des frondeson les abatte a coups de pierres; 8c de 1A vient , felon lui , qu'on en trouve peu d'entieres Voili des rochers pla- ces bien favorablement , malgre les glaces qui les environnent, puifqu'on fait tomber de leur fommet les Calais ou les Turquoifes dans des endroits ou on peut les ramaffer. On a debite audi bien des chofes incertaines fur le pays out le touvent les Turquoifes ; leur 110m a ete plus que fufrlfaiit pour engager des auteurs a ecrire qu'il en vient en Turquie. On a pretendu qu'il s'en trouvoit dans Flufieurs endroits des Indes , 8c que e'etoient les plus belles. Boece ajoute que Efpagne en produit aulli bien que quelques cantons de 1'Allemagne tels que la Bohe'me & la Silefie. Tavernier engage par fon commerce a s'inftruire fur les pierreries , & qui ne menageoic point fes pas , allure qu'il n'y a en Orient que deux mines de Turquoifes connues , toutes deux fituees en Perfe : I' une , dit-il , qui eft appellee la Vieille- Roche , a trois journees de Meclud , tirant au Nord- Ouefl , pres d'un gros bourg nomme Necabourg : I' autre que Von nomme la Kou- velle-Roche, en eft a cinq journees. Celles de la Nouvelle font d'un mauvais bleu tirant fur le blanc & peu eftimees , & ion en prend de cellesla autant que I'on veut pour peu d' 'argent ; mais depuis plufieurs annus, le Roi de Perfe defend de fouiller dans la Vieille pour lout autre que pour lui , pane que n ay ant point d'orfevres du Pays que ceux qui travaillent enftl, & qui n'entendent rien a imailler fur lor , com me gens qui ont peu de dejjin & de taille , Us fe fervent , pour les garnitures des fibres & des poignards , £• autres ouvrages , de ces Turquoi- fes de la Vieille- Roche , au lieu d 'email, lefquelles Us taillent & applique ne dans des chatons , felon les fieurs & autres figures qu'ilsfont. Cela frappt ajfe^ la vue, & part d'un travail patient , mais qui na aucun deffln. II y a lieu de croire que la Vieille-Roche de Perfe eft epuifce , ou du moins que les pierres y font encore beaucoup plus rates que du terns de Tavernier. On a l'idee recente de lambaffade que le Roi de Perfe a envoyce a Louis XIV. & Ton faic que quantitc de Turquoifes faifoient partie des ptefens apportes de ces pays eloignes ; cependant toutes ces Turquoifes font de la Nouvelle Roche , leur couTeur tire fur )e blanc , comme celles dont Tavernier nous a Tome IV, Panic Fran$oife, Dd iio COLLECTION —— parle ; elles ne font point proptes a recevoir un beau poli , leur groffeur n'eft Acad. Royale pas confiderable : en un mot il ne nous feroit peut-etre pas difficile de renvoyer des Sciences de en Perfe de plus belles Turquoiles & de beaucoup plus grolfes , il nous voulions Pas-is- faire fouiller dans nos minieres pout en titer les pierres qu'elles renferment. Hist. Natur. l£s joa;Hiets & ]es Upidaires divifent les Turquoifes, comme toutes les anee *7l5- pierres precieufes , enOrientales & en Occidentales , ou, encote plus fouvent , en Turquoifes de Vieille-Roche & Turquoifes de Nouvelle-Roche. Ceite di- vifion n'a pas contnbue a mettre nos pierres en credit ^ ils font honneuta l'O- rient ou a la Vieille-Roche de toutes celles qui font parfnites, ck donnent a l'Occident ou a la Nouvelle-Roche toutes celles qui font de pen de valeur. Inutilement nos mines produiroient les plus belles Turquoifes, on les nom- meroit Turquoifes de vieille-Roche ou Orientales. Ayant donne a tailler a un lapidaire habile plulieurs morceaux de Turquoifes tkees furement de nos mi- nieres, dans la vue de favoir quelle etoit leur duretc, quel poli ilsptendroient fut la toue Sc quelle feroit leui couleur apres qu'ils auroient etc polis , le lapidaire trouva une grande difference entre les morceaux , &c elle etoit grande effedtive- ment. A mefure qu'il les tailloit , il me montroit ceux qui etoient de Nouveile Sc ceux qui etoient deVieille-Roche. Entre ceux qu'il appelloitdeVieille Roche, il s'en rencontroit un , a la verite petit , qui ne le cedoit en durete a aucunes despier- res de ce genre ; fon poli par confequent etoit des plus vifs & fa couleur par- faitement belle. J'eus beau dire a mon lapidaire que ces diffeiens morceaux etoient venus de la meme mine , il ne contefta pas le fait , mais ne changea pas non plus de langage , Sc cela parce qu'une pierre parfaite en fon genre , ou une pierre de Vieille-Roche , font pout eux des expreffions fynonymes. L'eftet cependant de cette fagon de s'exprimer eft de faite croite que les pierres qui naiffent chez nous , ne font d'aucun ptix , & que nos mines ne meritent pas d etre travaillees, Les mines du Royaume qui donnent des Turquoifes, font dans le Bas-Lan- guedoc , proche la ville de Simote Sc aux environs , comme a Baillabatz & 2 Laymont. II y en a aufli a-peu-ptes dans le meme pays du cote d'Aufch , & a Gimont , Sc a Caftres. Borel , dans fon livredes Antiquites Sc Raretes des en- virons de Caftres , pretend qu'on en trouve a Venes ; mais e'eft inutilement que M. de Bafville, Intendant du Languedoc , a pris tous les foins roflibles pour en faire chercher \ on ignore meme a Vencs qu'il y en ait eu autrefois. On ne fait point auffi a Simote en quel terns Sc pat quel hafatd les minieres de Tur- quoifes y one ete decouvettes j tout ce qu'on en dit dans le pays , e'eft qu'elles font connues depuis environ quatre-vingt ans. Le plus ancien auteur que je fache qui paroiffe en avoir fait quelque mention, eft Gui de la Broffe dans fon livre fur la nature, vertu Sc utilite des plantes, imprime en 1C1S. Cequ'i! en dit n'eft pas fott etendu Sc a befoin de commentaite. Apres avoir parle de la licorne minerale dans le corps de fon livre, pag. 411 , il renvoie a une note marginale ou il ajoute , que cetie licorne eji une pierre en figure comme. la come ( ce font fes termes J de conjijlance de pierre , qui mife au feu par degre's , donns la vraie Turquoife : elle efi nommee licorne minerale, pane quelle rejfcmb'ea la corne d'un animal. II nomme auffi pages 467 Sc 521 la licorne minerale , la Mere des Turquoifes. Comme ce n'eft pas une propriete commune a toutes les ILornes minerales de prendre la couleur des Turquoifes, il y a apparence que Gut de la Brofle a vouiti parler de nos Turquoifes de Simote j quoi qu'il eii foit , ACAD £ MI QUE. m tons les auteursFranr^ois que j'ai lus qui traitent des pienenes, neparlemqu'en ■ — — » paftant ilc nos Turquoifes : ils ont neglige uii des beaux fairs ds l'Hiftoire Na- Acad. Royaii turelle du Royaume. lis les citent fous le nom de Turquoifes de Nouvelle- des Sciences de Roche , fans entrer dans aucun detail fur la nature de la matiere dont elles font Paris. compofees, ni fur la facon dont on s'y prend foit pour tirer cette matiere de Hist. Natur. la mine, foit pourlui donner une belle couleur, qui font les trois articles priii- Anncc 171J. cipaux que nous nous fommes propofes d'examiner. Berquen rapporte pour- tant qu'elles fe tirent dans le Bas-Languedoc, d'une roche blanchatre qui ctant recuite au feu, prend une couleur d'un bleu turquin : mais voili tout ce qu'il nous en die. Boccone , auteur Sicilien , connu par fes recueils d'obfervations , en a ccrit plus au long que perfonne j il avoit cependant appris tout ce qu'il en rapporte d'un horloger de Lyon, comme il prend foin d'en avertir. Nous 1'avouerons , quoiqu'a notre honte , fouvent les etrangers nous inftruifent de ce qu'il y a dc iingulier chez nous. Pendant que j'etois occupe a decrire les arts qui regardent les pierreries , je crus devoir rechercher ce que le Royaume produit de mieux dans ce genre : mais etant trop eloigne du Bas-Languedoc, & ne me trouvant pas dans des circonftances oil je puiTe aller obferver les Turquoifes dans leurs minieres, M. l'abbe Bignon voulut bien fe charger d'engager M. d'lmbercourt , Inten- dant de Montauban , a envoyer les morceaux de mines dont j'aurois befoin , & des memoires furs pour eclaircir les queftions que j'aurois a faire : e'eft ce que M. d'lmbercourt executa d'une maniere aufli exadtequ'obligeante, Sc qui nous a fourni les premiers materiaux de ce memoire. Au refte, il etoit plus terns que jamais de connoitre a fond ces mines; elles ctoient piaes a retomber dans l'oubli d'ou elles ont ete a peine tirees; depuis plus de vingt ans on n'y fouilloit plus : les guerres, la cherte des vivres, avec tout cela le peu de cas que nous faifons de ce qui fe trouve chez nous , le peu ^'attention que nous avons a le faire valoir, avoient fait ceiTer entierement le travail ; mais ce font plaintes qu'on n'aura plus occafion de faire : les vues de S. A. R. M. le Due d'Orleans embrafTem tout ce qui regarde le bien du Royau- me. Attentif a s'inftruire par lui-meme de ce qui y a rapport, rien ne luipa- roit a negliger. Peu apres que ce memoire eut ete lu dans l'allemblee pubhque du 1 5 Novembre 1715, il donna des ordres a M. Legendre dans le departe- ment duquel le pays de nos mines de Turquoifes etoit parte , pour faire touil- ler dans les minieres, &c pour envoyer a l'Academie les morceaux qu'on en retireroit. L'exactitude avec laquelle M. Legendre y a fatisfait , nous a valu des obfervations que nous avons cru devoir faire entrer dans ce memoire. On trouve pluiieurs deces minieres dans l'etendue de la jurifdittion de Simore 8c aux environs de Simore merae , $c on eft convaincu dans le pays qu'il n'y a qu'a rouiller pour en decouvrir beaucoup de nouvelles. Le hazard a toujours part a la decouverte des mines ; mais il a du apprendre de plus l'ufage qu'on pouvoit faire de la matiere de celle-ci; elle n'a rien par ou el!e puilfe s'attirer de l'attention; elle n'a point ce baau bleu qui plait dans les Turquoifes : fa couleur dominante eft untot blanche, tantot aifez approchante de celle du tri- poli de Venife. Les autres pierres ptecieufes font tirees de leurs minieres avec la couleur que nous leur voyons quand elles font taillees; on ne peut rien ajou- Dd ij in COLLECTION ^— ■ — — «■ tet a lear cou!eut ; mais on pent arToiblir celle de quelques pierres; avec le RovAir fecoais du feu, par exemple , on rend plus pale la couleur trop roncee d'un . . rt r.iphir : on ote enticrcment la coqleui a un uphtr pile , on le ramene .i l'eau Pa*i«. Ju diamant. Nos Turquoifes au contraire font natnrellement blanchaires ou Hist. Natif. j.tunatres , d'une couleur audi commune que telle de nos pierres a batir ; lmis Annsfc 171 1. (i on les expofe pendant quelque terns i faction du ftu , loin de devenir plus blanches, elles prennent une couleur bleue. Cert la un de ces raits qu'il n'ett pas poilible de p:cvoir. Mais avant d'examiner quel degre de tcu eft necetlaire pour cole - . tnadete , fiufons fa coanoitrepios patticuKcfemenr. 11 eft fort lingulierque nous devions une de nos eipeces de pierres pre'eieufes aux <* rands bottleverfemens arrives a la fur race de la terre, o\r que cette elpece de pierre lit ew bis une matiere otUule. Cependant tons ceux qui re- g.-.rdent comma des coquillespctnfiees les pierres qui ont exaclement la figore 1 . quelqoos coquilles : qui piennent pour des dents de poisons ou d'animaux changes en pierres, les Gloftopetres ec les autres corps pierteuv qui reflemblent paifaitemeni a des dents; tous ceux, dis-je, qui font darts ce fentimer: , feu! p;ob..b!e oc prefque generalement repi , n'auront gucres lieu de dourer que les matieres qui rouraiflent nos Turquoifes ne foient des os petrifies. La pliipatt des morceans qui or.t etc tires des mines, en avoienr la figure exrerieure. La tradition conftante du pavs de Simore eft que les ups rerTembloienr aux os des jambes, d'autres aux os du bras, d'autres .1 des dents. Je fus jufqu'a que! point on peut compter fur des resemblances de figures qui n'ont p.is tou- jours etc examinees avec a lie 2 ie defiance ; je ne voudiors p.:s les donnei pour des p . en conva ncantes r mais ce qn'on allure dtt morce.iux de mine qui avoient la figure de dents, eft un fait certain qui devient un prejuge fa- vorable pour ceux a qu. on artnbuc d'autres figures otTeufcs. Parmi les echan- tillons de mine qui nous ont ere envoyis par M. leGendre ec pai M de Liif- cavo , gentilhomme de Simore qui avoit eu ordre de tr.railler a la mctM cherche , nous en avons trouve qui ne font p.'.s mains vihblement d;i :s one les Glolloperres. lis ont de meme tout leur enuil qui s'clt rutfaitement conic rvc; mais la partie o.leufe , ceile que 1'cmail recouvroit , comme celle qui hiioit la racine de la dent, & qui n'avoit Jamais ere revctue d'email, eft une pierre blanche qcu mile au fen devient Turquoife en prenant la couleur bieue. La figure de ces dents ^Fig. I. PI. IV.' n'eft pourtant point femblable a celle des Glollopetres; ces dernieres font aigue's , au lieu que Us autres font applartes; celles-ci ont apparamment ete les dents molaires r*e qireiqu'animal , on en ren- contre d'une grofleni prodigieufe; j'en ai vuqui a pcu de chofe ptes, avoient celle du poing : mais on en trouve de petites ec beaaconp plus frequemment; fbavent ceiles-ci n'ont point ou prefque point de matiere deTurquoife, elles font ce que les Marcamtes font dans les autres minieres; on leur en donne aulTi !e nom , cV on les regarde de meme comme des indices ravorables : on diltingue deux efpeces dans les petites dents : les unes ^Fig. Ill e\r IV) ont quarre eminences principals difpolees a-peu-prcs aux quarre D quarre. Lorf- que la matiere ne s'eft pas moulce dans ces dents du core oppoie aux eminen- ces , qui eft celui qui eroit adherent a la mlchoire , on y von quatre cavites qui penetrent dans chacune des eminences precedentes , cV qui recevoient appa- remment lesnerfs de la dent; les petites dents de 1'c.utre eipece vFig. Ill) ont ACADEMIQUE. »i) anfli quatre cnvitcs tin cote qui tenoic a la matlioire ; mais dies n'ont quo deux ' eminences, toutes deux mangulaires , a I'origine dc chacune eft one cavite , .,■> ciemi-cylindriqiic. II n'eft pis li aifc ile favoir la figure cxadte desgroffes denrs, n on p.irvient dilHcilement a les avoir enrieres. M. de Juflicu nous a donnc la '*'■ figure dime de tes grolfbs dents (PI. IV. fig. XIII) qu'il a pris foin de faire def- '"'T- la matiere propre s'eft infinuce. Phi? les feuilles font fenfibles , moins la ma- Acati. Royale tiere de la Turquoife eft bonne : elle eu eft, pour ainli dire, d'autast moins Dts Sciences de mince. 11 arrivoit fouvent aux ouvriers de trouver des veines entieres de mines 1'aris. qui leur etoient inuciles par cette raifon j lorfqu'ils en mettoient les morceaux Hist. Natur. au feu ^ Hs fe divifoient en ecailles minces. C'eft meme un fait dont on a des Annee 171;. exemples recens : il ne s'etoit pas encoie infinue aftez de matiere pieireule : les feuilles etoient mal liees entre elles. Mais il y a plus de differences lemar- qaables entre la difpofition des couches de quclques morceaux de Turquoife 6c celle des couches des autrts pierres j (i on en calfe certains dont les couches font les plus fenfibles , la tranche ou font les bords des couches , paroit formee par quantite de cannelures arrondies, & cela parce que les bords de chaque couche reftent arrondis , au lieu que les bords des couches des vraies pierres feuillerees , comme de l'ardoife , des talcs , font toujours tranchans. il fem- b!e que chaque couche de la Turquoife foit compofee de tuyaux places les uns aupres des autres , & que quand on la brife , on fepare deux tuyaux (Fig. X.) Une feconde difference que'fourniflent quelquefois les couches, c'eft que leurs contours font ondes , frifes , au lieu que ceux des autres pierres font en ligne droite , ou gardent une courbure urnforme, ce qui doit toujours arriver dans les pierres formees par une fimple appofition de parties , & qui n'ont point ete moulees. J'ai oblerve de plus des morceaux de mines de Turquoife, dont les bords de chaque couche paroilfoient formes de quantite de parties dif- fetentes pofees les unes au-defTus des autres & feparees par des intervalles aftez reguliers , ce qui s'accommoderoit fort avec l'arrangement des cellules des os. J'enai memevu dont les couches, qui etoient dansun fens horifontal, etoient toutes regulierement croifees par des couches verticales : les bords des unes &c des autres couches etoient compofes de parties feparees , groftes chacune comme de gros pois. Enrin on rencontre des veines de matiere d'une fort mau- vaife qualite, niais dont le defaut eft bien propre a faire reconnoitre fa pre- miere origine; mife au feu, elle y devient pointillee d'une infinite de petits trous qui la percent. La reftemblance eft frappante entre ces petits trous , &c les cellules des os calcines ou expofes long-tems a l'air j ce lont des efpeces de Turquoifes qui n'ont pas ete remplies par une matiere propre a refifter au reu. Rofnel accufe toutes nos Turquoifes d'avoir leur poli rempli de raies & de filamens : c'eft le caractere qu'il etablit pour les diftinguer de celles de Perfe ; au lieu que ce cara&ere ne diftingue que les Turquoifes qui, pour ainfi dire, ne font pas encore en maturite de celles qui y font parvenues : les raies &c les rilamens qu'il leur attribue , ne font vilibles que dans celles domj.es inter- valles des feuilles n'ont pas ete remplis alfez par la matiere pierreule. Ces fi- lamens examines au microfcope , marquent l'epaifteur des couches . & affec- tent une direction conftante. Des pierres pareilles a celles que nous venons de decrire , trouvees proche de la furface de la terre, ont etc ordinairement les indices qui ont determine a fouiller plus avant , pour parvenir a des veines d'une femblable matiere &z mieuxconditionnee. Celles qu'on a decouvertes etoient fur de petites hauteurs, dans des terres incultes & fablonneufes; mais ce n'etoit fouvent qu'apres avoir beaucoup creuie qu'on parvenoit a la mine : on etoit ordinairement oblige d'en- ACADfeMIQUE. 215 lever une couclie de terre commune de deux pieds ou deux- pieds & demi de- — "*"— "^^* p.iiffeur , au-deftbus de laquelle on rencontroit alternativement des lits de Acad. Royaie fable de differentes couleurs & des lies de rocher; on n'arrivoir fouvent a !a DIS Scncis de mine qu'aprcs avoir fonillc a plus de cinquante pieds de profondeur. Les li- Paris- \ r n • j 1 j' • ' j Hist. Nati'r. mites de la rouille n out pourrant ici rien de plus dctjrmine que dans rou- tes les autres efpeces de mines. Anncc 171 j. Le fable qui fe prefente le premier apres qu'on a enlevc la croiite qui forme la furface de la terre , eft feinblable a du fable de riviere d'une grolfeur me- diocre ; il en a aufli la couleur. Mais aprcs ce fable commun il en vienc un autre qui apprend qu'on approche de la veine ; il eft plus fin que le precedent ; il en differe audi par fa couleur qui tire fur le gris , on en rencontre meme de bleuatre : ils font pris Tun & l'autre pour des augures favorables ; la mine eft ordinairement au-deifous , ellea pourbafe une terre blanchatre appellee Beaumc dans le pays. Les morceaux font enveloppes d'une croute de fable fin d'un gris bleuatre , avec lequel font liees diverfespetites pierres. Pour fuivre la mine trouvee, on creufoit fous terre des voutes que 1'on fou- tenoit par des piliers , de crainte d'ebouliement. Les eaux qui font un des plus grands obftacles que rencontrent ceux qui creufent la terre, ont fouvenc arrete ceux qui cherchoient des Turquoifes : quelquefois elles ont empechede fuivre la mine; quelquefois elles ont empeche d'y parvenir. Les veinesde mines de Turquoifes, com me les veinesdes autres mines , con- tiennent tantot plus, tantot moins de matiere. Les unes avoient quatre a cinq pouces de largeur, d'autres plus, d'autres moins : leur matiere etoit plus ou moins riche, e'eft-a-dire , plus ou moins propre a fe changer en belles Tur- quoifes. Nous avons deja dit que quelques unes avoient une matiere tendre qui fe divifoit aifement en feuilles : les matieres de difterentes mines ou de difTerens endroits de la meme mine different audi fouvent par leurs couleurs: on en rencontre d'un blanc jaunatre , d'un blancqui tire un peu fur la couleur de chair, d'un blanc qui tire fur le gris. La pierre de cette derniere couleur eft preferable a routes les autres; mais la couleur de la pierre, quelle qu'elle foir, eft roujours fort differente de celle qui plait dans les Turquoifes : e'eft le feu qui la lui doit donner; mais avant de l'y expofer, on la lailTe a Pair jufqu'a ce qu'elle foit aftez feche pour s'attacher a la langue quand elle la touche. Pour faire prendre une belle couleur a la mine , il faut la faire chauffer avec des precautions qui demandent un fourneau d'une ftruclure particuliere Celui qui convienr (Fig. XIV & XV) eft beaucoup plus long que large , on lui donne environ huir pieds de longueur, & feulemcnt un pied & deux ou trois pouces de largeur. Le milieu de la voute eft dans toute la longueur du fourneau , eleve dun pied quatre a cinq pouces au-deiTus du fond ou de la table. A un de fes bouts il y a une ouverture A (Fig. XIV) qui a toute la largeur & toute la hauteur du four; e'eft par ou on enfourne la matiere, elle y eft chaufree par un f:u de rev^rbere. Le royer ou l'on met le bois eft a l'autre bout. Le fond ou la table du fourneau manque a cet endroir. Le creux du foutneau pris c.2 hiut en bas , a vingt pouces plus qu'ailleurs ; ce creux prorond a pres de leux pieds de la longueur que nous avons donnee au foutneau, il a la meme lar- geur $c eft couvert par la meme voute. II a tout en bas une ouverture quarree D (Fig. IV) d'enviton 10 pouces en tout fens ; e'eft par cette ouverture que xi6 COLLECTION T— — —" ■"'*'■' Ton met le bois ; la damme s'eleve jufqu'a la voiite qui la ramene dans la AciD. Royale Pa,tie du fourneau ou eft la mine. Afin meme que la damme n'y entrt qu'apres des Sciences de setre elevee au deflus du fond ou de la table du fourneau; cette table a a fon Paris. bout un tebotd de quelques pouces d'elevation [¥ig. XV ii). Le meme four- Hisr. Natur. neau a encore une ouverture quariee , une efpece de fenetre d'environ huit Annie 171J. pouces en tons fens E, (Fig.XlV) qui fe ferme avec un carreau de brique, Sc qui ne s'ouvre que dans quelques cirtonftances particuheres. La mine demande fur-tout a etre echauffee par dtgres. Si on chauffoit bruf- quement celle qui a de la difpodtion a s'ecailier, elle sen iroit toute en ecail- les , Sc celle meme qui eft de bonne qualite fe diviferoit en petits morceaux. L'humidite qui fepare les couches, doit s'evaporei infenfiblement ; enfin toute mine ne peut pas foutenir un egal degre de chaleur, l'une parvient plus aife- ment au bleu que l'autre. Pour donner aux uns Sc aux autres les degres de cha- leur convenable , on les met dans des efpeces de fabots de terre cuite (Fig. XVI) longs de huit pouces Sc de telle largeur que deux fe trouvent a l'aife a cote l'un de l'autre dans le fourneau. Ces fabots font des efpeces de moufles analogues a celles ou les eflayeurs de metaux placent leurs creufets Sc ieurs coupelles, mais dont l'ouverture eft moins grande. On pofe d'abord deux de ces fabots ou moufles a l'entieedufoutneau, on les y laiffe une demi-heure : dans la demi- heure fuivante on les fait avancer de leur longueur, on en met deux autres en la place de ceux-ci ; Sc de demi-heure en demi heure on continue pour 1'or- dinaire a faire approcher les fabots pleins de matiere , de l'endroit oil la chaleur eft plus violente , Sc a en mettte de nouveaux. Nous venons d'avertir que toute mine ne prend pas la couleur egalement vitej aulfi eft-on attentif a fuivre les changemens qui fe font dans celle de chaque fabot. Oi\ en tire des morceaux avec une petite pele (Fig. XV HI), on les approche de rouvertute du fourneau , Sc on juge par l'etat ou ils font , de celui du refte de la matiere du meme fabot, pour l'avancer plus loin , la laif- fer dans le meme endroit, ou la retirer du feu, felon qu'on le juge plus a propos. 11 y a de la mine qui prend de la couleur en deux heures, Sc meme moins j d'autre qui ne la prend qu'en quatre a cinq heures. On eufoume quel- quefois la plus rebelle par la fenetre quatreedont nous avonsparle, afinqu'elle fe trouve plus proche de la grande ardeur. Quoiqu'un fourneau foit neceftaire aux ouvriers qui ont beaucoup de mine , Sc de la mine de diffcrente qualite a colorer en meme terns , ceux qui n'ont a faire que des experiences en petit, qui ne veulent queftayer ft une mine eft mine de Turquoife, peuvent fe pafler de fourneau. Le foyer d'une cheminee ordinaire fuffit. Une tete de pipe m'a tenu lieu quelquefois d'un creufet com- mode ; j'y mettois les morceaux auxquels je voulois faire prendre couleur. Aprcs avoir fait oter les cendres du foyer, j'y placjois mon efpece de petit creufer , je l'entourois de tous cotes de charbons allumes qui ne le touchoient pas. Je retirois ordinairement pour la premiere fois la pipe du feu lorfqu'elle commen- coit a rougir , Sc j'examinois s'il etoit attive quelque changement a la couleur de la matiere. C'eft a quoi l'experience m'a appris qu'il falloit etre attentif: le feu qui a donne la couleur bleue a la pierre , la lui ote fi on l'y laifte expofee trop long- cemsj lebleu de la pierre angmente, prend des nuances pluscolorees jufqu'a ACADEMIQUE. 217 ran certain point : arrive a ce dernier rerme d'accroilfement , il eft aulTi arrive 1 1 ■ — — a celui ou il va commencer a diminuer : fi on lailTe d.ivantage la pierre ail Acad. Royale feu , on trouve que fes nuances s'affoiblitfent par degres. Si on continue de des Sciences de chiuffer la pierre plus long-rems , le bleu difparoir , quelquefois elle prend un Paris. vilain aeil verdatre, plus fouvent elle devient jaunatre ou noiratre. Lnrin fa Hist.Natwr. couleur ne relfemble plus en rien a celle de la Turquoife. Annec i7'J- 11 feroit aife de favoir quand il eft cems de retirer tine pierre du feu, fi elles arrivoient toutes a un mcrae degre de bleu ; il n'y auroit qu'a les comparer avec une pierre d'une belle couleur ; inais sil eft permis de fe fervir d'un terme de geometrie , le maximum du bleu de l'une , n'eft pas le maximum du bleu de l'aurre ; tout ce qu'on peut faire, e'eft de retirer fouvent des effais du feu quand ils commencent a avoir une couleur pallable ; il n'y a pas un grand malheur a. laiifer perdre la leur aux pierres qui n'en out acquis qu'une trop foible. Le bleu des Turquoifes de pierre n'eft pas plus a l'epreuve du feu que ce- lui des notres : j'ai ramafte chez les lapidaires divers morceaux de ces Tur- quoifes orientales qui avoient ete rompues dans le chaton de la bague, je les ai mis dans des tetes de pipes que j'ai entources de charbons allumes: rare- ment il a fallu un quart d'neure pour leur enlever leur couleur, fouvent elle a difparu en moins de terns. Un morceau de mine ne prend pas par-tout cgalement la couleur , & routes fes parties ne font pas difpofees a prendre cgalement vite celle qu'elles peu- vent acquerir : e'eft une des railons pour laquelle les gros morceaux de Tur- quoifes font rares , quoiqu'on en tire communement de la miniere : on les doit tenir fur le feu plus long-terns que les autres , afin qu'ils fe colorent vers leur centre; il y en a encore une feconde raifon , la chaleur du feu les fait fendre quelquefois en differens endroits. On courroit rifque aufli de faire fen- dre les morceaux qui out le mieux reulTi au feu, fi on les expofoit trop bruf- quement a fair froid ; il faudroit prefque les rerroidir avec les memes precau- tions qu'on a apportees a les echaufter : il fuffit pourtant de Jeter, comme on le pratiquoit a Simore, de la cendre ttes-chaude dans le fabot, pour en cou- vrir les Turquoifes avant de tirer le fabot du feu, Si de les laiffer refroidir fous cette cendre. Les morceaux de mine ont encore quelquefois un defaut que leur exterieur ne montre point ; ils font comme fcparcs en plufxeurs parties par des vides, minces a la vcrire , mais on cependant une matiere noire trace des figures qui ont quelque relief; ce defaut fera peut-ctre regarde comme une fingularite cu- rieufe par les Naturaliftes. La matiere noiratre prend des figures affez regu- lieres que je ne faurois comparer a rien de plus reflemblant qu'a ces petites ctoiles qui donnent le nom a une efpecede pierre eroilee (Fig. XI). Celles des Turquoifes font moins regulieres &c on.t de I'cpailleur. J'ai des morceaux de mine ou cette matiere noire reprefente de petites plantes qui n'ont pas plus dune ligne de longueur , dont tons les branchages neanmoins fonr reguliere- ment delTines (Fig. XII). Les etoiles font encore plus petites & font ttes-pro- ches les unes des autres. Dans d'autres pierres la couleur noire eft plus mince , elle ne prend aucune figure reguliere, & n'en gate pas moins la Turquoife. 11 etoit naturel de rechercher pourquoi le feu donne une couleur bleue d la Tome IV , Panic Fran$oife. £ e Acad. Royal* 2,8 COLLECTION mine de Tirquoife , & on croit bien que nous ne manquerom pis rTen donner que'que explication. Quind nous avons deceit la matiere de la Tur- deTsci':n!:'eVc£ qucrife telle qu'elle fort de la mine , nous n'avons vien dit de qu.uitite de points , pAR;s. de veniis. d'efpeces de petites ban.les dont on la nouve parfemee en quelque Hist. Natur. endroit qu'on la cade (Fig. X) ; nous n'en avions pas befoin alors. Ces. points, Aanec 171/. ces vein;s, ces petites bandes ont une couleur qui tire fur le noirj mais le de- nouement de la difliculte, e'eft que ce noir ell un noir bleuatre, tel que pa- roit le bleu fonce mis extrenement epais ; la couleur bleiie eft fenlible dans les endroits on les couches font fes-minces; li on luit avec le murofcope des fikrs prefqu'imperceptibles, on les voit bleus : tous ces points, routes ces pe- tites veines font, pour aiiifi dire, des cellules remplies de la matiere propre as colorer la Turquoife; auffi en regarde-je quelques-unes comme des cellules. des os, qui au lieu d'avoir ete occupies par le fuc pierreux , ont ete remplies par la matiere bleuatre Que refte-t-il done & faire pour colorer la pierre ega- lemenr par-tout ? 11 s'agit feulement de faire en foire qu'elle loit penctree par un liqui !e . qui fans deranger fa tilTure, aille difloudre, delayer la rr.atiere bleue qui eft da»> les cellules, ik qui la diftnbue enfuite dans unite la fub- ft.ince de la pi rre. Le feu eft ce dirfblvant. Qu'on ne tiouve point etrange que je ptenne le feu pour un dillblvant des couleurs , parce qu'on n'emploie ordi- nairement pour les diffoudre , que des liqueurs aquetifcs ou huileufes J les dif- ferentes couleurs dont la rlamme fereint, prouvent alflz qu'elle les di(Tour. Pourquoi ne dira t-on pas que le feu delayele verd de gris comme l'eau , quand on voir que la fl.imme du bois ou de quelqu'autre matiere peinte de vert de gris . eft verte comme l'eau dans laquelle on a detrempe la meme matiere Pout avoir fai emenr une fl.imme verte , on n'a qua peiudre un morceau de papier de vert de gris, ou , (i Ton I'aime mieux, etendre fur ce papier du vert de gris reduit dans une poudre fine, & y mertre le feu. Si on jette dans le feu , comme la remarque M. Manotte , un paquet de ce qu'on retranche des bends des chapeaux , on verra d'abord une flamme blanche, & enfuite de ties belles couleurs de bleu, de vert He de violer. La Bam me n'a d'abord que la couleur de I'etoffe, elle dure peu ; les flammes des autres couleurs viennent du me- lange du Verdet avec les autres drogues qu'on emploie pour la teinture des chapeaux. Nous pouvons done concevoir de meme que le feu qui penetre la pierre juf- qu'a !a rougir, delaye , ou , fi on le veut, detache la matiere qui eft d.ms les cellules, ll 1'entraine dans les diverfes routes oil il palfe , il en laille par-tout en chetnin ; ainfi ce qui etoit rallemble en petites malfts alTez epaiiils , eft etendu , diftnbue par toute la fubftance de la pierre. Qu'on ne craigne pas que la quantite de matiere bleue contenne dans les petites cellules , ne puifte fufliie pour teindre tout le morceau de pierre : 1'ex- tenfion que peuvent recevoir les couleurs , eft prodigi.ule, & il eit etonnanr Je degre de division qu'elles peuvent fubir fans celfer d'etre fenlibles. fcoile eti fait un calcul ingenieux dans fon traite Je mird'fubtilitat* ejjluvioium. II trouve qu'un grain de cuivre peut colorer de bleu le poids de vingt-huit mille cinq cens trente-quatre grains d'eau , ou , ce qui review a-peu-pres au meme, qu'un grain de cuivre peut colorer un volume d'eau deux, cens cinquanie-h*- B>ille hutt cens fix fois plus grand que le lierju. A C A D fe M I Q U E. 119 Peut-etre m'-rae que s'il y avoit une plus grancle quantite de matiere coloree dans la mine, ou qu'elle y remplit de plus grandes cellules, la Turquoife s'en ArAD.RoyALf celoreroit moms. Nous a»ons dit qu'un papier peint de vert de gris , ou qu'un DES sciences de papier fur lequelon a ctendu du vert de gris en poudre, donne en briilant une Paris. fl.imme verte ; mais fi la couche de poudre ell trop epaiffe , ou qu'on ten- Hist. Natur. ferme dans Ie papier un morceaude vert de gris gros comme un pois, la Damme Annie i7'J- ne prendra pas de couleur; di meme elle ne s'eft jamais teinte quand j'en ai jete un gros morceau fur du bois allume, &c elle s'eft toujours teinte quand j'y ai jete de la poudre. Le feu qui peut diifoudre &c enlever la poudre , ne petit agir contre une plus grotfe matte; comme la flamme d'une bougie fufTic pour fondre in fil d'argent trait, quoiqu'elle agilfe fans fucces contre une plus grolfe matte du meme metal. Appuyons cependant encore par quelques remarques ce que nous avons dit de la matiere bleue : j'ai choili difFirens morceaux de Turquoife brute ; les uns avoient quantite de points & de veines remplies de matiere bleuatre, on n'en voyoit prefque point dans les autres. J'ai expofe ces difterens morceaux a la chaleur du reu , Sc j'ai toujours obferve que ceux qui avoient le plus de points colores , prenoient une plus belle couleur : lis portoienc aveceux une plus grande provilion de teinture. J'ai mime obferve que certains morceaux dans lelquels on ne voyoit aucuns points , Sc qui probablement en avoient peti intetieure- ment ; j'ai obferve , dis-je , que ces morceaux de mine n'ont pas meme pris un foible ceil bleuatre , ce qui s'accommode parfaitement avec ce qu'on ncus a ecrit de Simore fur la dirrerente qualite des matieres. Celles qui etoient re- connues pour les meilleures , avoient une couleur grife , le blanc y dominoit moins que dans les autres. Quantite de points d'un bleu fonce mis proche les uns des autres & fepares pat du blanc, donnent une couleur grife d'un gris bleuatre. Nous faifons nos dtaps appellcs gris defer , qui font d'un g; is bleu, par un melange de laines bleues & blanches ; un bleu extremement fonce pour- roit meme faire paroitre une couleur approcliante du gris de mote. J'ai non-feulement remarque qu'entre des morceaux dirterens, ceux qui avoient le plus de veines ou de points d'un bleu fonce, devenoient d'un plus beau bleu. J'ai remarque de plus que les endroits voilins des veines ou des points bleus, fe coloroient davantage que ceux qui en etoient plus eloigncs. L'obfervation etoit aifee a f.iire, en confiderant avant de mettre la pierre au feu, quelques veines ou quelques points plus marques que les autres. J'ai paurtant rencontre des morceaux de mines qui n'avoient que tres-peu de points bleus fenfibles, & qui cependant ont pris une couleur pattable; mais ce qu'on en doit conclure, c'eft que la matiere propre a teindre etoit diftnbuee en ceux- ci en plus petites parcelles. La couleur des veines ou des points refte ordinairement plus foncce que celle des autres endroits de la pierre : de la i! arrive fouvent que la temte de nos Turquoifes n'eft pis e^ale par-tout. II y en a qu.intite de mifes en ceuvre , ou l'on p;ut diftinguer les veines is: les points par la difference des nuances; d'ou il fuit que la mine de la meilleute qualite , eft celle ou la matiere propre a donner la couleur, eft diftribuee en plus petits points , n» COLLECTION les Turqiioifes de vieille Roclie ; mais les pierres qui ont des points on des a„,„ c™ ,* veines trop grofles, prennent quelquefois un vilain poli, leur furface eft rem- nCAD. KOYALE .. . . I " (» r 1 ^ , , t ' . , bis Sciences de P'ie uediverles inegahtes , de quantite de petns creux : les cellules qui etoient Paris. occupees par la couleur bleue font vides j quand on tire la mine du feu, elles Hist. Natur. forment des creux d'autant plus remarquables qu'elles contenoient plus de ma- Annee 171;. tieres. Boccone n'a attribue qu'a une efpece de vitrification le changement de cou- leur de la mine de Turquoife expofee au feu ; mais il n'avoit pas fans doute ex- perimente que fouvent une chaleur trop foible pour vitrifier cette matiere , lui donnoit une nuance bleue. Pour confirmer fon explication, il rapporte qu'en Sicile quelques pierres a chaux prennent une couleut bleue en fe calcinant. Ce fait qui ne prouve rien pour lui eft cependant remarquable ; il apptend que di- verfes pierres communes peuvent comme none mine , etre penetrees par une teinture bleue. Celle qui teint nos Turquoifes , fe trouve apparemment en abondance dans le pays de Simore ; nous en avons rec,u des criftallifations d'un beau bleu : fi elles etoient plus tranfparentes , on les pourroit mettre au rang des faphirs j peut-ette font-elles de meme nature que cette pierre, que le meme Boccone nomme concretion pierreufe & bleue du Tirol. 11 compare fa figure a celle des morceaux de tartre , ce qui convient audi a nos criftallifations. II ajoute que quelques marchands les vendent pour des Turquoifes. On a voulu aufli nous faire prendre pour telles nos criftallifations \ mais il n'y a que des yeux pea connoirteurs qui puiffent s'y tromper. Au refte le feu ne donne pas feulement la couleur a la mine de Turquoife ,. il augmente encore fa'durete, foit parce que la teinture remplit diverfes in- tetftices infenfibles qui etoient vides , foit que le feu fafle evapoter une humi- dite fuperflue qui tenoit les parties de la Turquoife fepaiees; foit enfin que le feu y ajoute, comme nous favons qu'il ajoute a quelques matieres. II eft fur au moins que la mine de Turquoifes qui n'a point fouffert le feu, eft plus tendre que celle qu'il a coloree. Si on les frotte l'une contre 1'autre , la mine qui a pris couleur , creufe des raies dans celle qui n'a point ete mife au feu , & celle-ci n'en fauroit creufer dans 1'autre. Un pallage de Gui de la Brofle , cite au commencement de ce memoire , nous a engage a faire des eflais fur la matiere de licorne minerale , ou prife communement pour telle dans les boutiques. Celle dont nous nous fommes fervis etoit bien plus tendre que la mine des Turquoifes, elle etoit audi plus blanche , elle n'avoit prefque point de veines ou de petits points bleu-s, aufli, le feu ne lui a-t-il pas donne une nuance de bleu fenfible j mais il aufli fore augmente fa durete. La matiere coloree qui remplit les cellules des Turquoifes , & qui teint en- fuite toute la pierre, eft fans doute une matiere minerale ; mais eft-elle une fimple matiere minerale comme fe cobolt ou la matiere dont on fait 1'azur & le zafre , avec lefquels on donne le plus beau bleu a la porcelaine & a la fayance ; on eft-elle une matiere metallique ? C'eft une recherche fur laquelle je n'ai pu me fatisfaire ; mais il m'a paru que celle qui teint nos Turquoifes , eft dif- ierente de celle qui teint les Turquoifes de lJerfe. Peut-etre que fi on travailloit de nouveau nos mines de Turquoifes., Sc A C A D E M I Q U E. 21 r qu'on fiu attentif .1 obfetvet la nature du terrein qui les envirenne, on par- sh viendroit a decouvrir les mines du mineral qui fournit ce bjau bleu, Sc qu'il Acad. Royale pourroit dedommager des fiais qu'on r.uioit faits pour le chercher. L'Allemagne rus Sciences de flit metne a prolir les mines qui donneiu le zafre & l'azur ; 8c les mines des Pabis. memes matieres qui font en Allace aupres de Saiiue-Marie , ne font pas a pie- Hist. Natir. fent inutiles a la France. Annie ir'j- Je foupgonnai d'abord que nos Turquoifes pouvoient bien tenir leur cou- leur da cuivre : ce metal eft propre adonner le bleu Sc le verd; il tend bleua- tres les diffolutions d'argent , Sc il y a apparence qu'il colore les Emeraudes. Des auteurs dignes de croyance aiTutent que fi on les frotte contre une pierre de touclie, elles y laillent des raies jaunes d'une matiere de cuivre. Cette ex- perience ne m'a pourtant jamais reudifur les Emeraudes , Sc jel'ai inutilement tentee fur les Turquoifes. Mais j'ai vu qu'on peut enlever la teinture de nos Turquoifes , comme on enleve celle du corail. De tous les dillolvans que j'ai eflayes , le vinai"re dif- tille m'a le mieux reufli : fi on met tremper dans ce vinaigre un morceau de Turquoife un peu epais , en une ou deuxheures (es angles deviennent blancs; & au bout de deux ou trois jours, tout le deffus de la pierre, Sc prefque tout fon interieur prend la racme couleur. Le vinaigre en otant la couleur, dilTouc audi un peu la pierre ; elle eft toiijourscouverte d'une efpece de creme blanche compofee des parties qui ont ete detachers. Le jus de citron dillbut audi ces fortes de pierres j mais il aftoiblit (eulement leur couleur , Sc ce qui fe trouve au-deCous de I 'efpece de creme dont nous venons de parler, eft bleu quand la pierre eft mife dans ce jus. Pour l'eau forte Sc I'eao regale, elles ne font pas propres a tirer la teinture de nos Turquoifes, elles diilolvent fort vite toute la fubftance de la pierre; mais elles nous donnent une maniere de diftinguer les Turquoifes de Perfe de cedes du Royaume. L'eau forte n'agit point far celles de Perfe; d'ou il foil que ces deux fortes de pierres, quoique femblables en apparence, font nean- moins d'une nature tres-ditferente : on auroit tort cependant d'en tirer une con- fluence defavantageufe aux notres , de les croire plus tendres. L'eau forte qui agit efheacement contre le fer , ne peut rien fur la cire. L'eau regale agit audi difteremment fur ces deux fortes de pierre , elle dif- fout entitlement les notres, 8c elle reduit celles de Perfe dans une efpece de pate plus blanchatre que ne l'eroir la Turquoife , mais qui n'eft cependant pas privee de toute fa couleur bleue. L'or entreroir-il dans la teinture des Turquoi- fes de Perfe ? Au moins s'enluit-il qu'il y entre une matiere fur laquelle l'eau regale a prife ; mais quelle ne peut agir fur ces Turquoifes que comme elle agit contre une made de metal fake dun melange d'or & d'argent. En general ces fortes de pierres ont un defaut dn^ulier, c'.:ft que fans le fecours d'aucun autre dilfolvant que du terns, leur couleur change, lnfenfible- ment leur bleu prend des nuances qui tirent fur le vert; tiles deviennent ver- datres , Sc enhn vertes; au lieu que la couleur des autres pierres precieufes eft inalterable. Quand les Turquoifes font devenues vertes, elles n'ont plus au- cune valeur, on n'eft pas convenu de les eftimer avec cette couleur verte. Si le bleu des notres ctoit plus durable que celui des Turquoifes de Perfe , comme le veut Berquen , ce feioit un de leurs avantages ; mais cell de quoi il n'eft pas Acad. Royale 211 COLLECTION aife de s'c-tre allure par des experiences , elles demandent une grande fuite d'annees : il femble pourtantque celles de Petfeont plus de difpofition a de- s ScitNCESDE Vt?n'r vertes : pendant que le blea desnotres blanchic dans le vinaigre diftille, X>ARIS. le bleu de celles de Perfe y verdit. Hist. Natur O'1 a r^nte quantite de moyens , mais avec peu de fuccis , pour redonner la couleur bleue a celles qui l'ont perdue : le meilleur de tous , c'eft d'ufer une Annec 171;. COuche mince de la pierre & de la polk -de nouve.ui. Le changement de couleut commence par la furrace qui eft plus expofee aux impreffions del'air; fouvent le vert ne penetre pas avant ; alors en diminuanr peu le volume de la pierre , on lui rend f.\ premiere beaute. La plupart des autres moyens dont queiques au- teurs ont fait mention , font plus propres a changer le vert de la Turquoife en tin bleu pale, qu'a lui rendre fa premiere couleur. J'ai mis, par exemple , comme le veulent queiques auteurs, un morceau de Turquoife de Perfe qui etoit devenu vert dans de 1'eau forte'; en vingt-quaue lieures le vert a difparu, mais le bleu qui a pris la place , etoit li foible, que la Turquoife ne valoit pas mieux bleue que verte. Nous ne ferons pas valoir les Turquoifes par les vertus qu'on leur a attri- butes, il y auroit pourt,ant bien de belles chofes a en dire , li nous voulions rapporter tout ce qu'en content dcs auteurs d'ailleurs fort graves : its affluent qu'elle attire fur foi les mallieurs qui tomberoient fur fon maitre. Bocce croic en rapporter une preuve bien convaincante ; fon cheval tomba dune hauteur dans un chemin. creux , fa Turquoife fe caffa ; grande merveille arrivee a une pierre tendrel pour lui il ne fe rit point de mal. Vorm pretend qu'il a tire le nieme fecours d'une Turquoife , & que fon aventure eft fi femblable a celle de Boece , qu'il n'ofe la rapporter, de crainte qu'on ne le foupconne de l'avoir pillee. On riroit peut-etre , fi nous ajoutions qu'elle ne convient point aux gens maties , qu'elle fe brife fur leurs doigts , enfin qu'elle marque tous les chan- gemens , Sc tomes les alterations qui arrivent dans le corps de celui qui la porte par un changement de couleur , que c'eft ce qui l'a empechee d'etre au rang des pierres dont les Dames fe parent, & qui fait qu'elle ne leur convient qu'a un certain age. C'eft affez refuter de pareils contes que de les rapporter; peut-etre meme doit-on fe reprocher d'avoir ufe de cette efpece de refutation. ' Explication dcs Figures de la Planche IV. J_,a Figure I eft celle d'une partie d'une groffe dent tiree depuis peu des mi- meres des environs de Simore , aaa bb, eft ce qui eft recouvert par I email. ccc marquent l'endroit ou finic l'email , Sc celui ou commence la matiere pierreufe & minerale. ddd, ccc eft la partie qui eft mine. ec eft l'endroit oil la -dent a ete brifee. f marque ce qui eft occupe par la mine. Fig. IL eft une petite dent de la premiere efpece , qui du cote ou elle eft vue ne montre que de l'email. Fi». Ill eft la meme petite dent retournee Sc vue du cote qui etoit adherent a la raachoire ; elle a peu de matiere minerale. une A C A D t W I Q U £. i-j rrrr marqnent les quatre trous oil s'inferoknt les neifs. Kg, IV oft encoe une petite denr do Peipece do la prcceQeme, m.iis dont les quatre eminences sssi font p;us .w-}.^. 'CAr> RoYAI-s Les rig V ionc celles d uno pomo >:ent de la leconde efpecc, vue de deux i>ariS. difftf.ens cocs. ^ _ Hist. Natu»4 // font fes deux eminences. »„ . un les cavites qui lont a ion ongine. I ; ; \'l eft une dint conique , x eft le trou de I'infertion du nerf. Fig. Vll tit un morce.ni de mine do Turquoife , ou les couches 011 feuilles dont il eft compofe paroitH-nt fur la fuiface fupeneure ; leur dirt&.on eft en Jigne droite. Fig. VIM tft un morce3ii ou les couches font oiulees. Fig. IX eft un morceau ou les couches honfontales font croifees par des ver- ticals, & ou ces couches forment des cannelures arrondies. Fig X eft un morceau 011 des traits c\: des points montrent la difpufition des veines & points noirs ou bleus fences que nous avons nommes les refer- voirs de la matiere qui teint les Turquoife*. Fig. XI font deux morceaux n & y detaches i'un de I'autre, entre lefquels e marie-re noiiatre formoit des efpeccs de petites etoiles. Fig. X!l eft un morceau de mine oii la matiere noire reprefente une petite plance. Fig. X! !I eft la dent que M. de JuiTieu a fait ddliner a. Lyon reduite ici aux I des dimenfions qu elle a dans la planche des Memoires de l'Academie. // eft la dent. mm nn eft la matiere de Turquoife, qui ici eft pent etre une partis de la machoire. Fig; XI V eft le fourneau a colorer la mine de Turquoife vu en perfpefkive & leduir aux f de fes dimenfions comme la rig. Xlll. A elt foil vestaco pat ou on enfourne la mine. EB montre ou commence la table ou le fond qu fourneau. CC en eft la voute. ■ D ouvenute par ou on met le bois. E ef;>ece de fenetre par oii on regatde dans le fourneau , &' qui feet a en- fourner la mine la plus refra&aire. f Fig XV eft une coupe du meme fourneau reduite comme les figures pre- cede tlt-'S. F fon ouverture. GG la table. Hri I'endroit ou elle finit. 1 I petit rebord qui oblige la flamme a s'elever. K I'endroit ou l'ou met le hois. F»g« XVI eft le fabor danis lequel on met !a mine. Fig. XVII eft la fourchette qui feu a poulfer les fabots dans le four & a les en r^nrer. Fig XVIII eft une petite pelle avec laquelle on retire de petits morceaux des labcts , pour examinee s'lls ont pris couleuc H4 COLLECTION Ac.ouces de longueur ; il reftemble affez a un eperlan , a cela pres que fes ecail- es ont une couleur argentee plus vive & plus brillante : on retire l'eflence d'Orient de (es ecailles qu'on enleve en rauirant le poidon a l'ordmaire : on les met dans un ballin plein d'eau claire . cu on les frotte comme fi on vouloit les broyer : la matiere qui s'en detache donne a l'eau une couleur argentee , on verfe cette premiere eau dans un grand verre. On en jette de nouvelle lur les ecailles , on les frotte de nouveau , & Ton verfe encore l'eau dans un fecond verre lorfqu'elle a pris une couleur brillante : operation qu'on repete jufqu a ce que A C A D 6 M I Q V L. Uf que l'eau ne fe tetgne plus. On laifle ralTeoir pendant dix ou douie heures celle » qu'on a verfee dans les verres. La matiere argentee comme plus pefante fe pre- Acad. Royal* cipite au fond, l'eau qui la furnage refte tres-claire : on la verfe par in.lination ms Sciences de juiqu'a ce qu'il n'y ait plus dans le verre qu'une liqueur epaiffe a-peu-pres Paris. comme de 1 huile Sc d'une couleur approclunte de celle des pedes ; celt audi Hist. Xatur. ce qu'on nomme eftence d'Orient. Amice 1714. Pour faire ufage de cette liqueur, il ne refte plus qu'.l la nuler avec un peu de colle de poilion , comme nous 1'avons explique ailleurs; d'abord on s'en fervit a vernir exterieuretnent des grains , foit de cire , foit d'.iihatre , foir de verre; ils imitoient parfaitement les pedes; mais ils avoient un defaut dont Its Dames s'appercurent : ce vernis n'etoit pas a l'epreuve de l'humidtte relies ne pouvoient porter leurs cohers dans des terns chauds, fans fe mettre en danger de peindre leur peau d'une couleur qu'elles n'ont pas cru encore devoir em- ployer : on rrouva un remede limple a ce defaut , on foufTla des grains de vtrre creux nes-minces &: de couleur de gyrafale ou de couleur bleuatre, & on les forme encore de meme aujourd hui. Dans ce grain on fait entrer une petite goutte d'elfence d'Onent , unouvrier l'y foufTlc avec un chalumeau : le meme ouvner prenant eniuite le grain entre deux doigts , l'agite pendant quelques inltans, & par ce mouvement fait ctendre la liqueur fur toute la furface inte- xieure des parois, de forte que Ton ne voit la couleur d'Orient qu'au travers du verre , comme on ne voit l'etain &. le vif argent qu'au travers des glaces etamees. Le verre etant extremement mince, il note piefque rien au briilant de Terence; fa coul.-ur bleuatre fait meme paroitre les pedes faufles plus fem- blables aux veritables : on met eniuite la perle dans une corbeille ou il y en a beaucoup d autres , &on les y remue enfemble pendant quelques heures, c'eft- a-dire jufqu'a ce qu'elles foient feches ; enrin pour leur donner plus de poids& de folidite, on les rempht de cire. Mais apres avoir vu l'ufage que I'art fait faire de la matiere que les cuvriers appellent elfence d'Orient, examinons en la nature, & comment elle eft ar- ranged ious les ecailles. Pour parler plus exacltmer.t , nous cc mmencerons par lui oter le nom d'eilence, elle n'eft pas plus liqueur que 1'cft un fable ex- iremement fin , ou du rale pulverife delaye avec de l'eau ; mais on ne pc-ui bien ■la retirer des ecailles qu'en les lavant, & pour etre empl.nce , elle demarde , comme beaucoup de teires .i peindre , a etie melee avec l'eau. Si on I obferve au microfcope , ou avec une loupe forte, il ell: aife de la diftnguer du liquide dans lequel elle nage , & de s'alfurer qu'elle n'eft point liquiuc elle-iv,cir,e ; mais on eft fnrpris en meme terns de voii que c.-ttc matiere n'eft qu'un amas d'une infinite de petits corps d'une figure ties-rcguliere : ce font autnnt de lames dont la plupart lont laillees ttes-quarremcnr : e!!c_s foment des rectan- gles environ quatre fois plus Icn^s que laig-.s : quelques- ui'es or t poin t.-.nt ku.'S ejuteames arrondies , & quelques autres les on: i.iminees.en poirue : elles font toutes extremement minces & a tel point qu'on ne peuc aire'ecoir leur cpail'.-ur. De-la on peut conclure qu'elles font dune matiere qui a beaucoup de foliditc Quoiqu'on emploie a deffein des broiemens alUz facts pxiiK les enlever des ecailles , on ne les brife , ni on ne les plie du inoins n'< 0 decQOTre- ivon point au microfcope de bnfccs ni de pliees : elies paroiller.t unites degraii- Tome IF, Punu Fra/ifoife. i f u6 COLLECTION g dear A-peu-pres cgale , & toujours coupees en Iigne droite, felon leur grand cote. Acad. Royale On imagine alfez quel brillant elles doivent faire voir avec le fecours du pis Sciences de microfcope : 1'argent le mieux bruni n'en approche pas ; on voit anfli que min- 1'ar.is. ces cv tailless legulierement comme elles le font , elles lout tres-propres a s'ar- Hist. NaTl'x. ranger fur le verre , a y paroitte avec le poli & le brillant des perles. tiles paroif- Annee 171 6. f£nc dalls une agitation continuelle jufqu'a ce qu 'elles foiem precipitees an fond de l'eau : elles cedent li aifement aux plus legers mouvemens , que je ne doute point qu'elles n'eulfent ete prifes pour des infcdtes par ceux qui lont difpofes a donner ce noin a tout ce qui fe meut centinuellement dans les liquides. Nous avons dit que c'eft en lavant les ecailles qu'on retire cette matiere ; mais nous n'a\ons point dit encore qu'il n'y en a que par hafard fur leur iurrace ex- terieure , Sc que la furface qui touche le corps du poilfon en eft toujours ver- nie. Pour en etreconvaincu, on n'a qu'a enlever doucement quelques ecailles : le doigt ne prend aucune couleur li on le palfe fur leur furface exterieure, & on l'argente (1 on le palfe fur l'autre. La decouverte qu'ont faite les Anaromiftes modetnes d'une liqueur onctueufe qui enduit la furface du corps des poillons , pourroit donner du penchant a croire que notre matiere fert au meme tifage ; mais elle en eft tres difference •• d'ailleurs la matiete ondtueufe eft de lacouleut Sc de la conliftance d'une vraie gelee , & fournie par des vailfeaux alfez conliderables, comme je l'ai obferve dans la torpille ou tremble. On trouve ces deux matieres dans les memes poif- fons , & elles font ailees a diftinguer 1'une de l'autre loit par leurs ufages , foit par leurs qualites. Qu'on ne foup^onne pas non plus, comme je le penfai d'abotd , que !a matiere de l'elfence d'Orient eft celle qui s'ech.ippe du corps des poillons par la voie de l'infeniible tranfpiration , & qu'elle s'attache aux ecailles comme a une efpece de voute; elle n'eft point irregulierement appliquee comme elle le feroit alors : elle y paroit meme arrangee avec beaucoup d'appareil : elle eft recouverte par des membranes; elle eft contenue dans des vailfeaux. Si avec la pointe d'une epingle on rache de l'enlever quelque part de delfus l'e- caille , on ore fouvent a la fois toute celle qui la vernit , ou au moins celle qui en vernit la plus grande partie , & cela parce qu'on emporte la membrane ou elle eft contenue. Si on examine de plus pics cette membrane avec le mi- crofcope ou la loupe, outre les vailfeaux fanguins dont elle eft parfemee Si que nous n'avons pas delTein d'examiner ici , on y appercoit tin grand nombre d'efpeces de grolfes fibres toutes paralleles les unes aux autres, &c dont la di- rection traverfeperpendiculairement la longueur de l'ecaille, je prends la lon- gueur de l'ecaille dans le meme fens que celle du poilfon. Ce que nous ve- nons de nommer des fibres , font des vailfeaux ou des efpeces de tuyaux dans lefquels eft contenue notre matiere argentee : ayant prelfe de ces tuyaux vers leur milieu, j'ai fouvent vu avec plailir a leurs extremites des paquets de ces petites lames arrangees les unes fur les autres , comme le font les cartes a jouer commencees a rallembler pour faire un jeu. La longueur de chaque lameetoit dans le meme fens que celle du tuyau. Comme l'ecaille n'eft pas egalement large , ces vaifTeaux ne font pas egale- ment longs : les plus proches des extremites fupeneuies ou inferieures font plus couns que ceux du milieu. On voiciimvent les deux bouts de ces tuyaux, ACADEMIQUI. ho? dont Tun fe termfne i un bord de l'ecaille , Sc l'autre a I'autre bord. Ceuxqui C font entre les deux extremitcs de l'ecaille, n'ont pourtant pas i bcaucoup pres Aca». Royalb autant de longueur que l'ecaille a de largeur ; on diftingue les extremites de i>rs Sciences de ditferens tuyaux en difterens endroits. Au refte qu'on ne foupconne pas que ''ARIS- nous ptenons les endroits ou ces tuyaux out etc brifes pour les endroits vu lis fe terminer!! naturellement. Leur figure nnturelle feroit aifement demc-ler ce Annee 17 is. qui auroit etc fait par dcchireinent ; ils font clucun cylindriques dans la plus grande partie de leur longueur, & fe terminent en pointe veis leurs extremites. Voyons a prefent (i ce que nous avons die de la nature de cette matiete ar- gentee, des vailTeaux ou elle eft contenue & de leur pofinon , ne fufhia pas pour nous faire connoitre quels en font les nfiges. Si on fe rappelle ce que nous venons de faire obferver, il me femble qu'on ne pourra gueres s'empe- cher de croire que les ecailles du poilTon doivent a cette matiere leur foima- tion & leur accroiifement. La duretc des petites lames & leur tranfparence font voir que leur nature eft toute autre que celle des chairs, qu'elle femble etre la meme que celle des ecailles. Enfin quand on ne feroit attention qu'a la figure des lames argentees, ne femblcroit-il pas qu'elles font taillees comme auiant de petites briques propres a batir l'ecaille. I es vailfeaux d.ms lefquels elles font contenues achevent la prtuve : non-feulement leuts exnemues ou- vertes font difpofees de telle forte qu'lls rournillent des lames pour ctendre lout le contour de l'ecaille.) mais il y en a une infinite dont les extremites fe terminent dins tous les autres endroits, de forte que h Ton vent dire avec Lewenhoek que chaque ecaille eft compofee d'une infinite de petites ecailles pofees les unes fur les autres , ou plus limplement qu'elles font compofees d'une infinite de couches, dont les plus ptoches du corps du poilTon font les plus grandes , on trouvera par-tout des vaifieaux qui fournilTent de la matiere pour les former. Ces couches font paroitre fur les ecailles un fort joli travail. Si on les ex.rmine a la loupe ou au microfcope, elles paroilfent fculptces : on apper^ou un nom- bre prodigi-.ux de cannelures ou de cordons concentriques : ces canneluies font fi fines & li proches les unes des autres , qu'il n'eft pas aife de les compter ; la derniere fuit le contour de l'ecaille, les autres ont une cuui.bure femblablei Elles font formees par le bord de chaque couche, elles en marquent les bor- nes : elles marquent en meme terns les difterens degres d'accroilf.-ment des ecailles, comme nous avons fait voir ailleurs que des cannelures analogues montrent les termes d'accroiiTement des coquilles. II fuit de-la que ces cannelures doivent etre en-delTus des ecailles ; cepen- dant ces ecailles font (i minces & fi tranfparentes , qu'on feroit fott embarralTc a determiner dequel cote elles font cannelees , li on ne les obfervoit que pres de leurs bords. Mais veis le milieu de l'ecaille oil eft lendroit le plus cpnis, on ne decouvre point ou prefque point les cannelures en dellous , quoiqu elles foient tres-lenlibles en delfus. Enfin fi on obferve le delTIis de l'ecaille en deui politions difterentes , en mettant dans 1'une Je bord vers lequel on regarde p'us proche de losil que le milieu de l'ecaille, & dans l'autre le milieu plus proche de l'ccil que le bord vers lequel on regarde, on diftingue quelle eft la difpo. fuion des cannelures les unes par rapport aux autres : vucs dans la premiere polition , elles paroilfent plus elcvees, on appeteoit une plus grande pattie de F f ij iiS COLLECTION — *— ■ ■^— chacune : alors on fait la meme thofe que lorfqu'on regarde IeS marches d'un Acad. Royale elcalier de bas en ham , au lieu que dans I'autre polition , les cannelures font pes Sciences de placees comme les marches d'un etcalier regarde de haut en bas. I'ARIS- Les cannelures precedentes font croifees par d'autres qui partem du centre Hist. Natur. je l',fcaj|]e_ Qe que j'en nomme le centre n'eft pas prccifement le milieu , c'eft Annee 1716. lln p0|nt qUl e[t entoure par les cannelures, dont la courbure eft la meme que celle du contour de l'ecaille. Celles qui partent du centte , font beaucoup plus grofles que les autres,leur nombre eft determine. 11 y en a dix dans Table, dont fix , difpofees comme des batons d'eventail , vont fe terminer a la partie de l'ecaille la plus proche de la queue, & quatte , difpofees comme les prece- dentes , aboutillent a la partie de l'ecaille la plus proche de la tete. Ces canne- lures droites font creufes , au lieu que les courbesont du relief , elles me pa- roiflent deftinees a logerdes vailfeaux fanguins. 14 y a des ecailles , Sc meme dans Table , qui font encore plus travaillees ; on voit fur ce poiffon deux lignes qui femblent ponttuees : elles patient 1'une & I'autre de la partie de l'oui'e la plus preche du dos , tk. chacune fotmant une concavite qui regarde le ventre du poilTon , va fe terminer au milieu de la queue. Les ecailles fur lefquelles palTent ces deux lignes , out chacune de plus que les autres iur leur fucface exterieure un petit tuyau fort iingulier. Ces tuyaux mis au bout les uns des autres, ttacent les deux lignes pon&uees dont nous avons parle. Chaque petit tuyau eft un peu releve en dellus de l'ecaille ; il a la figure d'un cone tronque , ayant plus de diametre a un des bouts qu'a 1'autre. Le gros bout eft le plus proche de la tete ; il commence ou l'ecaille celle d'etre couverte par celle qui la precede. Sa longueur eft a-peu-pres dans le meme fens que celle du poiiTon. Ces petits tuyaux ajuftes bout a bout fotment un canal continu qui fert apparemment a conduire quelque matiere peut-etre analogue a cette matiere oncl:ueufe dont nous avons parle ci-devant, qui en- duit le corps de divers poifions. Au refte ca n'eft pas fur les ecailles feules que fe rencontre la matiere argen- teej il y en a dans les poilfons deux autres areas conliderables ou peut-etre elle fe prepare. Lorfqu'on a ecaille Table, il n'en eft pas moins brillant. Aulli im- mediarement au-deffous de la peau que touchent les ecailles, il y a une mem- brane pareille a celle qui recouvre ces ecailles, & remplie de meme de nos lames argentees : c'eft apparemment la foiorce qui les fournit aux tuyaux des beadles; mais par quelle route s'y rendem^elles , c'etlce que je n'ai point ob- ferve , &c cjue nos favans Anatomiftes decouvrirom mieux que moi , s'lls veulenr s'en dormer le foin. Je ne fais ii ce feroit pour les recevoir 8c les dirtribuer que feroient faites cinq a fixouvertures que j'ai remarquees dans la membrane qui recouvre les ecailles. Ces ouvertures font formies en pavilions d'entonnoir, elles font compofees de trois a quatre cordons pofes les uns fur les autres. L'autre endroit ou Ton trouve une grande quaotitc de matiere argentee eft dans la capacite du ventre du poilfon ; la membrane qui envelbppe les inteftins &c Teftomac , en eft toute brillanre. J'ai examine au microfcope les lames qui y eroient contenues, je leur ai trouve la meme figure qu'a celle des ecailles ;, mais il m'a femble qu'eltes etoient plus petites : je n'oferais pourtant les don- ner pour relies , je crams' de m'etre imagine que je voyois> ce que je cher- chois a voir. , .. academique up J'ai pourtant fait nne lemarque alfez propre a prouver que le; feuilles ar- — mLiim"^^ gentees n'ont pas dans la capacite du ventre autant do ioliduc, autant de con- Acad. Roi liftance que fous les ecailles j j'ai voulu en retirer la matiere argentee en frot- "lb ■s<-'L>,cis i.s rant entre les doigts dans de 1'eau la membrane qui les recouvre , & j'ai vu alors **"' ... r ft I • II L J ' II .Natur. qu un rrottemem tt-1 que cclui quon emploie contre la membrane des ecailles, ou meme plus fort, ne tiroit rien d'argente de cettc membrane quoiqu'elle ne foit pas fenliblement plus epaille que 1'autre. tile fe plilToit encre mesdoigts, elle devenoit un rouleau ou une petite boale, je n'en tirois rien a moins que je ne m'y prille d'une autre maniere pour la dcchirer. Ne femble-t-il pas fuivre de la que les lames contenues dans cette membrane n'ont pas encore autant de duretcqu'ailleurs , qu'elles font plus fouples,& qu'elles fe lailfentplier comme Ja membrane qui les enveloppe ? au lieu qu'ailleurs ou elles ont acquis line confiftance approchante de celle des ecailles , elles percent les tuyaux qui les renferment, li on les preffe contre leurs parois. En un mot l'une ne contient, pour ainli dire, que les embiions de nos lames , & 1'autre contient celles qui tent a terme. La generalitc des loix de la nature demande que les ecailles de tons les poillons fe forment de la meme maniere : ils doivent done avoir tous une ma- tiere compofee d'une infinite' de petites lames dures femblables a celles que nous avons obfervees dans les ables, ii ces lames ont veritablement l'ufage que nous leur avons attribue; audi ai-je cherche i les voir dans plufieurs efpeces de poilfons , & je les y ai trouvees. Je dirai plus , je les ai tou jours trouvees de meme figure, toujours minces &c roujours dun bnllant argente, meme dar.s les poillons dune autre couleur, comme, par exemple, dans des carpes qui paioiflent le micux dorees. Une experience que les faifeurs de perles font beaucoup plus fouvent qu'ils ne voudroient , pourroit paro'itre une dimculte conliderable conrre ce que nous avons dit de la nature ecailleufe des petites lames argentees. S'ils gardent plu- fieurs jours &: fur-tout en ete, l'eirence d'Orient, elle fe corrompt, elle prend une odeur rres-puante femblable a celle du poiilbn pourri : fa couleur s'alrere en meme terns, elle commence par devenir jaunatre, & enfin tout I'.irgente difparoit : dans des terns d'orage , ces changemens fe font d'une heme a 1'autre, Or les ecailles ne font pas d'une nature a fe corrompre fi aifement , elles font a I'epreuve de l'humidite & de la chaleur de lair, aulli ne faur-il pas penfer que nos lames argentees foient alterees quand l'ellence l'eft. L'eflesce qo'em- ploient les faifeurs de perles, n'elt pas feulement compofee de lames brillan- tes , elle contient de plus beaucoup de parties charnues qui formoient les tuyaux & les enveloppes membraneufes de la matiere argentee : il n'eft pas pollihle par les lotions de l'enlever feule. Mais ces chairs minces & tranfpa- rentes otent peu a la couleur de l'efTence. Si pendant qu'elles font fraiches en- core , on emploie cette effence , elles fechent fur le grain , & alors elles n'al- terent pas plus fa couleur que la colle de poilTon quon eft obliee d'y meler. On fait que quand on a fait fecher des poilTons, ils feconfevvent un terns in- fini ; mais (i les chairs fe cotrompent dans l'ean , elles perdent leur blanuKur, elles deviennent gluantes en fe corrompant , ellss s'attachent les unes ;ux au- tres , & aux petites lames, qui fans fe corrompre, doivent s'amollir dans I'eau comme font les ecailles de poillbn beaucoup plus epailTes, elles formeac ijo COLLECTION •' — . — des grumeaux qui n'ont ni brillant ni tranfparence : on ne voit plus que de ces Acad. Royale paries grumeaux dans le fond du verre oil e.oit I'eirence. L'eau qui les furnage bes Sciences de eft. claire ,. & n a lien ou prefque rien d'argente. r. ' .. J'ai voulu tenrer Ii ce ne feroit pas un moyen de conferver l'eflence que de Hisr. Natur. . r. .. , , r ' T . la hire bouillir ; mais tout s clt mis en grumeaux opaques comme dans 1 ei— Aunec 17 16'. r j ■ i • n. cc r li j ■ » lence corrompue depuis long-tems; e elt un erret qui, ce lemble , devoit etre prevu , l'eau bouillante rend bienrot vifqueufes les chairs minces , il s'en fait une efpece de colle de poilTon opaque, qui embarrafle les parties argentees. L'efprit-de-vin m'a paru meilleur pour conferver 1'eiTence, il empeche les chairs de le corrompre : j'en ai verfe fur mon eftence , il en a pourtanr alrere la couleur, il l'a rendue plus blancharre , un peu moms tranfparente ; auiH a-t-il du racornir les memes parties charnues; mais il ne s'eft point fait de grumeaux, les lames argentees font reftees feparees , & quand je les ai obfer- vees au microfcope , je les ai toujours vues avec leur premier brillant , meme apres plufieurs mois. Mais (i on verfe beaucoup d'eau fut 1'eiTence qui a ete confervee par le moyen de I'efprit de vin , au bout de quelques jours on voit les grumeaux fe former, l'eau a ramolli les chairs , elle les a rendu gluantes. A la vue limple ces grumeaux font opiques; regardes au microfcope, ils ne fontqu'un amas de petites lames qui out leuifiguie natutelle, & prefque touc leur brillant. Cela meme fert a rcfoudre la difficulte qu'on pourroit faire fur ce que les ecailles ne font point brillantes , quoique nous les pretendions formees d'une matiere quil'eft : nos grumeaux qui ne font qu'un amas de lames, n'ont point de brillant. 11 eft vrai qu'il y a avec elles des parties charnues, mais peut-etre entre-t-il dans la compofuion de l'ecaille quelque matiere vifqueufe qui colle les petites lames les unes aux aurres. Quoi qu'il en foit, il fuffit que les lurfaces de l'ecaille foient raboteufes pour qu'on n'y trouve point le brillant des lames. A l'egard de la tranfparence de l'ecaille, plus grande que celle de I'eflenee d'Orient , il ne feroit pas difficile d'en rendre raifon , & meme il n'tft pas etonnant que la couleur de l'ecaille foit un peu dirrerente de celle de cette ma- tiere. Quelques faits pareils en feront aifement entendre la caufe. Le diamant blanc eft de tous les corps le plustranfparent, la poudre qu'on forme en legri- fant eft opaque Sc meme grife. Le fucre candi de Hollande eft jau»are, pile il donne une poudre tres- blanche. Entre les emaux nous dont fe fervent les peintres & les emailleurs , les uns grant broyes donntnt une poudre bleue, & les autres une poudre cafe clair. Rien n'egaie la vivacite des couleurs de certains poiflons qui viennent d'etre peches ; ils la doivent encore a notre matiere argentee : aucun vernis n'ell pio- pre a donner plus de brillant. Cette meme matiere fert de plus a varier leurs couleurs, elle entre dans leur compofuion. Par exemple, ce qui ne paroittoic que d'un jaune rougeatre , avec le fecours de cette matiere devient couleur d'or : e'eft ce que j'at vu fouvent dans les ables : le deftous des grandes ecailles qui tecouvrent leurs ouies , eft revttu comme le refte , dune membrane argentee, Si eft par confequent ties-blanc ; mais quand quelque vailleau brife lailloit epancher du fang fous cette membrane, tous les endroits ou le fang s'etoit Ctendu , devenoient couleur d'or. On fait, &c nous l'avons explique ailleurs, que touc ce qu'on nomme tapiirerie de cuir dote, ne font que des cuirs at* A C A D E M I Q U E. tji gentcs fur lefquels on a applique un vernis dune couienr rougeatre : I'argent vu an travers du vernis rougeatre, paroit or. La meme chofe fe fait ici, quoi- que dans un ordre contraire : la couleuc du fang vueau travers de notre matiere ,^f<1'' '",I£ arg-mtee , devient couleur dor. Ainli , h dans certaines cfpeces de poilTons , Paris. line couche mince & tranfparente de notre matiere argentee eft crendue fur des Hist. Natur. lacis de vailleaux fanguins dont les parois font minces, les ecailles feront dore-es. Anncci;!*. Si les parois des vailleaux qui forment ces lacis, four epaiffes , alors les vaif- feaux out une couleur bleue comme nos veines , & lc poiffon paroit d'un bleu bnllant. Peut etre qu'un melange de vailleaux , propres a faire paroitre le jaune ou la couleur d'or , avec des vailleaux propres a faire paroitre le bleu, donne a certains poiffons des couleurs vertes ; au moins elt-il toujours fur que la vivacite de ces couleurs view de notre mariere argentee; mais la plupart de ces couleurs durent pen. Apres que le poilfbn a ete tire de l'eau , les vaif- feaux en fe fechant, fe pliffent, ds perdent de leur tranfparence, notre matiere ne peut plus faire fon erVet. Nous avons vu 1'ufageque l'art Sc la nature font de la matiere argentee des poiffons ; il noss refte feulement a dire quelque chofe de diverfes matieres ani- males qui femblent analogues. Nous commencerons par celle que donne uh m- fedte qui fe loge volontiers dans les livres rarement feuilletes : il reffemble fort aux ables par fa couleur argentee , il en a audi quelque air par fa figure, a Ces jambes pres. Hookc l'a fait graver dans fa Micrographie. Pour pen qu'on le touche avec les doigts, on les rend brillants comme li on les avoit frottes avec de l'effence d'Orient. Ce petit infe&e eft entieiement recouvert d'ecailles, il en a jufqu'au bout des jambes. Elles tiennent h peu que le plus leger frotte- ment les detache : ce font ces ccailles qui teignent les doigts : vues a la loupe , elles ont une figure reguliere & fembiable a celle des ecailles de poiffons ; mais ont-elles elles munes le brillam qu'elles donnent? ne le tiennent-elles point d'une matiere argentee fembiable a celle des poiffons ? II eft naturel de croire qu'elles doivent leur couleur a une pareille matiere; mais il n'eft pas poffible d'appercevoir ces lames dans des ecailles qui font elles-memes prefque aulli pctites que les lames qui argentent les ecailles des poiffons. Quelquesefpeces de papillons lorfqu'on les couche, laiffent aulli fur les doigts une poulliere qui les argente ; & en general les couleurs (i belles & fi varices des ailes de la plupart de ces infectes confident en des poullieres qu'on emporte aifement. Depuis que 1'ufage des microfcopes elt familier, on fait que ces poullieres meritenc attention , qu'elles ont des figures regulieres ds: trcs-remar- quables, qu'elles font differentes dans differentes efpeccs de papillons, Sc meme dans dilferens endroits dune meme aile. Celles qui coloient les aiies des papillons les plus communs, reffemblent a une Heur foutenue par un court pc- dicule . & cette fleur eft tantot fembiable a une tulipe qui n'auroit que trois reuilles , tantot a une qui en auroit quaere, & tantot a une qui en auroit cinq. Dans le papillon appellc Pan , elles reffemblent a une feuille de plane , ou plu- tot a un eventail qui auroit quatre a cinq decoupures extremement profondes & larges : les poullieres qui bordent les ailes font beaucoup pluslongues, elles forment des cfpeces de cones dont la bafe fe divife en deux autres branches coniques : la potnte du principal cone eft engagee dans la membrane de I'aile: ce font ces poullieres longues qui fotmem les franges dont les ailes font bor- dees. wsro i COLLECTION )es fortes de poufiieres out ere appellees des plumes par plufimrs auteurs ; Acad. Royai.f. mais il femble que le nom d'ecaille leur conviendroit mieux : ce n tft pas que mis Sciences us les :ornes , les ecailles , les plumes paroiftent d'une natuie fort differente ; m us Paris. jufqw!ici les baibes font entrees dans le caractere des plumes , & nos pouflieies Hisr. Natur. n'e„ ont p0;nt. Quelques papillons a la verite ont des plumes; j'en ai meme Annee i7l6- obfetve une efpece dont les ailes font chaaine eompofees de ckq pluMies par- faitement femblables par leuis figures a celles des oifeaux. Mais ces plumes font differences des poufiieres qui recouvrent les ailes. Celles-ci doivent done etre diftinguees par un nom partkulier. Aufli Tillage des poufiieres eft il le meme quecelui des ecailles de poiffons , fans avoir rien de commun avec celui des plumes. Elles fervent fimplement a cou- vrir les ailes , elles y font arrangees de la meme maniere que les ecailles fur le corps du poiflon , e'eft-a-dire , en quelque forte comme les tuiles fur les toits, avec cette difference pourtant que chaque poufkere a un pedicule qui eft engage dans la membrane qui forme l'aile : elles font difpofees par lang, celles dun rang recouvrent en partie celles du rang qui fuit. Si on les enltve de deffus l'aile, on voit d'efpace en efpace de petits trous plus noirs que le refte & bien alignes , dans lefquels entroient les pedieules de ces poulkeies. MclairciJJemens de quelques difficultcs fur la formation fir V accrotjfemtnt des Coqudles. Par M. de Reaumur. ( Mcmoires, pag. 503.) j'ai tache d'etablir dans un memoire imprime parmi ceux de 1709 (a) , que les coquilles fe forment & croilfent par une fimple appofuion de matiere. ou en termes de l'ecole par juxtii-pofidon comme les pierres , 8c non par intus- fufceptiori comme les planres & les chairs des animaux. J'y ai rapporte les ex- periences decifives que j'avois fakes, avant de prendre parti. M. Mery ayant avarice depuis , dans un memoire qu'il adonne en 1710 [b) fur les moules de rivieres , que leurs coquilles ne pouvoient croitre que par intus-fukeption , je voulus repondre a fes dirricultes 8c a fes raifonnemens par de nouvelles expe- riences. Afin doter matiere a roure replique, 8c pour cela je renfermai des moules dans des vafes que je mis dans la riviere de Marne , & dans ces bat- teaux couverts appelles boutiques; mais divers accidens arrives a mes monies plulicurs annees de fuire , ayant rendu mes elTais inutiles , & ces experiences d'aiileurs ne me paroiflanc necelTaires que pour unefurabondance de raifons , j'ai cru ne devoir pas differer plus long-tems les eclairciffemens aue j'ai a don- ner fur cette matiere qui eft d'une aifez grande etendue en phyiique. Je po- ferai pour principeque la coquille du limacon croit par dmpkjuxid-po/ition :, que i'aniinal lctend a mefure qu'il croit lui-meme, & cela parce que la partie de fon corps qui deborde par-dela l'ancienne coquille, lame echapper un fuc (a) Voyez le tome II dc cette Collection Academique, Partie Francoife, page 773. (6) Voyez meme Collection, tome III, pag. $«t. pierreux A C A D E M I Q U E. ijj pierreux qui s'cpaiffit & forme une nouvelle portion de coquille, bien inince ^— » — ■■ a !a vcrite , mais qui devient plus folide pat de nouvelles couches qui s'appli- Acad. Royale queut delfous ; & ainli fe continue I'accroiirement de la coquille de cet animal, de; Sciences de Je dis que je le pofe pour principe, & je crois etee en dtoit de le faire apres Paws. les preuves demonftratives que j'en ai rapporrees dans les memoires de 1709. Hist. Natuh. Or ce principe pofe, venons a l'examen des preuves qui one perfuade' a Aanee 171S. M. Mcry que les coquilles des moules croifTent par une autre mechanique : die fe reduifenr a deux : la premiere & la plus forte eft que les moules font actachces aux parois interieures par huit mufcles, ou plus exactemenr , qu'elles font atrachees en quaere endroits a ch.icune des pieces de la coquille -, ot fi les coquilles croilFoient par » juxia-pofuion , il fatidroir, dit-il, que les mufcles » sen dctachalTent en s'eloignant toujours par degres du lieu deleter premiere •• artacha, toutes les fois qu'il fe formeroit une nouvelle couche : phenomene, >. aiouce le favant Anatomilte , qui ne m'a paru dans aucune des moules i> que j'ai jufqu'ici dilTequees en routes faifons. » Or , comma d'ailleurs un tel deplacement n'a point d'exemple dans les » animaux de qui les mufcles font attaches aux os, ni meme dans ceux qui •> n'en out point, comme les cancres maiins, les homars , les ecrevifles, &c. » dont le corps n'eft revetu que de croiires 011 de coques qui leur tieniient liea 11 d'os , ou tous les mufcles ont leur origine & leur infenion. N'y a t il pas ij beaucoup plus d'apparence que toutes les couches des coquilles des moules i> fe forment en meme terns comme les coques de ces poisons , que l'une apres a l'autre ». II eft certain que les coquilles des moules ne fauroient croitre par fuxta po- Jition , ou comme celles des limatjons, fans que les mufcles qui attachent le pqiiToii a la coquille fe deplacent : il eft encore vrai que le deplacement de gtos mufcles ou de ligamens eft difficile a imaginer & a cxpliquer; mais il n'eft pas audi fur qu'il n'y ait pas d'exemple d'un pared deplacement. La difticulte dans le fond eft la meme qu'on ait a faire marcher un ligament, ou qu'on ait a en faire marcher quaere. Or , il y en a furement un dans le hmacon qui fe de- place ; la preuve en eft fans replique, des-lors qui! eft prouve que l'accroifle- menc de fa coquille fe fait par iimple appolition. Tone limacon eft attache a fa coquille par un ligament mufculeux : quand le gros limaqon de jardin vient de naicre , fa coquille ne fait qu'un peu plus d'un tour de fpirale; el.e en fait plus de quaere quand il eft parvenu a Ion dernier eerme d'accroiflemenr. Or, dans le limacon done la coquille a quaere eours , le mufcle eft attache concre le noyau de la ccqiulle entre le fecond & le troifieme tour; en quelque endtoic qu'on le fuppofe attache dans la coquille du limacon naillane. 11 eft done cer- tain que le ligament a parcouru pres de deux tours de fpirale , il ne s'agit djr.c que de faire marcher les ligamens des monies comme celui du liexiac.on ; cie quel que foit le moyen que la nature emploie pour les limacons, elle peut I'employer pareiilement pour les moules. M. Mery ajouee ici a la vetite qu'il a dilfeque des moules dans toutes faifons , & qu'il n'a jamais vu ce pheno- mene. 11 ne me paroit pas que cela fortihe beaucoup la preuve ; M. Duverney a bin dilTeque des limacons & en tout terns. J'ai eu occafion d'en diilcquec plulieurs aulli , & je ne crois pas qu'il ait vu , non plus que moi , comment' (e dcplace.lt ligam;nt du limacon , il ne s'en depla.ee pas nipins pour ccla,/ Tome IK, Parch Franqoife, C g 2H COLLECTION ,_ Voila done deji un example de deplacement demufcles, & dans notre ens, "acad. Royale e'eft-a-dire, dans celui de I'accroiiTement des coquilles. M. Mery anroit beau ors Sciences de ajouter qu'on ne voit pas de pareil displacement dans les animaux de qui les Paris. mufcles font attaches auxos, ni meme dans ceux qui n'en one point , comme Hist. Natur. ]es „ cancres marins , les homars , les crabes £\: les ecreviffes dorTt le corps Amice 17 1 6. n n>e^ rev£m qUe de cioutes ou de coques qui leur tiennent lieu d'os , 011 tous » leurs mufcles tiennent leur origine & leur infertion ». Tous ces fairs negatifs ne prouveroient riencontre nous ; mais l'exemple des crabes, homars Si ecre- vilTes. n'a pas ete cite heureufement. Celt precifement celui que je choifirois pour prouver que les mufcles fe deplacent dans certains animaux. Ceux-ci, comme l'a fort bien remarque M. Mery , font couverts de crodtes ou d'eoiilles qui leur tiennent lieu d'os , ou rous leurs mufcles ont leur origine & leur in- ferrion. Or j'ai fait voir dans un memoire imprime en 17*2. (a) , que ces ani- maux fe d^pouillent tous les ans de leurs coques ouecailles, & generalement de tout ce qu'ils ont de dur &£ d'ecailleux , de tout ce qui leur tenon lieu d'os. Voila done ici un de-placement general de rous les mufcles, fur du moins une Ms par an , puifque tous les ans ils fe trouvenc attaches a une autre ecaille qu'a celle de 1'anirea precedente. Qu'on ne dife pas que ce n'eft pas la un deplacement, parce que le mufcle ne change pas de place fur la meme ecaille comme il arrive dans le cas des coquilles : ce qui fait le deplacement reel d'un mufcle , e'eft qu'il foit attache a une autre partie qu'i celle a laquelle il etoit auparavant. 11 eft vrai qu'on peut dire que malgre cette efpece de deplacement, les muf- cles des ecreviftes ne font jamais fans point d'appui fixev ou lan.s point d'in- fertion, & cela parce que fous l'ancienne ecaille il s'en lorme une nouvelle entre elle 8c le mufcle , a hquelle'le mufcle s'attache pendant qu'elle fe fotme, & apparemment que la couche de cette nouvelle ecaille ne fe rorme pas touts a la fois fous chaque mufcle , en forte que le mufcle eft toujours adherent quel- que part. ^ . • II ne faut pas non plus s'imaginer qu'il foit un terns on tous les mufcles de la moule foierrt detaches a la fc'is , & ou elle foit en quelque facoh Hotrame- dans fa coquille, quoiqu'elle reffemblat peut-etre alors aflez a une ecrevifte qui vient de perdre fon ancienne ecaille. II eft plus naturel de croire qu'il n'eft point de terns 011 chaque mufcle ne foit au moins en partie attache a la coquille. M. Mery a fort bien obferve que chaque coquille eft revetue d'une mem- brane mince, les extremites des mufcles ou ligamens font implantes dans cette membrane, des-lors qu'elle croit, elle s'etend vers les bords de la coquille; e'eft le feul cote oii elle puilTe s'etendre. Nous voyons de meme que dans les coquilles en fpirale, les membranes ne s'allongent que du cote de l'ouverture. A mefure que cette membrane avance , les ligamens avancent avec elle; & comme les accroiftemens fe font par degres infenfibles , & que peut-etie ils- re fe font pas par-tout en meme terns , il n'eft point de terns oil cette mem- brane & les ligamens foient entierement detaches. Suppofons , parexemple, qu'elle s'etend , qu'elle croit en fuivanr une efpece d'ondulation , je. veux dire par bandes differentes ; que la bande, par exemple , la plus proche d'abord de (a) Voyez cette meme Colkftion Aeademi des bandes alfez diftinctes » : ce qui femble prouver que les couches font formees les unes apres les autres , qu'elles marquent les differens progres d'ac- croiflemcnr ; mais ce qui fait la dirriculte , e'eft que M. Mery a obferve , » qu'il u ne paroit pas moins de bandes fur les petites coquilles que fur les plus gran- ts des , & que ces bandes s'elargifler.t a mefure que le corps de la moule aug- i> mente •>. Je ne dirai point que e'eft une difhcultc vague que d'afTurc: qu'il n'y a pns moins de bandes fur les petites coquilles que fur les grandes ; peut-etie nean- moins pourroit-on le dire , pnifque les unes & les autres en ont fouvent lant , .qu'il n'eft pas poffible de les compter. Je demsurerai au contraire d'accord qu'autant qu'on en peut juger du premier coup d'ceil , il paroit fouvent autant de couches fur les plus petites coquilles que fur les plus grandes. J'ajouterai meme, ce qui fera trop pour M. Mery, que quand les coquilles font fort vieilles , il en paroit plus fur les petites que fur les grandes ; les pet'tes en ont un nombre prodigieux; mais ces lames minces ne fonr pas a i'epreuvc des frottemens du fable , ni meme a l'epreuve de ceux de l'eau , inutilement cher- cheroit-on a les reconnoitre dans les vieilles coquilles, ce que les unes avoient d'excedent au-deflus des autres a ete emporre. Sur d'autres coquilles il croit line mcifiiTure verdatre, une efpece de moufle , qui s'ctend comme une ef- pece de membrane fur la coquille : cette moifilTure cache quantite des plus pe- tites bandes. Enfin il eft bien vrai qu'entre les bandes qui marquent les dif- ferences cou:hes, il y en a de plus grandes dans les grandes coquilles que dans les petites; mais ce n'efr pas que les petites bandes fe foient ctendues, ceflj que quand le poillon eft parvenu a une rertaine grandeur, fon accroiffenunt fe fail plus vite; ainfi comme les bandes font ce dont il a cru dans un certain terns , il fe forme alors des bandes plus larges ; aulTi les plus larges fe trou- vent-elles pour l'ordinaire proche du contour de la coquille , a moins que le ftoueinent n'en ait fait ailleurs de plulieurs une feule. Les coquilles des li- G£ ij i;5 COLLECTION jluj.u'wu.miaj.^l.-^. mp.cons de jardin font tres-propres a nous donner ties etfertiples de ceci : leurs Acad. Royale termes d'aa'roilfement font bicn marques. Quand'elies font petites, il y a fou- ms Sciences de vent plufieurs de ces termes dans une ligne de longueur, & quand elles font J'ARis- grandes'j d'un terme d'accroiffement marque a l'autre , il y a quelquerois plu- Hist. Natur. flelKS lignss. Enfiii fouvent on ne retrouve plus dans Its grandes coquilles Ana6eiji6. Ceux qui y etoient marques quand elles etoient petites : les frottemens ont abattu ces inegalites. Quoique je penfe avoir fatisfait aux deux difficultes propofees , je ne crois pas avoir applani a beaucoup pies toutes celles qu'il peut y avoir fur cette ma- tiere. J'avouerai meme que quelques coquilles ont des figures fi fingulieres, qu'il ne paroit gueres pollible d'imaginer comment la feule apportion de par- ties a pu la leut donner. Mais peut-ctre que le denouement en feroit fimple, li la figure des aninuux qui les habitent nous ctoit connue, fi nous favions les changemens qui leut anivent en difterens ages; en un mot fi nous pou- vions fuivte 1'accroilTement de leurs coquilles avec le meme foin quej'ai fuivi ceux des coquilles de limacons. Si nous ne connoifiions pas, par exemple , la figure du noilfon qui loge dans line des coquilles appellee nautilh, & quelle partie il enoccupe, il ne feroit pas pollible d'imaginer comment elle peut etre formce par fimple juxta-pofition. On fait qu'elle eft de la clafte de celles qui font tournees en fpirale, que l'interieur en eft d'efpace en efpace travetfe par des cloifons percees chacune au milieu : comment un poidon peut-il avoir bati toutes ces cloifons , & comment, demanderoit-on , peut-il le loger entre elles ? Mais cette difficulte s'evanouit prefque , lorfqu'on confulte la figure de ce poiflon que nous a donnee Rumphius (Pi. 17). On voitqu'il n'eft pas lui-meme tourne en fpirale, comme l'eft fa coquiile, Sc comme le font les corps des autres poilfbns a coquilles fpirales; que ce!ui-ci n'occtipe que l'efpace qui eft entre ta derniere cloifon & l'ouverture de la coquiile; qu'apparemment il eft feule- ment attache au fommet 011 origine de la coquiile par un cordon 011 ligament qui pafTe an travets de toutes les cloifons. Ceci connu , on explique fans peine comment le naurille batit de nouvelles cloifons. Quand il eft devenu trop gros pour etre a fon aife dans fon ancienne niche , qu'il ne peut s'appuyer fur la cloifon fans etre trop preffe , & que I'ac'croiflerrrenl de fon ligament lui per- met de changer de place , il s'eloigne de i'ancienne cloifon , il s'en met a une difhnce convenable : alors n'y ayant rien d'applique contre le derriere de Con corps, il en fuinte un fuc pierreux comme il en fuinte du corps du limacon mis a decouvert quelque part que ce foit. Ce premier fuc echappe s'epaiilit &: commence la cloifon , celui qui vient enfuite la fortifie. Les limacons qui nous ont tant fourni d'exemples, nous en fourniront encore un : quand au commen- cement de Thiver ils rentrent dans leur coquiile, ils y font audi une efpece de cloifon qui en bouche l'ouverture. A la vetite ce n'eft pas avec une matiere de meme confiftance que celle de la coquiile , mais c'eft que la pattie qui eft tour- nee vers l'ouverture, ne laifle pas epancher un fuc auITi pierreux que le refte du corps. Si ce meme limacon refte long-tems renferme dans fa coquiile , que fon corps diminue conliderablement de volume , au lieu d'une cloifon , il en forme trois ou quatre; on les trouve bien feparees les unes des autres : comme elles marquent les differens termes des chemins que le limacon a fucceftive- ment parcourus en arriere ; les cloifons des nauiilles marquent les termes des chemins que ce pouTou a fai: fuccellivement en avanc, ACAD&MIQUE. i57 Sur I'origine des Pierre's. (H'j?- pag. 8) I Acad. Royale rr-i Sciences he i i'iS. Knr. Natur. l eft prefemement certain que routes les pierres f.ins exception ont etc flnides , Aanieijif. on du moms uns pate raolle qui s'elf delTechee 6c durcie. 11 fuiliioit pour en erre fur d'avoir vu une feule pierre ou fut renferme queique corps ctranger qui n'auroit pu y encrer fi ellc avoit roujours its de la meme confiftance ; car cette feule pierre condusroic pour routes les autres j mais on en a vu fans nombre , & on en voir rous les jours qui renferment des corps etranoers , & ce n'eft plus la peine de les reraarquer. De plus, il y a une infinite de pierres qu'on uppeWe Jigurees , qui ont ere moulees rres-finemenr & tres-delicatement en differenscoquillages; co qui fait voir que la pate dont elles ont cte formees devoir erre exrrememenr molle & fine. Mais fur ce principe bien connu & bien etabli , M. GeofTroy a voulu aller plus loin Sc entrer dans le detail de la conformation des differentes pierres. II pofe d'abord que la terre fans aucun melange de fels ni de foutres eft le feul fonds neceffaire de cette formation, e'eft-a-dire , que Ja terre peut etre me lea de fels Sc de foufres , mais qu'elle n'en a pas befoin , Sc qu'il y a des pierres qui n'en contiennent point du tout , comme les pierres communes des carrieres, on les cailloux blancs Sc rranfparens. II y a des cailloux qui frortes l'un conrre ['autre rendent une odeur de foufre tres-fenfible , Sc par confequent ils ont un foufre grollier ou un acide vitriolique ; d'autres fonr colores parce qu'ils renferment des parries meralliques, Sc e'eft la la caufe generale des cou- leurs des pierres precieufes; mais rout cela n'eft que par accident, Sc ce qui le prouve bien , e'eft que les fapiiirs Sc nos emeraudes d'Auvergne perdent leut couleur a une chaleur moderee fans peidre leur durete ni leur tranfparence : ils deviennent de iimples criftaux. Selon M. GeofFroy , la pierre la plus fimple de tomes, la plus homogene , Sc par la la plus parfaite , e'eft le criftal de roche. A la premiere vue on ne croiroit pas que ce tut de la rerre : cela doir etre cependanr ; car il eft bien for que ce n'eft pas de I'eau congelee , comme les anciens l'ont cru. M. Geofrroy concoit dans la terre deux fortes de petites parries primirives ; les unes qui fonr des lames extremement minces & deliees Sc egales entr'elles ou a-peu- pres, les aurres qui onr routes forres de figures irregulieres. Quand les parries da prtTiitr genre fe rrouvent enfemble , par queique caufe que ce foit , en fuffrfante quantite, la regularite Sc 1 egalite de leur figure les determine a s'ar- ranger egalement Sc regulieremenr, Sc a former un compofe homogene, qui eft en meme rems fort dur a caufe du conract immediar des parries, Sc rranf- parent a caufe de leur difpofition reguliere qui laille a la lumiere des paffages Jibres en tout fens. Celt li le criftal. Quant aux parties terreftres duficor.d genre , il eft vifible qu'e'iits ne peuvent former que des afTembhges opaques Sc moins durs. Les criftaux n'etant formes que de parries du premier genre, roures les au- tres pierres font formees de parries des deux genres enfemble : celles du premier uniflent Sc lient celles du fecond , qui fans cela ne feroient qu'un fable & une ijS COLLECTION pouffiere, S: leu.r donnenc la confiftance Sc la durete. 11 faut expliquer tout i ..r, B„T1,r cela plus en detail. ses Sciences r>E L'eaa eft un vclucule propre pout porter les patties terreltres du premier pAR;s. genre. On le voit evidemment par quelques fontaines pierreufes qui incruf- H:st. Natur. tent de pierre les tuyaux par ou elles coulent , ou les corps folides qu'on y laiiTe Annec 171*. que-lque terns. L'cau, a proprement parler, ne difTbutpas ces parties terrtftres, feulement elles les tient en fulion , comme elle y tient une infinite de differens fucs dont les plantcs fe nourrillent. Selon cette analogie M. GeofFroy nomme ces parties du premier gentefuc crijlallin ou pierreux. Ce fuc eft plus pefant & plus fixe que l'eau , & ne s'evapore pas avec elle ; e'eft la l'oricine de la formation du cnital, toute femblable a cefe des criltaux falins en chymie. Ces criftaux ne le forment avec les diffcrentes figures regu- lietes qu'ils afferent & qu'ils ont coutume de prendre , que quand une eau chargee de fels a die evaporee lentement, Sc de plus, pour i'otdinaire quand elle a cce mife enfuite dans an lieu frais. L'evaporation de l'eau eft necelfane, afin qu'elle ne tienne plus par fa trop grande quantite les fels trop ecartes les uns des autres : la lenteur de ['evaporation eft necelfaire afin que les fels fe rapprochent doucement, & qu'ils aient le loifir de prendre I'airangement qui convient le mieux a leur figure; autrement ils s'amafferoient en oclordie Sc confufement les uns fur les autres : le lieu frais qui diminue lentement le mou- vemenc naturel Sc interieur du liquide ou de l'eau , contribue en meme terns a ces deux effets. Cela s'applique de foi-meme au criftal de roche, & ii n'y a qua concevoir qu'une eau chargee de beaucoup de fuc criftallin s'eft infinuee par les femes d'un roc, eft tombee au fond d'une grotte, Sc la s'eft evapotee lentement. 11 faut fuppofer le fuc criftallin inegalement repandu fur la terre , Sc par li il ne fe formera pas du criftal de roche en tons lieux , fans compter les au- tres circonftances necelTaires qui ne fe rencontrent pas fouvent enfemble. Si l'eau chargee de ce fuc criftallin penetre une portion de terre, Sc e'eft ce qui eft le plus commun , elle en liera les parties par ce fuc , & enfuite a mefure qu'elle s'evaporera , le compofe deviendra toujours plus dur Sc fera enfin pierre. Il fera plus approchant du criftal , e'eft-a-dire, plus dur Sc moins opaque , felon la d!us grande quantite de fuc criftallin , & en meme terns il fera d'un grain plus fin°, felon que les molecules de terre auront ere plus petites &: plus ho- mo'^enes. Les marbrc-s font de cette claffe; dans quelques-uns &c dans quelques albatres on voit des veines ou des filets fi tranfparens, qu'ils ne font prefq-ie que du criftal. Les pierres les plus oppofees a celles-la & les plus imparfaites font la craie Sc les bols ; ce n'eft prefque que de la tene mal liee par une tres- pctite quantite de fuc criftallin; auili font-ils friables. Les degres interme- diates font aifes a imaginer. II y a des pierres qui fe fandent a un grand feu comme les cailloux , & d'autres qui n'y font que fe calciner, comme celle dont on fait le platre Le piincipe de la fufion des pierres eft le fuc criftallin dont les parties egalss Sc homotrenes entt'elles font propres a faire un toutcontinu & fans interruption, qui fera un fluide quand ces parties feront intimement divifees &violemmenc a^itees. II faut done pour cela qu'elies foient en grande quantite, Sc de plus qu'elies fe putllent feparer d'avec les parties terreftres du fecond genre qui leu? ACADEMIQUE. J?9 font trop hcterogenes. Ainfi on ne pourra fondre ni une pierre qui aura pen — TT de fuc criftallin, ni une autre en qui ce fuc, quo:que affcz abondant , fera ft A< etroitement lie avec les patties terreftres, qu'il les enttainera to u jours ave< Sciences de lui : il ne fe fera dans ces deux cas qu'une calcination , e'eft-a-dire, un amas 'atdr. confus des petites patties de la pierre , delunies Sc de-rangees. r . r« ri- I c ° ■ j e Aiiucc 1716. Les circonlrances particulieres qui accompagnent la formation des pierres font varier en beaucoup de famous l'erlet des ptincip.-s generaux. Par exemple , fi une portion de fuc criftallin detrempce dansde I'eau actcenveloppeede terre, &c que ce fuc n'ait pas ete en affez grande quantitc pour pctrifier toute la terre a mefureque l'eau fe feraevaporee, il feformeraune maife qui fera en partie oif- talline & tranfparente, en partie opaque , inegale 8c purement terreufe. Et fi le fuc criftallin eft demeute tenferme dans le milieu de la malle, il n'y aura done que ce milieu de tranfparent, 8c il fera couvert d'une croiite opaque : telles font les agathes 8c pluliuirs autres pierres. Que fi au contraire le fuc criftallin , par quelque caufe que ce foit, a ete poufTe du centre a lacirconference , il y aura de la terre pure au milieu d'une pierre afTez tranfparente. Tels font des cailloux: au centre defquels on trouve ou une terre molle 8c une efpece de bouillie , quand l'eau ne s'eft pas evaporee fufhfammem, ou au contraire une farine feche. Quand la petrification d'une meme mafTe n'a pas ete continue, mais que celle d 11113 partie s'eft faite dans un terns, & celle dune autre partis en un terns fepare par qu^Ique intervalle fuflSfant, la pierre eftdifpofce par couches qui fe dif- tinguent a la vue , comme les troncs des arbres le font par la meme raifon , car leur accroifTement eft interrompu pendant les hirers. Toutcs ces idees peuvent s'appliquer affez tacilement aux grandes mafTes de pierre ou aux differentes carrieres repandues en une infinite de lieux dif- ferens. M. de la Hire le fils rapporta des obfervations qu'il avoit faites, aftez fa- vorables au fyfteme de M. Geoffrey. 11 etoit defcendu dans une carriere peu frequentee proche la fauffe porte Saint-Jacques, dont toute la hauteur de la pierre avoit peut-ctrs vingt pieds ; mais toute cette hauteur n'etoit pas de piette , elle etoit interrompue par des lits moins hauts que ceux de la pierre, & a-peu-pres horifontaux audi bien que ceux-la , & de la meme couleur , mais dune matiete beaucoup plus tendre , grafle, & qui ne fe durcit point a l'air comme fait la pieire tendre : on 1'appella boufin. 11 s'en trouve dans toutes les canieres des environs de Paris. II faut, felon M. de la Hire , que ces ravines d'eau aient charie en certains terns , pendant un hiver, par exemple, diffe- rentes matieres qui fe feront artetees dans un fond. La etant en repos les plus pefantes fe fetont precipitees & auvont forme un lit de pierre , Sc les plus le- geres feront demeurees au-deffus , & auront fait le boufin. Une feconde ravine furvenue pendant un autre hiver fur ces deux lits formes & defTeches, en aura fait deux autres pateils , J. ainfi de fuite jufqu'a ce que le fond ou tout s'af- iv:mbloit , ait ete comble. Dans cette meme carriere M. de la Hire vit de la recoupe de pierre toute couverte d'un enduit tranfparent, blanthatte& for: dur, qui avoit lie enfem- ble toutes les parties de recoupe qui etoient delfous , grandes cv petites. Proche de la etoient plulieurs petires malfes incruftces du meme enduit ; le noyau des unes etoit un caillou , celui des autres un petit morceau de pierre , & la fubltance- i4o COLLECTION 3 de ce noyau n'etoit nullement alteree. Du del de la carriere, c'eft-a-dire, du lie de pierrequ'on laifle au haut pour foutenir la terre qui eftdeflus, & qu'on appuye par des piliers places d'efpace en efpace, tomboit par plufieiirs rentes naturelles une aflez grande quantite d'eau qui formoit un ballin de quatre on Acad. Royale bis Sciences de Paris. naturelles une allez grande quantite d'eau qi Hist. Natur. cinq pieds de diaraetce , 8c de fept ou huit pouces de profondeur , ou toute l'eau &b»£c 171*. ne pouvoit etre contenue, de foite qu'elle s'ecpuloit par deflus Its bords- Ces bords etoient incruftes comme la recoupe, & les peeites pierres ou caiiloux. M. de la Hire tira du fond du ballin des pierres qui lui parurent fpongieufes, routes garnies ou entieremenr ou feulement fur une pauie de leur luiface, d'une efpece de vegetation pierreufe haute de quatre a cinq lignes, dont les filets vus avec le microfcope , etoient de petits prifmes terminer a leurs ueux extreraites par une pyramide a trois faces. On ne peut gueres dourer que ces vegetations ne fulTent des incruftations naiflantes qui feroient devenues lem- blables a toutes celles qu'on voyoit ailleurs dans la carriere. Tout cela femble d'abord s'accorder aflfez avec le fyfteme de M. Geoffroi; cependant a y regarder de plus pics, l'accord n'eft pas u ex.icl. L'eau qui avoir produit les incruftations de la carriere de M. de la Hue , etoit de l'eau de pluie, qui en fe filtrant au travers d'environ cent toifes de terre , avoir bien pu y pren- dre le fuc criitallin ou petrifiant; mais d'un autre cote les enduits on inciufta- tions etoient aflez differentes de celles que les eaux petrifiantes, celles d'Ar- cueil , par exemple , font dans leuis canaux. Celles ci font opaques & grave- leufes : cela peut conduire a croire qu'il y a des differences dans le fuc pe- trifiant. Quoi qu'il en foit il eft bien prouve que toutes les pierres ont ete un? pate molle, 8c comma il y. a des carrieres prefque par-tout, la furface de la terre a done ete dans tous ces lieux , du moins jufqu'a une certaine profondeur, une vafe &C une bourbe. Les coquillages qui fe trouvent dans prefque toutes les carrieres prouvent que cette vafe etoit une terre detrempee par l'eau de la mer , 8c par confequent la mer a convert tous ces lieux- la , & elle n'a pu les couvrir fans couvrir audi tout ce qui etoit de niveau ou plus bas , & elle n'a pu couvrir tous les lieux ou il y a des carrieres, & tous ceux qui font de niveau ou plus bas, fans couvrir toute la furface du globe terreftre. Ici Ton ne confidere point encore les montagnes que la mer auroit du couvrir audi , puifqu'il s'y trouve toujours des carrieres 8c fouvent des coquillages : fi on les fuppofoit formees» le raifonnemenr que nous faifons en deviendroit beaucoup plus fort. La mer convroit done toute la terre, 8c de la vient que tous les bancs ou lits de pierre qui font dans les plaines, font horifontaux 8c paralleles entr'eux, Les poilfons auront etc les plus anciens habitans du globe, qui ne pouvoit en- core avoir ni animaux terreftres ni oifeaux. Mais comment la mer s'eft-elle retiree dans les grands creux, dans les vaftes biffins qu'elle occupe prefentement ? Ce qui fe prefente le plus naturellement a l'efprit , e'eft que le globe de la terre , du moins jufqu'a une certaine profoa- deut, n'etoit pas folide par-rout, mais entremele de quelques grands creux dont les voutes, aprcs s'etre foutenues pendant un tems , font enfin venues a fondre fubitement. Alors les eaux feront tombees dans des creux , les auront remplis, &c auront laifle a decouvert une partie de la furface de la terre qui [:ti devenue une habitation ccjpvenable aux animaux terreftres &-aux oifeaux., ACADEMIQUE. M' Les coquiliages des carrieres s'accordent fort avec cctte idee ; car outre qu'il n'a pu fe confervet jufqu'.i pre feu t dans les tetres que des parties pietreufes des Acad. Rovaie poiftons, on fait qu'ordinairement les coquiliages s'amaftent en grand nombre des Sciences de dans certains endroits de la mer ou ils font comma immobdes , Sc forment des Paris. efpeces de rochers ; & ils n'auront pu fuivre les eaux qui les auront fubiteruent Hist.Natpr. abandonnes. Cell par cette derniere raifon que Ton trouve infiniment plus Aiukci7i4. de coquiliages que d'arretes ou d'empreintes d'autres poiiTons j Sc cela meme prouve une chute foudaine de la mer dans fes ballins. Dans le meme terns que les voutes que nous fuppofons ont fondu, il eft fort poflible que d'autres parties de la furface du globe fe foient elevees , & par la meme caufe. Ce feront la les montagnes qui fe feront placees fur cette fuiface avec des carrieres deja toutes formces. Mais les lits de ces carrieres n'ont pu conferver la direction borifontale qu'ils avoient auparavant, a moins que les mafles des montagnes ne fe tufTent elevees precifement felon un axe perpendiculaire a la furface de la terre, ce qui n'a pu etreque ttes-rare. Audi, comme nous l'avons deja obferve en 1708 (a) , les lits des carrieres des mon- tagnes font roujours inclines a l'horifon , Sc neanmoins paralleles entre eux; car ils n'ont pas change de position les uns a l'egard des autres , mais feule- ment a l'egatd de la furface de la tetre. II fe trouve dans quelques pierres des feuilles de plantes, des infe&es, des os d'animaux terreftres 8c d'hommes , Sc meme des fquelettes entiers, mais tout cela ell fort rare en comparaifon des coquiliages ou des poilTons. 11 faut done qu'aprcs la grande revolution generale qui decouvrir une partie de la fur- face de la terre , & la rendit habitable aux animaux terreftres , il foit atrive des revolutions parciculieres Sc moins confiderables qui auront abyme tie certaines etendues de mer 011 de grands lacs , dans le terns oil la terre avoit des plantes 6c des animaux. Elles peuvent aufli avoit fait nai'tre des montagnes. De grands iremblemens de terre ou des volcans font capables de ces effets, & ils en one du faire de plus grands lorfque les foupiraux qui font prefentement ouverts, ne l'etoient pas encote. Mais e'en eft alTez fur ce fujet , quoique toutes ces con- fequences paroiflent fe fuivre alTez naturellement , e'eft une efpece de timetite , meme aux philofophes , de vouloir les fuivre d loin , & il furfit au refte des hommes que la furface de la terre foit depuis long-terns afTez tranquille , Sc promette de l'etre encore long-tems : du moins l'eft-elle extremement en com- paraifon de celle de Mars Sc de Jupiter. (a) Voycz tome II de cette Collc&iou Academique , Parlie Francoife , pag. j»j. Tome IV, Partie Frangslft. Hh 14* COLLECTION Acad. Royale »zs Sciences de Obfervations fur le Cotjuillage appelle Pinnc Marine ou Nacre de Pale; a Voccajion duquel on explique la formation des Pedes. I-ARIS. Hist. Natur Annee 1717. Par M. de Reaumur. (Me'moircs page 177.) J ai dit ailleurs (a) que le coquillage bivalve nomme par Ies auteurs , Plnnt marine; fur nos cotes de Provence be fur celles d'halie , Nacre de Perle , etoit de cei»x qui comme les moules , s'attachent aux corps voifins par des fils foyeux qui ont etc connus Sc mis en ceuvre par les anciens , Sc dont on fait encore au- jourd'hui des etoffes de Palerme. J'ai dit dans le meme memoire que l'ana- locie , au defaut d'obfervations , me portoit a croire que ces fils etoient files comme ceux des moules , parce que la nature ne fe borne point a peu d'exem- ples, meme de Ces plus fingulieres productions; j'ai eu depuis peu l'occafion de verifier mes conjectures fans fortir de chez moi. La protection que M. le Due d'Orleans donne aux fcienees , nous rapproche de tous les objets. On peche aupres de Toulon des I'innes marines; Son AltefTe Royale, a qui rien ne paroit petit de ce qui peut contribuer a etendre nos connoilfances , a bien voulu envoyer a M. Hocquarr , Intendant de Toulon, un Memoire ou nous demandions de ces coquillages , Sc ou nous marquions avec quelles precau- tions nous fouhiitions qu'ils nous fullent envoyes. L'exaclitude & les foins avec lefquels M. Hocquart a execute les ordres qu'il avoit recus , nous ont procure de ces poilfons affez entiers. Les uns ont ete envoyes dans de l'eau-de-vie, Sc les autres dans de l'eau a laquelle oh avoit donne tout le fel dont elle s'etoit pu charger. Les Pinnes marines peuvent etre regardces comme une efpece de moule de mer, mais beaucoup plus grande que toutes les autres. Entre celles qui nous font venues de Toulon, il y en a qui ont deux pieds Sc quelques pouces de longueur : leur coquille eft compofee (Fig. I, PI. V Sc VI) comme celle des autres moules, de deux pieces femblables Sc egales , qui depuis l'origine, ou comme nous l'avons appelle ailleurs, depuis le fommet (Fig. I, PI. V) s'elar- giirent infenliblement jufques en ED, environ aux deux tiers de leur longueur oil elles commencent a s'etrecir, mais plus brufquement , en formant une courbure qui approche d'un demi-ovale qui auroit pour petit axe l'endroit on nous avons determine la plus grande largeur; cette plus grande largeur a en- viron deux cinquiemes de la longueur : elles font plus applaties que les autres moules par rapport a leur grandeur. Depuis la furface exterieure d'une des pieces de la coquille jufqu'a celle de l'autre, il n'y a environ que quatre pouces dans l'endroit oil font le plus epailfes les grandes Pinnes fur lefquelles nous prenons ces mefures. Celles-ci ont a leur fommet A (Fig. I) fix a fept lignes taut en largeur qu'en epaiffeur : elles y font au moins aulli epailfes que larges , elles ne forment pas vers cet endroit un talon a n ill fenfible que celui des autres moules, on rermrque feulement un peu de convexite CHD dun cote, Sc un (a) Voyez I- tome III de ccttc Colle&ion Academkpc, Partie Fiancoife , pag. 3 S7. A C A D E M I Q U E. 245 pen de concavite BE de l'autre; mais ces cotes fe redrcflent en approclunt du bout. J'ai trouve a la plupart des Pinnes marines la charniere a reflort qui rient les deux pieces enfemble du cote concave , elle commence au fonimet de la coquille , & va prefque jufqu'011 elle ceiTe de s'elargir : les deux pieces ne font poinr lices enfemble de l'autre cote , mais elles font bordees par plufieurs couches de matiere pa'reille a celle qui fait la chatniete a rellort, e'eft-a-dire, d'une matiere de nature approchante de celle de la come. Les coquilles des autres moules font au contraire lices enfemble du cote du talon ou du cote convexe. J'ai vu audi quelques Pinnes marines qui s'entr'ouvroientpar 1c meme cote ou s'entr'ouvrent les autres moules , e'eft-a-dire , tout du long du cote con- cave , Sc qui avoient leur charniere du cote convexe. II ell aftez fingulier qu'on trouve une pareille variete dans des coquillages de meme efpece ; mais ce qui eft commun a tous ceux de celle-ci, e'eft que les bords de la coquille font tou- jours plus epais du cote ou elle s'entr'ouvre, quedu coteoii eft la charniere. . Nos coquilles de Pinne marine ont encore une chofe qui leur eft pai ticuliere. Si on regarde la furface de chacune des pieces qui etoit touchee par l'animal, on voit (PI. VI Fig. I) une bande RS d'une matiere femblable a celle de la charniere qui commence au fommet, Sc vajufqu'a peu-pres a la moitie de la longueur de chaque piece en partageant la largeur en deux parties , dont celle qui eft du cote convexe , ou de celui ou la coquille s'entr'ouvre , eft un peu plus etroite que l'autre. Cette matiere penetre meme en quelques endroits aftez avant dans I'epailTeur de la coquille. II femble qu'il y ait eu une fracture a chaque piece qui ait ete remplie par cette matiere, Sc que les deux parties fe- parees par cette fracture fe foient mal appliquees l'une contre l'autte , car interieu- rement elles font enfemble un angle obtus , elles n'yont point la rondeur qu'elles ont exterieurement. Cette efpece de fra&ure fe voit audi fur la furface exterieure de quelques coquilles , Sc on petit l'obferver en A G (PI. V , Fig. I) puifque tou- tes les coquilles l'ont au moins fur leur furface interieure , on ne fauroit penfer qu'elles ont ete rompues en cet endroit; mais il eft naturel de croire que cette bande de matiere dirferente du refte de la coquille marque la route qu'afuivie une partie du corps de l'animal qui laifte echapper un fuc parei! a celui qui borde les extremites des coquilles , &c pendant que les autres parties ont lailfe echapper un fuc propre a epaiilir Sc a etendre la coquille. Mais ce que la coquille de ce poilTbn offre de plus remarquable, eft dans les deux couches de matiere dirlerente dont elle eft compofee : une partie de h couche interieure eft de couleur de nacre VQQQ Pi. VI , Fig. I ; elle ne s'etend que depuis le fom.net jufques environ a la moitie cu aux deux tiers de la longueur; a mefure qu'elle approche de ce terme, elle devient moins epaifte; oil elle finit, elle eft plus mince qu'une feuille de papier. L'autre couche ITT, meme Fig. fert de croute a celle qui eft de couleur de nacre, elle fait feule toute lcpailfeur de la coquille ou la nacre manque. Lxtericure- ment elle eft raboteufe, la boue qui s'y eft attachee en obfeurcit la couleur, mais intcrieurement elle eft polie , & paro-t d'uu rouge fort delaye ; comuie elle eft mince & tranfparente, fa couleur en eft moins fenfible. La compolition de cette couche eft fort finguliere , elle eft formee d'une infinite de filets appli- ques les uus contre les autres, qui ont chacun pour longueur lepailleur de la n h ij Acad. Royale des Sciences de Paris. Hist. Natur. Anncc 17 17. 244 COLLECTION muuimuta couche, & dont !a direction eft par confequent a-peu-pres perpendiculaire an a„ „ n„ p'al1 pouces de longueur, &c kifTent enrr'eux une ouverture de 6 pouces dans l'endroir ou ils font le plus «carres. On proportionne la longueur du manehe de la fourche ou crampe a la profondeur on l'on veut aller chercher les Pinnes , on les faifit , on les detache, cV: on les enleve avec cet inftrumenr. La houpe de foie , HI, Pig. I, part immediatement du corps de l'aniinal, elle fort de la coquille par le cote ou cette coquille s'entr'ouvre environ a 4 a 5 pouces du fommer ou de la pointe dans les grandes Pinnes, cette houpe fixe la Pinne marine, elle l'empcche d'etre entrainee par le mouvement de l'eau , mais elle ne fauroit l'empscher d'etre renverfee , ni la retenir verticalement conwn on le veut; de forte qu'il y a grande apparence que ce coquillage eft tantot incline a l'horifon , & tantot couche a plat, comme le font les autres moules, & les coquillages qui ne s'enroncent pas dans la vafe. On ne peut gueres s'aiTurer d'avoir les houpes dans toute leur longueur; mais j'ai vu des Pinnes marines a qui il en reftoit fept a huit pouces. J'ai trouve de ces houpes qui pefent trois onces : les fils dont elles font cumpofees , font tres-fins , & 01- dinairemenr fi meles enfemble, qu'il n'eft pas fort aife de les avoir dans toute leur longueur; leur couleur eft brune. La mcchanique par larvWle ces fils foyeux font formes , avoir ete le premier ©bjet de ma recherche ; j'avois en fur-tout en vue de verifier s'ils font files par les Pinnes lnatmes, comme les moules filent les leurs ; e'eft de quoi je n'ai pas lieu de douter, fi en doit croire que des parties femblables , placees de la meme maniere, fervent a diiferens animaux aux memes nfiges. Nous avons trouve a nos poiftor.s une partie Y (PI. VI , Fig 1) pareilie a celle que nous avons nominee filiere dans les moules & les pecTrongles ( i \ , i* r» » 1 1 Paris. eft dans 1 inaction on dans 1 animal mort , que ^ a 6 lignes , & qu elle parvient Hist Natur. dans 'e cems c'e l'a&'on a avo>r P'l,s ^e ^eux Pouces- Celle des Pinnes marines mortes eft quelquefois longue de plus de deux pouces; ainti l'animal , en lui donnant une longueur de 6 a 7 pouces , qui eft celle des longs fils , ne 1'eten- dra pas dans une plus grande proportion que les moules etendent les leurs. 11 faut toujours ici que la filiere ait la longueur du hi qu'elle forme , elle n'agit point comme celle des tireurs d'or , ou comme celle des chenilles & des vers a foie ; nous avons fait voir ailleurs qu'elle eft un moule dans lequel un fuc vifqueux prend la confiftance & la figure de fil ; que ce moule s'ouvre d'un cote dans toute fa longueur, pour lailler fortir le fil qu'il a faconne. On yoit audi tout le long de celle des Pinnes , une fente paieille a celle de la filiere des moules pour killer fortir le fil , mais moins large & moins profonde. Enfin les fils dont la houpe eft compofee, ont leur origine pres de celle de la filiere , 8c font loges dans une efpece de fac membraneux Z de figure conique dans les Pinnes comme dans les moules. Mais la nature qui ne fait point de reflemblance fi parfaite qn'elle n'y mele des varietes, a donne aux Pinnes marines quelques parties qui leur font par- ticulieres. Dans le fac membraneux dont nous venons de dire que part la houpe de fils, il y a cinq feuillets charnus 11, KK, L, (PI. VI, Fig. 11) fepares les uns des autres, dont le contour eft arrondi en demi-ovale; leur longueur eft dans le meme fens que celle de la coquille; entre ces feuillets mufculeux 011 charnus , il y en a quatre a-peu-pres de meme figure, mais beaucoup plus minces nn, 00, Fig. III. lis femblent de nature cartilagineufe j mais en les examinant attentivement , on trouve qu'ils font une efpece de tiffus de fils peu enrrelaces enfemble , mais fi bien appliques les uns contre les autres , qu'ils ferment un corps continu &c uni : avec un peu de dexterire , on deve- loppe ces fils, & on les fepare. Vers le milieu du feuillet , il y a un endroit plus epais que le refte , onde ou comme frife ; il eft fait de fils plies en zigzag , rs, Fig. IV Sc plus prelTes qu'ailleurs; ces feuillets foyeux font fepares les uns des autres par les feuillets charnus ; e'eft des foyeux que partem tous les fils qui attachent la Pinne marine Sc qui forment fa houpe, ou plus exadtement la houpe eft faite des memes fils que les feuillets , mais prolonged & ecartes les uns des autres : les uns fe feparent du feuillet en differens endroits de foil bord ; les autres , & e'eft la plus grande parrie , ne quittent le feuillet qu'apres etre parvenus au bout de ce feuillet le plus proche de l'origine de la filiere. La plupart de ceux-ci font fournis par cet endroir du feuillet que nous ayons fait remarquer plus epais que le refte. Les fils qui viennent des quatre feuillets fe raiTemblent pres de l'origine de la filiere, autant qu'il le faut pour_ former un paquet , ou pour commencer une houpe. La Pinne marine a une fi prodi- sieufe foret de fils, qu'elle n'eut pu loger, comme les moules, un tronc aftez gros pour les yattacher tous ; mais Us fontcommodement attaches aces reuillets plats. Les feuillets charnus qui feparent les foyeux , ont peut-etre d'autres ufa- ges que de les feparer : peut-etre font-ils la fone'rion d'efpece de levres pour appliquer & coller le bout du fil nouvellement forsne contre un feuillet ? Sc pour l'y entrelacer autant qu'il eft neceffaire. ACADEMIQUE. M7 Les au'res parties intcrieures des Pinnes marines m'ont paru afTtz fembla- ^mn.fmiJM bles a ctlles des moules : elles font, de meme attachces a leurs coquilles par . R deux forts mufcles, dont l'un , V, (Fig. I, PI. VI) eft aupres de la pointe, & PES scimces oi l'autre, &c. Fig. 1 , vers le milieu de (a longueur, presde 1'endroit ou Unit la 1'aris. nacre; car ce n'eft gueres que la partie qui eft entre ces deux muftles qui la Hist. Nati/s. produit. L'anus eft aupres du fecond ou plus gros de ces mufcles , & la bouche Annie 1717. X aupres du premier, elle eft fermee par une levre u, Fig. V demi-ovale que n'ont point les moules de mer; mais pour entrer dans tin plus grand detail des parties interieures de ce coquillage, il faudroir en avoir de frais „ Sc en aflez grand nombre pour tournir a des dillections reiterees. 11 feroit a fouhaiter que quelque habile Anatomifte prit ce foin. Comme il eft le plus grand des co- quillages a deux battans ou bivalves que nous ayons dans nos mers , il feroit plus commode a diflecjuer , & peut-etre plus propre a nous inftruire fur les animaux de meme genre : il m'a femble aufli plus propre qu'aucun autre a nous eclaircir fur la formation des perles ; il en produit beaucoup {{{{yy Fig. I , qui ne font pas a la veritc de 1'eau de celle des Indes : celles qui en approcnent le plus font plombees; mais il en a de couleuts abfolument differentes ; on lui en trouve de routes les nuances de l'ambre & tranfparentes comme lui , de rougeattes , de jaunatres : il en a auili de noiratres , ce que M. Geoftroy le jeune a fait obferver dans les Memoires de 1711 (a). On n'eft point convenu de donner de valeur aux perles de ce coquillaee , elles valent pourtant mieux pour des Phyficiens que celles des huitres de l'Orient, en ce qu'elles font plus propres a eclaircir la formation des perles en general , elles ont des particula- rity que les autres ne nous oflrent point. Je ne rapporterai point ce que les anciens ont debite de fabuleux fur l'ori- gine des perles, la phyfique eft trop avancce pour qu'il foit befoin de prouver qu'elles ne font point produites par la rofee celefte , malgre tout ce qu'en ont dit des auteurs graves. Ceuxquilesont prifes pour les ceurs des poilTons ou on les trouve, ne meritent pas non plus qu'on s'y arrete. M. Geoftroy le jeune les range parmi les bezoarts , parce qu'il a mis dans cette clatfe routes les pierres formees par couches qui s'engendrent dans les animaux. 11 eft fiir audi qu'on ne peut les regarder que comme les autres pierres formees dans les animaux, comme les pierres des reins, de la vellie , &c. elles font apparemment aufli l'eftet dune maladie du poilTon. II n'eft pas etonnant qu'un animal qui a des vailleaux ou il circule alTez de fuc pierreux pour fournir abatir, a etendre Sc a epailllr une coquille, en ait allez pour former des pierres, li le fuc deitine a l'accroiflement de la coquilij s'epanche dans quelque cavite de fon corps , ou entre fes membranes. On appelle cette pierre une perle , quand le fuc epanchc dont elle a ete faite , eft dune eau argentee approchante de celle de la nacre, & fa couleur doit ctre telle dans les moules, les huitres Sc les autres coquil- lages a perles dont la coquille eft elle-mcme couleur de nacre. La beaute de i'eau de la perle peut meme furpafler celle de la nacre de la coquille. quoiquc formees toutes deux dune meme matiere; celle de l'une s'eft portee jufqu an dehors du corps de l'animal 011 elle eft touchee par des eaux fouvent bourbeu- fes qui alterent la couleur; aa lieu que la matieie de l'autre a etc recue entre des membranes qui font mife a convert. (a) Collc&ron Academitjuc , Panic Francoife , tome III, pag. 517, ji2. 248 COLLECTION Ainfi il m'a toujours paru qu'on ne pouvoit recourir a auenne autre matiere . _ pour rormer les perles qu'a celle qui forme la nacre de la coquille ; mais il Acad. Royale r„ , r. k ■ , r , , ' . . ' , »« Scunces UE e heureux quarul nous pouvons avoir en phylique quelque cnole de plus que Paris. des vraifemblances. Les Pinnes marines ni'ont fourni des obfervatuns qui Hist. Matur. fembiflnf dormer, un ait d'evidence a ce fentiment fur la foimation des perles. Annes 1 7 1 7. Nous avons die qu'on leur en trouve de difterentes couleurs, mais on en trouve principalement de deux fortes; les unes dont les nuances approchent de celle de la nacre, & les autres d'une couleur rougeatre Nous avons fait remarquer auili que la coquille eft compofee de deux couches de couleur dif- ferente , l'une rougeatre , & l'autre couleur de nacre. On voir deja que l'animal a des fucs pierreux colores pour fournir aux perles de nos deux couleurs prin- cipales. Si les vaifleaux qui portent le fuc propre a batir la nacre, fe bnfent, i!s formeront une perle de couleur de nacre : fi les vaifleaux qui fe brifent , font ceux qui portent le fuc dont l'autre partie de la coquille eft batie , l'cpan- chement de ce fuc produira des perles rougeatres ou de couleur d'ambre comme la coquille qui en eut etc formee. Nous avons encore vu ci-devant que la partie de la coquille qui eft depuis le fommet jufqu'aux environs du fecond des mufcles qui atrachent le poiflon , a une couclie de nacre , & que le refte de la coquille n'a point ceue couche ; d'oii il fuit , felon ce que nous avons etabli ailleurs fur la formation & 1'ac- croiirement des coquilles, que les parties du corps de l'animal qui touchent la premiere partie de la coquille , laiflcnt echapper un fuc couleur de nacre , & que les parties qui repondent an refte , laiflent echapper un fuc de couleur rougeatre, comme la coquille qui en eft faite. On trouve aux Pinnes marines des perles dans les parties deletirs corps qui repondent aux endroits ou la coquille eft blanche, & dans les parties qui re- pondent aux endroits 011 elle eft rougeatre; mais une des remarques que j'ai faites , & qui me femble elTentielle pour decider que les perles font compolees du meme fuc que la coquille , e'eft que les perles {{{{ , Fig. 1 . PI. VI , que j'ai trouvees dans les parties du poiflon qui forment la coquille, de couleur rou- geatre, & ceWesyy {mime figure) que j'ai trouvees dans les parties du poiflon qui repondent aux endroits de ia coquille ou eft la nacre , etoient de couleur de nacre. 11 n'eft gueres de partie de Tanimal ou j'en aie rencontre davantage que dans la parrie mufculeufe ^ decoupee en crete de coq qui eft appliquee autour du bord du bout de la coquille , & d'une partie de fon contour {{{ ; e'eft cette partie qui etend la coquille , & qui en forme par confequent la couche fupe- rieure qui eft toujours rougeatre, les perles que j'y ai trouvees ont auili tou- jjours ete rougeatres. Les perles que j'ai vues an contraire , & fouvent beaucoup plus grofles dans les parties qui font proches de I'origine de la filiere y {, etoient de couleur de nacre, parce que les vaifleaux qui fourniflent la nacre font en cet endroit. Je ne voudrois pourtant pas aflurer que vers les parties les moins cloignees des bords , il ne put fe former des perles rougeatres, & peut-t-tre pres des bords , des perles couleur de nacre •. les vailfeaux qui portent le fuc pierreux aux bords de la coquille , ont apparemment leur origine plus loin , ou ils peu- ventetre bnfes par quelque accident j dememe les vaifleaux qui fourniflent le fuc ACADEMIQUE. 149 fuc couleur de nacre, peuvent palFer vers le bord, ils font apparemment bien des contours; mais ce qui paroitfur, c 'eft que les vaiiFeaux de l'une & l'autre Acad. Rowie efpece font plus abondans, plus gros, plus remplis de fucs dans les endroits des Sciences de ou ils fourniiFent a l'accroiilement de la coquille ; par confequent il doit y Paris. arriver pluiot qu'aux autres, de ces accidens qui font epancher ltur fuc. Hist. Nati/?.. On trouve audi aux l'innes marines des pedes noires , ou plutot d'un brun Amide ij noiratre ; mais Celles-ci font opaques, au lieu que celles qui font de couleut d'ambre, font tranfpareiues, les unes & les autres font formers d'une meme matiere : celle des noires a ete obfcurcie par le melange de quelque fuc , le poilFon a de quoi en tournir de noirs ; mais les perles noires caiTees en mot- ceaux alFez minces |>our are tranfparens , font audi d'une couleur approchante des perles jaunatres ou rougeatres ; leur epaifTenr leur donne une grande partie de leur opacite & de leur couleur brune : il y a audi des endroits ou la couleur de la coquille eft plus brune 6c plus opaque qu'ailleurs, &: oil elle rpproche de celle des perles obfcures. Outre la difference de couleur que nous avons fait obferver dans les deux couches qui compofent la coquille, nous y en avons fait remarquer une plus finguliere, c'eft la difference de leur rilFute ; que la nacre eft faite de feuilles appliquees les unes fur les autres , & que la partie rougeatre de la coquille eft compofee de tilers appliques les uns contre les autres. Pour decider furement fi les perles argentees font hires du meme fuc que la nacre , &C les perles cou- leur d'ambre , du meme fuc que la coquille rougeatre , il me parut qu'il ne s'agifloit plus que de voir ii entre ces perles de differentes couleurs , on trou- voit les memes varietes de tilTure qu'entre les parties de la coquille : j'ai done calFe plufieurs des unes & des autres, & j'ai toujouts vu que les perles argen- tees etoient compofees de couches concentriques , Fig. VII, qui s'envelop- poient les unes les autres cemme les peaux d'un oignon , & e'eft une remarque qui n'eft rien moins que nouvelle ; mais j'ai oblctve que les perles rougeatres avoient aulli des couches concentriques moins fenhbles pourtantque celles des argentees , mais qu'elles avoient de plus des tilets pareils a ceux de la coquille rougeatre, Fig. IX, qui, comme autant de rayons, etoient tous diriges du centre vers la circonference. Void memes varietes de couleurs , memes va- rietes de ftrufUite entre nos deux efpeces de couches de la coquille &: entre nos deux efpeces de pedes. Y auroit-il encore lieu de douter que les couches de la coquille & les perles qui ont tant de relTcmblance, ne fulFent pas formees de la meme matiere ? J'ai vu de ces perles dont-s •■e moitic ou a-peu-pies de la Airfare ctoit de ccu- leur de nacre , & l'autre moitic noiratre : elles avoient ete formees dans le confluent de deux vaiiFeaux a fuc de diftcrentes couleurs; mais il n'y avoit qu'une couche mince de ces deux couleurs, le refte etoit d'une couleur uni- forme. Quand les vailleaux fe brifent a la firrface exterieure du corps de l'animal, ou que pour s'c-tre tropelargis, ils lai.Fent cchapper plus abondamment du fue pieneux, la matiere qui fe (ige forme une efpece de nceud que les joailliers appellant loupe de perle , lorl'que ces neuds ont ete pris dans les coquilles a nacre. Les coquilles de Pinnes ont quelquerois de ces noeuds , elles en ont & de couleur rougeatre & de couleur de nacre. 11 y a de ces loupes dans les vraies Tornt IV, Partie Franc,oifc. I i ijo COLLECTION ■ coquilles, d'une eau fi approch.inte de celle des perles, qu'on ne peut quel- Acad. Royale quefois les diftinguer les unes des autres , quoique mifes en ceuvre fur la meme des Sciences de piece. Quand les joailliers trouvent deces loupes demi-ipheriques , ils les font 1'aris. fcier , & de deux de meme groifeur, collees enfemble, ils compofent une Hist. Natur. perle, Ar.nee 1717. Rien n'ell moins conftant que Ie nombre des perles de ces coquillages ; il y a des Pinnes marines 011 je n'en ai point trouvc du tout : j'en ai vu plus de vingt a d'autres. Il n'ell pas fur non plus que les Pinnes marines ayent par- tout autant de perles qu'en one celles de nos cotes de Provence. Comme Pair St les alimens rendent les habitans de certains pays fujets a certaines maladies , fans doute que les eaux des mers &c des rivieres que les poiflons refpirent, & qui les nourrilFent en partie , l^ur caufent bien des incommodiies. Dts mou- les de meme efpece ont des perles dans quelques rivieres, &c n'en ont point en d'auttes. Nos huitres nous feroient peut-etre beaucoup plus precieufes , 11 les eaux de nos mers leur etoient aufti mal iaines que celles de la cote de la Pecherie le font aux huitres qui y vivent; au lieu que les perles font rares dans nos huitres , elles y feroient peut-etre communes , ces coqudlnges feroient plus fujets a la pierre, Sur un Foetus de Coulcuvre. (Hijt. pag. z8.) M. i. du Verne y a dit que fi on cafTe un ccuf de couleuvre dans Ie terns que le petit ferpent eft pret a fortir, on le voit d abord route en fpirale , roide & fans mouvement ; mais que des qu'il a ouvert la gueule deux ou trois fois , &: pris 1'air, il a tout-a-coup des mouvemens ties-vifs. L'air monte la machine dans le moment. Sur une pretendue vegetation d'une corne de bceuf. (Hift.pag. 1 z.) JV1. de Mairan avoir envoye a l'Academie la relation d'une corne de bceuf qui paroiltbit avoir vegete en terre, & il l'a fait voir a l'Academie depuis qu'il en eft membre. Cette corne fut arrachee de terre avec la charue par un labou- reur pres de la ville de Beziers. De (\ bafe partoient un nombre prodigieux de filets qui avoient l'air de racines fraiches, fucculentes & pleines de vie dans les premiers terns, 8c faifoient naitre d'abord l'idee d'une vegetation. Mais en les examinant de plus prcs, M. de Mairan fe defabufa de cette idee : elles etoient cylindriques , creufes , liftes par leur furface imerieure , dont on de- nchoit aifement des filets foyeux apres les avoir un peu laiffe tremper dans l'eau : elles rendoient fur le feu une odeur de corne bailee, & les diflolvans chymiques faifoient fur elles a-peu-pres le meme effet que fur de la corne. Tout celaprouve que ces faulles racines etoient une vraie production animale. Quel- ques infecles inconnus & fouterrains qui font des coques comme les chenilles , fe feront amailes en grand nombre autour de la corne , fe feront nourris de fa Annie 17 1 7. ACADEMIQUE. iji fubftance, & y auront attache leurs coques qu'ils auront enfuite filees & baties **~" a leur maniere. II s'enfiiit de li qu'elles ont dii etre necelFairement creufes : Acad. Royal* les infe&es en feront peut-ecre fortis fous quelqu'autre forme , ainfi que cant des Sciencu ds d'autres qui ne batilFent des coques que pout fe preparer a leur metamorphofe. PAR's- Tout le refte convient evidemment a cette explication. Cependant M. dc Mairan avoue qu'il a mis d'autres comes en tetre, dc qu'il ne leur eft arrive rien de pared, quoiqu'il ait vatic 1'experience de plufieurs facons : il n'y a vu ni apparence de racines , ni coques d'infectes ; feulement il a vu que celles qui etoient demeurces expofees a l'air, etoient rongees d'un infecte velu fait a- peu-prcs comme une petite chenille, d'une ou deux lignes de longueur, mais qui a des jambes & marche alFez vite. C'eft le meme animal qui ronge l'ccaillo ik les cheveux humains. Sur les Plcrrcs de Florence. (Hijl. pag. 1 .) Il arrive prefque toujours dans la nature que les memes chofes fe patient ici en grand Sc fort fenfiblement , la en petit & d'une maniere imperceptible : les meilleures explications font celles qui tranfportent aux phenomenes delicats les caufes que Ton a connues dans ceux qui etoient plus gtoffiers. M. de la Faye avoit obferve que les piertes a rafoir que Ton tire d'une carriere de Lor- raine ou elles font fur une elpece d'ardoife , font quelquefois melees de veines noires qui les rendent moins propres au rafoir, parce que la matiere de ces veines differente de celle de la pierre , empeche qu'il n'y coule alfez egalement & alfez librement ; il avoit concu que ces veines qui penetrent route la fubftance blanche ou jaunatre de la pierre, devoient venir de l'ardoife qui cunt encore alfez liquide, (car routes les pierres l'ont etc) dans le terns que la pierre a rafoir fe durcilFoit , avoit jette dans cette pierre line matiere ettangere qui s'ctoit infinuee dans toutes les femes ou interftices ouverts, cV que la caufe du mou- vement par lequei la matiere de l'ardoife avoit monte dans la pierre , etoit la compreftion de la terre fuperieure qui en pefant fur l'une & l'autre matiere encore liquide , avoit oblige celle qui l'etoit le plus a monter dans celle qui l'etoit le moins, & a la penetrer autant qu'il etoit poftible. On voit que cette explication fort vraifemblable en elle-meme , eft affez ge- nerate , &: fe pent aifement appliquer a tous les faits pateils. Aufli M. de la Faye I'applique-t-il aux pia.:s de Florence 011 Ton voit des plantes, des ar- bres , des chateaux, des clochers , quelquefois des figures geometriques. Tout cela ce ne font que des veines , mais tres-fines &: tres-finement ramifiees , d'une matiere ettangere qui s'eft infinuee dans la fubftance de la pierre, comme celle de l'ardoife dans la pierre a rafoir. Selon cette idee les representations les plus ordinairesdoivent etre des plantes, parce qu'il eft fort naturel que la matiete etrang;re qu'on fuppofe plus fluide que la pierre , fe divife & fe fubdivife en un grand nombre de petits courans qtt! a'titbnt l'air de rameaux. Et il ne faut pas croire que ce puilFent etre de vcritables plantes qui aient laiffc leur empreinte dans les pierres de Florence, car ces reprcfentations les penetrent dans toute leur cpaifteur ; ce que de veri- li.ij 25i COLLECTION I^TT^^T^^ tables plantes n'auroient pas fait; ces tableaux ne font pas a beaucoup pres Acad. Royale de la nit me perfection que ceux qui ont ete raits fur les originaux , & le plus uys Sciences de fouvent les pretendues branches ne font pas des filets continus, mais feule- "■*»"• ment potictues ; en fin des chateaux n'ont pas laifle la leur empreinte , 8c il ;ST ,R' faut bien que les hafards du cours de la matiere errangere en aient produit Aanee 1717. jcs appatencciS impaifaites que notre imagination favoiile volontiers. Sdr une cfpicc d'aimant dc Ceylah. {H'ft- fag. 7.) o n trouve dans une riviere de l'ifle de Ceylan line pierre grande comme un denier, plate, orbiculaire , epaifte d'environ une ligne, brune, lifie & lui- fante , fans odeur & fans gout , qui attire & enluite repoulfe de perils corps le- gers comme de la cendre , de la limaille defer, desparcelles de papier. M. Le- niery la fit voir ; elle n'eft point commune , Si celle qu'il avoir , coutoit 1 5 livres. Quand une aiguille de fera ete aimantee, l'aimant en attire le pole fepten- trional par fon pole meiidiona! , & par ce meme pole meridional il repoufie le meridional de j'aiguille , airifi il attire & repoufie difterentes parties d'un meme corps , felon qu'elles lui font prefemees , &z il attire £c repoufie toujours les memes ; mais la pierre de Ceylan attire &c enfuite repoufie le meme petit corps prefente de la meme maniere , & c'eft en quoi elle eft fort differente de l'aimant. 11 femble qu'elle ait un tourbillon qui ne foit pas continuel, mais qui fe forme, cefte , recommence d'inftant en inftant. Dans l'infrant ou il eft forme les petits corps font pouftes vers la pierre ; il cefte, &c ils demeurent 011 ils etoient; il recommence, c'eft-a-dire , qu'il fort de la pierre un nouvel ecoulement de matiere analogue a la magnetique , & cet ecou- lement chafie les petits corps. II eft vrai que felon cette idee les deux mouve- mens contraires des petits corps devroient fe fucceder continuellement , cequi n'eft pas; car ce qui a ete chafie n'eft plus enfuite attire. Mais ce qu'on veut qui foit attire, on le met aflez pres de la pierre , Sc lorfqu'enfuite elle re- poufie ce corps, elle le repoufie a une plus grande diftance. Ainli ce qu'elle a une fois chafie, elle ne peut plus le rappeller a elle, ou ce qui eft la meme chofe , fon tourbillon a plus de force pour chafier en fe formant , que pour attirer quand il eft forme. Sur un ceuf monjlrueux. (HiJI. pag. 25.) Annie 171 8. U ne jeune pouie , qui avoir coutume de pondre d'affez gros ceufs, etant tombee dans une langueur qui augmentoit toujours, & en meme terns dans la fterilite, M. Morand le fils , chirurgien de l'hote! des Invalides , qui la vit reduite a I'extiemite , lui abregea fes jours de quelques heures pour examiner la caufe de (on mal II lui trouva une grofte rumeur atnchee au mefentere pa- un pedicule , &c dans cette tumeur un ceuf monftrueux qui pefoit trois quar- terns &: demi moins deux gros , au lieu que le poids ordinaire des plus gros A C A D C M I Q U E. 25 5 ________ ccufs n'cft que de daix onces , c'eft d-dire, qu'il pc-foit prcs de fept fois da- ■ :—— vantage. La pocheou il etoit enfetme ctant fort grofle & fort pefante, & ren- A. feimee dans la cavite da ventre, aveit extrememeot incommode les intcftins, »ssSci«icis ue & caufe a 1'animal une langueur qui croilloit toujours avec elle. Ajys' ., r> 1 1 Hist, ,\ ati'r L'ceaf avoir fori blanc 6c fon jaune j le blanc fort endurd , ,r ,r 1 u j u 1/ ■ ,r - Acad. Royaie nent plus. 1 elle ell 1 exceliive petiteile de ceux que M . dc Malczieu a obferves DIS sCI , a fon microfcope, il l'a prouvce par le calcul geometrique de I'augmentation Pari?. que cet inltrument caufe aux objets Quelles font done les bornes de la petitcSe Hist. X'atur. des animaux? Nos yeux vont depuis I elephant jufqu'a la mitte; la commence hnuU 171 8. un nouvel ordre referve au microfcope, ec qui va depuis la mute jufqu'a des animaux vingt-fept millions de rois plus petits , cet ordre n'elt pasepuife fi le microfcope n'elt pas encore arrive a fa plus grande perfection , & quand il y fera , les animaux feront-ils epuifes ? II y a au comraire une extreme apparence qu'ils ne le feront pas , les bornes de la nature ne doivent pas fe rencontrer (i jutte avec cclle de nos yeux aides du microfcope. Qui pourroit memeairurer qu il y ait des bornes ? Tout ce qui peut faire croire que les animaux en ont en petiteire, e'eit qu'ils en ont en grandeur. De ce cote-la ils fe terminent a l'elephant. De lui jufqu'au plus petit animal exiltant , il y a une progrellion rerriblement decroilfinte. M. de Malezieu a fait une observation finguliere fur les animaux prefqu'in- finiment pet:ts que le microfcope decouvre dans des gou;tes de liqueur j il en a vu furement d'ovipares & de vivipares. Plufieurs font fi tranfparens , qu'au travers de leur peau exterieme on dittingue nettement leurs dirrerens vifceres, les mouvemens de ces parties , & jufqu'aux mouvemens contraires dn fang on de la liqueur qui en tient lieu , de forte que la circulation fe voit d'un coup d'ceil dans l'animal entier. De ces animaux tranfparens , I'vl. de Malezieu a vu les uns jeter des ceufs, qui auparavant etoient de petits grains que Ton comptoit dans leurs int. (tins , & qui des qu'ils ont ete fottis, font devenus des animaux dont la resemblance avec la mere augmentoit d'inftant en inftant, a mefure qj'ils fe developoient & qu'ils croiiroient. Les autres ont produit des petits vivans qui I'etoient deja dans le ventre de la mere , & y avoient des figures reconnoillables & des mouvemens fenfibles. On voit par la que la loi de la generation des animaux eft bien conltante , & la nature toujours la meme tant en grand qu'en petit. Et comment ne le feroit-e!le pas ? 11 n'y a point de grand ni de petit pour elle. Effais dc VHifhire des Rivieres & des Ruiffcaux du Royaumc qui roulent des Paillettes d'Or, avec des ohfervations fur la maniere dont on raniajfe ces Paillettes, fur leur figure , fur le fable ayec lequel clles font melees $ fur leur titre. Par M. de R e a u m u R. ( Mimoins, pag. 6 S. ) JLe Nouveau Monde a envoye a 1'Ancien Tor & 1'atgent avec tant de profusion , fur-tout peu apres fa decouverte , qu'il s'eft fait regarder comme le pays natal de ces metaux. Eblouis par les richelfes qui nous font venues du Perou & da Mexique , nous avons ptefque oublie que le relte du monde tiroit autrefois de iJ(5 COLLECTION _o» les minieres de quoi fournir au commerce & au luxe. Celles de l'Europe, dc Acad. Royale en particulier celles de 1'Allemagne &de laFrance, out cependant eteabondan- pe5 Sciences ds tes , c'eft de quoi on trouve de folides preuves raflemblees dans le traitc d'Agri- Paris. Cola de. veteribus & novis metallis. Malgrc notre peu de gout a. fouiller la terre, Hist. Natur. nous avons encore dans le Royaume quelques mines d'argent qui ne lont pas Amice 1718. entierement abandonnees. Pout 1'Allemagne il lui en refte plufiturs de ce me- tal, & meme d'or, qui font travaillces avec fucces. Stalh , habile Chymifte , veut qu'on mette quelques-unes de £cs contrees en parallele avec les plus fe- condes des Indes en ce genre de production ; il fe fachememe tout de bon con- tre qui le refufe , & traice alfez durement ceux des Peuples voifins de 1'Alle- magne a qui il ne femble pas croyable qu'on ait tire de fes minieres depuis 400 ans quarante mille millions d'argent , fans les tonnes d'or. Ceux qui au- ■ifaes qu'ils out donnces a pi Royaume , font prifes communement pour des prefens de leur imagination liberate. Nous avons pourtant en France des Rivieres qui meritent ces riches cpi:hetes. L'Ariege meme en a pris fon nom d'Jurigira quelle potte a bon t'tre" . ir < A la verke nos richefles en ce genre ne font pas grandes ; Tor qu'on ramafle a prc-fent dans nos Rivieres fuflit a peine pour faire vivre pendant quelques mois les payfans qui s'occupent a ce travail; mais au moins en donnent-elles allez pour fouinir a ia curiolite des Phyiiciens , &c peut-etre pour les engager a l'efpece de recherche a laquelle on applauditoit le plus , & dans laquelle on aimeroit mieux les fuivre. i°. Le Rhin tient un des premiers rangs parmi les fleuves qui roulent des paillettes d'or avec lent fable; c'eft un de ceux oul'on en ramafle le plus. Ce n'eft pas , comme nous le verrons dans la fuite , qu'elles y foient plus abon- dantes & plus grofles que dans quelques autres rivieres du Royaume; mais le Rhin tient a ce pays laborieux ou Ion eft attentif a profiler des produ&ions minerales, &z oil la metailurgie eft pouflee plus loin que dans le refte de l'Eu- rope. On trouve des paillettes d'or parmi le fable de ce fleuve, depuis Straf- bourg jufqu'a Philisbourg. Elles font plus raresentre Strasbourg & Briflac ; le Rhin y eft plus rapide, il entraiue tine grande partie de fon or plus loin : c'eft entre le Fort-Lcuis & Guermeshein qu'il en depofe le plus. Le droit de faire la recolte de ces paillettes appartient aux Seigneurs fur les terres de qui il palfe : le ma^iftrat de Strasbourg l'a fur pres de deux lieues du coins de ce fleuve ; il l'afterme a condition que ceux qui y auront ramalle 1'or, le lui apporteront , a \G livres l'once, qu'il vend enfuite aux orfevres fur un plus haut pied. A vrai dire, s'il afferme ce droit, c'eft plus pour fe le conferver, que pout le profit qu'il en tire. Je ne fais ft je dois dire a quel point nous fommes pau- vres, quand je femble etaler nos richefles. 11 ne revient pas au Magiftrat de Strasbourg plus de quatre a cinq onces d'or par an : il n'eft pas bien fur aufti que tout celui qui eft ramafle lui foit pone fidellement. M. l'Evequede Straf- boura, leComted'Hanau , & divers autres Seigneurs afferment aulli le meme droit , chacun fur leurs terres , a d'autres conditions. Les ouvriers qui s'oc- cupent a cheichet ces paillettes , gagnent communement trente a quarante fois par A C A D £ M I Q U E. i5> par jour. Le terns de ceux des mines du Perou n'eft pas payc fi cher a pro- ■■ mi ■ ■ ■ portion; il eft dommage que nos ouvricrs ne puilfent etre qu'en petit nombre, Acad Royaie & qu'ils ne travaillent que pendant une petite pa'rtie de l'annee. dES Sciencii de i°. Le Rhone roule audi dans le pays de Gex alfez de paillettes d'or avec fon Paris. fable pour occuper pendant 1'hiver quelques payfans a qui les journees valent Hist.Natu*. a-peu-prcs depuis 12 jufqu'i 10 fols : ils s'attachent principalement a lever de Annie 171I. grolfes pierres , ils enlevent le fable qui les environne , &c c'eft de ce fable qu'ils tirent les paillettes. On eft incertain fi le Rhone entraine ces paillettes de fon propre fond, ou (1 la Riviere d'Arve ne les lui apporte point avec fes eaux ; car on ne les trouve que depuis l'embouchure de cette Riviere jufqu'a cinq lieues au-delfous ; au moins paroit-il fur qu'il ne les amene point d'aupres de fa fource ; il les depoferoit dans pres de 12 lieues de trajet qu'il fait au iravers du lac de Geneve. 3°. La Riviere appelee le Doux ne merite pas d'entrer en parallele avec lei fleuves precedens; elle pafTe dans la Franche-Comte , fon fable fe trouve par- feme de paillettes d'or; mais elles y fonr alfez rares, il n'y a eu encore jufquej lei que la curioiite qui les y ait fait chercher. 4°. Mais une Riviere qui, quoique petite, ne le cede ni au Rhin , ni au Rhone fur la quantite de fes paillettes d or , c'eft: celle de Ceze qui tire fon origine d'aupres de Villefort dans les Cevenes. Dans plufieurs lieues de fon cours on trouve par- tout a-peu-pres egalement des paillettes communeroenc beaucoup plus grandes que celles du Rhin & du Rhone ; fouvent aulli elles payent mieux le tems de ceux qui les chercheni ; il y a des jours heureux qui leur valent plus d'une piftole ; mais ils font achetes par d'autres qui ne leur pto- duifent prefque rien. 5 °. La Riviere du Gardon qui , comme celle de Ceze , vient des montagnes des Cevenes, entraine aulli des paillettes d'or a-peu-pres de meme grandeur, & en aulli grand nombre. 6°. Nous n'oublierons pas de mettre l'Ariege dans notre lifte; fon nom avertit qu'elle y merite place : on lui trouve des paillettes d'or dans le pays de Foix ; mais ou elie eft le plus riche , c'eft au\ environs de Pamiers , & c'eft la aulli qu'elle paye le mieux le tems de ceux qui cherchent les grains d'or. La meme Riviere en roule aulli dans l'Eveche de Mirepoix. 7°. On rait tous les ans dans la Garonne, a quelques lieues de Touloufe, une petite recolte de paillettes d'or ; mais il y a lieu de croire qu'elle en tient la plus grande partie de l'Ariege ; car ce n'eft gueres qu'au deifous du confluent de cette derniere riviere qu'on les cherche. S°. & 90. Peut-ferre que I' A riege elle-mcme recoit d'ailleurs une grande partie de fan or, du moins eft-il fur qu'on en trouve en divers petits ruilfeaux qui la groirilfent de lcurs eaux ; on ramalfe meme des paillettes fur-tout dans deux de ces ruilfeaux, favoir, celui du Fertiet &: cclui du Benaqucs : ils viennenc l'un & 1'autre des hauteurs qu'on a a fa gauche quand on delcend de Varilhere a Pamiers. io°. Le Salat, petite Riviere, dont la fource , comme celle de l'Ariege, eft dans les Pyrenees , & qui a fon cours dans le Comie de Couferans, Gencra- liic de Pan , le Salat, dis je, roule aflez de paillettes d'or pour occuper pendant cjuelque tems de l'annee les payfans d'auiour de Saint-Gnons a les tamalTer. Tome IF, Partie Franqoife. K k e 158 COLLECTION — Nous pouvons done deja compter dans le Royaume dix rivieres on ruifTeaux Acad. Royale qui roulent des paillettes d'or dont on fait des recoltes qui , a la verite, ne des Sciences de font pas bien confiderables ; il vaudroit mieux l'emporter fut les amies pays Paris. nar la quantite de la matiere , que pat le nombredes endroits ou on la trouvej Hist. Natur. ,najs [[ femble du moins que nous 1'emportons pat ce dernier cote : il eft peu Amice 17 is. je ^e p^tenjue cje la trance ou il y ait autant de tivieres Aimfcrts , &: e'eft tin avantage qu'elle a eu de tout terns , & qui a ete plus connu autrefois. Diodore de Sicile nous apprend que la nature lui a donne par privilege l'or, fans le lui faire chercher par 1'art & par le travail ; qu'il eft mele avec 1c fable des rivieres \ que les Gaulois favoient laver ces fables & en titer l'or , le fon- dre, & qu':ls en faifoient des anneaux , des bracelets, des ceintures, &c. Au refte, nous negroflirons point notre liite des tivieres indiquees par di- vers auteurs; nous n'y ajouterons point le Tame fur l'autotite d'Aufonne; nous n'y placerons point non plus la petite tiviere de Giers qui pren J fa fource du mont 1'ila ; quelque poiitif & quelque dctaille que foit ce que nous dit Duchoul de la maniete dont on y ramafle l'or , quoiqu'tn ait dit Papire Maflon. Nous n'y mettrons pas non plus la riviere de L-henevalet qui pafle en Forez : tout ce qu'on tapporte du Lot & des Gaves du Beam ne nous fuffit pas audi, pour que nous leur donnions le nom d' Aurifcres ; peut-etre que ces rivieres rendiont dans la fuite plus complette une hiftoire dont nous ne donnons qu'uii eftai; e'eft meme dans la vue de nous mieux inftruire de ce que nous avons fur cette matiere, que nous avons hafarde cet eflai , tout imparfait qu'il eft Nous avons cru que nous revcillenons l'attention fur une matiere a laquellf elle fe piete volontiers; mais nous nous fommes propofes de ne mettre au rang des rivieres Aunferes que celles qui le font prefentement (telle a pu i'etre autrefois qui ne left plus aujourd'huij , que celles dont nous avons examine le fable & Tor, & que celles fur lefquelles nous avons des temoignages irrepro- chables ; malgie l'eloignement , ce font des fans qui deviennent aifesa eclaircir par la protection que Son AltelTe Royale, Monfeigneur le Due d'Orleans, donne aux Sciences , & en particular a celles qui ont un tapport plus dire& au bien public , & qui font fobjet de l'Academie. 11 envoie lui meme a Meflieurs les Intendans les Memoires que nous dreflons, il les charge d'apporter toute leur attention a y fatisfaire. Pour are le premier inftruit des foins qu'ils ont pris , il veut qu'ils lui adrelTcnc a lui- meme les eclairciflemens & les mataiaux qu'ils ont raffembles. Quelles precaution's ne prend-ton pas pour fatisfaire a des yeux fi eclaires? C'tft pour obeir a des ordres ft refpectables que Mellieurs de Baville, d'Angervilliers , de la Bnffe & Dandrtzel, bien inter tionnes na- turellemenr pour les fciences . nous ont fait ramaller avec tons les foins pof- fibles , les fables & les paillettes du Rhin , du Rhone , des rivieres de Cefe, du Gardon & de 1' Ariege qui paffent dans leurs Gcnerahtes , fur lefquelles nous avons fait les obfervauons que nous donnt-rons dans la fuite de ce Memoire. Ann pourtant que ceux qui voudront bien nous aider a decouvrir julqu'ou vont nos richefles de ce g<-nre, foient inftruits des lieux & des terns les plus favorables a ces fortes de rccherches, nous aliens en dire nn mot, apres quoi nous expliquerons les diffeientes manieres dont on fepare dans le Royaume les petits grains d'or du fable avec lequel i's font meles, nous examinerons enfune la nature des fables meme, & en fimlfant, nous dirons quel eft le utte de l'or qu'ils donnent. ACADfeMIQUE ij, Les rivieres qui ont des paillettes d*or , les ont fans doute npportces dans i.1 -— les endroits oil on les trouve , elles n'y ont pas ete produites. Si ce fait avoit Acad. Royals befoin d'etre prouve, il le feroit quand nous examinerons leurs figures ; ce des Sciences de font done on les torrens 8c les tuilleaux qui fe rendent dans lcs rivieres, qui Paris. les enrichiircnt de 1'or qu'ils ont entraine , ou les rivieres elles-memes qui le Hist. Natur. dctachent. Plus le cours de la riviere elt rapide , moins il eft aifeaux paillettes Anncc 1718. de fe precipiier : l'eau les route jufqu'a ce qu'elles foient engagees aftez avanc dans le fable pour refifter a fon effort. De-la vienten partie que tous les en- droits du cours d'une riviere n'en out pas egalemen: ; on en trouve plus qu'ail- leurs dans les endroits ou elles coulent avec moins de rapidite , ou leur lit s'elargit; m.iis ceux ou elles en depofenr davantage, e'eft dans ces efpeces d'anfes ou l'eau commence a perdre de fa viteffe , & aupres des coudes ou fe change la direction de la riviere. Les pierres qui fe trouvent au fond des rivieres font aulli des digues capables de les arreter; nous avons deja averti que les payfans qui cherchent l'or du Rhone, ramalfent foigneufement le fable qui eft amour des pierres. On ne fouille pas a une grande profondeur : les chercheurs de paillettes de l'Anege vont au plus .i deux pieds, mais le plus fouvent ilsn'enlevent le fable que jufqu'a quutre doigts de fa furtace fupeneure. Le terns piopre a cette recherche eft celui ou les eaux font baftes; on prend alors plus commodement un fable eloigne des bords ; e'eft parce que les eaux du Rhone font ordinairement bafTes en hiver, que les payfans n'y vont gueres chercher les paillettes que dans cette faifon. Mais de tous les terns le plus fa- vorable eft celui ou les eaux balfes viennent peu apies des debordemens. I es rivieres & lcs torrens agilTlnt avec plus de force contre les mines fur lefquelles elles patient pendant que leurs eaux font groiTes ; elles en dctachent plus de partie qu'on trouve moins enfoncees dans le fable, fi on les va rar.iaiier peu apres que les eaux fe font retirees; les payfans des environs des rivieres de Cez> & du Gardon ne manquent gueres audi ces heureufes circonftances ; la rcxolre des paillettes de l'Anege a etc plus petite l'an pafle qua l'ordinaire, parce que fes eaux ont toujours ere balfes. Les paillettes font fouvent fi petites & en fi petite quantite dans le fable, qu'elles echappent aux yeux les plus clairvoyans & les plus attentifs ; mais il eft fouvent aile d'appercevoir des endroits ou le fable a une couleur noiraire ou rougeatre , & en general des endroits ou il eft d'une couleur un peu diffe- rente de celle qu'on lui voit ailleurs. Ce fable noiratre , ou ce fable d'une couleur differente de celle du refte , eft toujours celui a qui il faut s'attacher. S'iI y a de l'or, e'eft la qu'on le trouve, ou on l'y trouve plus abondamment qu'ailleurs. - Venous a prefent a la maniere dont on fepare ces paillettes du fable ; e'eft un ouvrage qui fembleroit ne convenir qu'a ces fourmis rabuleufes des Indes ; en n'oferoit lefperer de I'adielTe des hommes, li on ne favoit qu'elle en vient tous les jours a bout. Tel boilfeau de fable ne contient quelquefois que deux ou trois grains d'or aulli petits que la pointe d'une epingle : on les trouve pourtant ces deux ou trois grains , on les fepare du refte iiu fable par une ma- nceuvre tres fimplc, par de feules lotions reiterees. L'idee qu'on s'eft raite dei richelles du Peiou fera peuc-are regatdet avec une efpece de pitie nos amallcurs Kkij z difpofe.-s d'efpace en efpace qu'ils n'ont pas la force de vaincre : e'eft parmi Anncei7i8. les grains de cette derniere efpece que fe trouveiu les paillettes d'or qui y font encore confondues avec un volume de fable qui furpafte confiderablement le leur. Apres que la claie ou le crible a ete rempli un certain nombre de fois , les morceaux de draps font tout couverts de fable , & ne feroient plus en ccat d'en arrecer de nouveaux : on les detache , on les lave dans une cuve pleine d'eau. pour leur oter le fable qu'ils ont retenu , qui a fait l'objet du travail precedent j enfin on attache une feconde fois les morceaux de drap fur la planche , & on repete les manoeuvres que nous avnns rapportees, jufqu'ace qu'on ait amallc une certaine quantite du fable qui eit retenu par le drap. La facon de laver jufqu'ici a ete groiliere : on lave avec plus de precaution le fable riche qu'on a raifemblc : on en met une partie dans un vafe de bois creux en maniere de nacelle ; e'eft la figure qu'a celui des laveurs du Rhin. Le laveur remplit d'eau cette nacelle, il la prend enfuite a deux mains , il l'agite plus legcrement , mais d'une maniere alfez femblable a celle dont on agite le van a bras pour vanner le bled : le but de ces deux manipulations eft aulli le meme : le vanneur fe ptopofe de faire venir en defTus les pailles & les grains les plus legers. Notre laveur veut auili amener le fable le plus leger nu-delfus de 1'autre j il donne aux grains les plus pefans la facilite de defcendre jufqu'au fond du vafe , e'eft ici , pour ainli dire , une facon de vanner a l'eau. L'eau qui fouleve les grains legers , qui les fepare des pefans , donne a ceux-ci le moyen de fe degaget des autres , de glilfer. Enfin , quand une partie des grains legers a pns le delHis , on verfe doucement l'eau , elle les entraine. Au refte, il elt aife de voir fi ce font les grains legers qui font deffus; leur couleuc eft difference de celle des autres, & prefque toujours blanchatre. Quand on a mis le vafe dans une pohtion inclinee , on diftingue depuis fon fond jufqu'a fes bords , trois i quatre bandes de nuances dirTerentes qui montrent l'ordre des matieres de dirlerente pefanteur. Ce travail limple demande de l'adre(Te 8c beaucoup de patience : ceux qui effayent les mines le favent a merveille , car e'eft de la forte qu'ils feparent les parties metalliques ou le rainintum des cerres & des fables. A mefure qu'on repete cette operation de vanner a l'eau , on emporte du fable blanc 8c leger : celui qui refte paroit d'une couleur plus foncee ; on com- mence a y appercevoir des brillans d'or femes. II y en a quelquefois d.;ns les fables des rivieres de Ceze , de l'Ariege Sc du Gardon, d'allez gros pour ctre alors pris a la main. Enrin , quand apres des. locions reiterees , le fable qui vient en deftus , paroic pen different de celui qui refte en dclfous, ou en perite quantite , on cefle ce travail , & le fable eft dins I'etat ou on le veut pour en retirer les paillettes. Malgre tout ce qu'on a emporte de matiere inutile , ce qui en refte furpalfe encore ii confiderablement la quantite des paillettes, qu'on peut au plus en ill • COLLECTION .i. Mini appercevoir quelques-unes difpetfees par ci par la , & fur-tout lorfqu'elles font Acad. Royale aul^' petites que celles du Rhin & du Rhone On les fepare pourtant aifement pis Sciences de en lavant, pour ainfi dire , le fable line derniere fois avec le mercure : on fait I'aris. fecher & chauffer ce (able, on y verfe du mercure , on le petrit meme avec Hist. Natur. ]a mam en quelques endroits, afin qu'il n'y ait pas un interltice entre les Annec 1718. grains du fable qui ne foit parcouru par le mercure : ll fe faifit des paillettes qu'il rencontre , ce qui lui echappe ell une matiere inutile. On fepare enfin par des lotions a l'eau le fable inutile d'avec le mercure. On fait aifez de quelle maniere on enleve au vif argent Tor dont il s'eft charge j qu'on le renfetme dans un morceau de peau de chamois, qu'on le prelle enluite pour l'obliger de palferau travers de la peau, qu'il pafte leul, & qu'il abandonne for : lor qui refte dans le chamois eft cependant encore im- bibe de mercure qu'on fait evaporer en le mettant fur le feu dans un crcufct. Les laveurs du fable du Rhone fe fervent dune planche com me les laveurs de celui du Rhin ; mais leur ufage n'eft point J'y attache! des morceaux de drap : ils entaillent dans cette planche, de quatre pouces en quatre pouces , des rigoles ptofondes de deux hgnes & larges de quatre , paralleles au bout de la planche. Le fable fin s'arrete dans les rigoles comme dans les poils du drap. Les laveurs de fable des rivieres de Ccze Si du Gardon, etendent fur leuc planche de petites couvertures : les uns les prennent de peau de chevte, les autres de crin , les autres de laine : les paillettes de ces rivieres plus groiTes que celles du Rhin, demandent, pour etre arretees , de plus hautes & plus fortes digues. Dans quelques endroits 011 paflfent ces deux dernieres rivieres , les payfans font attentifs a obferver les terns oii elles grollilfent ; ils couvrent alors de pcaux de moutons les chauiTees des moulins; ii les eaux viennent a deborder , elles y depofent des paillettes : ces toifons , moins riches apparemment que celle des argonautes, auroient pu comme la leur devenir des toifons dot , s'il leuc plii aux poctes. Les laveurs des fables de l'Ariege n'ont point l'ufage de la planche inclinee, ils commencent Sc finiftent leurs lotions dans des efpeces de plats de bois fort applattis vers les bords , & dont le fond eft peu creux , ils les rempliflent de fable dc les agitent dans l'eau meme de la riviere. On ne fait aucune recolte oii I'on ne perde de la matiere qui en eft l'objet , celle de nos grains d'or ne fe fait pas aulli fans perte. Si on ne lave avec beaucoup d'atten- tion , les plus petites paillettes font entrainees avec le fable ; elles font meme quelquefois fi minces , que toute I'adrelfe de l'ouvrier ne fauroit aller jufqu'i les arreter. On fait que les feuilles des batteurs d'or nagent fur l'eau ; l'expe- rience meme m'a appris que placces au fond de l'eau, elles s'elevent a fa fur- face avec une vitelte egale a celle des corps les plus legers. La chaux d'or de l'Ariege nous a encore fait voir 1'or dans un etat oii il furnage l'eau. Les pail- lettes ne font peut-etre jamais fi minces que les feuilles des batteurs d'or , on que les petits grains de 1'or en chaux de l'Ariege; mais elles le peuvent etre atrez pour obeir trop facilement aux mouvemens de l'eau. 11 n'eft pas plus fur d'ailleurs que les laveurs retirent toujours du fable tout 1'or qu'ils y out retenu; ils y verfent le mercure avec aulli peu de precaution qu'on le verferoit fur de 1'or moulu pour faire un amalgame. 11 y a pourtant bien des circonftances oii le mercure ne fauroit mordte fur 1'or ; que les fur- A C A D E M I Q U E. i£3 faces de l'or foient grafTes , en voila aflfez pour arreter fon effet. Les Indicns SSS^L'.T!!^ qui ne travailleni la plus grande partie de leurs mines qti'avec le vif argent, Acad. Royale prennent pour lui faire enlever le metal bien d'autres foi'.is , malgre lefquels DES ScltNC" M cepend.int l'or & I'argent lui echappent quclquefois. On en a nombre d'exem ,"• ., _lL ■' Aii^ruL ■ n. i ji] . n > Hist. Nat'jju pies utcs par Alphonle Barba qui eit pour les mines des hides ce qu eft Aim- cola pour celles d'AIIemagne; il rapporte meme des cas oil le mercure fere- """ I7'S' duit, dit-il, en eau , e'eft-a-dire , oil il eft fi divife, fi diflous , qu'on le perd lui- meme. Je ne fais (i les lndiens memo ne perdent pas beaucoup d'or pour menager trop le mercure. M. Frezier nous apprend qu'ils repandenc tantot 10, tantot i 5 & tantot 10 livres de mercure fur chaque demi caxon, on 25 quintaux de matiere. Nous avons mis du mercure dans la proportion de 1 a 1 15 qui eft la plus grande des precedentes fur du fable de la riviere du Gardon. 1'our faciliter l'amalgame, nous avons ajoute du fel 2c du vinaigre , nous avons broye le tout jufqua ce que les grains du mercure ne fufTeni plus viflbles ; enfinponr fuppleer a I'airchauddeslndes , auquel lescaxons reftenr ex- pofespres de troisfemaines , nous avons fan chauffer ce melange, le mercure en a retire de l'or , mais il 11 'a pas tout pris. Aptes 1'avoir fcpare du fable , nous avons jette fur ce meme fable une nouvelle dofe de mercure, double de la prccedente, qui en a retire a-peu-pres la meme quantite d'or. Au refte les hveurs n'entreprennent gueres de laver une grande quantite de fable, avant d'avoir examine ce qu'ils s'en peuvent promettre. lis commencenc par des eiTais, comme tous ceux qui entreprennent le travail des mines : ils voient a-peu-pies fur quel pied leur terns fera paye par ce qu'ils retirent d'or. de diverfes poitions de fable prifes en differens endroits de la grcve. Ce font ces memes elfiis qui les dcterminent a laver plutoc le fable d'un endroit que celui des environs. Toutes les paillettes d'or que nous avons obfervees, ont des figures aflez irreguiieres : elles ont pourtant cela de conftant , qu'elles font de petites lames , je veux dire , qu'on ne doit pas fe les reprefenter faites comme des grains de fable : elles ont moins en epaitfeur que dans les autres fens , il femble qu'elles etoient arranges par couches , par feuilles dans la mine : quelquefois elles pa- roiOent elles memes fcuilletees quand on les obferveavec la loupe. On ne les doit pas non plus imiginer minces, comme le font les feuilles de bateurs d'or , elles ont une epailfeur qui fe laiife appercevoir, 2c capable de leur donner de la folidire. Leurs figures, ma'gre leurs irregularites , tiennent toujours de la ronde , leurs bords four aulli arrondis : ce font des efpeces de petits gateaux : les frottemens ont abattu leurs angles : pendant que l'eau les entraine, elles rencontrent un fable qui les ufe. Parmi celles des rivieres de Ceze 2c du Gardon , on en rencontre alTez com- munement qui ont une ligne & demie de diametre ; mais il y en a davantage qui n'ont qu'une ligne, & meme qu'une demi-ligne. Nous en avons de I'A- riege qui ont deux lignes dans le lens 011 elles font le plus grandes; les pail- lettes du Rhin font beaucoup plus petites, & fouven: les paillettes du Rhone m'ont piru encore plus petites que celles du Rhin; mais j'ai toujours trouve' aux plus petites une figure approchante de celle des plus gropes. On alfure pourtant qu'on a quelquefois ramaAe dans le Rhone des paillettes grolfes comme des grains de millet 2c meme comme des lentillcs. Les Alle- Acad. Royaee eis Sciences de Paris. Hist. Natur. Anncc 1 71 8. 164 COLLECTION mauds en citent qui ont ere tirees de leurs rivieres , grolTes comme des feves ; mais ce ne font , pour ainfi dire, que des miettes , fi on les compare avec ces gros morceaux d'or trouves dans le Perou & le Mexique, & grollis peut-etre encore par le recit des voyageurs. Le Pere Feuillee , a qui on peut s'en fier, allure avoir vu une pepite , c'eft le nom qu'on donne a ces morceaux d'une gtoiTeur extraordinaire , dn poids de 66 marcs & quelques onces , dans le cabinet d'Antonio Porto-Carero. On nous en fit voir une en 1716 a l'Acade- mie, qui pefoit, a ce qu'on nous dit, \6 marcs : fa figure approchoit de celle d'un cceur : elle appartenoit a Dom Juan de Mur , ci-devant Corregidor d' Arica, M. Frezier a fait mention de cette pepite dans fon voyage : il en cite audi une autre de ^4 marcs qui fut acheree par le Comte de la Moncloa , Viceroi du Perou, pour en faire un prefent au Roi d'Efyagne; mais ces pepites paroilTent extraordinaires aux h.ibitans des Indes comme a nous : ce font des morceaux de mines entiers qui font detaches ou decouverts par des torrens rapides , &C nous ne favons pas quelle eft la gsolleur des morceaux d'or qui fournilfent depuis fi long terns nos rivieres de paillettes. Nous verrions peut-etre des pe- pites chez nous , fi un coup brufque , un torrent extraordinaire detachoit a la fois ce qui n'eft enleve que par parcelles en plufieurs annees. La nature tra- vaille dans de grands laboratoires : elle ne fe borne gueres a ne faire dans le meme endroit qu'un pen de tnatiere de meme genre. II y a des endroits ou 1'or des rivieres eft attache a des fragmens de pierres; Fabricius en cite, & cela arrive lorfque les veines de la mine ne font que des filets minces ctroite- ment unis a la pierre. Le meme coup arrache avec la femlle d'or la pierre a laquelle elle eft adherente ; mais il femble que l'or eft en malles afiez grofTes dans les endroits d'ou il eft detache en pures paillettes. Le fable avec lequel ces paillettes font melees , eft lui-meme une efpece de liehelTe, tn>ais qui ne pent toucher que les feuls obfervateurs de la nature : les laveurs le jettenc comme inutile : nous en diftinguerons de trois fortes en les diftinguant par rapport a leurs couleurs : favoir un fable blanc, un fable rou- geatre 8c un fable noir. Le blanc eft celui qui eft emporte par les premieres lotions : obferve au microfcope , il paroit compofe de criftaux pareils a celui ties fables les plus communs , aulli n'eft-il qu'un fable ordinaire. Mais le fable rougeatre vu au microfcope & meme a la loupe , offre le plus joli fpedtacle du monde ; c'eft un amas de routes les pierres tranfparentes Sc colorees, connues dans la joaillerie : il n'eft que rubis, faphirs , emeraudes, jacinthes, ficc. Les pierres qui y font les plus communes , font celles dont les nuances tiennent depuis la couleur du rubis balais jufqu'a celles de toutes fortes de jacinthes : de la vient que la couleur de ce fable eft rougeatre a la vue fimple. Les faphirs, topafes3 emeraudes y font plus rares , quoiqu'011 y decouvre de tres-belles couleurs. Pour le fable noir il eft prefque tout de fer , 8c aufii attirable par le coiiteau aimante qi|e la limulle meme de fer II y a beancoup plus de ce fable noir parmi celui du Rhone que parmi celui du Rhin. J'ai tire du premier avec le couteau aimante pres du tiers en fer : ce qui me flit croire que les laveurs fe ferviroient utilement de lames de fer aimantees pour degager leurs paillettes d'une partie confideiable de la matiere inutile. Ce travaii iroit meme plus vice que celui des dernieres lotions j inais il faudroit qu'ils eulLent foin de Iniftei feches A C A D U M I Q U E. t J kiirj Hist. Na.t"r. it'll pendant quelque terns , il n en devienc pas plus attirable : la pelanteur de ce (able femble cependant prouver qu'il eft metallique; mais comme il y en a nncc '7' ' Feu de eelui-ci mile avec beaucoup de fable rouge, il n'eft pas aife d'en faire elTai. Le fible rouge , ou ce fable qui n'eft qu'un amas de petits grains de diffe- rences couleurs toutes fort vives , eft auili d'une pefanteut approchante de celle des fables mctalliques, puifque par les lotions il ne peut are fepare des grains de fer, quoique la groileur de fes grains ne furpaife gueres celle des leurs, il tienr aulfi apparemment des parties metalliques. Les veines des mines font ordinairement entourees de pierres tranfparentej comme les criftaux , mais plus tendres. On les appeWe Jluors , parce qu'elles fondent aifemeut au feu , &: fervent de fondant aux mines; il y en a de dif- ferentes couleurs : ne pourroit-on point prendre nos grains de fable pour des fragmens de ces pierres ? Je ferois cependant allez difpofe a regarder ces grains de fable comme des pierres colorees, mais de la durere de celles que le Royaume peut fournir , &c cela fonde fur l'obfervaaon fuivante. On rrouve au Pui en Velai des pierres de differentes couleurs cV: de quelque valeur dans la joailleiie quand elles font grolles. Ces pierres fe ramaftent dans u:i ruilTeau appeUe Peroui/Iiou , dont on lave le fable. Le fable lave avec lequel ces pier res font melees , ne differe de celui ou Ton trouve les paillettes qu'autant que le gravier ditfere du fable com- mon. J'ai vu des pierres de toutes fortes de couleurs parmi ce gios fable; mais les jacintes y dominent coinme dans none fable fin. Enfin ce qui acheve la parite > e'eft que ces pierres1 fonc melees avec un fable noir, ou qui nous a cte envoye pour tel ; & lorfque nous l'avons examine au couteau aimante , nous avons vu que ce couteau en attiroit nulli aifement les grains, quoique gros quelquefois comme des pois , que ceux de fer pur. Les grains du fable du Rhin out des couleurs plus foncees que ceux du fable du Rhone; ceux-ci n'ont fouvenr qu'une legere teinte de couleur de chair comme les rubis balais les moins colorcs , on y voit pourtant aulli des to- pafes , des emeraudes , &c. 11 n'eft pas neceifaire de faire remarquer pourquoi nous avons donne le fable noir He le fable de cculeur difftrente du fable commun p^ur des indices des endroits oil il eft le plus avantageux de chercher les paillettes ; ce n'eft pas qu'elles s'y trouvent necelTairement melees; mais (1 la riviere en a entraine, ellc doit les avoir depofees avec les autres grains pefans. Outre ces trois efpeces de (able, on en trouve une quatrieme dans quelques rivieres, qui fcuvent a Hate les chercheuis de grains d'or d'une trompeufe eiperance. Ceite efpece de fable eft commune dans !a riviere du Gardon ; c'tft un amas de pailk-ttes t;.I- queules dont la couleur a rout l'eclat du plusbel or : loin de p;rdr'e au fen ceite couleur, elle s'y rehaulle : le feu en donne mctne a celles qui n'en one pqinr, II y a au Vigean vers le haur l'oirou , uue mine qui fit du bruit il v a plulituis Tome IV, Panic Franqoift L 1 i.66 COLLECTION annees, Sc cela principalement fur l'apparencc de ces paillettes trompetifes (a). La matiere de la mine ell noire Sc ues-duxc. : fi on la met au feu . elle de- bis Sciences de vlent parlemee de bullans d or & qu on prit aulli pour tels , parce que le reu Paris. donne lacouleur d'or au parties talqueufes dont elle eft remplie. Hist. Natur. Sans en venit a des eftais, on pern pourtant diftinguer d'une maniere affez Anne'e 171s. fiire l'es paillettes talqueufes des paillettes d'or des rivieres; il n'y a qu'a les obferver a la loupe. Nousavons fait remarquer que les paillettes d'or cnt leurs bords arrondis; on n'en voit jamais de pareils aux paillettes talqueufes : le frottement les peut caifer , mats il ne peut les polir ni les applanir ; de forte que leurs bords font tou jours aigus ou raboteux ; c'eft ure proprietc des talcs. 11 eft fingulier que, quoique l'or foit le plus rare des metaux, les rivieres qui en roulent des grains foient plus communes que celles qui en roulent de tout autre metal , fi on en excepte le fer qui eft fi abondant en Europe , Sc fur-tout dans le Royaume , qu'on en rencontre par-tout; mais on voit tres-peu. de rivieres qui entrauient des paillettes d'argent , comme l'a fort bien rematque Charleton dans fon Onoma/licon pag. 250. Georges Fabticius pretend 2 11 ill qu'elles font tres-rares, & qu'il n'y en a aucune en Allemagne. II y a meme des Metallurgiftes qui doutent qu'il y en ait. On trouve aulli peu de rivieres qui donnent du plomb, de letain ou du cuivre purs. H eft vrai qu'il eft plus ordinaire a l'or de fe trouver pur dans fa miniere , qua la pltipart des autres metaux ; mais il refteroit a expliquer pourquoi il eft plus ordinaire a l'or d'y ctre pur. Nous pourrions pourtant dire qu'y etant line fois forme, il peut s'y conferver plus long-terns Sc dans tous les endroits ou il eft empotte , parce qu'il n'eft pas fujet a autant d'alterations que les autres metaux ; d'ailleurs etant plus doux que 1'argent eV le cuivre, il eft plus aifement detache par les courans. Quand nous difons qu'on trouve de l'or pur dans les minieres , nous voulons feulement dire qu'il s'en trouve qui paroit or, Sc qui eft malleable. Nous ne pretendons pas qu'il y en ait fans aucun melange d'autres parties metalliques ou minerales : l'art meme ne pent pas s'aflfurer de l'amener a ce point ni pat le depart , ni par l'antimoine : il eft prefque toujours allie avec du cuivre , ou avec de 1'argent , Sc le plus fouvent avec l'un Sc l'autre. Nous avons- effaye celui de nos rivieres dont nous avons pu recouvrer fufEfamment, Sc nous avons trouve que l'or de la riviere de Ceze a dix-huit karats 8 grains; c'eft-a-dire , (a) M. Cramer foatient dans fa Decrmajti que les Granits & les Talcs font les matrices de l'or; & en effet les Orpailieurs de la riviere d'Eraut ne cherclient les paillettes d'or qu'a tinq lieues au plus de la fource de cette riviere dans une etendue de terrein qui n'a pref- que pour rochers que le Granit & le Talc. II les cherchent ces paillettes , ncm feulementi dans les endroits de la riviere ou l'eau eft dormante , Sc dans les finuofite's , mais princi- palement fur les rives , & for: fouvent bien avant dans les terres voifines de la riviere , & dont plufieurs ont appartenu a fon ancien lit. C'eft dans ce terrein que Ton trouve les plus grolfes paillettes ; ou m'a aflure' en avoir trouve de la valeur de quarante francs, mais ellcs iont fort rares : on en trouve aflez communement de quatre francs & quelquefois de liuit ... II faut fouyent creufer bien profondement pour trouver la bonne terre aurifere , qui n'eft pref ]ue toujours qu'un depot des terres que la riviere ou les ruifleaux y ont en- trainees., gar futcellion de terns , des montagnes voifines. Ce depot n'eft compofe que de terres lege res graniteufesfk talqueufes. Ce qui fait conjedurer que les mines d'or font con- tenues daiis ce tcrreiu , c'eft qu'apres avoir palft ces montagnes , on ne trouve plus de pail- lettes d'or, la terre etant d'une autre nature. Voyez Mem. de M. Montet a la fin des Me- mories de l'Academie des Sciences de Paris pout L'annee. 1762, pag. 648. ACADEMIQUE. itf7 i. • n. < „_ & °. F-c> Sc la matrice de 1'or qui en ell aujourd'hui fcpare, & qu'on trouve erTgrains diTsciences * p. ou en paillettes. Les eauxfoitdu deluge univerfel , foit dequelque tres-grande Pakis. inondation particuliere, auront pu , dans des (iccles trcs-reculcs , les detacher HlST- Na^u de la montagne, les brifer , les cliartier, Sc en depofer enfin les debris dans Suite dci7i8. les terreins ou on les trouve. Mais M. Pailhes a poufle plus loin l'analo"ie- il pretend que les cailloux entiets qui fe trouvent dans ces terteins , tiennent auili de Tor , 8c qu'on peut I'en retirer. 11 y a cependant tout lieu de croire que ceux qui fe trouvent aujourd'hui dans le terrein aurifere , ou s'y font formes depuis l'cvenement qui y a depofe les paiilettes, cu que la plus grande partie etoient de ceux qui ne contenoient point d'or ; car M. Pailhes en avantenvoye une affez grande quantite a l'Academie , 1'examen chymique le plus fcrupuleux n'y a fait appercevoir qu'une fubftance ferrugineufe , a la verite en alTcz grande abondance (a) , mais pas un feul atome d'or. La decouverte qu'a faite M. Pailhes n'eft point cependant a negliger; e'eft benucoup d'avoir fait voir qu'au lieu des fables d'une feule riviere , tout le terrein des environs offroit le meme avantage : peut-c-tre meme trouvera-t-on quelques moyens plus expeditifs que celui qu'emploient les orpailleurs , des qu'on voudra mettre cette efpece de mine en valeur. 11 y a des annees dans lef- quelles on porte au feul bureau de Pamiers, qui n'a pas plus de deux lieues d'arrondhTement , jufqua quatre-vingts marcs de cet or ramafTe dans i'Ariege , & il y a grande apparence qu'on n'y porte pas encore tout celui qu'on ramafle. Si on travailloit tout le terrein des environs qui eft aurifere , il eft bien fur que cette quantite augmenreroit confiderablement, Sc pourioit devenirunobicc intetc-GTant. Mais quelque ilmple que foit aujourd'hui Part des orpailleurs , qui ne con- fifte gueres qu'a vanner, pour ainfi dire, leur fable dans 1'eau avec unefebille de bois , qui a pu leur enfeigner que dans ce fable ils trouveroient de 1'or qu'on n'y voitqu'apresbeaucoupde lotions, &qu'ilsl'en fepareroient parce moyen ? M. Pailhes hafarde fur ce point une conje&ure; il penfe que les Gaulois qui, fous la conduite de Brennus , pillerent le temple de Delphes, avant etc dif- perfes dans toute la Grece ou cet art etoit connu, le virent pratiquer, & que ceux qui revinrent de cette expedition . le rapporterent a leurs compatriotes chez lefquels il s'eft depuis conferve; mais il ne donne cette explication que comir.e une fimple conjedture : ce qu'il y a de re 1 , e'eft que les recherches de M. Pai- lhes Sc les reflexions qu'y a jointes M. ( aettard, ouvrent une nouvelle carriers aux Naturaliftes, Sc prefentent peut-etre un objet de recherches avantageufes. («) Cette mine dc fer fi abondante & fi faciJe a ramafler, donne prefque mcitie de bon fcr par quanta!. COLLECTION Acad. Roy ' i E ©is Scukcis de DcCcriptlon (Tunc. Mine de Fa- du Pays de Foix , avec mielqucs p""< ; ■ r 1 ■ i 11 ■ ■ r / " ■» reflexions pir la manure dont clle a ete jorinee. Paris Hist. Natuk. An"dc I7lS- Par M. de Reaumur. {Mimoircs , pag. :39.) J e lus en 17 1 (J un alTez long memoire fur les mines de fer, 011 j'ai tache de decrire les principals varietes de figures, de ftructures inteneutes, & de cou- leurs qui fe trouvent dans ces fortes de mines j apres les avoir dilhibuees en genres & en efpeces par rapport a ces varietes , je me trouvai dans la neceffite de dire quelque chofede leur formation, & je crus que ce que j'avois obfetve en examinant leur ftructure , foit inteneute, foit exterieure , prouvoit claire- nient, i°. que la production des mines de fer, comme celles des pierres , fc continue tous les jours. i°. Que les mines nouvellement produires, devoient leur formation a un fer diflous dans quelque liquide, dans l'eau feule , fi Ton veut, ou dans l'eau chargee de quelque dilfolvant^ que ce fer etoit arrete par des pierres, des terres ou d'autres matieres qui alors devenoient mine de fer. J'ajoutai de plus, que pour rendre raifon de la formation des grains de mines qui ont des figures arrondies , & qui comme les bezoarts ou les oignons , font compofes de couches, il falloit fuppofer que les gouttes de liqueurs ch.rgees de fer, avoient coule de la voiite des cavernes, qu'elles etoient tombecs fur le fond de ces cavernes, & y avoient forme les grains de mines de fer, comme les gouttes d'eau, chargees de matieres pierreufes, fotment dans des grottes fouterraines , de petites pierres femblables a des anis. On trouve beaucoup de ces fortes de pierres dans des cavernes fituces proche de Tours , Sc connues fous le nom de caves goutticrcs. En un mot jefuppofai qu'au lieu que dans les cavernes ordinaires il degoutte une eau chargee d'une fimple matiere pierreufe, au d'une matiere criflalline, il y avoir d'autres cavernes oii l'eau qui degoutte etoit chargee de matiere ferrugineufe ; & qu'au lieu que les concretions des premieres cavernes etoient des pierres ou des ftactites, ou des criftaux de di- verfes efpeces , les concretions des fecondes etoient de la mine de fer. Ce rai- fonnement fonde fur beaucoup d'analogie , ne pouvoit paffer alors que pour vrai-femblable; mais quelques morceaux de mines de,fer qui ont ete envoyees du pays de Foix a Son Alteffe Royale Monfeigneur le Due d'Orleans par M. Dan- drezel , femblent demontrer la verite de ma conjecture fur la formation des mines de fer. II y a des morceaux de mines de gudannes fi fingulieres, qu'au premier coup d'ceil je les pris pour des ouvrages de l'art, & tous ceux a qui je lss ai montres, les ont d'abord pris pour tels. II femble qu'on leur ait donne tin enduit noit avec de l'cmail le plus noir; la croute qui les enveloppe, ne diftcre de l'email qu'en ce qu'elle a plus de poli & de durete , &c qu'en ce qua l'email noir n'eft pas a beaucoup ptes ni (1 beau , ni fi noir. Cet enduit a une durete qui cgale celle du criftal , jointe a une couleur pareille a celle du plus beau jayet. 11 eft cependant aife de voir que cet email eft 1'ouvrage de la nature ; car outre que l'art n'en fait point faire d'une pareille durete, on re- connoit , lorfqu'on confideie l'endroit ou un morceau a ete calfe, que le centre A C A D E M I Q U E. 171 ic tout 1'intcrieur en eft occupe par une matiere qui ne diffore ni pat fa couleur, as ni pit L fttucture, des minus de fet l.s plus communes. On appercoit Irs ra- . J- • j 1 1 j 1 1 ■ 1 •'/■' Acad. R' citations de la couche de couleur d email , qui out toutes Ic-ut direction vers ce r, s sckmces D« gros noyau de maticre commune; : ce qui ell de plus fingulier fur I'exterieut de p- ces morceaux de mine, au moins pour qui veutctudier la nature, ce font des Hist. Nato*. incgalitcs qui , a des yeux pen connoilleurs, femblererient les defigurer; ces Annie 171*. inegalitis U>nt relevees en bode, plus larges & plus epaifles a un bout qua l'autre ; elles ont une figure pareille a cclle fous laquelle on nous peint les lar- mes, ou pour patler plus phyfiquement, elles font pateilles a tout ce qu'on appelle flalaclins , 011 a des congelations faites par une liqueur qui a de- goutte. Leur figure en eft une preuve, & ce qui rend cette preuve comp.'ette , e'eft qu'ellcs ont toutes la mane direction comme l'ont les corps pefans qui defcendent librement. Si ces morceaux nous fournifTent des cxemples de mines de fer , faites comme les congelations qui font attachees aux voutes des cavernes, la mime miniere nous fournit d'autres morceaux qui vifiblement ont etc faits comme les conge- lations du fond des cavernes : on voit, Sc dans ces congelations , Sc dans nos mines de fer, le meme arrangement; les couches font ondees en quelque forte , & compofees par des gouttes tombees les unes fur les autres. Mais il eft a remarquer que ces feconds morceaux de mine n'ont pas tout le brillant des premiers , leur couleur a ete alteree par le melange d'une ma- tiere tnoins tranfparente & moins dure. Si nous cherchons a prefent la matiere qui donne a la couche exterieure de notre premiere mine un fi bel email , elle ne fera pas difficile a trouver ; l'en- droit 011 elle a jte faite , qui eft celui ou fe tr'availlent les criftaux , nous con- duit a croire qu'au lieu que le commun des mines de fer a pour bafe une ma- tiere terteufe, celle-ci en a une criftalline , & ce ctiftal penette de fer, com- pofe un email noir naturel. L'art emploie audi le fer pour 1 email de cette couleur. M. Lemery nous a bien prouve qu'il n'eft point de matiete plus pro- "encre tient convaincre ..lorceaux de mine de la meme miniere la fourniroient. J'ai trouve dans quelques-unsde ces morceaux des criftaliifations blanches & ttanfpatentes : la matiere fLrrugineufe ne s'y etoit pas melee, elles ne les avoit pas teintes. Qu'on ne croie pas au refte que cette croute en foit moins riche , parce que le ctiftal en fait la bafe; qu'on ne la tegarde pas comme un fimple criftal noir. J'ai parle ailieurs de mines d^un noir pared, par exemple , de celle qui fe trouve melee avec nos pierres du Puy en Velai , laquelle eft d'un noir approchant de celle-ci : Its grains qn'elle forme, font cependant attires par le couteau aimante comme le fer pur ; notre mine n'eft pourtant pas ft riche que certe derniere. *&,&* l7i COLLECTION HJ.'.'J -'HWJ Acad. Roy ale »es sciences be £xamen jcs caufes dcs imprcffions dcs Planus marquees fur Paris. . ■' , • ■ j r> * /"»i J ■ I'm Hisr.MAxuR. certaines Ptcrres dcs environs dc Saint-Lnaumont dans ic Suite de 17 18. Lyonnois. Far M. de Jussieu (Memoires , pag. 187.) Il n'y a guetes de nation qui ne tire quelque gloire des monumens qui peu- vent fervit a jufliriet l'antiquite de fon pays ; chacun tache de la faire remonter jufqu'au deluge, & au-dela meme, s'il eft poflible; fi ce n'eft par dcs reftes d'edifices encore exiftans , au moins eft-ce par quelque fingularite propre a i\- luftrer fon origine. On a fait fervir a. ce fafte la botanique, depuis qu'on s'eft appeicu de fes progres confiderables. ( Meflieurs Luyd & Woudvard ont fait honneur a l'Angleterre des decou- vertes de quanti'te de pierres fur lefquelles ils ont obfetve diverfes plantes fi- gurees. M. Mill nous a donne des obfervations fur des empreintes femblables trouvees en Saxe. M. Leibnitz s'c-toic propofe d'indiquer tous les endroits de 1'Allemagne ou Ton avoir remarque ces veftiges anciens de la nature , & M. Scheuchzer a fait valoir la SuifTe par fa fecondite en ces fortes d'lmpief- fions de plantes dont il pretend que les types exiftoient avant le deluge. ^ _ La France n'a pas moins d'avantages en cela que ces pays. C'eft ce dont j'ai cu occafion de me convaincre, lotfque paflant par la province du Lyonnois pour me rer.dre en Efpagne ou il p!ut au Roi & a S. A. R. Monfeigneur le Regent de m'envoyer i! y a deux ans & demi , je parcourus les environs de Saint Chaumont. . . « Le territoire de cette villa , de meme que celui de Saint-Etienne qui eft dans le Forez , ell , comme Ton fait , abondant en mines de charbons de terre; c'eft cette commoJite qui a determine retablilTement- des fabriques de toutes fortes d'ouvrages de fer. Le fouvenir que j'avoisd'avoir lu dans les lettres de M. Luyd que les pierres charges de figures de plantes , fe trouvent le" plus fouvent dans le voifinage des mines de'eharbon, me rendit attentif a la figure , a la couleur & aux em- preintes de toutes les 'pierres que je rencontrois pres de ces minieres ; mon attention etoit fecondee par la vue des echantillons que m'en remit un de mes amis , diihngue dans le pays par fon gout pour l'Hiftoire Naturelie. Avec ce guide j'eus le plaifir a la porte meme de Saint-Chaumont , le long de la petite riviere de Gies, d'obferver fur la pliipart des pieires que je ra- ajaiTois , les impceffions d'une infinite de fragmens de plantes fi diffcrentes de routes celles qui nailFent dans le Lyonnois , dans les provinces voifines , 8c meme dans le refte de la France , qu'il me fembloit herborifer dans un nouveau monde. Toutes ces pierres font ecailleufes, & ne difTerent entre elles en couleur, qu'autant que les lits d'ou elles font tirees s'approchent ou s'eloignent de ceux de chaibon de tcrre ; e'eft-a-dire , que celles qui en font le plus prcs , font d'un noir arduife Sc luifant , en quoi elles fembknt participer davantage de 1 huiie ACADEMIQUE. *7J riuiile bitumineufe qui eft le principe le plus cffentiel de ce diarbon , an lieu que celles qui en font plus cloignees, font d'un gris cendre, qu'un melange Acad. Rovals de parcelles talqueufes fait patoitre quelqucfois bronzees & le plus fouvent des Sciences de argentees. Paris. Dans lesunes & dans lesnutres de ces pierres, de quelque couleur qu'elles HlST- ATUR- foient , les empreintes font toujouts plus roncees que le refte, & elles fe dif- Anaee 171*. tinguent beaucoup fut Its grifes , quelquefois mime elles en font la feule partie qui paroifte couverte d'une couche legere de bronze ou d'argent, ce qui eft un effet de la facilite que les fieurs vitrioliques out eu de s'arreter dans les fillons de ces empreintes pluiot que dans le refte de la fuperficie de ces pierres. Elles font differentes des dendrites dures, tels que lesagathesoules cailloux, & des dendrites tendres comnie les pierres a rafoir &c celles de Florence, en ce que les figures qui fe rencontrent dans celles-ci en penetrent toute lepaif- feur, comme une matiere etrangete qui s'y eft infinuee , ce qua rott bien re- marque feu M. de la Faye ; an lieu que dans les pierres de Saint-Chaumoi.t , les empreintes des phntes ue font que fur la fuperficie des feuillets , & que dans chacun des feuillets qui compofent la pierre , elles font routes diffcrentes $C placces en divers fens. Le nombre de ces feuillets, la facilite de les feparer & la grande variete des plantes que j'y ai vues imprimees , me faifo;ent regarder chatune de ces pierres comme autant de volumes de Botanique , qui dans une meme carrisre com- pofent, pour ainfi dire, la plus ancienne biblictheque du monde, & qui eft d'autant plus curieufe , que toutes ess plantes ou n'exiftent plus, ou n'exiftent que dans des pays fi eloignes , que nous n'aurions pu en avoir de connoillance fans la decouvette de ces empreintes. II ne manqueroit ici, paur rendre cette herbcrifation parfvite, que de qua- lifier ces plantes imprimees fur ces pierres ; ou pourroit meme y reuffir avec les regies etablies depuis ces derniers terns, pour determiner les genres, ou du moins les clalfes auxquelles elles fe rapporrent , mais comme il eft rare de trouver fur ces feuillets les plantes en leur entier , que 1'on ne peut fouvent en difcerner que quelques fragmens de branches, 011 quelques feuilles, & qu'il y en a meme plufieurs qui fe trouvent croifees par d'autres de difterentis ef- peces qui ont e;e appliquees fur elles , on auroit peine a les bien caradlerifer ik a les bien decrire. On peut nca»moins affurer que ce font des planus ca- pillaires , des ceieracs , des polypodts , des Adlamum , des languts dc cerfs , des lonchitcs , des ofmondts , AzsfilicuUs £v des efpeces de fougens qui ap- prochent de celles que le R. P. Plumier & M. Sloane ont decouvertes dans les illes de PAmctique & de celles qui ont ete envoyees des Indes Orientales Sc Occidentales aux Anglois, & communiquees a Plukenet pour les faire entter dans fes recueils de plantes rares ; une des principales preuves qu'elles font de cette famille, la feuie ou les fruits fe trouvent colics au dos des feuilles, ce font les imprefllons profondes de leurs femences qui fe diftinguent encoie fur quelques-unes de ces pierres. La multitude des differences de ces plantes eft d'ailleurs (1 grande aux en- virons de Saint- Chaumont , qu'il femble que chaque quartier y foit une fource de varietes. Outre ces empreintes de feuilles de plantes capillaires, j'en ai encore re- Tomc IV, Partie Frangoife. Mm 174 COLLECTION — *~*^ marque qui paroiflent appartenir aux palmiers & a d'autres arbres ctrangers. Acad. Royale J'y a> au"i obferve des tiges & des femences particulieres , & a l'ouvenure de >es Sciences de quelques-uns des feuillets de ces pierres, il eft forti des vides de quelques 'aris. hllons, une pouiTiere noire qui n'ctoit autre chofe que les reftes de la plante ist. Natur. ponrrje & renfermee entre deux couches depuis peut- are plus de irois milk- ans. Anace 1718. II y a dans cette decouverte trois fingularitesqui la rendent ties-remarquable. La premiere eft de ne trouver dans le pays aucune des efpeces de plantes dont les empreintes font marquees fur ces pierres , c'eft un fait duquel je me fuis eclairci dans les herboiifations que j'ai faites immediatement apres celle-ci fur les montagnes voifines, & principalement fur celle de Pila en Lyonnois, qui n'eft eioignee de Saint-Chaumont que d'environ t;ois lieues. La feconde eft que parmi ce nombre infini de feuilies de diverfes plantes imprimees fur les feuillets deces pierres, aucune ne s'y trouve pliee, & qu'clles y four dans leur etendue , de meme que fi on les y avoit collces. La troifieme fingularite plus furprenante que les deux autres , eft que les deux lames ecailleufes de ces pierres ne reprelentent chacune fur leurs iuper- ficies internes par lefquelles elles fe touchent , qu'une feule face d'une feuille de plante en relief d'un cote, &c en creux de l'autre ; au lieu que dans la ma- nieie ordinaire dont on congoit ces fortes d'impreffions , on fuppofe que la femlie d'une plante qui s'eft trouvee prclfee entie deux terres molles, doit avoir laifle fur la fupetficie de Tune , I'empreinie de fa partie fuperieure, 8c fur la fuperficie de l'autre, l'tmpreintede fa partie inferieuie. Ces fingularites fuppofent diverfes caufts nectllaiiement dependantes les unes des autres. La premiere que ces plantes inconnues en Europe, ne ptu- vent venir que des pays ch.uids , parce que li elles rcllemblent plus patff.ite- ment a celles de nos ifles d'Amerique qu'a aucunes autres, & que Ton ne trouve ces memes efpeces de plantes de l'Ameiique auxqudles elles ont rap- port , que dans diverles parties des lndes oii elles croilTent abosidamment ; c'eft une conlequence qu'clles n'ont pu are amenees que de ce pays la , ou de quel- ques autres a-peu-pres de meme temperature. La feconde, que comme leur empreinte les reprefente ctendues & fouvent couchees en divers fens les unes fur les autres , elles n'ont pu etre imprimees dans cet etat, que parce que l'eau fur laquelle elles ont du Hotter, les y a maintenues. La troiiieme , que cette eau indubitablement a ere celle de.la mer, ce qui eft evident par le nombre de coquillages qui fe trouve dans les terres voi- fines, coquillages dont on ne peut aujourd'hui voir les femblables dans au- cune des rivieres d'eau douce de France, ni meme de l'Europe, & qui aa contraire naiffent les unes fur nos cotes , les autres dans celles des mers les plus eloignees par rapport a nous. Une experience journaliere des viciflitudes qui arrivent a certains pays dont la mer inonde, ou decouvre fucceflivement les terres, ne nous demontre que trop comment il s'eft pu faire que ces eaux que nous fuppofons avoir tranf- porte ces plantes, ont pu couvrir ces endroits du Lyonnois ; car fans etre oblige de recourir ni a i'inondation du deluge univerfel , ni a ces tremble- mens de terre, ni a ces fecouffes confiderables qui ont fait de grandes ou- venures a travers lefquelles l'eau de la mer s'eft rcpandue , fans parler des A C A D £ M I Q U E. i7j ccroulemens ertouvantables de ces hiutes & vaftes montagnes dont la chute ay.i it occupe un grand efpacedansle lie de la cmr, en a rej.ttel'eau fortavant Aca.->. Royale dans nos terres , il ne nous manque pas de preuves que la plupart des tenes des Sciences ue qai fe.nblent avoir ete habitees de terns immemorial, ont ete originairement PAR1S- couverces de I'eau de la mer qui les a depuis ou infenliblement , ou tout- a- Hist. Nat^r. coup abandonnees. Annsc 1718. Cette multitude de coquillages de mer qui fe trouvent encore dans leur entier prefque dans ie centre des montagnes de la Sicile & de I'Angletetre , ne nous p;tmet pas de douter que ces ifles n'aient ete couvertes d'eau ; Sc nous n'avons pas mains de preuves en France que cette partie de I'Europe que nous h^bitons , a fervi de lit a la mer. 11 y a environ cent cinquante ans que Bernard Pa I i (Ty , Francois de nation, fans avoir d'autres etudes que celles de fes propres obfer- vations faites dins le Royaume, commencoit a infmuer cette doctrme dans des conferences pubhques qu'il tenoit a Paris fous Henri III. Je puis rendre la chofe plus fenlible Sc plus probable en ajoutant a fes ob- fervations, celles que divers voyages entrepris de tous cotes dans ce Royaume pour y herborifer, m'ont donne lieu d'y faire. J'eus 1'honneur de prefenter a l'Academie , il y a quelques annees , de vraies madrepores encore adherentes a leurs rochers, que j'avois detachees de la tetre a Chaumont pres Giforre ; plantes pierreufes qui viennent feulement dans le fond de la met, Sc qui font les marques les plus certaines que Ton penile avoir que cet end;oit de ce continent a ete autrefois une partie du baflin de la mer. J'ai vu encore dans les carrieres de Gres de Saint-Leu Taverni , ouvrir des pierres de gres dans lefquelles les petites coquilles & les petits galets dont Ie ballin de prefque routes les mers eft ordinairement rempli , fe trouvent renfer- mes ; Sc je remarquai que la fuperficie de ces lits de gres eft couverte d'un fable tout-a-fait femblable a celui du bord de la mer. M. Billeret, profelfeur en Botanique a Befancon, m'a envoye des morceaux de rochers detaches des carrieres de la Franche Comte, fur lefquels on voyoit encore quelques-unsde ces tuyaux fabriques par certains vers marins qui s'y logent, Sc tels qu'on les troiive dans nos mers fur les rocailles d'ou Ton arrache le corail. On voit audi en Diuphine, entre Gap & Sifteron , certaines montagnes ou les veltiges du decroillement des eaux de la mer font marques par des am- phitheatres dont les degres augmentent en largeur a proportion qu'ils appio- chent du pied de la montagne. 11 refulte de cette ancienne pofition du baflin de la mer demontree en divers endroits du cceur de ce Royaume, que ces endroits ont ete couverts d'eau , & on comprendra aifement que les flots impetueux poulTes du nord au fud, & renvoyes du fud au nord, ou par la refiftance des hautes montagnes, ou par des violens ouragans, ont entraine avec eux les animaux & les plantes des pays meridionaux d'ou ces Hots refluoient j Sc que dans ces retiux , ces eaux s'etant glillees , & etant reftees quelque terns dans des endroits ou certains ar- rangemens de montagnes leur formoient des anfes ou des ballins, elks y ont letenu ces corps legers, les uns en leur entier, les autres brifes. Voila ces plantes etrangeres conduires par l'eau de la mer tres-avant dans nos terres; il ne refte a expliquer que la maniete dont leur impremon s'eft M m ij i76 COLLECTION ■ in .inim.™. r.iitc pendant que ces eaux s'evaporoient, & s'tft confetvee apres Ieur retraite. Acad. Royale Nous fuppofons leurs feuilles rlottanres iiir la fuperficie d'une eau qui dans vi' Sciences de fes agitations etoit encore plus chargee d'un limon bitumineu* qu'elle avoit Paris. detrempe, que du fel dont elle etoit naturellement impregnee. Ce limon a Hisr. Natur. couvert la fuiface de ces feuilles rlottantes, y a ere retenu par la quantite de Annce 1718. nervures dont elles font traverfees , s'y eft uni fi intimement a elles, qu'il en a pris jufqu'aux moindres veftiges , & ya acquis d'autant plus de confiftance, que ces feuilles par la qualite de leur tiffu ferre, ont refifte plus long- tems a Fa corruption. Comme neanmoins elles fe font enfin pourries , 6V que le limon qui les couvroit, n'a pu manquer de fe precipiter , foit par la fouftraction da corps qui le foutenoit , foit parce que devenu par cette fouftra&ion plus pene- trable a l'eau , il s'eft trouve plus pefant, c'eft dans cette precipitation que ces lames limonneufes tombant fur les furfaces unies d'un limon detrempe, y ont marque la figure des feuilles dont elles avoient conferve l'empreinte. L'explication de ce mecanifme rend fenfible la fingularite de la reprefen- tition d'une feule & meme face de ces feuilles de plante en relief fur une lame, £c en creux fur cells qui lni eft oppofee , ce qui arrive de la meme maniere qu'un cachet imprime en relief fur une lame de terre , fe rend en creux fur une autre lame molle fur laquelle celle-la eft appliquee. L'on ne peut pas dire que 1'une des empreintes qui fe voient fur ces lames, foit ctlle du revers de la feuille , tandis que l'autre eft celle du deffus , puifque cette feuille ayant ete pourrie, eft devenue incapable d'imprimer ce revers. Sa pourriture eft fi certaine , que fa fubftance ayant change , a teint ces empreintes en noir, & ce qui eft refte attache a cette lame, n'a tout au plus que rendu quelques empreintes moins patfaites , parce que ce fuperrlu a rempli la gra- vure de 1'imprefTion , & s'y trouve aujourd'hui en poudre entre quelques-unes de ces lames lorfqu'on lesfepare. Il femblera d'abord qu'apres la deftru&ion de la feuille couverte de limon , l'eau touchant immediatement ce limon , auroit du effacer les impreflions qu'il avoit regues; mais fi l'on fait attention a la quantite debiuime dont ce limon abonde , a en juger par le charbon de terre qui fe trouve fi frequemment en est endroit du Lyonnois , & que ce bitume qui n'eft autre chofe qu'une huile de terre, depuis qu'il a pris plus de confiftance, ne peut pas fe refoudre dans l'eau, on n'aura pas de peine a comprendre que les figures marquees fur ces lames limonneufes fe foient confervees en fe precipitant dans l'eau, & qu'en faifant leur empreinte fur d'autres futfaces limonneufes , elles ne fe foient pas incorporees avec le limon fur lequel elles tomboient , ou avec d'autres lames qui fe precipitoient fucceflivement fur elles, puifque ce bitume meie dans ces lames , faifoit fur elle le meme effet que l'luiile ordinaire melee avec de la pate pour la maintenir feuilletee. 11 faut prefumer qu'un million de tas de feuilles des memes plantes etran- geres ont ete auffi tranfportees par les memes eaux en plufieurs autres lieux de l'Burope; mais que cette matiere bitumineufe ne s'etant rencontree que dans quelques endroits , ces endroits ont ete prefque les feuls qui aient conferve leur empreinte. Telles font encore les minieres de charbon de terre de la Pro- vince de Glocefter en Angleterre , fur les pierres defquelles on voit figurees la pUipart des memes plantes que l'on obferve fur celles des minieres de Saint- Cluumont, ACADfeMIQUE. 177 Commeje crois avoir demontrequeces lames Iimonneufes 8c bitumineufes ^?^^!^S imprimees fe precipitoient fucceflivement les lines fur les autres , 8c que Ies Acad. Royali feuillets qui fupportoient ces lames , etcient de figure 8c de grandeur incgale , I>IS Sciewcm de il rie faut pas etre fiupris cue , dans leur precipitation , elies foient tombees en Pa*,s> ,. /• r • n. • r ■ j t • r- J 1 r Hist. N'atur. divers lens , c eft ce qui hut que dans une mcrac pierre compofee de piufieurs de ces lames qui y forment autant de feuillets , il s'en trouve de tant de gran- en e 171 . dturs differentes appliquees les unes fur les autres, & que quelques-unes iheme patoiirent avoir ete brifees dans leur chute par leurs chocs contre d'autres lames. Si les lits de ces pierres qui ordinairement font entremcles de lits de char- bon , femblent en quelques endroits etre devenus d'une fituation oblique, on ne peut attribuer cette difpofition qu'a l'inegalite du fond du baflin dans lequel etoit renfermce I'eau 011 ces precipitations fe font faites. Enfin les couches de charbon qui feparent celles de ces pierrrs, ne doivent etre regardees que comme un bitume qui ayant ete d'abord liquide, s'eft in- finue 8c enfuitedurci entte ces couches de pierres figurees. L'huile de tetrequi coule actuellement en Auvergne, &: qui y eft appeliee Ptgi, comme qui diroit poix liquide , en eft une preuve. 11 eft done inutile d'avoir recours ni aux jeux iV: a labizarrerie de la nature, ni a une vegetation fuppofee interne, e'eft-a-dire , entre deux lames de pierre, ni a une palingcnelie , comme l'ont fait quelques auteurs modernes , pour rendte raifon de la maniere dont fe font formees les empreintes que nous obfervons fur ces pierres 8c fur les feuillets dont elies font compofees. Et quandmeme on prc'tendroit qu'elles feroient un effet de la confufion du deluge, on ne pourroit pas fur I'obfervation des empreintes qui reprefentent ces plantes en maturite 8c en graines , determiner ni le mois , ni la faifon de cette inondarion univerfelle , puifque ces plantes etant venues des pays chauds , y ont pu donner leurs femences dans des faifons plus avancees qu'en ceux-ci. Sur les Sangliers d'Afrique. (Hi/?. pag. qi.) JVi. Deflandesa apprispar des officiers de vaifTeauque les fangliers d\Afrique Anotei-ji}. font aflez differens des notres : ils n'ont point de foie par-tout le corps ; leur peau eft lilTe, unie , mais extremement dure; ils ont, i la maniere des lions, une criniere tres-longue & foyeufe qui leur flottefur le col , & s'etend jufqu'a leuts pieds. Leurs defenfes font attachees a la machoire fuperieure, au con- traire de nos fangliers , & elies fe termineut en une pointe tres-aceree. M. Def- landes a vu celles d'un jeune fanglier tue par des chafleurs. Elies font rondes , exactement toutnees en fpitales, d'un blanc aufTi eclatant que 1'ivoire, & deplus d'un pied & demi de long. COLLECTION Acad. Royale pes Sciences de Paris. Hist. Natur. Amiee 17 19. Sur V animal appcllepar M. D;jlanhs Cani-apro-Lupo-Vi.;!pcs. {Hifi. pag. 40.) JLe capitaine da vaiffeau 1' Ama^one revenu du Senegal , montra a M. Def- landes un animal qui avoit ete pris par des chaffeurs dans le Porcendic ou For- tandi en Barbarie , & que les habicans mcine du pays ne connoilfount pas. M. Deflandes le nomma Cani-apro kupo Vulyes, a caufe des reflemblances qu'il a avec les differens animaux dont les nomscompofenc ce bifarre nom. II a prcs de deux pieds de hjut , & environ deux pieds & demi de long : fori poil eft roux, mele de caches r.oires & jaunes, aftez femblables a la foie de fanglier. Cette foie a trois pouces de long par tout le corps , & pies de cinq fur le dos ; elle fe drefle quand il eft en colere , &c alors il reftemble a un Pore- epic. Sa rece a quelque rapport avec celle d'un loup ; mais elle ell beaucoup plus large par le haut, & diminue infenfiblement. Ses yeux font noirs & d'une vivacite furprenante, fes oreilles fort longues & toujours droites. Ses jambes de devant font un peu cambrees , beaucoup plus groffes & plus hautes que celles de derriere , & de la meme couleur que la jambe d'un tigre. A chaque patte il a quatre doigts bien fepares avec des ongles tres-courts 6c un peu cro- chus. Sa queue eft longne & epaifte, & reflemble a celle d'un renard. II court fort vlte, principalement fur un tetrein inegal ; car fur un terrein uni , il eft fujet a glider , tant parce qu'il n'a point de talon , que parce que fes jambes de derriere font fort foibles en comparaifon de celles de devant : il grimpe facilement. Quand il eft echauffe, il repand une odeur de mufc affez forte. Quoiqu'il foit inquiet, Sc que le moindre bruit l'allarme , il eft aftez doux, & fe laifte approcher & carefter fans peine, il crie rarement, 6c a uncri tres- aigu. II ne mange que de la viande gatee & corrompue. On pourroit foup- conner que cet animal feroic un monftre, e'eft-a-dire, ne d'un male & d'une femelle de differenteefpece; on donne volontiers ces fortes de monftres a 1'Afrique , a caufe des rencontres fortuites d'un grand nombre de differences efpeces d'animaux fur les bords des rivieres qui font rares , & dans un climat tres chaud qui les excite a fe meler indifferemment ; mais il ne faut pas abufer de cette idee pour faire des monftres de tout ce qu'on ne connoit pas. Sur un Poijfon vivipare. {Hifi. pag. 40.) jVi. Georfroy le cadet a fait voir deux poiflons qui lui avoient ete envoyes de Dieppe, l'unmale, 1'autre femelle. II etoitforti de la femelle par une mem- brane rompue foixante -fix pedes vivans. Ce poiflon avoic alfez la figure d'une lotre , quoiqu'on ne connoiffe que des loctes de riviere. M. de Juffieu crut que ce pouvoit etre le Gakus pijeis de Rondelet. ACADfeMIQUE. 279 Acad. Royaie Sur un crapaud trouve dans un orme. {Uljl. pag. jy.) DES Sciences de DHist. Natur. ans un pied d'orme de la grofTlur d'un homme, trois ou quatre pieds au- Anneei7i9 delTus de la racine, & precifement au milieu, on a trouve un crapaud vivant, de taille mediocre, maigre , qui n'occupoir que fa petite place. Des que le bois fut fendu , il fortit 6c s'echappi fort vite. Jamais orme n'a etc plus fain , ni compofc de parties plus fetrees Sc plus liees, & le crapaud n'nvoit pu y en- trer par aucun endroit. L'ceur qui l'avoit forme devoit s'c-tre trouve dans l'arbt e naillant par quelqu'accident bien particulier. L'animal avoit vecu la fans air, ce qui eft encore lurprenant , s'etoit nourri de la fubft.ince du bois , & n'avoit cru qu'a mefure que 1'arbre croifloit. Le fait eft attefte par M.Hubert, ancien Profefleur de Philofophie a Caen qui l'a ecrit a Jvl. Varignon. En 17} 1 , M. Seigne a ecrit precifement le meme rail a l'Academie, a cell prcs qu'au lieu d'un oime , e'etoit un chene plusgros que forme , felon les me- fures qu'il en donne , cequi augmente encore la merveille. 11 juge par le terns necelfaire a raccroirTement du chene , que le crip.'.ud devoit s'y ctre conferve depuis quatre-vingt ou cent ans fans air Sc fans aliment etranger. M. Seigne ne paroit pas du tout avoir connu le fait precedent de 17 iy , & I'extteme con- tormite du (ien en eft d'autant plus frappante. HiJIoue des Guepes. Pur M. de Reaumur. (Mcmoires, pag. 130.) Un s'interefle naturellement aux actions des animaux qui vivent en fociete. Sans etre obfervateur de la nature , on aime a entendre parler de 1'inrelligence des caftors qui travaillent de concert a batir avec de la terre & du bois', des edifices a plulieurs etages pour fe defendre conrre les inondations. Les Repu- bliques des four mis, celles des abeilles, fe font fait admirer dans tous les fiecles. Les focietes font peut-etre le premier & le plus bel ouvrage de notre raifon. Nous fommes etonnes de voir que des animaux que nous meprifons , nous imitent dans ce point eiTentie-l ; apres nous etre cru toute l'adrelfe & toute la prcvoyance en partage, nous ferions prefque tentes d'accorder a des iniedes plus de genie qu'a nous ; les difcours des ueclamateurs ont fouvent ete juf- qa^s-la. Ceux qui ont voulu faire valoir 1'efprit des infedes, n'en ont gueres trouve qui leur aient autant fouini que les Abeilles : ltur hiftoiie tft pleii;e de faits finguliers; il n'eft point d'nifcde qui ait ete plus obfervc, il avoit cependant beloin de I'etre dans un liecle aulli rehire que le roue. M. Maraldi l'a rait avec join il y a quilques annees : fes obfeivations tx. ctcs 1 ous ont appns ce qu'il faLloit rabattre des rauftes merveilles qu'on leur attnbue, & ce qu'il falloit ajouter aux venubles. iSo COLLECTION Ces abeilles font un petit peupie pacifique qui travaille pour nous, en re- Acao. Roy ale vanche nous nous intcreffbns pour lui. D 'autres infeetes leur font la guerre, ms Sciences di nous les avons en horreur. Elles n'ont point de plus redoutables ennemis que Paris. les guepes qui ne s'en tiennent pas a aller enlever le fruit de leurs ttavaux , Hist. Natur. e][es |cs mangent elles-memes : ces guDpes compatees avec la republique douce Annee 1718. &- policee des mouches a miel , nous paroilfent une nation feroce, une narion d'anihropophages ; nous n'en jugeons poimant fi mal que faute de les bien con- noitre. 11 en ell des guepes comme de ces peuples eioignes que nous pen- iions etre batbares,& par lefquels nous nous fommes trouves JurpalTes en bien des chofes. Les republiques des Guepes ne le cedent en rien a celles des Abeilles ; pour etre plus guerrieres , elles n'en font ni moins induftrieufes , ni moins laborieufes : leur hiftoire meme nous fervira a cclaircir cells des abeilles ; elles permettent d'obferver des fails effentiels que les autres n'ont encore que laiffe fouptjonner. Si je m'etois propofe de faire connoitre les diffcrentes efpeces de Guepes dont les Naturaliftes font mention , de donner des defcriptions exa&es de leurs figures, de caraclerifer les efpeces par les differences les plus marquees, un memoire entier y ftiffiroit a peine : il feroit naturellement la premiere pattie de l'hiltoire des infeftes. Mais je crois qu'on me faura gre de ce que j epargnerai ici ces details fees pour ne m'arreter, pour ainfi dire, qu'a leurs mrjeurs, a decouvrir leurs induflries, a raconter comment elles peuplent & gouvernent leurs republiques. Je ne dirai done rien des efpeces qui vivent prefque foli- taires, dont les unes percent desirous en terre , ou elles elevent fculement quelques petits , & dont les autres font fur des feuilles d'arbres^ ou fur des mais, de longs tuyaux de terres rapportees, qui defendent peu d'eeufs & les infeetes qui en eclofent contre les injures de fair. Je ne parlerai que de celles qui vivent en fociete , de celles qui travaillent des efpeces de gateaux compofes trou d'environ un ponce' Acad.Royale de diametre, dont I'ouverruie eft a la furfaee de la rerre : les bords dece trou des Sciences di font laboures comme ceux des dapiers des garennes peuplees; mais la terre ff'S" das environs eft couverte d'herbes a l'ordinaive. Ce trou eft tine efpece de gal- . atur. jerje g jJs Qu^pes ont mjn^e : |l va rarement en ligne droite a leur habita- AUUCe.17 19. • -| > n. ■ 1*1 " i . . tion : ll n clt pas toujours de mcme longueur, parce cjue le gucpier eft tantot plus prcs, tantot plus loin de la fmface de la terre. Je n'ai point trouve de gucpier dont la partie la p-lus clevee ne flit au moins a tin demi-pied ; mais j'en ai trouve d'uutres qui en etoicnt diftans de plus d'un pied, ou d'un pied Sc demi. Ce trou eft le chemin qui conduit a une petite ville fouterraine (PI. VII, fig. I.) qui n'eft pas batie dans le gout des notres , mais qui a fa fymmetrie ; les rues Sc les logemens y font regulierement diftribues; elle eft mcme en- tourie de nmts de tous cotes. Je ne donne pas ce nom aux parois du creux oil elle eft fituee ; les murs dont je veux parler, ne font a la verire que des murs de papier, mais forts derefte pour les ufages auxquelsils font deftines. llsont quelquefois plus d'un pouce Sc demi d'epaiffeur. Ces murs, ou pour parler moins metaphoriquement s cette enveloppe ex- terieure du gucpier a differentes figures Sc grandeurs, felon la figure & la grandeur que les Guepes ont donnces aux ouvrages qu'elle renferme. Com- munement la figure exterieure du gut-pier approche de celle d'une boule, ou de celle d'une boule allongce , dont le plus petit diametre eft tantot hovifontal & tantot vertical. J'en ai trouve qui avoient la figure d'un cone applati & urs peu retreci vers fa bafe : ce cone avoir quinze a feize polices de hauteur , & en- viron un pied de diametre ptts de fa bafe : le diametre de ceux qui font en bbule , eft pour l'ordinaire de treize a qtiatorze pouces. J'ai dit que cette enveloppe eft de papier ; je ne connois point de matiere a i qui elle rellemble davantage , quoiqu'elle differe un pen du norre : fa couieur dominante eft ungris cendre, mais de diverfes nuances; quelquefois elle tire ' fort fur le blanc, Sc quelquefois elle approche du brun ou du jaunatre. Ces cotileurs font variees avec irregularite par bandes ou raies d'envircn une ligne de large, ce qui donne una couieur affez finguliere a tout l'exterieur du guc- pier , qui fait une efpece de marbrure. Mais ce qui le rend encore plus fmgulier , e'eft l'arrangement des differen- tes pieces dont cette enveloppe eft faite ; nous l'avons comparce a des boules on a des cones; nous n'avons pourtantpas voulu faire entendre qu'elle en cut lepoli , fa furfaee eft raboteufe; au premier coup d'ceil , on la prendroit pour une tfpece de roche faite de congelations; ou pour donner une image plus relTemblante, elle paroit faire de coquilles d'une figure approchante de celles de Saint-Jacques , non cannelc'es & cimentees les unes fur les autres, de facon qu'on ncvoit que leur core convexe. Nous examinerons bientot plus particulierement fa ftruchire. Quand cette enveloppe eft entierement finie , elle a au moins deux portes ■ qui ne font que deux trous ronds : les Guepes entrent continuellement dans le gnepier par un de ces trous , Sc fortent par l'autre : chaque trou n'en peut laifter palfer qu'une a la fois; quoiqu'ils foient etroits, au moyen de cet ordre , le mouvement des guepes n'eft point retarde ; je n'en ai jamais vu entrer par celui qui leur donne la fortie, Sc j'en ai ues-rarement vu fortir par celui quieftetabli. ppur l'entree. . ACADEMIQUE. i*! Nous ne fommes encore arrives qu'aux portes; penctrons malntenant dans I'intcrieur du guepier. II eft occupc par plulieurs gateaux plats, paralleles les Acad. Royau- tins aux autres, & tous places a-pcu-pres horifontalement bb , cc, dd , (Pi. VII, des Sciences de fig. I.) lis reffemblent aux gateaux ou rayons des mouches a miel , en ce qu'ils P*R». ne font chacun qu'un amas d'alveoles ou de cellules hexagones tres-rcguhcre- Hist. Natur. ment conftruites , mais ils en different par bien des circonftances : lis font faits Anncc 171?. de la meme matiete que l'enveloppe du nid , c'eft-a dire , d'une efpcce de pa- pier, au lieu que les gateaux des Abeilles font compofes de deux rangs de cellules, done les unes ont leurs ouvertures fur une des faces du gateau, & les autres fur l'autre ; ceux-ci n'oiu qu'un ieul rang de cellules , & toutes out leur coverture d'un meme cote ; (avoir en enbas. Ces cellules ne contiennent ni cire, ni miel : elles font uniquement deftinees a loger les ceufs, les vers qui en eclofent, ou les jeunes Guepes qui n ont point encore vole; au lieu que les vers des mouches a miel font couches prefque horifontalement, ceux des guepes font prefque tout droits , & ils ont la tete en enbas , parce qu'ils 1'onc toujours rournee vers l'ouverture de la cellule. L'epaiileur des gateaux eft a- peu-pres cgale a la protondcur des cellules , & propoitionnee a la longueur des moiuhes. Tous les guepiers ne contiennent pas un nombre egal de gateaux : j'en ai ■trouvc a quelques-uns jufqu'a quinze , & a d'autres fculement onze ; !e dia- metre des gateaux change en meme proportion que celui de l'enveloppe. Le premier , le fupeneur n'a fouvent que deux pouces dediametre, pendant que ceux du milieu ont un pied ; les derniers font audi plus petits que ceux du milieu ; tous ces gateaux font difpofes comme autant de planchers ou d'etages qui fourniirent de quoi loger un prodigieux nombre d'habitans. Nous en pou- vons faire un calcul groflier. Au lieu de nos quinze gateaux a diametres ine- gaux , fuppofons qu'ils auroient chacun huit pouces; ou pour un calcul encore plus commode, fuppofons ces gateaux des quarres dont les cotes autoient fept pouces, je ne crois rien faire de trop favorable a nqtre calcul. J'ai trouve que lept cellules rangees les unes aupres des autres n'occupoient qu'un pouce &c demi de longueur; par confequent dans le pouce & demi quarre, il y a qua- rante-neuf cellules; or (i un pouce & demi quarre donnequarante neuf cellules, quarante-neuf pouces quarres, qui font la furface d'un de nos gateaux, donne- ront environ mille foixante-fept cellules; done nos quinze gateaux auront en- viron feize mille cinq cens cellules. A la verite il y a quelque chofe a rabattre pour une remarque que nous ferons faire dans la fuite fur 1'inegalite des cellu- les ; mais quand il n'y auroit que de quoi loger dix mille mouches , e'en feroit affez pour donner idee de leur multitude , fur-tout lorfqu'on aura vu qu il n'y a peut-etre pas de cellule qui , l'une portant l'autre , ne ferve a clever trois jeunes :Guepes; ainh un guepier produit par an plus de trente mille Guepes. Ces dirlerens planchers, ces difierens gateaux lailfent entre eux des chemins libres aux Guepes; il y a toujours de l'un a l'autte un demi-pouce de diftance. fCela ne fait pas des etages fort eleves ; mais leur hauteur eft proportionnee a celle des habitans : tous ces etages font fufpendus de fagon que le premier eft prefque charge du poids de tous les autres. Celui-ci eft attache au haut du guepier. Le fecond eft attache au premier , le troilieme left au fecond , & ainfi 2e fuite jufqu'au dernier, lis font tenus par des liens rnafiifs de meme matiete Nnij zS4 COLLECTION 5SSS! — ° que les gateaux & que le refte du guepier. Ces liens femblent aut.int de petitcs Acad. Royale colonnes PPP (PI. VII, fig. II) dont ['architecture eft a. la vcnte fimpte , a peine pes Sciences de font-elles rondes , leurs bales & leurs chapiteaux'ont pourtant plus de dinmetre Paris. qUe le refte ; elles [iennent par 1'une an gateau inrerieur , & par 1'autre au gateau Hist. Natur. f^perieur. Vers le milieu elles n'ont gueres plus qu'une ligne de diametre, &c Annce 1719. en ontplus de deux a la bafe, & au chapiteau; il y a done toujours entre deux gateaux une efpece de colonnade ruftique (Hg. I) car les grands gateaux font fufpendus par plus de cinquante liens pareils ; les gateaux tiennent audi en quelques endroits aux bords des parois du gucpier, ce qui fouinge d'autant le gateau fuperieur. Jufqa'ici nous n'avons encore pris qu'une idee groffiere de I'edifice ; a prcfent il faut voir comment les guepes le batilfent , de quel ufage il leur eft, a quoi elies s'occupent dans ion interieur; en un mot il nous faut voir tout le gou- vernement de ce petit peuple. Mais ce font des myfteres qui fe patient fous terre ; on ne fauroit les penetrer , fi on laifTe les Guepes dans leurs habitations naturelles. J'ai cherche a les entirer; j'ai tente de les mettreplus a portee d'etre obfervees, & je fuis parvenu a les loger dans des ruches vitrees, comme les curieux y logent les abeilles : e'eft la ou j'ai vu a loifir tous leurs puits maneges , & 011 je les ai fait voir a tons ceux qui font venus a ma maifon de campagne. 11 ne femble pas aife de donner a fon gre un logement a des infecles fi peu traitables : l'amour qu'elles ont pour leur gut-pier & pour les petits qu'elles y elevent, m'y a pourtant fait reullir. Apies avoir fait preparer des ruches vurees, j'ai fait fouillet dans les endroits ou je favois des nids de Guepes , j'ai fait en- lever de tous cotes la terre qui les recouvroit : le guepier etant ainfi a decou- vert, je l'ai fait mettre dans la ruche. S'ily a que'que cas ou l'Hiftoire Naturelle expofe a des hafards , celui-ci en eft un : il faut braver les aiguillons de plufieurs miiliers de mouches qui de toutes parts attaquent celuiqui vient les troubler, qui toutes cherchent a lui faire des bleflures qui ne font pas moctelles a la ver-ite, mais qui font tres douloureufes. On a pourtant vu des chevaux perir par des piquures reiterees de ces infedtes. 11 ne i'eroit pas fur aufli de s'expofer a deterrer leur gucpier fans precaution. J'avois foin de faire bien couvrir de toutes parts ceux que j'occupois a ce travail : je mettois fur leur tete un camail dont le devant etoit garni de gaze ou de toile a tamis, afin que fans courir rifqne d'etre piques au vifage, ils pulTent voir. Ces fortes de camails font en ufage dans les pays ou on ote le miel & la cite aux Abeilles fans les faire perir. Maigre ces attentions , il eft encore difficile d'eviter toute piquure, il y a tou- jours quelque endroit qui n'eft pas afl~ez recouvert, & entre plufieurs miiliers de Guepes qui le cherchent, quelques-unes le trouvent. Je ne faurois dire combien de piquure> a efluyees un laquais que j'avois aguerri i ce travajl ; il n'eut pas ete jufte que le maitreen eut ete toujours exempt. Les gants de cha- mois les plus epais ne fuffifent pis pour defendre les mains, l'aiguillon pafle au rravers , il falloit faire mectre encore des ferviettes en plufieurs doubles par- deft us les gants. J'enlevai le premier nid avec toute la terre dont il etoit environne naturel- lement : je fis couper une grofle motte au milieu de laquel.'e il fe trouvoit place : apres avoir fair porter cette motte dans mon jardin , je la pe,rcai de dirTe- rens cotes , pour menager des jours qui me laiflaftent voir ce qui fe pailbit A C A D E M I Q U E. 185 autour du gut-pier; mais j'ai trouve dans la i'.iite qu'il etoit inutile d'enlever ■■ ainfi leur ntd en motte ; ('amour qu'ont ces infectes pour ce nid , on piutot pour Acad. Royaie leurs petits , eft inconcevable : quel ingement qu'on faffe .1 leut nid , dei Sciences ns quoiqu'on le brife, qu'on le mette ptel jue pat morceaux , elles ne l'aban- P-**"- donnenc point, elles le fuiveni par tout; ii eft pU-in de mouches naifTantes qui *""''■"• Natu*. demandent i.-ms loins; de forte que pour avoir la ruche dans laqoelle on a mis Anncei7i> le guepier bien peuplee, il ne faucque donner a ces mouches le terns d'y ren- trer , & pour cela attendre ju . 1 '- 1 mfporter, autrement on perd ceiles qui ctoient a la campagne. Ceiles qui y ctoient lorfqu'on a tranfporte le ier, & qui quand etlts reviennenc a leur trou, ni trouvent plus ni com- pag s, ni nid, n: favent plus ou allei : tiles reftent plufieurs jours de fuite autour de ce trou avant de fe determiner a I'abandonner ; d'ailleurs la nui: tit encore plus favorable que le jour pour les transporter & nilnu- pour les deterrer, parce qu'elles font plus tranquilles, qu'elles cherchent moins a piquer; mais avant de voiturer la ruche 011 le guepier a eie mis, il tit bon de la boucher de couces parts. Voili , dira-t-on, bien des foins pour desammaux qui ne le meritenr gueres; car apres tout, on n'cii tire ni tire, ni tniel comme des Abeilles : inais ceux qui obfetvent les Ab.i.ies, ceux qui les logent dans des ruches vitrees, ne le font pas pour avoir leur cire ou leur miel, oc les occupations de nos guepe's ne tout pas moins amufantes que ceiles des Abeilles, elles font plus ailces a ob- ferver, leu;s ouvrages le font moins tumultuairement ; ur.e fois placees en ruche , elles font pacifiques , elles ne touchent point a l'obfervateur , poutvu qu'il le conteute de les contempler, naturellement meme eiles ne piquenf que ceux qui les irritcnt : j'ai vu des Dames qui s'etoiem familiatifees avec elles, jufqua les laiiler appuyer fur leurs mams : les Gulp.s les quittoient fans leut raue le inoindre mal. Apres qu'elles out ete mifes en ruches, elles commencent par travailler i rep.rer les defordres qui one ete rans au guepier : elles tranfpoitent avec une acc.vite merveilleufe route la terre & tomes les ordures qui peuvent etre ton> bt;s dans la ruche; enfuite eiles fongent .1 attacker folidement leur nid contre les patois de la ruche ou il a ete mis, elles travaillent a en reparer les brt-ches , elles s'occupent a le fortiricr, elles augmententconfidersblement lepaifleurde Con enveloppe. Pour attacher ce nid a la ruche , les unes font des liens, dts elpe.es de petites colonnes femblables a ceiles qui fufpendent les gateaux ; d'uiures conftruiLnt des bandes minces ec larges , un peu pliees en arc, dont elles collent un des bords a la ruche, & I'autre a I'enveloppe du nid; mats pour mieux entendre comment elles executent tout ctla, prenons une idee ge- netale de leur architecture. E.le fe reduit a trois fortes d'ouvrages ; a !a conftrudiicn des gateaux a cel- lules hexagones, a ceile de I'enveloppe des gateaux, cn: a ceile des litns qui font les pieces qui portent & I'enveloppe 6; les gateaux eux-memes Lenv.loppe du guepier eft un ouvrage particulier a nos mouches. les Abeilles ne couvrent point leurs gateaux. Nous avons du que cette enveloppe a fouvent plus d'un pouce & demi depailTeiir : toute cette epailTeur n'eft pas- un mallif , elle eft faite de plufieurs couches qui lailTent des vides entr'elles* (Pi. VU, rig. L), elle eft fonuee par un grand nombie de ceintres , de tS6 COLLECTION ,..,. .«^» voutes mifes les unes fur les autres , & les lines a cote des autres : chacune de AcAn. Royale ces voutes n'a gueres que 1'epailfeur d'une feuille de papier tres-fin : nous avons Drs Sciences de compare l'extcrieut de cette enveloppe a une roche faite de coquilles de Saint- 1'aris. Jacques ; chacune des voutes dont nous parions , relTemble an cote convexe Hist. Natur. ^'ans de ces coquilles , 1'interieur eft tout compofe de parties. p.ueille-S. A me- Apaie 1715). fate cue les Guepss epnillilTent cette enveloppe , elles batiffent fur les couches dcia formees , une autre couche compofee de pareils morceaux ceinrres. Cette enveloppe eft line efpece de boite qui femble faite pour renfermer les gateaux & les mettre a couvett de la pluie qui perce quelquefois la terre. file y eft propre , quoiqu'elle ne foit que de papier , & cela au moyen de l'archi- tedhire que nous venons d'expliquerj toute mafliveelle feroit plus aifee as'im- biber. L'eau qui a penetre une des voutes, ne pent mouiller celle de deiTous fansdeaoutter; au lieu quefi tout etoit mallif, l'eau perceroit par le feul contact j d'ailleurs cette forte d'aicliitecture leur epargne beaucoup de materiaux. Rien n'eft plus amufant que de les voir cravailler a etendre ou a epaiffir cette enveloppe ; il n'eft point d'ouvrage qu'elles conduifent plus vke , un grand nombte de mouches y font occupees ; mais tout fe fait fans confufion, & leur .travail eft aife a remarquer, parce qu'une feule Guepe entreprend une bande d'un ceintre, Sc mene feule plus d'un pouce ou d'un pouce & demi d'ouvrage a la fois, cependant au bout d'un infant, ce qu'elle a fait eft aife a recon- noitre. Eiles vont chercher a la campagne les materiaux neceffaires; la Guepe qui les ramaffe , les met elle-meme en teuvre ; celle qui travailie a baiir (car d'autres ont d'autres emplois dont nous parlerons dans ia fuite) revient chargee d'une petite boule-, elle la tient entre ces deux memes ferres, dont nous avons di: que ces fortes de mouches fe fervent pour couper la viande : cette boule eft la rnaciere prae a etre mife en eeuvre ; la Guepe arrivee dans le Gut-pier la porte il i'endroit qu'elle veut etendre. Suppofons une voiitecommencee qu'elle veut clargir , elle fe place a un des bouts de cette votite contre lequel elle applique & p'relfe fa petite boule : la boule eft molle comme une pate , elle s'attacfie a la partie contre laquelle elle eft preffee. Au(Ti-t6t on volt la Guepe marcher a jeculonsj a mefure qu'elle marche, elle laille devant elle une portion de fa boule : cette portion eft applatie, & n'eft pourtant pas detachee du refte ; la .Guepe tient ce refte entre fes deux premieres jambes, pendant que les deux ferres aliongent, etendent & applaniifent ce qu'elle en veut lailler & collet a .chique pas contre le bord de la bande ou du ceintre qu'elle veut clargir ; qu'on imagine une pare qui fe laifTe filer aifemenr, ou , fi Ton veut, un morceau de terre molle qu'on veut ajouter autour du bord d'un vafe de terre qu'on a .defTein d'elever , & on fe fera une idee de la facon dont la Guepe travailie: fes deux ferres agiffem comme feroient les deux premiers doigts du poller, qui colleroieut la nouvelle terre contre les bords du vafe, qui allongeroient cette terre & qui l'applatiroient. ( Cette bande qui ne view que d'etre appliquee par la Guepe tft trop epaiflfe, mal unie, 1'ouvrage n'eft encore que degioifi, il refte a l'amincir, a l'applanir, elle va le reprendre ou elle I'a commence, & cela fans perdre un inftant; elle met fepaiffeur de la nouvelle bande entre fes deux ferres , & repete un ma- nege alfezfemblable au precedent ; jeveux dire quelle s'en retoume a reculons ACADI-MIQUE. i87 avec viteflTe, tapant toujours avec fesdeux ferres la nouvclie bmde , mais fans VMjouter de nouvclie matiere; tout a etc employe ordinairement la premiere fois : fes fortes font les functions des palettes des potiers a creufets : en tapani la matiere ia«lle, ellesl'eYendent : I'effet de lews coups eft fenfible : li on com- pile I'eadroit cue la tote de l'lnfccte vieni cie quitter avec ceux qui lui ceftent a parcourir, les premiers font viiiblcment plus Luges : elle retourne de la forte cjuatre ou cinq fois au plus , fans y comprendre celle qui a ete employee a sppliqirer la matiere, aptcs quoi l'onvrage eft fini. La nouvelle bande eft re- duite a n'avoir que 1'cp.iiHcur du refte, ou celle d'une feuille de papier; mais il eft toujours a remarquer que e'eft avec une extreme viteffe que la Guepe travaille, & toujours a reculons : par la elle eft en etat de jnger continue lle- Baenc du fueces de fon travail; le mouvemem de ks ier-res 'eft encore alois plus vice que celui de I'm jambes. On diftingue facile+nem du refte la nouvelle bande; elle eft toujours plus- brune, parce qu'elle eft encore mouiliee; dans l'ancien ouvrage on diftingue* aulii ee qui a etc rait a la fois , ou d'une meme boule. Ghaque feuille eft corn - pofce depetites bandes laiges environ d'une ligne, cliacunede diftereiues cou- leurs; les unes font plus blanches, les autres plus bruries, & les autres plus jaunatres ; felon la couleur de la matiere dont elles ont etc composes. Quoi-- que les feuilles faffent uo tout continu, leurs parties tiennent moins enfemble- dans les endroits ou le travail a etc icpjis, que dans lerendue de chaque bande : je veux dire que fi on tirece papier douceinent , mais aflez fort r.ean- nioins pour le deciliter, il n'arrive guere qu'il fe dechire au milieu d'une bande , mais on voit qu'une bande fe detache de celle a laquelle elle tenoir. Je me fuis convaincu que ces bandes de couleurs difterentes ttoie.nt faites aulli de boules de matieresdiverfement colorees, en attrapantdes Guepes qui artivcient chavgees de ces boules, ou qui coramenc,pient a les employer : l'un & 1'autre m'etoit egalemem facile , non-feulemem mes ruches ctoient leurs Acad. Royals des Scuncis I>Z Parij. Hist. Natur. Anncc IT-U c vitre^s, leurs carreaux etoient en coulide ; je m'ctois de plus avife de me munir de- batons frottes de glue, j'enlevois de la ruche la Gucpe que je voulois choilir, , je n'avois qu'a la toucher avec le bout de mon petit baton. Le meme expe- dient m'a fetvi a m eclaircir fur bien des fails qui fe pailbient dy,;s l'interieuc -' de la ruche. Ceiles que je ptenois ch.ugees d'une boule ne 1'abandonnoient : point malgre la violence que je leur faifois; elles vouloient conferver le fruit de leur travail. Entre ces boules, les unes etoient blanches, lesauttes jaunatres ,.- les autres noirafres. Ce qu'on peut de plus obferver dans ces boules, e'eft cu'elles ne font qu'un ' amis de filamens. Quelquefois on ttouve entre ces filamens de petits "rains - noiiatres ; mais ils viennent d'une matiere ctrangere , aulli bien que tout ce qui • donne des couleurs brunes ou jauna«res au papier. J'ai lave de ces boules bru- ms cu jaundtres; apres avoir pafle plulieuis caux , l=urs filamens font reftcs > Wanes comme ceux des boules blanches. Les gateaux Sc les liens qui les fufpendent font fairs de la meme matiere : les Guepes travaillent aulli les cellules qui compofent ces gateaux de la meme - ficon que htt feuilles qui forment 1'enveloppe; mais elles font le tilTli- des • cellules pluslache, plus apptochant du rezeau ; au contraire le tiffu des liens" eft .plus, fetre , ces liens foac ^ntieremenc mailifs, ils ont befoin d'etre plus'- i88 COLLECTION forts ; ell es les enduifent quelquefois d'une efpece de vernis, elles les frottent louche; les endroits frotes paroiffent luifiins; &: demeurent toujours Acad. KoifALE avec la be pls Sciences de tels. Ce vernis ell peut-etre la colle qui lie enfemble les filets dont leur papiet Paris, eft compofe. Hist Natdr. Les cellules des gateaux font hexagones; je ne fais pourrant fi cette figure Annse 171?, entre ^ans ie deffe[n de leur architecture, li co n'eft point que les vers en preffant les cellules, achevent de la leur faire prendre; ce que je fais, e'eft que les cellules qui font au bord d'un gateau , ont la moirie de leur circonfe- rence ronde ; il n'y a que la p.irtie interieure qui foil a pans; elle en a ordi- nairement trois, le refte eft circulaire; de forte que ces cellules font a tnoitie cylindriques ; or les cellules les plus prochss du milieu du gateau ont etc autre- fois a la circonference-, car pour accroitre les gateaux, elles ajoutenr des cel- lules a celles qui font deja formces. Ces cellules n'ont pas une direction ab- folument perpendiculaire aux deux plans du gateau, dont l'un eft forme par 1'ouvercure, & I'autre par le fond des cellules. Les plus proches du milieu du gateau approchent plus de la direction perpendiculaire, & ceiles qui font les plus pres des bords , font plus inclinees, parce que chaque cellule tft un peu plus large a fon otiverture que vers le fond. Une grands pa'rtie des Guepes que nous avons mifes dans la premiere claife de celles qui font leur nid fur des plantes ou fur des bramhes d'arbres , ne dbnnent point d'enveloppe a leur guepier , leurs gateaux font a nud. Le plan de ces gateaux eft vertical , de forte que les cellules de ceux-ci font a-peu-pies- horifontales cemme celles des Abeilles. Les efpeces de cette clafte fe contentent fouvent de faire un feul gateau ; les unes ne lui donnent que deux a trois ponces de diametre , les autres lui en don - nent cinq a fix , quelquefois pourtant elles en font deux ou trois paralleles les uns aux autres. j'ai vu traveller par des Guepes de cette clade un gateau a double rang de cellules (PI. VIII, Fig. VI); elles n'y etoient pourtant pas dif- pofees comme celles des rayons des mouclies a miel ; Ie derriere du gateau , 1* face oil fontordinairement les fonds de routes les cellules, etoitelle meme convene de plufieurs cellules qui lui etoient peu inclinees. II y a pourtant dans le Royaume, des Guepes de cette claffe qui donnent a leur nid des enveloppes iingulieres. M. Varignon en apporta tin a l'Acadcmie jl y a quelques annees , dont l'envebppe reffembloit affez a une rofe a mille feuilles qui n'eft pas encore epanouie ; elle etoit de meme compofee de plufieurs feuillets applioues les uns fur les autres. Mais routes les Guepes du Royaume, que je connois, ne font rien d'auffl fingulier qu'utie efpece de Guepe du Canada, dont le guepier eft au cabinet du°jardin du Roi, dz m'a etc communique par M. Vaillant. Au premier coup d'ceil , & meme apres s'etre arrete quelque terns a en examiner la furface, on le prendroit pour un ouvrage de maind'homme 'PI. IX.). Son enveloppe ref- femble fi fort a nos cartons , que ce n'eft pas affez de dire qu'ejle y reffemble. On ne trouve aucune difference entre ce carton & le notre , il en a le poll , la couleur , qui a prefent eft celle d'un carton vieux qui a etc blanc autrefois ; il en a aulli la tiffure, e'eft un carton fin & epais comme ceux des porte-feudies ordinaires : cetie enveloppe approche de la figure conique, le fommet du cone ji'eft pourtant pas bien pointu. Pres de ce fommet, il a un trou long dans lequel a= — r— ■ — ^ ACADfeMIQUE 289 •lequel paffe une bundle d'arbre qui avoir etc- choifie par les infedes pour y fufpsndre le nid ; on ne fauroir plus retiree cette branche fans dechirct le car- interieut du guepiei elt occupc par onze gateaux a-peu-pas paralleled ms Sciences he les uns aux autres : ces gateaux ne font pas plats comme ceux de nos Guepes Paris. du Royaume; la face qui eft tournce vers le fommet ducone eft concave, cells Hist. Natwu qui regarae la bafe eft convexe. lis ne tiennent point les uns aux autres pat Anase 171$. les liens dont nous avons parle a l'occalion des gucpiers fouterrains , ils ne font fufpendus que par leur circonference qui fait coips avec I'enveloppe; de la leur vient peut-ctre leur figure courbe; le poids propre du gateau, celuides vers 8c des mouches dont il eft charge, peut au moins contnbuer a leur faire prendre cecte figure, lei les mouclies ne trouvent done point de pailsge d'un etage a l'autre : entre les gateaux 8c I'enveloppe, il n'y refte aucun vide; mais edes fe menagent une entree au travers de chaque gateau ; e'eft tin trou rand , F, (PI. IX , figure unique). L'endroit 011 il eft place a une forme dtflerente du refte, il eft faic en portion de pavilion d'entonnoir, dont la c.ivitc eft tournce vers le haul du gut-pier : le contour de ce trou, de cette portion qui eft faite en pavilion d'entonnoir, eft lille comme I'enveloppe; on n'y vo:t point les cellules qui remplilfent le refte du gateau ; 1'ouverture d'un gateau n'eft pas tout-a-fait vis-a-vis de l'autre gateau , elle n'en eft pourtant pas bien eloiguee. On peut juger jufqu'ou va cet eloignement ; le trou d'un des gateaux des plus eleves eft a-peu-pres au milieu du guepier, 8c celui du dernier eft bien plus pies d'un des bords que du milieu, les autres trous font a des diitances moyennes entre celles-ci. Les parois des cellules font minces ; mais toutes ces cellules tiennent a une feuille de carton forte & epailfe; la face fuperieure du gateau , celle qui n'a point de cellules, eft polie. Je n'ai point vu les Guepes qui travaillent avec tant d'artifice ; mais a juger de leur grolfeur par la grandeur de leurs cellules, elles font des plus petites. Les Guepes de la feconde dalle , les plus groffes de toutes qu'on appelle des felons , font dans des greniers , ou dans des creux d'arbres , des nids fem- blables .1 ceux de nos mouches fouterraines : leurs gateaux font de meme hori- fontaux. J'ai trouve des nids qui en avoient fepc a huit 8c renfermes d'une en- veloppe compofee dc plufieurs couches. Le nombre de ces couches n'eft pas fi grand que dans les enveloppes baties par les mouches fouterraines , elles lailTent aufii entr'elles de plus grands vides, ik ces couches font faites de plus grands morceaux (PI. Vlll , Fig. I & II.) La couleur dominante du papier de celles-ci eft jaunatre; au lieu que la cotileur dominante de celui des autres eft gris cendre ; mais la principale difference qui eft entre ces deux papiers , e'eft que celui des Guepes fouterraines , com- pare a celui des frelons, eft un papier fin compare au plus gros papier gris; au lieu que le premier eft fait de fibres ; le feeond regarde aitentivement, ns lemble compofc que de fciure de bois. Les Guepes de toutes ces clalTes commencent par batir le premier gateau ou le fupcrieur; avant de commencer un gateau de quelque rang qu'il foil, elles conftruifent un des liens qui le doit fafpendre ; fur le bout inferieur de ce lien , elles batiflent la premiere cellule du gateau , elles 1'entourent enfuite d'autres cellules; elles commencent de nouvelies attaches a mefure que ['augmentation du nombre de cellules le demande, 8c elles ctenuent leurs enveloppes a mcr Tome IF, Panic Franqoifc O o i9o COLLECTION m-m»au~ .» Aire que le nombre des gateaux augmente ; mais nos Guepes fouterraines 3i Acad. Royale 'es frelons ne ferment cette enveloppe que quand tons les gateaux font finis ; pis Sciences vt le deilous refte ouveit de toute !a largeurd'un gateau , alcrs l'enveloppe a l'air Faris. d'une c-fpece de c!oJie ; le dernier gateau etanc acheve, clles ferment l'enve- Hist. Natur. [0ppe n-.r en has, elles y laifiem feulement les deux trous qui fervent de portes. Anaee i/ip. Jufqu'ici nous nous fommes contentes de comparer les ouvrages des Guepes a nos differences efpeces de papiers Si de cartons ; mais nous n'avons point encore explLctue queiles font les matieres dont elles le compofent , ni oil , ni comment elk'- ramaiTerit ces matieres. 11 n'eft rien dans l'kiftoire de ces infe&es qui m'ait etc cache plus long-terns ; tous ces fairs ont prefque ech.ippe a mes re- chsrehes; je les ignorois encore iorfque je Ins ce memoire a l'alfemblee pu- blique de 171 9. j'avois eu beau obferver les Guepes dans routes les circonf- tances ou j'avois pu foupconner qu'elles ailoient chercher des matciiaux , je n'avois pu reullir a les furprencite pendant qu'elles s'en chargeoient. Les Abeilles qui vont recuciUir fur les fleurs tew cire Si leur miel , les Gucpes meme qui s'appuyent fur des plantes Si des arbres pour fucer le fuc de leurs feuilles ou celui qui s'echappe de leurs tiges , m'avoient induit en eneur : e'etoit fur de pareilies plantes, ou fur des plantes analogues que je croyois lestrcuver arrachant des fibres pour en former leur papier. Lorfque je ne fongcois i>li\s a fuivre ce genre d'irafedtes , unemere Guepe de la dalTe des fouierraines , vine ra'inftruire de ce que j'avois cherche tant de fois inutilement. Elle fe pofa au- p es de moi fur le chaffis de ma fenetre qui eipit ouverte : je la vis refter en repos dans un endroit d'ou il ne me paint pas quelle put tirer rien de fort fuc- culent : pendant que le refte de fon corps eroit tranquiile, je remarquai divers mouvemens de fa tete. Ma premiere idee fuc que la Guepe detachoit du chaflis de quoi batir , Si cette idee fe trouva vraie ; je I'obfervai avec attention , je visqu'elk fembloit ronget le bois, que fes deux ferres 011 deux dents mobiles done nous avons parlc plufieurs fois, agilfoient avec une extreme aciivire, elles ceupoienc des moreeaux de bois ties-fins. La Guepe n'avaloit point ce qu'el'ie avoir ainti detache , elle l'ajoutoit a une petite made de pareille matiere qu'elle avoit deja ramaffee entre fes jambes. Peu apres e!!e changea de place ; mais elle continua a rongerle bois, & a ajouter ce qu'elle enarrachoit au petit amas fiic ci-devant. Apres m'ctre alTezaiTure de ce ttavail , je pris la Guepe dans Tac- tion mime , je la trouvai charges a-peu-pres de la quantiie de matiere qu'elles ont coutumede porter auguepier; elle n'en avoit pourtant pas torme encore une boule , cette matiere n'et'oit pas humecxee autant qu'elle Tell quand l'infecle la met en ceuvre. J'examinai cet amas de filamens, qui a cela ptes qu'il n'eroit point encore bien humeri , comme je viens de le dire , eeoit parfaitemenc femblabie aux boules que j'avois otees a des mouches ptt'tes a travailler , ou qui avoient com- mence a travailler : ces filamens paroillbient neanmoins difrerens de ce qu'un irtfeds devroit detacher du bois en le rongeant. On croiroit qu'ils devroient ref- fcmbler a de la fciure de bois , que chaque brin eut du ecre a-peu-pres auffi large que long. Chaque filament au contraire etoit extremement delie , quoiqu'il eut au moius une lignedelongueur.il yen avoit meme debeaucoup plus long. Des moreeaux de bois gros Si courts, pareils a ceux de la fciure, n'accommode- roient pas nos Guepes fouterraines^ ils feroient peu propres a s'entrelacer pour faire un papier fin ; il leur faut des filamens pareils a ceux du papier dout nous A C A D E M I Q U E. i9i nous fervons •, audi avons-nous a remarquer ici une dc-s adrefTes de la Gue-pe ; w.aBgfjjgi elle ne fe contente pas de hacher le bois , ce qui ne Iui donnsroir que de p^tits . r iir- J I I? I L Acad. Royals morceaux courts parens a ceux de iaiciure; avant de le coupe-r , elle le charpit, ^.^ Sciencis uh pour ainfi dire, elle prelfe les fibres entre fes ferres, elle les tire en haut, par p...,- la elle les ecarte les uncs des aucres , & c'eft apres !es avoir ainli (.harpies qu'clle 1 '.^t. Nator. les coupe. Annife 17 ij. Outre que j'avois .ippris en obfervant la Gu'-pe . que c'etoir en ceta que con- fiftoit fa principale adzilT-z , je m'en fiiis encore alfure en dctacrunt moi-meme des fibres du bois avec un canif. Je frottois d'abord ce bois legerentenc avec la lame du canif pour ecarter les fibres les unes des autres , Sc je le frottois en- fuite plus fore avec la mime lame pour les detacher, j'ai ramafFe de la forte des filamens , je les ai compares avec ceux dont la Gue-pe avoit rait amis , Sc je n'ai revnarque auctine difference entre les uns & les autres. Qtiand on a une fois appercu certaines fingularites qui nous avoient eehap- pe , on les rrouve a tous momens fous fes yeux , on eft furpris de ce qu'on ne les avoit pas vuesplutot. Depuis que j'eus obferve la GuCpe qui detachoft du bois de ma fene-tre, j'ai cte attentir a obferver les actions de c.lles qui s'ap- puyoient fur le bois fee, Sc j'ai vu que les Guepes de routes efpeces y vent cou- per les filamens donr elles out befoin pour Lire leur papier : je les ai vu fur- tout s'attacher aux treillages des efpaliers , aux chafiis & aux ccntrevens des fenetres ; mais il eft a remarquer qu'elles ne s'attachent qu'au bois vieux, fee, & qui a etc pendant long-tems expofe aux injures de l'air. II ne feroit pas facile de tirer les fibres du lin nouvellement arrache; pour tirer fes fibres, on le lailfe rouir pendant du terns , e'eft-a-dire , qu'on le tient pendant plufienrs femaines enfonce dans l'eau , apres quoi on le fait fecher. La ptemiere fuiface du bois qui a ete expofee plufieurs annces aux injures de lair, a etc rant de fois arrofee par la pluie, quelle fe trouve dans l'ctat du lin rout : nos infectes en dctachent aifement des filamens incomparablement plus fins que ceux qu'ils tireroient du bois qui auroit toujours refte a couvert; aufii quand les treillages d'efpaliers ont ete peints , nos mouches fe donnentbien de garde de les atta- quer dans les endroits ou la peinture s'eft confervee j mais fi elle s'eft ccaii.ee quelque part , elles s'y arretent , Sc en tirent des filamens. La couleur du papier de nos Guepes fouterraines , eft blanchatre , d'un gris a-peu-pres cendre ; couleur foit ditferenre de celle du bois de chene & de celle des autres bois mis en ceuvre dans nos apparreniens ; mais la couleur de leur papier n'eft nu'.lement differente de celles que prennent les furfaces de ces me- mes bois lorfqu'ils ont ete long- terns expofes a la pluie. Qu'on approche de leur papier contre de vieux treillages, on y appercevra que les couleurs en font les memes. Tout bois expofe a Pair &: touies les parties du meme bois expofees a l'ait , ne prennent pourtant pas les memes nuances. Da la viennent au III en partie les varietcs qui font entre les diftcrentesbandes de ce papier. Le papier des frelons ou grolles Guepes , dont les parties font (i mil liees enfemble, n'eft pas fait aulli de brins fi propres a s'entrelacer ; ces frelons rongent le bois fans le charpir , ils n'en detachent qu'une efpece de fciure qu'ils lirent des bois pourris ou prefque pourris ; de la vient la couleur jaur.atre de ce papier. Les Guepes de l'Amerique qui font un ft beau carton , vont apparemment Ooij I——— IB 191 COLLECTION comme les nitres arracher les fibres de bois commun dans le p.iys qu'etfes lia- bitent , les lines & les autres nous npprennent qu'on pent faire du papier des fibres des plantes , fans les avoir fait pafTer par I'ecat de linge & du cliilfbn •, !es femblent nous inviter a elTayer fi nous ne pourrions pas parvemr a faire Acad. Royalf. pes Sciences di Paris. ell Hist. Natus. de beau & bon papier en employant immediateinent certains bois. Si nous en Annile 171J. avions de pareils a ceux done les Guepes de l'Amerique fe fervent pour leur carton , nous pourrions avec ces bois faire le papier le plus blanc; car ce carton eft tres blanc : les bois blancs y feroient probablement propres. En brilant, en divifant encore plus les fibres du bois, que ne iont les Guepes, ex employant mince la pate qui en viendroit, nous en compolerions un papier tres-fin; e'eft une recherche qui n'eft nullement a ncgliger , que j'ofe meme dire im- portante. Les chiffons done on compofe notre papier , r.e font pas une matiere dont on falle coramunement grand cas; les maitres des papeteries ne favent poiutant que trop que e'eft une matiere qui devient rare. La confommation du papier augments tous les jours, pendant que celle du linge relte a-peu pies la meme. Les etrangers favent d'ailleurs nous enlever ces mauvais haillons pour leurs papeteries; on trouver done dans la fuite de quoi foutnir au papier , & de quoil'empecher d'etre trop rare & tropcher? Les Guepes femblent nous en enfeigner un moyen. Les recherches d'hiltoire naturelle, meme celles qui ne femblent etre que de pure & de vaine curiolitc, peuvent avoir des utilites ties-reelles, qui fulfiroient pour les jullifier aupres de ceux meme qui vou- droient qu'on ne cherchat que des chofes utiles , fi avant de blamer ces recher- ches , on avoit La patience d'attendie que le terns euc appris les ufages qu'on en peut faire. La conftruc~tion du gucpier n'occupe pas feule nos moucbes ; il n'y en a meme qu'une petite partie qui y travaille , les autres ont d'autres emplois. Pour bien faire entendre en quoi ils confiftent , il taut que nous commencions par donner une connoillance plus parfaite des habitans de notre petite repu- blique. Ce que nous allons en rapportec fetvira a confirmer les idees que M. Maraldi a cues fur celle des Abeilles. Dans le genre des infeftes, les infecftes a aiguillons font un peuple tout par- ticulier qui ne reflemble a aucun ou prefqu'a aucun des autres; le meme guepie.r elt habite par trois fortes de Guepes difterentes en grofleur , 6c qui ont aulli des differences de figure; ou fi Ton vein, il eft habite par des Guepes de trois fexes j favoir, les males, les femelles 8c celles que je nomme les mulcts, quoiqu'elles n'aient de commun avec les vrais mulets que de n'etre pas propres a perpetuer leur efpece. C'eft de" quoi je me fuis pleinement convaincu par mes obfervations. Les males font parmi les Guepes ce que font les bourdons parmi les mouches a miel; les femelles y tiennent lieu de la reine des Abeilles; maisaulieu qu'en ne trouve dans une ruche de mouches a miel que trois ou quatre femelles., j'en ai vu dans des Guepiers plus de deux a trois cens a la fois. Enfin celles de nos Guepes que je nomme Les mulcts , font parmi elles ce qu'eft le gros des Abeilles dans les ruches de mouches a miel. Ces mulcts font la plus nombreufe partie de cette republique, ils en portent toutes les charges, ce font eux qui batilfent, qui nourrilfent les males, les fe- melles & meme les petits pendant une grande partie de l'annee, excepte ceux qui font occupes a aller ramaffer les matcriaiix pour la conftruction de ledifice ^ A C A D £ M I Q U E. i?3 & a les mettre en ocuvre : les .nitres vontcor.tinuellement a In chaffe ; les autres *M "»^ attrapsnt de vive force des infectes dont ils portent ordinairement le ventre Acad. Royale au guepier, & quelquefois I'infeftc entier; d'autres pjllent les boutiques des dfs Sciences de bouchers d'ou ils arrivent charges de morceaux de viande pins p,ros que la Paris. i».>iue de leurs corps ; d'autres ravagent les fruits , en rappotrent le inc. Arrives iiiiT- Natur, dans la ruche, ils font part de leur proie aux femelles, aux males & mime Anncc i7i> aux autres mulcts qui pour avoir etc occupes du>s I'interieur, n'avoient puallez chercher de quoi vivre. Plufieurs Guepes s'ailemblent amour du mulet qui vient d'arriver, & chacune prend fa portion de ce qu'il apporte. C-la fe fail de gre .i gre , fans combats > en voici une bonne preuve : ceux qui au lieu d'allec a la elude, font tombes fur des fruits, ne rapportent jamais rieii de foiide dans le guepier, car ils n'y rapportent jamais ni fruits, ni portions de fruits. Ces muiets qui en apparency ne rapportent rien , ne lailTent pourtant pas de regaler leurs compagnes. J'ai vu plufieurs fcis qu'apres etre entrcs dans la ruche, ils fe pofoient tranquiltement au-delTus du guepier, apres quoi ils faifoien't lortir de leur bouche une goutte de liqueur ciaire qui etoit avidement fucee quelquefois par deux mpuches dans le meme inftant; apres cer:e goatee, le mulet en faifoit fortir une feconde & quelquefois une ttoilieme qui cteient aulli diftribuces a d'autres mouches. Les muiets , quoique les plus laborieux , font les plus petits , ils font les plus vifs, les plus legers & les plus ailifs. Les femelles font les plus groiles & les plus pefantes , cllesmarchent plus lentetaient. LagrofTeur des males eft moyenne entre celle des muiets & celle de femelles: ces differences de groffeur font fi conliderables dans le genre des Guepes qui batiflent fous terre, qu'elles fu'ti- fent pour raire diltinguer ces infeeles les uns des autres : je les ai pefes , & j'ai compare leurs poids : j'ai roujours trome que deux muiets ne pefoient en- femble qu'un male : qu'il falloit lix muiets pour faire le poids d'une femelle j audi paroilToient-elles d'une grofTeur monftrueufe par rapport aux muiets. Quoi- qu'une femelle pefe a-peu-pres autant que trois males, les males les egalent a-peu-pres en longueur, mais ils font beaucoup moins gros. Les males font encore aifes a reconnoitre, parce qu'ils ont les antennes ou cornes plus longues que celles des meres & des muiets , c\: parce qu'elles font recourbees pat le bout. Depuis la poittine jufqu'au bout de la queue, ks meres Sc les muiets n'ont que fix anneaux , & les males en on; fept. J'ai trouve cette derniete difference conftante dans les Guepes des diffcrentcs claffes ; mais la difference de gtoiTeur n'tft pas li considerable en toutes les clalfes que celle de nos Guepes fouterraines j la femelle y eft toujours plus grofie que le male & le male plus grcs que le mulet , mais non pas dans une fi grande proportion. Pendant les mois de Juin , Juillet Sc Aofu & jufqu'au commencement de Septembre, les meres fe tiennent dans I'interieur du guepier j on ne les voir gueres fortir qu'au commencement du piintems &dans le mois de Septembre; dans les autres terns elles font occupees a pondre, & fur- tout a r.ournr leurs pe tits , ce qui n'tft pas avoir peu d 'occupation -y feules elles n'y fauroient fuffire : nous avons calcuJe ci-devant qu'une ruehe qui a tons fes gateaux , a quelque- fois plus de dix a douze mille cellules ; entre toutes ces cellules , il n'y en, a pas peut-etre fept a huit qui n'aient un ceuf ou use ieune Guepe. 194 COLLECTION m-t?v; ■. K«arCTgra Les jeunes Guepes ne font pas dans ces cellules fous Is forme de Guepe. . _ Quand elles l'ont prife , elles y reflrent pen : elles viennent d'un a-uf blanc, Acad. Royale ^- - , c * '. , ' T J r . , , , , ' des Sciences de traniparenr , de n^ure obiongue , aliez lemblabie a im pignon de pomine de 1>aris. pin , a cela prcs qu'il eft plus gros par un bout que par l'autre. Ceux des dif- Hist. Natiir. ferentes efpeces de Guepes &c des Guepes de differences dalles different en A.inee 1719 grofTeur , comme les infedes qui en doivent naitre ; ceux des petites efpeces ne font gueres plus gros qifune tete d'cpingle : le bout de cet ceuf le plus poitmi eft le plus pto.che du fond de la cellule , Si eft colic ou attache contte les parois , de facon qu'il eft difficile d'arracher I'ocuf fans le calfer. Ces ccufs meme demandent les foins de la mere Guepe , quoique tres-recemment pon- dus; on la voit entrer plufieurs fois le jour, la tete la premiere dans la cel- lule 011 ils font : il n'eft pas aife de favoir a quoi elle leur fert ; mais j'.ii mieux vu quels font les fecours que les meres donnent aux vers qui en eclofent. Je ne fais pas trop auffi combien de fois ce ver change dc peau ou de forme; ce que je fais, e'eft que licit jours apres que letup a ete mis dans la cellule , on y trouve un ver qui eft confidc'rablement plus gros que 1'ceuf ; peut-etre que ce ver n'eft que 1'ceuf meme plus developpe ; fa tete alors eft reconnoilfable , on y diftingue deja les deux ferres dont nous avons-vu les Guepes taire cant d'ufige : ces vers continuent de croitre jufqu'd devenir aflez gros pour remphc entieremenr leurs cellules; quand ils font parvenus a une certaine grolleur, Je.ur tete eft mieux formee, les ferres deviennent plus brunes, & on diftingue plufieurs parties qui font autour de la bouche; le refte du corps de ces vers eft tout blanc, lis n'ont aucuns polls, ils font recouveits d'une peau molle. Voyez Planche VII, Fig V. Ce font ces vers qui demandent les principaux foins des mouches qui fe tiennent dans l'interieur du gucpier ; elles les nournffent comme les oileaux nourrifTent leurs pctits ; d'inftant en inftant elles leur portent la becquee; c'tft une chofe merveilleufe que de voir l'adtivite avec laquelle une mere Guepe parcourt les unes apres les aucres les cellules d'un gateau; elle fait entrer fa tete affez avant dans celles dont les vers font petits; ce qui s'y paffe eft derobe a l'obfervateur ; mais il eft aife d'en juger par ce qu'elles font dans celles dont les vers plus gros font prets a fe metamorphofer , ceux-ci plus fotts font moins tranquilles; ils avaucent leur tete jufqu'au dehors de la cellule, & pat de petits baillemens , femblent demander de la nourriture ; on voit la Guepe la leur ap- porter : apres qu'ils l'ont recue , ils reftent tranquilles, ils fe renfoncent pour quclque terns dans leurs cellules. Les Guepes de la grolfe efpece , les fielons, avant de dormer la nourriture a leurs petits , leur prellenc un peu la tete entie leurs deux ferres; au refte les meres ne fcauroient fufhre feules a diftribuer la nourriture a tant de petits; j'y ai vu les mulcts occupes tres-fouvent ; je ne fais fi l'attention de ces Guepes ne va pas jufqu'd proportionner la nourriture a la force des vers; j'en ai vu qui ne donnoient qu'une goutte de liqueur a fuccr a de gros vers ; Sc j'en ai vu qui donnoient a des vers encore plus gros , de la nourriture folide. J'ai fait fur une Guepe de la premiere clafle une ob- fervation qui prouveroit que ces infectes nourrifTent leurs petits a la Eicon des oifeaux qui degorgent , e'eft-d-dire , des oifeaux qui avalent le grain, & le laiffent ua peu s'ammollir , fe digerer dans leur jabot avant de le donner d Jeurs petits. Je remarquai une mere Gut-pe de cette efpece qui rapportoit «Je l. .1 .^faaum A C A D E M I Q U E. z95 Ci chafle un ventre d'infedte; r;p:cs l'avoir fait entrer dans fa boiiche £c l'avoir tail reflbrcir a plulieurs reprifes , parce qu'il ctoit trop gros, elle pacvint a I'a- Acad „ valer entierement ; je la vis euliue parcourir fes cellules, & je remarquai ms Science ue qu'elle avoir laifle aux vers dc quelques-unes, ties morceaux fi gros qu'ils ne Paris. pouvoicnt audi les avaler. Hist. Natur. J'ai rait toutes ces derniercs obfervations fur des guepiers dont j'avois en- Amnjc i;ip. tWremeni emporte I'enveloppe. J? Ics a: Lues aulli commodemeni fur Its ga- leaux des Guepes qui ue font point recouvercs naturellement. Enfin j'ai ea quelqucfois des fiagmens de gateaux pleins de gros vers ; ces vers, au defau t ae 1 1 becquee de la mere qui leur manquoit , fuijoient ce que je leur donnois. II n'cin peut-etre pas ete impoflible de ics clever, li on en ciit voulu prendre la peine. Quand les vers font devenus aflez gros pour remplir leurs cellules, ils font preis a {■: mctamorphofer , ils n'ont plus b-ioin de prendre de nourriture, ils le 1'inrerdifent eux memes , 8c tout commerce avec les autres Gut'pes j ils bou- chent I'ouveiture de leurs cellules avec tin pen; couverde de leur bcon : qtiei- ques vers le font prerque plat, ce font ordinaireinent ccux qui doivent etre des mulets; d'autres le font convexe , & meme allongcnt un pen les cotes do la cellule , en faifant a certe cellule un vebord de la meme matiere que le cou- verde. Ce couvercle ell un tillu pared a celui des coques des chenilles ou des vers a foie. Nos vers de Guepes font aulli alors des efpeces de vers a foie on de chenilles fans pieds : ils rilent ce couvercle prccifement comme les chenilles filent leurs coques, ils fe donnentles memes mouvemens de tcte ; le fil clone ils le forment efb t\ fin que jc n'ai pu obferver precifement d'ou ils le tirent ," quoique j'aie quelquefois tenu a la main des gateaux dont les vers travailloier.c a s'enrermer. II m'a pourtant paru que ce hi venoit comme celui des chenilles d'un peu au-delfous de la bouche. £n molns de trois a quatre hemes le cou- vercle d'une cellule efi: cniierevnent taic j j'ai fouvent pris plailir a brifer ccux qui cioient commences pour les faire'refaue ; ir.ais iifautqu'il reite encore pro- vjfion de foie au ver ; car fi on dcttuifoit un couvercle fait il y a plulieurs jours , il n'en fi'eioitpas un nouveau. Ces couvercles font extremement blancs, fur- tout dans les guepiers des frclons. Je n'ai pas d'obfervations all'ez precifes fur le nombre des jours qui fe pat- ient depuis le jour que 1'ceuf a e.e pondu jufqu'a ce que le ver fe renfeime dans fa cellule ; il me femble que ce nombre de jours ne va dans les mouches de la premiere claile qu'a vingt ou vingt un ; niais je fats que les vers ,^,.m»jto Guepes rongent d'abord Ieur couverde par le milieu, Sc aggrandiiTent le tro« Acad. Royale jufqu'a ce qu'il puiire les lailfer palTer. bis Sciences ue La Guepe qui vienf de fortir de fa cellule, n'eft differente de celles de fori ^ARIS> efoece &r de Con fexe qu'en ce qu'elle eft d'un jaune plus pale , plus citron : isr. Natur. e|je n'gf]- pas |ong-tems fans profiter de la nourriture que les autres apportent Aaiice 1715. au gu&pier j & dans les guepiets qui font fans envc-loppe , j'ai vu des mouches qui, des le meme jour qu'elles s'ctoient transformees, alloient a la campagne, 8c en rapportoient de la proie qu'elles diftribuoient aus vers des cellules. La cellule d'oii eft fortie line jeune Guepe , ne refte pas long-tc-ms vacante; d'abord qu'elle a ete abandonnee, une vieille Guepe travaille a la netoyer ; la ciepouille dti ver refte pouttant collee contre les parois; enfin pen de jours apres on y trouve un nouvel ceuf ; ainfi une meme cellule fert a elever plulisurs mouches. J'ai fait obferver que le ver devient fi gros lorfqu'il eft pret a fermer fa cellule, qu'il ia remplit; c'eit pourquoi fa depouille refte appliquee contre les patois; mais les vers des mouches de different fexe nc doivent etre, ni nefont de meme groffeur, car la mouche, des qu'elle eft de venue mouche , n'a phi? a croitre. Les mulets fix fois plus petits que les femellcs , ne demandent done que des cellules fix fois plus petites; leuts cellules le font auiii a-peu-pies dans cette proportion j quand nous avons dit que dans un quarre dont les cotes font d'un pouce & demi , il y a quarante-neur cellules, nous entendions parler de celles des vers mulets ; le meme quarre eft rempli par bien moins de cellules de vers femelles; ces dernieres font aufli plus profondes que les autres , parce que les femelles furpaflent les mulets en longueur com me en grofleur. Non-feulement il y a des cellules conftruites uniquement pour elever des vers mulets , &c d'autres pour elever des femelles ou males; il eft encore aremar- quer que les cellules des mulets ne font jamais melees avec celles des males ou des femelles. Un gateau eft compofe en entier de cellules a mulets ; mais les cellules a vers femelles & a vers miles font melees dans le meme gateau ; ils ont befoin de cellules cgalement profondes ; les males n'ont pas befoin d'en avoir de fi larges que les femelies , aulli les leurs font-elles plus etroites dans la pro- portion que demande leur difference de groffeur ; la difference qui eft entre ces cellules eft moins fenfible que celle qui eft entre celle des vers mulets & celle des vers femelles : elle fe diftingue pourtant ; j'ai fouvent ouvert des cellules clont les Guepes etoient pretes de fortir , cc j'ai toujours trouve ou des males ou des femelles dans celles ou je comptois trouver les unes ou les autres. Get amas de gateaux , les liens qui les attachent , l'enveloppe qui les convre , en un mot tout ledifice des Guepes , eft un ouviage de quelques mois , & ne doit fervirqu'une annee. Cette habitation fi peuplee pendant l'ete, eft prefque aeferte pendant l'hiver, & eft entierement abandonnee au printems, il n'y refte pas une feule mouche ; celles qui ont pafle la rude faifon , vont commencer un nouvel edifice qui doit, auffi-bien que routes les mouches dont il fe trouve peuple, fon origine a tin petit nombre de Guepes , pour ne pas dire encore a une feule. Une des remarques des plus fingulieres que foumifle I'hilloire de ces infectes , e'eft que les gateaux qui font raits les premiers , ne font abfolu- ment compofes que de cellules ou peuvent croitte des vers mulets. La repu- biique dont les fondemens viennent d'etre jetes , a befoin de travailleurs ; ce font ACADEMIQUE. 1?7 font em qui naiflent !es premiers : a peine une cellule eftelle finis , & Convent j i eile n'eft pas encore a moitic clev^e , qu'un ceuf d'un vers mulct y eft dcpofc • par cette raifon , il eft plus aifc a la mere , malgrc fa grofleur , de mettre i'ccuf dm taMo^M prcs du fond de la cellule. De quatorze a quinze gateaux renfermcs dans un Paris. guepier, il n'y a quelquefois que les quatre a cinq derniers qui foient com- Hist. X'atiir. pofcs de cellules a femelles & a males ; ainfi arant que les males & les fe- Anndc 171,. melles puiflent prendre l'effbr, le guepier s'eft peuple de plufieurs milliers de mulets. II n'eft done pas etonnant qu'on ne voie paroitre les meres fur le ^ucpier que vers le commencement de Seprembre. Je fis perir par 1'odeur duYoufre une ruche de ces GuCpes vers la fin d'Aout : entre plufieurs milliers de mulets, je n'y trouvai que deux ou trois meres, & dans une faifon plus avancee , j'ai'vu les meres attroupces a plufieurs centaines dans les ruches. Mais les mulets qui naiflent les premiers , pcriflent aufli les premiers : quelque foin que j'aie apporte pour bieti couvrir mes ruches, je n'en ai pas trouve un feul en vie a la fin d'un hiver doux; je les ai vu prefque tous perir des les premieres gelees. Les anciens naturaliftes de qui nous pourrions tirer de fort bonnes obfervations , fi malheureufement elles ne fe trouvoient con- fondues avec d'autres fouvent plus qu'incertaines , ont audi remarque qu'il y a des Guepes qui ne vivent qu'un an , & d'autres qui en vivent deux. Anftote nomme les premieres operant , ce font audi nos laborieux mulets. Et les autres , mamas, qui font nos femelles. Ces femelles plus fortes & deftinees a perpetuer l'efpece , foutiennent mieux I hiver ; mais heureufement pour nous que la plus grande partie de ces femelles meme perit, fans quoi nous ne pourrions avoir aflez de fruits pour nourrir ces infeftes fi prodigieufement fecon.is ; a peine a la fin de l'hiver en etoit-il refte une douzaine en vie, plufieurs centaines ctoient mortes dans la ruche. C'en eft encore trap par rapport a la fecondite furprenante de ces infectes; un guepier que nous avons Aippute are habice par plus de trente mille mou- ches, doit fon origine a peu de Gucpes; je crois meme qu'il la doit a une feule; je n'ai pu pourtant encore me le demontrer dans la clafle des Gucpes fouterrain^s, ni dans celles des frclons, car je n'ai pu trouver de guepiers de cette efpece qui ne fuflent que commences ; mais j'en ai trouve de tels dans la claffe des GuCpes qui baciflent fur des plantes. J'ai commence A obfetver un md de Gucpes de ce genre (PI. VIII , Fig. V) qui n'avoit encore que cinq a fix cellules , c'etoit le prendre bien pres de fon origine; ces cellules n'avoient pas meme encore d'eeufs, j'y ai vu depofer les premiers. J'ai pris plaifir pendant plus de fix femaines a obferver ce petit gateau dont le nonibre des cellules aug- mentoit peu a pen ; toutes les fois que je l'ai obferve , je n'y ai jamais vu qu'une feule & mCme Gucpe, ellene l'abandannoit que quelques quarts d'heures, de fois a autre pour aller chercher des materiaux pour l'ctendre Sc de la nour- jiture pour fes vers. Les premiers ceufs n'ont pourtant paru que plus de quinze jours apres que j'ai eu commence a fuivre le gateau. Bnfin j'ai vu groilir les vers eclos de ces crufs , je les ai vu boucher leurs cellules, & la Guepe n'a eu de compagne que quand le premier ver a ere transformc en mouche. A mefure que le nomine de cellules debouchees a cm, j'ai vu augments le nombre des Gucpes , le gateau croiflbit plus vite alors , le nombre des ouviicis etoir aue- Tonie IF, Panic Frangoifc. p ,, i98 COLLECTION mente ; a la fin de l'ete cette petite republique avoir plus de foixante mouches, Acad. Royale les mouches de cette clafle ne multipliers pas autant que celles des autres , il des Sciences de en etoit peri plufieurs, toutes etoient nees d'une meme mere, & il n'avoit ,IS- point paru de Guepes males fur le nid. Je ne fuis pourtant pas fur que les Hist. Natur. }- » *i < -Ar J i>l- i i • > ■ . , _ Guepes males pendent toutes pendant 1 hiver comme les mulets ; je n en ai pas conlerve en vie dans mes ruches; mais je crois en avoir vu volerau commen- cement du printems; j'ai eu beau etre attentifdans la meme faifon a obferver les Guepes que je voyois s'appuyer fur les plantes , je n'ai jamais vu alors un feul mulet , prefque toutes les Guepes etoient femelles. Je ne crois pourtant pas qu'eiles produifent fans le commerce des males ; mais je penfe que les accouplemens qui fe font fairs avant l'hiver, fuffifent pour reconder tous les petits que la mere doit mettre au jour au printems. Les ceufs font fecondes comme les embrions des animaux vivipares plufieurs mois avant que de naitre. II eft furprenant a la veriie qu'un feul inftdte renferme tant de millicrs d'embrions ; mais ce n'eft pas le feul exemple que la nature nous en donne; cette fecondite eft peut-etre bien inferieure a celle de certains poiftons. Le myftere de l'accouplemenr des mouches a miel a ete cache jufqu'ici aux obfervatcurs les plus attentifs; jen'enfache pas audi qui aientfurpris les Guepes d^ns leurs accouplemens , & il n'y a pas apparence qu'on y etu pu parvenir , fans fe dormer les foins de les mettre en ruche, comme je l'ai fair, au moins pour ce qui regarde les Guepes fouterraines , le voile qui derobe ces actions fecrerres eft rrop epais, il a ere leve quand leur guepier n'a plus ere entoure que par du verre. j'ai pu appercevoir alors comment elles perpetuent leurs ef- peces; depuis ces obfervations je n'hefite plus a regarder les bourdons comme les males des mouches a miel. Les males des Guepes ont de commun avec eux de n'etre poinr armes d'aiguilions. Dans la clalfe de nos Guepes fouter- raines , la parrie qui occupe la place de l'aiguillon, eft d'une figure finguliere'j fi on prefiTe le ventre de l'infedte, on fait fortir cette partie, comme on feroit fortir l'aiguillon; elle eft brune Sc ecailleufe comme lui ; on ne fauroir la com- parer a rien de plus reiremblanr qu'a une petite cuiller a cuilleron rond , telles que l'ont les cuillers a pots; le manche de cette petite cuiller eft rond , il a un canal qui va depuis fon origine jufqn'ou commence la convexite du cuille- ron ; la ce canal s'elargit & forme une plus grande cavite , une efpece de re- fervoir. Si on prelTe le canal pres de fon origine, ou vers le commencement du manche , on voit une petite partie blanche qui forr dans cette cavite pies de la racine ; pres du bout de ce manche , il y a deux petits corps longs tortueux , que l'on prendra, (1 Ton veut , pour les vaille.iux fpermatiques ou les tefticules. On ne peut au plus avoir que des conjectures fur l'ufage de fi perites parties j mais il eft plus fur que cette cuiller avec fon manche eft la partie qui caracle- xife le male. Je les ai vu en faire ufage vers la mi-0<5tobre dans des jours chattels pour la faifon , & oii le foleil donnoit fur la ruche : leur accouplement s'accomplit a-peu-pres comme celui des autres mouches; j'ai vu alors le male en amour marcher avec viteiTe fur l'enveloppe du guepier, & pour ainfi dire', avec un air inquiec, allanr & venant, tetournanr brufquement fur fes pas; la petite cuiller qui eft ordinairement route dans le corps, en etoit prefque toute fortie; ACADEMIQUE. ig, Sorfque le male npperccvoit quclquc femelle, ilcouroir &c rneme voloit quel- quero.s deiTiis avec agilite , il fe pla^oit fur fon dos , de facon que Is bout de fon Acad. H corps aUoii u:i pen par deli le bout du corps de la femelle. de , Scienc ts di Outie la paitie qui a la forme de la cuiller, le male en a encore deux qui Paris. Iim (out particulieres , elles font audi de matiere ecailleufe , brunes & pen fen- H;sr. \atur. libles dans les adionsordinaires de l'infedte , quoiqu'elles foient aflez gropes , Annce 171?. eiles ont plus de longueur charune qu'iui des anneaux , elles font au bout du dernier, 011 fi Ton veut, elles compofeht enfemble le dernier anneau qui eft ecailleux : ces deux parties femblent unies , elles secartent cependant l'une de l'autre, comme les deux branches d'une pince; dans le tendre acces le male les entr'ouvre, & faifit entr'elles le bout de la queue de la femelle , la prenant alternativement & a diverfes reprifesde cote & d'autre ; ce font li les premiers preludes amoureux , c'eft entre les deux bras de cette pince qu'eft precifemenc placee la partie faite en cuiller. Apres ces petits preludes, le male taehed'in- lerer fa cuiller dans un trou qui eft au-dellous de la bafe de l'aiguillon de la femelle. Je tie fais li j'ai vu l'accouplement complet; mais routes les fois que j'ai obferve ce petit manege , le cuilleron eft entre feul , & il eft peu refte. La femelle fembloit hire quelque reliftance , elle marchoit mcme quoique lente- ment. Je ne fais aulli s'il y a de plus longs accouplemens , il fuffit qu'il y en ait. La partie qui caraderife les males des Gut pes, Frelons ou grortes Guepes, eft placee comme celle des males des Guepes fouterraines entre les deux bran- dies d'une efpece de pince ecailleufe ; mais elle a une figure differente , c'eft un limple tuyau ecailleux, un peu plus gros a fa bafe, a fon origine qu'i fon exttemite qui a deux pecits crochets : cette extremite a une ouverture 011 una petite epingle entreroit ailement. Si on preffe la bafe du canal, on fait fortir par cette ouvettute une goutte de liqueur blanche qui a la conliftance d'une bouillie claire. Le nombre des males de chaque guepier m'a paru egaler a-peu-pres celui des femelles. Si on ouvre le corps des femelles , on le trouve prefque roujours plein de petits corps oblongs qu'on ne pent prendre que pour leuis ceufs; ils ont la figure de ceux qu'elles depofent dans leurs cellules , & n'en different que par la groffeur ; on pent mcme les reconnoitre dans celles qui viennent de fortir de leurs cellules pour la premiere fois, qui ne font, pour ainfi dire, Guepes que depuis un inftanc; mais ils y font beaucoup plus petits, moins oblongs, ce ne font prefqae que des points ronds. Les femelles ont comme les mulets un aiguillon , il n'y a que les males qui n'en ont point. Les anciens naturahftes ont aulli eciit qu'il manquoit a celles qu'ils ont nominees matrices ; d'ou il femble qu'ils auroknt donne ce nom a 110s males ; cependant ils ont dit que les matrices etoient plus grofles que routes les autres, & nos males font moins gros que les femelles; il refulte de la & Je plufieurs autres faits dont il eft inutile de parler, qu; !?urs ubfervations fur les Guepes font fort incertaines. Moufet pretend , malgre tout ce qu'en ont rr.p- porte les anciens , que toutes les Gut-pes ont uu aiguillcu] , qa'ayant fait pcrir un guepier avec I'eau bouillanre , il leur en trouva a toutes j apparemment qu'il les fit perir avant que les males fuflTenc edos. rPij 3oo COLLECTION JJSSSBS — L'aiguillon des meres eft femblable a celui des mulets , mais bien plus long Acad. Royale & p'us gros i 'a piquure en eft peut-etre plus fenfible ; je n'ai pas cm en devoir »is Sciences de faire l'epreuve. On fait que la douleur qu'on reflent apres ces fortes de pi- Taris. quures, vient moins de la plaie qui a ete f.iite par une pointe fi fine , que de Hist. Natur. ja liqueur venimeufe que la mcrae pointe y depofe ; cet aiguillon fi fin eft un Annee 17 r <>. tuyau creux , ouvert pres de fa pointe ; quand on prefte le derriere des Guepes Ei des mouches a miel , on fait fortir une goutte de liqueur par l'ouverture qui eft aupres de fa pointe ; l'infecle la fait meme fortir quelquefois lorfqu'on le tient entre fes doigts ; j'ai vu faire plus a une mere Guepe-fielon , pendant que je la tenois Si que j'obfervois fon aiguillon, elle fit jaillir un petit jet de liqueur a plufieurs ponces de diftance. Si on doutoit de l'erFet de cette liqueur , cu qu'on ne le criit pas allez prouve, on en feroit convaincu par l'experience que j'en ai faite , apres 1'avoir commencee un peu malgre moi. Etant piqu6 d'une Guepe, je la laiflTai achever de me piquet tout a fon aife ; quand elle eut elle- meme retire fon aiguillon, je la pris & la pofai , en l'irritant , fur la main d'un laquais aguerri, & qui n'eroit pas a une piquure pres. La piquure ne lui fit que peu de douleur; je repris aufli-tot la Guepe, & me fis piquer moi-meme pour lafeconde fois , a peine fentis-je la piquure; la liqueur veni- meufe avoit ete ptefque epuifee dans les deux premieres. Enfin j'eus beau irriter enfuite la Guepe , elle ne voulut pas faire une quatrieme plaie. Cette experience 8c plufieuts autres qu'on n'aura peutette pas en vie de re- peter, m'ont appris que quand on fe lailTe piquer paifiblement , jamais l'ai- guillon ne demeure dans la plaie: il eft flexible, il ne perce pas un trou bien droit , la plaie eft coutbe ou en zigzag ; li on oblige la mouche a fe retirer brufquement , les frottemens font aflez forts pour retenir 1'aigHillon qui eft en quelque forte accroclie, il refte; au lieu que fi Ton ne prefle pas la mouche, elle le degage peu a peu. Les piquures des Guepes-frelons , font plus fenfibles que celles des Guepes plus petites; elles ne le fontpourtant pas au moins dans cepays, au point qu'ont fait entendre quelques auteurs qui prefcrivent contre elles des remedes, comme contre les poifons les plus dasgereux. Je n'ai jamais vu les males travailler a batir ; les femelles ne s'y occupent que dans le printems ; mais j'ai fouvent vu les males emporret les ordures du Guepier, 8c fur-tout les corps morts : ces cotps morts font les plus lourds far- deaux qu'ils aient a tranfporter ; deux s'aident quelquefois a le trainer; ou quand une mouche eft feule , elle coupe la tete du cadavre, & le tranfporte a deux fois. Cette republique n'eft pas fans combats ; il y en a fouvent de mulet contre mulet, & de mulet contre male. Cesderniers, quoique plus grands, font plus foibles ou plus laches; apres avoir un peutenu, ils prennent la fuite. Ces combats vont rarement a mort; j'ai pouttant vu quelquefois le male tue par le mulet. Nos Guepes font moins meurtrieres que les Abeilles , elles ne ttaitent pas fi mal leurs males que les autres traitent les bourdons de leurs ruches, quand elles les combattent; c'eft plus bravement a partie egale. Vers le commencement d'O&obre , les Guepes ne fongent plus a nourrir leurs petits ; elles font pis, de meres ou de nourtices fi tendres, elles devien- nencde vraies maratres , elles arrachent des cellules les vers qui ne les orit point A C A D E M I Q U E. jot encore fermees , elles les portent liors du guepier ; c'eft aiors In grnnde occu pation des mulets Sc des males; je ne fais (i les meres y travaillent aulli , je AcAD royali ne les ai pas vu le faire. Ce n'eft point au refte a une feule efpcce de vers a des Sciences di qui nos Guepes s'attachent , comme M. Maraldi l'a obfetvc des Abeilles, qui Paris. , en certain terns detruifent les vers bourdons , ici rien n'eft epargnc : le mulct Hist. Nati-r. arrache indirferemment les vers mulets de leurs cellules, le male arrache les Ai)u;xi7ij. vers males , &c mono les ronge un peu au-delfous de la tcte ; le mallacre eft general. Tacherons-nous de deviner la raifon de cette barbaric apparente ? Eft- ce qu'elles veulent faire perir des petits qu'elles ne croient pas pouvoir nourrir , ou qu'elles ne croient pas pouvoir venir a bien a caufe des froids qui les me- nacent, auxquelles les Guepes les plus fortes ont peine a rcfifter ? car le froid les etonne toutes extremement. Les premiers jours de gelees blanches, elles ne fortent que quand le foleil a un peu echautte 1'air. Quand la chaieur com- mence a fe faire fentir, les meres fortent de l'interieur du guepier, & s'attrou- pent fur fon enveloppe , ou aupres de cette enveloppe ; elles font en tas les unes fur les autres , fans fe donner de mouvement. Quand le froid devient plus grand, elles n'ont pas meme la force de donner la chalTe mix mouches com- munes qui entrcnt dans leur guepier, cV: le froid les fait enfin perir : il n'y a, comme nous l'avons dit, que quelques meres qui rechappent, elles palTent tout l'hiver fans manger, elles ne font point de provilions comme les Abeilles ; quand elles en auroientde raites, elles n'en ptofiteroient pas. J'ai fouvent mis dans leur guepier, du fucre , du miel cV: d'autres mets qu'elles cherchent pen- dant l'ere' ; en hiver elles n'y touchoient pas. Au refte , ce n'eft pas une chafe particuliere a nos meres Guepes de paller l'hiver fans manger; les mouches communes fe renferment aulli l'hiver dans des nous de murs ou elles n'ont aucune nourriture. En faifant detacher pendant l'hiver une vieille ferrure , je tron vai dix a douze mouches d'un vert dore qui s'y etoient logees , elles Etoient fans mouvement , comme mattes , elles s'envolerent neanmoins , lorfque je les eus un peu r^chautfees. Les jours de pluie continuelle &: les jours de grand vent retiennent toutes nos Guepes dans le guepier; elles ne fortent point; par confequent il faut que tout hire dieue , les vers comme les meres, car elles n'ont rien en provifion : elles font aulli plus foibles les jours pluvieux, Sc apresdes jours de pluie, leurs excremens font liquides comme de l'eau. Toutes celles que j'ai vues revenir de la campagne dans le mois d'Oifrobre, avoient dans leur bouche une goutte d'eau qu'elles rappoitoient au defaut de nourriture plus folide ; les mouches font alors plus tares , & les Guepes moins vigoureufes pour les attaquer , je les ai vues dans cette faifon les laifter entree pailiblement dans leur ruche. Les fouterrains habites par nos Guepes de latroifiemeclafTe, prouvent qu'elles font naturellement grandes mineufes, qu'elles percenr £k remuent la terre avec habilete ; peut-etre profitent- elles des trous que les taupes ont ouverts ; mais il leur refte toujours beaucoup de terre a enlever pour donner a cts trous plus de quatotze a quinze pouces de diametre , comme lis les ont fouvent dans l'endroit qu'occupe le nid. Si on bouche I'ouverture de ce trou avec de la terre rapportee , comme je I'ai fait plulleurs fois , elles ne relcent pas long terns pri— fonnieres, elles percent en peu d'heures cette nouvelle eerie, & la uanfpoutnt : 3oi COLLECTION ?:et' pour la detacher & la tranfporter , dies fe fervent des deux ferres qu'elles ont AcAfl. Rovale aupres de la bouche. .,'',•„ , , , r .. des Sciences de Aiiftote & Pline pretendent que lorlqu elles ont perdu leurs chefs , elles Paris. vont habirer des lieux eleves , que c'eft alors qu'on les voit batir des nids fur Hist. Natur. des arbres ou dans des greniers ; mais cette remarque nc doit-elle point etre Annee 1713. mife au nombre de celles que les anciens nous ont lailfees avant de les avoir alTez averees? Je ne fais (1 par leurs chefs ils entendent les femelles ou les males ; mais je fais que quelque defordre qu'on falfe a leur nid , elles ne l'abandonnent point , & il n'y a gueres d'apparence que pour marquer leur re- gret de la perte de ces chefs, elles quittent leur premiere habitation pouraller en etablir une nouvelle dans un tertein fi different de celui qu'elles choififfent natureilement. La bouche ou la trompe de ces infectes (car je laifle a choifir le nom qu'on voudra donner a cette partie qui conduit les alimens dans le gofier) a une ftructurequi merite d'etre connue ; apres l'avoir bien examinee a la loupe, je ne fais rien de plus relfemblant a quoi je puilfe la comparer , qu'a ces efpeces de fieurs que les Botaniftes nomment Jleurs en gueult , la levre fuperieure eft cependant fenfible fans le fecours de cet inftrumenr, Ik fur-tout dans lesGue- pes mortes, ou elle eft allongee par dela le refte de la tete ; mais on la pren- droir pour leur langue , & je l'ai prife pour telle dans les Guepes vivantes a qui j'ai vu en faire ufage pour lecher des fruits, des fucs, 6c c. Cette levre fuoerieure eft decoupee en quatre parties dont les deux des cotes font etroites par rapport a celles du milieu, Sc divifees li avant , qu'elles femblent faire deux parties fcparees : la decoupure qui fcpare les deux parties du milieu , n'eft pas a beaucoup pres li profonde ; ces deux parties font enfemble un angle obtus j elles deviennent l'une &c l'autre plus etroites a mefure qu'elles s'approchent de l'ouverture par ou palfent les alimens qui entrent dans le corps j cette levre forme un demi-pavillon d'entonnoir ; la levre inferieure eft li petite quelle n'eft fenfible qu'avec la loupe, encore avant de l'obferver; faut-il avoir em- porte la levre fuperieure. Les parties qui compofent la levre fuperieure, fem- blent travaillees avec grand art ; on y decouvre des fillons longitudinaux &c d'autres tranfverfaux , qui enfemble font un fott joli etfet, 8c qui indiquent que ces parties doivent executerbien des mouvemens dificrens ; aullr font-elles la fonction de langue pour conduire les alimens ; elles font meme , li Ton veut, celle des dents lorfqu'elles les preflTent. A l'origine de cette levre eft le trou qui rec,oit les alimens , & qui eft l'ouverture d'un canal a moitie ecailleux ; il l'eft du cote du ventre de l'lnfe&e. Vers l'origine de ce canal , il y a diverfes autres parties longuettes, ecailleufes, ayant plufieurs articulations comme des antennes. Je les regarderois volontiers comme autant de mains ou de doigts qui viennent quelquefois au fecours de la levre fuperieure pour l'aider a tenic les corps folides dont elle s'eft faille. ACADEMIQUE. Acad. Royali Dts Sciences di Rcchcrches phyfiques fur les petrifications qui fe trouvent en Paris. France , dc divcrfes parties de Plantes & d'yinimaux c'tnmgers. "'.ST- Natur- ' J r Suite de 1 718. Par M. de Jussieu (Memoircs de \ji\ , pag. 65.) J'ai remarque dans mon memoire de 1 718 fur les picrres Jigure'es de Saint- Chaumont, que pirmi les figures dont les imprellionsfe trouvent fur ces pierres, il y en avoir dont la reiTem'blance app.ochoit de la graine d'orme, ou quipou- voient are la feaille d'une plante etrangere ; mais mon douce a ete c'clairci , lorfque examinant qiulques plantes feches & quelques graines qui m'ont ete envoyees de Pondichcry fete dernier par M. Albert, Chirurgitn Francois, qui y eft etabli, j'ai reconnu paimi les graines de cet envoi, que ce qui m'avoit parti en etre une dans l'examen des corps imprimes fur nos pierres de Sainr- Chaumont , fe trouvoic etre le fruit & la femence d'un arbre des Indes. Ce fruit a la forme d'un coeur applati dont lepaiffeur n'eft gueres que d'une ligne & demti, & dont la circonference qui fe termine en vive artcte, eft d'environ deux pouces , fes deux furfaces cxteiieures font releyees d'une cote qui les traverfe diametralement , depuis fa pointe a faquelle eft attache le pe- dicule jufqu'a la bafe qui fert de fouticn au ftilet qui fiirmome ce fruit lorfqu'il eft embrion. Son interieur eft compofe de deux capfules appliquees 1'une fur J'autre , & qui renferment chacune une femence plate , & fe feparenc aifemenc loifque le fruit eft fee; fa couleur dans cet etat eft d'un brun ir.ufc. L'aibre qui le parte eft appelepar tous les voyngeurs , Varbrt trifle , jafminum indlcumfruUu compreffb , arbor trifiis vulgu , que je range parmi les jafmins, a caufe que fa fleur eit d'une feule piece, & relfemble par fa ftructure a celle du jafmin d'Efpagne , & j'et.ib'.is fa difference principale fur la forme plate de fon fruit qui dans les autres efpeces de ce genre , eft ou fpherique ou cylindrique. Comme ce n'eft que la defcription de fon fruit ev de fa lemence dont nous avons befoin ici , i! eft inutile d'entrcr dans celle des autres patties de cet arbre , qui font d'ailleurs exnetement representees & decrites dans le premier volume de Yhortus Malabaricus, pag. 3 5 , fous le nom de mania pumeram , & dans l'hiftoire des Plantes de M. Rai , pag. 1698. II me fuffit , pour le point dont il s'aglt , de faire connoitre qu'il ne croit point en France , & que ce n'eft qu'aux Canaries, au Malabar , fur la cote de Coromandel, & dans quelques autres contrecs des Indes orientates que les voyageurs difent 1'avoir vu. La reftemblance qui eft entre tous les individus que j'ai recus de ce fruit, Sc l'empreinte qui fe trouve fur 1'une des pierres de Saint-Chaumont , eft ft p.rtaite, qu'on ne psut ailigner aucun aurre fruit ou graine de quelque arbre d'Europe que ce foit, ni des pays etrangers dont on ait connoilfance, avec lequel il ait plus de rapport par fa figure. Le hafard femble meme avoir favorife la decouverte, lorfque dans la fepa- ration des deux lames , au milieu defquelles etoit un corps petrifie que je re- gardois auparavant comme une feuille de plante etrangere, ou comme une game approchante de celle de I'orme, j'ai vu a decouverc que ce corps petrifie P4 COLLECTION P^-.i i »~~^ avoit la figure de la femence de cet arbre trifte, laquelle n'y paroi: avoir ere ._,„ B * formce que par la terrequi a pris la place de cette femence apres qu'elle a etc des Sciences be pourne dans fa capiule , & qu ayant leve ce corps petnhc qui etoit trcs-mince , Paris. ft: qui n'ecoit point adherent aux deux lames de terre qui le couvroient , j'ai Hist. Natur. Vu fur ces deux lames l'empreinre , non pas de l'exterieur de cette femence, Suite Je 171S. mais celle de l'exterieur du fruit qui renfermoit cette femence originairement, comme je viens de le decrire d'apres le fruit meme envoye des hides , & que cer efpace qui a pris la couleut brune de ce fruit, eft differente de celle du refte de la pierte qui eft argentine. La confequence que j'ai tirce de la decouverte des impreflions qu'onr faites fur ces pieires de Saitit-Chaumont , certaines feuilles de plantes etrangeres , 11'eft pas feulement confirmee par l'obfervation de ce fruit erranger tranfporte dans le Lyonnois , elle fe verifie de plus en plus par les decouvertes qui fe font tous les jours en France des depouilles petrifiees d'animaux marins qurne vivent a&uellement que dans quelques parties des Indes odentales ou occi- dentales. Je regus l'annee paflee de mon frere , Dodteur en Medecine de la Faculte de Montpellier, plufieurs pierres figurees ramaflees dans un quartier des environs de cette ville la, appele la MoJ/ou , parmi lefquelles fe font trouves divers fragmens de la figure d'un patallelegramme , ou quarre long , d'environ deux lignes de largeur , fur fix & quelquefois plus de longueur , termines a leurs deux extremites, e'eft-a-dire , lorfqu'ils font entiers par un angle faillant , bruns, I i iTes tk polis endeffus, grilatres en deffous, & canneles tranfverfale- ment de plufieurs ftries paralleles & egales entr'elles. Foye{planche XF , figures I, II & III. Je ferois encore a favoir a quoi rapporter ces fortes de fragmens , fi je n'en avois vudepareils(Pl.XV, figures IV & V ) raffembles & attaches a des corps oiTeux, (fig. VI) qu'on avoit envoyes de la Chine a M. Raudot, l'un des pte- miers commis de la Marine, & grand amateur de l'hiftoire naturelle etran- gere, lequel m'en a communique deux. Celle de leurs faces qui eft couverte de ces fragmens , eft un peu plate , de figure demi-ovale , 8c la difpofition de ces fragmens reprefente une fuperficie blanchatre (fig. VI) fort polie, divifee en fept rangs , dont les trois du milieu contiennent les pieces les plus longues qui ont la figure d'autant de parallelogrames , & ceux des deux cotes les pieces les plus petites , & qui font poligones. La liaifon de tomes ces pieces entr'elles reffemble a celle des briques ou carreaux de marbre qui forment un pave regulier, car leur furface de deflous que j'ai dit etre cannelee , s'unit au cartilage qui revet le corps ofleux , & qui eft releve de plufieurs ftries que Ton voit dans la fig. VI , dans lefquelles les rainures de ces pieces s'emboitent ues-exa&ement, tandis que les angles fail- lans des extremites de ces memes pieces s'engrainent dans les angles rentrans formes par la contiguite des memes pieces rangees les unes contre les aurres. Cette liaifon eft encore affermie par la difpofition differente des parties la- terals ou cotes de chacune de ces pieces , dont l'un deborde un peu , & forme une moulure tres-fine (fig. VI) & I'autre qui lui eft oppofe reprefente une feuil- lure (fig. V); en forte que par le moyen de ces moulures &: de ces ftuillures qui font au bas de ces pieces, elles s'engagent rcciproquement les unes Si les aurres ACADEMIQUE. pj aurrss pir Ieitrs cores, & ne fauroient ctre deplaa'es , puifqu'clles font un «— corps cotnme concinu, par ces deux manieres de s'emboiter les unes dans les Acad. Royale autres. dfs Sciences de J'ai connu par la comparaifon des frigmens envoyes de Montpellier & de Paris. ceux qne j'ai detaches de cette partie ofTeufe venue des lndts, que non-feu!e- Hist. Nati'r. ment ceux-li joints enfcmblc pourroient former une meme furface, mais qu'en Sulte de '7 1 *• les caffant & en les brirlant , ils etoient encore interieuremenr d'une tifluie tout- i-tait femblable a ceux-ci, a cette difference pies que les fragmens ttouves a Montpellier font bruns & aulli durs que la pierre a feu, au lieu que ceux des Indes font blancs & ont la folidite des dents des animaux que nous con- noiilons. On ne psut done pas douter que les fragmens de ces pierres n'aient etc de- taches d'une partie offeufe pareille a celle qui a ete apportee des Indes , laquelle ne paroit etre autre chofe qu'une machoire de poilTon fer.iblable par la difpo- fition des pacies qui la compofent, aux machoires de quelques poilTons de nos mers , comtneferoient celles d'une de nos efpeces de raies dont les dents plates arrangces en echiquier fonnent une efpece de pave. D'ailleurs les fragmens qui font dans cette machoire l'office de dents, n'y font pas attaches par des racines plus protondes que les dents ne le font ordmairement dans la machoire de la plus grande partie des poilhons. Enfin , comme ce poilTon nous eft touta-fait etranger, puifque perfonne.ne peut dire en avoir: vu de femblable dans nos mers, &c qu'il eft certain qu'il exifte dans les Indes, d'ou font venues ces machoires; on nepeut au fujet du fruit etranger trouvc imprime dans les pierres de Saint-Chaumont & au fujet des fragmens petrifies de cet animal des Indes, envoye de Montpellier, que tirer ici la meme confequence que j'ai deja tiree dans mon Memoire prece- dent , qui eft que ces plantes & ces patties d'animaux etrangers n'ont pu ctre trarfportees en France que par des inondations caufees par des reflux extraor- dinaires de la mer; ou bien il faut que nos terres aient fait autrefois partie du baflm de la mer , que ces animaux aient vecu alors dans cette partie de la mer , & que les depouilles aient cte enfevelies dans nos terres, apres que la mers'en eft retiree; foupepn d'autant mieux fonde, que dans le nombre de nos pierres figurees de France, on ne rencontre prefque aucune partie d'animaux tetref- tres, pendant que de tous cotes Sc de jour en jour on decouvre de nouveaux olTemens de poiftbns matins dont les efpeces, ou font rates dans nos mers , ou Be s'y trouvent point. Supplement au Memoire precedent. Par M. de Jussieu, {Memoire de iyzi , pag. 322.) jl\yant trouve depuis peu dans la falle des fquelettes du iardin du Roi , une Suite de 1718. machoire fuperieure reunie &: articulce avec une inferieure , femblable .i celle dont j'ai donne la defenptton dans le memoire precedent, je me crois oblige ion forme le mufeau du poiffon auquel elles appartiennent. Suite de 171S. Figure VIII. Les deux memes machoires ouvertes autant qu'elles peaveni l'etre. Figure IX. Machoire fuperieure vue par fa face ex-terieure 8c de tome fon etendue. Figure X. Machoire inferieure detachee 8c representee du cote de fa partie interieure , afin d'en pouvoir obferver les deux condyles qui fervent a 1'articuler avec la machoire fuperieure & la figure convexe du plan fur lequel font arran- ges les dents ; au lieu que dans la machoire fuperieure , cette fuperficie in- terieure eft prefque plate. Figure XI. Machoire inferieure vue par fa partie exterieure qui forme le deflous du mufeau. Dans l'arrangement des portions ofleufes auxquelies j'ai donne le norn de dents, on ne verra d'autre difference, finon que dans la figure du memoire precedent, ces parties approchantes du parallelogramme four difpofees en trois rangs de front j au lieu que dans la machoire dont je donne ici la figure d'apres nature, lesparallelogrammes dont elle eft couverte, ne forment qu'un rang, a ehaque cote duquel trois rangees de petites parties olTeufes quarrees font dif- pofees en echiquier, ce qui donne lieu de croire que le poilTon auquel appar- tient cette derniere machoire, quoique du meme genre que le poillbn auquel appartient celle qui a ete decrite dans le premier memoire , eft: neanmoins dune efpece differenre. Sur des ojfemens trouves dans une roche. (Hift. pag. aj.) Anneeijr^. .L'acadimie Royaie des Belles Lettres , Sciences & arts de Bordeaux a en- voye a Monfeigneur le Regent , qui a eu la bonte d'en faire part a 1'Academie,, des oflemens trouves dans une roche , avec un memoire dont nous ne donne- rons qu'un extrait. Dans la paroiffe de Haux, pays d'entre deux mers , a demi- lieue du port de Langoiran , unepointe de rocher haute de 1 1 pieds fe detacha d'un coteau qui avoir auparavanr pres de 50 pieds de hauteur, 8c par fa chute elle repandit daas le vallon une grande quatstite d'offemens ou de fragmens d'offem-ens d'animaux , quelques-uns peirifies. Heft: indubitable qu'ils en font, mais il eft: ties-difficile de determiner a quels animaux ils appartiennent. Le plus grand nombre font des dents, quelques-unes peuvent etre de bceuf ou de cheval , mais la plupart trop grandes ou trop grofTes pour en etre, fans compter la difference de figure. II y a des os de cuilfes ou de jambes , 8c meme un fragment de bois de cerf ou cTelan. Le tout eteic enveloppe de terre commune , & enfermee entre deux lits de roche. II faut neceiTairement coucevoir que des cadavres d'animaux ayant ete jetes dans une roche creufe , 8c leuts chairs s'etanc pourries , il s'eft forme par-deflus cet amas une roche de 1 1 pieds de hauc, ce qui a demande une longue fuite de fiedes. A C A D E M I Q U E. j»7 S'il n'y avoit dan1; cet aims que des olT.-mens A'amunt marins , nous avons 4es inondations, d'jilleurs bieu averces , qui expliqueroient aifcment ce fait. c,., , j ,r j> a r ' ' 4 Acad.Royaie S il n y a que des oltemens danimaux teireltres, ce lieu aura ete peut-ctre DFS sciences de quc-lque voirie. S'il y a un melange d'olTemens nanus &c terreftres, i'explica- Paris. tion fera plus difficile. Hist. Natur. Meffieutt de I'Acadcmie de Bordeaux , qui out examine toute cctte matiere Aunce 171?. enlubiles phyticiens, ont voulueprouver furces ollemens ceque M. de Reaumur avoit dit de 1 'origin; des Turquoifs.s. lis ont trouve qu'cn eftet un grand nombre de fragmens mis a un feu ties-vif font devenus d'un beau bleu de Turquoife , que quelques petkes parties en ont pris la conliftance , & que taillees par uu lapidaire, elles en ont eu le poli. lis ont poulH: la curiolite plus loin, ils one fait ('experience fur des os recens qui n'ont fait que noircir , hoimis peut-etre quelques petits ir.orceaux qui tiroient fur le bleu. De la ils concluent avec beiucoup d'apparence , que les os pour devenir Turquoifes , ont befoin d'un ties-long fqourdans la terre , & que la meme maiiere qui fait le noir dans les os recens , fait le bleu dans ceux qui ont etc long terns enterres , parce qu'elle y a acquis lentement & par degres luae certaine maturite. II ne faut pas oubliec que des os qui appjrtiennent viliblemenc a differens animaux , ont cgalement bien reulli a deveuir turquoifes. Obftrvations fur ce qui fe pratique aux mines d'Alrnaden en EJpagne, pour en tirer le mercure. Par M. d e J u s s 1 £ v , ( Mimoirts , pag. } -f 9 ) jL'usage dont eft lc vif argent , autrement dit mercure , dans les arts , Sc fur- tout pour la purification de Tor & de l'argent , a rendu les Princes dans les terres de qui fe trouve ce mineral , fi attentifs aux moyens d'en multiplier le produit, que l'examen destravaux par Iefquels on y reullit, devient egalemenc curieux & intcrelfant pout ceux qui n'en font pas informes. C'eft dans cette vue que pour tiret tons les avantages que j'ai pu du voyage que le Roi & Son Altelfe Royale Monfeigneur le due d'Orleans m'ont or- donne de faire en Efpagne par rapport a la Botanique , il m'a paru que m'etanc trouve a portee de conliderer ces travaux dans la mine qui palTe pour la plus anciennement connue 8c pour la plus riche de 1'Europe , la relation de l'examen que j'en ai fait, a la faveuc des petmillions de Si Majefte Catholique, pour- roit nous donneren France des lumieres , en cas de la decouverte de quelques nines de ce genre. Celle d'Aimaden , dont je veux patler, prend fon nom d'un bourg qui fe trouve dans line petite province d'Efpagne appellee la Manche , limitrophe de 1'Eftramadoure par le couchant , & environnee du cote du midi de plufieurs rr.ontagnes dependantes de la Sicra blorena , ou Montague noire. Ce bourg eft litue fur le fommet d'une montagne , fur le penchant & nu pied de laquelle, du cote du midi, il y a cinq ouvertures differences qui con>- cuifent pat des chemins fouterrains aux endrwits d'oii fe tire le cinabte. Qq-j jo? COLLECTION On ne voit point au-dehors de cette mine , ni de ces terres qui cara&erifent Acad Royalf. P'lr clue'clue couleur extraordinaire le mineral que Ton ttouve dans fon fein, ni des Sciences de ^e ces decombremens qui reiuient ordinairement leur entree difficile , ou qui Paris. exhalent quelque odeur fenhble. Hist. Natur. De ces cinq ouvertures . il y en a deux dont l'abord eft entoure de murs Amufe 1715. qui torment deux efpeces de grandes cours, dans l'une defquelles font les forges fervant au racommodage des inftrumens de fer propres pour l'ouverture des mines Sc les appends fous lefquels fe fait la charpente necetTaire pour ce travail. Dans I'autre de ces cours, qui eft a une diftance de quelques pas au defTus de cette premiere en montant vers le bourg, eft un puits creufe alfez profon- dement , qui donne du jout a un des boyaux fouterrains des plus considerables de la mine ; mais outre cet ufage , il fert encore a faire pafter les pontrelles Sc les etaies que Ton y defcend par le moyen d'un tour, pour foutenir les terres; Sc par le meme moyen on tire les gros quartiers de mine que Ion auroit eu peine a charier jufqu'A. la premiere ouverture qui fert d'entree aux ouvriers. C'eft dans cette ieconde cour, qu'avec une longue piece de bois pofee ho- rifontalement Sc par fon milieu fur un pivot eleve de terre d'environ demi- pied , on pefe les gros quartiers de mine tires par le puits , Sc que fuivam leurs poids on paye les mineurs du lieu gages pour ce travail. La troilieme ouverture, qui eft A quelques pas de la premiere, prefque fur la meme ligne, eft renfermee dans un bailment qui fert de prifon aux formats condamnes aux mines; & c'eft pat celle la qu'ils defcendent &: remontant de la mine. La quatrieme qui eft fur la hauteur de la montagne Sc dans le bourg meme, ne fert pour defcendre aux mines par cet endroit que dans des cas finguliers. La cinquieme entin , qui eft a cote Sc dans le pare meme de la premiere de ces ouvertures , eft toujours fermee, Sc ne s'ouvre que pour y faire entrer des malades affliges de douleurs de rhumatifme , parce quVUe conduit a un endroit d'ou il s'eleve une vapeur li chaude, qu'elle eft capable de leur procurer une douce fueur. Ce que cette mine a de particulier, eft le management des lieux ; en forte que les boyaux qui conduifent aux endroits abandonnes, fe rempliifent infen- fiblement des terres que Ton tire de ceux ou Ton travaille a£tuellement ; moyen par lequel on evite un tranfport de tetre eloigue , Sc par lequel on fe met a couvert des ecroulemens qui n'arrivent que trop iouvent dans les lieux fou- terreins. A l'egard des boyaux qui conduifent aux travaux, leur ftrudlure eft d'une grande proprere ; on les perce a la hauteur de fept pieds fur quatre A cinq de lar- geur , Sc on a la precaution d'en foutenir les voutes par des folives de chene pofees fur deux montans de meme bois appuyes contre les deux parois du boyau. Le terrein des chemins n'y a pas cette humidite fi ordinaire a ces fortes de lieux , parce qu'outre la precaution qu'ont les mineurs d'y pratiquer au pied de l'un de ces parois, une rigole, qui etanr conunuee jufqu'aux extremites de l'ouverture de ces mines, conduit l'eau a un puiis qui y eft creufe, ils ont foiti de couvrir cette rigole & le milieu du chemin, de planches ajuftees de boutea bout, & qui fe fuivent jufqu'au lieu du travaiL c ACADEMIQUE. 309 Le plan uni que ces planches forment , facilite la conduite de certains petits hariots a quatre roues qu'on a charges de trois a quatre panicrs pleins de Acad. Royalr fragmens de mine , & que les ouvriers font rouler en les poulTant. »es Sciences de Ces veines qui paroiifent au fond de l'endroit ou les mineurs font attaches , Paris. r j r Hist. Natox; iont de trois iortes. La plus commune eft de pure roche : de couleur grifatre a l'exterieor, & Ann Panic Frangoije. Rr JH COLLECTION II n'y a perfonne qui ne tire ces confequences des obfervations fuivante*. Acad. Royale La premiere que j'ai faite pres de Saint Bel , dont la mine de cuivre me des Sciences de fervit en 1709 de matiere a un memoire que je ptefentai a la compagnie, a Paris. . gte fai;e dans ces memes mines. Hist. Natur. La pferre quj couvre ordinairement les veines de cette mine , & qui lui eft Aiineei7i?. adherente , eft compofee de plufieurs lames couchees les unes fur les autresj de couleur argentine fur leur furface , Sc grisatre dans leur interieur. La couleur de cet interieur , la quantite de petits points brillans & la pe- fanteur de la pierre par rapport a fon volume , ont fait juger qu'etant pleine de parties metaliiques , elle ne devoir point etre rejetee du choix de celles dont on efperoit tirer du cuivre j audi la fait-on entrer dans le fourneau def- tine pour la calcination des morceaux de la veine metallique. II eft conftant que le feu employe a cette calcination , devant rougir & pe- netrer entierement ces pierres dont les morceaux grisatres font tres-compa£tes & de la grofleur du poing, fuipalfe de beaucoup en force le dtgre de celui dont on fe fert ordinairement pour calciner le Gypfe. Ainu 1'on ne peut douter que fi la matiere qui couvre la furface argentine de la plupart de ces pierres, eft un Gypfe, ce Gypfe n'ait eu plus de feu qu'il n'en ralloit pour etre bien calcine, & par confequent reduit en platre. Apres cette calcination, on jette dans des cuves ces morceaux de pierre de- venus prefque aulli rouges que du colcotar , & l'eau que Ion y verfe, fe charge de leurs parties cuivreufes, vitrioliqnes & gypfeufes; elle ne s'en de- gage qu'en coulant de cette cuve dans un ballin au milieu duquel on a pofe des rragmens de vieux fer qui femblent s'y transformer en cuivre. Cette metamorphofe ne fe fait jamais qu'on ne voie une futnee aflez epailTe 5c femblable a un nuage blanc qui fe repand non-feulement fur Its boids du ballin , mais encore pies d'un pied au-dtla de fon etendue. Ce nuage fe refoutinfenfiblcment , & j'ai remaique, lorfqu'il s'etoit abaiflc , que non-feulement les bords du ballin , mais mime la terre qui les envnon- noit , etoient couverts dune infinite de petits cnft.iux blancs , plats , longs d un demi-pouce fur environ une ligne de largeur, de figure approchant du paralle- lipipede-,-tninfparens , infipides & uniformes, que ce nu.ige y depofe. Ces criftaux , par la reiteration de cette operation , fe ttouvent ramalTes en aftez grande quantite pour former une made femblable a une pierre qui par fa figure & d couleur, approche des grofles pierres de tartre crud que Ion ap- porte de Marfeilleou de Montpellier, Si qui elfentiellement n'eft autre chofe qu'un vrai Gypfe, puifque les criftaux dont cette pierre eft formce , font infi- pides , tranfpirens , de figure parallelipipede , ne fe dilfolvent point dans 1'eau, & fe calcinent aifement au feu ; propnetes qui conviennent routes au Gypfe. Dans la progreflion de cette obfeivation , je crois avoir fiifrifamment fait remarquer que la pierre dont on tire ce cuivre & ce vitriol , a quelque appa- rence de celle du Gypfe; qu'elle a fouffert une calcination plus que fuffifante, pour que la partie Gypfeufe qui entre dans la compofition de cette pierre , foit reduite en platre ; (k que par 1'alterarion que ce platre regoit dans fa dilfolu- tion dans l'eau , il devient une matiere femblable au platre gaihe qui fe con- vertit en platras. On ygic ncanmoins que cgnue l'mdinaire de ce que l'on remarque dans la ACADEMIQUE. 315 nature du platras qui ne peuc plus ni fe calciner , ni s'employer comme le ' ' . platre , on voic, dis-je, qu'il fort de ce platre gache que I'on a toujours AcAn. Rovale regarde jufqu'ici comme defanime , des criftaux done les parties font fembla- dis Sciences u.1- bles a celles qui compofent notre Gypfe, & j'ai meme fait l'experience que la PaR's- lmlle qui foutient ces criftaux , & qui ne paroit a nos yeux qu'un vrai platras j Hist. Nat-jr. eft fufceptible, comme ces criftaux memes , d'unenouvelle calcination aulfi aifee Annie i7'?- que le Gypfe , & qu'elle eft capable comme le Gypfe dont elle a tire fon en- gine, d'etre pareillement reduite en platre. A 1'egard de la couleur rougeatre que l'on appercoit dans cette made de criftaux , on ne doit I'atribuer qu'.i la pjulliere du colcotar qui, lorfqu'on le remue a cet endroit , fe repand dans tout le voifinage des cuves de cette mine. Cette decouverte a donne lieu a un examen que j'ai fait des phenomenes qui arrivent au vitriol dans la torture qu'on lui donne pour en tirer l'e.'prit, 8c dans le procedc qui fe pratique enfuite pout compefer le fel que l'on nomme de Glauber. J'ai trouvc dans la premiere de ces deux operations une grande conformite de l'efpcce de colcotar produite par la calcination des pierres de la mine de Saint-Bel, avecle vitriol qui fe met dans la comue lorfque l'on veut en tirer J'efprit; puifque, comme j'ai fait voir que ce colcotar de Saint-Bel jete dans une quantite proportionnelle d'eau , fe refout en une liqueur bleuatre, ftiptique Si corrofive, de laquelle , outre la matiere cuivreufequi s'en fepare, il s'eleve par 1'efFsrvefcence une matiere gypfeufe qui fe refout fur les bords des ballins en criftaux parallelipipedes ; de meme dans la compofition du fel de Glauber dont Meflieurs Boulduc 8c Geoffroy nous ont donne It exaclement le detail, lorfque l'huile ou 1'efprit de vitriol eft fuflifamment etendu dans une quantite proportionnelle d'eau, il s'cleve fur l'eau , dans le terns de fon evaporation, une creme blanche, argentine, ecailleufe en maniere d'ecume, qui etant re- tiree de cette eau 8c deflechee, fe trouve etre infipide au gout, indilTbluble dans l'eau, 8c facile a fe calciner etant expofee au moindre feu : qualites qui la rendent toute^ois femblable au Gypfe que j'ai obfetve que l'on tire des bords du baflin qui recoit la folution du colcotar provenant des mines de Saint-Bel. La feule difference que l'on peut temarquer entre ce dernier Gypfe & celui de Saint-Bel, eft que celui-la fe montte fous une figure ecailleufe, au lieu quecelui-ci paroit en forme de criftaux; mais on doit d'autant moins s'etonner de cette difference, que cette figure ecailleufe & argentine du Gypfe ptovenant du vitriol , convient avec celle de la fupetiicie argentee que j'ai fait remarquer que l'on appercoit fur la pliipatt des pierres qui fe calcinent a Saint-Bel pour en tirer le cuivre. Et quoique l'experience de Meflieurs Boulduc 8c Geoffroy ne fe foit point faite avec le vitriol tire de la mine de Saint-Bel , i! y a apparence que fi on l'y emploroit , il produiroit les memes effets , avec d'autant plus de railon que celui que l'on tire du colcotar de cette mine, eft tout-a-fait femblable a la couperofe ordinaire , 8c que dans fon origine il a etc mele avec le Gypfe. La fecondeobfervation s'eft faite dans les mines d'alun d'Almafaron, bourg du Royaumede Murcie. La montagne qui les couvre eft a (Fez elevee , 8c les terres qui la formenr, font remplies de veines de deux fortes de pierres, dont l'une par fa couleur Rij Acad. Roy ale dfs Sciences de Varis. Hist. Natur. Annce 17 19. 316 COLLECTION a plus de rapport avec Faimant qu'avec toute autre pierre , & 1'autre refTemb.., fort par fa couleur & fa forme a ces morceaux de platre defanime que j'ai nomine platras. Le milieu de cette montagne prefente en divers endroits des ouvertures qui conduifent a des grottes fouterraines , dans quelques-unes defquelles je fuis defcendu, & 011, a la faveur des flambeaux dont je me fuis fait eclairer, j'ai vu des voutes & des parois revetus d'un veloute bl.mchatre , affez femblable au givre qui couvre les murailles dans certain terns d'hiver , avec cette diffe- rence que la fubftance qui forme cette efpece de givre , fe trouve en certains endroits , d'efpace en efpace , plus abondante & relevee comme en bofte qui faillit depuis un pouce jufqu'a trois au-dela de la fuperhcie du refte de la pierre a laquelle elle eft attachee. Ces paquets de givre ont une reflemblance parfaire a des toupets de poils blancs , ou a des aigrettes qui feroient colees les unes fur les autres. J'en arrachai quelques-uns des parois auxquelles ils etoient attaches , & les ayant obferves au jour hors des grottes dont je les avois tiies , j'ai remarque que les fils qui compofent ces malfes , font argentes, friables , acides & ftipti- ques augouc& folubles dansl'eau , ce qui m'a faitjuger qu'ils font un vraialun de plume que les habitans du pays ne regardent que comme un alun fimple. J'ai prefente a la bougie un morceau de cette fubftance alumineufe , dont une partie qui s'eft convertie en colcotar , a rougi & a conferve fa ftipticite , tandis que 1'aurre qui eft reftee blanche, a ete reduite a une poufliere blanche pareille a celle qui provient du gypfe calcine Sc reduit en platre. La comparaifon de cette matiere plarreufe avec celle que j'avois obfervee dans les veines repandues fur le fommer & le long de la montagne d'Almafaron , m'a fait juger que cette fubftance qui fe trouve attachee aux parois de ces ca- vernes , n'eft autre chofe qu'une revivification de gypfe de la troifieme efpece j en eftet elle en a la couleur argentee , fon tilfu eft difpofe en fibies paralleles qui la rendent cannelee , & une partie fe reduit en platre. Si je n'ai pu voir fur le fommet de cette montagne un gypfe en nature de cette troifieme efpece, au moins ai-je lieu de dire qu'il y exifte, par 1'obfer- vation de ces pierres blanches que j'ai nominees platras naturels, Sc par la quantite de cette forte de Gypfe cannele qui fe trouve en plulieurs endroits d'tfpagne. On ne peur douter que la matiere gypfeufene predomine dans cet alun de plume, puifqu'a la fimple exposition qui s'en flit au feu, elle fe fepare aife- menr de la fubftance faline ; ce melange meme eft tout-a-fait femblable a celui qui le trouve dans la mine de Saint-Bel dans laquelle le Gypfe ne fe fepare que parce que le meme fel acide avec lequel il etoit uni , fe joint par l'art a des parties metalliques etrangeres a ce mixte ; au lieu que n'y ayant dans celui d'Almafaron aucune fubftance metallique etrangere a laquelje il puifle sincorporer, il refte uni avec cette troifieme efpece de Gypfe. Mais ce qui etablit encore mieux le rapport de cette obfervation avec celle de Saint-Bel, c'eft 1'unifoimite des fubftances qui fe trouvent dans ces deux endroits; puifque, comme la pierre de Saint Bel, apres fa calcination , paroic fous la forme d'un vrai colcotar, on voit de meme au pied de la montagne d Almafaron , une terred'un rouge brun appeleepar les gens du pays Almagia, & qui n'eft autre chofe qu'un colcotar natmel. A C'A D £ M I Q U E. , ,-, Et comme le melange du fel acide du vitriol avec le fer fur lequcl on la fait couler, eft capable de former des ctiftaux verts de couperofe ; de meme dans Acad. Royah les grottes d'Almafaron , le melange d'une plus grolle quantitc de parties de ",s Science* si fer avec le fel acide de l'alun de plume produit des criftaux verts de couperofe 1>AIUS- couverts des fibres de l'alun de plume. Hist. Natlr. II n'y a de difference entre ces deux obfervations que dans la maniere dont Amite 1719. le Gypfe fe degage aux mines de Saint- Bel, des fubftances auxquelles il ctoit uni , ce que I'art y a fait a nos yeuxj au lieu que cette feparation de Gypfe plus imparfaite a Almafaron, s'y fait naturellement. Ces deux obfervations font heureufement confirmees par celles que j'ai faites au microfcope fur ces quatre diffcrentes fubftances de Gypfe, de platre, de platras & de Gypie criftallife a Saint- Bel & a Almafaron. J'ai pris un morceau de Gypfe de la carriere de Montmartre, je I'ai pulve- rife , fc j'ai remarque que tons les grains de la poudre un peu groffiere en laquelie 1! S ere d'abord reduit, etoient fort tranfparens ; que les parties de la plus fine poulliere etoient d'une figure longue , etroite & parallelipipede ; Sc que parmi ces dernieres , il y en avoit beaucoup d'autres plus petites de figure prefque fphcrique. 11 eft aife de juger que ces parallelipipedes font de Gypfe tout pur, & que ces petits corps arrondis ne font point les debris des parallelipipedes , puifqu'au meme microicope, les feuilles les plus fines du Gypfe paroilfent etre ftnees, Sc que les interftices des (tries font remplis de ces globules. J'ai regarde au meme microicope la figure d'une autre petite quantite de pouffiere de ce meme Gypfe calcine & reduit en platre, dans ehacun des grains de laquelie j'ai vu la meme figure parallelipipede chargee de ces globules qui font repandns (ur fa fuperlieie en nombre Sc en efpaces inegaux. J'ai remarque en meme temsque ces globules etoient plus ou moins abon- dans , felon le terns que ce mixte calcine avoit ete expofe a fair, & que ces memes globules s'unilfoient tics-aifement a l'humidite de 1'air ; en forte que non- feulement ils etoient alTez vite emportes, de meme que les fels volatils, mais qu'incorpores a cette humidite , ils prenoient la figure ovale applatie , ce qui in 'a fait regarder ces globules comme les parties falines qui compofoient ce mixte. J'ai retrouve par le meme fecours du microfcope cette meme figure paral- lelipipede dans quelques parties de la poulliere du platre defanime que j'ai nomme platras , avec cette difference que ces parallelipipedes font melanges avec d'autres parties de figure diftcrente des premieres, Sc de celles des glo- bules , remarquees dans les deux obfervations precedentes. Cet ecarr des parties gypfeufes qui font les parallelipipedes des globules qui font les parties falines, Sc ce melange d'autres parties de figure diftcrente de celles des parallelipipedes Sc des globules , ne peuvent etreattnbues qu'a ('ad- dition de quelques parties terreftres que l'eau a apportces au platre pile, lorf- qu'on la gache , auxquelles les parties falines fe font auffi etroitement unies qu'elles 1'etoient auparavant avec les parallelipipedes; ce qui me femble etre la caufe de la difference qui eft entre la poulliere du Gypfe calcine cV: celle du platras, dont celle-la melangee avec l'eau, a la propriete de fe reduire en une pate maniable , Sc qui dsvient en peu de terns auili folide que la pierre ; au 3iS COLLECTION lieu que la poufliere du platras ne peut jamais bien s'incerporer pat le moyen Acad. Royale He 1'eau , & qu'elle demeure beaucoup plus long-tcms a le fecher ; parce que des Sciences de (]ans ]a premiere les parties falines qui fe trouvenc col lees fur la furrace des A,KTIS' ., parallelipipedes, les unilTent entr'eux par une maniere d'engrenure fortifiee par Hist.Natur. rr > ' ^ r . .fc , les parties terreltres que ! eau depole dans les interlaces qui peuvent le rencon- 7 9' tier entre les globules; an lieu que dans la poulliere du platras, les paralleli- pipedes n'ayant plus fur leur fuperficie ces globules , a caufe qu'ils fe font colles aux parties terreflres de l'eau , ne peuvent plus s'unir entre eux par en- grenure , ce qui arrive aufli au platre battu , qui ayant ete quelque-tems expofe a. l'air, eftevnpore, & au Gypfe meme , qui tire de facarriere, a efluye trop long-terns les pluies &c les ardeurs du foleil J'ai enfin examine avec le microfcope les criftaux de Saint Bel mis en poudre, dam chaque grain m'a paru de figure femblable a celle du platre de Mont- martre. La creme argentee que Meffieurs Boulduc & GeofFroy ont ramaflee en com- pofant leur fel de Glauber , & que nous avons dit c-tre gypfeufe , oblervee au meme microfcope , m'y a paru compofee de prefque autant de parallelipipedes que de grains. Le platras naturel que j'ai ramaiTe fur la montagne d'Almafaron reduit en poudre , a paru prefque fous la meme forme, excepte que les paral- lelipipedes etoient bien moins parfaits. Mais un moment aptes je me fuis eclairci de la caufe de la difference des figures de ce platras, avec celle du platre de Montmartre , lorfque regardant dans le meme microfcope, ces memes toupets d'alun de plume recueillis dans les voiites fouterraines d'Almafaron, j'ai vu que les parties gypfeufes de cet alun , au lieu d'etre parallelipipedes , paroifloient etre de figure comme cylin- drique , &c qui n'etoit point aigue , de meme que les parallelipipedes du Gypfe ordinaire. Ce qui m'a encore plus convaincu que cet alun de plume etoit forme en partie de ce Gypfe reduit en platras fur le haut de la montagne , & criftallife dans fes cavernes. Ces dernieres obfervations faites au microfcope , m'ont caufe d'autant plus de plaifir, qu'elles fe trouvent conformes a celles que M. Leuvenoek a faites fur la premiere efpece de ce mixte. Enfin, par ces differentes obfervations, toutes conformes entre elles , je re- garde comme certaines les quaere confequences propofees au commencement de ce memoire , favoir : Celles du melange des parties gypfeufes en divers corps. De la determination d'une figure conftante a ces parties gypfeufes. De la communication de cette figure qui leur eftpropre, aux fubftances mi- nerales auxquelles elles s'attachenc. Ec de la revivification de ces memes parties gypfeufes dans les corps oil elles ont paru detruites. Et fi ces principes qui nous developpent la nature du Gypfe peuvent paiTer pour evidens, ils nous conduifent a une connoilfance plus patfaite qu'on ne l'a eue jufqu'ici de ceux qui compofent les autres corps mineraux. Ils nous apprennent , par exemple, que fi quelque torture qu'on donne a l'eau , au fel , au verre , au foufie , au gypfe, aux metaux , ces fubftances re- ACADfeMIQUE. ji, prennent toujours leur premiere forme , il faut qu'elles foient compolees de »n i parties dont la figure leur Coir propre & ne puiffe ctre detruite. ~-— " De cette confequence nicme nait celle-ci , que comme on ne doit recon- „ CcD' OYAl* i i ■ ' c J i i j> i n. n i , DE5 Sciences di n >itre dans les mineraux be dans les raecaux dautres deltructions que les me- pARIS. tamorphofes qui arrivent par la defunion de leurs parties les plus intimes, de Hist. Natuh, merae on ne peut qualifier de reproduction ou de revivification que la reunion Amice 1719. de ces m ernes parties intimes qui ctoient ftparees & entitlement deguifces par l'addition de quelques autres fubftances qui leut etoiem etrangeres. COLLECTION r. ■ - ■ ~ 1ovU.E ■ ;.- l-z Paris. Botanique. Aunee 17 14. ■ 1 '..,_?. i'i.'ir;?r4-: v. BOTANIQUE Defcription dt deux efpeces de Caille-lait. Par M. de Jussieu , [Man. pag. 37S.) J.L feroit tres-utile pour l'avancement de la Botanique, que ceux qui en font leur erude , s'attachaffent principalement a la connoilfmce des plantes de leur pays. D'apres ce principe , je crois devoir decrire les planies qui croiflent en France ou fur les frontieres preferablement aux plantes ecrangeres raiTemblees dans le jardin royal , dont je me propofe neanmoins de donner les caradteres & les defcriptions lorfque la decouverte de quelques unes de kurs vertus nous en rendra la connoitlance plus inrerelTante , ou qu'elles me paroiuont pouvoir fervir a mieux caracterifer des genres de plantes deja enblis. Les deux efpeces de caille-lait que je vais decrire , font du nombre des plantes de noire pays, dont nous n'avons ni defcriptions , ni figures. Gallium faxatile, minimum , fupinum & pumilum. Jnjf. R.Htrb. 1 iS. Cette plante eft vivace Sc s'eleve tout au plus a la hauteur de quatre pouces. tile donne pour racine quelques fibres qui s'etendent obliquement ; les plus Ion- cues out a peine une ligne d'epaifteur, & font chargees dans leur longueur, qui eft ordinairement de trois a quatre pouces, de plulieurs autres fibres ra- meufes & chevelues. La couleur de ces racines, comme celle des autres efpeces de caille-lait , tire fur le rouge : de leur collet naitfent une infinite de tiges qui fotment un petit gafon touffu , la hauteur de ces tiges n'excede gueres cinq pouces, & il fe trouve des pieds on elles font beaucoup moins hautes : celles de la circonference du gazon fe coudent un peu avant que de fe lever , & jettenr, quelques racines chevelues qui nailfeiu des nceuds des tiges. Elles fe ramifient ordinairement des leur nailfance , is: leurs rameaux portent toujours des feuilles difpofees par etages Sz en rayons au nombre de quatre, cinq ou fix, dont les plus longues n'ont que quatte lignes de longueur fur moins d'une ligne dans le fort de leur largeur qui eft vers le milieu, les deux exrremites etant poin- tues , fut-tout l'extremite fupcrieure qui fe termine par une poinre blanchatre , fort aigue. Ces feuilles font liftes, glabres, d'un vert gai , ainfi que les tiges qui font a quatre faces. L'extremite des tiges & des rameaux eft terminee par un petit bouquet compofe de trois ou quatre fleurs blanches d'une feule piece evafee & decoupee pour l'ordinaire en croix , dont le diametre en tout fens n'eft que d'une ligne , ou tout au plus d'une ligne & demie. Quatre etamines fort courtes a fommets, d'un blanc fale ou verdatre, naif- fent amour de l'embouchure du petit tuyau de cette rleur, lequel eft enfile par un ftile fourchu qui part d'un embrion que couronne la rleur. Cet embrion de- vient par la fuite un ftuit a deux femences ovoides appliquees 1'une contre 1'autre dans toute leur longueur , & qui uokciifent en muriiTam. Ce fruit eft du A C A D £ M I Q U E. 311 du volume a-peti-prcs de celui du caille-lait ordinaire a flours blanches. Toute aminnnn la plante macnee n'a qu'un gout d'herbe, & devient luifante en fe' fethant. Acad. Royaif Elle fleuriten Juillet & Aoiit. Je l'ai trouvee au fommet du montVentou, dps Sciences e fur rout en dtfcendant du haut de cette montagne vers Bedoin. Bocconenomme Paris. Rubeola faxatilis , Alpina , Mus , part, II; 146 & tab. 101. une efpece de Botaniqit. caille-lait qui a beaucoup de rapport avec celle-ci. Cependant il y a lieu de Anaic 1714. douter que ce foit la mcrae , parce qu'd allure que la fienne s'eleve quelquefois a la hauteur d'un pied , lorfqu'elle fe rencontre dans de la bonne tene , ce qui n'arrive point a celle que Ton cultive depuis pres de- trois ans au jatdin Royal, ou elle n'a point change. Gallium faxatilt , fupinum , molliort folio. Cette plante differe de la prc- cedente, i°. par fes tiges qui font toujours couchees Si tapies contre terre. i°. Par fes feuilles qui font une fois plus larges , quoiqu'auiii courtcs , moins dures , d'un vert plus pale, plus mollafles Sc ordinairement arrondies par leur extremite (ur laquelle on n'appergoit pas la pointe blanchequi fe remarque aux feuilles de la precedente. 30. Par fes fleurs qui font prefque de moitie plus grandes & d'un blanc fale Elle Henri: en Aout Si Septembre. Elle elt attachee en forme de gazon fur les pentes humides des rochers de la Vallee de Barcelonnette. On ne peut rapporter ces deux efpeces de caille-lait a aucune de celles qu'on trouve decrites dans le troifieme volume de l'hiftoire des plantes de Rai , parce que fes defcriptions font pour la plupatt ou imparfaites, ou trop peu cir- conftanciees. Sur Veponge de riviere, hranchue , cajfante , qui a I'odeur de poijjln. Par M. Reneaume. (Memoires , pag. 13:.) V>ette plante, qui ne paroit pas avoir de racine , a pour bafe une forte de plaque ties- large, dont elle tapille, comme certaines efpeces de moufles , les corps fur lefquels elle croit £v auxquels elle eft fortement collee par le moyen d'un mucilage dont toute la plante eft remplie. Cette pl.ique s'etend aflez in- dirferemment de tous cotes, & n'a d'autre rcgularite que de fe terminer par des bords plats & arrondis ; elle varie pour la grandeur, j'ai vu des efpaces d'un pied en quarre qui en etoicnt enticrement reve us. Si d'autres d'une moindre etendue ; elle a depuis trois lignes jufqu'a hx d'epailfeur environ. C'eft aux endroits d'011 fortent ces tiges que cette bafe eft plus epaifle, parce qu'elle a, a la nailfancede chaque tige , une petite elevation du milieu de la- quelle la tige paroit fortir. Ces tiges font ou limples ou ramiriees; les fimples vont en diminuant juf- qu'a un tiers de leur hauteur, & fe renflent taut foit peu vers leur extiemite qui fe termine en forme de mamelon. Elles font longues d'environ deux pou- ces, & j'en ai trouve qui avoient trois a quatre pouces. Elles ont deux lignes Si demie a trois lignes de diametre par le bas , Si pour l'ordinaire elles n'exce- Tome IF, Panic Franqoifi S s Acad. Royale des Sciences de Paris. Botanique. Annee 17 14. 321 COLLECTION dent pas la groffeur du petit doigt : elles ne font pas exac~tement rondes , man inegales , raboteufes, &c cependant affez droites en comparaifon des tiges ramifiees. Celles-ci font plus groffes , beaucoup plus longues 8c comme applaties dans la partie qui precede leur divifion. Ces divilions font fi peu regulieres qua peine trouveroit-on deux branches femblables j les unes fe divifent des le bas , d'autres a diftcrentes hauteurs ; parmi les tiges qui fe divifent des le bas, il y en a dont les ramifications , apres avoir ete feparees fur la longueur d'un pouce ou deux, fe reunifTent, fe collent enfemble, 8c ne font plus qu'un feul corps applati, large d'un pouce ouplus , epais de trois a quatre lignes & haut de fix ou fept ; enfuite la tige fe divife de nouveau. Les ramifications fe fubdivifent aufli; toutes font tortueufes 8c compofees de courbures inegales , elles varient en longueur 8c en grofteur, ces ramifications finiffent en diminuant, 8c font en general moins grolles que les tiges fimples ; elles fe terminent de meme par un bout arrondi qui femble quelquefois fe partager en deux Sc former une nou velle divifion. Cette plante reffemble afiez aucorail, excepte qu'il s'y trouvs des inegalites femblables a des vefliges de branches rompues. La plus grande hauteur de la plante eft ordinairement de neuf a ciix pouces j je n'en ai point vu qui paffat un pied; mais celle que je decris croilfoit encore lorfque je l'ai obfervee , 8c M. Marchand m'a dit qu'il croyoit avoir vu cette plante beaucoup plus grande. Pour l'ordinaire , elle poufle fes branches fuivant la ligne horifontale , perpendiculairement au plan vertical des pierres auxquelles elle eft attachee. Elle rlotte dans 1'eau dont elle eft entierement couverte : il y a quelquefois des branches qui fe replient, Sc prenant la direction verticale de la plaque, s'y collent par leur mucilage, & font corps avec elle, en con- fervant cependant toujours la figure & le relief de leurs divilions. La couleur de cette plante quand on la tire de 1'eau , eft d'un vert pale , tirant fur le jaune iale ; j'ai neanmoins remarque au commencement de Juillet, que l'extiemite de toutes les branches fur la longueur d'environ cinq a fix lignes , etoit d'un blanc jaunatre , plus pale que le citron , parce que la plante etoit apparemment en feve & croifloit alors : en effet, ayant ete tiree hors de 1'eau, les extremites fe trouverent bien plus molles que le refte ; elles furent bien plutot fannees ou fletries , elles diminuerent de plus de moitie de volume, & elles font reftees plus long-tems molles que le refte de la plante. Je l'ai fait defliner fur la fin du meme mois, & je n'y ai plus trouve ces differences. La plante deffechee eft d'un jaune file , & un peu luifante, comme fi on avoir paffe un vernis deftus, ce qui eft l'effet du mucilage dont elle eft remplie. Lorfque cette plante eftfeche, elle eft tres- fragile & fi friable que fi on la preffe entre les doigts, fes parties femblent n'avoir eu d'autre liaifon que celle que leur donnoit le mucilage qui paroit fee , attache aux petits filets btifes a-peu- pres comme le fuc medullaire qu'on obferve fur les fibres ofteufes des por- tions tendres Sc cellulaires des os des animaux. Cette plante exterieurement inegale & raboteufe, paroit a la vue fimple comme chagrinee , 8c montre quelques pores affez grands , difperfes fans arrangement , parfaitement relTem- blans aux trous des groifes eponges : mais fi on la regarde avec une loupe , on la trouve percee d'une multitude de petits trous dont la figure qui eft curvi- ligne , ne peut etre exaftement determinee , quoiqu'ils femblenc a-peu-pres A C A D E M I Q U E. 325 de memo gran lour Sc difpoftis a des diftances egales. Ces trous font remplis dc mucilage, Sc leurs orifices font bordes tout au-tour de poils prefqu'imper- .. , °, . , n r , ■ j • ci r Acad. Royale ceptibles. La plante n elt compoiee inteueurement que de petits hlets courts DES sciences de pofes les uns fur les auttes, 8c qui, par leur arrangement irregulier, forment Paris. un tiftii inegal dont les interftices font remplis de mucilage j lorfque ce mu- Botani^ve. cilageeft forti , on n'appercoit plus que les filets. Cette plante a une odeur de Annee 1714. marecage & de poillon tres- forte , Sc qui augmente de plus en plus lorfque Ton garde la plante quelque terns dans l'eau; Ii on l'y remet etant deji feche, elle reprenu , a peu de chofe pres , fon premier volume & fa premiere molleffe , Sc elle acquiert une couleur plus foncee que celle qu'elle a naturellemenc dans l'eau pendant qu'elle y vegete , ii l'on peut employer ce mot au fujet d'un corps auquel on ne decouvre aucune organifation. On peut exprimer l'eau dont cette plante eft remplie comme on I'exprime des autres eponges j mais ii on la prelle trop, elle fe brife. Enfin Iotfqu'apres avoir ete plulieurs fois fechce & remife dans l'eau , on la laiffe fecher une derniere fois , elle petd fon odeur , Sc prend une couleur cendree. J'ai trouve cette plante dans la Seine attachee a une des piles du Pont-neuf. *" Je I'ai obfervce autrefois dans la Loire , elle emit adherente aux pilotis des moulins du pont de 81ois. M. Mardwnt m'a dit qu'il 1'avoit trouvee audi dans la petite riviere des Gobelins, & que l'ayint fait fecher, elle s'en etoitalleeen pouftiere, ce que je n'ai vu arriver qua celle qui avoit ete entierement de- pouillee de fon mucilage, mais peut-etre ne la gardai-je pas aflez long- tems. M'etant fouvenu d'avoir vu autrefois les jeunes gens en fe baignant, pren- dre a la partie des pilotis des moulins qui etoit dans l'eau , une efpece de inoufte verte dont ilsfe frottoient les uns les autres, Sc qui caufoit une cuiflon fort incommode ; j'ai penfe que ce pouvoit etre cette plante ; pour i'elTiyer j'en ai frotte mon bras, il y eft furvenu une rougeur remarquable fans elevation fenfible , & une cuilfon legere alTez femblable a l'ardeur qu'on reflent au bout d'une heure lorfqu'on a touche des feuilles d'orties & qu'on ne s'eft point gratte. Cette demangeaifon cuifante a dutepresde dix-huit heures : toutes les fois que j'ai reitere cette experience , elle a eu le mc-me effet ; ce que j'attnbue aux poils qui bordent exterieurement les pores de cette plante, lefquels s'inlinuent ap- paremment dans ceux de la peau. J'ai trouve fous la bafe de cette e'ponge , des grumeaux blanchatres du mu- cilage qui la colle aux pierres ; ces grumeaux etoient gros comme quaere ou cinq grains de millet joints enfemble ; ecrafes fjus ies doigrs, ils reftembloient parfaitement a de la colle, & en fechant ils fe font reduits a rien. Lorfque la plante fort de l'eau , ce mucilage forme a la furface des pores une peau mince Sc tranfparente qui fait fur la plante ferret d'un vernis. Lorfque pour conferver a cette plante fa molleiTe narurelle , je I'ai laiftee dans l'eau , le mucilage s'y eft dilfous &a forme a la furface une pellicule : la plante ainli depouillee de fon mucilage paroit d'un tilTu tres-rare; au lieu qu'elle paroitroit en fortant de l'eau , d'un tilfu alTez folide Sc aftez ferre pour un corps fpongieux : enfin l'ayant pofee fur une planche pour l'y Lifter fecher, je I'ai retrouvee adherente a la planche, Sc lorfqu'elle en a etc* fcparee, elle y a lailfe une humiditc gluante comme de l'eau danslaquelle on auroit fait fondre dela gomme arabique. ^ s ii r>is Sciences de Paris. Botanique. Anmic 171 4. 3i4 COLLECTION Je ne fache pas qu'aucun auteur Francois ait obferve cette plante 5 elle n'eft T~ ~ pas facile a trouver: elle etoit enfoncee de plus d'un demi-pied fous l'eau cette Acad. Royale r . '. . v . r ' annee, quoique la nviere hit tres-balie. Meflieurs Rai & Piuknet patient d'une plante fott femblable a celle-ci ; mais ii c'eft la meme , ils ne l'ont vue que feche , comme le prouvent la courte def- cription du premier & la figure donnee par le fecond. Rai n'en parle que d'a- pres M. Newton qui l'a trouvee dans la riviere d'Yare en Angleterre, &c voici ce qu'il en dit : Colore eft per ficcitatem magis cinereo quam pracedens (fpongia ramofa C B) ramulis digitum minimum crafjls , non nullis divifione fad digitos imitantibus , aliis in extremo dichotonis & velut cornutis , aids varie & nullo ordine divijis. 11 faut remarquer que la fpongia ramofa C. B. n'eft point du tout de couleut cendree, a moins quelle ne foit fale & limoneufe. La plante dont Piuknet a donne une figure aflez mauvaife , avoit ete trouvee par M. Sherard dans l'ifle {a) ; fi c'eft la meme que celle que j'ai decrite, je luis perfuade que celle de ces deux auteurs n'eft qu'une meme plante , comme l'a penfe M. Tournefort qui n'en fait qu'une feule efpece citee fous ces noras, *Pag- 576- Irf' R" herb, fpongia ramofa , ftuviatilis , Neutonii , Raii Hift. 81. Spongiafiuviatilis , anfracluofa , perfragilis, ramofiffima ,noftras. Pluk. Phytog. tab. iiz, fig. III. Enfin il eft fait mention d'une plante qui approche de celle-ci dans la Florx Truffica : la figure qu'on en donne dans ce livre eft tres-mauvaife. Plufieurs raifons me font douter que ces plantes foient les memes que la notre. Dans la figure de Piuknet, les extremites font pointues & prefque toutes four- chues , au lieu que dans notre plante elles font mouftes , rondes & rarement four- chues :, d'ailleurs il reprefente la partie inferieure comme un bulbe rond ; air lieu qu'ici elle forme une plaque etendue & allez mince : enfin notre plante a des tiges folitaires & non divifees, ce qui ne s'accorde ni avec la figure de Piuknet, ni avec la courte defcription de Rai, laquelle n'a d 'autre convenance avec notre plante que la couleur cendree ; ce qui feroit a la verite d'un grand poids , fi l'auteur avertiiFoit que la plante n'a cette couleur qu'apres avoir plu- fieurs fois trempe dans l'eau ou elle perd fon mucilage, Si avoir enfuite etc fechee. . Les termes de Piuknet anfracluofa & perfragilis conviennent allez 5 mais aucun de ces auteurs ne parle de l'odeur qui eft tres-remarquable. Je ne puis done afturer que la plante dont ils parlent , foit la meme que la mienne ; il me patoit feulement que fi c'eft la meme , ils ne l'ont vue que feche. M. de Reaumur a donne l'annee derniere la defcription d'une plante qu'il a nommee, Boletus ramofus , coralloides fcttidus , dont la figure, quoique difte- rente de leponge dont il eft ici queftion , y reftemble cependant mieux qu'au- cune de celles des auteurs que j'ai cites , & dont le tUUi inieneur approche aufiY beaucoup de celui de notre eponge. (a) Jfisfluvius, pres d'Oxfort, petice riviere qui fe jette dans la Tamife. academique. 3i, Acad. Royale Sur les Caficrs de I'ijlc de Bourbon, (Hijl.pag. 51.) DES s«encis de L. , . . .,.„ n BCTANIQUE. es habitans de 1 lfle de Bourbon pres de cells de Madagafcai , ayam vu par AnIU!c 1?u un navire franc,ois qui revenoit de Mocha en Atabie, des branches de cabec ordinaire chargeesde feuilles & de fruit; ils reconnurent aulli-tot qu'ilsavoient dans leurs montagnes des arbres tout pareils, & en allerent cherchet des bran- ches dont la comparaifon convainquit nos gens. Seulement le cafe de 1'ifle de Bourbon eft plus long, plus menu, plus vert que celui d'Arabie, &: Ton die qu'etant torrefie ou briile , il a plus d'amertume. M. de Juflieu tenon cette re- lation de M. Gaudron, Maitre Apothicaire de Saint-Malo. Ce feroit un avan- tage pour le Royaume d'avoir une colonie d'ou il put tirer ce fruit qui a une vogue fi prodigieufe. La difference du cafe de I'ifle de Bourbon a celui d'Ye- men feroit peut-erre a I'avantage du premier, quaud elle feroit bien connue, finon on pourroit trouver le nioyen de la coiriger. Maniert dc greffer les arbres de fruits a noyaux Jans perdre aucun terns ; en forte qii'un arbre qui aura donne de tres-mau- vais fruits I'annee precedente , en pourra porter de tiis-bons I'annee fuivante. Par M. de Rissons. (Mem.pag, ty5) -Les manieres de greffer font fi connues que les moindres jardiniers en ont la pratique; d'ailleurs plufieurs auteurs en ont fi amplement traite, qu'il feroit fuperflu d^en parler; mais comme la vie eft courte, & qu'il eft bon de jouir, j'ai cm qu'on apprendroit avec quelque plailir un expedient qui fait jouir d'une annee a l'autre des fruits que les procedes ordinaires font attendre pendant Tefpace de qnatre annees : au refte je ne le propofe qu'apres l'avoir rente un grand nombro de fois , & toujours avec fucces. II n'arnve que trop fouvent qu'on eft ttompe dans I'achat des arbres fruitiers , Sc il eft certainement bien trifte, apres avoir plante un aibre , & en avoir at- tendu ttois annees de fuite la production , de ne voir murir que de mauvais fruits , au lieu des fruits excellens qu'on s'etoit promis ; inconvenient qui re- duit dans la neceffue ou de garder ces arbres tels qu'ils font, ou de les greffer pour en fubftituer de bons en leur place. Or, pour les greffer, on n'a fu rien faire de mieux jufqu'a prefent que decouper la tete aux arbres , & de leur laiffer repoulfer de jeune bois pour greffer deffus , procede qui retarde confiderable- ment le terns de la jouiffance, mais avant de dire comment on petit l'abreger, on ne fera peut-ctre pas fache que nous expliquiom pourquoi les n.archands d'arbres fruitiers trompent & greftent de mauvais fruits ; car naturellemeni il ne-leur couceroit pas plus d'appliquer un ecuflbn de peche miguonne fur un- Acad. Royaee des Sciences de Paris. Eotanique. Annee 171C. 5 16 COLLECTION .n.indier ou fur un prunier qu'un ecuffon de peche de vigne 011 d'une autre mauvaife efpece , comme ils le font ordinairement. La raifon pour laquelle ils le font , eft que {'experience leur a fait connoitre que les arbres qui donnent de bons fruits , font plus delicats que les autres ; la delicateffe, qui d'ailleurs lemble annexee a la beaute, en fait d'arbres , s'etend a la bonte du fruit; s'ils greffoient des peches delicates comme mignonnes, chancelieres, chevreufes 8c autres, outre qn'une partie de ces greftes manqueroit, celles qui echappe- roient, croitroient fi foiblement, qu'elles ne poulferoient pas en deux annees autant que la greffe d'un fruit ruftique poulle en un an ; au lieu que les arbres greftes de mauvais fruits font des jets vigoureux qui previennent favorablement l'acheteur, 8c qui font que l'arbre eft plutot en etat d'etre vendu; outre que cette fupercherie met dans la neceffite de racheter continuellemem des arbres nouveaux; c'eft pourquoi je confeillerai toujours a ceux qui ont de grands jar- dins , d'etablir chez eux des pepinieres , parce qu'ils y feront greffer les fruits qu'il leur plaira, 8c les efpeces qui conviendront le mieux a la nature de leur terrein. Voyons prefentement le moyen de gagner du tems , lorfqu'on eft oblige de greffer un arbre fruitier a noyau , car nous parlerons enfuite des arbres a pepins. il y a quelques annees qu'ayant rellechi fur 1'union des feves dans les greftes , je compris que l'ecorce n'avoit en cela d'autre fondtion que de recevoir l'e- cufton. Je fus confirme dans cette penfee par l'ufage des greftes en poupee que Ton fait dans les vergers fur des arbres de trente ans 8c plus pour changer la qualite du fruit; d'ou je conclus que pourvu que l'ecorce put encore obeir, £c qu'elle ne fut pas abfolument endurcie 8c d'une epaiifeur a ne pouvoir llechir fans s'eclater , il etoit indifferent de grefter fur le vieux ou fur le nouveau bois , ptiifque la feve paffe egalement dans l'un & dans l'autre. Sur ce principe, je tii quelques experiences qui m'ont parfaitement confirme la verite de ce rai- fonnement. Jufqu'a prefent on a ete dans l'erreur de croire qu'il faUoit abfolument greffer fur le jeune bois; 8c cela eft fi vrai que lorfqu'on veut greffer un arbre, on lui coupe la tete, 8c on lui laiffe repouffer des jets nouveaux pour appliquer les- ecuffons deffus , ce qui fait perdre du tems ; au lieu qu'en regrerfant fur vieux bois a ceil dormant en automne, dans le tems meme que l'arbre eft en fruit 8c encore en feve , fans couper aucunes branches , la greffe fe foude deffus par 1'union des feves, fans pouffer en aucune fac_on ; 8c coupant au printems fuivant les branches au-deffus des greftes , ces memes ecuffons entes de l'au- tomne precedent , pouffent vigoureufement ; 8c comme ils fe trouvent fur bois de meme genre , le fruit en vient plus gros & plus beau. La raifon de cela eft qu'une amande ou une prune , dont l'arbre fournit la premiere feve a notre pecher , ne font pas naturellement des fruits fi gros qu'une peche ; enforte que greffant fur les branches du meme pecher qui avoit produit de mauvais fruit, i! refte toujours une difpofition plus favorable a l'oeilleton que celle qui eft dans le prunier on dans l'amandier : mais ce n'eft pas encore la le grand point ; car cet arbre, ainii greffe, ne donneroit des fruits que la troifieme annee, le grand point eft de jouir promptement ; & voici le moyen d'y parvenir. II eft bon de favoir que dans chaque arbre a fruit il y a des branches de trois efpeces, qu'on appeile les lines branches a fruit, les autres branches a hois., A C A D E M I Q U E. 317 improprement appellees gourmandtt ; les ignorans jardiniers retranchent fou- vent nop tie celles ci , 8c fansaucuneconfuicration, ce qui eft la caufe du peu AcAD Rov.ilE de duree des efpaliers. 11 y a fur ces fortes de branches nne remarque a faire; ms Sciences de e'eft que la capitals de ces branches a bois doit etre regardee com me ie corps, de Paris. I'arbre , &: les plus grolfes enfuite qui partem de ce tronc com me Its mem ores, Botanique. don: le lout enfemble forme I'arbre; mais pour les branches a fruit, tiles no Anntc 1714. doivent are regaraccs que comme les petites parties de ces membres qui don- ncnt le fruit, lefquelles etant foibles d'elles-mcmes & fatiguees de la continuelle 8c pcut-etre plus abondante fermentation cie la feve , font de trcs-p'eu de duree. 11 y a encore une autre nature de branches qui pourroit former une troifieme chill- , is: qu'il eft important de faire connoitre ici ; on peut les appeler des demi ou moyennes branches a bois ; comme elles fortenr des plus fortes bran- ches a bois , elles confervent le caractere de ces branches , 8c elks doivent poulfer en deux annees des branches a fruit; or , ce font fur celles-ci qu'il faut choifir les ecuftbns. 11 eft aife de les connoitre en ce qu'elles font plus grolTes que les branches a fruit, iv moins que les branches a bois. Elles portent deux , trois 8c quelquefois quatre feuilles en chaque ceilleton , meme qu.lquefois cinq , 8c les ceilletons en font plus diftans les uns des auires que ceux des bran- ches a fruit dont les yeux font tres-ferres. Mais leurs ceilletons font auili moins eloignes que ceux des branches a bois, dont les yeux font fort diftans les uns des autres. Cette obfervation faite fur la tranche dont on doit tirer les ecuftbns , il taut encore remarquer fur cette meme branche les ysii^ qui font triples, ce qui fe connoit en cette maniere; l'ccil deftine pour branche a bois , y eft fitue entre les deux feuilles, 8c avance plus que lis deux autres qui font places en dehors des deux feuilles , lefquels font pour former branche a fruit. Ce font jnftement ces fujets qu'il faut choifir pour eeufTonner, 8c il eft certain que l'ccil du milieu poulTera a bois , 8c les deux autres feront chacun une fteur, ne pouvant former branche a fruit , vu qu'ils ont ete interrompus dans leur route naturelle , de maniere que par cette methode , pofant douze ecutfons fur l'atbre , plus ou moins felon fa force , l'anne-e fuivante on eft allure d'avoir du bon fruit fur le meme arbre qui enportoit de mauvais I'annee precedente : mais comme la quantite du fruit emporteroit une partie de la feve pour fa nourritute , la pru- dence veut qu'on n'en lailfe qu'a proportion de la torce de I'arbre, & de ce qu'il en peut nourrir fans alterer les branches a bois. II y a cependant une obfervation a faire, qui eft que dans les beaux jardins, ou Ton doit plus obferver la regularite que le profit, Ton ne doit point laifter de fruit deffus l'ecuffon , parce que la feve etant employee a fa nourritute , n'en donne point ou tres-peu a la branche a bois , 8c ainfi lailferoit du vide .1 l'efpalier; au lieu qu'abattant les fleurs des eculfons , la muraille fera tapiftee I'annee meme. 11 eft auffi tres-bon , lorfque la branche de l'ecuflon a pouffe de la longueur dehuita neufpouces, de la pincer par le bout, parce qu'elle jeteraun nombre d'autres petites branches qui feront abondamment du fruit I'annee fuivante. Par cette methode un efpalier fe trouvera audi garni qu'il etoit, & Ton aura du fruit la deuxieme annee , au lieu qu'il en auroit fallu attendre quatre , en fui- vant l'ufage jufqu'a prefent pratique. Mais dans les grands jardins l'on pourra laifter venir des la premiere annee quelques fruits fur les ecuftbns. jiS COLLECTION RC= nH3^7rtS33ff^l II faudra far-tout avoir foin de ne laiiTer poulfer que les yeux des eciuTons que Ac^d. Roya.ie l'on aura appliques, &C d'abattre avec !e doigt tous les autres qui pourroienc nts Scuncis le poulfer d'ailleucs. BOTANIQIJE. Annee 171*:. DefcrijJtion du cicrgc iplneux dujardin du Roi , appcllc en latin, Cereus Peruvianus Tabern. icon. 705. Par M. de Jussieu ( Mem. pag. 1 46. ) D eux fortes de gens nous ont parlc du cierge epineux , les uns en voyageurs , les autres en Botaniftes. Ceux-la frappes du peu de relfemblance qu'ils ont vue de cette plante a toutes celles de 1'Europe , fe font plus attaches dans leurs relations a etonner leurs lecteurs par le mei veilleux du reck qu'ils en one fait, que par le vrai qu'ils n'etoient pas en etat de rapporter , faute d'avoir quelque tein- ture de botanique; & ceux-ci ne nous en ont deceit que des efpeces differentes de celles dont ll s'agit ici -, ou fi Ton pretend que ce foit la mc-me qu'ils aient decrite, on ne pourra regarder leurs defcriptions que comme impatfaites. La plus exafte doit done etre celle qui fera d'apres la nature meme ; & fur les obfervations qu'aura permis de fake la commodite du lieu ou on a pu la voir en toute forte d'etat. Cette plante qui fut envoyee de Leyde il y a environ feize ans pat M. Hotton , Profefleur en Botaniqueau jardin de cette ville-li , a M. Fagon , premier Me- decin deLouisXIV, & Sur-Intendant dujardin du Roi , y Fut plantee, n'ayant alors que trois a quatre pouces fur deux & demi de diametre. Depuis ce terns on a obferve que d'une annee a l'autre elle prenoit un pied & demi environ d'accroiiTement , & que la crue de chaque annee fe diftingue par autant d'etranglemens de fa tige , en forte quelle eft parvenue aujourd'hui a vingt-trois pieds de hauteur fur fept pouces de diametre meiure vers le bas de fa tige. Mais parce qu'on ne pouvoit pas elever a proportion de 1'accroilTement de ce cierge, le mur auquel eft attache le vitrage qui a fervi a le garantir des injures du terns , on a ete oblige , il y a deux ans , d'en borner la hauteur , en appliquant fur la pointe de fa tige , un fet rougi :;u feu j & il ne faut pas douter que fans cette precaution , il ne fe fut encore eleve par la fuite dans la meme proportion , puifqu'on a vu fortir de fon extremite & de la ckconfeience bailee , plulieurs rejettons ou branches que Ton a coupees a leur naifTance.^ Comme le vafe dans lequel ce cierge eft plante, n'a pas plus d'un pied & demi de profondeur fur environ autant de largeur , il eft aife de juger cle-la que cette plante ne poulTe pas des racines fort profondes ; &c que fi elles s'eten- denrau-dela des bornes que le fond du vafe leur prefent, ce ne pourrok etre que par quelques trous dont il eft petce, dans lefquels quelquts fibres pour- roient s'infinuer. Celles de ces racines qui ont paru un peu a decouvert au- detTus du vafe, nailTent horifontalement de la paitie la plus inferieure de la tige. Elles font blanchatres , gluantes , ulamenteufes & garnies de quelques fibres chevelues. La !' ACADEMIQUE. 319 La figure droits Sc longue de la tige de cette plante parlequelle elle relfemble — « a un cierge, lui en a fait donner le nom ; on pourroit meme dire qu'elle auroit Acad. Royale encore plus de rapport a une toiche par les cotes atrondies dont elle eft relevce des Sciences di dans toute letendue de fa longueur. Paris. Ces cotes qui font au nombre de huit , & faillent d'environ un ponce , for- Botaniqve. ment des cannelures d'un pouce Sc demi d'ouverture, lefquelles vont en di- Anncc 171*. minuant, $c augmentent en nombre a proportion qu'elles approchent du fom- met de la plante terminee en cone. Des toupets compofes chacun de fept, huit ou neuf epines ecartees les unes des autres en maniere de rofette , couleur chatain , tines , roi t aftilcts , roides , & dont les plus longues font de pies de neuf lignes , fortent d'elpace en ef- ace a un demi pouce d'intervalle de petites pelottescotonn.ufes , gnfattes . de a grandeur & figure dune lentille ordinaire, & placets fur toute la longueur de ces cotes. Lecorce de cette plante eft d'un vert gai ou vert de mer, tendre, li(Te, Sc couvre une fubftance chamue , blanchatre, pleine d'un fuc glaireux qui n'a qu'un gout d'herbe , & au milieu de laquelle fe rrouve un corps ligneux de quelques lignes d'epaiffeur, aulli dur que le chine , & qui renferme une moele blanchatre pleine de fuc. Onze ans apres que ce cierge fut plante , il fe trouva parvenu a la hauteur de dix neufpieds environ ; deux branches fortirent alors de fa tige a trois pieds Sc quelques pouces de fa nailfance. A la douzieme annee , il poulTa des Heurs qui fortirent des bords fuperieurs des pelotons epineux repandus fur fes cotes. De- puis ce terns jufqu'a prefent il a tous les ans jete de nouvelles branches qui font en tout femblables a la tige, & il a donne des fleurs qui nailFent ordinaire- ment en ete de differens endroits des cotes de cette tige, quelquefois jufqu'au nombre de quinze ou feize. Cette fleur commence par un petit bouton verditre, teint a fa pointe d'un peu de pourpre , il s'allonge jufqu'a un demi-pied, &c groflit un peu plus que du double a fon extremite, laquelle s'epanouiirant, forme une efpece de coupe de pres d'un demi-pied de diatnetre. Elle eft compofee d'une trentaine de petales longs de deux pouces fur un demi delargeur, tendres, charnus , comme couverts de p.tites gouttes de iofee , blanchatres a leur nailfance , laves de pourpre clair a leur extremite qui eft pointue Sc legerement dentelee. Une infinite d'etamines longues d'un pouce Sc demi , blanchatres, chargees d'un fommet jaune de foufre, partem par etages des patois interieurs dun ca- lice de couleur vert gai , epais de deux lignes , d'une fubftance ch.unue , ver- datre, vifqueufe & d'un gout d'herbe, cannele' fur fa futface exterieure, 8c compofe de plufieurs ecailles longues , epailfes , etroites, vertes , teintes de pourpre a leur extremite , & appliquees les unes fur les autres fuaeflivement ; en forte que les inferieures qui font jointes a la nailTance du calice , foutien- nent les fuperieures, lefquelles fe divifent, s'aliongent & s'elargilfent a pro- portion qu'elles approchent des petales de la flc-ur dont elles ne fe diftinguent que parce qu'elles font plus extetieures, plus charnues , d'un vett jaunatre vers leur milieu, Sc plus arrondies vets leut extremite qui eft lavee d'un rouge brun. Tome IV, Panic Frangoife. T t 33o COLLECTION uam!imgn» Cette fleiu qui a peu d'odeur , eft portee fur un jeune fruit colore d'un mem*. Acad. Royale vert que l'eft a fa naiflance le calice auquel il fert de bafe , Sc qui lui eft fi in- »is Sciences de timement joint, qu'ils ne fontenfemble qu'un mane continu. Paris. La fuiface de ce fruit, gros alors comme une petite noix , eft cannelee , lifte Botanique. & fans epines. Son interieur renferme une chair blanchatre , dans le milieu de Amie'e 171CJ laquelle eft une cavite qui contient plulieurs femences. Un piftile long de trois polices Sc quelques lignes fur une ligne Sc demie de diametre, blanchatre, evafe a fa pattie fuperieure en maniere de pavilion, dccoupe en dix lanieres etroites, tongues de fix lignes , prend fa naiifance au centre de ce fruit que nous n'avons pas vu murir ici , Sc s'eleve de fa panie fuperieure , entile le calice de la fleur &: en occupe le centre. La il eft envi- ronne de toutes les etamines qui s'indinent un peu de fon cote fans le fur- palTer & fans en etre touche. Les obfervations auxquelles la defcription de ce cierge peuvent donner lieu , font i°. Que cette efpece de cierge n'a du rapport qu'a celle dont Taberna- montanus donne une figure qui a ete copiee par Lobel , Dalechamp Sc Suvertius. C. Bauhin l'a nominee Cercus Peruanns , Jpinofus , fruclu rubro nucis magni- tudine. Pin. 468. 20. Que cette efpece eft differente de celles rapportees par M. Herman Sc par le R. L\ Plumier, parce que celle-ci jette des branches , & que le piftile de fa fleur eft de niveau aux etamines ; au lieu que celles-la n'ont qu'une feule tige fans branche, & que celle dont parle le R. P. Plumier, poutfe du. milieu de fa fleur un piftile qui la furpalle de beaucoup. 30. Que quoique l'examen de la fleur Sc du fruit des plantes ait ete juge propre pour en etablir le caractere , on peut neanmoins quelquefois le faire fans ce fecours & par la feule infpeftion de la figure exterieure d'une plante qui a quelque chofe de particulier , cequi fe veririe a l'egard de celle ci qui eft allez connoilfable par la longueur de fes tiges & par leurs cannelures dont les cotes font heriflees de paquets d'epines placees d'efpace en efpace ; entorte que comme elle ne porte des Heurs que fort tard , & que cette fleur palfe tres-vite , Sc n'eft bien en etat que la nuit Sc vers le matin, elle devient a l'egard du Botanifte comme inutile pour juger du genre dans lequel la plante qui la porte doit etre place. 4°. Que le cierge par la ftru&ure de fes Hears , par celle de fon fruit Sc par fes paquets d'epines , a beaucoup de rapport a la raquette ou opumia , Sc n'en differe que parce que les tiges de celle-ci ne font point cannelees , Sc que ce qui eft merveilleux dans la vegetation de 1'une Sc 1'autre de ces plantes, eft qu'elles puiflent poulfcr un jet fi lnut, (i charnu , & durer aufli long-tems avec des racines ti comtes & avec aulli peu de terre. Ce que Ton a obferve d'important pour la culture de ce cierge par rapport au lieu ou Ton doit le placer, e'eft quit faut qu'il ait une expoluion favorable qui le mette a l'abri du nord , Sc ou il puitfe recevoir toute la chaleur du foleil , de laquelle il ne peut jamais etre endommage. Que les ptuies, la nop grande humidite Sc la gelee font fes ennemis mor- tels j que pour Ten garantir , on doit le tenir ferine dans un vitrage couvert par-delTus, Sc qui puille etre eleve a mefure que ce cierge croit. Par rapport au foin que Ton doit avoir de cette plante, Inexperience a appris ACADEMIQUE. 55 qu'il eft necelfaire d'entourer de fumiet fee l'exterieur de la boite vitree qui ^^m fenferme , & en meme terns avoir la precaution de mettre interieuremeni tous Acad. Royaie Ies foirs une poe'le de feu pendant les froids les plus rigoureux. des Sciences de Enrm on a eprouve que pour multiplier ce cierge, il raut en couper pendant Paris. les plus grandes chaleurs les jennes branches , & les laifler tanner deux a rrois Botanique. jours, en les expofant a l'ardeur du foleil avaiu que de les mettre en terre. Anncc 171 6. Etablijfement d'un nouveau genre de planus, nommeei Evony- moides , avec la de/cription d'une nouvdle cfpece. Par M. Danty d'l s n a r d. {Mem, pag. 190.) J_iA planre dont je me propofe de faire I'hiftoire , ne pouvant c-tre rangee fout aucun des genres deji connus , je me trouve oblige d'en etablir un nouveau que j'appelle Evonymoides. Caractere. L' Evonymoides eft un genre de plante dont les fleurs font ordinairement compofees de cinq petales difp^frs en rond dans les echancrures d'un calice dont le nombre des decoupures eft egal a celui des petales. I.e piftile qui s'eleve du fond de ce calice , devient , apres que la fleur eft paflee, un fruit prefque fpherique &c comme partage inteneurement en trois loges, dans cha- cune defquelles font contenues deux femences paralleles , nichees dans une fubftance charnue ou pulpeufe. 11 faut ajouter au caractire de ce genre les feuilles alternes, pour le mieux diftinguer de Ytvonymus ou el les font oppofees par paires. Les efpeces d'Evonimoides font i°. Evonymoides Canadenjis , fcandtns , folds ferralis. 20. Evonymoides Virginiana, folds nonferraus , fruclu coccineo eleganter bul- lato.Evinymus Virginianus , rotundifolius , capfulis coccineis elegantes bul- lous. D. Banifter. Pluk. Almag. Bot. pag. 159. Phytogr. tab. zS, fig. 5. j°. Evonymoides Carolinienjls , -(i^iphi- folds. Evonymus jujubinis foliis Carolinienjls , fruclu parvo fere umbellato. Pluk. Almag. bot. pag. 139. Phy- togr. tab. 1S. fig. 6. \S Evonymoides dirfere de V Evonymus , en ce que le fruit de V Evonymoides eft prefque fpherique & comme partage en trois loges, lefquelles contiennent chacune deux femences, & que fes feuilles font alternes. J'ai donne a ce genre de plante le nom d' Evonymoides , a caufe que fes efpeces ont quelque rapport avec celles de V evonymus , & fur tout par le port tk la ftructure de leurs fleurs. Description. La premiere des trois efpeces d' Evonymoides rapportees dans ce memoire , eft un arbrifleau qui n'a etc decrit, ni nomme , que je fache , par aucun auteur. T ij iji COLLECTION Les racines de cet arbrilTeau font ligneufes, branchues, Sc ont peu de che- Acad. Royale velu , l'ecorce dontelles font recouvertes eft rouge. Ces racines tracent Sc pouf- ees Sciences de fent plufieurs jets qui produifent autant de nouveaux arbrifleaux. ^IS- Le collet de cette racine a deux pouces de diametre, il s'en eleve un tronc tanique. jg pjfgjjig ntofleur, lequel eft revetu d'un ecorce rouge brun, un peucendree» Amice 1716. C , ,?- 'i f , , .& , \ r ,r * panemee d eipice en elpace & ians ordre , de quelques eminences repreien- rant des petits cercles qui font de la meme couleur. Cet arbrifleau eft fort flexible, il s'eleve confiderablement par le fecours des atbres voifins autour defquels il s'entortille tantot de droite a gauche , Sc tantot de gauche a droite , quoiqu'il foit depourvu de mains Sc de vrille ; il les em- brace meme 11 etroitement, Sc les ferre fi fort,qu'a mefure qu'ils grofliflenr , il paroit s'enfoncer §c s'enfevelir dans l'ecorce & la fubftance de ces atbres; de forte qu'en comprimant Sc reflerrant les vaifleaux qui portent le fuc nourticier , il empeche qu'il ne s'y diftribue, & les fait enfin perir. Si dans fon voifinage il ne rencontre point d'atbres pour s'elever , il fe tor- lille fur lui-meme. 11 nait de cet arbrifleau beaucoup de branches akernes , les jeunes poufles font recouvertes d'une ecorce verte, lifle Sc polie. Ces branches font garnies de feuilles rondes qui fe terminent en pointe ; les plus grandes de ces feuilles font longues de trois pouces fur deux pouces de largeur. Elles font lilies, crenelees fur les bords , d'un vert brun en defTus , d'un vert pile en deflous ; elles font rangees alternativement fur les branches , & y font atcachees par une queue longue de fix ou fept lignes fur demi-ligne de largeur; cette queue fe prolongeant jufqu'a l'extremitede la feuille, forme une cote qui la partage felon fa longueur en deux parties egales. De cette cote par- tent audi alternativement deca Sc dela des nervures qui en s'etendant oblique- ment jufques fur les bords de la feuille , donnent d'autres nervures fans ordre & beaucoup plus petites. Toutes ces nervures fontcreufees en deflus de legers fillons & relevees en deflous des cotes arrondies. Les fommites des branches de cet arbrilfeau font ornees de fleurs difpofees en grappes ; ces grappes font longues d'un pouce Sc demi ou de deux pouces. Les grapillons en fortent alternativement ; ceux du bas font longs de quatre a cinq lignes, les autres diminuent a mefure qu'ils s'approchent de 1'extremite de la grappe ; chaque grapillon foutient deux ou trois fleurs placees de diftance en diftance. Chaque fleur eft evafee de quatre a cinq lignes , elle eft le plus fouvent com- pofee de cinq petales egaux , difpofes en rofe, blancs , tirans fur le vert, ar- rondis par leurs extremires qui fe renverfent ordinairement en deflous. Chaque petale eft long d'environ une ligne Sc demie , Sc large d'une ligne. Ces pe- tales font places dans les echancrures du calice qui eft d'une feule piece , de- coupe pour l'ordinaire en cinq parties egales, vertes Sc pointues , dentees fur les boids ; il a deux lignes ou deux lignes Sc demie de diametre , & reflemble aflez bien a une petite rofette. De chaque intervalle des petales part une etamine verdatre , de la hauteur de deux tiers de ligne, gamie d'un fommet blanchatte, long de la fixieme partie d'une ligne. Le fond du calice eft occupe par une efpecede plateau jaunatre , cannele. , ACADEMIQUL 33; du centre duquel s'eleve tin. piilile verdatre , tourne en balultre , & ten par une efpece de rofette divifee en fix parties. Ce piftile charge de fa rofette , a une ligne de hauteur. II devient un fruit lilTe , prefque fpherique, qui a rrois lignes & clemie de diametre , lequel s'entr'ouvre dans fa parfaite maturite de la pointe vers la bafe en trois parties egales. Chaque pattie eft garnie interieurement dans la longueur d'un feuillet ou demi-cloifon. Ces enveloppes etant ecartees , lailfent voir une chair d'un rouge approchant alfez de la couleur du minium , elle eft comme pattagee en trois lobes , dans chacun defquels font contenues deux femences oblongues , arrondies fur le dos , 8c applaties par les cotes qui fe touchent. Cet arbrilTeau croit dans les bonnes terres des forets fituees fous le 47e degre du Canada aux environs de Quebec. Nous avons obligation de la dccouverte de cette plante a M. Sarrafin , Medecin du Roi a Quebec &: correfpondant de cette Academie , lequel l'a envoyee en l'annee 1709 an jardin Royal des plan- tes medicinales a Paris, ou j'etois pour lors Profefteur en Botanique. \JEvonymoides fleurit vers la fin du mois de Mai, fes fieurs paffent alTtz vite. Elles n'ont point d'odeur fenfible. Ses fieurs &; fes feuilles rougiifent un peu le papier bleu. J 'en ai mache cinq feuilles v'ertes qui me lailferent un gout d'herbe afifez def.igreable : j'en avalai le fuc , je rellentis une heure apres un fentiment de cluleur , auquel fucccda une petite foif. Quelques jours apres je ptlai en poudre impalpable quarante-deux feuilles feches d'Evonymoidcs, qui me rendirent un gtos & deux lcrupules de poudre ; je la melai dans de la foupe faite avec de la viande , & je la donnai a un petit chien Danois qui la mangea \ deux heures apres il parut relfentir de la douleur , ll jeta quelques fons plaintifs; il s'agita &: fe tourmenta beaucoup j il but en- fuite conl.derablement. Depuis ce terns il devint moins vif qua l'ordinaire, n 'a prefque plus mange , & eft refte dans cet etat pendant quinze jouts , a la fin defquels il parut alfez maigre. II en a ete quitte pour avoir perdu pendant quelque terns un peu de fon embonpoint qu'il a recouvrc depuis. Acad. Royali des Sciences de Paris. BoTANiQir. Annec 171 6. Sur les moyens de prifcrvcr les arbres de leur lepre ou de la moujfe. {Hijl.pag.31.) ±l y a long- terns qu'on fait que les arbres ont leurs maladies , rien de ce qui vegete n'en peut ctre exempr. La plus commune maladie des arbres eft leuc lepre ou grille , qui , a ne 1'obferver pas bien foigneufement , ne paroit qu'une alteration, une efpece de rouille , ou tout an plus de petits filamens nes de 1'ecorce, qui font appelles moufte. Mais on fait a prefent par des obfervations plus exactes que cette lepre , cette moulTe, ce font de vcritables plantes qui fe nourrilfent aux depens de l'atbre , & qu'on nomme par cette raifon parafius. La moitiifure meme qui vient fur quantite de corps differens , ce font des plantes, cV ces petites efpeces du regne vegetal respondent aux infecles du regne animal , tant il y a d'analogie 6c d'harmonie dans les ouvrages de la. natuxe. jj4 COLLECTION . .Les plantes qui font la lepre des arbres, ce font les tnoufles, les lichens, A' K bsguis. »es Sciences pe Le nombre ie inferieures fe rabattent, & ont une ligne 6c demie de long. des Sciences ds Du fond de ce calice s'eleve un placenta dont le bord eft releve d'un petit P-**"- cercle membraneux qui recoit le bas de la fieur. Du centre de la meme fu- bot*niqu«. perficie s'eleve un filet fourchu par fon extremire , long de quatorze lignes; ce Amice 1717. filet eft blanc dans fa partie fupciieure & lave d'un peu de purpurin dans fa partie inferieure. La bafe de ce filet eft entouree de qurure embiions de fe- mence qui portent fur le placenta Quelques-uns ont donne a ce filet le nom de ftyle ; quelques autres ne le diftinguant point des embrions & du placenta , appellent le tout enfemble piftile , & Malpighi donne judicieulement a cette meme partie le nom de trompe. Ce filet, conjointement avec les embrions , s'emboite dans le trou pofterieur de la fieur. Ces embrions deviennent autant de femences grifes , luifantes , triangulaires , arrondies fur le dos , applaties par les cotes qui fe touchent, longues d'une ligne & un quart, larges de deux tiers de ligne dans leur partie fuperieure, fe terminant dans leur partie inferieure par une petite pointe qui eft dune couleut grife beaucoup plus claire que le refte de la graine. Elles miitillent dans le calice, &c en tombent aifement lorfqu'el'es fonr mures. Ce Lamium eft vivace ; il neurit en Mai 6V: Juin. Cette plante a une odeur trcs-puante, j'ai mache fa racine ; elle m'a laifte dans la bouche une faveur un peu acre, fon gout approche de celui de la rave. Ses feuilles machees font defagreables , un peu ameres, & piquent roible- ment la langue. Les flenrs ont tres-peu d'odeur; etant machees, elles font encore moins d'impreffions fur la langue que les feuilles. Ses racines , fes feuilles 6c fes fieurs rougiffent le papier bleu. M. Michael , Botanifte du Grand Due de Florence , a decouvert cette plante en Italie. Seconde espece. Lamium villofum , cataria folio , jlore dilute purpurafcente. Lamium velu , a feuilles de cataires , dont la fljur elt couleur de chair. Ce Lamium diftere du precedent, 1°. Par fes tiges 6c fes feuilles qui font chirgees d'un velu cendre ou blanchatre. 1". Par fes tiges longues d'un pied & demi , qui lent quarrees comme celles du precedent; mais chacune de ieurs races n'a que deux lignes d'cpailleui pies du collet. j°. Par fes feuilles dont les plus grandes font longues de deux pouces , lar- ges d'un pouce 6c demi , ridees & un peu ondees fur les bords : les queues de ces plus grandes feuilles ont un pouce & demi de long fur trois quarts de ligne de large. 4°. Par fes fburs d'une couleur de chair fi pale, qu'elles paroifTent prefque blanches ; la partie convoxe du cuilleron de la terre fuperieure eft dune couleur de chair plus vive; elles font nulli marquees en quelques endroits de points, fouettees & rayees de lignes de couleur de chair a! Hz vives. Ces Heurs otnenc le haut de la tige de la longueur de fept pouces. Tome //'', Panic Francoife. V v 3>» COLLECTION SS^S II eft vivace comme Ie precedent , il lui reftemble par fa racine , & il fleurit Acad. Royals peu de terns avant lui. bes Sciences de 11 n'en differe pas par foil odeur qui eft fort puante , ni par celle de fa fleur *AP1S- qui en a ties-peu. Ses racines, fes feuilles 8c fes fleurs rougifTent le papier bleu. 7'7* Ce Lamium croit fur le mont Gargan qu'on nomme aulli mont de Saint- Ange, (itue fous le 41° degre de latitude dans la Capitanate , Province du Royaume de Naples. M. Michael en a pareillement fait la decouverte. 11 y a bien de 1'apparence que ces deux plantes ont les memes vertus que le Lamium vulture, alburn , Jive Archangelica , Jlore albo. Park. Theat. 604 , & le GaUopfa proctrior , foetida , fpicata. I. R. H. 185 , puifqu'elles en ont a- peu-pres le gout & l'odeur. M. Sherard, ci-devant Conful pour la Nation Angloife a Smyrne, a remar- que qu'il n'y a gueres de meilleur fondant pour la guenlon des tumeurs , que I'on appelle froides 011 fcrophuleufes , que l'infufion a froid dans de l'eau commune , des feuilles & des fleurs du Lamium vulgare , album , Jive Archan- gelicajiore albo. Park Theat. 604. On la prend pour boiflon ordinaire, done on continue Pufnge jufqu'a une entiere guenfon ; il a cite plufieurs exemples de petfonnes qui ont ete parfaitement gueries par l'ufage de ce remede. Le celebre M. Vaillant de cette Academie s'eft affuie par de Iongues expe- riences , qnele G a leop/is procerior, foetida , fpicata , I. R. H. 185 , eft un tres- excellent fondant & un puillant refolutif , il s'en eft fervi autrefois fort utile- ment pour refoudre de tres-groifes tumeurs; il faifoit piler route la plante frai- chement cueillie , dont on formoirun cataplafme de 1'epaiiTeur d'un doigt , que Ton appliquoit fur la tumeur , & qu'on renouvelloit deux fois par jour* Je ne connois gueres de meilleur remede pour la piquure ou la blellure des tendons & pour les ulceres, que l'huile ou cette dermere plante a infule au foleiL Hijl. du Kali d' Alicante. Par M. de Jussieu, ( Mem. pag. yj . ) 3' I'on ne jugeoit du progres de la Botanique que par le nombre prodigieux des plantes decouvertes de nos jours, que par cette juftefle de denominations &c par cette exactitude de defcriptions dont on fe lert aujourdhui dans nos memoires pour y caradterifer chaque plante en paiticulierj cette fcience ap- procheroit deja beaucoup de fa perfection. Mais le public, peu intereife dans cette diverfite de noms , de fynonymes & de phrafes, 5c dans cette critique d'auteurs & de meihodes qui occupe prefqu'entierement les Botaniftes mo- dernes , femble exiger de nous des chofes plus elfentielles pour fa fatisfaction. Non content d'une connoiflance qui , quelque parfaite qu'elle foit , lui paroit toujours feche lorfqu'elle eft feule, il veut voir des vertus, & nous demande des ufages. Celt pour remplir ce devoir, que parmi les plantes iingulieres que j'ai ob- A C A D £ M I Q U E. j;9 fervees dans mon voyage d'Efpagne, j'ai choifi d'abord le Kali d'Alicante ■ ^? comrae une de celles dont i'hiftoire intcrelTe d'autant plus , que cette plantc AcAn. Royale nous eft moins connue, Sc que perfonne ne l'a decrite, quoique le fel qu'on des Soumcxs at en tire, ferve a perfe&ionner des arts importans. Paris. Le genre des Kali eft: connu en Francois fous le nom de/oudc ; mais comme 'otankju le fel fixe dans lequel les Kalis fe reduifent prefqu'enticiement lorfqu'on les ttnme '7'7. hrule , porte aufli le nom de foude , Sc que nous avons cinq genres de plantOs defquels on tire egaletnem du fel de ce mcme nom ; il fembleroit que pour eviter I'equivoqua &c difcerner le produit de la plante d'avec la plante mcme, on pourroit conferver a celle-ci dans le Francois ie nom Arabe de Kali, Sc celui de foude aux fels fixes feuiement que donnent les unes Sc les autres de ces plantes. J'appclle cells dont il s'agit ici : Kali Hil'aanicum fupinnm , annvum , fedi follis Irtvibus. Kali d'Efpagne annuel , couche fur terre, i feailles courtes de jedum. Sa racine eft annuelle, longue de quelques pouces, un peu oblique, blan- chatre , arrondie , ligneufe Sc garnie de peu de fibres. De fon collet fortent quatre a cinq branches couchees fur terre, Sc qui fe foudivifent dans leur longueur en plufieurs petits rameaux alternes , etendus gi & li, & dont les uns font droits, les autres inclines. Les plus longues de ces branches n'ont pas demi-pied; s'il s'en trouve de plus grandes, c'eft parce que la plante eft mieux nourne ; elles font ordinairement moins longues , Sc leur diametre n'excede pas une ligne. Ces branches & ces rameaux font arron- dis, font d'un vert pale Sc quelquefois teints legeremcnt d'un peu de pourpre, fur-tout dans leur maturite. Les feuilles dont ils font charges , y font difpofees par paquets alternes, plus ou moins ecartes , fuivant lage de la plante , & qui , a l'exuemite des jeunes rameaux deviennent plus ferres qu'a leur naiftance; ces feuilles font cylindriques Sc fucculentes comme celles de la tripemadame ou Jedum minus , teretifolittm , longues d'environ un quart de pouce fur une demi-Iigne d'e- pailfeur, d'un vert pale, prefque tranfparentes , lilies, fans poil , einoullees a leur extremite & d'un gout fale. Chaque paquet eft forme de deux , trois , quatre & mtnu quelquefois de cinq de ces feuilles , de l'sifFelie defquelles nait la rleur. Cetre Heur eft compofee de cinq etamines blanch jtres a fommets jaunatres, Sc d'un pareil nombre de petits peta!;s etroks & blanchatres. Le jeune hint qui en occupe fe centre , eft termine par un petit ftilet blanc & fourchu. Cctte fliur n'a point d'odeur , Sc fes petales qui envelopment plus etroite- ment fe fruit a mefttre qu'il grofllr, d'etroirs & caches qu'ils etoient dans le paquet de feuilles qui leur fert de calice, deviennent plus amples, plus epa- nouis , font plus npparens, plus fees, me:r,b:a;ieux , arrondis dans leur con- tour , un peu plilfes & prefque gondronrtes. Souvent deux de ces petales ^ u- nilfent de maniere qu'ils ne paroilTent en faire qu'un , Sc pour iois la ilenr femble etre de quatre pieces feuiement Elle dure long terns fans le fanner, &: pl'is elfe vk-illit , plus le jaune clair dont elle eft teirrte, devier.t roulla-.re : fon plus grand diametre eft de deux lignes environ. Le fruit mil: eft de la gioffeu: d'un g-ain de millet, attoridi . m-mbianeux , V v ij 340 COLLECTION. & ne renferme qu'une petite femence brune, roulee en fpirale. II eft fi en- Acai>. Royale veloppe des petales de la fleur, qu'il tombe en meme rems qu'elle. d£s Sciences de Amatus Lujuanui qui die un mot de la bonte des foudes, du lieu d'ou elles Paris. viennent, noui a laifle ignoEet l'efpece de Kali que Ion brdloit de fon terns Botanize. n. tlr:r ceye J Ah .nite, & nous ne pouvons conje&urer qu'il Pa connue, .-.....;. 1717. q(llj pAl Is nom de Barilla , Banile, dont il lappelle, nom qui, dans le pays & memt en France parmi !es marchands , fe donne encore indifferemment Sc a la food ■ ■'' Micante & a la plante qui la prodmt. On ne peut pas dire que la plante que Gafpard Bauhin a nominee dans fon Plnnx , Kali minus , alteram , foit celle ci , puifque nonobllant la conformite que l'une & 1'autre de ces pLntes p^uvent avoir par leurs feuilles & pat d'autres circonftances, elles doivent eirentiellement differer par leurfiuit. 11 y a bun lieu de s'etonner que M. de Toumefoit, qui avoitfait le meme voyage avant Pedition de fes Element de Botanique , Py ait oubhee, quoique par fes memoires manufcrits il m'ait paru qu'il Pait remarquee comme pioi dans plulicurs endroits des Royaumes de \4urcie, de Grenade & pres d'Al- mcrie , fans neanmoins y en avoir donne de defcription , ni d'ufage. L'obfervation que j'ai faite dans ma defcription , que la fleur du Kali eft compofee de cinq petales qui ne fe fletriflent point , & qu'elle tombe toute entiere avec le fruit , pourroit la faire foup^onner monopeule , comme Pa pre- tendu Plukenet , de la fleur d'une efpece de Kali etranger qu'il a decrite dans fon Amaltheum botanicum, pag. 116 , fleur qu'il dit etre fans etamines, Mais fi Pon remarque que les petales'de celle ci ne font unis entr'eux que legerement a leur naiflance, & que les etamines tombeut long terns avant eux, on verra qu'il y a plus de lieu de la regarder comme polypetale , & qu'on ne doit point croire qu'elle foit denuee d'etamines. A Pegard de ce que j'ai dit , que cette fleur fert d'enveloppe au fruit , qu'elle s'etend a mefure qu'il groflit , & qu'il tombe avec elle , on m'objectera peut- etre que la clalfe des fleuis a etamines lui conviendroit mieux ; mais fi les principes etablis par M. de Tournefort , &c li favorablement recus jufqu'ici par la plus grande partie des Botaniftes , peuvent fervir de regie, cette objedion. fe trouv'era aneantie , puifque , fuivant fon fyfteme il eft ellentiel aux petales des fleurs de ne point fervir d'enveloppe immediate aux femences qui fuccedenc aux memes fleurs, ce qui ne s'obferve pas dans celle-ci, ou la femence a une enveloppe feparee des petales & qui lui eft propre. Quoique cette efpece de Kali croifle dans les cotes maritimes des Royaumes de Valence , de Murcie , d'Almerie & de Grenade , elle doit neanmoins porter le nom d" Alicante, parce qu'il n'y a point de lieu fur la cote orientale d'Ef- pone 011 il en naiffe une fi grande quantite qu'aux environs de cette ville-la. °La foude qu'on en tire fait line partie considerable de fon commerce ; les marchands etrangeis la prefereni a toutes celles que Pon tire d'autres plantes, & les habitans du pays font perfuades que cette efpece ne peut fi bien venir ailleurs , & fe la regarde comme propre. Cette plante cro'u d'elle-meme; neanmoins, pour la multiplier, on la feme dans les campagnes le long des bords de la mer ; j'en ai vu meme dans des terres ou il y avoit du bled , auquel elle ne pouvoit nuire , parce que darts le terns de la moiflon elle ne commence prefqiie qua peuffer, & qu'elle n'eft dans fa parfaite matutite qu'en Automne. A C A D E M I Q U E. • h* ^^^^^ La recolte du Kali d'Alicante ne fe fair p.is tout a la fois $c fans precaution , ^""^"^"^^ comme celle des autres plantes dont on tire de la foude. On arrache fuccefli- Acad. Royaii vement de celui-ci les plantes les plus mnres avant celles qui le font moins ; ?ls Sciences di on les etend fur une aite pour les faire fecher au foleil , & en ramarfer le fruit Ab0tAHI(jUE qui toiiibe de lui-meme. Annie 17 17 Lorfqu dies font fc\hes , on les met a couvert de la piuie, & d'abord qu'on ' ' en a amaffc unj fuftifante quantite, on les bride de la meme maniere que les autres plantes qui donnent de la foude. De fes cendres il fe forme une malfe d'un gris noiratre tirant fur le bleu , fort pefante , fonnante , parfemee inteiieuremenr de petits trous, que les gens de 1'art cocnparent a des yeux de perdrix, feche au toucher , fans odeur defa- greable & d'un gout foit fale j marques qui fervent de difference particuliere a cette foude pour la diftinguer de toutes les autres. Comme I'abondance &c la purete du fel que donne le Kali, fait fon merite reconnu par les marchands, lis font fort circonfpetts a prendre garde que la foude d'Alicante , qu'ils choififfenr pour Pemployer a des ouvrages exquis , n'ait etc alteree en brulant le Kali d'oii elle provitnt , par le melange d'autres plantes qui donnent audi de la foude, mais beaucoup inrerieure en qualite a celle ci. Les arts dans lefquels cette foude eft rechercliee, font la verrerie, la fa- ▼onnerieeV la blanchilTerie. Les Venitiens, les Francois & ceux qui fe piquent de faire les glaces les plus fines, la prefcrent a route autre. Le favon dans lequel elle entre, paffe pour le plus pur &: pour le plus beau. La lellive qu'cn en fait pour degraifTer & blanchir les drsps 6c les etoffes , eft moins cauftique que celle de toutes les autres foudes qu'on a coutume d'employer a. cet- ufage (j). (a) Voycz l'hiftotrc du Salicor, autre efpcce de Kali, tome Y. des Memoires des Savans ctrangers , pag. J} I. Sur h Gln-fcng. (Hiji. pag. 41 .) JLe Gin-feng eft une plante merveilleufement eftimee a la Chine. Les pre- fian{z 1718 miers qui en aient parle & par qui l'Europe en ait eu quelque connoiffance , font les anciens Millionnaires Jefuites. D;puis, quelques vailleaux en ont ap- porte, mais peu & feulement comme des echantillons curieux , car la plant! elt rare rV: forr chere. Ce n'eft que fa racine qui elt rechercliee : elle eft ordinairement fourchue en deux atfez grolTcs branches , comme les deux cuilles ou les deux jar.-.bes de 1'homme, &c de la vient le nom de Gin-fcng, qui veut dire en Chinois hommc plantt , ou reffcmblance d'homme , ou cuijjes d'kommc , ou quelqus chofe d'approchant : a cet egard elle tientdes Mandragores. En 1697 , feu M. Eourdelin lut a l'Academie un memoirs qui lui avoi; etc communique fur le Gin feng : il portoit que les Chinois lui donnent le nom de limple fpirirueux , d'efpnt pur de la terre, de recerte d'immortalite , & d'autres exprefGons oriencales que les Occidemaux ne laiffent pas d'imitet dans J+i COLLECTION ~ m ... - les occafions. Selon ce mcmoire , le meilleur Gin-feng venoit autrefois de Acad. Royale Petcic; mais alors on le prenoit dans le Leauton , province dependante de la des Sciences de cmne & fitUee ar la defcriprion que nous venons de lire, on pent done reconnoitre que les parries qui caradcrifent l'indigotier font differentes de celles de Yemenis * en ce que preincrement l'indigotier eft une plante qui ne fubfifte pas long- tems, des feuilles de laquelle on tire des fecules a 1'ufage des teintures , ce qu'on ne fait point des efpeces de Yemenis , qui font des arbrifteaux fort ligneux &C de ires-longue duree. Secondement que l'indigotier porte une fteur dont les perales s'etendent en maniere de fleur en rofe , & dont le contour garde la proportion des fleurs qu'on appelle fleurs regulieres ; ftrudure differenre de la Heur de Yemenis , dont les petales font ramalfes en fleur legumineufe , Sc couvrent toujours le piftile. Troifiemement, que les filiques'de l'indigotier font vraiment articulees, & qu'elles renferment chaque graine en particulier dans une cavite ou cellule exadementfermeepar une pellicula membraneufe, rebordee, blanchatre , lui— fame & rayee de fibres , laquelle fe derache d'elle-meme quand on ouvre la filique iorfqu'elle eft mure. Cette pellicule ou cloifon etant examinee de pres, on voit qu'elle a la figure d'un difque environne dans fa circonference d'un anneau membraneux , dont les bords s'elevent au-deft'us des deux furfaces du meme difque , au lieu que la filique de Yemenis n'eft point articulee , & que les o-raines y font contenues fans aucune cavite ni membrane ou cloifon qui les feparent entr'elles le long de la filique; ce qui doit faire conclure que l'indi- gotier ne peut etre range entre les efpeces d'emerus , ni fous aucun aurre genre de plante connu; e'eft pourquoi nous en conftituerons un genre de plante nouveau que nous appellerons, d'apres routes les nations qui le cultivent , and Jive indigo, d'autant plus que fuivanr la meilleure methode de ranger les plan- tes , on doit tirer leurs cara&eres generiques de la ftru&ure de leurs fleurs , ainfi que de celle de leurs fruits, laquelle ftruclure dans l'indigotier eft different/; de celle de Yemenis , ainfi que nous venons de le demonrrer. L'ufige qu'on fait de Panil en Medecine dans les Indes nous etant inconnu ki, a caufe de la rarete de cetre plante, joint a ce que les anteurs qui en par- lent, ne s'accordent pas plus fur la nature de cette plante que fur fes ufages en medecine, nous ne publierons point routes les prerendues vertus qu'ils lui anribuent, mais qu'on ne peut confirmer qu'apres en avoir fait pluficurs ex- periences ; nous dirons feulement que les feules proprietes de l'indigotier,. dont les Botaniftes paroilfent convenir le plus, fonr que la racine de cette plante en decoction eft bonne contre les douleurs de la colique nephretique, & que fes feuilles pilees & macerees dans 1'eau, puis appliquees fur le ventre, aident beaucoup contre ta difikulte d'uriner ; de plus qu'eunt miles en cata.- plafme fur la tete , elles en appaifent aulli les douleurs. A C A D £ M I Q U E. 347 Ar.AD. Royale i- r v/r> u > 7 • ots Sciences de L.ti7!ui/jement a un nouveau genre de plantc , que je nomnic pAR„. C) iiogloiToi'dcs ; avee les dejeriptions de deux defes efpeces. Botaniqub. Anniic 1710. Par M. Danty d'Isnard. [Mini. pag. i^6.) Caract^re. 1_,e Cynoglojfo'ides eft un genre de plante borraginee, dont la fleur eft com- plette , monopctale , reguliere 'anc tres-roide , long de deux tiers de ligne ; il fe trouve de pareilles t ! vermes garnies de leurs poils fur les nervures du revers de la fcuille. Leur cou- Botanique. leur eft d'un verr fale plus clair en deifous qu'en delTiis. a '» , , , s Les fleurs naiflfenr alremativement en epi a la fommite des tiges & des bran- ches; clles (one femblables a celles de la premiere elpece, auln-bien que leur calice & le pedicule qui les foutient. Ce calice eft de la couleur de la feuille, Sc eft heriffe de poils comme elle ; mais les capfules des femences en different , en ce qu'elles ont un bord blanc , dentele de petits piquans de la meme cou- leur. M. Auguftin Lippi, Medecin de la Faculte de Medecine de Paris, qui a accompagne M. du Roule , Envoye du Roi en Ethiopie , a decrir cette efpece de CynogloJJoides , fans marquer l'endroit de leur route-oil ilia obfervee. Sur Us fy flams de Botan'iquc. (Hifl.pag. 45.) o n a deja vu en 1700 ce que e'eft qu'un fyfteme en Botanique , & quel eft celui de feu M. de ToLirneforr. M. Reneaume, charge par 1'Academie, de travailler fur les manufcrits qua laiffes ce grand Botanifte , a eu quelques idees qui peuvent perfeclionner fon fyfteme, & il a d'ailleurs des fujets de croire que M. Tournefort lui-meme commencoit a les prendre , & les auroit fuivies. II a charge de certains genres d'un trop grand nombre d'efpeces , non que ces efpeces ne s'y rnpportenr legitimement ielon fes principes ; mais pour les y comprendr-e, on eft oblige de les nommer par de longues phrafes qui mar- quent les differences en vertu defquelles elles font differentes efpeces du meme genre. La longueur de ces denominations a le double inconvenient de les rendre difficiles a retenir & peu praticables dans I'ufage de la Medecine ; car une ordonnance en feroit trop embarraffee , &c il pourroir y avoir telle plante utile dans laquelle on renonceroit a caufe de fon 110m. 11 vaudroit done mieux , felon M. Reneaume , fubdivifer ces genres rrop etendus en genres fubalternes , ce qu'on feroit aifement par quelques cara&eres communs, apies quoi lenom commun a tout un genre fubalterne abregeroir beaucoup la denomination de chaque efpece qui y feroit comprife. M. Reneaume en donne un exemple , en detachanr du genre trop nombreux des Narcijfes , une certaine quantite d'ef- peces qui ont un caraclere commun , & dont il fait un genre qu'il appelle Pancratium, fonde fur ce qu'une plante appellee de ce nom pat les Anciens qui la croyoient propre a vaincre routes fortes de maladies, a ete prife par quelques Moderues pour un narciffe. M. Rai a voulu cara&erifer fes genres de plantes fi particulierement & d'une maniere fi detaiiiee, qu'un nom de plante en eftprefque une defcription ex^cte. Par la il eft vrai qu'il les rend tres-reconnoiffables , mais audi il multiplie trop les genres , & tombe dans I'inconvenient de la longueur exceflive des no.r.s. M. Tournefort au contraire a voulu reduire , autant qu'il fe pouvoit, le nombre des genres, en ne leur donnant que des caiacrires limpies &c aifes A C A D E M I Q U E. 5 5' a demeler d'un coup d'ceil ; mais cela l'a oblige a multiplier trop les efpe< es , ' — ""**" & l'a jete quelquefois pour ces efpeces dans dc tongues denominations. \L Re- ^CAr> RoyAlE neaume croit que la methode qu'il propofe feroit moycnne entre les deux, c': nts scuncls oe en reuniroit It.-"; differens avantages. I'aris. En general il eft certain que la fouveraine perfection d'un fyfteme de Buta- Botahi ■• >. nique confifteroit Anneei/iS. i°. A ne determiner les claries , les genres &: les efpeces que par des ca- racteres tres-fimples & tres-aifes a reconnoitre. i°. A n'ctabhr que le moindre noinbre poflible de claries , de genres Sc d'elpeces. 3°. A conferver aux plantes Ieursanciens noms 6c leurs noms populaires. 4°. A ne donner a celles qu'il faut nommer de nouveau , que des noms ues-courts. On fent a(Tez , Sc nous avons afTez prouve I'importance des deux premiers points & du dernier j quant a celle du troilieme , elle eft aulli fort vifible. Les plantes dont les Grecs nous ont vante les vertus , ayam change de nom , les obfervations qu'ils en ont IailTees font perdues pour nous, puifque nous ne favons a quelles plantes les appliquer. Les noms des plantes font une tradition qui eft precieufe , & qu'il ne hut pas laidl-rmterrompre. D'ailleurs fi on donne aux plantes d'autres noms que les populaires , ceux qui les ramalfent a la cam- pngne, les Droguilles a qui ils les portent, & les Medecins qui les ordon- nent , ne s'entendront plus les uns les autres, & cette confulion des lan^ues aura de racheufes fuites. Mais les qu.itre points qui feroient la perfection d'un fyfteme de Botanique, ne peuvent etre tous quatre enfemble dans leur perfection. L'un prend necef- fairement fur 1'autre , 8c la plus grande perfection totale d'un fyfteme ne peur plus conlifter que dans la moindre alteration ou diminution poflible de la per- fection de chacun des quatre points; & comme il s'en peut faire un ^rand nombie de combinailons toutesdifreremes , il eft tres-difhcile de juger laquelle fera la plus parfaite ou la plus avanta^eufe. Aulli pluueurs grands Botaniftes ont-ils fait differens fyftemes dont aucun ne pretend ceder aux autres, Sc leur multitude eft un grand obftacle a I'avan- cement de cette fcience. On eft rebure d'avoir a fe charger Li memoue d'un grand nombre de noms differens d'une meme plante , que chaque auteur a nominee a la fantaifie; on la prend quelquefois pour diriereiites plantes-, Sc quelquefois au contraire on prend difterentes plantes pour la meme. M. Re- neaume a rappoue des exemples de ces meprifes. II feroit .i louhaiter que les Botaniftes convinlfent enfin d'adopter tous un fyfteme, ne (ut-il pas le meilleur , Sc de s'y tenir; mais comment efperer cela ? Ou in uns le travail auquel Its Botaniftes de I' Academic s'ocaiptnr de- puis long terns , fixers la Botanique, aurant qu'il eft poflible, independam- ment de tout fyfteme. On aura C ACADEMIQUE. J55 l6ngs de fix a fept lignes , Urges de rrois a quatre , recoupes chacun en plufieurs «^— —— • parties un peuarrondies & terniinees parune pointed'un vert jaunacre Sc comme Acad Royale leche, tres-coutte Sc qui ne pique pas : les deux grands lobes qui conjoints- hes Schncis hi ment terminent chaque feuille, font aulfi recoupes dans leur contour en plu^ Paris. Hears parties qui ne different en rien de celles des autres lobes : les ailes on- Botanique. dees &: dentelees qui fe remarquent en quelques endroits de la tige & des A*o& '71?- branches , femblent appartenir a ces feuiiles , n'etant que des appendices de leurs feuillets. La plupart des petites feuiiles confervent aflez bien la tonne des grandes, quoique leurs feuillets n'aient pas tantde decoupures : entre les feuiiles qui garniflent le huitdes branches Sc des rameanx , il sen trouvequi ontdepuis deux jufqu'a neuf lignes de longueur fur la largeur d'une demi-ligne a tine ligne &: demie, dont quelques-unes fe trouvent {implement dentelees & quel- qu.s autres ne le font pas : ces dernietes relfembient a des feuiiles de linaire. La cote ou la carene de toutes ces dirrerenres fortes de feuiiles, Sc les ner- vures qu'elle diftribue dans leurs feuillets font d'un vert blanchatre : elks for- raent des fillons en delfus Sc des cotes arrondies en deiTous. Les fleurs de cette plante n'ont prefque point d'odeur; elles font co'oreesde gris de lin , a couronne de fleurons neutres; la tige , les branches & les ra- meaux ti'en donnent jamais qu'une feule , chacun a leur extremite. Cette fleur ell diltante tantot de fix lignes & tantot d'un pouce & demi ds la derniere feuille. Le diametre de chaqu; (leur eft d'environ neuf lignes, dont le difque en emporte ordinairement deux Sc demie a trois. Ce difque eftcompofe dequinze ou dix-huit fleurons rcginiers Sc hermaphrodites, longs de trois lignes , faillans hors du calice de deux tiers de ligne, ce qui eft a-peu-pics la Longueur des decoupures de leur pavilion & la moitie de fa profondeur ; 1'autre moitic qui eft blanche aulli bien que fon tuyau cylindrique, long d'environ line ligne Sc demie fur pres d'un cinquieme de ligne de diametre, font plongcs dans le calice. Ce pavilion ell aulli cylindrique, decoupe en cinq lanieres egales gris de lin , il s'evafe fort pen , Sc n'a qu'environ une demi-ligne de diametre : les bout', de fes decoupures ou de les cinq lanieres fe roulent & fe recoouillent en dedans. De la partie inferieure & interns de ce pavilion s'elevent cinq eta- mines , dont les foromets forment par leur union unegaine cylindiique, ftric'e, longue d'une ligne Sc demie, epaifte d'un quart de ligne, en foncee d'une demi ligne dins la bouche du pavilion : cette partie enfoncee eft blanche, Sc le refte qui deborde cette. bouche , eft coulcur de pourpre. Le bas de chaque fleuron porte fur un ovaire blanc, haut d'environ demi- ligne fur un tiers de ligne d'cpaiffeur, dont la tcte eft chargee d'une couronne antique qui n'a gueres plus de hauteur. De la tete de l'ovaire parr line trompe capillaire, hquelle , apies avoir enfile le fleuron & la gaine , dcborde enfin celle-ci d'environ demi-ligne, y compris fes deux cornes qui font teintes en gris de lin. Dix a douze fleurons neutres Sc irrc-guliers, portant chacun fur qn fuix germe, forment ordinairement la couronne de cette fleur; le tuyau de chaque fleuron eft blanc, cylindrique , long de deux lignes, du diametre de plus d'un cinquieme de ligne, totaiement enronce dans le calice , termini par un pa- vilion long de trois lignes & demie a quatre lignes, large de deux dans fa partie Yyij iS6 COLLECTION i anterieure. Ce pavilion eft une efpece de gueule prefque clofe. dont la babine Acad. Royale fuperieure eft fendue a une ligne en deed de Forigine du pavilion , en trois des Sciences de lanieres a-peu-pres egales & quelquefois en deux. La babine inferiture tft P-aris. entiere, tant foit peu plus courte que la fuperieure, & un peu plus large que Botanique. ne fom fes |anicres. nine 1719. ^ ^ placenta eft heriffe de poils blancs , longs de deux lignes ou deux lignes & demie, entre lefquels les ovaires font niches. Touies ces parties font contenues dans un calice ecailleux , pyriforme , long d'environ quatre lignes fur deux lignes & demie ou trois lignes de di.m.etre dans fi plus grande epaiifeur qui eft vers fa bafe. Ses ecailles font oblongues , entieres, vertes fur le dos, blanchatres fur les bords, ihargees de polls tirant for le blanc & terminees par un bequillon fee , long d'environ une ligne, couleur de bois 8c dont la bafe eft brune. Ces dcailles font luifantes & comme argentees du cote qui regarde la cavite du calice Les plus grandes n'ont qu'en- Miron denx lignes & demie de longueur, entre le bequillon & la racine de l'ongle, fur prefque une ligne de largeur. Les ovaires etant dans leur parfaite maturite , fom de figure conique , couleur de bois, velus, canneles felon leur longueur qui n'eft que d'une ligne , foe moitie moins de diametre a leur bafe fur laquelle pone la couronne antique. Cetie couronne eft pour lors ouverte d'une ligne 8c demie; fes rayons fonc blancs, luifans, inegaux , les plus longs ayant deux tiers de ligne & les plus courts un quart feulement. On remarque a la pointe de l'ovaire une petite cavite dans laquelle s'articuloit le mammelon fiftuleux d'oii partoit le cordon ombilical qui fourniifoit la nourriture a la femence contenue dans cet ovaire. Cette plante eft annuelle , elle fleurit en Juin & Juillet , 8c donne des fe- mences mures des le commencement de ce dernier mois. Ayant mache de fes feuiiles , je les trouvai d'abord d'un gout defagreable , enfuite elles me laifferent dans la bouche une faveur un peu aeide. Le foe des racines, des feuiiles & des fleurs rougit le papier bleu. Ambttbo'it'k le nom que les Turcs ont donne a quelques efpeces de ce genre. Sur la production de nouvdhs efpeces de plantes. (Hijl.pag. 57.Mem.59.) Au mois de Juillet 17 15 , M. Marchant appercut dans fon jardin une plante qu'il ne connoiilbit point & quis'eleva jufqu'a cinqou (ix pouces; elle fubiifta jufqu'd la fin de Decembre, 8c alors elle fe deftecha 8c perit. 11 crut ne la pou- voir rapporter qu'au genre de la mercuriale dont elle approchoit beaucoup 8c pour la faveur 8c pour la forme de fa fleur ; e'eft ponrquoi ll donna a cette plan te nouvelle , 8c qui n'avoit pas encore ete decrite par les auteurs , le nom de Mer~ curia/is foliis capillaceis. La tige de cette plante avoit environ deux lignes de grofTeur, elle etoit nue par le bas , d'un vert pale , ronde , liffe , luifanre & prefque ttanfparente , garnie de cinq branches , dont deux fituees parallelement vers le bas de la tige , avoient chacune plus de deux pouces de longueur , les auttes etoiem inegales & plus A C A D i M I Q U E. 5 57 conrtes. La tige & les branches etoient alTez confufement garnies de feuilles fans queue, les lines feules & nues, les amies attachees pat bouquets & en- rremelees , accompagnces a leur naillance de pluliuurs boutons He fieurs; ces feuilles laillant quelques intervallcs entr'clies , envitonnoient la tige &£ les branches de cette plante. Les plus longues feuilles terminees en pointe aiguc avoient environ an pouce de longueur & ane demi-ligne de laigeur dans leur milieu , quelques- lines etoient plus larges a leur bafe ; quelques autres etoient decouples vers la pointe en deux lanieres fon erroites de longueur difierente; routes etoient d'un vert brun , lilies , luilanies Sc legerement lillonnees fuivant leur longueur. Ces feuilles fe jetoient fans ordre ca & la, les unes la pointe tournce en haut , les autres en bas , d'autres contournees en faucille. Les plus pe- rites etoient fituces horifontalement : elles etoient tomes alfezroides, nonobltanc leur delicatelle , & elles paroilToient en quelque facon comme les principales fibres de quelques feuilles qui auroient ete depouillees de leurs fibres laterales & de leur p.irenchyme. Les fleurs qui etoient ramallees par bouquets en petits pelotons , ne s'epanouiiroient que fucceilivement : leur couleur tiroit fur le vert jaunatre : elles etoient compofees d'un calice a trois feuilles de figure ovale, creulees en coquille , feparees entr'elles a leur naillance par un bouquet de dix a douze filets fort fins &c fort courts, qui n'avoient point de fommets. La rleut n'avoit gueres qu'une ligne de diametre , & fon pedicule etoit fi coutt , qu'il n etoit prefque pas vilible. La racine de cette plante, un peu moins grofle que fa tige, avoir quatre 1 cinq pouces de long : el le etoit tortue & formoir de petites ondes dans toute fa longueur; elle etoit accompagnee de pludeurs fibres , pareillement ondoyan- tes & chevelues qui s'ecartoient ci & la. Sa fubftance interne etoit fort blanche, dure & recouverte d'une ecorce d'un blanc jaunatre, un pen charnue. Toute la plante etant froiftee avoit line odeur de vert peu agreable & une faveurnaufeeufe melee de quelque chole de nitreux , approchant fort du gout de la metcuriale vulgaire. L'annee fuivante au mois d'Avril, dans le meme endroit ou avoit ete cette plante, M. Marchant en vit paroitre fix autres , dont quatre etoient routes fem- blables a I'ancienne , Sc deux autres alfez differentes pour faire une autre efpece de mercuriale qu'il nomma Mercurialis fo/iis in varias & inxquales lacinias quaji dilaceratis : elle fublifta aulli jufqu'a la fin de Decembre , en quoi ce» deux efpeces font dirferentes de la mercuriale vulgaire qui, quoique annuelle aulli-bien qu'elles, ne dure pas (1 long-tems. Cette feconde efpece produit une racine de trois a quatre lignes de diametre fur fix pouces de long, noueufe, garnie desle haut de plulieurs racines fibreufts de meme longueur, fort conrournees en petites ondes egales qui ferpentent vers le rond de la terre , revetues de quantite de fibres chevelues qui s'eten- dent lateralement autour de la racine Leur fuperficie eft compofee d'une pel- licule gercce , charnue, d'un blanc-fale , qui recouvre un corps ligneux, co- riace &: tort blanc, fans aucune apparence de mocl'e. De cette racine s'eleve immediatement une tige haute d'environ un pied , un peu moins grofle que la racine, dure & ligneufe, couverte d'une ecorce charnue, lilfe & polie, d'un vert pale, remplie d'une motile verdatre. Cette tige depuis fa naillance jufqu'a fon exttemite eft garnie de quantite de branches qui enfemble foicnenc une Acad. Royale des Sciences di Paris. Botaniqve. Annee 171?. 358 COLLECTION __ ______ efpece de petit buiiTon fort touffu , d'environ huit a dix pouces de diametre.' Ces branches font rangees fut la tige , ians ordre apparent , ainfi que les aiures cad. ovale _etjtes l3ranc|las donc elles font chargees , qui font fouvent fubdivifees : & »ES SCIENCES DE I i I y * r \ I • rr pARIS_ prefque toutes ces branches iont un peu noueules a leur naiflance. Botamiqui. Une multitude infinie de bouquets de feuillesdifpei fees le long des branches Anntfe 171?. & de leius divitions & fubdivihons, garnilfent ce builfon. Les feuilles font neu reiTemblantes entr'elles : les plus grandes fituees vers le bas des branches , ont un poucede long 8c davantage> fur une, deux ou quelquefois trois lignes dans leur plus grande largeur , &: dans le grand nombre ll s'en trouve qui none pas le tiers de la largeur des precedentes. Elles font toutes fans queue , & fe terminent en pointe fort aiguc , n'ayant que de tres legeres apparences de fibres dans le milieu , cependant refines & dures, eu egard a leur epaifleur. Les plus grandes de ces feuilles ont julqu'a quatre ou cinq dentelures; les unes font fort profondes, formant des angles rentrans aigus 8c des faillans ar- rondis. Les autres dentelures au contraiie ont les angles rentrans obtus, & les dentelures faillanres fort aigue's. Plulieurs autres de ces feuilles n'ont qu'une ou deux dentelures ou memede legeres crenelures peu prorondes ou ondoyan- tes ; 8c enfin quantite de ces feuilles par leur figure irreguliere paroilfent des kmbeaux de feuilles dechirees ou rongees par des chenilles. Du milieu de chaque bouquet de feuilles fort un amas de douze , quinze a vingt fieurs ramatfees enfemble , d'entre lefquelles partem quelques petites feuilles fimples 8c fort etroites en maniere de petites lanieres terminees en pointe aiguc. La fleur dont le pedicule eft fort court , eft un calice compofe de trois petites feuilles de figure ovale, creufees en coquille, d'un veit jaunatre. Elles foutiennent douze a quinze fiiets de meme couleur , fans fommets, & deux de ces filets toujours diametralement oppofes , font une fois plus longs que les autres. La fleur etant epanouie a environ une ligne de diametre. Tome la plante eft de couleur vert bum , mele de quelque teinte jaunatre. Son gout eft fade , impregne d'une legerc faveur nitreufe. Ces deux plantes ont, comme on voit, beaucoup de rapport entr'elles par leur fleur, leur faveur 8c la confiftance de leurs feuilles 5 mais elles ditferenc extremement par leur port & par la figure de leurs feuilles. Elles fe font mul- tipliers depuis l'une 8c l'autre dans l'efpace de fept ou huit pieds de terrein; mais M. Marchant n'a pu leur decouvrir aucune apparence de graine. Cepen- dant la petite etendue ou elles renailfent tous les ans , 8c fur-tout leurs varictes, prouvent atTez qu'elles doivenc etre venues de femences qui y feront tombees des plantes precedentes. La principale reflexion de M. Marchant fur ces deux plantes , eft qu'il ne feroit pas impolTible qu'il fe produisit des efpeces nouvelles : car il y a route apparence que celles-ci le font : comment auroient-elles echappe a tous les Botaniftes ? L'art , la culture &C encore plus le hafard , e'eft-a-dire , certaines circonftances inconnues, font naitre tous les jours des nouveautes dans les fieurs curieufes telles que les anemones & les renoncules , 8c ces nouveautes ne font traitees par les Botaniftes que de varietes qui ne meritent pas de changer Jus efpeces. Mais pourquoi la nature feroit-elle incapable de nouveautes qui allalTent jufques-la ? 11 paroit quelle eft moins conftante & plus diverfe dans les plantes que dans les animaux, fi ce n'eft dans les infectes, &: qui connorc- A C A D E M I Q U E. 55, les bornes de cetto diverfite ? A ce compte les anciens Botaniftes n'auroient pas — — en tort de decrire (1 peu d'efpeces d'un meme genre ; ils n'en conno'iToient Acad. Royals pas davantage , &: c'eft le tems qui en a amene de nouvelles. Par la meme des Sciences db raifon les Botaniftes futurs feroient accables & obliges a la fin d'abandonner Paris. les efpeces pour fe reduire aux genres feuls. Mais avant de prevoit ce qui Botaniqoi. fera, il faut bren s'alFurer de ce qui eft. Annie 1715. 3n air. Cet air fe coule fous quelque membrane voiiirje qu'il louleve & qu'il diftend : la premiere liqueur arnaflee iV.ivnit pas enricrement perdu le mouvement & la Huidire , r litre en p 11 tie dans les routes de la circulation , cv eft remplacee par une nouvel e liqueur d'ou s'echappe un nouvel air qui vaaugipenter la tumeur , laquel eet.mt une fois formce , ne peutcefler lors meme que lamas de liqueur qui en a cte la premiere caule fe dillipe. L'air renferme fous la membrane, peut quelquefois la dilater au point den ouvrir les. pores & de s'ecliapper par cetre voie \ cela depend & de la quant ite de cet air & du tillu plus ou moms ferre de la membrane. Les points de cote, e'eft-a-dire , ceux qui fe font fentir a la poitrine dans des parties (ituees hors de fa cavite , peuvent bien etre caufes par des humeurs acres qui picotent des fibre; nerveufes , & J.lors la douleur eft cuifante & fou- vent accompagnee de fievre & d'accidens facheuxj mais il y en a d'autres qui ne font occafionnes que par de l'air enrerme entre des fibres , cu il caufe icu- lement une douleur de tenlion. Comme il y a plus de fang, & par con!equent plus de chileur dans la poitrine que dans tout le refte du corps , cet air etran- ger dans le lieu ou il fe trouve, fe dilate davanrage & caufe une plus foite tendon ; miis aulli tot le relfort des parties le relferre & avec racilite , pace que l'air fe condenfe comme il fe dilate: fouven; meme par cettecomprtfbon il eft oblige "u a s'echappet entiereinent , on du moins a changer de place} de l.i vient que ces points de cote cedent fubitement, ou parent en un 1 iftanf d'un lieu dans un autre. Void maintenant quelques erfets extraordinaires de fan d ms ceux qui font morts de penes de fang. M. Littre a obferye que les pettes de fing, foit qu'elles aient etc occafion- rices par la ruptuie des vailleaux ou par leuc diltention ifc i'aggrandllTement Tome IF ', Partie lrjn$vife. Zz Paris. MtDECINE. Annie 17 14. jfii C O L L E-C.T 1 O N exceffifJV leurs nores , 011 n ia crop grande Huidite du f.ing , cVc. petivcnt Acad. Royale toutes devenii u'ortelies, li elles continueiit jufqu'i tin certain point; mai il des Sciences de c ;oir que ce c.is eft r.ue, il a vu plulieuis perfonnes de l'un & de I'autre f.xe perdre en dotize ou quinze heures environ un feau de fang , & non-feule- ment elles n'en font p.is mortes, mais ellcs fe font retablies dans l'cfpace de trois ou quatre mois. Mais loMque le f.ing fort de fes vaifTeaux fans fe repandre hors du corps, s'il s'arrete entre les parties ou d ins les intervalles de leurs fibres , ik qu'il ne fe dillip; point par la voie de la tranfpiration , il fe corrompt en fejouinant & caufe de la fuvre , des inflammations, des abf.es, Sec. S'il tombe dans quelqu'une des cavites du corps , comme celle du crane , de la poitrine , du ventre, il caufe pour 1'ordmaire des accidens mortels, du naoins s'il s'y eft repandu en grande quantite. M. Little a ouvert beaucoup de cadavres de perfonnes mortes de pettes de fang ou fpontanees ou occafionnees pat des blelfures , & il a fait les deux cb- fervations fuivantes. i°. II a quelquefois appercu a (ravers les tuniques de quelques veines , de petites bulles d'air qui nageoient fur la fuperficie du fang , ce qui eft aife a expliquer apres ce qu'on a dit que l'air fe degrige du fang , dont le mouvement &: la Huidite font diminues ; car apres une grande hemorragie le mouvement du fang eft moindre, parce qu'il y a & moins de fang & moins d'efprits ani- maux, & que par cette raifon les veines &c les arteres dont les contractions battent concinuellement le ftng & le font couler, out moins de force pour cette fonftiOn. Si Ton ne voit de bulles d'air que dans les veines, e'eftque, comme l'a remarque M. Litire, on ne trouve du fang que dans les veines dc-s morts dont il s'agit; au lieu qu'on en trouve aufli quelque peu dans les arteres & dans les ventricules du ccrur des autres morts , fur-tout dans le ventricule droit. Le principe de cette difference eft que la contra&ion par laquelle les veines chaftent le fang de leurs extremites capillaires vers leur ironc & jufqu'.m cceur, eft beaucoup plus foible que celle par laquelle les arteres chafTent le fang de leurs troncs vers leurs extremites capillaires jufques dans les veines ; or une grande parte de fang diminuant la force des arteres & des veines , celle- ci qui etoit la moindre, peut celfet un inftant avant que I'autre foit detruite, &c dans ce casil arrivera que les vermicides du cceur & les arteres par une der- nie're contraction chjiferont hors de leurs cavites tout le fang qti'elles conte- noient, & que les veines qui le recevront ne feront plus capables d'en chaffer hors d'elles la moindre partie. Dans les autres maladies raftoibliifement des arteres 5c des veines etant moins inegal, a la demiere contraction des aneres il aura pu repondre une foible contraction des veines qui aura renvoye un peu de fang dans les ventricules du cceur. 2°' M. Litue a encore obferve dans quelques perfonnes mortes de pertes de fang , que de petits vailfeaux tres-fins &: cloignes du cceur etoient emiere- ment remplis d'air : ces vailfeiux, au premier coup d'osil , Kii parurent des vailfeaux lymphatiqnes ; mais en les examinant de plus pies , il reconnut qu'ils en etoient entierement dirferens ; car i°. ils n'avoient pas ces inegalites qui donnen-t aux lymphatiques une forme appro^hante de celle d'un ehapelet ; z". ils n'avoient point de valvules; j°. leurs tuniques etoient plus epaiftesj A C A D £ M I Q U E, afij 4°. en les fuivant avec attention , on remontoit jufqu aux troncs des veines ^^? dont ils etoient des rameaux. Acap. Roya;- Apres nne hemorragie, la quantite du fang eft beaucoup jnoindre dans le des Scibncls uz poulmon , Sc celle do lair y eft toujoucs egale : d'ailleurs 1'air fe degage plus Paris- facilemenc d'avec le fang qui eft en moindre quantite , & qui de plus eft moins eoicini Huide ; l'air peut done pilfer des veines du poumon dans le coeur, fans etre, A"ni-e i7'4- comme a l'ordinaire , inumement mcle avec le fang. Quand le cceur Sc les ar- tcres n'ont plus la force de pouffer dans les veines un fang devenu trop epais, ils peuvent encore une fois avoir la force d'y poulfer cec air degigii qui eft tres-fluide , tres-fufceptible de mouvement, & voila la caufe du phenomene. II eft vrai quo cela Itippofe que le mouvement du fang peut etre arrete Sc la mort arrivee a cet egard , tandis qu'elle ne l'cft pas encore a I egard de la rel- piration ni mc-me dune derniere contraction du cceur Sc des a:., es; mais il n'y a tieo la d'impoffible ni de dirhcile a concevoir ; il eft meme teut-a-faic de I'ordre phyfique que la mort ne foit pas un inftant li precis. M. {Jure cioic que l'air qui fe trouve dans les vailfeaux fanguins contribue a tenir leurs parois ecartees, & que e'eft par cette raifon que dans les perfonnes mortes de pertes de fang , les arteres, quoique vides de fang, ne font pas fort arFailic^s. Sur unc Hemic ran. Pjr M. Li tt a e. [Mimouts, pjg. xoo) U ne Dame que j'avois vue malade d'une hernie, en etant morte, je fis l'ou- verture de fon cadavre. Cette hernie avoit irois pouces & demi de gro!Teur ; elle etoit fituee a gauche de la ligne blanche , quatre travers de doigt au-deilus du nombrilj elle avoic cte occalionnee parun coup que la malade avoit recu en cette partie deux ans auparavant: & elle etoit une de ces hernies qu'on nomme compofics, d'autant qu'elle etoit faite par une portion de l'epiploon &: par une portion du colon. La portion de l'epiploon etoit exterieurement recouverte du peritoine auquel elle etoit etroitement liee , Sc le peritoine l'etoit aux parties qui l'envuon- noient. Ces deux membranes formoient enfemble une poche qui contenoit dans fa cavite la portion de l'inteftin colon. L'emree" de cette poche etoit de figure ronde; elle avoit environ un demi-pouce de diametre, Sc fes bords en etoient epais & formoisiit une efpece d'anneau. La portion du colon contenue dans la poche , y etoit hmple Sc non double, comme il arrive d'ordinaire dans les hernies faites par des mteftins gteles, & elle n'y etoit pas enfermce dans toute fa circonference; il en reftoit encore de quatre lignes dans la capacite du ventre. Cette portion du colon etoit fort adherente a la poche , Sc fur tout a l'endroit de Ion anneau : il y avoit beau- coup d'inflammation , Sc elle etoit gangrenee en quelques endroits. L'ayant ouverte , je trouvai dans la cavite des matieres glaireufes , vifqueules & fcetides ; & les parois de cet inteftin etoient une fois plus epaiffes qua l'ordinaire. Dins cette hernie le colon etoit accompjgne de l'epiploon , parce que la Zz ij ,tf4 COLLECTION ■_..■ — partie de cet inreftin qui faifoit la hemie , etant naturellement placee derriere Acad.'Royaw I'epiploon, & meme d'une maniere allez ftable, elle ne pouvoit s'echapper des Sciences de par-devant hors de la capacite du ventre, fans pouffer devant elle I'epiploon, Paris. & fajre conjoincement avec lui une meme hernie. Par conlequent les hernies Misecine. faites par cette p.i;tie du colon, doivent etre accompagnees de I'epiploon. Au Annce 1714. COntraire les parties du colon qui n'ont au-devant d'elles ni epiploon ni d'autres parties, peuvent s'echapper feules de la capacite du ventre, s'engager entre fes tegumens, & produire des hernies limples. Apres la dilFedcion de la hernie , je compris aifemem que fes adherences avoient rendu inutiles toutes les tentatives que le chirurgitn avoit faites pour la reduire , & que l'operation qu'on avoit voulu faire a cette Dame peu dc terns avant fa more, auroit vrail'emblablement ete infruchieufe. Apres la meme diffe&ion , je n'eus p is de peine a concev'oir pourquoi la malade , quoiqu'on ne reduisit pas fa hernie, ne lailToit pas d'aller d'elle-' meme a la f.Ue , puifqu'il reftoit encore a la partie etianglee du boyau , une ilTue qui etablillbit une communication avec les gros inteftins jufqu'au fon- dement. , A A la veritc cette evacuation, par le fondement, arrivoit tantot plmot & en plus grande quantite , & tantot plus lard & en moindre quantite. J'avois re- marque plufieurs fois que cette evacuation etoit plus rrequente & plus abon- dante peu de terns apres les faignees, & lorfque lafievie etoit diminuee; ap- paremment que l'anneau de la hernie Sc la partie du boyau etiangle qui en etoit fur-tout proche, fe relachoient , foit par la diminution de la maftedu fang , foit par la diminution de fa fermentation : car pour lors le diametre de 1'ifTue du boyau divenant plus grand , ll devoir s'en eeouler plus de matiere ; par confequent les felles devoient etre plus frequentes & plus abondantes, & au conttaire. , . Enfin il eft ordinaire de voir des hernies faires par les inteftins greles , & rare d'en voir de faites par les gros. Les premiers etant dun petit diamette, Sc libres dans la cavite du ventre, peuvent facilement s'echapper de cette ca- vite, s'engager entre les tegumens qui la forment , & produire une hernie^ Les- demiers au contraire etant beaucoup plus gros & moms libres que les gteles, il eft difficile qu'ils s'echappent de la meme cavite, qu'lls s'engageiu entre les segumens du ventre, Si qu'ils falfent une hernie. Sur le Didoublcmcnt de la membrane interna de la vejjie. (Hijlpag.zz.) _fVl. Rouhaut avoit entre les mains un malade tourmente d'une grande difficulte d'uriner; il le fondoir tous les jours, & letiroit toujouts ia fonde plus ou moins noire. Un jour il la retira avecun morceau de membrane d'en- viron un pouce enquarre. Trois jours apres le malade en urinant fentit quelque chofe qui bouchoit le canal & qui fortoit un peu, il le tira avec fes doigts,. e'etoit encote un morceau de membrane long de douze a quatorze lignes. Quelque terns apres , comme il faifoit de grands efforts pour unner , il leruiic ACADEMIQUE. 3S5 fucceflfivemem trois autrcs portions de membrane , qui , au jugement de — m-!H!™5H M. Rouhaut , devoient faire au mains les deux tiers de la membrane interne Acad. Royali de Li veflie; car c'etoit cette membrane qui s'ctant detachee de I'externe, etoit 0ES St>SNc«s at fortie a diverfes reprifes par le canal de 1'uicne, 6c dont les lambeanx, en fe **!?' ,.. ,r r '. , . (■ ,, ,. , j Mebecini. prclentant au paliage , arretoicnt les urines : lolquelles coulerent abonclam merit audi tot que cet obftacle fut leve. La membrane avoir fes vaifTeaux fanguins, nu c I7'*" dont quel q ties tins ctoient de pics de deux tiers de ligne de diamctre. Les urines ne parurent jamais teintes de fang , ainfi la membrane s'etoit fepareena- turellement. On nettoya la veflie par des injections, 6c il relha au malade une petire incontinence d'urine, apparemment parce que le fphincier, aui!i-bien que la vellie depouillee d'une de fes membranes , etoit afloibli. Sur un Fetus hors de la matrice. (HijLpag. zj.) JV1. Paul-Hernard Calvo , Cliirurgien de Turin , a envoye a l'Acadcmie I'obfervaiion qu'il a faite d'un fetus qui etoit hors de la matrice , renferme dans une poche rormee par la membrane e.rterne de la trompe droite : certe mem- brane s'etoit extrcmement dilatee , fans doute , parce que le fetus place en- tr'elle &: la membrane interne de la meme trompe, avoit, en prenajrjt de l'ac- croifletnent , etenda celle des membianes fur laquelle i! portoit. Ce fetus etoit parvenu a neuf mois; M. Calvo ayant reconnu qu'il eroit impollible d'accou- cher la mere , Sc voyant qu'il lui etoit furvenu vers le nombril une tumeur d'oii fumtoient des matieres fereufes, otivrit cette tumeur avec les precautions convenables , en cira le fetus d demi-potirri , 6: ne put fauver la mere qui mo. nut onze jours apres : elie n'avoit pomr eu de fait pendant route cette grolleile; uouvelle preuve de la correfpundance qui eit entre la matrice & ies inammelles. Sur un Fetus de cinq mo is tres-petit. Une Dame de Genes, de la Maifon de Doria , fe croya'nt grofTe de trois mois , hon-feulement aux marques ordinaires , mais a d'autres encore qui lui ctoient particulieres csr ne I'avoiem jamais tiompce, romba (ans fe fail e beau- coup de ma! ; fon ventre continua de grollir julques vers la tin du cinquieiv.e mois , aprcs quoi il alia en diminuant confiderableinent , la Dame ne s'apper- <:ut d'aucun mouvement de 1'enfant, 11 i de la formation du laitj de forte que f.\ grollelfe devenoit equivoque; mais elle fe delivra dans le fixieme mois d'une maffe membraneufe grofTe comme le poing. M. And qui < xamina cette maflfe .wee M.Fanton, premier Medecin de M le Prince deCarignan, troava que c'etoit une poche fotmee pat le i!i >riun Ok; i'amnios attaches a un phecnta. cpais de deux doigts , plein d'une liqueur alfez femblable au lait par la touleut 5c la con u trance ; au milieu de ce placenta fe trcuvoit une appendice longue d'environ deux doigts, qui patoilloit un tefte du cordon ombikeal : mais oa 55^s Sciences de tieres oi il etoit perdu : il n'etoit pas plus gros qu'une feve de haricot , mais Paris, il etoit bien form: : on y diftinguoit une tete, un tronc, des commencemens Msmcine. jg L)ras £, je cuj[fcs j ie nombril etoit ferrne & bien reuni. Aiuiee 1 7 14. qq f^rus paroiir0it n'avoir gueres qu'un mois j mais le placenta 8c les mem- branes etoient de la grandeur dont ils font a lix mois. Cette dilproportion fit conje&urer que le fetus, quoiqu'il ne fur nulletnent corrompu , etoit mott de- puis long-tems de quelque maladie, ou bien parce que le cordon avoit cefle de le nourrir , ce qui parut moins vraifemblable , puifqu'au terns de la faufle couche, il y avoit encore un refte de cordon attache au placenta. Le fetus fera done mort de lui-meme , le cordon etant en bon etat, & ce cordon aura con- tinue de recevoir par la veine ombilicale le fang de la mere 8c du placenta; mais le fetus mort ne renvoyant plus ce fang par les arteres ombilicales, il n'y avoit plus de circulation , & le cordon ne pouvoit groilir : il devoit meme diminuer & perdre de fa fubftance par la tranfpiration ; car le fetus tire de f'on fac 8c mis dans l'eau -de-vie , y diminua prefque de moitie. Cependant il fe faifoit fans doute une circulation dans le placenta , puifqu'il groflilloit , 8c Ton peut aifement concevoir que le fang s'ctoit fait des routes des veines ca- pillaires aux arteres capillaires de cette partie , fans paffer par la veine & les arteres ombilicales. La chute que fit la Dame dans le troifieme mois , fut caufe apparemment de la ruptuie du cordon deja fort aftoibli & diminue de volume. 11 en fortit pat 1'endroit dechire du cote du placenta , une liqueur que foumifToit encore la veine ombilicale , & qui s'epanch.int entre le placenta & les membranes amnios 8c chorion , produilit l'enrlure du ventre; mais la veine ombilicale dont l'extre- mite ouverte fe rejoignit avec le terns , cellant de fournir, 8c une partie de la liqueur cpanchee s'evaporant a travers les membranes & rentrant dans les vail- feaux de la matrice, l'enflure diminua feniiblemenc. La partie du cordon qui etoit reft.ee attachee au fetus," s'oblitera fame de nourtiture , & le nombril du fetus que rien ne tint ouvert , fe rerma de lui-meme. On ne fera pas fort fur- ptis que ce fetus ne fe corrompit point , (1 Ton fait attention qu'il y a des exemples de fetus qui fe font conferves bien plus long-tems. Celui de Tou- loufe dont l'hiftoire eft connue , refta vingt cincj ans dans le ventre de fa mere fans fe corrompre, & pour ainfi dire, pettifie. 11 faut obferver qu'ici la li- queur contenue entre Ie placenta 8c les membranes, 8c dans lacjueile nageoit le petit fetus, reflembloit fort a du lait; quoique cela n'explique pas comment il fe conferva , il eft: toujours certain que e'etoit une liqueur particuliere. Ar.ace 171 ;. Sur un J^omijfanent de fang guiri par V imitiqut (Hlft.pag. n.) \J ne fille Sgee de vingt-huit a trente ans, d'un temperament fanguin, phitot maigre que graffe , commenca a fentir des picottemens dans la poitrine, dans le dos , dans i'eftomac , & crachadu fang pur 8c vermeil. Son pouls etoit alots dur & ferre. Apies une faignee du bras que M. Rouhaut lui otdonna, elle Medic ini. Anuic 17 1 J» ACAD E M I Q U E. 3^7 fentit fes douleurs d'eftomac angmenter , & elle vomit prcs de trois derm- ., IM" gg feptiers tanc de fang que de lymphe. Ces doulcurs cefferent enfuice ou dimi- Acad. Ri 1 nuetent tres-confiderablement, Sc le pouls devint plus.doux & plus erendtij des Scu:. miis le lendemain les douleurs d'eftomac revinrent, Sc enfuice un vomilfe- Pa™-_ mem de fang pateil au precedent, roaij un peu plus fott. Une ft-conde laignce du bras t-: apres cela du pied ne la foulageceni point , les douli-urs d'eftomac revenoient toujours fuivies de grands vomiffemens, apres lefquels feulemeni elle avoir quelques petit relache, Sc reprenoit un meilleur pouls. Au bout de cinq 011 (ix jours de cet etat , la malade qui avoit ete- faience trois fois , & de plus avoit rendu plus de trois pinies de fang , ni, Medecin de Mantoue, Une Religieufe de 1'ordre de Saint Francois , dans le ccuvent de Saint- 1 a Mantoue, accede trente cinq ans , raaigre & delicate, ftijette depuis :i a differ ens accidens hiitcriques , fut attaquee de douleurs de ventre , de mouvemens convulfifs, de gonflemens fuivis d'une grande £\: pcrillenfe fupptellion d'urine. Pen de terns apres, elle fentit une douleur qui du bas du ventre s'elevoit jufqu'i Peliomac, Sc elle vomit une mariere qui fut fans au- cune difhculte reconnue pour de I'urine. Ce vomilTement continua plus de quarante jours, pendant lefquels la malade ne rendit point d'urine par la vote ordinaire, a moins que le chirurgien n'en tirat par la fonde, ce qui n'alloit gueres qti'a une once par jour. Apres les quarante jours , les urin.s reprirent d'elles memes & fans aucun fecours leur route naturelle, e'e la ma- ladiefe trouva patraitement guerie pendant un mojs & demi. Mais le vomilfe- ment d'urine revint, Cv au bout de vingt fept jours la malade fentit dans la region du pubis des douleurs tres aigues. Le chirurgien la voulant foulager par le moyen de la fonde, il ne iui fut pis poffible d'introduire feulemeni un dans le canal de l'tiretre; a la tin cependant il iy a fait efitrer de la longueur d';tn travers de doigt : mais cela ne fert de rien ; Ls vomilfemens d'urine centinuent , Sc , ce qui eft remarquable, il ne s'y trouve aucune ma- tiere des alimens melees, quand meme ils viennent apres le repas. Lorfque M. Marangoni a ccrit, il y avoit trente deux jours que la malade etoit en cec etat. Cet accident fingulier fait imagine! d'abord qu'il y a des communications immeJiatcs , mais encore inconnues, entre l'eftomac & la veilie, Sc cela con- 3es Sciences de dins les reins une fuppreffion d'urine, c'eit-.l-dire , que les reins ne travaillenc A,s!!' point a extraire cette liqueur du fang, & qu'en leur place les gl.indes de I'elto- . , mac ront cette ronuion. Ce lera Li un uiage bien uouve.ni & bien lmptevu ' > qu -lies auront. Sur une, Maladie contagicuje. {Hijl.pag. iq.) jL regna pendant quelque tems dans les villages des environs de Toul une maladie contagieufe , dont on etoit enleve en deux on trois jours an plus. C'etoit un pourpre fi violent que la peau tomboit entieiement d.pre(que tous tons ceux qui en pouvoient rechapper. L'inf.clion des cadavres etoit Ii gi.inde que perfonne n'en' voulut ouvrir, & que pluficurs moururem pour les avoir poites en terre. Ce que cette maladie avoit de fingulier , e'eft que ceux qui etoient lecourus prompumtnt , rendoient des vets , ap:es quoi le pouipre pa- roilloit. Cette telation vnu a l'Academie pai iM. Geofitoy le cadet. Sur les effets de la Cicutaria aquatica. (Hift.pag. zj.) JVl. Jause in a rapport? que trois foldats Allemands partis d'Utrecht an com- mencement du printems de 1714, moururent fubitement tous trois en moins de demi heure, pour avoir mange de la cicutaria aqua:ica ou paiujlris , qu'ils preno'ieht pour le calamus aromaticus propre a fortifier I'eltomac. On tiouva a I'un les membranes de I'eltomac percees d'outreen outre,- & aux deux autres feulemenr corro lees. Dans tous l'eftomac etoit pit-in dime ecume bl.incliatre, ie refte des vif eres du bas-ventre peu altere , les poulmors & les mufcles du cctur llifques & tiecris . & les vaiiieaux pleins d'un fang tout Huide. Wepfer qui a hut un traite exp;es fur cette racine , rapporte plufieurs exemples de les effets pernicieux , mais on ne voit dans cet auteut aucune petlonne mourit (I fubitement {a). (a) Voyez Co'leftion Acadcmicjue, Panic Errangcre, tome VII, & Ic premier de la Me- decine f p iree , pjges 45 i , j 1 7 , 5 ;e , &c. Sur une Grojfcjfc extraordinaire, {iiift- pag. 5.) I. ne Dam' agqe de vingt neuf ans. d'une aflTeZ bonne conftitution , & qui avoit en dej.i cinq enfans , devint grolfe immediatetnent apres une grande ma- ladie. Eile fit une chute vers la fin de fon fecond mois, & il lui furvint une perte ^ui contimu toujours fpit ei} rouge, foit eu blanc, jufqu'a la fin de la gtofllire. ' u A C A D i M I Q U E. }69 Le ventre de cette Dame groflifToit toujours , non en pointe , comme il avoir — —« fair dans les autres grolfelles , mais principakment en largeur : dc plus il Acad. Royale grollilfoit beaucoup davantage, & cependant etoit beaucoup plus leger. Elle n'y i>es Sciences ut fentoit que des mouvemens dirTcrens de ceux qu'elle avoir eprouves dans les Paris. grolH-des precedents: ils etoient plus lents , plus foibles; Sc lorfqu'clle Lur MtDici.NE. avoit domic- lieu en fe tournant d'un cote fur l'aurre, ilsdtuoient encore quelque Annie «7' i- tems apies, dc etoient accompaanes d'un bruit femblable a an gazouillemenr. La Dame etourfoit des qu'elle faifoit quelque mouvemer.t tant loir, peu confi- dcrable, ce qui ue !ui etoit point encore arrive ; enrin elle n'eut du lait que plus tard & en moindre quantite que de coutume. Elle n'entra en travail que vets le 15 de fon dixieme mois , au lieu qu'elle avoit toujours accouche a la fin du neuvieme , Sc elle fut cinq ou fix jours dans des douleurs qu'elle ne connoilToit point encore. L'orifice interne de la matrice n'etoit pas a beaucoup pres alTez ouverr, & une fage-femme fort experimentee fit tout ce qu'elle put pour le dilater fuffi- fammenr & y potivoir introduire [a main. Quclqutrois la matrice irritee fe reiTettoit avec tant de violence, que la fage-femme retiroit la main toute en- gourdie , Sc engourdie au point qu'elle etoit une heure entiere a en pouvoir revenir; ce qui confirme le fyfteme de M. de Reaumur fur la torpille (a). La fage-femme etoit fort furprife de ne rien fentir qui tut l'appaience d'un enfant , ni meme d'une mole : ce qu'elle tiroit demcuroit a la main des qu'elle tiroit un peu iort : enrin , apres avoir recommence l'opeiation bien des rois , tput fut tire. Ce n'etoit rien qui relTemblat a unfit us, mais e'eroit comme un grand norubre de grappes de grofeilles qui tiendioient les unes aux autres pal pluficUfs hens. Le tout ne pefoit que neur livies , au lieu que des enfans eq pefent quelquefpis jufqu'a vingrcinq. Les eaux ordinaires ne vinrent point. Ni. Littre qui eut entre les mains une partie de ce tctus fingulier, la fit voir a I'Acadeuue , & la foumit a toutes les experiences qui pourioient donner quelque eelairciile- ment. Les plus longues branches de cer amas de grappes avoient huit pouces , 6V: les plus comtes un demi-pouce : les plus larges avoient une ligne ou un peu plus , &: les plus etroites une demi ligne. Elles etoient toutes molles , tondes , mais applaties , d'unc largeur a-peu pics proportionnee a la: longueur U'un bout a I'autre de chaque branche partoient des rameaux pared lement tonds qui fe divifoient en d'auues plus fins, & ceux-ci aboutilfoient a des grains cr.ux, ronds, dont les plus gros avoient deux lignes de diametre ; ils etoient tor- mes de deux membranes. Au cote des grains oppofe a celui 011 aboutiiToient les petits rameaux , on voyoit un filet membiapeux d'une demi-ligne de longueur fur un quart de li;_;ne de grolTeur. On remarquoit en fouftlant par les plus gros de ces grams , qu'ils communiquoient avec leurs filets. Les rameaux Sc les grains etoient remplis d'une meme liqueur, un pen rrouble, plus epaide que de l'eau commune, Sc dont la faveur ni I'odeur n'ctoient mauvaifes. De cinq onces de cette liqueur que M. Littre fit evaporer fur les cetjdres, (^) Voycz ci-JclVus I'anncc 1-14. Wfioirc Naturelle. Tomt If, Panic Francoife. Aaa 37° COLLECTION 22 chaudes , il refta trois gros dune fubftance gtifatre qui avoit un alTez bon a Acad. Royale gout & une odeur alfez agreable, pes Sciences de U n'y a pas de diffiailte a voir les caufes de tous les accidens ou de tomes Iak1s- les circonftances extraordinaires de cette grofTelTe ; il ne peut y en avoir que edecime. fur |a g^netat|on d'un corps fi different d'un fetus. M. Littre prend fur cela le Amice 1715 feul parti que la bonne phyfique puifTe admettre. Ce corps (i different d'nn fetus & li irfegulier ne laiftbit pas d'etre le refte d'un fetus manque, ou d'une generation regnhere, mais detournce de la voie commune. La chute de h Dame dctacha du fond de la matrice une grande partie du placenta , & de la la perte de fang. Le fetus de deux mois mourut fame de nourriture fuffifmte, Sc ce petit corps rut dilTous & fondii dans le liquide qui le contenoit. La partie du placenta detachee a pu fe fondre aufli , & tout cela aura pu contribuer a l'ecoulement qui dura pendant route la groftefTe. Mais ce qui demeura da placenta attache a la mattice , aura continue de fe nourrir ; & comme cette partie du placenta n'employoir que pour e!le & non pour un fetus qui n'etoit plus, toute la notiHtuve qu'elle recevoit de la ma- trice, ell'; fe fera accrue beaucoup plus qu'a l'ordinaire , & par la aura rendu fenlibles les fingularites de fa fttudture , qui hots de la ne le peuvent etre. Le corpj irrcgulier qui hit le fruit de la grafR-fTe , reprelentoit fort bien des blan- ches & des ramifications de vailTeaux fanguins termines a des velicules. Ainfi cet accouchement extraordinaire devoit etre precieux a un Anatomifte : on voydit un placenta plus etendu, plus developpe, fouffle, pour ainfi dire, ou injecle par la nature feule. 11 y a done dans le placenta une infinite de veli- cules , ci (\ nature de corps fpongieux s'accorde parf.iiteinent avec cette idee. M. Littre juge que les petits filets qui tiennent aux grains ou velicules du cote oppofe a celui par pu les vailTeaux fanguins y abounlfenr, (ont des canaux qui pdmpent la liqueur que la mattice rournit au fcuis pour (L\ nourriture. Elle eft depofce dans les cavites des velicules qui enfuire en fe contradiant, la font ehtrer dans les petites rscines de !a veine ombilicale, d'ou elle eft portee au fetus, lei, comme il n'y avoit point de fetus, les velicules gardoient plus de liqueur, & par-la fe dilatoient extremement. 11 eft bien certain paries expe- riences qui furent faites, que cette liqueur etoit nourriciere, & une lymphe laiteufe ; cequi Favotife le fentimentde ceuxqui pretendent que dans l'homme, comme dans pluhetirs efpeces d'animaux ou la chofe eft hors de doute , e'eft du lait & non du fang que la mere foumit au retus, ou du moins la feule partie laiteufe & blanche du fang. Dans Petal naturel , la pattie de cette li- queur que le fetus n'auroit pas prife pour fa nourriture , feroit revenue par I'ar- tere ombilicale Si par fes ram.eaux j mais faute de fetus cette circulation ne pou- voit fe faire, & de plus , parce que l'artere ombilicale & fes rameaux tiennent au fetus, en dependent, &c n'ont de fonction que par lui , ils diirent perir en merne tems que lui : aulli n'eri deeouvrit-on point de veftiges. 'lout ce qui reftoit appartenoit a la veine ombilicale, plus independante du fetus; & s'il y avoit encore quelque circulation imparfaite, elle n'etoit qu'entre fes rameaux. Mais le grand accroilfement qu'avoit rec,u ce refte de placenta , prouve aiTez que ra liqueur fournie par la matrice , etoit principalement employee a le nourrir. Les parties du corps fe nour riftent ou croiffent , parce que les extremit.es des A C A D £ M I Q U E. 371 rameaux des arteres y lailfent de petites gouttes de fang qui fe joignent a leur MlDECINE. Auncc 171 j. fubftance, Sc l'augmentent. Les arteres nourriffent done tout; mais elles font Acad. Royaie elles-mcmes nourries Sc accrues par de moindres arteres repandues en nombre des Sciences de infini dans leurs tuniques qui font alfez cpaiffes. Les veines de meme font Paris. nourries par des arteres que leurs tuniques renferment. Mais enfin comtne tout fe nourrit & cro'u a la fo is , cela iroit a 1'infini, & il faut qu'il y ait quel- que chofe qui fe nourritfe fans arteres. Ce feront des vaiffeaux done les tuniques minces Sc percces d'ine infinite de grands pores , mais de forte que ces pores foient d'abord peu ouverts Sc affuffes les uns centre les autres, y re- cevront des particules de fang on de liqueur qui feront en meme tc-ms refFet & de tendre davantage les membranes Sc de les etendre. Les vailleaux du placenta dont il s'agit , n'ont pu fe nournr que de cette maniere , &: il y a grande apparence qu'elle elt la meme pour les arteies Sc les veines capillaires du corps, & pour les veines lymphatiques. Le grand accroiffement du petit refte de placenta donne lieu a M. Littre de conjedturer que toute la liqueur rournie par la m^re, ctoienc employee a cet ufage ; que par confeqnent il ne retourne rien a la mere , & qu'il n'y a de circulation qu'entre lc fetus &: le placcnt.i : ce qui fe rapporte a la queftion ttaitce en 1708 & en 1714. {^oye^ a I' article de VAnatomie de cette annie «7'4-) Sur une Difficulu d'avaler. Par M. Littre. ( Memoires , pag. ;3j.) Une Demoifelle mangeant d'une carpe , en avala une arre:e , qui erant reitee au bas de la gorge, lui caufa une difficulty d'avaler qui a dure jufqu'a la fin de fes jours. Cjtte incommodite etoit peu confidcrable en (on commence- ment, ce qui fiit caufe qu'elle la negligea ; mais elle le devint li tort dans la fuite , que les alimens cv la boidou que la malade prenoit, fur-tout les deux ou trois derniers mois de fa vie, ne palToient pas le bas de la gorge : elle les rejetoic environ une demi-heure apres les avoir pris, en faiiant des efforts tres-violens & prefque jufqu'a ctouffer. La malade etant reJuite en ce racheux etat , me fit appellee : je la trouvai au lit ; cependant elle fe levoit an peu de terns en terns. Elle etoit fort ma:gte & tres- foible; elle ne fentoit aucune douleui , fon pouls etoit pc:i: , mais il etoit mollet, egal Sc regie , excepte dans le terns qu'elle faifoit des efforts pour vomir. Enfin la malade ne prenoit que des alimens liquides , parce que l'experience lui avoir appris que les folides ne lui donnoient attains nourci- ture, Sc que pour les rendre , elle etoit obligee de faire de plus grands efforts que pour rendre les aliauna liquides. De toutes les boilTons qui font en ufage , il n'y avoit que 1'eau que la ma- lade put boire fans en etre incoiumodee , e'eft-a-dire , fans touller ou vomir apres 1'avoir prife, apparemment parce que l'eau ne contient point de parties falines , & qj : les amass boiffons en conuennait , ix que ces parties fahnes fe A a a ij Anncc 17 16. Acad. Royale des Sciences de Paris. Medecine. Annee 171 6. 371 COLLECTION developpant par leur fejour dans le pharinx , en irritoient les fibres nerveufes. Cette D.moifelle prit en ma prefence quatre cuillerees de bouillon, qui etoit a pen pres tout ce que fa gorge en pouvoit contenir a la fois. Elle re- jeta ce bouillon au bout d'une demi-heure, prefque dans la meme quantite & fous la meme forme qu'clle I'avoit pris , Sc elle rejeta de la meme maniere les autres que je lui vis prendre dans la fuite. Comme lesalimens liquides ne palfoient jamais le noeud de la gorge, je com- pris , in. qu'il devoit y avoir une oblhudion dins le conduit de la deglutition. 20. Que cette obftrudhon etoit precifement fituee au commencement de la parrie de ce conduit qu'on appelle I'cefophage proprement pris , parceque routes les fois que la malade prenoit des alimens, fon pharinx fe gonfloit & s'elevoit en dehors, & demeuroit gonfle jufqu'a ce qu'elle les rejeut par la bouche; au lieu que la partie du meme conduit placee au-deffous du pharinx ne s'en- floit point du tout, &: demeuroit toujours dans le meme etat. 30. Que la meme oblfrudtion devoit occuper prefque tout le diametre de la c avite du con iiiit, puifque la malade rejetoir prelque tout ce qu'elle prenoit. 4". Que ce qui palToit d'alimens de la bouche a 1'eftomac par I'a-fophage, nor.obftant l'oblhudfion , n'etoit pas a beaucoup pres capable de fournir a la malade une nourriture fuffifante., d'autant qu'elle maignlloit & s'arToiblilToir de jour en jour. 5° Que pour avoir le terns de remedier a fa maladie, s'il etoit pollible, il falloit avoir recours d quelque autre voie qu'a celle de la bouche pour intro- duire la nourriture & foutenir, la malade. Que cette vote ne pouvoit etre autre que celle du fondement. je jugeni enfin que les alimens les plus convenables pour la malade etoient principaltmerit de bons confommes, poulles avec une feringue dans les in— teftins par le fondement. Je me determinai done a faire donner tous les jours a la malade trois lave- mens , un des le matin , le fecond vers le midi , & le troilieme fur le foir, faits chacun avec un bon confomme a la viande , dans lequel on delayoit tantot un ou deux jaunes d'ecufs , &c tantot environ un poilfon de bon vin. Par le moyen de ces lavemens , outre le peu de nourriture que la malade recevoit par la bouche , elle vecut encore pendant plus de deux mois ; mais de maniere que fes forces alloient toujours en diminuant, & que fa maigreur augmentoit de jour en jour. Enfin la malade mourut de fa difficulte d'avaler, apres en avoir etc incom- mo lee durant quarorze mois. tile mourut agee de cinquante ans avec toute la connoifTance pollible, fans fievre , contre cet axiome de la medecine nemo jint fibre moritur, fans fe pl.iindre d'aucune douleur, fans etre agitee de moil- vemens convulfifs , en un mot par la feule necellite de mourir, n'ayant d'autre incommodite que celle de ne pouvoir avaler , par confequent faute de nourri- ture, de meme qu'une lamps s'eteint faute d'huile. Avant de faire l'ouverture de fon cadavre, j'en examinai les parties exte- rieures, cV j'y remarquai quatre chofes : i°. une maigreur extreme. i°. Une elevation extraordinaire au ventre a I'endrok de la region ombilicale. 30. Un enfoncement notable a la region epigatfrique. 40. Enfin la gorge etoit plus giofle quelle ne l'eft naturellemciit : quatre choles que j'avois deja obfervees dans fon coros pendant qu'elle etoit encore vivante. ACADfeMIQUE. ?73 Je commencai U diflTe&ion par la gorge. La gorge , outre !a pe.m , la grailTe ***— & les mufcles, eftcompofeede la panic fuperieure de la tiachee-nitere qu'on Acad. Roy ale appelle larinz , & de la partie fuperieure de l'oefophage a laquelle on donna le nFS ScltNCES »■ nom de pharinx. Paris. Je n'obfervai rien de p.irticulier au larinx qu'une dechirure , longue d'environ BDECH»»- deux lignes , fituce au milieu de fa partie fuperieure & poftcrieure. A e '71<5' Le phirinx avoir (es parois plus fermes & plus epaifTes & fa cavite plus ample qua l'ordmaire. On remarquoir le long de la paine poilerieure de cette civile deux efpeces de rigoles, laiges chacune en leurs parties fuperieure & moyenne de deux lignes, & eu 1'inferieure d'une demi-Iigrle. Elles ctoient formces par trois feuillets membraneux, eleves au-deifus de la furface de pres de deux lignes. 11 sVn falloit une ligne que le fcuiilet du milieu defcendit aufli bas que les deux lateraux , Sc ceux ci s'approchoient fenfiblement Fun de I'autre ; ainfi les deux rigoles n'en faifoient qu'une en cet endroit. Cfaacun de ces feuillets n'etoit qu'un pli de la membrane interieure de ce conduit, qui s'etoit feparee des autres, enfuite doublet , & dont les deux cotes ctoient de- venus adherens entre eux. On rem uquoit encore a la partie inferieure de la cavite du pharinx qu3tre manieres de lacs membraneux , de figure cylindnque, de trois lignes depio- fondeur fur deux de largeur , ouvcits par en haul & fenaes par en bas. lis paroiiroicnt avoir ete formes par la membrane interieure dece conduit detachee des autres en ditferens endioits. Apies avoir examine le pharinx, je paflai a I'examen de rcefoplia^e propre- meut pns. Depuis fon commencement jufqu'afept ou huit lignes au-uellous ce conduit etoit il'un quart plus gios que de coutume , Sc dans le refte jufqu a l'eftomac , il n'avoit que la moitie de la grolleur ordinaire. En examinant ex- teneurcment la partie la plus grolFe . ou la partie tumefiee du mc me conduit je lentis qu'elle etoit duie, lohde & incgala. L'ayant ouvctte, j'y obfervai une groileur qui occupoit prelque tout le contour du conduit; la fublbnce en erou dun blanc gulatre; elle fe trouvoit fituee en partie entre la mcmbiane interieure & les fibtes charnues , & en partie parmi les memes fibres1 elle remplilloit prefque toute la cavite. On y obfervoit feulement une ouverture prelque cuculaire, d'environ une ligne de diametre , qui repondoit par en haut i la cavite des deux rigoles, c>'. pat en bas a cede du refte de l'aefophacre ptoprement pns C'etoit done par cettc peine ouverture que palloit de la bouche a l'eftomac le peu de nournture que cetie Demoifelle retiroit des alimens qu ede prenoit. four ce qui eft dt l'anete qu'elle avoit avalee, je n'y en remarquai aucun veftige; apparerament parce que depuis quatoize mois que la malade I'avoit avalee , les contractions reitirees des fibres charnues de l'cefopha»e, ou les ali- mens en defendant par ce con luic , Ten avoit detachee ou entiere ou par morceaux , & I'avoient poullee dans l'eftomac , l'eftomac dans les lnteltins & les intcftins hors du corps par le fondement. J'ouvns enfuite le ventre pour voir li a 1'occafion de la maladie il etoit fur- venu quelque derangement aux parties qui y font eontenues. Et voici ce que j'oblervai. ^ i°. Les ligamens fufpenfoirs du foie etoient relaches, & ce vifcere fe trou- voit eloignc du diaphragme d'environ dix hgnes. 374 COLLECTION _______«, i°. La ratte & Ies autres vifceres naturellement contenus en tout ou en partie dans la region epigaftrique, etoient en partie fitues dans la region om- des Sciences de bl "„' „ , . r ,.„., , ,.. „ ,. . pARIS 5°. Leltomac etoit prefque en tout different cie ce qu ll elt ordmairement Mbdecine. dans les autres cadavres : il avoit la forme, non d'une grande cornemufe, mais Annce 1716. d'un petit tuyau droit de dix-huit lignes de largeur fur neuf pouces de longueur. II etoit fitue, non en travers dans la region epigaftrique , mais en long fuivant la direction du corps, partie dans la region epigaftrique &c partie dans la region ombilicale. II etoit beaucoup plus libre qu'il n'elt ordmairement; on le poulloit fort aifement de cote & d'autre ; fes parois eroient incomparablement plus minces , & il n'y paroifloit aucun veftige de fibres charnues. Je ne trouvai point la valvule qu'on trouve ordinairement au pylore. Enfin on obferve dans la cavite des autres eftomacs quelque liqueur ou autre matiere, & il n'y avoit rien dans la cavite de celui-ci. 4°. L'epiploon avancoit beaucoup moins du cote droit du ventre que dans les autres cadavres , 5c on y remarquoit plufieurs plis qui etoient d'une gran- deur confiderable. 50. Les inteftins greles etoient de moitie plus menus que dans l'etat na- tutel. Les tos avoient aufli beaucoup diminue degroifeur, mais un peu moins a proportion que lss gieles. Les uns & les auttes contenoient dans leur ca- vite un peu de matiere qui etoit en pattie fereufe & en partie bilieufe. 6°. Enfin les reins & principalement le droit avoient une fituauon beau- coup plus bade qu'Us ne l'ont ordinairement. Le droit etoit notablement ap- platti dans fa partie fuperieure. Voila ce que j'ai obferve de plus confiderable dans ce cadavre , & voici quelques reflexions que ces obfervations m'ont donne lieu de faire. On ne fauroic douter que 1'arrete que cette Demoifelle avoit avalee , n'aic donne haiflance a fa maladie , car elle commenga peu de terns apres a avoir de la peine a avaler ce qu'elle n'avoit point auparavant , & a fentir de la dou- leur precifement a l'endroit de l'ccfopnage 011 j'ai trouve l'obftru&ion. On ne peut pas doutet non plus que cette obftru&ion n'ait caufe la difticulte d'avaler , les accidens qui l'ont accompagnee &c enfin la mort, en empechant le corps de recevoir une quantite de nourriture lufritante pour vivre. II eft aife de comptendre que cette artete , en defcendant par l'ccfophage , a pu fe piefenter alfez obliquemcnt aux parois de ce conduit , principalement a l'endroit ou de large ildevient fort etroit ; s'y engnger a la faveur de fa pointe ; etant poullee par les alimens & par le mouvement periitaltique du conduit; en picottet & irriter les fibres nerveufes ; y exciter une fluxion ; faire engorget peu a peu les glandes ; en fomenter Pengorgement jufqii'a le rendre enfin in- curable : d'autant plus que 1'arrete a conltamment agi fur la partie afFect.ee pendant un terns confiderable; la maladeayant fenti durantfix femaines a-peu- pres le meme picottement qu'elle y avoit fenti les premiers jours. Les glandes engorgees out infenliblement augmente de volume au point de former' une tumeur confiderable d'autant plus facheufe qu'elle a pris fon ac- croilTement beaucoup plus du cote de la cavite de ce conduit , ou'elie trouvoit moins de refiftance, & qu'elle a prefque comblee en cet endroit, que du cote oppofe, 011, au lieu de ttouverpour obftacle une feule membrane , comme du A C A D £ M I Q U E. $75 cote? interne, elle pouvoit ctre arrctee dans Con accroi dement par la membrane c externe , par deux plans de fibres chaniues , 8c enfin par lea parties iolides qui Acad. Royali environnent 1'ccfopliage. des Sciences de L'obftru&ion de ce conduit ainfi exp'iquee, il eft aife d'en deduire tous les Paris. accidens qui font furvenus pendant fa maladie. Medicine. On comprend facilement que le ciiametre de I'oefophace , de I'eftomac & Annie 171*. des inteftins doit avoir diminue a I'occaiion de certeobftrudhon. L'experience nous app en 1 que le diametre de !a cavite des conduits de notre corps augmente ou diminue, felon qu'il y palfe beaucoup oil pen de liqueur oud'autre matiere. Or, apres la production de la camera dans 1'cefoprnge , il ne pouvoir palTec que peu de chofe de la bouche a I'eftomac, ni confequeoiment de I'eftomac dans les inteftins. Je compte audi pour peu de chofe ce qui fe porte d'ailleurs dans la cavite de ces vt fee res, pnncipalement dans une pcifonne qui recevoic fi peu de nourcitare de les alimens. Le diamctre de ces conduits devoit done diminuer d'autant plus que lindilpolition etoit plus longue. 11 n';ft pas difficile de concevoir que la me me obitiiiction de l'ccfophage a donne lieu a ('augmentation de la cavite du phannx i'c a rcpailiifemcnt de fes parois. Pendant que les alimens 8c la boiffon rrouvent !eur cours libre du pharinx le long de I cefophage propremen: pris , ils ne s'arretcnt point dans le pharinx , & par confequent la capacitc n'a pas occafion d'augmenter. i our an contraire , lorfque ce cours eft mtercepte en quelque endroit de l'ccfophage proprement pris , pour lors les alimens 8c la boilfon doivent neceffairenaent s'arrctc-r daas le pliarinx , s'y amader , en etendre 8c dilater pen a peu les parois, & en aug- menter pir confequent la capacite. Les memes parois etendues 5c dilatees doi- vent infenfiWement s'epailfir; car leurs vailleuux , a force d'etre extraordinai- rement eV: altem.uivement allonges 8c raccourcis. deviennent de plus en plus fufceptibles d'une plus grande extenfion , e'eft a dire , cspabLes de recevoir 5: de contenir a la fois plus de fang & par conlequenc pins de fuc noimicier. Ce fuc devoit done s'echapper en plus grande quanta ce par les pores aggrandij de ces vailfeaux, fe repanure abondammenc dans fcts intsntices des fibres qui les compofent , fonrnir a ces fibres plus de nouiriture & augmenter leurs ui- menfions. Par confequent les parois du pharinx devoient ac>iuenr plus d'etta- due, plus d'epailfeur c>: plus de fermete qu'elles n'en ont dans 1'ctat naturel. Celt atilli de lepailfeur, de la fermete 8c de la grand .irdinaires du phatinx , &: fur-tout de I'epaiifeur & de la rermese, que dependoit la groflem extraordinaire de la gorge dans ce fujer. Car les parois de ce conduit ctant exceifivemenc epaiffes & fermes:, elies pouvoient le tenir otwrett , repoufter le Iarinx en devant, le foutenir dans cecre (ituation , »V par confequent faire paroitre la gorge plus grofle. Dans les autres cadavres au enrraire les parois du pharinx font minces, mollcs & laches, par confequent hors d'etat foutenir elles-mcmes & mains encore de repoufTer le larinx en devant ,.. 1'y foutenir; audi le trouve ton d'ordinaire atfaifie. N«as fawns pax experience que faction donne de la force aux parties de nos corps Sc en augmenre !e< dimenfions , en leur procurant d'un co.e tine nouiriture plus . & faiCmt d'autre cote tranfpiret les humeurs mauvaifes c\' fuperflues. Or ie rinx de cette Demoifelle etoit fouvent & fortement en a&ion , - cau . i frequens iv violens vomiflemens. ij6 COLLECTION *- ' - -'— . C'eft encore par repaififfement des parois du pharinx que ce conduit avoit Acad. Royale acquis a(Tez de force pour chalfer de fa cavite les alimens que la malade re- des Sciences de jetoit par la bouche. Et ce qu'il y a de particulier , c'eft que le pharinx exe- f.1?' cutoit lui feul cette efpece de vomiirement ; au lieu que le vomiffement ordi- naire depend de plulieurs parties qui font chacune incomparablement plus Annce 171*. grandes que le pharinx. En effet l'cefophage proprement pris , 1'eftonaac, le diaphragme & les mufcles du ventre qui pioduifcnt les vomiffemens ordi- naires , ne contribuoient en rien a celui-ci : toute leur action portoit a faux , Sc celle du pharinx operoit feule le vomiifemenr. La malade rejetoit par la bouche les alimens environ une demi-heure apres les avoir pris. Vraifeinblablement dans cet efpnce de terns , il fe developpoit Sc s'exhaloit de ces alimens des parties falines qui, irritant fortement les fibres nerveufes du pharinx , determinoient les fibres charnues a entrer dans de for- tes contractions , a challer les alimens de fa cavite , & a les pouffer , non dans l'cefophage , intercepte pat la tumeur , mais dans la bouche dont la cavite etoic libre. L'obfttuition de l'cefophage proprement pris pent avoir auffi donne lieu a la formation des rigoles du pharinx, d'autant qu'apres la dilatation exceflive des membranes du pharinx , occafionnee par l'amas des alimens dans fa cavite , les fibres charnues incomparablement plus fortes que de coutume , venant a fe contracter avcc beaucoup de force a differentes repafes, & peut-etre inegale- ment, ont pu faire detacher en quelques endroits ia membrane interne des autres membranes, Sc les paities dctachees de cette membrane ont pu s'appro- cher les unes des autres, fe doubler, fe coller entr'elles, Sc former ainfi les rigoles. On peut a-peu-pr&s penfer la meme chofe touchant la formation des facs que j'ai obferves a la partie inferieure interne du meme pharinx. Pour l'enfoncement que j'ai remarque au ventre a la region epigaftrique, on peut l'attribuera la grande diminution du volume de l'eltomac & a ce que cette region ne contenoit pas toutes les parties qu'elle devoir contenir. Ainfi les tegumens du ventre n'etant pas foutenus par ces patties, devoient etre afrailfes Sc enfouces dans la cavite en cet endroit', d'autant plus que ces te- gumens etant fort extenues 8c flafques dans ce cadavre , ils n'etoient nulle- ment en eiat de fe foutenir deux-memes. A L't'gard du deplacement de ces memes parties , ont peut l'attribuer fans dilriculte aux frequens Sc violens efforts que la malade avoit faits durant fa maladie. Quant a l'elevation extraordinaire du ventre a la region ombilicale , il eft aife d'en rendre raifon ; puilque cette region , outre les parties qu'elle a coutume de contenir , contenoit encore une partie de celles de la region epigaftrique. Avant de propofer quelques conjectures fur les caufes qui ont pu produire les changemens (i extraordinaires de 1'eftomac de cette Demoifelle Sc fur la maniere dont ils ont pu fe faire, je penfe qu'il eft a propos d'examiner fi ces vices appartenoient a la premiere conformation, oil bien s'ils etoient un tftet de la maladie dont elle eft moite. Cette Demoifelle avant fa maladie, mangeoit Sc buvoit autant & dans le meme efpace de terns qu'une autre petfonne j elle digeroit parfaitement fes alimens j A C A D t M I Q O E, j ; 7 alimens ; elle fe portoit bien ^ elle avoir de l'embonpoinc, & elle ctoit forte Sc vigoureule , avantages done eiltf n'auroit pu jouir h Ion eftomac cut etc con- Acai\ Roy,»i.e forme com me je lai trouvc dans loncadavre, & d'unesufli petite capacite ots Sciej/ces de Les alimens en general, pour etre bien digeres dans l'eftomac , doivent y Par"- fcjouiner un terns aifez conlideiable : en erlet iis y doivent etre maceres, ra- dec:ne. mollis, dilfous, divifes en des parties lines Sc dcliees , Sec. & pontics en- Anncci7itf. fuite dans les inteftins gteles , on apres avoir ete affines encore davantage , la partie nourriciere fepareede l'cxcremcnteule, s'inlinue dans les veines laccees, d'oii elle fe diftribue a toutes les parties du corps , & fournit a chaiune de quoi fe nounir Sc fe conferver. Ce fejour des alimens dans 1 eftomac eft favorife par la lituation des deux prifices, lefqueJs dans l'ctat naturel ne fe trouveuc jaauis direcjement I'un au delfus de 1 'autre ; outre ijue la partie de ce vifcere ■outombent les alimens, en venant de I'oefuphage , Sc qu'on appelle communc- ment le fond de l'eftomac, eft vafte, ample & plus balTe que lorihce par ou les alimens doivent en fortir pour palfer dans les inteftins. Or l'eftomac dont il s'agit , ayant la forme d'1111 fimple tuyati de figure dioite, fitue fuivant la direction du corps Sc d'ailleurs manquant de valvule, les ali- mens n'avoient pas lieu d'y fqourner, fur-tout lorfque la Demoifelleetoit de- bout ou allifej mais lis devoient palfer a melure dans les inteftins, fans etre digeres , ou ne l'etaiu que fort imparfaitement. Don il auroit du s'ciifuivre des cours de ventre, des coliqucs , une rmjgceur univetfdle, &c. ce qui n'etoit nullement arrive a cette pcrfonne avant fa difficulte d'avaler. Outre cela , l'enfoncement extraordinaire des tegumens du ventre, anive feulemem pen- dant la maladie, prouve alfez que les changemens de l'eftomac s'etoient faits dans ce tems-la. Done les vices de conformation de cet eftomac n'exiftoienr point avant la maladie. A legatd des caufes qui ont pu produire les changemens extraordinaires de ce vifcere , il eft difficile d'en imaginer d'autres que les mufcles qui font def- tines a la relpiration. Quant a la manieredont ces changemens ont-pu ft faire, il y a lieu de croire que ces mufcles, par le grand nombre de mouvunens differens & toujours violens , tantot altematifs, tantot fimultanes , tantot con- traires, &c. qu'ils ont ete obliges de faire pour operer le vomiflement pendant la maladie, ont pu forcer les ligamens, les membranes c< les fibres muf.u- leufes de l'eftomac, ferrer, prelfcr , poulTer , elargir , retiecir, allonger &C raccourcir ce vifcere de tant de manieres differentes Sc avec tant de violence, qu'ils ont pu entin lui donner une forme , des dimenfions & une fuuation touc-a-faic extraordinaires. VWiM Tome IV, Panic Francoife. B b b 37* COLLECTION Acad. Royale " ~~~~~~~ ~ pes Sciences de _ 1. , . c n i 1'aius. our un Ulcere c arcinomateux & fifluleux qui percc It fond dc Msdechk. Vcjlomac en dedans , & les tegumens de la rig;wn ombilicah Annee 1716,11 ° ' cn dehors. Par M. Petit. ( Memoires , pag. 312.) luA peine que Ton a a guerir les maladies, eft une fuite indifpenfable de la d'friculte qu'il y a de les connoitre ; d'ou Ton pourroit conclure que la fe- miotique qui traite des flgnes des maladies , eft une partie des plus impor- tances de la medecine. Cette connoilfance ne s'acquiert que par la pratique , en obfervant tant fur les vivans que fur les morrs, fur- tout en mettant au jour les mauvais fucces comme les bons. Et veritablement nous aurions plus a lire, & plus d'obligarion aux Anciens , fi , au lieu de n'ecrire que leurs pratiques heureufes, ils n'avoient ecrit que leurs fautes : mais oil font ces hommes fin- ceres depuis Hippocrate! II n'en eft prefque plus; un malheureux fucces fe cache ; on diroit meme qu'on apprehende 1'indifcretion des morts , & Ton n'a pas tort de la craindre (i Ton veut veritablement fecaclier. En eftet tout difcrets que paroifTent les morts, que n'ont-ils pas revele a ceux qui fe font donnes !a peine de fouiller dans leurs entrailles , & quel ton ne font pas a la fociete ceux qui negligent de les faire parler ainfi ? Savons-nous combien de chofes precieufes out ete enfevehes par cette negligence ? L'ouverture des cadavres inftruit plus que les.livres. On connoitra la verite de ce que j'avance par toutes ks obfervations & particulierement par celle-ci. La piece que j'ai demontree mercredi dernier , contient Peftomac & l'arc du colon, avec la portion du peritoine, celle des mufcles & de la peau qui couvre le 'milieu de la region ombilicale. Toutes ces parties font adherentes les unes aux autres , & percees de difterens ulceres filtuleux , produits par la fuppuration d'une tumeur fquirreufe dont la defunte etoit affligee depuis deux ans. Le 15 Aofu 17 14, dans la ttente-cinquieme annee de fon age, elle fut artaquee d'une fievre avec douleur d'eftomac , accompagnee de naufees , de vomiffemens , de d ego fit 8c de colique'; le tout avoit etc precede de laflimdes, de foiblefTe dans les jambes, d'indigeftion & d'infomnies. La malade eut re- coursaM. Dumoulin, Do&eur en Medecine, qui lafoulagea par les faignees du bras , du pied & autres remedes generaux , fi bien qu'elle crut pouvoit fe- couer le joug de la medecine. Elle vecut quelque tems a fon ordinaire , je veux dire , avec de mauvais alimens , parce qji'elle n'avoit pas recouvre lappetit , & que d'ailleurs elle n'etoit pas en pouvojr de fatisfaire un gout delicat. Fatiguee; de la fituation equivoque dans laquelle elle fe trouvoit , elle alia voir le me- decin des urines qui la traita de la meme maniere qu'il traitoit un grand nombre de perfonnes de condition a(Tez credules pour le croire medecin. On fait qu'il donnoit des emetiques tres violens , & que fon principal remede etoit les la- vemens dont il faifoit differens degres ; il les leur donna tons felon I'ordre de leurs dignites> jufques meme au foudroyantj e'eft. ainli qiul nommcit celui ACADEMIQUE. j-=> par lequel il pretendoit vider le fond du fac : ce qui renouvella les douleurs T— ' ^s que 1-s lavemens plus doux avoient diminuces; tant il eft vrai qu'en medecine Acad. Royale il fufrit de bien faire , &z qu'on gate tout quand on veut faire inieux ! II fembla des Sciences de done oour lors a la malade que fes entrailles avoient cte foudroyees , & tons Pa*is- ■ /• ' « T-fi r ■ i > i v i ar r • Medecine. les fymptomes reparutent. Elle rut trance methodiquement pour la dilpolmon iiulamrnatoire dont elle etoit menacee , &: qui fe manifeitoit par de grandes douleurs dans 1'hypocondre gauche , par la paietfe & la tendon du ventre , & cntin par la rievre violente qui accompagnoit tous ces accidens. Elle rentra dans unenouvelle convalefcence qui nela conduilit point a une parfaite fame; fes regies tnanquerenc , &: il parut une tumeur de la grolTeur d'un ceuf dans 1'hypocondre gauche : cette tumeur etoit fans douleur , mobile & fins adhe- rence a la pcau. Quelque terns apres elle fe plaignit d'une douleur fourde au bas de la region cpig.iitrique moyenne , ptes de la partie fuperieure de l'om- bilicale : elle fut examinee; on appercut en ce lieu une tumeur grofle comme les deux poings , qui n 'etoit pas plus adherente que la premiere dont nous avons parle, & qui etoit un peu moins mobile. On rechercha avec exactitude la premiete tumeur , il parut qu'elle s'etoit evanouie ; la feconde augmenta, & la douleur perliltant, on donna a la malade quelques remedes caimans, & enfuite les aperitifs. Mais comme elle n'obfervoit aucun regime , la tumeur devint plus grotfe &c parut plus bas vers Pombilic : elle devint adherente an peritoine , le peritoine aux mufcles , & ceux-ci a la peau qui couvre tout le milieu de la region ombilicale. Dans cette lituation la malade fe mit entre les mains de M. Gloire, habile chirurgien , qui en a pris fo.n, & la traitee methodiquement depuis le 17 Avril 1716 jufqu'au 16 Aoiit fuivant. D abord il appliqua fur la tumeur les medicamens cmolliens , anodins cV refolutifs; mais malgre l'intention qu'il avoit d'appaifer la doukur ic de refoudre , il fut oblige le 1 5 ou 20 Mai d'ouvrir la tumeur , parce qu'elle s'eleva en pointe , 8c qu'il appercu. une fluctuation fufrifante pour le detetminet A cette opera- tion , au moyen de laquelle il tit fortir quantite de pus moitie blanc, moitie fereux & d'une odeur infupportable. Pendant onze jouts il ne fottit que du pus par l'ouverture ; mais il fut furpris enfuite de trouver des matieres all— menteufes dans fon appareil , & d'en voir fortir par la plaie : e'eft ce qu'il ob- ferva dans la fuite a tous les panfemens : d'autres fois il en fortoit du chyle, de maniere que ce qui s'ecouloit ainii , etoit plus ou moins digete felon que les heures des panfemens ctoient plus ou moins cloignees de cciles des rc-pas; on injedtoit des decoctions vulneraires a plulieurs reprifes , jufqu'a ce qu'clles xevinlfent claires Sc pures ; on avoit foin de dire a la malade de take de legers efforts , arin de comprimer ces injections & les obliger de foitii ; ce qu'elle faifoit par Taction des mufcles du bas-ventre en iufpendant fa refpiration. Malgre ces precautions , les liqueurs injectces ont ete quatre ou cinq jours fans fortir, aulli-bien que les almaens , fans que la malade en paiut mcom- modee : le cinquieme jour on trouva tout l'appateil &c le lit inondes d un u- quide que Ton crut ette l'effufion des injections qui avoient cte tetenues pen- dant ces cinq jours. La pi '.ie prit fon train ordinaire , rendant toujours les alimens ou les ma- tieres chyleufcs , & ne retenant plus les liqueurs qu'on y injectoit. Peu de terns antes il paiut au-delTus de la plaie une tumeur rouge &: douloureufe de la Bbb ij 3So COLLECTION grofTeur d'une noix , qui fe ter'miria par la fuppuration , fut ouverte comme la Acad. Royale premiere, & rendic du pus de meme nature. Apies celle-la il s'en forma entre des Sciences de deux une autre petite qui eut le meme fort, excepte que les alimens ne for- Paris. toienr point par ces deux dernieres. Enfin la malade a lupporte cette indifpo- Mcdecine. fition pendant trois mois, auboutduquel terns elle eft niorte cxrenuee &c fans Aanec 1716. fofce# M. (jloire, fon chirurgien , qui me l'.-.voit fait voir avant fa mort , me- rit avertir pour cite prefent a 1'ouverture , & me permit d'enlever les pieces de la facon que je croirois la phis avaniageule pour la demonftration que j'eil voulois faire a l'Academie. Je coupai en ligne drone la peau , les muicles tk ]e peritoine, depuis deux doigts nu-dtfrons de la plaie la plus balfe , jufqu'aux os pubis : je portai un doigr dans le ventre avec iequel je condu'.fis mon bif- rouii de facon a couper toujours deux doigts plus loin que l'adherence des parties , ce jjui me fit faire iuftement une incifion circulaire, & feparer des tegumens taut propres que communs une piece ronde qui n auro:t ere attacnee a rien , fans l'adherence qu'elle avoit comra&ee avec 1'eftomac , 1 epiploon & 1'arc du colon. J'examinai toutes ces parties fans rien couper, en renverfant la partie fuperreure de cette piece ronde des tegumens. Je trouvai adherente la pni tie du vennicule qui dans l'etat naiurel occupoir une portion de 1'hypo- condre gauche; & v-oulam pourfuivre 1'exafhen du vehtricule , je le trouvai bien conditionne dans tout le refte de fon etendue , excepte qu'il etoit retreci tresconfiderablemcnt depuis l'adherence au peritoine jufqu'a l'entree de l'oeio- phage , & fort large depuis cette adherence jufqu'au pylore. Ses vailTeaux , fa couleur & fa confiftar.ee etoient comme dans l'etat naturel. Lotfque je regardai par la partie inferieure de la piece ronde que j'avois feparee , je ttouvai la partie anterieure de Tare du colon adherente au peritoine, fans aucun veftige d'epi- ploon ; en regardant par la partie droite de cette piece ronde ," je ttouvai que la continuation de I'eftomac du coce du pyloTe etoit aulli adherente. Enfin lorfque j'en examinai le cote gauche , je ne trouvai que la continuation de Tare du colon qui fembloit fortir du milieu de l'adherence. A pies avoir ainli exa- mine les quatre cotes, je liai I'ccfophage & le pylore. J'en fis autant au com- mencement & a la fin de l'arc du colon , je coupai au-delfus des ligatures &C i'enlevai les parties avec la portion des tegumens a laquelle elhs s'etoient unies , & je les renveifai pour voir ce qui fe palfoit a la partie poftericure de 1'eftomac & de l'arc du colon : je trouvai ces deux parties adherentes 1'une a 1'aurre, Sc je pus mefuier le lieu commun de l'adherence , lieu qui , quoiqu'il appartint a toutes ces parties , ne confervoit la reffembiance d'aucune. C'etoit une maffe fquirreufe de pres de cinq pouces de diametre , a mefurer par la ligne tranfverfale du corps ; de deux pouces & demi d'c'paifteur, a me- furer felon la ligne de gravite, & d'un pouce & demi de profondeur, a me- furer par la ligne qui allant de devant en arriere coupe a angle droit h ligne de gravite. Apres avoir ainfi fait Pexamen extenenr , j'ouvris 1'eftomac dans fa partie fuperieure , par la ligne droite qui va du pylore a l'entree de l'a-foph.ige , & en ecartant les parois , j'appercus que route la membrane intericure etoit repliflee & faifoit.de profondes anrradhiolites , au milieu defquellcs etott uu ulcere noiratre & tres-fetide , de figure ronde, de deux ponces de diametre; au centre de cet ulcere, il y avoit une ouvemve de la grandeur & de la figure d'ltn quart d'ecu : je patlai une fonde moulle que je poufiTai de haut en bass, A C A D E M I Q U E. ;Si BA pea de derriere en avant, 6: q (e fe fis fomr par 1'ouvermre la plus bafle "" ' '""S^! de: trois que j'avois trouvees aij dehors du ventre, qui eft cede par laquelle on Acad. Rovale injedtoit , i^ par laqirelle fortoient les alimen's : mais quoique lcs deux autres ras Sgkhcm vi ouvertnres ne fuffent pas e!oi>inees fie cclie-ci , a laquelle elles aboutifloient , "f.IS- ie ne pus y raire pallet- la londequen la poullanr prcique noiilontalemcht , " . ' - , J jJ ' ' n Anncc 171 1. mais toujouis de dertiere en devant. Apies i'ouverture du ventricule, je fis celle de l'arc du colon a l'endroir oil il feft attache a Foil ririSfenterej je vis deux tubercules de la grofleiir d'une noix, a un pouce de diftance l'un de ("autre; tons deux etoient adherens an tend da ventricule p roc he l'endroir de fon adherence avec les tcgumens du ventre. 11 s'en falloit p.'u qua les tubercules par leur iuppuration n'euffent perce dans la cavitc du ventricule &c dans celle ilu colon; ce qui sur^it permis le palTage des alimens dans le colon 6c celui des excremens dans 1 eftomac ; pour lors la malade auroit pu rendre des alimens cruds par les felles, Si digerer tine fe- conde fois les matieres ftercorales. J'.ii recherche avec foin dans tout fhypo- con J re gauche quelle etoit la partie aftet5r.ee de la premiere tumeur, & je n'ai rien trouve , ce qui m'a donne heu de croire que la feconde tumeur n'etoit autre chofe que la premiere, defcendue comme je vais 1'expliquer ci-apres. V o 1 1 i le rait deraille; prefenternent je vais expliquet en peu de mots les fymptomes & les phenomenes qui out paru dans le cours de cecte faJieufs maladie. i°. La malade a etc travnillee de hoquets, de naufees & de vomilTemens-, parce que la tumeur etoit dans Ton commencement un tubercule glanduleux de l'tftomac , qui n'a pu fe former & s'accroiae fans inner les parties nerveufes de ce vif.ere, tk y exciter, ainli qu'au diaphragme 6c aux mufcics du bas-veii- tre , les mouvemens fympathiques qui occalionnent le hoquet 6c le vomiirement. i°. La tumeur a paru d'abord dans Its limites de 1'hypocondre gauche, Sc elle eft defcendue dans la region ombilicale , parce qua niefure qu'elle aug- mentoit de volume, elle acqueroit du poids. 30. Le fond de l'cftomac etoit defcendu jufqu'a deux travers de doigts au- delfus du nombril, par le poids de la tumeur qui I'avoit entraine. 4°. La malade avoir des coliques , parce que Tare du colon qui etoit interefte dans la tumeur, n'ayan; pas lout Ion diametre, retcnoit les matieres fecales & les veins. 5". Les lavemens doux 6c emolliens ont foulage , parce qu'ils detrempoient les matieres , & rendoient leur corns 6c celui des vents plus Lbres. 6°. J.e foudroyant a renouvellc les fymptomes , parce qu etant capable d'iiriter , iJ a caule cttte difpolition inrl rmmatoire du ventre, qui avoit d'au- tant plus de facilite a fe former , qu'il y avoir deja oblttuCtion dan* l'cftomac , dans ('epiploon 6c dans l'arc du colon. 70. 1 e degpfie etoit une luite de l'indifpofition de l'eftomac qui , comme on fair, eft I'organe de la faim. S°. La tumeur s'eft rendue adherente au periroine par 1'infl.imm.ition , Sc l'infiammiuon I'a produite . parce qu'elle a ex-corie les fur faces des parties en- flammees dans les en iioits ou elles fe touchoient; d'oii vieni que l'union s'en eft fute par la lueme railon que les deux levres dune plaie s'uniirent quar.d or- fes approche. $tt COLLECTION 9°. La tumeur a fuppure &: a fait une ouverture a l'eftomac & aux tegu- Acad. Royalp. mens , parce que les tegumens & l'eftomac font devenus les parois du foyer des Sciencls de de la matiere purulente, & que cette matiere les a amincies peu a pen. "' io°. Les alimens & matieres chyleufes ne font pas forties immediatement apres I ouverture de 1 ablces, parce que I elromac n etoit pas encore perce, & nnee 17U. qU',j ne s'eft petCe qu'apres que quelque bourbillon , ou les efcarres, ont ete fepares par la fuppuration. ii°. Les injections ont ete cinq jours fans reffortir, qnoiou'on eiit la meme facilite qu'auparavant de les faire entrer ; ce qui peut venir de ce que quelqu'un des replis de la membrane interne qui etoient fori grands , comme on fa re- marque , s'abbailToient fur le trou de 1'ulcere en maniere de foupape qui fe levoit par l'lntroduction du tuyau de la feringue. &c qui s'abaifloit par le poids des matieres qui etoient au delfus , enfin qui faifoit en cette occafion le meme ofHce que fonr ailleurs les valvules ; on bien quelques morceaux d'alimens mal maches & trop gros bouchoient le trou; ou enfin le gonHement de la malTe fquirreufe qui formoit la circonference du trou fiftuleux pouvoit avoir retreci ce trou , de facon a permettre feulement le pall.ige d'un corps folide comme le tuyau de la feringue , & a le refufer aux matieres renfermees dans le ven- tricule, d'autant mieux que le pa-Sage du pylore etant hbre , etoit la voie na- turelle de leur ecoulement. Une chofe qui m'embarrafle , eft: de rendre raifon de l'ecoulement conside- rable qui fe tit le cinquieme jour de la fuppreifiun des matieres qui avoient coutume de fortir par I'ulcere. On ne pent pas croire que les injections fe foient arretees pendant cinq jours dans l'eftomac , puifque le pylore etoit hbre. D'ailleurs l'eftomac etoit fort retreci, 8c la malade n'avoit pas difcontinue de prendre de la boiifon , des bouillons & d'autres , alimens "pendant ces cinq jours j ce qui tout enfemble eut fait un volume dix fois plus grand que l'ef- tomac. De plus il eft a remarquer que pendant tout ce terns la malade ne teilcntit aucune incommodite nouvelle. N.2 pourroit-on pas penfer que comme elle etoit fort aiteree ce jour la, elle but plus confiderablemenr qu'a l'ordinaire , & que cette quantite d'eau auroit pti foulever la foupape, delayer le morceau d'ahment trop gros, ou , comme e'eft le propre de 1'eau , relacher & etendre les parties qui retrccilloient le trou par leur gonflement : car quoique ce qui eft dit dans l'obfervation que les appareils & le lit fe trouverent inondes , donne l'idee d'une quantite confi- derable de fluide, on fait que l'eau s'etend facilement , & qu'un demi-feptier eft capable de moniller beaucoup de Iinge. ii°. J'ai trouve la partie de l'eftomac luuee du cote de l'cefophage confide- rablement retrecie pour trois raifons. La premiere, parce que l'eftomac de la malade ne contenoir que peu d'alimens a la fois. La feconde , parce que l'ou- verrure fiftuleufe laifloir epancher une partie des alimens au dehors. La troi- iieme , parce que le poids de la tumeur qui avoit entraine le fond de l'eftomac cinq travers de doigts plus bas qu'il n'eft naturellement , n'avoit pu l'allonger ainli fans diminuer ion diametre. 1 50. II y avoit dans l'interieur de l'eftomac quantite de replis Ion^s & fort faillans , reprefentant a. peu-pres l'interieur de l'eftomac des animaux ruminans ACADEMIQUE. 383 qu'on iwmrae Ie feuillet. On fait que les membranes externes du venukule —■"««■ out des fibres elaftiques qui peuvent etre allongees & qui ont le pettvoii AR'S- dirrerentes. Medecini. Toutes deux one bcaucoup de fels fales de la nature du fel ammoniac , qui Anucc 1717 font volarils & erroitemenr unis a des particules huileufes , pen ou point de fel fixe, peu de terre. Les particules huileuies ne fe tiennent fufpendues Sc exactement melees dans route la fubftance de ces deux liquides qu'en verm de leur union avec les fels. Sans celatoute l'huile fe ralfembleroir. Si Ton fuppofe I'eau egale de part & d'autre & en grande quantite , la lymphe & le bouillon fe tiendront egalement liquides fur le teu. 11 y a alors deux caufes de leur liquidire , la grande quantite de parties aqueufes , & le mouvement que le feu leur donne ourre celui qui leur eft naturel. Si l'eau a ere evaporee jufqu'a un certain poinr, alors il n'y a plus que le mouvement de la chaleur qui entrerienne la liquidire, &c les deux liqueurs orees de deffus le feu fe congelent, e'eft-a-dire , que leurs fels fe criftallifent de la meme ma- niere donr fe font toutes les cnftallifarions chymiques. Paffe le point ou les deux liqueurs font encore liquides fur le feu, fi on les y laifTe davantage, elles s'y congelent toutes deux , parce que 1'evaporarion de l'eau ayant ere trop grande , la chaleur ne fair plus que rapprocher les fels & les unir ; &c plus on laifTe ces liqueuis fur le feu, plus elles fe congelent & fe durciffent. Si ayant ete otees de deffus le feu dans le tems qu'elles etoient encore affcz liquides , & s'etant enfuite congelees a l'air, elles font remifes fur le feu, on voit bien qu'elles y doivent encore redevenir liquides pour quelque tems. En fuivant cette idee, on emend tout d'un coup pourquoi un bouillon eft liquide fur le feu , tandisquela lymphe s'y congele; e'eft qu'on ne les a pas pris 1'un Sc l'aurre dans le meme etat. Le bouillon avoit beaucoup de parries aqueufes & la lymphe tres-peu ; ainfi la comparaifon qu'on en faifoit ctoit trompeufe. Auili la lymphe fe congele-t-elle quelquefois a fair comme du bouillon bien charge de viande , & elle fe rediffout de meme au feu. Celt qu'ils font alors 1'un & l'autre dans le point ou la chaleur leur eft neceffaire pour la li- quidire. De tout cela M. Lemery conclut que les lavemens nourriffans peuvent ette utiles. Mais comme il feroit impollible de marquet de combien ils le font felon lui , & de combien peu felon M. Littre; il y a toute apparence que dans le fond ces Meflieurs fonr tous deux de meme avis. Sur une Hydropifie. Par M. M or. and. [Hlfl. pag. 27.) , g J_,A ponction etant faite a un hydropique des Invalides, on fut fort eronne de ne voir poinr fortir d'eaux, & de ne pouvoir les obliger a fortir. Comme on n'efperoit plus d'en tirer, on ota la canule que Ton vir qui entrainoit avec elle par le trou qu'avou fait le trois-quarc , un corps de figure a-peu pres ronde,, A C A D E M I Q U E. 3?5 un peu applati, & qui fortoit de la longueur de deux doigts. Comme on n'en "^^ss^sa" voyoit pas le bout, on fe refolut , apres avoir un peu hefite , a continuer Acad. Royale I'extra&ion avec les mains, d'autant plus qu'elle ne caufoit aucune douleur au des Sciences de malade , ni aucune hemorragie. 11 vine prcs de deux aulnes de ce corps, tou- I,ARIS- jours avec la meme facilite\sc la meme douceur, apres quoi fortirent impel- Medecine tueufement les eaux de 1'hydropilie par la canule que Ton put remetcre artez Anncc 1713. promptement. M. Morand examina avec foin ce corps que Ton avoir tire. On pouvoic d'abord le prendre pour un ver , parce qu'il s'etoit tortille pour palfer par une ouverture etroite, mais il n'en avoir plus aucune apparence des qu'il etoit de- roule Sc etendu; ce n'etoit plus qu'une efpece de membrane aulli fine qu'une toile d'araignee, large de plus d'un pied dans les endroits 011 elle I'etoit le plus, Sc inegalemenc large, parce qu'elle fe dechiroit ttes-aifement. Ce ne pouvoit cue ni une portion de 1 epiploon amaign , ni une membrane cm pe- ritoine; car ces parties ne fe feroient pas laiffe tirer du corps du malade fans douleur Sc Cans etfulion de fang ; Sc ce qui decide encore plus, on ne remar- quoit dans la membrane qui avoir ete tiree , aucuns vailfeaux , aucunes glandes , ni aucune organifation. Cette derniere circonftance derennina entierement M. Morand a croire que e'etoit le kifte ou f.ic qui enfermoit les eaux de lhydropide. 11 s'etoit forme des particules les plus epailles de l'a ferolite, poulfees tk rejetees vers la cir- conference de l'amas par les plus fubtiks qui en occupoient le centre. Cell: ainli qu'il fe forme une pellicule fur le fang d'une faignee , car la ferolite , quoique fepiree & difFerente dufang, en tient toujours beaucoup. La liqueur s'etoit fait clle-meme un vailTeau pour la contenir. Le vailTeau devoit etre de quelque figure approchante de la ronde; mais il n'elt pas etonnant qu'il en eut entierement change, lorfqu'on 1'avoit fait palfer par une tres-petite ouverture, ou il s'etoit meme dechire en plulieurs endroits. Les hydropses enkiltees ne font pas raresj mais on ne favoit point encore que le kifte put fortir auili-bien que les eaux. Cette extraction du kilte pouvoit donner quelque efperance au malade, les eaux devoient avoir moins de facilite a s'amaller. En ettet la quantite en a ete moindre a deux ponctions fuivantes qu'on lui a faites. Mais les trois opera- tions n'ont pas ete eloignees l'une de l'autte de plus d'un mois , & il n'a pas furvecu plus de foixante 2c treize jours a la premiere {a) ; fon cadavre ayant ete ouvert par M. Morand, celui-ci trouva un relte de kifte tout pareil en fubftance a la portion qui avoit ete tiree de l'hydropique vivant , attache par un tres petit cordon de meme fubftance a la tunique exteneure du foie , long d'un pied 8c derm , large de neuf ou dix ponces. 11 n'etoit pas croyable que ce fiat une dilatation de cette tunique du foie : l'extenlion eut ete enonne , le poids des eaux cuntenues dans le kifte tirant tonjours cette tunique en bas , l'auroit en partie daachee du foie, ou auroit enfin altere (a liailon etroite avec ce vifcere , ce qui n'etoit point : la tunique auroit ete emincee, & au contraire elle etoit plus epaitTe , patce que le foie etoit devenu skirreux. On ne pouvoit cioire non plus , tant a caufe de la gtandeur de l'extenfion (j) Cc qui fuit eft tire dc l'annce 17 10 , luft. pag. 3S. Dddij 39es Sciences de $ur [c Cordon ombilical. (HiJI. pag.jz.) Medecine Armee 17 1 S. JVL. Petit a fait voir le cordon A'unfitus humain noue dans fon milieu, oil Ton reconnoilfoit les marques d'attoucliemenr des parties qui formoient le nceud j ce qui prouve qu'ii avoit ete noue long-tems avant l'accouchement. Dc VHydroccphale ou Tumcur aqucufc dc la tete. Par M. Petit, ( Mem. pag. 58. ) J_,'HYDR.ocipHALE eft une tumeuraqueufede la tete qui attaque plusfouvent les jeunes gens que les adultes. Les auteurs en reconnoilfent de plufieurs ef- peces, eu egard a la fituation des eaux; ils en ont admis une externe & trois internes. Dans la premiere de celles-ci, les eaux font epanchees entre le ciane & la dure-mere. Dans la feconde, les eaux font entre la dure & la pie-mere, & la troifieme n'eft que ['augmentation excellive des eaux qui font naturelle- ment dans les ventricules du cerveau. Celle-ci eft la feule que j'aie reconnti dans la pratique de la Chirurgie , ou dans l'ouvetture des cadavres ; ce qui me fait croire que les autres efpeces font ttes-rares. Aux enfans qui font dans le fein de leur mere , cette maladie eft quelquefois la caufe de la difficulte qu'ils ont a fortir, ce qui nous oblige de percer la tete pour en faire forrir les eaux & faciliter l'accouchement. A la fuite des douleurs des dents, des affections vermineufes , des fortes convulfions qui affligent les enfans, il futvient quelquefois l'hydrocephale. Cette maladie arrive auili a ceux qui ont quelque vice de la lymphe , des obstructions aux glandes conglobees. Voici les fignes de cette maladie depuis fon commencement jufqu'a fon plus funefte degre. Ceux qui commencent d'en etre attaques , ont des convulfions legeres a la bouche & aux paupieres , lis mordillent leurs levres , grincent les dents , & fe frottent le nez coinme dans ['affection vermineufe ; ils ont le ventre pareffeux, ,on fon trop devoyes , & l'affoupiffement eft plus ou moins fort felon le degre de l'epanchement , mais il l'accompagne toujours. Ils font foibles , languiffans , triftes & pales j ils ont l'ceil morne, la prunelle dilatee, les futures ecartees, les os s'emincent, deviennent mous , & ont des figures irregulieres ; le nez s'enfonce , le front s'eleve, les yeux femblent fortir de la tete , laquelle devient monftrueufe dc d'un poids infupportable; elle creve quelquefois , &c le malade meurt pe.u de terns apres. Quand on voit que la maladie eft ponce a fon dernier degre, on fait l'operation ordinaire aux hy- dropifies , ce qui n'a pas tin fucces fort avantageux , puifque le malade meurt peu de tems apres, plutot ou plus tard , fuivant la quantite d'eau que l'on a evacuee par l'operation. Si Ton tite ptefque tout, ils meurent quelquefois A C A D E M I Q U E. 399 qiintre ou cinq heures aprcs , & fe trainent plus loin li Ton en tire moins ; mais rrr^^=S ceux que j'ai vu furvivre plus long- terns a I'operation, n'ont pas palle qua- Acad. Royale Mllte heures. pes Sciences de A I'ouverture de leurs cadavres, j'ai remarque !a dure-mere plus adherence Paris. aux parties du crane que dans les autres fujers. La bafe du crane elt applatie Meoecine. & com me ccrafee , la voute de l'orbite eft jetee en dehors ainii que les yeux , Annceiyi*. 1'intervalle d'un os a l'autre eft occupe par 1'expanfion de la membrane qui les joint, le cerveau eft ferme, les ventricules font li confiderablement etendus, que les fubftanees cendrce & blanche n'ont pas I'epailTeur de deux lignes : en plulieurs endroits ou elles font feparees , il r.e fe trouve que la pie mere qui retient les eaux. De plus les vailTeaux font allonges & grollis , & dans la plu- part de ces pauvres malheureux , la glande pituitaire fe trouve skirreufe, ce qui pourroit n'etre pas une des moindres caufes de cette maladie. Je n'entre point dans ['explication de tous ces phenumenes , car quelques obfervations que j'aie fur ce fujet, elles ne me paroiiTent pas futhlantcs pout hafarder un fyfteme. Nouvd Injlrument dc Chirurgie. Par M. Petit. (Mem. pag. 199) I l n'y a pas lieu de douter que la Chirurgie n'ait puife dans la mechanique tout ce dont elle s'eft enrichie depuis quelques anne.-s. Le nombre des ma- chines qui compofent 1'arfenal de Chirurgie en rait foi , ft: ceux que l'on in- vente tous les jours, prouvent que l'on peut porter cet art encore plus ptesde fa perfection , ce qui doit engager les Chirurgiens a s'attacher aux mcchani- ques , les favans mechaniciens a jeter les yeux fur. les operations de la Chirur- gie; objetqui merite d'autant mieux leur attention , qu'il eft extrimement utile a la confervation de la vie des homines. Un peu plus de chirurgie que de me- chanique m'a fait naitre l'idee d'un nouvel inftrument fervanc a fufpendre la circulation du (ang dans un membre jufqu'a ce qu'on ait fait les operations que l'on s'eft propofe d'y faire : il eft pour fervir an lieu & place du tourniquet dont on fe feu ordinairement dans les amputations des membres & dans I'ope- ration de lanevrifme. Pour donner une idee juftc du nouvel inftrument , je dirai un mot du tour- niquet ordinaire , & ferai connoitre en quoi ces deux inftrumens diffcrenr. Le tourniquet n'eft qu'un lac circulaire que l'on fait autour d'une partie afTez lache , pour qu'en le tordant avec un baton ou garrot , on puirte ferter un membre alfez pour empe<.her le fang d'y aborder. Pendant qu'une partie eft ainfi privee de la prefence du fang, on peut, fans craindte ihemorrugie, j faire jes operations necefTaires. L'inftrument que je prefence a l'Academie a tous les avantages du tourniquet que je viens de decrire fans en avoir les inconveniens qui font , premieremenr , que le plus fouvent on pince la chair du malade , ce qui cauie des douleurs trcs-vives, dont celles de I'operation, toutes giandes qu'elles font, ne peuvent; le dilhaire. 4oo COLLECTION ~~ ' ».i'~ Secondement, comme ce tourniquet n'eft qu'un cordon circulaire que Ton Acad. Royale rend plus petit par le moyen du baton ou garrot , il arrive que le membre eft dis Sciences he comprime par- tout egalement fans diftindlion , ce qui ell prcjudiciable & inu- 1'aris. tjle; prejudiciable, puifque cettaines parties font com ufes mal a-propos ; inu- Mebecike. tiles , puifqu'il fufHt que la compreflion foit faite fur la route des gros vaitfeaux. Anncei^iS. gn troifieme lieu, quand ou vent couper un bras & une jambe , il faut une perfonne pour temr le tourniquet, & il n'en faut pas moins une autre au meme endroit pour aflujettir la partiej deux perfonnes au lieu d'une , c'eft un defaut ; mais deux perfonnes qui ne peuvent ctre dans un meme endroit fans s'incommoder mutuellement , c'eft un defaut encore plus confidcrable. En quatrieme lieu, ft apres une operation, craignant I'hemorragie, on veut lailfer le tourniquet tout lache , pret a le refterrer au cas que le fang donne , il eft impoflible que les cornprefles ne s'en aillent dun cote , le lac, le baton & les autres pieces de l'autre ; & s'll furvient hemorragie pendant qu'on raflemble les pieces du tourniquet , le malade perd fon fang. Voici maintenant les per- fections du nouvel inftiument. PI XII. Preincrement, les chairs ne font point pincees , parce qu'il n'y a point de cordon qui, en fe tordant fur lui-meme , puifte pincer la peau; de plus il n'y a point de corps qui, venant a la rencontre l'un de l'autre, puiflent pincer la chair. Secondement, la compreflion n'etant utile que fur la route des gros vaif- feaux , ce nouveau tourniquet eft pieferable a l'autre , puifqu'il ne comprime que fur cette route, laiflant les autres parties a l'aife , lefquelles ne recevant qu'une comprellion tres fupportable, ne font point contufes ni metirtries. Troifiemement, on peut fe pafler d'une perfonne, puifque le tourniquet etant applique , fe maintient de lui-meme fans aucun fecouis , & la perfonne qui alfujemt la pattie fur laquelle on opere , n'eft point genee comme elle le feroit par quelqu'un qui tiendroit le tourniquet. Quatriemement , li Ton craint que le fang ne donne, on peut Iaifier ce tourniquet dans fa meme place tout relache, fans craindre que les pieces qui le compofent s'ecartent; & ft l'hemorragie furvient, celui qui veille le ma- lade, n'a qu'a le refterrer, & comme il fe maintient tout feul, on aura le terns d'appeller les fecours dont on aura befoin. Cet inftiument pourra fervir dans tous les cas oil I'interdidtion du cours du fang dans quelque partie fera neceflaire , ou bien , lorfqu'il faudra feulement diminuer la force avec laquelle il s'y porte (- UU^1II.UIU , U^UA UMIlllblVV « ...~>. » - - , -- n peu chacun au milieu de la partie fupeiieure , fitucs en rravers Tun e devant, Sc I'autre fur le derriere. L'arc inte ieur elt un peu incline par en bas en devant, & il s'.ittache par une de fes branch s a la partie pofte lieine Si lufetieure d'un des cetes de la langue , Sc pat l'autte bianche an rueine A C A D E M I Q U E. ^0j enJroit tie l'autre cote l.'.uc pofterieur eft incline par en bis en atiriere , & il maumwi s'attache par une br niche a un des coxs c!u phaiinx, Sc par (autre au pareil . „ _ . , ., , , ,,. . r , r. > r r Acad. Royale endroit de I autre cote. On obierve entre les deux arcs on arcades, les deux DFS sciencis de glandes amygdales qui font placces, l'une au cote droit, Sc l'autre au core Pari*. gauche. Enfin [a cloifon de la bouche eft compofee de deux membranes de Mbdb quan tite de c,'iu les 6c de plufieuts mufcles. On appercoit dans les corps vi- Amice 1 7 1 s. vans, done la bouch; eft tres-fen.lue , & qui out la langue petite, que cloifon fe porte en hint, tantot en devant & tantot meme enarriere; Scqu'elle fe porte en bis, tantot en devant & tantot en artiere. D'oii en peut conclure ut fermer tantot le palTage du golier au nez, tantot le paflage du it a .; bouche , ec qu dquefois aulli couvrir la glotte. Quoique je r,L' rcgarde la luette que comme une partie de la cloifon de la bouche , je ne taillerai pas d'en faire la defcription , comme fi eile etoit une partie particuliere, parce qu'ordin lirement on la confidere furce pied-Ii. On entend par la luette tin petit corps rouge, de la figure d'un cone, dont la bale eft en hauc ~c h point; en bas; fufpendu au milieu de la partie polte- rieurede la cloilon de 'la bouche , recouv.it par ies membranes decette cloifon, Sc compofe de beaucoup de glandes e'e d'un mufcle qui eftentourcpar lesglan- des. Ce mufcle a un ponce 6c demi de longueur; il eft plus menu en fes ex- tremites que vers fon milieu oil il a environ une lighe & demie de grolfeur; il traverfe la cloifon de la bouche par fon milieu , & fuivant la direction de la langue ; il eft attache par fon extremite anterieu e a la pattie poftenture des deux os du palais a 1'endroit de leur jonction. Enlin il eft fort chamu, & fes fibres charnues font longitudinales, In: paroilfent s'etendre ia plupart d'tui bout du mukle a l'autre. D'ou il fuit que lorfque ce mufcle fe contradke , il doit beaucoup raccouicii la luette, relever& letiecu la partie pofterieure de la cloi- fon de la bouche. La partie de la luette qui per.d au fond de la bouche, peut avoir plufieurs ufiges. Elle peut rallentir &: diminuer le mouvement des alimens lorfqu'ils pallent de la bouche dans le go(ier , changer leur direction, en raifanr couler par les cotes, la portion qui fe porte en droite ligne vers la glotte ; dinger dans leur chute les liqueurs qui defcendent du nez dans le golier. En fin cette partie de la luette pent apporter quelque thangement aux tons de la voix , fuivant quelle change de fuuation. L'os hyoide eft un corps olTeux, de figure demi-circulaire dans I'homme; convexe exteneurement &c cave du cote interne; il eft attache an cartilage tv- roide par fa bale, tk aux apophyfes ftyloides par fes conies; foutenu e'i fuf- pendu dans fon alTiette par fes mufcles & par fes ligamens ; il elt compofe d'une bale & de deux comes ; fa bafe eft faire d'un feul os & chaque corne de deux; la bale eft lituee du cote du menton , £>: ks cornes du cote du icu. L'os hyoide contient par fi partie cave le larinx Sc le pharinx ; il donne attache a plulieurs mufcles , Sc il fert d'appui a la langue dans fes mouvemens. J'ajoutcrai a la brieve defcription des parties que je viens de faire , quelques experiences que j'ai prntiquees fur des hommes & fur des animaux, tantmorts que vivans, au fujet de la queftion propofee. Premiere experience. Apies avoir coupe en travers, a la partie inferieure du (. ou , la ttachce-aucre Sc l'ctfophage de plufieuts hommes, chats Sc chicas E ee i.j *>+ COLLECTION morrs, j'ai verfe douc»ment avec un enronnoir de l'eau dans leur nez i cette Acad. Royale eau e^ f°rt'e par I'extremite coupee de ch'acun de ces deux conduits, mais plus pes Sciences de Par ce'l'i de I'oeibphage. Paris. Dtuxhmc experience. J'ai verfe avec le meme entonnoir de I'eau fimple dans Medicine. Je nez de differens chats & chiens vivans : une partie de cette eau eft revenue Aiincc 171s, par 1 .ur gueule , & l'autre par le nez. Ces animaux pendant •?<: apres ['opera- tion fe font beaucoup tourmentes, & ont renifle pendant quelque terns, & d'autant plus qu'ils fe font plus tourmentes , on que j'ai verfe plus d'eau , oil plus promptement , ou qu'elle etoit plus chaude ou plus froide. Troijieme experience. J'ai verfe avec une cuillier fermee de l'eau fimple dans mon nez, tantot peu , tantot beaucoup, tantot lentement, tamot promptement, tantot froide, tantot tiede, tantot chaude; une partie de cette eau eft reffortie par le nez , 8c l'autre a coule dans le gofier. De la derniere une portion eft revenue par la bouche , une autre eft defcendue le long de l'cefophage, & la troifieme eft tombee dans la glotte. Celle-ci m'a fait toufTer fur le champ , Sc d'autant plus que j'en avois verfe davantage , ou que je l'avois vetfee plus promptement , ou qu'elle etoit plus chaude ou plus froide. Qitatrieme experience. J'ai verfe dans le nez de plufieurs chats & chiens vi- vans, de l'eau 011 j'avois fait fondre du fel commun ou du fel de tartre. J'ai remarque que les animaux fe font plus tourmentes Sc ont plus renifle que lorfque je leur avois verfe de l'eau tome fimple. Cinquicrne experience. J'ai pris par le nez de la meme eau, j'ai plustoufle, crache &c mouche qu'apres avoir pris de l'eau toute fimple : j'ai meme quel- quefois eternue Sc repandu des larmes. Sixieme experience. J'ai quelquefois verfe de l'eau dans le nez , laquelle n'eft point defcendue dans le gofier ; mais elle eft reffortie quelque terns apres par les deux narines , quoique je ne I'y euffe fait entrer que par une. Apparem- inent que la cloifon de la bouche etoit alors relevee en haut & en devant , S: qu'elle fermoit les deux ouvertures pofterieures du nez; par confequent elle devoi: empecher cette eau de defcendre du nez daus le gofier. Et la meme eau entree dans le nez par une narine , a pu en relfortir par les deux \ d'autant que la cavite ou l'eau etoit arreree , communique egalement avec les deux narines. Sepueme & derniere experience. J'ai plufieurs fois verfe de l'eau dans le roller par la voie du nez, fans qu'elle m'ait fait toufTer. L'attention que j'ai f'ute a cette experience m'a donne lieu de remr.rquer que la plus grande partie de cette eau revenoit alors par la bouche ; qu'ainli il n'en defcendoit pas afTez dans l'cefophage pour furmonter les bords de la glotte &c fe jeter dedans ; par confequent je ne devois point toufTer ; d'autant plu-i que dans toutes mes expe- riences je n'ai jamais toulTe , que iorfqu'il eft tombs de l'eau dans la glotte. Le contraire doit atriverdans les corps ou le pafTage de la bouche eft ferme; parce que la liqueur verfee du nez dans le gofier, doit toute defcendre dans l'cefo- phage , par confequent s'y trouver en afTez grande quantite pour furmonter- les bords de la glotte , tomber dedans Sc exciter la toux. J'ai fait faire les memes experiences a plufieurs autres perfonnes en ma pre- fence , Sc il leur eft arrive a-peu-pres les memes chofes qu'a moi. Voila deux raoyens que je viens d'employer pour eclaircir la queftion que ===v ACADEMIQUE. 405 je propife dans ce mc'amire ; favoir , s'il y a de la furete a donner des bouil- suss Ions , do la boirlbn & tout autre liquidc par la voie da ncz. Le premier moyen Acad. Royale eft fondc fur la ftiuthire des parties qai fervent a la deglutition & a la ref- r>rs Sciences os piration ; & le fecond eft fondc fur les experiences que je viens de Mpporter. Paris. On pent inferer de la ftru&ure de ces parties ou du rapport queues one Mei>ecine. entr'elles , qu'une portion de la liqueur veifee dans le gofier par le nez , pent Annec 171*. tomber dans la glotte. Car i°. elle eft toujours ouverte , excepte da;is le terns que nous avalons j 1". bile eft peu eloignee de la cloifon de la bouche, d'oii cctte liqueur defcend du nez dans le gofier ; 5". la glotte eft placee vers le milieu de I'entrce du gofier j enfin elle ell fituce pais bas £c plus en arriere que la cloifon de la bouche. On peut inferer de mes experiences qu'une portion de la liqueur vcrfce dans le gofier par le nez , tombe effec"r.ivement dans la glotte. La toux qui s'enfuit en eft une preuve, puifqu'on ne peut l'attribiier qua l'irritation que cette li- queur caufe a la membrane interne du larinx , qu'on fait are d'un fentiment ties-exquis , iSc le veritable fiege de la toux. En eftet , nous cprouvons tons les jours que fi en mangeant ou buvant, il tombe dans la glotte la moindre pr.r- celle des alimens ou de la boilfon , fut-ce de la plus infipide, nous toullons 6c mime avec de grands efforts, & que la toux dure julqu'a ce que cette par- celle en foit fortie. II y a done lieu de craindre que de tels efforts, fur-tout dans les malades deja -lHoiblis Sc epuifes par leurs maladies, ne les fatiguent extremement, Sc qu'ils ne bur caufent que des accidens facheux , & quelquefois meme mortels. 11 y a done du danger a donner par le nez des bouillons, de la boiffon & tour autre liquids. Cependant lorfque le paffige de la bouche au gofier eft embarraffe , Sc meme quand il eft hbre , fi les malades font ou fans connoiffance , ou obftines a ne vouloir rien prendre par la bouche, on ne doit point balancer a leur donner par le nez des bouillons, Sec. pour fournir an corps de qiioi le uourrir, Sc meme pour le guerir de fes maladies, en prenant toutefois les piecations fui- vantes. Premiere precaution. On doit obferver de vetfer doucement dans le nez les bouillons, la boiffon , Sec. afin que ces liqueurs defcendant enfuite d< ucemer)c dans le goiter, elles coulent le long dc la luette, ou du moins qu'elles s'en. ccartent peu , & ne parviennent point jufqu'a la glotte. Car fi ces liqueurs tom- boient dedans, elles pourroient futfoquer les m„lades ou ks fatiguer extie- mement. Seconde precaution. II faut verfer ces liqueurs en petite quantite' a la fois , s'arteter de terns en terns, Sc fiH-tout fi les malades touffent , de crainte que le lieu deitine a recevoir d'abotd ces liqueurs, qui eft peut, ne s'engoige, Sc qu'elles ne s'epanchent dans la glotte. Troijleme precaution. La tete des malades ne doit point etre beaucoup pan- chce en arriere , parce que l'ccfophage ctant alors gene , Its bouillons , eec n'au- roient pas la facilite de defcendre le long de ce conduit, & lis pourroienc fe jeter dans la glotte. Qjiatrieme precaution. On tiendra ferme la tete & le refte du corps des ma- lades pendant l'opcration, autrement les bouillons venanc a s'eparpiiki J ... 4°is Sciences de On voit par la que les deux noyes de Becker none rien tie contraire a ceux PAR,f- de M. Littre, mais feulement qu'ils font dans tin cas plus rare. edecine. L'epiglotte relevee dans tous ceux de M. Littre paroit un phenomene op- A*1"" 17 1», pofe a ce qui vient d'ette dit; car ll devroit done etre entrc beaucoup d'eau dans le poumon, & autant qu'il y en auroit pu cenir : mais M. Littre croic que tant que le noye a ete dans l'eau , l'epiglotte a ete abbaifiee; qu'elle ne s'elt relevee par fon reflort que quand on l'a retire , & qu'il en a vide de l'eau par la bouche. En effer , M. Littre allure qu'ayant abbaifiTe l'epiglotte a plufieurs noyes, elle s'eft relevee des qu'il avoir celfe de la contraindre. II ne croit pas que l'eau qui ill entree loit dans l'eftomac , foit dans le pou- mon , caufe la mort; elle y ell en tro-> petite quantite , fur-tout dans le pou- mon. Les pulmoniques , les afthmatiques , les hydropiques ont le poumon bien autrement embanalle , & ne lailTent pas de vivre. Cette faulfe caufe de mort etant retranchee , il ne faut pas chtrcher la vraie bien loin : on ne refpire plus l'air. Becker a cru que l'air fe rarefioit excellivement dans le poumon des noyes, e'eft ce que M. Littre n'a trouve par aucune de fes experiences. Seulement l'ecume qui environne le peu d'eau contenue dans le poumon , doit venir de quelque petite rarefaction de l'air enferme dans cette eau. II relulte de tone ce qui a ete etabli , qu'il n'y a qu'un homme vivant qui etant fubmerge dans l'eau, en puilfe avaler. Un mort qu'on jeteroit a l'eau, n'en avaleroit pas une goutte ; fon ccfophage eft abfolument ferme , Sc fon epi- glotte abbailfee. Peut-etre eftce la pourquoi les noyes de Becker , qui a ce compte n'auroient pas etc de vetitables noyes , n'avoient abfolument point d'eau dans l'eftomac, ni dans le poumon; mais toujours, ce qui eft le plus important, eft-ce la un ligne qui aide a reconnoitre fi des corps qu'on a retires de l'eau , y ont ete jetes morts ou vivans. M. Littre a noye plufieurs chiens &c plufieurs chats pour obferver fur un plus grand nombre de lujets les circonftances de ce genre de mort : elles font a-peu-pres les memes que dans rhomme , excepte que ces animaux avalent beaucoup moins d'eau , & quelquetois point du tout. Peut-etre , felon la con- jecture de M. Littre, ont-ils le mufcle cefophagien plus tort & moins fujet a ceder aux irritations de l'eau. Leur epiglotte relevee quand on les a retires de lieau aptes leur mort , & leur poumon qui eft cependant fans eau , contirmenc aifez ce qui a etc dit fur ce phenomene dans l'homme. Sur h mtmc Sujct. (Hijl.dt ijz$-pag- *£•) M JVJL. Senac qui a examine cette matiere apres M. Littre , ne le contredit point fur le fond, il y ajoute feulement des explications plus particulieres Sc des re- flexions nouvelles. II denieure conftant que les noyes peuvent abfolument n'avakr point d'eau, Tome IV , Partie Frangoije. Frf 4i» COLLECTION. . & que quand ils en avalent , c'eft en trop petite quantite pour en rnonrir; Acad. Royaie M. Senac congoit qu'ils meurent de la meme maniere que ceux qui lr.eurenE »is Sciences de de la queftion telle qu'on la donne a Paris. On leur ouvre la bouche avec un Paris, coin , on y vetfe continuelltment une graude quantite d'eau , & en mems MtDEciNE. terns on leur ferme le nez. La trachee qui ne peut recevoir que de l'air , & Anncci7ij. -^j ^'irrite & entre en convulfion des qu'il fe prefente quelque autre matiere pour y pafTer, eft agitee de fecoullcs violentes par l'eau quelle recjoit ; mais ces memes fecoutfes rechalfent cette eau dans le meme moment. L celophage pareillement agite , ne fiit-ce qu'a caufe du voifinage de la trachee , rejette aulli la plus grnnde partie de l'eau qu'd rer,oit, & il elide fait qu'il n-'en entre que tres pcu foit dans le poumon , foit dans l'eftomac de ces maiheuieuxj mais le defaut de refpiration leur caufe des defaillances , & les convulfions de la trachee, des ruptures de vaifleaux pulmonaires & des craehemens de fang qui peuvent etre des caufes de morr. Aulli M, Senac croit que les Me- decins qui jugent du point jufqu'ou la queftion peut aller , devroient plutot fe regler fur ces accidens que fur le pouls qui , dans l'etat de frayeur ou font les patiens , ne peut etre qu'un figne alLz equivoque. On trouve aux noyes, com me il a ete die dans le memoire ci-defTus, la glotte toute ouverte & l'epiglotte relevee. 11 devroit done entier de l'eau dans leur poumon , du moins aptes leur mort , il n'y a plus de mouvement con- vulfif qui la rejette Pour l'eftomac, il n'eft pas etonnant qu'il n'tn receive pas alors ; car l'cefophage n'eft un canal que dans le terns ou il en fait la function, &: il ne la fait que par Taction de fes mufcles , ou par un mouvement vital. Quand il n'agit point, & a plus forte raifon apies la mort, il eft abfolument ferme. La difficulte de l'epiglotte relevee avoit potte M. Littre a croire qu'elle etoit abbaiiTee tant que le noye ctoit dans l'eau , & qu'elle ne fe relevoit pat fon reffort que quand on l'avoit retire. Mais M. de Senac ne croit point cette fuppoluion necelfaire. Que l'epiglotte foit relevee tandis que le noye eft en- core dans l'eau, l'ouvertiue de la glotte qui n'eft que d'une ligne, eft fi petite, qu'etant toute couverte d'eau, &Tair n'enpouvant fortir d'uncote pendant que l'eau y entreroit de l'autre, l'eau n'y entrera point du tout. Celt a-peu-pies ainfi que rien ne fort d'une bouteille pleine dont le goulot eft etroit & toutne verticalement en bas : il I'on incline la bouteille, elle fevidera, parceque l'air y pourra entrer d'un cote & la liqueur en fortir de l'autre ; de meme fi le noye vient a s'elever fur la furface de l'eau , fa glotte pourra n'etre plus toute cou- verte d'eau , 8c s'mcliner de fa^on que l'air en pourra fortir tandis que l'eau y entrera. Dans ce cas le noye a de l'eau dans le poumon, & cela eft contraire a ce qu'avoit dit M. Littre qu'un mort n'y en pouvoit plus recevoir. Quand on vomit, le jet des matieres qui fortent de l'eftomac , patTe fur la glotte dans la trachee. C'eft une difhcuite dont M. Senac trouve la folution dans la meme caufe qui empeche que la trachee des noyes ne prenne de l'eau. 11 eft vrai pourtant qu'il y a dans le vomiflement quelque chofe de plus. Les matieres fortent de I'cefopbage avec une impetuolne qui doit les empecher de tomber dans la ttachce, & en meme terns le courant d'air qui lort de la trachee par l'expiration , doit audi s'oppofer a cette chute. L'ufage commun de fufpendre par les pieds ceux qu'on a retires de l'eau , & qu'on efpere fauver en leur faifant rendre l'eau qu'on fuppofe qu'ils ont avalee. ACADEMIQUE. »i* r'eft clone , an jugement des Anatomiftes , qu'une erreur populaire qui ne les etonne ni ne les embarralfe. On ne volt pas que la fufpennon falfe ricn, ou Acad. Royalb du moins elk- ne fait rmdre que le peu d'eau qui etoit dans la bouche. Ce- DFS Sciences ut E en dam la pratique fublifte toujours; ll n'eft pas rare que les prejuges tiennent A*1S' on non-feulement contre le raifonnement , mais meme contre I expedience. II y a plus: quand les noyes auroient avale de l'eau , ils ne la rendroient m" '**" pas par la fufpenlion. On voit des gens qui ayanr les pieds en haut & la tete en bas , avaient jufqu'a deux pimes de vin. M. Senac a remarquc incidem- ment combien devoit etre grande la force des mufcles de l'cefophage , lefquels dans cette action font contre leur ordinaire moncer un poids, tk out a vaincre une force toujours croiffante; car la nouvelle liqueur qui monte doit toujours vaincre la refutance de celle qui eft deja logee dans l'eftomac, cV: la fuulever pour y entrer aulli. Mais il fuffit , pour l'application de cet exemple aux noyes , que les deux pintes de vin une fois entrees dans l'eftomac, ne refTortent pas par la bouche en vertu de la nutation renverfee : oh ne concoit aucune action volontaire, aucun effort de mufcles qui put les empecher. Les noyes ne meurent done que par le defaut d'air & de refpiration ; par cette raifon leur mort eft prompte, 6c M. Senac la croit douce, parce que le fang qui s'amalfe dans le cerveau d'ou il ne pent plus defcendre dans les pou- mons, prefTe I'origine des nerfs , & aufli-t6t etemt le fentiment. Leur mort relfemble a celle de ceux qu'on etrangle, & particulierement a celle des negres qui favent renverfer leur langue , & la faire palfer fsms le voile du palais; de forte qu'en un inftant ils fe privent de la refpiration. Quels maitres ont pu leur apprendre cette pratique dont on ne peut jamais donner qu'une lecon ? Comment y reuftjlfent-ils li bien , fans avoir pu s'y exercer? Un accident ordinaire aux noyes, e'eft que leur corps fe gonfle : devenus par la plus legers , ils reviennent fur la furface de l'eau. Quel eft la caufe de ce gonrlement ? Dans les corps vivans I'air eft comprime & par la predion de l'air exterieur, & par la tenfion naturelle des parties , & par Taction du cccur qui poufle continuellement dans des efpaces fort etroits & le fang, & cet air qui I'accompagne, Dans les cadavres, il n'y a qus la premiere caufe de com- prellion qui fublifte, & e'eft le defaut feul de la feconde (a) qui produit dans les noyes ce gonflement qui leur eft particulier. Toutes leurs parties font abreu- ve.'s d'eau, relachees , incapables de tenir l'air refterre corame elles faifoient , £c il fe dilate autant que Iui permet l'air exterieur. Cette conlideration du gonrlement des noyes a conduit M. Senac a une idee aiTez eloignee , mais qui du moins egaye la triftelf; de fon fujet. Les femmes auroient le vifage toujours jeune , (i elles pouvoient y conferver le gonrlement de la jeunefle qui produit le blanc par la t-nlion de la peau , & le rouge par la plenitude des vailfeaux fanguins. Des couleurs appliances , toutes les -ones de fards ne font qu'une vaine reurcfentation de ce qui devroit etrej & M. Se- nac eoncoit un moyen d'y mettre de la realite. 11 fiut empecher la tranfpira- tion du vilage, moyennant quoi il s'y fera dans les petits vailfeaux une rieu- (a) On fait que dans cercaines operations chymiqucs, & dans certe operation ie la na- ture qa'on nomrnc corruption, il s'engendre bcaa.o ip d'air, c'efl-a-dirc , qu'une graude quantirc d'air palfc Jc I'e'iat dc imtc a lerat d'clalUcitc ; cc jiouvel air n'auroit-tf pas aufli guclq.i.- part au goiiikiiKin Joac il s'agit : F f f ij 4i2 COLLECTION ^. reufe obftru&ion cle lymphe & de fang, & la peau fe tiendra plus tendue, Acad. Roy ale VoilA le blanc , le rouge Sc point de rides; on ne pent rien fouhaiter, de plus, des Sciences de Qr 1'huils empeche la tranfpiration , & il ne faut que s'en frotter le vifage , ou n'y nppliquec que des drogues dont l'huile foit la bafe , & noil pas de-s platres qui , en fe fechant , le ridenc encore. Paris Meiiecine Afuu'e 1715. Sur une Extinction de voix. (Hijl. pag. 42..) \J ne fille de vingt-quatre ans eft fujette depuis 1 age de feize ans a une ex- tinction de voix qui lui prend dans le terns de fes regies, Sc lui dure deux on trois jours , pendant lefquelselle ufe hequemment d'une tifanne de chien-denc &c de coquelicot. Cette boilfon humecte fa poitrine qui en a grand befoin , mais fans lui rendre la voix qui ne revient que quand les regies font palfees, & paroit revenir d'elle-meme. Un coup qui lui cafla le bras dans le terns de fes regies, Sc un chagrin vif qu'elle eut en meme terns les arreterent, & lui cauferent des etoufFemens Sc des vapeurs violentes. Elle en fut guerie par un grand nombre de faignees du bras 8c du pied , par 1'emetique Sc par plufieurs medecines; mais l'efftt de tous ces remedes fut fuivi d'une extinction de voix continue: a peine fe faifoit-elle entendre, quoiqu'on approchat 1'oreille tout pres de fabouche; pour peu qu'elle parlit , wile en etoit fi rauguee qu'elle etoic obligee de s'arreter ; elle fentoit un poids confidetable a la region de rettomac, Sc elle ne pouvoit fe donner le moindre mouvement fans perdre prefque la refpiration. Elle etoit bien reglee; mais toutts fes incommodites redoubloier.t dans ces tems-la. Du refte elle avoit le vifage bon , de l'appetit , 6c faifoit bien routes fes autres fonitions. Cet etat dura trois mois, malgre tous les remedes qn'on putimaginsr. Enfin M. Lemery , fur I'exempie d'une pareille maladie rapportee en i 700 & guerie par feu M. fon pere avec des vulneraires pris en infulion , en ordonna a la malade. Des qu'elle en eut pris une feule talTe, fa voix revint forte Sc vigou- reufe, Sc telle qu'elle etoit avant la maladie; plus d'opprellion ni de difrkulte d'agir Sc de fe mouvoir -y Sc une circonftance finguliere qui accompagna encore une guerifon li fubite , e'eft que le poids que cette fille fe fentoit a I'eitomaCj elle le fentit dans le moment fe precipiter vers le nombril ou il s'arrcta. Comma enfuite elle cbangea de lieu , M. Lemery ne l'a plus revue , &C n'a pas eie a portee de fuivre cette obfervation plus loin. Sur un AJfoupi[fcnicnt. {Hijl: pag. zz.) KJ n gentilhomme , Confeiller de la ville de Laufanne , donnoit fes ordres a. un valet pour arranger tout dans un preiToir ou i'on alloit porter le raiiin , lorf- qu'il perdittout-a coup la parole & la connoifTance. On le cruttombe en apo- plexie , & on lui fit les remedes ordinaites en pared cas : ils furent tous inu- liles ; le malade demeura profondement affoupi pendant quelques femaines j id ACADEMIQUE. 4,3 • -■ laiflbit pas d'ouvrir les yeux de tems en terns , il fembloit meme regarder; ^M lais on ne pouvoit s'airurer a aucune marque qu'il vit effeCtivement, ni qu'il Acad. Royals *tit de la connoifTance : on lui faifoit avalet quelques bouillons. Tout d'un I,ES Sciences bs coup fairoupiiTement hit accompagnc d inquietude , le malade s'agitoit , il A£,IS' vouloit fe lever , mais il etoit toujours fans connoiilance. Enfuite vinrent des convullions qui fe terminerent par une alfez grande quantite de pus forti de A"0"1?1^ Ja bouehe &c des narines : la lctliargis n'en devint que plus profonde. L'arc des medecins ct.int a bout , un empyrique qui lui appliqua force ventoufes fur la tete, ent l'honneur de la cure : |elle fut lubite, la parole & la connoilfance revinrent en un inftant au bout de fix mois. Par hafard le memo valet qui avoit recu lcs ordres pour le prefloir, etoit dans cet inftant aupres de for* maitre, qui lui en demanda compte , comme s'il n'y svoit pas eu fix mois d'intervalle. Sa connoilfance repiitau meme point ou elle avoit celfe. Ce °en- tiihomme a vecu dix ans depuis cet accident en auili bonne fame que jamais, & il eft mort d'une fievre ordinaire. L'academie doit cette relation a M. de Crouzas, Profelleur de Mathematiques a Laufanne Sur des Ongles monjlrueux. (Hijl.pag. 38.) M Rouhaut a envoye de Turin , 011 il eft premier Chirurgien du Roi de Sardaigne , uns relation & un dellin des ongles moriftrueux d'une pauvre Femtrie de Piemont. On jugera de leur grandeur par celle du plus ^rand da tous , qui etoit 1'ongle du gros doigt du pied gauchi : il avoit depuis fa racine julqu'a Ion extfemite quatre pouces & demi. On y voyoit que lcs lames qui compofent 1'ongle , font piacees Ies unes fur les autres comme les tuiles d'un toit, avec cette difference qu'au lieu que les tuiles dedeilous ayarjeent plus que celles de delfus , les lames fupeiieures ay.mcoient plus que les inferieures. Ce grand on'gle ec quelques autres avoicnt des inegalires dans leur fpaifTeur, & quelquefots des recourbemens qui devoient vemr ou de laprcflion du foulier, eu de celle de quelques doigts du pied fut d'autres. Sur la Reparation de quelques parties du corps humain mutllecs. {Hijhirc,pagc 29.) Il s'en faut bien que les animaux aient dans leur perte les memes rc-lTources que les vcgetaux.^Un arbre a qui on a coupe une branche, en repoulfe une autre; on peut meme lui donner une branche etrangete qui! acjoptera & qu'il nourrira, comme s'il l'avoit produite. Mais les parties que les animaux per- dent, lis les perJent pour jamais, $f i!s n'en recevroient pas une nouvelle qu'on leur grefferoir. Seulement les jambes des ecrevjfles renaiiTent , mais ce privilege particulicr , dut il s'etendre encore a quelques autres animaux, feta toujours bien rare. Cependanc l'arc de la medecine ou de la chirurgie a eu l'audace d'tflayer de 4i4 COLLECTION ^S reparer certaines parties du corps hiiniain mutilees, telles que le nez, leslevres, Paris. Acad. Royale ou les oreilles. Les anciens qui out entame preique tout & porte leurs idees aiTcz pes Sciences de loin , ont en celle l.i , temoin Celfe, Galien , Paul jtlginette qui ont patle de aris. eerie pratique : elle etoit ties cruelle cht.z eux Si me me inutile, car on ne t.ufoit Meiiicine. le cnal1ger par je grands tourmens une di fro r mice en une autre a peu-pres Amies 171 9. £„$,>, Par l'hiftoire que M. Reneaume a faite de cette operation, on la voit re- naitre dans Tropea , ville de la Calabre ou elle fe confervoit par tradition dang la famille des Bo'ijni , gens adonnes a la medeVine de pere en tils. II peut pa- roitre etonnant qu'ils eurtent occalion de pratiquer leur fecret feulement Une fois dans chaque generation, car il n'eft pas commun de perdre fon nez ou fes oreilles Qaelques malfaiteurs qui auroin fubi cette perte par ordre de la jnftice , ou quelques foldats qui 1'auront foufferte a la guerre , ne fe mettent pas en peine de la reparer , Sc le plus fouvent ils n'ont ni le courage de lou- tenir I'opcration , ni le moyen d'en fake la depenfe. Peut-etre cependant les mutilations aflez communes dans l'empire Grec ont elles rendu cette pratique plus f.imiliere. Tiiliuco:ius , Medecin ltalien de la fi.n du quinzieme liecle , qui l'avoit apprife de quelqu'un des Boiani , eft le premier modetne qui en ait ecrit , ou (i Ton vtut , ahfolumem le premier, puifque de la maniere dont les Bciani la pratiquoient Sc dont il l'avoit rec- tihee, elle ne reffembloit p'us a celle des Anciens. Pour en prendre une idee generate, il faut le reprefenter un homme a qui en veut rendre un nez qu'il a perdu. On prendra fur fon corps un morceau de peau de la grandeur necertaire & en tel endroit qu'il puille pallet de li a la place du nez ; on le prendra done fur la paitie du bras qui fe trouve la plus proche du nez lorfqu'on a la main pofee fur le foinmet de la tcte. 11 faut, par une incilion qu'on fait au bras , en detacher ce morceau de peau qu'on aura choili ; il eft pris fur le mufcle biceps; on le laifTe tenir encore au bras par deux bouts , par celui d'en haut Sc celui d'en bas , de forte que e'eft comme un petit pont fous lequel on peut patfer. On traite la plaie du bras, Sc on la f.iit fuppurer, tantafin qu'elle fe cicatrife , qu'arin que la fuppuration epaiflifle le morceau de peau detache , & lui donne plus de corps. Quaud il eft en ctat, on detache celui de fes deux bouts qui doit pallet au liaut du nez , on en ra- fraichic la plaie Sc en meme terns l'ancienne plaie du liaut du nez mutile, afin que les chairs de ces deux endroits fe puilfent joindre plus aifement ; on parte des fils dans ces deux endroits deftines a fe joindre, Sc quand ils font tous partes, on les raccourcit tous enfemble en approchant le bras du nez autant qu'il eft poffible, Sc on fjit une future qui lie au haut du nez l'extremite de- taehee du morceau de peau du bras. L'autre extremite tient encore au bras jufqu'a ce que les deux parties qu'on a liees foi-ent patfaitement unies par l'o- peration de la nature; alprs on detache du bras cette feconde extremite, on la faconne avec les mains en forme de nez , on y perce deux narines , Sc on la joint par une feconde future aii-deflns de la levre fuperkure. Nous fuppri- mons la defcriprion des inftrumens & des bandages : tout cela dure au moms foixante jours. Les deux plaies qu'il faut f.iire ne font pas ce qu'il y a de plus douloureux , e'eft 1'immobilite parfaite , Sc que Ton allure bien par des ban- dages j- oil fe tient pemiant quatoize jours, le patient qui a la main comrno ACADfcMIQUE. 415 elouee fur le haut de la tete. Quand il fort de cette penible fituation , il ne peut Sc meme il ne devroic pas reprendre d'abord les mouvemens ordinaires de . royals fon bras ; il taut qu'il les rappelle par degres. Dts Sciences di Cette operation eft une veritable grefte ou incifion pratiquee fur un animal ; [>aris. la peau du bras a etc entee a la place du ncz , & des vailleaux etrangers les Medecinh. uns aux autres fe font abouches ou anaftomoies enfemble. 11 y a line incifion Annceiyij! vegetale qui pourroit avoir donne l'idce de lincition animale des Boiar.i ou de Tatiacotius. On prend une jeune branche de vigne , & fans la feparer du fep qui l'a produite , on l'attache a une autre fep apres avoir un peu 6te de l'ecorce 8c du bois de la branche cv du fep etranger , arin que leurs vailleaux s'abouchent mieux. Quand cet abouchoment e/t fait, on detache la branche de fon fep naturel qui lui a fourni des fucs jufques-li , Sc elle n'appartient plus qu'au nouveau fep , Sc ne recoit plus de nourntuie que de lui. C'eft la ce que Caton a trcs-proprement nomine ablaclatio , parce que la branche a etc fevree des fucs qu'elle devoit naturellement recevoir. M. Reneaume rapporte pourexemple d'inciflon animale, que quelquefois a la campagne on coupe a un coq la crete, & enfuite un ergot que Ion ente a la place de la crete ou il reprend tres-bien. M. Verduin Sc Sabourin ont imagine chacun de leur cote une nouvelle methode pour Pamputation des men.bres dont nous avons parle en 1701, Sc qui eft encore une efpece d'incifion animale. L'opctation de Taliacot eft li hardie Sc h peu crovable , qu'il a ete fort aV propos que M. Reneaume citat d'habiles gens tels que Ficinus & Fabricius HiLdanus qui avoient ete tcmoins du fucces. D'autres, comme Alixandtr di Bencdlctis , Vefale, Schenkius, Pare, Fallope , Jean-Baptifte Corlejius en one ecrit en l'admettant pour reelle- Sur-tout Oourmelin , Dodteur en Medecine de la Faculte de Paris , cite une lettre 011 Calencius invite fon ami Oppianus i venir voir les miracles d'un Sicilien notnme Branca , qui retablit les nez perdus. C'etoit precifement par Pope-ration de Taliacot , que ce Sicilien , voiiin de la Calabre , avoir pu apprendre ou de la tradition des Boiani , ou de Taliacot meme. M. Reneaume, bien fonde fur ces temoignages a ne pas croire l'operation chimerique, a fonge a la perfeclionner d'apres Taliacot, comme Taliacot l'avoit perfedtionnce d'apres les Boiani. 11 croit qu'on en petit beaucoup abregec la duree & la reduire a quinze ou feizj jours , en faifant en meme terns les deux dtrlerentes plaies que Taliacot ne fait qu'a quinze jours l'une de l'autre. Nous ne nous ctendrons pas fur cette matiere , loccafion de pratiquer cette operation ne peut etre que ties-rare. : c'eft alfez d'avoir prevenu 1'idee de l'iin- pollibilite Sc pcut-etre meme dillipe d'avance le ridicule qui autou fuivi la pro- polition. 4»* COLLECTION Acad. Royale bes Sciences db Paris. Anatomie. Aanee 1714. A N A T O M I E. Sur le Placenta & fur k Cordon omhUical. (Hijloire , page 1 1 , Memoircs, page 140 & jtz.) ]ML Rouhaut ayant fait une etude particuliere du placenta Si du cordon pmbilical a communique a l'Academie le fruit de fes recheuhes. Elles fe re- cjuifent a trois points principalis ; en ne comptaiu que ce qu' elles ont de nou- veau & de fmgulier. ■ ■ i°. II a fait voir qu'en foufflant dans le placenta par les vailiesux ombili- caux', l'air Si le fang fortoient aifement par la fuperncie du placenta attaehee a la matrice pendant la grofteiTe , mais qu'ils ne pouvoient lortu par la fu- perncie oppofee qui regarde 1'enfant. .."' . - M. Mery protita de ce fait pour confirmer ce qu'il avoit avance en 170S , aue la matrice n'eft point interieurement revetue d'une membrane, que le placenta n'en a point non plus a l'exterieur , e'eft-a-dire, du cote qu'il eft colle i la matrice , qu'ainfi nen n'eropeche que le fang de la mere ne palle de la matrice dans \e placenta Sc de la jufqu'au fetus , & qu'il ny ait entre la mere & le fetus une circulation reciproque \ car ll paroir que la feule & venrable idee qu'on daive avoir d'une membrane eft quelle foit d'un tillu fi ferre que ni le fane, ni l'air en mafle ne puitlent pallet an travers. Or felon 1'expe- rience de°M. Rouhaut le placenta ta'a point de membrane a l'exterieur , 6c ll eft bien vifible d'ailleurs qu'il en a a l'inteneur. _ Cette confirmation du fyfteme de M. Mery , qui eft audi le plus commun , etoit d'autant plus necetfaire qu'il avoit ete attaquc dans une thefe d'un celebre Medecin. Sa principal raifon etoit une experience qui femble en eftet tres- forte On crend une chienne prcce a faire fes pedis , on la faigne , on 1 epuile de fang autant qu'il eft pofible, de forte que s'll lui en refte , cert a peine quelque demi-once qui eft encore dans le cocut ou aux environs; & loriquon louvre enfuite & meme une demi-heure apixs fa mort , on trouve les petits non-feulement vivans, mais pleins de fang; au lieu qu'ils auroient du, ce femble, fe vider de fang en meme terns que la mere, s ll y avoic une circu- lation reciproque entre la mere & le fetus. , ., ' II eft certain que le fait rapporte par M. Mery en 170S, eft dire<5tement conrraire , ainfi voili experience centre experience : mais M. Mery pretend ou'elles s'accordetoient , fi l'on n'ouvroit la chienne qu'apies avoir donne a les petits le terns de mourit , & qu'en ce cas-li on les trouveroit vides de fang : ll rapporte meme que cela eft arrive ainfi a ceux qui ont fait 1 experience de cette ™ uTeft appuye encore d'un autre fait decifif. Dans un accouchement le cor- don ayant %t coupe fans ecie lie apres la fottie de 1'enfant, & k*PjJj ACADEMIQUE. 4»7 placenta etoit encore attache au fond de la tnatrice , il en fortit par la veine =3 ombilicale p:c-s de fix livres defang, & la mere en penfa mourir. Cette grande Acad. Uoyale quantitc de fang ne pouvoit venir que du placcr.ta qui no pefe gucrcs qu'une Mi Sciences d* Iivre j elle venoit done de la mere qui foumilTbit fon fang au placenta comme PAJ". pendant la grolTefle. Celt pour prevenir cet accident qu'en coupam le coidon N/ Ton y tiit tins ligature du cote" du placenta; pratique generate & conftante, Anpte ' 7 J +• rres- favorable au fentiment de M. Mery. Comnie fon fyfteme demande qu'il n'y ait point de membrane a la furface exterieure du placenta, ce point fut foigneufement examine. Meffi urs Vieul- Jens & Window , le premier dans quelques ecrits qu'il avoic envoyes , 1'autre a£tue dement prefent, n'en convenoient pas. Metlicurs Mery & B.ouhaut s'en tenoient a 1'experience du fouffle qui paroilToit fins repiiquej mais ils accor- doient en mime terns qua la furface extcrieure du placenta , il y a tin refeau forme par les extremites des fibres de ccice partie : li 1'on y f.iit une petite in- cifion , tk que Ton fouffle entre le placenta & ce refeau , on pourra voir celui-ci s'elever comme une membrane qui refuferoit le palfage i l'air : de la vient I'erreur allez excufable de ceux qui out cru trouvet li une membrane. Mais, felon M. Rouhaut , cette experience eft trompeufe , le refeau vu au microf- cope eft perce obliquement d'une infinite de petits trous, lefquels dans l'etat naturel fonr remplis parautanr de vailfeaux fanguins capillars ; tk s'll fe fou- leve & s'etend lorfqu'on y fouffle , e'eft ou parce que les petits trous etantobli- ques , leurs parois s'appiiqueiu les unes contre les autres 2c ne pertnettenc plus a lair de fortir, de meme a peu pres qu'une veliie foi fflee tetient l'air quoiqu'elle foit percee par fes deux ureteres , ou parce quelle ne 1'eft qu'obiique- ment. Sc que quand on la fouffle, fes deux [uniques ou membranes percees s'appliquanr I'une contre 1'autre, les ouvertures ne le repondent plus. 11 femble que laqueftion tie la membrane ou du refeau de la furface exterieure du placenta ne foit plus qu'une queftion de nom j mais ce qui refte toujours de reel, e'eft que cette furface, foit qu'elle ait une membrane ou Uil refeau, laifTe patter librement l'air & le fang que la furface oppolee ne lailfe point paffer : il eft done a prefumer que le far.g de la mere parte par cette furface exterieure jufqu'au fetus. S'il ne fe faifoit de circulation reciproque qu'entre le ferns & le placenta , il fniJroit du minus qu'un chyle fiitre dans de pr.;renJu;s gl mdes dj la ma- trice, Jont Mellieurs Miiy & Rouhaut nient I'exiftence, palfacau travers de la furface exteru-ure du placenta •, \i. Rouham combat ce chyle, & fait voir qu'il n'y a pas meme dans le placenta de vaillcaux propres a ie rccevoir; mais enfin la furface exceiieure du placenta lui psrmettroit depafter; elle n'a done point tie membrane . ou bien elle a une membrane qui permet ce pr>fl~>ge, 8c tout etant e^;i jufques la, i! eft plus rai fon nal i far.g qui y pafTe , puifque dans aucun accou it on n'a vu fortir du chyle, mais feuler. ig en tirant le placenta. i". M Rouhaut a decouvert que le cordon ombilical, outre la veine & les deux aire^es qu'il renferme, eft forme par an corps fpongieux dans lequel paflent ces vaifleaux fanguins; ce corps fpongieux til un amas de cellules qui communiquenr enfimble .V qui contienueut une liqueur claire eVgluante, une efpece de gelee qui eft quelquefois allez abondante. Si 1'on cor.coit ce a ps 1 otv.e 1^, Pat tie Francoijc. G g g 4*8 COLLECTION fpongieux comme un cylindre, les rrois vaifleaux fnnguins vont en ferpenrant Acad. Roy ale autour de fon axe, couches les uns fur les autres differemment en differens des Sciences de fujets. De la vient que le cordon eft tortueux , & qu'il a quelquefois des tu- A*ls' meurs femblables aux nceuds des cannes de jonc. & qui font des efpeces d'an- Anatomie. I \ c r !■ r II » a n neaux que les arteres torment en ie repliant iur elles mcmes. Au relte ces tu- Annee 1714. meurs ne font pas en grand nombre ; M. Rouhaut n'en a jamais trouve plus detrois, quelquefois il n'en a rencontre qu'une, & fouvent point du tout. Ces nceuds ou tumeurs ne fe trouvent ordinairement que dans Its cordons cii les arteres ne ferpenrent pas autour de la veine, mais rampent fur fon corps a-peu- pres en ligne droite. Lorfque les arteres, en entrant dans le cordon , font leur chemin prefqu'en ligne droite, il fe trouve des nceuds du cote du pla- centa; au contraire , s'il fe trouve des nceuds au bout du cordon du cote de l'enfant, les arteres vont prefque en ligne droite jufqu'a l'extremite du cordon du cote du placenta. Apres que la veine & les deux arteres om- bilicales ont marche ainfi d'un bout a i'nutre du cordon en confervant le meme diametre, elles fe divifent en branches en entrant dans le placenta , puis fe iubdivifent en rameaux capillaires. M. Rouhaut a obferve que le diametre de la veine eft toujours a-peu pres double de celui de chaque aitere, d'ou il fuit que la veine contient deux fois plus de fang que les deux arteres enfemble : aufli e'eft la veine qui porte le fang de la mere au fetus, & les arteres rap- portent feulement le refte de ce fang que le fetus n'a pas pris pour (a nour- riture Sc fon accroiflement. Si le cordon n'etoit compofe que des trois vaif- feaux fanguins, l'enfant pourtoit bien , en faifanc qnelques mouvemens , les lordlier trop , ce qui empecheroit le iang d'y couler, & lui cauferoit la more dans 1'iriitant; mais le corps fpongieux les tient en etat en les ecartant un peu les uns des autres , Sc les fait obeir doucement aux mouvemens du fetus. De plus il leur conferve par fa gelee la mollefte & la foupleffe necelfaires. M. Rou- haut s'eft allure en foufflant Sc en injectant la veine & les arteres de pluiieurs cordons , que ces vaifleaux n'ont point de valvules , meme ceux qui ont des nceuds ou renflemens. }°. Enlin M. Rouhaut s'eft aiiure aufli d'une membrane deji appergue par d'autres Anaromiftes, mais dont ces Anatomiftes avoient une faulTe idee. Elle eft entre le chorion Sc l'amnios ; e'eft pourquoi M. Rouhaut lui donne le nom de moyenne : celui d'urinaire ne lui convient pas ; car il n'y a point d'urine dans les enveloppes du fetus humain. Selon M. Rouhaut le principal ufage de la membrane moyenne eft de fournir une gaine a tous les vaifleaux qui entrent dans le placenta , ce qu'il penfe avoir trouve le premier. Ces vaifleaux , rant ceux qui poitent le fang au fetus que ceux qui le rapporteur , fe divifent en capillaires , Sc fe romproient fans dome aux moindres mouvemens de la mere, s'ils n'etoienr fortifies par les gaines de cette membrane moyenne : elles aban- donnent vraifemblablement les petites branches des vaifleaux precifement a leur pailage du placenta dans la matrice , Sc pourroi.t bien en le recouibanc former fur la furface exterieure du placenta, cette eipece de releau dont nous avons parle. Quelques ameurs ont confondu cette membrane moyenne avec le chorion auquel elle eft quelquefois fort adherente Sc toujours plus qua l'am- nios. Mais elle eft membraneufe Sc d'un tillu bien plus ferre que le chorion qui eft lache & fpongieux; dailleurs, fi elle eft quelquefois fort adherente au chorion , d'autres fois aufli elle l'eft li peu qu'en faifant une petue inciuon & •A C A D £ M I Q U E. 419 foufftant entre deux avec un chalumeau , on l'en fepare ailment. Cette mem- m^— — brane tienc fortemenc auplacenta , fur-tout au centre ou les vaiffeaux font plus Acad. Royals gros : elle revet, comme on I'a dit, tous ces vaiffeaux, 8c on ne pent gueres des Sciences or la detacher que d'un travers de doigt tout autour de la circonference du pla- I'aris. centa , ou rampent & s'implanrent feulement les dernieres ramifications des Anatomie. vaiifeaux capillaires : c'eft de cette membrane moyenne que vient la membrane Anncc 17:4. qui revet exterieurement le cordon , laquelle elt fine , forte & d'un tilfu ferre. J Suite des Obfervations fur le Placenta & les Membranes du fetus. Par M. Rouiiaut. {hum. de I'annee lyiJ , pag. c/g.) Avois avance dans !e memoire precedent que les racines des vaifleaux om- Suite dc 1714. bilicaux s'implantoient dans le corps fpongieux du placenta; mais par l'examen que j'en ai fait depuis, ma conjecture a ete plus que confirmee , car j'ai trouve que le corps fpongieux du placenta n'eft forme que par un amas de ces racines capillaires des vailfeaux ombilicaux , lefquelles racines font toutes revetues d'une gaine membraneufe qui lour vient de la membrane moyenne du placenta , ou qui s'y termine, comme je l'ai fait voir en prefence de l'Academie le 19 Mai de cette prefente annee (1715 ) Chaque gaine, pour petite qu'elle foit, renferme une branche capillaire de veine & d'artcre. Toutes ces racines capillaires partem de la circonference & de I'extremite des troncs des racines des vailTeaux ombilicaux. La feptieme partie ou environ de ces racines capillaires fe termine a la furface du placenta du cote qu'll regards la mattice , & s'y inlinue : la plus grande partie des autres racines fe perd dans 1'epaifTeur du placenta , & le refte des racines fe recour- bant jufques fur la membrane moyenne, s'y attache; ainfi il n'y a que la vingtieme partie ou environ des racines des vailfeaux ombilicaux qui ailledans la matrice , foit pour y recevoir le fang par les racines de la veins , ou pout le reporter par les extremites capillaires des 3tteres : le refte des racines de la veine ombilicale qui fe perdent dans i'epaiffeur du placenta , reprend le fang ■qui y eft porte par les extremites capillaires pour retourner une feconde fois au retus. 11 y a lieu de croire que toutes les exttemites capillaires des vtin.s & des ai trres qui vont a la furface du placenta , ctant revetues de leurs gaines , paiTent a travers la membrane reticulaire pour aller a la matrice. Ce refeau ou membrane reticulaire a deux ufages. Le premier eft de donner pafTage aux racines capillaires tant de la veine que des arteres ombilicales. Le fecond eft de tenir les parties du placenta un.ies 8c proches les lines des autres. Car il faut oblerver que le placenta eft forme de plnlieurs parties qui s'eca.-tent facilement quand le refeau eft fepare , ce qui a fait croire que le placenta avoic a fa furfice qui regarde la matrice , des eminences entourees de fillons. Les parties qui compofeut le placenta font formees par les gros troncs des racines qui diftribuent d-peu-pres leurs branches capillaires comme les arbres leurs branches 6i leurs rameaux , 8c forment comme des demi-globes dans le placenta. Tant que ces demi-globes font maintcnus les uns contre les autres 4io COLLECTION ■ par le refeau ou la membrane rcticulaire , la fuiface du plactnta du cote de [a Acad. Royale matrice eft egale ; mais lorfque ce refeau eft rompuou etcndu , cesdemi-globes des Sciences de s'ecartent ies uns des autres , &z laitrenc des fillons entr'eux. PARis- II eft facile de reconnoitre ce que j'avance dans Ies plactnta qui s'etant de- Anatqwis. (aches faciierncnt, ont etc menages. J'en ai vu plulieurs de cttte nature qui Suited: 1714. m'ont paru fans eminences & fans fiilons. Quoique la fubftance du plactnta, foit toute fpongieufe , elle n'a pas la mime conusance par tout: elle eft plus ferme & le rillu en eft plus ferre-a un rtavers de doigt de fa circonference, parce que Ies racines capillaires des vailLaux , revetues de gaines , font plus courtes & ne partent point de troncs fi confide- rablesy mais patient de petites branches revetues de gaines qui fe terminent en, capillaires, lefquelles, pour la phipart, rampent fur la fuiface de la mem- brane moyenne du cote qu'elle regarde le plactnta. On a cru jufqu'a prefent que le plactnta etoit tine mafle diftetenre du cho- rion , mais l'etroite union du plactnta avec cette membrane , & fa conformite de fubftance me feroient foupconner que ce n'eft que le chorion epaifli. Ce qui m'a fait naitre ce foupcon , c'eft un plactnta que j'ai fait voir cette annee a 1' Academic, & qui etoit divife en trois portions. La plus grande portion ou le plus grand plactnta avoir cinq polices de dia- metre d'un bord a l'autre en traveifant Ies vaifleaux , & fix pouces trois ou quatre lignes en le mefurant fuivant la direction de ces vaifleaux. Le placenta moyen avoit deux pouces deux lignes de diamette, & il etoit eloigns: du grand plactnta de deux pouces une ligne. Le petit plactnta avoit un pouce de diametre , & fa dilhnce au plactnta moyen etoit d'un pouce deux lignes. Le moyen & le petit plactnta avoient chacun une veine & tine artere pro- portionnees a leur volume, & par lefquelles ils envoyoient du fang au fetus & en recevoient. Entre ces plactnta , le chorion etoit plus epais qu'en aucuii autre endroit. Si l'anatomie comparee a quelque force pour eclaircir un fait qui pourroit paroitre douteux , il n'y a qu'a confulter la matrice des truies loifqu'elles font pleines, Ton trouvefa, felon Needham , qu'il n'y a point de placenta, mais bien le chorion epaifli. Sui interim per loiam ge/lationem nihil carntum accrtfcil. Verumtamen chorion injigniter denfatur & crajjlorfit. (Needham pag. 19.) On dit que c'eft la irseme chofedans Ies ju mens au commencement de leurs portees ; mais vers le milieu du terns il parent de petits tubercules charnus de la grandeur d'un orobe. Le chorion n'eft pas d'une egale epaifleur par- tout : il eft plus epais au bord da placenta j cette epaifleur diminue a mefure que le chorion s'e'n eioigne ; ainfi plus il eft eioigne du plactnta , plus il eft mince. Au-deflus du placenta Si du chorion, du cote de l'enfant , eft une mem- brane tres -fine , que Needham appelle pfeudallantoides , & Hobokenus , mem- brane moyenne , nom que je lui ai conferve pour oter l'idee que Ton pour- roit avoit qu'elle contiendroit l'urine du fetus, comme fait l'allantoide dans Ies animaux. Cette membrane recouvre le placenta & le chorion , & quoique ttes-mince, elle donne paflage dans fon epaifleur a tous Ies vaifleaux fanguins qui rampent fur la furface du placenta du cote du fetus : elle foutnit aufli des A C A D E M I Q U E. 411 productions qui fervent de gaines, ou hien e!le s'unit a tontes !es gaines des ™ troncs des racines qui entrent dans le placenta , ou qui en fortent. Ces gaines Acad. Royale font plus cpiill'es du cote de la membrane moyenne, & vont en diminuant °" icIINCES BI cTepaiHeiu jufques aux cxttemitc's capillaires des racines. Anatomii. Au deifus de la membrane moyenne eft {'amnios qui y eft attachce dans c • j r > j > i . i c - i> n re Suite de 171 +. touts Ion etendue, a tel point quon ne pent quelquerois len kparer lans ef- fort, ce qui me fait croire qu'il n'ya point d'uune entre ces deux membranes, comme quelques auteurs l'ont pretendu ; car s'il y avoit eu de 1'urine, & que dans le terns de l'accouchement elle fe fiit diflipee, il n'y auroit point d'adbc- rencc entre ces deux membranes. Dans la cavite que forme 1 'amnios fe trouve une liqueur dans laquelle eft le fetus avec fon cordon ; ainfi {'amnios n'enve- loppe pas immediatement l'enfant , comme quc-lques-uns l'ont avance. Ces membranes font tellement unies les unes aux autres, qu'elles ne pa- roilTent que comma une membrane. Dans le terns que j'examinois {e placenta , il me vint deux fetus morts-nes , Pun de fept mois & l'autre de huit. Je foufflai les corps fpongieux de leurs cordons, & je remarquai qu'ils fe terminoient a cinq lignes de l'ombilic, Sc par coufequent qu'ils n'entroient point dans le ventre. Extraitd'un Memoirc clc M. Rouhaut fur hC ': It Placenta. (Memolres de iji6, pag. 2 6c?.) JV1. Roi'haut s'eft allure par de nouvelles obfervations que le chorion pro- prement dit eft compofe de deux membranes , dont l'une s'etendanr par-deliiis & l'autre par deffbus le placenta, continnent fes veriubles enveloppes ; il re- connoit que M. Ruifch avoit fait cette remarque avant lui (a), & qu'il avoit meme decouvert en inje&ant I'artere ombilicale (/>) , que le corps du placenta n'etoit qu'un amas de vailfeaux fanguins \ mais M. Rouhaut a rencheri fur M. RuiiJi en injeclint non-feulement les arteres, mais encore les veines om- bilicales; les premieres avec une liqueur d'un violet lonce , & les veines avec line liqueur roug-; : la liqueur violette a penetre jufqu'a 1'extremite des arteres capillaires, & la rouge jufqu'aux extremites capillaires des veines qui percenc la membrane reticulaire, laquelle recouvre le placenta du cote de la m.-.trice. Tar ce moyen M. Rouhaut a vu que les a r teres & les veines s'accompa-'nent dans le placenta comme dans le cordon, & que la veine pafToit tantot a cote de Paitere, tantot pat-dtflus & tamot par-delfous. De plus il a remarque que la veine cc I'artere percoient la membrane reticulaire cbliquement , en fe trai- quelque pcu c'ans fon cpaiffeur j d'ou il eft arrive que cette membrane eft devenue de couleur violette, parce que l'injeclion y etoit parvenue. Tous les vaiffiaux qui forment le placenta , partem de deftous les branci»cs taut des veines que des arteres qui fe remarquent a la furface du placenta tournce du cote de l'enfant, pat des troncs plus ou moins gros, felon qu'ils (a) Voyez le feconi Cabinet de Ruifch. pag. y; & 54. (b) Voyez le cmjuieme Cabinet de Ruifch , pag. 16 & 17. 4" COLLECTION ^^^^— — — • £°nx- p'us ou moins eloignes de Tendroit ou s'implante le cordon ombiUcal , Ac to Royale P0l,rvu toutefois que ce cordon foit concencrique ; car lorfqu'il eft excenrcique , tes Sciences de 'es troncs qui partem de defTous les vailleaux qui font au bord du placenta , du Paris. coze que !e cordon fe trouve place, ne font pas fi gros que ceux qui partenc Anatomie. de dslfous le1: vaiffeaux qui fe trouvent au centre du placenta , quoique plus Saice de 1714. eloignes du cordon. Tons ces vaiffeaux de la fuiface du placenta pafTent dans TepaiiTeur de la membrane moyenne qui leur fert d'enveloppe : (es troncs &: les racines capillaires qui forment le placenta font reconverts jufqu'a leurs ex- tremites de gaines fournies par cette membrane moyenne, 6c chaque gaine- renferme une veine & une artere. Tous les troncs des vaifTeaux qui compofent le placenta , ne font point d'egale epaifTeur; quelques-uns n'ont pas une demi-ligne de diametre , tandis que les ttoncs , dont eft formee la plus grande partie du placenta , ont deux lignes He demie tV trois lignesde diametre , y compris dans les uns &: les au- tres la veine, Tartere & la gaine qui les renferme. Ces petits troncs four places entre les gros troncs , &: apres qu'ils ont fair, dans le placenta une ligne ou une ligne & demie de chemin , ils fe divifent en rameaux capillaires qui rempliffent en partie les interftices des gros troncs, lefquels interftices font acheves de remplir par une p.urie des premiers capil- laires fortant de ces gros troncs , & qui retombent , pour ainfi dire , fur la mem- brane du chorion qui recouvre le placenta du co;e de 1'enfanr. Les rameaux qui font au-deftus , 8c qui partent des gros troncs, fe perdent dans l'epaifTeur du placenta, tandis que ceux qui font a l'extremite de ces memes gros troncs, fe portent vers la membrane reticulaire du chorion qui recouvre le placenta du cote de la matrice , la traverfent obliquement par une infinite de rameaux capil- laires qui penecrent julques dans la fubftance de la matrice. Tous les gros troncs de vaiffeaux qui compofent le placenta , ne fe divifent pas de la meme maniere : ceux qui font au centre du placenta , diftnbuent leurs rameaux capillaires comme les arbres jettent leurs branches ; ceux de ces rameaux qui font le plus bis , retombent fur la membrane moyenne ; les moyens reftent dans l'epaifTeur du placenta , & ceux de l'extremite vont a la matrice : ainfi chaque tronc forme fon lobe , qui applique contre d'autres lobes , forme le centre du placenta. Les vaiffeaux qui font au bord du placenta, fe divifent autrement : une partie va vers le centre du placenta, une partie fe termine au bord , & Tanrre partie fe gliiTant entrc les membranes du chorion , fe diftribue dans route fon etendue. De tous les rameaux qui font au bord du placenta , ceux qui s'y terminent , font les plus courts , ce qui fair que le placenta eft plus folide vers fon bord que vers fon centre. M. Rouhaut comparant enfuite les deux membranes tres- fines du chorion qui fervent d'enveloppes au placenta , remarque que celle qui recouvre le placenta du cote de la matrice , eft percee dans toute fon etendue par quelques rameaux capillaires qui vont a la membrane moyenne & a X amnios , en forte qu'elle doit etre regardee comme une membrane reticulaire; au lieu que celle qui regarde Tenfant, n'etan: percee a Tendroit da placenta que pour donner pafTage aux troncs des vailTeaux , &c dans le refte de fa longueur par quelque branchecapillairefeulement, doitecte regardee comme une veritable membrane. A G A D E M I Q U E. 4i} De ce que !e placenta fe trouve compofe des m£mes parties que le chorion, m— — favoir, de deux membranes & de vaiifeaux communs a tcus deux, M. Rou- r • i j , , , , n ■ i , ■ Acad. Royale haut le croit en dtoir de conclure que le placenta n eft qu une parue du chorion Dts sciences de epaifli. 11 ajoute & il a hit voir que dans l'accouchement les membranes du Paris. feus ne s'oimenc que vers le bord du placenta , Ik jamais dans leur milieu. Anatomie. 11 a monrre a cette occallon une petite piene de la groireur d'un demi-grain s"'tc Je '7'4- denavette, trouvee entre les vailleaux capillaires du placenta, vets la panic nioyenne de fun epaifleur. Cette pietre etoit d'un blanc mat &c friable. Sur la Force qui poujfc le fang dans le fetus. ( Hijl. de ijiS, pag. it.) Xj'ftude npprofondie de la ftructure Am placenta a vain a M. Rouhautla de- convene & la preuve d'un paradoxe allez etonnant \ celt que la force qui pref- que feule poufle le fang de la mere au fetus , e'eft celle du coeur & des arteres du fetus meme. il eft inconteftable que le premier principe du mouvement par lequel le fang de la mete va an firus, eft dans la mere; mais ce fang une fois arrive au pla- centa ou il eft pns par les racines des veines capillanes , in mere n'a plus de part a ion impullion. Telle eft , felon M. Rouliaut , la ftrufture du placenta , qu'une veine & une attere y font toujours couchees l'une fur l'autre, fans jamais s'a- bandonner ; ec tome la fubftance du placenta n'eft abfolument que le tilfci de "infinite de branches de ces deux fortes de vailfeaux peipetueilement unis. Tous les rameaux capillaires des veines fe reunilfent pour former de plus giofles branches qui fe reunilfent aulli pour former le none de la veine ombilicale : & de la meme manicre fe forment les deux aneres ombilicales qui avee la veine moment le long du cordon Sc vont fe terminer m fetus. Le cctur Sc les aneres du fetus ont une contraction Sc une dilatation fuccef- fives, ou une fyftole & une diaftole, & l'une on l'autre eft en meme temi toutes les aneres. II faut regarder tomes les aneres du placenta comme appar- tenant au fetus , puifqu'elles ne font que des branches des deux arteres om- bilicales dans lcfquelles il eft le feul moteur qui poufle 1= fang. Dans 1'ii (lam ou les arteres du fetus fe dilatent, tomes celles du placenta fe dilarent done aulli , & compriment neceflairement les veines qui !eur font joinces. Cette compreflion donne du mouvement au fang des veines ; & comme ce for.: feulesqui portent le fsngaafetus, il n'a, par cette caufe, que le mouvement qui lui vient da fetus meme, & qui par tonfequent eft toujours propordonne a la force variable & fans cede cro:!lante da fetus. Je dis , par cette caufe, car il femhle toujours quV.ne autre force venant o'.: la mere poufle le fang des veines du placenta; m.iis la ftruciui :erta rcfout encore cette difliculie : e'eft un tilfu de veines 6c d'ancr;> par les obfervations de M. Rouh.-.m , il n'y a tout au plus qu'une feptieme panic qui communique avec la matrice , iorfque le placenta lui eft attache. I autres veines & arteres n'ont de communication qu'entr'eiles ; de forte que prefque tcute la citculation du fang fe fait dans la fubftance . , tata $: in- 4*4 COLLECTION «*— ■. „ .'iLitui dependamment de la mere. De tout le fang que le fetus n'a point pris pour fa Acati. Rotale nourriture Sc qu'il renvoie par les arteres ombilicales , il y en a done fix par- dis Sciences re ties fur fept qui rentrent dans les veines du placenta pour retoumer au fetus , I'akis- Sc qui n'ont par confequent d'autre mouvement que celui qu'elles ont recti Anatomie. une foJs de |uL Suite r ° ' Acad. Royale . . . des Sciences de J'ai Fait attention, en paffanr, aux nerfs diaphragrmtiques , & j'ai obferve Paris. que , quoiqu'on les regarde communement comme d'une egale longueur , le Anatomie. gauche cependant eft bien plus long que le droit, parce qu'il eft attache a la Annde 171 r. panic du pericarde qui enveloppe la pointe du cceur , ce qui lui fait faire uri grand detour. II eft a remarquer que ce nerf , auili-rot qu'il a pille la pointe du cocur, s'implantedans la portion anterieuredudiaphragme, au lieu que le nerf du cote droit eft plus recule & s'infere tout proche de la veine-cave , a laquelle il eft pareillement uni, ou plutot au pericarde qui l'enferme. De forte que le nerf diaphragmatique gauche etant expofe au battement de la pointe du cceur, il pjut foutfrir quelque tiraillement extraordinaire dans des palpitations , & meme caufer les points douloureux que i'on fenr quelquefois fous la mammelle gauche. Je ne parlerai point a patent des attaches particulieres du pericarde avec lejlernum, lefquelles j'ai trouvees tres confiderables dans quelques ani- maux. J'en remets la defcription a un autre memoire. Sur les poumons. Cette obfervation de I'obliquiti du mediaftin m'a donne occafion de remar- quer que la cavite dtoite de la poitrine eft plus grande que la gauche , & qu'ef- fe&ivement le poumon droit ett le plus grand des deux , &c que e'eft pour cxh qu'on le trouve le plus fouvent avoir un lobe de plus que le gauche. Outre la difference des cavitcs de la poitrine & du volume des poumons caufee pat l'obliquite du mediaftin , j'ai encore obferve que le poumon gauche n'eft pas feulement le plus petit, mais que fon lobe inferieur eft fort creufe en dedans pour Elite place a la grande portion du cceur qui s'avance dans la cavite g-mche de la poitrine. De plus dans le bord anterieur du meme lobe, il y a une echancrure demi-circulaire inegrile & comme dentelee, de maniere que la partie anterieure de la pointe du cocur n'eft pas couverte du poumon, meme dans 1'infpiration ; mais elle frappe avec le pericarde immeciiatemenc contre les cotes a l'endroit oil on fent ordinairement le battement du cceur. Ainli il eft faux , quoiqu'on lavance communement, que le cocur fe trouve tout-a-rait enveloppe des deux poumons, quand on infpire , Si qu'ils s'appli- quent alors exict-'ment contre le mediaftin. Pour m'en aflurer encore da- vantage , en fouftlant dans les poumons , je les ai fait gonfler autant qu'il etoit pollible ; mais ils ont eU beau fe gonHer, le bord echancre a toujours garde la meme conformation , fans couvrir entierement le cceur , & fans par- venir a toucher le medisftin. II y a audi dans la partie interieure ou la furface cave du poumon droit, un petit enforcement pour loger l'oreillctte dtoite &c la portion de la bafe du cceur a laquelle elle eft unie. Sur la trachte-tiribrt & fis bronches. Si Ton avoit fait queique petite aitention i la ftrudhirc extcrieure de la tra- cbee-artere , on n'auroit pas au li long-tems avec le yulgaire que fa partie H h h :j pARiS. Anatomii. 41* COLLECTION membraneufe eft faite pour cider a. l'afcphage quand les alimens y pafltnt ; Acao. Royale principalement depuis qu'on fait que la meme ftructure fe trouve audi dans des Sciences de la pattie pofterieure des bronches jufqu'a leur entree dans les poumons. J'ai encore fuivi ma mahode d'examiner avec patience !a fituation Sc la connexion de ces parties j je dis avec patience, parce que je vois qu'elle ell aulli necef- Aaaec 171;. fajre p0llr fe Jetromper fur les chofes communes que Ton croit bien favoir, que pour parvenir a de nouvelles decouvertes, Ainfi j'ai obfervc que la trachee- artere n'eft pas fituee diredfcement devant I'oefophage, mais qu'elle fe detourne a droite depuis fon commencement , c'eft-a-dire , depuis le larinx jufqu'a fa bifurcation j qu'elle eft pofee lateralement contre I'oefophage , de maniere qu'elle le couvre un peu par fa partie cartilagineufe du cote gauche; ainfi la partie droite de ces cartilages eft aulli pres des vertebres que I'oefophage. Cetre fituation laterale de la rrachee-artere m'a encore fait remarquer que les bronches ne font pas d'une pareille longueur , ni dans line meme fituation comme on les depeint. La divihon de la trachee-artere en deux bronches fe fait a cote de 1'arcade ou de la crotfe de l'aorte. La gauche eft la plus longue, Sc a une fituation prefque tranfverfale. Des fon origine elle palfe pardevant I'oefophage , le glide fous 1'arcade de l'aorte, derriere le canal arreriel , Sc va gagner le poumon gauche. La bronche droite eft plus courte , defcend plus directement , & paile derriere la cloifon des oreillettes , ou le trou de com- munication dans !e fetus , & enfuite fous la courbure du tronc de la veine czygos pour s'infinuer dans le poumon du meme cote. On fait que le canal de la trachee-artere eft en partie compofe de cattilages pofes les uns fur les autres, & lies enfemble par des membranes , &c. Mais j'ai trouve les trois premiers cartilages fe continuer alternacivement par leurs extremites, de forte que cedes du premier & du fecond font un coude d'un cote , & cedes du fe- cond Sc du troifieme en font un pared du cote oppofe. Sur Ctflomttc. Les Anciens avoient diftingue les orifices de l'e(lomac en fuperieur & in- ferieur. Quelques modernes ont avance que ces orifices font de niveau. Ce- pendant on a retenu l'opinion des uns avec la diftindtion des autres , & on a encore njoute une mauvaife dillindlion de l'eftomac en parties fuperieure & in- Ferieure. De la on s'eft fait des idees faudes fur lefquelles on a bad des fyf- temes pour expliquer comment les alimens moment pour fortir par le pylore. Une petite revue exatte juftifieroit les Anciens : mais pour eviter plusfurement tout inconvenient, on auroit pu diftinguer fes orifices en droit & en gauche. 11 eft facile de voir que celui qui eft a droite, & que Ton nomme pylore, eft beaucoup plus bas , puifqu'il pade fous le grand lobe du foie , pendant que 1'autre traverfe feulement le mufcle inferieur du diaphragme. J'ai obferve que la petite coutbure de l'eftomac , que Ton appelle vulgairement fa partie fupe- rieure , regarde l'epine du dos , que fa grande convexite , appellee par plufieurs le fond , eft prefque fituee en devant, & que plus il eft gonfle, plus il paroit couche , en confidcrant l'homme comme etant debout. Ayant fait une injec- tion generale des vaideaux fanguins dans un fujet fort maigre , j'appergus par la vue & par le tact comme une corde traveifer la region epigaftrique fous la Anncc 1715. A C A D fe M I Q U E. *i? peau , fans pouvoic deviner dans le moment ce que c'etoir. Apres en avoir 1 • '■ ■ —• ~ fait l'ouverture, je vis l'cltomac gonflc , le milieu de fa grande convexite Acad. Rotah rourne en devant , & que c'ctoit la grande artere gaftrique qui foulevoit ainli nrs Sciences de les tegumens. Peut-crre qu'un pared cas dans le vivnnt , quand on fent un I'ams. battement dans l'epigaltre , a donnc occaiioji a plulieurs medecins d'accufer la Anatomie. cceliaque au lieu de la gaftrique, faute de taire attention que la cceliaque eft nop en arriere pour fe faire fentira cet endtoit, & de favoir que la vraie luna- tion de l'dtomac eft d'etre couche prefqu'horifontalement , comme je l'ai rait remarquer, & par confequent de faire un coude confiderable avec 1'cxtrcmit^ de l'celophage. Quand on fait Sc quand on confidere tant foit peu cette htuation , on com- prend fans peine comment des chofes pefantes qu'on auroit avalecs , par txem- ple, des os , des balles , du vif argent, ou femblables, pa (Tent par le pylore , Jans avoir recours a ces mouvemens extraordinaires qu'on n'a imagines que parce qu'on ne s'etoit pas avife de dourer que la lunation de l'eftomac qu'on avoir decrite , fut la vraie. Quoique celle que nous avons obfetvee foit natu- rellement commode pour debarraller l'dtomac , on peut encoie rendre cette firuation plus favorable, en fe couchant fur le cote droit : &i fi on vein au contraire que ce qu'on a avale (ejoume un pen dans l'eftomac, il faut fe re- pofer fur le cote gauche ; ce que la pratique de la medecine peut mtttre a profit en bien des circonftances. A l'occafion de ceci, je ne ptux m'err.pecher d'ajouter une pareille remarque que j'ai faite fur la lituation du colon , par rapport aux lavemens ; que pout Its retenir plus long-ttms, on fe nendia cou- che fur le cote droit, 6c pour les rendre promptcment, on ft tiendta fur le cote gauche. Sur Ccplploon. On fe donne beaucoup de peine pour demontrer la cor formation de lepi- ploon : on fait un petit trou a I'endroit que Ton croit le pins commode pour y introduire un tuyau , auto u r duquel on amalle & tient fortcment une portion de cette membrane, pendant qu'on y touftle pour faire voir fa roime. Lnfin, ^uand on ne reuflit pas comme on fouhaite, ni a le gonrler tout a-fait, ni a le conferver gonfle pendant que'.ques momens de demonlrration , on en accufe fa delicatdTe & fa grande facilue a fe lompre. D'autres ont avance qu il eft naturellcment perce d'une infinite de petits trous femblables a des maillesd'un reteau tres-fin : ce que le celebie M. Ruyfch a lohdemcnt refute , ayant fait voir que ces trous font caufes par un trop rude mamment. Apres que j'avois pris toutes les precautions pollibles pour ne rien bldfer , & que je voyois encore le vent s'echapper egalement , )• me donnai un jour tout le loilir d'en chercher la caufe. Je tus aflez heureux de trouver une ouverture naturelle trcs-conlide- rable , & en meme terns fort furpiis de la voir fnuee dans un tndroit fui lequel on paffe ues-louvent fans y faire attention, favoir , fous le grand lobe du roie, entre un ligament membraiieux qui lie !<_ commencement du duodenum con- jointement avec le cou de la veficule du Bui au foie , a cote d'une eminence qui eft comme la racine du petit lobe de Spigelim, Si un ature qui attache le colon avec le pancreas. Ces deux liganaens en s'uniftant, laifteni une ouver- ture environ de quatte ou cinq lignes de diamecre dans un enfant de quatre 4?o COLLECTION ou cinq ans , par lequel trou ladire eminence pade. J'y mis un gros tuyau pout Acad. Royale fouffler , & ayant bouche le refte de l'ouverture avec mes doigts , je fis gonfler bes Sciences os entierement lepiploon qui piit la forme d'une bourfe inegalement dilaree, a pe Paris. caufe des vailfeaux & des bandes grauTeufes qui le brident d'efpace en efpace, Anatomic Annce 171 j. & le font paroitre comme divife en plufieurs lobes ou bolTes. J'ai reitere cette experience dans plufieurs fujets Immains avec le meme fucces ; & j'ai trouve" que toute la capacite de cette bourfe n'elr pas faite du feul epiploon ; mais aulli par la furface fuperieure du mefocolon , par la moitie de la convexite de l'arc du colon , par celle de l'eftomac, & enfin par la membrane qui occupe l'in- tervalle de fes orifices, & qui eft attachee tout le long du petit arc ou de la petite courbure de l'eftomac. J'appelle cette membrane le petit epiploon , a caufe de fa conformation qui reflemble beaucoup a celle du grand ; & parce qu'il forme audi en quelque maniere une bourfe qui eft comme une efpecc de veftibule du grand fac t-piploi'que. II eft a obferver que le petit fac epiploique renferme la portion faillante du foie , qu'on appelle le petit lobe de Spigclnis. A l'egard de l'ufage de cette ouverture de l'epiploon , il y a lieu de ctoive que fi quelque ferofue s'amafloit dans fa capacite , elle pourroit couler par la , prin- cipalement quand on eft couche fur le dos ou fur le cote droit. De qiielaues- urns des FonSlons de la Bouche. Par M. Petit. {Memoir ts , pag. 140.) J_,es actions les plus ordinaires font celles dont on connoit le moins les caufes : il n'y a perfonne qui ne boive, ne toulTe, ne crache & ne fe mouche ; tout le monde eft fujet au vomilTement & a rendre des vents par la bouche \ on fe gargarife, on fume, on prend du tabac en poudre, & on fairun grand nombie d'a&ions de cette efpece , fans connoitre le jeu des parties qui fervent a ces fon&ions , dont les moindres ne peuvent etre execuiees fans le fecours de la poitiine &; du bas-ventre , fans les machoires , les levres , les joues , la langue ; I3 valvule du gofier & autres parties qui compofent la bouche. Le bas ventre & la poitiine y fervent en ce que pour linfpiration cV l'expi- ration ils peuvent etre dilates & refterres d'une facon fimple ou modifiee : les levres y contribuent en s'approchant ou s'eloignant plus ou moins, foit en long comme font les paupieres , foic en rond comme l'ouverture d'une bourfe a cordon. Les joues ne font pas moins utiles , parce qu'elles peuvent etre ecartees des dents par une force ctrangere, & qu'elles font capables de s'en approcher par elles-memes , ou d'en etre approchees par d'autres caufes qui fe decouvriront dans la fuite. La langue & la valvule du gofier fervent infiniment a ces fon&ions ; la pre- miere, parce qu'elle peut fe mouvoir felon fes parties & en confequence fe donner differentes figures, & parce qu'eile peut etre mue felon fon tout , Sc pour lors occuper difterens endroits de la bouche ou du gofier, comme je le prouverai ailleurs. Ces differences figures Sc lituations nous ferviront a expli- quer bien des phenomenes. A C A D £ M I Q U E. 431 Enhn la valvule clu gofiet fert a toutes les fonctions dont j'entreprens l'h:f- ™ toire , en ce qu'elle eft capable de s'aliongcr , de le caccourcir, de le lever 6c acad. Royale fe baiffer, pour fermer alternativement & felon le beloiis tantot i'ouverrure du dis Sciences de nez aidce du pharinx Sc de la langue, tantot celle de la bouche : de plus elle Paris. petit laifler. ces deux ouveuures librcs queiquerois plus, queiquerois moins i'une A.natomie. que l'autre. Anneei7ij. Les mouvemens de toutes ces parties s'executent enfemble ou feparcment, & ils fe combinent de tant de famous difterentes qu'il eft iinpolliblc de les ex- piiquer toutes exa&ement, fi Ton ne fuit quelqn'ordre. Celuique je me fuis propofe d'abord ell de diftinguer deux fortes de fonclions ; les unes fimples , comme les mouvemens de la langue , des levres , 6Vc. ; d'autres compofees , comme boire, fumer & cracher, lefquelles feront dites compofees, parce qu'elles dependent d'un grand nombre d'autres fonctions que nous n'appelle- rons pourtant limples que parce qu'elles font moins compofees; & quand j'aurai choili l'une de ces fonctions pour en faire ['explication , je detaillerai toutes les differentes facons dont elle s'execute ; je feral It-numeration de tons les mouvemens limples dont elle eft compolee, & je les rcunirai felon l'ordre & les inftans felon lefquels ils fe font. Je commence par 1'explication du bo ire. On appclle boire, faire entrer des liquides dans la bouche , puis dans le golicr , pour les conduire a l'eftomac. 11 taut done i°. examiner les caufes qui font entrer les liquides dans la bouche. 11 y a deux moyens de les y faire entrer, fans compter ccux que nous pourrions mettre en ufage , li nous volitions imiiex les facons de boire des animaux. Celles qui font le plus ordinaires a 1'homme font de vetfer les liquides dans la bouche, ou de les pomper. Dans la pre- miere , lis font inttoduits par leur propre poids ; dans la feconde, ils entrent par le poids de i'air exterienr, ainii que l'eau dans tine pompe afpirante. On boit en pompant ou lucint quand on boit avec un chaluuieau. Les en- fans tettent leurs nourrices en fucant. On fuce de meme en buvant dans un verre , dans un bsberon , ou lorfqu'on boit a meme dans la riviere ou au badin d'une fontaine. On peut pomper ou fucer de differentes manieres, ou avec la bouche feulement , ou avec la bouche & la poitrine enfemble. Quand on fuce avec la bouche feulement, on fait d'elle une pompe afpirante; les k-vres fe ferment en rond & laiftent une ouverture que je compare a ceile du bout de la pompe qui eft dans l'eau : le corps de la pompe eft fait par les joues, les machoires &: le palais ; la langue fait le pifton ; raais quoique cette com- paraifon foit jufte dans l'effentiel, il y a pourtant quelque difference de la pompe ordinaire a celle que nous faifons avec notre bouche. Ces differences conliftcnt en ce que 1'ouverture de la pompe, fon corps c\: (on piftcn ne chan- gent point leur groffeur , ni leur diametre , c< que les levres peuvent former une ouverture plus ou moins grar.de , fuivant que nous voulons pomper plus ou moins de liqueur a la tois , & que nous voulous la faire entrer avec p!ir» ou moins de viteffe. i°. La bouche devenue corps de pomDe augmente ou di- minue de capacite foit pour contenir la lfquenr pompee , foit pour s'ajufter a la langue : celle-ci qui fait le pifton, fe gtollit ou devient petite pour fe propor- tionner aux differentes capacites de la bouche; elle prend aufti differentes ti- gutes pouts'accominoJetauxinegalites ues dciiij au.\ ;.i.i;.-: .1:. . -. | ■ cnB£R33C3SSTOTCie£] 4jt COLLECTION qnee nvec autant de juftefTe qu'un pifton le doit etre au corps de fa pompe. Acad. Royale Ainfi on peut dire que la bouche fair tout ce que peut faite une pompe, 8c pf.s Sciences de *£ qnuqucs-iuus des roncuons de la Eouchc. Anatomie. Aimeeiyu. Pa/- M. Petit. Second memoire. (Mem. pag. 12.) JL'action d'avaler les liquides n'eft pas moins variee que les manieres de les introduire dans la bouche. Ce que nous en avalons vient du deliors comme la boiftbn, 011 du dedans comme la falive qui coule dans la bouche , les humidites qui tombent des narines , du golier Sc de la valvule. Four p.ircourir exa&ement route la me- camque de la deglutition de ces differens liquides , je traiterai i°. de celle qui fe fait imperceptiblement de l'humidite qui coule des parties qui font au-dela de la valvule. i°. De la deglutition de la falive. 50. Des manieres d'avaler les chofes qui viennent du dehors dans la bouche , par les facons de les y in- troduire que j'ai traitees dans mon premier memoire. L'humidite de la partie pofterieure de la valvule & de la racine de la lan- gue , celle du nez & du golier coulent impercepublement dans l'cefophjge -. celle qui mouille le plus profond du gofier ne fait que fuivre fa pente ; Sc comme elle eft au-dela de la trachee-artere , il n'a pas etc befoin de precaution pour eviter fa chute dans la glotte; mais comme celle qui mouille les parties les plus anterieures du gofier, & celle qui tombe par le derriere des narines, fe trouvent immediatement au-deffus du larinx , elles auroient pu incom- moder cette partie fans les fages precautions de la nature , qui font que ces humidites n'ont aucun refervoir qui puifte les raftembler pour les vider toutes a la fois •, mais qu'elles tombent comme une nappe d'eau , a mefure qu'elles fe feparent dans les petites glandes qui les filtrent. De plus la luette qui fe trouve placee au milieu de la cloifon ou valvule , re'unit Sc femble e-tre faite pour conduire la liqueur dans une efpece de gouttiere quife trouve a la partie pofterieure de la racine de la langue : cette gouttiere s'etend jufqu'a la partie anterieure de l'epiglotte qui forme un angle faillant , Iequel partage les liqui- des en deux parties pour les conduire dans les deux rigoles qui font aux cotes de la trachee-anere , & qui tendent a I'cefophage. Si la luette nous rend ce bon office en reunifiant Sc en conduifant ainfi ces liqueurs, ce n'eft que pour celles que la pente determine a fuivre le milieu de la valvule; car celles qui tombent par les cotes font conduites fur la racine de la langue par les parties de la valvule qui y font attachees , Sc dans ce lieu la langue fait deux autres gouttieres, en joignant fes parties laterales a celles de fon voilinage. Ces deux gouttieres aboutiftent immediatement dans les rigoles qui font aux cotes de la glotte , fans qu'il foit befoin de Tangle faillant de la partie anterieure de l'epi- glotte pour y conduire les liquides qui tombent & coulent ainfi, foit que la valvule fe leve ou qu'elle s'abbailTe fur la racine de la langue, ou meme au- deiTous de la glotte, ce qui arrive dans ceux qui out tin debordement par le nez ; car e'eft la meme chofe que les gouttieres de la langue les recoivent im- mediatement des trois parties de la valvule, ou qu'elles y tombent par leur propre poids } bien entendu que quoique ces humidites coulent dans le fond A C A D E M I Q U E. tf5 du pharinx , elles ne pounont pnlfer dnns l'oefophnge, fans Ie n-.ouvement de S5BSS "— "^ la forte deglutition qui ne fe But pa? ordinairement pour chaque goutte, mais Acad. Royale Jorfqu'il s'en eft amalle une quantite fufrifante pour exciter ces parties. C'eft »« Sciences db particulierement dans cctte forte deglutition que la valvule en fe baiffant , & Paris- le larinx en fe hauffint , mettent la glotte a l'abri des humidiccs qui viennenc Mnl' des narines. L'ufage que je donne a ces org.ines eft prouve par les maladies A'lncc '7'<- qui leur arrivent : on remarque que ceux a qui le gonHement de ces parties met au niveau le rond Sc les herds de ces rigoles Sc gouttieres, en forte qu'elles fe trouvent entierement eflaeees , on remarque, dis-je, que ceux-Ia touffent continuellement , parce que les liquides furpaffent le niveau de la glotte, dans laquelle ils entrent facilement, pour peu que I'on infpire, & c'eft ce qui les fait touffer. La facon ratine dont ils touffent, prouve audi ce que j'avance j car s'ils font une forte expiration en touffant pour chaffer ce qui les incommode , ils infpirent foiblement & a longs traits, de peur que fair, en entrant bruf- quement, ne faffe rentrer dans la glotte le liquide que la forte expiration en a cruffe. On remarque audi que ceux qui ont entierement perdu la luette par quelque caufe que ce (oit , font fujets a une toux imprevue qui leur arrive , par la chine d'une goutte de liqueur dans la glotte , faute d'etre conduite par la luette qu'ils o'ont plus. On remarque encore qu'il arrive des fontes de pituite nommees vulgaire- ment rontes Sc debordemens du cerveati, qui portent les liquides en (i grande quantite dans le gofier que Ton eft prct d'etoufter faute de refpiration , parce qu'il y en a trop pour etre conduite en nappe, Sc pour couler tranquilkment dans les gouttieres ou rigoles; c'eft pourquoi on eft oblige de touffer pour fe delivrer du debordement de ce liquide & de faire agir tous les refforts qui fer- vent a la deglutition la plus forte. On voit par la qu'il y a trois moyens de garantir la glotte, favoir les gouttieres ou rigoles, les trois parties de la val- vule, Sc Taction des parties qui fervent a la deglutition fenfible. Nous allons examiner cette demiere fonclion dans les deux autres parties de ce dilcours. Siconde Parti h. Les principaux organes qui fervent a avaler la falive , font la langue , le cercle charm , ou la valvule du gofier Sc le pharinx. La langue fert a avaler la falive , parce qu'elle la rafTembie Sc s'en charge , qu'elle la conduit au gofier, Sc qu'elle la preffe Sc la pouffe dans le pharinx & dans l'ccfophage. La valvule y fert , parce qu'elle ouvre ou ferme le paffage de la bouche & du nez conjointement avec la langue. Le pharinx, parce qu'il fe dilat; rtu moyen desmufcles propres a cette action, parce que fa pirtie fnperieure eft approchee de la racine de la langue , Sc enfin parce que fon mufcle fermeur comprime ce que Ton avale pour le faire def- cendre dans l'ccfophage & dans l'eftomac. La premiere foncrion de la langue eft de reunir Sc de fe charger d'une cer- tame quantite de falive, ce qu'elle pent faire en bien des fagons. Quelquefois elle forme un creux depuis fon bout jufqu'a fon milieu, creux femblable 1 I'ecope dont fe fervent les bateliers pour vider l'eau de leur bateau; ou bien Iii ij 45tf COLLECTION . ■■ elle amafTe la falive entr'elle & la voute du palais en s'applatifFant , 5c faifant Acad. Royale toucher fes bords a toute la circonference des dents & des gencives avec tant -des Sciences de d'exa&itude , qu'elle empeche que cette liqueur ne s'y echappe. Mais pout Paris, placer ainfi les liquides, elle fait differens mouvemens. i". Elle applique fori Anatomii. b0Ui a la partie polieiieure des dents de devant la machoire inferieure , enfuite Aanee iyii. e||e bailie fon bout au-delfous depuis l'extrcmite des dents jufqu'a la racine du filet; 5c preflant tomes ces patties, elle oblige la falive qui etoit delfous de lnonter deftus ; pour lors par un mouvemeiu tres-prompt elle tevient en preftant & balayant, pour ainfi dire , les memes paities , non-feulement depuis la racine du riiet jufqu'aux denis de la machoire inferieure, mais merae juf- qu'aux bords des gencives de la machoire fuperieure ; ce qu'elle fait en s'applatiiTant pour mieux contenir le liquide dans l'efpace qu'elle conferve entr'elle & le palais, ou en s'elargiiTant pour approcher & joindre exa&ement toute fa circonference aux gencives de toutes les dents de la machoire fupe- rieure, auxquelles elles s'appliquent fi bien que la falive ne peut s'echapper. Dans cet inftant cette liqueur ell comme renfermee fous la voute du pabis , Sc foutenue par la langue qui eft plus ou moins platte ou creufe , felon qu'il y a plus ou moins de falive a contenir. Une troifteme facon de ramalfer Sc reunir la falive eft de fermer exa&emenc les machoires &c les levres , de faire toucher la langue a tout l'efpace de la voute du palais, a toutes les dents , les gencives , & a I'endroit du deflous de la bouche forme par La machoire inferieure, enfuite de retirer la langue en arriere , eu fe fervant d'elle comme de pifton ; pour lors la faiive doit occuper la place que la Langue aura quittee , puis en la relevant elle s'applatira & s'e- largira pour foutenu le liquide 8c fe joindre aux gencives des dents de la ma- choire fuperieure pour les raifons qui ont deja ete dites. Lotfque Ton ralTemble la falive de cette vnaniere , on fait bien des mou- vemens auxquels on a peu d'attemiou. Pour les expliquer, il fata remarques que chaque giande , dont le canal excreteur aboutit dans la bouche, eft con- trainte de fe vider , tant parce que ces canaux font , pour ainfi dire , pompes par la langue qui agit en pifton, que parce que les joues 8c les levres dans lefquelles fe trouvent ces glandes font preflees par fair exterieur qui les poulTe eontre les dents & en exprime la falive ; l'air exterieur ne poufTe ainfi les levres & les joues eontre les dents que parce que les levres iont fermees, & que la langue agit en pifton. C'eft de cette facon que la langue agit loilqu'elle pompe le fang des gencives , les ordures qui font dans le creux des dents cariees 8c les petits morcenux d'alimens qui fe font loges dans leur intervalle. La langue n'agit pas ainfi en pifton en fe reiirant feulement de devant en arriere , il n'y a point d'endroir oil elle puiffe toucher qui ne puifle etre pompe par elle, foil en y portaut & appliquant fon bout 8c le retirant fur fon milieu ou fur fa racine en fe raccourcillant, foit qu'elle s'appiique par l'une de fes parties late- rales pour fe retirer fur l'autre en fe retrecillant , ou que de bas en haut ou de haut en bas elle faffe une application 8c une retrane femblable en s'appla- tiftant. On remarquera encore que pour pomper la falive dans un lieu particuliei de la bouche , il n'eft pas necefTaire de fermer les levres , il fufrit qu'une partie de la langue foil ii exa&ement appliquee a une partie de la bouche , que l'ait ACADEMIQUE. 437 exterienr ne puiffe pafTer entre deux; c'eft de cette fac,on que Ton fait claquer la lan"ue centre le palais Ce n'eft pas dans cette feule occafion que Ton pompe A. ad. Royale quelqu'endroit de la bouche, ayaiu les ievres ouvertes \ on le pcut faire pour £ES s<-liNCES M debarralfer k-s dents des alimens qui y font relics, & cela pcut fervir non- *."•_.-„,_ ill l At- • *■ I J I C • ftNAi-Mli. feu ement pour le aed.ins des machoires; mais memepour les dehors, en rat- . ,, r ,t- \ i i » i ■ » i j ii- Annce >7«' iant paller la langue entre les machoires , cc la tournant dans tous les endroits de 1'intervalle que les Ievres & les joues peuvent laiiler entr'elles & les dents. Mais quoique Ton puilfe ainfi pomper par quelque parne de la bouche en pat- ticulier fans termer les Ievres, on le fait plus exa&ement quand on les ferme. Aptes que la langue a ram a lie ces liquides, & qu'elle s'en eft chargee , ells fait fon deuxieme mouvement pour les lailfer pailer au-deli de la valvule. Ce mouvement eft un des plus compofes qu'il y ait dans le corps humain ; il eft i\ prompt qu'a peine peut-on l'appercevoir, il faut eire bien attentif pout en remarquer le commencement & la fin ; on ne peut gueres le comparer a d'autres mouvemens qu'a celui du ferpent , parce que quand la langue fe meut ainfi, elie prend la figure que prend cet animal , lorfqu'il rampe pout fuir, ou lorfqu'il s'elance fur quelque chofe. Ce mouvement ondoyant s'exe- cute en deux cas differens ; favoir, pour avaler beaucoup de iiquide a la fois , comme je 1'expliquerai ci-apies, ou pour n'avaler que la fahvc & lesoernieres gout:es de la boilTon ; ce qui fe fait de cette mamere. La langue etant chargee de la falive, applique tomes fes parties fucceffive- ment jufques a fa racine, d'abord aux dents de la machoire fuperieure, puis aux gencives des memes dents; enfuite joignant le palais, eile en parcourt toute I'etendue par fes applications de devant en arriere, ce qui ppufle la fa- live au fond de la bouche en un din d'o-il. Mais comme le fond ciu palais eft plus coutbe , tk que cette courbure incline de haut en bas , la langue fuit cette co.urbure en continuant ce mouvement ondoyant jufqu'a l'extcemite de la val- vule, ou ells porte la falive. Pour lors la valvule s'eleve & permet le pafiage j fon elevation eft toujours la plus grande qu'il eft pollibie, quoiqu'il y ait peu de Iiquide a faire parter ; le diametre du palfage depend du plus ou du mums de mouvement que fait la langue pour s'approcher de cette valvule : c'ell la raifon pour laquelle il faut qu'elle fa lie un mouvement plus grand pour avaler la falive que pour avaler un verre d'eau. Le troifieme mouvement que fait la langue pour avaler, eft line contraction de fcs mufcles tant commons que propres , par laquelle fa racine fe gonHe Sc eft tiree en bas $: en arriere au-dela de la valvule fort avant dans le pharinx, fluquel lieu fe ramaffant en peloton , elle s'applique & touche les p.uois da pharinx avec tant d'exaclatude qu'elle fail en cet endroit 1'orfice de piilon. Le pharinx eft le corps de la pompe, & 1'cefophage eft le canal par ou s'echappe la liqueur prefTee qui defcend dans l'eftomac; e'eft le dernier mouvement que fait la langue pour avaler : mais pour qu'il s'execute a propos, il faut empecher les liquides de palter par !e nez 8c par la glotte , pour qu'ils puiiftnt vaincre la refinance des fibres de 1'cefophage ; Sc parce que, pour vaincre eewe refill ince, jl lain que c.-lle que le Iiquide ptefTe trouve par-tout ailleurs, foit plus grande que cc-lle que fait 1'cefophage. Pour cela il eft necelfaire que le9 ouvertures du r.ez & de la glorte foient bouchees, fans quoi le Iiquide auroit plus de facilite a palTer par 1'une ou Tautre de ces ouvertures que par 1'cefophage , doiu les fibres. charnues undent toujours a fenrier ce canal. ~___ 45S COLLECTION. uuimiui.^ Les ouvertures du ncz font bouchoes par l'c-levation de la valvule & par Ie Acad. Royale gonflement de la racine de la langue qui la poufle en hnut, fans quoi la boif- pes Sciences de i"on palferoit par le nez (ce qu'on appelle faire du vin de nazaret) cephenomene AjIS' arrive dans quelque efpece d'efquinancie. Je 1'expliquerai dans un troifieme Anatomie. . ■ ^ . • ■ j ■ • i . ■/ / i , memoire, ou je traiterai des incidens, ieux & vaneces des mouvemens de AllllCC 171 tf. I I I ' ' la bouche. La glotte eft fermee par l'epiglotte , laquelle s'abbailTe par la contraction des mufcles propres a Tabbailfer, par 1'abbailTement de la langue fur elle , & par l'elevation du larinx fous la racine de la langue , laquelle fe ramaftant en peloton dans la partie fupsrieure du pharinx, s'y applique Sc en touche fi exac- tement les parois qu'en fe retirant en arriere, autant qu'il lui eft poflible, elle fait l'ofrice de pifton ; le pharinx de fon cote s'approche de la racine de la langue pour s'y mieux ajufter & agir fur le liquide, faifant en cette occalion le corps de la pompe , pendant que l'oefophage qui en reprefente le canal , fe laifle vaincre par le liquide prefle , lequel eft conduit dans l'eftomac; c'eft ainfi que la bouche peut etre une pompe a double ufage, & que par le moyen de la langue qui en eft le pifton commun , elle peut recevoir de dehors en pompe afpirante Sc en chaffer en dedans en faifanr la pompe foulante. Troisieme Partie. Quoique la deglutition qui fe fait dans les dirferentes facons de boire dont il a ete traite dans ma premiere diflertation , ne differe que tres-peu de celle dont je viensd'expliquer la mechanique , je vais pourtant parcourir cette fonc- tion dans tous les cas , moins pour la mieux expliquer que pour faire connoitre comment elle fe combine avec les autres fon&ions. Nous avalons & nous fu- cons enfemble, lorfque nous buvons a l'ordinaire en fugant. Dans cette facon de boire a chaque fois que la bouche fait l'ofrice de pompe afpirante , la langue ramafle le liquide & le poufle au-dela de la valvule, en faifant avec le pharinx 1'orrice de pompe foulante. Quoique ces trois fondions s'executent en un inf- tant , on peut y remarquer que l'ouverture des levres eft proportionnee au vaifleau dans lequel on boit; que la langue fe retire, & que les machoires s'ecartent pour faire entrer le liquide, la langue s'elargit & s'applatit pour le ramafler entr'elle & le palais ; elle avance fon bout en devant pour boucher l'ouverture des levres , arm que ce qu'elle contient ne forte point , elle s'ap- proche du palais , & faifant fon mouvement ondoyant & vermiculaire depuis fon bout jufqu'a fa racine , elle fait paifer le liquide dans le golier, puis le retirant de nouveau , elle commence a pomper en retirant fa pointe dans l'liif- tant meme qu'elle retire fa racine jufque dans le pharinx pour achever la de- glutition de ce qui avoir etc pompe dans le premier inftant , de forte que la langue acheve la deglutition de la premiere gorgee de boilfon en commencant a pomper la feconde. 11 eft poflible de mettre quelqu'intervalle entre pomper & avaler; aufli ce que j'ai dit n'arrive pas toujours j mais c'eft comme il faut qu'il arrive pour ne point perdre de terns ; celui que Ton met entre ces deux fonctions, eft un terns perdu quand il ne s'agit que de boire, a moins qu'on ne veuille favourer ce que l'on boit , fe laver la bouche , fe gargarifer , ou faire d'autres chofes dont ie ferai mention dans le memoire fnivant. A C A D E M I Q U E. 4 59 Pour avaier aptcs avoir hume, on approche les levres du vaifTeau dans le- quel ell la liqueur que Ton hume; ou bien on retire le vaifleau en rerraant Acad. Royale les levies , pour retenir la boillon entre lcs levres ; le dedans de la machoire DES Scuncis de infcrieure & la langue qui pour lors eft: levee, com me je l'ai dit dans mon Paris. premier memoire : enfuire on expire, on approchi les levres des machoires Anatomie. pour pouller l'eau dans la bouche , on baiffc la langue , l'eau monte dc-flus , la Annie 171*. langue s'eiargit pout toucher toute la circonference des dents &: des gencivcs de la machoire interieure , 4c pour pouller l'eau dans le gofier. Elle commence fon mouvement vermiculaire Sc ondoyant dcpuis fon bout jufqu'a fa racine , le rtfte s'acheve , ainli qu'il vient d'etre explique ci-dedus. II faut remarquer qu'apres avoir bu en pompant , on infpire, Sc qu'apres avoir bu en humant on expire; la raifon de ce fait eft que pour humer il faut infpirer , Sc que pour l'ordinaire on ne boit en pompant qu'apres avoir expire j de plus, c'eft que Ton peut infpirer ou expirer en pompant; mais pour humer il faut toujours infpirer. La deglutition qui fe fait quand on boit en verfant , differe peu de celle qui fe fait dans les deux preccdentes fagons de boire; il faut feulement remarquer que Ton celfe d'avaler pour infpirer , loifqu'on a beaucoup de liqueur a boire , & cela fans celfer de verfer la liqueur dans la bouche. Si ce que Ton verfe eft en petite quantite, la langue ne fait que lever Ion bout au palais pour former un tempart au liquide , ainfi qu'elie le fait dans le humer : pour lors on infpire par le nez & par la bouche : ou (i la liqueur eft: en grande quantite, Ja langue s'applatit vers fon bout pour en contenir davantage, & elle iegrollit vers fa racine, pour etre plus facilement appliquee a la valvule du golier qui s'abbaifle pour s'y joindre ex.iclcment . afin de boucher le palfage du liquide pendant qu'on infpire, Sc enfuiteon avale la liqueur verfce de la maniereque nous avons dit. A I'egard du fabler, j'ai dit qu'il dirTeroit peu du galet, Sc ce que je vais dire de la deglutition dans cetie fagon de boire , fervira pour Tun & pour l'autre. Quand on boit au galet, la racine de la langue Sc la valvule fe rapprochent mutudiement pour retenir le liquide jufqu'a ce que Ton ait ptis fon icms pour avaier , lequel terns eft toujours apres que Ton a nifpiie ou expire : & quand on veut avaier , on eleve la valvule , on retire la langue en devant pour donner paflage a une partie du liquide, enfuire la langue fe retire dans le fond du golier pour poulTer le liquide dans l'cefophage, de maniere qu'elie ne fail qu'avancer fa racine en cievant pour laiiTcr entrer l'eau , & enluite fe retirer jufques au fond du goiicr , tant pour poulfer le liquide dans l'cefophage , que pour boucher les narines ec la glotte : ces mouvemtns inftantanes iont repetes jufqu'a ce que Ton ait acheve de boire. Quoique la ftruifture des patties , dont je viens d'expliquet quelques fonc- tions, ail etc deji decrite forr exaccement , je me fuis appergu, mats trop card, que je devois au moins demontrer certaines particularity de tette ftructure dont je me fuis fervi dans mes explications ; ce que jc ferai dans la luite de cct ouyrage. 44o COLLECTION — SgBl^-LWAJ.. ' 1 ■ J Acafi. Royale ees Sciences L3 „ •;• /r,^ . Parts. o"'" "" hn] ant Jans articulations. \tiiji.pag. 2j.) Anatomie. Ai.uiee 1716. JVl. Dellandes a vu a Lanvati , village eloigne de Breft d'environ trois Iieues fur le boni de la mer , un enfant bien extraordinaire. Toutes les articulations, Sc parconfequent tous les mouvemens qui en dependent, lui manquent , Sc fon corps n'eft qu'un os continu Sc comme une petrification des articles , nerfs Sc tendons. Nulles phalanges aux doigts des mains ni des pieds ; nul mouve- ment dans le poignet, dans le coude , dans l'epaule, dans la hanche, &c. II a aufll les yeux Sc meme les paupieres parfaitement fixes. II avoit vingt-deux a vingt-trois mois , & ne pouvoit ni marcher, ni boire , ni manger fans le fecours de fa mere. Une j- r r crivoit un ovale large dun pouce, 8c long de leize a dixlept ugnes , peu Annce 171^. enfoncc Sc de couleur plus obfcure que le relie du fac. Dans cer ovale la fonde he decouvrir cinq ouvertures que les yeux feuls n'auroient pas aifement apper- cuss, parce que la membrane etoit fort chiffonee. La premiere ouverture donnoit dans un petit mammelon de couleur de chair & repondoit a un trou litue un pouce phis bas que l'ourlet de cet ovale au cote gauche de la peau qui diltinguoit les relies par une ligns peu profonde. Ayant fait une incifion de l'une a l'autre, je decouvris un canal long d'un pouce & qui avoit a peine une demi ligne de diametre : ce canal etoit rempli d'une crafle blanche, Sc la peau qui le formoit parfemee d'une infinite de ties-petites glandes d'ou apparemment cette matiere etoit fortie. La feconde ouverture , diretflemenr oppofee a la premiere, etoit placee a la parrie fupeiieure de cet ovale j le boyau s'y terminoit & n'avoit a fon extre- mite ni fphincler , ni releveurs , mufcles abfolument neceflaires pour retenic les excremens ; ainfi cet enfant, s'il eiir vecu , les auroit rendus involontai- reme'nt par cette ouverture a laquelle le nom d'anus ne petit convenir. II n'y avoit depuis 1'eftomac jufqu'a certe meme ouverture qu'un feul canal d'egale cap.icite dans tonte fa longueur , fans cul de Gc ni appendice vermiculaire, ce qui donne lieu de croire que tous les gros boyaux manquoient a ce fetus, dans lequel il ne s'eft point trouve de meconium. La raifon qu'on en peut apporter , e'eft que ni la bile, ni le fuc pancreatique , qui vraifemblablement entrent dans la compoluion , ne pouvoient fe decharger dans cet iiiteftin , parce que le pancreas, la veficule du fiel Sc les vailfeaux eclidoques manquoient a cet enfant. La troilieme ouverture placee an cote droit de l'ovale , conduifoit a deux culs de facs , Fun peu profond Sc de neuf a dix lignes de diametre , l'autre long d'environ deux pouces Sc de trois a quatre lignes de diametre d'un bout a l'autre. La quatrieme ouverrure lituee au core gauche de l'ovale, fervoir d'ilTue & une veilie longue de deux pouces , polie en dehors , mais auili rugueufe en dedans que la matrice & le vagin d'une Lille naiflante. Le fond , ou pour mienx dire, I'extremite de cette veilie fe terminoit en pointe ; l'entree etoit etioite Sc le milieu avoit tout au plus deux a trois lignes de diametre. La cinquieme ouverture repondoir a une autre veilie qui formoir une cavite ronde de fept a huir lignes de diametre , & dont la fuiface interne etoit ues- polie. Je pris d'abord la premiere de ces deux veflies pour une matiice; mais je fus dctrompe en remarquant que les deux nreteres aboutifloient a l'une Sc a l'autre avec cette circonllance que l'uretere qui partoir du rein droit fe termi- noit au milieu de la veflie qui occupoit le cote gauche de l'ovale , Sc l'uretere du rein gauche fe rendoit dans le fond de la veilie qui en occupoit le cote droit ; de forte que ces canaux fe croifoient en chemin , Sc que les reins etoient places avec une partie des uretercs dans le ventre, Sc l'autre au- dehors avec ces veflies. A C A D E M I Q U E. 457 11 y avoit entre les os du pubis de ce fecond fetus un pouce de diflance ; ce- ir pendant le ventre etoit garni de tons fes mufcles de mime que celui du pre- Acad. Royale mier done les os du pubis etoient joints cnfembi . des Sciences de Peu de terns aprcs M. Petit fir voir a l'Acadcmie un troifieme fetus qui avoit ''a*15- uneexoinph.ilea-ptu pies fl-mblable aux deux ci-clc !'us decriies 5 maisM. Petit Anatomie. alHira eu meme-tems que ce fetus n'avoit point de mufcles au ventre, &: que Anncei7ifc la poche membraneufe qui formoit l'exomphale cro.t line dilatation du peri- toine , en quoi je penfe qu'il pourroit s'ctre rrompc; le peritoine fert a tapiflet tome la fuiface pollerieure des mufcles tranfverfes du ventre, ce qui fait du moins Its trois quarts de fon etendue ; lors done que c is mufcles manquent, il ne doit y avoir qu'une ties-petite portion du penroine p'acee dins la partie pofterieure du ventre ; done la poche qui enveioppoit ies vifceres litues hors du ventre de ce fetus, n'a pu are produite, ce me f ;r la dilatation du peritoine, mais bien, comme dans les deux exemples ci-delfus, par lepa- nouilfement des membranes du cordon qui le tenninent toujours au bord de 1'ombilic, foit qu'il fe trouve ouvert ou ferme. Sur un Enfant monjlrucux. Par M. M A R.COT de la SocicU Roy alt des Sciences de Montpellier. [Mcm.pag. 519 ) JLe 15 Novembre 1714, la femme d'un platrier de Montpellier , liommc Gontier , accoucha fur les huit heures du foir d'un enfant male vivant aui avoit la partie convexe de la tete fort applatie : au lieu des cheveux qui de- voient y ctre implantes , tile etoit recouverte d'une efpece de chair mollafTe, foogueufe, fpongieufe , d'une couleur livide, qui, par fes inegalites, repre- fentoit en qtielque maniere un crapaut. Les yeux etoient fort gros $c s'svnn- goient un p.'u hors des orbites : les paupieres etoieut enHees & aedemateufes; le nez gros , aquilin iv' recourbc , le vifage etoit livide & tirant fur le noir ; &: cette hviditc s'etendoit fur le cou 8c fur les epaules. Le refte du corps etoit parraiternent bien forme , bien nourri & de couleur naturelle. La f.ige femme jugeanr que cet enfant etoit un mo nitre , appela M. Chi- coyneau , Chancelier de i Univerlue de Montpellier, M. Barancy , Chimmien iS: moi pour ['examiner. Elle f_ contenta de mettre un peu de miel dans la bouclie de cet enfanc , &: negligea de lui faire prendre du lait, de forte qu'il mourut au bout de douze ou quinze heures. J'artivai a d;x heures du matin comme il venoit d'expiret ; j'y trouvai Mellieurs Chicoyneau & B nancy, & fur les cinq heures du fbir nous fimes 1'ouverture de la tete en prcfence de quelques etudians en medecine & en Chirurgie. Avant de rien entreprendre , ayant remarquc dans cette chair mollafTe qui repondoitau milieu de la future fagittale, untrou danslequel on pouvoit mettre le petit doigt , j'y introduifis une fonde alftz avant & l'y promenai fans trouver aucune rcliltance ; d'ou je conclus qu'il y avoit la une fort "tande cavite , &; Acad. Roy-ale des sciinces de 45S COLLECTION qn'il manquoit une partie du cerveau : pour nous en aflurer je pouflai des ci- feaux dans cette cavite a la faveur de la lbnde creufe, je coupai cette chair, & me fis iour dans le vide que nous avions trouve par la fonde. La fubfhnce },ARIS qlie nolls coupames etoit une elpece de chair tongueuie, approcbant de la na- Anatomje. ture ^u parenchime des vifceres : elle etoit molle,rougeatre,arrofee de plufieurs , ^ , yaifleaux fanguins fanguins qui vonr a la tete & qui en reviennent Ce fait me patiit aflez fingulier Acad. Royals pour are dectit iS: accompagnc de quelques tc-Hexions. des Sciences ds II eft aife d'imaginer ce qui peut donner lieu aux generations monftrueufes. P**«. On fait que tomes les parties du corps exiftent en petit dans 1'embiion audi- toe ■iatomii. qu'il eft forme (foil qu'on fuive le fyftemc des ceufs , comme M. Mareot , ou Annec 17 K. tout autre fyfleme) Si quelques-unes de ces parties ne rcijoivcnt pas la nourriture neceitaire a leur accroitTement , elles s'obliterent Sc il en relulte un monftre par deraut. Au contraire, li deux embiions fe collent enlemble, Sc que tomes les parties de 1'un Sc de l'aurre prennent leur accroillement , on verra deux jumeaux dans leur entier attaches Tun a l'autre ; mais fi deux embrions ren- trenr 1'un dans l'autte Sc fe confondent enfemble , de forte que les parties de l'un s'obliterent pour la plupart, & que quelques-unes feulement fe nourrilTenc & croifTent , comme la tete, les bras, Sec. il naitra un enfant a deux tttes, a. quatre bras, &c. e'eftadite, un monftre par exces , comme on voit cer- tains fruits s'unir fouvent, Sc de deux n'en faire qu'un feu!. On p.-ut exp'iquer di meme la formation des moles; li quelque accident empeche la nutrition & le developpement du fetus en tout ou en grande partie , le placenta Sc les membranes recevant le fuc qui devoit nourrir Pembrion , s'augmenteront d'autant , Sc formeront une malTe cbarnue , membraneufe, veliculeufe , in forme & tout a fait irreguliere, dans laquelle fouvent on ne diflinguera imam fetus : quelquefois on y en trouve un tres-petit Sc qu'on a peine a decouvrit; d'autres fois enrin on appercoit feulement dans la n-.o'e quelque partie organique , telle qu'un ceil , une machoire, des cheveux , &c Tout lerefte ayant etc brouilleou detruit des le commencement de la giolL , terns ou toutes les parties font extrCmement molles , par la forte contraction des fibres de la man ice , par quelque commotion , quelque comprelhon , ice. qui dcrruifanr la figure humaine, n'a laifle fubfifter que quelque partie ifolee, avec le cceur ou quelque chofe d'equivalent qui a continue de recevoir les li- queurs de la mere & de les er.voyer au placenta. Sans entrer dans le detail des caufes qui peuvent empecher le fetus cie croitre Sc de fe nourrir, il fuffira de dire que la plus ordinaire de ces caufes, c'elt 1'obftrudtion , la compreflion , I'entorrillemcnt du cordon ombilical , enfin tout ce qui peut coup^r le paiTage aux liqueurs qui font ponces de la matrice dans le corps du fetus. L'enb.nt dont il eft ici queltion etant venu au monde fans aucun veftige de cerveau ni de cervekt, il faut ou que c;s parties lui manqualTent des la pre- miere formation , on qu'ellcs fe fulfent dillbutes 6\: fondues par iuppuration; ou enfin qu'ellcs fe foflent oblirerces faute de nourriture , ce qui eft le plus vraifemblable ; car il n'y a aucune raifon de fuppofer que le cerveau & le cer- velct manqualTent originairement , & nous ne rrouvames ni pus, ni ulcere qui font le'. fi .nes certains de la fuppuration : ces parties fe feront done oblitcrees fauc de nourriture. Le cerveau & le cervelet celTent de fe nourrir lorfque le fang , qui eft la li- queur nourriciere de routes les parties, n'y eft plus porte par les artetes caro- tides Si cervit lies; foil que ces attires manquent, ou qu'eiles fe ttouvent cou- pees, bom hees , obftru^es, comprimces : dans notre fujet elles aoient bien Tome I'S, Par lit Fran Lll 4«« COLLECTION • ,:=s entieres , £< ne parurent ni coupees, ni obftruees ; il faut done qu'elles eufTent A«.ad. Royaie ete comprimees, & qu'elles l'eufTent ete dans la tete meme , car elles etoient dis "-cir.s'crs de lihres dans leur chemin depuis le cccur jufqu'a la tcte. Or, a quoi peut-on ar- ,us' tribuer cette comprellion, fi ce n'eft a une hydiocephale dont est enfant avail /.NATOM1E. I ' ' t • • i u* <■ I I toutes les marques. Le trou que je trouvai dans 1 excrefcence charnue & mol- nnce 17K. jalpe fur ^ flKare fagjm|e j tout pr£t " Sciences ui trouvant lem puche , inonderont les vemricules du cerveau ; c'eft ainfi I>ARIS- que I'hydrocephale fe forme d'ordinaire dans les enfans. Nous favons audi que les chutes , les commotions , les coups a la tete I'occanonnehc que'quefois, &c *Bn** i7'(- peut-etre c t enfant en a-t-il r.cu dans la ma trice ou le flats n'en eft pas tou- jours garanti, comme le prouvent les luxations, les fractures, les bees de lie> [uelques enfans apporteot en naiflant. Tous les autres chingemens que nous avons remarques dans cet enfant fe dcduifent aifement de ce qui vient d'etre die ; telles font l'enflurc des paupieres Sc du vifige, la lividite de la tete, du cou & des epaules , la folidite des os de la baf.' du crane. La bouflifture des yeux qui n'eft autre chofe qu'une tu- nuur oedemateufe des paupieres, vient toujours des embarras que le fang trouve dans fon chimin , & qui le faifant circuler plus lentemtnt, i'obligent a depofer une ferofite qui s'inhltre dans les chairs & les membranes j or dans cet enfant une partie du fang qui revenoit des yeux pour s'aller jeter dans le Jin us orbinire , ne pouvant fe degorger que dirficilement dans ce finus corn- prime par les eiux , a dii croupir; & verfant fa ferofite , faire goniier les pau- pieres Sc poiiller un peu les yeux hors des orbites. La lividite indique on une trap grande quantite de fang amaiTe dans une p.irtie , ou un vice du corps muqueux qui teint les parties de couleur noire comme chez les Mores. Rien n'indique ici le vice du corps muqueux & tout indique l'amas du fang qui ne pouvant plus etre recu dans les carotides inter- nes, a du fe rcHechir, fe dctourner, enfiler les branches voilines Sc collate - rales qui font les carotides externes , lefquelles fe trouvant trap remplies de fang , auront donne une couleur plus rouge & meme une lividite qui n'eft qu'uii rouge plus fonce aux parties ou elles fe dilhibuent , Sc ces parties font preci- fement les parties exterieures de la tete & du cou. Celt audi au poids & a la comprellion des eaux ramailees dans la tete qu'il faut attribuer la folidite Sc la grande durete des os de ta bafe du crane ; car il eft certain que plus les parties font prellees , plus elles fe durcuTeni. La con- cavite meme de l'os fphenoide qu'on appelle la felle duTuic, a du s'erfacer, puifque Ion enfoncement eft ordinairement creufe par les parties inferieure Sc inteneure du cerveau qui manquoient ici. Enhn les os qui devoient former le fommet de la tete , ont difparu & ont fait place a une chair fongueufe Sc pleine d'hydarides , parce que le coins du lang a ete gene par la diftenfion que les ferofites caufolent aux canaux qui portoient la nourriture a ces os. Ainfi les parois olfeufes de la tete ne pouvant prendre leur accroiftement , parce que les liqueurs ne rouloient qu'avec peine, il s'eft fait un depot de ferofites qui fe font cantonnees dans les interllices des chairs, ou dans les grains des vaifteaux lymphatiques comme dans de petites poches ou facs pleins d'une humeur limpide, ce qui conftitue les hydatides. Les fibres charnues relachees par les ferofites fe font etendues, & ont recu plus de nourriture; dans cette confution les bulbes des cheveiix ayant etc, pour ainfi dire , etourrees , les cheveux n'ont pu poufter. Tout ce qu'il y auroit done d'embarratfant , feroit d'expliquer comment cet Llli; 4. Royaie garde ordinairement comme eflemielles a la vie & comme le pnncipe & la des Sciences he fource de toutes les fonthons animates. Dira-t-on, contre toute apparence, Paris. que \A m0elle de I'epine , quoiqae dellecuee , ait pu foumir des ciptits ani- Anatomii-. imux en fufHfinte quantite- pout foutenir la vie de cet enfant ? ou plutot ne Amice 17 16. pourroit on pas dire, comme nous l'avons avance dans un autre memoire , qu'on n'a pas bien connu jufqu'iu la ftruCture & I'ufage du cerveau & du ccr- Yelet, qu'il n'y a point d'efprits animaux , & qu'ainfi Ton peut s'en paiTer. Quoi qu'il en foit , il eft prouve pat ce fait & par les deux autres rapportes ci-detTus, que l'enfant peut vivre & dans le ventre & hors du venue de la mere fans cerveau & fans cervelet \ il peut meme vivre fans tete : Pare laic mention d'un enfant acephale ou fans tete qui naquit a Agen en 1561. Regnier de Graaf parle d'un chien ne fans tete. Peut-eue en trouveroit-on bien d'auttes exemples dans les auteurs , fans compter ceux qui n'ont pas ete decries [a). (L'explication que l'auteur a donnee de la formation des monftres pouvanc fuftire pour tous les cas , fans avoir recours a finfluenee de l'imagination de la mere fur le feius , il en prend occafion de combattre vivement cette opinion j. il fait voir que la plupart des fails fur lefquels elle eft fondee, font au moins equivoques : il convient que l'enfant peut avoir le temperament , les inclina- tions, les nppetits de fa mere , aufli-bien que de fon pere, puifque ces chofes tiennent a l'organifation & a la nature des fucs done L'enfant eft forme £c nourri : il convient encore que les paffions , les mouvemens violens de 1'ame de la mete peuvent canfer des fecoufles, alterer les fucs qui vont an corps du fetus, changer leurcours, &c. & par la occaiionner des changemensde forme j mais il nie que ces changemens puiflent avoir du rapport avec l'objet dont la mere a ete aftectee , & que les mouvemens de fame de la mere puiUent influer fur la forme du corps de l'enfant. ) (a) L'hiltorien dc 1' Academic dit a cette occafion que I'olilervatiori de 1'Autcttr eft con- Stmie par plulieurs fairs de meme genie qui ont hi prelentcs a 1'Acaderaie par les Anator- unites, & quelle a verifies. Sur 1111c nouvdh Valvule de la Vtme.-ca.vt imferieurt qui peut avoir rapport a la circulation du fang dans le fetus. (tlijl. pag. in. Mem. pap. xii.) Aansfe 1717. Il eft dangereux de s'en tenir a c? que les Anatomiftes ont cerit , & fouvenc tres-difficile de le verifier. M. Winnow ayant trouve dans la veine-cave des- valvules dont avoient parle Silvius Sc Charles-Etienne , deux anciens medecins. de Paris , chercha long terns inutilenient dans la meme vcine uae autre valvule plus linguliere que Silvius paroifloit avoir eu en vue. Enfuite il vint a favoir par les opufcules d'Euftachius nouvellement remis en lumisre, & fur-tout par fes tables que M. Lancifi a recouvrees & donnees au public, que ce celc-bre Anatomifte Romain qui vivoit il y a cent cinquante ans , avoit connu a l'oririce- du tronc inferieur de la veine-cave une valvule tres-remarquable , qu'il na Acad. Royaci his Sciences m Paris. Anatomic. ACADEMIQUE. 4*5 prenoit pourtant pas pour une valvule, rfiais feulement pourune membrane. M. Winllow fe mil a la ch.-rcher tarn dans 1'homme que dans quelques ani- maux , mais inutileiuent. Dans cette recherche. , il lui parut tantot que le tronc de la veine cave a l'endroit oil elle eft comme nichee dans le foie , t'toir plus droit qu nu-dcllus & au-d*tlous, tantot qu il y avoit dans la capacite un reniis , , i ■ ,- r li i i i • > i' - J - i r Autte 1717 circulaire prefque femblable au pylore , environ a t endroit 011 le trone tiaverle le diaphragm e. Eniin il remarqua dans un enfant d'un an quelques incgahtes fibreufes ec membraneufes fur la fuiface interne du tronc de la veine cave, tin peu au-deffbus de la pattie inferieure de l'oreillette droite, mais plus laterale- menc ; & il obfcrva que ces inegalkes etoient placces comme vis-a-vis le cul de fac de cette oteillette , 6c a l'endroit ou le tronc de la cave eft extcrieure- ment garni de beaucoup de fibres cliarnues. Mais toutes ces apparences ne fe rencontroient pas toujouts, peut etre les dirrcientcs manieres dont il s'y prenoit en-dillequant , pouvoient les faire paroitre on dilparoitre j car tantot il detour- noit le foie en haut ou a co;e pour decouvrir la veine-cave, ce qui ne fe pou- voit faire fans la tirailler : tantot il fendoit le foie par devant, y faifoit diffe- rences coupes Sc emportoil doucemeut une partie de lafubftance pourparvenir :,u tronc de la veine cave fans ric-n deplacer: mais il n'a point remarque laquelle deces manieres lui avoit ddnne lieu d'y oblerver le retreeilTement & le pli circu- late dont on a parle. Enlin s'etant attache opiniatrcment 6c long-tems fans fucces, a ce qu'il avoit decouvert ile ribreux c'c de rrange , il s'appercut que, pour noil vet Lette valvule il tailoit ouvrir la veine-cave par fa partie pofterieure, au lieu que jufqucs-la il l'avoit toujours ouverte par l'anterieure , ce qui avoit dctruic ce quil cherclioit , 6V n'ni avoit laifle que quelques petits reftes en forme de filets deranges & retires de part & d autre, de maniere qu'ils n'e- toient pas recoijnculTables & qu'on n'y faifoit pulle attention. Cs!a cpnfirme bien ce qu'on a dit d'apres lui en 1715 fur les uiilcrentes manieres de difle- quer. Celle qu'il venoit d'apprendre au fujet de fa valvule n'empechoit pourtant pas qu'elle n'echappac encore le plus fouvent a fa curiofice, 6c ce ne futqu'apres bien des peines qu'il vint a reconnoitre qu'elle ne fe irouvoit gueres en fou entier que dans les plus jeuncs enfans , en qui le trou ovale etoit encore ou- vert, qu'elle diniinuoit ordiiiaireuient avec ce ttou , Hi enlin difparoifloit dans les adultes , a moins qu'il n'y fiit pas ferme , ce que n'avoit pas vu Euftac!j;iis lui-meme, qui a ete plus inftruit que perfonne fur cette matiere, & ce qui n'eft pas anili lans exception. Mf \. inflow a cru devoir donner a la valvule le 110m d'Euftachius en y joignant I'epithete de rericulaire , pane qu'elle rorme un tefeaudans une partie de la longueur , comme on le verra ci-dtiious. Elle eft a -peu-pres comme toutes les valvules des veines , difpofee en croif- fant j fa concavite eft en haut 6c fo convexite en bas ; de forte que li le fang de la veine-cave inferieure reftuoit de haut en bas. elle fe voutetoit en bas He en empecheroit le retour. Un.- des comes du croiffint fe termine entre I'orilice de la veine coronaire 6c I'extremite anteiieure de I 'arcade charnue de la cloifon des oreillettes : e'eft cette arcade qui forme en partie I'ouyerture du tiou ovale, L'autre corne aboutit entre I'extremite pofterieure de cette arcade 6c le bord voifm de l'ureillette droite. Le refte de la valvule eft prefque demi-circulaire, & s.'auac&9 interieurement aux patois aiusrieures de la veine-cave iafHrieaiev 4ur pouvoir, fans etre tiraillee , couvrir le trou : enrm il demontra que la direction du trou ovale eft un peu oblique de bas en haut , de droite a gauche & de dernete en avant. M. Du'verney apporta en meme terns les obfervations qu'il avoit fau^s fur la valvule d'Euftachius dans environ quarante fujets de differens ages. II en avoit examine dix-neuf en ma prefence , & il avoit diftnbue ces dix-neiif cceurs en trois clafTes , dont la premiere etoit de quatre grands fujets, la fe- conde de treize depuis un an jufqu'-i huit , Sc la troiiieme de qu.ure kijcts plus petits. Des quatre grands fujets l'un avoit la valvule d'Euftachius fort large Sc en etat de fermer l'embouchure de la veine-cave inferieure; elle etoit mince & garnie de fon tiffu reticulaire. Dans deux autres elle etoit un peu epaiffe Sc n'occupoit que le quart de l'ouverture. Dans le quatrieme elle etoit encore plus etroite Sc fort mince. Le trou ovale etoit ferme dans tous quatre. Des treize fujets de la feconde claife , quatre au-deffous de trois ou quatre ans avoitnt le trou ovale ouvert : un de deux ans Sc les huit autres plus ages l'avoient ferme. Les quatre fujets dont le trou etoit ouvert, avoient la valvule d'Euftachius etroite & mince avec cette difference que dans deux elle occupoit la moitie de l'embouchure de la veine-cave inferieure, & moins dans les deux autres. Parmi les neuf fujets dont le trou etoit ferme, celui de deux ans avoir la valvule d'Euftachius etroite & mince, les huit autres l'avoient pour la plu- part fort large : dans l'un de ceux-ci elle occupoit environ le tiers de l'em- bouchure de la veine-cave inferieure, Sc dans deux autres elle en occupoit en- viron la moitie. Ces trois fujets paroilTbient avoir fept ans plus ou moins. Des quatre plus petits fujets qui faifoient la troifieme dalle , & dont le trou ovale etoit ouvert, l'un avoit la valvule d'Euftachius un peu plus large que le tiers de l'embouchure de la veine-cave; dans un autre elle n'en occupoit que le tiers , Sc dans les deux redans elle etojt encore plus etroite. Ayant ACADEMIQUE. 457 Avanr ces dcmonftrations qui furent faites aTAcademie au moisdeSeptem- . bre 1717 , M. Duvemey avoit auffi propofe celle d'une experience qu'il avoir Acad. Royale faire chez lui fur le cccur d'un petit chat , dans laquelle il avoit vu le trou ovale des Sciences di refferrer de terns en terns en maniere de fphincter, 5c la valvule s'y applique: Paws. enticement : mais on n'en pouvoit rien conclure pat rapport au cours du fan" An-atomie. dans letatnaturel, car dans cette experience l'oreillette droits etant ouverte, rien Suite de 1717. nfempeche Is fingdu facpulmonaire & de l'oreillette gauche de pouffer la val- vule du cote 011 il n'y a plus de refiftance. Je rapportetoutes ces chofes, parce qu'elles ne fe trouvent pas dans les Memoires de 1'Academie. Depuis le mois de Septembre 17 17 , perfonne n'avoit rien publie la-deflus, jufqu'au mois de Fevtier 171S que M. Rouhaut porta a 1'Academie queiques pieces pour cnontrer que la circulation du fang dans le ferns pourroit fe faire encore d'un? maniere diffcrente de ce que les defenfeiirs d'Harve, M. Mery & moi nous avions avance. II ne pouffa pas plus loin alors cette tentative • &c il fut appele dans la fuite a Turin , 011 il fe fixa , & d'ou il envoya a I'Aca- demie au mois d'Aoiit 1715 , un manufcrit intitule De la circulation du fan* duns U fetus, 011 il apptouve & rapporte en entier une defcription de la valvule d'Euftachius. II a fait imprimer cet eerie depuis en Iralien avec quelques chan- gemens ; j'en patlerai dans la fuite de ces eclairciftemens. J'ai die dans mon memoire de 1717, que le chemin de la circulation de- voit are abcege dans le fetus ; & il me fembloit que , felon l'ancien fyfteme , le trou ovale fufriroit fans canal arteriel , & que felon le nouveau fyfteme , le trou ovale fcroit inutile & le canal fuhuoir. En effet, felon les Harveens, le feul trou ovale , avec plus de capacite de l'oreillette & du ventricule gauches , & du tronc de l'aorte afcendante , fuffiroit & rendroit inutile le canal arteriel ; car le ventricule droit auroit affez de fang pour les poumons , qui, fuivant ce fyfteme, n'en peuvent pas recevoir beaucoup dans le fetus. Le ventricule gauche en auroit la plus giande portion pour l'envoyer a routes les parries du Ci. ..„. c. •• _ _•• .. c • nJ . . . par les pa ._ du fang de la mere, & theme la diftribution en feroit plus e ^ans ^aue entr'ouvrir ce trou &c verfer par lui dans le tronc de la veine »es Sciences de pulmonale une partie du fang qui fe trouve au moment de fa contraction Paris. pres de 1'oreiMette droite &: du ventricule droit du cceur. Si 1'ifthine par fa Anatomie. contraction fait entr'ouvrir letrou ovale & relache la valvule couchee derriere Suite de 1717. lui dans le fetus, il eft certain qu'ii bouclie ce trou & tend cette valvule lotf- qu'il s 'allonge; c'eft pourquoi le trou ovale ne peut laiiler paftcr du fang de la veine cave dans la veine pulmonaire , tandis que l'ifthme refte allonge. M. Wieuifens dit aulli que comme les fibres chamues du tronc de la veine pulmonaire fe fcrrent dans le meme tems que l'ifthme ferre le commence- ment du tronc fuperieur de la veine-cave, ces fibres concourent avec l'ifthme pour entr'ouvrir le trou ovale dans le fetus , &c verfer par ce palfage du fang de la veine-cave dans le fac des veines pulmonaires. L'txplication que M. WieulTens fait des ufages du trou ovale Sc de la valvule , peut etre re- garded comme un fyfteme particulier ; car quoiqu'il convienne avec les Har- veens que le fang paiTe de droite a gauche, il en difFere en ce qu'il pretend que le fang pajje pur le trou ovale lors de la fyjlole ou contraction des oreil- lettes , & que dans leur diaftole ou dilatation la valvule ferme ce trou & s'oppo/e au retour du fang. C'eft ce qui m'a engage a en faire ici le rapport, d'autant plus que M. Rouhaut n'en patle point, quoiqu'il avance le fentiment con - traire fans le prouver, favoir, que c'eft lors de la diaftole ou dilatation que le fang pafte par le trou ovale; en quoi il eft d'accord avec la plupart des Har- veens audi- bien qu'avec M. Mery. Dans ce meme ecrit que j'ai dejacite, M. Rouhaut , apres avoir frit la defcription du cceur, examine fi les preparations feches de M. Mery font pre- ferables aux preparations fraiches employees par les adverfaires, & il donne la methode de M. Mery qui eft de bien laver le cceur Sc fes vaiifeaux du fang qui peut etre refte dans leur cavite , de debarraffer les vaiileaux des membranes qui ne leur appartiennent point , de faire enfuite la ligature a tous les vaif- feaux du cceur Sc des oreillettes, excepte a un qu'on laifle ouvert , afin d'y introduire de l'air en fuffilante quantitepour etendre & gonfler les oreillettes, les ventricules Sc les vaiifeaux, enfuite de lier ce vailTeau comme les autres Sc de lailfer bien fecher le cceur, apres quoi on ouvre les oreillettes. M. Rou- haut penfe que par cette methode les parties ne font pas plus tendues que dans letat nacurel, & que la grandeur du trou ovale n'eft pas l'effet de l'ex- ficcation de la membrane valviforme; car dans ce cas , dit-il, le trou ovale feroit egalement decouvert dans tous les cccurs prepares de cette maniere , quel que rut lage des fetus , au lieu qu'il eft plus ou moins decouvert felon les dirferens ages des fetus : mais cette efpece de proportion entre l'ouverture & 1'age du feus n'empeche pas , ce mefemble, que 1'exficcation de la mem- brane ne contribue a decouvrir le trou. 11 eft certain du moins que cette mem- brane delft'chee eft cchancree par le retirement de fon bord. M. Rouhaut ne trouve pas que les preparations fraiches foient preferables aux preparations feches; il eft certain qu'elles one toutes deux leurs inconve- niens , Sc qu'on ne peut bien demontrer les parties flottantes Sc molles que dans l'eauclaire, comme je 1'ai du. La raifon queM. Rouhaut apporte contre les preparations fraiches , c'eft que les parties etant fouples Sc pliantes , elles A C A D E M I Q U E. 4*1 gliflent aifement entre les doigts , & y prennent differences formes ou ciiffe- -»■ ■■■■ ■' ', ■■ '-. rentes apparences. Je ne fuis point en ceci de i'avis de M. Rouhaut; ces Acad. Royale inconveniens qu'on peut prevenir par l'exactitude , 1'atcention & I'ufage , font des Scilncks de bic.ii moindres , ce me femble , que ceux des preparations feches. J'avoue Paris. que Pait renferme dans les cavites des cceurs fouffles & de letirs vaiffeaux, en Anatomie. tient les parois toujouts ecartees , & les empeche de fe retrccir; niais il Suite de 1717. n'empeche pas que les valvules, &: en general les parties renfermees dans ces cavites ne ie retirent vers la circonference des parois, ce qui altere leur forme. D'ailleurs toutes les cavites font gonflees a la fois, ce qui ne donne point une idee jufte de leur etat naturel , ou ces cavites fe gonflent tour a tour. Enhn elles peuvenc Pc-tre , quoi qu'en dife M. Roulnut, les tines plus , les autres moms que dans letat naturel. i°. On ne peut feparer le tronc de Partere pul- monaire de celui de 1'aorte, fans fendre la tunique qui leur eft commune, apres quoi ces vaifteaux pit-cent trop a 1'eftort de Pair renferme. 2.0. Les ven- tticules plus epais que les oreillettes fe retrtciffent davantage en fechant , Sc par confequenc chill ent une partie de Pair qu'ils renfermenc dans les oreillettes qui fe gonrlent d'autant plus. Ces preparations feches ne font done bonnes qua rappeler I 'idee des parties a ceux qui les out obfervees dans letat naturel. La valvule d'Euftachius dans les cceurs prepares par M. Mery en eft une preuve : il ne Pavoit pas vue dans les cceurs hais, & dans les fees elle ne Pavoit pas frappe , quoiqu'elle y flit encore affez vifible pour , excepte les deux criftallins qui, a peu de chofe DES : UNCIS D* pic-b , avoient leur a ■ I ui naturelle. Les parries propres a chacun de ces petits P-**IS- c i l j/i- a. J I ■ c • i r < Anatcmiz. corps rormoient un globe .mtmct de celiu que rormoient les parties propres a l'autre. lis fe touch lient un peu par le milieu ; mais ils n'avoient entr'eux de Anucc 7'7> communic ition que )• u i-. u s vailleaux qui partoient immediatement de la fcle- totique; la choroide d'oii i Is pattern d'ordinaire, manquant comme je l'ai dit. Ce que nous avons id de fiugulier eft done que la nature eiit renferme deux yeux fous une meme envelonpe , & quelle ne leur eut donne qu'une feule ouverture placee au has du front. Pour ce qui eft des parties qui devoient com- pofer le nez, il hut on que le fetus eut manque de fuc foit pout leur forma- tion , foit pour leur accroiriunent , on bien que ce fuc, au lieu de fe porter en dehors & d'elever leuis parties exrerieures, fut refte en dedans, & par fon epanchement eut ramble les fortes nafales. J'ouvris le crane en prefence de Me/fieurs Duverney & Rouhaut. Nous trouvames le cerveau fondu & femblable a une bouillie claire, & nous n'y pumes ebferver aucune forme de partie. Nous n'y vimes qu'un feul cordon de nerf, que nous reconniimes e-rre le nerf optique. 11 fortoit du crane pour s'inferer dans l'orbite de l'ceil par un trou perce precifement entre les deux en- droits par ou partem ordinairement les deux nerh optiques , & a egale diftance de 1'un 8c de l'autre. Ces deux trous manquoient; ils etoient remplaces par ce trou unique dont nous venons de parler; le nerf optique , auquel il donnoit pafTage, quoique fimple en apparence, etoit reellemeiu double ; il y en avoit deux bien diftincts renfermes fous la meme enveloppe. Ce fetus avoit quelques autres lingularites , mais moins remarquables &: que nous ne ferons qu'indiquer. Sa main gauche avoit fix doigts dont les deux premiers etoient raits du ponce qui etoit comme part.ige en deux parties pref- qu'egales jufqu'a fa racine. La fangue n 'etoit pas libre , parce que le filet fe continuoit jufqu'au bout de cct organe : l'epiglotte ne I'etoit pas non plus , elle etoit renverfee en devanc fur la racine de la langue, Sc y etoit etroirement unie. Ce feul vice de con- formation eut fuffi pour faire bientot pcrir le fetus , s'll fut venu au monde vivant , d'autant qu'il n'auroit pu rien avaler qu'il n'en fut tombe da:is la f lotte , parce qu'elle manquoit de fon couvercle ordinaire ; ainfi il eiit ete bientot etoutfe. A ces deux vices pies , tout etoit dans l'ordre nature! dans la bouche , dans la gorge &c dans les autres parties du corps dont nous n'avons pas parle. 47o COLLECTION Acad. Royale pes Sciences de Paris Obfervationfur la manure, dont une Fill: fans langue s'acquitte des Anatomie. fonclions qui dependent de cet organe. (Memoires } pag, 6".) Annec 17 1 8. Par M. DE JussiEU. J_,A fille dont il s'agit ici eft nee de parens pauvres dans un village de l'Allen- tejo , petite Province de Portugal : elle fut prefentee a l'age d'environ neuf ans a M. le Comte d'Ericeira , Commandant d'une partie des troupes de Sa Majefte Portugaife. Ce Seigneur, voulant fatisfaire a loifir fa cuiiohte fur un fait aulli fingulier , a garde cette fille p'ufieurs annces chez lui a Lisbonne ou je l'ai vue deux fois confecutives Sc ou je I'ai examinee avec la plus grande attention. Elle avoit alors environ quinze ans , & aflezde raifon pour repondre a routes les queftions que je lui fis fur fon etat Sc iur la maniere dont elle favoit fuppleer a la langue qui lui manquoit. Le foir , a la faveur d'une bougie, & le lendemain au grand jour , je regardai dans fa bouche, ou je vis au lieu de langue Sc dans le milieu de l'efpace qu'elle occupe ordinairement , un mammelon faillant d'environ trois ou quatre lignes. Cette eminence m'auroit ete prefqu'imperceptible, fi je ne me fulTe allure par le toucher de ce qui pa- roiftbit a peine a la vue. Je fentis , en appuyant le doigt, un mouvement de contraction Sc de dilatation qui me fit connoitre que , quoique l'org ,.ne de la langue parut manquer , neanmoins les mufcles qui la forment & qui fervent a fes mouvemens , n'y manquoient pas, puilque je n'ai trouve aucun vide fous le menton , &. que je ne pouvois attnbuer qu'a ces mufcles le mouve- ment alternatif de l'eminenceou mammelon dont j'ai parle. M'etant alfure de la difpofition de toutes les parties de la bouche par rap- port au defaut de la langue , je fis un examen particulier de la maniere dont cette fille s'acquittoit des cinq fonftions auxquelles cette partie eft ordinairement employee. La premiere qui eft le parler , fe fait chez elle fi diftinctement & fi aifement , que Ton ne fe douteroit pas que l'organe de la parole lui manque, fi Ton n'en etoit prevenu 5 car elle pronon^a devant moi non-feulement toutes les lettres de l'alphabet Sc plufieurs fyllabes feparement , mais meme une fuite de mots formant un raifonnement entier. Je remarquai neanmoins que parmi les con- fonnes, il y en avoit cerraines qu'tlle pronon^oit plus difficikment que d'au- tres, telles que C , F , G , L, N, R , S, T, X , Z , & que , lorfqu'elle etoit obligee de les prononcer lentement ou feparement, la peine qu'elle prenoit pour les faire fonner fe maiiifeftoit pat une inflexion de tete dans laquelle eile retiroit le menton vers le goner, comme pour lt-lever, be en le prellant l'ap- procher des dents Sc le mettre a leur niveau. La feconde foncliion de la langue qui eft celle du gouter , fe fait suffi chez elle prefque avec le meme difcernement des faveuis que nous poumons le faire, puifejae j'appris d'elle-meme qu'elle trouvoit une douceur agieable a des confitures feches qu'on lui prefenta. La maftication me parut lui ette plus difiicile a executer j car cette petite A C A D E M I Q U E. , - 1 ce qu'elle a au milieu de la partie intc-neiire ile la bouche n'..yant pas ' line ctendue luliilante pour porter & repoulfer entre les deux mathoites les Acad. RjOiali is folides, autant qu'il elt neceflaire pour qu'ils foie. , en pare, i>fs Sciences de ;mploie a cette rondhon le mouvement de la maqhoire inferieure qu'elle 'iAR,s- avance ou qu'elle eloigne du cote des dents machelietes de la ii pc ieure feus Anatomii. lefquelles fe trouve le morceau d'aliment qu'elle veut bio)er : quelquefois Amite 1718. meme elle fait fervir un de fes doigts a cct ufage. Mais il n'y a point de fonction a quoi les doigts Iui fervent plus efficacement en cercainea occalions que la deglutition des folides , a laq ; eft (i ncceffaire pour les pouller droit au phannx lorfqu'ils ont ere prepares pai la maf- tication, & pour en reeueillir julqu'a la moindre parcclle de tons les cotes de la bouche. C'eft principalemeiu loilque les parties d'aliment qui U11 font pie- fentees , fe trouvent etre ou plus difficiles & par confequcnt plus long-iems a etre moulues , ou qu'ayant beloin dune plus grande quantise de fahve pour etre derrempees , Ls glandes fahvaires de la bouche deja epuifees par une longue maftication , ne font plus en etat de foumir allcz d'humide a ces par- ties d'alimens, Sc de les rendre alfez coulantes , pour qu'elles puillent fe ra- malfer d'elles-memes a l'entree de I'ocfophage. Pour ce qui eft des boiilons , cette fill e les avale a-peu pres comme les au- tres , ii ce n'eft qu'elle a la precaution de ne s'en pas verfer a la rois une ft grande qu.intite , 6c d'nicliner un peu la tete en avant pour les avaler , afin qu'en diminumt la pente qu'elles auroient , ii elle tenoit la tete droite , elles puillent moins s'engorger. L'eoiinence meme quelle a au milieu de la bouche a la place de la langue, ne lui eit pas inutile pour garantir le larynx dun trop grind abord de boilfon par le petit obftacle qui l'oblige afe diviier & a prendre la route ordinaire des hquides. A legard de I'a&ion de cracher que Ton ne peut pas dire dependre abfolu- ment de la langue , mais a laquelle neanmoins la langue fert li conliJerable- ment , qu'elle ne peut ordinairement s'executer fans ion miniftere , foit par l'amas quelle fait de la ferofue qui s'elt feparee des glandes de ra bouche, foit par la difpolition dans laquelle tile met la falive qu'elle a ramaflee , ou la matiere pituiteufe rejetee par le poumon , pour qu'elles puillent facilement etre poullees fort loin hors de la bouche par une forte expiration ; a legard de cette adbon , dis-je, il ell vtai que la petite eminence eft ties-incapable de faire dans la bouche l'amas de la lalive , & encore moins de la porter fur les levres ; mais a Ion defaut la partie inrerieure de la bouche remplie par les mufcies moteursde la petite eminence, s'elevant prefque au niveau des dents de la maqhoire infeneure , & les mulcles buccinateurs s'approchani des deux ma- choires, en expriment la ferofite , & la conduifent julqu'au Iphincler des levres, d'ou I'air poulle avec impetuolite du larynx , fert de vehicule pour expulfec cette ialive , cc pour la lancer d'autant plus loin qu'elle ell plus epaiffe. Je nc donne point ce fait comme nouveau , puilqn'il y a environ quatre- vingt ans qu'un noinme Rolland , Chirurgien a Siumur, y a fait une obfer- vation femblable decrite dans un petit traitc intitule dgloffoftomographit , ou djefcription d'une bouche fans langue, laquelle parloit ,\ fa 1 foit audi toutes les aurres tonccions de cet organe, la lenle difference que je remarque entre les deux lujcts, eft que ceha de Samiiur etou un gallon de huit a neuf ans a qui 47* COLLECTION '"■■ ' une gangrene caufee par des ulceres furvenus dans la petite- verole , avoit fait Acad. Royale perdre la langue j au lieu que la fille dont il s'agit ici , eft venue au monde »es Sciences d» fans avoir de langue. Une circonftance meme cuneufe par rapport a fon edu- 1>ARIS- cation, c'eft que ne pouvantdans le terns que fa mere l'allaitoit, tirer le lait, natomie. comme f0Ilt [es autres enfans, par la fudlion , a quoi la Iansjue eft li nccef- Annce 1718. r ■ r ■ cr \ v r ■ 1 • i 1 °,- n- . laire loit pour ramalier la liqueur, loit pour lui donner la dire&ion vers le gofier," fa mere qui s'appercut de la difficulte qu'elle avoit de tetter, ne pou- voit lui commumquer fon lait que par la preilion de la mammelle dont cette fille ferroit le bout avec fes levres. La petite eminence que j'aiaulli remarquce comme (inguliere au milieu de la bouche de cette fille, fait une feconde difference entre ce fujet &c celui de Saumur, en ce que l'efpece de mammelon que Rolland dit qui reftoit vers la bafe de la langue emponee, etoit fourchue & fort apparente, au lieu que celui de la fille dont je parle , eft anondi & fort peu fenfible. A legard des dents de la machoire inferieure , elles ne font pas dans cette fille a double rang ni indinees en dedans de la bouche, comme dans le garcon obferve par Rolland 5 circonftance encore remarquable. Si dans le nombre des cinq fondions ordinaires de la langue, auxquelles j'ai remarque que la jeune Portugaife fuppleoit , il y en a quelqu'une plus digne que les autres de notre attention , c'eft fans doute celle du parler ; & d'abord cette fingularite d'une bouche qui parle fans langue, doit nous con- vaincre que la langue n'eft pas un organe eftentiel a la parole, puifqu'il y a d'autres organes dans la bouche qui concourenc a cet eftet , & d'autres qui fuppleent au defaut de langue. La luette, les conduits du nez, le palais , les dents & les levres y ont tant de part, que des nations entieres fe font diftinguer dans leur maniere de parler par I'ufage dominant de quelques unes de ces parties. Pour cequi eft de celles qui peuvent fupplcer au defaut de langue, je n'en ai remarque aucune plus capable de remplir cette fonttion que les mufclesqui l'auroient faitagir, fi elle y erit ete toute entiere, mais principalement les ge- nioglolfes qui prennent leurorigine de la partie interne du menton , & vien- nent s'inferer prelque vers la bale de la langue. Ce lont ces mulcles qui con- jointement avec les geniohyoidiens 8c les milohyoidiens tirant a eux l'os hyoide du cote du menton , paroilfent elever le larynx &c le rapprocher des dents , en- forte que l'efpace qui feroit entre les deux parties fe trouvant diminue par cette contraction , la voix a la fortie du larynx eft beaucoup moins brifee , qu'elle ne le feroit, fi la cavite de la bouche etoit plus grande. Et comme dans cette action , ces mulcles fegonflent Sc acquierent, en fe raccourciflfant , un volume qui s'eleve jufqu'au niveau des dents, d'autant plus qu'il n'y a dans la bouche aucun obftacle qui les empeche , ils femblent tenir lieu de cette rigole artifi- cielle qui depuis le larynx jufqu'aux levres , eft formee par la concavitc que prend la langue pour porter la voix avec moins d'interriiption au dehors de la bouche. 11 y a meme apparencc que des la plus tendre enfance de cette fille , la na- ture avoit fupplee a fon detaut de langue pour la luclion des mammelles de fa mere, par le moyen de l'elevadon de ces mufcles fur lefquels le lait exprime pac A C A D E M I Q U E. 47, par les levres tomboit 8c etoit conduit dire&ement au pharynx le long de la — — — — — ligole que forment enfemhle ces deux mufclcs. Acad. Royale L'ufage de cet:e rigole pout la fuclion, a p.illc infenfiblement a celui que je pis S< , viens de lui marquee pour la parole, &; s'eft rellement fortifie chez elle par Paris. la coutume , qu'on pent dire que cette rigole fait a prefent dans c^tte fille Anatohie. une parrie des functions de la langue. Anucc 17 if, La ncceffite de cette efpece de rigole taifant en quelque nrtaniere I'ofEce d'un poire voix , ne fera point revoquee en doute lorfqu'on obfervera que par fa fupprellion caufce foit par une paralyfie fur la langue, foit par une tumeur ou inflammation a Ion extcemite; ou, commc il arrive quelquefois chez les verolcs, par les brides qui la lient a l'inicrieur des machoices, lors , dis-je, qu'on obfervera que par quelques-uns de ces accidens on ne fauroit plus en- tendre que des fons defagreables tels qu'ils fortent du gofier , 8c par confc- quent mal ariicules. La facilite avec laquelle cet enfant mutile de la langue , dont parle Am- broife Pare , s'exprimoit nettement en approchant le boid d'une ccueile da troncon de ce qui lui reftoit de cette partie , ell encore une preuve de la ne- cellitc de cette rigole; S: il y a lieu de croire que cet habile Chirurgien ne manqua pas de s'en appercevoir , fi Ton en juge par l'inftruaient cave en forme de gouttiere qu'il fit faire pour Pappliquer fur le moignon de la langue a ceux qu'ii verroit par la fmte mutiles dans cette partie , 5: luppleer amii a cetta rigole. J'ai dit que j'avois remarque que lorfque la fille dont il s'agit vouloit pro- noncer lentement des mots compofes de certaines confonnes , elle ne le pou- voit faire fans une inflexion de tcte dans laquelle elle retiroit fon menton vers fon gofier comme pour l'elever , & en le preffant l'approcher & le metire au niveau des dents ; 8c cette obfervation fert a faire voir que la langue n'eft pas la feule pattie qui agille dans le parlor , mais que les mouvemens du larj ax , de la luette, du me.iton, des joues & des levres y contribuoient auili , telle- nient que leur concours menage eft capable de fupplcer a la langue n Cen'eft que par le mouvement artifieiel de quelques-unes de ces parries que Amman a ofe entreprendre de faire parler les muets dans le traite qu'il a fait de la parolt , puifque fon art ne confide qu'a leur faire fentir avec la main les liiouvemens du gofier , du menton & des levres de ceux qui leur parlent, &z a les leur faire imiter en meme terns en les aidant pour cela de la main. Quelqu'un , dans le doute 011 il feroit de la pofiibilite de pouvoir parler fans langue , pourroit s'imaginer que celle de cette fille ne lui manquoit pas , mats que par mi accident naturel elle auroit ete collee a la partie inferieure 8c la- terale de fa bouclie. Cependant il eft aife de lever ce doute par l'infpection de la bouche ouverre j car non-feu!ement lacapacite en paroit plus grande, mais on appercoit encore au fond la luette prefque du double plus lqngue & un peu plus groffe qu'a l'ordinaite , qui s'etendant jufqu'A l'epiglotte, forme au i jnd du gofier deux ouvertures cgales & arrondics au lieu d'une , qui , quoique feule 8c pourtant beaucoup plus grande que deux enfemble , ne paroit dans les autres fujets qu'en prellant la bale de la langue. Cette difpoluion de la luette , raugmentatioa de fon volume & la dimi- nution de l'ouverture du fond du gofier, produifent dans cette fille beaucoup Tome IF, Pur tie Frangoife. O o o 474 COLLECTION . de facilite a prononcer les lettres nafales par la liberie qu'a la voix de palfer Acad. Royale par les canaux du nez. II y a meme lieu de croire que les fons qui fortent da bes Sciences de gofier de cette fille , n'auroient pu etre que delagreables fans le petit obftacls Paris, que cette luette allongee leur prefente, lequel obftacle fert a leur donner una Anatomie. efp(4ce de moJulation. Aanee 1718. Enfin la conformite de plulieurs circonftances de cette hiftoire avec celles qui ont ete rapportees par le Chirurgien de Saumur , ne peut laiiTtr aucun doute fur In polfibilite d'un fait qui peut paroirre extraordinaire , & elle eta- b!it de plus en plus que les patties renreimees dans la bouche font fi necelfiires a 1'aciion de parler , qu'elks peuvent dans cette fon&ion fupplcer au defaus de la langue. Sur les InjtS.ons anatomiqucs. Par M. Rouhaut. (Memoires , pag. 119.) JlLntre tous les moyens que les An.ntomiftes emploient pour decouvrir la route des vailfeaux des corps qu'ils dtllcquent , il 11 y en a poirt de plus fur que I'inje&ion , puifqu'en palfant dans les vailfeaux , elle leur donne dans toute leur etendue la couleur dont elle eft chargee. La matiere des injections dont on fe fert ordinairement , eft on melange de fain-doux , de cire blanche, de fuif de mouton &c de terebenthine, ou bien de l'efptit de terebenthine charge dun pen de cire. On donne la couleur a ces matietes avec le vermilion lorfque Ion veut remplir lesarteres, ou avec le verdet lorique Ton vein remplir les veines. On injecte ces liqueurs le plus chaudemenr qu'il eft pollibie , dans les vailfeaux spies les avoir vides de fang & echaurfe les parties que Ton veut lnje&er par 1'eau tiede ou avec des lmges ehauds. Comme la matiere de ces injections eft trop epailfe pour s'infmuer parfai- tement dans tous les vailfeaux , & qu'elle fe refroidit & fe fige trop tot pour quelle puilfe parvenir dans les extremites capillaires de ces n. ernes vailfeaux, on ne l'emploie que dans les occalions ou Ton ne veut qu'examiner les pnn- cip.iles branches. M. Ruifch ayant trouve une liqueur pnrticuliere pour faire les injections , a donne des defcriptions de vailfeaux inconnus avant iui : en cftet la marierc de fon injection eft telle qu'elle palTe dans toutes les parties ou le lang coule. Ay.mt tente plulieurs efpeces d'injedions, je n'en ai point trouve qui m'ait mietix reulfi que lacolle de gaud ik. la colle de poiflbn fondue dans I'eau , done M. Meiy m'a donne 1'idee. Cette derniere injection me reudit p.uraitement en J 7 1 6 ; elle templit non-feulement tous les vailfeaux Aa placenta , mais encore elle le traverfa , tk fortit par l'extremite des vailfeaux qui font ouverts a fa fur face ducote de la matrice. Je fis voir a la compagnie plulieurs portions de vailfeaux de ce placenta injecte de differentes conleurs. J 'injechi dans le meme terns de cette liqueur dans les carotices, & elle fe porta jufque dans les vaif- feaux de la fubftmce corticale du cetveau , mais je ne demontrai pome cetce piece a la compagnie. A C A D E M I Q U E, 47< J'aurois enfeveli cette matiere d'inje&ion dans l'oubli , la crov.int inferieure »■■—«—«■ a celle de M. Ruifih, fi M. Ahlers qui vint a I'Academie a la fin de Dc- Acad.Royale cembre 1717, n'avoit apporte des parties injectees , qu'il allura etre preparces des Sciences ui felon la methode de M. Ruifch, Je les exaniinai Sc jc rcconnus que cette in- Paris. jedcion n'ctoit point faite avec de la cire. Ahatomis. Je dis a li compagnie que fi je n'avois pas la meme injection, j'en avois Amice 1 7 1 $. line femblable qui iroit au moins aulli loin , & j'apportai le 8 Janvier de cette preTente annee 1718 , des portions d'inteflins preparers avec mon injection, dans lefquelles les vailfeaux fe trouverent, a ce que jecrois, remplis jufqu'a leurs extrcmitcs , Sc femblables aux portions d'inteftins que M. Ahlers avoic demontrees .1 la fin de Decembre 1717. J'ai injectc les veines Sc les arrcres de differentes cou'.eurs , ce que Ton n'avoit pas encore fait. Le 11 Janvier je dcmontrai a I'Academie le ventricule d'un fetus de huit mois , dont les arteres ctoient inje&ees Sc faifoient boile jufqu'a leurs exire- mites capillaires. Quoique cette injeclion foit, a mon avis, capable d'allec jufques dans les vailfeaux les plus fins Sc les plus defies , il y a line injection que Ton fait avec l'efprit-de-vin colore avec l'orchanette, ou avec de tres beau carmin, qui devient ties-fendble par la vivacitc de fa couleur. On 1'emploie pouc colorer les vailleauxintcrieurs du globe de l'ceil, ceux de l'iris Sc du criftallin. On fe fert quelquefois de mercure coulanr pour faire injeclion dans les vailfeaux ; mais (i Ton vient en diffequant a ouvrir une des branches du vailleau injecte, il arrive la meme chofe qu'a ceux qui font l'injechon des vailfeaux avec de I'eau coloree. Les vaifieaux s'affaiiTent Sc fe degorgent , ce qui les bit perdre de vue. J'ai demontre le meme jour le veloute des inteflins foutenu des fibres charnues de l'inteltin injecte. J'ai aufli fait voir le veloute des inteflins feparc, pareillement injecte, aulTi-bien qu'une portion de l'inteftin ikon , le cecum Sc ion appendice avec une portion du colon. Sur un Poumon d'une conformation finguhcrc. (Jliji- pag. J 1 •) JV1. Deslandes a ccrit de Bred a l'Academie qu'il avoit vu ouvrir le corps d'un jeune homme de vingt-feptans, ties-bien fait & d'une bonne conftitution , a qui on avoit trouve cinq poumons , ou plutot cinq lobes du poumon , dont ttois par confequent ctoient furnumctaires. lis ctoient tous revetus de leur membrane commune Sc couches les uns fur les autres, fans aucune adhe- rence ; de forte qu'on les fcpara facilement Sc fans rien deciliter. Les trois fur- numeraires ne differoient point en grofleur des deux nature!.;; d:ux des fur- numeraires etoient couches fur la partie fuperieure du grand lobe gauche , & le troilieme fur le lobe droit. A la partie inferieure du lobe droit fe formoit en- core de furcroit un fixieme lobe deja gros de trois doigts , Sc long d'un doigt & demi. La fubftance des lobes furnumcraires parut charnue, inegale & prei- que aulli compact que celle du foie : elle etoit compofee de quelques vcli- cules remplies d'air, mais d'un trcs-petit nombre de vailfeaux. La fubftance O o 0 ij 47ARIs. partie de la plevre qui le fepare des parois de la poitrine qu'elle tapifTe pour Anatomie. s'attacher fur le pericarde , 8c pour former de chaque cote line doifon qui Amice 1 71!. divife la poitrine. On trouvera que le mediaitin eft double de chaque cote, c'eft-a-dire, qu'il fe partage en deux membranes ou en deux lames membra- neufes. On pourra les fuivre fur le pericarde ou elles s'epanouiftent , & de la les conduire fur le poumon , pour lors on connoitra racilement ce qui fuit. La membrane externe du poumon eft la continuation de la membrane in- terne de la plevte, c'eft-a-dire, de celle qui regarde la cavite de la poitrine j c'eft elle qui fait toute l'enveloppe exterieure du poumon. On Ten fepare ai- fement, ou avec la pointe du fcapel , ou avec les doigts. 11 eft encore facile de l'elever en y faifant une petite ouverture & en fouftlant avec un tuyau fin. Si Ton fourth violemment & a plufieurs reprifes par la trachee-artere dans un poumon qui aura ete lave , ou fi Ton injecte avec force & a plufieurs fois , ou de l'eau , ou quelque autre liqueur qui ne s'epaifiifte pas dans les vaifteaux , certe membrane fe fcparera du corps du poumon , & formera fur la furface des veflies confiderables & fort larges. Elle eft li ferme & fi ferree, que l'air ne peut pafter a travers, lorfqu'elle eft encore collee fur le corps du poumon. Mais il la pcnetre aifement lorfqu'elle en eft feparee j au refte elle n'a pas plus de vailfeaux fanguins que la plevre. La membrane interne du poumon eft la continuation de l'externe de la plevre, c'eft a-dire, de celle qui touche lesmufcles intercoftaux. Elle fe replie avec la membrane interne de la plevre, forme avec elle lemcdiaftin, & ref- tant toujours collee fous cette membrane, elle s'etend comme elle le long du pericarde jufqu'au corps du poumon. Pour lors elle s'enfonce dans l'in- terieur du poumon , & elle fe perd enfin dans les lobules qu'elle femble for- mer. Je n'ai pu ni l'en feparer, ni l'y fuivre. On doit obferver qu'elle eft plus fine & plus deliee que la membrane ex- terne du poumon. Elle fe partage neanmoins, & forme une gaine paiticuhere aux arteres & mix veines pulmonaires. Cette gaine renferme , outre ces vaif- feaux , nombre de cellules formees par des membranes ires-fines & tres-de- liees qui s'entrecoupent & qui s'attachent a ces vaifteaux. Les cellules font aflez gtandes & pareilles a celles que M. Malpighi a re- marquees dans les interfaces ou intervalles qui feparent les lobules les uns des autres. La gaine membraneufe accompagne routes les ramifications des arteres & des veities pulmonaires dans les inrerftices des lobules. Lorfqu'on fouftle avec force dans cette gaine , & qu'on rompt plufieurs cellules ou cloifons mem- braneufes, on fait pafier l'air dans les inrerftices des lobules qui en deviennent gonfles. Cts deux obfervations peuvent faire croire que les cellules que M. Malpighi a rcmarquees dans ces interftices ne font produites que par cette meme membrane, d'autant plus que les cloifons membraneufes qui forment ces cellules , paroiftent cue les manes que celles qu'on obferve dans la gaine des vaifteaux. . Pour voir diftin&ement cette gaine celluleufe qui entoure ces vaifteaux , on n'a qua decouvtir un gros tronc Sc feparer avec les doigts , autant qu'il feu A C A D £ M I Q U E. 479 portable , Ies parties qui couvrent Its plus grollcs ramifications ; enfuite on - clcvera ou avcc les ongles ou avcc lcs pointcs d'une pincette, une membrane Aca->. Royals ai.Ii.-z line qui fe trouve .unour de ces tiros vailleaux , on v fera une ouvenure nES Sc"'nces ds ie qui fe trouve .unour de cts gros vailleaux , on y fera une ouvenure ° avec la pointe du fcapel jufqu'au corps tin v.ulleau, &c on y intraduira pour .,s- l , ,11 c o r tr j r Anatomie. tors un tuy.-ui ; en luulil.nt rorremenr & pat lecoulles dans cette game, on rompra le-b premieres tloifons membraneufes , enforce que l'air etant en li- AnnecX7i$ bene de pallet plus ioin , fera difiii guer evidemment cV lc corps du vaiileau qui lei.i arl.uile par l'air, &: la membrane qui forme cette gaine qu'on ap- percevra ft gontler a vue d'ceil. On decouvura plufieurs budes panicul eres dans cette game, & en l'ouvrant davantage , on reconnoiifa qu'elles lone formees pai les membranes particulieres qui compofent les cellules, lef- quelles refiftant en certains endtoits a la force de l'air, & demeurant attachees a la gaine , larretent & I'empei hent de seltver par-tout egalement. En fouf- flant par la meme ouvenure du co e du cceur , on fera gonHer cette gaine membraneufe, on la iuivra jufqu'au pericarde ou elle eft collee, & on la ton- duira jufqu'au mediaftin ; ce qui prouve d'une maniere incontestable que la gaine des vaifteaux eft rbrmee par cette membrane. Cell ainii qu'il m'eft arnve de decouvrir que la membrane externe du poumon etoit la continuation de la membrane interne de la plevre, & qu'un cpanouiiTement de la membrane externe de la plevre accompagnoit les vaif- feaux fanguins dans tout Ie poumon , tandis qu'une autre partie ou l'ame de cette meme membrane fe perdoit dans I'interi.ur de ce vifcere. Enfuite j'ai examine attentivement la rrachee- artere ; j'ai iherche ces fib es chirnues & mufculeules que tous les auteurs difent y avoir appeicues, & que quelques-uns admetrent juiques dans les velicules. 11 eft vrai que j'ai trouve des plans de fibres tels qu'ils les out decrits ; mais ces fibres ne m'ont nuile- ment paru charnues , elles font convenes d'une membrane ties fine & gr.r- nies d'un grand nombre de vailllaux fanguins qui forment un lefeau , & don- nent a ces fibres une couleur rouge : de la vient qu'on s'eft imagine qu'elles etoicnt cli 111, ucs ; mais apres avoir lepare cette membiane , les fibres m'ont paru blanchatres, dun till'u tres-rerme & tres-ferre & d'une elaltiate alfez Conhdcrable, long- terns meme apies la mort de i'animal , ce qui me les a fait regarder long-tems com me des hbres ligamenteufes. En effei , fi on detache toute une ramification de la trachee-arteie 6c qu'on la tire pour la rendre ou plus longue ou plus large , elle revient par fon propre reiloit dans 1 etat od elle croit av.int 1 extenlion. [I eft encore certain que Ie mouvement du poumon ne depend pas, comme on 1'a cru , de la contraclion des fibres charnues, mais (implement du ullort de ces fibres ejaftiques ; car ll fe conferve long-tems apics ia mort de I'animal ; or, s'il etoit cauft par la contraction des fibres charnues, ll ne devroit pas durer pais long terns que fa caufe , e'eft-a dire, que Ie reflori de ces rib.es, ni ces fibies ne devroicnt conferver leur reflort ap.es la mott de I'animal, plus long terns que ne font routes les ant res panics charnues 5 d'ou fe crois pouvoir inferer qu'on peut ranger ces hbres parmi les lig.iinens a reffort p.tr rapport a leur itiucture & a leui ufage. En fuivant les petites ramifications des branches, j'ai remarque* que les mem- bianes waterae ft e«erne de la. tuchee-aricre s'ynifloient exa&ement, dema- 4S0 COLLECTION - - - --' mere que je ne pouvois plus les ftparei v.rs leurs extreaiite's. Quelque C in Acad. Loyale que j'aie apporte a fuivre ces ramifications , je n'ai pu appercevoir avec le mi- sts ScitNcEs de crofcope aucune veficule, aucun fac mernbraneux tels que les auteurs nous les »r Paris. reprefentent : routes ces ramifications fe perdent dans les lobules , fans donner A;°"'IE' la moindre idee de velicules ; feulement ayan: fouffli quelques ramifications Annee 17 is. je |a tl-achee-artere , & gonfle ks parties du poumon ou elles fe diftribuoient , li appercu ce qu'on appelie des velicules fur la fupeificie de ce vilceie : en pntinunnt de fouffler, j'ai vu la membrane externe fe feparer en difterens ;ndroits du poumon : pour lots les parties dont cette membrane ctoit feparee, n'ont plus reprefente de velicules ; fair poufle dans ces lobules qui n'etoient plus foutenus par leur membrane , les gonfloient fimplement comme un corps fpongieux , & n'y etoit plus retenu comme auparavar.t. Cette obfervation m'a fait croire que les velicules qui paroilTent a la fuper- ficie, n'etoient produites que par I'elevation de la membrane externe j car cette partie fe trouvant par-delTbus aflujettie en p'uiieurs endroits 8c libre en quelques autres , forme de perites elevations de figure fphercide lorfque fair vient a li frapper , &c e'eft apparemment ce qu'il a plu aux Anatomiftes d'ap- peler velicules. On voir cependant que ces pretendues velicules ne font point formees par les ramifications de la trachee-artere , qu'elles n'y font point atta- chees , &: qu'elles ne peuvent fe trouver dans l'interieuc du poumon : e'eft ce qui m'a fait craindre que les auteurs ne nous euflent donnc une faufle notion des veficules , & qu'ils ne les eufTent pas bien examinees , d'autant plus que M. Malpighi ne me paroit pas s'en etre explique aflez clairement. II eft vrai qu'il die , pa^e 17 de fes (Euvres pojlhumss , que le poumon de l'homme eft compofe de membranes tres-fir.es qui, naiflant de la trachee-artere , formenc des cellules & itsjinus. Mais en d'autres endroits ils femblent confondre la figiiification de ces mots , veficules ,Jinus , cellules', lefquels il emploie indif- feremment, comme s'ils etoient fynonymes : il compare les unes & les autres tantot aux cellules de mouches a miel , & tantot a la fubftance celluleufe dune eponge , idee fort differente de celle que nous devons avoir des vefi- cules. Au travers de cette obfeurite on entrevoit qu'i cet egard il a penfe fort dirTeremment des autres auteurs; carles pietendues veficules ne font pas de- peintes dans fes planches de la meme maniere que dans les leurs. Il paroit de me me par la feizieme lettre de Ruifch que cet Anatomifte n'a point reconnu dans le poumon des velicules relies qu'elles out ete decrites par les auteurs , puifqu'il les appelie dilutee vejiatlarcs; ce qui prouve qu'il les regarde plutot .comme des cellules que comme des veficules. Dans le cours de l'examen 011 je m etois engage , n'ayant pu decouvrir au- cune veficule dans un poumon fiais ni par le moyen du fcapel, ni meme en foufflant, j'ai injecte la trachee-anere fans pouvoir encore rien obferver a la faveur de cette injection. Tout le corps du poumon a ete rempli , enfuite de quoi je r.'y ai trouve qu'une ma lie de la liqueur que j'y avois injcclee. En la iompant , je n'y ai vu quebeaucoupde membranes enfermees & embarrafiees, fans appercevoir aucune veiicule ou fac mernbraneux, ni rien meme qui en eiit la figure ; e'eft ce qui m'a fait tenter une autre voie. J'ai fouffle un poumon , & apres l'avoir gonfle , je l'ai lailfe fecher , efperant rs Sciences ds de ces lobules, afin den ruieux conni I ibftancc interieure; mais je n'y Paris. si dekouvert qu'un tiflu fpongieux on celluleux , e'eft-a-dire , une infinite de '^'"omie. petites cavitcs alfez inegulieies , ralfemblees 5; formees pat des membranes Aaaie 17 ii. tres -fines. Obfervant ces cavites avec tin microfcope , j'en ai appercu plufi.urs qui COmmuniqaoient enfemble. Quelques-unes etoient plus grandes 0: formees par plufieurs autres. Au milieu de ces detnietes j'ai trouvc quelquefois une ou- veiture rondo aflez confiderable qui pergoit pius prefondement , mais qui o'avoit aucune fuitc , ni aucune route. Lorfqu'on conlrJere ce tidu avec le microfcope , il paroit entierement fem- blabie a celui de la rate du mouton. Leurs cavitcs cejluleufes fe reflemblent beaucotip t.inc par la cegularite de lour figure que par la manierc dont el'es communiquent les unes aux autres : elles ne font differences que par hue grandeur. Apres avoir ainii confidcre les lobules, j'ai fuivi les ramifications de li trachee-artere dans plufieurs lobules gonfles Sc deifeches. J'ai vu par le fecours du microfcope les plus petites ramifications de la trachee fe perdre dar.s ce corps fpongieux, fans y avoir pu rematquer de veficules. K les ai fuivies de meme dans un poumon de cheval, Sc je m'y fuis attache avec d'autant plus d'atteniion qu' Andrew Snr.pe, auteur Anglois, qui a donne l'anatoini cet animal, nous a reptelentc dans une de fes planches ces veficules iu:: rindtes & fort feparees : cependant je n'en ai pu decouvtir aucune. Pour fuivrs plus exaccement ces ramifications & les feparer de tout ce qui pourroit les caclter , j'ai fait une coupe le long d'une branche confiderable la trachee-artere, dans un poumon gpnfie Sc defleche ; j'ai 6;e avec le fcjlpel rout ce qui paroit fpongieux entre des ramifications confidcrables , enfuite de quoi j'ai expofe c;tte partie deja feche a l'air ou au foleil. A mefure qu'elle continue de fe detlecher , on frappe avec les doigts ou avec le dos du fcalpel entre les rotes , & en fouftlant deflus on en fait fortir une poufliere mem- braneufe qui lailfe a decouvert les ramifications les plus fines : eiles fe dtra- chent d'elles-memes , & fe font diltinguer facilement par la couleur^ ce qui arrive fur-tout dans le poumon du cheval dont le tilfu fpongieux eft rougeatre, au lieu que les ramifications de la trachee-artere font blanches. En s'y prenant de cette maniere , ou ne doit point craindre de ricn dechirer: en la reiterant plufieurs fois , on detache des ramifications li fines qu'on ne pent les diftinguer qu'avec un bon microfcope. On les voit quelquefois fe fourcher en deux ou trois branches vers leurs extremites , de la nicme maniere que nous le voyons fouvent arriver a la pointe des cheveux, Au telle, toutes ces extremites paroiffent s'entoncec dans le tilfu celluleux ou fpongieux. Or, li les veficules etoient attachees aux extremites des broncbes, I; etoient formees pat les membranes de la trachee-artere , 1 -mblable qu'elles s'y manifefteroient. Ces oblervations me perfuadent i°. qu'il n'y a point de veGcuIes ; 20. les cellules ou cavitcs qui for men t le tiflu fpongieux ou cs , ne lout Tome IV, Parch Frungoifc. 48z COLLECTION pas un epanouifTement des bronches, 5c qu'elles ne font point formees par Ac.\d. Royale les merries membranes ; 30. Que les petites elevations qui paroiflent exterieu- i>es Sciences de rement loilqu'on fouffle un poumon frais ou humide , ne font produites que I1*1115- par l'etfort de 1'air contre la membrane externe du poumon. A 1'cgard des Anatomie. lobules, ce font des portions de ce tifTu fpongieux fepaiees. & renfermees par Auuee 1718. une membrane alfez mince. Leur figure ne peut fe determiner au jufte , ainfi que le remarque M. Malpighi : il eft vrai qu'ils ont alfez fouvent la figure d'uiv quatre long; mais ils font quelquefois plus larges dans line exttemite, & fi- niflent quelquelois en pointes. On en troave qui font ci-hancres dans le milieu , & d'autres qui y font enchaiTes : lis ont pour l'ordinaire une epailfeur cgale a leur furface; on peut les comparer, par rapport a leurs figures differentes , aux pierres taillces pour conftruire une voute : eneffet, e'eftee que le poumon fem- ble reprefenter lorfqu'il eft gonHe. Ces lobules font arranges les uns aupres des autres; mais ils laillent entr'eux quelques inteivalles qui ne font pas neanmoins de fimples efpaces vides; car ils font remplis de membranes ties-fines, telles que M. Malpighi les a remarquees. Nous avons vu que ces membranes etoient les monies que celles qui fe tenconttent dans la gaine des vailleaux , & qu'elles etoient difpofees de la meme tnaniere. Or nous favons que cette gaine , aiun que fes membranes, vient de la lame externe de la plevre, celt-a dire , de celle qui toiuhe les cores ; il y a done lieu de troire que la meme lame produit ces membranes fines qui fe trouvent dans les interftices , & qui y torment de grandes cellules. La membrane dont les lobules font entoures, eft du meme caradtere , ex- cepte qu'e'le eft plus epailfe : e'eft fur elle que les membranes des interftices femblent s'attacher de maniere qu'elles s'y perdent ; d'ou l'on pourroit con- clure que cette derniere membrane eft Une luite des premieres. L'interieur du lobe eft le tiffu fpongieux ou celluleux dont je viens de parler. Touies les cellules de ce corps fpongieux renferme dans un lobule , fe gonflent toujours au meme terns , ou parce que les cellules d'un meme lobule out des communications les unes avec les autres, com me font cru tous les Anatomiftes ; ou patce que l'air fouffle par une ramification de la trachee- anere dans ce lobule, fe diftubue en meme terns dans toutes les cellules par une infinite1 d'autres petites ramifications qui fortent de cette premiere. L'air ne palTe pas d'un lobule a un autre; mais U palfe des lobules dans eurs interftices-, & en reffort par les lobules. Pour s'en convaincre , il ne fun que foufller tin poamon. On voit alors les interftices fe gonfier & fe defenfier aptes les lobules, fans qu'on puilfe foupgonner aucune rupture qui ait donnepafiage a fair ;. mais il faut obferver que fair ne fort que tres-lentement de ces in- terftices : il y en a meme qui reftent toujours gonfles , quoique le rc-fte du poumon foit arfaifle. Au telle, je ne vois pas qu'on puille s'aliurer par des preuves certaines que les intetftices aient communication les uns avec les au- ues , & que l'air foit porte de l'un a ['autre, ainfi que font cru les anteurs. 11 eft vrai qu'en foufflant avec force dans l'un de ces interftices ou l'on aura fait une petite ouverture pour y palfer untuyiu, on fera paifer l'eau dans pluficurs autres ; cependant apres avoir ouvert ces interftices le long de la route que l'air avoir faite , j'ai trouve que la plupart de ces membranes fines & tranfpa- rentes qu'on y decouvre, aYoient ete rompues, ce qui m'afait conjecturei que ACAOEMIQUE. 4«J dans ['hst nsturel l'ait ne communiquoit point d'un interftice a I'antre. Je me ^^ fuis confirme dans cette opinion en obfervant que lorfqu'on fouftle douce- Acad. Rotaie ment, & de maniere a ne point caufer de rupture dans les membranes, on des Sciences us ne voit plus couler ['ail dans les interlaces. Je fuis done perfuade que 1'air qu'ils Pa*,$- recoivent eft celui meme qui eft fold des lobules qu'ils environment & qu'ils An^?°*)',\ feparent: e'eft pourquoi on ne doit point, amli que M. Malpighi, regarder (Implement les interfaces comme les cmon&jires de ces lobules ; Us doivent €tre conlideres comme dss efpeces de refervoirs pour l'air , defquels nous fe- rons bientot voir la neceflite. Les membranes qui fotment les cellules ou cavites dont eft compofc le tilTu fpongieux, font femes d'une infinite de vailfeaux fanguins qui s'anaftomofent enfemble & produifent ce que M. Malpighi appelle un tefeau admirable. Je n'ai pu decouvrir d'ou partent ces membranes , & il m'a ete impollible de les fuivre. Avant que d'expofer ce que j'en penfe , on me permettra de rappeller ici les remarques que j'ai faites au commencement de ce memoire , favoir, 1°. que la lame interne de la membrane externe de la plevre s'enfonce & fe nerd dans le poumon ; i°. que l'autre lame de la mtme membrane rorme la gaine qui entoure toutes les ramifications des vaifteaux fanguins, & produit encote , felon les apparences, toutes les membranes des interfaces qui font entre les lobules; j°. que les membranes de cellules qu'on remarque dans les interfaces qui font entre les lobules, paroilfent, de l'aveu de tons les Anato- mises, etre les inJemes que celles dont eft formee ce qu'ils appellent velicule. Fonde fur ces obfervations , je crois avoir lieu de conjechirer que ceite mtme membrane que je n'ai pu fuivre dans le poumon, e'eft-a-dire , une lame de la membrane exteme de la plevre , forme ces cellules ou cavites a qui j'ai donne le nom de tilfu fpongieux oucelluleux, de la meme maniere que r.ous voyons la gaine des vailfeaux & les cellules qu'on y remarque, cue formees par une autre lame de cette meme membrane. J'ai chetchc de nouveaux eclairciifemens dans les poumons de la grenouille Sc de la tortue qui ont fait decouvrir a M. Malpighi ce refeau admirable de vailfeaux fanguins qu'il n'a pu connoitre ni diftinguer dans l'homme qu'apres l'avoir obfervc dans les poumons de ces animaux. Le poumon de la grenouille eft compofe de deux veflies l'une a droite Sc l'autre a gauche. Dans la furface interne de chacune de ces veliies, on trouve plufieurs membranes qui forment des cellules ailez considerables : elles fe de- couvrent evidemment dans un poumon de grenouille loufllc & feche , en le fendant par le milieu. Quant au poumon de la tortue de terre, il eft a-peu-prcs femblable a celui de la grenouille : on y voit de chaque cote une vellie tres-conhderable, de la figure d'un Jcmi-ovale allonge , dont la pointe eft recom bee en dedans. Chaque vellie eft feparee en plufteurs grandes cavites par des cloifons membraneules. Ces differentes cavkes communiquent les unes avec les autres par des ouver- tures qui fe trouvent dans le milieu des cloifons, & toute la furface interieure de chaque cavite eft pattagee par p'.ufieurs membranes qui forment des cavites pareilles a celles du poumon de la grenouille. En general on petit comparer les poumons de ces deux animaux a plulieurs lobules du poumon de l'homme joints les uns aux autres , avec cette dirfeienceneanmoins que les lobules dans Ppp ij 4S4 COLLECTION — — le poumon de l'homme ne communiquent point enfemble, & que les cellu!©e Acad. Royale font beaucoup plus petites & difpofees d'tine maniere differente. »es Sciences de Ces obfervations font connoitte que les poumons de la grenouille &c de la Paris, tortue ne font que des veflies ou Ton rematque plufieurs cellules dont nous Anatomie. expliquetons L'ufage dans la fuite. On peut fe faire la memc idee des poumons Amrce 171S. ^g i'homme 5c de la plupart des animaux; mais on doit obferver en meme terns que les cellules en font plus petites & plus nombreufes. Ainfi loifque je compare le poumon de l'homme a celm de la toitue, je le confidere comme une grande veflie formee pat la membrane interne de la plcvte qui ell l'ex- terne du poumon , (k qui renfeime une infinite d'autres vellies particulieres ap- pele:s lobules, lefquels peuvent cue compares aux differentes cavites du poumon de la tortue &c de la grenouille, execpte qu'ils n'ont pas de commu- nication entr'eux. Cliaque lobule qu'on peutcroue etre forme par la membrane exierne de la plevre , renferme encore une infinite de petites cellules formees dm cette meme membrane : elks lont de meme lrmdlure que cellcs des pou- mons de la tortue &c de la grenouille ; mais elles font beaucoup plus petites, en plus grande quantite Sc emuflees les tines fur les autres : je regarde cet amas de cellules comme tin tilTu fpongieux ou cellulenx oil 1'air porte par les rami- fications desbronches , fe repand comme le fang le repand dans les cellules de la late Ju mouton, oude la meme maniere qu'il eft verfc dans le corps cavetneux. Les aiteres ne pattent pas d'un lobule pour palfer a I'autre , comme l'a cru M. Malpi^hi ; les plus grofies ramifications paffent le long de i'interkur des interftices : elles fournillent de tous cotes & en ties-grand nombre les vaif- feaux capillaites qui fe diftribuent dans chaque lobule, & qui fe ramirient en- core fur toutes les membranes qui forment les cellules. Ces vailfeaux s'anaf- tomofent avec les vailfeaux capillaires des veines , & forment ce lefeau ad- mirable dont on doit la decouverte a M. Malpighi. Les veines obfervent le meme ordre pour rapporjer le fang , e'eft-a-dire , que les groffes ramifications fe trouvent toujours dans les interftices. Pour decouvrir facikment les vaif- feaux , il faut blanchir un poumon en le laiffant tremper long-tems dans 1'eau^ on y feringuera doucement 8c a plufieurs fois de l'eau tiede par les aiteres & par les veines ; enfuite on y injectera doucement des cires colorees fort molles & de differentes couleurs; on gonflera le' poumon en le fouftlant, Sc on le lailfera fecher : pour lots on y deconvrira facilement les ramifica- tions des vaiffeaux : ils font plilfes, & pour ainfi dire, goudronnes interieu- lement quand le poumon eft affailfe, fur- tout la veine. 11 eft aife- de s'en convaincre en coupant tranfverfakment dans un lobe d'un poumon rrais , quelqu'une des plus groffes ramifications. Ces plis fe perdent dans I'infpiratioB ou quand le poumon eft gonlle ; lis fe forment de nouveau dans l'expiration , ou loifque le poumon vient a s'affaiHer. Je me refeive d expofer dans un autre inemoire quelques remarques parriculieres fur le diametre de ces vaiffeaux , fur la quantite de leurs ramifications & fur les differences que j'ai remarquees entrs i'arrere & la veine palmonaire. 11 ne me refte plus qu'a joindre quelques re- flexions aux differentes obfervations que j'ai faites fur le poumon. i°. Cette partie eft incapable par elle- ineme de fe dilater : tout fon mou- vement vient de L'elafticire des fibres ligamentetifes de la trachee-anere , lef- quelles doivent avoir ete mifes aupatavant en jeu de relfott par l'air qui y a ete pouiTe. ACADtMlQUE. 4S5 in. L'air ne peut tomber dans te corps cellulcux , patfet d'une cellule a l'autre, ni travetfc-r jufques dans les interftices des lobules , fans fe brifer & Acad. Roy ale fans fouffrir line in fin he de collifions. ( C'eft par la que font developpees its "lsS(i::" parties les plus tenues qui fe trouvoient embarraffci s, & qui font ecartees oar ''■'n,s- n • • ■ ■ r • C • a. I ' 1 ' celles qui etoient trop times; car 1 ait que nous relpirons elt charge de qu ui« rite de parties heterogenes tr&s-groflieres.) Annce 1718. j°. Ce memeair qui tombe Jans toutes les cellules, environne les vailTeaux fanguins & les totiche prefque dans tous leurs po 4". Toutes les membranes rant celles qui compofent les cellules qu: c qui enveloppent cliaque lobule, font percees ou poreufes,; de foite que l'air peut facilement palter dans les interftices & en reVenir. 50. On peut regarder cos interftices com me d.s efpeces de refcrvoirs dans lefquels nous ramafTbns le plus d'air qu'il nous eft poflible, & cela lorfque nous prevoyons que nous ferons obliges de fufpendre la refpiration pout quel- ques momens , ou du moins que nous nepourrons pas refpirer aifement. C'eft ce qui arrive a ceux qui s'apprctent a plonger dans l'eau , a faire une longue courfe , 011 a fendre l'air avec rapidite : i!s font auparavant une grande infpira- tion qui eft fuivie d'une expiration tres-lente & ties-douce. 6°. Ces interitices ne fe vident pas aufll-tot que les cellules, comrr.e je l'ai deja hit remarquer; l'air doit repalfer a travers les membranes des cellules: ce qui fe fait d'autant plus lentement qu'il .n'y eft pas determine par une forte puillance ; car je nc ciois pas que les membranes fines qui compofent les cel- lules dans ces inteiftices, ayentun rellort cenfiderable. En effet, nous voyors fouvent ces interftices gonfies dans un poumon qui eft affaiffe : j'en conferve un dans lequel tous les interftices font demeures uaturellement dans cet etar. 7°. Cet air qui refte dans les inrerftices 6c qui n'en fort que lentement, peut fervir dans plufieurs occafions ou la refpiration eft intercepted , comme dans la fyncopc tk dans la pailion hyfterique. 11 pent foumir au fang ces parties ii necelfaires a la circulation & a la vie memo : j'aurai lieu d'en parler dans ua autre memoire. J>°. Les cellules qu'on decouvre dans le poumon ne fervent qu'a foutenir les ramifications des vailTeaux fanguins dont la quanrite doit c:re confideral le,i fin que tout le fang dans cette partie, puifTe effuyer en un ineme moment faction d de l'air. 90. Enfin les p'is ou les rides que nous avons obferves dans les vailTeaux fan- guins , peuvent empecher que le diametre des vailTeaux ne diminue trop le le r 'j'noii vient a le gonfler : ces riues peuvent tenir Iku des grands contours tJitueiix que font les vailTeaux dans les autr^s parties qui font lujettes a quelqu.s expanlions. ir la Circulation du Jang. {rljfl.pag. in. Mem. pag. zzz.) La circulation du fang dans le corps timnain fuppofe necefTairerrrent que le fang, qui, dans le terns d'un: puliation a p arteres dans les veines , repalle en ... .. juantiie dans ie meme terns des veines dans les attires; car 4SAB,s- dans une idee tres-finguliere & tics cloignee des opinions communes: mais il »*to*w». arrive fouvent en Phylique Sc meme en (icomeme qoe le vrai ell tout-afait Anni-eiyi*. paradoxe : il concoit que le fan? des arteres du poumun eft moms condenfe que celiii des veines ; & que celui des arteres de tout le refte.du corps eft plus condenfe ; Sc comme il occupe moins d'efpace quand il eft plus condenfe , & au contraire, il faut que la meme quantite de fang, lorfqu'il eft arteriel dans le poumon , ait des vailfeaux d'une plus grande cipaote que lorfqu'd y eft veineux ; Sc qu'au contraire dans le rtfte du corps cette meme quantite de fang ait des vaifteaux d'une plus grande capacite quand il y ell veineux que quand il y eft arteriel. Le principe de tout cela , Sc e'eft la le paradoxe , eft que le fang que Ion congoit communement qui eft anime par lair, rendu plus lluide, plus propre a la circulation, idees qui portent tomes a le faire croire raierie, eft au con- traire condenfe. L'air qui, en s'y melant le condenfe, lui donne en meme terns une couleur plus vive, un plus beau rouge. M. Helvetius prouve ces deux:- points par plulieurs expediences, les unes communes , les autres plus recher- chees , dont I'accofd femble changer fon hypoihefe en teilite. 11 demontre d'abord que le fang fe coagule hors de fes vailfeauX, des qu'il eft touchc par l'air : la faignee, les hemorrhagies lui en foumillcnt des preuves palpables; il en tire mane des accidens qui furviennent aux plaiesqu'on laiffe expofees au contact immediat de l'air , fur tout lorfqu'il eft froid : la fuppura- rion devient alors plus epaifle & diminue; le fang ne circulanr plus avec fe- nfire dans les bords de la plaie, y caufe inflammation; les bouches des petits vailfraux qui fervent de cananx au fuc nourricier , font fermees par I'cpaif- fifferaent du meme fuc; d'ou il arrive que la generation des chairs ne fe fait p I u: s , Si que les bords de la plaie deviennent durs Sc calleux. M. Helvetius prouve enfuite que le contact , pu une experience immediate de l'air , coagule le fang jufques dans fes vaifteaux. Ayant pns un chien qui n'avoit pas encore le trcu ovale ni le canal arteriel fenr.es , il lui ouvrit la veine jugulaire, il y fouffla de l'air pour le meler immediatement au fang. L'animal mourut quelque terns apies, comme il arrive touipurs j l'ayant ou- vert, il trouva iespoumons d'un rouge tres-vif contre 1 'ordinaire, gorges d'un fang aufti tres-rouge Sc coagule tant dans les veines que dans les arteies. II eft vrai que plulieurs autres vaiill-aux du corps Sc le ventucule gauche contenoient un fang noir & fondu , fans doute parce que l'air n'avoic pu penttrer dans tons les vailfeaux du corps, Sc meme dans tous ccux des poumons, ni par confe- quent agir fur le fang qu'ils contenoient ; & ce fang fera devenu plus noir S: plus fondu , de meme que celui des ammaux qui periifent dans la machine pneumatique. Non feulement lair coagule le fang qui eft expofe immediatement a fon aftion, mais il lui donne encore une couleur rouge tres-vive Sc ttcs btillante. Dans les hemorrhagies Sc dans les faignees, tout ce qui eft penetre par fair - tout ce qui acqutett par fon. iinpreliion plus de confiftance Sc de fetmete, de- 433 COLLECTION ijwmj-^jij vient en meme terns d'un rouge plus vir ; au conttaire , tout cc qui eft nu fond Anatomie. Ar.nce 1718. AcAn. Royale de la poelette , tout ce qui n'a pas etc touche, ou qui a etc moms touche par pes Sciences us l'air, a moins de fermete , t\: en mane terns eft d'un rouge plus oblcur ; $c de plus il eft prouvc par ['experience ci-delfus , que l'air psoduir ce meme effet fur le fane, lors meme qu'il eft encore renfermc dans fes vaiifeaux ; on ne peut done douter que le fang n'acquiere toujours une couleut plus vive, lorfqu'il eft coagule par l'air. M. Helvetius. s'attache enfuite a fiire voir quele fang arteriel ne differe du fang veineux , qu'en ce que fes parties font plus reunies & plus condenfees. Pour en trouver la preuve , il a compare le fang arteriel & le fang veineux qu'il avoit fait tirer a un meme animal , obfervant de le fairc fortu avec vi- tefTe Sc de le recevoir dans des vaitfeaux un pen profonds & etroits , pour em- pecher l'air de le trop penetrer foit dans foil trajet, foit dins les vaiileaux oii il auroit etc recu : il a remarque que le fang arteriel etoit plus fluide , dun rouge plus eclatant , & qu'il fe co.iguloit beaucoup plus promptement que le fang veineux j mais a ces oblervations qui lui font communes avec plulieurs autturs , il en ajoute d'autres qui lui lont propres. Le caillot de fang arteriel qui fe forme dans le vaiffeau diminue moins de volume, & donne moins de feiolite que le caillot de fang veineux ; d'ailleurs il eft egalement ferine & egalement rouge dans tous les points de fa maffe; au lieu que le caillot de fang veineux n'eft ferine , n'eft d'un rouge vif que dans fa partie fuperieure la plus expofee a Taction de l'air ^ Sc ce qui prouve bien que e'eft en erfet Tac- tion de l'air qui feule proJuit ces difterences, e'eft que li Ton recoit du fang arteriel & du fang veineux dans deux vaitfeaux femblables , avec cette cir- conltance que le fang veineux ne forte que lentement Sc gourte a goutte par une tres petite onvertare , ce fang veineux acquerra a tres-peu pies , toutes les qualites d'un fing arteriel , uniquement parce que fes parties auront ete ex- pofees aux impreifions immediates de l'air. Ces effets de l'air fur le fang , dont la condenfation eft le principal Sc la caufe desautres, etant admis, on voit evidemment que le fang qui revient de toutes les parties du corps par la veine-cave, tombe dans l'oreillette droite, enfuite dans le ventricule droit, & de la eft poulfe dans 1'artere du poumon , ctant depouille d'air autant qu'il eft pollible , qu'il eft par confequent auffi dans une grande rarefaction , & qu'il demande de grands vailfeaux. Quand jl eft dans le poumon , il y prend de nouvel air Sc fe condenfe; il ne lui taut done plus que de plus petits vaitfeaux, & dans cet etat de condenfation, ie plus grand ou il puilfe etre, il prend la route des veines pulmonaires qui ont moins de capacite que les arteres , Sc tombe dans le ventricule gauche du coeur moindre que le droit. De la il eft poutfe par l'aorte julqu'aux extremites capillaires de toutes les arteres , Sc dans tout ce chemin il fe rarciie toujours , parce qu'il fe depouille toujours de fon air, parce qu'il a eu rui-merrie un mouvement de fermentation, parce que les contractions des arteres le broient cV le fubtilifent incelfnmment. En cet etat il entre dans les racines capillaires (Jes veines , & i! a befom de trouver les vailfeaux d'uns grande capacite, Sc d'autant plus que les veines qui ont pen de fermete , s'oppofent pen a l'eftort qu'il fait pour s'etendre. Une chofe qu'il ne faut pas oublier ici , e'eft que le grand nombre des ar- teres ACAD&MIQUE. 4$«, teres du poumon obfetve par M. Helvetius, convient fort avec les ufages qu'il . a donnes de la ltmchire du poumon dans l'aicicle precedent, &: qoe ce grand ~~i Z~ bt\ ' cr ~ ,i~ ? ■ » i ' i w r i . ^ Acad. Koyali re eit nccellaire aulli-bien qu une grande capacite. Le fang dts arteres du Drs Sciences di poumon ell celai qui eft dcpouillc d'air autant qu'il pcut l'evc, & qui doit en Paris. reprendre pour rentrer dans les veines avec ces nouvelles particules d'air qu'il Anato.mje. aura acquifes. Plus il fera rinement divife quand il fe prelenteta a l'air , plus Aoncc 171 ». il en reprendra ; & il fera d'autant plus divife qu'il fera contenu dans un plus grand nombre de petires arteres. Ainfi le nombre desaneres pulmonaires etant plus grand que celui des veines, le fang y doit prendre plus d'air; & la capa- cite des arteres pulmonaires eft plus grande parce que le fang y eft fort rarerie. Selon le fyfteme de M. Helvetius , il f.iut concevoir d'un cote les veines de tout le corps, excepte le poumon , I'oreillette droite du cceur, le ventricule droit iV: les arteres du poumon comme un feul vailleau ^ de l'autre cote les veinss du poumon , I'oreillette gauche du cceur, le ventricule gauche & routes les arteres du corps excepte celies du poumon , comme un autre vaiifeau. Le premier vaiifeau eft plus grand que le fecond , &: meme chacune des parties que nous y avons designees eft plus grande que fa correfpondante dans le fe- cond : la raifon en eft que le premier contientun fang rarerie , & le fecond un fang condenfe. A ce compte l'air ne nous eft fi neceflaire que pour remedier a rexceffive rarefaction ou dilatation quelefaog prendroit de lui-meme & en un moment par le mouvement continuel de fermentation ou il eft, aide encore par le broiement & la diftolution que lui caufent les parties folides. Ceft une liqueur graire & on&ueufe toujours bouillante , qu'il taut toujours rafraichir. Si elle palTbit un certain degre precis de dilatation, elle briferoit fes vaideaux; & e'eft en cela que coniifte la jufte proportion de la force des Huides & ce la force des folides done la machine de l'animal eft compofee : lair y entretient un cquilibre toujours pret a finir. Les dcfiillances ou Ton tombe pour etre dans un air trop chaud , ou pour refpirer certaines odeurs fortes, viennent, felon M. Helvetius, de la trop grande rarefaction du fang; audi remarque t-il que les parties exterieures font alors gonflees , Sc qu'un air froid remedie a tout. Un autre phenomene qu'il juge favorable a fon fentiment, e'eft la diffe- rente mechanique des vaitfeaux dans le fetus qui ne refpire pas. Le fane; qui fort du ventricule droit, entre dans l'artere pulmonaire ; une partie eft portee par le canal arteriel dans l'aorte , fans patter par le poumon ou il ne peut re- cevoir pour lors le changement qu'il y doit reeevoir quand le fetus refpirera : ainli le fang engorgeroit tons les vailfeaux du poumon , & la circulation feroic interrompue , h cette trop grande quantite de liqueur ne trouvoit pas une iflue parriculiere. Mais des que 1'enfant tire du ventre de fa mere, vient enfin a refpirer, & que le fang eft condenfe dans lo poumon , le canal qui fuppleoit au defaut de la refpiration devient entierement inutile; & tout le fang qui fort du ventricule droit , paffe en entier dans le poumon , fans que la circu- lation foil embarraifce. Mais, dira-t-on, puifque le fang doit paroitre plus noir a mefure qu'il eft plus rarerie , felon ce qui a etc dit ci-deflus, pourquoi n'cft-il pas d'une cou- Tomc iy, Partit Frungoift. Qll 49° COLLECTION l-AR.S. /'.NATOMIE. Aanee 17 iS. —■— leur moins vive dans les aneres c.ipillaires 011 il eft plus rarcfie que dans le3 Ar>n. Royale gros rroncs artctiels ? Pourquoi ne paioit il pas moins r.oir dans les veines capil- Dts Sciences de Jaires ou il eft moins rarcrie , que dans les branches confideiabies des veines ? A cela M. Helvetius reporid que la couleur du fang peut etre moins vive en; eftct dans les aneres capillaires, fans que nous puillions nous enadurer, parce que le jet du fang qui fort de ces vaifleaux ell li fin , que tomes les parties de ce fang recoivent en fortant l'impreiiion de Pair , ce qui en change la couleur dans le moment, & la meme ration empeche qu'on ne puilfe juger de la vraie couleur du fang contenu dans les veines capillaires. D'ailleurs la couleur plus noire du fang veineux peut ne pas dc'pendre uniquement de la rarefaction de ce liquide ; elle peut avoir encore pour caufe principale la perte que le fang a pu faire de fes parties dans les glandes avant que d'entrer dans les veines ; car pour lors entre les parties de ce liquide qui tend a fe raiefier , il doit fe trouvec des inrervailes conliderables ou les rayons de lumiete feront abfoibes j ce qui doit audi rendre moins vive la couleur du fang. M. Helvetius reconnoit le fang arteriel pour etre plus fluide que le veineux, quoiqu'il foir plus condenfc ; en eftet il ne paroit pas qu'il y ait la tien de con- traire. La Huidite conlifte dans 1'extreme divifion des parties, laquelle fait qu'elles cedent fans rehtlance au moindre mouvement.- La denlite confilte en ce que chique partie eft compacte , ou a peu de pores &: de vides Or il n'eft point impollible que des parties foient plus divifees, & que chacune en meme terns foit plus compacte. De l'eau fera toujours plus Huide & en meme terns plus denfe que la glace reduite en pouiliere aulli fine qu'on voudra : l'eau de i.ivon cv le chocolat deviennent moins lluides lotfqu'ils font moulTes que lorfqu'ils ne le font pas ; enfin lc mercure eft audi Huide & beaucoup plus denle que l'eau : (1 le fyfteme de M. Helvetius tft vrai , quel nouveau itijtc de (e defier en phyfique des plus fortes apparencies & des idees les plus te- cues! Extrait d'un iclairciffement concernant la manure dont Va'ir aglt Jar lc Jang dans ks poumons. (Hijl de iyx8 , pag. 2.2.) Suite de 1 7 1 8. jyj _ Michelotti deVenife, Medecin &: Georr.etre , conna de tous les favans par fon grand ouvrage Dt feparadone fluidorum in corpore animali > a faic quelques objections a M. Helvetius dans une lettre latine adreflee a l'Aca- demie ; il convient avec lui de l'megalite des deux efpeces de vailfeaux fan- guins du poumon ; mais il tronve quelle a dtja ete marquee dans les tables anatomiques de Drack, auteur Anglois. M. Helvetius allure qu'il ne les con- noilloit point; d'ailleuts il obferve que ni Drack, ni perfonne apies lui n'a fait aitcun ufage de cette decouveite, & il conjecture que l'Anatomifte An- glois a (implement reprefente ce qu'il voyoit pat la dilllction , fans y faire d at- tention plus particuliere. ' lndependamment de ce point de fait, M. Michelotti objedte que de l'ine- galite des deux efpeces de vaifleaux du poumon , il ne s'enluit pas necellai- rement que le fang doive etre condenie dans ceux qui font plus petits, puif- A C A D H M I Q U F. 49, que , felon les loix de I'hydroftacique il y peut coulei plus vite. M. Helvetius ^^snsrfnrs repond que le mouvement imprime au fang par les contractions du ventricule droic du cccur Sc des arteres pulmonaires eft fore aftoibli par les frottemens des S . fans nombrc & les changemens prefque cominuels de direction que le fans Paris. cprouve dans des vailFeaux aulli tortueux que le font ces arteres; 6c que fa 'lNA1 vitcfle , loin d etre augmented , doit etre encore beaucoup plus diminuce lorf- Suite dc: qu'il palle dans les veines, lefquelles ne font pas moins tortueufes, 8c n'onc ni reflort, ni contraction pour 1'aider. Si Ton dit que Pair melc dans le pou- mon hate le cours du fang des veines, il ne doit pas moins hater le cours de celui des arteres, ainh tout fera egal fur ce point la. Qtioique les vailFeaux du cote gauche du cceur audi bien que les veines pul- monaires qui lent repondent , aient moins de capicitc que les vailFeaux du cote droit cv les arteres pulmonaires , M. Michelotti croit que tout le fang forti du ventricule droit pourra ctte recu dans le gauche , parce que ce gauche fe dilatera furhfamment : & pour exemple de deux vaifleaux inegaux , dont lo moindre ne lailTe pas de contenir tout le fang de l'autre , il apporte l'oreillette droite du cccur plus grande que le ventricule droit ou elle verfe le fangqu'elle contient , 8c qui n'eft ni plus ni moins condenfe dans l'un de ces vailFeaux que dans l'autre. La principale reponfe de M. Helvctius eft que fi le ventricule gauche rece- voit continuellement plus de fang qu'il n'en pent contenir naturellemenr, fon rellort feroit peu a pen rorce , & il acquerroit une etc-ndue egale a celle du ventricule droit; ce qu'on n'obferve jamais. Au contraire , dans les cadavres ou le coeur fe trouve fort gros &c fort gonfle , e'eft prefque toujours le feul ventricule droit qui eft extremement tendu, & le gauche refte dans fon etat ordinaire , apparemment parce que fes fibres conftamment plus fortes, le ren- dent moins capable de dilatation. Quant a l'exemple de l'oreillette droite 5c de fon ventricule, M. Helvctius pretend qu'il ne tire point a confequence pour le ventricule droit & le gauche. Les ventricules font des cavites determinees & fermees, d'ou le fang qui y eft une fois tombe de l'oreillette correfpondante, nepeut refluer ni fortir que par fon artere ; mais les oreillettes qui s'abouchent chacune dans fon ventricule, fontouvertes du cote de leur veine dont elles ne font chacune qu'un prolonge- ment ; le fang qui ne peut pas entrer dans le ventricule , a la liberie de rerluer dans la vcine , ou plutotde l'oreillette plus grande que le ventricule, il n'entre dans le ventricule que le fang qui peut y ctre contenu. Ainfi le ventricule droit p:ut ne pas contenir tout le fang de fon oreillette ; mais il ne fe peut que le ventricule gauche ne contienne tout le fang du droit. Il eft etabli que le fang des arteres eft plus fluide que celui des veines ; Sc dans le fyfteme de M. Helvetius , celui des veines eft plus rarefie : il a fou- tenu , non pas qu'une liqueur Flic toujours moins fiuide quand elle ctoit plus rarehee, mais qu'il y avoir des cas ou elle pouvoit etre plus rarefiee & moins fluide , ce qui eft prouve par les exemples apportes dans le memoire precedent. Le fang arteriel eft conftamment plus rouge que le veineux : felon le fenti- ment de M. Helvetius, le fang veineux eft plus agite, plus rarefie que l'arte- riel: done cette plus grande agitation ou rarefaction ne lui donne pas , dans cette hypothefe , la rougeur de 1'artenel. Cependant M. Michelotti dit que du 49 J COLLECTION Acad. Royale pes Sciences de Paris. Anatomie. Suite de 1 71 8. fang veineux reqtt dans im vaifleau , etant de fon rouge foncc ou de fon noir or- dinaire, devient d'un beau rouge, pourvu qu'on l'agite. M. Helvetius convient du fait j mais il nie que l'agitation en foit la caufe immediate ; e'eft , felon lui , parce que le fang veineux etant ainfi agite , eft plus expofe a l'air dans toutes ies parties , plus penetre d'air , &: e'eft l'air qui , dans fon fyfteme , fan la rou- geur du fang : il change tres-promptement le fang veineux en fang arteriel quant a la coulcur , ainii qu'on l'a vu dans le memoire precedent (a). (a) On pourroir, ce mc fcmblc, trancher cette question particuliere par une experience fans rcplique ; il ne s'aghoit que de communiquer une agitation fuffifante a du fang veineux dans le vide. Sur la Dlgcjl'ion. (Hijt.pag. 3J.) Annie 171?. Il a du etre fort aife de fe perfuader que la digeftion des alimens fe fait par des fucs diftolvans que fournilfent les animaux memes ; Si ci ete un lahnemenc de quelques fa vans modernes de n'attnbuer la digeftion qu'a une trituration, a un broiement 011 fallement , qui en frottanr a Jiverfes reprifes long-tems rei- terees les parties des alimens les unes contre les autres , les bhie & les attenue. M. Helvetius qui n'entte pas dans ce fyfteme ^ ttouve d'abord que ce mouve- ment de falTement ou de trituration devroit etre aftez confiderable , & qu'il ne peuc l'etre dans l'eftomac de l'hoinme. Pour juger des mouvemens de ce vifccre , de leur force & de leur effet, il en a exadtement etudie la ftrudture, qu'il a trouvee affcz differente de ce qu'elle a paru jufqu'a prefent aux Anato- miftes. Ses obfervations peuvent fe reduire a trois principales. t°. L'entree de l'cefophage dans l'eftomac eft entouree de deux plans de fibres qui, comme deux bandes, fe croifent I'un l'autre fous l'cefophage. Ces bandes mufculeufes, en fe contraiftant , refterrent cette extremite du canal qu'elles embraffent , & empechenr qu'elb ne fe dilatent trop ou par des ali- mens avales avec precipitation , ou par les efforts du vomillement. 1°. Le fond de l'eftomac eft tapifte de plufieurs faifceaux de fibres a-peu-pres circulaires 5a concentriques , dont le centre coinmun feroit le milieu de ce fond. Le poids des alimens abaifte cette pattie infetieuie de l'eftomac, & lui donne une figure de poche pleine; mais quand les cercles mufculeiix vien- nent a fe contra&ar, ils relevent ce fond en i'applatiftant, & rapprochent les alimens du pylore par 011 ils doivent fortir. 30. Ces cercles muftu'eux qui out r.ipproche les alimens du pylore, les te- mettent, pout ainfi dire, a d'autres qui les portent jufques-la. Ceux-ci em- bralfent le pylore , mais ils ne l'ont pas pour centre ; leur centre eft plusavance vers le fond de l'eftomac, &c la convexite de leur circonference regarde ce meme fond. En fe contradtant ils s'applatifTenc comme les premiers & fe relevent jufqu'a la hauteur du pylore. II fuit de la , & un plus ample detail le prouveroit encore mieux , que les mouvemens de l'eftomac ne peuvent etre que tres-lents &c tres-doux , Si par confequent incapables de broyer ou de faffer les alimens; il ne s'agit que de- faire fortir de cette cavite l'efpece de bouillie en laquelle ils font reduits, tk. A C A D E M I Q U E. 493 de Ten faire fortir peu a peu Sc goutte a goutte par le pylore , done l'elevation , au-de(Tus du fond de I'eftomac contnbue beaucoup a rallentir cette efpece de a,..r, c^w... -. ■ - a * L nCAD. I\() 1 ALE ltlllation. DVS Sciences 01 Les intertills qui font nne continuation de I'eftomac & auxquels on n'a ja- I'aris. mais attribue aucune trituration , out audi leur mouvement periftaltique ou Anatomie. vermiculaire tres-doux qui chafte lentement les alimens hors de leut cavite. Anncc 171s, Poutquoi voudroit-on que les mouvemens de I'eftomac fuffent plutot capables d'une trituration? lis font pareils a ceux des inteftins pat le degrc de force, & ont certainement un effet commuri a produire ; il y a bien de l'apparence qu'ils n'en produifent pas d'autre. Les alimens font convertis dans I'eftomac en un fuc grifatre , qui devienc blanc dans le duodenum , premier inteftin qui les recoil au fortir de I'eftomac: ce changement de couleur qui en fuppofe un dans la fubftance , fe fait dans le duodenum fans trituration , le premier changement doit s'etre fait de meme dans I'eftomac. II eft vi ai que le duodenum recoit Sc du foie, Sc de la veficule du fiel , Sc du pancreas, une grande abondance de liqueurs qui doivent etre diffolvantcs ; & Brur.dcrus , au rapport de M. Helvetius , a obferve dans ce meme duodenum une telle quantite de glandis , qu'il pent etre regarde comme un fecond pan- creas; mais les alimens, cant qu'ils font dans I'eftomac , ne font pas moins arrofes & penetres de liqueurs, lis le font d'abord de la falive que leur four- niflent les deux glandes parotides par les deux canaux falivaires qui s'ouvrent dans la bouche a droite & a gauche : la quantite de cette liqueur eft li grande qu'un foldat ayant regu a la joue un coup de fabre qui lui coupa le canal fali- vaire , is. foic quind il a etc lemache une feconde, aptes quoi il eft retombe dans le fecond eftomric. II pourroir phi tot y avoir eu une trituration dans le troiiieme qui eft compofe de plufieurs feuillets membraneux , affez grands, ineg.uix , perpendiculaires a la furface concave decet eftomac, fepares les uns des autres par d'alfez petits intervalles. Pcut-ette foupconneroit on que le foin renferme dans ces intervalles ertoits y avoit ete broye ou fide , & change en liqueur Verdatre; mais M. ffelvetius ne juge point que les feuillets foient propres a cette operation; ils fo;it trop nious , trop flexibles & leurs fibres trop delicates : de plus la pofition ou la direction de ces fibres fait voir que leur mouvement ne petit que tirer doucement les feuillets de nam en bas , & en rapprocher 1'extremite fuperieure du fond de l'eftomac cii ils font attaches; or ce n'eft pas la le mouvement que demanderoii la trituration ; il faudroit que le foin flit violemment comprimc entre les feuillets & tourmente en divers fens. Comme ces feuillets qui raultiplient fi fort les furfaces dans cet eftomac, ont chacun leurs deux furfaces toutes revetues d'emlhences glanduleufes , il y a tout lieu de croire que ces glandes verfent les dilfolvans necelfaires pour la di^eftion. Quant an mouvement des feuillets qui n'eft pas propre au broie- ment , il l'eft a exprimer la liqueur verdatre d'entre les feuillets ou elle s'eft formee , & a !a faire palfer dans le quatrieme eftomac. En un mor , foit que la digeftion fe fatfe par dilfolution ou par trituration , il y a toute apparence qu'eile fe fait par degres dans les quatre eftomacs , de forte que les derniers ne font que perfedionner ce qui a ete commence par les premiers. II ne fe fait certainerhent dans les premiers aucune triruration, & il s'y peut faire une dilfolution, parce qu'ils font tous tapilfes de glandes ; done il s'y fait un commencement de dilfolution qui ne conliite qu'a penetrer les alimens de liqueur, &c cette diflolution s'acheve dans les derniers eftomacs par le moyen de leurs glandes. II feroit tout-a-fait bifarre qu'a une dilfolution commencee fuccedat une trituration dans des organes difpofes comme ceux ou la dilfolution auroit ete commencee. De tous ies animaux il n'y en a point dont l'eftomac foit plus favorable au fyfteme de la trituration que celui des oifeaux : leur gefier a toute la force Sc les directions de fibres necelfaires , & les oifeaux voraces qui ne fe donnenr pas le loif.r de feparer l'ecorce dure des grains qu'ils prennent pour nourriture, avalent en meme terns de petites pierres , par le moyen defquelles leur gelier , en fe contra&ant fortement , calfe ces ecorces. C'eft la une vraie trituration ; mais ce n'eft que celle qui dans les autres animaux appartient aux dents : fen- lement elle eft tranfpofee dans ceuxci Sc remife a leur eftomac, ce qui n'em- peche pas fes liqueurs de dilfoudre (a) les grains depouilles de leur ecorce par le broiement ou frottement des petites pierres. Avant cet eftomac il y a encore une efpece de poche qui doit y verfer une grande quantite de fuc blanchatre, puifque meme apres la mort de l'animal on peut Ten exprimer en la preffant (a) Cette puilTance de diflbudre les grains de'pouilles de leur ecorce, attribute in aux liqueurs de l'eftomac , n'eft rien moins que conftatce par les experiences de M. de Reau- mur. Voye\ ci-apres annee '7$z. ACADEMIQUE. 45,5 lcgcrement. M. Jttlvitius ajoute qu'on trouvequelquefoisdans la-'fophage du ■ cormoran des poiitons a-demi digcrcs; il n'y a pas eu la de trituration. II pa- Acad.Royau roit que Ic fyfteme de la dilToluiion, quoiqne le moins fin & le muins recher- £ts SciENC" °* die, pourroit bien cependant demeutec viclotkux \ du moins a-t-il iufqu'a. , ' f i . ' ' 1 A.NATOH1E. prelent la plurahte iks lurrrages. ' * Anncci7ij. Sur la Digeftion. {Hift.pag. 42.) M. L. Lemery a dit contrc le fyfteme de la digeftion par trituration qu'il y a dans les matieres vegetates beaucoup de fel fixe. & dans les animates au con- traire beaucoup de fel volatil prefque Jans fel fixe; qu'on ne peut titer des ve- getaux par la trituration aucun fel volatil , mais (eulement par la fermentation ^ que par confequent dans les animuix qui vivent de pl.uues , la fermentation a produit le fel volatil done ils abundent. Sur les Claudes dc l\Jlomac. (Hijl. pag. 42.) M. [. Duverney a fait voir deux eftomacs humains , dans l'un defquels le py- lore etoit fquirreux i\ bouche, 6v 1'autre avoit en dedans de petites eminences comme des glandes gonrlees. Sur les Mujcles de V Orhoplate. Par M. Winsiow [Mimoins , pag. 4S.) JL'examen particulier de la mecanique des articulations & du mouvemens des extremites du corps humain auquel j'ai etc engage, & qui patoifloit d'a- bord tine entreprife fterile , ma decouvert plulieurs particulantes done les au- teurs ne four pas mention, lur la conformation, la connexion & l'ufage de plulieurs os, cartilages, ligamens & mufcles. Cet examen in'a fait trouvec une conformite particuliere des extremites fuperieures avec les inrerieutes , Sc la railon d'une correfpondance alternative de I'extremiie fuperieure dun cote avec 1'inferienre du cott- oppofe dans le marcher ; il m'a developp^ la mecani- que des cartilages mobiles 011 glilTans de quelques articulations, des rotnles & des os fefamoides , & par la meme occalion la maniere dont fe fait le cra- quement des doigts & d'autres articles. IVun rendre coirpte de mes rcclierches , je commencerai par Icpanle , &C j'expoferai dins ce memoire mes obfervations fur les deux plus grands muf- cles de ecus qu'on ailigne ordinairement a l'omoplate , favoir, le trapeze Sc le gr.in 1 dentel£. 11 lemble pat l'idee que les auteurs donnent de l'ufage du trapeze , qu'ils KU. '■- -J-.XU '■■MtMU A96 COLLECTION n'ont jamais obferve l'artifice de fon infertion a l'omoplate , quoiqu'il fovr tres- Acad Royale fenhble, & que, pour ainfi dire, ii fame aux yeux. On a feulement confulere des Sciences de les difterentes attaches de ce mufcle a ['occiput , au cou & a toutes les ver- de Paris. tebres du dos : ainfi on s'elt contents- de dire que fa portion fupeiieure leve Anatomie. l'omoplate, que Tinferieure Tabbaifle , Sc que la moyenne la tire en arriere, Anuee 171?. fel0n que chacune de ces trois parties agit ieule , les deux autres etant rela- chees. On ajoute que quand les uois portions agiftent enfemble en meme terns , elles ne font que ce que Ton attnbue a la ieule moyenne , mais avec plus de force. _ Cependant quand on confidere attentivement leur infertion a 1 omoplate . on voit que nonobftant la grande etendue & la differente direction de leurs attaches aux vertebres , elles confpirent , pour ainfi dire , unanimement toutes a une feule aeltotv qui eft de haulfer l'epaule. C'eft dans la fituation oblique de l'epine de l'omoplatte & de fon apophyfe appellee acromion , auxquelles ce mufcle eft attache , que confifte principalement cette mechanique : car la portion fuperieure du mufcle s'infere a ['acromion , la moyenne tout le long de l'epine de l'omoplatte , &C Tinferieure feulement a Textremite de cette epine proche la bale ; de forte que la portion fuperieure leve ['acromion en haut , pendant que la portion inferieure tourne la bafe de l'omoplate en bas, & lui fait faire une efpiice de bafcule : la portion moyenne y concourt aulli ; car quoique la pliipart de fes fibres foient horifoutales on tranfverfales , neanmoins l'obliquite du plan de leur infertion a l'epine de l'omoplate fait que les fibres fuperieures de cette portion font les plus longues , & que les inferieutes font tes plus courres : d'ou ii s'enfuit que toutes ces fibres etant en contraction , les fuperieures font plus de chemin par leur mouvement que les inteueures , & qu'elles tournent l'omoplate en haut & en arriere. Ainfi , par certe action du mufcle trapeze , non-feulement l'epaule eft levee en haut , mais en meme terns Tangle inferieur de l'omoplate eft tourne en devant, & Tangle fuperieur eft abbaliTc , &celui-ci entvaine avec lui le mufcle que Ton nomme communement le releveur propre de l'omoplate, en latin le- vator patientia j de fotte que ce dernier mufcle ne conttibue point du tout dans ce cas a Televation de l'epaule; mais quand Tadion du trapeze cede , il ramene l'omoplate aide par le rhomboide, & ainfi au lieu de lever l'epaule, il con- court a la rabailfer quand elle eft hautfee par le trapeze. Neanmoins quand on vein lever l'epaule directement en haut, fans que l'omoplate fe tourne de la maniere que je viens de montrer , il faut que ce mufcle agilTe conjointement avec la feule portion fuperieure du trapeze, pen- dant queries autres ne font qu'obeir. De'meme quand on vent tirer l'omo- plate diredement en arriere, la portion fuperieure du trapeze n'y doit pas avoir part , &c la moyenne qui agit pour lors , doit ette contrebalancee par le thom- bo'ide : enfin la portion inferieure du trapeze y pcut aufli concouru &c rendre ce mouvement en arriere plus vigoureux. _ _ ^ Le mufcle appelle grand dentele a fait naitre des opinions tres-difterentes fur fon ufage parmi les plus'celebres auteurs. On voit les tins le dtftiner au mouvement des cotes , les autres a celui de l'omoplate, & quelques-uns a tous les deux. Le developpement exadl de fa ftru&ure , de fa fituation, de fes attaches Sc de la direction de fes fibres, ma paru decider cette queftion. En taiiant Anatomie. Aji.icc 17 1 9. ACADt M IQUE. 497 f.iif.int cettc recherche j j'.ii etc furpris de voir unc compofition trcs-finguliere g^s qui tl'a pis etc decrite. Acab. Roy^le On die ordinairement que ce mufcle eft attache d'tin cote tout le long du oes Sciences de bord ou de la levre interne de la bafe de l'omoplate , Sc de I'autre cote a la PaR's- plupart des vraies cotes ou a toutes , Sc a tine ou deux des premieres fauftes, en s'epanouirTant par autant d'extremites feparces que Ton appe^e digitations, lefquelles s'entrelacent avec celles du mufcle oblique externe du bas-ventre. Voici ce que j'ai trouvc de plus. J'ai obferve que le grand dentelc eft comme compofe de trois portions, favoir, d'une petite Sc de deux grandes : celles-ci , done 1'une ell fuperieure Sc I'autre inferieure , font toute l'etendue que Ton decrit ordinairement , & elles ne font diftingu^es que par la dirlerente direction de leurs fibres, comme on verra ci apres. La petite portion eft tres ctroite , Sc fait comme tin mufcle particulier aflez epais : elle eft attachee par l'une de fes extrcmites, priocipa- lement a [a deuxieme vraie cote, & par quelques fibres a la premiere : elle monte un pea de devant en arriere ; & va s'atiacher prsfqu'au bord interne de Tangle fuperieur de l'omoplate : elle eft lituee entre les cotes Sc la fupe- " rieure des deux grandes portions , de forte qu'on ne la voit pas quand on renveife l'omoplate en arriere, comme on fait ordinairement pour demontrer le grand dentele : mais en renverfant l'omoplate fur le devant, elle p.iroitra aftez. Cependant on la peut aufli decouvrir par le premier moyen, en dills— quant & en otant la portion de l'os qui la cache. La feconde portion de ce mufcle qui eft la fupcrieure des grandes, nait des deux premieres vraies cores, mais principalement de la feconde : elle eft at- tachee a celle-ci un pen plus pres des cartilages qti'a la premiere qu'clle couvre. De I a elle s'elargit ou s'epanouit en arriere, Sc va s'attacher par I'autre extre- inite au bord ou a la levre interne de la bafe de l'omoplate , & occupe les trois quarts de l'etendue de cette bafe depuis Tangle fuperieur. L'omoplate ctant en lituation ordinaire, les fibres fuperieures de cette portion moment imperceptiblement , les fuivantes font comme honfontales ou tranfverfales j celles d'apres dcclinent ir.fenfiblement , Sc les dernieres defcendent davantage. La ttoifieme portion ou Tinferieure des deux grandes eft comme rayonnce : elle vient par fix bandes des cinq dernieres vraies cotes & de la premiere des f.iufTes, vers leurs extremites olfeufes; quelquefois il y en a une feptieme qui vient de la feconde faulTe cote. Ces bandes s'approchent les lines des autres de devant en arriere, s'uniflent en maniere de rayons, & s'inferent au quart rel- tant de la bafe de l'omoplate jufqu'a la pointe de fon angle inferieur. 11 y a quelques differences dans leurs infertions , car les ttois bandes fuperieures, dont la premiere eft la plus large , occupent la plus grande panic de cet efpacej Sc les trois ou quatre inferieures , dont la dernierc paroit la plus etroite, s'at- tachent principalement a Tangle meme. Pour mieux comprendre 1'ufage de ce mufcle, il m'a paru neceffaire de bien remarquer la direction particuliere de chacune de ces bandes dont je viens de parler. Ainfi j'ai obferve que la premiere qui eft attachee a la troifieme vraie cote, va obliquement en arriere de haut en bas, en croifantavec la quatrieme, la cinquieme iSc la lixieme vraies cotes. La feconde bande attachee a la qua- tiieme vraie cote, va moins obliquement, eiam ptefque hoiifontale, Sc croue Tome IF, Purtie Fr.ingoije. R r r 498 COLLECTION avec les trois dernieres vraies cotes. La troifieme bande attachee a la cin- Acad. Roy ale quieme vraie cote , monte imperceptiblement en arriere , 8c ctoife avec la »es Sciences de derniere vraie cote [a). La cinquieme bande attachee a la derniere vraie cote, Paris. monte davantage , 8c paiTe fur la premiere fauiTe cote , dont elle fuit la di- Anatomie. rec^|on , & enfuite s'eleve pour gagner l'omoplate. La fixieme bande vient de Annce 1719. ja premiere fau^e cote , & garde a-peu-pies la meme direction qu'elle , ce que la feptieme bande , quand elle s'y trouve, fait aufli fur la cote fuivante. Ainfi les trois portions de ce mufcle different entr'elles, par rapport a leur figure , a leur etendue 8c a leur direction : car le plan de la premiere eft pref- que egalement large vers fas deux extremites : celui de la feconde portion eft lar^e du cote de l'omoplate , & fe retrecit vers les cotes : celui de la troifieme nu'contraire eft fort etroit fur l'omoplate, & s'elargit tres-conliderablemenc fur les cotes. II paroit par ce detail que tout ce qu'on a ecrit Si. deiline touchant ce muf- cle , n'eft fonde que fur une vue luperficielle de la troifieme portion. Ce- psndant il femble que les tables pofthumes de Cajferius 8c d'Eujlachius , dont nous n'avons point les explications originales, montrent quelques traces de la defcripiion que je viens de donner j mais en examinant lsurs figures , on verra qu'elles ne donnent aucune idee de la premiere portion de ce mufcle, ni meme de la feconde, quoique cells- ci occupe les trois quarts de l'etendue de la bafe de l'omoplate. De plus la figure de Cufluius eft trop contrainte, 8c dans celles d'EuJlachius il feroit impoffible d'expnmer ces deux portions, a moins que ce ne flit par des lignes pondtuees. Ces inconveniens m'ont fait prendre le parti de fuivre les maximes de dillection dont j'ai paile dans raon memoire fur les vifceres. Ainfi, au lieu de renveifer en arriere l'omoplate qui cache une panie considerable de ce mufcle, il m'a paru plus expedient de cou- per l'omoplate tout le long de l'attache du mufcle, d'en laiffer feulement la bafe , & d'emporter tout le refte de l'omoplate. Par ce moyen on voit clairement toute l'etendue de ce mufcle , &c on de- couvre aifement fa vraie conformation & les difterens plans de fes portions- Je donnerai dans la fuite mes obfervations fur les ufages particuliers de ce mufcle, obfervations que je crois routes nouvelles 8c fondees fur fa ftructure & fur fa connexion: j'y joindrai celles que j'ai faites fur les autres mufcies de l'omoplate & fur celui de la clavicule, avec quelques remarques patticulieres fur ces deux os. (n) II paroit que la quatriemc bande a ete oublu'e. ACAD I: M1QU E. 49? ' Acad. Royale Dc I'acllon des Mufcles en general 5' dc I ufage de plufieurs en Paris; particulier. Aiutomh. Suite ilc 171?. P.tr M, Winslow. {Man. de 1710, p.ig. S5.) 1^/uAND on bailie la cere on le corps en avant crant debout, ou quand on plis les jointures des extremites inferieures , e'eft-a-dire des unlfes , des jam- bes & des pieds d.ins la meme firuarion*, i! terrible cTabord que tous ces mou- vemens fe doivent faire par le moyen ci.'s mufcles nommes fiichiffiun : ce- pendant aucun de ces mufcles n'y conuibue , i!s font tons laches & fans ac- tion dans ce cas. Je pavle ici de faction que Ton appelle communement con- traction, qui depend de I'effort ajoute au reftbrt naturel des mufcles quand ils menvenc quelque pauie , ou quand ils l.i rettennent d.ins une certaine fi- uiation : ce ne font que les mufcles nommes extenfeurs qui pout lors agilfent , en contrebalancant plus ou moins le poids des patties fupeneures qui abb les inferieures : dans ce mcnic cut les mufcles que 1'on attnbue ordinairemei t aux cuuTes , aux jambes &c aux pieds, n'exereent pis kurs lonctions fur lees parries done ils tirent leurs noms , ce qui a lieu audi dans la ttation. Le contre- balancement des mufcles dour je viens de parler , eft difleremmenr dirige de cote Sc d'autre par des mufcles collateraux dans les articulations qu'on appelle cnarthroft & arthrodit. M'etant applique patticulieremem a ces objets , j'ai faie les remarques fuivanres. C'eft 11 n langage ordinaire parmi les Anatotv.iftes que Taction des mufcles en general confute dans la contraction de leurs fibres charnues , Sc que cetre contraction eft proportionnee a Tefpace & a la vitetTe du mouvement qui fe fait. On dit auili que la direction de chaque mouvement des parries depend de la contraction dcterminee des mufcles limes du core de cette diteclion , 2c que les mouvemens contraires fe fonr par des mufcles places a l'oppofite. Les exemples que je viens d'expofer font voir que ceci n'eft pas univerlel , Sc qu'il y a des mouvemens auxquels les mufcles du meme cote n'ont aucune parr, Sc qui dependent du relach:menr des mufcles du cote oppofe. On voit auffi que Ton pent debander ou relacher les mufcles par des degres determines & djefpace & de vicelfe, avec la mime certitude qu'on les pent mettre en con- traction , & que par confequerw en general Taction des mufcles ne conlilte pas moins dans le relachement determine des fibres motrices raccourcies , que dans le raccourcillement determine de ces fibres relachees, foit que l'un Sc l'autre fe faflenc fuccellivemenc , foil qa'ils fe faffent rout a-coup. La preuve la plus fenfible &: la plus inconteltable de ce que je viens de dite fe prelenre evi leintnent quand on s'appuye avec force fur tout le bras verticalement pofe fut un plan hxa, &c qu'en meme terns 0:1 pile le bras peu .1 pel! a un certain cv.grc ; car (i pour lors on manie & qu'on examine les mufcles du coude ainli dits , on trouvera les HcchiiTeurs dans un relachement entier Sc les extenfeurs Rrr ij 5oo COLLECTION 7"—— — - ■ rres-gonfles. C'eft ainfi qa'en bailTant la tete a un certain degre , etant debour, Acad. Royale le; extenfeurs feuls agifTent pour diriger ce mouvement caufe par le poids de pes Sciences de ]a t=te en fe relachant au degre determine , fans que les flechiffeurs y aient 1'aris. la moindre part, comml j'ai dit ci-deffus. Je ne parle point a prefent des •jatomie. miiuvemens que l'animal ne peut nullement determiner comme celui du. Suite de 171?. CQEir f fcc je laiite audi pour un autre examen celui de la refpiration que Ton peut accelerer , rallentir Sc comme fufpendre pour quelques momens. I I. Ce n'eft pas feulement l'efpace du mouvement d'une partie qui eft la mefure du gonrlement du mufcle qui eft en action , c'eft aulli la reliftance qu'il fauc furmonter, & tres-fouvent celle-ci feule en eft la mefure : par exemple on fentrra le gonrlemenr du Biceps augmenter a mefure qu'on flecliira le bras; on le fentira aulli a mefure qu'on le chargera de fardeau. De plus le bras etant flechi a un certain degre, & enfuite aftermi dans cette lituation par quelque chofe, de forte qu'il ne puifie etre ni plus rlechi , ni plusetendu, & etant foutenu de manieie que les HechiiTeurs ne fallent plus d'effort & qu'on les feme entierement relaches ; ii pour lors il fe prefente quelque refiftance qui s oppofe a ce que ce bras puilTe 011 fe liechir davantage 011 s'etendre , on fen- tira evidemment les mufcles fe gonfler a proportion de la reliftance, quoiqu'il ne fe fafle aucun mouvement par l'articulation du coude. I I I. Pour mouvoir une partie , ou pour la tenir dans une fituation determinee, non-feulement les mufcles que les Anatomiftes deftinent a des mouvemens particuliers , font en aclion , mais aufli tous les autres mufcles qui peuvenc mouvoir la meme partie, y agilfent en racme terns, plus ou moins , felon la direction du mouvement. J'excepte les cas ou la pefanteur , ou bien quelque autre reliftance fait partie du mouvement , comme dans les exemples que j'ai d'abord propofes , & je parle toujours de faction determinee des mufcles que i'on peut appeler action d'effort , pour la diftinguer de celle de rcifort done tout le monde convient. J'obferve cette cooperation generale des mufcles non- feulement dans ces articulations fpheroides nommees cnarthrojes , & dans les plattes appellees arthrodi.es , dont les unes & les autres fe meuvent en plulieurs iens , mais aulli dans les gynglimes donr le mouvement eft pcur loidmaire borne a deux fens reciproques. Ce feraalTez pour le prefent d'en produire un exemple 011 deux. Pour lever le bras diredtemem , non-feulement les rele- veurs, ainfi dits , agifTent comme principaux moteurs dans cette determina- tion , mais aulli les addutV.ws & les abduc'teurs qui font pour lors comme des duedeurs de ce mc'ne mouvement. Si pendant que le-bvas eft ainfi leve, on le veut porter en avant ou en arriere , ies mufcles directeurs d'un cote fe gonfleront davantage , & ceux de l'autre fe relacheront a proportion , fans neanmoins ceffer d'agir reelljment. Les abbaiifeurs font dans ce cas-ci fans action d'effort; je veux dire, pendant qu'on leve le bras diredtement , car le poids du bras y fupplee , comme j'ai deja fait remarquer : mais oil il n'y a ACADEMIQUE. JO, point de pareil fupplcment, les antagoniftes des principaux moteurs font audi ■ Si?™* en vraie a&ion , & je les regarde pour lots comme moderateurs du mouve- Acad. Royau ment determine. Ces actions de mufcles font refpe&ivement plus ou moins des Sciences dj confiderables & fenfibles felon le plus ou moins d'effort Sc de refiftance. Job- I>ARIS- ferve la meme chofe dans les mouvemens gynglimoides ou les antagonizes font office de moderateurs Sc font effedtivement en atftion proportionnce a SuKC '7-1*' celle des principaux moteurs ; excepte en cas de pefanteur ou de violence etrangere , ou les feuls antagoniftes agifTent , comme aufli dans les demiers degres de flexion Sc d'extenlion ou ils ceflent d'agir. I V. Les remarques precedentes m'ont fait naitre de nouvelies difficultes outre celles que je m'etois dej.i formees, centre les fyftcmes fur la caufe immediate du mouvement des mufcles ou de l'adtion mufculaire; Sc comme ces diffi- cultes me paroilfent montrer le-dt'fauc & l'infuffifance , pour ne rien dire de plus , des explications qui ont paru jufqu'a prefent , je les indiquerai ici en peu de mots , atin de donner oecafion a de nouvelies recherches qui puifTent taire demeler l'apparence du vrai d'avec la verite. On fait qu'apres Aquapindcnu , Borelli a poufle fes meditations la-defliis plus loin que perfonne; qu'il a fuppofe des pores figures a rhomboides, ou tout le long des fibres charnues Sc un effort acceffoire fur le fluide comenu dans ces pores qui les rend quarres en les dilatant, d'ou s'enfuit le raccour- ciffenient des fibres. Bernoulli a change les rhomboides de Borelli en vraies veficules. Siurmius n'a fait qu'inventer des machines propres a aider ceux qui voudroienr fans le fecours de la geometrie comprendre le fond des propor- tions de Borelli. Les injections mercurielles de Cowper §c les microfcopes de Leewenhoek ont paru donner quelque preuve de la Itructure vcliculaire des fibres charnues. Ces inventions Si d'autres femblables ont fourni plufieurs idees dont les tines roulent fur le concours du fang & des efprits animaux , d'autres fur la feule action de ces efprits, d'autres fur l'effort du fan? arteciel arrete par les extremites des nerfs ou par les filamens tranfverfaux , &: quel- ques unes fur le feu I relfort des fibres. Ces idees generales en ont produir quantite d'autres particulieres , dont plu- fieurs font allcz connues , Sc qui different beaucoup entr'elles. Quand j'ai voulu conlidcrer attentivement & fins prevention toutes ces idees, j'ai ete ariete tout court par plufieurs difficultes, dont les principals concernent la determination des mouvemens des mufcles , & renferment plu- fieurs phenomdnes embarr.ilfans qui fe rencontrent fans celTe dans les animan>: aulli bien que dans lhomme, favoir , la duree determinee de ces mouve- mens, ^'augmentation & la diminution dcterminees de cute duree, Sc enfin la promptitude furprenante du changement de quelques-unes de ces determi- nations. Je ne trouve aucun des fyitcmes propofes qui puilfe non-feulemenc denouer ces difficultes , mais meme s'acrorder ou fubfifter avec ces pheno- menes. Ceci m'avoir deja paru tres-difficile par rapport a la contraction de- terminee des fibres charnues ; mais ayant depuis fait attention a leur relachei- ment determine , ces difficultes m'ont paru plus grandes 6c comme routes Mmar J"fn*""w f "—flr joi COLLECTION 5 noiivelles. En un mot quel exemple d'explotion , de fermentation & d'efFer- Acad. Royale vefcence y a-t-il dans la nature ou dans I'art dont on puilfe regler ou deter- vis Sciences rJE miner la duree , l'etendue &c la promptitude ou vitelfe au degrc que Ton r>ARI5- voudra , ou que Ton puilfe fufciter dans un infant, & faire cetfer dans an autre a un certain degre pour pouvoir s'en fervir a regler ou a determiner Suite de 1 7 1 y • quelque mouvement artiriciel : on en pent dire autant du fyfteme des vefi- cules: 1'exemple que Ton donne des vellies qui loulevent des poids confide- rabies a mefure qu'on les gemfle , expliqueroit en quelque maniere la force des veficules gonfices, s'ii y en a, mais n'expliqueroit rien du tout par rapport aux phenomenes dontil s'agit, 6c d'autant moms que pour reuflir dans I'expe- lience alleguee, il faut poulTer le vent dans les vellies par una ties- petite ou- verture , ce qui ne fe fait que fort lentement : ainfi cette experience , loin d'expliquer le fvfteme.des veficules, le detruit quand on en veut faire Implica- tion aux phenomenes cites. Je ne parle point de 1'exemple des cordes mouil- lees qui ne fert encore a rien ici. V. Le lan^acje commun des Aiiatomiftes , meme des modernes , borne mal a- propos l'ufnge de plufienrs mufcles enleur donnantdes noms tites de cert.iines parties & des fondtions auxquelles ils les deftinent : ainfi quand ils font le de- norabrement des mufcles du bras, de l'avant-bras , de la jambe , du pied, &c. & quand ils donnent a des mufcles les noms d'extenfeurs , de Heclnf- feurs, d'adducleurs , d'abdudeurs , &c. il en refulte fouvent de ratifies idees non-feulement dans la phyfique , mais audi dans la medecine & la chirurgie. De plus l'emploi que les grands maitres ont fait de ce langnge, fans aucun avertifiement , a peut-etre detourne plufienrs d'y faire attention, ce qui a pu empeclier plufienrs recherches & decouvertes utiles. Cependant il faut avouer que e'eft une efpece de neceilite de diftribuer & nommer les mufcles pour lou- lager la memoire des commencans ; mais il faudroit abandonner les noms qui m.irquent ou leurs fonikions, ou meme les parties auxquelles on les det- une communement. Les exemples fuivans confirmeront ce que je viens de dire. Quand on fe tient debout, le pied devient le point fixe du mouvement de la jambe, & les mufcles que l'on nomme extenfeuts du pied ne lui fervent a rien dans cet etat , car ils font alors extenfeurs de la jambe. Dans la meme Situation la jambe devient le point fixe du ntouvement de la cuiflTe, & les ex- tenfeurs de la jambe , ainfi dits , ne fervent qu'a la cuifTe qu'ils tiennent droite &c etendue , ce qui arrive auifi quandon eft a genoux. Enfin quand on eft de- bout, la cuilfe etant retenue , comme je viens de dire , devient le point fixe du mouvement du tronc , £c les mufcles qu'on appelle extenfeurs & Hechil- feurs de la cuilfe , font employes au mouvement des os des handles , ce qui fe remarque encore quand on eft aflis. Outre ces exemples qui fe prefenrent affez facilement , j'en ai obferve plu- fienrs autres dont on pourra d'abord erre lurpris. Les mufcles de l'omoplare & de ['humerus qu'on appelle le grand rond , le petit rond & le fous-fcapn!aire , outre les ufages qu'on leur donne pour l'ot- dinaire, & en partie malapropos, peuvent encore faire la rotation dubras, A C A D £ M I Q U E. 5o; e'eftadire, des mouvemer.s reciproques nntour de fon axe. Cc mouvcment ■ ■ eft afTez vifible dans ceux qui jouent des tymbales : ce meme mouvement Acad. Royals augmente beaucoup la pionation 6: la fupination de la main, le bras alors nri Scuncis de etant etendu. Parts. On borne communement l'ufage du mufcle biceps du bras a la flexion de Anatomie. l'avant bras ; j'ai obfetve qu'il tit audi un lupinateur trcs confidcrable , & qu'il Su'tc <*e :Ti9- fait la iupination bien plus fortement que les fupinateurs ordinaires. L'examen de fou attache a la tubcrollte du radius , m'a conduit a cette nouvelle obfer- vation : je m'en fuis encoie allure par le gonrlcment ejus j'ai fenti dans ce mufcle en faifant le mouvement de Iupination , principalemenc quand le bras eft flechi , com me il eft aiie- a chacun d'en faire I'epreuve. En effet les deux: fupinateurs ordinaires feroienc crop foibles feuls dans quelques occalions , par exemple, quand it fautun grand effort pour tournei une grofleclef. Le court lupinateur eft ties foible, 6%: la litiiation du long n'eft gueres favorable a ce mouvement , quand il fain agir .wee force, principalement quand le coude eft flechi. L'ignorance de cette obfervatioo a peut etre quelquefois ete la caufe du mauvais fucces du panfement de la fracture de l'avant bras. L'aponcvrofe du biceps fameufe par les incommodites qu'elle caufe quelquefois dans la faignee , facilite le mouvement de fupination de ce mufcle quand le bras eli etendu , en ce qu'elle change pour lors un pen la direction du tendon du bi- ceps. J'ai oblerve a 1'occadon de cet examen que chaque corps ou ventre de ce mulcle contribue a produne le tendon & l'aponevtcfe par un double en- trelacement des fibres tendineufes. Le mufcle qui dans la paume de la main forme uiu partie de 1'elevation qui eft entre le petit doigt &c le poignet , eft communement deftinc au mou- vement du meme doigt; m.iis en examinant fes attaches avec taut foit peu d'attention, on verra qu'il n'appaitient pas au petit doigt, qu'il eft un adduc- teur oblique du quattieme os du metacarpe; Sc qu'il toutne cet os vers le pouce quand on vein rendre la main creufe. Ce mouvement du quattieme os du metacarpe eft affcz fenhble , principalement quand on le fait, le petit doigt etant flechi. Riolan a deja remarque la mobilite de l'os , mais il ne lui a donne aucun mufcle. Les mufcies interofleux de la main font ordinairement divifes en trcis ex- ternes & en autant d'intetnes. On n'eft pas d'accord a l'egard des attaches Si des tondtions de ces mufcies. Les uns diient que tous les externes font atta- ches pour etre des adducteius , & que les internes le font pour faire la fonc- tion d'.ibducleurs. D'autres les placent pour agir dans un fens contraire. J'ai obfetve que p.irmi les externes les deux premiers sinferent uniquement au doigt medius pour en faire le mouvement d'adduclion & d'abduclion , & qua le troideme s'infere au doigt annullaire Si en eft l'abducteitt : ainli les trois interolleux externes ne font employes que pour deux doigts. Des trois inter- nes le premier s'infere au doigt index pour en faire I'abduction; le fecond s'in- fere au doigt annullaire pour en etre i'adduCteur ; I'infertion du troifieme eft au petit. doigt pour le mouvoir dans le meme fens que l'annullaire : de forte que le doigt medius n'a aucune part dans les interoiTeux internes. Ceci n'eft qu'un petit abrege des obfervations que j'ai faites fur la ftrudture & la mecha- nique de ces mufcies, que je donnerai dans un autre terns avec la difference 5o4 COLLECTION esftsxsaxrjansnaBa qa'it y a errtr'eux & les interoffeux du pied. II eft etonnant de voir I'incerti- Acap. Royale ttide de plufieurs habiles Anatomiftes a 1'eg.ird de ces mufcles : fans dome bes Sciences uz l'ennui d'un travail long & penible leur a fait perdre patience , &c ne leur a Paris, pas permis d'examiner avec affez d'attention ces niemes mufcles qui font or- Anatohie. dinairement les derniers dans une myoromie generate. Suite de 17m. Entre les mufcles qui couvrent la cuilfe , celui que I'on nomine droit ou crele anterieur, n'eft ordinairement regarde que comme fervant a l'extenfion de la jambe. Neanmoins outre 1'obferv.uion que j'ai faite ci deffus en parlant des extenfeurs de la jambe en general , j'ai encore decouvert deux autres ufa- ges tres-remarquables de ce mufcle. Le premier eft qu'il peut faire , & qu'il fait eftedtivetient 1'ofHce de flechiffeur ou de releveur de la cuiffe : Ces attaches le prouvent alfez , & fi Ton veut s'en affurer d'une maniere fenfible, on n'a qu'a mettre la main fur In cuiffe pendant qu'on la fouleve , foit que Ton fe trouvedebout, allis ou couche. L'autre ufage eftquel'un 8c l'autre mulclesgreles anterieurs, favoir, celui de la jambe droite 8c celui de la gauche, accomphf- fent la mechanique de la feffion : car ils maintiennent le ballin olfeux ou les os des handles dans une efpece d'equilibre fur les tuberofites ifchiatiques. Ils ne font pas feuls cet office, les pe&ines, les pfoas , les iliaques & les fefliers y contribuent aulli. Cette remarque a encore lieu dans d'auttes mufcles dont les attaches paf- fent par-deffus plulieurs articulations : ainfi le bleeps de l'avant-bras, ainfi dit, peut encore etre un releveur de V humerus. La grande portion du biceps de la jambe, auffi-bien que fes autres flechiffeurs, ainli dits, deviennent quelque- fois extenfeurs de la cuiffe : les jumeaux qui etendent le pied, peuvent auffi flechir la jambe dans de grands efforts. Enfin les mufcles vertebraux entr'autres fourniffent de beaux exeinples de la multiplicite de leurs ufages/ Je m'etendrai plus fur cette matiere dans un effii particuher ds myologie, qui me femble naturelle , aifee & favorable aux recherches de phylique & de medecine , qui fera fins affe&ation de nouveaute , & qui ne derogera poin; mal-a-propos a ce qui eft recu 8c etabli. Obfcrvatlons /Inatoniiqucs fur quclques mouvemens extraordl- no.ires des omoplatcs & des bras , £' fur une nouvelle efpece de mufcles. Par M. Winslow {Mem. dt 1713 , pag. 69.) U n Venitien , -nomine Dominique Create , age de foixante-quatre ans , ua peu maigre 8c d'une taille mediocre, a attire l'attention du public par quel- ques mouvemens extraordinaires des omoplates 8c des bras dont voici l'hif- toire. i°. II fait faillir tres-confiderablement les angles inferieurs de fes omo- plates , 8c les eloigne du dos; enforte que les omoplates foulevent la peau , torment un creux confiderable enu'elles, & paroiffent comme des ailerons ou des moignons d'ailes pointues. > A C A D 6 M I Q U E. J05 II remtie les omoplates dans cette attitude avec tine grande viteffe en haut Dl en bas, de cote & d'autre , 8c dans plulieurs autres directions compofees de Acad r «"«-«■ BEsSciENc°ri 20. 11 approche les omoplates 1 une de ['autre de maniere que lours bafes fe Paris. touchent tout-a-fait & couvrent 1'epine du dos ; il les approche avec taut de Anatomie. force, que fi on lui mec une canne le long de l'epine du dos, il I'embrafle Sujtcdc '?if avec les omoplates , & la tient li (erree , qu'une autre perfonne , en empoignant cette canne , le fouleve & lui fait perdre terre. Par le racrae mouvement d'omoplates il embraffe le bout d'unegrofTe corde attachee au plancher, & en retirant fes jambes il demeure fufpendu en l'air, fe lailfe balancer, tk voltige , pour ainfi dire, fans quitter la corde. Par ce moyen il manie encore fort adroitement un fleuret au-deffus de fa tete, en couibant le corps en devant. II joue audi tres-aifement du drapeau avec les omoplates. Tout ceci , com in e encore de caller une noix avec les epaules, n'eft que la fuite du meme mouvement. 58. II fe donne une efpece d'eftrapade , & cela d'une maniere aflez furpre- nante; void comme il s'y prend : il fe tient debout, tk apres s'etre fait lier les mains par un mouchoir aflez pre? l'mie de l'autre , de forte qu'elles ne puifTent fe quitter, il leve un pied, puis l'autre pour palfer Ces mains par- deflbus & les porter dertiere le dos : il fait enfuite plulieurs mouvemens & efforts pour les jeter plus en arriere & en haut, ce qu'ayant rcitere plulieurs fois , il les palfe de derriere en haut par-deflus la tete , & les fait revenir fur le devant ou elles etoient quand ila commence, & cela fans qu'elles fe foient pes Sciences de mais avec cette difference qu'il tenoit toujours les bras exadtement etendus 8r Paws. tres-roides , foic qu'il fur debout pour embrafTer la corde ou le baton , foic ..natomie. qU--j ^e bai(f£t p0ur prendre Sc manier l'epee Sc le drapeau. Dans cette atti- Suite de 171?. tU(je Jes bras |e biceps de chacun etoit entierement gontle, bande & dur, Sc le moignon de chaque epaule etoit baiffe. 4°. A l'egard du mouvement d'eltrapade , il fe fvufoit fi vite que la vue ne pouvoit fuivre diftinctemenc les differentes attitudes qui fe fuccedoient , & il etoit comme impoflible a cet homme de tenir tant foit peu de tems les bras en place ou en repos dans quelques-uns des efpaces qu'ils parcouroient entre leur attitude prefque horifontale derriere le dos Sc leur attitude perpen- dicuiaire fur la tete. 50. Le mouvement de moulinet etoit encore plus prompt , Sc ne permet- toit aucune infpection afftz diftincTte pour faire des obfervations fur les atti- tudes fucceflives des bras. Tout ce que je pus remarquer ici , e'eft que cet homme difoit avoir befoin de faire encore ce tour a contre-fens pour raccom- moder fon bras ; & il le fit , outre cela enfuite tirer & fecouer par une autre perfonne pour la meme raifon. 11 obfervoit a-peu pres la merae chofe apres le mouvement d'eltrapade. 11 etoit plus lent a fe mettre en train , pour ces deux fortes de mouvemens,quand il avoit froid quequand il avoit chaud. Apres l'expofe hiftorique des principaux tours du Venitien & l'examen qua j'en ai fait , voyons comment on les peut expliquer par l'anatomie , Sc quelle utilite on peut tirer de cette curiofite. A l'egard de la faillie extraordinaire des omoplates en maniere d'ailerons, je crus d'abord Sc en regardant feulement de loin que e'etoit le plan fuperieuc du mufcle trapeze qui produifoit cet efFet en agiffant fur l'omoplate comme fur un levier de la uoifieme efpece ; mais en examinant de plus pies , je trouvai tres-peu de refiftance dans le mufcle trapeze , & je vis avec etonnement une grande contraction dans le mufcle biceps dont on borne communement l'ufage a la flexion de l'avant bras. Cependant je fus ravide trouver encore un nouvel emploi de ce mufcle, outre ceux que j'avois deja decouverts Sc publies dans les memoires de l'Academie de 1710. Ce nouveau phenomene du mufcle biceps me parut d'abord fort extraordi- naire ; mais apres avoir bien confronre fa lituation naturelle avec l'attitude que le Venitien donne a fes bras dans cetre occafion , je crois 1'avoir compris, Sc voici comme je l'enteiids. Quand on tient les mains jointes derriere le dos, ayant les coudes flechis , il taut neceffairement que la partie anterieure de l'os du bras foit tournee vers les cotes , & les autres parties a ptoportion , comme il paroit alfez evidemment par la fituation forcee du coude & du pli de cha- que bras dans cette attitude. On fait que le mufcle biceps eft attache par fon extremite inferieure a l'avant bras , Sc par deux extremiies fuperieures a l'o- moplate , favoir , au deffus de fi cavne glenoide & a la pointe de fon avance nommee coracoide ; on fait a 11 ill que le corps de ce mufcle eft place le long de la partie prefque anterieure de l'os du bras : ainh dans l'attitude en quef- tion , l'os du bras etant contourne de la maniere que je viens de dire, ce mufcle eft aufli tourne vers les cotes, Sc paroit meme en arriere. II s'eafuit A C A D E M I Q U E. 507 de la qu'etant contracte ou raccourci dans cette fuuation , & fon extrcmite in- ■ ferieure etant fixee par I'avant-bras qui eft arrete derriere le dos , il doit mou- Acad. Royale voir l'omoplate fur la tete de l'os du bras en maniere de levier de la premiere D" Sciences db efpece , c'eft-a-dire , appliquer fa partie fuperieure aux Cotes , ik par le meme Paris. mouvement en ccarter fa partie inferieure. Pour rendre cet ecartement plus fenfible , il taut pouller les mains fortement contre le dos : en obfervant cette Su'tc "e '71?' derniere circonltance que .j'expliquerai dans la fuite , il eft facile a chacun , principalement a ceux qui font maigres, de faire le meme tour, mais non pas dans le meme degre que le Venitien qui y etoit exercc. Le fecond tour de cet homme ou fon adreife d'approcher fes omoplates, & de tenir fortement entr'elles difterentes chofes, me parut d'abord plus diffi- cile a comprendre que le premier. On dit communcment que les omoplates font tirees vers 1'epine du dos par les mufcles nommes rhomboides & par une portion du trapeze ; mais il eft affez evident que ces mufcles ne peuvenc fe raccourcir jufqu'A joindre rout-a-fait les omoplates, & que s'ils le pou- voient , ils empecheroient les omoplates d'embraffer. Avant d'avoir fait 1111 examen particulier de ce tour, je croyois en avoir trouve tout l'artirice dans les feuls mufcles appelcs grands dotfaux, & je penfois que les bras etant tires en arriere par la portion fuperieure de ces mufcles , pourroient ponder les omo- plates vers 1'epine du dos : mais en y regardant de pies , je fus aufli furpris que dans l'examen du premier tour de n'y fentir prefque aucun effort, 8c de voir encore lemufcle biceps employe &z exrraordinairement gonfle. Je compris bientot par-la que la mcchanique de ce fecond tour etoit prefque la meme que celle du premier , Sc que le mufcle bleeps etoit encore ici le principal acteiic ou moteur, mais par une direction diftcrente : car l'os du bras etoit ici tournc de maniere que le biceps etoit lime dans un fens prefque oppofe a celui qu'il avoir dans le premier tour ; les coudes etoient prefque rournes l'un vers l'au- tre ; les bras etoient trcs etendus & les mains jointes. Dans cette attitude les deux biceps fe mettent en contraction , & etant fixes par leurs exttemites in- ferienres , meuvenr encore les omoplates fur leur articulation en maniere de levier de la premiere efpece , mais autremenr que dans le premier tour, car ils tirent l'apophyfe coracoide Sc la partie fuperieure du con de cinque omo- plate dire&ement en dehors, & par la pouffent leurs bafes vers l'cpine du dos, & les approchent. Pour ferrer fortement les omoplates ainli jointes , il fa ut que les bras foient etendus tres-rerme, les mains jointes & les coudes en meme terns contournes avec effort vers 1'epine du dos , comme je l'expli- querai plus en detail dans la fuite de ce memoire. Le coraco-brachial y con- tribue auffl. Le mouvement d'eftrapade n'eft pas fi difficile a expliquer qu'a imiter. Le plus rude de ce tour , & qui en fait toute la dilriculte , celt de lever les bras derriere le dos , & de les haulfer tout de fuite pour les faire palter au-deffus de la tete , fans degager les mains liees. Tout le refte eft tres ordinaire, 8c on comprend facilemenr que pour palTer les mains liees par-deflous les pieds, il ne taut que pouvoir bien plier une jimbe , &: fe tenir ferine fur I'autre. En faifant cette efpece d'eftrapade a contrefens , la grande difficulte fe renconrre au meme point, favoir quand il faut renverfer les bras de devant en arriere par-deffus la tete , les mains liees eufemble. Ainli de tout le cercle que les Sssij 5o8 COLLECTION : " ■ '■■ bras decrivent par ce mouvement , il n'y en a gueres qu2 le tiers qui renferme Acad. Royale toute la difHculte , Sc ce tiers eft la partie comprife en arriere entre le dos Sc vis Sciences de la tete. r-*RIS- Avant d'expliquer ce mouvement, il fain faire fouvenir que 1'articulation Anatomie. jg pQS ju [jras avec l'omop|ate e\\ fpheroi'de & femblable .i ce que les faifeurs SuiiQde 171J. cj'inftrumens de mathematique appellent genou ; que la tete hemifpherique de l'os du bras eft pofee obliquement Sc un peu tournce de dedans en arriere , SC non pas direftement vers les co:es , comme les figures ordinaires du lque- lette le reprefentent; moyennant cette pofition elle repond a la cavite a1tn.11- laire de l'omoplate. 11 faut encore, avant d'expliquer ce tour, faire difpa- roitre une difficulre ties chimerique , mais fpecieufe Sc qui cache, pour ainii dire, celle qui merite le plus d'attention ; car en regardant ce tour , on eft d'abord pone a croire que le mouvement des bras autour du centre de leur articulation avec les omoplates eft fimple , umforme Sc a-peu pres femblable au mouvement des rayons d'une roue autour de 1'eflieu ; mais pour peu que Ton y fade attention , mane fans favoir l'anatomie, on voir bien que Ton ne pourroit faire ce mouvement uniforme fans tordre & deciliter les parties mol- Ies qui lient Sc foutiennent 1'articulation : de plus il n'y a point d'organe pour accomplir un tel mouvement , quand nieme il feroit polliblc ; ainfi il ne taut pas encore le confondre avec celui d'une eftrapade rcelle qui derange 1'artKulation Sc blefTe conliderablement les parties qui l'environnent. Une vraie connoif- fance de la ftru<5ture Sc de la mechanique de cette articulation Sc de cc-s par- ties ditlipe entierement la faulfe apparence que la viteffe du mouvement ravo- rife . Sc elle decouvre ce qui s'y pafte reellement de la maniere fuivante. L'un Sc l'autre bras n'a qu'un fimple mouvement de rayon dans les trcis quarts, plus ou moins , du cercle de ce tournoiement autour du centre de 1'articulation, comme il eft facile a chacun de voir en portant le bras dire&e- ment , fucceffivement & lentement en haut , en avant, en bas Sc en arriere. Mais dans l'efpace ou dans le tiers de cercle de la circonvolurion qui refte a faire de derriere en haut, ce mouvement devient compofe Sc comme triple , la colonne de l'os du bras, en parcourant ce tiers de cercle, fait en meme terns deux petits mouvemens differens autour de fon axe; car etant parvenue de devant par en bas en arriere par un fimple mouvement de rayon de roue, elle commence la a fe tourner peu a peu en maniere de pivot autour de fon axe jufqu'a un certain degre ou elle fait encore un petit tour de pivot a contre- fens pour revenir au fimple mouvemenr de rayon. Ceux qui fe laillent faci- lement eblouir par une feule nouveaute vraie ou fauffe , ne fongeant point a ces deux petics tours effentiels que la viteffe du mouvement derobe a la vue , forgeroient la deffus un fyfteme tres-fpecieux , quoique faux. Apres avoir vu a quoi fe rcduit cette difHculte apparente, celle qu'on peat regarder comme reelle, eft le grand renverfement des bras derriere les epau- les & la tete. Un peu d'airention a ce que je vais dire en facilicera l'explica- tion. On fait que plufieurs mouvemens du bras ne fe font pas tant par fon ar- ticulation avec l'omoplate que par les attitudes variees de l'omoplate qui les favorifent : c'eft ce qu'on reconnoit evidemment lorfqu'on examine les epaules des gens maigres pendant qu'ils font differens tours de bras. Une longue ha- bitude rend les articulations plus liantes, les ligamens plus fouples Si les muf- ties Sciences de Paris. Anatcmii. A C A D E M I Q U E. 5o9 cles plus agiffnns comme quantitc d'exemples le prouvent, fans parlcr des ha- bitudes forcees. Outre cela le Venitien ayanc l'avancage de pouvoir reculec Acad. Royalh be.uicoup fes omoplates, il a audi plus de facilite a renverfer fes bias : il pa- rent meme que cet homme ne tecule pas fes deux epaules en meme terns, mais 1'une aar&s l'autre pour ne pas les froifTer ou bleifer par leur rencontre. He ' 1/ '•! r ■ i r '• n Suite dc 17 1 *• taut encore oblerver qu il ran plulieurs mouvemens preparatoires avant d en venir a celui d'eftiapade pour rendce les mufcles & les ligamens fouples, & pour exprimer une quantite fuffifante de la lymphe mucilagineufe qui atrofe ces articulations, & les rend plus glilfantes. Le mouvement de moulinet depend de la meme mechanique que celui d'ef- trapade, mais il eft plus aife quand il eft une fois en train , parce qu'il fe fait par un feul bras & tout de fuite fans obftacle. Ce mouvement paroit audi en quelque maniere dans ceux qui tournent la fionde. Je remets a la fuite de ce memoire l'explication de plufieurs autres pheno- menes par rapport aux mufcles coadjuteurs des mouvemens qui out paru dans ces tours du Venitien : j'y joindrai mes remarques fur l'utilite qui en refulte, avec la decouveue de la nouvelle efpece de mufcle que j'ai anuoncee dans le litre. Obfervatlons no uv dies furies mouvemens ordinalrcs dcVEpaulc, fur Paction des Alufiles qui executent ces mouvemens , & fur I'ufage particulier de auclques-uns des manes Mufcles : avec quelques remarques fur le Mufde Grand Dorfal 6' fur ccux du bas-ventrc. Par M. W i N SLOW. ( Mcmoires de iyzC, pag. I j3. ) .La mechanique de Pomoplate & celle de l'os hyoide par rapport a leurs mouvemens & a leurs changemens d'attitude , eft fort difterente de celle des autres os qui ont tous des appuis fermes fur lcfquels ils font ou mes ou arrctes par les mufcles , en partie en maniere de leviers, & en partie d'une autre facpn ; au lieu que I'omoplate & l'os hyoide ne font que fufpendus & difTeiemment brides par les mufcles meme qui les meuvent & qui deteiminent ou fixent leurs attitudes fel«n les differens befoins. Je ne parlerai ici que de ce qui re- garde I'omoplate. Les anatomiftes conviennent que cer os eft la principale piece de 1'epaule, qu'elle fe trouve dans les animaux auwi-bien que dans l'homme , & que la claviculs n'eft , pour ainfi dire , qu'acccfloire dans l'homme & dans ceux d'entre les quadrupedes qui peuvent tourner leurs pattes anterieures pour embracer quelque chofe. lis conviennent que les mouvemens & les differentes attitudes de 1'epaule dependent piincipalement de I'omoplate qui en meme terns en- traine ou poulfe la clavicule. On s'eft contente de dire en general que I'omo- plate peut monter , defcendre, avancer , reculer , & que les mouvemens de cet os font bornes par la clavicule, qu'il fert d'appui aux os do bras cV: en fa- B 5io COLLECTION ****^ cilite les mouvemens. On n'a rien determine fur les attitudes particulieres Acad. Royale de ces os dans les dirTerens mouvemens de l'epaule. On a toujours ete fort es Sciences de partage Sc indecis par rapport aux mufcles qui executent ces mouvemens , & ^ARIS- encore s'eft-on beaucoup mepris dans les ufages non-feulement des mufcles qu'on a voulu y deltiner , mais encore de ceux qu'on a voulu en exdure , Sc Suite de 1719. ni£me ,je ceux d0J1t on ne parle qu'en doutant. II n'eft done pas furprenant que Ton ne trouve nulle part, que je fache , l'explication de plufieurs phenomt-nes tres-finguliers qui en dependent, dont en voici deux qui fiutent aux yeux de tout le monde , & quife prefenteirt pref- que a tout moment. Le premier eft que l'omoplate eft la bafe , l'appui Sc le foutien de tons les mouvemens tantfimples que compofes, & de tous les efforts du bras, meme des plus violens , tandis que lui-meme n'eft ni mu , ni fixe fur aucun appui folide comme les autres os. Le fecond phenomene eft la grande puiffince de l'epaule pour furmonter ou contrebalancer des refiftances tres confiderables , pour foulever des fardeaux d'une tres grande pefanteur, & pour les foutenir fans fe lailfer abaiffer. J'en ajoute encore un troifieme qui a lieu lorlqu'etant affis & appuyant les mains fur fon fiege a cote des handles, on fouleve tout le corps , Sc qu'on le tient comme fufpendu entre les epaules fans qu'elles moment ou changent leur attitude ordinaire. Pour expliquer ces phenomenes, Sc pour fixer le nombre, les fon&ions Sc les ufages des mufcles qui y ont rapport , il faut d'abocd examiner routes les circonftances qui accompagnent les mouvemens & les attitudes de l'epaule rant en general qu'en particulier. Les mouvemens de l'omoplate en general paroifient plus fur la partie de l'omoplate qu'on appelle acromion, & qui eft precifement ce qu'on nomine pour l'ordinaire epaule, & fur l'extremite voifine de la clavicule, que fur les autres parties de ces deux os. Quoiq.ue la fittiation & 1'attitude de ces deux os foient tresconnues , je ne trouve pas qu'on ait fait affez d'attention fur la direction de la caviie gle- noide de l'omoptate qui recoit la tcte de 1'os du bras, ni fur celle des facettes cartilagineufes de ['acromion & de la davicule par lefquelles ces deux os s'ar- ticulent enfemble. La cavite glenoide n'eft pas tournee direftement en dehors , mais elle eft aufll en meme terns tournee obliquement vers le devant & en haut. La petite facette cartilagineufe de Xacromion eft tournee obliquetrrent en dedans , & celle de la clavicule obliquement en dehors. La neceflite de cette remarque paroitra dans la fuite. A legard des mouvemens particuliers de l'epaule & des attitudes qui en rcfultent, il ne fuflfit pas de favoir qu'on la pent haufter & bailfer, porrer en devant & en arriere , il faut abfolument examiner les differc-ns cas dans lef- quels chaque efpece de mouvement Sc d'attitude eft employee. J'avoue inge- nuement que mon inadvertance fur cet article m'a fait perdre un terns confi- derable, Sc m'a caufe beaucoup de fatigue inutile, jufqu'a ce que je me fuis appercu que la meme efpece de mouvement differe confiderablement felon les differens cas ou elle fe rencontre. Les exemples fuivans feront comprendrexe A C A D E M I Q U E. 5 1 j que je viens de Hire : mais il faut avec cela obferver que par les termes tie »— — — — haulier , bailTer , &c. je ne comprends pas feulement un certain changement Acad. Koyale d'attitude, mais encore les efforts contre une attitude oppofce. Car les muf- pes Sciincis d* des qui levent line partie dans une occalion, font les memos qui dans une 1'aR's. autre occalion font feulement effort contre Fabailfement de la mime partie, Amato fans la lever : par exemple , les myfcles qui levent l'epaule quand on la veut Su.tc l. rapporte une obfervation au fujet du pretendu releveur propre de l'omoplate : •> Nous avons trouve, dit-il, dans quelques fujets des faifceaux » de fibres charnues qui fortoient de la partie inrerjeure de ce mufcle , & al- » loier.t fe terminer fur la feconde ou tioifieme cote avec la partie fuperieure » du grand dentele. Chap. XX. n. 83. 11 me femble que ces faifceaux de Cpwpgr ne font que la petite portion particuliere du grand dentele dont j'ai donni la dVcription en 1719 ; Sc que M. Cowper l'a prife pour un detache- ment da noiv.me releveur. On comprend aifement que toutes les circonftances que j'ai rapportees a la premiere dalle des mouvemens de lepaule, c'ell a-dire , a fon elevation ou h. m lament, s'expliqaent par une mcrae mechanique, Sc que c'ell le grand dentele qui en eft le principal organe. On pourroit trouver quelque diilicultc li-delfus par r apport i li fixieme & a la huirieme figure ; mais fi I on fait at- tention que dans la dxieme figure l'homme etant pendu a contre-lens par fes mains fur un^ corde bonfontalement tendue les pieds en haut & w tete en bas , tout le fatdeau de fon corps tombe entre les epaules qui arrCtees par les mains, ne peuvent pas fuivre ; de forte que dans ce cas les epaules feroient (a) Voycz lis remarques de M. Winf.ow fur p/a/ieurs articles du Traile de Borelli de motu arumalium. ci-ap.cs anncc \-\C. Tct ij 5 1 fans l'avo;r averti de cette orconftance , je fis fentir d'un moment & Anatomie. I'auire Ie ventre d'un malade, tantot tendu , tantot mollet Ie long de ces muf- Suitcde 1719. c|es_ L'explication en eft tres-naturelle. Ce font les deux mufcles maftoidiens qui doivent lever la tete dans cette attitude. Lejlernum , auqucl leurs portions, qui alors agilfent Ie plus, font attathees, ne peut leur fervir de point fixe dans ce cas, a moins, qu'il ne foit lui-meme afrermi & comme contrebalance par la contraction des mufcles droits du bas-ventre , comme il eft facile de le fentir fur foi-meme dans le lit. Depuis que j'ai fait cette decouverte , j'ai tou- jours eu le foin dans les maladies inrlammatoires du bas-ventre & meme de la poitrine, comme aulli dans les rhumatifmes douloureux des parties voifines, d'empecher que les malades ne falfent aucun effort pour lever la tete, meme pour boire ou prendie un bouillon , & j'ordonne aux aiMans de la leur fou- tenir entieremeru d.ms ces befoins , ou de fe fervir des tuyaux commodes pour cela. J'obferve encore la meme conduite dans certaines obfervations chirurgicales du bas-ventre, en faifant voir le grand inconvenient de la cou- tume ordinaire de faire mettre la tete bien baffe aux malades couches fur le dos dans ces occafions. Mais pour revenir a notre fujet , il eft des attitudes ou il y a une combi- mifon de ces deux phenomenes dont je viens de parler : e'eft quand on eft couctie de fa^on qu'on n'eft ni tout-i-fait fur le dos , ni rout-a fail fur le cote ; mais en partie fur le dos & en partie fut 1'un ou l'autre core. Si alors on leve la tete diredtement, il faut que toutes les deux portions inferieures du mufcle maftoidien oppofe, favoir, celle qui eft attachee au fltrnum & celle qui eft attachee a l'extiemite voifine de la clavicule , foient egalemert arrctees & ar- fermies. Alors Ie grand dorfal & les mufcles obliques du bas-ventre d'une part , Sc les mufcles droits de l'autre , confpireront enfemble a cette action. En fin ie refultat de tout ceci eft que l'abaiffement de l'epaule fe fait dans les casde befoin par quatre mufcles qui lui font propres, & par deux qui lui font commims avec le bras , mais tout autrement que Ton a cru. La troiheme clalfe des mouvemens de l'epaule, cont les figures 18, i 9 , 20,21 & ii, (PI. X1V-) donnent des exemples, renferment les cas ou il faut avancer les epaules fur le devant, ou les empecher d'aller en arriere. On con- coit bien que cela eft neceffaire pour poufTer une refiftancc direcrement devant foi par les mains, ou de cote par un bras etendu , pour s'appuyer contre terre fur les coudes ou fur les mains, pour trainer quelque chofe , foit par les bras feuls, foit par des cordes on des bretelles appliquees aux epaules Le grand dentele eft encotf ici le principal org'ane, ciant attache d'une part vers l'extre- tnite anterieure des huic cotes fuperieures , & de l'autre tout le long de la bafe de l'omoplate. J'ai meme obferve dans les quadrupedes que quand ils font fur leurs pieds ou en marche , leur poitrine eft en quelque facon fuf- pendue entre les epaules ou omoplares par les grands denteles de l'un Sc de l'autre cote j ce qui a aulfi lieu dans ['attitude de l'homme , reprefentee par la 1 6C fi- Suitcdci7ij. gnres (PI. XIV.) il n'y a que la concurrence ou cooperation egale du mufcle ihomboide & de la portion inferieure du mufcle trapeze , qui pour I'ordinaire puillent l'executer d'une maniere direde : carle rhomboi'de feul tireroit obli- quement en haut , &: la portion inferieure du trapeze feul tireroit oblique- rnent en bas : mais comme les plans de ces deux mufcles fe croifent, ils peu- vent, en ngilfant enfemble , tirer l'omoplare plus ou moins diiedement en arriere : une partie de la portion moyenne du trapeze pourroit aulli y contri- Iiuer. Au refte tout le monde fait que les clavicules fervent ici d'arc-boutans qui bornent les omoplates , & les empechent de fe trop porter fur le devant dans les grands eflorts. Je ne m'arrete pas a la cinquieme efpece de ces mouvemens que j'avois dit qu'on pourroit encore ctablir, &: dont la iyQ figure (PI. XIV) montre l'exem- p!e ; car ce n'eft dans le rond qu'une fuite ou une combinaifon des autres. Je palle aulli fous (ilence les mouvemens extraordinaires , comme ceux que j'ai expliqucs dans raon memoire de 1'annee 1723. Sur la Mcchanlquc des Cartilages Jeiniluna'ires. Par M. W 1 n s l o w. {Memoires , pag. 1 5 7.) J out le monde fait que le genou eft une efpece de charniere f.iite par far- Anne'c \-\-j. ticulation du femur avec le tibia. On fait aulli que l'exttemite inferieure du femur fe [ermine en deux eminences appelees condyles, entre lefquelles il y a une cavite; que l'extremite' fuperieure du tibia a une eminence au milieu de deux furhices fur lefquelles les condyles da femur roulent dans la flexion & dans l'extenlion de la jam be. On fait que fur ces deux furraces du tibia , & par confequent entr'elles & les condyles du femur, font places deux cartilages mobiles, appelesfcmiiunaires, parce qu'ils font figures en maniere de croilfant; que ces cartilages font epais du cote de leur circonference exrerne, cV' minces du cote de l'inteme qui eft comme tranchante. On fait aulli qu'ils font fort adherens au ligament membraneux qui environne le genou j que leurs comes font attachees par des ligamens particuliers au tibia, &: que les cornes de Tun font tournees vers les cornes de l'autre. On fait encore que les futfaces fupe- rieures de ces cartilages font caves , les intcneures prefque plates, ck: toutes ues-polies. L'ulage que Ton attribue ordinairement a ces deux cartilages, eft de former des cavites fur les furfaces du tibia pour recevoir les condyles du femur , &: pour empeeher le deboitement du genou, Perfonne, a proprement pailer, n'a Tome IF, Pariii Francoife. V v v 5*2 COLLECTION - ii-' j commence a donner de raifon de leur ufage avant Borelli , qui ayant confides Acad. Royale que la convexite des condyles du femur eft plutot elliptique , on en quelque des Sciences de maniere ipirales que cylindnque, a penfe que p.ir la mobihte tie ces cartila- Jaris- ges , 1'axe de revolution des condyles fe tranfporte reciproquemeni en avant Sc en arriere fuc le tibia dans la flexion Si dans l'exteniion de la jambe : SC Annee 1719. j[ aurojt f;ins doute poufle fon oblervation plus loin , s'll cut vecu. M. Mor- gagm , profelfeur a Padoue, dans fes remarques critiques fur le tluatre ana- tomique de Manga , parole avoir de la peine a admetfe la penfee de Borelli , a caufe dune adherence particuliere des comes de ces cartilages qu'il dit avoir obfervee : il ajoute cependant que c'elt en joignant, com me Borelli, la con- noiflance des machematiques aux obfervations d'anatomie qu'on pourra trouver l'utihte de ces cartilages, Hi meme de ceux qui lont places dans i'aiticulatiou de la machoire lnferieure : il recommande de raire attention a I'elaiticite consi- derable de ces cartilages, comme pouvant lervir dans di.s mouveiiiens parti- al lie rs j enfin il oblerve que des cartilages mobiles [emblem avoit quelqu'autre ufage que de former des cavites , objet pour lequel la feule conroimation du tibia auroit fuffi. Pour moi j'avois obferve il y a long terns un certain mouvement dans la jambe, outre celui de flexion & d'cxtenlion ; mais je l'avois feulement ob- ferve dans la jambe flechie, comme elle ell pour 1'ordinairequand on eit aflis : car alors on la peut tourner de cote & d'autre comme un cylindre qu'on fe- roit tourner fur (on axe alternativement en fens contraire. M. Cowper , ana- tomifte Anglois , etc le feul qui ait marque clairement ce mouvement dans fa myotomie reformee, ou il dit que le mouvement de la jambe flechie fe fait par Taction alternative des mulcles flechifleurs , principalement par celle du biceps Si du poplite; mais il n'a rien remarque tie plus fur la maniere dont ce mouvement le fait, m lur ce qui regards la ftructure du genou par rappoit a ces deux fortes de mouvemens. Ingrallias , ancten auteur italien, dans fon train' des os , avoit deja patle d un mouvement lateral du tibia , l'ayant audi attribue au mufcle poplite; mais il n'a fait qu'entrevoir , car il n'en a juge que par la fouplelTe & le peu de fermete de cute arriculation , Si il paroit l'admettre dans la jambe etendue; or cette arriculation n'eft point lache dans l'homme vivant , la jambe etant etendue, Si aucun mouvement lateral ne fe peut raire dans cette htuation , il ell vrai que dans un cadavre on trouve les mufcles aflcz relaches pour pouvoir un peu tourner la jambe etendue, mais il n'tn eft pis de meme dans le vivant L'examen general des cartilages mobiles des articulations m'ayant conduit a l'examen de ce mouvement p.iiticulier ' m'a donne occalion d'en decouvrir la tnechanique , dont perlonne , que je lache, n'a encore rait mention, Si qui ell audi timple que (inguliere : elle depend principalement des cartilages femilu- naires : la conformation de la jamb;, ceie du femur, audi bien que la ftruc- ture des ligamens 5: de la rotule y conn ibuent. Pour m'exprimer plus nette- ment , j'appelerai ce mouvement en langue anatomique rotation de la jambe flechie , pour le diftinguer de la iotatio.1 de la jambe etendue , qui depend umqucment de I'aiticulauon du femur avec la handle. De plus, pour aider l'imagination , je cornparecai cette machine naturelle a une artiricielle , qui eft une efpece de pone-lunette. Ceiiu dont je veux patler , eft compoie da ACADtMIQUE. 523 trois principals parties; favoir, d'un piedeftal, d'une petite piece toui- nante que les ouvners appellent genou , & d'une grande piece faite en gout- Ac*n. Royals tiere , 6c qui en porte audi le nom , fur laquelle on pofe les grandes luneties DES Sciences 01 d'approche. La petite piece eft placce entrc les deux autres. Cet inftrument a Paris- deux fortes de mouvemens , l'un de cliarniere 6c l'autre de pivot : le mouve- ment de cliarniere fe fait par l'affemblage de la gouttiere avec la petite piece Anncc '7'?> indepen lamment du piedeftal , 8c celui de pivot par l'affe'nblage de la meme piice tournante avec le piedeftal independammenr de la gouttiere. L 'artifice de ces deux mouvemens, rres-differens l'un de l'autre, depend de la piece moyenne. Je trouve dans le genou de l'homme nn appareil fembla- ble , mais bien plusartiftement fait , ce qui eft alTez ordinaire aux ouviages de la nature , dont ceux de l'arr ne font que des conies imparfaites. Je compare le tibia au piedeftal, le fimur a la gouttiere 8c les cartilages femilunaires a la piece tournante. Les deux differens mouvemens du genou dependent des cartilages femilunaires , comme ceux du porte-lunette dependent de la ftruc- ture de la piece moyenne. Avant d'expofer I'artilice des cartilages femilunaires par rapport aux deux mouvemens marques, je crois devoir rapporter quelques obfei various qui ai- deront a l'eclaircir. Les deux futfaces de l'extremite luperieure du tibia, qui portent les cartilages femilunaires, different entr'elles, en ce que l'interne eft un peu cave ou enfoncee dans le milieu 8c applatie vers fes bords , &. que l'ex- terne eft plus elevce & comme convexe , principalement en arriere. Les fur- faces inferieures des cartilages femilunaires font moulees a celle du tibia. Les ligamens laterauxqui joij;nent l'os de la cuiiTe avec ceux de la jambe, ne font pas directement attaches fur le milieu de chaque co:e , mais un peu plus en arriere , de lorte qu'ils font bandes dans l'extenfion de la jambe , & laches dans fa flexion. Les ligamens qu'on appelle croifes font d'une ftriNfture tres-finguliere 8c fort compofee dont jeparlerai dans une autre occalion : il fuftit pour le prefenc de faire remarquer que l'un d'eux eft prefque droit 8c l'autre tout-a-fait obli- que. Le ligament droit eft attache interieurement a la partie anterieure de I'in- rerftice des condyles du femur par un bour , & par l'autre derriere l'eminence du tibia a l'intervalle des deux furfaces de cet os. L'oblique provienr du core du condyle externe, de la il palfe deffbus 8c devant le premier -, pour s'inle- rer a la partie anterieure de l'eminence du tibia vers la futface interne : de forte que quand la jambe flechie roule fur fon axe en dehors , le ligament oblique s'ecane du droit, 8c quand on la tourne au-dedans , il s'en appreche & s'y applique. Les ligamens particuliers des cartilages femilunaires qui attachent leurs cor- nes, font tres fouples, & difpofes de maniere qu'ils permettent a ces cartila- ges non-feulement de glider en avant &c en arriere, comme Borelli la re- in irque , mais encore fur les c6tes en de certains fens ; a quoi contribue audi la foupleffe de ces cartilages qui le ferrent 8c s'ecartent dans les differens mou- vemens pour s'accommoder aux differens degres de convexite des condyles du femur. L'inlpechon oculaire 8c l'examen de ces mouvemens dans un genou diffeque le demontrent alfez, & levent en meme terns la ditriculte que Mor- gigui femble avoir eue fur 1'idce de Borelli. J'ai encore oblervc que les liga- V v v ij SM COLLECTION . ' " ' " mens des comes du cartilage femilunaire externe font plus etendus que cenx Acao. Royale de l'interne •, que celui-ci eit tort attache a un des ligamens lateraux ci-deifus des Sciences de mentionnes , & que l'externe ne l'eft pas tant ; de forte que le cartilage femi- i>ARIS- lunaire externe paroit plus mobile & plus glilTant fur le tibia que l'interne. Je1 ne parle pas ici des ligamens particuliers qui palTent tranfverfalement de la Aa'nee 1719. grande circonterence de l'un de ces cartilages a celle de 1'autre , tant par devant que par derriere : je ne m'arrcte pas non plus a une deferipuon plus detaillee des ligamens dont je viens'de parler. Ainli quand on Hechit on quand on etend la jambe, ce font les cartilages femilunaires qui font la fonclion de charniere , parce que les condyles du _/}/»«r roulent dans leurs cavites : alors on pent en quelque maniere regarder ces cartilages comme une meme piece avec le tibia : & efTecHvernent ces cartilages refteroient pour lots fans bran let fur le tibia , comme la petite piece du porte- kinetrefur le piedeftal, fi la convexite des condyles dnflmur etoit uniformed niais comme elle ne l'eft pas, ce dont il feroit trop long de rendre raifon i prefent „ Sc qu'ainli l'axe de leut revolution change prefque a chaque degre de flexion ou d'extenfion, il eft necelfaire que les cartilages gliffent en avanc ou en arriere par les mouvemens des condyles, felon l'obiervation de Borell:-. 11 faut remarquer en paflanr que la convexite du condyle externe paroit moins concentrique que celle de l'interne. Dans l'extenlion parraite Sc entiere du tibia , les mufcles extenfeurs qui font priucipalement attaches a la totule , tirent cette piece avec force; d'ou il s'en- ftiit que le ligament de la rotule eft tres-bande , &c qu'en meme terns les liga- mens lateraux le font audi , en ce que ceux-ci par leur liruation en arriere bornent l'extenlion du tibia , Sc empechent que le genou ne fe plie en devant : le ligament croife droir peut audi refifter a ce renverfement , car l'oblique ne paroit y contribuer en rien. Dans les autres degres d'extenfion Sc dans ceux de flexion, les condyles da femur roulent dans les cavites des cartilages femilu- naires , a-peu-pres comme l'extiemite inferieure du bras toule dans la cavite du coude. Mais dans le mouvement dont il s'agit principalement ici , je veux dire celui de rotation de la jambe ftechie , les ligamens lateraux Sc celui de la ro- tule font relaches Sc ne s'y oppofent pas. II femble aufli que c'eft a caufe ds cette rotation que la roiule ne fait pas une meme piece immobile avec le tibia , comme l'olecrane le fait avec le coude; car a cela pres la rotule & l'olecrane ont tous deux prefque un pared ufage. L'un & 1'autre fervent i°. a faciliter I'attion des mufcles extenfeurs, en eloignant la direction de ces mufcles du centre du mouvement de l'arriculation : i°. a garantir les tendons des mcmes mufcles de la cc/mpre(fion qu'ils foufrriroient dans les grands efforts par les lrottemcns contre les extremites du bras Sc de la cuifle ; 30. a permertre qua Ton puilfe appuyer le coude Sc le genou fur les corps durs fans bleifer les ten- dons. Les ligamens croifes fervent de liens particuliers dans le mouvement de rotation, &: leur rencontre paroit le borner en dedans; au refte , ce mouve- ment eft borne de cote &. d'autre par les ligamens lateraux, Sc peut-etre aufli par celui de la rotule. II me femble que ce mouvement ne fe fait pas egale- ment pat les deux cartilages , Sc que le centte de rotation fur le tibia eft plu- ACADEMIQUE. 515 tut vers le cote interne que vers I'extetne. Ccla s'accorde affez avec les diffe- rences que j'ai fait rematquer dans la conformation de toutes ces parties, Sc Acad. Royali fur-tout avec l'enfoncement de la furface interne du tibia, Sc avec la convexitc ',ES Sl-ItNct^ »» de I'exccrne dont j'ai parle ci-defTus. .„ ' ... . ' r . . ....... ANATCM.I. Par toutes ces oblervations on voit clairement que les cartilages iemilunaires . , fervent uniquement a faire deux differentes fortes d'articulations Sc peur-etre trois ; favoir une charniere pour la flexion & l'extenfion , Sc une autre en pivot, pour le mouvement de rotation de la jambe Hechie •, Sc it Ton fup[X)fe le centre de cette rotation fur la face interne de l'extrcmite du tibia , on en poutra compter trois ; car alors la face externe auroit un mouvement particulier , en ce qu'elle ne feroir que glifTer reciproquement en avant 6c en arriere , en dc- crivant une petite portion de cercle autour du centre de la furface interne. Cs dernier mouvement feroit une veritable arthrodie dont je parlerai plus ample- menc dans un autre memoite. La mechanique des cartilages femilunaires eft d'autant plus remarquable qu'elle eft plus fimple, Sc que ces cartilages, quoique petits Sc minces , ne laill'ent pas de former plutieuts articulations de deux grands os , Sc de fervir a plufieurs mouvemens tju'on auroit juge ne pouvoir etre executes qu'a l'aidede plulieurs os confiderables. Cette mechanique qui a ete cachce jufqu'ici aux plus habiles mathematiciens Sc aux plus curieux anatomiftcs , m'a donne des ouver- tures pour expliquer non-feulement celle des cartilages mobiles de la ma- choire inferieure , comme M. Morgagni le dellroit, mais encore le jeu fingu- lier de toutes ces fortes de cartilages dont Vefale a le premier fait le denom- brement que petfonne n'a augmente depuis. Conformation finguliere. (Hiji. pag. 4 1 .) JVI. de Jussieu a dit qu'il connoiiToit une jeune fille de fept a huit ans, qui a I'anus ferine , Sc rend fes excremens par la vulve. 5!AR's- feche , aulii les vems holds Sc humides font toujours plus penetrans que les Observations vents fees; & li Ion lent quelquefois en etc une chuleut etourtante apres une M£T:°Rcaoc,ct- petite pluie , e'eft feulement a eaufe que cette pluie abat en partie le vent, Sc Anucei/ij. que I'impreifion que nous fentons de la chaleur eft bien plus grande quan i il ne fait point de vent, que Unique le vent, quel qu'il puilfe etre , emporte_ continuellement une e.fpe.ce d'atmolphcre echauriee qui envirunne nos corps. Le baromeire dont je me fers ell toujouts place a la hauteur de la "rande falle de 1'Obfervatoire , environ a 11 toifes au-deiTiis de h riviere dans fon etat moyen. II a etc aii plus hmt a 18 pouces 4 lignes -j le 16 Novembre , avec un vent nord-tft alfez foible; les jours precedens & fuivans le vent etoit le meme, Sc dans tout ce terns- la il ne p!ut point, car d2 Paris. Observations meteorologiq. Aaaee 17 14. COLLECTION ANNEE 1-14, [Mini, di iJiS, page 1.) La hauteur de l'eau tombee en pluie &.' en neige dans le courant de l'annce 1714 , obfervee avec les memes inftrurnens & pat la meme meihode que les annees precedences, s'eft trouvee de 14 pouces 9 lignes f , favoir : ligncs. En Janvier, < . ; • • 4 s Fevrier, 9\ lignes. Mars , Avril, Mai, Juki , : 1 Si 50 Juillet , Aoiit, Septembre, i1 3 O&obre, '7v Novemlve , 0} Decemb.e, io§ 9f On peut dire que cette annee a etc fort feche ; car les trois mois de Jinn , Juillet, Aoiit n'ont fourni que 6 pouces d'eau environ quoiqu'ils en produi- fent a (Fez fouvent au'tant que tout le telle de I'annef ; mais e'en ordinairefnent par des orages , & ces fortes de pluies ne fervent dm Beaucoup a la ferriite de la terre, parce qu'elles s'ecoulent prefque aufli tot qu'elles fgnt torribees. Si qu'elles" ne penetrant pas la terre. Je fuis peiftiade que les brouillards qui font formes par des exhalaifons & des vapeurs, font beaucoup plus utiles que les pluies pour la nourriiure des plantes; audi , comrhe 1! y a eu beaucoup de brouillards fort epais pendant toute cette annee, la recolte a etc foit abondante, & les fruits out ttes-bien rnuri. On remarque aufli que dans ces pays-ci, oil la plupart des terres font aflez humides , les annees feches font plus propres aux fruits de la terre que les annees pluvieufes. Mon thermometre eft defcendu au plus bas le 5 Fevrier a 2.0 {, ce qui ne marque pas un grand froid , & prefqu'aufli-tot il eft remonte eorifiderable- pient. II n'eft tombe que tres-peu de neige , tant au commencement qua la fin de l'annee. Ce meme thermometre eft monte a 64 parties le 10 Juillet au lever du foleil qui eft le terns le plus froid de la journee , & oil je fais tomes mes obfervarions ; mais a deux heures ~ apres midi de ce meme jour, il eft monte a 74 parties, ce qu'on peut regarder comme la mefure de la plus graside chalepr de ce terns- la ; en forte que le plus grand chaud de cette annee n'a fur- pafle I'etat moyen que de la meme quantite a-pei) pres que cet c'tat moyen a fuxpafle le plus grand froid, ce qui arrive aflez ordinaireraenc. 11 y a eu des vents violens dans plufieurs terns de cette annee ; matt lis n'ont pas fait de defordre en comparaifon de ce qui eft arrive fur les cotes d'Angleterre & de Flandre. 11 y a eu peu d'orages & de tonnerres , auffi la ri- viere a ete fort balFe pendant tout l'ete. Les vents de cette annee ont ete fori variables , cependant celui du nord a domine. . , J'y ai trouve le mercure de mon barometre ordinaire au plus haul a 28 poli- ces 5 lignes le 7 Decembre dans un terns calme & de brouillard; il a ete au plus bas a 2.7 pouces 1 -' ligne le 9 8c le 10 Mai. Ce barometre a ete fort r 1 fouvent AJ.E ACADEMIQUE. j1? fouvent au-deflus de 18 pouces, & dans ce tems-li il n'a pas p!u , ce qui — — arrive prefque toujours. La difference entre la plus grande Sc la moindre hau- Acad. Roy teur de mon fecond biromecre ou le mercure ell toujours trois lignes plus haut des Sciences dc que dans 1'autre, a ete de 15 lignes y , Sc elie eft ordinairement de 18. Paris. J'ai trouve la declinaifon de i'aiguille aimantce a la fin de Decembre de Observations 1 1 degres 30 minutes vers le couchant avec la racme aiguille de 8 polices de METEOROLOC1<*- longueur j Sc dans le meme lieu ou je l'obferve ord.inairemenr. taoie 1714. As NEE ljl5. (Mem. de lyilf, pag 1.). La quantite d'eau qui eft tombee a 1'Obfervatoire, foit en pluieou en neige Ann parties le matin du 1 S Janvier vers le lever du foleil , Sc a it parties le 15 Decembre. Ce thermomerre eft monte a 64 le 1 Juillet, Sc alors il fit un orage aifez conliderable. 11 hut remarquer qu ce thermometre s'eleve ordinairement de 1 1 parties vers les deux ou ttois het res apres midi plus qu'il n'eft le matin, Sc e'eft cette elevation qui doit ma quer la plus grande chaleur du jour. C'eft pourquoj , fi aux 64 parties ou Tome IF", Panic Frun$oife. X x x JJO COLLECTION etoit le matin du i Juillet, on en ajoute 1 1 , on aura 76 parties qui marque- Acap. Royaie rout la plus grande chaleur de cette annee; & 11 on 6te les 4S de 1'etat »oycn , des Sciences de il reftera 18 parties ou ll s'eft eleve au-deifus de Fetat moyen ; mais, li des Paris- memes 4S parties, on en 6te dix-hmt du plus bas , il reftera 30; d'ou il (uic Observations ja p|us grant]e chaleuc de cette annee a prefque autant furpalle Fetat meteorologiq. m en> je j>^ta[ m0yen a furpaffe le froid; & comme cela arrive tres- Annee 171J. fViuvent fuivant mes obfervations, on pourroit dire que ce lieu-ci de la France feroit le veritable milieu de la zone temperee, quoique nous en foyons eloi- gned vers le feptentrion de pres de 4 degres. Les batometres nous fervent a obferver la pefanteur de Fair ; mais nous trouvons des irregularues fort confiderables dans ces inftiumensj car quoiqu'ils foient faits avec beaucoup de precautions, ilsne s'accordent point entr'eux. H y en a quelques-uns ou le metcure s'eleve toujours a plulieurs lignes plus haut que dans d'autres dans le meme lieu , ce que 1'on peut feulement attribuer a la nature du mercure. Celui dont je me fers depuis un grand nombre d'an- nees , a toujours fon. mercure moins eleve de trois lignes, qu'un autre qui eft pofe tout proclie. On remarque de la lumiere dans tous deux quand on fait mouvoir le mercure dans fon tuyau; celui oil le mercure ell le plus haut, a ete le premier ou Fon ait remarque de la lumiere. Dans mon barometre ordinaire place environ 12 toifes plus hant que la moyenne hauteur de la riviere, la plus grande hauteur du mercure a ete de 28 pouees 5 lignes 7 le 22 Janvier, le ventetant mediocte S.E. , & il y avoit un gros brouillard ; mais on ne remarque pas que le brouillard y fafTe quelque eftet. Le premier Decembre il a aufli ete a 2s ponces & pres de 3 lignes avec un vent mediocre nord , & le 6 du meme mois il eft defcendu a 26 ponces j> lignes 7 , le venterant mediocre S.S. O. Ainii la difference des hauteurs du mercure de cette annee a ete d'un pouce 6 lignes , qui eft la plus grande varition de hauteur que nous obfervions dans ce pays-ci, &: e'eft ce qui arrive ordinairement. Cet inftrument peut fervir pour prevoir a-peu-pies les changemens de ten:s qui arrivent d'un jemr a Fautre , cependant on ne peut pas trop s'en affuter ; mais en general loifque le mercure eft bas, il doit faire de la pluie , & quand il eft haut , il doit faire beau terns , quoique Fair foit alors bien pins pefant que quand il eft bas. Je fuis perfuade que le terns ferem ou pluvieux ne de- pend pas de la pefanteur ou de la legerete de Fair , & que cela vient feulement du vent; je ne dis pas du vent en general, mais de ces vents qui viennent de loin & de haut , du feptentrion & du mull , & non pas de ceux qui s'engen- drent fur la fin-face- de la terre; car le fcrleil clevant plus de vapeurs dans les paysmeiidionaux que dans les pays feptentnonaux ; les vents mendionaiix nous doivent donner plus fouvent de li pluie que les fepTewrionaux; & comme nous favons par toutes les obfervations qui out ete faites vers le feptentrion , que Fatmofphere y eft plus elevee que vers J^quattur , il doit attiver que les vents qui viendront du feptentrion feront ev?/'er Fatmofphere dans notte zone temperee plus qui Fordinaire , 8c par coni'equent le mercure s'y elevera pat la plus grande pefanteur de Fatmofphere . & Fair deviendra ferein a caufe du vent feptentrional : ce fera le contraire pour les vents qui nous viendront du midi dans ces pays ci. Ce que je viens de dire pout noue zone temperee lep- ACADEMIQUE. 5 j i tentrionale , doit s'entendre de mt-me pour I'autre qui eft: meridionale. On remarque ordinairement que vers le milieu du printems , le vent eft aftlz fioid, quoiqu'il vienne du midi ou la terre eft fort echauffeepar la pre- fence du foleil ; on dit qu'elle ne l'eft pas encore aftez pour echauff'er l'air qui la touche, & qui nous eft apporte par le vent; mais il me fomble qu'on en pent donner encore une autre raifon ; car dansce tems-la les tcrres d'ou nous vient ce vent, font couvertes d'herbes & d'^rbres verts dont les feuilles ne s'echauffent pas facilement par le foleil qui les touche , & qui par confequent ne peuvent pas cchaurFer l'air qui les environne , au contraire de ce qui doit arriver quand les herbes fontfechees, 8c que le loleil echaufie immediate - ment latcrre ou les fables qui en recoivent une tres-grande impreflion. Je ne parle pas des eaux , car on fait qu'elles ne recoivent que peu d'impreflion de la prcfence du foleil. Nous avons examine la declinaifon de l'aiguille aimantee le 50 Decembre avec trois aiguilles difterentes Sc de differente conftruction , dont deux etoient de S pouces de long : l'une de ces aiguilles eft: celle dont je me fers depuis un grand nombre d'annees, & elle nous a donne la declinaifon de 11 degres 10 minutes dans le meme lieu & de la meme maniere que les annees prece- dentes. Cette declinaifon eft un peu moindre que celle de l'annee paftee. La troifieme aiguille eft de 1 3 pouces \ de long ; & elle nous a donne la meme declinaifon que les deux autres de 11 degres 10 minutes. Ces trois aiguilles font fort legeres & fort mobiles. Mon ancienne aiguille de huit pouces eft un fil d'acier qui fe termine en deux pointes dehees; I'autre de meme longueur eft en forme de fufeau applati, comme on en a fait plulieurs en dernier lieu. La troilieme qui eft de 1 5 pouces { elt une petite lame d'acier fort mince & fort deliee, mais dont nous avons fait la boite d'une maniere route nou- velle {a). (a) Voycz ci-deiTus pag. 37. An nee tyiG. [Mcmoires dt fyiytpa^- '•) La hauteur de l'eau qui eft tombee foit en pluie , foit en neige fondue , a ete de 14 pouces 4|lignes, favoir , lignes En Janvier, 19 \ Fevrier, • cj\ Mars , io| Avril, 6f Mai , io{ Juin, 4 1 lignes. Juillet, . . '. . . . -14f Aoiit, ' • 3y Septembre , 17 £ Octobre, 17^ Novembre , \o\ Decembre , S \ Acad. Royale des Sciences de Paris. Observations METEOROSOGiq, Annec 1 7 1 j . Anncc 171*. Cette annee a etc fort feche par rapport aux annees moyennes dans Icf- qu:-lles nous avons etabli qu'il tomboit 1 9 pouces d'eau ; & comme il eft tombe •pen d'eau Jans le printems & dans l'ete , les foins & les mars ont peu rap- portc, iS: la plupartdes huits n'ont pasprorice, cV ont feche fur les arbres , fans X x x ij 5jx COLLECTION ggg "" M" pouvoir rmtrir: cependant la recolte des bleds a ete fort bonne, cat la feche- Acad. Royale re^"e 1u* a caufe du dommage d'un cote , a ete utile pout la nettete du gtain des Sciences de qui n'a point ete etonrfe par les herbas qui y croiffent otdinairement dans leg Paris. annees pluvieufes, & qui font verfet les bleds ; outre que la paille etoit fort OES£R»AtiONs courte, 8c que les epis ecoiew bien foutenus. Les mois d'ete qui fourniffent meteorologiq. orcjinairemen[ beaucoup d'eau par des orages , n'en ont donne que tres pen , &c Ann:ei7i6. c'eft ce qU; f,|t paroitre ceite annee fjrt feche par rapport aux moyennes. II a neige tres-confiderablement pendant tout le mois de Janvier, & la plus grande neige a ete le $ 1 de ce mois , laquelle a fourni 16 lignes de hauteur d'eau etant rondue. Le vent etoit alors S. O. aufll ce mois a fourni plus d'eau qu'aucun des auttes. La neige du mois de Decembre n'a pas etc grande. II n'y a point eu d'orages pendant cette annee-; mais feulement un coup de tonnerre aflez fort le i 9 de Septembre , avec une pluie mediocre pat un vent fort S. O. 11 y a eu quantite de brouillards fort epais, ce qui a beaucoup fetvi a l'entretien des arbrcs 8i des plantes. Les vents ont ete a 1'ordinaire allez variables; mais le 3 1 Octobre il a fait un vent de S. tres- violent , & une pluie de pres de 6 lignes. Le dernier jour de Novembre, le vent S. O. a ete anlli affez fort, mais fans pluie. Mon thermometre eft defcendu an plus bas a 4 parties | le 21 Janvier , ce qui marque un tres grand froid , mais qui n'a dure que la nuit precedente, cat les jours luivans il ell remonte confiderablement. On peut juger de ce froid par comparaifon a celui de Janvier 1709 , qui a palfe pour un des plus grands froids qu'on ait vu dans ce pays-ci ; car ce mcme thermometre ne defcendic qu'a 5 parties le 13 & le 14 de Janvier , & le 11 a j{; aulli le froid de 170^ dura plus long- terns que celui de cette annee. Le vent du 21 Janvier de cette annee 1716 etoit N. ; mais celui du 1 3 8c du 14 Janvier 1709 etoit d'abord tres-foible , enfuite il fut mediocre N. N. O. Entin il fe tourna a TO. & devint tres-fort avec de la neige. Dans le commencement du mois de Fevrier de cette annee, 011 le froid eft fouvent tres-fort, a peine a-t-ll gele. Ce meme thermometre eft monte fort haut vers la tin du mois de Juillet, 8c dans tout le mois d'Aoiit , & il a etc au plus haut le 11 Juillet a 61 par- ties ; avecun vent mediocre O. & a 63 parties le 23 Aoiit avec un vent me- diocre S. O. Toutes ces obfervations font toujcurs faites vers le lever du (o- leil qui eft le terns le plus froid de la journee , & il fain fe fouvenir que vers les deux ou trois heures apres mid: , il remonte ordinaireiv.ent de 1 2 parties , au moins en ete, car en hiver il remonte fort peu. Mon barometre ordinaire eft defcendu au plus bas a 11S pouces 9 lignes ~ le premier jour de Janvier avec un vent mediocre S. 5c il eft monte au plus haut a 2S pouces' 3 lignes le 16 Fevrier, avec un vent N. E. ; done la difference entre ces hauteurs a 6te a-peu-pres comme A 1'ordinaire 17 lignes ~. Je remarque ici , comme j'ai deja fair en plufieurs annees , que le baromerre eft plus bas pour 1'ordinaire quand le vent vient environ du fud , & qu'il eft haut quand le vent tire vers le nord , qu'il pleut aftlz fouvent quand il eft bas , qu'il rait ferein quand deft haut. Mais tout celaeft fujetadegrandes varietes can- fees par celles des vents, car les vents que nousobfervons, font ceux qui regnent fur la (urface de la tuire ; aufli nous voyons alfez fouvent, quand il y a des nuees fort elevees au-dellus de ceiles qui font proches de la terre , qu'un vent A C A D E M I Q U E. 55 5 bas vient d'un cote tout-a-fait oppofe a celui qui regne en haut, & ce!a pour- > roit etre, fans cue appercu, s'll n'y avoit point de nuees dans la partie fupc- Acad. Royaie rieure de l'air qui nous le fillent remarquer : il poufroit arrive: audi que ces des Sciences de deux vents oppofes fe detruiliirent & caufaftent un calme : mais pour faire ces I'ARIS- remarques avec un peu de jufteiTe, on doit prendre garde fi un meme vent a Observations regne quelque tems; car un vent fubit qui fe formeroit fur la futface de la * " •0*0L0CI*' terre , ne changeroir rien a la hauteur de l'atmofphere qui nous eft indicmec Aancci7ifc par le barometre, & c'eft cette hauteur de l'atmofphere qui peut nous mar- quer plus juftement la pluie ou le beau tems ; comnie les vents du nord vien- nent des climats ou l'atmofphere a le plus d'elev.uion , & oil il s'c'leve le moins de v.ipeurs , ces vents foot toujours plus fees que ceux qui viennent des pays meridionaux, & ils aegmentent la hauteur de I'aunofphere , au lieu que les autres la diminuenr; ainfi 1'abaiirement du mercure dans le barometre doit marquer de la pluie , & fon elevation de la ferenite. On pourroit encore ajout-er a ceci , que lorfque l'atmofphere eft moins pe- fante, & par confequent moins condenfee, cequi equivaut a un milieu plus rare, elle ne peut pas foutenir les particules de vapeurs qui y font repandues, lefquelles font obligees de tomber, & donnent de la pluie ; 2u contraire , quand l'atmofphere eft plus condenfee , elle approche davantage d'un milieu plus deirfe qui foutenanr ces vapeurs , ne doit point caufer de pluie ; audi les imuvaifes odeurs qui s'exhalent des lieux communs, fe font fentir fortement quand le barometre eft bas ; mais elles s'elevent facilement dans l'atmofphere denfe qui ies poufte en haut , comme on le remarque fur la fumee. Nous avons obferve la declinaifon de l'aiguille aimantee avec plufieurs ai- guilles de diiferentes longueurs & de differente conftruction. La premiere eft une aiguille route limple , un filet d'acier de Si pouces de long place dans une boite de bois , & elle nous a donne la declinaifon de n degr. 20 min. du nord vers I'oueft. La kconde aiguille eft snfli un filet d'.-.cier ie 1 j ponces '. de langaent pi t- ce dans la boite de pierre de liais dont nous avons donne la description {a) f elle nous a donne 1 1 deg. 4; minutes. La troifieme eft une aiguille ftmblable a la precedenre de i } ponces \ Sc placee dans la meme bo'ue, & tile nous a donne la declinaifon de 11 de". 20 rninut. comme celle de S pouces. Mais ayant charge cette aiguille a fes deux extremites de deux petits mor- ceaux d'acier longs & pointus, & dont les pointes rcpondoient a ceiles de I 'aiguille, pour voir li cette forte d'siguiile , qui ne fait que comme deux pe- t:tes pierres d'aimant jointes par un filet, quand route i'aiguille eft aimantee, ne changeroit point la direction- qu'avoit l'aignille avant d'etre chargee, elle nous a donne alors 15 degr. 15 minutes; ainfi la declinaifon a augmente de plus d'un degR ^cequi peut faire foupconnerque ces fortes d'aiguiilesqui for.; fa-.tes en fleJies, lorlqu'ellcs ponenr a leurs extremites deux pieces plusgrof- its que le blet qui les joint, petivent donner ditterenres declinaifons par la nature de l'acier de ces pieces qui peuvent fe trouver aimnntees divetfement , quoique ces fortes d'aiguilles paroiifenr plus mobiles que les fimples par les vibrations que font ces deux pieces ajoutets. •(a) Yoycz ci-deffus png. 57. 534 COLLECTION • »-——— •r^rrs Le neuvieme jour de Mai a cinq heures du matin j'obfervai un parhelie vers Acad. Royale le midi a l'egaid du foleil , il etoir entie des nuees legeres , & a meme hauteur des Scilncis de que le lolcil , & le centre du parhelie etoit eloigner du centre du foleil de 2 2 deg. 1'ak.is. + min. Sa cotileur rouge etoit tournee vers le foleil , & la bleue a l'oppofite. s Nous avons obferve autrefois que la diftance entre le centre du foleil & celui du parhelie varie par rapport a la denfite de l'air , ou au chaud & au ftoid 5 le nine 171 6. tsms ou iis paroillent ordinairement, eft en Mai. Annee iy\ 7. [Mem. de 1718 , pag. /.) Annec 17 17. La hauteur de l'eau qui eft tombee, foit en pluie ou en neige fondue , s'eft trouvee de 17 pouces 8 lignes, favoir : ligncs. lignes. En Janvier, . . ; . . 55- Juillet, . . ." . . . . 2.5 i Fevrier , 9j Aoiir, • J4s Mars 7 Septembre , . . . . . 16 \ Avril , 17 1 O&obre , 10 Mai, 20 \ Novembre , 15 \ Juiti, : . ... . . . 18 1 Decembre, 39 {• On voit que les pluies de Iete n'ont etc que mediocres contre l'ordina'ire, ou les trois mois de cette faifon-la en fourmlfent prefque autant que tout le refte de l'annee; le mois de Decembre en a donne pres de 40 lignes. II n'eft tombe qu'un peu de neige la niiit du premier jour de Janvier; tk quoiqu'on attribue la fenilite des ten es a la neige qui les engraifte , a ce qu'on dit , nean- moins la recolte des grains a ete fort abondante. II y a eu beaucoup de brouillards pendant toute l'annee , lefquels onrfup- plee aux pluies & meme aux neiges. Le 4 Juillet il y a eu un orage avec beaucoup de^rele tres-groffe; car il y en avoit des grains de 7 lignes de diametre , ce qui a fait beaucoup de tote aux arbres Sc aux fruits dans les endroits ou la nuee a palfe. Le 13 Fevriec vers le lever du foleil , j'ai trouve mon thermometre au plus bas ou il ait ete cette annee a 24 patties , ce qui ne marque pas un grand hoid, car il defcend, aftez fouvent vers 1 5 parties , Sc il ne commence a gelet dans la campagne que lorfqu'il eft a 5 2 parties. Vers la fin de cette annee il n'eft pas defcendu plus bas qu'a 3 1 parties le 27 Novembre. Ce meme thermometre eft monte au plus hsut a 65 parties le premier Aout, toujours au lever du foleil; &z comme en general dans les chaleursil remonte de 1 2 ou 1 3 parties vers les deux heures & demie aprcs midi ; on petit prendre 78 patties pour la mefure de la plus grande chaleur de cette annee, & con- dure qu'il a fait plus chaud qu'il n'a fait fioid; car il auroit fallu, pour egaler le froid a la chaleur, 1'eiat moyen etant 48 parties, que le thetmometre fut defcendu a 1 8 parties au lieu de 24. J'ai trouve mon batometje ordinaire au plus haut a 28 pouces 2 lignes \ le 10 Fevrier, & le 29 Decembre dans des terns qui netoienr pas fort fereins 5 A C A D E M I Q U E. J;5 & il a etc an plus bas a iARIS- annees. Observations Les vents les plus ordinaires & les plus violens de ces pays-ci viennent pref- MiTEOROLO0I<*- que toujoursdu Aid oucft, Sc Us apponent tris fbuvent de la pluie, a canfe Allr,,;c l7*7t qu'il s'eleve plus de vapeucs de la met d'ou its viennent, que des climats 011 paffent ceux qui fouftlent de l'eft ; nous remarquons auffi toujours que les ima- ges augmentent conlideiablement la force du vent, peut-etre parce que le vent de lui-meme mediocre, fe trouvant comprimc qntre les nua^es & la terre angmente de beaucoup fa viteflTe; aulli dans les terns de brouillards il n'y a que peu 011 point de vent. On remarque fouvent que les vents d'en haut font trcs-differens de ceux qui regnentpies de la terre; & i'ai vu une fois fouffler pies de la terre deux vents oppofes I'un a l'autre, a la diftance cfenviron deux lieues , ce qu'on peut attribuer a quelques montagnes qui detournoient un meme vent endifferens fens; les veins les plus forts, & de,fuite dans cette annee out etc en Decembre ou il y a eu beaucoup de pluie, quoique le baro- metre n'ait ete que vers l'etat moyen. J'ai obfetve la dechnaifon de I'aiguille aimantee le 19 du mois de Decem- bre avec une aiguille de 1 j pouces j de longueur dans ma bouffole de pierre , & je l'ai troiivee de 1 z degres 40 minutes du feptemrion vers le couchant 011 elle tend toujours en au^mentant chaque annee; maisjr.i remarque que cette obfervation avoit ete ties-facile a hare, & quelle devoit etie fort ex.icte parce qu'en remuant conliderablement la boulfole apies que 1'aieuille s'etoit fixee en un point , elle fe temettoit un peu apres fur ie meme point , ayant fait plufieurs vibrations, & e'eft ce qui n'arriye pas ordinairemenr , & fur-tout avec !es grandes aiguilles. Je n'ai point trouve de meii'eure raifon de cet effet que le grand calme qu'il faifoit alors ; e'eft ce qui me fait dire que pour bien obferyer cette declinaifon , il faut choifir un terns calme , car dans d'autres terns , quoique la boite fut bien fermee, je n'ai point remarque la meme chofe que- cette fois ci; cependant je ne faurois me perfuader que l'agitation de l'air n'en puilfe caufer une a la matiere magnetique qui dirige les aiguilles des bouf- foles. JJ(j COLLECTION tW '■!■ ' !<■■ — II Acad. Royale des Sciences ue . „r/, . „ , , , ,. rEpARls. Suite des Obfervations Mcteorologiques. Observations METtOROLOGlQ. _, ■.. „. If 1> • ' Pit M. De la Hire I ainc. Anmce 171 8. AHN £ S I y I 8. ^/[ON pere commencaen 1689 a examiner la hauteur del'eau que fourniflent la pluie & la neige qui tombent chaque annee a I'Obfervarcire Royal. En 1 6 96 , il joignit aux obfervations de la pluie celles du barometre , du thermometre & des vents, & il les a continues jufqu'en 17 18. Comme il m'a paru que ces obfervations ont ete affez bien revues du public, & qu'elles peuvent etre de quelque utilite dans la phyfique , j'ai eu foin que la fuite n'en ait point etc interrompue, comme on le va voir par les obfervations que je vais rapporteur. La quantite d'eau qui eft tombee pendant tout le cours de l'annee s'eft trouvee de 1 j pouces une lignef, favoir : lignes. > I'glJM. En Janvier, nf Enjuillet, n£ Fevrier, 8f Aout, 19I Mars, 1 5 i Septembre 9 £ Avril, 11 O&obre 16 f Mai, 7 Novembre 4? Juin, 15 Decembre, ..... C{ On voit par ce detail qu'il a plu pendant le printems & I'ete prefque une moitie de plus que pendant l'automne & l'hiver ; car le printems & l'ete one donne 7 ponces 1 1 lignes d'eau ; 5C l'automne avec l'hiver 5 pouces 2 lignes. L'annee precedente a ete fi feche, qu'il n'y a eu depuis 30 ans que 1'ahnee 1694 qui l'aitete davantage, & la difference n'a ete que d'un pouce 4 lignes^. La grande fechereffe n'a pas empeche que l'annee n'ait ete tres abondante : ce n'eft pas qu'il foit tombe beaucoup de neige , car etant reduite en eau , elle n'a donne que quatre lignes cV: demie ; mais la pluie qui eft tombee eft tou- jours venue precifement dans le terns oil la tetre en avoit befoin pour fes pro- ductions. Les vents ont ete a l'ordinaire aflez variables. Le thermometre qui eft toujours le me me , & qui n'a point change de place , eft defcendu au plus bas a zi parties i le 10 Fevrier , ce qui ne marque pas un fort grand froid. f • ' Le chaud n'a pas fuivi le froirl par rapport a l'etat moyen ; il a etebien plus grand , car le thermometre eft monte au plus haut vers le lever du foleil a 70 parties le 22 Aouti vers 3 heures apres midi a 82 parties, non-fculement ce jour-la , mais encore le 1 1 , le %i & le 2 3 du meme mois ; en forte que fi on ote 48 qui eft l'etat moyen, de 82, il reftera 34 pour la difference de 4 ■ 1 eta; Acad. Royalf. A C A D E M I Q U E. u1 lYtat moyen an plus grand chaud. Ec ft on ore 54 de 48 , il reftera 14 pour Je point ou le thermometre aumic du defcendre, fi le froid ei'it (ii egal Jill * u' i- 1-1 rt " ntAii, MJiflir. a la chaleur par rapport a 1 ctat moyen , au lieu qu il n eft del'cendu qua n*s Sciences de xi parlies {. Pakis. On pcut regarder la chaleur qu'il a fait en 17:8 comme la plus grandeque Observations nous ay^'iis oblervce a Paris, quoique le mi-me thermometre qui terr encore MirE0R0L061'}- aujourd'hui, ait moncc aufli a 81 parties en 1706 , 1707, & 1709. Mars il Anncc 171S. n a montc a ce point qu'une tois d,ms chacune de ces annees , au lieu qu'en 1718 '1 y a monte 4 jours diffcrens , dont il y en a eu trois de fuite , & e'eft cette continuity qui a rendu la clialeur plus fenfible. II fembleroir par ces experiences que Pair (emit comme l'eau , e'eft-a-dire , qu'il ne feroit fulceptible que d'un certain degre de chaleur; car on fait que l'eau qui a bouilli un cerrain teins n'augmente plus de chaleur , quoiqu'on continue de la faire bouillir ; nous tacherons de decouvrir fi I'air .iuroit cette propriete , en faifant pluf-.eurs experiences que nous avons imaginees , & nous les joindrons a plulieurs autres que nous avons deji faites fur une matiere qui a beaucoup de rapport avec celie-ci , p"Dur les donner tomes enfemble a 1'Aca- demie dans un autre memoire. Si nous n'avons pas encore eprouve 1'efFet d'une clialeur continue , au moins avons-nous bien refTenti celui d'un froid continu ; car le froid de 1709 fut un peu moins grand que celui de 1716 ; cependant le premier a pa lie pour le plus grand qu'il ait jamais fait , parce qu'il revint plufieurs jours au meme point, 6c qu'en 171 6 il ne fut au p'us bas que la nuit du 1 1 au 21 Janvier. Ces grandes chaleurs & ces grands froids ont donne lieu d'examiner quels etoient les plus grands froids moyens , & les plus grandes chaleurs moyennes, ck nous avons trotive pour le plus grand froid moven par les vingt-trois annees d'oblervations exiifles que nous avons faites, que le thermometre dont nous nous fervons, devoir defcendre a 19 parties f , & qu'il devoir monter a 75 parties \ dans les plus grandes chaleurs moyennes. Si on prend la difference entre le plus grand froid moyen & la plus gnnde chaleur movenne , on art 54 parties j , dont la moitie etant ajouree au plus grand froid moyen , don- nera 47 parties f pour Petal moyen , ce qui difFere feulement d'un demi de 4S parties, qui eft le point oil ce thermometre refte dans les caves de l'Obfer- vatoire r done on a eu raifon de regarder fair de ces caves , comme la tempe- rature moyenne. Le meme barometre qui a toujours fervi depuis que nous en faifons des obfervations , & qui eft toujours place a la me ne hauteur, a defcendu au plus bas a 27 pouces le 1 1 Janvier avec un vent fud , & a monte au plus haut a 28 pouces 4 lignes 2 points le 1 5 Fevrier parun terns calme, & enfuite avec un vent foible nord-eft. Ces deux obfervations du plus grand abaiftement & de la plus grande ele- vation du mercure clans le barometre, s'accordent parfaiiement avec ce que Ton a penfe depuis quelque terns que les vents du cote du novd elcvent l'at- molphere , 5c que ceux du cote du inidi 1'abaifTenr. Et ce qui appuie encore ce fentiment , e'eft que fur nos 25 annees d'obfer- vations i\u barometre , il y en a 17 ou le vent a etc- vers le nord qnand le barometre a ete au plus haut , Sc des 6 autres , quelquefois il ne faifoit point Tome IV , Panic Fran^oift. Yyy 5j3 COLLECTION — tie vent fur tcrre , quoiqu'il en put faire plus haut dans l'air , ou bien le vent Acad Royale avoit change tout d'un coup , ck ne s'etoit pas encore fait fentir au barometre, des Sciences de ou ennn ce n'etoit qu'un vent de terre, ck de peu d'etendue , qui n'etoit pas pARis. capable de fairs changer l'atmofphere. Ceil a-peu-pres la meme chofe pour Observations les plus grands abaifiemens ; car de ces yingt-trois annees il y en a ei; quinze Meieorologiq. oil le vent a etc vers ie iud , quand le barometre s'eft trouve au plus bas ; Amite 1718. & Jans [es aui:res il a pu arriver que le vent ie foit trouve dans les manes circonftances que celles que nous avons rapportees dans les plus grandes elevations. Nous n'avons fait attention qu'aux plus grands changemens du barometre, pei fuades que ce feroit dans ces points que la caufe en feroit plus marquee , 6c par conleqMent plus aifeea reconnoitre. La remarque ci-defTus paroit avoir tant de rapport avec les autres qui fui- vent , qu'il nous femble qu'elles viennent de la me'me caule, & ainii il les faut expoler toutes avant que d'en chercher la raiion. Pendant les 15 annees d'oblervations exactes , il y en a eu 21 ou le baro- metre a ete au plus haut avec un vent affez mediocre , & qui etoit vers le nord, Ce n'eft pas feulement dans ces points de plus grande elevation qu'il ne fait prefque point de vent , & qu'il eft vers le nord ; mais il n'y a pas eu d'annees ou il ne foit arrive deux ou trois fois que le mcrcure ait ete au-def- fus de 2.8 pouces pendant 8 ou 10 jours, avec up vent tres-ioible vers le noid. A I'e'gard des plus grands abaifiemens qui font arrives dans le cours des vingt-ttois annees, il y en a eu treize ou le vent etoit tort, 6c du cote du iud. En continuant d'examiner les obfervations fur Ie barometre, nous avons encore remarque que le^ plus grands changemen n'arrivoitnt au barometre que dans les deux premiers mois de Tarn ee 6c dans les deux derniers , ck prin- cipalement dans le premier ck dans le dernier , puilque des vingr-trois annees il y en a eu 10 ou le barometre a ete au plus haut pendant les deux premiers ck deux derniers mois de l'annee , & dix lept ou il a ere au plus bas ptudant les memes mois; 6c dans ces deux nombres d'annees devingt ck de di\-fept, il y en a eu 12 dans le. premier 6c 1 1 dans le deinier , oil il a ete: au plus haut, & au plus bas dans les mois de Janvier ck de Deceinbre. II ne paroit pas cependant qu'il piiifle arriver de grands changemens a l'at- mofphere pendant le commencement 6c la fin de l'annee; tout ce que nous remarquons dans ce tems-la , e'eft une preparation au froid , le iroid meme £k une celTation de froid : on pourroit done dire que l'air devenant plus ou nioins. froid, ou plus ou moins condenfe, produiroit dans Ie barometre : =>%>" TABLE ALPHABETIQUE DES M ATIERES CONTENUES DANS CE VOLUME. yiB.ussEMiXT fubit dc l'Eraut, ptf£. 60. -<4i/i: ou Ablette, petit poifioo qui donnc ce que les faifeurs de perles nomment eifence d'Oticnt , pag. 114. Accouchement extraoidmairc , pag. 569 & fuiv. Accouplement du lievrc ou chat maria , peg. 107. des gucpes, 198, 199. Acephales , enfans & chiens cites pat Pare & Regnier de Graaf , pag 4.51. Acides tires des fleurs de pecher, pag. 77. acides qui fermentent avec d'autres aci- des, ibid, leur action fur les huilcs, 88 & fuiv. acide vitnolique , agent principal dans le phofphore, 90. eftct des acides fur I'limle de pe'trol, 96. acides contc- nus dans les fels les plus alkalis , necef- faiics pour leur donner la forme faline, In. nuniere dont onconcoit que les aci- des enttent dans les pores des fels alka- lis, 111. conjectures lur leur volume conliderc relativemcnt aux pores des fels alkalis k aux particulcs d'eau , 10.V 11;. cc que e'eft qu'une liqueur acide , 111. acides des inmeraux , I ; 8. des plantes & des animaux, us, 149, 140. acides changes en alkalis, 1 59 6" fuiv. 1 57. com- ment le fait ce ciiangcmcnt fur les aci- des des plantes, 141. fur celui dufalpctre dans ['operation du nitre five , 141, 14;. ordie des rapports de ditferciHcs fubf- tances avec les efprits acides, 149 , 150, iji. effets de dilferens acides dans la preparation du fublime cortofif, 155 & fuiv. acides feparcs des alkalis volatils «!e la chaux.i 56,157. acides desmatieres animales difficilesadcgagcr , 17: Ofuiv. pourquoi ne fe manifeltoicnt p;s dans les anciennes analyles , Hid. & fuiv. aci- des & alkalis fe trotivant dans une mc- me liqueur feparcs 6c tranquilles, 171 , 176. acides inegalemcnt volatils, 1-4 , 1- t. comment les inoins volatils peuvent ctre degages de ccitaines matrices tic- fixes, 174. acides diverfement engage's dans leurs matrices, 175. a lepieuve des euais chimiques tant qu'ils (ont unis aux alkalis , ibid, acides abforbes en plus grande quantite par une matnee volatile que par une mattice fixe, 176. movers pour degager les a:ides foic des pla:ires loit des inatieres animales, 17*. acid.-s aulli dirficiles a degager de certames plantes que des matietes animates , iBid. audi abondans dans les matieres anima- les que dans les vegetales, 1-8. acides fe combinant avec de l'huilc dans ctr- taines operations chimiques, 179 bjinv. effet des acides fur la temturedes roles , 105. fels acides du vitriol & de l'aiun dc plume combines avec le fer, j 17. Acromion , pag. 1 to. CV fuiv. Agaric, ce que c'eli, analyfe , fes effjis , pag. 75 , 76. employe pour la tci .:ure , '<•■ Agneaux monltrueux , pag. 414. Aiguille de boullolc, comment & de quoi doit ctre faire , p ag. ;8. ce qui arrive lorlqu'on met lur une bou'.lole une autre aiguille aimante;e tournantfur fon pivot , 39. maniere d'obferver la dechnaifon de l'aiguille aimantce , 40. obfetvations dc l'aiguillc aimautce , 117, $19, 511 if fuiv. obfetvations faitcs avec des aiguil- les dc dirlcrcutes conftrucfions , 551, TABLE ALPHABETIQUE 14* 533 & fuiv. temps calme favorable pour obferver la declinaifon de l'aiguille,f 3 j. Aiguilles d'une efpece dc gypie , de l'anii- raoinc, pag. 315. Aiguillcn manque aux males dcs abeilles iv des guepcs, fag. 198, 199. aiguil- Jon dcs guepes femellcs & mulcts', 300. piquure qu.'il fait , dans quel cas il le rompt &; refte dans la plaie qu'il a faitc, j 00. Aimant, experience de M. Roliaut fur l'ai- mani vcrifiee , pag. fi & fuiv. pores de differente nature foupconnes dans l'ai- mant , j ; &' fuiv. a1 mure de 1'aimant , 57. aimant mis au nombre des fublfan- . ccs metalliques, 1 (8. efpece d'aimant de Ccylan , 2./1. efpece de pierre d'aimant de la montagne d'AImalaron , 3 ij, 3 1 (•. Air, effet de fa pefanteur , pag. fi chute dcs corps dans lair, pag. 6 & fuiv. fair palfe a travels le papier fee, mais non a travers le papier mouttti , pag. 9. ni lmi- lc , 10. palfe aulli a travels la velfie dc coclion & le parchemin , ponrvu qu'il ne (oit point mouille , 10. lemble avoir befoin d'un certain degre de condenfa- tion pour tenir eleve le mercure du ba- rometre , 6j. air necelfaire a la forma- tion du lalpetre , 78. a la fermentation & a l'inflammacion des corps combuftibles , 89. combicn fournit d'humidite a 1'efprit dc vitriol , an cokothar , 89. comment l'air e!r neceilaire a la reproduction du falpecie , 157. comment le degage dcs metaux lors de leur diifolurion , cfFet qu'il ptoduit alors, 179 & fuiv. effet de lair fur un fetus de couleuvre au fortir de I'ccuf, ijo. air renferme dans l'ef- tomac & dans les intcftins forme I'liy- dropilie tiuipanite, 360. maladies occa- iionnces par fair renferme' & diftnbue^ dans le corps contic l'ordinairc , 360 , 561 & fuiv. air trouve dans dcs vaif- feaux fsnguins , 3 <5i , 3 63. air qu'on rel- pive dans les licux louterreins, 4c 6. ctac dc l'air contenu dans les corps vivans, 411. dans les cadavres desnoyeSj 411. air dans 1'ccfophage d'un agneau more lie , 414. air neceilaire au tang pour le rendre propre a la circulation, 454 & fuiv. comment arrive au fang du fetus, 4j4, 4 j r , 465. air amalle dansle pou- mon dun homme mort dans les convul- sions , 476. ce qui arrive aux parties de J'ait en paflant dans le corps celluleux o'.i fpongicux du poumon , 485. air arrc- te dans les interfaces dcs membranes du poumon, 48^. eflets que l'air produit fur le (ang en s'y melaiu par la refpira- tion , 487 , 490. effets du contact itn- mediat de l'air fur le fang, 487, 48S. pou'qudi un air nop chaud caule des de- faillances , 489. ctat de l'air par diffe- rentcs temperatures, 517, t;o & fuiv. different quclqurfois de ce qu'on le juge- roit jar le batometfe, 530, rii 6' fuiv. l'aii pouiroit bicn n'eire fufceptible que d'un cenain dcgie de clialeur, 537. Aluula. Yoyez Able. Alimens, ce qui leur arrive dans l'eltomac f: dans les intertill?, pag. 377. alimens, 011 mantles aiimcnteules fortant par un ablces a la region ombilicale , 379, 380. differcntes preparations que fubillent les alimens avant d'opdreila nutrition, 391 & f 493. difrerensetatsdes alimens dans les quaire eftomacs d'un breuf , 49 3 ,494. Alkalis ( fels) des plantesdilfolvent les par- ties iidneuCcs , pag. 76., alkalis tires dcs fleurs de pechers, 77. alkalis qui fermen- tent avec des alkalis , 78. ccquee'eft que l'alkali fixe , 79. moyens de le vo- Iatilifer, ibid. & fuiv. alkalis de la fou- de , 81. ce que e'eft qu'un (el alkali, 1 1 1. fels alkalis des plantes 8c des animaux , 15S. fels alkalis font fixes ou volatils , 139. alkalis tires des acides , ibid. 6' fuiv. comment font le produit du feu , ibid. & fuiv. en quoi les fels alkalis volatils different des fels alkalis fixes , 140. fels alkalis de's plantes, des animaux , desmi- neraux, ibid, alkali produit dans l'ope- ration du nitre fixe, 141, 143. alkalis tires d'autres matieres minerales, ibid. & fuiv. rapport des alkalis fixes & volatils avec les acides, ijo& 1 j 1. des alkalis fixes avec le foufre commun , 151. in- dices d'alkali fixe dans la chaux, Ij6, ij 7. alkalis fondus avec le fable dans le verre, non enleves par la lellive, 157. d'oii peut provenir l'alkali contenu dans la chaux , ibid, fels alkalis fixes & vola- tils qui fe forment dans la rouillc de fer , i<8, 1/9. alkali qui fe forme dans les chaux metalliques, '57, 160. dans les cendres du bois, 160. l'alkali uni aux huilesen facilite ladiifolution dansl'eau, 161. fel alkali volatil tire des matieies animates par le moyen du feu, 171. em- ploi d'un uuermede alkalin dans certai- DES M A T I E R E S. J43 lies diftillations , 17 5. alkalis fubfiftant *avcc ilcs acides fcpatcment &: tranquil- lement d.ms ur.c liqueur, ibid. 176". al- kali fixe , alkali volatil , en quoi ditforens, lyy. alkalis nc fe manifeftent point aux cflais chimiques tanr qu'ils fonc iinis aux acides, ibid, quel eft lc plus puilfant des alkalis fixes, & lc plus puiflant des alka- lis volatils, 175. efTet des alkalis fur la teineurc dc rofes, 10 z , 10). Alkermes ( confection ) pag. 104. fa prepa- ration , 10; , 106. Almaden enEfpagne, fes mines dc cinna- bre, pag 507 & fuiv. ouveiturcs dc ccs mines, ftruclnre des boyaux , &c. 308. batimens & fours qui fervent pour la fc- paration du mercuic, 308, 309. & fuiv. Jes mines dc cinnabrc d'Almaden paioif- fenr ctrc celles dont paile Plme , ;io, jli. avantages dc ['operation d'Alma- den fur ccllc dj Frioul pour la fepara- tion du mc cure, 311. obferyation fur les vapeurs des mines d'Almaden , 405 , 4 -. accidens auxqacls font fjjets ccux qui travaillen: a ces mines, commenron s'en garantit ., & comment on y reme- dy , 407. Aim ga, forte de colcoihar naturcl ,^J£. 3 I 6. Almajaron ( montagne d' ) en Murcie, fes cavernes & leurs criftallifations, pag. 313, 316 L' fuiv. deux fortes de pierres dans cctre montagne, ;ir, 316. fes mines d'alun , 3 If , 3 16. Aludels , vaifleaux employes a la fepara- tion du mercure aux mines J'AJmaden , pag. 310. a celles de Guancavehca au Peiou , J II. Alveoles de la laque , pag. 195 6' fuiv. Alan combine avec difrcrentcs matieres animales & vegetale's, eft le fcul fel qui dounc du phofphore, pag 8 f & fuiy. 91. fa dofc doit c:ro differentc felon les diffcre'tes matieres avec Icfquellcs on le combine, 90. alun combine ai'ec du fel de lairre, ce q Von en tire par la diftil- Iation , 148. en quoi 1'alun differedu vi- triol, ibid, cfp'ce de fel ammoniac dans Tallin , 1 49 c lux fiircs faites avec l'alun & le rartrc cm doyce pour la teinture du kermes, 106. ftries ou fibres dc l'alun de plume, ; 1 ;. aljn dc plume des grot- res ou caverncs d'Mmufaion, jli*. de- eompofe a la flamme dune bougie , 316. obferve au miciofcope ,318. Amberbo'i. Voycz Ami' eve. Amb'cttc , fa racirc , I'a rigc , pug. ■. f4. f -. U'mIIcs, 3(4, 3 5 j. fes fucdes racincs, des fcinlles & des fleuu rougit lc papier bleu, 356. Ammoniac (fel) Voy. f I ammoniac. Amnios , pag. 419. 41 1. Amphibies , leur cceur , VQg . 455. j4mpuf■;£. 32 c. & fuiv. arbres fruitiers plus ou moins delicats, 31*-. vieux arbrcs greffes en poupce , 3 2. if. differentes fortes dc branches fur les ar- bres fruitiers , pag. 316,. 3 27. moyen de preTcrver les arbrcs de la moulTe, 333 , '54. J.iJ Arbre trijle , efpece de jafmin des Indes, pag. 303. Ardoifes ( lits d' ) du mont Ciaro d'od cou- ie le petrol, pag. 96. Areie avalee, pag. 371. accidens qu'elle occalionna, fuivis de la mort, 371 & fuiv. Argent , pourquoi il faut plus d'efprit de nine pour dill'oudic l'argent que pour dilToudrc le mercure, pag. 101. rapports de l'argent avec le cuivre & le plomb , 151. avec le fer & le regule d'antimoi- ne, ibid, huile employee dans la difTo- Iution de l'argent par l'efprit de nitre , 1 Si. argent vu a travels un vernis rou- gearre paroitor, i;o, ij'i. mines d'ar- gent en Europe, 156. il y a peu de ri- vieres qui roulentdcs paillettes d'atgent, zi6. Ariege , riviere autifcrc , pag. 1J7. Armure de l'aimant , 57. Arteres , leur force de contraction comp«- ree a celle des veines , pag. ; 61. vuides de lang dans des cadavres de perfonnes mortes d'hemorragie, 362. pourquoi font peu afraiflies dans cecas, 3(53. artere ombilicale , 370. fondions des arteres en general, 371. route des arteres ombili- calesdanslc cordon, leur capacity, leurs fon<5Hons, 418. arteres ombilicalcs injec- tees , 411,422.. comment fe forrnent ces arteres ,42;. origine & (ituation de I'ar- tere pulmonaire, 426. arteres carotides & cervicalcs, leur fonclions, 449. pour-' quoi le dcvclcppemcnt des arteres fcin- ble devoir piccc'dcr celui des veines dans le fetus, 4^7. arrercs portent la nourti- ture a tomes les parties du corps , 467. capacite de toutes les arteres comparee a celle des veines, 486 & fuiv. des ar- teres du poumo.i , 486 & fuiv. 490 6f fuiv. Articulations ( enfans fans ) peg. 440. Arve , livieie foup^oniKC aunfere , page Afphalte, pag. 94. Afpic ,pag ? 2. AJfoupijfemeu extraordinaire) pag. 412 , 4U. Atmofphhe dc Sawrne, p.:g. 29. diffe'ren- tes couches de l'atmofphere dc la tcrre, 67. comment l'atmofphere rccoit les rayons du foleil , en intcrcepte une par- tie, & tranfmet l'autre a la terre, 69 & fuiv. Avaler , difficulte d'avaler caufee pnr une arere engagee dans la goige, pag 371 6' fuiv. accidens qu'elle occalionna fuivis de la mort, 371 , 372. ouverturedu cada- vre 373 &/uiv. (\ les gens qui fe noient avalent de l'eati, 4C8 & fuiv. comment on avale les liquides, 434 & fuiv. la fa- live , 4i( & fuiv. A^ur, mine J'oii on le tire, pag. 220, 211 £ Aleixi , ( cervelle & dents de la )pag. Banc d'Hyppocrate, pag. 38;. Bandes obfeures de Saturnc , & leur pofi- rion, pag. 28. Barometre , (obfervations du ) pag ^27 & fuiv. dirfetentes hauteurs du Mercure dans differens barometres , J29 , 510. prognoftics qu'on tire de cet inftiument pour la pluie ou le beau terns, incertains dans quelques circonftances, J30, 531 6 fuiv. circonftances dans lefquelles le barometre a monte le plus h'aut Si del- cendu le plus bas, 537 & fuiv. Baffin ( cavite du) manquaut dans un fetus, P"g- 441 > 44J- Baume , forte de tetre fervant de bafe a des mines de turquoifes , pag. 11 j. Bel ( Saint ) en Lyonnois, fes miner de cui- vre, pag. 313. Benagues ,smfieau aurifere, pag. 257. Biceps obferve, le bras etant en action , page DES MATIERES. 54; pag. tao.yoj, ji?4, rof, jo«, joy. Bijrnuth , il taut plus d'cfpiir dc nitre pour fa dillolution que pour ccllc du incrcurc, & pourquoi, pag. 10 1. cc demi- metal mis au nombre des fubftanccs mctalli- qucs , I j8. Bi:wr:c s'unit difficilement a I'eau fi cc n'eft a I'aide d'un fel alkali , pag. 1 Si. bitumc dans 1c charbon dc eerie & dans les tcr- rcs qui en avoifincnt Its mines, 171, 1- ;, 1-6, 1,7,7. Bee f, obfervations fur Ics eftomacs d'un becuf, pag. 493 , 45-4. Boirc, mcchaniquc des difrcrenrcs maniercs dc boiie , pag. 4; 1 t? fuiv. Bois de fallaf as, dc gayac, combines avee lalun pour faire du phofphore, pug. 86. bois comment coupe & employe' par Ics gucpes a lane 1'cnvdoppe dc leur guc- picr , 190 & fuiv. Bo-tcs poir Ic panfement des fiacturcs cora- phquets de la ]ambz, pag. 387 &Juiv. Bol , inteimede du fel inarm ,p.:g. 13 r. Boletus ramofm , coralloidis faiidus , peg. 314. Bombts , mcthode pour Jcs rirer avee fuc- ces , 40. & fuiv. Icuis defaure, ibid. mauynile difpoliiion de Icuis anfes, vi- ces du metal , irregularitc de leur for- me ; iruigalires des fukes, 41. defauts du morticr , ibid, vice de la plate -forme, dc la facon de charger , incalcfcence du morticr, 41 & 41. incgalite's provenant de la qualite de la poudre, de fa diftri- biltion , de I e:ar de i'air, 41. moyen dc prevent! ces inconveniens, ibid, b fuiv. concchon des bombes, 41 , 41. de la poudrc, 43. des plates - formes & dc la charge , ibid. Bonnet ou reicail , fecond eftomac du bceuf , P"g- 49 5; Bona de 1'line. Voyez Turquoifes. Botanique , ( inconveniens dc difFcrens fvf- temes de ) p.ig. 350. en quoi confilteroit la plus giandc perfection d'un fyftcmc de botanique , 3 r r. Bpuche dc la l'iime marine, pag. 147. bou- chc ou trompc de la gnepe, 302. (rruc- turc & principales parties dc la bpuche, 4?i. mechanifitie dc quelques fondions de la bouchc, 451 & fuiv. differcntes maniercs de faire entrer les liquides ians la bouchc, 4; 1 b fuiv. bouchc fans lj»n- guc , defcription de fes parties , leur jeu rclativcment aux fondious Jc la langue, 470 b fuiv. Bouillon compare1 a la lymphe Sc analyfc , Pag- J?3> J>4- pourquoi rcftc liquidc fur 1c feu, 393 , )94, tentatives pour fairc pafTcr du bouillon dans I'afophage par la voic du ncz, 403 & fuiv. Bourruche , plante nitrcule, pug. 135. Boufin, maticre qui fc ttouvc dans ccrtai- ncs cairieics , pag. i!j Boujfvlc , manicre de la conftruirc , pag. 17 & fuiv. impcrfedion de ccllcs dont on fc fert lur les vailTcaux, 43. Branches a bois Sc branches a fruits dar.s les arbres fruiticrs,/?j£. 316, j 17. bran- ches ou il faut placer Ics ecuilons pout avoir promprcincnt du fruit, 517. Bras, aceidens furvenus a la fuitc d'une fradurc du bras, pug. 4U. mufclcs du bras , too, 501 , J03 , j 04 6' fuiv. motive nens extraordinaires executes avee les bras , rof b fuiv. Breaches de !a torpille , pag. 1S8. bronches dans lefquclles fe divifc la tradK:e-artere, leur route, 4:8. Brouillard eft fouvent fuivi dc la pluic, p. J17. paroit fervir plus que la pluie a a fcrtilite dc la tcrre , 518 5? fuiv. a a7>avres ouvcrrs de pctfonnes mortcs d'hemotragie,f<»». 561,363. d'une fem- mc mortc dune hcrnie, 363, J64. de pcrfonncs mortcs pour avoir mange dc la cicutatia aquatica , 36S. d'une per- fonnc motte pour avoir avale une are- te, 373 ti fuiv. d'une autre morte d'ul- cj cs a l'eltomac , 380 & fuiv. d'une fcnimc qui portoit tin enfant dans le co- te du ventre hois dc la matrice , 584. dun hydropique, 395 , 396. dun honi- me mort dune retention d'urinc, 397. de perfonnesmortes d'hydiocephalc,3y9. de pcfonncs noyees,4o8 b fuiv. dc fetus mooftrucux, 43.0 & fuiv. dun fetus qui n avoit point dc trou ovale, 4 {8. l de Bourbon, en quoi diffcre du eafi d'Ycmcn , pag 31$. Cafiers dc Ufle de Bourbon ,pag. 3 1 1 . c..( .'-: Laii , ( deux efpeces dc ) p. 3 10,3 11. Caillelte , quatiicme eftomac du btruf , p. 4v:. Ca Uoax ' fnupn d:s ) facilitec par la chaux, Calais dc Pline , fable fur la manicrc de 1c fitet 4e famine, pag 109. Zzt 54* TABLE ALPHAB^TIQUE Caljminaire , (picrre ) fon rapport nvec le cuivre, pag. ijr. Calcination des matieres qui entrent dans la compofition du pholphore , fes effets , pag. 88. Calciirapc'ides. Voyez Chardon ctoile. Canal artiriel qui fe rrouve dans le f^tus , /"*£■• 45 7- manquani dans un fetus, 4j8. comment etoit fupplee, 4jS. ufagesde ce canal felon M. Rouhaut, 461 , 461. devient inutile apres la naiffance , 489. Canal veineux qui ne fubfifte que dans le fetus, Ion uCage,pag. 46;, 465, 467. Cani- Apro-Lupo-Vulpes , pag. 178. CaraBtrt des plantes , manieies differentes de l'etablir, 330. cara&ere de 1'Evony- moides, 331. Cardajfe. Voyez Figuier dlnde. Carmin , fa preparation , pag. 301. Carrieres des envitons de Paris, pag. 139 , 140. couches ou lits paralleles des car- rieres, 140, 141. carrieres ou caves de l'Obfervatoite de Paris , leur temperatu- re , $i«, $19. 5 3 7- Cartilages fc'rai-lunaircs de 1'atticulation du genou, leur ufage fingulier, pag. jii & Jiinf. cartilages mobiles de la machoire inferieurc , $1$. Canon ( efpece de) fait par des guepes & fcrvant d'enveloppe a leur nid , p . 188 , 189. Cataraclts des yeux , de diverfes fortes , pag. 3 9«- Cavernts ou grottes de la montagne d'Al- mafaron ,pag. 313, 316. dilutes ou alveoles de la laque , pag. 16 j Cffii'3. cellules conftruites pat les gue- pes & par lesabeilles, 180. par les gue- pes fourerraines , 183, 187, 18S. mul- titude de cellules contenues dans un ga- teau , 183 , 193. couvercle que les vers des guepes filent a leurs cellules avant de fe metamorphofer , 19$. diftriburion des cellules dans les gateaux, & differences entre les cellul es des vers males, des vers femelles, & des mulets, 196. cel- lules oucavites du tilfu fpongicux dupou- mon , 480 & fuiv. Cendres employees a faire du falpetre , pag. 138. alkali des cendres du bois, quandfe forme, 169. Bereus Pcruvianus. Voyez Cierge Epineux. Cerveau de perfonncs moi tes d'hydrocepha- le , pag. 399. enfanr ne vivant fans cer- veau ni cetvelet , 447 & fuiv. 459. ccr- vcau diminue ou de'truir par l'hydroce- phale , 4)0. fondu en une efpece de bouillie dans le crane d'un fetus monf- trueux , 469. Cervellt de baleine eft ce qu'on a nomine Sperma-Cett , pag. 1$;. Ceje , riviere aurifere , pag. 157. Chaciil, ^corce employee en medecinc, p. 183 & fuiv. compare an quinquina pour la fievre , 183, 1 84. fon analyfc, 184. donne beaucoup d'exttait reTineux , ibid. employe de differentes manieres Be en differentes maladies , ibid. & 18$. com- pare a 1'Ipecacuanha pour la dylfenreric , 18$. Chairs de bceuf , de veau , de mouton , com- biners avec 1-alun pout fane un phol- phore , pag. 8$. Chdiur de l'cte, fes caufes, pag. 6% & fuiv. accroinement ou acceleration de la cha- leur apics le folftice d'ete , 71. chaleur de l'ete comparee a celle de l'liivcr, leur rapport, 71. chaleur de differens etesob- fervee, $16 & fuiv. heme du jour oil la chaleur eft a fon plus haut degre, $16 , 519. chaleur uniforme des carrieres de l'Obfervatoire, 516 , $19. effets de l'hu- midite & du vent par rapport a la cha- leur, $ii> , $17, chaleur de l'annde 171 8, P"S- 5S7- obfetvation des plus grandes chaleurs moyennes, $37. Champignons abondans en fel ammoniac , P^g. i/7- Chapeaux , ( matiere des ) couleurs de fa flammc, pag. 118. Charbon employe a fixer le nitre , p. 141 , 141 , 174. combien une livre de charbon donne de cendres & de fel fixe; 142. charbon de terre de St Etienne & de St Chaumont, 171, 173- les pierres char- gers d'empreintes de plantes fe rrouvent fouvent pres des mines de chatbon , 171, 174. couches de charbon entre des cou- ches de pierres figurees, 177. Chardon itoile , pag. ; $ 1 & fuiv. fa racine , fa tige, 351. fes feuilles, 3 $1 , 3$;. fes fleurs, 3$J, 3$4- faveur de toutes ces parties, ;$4- leur fuc rougir le papier bleu, 354. Chat ou lievre marin, fon accouplement , pag. 107. Chaux employee dans la compofition du fa- von , pag. 81. chaux employee a adou cir l'huile diftillee de tattre , 81. paroit contenu de l'alkali , 156 , 157. indices DES MATIERE*. W ^u'clle en domic en differentcs operations, ibid, chaux me'talliques qui decompofent Ic I'd ammoniac, 1(6 , 1S0. parties dc feu contenues dans Its chaux metalli- <)ucs , ibid, chaux vive employee a de- phlcgmcr l'cfprit de vin , 170. Chcne ven fur Icqucl on trouvc 1c kermes , pag. 104. Chien parlant , pag. ie>7. Chirwgie , fecours quelle tire dc la me'cha- niquc , pag. 399, 400. Chorion , p. 41S. fcmble former It placenta par fon epaillilfcment^io & fuiv. chorion de la rrufe, 410. Cliou pomme > proddfts de fa diftillation com- pares a ceux du Solanum furiofum , pag. '71- Chute d'ime folution de fel de tartre fur une folution nitrcufc , fon effet , p. 1 1 6 , 118 &fuiv. Chute faite par une femme grolTc , fes fui- tes , pug. 365 , ;£<>. autre chute dans lc memc cas & fes fuircs , pag 5 6S & fuiv. Chyle ou maticres chyleufes fortant par un abfecs a la region ombilicalc , p. 379 , 380. dans quels inteftins fc forme le chyle, 5 9".- Cicutaria aquatica , fes effcrs , pag. 368. Cierge epi.ieux , pag. 318 & fuiv. fon ac- croilTcment, 318. fa tigc , fes racines, 32.S, 319. fes epines , fon ecorce, 319. Ion accroilfement , fa flcur , fes exami- nes, 319. fon fruit, 339. cctte plantc comparer a la raquette ou opuntia , 3 30. culture du cierge cpincux , 330, 331. manicre de le multiplier, 331. Cinnabre , ( mines de) pag. 307 6' fuiv. ex- perience pour reconnoitre le cinnabre lo- plul'.iquc ,311. mines de cinnabre de Sc Lo, j 11. choix qu'il fa at faite du cinna- bre pour le donner intcrieurement. • Circulation entre le fetus & le placenta, p. 371, 416 & fuiv. inftrumc/is pour (ut- pendrc la circulation du fang dans un membre, 399, 430. circulation entre la mere & !c fetus ,416 & fuiv. 413. expe- rience fairc (ur une cliicnnc a ce fujet , 41 6. circulation dans le fetus, 413 & fuiv. queltion & differens fyftemes fur la circulation du fang dans le fetus, 454 6' fuiv. cctte circulation confidence des fon orjginc , e'eft a-dire , d Js les premiers inltans dc la formation ou du devclop- pement du tetus, 464, 4I5 (1 fuiv. dif- bcuIei's touchant la circulation, 48; & fuiv. difference entre la circulation du fetus & ccllc dc I'animal qui refpire, 485*. Cire blanche & circ jaune moins tenaces & moins pcfantes que la terebenthinc , pag. 10. la laque paroit etrc une forte dc circ, 1 9 < &' fuiv. Citron , ( jus dc ) fon effet fur les turquoifcs, pag. m. Clavicule , dans quels animanx fe trouvc , p. 509. quelle part cl!e a dans les divers mouvemens de 1'epaule , J 10, 513. fes mufcles, 513, $16. un de fes ufages , Cloifun de la bouchc ou valvule du gofier, pag. 401 & fuiv. 431 & fuiv. du ncz , 401. dc la poitrine. Voyez Mediaftin. Cloifon desoreiUettes du cccur, ou mem- brane valviformc du tiouo\alc, 454 , 4ftf , 4j8, 4J9 , 460. Cloifons de la coquille du nautile.p. 136. de celle du limacon ,136. Coagulum rcfulianc du melange de I'huilc de tartre avee une dilfolution dc fer par l'cau forte ou par l'cfprit de nitre , pag. 146. avee une panic de cette ditlolution melee d'eau, ibid. Coccos Baphicht , fag. 100. Coccum fquarlatinum. Coccus baphica. Coccus infctloria. Voyez kermes. Coccus ou Vcrmiculus. Voyez kermes. Cochenilk de Pologne, pag 101. coche- nillc d'Amerique , ce que e'eft , renflec dans l'cau, puis obfervee a Tail nud & au microfcopc, zoi. analyfee, fes pre- cipes chimiques, 103. fes ufages, 103. fa coulcur naturelle, changement qu'y pioduit l'etain, 103. avee quoi ll taut preparer la teintuie qu'on en tire , 103 , 106. alteration qu'y caufc l'cau , io<>. Caecum, fa valvule, pag. 391 & fuiv. Cccur ( mufcles du ) de perfonnes empoi- fonnees par une tzc\nc , pag. 5*8. fixa- tion du cccur dans la poitrine, (a forme, 416. n'eft pas entitlement couvcrr par les poumons Iorfqu'on rcfpirc,4i7 cccur du fetus, 4J4- cccur des poillons & des amphibies, 4J4, 4ff- cocur <*'un ^rus fans trou ovale, 458. preparations ana- tomiques du cccur , 460, 461. inconve- niens des preparations feehes compares a ceux des preparations fraiches, 460,461. premier dcveloppement du cccur du fetus, 465 6' fuiv. cccur d'un homnic mortdans les convullionSi 47 i> Zzz ij 54* TABLE ALPHABETIQUE Cohobations employees a volatilifer difft- rens fels par l'eau ,pag. So & fuiv. ache- vent cette volatilifationcommencae dans Ie favon, 83. Colcothar , combien tire d'humidite dcl'air, pag. 89. colcothar ou fafran de mars ref- te apres une preparation de fublime cor- rofif, in- colcothar produic par la cal- cination de la picrre des mines de St Bel , 314, 51 f. colcothar naturel d'AImifa- ron , 3 t6. Colon, ( hernies faites par le ) pag. 3<>3 , 3 64. arc de colon engage dans une malic fquirreufe , 383 , 38 I. Colutea, ( indigotier rapporte par quelques- uns an genie de la ) pug . 3 46. Concentration de l'urine humaine pat la ge- lee ,p. 1 29. Concombre fauvage, plant: purgative, pag. 181 & fuiv. ("on fruit, fa gtaine, fa ra- cine , 181. analyfe , ibid, employe de differentes manieres , ibid. Concretion pierreufe & bleue du Tirol, pag. no, Confis, preparation prcliminaire des maro- cjuins qu'on veut faiie teindre en rouge, pag. 199. Confonances , ce qui les ptoduit , p. 36. Contagieufe, (maladie)p. 368. Convulficns occafionnees par une frayeur & fuivies de la mort,/>. 47 6. etat du pou- mon & du cceur dans ce fujet, 476. Coqu.es de kermes, j>. 100, 101 ,10; iifutv. del'infecte du Knavel, 101. differentes opinions fur les infecfes qui en fortent ou qui s'y introdiiifeiu , 104, 205. ef- peces de coques femblablcs a des racines actachecs a une corne de becuf qui avoit fejourne dans la terre , ijo, 151. Coquillages petrifies,/;. 207, 174, 17 J. on en ttouvebeaucoup plus que d'aretes ou d'empreintes d'auires poiffons, 241. Coquilles , leur formation & leur accroiife- ment, p. 232 & Juiv. bandes qui indi- quent les differentes couches des coquil- les, 13 j, 236. cloifons de la coquille du nautile , 1 3 6. de cellc du limagon ,236. coquille des pinnes marines, 242 L'fuiv. des nioules, 243. charnierc de ces co- quilles, 243. deux couches de maciere differente dans la coquille de la pinne marine, 243. filets d'une de ces deux couches, 243, 144. feuilles de 1'autre couche, 244. petitcs coquilles dc mer trouvces dans des gres, 175. Cordes fonores , p. 36. Cordon ombilical de perils chiens , comment comprime par la mere, p. 38c. cordon ombilical d'un fetus humain , 398. cor- don ombilical coupe fans avoir id l\i , ce qui en arriva, 416, 417. ftructuredu cordon ombilical, 417. corps fpongieux & vaiffeaux fanguins qui le compofent , 417, 418. cordon ombilical eft la voie , 01 l'une des voies par ou le fetus recoir, . fa nourriture , 424. cordon ombilical d'un fetus difforme , 442. membranes dont la reunion forme ce corJon , 445. Corne de bceuf trouvejjdans la terre, re- venue de tuyaux reflemblans a des raci- nes, p. ^50, 251. infefte qui ronge la corne , les cheveux , l'lcaille, 151. Corne de cerf, ( fel de ) fermente avec le fel de urtre, p. 78. on en tire du fel ammoniac, 131. Corps plonges dans un toutbillon d'eau , quels font ceux qui s'approchent ou qui s'eloignent le plus de l'axe du tourbillon, p. 19. & fuiv. Corps humain , reparation de quelques-unes de fes parties mutilees, conime le ncz , les levres, &c. par une efpecc de greffe, p. 413 &fuiv. Corpufcules, pretendtis torporifiques de U torpille, p. 186 , 189. Cortex Elaterii. Voyez Chzcril. Couches parallclles des carrieres, pag. 140, 241. deux couches de macieres diffifren- res dans la coquille de la pinne marine , 243 , 244. couches plus minces qui com- pofent l'une de ccllcs-ci, voy. Feuilles. couches ou feuilles de l'cnveloppe des guepiers foutcrrains , 285 , 186. dccelle des guepiers oMiids conftruits par les fre- l^ns , 289. cOTlches de Jfefpecc de gypfc nommee pierrc a miroir, 313. dutalc, de la pierre felenite, 313. Couleurs de differentes fortes de laqucs , & des differences parties de cette ma- tiere, 197, 199. des excremens d'un ver qui s'attache aux rofes , 202 , 203. de la fi'tue d'inde, 202. couleuts que donnenc la cochenille & le kermes, 103, 201;. couleurs des luiquoifcs de differences quahtes, 208. leur couleur lorfqu'on les tire de la minicrc, 211,215, 2 19. com- ment acquierent les couleurs blcues, 2 1 2, 215 & fuiv. differentes couleurs de la flamme de differentes matieres embra- ces , 118. matieres mine^ales qui don- DES MATIERES. J45 ncnt la coalcur bleuc, no, in. couleur des turquoifcs s'altcre & non ccllc des autrcs picrres precieufcs , in. couleurs que produit dans certains poillons la ma- tiere argcntee & brillante qui fe trouve fous les ecailles , i 3 o , 131. couleurs des ailes dc la pliiparc des papillons , d'oti pro- vicnnent , IJI. cnuie gcnciale des cou- leurs des pierrcs precicufcs, 157. diffe- rences couleurs des perles ou picrres de la pinnc marine, 147, *48 . 149- caufes dc la conleui plus ou moins vive du fang, 4X7 & fuiv. 491 , 491. Couperofe , melanges qui produifent des criftaux verts de couperofe,/;. 317. Courans difrerens fubfiftanr enfemblc& fans fe confondrc dans le meme Iiqnidc , p. 117, 118. Couvercle que les vers dc gucpes filent a Icurs cellules avanc dc fe metamorpho- fet , p. 19 y. Crabrones , p. 1 80. Cracker, ufagc de la langue dans cette fonc- rion , comment fupplce dans unc rille fans langue ,4^1, Craie decompofc le fel ammoniac , p. 1 ? .<. Crane dc perfonnes mortes d'liydrocephale, p. 399. d'un enfant monftrueux pa; ia ute, 44c. d'unaurre enfant monftrueux, 469. Crapaud trouve dans un orme,;. 179. au- tre trouve dans un clienc, 179. Crijlal ( fulion du) facilitce par la chaux , p. IJ7. formation du criftal dc roche , 257 & fuiv. parfaitemcnt femblable a celle des criftaux falins en chimie , 138. Crijlatiins glaucomatiqucs , p. 396. ctat du ctiftallindans les yeux d'unc vieille fcm- me a qui on avoit fait trois mois avant Ci mort ['operation de la cataradtc, 396. Crijlallifation de differens fels diifous dans une mcme portion d'eau , p. 106, 107. criftallifation formee fur des linges pat la rencontre des alkalis d'une forte leifi- ve,& de la vapeut du foufrc , 163. criftallifation du tattre vitriolc ordinaite, ibid, criftalhfacions bleues du pays de Simorc , no. criftallifations des mines de cuivre dc St Bel , 3 1 } , 3 1 4. Sc des c.i- vernes delamontagnc d'Aliiiafaro.i, 51;, 314. Crifiaux de favon, p. 80 & 81. de falpetre & de fel comraun dont les dillolutions avoicnt ete melees, iq6, 107. criftaux formes par fublimation , 117. criftaux gypfcux provenant d'une forte de picrre uree des mines de cuivre dc St Bel, 314. criftaux verts de couperofe, par quoi pro- duits , 317. Crottphite , ( fcclion du mufclc ) fuitcs qu'dle cut , p. 397, Cryfalides qui fc trouvent dans la I.ique , p. 196 ij fuiv. Cuirs dores , cc que c'cft.p. 13 -, 131. Cuiffe , ( mufcle dc la ) p. 504. Cuivre, foil tapporravec l'argent & le plomb, p. 1 jr. avec le mercure & la pierrc cala- minaire, ibid, avec le regule d'antimoinc &lefcr, ibid, grande divifibilirc de fa maticrc colorante , 118. couleurs qu'il donne , 111. femble etre la matiere co- Ioranre des emcraudes, ill. il y a peu de rivieres qui roulent des paillettes dc cui- vre , 166. mines de cuivre a St Bel en Lyonnois , 3 1 ; & fuiv. comment on y fepare ce metal de fa mine, 314. Cynoglojfo'idcs , (deux efp^ccs de) p. 347 & fuiv. racine & tigc du cynogloflbides deCeilan, 34-. fes feuilles , fes fleurs , 3 48, 349. rougilfent le papiei bleu , 349. cynoglolloides d'Afrique , fa tige, 349. fss feuilles, fes fleurs, 349, 3Jo. D D, ^sosDr.'/E.vr de la mcr , pag. 30. Dec/inaifon de 1'aiguille aimautce , 154. maniere dc 1'obfcrver ,pjg- 4C.obferva- tions de ladeclmaifon , 517 , J19 if fuiv. 340. terns calme, favorable a ccs obfei • various , ()(• Decoctions des plantes mcdicinalcs , prefc- rables aux lues tires des memes plantes , pag. 181. Defenfes des fanglicrs d'Afrique , p. 177. Deglutition , parties qui fervent a l'operer , /\ 401 & fuiv. tentatives pour fupplecr au befoin a la diglutinon , en faifant paiTer des liquides dans l'ccfopliage par la voiedu nez, 40; &fuiv. inconveniens de cette pratique , precautions a prendre en 1'cmployar.t , 40J , 406. mccaniquc de la deglutition , 40S , 434 C>' fuiv. ufage de la langue dans cette fonftion , comment fupplee dans uce fille fans lan- gue, 471. Dendrites dures & dendrites tendres , pag. 17 '• Denfite , en quoi confifte ,p. 49c Dcntele ( grand ) , mufcle Je l'omoplate , fa TABLE ALPHAB£TIQUE J5» fituation, fes effets,/>. 496 , $14, Jiy, 5 16. Dents petrifiees , p.i\i , n 3 , ut , 115 , 306. dents ties baleines , Ieur nombre & leur poids , ifi. Dents & machoires de poifions des Indes petrifiees S: trouvees en France, 304, 305. dents d'une fille fans langue , 471. d'un petit garcon qui avoit perdu la langue , 471. dents con- courent avec les autres patties dc la Lou- che a former la parole , 472. Developpanent fuccelftf des vaiffeaux & des patties du corps du fetus , 46J , 467. D'taphragme ( comment le cceur eft pofe fur le),/> 416. nerfsdiaphragmatiques, 417. Vigift'on , pag. 397 ,471 if fuiv. obfervee dans lesquatre cftomacs d'unbceuf ,493 , 494.495- Dijfcftion , neceffite d'employer en diffe- rens cas diffcrentcs methodes de dillec- tion,p. 41$, 453. DijfolvJis employes fur l'agaric , p. 7$ , $6. rranquillite extericurede mouvemens inccrieurs des liqueurs dillolvantes , 97. comment ces liqueurs agillent, ibid, con- jectures fur la maniere dont les fels dillous font loges dans leur difiblvanc , experience ace fujet , 104 & fuiv. qua- lites que doivent necellairemenr avoir les parries des dillolvans , relativement a celles du corps dillous, in. quels font entre les dillolvans chimiques ceux qui exhalent les vapcui s les plus nuifiblcs, 1 7 j. J)iffolutior. des fels dans l'eau commune , differences circonftauces de la djfloluriou de difterens fels , p. 97 & fuiv. dilTblu- lion du mercure.de 1'argent, dubifmut, par l'efprit de nine , 101. dillolution fucceliivcdc plulicurs fels dans une meme portion de liquide, 103 & fuiv. circonf- tance remarquable dc la dillolution fuc- cellivc dc certains (els dans la meme por- tion d'eau, 109,110. moyens d'empecher 1'exlialaifonde certaines vapeurs dans les diflblutions chimiques . 179 & fuiv, DiftiUation des liqueurs vineufes , des fu- inieis d'herbes pourrics , du taitre &i des aurres fels elfentiels ,p. 141. du falpetre , 145. de la limaille dc fer charged d'eau , 143. d'une folution de fer par l'efprir dc nine , melee avec I'huile de tarrre , 146 , 147. la diftillacion fait connoitrc laquan- fite des eaux-de-vie , 1 6 y . diftillation du yiu au bain- mane donnc de bonne eau- de-vifji-i. ufagc&cffetsdes imcrmcdijs alkalins tcrreux dans certaines difUlIa- rions , 173 , 177.1a diftillation d'un mixte ne donne pas toujours une idee jufte de fes proprietcs , 1 7 c , ni meme de fes prin- cipes, 176. moyens deicmedieraquelques inconveniens de la diftillation , & de degager lesacidesdes mixtes , 177. Doigts , fetus ayant fix doigtsa une main , p. 4*9- Dorfal {grand) , pag. JI 8 , J 151. Doux, rivicreaurifcre ,p. 157. Dure-mere , fon etat dans des perfoniics mortes d'hydro:ephale ,p. 399. Dyjfcnteriis manquees par 1'ipecacuanha, guerics par le chacril , p. j S j. E v paffe plus aifement quel'air atravers une velfie , p. 11. experiences faitcs dans un tourbillon d'eau, avec des corps dc formes differemes & de pefanteuts ine- gales , p. 11 & fuiv. cau fermente avec un efprit de foufre concentre, 78. eau necelfaite a la volatilifation de cettains fels, Si. nuifible a la volatilifation des fels fixes dans cettains cas , ibid, tau diftillee S: cohobce nombre de fois fur du felcommun , fur du felde tarrre , ibid. eau dilTouc les differens fels avec diffc- rentcs citconftanccs & a diffetcntcs do- fes , 97 & fuiv. eau fuffifamment chargce d'un fcl en peut encore dilfoudte d'autres, puis agir de nouveau fur le premier , 99 , 103 &fuiv. eau dans la dillolution des fels a deux fondtions , cellc de vchi- cule & cellc d'intcrmede ,101 & fuiv. fi- nefle que doivent avoir les parties de l'eau relativement aux acides qu'elle dit- fout , in, 113. combicn s'inlinuenc aifement dans les alkalis , ibid. & fuiv. quelle eft la caufe de la fluidite de l'eau , 116, 117. rcgularitc des mouvemens in- ternes de l'eau, n<>, 117. cau qui te- noit du nitre en dilfolution , ce qu'elle peut devenir apres la precipiration de ce nitre par I'huile de tartre, 119 & fuiv. eau contcnuc dans 1c falpetre, 141. rap- port dc l'eau avec les efprits ardens & les fels, 151. volatilite de l'eau compa- ree a cellc de certains fels, 178. com- ment l'eau contribue a la formation du criftal de roche & des picrrcs en gene- ral , 137 & fuiv. cau de la mer a con- vert toute la tene, 140, 174, > j7j.con- DES MATIERES. 55' jcctures fur la retraire des eaux &: preuvcs de leur fcjour , 140, 14!. veftigcs dc Icur de'croiifcment en Daupliine , 1-?. cau trouvec dans l'eftomac & dans ics poumons de perlonncs noyc'cs , 4(18 & fuiv. comment pcut y etre entree , 408 , 409 & fuiv. eau dans les poumons des althinatique; & des hydropiques , 4>,9. quantity d'eau dcpluic £< dc ncige tombce en diilc'rcntes annccs, 516 & fuiv. cau n'augmente plus de chalcur paifc un cer- tain dcgie, 537. Eau-de-vie, maniercs d'en connoitre la qualitc , p. 164 & fuiv. 170. eau-de vie nre'e du vin par la diftillation au bain- marie ,171. Eau-fvrte fcmblc contenir , outre les acides nitreux , des acides vitrioliqucs , p. J46 & fuiv. fes effcts fur les turquc4fcs, 111, 111. Eau regale qui fe forme dans une prepara- rion de fublime , p. IJ4, it 5. cfTets de l'cau regale fur les turquoifes, 111. Ecaillei du poiflon nomme able ou ablette, p. 114 maticre brillante qui les double , 114 if fuiv. & qui femble fcrvir a leur formation, 117. ftructure de ccs ecail!c<:, 117. conjectures fur la formation dts ccaillcs de poillon en general, 119. ccal- les moins bnllantes que les lames dont clles font forme'es, no. ecailles brillaa- tes dun infecte qui fe loge dans les livres, i;i. Ect'latte, (grainc d' ) p. i$6. laques & au-. tres maticres qui donnent la teinture d'e- carlatte , 197 & fuiv. co:heni!le fert a cette teinture, 8c par quel moyen, 103 , it.(. ccatlatte de graine, 106. Ecorce , fonction de l'ecorce dans l'operation de la greffe des arbres,/*. 316. Ecorce du cierge epineux , 319. errccd'une incii.o:i longitudinale faite a l'ccorcc des arbres pour les prefctver de la mouife, 314, Ecujfon , greffes des arbres a noyaui en ecuifon , f. ji( & fuiv. commenc il faur placi-r Its eculfons pour avoir promptc- ment du ftuit, 317. Elaterium, pag. 181 & fuiv. d'oti vient ce nom, 1 81. elaterium desanciens, fa pre- paration j ibid, elaterium de M. Boulduc, 133. Voy. concombn fauvage. Emaux, choix de 1'huilc qu'on y employe, P- 94- Emcraudes , d'oti femblcnt tirer leur cou- lcur vertc, p. 111. frottccs fur la pictre de touchc , ill. Emerus compare a I'indigoticr, differences cffcntielles cntte ccs deux plantcs , pag. 54f- Emtiique employe avec fucces dans un vo- miflement de fang, p. )6C, 3 67. Empreinics de plantcs fur des piertcs. Voyex plumes , pierres. Enduu impenetrable a I'eau , p. 78. Enfant fans articulations , p. 440. enfars monlrrueux, 440 & fuiv. enfans nes vi- vans fans ccivcan, 447 , 450. enfans fans te:c, 4j 1. Epaule , fes divers mouvemens, & mtifdes qui y conrnbucnt , p. 495 &fuiv. ?«4 & fuiv 609 & fuiv. mecanlquc de fon ele- vation & dc fon abatement , j 1 1 , yn & fuiv. j 17 tf fuiv. de fon mouve- ment en avant & en arricrc ,511 & fuiv, 710 & fuiv. Epiglotte , p. 4or. relevee dans des pcrfor.- nes noyees , 408 409 & fuiv. abat.K; dans les autres morts, 4C9. renverfecfuc la racine dc la languc dans un fetus monf- trucux, 469. Epiploon ( portion de 1" ) formant une her- nie avec une portion du colon , p. 363, 364. epiploon d'une perfonnc morte du- ne d'.fficulce abfolue d'avalcr, 374 & fuiv. portion dc l'epiploon engagee dans une tumeut fquirreufe , 3 So. ouvcrturc qui fe trouve dans l'epiploon, 419,430. epi- ploon fouffle par cette ouvetturc , 43c. membrane norr.mec par Window pctic epiploon , 430. Eponge de liviere, forte de planre, p. 311 & fuiv. fa bafe, Jii. fes tiges , 311,311. fon mucilage , 311, 313. fes pores, 3 11, 313. fa ftructure, 313. cftets du frottc- ment de cette eponge fur la peau, 313. Eprouveue , un des moyens dont on fe fete pour connoitre la qualite dc l'eau-dc-vic, p. i6j. Eraul , cette riviere s'abailTc quclqucfois fubitcment, & dansquellescirconftances, p. 60. cette riviere eft auriferc, z66. Efpeccs , production de nouvelles efpeccs de plantcs jugec poflible , p. 3 j 8. Efpricxhi des fleurs dc pcchers,/>. 77. Efpriis acides, ce que c'o1,/>. 101. effet da melange des cfprits acides avec I huile dc tartre explique , ioi, 101, 103. ef- prit acide ti:e de la laqi e en grains & dc la laque en batons, eu juoi different, 190, TABLE ALPKlABiTIQUE si* Efprits ardens , leur rapport avec I'cau , p. 151- Efprit d: nitre fermente avec lefprit defe], p. 77. ce que c'eft que l"efpri[ de nitre , 101. cet cfprir combine avec le fel am- moniac, 151. avec les Ids volatils , 1 3 1, 138. efprit dc nine paroit conrenir atilli des acrdes vitrioliqucs , 14*. employe dans la preparation du fublime, ici 6" fuiv. melc a l'clprir de fel le rend plus propre a diflb'.idrel or , ijj. vapeurs & odeurs des diflolutions metalliques faites par 1'efprit de nitre, comment reprimees ou corrigecs, 179 & fuiv. cfprit de nitre employe dans la tcinture de la cochenille, ZC3 , 106. Efprit . zi + &fuiv. comment ou la tire des ecaillcs de I'ablerte , 114. comment on l'emploie, 11 r. cette matierc obfervce au microlcope , lames dont elle eft compofee , leur finellc , leur folidite, 22. j. leur eclat , 226. comment font ar- rangers fur la furface iurerne des ecaillcs, 226. membranes & vailleaux qui les con- tiennent , 216. maticre a-peu-pres 1cm- blable qui fe rrouve auiTi fous la pcau & dans le venrre du meme poiifin , zi8. alteration a laquelle l'elTence d'Orienr eft fujetre , 129, 130. ce qui arrive lorf- qu'on la fait bouillir, 130- effet du me- lange dc certe etlence avec l'efpnt de vin, i;o. effet de l'cau ajoutce a ce me- lange, 130. EJfentieh. Voyezfe/s effentiels. Eftomac , fon etat dans I'll yd ropifie timpa- nite , p. 360, communications foupcoiv- nees entre I'eftomac & la veflie, 367,368. trat de I'eftomac dans des perfonnes mortes pour avoir mange de la cicutaria aquatica , 368. dans une perfonne mortc d'une difficuhe ablolue d'avaler, 374 6 fuiv. fituation des deux orifices de I'ef- tomac dans l'etat nature], 377, 418, 419. eftomac ulcere, 3 So & fuiv. efto- mac de perfonnes noyees ne contcnant que pen ou point d'eau , 408 , 409. efto- macs d'un agneau morr-ne, 414. forme & lituation de I'eftomac dans l'etat natu- rel, 418, 419. fes fibres mufculeufes , fes mouvemens ,491 , 493. eltomacs d'un becuf obferve eiant pleins d'alnnens frai- cliemenr avales ou mrnines, 493. glan- des apparentes dans un eftomac liumain, 49 f. Etain , efFet d'une diifolution detain fur la couleur de la cochenille , fur cellc de l'or aufli dilfous, pug. 103. il y a pen de ri- vieres qui roulent des paillettes detain, 166. Etamines des fleurs d'un cailie-Iait ,p. 3 10. de celle du cierge epiiicux , 329. Etc , caufe gencialc dc la chalcur de l'ete, cette chaleur comparce a cellc de l'hiver , p. 68 & fuiv. diflerei.c.! de la lumiere que nous recevons du foleil en eta a celle que nous recevons en hivet. 71 & fuiv. Etoiles fixes, leur dirtance a J.i tenc & leur grandeur , -fcES MATIERES. JJj f^randear , p~. 44- Voiles qui paroiflcnt & difparoiflcnt , (fcoilc dc la baleinc ; 6 y , 66. Etoiles dc fa turquoife qui a pafTc par lc fcu,;>. 117. Evor.ymo'ides , p. 3 3 1 (i fuiv. caracterc dc cc genre de plante , 331. trois cfpeces d'evonytnoidts , 331. fa flcur , fon fruit , 3 j I. en quoi differe de I'evonymus , } j 1. s'cntortillc autour des arbrcs ou fur lui- meme fans avoir dc mains ni de vrillcs, 3 ; 1 . effct dc fes feuilles deifechecs , 333. Excremens purrefie's , leilives , evapores , puis diddles , p. 78. excremens d'un ver qui s'arrache aux rofes rouges, 101. Excrefcence dc chair fpongieufe rormant le fommcr de la t<*rc d'un enfant monf- trueux,/;. 448 &' fuiv. Exompkale monftrucufc, pag. 444. autrcs exomphales, 445 ii fuiv. Extinction de voix pcriodiquc, accidcns qui l'avoicnr prccedec , fymptomes qui l'ac- compagnoicnr , comment gueric , p. 41 2. Extrait the dc 1 agaric , p. yj, 76. de la racinc dc concombrc fauvagc, 181. du chacril , 1 84. extrait que Ion tire de la laque aux Indcs & qui conferve lc nom dc laquc , 199. ±7 artxes de fromer.t , dc fciglc , d'orge combinecs avee 1'alun pour faire du phol- phore , p. Sj. Faujfe couchc arrivee quclqtics mois apres une chute , ctac du fetus & de fes envc- loppcs,/>. } 6j , 3**. faulfe couche , & pourrant tardive, a la fuitc d'une chute, 3 69 &fuiv. Femur, fon articulation avee lc tibia, pjg. e>i. Fer aimantc ayant plus dc vcttu raagneti- que que I'aimant meme , p- f 5 & fuiv. a plus dc force en prcfence dc la pierre d'aimanr.t j. perd fa verrutout d'un coup pour en prendre une concrairc , ibid, fer expofe au couranr dc la maticrc magce- tiquc devicnt aimant en le rouillant, ry. verge ou fil de fer fufpendus en l'air dans li direction du couranr magnctique , s'ai- mantcnt par ccla feul , ibid, apparences de vitriol dans des folutious de fer par l'eau-forte & l'cfprit de nitre , 146. li- maillc dc fer qui donne un fel volatil , J4j. cc que contieni le fer, ibid, lolu- tion dc fer par l'cfprit fcuJfre, eombinec avee l'huilc dc tartre, puis diftillcc ,14s, 147. rapport du fer avee lc rcgule dan- timoinc , 1'argcnt , le cuivre it. lc plomb , I ft. dans quels cas lc fer contienc on ron de l'alkali foit fixe foir volatil, 1 f 8 , 159. fer dillous par l'cfprit de nitre, va- peurs qu'il exhale pendant l'operation , comment rcprtmces, 180, 181. fet melc avee lor dans certains rcrreins, 164, z.69. le fer fournit une couleur noire, 171. fer employe a feparcr lc cuivre dc fami- ne, 314. fer melc avee Ics fcls acides du vitriol & dc l'alun de plume ,517. Fermentation., lair y eft n^ccflaire , p. 89. cttcts dc la fermentation fur le pafle! , ijj. fur les fucs des plaores, fur les plantcs memes, 140, 141. fur le tarrre, 141. furies plantcs que nous digerous , 49 J- Ferriet , ruifleau auiifere , p. 1 57. Fertilite de la terre , quelles forres dc tem- peratures y font plus favorables , p. ji* 0/ fuiv. fertilite dc la rerrc attnbuec a la neige ,554. obfe. vation qui dement cette opinion, 554. Fetus dc coulcuvrc obferve au moment oil il commence a eprouver faction dc l'air , p. 150. fetus deplace's dans des oviparcs & dans des vivipares, ifi, ijj- Ictus humain hors de la matrice, 36c, 3S4. ferus rres-pctit relativemcnt au placenta, 565, 366. fetus morts qui font relics long- tcms dans le ventre dc la mere lans s'y corromprc, '66. circulation cntre le fe- tus & le placenta, 371 , 413 , 414. entrc lc fetus cc la mere, 41 6 (,' fuiv. 413 &' fuiv. force qui poulfe lc fang dans le fe- tus, 413 & fuiv. par quelle voic lc fetus rccoit la nourriturc , 4-4. fetus man- quant , dit-on , de vaifleaux ombilicaux , 414. fetus humain monftrueux, 440. au- tie fetus monftrueux ou dirrormc, 441 & fuiv. autres fetus monftrueux , 444 , 445 & fuiv. caufes qui peuvent cnipccber le fetus dc fc nournr 8c dc croitre, 44?. influence de Imagination de la mere lur le fetus combattue, 4?!. qucftion fur la circulation du fang dans le Ictus , 4.f 4 & fuiv. fetus fans trou ovale , 4>'S. fetu, fans canal artencl, 4j 8. fetus monftrueux, 468, 469. Feu, fon action dans le phofphore , p. 88, 90. fluidire de 1'eau attnbuec j la maticrc dufeu, 116. feu ncccllairc a la prcjduc- A aaa ft + TABLE ALPHABETIQUE - rion des fels alkalis, 159 & fuiv. 171. parties de feu contenues dans la chaux, 156, 157. dans les chaux metalliques , 160. effets du feu dans les analyfes an- eiennes , 171 & fiuv- changemens que l'ailion du feu apporte a la couleur de certaines pierres, til , in. effets du feu fur les rurquoifes, 111,111, nj,iiIo. comment doit etre conduit 8t menage pour lescolorer, 11 f, 1 1 6. ce qui arri- ve lorfqu'on le laillc agir trop long-tems fur la mine , 1 1 6 , z 1 7. le feu diflour les ■couleurs, 118. effets du feu fur des OS trouv£s dans une iodic & fur des os recens, ■ ;o7. fur la lymphe & fur le bouillon , ; 9 ; , 594. fur les eaux d'un hydropique, S: fur la poche qui les contenoit, 396. Feuilles tendres du pecher employees en inftifion , p. 77. de romarin , de baume , de fene,combinecs avec I'alun pour faire du phofphore, 8«, 91. feuilles de deux efpeces de caille-lait, 310, 511. feuilles dc I ' evonymdides , 351, 331, leur effet irant fechees , 333. feuilles de Yevony- mus ,331. feuilles du lamlum , 3 3 6 if f. Aakali, ;??. del'indigotier, m.ducyno- glojfdides, 348, 349, 3 5°' d'un char- don etoile' ,351, 353- d'une ambrette , 3 y4, 3 5 j , 3 ? 5 4°- Fumees prodmres par la rencontre des va- penrsdesaciies&dcs alcalisvolatils , p. 78. Fumeterre abondc en fel ammoniac , pag. '77- , a .Fum/err d'herbespourries.ceqa'ils donnent pat la diftilladon,/). 141. Fufees dc bombe , leur proportion , p. 41. vJT.) rxrj qui reverent les vairTeavre du placenta , p. 418, 419 & fu.lv. 411. gaines des arteres & des veines pulmo- . iiaires, 478, 479. raoyen de les voir diftinctcment, 478, 479. Galeopfs procerior , &c. employe* commc refolutif ,p. 338. infufion dc cettc plante faite dans 1'huile-au-foleil ,338. Gjlec ( boirc au ). Voyez regalade. Calets , dont le fond des mers eft rempli , trouv^s dans des picrres dc gres , p. 17 S- Galens pifils , pag. 178. Galles de certains atbres & arbrifleaux , />. 200 , ici & fuiv. Gallium faxatile minimum , fupinum & pu- rr.ilum. Voyez c.:i!t.--/.iii. Gallium faxatile ,fupinum , motiore folio. Voyez caille lait. Ga.-don, riviere aunfer e , p. if. Garent- vgue~. , efpece de ginfngic Canada. Voy. gin-feng. Garonne , riviere auriferc , p. 1 57. Gateaux a cellules , conftruits par les gue- pes & par les abcilles, p. t8o. paries gucpes fouterraines, 183. multitude de cellules qu'ils conticnncnt , 183 , 193. liens ou colonnes qui attachent ces ga- teaux , 183, 184, 187, 188. gateaux conftruits par d'autrcs gucpes fur des plantcs , des branches d'arbres , 188 , 189 , 197. Gemmc ( fel ) eft 1'ammoniac des aocicus , p. 1 z6. Genoa , fes mouvemens , p. 1 1 1 & fuiv. Genre des plantcs , fubdivilion propofee pour les genres trop etcudus , p. 3 jo. Glfier ou cftomac des oitcaux , comment s'y fait la digeftion ,p. 494. Gin-feng , pag. 341 & fuiv. ou fc trouve , vertus attributes a cctte racine a la Chine , 341. efpece de gin-feng trouvee en Ca- * nada , 341 , 34;. fe multiplie peu, & feu- Icmcnt dans des boisde haute futaie,34;. Glandcs de 1'cftomac , ufage fingulier attri- buc a ces glandcs, p. 368. grains con- tenus dans une tumeur au bras , qui pa- roirToicnt desglandes durcics, 391, 392. olande pituitaire , sknrculc dans des pcr- fonnes mortcsd'hydrocephale, 599. gian- des amygdalcs, fublinguales,40 1 . glandcs qui foumiffcnt des fucs pour la digclhon , 49;. eminences paroilfanr des glandes gonflees dans un cftomac humain , 49$. Glafium ( indagoticr rapporrc parqudques- uns au genre du ) , p . 346. Globe defeu , pag. 1 9. Glojfocome des anciens , p. 3 87. Glojfopetres , ce que e'eft , p. 1 1 1 , i u . Glotte, pag. 401. fon ufage, 401. acci- dens qui arrivent lorlqu'il y entre quel- que portion des alimens , des liquides qui doivent couler dans locfophage , 40c , 43 j. glotte. ouvcrte dans des pcrfonncs noyees , 408 (ffuiv. pourquoi il n'y entre pas toujoursde l'eau dans cecas.non plus que des matieres , lorfque Ion vomit,4i 0. Gofer , de quoi eft forraee cette cavirt , pag. 401 . valvule du golier ,451.' fon jeu. dans les differcntes manicrcs dc boire & d'avalcr , 43 1 6' fuiv. Gout,ii langue en eft le principal organe , />.4Ci.fill'e privcede la langue , fans cue privee du fens du gout , 470- Gouttieres de la langue , p. 401, 414 & f Gr^ines combiners avec l'alun pour faire du phofphorc, p. 8j,.9i- graincs dc l'm- digoticr acquicrent rarement leur matu- turiti en France, J4f. A aaa ij Tif T A B L £ alphabetique Granites , voycZ Or. G-anum linQorium. Voy. Kermis. Gran , cfpece de fable, melc avcc les pail- lettes des rivieres auriferes,/>. i«8. Graves, leur chute dans lair , pag. 6 (if. Gravois , ou laque en grains , p. 100. fon analyfe , 100. Greffe des arbres de fruits a noyaux, p. ; ij &f. fe peut faire fur vieux bois comme fur nouveau , 3 16. efpecc de greffe , pra- tiquee fur le corps humain ,4156" fuiv. furies cocjs , 41 y. Grth abondante & grofle , p. r 34- Grile ante'rieur, autrement mufclc droit, P- 5°4- Grenouille ( cocur de la ), p. 455. rcleau dans le poumon.de la grenouille, 477- flructurc du poumon de la grenouille , 483 ,484. Crojfejfe extraordinaire, p. 5 6$, 368. autre , 384. Guepes ( differentcs efpeces de ),f. 180 c/ fuiv. guepes fouterraines , leur voracite , leurs fcrres, 181 , 186, 187. renducs utiles dans ccrtaincs boucheries , 181. leur amour pour leurs pctits & pourleur guepier 185. leurs travaux obferves dans des ruches virtues , 185 , 1S6 &fuiv. gue- pes qui font leur nid fur des plantes , z8S. guepe du Canada, iSg. fon gue- pier, 188, 189. guepes diltinguees en males, femelles & mulers, 191, 193- fonctions de chacunc , 19; , 500. dif- ferences qui les caracterifent ,193. grof- feur des femelles , 29;. comment nour- jiifent leurs vers , 194, 19 5- terns ouelles jiairfent, font plus vivacesque les guepes mulets, 197. leur fecondite, 197, 198. leur fecondation , 198, 199. guepes ma- les , parties qui les caraihfrifent , 198, 199. manqueut d'aiguillons , comme les males des abeilles, 198 , 199. peu de guepes palfent l'hivcr , celles qui le pat- fent , font tout ce tems fans manget, ainfi que certainesmouches , 301. Gulpiers confanKs en diiErens endroitspar differentcs efpeces de guepes , p. 108 & fuiv. guepiers fouterrains , leur forme , leur enveloppc , leurs poites, 181. leur ftructure interne , 283 ,i8y. moyens em- ployes pour tranfportcr ces guepiers dans des ruches vitrecs, 184, 1S5. ftrufture de l'enveloppe du guepier, 185, 18 6 & fuiv guepier d'unc guepe du Canada , 188, 189. des frclons , 189. matiere dont les guepes compofent l'enveloppe dcleur nid , ou guepier, 190 , 191 , iji. Gueule manquant a un agncau monftrueux , p. 414. Guis , plantes parafites , p. 334. Gypfe, pag. 3 11 & fuiv. dift'erentes cfpece* de gypfe, 313. parties gypfeufes qui le trouvent dans certains mixtes, 313 dans la pierrc qui couvre les vcines de mine de cuivre a S. Bel, 314. en quel etat fc retrouvent apres la calcination de la pieire &; fa diflolution dans l'eau, 3i4> 31 j, 31*. gypfe pioduit dans l'opera- tion que l'on fait pour compoler le lcl de Glauber, 315. gypfe rcvivirii- dans les giottes d'Almafaron ,316. fepatation du gypfe opetee par l'art a S. Bel , 6c par la nature aAlinafaron, 371. gypfe de Mont, martre , obferve au microfcope ,317. figures de fes parties ,31?- gypfe criftal- lil'e de S. Bel , mis en poudre , & obferve au microfcope, 178. gypfe expofe long- temps a fair s'evapore , 3 1 8. parties gyp- feufes de l'alun deplume d'Almafaron obfervees au microfcope, ; iS. H X XiMATirz (pierte) employee dans la pre- paration des fleurs ammoniacales,/>ag. 1 58. Hemorragie , obfervations faites fur les ca- davres de perfonnes mortes d'hemorra- gie.p. 361 , 361,363. h?morragiescon- fiderables &non mortelles , 3 Si. inftru- mens employes pour prevenir l'hemorra- gie dans les amputations, &c. 399 , 4°°- hemorragie considerable dans un accou- chement ou Ton avoit coupe le cordon ombilical fans lelierj 417. Hepar fulphuris , p. 161 , 1S1. de quoi compofe, foluble dans l'eau ,162. Hepaticanokilis tragi , plante a laquelle on attribue cesmemesverrus <\\iaugin-feng , P- J43- - . Hernie occafionnee par un coup , & luivic de la mort , p. 3 <3- obfei vie dans le ca- davre , 3*3, 3 64. hernies compofees , 36; , 564. hernies faites par difrerens inteftins, 36; , 3«4- hernies de veffie , 390, 391. fes'caufes , figne certain de cctte forte de hernies , 390. accidens qui l'accompagnent, 390, 39 1. hernies de vel- fie compbquees avec celle d'inteftin ou d'epiploon. Hiver , caufe ge'nc;rale du froid en hiver & du chaud en tie., 6S &fuiv. tempera-, ture & lumicre de l'hiver , coropai'ic a telle d? l'etc, 70 &/«;v. DES MATIERES. *J7 Houpt des fils dc la pinnc marine , p. 14;. facmcmbiancux&feuillctsloyeux , d'oii cllc part , 146. Huilc employee pour conferver des infu- iions dc plantcs, p. 77. Iimle diijtillee , plus propre a volatilifcr Ics fcls , que I'huile cxprimee , 81 & fuiv. huilc dillil- Jec dc tartic, adoucic par la cliaux, Si. manicrc dc l'cinploycr a fairc du favon a froid , ibid, huiles d'amandes douces , d'olivcs , dc gayac, de corne dc cerf, combinces avee i'alun pour fairc du phof- pliorc , E*. liuilc qui rcfte dans Ic phof- phorc aprcs fa calcination , 8 8. liuilcs qui fcrmentcnt & s'enflamment avee I'huile dc vitriol , ibid, iifuiv. liuilcs cflcnticlles qui fe mclent parfaitement avee I'huile dcpetrol , sy. huilc qui fc trouve dans les fcls alkalis , foit fixes , foit volatile , 1 40. dans les fcls cllcntiels , ibid, principc hui- leux dans Ics mctaux , 160. rapport du principc huilcux avccl'acide vitriolique , 161 if fuiv. I'huile ne fe mcle pas aife- ment avee l'cau , fi cllc n'eft combinee avee un alkali , 161. huile contenue dans l'cfprit de vin & dans l'eau-de-vie , ibid, huilc dans le phlegme tire de l'cf- prit dc vin & de I'caude-vie en ir.drque la mauvaifc qualite , 170, 171. huile employee dans certaines difiolutions chi- niiques , 5c dans les cuites dc fucre ou de niiel, fori efFct, 179 & fuiv. cftet de I'huile repanduc fur la fur face de lamer agitce , 179. ce qui arrive lor fqu'on em- Eloie unc huile cllcntielle au lieu d'une uile par expreflion dans les diiTolutions chimiqucs, 181. huiles tirccs dukermes par diftillation , 101. huilc dc terrc , V7' Huile d'ufpic examinee , fes fabrications , p. 91. fon ufage dans lc vernis, ioid & fuiv. dans Ics dmaux, 94. Huile de turtle. Voy. taitre. Huile de vitriol rcccntc ou ediaufice eft plus aclive , p. $3. Huilc fectide, tiree de 1'utine par diftrlla- tion , pug. 119, 13c. dc la fuic , 1 3 o. iiioyen de degager lesfelsvolatils delcur liuilc fectide, I J 3. huilc fectide , tire'e du kcrrucs par diftillation , 101. Huitrcs{ coquillesd' ) petrifiecs , p. 107. Humer , cc que e'eft , nicchaniquc dc cctte action ,p. 431. Hydutidcs dans une exctcfccncc dc chair qui fonuoulcfomnict dc la tete d'un en- fant inonftiucux , p. 448 , 4fi Hydroccphalc , p. ; 98 , 399. diftercntes cf- peecs d'hydroccphalcs, \ 98. caufcs.figncs, & accidens dc cctte maladic , 398. effcts quelle produir dans Ics parties dc la tire, obferves fur les cadavtcs, 399. indices d'hydroccphale Hans un enfant monl- trucux & ne fans cerveau , 4(0. diminu- tion dc la fubftance du ectveau dans les hydroce!phaks , 480. formation dc l'hy- drocephalc , 460 ,4*1. Hydropifie timpanitc ,p. 3C0. efpece d'hy- dropifie occadonncc par Ics eaux d'un fe- tus place dans le ventre hois de la ma- trice , 394. hydropilic enkiftec , } 94 & fuiv. Hyo'ide (os) ,/>. 403. n'apas d'appuicommt Ics autres os , 509. J J AMBEt , .boites pour le panfement des fractures compliquees de la jambe , pag. 387 & fuiv. mufcles de la jambe, joz^ rotation de la jambe flechie , dans le \ivant, 511 & fuiv. Jambes d'un petit ver aquatiquc , p. 151 , 193. nianquent au lievre ou chat marin, 107, jambes des (Scrcvilfcs fc rcprodui- fent,4n. Jufminum Indicum fruclu cumprejfo. Voyez arbre trijle. Jayet , pag. 54. Ixi.r media coccifers. Ilia pirns. fuppar ,fo- liis aquifolii , pag. 104. Hex aculeata cocci glandifera , ilex aquifo- liu , ilex coccigcra. chene vert lur lcqucl on trouve le kermes, p. 1^4. fa racine , fes tiges , fes feuilles , fes fieurs , fes fruits , 104. lncruftuiions tranfparentes, ebfervees dans une carrrcre de pierrc , p. 139 » *4°- J'l~ cruftations descanauxd'Arcucil , 140. Indigo. Voy. Jndigotier ,Anil. lndigotier , pag. 344 & fuiv. fa racine a fa tige, fes feuilles 3 344. fes fleuts, 344 ., 34j , 34*. climats ori on lc culnve c^ abondance , 345. produit laicnicnt dc bonnes graines en France, ?4?. com- ment on l'y cultive, 54*-. differens gen- res auxqucls on a rapporte cetce plante , 34f , 346. indigociei compart a Vime ai 34f J5*; TABLE ALPHABgTlQUE Infufion de Pagaric , p. 7c. infufions des plantcs purgatives , preTerables aux fucs ou'on tire des memes plantcs par expref- fion ou autrement, 77 , 181. infufion de fleurs de pecher , de rofes , fe confer- vent long-tems , & comment , ibid, infu- fion de chacril , fes effers ,181. Injeclions anatomiques , differentes rria- tieresqu'on y emploie, p. 474, 47 y. InfeBes qui travaillcnt la laque , p. 19 s & fuiv. autres infefles qui donnent la tcin- turc de pourpre , xoo, ioi & fuiv. in- fectedc la cochenillerenfledans 1'eau , & obferve taw a Peril nud qu'au microf- cope , 101. infeftes qui fe trouvent dans lacoquedu kermes, 104., zoy. dans des tetes de chardons , d'ambrettes , de ja- cees , 105. infe&e argente& brillant qui fe Ioge dans les livres , 131. infecte qui rongc la coine , l'ecaille, les cheveux , 151. Infition , efpece de greffc piatiquce fur I'homme par Taliacot , &c. fur la vigne, fur les coqs, p. 41 y. Intermedcs employes dans la diftillation de certains mixtes , leur ufage , p. 175 & fuiv. differens refulrats de leur difterente nature , 174. lnterftices des membranes du poumon , ef- pece de-petits refervoks d'air, p. 485. Inteftins , leur etat dans l'hydropifie tim- panite , p. 3 60. hemies faitcs par les dif- ferens inteftins , 363 ,' 364. inteftins d'une perfonne morte d'une difficulte abfolue d'avaler , 374 & fuiv. quels in- teftins onr des veines lactees, 393. intef- tins de perfonnes noyees ne contenant que peuou point d'eau , 40S , 4C9. intef- tins de quelques fetus monfttucux , 440 & fuiv. mouvement periftaltique des in- teftins ,493. decompofition des alimens dans les inteftins, 493. Ipecacuanha compare au chacril pourladyf- fenterie yp. i8y. Jupiter , comment on mcfure fa diftance a la terre , p. 44. K ,ali d'Alicante , p. 339. fel fixe ic cette plante , ; '9 & fuiv. racines , feuilles & fleuis de kali , 339. fon fruit, ; 3 9, 340. Rerm'es ou graine d'ec.nUtte , p. 196. ex- crefcencc ou efpece de galle d'un arbrif- feau , comment on en tire lateinture rouge ,p. zoo , 101. analyfedu kermes, fes principes chimiques compares a ceux de la foic platte , 101. fes ufages , zoi, ioj , 106. kermes decrit, temsoii on le recueille , & fur quel arbrifleaH , 104. conjectures fur fon origine , 104 , ioi>. maniere dc le preparer pour la tein- ture, 106. en quoi fa teinture differe cle celle de la cochcnille , lotf. Kinakina fpuria , falfa , mens , odorifera. Voyc2 chacril. Rifle ( portion de ) tirce du ventre d'un hydropique par la ponction , p. 394 Sf fuiv. refte de ce kifte obferve dans le ca- davre , 39 j , 39* conjectures fur fa for- mation , 395,396. Rnavel , plante commune en Pologne , pag. 201. Lj.ut manquant a une femme dans one groflcife extraordinaire,^. 3 es qui s'y ttouvent, 196 & fuiv. m- lectes microlcopiques trouves aulli parmi ces raatic.es, 19 6. laquede Madagalcar, IJ7. quelle eft la panic colorante de la laquc, 198. roamerc dont on en prepare la tcinture aux hides, 199. en Fiance pour ks maioquins, 199 analyfe de la, laqse , id :. laquc des pcintres , 10;. Larinx , lenlibilni dc la membrane interne, p. 40 f. contribue a la formation de la parole ,475. Lavandula latifolia, p. 91. aJiguftifolia, 9). Lavemens nournflans, p. 371, 591 & fuiv. lavemens de dirferens degres utdonncs par un Charlatan leurs divers effets dans line maladie , 378 , 379. iituation oii ll fant fe tenir pour retenii plus leng- tems les lavemens, 419. Lentijque \, infecte du ) , p. 10 1 . Lethargic , ou afloupiilemenc extraordi- naiic , comment guerie , p. 411 , 41 5. Leton , ne doit point etre employe dans ks bpites de boullole , p. J -. Levator patienti& , ou rekveur propfc dc l'omoplatc , p. 496. Levre qui ferine la bouche de la pinne ma- rine,/!. 147. kvrede laguepe , 301. Levres concourcnt avec les autrcs parties de la bouche a la fonclion dc parler,p. 47 1. Le^ardz deux queues, p. 1 ( j j M4- iezards auxqucls la queue coupec rcvicnt , 154. peau de la queue du lezard, 154. Lichen , plantc paralitc , lepre des arbres , * Licorne minerale de Gui de la Brolfc , pag. 110 , ti 3. pourquoi nominee par lui mere des turquoifes , p. 110. Lievre ou chat marin , foil accoupkraent , p. 107. Ligament du genou , p. y 13 , 514. Ligament mufculeux qui attachent le corps des nioulcs & des limacons a leur co- quilles, p. 13 3 & fuiv. . Li/ex aculeata cocci glandifera, p. zoo. Limacons , comment s'accroit leur coquille , mulclc qui attache le corps 1 la coquille , comment peut le dcplacet , p. 153. cloi- fons qui fe formenr dans la coquille du hniacoa lorlqu'il y refte long-tcms ren- fcrm^, 13*. Limaille de for emplpyc'e dans un enduu , p. 78. fcl vclatil tire dc la limaille dc Iter, 145. limaille de fcr imbibec d'eau a divcrfes fxiis , cc qui en arrive, ibid-. cfprit urincux qu'elk donne , 1 j8 , 1 79. limaille de fcr djuoutc par (.'efprh dc av- tre , apics l'avoir couvcrte d'huik , i 80 , 181. employee poiu rcvivificr lc mercik- rc, ;n. Liqueur venimcufc des guepes, p. 500. Liqueur contenue dans Tes enveloppcs d'un fetus mott & qui fembloit l'avoir preferve de la corruption, p. ',66. liqueur trou- vce dans ks vaiifeaux & les vcdcules d'une efpece de mole ou de placenta,; 69, . 370. liqueur fournicpai la mere au fetus , Liquidet , leurs mouvemens internes , pag. \\6 , 117. courans qui fubfiftent cnfcni- ble dans un mime lirjuide fans fe confoa- dre , 117,118. Lit en bitfic. Voy. laqut it Madagdfcar. Lividitc , fes caufes, p. 4; 1. LixivieU. Voy. felt fixes. Lobules des ppurnoris ,,/>. 477 . }8j (ifuiv. TABLE ALPHAB^TlQUE MJchdireA'tin poiffon dcslndes, compatee a une petrification trouve'e en France, p. 304, 30J , 30S. Mdchoire inferieurc, fes cartilages mobiles, Madrepores rrouvees dans la terre a Chau- mont pre'sGifors,.p. X7f. Magnitique , ( matiere ) fon mouvement obferve fur de la Hmaillc d'acier,/>. ^4. cbmment parte dansle fer, l'acier, J4& fuiv. Main, fesmufcles, p. J05. Mammelles , leur correfpondance avec la matrice, p. 3 J 6. lAammeloTt ou petite Eminence dans une bouclie fans Iangue, ;>. 470 if fuiv. rcm- pl.icanr la Iangue a certains egards, 471. Manganefe mife au nombre des fubftances metalliques , p. 158. Mania pumeram. Voy. Arbre trifle. Mars , comment on mefure fa diftance a la terre , p. 44. Mars (Tafran de ) ou colcothar,/*. ijj. Mafiication , comment cxecutce par une fille fans Iangue, p. 470 , 47 r. Matiere refraciive , fa hauteur , fa denfite" , P"8- 3- Matiere vifqueufe de la torpillc , fes vaif- feauY , fon ufage , p. 1 9 1 . Malrice , fetus humaiu place hors de la ma- trice,^. 365, 384. correfpondance entre la matrice & les mammelles , 365. effet fin"iilier de l'irritation de la matrice dans un accouchement extraordinaire, 369. experience pour reconnoitre fi la matrice eftrevetue d'une membrane al'interieur, 416. differentes opinions fur cc point, 41 6. communications de la matriee avec le placenta, 413 , 414. Matrices ( differentes ) oil fe trouvent en- gage's les acides dans les fcls concrecs, p. 174. matrices volatiles abforbenr plus d'a- cides que les matrices fixes ,17*. Mediaftin , fa fituation , p. 41 J , ^26. mem- branes dont il eft compofd, 41; , 416 , 478. Membrane interne de la veflie , rendue par parcelles aver les urines, p. 364, ?<>?• membrane cxtfne de la trompe de la matrice formant une poche & coutenant un fetus, 3 6j. membranes ou e^nveloppcs d'un fetus mort , leur grandeur , liqueur qu'elles contenoient , 36J, }66. mem- branes de l'eftomac de perfonnes empoi- fonuees par une racine veneneufe , 368. membrane interne de reftofnae ulcere ," 380, 3 8 r. membrane ou portion de kifte tiree du ventre d'un hydropique par la ponftion, 394 & fuiv. membranes trou- ve"es dans les yeux d'une femme a qui oa avoit fait l'operation de la cararaclc, 396. cc qu'on entend par une membrane, 416. membranes ou enveloppes du fetus, ce que e'eft que la membrane moyenne,4i8, 419 is fuiv. membranes qui component le mediaftin , 415, 41*. membranes dupla- ccnta formant des exomphales, 444 & fuiv. formant le cordon ombilical , 445. membranes du poumon, 47*, 477 is fuiv. pores ou interftices de ces membranes j 485. Mer a couvert toute la terre, p. 140. indi- ces de ce fait en divers endroits, 140,141, 174, 175 & fuiv. Met cure ne parte point au travels de la vef- fie,p. 11. mercure plus aifement dirtous pat 1'efprit de nitre que l'argent & lebif- mut, & pourquoi , 101. rapports dumer- cure avec differentes fubftances, iji. differentes maniercs de ie traiter pour fairc le fublime corrofif, iji & fuiv. comment on tire le mercure des mines d'Almaden, 309 & fuiv. maniere de re- connoitre (i une pierre contient du mer- cure, 311. mercure eft le principe des mineraux felon quelques chimiftes, 311. obfervations a ce fujet, 311. comment: on rire le Mercure de fa mine a Guanca- viflica dans le Perou ,311. aux mines du Frioul , 311. avantages de l'operation d'Almaden , 3 11. divers efFets du mercure des mines d'Almaden fur les gens qui rravaillent a ces mines , 407. mercure em- ploye a des injections anatomiques , in- conveniens de cct ufage, 475. hauteurs du mercure du barometre obfervees en differentes annees, fi7 b fuiv. Mercuriale ( deux efpeces de ) obfervees par M. Marchand,/!. )}6 & fuiv. leurs tr- ees, I'rurs racines, leurs fcuilles & leurs flcurs, 35(5, 357* 3/8- e» n"0' different ■ i l'une de l'autre, 3? 8. leur fiveur > 557, ;t8. Mefieque. Voyez Cocn:mL:. Metacarpe ( quatrieme os du ) mcbHs,pag. ■ *°5' CC' Metalliques ( matieres ) combinees en diffe- rentes proportions avec l'alun fans qu'oa ait pu en tirer de phofphore, p. Sf. rap- porrs des fubftances maalliques avec les acides, DES MATIERES. j«t acides, SC avcc chacun dcs trois acides Minium, forte dc cliaux mctalliquc ,p. ijtf. mine'raux, i ; i.cequ'on cntcnd pai fubf- combing avec lc fcl ammoniac domic dc tanccsmc'calliques, 158. lcur rapport avcc l'cfprit urineux , 160. lcs acides , ibid, lcur dillblution , vapcurs Mo'clle epiniere dun enfant ne fans ccrvcau, qui s'cxhalent de quelqucs-uncs, 17;; & p. 448,450. fuiv. maticrcs metalliques dans les picrres Moles , opinion fur la formation dcs fetus colorees, J.} 7. Mciaux , cc que e'eft que la deftniclion 8c la revivification dcs metaox &: dcs mine- raux , p. 3 1 9. Mid combine avcc Tallin pour faire du. pliofpliorc, p. 85. moyen d'cnipcchcr la trop grande ebullition dans lcs cuites de miel , 179. Mines Ac turquoifes enPerfe,/;. 108,109 monftrueux 8c dcs moles, p. 449. Monjlres plus communs , dit-on , en Afriquc qu'aillcurs & pourquoi , p. 178. agncau monftrucux, 414. fetus humain monf- trueux , 440. opinion fur la formation des mor.ftres, 441 , 449. fetus difFormc ou monftrucux , 441 ti fuiv. autre fttus monftrucux, 444,445. autre, 447 (/ fuiv. en France, 108, 110. Cxamcn dc la ma- Montague qui s'afFailfe fubitcment, p. 30. tiere dc ces mines, in & fuiv. mau- ftrutlure dcs montagncs & conjectures fur vaife mine de turquoifes expofee au feu , lcur formation , 140 , 141. ce quelle devient, 114. mine qui n'a pas Mart ( inftant de la) paroit etre divifiblc encore acquis toute fa confiftancc ou fa dans certains cas , p. ;«;. quelle eft la maturitc, 1 14. ccrtaines pierrcs trouvces veritable caufe de la mort des noyes , pres de la furface de la terre ont indique 408 , 409. des mines de turquoifes ,114. dans quels Mortiers a tirer les bombes , leurs defauts, tetreins fe font trotivees, 114, 115. dif ferentes vcines dans ces mines , 1 1 r, 1 1 6. comment on donnc la couleur bletie a cette matiere, 115 & fuiv. manicre d'ef- laycrdesmorceaux de mine de turquoilcs lans employer dc fourneau, ir. 29J. CE (Er iil unique dans tin fetus, p. 46S, 4*9 , difleque, 468 , 469. (Silletons ou yeux des branches des arbres fruiticrs , comment diftribues fur les diffe- rentes forres de branches, p. 327. (Efophage d'une perfonne morte pour avoir avale une arete , p. 37;. experiences pour^ fairc pallet' des Iiquides dans l'ccfophage par la voie duncz, 403 &fuiv. etat dc l'ccfophage dans les morts, 709 & fuiv. ctfophage gonfie d'air dans un agneau morc-ne , 424. (Suf( blanc d' ) feule matiere animale dont on n'ait pu tircr du phofphore, p. 8f. le jaune d'ecuf en a donne , ibid, petits ceufs qui fe trouvent dans la laque , 196. dans la coquc du kermes, ioj. ccuf de cou- Icuvre cafle pour obfervcr le fetus, lyo. rruf monftrucux trouve dans une poche attache au mefenterc d'une poule, i;2, 2J3, cxtlfs des guepes, 2.94, DES MATIERES. S'i 0, irCRjiXt compare a la rotulc, p. J14. OmbiitcaU , 1, artere ) fa fonclion , />. 370, 417 & fuiv. vcinc ouibilicale , fo, 417. & fuiv. ulcercs a la region ombilicalc , 378 & fuiv. hcrnics ombilicales adcpe- tits cliicns , )Sj. vaiflcaux ombilicaux manquanr , dit-on , a dcs rctus , 414. Omoplatc , fcs mufdcs principaux,p. 49 j, jci, J04 & fuiv. J09 & fuiv. comment attachcc aiufi que l'oshyoide, 509 . d^- crite , J I*, fert dc point d'appui a un grand nombrc de mufcles, 513. Ongles monftrucux, p. 41 ;. Opuntia major validijjimis uculeis munita. Voy. Figuierd'Inde. Or dilfous fill lequel on jcttc un pcu d'etain aulli dilious,/". 103. mines d'or en Euro- pe , 136. paillettes d'or dans plulieurs rivieres de France , 2.56, 166. tems & nianicie de les ramafler , 139. mercure employe a cela , 161.. fcuillcs d'or na- gent fur l'eau ainfi que la chaux d'or de 1'aricge. 161. forme & dimcnlions des paillettes d'or, i6\ , 168 pepites d'or natif du Perou pefant jufqu'a foixante- fix marcs , 164. filets d'or adherens a des fragmens depierre, 2.64. granites & talcs matrices de lor, 166. titre de 1'ov des paillettes trouvecs dans les rivieres auri- feres , 166. l'or fe trouve plus commu- nement dans les rivieres q'.ic I'argcnt, le plomb , le cuivre &: l'ciain , 166. four- ccs dcs paillettes d'or qu'entrainent les rivieres, 167. Orage accompagne de bcaucoup de grele , P- f 54- Oreillcues ( les deux ) du cceur du fetus lie faifant que commc unc fcule orcillctte, pug. 434. orcillcrte unique du caeur des poillons, dcs amphibics , 45 (. leur pre- mier dcveloppemeut d.ms 1c fetus, 465. Orifices de l'eltomac , leur fituation dans l'ctat nature!, p. 377, 41S, 419. Os petrifies font la miniere dcs turquoifes, p. 112 ii fuiv. os dc poillons dcs Indes petrifies trouves en Fiance, 304, 30c. os trouves dans unc ro.he, 306. effets du feu fur quelqucs-uns de ccs oifcmcns Si fur des os recens , 307. os cafles ou demis, machine fervant a les leduirc , 385 & fuiv. conditions ncccifaitcs pour la reunion dcs os callts, 587, 40;, mo- bile du metacarpc & fon niufclc, joj.os onr dcs points d'appui fermes , excep- tion a cct egard , 509. Ovipares microfcopiques, p. 135. Ours , combicn dc tems un ours rcAa en* fermc fans manger,/!. 1 94. jL ALAit contribuc a former la parole, p. 471. Panfe ou premier cftomac du becuf, pag. 495- Papier mouille compare au papier fee, p. S. 1c papier fee permeable a lair , p. 8, 9. non Ic papier mouille, ni liuile , p. 10. efpece de papier qui forme l'envcloppe dcs guepiers , 181, 28/ , 186. dc quoi compofc, 190. & fuiv. Papillons , d'oii viennent les belles coulcurS des ailcs de la plupart des papillons, p. iji. Paralyfie dcs fibres dc l'ellomac Sc des in- tcltins dans l'hydropific timpanite , p ag. 360. Paichemin permeable a fair, pourvu qu'U ne foit point mouille, p. 10. Parhelie , p. 534. Pariecaire abonde en fcl ammoniac,/". 177, infefte de la patietaire, ior. Purler, fille r.ee fans languc &: non privce de la faculte de parler, p. 470 & fuiv. petit garcon ayant perdu la languc & non la parole, 471, 471. parties qui concourcnt avee la languc & quclqucfois Jafupplcent pour 1'aCtion de parler, 471, 475. art dc fairc parler les mucts indi- quc par Amman ,4^3. Pafiel , comment donnc fon fcl volatil,^. 139. paful d'ecatlatte, 201. Pcau de la toi pille , p. 1 9 1 . de la queue du lezard, 154. dcs fangliers d'Afrique, 1--. moyen de confervcr la fraicheur dc la pcau , &: d'empecher les rides, 411,412. Pei.i-.er grclfc fur prunicr ou fur amandier, ufagc des flcurs &: dcs fcuilles du pecker dans la medecme , analyfe dcs flcurs, p. 76, 77. combicn un grosdc fel volatil dc flcuis de poller abforbe d'acides, 17^. pecher gr:ffc fur pecher , 51*. Pectoral , ( grand ) p. 518. Pege , huilc dc tcirc , p. 1 77 Pepites d'or nanf, p. '-»■{■ le" titre de for o'eft pas le nuine a diffcrens endroits dc la pipite, 167. B b b b ij 5« + TABLE AtPHABETIQUE Peritoini adherent a l'eftomac & aux mufcles de la region ombilicale , pag. 579. 3So & fuiv. Perks , art de faire les perks faufles, pag. 224 & fuiv. perlcs de la pinne marine , 147. fables fur la formation des perles , 147. font analogues aux autres pierrcs qui fe forment dans les animaux, 147. pa- roiiTent par leuts couleurs & leur fttuclu- re etre formees des mcmes fucs que la' aoquillc, au moins dans la pinne marine , 148 , 149. loupes de perles, 149,250. Penes de fang. Voy. hemorragie , perte dans une gtoflcfle a la fuite d'une chute , 368 & fuiv. Pericarde ,p. 416. fes attaches avec le fter- num, 417. Pefanteur de la cire blanche , de la cire jau- ne , de !a t^rebenthine, p. 10. Petrol, fes fingulieres propriety, p. 94 . \6%. Poujfet , matiere thee dc la coque de kcr- mes,j>. 106. Pouffieres qui colorent les ailes des papillons, leurs difFerentes formes , p. 13 1, 231. nominees plumes par quelques Autcurs , feroicnt mieux nommees ecailles , 1 5 1. Precipitation qui fuir la rencontre des va- peurs des acides & des alkalis volatils , p. 7S. precipitation du falpetre & de divers autrcs fels occafionnee par le fel de rar- ric, 109 & fuiv. differences entre cettc precipitation Sc les precipitations ordinai- res , no, in. precipitation du nitre oc- cafionnee par l'huile de tartre , circonftan- cc necefTaire pour que cctte precipitation aitlieu, 119, 11S cV fuiv. Projiales d'un homme mort dc retention d'urine, p. 397- Pfeudallanto'ides , membrane. Yoy. Moycn- ne. Pfeudonardus , p. 91. Puits , fujet a une efpece de flux & reflux , P- 59. Pylorc , fa valvule manque dans une per- fotuie morte d'une difficulte abfolue d'a- valer, /). 374. fa fituation dans l'etat na- turel, 377, 418, 419. eft favorable a la fortie des cliofes qui font dans l'efto- mac, maniere de favonfer. encore cette fortie, 419. Pyrites mifes au nombre des fubftanccs me- talliques , pag. 158. \Juruz double dans un lezard,/). 2r; , 254. queue coupce aux lezards & auxfer- pens fe reproduit felon Ariftoe, 154. s'eft reproduce dans un lezard verd, 154. Quinquina compare au cliacril , comment employe par M. Fagon ,p. 183, 184. R JlX^acines d'iris, de rlnibaibe combinees avee l'alun pour faire du phofphore, /». 8 6. racines d'une elpecede caiUe-lait, 310. du cieige epineux, 328,3 30. du lamium, 3 ; 7 &fuiv. de la cicutaria aquatica , fes eflets, 368. Rapports chymtques , p. 149 & fuiv. Raquette. Voyez Figuier d'Inde. rapports entre la raqu«tte & lc cierge epuieux , 33°. Rat d'Amctique , p. 154. fa nourriture en difFerentes faifons , doit ctrc long-tems fans manger , 194. Rayon rompu , quelle ligne il deceit, p. 3 , 4. rayons qui paflent du vide ou dun air fort rarcfic dans fair ordinaire , leurs in- fractions, 66 & fuiv. comment les rayons du foleil frappent & echaufFcnt l'atmof- pheie & la terre , 68 & fuiv. Refractions , maniere de les obferver , & methode pour les determiner d'apres quel- ques obfervations , p. 1 & fuiv. refrac- tion horifontale ,p. 3. celle de iodegre"s, ibid, irregularites des refractions, p. 4, 4f. rcTra&ion d'un rayon qui paffe du vide de la machine pneumatique dans fair, 66 &fuiv. refraction aftronomique, 67, 68. refractions horifontales varia- bles , une des caufes de leurs varietes , 74- Regalade ( boirc a la ) ou au galet , com- ment cettc maniere de boire s'execute,p. 433 . 439- Regule d'antimoine , fon rapport aveclc fcr, Partem , lc cuivre & le plomb, f. 151; Reins d'une perfonne morte d'une difficulte abfolue d'avaler , p. 374 & fuiv. Reproduction de la queue des lezards & des ferpens, p. 253, 2/4. Refeau ou membrane reticulaire du placenta, p. 417 b fuiv. dequoiparoit etrc forme, 418. fes ufages, 419, 422. refeau ob- ferve par Malpighi dans le poumon,477. 4S3. Ripne rendue en grande quantite par une planche de fapin, p. 57. corps gras, refi- neux , bitumincux , dillous par la cliaux , M7- Refpiration , dans quels cas les mufcles du bas-ventre y fervent le plus , p. 444. n'a pas lieu dans lc fetus , ce qui y fupple'e &: anime d'air le fang du fetus , 454 , 45 J , 463. efFets que l'air produic fur lc fang dans la refpiration ,487. Revivification du gypfe dans les cavernes d'Almafaron , p. 3 1 6. ce que e'eft que la revivification ou reproduction des mine- raux & des metaux ,319. Revolutions fpheriques & revolutions cylin-. driques des corps qui fe mcuvent dans un tourbillon d'eau, pag. 22, 2;, 24, if. revolutions d'apparition d'une etoile, re- volutions de cette etoile fur fon ate, 66. Rhin, riviere aurifcre, p. 256. Rhone, riviere aurifcre, p. 1/7. D E S M A T I E tt F. S. J*7 Rigole que forme la languc lorfqu'on parlc, pag. 471. mufclcs qui en formoient line pouv Ic mime nfagc & pour la fuclion dans unc Hllc fans langae, 471. 47 5- inflrumcnt pour fuppleer a cctte rigole dans Ics perfonncs mutilces dc la larguc , 47J- Rivieres aurifcrcs, pag. z$6&fiiv. 166. abondent en France plus qu'aillcurs , 2. ( S. il y a peu de rivieres qui donnent des paillettes d'argent, de plomb, d'etain , de cuivrc , 166. Roche fe derachanc d'un aireau , oflemens qu'clle renfermoit, p. J06. Rofes combinces avee Falun pour faire du phofpliore , pag. 86. couleurquc donnent Ics roles aux excremens d'un petit ver qui s'en nourrit, 101, 10;. Rotation du bras, fa mccaniquc , p. [Oi, 505 b fuiv. rotation dc la jambc flcchic , 511 & fuiv. Rotule , quelques-uns de fes ufages dans les mouvemens du genou ,p. j 14. comparee a Folecranc , ibid. Rouille de fer , fon fel alkali , p. 1 1 8 , I yj. Ruche, la laque paroit errc line forte dc ru- che conftruitc par des inlectcs, p. ijj & fuiv. S *J-iB£r(fufion du ) facilitee par la chaux.p. Ij7. fable qui fe trouve dans des minic- rcs dc Turquoifes immediatement fur la mine , 1 1 j. fables particulicrs avec lequel font melees les paillettes d'or des rivie- res auriferes , 164 , z68. conjectures fur leur origine, i6j. fable talqucux & jaune qu'on prend mal-i-propos pour dc For, 1.6$ , 166. fable pared a celui Jcs bords dc la mer , dans des carricres de gres , 175- Sab/er, manicre de boirc , comment s'exe- cute ,p.4ii , 4!'»- Sablon , mile avec Furinc ,p. 1 19. Safran dc mars , p. 1 ; 5 . Saignce , fon effet dans Ic traitcment d'une hemic , p. 3 64. mauvais fucces de la fai- gncc dans (in vomillcmcnt dc fang , ;66, J<7- Salat , riviere aurifcrc , p. 157. AW/cor,cfpecc dckali , /•. 541. Salive , adion.d'avaler la falivc , comment s'cxecutc ,p. 45 < & fuiv. abondance dc cctte humcur, 493. Salpetre ( voycz Nitre ) , conjectures fur la manicre dont il fe forme , p. 78. falpetrc mcle avec du phofpliore d'ajun en aug- mentc 1'efFet, 87. dilfolution du falpetrc dans Fcau comparee a cclle du fcl de tar- rrc, 98 & fuiv. conjecture fur la textuie du falpetrc , 99, ico. fa criftallifation aprcs qu'il a etc dilTous dans Fcau , puis evaporc, 101. la criltallifation lorfqu'il a etc mcle etant dilTous a unc diitoliuion dc fcl commun, 107. folution dc falpetrc 011 Fon ajoutc du fel de tartre , precipi- tation qui en relulte, 109 & fuiv. dans quel casl'huilc de tartre opere la precipi- tation du falpetrc , 1 1 6 , 118 6' fuiv. dans quel cas lc falpettc ainli pre:cipite n'eft plus rcdilfous ,111. falpetre dchouffage, 1 3 5 & fuiv. il n'y a point de mines dc falpetrc , il fe reproduit, i)j. origine du falpetre des Indcs & dc celui dc none Europe , 1 ;6. ne fc reproduit jamais dans destcrrcs qui ne font melees d'au- cunc matiere animale , ni vesjcrale, Ijtf & fuiv. cnquoi diftere du fcl ammoniac nitreux ,158. falpetre artificiel , de quoi compofc , 141 , 174. cc que e'eft que Ic falpetre, cc qu'il donnc pal ladiftillation , 141. fixation du lalpetre par les char- bons , 141 & fuiv. 174. alkali produic dans cctte operation, 141,14;. falpetrc tire dune preparation dc fublimc cor- rofif , 1 (4. falpetre plus abondant dans Ics plantcs que dans Ics animaux , & pour- quoi , 171 , 174. Sang combine avec I'alun pour faire du phofphorc , p. 85. couleur du fang vue au travers d'une matiere atgentee dans les poilfbns les fai: paroure dores, 13 r. quantite de fang perdue pat quelques perfonncs fans en mourir , 3 61. langcx- travafe , epanche dans les diderentes cavitcsdu corps ,}6i- fangvomien abon- dance .traitcment de cctte maladic, ;<6, 36-. lnltrumens pour fufpendre la cir- culation du ftng dans un membre pen- dant quelquc operation , 399 , 400. force qui poulfe le fang dans le fetus , 415 i> fuiv. a befoin d'etre anime par Fair pour circuler, 4546'/' comment Fair y arrive dans lc fetus , 45 y , 463. premiere direc- tion du mouvement du fang dans le fe- tus , 46 1. effets del'air fur le fang dans la refpiration , 487, 499 (ifuiv. effets du contact immWiat de Fait fur le fang , 487, 488 , 491. du fang des animaus morts dans la machine pneumatiquc, jSS TABLE ALPHABETIQUE 437. difference entre le fang arteriel&Ic fang veineux , 488 & fuiv. Sangfiers d'Afrique, />. 177- ., Sapin qui expofe au feu rend une quantite de refine, p. ?7- Saturne, ce quee'eft que fes bandes, p. 18. fon atmofphere, 19- f<"» anneau, *. 3 3 4. du lamium ,537. Serres des guepes , p. 2.81. leurs ufages, i%6 , 187 , 190 , 191 , 19; , 3d. paroif- fent dans le ver , 194. Scffion , fa mecanique, p. J04. Seve , union des (eves dans les greffes ,p. jiS. Scxuelles ( parties ) manquant a un fetus , p. 441 ,445. ccs parties manquant a un autre fetus ,445'. Silique c\ui renferme lesgraines dc I'indigo- tier ,p. 345 , 346. de Yemerus , 54*. Sirius , tentative pour mcfuier fa diftancc a la tcrre & fa grandeur , par M. Huy- ghens ,p. 44. par M. Caflim , 45 & fuiv. Solarium furiofum , pag. I7f. Soleil , fes taches , p. 6; 6" fuiv. leur fre- quence, leur grolfeur, leurnombre, Ieur mouvemenr, apparition f jbitc de quelqucs- unes, difparition de quclques autres au milieu du difque dc laftre , C4. ne di- minuentni 1'ecljr, ni la chaleur da foleil , Hid. cc qu'on doit penferdc 1'hyothefede M. de la Hire , ibid & fuiv. cxamen de 1'erFet dc la differente elevation du foleil furl'orifon en e^e 8c en liivcr , 6% & fuiv. de combicn cctte caufc contnbue a la clialeurdc I'e'tc, 71. le foleil nous donne moins dc lumiere en hiver qu'en cte ,71. Solftice , haureuc du foleil fur l'orifun au folftice d'drc & au folftice d'luvcr , dif- ference dc temperature qui en refulrc , p. 70. pourquoi les folftices ne (ont pas les cpoqucs dc la grandc chalcur m du plus grand froid ,71. Son , experiences pour en reconnoitre la nature , p. 3 3 & fuiv. n'eft pas lc meme dans tous les points d'un meme cylmdrc de bois , ou dune meme verge de fer , ibid, varie dans les pincettes felon qu'on les frappe fur lc plat ou fur la tranche, 3/, vatic dans la m'mc verge dc fer , felon le point par oii elle eft lufpcuduc, ibid. pourquoi s'amortic , 3 6. Sous-clavier , tifagc de cc mufclc dans les mouvemens dc laclaviculc ,p. 1 1 c , r 17. Sonde employee dans la compoiition du favon ,/'. 8r. fcl volatil tire de la foudc , 8 1. foudc, Voyez kali: foudc tirec dc di - verfes plantes, 339. qualites de la foude d'Alicante , arts pour lcfquels elle eft rc- chercb.ee , 541. Soufre ( cfpric de ) qui fermente avec l'eau , p. 78. foufrc qui s'cTcvc dans la prepa- ration du phofphore , 88. le foufre com- ni'jn ne donne point de phofphore , & pourquoi , 90. foufre combine avec lc fel de tartre , ce qu'on en tire» 144. 145. rapport du foufre communavec c]if- ferentes fubftanccs, iti. foufrc dilTout par lachaux, 157. foufrc mineral com- mun produit par une operation fur le tar- tre vitriole , i<5i. foufrc tire dc Yhepar fulphuris par le moyen duvinaigre dif- cilk:, 161, 163. magiftcre de foufre, 165. vapeur du foufie s'uni/Tanc a des fcls alkalis, & formant unc fleur faline , ibid, foufre forme par l'acide vitriolique & l'huilcde chaibon , 1 7 j. Sperma ceti , ce que e'eft ,p. irs. Spongia ramofa , fpongia fluvzatilis , p. 514. Spongieux ( corps) du cordon ombihcal , p. 417 , 418. corps fpongieux ou caver- neux faifant panic d'une petite anpendice an-dclTus de l'anus d'un fetus difterme , 443. corps ou tillu fpongieux du poumon, 481 Sffuiv. StalaBites ferrugineufes & criftallir.es , p* no , 171. Station , fa mecanique ,p. 501. Sublime corrofif prccipite en blanc par un fel moyen fort reilemblant au fcl com- mun , 1 3 1. fa formation cxphq . cost's - prcs la table de M. GeofFioi , 1 j 1. ma- ticrcs qu'on y emploie, S; cc qui en re- fulec , ibid. & juiv. Sues dc plantes purgatives tire's par expref- fionou auttement , moins cfficaccs oc plus fujets a s'alte'rer que les infufioos ,p. 77 , 181. fucs de la terre fubilfent de grands changemens en palfant dans les planres, & des plantes dans les animaux , 138, 159. fucs des plantes fcimcntesa difterens degres , 140 ,141- fucs done on a tire le C C C 6 TABLE ALPHABETIQUE 5?o fel cfl~entiel , n'ont pas Ics vcrrus dc la plante non plus que ce fcl , i S3. Cues des rofes verdis par ks alkalis , rougis par les acides, 101 , 103. fucs qui operent la di- geftion dans l'cftomac , dans ks inteftins , ■ 493- Sue criftallin ou pierreux cntrc en plus grandc ou moindre quantite dans toutes ks pierres , p. 138 , qucllcs font celks oil il eft le plusahondanr, 139. eftk piin- cipe de kur fulion, 1 ; 8, 1 ; 9. fucs qui tor- ment ks coquilks & ks perks, 148, 149. Sucre , moyen d'empecher la nop grande ebullition enkfaifant cuire,/\ 179. Suction , deux manieres dont elk s'execute , p. 43 1 & fuiv. ufage de la langue dans la fuction , 471. Suie inutile a la compofition du fcl ammo- niac, qui fe tiredel'utme bumaine,p. 1 ;o. fuie particulicre employee a la compofi- tion du fcl ammoniac ,134. Surf qui fe forme da.is la diifolution des nietaux , lorfqu'on y a mis de l'huilc, p. 179 &fiiv. Syphon, dans k pkin , p. 4. dans le vide, p. S ,6. T i. alc. Voyez Or. Taches da Coled , p. 63 &fuiv. V./o/t.'/. Tarire ( fel de) fermente avec difterens al- kalis , p. 78. volatilife , 79. par le phkg- me , Hid. & fuiv. taitrc calcine employ^ dans une compofition de favon , 8 1. huile difrillee de tartre adoucie par la cliaux , 81. diifolution dufeldc tartre dans 1'eau , comparee a celk du falpetre , 98 & fuiv. conjecture fur la textute du fcl de tartre qui explique pourquoil'eauk dilloutplus aifemchr & en plus giande quantite que les autres fels , 99 tjj'uiv. k fel de tartre na, fe criftalliie point apres avoir ete dil- fous , puis evapore, 101. ce que e'eftque Sile de tartre , Hid. effet du melange :ette huile avec les cfprits acides , 10 1, 101 ,10;. fel de tartte inis dans dc l'eau fotilce de falpetre , effet qu'il a produit , 109 , 110. dans ks folucioiis de divers autres fels avec lefqucls il ne fermente pas non plus , 1 10. le fel de tartre eft le pjus poreilx.de tousles fels lixiviels , III. eft une efpece de filtic pour l'eau dans kquclle eft ditfous un fel moyen ,113, 110. dans quels cas peuc prccipiter les felsinoyens, iij. . 319,3 30. temperatures des carrie- rs ou caves de 1'obfervat. 516,319, /J7. Terebenthine eft plus pefante que la cite , p. 10 , eft employee a la fallification de l'huile d'alpic, p. 93. inconveniens de l'liuile de terebenthine employee dans les vcrnis & dans les emaux , 9 5 > 94- Terres , comment fe chargent de nirre^ p. 1 36 & fuiv. qucllcs font les tcrrcs les plus propres a s'en chaiger, 1,7- fucs. de la tcire , changemeos qu'ils fubilleiic . D ES M A T I E R C S. S?< en palTant dans les plantcs , & dcs plantcs dandles animaux, 158, r;s>. lc nine tend les terres plus f condes, in. rap* port dcs terres abforbanus avee les aci- des , i?o, ifl, ■5<;- cerres abforbantes comparers a la cliaux, 1 5 6 , 157- ufage dcs intcrmedes tcrtcux dans ccrtaincs dif- tillations , 173. tencs auiif'crcs, 2.68. caufes qui contribucnt a la fcttilite dcs terres , ti8 , 519 i/fuiv. Terr; a fire , intcrmedc du fcl marin , pag. 1 ; 1. Terre Ugere dc I'urinc , p. I ; 0. Tiers dc pcrfonnes mortcs d'bydrocc'phale diflequccs , p. 599. tetc roonftrucufe &c fans ccrvcau dans un enfant ne vivant , 447 & fuiv. tetc manquant a un enfant & a un cliien , 451. rnecaoique du mou- vement par lequcl un hommc releve la tetc etant coucne, 519 , j 10. Te'te morte dc 1'urine dil tillcc , p. 1 3 0, con- tient du fc! marin,/.W. Tkermom'ctre. (obfervation du) ,p. 51S & fuiv. Tibia , fon articulation avec lc femur , p. fit, ji;. Tiges de deux efpeces de caillc-Iait , p. 310, 311. tiges de I'epongc de riviere, 311 , 32.Z. tige du cierge epineux , 318 , 3 19. du lamium, 3 36 , 357. Timpanhe ( hydropilie ) ■ crat de I'cftomic & Jcs inteftins dans cctte maladie , pour- quoi les malades ne peuvent rendrc de vents , p. 360. Tonncrrc , fes effcts fur un tronc d'arbre , p. 1. fur un fagot , p. 1. furies animaux, p. 1. tombe fur i+eglifes ouTon fonnoit a la meme licure , 61. fes effets furl'une dc cescglifes, 6) , furunhommc qui lur- vecut fept jours, 63. Torpille n'engourdit pas toujours , ni dc la meme maniere , p. 185, 186. comment on prcvoit le moment oil ellc vacngour- dir , 187. mufcles qui opcrent cct erFet, 1 87. leur aclion fe tranfmct a la main dc cel'ii qui la touche avee un baton , mais fort affoiblie, p. 190. etfet de cctte action fur un canard ,191. torpilles d'A- meriquc , 191. la' torpille mortc n'a plus d'aiition , fa cliair n'eft pas bicn bonne , le foie eft le mcilleur morccau , 191. raatiere vifqucufe de la torpille, fes vaif- -feaux , fon ufage, 191. Tortue ( am dc la ) , p ■ 4(5. refeau ob- ferve dans le poumon dc la tortue , 477- (fracture du poumon de la tottne , 485 , 484. Tou !>:!!on form.! pir M. Saultnon , expe- riences faites avec ce touibillon a: p. 11. & fuiv. differcii Ion & dc celui dc M. Hu;, gliens , p. 13. experiences faites avec d:s corps dc di- verfes formes & d'incgalc pcfautcui a la : dc ce tourbillon , p. 13. cntrc deux caux ,p. 14. au fond da vafc , p. 16 & fuiv. maniere de former ce tourbillon , & circonftances a obferver fuivant Icbut qu'on fc piopole, 11. fes divcrfes for- mes , p. 15. fa force contrc les bords du vafc , 17. Tourniquc: employe" en cliirurgic dans les amputations , p . 399 ,400. Toux , quel eft le liege de la toux , p. 40?. toux caufec par des portions d'alimens, dcs gouttcs dc liqueurs rouibccs dans la glone, 4-r,4jj. True/tees ( efpeces dc marques dc ) dans un petit vcraquatique , p. 193. Trachie-artere , fa lituaiion , fa Jivifion en deux bronclics , fes cartilages Si fes mem- branes, p. 417, 418. fes fibres, 476 , 479 , 4S4. fes ramifications , 47a , 477 , 481. Tranfpiration , moyendc I'empecher au vi- fage pour qu'il nes'y faile point dc ndcs, p. 411,411. Trapeze, fa fiiuation & fes effcts, p. 49; , JOJ , )07. Trituration , s'll fe fait unc trituration dcs alimens dans I'cftomac dc l'bommc , pag. 491. dans I'cftomac du biruf , 494- veri- table ttituration dansl'cftomac , ou ge:lier dcs oifeaux, 494. contie lc fyllemc de la trituration, 49 r. 7Vom;>edesguepes. Voy. bouche. Trou ovale dans lc cccur du fetus , qucftion fur le callage du fang dans cc trou , p. 4S4&ftiv. fa valvule ou membrane val- vifoinic, 4J4. lc trouovaleS: fa valvule obferves & demontres dans dcs cccurs humains, dans lc cccur du veau, 4f <•■ dans celui-d'un petit chat, 457. manquant daiis un fetus, 458. ufjges du trou ovale iclon M. Rouhauc, 4*1 , nix. diminuc, puis fc fcrmc , 4'- "• Tu'oc'cules ulceres daos I'cftomac & dans Pare du colon , p- 3S0 , 58 1. Tumcurs vcmeulcs , leur formation , pag. 3«i. turaeut furvenue vers lc nombril a uuclcmmc giollcdont lc fetus ctoit lion Cccc lj TABLE ALPHABETIQUE de lamatrice, 31:5. tumeur fquirreiric qui produifit des ulceres fiftuleux, 5 7 ^ bjuiv. cbfervee dans le cadavre , ; 80 & fuiv. tumeiirocca(!onnee|pailaherniedeve(Tic, 3 jo. tiimcur au bras occafionnce par un cftbr; 591. ceq-i'cllcconrenoit, 391, 591. Turquoifes de Perfe & de France , p. 108 & fuiv. qualites Si couleurs de differemcs turquoifes, 108. leur valeur , 108. la rurqumfe eft opaque , felon quelquts- uns , c'eft le bo ea , & felon d'autres , le Calais de Pline , 107. turquoifes de vieiljc- roclic & de ncuvtlle roche en Petfc , 109. ce que lignifient ces noms & ccux de Turquoifes Oiienrale ou Occidental en langue de Joaillier ,110. mines de qui portent la nourriture aux parties du corps , 464. dilatation & developpcment fuccertif des vailfeaux du fetus , 463 & fuiv. dirferentes matieres employees a in- jecfer les vailfeaux fanguins pour les de- montrer, 474,476. vailfeaux fanguins du poumon , 477 , 484, 485. gaine que leur forme la membrane interne du pou- mon , 478 , 479. moyen de decouvrir tous les vailfeaux du poumon , 484. ille- gality des deux efpeces de vailfeaux de tout le corps , 486 & fuiv. du poumon , 486 & fuiv. 490 & fuiv. vaifleaux fau- guins de tout le corps divifes en deux ordres ou fyftemes , confideres cliacun comme un fcul vaiifeau , 489 & fuiv. turquoifes en France, no. fubftance des Valvule du pylore manquant dans une per- * r. /• • \>r : ' c. j- j.o:-..i..i „ur~t..„ j*^ . turquoifes, 1 1 1 & fuiv. defaut impute aux turquoifes de France , ce qui 1'indi- •que, 114. dans quels terreins fe tiouvent les mines de turquoifes de France ,114, a 15. comment fe colorent les turquoifes , iil.in, 115 & fuiv. comment fe d<<- colorent , 117, ill. turquoifcs toilers par faction du feu, 117. origine de la couleur bleue que le feu developpe dans laturquoife, 117, 118 , 119 & fuiv, tur- quoifes qui nc fe colorent point au feu, 119. turquoifes qui fe colorent incgalc- ment , 119. tcntatives pour rendre la couleur bleue aux turquoifes qui font perdue , I'll, condition qui paioit necef- faire pour que des os puillent devenir tur- quoifes, 307. osdedifferens animaux de- venus egalemenr rurquoifes , 307. Tuy ux aifez lelfemblans a des racines at- fonne mortc d'une dirficulte abfolue d'a- valcr, p. 374 & fuiv. valvule du cacum ou de Bauhin, fa fonftion , 391. valvule du golier , foil jeu dans les differentes ma- nieres dc boil e ,431 & fuiv. dans faction d'avalei la falive , 43? & fuiv. valvule d'Euftacliiusdans laveine-cave inferieurc, 451 & fuiv. comment il faut la chercher , 453. dans quels fi.jets fe trouve , 463. fontlions attributes a cette valvule, 454, 4 j j. obferv^e dans qutlques fujets rela- tivement a l'etat du trou ovale, 4J6. cfpece de valvule du trou ovale , 454 & fuiv fonftions des valvules en general „ 457. de la valvule ou membiane valvi- forme du trou ovale, 438 ,4?9- feschan- gemens de forme dans la lyftole & la diaftole des oreillettes, felon M. Vicuf- fens, 45 9 > 4^°- tachees a une come de bceuf qui avoit Vapeurs de l'atmofplicre , combicn nirer- feiourne' en terte,/> ifo, 151. tuyaux ceptent de lumieie , rendent inegalcs les deveis niarins dans des catrieresdc Fran- refractions lionfontales , p. 74- vapeurs che-Comt^, 173. des acidcs & des alkalis volatils fomicnt V une funu-e fenfible en fe icncontrant , 78 vapeurs qui s'elevent quelcjucfois des dilfolution chimiques , moyens d'empe- cher ces exhalaifons , 176 & fuiv. va- peurs des mines dc mercure, vapeurs des lieux foutcrreins en genial , 406 , 407. Vif-c'.aks ( matieres ) combinees avec l'alun pour faire du phofpbore , p. %} £) Juiv. falpetre qu'ellcs donneiit 135 , I3<, 1 j 8 , 174. leuis fels alkalis volarils , 138. leurs acides, i}8 , 139. leurs fels con- crets, 174. n'ont pas plus d'acides que les matieres animales , quoiqu'clles les donne.i: pour la plupart plus aifcnietvt, i78.aboudent en fels fixes, 495- y AissE.iux s.ihguws obferves dans les cadavres de perfonucs mottcs d'iiif- morragie, p. }6i , 3*3. amas dc vail- feaux fanguins & de veiicules foimant des grapes, ford au lieu de fetus dans une fiuffe-couche, 369 is fuiv. vailfeaux ombilicaiix , 4x7 , 418 ,421 , 412. vaif- feai x du placenta, 417 & fuiv. diftnbu- tion dc ces vaiffeai x , 41 9 , 421 6' fuiv. ces vailfeaux injectcs , 411 , 412. vaif- ftaux d'un fetus dirfoi me , 441. d'un au- tre qui n'avoit point de trou ovale , 458. quels font proprement les vailfeaux DES MATIERES. J73 Visitations chymiqucs nc fc font point fans nitre , pag. 139. vegetation appa- rente fur unc corne dc bccuf qui avoit fejourne dans la teire, p. 1 jo , x ji. Veines tie maricrc hcterogene dans certai- ncs picrres , />. 2 5 1 , 2 5 2. trois foi tcs dc veines dans lcs mines de Cinnabrc d'AI- madcn , 509. veincsde pierres de la Mon- tague d'AImafaion , 3 1 r , j 16 Veines , leur force de contraction comparcc a cellc des arteres , p. 362. fang rrouvc dans lesveines dc pcrfonnes moires d'he- morragie , 362. pctitcs veincs remplics d'air dansccs cadavres , 561 , 363. veinc ombilicale, 370. veines lattees, dansqucls inteftins fe trouvcnt , 393. veincs mefa- raiqucs communiquant avec les gros in- teftins ,3?i- capacitc de la vcine ombi- licale & fa fonition, 4 iS. vcine ombilica- le injecTxe, 41 r , 411. comment fe forme ccttcveine, 413. fa communication avec laveine-cave du fetus , 463 , 463. capa- city dc toutcs les veines du corps humain comparee a cellc des arteres , 486 d'fuiv. Vcine -cave inferieure , valvule qu'on y rrouve dans lcs enfans , p. 353 & Juiv. veinc-cave du fetus , fa communication avec la veineombilicale, 4*;, 465. Veinc-porte fait office d'artere a I'cgaid du foie , pag. 467. fon premier developpe- nient anteiieur a cclui des autres veincs , 468. Vents Jominans dans certaines annees , pag. J2.6 cV fuiv. efFets du vent pat rapport a lachaleur, 517. & aux difFercntes tem- peratures, y;o & fuiv. vent modifie par les terrcs fur lefquelles ll pairc, f jr. for- te de vent augmentee par les nuages , J j J. vents oppofes f.iulHant en meme terns, 335. vents qui paroi/lcnt clever ou abailtei ratmofphere, 5-37, 538. vents qui ont regnc Joifque le barometre a etc a (es plus grandes & fes moindrcs hau- teurs, J37 & Juiv. Vents qui forten: du corps humain , par quel mccanifme font challes , p. 5 60. Venue ( bas-) dcuue de peau & de mufclcs dans un fetus, 441. dans quels cas lcs mufcles du basventre fervent le plus a la xefpiration , 444. precautions que prend M. V/milou daus les maladies du bas- ventre, ( ic. Ventricule. Voyez Ejlomac. les deux ven- triculcs du cccur du fetus nc fajfaut que eommc un fcul vcnuicule, 4J4. ventri- cule unique du cccur des poiffons, des amphibics , 4 5 5 . ventriculcs du cccur d'un fetus qui n'avoit point dc trou ovale , 4 j 8. ventricule droit du coeur dun hom- mc moit dans les convuHions, 76. ind- gale capacitc1 des deux ventriculcs du coeur, 486 , 491. Ver ( petit ) aquatiquc decrit, pag. 19X £• fuiv. fes anneaux, fes difFercntes fortes dc nieuvemcns piogrcffifs , 192, 193. portion nngulicre de fes jambes , 192. comment fc nourrit , 19X , i9j.fabou- che , ijx, J93. ver qui donne unc tein- t lire rouge, 201 , 202. ver qui s'attaclie aux rofes rouges , couleur dc fes cxcic- mens , 202 , 103. Vers , ufage des fleurs de pcchcrs«onrrc lcs vers des enfans, p. yt, 77. vers rendus dans unc maladie contagicufe, 368. Vers dc terrc combines avec l'alun pourfai- re du pliofphore, p. 83. vers qui don- nent une teinture rouge, 101 , 202. vers des guepes, coinmenr nourris par les me res guepes & par les mulcts, 294, 295. pcuvent etrc nourris dans leurs cellules fans le fecours des guepes, 291. bouchent leurs cellules pour le meramorphofer,29f. fe metamorpliofcnt en D.y raphes, puis ea guepes, 293 . tires en automnc par les gue- pes, 300, 301. Vers -de- gris , couleur qu'il donne a la flammc.p. 21S. precautions ncccifaires pour ccla ,219. Vermilion , p. 204. Vernis , choix des huilcs qu'on y employe , p. 9 2 4V. fuiv. Veficules du placenta obfervces dans le pro- duit d'une faulfe couclie , p. 5S9 & Juiv. c:at des vcticules des poumOBS dans 1c fe- tus, 463. cc que e'eft, felon M. Helve- tius , qu'on appelle communcment vcli- cules du poumon,4So, 481 is fuiv. Vejfie permeable a l'air, a 1'eau, mais non an mercure, p. 10 &fuiv. dcdoublemcnt de la membrane interne dc la veiric,3«4, 3^5 , communications foupconnecs eir.re la veffie 8c 1'cftomac, 367, 3 68. hernies de veflic, 590, 591. vcflic d'un hommc mort dc retention d'urinc, 397. manque dans un fetus, 442. double dans un fe- tus qui avoit une exomphale, 446. pe:i- tes vcflies ou hydacides dans une chair qui for.noit le fommcc dc la tctc dun en- fant monftrueux, 44S, 431. veffic du pou- rnon de la toituc Jc de la gxcucuilc ,4,-'. • . TABLE ALPHABET I QUE 574 Vibrations tctales du corps frappe nc conf- ticucnt pas le Ion , p. 34. mais dctetmi- ncnt Ic ton , 3 6. Vije , ce qui s'y palfc a I'egard des fyphons, p. j , *. refraction des rayons qui partem du vide dans l'air, 66 & fuiv. vide arti- ficiel , paroit etre encore eloignc de la fubtilite de la matiere etheiee , 68. Vinaigre diftiile employe pour difToudrei'a- satic , p. 76. vinaigre employe dans un enduit, 78. parquets moyens on en peut ti- rer du fcl alkali, 141. vinaigre diftiile employ^ a precipiter le loufre de I'hcpar fulphuris dnfous par l'eau , 161, 165. effets du vinaigre diftiile (ur les rurquoi- fe's de France , 111. fur cciles de Perfe , in. 'Violette; ( teintute de ) verdies par un fel moyen reffemblant au fel commun,f<2g. Hi- Vifage , moyen d'y conferver la fraicheur de la jeunefle, p. 411. Vifceres , examen des vifceres de quclqucs fetus monftrueux , p. 440 & fuiv. Vitriol combine avec diftcrentes matieres , au lieu d'alun n'a poinr doling de phof- pliore comme en donne l'alun, pag. %6. apparencc de vitriol dans des dillolutions de fer par I'eau-forcc 5: l'efprit de nitre , indice de la prefence des acides vitrioli- ques dans ces liqueurs, 146 & fuiv. fel volatil tire du vitriol de Venus, 148. & du caput mortuum de tous les vitriols, ibid, efpece de fel ammoniac dans le vi- triol, 149. vitriol employe dans la com- polition du fuhlimc, 151. acide du vi- triol combine avee le fel de tartre, com- ment peut en etre enfuke fepare , 1 60 & fuiv. manierc de tircr l'acide vitrioliquc du tartre vitriole par la poudre de char- bon , 174. cc qui refulte de ['union de cet acide avccl'huile du chaibon , 174, 175. Vivipares microfcopiques , p. ijj. poiifon vivipare , 178. Vlccre catcinomateux & fiftuleux a l'efto- rr.ac , &c. p . 578 & fuiv. obferve dans lecadavre, ;So & fuiv. Voix ( extinction de ) periodique enfuite d'un- fracture du bras , p. 411. Volatil (fcl) tire de i'agaric , p. 76. alkalis volatils fermentent avec le fel de rartre, 78. rencontre des acides & des alkalis vo- latils dans l'air fuivie d'une precipitation, ibid, fel volatil de l'urine humamc, 118, fjo. employe' a faire du fel ammoniac , ' 130,131 tous les volatils combines avec les acides mineraux , 131. moyen de dc- gager les fcls volatils de leur huile feti- de, 13;. fel volatil mele avec l'efprit de nitre , fcl concret qui en refulte , 138. fel volatil du piftel, 139. fel volatil fcmble exifter dans quelques matieres metalliqucs , 140. fels voiaals tires du falpetre combine avec le charbon , 14; , 144. des fleuis de foufre combinecs avec le fel de tartre, 144, 145. vailetes entie les differens fels volatils , 145. fels vola- tils tires d'une folution de fer combim'e avec l'huile de tartre , 14*, 147. du vi- triol de Venus & du caput mortuum de tous les vitriols, 148. de la limaille d'a- cier , ibid, quelle peut etre l'ongine du fcl volatil obtcnu par ces operations, 148, 149. efprit ou fel volatil urineux tire du fel ammom'ac par la chaux, 156, 1J7. principes volatils, & volatils en differens degres dans un mememixte, 173. alka- lis volatils plus volatils que les acides , 17;, 176. matrices volatiles abforbenc plus d'acides que les matrices fixes , I7<>. dans quels cas le feu pent ou nc peut pas fublimcr en forme feche certains fcls volatils dilfous dans l'eau, 178. efprit volatil qui fe trouve dans l'efprit acidc riue de la laque en batons, 100. fel vo- latil tire du kermes, ioi , 106. fel volatil abonde dans les matieres animates, 495.. Volatilifation des fcls fixes des plantes , p. 79 & fuiv. volatilifation vraie ou appa- rente des fcls fixes, 146 & fuiv. Volatilite inegale des deux principes qui compofent le fel ammoniac, p. 173. aci- des ont difk'rcnsdegrds de volatilite, 174, 175. volatilite des alkalis volatils, 175 , 176. du fcl ammoniac comparee a cellc de fes deux principes, ft. de fon alkali comparee a celle de l'eau & de l'efprit dc vin, de differens fels compare a cclledc l'eau , ibid. Vomijfement de fang, comment gain, pag. 366 , 367. vomiucment d'urinc , 367. vomiffemens occafionnes par une arete avalee, 371 & 37s.. vomillemens occa- fionnes par une tumeur fquirreufe a I'ef- tomac , 378 & fuiv. a quelle occalion s'arreterent , 3*3. vomiffemens occafion- nes par differentes fortes de hernies, !<>o, " 391. comment s'opere le vomifiement, pourquoi il n'entre rien dans la tracliee do* matieres qu'on vomit , 410. DES MATIERES. 575 Uretrc ( e"tat de 1' ) dans an Iiommc more d'une retention d'urinc , 397. Urine { fcl d' ) fermente avee lc fel dc tnr- trc, /». 78. urines putrefices puis diltiiiccs apris avoir iti lefltvccs & cvaporccs, ii>. combinec avee l'alun pour fairc du phof- phorc, 8f & 87. cxamen de 1'urinc ha- mainc, 118. moyen d'en rircr du fel am- moniac , 118 & fuiv. efFct du fcl matin mele al'unne, 118. diftillation dc ce me- lange, 1 18. urine concenrree par la gclee, izj. cntre dans la fabrique de l'alun , 148, 149. urines arretees par des par- ccllcs dctachtcs de la membrane interne dc la vcltie, puis enttainant ces parcelles au dehors, 364, 36 y. urines rendues par le vomiirement , 3*7. fuppteffion d'uiine, caufe accidentclle de la hemic de vellie, jpo.obfervationsfaitcs fur lc cadavred'un honiinc mort d'une retention d'urine,397. Urineux ( fcls ) des plantes, p. ijj, 141. efptit volatil urineux tire dun melange dc falpetre & de charbon , 143 , 144. du fel de tartre combine avee les ficurs de foufrc, 144, 14y.de la limaille defer chargee d'eau, 141. d'une dillolution de fet par l'efprit de nitre combine avee l'huile de tartte, 146, 147. d'un melan- ge d'alun &: dc fcl dc tame , 148. du fc! ammoniac , par lc moyen de !a chaux , 1 j , 41 1. Vulve qui fcrt d'anus a un enfant de fept ans, p. jij. £ zvx auxqucls on avoit fait l'opcration dc lacataracte, diflequcs, p. 39*. accidens fingulicrs des yeux a la fuite d'une chute & d'une inciiion au vifage, 397. JLjafri , mines qui le donucnt , fon ufa.« ge , 110, m. Zinc, demi-mital, p. irS, Fin dc la Table des Matures. L'Approbarion & le Privilege du Roi fe tronveiu au volume precedent. .9, s v \ N '■ N * s. !> /~\ - &0~ ij^/u-n ch-.u/ rarhe Fnm^vwe '/>„, .IKT/.T. -:^§. ,' ■ : ^ ' . . 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