S. Hees enfemble. M. Petit le Medecin a voulu approfondir ce fujet plus que Ton n'a fait jufqu'a prefent, & il le traite par un ail'ez grand nombre d'ex- periences , dont nous ne rapporterons que les principals , celles qui demanderont le moins de diicuffion , & qui concluront le plus fenli- blemenr. Dans des folutions de fels ou de metaux , on voit des bulles d'air se- lever du fond de la liqueur jufqu'au haut , chargees de particules falines on metalliques. Quand elles font arrivees en haut, elles s'uniffent a l'air exterieur, & ces particules qu'elles avoient enlevees avec elles retombent. Comme elles font fpecifiquement plus pefantes que l'air , il ne pent les enlever qu'en s'attachant a elles avec une certaine force , & de maniere que le tout qu'il formera avec chacune d'elles foit plus leger que la liqueur qu'il traverfera en montant. II faut que dans ce petit tout la quantite d'air foit d'un plus grand volume que la particule faline ou metallique, autre- nient il ne feroit pas affcz leger. Done la particule qui s'enleve n'eft pas attachee a tout l'air qui l'enleve , done elle tend par fon poids a feparer les parties auxquelles elle tient , d'avec celles auxquelles elle ne tient pas , & puifqu'elle ne les fepare pas les lines des autres, elles ont done enfem- ble une certaine union qui prevaut fur cet eifort. Voila une preuve aflez manifefte, & de l'adherence des parties de l'air entr'elles, & de leur ad- herence a des corps etrangers. Cette mechanique tres-fimple etant concue, il eft aife d'imaginer les va- rietes qui arriveront an mouvement des bulles d'air chargees de particules plus pefantes. Quelquefois la bulle n'ira pas jufqu'au haut , elle abandon- nera en chemin fa particule, qui fe precipitera aulli-tof, quelquefois meme chargee d'une particule trop pefante , elle n'aura pu du tout s'elever , c& on verra une bulle d'air au fond du vaiffeau fans favoir ce qui l'y re- tient, &c. On imaginera bien auffi qu'il doit naitre beaucoup de varictes de la difference des corps mis dans l'eau, fur-tout a l'egard de la grolleur des bulles. Les plus groffes peuvent avoir prcs de deux lignes de diame- tre , & il eft a remarquer que quand elles vont jufques-la, ou en appro- chent, elles font allongees de haut en bas, parce que la pefanteur de la particule etrangere apu alterer un peu fenfiblement leur figure ronde. Mais nous laiflbns tout ce detail. M. Petit a obferve dans fes experiences que les bulles d'air , qui font fur les miftaux ou mineraux, font principalement fur les endroits oil les furfaces ne font pas polies. L'air s'eft mieux attache aux endroits raboteux, qui lui donnoient plus de prife, il s'eft cantonne dans des cavites , & de plus l'eau oil ces corps font plonges chaffe par fon mouvement du deffus des furfaces polies l'air peu adherent qui s'y pouvoit trouver , & le pouffe dans des endroits oil il en rencontre d'autre qui l'arrete , & auquel il s'unit. C'eft-la ce qui forme les bulles les plus vitibles, & e'eft une fuite de l'adherence de l'air. Quelques Phyficiens ont dit que les corps qui tombent dans l'eau, y Y S I Q U E. DE L'ACAD^MIE ROYALE DES SCIENCES. j cntrainent de l'air •, cela eft vrai, mais il n'y a point de proportion entre la ! f>ctite quantite d'air que ces corps entralnent avcc eux, & la groffcur & p a quantite de bulles qui selevent de l'eau, en laiflant tomber de fort haut " une ballc de plomb dans un baffin d'eau ; cc n'eft point l'air attache a ces Annie lj%l* corps qui produit ces grotTes bulles , en voici la caufe : i°. ces corps, plus ils tombent de haut, plus en frappant rudement la fuperficie de l'eau, ils la font jaillir avec force vers les cotes du vafe •, & l'eau ainfi ecartee forme une elpece d'arc ou de voute qui enveloppe d'autant plus d'air que Tare eft. grand. 2°. Cet air enveloppe forme plulieurs bulles plus ou moins grolfes, proportionnement au volume des corps qui font tombes dans l'eau : les plus petites les fuivent plus profondement dans l'eau, & les plus grolfes s'elevent avec plus de vitelfe a la fuperficie de l'eau. 3°. Ce qui prouve que ces bulles lont produites par l'eau ecartee qui enveloppe beau- coup d'air, en revenant fur elle-meme , e'eft que li on laifle tomber ces corps doucement & tres-prcs de la hiperficie de l'eau, il ne s'eleve que Feu ou point de bulles. 4°. Ce qui acheve de demontrer que ce n'ell point air adherent aux corps qu'on laifTe tomber dans l'eau, ou celui qu'ils en- tralnent, qui produit ces grotTes bulles, e'eft que (i Ton mouille ces corps & que par ce moyen on chaiTe tout l'air qui y eft adherent, avant de les Liider tomber dans l'eau , ils ne laiftl-nt pas de produire la meme quantite de bulles qu'ils out produite, etant fees, fuivant les differentes hauteurs qu'on les lame tomber. L'aiguille qui le foutient fur l'eau, quoique le fer ou acier foit pres de Imit fois plus pefant que l'eau, eft un fait tres-connu, dont la caufe eft d'un cote l'adherence des parties de l'eau entr'elles, qui empeche l'aiguille de les divifer , de l'autre l'adherence de quelques parties d'air a l'aiguille , telle que cette aiguille ne pofe fur l'eau que par le milieu de fi partie inferieure, & eft du refte comme portee dans une petite gondole d'air. Cela eft li vrai ; que l'aiguille tombera des qu'on retranchera l'une ou l'au- tre de ces deux circonftances , foit en chauftant l'eau , ce qui diminuera l'adherence de fes parties entr'elles , foit en mouillant l'aiguille , ce qui en- levera l'air qui s'y etoit attache , ou empechera qu'il ne s'y en attache de nouveau, ou enfin mettra de l'eau plus pefante que l'air a la meme place ou il y eut en de l'air, & rendra le tout plus pefant. Cette experience a ete poulKe plus loin. Des feuilles de difFerens me- taux, tres-minces, & d'une alfez grande fuperficie, fe foutiennent fur l'eau, & li Ton veut qu'elles s'enfoncent , il faut les charger de qu?lque poids; elles en portent louvent plus qu'on n'auroit cru. II vient d'abord dans l'efprit, qua caufe de la grandeur de leur furface par rapport a leur pen de pefanteur, un trop grand nombre de parties d'eau rellftent en meme temps a fe laiffer divifer ; mais li cela etoit, pourquoi ces meines feuilles, mifes au fond de l'eau, remonteroient-elles aufli-tot , en furmontant cette meme reliftance de l'eau a fa divilion , que rien ne les oblige a furmon- ter, puilqu'au contraire leur propre pefanteur, & celle de toute l'eau qu'el- les portent, ne tendent qua les tenir ou elles etoient ? II eft neceiTaire qu'il y ait en elles un principe de legerete par rapport a l'eau dont elles doivent vaiucre l'oppolition, & ce pruicipe ne peut etre que l'air qui leux A ij + ABREGE DES MiMOIRES = eft adherent en line quantite d'autant plus grande qu'elles ont plus de Physique, furfece. M. Petit s'en eft affure par un moyen fort bmple. II lui a fuffi de chif- Annie 1731- former ces feuilles entre fes doigts pour diniinuer leur furface, & elles ne fe font plus foutenues fur l'eau. II ne taut pas omettre que quand on a charge de quelque poids line feuille de metal qu'on a mife au fond de l'eau-, & qu'on a voulu empe- cher de remonter , comrae on a place naturellement ce poids au milieu de la furface de la feuille , on trouve que fes coins fe font releves , parce qu'ils ont ete plus libres que le milieu d'obeir a l'effort que faifoit la feuille entiere pour monter. M. de Reaumur a fait le premier cette obfervation, & l'a indiquee a M. Petit qui 1'a bien repetee. Voila done l'adherence de l'air aux corps folides affez prouvee. On fait que les liquides en font pleins, mais on peut ne pas (avoir combien il y eft adherent, & combien il eft difficile , oil peut-etre impoiTible de l'en tirer. Quand on a mis de l'eau froide dans la machine Pneumatique , & qu'on n'a encore fait le vuide qua moitie , on voir des bulles d'air sele- ver du fond de l'eau jufqu'a fa furface oil elles fe difllpent, cela fe paffe fans beaucoup d'effervefcence , & continue jufqu'a ce que le vuide foit entierement fait, aprcs quoi il ne monte plus de Dulles , oil trcs-peu , quel-: que temps que l'eau refte dans la machine. Mais u on en retire cette meme eau, & que Ton y remette aprcs l'avoir fait un peu chauffer, on la voit fe rarefier a mefure que lJon pompe l'air, il fort des bulles beaucoup plus groffes que dans la premiere experience, & il fe fait une efTervefcence plus grande que celle qui leroit caufee par le plus grand feu. Elle diminue a mefure que l'eau fe refroidit , & ne ceffe que quand elle eft entierement froide. II eft deja forti de la meme eau bien de l'air, & ce 11'eft pas a beau- coup pres tout ce qu'elle en contenoit. II n'y a qu'a la faire chauffer une feconde fois, mais un peu plus que la premiere, & on en tirera autant d'air qu'on en avoit deja tire. Elle eerie de faire efTervefcence, des qu'elle n'eft pas plus chaude qu'elle ne l'etoit la premiere fois au temps de fa grande effervefcence. On peut continuer ce manege tant qu'on vou- dra , pourvu qu'on mette toujours l'eau plus chaude. II y a a cela un terme , qui eft celui de la plus grande chaleur poffible de l'eau , ap- paremment paffe ce terme on n'en tireroit plus d'air , mais n'y en refte- roit-il plus? Quoi qu'il en foit, il paroit par ces experiences que l'air a differents degres d'adherence avec l'eau oil il eft enveloppd, que plus elle eft rare- fiee par la chaleur, &, comme difent les Chimiftes, ouverte, plus il s'en echappe d'air, parce que les degres de cette adherence ne viennent a ce- der que les uns aprcs les autres , les plus forts aprcs les plus foibles. L'air mouille done les corps a fa maniere , comme fait l'eau. D'ail- leurs les eftets de l'adherence que les parties des liqueurs ont entr'elles , lui font communs avec ces liqueurs. Ses bulles on gouttes afferent la figure ronde, & des que deux bulles fe touchent, elles s'uniffent. Que lui man- que-t-il pour etre un parfait Jiquide ? 11 eft fi repandu par-tout, qu'une DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 1 plus grande connoiffance dc fa nature, promct ncccffairement de nouvcaux avantages a la Phyiique. (a) Physique Annie ij^t M Sur le nouveau Thermometre. [Onsieur de Reaumur a voulu favoir, fi an haut du tuyau du ther- mometre, on laiffera de l'air naturel, & tel qu'il etoit au temps de la conflrudion , on h on le rarehera autant qu'il fera poflible. Si c'eft. le premier, lorfque l'air renferme, & l'efprit-de-vin recevront l'impreffion du chaud exterieur, ils tendront en meme temps a fe dilater. Outre que la liqueur n'aura plus fon mouvement libre, &: marquera mal Its degres, cet effort petit etre tel qu'il caffera la boule du Thermometre fur Iaquelle il s'exerce. Si c'eft le fecond , l'air contenu dans l'efprit-de-vin , car toutes les liqueurs en contiennent, n'etant plus comprime par le poids de l'air du haut du tube s'echappera & s'elevera dans cette efpece de vuide ; on ne fait s'il ne petit pas s'y en amaffer aifez pour former un volume d'air , egal a peu pres en quantite & en qualite a l'air naturel qu'on auroit lailis dans le premier cas, & li par confequent il n'y auroit pas les memes in- conveniens a en craindre. II y a plus, Iorfqu'on prend le parti de ce fecond cas, on fait chauffer la liqueur en conftruifant le Thermometre, arm quelle s'eleve jufqu'au bout du tuyau, ou bien pres, apres quoi on le fcelle promptement, & par ce moyen on ne peut y renfermer qu'un air extremement rarefie. Mais M. de Reaumur a obferve que les Thermometres ainfi conftruits fe riennent plus haut que ceux fur lefquels on les avoit regies, avant qu'on les Icellat. A la verite , ces Thermometres deranges fe remettent d'eux- memes avec le temps, il y a meme des moyens de leur aider, mais ils ne fe remettent pas parfaitcment. M. de Reaumur prouve que cet effet vient de l'air contenu dans la liqueur, & qui par la chaleur quelle a prife au temps de la conftrudion , s'eft degage de fes parties, aufquelles il etoit inrimement uni, moyennant quoi il s'eft trouve en ctat de fe rareher affez pour augmenter fenliblement le volume de l'efprit-de-vin. Nous expli- querons plus particulierement dans la fuite tout ce qui appartient a cet air contenu dans la liqueur , & aprcs cela differemment modihe. Cette obfervation n'empecneroit peut-etre pas que le parti moyen que nousavions propofe pour l'air du haut du tube ne fubiiftat. On ne chauf- feroit la liqueur que mediocrement en conftruifant le Thermometre , les inconveniens feroient legers , & la Phylique qui ne pent jamais etre fi exa&e , feroit affez en droit de les negliger. Mais M. de Reaumur a concu le deffein hardi & prefque temeraire d'oter abfolument ces in- conveniens. (a) On a re'efi'ement de'eouvert depuis ce temps deux propriete's de l'air. L'une depouvoir tenir de 1'eau en veritable diflblution ; l'autre de le combiner chimiquement avec les corps, & de former avec eux des mixtes qui aicnt des propriety COIlftantes 6; caiactiriliuiues. Voyez Us nom/elUs Ruhcnhes fur l'air fixe, ou jixi. 6 ABRiGE DES M^MOIRES mi II feroit execute, fi l'on pouvoit tirer de l'efprit-de-vin du Thermo- Physique raetre tolIt lair I11'1 contient' car alors on ne craindroit Plus que f»™ar- 'che ne fut troublee par cet air qui vient a s'en degager en certain temps, Annie i~3t- h qualite de la liqueur feroit toujours la meme, le haut du tube demeu- reroit, ou prefqu'abfolument vuide, ou rempli feulement de telle quan- tity d'air naturel qu'on voudroit. Mais toutes les experiences nous appren- ncnt qu'il eft impoflible de tirer dune liqueur tout 1'air quelle contient. II n'y a que trois caufes qui le faffent fortir des liqueurs, la diminution du poids de l'Atmofphere qui preifoit fur elles , line grande chaleur , un grand froid j cette demiere caufe, moins frappante que les deux autres,fe manifefte bien fenfibletnent dans la glace, par les groffes bulks d'air qui s'y forment. Mais il eft ties-certain qu'aucune des trois ne tire enticrement tout 1'air. Une reflexion fur le fujet prefent fait voir que ce mal n'en eft pas un. II s'agit de Thermometres , d'inftrumens qui mefurent les degres de chaud & de froid de 1'air que nous refpirons fur la terre, & non pas les degres de chaud & de froid de mercure ou de Saturne. M. de Reau- mur a penfe que li , comme il etoit ties- apparent, la chaleur faifoit fortir d'une liqueur, d'autant plus d'air quelle etoit plus grande, il y avoit un certain point au-delh duquel une chaleur determinee n'en feroit plus for- tir, quoiqu'il en reftat, & que quand tout 1'air que cette chaleur pou- voit tirer d'une liqueur , en feroit forti de maniere a n'y pouvoir ren- tier , il n'etoit plus poffible qu'une chaleur moins forte tirat aucun air de cette liqueur. Certainement , il s'en faut beaucoup que notre air ne foit jamais, ni en aucun climat, audi echauffe qu'il pent l'etre par l'eau bouillante , & par confeqnent li on a tire d'un efpiit-de-vin , par une cha- leur approchante, tout fair qu'il aura pu lui donner, cet efprit fera defor- mais a l'epreuve de toutes les chalenrs des Pays les plus chauds , on aura line furete plus que fiiffii.itite. L'experience s'eft parfaitement accordee aux vues de M. de Reaumur. La boule d'un Thermometre etant plongee dans l'eau bouillante, & l'ef- prit-de-vin s'etant eleve jufqu'au h.ut du tube, il a fcelle le tube avec de la cire , & enfuite l'a couche prefqu'horilontalement , afin que 1'air, dont la partie conliderablement la plus grande etoit contenue dans la liqueur de la boule , s'echappat avec plus de facilite. II s'eft forme en eftet une groffe bulle d'air au haut de la boule. M. de Reaumur a remis fon Thermometre dans la liiuation verticale & ordinaire ', alors la bulle de la boule s'eft elevee le long du tube , & en a gagne le haut qui a ete def- celle pour la laiifer fortir. Aufli-tot on a remis le Thermometre dans de l'eau qu'on a fait chauffer jufqu'a bouillir, & on l'a refcelle pour recom- mencer la meme operation, car il la faut recommencer, & plufieurs fois, toujours de la meme facon, pour tirer toujours de nouvel air de la li- queur. Les bulles d'air du haut de la boule, qui diminuent de groffeur dans les operations fucceffives, promettent que 1'air ne fera pas inepuifa- ble. Cette diminution eft fenfible , tantot des les premieres operations , tantot plus tard , mais elle va toujours en aiigmentant , & enfin apres un nombre d'operations , qui va au plus jufqu'4 10 , & eft fouvent moindre, DE L'ACAD^MIE ROYALE DES SCIENCES. 7 la liqueur eft enticement epuifee d'air, c'eft-a-dire, de cclui qu'elle pent"**" " donncr par la chaleur de lean bouillante. On a beau laifler apres la der- Physique. nicre operation le Thermo metre couche horifontnbment, il ne fe forme plus de bulle d'air dans la boule. Le Thermometre conftruit a demeure, -dnnc'e tjjz. & nedcvantplusetre defcelle.a ete fcelle a la lampe,aulieu qu'il nel'etoit dans les operations preparatoires qu'avec de la cire qu'on otoit facilement. Enfuite il a donne lieu a deux obfervations importantes : 1 ". Le Thermometre a efprit de vin purge d'air a ete conforme dans famarche a d'autres Thermometres bien regies, mais dont l'efprit de vin, Je meme en qualite, etoit charge d'air autant qu'il pouvoit l'etre. De-la il fuit, contre l'opinion de plufieurs habiies Phyficiens, que l'air contenu dans l'efprit de vin, & par confequent, felon toutes les apparences, celui des autres liqueurs, ne contribue point a leur dilatabilite, du moins fen- fiblenient, car s'll y contribuoit, il eft clair qu'un Thermometre a efprit de vin , purge d'air, ne fe feroit pas tant cleve que les autres par un meme degre de chaleur. ^ 2°. Quoique par les operations fuccefllves qui ont purge on efprit de vin, il en foit forti line grande quantite d'air, & telle qu'en f.iifant une fomme de tons les degies que cet air degage a occupes au haut dutuyau, on trouve quejqucfois jufqu'a 54 degres, cependant le Thermometre etant conftruit , & s'ctant mis au degre que ltd donnoit la chaleur de l'air exte- rieur, il n'a ete que de ^ de degre plus bas, que li l'efprit de vin n'avoit pas etc purge. Cela paroit contraire a ce qui vient d'etre dit , car enfin l'efprit de vin purge d'air etoit done plus bas, moins dilate, quoique de fort pen, & pr confequent l'air qu'il avoit perdu , l'auroit rendu plus dilatable. Voici le denouement de la difficulte, qui nous jette dans une conlide- ration , ou plutot dans une fuite de conliderations phyhques affez curieufes. Le fait eft conftant qu'il y a de l'air dans toutes les liqueurs , elles en exhalent toutes dans la Machine Pneumatique, & on ne les en epuife ja- mais entierement. M. Mariotte a obferve qu'elles ont une grande facilite a en reprendre, & a s'en charger de nouveau autant qu'il eft pofTIble. Cependant il y a peu d'affinite a certains egards enrre ces deux fubftan- ces, l'air Sc une liqueur quelconque. L'air fe laiife aifement comprimer par les poids, & a proportion des poids, du moins dans les experiences que nous pouvons faire, & il fe dilate a proportion de ce qu'il eft fou- lage de cette predion. II fe dilate auffi par le chaud, & fe condenfe par le troid. On a eprouve que l'eau eft abfolument incomprefflble par les poids, elle patlera plutot en vapeur par les pores d'un vale de metal 011 elle fera enfermee, que de fe laifler comprimer par de violents coups de marteau , qui feront des enfoncements au vafe , & en diminueront la ca- pacite interieure. Cette eau qui ne s'eft pas lahTee comprimer, avoit pour- tant beaucoup d'air, & de-la il fuit que l'air mele dans les liqueurs y perd fa propriete d'etre compreffible par les poids, car ce que nous avons dit de l'eau, il le fa ut entendre des liqueurs en general qui contiennent tou- jours beaucoup d'eau, & pent-cue ne font liqueurs que parce qu'elles en contiennent. 8 ABREGEDESMEMOIRES ' " il y a cependant des cas ou l'air des liqueurs eft compreiTIble. Quand P y s i Q V £.M. de Reaumur, au moyen de L'eau bouillante, avoit epuife d'air, autant qu'il fe pouvoit, l'efprit de vin de fon Thermometre, le Thermometre Annce 1731- defcelle & ouvert a l'air exterieur, dcfcendoit auffitot de quelques degres, fans que ce mouvement put etre attribue a la temperature d'air que cet Inftrument doit marquer. Nous obferverons meme, en paffant, qu'il ne falloit ouvrir le Thermometre qu'en failant 1111 petit trou a la cire qui le fcelloit , fans quoi l'irruption de l'air exterieur auroit ete trop brufque & trop impetueufe , & meme en ne defcellant qu'avec la precaution mar- quee, on voyoit encore des efpeces de vibrations de la liqueur, qui re- poulfee d'abord trop bas , remontoit enfuite conime par line vertu de reffort, & venoit en fin a s'arreter a un certain point. Aifuremtnt ce n'e - • toit pas dans cette experience l'efprit de vin qui fe comprimoit par 1'cn- trec de fair exterieur dans le tube , il falloit que ce flit de l'air rarefie contenu dans cet elprit. L'air des liqueurs y eft done en deux etats difierens , dans l'un il eft in- compreffible,dans l'autre, capable de compreflion. II eft naturel & meme neceflaire de concevoir que Iorfqu'il eft incompreflible , il eft uni a la liqueur le plus etroitement qu'il fe puiffe, & que quand il eft capable de compreflion , il en eft a demi degage, fans avoir pu en fortir, & en effet il n'eft en cet etat que par line grande clialeur. Si dans le premier etat il ne fait rien a la compreflibilite des liqueurs , il ne fait rien 11011 plus a leur dilatabilite. L'eau fe dilate independammenr de l'air, parce que fes parties deviennent plus tames, s'ecartent davantage les unes des autres , & fe repandent dans un plus grand efpace •, ce font-li les vapeurs, les brouillards, & cela n'empeche pouitant pas que l'air, qu'il n'eft pas pollible de tirer entierement de l'eau, n'ait pu contribuer a la dilater. Pour l'efprit de vin qu'on aura purge de tout fair qui en peut fortir par l'eau bouillante, il ne fe dilatera plus a toute autre chaleur moin- dre que par fa partie huileufe & fpiritueufe , qui de fa nature eft fufcep- tible d'extenfion. Peut-etre aufli fr partie aqueufe, car il n'eft pas d'une fubftance homogene, comme l'eau, contribue-t-elle de quelque chofe aux gran des dilatations. La diftin&ion des deux etats de l'air dans les liqueurs donne l'explica- tion de la difliculte qui avoit ete propofee. Mais cette explication elle- meme en demande d'autres. Comment fair eft-il devenu incompreffible dans une liqueur; Ses differentes parties, qui y feront femees comme on voiidra , y ont toujours un certain volume , & tons ces volumes y font condenfes au point de ne pouvoir plus l'etre davantage, quelle force a ete aflez puiflante pour les condenfera ce point- la? nous n'en connoiifons aucune qui foit a beaucoup pies capable de cet eftet. II fliftic qu'une li- queur foit preTentee a l'air, elle le prend, s'en imbibe fans aucune vio- lence & tres natureliemenr. Tout ceci, qui a paru aux Phyficiens d'une difliculte effrayante, M. de Reaumur a tro-.ive moyen de le ramener a des idees li Iimples & il familieres , qu'on fera peut-etre etonne de l'embarras qu'on s'etoit fait. Une liqueur prend fair, comme une petite languetce de drap prend & boit DE L'ACADJ-MIK ROYALE DES SCIENCES. § boit feau oil elle trempe par un bout. L'air niouille par la premiere fur face de la liqueur s'incorpore avec elle, il n'a plus que le mouvement de P H y s I Q u E. liquidite quelle a, & par ce mouvement celui qui etoit a la premiere llir- face eft porte ailleurs, s'enfonce, (1 Ton veut, dans la liqueur, & il arrive ■"MKe I73t' a cette lurface fuperieure de nouvel air qui fe mouille pareillement de la liqueur, s'y mele, & toujours ainli de fuite jufqu'a ce quelle en ait bu tout ce qu'elle en peut boirc. Tons les interftices que lailfoient entr'elles les parties proprcs de l'air fe rempliflent de la liqueur, & par confequent le volume de l'air n'en eft pas augments. C'eft ain!i que le volume d'une eponge ne l'eft pas, quoi- qu'a compter tout ce quelle a pris d'eau dans toutes fes cellules, il fe trouvat quelle en a pris un volume beaucoup plus grand que celui de fa nutierc propre. Puifque du papier mouille perd fonreffort, & a tel point qu'il ne peut plus porter (on propre poids , on concevra fans peine que l'air mouille perd auffi fon reffort, & qu'alors par confequent il n'eft plus ni compref- iiblc , ni dilatable. Mais il peut fe fecher , c'eft- a-dire qu'il peut etre tire des interftices de cette liqueur oil il s'eft infinite, 5c cela arrive foit lorfque la compreffion de l'air exterieur devenue moindre, le tient moins renfer- me dans la liqueur , foit lorfqu'il furvient une chaleur qui agitant plus vivement les particules oil la liqueur & l'air font unis occalionne leur fepara- tion , foit au contraire lorfque le froid rapprochant davantage les lines des au- trcs les parties propres de la liqueur, en chaffe & en exprime celles de l'air. De ccs trois cas celui de la chaleur eft le feul auquel il faille avoir egard en fait de Thermometres, car leur liqueur ne gele pas, & on a pris fes precautions contre les variations du poids de 1'Atmoiphere. Quand la chaleur n'a degage qua demi l'air de l'efprit-de-vin , on concoit naturelle- nient qu'il fe trouve alors dans toute cette liqueur une infinite de petites bulles d'air femees de toutes parts, qui n'en fortent point, parce qu'ellesj ne font pas encore alfez agitees , parce qu'elles n'ont pas la force de vain- cre la retiftance du liquide , &c. C'eft dans ce cas-la principalement ou arrivent les Phenomenes qui pouvoient embarrafler. Nous avons vu que quand M. de Reaumur a voulu purger d'air un efprit-dc-vin autant qu'il pouvoit l'etre par l'eau bouillante , il en avoit tire par toutes fes operations fucceffives jufqu'a 54 degres , ces degres etant de 1'etendue de ceux du tube du Thermometre, & que cependant le Thermometre conftruit ne s'etoit trouve que de ^ de degre plus bas qu'il n'eiit cte i'ans cette conftrucHon particuliere. Le rapport de 54 a - etant celui de 116 a 1 , le volume de la liqueur n'a done par l'extraction de l'air ete diminue que de ~. C'eft La meme chofe que li d'une eponge bien imbibee d'eau, Sc qui reprefente ici l'air, on en retranchoit par la penfee toute fa fubftance propre , certainement le volume d'eau reftant leroit prefqu'egal a ce qu'etoit le tout auparavant. II iiiit de-la , non que l'air fut 116 fois plus condenfe dans l'efprit-de-vin que dans l'etat oii nous le refpirons , mais que d'un volume total de 2 1 7 parties , l'air en occu- poit fculement 1 , & l'efprit-de-vin 116. Tome VII. Panic Franpoifc. B I0 abr£ge-desmemoires< ! M. de Reaumur ne pretend pas avoir encore epuife ce fujet, 8c en ft» v « to n s epuile-ton jamais quelqu'un? 11 pretend feulement que quand on voudra j,- « u -j^^jyje pius iom> fes nouveaux Thermometres fe^ trouveront heureule- Annc'e 1731. merit fort propres aux experiences qui pourront y etre neceilaires. Pour revenir a la conftruction de ces Thermometres , d ou nous nous iommes un pen ecartes par des confiderations incidentes, M. de Reaumur avertit que quand on veut purger d'air l'efprit-da-vin , on n'eft pas abfo- lument oblige de paffer par le grand nombre d'operations , qui l'en pur- geroient entierement. Ce n'eft pas que ce grand nombre doive faire rant de peur , ni qu'il demande tant de temps qu'on croiroit d'abord , M. de Reaumur le fait voir, mais un moindre nombre fufrira, & le pen dair qui reftera dans l'efprit-de-vin , ne iera pas capable de troubler jamais la marche fenliblement. Sur quelqucs Experiences de VAimant. Ilift. \^J Ans un troifieme Memoire fur l'aimant, par M. duFay,il s'agit de deux queftions. j°. Dans un meme aimant un pole a-t-il conftamment plus dfe vertu attractive que I'autre ? i°. Une plus grande verm attractive n'emporte-t-elle pas la vertu de foutenir un plus grand poids ? Nousavons deja dit en 1730 que M. duFay n'admet qn'un courant de la matiere magnetique , qui enlre dans la terre , comme en tout autre ai- mant , par le Nord , & en fort par le Sud pour rentrer par le Nord , & par confequent le pole boreal eft toujours le pole d'entre'e , & l'auftral tou- jours le pole dejbrtie , ce qui determine nettement les denominations des deux poles , independamment de toute autre confederation , qui pourroit y mettre de l'equivoque. On a cru , apres Defcartes, que le pole boreal d'un aimant avoit plus de vertu attractive que I'autre, & cela parce qu'il etoit plus proche du pole boreal du monde, raifon qui paroit alfez legere, Quoique M. du Fay l'eut combattue en 1750 par une experience qui pou- voit fuffire, il n'a pas voulu s'en tenir la , car le fait pouvoit etre vrai , & avoir une autre caufe. II etoit important de favoir li les deux poles d'un aimant font inegaux en vertu. On auroit peut-etre de la peine a croire combien il ftit difficile d'ima- giner des experiences qui menaffent furement a une conclusion. Enfin aprcs avoir remedie a tous les inconveniens qui fe prefentoient, & apporte les attentions les plus fcrupuleufes , M. du Fay en approchant par degres exactement mefures un meme aimant de deux aiguilles aimantees routes, pareilles , a la longueur pres , qui etoit de 6 polices dans L'une , & de 4 dans I'autre, trouva toujours que le pole d'entree de l'aimant place fuc- ceffivement a la meme diftance de l'une & de I'autre aiguille en attiroit plus fortement le bout , ou lui faifoit decrire un plus grand arc de cercle que ne faifoit le pole de fortie, quand c'stoit a U plus Ipngue aiguille DE L'ACADiMIE ROYALE DES SCIENCES, if qu'on prefentoit l'aimant ; & qu'au contraire quand c'etoit a la plus courte , le pole de fortic etoit le plus fort. A toutcs lcs difierentes diftances >&Physique, mime avee pluheurs aimants differents, les effets fuivoient la meme regie. On a dit en 1730, pourquoi dans l'hypothefe d'un feul courant de la Annie IJS1- matiere magnetique , le pole de fortie d'un aimant doit natureliement etre le plus fort. Je dis naturelkment , car un aimant peut etre inegalement aimant en fes differentes parties , il en aura de plus terreftres , de moins difpofees a laiffer paffer librement la matiere magnetique. Si un aimant avoit agi de la meme maniere fur les deux aiguilles , h fon pole d'entree avoit ete le plus fort a legard des deux , on auroit pu croire que le vice ctoit en lui, que fa conftitution particuliere tranfpofoit Tinegalite naturelle de fes poles-, mais il agiffoit fur la petite aiguille comme il le devoit, le vice n'etoit done ni en lui, ni dans la petite aiguille, mais dans la grande, & cela eft d'autant plus certain qu'avec des aimans differens , c'etoit encore la meme chofe. II fuit dela que les deux bouts d'une aiguille aimantee, &, ce qui revient au meme, les deux poles d'un aimant pouvantetre plus forts oil plus foibles par eux-memes, & independamment de leur direc- tion vers le Nord ou vers le Sud , il n'eft pas pofilble de rien etablir de general, ni de certain fur ce fujet. Dans le cours des experiences, dont nous avons rapporte le refultat; M. du Fay obferva qua mefure qu'il approchoit d'une aiguille , qui tour- noit fur fon pivot , la pierre d'aimant , cette aiguille toujours plus attiree decrivoit un plus grand arc de cercle aflez proportionne d'abord aux dif- ferentes diftances de l'aimant, mais qu'enfuite cet arc devenoit tout d'un coup beaucoup plus grand qu'il n'eut du etre felon cette proportion , apres quoi le mouvement de l'aiguille fe remettoit affez dans la propor- tion jufqu'i la fin. Pourquoi ce faut brufque de l'aiguille vers le milieu de fon mouvement ? cela vient de la differente polition de l'aiguille a l'egard du tourbillon de l'aimant. D'abord l'aimant etant eloigne , le tourbillon n'atteignoit l'aiguille qu'au milieu de fa longueur, & la moitie de cette longueur. etoit le bras de levier par lequel agiffoit la vertu attractive de l'aimant. Ce bras changeoit pen , s'allongeoit peu pendant un temps. Mais l'aimant etant beaucoup plus proche, & le bout de l'aiguille fort enfonc6 dans le tourbillon , tout d'un coup le bras de levier etoit prefque toute la longueur de l'aiguille , & par confequent Taction de la vertu attractive en etoit fubitement & tres-confiderablement fortifiee, & apres cela elle ne pouvoit plus letre de la meme maniere. Ce qui confirme bien cette ex- plication, e'eft que cette irregularite apparente n'etoit bien marquee que dans les longues aiguilles qui pouvoient fournir des bras de levier fort feniiblement inegaux. Lorfqu'on a aimante une aiguille ou une lame d'acier, en la paffint fur une pierre d'aimant, & qu'on lui a donne les deux differens poles felon le fens dont on l'a paffee , il n'y a qui la paffer fur la meme pierre une feconde fois en fens contraire , le pole qui etoit d'entree devient auffi-tot celui de fortie. Par cette operation, M. du Fay a en beau changer & rechangex les poles d'une lame, le meme bout qui s'etoit Bij ii ABRKGE DES MEMOIRES ^^^™^^^^ trouve line fois avoir plus de vertu attractive , la confervoit toujoiirs , & Physique.3 Peu Pr" dans 'a m^me proportion , foit qu'il hit pole d'entree on de ' fortie, foit, ce qui eft la raerae chofe , qu'il fe dirigeat au Nord oil ail Annie IJ7^ Slid. C'etoit done uniquement quelque difpofition interieure de cette lame qui donnoit plus de vertu a l'un de fes bouts , & , ce qui le prouve en- core , il fe trouvoit d'autres lames toutes pareilles , dont les deux bouts n'avoient point cette inegalite de vertu. II eft fort naturel de croire qu'une plus grande vertu attractive eft liee avec celle de foutenir un plus grand poids, ou plutot que ces deux vertus ne font que la meme-, car pourquoi un aimant (outient-il un poids qui de lui-mtme tomberoit, fi ce n'eft parce qu'il l'attire, & fe l'attache par cette attraction; & ne fe i'attache-t-il pas davantage, ou, ce qui revient au me- me, ne doit-il pas foutenir un plus grand poids, a proportion que cette attraction eft plus forte? cependant les experiences de M. du Fay lui ont appris que le pole qui attiroit de plus loin n'etoit pas toujours celui qui levoit le plus grand poids. II en a ete furpris d'abord, & a ceffe de l'etre en y penfant un peu. Un tourbillon magnetique eft compofe de petits torrens, de filets, qui agirlent & felon leur quantite plus ou moins grande, & felon qu'ils font plus ou moins ferres les uns contre les autres. C'eft par line plus grande quantite precifement qu'ils foutiennent un plus grand poids, c'eft par line plus grande union qu'ils attirent de plus loin. On voit affez ce qui refulte de cette diftinction. La nature en fait bien faire line infinite d'autres & de plus fixes, dont notre raifon ne s'aviie point fi elle n'eft avertie par les faits , & dont elle ne s'avife pas tou- jours meme etant avertie. Autres Expediences fur V 'Aimant. Par M. li M o n n i e r. Hift. ^^ i le conferitement unanime des Philofophes fiiffifoit pour etablir quel- que chofe en Phyfique , il feroit bien fur que la matiere magnetique tra- verfe l'Aimant, le Fer & l'Acier avec plus de facilite que tons les autres corps, & qu'elle forme autour de l'Aimant un tourbillon, qui tout an moins eft (imple , c'eft- a-dire, tel que cette matiere n'entre que par un pole de l'Aimant , & ne fort que par l'oppofe. Nous avons explique cette derniere hipothefe d'aprcs M. du Fay en 1728 & 1730. Mais les Philo- fophes eux-memes trouvent bon que leur confentement n'etabliffe rien, & ils font les premiers a renverfer tout ce qui n'eft pas inebranlable. M. de .Reaumur avoit de)a marque des doutes fur le premier des deux points que nous venons de rapporter, M. le Monnier en avoit eu audi, il s'y eft confirme par des experiences, & il a vu en meme temps que le fecond point pouvoit etre attaque. Nous ne rapporterons que les princi- pals de ces experiences , ou elles conclurront affez , ou elles mettront affez fur la voie ceux qui voudront aller plus loin. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. I; Tout le monde fait que quand on a feme an hafard de !a limaille de: Fer fur une feuille de papier, fur un carton , fur line glace, enfin fur uiiPhysique, corps affez mince que ce foit, 11 on approche de ce corps en derlous line Pierre d'Aimant, toute la limaille le met en mouvcment, & s'arrange fur -"nn^ l733' le papier oil le carton , &c. felon certaincs courbes , qui paroiffcnt les traces viiibles des ecoulcniens de la matiere magnetique fortie de l'Aimant. On aide an pen la formation de ces courbes , en fecouant legerement & adroitement le carton , qui fans cela pourroit par le frottement de fes par- ties contre celles de la limaille en arreter ou en detourner un peu le raou- vement naturel. C'eft line precaution qu'il faut luppoler ici que Ton a toujours prife. M. le Monnier ayant fait cette experience avec ce feul changemcnt qu'au lieu du carton dont on fe fcrt d'ordinaire, il fe fervoit d'une feuille de Tole , a toujours vu que la limaille jettee deilhs demeuroit prefque im- mobile, & ne prcnoit point, ou ne prenoit que difncilement & tres-im- parfaitement les formes de courbes quelle a coutume de prendre. Qui pouvoit Ten empecher que la Tole interpofee entre elle & l'Aimant, & qui n'etoit pas traverfee par la matiere magnetique emanie de lAimant, comme l'auroit ete un carton ou tout autre corps ? Or la Tole n'efl: que du Fer. La matiere magnetique le traverfe done plus dirricilement que tout autre corps, & il en iera de mime de l'Acier , & de l'Aimant meme, qui iont des Fers plus parfaits. Comme on pourroit foupconner an contraire que la Tole n'arrete la matiere magnetique , & ne i'empeche d'aller jufqu'a la limaille que parce quelle Iui donne dans toute la fubftance de? palTages plus libres. M. Ie Monnier repond qu'en ce cas -la elle feroit obligee de fortir en abondance par toutes les extremites de la Tole, & de le porter a la lim.'.ille; & pour voir li cela etoit , il a mis fur la Tole une feuille de papier qui la debordoit de tous cotes de 3 on 4 ponces, & a feme la limaille Uir ce [>apier. Celle qui etoit fur les endroits qui debordoient auroit done recti a matiere magnetique fortie des extremites de la Tole,mais cette portion de la limaille ne fut pas plus agitee que le refte, & par consequent ne recut pas plus de matiere magnetique. Dela M. le Monnier conjecture que ce qui rend un Aimant armeplus fort que s'il etoit mid, cell: que le Fer de 1'armure s'oppofe a la didipa- tion de la matiere magnetique qui fortiroit de l'Aimant , & J'y tiem toute reunie. 11 a fait une fente en ligne droite an milieu d'un carton , 6c y a flit palfer un morceau de Tole perpendiculairement au carton, & de lorte qu'une moitie etoit au-delfus, l'autre au-deffous. Ayant lemi de la limaille fur le carton dans les deux angles luperieurs qu'il failoit avec la Tole, il mit une Pierre d'Aimant dans un des angles inferieurs , & il vit que de toute la limaille femee dans les deux angles fuperieurs , celle qui etoit con- tenue dans an angle prenoit l'arrangement ordinaire & attendu , celle de l'autre angle n'en prenoit aucun , ou prefque aucun. La premiere etoit celle ou la matiere magnetique pouvoit aniver en ne traverfant que le carton j, r+ ABRIDGE DES MEMOIRES - la feconde, celle ou elle n'eut pu arriver qu'en traverfant de plus la Tolf,' PHYSio.us.ee qu'il eft tres-fecile de fe reprelenter. II importoit pen que la Pierre d'Aimant flit pofee par rapport an carton , de maniere que fon axe lui fut Annie IJ 33. perpendiculaire, ou qu'il flit parallele a la commune feclion du carton & de la Tole, feulement dans la premiere position pouvoit-on foupconner que la limaille prenoit qilelque foible arrangement ? Une Pierre d'Aimant qui fbutient quatre fois plus pefant de fer qu'elle i & qui a la diftance de zo polices, agit encore fenfiblement fur une ai- guille aimantee , n'y agit plus a la diftance de 3 polices oil environ , fi Ton interpofe trois plaques de fonte mifes les unes contre les autres. Lorfque la Pierre d'Aimant que Ton met fous le carton ou Ton a feme la limaille, lui fait prendre fon arrangement, on remarque deux vuides formes aux endroits qui repondent aux deux poles de la Pierre. On con- coit communement que ces vuides viennent de ce que la mariere magne- tique fortie en plus grande abondance par les poles de l'Aimant a chafie d'abord la limaille des endroits qui y repondoient, pour lui faire prendre enfuite le coins quelle prend elle-meme, ce qui n'empeche pas qu'elle ne la penetre en meme temps. M. le Monnier croit, au contraire, qu'elle la chaffe, parce qu'elle ne la penetre pas, & meme que les vuides ou efpeces de fillons qui font entre les courbes formees par la limaille, font les veiitables routes de la matiere magnetique qui ne fait qu'ecarter la limaille de part & d'autre. Mais en laiffant ce point indecis , qui effeclrive- rhent peut l'etre , l'experience tournee un pen dineremment , prouvera que la matiere magnetique ne penetre pas l'Aimant avec la facilite que Ton croit. M. le Monnier a mis lous le carton deux Aimans dont les poles de different 110m etoient voilins. En ce cas-la, felon le fifteme commun , les deux tourbilloiis magnetiques doivent s'etre reunis en un feul, & par con- fequent il ne fe formera iur la limaille du carton que deux vuides repon- dants h deux poles. Mais le fait eft qu'il le forme toujours quatre vuides ; marque que les deux tourbillons ne fe font pas confondus , & que la matiere magnetique n'a pas pafle d'un Aimant dans l'autre. Cette experience ne prouve pas feulement que la matiere magnetique n'entre pas dans line Pierre d'Aimant avec facilite, mais encore qu'elle ne fe meut pas autour de ces pierres en tourbillon; car s'il y avoit eu ici deux tourbillons, tout etoit bicn difpofe pour les confondre en un : mais voici des experiences encore plus fortes contre ce mouvement, quoique fi vraifemblable , & ll real. Certainement s'il y a un tourbillon, il s'etend bien a 2 oil 3 lignes de la pierre. Cependant que Ton aimante une aiguille de bouffole , en la failant couler a l'ordinaire fous la pierre, & en meme temps en lui faifant toucher les deux boutons de l'armure , ou en la tenant eloignee de ces boutans de i ou 3 lignes feulement, elle prendra dans les deux cas deux directions diametralement oppofees, tout le refte ayant ete parfaitement egal •, la meme extremite de l'aiguille qui fe toumoit au Nord fe tournera au Sud. M. le Monnier l'a vu avec etonnement, & en a repete l'expe- rience plulieurs fois , & avec plus de foin. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. i5 Dans 1'hipothcfe da tourbillon, on concoit que la matiere magnetique1 fortie par un polo, & on juge que c'eft l'Auftral, rcntre par lc Boreal, p H y s I Q u e de forte qua la fortie par le Sud, elle fe partage a droite & a gauche, vers l'Orient & vers 1'Occident, li Ton vent, qui feront les deux extre- Annie 1733. mites de l'Equateur de la Pierre , & dela , tant par fi branche orientate que par l'occidentale, va gagner le Nord de la Pierre ou elle rentre en rallemblant fes deux branches. Par confequent, les mouvemens du tour- billon aiix deux poles font contraires l'un a l'autre ; an pole auftral les parties de la matiere magnetique s'ecartent, an boreal elles le raiiemblent. Puifque quand on fait palfer la pierre fous le carton , la limaille reprefente par les mouvemens ceux de la matiere magnetique, il n'eft pas poffible qu'elle premie les memes mouvemens 011 les memes directions , lequel que ce foit des deux poles qui palle le premier fous le carton par rapport a l'autre; li l'auftral eft I'anterieur, il doit ecarter la limaille, li c'eft le bo- real, il doit la raffembler. Mais on voit le contraire , la limaille prend toujours la meme dilpoiition, independamment de cette circonftance , & elle n'a qu'tin certain mouvement progreffif , qui eft en fens contraire de celui de la Pierre, comme li la limaille deja mife en mouvement par l'adion de l'Aimant etoit reflechie par celle qui n'y eft pas encore. On foulentend toujours ici que quand les deux poles font alternativement anterieurs, la Pierre eft toujours paffee fous le carton felon une meme direction. Si on la paffe de gauche a droite, d'un bout du Carton a l'autre, le pole auftral etant I'anterieur , une molecule de limaille ira de droite a gauche, en fens contraire de la pierre, & li enfuite on pane la pierre fous le carton en meme fens , mais le pole boreal etant I'anterieur , la meme molecule continuera d'aller felon la meme direction. Or, ce n'elt pas la ce qui devroit arriver li la matiere magnetique fortoit par un pole de la pierre , & rentroit par l'autre. Une meme molecule ne fuivroit la meme direction que tandisquele meme pole deja pierre feroit, pour ainii dire,T la proue , & l'autre la poupe •, car fi le vailTeau fe meut a contre-fens , il eft vi;,ble que le tourbillon, dont on le fuppofe environne, etant mil auffi a contre-fens de ce qu'il etoit , doit faire rebrouffer la molecule de limaille, & cela, foit que ce tourbillon foit limple 011 double. Quel point de Fhyfque fera conftant, li le tourbillon magnetique ne l'eft p„s :• Sur le Volume des Liqueurs melees. VyUAND on a mele deux liqueurs enfemble , le volume total doit Tlift- ^- naturellemcnt etre egal a la fomrae des deux volumes des liqueurs priles feparement, double du volume de chacune, par exemple-, (i le vo- lume de chacune etoit egal. Cependant M. de Reaumur a trouve qu'un volume d'eau & d'efprit-de-vin meles en egale quantite, n 'etoit pas double du volume de chacune de ces liqueurs. II sen eft appercu en conltruifant des thermometres de fon invention , & en les remplilfant de liqueurs qu'il i6 ABREGE DES MEMOIRES ^■^—— ^? mefuroit felon cette methode exacte qu'il a trouvee auffi, car fans cela Physique.^ £"* ^01lt nous Par'ons ne ^e fut Pas rendu aifeaient audi fenfible qu'il le faut. On fait precilement, par le moyen des nouVilles mefures , qu'on Anne'e 1JS3- a mis dans un tube line certaine quantite d'eau , on fait ou doit monter la meme quantite d'efprjt-de-vin qu'on y ajoutera , mais elle ne monte pas jufqu'au point prefcrit, & il refte an haut ce que M. de Reaumur ap- pelie un Vuide , l'efpace que l'efprit-de-vin auroit rempli !i le volume des deux liqueurs etoit double de celut de chacune. C'eft ici une veritable diffolution , qiioiqu'on n'entende ordinairemeat par ce mot que la diffolution d'un corps iolide par un corps fluide. Ce qui marque bien que de l'eau a l'efprit-de-vin il fe fait une vraie diffolution , c'eft que dans le premier moment du melange les deux li- queurs deviennent louches , troubles , & ce temps de la fermentation & du combat etant paffe, elles s'eclairciffent. Ce n'eft que quand tout eft calme, quand l'eau s'eft logee par-tout oil elle peut penetrer , que la di- minution de volume arrive , auffi grande quelle peut letre. Si Ton veut bien voir ce phenomena , il faut verfer l'elprit-de-vin fur l'eau tres-dou- cement, & avec toute la precaution neceffaire pour empecher les deux li- queurs de fe meler trop vite-, alors l'efprit-de-vin occupe la place qui convient a fon volume naturel,& il ne baiffe qu'apres la petite fermen- tation. Afin qu'il baiffe autant qu'il peut baiffer, il faut que le melange des deux liqueurs ait ete fait le mieux qu'il (bit poffible, & pour cela on fecoue auparavant & on agite quelque temps le tube. A pies bien des experiences pour decouvrir en quelle dofe du melange de ces deux liqueurs le faifoit la plus grande diminution de volume total, le plus grand vuide dans le tuyau , M. de Reaumur a trouve que c'etoit lorlqu'on avoit mis une panic d'elprit-de-vin fur deux d'eau. Plus d'eau . ne feroit rien de plus , beaucoup moins d'eau ne feroit rien , ou prefquc rien. C'eft bien la ce que Ton voit a chaque moment en Chymie , ou des mat'wrcs faoul&s d'une certaine quantite d'un diffolvant n'en recoivent ablolument pas davantage. L'eau & l'efprit-de-vin font deux liqueurs inegalement pefantes, & quoique la difference en foit tres- petite, on la reconnoit par l'areometre ou pefe-liqueur. On fait done quel fera le poids de deux parties e<*ales d'eau & d'efprit-de-vin priies enlemble, mais non pas melees, ce fera la pdbntcur fpecifique du volume qu'elles formeront. Mais quand elles font melees enfemble, un pareil volume a une pefanteur fperifique plus grande ; done le melange a fait qu'un meme volume contint une plus grande quan- tite de ces liqueurs , done leur contexture intime a ete changee , ce qui emporte l'idee de diffolution , ou du moins y convient fort. II refulte de toutes les experiences de M. de Reaumur, que cette dimi- nution va a ~ du volume de l'efprit-de-vin. II ne faut pas conclure dela qu'en melant lo parties d'efprit-de vin & une d'eau , on donneroit a l'efprit-de-vin tout ce qui lui eft neceffaire pour remplir fes vuides , & que la diffolution feroit faite. Afin que l'eau igiffe fur l'efprit-dervin comme diffolvant, die le dirile jufqu'au point re- quis, DK L'ACAD^MIE ROYALE DES SCIENCES. 17 quis, il eft befoin qu'il ait ik<£ auparavant divife mollis finement, que ^c SSSJ BEE ""' ' molecules groflieres aient ete plus hearties les unes des aurres. En un mot, p l'eau doit agir conime intermede , auffi-bien que comme diffolvant, & il faut pour la premiere fon&ion une plus grande maffe. Annie Z7JJ4. II fort toujours de 1'air de deux matieres qui fermentcnt enfemble , & on pourroit croire que la quantite qui en fort de l'eau & de I'efprit-de- vin dans les experiences prelentes, eft ce qui caufe la diminution de vo- lume. Si cela eft, cet air remplira tout le vuide que la diminution da volume total des deux liqueurs lailfe all haut du tuyau-, s'il le remplit, il fera equilibre avec l'air exterieur, condenfe au point qu'il left par le poids de l'atmofphere •, s'il fait cet equilibre, un parchemin , tendu un peu la- chement fur l'orifice du tuyau qu'il bouchera, demeurera horifontal, parce qu'il (era egalement pouflc de haut en bas par fair exterieur , & de bas en haut par cet air interieur forti des deux liqueurs. Mais le parchemin s'nbaille par fon milieu , & devient convexe du cote du tuyau ; preuve fure que l'air exterieur eft le plus fort , & que 1'interieur ne remplit pas entierement le vuide, & que s'il contribue a la diminution de volume , il n'en eft pas la feule caufe. Sur un Syfleme de I'Aurore Boriale. Par M. de Ma in an (a). 'Aurore boreale ordinaire ou moyenne, peu & mal obfervee, a Hit u paroitre un meteore forme dans l'atmofphere terreftre , comme les clairs, les etoiles tombantes, les feux volants. Mais quand on eft venu a faire reflexion fur la grande frequence de ce phenomene, fur fon appari- tion atrachee a certaines faifons de 1'annee prefque excluiivement aux au- tres, fur fa place toujours marquee au nord, feulement meme fur fa ma- gnificence, quand il eft ce que nous appellons complet , il a ete difficile de croire que ce ne fut qu'un limple meteore fortuit , qui ne tint pas effentiellement a la conftitution generale du monde, ou de tout notre fyfteme folaire, en un mot, qui ne fut pas cofrnique. Mais comment un meteore fera-t-il cofrnique? ce font deux idecs qui paroiffent s'exclure, & que M. de Mairan a trouve le fecret d'allier. Par-la l'aurore boreale tiendra un milieu entre les purs meteores & les purs phinomenes cofmi- ques, tels que tous ceux de l'aftronome, & cette difpolition femble ctre affez du genie de la nature. Nous avons parle en 1706 de la Iumiere zodiacale decouverte en 168$ O) Nous inftrons ici cet extrait du Traits de l'aurore bore'ale . quoique le fyfte'me de M. de Mairan n'ait prefque jamais eu de partifans, outre que ce lylieme eft entieVe- ment fonds! lur 1'cxiitence tres-douteufe de l'atmofphere folaire , il ne peut fe concilier avec des fails inconteftables , tels que le bruit qui accompagne quelquefois les aurores bo- rz. ^a pofition d' Alger , premier mouillage de l'efcadre , n'avoit encore • a ri-Ai ' ^ ^x^e Par aucune obfervation aftronomique, du moins publiee. Le ij ebferve'e. * "^ Jum & 'cs Jours *mvants ' Par 'a comparaifon de plulieurs obfetvations reiterees de la hauteur meridienne du loleil, faites dans la maifon confu- laire, fituee a peu pres an milieu de la ville, j'ai trouve fa latitude de 360 49' 3c". Par une eclipfe de lune du 8 aout 1725? , faite a Alger nieme, j'ai fixe fa longitude & 71 15". La latitude de Constantinople eft de 41°. la connoiffance des temps de 177+ fixe cette latitude a 400 i'. Navigation, . Les obfervations que j'ai eu occafion de faire fur la navigation de la mediterranee, peuvent fe rapporter a cinq chefs principaux, favoir les cartes plattes , la variation de la bouffole, l'eftime du Ullage, l'obfer- vation de la hauteur , & celle des Satellites de Jupiter. DeTaut des Car- 1°. On ne fait fur la mediterranee aucun ufage des cartes rlduites* ', tes plattes. on ne s'y fert que des cartes plattes , plus commodes, a la verite, dans * V fihjl.de I' Acad. ja pratique , mais cependant tres-defediueufes , tons les rumbs de vent , 1I03. ,Fp. pa. EtMi- hprs les meridiens, y etant neceffairement faux, puifqu'avec les degres n.Jires j>. '95 if fun: de Latitude egaux, comme fur le globe, elles ont leurs meridiens paral- lels. Cependant il faut avouer que l'ufage des cartes reduices ne feroit a defirer fur la mediterranee, que pour une plus grande precifion , & que les erreurs que l'on peut commettre , faute de s'en fervir , ne peu- vent pas etre fort conliderables fur une mer oil la plus grande difference en latitude n'excede pas 14 a 15 degres. Obfervation de la z°- Quant a k variation, (c'eft ainii que les Marins nomment la de- variation negligee fur cTinaflon de l'aiguille aimantee , ) fon obfervation eft extremement ne- la Meditenaniie. gligee fur la mediterranee •, on y fuppofe la variation, du moins quant parage feaux marchands fe fervent pour diriger leur route, d'une bouffole qn'ils appellent a rofe double , dont le carton interieur , qui porte l'aiguille , eft mobile fur le centre commun , enforte que la pointe de l'aiguille peut s'ecarter de la fleur de-lys du cercle exterieur, deftinee a marquer le nord. On la detourne d'ordinaire d'un air de vent, ou de 11 degres tin quart, ce qui etoit a peu- pres la quantite de la variation fur la cote de Pro-. vence il y a quelques annees. Cette pretendue correction une fois faite fur la bouffole , e'en eft pour toute la campagne •, & le point ou eft di- rigee la pointe de la fleur de lys eft repute le vrai nord, quelque change- inent qu'il puiffe y avoir dans la variation. Les boulfoles a rofe double ne font point d'ufage fur les vaiffeaux du roi, ou les pilotes font cenfes obferver journellement la variation, & DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 31 tenir compte dc fes differences. Mais la plupart d'entr'eux fe contentent, ^^^^^^^m^m- en faifant leur point, de tranlpofer toutcs leurs routes precifcment d'un Physique. air de vent, ce qui rcvient a la pratique preccdente. C'eft beaucoup qiund ils ajoutent 011 retranchent en gros quelques degres, dans les parages ou -Annie tj^z. ils favent que fe rencontrcnt les plus grandes dilierences-, encore faut-U que cela quadre a leur eftime , ou a quelqti'une de leurs autres obfer- vations. Le plus grand nombre des pilotes ignorent que la variation change dans le meme lieu, & ne daignent pas l'oblerver dans les endroits oil il y a eu d'anciennes obfervations, aufquelles ils en tiennent. CepenJant la focietc royale de Londrcs a reconnu que l'efcadre Angloile commanded par l'ainiral Chawel +, s'etoit perdue , faute d'avoir bien connu la variation * Preface iu M-. fur les cotes meridionales d'Angleterre. Et parmi an affes grand nombre mo,re f"r la variation , de batiments qui periffent tous les'hyvers dans l'archipel, n'eft-il pas plus£?r'W" ^^'Jr? • riili 1,- Li 1 1 r 1 1* 1 * *T ' . vuuin. Pans. 1752. que vrailemblable que plulieurs out ete trompes par leur bouffole ? Quand par une nuit obfcure & un vent force on fe trouve oblige de paffer entre deux ecueils qu'on ne pent voir, & dont cette mer eft pleine, peut-on croire qu'il loit indifferent de ne favoir qua quatre oil cinq degres prcs quelle route on fuit? C'eft ce qui arrive journellement a nos vaiffeaux marchands. II eft vrai que le defaut de bonnes cartes a fans doute" aufli beaucoup de part a ces malheurs , & nous en parlerons en fon lieu ; mais ce fecond nial n'empeche pas la realite du premier. Je pourrois joindre ici line table qui contient line trentaine d'obfer- vations de la variation de la bouffole, en divers parages de la mediter- ranee, faites en 173 1 & 1732. Mais quelque attention que j'aie apportee a ces obfervations , je n'ofe compter affes fur leur exactitude , pour les donner au public ; tant parce qu'elles ont ete faites avec differents compas de variation , qui trcs-fouvent ne s'accordent pas entre eux, a plulieurs degres pres , comine je l'ai eprouve plus d'une fois •, que parce que , par la comparaifon de mes obfervations avec les correfpondantes , faites fur les autres vaiffeaux de la meme efcadre, j'y ai fouvent trouve des differences de plulieurs degres. Ce qui eft une nouvelle preuve de linfumfance de l'inftrument dont on fe fert en mer pour obferver la variation. On pjut confulter fur cela M. de Radouay, capitaine des vaiffeaux duroi, dins fes remarques fur la navigation a, & les auteurs b des difterents memoi- a Paris lj*%. p- •*- res prefentes fur ce fujet , pour le prix de l'Academie , de l'annee e (-'w- derniere. b ■M""- d oif- en ,-, r 1 in • 1 . Ma la Dec!, itl'ai- ^ fcn prohtantdes reflexions de ceux qui ont travaille fur cette matiere, guilk aimarna, par j'ai cru qu'il m'etoit permis de chercher de raon cote a perfectionner cet *Irs- Bought tV Mey- inftrument, par une nouvelle conftrtuftion propre a le rendre plus (ur & "itr I732- plus commode dans la pratique, nuifqu'elle ne demande qu'un feul ob- Nouveau compas de lervareur, & quelle peut etre d'ufage a toutes les heures du jour. Ce fera variation. le fujet d'un memoire particulier. Je me contcnterai de donner ici le refultat de mes obfervations de U variation, pat oil il paroit quen 1731 & 1731,1a difference de la decli- ,i ABREGE DES MEMOIRES n.iilon de l'aiguille aimantee dans les divers parages de la Mediterranee , P h v s i Q u t. s'etendoit a pen pres depuis 10 jufqu'a 16 degres nord-oueft. 3°, Prefque totis les pilotes fe piquent d'eftimer a l'ceil la vitefle du Anni.c i J 31. fiHage aufli jufte , ou plus jufte qu'avec le Lock , & plulieurs en font rare- Al^us dans 1'ui'age ment ulage, ou s'en patient ablolument, du moins fur la Mediterranee : du Lock. y £ul(. nt;anmoins convenir que nous n'avons jufqu'a prefent rien de mieux que le Lock , pour mefurer le chemin d'un vaifieau. Si cette ingenieufe machine, dont nous fommes redevables aux Anglois, eft fujette a quel- . , ., . ques inconvenientsc, ceux qui ne viennent que de la facon de l'employer, c Rem. far la Naug- ~ , . ; T. , ,. . ", T , > , 1 r s iiji due, p. 13 if peuvent du moms etre cornges ou diminues. Le plus grand abus a cet fiiy. egard, & le plus aife de tous a reformer, eft l'inegalite des mefures em- ployees par les differents pilotes. Chacun d'eux marque fa ligne a fa fan- tailie, Tun par braffes , 1 autre par toifes; ils donnent d'intervalle d'un nceud a I'atitre., depuis 41 jufqu'a 48 pieds, chacun fuivant ia methode, ou fon caprice; &, ce qui eft tres-fingulier , tous s'accordent dans la fup- polition que le vaiffeau faitune lieue par heure, quand on file troisnceuds, ou trois intervalles de la ligne de Lock en line demi- minute. Cependanr ij la diftance d'un nceud a 1'aurre, eft de 47 pieds 6 polices 7 lignes j, la lieue parcourue fera de 20 au degre, ou de 1855 toifes, en evaluant, i. Mim. it VAcni-wzz M. Picard<*, un degre de grand cercle a 57060 toifes, & ii les di- .7„2" <•!«.'. vilions de la ligne ont 4.1 pieds 8 polices mefure la plus ordinaire * des *Rzm.fur la Nafig. . 6 *r t r r . „ ,g. pilotes, la lieue ne lera que de 2500 toiles, ou dun peu moins de 23 Relation du voyage au degre, ce qui fait un huitieme de difference. it la Mcr du Sud par Non-feulement tous les pilotes n'ont pas une mefure commune pour 1 -16 w"<5 if "-7. 'Ieurs lig"es, mais chaque ligne en particulier eft divifee inegalement. Dans celles qui l'ont ete avec le plus de foin, j'ai trouve depuis un jufqu'a deux pieds de difference , par execs , dans les premieres divilions fur les der- nieres, ce qui vient, fans doute, de ce que les premieres qui fervent plus frequemment, fe font plus allongees que les fuivantes. Et d'un autre cote, j'ai obferve que la ligne fe raccourcit, en fe mouillant, a peu pres d'un quarantieme. Moyen d'y rcme- On remedieroit a tous ces inconvenients , en ne divifant les lignes de ^sr- Lock, qu'apres les avoir mouillees & bien tendues, telles qu'elles font quand on en fait ufage; & en obligeant les pilotes a fe conformer, dans la divilion de leur ligne, a la mefure reconnue la plus convenable, qui pourroit etre a cet eftet graduee fur le port, en quelque lieu commode. Erreurs dans I'ob- o_ qu nt ^ ce qui concerne l'obfervation de la hauteur; par la com- feivauon de la hau- ~.r V 1 , ,.m ■ rr < 1 *» r icui en Mer. parailon des points des pilotes de dmerents vailleaux de la meme elca- dre, j'ai reconnu que leurs obfervations de latitude differoient quelque- fois d'un vaiffeau & l'autre,de 10, 12 & jufqu'a 15 minutes de degre, quand la diftance des deux vaiffeaux ne pouvoit donner plus de deux ou txois minute: de difference ; d'ou il liiit, quand on fuppoferoit l'erreuir egalement partagee entre deux obfervations , ce qui n'eft pas vraifem-; Abus dans la ,Pra''." blable, quelle etoit au moins de fept minutes dans chacune. );"es0rpourieprcndie Ql,e fera_ce fi> ^ cette erreur qui provient, fans doute, de la diverute bauteur, des inftruments j de celle des vues des obfervateurs, & du defaut de pre- cilion DE L'ACADIIMIE ROYALE DES SCIENCES. ti eilion inevitable dans des obfrrvations de cette nature, fi, dis-je, on y ajoute Ics erreurs volontaireS qui font communes a tous les pilotes, &Fh y si c u e. qui refultent de toutes les deductions & corre&ions a faire a leur obfer- vation de la hauteur; corrections qu'ils font dans l'habitude de negliger, -»nnee fj^z. contre ce qui leur eft expreffement recommande dans tons les traites de navigation. Je n'entrerai iur cela dans aucun detail, ayant encore etc pre- venu iur ce point , par M. de Radouay. J'oblerverai feuleinent qu'aux quatre erreurs des pilotes qu'il a remarqueess provenant de la hauteur du zRem p,r uNarif, centre du foleil, prife par le bord de 1 ombre, de 1 elevation de 1'ocil de „. 9. & fuiv. l'obfervateur au deffus de rhorifon comptee pour rien , de la refraction aftronomique, de la difference des meridiem negligee, on peut ajouter une cinquieme fource d'erreur, qui eft Tabus 011 font les pilotes de le fer- vir de tables de declinaifon du loleil fort anciennes, & qui anroient be- foin d'etre reformees , au lieu de faire ufage de celles qui fe renouvellenr tous les ans dans la connoiffance des temps , l'ctat du Ciel , ou autres Ephemerides. Tout ccci fuppofe, on n'aura pas de peine a croire ce qu'avance, dans 1'ouvrage deja cite b , un Marin tres-experimente, que dans l'ctat ou font b /> ia. les chofes, les pilotes ne font quelquefois pas furs de leur hauteur a 30 minutes prcs •, quelque contraire que foit cette proportion au prejuge generalement recti parmi eux, fuivant lequel ils fe perfuadent qu'ils ne peuvent errer que de 4 a 5 minutes. Heureufement pour les pilotes, & pour ceux qu'ils conduifent, toutes ces erreurs , dont les unes iont par exces & les autres par defaut, fe com- penfent affes fouvent , du moins en partie. Mais quelquefois audi le plus grand nombre fe trouve du meme cote , & la feule qui relulte de la hauteur du foleil, prife par le bord de Tombre, eft affes conlidcrable pour emporter fouvent la balance , quoique cette erreur ne foit pas de 1 5 a 1 6 minutes, e'eft-a-dire, de tout un demi-diametre du foleil, comme il pa- roit d'abord, & comme la plupart des auteurs qui ont ecrit de la Marine, l'ont fuppofe. M. Bouguer en a donne la railon c. c De !a ma/T j-0^ Au reite, il y a lieu de s'etonner que les pilotes n'ayent encore retire «a«. fur Mer la haut. aucune utilite des excellents ouvrages fur les difterentes parties de la na- d" Afira. Chu /one. vigation, qui ont paru depuis plulieurs annees, & en particulier de ceux srt ' am' 2'2y* auiquels le prix de T Academic a donne occalion, d'autant plus qu^ quoi- que les principes de la plupart de ces ecrits foient fondes fur la plus fu- blime theorie , leurs confluences font aifees a reduire en pratique, & miles a la portee de tous les pilotes. 50. Je viens a ma derniere obfervation concernant la navigation. On a nel'obfervatinndet plulieurs fois pu appercevoir, le vaifieau etant a l'ancre, & par un temps Satellites de Jupiter tort ca'me, les Satellites de Jupiter. Mais je n'ai oui dire a aucun Marine" Mer- qu'il les eut obferves a la voile. II m'eft arrive plus d'une tois de les voir. Et notamment le 6 Mai 1731, le vaiffeau gouvernant, & ayant affes de mouvement pour qu'il ne me flit pas poffible de garder la Planete dans l'ouverture d'une lunette de 4 pieds a deux verres convexes, le ciel etant charge de quelques nuages , je n'ai pas laiffi de diftinguer tres-bien un Tome VII. Partie Fmrifoife. E Ph y s : [QUE. jinnee 173*. *y. 1722, M/kitl'AcaJ. , pp. 105. & 54 ABR^GEDE SMEMOIRES Satellite, & d'en appercevoir un autre a plulieurs reprifcs, quoiqu'il ne s'en fallut que de trois jours que la lune ne fut dans Ion plein , & que Jupiter nen fut diftant que de 10 a n degres. Cette experience ajoute, ce me femble, un nouveau degre de vrai- femblance a l'un des moyens propofes par M. Caffini pour rcuime de la ■.ItVAcal. longitude fur mer *. Puifque d'un cote M. Caffini a obferve line eclipfe ' 105- ^ du 3me. Satellite, avec line lunette de 5 pieds {, & que d'un autre, j'ai reconnu , par experience , qu'il eft tres poilible de les voir en pleine mer & a la voile, du moins pendant les calmes, dans des circonftances d'ail- leurs alFes pen favorables; peut-on doutcr que des gens exerces des Ieur enfance a obferver fur un vailfeau , par l'habitude qu'ils prendroient d'en fuivre les mouvements, n'acquilfent line tres grande facilite a fe fervir de lunettes plus oil moins longues, affes avantageufement pour obferver, du moins en certains cas; quelques immeruons ou emeriions des Satellites^ moyen le plus commode, & le plus fur que nous ayons jufqua prelent, pour determiner les longitudes avec quelque precilion. Geographic Ca£*? *? mak ^a rneilleure carte que nous ayons de l'archipel , eft la nouvelle carte ranee ien general'. " du Sr. Berthelot, hydrographe du roi a Marfeille. Cependant elle eft en- Combien defec- core tres-defec~hieufe, tant a l'egard du gifement des cotes du continent, que de la pofition refpective des iiles , fur-tout du cote d' Afie , vers le midi. Pour les cotes de Caramanie & de Natolie, elles font abfolument meconnoiffables , meme fur nos cartes les plus eftimees , & Ton pent aflurer que nous n'avons point encore de bonne carte de la Mediterranee en general. Et pourquui. An defaut d'obfervations aftronomiques faites a terre, les cartes Marines fe conftruifent avec le fecours des Journaux des pilotes, fur leurs obfer- vations de latitude, leurs eftimes des diftances, & fur- tout leurs riLeye- ments de terre, pris avec la bouifole. Par ce qui a ete dit dans l'article precedent fur l'obfcrvation de l,i hauteur & Tillage du Lock , on peut juger de ce qu'on doit attendre des deux premiers moyens-, quant an dernier, quoique de toutes les obfer- vations des pilotes, ce foit la plus limple, nous allons prouver quelle eft trcs-peu exaifte. Je n'excepte pas meme les relevements faits en terre ferme , ou d'une ille a l'autre, tels qu'on en trouve dans le voyage de M. de Tournefort, quoique ceux de cette efpece doivent etre plus juftes que ceux que Ton fait a la mer. Premierement, comme faute d'obfervations frequentes, & par les rai- fons alleguees, la variation n'eft pas exatftement connue dans les diflerents ' parages, non plus que les changements que le temps y apporte, on peut a cet egard errer de plulieurs degres , ainli qu'on l'a deja obferve. 1°. Dans l'ufage ordinaire, louvent le point releve n'eft deligne que d'une maniere vague-, on dira , par exemple , que Scio , Metelin, &c. refte au Nord ou a TEft , fans indiquer precifement tel cap , telle mon- mcuiet. DE L'ACADiMIE ROYALE DES SCIENCES. 35 tagne, en on mot im point fixe & remarquable de l'objet obferve qui — occupe quelquefois fur l'horifon, line etendue de plufieurs degres. Physique. 30. Enfin, en fuppofant la variation bien connue, & toute l'exadtitude poffible de la part de l'obfervatcur , les derauts de l'inftmment , fa peti— dnn& *73z' t. ne , le mouvemcnt du vaiffeau, qiund l'oblervation fe fait a la mer, &c. ne permertent pas d'efperer une grande precillon. Audi d'ordinaire fe contente-t-on de defigner le lieu relevi, en difant qu'il refte a tel air de vent, 011 quand la difference eft fort fenlible, entre tel & tel rumb, fans determiner precifement h quel degre; en forte que le plus fouvent on ne fait qua un demi rumb pies , la direction de l'objet obferve De tout cclj il relulte que les cartes marines ne peuvent manquer d'e- ^e"! m°yen &'1 tre toujours tres-defeccueufes, tint qu'on n'aura pas au moins un certain rem ' nonibre de points fixes fur les cotes, determines par des obfervations af- tronomiques faites a terre. Nous n'avons jufqu'ici aucun point obferve fur la cote d'Afrique , dans l'etendue de 10 degres en longitude, depuis le detroit de Cibraltar jufqu'a Tripoli de Harbarie, & cette cote eft marquee trop Sud dans prefque toutes les cartes dont fe fervent les pilotes. Sui- marjpeesUrS K vant la connoi.lance des temps, & l'obfervation qui y eft rapportee du P. Feuillee a, Tripoli en particulier eft environ 1 5 minutes plus nord qu'il *Mim- &* VAcai. n'eft marque fur nos cartes marines les plus nouvelles. II y a beaucoup d'ap- oifitvatioiis du P. parence que cetle erreur provient, du moins en partie, du trop de hau- FeuilUe, tome 1. p. teur que les pilotes donnent au foleil par leurs obtervations b : erreur qui7c2- domine toutes les autres, & qui tend a diir.inucr la latitude. £ ^"praff' 3°2' Au refte, toutes ces cartes n'etant, comme on l'a dit, conftruites que fur les journaux des pilotes-, il n'eft pas etonnant qu'elles ne s'accordent pas aux obfervations de M. de Chazelles, & du P. Feuillee, qui auroient dii leur fervir de bafe. Suivant la plupart de ces memes cartes, il ny a que 7 a 8 lienes de dif- tance de Neapolis, aujourd'hui Scala nova, port de l'ancienne Ephefe , jufqu'a Smyrne; j'ai eprouve qu'il ne faut pas moins de 14 a 15 heures a cheval pour en faire le chemin; ce qui s'accorde tant avec la diftance don- nee par Strabon c de 320 ftades, de Smyrne ^ Ephefe , qu'avec celle d'E- c dog. I. 14. kit, phefe \ Neapolis de 1 o milles fuivant les anciens Portulans, dont M. Delifle ne s'eft pas ecarts. Les cartes de la Propontide ou Mer de Marmora , ainfi que celles des . deux detroits qui la terminent , font encore moins exadles que celles de ponJ,iCej I'Archipel •, mais il y en a une levee fur les lieux, avec beaucoup defoin, par M. Bohn, Gentilhomme Danois, attache a M. le Prince Ragotski. J'ai rapporte les cartes Turques de la Mer Noire, de la Turquie en Cartes Turques. Alie, de la Perfe & de 1'Egypte, recemment gravecs a la nouvelle Im- primerie etablie a Conftantinople. Elles ne paroiffent guere qu'une com- pilation des cartes de ces memes pays , faites dans TEurope Chretienne ; mais elles peuvent du moins nous apprendre quelques politions particulie- res, & quelques noms modernes des lieux qui nous font inconnus. Je joins ici la carte dune partie de la cote feptentrionale du golfe de Carte de fa cote & plus en credit, s'il eft poffible, en levant, oil la credulite & la fuperf- Superfnrion des tition n'ont point de bornes. Les Grecs & les Turcs, d'accord fur cet Tmcs & des Grecs. unique point , femblent chercher a rencherir les uns fur les autres. La nature de l'infecte que Ton trouve dans les galles ou excroiffances qui viennent aux arbres, decide, felon leur prejuge, de la guerre, de la pefte ou de la famine. J'ai vu le Caique (a) du Grand-Seigneur muni d'un ail fulpendu a la proue, pour preferver fa hauteffe des funeftes regards des enchanteurs , & de grands aqueducs nouvellement repares on nouvellement conftruits aux environs de Conftantinople, pourvus d'un pareil prefervatit Cette fuperftition , appellee par les Italiens cativo occhio , eft tres-an- Nefuo ?"» "- cjenne * , & eft encore generalement repandue dans tout l'Orient, meme ueros oculiis mini fat- T i « \ i /-•■ • cinat agnos. Virg. a«x I"des & a la Chine. Eel. 3. v. 103. Cependant ces memes gens qui craignent d'etre enforcelles d'un regard, Stoiritc- des Turcs ne prennent aucune precaution contre la contagion, & fe rient de cclles en temps de pefte. qUe prennent les Francs a qui vivent parmi eux , quoique le fucces fem- a Cefl le nom ?«£ ble les juftifier-, puifqu'il eft rare a Conftantinople, que la pefte penetre onntnt es "r" " chez les niiniftres etranaers , & dans les autres echelles du levant, chez les rouslis Chretiens d Oc- r . , , . ° . r r ■ • • u c • '11 1 cidens. conluls & les negociants qui le renterment, tandis quelle rait ailleurs les plus grands progres. Reflexion fur la con- La quarantaine qu'on fait a Marfeille, au retour du levant, eft um BSI0IU occation bien naturelle de faire des obfervations fur ce qui y paffe, pour etre ou n'etre pas contagieux, fur la maniere dont on y pretend que li contagion fe communique , & fur les precautions que Ton prend en con- fluence. Matiere curieufe & intereffante fur laquelle on a beaucoup ecrit, & qui n'eft pas a beaucoup pres epuifee. Inoculation de la L'inoculation de la petite verole eft , comme on fait , ufltee depuis petite verole. long-temps en levant ; e'eft meme de-la qu'elle a paffe en Angleterre. Cette operation eft aujourd'hui non feulement pratiquee par les fujets du Grand-Seigneur •, mais un grand nombre de Francs de toutes les nations d'Europe, etablis a Conftantinople, & qui y ont epoufe des Grecques, fe font conformed fur ce point a la mode du pays, font tons les jours inferer la petite verole a leurs enfans, & fe trouvent bien de cet ufage. (a) Efpece de Felouque qui va i. voiles & a rames, dont on fe fert dans le Port da Conftantinople, & aux environs. ( Tournefort. Vayage du Levant, letlte 16. ) Le Caique da Grand- Seigneur feulement, a treize paires de rames. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 43 On ne manque pas de flits qui prouvent qu'il doit etre arrive de grands ^"MMMM changements en divers lieux fur la furface de la terre. On ne voit dans Physique. 1'ArchipcI , & fur les cotes voilines , que rochers affaiflcs ou fouleves , dont les Iits de pierre font inclines a l'horifon ; mais outre ces revohi- Annie 17JZ. lions caufees par des tremblcments de terre qui y font frequents a, il y Changemeni arrives en a d'autres qui s'operent par degres prefque infenlibles , & qui ne laif- fur la lutface de h fent pas de changer la nature du terrain. La Paleftine en a vraifemblable- ' . lnent eprouve de cette elpece. Dans les amas de rochers nuds & bru- toire ,7J7 , ya ai lants, on ne reconnoit plus ces contrees autrefois li abondantes. Ne pour- fimi deux fccoujfet J roit-on pas foupconner que les terres qui couvroientle roc, fe font pen kSnyrne. pen eboulees dans les vallons, & n'ont laiffe que des marbres & des ro- chers arides, ou 1'on voyoit autrefois de fertiles coteaux ; Les environs d'Alexandrie d'Egypte out audi bien change de face-, le vafte lac Mareotis eft prefque entierement deffeche , & Ton ne voit plus fur fes bords , aucun veftige du fameux vignoble oil croiffoit ce vin ti renommik chez b Sum Thafx vi- lesanciens, & dont les fumees, li 1'on en croit Horace c, avoicnt monte tu, fwt to Jt&r- a la tete de la reine Cleopatre. II eft vrai que le mahometifme a pref- ™£ ,"b ** y_ 'f°'_ que fait abandonner la culture des vignes dans les lieux ou il s'eft etabli; c Memm e lym_ mais il eft audi tres-vraifemblable que le fol a change de nature. En p&atanMartatictt,&c. efFet, pour prendre un exemple de mcme genre, levin de l'ifle de Scio,Hurat. lib. 1. Od. ou les vignes font cultivees par les Grecs , eft aujourd'hui extrcmement xxxvlj- dur & apre , & Ton ne concoit pas comment il a pu fe faire une li haute reputation d, fi le terroi'r ou le gout n'ont pas change prodigieu- d Vhta novum fan- C r ■* * . * dam Calarhit /trrifia lenient. , , „ n. • *'i'!/ar- virS- EcloS' L'ifle de Chypre autrefois fi vantee , toute inculte quelle eft aujour- 5. v. ?I. d'hui, ne lailfe pas d'etre extremement fertile; on y marche quelquefois Fertility de I'lde des lieues entieres a travers des forets d'arbuftes odoriferants , de toute de Chypre. efpece. Elle pane pour un fejour fort mal fain , ce qui doit moins sen- Malignue de I'air. tendre de l'ifle entiere, que de quelques endroits, tels que Famagoufte & Lernica, ou l'on trouve une caufe tres-vraifemblable du mauvais air qu'on y refpire, dans les exhalaiforrs des marins & des falines du voili- nage. Ce qu'il y a de plus (ingulier , c'eft que ce meme air ne pane pour etre dangereux, du moins a Lernica, que le jour, & pendant l'ar- dcur du foleil, &■ que l'on s'y promene, fans crainte du ferein, le foir & toute la nuit. Seroit-ce que les exhalaifons falines, dans lefquelles on petit fuppofcr que relide la malignite" font li pefantes qu'il n'y a que la plus grande chaleur du Soleil qui pniffe les elever a une certaine hau- teur, & qu'avant qu'il approche de l'horifon , elles font deja retombees par leur propre poids. On pretend encore que fair n'eft mal fain, en Chypre , que pour les etrangers , & que les gens du pays, meme ceux qui travaillent aux falines , n'en recoivent aucune incommoditi. Quoi qu'il en foit , les rievrcs malignes y font trcs-communes vers la Frequence des Ge- fin de l'ete, & pardonnent rarement a ceux qui en font attaques, quelle" que foit leur jeunelfe & la force de leur temperament. Au mois de Sep- tembre 17} t , plulieurs Francois venoient d'y augmenter le nombre des exemples funeftes. C'eft aufli'de cctte maladie qu'etoit mort tout recem- F ij 44 abr£ge des memoires MM"*"*1^ merit a Famagoufte, lieu de fon exil, Mehemet Effendi que nous avons P ii y s i Q u E. va ambafladeur de la Porte , a la cour de France ; & non de mort vio- lence, comme on la publii. Annie 1731. Mort de Mehemet Hifloire Naturelle. Eflendi , ci - devanc France. Une incruftation pierreufe d'une matiere blanche , friable , difpofee Incruftation pier- Par fi'ets> & qui paroit calcinee, s'amaffe en forme de pyramides autour reui'e d'une Fontaine du baffin dune celebre fontaine minerale d'eaux chaudes , a quinze mine'rale. 011 feize Iieues d'Alger dans les terres, fur le chemin de Bonne a Conf- tantine. Ces eaux etoient connues des anciens, lous le nom d'AqucB Ti- a Cdlmii not. orb. Ulitance a. ant. lib. 4. cap. 5. Des pierres, de la gro(Teiir & de la figure d'un pois, que j'ai ramaifees Pierres figurfe. dans un champ voihn de Jerufalem, y font fort communes, quoiqu'elles foient depuis long-temps recherchees par les voyageurs. On les y trouve b Bifior. tap. fig. feparees les lines des autres, comme celles de Suiffe, dont parle Languish, Jlelfett* Pifiiith* , mais m0\ns rondes •, & non fous une enveloppe commune, comme celles p. 30. Vtna. 170S. . c _ , rr. r • 1 1 if . r »«■ 1. o ■>» 1 de oaxe & de ioicane, qui ont ete decntes par Myluis c & Mercatusd. fukar. part. i'.rel"e Diverfes pierres figurees du Mont-Carmel & des environs , paiTent dans &Mctalhthcarati-^e Pays ' Pour <*es mel°ns & des olives petrifiees. II y a deja du temps unalapid. 'ihipufifet. lue 'es Naturaliftes favent a quoi s'en tenir fur ces fortes de petrifica- fi>g. 281. hum. 1717. tions. On peut confulter fur cette matiere, outre les auteurs deja cites; e Jo/,. Phil. Brey-Breyniuse, & les favans memoires de MM. Geoffroy, de Reaumur, & ■»• EP'- hMtlmi- de Juffieuf. 1722. " " Toutes les cotes de Syrie abondent en petrifications de diverfes efpe- f 'Mem. /lead. 1716. ces< ^n trouve dans le Mont Cashavan , proche de Barut, autrefois Ba- fag. 8. 1721 , pp.rjtos , des pierres d'un blanc-fale , mediocrement dures, qui fe caffent 6? , =55 6" 3 22- par lames-, il s'y rencontre frequeminent des empreintes de corps de Empreintesdepoif-poiiTon, d'une couleur jaunatre & doree , difterente de celle du refte de ons lur la pierre. ]a pierre ; j'ai deux ou trois de ces empreintes. On en trouve de la meme g i«w«i, ;. 38. efpece dans ies montagnes de Suiifesg, de Saxeh, &c. h Matatm.p. 319. jj)ans ja montagne Voiline de Seyde, & dans Tune des caves taillees IJiJl. Acad 1703. jaus le roCj qiu fervojt de fepulcre aux anciens Juges 011 Siiffetes de Si- v» 23. 1700. p. I34 j *\ \ ■ l j 1 ° Arb p/tr' ' > " v a Prcs de 3000 ans, j ai decouvert un tronc d'arbre petrifie d'en- viron un pied de diametre, qui avance a peu-pres de 4 pieds hors du roc ou il eft enclave. L'arbre eft beaucoup plus dur que le refte du ro- cher, le bout qui deborde eft rompu aflez net, la coupe n'en eft pas ronde, mais ovale, & le grand diametre eft horifontal, cequiprouve que la/bre a pris cette forme par le poids dont il etoit charge, avant que de s'etre durci entierement. On y reconnoit tres-diftinccement les accroiffe- rnents annuels de la feve qui fe manifeftent fur la coupe, par des circon- ferences concentriques, & felon la longueur, en quelques endroits dela- tes , par des lignes paralleles , entre lefquelles la diverhte des nuances in- dique les differentes fibres du bois. Je n'ai pu enlever de cet arbre qu'un fort petit eclat vers la fuperficie, qui ne paroit differer en rien d'une pierre a fufil ordinaire. II n'y a pas lieu de douter que cet arbre ne fut DE L'ACADiMIE ROYALE DES SCIENCES. 45 dcja pctrific, du temps de l'cxcavation de ces Catacombes, puifqu'il fait "*"MMMMI^^S partie du roc dans lequel elles font taillees. Physique. Les coquillages dc rifle de Naxie, dans l'Archipel, font renommes pour leur beaute & leur varicte. M. de Maupertuis, de cette Academie, les a Annie ij$%. reconnus la plupart pour cue les memes qui fe trouvent fur nos cotes de Coquillage dt Naxie. Bretagne. Le fol de la plupart des ifles de TArchipel eft de marbre. On y en Marbrci de I'Arcbi- voit , ainii que fur les cotes de Natolie , de tres-richement & rrcs-fingu- pei- lierement veines, que nous ne connoilfons point en France, & qui meri- tcroient fort d'etre mis en oeuvre. Les cotes de Macedoine , du cote de la Cavalle , abondent en metaux Mines d'argent, de & mineraux. J'ai rapporte des echantillons de plufieurs mines d'argent de Mace'doine. ces cantons, qui m'ont ete remis par M. le Comte de Bonneval , avec un Memoire detaille. Quelqucs-unes out ete travaillees du temps des anciens Grecs, & e'eft vraifemblablement de ces fources que Philippe de Mace- doine tiroit cet or, qui le failoit dominer dans toutes les Republiques dc la Grece. D'autres out ete ouvertes du temps des derniers Empereurs Grecs. Depuis quelques annees , on a tire de 1'une de ces mines, des emeraudes qui ont etc bien vendues a Conftantinople. Dans le voifinage des ruines de Troye, il y a encore une mine d'ar- Autre Mine. {;ent que les Turcs font travaillcr depuis quelques annees. II y a audi dans e meme canton , une carriere d'une efpece de granit , plus gris & beau- coup moins beau que celui d'Egypte •, e'eft de cette matiere que font ces Boulets del Dirda- fameux boulets des chateaux des Dardanelles , celebres par leur prodigieufe "eUes- groifeur. J'en ai mefure de z8 polices de Roi , de diametre; ils ont, par confequent, environ 6 pieds cubes de folidite & pcfent autour de 1200 livres , ce qui fait a-peu-pres le tiers d'un boulet de fer du meme volume. A mon retour de Conftantinople, j'ai vu pendant la traverfee, a di- Defcription d'un pe- verfes reprifes , & quelquefois pendant plulieurs heures , paffer le long du '.'J P°i1bn nommtf vaifteau, des milliers de petits poiffons fort (Inguliers, qui fiottent fur la ventaux!'31 " furface de la mer. Les Provencaux les nomment Ve'lettts. II n'eft fait au- cune mention de ce poilfon dans Rondelet, dans Jonfton, ni dans aucun Naturalifte , que je lache. II eft de forme ovale, a-peu-prcs de la grandeur d'une moule, mais PUndc in. F<>. J. fans coquille, fort plat,n'ayant pas une ligne d'epaifleur •, fa longueur eft depuis 738 lignes jufqu'a un pouce & demi ou environ, fa largeur a- peu-pres la moitie de fa longueur. Je parle de ceux que j'ai vus, car i'ai oui dire a quelques marins, qu'il y en avoit de grands comme la main, vers nos ifles d'Amerique, & qu'on en voyoit d'une autre efpece fur quelques rivieres. Quoi qu'il en foit, le corps de ceux dont il eft ici ' queftion,eft une fubftance molle & vifqueufe, de couleur d'indigo fonce; les bords font plus minces & plus tranfparents , le milieu eft couvert de quantite de petits filets de relief argentes, qui forment des ovales concen- triqties & paralleles, lefquelles fe perdent & deviennent imperceptibles, en approchant des bords. Toutes ces ovales font traverfees de plulieurs lignes oil rayons qui partent de leur centre comnmn, comme dans les 4«5 ABREGE DES MEMOIRES MMMM" toiles d'araignees de jardin : ce centre O qui forme line eminence poin- P h y s i Q u E. tue > e^ l'endroit le plus releve du corps de l'animal , le dcffous vers les bords eft herifle d'une prodigieufe quantite de filaments bleus PPP de Annie 1J33- trois a quatre lignes de long qui paroiffent les pattes on les nageoires de ce poiffon , & qui ne fe dittinguent bien que dans l'eau. II nage, ou pour mieux dire il flotte fur la furface de la mer felon fa longueur, mais ce qui l'aide a s'y foutenir, & qui lui a fait donner le nom de Velette , Fig. 4. eft une efpece de crete ABC qui seleve verticalement fur fa furface fu- perieure. Cette crete lui fert, pour ainfi dire, de voile, que les Proven- c_aux nomment vile ; elle eft-a-peu pres audi haute que l'animal eft large, Fig- 5. elle le traverfe en ligne droite AB obliquement, & fait avec la ligne CD, qui le partageroit egalement fuivant fa longueur, un angle ACE qui pa- roit a-p?u-pres le tiers d'un droit. L'ebliquite de la voile eft toujours du meme fens, c'eft-a-dire, de gauche a droite, en paffant de la partie ante- rieure a la pofterieure ; fon contour eft a-peu-pres demi-circulaire, hors Fig. 4. qu'il fe termine an fommet par un angle faillant. Cette crete, voile oil cartilage, comme on voudra l'appeller, eft tres-mince, tranfparente & femblable a du talc. En la regardant de pres, on la voit traverfee d'un nombre infini de rameaux delies qui forment line efpece de refeau. Elle a an toucher quelque folidite , ^-peu-pr« comme de la come tres-mince I Fig. 3. 6" 4. mais elle eft bordee d'une membrane M , M , M, plus deliee, plus molle & plus tranfparente , d'une a deux lignes de largeur, qui fe flerrit & s'af- f.iitfe aufll-tot que l'animal eft hors de l'eau , d'oii Ton peut a peine le re • tirer fans le bleffer. J'en ai mis plulieurs dans un vailfeau rempli d'eau de mer oil ils n'ont pas paru vivre plus d'une heme. On reconnoit, on plutot on conjecture quJils ne font plus vivants, lorfqu'ils ne fe foutien- nent plus a plat fur l'eau comme dans Ieur fituation ordinaire, qu'ils en- foncent plus d'un coti que de l'autre, ou qu'ils font tout-a-fait renverfes la voile en bas. Du refte je n'y ai remarque bien diftinclrement aucun mouvement, autre que eel ui que caufoit l'agitation de l'eau dans les filets dont j'ai parle. Je n'ai appercu non plus aucune apparence de tete bien fenfible ■, leulement en regardant a travers le jour, on voit dans le milieu Fig. 5. un petit corps long & etroit HI, plus opaque que tout le refte, fitue fe- lon la longueur, dont la partie anterieure eft plus arrondie, la pofterieure fe termine en pointe , & Ton y remarque une ligne tranfparente qui la fartage en long, en deux moities. Autour de ce corps qui paroit etrc affemblage des parties interieures de l'animal , on voit une grande quan- tite de petits grains ronds, bruns & jaunatres qui reffemblent a des ceufs, & d'autres a des efpeces de mammelons. Suivant le temoignage des marins, e'eft plus ordinairement apres les calmes, & lorfque le vent d'eft fouffle, qu'on voit paffer ces efpeces d'in- feftes de mer. On dit cependant qu'on en voit dans toutes les faifons, mais plus ordinairement le printemps. On peut juger par cette defcription qu'au moindre gros temps l'agitation des flots doit tuer l'animal , aufli ers voit-on flotter plufieurs dont la voile eft couchee, & qui ont per.Ju l'e- quilibre. Cependant leur grande legeretc & leur conformation les foutien- DE L'ACADLMIE ROYALE DES SCIENCES. 47 rient fur la furfacc de la mcr, lors mcme quelle eft legerement agitee. Mon *~""**^^ defleiii etoit de les examiner plus a loifir , pendant ma quarantaine a Mar- Physique. feille, mais je n'en ai pu avoir de vivants, pendant le fejour que j'y ai fait. Tout ce que j'ai pu faire a ete de les deffiner fur le champ a la mer, -Annie 1733. & d'en conferver quelques-uns dans l'efprit-de-vin , oil dans le moment i's ont change de couleur, & de bleu fonce, font devenus feuille-morte. II s'y eft fait depuis un autre changement , & ils font aujourd'hui d'un blanc- £ilc, & beaucoup plus tra'nfparents qu'ils n'etoient. -«— ■ — — — 1 Sur les hauteurs du Barometre ohfendes fur d-ffirentes Montagnes. L |E barometre porte fur line montagne y baiffe , & baifle d'autant Hiftoire. plus que la montagne eft plus haute (a). Si Ton imagine que la colonne Voyez I'hiitoire d'air qui foutient 28 polices de mercure quand le barometre eft au ni- e.. Is°3_p' al" & veau de la mer, foit divilee dans toute fon etendue en routes fes parties, ^' telles que chacune foutienne une ligne de mercury , il eft certain que toutes ces parties feront inegales & croiifantes en longueur , depuis la premiere qui fera au niveau de la mer, & la moins longue de toutes, parce qu'elle fera chargee de tout leurpoids, & par confequent plus con- denfee qu'aiicun autre. II etoit fort naturel de penfer, comme a fait M. Mariotte, que les differentes condenlations, ou, ce qui eft la nierae chole renverfee, les longueurs de ces parties etoient proportionnelles aux poids qui les chargeoient , & nous avons yu en 1705 que cela s'eft toujours trouve' vrai tant qu'on a fait les experiences fur de fair enferme dans des tubes j mais non pas fur 1'air libre, tel que celui qui pele fur le barometre, & qui compofe notre atmofphere. C'eft lui dont on voudroit la hauteur par la progrefllon de M. Mariotte, qui la donneroit bien vite, mais c'eft juftement lui qui le derobe a cette regie. Quand TAcademie travailla en 1700 a la prolongation de la meridienne de Paris vers le midi, on ne manqua pas d'obferver les hauteurs, on plutot les defcentes du barometre fur des montagnes dont on connoiffoit par des operations geometriques l'elevation au-deflus du niveau de la mer. Par-la on voyoit quelle etoit la defcente du mercure pour une certaine hauteur connue de la montagne, hauteur qui etoit la meme que la lon- gueur dont la colonne totale d'air etoit diminuee. Autant d'experiences de cette efpece, e'etoient autant de points de divilion determines dans cette colonne totale d'air, autant de points don't la rarefaction par rapport a celle de la partie la plus baffe etoit connue. Mais on n'avoit pas encore un affez grand nombre de ces experiences, & Ll eft vilible qu'on n'en peut avoir trop. ( a ) C'eft Pafcal ciui , le premier , fit cette experience. EHe lui aroit e"te indiqu . y ■ Coll ■ Acad ■ cart Franc Tom, TU. PL. o Paj) . yg , F,y , Fu?. 3. F&. s. e m ilan Per&cal ae la. fai/t . Pltxn hertz 0n£a/ du. Carps a* I i2ru/Tia/ . • Coil-.lctid pgj-i Frgju- . Tom HI. PL 2 l\itf~ jq *,rtm<7 ,tsit. a* '• a> e- 3- vertu n'avoit point ete reconnue. Comme il y en a dans leiquelles elle eft tres-foible, il a imagine, pour la rendre plus fenfible, de fe fervir d'une aiguille, de quelque metal que ce foit, fufpendue fur un pivot comme une aiguille aimantee-, fi Ton approche d'un des bouts de cette aiguille un corps electrique, il l'attire plus ou moins fortement fuivant la force de fon electricite. II a reconnu, par ce moyen, que non-feulement l'am- bre & le jayet ont cette propriete, mais quelle eft commune a la plupart des pierres precieufes, comme le diamant, Ic faphir, le mbis, l'opale, l'a- methifte , l'aiguemarine , le cryftal de roche ; qu'on la trouve aufli dans le verre, la belemnite, le foufre, le maftic, la gomme lacque, larelinecui- te, l'arfenic, le fel gemme, le talc, l'alun de roche. Toutes ces differen- les matieres liii ont paru attirer nonfeulement la paille , mais tous les corps Iegers , comme le bois , les feuilles , les metaux , foit en limaille ou en fcuil- le, les pierres, & meme les liqueurs, com.ne l'eau & l'huile. Tome VJLPartie Franfoife. C r, 5o A B R E G E DES M E M 0 I R E S II lui a firmble de menie qu'il y avoit des corps qui n'etoient nul- Physique, lenient fufceptiblcs d'electricite , comme lenieraude , 1'agate , la coma- line, lcs perles , le jafpe , la calcedoine, 1'albatre, le porphyre , le co- Anmi IJ23' rail, le marbre, la pierre de touche, le caillou , la pierre hematite, l'e- meril, lesos, l'ivoire, les bois lcs plus durs, les metaux, I'aimant (a). II remarque que tons les corps eledriques n'ont aucune vertu s'ils ne font frottes, & qu'il ne fuffit pas qu'ils foient echaufles, foit par le feu, par le foleil, on autrement, quand mime ils feroient briiles ou mis en fu- iion. II ajoute plufieurs autres obfervations fur le changement qu'apporte l'interpohtion des dirrerens corps, mais nous approfondirons dans la fuite cette matiere beaucoup plus qu'il ne la fait. Nous paflerons fous filence, par la nicme raifon, des remarques fort curieufes qu'il a faites fur l'eflet que font les corps electriques fur le feu, la flamme, la fumee, fair, &c. Quelque temps aprcs, Otto de Guerike imagina de faire tourner fur fon axe , par lc moyen d'une manivelle , une boule de foufre grofle com- me la tete d'un enfant. Cette boule etant nine avec rapidite, li on appli- que la main deffus , elle devient electrique , & attire les corps legers qui lui font prefentes, fi on la detache de la machine fur laquelle elle a dii etre pofee pour la faire tourner, & qu'on la tienne a la main par l'axe, non-feulenient elle attire une plume, mais elle la repoufle enfuite, & ne l'attire plus de nouveau que la plume n'ait touche quelqu'autre corps-, il remarque que la plume chaflee par le globe attire tout ce quelle rencon- tre, ou va sy appliquer, fi elle ne peut pas l'attirer vers elle, mais que 1* flamme d'une chandelle la chafle & la repoufle vers le globe : il ajoute que la partie, ou le cote de la plume qui a ete attire & repoufle par le globe eft toujours le menie qui s'y applique, en forte quelle fe retourne li on prefente le globe a fa partie oppofee. Si Ton fufpend un fil au-defliis du globe, en forte qu'il ne le touche point, & qu'on approche le doigt du bout inferieur de ce fil , on verra le fil s'eloigner du doigt. II a auffi • remarque que la vertu ele&rique du globe fe tranfmettoit par le moyen d'un fil jufqu'a la diftance d'une aulne , & que lorfque le globe avoit ete rendu eleclrique par la rotation , & la main appliquee deflus , il confervoit fa vertu pendant plufieurs heures. Tenant l'axe de ce globe ainfi frotte dans une polition verticale, il promenoit une plume par toute la chambre fans quelle s'appliquat au globe (b). De meckamca Ehc- A-peu pres dans le meme temps , le fameux Boyle fit des experiences /iir tntatu fnduBiQiit. r * (a) Cette Enumeration des corps e'lefirifables par frottement ou fufceptibles d'etre at- tires par les corps e"lecrrifes , n'eft ni complette ni exa deux, font devenus ele&riques en les chauffant, & les frottant enfuite : mais outre que les fels font a-peu-prcs dans le cas des corps dont nous venons de parler, puifque plulieurs s'humedlent en les chauffant, ils ont encore l'inconvenient de s'alterer pour la plupart en les approchant du feu , ce qui jette dans ces experiences des difficulty qui ne meritent pas d'etre furmontees. II fatit de plus que les fels foient exattement polis pour les pouvoir frotter commodement, de facpn que je m'en fuis tenu aux deux dont je viens de parler , que j'ai reconnu tres fenfiblement etre eleclriqiiesi & qui me font prefumer que les autres le feroient de meme , fi Ton vou- loit fe donner la peine de prendre toutes les precautions qui feroient ne- ceffaires pour y parvenir. Les mtaux. II ne refte plus que les metaux , mais quelque peine que je me fois donnee , & de quelque maniere que je m'y fois pris , je n'ai pu parvenir, non plus que M. Gray, a, les rendre eleciriques •, je les ai chauffes, frot- tcs , limes , battus , fans y remarquer d'electricite fenfible ; j'ai cru quel- quefois y appercevoir quelque legere vertu , mais cela ne s'eft pas confir- me, lorfaue j'ai examine la chofe de plus pies. Ainli a Texception des me- taux , & des corps que leur fluidite ou leur molefle met hors d'etat d'etre frottes, tous les autres qui font dans la nature font doues d'une propriete quon a cru long-temps particuliere a l'ambre, & qui, jufqu'^ preientj n'a* voit ete reconnue que dans un petit nombre de matieres, ArticleII. Des corps ileclriqu.es par communication. Nous nous fommes propofes d'examiner inaintenant fi toils les corps peuvent devenir eleciriques, foit en les attachant au bout d'une cordeliee i l'extremite du corps eledrique, foit pour 1'attouchement , ou fimplement l'approche d'un corps dans lequel cette vertu a ete puiffamment excitee. J'ai eu foin de pofer les feuilles d'or ou autres corps legers que je vou- lois expofer a l'adion des corps eledriques fur des petits gueridons d'en- viron un pied de haut, afin que les ecoulemens eledriques ne fe repan-. dent pas trop au loin ; ce qui arriveroit fi Ton fe fervoit d'un appui ou fupport dont le volume feroit plus confiderable ? cette circonftance eft DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 57 non-feulement eflentielle a obferver, mais le choix dcla matiere du guc- S^— ?g ridon eft encore trt-s-importante, comme Ton va voir par Ies experien-p H Y s 1 o u e. cet faivantes. En me fervant d'un gueridon de bois, j'ai remarque qu'il n'y avoit que Annie IJ33. Ies corps capables de devenir electriques par Ic (imple frottement , qui contra&affent cette vertu par l'approche du tuyau •, en forte que mettant fur un gueridon de bois un morceau de metal, de bois, de pierre, &c. ces matieres n'acqueroient prefquc point d'electricite feufible, {a) mais lorf- que j'ai mis fur le meme gueridon un morceau d'ambre ou de cire d'Ef- pagne , l'approche du tuyau Ies a rendus electriques •, cette vertu n'etoit sas .1 la veriti bien considerable, mais ils attiroient & repouffoient tres- enliblement de petites parcelles de coton. J'ai fait Ies memes experiences avec des gueridons de metal, je me fuis fervi pour cet effet de chandeliers d'argeDt & de cuivre, l'ambre & la cire d'Efpagne pofes deffus, ont acquis de l'ele&ricite par l'approche du tuyau j mais Ies metaux , le bois , la pierre , n'en ont point contra&e. Je me fuis fervi enfuite d'un gueridon de verre blanc, haut de 8 a 9 polices, dont la bafe avoit 4. ponces de diametre , & la partie fuperieure 5 : il eft arrive avec ce gueridon , fans l'avoir chauffe , a-peu-pres Ies memes phenomenes qu'avec Ies deux autres ; je ne fis enfuite que l'approcher du feu pendant quelques inftants , de maniere que la chaleur en etoit tres- fupportable, meme en l'appliquant au vifage, & a proprement parler, ce n'etoit que l'avoir parfaitement feche : tous Ies corps que je mis alors fur ce gueridon, acquirent une vertu tres-confiderable par l'approche du tuyau \ le bois , Ies metaux , 1'agate , la pierre , une orange , un livre , enfin tout ce que je m'avifai deprouver devint tres-elecl:riqiie, & je doute qu'il y ait quelque corps dans la nature qui ne le devienne par ce moyen. On peut bien juger que .cette vertu n'eft pas egalement excitee dans tons Ies corps-, mais cequ'on ne s'aviferoit pas de foupepnner, e'eft que ceux dans iefquels elle eft la moindre, font ceux qui l'acquierent le plus facilement par le fimple frottement , tels que font l'ambre , la cire d'Eipagne , le verre blanc , &c. ces matieres ne contra£tcnt pas a beaucoup pres autant de vertu qu'un morceau de cuivre, de bois, un livre, &c. e'eft precifement ici le contraire de ce que nous avons vu arriver en fe fervant des gueridons de bois , ou de metal ; car Ies corps Ies plus eledriques par eux-memes , etoient Ies feuls qui puffent acquerir quelque vertu , & Ies autres n'en recevoient aucune fenfible. Pour m'affurer davantage de 1'erTet des difTerens gueridons , j'en ai fait un decire d'Efpagne, dont Ies proportions etoient i peu-pres Ies memes que cellesde celui de verre que j'ai decrit,pour voir s'il reufliroit de meme, & je n'y ai pas remarque de difference fenliblc : Ies corps qui ac- ( a ) Nous avons cm devoir conferver ces experiences , quoique contredices par des expediences plus certaines de nos phyliciens , quand ce ne feroit que pour montrer com- ment Ies faits qui paroiffent Ies plus limples quand ils font connus , peuvent cependant j'en ai ete bientot convaincu , car ayant enferme des feuilles d'or dans deux matras, & les ayant parfaitement bouches avec de la cire , les feuilles ont ete tres-fenfiblement attirees, & repouffees lorfque j'ai approche le tube des matras. Pour voir fi c'etoit a raifon de fa tranfparence que le verre donnoit paffage a la matiere ele&rique, ou a caufe de la difpolition qu'il a h. le devenir lui-meme, j'ai pofe fur le cercle de bois une plaque de cire d'Ef- pagne, & les feuilles ont ete attirees de meme qua travers la glace. Une feuille de papier, un morceau de carton, une plaiiche, une lame d'etain, etant pofes l'un apres l'autre fur le cercle de bois, ont arretd le- ledricite; ayant fait chauffer ces difterentes matieres, il n'y a eu que le papier qui ait laiffe paffer la vertu , toutes les autres l'ont intercepted Je me fuis fervi d'un cercle, ou collier de verre a-peu-pres du meme diametre, & de la meme hauteur que celui du bois, alors le bois, le car- ton , la platine d'etain etant un peu chauffes n'ont point empeche les feuil- les qui etoient au-deffous d'etre attirees par le tube. II faut que le collier de verre foit bien effuye, & exempt de toute humidite-, la gaze noire & la gaze blanche etant pofees fur ce collier de verre, les feuilles ont ete at- tirees de meme qua travers les autres couleurs. Dans toutes ces experiences les feuilles d'or & le collier de verre ou de bois etoient pofes fur un carton blanc •, je les ai mis fur une glace au lien de carton , & il eft arrive quelques petites differences dans les experiences, mais elles font de peu de confluence, & le detail pourroit en devenir ennuyeux. II refulte done de ce que nous venons de voir, que tous les corps chauffes legerement, de quelque nature & de quelque couleur qu'ils foient, laiffent paffer, ou du moins n'arretent point la vertu eleclxique s'ils font pofes (iir un collier de verre, & que fur un collier de bois quel- ques-uns la laiffent paffer fans etre chauffes , d'nutres ont befoin de l'etre , & d'autres enfin l'arretent abfolument, quoique chauffes. Ce qui arrive en fe fervant du collier de verre n'eft pas difficile a ex- pliquer, car la matiere elecMque paffant librement a travers le verre, elle peut agir fur les feuilles, & les appliquer contre la platine de bois. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. ,9 de carton , d'etain , &c. qui font rendus eleclriqucs par l'approche du '■" """"" tube. Physique. Cette obfervation s accorde a ce que nous avons remarque dans le pre- mier memoire, & fe reduit a ce principe que je crois pouvoir regarder Annie 1733. comme certain; tous les corps qui peuvent devenir eleciriques fans autre preparation que de les frotter, etant pofes fur un collet de bois, ne met- tent point d'obftacle a l'eleclricite •, ceux qui ont befoin d'etre chauftes plus ou moins fortement pour devenir eleciriques par le frottement, ont be- foin de l'etre de merne pour ne point intercepter la vertu eleclrique , & enfin les metaux que je nJai point encore pu trouver le moyen de rendre eleciriques par le frottement , l'intercepteront toujours jufqu'a ce que l'on ait imagine de leur faire quelque preparation qui les rendroit fufceptibles d'eleclricite immediatement ; & par eux-memes. Une obfervation bien limple prouve combien I'humidite met d'obfta- cle a l'eleclricite-, li Ton frotte vivement un morceau d'ambre, &que l'on refpire deffus , de maniere a l'humecler , il n'attirera pas les corps legers qu'on lui prefentera, mais un moment apres, cette humidite s'etant cva- poree d'elle-meme, l'ambre deviendra eleclrique, quoique foiblement, fans ctre frotte de nouveau. Les matieres les plus fufceptibles d'ele Septembre apres midi, par tin temps kc & affez froid, le foleil paroifiant de temps en temps , le vent au nord oueft , je fis attacher dc 10 pieds en 20 pieds , des foies d'un arbre a l'autre d'une des contre-al- lees , & ayant arrete un bout de la corde a la premiere de ces foies tranfverfales , je la pofai fur routes les autrcs jufqu'au bout de l'allee qui eft proche du mur d'un pavilion ; j'attachai a ce mur avec un clou , une foie en double, d'environ z pieds de long, & ayant fait la meme chofe .\ 4 pieds de la fur le meme mur , je paffai la corde dans ces deux efpeces de boucles •, l'ayant enfuite ramenee vers le bout de l'allee la plus proche de la maifon, & oil etoit arrete le bout de la corde, je la pofai fur la meme foie , & au moyen d'un troifieme retour que je fis faire a la corde , je la fis entrer dans la falle pour etre a couvert du vent •, elle paffoit en- fin fur une foie horifontale tendue dans la chambre, & portoit a fon extr£- mite une boule de bois de 1 pouces de diametre. On concoit aifement que j'eus attention a ce que la corde ne fut pas trop proche des arbres, ni de la muraille en aucun endroit, & que la moi- tie qui revenoit fut fuffifamment eloignee de l'autre : toutes chofes etant ainli preparees, on frotta le tube, & on l'approcha de la corde a 10 pieds ou environ du bout 011 etoit fufpendue la boule , elle attira fur le champ les feuilles que j'avois placees au-deffous-, on porta enfuite le tube a 100 pieds, a 300 , a 450, & enfin jufqu'au premier bout de la corde qui etoit a 616 pieds de la boule, elle fut toujours ele&rique, mais fa vertu etoit moins forte que lorfque le tube etoit plus proche. II eft a obferver qu'il fai- foit affez de vent, & que la corde faifoit trois coudes, le premier a 300 pieds, le fecond a 304, & le troifieme a6io. J'avois de phis le foin de toucher la boule avec la main apres chaque ftation qu'on avoit faite avec le tube, afin de lui oter toute la vertu quelle auroit pu avoir conferveV par l'approche du tube. Le lertdemain , a dix heures da matin, nous repetames l'experiencei elle reuflit encore mieux que la veille , parce que le tube etoit plus elec- trique , le temps & le vent etoient a-peu-prcs les memes. Je mouillai en- fuite la corde tout du long avec des eponges , l'ele&ricite n'en fut que plus forte , & meme ayant pofe d'abord le tube a toute la longueur de la cor- de, c'eft-a-dire a 611 pieds, (parce quelle s'etoit raccourcie de 15 pieds en la mouillant ) , l'ele&ricite fe manifefta dans la boule une mi- nute apres. Le 8 Septembre , il faifoit a-peu-pres le meme temps , le vent etoit le meme , mais tres-violent , ce qui agitoit extraordinairement la corde , neanmoins apres avoir allonge de plus de moitie' celle de la veille5 en la faifant aller & revenir dans la feconde contre-allee, au moyen de quatr.e DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 61 autres coudes, ce qui donnoit a la corde une longueur de 1 256 pieds, cllc ' fit Ton effet tres-fenliblement, fur-tout aprcs avoir mouille la corde. Physique J'ai pris deux morceaux d'un cordon de fil, gros comme le d<.igt, dont le premier avoit 6 pieds de long, & l'autre en avoit 8, je les ai affujettis ^nnee i"?3- chacun par un bout a deux brides de foie qui les coupoient a angles droits, & qui etoient difpofees de forte qu'approchant ou eloignant pa- rallelement ces brides l'une de l'autre , les deux bouts des deux cordons s'eloignoicnt ou s'approchoient 1'un de l'autre, de maniere qu'on pouvoit les fixer a la diftance que Ton fouhaitoit. Au bout du cordon de 8 pieds etoit fufpendue une boule debois, & le bout le plus eloigne du cordon de 6 pieds etoit fixe a une troiiieme bride defoie pour la foutenir en l'air; pre- fentant enfuite le tube frotte au bout du cordon de fix pieds apres avoir eloi- gne les deux cordons d'un police l'un de l'autre •, l'eledtricite etoit audi fenfi- ble dans la boule que li le cordon eut ete continu , a 3 polices elle letoit encore beaucoup, i 6 pouces un peu nioins,& a 1 pied beaucoup moins, & a-peu-pres comme a la diftance de 1256 pieds de corde continue; la matiere ele&rique coule done librement dans l'air , fans etre fixee par au- cun corps. J'ai attache au bout d'un cordon de fil de 1^ pieds de long, un globe de carton d'un pied de diametre, enduit de blanc & poli •, ayant arrete ce cordon fur deux brides de foie a l'ordinaire, & ayant fait approcher le tube du bout , le globe qui etoit a l'autre , devint fort eledrique , & atti- roit les feuilles d'un pied de diftance -, je touchai alors la corde du bout du doigt, le globe ceffa fur le champ d'etre eledbrique. Je compris faci- lement que la matiere avoit pris fon cours le long de mon doigt, & que s'etant communiquee a mon corps & au plancher, elle s'etoit diflipee par toute la chambre ; fur ce principe , je jugeai que li je faifois toucher la corde par un corps d'un moindre volume, toute l'electricite du globe ne feroit pas interceptee •, l'evenement juftifia ma conjedure , car ayant ful- pendu un morceau de bois a une foie , ie le pofai fur la corde , & le globe ne perdit qu'une partie de fon eledricite. II refulte de-la que le volume des corps que l'on fufpend pour devenir electriques , eft extreme- ment a conliderer; car s'ils font exceffivement gros, la vertu eft trop eten- due pour agir vivement, & s'ils ne le font point affez, Us ne reuniflent pas toute celle qui leur eft amenee par la corde. Je mis fur les cordons de foie une planche large d'un pied , & de qua- tre pieds de long , & je m'aflis fur cette planche , les jambes etendues le long de la planche, on approcha alors le tube d'une de mes mains, & l'autre, fous laquelle on prefenta des feuilles d'or , devint fort electrique ; je pris enfuite a ma main le carton fur lequel etoient pofees les feuilles , & paffant au-deffus la main de laquelle on venoit d'approcher le tube, les feuilles ne failoient aucun mouvement •, mais une autre perfonne qui n'avoit point approche de moi, venant a prefenter fa main au-deffus de ce carton , les feuilles y volerent avec beaucoup de vivacite. Ayant en- fuite rapproche le carton de mon vifage pour voir s'il n'attireroit point les feuilles, elies ne firent aucun mouvement, mais fitot que j'eus ctendu €i ABRtGE DES M^MOIRES r.w^jui-iinnB** |e brjs, & cloigne de mon corps le carton, les feuilles s'elanccrent d'elles- memes en l'.iir, & ne retombcrent point fur le carton ; je repetai plufieurs Physiqb e. fois ~nts exD^rience , qui reuflit toujours de la meme maniere , & qui Annie 173? fut accompagnee de quelques antres faits finguliers que je fupprime ici, m.iis qui trouvcront leur place dans un autre Memoire. En faiiant ces experiences, une perfonne voulut ramaffer line feuille d'or qui s'etoit attachee a ma jambe •, dans l'inftant quelle approcha fa main , elle entendit un petillement femblable a celui que fait le tube lorfqu'on en approche les doigts, elle fentit meme une petite douleur comme une piqure dans le doigt, & j'en fentis dans le meme moment une pareille a la jambe. Toute mon attention fut alors portee a ce nou- veau (a) phenomene , je voulus repetcr l'experience , & cela fe fit tres- facilement \ car , fitot qu'on avoit approche le tube de mes jambes , ou de l'une de mes mains, G quelqu'autre perfonne approchoit la main, ou le bout du doigt, de mon vifage , de mes mains, de mes jambes, ou de mon habit, il le faifoit fur le champ un, ou plufieurs petillements fem- blables ; mais ce qu'il y a de furprenant , celt la douleur reelle que fait ce petillement a l'un & a l'autre •, je ne la puis comparer qua une piqure faite trcs-brufquement, oua une brulure d'etincelle. On s'attend affez que ces petillements feront autant d'etincelles de lumiere dans l'obfcurite , & c'eft audi ce qui arrive reellement. Lorfqu'une autre perfonne s'eft mife a ma place fur les cordes, & qti'en approchant l'une de mes mains de fon corps , j'en avois fait fortir des etin- celles a plufieurs reprifes, ces petites piqures repetees me caufoient dans la main une efpece d'engourdiffement, qui m'a para durer quelque temps aprcs j je fentois audi quelquefois , en approchant des habits & du corps , cette efpece de voile delie , ou de toile d'araignee que Ton fent lorfqu on approche le tube du vifage. II refulte de ce memoire que les corps les moins propres a devenir elec- triques par eux-memes , font ceux qui font le plus facilement attires , & qui tranfmettent le plus loin, & le plus abondamment la matiere de U- le&ricite •, au lieu que ceux qui ont le plus de difpofition a devenir elec- triques par eux-memes, font les moins propres de tous a acquerir une elec- tricite etrangere, & a la tranfmettre a un eloignement conliderable. Article IV. De I'attraBion & Rfyuljion des Corps ileclriques. Otto de Guerike rapporte que Ton pent promener dans une chambre une plume par le moyen d'une boule de foufre rendue cle&rique , fans ( a ) C'eft ici la premiere obfervation qu'on ait faite des e'tincelles e'leftriques ; ?I y a loin de la , an coup foudroyant , a la de"couverte de 1'eledtricite naturelle , aux moyens de detourner la foudre & meme de i'hniter quelquefois. Cependant toutes ces de'couverte* out i\.i 1'ouvrage de peu d'anne"es , & cela dans un ficcle que tant de gens n'affectent de meprifer que p'arce que leur mifeVablc amour-propre eft fans reffource , depuis qu'on n'ef- time plus que les grands talens & les gonnoiffances utiles. DE L'ACADtMIE ROYALE DES SCIENCES. <55 que la plume approche de la boule. Haukfbee parle auffi de cette experience qu'il a faite avec un tube de verre , e'eft de cette maniere que j'ai reuffi. Physique. On frotte bien le tube pour le rendre eledtrique, & le tenant dans une foliation horifontale, on laiffe tomber au deffus une parcelle de feuille -Anntt 1733. d'or ; cette feuille prefente ordinairement la tranche , fi le tube eft bien electrique , parce que de cette maniere elle fend l'air avec plus de facili- te, & litot quelle a touche le tube, elle eft repouffee en haut perpendi- culairement a la diftance de huit oil dix ponces, elle demeure prefque im- mobile en cet endroit, &, li on en approche le tube en relevant, elle. s'eleve auffi en forte quelle sen tient tpujours dans le raeme eloignement, & qu'il eft impoffible de l'y faire toucher : on peut la conduire ou Ton yeut de la forte , parce quelle evitera toujours le tube. Si Ton fait durer l'experience pendant cinq ou fix minutes , la feuille s'approchera infenfiblement du tube, & enfin elle tombera deffus, mais fi-tot quelle l'aura touche, elle sen eloignera avec une nouvelle force, & continuera le meme jeu tant que le tube confervera fon ele&ricite. L'explication de tons ces faits eft bien (imple, lorlqu'on laiffe tomber la feuille fur le tube, il attire vivement cette feuille qui n'eft nullement electrique, mais des qu'elle a touche le tube, ou quelle l'a feulement ap- proche, elle eft rendue electrique elle-meme, & par confequent elle en eft repouffee , & s'en tient toujours eloignee , jufqu'a ce que fon eledtri- cite foit diffipee, ou du moins conliderablement diminuee; n'etant plus repouffee alors , elle retombe fur le tube ou elle reprend un nouveau ilectricite , & par confequent eft de nouveau repouffee, ce qui continuera tant que le tube confervera fa vertu. Si le tube n'a qu'une vertu medio- cre, & qu'on fe ferve d'un duvet, ou d'un morceau de coton, il arrive quelquefois qu'il ne les repouffe pas, parce qu'ils s'y attachent par leurs petits filaments, & que le tourbillon qu'il leur communique n'a point affez de force pour les faire detacher du tube, mais la raifon en eft fenlible, & l'experience ne manquera jamais de reuffir, comme nous l'avons dicrite, Ji le tube eft bien electrique. J'ajouterai encore une obfervation curieufe, & qui donne un nouveau jour a cette hypothefe. Si tandis que la feuille d'or fe tient fufpendue au- deffus du tube , apres en avoir ete repouffee, on approche de cette feuille le doigt, ou tout autre corps de qutlque volume, elle va s'y appliquer fur le champ, & de-la retombe fur le tube ou elle acquiert une nouvelle cledrricite , & elle eft repouffee fur le champ a la diftance 011 elle etoit au- paravant. Si on en rapproche une feconde fois le meme corps , oil tout autre, elle va de nouveau s'y appliquer, & recommence les memes raou- vements de ce corps au tube, & du tube en l'air, autant de temps que dure lelcdlricite du tube. II eft aife de voir combien cette experience s'accorde avec l'hypothe- fe •, car la feuille d'or etant devenue elecrrique par l'approche du tube , elle va fe joindre aux corps qui font d.ins fon voilinage, ainh qu'il arrive a tous les corps eleclriques qui ont plus de legerete que ceux auxquels ils tendent a s'appliquer. Si-tot que la feuille a touche ce corps, elle lui tranf- ou qu'ils le foient devenus par l'approche du verre-, le verre au contraire attirera tons les corps dont 1'clect.ricite eft de la nature de celle Anntt l J 32" de 1'ambre. L'ambre & les autres corps femblables feront les merries effets, ils repoufferont les corps de merae ele&ricite qu'eux, & attireront ceux qui font doues de l'autre ele&ricitd. Voila done deux ele&ricites bien demontrees , & je ne puis me difp.en- fer de leur donner des noms differents pour eviter la confufion des ter- ries , ou l'emb arras de definir ii chaque inftant celle dont je voudrai parler-, j'appellerai done l'une Yileclriciti vitrie , & l'autre \' ileclriciti r£- fineuj'e, non que je penfe qu'il n'y a que les corps de la nature du verre qui loient doues de l'une, & les matieres relineufes de l'autre, car j'ai deji de fortes preuves du contraire , mais e'eft parce que le verre & la copal font les deux matieres qui m'ont donne lieu de decouvrir ces deux dif- ferentes elecrricites. Pour juger done quelle eft l'efpece d'elecr.ricite d'un corps quelconque, il n'y a qu'a le rendre elecMque , & lui prefenter l'un apres l'autre un mor- ceau de verre & un morceau d'ambre , il fera certainement attire par l'un , & repoufle par l'autre ; fi e'eft un corps pefant , on le pofera pour cet effet fur l'aiguille ou regie de bois dont nous venons de parler , (inon , on le tiendra fufpendu a la main, ou de toute autre maniere qu'on jugera plus commode. J'ai voulu voir , par exemple , de quelle nature etoit l'ele&ricitc de la foie, j'ai pris un ruban de foie, je l'ai chauffe legerement , & le tenant d'une main , je l'ai paffe deux ou trois fois avec viteffe dans les doigts de l'autre main •, ayant pendant ce temps-la fait frotter un tube , je l'ai prefente au ruban qu'il a attire tres-vivement ; l'ambre , au contraire , la cire d'Efpagne, & la copal l'ont repoufle-, j'ai obferve de chauffer le ru- ban , premierement , parce que cela le dilpofe mieux a devenir eleftri- que. Ainli lcleftricite de la foie eft de la meme efpece que celle des refines. J'ai fait la meme experience avec line petite bande de toile, je l'ai chauffee & paflee dans les doigts , elle eft devenue ele&rique , ce qu'il eft aife de reconnoitre, parce quelle va s'attacher aux doigts, & i tons lcs corps qu'on lui prefente •, l'ambre l'a repouffee alors , & le verre l'a attiree , e'eft done encore la meme eledtricite que celle de la foie, ou reletftricite refineufe. La meme chofe eft arrivee avec une bande de papier chauffee & paflee de meme dans les doigts , le tube l'a attiree , & l'ambre l'a repouffee. J'ai approche l'un de l'autre le ruban de foie, & la bande de toile apres les avoir chauffes , &;rendus ele&riques en les paffantdans les doigts, ils fe font repouffes l'un l'autre , & au contraire , ils alloient s'appliquer vivement a tous les autres corps qu'ils rencontroient qui n'etoient point eledriques , ou qui ne l'etoient que de l'eleclricite vitree. Tous ces faits fe deduifent neceflairement des principes que nous avons pofes, & au- cun d'eux ne fouffre la moindre difliculte dans l'explication. DE L'ACAD^MIE ROYALE DES SCIENCES. 6°, Voyons maintenant quclques cxemplcs dcs corps qui ont l'cfpece d'i- lectricite que nous avons appellee vitr/e. J'ai pris deux ou trois aiguillees Physique. de laine , & aprcs les avoir chauffees , je les ai paffees a plulieurs rcprifes dans la main garnie d'un morceau d'etoffe de bine, clles font devenues Annie IJ33- ele&riques, ce qui fe reconnoit a ce qu'elles approchent de la main-, j'y at enfuite prefenti un morceau de verre frotte , qui les a repouffees , & au contraire , elles ont ete attirees par l'ambre & la gomme copal. Une grande plume que j'ai chauftee & frottee de meme, a fait le meme effet en la tenant fufpendue par une de fes barbes les plus dcliees. J'ai chauffe legerement un manchon de petit-gris , & ayant pafle bruf- «ruement la main deffus, a plulieurs reprifes, les poils font devenus elec- triques, ils ont cte attires par l'ambre, & repouffes par le verre-, mais rien ne fait un effet plus fenlible que le poil du dos d'un chat vivant. On fait qu'il devient fort ele&rique en pafTant la main deffus ■, (1 on en appro- che alors un morceau d'ambre frotte, il en eft vivement attire, & on le voit s'elever vers l'ambre en tres-grande quantite; fi, au contraire, on en approche le tube , il eft repouffe & couche fur le corps de l'animal. On feroit tente de croire par ce petit nombre d'exemples que toutes les matieres animales ont l'eleifrricite vitree, & les matieres vegetales la refineufe , mais je ne crois pas cette loi fi generale , & nous venous de voir que la foie , qui ne pent etre rangee que dans la claffe des matieres ani- males, eft celle de toutes qui eft la plus fufceptible de l'eleciricite refi- neufe, je me contenterai pour le prefent d'avoir etabli cette diftinction qui ne me paroit pas pouvoir etre conteftee, & d'avoir rapporte des exem- ples de 1'une & de l'autre electricite. On pourroit croire que le meme corps frotte avec des corps differenrs pourroit acquerir une differente eleclricite , mais j'ai eprouve qu'elle eft toujours la meme , & qu'elle ne differe que par fon plus ou moins de force; j'ai frotte de la foie avec la main qui n'a d'elle-meme aucune elec- tricity, & enfuite avec d'autre foie qui eft de tous les corps de cette efpece celui qui en a le plus , celle que j'avois frottee de la forte , a eu dans l'un & l'autre cas 1 ele&ricite relineufe ; la laine & la plume auffi frottees de ccs deux differentes manieres, ont eu l'eledricite vitree, & tant les uns que les autres n'ont diftere que par le plus ou le mcins d'ele|Ous avons fait en 17?; l'Hiftoire abregee de nos connoiflances furHiftoire. icleClricite , matiere qui eft prefqu'encore toute neuve, & qui, depuis le peu de temps qtt'on s'eft avife de la traiter n*a ceffe de fournir des phenomenes des plus furprenants. Cette hiftoire ne s'eft pas bomee a ce qui appartenoit a la France ou plutot a M. Dufay , elle a compris aufli ce qui appartenoit \ l'Angleterre, & principalement a M. Gray, & com- me ils ont continue a travailler tous deux en meme temps, & qui, plus eft, d'intelligence, leurs vues fe font ou aidees ou redifiees mutuellement, & ce qui reltilte de leur accord ou meme de leur oppolition , s'il sen trou- ve.en doit etre plus precieux aux phyliciens. M. Gray a decouvert, & M. Dufay la verifie, qu'il n'eft pas necef- faire, quoique nous l'ayons dit en 1755 , que tous les corps foient frot. tes, pour etre ele&riques. II en faut du moins excepter les corps fulphu- reux ou refineux , tels que le foufre , la cire , la poix , la gomme-lac- que, &c. on les fait fondre, & en cet etat ils n'ont attcune vertu eledtri- que; quandon les a laiffe refroidir precifement au point de pouvoir etre frottes, ils n'en acqttierent aucune par le frottement, mais s'ils font entie- rement refroidis , & , fans qu'on y ait touche , ils ont par eux-memes beau- coup de vertu. Et U y a plus. Ils la confervent long-temps, pourvu qu'on les enveloppe dans du papier, dans de la flanelle. On n'a encore de certitude que d'un an & derm, ce n'eft pas que la vertu fe foit eteinte en ce temps-la , e'eft que lobfervation n'a encore dure qu'un an & demi, & on ne fait jiifqiroil clle pourra aller. Le tourbillon eledtrique ne fe dUTIpe done pas li aiie- 7i ABREGi DES M £ M O I R E S '*— — ^SSS ment qu'on le croyoit & que nous l'avions dit. II eft meme etonnanf Physique. qu'il ^e conferve par une enveloppe appliquee au corps , on s'imagineroit qti'il devroit plutot en etre rompu & detruit. Et en effet on verra ici Annie 1734- qu'un cone de foufre qui s'eft forme dans un verre a boire, & qu'on en tire aifement, quand on veut, eft beaucoup plus electrique , quand il n'a pas cette efpece d'enveloppe , que quand il la. La vertu electrique , pour fe tranfmettre a une grande diftance , n'a pas autant de befoin , que nous l'avions inlinue en 1735, d'un corps exac- tement continu qui la conduife. Cette continuite peut etre interrompue, & l'interruption peut aller , felon M. Gray , julqu'a 47 polices anglois. Si l'on y prend garde , on s'appercevra que les obfervations nouvelles que nous rapportons, vont toutes a augmenter le merveilleux de leledtricite, & non a le diminuer, comme on le fouhaiteroit naturellement. Cepen- dant on peut fe flatter qu'on avance un peu , & M. Dufay a eu le plailir de voir que fon hypothefe hardie , des deux electricites contraires , 1'une vitree , l'autre relineufe , s'accordoit bien avec un fait (ingulier dont M. Gray lui-meme etoit furpris. M. Gray ayant mis dans une pofition vertjcale, un cerceau de 10 poli- ces de rayon , dont le plan etoit traverfe par une corde ou ficelle aflez longue qui paffoit par ion centre , & portoit a une de fes extremites une boule d'ivoire , il approcha le tube de verre bien frotte de ce cerceau , & par Ii donna la vertu electrique , non-feulement a toute fa circonfe- rence qui avoit plus de 1 zo polices ou de 10 pieds •, mais encore a la fi- celle & jufqu'a la boule , qui attiroit fortement un fil. En failant coulet cette boule , comme on le pouvoit , le long de la ficelle jufqu'au centre du cerceau, elle n'attiroit plus le fil, elle le repoufibit. D'ou venoit ce- la? l'hypothefe de M. Dufay en rend raifon. Deux corps qui ont pris . deux eleclricites de meme nature , fe repouflent. Le fil prefente a la boule placee a l'extremite de la ficelle , n'avoit point d'eleclricite , & etoit attire par la boule qui en avoit , mais quand cette meme boule etoit au centre du cerceau, il falloit que le fil, pour s'en approcher, entrat, Ce plongeat dans le fort du tourbillon electrique du plan du cerceau, il y prenoit de l'eleclricite & la meme qu'avoit la boule , & par confequent i! devoit etre repoufle par elle , puiiqu'il n'etoit pas aflez fort pour la re-i poufler lui-meme. Reprenons maintenant l'hiftoire des rccherches de M. Dufay, apres nous etre arretes quelque temps en chemin , foit pour confiderer celui qui etoit deja fait , foit meme pour faire quelques pas en arriere. A la fuite de ce que nous avons rapporti en 173} , M. Dufay a examine quels changements pouvoient apporter aux phenomenes de l'eleclricite les dif- ftrentes circonftances de la temperature & de la rarefaction ou condenfa- tion de 1'air. Les nouvelles experiences ont confirme que 1'humidite de l'air nuit beaucoup a la vertu electrique, & cela, a tel point qu'une journee que J'on croira feche, ne le fera pas aflez, parce que les precedentes auront ete tort humides. Le DE L'ACADiMIE ROYALE DES SCIENCES. 75 Le crand chaud eft audi contraire a cette vertu , & rneme Its hemes ! i: les plus chaudes d'un jour ordinaire. L'eut-on devine, apres avoir vu que Physique. les corps ihaufTes avant lc frottement , en devtnoient plus elcctriqucs ? Peut-etre ctpendant cela vient-U, non de la part du corps frotte, niais -^nn(e 1734. de l'homme qui le frotte , dont la tranfpiration alors trop abondante & trop chaude a quelque chofc d'oppofc aux ecoulenicnts, aux toui billons elecrriques. Un jour mediocrement chaud, ferein & fee, un vent de nord , font jufqu'a prefent les circonftanccs les plus favorables. La gelee a ete eprouvee & pourroit ne le ceder a aucune autre. La plus grande merveille eft que l'air ou fort rarefie, ou fort condenfe, diminue egalement la vertu eledtrique, elle a befoin de fair libre & or- dinaire, & les deux extremites oppofees entr'elles, lui font auffi oppofees. Cela eft bientot dit, mais on ne peut voir que dans le recit de M. Dufay, combien il a fallu d'invention & d'adreffe, pour parvenir a faire les ex- periences de l'ele&ricite dans tin air ou extiemement rare , ou extreme- ment denfe. L'art de faire 1'obfervation eft fouvent tine decouverte aulll diflicile que celle qu'on cherche par 1'obfervation. • Apres tout cela, M. Dufay eft venu a l'examen d'un phenomene <3es Ius frappants. On fait que la plupart des corps devenus electriques par ,e frottement, devier.nent audi lumineux par le meme frottement, du moins pendant qu'il dure. C'eft cette propriete que M. Dufiy coniidere prefentement. Le fameux diamant dont M. Boyle a fait un traite, auroit feul m(K pour engager M. Dufay a commencer fes recherches par les diamauts. On iavoit deja qu'il ne luifoit dans l'obfcurite que comme les autres font aufli etant frottes, le privilege que M. Boyle lui avoit attribue, n'etoit plus im Privilege , & il left encore beaucoup moins aujourd'hui , depuis que I. Dufay a trouve qu'il etoit commun a tons les diamants de couleus , & aux pierres prccieules, quoiqu'en dirlerents degres. II y a plus, & fans comparaifon plus. Quantite de diamants, quelques pierres precieufes, le cryftal de roche , & plulieurs autres corps dont on ie douteroit encore moins, n'ont pas beloin de frottement pour luirc dans l'obfcurite, il leur fuflit, comme a de vrais phofphores, comme a la pierre dc Boulogne, de s'etre abreuves de lumiere pendant un temps, non pas neceilairement ail foleil , niais feulement ^ l'ombre durant le jour. Quel chemin depuis le diamant de M. Boyle jufques-la ! M. Dufay ne traite ici que ce qui appartient a l'ele&ricite, & il rapporte les experien- ces fuivantes. Dans les corps elecftriques & lumineux en meme temps par le frotte- ment, lamatiere, qui fait I'eledricite ou le tourbillon electrique , doit etre difterente de celle qui fait la lumiere. C'eft la ce qu'indiquent plu- lieurs experiences, oii Ton voit ces deux proprietes varier diiteremment 1'une de l'autre dans les niemes fujets & dans les memes circonftances, l'une augmenter, tandis que l'autre diminue , mais ce qui decide prompte- ment & nettement, c'eft qu'un diamant mouille ou limplenient humc&e Tome VII. Partie Franfoife. K -+ ABREGE DES MEMOIRES "M,M"M"""* avec I'haleine, perd aufli-tof toute fon ele&ricite, & conferve toute fa lu- P h y s i o u p.. miere audi long-temps qu'il l'eut confervee naturellement. La lumiere excitee par le frottement eft plus vive & plus abondahte dans Annie 1734. \e vuide que dans l'air libre. M. Haukfbee, dit M. Dufiy, a frotte dans le vuide fur une etofte de laine, une boule de verre creufe , elle a donne d'abord une belle lu- miere pourpre qui a blanchi & diminue d'eclat a melure qu'il a laifte ren- trer l'air dans le recipient-, ce qu'il y a de tres-lingulier , c'eft que refai- fant la meme experience une ieconde fois , avec la meme boule de verre, cette lumiere pourpre n'a point paru, mais ayant repris une autre boule, elle donna pour la premiere fois feulement une femblable lumiere , apres quoi elle fut toujours blanche comme il etoit arrive avec la premiere boule. En forte qu'il paroit que le verre peut s'epuifcr de la matiere propre a produire cette lumiere purpurine , au lieu que toutes les autres experien- ces concourent a prouver que le verre , ainli que tous les autres corps electriques ne diminucnt point de vertu , quelque nombre de fois & quelque temps qu'ils ayent ete frottes. • II a imbibe enluite, premierement d'efprit de vin & enfuite de diflb- lution de nitre la laine fur laquelle fe faifoit le frottement , pour voir li ceia apporteroit quelque changement a l'experience •, mais cela n'a pas empeche la lumiere de paroitre en forme d'eclairs •, il eft vrai que le mou- vement qu'il imprimoit a la boule de verre , etoit (1 rapide,, que la laine en etoit echauftee au point d'etre brulee. Un globe de verre dont on a pompe l'air , & qui eft rapidement tourne fur fon axe , devient tres-lumineux dans tout fon interieur , lorfqu'oh appuie legerement fur fa furface exterieure , & la lumiere n'en eft ni plus confiderable ni plus vive, lorfqu'on appuie la main beaucoup davan'age & que par conlequent le frottement devient plus fort. Cette lumiere eft dans le meme cas que nous avons deja remarque a l'egard du tuyau ; il n'en fort point de ces parties brillantes qui s'attachent aux corps voilins, comme il arrive, lorfque rinterieur du globe oil du tube eft rempli d'air dans fon etat naturel, & ce qui eft affez lingulier, c'eft que dans 1'un ni dans l'autre cas , la chaleur du tube n'augmente pas lenfiblement fa lumiere. M. Haukfbee a ajufte l'un dans l'autre deux recipients cylindriques , en forte qu'au moyen de deux differentes roues, on pouvoit les faire tour- ner leparement, on enfemble foit du meme fens foit en fens contraire-, il y avoit auffi un robinet ajufte a chacun de ces recipients , pour pou- voir pomper l'air de 1'un independamment de l'autre & il a remarque que, li l'on pole la main fur le recipient exterieur , tandis qu'il eft tourne ra- pidement, la lumiere qui en fort, va s'appliquer fur la furface du reci- pient interieur , mais que cette lumiere eft beaucoup plus vive , ft les deux recipients tournent a la fois , foit que ce foit du meme fens on en fens contraire. La meme chofe arrive, quoique le recipient interieur foit vuide d'air. Ce font la les principals experiences qu'a faites M. Haukfbee fur h - DE L'ACAD^MIE ROYALE DES SCIENCES. 75 lumiere des corps dont 1'eledricite eft celle que nous appellons yitree •, JJ— ! void maintenant cellcs qu'il a faites fur ceux de l'electricite relineule , P h y s 1 Q u t. on fur !es uns & les autres compris &, pour ainli dire, confondus dans .... Annie 17^4. la meme experience. > - ' ^T II a r'rotte trcs-rapidement dans le vuide une boule d'ambre fur de la bine , elle a donne une belle lumiere & beaucoup plus vive & plus abon- dante qu*elle n'avoit fait etant frottee dans l'air libre audi fortemcnit & avec la meme viteffe. Le foufre frotte dans l'air libjre lui a donne tres- peu de lumiere, & dans le vuide, il n'y en a eu aucune. Un cylindre de gommc laque tournant rapidement fur fon axe dans l'air libre, a donne beaucoup de lumiere, lorfqu'il a applique deiiiis un morceau de flanelle , mais il en a donne beaucoup davantage , lorfque c'a ete la main •, cctte lumiere partoit de l'endroit ou fe faifoit le frotte- ment, & fe repandoit fur tout le cylindre. Elle difparoifToit dans lmftant que le mouvement cefibit , & elle ne fe detachoit point de ces parties briliantes qui dans les experiences faites avec le verre vont s'appliquer fur les corps voilins. La lumiere produite par le frottement du meme cylindre fur la laiae dans le vuide , etoit beaucoup plus vive que dans l'air libre -, en forte qu'il a remarqua dans la gomme laque prefque tous les phenomenes qu'il avoit obferves dans l'ambre. p II a pris un globe de- verre de lix ponces de diametre qu'il a enduit in terieurement de cire d'Efpagne , a l'exception des poles ou il avoit re- ferve un efpace de trois ou quatre polices , fans y n^ttre de cire ; en ayant enfuite pompe l'air & l'ayant ajufte fur la machine oil tour dont nous avons parte, il fit les obfervations fuivantes : a peine y eut-il appli- que la main pour occalionner le frottement s qu'il appercut , malgre l'obf- curite , l'image & la figure diftin<5te de toutes les parties de fa main peinte fur la furface concave & interieure de la cire d'Efpagne , en forte que cette cire fembloit etre devenue tranlparente, & qu'on pcut meme dire quelle l'etoit reellement ; car il voyoit fa main precifement , comme s'il n'y eut eu que le verre feul fans aucun enduit de cire d'Eipagne ; il a oblerve de plus que la cire n'etoit pas moius tranfparente dans les en- droits oil l'cnduit etoit plus epais que dans les autres ; elle l'etoit pa- reillemcnt dans quelques parties qui s'etoient un peu ecartees du verre eu fe refroidiifant , mais la lumiere etoit moins vive en ces endroits . que dans le refte du globe. Cette tranfparence qui faifoit que la main appliquee exterieurement fur le globe paroiffoit peinte en dedans etoit d'une efpece finguliere , car on ne voyoit point cette image de la main , en regardant fur les endroits du globe enduits de cire, il falloit regarder dans l'interieur du globe par les deux endroits ou il n'y avoit point de cire & alors on voyoit diftinftement l'image de la main peinte fiir la cire de la maniere que nous venons de le decrire. La couleur de cette lu- miere etoit la meme que s'il n'y cut eu que le verre feul , mais ayant K ij 7« ABREGE DES MEMOIRES l.iilTe rentrer dans le globe un pea d'air , la lumiere ceffa de paroitre P ii v s i q u £. dans les parties enduites de cire , & conlinua dans celles ou il n'y avoit que le vcire feul. Annie IJ34* Voila les principales experiences que j'ai trouvees dans les Aiiteurs fur !a lumiere des corps elecrriques, car je ne parle point des phofphores qui jont en tres-grand nombre , mais qui n'ont aucuii rapport a l'electricite ; je conlidere uniquement la liaifon que peuvent avoir entr'elles ces deux proprictes fingulieres, & pouretablir de l'ordre dans ce Memoire, je con- iidererai feparement les deux efpeces d'ele&ricite dont j'ai reconnu & demontre l'exiftence, & je vais commencer par rapporter quelques obfer- vations fnr la lumiere des corps electriques relineux. Si Ton prend un morceau d'ambre, de gomme copal, de cire d'Ef- pagne on de foufre & qu'on le frotte dans 1'oblcurite , il en fort de la lumiere, & ces quatre matieres m'ont paru en donner prefqu'egalement & de la meme maniere , lorfque les morceaux dont je me. (ervois etoient a-peu-pres de la meme forme & de la meme groffeur. Si done on prend line boule , ou pour plus de commodite, une pomme.de canne d'ambre, & qu'on la frotte par deifus avec la main , on appercoit entre l'ambre & la main une lumiere continue pendant le frottement ; mais li , apres l'a- voir legerement frottee deux on trois fois, on enleve fubitement la main de dellus fans la gliffer, & qu'er.fuite on approche le doigt du bord de cette pomme, fans meme la toucher, on voit un petit cylindre d'une lu- miere tres-vive qui fort de l'ambre, va frapper le doigt & retournant du doigt a l'ambre, fe fepare fur la furface en rayons, brillants, difpofes en forme d'evantail & difparoit dans l'inftant. Si,au lieu d'appliquer le doigt au bord de la pomme d'ambre, on le pofe au milieu en deffus, la lumiere fait le meme mouvement-, mais en retournant du doigt fur l'ambre, les rayons fe dilpofent en foleil qui a pour centre l'endroit ou le doigt a ete applique. Lorlque j'ai repete cette experience plulieurs fois de fuite, il eft fou- vent arrive qu'il n'etoit pas neceflaire de frotter l'ambre pour exciter cette lumiere , & qu'il fuffifoit de frapper defliis un peu fortement avec la main, & de la relever brufquement, ians la glifler fur l'ambre. Quelque- fois au contraire la lumiere ne paroiffoit que difricilement en frottant avec la main, & en ce cas je me fervois d'un morceau d'etoffe de laine, & l'experience reuUilToit de la meme maniere, lorfque j'approchois le doigt ; il y a toute apparence que ces varietes dependent de quelque humidite ou graiffe qui fe rencontre dans la main , car j'ai fouvent vu que je ne pou- vois exciter de la lumiere avec le creux de la main , tandis qu'avec la paume ou le bout des doigts, celareuflifToitparfaitement. Lorfqu'on trouve de ces fortes de difficultes, le plus court eft de fe lervir d'une etoffe de laine ou de foie, car en s'obftinant a frotter avec la main on s'echaurFe& cela nuit d'autant a la reuflite de l'experience. Voici maintenant quelques circonftances qui accompagnent cette expe- rience, qui n'ont enccre et^ obfervees & qui meritent attention. Lorf- que la pomme d'ambre a ete frottee , j'ai quelquefois attendu jufqu'a deux DE L'ACADtMIE ROYALE DES SCIENCES. 77 minutes pour en approcbcr le doigt, & Fecial de la lumiere s'efl fait a l'ordinaire, mais il a etc moins vif, & lorfque j'ai attendu plus long-temps, p H y s 1 q u e. il ne s'eft point fait du tout. Si an lieu d'approcher de l'ambre frottc, le doigt 011 la main , jc me fervois d'un morceau de laine de foie, de papier, Annie 17 34- ou de quelquc autre corps fcmblable , il ne fortoit de l'ambre aucune lu- miere, oil s'il en paroiiloit ciuelquefois, elle etoit li foible qu'on avoit feine a l'appercevoir. La meme chofe arrivoit lorfque j'approchois de ambre, un autre morceau d'ambre , de copal, de loufre , &c. ce font done Jes corps eledriques ou plutot ceux qui out le plus de difpolition a le devenir, qui ne font point fortir de l'ambre frottc, cette lumiere qui paroit, fi Ton en approche le doigt; on voit combien ce fait a de rapport avec h plupart des experiences faites pour le meme fujet. On a connu, par ces experiences , que les' corps les plus propres a devenir eledriques par euxmemes, etoient ceux qui le devenoient le moins par communi- cation , ici ces memes corps ne font point fortir la lumiere des corps eledriques relineux, tandis que les autres le font, meme, fans y etre ap- pliques immediatement. Pour que le rapport fut exact , il falloit que la foie, la laine, l'ambre & les autres corps femblables etant mouilles, e'eita-dire, etant dans la difpolition la plus contraire a l'eledricite, il falloit , dis-je, qu'ils htient le meme efFet que le doigt; e'eft effedivement ce qui arrive, &, lori- qu'apres avoir frotte de l'ambre , de la copal , du foufre , &c. j'en ai appro- che quelqu'un de ces memes corps, ou quelque corps que ce foit mouil- le, il en eft forti 1'eclat de lumiere, de meme que, li j'en avois approche le doigt oil la main •, enfin les metaux rendent l'analogie entierement com- plete. On fait que les metaux font les corps les moins propres a devenir eledriques par eux-memes, & qu'en meme temps ce font ceux qui le de- viennent le plus facilement par communication , ils doivent done par cette meme raifon faire fortir la lumiere des corps eledriques-, e'eft en erlet ce qui arrive, & il m'a paru que le choix des metaux etoit a-peu pres indif- ferent, mais l'experience la plus frappante en ce genre, eft de frotter im morceau de copal 011 autre corps femblable, & d'en approcher enfuite line canned pomme d'ambre, on voit que,ii i'on applique l'ambre fur h copal, il n'en fort point de lumiere, & qu'elle paroit enfuite, (i Ton en approche la virolle dor 011 d'autre metal qui joint la pomme a la can- ne ; car il eft a remarquer que lorfque le corps elediique eft frotte de maniere a pouvoir donner de la lumiere, li on le touche avec une de ces matieres que nous avons reconnu n'etre point propres a la faire paroitre, cela ne le depouille pas de la faculte de donner de la lumiere, & qu'elle paroit auffi-tot qu'on vient a en approcher le doigt, un metal, &c. en forte que Ton pcut encore ajouter aux principes que nous avons etablis, celui-ci : que les corps relineux ayant ete rendus eledriques par le frot- tement, li Ton en approche les corps les moins propres a devenir eledri- ques, ils en font fortir de la lumiere, & qu'au contraire les eledriques relineux ne le font point. Quoique j'aie parle en general de tous les corps dont L'eledricite eft re- 78 ABRiGi DES MiMOIR'ES fineufe, il s'cn faut beaucoup neanmoins que la lumiere qu'ils rendentj P ii y s t q v r.fo't accompagnee des memcs circonftances, & il y a fur ce fujet plufieurs obfervations curieufes a faire, mais ce derail qui feroit immenfe , & qui Annie ?7?,<- paroitroit aujou'rd'hui de pen d'importance, deviendra vraifemblablement un jour plus facile, & peut-etre fort intereiTant, lorfque cette matiere fera connue plus parfaitement On pent dire la meme chofe des corps , dont l'eledtricite eft celle que nous appellons vitree-, quoiqu'ils faffent tous a-peu-prcs les memes eftets par rapport a l'eledlricite , & qu'il n'y ait prefque de difference que par le plus ou le. moins de force de cette vertu, les phenomenes qui les ac- compagnent, par rapport a la lumiere, font tres-differents ', ceux dont la vertu elecftrique eft foible, ne rendent point de lumiere, ou du 'moins elle eft Ii pen confiderable , quelle ne fubfifte que dans le frottement , & en ce cas la matiere dont on fe fert pour frotter, empeche qu'on ne l'ap- percoive, mais comme nous favons que la faculte de rendre la lumiere eft une ftiite atTez ordinaire de 1'electricite, & que nous n'ignorons pas, que tousles corps folidcs ou qui peuvent etre frottes, (ont capables d'e- lecbicite , on pent conjecturer qu'ils le font audi de rendre de la lumie- re •, mais ce fait n'eft pas affez important en lui-meme, pour qu'on fe donne toute la peine qui ieroit ndceifaire pour le verifier-, il nous refte un alfez grand nombre de faits curieux h obferver dans les corps dont la lumiere peut etre tres-fenliblement excitee, pour que nous puiflions negliger ceux- la , ou du moins les remettre a un autre temps. Nous avons parle, dans d'autres memoires, de la lumiere que rend le verre dans differentes experiences , nous en dirons encore quelque chofe dans la fuite-, mais je dois commencer par les pierres precieules qui me paroiflent , a proportion de leur volume, etre plus lumineuies que toutes les autres matieres que j'ai effayees. Je n'en ai trouve aucune qui ne ren- dit de la lumiere, etant frottee, mais svec des varietes dont il m'a ete impoffible de demeler la caufe, parce que fouvent elles fe rencontrent dans des pierres de meme nature & de meme efpece. J'ai, par exemple, trouve des diamants qui, pendant qu'on les frottoit fur une etoffe de laine ou autre matiere femblable, paroiffoient entoures dune lumiere tran- quille qui les fuivoient dans tout le mouvement qu'on leur donnoit , & qui dilparoifloit fi-tot qu'on ceffoit de les frotter. D'autres ne font pas lenfiblement lumineux, tandis qu'on les frotte, mais fi, apres les avoir frottes, on vient a glider le doigt ou l'ongle deflus, on en voit fortir de- Eetites etincelles brillantes ; il y en a fur Iefquels il fuffit de palTer le out du doigt, & qui, i chaque fois qu'on le palTe, donnent une lumiere doiice & tranquille, fans eclats ou etincelles , qui femble fuivre le doigt & s'evanouir (i-tot qu'il ne touche plus la pierre; d'autres, en les frottant de la meme maniere, confervent cette lumiere quatre ou cinq fecondes ; en forte que recommencanf a palTer le doigt deftus, lorfque leur lumiere s'affoiblit, ils paroiffent donner une lumiere prefque continue & unifor- ms Enfin il y en a qui, frottes fur la laine, la foie, &c. s'empreignent d'une lumiere qu'ils confervent pendant plufieurs minutes. On trouve dans DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 79 l'hiftoire de l'Academie de l'annee 1707 diverfes experiences bites par! M. Bernoulli & M. Caffini. fur pluiieurs corps durs frottes contrelep h v s 1 q u e. vcrre & les diamants ; mais ces obfervations n'ont aucun rapport a l'c- lecmcite, ainfi nous n'en parlerons point prefentement. Si Ton cxaminoit ■Annie 1734. un plus grand nombre de diamants , peut-etre y trouveroit-on encore d'autres varietes ; mais comme on nc finiroit point, fi on vouloit s'arreter a routes les circonftances qui meritent attention, je vais feultment ren- dre compte de quelques faits que Boyle rapporte dans le traite intitule Adamas lucens, dont nous avons parle plus haut, & qu'il a.obferves fur un diamant qu'il croyoit alors etre le feul qui eut cette propriete ■, il en a cependant trouve d'autres depuis qui faifoient peu a peu le meme effet, mais il dit en avoir eflaye plulicurs inutilement, ainli que le cryftal de roche , cependant j'ai obferve que le cryftal de roche & tous les dia- mants & autres pierres precieuies tranfparentes , ont donne de la lu- miere de quelquune des manieres dont je viens de parler a l'egard des diamants. Le diamant dont s'eft fcrvi M. Boile , etoit long de 4 lignes , & un peu moins large, il avoir une table affcz grande, il etoit d'ailleurs d'une vilaine eau , & avoit un nuage blanchatre qui occupoit environ le tiers de la pierre, il l'examina au mycrofcope, & n'y trouva ricn de lingulier. Ce diamant conlervoit fa lumiere, apres avoir etc frotte, en forte que l'agitant dans l'obfcuiite avec vJteffe, on voyoit une trainee de lumiere con- tinue ,• etant exnofe de fort pres a la damme d'une bougie , & enfuite tranfporte dans' l'obfcurite, il confervoit une lumiere fenlible, mais plus foible que celle qui etoit excitee par le frottement : j'ai tente cette expe- rience fur un grand nombre de diamants, & j'en ai trouve pluiieurs qui faifoient le meme diet, & dont quelques-uns ont confervc dans 1'obkuiite une lumiere fenlible pendant pluiieurs minutes. M. Boyle a obferve de plus, qu'appliquant ce diamant (bran fer chaud, ou le tenant quelque* temps prefle fur la main oil quelqu'autre partie de fon corps echauffee , il rendoit un peu de lumiere , mais tres-foible. Ayant eflayc ii le diamant, aprcs avoir etc rendu lumineux, par quel- . qu'un de ces moyens diiferents du frottement, avoir contradce quelque verm eledrique, il a trouve qu'il n'en ayoit aucune, ce qui lemble prou- vei que cette lumiere eft d'une autre luture que ctlle qui accompngnc l'electricite que ncus avons appellee vitree. II a aulTi cru remarquer quelque difference dans la vivacite de 4a lu- miere de ce' diamant, fuivant la couleur de 1'etofFe fur laqiu'.'e il etoit frotte, en forte qu'elle etoit plus brillante far une etofte blanche que fur une noire. La lumiere etoit pareillcment excitee en le frottant fur divers autres corps , comme du bois , de la faience , de la corne , Sec. Ayant rendu ce diamant lumineux par le frottement , il i'a plonge dans l'eau & enfuite dans diverfes autres liqueurs , comme l'efprit de vin , les efprits acides , les liqueurs alkalines , &c. il y a ccnlerve fa lumiere-, mais ayant tente de l'exciter fous l'eau meme , en y plongeant un mor- ceau de bois & frottant le diamant delTus, il n'a pas pu y reuffif, il a 80 ABR^GE DES MEMOIRES w^— ^— ^^» aaffi obferve que, lorfqu'il avoit etc monille, il falloit le frotter beau- P y s o it coup plus long-temps, pour exciter fa lumiere-, cependant il lui eft quel- quefois arrive de le rendre Un pen lumineux, en le tenant quclque temps Annie 1 134. plonge dans l'eau chaude. II a eprouve qu'on pouvoit exciter fa lumiere, fans le chauffer ni le frotter, en le prc-lfant fortement fur un morceau de faience , ou en ap- puyant brufquement un poincon d'acier contre la table du dimnant •, mais il eft aife de juger que toutes ces manieres de le rendre lumineux , ne le faifoient point devenir elecMque , ce qui prouve de plus en plus la difference que nous avons deja fuppofee entre la matiere de l'ele&ricite Sc celle de cette efpece de lumiere. J'ai fait avec foin la plupart de ces experiences & elles m'ont toutes reuffi a-peu-pres de la mime maniere qn'h M. Boyle, avec cette diffe- rence, que je a as jufqu'a prelent trouve aucun diamant qui ne rendit de la lumiere , etant frotte •, routes les autres pierres precieufes que j'ai ef- fayees en out rendu auffi, ainli que je l'ai deja dit -, mais le plus ou moins de lumiere , ne depend ni de la beaute ni de la groffeur de la pierre : j'ai frotte pendant affez long-temps deux tres-gros diamants de l'eau la plus belle & la plus leche , ils n'ont pris qu'une lumiere affez foible qu'ils oht confervee pendant trcs-peu de temps , mais qu'ils n'ont pas perdue en paffant defllis un linge mouille-, ils n'avoient Pun & l'autre qu'une ties - mediocre eledtricite : un troilieme diamant d'une auffi belle eau , mais taille dune facon extraordinaire, qu'on nomme d I'Indienne ou en Puits ctoit tres-lumineux, pour pen qu'on le frottat, il etoit auffi trcs-electri- que; cependant je ne connois entre ces diamants d'autre difference que celle de la taille , les deux premiers ayant line tres-grande table & le dernier l'ayant fort petite , mais etant trcs-eleve & tres-profond. Je n'ai pas o(e chauffer les deux premiers a la flamme, craignant de ne pas les chauffer alfez egalement, a caufe de leur g'rande etendue & qu'il ne leur arrivat quelque accident; mais je juge par l'analogie des autres experien- ces que j'ai faites, qu'ils n'auroient contrafte que tres-diflicilement de la lumiere & qu'en ce cas msrae elle auroit ete trcs-foible , mais j'ai chauffe le troilieme a la flamme d'une bougie & l'ayant tranfporte dans l'obfcu- rite, il a paru entoure d'une lumiere tres-vive & a-peu-pres femblable a celle des vers luifants. La meme chofe eft arrivee a un petit diamant bleu & a un diamant jaune d'une groffeur affez confiderable : mais cette lorte. de lumiere n'ayant aucun rapport a l'electricite , puifque tons ces diamants, dans le temps qu'ils rendoient le plus de lumiere, n'avoient aucune attraction fenfible , je me contenterai de dire prefentement que plufieurs diamants, quelques pierres precieufes, le cryftal de roche & plu- fieurs autres corps qu'on ne s'aviferoit point de foupconner , etant expo- ses a la flamme ou a la chaleur ou an foleil, ou meme a la leule lumiere du jour, quoi qua Tombre du foleil, ainfi que je l'ai eprouve, y ac- quierent line lumiere qu'ils confervent dans l'obfcurite, pendant un temps affez confiderable -, ce phenomene nouveau mdrite une attention particu- Jiere & peut faire le iiijet d'un travail tres- ciuieux , mais qui ne paroit pas DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 8r pas avoir de rapport a l'objet adhiel de nos rcchcrches : les auteiin qui put dit que ccrtaines pierres precieufes & en particulier le diamant, pt! ys I Q u eclairoient dans l'obfcuritc, etoient peutetre beaucoup mieux fondes qu'on ne l'a cru jufqu'a prefent. Qu'une perfonne ayant dcmeure quelque temps Annee 1734. dans un lieu oblcur, & ayant par conlequent la prunclle forr dilatee , y ait vu apporter un diamant qui atiroit etc expofe pendant quelques minu- tes au loleil , oil a quelqu'autre chaleur equivalente ou (implement a la lumiere du jour, elle aura certainement vu ce diamant lumineux-, &, corame c/atira ete fans deffein que ce diamant aura etc expofe au folcil, ou a la lumiere, on n'aura pas imagine d'attribuer ce fait fmgulier a line caufe audi legere , & on aura penii ou que les diamants font lumineux par eux-memes, ou que e'en ell une efpece particuliere a laquelle on a donne le nom d'efcarboucle dont par la (uite on a embelli la defcriptiou & exagere les proprietcs. J'ajouterai encore que fi quelqu'un veut tenter ces experiences fur le pen que j'en ai dit, il y trouvera des varietes furprenantes , dont il n'eft pas temps de donner maintenant l'eclairciffement , il faut uniquement nous occuper de XEleclricid vitr/e. J'ai effaye un grand nombre de diamants, &quoique tons aient ete ren- dus cleclriques par le frottement , & qu'ils aient tons donne de la lu- miere, il y a eu des differences tres-conliderables dans leurseffets, dont il eft difficile de pouvoir affigner la caufe-, ce que je puis feulement dire en general, e'eft que les plus gros diamants, comme du poids de 70 a 80 grains, ne font ni plus electriques ni plus lumineux que les petits-, que meme la beaute & la nettete du diamant ne paroit pas y rien faire, mais la £15011 dont il eft taille n'eft pas audi indifferente : j'ai roujours trouve que ceux qui font plats & ont une grande table , font moins eleclriques & moins lumineux que les brillants eleves. Les diamants de couleur meritent une attention particuliere •, de tous les jaunes que j'ai effayes, je n'en ai trouve qu'un qui ne frit que medio- crement eledtrique ; tous ont etc tres-lumineux : un trcs-beau diamant, fleur de pecker, rendoit une lumiere conliderable , des le premier frotte- rtrent , & etoit eledlrique , mais moins que les jaunes : un verd n'a pris que difticilement de la lumiere, & cependant il etoit plus eledlrique que le precedent-, un diamant bleu d'une affez grande etendue, mais rempli de points & de glaces , n'a point donne de lumiere fenlible etant frotte, il en fortoit feulement quelques etincclles, lorfqu'aprcs l'avoir frotte, on eu approchoit le doigt, cependant il etoit trcs-elettrique-, enfin un diamant de couleur d'ametyfte faifoit les memes effets, tint par rapport a la lumie- re , que par rapport a l'ele&ricite •, j'ajouterai que tous les diamants dont je viens de parler etoient brillantes : je Its ai frottes fur differents corps, ians y avoir remarque de difference bien fenfible, 11011 plus que par rap- port a la couleur del'etoffe, fur laquelle je les frottois, quoiqueM. Boyle dile y en avoir remarque. Les exemples que nous venons de rapporter fu:1ifent pour faire voir que la faculte de rendre la lumiere n'eft pas tellemcnt dependaute de 1» Tome VII. Panic Franfoife. L Si ABRfGi DES MiMOIRES !vertu e'.ethioue, qu'il n'y ait des corps de meme nature & dc racrae cf- P h y s 1 O u e Pcce ' ^ont 'cs uns iont P'us hunineux & moins electricjiires , & les autres ' an contraire plus ele&riques & moins lumineux ; d'oii il refulte que, quoi- Annfe l "i 34. que ces deux proprietes paroiffent extremement liees Tune al'autre, cllcs ne tiennent pis cependant a la meme caufe', & on pent apporter une preuve bien iimple & bien decifive de cette difference, qui eft que, li Ton frotte un diamant capable de devcnir eledtrique & lumineux , &,qu'a- nrcs l'avoir frotte, on le mouille , ou que (implement on I'humeifte avec l'haleine , fa vertn eleiftriqne fe trouve aneantie fur le champ , mais fa luraiere fubiifte aufli long-temps que s'il n'avoit pas ete mouille. J'ai fait les memes experiences fur routes les efpeccs de pierres precieu- fes,mais les varietes qui en rtffultent n'ont rien d'affez determine, pour qu'on puifle favoir s'il les faut attribucr a la coulcur, i la taille, a la du- rete , ou a quelqu'autre caufe moins connue ; ainfi je n'entrerai dans au- cun detail h ce fujet & je me contenterai d'ajouter aux autres principes que j'ai decouverts dans d'autres Memoires, celui ci , que la lumiere ex- citee par le frottement n'eft pas tellement liee h l'eledricite , qu'elle ne puiffe fublifter, lorfque cette derniere propriete eft aneantie par le moyen de I'humidite. Je ne rappellei'ai point ici les experiences faites par rapport ;i la lumiere qui accompagne toujours l'eledlricite du verre, mais j'oblerverai que ce phofphore li connu qui fe fait en vuidant d'air un matras dans lequel il y a du mercure, eft une nouvelle preuve de la difference reelle qu'il y a entre la matiere qui fert a l'elecTrricite & celle qui occalionne la lumiere •, car li Ton frotte ce matras dans l'obfcurite, il devient tout a la fois elec- trique & lumineux; (i an contraire, on fe contente d'agiter fortement le mercure, il devient lumineux comme Ion fait, mais il ne contraiSte pas la moindre elecftricite. La lumiere qui accompagne l'electricite n'eft pas toujours une Iimple lu- miere, elle eft quelquefois un feu reel & fenlible, comme on le voit dans line experience qu'il eft bon de remettre fous lesyeux, parce qu'elle tient a d'autres fairs avec Iefquels elle concourt pour l'etabliflement d'un autre nouveau principe. On lulpend une perfonne fur des cordes de foie, ou, ce qui revientail meme , on la fait monter fur une planche qui eft fupportee par des pieds de verre , de cire , de foufre , de gomme laque , &x. affez eleves pour que les ecoulements eledtriques foient trop eloignes du plancher & des au- tres corps folides, pour pouvoir etre detoumts ; on approche de cette per- fonne le tube rendu eleClrique, fans neanmoins qu'il foit necefiaire de la toucher , cela (11 frit pour 1'environner d'un tourbillon de matiere elecM- que qui fe manifefle par les effets les plus linguliers, mais celui de tons qui me paroit le plus furprenant, eft que lorfqu'une autre perfonne appro- che la main de celle qui eft ainli fufpendue, il fort de la partie du corps de cette derniere, la plus prochc de la main qu'on en approche, une etin- celle de feu accompagnee d'un bruit tres-fenlible , & d'une lumiere plus vive de beaucoup que celle qui paroit dans toutes les autres experiences DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 8, de Mk&liatii cctte lumicre eft meme accompagnee d'une douleur fem blable a line piqxire oil a unc brulure, dont Ies deux perfonnes font ega- P BYIIQJE, lenient affedecs; & j'ai fait one obfervation qui eft conforme a cc que nous avons vu plus haut, c'eft qu'un morceau d'ambre , de verre oil de ^mnu .' J4" tout autre corps naturellement clectrique, ne fait point paroStre cctte etin- celle , il faut que ce foit une matiere la plus contraire qu'il eft poffible , a l'eledtricite, comme un corps vivant, un morceau de metal, de glace, toute forte de matiere mouillee , &c. Un animal vivant fufpendu de la meme maniere, produit pricifenient les mimes effetsj mais li c'eft un animal mort, il ne paioit plus d'etin- celles, on ne voit qu'un e lumierc pale & uniforme qui paroit lortir de cc corps, Iorfqu'on en approche la main. Le corps vivant d'un homme ou d'un animal eft done entoure d'une at- mofphere, dont la matiere eft capable d'allumer, pour ainfi dire, & de red'uire en feu aduel la lumiere qui accompagne l'ele&ricitc vitree. Je n'ai pas eu la commodite de faire la meme experience fur l'eleclrricLte rcfineu- fe , parce quelle eft en general plus foible, & que l'ambre, qui eft le corps en qui elle eft la plus forte, fe trouve rarement en affez gros morceaux, pour pouvoir faire un effet audi confiderable que cela ferdit neceffairc pour reuffir dans cette experience ; mais je fuis perfuade que cela arriveroit de meme qu'avec le tube, li Ton fe fervoit de quelque corps qui eut a-peu pres autant de vertu elcftiique. J'at fait depuis peu une autre experience, qui prouve qu'il fuffit pour produire ces etincelles brulantes, de rendre eledrique un corps vivant, loit que ce foit par lui-meme qu'il le devienne, ou par la communication du tube, ou de quelque autre corps eleftrique. J'ai pris un chat, dont j'ai rendu le poil fort eledrique , en lui pafTant a pluheurs reprifes la main fur le dos ; lorfqu'enfuite j'approchois mon autre main de les pattes , de fon nez, ou de les orcilles , il en fortoit de pareilles etincelles accompagnees de bruit & de douleur que le chat paroifloit relTentir trcs-vivement, f>ar l'impatiencc qu'il marquoit de s'enfuir, & que je fentois audi de mon cote dans le doigt ou dans la main. Cette experience quoique trcs-fimple , ne laiffe pas de reuffir affez diffi- cilement ; tous les chats ne deviennent pas auffi eledriques les uns que les autres, cela depend de la rudeffe, ou de la douceur de leur poil, il faut choilir ceux dont le poil eft le plus rude •, il faut de plus , qu'il faffe froid & (ec, &, pour mieux reuffir, il faut pofer le chat fur du taffetas, ou quelqu'autre etoffe de foic , ou fur quelque matiere reiineufe , afin que le tourbillon elettrique demeure plus abondant autour de (on corps, & ne foit point detoume par les corps voifins. Je ne doute point que la meme experience ne puiffe fe faire de beaucoup d'autres facons , & peut-etre que l'effet en leroit encore plus fenlible; peut-ctre mime pourroit-on porter ce feu jufqu'a embrafer les corps combuftibles. Dans un fujet auffi rempli de faits nouveaux & llnguliers, il eft permis de hafarder des conjeclures ; je crob done que c'eft un feu reel,ou une matisre tres-propre h le devenir, qui Jort des corps ele&riques> que cette matiere fortant d'un corps en- L ij 8+ ABREGE DES MEMOIRES n*^"^B"^S totire d'une atmofphere trop pen denfe, on a laquelle il manque pent etre P ii y s i q u e. des parries grades ou fulphureufcs, elle ne produit qu'une lumiere tran- cuille; que fortant du verre dont l'atmofphere , lorfqu'il eft rendu elec- Annfe IJ34' trique, eft chargee des parties fufphureufes que Ton fent tres-diftindement a l'odorat, elle produit des etincelles qui frappent le vilage ou la main trcs-fenfiblement, mais qui ne font pas aflez embralees pour qu'on en fente la chaleur ; & qu'enfin lorfque cette matiere environne an corps vivant, foit quelle en forte par le frottement , foit qu'elle y vienne par la com- munication & l'approche du tube, ou de quelqu'autre corps eledrique , elle trouve dans l'atmofphere de ce corps tin aliment convenable qui l'em- brafe, & la fait devenir un feu aduel, capable de briiler & de caufer de la douleur. Ainfi il eft tres-poffible qu'on trouve quelque moyen de le re- duire a un point d'adiviti, capable d'allumer des corps combuftibles , foit en enveloppant le corps anime de quelque matiere fort feche & combuf- iible, & en rad'emblant quelques- lines des circonftances les plus propresi nugmenter l'adion de ce feu , foit de quelque autre maniere que Von peut imaginer, fi Ton trouve que ce fait merite qu'on fe donne la peine de le fuivre & de s'y arreter. II nous refte a examiner 1'efFet des deux eledricites jointes enfemble. Nous avons rapporte au commencement de ce memoire une experience linguliere de M. Haukfbee dans ce genre qui conlifte a faire tourner lur Ion axe un globe de verre enduit mterieurement de cire d'Efpagne & dont l'air eft exadement pompe. J'ai fait cette experience avec grand foin , & elle eft effedivement une des plus belles de celles qui concer- nent la lumiere des corps eledriques. Pour enduire de cire d'Efpagne l'interieur de ce globe, il ne faut que la pulverifer, & apres l'avoir introduite dans le globe, le tourner fur ion axe ai;-deffus d'un rechaud plein de feu; on fait par ce moyen appli- quer la cire aux endroits que Ton ]uge a propos. A mefure qu'elle fe refroidit, elle fe detache du verre en plufieurs endroits, ce que Ton voit par les lames d'air qui s'y introduifent & les couleurs d'iris qui en refultcnt , & meme elle s'eclate & fe fend en divers fens , mais tout cela ne nuit en rien a l'experience. Ayant ainfi prepare ce globe , j'en pompai Fair le plus exadement qu'il me fut poffible & je le fis tourner fur ton axe avec beaucoup de rapidite; a peine eus-je applique la main deffus, qu'il parut beaucoup de lumiere dans l'interieur du globe; elle etoit plus vive dans la partie ou ma main etoit appliquee que dans toute autre, & elle y etoit continue ; il fe formoit , outre cela , des eclats de lumiere qui paroiffoient partir de cet endroit & s'elancoient de toute part dans l'in- terieur du globe. Jufques-lh ces phenomenes font tres-peu diflerents de ceux qui arrivent avec le globe vuide d'air , fans etre enduit de cire d'Efpagne; mais voici ce qu'il y avoit de plus llngulieri & que M. Haukfbee avoit regarde comme un des plus furprenants paradoxes qu'il y eut en phyfique ; e'eft qu'en regardant dans le globe par un endroit qua deffein je n'avois point enduit de cire d'Efpagne, on y voyoit une image de la main que je tenois appliquee fur le globe, & que cela feifoit le meme ef- DE L'ACADLMIE ROYALE DES SCIENCES. 85 ^m_m^m_mm fct que fi ma main cilt etc lumineufe, & la cire d'Efpagne affez tranfpa- rente pour qu'on la vit a travers. Physique. Un peu de reflexion me fit connoitre la raifon de ce ph'inomenc ; f fobfervai que lorlque j'appliquois le bout de mon doigt fur la furface du -Annie 1734. globe , cda excitoit en dedans one lumiere qui fortoit de la cire d'Ef- pagne dans le fcul endroit oii mon doigt ctoit applique : lorlque j'appli- quois ma main toute enticre, la lumiere fortoit pareillement de tons les endroits oii ma main touchoit le globe : mais comme dans l'intcrvallccle mes doigts, le globe n'etoit point frotte (car je le fuppofe toujour, tyur- nant fur fon axe) il s'endlit qu'il ne paroiffoit point de lumiere visa vis cet intervalle, non plus qu'aii-dtla du contour exterieur de ma main, & par confequent, l'inuge de la main &: des doigts ctoit cxactcment figures par la lumiere qui, partant de tons les points d'attouchement, & traver- tin la cire, fe faifoit voir an-dedans du globe. Lorfque j'appuyois mediocrement la paume de la main fur le globe, les plus naturels qui y font & les principaux traits ne portoient point fur le globe, ce qui caufoit une ombre vis-a-vis ces traits, & par confequent, les deffinoit affez correctement fur cette image lumineufe de la main •, mais lorfqire j'appuyois plus fortement fur le globe , ces ombres difparoil- foient , toute la paume de la main etoit lumineufe , & il n'y avoit plus de fenlible que le contour exterieur qui demeurant obfeur , formoit toujours une image lumineufe de la main ; ainfi ce fait fe reduit a prouvcr qu'un globe endnit, de cire d'Efpagne, interieurement & viride d'air tournant fur fon axe, fi l'on vient a le toucher exterieurement , il part de tons les points d'attouchement une lumiere qui paffe a travers la cire d'Efpagne & paroit dans lmterieur du globe. J'ai deja rapporte ailleurs qu'une plaque de cire d'Efpagne n'empeche point Taction des corps eledtriques & que le tube attire & repouffe des feuilles d'or a travers cette plaque ; on voit que e'eft ici I* meme fait & que, quoique les pores de la cire d'Efpagne ne foient point permeables a la lumiere ordinaire , its le font neanmoins a la maticre de leledtricite , & lorfque cette matiere eft lumineufe , comme dans IVxpcrience prefente, il en refulte les fairs que nous venons dc decrire. J'ai appuie fur le globe, pendant fa rotation , de la laine, dn papier j du Iinge , de la foie; la laine & le papier n'ont donne aucune lumiere , le linge tres-peu, & la foie davantage, mais aucune de ces matieres n'.i fait, i beaucoup prcs , anffi bien que la main •, les corps durs, comme le bois, les metaux, &c. n'ont rien fait non plus-, il faut une matiere lou- ile & qui occalionne un frottcment, tel que celui qui eft necellaire Jans es autres experiences de l'efcrricitc. J'ai enduit un pareil globe de gomme laque pure , & les effets n'ont point ete dittcrents, quoique cette gomme tut tranlparente *, j'en ai en- duit m autre de foufre , mais le foufre diminue de volume en refroi- dillant , ce qui fait detacher l'cnduit entitlement , & il fe brile lorfque Ton vient a faire tourner le globe. J'ai fait les memes experiences avee des tnyaux de verre, mais les dirlcrences font pen couliderables & us P h 35 ABRfGE DES Mi M O I R E S «——"** m'ont point paru pouvoir nous rien apprendre de plus fur le fait de U _ lumiere, ni de I'elccTrricite , ainfi je n'en rapporterai ici aucune. 1 h y s 1 Q u e. ^ Dufay gnit le Memoire fur I'ele&ricite qui vient d'etre ici rapporte Annie 1134. en entier par les reflexions fuivantes : Des recherches & des experiences que'*j'ai feitps en difKrents temps fur les corps ele&riques & lumineux , il refulte que. i °. Tous les corps qui font dans la nature font iufceptibles d'cle&ri- cite , a l'exception des metaux & des matieres qui ne loot pas de con- fiftance a pouvoir etre frottees. 2°. Tout, fans exception, mime les liquides, deviennent ele&riques par communication, la flamme feule ne le devient point, & n'eft point attiree par les corps eleilriques. 30. Les corps naturellement eleftriques font les feuls qui le puitTenc devenir par communication , etant poles fur tin appui ou bale de metal , de bois ou d'autre matiere qui n'eft que peu ou point eledtrique •, & all contraire , ils le deviennent moins que tout autre fur une bale difpofee a l'eledtricite. 40. Les matieres naturellement ele&riques , interpofees entre le tube & les feuilles d'or ou autres corps legers , laiffent palfer les ecoulements eledtriques , au lieu que toutes les autres matieres les intercepted. 5°. Les eledriques font les moins propres de tous a tranfmettre an loin l'eletbricite , & les corps mouilles font les plus propres. 6°. Le plus grand vent ne detourne point les ecoulements elecTrriques que Ton fait communiquer au de-la de 1150 pieds au moyen dune corde, on de quelqu'autre corps continu. 70. Les corps de mesne nature s'impreignent de I'ele&ricite , ou fin-, terceptent a-peu-pres en railon de leur volume. 8°. II fort des etincelles brulantes d'un corps vivant rendu ele<5trique par la communication du tube, & cette lumiere ne caufe aucune fenfa,-; lion de douleur, (i elle fort d'un corps inanime. de plufteurs autres corps. Par M. Du Fay. _ A lumiere eft en quelque forte devenue plus commune qu'elle n'e- iiiiioire. toit. Les phofphores fe font extremement multiplies, uu grand nombre de corps eledriques font lumineux •, & M. du Fay, qui a deja fuivi aflez loin ces deux fujets , s'eft engage, a l'occafion du fecond, dans de nou- velles recherches fur les corps lumineux fans etre electriques, ainli qu'il l'avoit promis en 1734. Les anciens Naturaliftes , & aprcs eux tin petit nombre d'Auteurs re- pandus ca & la dans un grand elpace de temps, doivent avoir eu quelque connoiliance des phenomeues dont il s'agit, ils les ont mal ou peu obfer- ves, exageres dans leurs recits, alteres par un melange de faux, & a 1'heure qu'il eft on demele le vrai dans leurs relations, a-peu-pres comme Ton reconnoit des hiftoircs dans les anciennes fibles. Le phylique & l'hiftori- que ont eu le meme fort. M. du Fay a eu la curiolite de ramalfer ce qui ctoit epars dans les livres fur cette matiere. 11 y a des diamants qui luilent dans l'oblcurite. Cette obfeurite ell ne- ceff.ure a caufe de la foiblelle de leur eclat; il faut de plus que Ton le foit prepare a le voir par iui fejour de quelque temps d.ms ces tenebres, comme d'un quart d'heure, afin que la prunelle s'etant ouverte & elargie autant qu'elle l'a pu, receive une plus grande quantite de rayons. On fcrme les yeux quoique dans l'obfcurite, car elle tie pourroit pas ordi- nairement etre aflez p.irfaite, mais M. du Fay a eprouve qu'il fuffioit ju'un des deux tut ferine, ce qui eft plus commode , parce qu'avcc le ecours de l'autre, on pourra, pendant le quart d'heure preterit , faire foi- meme ditrcrints pctits preparatifs par rapport a ('experience. On ne putt voir enluite' la lumiere du diamant qu'avec l'ocil'qui aura etc ferine. Avant qu'on apporte le diamant d.ms le lieu obfeur, il faut qu'il ait ete Mm au fokil ou (implement au our pendant un certain temps, mcins dune minute pent Uiihre, & puit-etre 8 ou 10 Keondes, <&: cela, pour lui donncr le plus de lumiexc qu'il en pintle prendre. ;■. 88 ABRECEDESMEMOIRES —■— — — Sa Iumicre dins l'obfcurite durera quelqucs n oui; minutes au plus, Physique, s'affoibliflant toujours par degres infenfibles. II s'en faut beaucoup que tons les diamants expofes au foleil ou au jour, Anw!c 1J7S- ne prennent cette lumiere ; le nombre de ceux qui ne la prennent point eft du moins audi grand. De ceux qui font Ics plus femblables entre eux, les uns la prennent, les autres ne la prennent point-, les plus diflembla- bles s'accordent quelquefois ou a la prendre, ou i ne la prendre pas. Nulle regie, nulle apparence imparfaite de regie, qu'on puille tirer ou de leur eclat naturel, ou de leur netted, ou de leur grofieur, ou de leur forme; feulement M. du Fay a-t-il trouve que tons les diamants jaunes, qu'il a effayes en aflez grand nombre, etoient lumineux. Seroit-ce que cette couleur jaune leur viendroit d'une plus grandc quantite de foufres qui s'allumeroient plus aifement, ou rendroient line flamme plus fenliblet Bruler des diamants eft une operation par laquelle on les rend plus blancs, en leur otant par le moycn d'une forte chaleur qu'on leur fait fentir,fans les endommager, une teinte jaune ou brune qu'ils out quel- quefois, & qui leur vient de quelque portion d'huile qui s'eft inhnuee dans leurs felures imperceptibles, quand on les a polis. Le feu la brule, & la fait difparoitre. M. du Fay foupconna que les diamants qui deve- noient lumineux etoient ceux qui avoient ete brules , ou pcut-etre ceux qui ne I'avoient pas ete , car que fait-on ? II trouva par experience que deux diamants, dont Tun devenoit lumineux, & l'autre ne le devenoit pas, ayant ete brules de la raeme facon , demeuroient tels qu'ils etoient auparavant. Non-feulement le jour iimple fans le foleil fuffit aux diamants qui peu- vent prendre la propriete de luire dans les tenebres , & meme pour la prendre auffi-bien de cette fa^on que de l'autre •, mais ils la prennent quoique couverts d'un verre , quoique plonges aflez avant fous l'eau, foils du lait. M. du Fay a cherche s'il n'y avoit point quelque moyen de faire con- ferver aux diamants cette lumiere qu'ils gardent li peu. II n'eh a point encore trouve d'autre que de les enfermer dans cette cire noire & molle qui fert h tirer les empreirites des gravures. Ils font encore lumineux apres y avoir fejourne fix heures, mais il n'y a pas d'apparence que ce moyen foit unique. S'imbiber de lumiere par la feule exposition au foleil ou au jour, eft une fircpriete fine & delicate, pour ainfi dire ■, & (i elle n'appartient pas a toils es diamants , k plus forte raifon n'appartiendra-t-elle pas a routes les au- tres pierres precieufes qui font moins parfiites. Audi ne s'eft-elle pas trou- vee dans des rubis balais , dans des faphirs, des topafes d'Orient, des eme- raudes , quoique de la plus grande beaute & de la plus grande nettete ; mais par une fuite de la bifarrerie qui regne toujours ici , une feule eme- raude brute, parmi vingt autres, avoit cette propriete li rare. Toutes ces pierres qui en lont privees, ne laillbient pas de l'acquerir par des moyens plus violens, par etre ou chauflees ou frottees, car toils les deux ne conviennent pas a toutes fans exception. Ils conviennent tous deux DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 89 deux au criftal de roche, le premier fcul a la prime d'emeraude d'Au- T^^^*" vergne, a 1'ametifte de Catalogne, & le fecond leul au rubis. Physique. Le diamant devient lumineux de toutes les trois manieres; mais mal- gre la dignite de fa nature, il n'eft pas le feul. Annie 1774. Pour reconnoitre quelle liaifon , quel rapport avoient entre-elles les trois proprietes, M. du Fay a fait diverfes experiences qui n'ont guere encore produit que des doutes. Seulement il paroit que quand un corps a les trois proprietes , ou Tune des deux dernieres avec celle de luire par l'expolkion au jour, e'eft celle-ci, celle que nous appellons la plus fine& la plus delicate, qui refifte le plus aux violences qu'on lui fait pour les lui arracher •, il la conferve apres avoir perdu les autres par de fortes cal- cinations. On diroit que les caufes fe cachent a meuire que nous connoif- fons mieux les eftets Sur les congelations artificielles. Par M. de Reaumur. X^Ien n'eft fi connu que la maniere de faire geler des liqueurs malgre Hift, le chaud de la faifon , & ce feroit peut-etre line experience (implement curieufe, renfermee chez les feuls philofophes , (i elle ne produifoit ces glaces que notre delicatefle nous rend (1 neceffaires en cte, & ratine en hiver, quoiqu'avec moins de raifon. II n'eft pas encore bien regie quels font les fels les plus propres a donner, ou le plus grand froid, oil le froid que Ton veut , quelles (out a cet egard les difterentes vertus des fels , en quelle dofe ils doivent etre avec la glace pilee ou pulverifee que Ton emploie a cette operation •, cependant on n'a pas laiffe de faire de belles experiences fur ce fujet, mais on s'eft preffe daller aux curieufes, & on a pafte legerement par-defilis les fondamentales , qui font celles que M. de Reaumur a entreprifes ici. II y a etc invite par fon nouveau thermometre dont nous avons parle en 1750 & 1731. il avoit en main une nouvelle mefure du froid auffi bien que du chaud, plus exacte & plus fure que l'ancienne, & e'etoit pre- cilement ce qu'il lui falloit pour ces experiences fondamentales des con- gelations artificielles. Le nouveau thermometre qui a ete conftruit lur une de ces congelations , devient enfuite la regie , 8c en quelque forte , le juge de tout ce qui l'a fait naitre. On le plonge dans la liqueur qu'on a glacee , & on voit par fa defcente , quel eft le degre du froid , degre que Ton peut aifement & furement comparer a quelqu'autre degre de froid que ce puille etre , obferve avec un autre thermometre de meme conf- trucl:ion. On part toujours ici du point de ces thermometres qui marque la congelation , parce que e'eft la premiere & la moindre congelation de 1'eau, celle qui n'attaque encore que fa fuperficie, apres cela, les degres marques font toujours ceux d'un plus grand froid. Le falpetre palle communement pour le fel le plus propre aux congc- Tome VII, Partie Frar.coijc. M 9o ABRiGlS OES MiMOIRES "MMM"" lations artificielles, mais les experiences de M. de Reaumur nous Jettent Physique, bien loin deli. Le falpetre le plus raftine , employe dans l'operation , nc fait defcendre le thermometre qu'a 5 \ degres au-deffous du terme fixe Annce IJ34- qlle nous venons de pofer, &, s'il eft moins raftine, il le fait defcendre plus bas. Ce qui caufe cette plus grande defcente, ou ce plus grand froid, c'eft done la partie du falpetre qui le rend alors moins pur, moins falpe- tre , & quelle eft cette partie ? c'eft prefqu'uniquement du fel marin , qu'on lui ore, en le purifiant par les trois cuites qu'on lui fait confecu- tivement. En effet, M. de Reaumur ayant mele dans des jours tres-chauds deux parties du fel marin qu'on fert fur les tables avec trois parties de gbces pilees, le thermometre eft dans 1'inftant defcendu de 15 degres, & il taut favoir que dans le violent hiver de 1709 , le plus rude qu'ait vu la generation prefente, le nouveau thermometre qui n'exiftoit pas encore , n'eut pas ete plus bas que 14 { degres. On le fait par le rapport connu de ce thermometre a ceux qui etoient alors a l'obfervatoire. Si le falpetre moins pur , plus mele de fel marin , fait plus baiffer le thermometre , voila done une maniere nouvelle & fort fimple d'en eprou- ver la qualite. Le meilleur ne donnera que 3 { degres de froid, les au- tres plus mauvais en donneront toujours davantage. II auroit pu d'abord paroitre etrange que la vertu de caufer une grande inflammation , qui eft celle qu'on recherche tant dans le falpetre , on eut voulu la reconnoitre par fa vertu refroidiffante. La poudre a canon n'eft prefque que du falpe- tre, car elle en a trois parties fur une, qui eft de foufre & de charbon en portions egales. Audi la poudre a canon mife a la meme experience que le falpetre, a- t-elle fait de meme, & vu l'incertitude & les defauts des autres efprou- vetteSj il y a apparence que celle-ci feroit preferable. M. de Reaumur a bien profite de fon thermometre, pour voir au jufte quels etoient les differents degres du plus grand froid que puiflent pro- duire les differents fels , la dofe convenable pour chacun etant toujours fuppofee. Aucun fel concret ou moyen n'a egale le fel marin qui, cotn- nie nous l'avons vu , donne quinze degres de froid. Dans la clafle des Al- kalis, le fel armoniac qui paffe pour (i a6tif a cet egard, n'a ete qua 1} degres, la foude au meme degre que le falpetre bien raffine. Un plus grand detail nous feroit inutile, il fufEt que Ton voie , & on le vena aifement, que par ces fortes d'experiences faites en affez grand nombre , on pourroit dreffer des tables ou le degre du plus grand froid que puiffe donner cha- S[iie fel lui feroit affigne, apres quoi on caradceriferoit chaque froid; ob- erve d'ailleurs par le 110m de fon fel , ce qui feroit quelque chofe de plus particulier & de plus diftinct que le nombre du degre du ther- mometre. Nous n'avons encore confidere ce fujet qu'avec des yeux de phyli- ciens , & a continuer de cette forte , il ne feroit queftion que d'aller tou- jours plus loin d'experience en experience. Mais l'art de faire des glaces n'eft pas etranger ici, & il eft bon de s'y arreter un peu, & de faixe des DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. ?t reflexions qui lui conviennent. II ne s'agit point dans cet art d'avoir Ie ■ plus grand froid qu'il fe puiffe, on ne veut pas des glaces d'une extreme, p h y s 1 Q u £. ni meme d'une grande duretc, au contraire on les veut legercs & qui ne foient , comnie on dit, que des neiges. C'cft pour cela qu'on s'accom- Slnrite l734' modoit [\ bien du falpetre , il avoit meme I'avantage, dont on ne s'ap- percevoit peut-etre pas, qu'ctant mauvais,il en valoit mieux pour cet ufage. II eft rarement neceffaire que des glaces fe faffent fort prompte- ment, mais il left, fur-tout pour les marchands, qu'elles fe confervent un affez long temps , fans fe fondre. Enfin le prix des fels qu'il faut era- Cloyer n'eft pas tout a- fait indifferent. Ces differentcs conditions fe com- inent difteremment enfemble & forment ainfi comme autant de petits problemes que M. de Reaumur refout. Si Ton veut des glaces qui fe faffent tres-vite, & foient trcs-froides & tres-fortes , il faut le fel marin, elles ne feront que trop fortes & trop froides, mais elles couteront cher en ce pays-ci, &, ce qu'on n'auroit peut-etre pas cm, elles fe conferve- ront peu. Au contraire la foude d'alicante donnera des glaces du degre froid qu'on les veut ordinairement , qui fe conferveront affez & ne cou- teront guere , mais qui fe feront formees plus lentement. M. de Reau- mur a trouve une autre matiere a beaucoup meilleur marche que la foude & qui fait a trcs-peu pres les memes effets, & au meme degre , une ma- tiere a laquelle on ne s'aviferoit pas de s'abaiffer, dans une recherche oil Ton eft parti du falpetre & du fel marin, e'eft de (imple cendre de bois, pourvu que ce bois foit neuf. On voit par routes les experiences, & jufqu'a prefent fans exception, que le melange d'une matiere quelconque avec la glace pilee ne caufe un nouveau froid que , parce qu'il fait fondre cette glace. Quand on trouve moyen d'empecher qu'il ne la faffe fondre, nulle production nou- velle de froid. Reprenons maintenant la pure phylique , & ne nous arretons plus k des pratiques & a des operations qui peuvent avoir d'autres vues que les fiennes. Nous n'avons encore parle que des fels ou concrets ou alkalis, qui font les uns & les autres en forme feche , mais nullement des li- queurs fpiiitueufes & acides qui fe tirent des fels concrets & qui appa- remment participent a leur vertu de produire du froid. Elles font plus qu'y participer, elles l'ont a un plus haut degre. De l'efprit de nitre qu'on aura eu loin de refroidir jufqu'au point de la congellation du thermome- tre, etant verle fur de la glace pilee, dont le poids foit environ double du lien , on verra aulli-tot le thermometre defcendre avec vi teffe jufqu'au i9e. degre, & par confequent on aura un froid de 4 degres plus fort que celui qu'avoit donne le fel marin , le plus efficace des fels concrets. On peut donner & a l'efprit de nitre & a Li glace pilee un plus grand froid que celui de la congelation , il n'y a qu'a environner ces deux ma- tieres de glace melee avec du fel marin , & , li aprcs les avoir ainli prepa- rers , on les eprouve , on trouve qu'on a produit un froid de pres de 2.4- degres , e'eft-a-dire , qui eft a celui de 1 709 prefque comme 1137. En fuivant cette meme voie , en refroidilTant davantage le melange d'ef-. M ij •jz A B R t Gt D R S M t M O I H E S ====^^^^ prit de nitre & de glace, on aura encore de plus grands degres de froid P ii y s i Q u r. M. de Reaumur n'en a pas trouve le terme, il voit feulement que les augmentations du froid vont toujours en croiffant , ainfi qu'il etoit raifon- Annie 1734. nabje de \e conjecturer. Mais ce qu'on n'eut pas devine , c'eft que le fel marin etant fi fuperieur an ialpetre par rapport a l'effet dont il s'agit, l'efprit de fel eft cependant inferieur a l'efprit de nitre. Quelle bizarrerie , qui n'en eft pourtant pas une au fond ! le vrai fyfteme n'en admet pas. C'en eft encore une de meme efpece que le froid caufe par une liqueur qui ne paroit etre qu'un feu liquide par l'efprit de vin. Employe preci- iement de la meme facon que l'efprit de nitre, il s'en faut peu qu'il n'en egale la force pour une production qu'on n'eut pas cru leur devoir etre commune. Le melange d'une matiere quelconque avec la glace pilee ne caufant, comme nous l'avons dit, un nouveau froid que parce qu'il fait fondre la glace, il s'enfuit d'abord que c'eft la dans- chaque operation le moment du plus grand froid, car, apres cela, 1'air exterieur, qu'on fuppofe tou- jours plus chaud , ne pent plus que diminuer toujours ce froid etranger & force. II fuit encore que plus la fonte de la glace fera prompte , plus le froid fera grand-, il feroit a fouhaiter que cette fonte put etre inftan- fanee , routes les parties de la glace donneroient leur plus grand froid en meme- temps, & pour cela il faudroit que chaque particule de glace fur. attaquee en meme temps par une particule de fel capable de la fondre, ce qui demande que la glace & le fel foient attenues, pulverifes jufqu'a un certain point, car ils ne peuvent l'etre a l'infini, ou autant que ia der- niere perfection l'exigeroit. Dela nait une regie , non pas abfolument precife , mais fuffifante , pour determiner a-peu-pres la dofe du fel qu'on mettra avec Ia glace. On fait par experience combien une certaine quantite d'eau pent fondre d'un cer- tain fel ; il Ton pouvoit divifer la glace & le fel en parties infiniment pe- tites, il faudroit mettre le fel en meme quantite que la glace, ou fi Ton vein ici une plus grande exactitude geometrique & concevoir les infini- mens petits de la glace & ceux du fel inegaux , il faudroit mettre le fel dans la dofe indiquee par la quantite de ce que l'eau en pent fondre. Mais comme on ne va pas jufqu'a l'infiniment petit, il faudra que cette dofe foit plus forte & meme affez conliderablement. Comme les particules de la glace ne feront attaquees qu'en differents temps , il faudra du moins que la force dont feront attaquees celles qui le feront, repare ce dela- vantage. Quand on aura trouve quelle eft la meilleure dofe pour le fel marin , il fera aife de voir que d'autres fels, dont l'eau ne pent pas fondre une audi grande quantite, devront etre employes en moindres dofes & au contraire. Les liqueurs qui, auffi-bien que les fels, font capables de produire du froid , les efprits acides , l'efprit de vin font , pour ainfi dire , plus libres dans leur action & l'exercent avec plus d'aifance que les fels, ils penetrent en un inftant la glace & l'attaquent vivement de toutes parts. Settlement DE L'ACAD^MIE ROYALE DES SCIENCES. 93 ^ il eft indifpenfable, pour la produ&ion du froid, que de ces liqueurs & de l.i glace fondue, il fe faffe un nouveau liquide parfaitement liquide, P h Y s I Q U E. ou dont les parties foient bicn melees. Des huiles fondront bien la glace, mais elles ne fe meleront point avec l'eau qui lui fuccedera, & il n'y -Annie fJSi' aura aucun nouveau froid. M. de Reaumur, aprcs setre procure des moyens fi faciles & fi furs dc produire & de mefurer les plus grands troids , voulut en jouir par des experiences qui lui appriflent quelque chofe ou d'intereffant on de cu- rieux , par exemple , quel degre de froid eft n^ceflaire pour tuer certains infectes, e'eft-a-dire, pour geler les liqueurs qui font leur vie; il eft bieu filr qu'alors leur corps perd toute fa molleffe, toute fa fouplelle & dc- vient tout roide. II y a quelques efpeces de chenilles qui gelent a 7 ou 8 degres de froid , d'autres plus petites, & abfolument fort petites , & trcs-delicates en appa- rence, foutiennent, fans fe geler 17 degres, 3 degres de plus que le froid de 1709. Malheureufement celles-ci lont les plus communes, & font ccl- les qui font le plus de ravage. II n'y a done pas lieu de fe confoler de la rigueur d'aucun hiver par l'efperance qu'il exterminera ces chenilles. Cependant le fang de ces fortes d'animaux ne paroit guere qu'une li- queur aqueule , qui devroit etre tres-lulceptible de congelation. Le fang des grands animaux le paroit beaucoup moins, & l'eft reellement beau- coup davantage. Quand faura-t-on dans ces matieres-la plus que les faits, qu'il eft pourtant toujours tres-curieux & tres important de favoir. Extrait d'un Me'moire fur la maniere de conferver les aufs. Par M. de RiAUMUR. JVf ONSIEUR DE REAUMUR propofe de conferver les ceufs enMcmoire?. les enduifant de fuif fondu. Cette matiere eft plus commune, moins chere & fur-tout plus a la portee des gens de la campagne que le vernis & l'efprit de vin. Toute matiere indifloluble a l'eau conferve les ceufs , mais il faut pr^ferer celle qui, par le refroidiffement , prend line plus grande con- fiftance , & qui ne fe liquefie pas a la chaleur de l'atmofphere. La graiffe a fur les relines l'avantage de fe fondre dans de l'eau chau- de, par ce moyen les ceufs fe debarraffent en cuifant de leur enduit graif- feux. II eft auffi plus facile d oter abfolument cet enduit , fans nuire a l'ceuf, qui devient alors propre a l'incubation, il ne s'agiroit que de le laver dans line eau legerement alkaline, & un peu chaude. Par la on pour- roit faire eclore dans nos climats des ceufs ramafl'es dans les pays eloignes. Ainfi 1 economie rurale , & l'hiftoire naturelle devoient trouver egalement leur avantage dans la pratique que recommandoit M. de Reaumur, il y a plus de trente ans; cette pratique eft facile 8c fiire, & cependant nous ne voyons pas quelle ait encore ite adoptee. On ne doit point acculer la 9+ ABR£G£DESM£MOIRES *— S55SB — ^™* nature de certe opiniatrete defolante des gens de campagne. lis s'en faut Physique, bien qu'ils foient abandonnes a la nature, on a foin d'entourer leur en- ' fance de prejuges de toute efpece, il faut croire que ce qu'on a toujours Annce i^li. Cru eft la feule regie de logique, qu'on leur enfcigne & qu'on leurfaffe pra- tiquer, fi on changeoit cette education des campagnes , ce qui feroit fort aife, le peuple deviendroit plus eclaire plus induftrieux, plus heureux plus honnete, & l'Etat y gagneroit. Examen des caufes qui ont alt/re" l'eau de la Seine , pendant la fkherejfe de I'annie ij 31. Par M. i> ii JusstEU. Memoires. -Li A bonne qualite des eaux etant une de ces chofes qui contribuent ' le plus a la fame des citoyens d'une ville , il n'y a rien a quoi les magif- trats ayent plus d'interet, qu'a entretenir la falubrite de celles qui y fer- vent a la bouTon commune des homines & des animaux, & a remedier au.c accidents par lefquels ces eaux pourroient etre alterees, foit dans le lit des fontaines, des rivieres, des ruiifeaux oii elles coulent, foit dans les lieux oii font confervees celles qu'on en derive, foit enfin dans les puits d'ovi naiffent des fources. Nous allons rendre compte de quelque recherche fur l'alteration que les eaux de la Seine & de la Marne ont eprouvee par la fechereffe extraor- dinaire de 1 7 3 z , & a laquelle on doit attribuer plulieurs maladies popu- kires qui ont regne pendant l'ete & l'automne de cette annee-la. Et comme il nous parut alors , que pour mieux juger des caufes de Cette alteration de l'eau , il etoit a propos d'obferver dans quel etat fe trou- veroient les eaux de ces rivieres les annees fuivantes , & les effets que produir»it l'ufage qu'on en feroit, nous avons differe jufqu'a prefent de rendre publiques les obfervations qu'elles nous ont donne lieu de faire. L'opinion commune & recue de routes les nations depuis plufieurs fie— cles, fur la meilleure qualite de l'eau qui doit fervir de boiffon ordinaire, eft qu'il faut , autant qu'il fe peut , pour qu'elle foit falubre , qu'elle foit pure , limpide , fans aucune odeur ni faveur qui fe faflent remarquer , & que fon ufage ne caufe aucun mauvais effet. Bien loin que le defaut de pluie de l'annee 173 1 eut ote a celle de la riviere de Seine les premieres de ces qualites , il fembloit au contraire Siu'elle flit devenue plus legere , plus limpide que jamais, parce qu'elle ne e trouvoit melangee ni avec de la terre, ni avec d'autres particules de fubftances etrangeres capables de l'epaiflir, & de lui oter fa couleur & fa limpidite naturelle , comme il arrive aux rivieres , qui etant groflies pat des pluies , par des ravines & par des torrents , charrient pendant long- temps un limon qui les trouble. 1 II ne laiffoit pas neanmoins de fe trouver alors dans la riviere de Seine DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 95 one certaine quantiti de ccs particules ctrangeres qui , pour etre imper- — — — — ■ ceptiblcs a la vue , n'en etoient pas inoius feniibles au gout & a l'odorat. P h y s 1 o u On ne pouvoit pas accufer le fond du lit de la riviere, fur lequel fon eau a coutume de couler, parce que bien loin d'etre par- tout limoneux, Ann(e IJ31. fon fable en plufieurs endroits paroiifoit tres-pur & bien hvi. On ne pouvoit pas non plus attribuer ces mauvaifes qualitiis aux terres qui forment les bords de ce lit, parce que la quantite deau qui s'y trou- voit , etoit reduite au point de ne les plus toucher, & qu'elle fe reffer- roit tous les jours de plus en plus dans le milieu de fon lit. Quelle a done pu etre la caufe de cette alteration , fi ce n'eft la pro- duction de quelques corps naturels, qui dans certains temps naiffent d'eux- memes dans ce lit, une partie delquels y occupe le terrain des deux bords; & l'autre celui du fond ? On ne voyoit aucun corps plus apparent que certaines plantes qui, a l'occafion dc cette fecherefie , ont ete cette annee-la plus abondantes, mieux nourries & plus etendues dans le lit de la riviere qu'elles ne le font ordinairement ; &■ la preuve qu'on n'a pu attribuer Ieur multiplication qu'i cet e^at de diminution des eaux de cette riviere, eft qu'on a vu le meme phenomene dans la Marne, dans tous les ruiffeaux des environs de Paris qui fe perdent dans la Seine, meme dans les etangs, & dans les reTervoirs dont les eaux fe tirent de cette riviere & des autres ruiffeaux. Dira-t-on que ces plantes, naturellement aquatiques, n'ayent pas accou- tume de croitre dans la Seine; & fi elles y ont cru les autres annees, comment pendant leurs etes n'en auroit-on point eprouve les memes in- commoditcs ? On convient qu'il n'etoit pas extraordinaire de voir ces plantes dans le lieu qui leur eft propre, mais elles y parurent en 175 1 , eh li grande abon- dance , & avec des differences fi remarquables , qu'il etoit impoffible qu'elles caufaflent les effets dont on s'eft appercii. A conllderer I'etat ordinaire du lit d'une riviere an printemps & en ete par rapport aux plantes aquatiques qui y croiffent, & qui s'y multi- plied dans les annees communes, le nombre de ces fortes de plantes eft tous les ans a-peu-pres le meme, parce que ce font celles qui lui font propres; leur maniere declore, de vegeter, de fleurir & de fnidlifier eft toujours la meme, parce que l'eau n'etant ni trop haute, ni trop baffe pour elles, elles peuvent atteindre a fa fuperficie, fur laquelle il eft ne- ceffaire que leurs fommitifs fe montrent , pour que l'air qui doit fervir ail developpement de leurs fleurs, les frappe & les penetre : operation apres laquelle leurs fommites rentrcnt ordinairement dans l'eau , afin que leurs graines y murilfent & s'y repandent. La corruption qui fe fait chaque annee fur la fin de i'automne , des feuilles & des tiges de ces memes plantes, eft toujours infenlible a notre egard, parce que comme elle fe fait pen a peu & fucceffivement, St que les eaux qui dans cette faifon s'accroiiTent ordinairement, occupent dans le lit de ces rivieres un efpace plus conliderable , elles font moins fufcepti- bles de 1'altcration que peut caufer la corruption de ces plantes, dont 96 AB R i G £ DES MEMOIRES ?— ~* les principes d'odeur & de faveur qu'elles contiennent , etant etendus Physique, dans une plus grande quantite de liquide , perdent imperceptiblement leur force. Jnuie IJ31- Voyons a prefent quels changements font arrives dans le lit de la riviere de Seine , par rapport a ces plantes , pendant cette annee de fechereffe ; mais pour le mieux comprendre, il faut auparavant fuppofer deux faits qu'on peut regarder comme certains. Le premier, que toutes les plantes aquatiques ont, generalement parlant, des qualites plus fenlibles que celles de la plupart des plantes terreftres : car les lines le font diftinguer par une odeur aromatique fi forte, quelle en devient defagreable, comme font les mentes d'eau*, les autres font re- marquables par une odeur fetide marecageufe , telles font les mille-feuilles & les preles d'eau : prefque toutes ont une acrete interieure plus ou moins perceptibles au gout, comme font les creffons, les poivres & les renon- cules aquatiques-, & quelques-unes enfin, telles que les conferves ou mouf- fes d'eau femblables par leur effet a celui que l'ortie caufe au toucher, cchauftent fubitement la main qui les preffe. Le fecond fait eft que tant que ces memes plantes font vivantes & dans leur entier dans le lit des rivieres ou elles croiffent, quelque for- tes qu'en foient les odeurs, & quelque acres & fetides qu'en foient les fa- veurs , elles ne communiquent rien de leur bonne ou mauvaife qualite i l'eau qui les y environne , qui les y couvre , & qui les arrofe , & que Ton ne s'appercoit a l'odorat & au gout que ces eaux foient alterees que lorf- que par la'diffolution des parties de ces plantes, & par leur corruption, elles font participer l'eau dans laquelle elles fe trouvent, oil celle dans la- quelle on les fait macerer de leur bonne ou mauvaife qualite. Ce n'eft done point a la production d'une quantite de plantes que Ton n'avoit point accouturae de voir dans la Seine & dans la Marne , & qui y feroient crues extraordinairement cette annee-la, qu'il faut attribuer ces effets-, les memes plantes qui font propres a ces rivieres, parce qu'elles y naiffent tous les ans , y parurent, a la verite, des le printemps de la me- me annee , mais tres-differemment , en ce que celles dont la qualite eft plus mauvaife, & qui, les annees precedentes, y etoient moins communes', y ont pullule en abondance , au lieu que celles dont la qualite n'eft point nuilible, & qui y etoient plus ordinaires, s'y font trouvees en moindre quantite en comparaifon des autres. La raifon de ce phenomene eft que la plupart de ces plantes , que nous regardons comme pernicieufes , par les effets les plus apparents qu'elles produifent, etant d'une nature a ne vegeter que dans les endroits du lit de ces rivieres, oii l'eau eft plus baffe & plus dormante, ne pulluloient que tres-peu dans les annees oii le lit de ces rivieres etoit plus plein , parce que la tige de ces plantes, dont la longueur eft en quelque facon determinee , ne pouvoit atteindre a la furface de l'eau , i laquelle j'ai fait remarquer qu'il eft fi important que les fommites de ces plantes aqua- tiques fe montrent a decouvert, pour pouvoir fleurir & fruciifier. De la facilite de vegeter qu'avoient les plantes pernicieufes, & de leur abondance , DE L'ACAD^MIE ROYALE DES SCIENCES. ?7 abondancc, il fnivoit neceffairement 1'inconvenient de la fuftocation des autres plantes ordinaires, dont res efrcts ne font point a craindre, en ce p >< y $ i q u E. que celles-Ia prenant leur place, cellcs-ci ne pouvoient plus etre que trcs- maigrcs, & couvertes par l'etendue qu'occupoient les premieres. Annie ijji- Tel eft le phenomene que Ton appercoit dans la vegetation des plantes terrcftres , au printemps de certaines annees humides & pluvieufes, ou il arrive que le Don grain fe trouve etoufre, maigri & couvert parl'ivroie, le chien-dent, la moutarde , & par unc multitude d'autres mauvailes plan- tes qui prcnnent tellement le deffiis,que toute la eampagne en eft cou- verte ; audi font-ce ces annees-la ou les maladies populaires font plus fre- quentes, (oit par la mauvaile qualite des grains qui n'ont pas eu affez.de nourriture , foit par le melange qui s'y fait des femences de ces plantes pernicieufes , foit mime par ces odeurs fades & fetides que ces plantes exhalent dans les campagnes, & que Ton n'eft point accoutume d'y refpirer. Ce n'eft point que les femences de ces plantes pernicieufes aient nou- vellement ete apportees pour infecter ces campagnes, mais e'eft qu'ayant ete enfoncees & confervees dans la terre, pendant des annees feches, ou d'une conftitution ordinaire, eiles n'ont pu vegeter qu'en certains endroits mi les graines des autres plantes ne pouvoient germer & les couvrir, au lieu que dans les annees humides, la terre etant penetree d'eau, ces mau- vaifes graines ont eu plus de facilite a germer plus promptement que cel- les des bons grains. La meme chofe arrive aux plantes aquatiques dans le lit des rivieres, oil les eaux fe trouvant baffes dans les annees de fecheref- fe , s'arrctent en differents endroits , & y forment de petits mares : e'eft dans ces endroits fur-tout que les graines de ces plantes aquatiques, que nous regardons comme pernicieufes, ayant lieu d'etre echauffees par le So- leil, y vegetent plus promptement que les autres, y pullulent par la faci- lite qu'elles ont de germer & d'atteindre a la fuperficie de l'eau , en forte que les premieres ayant occupe la plus grande partie du lit de la riviere, elles ctoufrent celles qui, dans les autres annees, avoient plus accoutume d'y paroitre. Entre les plantes pernicieufes aquatiques dont je veux parler , il y en a deux principles, l'tine que les botaniftes appellent Hippuris , genre de plante ^femblable par fon port exterieur a la prele de nos campagnes, elle en dirtere neanmoins par fon odeur, par la configuration de fa fleur & de fon fruit, & parce quelle eft toil jours couverte d'eau. L'autre porte en Latin, le nom de Conferva, tire de (a qualite brulante, & en francois, celui de MouJJe d'eau , a caufe de fa verdure & de fon ctendue, par lefquelles elle a quelque rapport a nos mouffes ordinaires,. dont elle dirrere neanmoins par la multitude des filaments longs & en- torrilles qui forment fa fubftance. La qualite de la premiere de ces plantes , ell: d'etre d'une odeur mare- cageufe & tres-fitide , de communiquer promptement a la main qui la touche , & a l'eau dans laquelle on la met tremper , fon odeur defagrea- ble , & de rendre cette eau fade & degoutante. La fecondc ne fait pas moins promptement fentir fa malignite; cur elle Tome VII. Partie Franfoife. N P8 ABR^GE DES M^MOlRES nc communique pas feulernent a l'eau dans laquelle on la met tremper, Physique, un feu qui, en la buvant, laiffe dans le gofier une acreti, & dans la bou- ' che une fechereffe incommode , mais elle imprime meme dans la main Atmie 1731. qui Ja ferre, une ardent a-peu-pres femblable a celle que caufe l'eau qui ?eroit un peu trop chaude. C'etoient done fur-tout ces deux efpeces de plantes, dont ces petites mares d'eau dormante , repandues tout le long du lit de la riviere , etoient pleines, qui par le defatit d'eau fuftifante pout les couvrir entierement, fe fanoient a l'extremite de leurs tiges , & fe corrompoient enfuite pat le pied. La chaleur du foleil qui tiediffoit encore cette eau dormante , dans la- quelle ces plantes etoient comme en maceration , l'impregnoit tellement de leurs mauvaifes qualites, qu'elles exhaloient jufqu'au dels des bords de la riviere , une odeur marecageufe & defagreable que Ton s'appercevoit 11c- tre point ordinaire. Quelque dormante que l'eau paroiffe en tout temps , en divers endroits du lit de la riviere, plus profonds les uns que les autres, comme etoient ceux qui formoient ces efpeces de mares, elle ne laiffe pas de communi- quer avec celle qui eft courante-, & cette communication qu'avoient cej eaux pendant l'ete de 17 51 , etoit plus que fuffifante pour alterer totale- ment & continuellement celle de tout le lit de la riviere, en forte quelle devint par-la femblable, en quelque facon, a celles de marais & de lac qui font chargees de la qualite des plantes qui s'y pourriffent, eaux def- quelles on ne peut gouter, fans s'appercevoir d'une odeur & d'une faveut tout-a-fait etrangeres a l'eau qui doit fervir de boiffon ordinaire. Tel flit a-peu-pres pendant l'ete & l'automne de cette annee-la l'eau de la Seine , ce qui , par l'habitude qu'on fe faifoit de la boire , paroiffoit a la verite infenlible, mais qui ne le fut pas pour ceux qui, recherchant la caufe des diverfes maladies qui regnerent dans ces failons , comparerent cette eau a celle des fontaines, lefquelles n'ayant point eu a leur fource de ces fortes de plantes , n'etoient point alterees , & fe trouvoient fans favrur & fans odeur. Nous obfervames mSmt que les perfonnes qui , par la fituation de leurt maifons, etoient dans des quarriers 011 Ton avoit la facilite de n'ufer ordi- nairement que de l'eau de fonraine, furent exemptes des incommodites que reffentirent la plupart de ceux qui etoient obliges de boire de celle de la Seine. Les maladies qui regnerent parmi ceux qui burent de celle- ci furent des fechereffes de bouche qui caufoient une alteration frequente , des de- gouts & des naufees qu'on ne favoit a quoi attribuer quantite de maux de gorge, dont quelques-uns fe toumerent en fquinancie , differentes fluxions a la tete, & plufieurs fortes de fievres irregulieres & opiniatrc-s : en forte que ces incommodites fe faifant remarquer, principalement dans les Communautes Religieufes , dans les Colleges & dans les Penhons qui ne pouvoient ufcr que de l'eau de la Seine , parurent epidemiques , & ne gueriffoient que par le changement de boiffon , ou par les tilanes DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 99 dont la co&ion fervoit de correclif a la mauvaife qualite de 1'eaii or- ?— —— - dinaire. t Physique. Pour m'affurer davantage , fi c'etoit veritablement a l'abondance & a la malignite dc ces plantes qu'on pouvoit attribuer ccs mauvais effets, je fis Annie tj$t> arracher de la riviere une quantite de 1'une & de l'autre de celles que je viens de nommer Hippuris & Conferva, & les fis infufer dans des vaif- feaux remplis d'eau de r'ontaine, tantot feparement, tantot toutes deux en- femble, les y laiffant pendant l'efpace de quelques heures, pendant racme: nue ou deux journees, experiences par lefquelles }e m'aflurai dc l'altera- tion qu'etoit capable de caufer a l'eau la plus pure , l'infufion ou la ma- ceration de ces plantes •, car elles communiquerent a l'eau dans laquelle je les avois fais tremper, la meme odeur & la meme faveur defagreable que j'avois remarquees dans l'eau de la Seine bue au courant meme de ion lit , au-deffus de Bercy. Outre cette obfervation qui regarde 1'odeur & la faveur de l'eau , je ne fnanquai pas d'examiner plus a fond, & fur-tout au Microfcope, cette eau maceree , dans laquelle, comme dans celle des marais, on decouvroit plulieurs infectes tres-petits qui ne fe voyent ni dans l'eau de fontaine, ni dans celle de riviere qui n'aura point ete alteree par la multitude de ces fortes de plantes qui s'y feront corrompues, nouvelle caufe d'alteration a laquelle on pourroit meme attribuer quelques-uns des effets dont je viens de parler. Je ne difconviens pas qu'il ne put y en avoir quelque autre , telle que feroit la corruption des petirs poiflbns qui , faute de la quantite d'eau qui leur eft neceuaire, periuent ordinairement dans les annees de fechereffe, & communique a l'eau 1'odeur fetide de leur pourriture; mais je regarde toujours comme la principale de ces caufes, cette vegetation extraordi- naire de ces fortes de plantes aquatiques , puifque l'abondance & l'accroif- fement en devinrent ti prodigieux en pluiieurs endroits des rivieres de Marne & de Seine, qu'on fut oblige de les y faire deraciner avec une ef- pece de ratiffoire pour remedier aux obftacles qu'elles mettoient a la na- vigation , & pour rendre le cours de l'eau plus libre. Enfin, je crois qu'il y a d'autant moins lieu de douter, que la vegeta- tion extraordinaire des plantes pernicieufes dont je viens de parler, ait etc la principale caufe de l'alteration de l'eau de la Seine, que par la cotn- Faraifon que nous avons faite de l'etat de cette riviere pendant l'ete & automne de l'annee derniere & de celle-ci , avec l'etat ou elle etoit en 5731 , nous n'y avons remarque que les plantes ordinaires & qu'on a accoutume d'y voir, plus abondamment-, audi n'avons-nous point obferv6 dans la pratique de la Medecine, que les maladies qui ont regne pendant l'ete & l'atitomne de l'annee 1751, aient encore pani parmi le peuple du- rant l'ete & l'automne de l'annee derniere & de celle-ci. Comme ce n'eft done qu'a l'attention aux maux paffes que Ton doit les precautions , pour fe parcr contre leurs retours ; ces oblervations fem- blent indiquer trois fortes de remedes ponr prevenir ces effets de la feche- lelfe de certaines anuees. N ij ioo ABRiGi DES MfMOIRES ■ ' Le premier, de faire tenir net, autant qu'il fe peut, le lit de la ri- P h y s i Q u E. viere , au moins dans une etendue aflez confiderable , avant qu'elle aborde a Paris, en empechant qu'il ne fe forme fur fes bords, de ces fortes de Annie *7.3^• mares dans lefquelles l'eau croupit. Le fecond, de veiller a ce que les cuvettes de tons les refervoirs qui diftribuent l'eau de la riviere, foient exactement nettoyees, & que tou- tes les plantes qui naiflent en forme de mouffe contre leurs parois, en foient arrachees. Et le troifieme, que les aqueducs & canaux des fontaines d'eau vive foient en li bon etat , que l'eau qu'ils conduifent puiffe par fon abon dan- ce 3 dans de pareilles occalions, & dans des annees de fechereile, fup- pleer pour la boUfon au defaut de celle de la riviere, ou corriger par le melange de l'une & de l'autre, les mauvaifes qualites que cellc-ci pour- roit contrafter. OBSERVATIONS DE PHYSIQUE GENERALE. I, Tonnerres extraor- X-^E P. dom Halley , Prieur des anciens BenedicYuis de Leflay , pro- iinaiies. che Coutanees, a ecrit a M. de Mairan que le 3 Juin fur le foir, le jour fuivant au matin, & le meme jour au foir, il y avoit eu a Leffay des ton- nerres extraordinaires. Tout le ciel etoit en feu depuis l'horifon juiqu'au zenit, on voyoit, ainli que dans un feu d'artifice, le jeu d'une infinite de fufees volantes, il tomboit de toutes parts comme des gouttes de metal fondu & embrafe, & le fpc&acle eut ete charmant fans la violence des coups de tonnerre, qui caufoient de l'effroi aux plus hardis. Les edifices en etoient dbranles , quelques tins furent reduits en cendres, & des beftiaux tues. Cependant la pluie ne fut pas des plus abondantes , au contraire la fecherefle dont on fe plaignoit, continua toujours. Apparemment elle avoit beaucoup contribue a ce terrible meteore •, les exhalaifons fulphureufes n'ayant point ete detrempees , comme a l'ordinaire , setoient amaffees en plus grande quantite , & avoient pris feu avec toute la force dont elles font capables. I I. TremMement de £e I 5 Juin , il y eut dans la ville de Cavaillon , entre 1 o & 1 1 heures »«re a Ciivaillon de nuit, un fi grand tremblement de terre, qu'il fembloit que toute cette ville allat etre entierement renverfee. Le dome de la Porte a la Cou- ronne tomba. On ne fe fouvenoit point d'avoir jamais vu de tremblement de terre a Cavaillon. I I I. Jtim™ dw3ef I! y a & Marfeille nne tonr fituee fur le haut dune colline-, & ou une ceilcnce qualitf. cloche de fix pieds de diametre eft iuipendue lur deux barres de ter Ion- DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 101 files de 5 toifes, epaiffes de ? | polices, & pofees horifontalement de eft a l'oueft. Suivant les archives de la ville, il y a environ 420 ans qu'el- Physique. les ont ete miles an haut de cettetour, rctenues par les deux bouts dans • les epaiffeurs de deux pilliers d'une pierre de taille affez tendre. Annie tj^t. M. Chevalier, ingenieur a Marfeille, travaillant a un plan de la ville, monta an haut de la tour, & remarqua qu'aux deux bouts des barrcs de fer, & dans les piliers qui les portent, il y avoir, line epaiffeur de rouille affez conliderable , qui setoit formee du fer & de la pierre, & il jugea que cette rouille pouvoit bien avoir its convertie en aimant , comme il etoit arrive h Chartes & a Aix. II en fit detacher un morceau avec un marteau, & il fut convaincu fur le champ que fa conjecture ctoit vraie^ car les petites parties qui s'ctoient rompues autour du morceau , en les dctachant de la barre, y demeuroient attachees, & s'y heriffoient comme la Jimaille de fer fur l'aimant. II reconnut enfuite cette matiere pour un excellent aimant par la quantite de limaille dont elle fe chargeoit. M. Dufay , a qui cette relation a etc adreffee , en a fait voir a 1'Aca- demie deux morceaux d'egale bontei-peu-pres,|& d'une force affez uni- forme dans toutes leurs parties. II a detache de l'un le poids d'un pen plus de j gros j, & ce petit morceau , quoique brut , & fans avoir au- cune de fes faces applanies, fe foutient contre du fer, & par confequent doit etre mis an rang des meilleurs aimans. Exterieurement il rcffemtle a du fer rouille, & ronge par les injures de l'air , mais interieurement il eft: de la couleur de l'aimant de la Chine , & brillant dans les caffures. II eft dilpoft en lames aifees a feparer. II fe lime tres difficilement , & paroit aufli dur que l'aimant ordinaire, cependant on le caffe fans peine. Enfin lorfqu'il eft travaille , il ne conferve plus aucunes marques de fon premier elat,& n'eft plus qu'un aimant d'une ties bonne qualite. Voil^ done du fer qui s'eft change en aimant. II femble jufqu'i prefent que les conditions neceffaires pour cette metamorphofe font que le fer qui la doit recevoir foit environne de pierre , & que les lieux 011 elle fe fera foient eleves, car les barres de la cloche de Marfeille etoient 58 toifes au deffus du niveau de la mer, & les deux autres exemples, que Ton connoit, appartiennent a des clochers. Mais peut-etre nous preffons-nous trop de conje&urer. I V. Nous avons rapporte, en 1719, le fait peu vraifemblable & bien at- Cnpaud rrouv^ vi- tefte d'un crapaud trouve vivant & fain an milieu du tronc d'un affez vant & (kin au milieu gros orme, fans que l'animal en put jamais fortir, & fans qu'il y eiitau-'5.1' tr?"c *un Tt*B" cune apparence qu'il y flit jamais entre. M. Seigne de Nantes a ecrit prc-6'°S cifement le mcrae fait il l'Academic, a cela pres qu'ati-lieu d'un orme, cetoit un chene plus gros que l'orme , felon les mefures qu'il en donne, ce qui augmente encore la merveille. II juge par le temps neceffaire a I'accroiffement du chene , que le crapaud devoit s'y etre conferve depuis So 011 100 ans fans air & fans aliment etranger. M. Seigne ne paroit pas du tout avoir connu 1'autre fait de J 71 9 , & l'extreme conformite du lien en eft d'autant plus frappante. tor ABRiGE DES MiMOIRES V. Physique. ' . • II eft bien vrai, comme il a ere dit en 1718 , que pour faire perdre a Annh 1733. des agathes ces ramifications d'arbrilfeaux oil de btiiflbns qui leur ont etc l>au forte n'eft oas donnees par art, ou, ce qui eft le meme , effacer les couleurs de ces figu- un moyen lurdere- res , il ne taut que tremper les pierres dans de l'eau forte, & les kilter ocnnoitre les dend.i- ainfi £ l'ombre dans un lieu humide pendant 10 ou 12 heures. Mais il n'eft tes aruficieites d'avec yraj ue ce f0jt |aj COmme on le croyoit, un moyen fur de reconnoi- les natureli«. ^ ^ £adrites artificieHes d'avec les naturelles. M. de la Condamine fit cette epreuve fur deux dendrites , moins pour la faire, que pour s'affurer encore qu'il n'en arriveroit rien , car les deux agathes etoient hors de tout foupcon , fur-tout par l'extreme fineffe de leurs rameaux, qui eft ce que 1'art ne peut attrapen effedtivement pendant j ou 4 jours , il n'y eut aucun changement. Mais par bonheur les dendri- tes mifes en experience ayant ete oubliees fur une fenerre pendant 1 5 jours d'un temps humide & pluvieux, M. de la Condamine les retrouva^ fort changees. II s'etoit mele un peu d'eau de pluie avec ce qui reftoit d'eau- forte dans le vafe. L'agathe ou la couleur des arbriffeaux etoit la plus foi- ble , 1'avoit entierement perdue , hors dans un feul petit endroit. L'autre etoit partagee en deux parties-, celle qui trempoit dans la liqueur etoit effacee , celle qui demeuroit a fee , avoit conierve toute la nettete & la force des traits de fes arbriffeaux. II a fallu pour cette experience de l'ou- bli, au lieu de foin & d'attention. V I. Annie 1754 M. Helvetius a communique a I'Academie la relation fuivante , qui N ^e Mairan expofa a 1'Academie une nouvelle idee fur la mefure de ' lde"e propofee par la lumiere , dont M. Celfius, Profeffeur en Aftronomie a Stockholm, l'a- M. de Muiran pour voit prie de faire part a la Compagnie. la mefure de ia lu- rjn p0;nt lumineux quelconque etant place a deux difterentes diftan- ces d'une furface qui re^oit diredtement fes rayons , la force ou intenfitt de la lumiere en ces deux cas eft dans la raifon renverfee des quarres des deux diftances du point lumineux. Cela eft demontre , & tres-facilement. M. Cellius n'a eu garde de n'adopter pas ce principe ■, mais fes experien- ces l'ont conduit d'un autre cote, & plus loin. II a trace fur un papier trois petits cercles concentriques, qu'eclairoit une chandelle pofee a une diftance du papier telle qu'on voudroit. Le papier etoit fur une tablette immobile au bout d'un long baton divife en degres egaux, & une tablette mobile percee d'un petit trou, qui fervoit de pinnule ou l'ceil de l'Obfervateur s'appliquoit pour voir les cercles du papier, pouvoit courir fur toute l'etendue du baton appelle Lucimetre , & par-la mefuroit les diftances de l'ceil au papier, a l'objet vu. L'objet n'etoit cenfe vu , que quand les trois petits cercles paroiffoient egalement & iuffifamment diftindb , & un peu d'habitude apprenoit bientot a^i'ccil ."> juger furement de cette egalite ou fujjijance. II eft clair que cette dii- tinction de l'objet dependoit de la proximite ou a 1'cEil, ou au point lu- mineux dont il etoit eclaire, e'eft-a-dire alors, a la chandelle. M. Cellius ayant l'ceil applique a fa pinnule pofee fur un certain point du lucimetre, voyoit l'objet-, & fe mettant enfuite par rapport a cet ob- jct, a une diftance double de celle ou il etoit d'abord, diftance qui fe trouvoit tres-ailement par le moyen du lucimetre, il ne voyoit plus. II n'avoit d'autre moyen pour revoir de cette feconde ftation ou il etoit, que de rapprocher la chandelle de l'objet. Mais de combien la falloit- il rapprocher? II ne s'etoit eloigne de cet objet que du double, on eut cm naturellement qu'il ne falloit done audi en rapprocher la chandelle que du double , mais on eut etc bien loin du vrai : M. Cellius apprit par l'ex- perience qu'il falloit rendre la diftance de la chandelle a l'objet feize fois moindre quelle n'etoit. Les deux diftances lucceffives de l'ceil a l'objet avoient ete i & 1 , les deux correfpondantes de la chandelle a l'objet fill- rent 1 6 & i. La meme proportion s'eft toujours maintenue dans les dif- ferentes experiences, e'eft-a-dire, par exemple, que comme 1 6 eft la qua- trieme puiifance de j , ainfi fi les deux diftances de l'ceil a l'objet , prifes fur DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 1051 fur le lucimetre , avoient etc 1 & 5 , il falloit rendre la diftancc de la ^"^"™^ chandelle a l'objet 81 fois moindre quelle n'avoit ere, parce ^ue 81 eft p „ Y s , y v fc la quatricme puilfance de }. Dela nait un principe d'cxperience. Maintenant les deux diftances de l'oeil a l'objet ayant fait connoitre eel- Annie 1735. les de la chandelle a l'objet, e'eft de ces deux dernieres que depend la force ou l'intenlite de la lumiere dont l'objet a ete eelaire. Ici s'applique le principe tout geometrique des quarres des diftances que nous venous d'enonccr. Les diftances de la chandelle a l'objet ont ete comme 1 & 16 ,' comme 1 & 81, done les intenlites correfpondantes de la lumiere fur l'objet ont etc comme 256 a 1 , comme 6561 a r. Des deux principes, l'un d'experience, l'autre purement geometrique, fe forme une regie gene- rale que les Geometres verront du premier coup-d'ail. Voila ce qui paroit furprenant. Pour voir le mime objet a nne diftance double ou triple, &c. il faut qu il foit 256, 6561 fois, &c. plus eelaire, & il fuffiroit par le principe geometrique des quarres des diftances , qu'il le rut 4 fois, $ fois, &c. davantage. D'ou peut venir cette enorme dif- ference ? On fait, il y a deja du temps, que les rayons de la Iune, reunis par le miroir ardent, n'y prennent abfolument aucune chaleiir. Le rapport de la lumiere de la lune a celle du foleil a ite bien exa- mine par M. Cellius, qui n'a pas manque d'y appliquer fa methode, & cela dans tous les etats oil la lune peut fe trouver a 1 egard du foleil. En general il retrouve ce que M. Bouguer avoit trouve en 1726 par une me- thode difrerente, la lumiere de la lune eft $00,000 fois plus foible que celle du foleil, diminution prefque prodigieufe, & cependant aflez bien conftatee. M. Cellms a promis de ne pas bonier la les ufages qu'il tirera de fa theorie , on fuit avec plus de plaillr un chemin qu'on s'eft ouvert foi-meme. I X. M. Granger, correfpondant de 1' Academic a ccrit a M. de Reaumur Vn» dname i'o- le fait fuivant arrive au Caire peu de temps apres qu'il y fi.it arrive. P,u™ d'Houte dan« De jeunes cophtes qui buvoicnt quelquefois enfemble, voulant rabattre uuacaue murt' la vanitti de l'un d'entr'eux qui fe piquoit d'etre le plus fort de tous , s'a- viferent de lui diffoudre, fans qu'il le fut, une dragme d'opium dans un verre de vin qu'il but; ils pretendoient par la l'endormir plutot & le faire paroirre vaincu en peu de temps. Quelques heures apres avoir pris cette boilTon , le jeune-homme fut en dclire , extravagua & tomba en- fiiite dans un profond affoupiffement. Le lendemain fes camarades qui l'allerent voir pour jouir de leur fauife vidoire , furAit fort furpris dc le trouver fans pouls, livide , la bouche fermee , en un mot, mourant. On envoya chercher un pretre qui etoit audi medecin & qui tourmenta inu- tilement le malade par les remedes les plus violents. 11 tit appeller M. Granger Jui n'arriva qu'aprcs la mon. La maladie n'avoit dure que quinz" heures. e cadavre etoit couvert de tumeurs livides aux bras & aux duties , en forme de loupes, grofles comme la tete d'un enUnt de quatre mois, d'oil Tome VII. Parrie Fran$oiji. Q 106 ABRECE DES MEMOIRES.k il fortoit une odeur infupportable. Ce qu'il y eut de fingtilier , c'efl: que deux on trois cents chats des maifons voilines de cellcs du mort s'y ren- h y s i Q . (jjrent ^ ja njte g, en fcule. On les prit pour des forciers metamorphofes jinnee IJ3$- qui venoient enlever Ie cadavre; mais ni. les prieres, ni les fignes de croix , ni l'eau benite n'operoient fur eux. M. Granger & Ie pretre eurent beau dire que c'etoient de veritables chats attires par l'odeur du corps , quoique trcs-mauvaife : les afliftants n'en furent perfuades que quand on eut oi^vert la porte du lieu oii etoit ce corps , & qu'on vit auffitot les chats fauter deilus & le lecher avec une ti graude avidite que , fi on les eut laifft faire , ils l'auroient devor^. ANATOMIE. Oij 1 09 A N A T O M I E. Sl/R LE CHANGEMENT n V Vtcitre DU C Anatomic Pofecs, corame elles font, de chaque cote du cocur, entre l'oreillette & le vcntricule correfpondant, il eft certain que leur fonction eft de laif- Ann(t ij$i. fer toniber le fang de l'oreillette dans le ventricule pendant la diaftole du caur , & d'empecher pendant la fiftole que le fang ne continue de tom- bcr aini, parce que le ventricule trop plcin ne permcttroit pas au cccur de fe contractor, & de ponder dans l'artere correfpondante le fang que le ventricule contient. Pour cela, il faut que les valvules s'abaiilent dans la diaftole, & fe rclevent dans la fiftole, de maniere a fermer les oreillettes , & a en empecher la communication avec les ventricules. Le mouvement des valvules depend des filets tendineux , auxquels elles font attachees , & qui partent de certaines colonnes charnues vers la pointe du cceur. Quand ces filets qu'on pent d'abord fuppofer laches , le deviennent moins , pax quelque caufe que ce foit , ils tirent les valvules en en bas , les appliquent contre les parois du cceur , de forte que le fang paffe librement des oreil- lettes dans les ventricules. Quand au contraire les filets font plus laches, ils permettent aux valvules de fe detacher des parois, elles remontent, & fe placent entr'elles de la maniere necellaire a ferraer l'ifiue de leurs oreil- lette?. II eft viable que le premier mouvement des valvules fe fait dans la diaftole, & le fecond dans la fiftole. Done le moment de la fiftole eft eclui oii les filets tendineux font relaches. Or ils le font quand la pointe du caur >'approche de fa bafe, car alors ils deviennent trop longs pour fiouvoir tirer les valvules en en bas , done le moment de la liftole eft ce- ui oil la pointe du cccur s'approche de fa bafe , & il faut quelle s'en ap- proehe, arin que dans ce momcnt-la le fang des oreillettes ne tombe pas dans les ventricules. Done le cooir s'accourcit dans la liftole. Cela fe pent confirmer par une obfervation que Ton fait fur les caurs rnorts. Les valvules y font appliquees contre les parois , aini: qu'elles doi- vent l'etre, pour laiffer tomber le fang dans les ventricules, & Ton voit k l'ceil , que pour les relever , il faudroit que les filets tendineux , qui les avoient abailfecs par leur acccurcirfement , vinfient a s'aionger, ou a deve- nir laches, ce qui arriveroit, li la pointe du cceur s'approchoit de la bafe. Les valvules qui etoient demeurees dans l'ctat oil la diaftole les mettoit, fe feroient done rclevees dans la liftole fuivante par le raccourciffement du caur. L'experience , que M. Baffuel rapporte de Lower , etoit encore plus deciiive. Lower, aprcs avoir rempli d'eau un ventricule, prelioit le caur du cote de fa pointe pour le raccourcir un pen , &' on voyoit aufli-tot les valvules le hauffer, & s'ajuftcr etlfcmble de facon a ne laiffir point fortir la liqueur qui etoit au-deffous d'elles. L'erret etoit encore miens marque & plus complet, quand M. Baffuel ajoutoit une k'gere prelfion du cote de la baf.', & un autre laterale. II a r nvcrfi aum" l'experience de Lower , en alongeant par quelques pctits artifices ailez delicats , & en prefTant enfuite un cceur dont un ven- Uicule etoit plcin d'eau ; l'eau en eft fortie trcs-facilement, & s'eft jettec A N A T O M I E. Annie 1731- 111 ABRECi. DES M^MOIRES ' dans l'oreillette. La liftole feroit refluer de mime Ie fang dans les oreille:-; tes , fi le casur s'alongeoit. Ce qui fait conclure ici que Ie cceur ne s'alonge point, 011 s'acconrcit dans la liftole, c'eft quel'etat des valvules, qui doivent alors etre elevees, demande que Ieurs filets tendineux foient relaches, oil plus longs-, & ce railonnement cede , fi dans ce meme temps , ces filets peuvent n'etre pas plus longs. Or M. Window croit que ces filets peuvent ne litre pas , & qu'il Juftiroit que les colonnes, qui leur fervent de bafe, s'alongeafient dans la liftole. On peut repondre aufli aux experiences de Lower, & de M. Bafiuel, que quand dans un ventricule rempli d'eau, & enfuite comprime, parce qu'on a rapproche la pointe du ccnir de fa bafe, les valvules fe foulevent; & ferment le ventricule, ce n'eft-la qu'une fuite du mouvement imprime li l'eau , par lequel elle remonte un peu , & eleve les valvules quelle ren- contre en fon chemin. Les filets leur permettcnt ce jeu, mais ils n'en font pas la caufe. Nous n'avons point parle d'un article, qui n'a pas laifle d'etre touche. Dans le moment de la puliation des arteres , qui eft celui de la liftole , on fent le coeur qui vient battre contre les cotes , & on juge que c'eft par fa pointe qu'il bat. II eft adez naturel de croire qu'il s'eft done alonge , & qu'il etoit plus court , ou qu'il avoit fa pointe plus proche de fa bafe dans le moment precedent ou cette pointe ne touchoit pas aux cotes. Done le cceur s'alonge dans la liftole. La conclufion feroit bien fiire , fi le cosur etoit fixe & inebranlable dans une place, mais il ne l'eft pas; les vaifleaux, avec lefquels il a connexion , lui fouffrent un peu de mouvement. M. Window avoit deja dit ailleurs que la made du cceur peut glider dans le pericarde dont elle eft enveloppee, & M. Baffuel prouvoitpar des expe- riences que chacun peut faire fur foi-meme, combien la pontion de cette partie peut varier. II faut avouer que tout ceci n'aboutit qu'a des incertitudes , mais les in- certitudes font des efpeces de lumieres qui peuvent mener a la connoif- fance du vrai , au lieu que des decifions hardies & precipitees nous en eloigneroient. II ne faut pas que l'Academie des fciences abufe de fon nom & de fa reputation pour decider trop vite. Annie 1735. Hiftoire. Sur V action par laquelle les enfants tetent. J_ VX Onsieur. Maloet ayant vu un enfant nouveau-ne qui ne vou- loit point teter, quelque nourrice qu'on lui prefentat, & qui par confe- quent ne le pouvoit, felon toutes les apparences, decouvrit, en l'exami- nant, qu'il n'avoit point de palais. II manquoit taut des parties ofieufes qui forment cette voiite, que de la membrane qui les tapiffe; & , ce qui en eft une fuite, quand on lui regardoit dans la bouche, on lui voyoit 1'interieur du nez. Alors M. Maloet crut avoir trouve la caufe du defaut de cet enfant. Dans DE L'ACADl-MIE ROYALE DES SCIENCES, iij Dans Taction de teter, lorfque Tenfant face le mamelon de fa nour- rice, il en eloigne l'air qui l'environnoit, Sc forme tout a l'entour dans fa Anatomie. bouche un petit vuide. En meine temps tout le corps de la mamelle eft toujours environne & preffe a l'ordinaire par l'air; & comme le mame- -"Knee 1735. Ion ne l'eft pas, oil left moins, le kit doit fe porter dans ce petit tuyau, & fortir par la. Alors la bouche fait l'olrice de pompe afpirante. Mais il faut pour cela que la communication de la bouche avec le ne* foit interrompue par les organes propres a cet ufage; car 11 elle fubfiftoit, l'air, qui paue continuellement par le nez pour la refpiration, entrant dans la bouche de l'cnfant, iroit prefler le mamelon, & par confequent empecheroit la fortie du lait; la bouche ne feroit plus roftice de pompe afpirante , puilqu'il ne fe feroit plus de vuide. C'eft dela que M. Maloet tire les raifons qui ont empeche de teter l'enfant ne fans palais. Sa bouche & fon nez communiquoient toujours cnfemble. On etoit oblige de le nourrir de lait qu'on lui faifoit avaler, en le ver- fant dans fa bouche avec une duller. II ne vecut que quinze jours. Quand M. Maloet eut expofe fon fentiment a l'Academie, M. Petit le Chirurgien ne convint point que l'enfant ne pilt teter *, & voici le pre- * V. ki M. p. 47. cis de les raifons. Un vuide dans la bouche n'eft point abfolument neceflaire pour Tac- tion de teter. Les femmes qui traient les vaches, font fortir le lait par la feule comprefJion de leurs mains qu'elles conduifent l'une aprcs l'atitre du haut du pis jufqu'en bas , en forte qu'une main reprend toujours oil 1 autre a quitte. II n'y a la ni vuide, ni pompe afpirante. Qu'on examine bien un enfant , il en fait autant. II failit fe mamelon avec fes levres qu'il avance en fermant la bouche, & dont il fait une efpece de canal chaniu , qui ferre doucement le mamelon. L'anatomie demontre qu'il y a dans ce canal des fibres de deux differentes directions, les longitudi- nales & les tranfverfes qui font orbiculaires. Avec les longitudinales aufli olongees qu'elles peuvent l'etre , l'enfant prend le mamelon le plus pres de la mamelle qu il peut ; & quand ccs memes fibres fe contra&cnt & s'accourcifrent , elles amenent le lait de la mamelle dans le mamelon. Pour les fibres tranfverfes, elle ne font que ferrer, mais plus ou moins. On voit affez ce qui refulte de la combinaifon de Taction , & des difre- rens degres d'aclrion de ces deux fortes de fibres. M. Petit ajoute encore que le mamelon etant plus gros k fon origine qu'a fon bout, il glifferoit aifement hors de la bouche de Tenfant, & que pour Ten empecher, Tenfant eft oblige de reprendre le mamelon plus haut , aprcs quoi s'il gliffe encore un peu, le lait n'en eft que mieux conduit de haut on bas. Ce n'eft pas cependant que la compreffion des levres , en y joignant me me celle des machoires de Tenfant, qui peut concourir avec elle, foit la feule caufe qui entre dans Taction de teter. La fuccion y a beaucoup de part. La langue de Tenfant applique fon bout anteiieur fous le ma- melon , & Tembralie aifement , parce quelle eft trcs-molJe , tres-flexiblc Tome VII. Partie Fran$oiJi. P ii4 A B R E C £ DES M^MOIRES ■ & tres-mince. Quand ce bout fe retire vers le fond de la bouche , il fe Anatomie. fait fous le mamelon un petit vuide qui determine le lait a couler de la . . mamelle , fans compter que ce merae mouvement de la langue aide en- Annte 1735. core par jui_m^me k ceiui du iait- La langue etant alors par ce bout anterieur, une efpece de pifton de pompe alpirante, M. Petit pretend qu'elle eft auili par l'autre bout un pifton de pompe foulante , car apres avoir conduit le lait jufqu'au fond du palais comme dans une goutiere, elle prefle contre ce fond & 1'oblige a tomber dans 1'cefophage. A peine a-t-elle acheve fon coup de pifton fou- lant pour avaler , qu'elle a deja recommence celui de pifton afpirant pour fucer. II eft poflible qu'elle foit privee de la fonclion de pifton foulant & qu'elle ne le foit pas de celle de pifton afpirant •, en ce cas-la l'enfant pour- roit fucer , mais non pas avaler , & M. Petit foupcpnna que celui que M. Maloet avoir vu perit par cette raifon. ' De route cette theorie de M. Petit fur Taction de teter , il refulte qu'un enfant ne fans palais en eft capable , puifqu'il l'eft & de comprimer le mamelon avec fes levres de la maniere convenable , & de fucer par le moyen de fa langue. La queftion demeura pourtant encore indecife , car une decifion fure en phyfique eft bien rare. M. Maloet oppofa des autoritss. D'ailleurs il avoit certainement vu l'enfant avaler, il ne mourut done que faute de fucer. Sur les reunions d'inte/Iins. Hiftoire. I -^ ^ s rcflburces de la nature pour remedier aux maux qui attaquent le corps humain , ne font pas a la verite en audi grand nombre que ces maux , mais elles font du moins en plus grand nombre que ne l'ont quel- quefois cru, meme les plus habiles. Hipocrate a decide par un aphorif- me , qu'un inteftin grele divife ne fe reprenoit point : on fait aujourd'hui le contraire par experience, & de plus cette elpece de merveille eft tou- jours allee jufqu'ici en augmentant. On eft quelquefois oblige de couper un inteftin , parce qu'il s'eft pourri ou gangrene dans une hernie qu'il formoit. On a vu dans les Mcmoires ♦ P. 273 & fuiv. de 1 701 *, que dans ce cas-la M. Mery ayant coupe 435 pieds d'intef- Jeuxieme idit. tin a .line fille, elle fut guerie. Elle ne rendoit plus fes excremens par Ta- 1111s, puifque tout le canal inteftinal ayant eu vers fon milieu une partie entierement detruite, il n'y avoit plus de communication entre la partie qui venoit de Teftomac & celle qui fe terminoit a l'anus •, les matieres qui venoient de Teftomac auroient done du s'epancher dans la cavite du ven- tre quand elles feroient arrivees oil la continuite du canal manquoit,& par-lh auroient bientot caufe la mort •, mais la premiere portion du canal toupe, celle qui partoit de Teftomac, t'etoit collee par fon autre extre- DE L'ACADiMIE ROYALE DES SCIENCES. iij de la plaie qu'on avoit faite par l'operation de la her- ture avec une iffuc au dehors, ctoit deventie une ef- mite a l'ouverture rue-, & cettc ouvenure avec une iffuc au dehors, ctoit deventie une el- Anaiomi e. pece d'anus artificiel qui fuppleoit a l'autre dcmeure fans fonftion, auffi ^ bien que la feconde portion du canal coupe. - 35- L'Hiftoire de 171} * nous a appris de plus que les deux parties d'un p- 3* * 33- inteftin coupe dans une etendue a la verite beaucoup moindre , & aidees par l'art dont M. de la Peyronnie avoit ufe, fe font reprifes enfuite natu- rellement,.& ont recommence a former un canal continu, ce qui eft le comble du prodige en cette matiere. Voila done deux cas tres-differents. Dans le premier, les deux parties du canal inteftinal coupe reftent feparees , &ilfaut un anus artificiel. Dam le fecond, elles fe rejoignent, & l'anus naturel fait fa fon&ion. M. Mo- rand explique de quelle maniere arrivent ces deux cas. II faut pour l'un & pour l'autre que les deux bouts coupes de l'inteftin foient attaches & affujettis quelque part, on en verra clairement la necel- fite ft on les imagine libres & flottants. Naturellement des parties bleffees & fanglantes fe collent aux parties les plus voilmes, fur-tout fi celles-ci font bleffees auffi •, il furfit meme affez fouvent que les unes ou les autres foient enflammees , 1'inflammation les rend plus vifqueufes par une trans- piration plus abondante des liqueurs dont elles regorgent. L'inteftin gangrene dans la hernie a toujours prcs de lui quelque partie enflammee de l'epiploon, ou du peritoine, ou de l'anneau-, il fe trouvera done affez d'endroits oil le bout coupe de l'inteftin pourra fe coller, & ou a* demeurera affujetti , j'entends dans le premier cas le bout de la pre- miere portion , qui fera l'anus artificiel par ou fortira ce qui fera venu de l'eftomac. Pour l'autre bout qui va a l'anus, & qui doit demeurer inutile, il faut l'affujettir par art, s'il ne s'affujettit pas de lui-meme, pour le ter- mer enfuite entierement , puifqu'il ne doit plus rien recevoir. C'eft ce que M. Littre a enfeigne dans les Memoires de 1700 *. * P- i1*) & f"iv. Dans le fecond cas, ou les deux bouts coupes doivent fe reprendre, la^^erae ^dit. grandeur de l'entre-deux qu'on aura emporte n'y fera point un obftacle , pourvu que ces deux bouts qui ont tous deux paffe par l'anneau fe trou- vent apres l'operation encore affez proches. M. Morand fait voir comment le mouvement naturel de leurs fibres tant longitudinales que tranfverfes & circulaires executera la reunion. Les longitudinales s'alongeant de part & d'autre , iront faifir peu a peu des points d'appui toujours plus eloignes chacun en particulier de leur premiere pofition, mais par- la l'intervalle entre les deux bouts diminuera toujours. D'un autre cote l'adHon des fibres circulaires diminuera le diametre de l'ouverture de chacun des deux bouts, les forcera, & rendant leur furface moindre , les difpofera a fe coller plus ailement des qu'ils pourront fe rencontrer. Quaud le canal aura repris fa premiere forme de canal continu, il y reftera par un endroit plus ctroit, par un etranglement bien fenfible , la trace de l'accident qu'il aura effuye. Ce n'eft point 14 une chofe devinee , quoiqu'elle eut pu l'e- tre 5 M. Morand l'a vue, Pij A N A T O M I E. AnnU t?3$. iiS ABRUi DES MEMOIRES, &c 1 Comme cette reunion ne peut fe faire que lentement , on conceit a/Tez que pendant ce temps la les excrements fortent, mais toujours de moins en moins par i'anus artificiel, par 1'ouverture dela plaie, jufqu'a ce qu'en- fin l'anus naturel rentre feul dans fa fondHon. On voit aufli que ceux qui portent cet inteftin reuni , doivent s'en fotivenir fans cefle , & fe foumettre i beaucoup de precautions genantes ) mais pour peu qu'ils raifonsent, iU Ce croiront encore trop heureux. CHIRURGIK n9 CHIRURGIE. DISSERTATION S V R LA MANIF. RE D*A URETER LE SANG DANS LES H^MORRAGIH. Avec la defcription d'une machine ou bandage propre d procurer la confolidation des vaiffeaux , apris I 'amputation des membres , par la J'eule comprejjion. Par M. Petit. _L^ e s fecours qu'on a invoques jufqu'a prefent pour arrerer le fang dans M^"M—**MMM les hemorragies, peuvcnt fe reduire aux abiorbans, aux aftringens (imples >CH1RURGif. aux ftiptiques, aux cauftiques , au fer brulanti a la ligature & a la com- prefTion. Annie IJ31. Les abiorbans & les limples aftringens ne peuvent etre utiles que pour Memoiret. de legeres hemorragies. Leur infurhTance dans l'ouverture des grands vaif- feaux a fait mettre en ufage l'alun , le vitriol , & toutes les huiles & les eaux ftiptiques ou efcarotiques. Les anciens chirurgiens fe fervoient mane des cauteres, dc I'huile bouillante, du plomb fondu & du fer ardent. Us ont combine h briilure de tant de facons difKrentes, que c'etoit fure, felon eux , une grande decouverte que d'imaginer line nouvelle facon de bruler. Us avoient des inftruments de differcnts metaux , figures felon les endroits oil ils vouloient les appliquer -, &, avec ces inftruments rougis dans les charbons ardents , ils bruloient les vaiffeaux pour les fermer par la crifpation que caufe la brulure. Les chirurgiens, plus eclaires, devinrent moins cruels •, ils imaginerent la ligature des vaiffeaux , & , par ce moyen , ils arretoient les hemorragies qui accompagnent les plaies. Ce moyen parut d'autant plus nature] a celui qui s'en fervit le premier, qu'on le mettoit deja en ulage pour barrer les varices, les hemorro'ides . & autres veines-, mais , quoique toutes ces ope- rations duffent autorifer les chirurgiens a faire la ligature des vaiffeaux qu'on eft oblige de couper dans l'amputation des membres , on ne s'en etoit point encore fervi dans ces occalions, au feizieme hecle. Ambroife Pari, chirurgien de trois de nos rois, fut le premier qui la mit alors en Eratique. Cette maniere d'arrcter le fang, qui parut nouvelle, lui attira ien des contradictions •, mais , quoique defapprouvee d'abord par quel- ques-uns de fes contemporains , il eut la fatisfattion de la voir pratiquer avec un grand ilicccs. La ligature rendit les chirurgiens nioins timides : us A B R £ G £ DES M £' MOIRES *""MM""*"" l'amputation des membres devint une operation plus Aire , moins donlou- Chikuigii, reu'e ' & 'a gu^"f°n en ^ut ph,s prompte. On sen eft prefqu'univerfelle- ' ment fervi jufqu'a prefent pour arreter le fang , non-feulement dans 1'am- Annfc ijjt. nutation des membres, mais encore dans l'operation de l'anevrifme, & dans les plaies accompagnees de grandes hemorragies. Tous ces differents moyens n'auroient jamais , ou n'auroient que tres- rarement etc fuivis de fucces fans la compreffion , qui a toujours ete d'un grand fecours. Pour faire cette compreffion, apres avoir mis fur les vaif- feaux les ftiptiques , les cauftiques , ou meme apres en avoir fair la liga- ture , on y applique des comprefTes pyramidales affujeties & foutenues par plufieurs tours de bande fuffifamnient ferres pour relifter a 1'impultion du fang de l'artere, & s'oppofer a la chute trop prompte de l'efcarre que font les ftiptiques & le feu , ou a la feparation prematuree de la ligature. Sans cette precaution , on auroit prefque toujours a craindre l'hemor- ragie, qui n'arrive que trop fouvent ii la chute de la ligature ou de l'ef- carre, malgre les foins qu'on prend pour 1'eviter par une compreffion convenable. La compreffion eft auffi ancienne que les autres moyens d'arreter l'he- morragie ; elle eft meme , felon toute apparence , conforme k la premiere idee que les hommes out du naturellement avoir pour arreter le fang. J'ef- pere cependant, en ce -qui concerne Jes amputations, lui donner aujour- d'hui tous les avantages de la nouveaute, foit par rapport a la maniere de comprimer les vaiffeaux, foit par rapport a l'ufage exclulif que je lui donne, en rejettant celui des aftringens , des ftiptiques, des cauftiques, & meme de la ligature des vaiffeaux, autant qu'il eft poffible. Je vais d'abord rap- porter les obfervations que j'ai faites fur la maniere dont k fang s'arrete par les differens moyens dont je viens de parler. Lorfqu'une hemorragie confiderable a ete arretee par les abforbans oil les ftiptiques , c'eft toujours par le moyen d'un caillot foutenu de la com- preffion , que 1'orifice du vaiffeau fe trouve bouche. Ce caillot a ordinai- rement deux parties, l'une au-debors du vaiffeau , & l'autre au-dedans. Celle du dehors eft formee parle fang dernier forti, qui, en fe caillant, fait corps avec le charpi, la mouffe, ou les poudres, dont on s'eft fervi pour arreter le fang. L'autre partie du caillot , qui eft dans le vaiffeau meme , n'eft precifement que la portion du fang qui etoit pret a fortir, quand on a bouche le vaiffeau. Ces deux parties ne font fouvent qu'un meme caillot-, celle du dehors fait l'office de couvercle, & celle du de- dans fiit l'office de bouchon. L'une & l'autre arretent le fang par la foli- dite qu'elles acquierent en fe coagulant, & par l'adherence qu'elles con- tradent enfuite, l'une avec l'interieur du vaiffeau , & l'autre avec fon ori- fice externe. Si Ton s'eft fervi des ftiptiques ou des efcarotiques , le caillot eft plutot form£ que quand on a ule des abforbans, ou des fimples aftringens : il occupe une plus grande etendue de la cavite du vaiffeau ; ce qui fait un bouchon plus profond. Le couvercle ou la portion exterieure du caillot eft auffi beawcoup plus epaiffe, parce qu'en meme- temps que les ftipti- ques DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, rir ques& efcarotiqiics coagulent le fang, ils brulcnt line portion du vaifleau ^"""" mmmm & des chairs voitines, qui, faifant corps avec le fang caille , forment en- Ciuuurgie, fcmble un couvercle plus epais & plus etendu. La ligature arrete le fang en pliffant & ferrant le vaifleau, comme fait Annie 1731. le cordon avec lequel on lie un fac. Le fang qui etoit pret a fortir, re- tenu par la ligature , fe coagule a la verite plus lentement que lorfqu'on fe fert des ftiptiques , mais il fe coagule toujours , &: on doit le regarder comme la portiou du caillot, que j'ai appelle le bouchon, qui, dans ce cas , eft retenu par la ligature ; au lieu que dans l'autre , le bouchon eft retenu par la portion exterieure du caillot, que j'ai appelle le couvercle. Ce caillot ou ce bouchon eft, par fa figure, bien different de celui qui fe forme aprcs l'application des ftiptiques. Celui-ci eft cylindrique, & ce- lui qui fe forme apres la ligature a une figure pyramidale , la bafe du cote de I'interieur du vaifleau, & la pointe du cote de la ligature. Cette figure eft tres-favorable pour retenir le fang apres la chute de la ligature, pourvti qu'elle fe fepare fans effort par la feule fuppuration & l'accroiflement des chairs qui fe forment au-deflus de l'endroit lie ; car alors , quand meme l'orifice du vaifleau ne feroit pas entierement reuni ou ferme par les chairs, il feroit du moins li confiderablement rapetifle , que le caillot ( fuppofe qu'il flit entierement detache de la paroi du vaifleau , comme cela arrive quelquefois) ne feroit point chafle au-dehors par l'impullion du fang , mais tout au plus la pointe du caillot s'engageroit dans ce qui refteroit d'ou- verture au vaifleau , & y entrant, pour ainfi dire, a force, le boucheroit exactement. Ce n'eft pas la meme chofe , quand quelque convullion , ou quelques autres mouvemens violens de la part du mafade, font caufe de la feparation de la ligature ; car cette feparation fe fait alors avant la par- faite cloture du vaifleau ; & de plus , le caillot, malgre fa figure , eft poiifle avec tant de violence, que non-feulement il fort, mais qu'il detruit meme en paflant tout ce qu'il y a de reunion commencee , & 1'ouverture du vaifleau audi large qu'auparavant , laiffe darder le fang comme le pre- mier jour. La forme du caillot, telle que je viens de la decrire, fe voit parfaite- Voyez fa premiere ment pour l'ordinaire, daus le moignon de ceux qui font morts depuis le * li foonde tigw deux jufqu'au vingt ou trentieme jour de l'amputation. J'ai prefente a la compagnie l'artere crurale d'un homme a qui on avoit coupe la cuifle de-; puis cuiq jours , & dont on peut voir la figure, A, Tartere ouverte. B j la ligature. C, le corps du caillot. Dj fa pointe du cote de la ligature. E , la pointe du caillot du cote luperieur. Aprcs la chute de la ligature , il arrive aflez fouvent line Iegere h Pour s'aiufter an volume de la partie, afin que la compreffion du vaiffeau foit toujours egale. Annie ij^l. Je divife cette machine en deux parties : l'une comprime le tronc d'ou vient la branche de l'artere coupee, & l'autre comprime l'ouveraire ou la coupure de la branche par laquelle le fang s'ecoule. Voici la maniere de fe fervir de cette machine , que je vais appliquer a une cuiffe couple. Voyez la troifieme La premiere partie s'applique avant que de faire I'operation : elle y eft & la quatrieme figure, nieme tres-effentielle. Elle eft compofee d'un bandage circulaire A, qui fait le meme contour que le circulaire d'un Brayer , & qui aprcs avoir embraffe le corps au-deffous des hanches, vient fe rendre dans l'aine, pre- cifement au-deffous de l'arcade des mufcles du ventre, dans l'endroit ou paffe l'artere crurale. Un autre circulaire B entoure la cuiffe au-deffous du pli de la fcffe, & vient fe rendre dans l'aine, ou fe trouvent l'une fur l'autre deux plaques de tole garnies de chamois CD. Celle de deffous eft platte du cote quelle touche a la plaque de deffus , mais du cote quelle tou- che au pli de l'aine , elle eft garnie d'une pelote bien rembouree : le cen- tre de cette pelote eft appuye precifement fur le paffage de l'artere cm- rale a fa fortie du ventre. La plaque de deffus eft attachee aux deux cir- culaires qui lui fervent de point fixe : quelques liens attachent ces deux circulaires entr'eux. Celui qui entoure les hanches empeche la plaque de defcendre , & celui qui entoure la cuiffe I'empeche de remonter, afin quelle reponde toujours au meme endroit du pli de l'aine. Une vis E > qui pent tourner fans fin fur la plaque de deffous, paffe dans un ecrou taraude, dans la plaque de deffus; de forte que lorfqu'on tourne cette vis a droite, on ecarte les deux plaques l'une de l'autre, & on les rappro- che lorfqu'on la tourne a gauche : mais afin qu'elles s'eloignent ou qu'elles s'approchent en ligne droite , il y a deux petites fiches i , i , qui s'elevent oerpendiculairement de la plaque de deffous , & paffent chacune par un irou perce dans la plaque de deffus, l'une a droite, & l'autre a gauche de la vis. Ces deux tiges dirigent l'approche & l'eloignement des deux plaques, & e'eft par elles qu'elles s'eloignent ou s'approchent toujours pa- rallelemenr. Ce bandage etant place comme je viens de le dire, (1 Ton tourne la vis a droite , les plaques s'ecarteront l'une de l'autre -, mais parce que les deux circulaires retiennent la plaque de deffus , & s'oppofent a fon eleva- tion , il faut de neceflite que la plaque de deffous s'abaiffe & s'enfonce dans le pli de l'aine ; que la pelotte dont elle eft garnie comprime le tronc de l'artere crurale , a mefure que Ton tourne la vis , & que cette vis, tournee un certain nombre de fois , comprime ii exactement l'artere , qu« le fang n'y puiffe plus paffer. Ce bandage n'a fervi jufques-!a qu'a retenir le fang pendant 1'opera- tion, mais pourarreter le fang des vaiffeaux que Ton vient de couper, il faut un fecond bandage compofe d'une double plaque comme le premier. A la plaque de deffus, viennent aboutir & s'accrocher quatre courroies Ft qui font lblidement retenues aux deux circalaires dw premier bandage. DE LACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 125 Avant que de Ies appliquer, il f.uit placer en comprimant tin peloton ;)e^^— — ^^ charpie lur le vailfeau, non dire&ement fur fon embouchure, mais fur le r ., R „ cote de cette embouchure le plus eloigne de l'os, afin qu'en le pouflant vers l'os, Ies parois s'appliquent l'une contre l'autre, & que preife d'un Annie IJ31. cote par le peloton de charpie, & de l'autre par la refinance de l'os de la cuiffe, le vaiffeau prenne la figure de l'anche d'un haut-bois. Sur ce pre- mier peloton de charpie, on en place un fecond plus large, & fur celui- ci un troilieme, & inane un quatrieme, toujours plus larges, & toujours pouffts fuivant la meme direction. Enfuite on pofe fur ce dernier tam- pon de charpie le centre de la pelote G , qu'on affujettit avec Ies cour- roies F qui viennent routes fe rendre a la plaque de deffus H. Alors fi on tourne la vis a droite, Ies deux plaques s'eloigneront ; mais parce que Ies quatre courroies empechent l'elevation de la plaque fuperieure, ilfaut que la plaque de deflotis s'enfonce & appuie fur le tampon de charpie le plus exterieur, & celui-ci fur Ies autres fucceffivement jufqu'au premier applique , lequel preflant le vaiffeau, ainfi qu'il a ete dit, en eftacera fi exadement la cavite qu'aucune goutte de fang ne pourra s'epancher. Apres avoir fait cette derniere application, on lache par degre, & peu- a-peu la vis de la pelote qui comprime le tronc de l'artere dans 1'aine, pour hitler pafler le fang , jufqu'a ce que l'on commence a fentir le bat- tement de l'artere \ & fi l'on s'appercoit quelle batte trop fort & qu'il pafTe trop de fang , on refferre la vis d'un demi-tour , 011 d'un tour , plus ou mows , afin de n'en laiffer paffer qu'autant qu'il en eft neceffaire pour conferver la vie dans le moignon. Ainli cette machine a plufieurs utilites. Par le moyen de la premiere piece , on fe rend totalement maitre du fang-, l'attention du chirurgien n'eft point partagee ; il eft plus affure & plus ferme en operant ; 1'opera - tion rinie, on lache ailtant de fang qu'on le juge a propos. Veut-on pan- fer le malade, on retient totalement le fang, jufqu'a ce qu'on ait leve 1'an- cien appareil , & applique le nouveau, en prenant Ies precautions que ie dirai ci apres. La dcuxieme partie de cette machine arrete Ie fang, en comprimant la bouche du vaifl'eau coupe , ainli que l'on a dit ci-delfus-, & l'on concoit bien que li la compreffion ordinaire pouvoit arreter le fang dans une bran- che, fans que le tronc fut comprime, celle-ci l'arreteroit bien plus facile- nient, puilqu'elle arrete la colonne de fang dans le tronc meme, & qu'on n'en laiffe paffer qu'autant qu'on le juge neceffaire, pendant que le fur- plus eft oblige de refiner dans Ies troncs voifius , ou dans Ies vauTeaux collaterally. Un autre avantage que cette machine a fur Ies autres moyens d'arreter le fang & fur la compreffion ordinaire, e'eft qu'auffi-tot que la fuppuratiqn eft etablie, on pent lans crainte d'hemorragie, lever entierement 1'apparcU a chaque panfenient. Au contraire lorfqu'on s'eft fervi des autres moyens} on lailfe a chaque panfenient tout ce qui eft place fur Ies vaifleaux ; on craiiit de Ies degarnir-, ce qui refte s'echaufFe, le pourrit, & contrafte une odeur incommode au malade & a tous ceux qui l'approchentj de pius, ce n6 ABRtGt DES M^MOIRES ***——* refte d'appareil retient une partie du pus, qui croupiffant , dcvient acre, C h i r u R g i e. *rr'te k Partie » & cauk douleur , imflammation , ficvre , infomnie , & au- tres accidents. Annie tj^t. Avec notre machine, pour n'avoir rien a craindre a la levee du pre- mier appareiJ, il ne faut que ferrer la vis des plaques qui font dans l'aine. On empeche le fang de couler dans le vaiffeau. On detache alors les cour- roies de la pelote de deffus le moignon •, on la leve, & on ote de l'appareil tout ce qui peut aifement fe feparer. Eniuite on applique de nouveaux tampons de charpie a la place des anciens; on replace, on attache la pe- lote ; on en ferre la vis au degre qui convient ; on relache peu-a-peu la vis de l'aine pour la remettre au degre oil elle etoit , & Ton acheve le pan- fement. On pourroit dire que cette maniere de confolider les vaiffeaux eft une imitation de la manoeuvre des fontainiers qui, pour reparer un tuyau de fontaine, commencent par fermer le robinet du refervoir , pour fe ren- dre maitres de l'eau, qui empecheroit leur foudure. La vis de l'aine eft une efpece de robinet qui retient le fang, ou modere fon mouvement, jufqu'a ce que les fucs nourriciers ayent foude & confolide l'ouverture du vaiffeau. Ce moyen d'arreter le fang eft preferable aux autres, non-feulement parce qu'il eft plus doux, plus fur & plus commode , mais encore parce qu'il eft plus naturel. En effet , les ftiptiques, les efcarotiques, le feu & la ligature nJarretent le fang, qu'en detruifant une portion des vaiffeaux ; des nerfs & des chairs voilines. La compreflion ne detruit aucune partie , elle les rapproche feulement , & procure leur adhelion. Mais ce qu'il y a de plus eftimable , c"eft que la compreflion bien graduee ne produit jamais d'inflammation , & il en arrive toujours, lorfqu'on fe fert des autres moyens. C'eft meme cette inflammation qui donne occalion a la fuppuration ex- traordinaire , & la fuppuration a la chute prematuree des elcarres & des ligatures. > La chute des efcarres fera toujours fuivie d'hemorragie , quand la partie du caillot , que j'ai appelle le bouchon , refiera attachee avec la partie que j'ai appellee le couvercle , parce qu'elles tomberont enfemble, & qu'alors l'orince du vaiffeau ne fera ni bouche ni couvert. J'ai tache de decou- vrir pourquoi ces deux parties du caillot tomboient quelquefois enfem- ble , & quelquefois feparement 5 & j'ai remarqu£ que cela dependoit de la maniere dont on faifoit la compreflion ordinaire , apres l'application des efcarotiques, ou autres moyens : car (i Ton obfervoit de faire toujours Li compreflion fur le cote du vaiffeau, de facon a en approcher les bords & les parois , on empecheroit la communication du caillot interne avec l'ex-. terne , ils n'auroient point d'adherence 1'un a l'autre •, l'externe fe fepare- roit feul , l'interne rerteroit dans le vaiffeau , & l'hemorragie ne fuivroit pas fi fouvent la chute des efcarres. On voit par cette obfervation combien la compreflion eft utile pour faire reuflir les autres moyens d'arreter le fang, & Ton pre/oit meme deja, que feule elle peut etre fuirifante. En eftet , pour empecher que le fang coule par un vaiffeau ouvert , il ne faiit qu'unc compreflion qui le re- DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. n7 tienne , jufqu'a ce que les adhclions du caillot au vaifleau , du vaifleau a ! lui-meme & aux chairs voifines, foient afltz fortes pour relifter a rimpul-f ,, . „ ,. „ _,_ lion du tang. II ne rant pas pour cela un temps bicn conliderable ; le jour que l'appareil fe fepare avec facilite , qui eft pour l'ordinaire le quatrieme Ann(e IJ31. 011 le cinquieme, la reunion eft faite,& fi Ton continue la compreflion, ce 11'eft que pour plus grande furete. Les cauftiques , les ftiptiques & la ligature pourroient-ils mieux faire ? eux , au contraire qui retranchent & detruifent , qui font beaucoup de douleur , & qui attirent l'inflammation , (i contraire a la reunion. Un vaif- feau, pour fe reunir a foi-meme, au caillot & aux chairs voifines, peut-il etre dans une (ituation plus favorable, que celle dans laquelle il fe trouve, a 1'inftant qu'il vient d'etre coupe? La chirurgie ne nous enfeigne-t-elle pas que pour reunir des parties fraichement divifees , il ne faut que les rapprocher, & les maintenir rapprochees? C'eft, li j'ofe le dire, a la na- ture a faire le refte ; & elle le fait toujours , lorfqu'elle n'eft point inter- rompue dans fes fonftions •, conime eile eft par les autres moyens d'arre- ter le fang. Ceux-ci retardent la reunion qui ne commence a fe faire qu'au cinquieme ou au fixieme jour ; au lieu qu'en fe fervant de la com- preflion , l'adhelion , la reunion, & la confolidation des vaifleaux com- mencent des les premiers inftaiis qu'ils font comprimes : (i bien que, lorf- qu'a la levee du premier appareil , la fuppuration detache les tampons de charpi, dont on s'eft fervi pour comprimer le vaifleau, on s'appercoit que la reunion de fes parties eft deja faite. II eft vrai quelle n'eft pas encore bien iolide, c'eft pour cela, qu'avant de lever l'appareil, on a loin de fer- rer la vis de la pelote de l'aine , qui comprime exactanent le tronc; de forte que ce qui refte de fang dans le vaifleau , depuis cette compreflion jufqu'a l'ouverture, n'a point le mouvement d'impuliion , qui feroit capa- ble de forcer cette reunion commencee. Ce que je viens de dire de la machine & de fes ufages n'eft point con- jecture : je ne la propofe qu'apres l'avoir mife heureufement en pratique. Au (iege d'Aire en 17 10 , le marquis de Rotelin recut un coup de bale de moufquet, qui lui perc-a la cuifle dro'ite de part en part & en brifa 1'os en plulieurs pieces. Le marquis de Rotelin fait prifonnier le meme jour fut onere chez l'ennemi , & le chirurgien negligea de tirer de la plan les efquilles qui cependant y etoient en grand nombre ; cela eft li vrai que cette mal-adroite operation ayant produit une fiftule qui fubfifta dix-neuf ans, & aufli plulieurs abces, on tira & des abces & de la fiftule tves-fre- quemment des efquilles durant le cours de cette longue & laborieui'e ma- ladie. Ce qu'il y eiit de furprenant , c'eft que les deux portions principa- ls de l'os s'etoient cependant reunies & avoient forme un calus aflez fort pour foutenir le corps & permettre au blelie de marcher durant l'ef- pace de vingt ans. Le marquis de Rotelin fatigue d'une infirmite audi longue 8c audi dou- loureufe, le determina a fe faire operer de nouveau. Les hommes de l'art les plus celebres s'afiemblerent chez lui. On me fit l'honneur de m'appel- lcr. II tut mis en queftion , li on ouvriroit la fiftule pour tirer une efquille n8 ABRiGE DES MEMOIRES ~ tres-eonfiderable qu'on y fentoit avec la fonde , ou (i on couperoit la Chuurcie, cuilFe. On decida , qu'avant toutes chofes, on tireroit refquille, regardant l'amputation de la cuifle corame line derniere reflburce. Annie ZJJi- Charge d'executer ce dont on etoit convenu , je dilatai la fiftule,' autant qu'une barriere ofleufe, qui la formoit, me permit de le faire. Par cette dilatation , je ne pus decouvrir que huit lignes du milieu de refquille qui avoit trois pouces de longueur : les deux extremites etoient cachees dans line efpece de caverne ofleufe, & retenues prefqu'immobiles Far des chairs dures & caleufes. A pies avoir effaye en vain de polities efquille , foit en haut , foit en bas , pour la tirer par l'une de fes extre- mites, je fis faire un inftrument avec lequel je la coupai en deux. Alors je la tirai avec facilite , & tout de fuite trois autres ekjuilles , dont l'une etoit plus grofle que la premiere, & les deux dernieres pluspetites; mais ce qui paroitra furprenant , c'eft qu'ayant porte inon doigt dans le fond de la fiftule, je trouvai un morceau du drap de la culotte, qui n'avoit perdu que fa couleur. Quelques jours apreSj il fortit, en trois panfemens differens, trois morceaux de fer rouilles, qu'on jugea etre des portions de l'anneau d'une clef, que la bale avoit brife, & dont le refte fut trouve dans la poche de la culotte le jour raeme de la bleflure. Le fucces de toutes ces operations fembloit promettre line guerifon parfaite, mais les donleurs, qui n'avoient ete que diminuees , revinrent bientot auflt vives qu'auparavant. L'infomnie, la fievre lente & la mai- greur detruilirent nos efperances; enfin les forces qui diminuoient chaque jour, nous obligerent d'annoncer au malade la neceflite de l'amputation ; ou plutot le malade devenu habile en chirurgie depuis vingt ans qu'il en etoit le fujet, reconnut lui-meme la neceflite de cette cruelle operation : il la propofa , & decida du jour & de l'heure qu'elle feroit faite. Le 2} fevrier 1750, k dix heures du matin, tout etoit pret , mais 1'operation ne fut faite qu'i onze , parce que notre courageux malade n'e- toit pas eveille quand nous arrivames. L'operation faite , les vaifleaux fu- rent lies a l'ordinaire. Le malade couche, fut li tranquille, qu'il paroiffoit avoir oublie lesdouleurs qu'il venoit de fouffrir, & meprifer celles que Ton pouvoit lui caufer par la fuite. Avec de pareilles difpofitions , les guerifons font faciles; mais ce qui l'avoit conduit 11 rapidement a cette bonne fituation ce courage intrepide lui fit entreprendre de fe lever lui-meme fans fecours , & de s'alleoir le dos contre le chevet de fon lit *, ce qu'il fit avec tant de promptitude & de force, qu'il alarma les afliftans, & qui 1'inftant il s'appercut qu'il perdoit tout fon fang. Ce fut le vingt-unieme jour de l'operation. J'etois heureufement chez lui; le mal fut aufli-tot rt^pard par l'application d'un bouton de vitriol, foutenu d'un bandage convenable. II obferva plus exacrement le repos : cependant le onzieme jour de l'application d« vitriol, a la chute de l'efcarre, l'hemorragie revint. J'etois encore pres du malade, &, profitant des reflexions que j'avois faites fur les d<'fauts de la ligature & l'infidelitc des cauftiques, je cms pouvoir tenter d'arreter le fang par la feule comprsilion. Je la fis avec les moyens orduiaiics ; ce qug DE L'ACADLMIE ROYALE DES SCIENCES. 119 que Je regardai cependant plutot comme une epreuve que la nccefTite - """* m'obligeoit de faire , que comme un moyen allure. La crainte & la C h i r v R g i : mefiance me firent placer pres du malade quatre chirurgiens , qui fe relevoient d'heure en heure pour tenir le moignon, & appuyer la main Annie 1731- fur I'endroit de 1'artere ouverte, afin de fortifier l'a&ion du bandage qui faifoit la compreflion. Dans cette cruelle extremite, il fembloit, que pour fauver la vie du malade, nous n'euflions a choilir que l'application des cauftiques, ou la ligature du vaitfeair, mais comment fe fier une feconde fois a l'un ou a 1'autre, puifque tons deux nous avoient manque! La ligature fi.it cepen- dant propofee; elle parut difticile & dangereufe : difficile, parce que 1'ar- tere avoit ete raccourcie de prcs d'un pouce, foit par la portion qu'en avoit retranche la ligature , foit par celle qu'en avoit brule le vitriol. Elle n'etoit pourtant pas impoflible , puifqu'on pouvoit faire tine incilion pour decouvrir 1'artere , & la lier •, mais cctte operation eut etc dangereufe a un malade extenue & fatigue par les operations , par la diete & par une fupuration abondante, qui diiroit depuis prcs de }o jours. La trifle lituation ou je me trouvois, ne me permit pas de fonger a autre chofe qu'a trouver les n-.oyens de remedier a un (i facheux accident. L'idee d'une machine me vint , & ne me quitta pas de route la nuit : le jour etant venu, j'en fis un modcle avec du papier. Je mandai M. Perron, * mon confrere, qui approuva ceite machine, & la fit fabriquer. Sitot que je 1'eus placee, le malade . fentit quelle reufliroit, parce que, difoit-il, elle appuyoit fur les deux points efientiels, 8c quelle laiffoit en liberie tout le re lie du moignon. Elle fit toute feule, mais avec bien plus d'exa&itude & de regularite, ce que faifoient les quatre chirurgiens que j'emplc/ois a comprimer le bout du moignon. Ce qu'elle a fait de plus, e'eft qu'aprcs avoir tranquillife le malade , raflure le chirurgien & la fa- mille alarmee, elle a procure la confolidation du Yaifleau, d'oii s'en eft fuivi une guerifon parfaite. On voit par 1'exemple que je viens de rapporter , qu'on arretera le fang des vaifleaux coupes dans les amputations, fans ftiptiques, fans cauftiques & fans ligature. Par les obfervations & les reflexions que j'ai faites fur les diflerens moyens d'arreter le fang , on fera convaincu que la compreflion doit etre preferee ; & Ton fera d'autant plus porte a s'en fervir, qu'elle s'executera par le moyen d'une machine fure, limple & fa- cile a manoeuvres Je ne pretends pas borner fon ufage a la feule ampu- tation de la cuifle : il eft certain qu'elle doit encore mieux reuflir aux bras & aux jambes, puifqu'c-He s'y ajuftera plus facilement, & que les Vaifteaux y font moins conlidirables. Miis quoique le bandage ou la machine que la neceflite me fit imagi- ner, filt ma feule reffource, je ne m'y ferois peut-etre pas fie autant que fe le fis, fi quelques mois auparavant, par une compreflion prefque fem- blable , je ne m'etois tire avantageufement d'une lituation beaucoup plus efrrayante. Le Gear Saenz: , Libraire, fur le quai des Auguftins, aprcs avoir etc Tome VII. Partie Franfoi/e. R j3o AB Rt G £ DES MEMOIRES dix-huit mois fans fortir du lit, a caufe d'une fracture compliquee des OS C h i R u r g i e. de la jambe , confulta plufieurs Chirurgiens , qui conclurent qu'on ne pou- ' voit lui conferver la vie , qu'en lui coupant cette partie ; je lui fis cette Annie IJ31. operation en prefence de mes confreres, qui ne furent pas moins etonnes que moi, de voir que le tourniquet, ni la ligature ne pouvoient arreter le fang. Pour en reconnoitre la caufe, & y remedier, je n'avois qu'un inftant. La caufe etoit I'offincation totale de l'artere-, le tourniquet ne pouvoit la comprimer ; la ligature , quoique forte , n'en put plier les parois , & fon canal reftant le mane, la colonne du fang fortoit avec tout fon vohir me & toute fon impetuoiite. Le malade feroit mort entre mes mains , fi j'avois ete lent a deliberer fiu le parti que j'avois a prendre. J'eus recours a la compreffion , j'appli- quai fur la bouche des vaiffeaux , pluiieurs tampons de charpie, foutenus par des compreffes graduees que j'elevai au-deffus du niveau de la plaie, pour que la forte compreffion fe fit fur les vaiffeaux, & que dans les par- ties d'alentour, moderement comprimees , la circulation put fe faire avec autant de facilite qu'il convient. Mais pour coracle de malheurs , dix-huit mois d'inaction avoient occalionne l'enchylofe de ParticHlation de la jambe avec la cuiffe, de maniere que ne potivant plier le genou , autant % qu'il le faut pour que le moignon decrive un angle droit avec la cuiffe, je n'eus point la facilite de paffer les jets de bandes a plomb , & dire&e- ment du genou au moignon , & du moignon au genou. On fait que ces jets de bandes repetes affujettiffent folidemcnt l'appareil , & que la com- preffion peut meme etre moins forte, & plus utile, lorfqu'elle eft faite fuivantles lignes qui paffent dire&ement des difierents points du moignon aux differents points du genou, fur lefquels ces jets de bandes font ap- puyes & affujettis. Quoique l'impoffibilite de plier l'articulation , rendit la compreffion dif- ficile, j'y fupjpleai, en appliquant en forme d'etrier, le milieu d'une lon- gue comprelle fur celles que j'avois deja placees fur les vaiffeaux •, puis je fis tirer fortement vers la hanche, les deux bouts de cette longue com- preffe. Par ce nioyen, le fang fut arrete; &, fi pour favorifer l'effet des compreffes , je ne pus paffer mes jets de bandes precifement par la ligne felon laquelle la compreffion devoit fe faire, j'en approchai cependant affez nir. Ainli malgre tant de circonftances contraires a mon deffein , l'hemor- ragie fut arretee fans retour; (\ bien que le quatrieme jour, je levai tout l'appareil avec facilite, & il ne s'echappa aucune gome de fang. Dans l'amputation de la jambe, on coupe quelqucfois l'artere qui perce le tibia dans fa partie pofterieure fuperieure, & qui fait fouvent un pouce de chemin dans lepaiffeur, & fuivant la longueur de l'os. Cette artere coupee dans fon canal offeux , caufe quelquefois une hemorragie qui in- quiete beaucoup ceux qui ignorent le padage de cette artere. J'en ai toil- DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 151 jours arrete le fang avec facilite , par le moyen de quelques tampons de charpie appuyes fur l'os, & foutenus par des comprelfes alTez elevees pour C h 1 r u r g 1 e. avoir part a la compreffion que fait le bandage. Dans ces deux occalions *, font-ce les chairs qui ont arrete le fang? Annie 1731- Non,c'eft le caillot, c'eft lui qui dans ces deux cas, a retenu le fang, * Del'arterre offi- non-feulement jufqu'a ce que les chairs fe fuffent futhfamment accrues pour c'^e dans u^canal ut couvrir JevaiiTeau, car cela ne fuffifoit pas , mais jufqu'a ce que les chairs feux. fuffent affez folides pour reiifter a l'impuliion du iang. II eft a remarquer que le caillot commence a le former aufli-tot que le fang eft retenu dans fon vaiffeau •, li bien que deux ou trois heures apres , il eft en etat de retenir le fang , comme on l'a vu dans d'autres oc- calions, & prefque toutes les fois qu'on a ere oblige de lever le premier appareil, peu de temps apres l'avoir applique. II n'en eft pas de meme de la regeneration des chairs , qui ne commence qu'apres que la fuppuratiort eft etablie, & par confequent long-temps apres ramputation. De ce que je dis , on conclura que tout medicament qui ne fera que coaguler , lans bruler, doit etre prefere aux efcarotiques , & que s'il y en a qui puiffe en meme temps coaguler le fang , & retrecir la bouche du vaiffeau, fans bruler, celui-Ia fera prefere a celui qui ne fera que coagu- ler le fang,parce qu'il aura non-feulement l'avantage de former un cail- lot, mais audi celui d'empecher que le caillot ne forte. Ainll les fimpk s coagulans feront preferes aux efcarotiques , & les flip- tiques feront preferes aux deux autres. Ce que je dis eft dans la fuppoli- tion que Ton n'ait point d'autres moyens a employer que ces trois medi- caments. Car je ne penfe pas que les.ftiptiques, malgre leur double ver- tu , foient preferables ni a la ligature , ni fur-tout a la compreffion , telle que je l'ai pratiquee en traitant le lieur Seneuze , & le Marquis de Rote- lin; car la difpolition dans laquelle fe trouvent les chairs, les arteres & le fang immediatement apres ramputation , eft la plus favorable qu'on puiffe delirer, foit pour la funpuration qui precede la regeneration des chairs, foit pour l'union des bords des vaiffeaux l'un a I'autre, foit me- me pour la formation du caillot auquel je me fierai davantage , lorfque le fang aura ete coagule par lui-meme, que lorfque fa coagulation aura ete procuree par quelque medicament que ce foit. II eft de certaines maladies dans lefquelles le fang eft plus difpofe a former un caillot folide, que dans d'autres, comme font toutes les mala- dies ou la lymphe eft epaiffie ; par exemple , ii Ton fait quelque operation a ceux qui font attaques d ecrouelles , maladie ou la lymphe eft epaiffie , on arrete le fang avec facilite , & ce qu'il y a de particulier , mais que je n'entreprends pas d'expliquer aujourd'hui, c'eft que lorfqu'on leur coupe quelque membre , ils en gueriffent prefque tous, & plus promptement que d'autres. J'ai obferve la meme chofe dans les operations que j'ai fai- tes a certains veroles, & meme a ceux qui etoient attaques du fcorbut an premier degre , lorfque le fang n'eft pas encore diffout. Tous ces faits n'e- tonnent point , quand on fait que les uns & les autres de ces malades ont la lymphe fort epaifle , & quelle fe coagule avec facilite. Rij Hi ABRH^ DES M^MOIRES II eft plus difficile d'arreter 1'hemorragie a ceux a qui on coupe les mem- Cuirurgie. kres dans le jour meme qu'ils ont ete bleffes , qua ceux a qui on ne les coupe que quelques jours apres ; parce que dans ceux-ci , la lymphe eft Annie IJ31. plus difpofee a la coagulation, que dans les autres, dont le fang n'a point ibuffert d'alteration. Lorfqu'un membre gangrene efl: coupe dans la partie morte, il n'y 3 point d'hemorragie , parce que le fang eft caille dans une grande etendue du vaifleau, & le caillot y eft blanc & dur, par confequent lymphatique, comme on le prouve par les obfervations fuivantes. M. Martial , chirurgien-major de l'hopital de Tournai , en 1 694 , coupa les deux jambes a une pauvre femme (elles etoient gangrenees), & il les lui coupa toutes deux dans la partie morte •, il n'y eut point d'hemorragie a 1'amputation de la premiere jambe , & il n'y en auroit point eu a celle de la feconde , (i , apres avoir coupe il n'avoit tire un petit corps rond r dur & blanc, qu'il prenoit pour un bout de nerf ou de tendon, & qui fe trouva etre un caillot de 3 polices de longueur. La colonne du fang l'a- voit poufle, & il fortoit du vaifleau, de la longueur de 7 a 8 lignes. Alors l'artere d'oii il fut tire n'etant plus bouch.ee, le fang jaillit, mais fiit arretc par les moyens ordinaires. Nous avons plufieurs exemples de membres amputes pour caufe de gan- * Mad. Huby. La grene *, a qui il n'y a point eu d'hemorragie, quoiqu'on ait ampute dans dameTrudaine.rdi- je yjf & m(sme affcz avant parce ql,e Je caiHot ne fe borne pas a la partie gieule de Ste. ElUa- ., ,. , . , '.r 1 . r . r , |st]j# morte , il s etend quelquefois fort avant dans la partie vivante , julqu oil la difpofition inflammatoire s'etend. Car on remarquera que dans tous les cas dont on vient de parler, s'il n'y a pas toujours inflammation apparente» le fang y eft au moins tres-difpofe, & l'experience nous montre tous les jours que 1'hemorragie qui arrive aux operations qu'on fait dans des cas d'inflammation eft plus facile a arreter, que celle qui arrive aux operations qu'on fait a des perfonnes qui d'ailleurs font en fante. De toutes ces obfervations, il refulte que la lymphe eft la feule partie du fang fufceptible de coagulation , & que le caillot eft plus folide , & par confequent plus convenable pour boucher le vaifleau, lorlqu'il eft forme de la feule lymphe. Ainli pour arreter les hemorragies , il ne faut autre chofe qvt'itn appa- reil compreflif qui empeche le fang de fortir du vaifleau •, alors le fang arrete fe coagulera peu-a-peu , la lymphe fe feparera, & le caillot fera tel qu'il doit etre, capable d'empecher que le fang ne forte , meme des le premier jour •, ce qu'il ne faut pourtant point eprouver. II eft plus pru- dent d'attendre que l'appareil, hume&c par le fuiutement de la plaie, n'ait aucune adherence avec le moignon. On ne court point alors le rifque de detrtiire , oil les reunions commencees , ou les adherences du caillot. Quand enfin le premier appareil eft leve, il faut appliquer le fecond tres- jp~ promptement , afin que le caillot toujours foutenu par la compreflion ,' conferve fes adherences , & refifte a rimpuliion du lang , jufqu'a ce que les chairs accrues foient fuffifamment afTermies. II n'eft point inutile d'obferver en finiflant qu'il eft d'une neceflite ab- / pari Fhmc.Tony, 171 Ft ^.Ta^.i3S r*i Coll Acad pari Rranc Tom III Pi ■/- Pay i3S DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 133 folue de procurer un tres-grand repos au malade & a la partie coupee ; pour cela, il faut placer le moignon li commodement, qu'on foit le maitre Ciiuiurom, de ne le changer de place que le plus tard quon pourra •, parce qu'en le changeant de lituation, l'on troubleroit la formation du caillor. Mais en Annie Z7J2. Ie placant, on obfervera toujours que le bout du vaiffeau coupe" foit, au- tant qu'il eft poffible, tourne vers l'horifon, non-feulement parce que Ie fang ayant fa pefanteur a vaincre, agira moins contre le caillot, mais en- core parce que Ie caillot en fera plus dur, plus folide & place plus favo- rablement. DISSERTATION sur l' Amputation, Oil l'on prifente les differents moyens dont on s'efl fervi pour faire cette operation, & pour arreter le Jang des arteres , depuis Hippocrate juj'au'u la fin du fiecle dernier. Par M. Petit, le Medecin. I E ne parlerai dans cette differtation que des principaux auteurs qui Anne'e 1732. •^ out decrit ('operation de l'amputation. II feroit ennuyeux & meme inutile Me'moires. de les parcourir tons. Mon deflein eft d'expofer en raccourci tout ce qu'on a invente depuis Hippocrate, pour rendre cette operation plus utile , plus Aire & plus parfaite. Celfe , qui vivoit plus d'un fiecle avant Galien, eft le premier auteur dans lequel on trouve la defcription de cette operation; il ne la donne pas comme nouvelle, & quoique fa chirurgie foit, dit-on, tiree d'Hippo- crate & d'Afclepiade, il ne cite ni l'un ni l'autre par rapport a cette operation. Hippocrate traite de la grangrene & du fphacele, il dit (a) qu'il faut amputer ce qui eft pourri , mais il ne decrit point l'amputation du mem- bre. Alclepiade vivoit an fiecle avant Jefus-Chrift (b), nous n'avons rien de Iui fur cette matiere, on ne fait s'il a fait cette operation. On en doit dire autant d'Erophile & d'Erafiftrate , qui faifoient les operations de chi- rurgie, comme je l'ai dit ailleurs * Nous ne trouvons done aucune def- * Me'm. Acad, an.- cription de cette operation avant Celfe. Il ne faut point douter quelle X"2S' P- °- n'ait ete faite avant lui, & meme quelle n'ait ete decrite par quelques au- teurs dont les ouvrages ont ete perdus. Selon toute apparence on n'a fait cette operation dans ces temps-la, & meme depuis, jufqu'au quinzieme fiecle , qu'i l'occafion du Sphacele furvenu a un bras oil a une jambe. II (a) De articu?. 4. obferv. 17. de morb. vulg. lib. 1. fed. 7 Epidem. lib. 7. (i) Daniel le C'lerc, dans Ton hiltoire de la medecine , t'Jit. 1-23. p. 302. dit que ee medecin c'toit dans une grande reputation ii Rome pendant la vie de Miihridate , e'eft-a- dire, vers le milieu du fiecle XXXJX. 754- ABREGE DES M^MOIRES °i™" paroit qu'on la devoir faire trcs-rarement, parce que les malades etoient C h i ru r g i e. touJours cn danger de mourir, &, felon Celle (a ) , mouroient le plus fouvent par l'hemorragie pendant l'operation. II ne faut pas s'en etonner, Annte ZJjz. Celfe ne faifoit point de ligature au-deffus du lieu qu'il vouloit amputer, pour comprimer les vaifleaux, & y fulpendre l'hemorragie, du moins il Lib. 7. c. 33. n'en dit rien dans la defcription de fon operation. La voici : Igitur inter fanam vitiatamque partem incidenda fiapello caro ufque ad os ejl fie, ut neque contra ipjum artkulum id fiat, & potius ex J'ana parte aliquid excidatur , quam ex argra relinquatur. Ubi ad os ventum ejl , reducenda ab eo Jana caro , & circa os fubfecanda eft j ut ea quoque parte aliquid ojjis nudetur : dein id ferrula prcecidendum eft, quam proxime J'anaz carni etiam inhairenti , ac tunc frons ojjis quam ferrula exafperavit , lazvanda eft fupraque inducenda cutis , qua; fub ejufmodi curatione laxa ejfe debet , ut quam maxime undique os contegat. Quo cutis inducla noa fuerit, id linamentis erit contegendum, & fuper id Jpongia ex aceto deliganda. Ccetera poftea fie facie nda , ut in vulneribus , in quibus pus non moveri debet, praceptum eft. On ne voit dans cette defcription auciin moyen de fufpendre I'hemor- ragie , & voila pourquoi les malades mouroient fouvent par la perte de leur fang pendant l'operation. Ce qu'il y a de iurprenant, e'eft qu'on ne trouve point ce moyen dans aucun des auteurs qui ont decrit cette ope- ration jufqu'au feizieme liecle. Paul j^ginete, Avicenne, Guy de Chauliac, n'en difent pas un mot Guy de Chauliac , qui vivoit vers le milieu du quatorzieme fiecle , fai- foit deux ligatures, vine au-deffus de l'endroit ou il devoit faire l'ampu- tation , & une autre au-deffous, mais il ne dit point qu'il les faifoit pour fufpendre l'hemorragie, ou mime pour oter le fentiment a la partie. II eft aife de comprendre qu'il ne les faifoit que pour affujettir les chairs, & les affermir de maniere que le couteau put les couper plus uniment & avec plus de facilite, ce que Ton fait encore aujourd'hui. On ne fait fi Vefale s'eft fervi d'une ligature pour fufpendre l'hemorragie, ou ne le voit pas bien clairement dans fa defcription. Bartholomams Maggius (b), qui a ecrit vers le milieu du feizieme fie- cle, & dont les ceiivres ont ete recueillies par Geiner, faiioit une ligature fur la partie faine au deffus de la partie corrompue. L'on ferroit cette li- gature tres-fort, pour oter, en quelque maniere, le fentiment a la partie. II ne parle point du tout des moyens de lufpendre l'hemorragie pendant l'operation. II dit que Celfe faifoit une ligature au-deffus de la partie cor- rompue , mais Celfe n'a point decrit fon operation de la maniere dont Maggius la rapporte. J'ai fait voir ci-- deffus qu'il ne dit rien de cette li- gature. Botal (c), medecin de Charles IX, dit qu'on faifoit trois ligatu- ( <0 Lib. 7. cap. 33. Sed id quoque cum fummo ptriculo fit, nam fiepe in ipfo opere , vcl profujione finguinis , vel atiimx defefttone , munrintur. ( b ) De vulncT. fchp cur. de memb. fphacdo ajfefti 6* conupti exci/ioiie. C c ) Leonardi Botalli opera de yuluer. fdopec. c. 23. p. 789 , edit. 1660. de Van Home. DE L'ACADiMIE ROYALE DES SCIENCES. 135 res de fon temps, une fans dome pour oter Ie fcntiment ( il ne le dit pas ' f, ofitivement ) , & les deux autres au-deiTus & au-deifous de l'endroit ou C h 1 r u r g i e. 'on devoit couper le niembre, fans rien dire des moyens de fufpendre l'hemorragie. Annie I7$z. Pare, chirurgien de Charles IX, dit (a) que Iorfque Ton veut ampu- tcr an membre, il faut tirer la peau & les mufcles vers la partie faine, & faire une ligature extreme au-dellus de l'endroit ou l'on voudra couper, avec un fort lien dclie & de figure platte. Elle fert, dit-il, i°. a tenir le cuir & les mufcles releves en haut avec l'aide des ferviteurs. 2°. Elle pro- bibe l'hemorragie. j°. Elle ote le fentiment a la partie. Voila le premier auteur que j'ai trouve qui parle bien clairement de la maniere de fufpen- dre l'hemorragie pendant l'operation. Pigray , Fabrice d'Aquapendente , Fabrice Hildam , & tons les Chirur- f|iens qui font venus apres lui, font mile en ufage. II eft vrai que cette igature ne fufpendoit pas toujours & totalement l'hemorragie, car les vailfeaux laiiToient echapper plus ou moins de fang malgre cette ligature : cet inconvenient mettoit quelquefois le malade en danger de perdre la vie. Le fieur Morel, Franc-Comtois, Chirurgien d'armee , & fort inge- nieux , a trouve le moyen d'arreter le fang avec plus de furete ; il a in- vente le tourniquet en 1674, de la maniere dont on sen fert aujour- d'hui (b). Avec cet inftrument on eft le maitre d'arreter totalement le fang , & d'en laiffer couler (1 peu & autant que l'on veut , en le (errant plus ou moins. II ote le fentiment a la partie , en forte que les maladcs ne fentent point une douleurfi vive, Iorfque l'on coupe les chairs, & que l'on fait la ligature des vailfeaux , ce qui flit qu'ils fupportent avec plus de patience cette cruelle operation ; avantage qui ne le trouve qu'impar- faitement dans la ligature de Pare. Un des defauts de ce tourniquet eft , dit-on, de pincer la peau , & de caufer des douleurs tres-vives; ce qui eft vrai, Iorfque le chirurgien n'a pas 1'adreue de l'accommoder comme il faur, mais avec un peu "de foin & d'attention, & a l'aide d'un carton que l'on met a l'endroit du baton ou garot, on evite cet accident. \Jn autre defaut que l'on reproche a ce tourniquet eft que fi l'on ap- prehende l'hemorragie apres l'operation , on ne peut le laiffer fur la partie, parce qu'il fupprime totalement la circulation du fang au delfous de l'endroit ou il eft applique. Cette partie courroit rilque de tomber en mortification, ce qui a engage quelques chirurgiens habiles a imaginer de nouvelles machines pour fufpendre & arreter l'hemorragie des arteres. En attendant , je dirai que le lieur Morel n'a pretendu fe fervir de fon tour- niquet que pour fulpendre furement l'hemorragie dans le temps de l'ope- ration , & jufqu'a ce qu'on s'en (bit rendu maitre par la ligature des vaif- feaux, ce que l'on n'avoit encore pu faire; d'ailkurs e'eft un cas tres-rare de voir renouveller l'hemorragie, Iorfque la ligature eft faite de la ma- (eut decouvrir ni comment ni pourquoi il s'en fert. On voit qu'il coupe** , es chairs avec un couteaa chauffe , mais il faut deviner li c'eft dans le vif , plutot que dans le mort •, enfuite il applique dcs fers chauds fur les Annee JJ3Z, grands vaiffeaux, & fur la chair qu'il brule jufqu'a ce que le malade fenter de la douleur, ce qui fait foupconner qu'il coupe dans le mort, & que les vaiffeaux ne fourniffent plus de fang , puis il cauterife la partie ante- rieure de l'os pour la faire exfolier plus promptement. Bartholomarus Maggius ,f ES M^MOIRES deux dernieres nouveautes, il n'auroit pas manque de s'en faire honneurj Chirurgie. comme il a fait des precedentes , puifqu elles font d'une grande utility : car Ton s'en eft toujours fervi depuis ce temps-la. Annie IJ3Z- II y en a encore line autre que je ne trouve point avant lui , & qu'il ne s'attribue pas plus que les deux dernieres, c'eft qu'apres avoir lie les vaifleaux, il ramenoit la peau & les chairs fur les os, & les y contenoit en faifant quatre points d'aiguille en croix, aux levres de la plaie. Sans doute que cette methode fe pratiquoit de fon temps , mais elle etoit inutile, & meme impoflible en quelques occafions. Elle n'etoit d'aucun iifage, i°. lorfqu'on coupoit les chairs dans la partie morte, parce que les chairs & la peau fphacelee ne pouvoient foutenir les points d'aiguille, elles fe feroient facilement dechirees. i°. Ceux qui coupoient dans le vif, & qui appliquoient les fers chauds fur toute la furface de l'amputation , ne pouvoient auffi s'en fervir, a caufe de la croute qui s'y formoit, & parce que ces chairs etant a moitie cuites devoient fe dechirer facilement. Ceux memes qui ne fe font point du tout fervis de feu , ont ete obliges de l'abandonner, a caufe que lorfque les fils ferroient un peu fort, elle caufoit beaucoup de douleur, & produifoit de l'inflammation a la partie, ce qui obligeoit de couper les fils au plus vite. Elle devenoit inutile, fi on ne ferroit un peu les fils. Le bandage feul fatisfait a l'intention que 1'on fe propofe dans cette methode. Daniel Sennerte decrit l'amputation de la meme maniere que Pare. Pigray ne differe de Pare, qu'en ce qu'il dit que lorfqu'il ne peut prendre aifement les vaifleaux avec le bee de corbin , il les cauterife avec le cautere adtuel. Cuillemeau eft de meme fentiment •, outre cela il fait la ligature des vaifleaux d'une maniere particuliere (page 508). il perce la peau au-deflus de l'amputation avec line aiguille enfilee d'un bon fil qui conduit au- deflus, & au de-la du vaifleau, puis il perce la chair au-deflbus du vaif- feau» avec la meme aiguille qu'il fait fortir fur la peau a un doigt du premier point, il embrafle de cette maniere le vaifleau & les chairs, qu'il ferre, en Jiant les deux extremites du fil fur une petite comprefle qu'il y met, pour empecher le fil de couper la peau. Cette methode ne paroit avoir ete fuivie que de Dionis, encore y a-t-il fait un changementj comme je le dirai en fon lieu. Fabrice d'Aquapendente qui a ecrit au commencement du dix-feptieme fiecle (a), coupoit les chairs dans le fphacele, dont il laiffoit l'epaifleur d'un doigt, comme Avicenne & Velale, & par-la, dit-il, il evitoit Themorragie 8c la douleur; puis il appliquoit le feu fur la partie, jufqu'i ce que le malade fentit la chaleur, & qu'il fe fut ioimi une croute fur I'embouchure des vaifleaux. Cette pratique a ete enfin rejettee, parce qu'elle eft fujette a plufieiirs inconvenients. Le premier eft que qiielque precaution que Ton prenne pour bruler tout le mort que l'on laiue fur le vif, on doit craindre qu'il (a) De Chkurg. operat. cap. 96. p. 123. edit. 1619. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. Hi n'en refte aflez pour produire la corruption dans la partie faine. Le fe- cond inconvenient eft que la partie fphacclee & catitirifee, etant feparee Chuurcii du vif par la fuppuration, il refle un bout d'os alonge, qui retarde beaucoup la guerilon de la plaic, qui ne pent fc confolider facilement. Annie 1J3Z. Marcus Aurclius Severinus (a) decrit l'operution comme Pari, il en dificre pourtant en ce qu'il ne fait point la ligature des vaifleaux. II fe contente de ramener la peau par dcfliis la plaie. II recouvre les vaifleaux, il y aflujettit cette peau avec du fil pafle en croix, enfile dans deux aiguilles. Nous avons fait voir ci-deflus les inconvenients de cette methode. Guillaume Fabrice Hildan {b), apres avoir lie le membre tres-forte- ment, pour fufpendre la circulation du fang, aflujettit la partie fur un banc avec une bande •, il enveloppe le membre avec une efpece de man- che de cuir, dont l'extremite peut etre ferree en forme de bourfe , puis il coupe les chairs dans le vif jufqu'a l'os , avec un rafoir ou autre cou- teau courbe tranchant des deux cotes. II depouille l'os de fon periofte, & lorfqu'il y a deux os, il coupe les chairs qui fe trouvent entre deux avec un biftouri un peu courbe, aprcs quoi il enveloppe la chair coupee, en ferrant les cordons de la manche, & par fon moyen il retire les chairs en haut , il decouvre l'os , & empeche que le fang qui fort des vaifleaux ne cache 1'endroit oil Ton doit appliquer la fcie avec laquelle il coupe l'os : puis ayant ote la manche & les iiens, il applique le cautere aftuel fur les vaifleaux, jufqu'a ce qu'il s'y foit forme une croute pour arreter le fang. Ce que Hildan a de fingulier, e'eft i°. qu'il fe fert d'un banc pour af- fujetir le membre qu'il vein amputer •, mais cela paroit tres-inutile , & peut meme etre embarraflant , ce qui eft caufe que Ton ne l'a pas fuivi en cela. 2°. II fe fert d'une efpece de manche de cuir qui eft auffi plus embarraf- fante qu'uttle, puifque Ton fe fert avec plus de facilite & de promptitude d'une bande de linge large & fendue en deux par une de fes extremites. Hildan s'eft auffi quelquefois fervi du couteau rougi au feu pour couper les chairs. II fe fert du cautere aduel pour arreter le fang des vaifleaux, prin- cipalement lorfque le membre eft fphacele ; mais, felon lui, on peut fe fervir de la ligature, fi le patient eft jeune , robufte & plethorique, & pour lors il fait la ligature du vaifleau comme a fait Ambroife Pare. II cite mal- a-propos Celfe , Galien & Avicenne fur la ligature des vaifleaux dans l'amputation , puilqu'ils ne l'ont faite qu'aux vaifleaux ouverts par des plaies > comme je l'ai dit ci-deflus. Hildan ramenj la peau & les chairs autant qu'il pent par deflus les os, fans les y aflujetir avec du fil pafle en croix dans les chairs & dans la peau , & dont il ne veut pas qu'on fe ferve pour les raifons que nous avons dites ci-deflus. Vigier •, qui a donni fes oeuvres de chirurgie vers le milieu du i'tecle •pafle , faifoit l'amputation de la meme manicre & avec les memes precaij- (o) Chirurg. lib. 2. pars prima, cap. y. pag. 243. edit. 1632. C*) Cbirurg. lib. 7. cap. 23. di fphactlo. i4i A B R E G E des memoires ' . tions que Pigray. Barbet a fait la meme chofe, il a ecrit un pcu plustard Z H i R v R g I e. Sue Vigier, Nuck les a fuivis de pres. Heft le premier qui parle du Tour- niquet que le iieur Morel a invente pour fufpendre l'hemorragie , mais il Annee zyjz. trouve la ligature des vaiffeaux fi douloureufe , qu'il aime mieux fe fervir du cautere a&uel. II fe trompe , car la ligature du vaiffeau bien faite , eft moins douloureufe & bien plus fure que le cautere a&uel. Nuck dit qu'on peut fe fervir d'uue efpece de champignon qu'il appelle bouifl , & que nous nommons vefce de loup ;(u)ons en fert communement en Aliemagne & en Hollande pour arreter les hemorragies. Charriere, (b) Jean-Baptifte Verduc, (c) Dionis, n'ont fait que copier les auteurs qui les ont prece- des dans la defcription qu'ils ont donnee de l'amputation. Mais Dionis donne deux nouveaux moyens d'arreter le fang par la ligature des vaif- feaux. Dans le premier, il lie le vaiffeau avec un fil cire & enfile dans line aiguille , & fe fert du valet a Patin pour prendre le vaiffeau & le tirer dehors •, il entoure le vaiffeau avec le fil , il paffe aprcs cela l'atguille & le fil a travers l'extremite du vaiffeau, puis il le lie & le fixe de ma- niere qu'il ne peut fe deranger par la puliation du fang. Dans le fecond moyen, il prend deux aiguilles enfilees du meme fil cire, il en paffe une au-deffus du vaiffeau dans les chairs qu'il traverfe avec la peau , & qu'il fait fortir a deux travers de doigt au-deffus de l'amputation. II perce avec lautre aiguille les chairs & la peau au-deffous du vaiffeau, & la fait fortir a un demi-travers de doigt de I'autre point d'aiguille; il met entre les deux une petite compreffe fur laquelle il noue ces deux fils , & ferre ainfi le vaiffeau. Ce fecond moyen ne difrere de celui dont parle Guillemean, que parce que ce dernier ne fe fert que d'une aiguille. Le valet a Patin eft une efpece de pince qui a ete' inveniee vers le mi- lieu du fiecle paffe, & dont on ne fait pas aujourd'hui un grand ufage. M. Garangeot, maitre chirurgien de Paris, en donne la defcription ( d) & la figure. Dans le commencement qu'on s'eft fervi de cet inftrument, on y paffou un fil en nceud coulant , on droit l'artere en dehors avec le valet a Patin , & l'on lioit l'artere a nud fur laquelle le fil n'etoit pas fixe, de maniere au'il ne putcouler, ce qui etoit fujet a deux inconve- nients. i°. Si on ferroit le fil un peu fort pour l'empecher de couler , il coupoit peu-a-peu l'artere dont le bout lie fe feparoit trop tot, & 1'he- morragie fe renouvelloit plus dangereufement qu'auparavant. z°. Si la li- gature que l'on faifoit etoit un peu lache , la pulfation continuelle du fang pouffoit peu-a-peu le fil, & le faifoit couler jufqu'a l'extremite du vaiffeau qu'il abandonnoit. Dionis a voulu remedier a ce defaut , en paffant le fil a travers le vaiffeau, dans le premier moyen qu'il propofe, & qui n'a pas etc fuivi, parce qu'il eft trop compofe. Le fecond moyen l'eft encore da- vantage , il eft audi plus douloureux. Aujourd'hui on lie les arteres a la maniere de Pare, qui eft la plus fimple, & fuivie de tous les bons prati- (a) Voyez leslWm. de I'Acad. de cette annee 1731. p. 33. (4 ) Edit. 1721. p. 322. (c) Edit. 1 72 1. p. 351. (our s'inlnuier dans les pores des chairs-, ainli ce remede ne peut agir que entement. Le fang auroit bientot franchi la barriere qu'on lui oppofe, li on ne prenoit de grandes precautions : ceux qui s'en iont fervis, ont mis des compreffes graduees fur le bouton de vitriol, & d'autres compreffes longues fur le pafiage des vaiffeaux, de maniere qu'ati moyen d'un ban- dage un peu ferre, les chairs pouvoient ctre comprimees fur les vaiiieaux. On ne manquoit po? de mettre un garcon qui tenoit inceifamment la main fur le moignon. On prenoit , a la verite , les memes precautions dans les autres appareils de l'ainputation , mais lur-tout dans celui-ci on y avoit line attention tres-exac~te. Au furplus on evitoit de fe fervir de forts fuppuratifs , pour ne point donncr occalion a l'efcarre de fe feparer trop promptement , & de tom- ber avant que Textremite du vaiffeau fut entitlement relferree & tout-&- fait bouchee. II ne fera pas hors de propos d'expliquer ici Taction des efcarotiques. Je vais donncr mcs conjectures fur cette matiere, qui eft remplie de diffi- cultes cnrame beaucoup d'autres. II me paroit qu'il eft toujours bon de Ieshafarder, cela engagera fans doute quelques phyliciens a les examiner avec attention, & peut-etre a en propofer de plus vraifemblables , que Ton recevra avec plaifir. On fait en general deux fortes de cauftiques ou cauteres ; Tun eft ap- pelle cautere acluel , & l'autre cautere potentiel. Le cautere actucl eft le feu, & tous les corps brulants, comme le fer, l'eau & les huiles trcs-chau- des , &c. Lorfqu'on les applique fur line partie , leur chalcur penetre les chairs oil il fe trouve de l'air enferme dans les liqueurs qui y cireulent, cet air eft rarefie & dilate extraordinairement par la grande chaleur. Cette violence dilatation fepare & defunit toutes les parties entre Iclquelles l'air fe trouve loge, & en detruit ainfi la ftruclrure. L'air dilate s'echappe fa- cilement des pores & des interftices des chairs qu'il a detruites , il enleve en meme temps toutes les parties aqueufcs qui s'y trouvent, ce qui eft caufe que 1'endroit brule fe feche, 8c qu'ils s'y forme line croute. Le plonib fondu, le foufre fondu & les huiles trcs-chaudes, dont quel- ques praticiens fe font (ervis, agitfent de la meme maniere. Je fais de trois fortes de cauteres potentiels , par rapport aux parties fur lefquellcs its agiffent. Les premiers n'ont d'acrion que fur les chairs decouvertes de la peair, les feconds agilfent fur la peau & les chairs, & lcs troiiiemes n'attaquent feulement que la peau. Les cauteres de la premiere forte font le vitriol de Cypre, l'arfenic, le i++ ABREGE des m^moires "' — - — fublime corrofif, &c. lis ne font efcarres que dans les chairs, & n'en font Chi rurcii. point lorfqu'ils font appliques fur la peau. On ne fe fert pour l'ordin.iire que du vitriol de Cypre pour cauterifer les vailTeaux, parce que 1'arfenic Annie ZJ3Z. & Ie fublime corrofif agiffent trop lentement, quoique d'ailleurs ils faffent im bon efcarre. Ces fels abforbent l'humidite qui les difTout, au moyen de laquelle ils s'introduifent dans les pores des parties integrantes & in- fenlibles qui compofent les chairs, de la maniere dont je l'ai explique dans * En cette annde mon dernier Memoire *. Le fang qui circule dans ces parties , y fournit i 732. p. 44. inceffamment de nouvelle humidite, qui vraifemblablement s'unit aux particules des fels <9 mefure qu'elles y arrivent, ce qui donne occaiion aux particules falines de penetrer de plus en plus dans les chairs , oil elles trou- vent toujours de nouvelle humidite qui s'accumule autour des fels 5 les pores qui les contiennent font obliges de s'agrandir, les particules folides qui en forment les parois font forcees de s'ecaiter & de fe defunir, & par ce moyen route la tiffure des fibres qui compofent les vaiffeaux & les chairs eft bouleverfee, & forme line fubftance qui n'eft plus chair, & ne peut plus recevoir aucune nourriture. Les cauteres potentiels de la feconde forte font de plufieurs efpeces. II y en a de liquides, ii y en a de folides. Les liquides cauterifent la peau & les chairs dans l'inftant qu'on les y met-, tels font l'huile de vitriol, l'ef- frit de nitre , l'eau regale ; Ieur action eft fort vive. L'efprit de fel & efprit de vitriol ne cauterifent que legerement •, on n'emploie pas ordi- nairement ces efprits feuls pour cauterifer, mais feulement lorfqu'ils font joints a quelques parties metalliques ou falines •, on emploie plus fouvent le beurre d'antimoine , le beurre d'arfenic , l'huile ou la liqueur du mer- cure qui provient des lotions du turbit mineral. Les cauftiques folides font ou metalliques ou falins. Les metalliques font la pierre infernale faite avec l'argent ou le cuivre diffous dans l'efprit de nitre ou l'eau-forte , &c. Les cauftiques falins font ceux que Ton emploie ordinairement, & que Ton appelle proprement cauteres. Ils font faits avec la chaux & la cendre gravelee, &c. on en fait avec la leffive de favonnerie, compofee de foude, de chaux vive, de couperofe, &c. mais ces cauteres ne font pas fi bons que les precedents. Ces cauftiques brillent cauterifent la peau & les chairs, & produifent un efcarre fans caufer de grandes douleurs. Pour expliquer l'aftion de ces cauftiques, il faut obferver qu'en gene- ral , toutes les matieres qui ont fouffert 1111 grand feu font cauftiques. Les unes perdent cette caufticite en fe refroidiffant, comme font tous les cau- teres aftuels. Les autres confervent leur caufticite en fe refroidiffant , comme il arrive aux cauteres potentiels ; la matiere etheree , qui s'y eft • fait un paffage & un courant pendant qu'ils ont ete dans le feu , elle les j conferve apres qu'ils font refroidis , de la mcme maniere que la matiere magnetique fe fait un paffage & un courant dans les pierres d'aimant & dans le fer pofes dans une certaine lituation , & les y conferve apres qu'ils font retires de cette lituation. La matiere etheree s'eft fait un paffage dans la DE L'ACAD^MIE ROYALE DES SCIENCES. r4? la chaux & dans les eaux fortes pendant qu'ils ont ere dans le feu , par line *** »— ■— — difpolition 8c un arrangement qu'il donne aux parties qui les compofent > C n I r u r g 1 1 ce qui les a rendus cauftiques , elle y conierve ce paffage aprcs meme qu'elles font refroidies. Si Ton met la chaux dans de 1'eau, elle s'y echauffe ■Annie 1732.. conhderablement. Si Ton met de l'eau dans les eaux fortes, toutes liqui- des qu'elles font, elles s'echauffent li fort qu'elles en deviennent brulan- tes par la feule chaleur qui s'y produit, & principalement l'huile de vi- triol qui a fouffert Oil plus grand feu que les autres. Les lels & les autres matieres dont on fait les cauteres potentiels ordi - naires, ne deviennent cauftiques que par une pareille difpoiition & un arrangement que le feu donne aux parties qui les compofent, & qui fait que la matiere etheree y circule en quantite, meme apres qu'elles font refroidies. Cette matiere etheree ranimee , pour ainli dire, par celle qui circule dans la partie chaude fur laquelle le cauftique eft applique , paffe dans les chairs, y entraine avec elle des parties falines du cauftique, excite quelque fermentation dans les liqueurs qui y circulent , & y rarefie ex- tremement l'air qui s'y trouve, comrae nous l'ayons dit en expliquant l'adion des fers chauds. Voila ce qui me paroit de plus vraifemblable pour 1'intelligence de ce phenomene , en attendant que quelques experiences nous donnent oc- cafion, ou a quelques autres, d'en propofer des plus probables. Les cauftiques de la troiiieme forte , agiffent fur la peau. C'eft impro- prement qu'on les appelle ej'carotiques , ils ne font point d'efcarre, il ne paroit pas meme qu ils agiflent fur l'epiderme qui refte dans fon entier. Je ne les place dans ce rang , que parce qu'ils font a-peu-pres le meme effet que les corps trcs-chauds, qui ne reftent que tres-peu de temps fur une partie, ils ne produifent que des veflles fur la peau, & pour cela on leur a donne le nora de vejjicatoirs (a). On met au nombre des vefficatoirs les cantharides dont on fe fert le plus fouvent. Le Ranunculus tulerofus major. J. B. torn. 3, p. aij. Le Flammula Ranunculus. Dod. pempt. p. 433.. Le Flammula. Dod. pempt. p. 404. Le Flammula altera. Dod. pempt. p. 40$, qui eft le Flammula Joyis furrecla Ger. Fabrice d'Aquapendente aimoit mieux fe /ervir de cette plante que des cantharides, parce quelle he caufe point d'accident a la velTie comme le font quelquefois les cantharides , felon lui. Pour moi je n'ai jamais vu arriver aucun de ces accidents, quoique j'aie ordonne un grand nombre de fois l'application des cantharides. On emploie aulli trcs-fouvent la racine de Thymelea. Pour bien decouvrir de quelle maniere agi lient les vellicatoirs fur la peau, il n'y a qu'a examiner comment l'eau trcs-chaude & les fers chauds produifent le meme effet. C a ) Willis , torn. I , de medic, operat. p. 268. Tome VII. Partie Franfoi/e. X i45 ABREGE DES M£ MOIRES Si l'eau bouillaute oil un fer tres chaud touche la peau en quelqu'endroit C h i n u r g i e. de notre corps, nous y lentons une doulcur vive. II fe forme en peu de temps des veffies pleines de liqueur fur la peau. L'eau tres -chaude ou Anncc 173Z. bouillaute n'eft differente de l'eau froide, qu'en ce que l'eau chaude con- tient une plus grande quantite de matiere etheree qui paffe de l'eau dans la peau, elle la penetre, elle dilate l'air enferme dans les liqueurs qui y circulent : elle rarefie done la Iymphe qui fe trouve dans les vaiffeaux, & qui fait en partie I3 matiere de la tranlpiration , elle accelere fon mou- vcment vers les vaiffeaux excretoirs de la peau. Ces vaiffeaux delicats qui ne peuvent contenir la liqueur rarefiee, fe rompent fous l'epiderme oil ils le terminent-, la Iymphe que ces vaiffeaux tranlportentpour la faire pal- fer au travers les pores de l'epiderme, s'y epanche & produit une veffie. L'experience fair fouvent voir pendant l'hiver qu'en fe tenant aupres du feu, il fe produit fur les jambes de pareilles veffies , quoiqu'elles foient quelquefois eloigners du feu de plus de deux pieds , felon que le feu eft plus ou moins ardent. On produit le mime efret avec les fers tres-chauds que Ton approche de la peau fans y toucher. Les cantharides & les autres vefficatoirs appliques fur le corps vivant, excitent fur la peau les memes veffies remplies de liqueur. II faut done qu'il y ait dans les cantharides quelque chofe qui , coranie l'eau chaude & le ter chaud , rarefie la liqueur qui circule dans la peau : ce n'eft point la chaleur adtuelle des cantharides, on les applique froides, melees avec quelque onguent ou quelque pate. Ce ne peut etre vraifemblablement que lefel volatil que contiennent les cantharides, qui eft tres-fubtil & tres- degage, capable d'etre mis en mouvement par la tranlpiration & par la chaleur que lui fournit la partie fur laquelle on 1'applique. Ces fels, mis en mouvcinent, penetrent la peau, font effervefcence avec la Iymphe, qui par fa rarefaction dilate & rompt les vaiffeaux excretoirs, produifent enfin le mane effet que l'eau bouillante & le fer chaud •, mais comme l'efler- vefcence que Its vefficatoirs excitent n'eft pas fi vive & li prompte, elle ne produit pas de douleur. Une preuve que les vefficatoirs ont befoin de la chaleur de la partie pour agir, e'eft qu'ils ne produifent aucun effet fur les cadavres. Van Helmont (a) paroit etre le premier qui a fait cette obfervation. J'ai trouv^, comme lui, par les experiences que j'en ai faites & Namur, que les cantharides n'excitoient aucune veffie fur les cadavres, mais l'eau chaude & le fer chaud en produifent a caufe de la quantite de matiere Etheree qu'ils fourniffent a la peau. Van Helmont a encore obferve que les cauteres potentiels ne font aucune efcarre fur les cadavres , quoiqu'ils les diffolvent, j'en ai fait l'experience. J'ai applique une pierre a cautere fur une partie de cadavre humain , J'ai mis fur le cautere on morceau de peau appliquee par le cote de la graiffe. J'ai trouve quinze heures apres le cautere fondir, fa furface externe de la peau qui couvroit le cautere etoit de couleur incarnat de la largeiir (n) TraBat. di potejlate mtdicam. n°. 60. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 147 d'un pouce , le poil n'y tenoit plus & s'cnlevoit facilement Cette ! pcau etoit trt-s- ferine dans l'ctendue de deux ponces, mais au-d^li C h 1 r u a g i e. la peau avoit la coulcur & fa mollcffe naturelle , & le poil y tenoit tres bien. Annie 173Z. La graiffe de cette peau , & qui touchoit immediatement le cautere , ctoit audi devenue incarnat d'environ l'ctendue d'un pouce & demi, mais elle etoit noire dans l'endroit oii la pierre l'avoit touchee. Trois jours apres cette graiffe etoit diffoute de I'epaiffcur d'unc ligne, elle etoit tres brune & molle comme de la bouillie refroidie. La peau de la partie fur laquclle la pierre avoit etc appliquee, n'avoit aucun de ces changements, car quoique la pierre fut fondue, & quelle eiit pu agir fur cette peau comme fur la graiffe de la peau qui la cou- vroit, la peau n'avoit point change de couleur, les poils y tenoient tres- bien. Trois jours apres, la matierc du cautere fondue n'avoit pas fait plus d'impreffion a la peau, mais les poils n'y tenoient plus (i bien, l'epiderme s'enlevoit facilement en quelques endroits. Tai reitere cette experience avec de pareille pierre a cautere fur nne autre partie de cadavre. J'ai applique cette pierre fur la peau , je l'ai re- couverte d'une portion de la meme peau diifequee, en forte que la pierre etoit enveloppee de tons cotes de l'epiderme de la peau , la graiffe du morceau de deflus ctoit a l'cxterieur •, j'ai applique fur le tout des linges trcs-chauds. J'ai trouvt* quinze heures apres , que la peau qui couvroit le cautere deffus & deifous etoit devenue brune, le cautere fondu, les poils fe ti- roient facilement, & ne tenoient plus en cet endroit. J'ai touche cette peau avec le bout d'une fonde, je l'ai trouvee comme de la bouillie re- froidie, e'eft-a-dire, diffoute jufques dans la graiffe environ deux 011 trois lignes de profondeur ; fans doute la chaleur que j'ai portee dans cette partie avec des linges a produit cet effet. L'on voit dans ce menioire le progres que la chirurgie a fait dans l'o- peration de i'Amputation. Elle eft devenue moins dangereufe & plus fure, les malades ne courent plus de rifque de mourir par l'hemorragie pen- dant l'operation •, & apres l'operation , au moyen du tourniquet , & de la ligature des vaiffeaux bien faite, on fe rend maitre de l'ecoulement du fang. Elle eft devenue moins douloureufe & moins cruelle depuis qu'on ne fe lert plus de cauteres aduels. La guerifon en eft devenue plus facile & plus prompte, en evitant la fuppuration, & en panfant rarement & doucement. H$ AB R £ G £ DES M^MOIRES Chisurgie. Void de nouvelles riflexions far le meme objet que M. Petit a Annie 1733. prifentees Vannte fuivante a I Acadimie. Hiftoire. I/Uand un vaiffeau, meme un des plus gros, a ete coupe, pourvu que, pendant un certain temps, on empeche le fang de fortir, & c'eft ce qu'on fera par le moyen du nouveau bandage compreffif, il fe formera naturellement a l'extremite ouverte du vaiffeau , un caillot de fang qui la bouchera, & d'autant mieux qu'il fera foutenu par les chairs qui reviendront a l'entour. Tout le monde fait combien le fang fe coagule aifement, on en voit tous les jours l'experience apres une faignee , mais il eft bon de connoitre d'une maniere plus eclairee, la nature de cette coagulation. Le fang eft un compofe de trois parties differentes & affez heterogenes ; la limphati- que qui eft blanche; la globuleufe qui eft rouge; la fereufe plus fluide que les deux autres & qui n'en eft que le vehicule commun. La limphe deflinee a nourrir tous les corps & a devenir chair, membrane, nerf, & toute autre partie folide, eft par consequent tres-difpofee a la coagula- tion , c'eft meme elle feule' qui eft coagulee , lorfque tout le fang paroit letre ; elle a enveloppe dans fa coagulation , les globules & la ferolite , & ce qui le marque bien, c'eft que le coagulum 011 caillot eft en ce cas beau- coup moins ferme , que quand il n'eft que de limphe. La limphe eft plus legere que les deux autres parties, elle prend tou- Jours le deffus, pourvu que les circonftances le lui permettent. A 1'ou- verture des cadavres , oii Ton voit ordinairement le fang du cceur & des vaifleaux coagules, on trouve quelquefois des caillots formes en meme temps de la partie globuleufe & de la limphatique, mais alors M. Petit obferve que la partie fuperieure du caillot eft blanche & l'inferieure rou- ge, pa£ce que la limphe, par fa legerete, domine dans la fuperieure. Cela fuppofe que les cadavres ie foient refroidis dans la fituation horifontale, ainfi qu'il arrive commun^ment. Si Ton fait l'amputation d'un membre a quelqu'un qui ait d'ailleurs les ecrouelles, ou toute autre maladie qui vienne de lepaiffiffement exceflif du fang , on en aura plus de facilite a arreter le fang apres l'operation , parce qu'il eft tres-difpole de lui-meme a former a l'ouverture du vaiffeau cou- pe , ce caillot qu'on y delire. II en va de meme dans tous les cas ^'in- flammation , puifque 1'inflammation eft un epaiffement du fang qui l'em- peche de circuler librement; dans la gangrene, 011 le fang eft coagule, il n'y a point d'hemorragie , quand on coupe dans la partie morte, il n'y en a pas meme, quand on coupe un peu plus loin, & dans le vif, parce que le fang y commence ' deja a etre trop epais , pour s'epancher au dehors. De tout cela M. Petit conclut que dans tous les cas, on peut comp- ter fur le caillot qui bouchera le vaiffeau, bien entendu que dans les cas moins favorables & qui font de beaucoup les plus communs, on aura DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. i49 employe la comprefllon. II tire mcme une conclulion plus delicate, & qui ^^™ — peut d'abord furprcndre ; il ne faut point aider la formation dit caillot C h i r u u c i i . par des ftiptiques que Ton appliqueroit a l'cxtremite du vaiffeau , pour y epaiflir le fang. lis agiroient fur les trois parties a la fois & les coagule- Annie IJ3& roient confinement, e'eft-a-dire, qu'ils coaguleroient brufquement la lim- phe , qui enferrneroit dans foil coagulum les deux autres parties , & le tout feroit d'une conliftance trop molle & pourroit ne pas redder fuffi- lamment a l'impullion du lang d'un gros vailfcau. II vaur mieux buffer a la limphe le temps de fe feparer du refte , apres quoi elle formcra feule un caillot plus dur. Sur la maniere d'arrtter les himorragies des arteres [implement ouvertes. N< O u s avons parle en 173 i d'apres M. Petit le chirurgien, de la ma- jtnne-e t7'q, niere d'arreter les hemorragies qui viennent apres 1'amputation de quel- ,jj,- ■ que membre. Tout ce que peut alors la chirurgie, eft d'empecher 1'ecou- lement du fang par un bandage, par une comprefllon la plus commode & la plus avan'tageufe qu'il fe puilfe & de donner a la nature le loifir & la facilite de former un caillot de fang qui fermera entierement l'ouverture de la groffe artere qu'on aura coupee. Mais li en d'autres occafions, comme dans une faignee, l'artere n'a ete (implement qu'ouverte, fera-ce la meme chofe pour arreter l'hemorragie ? Dans le cas d'un rronc d'artere coupe , le fang qui continue de s'y rendre , ne doit plus y couler que jufqu'a l'endroit 011 il rencontrera une branche collaterale entiere , dont il enfilera la route , au moyen de quoi la circulation s'achevera. De cet endroit oil il fe detourne jufqu'au bout coupe, le fang qui y etoit arrive eft ferre par le bandage, il demeure fans mouvement, il le coagule & devient le bouchon qui ayant acquis une cer- taine folidite , fermera fuffilamment l'artere , quand on aura ote le ban- dage. Ce bouchon peut avoir quelques cinq ou fix lignes de longueur, il eft de figure a-peu-prcs cylindrique ; & ft avant que d'etre aifez fo- lide, il a laiile echapper au-dehors plufieurs goutes de fang, elles fe fe- ront amallees & coagulees autour de fon extremite & lui fcront une efpece de couvercle exterieur qui le debordera & l'afrermira fur le bout coupe, de l'artere. Dans le cas de l'artere (implement ouverte , & qui par confequent n'a rien perdu de fon etendue, le fing doit y couler encore comme il avoit toujours fiit, le caillot necetlaire pour la fermer ne peut etre que de Tepaifleur de la membrane qui a ete bleffee, epaiffeur tres-peu conlide- rable : & comment un caillot pourra-t-il fe former malgre le mouve- ment continuel & rapide dufang, & comment y re(ifteroit-il tandis qu'il fe formera, etant toujours fi mince & li foible; On fuppofe que dans ce cas-ci le bandage aide toujours la nature, comme dans l'autre, mais la difticulte eft de favoir (i la nature pourra agir fuffilamment. II eft bien '5° ABREGE DES MEMOIRES EMUJJ,.m»i»....iii. i frir j£ bandage devra etre beaucoup moins fort, puifqu'il faudra tou- C h i r u r g i e. J0U1S laiffer couler le fang dans l'artere ouverte, au lieu qu'on l'arrete en- titlement dans l'artere coupee. Annte IJ3$- M. Petit , moins perfuade que le caillot dut fe former dans un cas que dans l'autre , l'efperoit pourtant dans le cas le moins favorable. 11 comprenok que fl dans l'artere coupee le bouchon etoit beaucoup plus fort & plus folide qu'il ne pouvoh l'etre dans l'artere ouverte , du moins dans celle-ci le couvercle du bouchon feroit plus etendu & plus fort, parce que la compreflion moderee du bandage feroit toujours lortir hors du vaitfeau, pendant la formation du bouchon, beaucoup de gouttes da ce fang qui couloit toujours , & qu'il s'en feroit un couvercle beaucoup mieux conditionne que dans l'artere coupee, oil au contraire on empe- choit, autant qu'il etoit poffible, qu'il ne s'epanchat du fang au-dehors. Or la partie du caillot que nous appellons le couvercle, eft tres-impor- tante par rapport a l'eftet qu'on en a vu. Placee au-dehors, comme elle left, elle tient le bouchon plus ferme dans fa (rotation, & lui donne plus de pied j de forte qu'il fe peut faire line efpece de compenfation entre d;ux caillots , dont l'un aura le bouchon plus fort & le couvercle plus foible, & l'autre le bouchon plus foible & le couvercle plus fort. De plus , les arteres etant couvertes & enveloppees d'une efpece de tiflii cellulaire fpongieux & alfez mobile , au-lieu que leur membrane propre eft plus ferme & plus fixe, il arrive que la lancette qui, en traverfant ce tiflii, va percer la membrane , continue enfuite a agiandir l'ouverture de la membrane , tandis qu'elle ne fait prefque que poufler devant elle le tiflii qui fe laifle mottvoir, & lui relifte moins. Ainfi l'ouverture faite a la membrane eft plus grande que celle du tiflii, il fort plus de fang par l'une qu'il n'en peut fortir par l'autre, ce furplus de fang s'engage aifement, & s'arrete dans un tiflii cellulaire , il s'y coagule , & forme un couvercle plus folide, & plus capable de foutenir le bouchon. Nrturellement M. Petit ne pouvoit faire autre chofe que s'en tenir a ces conjectures, qui peut-etre, parce qu'elles etoient trop fines & trop recherchees, en auroient ete moins. fuEfantes-, mais le hafard lui mit heu- reufement fous les yeux ce qu'il n'avoit fait que deviner. II ouvrit le cadavre d'un homme mort fubitement deux mois apres avoir ete parfaite- ment gueri d'une ouverture \ l'artere brachiale. II vit que les deux levres de la plaie ne s'etoient point reunies, mais qu'il s'etoit forme entre deux un caillot qui bouchoit exadement l'ouverture , & s'attachoit a toute la circonference. II avoit un couvercle en-dehors. M. Petit conferva cette artere , & il en a fait des experiences qui lui ont appris que le caillot n'avoit rien perdu de fa conhftance , ni de fon adherence a l'ouverture de l'artere, pour avoir trempe deux mois dans l'eau, & enfuite trois ans dans l'eau-de-vie. Cela prouve que ce caillot eft fort analogue aux cicatrices, & il doit l'etre en effet , puifqu'il paroit forme comme elles des fucs deftines a la nourriture des parties. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. lit Extrait d'un mtmoire fur I'optfration laterale de la faille. Par M. Morand. Chirurgif, Annee IJ31. J.Y1 Onsieur Morand revenu de Londres ou l'avoit conduit laBKmww. curiolite de voiroperer le fameux M. Chefelden & de s'inftruire avec lui, a public an memoire fur l'operation laterale de la taille. Ce memoire nous apprend que M. Chefeldcn, quoique content du haut appareil , voulut audi eprouver l'operation laterale, parce qu'on ne petit trop , en maticre ii importante , fe toiirner de toils les cotes & il eut de li grands faeces que M. Morand rcvint en France tres-perfuade des avantages de l'operation laterale , qui lui furent encore continues par ce qu'il en ap- prit dans la (iiita M. Chefelden, dit M. Morand, lie le malade comme au grand appa- reil; il le couche fur line table horifonUe de la hauteur de trois pieds, en obfervant que la tete foit elevee. II fait d'abord line incilion aux tegu- ments atiiTI longue qu'il eft poffible, en commencant pres l'endroit ou elle finit an grand appareil •, il continue de couper de haut en bas, entre les mufclcs acceJeiateor & eredcur gauche, & a cote de l'inteftin redum ; il t^te enfuite pour placer la fonde, & il coupe deifus, le long de la glande proftate, en continuant jufqu'a la veflie, & en aifujettitlant le redum en bas pendant tons le temps de l'operation avec un ou deux doigts, de la main gauche. Le refte de l'operation eft comme dans l'ancienne mcthode, avec cette difference qu'il lie les vaiffeaux coupes. M. Chefelden recommande d'avoir foin , continue M. Morand, que celui qui tient la fonde ne la pouffe point du tout en devant, ilatliire que par fon incilion interieure , il coupe totalement le fphinder & qu'il n'a jamais trouve d'inconveniens a couper la glande proftate; il ccnfeille de ne point faire de plaie trop profonde , a la membrane graffe & cellulcufe, lituee a la partie exterieure du rectum : il avoue naturellement que d.ms les com- mencements, il bleffa l'inteftin redum a deux maladc-s qui cependant gue- rirent tous deux & que cela arriva faute d'attention a conduire la fonde-, il pretend qu'il eft plus facile de nettoyer les veffies ulcerees, par cette methode que par aucune autre ; il cite un fait bien favorable a cette ope- ration : un homme etoit deftine a etre taille par le grand appareil & 1'inci- (ion faite , il fut impofJible an chimrgien de tircr la pierre. M. Chefel- den qui etoit prcfent fut invite a eiTayer lui-meme, il fit fon operation a la fuite de la premiere , il tira line pierre pefante pres de 1 z onces & le malade guerit. M. Morand nous apprend enfuite que pour faire fon profit des opera- tions qu'il avoit vu faire a M. Chefelden , il fit beaucoup d'experiences fur les cadavrcs, qu'il travailla enfuite a une analyfe exade des panics in- terelTees dans l'operation & que, quand il Cut muni des connciliances que l'anatomie lui avoit fournies, il propofa la pratique de cette operation a i5i ABREGE DES ME MOIRES M. Marechal premier chirurgien du roi qui la jugea trcs utile all bien C h 1 n u R g i e. public. Sous les yeux de M. Mardch.il & en prefence de plufieurs academiciens Annie ij^l. inedecins & chirurgiens , la taille laterale fut d'abord pratiquee dans Pa- ris par M. Morand & par d'autres une annee entiere avec grand faeces. Les principaux avantages de cette methode confident en ce que le ma- nuel en eft bien plus facile que celui du grand appareil ; il eft auffi plus fur, parce que le chirurgien eft guide non-feulement par la crenelure de la londe, mais mieux encore par le doigt index de la main gauche, a 1'aids duquel il agit toujours & court moins de rifque de fe fourvoyer. Dans la taille laterale on coupe, fi Ton veut, certaines parties qu'on ne pent que dechirer dans 1'autre taille •, il fuit dela que l'extraction des grof- ies pierres eft beaucoup moins difficile. Ceux qui ont ete gueris par la taille laterale , n'ont ete ni incommodes ni de nftuler ni d'incontinence d'urine ; & les chirurgiens n'ont pas eu le decrement de voir ces com- munications de la plaie avec le boyau. La taille laterale eft non-feulement utile aux pierreux, mais elle femble avoir dte encore imaginee pour fecourir plus furement ceux qui par obf- truclion ou abfccs au col de la veffie fe trouvent dans la malheureufe ne- ceffite de fouffrir ce que Ton nomme Yincijion au PirinL Cette methode ennn doit etre preferee par les malades eux-memes; toutes chofes egales , l'operation par l'appareil lateral eft moins longue & doit etre moins douloureufe que par le grand appareil. Cependant malgre les avantages demontres de la taille laterale, M, Mery Ce declara ouvertement contre elle , quand on commenca a la pratiquer dans Paris •, M. Mery faifoit remarquer la maniere incertaine, pdrilleufe & pref- qu'aveugle , avec laquelle operoit le frere Jacques , fon premier auteur ; mais le frere Jacques fe corrigea , fe perfe&ionna , foit par fes reflexions, foit par des confeils-, il reuffit en Hollande avec tant rt'eclat, qu'on lui rendit des honneurs publics -, & enfin , M. Ran adopta fa methode , oil du moins en prit le fond ; c'eft dela quelle a paffe en Angleterre , revetue du nom de M. Rail. M. Morand ne laifle point ignorer les revers qu'il a eprouves dans la pratique de l'operation laterale. En 1751 il taille deux malades connus dans le monde, l'un principalement, &tous deux meurent le fixieme jour. II s'eleve un cri dans Paris contre la nouvelle operation. On n'avoit pas entendu parler de toutes les cures prccedentes , mais tout le monde fait qu'il s'eft commis deux meurtres confecutifs. M. Morand obtint que les deux cadavres fuffent ouverts en prefence des medecins & des chirurgiens, & ils attefterent en forme ce qu'ils avoient vu dans les reins & dans la veffie, c'eft- a-dire, des caufes de mort fenlibles & independanres de l'o- peration, qui fetrouva bien faite de part & d'autre : ainli M. Morand fut pleinement juftifie & le public reprit confiance dans l'operation laterale •, il feroit tres-prdjudiciable au public qu'une bonne operation tombat dans le decri , parce qu'il lui feroit arrive quelques malheurs d'eclat que les ja- loufies particulieres ne manquent jamais d'exagerer. M. Moraiid DE L'ACADiMlE ROYALE DES SCIENCES. i?J M. Morand finit fon mdmoire en oblervant que la methode de frcre M^^MM— — Jacques , celle de M. Rau , & celle de M. Chefeiden fe rapporteur toutes C h i r u r g i e a la methode de Celfe dont on a feulement perfectionne les inftrumcnts & a laquelle on a donne le nom A'appareil lateral. Annie i"J21' II eft fingulier que la methode de Celfe qui etoit celle des chirurgiens de fon temps ait ete quittee pour le grand appareil ou l'operation de Ma- rianus; ainli, dans d'atitres fciences, les hommes apres avoir eii le bon- heur de rencontrer d'abord le vrai, l'ont meconnu, & apres avoir ete pendant un temps les jouets de 1'erreur, Us out ete trop heureux de re- venir a la verite. TRAITEMENT D'un abfcis i.aiirienr de la poitrine , accompagni des Jymptumes de la phthijie , £>' d'un deplacement confidirable de I'ipine du dos & des ipaules ; It tout termini heureujement par iiyacuation naturelle de I'abfcis par le fondement. M, Par M Chicoyneau, premier Medccin de Louis XV. [Ademoiselee de Serignan, fille de M. le marquis de Serignan, de M^moires. Beziers , agee d'environ neuf ans, d'une conftitution feche, maigre & fort vive, avoit les epaules, & fur- tout la gauche, plus relevees qua 1'ordinaire, & le tronc du corps un peu plus penche que de coutume fur le cote droit , ce qui donna lieu a madame de Serre , fa grand'mere , de me faire appeller pour l'exarniner, & voir s'il ne feroit pas poflible de prevenir le progres de cette difformite. M'etant done rendu chez elle, & ayant fait deshabiller la jeune demoifelle, je remarquai d'abord , outre une maigreur generale, que le bord des omoplates du cote de 1'epine etoit C\ releve , qu'il laiffoit entr'elles & les cotes un efpace vuide de deux a trois travers de doigt; j'appercus audi que 1'epine du dos, au lieu de former line ligne droite & perpendiculairc, s'etoit recourbee & ecartee de la fituation naturelle depuis la quatrieme vertebre du dos jufqu'a celles des lombes ; 1'epine du dos decrivoit comme une efpece d'arc, dont la con- vexity repondoit an cote gauche, & fe manifeftoit fi fenfiblement, un peu au-deffous de Tangle inferieur de l'omoplate, qu'elle parouToir eloignee de la perpendiculaire de plus de deux travers de doigt. Apres avoir examine cette jeune demoifelle ivec toute l'attention pof- fible, je ne concus interieurement aucune efpeiance de la guerir, mais, pour la confoler, jepromis des remedes qui arreteroient le mal & je me retirai en penfant uniquement a mettre en ufage, des que la faifon le pennettroit, quelques legers aperitifs entremeles d'adouciffans , & par in- tervalles quelque minoratif, s'agiirant non-feulement de refoudre les obf- trudions des tuyaux capillaires , mais encore de remedier a l'extrcme, tnaigieur de la demoifelle. Tome VU. Fame rrancoift. V i54 ABREGE DES M £ M O I R E S Hmmamm^mm^ A peine quinze jours s'etoient ecoules, que je fus rappelle pour une fie- C h i H. u R g I E. vre tres-ardente qui avoit pris a cette jeune infirme avec friffons , qui etoit accompagnee d'une chaieur acre & feche, qui redoubloit vers le foiv, qui Annie tjjl, fe foutenoit pendant la nuit & qui finiffoit le matin par de petites moi- teurs ou fuaillements •, il n'y avoit aucun lieu de douter que ce ne flit une fievre putride-, le degout, la bouche mauvaife, la croute blanchatre de la langue , les maux d'eftomach & la tenfion du bas ventre avec gon- flement etoient de la partie. Outre ces divers fymptomes de la fievre pu- tride, la malade etoit affligee d'une douleur tenfive entre les deux epau- les , d'une toux feclie affez frequente , & d'une petite difficulte de refpi- rer, qui me firent comprendre que les poulmons etoient menaces ou at- teints d'une fluxion inflammatoire. Ces accidens m'obligerent , malgre la delicateffe de la conftitution & la debilite generale de la malade, de lui faire ouvrir la veine du bras, pour en tirer cinq a fix onces de fang-, je pris enfuite le temps de la diminution de la fievre, pour evacuer la pour- riture par le moyen de quelque minoratif •, je lui fis prendre , pour le meme objet , pendant quatre ou cinq matins confecutifs , une once & de- mie chaque fois de drop de chicoree, compofe avec vingt a trente grains de rhubarbe , fans oublier les injections emollientes , pour entretenir la liberie du ventre, & je lui donnai tous les foirs une petite potion fom- nifere, pour calmer la toux, les agitations & les infomnies qui la tour- mentoient infiniment. Par tous ces fecours, de meme que par l'ufage d'une legere teinture de quinquina, & fur-tout par un regime exact, je vis di- minuer la fievre, au bout d'une vingtaine de jours, de meme que tous les autres accidens qui marquoient la pourriture que j'avois foupconnee ; mais la frequence du pouls & les acces precedes & entremeles de petits friffons, ne laiffoient pas de fublifter avec une chaieur acre, feche & ar- dente -, les quintes de toux etant devenues plus frequentes, la difficulte de refpirer plus grande , & la douleur tenfive de la poitrine plus marquee, nie firent juger que la fievre aigue s'etoit changee en fievre lente, que rinflammation interieure des poulmons s'etoit terminee par la fuppura- tion, & qu'en confequence la phrhifie, etoit inevitable. En effet , le moyen de fe flatter que la nature, d'ailleurs tres-affoiblie par la violence de la fievre aigue qui avoit precede, put trouver aucune reffource pour fe de- terger d'une iuppuration , qui non-feiilement avoit ete occaiionnee par fa caufe ordinaire, je veux dire par une inflammation precedente, mais qui paroiffoit encore fomentee par un deplacement des parties folides auquel il n'etoit pas poflible de remedier ; je cms done qu'il n'y avoit point d'aurre parti a prendre que celui de la cure palliative, e'eft-a-dire, de donner a la malade du lait pour toute nourriture, & fur le loir le baume tranquille , pour appaiffer les douleurs , les anxietes , la toux & les in- fomnies. II fe paffa environ huit a dix jours , fans que je viffe aucun bon effet de ce regime •, cette jeune enfant, deja epuifee par la violence du mal pre- cedent, toniba dans une fi grande debilite, que le pouls etant devenu; tres-peiit, & fort inegal, j'apprehendai, & je cms meme que la mort ne- DE L'ACAD^MIE ROYALE DES SCIENCES. 155 toit pas eloignee , en forte que, pour n'nvoir rien a rue rcprocher, je r|" — — — ^— » mandai une confutation. MM. Verny & Lazerme , medecins de Beziers, C a 1 r u r c. 1 e furent appelles : ces medecins apres avoir fait l'examen de la malade & apres avoir oui le rapport de tout ce qui avoit precede, jugerent comme Annie ij%i. moi , qu'il n'y avoit plus rien a efperer , & uniquement dans la vue de ne point killer la nialade & fa famille fans confolations ., ils ordonnerent quelques petits cordiaux, quelques cuillcrees de jus ou de coulis de per- drix, & a la place du Iait, pour toute nourriture, un lait coupe & ecreme, ou du petit lait , mais les premieres cuillerees du coulis ayant provoquc line toux des plus violentes ,& excite line chaleur encore plus ardente,& la petite demoifelle ayant marque un degout invincible pourle petit lait, il fallut la remettre a Ion genre de nourriture ordinaire, & abandonner les cordiaux , de facon que nous ne nous attendions plus qu a la voir mou- rir dans pen : les resources de la nature ccpendant n 'etoient pas epuifees, les gardes de la malade nous rapporterent que dans l'efpace de temps qui s'etoit ecoule depuis la vilite du foir jufqu'a celle du matin , e'eft-a-dire, dans un efpace de 14 a 15 heures, la malade avoit rendu plufieurs fois, & avec affez d'abondance par le fondement, une matiere blanchatre li- quide, & pourtant gluante, femblable a du pus, & que cette evacuation avoit ete precedee, & etoit accompagnee de grandes epreintes, oil vives irritations a l'anus , & a la partie inferieure du bas ventre. Les gardes ajouterent que les douleurs etoient par fois fi cruelles qu'elles faifoient jetter les hauts cris a la malade. Nous examinames nous-memes les linges fur lefquels la matiere etoit rcpandue , nous reconnumes (enfiblement que e'etoit du veritable pus , & que les taches quelle laiffoit fur ces linges , etoient en certains endroits un peu rougeatres, & comme fanguinolentes. Cette evacuation fe foutint avec la meme frequence & la meme abon- dance pendant plufieurs jours conlecutifs •, & , comme nous obfervions que du premier jour qu'elle avoit paru , & encore plus , a mefure qu'elle avancoit, tons les fymptomes de mort diminuoient , nous ne doutames point que cette evacuation ne fut tres-avantageufe. Cette matiere blanchatre & purulente ayant continue durant l'efpace de dix ou douze jours a s'ecouler avec abondance , nous comprimes , avec joie, que Tablets interieur de la poitrine en etoit la fource , & qu'il fe vuidoit par cette voie. Nous n'ignorons pas que jufqu'ici Ton a cru qu'il etoit impofTible que le pus des abfees , formes dans la poitrine , put s'in- iinuer dans les routes de la circulation & s'echapper enfuite par les fclles ou par les urines ; la verite eft neanmoins que la chofe eft poflible & cela eft prouve par le cours de la maladie dont nous donnons la defcription ; il eft evident que dans le cas prefent , la fievre lente, les redoublements, la toux, la difficulti de refpirer , Tardeur, la maigreur , la fechereire , & la dibilite generale etoient caufes par un abfees interieur de la poitrine , & qua mefure que le pus de cet abfees s'eft evacue par le fondement, tons ces accidens tint dilparu, de facon que nous avons enfin eu la fatis- faction de voir revenir la jeune malade dans fon etat naturel apres un temps fort long a la verite ; die c-ft reftee au lit plus de cinquante jours & Vij i5* ABB. i G i DES MEMOIRES dans un moment oil Ton ne s'y attendoit point, fes forces lui permirent Chikuxgie,^ fortir feule de fon lit. Des-lors, il ne nous refta plus que le regret du displacement des par- Anncc lj$i. ties folides", & la jufte apprehenlion que ce displacement, venant a aug- menter , ne caufat bientot une irreparable difrormite ; & peut-etre aulli dans les fuites, quelque funefte depot dans les parties interieures effen- tielles a la vie. Occupe de ces triftes idees, je cms devoir examiner de nouveau l'etat des parties qui s'etoient ecartees de leur place naturelle , mais quelle flit ma furprife & celle des perfonnes prefentes a cet examen qui etoient deja inftruites de l'etat des chofes , lorfque nous vimes que les parties , bien loin de s'etre encore plus derangees , l'etoient , au contraire , beaucoup moins ; les epaules, & fur-tout la gauche, dont l'elevation etoit auparavant fi conliderable , paroiffoient prefqu'entierement applaties , & comme collees a la furface exterieure des cotes , ne laiffant quafi plus de vuide ; & quant a lepine du dos que nous avions vue, pen de temps avant la naifTance de la maladie aigue, n eloignee de fa ligne de direction, for- mant comme une efpece d'S , elle s'etoit rapprochee de plus d'un travers de doigt de la place qu'elle doit naturellement occuper. Un evenement fi inefperi me fit reflechir attentivement a ce qui pou- voit en etre la caufe , & je ne doutai point que le deplacement de ces parties n'ait ete occafionne par la meme tumeur interieure de la poitrine -, cette tumeur s'etant fans doute formee vers la partie pofterieure de cette region , & portant fur les cotes de l'epine du dos , avoit , par fon accroif- fement & par fon poids , oblige cette partie du corps de s'ecarter de fa fituation naturelle , & cette tumeur etant venue enfuite a fe diffiper , 1 s- pine du dos avoit repris fa direction. Le premier de ces deux evenements fortunes prouve que nous ne de- vons jamais defefperer, dans les cas des fuppurations interieures de la poitrine, quoique la voie de l'expectoration foit fermee, le pus pouvant etre repompe par les vaiffeaux capillaires , & s'iufinuer dans les routes de la circulation , d'oii il peut etre aifement porte par le moyen de la fero- fite du fang aux glandes des inteftins , s'y feparer & s'ecouler enfin par la voie des felles, oil par celles des urines. L'autre evenement donne lieu de confiderer que le deplacement des os qui ne vient pas d'un vice he- reditaire , & de leur mauvaife conformation naturelle , mais qui depend uniquement d'une caufe accidentelle ou exterieure , n'eft pas toujours in- corrigible, quand meme ce deplacement feroit confiderable & que les os feroient prefque parvenu a leur dernier degre de folidite, il peut dif- paroitre tout-a-coup lorfqu'on eft affez heureux pour que cette caufe qui a force les os de changer de fituation vienne a etre detruite, foit paries fecours de l'arr , foit par les forces de la nature. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 157 Chirurgie. Sur la fiftule lacrimals I Annie 1734. L y a dans Tail une glande placee entre la partie fupericure du globe Ilifioire. de l'a-il & la voute de l'orbite. Dts que Tail fe meut , il frotte contre cette glande & en exprime une liqueur qui fert a enduire fa furface , a la rendre plus lilfe, plus polie & plus mobile, deforte que ce mouve- ment-la meme produit ce qui doit le faciliter. La liqueur fortie de la glande fe repand en petits ruiffeaux trts-fins foils la furface interne de la paupiere fuperieure , & fur la furface de l'ocil, d'oii elle tomberoit natu- rellement au plus bas de Tail 8c en fortiroit bientot' pour aller mouiller la joue, fi deux efpeces d? goutieres que les bords des paupieres forment avec le globe de l'ocil , fur lefquels ils appuyent , ne ramaflbient la liqueur & ne la conduifoient vers le grand angle de 1'ceil oil elle aura fa decharge. Ce font deux petites ouvertures, que Ton appelle points lacrimaux , ouvertures de deux canaux fort courts, qui s'etant reunis, portent la li- queur dans un refervoir commun, nomine fac lacrimal, affez fpacieux d'abord par rapport a ces parties-la, mais qui va toujours diminiunt, & fe termine par un petit canal etroit & court, appelle canal nafal, parce qu'il s'ouvre dans le nez , & y jette la liqueur. Quand elle eft en li grande abondance qu'elle ne pent pas s'ecouler toute par le nez, & que l'ocil trop plein en laifle tomber une partie fur la joue , ce font les larmes plus proprement dites que, quand elles ne s'extravafent pas. M. Petit le chirurgien, d'apres qui nous parlous, croit que les pau- pieres qui fe meuvent fouvent & bien plus fouvent qu'on ne penfe, pouffent toujours par ces mouvements frequents & tres-brufques la liqueur des larmes vers le grand angle de l'ocil , d'oii elle fe rendra dans le nez. II n'eft pas meme neceffaire que, des qu'elle eft arrivee au grand an- gle, elle enfile la route des points lacrimaux, elle peut fans inconvenient s'amaffer en une certaine quantite, avant que de coulcr, & M. Petit de- termine le lieu oii elle s'amaffera. Mais il regarde, comme caufe principale du paffage de la liqueur dans le nez un jeu de iiphon qu'il trouve qui refulte de la polition que les points lacrimaux ont entr'eux & avec le fac lacrimal. La liqueur pompee par un canal plus court tombe dans un plus long, pour etre verfee ou il faut. Cette action de fiphon s'unit a cclle des paupieres Si y fupplee , quand il en eft befoin, comme pendant le fommeil, oil les paupieres n'agiffent pas & oii il fumt d'une feule caufe pour pouffer les larmes, puilqu'alors l'ccil en exprime moins de la glande lacrimale. Toute cette ftruifhire li delicate & qui le paroitroit encore beaucoup plus , fi nous en failions une defcription plus exacte , ne doit pas etre fort difficile a deranger. Si par quelque caufe que ce foit, il lurvient une obftnuftion au canal nafal, qui, par fon extreme fineffe, en eft aflez dufceptible , les larmes qui ne pourront plus ie degorger dans le nez, fejourneront dans le fac lacrinv.1 & s'y amaileront en grande quantite. Si i;S ABRE'GE DES MEMOIRES elles font donees, & line efpece d'eau pure, elles creveront le fac par la C h i r u r g 1 1; fel,le f°rce 4ue eur Suant't(^ 'eur d°nne 5 fi e"es f°nt acres & falees , elles rongeront, corroderont quelque endroit da fac , par oii elles s'echa- Annic IJ34. peront & cela meme pourra arriver, avant qu'il s'en foit fait un grand amas. Alors par la mauvaife nature des larmes , il fe fait une fermentation qui produit du pus , dont la corroiion eft encore plus forte , & ce pus fe creufe line efpece de trou caverneux qui eft une vraie fiftule, que Ton appelle lacrimale. Dans le premier cas ou les larmes etoient douces , il eft bien vrai qu'il y a audi une ouverture par oii elles s'echappent, mais cette ou- verture n'eft pasJifluUuJe, ou fiftule. Seulement elle le peut devenir aifez aifement , car les larmes peuvent s'aigrir par leur fejour dans le fac lacri- mal. II faudra avoir foin de le vuider foil vent, en le comprimant. M. Petit compte une troilieme efpece de maladie qui feroit fiftule fans etre lacrimale. C'eft lorfqu'il fe forme an coin de 1'ceil un petit abfees proche des points lacrimaux, qu'il les bouche par fon inflammation. Alors Les larmes qui ne peuvent entrer dans les premiers canaux oii elles de- voient etre recues, fe repandent necefTairement au-dehors, comme elles feroient dans line fiftule lacrimale, & c'eft ce qui a pu faire croire que cette maladie en etoit une, mais reellement les larmes ne fortent point par une ouverture fiftuleufe. II y a cependant una fiftule qui eft l'abfces, mais les larmes n'en fortent point, &, des que cet abfees eft perce, les larmes reprennent leur cours naturel , & tout le mal eft gueri. Totite cette theorie de la fiftule lacrimale, n'eft fiite que pour amener un point de pratique important , une operation particuliere que M. Petit emploie dans cette maladie depuis plulieurs annees, Car il ne l'a pas trou- vee d'abord & elle eft le fruit de fon experience & de fes reflexions. II affure qu'elle lui a toujours reufli , & en eftet L grande limplicite & les rai- fons phyliques fur quoi elle eft fondee , s'accordent fort avec eloge. >j Pour deboucher le fyphon , dit M. Petit, je fais une incihon an fac )j lacrimal, j'y introduis une fonde cannelee, je la poufle julques dans la j> narine & par ce moyen je debouche le canal. La cannelure 011 gou- 5j tiere de cette fonde me fert a conduire dans la voie qu'elle vient de »j tracer , une bougie avee laquelle je_tiens ce canal ouvert. Je ohange j? tous les jours cette bougie. J'en celie l'ufage , quand je crois que la >j furface interne du canal eft bien cicatrifee; alors les larmes reprennent »5 leur cours naturel de 1'ceil dans le nez , & la plaie exterieure fe ferme jj en deux ou trois jours, cc Voila en peu de mots l'operation que j'ai pratiqtiee avec ftfeces depuis plulieurs annees. Je n'entre point dans le detail du manuel , perfonne ne doute que la parfaite execution ne depende de la dexterite du chirurgien. Toute difficile que paroitfe cette operation, elle eft cependant (i lim- ple & (i conforme aux loix naturelles, que je me difpenferois d'inilfter fur les raifons de preference , fi les autres facons d'operer ne trouvoient en- core des partifans-, mais comme on ne peut en juger que par comparai- fon , je vais rapporter fuccintement celles de ces methodes qui font ou qui ont ete les plus ulitees. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 159 Avant que le liphon lacrimal fUt connu, on fe contentoit de faire l'ou- vcrture de la fiftule. L'ignorance oii Ton ctoit fur le mechanifme de cette C h 1 r u a g 1 e. partic ne pcrmettoit pas de porter les vues plus loin •, auifi ne reuffif- lbit-on pas, a moins qu'il n'arrivat quelqu'un des hafards dont nous par- Annee 1734- lerons ci-aprcs. Mais il eft etonnant que, depuis qu'on a connu les points IacrimaHX , le fac lacrimal & le canal natal , on fe foit contents , pen- dant plulleurs armies , de faire a cette fiftule , pour toute operation une fimple ouverture. C'eft fans doute , parce que Ton ne loupconnoit pas que l'obftruction du canal lacrimal, fut la caufe du Iarmoyement. Ceux qui dcpuis l'ont connu oil foupconne, ont imagine de pratiquer un trou, du fac nafal dans le nez, pour menager le paflage des larmes. Ce trou fc faifoit a la hauteur des points lacrimaux, foit avec tin poincon, foit avec un fer pointu rougi au feu. Le premier moyen ne reufliffoit jamais •, &, fi le fecond a reuffl quelquefois pour la fiftule , il reftoit toujours un Iar- moyement. Le poincon ne faifant fon trou qu'en ecartant les parties , il devenoit inutile , parce que la reunion s'en failoit meme aflez prompte- ment. Le fer rouge faifoit mieux , parce qu'en brulant , il occallonnoit line perte de fubftance qui laiffoit un trou par lequel on efperoit, que les Jarmes fe procureroient d'clles-memes un palfage dans le nez-, mais voyant que, malgre cela, le Iarmoyement fubiiftoit, on a cru q^'aprcs la guerifon de la fiftule, ce trou fe bouchoif, & qu'il ne fe bouchoit que, parce que Ton ne l'avoit pas conferve ouvert , pendant tout le traitement , oil du moins jufqu'a ce qu'il flit cicatrife au point que les chairs en croiliant ne puf- fent le boucher. C'eft pour cela que depuis on a fait tout ce que Ton a pu pour conferver 1'ouverture, foit avec des tenres de linge , foit avec des londes ,' ou des cannules de plomb, d'or ou d'argent. J'ai moi-meme fait cette operation, & j'etois bien perfuade que le non- veau conduit que j'avois pratique , s'etoit conferve , puifqu'apres la guerifon de la fiftule, le malade , en fe mouchant , faifoit fortir fair par les points lacrimaux; cependant je n'eus pas la fatisfatHon d'avoir remedie an Iar- moyement. Ayant rcflechi fur ce fait, je me perfuadai que, pour que les larmes coulalfent librement dans le nez , un canal quelconque ne fuffiloit pas , & qu'il en failoit un , tel que la nature nous l'a donne. En crfet en percant un trou a la hauteur des points lacrimaux , le nouveau canal A. A. B. N. abolit la fonCtion du fiphon lacrimal •, la longue branche de ce fiphon B. D. devient inutile, & les larmes perdent la pente qui les con- duifoit dans le nez. Par mon operation , je ne change point la conftruc- tion naturelle du liphon , L branche inferieure conferve toute fa longueur & les larmes , toute la pente qui les conduit dans le nez. Si par la methode ordinaire quelqu'un a paru gueri , fans Iarmoyement, il ne faut point l'attribuer a cette methode. II y a des per(onnes qui ont l'a-il moins larmoyant que d'autres, & celles-Ia peuvent bien ie palfer de quelqu'une des caufes qui facilitent 1'ecoulement des larmes. De plus, cela depend audi de la direction qu'on donne a l'inltrument avec lequel on perce ; car, ii au lieu do lui donner une direcbion horifontale, on Ie poufle obliqucment de haut en bas , alors on forme un canal plus long , i6o A B R E G E DES M £ M O I R E S — — *— "»— ' & l.i pente des Iarmcs en eft moins diminuee. D'ailleurs fi, par cette me- Chirurgi e. thode, Ton a vu des malades gueris fans larmoyement, ce peut-etre parce que le canal natal s'eft debouche naturellement, dans le meme temps que Annie IJ34- le nouveau trou s'eft ferine; ce qui a retabli la foncTrion du liphon lacry- mal. II n'eft point douteux que le canal nafal ne puilfe quelquefois fe de- boucher fans operation. On en a l'exemple dans ceux a qui on guerit la tumeur lacrimale , par le moyen d'nn bandage compreflif •, & c'eft fans doute auffi parce que ce canal pent fe deboucher naturellement, que la tumeur , & meme la fiftule lacrimale fe font quelquefois gueries , fans y rien faire. Ces cas ne font pas fans exemple. Annc'e 173$. Memoires. Obfervation d'une mole. Par M. R 1 d e u x , de l'Academie de Montpellier. L, A veuve dun marchand de laine de Montpellier eft accouchee d'une veritable mole, a l'age de foixante-dix-fept ans. Cette femme a ete mere de neuf enfants, & accoucha du dernier a l'age de cinquante-un ans. Elle a toujours eu fes ordinaires bien regies, & pour le temps & pour la quantite , julqu'a l'age de cinquante-quatre ans , dans laquelle annee ils furent tout d'un coup fupprimes , fans quelle fe flit appercu dans les pre- cedents d'aucune diminution , ce qui pent faire foupconner que cette cef- fation ne fut que l'effet d'une nouvelle conception. Cette femme eft nee avec une rres-bonne conftitution , qu'elle a toujours confervee par line grande frugalite •, elle fut pourtant attaquee d'une fievre putride il y a quelque temps , & comme les remedes lui etoient auili nouveaux que les maladies, j'eus peine a la refoudre d'en faire ; mais les accidents de la fievre un pen violents l'ayant rendue plus docile , elle fut faignee deux fois da bras & une fois du pied , & prit deux fois l'emetique dans des portions purgatives. Par le fecours de ces remedes, la fievre & les accidents di- minuerent , 3c cette diminution fuffit pour qu'elle ne voulut abfolument plus rien faire. Je fus prie quinze jours apres de revoir la malade, & elle me dit que depuis que je i'avois quittee, elle avoit fenti, par intervalle, des douleurs vives dans le bas- ventre, & me marqua precifement l'endroit au bas de l'hypogaftre, ou je trouvai veritablement quelque refiftance ; mais comme la malade etoit fort ventrue , je n'en tirai pas de grands eclairciflements ; elle me dit encore que ces douleurs avoient ete fuivies d'une petite perte blanche , qui avoit meme fort augmente ce jour-la , & que depuis la nuit precedente elle avoit des envies frequentes d'uriner & d'aller a la felle , mais fouvent inutilement. Lorfque j'y retournai le lendemain , je trouvai la malade jettant des hauts cris , me diiant qu'elle n'avoit pas urine de- puis le jour precedent, que la perte avoit fort augmente, & fe plaignant qu'elle fentoit en bas des douleurs femblables a celles qu'elle avoit eues autrefois en accouchant , & en effet , un moment apres , dans le plus- fort de- DE L'ACAD^MIE ROYALE DES SCIENCES. r*i de fes donlcurs, el!e urina abondamment, & im inftant apres cette eva- — — ■* cuation cllc fe delivra dune veritable mole. C h i n. u k c is. Aprcs la fortie de ce corps (itranger , la malade fe trouva fort foulagee •, la pcrte augmenta , devint coloree & dura fix a fept jours, aprcs lefquels ■dnnfe 173$- elle Unit totalemcnt, & fa bonne fante lui revint. Dans des temps plus fuperftitieux la feule tendrefie de cette femme pour ce corps auroit ete une prcuve qu'elle en etoit la mere •, elle ne voulut jamais permettre qu'on le fortit de fa chambre jufqu'a ce qu'elle fut en etat de le faire en- terrer elle-meme, & ce fiit-la auffi oii furent obliges de fe rendre M. Caumette pour le defllner , & meffieurs Gauteron & autres habiles anatomiftes pour l'examiner, qui convinrent tous que c'etoit une veri- table mole. Ce corps pefoit environ vingt onces, etoit fait comme une groffe poire , & tel qu'il eft reprefente dans la premiere figure , un peu plus convexe d'un cote que de l'autre. L'exterieur etoit dune couleur rouge foncee , telle a peu pres que celle des arriere-faix ordinaires •, elle paroiffoit dune fubftance autant charnue que membraneufe , dont l'epaifieur n'etoit que de deux lignes, & fa fuperficie etoit garnie de quantite de petits poils, qui ians doute n'etoient que des bouts de vaifieaux, & qui paroif- foient former des petites franges. Ce corps eft reprefente ouvert dans la feconde figure. L'ouverture en fut faite par M. Soulier, demonftrateur royal, qui y employa le fcalpel , le rafoir & les cifeaux, & il n'en vint a bout qua dirTerentes reprifes. Le cote A eft entier, & le cote B eft diffeque. Toute la fubftance interieure fi.it par-tout uniforme fans aucune apparence de configuration; tout cet interieur etoit racorni , d'un blanc gris & luif.int, reffemblant affez bien par la couleur a des cartilages de veau bouilli. II n'y parut aucun veftige de fang ni d'aucune autre humeur , ainfi nous n'avons pas dans ce cas-ci i craindre qu'une concretion de fang ou de lymphe nous ait impofe, & que nous ayons mal qualifie ce corps du nom de mole, puifque s'il y en a de veritables, comme il eft tres-certain qu'il y en a, celle-ci en ports tous les caracteres, non-feulement par l'examen exacl: qu'en out fait avec moi de trcs- habiles anatomiftes, mais encore par toutes les circonftances qui ont precede & fuivi cet accouchement. Ainli nous pouvons affurer que ce corps, dans fon origine, avoit 6te un embrion, & peut-etre menie un fastus bien forme, & accompagne de toutes fes membranes; qu'il n'avoit ete metamorphofe en mole, que parce que l'animal, par quelque caufe que ce foit, n'avoit pas pu fe nourrir & croltre , & avoit etc oblitere avec fes membranes dans le temps que fon arriere-faix avoit grofli fuffifamment , pour occuper toute la cavite de la matrice, dans laquelle il etoit contenu, & a laquelle il te- noit par une infinite de petits vaiffeaux qui lui portoient les fucs necef- faires pour fa. nourriture, & qui etant rompus lorfque la mole fut feparee de fa mere-nourrice, formoient la furface velue qu'on y appercevoit. Les caufes qui donnent occallon a la mole font infinies ; des embarras d.^ns la vcine ombilicale, 011 dans fon cours, un entortillement du fatus Tome VII. Panic Frarifoife. X itfi A\6 R E G E D E S M E M O I R E S •a fon cordon, un vice dans Tefprit feminal dn pere , ou dans le fuc nour- C h i r u r gi E.ric'er de I-1 niere, qui l'empeche de penetrer le tiffu trop ferre de 1'cmbrion, quoiqu'il puiffe penetrer celui de Tarriere-faix (qui eft plus en Annie 1J35- etat de fe conferver que l'animal, a mefure qu'il eft moins eloigne de fa conception) , comme une infinite d'autres caufes, dont la connoiffance feroit auffi inutile pour en prevenir les eftets , que pour nous faire con- noitre la caufe de chaque mole en particulier. Ce feroit done fans fondement qu'on voudroit nier les veritables moles, puifque, li quelque chofe doit nous furprendre a leur egard, e'eft de ce qu'elles ne font pas plus frequentes. Ce n'eft pas audi l'exiftence de celle-ci qui a donne occaiion a ce memoire; mais ce font les cir- conftances qui l'ont accompagnee, & qui la rendent affez finguliere, comme font, le temps quelle a refte dans la matrice de cette femme fans donner auciin Iigne de fa prefence , la durete quelle y a acquife , & l'age auquel la mere l'a concue & s'en eft delivree. C'eft ce qui nous refte & developper. Ii y a tout lieu de prefumer par ce qui a precede, que cette femme concut a l'age de cinquante- quatre ans, & que la fuppreffion de fes re- gies , qui furvint alors tout d'un coup , fut une fuite de cette conception, Le temps auquel Tembryon ou le fcetus perit , eft audi incertain & diffi- cile a affigner que la caufe qui le fit perir, mais il eft tres-certain qu'il mourut , ( s'il eft permis de me fervir de ce terme ) & fut oblitere dans la fuite , car il n'y auroit pas eu autrement de mole ; & c'eft en confluence que le fameux Pare ditque c'eft chofe ajfurie que toute mole , comme une me'ehante & cruelle bete , tue toujours le fcetus avec lequel elle efl liie. Quant a ce que l'animal mort ne fe corrompit point, celui deTouloufe, dont l'hiftoire eft li connue, & celui dont il eft parle dans les memoires de l'Academie Royale des Sciences de Paris, qui demeurerent li long- temps dans le ventre de leur mere , & qu'on y trouva petrifies , font bien » pour le moins , auffi furprenants. L'arriere-faix de ce foetus, que nous appellerons prefentement mole, profita ainli feul de toute la nourriture que lui fournit la mere, de forte que cette mole fut bientot en etat par fon accroiflement , de remplir toute la cavite de la matrice, dans laquelle elle etoit enfermee. La matrice pour lors, par une application immediate de toute fa furface interieure fur l'ex- terieure de la mole encore mollaile , lui fervit de moule , & lui donna fa figure telle qu'on la voit deffinee. Cette application immediate ( e'eft-a-dire feulement contigue ) de la mole a la matrice, l'expofa a toute Taction de cette derniere, qui paries contractions de fes fibres mufcuieufes, les ofcillations de fes vaiffeaux &le fecours d'autres puiflances etrangeres , comprima li fort ce corps quelle en rendit l'interieur inalterable par la folidite & la durete quelle lui pro- cura, dans le temps que la furface de cette mole, a 1'epaiiieur d'environ deux lignes, conferva un certain degre de molleffe par le moyen des li- queurs qui couloient dans les vaiffeaux qui la tenoient fufpendue a la ma- trice , & qui en faifoient la communication. D'ailleurs le peu de fuc qui DE L'ACAD^MIE ROYALE DES SCIENCES, 165 pouvoit pcntitrer dans l'interieur de ce corps, & fervir a fa nounilurc , S^— —— — ■ devoit ctre extremement divifti, & par-la propre a y conferver la foli- C n i rurgi dite , & mime a l'augmenter en s'y uniffant par des Aiperficies trcs-gran- des par rapport a la mafle. Ainli voila un corps qui en fe nourriirant , -Ann(c 173$- devenoit puis dur tous les jours ; & s'il y avoit refte davantage, il feroit fans doute petrifie. Si cette mole a eu par-la l'avantage de refter long-temps dans cette ma- trice fans fe corrompre , elle a eu audi celui de s'y cacher par l'attache de tous fes petits vaiffeaux a la furface interne de la matrice, qui tenant ce corps egalement fufpendu, empechoient qu'il ne pefat fur aucun cote de la matrice, & qu'il ne preffat pas les parties voilmes, & par-la cette mole etoit hors d'etat de produire aucun des fymptomes qui pouvoient la faire foupconner. Elle y feroit peut-etre encore cachee, fi dans la maladie qui furvint a la mere, la fievre, les faignees & les emetiques n'avoient contribue a Ten detacher , & ce fut pour lors que les douleurs & la perte commencerent. Les douleurs durerent quelque temps , parce que la mole ne fe detacha que peu-a-peu , & des qu'elle le fut fufhfamment pour comprimer le rec- tum Si le col de la veflie, elle occalionna le tenefme & l'ifcurie. Enfin il arriva que le lendemain au foir du jour que j'y etois revenu , cette femme fe dilivra de ce corps. " • Comme elle n'avoit pas pu uriner de tout le jour , & que la veffie dtoit fort tendue , cette grande tenlion de la veflie occafionna fans doute de fortes contractions dans tous les mulcles & fibres charnues qui pouvoient la comprimer, & en exprimer Purine qui y itoit contenue-, en efFet l'obf- tacle fut furmonte, & la malade urina beaticoup ; mais comme ces puif- fances qui avoient comprime la veflie , furent foutenues quelque temps dans le meme etat par la forte impreflion qui les avoit miles en adlion , & a ponce de comprimer egalement la matrice , elles agirent aufli fur elle & fur la mole qui y etoit contenue, laquelle trouvant moins de re- tiftance pour fortir, depuis que la veflie etoit vuidee & applatie, fut mife dehors. Cet accouchement eut les memes fuites qu'ont les acconchements les plus naturels. Preuve certaine que ce corps ne tenoit a la matrice que comme un arriere-faix , & qu'en etant fepare , il remettoit la matrice dans fon etat naturel , & la mere en parfaite fante. Xii i & comment fe defendre d'avoir ici recours au fentiment oppofe I I I. 1699. M. Chemineau, medecin de la Faculte de Paris, apporta a 1'A- cademie un cceur de fcetus humain , d'une ftrudlure extraordinaire. Ce cceur avoit trois ventricules, qui communiquoient enfemble , comme ce- lui de la tortue. Ces deux ventricules ordinaires ne recevoient que les DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 173 Veines, favour, le ventricule droit recevoit lcs veines-caves, & le vcn- ^^" "*^S triculc gauche recevoit les veines pulmonaires. Le troifieme ventricule , Chirurgie. qui etoit l'extraordinaire , fourniflbit a part les gros troncs arteriels, iavoir, celui des arteres pulmonaires & celui de l'aorte, lefqucls n'avoient point Annie ij$3- de communication avec les deux autres ventricules. Ainli, par cttte con- struction particuliere les deux ventricules ordinaires pouiToient unique- ment dans ie troilieme ventricule le fang qu'ils avoient recu des veines, & cc troilieme ventricule pouffoit feul en particulier dans les arteres les deux fortes de fang recu des autres ventricules. II n'y avoit point dc ca- nal de communication entre l'artere pulmonaire & l'aorte inferieure , le- quel canal ne manque jamais dans l'etat ordinaire des foetus. Riflexion. Je demande a ceux qui font reellement au fait de la ftruc- ture , quel accident on pourroit imaginer, qui flit capable de produire ce troilieme ventricule. Quelqu'un diroit peut-etre que la Cloifon ordi- naire s'etoit fendue en deux lames qui ont laitie entr'elles line efpece de cavite. Mais les troncs arteriels par quelle mecanique accidentelle ati- roient-ils dans un germe ordinaire pu etre entierement exclus des ventri- cules ordinaires, & uniquement implantes dans le ventricule extraordinaire ; Je le demande touiours aux vrais connoitreurs de la ftrutture , & je leur de- mande aulTi , par quelle mechanique accidentelle feroient formes les trous extraordinaires, par lefquels ce troilieme ventricule communiquoit avec lcs deux ventricules ordinaires ? Je le demande encore par rapport au de- faut du canal arterieL I I I. 1700. M. Mery trouva dans tin enfant monitrueux 1'epine du dos con- tournee de telle forte , qu'en regardant la face, la poitrine & le ventre en devant , on trouvoit les parties externes du fexe , les genoux & les pieds dans une fituation toute oppofee, c'eft-a-dire, en arriere. La tete etoit fans voute de crane, la poitrine fans (ternum , fans cartilages des cotes, & le ventre fans mufcles ; de forte que ces trois cavites reftoient toutes ouvertcs. Les deux oreillettcs du cceur formoient une cavite commune , dans laquelle les veines-caves & les veines pulmonaires avoient leurs em- bouchures , & il n'y avoit point de trou ovale. La cavite commune de ces deux oreillettes communiquoit par une grande ouverture avec la ca- vite du ventricule droit. Ce ventricule droit avoit communication par un petit pallage avec le ventricule gauche. De ce ventricule gauche fcrtoient & l'artere pulmonaire & l'aorte. Riflexion. On pourroit lailfer ici au fyfteme des conformations acci- dcntelles les premiers phenomenes de cette obfervation : mais voila une ftruchire extraordinaire du cceur tres-differente de celle de l'exemple pre- cedent. Je reitere ici la meme demande aux An.itomiftes experimentes : par quelle aventure accidentelle l'artere pulmonaire a-t-elle pu quitter Ie ventricule droit, pour venir du ventricule gauche, & comment l'oreillette gauche avec le fac des veines pulmonaires auioit-elle pu abandonner le ventricule gauche pour aller a contre-fens s'ouvrir dans le ventricule droit ? i7+ ABREGE DES MEMOIRES """"On pent confronter avcc ces deux exemples l'Obfervation de Stenon; C h i u u R g i e. que j'ai rapportee dans mon Memoire Air la circulation du fang dans le foetus. Annie 1733. I V. lyog. Obfervation de M. Llttre fur un fcetus monftrueux , dont le cordon ombilical (toit de deux tiers plus court que de coutume , & n'avoit qu'une artere, au-lieu de deux qu'on y remarque ordinairement. Cette artere partoit de l'artere iliaque droite, & fortoit du ventre par la partie moyenne de la region hypogaftrique , au lieu de fortir par la partie moyenne de la region ombilicale. Etant fortie du ventre , elle ne le joignoit a la veine ombilicale qu'apres avoir fait deux pouces de che- min, enfuite elle formoit avec cette veine le cordon ombilical. La veine ombilicale etant parvenue du placenta jufqu'au bout du cor- don qui , du cote du ventre aoandonnoit l'artere du meme nom , fe por- toit a la partie fuperieure de l'aine gauche , & la elle entroit dans le ven- tre, puis elle montoit le long du core gauche de cette cavite, attenant le nuifcle pfoas , enfuite elle traverfoit le diaphrame a cote du corps de la derniere vertebre du dos-, & apres avoir parcouru la partie inferieure & la partie moyenne de la poitrine, en y formant pluheurs ovales, elle fe terminoit au milieu du tronc fuperieur de la veine-cave. Dans cette route la veine ombilicale recevoit les deux veines iliaques, les lombaires , les deux emulgentes, la veine de la glande renale gauche & la veine dia- phragmatique du meme cote. La veine ombilicale faifoit a l'egard des veines qu'elle recevoit du bas-ventre, la foncHon du tronc inferieur de la veine-cave, dans lequel elles aboutillent pour l'ordinaire. L'inteftin ileon aboutiffoit dans une poche charnne de la grandeur & de la figure d'un petit ceuf de poule. De cette poche partoit un petit tuyau qui fe terminoit par un trou rond d'une ligne & demie de diarne- tre, a la furface exterieure du bas-ventre, un peu au-deffus du pubis, ou il faifoit fondlion d'anus. II n'y avoit rien qui tint de la forme du cre- cum , du colon , ni du rectum. Les ureteres etoient beaucoup plus gros qu'a l'ordinaire, & alloient en ferpentant d'un bout a l'autre, & avoient chacun une efpece de mefentere qui les contenoit dans cette difpofition. L'uretere gauche fe terminoit a une petite vedie lituee a gauche dans le baffin de l'hypogaftre , laquelle veffie s'ouvroit audi en dehors par un petit trou rond au-ck fiiis du pubis. L'uretere droit s'ouvroit au-deflus de l'aine du meme cote par un petit trou ovale. Le vaifleau deferent du cote droit aboutifloit dans l'uretere du meme cote, & celui du cote gauche dans la petite veffie, eVc. &c. &c. Rt-'jlexion. Le raccourciilement du cordon ombilical pourroit etre ex- plique par le def.uit de 1 une des arteres ombilicales, fi celle qui s'y trou- voit & la veine ombilicale qui l'accompagnoit, y avoient ete plus con- DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 175 tournees qu'a l'ordinaire. Mais par quel accident cxpliqucroit-on le paffage extraordinaire de ces deux vaiffeaux a travers le ventre , 1 ecartement ex- Chuvkgm. traordinaire de Tun de l'autre, la route & 1'embouchure extraordinaires de la veine ombilicale , les differentes dilatations , les ramifications & -Annee 1733. les communications tres-extraordinaires de cette meme veine ? Par quel accident expliqueroit-on l'aboutiuVment extraordinaire de l'inteftin ileum, & fon ouverture au dehors fur le pubis? Sans parler du defuit du ccc- cum, du colon & du rethun, par quel accident expliqueroit on les cour- bures ferpentantes des ureteres & la formation de l'efpece de mefentere qui loutenoit ces memes courbures ? Plus je confidere les particularites de toutes ces chofes extraordinaires, &c. moins j'y concois l'application du fyfteme des accidens. V. 1 j 16. Defcription d'un fetus difforme , par M. Petit. La veine ombilicale, au lieu de paffer en bas par la failure du foic pour fe jetter dans le linus de la veine-porte, paffoit en haut par deffus la partie convexe de cevifcere, & alloit le jetter prcs de l'endroit ou la vei- ne-cave perce le diaphragme. Au lieu des deux arteres ombilicales , il n'y en avoit qu'une , qui etoit , pour ainfi dire, la continuation de l'aorte in- ferieure. II n'y avoit point de cavite de baffin , point de matrice, de vef- fie , ni de rectum , ni meme de colon , &c. Reflexion. II eft tres-notoire que dans le fcetus le foie eft line malfe tres-conhdenble, & a proportion beaucoup plus groffe que dans l'adulte. On fait que pour l'ordinaire la veine ombilicale palfe au linus de la veine- porte dans la face inferieure ou cave de cette groffe maffe. Par quel ac- cident expliqueroit-on le palfage extraordinaire de la veine ombilicale par deffus la face fuperieure ou convexe de la meme groffe maffe, & par def- fus tant depaiffeur ; Je le demande en anatomifte. V I. La meme annie ijiS. Defcription de deux exomphales monflrueux , par M. Merv. La premiere eft d'un enfant qui avoit vecu 14 heures. Le cordon ora- bilical fe terminoit exterieurcmeni au fond d'un fac membrancix de etite portion cartilagineufe de cette cote •, mais de maniere que le carti- age de la premiere cote , pour la plus grande partie , paroit confondu avec le cartilage de la feconde, & n'atteint au fternum que par une pe- tite partie. La troilieme vraie-cote de chaqtie cote eft articulee par (on extremite cartilagineufe avec le fternum , a 1'endroit ou l'eft ordinairement la fe- conde vraie-cote, e'eft-a-dire, dans l'echancrure articulaire formee p;r la rencontre & 1'union des deux pieces principals du fternum. Par cette dif- polition extraordinaire les quatre vraies-cotes fuivantes font par leurs car- tilages aupres du fternum ecartees les unes des autres bien plus que de coutume; & cela affez proportionnement; de forte que le fternum par- la n'a rien perdu de fa longueur ordinaire, quoique dans la feconde ou infe- rieure de ces deux pieces principals, il n'y ait ici que quatre echancrures de chaque cote , au lieu de cinq qu'on y trouve ordinairement pour les cinq vraies-cotes inferieures de chaque cote. Reflexion. Se.'on le fyftcrne des accidents, la petite eminence on avance mentionnte ci-dctius, k-roit peut-etre regardse comme une petite portion Toms VLL Fartie Fra/ifoife. Z i73 ABRiG £ DES M £ M O I R E S de l'extremite antericure de la premiere vraie-cote, qui originairement Chirurgie. auroit ete cntiere , & dont Ie refte qui manque entre cette petite portion & la portion pofterieure tronquee de la meme cote , auroit ete fortuite- Anncc IJ33. ment oil accidentellement detruit. La difticulte qui m'arrete ici , paroitra de tres-peu de confluence ^ ceux qui penfent que pour en donner la folution , un coup d'ceil fur un fquelete fuffiroit , fans avoir examine avec line application particuliere la conformation & la connexion de ces os. Mais je demande aux connoif- feurs , par quelle mechanique accidentelle on expliqueroit comment fur chaque cote du fternum feroient formees quatre echancrures 011 cavites ar- ticulaires & bien organises; au lieu de cinq-, quatre cavites proportionne- ment arrangees, & cela fans qu'on y puiffe feulement entrevoir oil foup- conner en quel endroit auroit pu etre originairement la cinquieme cavite qui manque, & fans que le fternum ait diminue de longeur-, enfin cavites cartilagineufes audi parfaitement articulaires & auffi fpecifiquement orga- nises a proportion que les plus grandes cavites articulaires du corps hu- main, excepte dans quelques vieillards, comme j'ai deja dit. Je demande encore aux connoifl'eurs , par quelle mechanique acciden- telle la troiheme vraie-cote de chaque cote auroit ete tranfportee de fa cavite orc'inaire & naturelle dans line cavite extraordinaire li eloignee au- deiTus d'elle ; & comment les ligarnens de rarticulation de cette cote au- roientete detaches de leurs endroits originaires, & attaches de nouveau ^ d'autres endroits fort differents. Par quelle mechanique accidentelle n'y a-t-il ici que trois traces de la divilion originaire de la feconde piece principale du fternum ! Comment la quatrieme trace de cette piece a-t-elle ete abolie fans la diminution de la longueur ordinaire de la piece, & fans la moindre difproportion des intervalles des trois traces qui y reftent. La difficulte me paroit encore plus grande a legard de la tranfpofition de l'extremite anterieure de la feconde vraie-cote de chaque cote a I'en- droit ordinaire des cartilages de l'une & de l'autre premiere vraie cote, & fur-tout a legard du changement de la connexion articulaire de ces fe- condes cotes en une efpece de connexion fort differente. La difference particuliere de la conformation de la feconde vraie-cote du cote gauche d'avec fa conformation ordinaire , & les traces qui bornent la foudure de la portion tronquee de la premiere cote, n'embarraflent pas moins dans l'application du fyfteme de 1'alteration accidentelle des germes originaire- ment naturels. Je ne parle pas ici de l'inconvenient qu'auroient caufe aux deux premieres vertebres du dos Punion extraordinaire de ces cotes avec le fternum & la foudure inebranlable de la premiere cote gauche avec la feconde du meme cote. J'ai vu (ici a Paris) un etranger qui n'avoit a chaque main que le feul doigt index, dont la conformation etoit entierement naturelle. 11 n'y avoit aucun veftige de tons les autres doigts, excepte une petite portion du pouce qu'on n'appercevoit qu'en y touchant. Les extremites des os du Metacarpe etoient immediatement recouvertes de la peau qui paroitlbit DE L'ACAD^MIE ROYALE DES SCIENCES. i79 /Implement la continuation de celle qui couvroit Ie corps de la main & ^^ ^^ Je doigt index. Au feul moyen de ces deux doigts, il ecrivoit, deflinoit, Ciirs.CB.Gli & faifoit plulieurs fortes de peinture, meme en miniature. La premiere fois que je le vis, il me demanda les premieres lettres de Annfe IJ33. mon nom, & lui ayant marque un /, un B & un JV, il en fit fur le champ en ma prefence avec fon crayon un chifrre ou cntrelacement trcs- fymmetrique, & ceia fans prendre aucunc mefure, ni faire ce qu'on ap- pelle calquer. II ecrivit en meme temps au-deflbus du chiffre ces mots : Fecit duobus , quorum unum in utraque manu habct, digitis. 1731. D. 7. Januarii. J. A. Pius. Pour ecrire & pour deffiner oil pcindre, il renverfoit les deux mains, & les adoffoit du cote des deux doigts, qu'il croifoit en contre-fens pour tenir la plume ou le crayon entre les articulations de leurs extremites. II tailla aufll en ma prefence une plume a ecrire, que je conferve encore. Riflexion. II ne paroitroit pas difficile, felon le fyfteme des monftres accidentels, d'expliquer ceci en general par quelque compreflion, qui dans le germe originairement entier auroit empeche le developpement des autres doigts. Mais il ne me paroit pas bien facile d'expliquer en parti- culier, de quelle maniere cette compreflion a pu etre faite pour avoir laiffc croitre fans aucun derangement le feul doigt index, qui, etant fitue entre le pouce & les autres trois doigts, paroit avoir ete egalement, pour ne pas dire plus, expofe au meme accident que ces doigts. De quelle maniere & par quelle rencontre cette compreflion pourroir- elle arriver, pour que dans les deux mains le meme extraordinaire fe trouvat li precifement & ii uniformement, & pour que le meme doigt de chaque main en fut feul epargne fans qu'aucun des autres quatre doigts a cote de lui euflent pu eviter leur deftruclion. D REMARQUES SUR LES MONSTRES, Par M. WiNaow. S E C O N D E P si R T I E. 'Ans la premiere partie de ces remarques, je m'etois borne auX monftres fimples, e'eft-a-dire, a ceux qui le font (implement par con- formation extraordinaire, ou par defaut. Je vais conliderer dans la feconde partie les monftres compofes, e'eft-a-dire, ceux qui font doubles, tri- ples, &c. foit en total, foit par portions, comme par quelque organe conddcrable , vifcere, &c. Je commencerai par les deux exemplesqui ont donne occalion a ces remarques, 6c dont je n'ai pas acheve 1'exaincn dans la prc-miere partie, pour des raifons y alleguees, favoir, l'exemple du faon a deux tetes & celui de la fille a deux ventres & quatre extremites inferieuies. Immediatement apres ces deux exemples, je produirai les deux, qui dans les memoires delAcademie, ont ete fp:;ciaLinent em- Z .j ■ C H I R V R G I li. Annie 1733. pies qui I. Examen anatomique du faon a deux tites , envoy i par ordre duRoi, dont I'exte'rieur a iti dtcrit dans la premiere partie de ces remarques fur les monjlres. II fuffit ici de rapporter fuccin&ement de la premiere partie de ces re- marques , que les deux tites etoient pofees fur un feul col •, que l'une des tetes etoit Grade prefque dans l'attitude ordinaire en haut; que l'autre etoit placee lateralement , etant jointe par la partie latetale inferieure du cote droit de fon occiput, a la partie laterale inferieure du cote gauche de l'occiput de la tete fuperieure-, que le col etoit plus court qua for- dinairc & un peu incline a droite; que les deux tetes etoient jointes par dehors, jufques vers le milieu des )oues voifines-, que les machoires infe- rieures des deux tetes etoient egalement mobiles, & formoient avec les machoires fuperieures deux bouches, dont chacune ayoit une langue a l'ordinaire. J'ai averti dans la premiere partie , a la fin de la defcription de 1'ex- terieur de cet animal , que je m'etois contente d'en examiner les tetes en particulier par l'anatomie, & de m'attacher principalement dans ces exa- mens a ce que les parties communes aux deux tetes prefentoient de plus fingulier. Je remis alors pour la feconde partie de ces remarques le detail de la diffettion , parce que j'en avois deftine la premiere uniqucment pour les monftres hmples & la feconde pour les monftres compofes Avant la difledlion, je fis d'abord defliner le faon entier, & enfuite fes deux tetes a part dans des attitudes differentes, comrae on les voit dans les trois premieres figures. 1 g u R E I. Le faon entier avec fes deux tetes, vu du cot* gauche de I'animat A , la tete fuperieure 011 droite. J5, la tete laterale ou gauche. C, l'oreille droite de la tete fuperieure. D, l'oreille gauche de la tete laterale. E , l'oreille commune aux deux tetes. F, F, F> la livree du faon. FlGUfcl II. le col avec les deux tetes, vu du cote droit, A, B, C, jD, JE, comme dans la fig. I, DE L'ACAD^MIE ROYALE DES SCIENCES. 181 Figure III. Chirurgie. Les deux teres vues en plein, pour montrer lc fond double de To- Annie 1733. reille commune A, B, C, D, E, comme dans la fig. 1. F, la ligne faillante qui partage le creux de cette oreille en deux fonds. G, G, la direction de chaque fond d'oreilles vers les tetes. Apres avoir fait deffiner l'exterieur du faon , j'en ouvris le bas-ventre oil je ne trouvai rien de fingulier. Les eftomachs que ces animaux ont de commun avec les ruminants, etoient vuides, de racme que les inteftins greles; les gros inteftins etoient trcs-remplis -, le foie, la rate, les reins, la veffie, & l'uterus fear e'etoit une femelle) n'avoient rien d'extraor- dinaire. La poitrine & les parties y renfermees etoient audi dans 1'etat naturel dun feul animal , merae celles qui repondoient aux deux tetes-, favoir, la trachee artere & l'cefophage. Ces deux tuyaux gardoient leur limplicite & leur ftrudture ordinaire tout le long du col. II n'y avoit qu'un larynx & un pharynx, places 1'un devant l'autre, comme on les trouve commu- niment dans un ieul animal. Le col etoit compofe de plufieurs vertebres, toutes fimples , raeme la premiere, quoiqu'elle fut articulee avec les deux tetes. J'avois fais obfer- ver, dans la premiere partie de ces remarques, que le col etoit court, plus courbe qu'a l'ordinaire & un peu incline •, e'etoit a 1'exterieur qu'il paroif- foit ainli : mais l'ayant diffeque, je trouvai que la difpofition des vertebres en etoit la caufe, etant arrangees un peu en S romain , par deux courbu- res en contre-fens, dont 1'une dependoit en particulier de la quatrieme vertebre qui etoit comme ecrafee entre la troifieme & la cinquieme, de forte que les vertebres reprefentoient en cet endroit plutot un pli ou an- gle, qu'une courbure en arc. La moe'lle renfermee dans le canal de ces vertebres, depuis la premiere inclufivement jufqu'a la derniere, n'etoit que fimple comme a l'ordinaire, & fans aucune marque de compolition extraordinaire. Figure IV. Voulant profiler du temps ordonne' pour la diffeclion , Je ne fis pas crande attention aux mufcles que les deux tetes avoient communs avec le col unique-, & ayant trouve i-peu-prcs dans Vital ordinaire les mufcles propres de ce col , de merae que les mukles ftomo-thyroidiens & ftomo- hyo'idiens , comme aufli les petits mufcles propres du larynx , & les diffe- rentcs portions charnues du pharynx-, je detachai de ces deux tetes les rnachoires inferieures avec les deux langues, le larynx & le pharynx, con- jointement cnfemble. Je pla5ai enfuite ces parties de manierc que les mentons {A,B ,) ayec 1S1 abreg£ des me moires ^"""^""""'^'les langues ( C, D , ) etoient en haut, & que les groffcs branches des ma- C h i r u e. g i e. cno'res inferieures ( £, F ' , G ,H}) de meme que la trachee artere , avec l'cefophage etoient en bas. J'examinai en cette attitude l'un & l'autre cote Annie ZJJJ. des deux machoires, & l'un & l'autre cote des parties qui y repondoient, en commencant par le cote qui regardoit le devant du col & qui eft re- prefente dans cette figure IV, ( A, C, ) inarquent le menton & la langue de la tete droite, (B , D,) le menton avec la langue de la rite gauche, (8,) la trachee artere , & ( g , ) l'cefophage. J'y decouvris d'abord la bafe d'un feul os hyoi'de {I, /,) fes deux cor- nes (Kj Kj); les deux grandes appendices qui fe trouvent ordinairement dans ces fortes d'animaux, comme dans le mouton, &c. Je decouvris le devant d'un feul pharynx (j^, ^,4,); le devant d'un feul larynx, (5,5,^ dont je ne marque ici que les mufcles crico-thyro'idicns ( 6, 6, ) & les mufcles thyro-hyoidiens (7 ,j ,). Cette bafe de l'os hyo'ide dont la forme & la (ituation devant le larynx etoient comme a l'ordinaire, portoit deux mufcles baiioglolfes ( P,Q,) l'un ( P ) pour le cote gauche de la langue fuperieure ou droite , & l'au- tre (Q) pour la langue laterale ou gauche. Je n'ai pas trouve les deux au- tres mufcles bafiogloffes a l'oppolite de ceux-ci •, mais j'y trouvai entre les deux langues pres de leurs bafes ou racines un plan de fibres chamues tranfverfalement courbes & fans aucune apparence d'attache a d'autres par- ties. Ce plan mufculaire exprime dans la figure IV ' , par (A,) & dans la figure VI j parf-K,) m'a paru tenir lieu de baiioglolfes que je n'avois pas trouves , & qui devoient repondre aux baiioglolfes ( P , Qj) de la figure IV. Attenant le milieu de la partie anterieure de la meme bafe de l'os hyo'ide (/,/,) etoit pofee verticalement line petite cloifon cartilagi- iieufe ( W. ) qui donnoit attache a quatre mufcles genio - hyo'idicns (R, R,S, S,) deux pour chaque tete, & me parut par confequent tenir lieu d'un autre os hyo'ide. Le plan charnu ou mufculaire ( A ) , dont je viens de parler , y etoit comme colle , mais fans apparence de viaie attache. On voit dans la figure, au cote de cette cloifon cartilaginoufe , un pe- tit vaiffeau tronque ( a ) paffer par le deffus de la bafe de l'os hyo'ide en fe recourbant. Celt 1'extremite fuperieure d'une artere carotide extraor- dinaire dont il fera parle ci-aprcs, & dont la continuation eft interrom- pue dans la figure , pour ne pas derober a la vue ce quelle auroit cache par fon trajet. Des deux grandes appendices hyo'idiennes ( I, M, ) chacune portoit line efpece de mufcle kerato-gloffe. Lappendice du cote droit ( L ) por- toit le mufcle kerato-gloffe droit (N) de la tete fuperieure, & l'appen- dice du cote gauche portoit le mufcle kerato-gloffe ( O ) de la tete laterale. (Z Z) Marquent une petite portion anterieure d'un mufcle mylo-hyo'i- dien fort fingulier, dont la plus grande portion a ete emportee pour ne pas cacher au deffinateur les parties qui en auroient ete couvertes. Ce mulclc mylo-hyoidien appartenoitau grand os hyo'ide (/,/, X,A',),& fes at- DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 185 taches laterales , ail lieu d'etre aux portions laterales on branches de la ma- ^^"""""^ choire inferieure d'une feule tete, etoient d'un cote a la branche droite C h 1 u u rg 1 e. de la machoire de la tete fuperieure, & de l'autre cote a la branche gau- che de la machoire inferieure de la tete laterale. Je n'ai pas trouve le Annee ij?3- mylo-hyo'idien des cotes oppofes ; mai's au lieu de cela je trouvai UQ plan large & mince de fibres charnues qui alloient d'une machoire a l'autre, comme on verra ci-aprcs dans la figure VI. Les deux corps olivaires ( X, Y,) qui paroiffent immediatement au- defibus de la portion du mufcle mylo-hyo'idien (Z, Z ,) fous les glandes fublinguales de l'une & de l'autre langues. Elles fe touchoient immediate • ment par la moitie pofterieure de leur volume, & meme y paroiffoient en partie confondues enfemble. Elles m'ont paru chacune tenir lieu de deux pour chaque langue , n'en ayant pas trouve d'autres •, & e'eft peut- etre de cela que dependoit la groifeur extraordinaire de ces deux-ci. II y avoit quatre glandes maxillaires ( T, T, V, V, ) deux pour cha- que tete, comme a l'ordinaire. Deux de ces glandes, favoir ( T, T,) font ici reprefentees hors de fituation & les deux autres ( V, V,) dans leur fituation naturelle. Figure V. II n'y avoit que trois arteres carotides pour les deux tetes, dont deux etoient laterales & une etoit mitoyenne & anterieure. Les deux latera- les ( 1 1 } ix,) etoient placees a-peu-pres a l'ordinaire le long de chaque cote du col. La carotide du cote droit alloit au cote droit de la tete fu- f>erieure , & la carotide du cote gauche alloit au cote gauche de la tete aterale. La carotide mitoyenne ou anterieure (25,) montoit par une route extraordinaire dired:ement devantla trachee artere & le larynx, & fe glif- foit enfuite entre les bafes ou racines des deux langues a cote de la pe- tite cloifon cartilagineufe ( W) de la figure IV, jufques fous la rencontre ou union des deux tetes , ou fon extremite ( A ) fe divifoit pour le cote gauche de la tete fuperieure, & pour le cote droit de la tete laterale. Ces trois carotides partoient d'un tronc commun fort court (to). Figure VI. Cette figure marque les parties du cote oppole ait cote reprefente dans la figure IV, e'eft-a-dire , du cote de la proximite des deux machoires inferieures. Les mentons ( A , B , ) avec les langues ( C , D ,) font ici tournes en haut , comme dans la fig. IV, & les branches (E,F, G , H , ) des deux machoires inferieures lont tournees en bas, mais a contre-fensde la figure IV, par rapport a kurs parties laterales. La branche ( F) ell du cote gauche de la tete fuperieure ou droite. La branche ( H) eft du cote droit dj la tete laterale ou gauche. Ces deux branches ( F , H,) etoient bien prcs l'une de l'autre , principalement en arriere. La branche (E) eft du cote droit de la tete fuperieure ou droite, & la branche (G) eft du cote gauche de la tete laterale ou gauche. J'avois coupe & emporte la i8+ ABRtGE DES M £ M 0 I R E S groffe portion ou moitie pofterieure des branches (F,H,) pour mettre i r decouvert les parties que je vais decrire. ' Les fibres tranfverfales , & en partie un pen combes ( /), qu'on voit Annie 1733. ici entre les portions des branches coupees ( FtH,) & qui font attachees par leurs extremites a. Tune & a l'autre de ces branches, font celles que j'ai dit dans 1' explication de la figure IV avoir trouvees au lieu d'un mufcle niylo-hyoidien, qui devoit repondre au mylo-hyoidien (Z , Z.,)de cette figure IV. Ces fibres (/) avoient cela de particulier, qu'elles paroiffoient etre uni- quement attachees aux machoires & d'etre reciproquement d'une conti- nuite entiere , fans la moindre apparence de tendon niitoyen •, elles etoient plus courtes que celles dti mylo-hyo'idien ( Z, Z) de la figure IV, & cela a caufe de la proximite des deux machoires en ces endroitsj ce plan charnu n'etant attache qu'aux feules machoires , ne pourroit pas etre iiomme mylo-hyoidien , mais fimplement myloidien. Les fibres courbees en contre-fens (K) que Ton voit itnmediatement au-deffous de celles-la, font les memes qui font exprimees dans h fig. IV, par (A) & dont j'ai dit dans l'explication de cette fig. IV, qu'elles ne paroiffoient pas attachees a la petite cloifon cartilagineufe ( W) qui pa- roiffoit tenir lieu d'os hyo'ide. Sous la coupe des branches maxillaires coupees (H, F, ) entre les racines ou bafes des deux langues , on voit defcendre deux mufcles ( L, M, ) l'un du cote gauche de la tete fuperieure , & l'autre du cote droit de la tete laterale , & s'unir comme en pointe a l'extremite d'un os fort delie ( A' , O. ) Cet os delie (N,0,) m'a paru etre une efpece d'appendice hyo'i- dienne , & tenir lieu de deux grandes appendices qui devoient etre pa- reilles a celles de l'autre cote. (P, Q,) Les deux mufcles (L, M,) font pareils aux deux mufcles kerato-glofles de ces grandes appendices , ex- cepte qu'ils font joints enfemble a une feule appendice. II faut obferver que cet os delie qu'on peut ici appeller l'appendice hyoidienne commune , n'etoit pas colle ou attache immediatement au pha- rynx , comme la reprefentation optique de la figure le pourroit faire pen- fer. II en etoit ecarte a-peu-pres de la meme facon que les appendices (P , Q ) ou appendices hyo'idiennes ordinaires -, & par fa lituation fymmetrique, il repondoit a l'endroit de l'union des deux tetes. A la racine ou bafe de chaque langue, on voit une foffette (R, R) qui eft le conduit de chaque bouche a un feul pharynx commun. Les deux grands trous (S , S) font des ouvertures, par lefquelles ce pharynx commun communique avec le fond des narines de chaque tete. Le refte ( Q, Q, Q, Q) qui eft apres ces ouvertures, eft le corps du pharynx vu par derriere, fcefophage ( T) & la trachee ( V) font audi reprefentes ici par leurs faces pofterieures. Le tendon mitoyen des fibres charnuesdu pharynx eft , pour la plus grande partie , cache dans cette figure par l'ap- pendice hyoidienne commune. (N , O) Le dedans de la cavite de ce pharynx etoit tout fimple , & l'epiglotte , la glotte , &c. y etoient aufll dans conformation ordinaire d'un ieul animal. Figure la DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 185 Figure VII. ClIUURCIl. Les deux cr3nes unis enfemble, vus de front en plein dans la meme Annie 1731. attitude que j'ai donnee aux deux teres entieres dans la fig. III. Ces cranes etoient unis enfemble de maniere que le trou auditif externe du cote gauche de la tete fuperieure touchoit de pres le trou auditif ex- terne du cote droit de la tete laterale ; les apophyfes pierreufes de ces cotes fe touchoient aufli Tune l'autre tout au long. Les parties laterales de ces memes cotes des deux os occipitaux y manquoient. A , le crane fuperieur. B , le crane lateral. C , l'os occipital fuperieur. D , l'os occipital lateral. E, F, l'union des deux occiputs. G, G. 1'uuion des deux os temporaux , & l'adoflement ou la proximite des deux conduits auditifs externes, auxquels repondoient les deux fonds de l'oreille commune, reprefentes dans la figure III. H, 1'orbite gauche du crane fupeVieur. /, I'orbite droite du crane lateral. Figure VIII. ler memes deux cranes vus par leurs bafes, mats dans line attitude op- pofee a celle de la fig. VII. Les parties laterales de ces cotis des os occipitaux, e'eft-a-dire, la partie laterale droite de l'os occipital de la tete fuperieure , 8c la partie laterale gauche de l'os occipital de la tete laterale, formoient enfemble un feul grand trou occipital , comme a l'ordinaire •, de forte qu'au bord de ce grand trou , il n'y avoit que deux apophyfes condylo'ides , comme dans On fujet fimple. L'apophyle condyloide droite appartenoit a l'occiput de la tete fuperieure , & l'apophyfe condyloide gauche appartenoit a l'occiput de la tete laterale. Ces deux apophyfes condylo'ides etoient articulees avec la premiere vertebre du col , de la meme maniere & avec la meme lim- plicite que les apophyfes condiles d'un feul os occipital ordinaire font ar- ticulees avec la feule premiere rertebre d'un (imple fujet. Les deux os occipitaux n'avoient qu'une feule bafe , qui fe terminoit en deux alongements baiilaires , dont l'un repondoit a l'os fphenoide d'une tete , & l'autre a l'os fpheuo ide de l'autre tete. Explication de la Figure IX. A, le crane fuperieur. B, le crane lateral. C, l'os occipital du crane fuperieur. D, l'os occipiMl du crane inferieur. Tome VII. Partie Fratyoife. A • 1*6 ABREGE DES MEMOIRES E, F, l'union des deux occiputs. Chirurgie. G, G, l'union des deux os des temples, & l'adoffement des deux OS petreux, dont 1'un eft le gauche du crane fuperieur, & l'autre eft lc droit Annie 1733. du cra,ie ^t&sl. H, l'orbite gauche du crane fuperieur. /, l'orbite droite du crane lateral. K, l'orbite droite du crane fuperieur. L, l'orbite gauche du crane lateral. M, l'apophyle pierreufe droite du crane fuperieur. N, l'apophyfe pierreufe gauche du crane lateral. O, le grand trou occipital commun des deux cranes. P, l'apophyfe condyloide droite de l'occiput fuperieur. Q, l'apophyfe condyloide gauche de l'occiput lateral. R, R , la bafe commune des deux occiputs. S, l'alongement occipital ou balilaire du crane fuperieur. T, l'alongement occipital ou balilaire du crane lateral. Vy l'os fphenoide du crane fuperieur. X, l'os fphenoide du crane lateral. Reflexions. Pour juger que la formation de ce faon i deux teres puiiTe etre rap- portee au fyfteme des monftres par accident ou confufion , il faudroit s'ima- giner ou que deux germes entiers fe fuffent trouves direftement 1'un h cote de l'autre & reciproquement euffent ete comprimes de maniere qu'k 1'exception des tetes, les deux moities voifines du refte de leurs corps enilent ete tout- h- fait detruites ■, qu'^ feur place les deux moities oppolites fe fuffent unies pour compoler enfemble de nouveau un feul tronc ou corps entier avec les extremites a l'ordinaire , & que les deux tetes qui feroient reftees prefqu'entieres , fe fuffent accommodees fur un feul col •, ou il faudroit s'imaginer que , par une telle rencontre & par une telle com- preffion , tout le corps de 1'un , excepte la tete , eut ete detruit & que cette tete echappee eut ete unie a la tete du corps entier. Ni 1'une ni l'autre de ces deux idees ne paroiffent s'accorder avec les obfervations que je viens de rapporter fur la diffedlion de cet animal. La premiere idee, favoir celle de la conf:ilion des moities oppofees par la deftru&ion des moities voilines, pourroit avoir quelque vrailemblance quant a l'exterieur du corps, eu egard au rapport reciproque & fymme- trique des deux cotes oppofes-, mais pour peu qu'on en conlidere bien , & avec line exacle connoiffance anatomique, les parties internes fur- tout celles qui font folitaires & fans fymmetrie, celles qui font creufes & rem- plies de fluide & encore plus celles qui font mobiles & plus ou moins flottantes, comme l'cefophage, le cceur, l'eftomach , les inteftins; cette idee paroitra par les rations detaillees dans la premiere partie de mes re- marques, non-feulement infoutenable, mais elle paroitra outre cela capable d'induire a l'erreur, en ce qu'elle pourroit donner lieu de s'imaginer DE L'ACADlfMIE ROYALE DES SCIENCES. 1S7 qu'un tel ou tel corps entier, foit d'homme , foit d'autrc animal, quui- =: — — qu'un corps limple en apparence, a ete originairemcnt compofe de deux; C n i r v r g I e. car ce qu'on s'imagineroit ctre arrive a la plusgrande partie de deux corps , comme dans ce faon, pourroit de meme arriver a deux corps en total, Ann:: IJ23- puifqu'on trouve auffi des monflres avec line feule tete fur deux troncs bien conformes feparement l'un de l'autre , comme on en trouve avec deux tetcs fur un tronc. La feconde idee, felon laquelle , par la rencontre & par la compreflion reciproque de deux germes, 1'un en feroit refte tout- i-fait entier, pendant que l'autre feroit detruit jufqu'a la feule tete qui feroit unie a la tete du corps entier; cette idee , dis-je , eft aulli infoute- nable que la precedente; car, par exeinple, dans le cas prefent, elle ne s'accorde nullement avec la dilpolition & la diftribution particuliere des trois arteres carotides de ce faon. Le col etoit limple dans fa ftru&ure , comme l'eft ordinairement celui d'un leul animal; les vertebres , la moelle epiniere, la trachee , l'cefophage , la plus grande portion du larynx & du pharynx , toutes ces parties y etoient dans leur limple conformation ordi- naire. Cependant les deux carotides laterales qui montoient fur les cotes d'un feul col comme a l'ordinaire, ne vont pas comme a l'ordinaire tou- tes deux a une feule tete, mais au lieu de ccla, pendant que 1'une paffe fur le cote d'une tete qu'on fuppoleroit appartenir originairement au corps entier, l'autre paffe fur le cote oppofe de la tete qu'on luppoferoit ctre le refte d'un autre corps detruit; & au lieu que la tete acceffoire auroit quel- ques ramifications de la carotide voifine de la tete du corps entier, il fe trouve ici une carotide mitoyenne, qui apres un paffage extraordinaire par- devant la trachee & le larynx, fe partage pour les deux tetes, comme fi cette carotide mitoyenne & extraordinaire avoit ete formee par l'union ou confulion de la carotide droite dun col , & de la carotide gauche d'un autre col , ce que dans le col de notre faon la limple ftructure des autres parties de ce meme col expofees ci-deffus , paroit dementir, fur-tout celle des vertebres, celle de la trachee, celle de l'cefophage, & celle de leurs dependances. Ces deux idees ne s'accordent pas non plus dans le cas prefent avec la ftructure de la bafe commune des deux os occipitaux , ni avec la forma- tion du grand trou occipital & des apophyies condyloides voidnes, ni avec ['articulation de ce double occiput fur une feule vertebre (imple. Le fyfteme general de confulion porteroit d'abord ceux qui ne font pas affez au fait de la ftructure, a penler & a dire que les os occipitaux des deux cranes s'etant rencontres obliquemcnt l'un a cote de l'autre , les portions voilines de ces deux os ont ete dctruites de maniere que la moitie du grand trou occipital d'un crane avec l'apophyfe condyloide de la meme moitie, & la moitie reciproque du grand trou occipital de l'autre crane, avec fon apophyfe condyloide, ont forme enfemble par leur union acci- dentelle un leul grand trou occipital avec deux apophyfes condyloides, comme a l'ordinaire d'un feul os occipital & d'un crane limple. Mais le detour extraordinaire qu'auroient fait, felon cette idee, les por- tions laterales dc l'un & de l'autre crane, pour former un feul grand trou A a ij iS8 ABREGEDESMEMOIRES "***"**' occipital femblable a celui d'un feul crane ordinaire , reftera toujours ex- Chuurcie. tremement difficile a expliquer felon le fyfteme des accidents , fur-tout la correfpondance exacte du grand trou occipital de ces deux tetes avec le Annie IJ33. grand trou d'une fimple vertebre, & d'expliquer la connexion articulaire des condyles oppofes de deux differents os occipitaux avec les cavites de cette feule verteore. Car il faudroit pour cela ou s'imaginer que toute la longueur du corps de ce faon eut ete formee par les moities laterales de deux corps , ce qui paroit tout-a-fait impoffible pour les raifons expofees ci-devant-, ou il fau- droit s'imaginer que, par exeinple, le condyle droit de la tete fuperieure de ce faon eut refte, comme a l'ordinaire articule avec la cavite articu- laire droite de la feule premiere vertebre, & que la cavite articulaire gau- che de cette merae vertebre eut refte vuide fans etre endommagee par la deftrutftion du condyle gauche de la meme tete fuperieure, fans l'etre par celle du condyle droit de la tete laterale, & par celle de leurs ligaments, &c. & que le condyle gauche de la tete laterale ayant quitte fa connexion avec la vertebre detruite du corps perdu , eut ete articule de nouveau , avec la cavite gauche de la meme premiere vertebre du corps reftant. Mais je repete encore ici que pour peu qu'on foit an fait de la vraie ftruclure de ces parties & qu'on fe donne la peine de bien comparer en detail l'ex- traordinaire avec l'ordinaire , on fentira une extreme difficulte d'expliquer par le fyfteme des accidents la connexion & l'articulation des deux tetes de ce faon avec la premiere vertebre de fon col. M. de Reaumur a conferve dans fon cabinet depuis plufieurs annees une double tete de veau, dont il a vu lui-meme tout le corps en vie. Elle eft pour la plus grande partie femblable a la tete double du faon du Roi , principalement par rapport a l'occiput commun , au grand trou , aux con- dyles , a la bafe commune de l'occiput & a la bifurcation de cette bafe en deux alongementspour les OS fpheno'ides des deux tetes, comme on peut le voir Fig. X. & XI. Explication de //iFigwre X , qui reprifente les cranes de la double tete de veau , vue de front. A, A, I'union des deux cranes. B , B , les orbites voidnes. C, C, le bord des orbites de l'autre cote. D, D, l'endroit de I'union, ou la partie laterale des os occipitaux, une grande partie des os temporaux voiiins , avec leurs apophyfes pierreu- fes , &c. manquoient tout-a-fait. C, C, les zygoma. Explication de la Figure XI, qui reprlfente la mtmt double tete renverfce cj vue par Jes bafes. A , le grand trou occipital commun aux deux cranes. B, B, I'union des deux os occipitaux. DE L'ACADlhMIE ROYALE DES SCIENCES. 189' C, C, lesapophyfes condyloides , dont l'une eft la droite d'une tete/ & l'autre la gauche de l'autre tete. Chirurgie. D, D, les apophyfes pierreufes, l'une d'un cote & l'autre de I'autre cote de chaque tete. Annie 1733- E , la bale commune des deux os occipitaux. i7, l'alongement occipital coumun de ces cranes. G, G, les orbites, &c. H, H, H, H, les foffes nafales. /, I'linion de deux zygoma tronques. Je reviens aux autres parties des deux tetes du faon. La ftruchire , 1'ar- rangement & l'ufage des deux os hyo'ides, de meme que les attaches de leurs mufcles, ne me paroiffent pas non plus s'accorder avec le fyfteme des accidents. L'os hyoide (I, I, K, K, ) qui par fa ftructure & (on ar- rangement, reffemble a un os hyoide ordinaire d'un feul animal , fert ici i deux tetes , ayant deux difterents mufcles baiiogloffes (P , Q, ) un pour la langue de chaque tete. La petite cloifon cartilagineufe ( W) que j'ai re- garded comme un hyoide imparfait , foutenoit d'un cote les genio- hyo'i- diens (R, R,) de l'une des tetes, & foutenoit aiiffi de l'autre cote les genio-hyoidiens ( S, S, ) de l'autre tete. On pourroit, felon le fyfteme des accidents, s'imaginer que l'os hyoide (I, 1 , K, K , ) a ete forme par les moities de deux diflerents os hyo'i- des, & que la petite cloifon ( IV, ) a ete formee irregulierement & im- parfaitement par les autres moities de ces memes os hyo'ides ; mais outre que je ne vois nullement comment pour cet effet ces quatre muicles ge- nio-glolfes fe feroient rencontres, la feule attache des quatre mufcles ge- nio-hyo'idiens me parolt tout-a-fait contraire au fyfteme des accidents, felon lequel cette cloifon ou ce faux hyoide ne devoit fervir d'atrache qu'a deux genio-hyo'idiens & les deux autres genio-hyo'idiens devoient ctrej attaches a la bafe du grand os hyoide (I, I,) attenant l'attache du balio-glolTes (P, Q). La connexion fymmetrique d'un feul larynx & d'un feul pharynx avec ces autres parties (i extraordinairement doubles & li extraordinaircment tranfpofees, fait encore plus paroitre la difficulte de ce fyfteme dans le cas prelent. Car la difficulte me paroit ici plus grande que dans la connexion d'une feule vertebre avec les moities de deux os occipitaux. Mais il faut etre entierement au fait de la ftru&ure & de la difpolition de toutcs ces parties, &, avec cela, fe donner la patience de comparer en detail l'ex- traordinaire avec l'ordinaire. A l'egard de l'os grele CN)fig. VI. qui porte les deux mufcles (M,L,), on pourroit avec quelque vraifemblance , expliquer fon origine par la con- fudon de deux grandes appendices hyo'idiennes qui fans line telle con- fulion accidentelle, auroient etc pareilles a celles de la fig. IV. (L, M,). Le confrontement des mufcles de cet os grele (I,) fig. VI, avec ceux des grandes appendices (L, M,) fig. IV. pourroit encore favorifer le fyfteme, quoique la diftribution de ces quatre mufcles bien examinee , pourroit en rendre l'application difficile. 15,0 ABREGE DES MEMOIRES ~ ""'"""" ' '"■ Le Mylo-hyoidien commun (Z, -Z>)_de la fig. IV. le faux Mylo- Chi.RURGIE. hyoidien {I,) de la fig. VI. le balio-glolie unique & imparfait (A) de la fig. IV. & (K) de hfig. VI. ces trois plans mufculaires bien examines jinnee f/23' par rapport a leur ftrudture & a leur connexion extraordinaires con- frontees felon toute l'exactitude anatomique avec la ftru&ure & la con- nexion ordinaires des mufcles Mylo-hyoidiens & des mufcles bafio- gloffes, me paroiffent prelqu'auffi incompatibles avec le fyfteme des monf- tres par accident , que la lituation renverfees de vifceres du foldat des invalides dont j'ai rapporte l'hiftoire dans la premiere partie de ces remarques. I I. Reflexions fur l'hifloire anatomique de la fille a deux ventres & quatre extre'miUs infirieures , rapporte'e dans la premiere partie de ces remarques. Voici une recapitulation tres-courte des particularity de cette hiftoire. Le bas du dos du demi-corps etoit au bas du fternum de la grande fille ; de forte que le devant du ventre & des extremites du demi-corps regar- doit directement le devant du ventre & des extremites de la grande fille. L'eftomac, le duodenum, le jejunum & une partie de l'ileum de la grande fille etoient (imples & d'une conformation naturelle. L'autre partie de 1'ileum etoit bifurquee ou divifee en deux branches, dont Tune con- tinuoit fa route ordinaire dans la grande fille, l'autre alloit au ventre du demi-corps. Le lobe gauche du foie de la grande fille n'etoit pas mince comme a l'ordinaire, mais gros comme une efpece de lobe droit, & il y avoit a la face infeiicure ou concave de ce lobe gauche line velkule du fiel , outre la velicule ordinaire du lobe droit. Ces deux veficules etoient a-peu-ptes pareilles en conformation & en fituation-, & alloient toutes deux au duodenum a pen de diftance l'une de l'autre. II n'y avoit dans le ventre du demi-corps, outre les vaifleaux & les nerfs, que la branche de 1'ileum bifurque de la grande fille, avec le refte des inteftins, les reins, les ureteres & la veflie. Le reclum s'ouvroit dans la veffie , & la veflie fe terminoit par une efpece d'anus en maniere de fente, par oii fortoient la matiere fecale & Purine melees enfemble. II n'y avoit aucune marque de fexe, ni en dedans ni en dehors. Les hanches, les feffes & les jambes de ce demi-corps etoient bien conformees & d'un embonpoint ordinaire par la feule graiffe, fans la moindre trace de mufcles ou de fibres char- «ues. Les os etoient dans leur etat naturel, entre lefquels & la peau, il y avoit tout au long le corps graiffeux line diftribution de vaiffeaux fan- guins & de nerfs. II eft encore a propos de faire fouvenir que la grande fille fentoit les impreffions faites exterieurement fur la peau du demi-corps. Selon le fyfteme des monftres par confuhon , on diroit, pour expliquer tout ceci, que de deux fujets qui fe feroient rencontres de front dans . leur premiere conformation, l'un auroit, par quelque contrainte, com- preflion, ou autre accident, ete detruit juiqu'a la moitie infcrieure dtt DE L'ACADI- MIE ROYALE DES SCIENCES. 151 bas-ventre, dcforte qu'il n'y en auroit refte que la moitii inferieure de ce "*""* bas-vcntre avec une portion de L'inteflin ileum, &c. & les extremitesC h i r u r g i e. inferieures, aprcs la definition totale de la tete, dcs rxtremites fupe- rieures, de tome la poitrine, & du diaphragme, du petit lobe,ou lobe -Annie IJ33. g.iuchc du foie, de l'eftomac, du duodenum, du jejunum, de la pre- miere portion de 1'ileum , & de la moitie fuperieure du bas-ventre, pen- dant que 1'autre fujet feroit demeurc dans fon entier, excepte le petit lobe , 011 lobe gauche du foie & la petite portion de lepigaftre , ou etoit 1'union du demi- corps avec le corps entier. Ceux qui ne font pas entitlement au fait de la ftruchire, & de la con- nexion des parties, ou qui ne fe donnent pas la peine de tout examiner, pourront trouver cette explication tres-fatisfaifante & trcs-naturelle ; mais ceux qui font en ctat d'examiner a fond les difricultes fuivantes, ne la trouveront peut-etre pas de meme. I. Difficult^. II faudroit , felon le fyfteme de la confufion , s'imaginer que le lobe gauche du foie du grand fujet , ait ete originairement le lobe droit du petit fujet , & que par la deftruition du lobe gauche de l'un 8c de 1'autre, leurs lobes droits avec leurs velicules biliaires auroient ete con- fondus & auroient forme enfemble un feul corps de foie avec deux velicules. La dcilus on pourroit demander comment cette portion du foie du petit fujet auroit echappe a la violence de l'accident que Ton fuppofe avoir detruit non-ieulement toutes les parties qui etoient immediatement au- dclTus d'elle, mais audi plulieurs autres conliderables qui etoient imme- diatement au-delTous. Mais voici ce qui me paroit inexplicable par le fyf- teme. Les deux corps s'ctant rencontres de front, les petits lobes des deux foies fe feroient par cette rencontre mutuellement detruits, & les grcs lobes de ces memes deux foies fe feroient reunis lateralement enfem- ble & auroient forme dans le grand fujet comme un feul foie, dent le delTus , de meme que le droit & le gauche n'auroient pas d'abord paru bcaucoup dirftrents d'un foie ordinaire, & dont l'extraordinaire auroit ete d'avoir le lobe gauche plus gros qu'a l'ordinaire & d'avoir deux veli- cules. Mais fans parler d'autres circonlbnces , la lituation & l'attitu ie de la velicule de ce lobe gauche etoient a legard du grand fujet, pareilles h la lituation & a 1'attitude de la velicule du lobe droit •, e'eft-ii-dire , le fond de la velicule gauche ou extraordinaire etoit en devant , & le col de cette velicule etoit en arriere, comme l'etoient le fond & le col de la ve- licule ordinaire du cote droit. Pour expliquer ceci felon le fyfteme des accidents par rencontre & par confulion des deux fujets originairement fepares & entiers, il faudra s'i- maginer, ou que la feule velicule extraordinaire, ait etc deplacie en con- tre-fens, en meme temps que le lobe eiit refte, comme il etoit avec le bord antericur place vers le dos du grand fujet , & le bord pofterieur vers le devant ■, ou il faudra s'imaginer que tout ce lobe avec la velicule , ait ete dans cette rencontre de front , totirne en fens conforme au grand lu- jet, & a contre-fens a l'egard du petit. Cette difticulte me paroit un vrai nccud gordien dans le fyfteme des monftres par confulion. iour l'ordinaire les os pubis, on ne fentoit aucune panie offeufe ni carti- agineufe. Leur union en arriere fe trouvoit a la rencontre des quatre fef- fes par un pli tranfverfal , qui diftinguoit les deux fefles de l'un d'avec les deux fefles de l'autre. II y avoit au milieu de la couture un nombril commun a tons deux & au milieu du pli entre les quatre fefles , a la place de l'anus qui y manquoit, etoient les parties naturelles de l'un & de l'au- tre. Les deux cuifles de chaque cote etoient plus reculees en arriere que de coutume dans leur articulation avec les os des hanches. Reflexion. Eu feulement egard a cette conformation externe , il n'y auroit pas grande difficulte d'admettre ici le fyfteme des accidents & de s'imaginer que ces enfants avoient etc joints enfemble par une confufion. accidentelle, & que les os pubis qu'on ne fentoit pas dans leur place or- dinaire , avoient ete detruits par leur rencontre dans cette confulion. Ce- pendant par la difle&ion, tons les quatre os pubis, e'eft-a-dire, les deux os pubis de chaque enfant , ont ete trouves dans leur emier , & unis a l'ordinaire avec les autres os de chaque baflin; mais les os pubis de cAa- que enfant, au lieu de tenir fermement enfemble fur le devant par une connexion cartilagineufe , etoient extremement ecartes de cote & d'autre, . d'une maniere qui me paroit inexplicable par le fyfteme des accidents* Tome YIL Partie* Franco ifa B b i?4 ABREGE DES MEMOIRES 2SSHSS 55 55 2_ £es deux enfants avoient ete renfermes fous les memes membranes, Chirurgie. & n'avoient qu'un feul cordon ombilical & un feul placenta. Les mem- branes de leur enveloppe commune, etoient plus fortes & plus epaiffes Annie f]23- a\\\ l'ordinaire, le placenta etoit plus grand & plus epais & le cordon ombilical plus gros. Ce cordon etoit compofe dun ouraque , de deux vcines & de trois arteres , Tun des enfants en ayant deux & l'autre n'en ayant qu'une. Reflexion. On conviendra fans peine que deux enfants avoient befoin d'un placenta plus grand & plus epais qu'a l'ordinaire •, mais de penfer que ce placenta a ete forme par la confufion de deux placentas originaire- ment fepares, la moindre attention fur la ftrucrare dun feul cordon qui en depend, pour ne pas parler de celle des membranes, m'en empeche. Car il faudroit par ceta s'imaginer que ce cordon unique a ete form6 par l'union de deux cordons flottants , dont chacun, comme on fait, doit pareillement etre compofe tout an long de trois ou quatre vaiffeaux con- tournes en maniere de rampe, & pleins de fang. II faudroit encore s'imaginer que, dans les deux placentas originaires, le cordon de chaque n'a pas ete dans le milieu-, car ce feroit, par cette inegalite qu'on expli- queroit la largeur extraordinaire du placenta , fans neanmoins pouvoir auffi en expliquer 1'epailfeur par cette inegalite. En un mot, la formation d'un tel cordon flottant par la rencontre & l'union de deux pareils cor- dons flottants, me prefente a-peu-pres la meme difficulte que j'ai expofee ci-devant fur la formation d'un inteftin par la confufion de deux inteftins. 3. Les os pubis de chaque enfant etant extremement eVartes & eloignes de leur fituation naturelle , comme j'ai dit ci-deffus , ceux de l'un etoient attaches a ceux de l'autre par des ligaments extraordinaires, tres-courts & trcs- forts, qui permettoient aux deux baffins un mouvement en maniere de charniere, deforte que par ce moyen on pourroit alternative- nient ecarter & un peu rapprocher ces deux enfants Tun de l'autre. Reflexion. Je ne comprends pas comment on pent expliquer par le fyfteme des monftres accidentels, le grand ecartement des os pubis ■, pour- quoi par la rencontre des deux germes , ces os n'ont pas plutot ete de— traits, ou courbes en dedans , que renverfes en dehors li extraordinaire- nient-, comment ces memes parties etant par ce detour prefques pofees de champ , fe font fi heureufement rencontrees par leurs bords naturelle- ment tres-minces, fans que les lines euffent gliffes fur les autres , comme s'explique M. Duvernay , & enfin d'oii font provenus ces nouveaux ligaments. 4. La couture tranfverfale qui marquoit fur !a peau Fendroit de la fonc- tion des deux enfants etoit au-dedans garnie tout au long depuis une extremite jufqu'a l'autre, de plulieurs fibres, tendineufes, extraordinaires-, & le pli qui diftinguoit les feffes de l'un d'avec les feffes de l'autre, etoit au dedans attache a line bande ligamenteufe extraordinaire, tres- forte & epaiffe, qui, par fes extremites, etoit attachee aux deux ligaments courts, par lefquels les os pubis de l'un etoient attaches aux os pubis de l'autre. DE L'ACAD^MIE ROYALE DES SCIENCES, o,- Riflcxion. Le fyfteme dc la confufion ne me paroit pas pouvoir ex- pliqucr la fabrique de ces deux bandes particulieres fur-tout en ce qu'elles Chirurgie. font a contre-lens de toute matiere fibreufe qui fe trouve pour l'ordinaire a ces endroits & aux environs. Annie IJ33- 5. Les mufcles droits du bas-ventre de l'un & dc l'autre enfant, au lieu de s'accompagner bien pics, depuis la pointe du fterntim jufqu'au pubis, fe feparoient en leur trajet par on detour vers les os pubis ecartes, ou ils etoient attaches; deforte que 1'ecartement de ces quatre mufcles formoit une efpece de lofange, dont l'intervalle etoit renipli par une expanfion particuliere de l'aponevrofe des autres mufcles du bas-ventre. Par ce de- rangement les mufcles obliques etoient devenus droits, ce que M. Duver- nay avoit oublie dans fa defcription ; mais la figure l'exprime affez. Reflexion. II n'y auroit pas grande difliculte d'adopter ici le fyfteme des accidents, fi on ne faifoit pas une attention particuliere a la ftrufture na- turelle desgaines de ces mufcles droits & a la compolition de la ligne blanche. 6. Les inteftins greles de l'un & de l'autre enfant fe joignoient par leurs »extremites & aboutifToient dans un inteftin commun qui, par le dehors, etoit comme une efpece de colon , & avoit a un de fes cotes un petit coe- cum avec un petit appendice vermi-forme, mais etoit au dedans garni de valvules conniventes , comme un inteftin grele. Cet inteftin commun , aprcs avoir fait deux courbures en contre-fens , s'ouvroit dans un autre in- teftin plus long, qui avoit deux coecums & deux appendices, & qui, aprcs quelque trajet fous les inteftins greles , s'ouvroit a une maniere fort bizarre dans une double veflie tres-charnue, qui fervoit de cloaque com- mun aux matieres fecales & aux urines de l'un & de l'autre enfant, dont les ureicres etoient extraordinairement larges. U y avoit a l'endroit de l'union de la double veflie avec les deux ureteres de cote& d'autre, deux paires de mufcles extraordinaires, lelquels par un double croifement obli- que de leurs fibres , reprefeutoient d^-ux X Romains mis a cote l'un de l'autre , & unis enfemble par leurs extremites voilines, de forte qu'il en refultoit une t fpece de lounge , qui renfermoit dans fjn intervalle le col commun de la double veflie, & paroiffoit pouvoir faire la fonttion dun fphincler trcs-extraordinaire. Reflexion. Je repete ici la difficulte que j'ai marquee ci-defliis a l'arti- cle II. de cette feconde partie de mes Remarques a l'occalion des intef- tins de la fille a deux bas-ventres. Mais je demande plus ici, comment on pourroit expliquer par le fyfteme des accidents , la formation d'un troi- • fieme coecum & d'un troiiieme appendice, & la formation de ces deux paires de mulcles nouveaux li extraordinairement iitues. 7. Les veines mefaraiques des deux inteftins communs, dont je vieni Ide parler, fe dechargeoient iaimediatement dans la veine-cave inferieure. On fait que dans 1'etat ordinaire les veines mefaraiques compofent un tronc commun fous le nom de veineporte , & que ce tronc , apres une dilata- tion particuliere, fe rami fie de nouveau, & aboutit par fes dernieres ra- mifications a de pareillcs ramifications dont les troncs appelles veines lie'pa- tiyues, le dechargent enfin dans la veine-cave. Bbij ij.5 A B R £ G £ DP.S MiMOIRES 1 ! R/flexion. Une tranfplantation , pour ainli dire, (i etrangc, h eloignee Chirurcu, & meme li contraire a 1'etat ordinaire de l'economie animale , une telle tranfplantation de tronc en tronc, tous deux remplis dc fang, je ne vois jinne'e 1733. aucun moyen d'en fuivre les traces par le fyfteme des accidents , pour pea qu'on foit au fait de la ftruclure naturelle, & qu'on veuille fe donner la peine de la confronter ici avec la ftru&ure extraordinaire. Je laiffe les autres particularites de l'hiftoire de ces deux enfants , aux- quelles j'applique les memes difficultes. Car enfin, parmi toutes fortes dc derangement, de tranfpofition , dc complication de parties , foit par acci- dent, foit par artifice, qu'on rencontre dans l'homme, dans les animaux, dans les arbres, les plantes, &c. ou il eft evident que ces parties ont ete dans 11 n etat ordinaire avant l'accident & avant l'artifice •, on y trouve tou- jours quelques traces de leur formation , comme je le ferai voir dans un autre lieu par des exemples tres-bizarres , tires de la chirurgie & du jar- dinage. Je remets,pour le refultat general , la conclusion du Memoire de M. Duvernay , qui n'eft pas entre dans le detail de toutes ces difEcultes que je yiens d'expofer. I V. Remarques fur le Mtmoire de M. Umery , donni a VAcade'mie en ZJZ4 , au J'ujet d'un enfant a deux tftes. 1. C'etoit un enfant ne a fept mois & demi de groflefle. II avoit deux tetes bien conformees en tout, placees Tune a cote de l'autre & pofees chacune fur un col propre. Ces deux cols particuliers paroiffoient a l'ex- terieur fe joindre en defcendant , & ne former qu'un leul col unique & commun. Le refte de tout le corps ne paroiflbit a l'exterieur, que tres- fimple & d'une conformation ordinaire , excepte la poitrine qui etoit fort large , & les parties naturelles des deux fexes lituees non a cots l'une de l'autre, comme les tetes, mais dans un meme plan vertical. Par la diffection on y decouvrit plufieurs chofes extraordinaires , com- me on verra dans les articles fuivants. Reflexion. La conformation externe de cet enfant a deux tetes porte- roit trcs-naturellement ceux qui ne connoiffent pas a fond la ftrudhire , la fituation & la connexion des parties internes dans leur etat ordinaire , h juger qu'il a etc forme par deux germes originairement fepares qui , par quelque compreflion accidentelle a leur rencontre laterale , auroient perda chacun depuis la partie inferieure du col, la moitie collaterale de tout 1« refte du corps , & auroient ete reunis en un leul corps par les moities op- pofites. Cette idee me paroSt devoir, meme independamment de l'exa- men anatomique d'un tel fujet, faire peine a ceux qui confiderent le de- rangement inexplicable que les parties devroient fubir par une telle con- fufion. Je vais fuivre pas a pas l'expofition anatomique de la ftruclure in- terne de ce foetus, & je marquerai fur chaque article mes reflexions. a. II y avoit deux epines ou colonnes vertebrales entieres, depuis la bafe des cranes , jufqu'a 1'extremiti des coccyx fituees a cote l'uns de l'au- DE L'ACAD^MIE ROYALE DES SCIENCES. 197 tre, & bicn prcs L'une de l'autre. Les douze vertebres dorfales de chaque ^^"MMa"IMM"* cpine ou colonne portoient fur les cotes oppofes douze cotes entieres Chirurgie. qui, par le de-van t fe joignoient a un (termini commun , & ces memes ver- tebres portoient fur les cotes les plus voilins douze fragments ou petites Annie IJ334 portions de cotes qui, par la rencontre & l'alfemblage de leurs extremi- tes, tormoient une efpece de fauffe epine entre les deux vraies epines. II y avoit en haut, comme a l'ordinaire, deux omoplates, deux clavicules, deux bras avec led reftes des deux extremites fuperieures. II y avoit en bas un feul baflin commun avec route la fuite des deux extremites infe- Tieures. Au lieu des os facrum & des coccyx, on ne voit dans la figure qu'une fuite uniforme des vertebres toutes pareilles a celles des lombes , avec cette feule difference qu'elles diminuent en volume, a mefure qu'el- les deviennent inferieures. Reflexion. La jondtion artificielle de deux fquelettes ordinaires, qu'on auroit places l'un a cote de l'autre , apres en avoir emporte la plus grande portion des cotes des cotes voilins avec les omoplates, les os des han- dles, & tout le refte des extremites fuperieures & inferieures de ces me- mes cotes ', cette jonftion , dis-je , que M. Lemery a tres-ingenieufement expofee , paroit d'abord le moyen le plus limple & le plus naturel d'ex- pliquer la formation de la charpente offeufe de ce foetus , par la confuiion de deux charpentes offeufes originairement toutes entieres, & apparte- nantes chacune a un corps tout entier. Ce moyen pourroit, fans grande difficulte, favorifer le fyfteme des acci- dents par rapport a cet article, fi , par la meme voie , les autres chofes cxtraordinaires qui fe rencontrent dans la conformation de ce fcetus , pou- voient etre expliquees avec autant de faciiite & avec autant de vraifem- blance, que les deux epines, &c. comme M. Lemery paroit le prelendre, en difant, que Xexamen des parties internes ne de'mentoit point les ide'es que les parties externes lui avoient fait naitre. 3. II y avoit dans la poitrine de ce fcetus deux poumons entiers, c'eft- a-dire, quatre grands lobes, avec quatre troncs de bronches & deux tra- chees , qui repondoient a l'ordinaire aux d-^ux cols , &c. oil pour mieux dire , il y avoit dans chaque cote de la poitrine on poumon entier avec ies deux grands lobes , deux troncs de bronches & line trachee. Reflexion. Cet article paroit encore pouvoir favorifer a-peu-pres aux memes conditions que celui des deux epines, le fyfleme des accidents, ou des monftres par confuiion. Mais les difficultes qui y font contraires, me paroiuent encore plus condderables ici par rapport a la conformation bizarre du cceur monftrueux & unique, mais principalement par rapport a la route extraordinaire des groffes arteres & veines entre ce cceur & les poumons, & par rapport a la diftribution des aortes & des veines-ca- ves , comme je vais faire voir dans les articles fuivants. 4. Ce cceur etoit unique, place an milieu de la poitrine & femblable a une gibeciere ; il ne formoit qu'un feul ventricule , qui avoit deux em- bouchures, une a droite & l'autre a gauche, de chacune defquelles par- toient deux troncs d'arteres, qui fe- portoient un peu fur les cotes, & dont i98 ABRL'Gfi DES M £ M O I R E S 'Yitn etoit fuperieur a l'autre. Le tronc fuperieur etoit un tronc d'aorte; Chiruhgie. & l'inferieur etoit un tronc d'artere pulmonaire-, de forte que de ce ventri- cule unique fortoient quatre troncs d'arteres , favoir deux aortes & deux Annie IJ23- arteres pulmonaires-, une aorte & une artere pulmonaire du cote droit •, l'autre aorte & l'autre artere pulmonaire du cote gauche. II n'y avoit pour toute oreillette qu'une poche membraneufe , fituee a la partie pofterieure du ventricule, & qui fe continuant fur la bafe da cceur , formoit une efpece de cul-de-fac , entre Ies quatre arteres. Elle ne faifoit avec le ventricule qu'une meirte cavite, & recevoit par fa partie fuperieure , du cote droit , la veine-cave fuperieure , qui fe gliffoit entre les deux troncs d'arteres du cote droit. Elle recevoit audi par fa partie iu- ferieure la veine-cave inferieure, & par fes deux cotes deux troncs de veines pulmonaires. II y avoit au bas de la veine-cave fuperieure , non- feulement des valvules triglochines, mais il y avoit encore fur les cotes de cette veine deux petites cloifons qui la feparoient des deux arteres du cote droit, & qui paroiffoient pouvoir faire l'ofrice des valvules, quand le fang etoit pouffe de bas en haut. Voila le precis de l'expofe de M. Lemery. II en conclut, que ce cceur unique & monftrueux etoit un compofe de deux cceurs confondus en- femble par une preflion accidentelle , &c. que chaque moitie de ce com- pofe etoit originairement le coeur de celui des deux fcetus , qui etoit du nieme cote de cette moitie ; & que le cceur unique ainfi compofe , faifoit ici 1'ofEce de deux cceurs. M. Lemery prend pour preuve convaincante de l'union de deux cceurs , les deux troncs d'arteres qui partoient de chaque cote de ce cceur unique, en pretendant que la diftribution des deux troncs a droite, & des deux a gauche , defignoit dans ce compofe la moitie qui en appartenoit a cha- que fcetus. II finit ainfi fon memoire : comment deux cceurs originairement fe- pares auroient-ils pu n'en faire plus qu'un feul , fi ks cloifons qui les feparoient, ne fe fuffent ouvertes, & n'euffent permis a ces deux cceurs de s'appliquer immediatement l'un contre l'autre & de s'unir inti- niement ? Reflexion. M. de Fontenelle dans fon hiftoire au fujet de l'union de deux fquelettes , lelon l'idee de M. Lemery , dit que des yeux anatomiftes y trouvoient furement les traces de ce qui s'etoit pafle. Mais j'avoue que juiqu'a prefent les miens ne les ont pas pu trouver par rapport a ce cceur &a fes dependances, ni meme par rapport aux vifceres du bas- ventre. Voici deux difficultes qui, entr'autres, m'en empechent. I. Difliculti. II faudroit, felon l'idee de M. Lemery, s'imaginer que deux fcetus originairement entiers , fe feroient trouves a cote l'un de l'autre, & qu'ayant ete mutuellement comprimes par accident , les p.uties latsrales voiilnes de l'un & de l'autre auroient d'abord Lxi. detruites juiqu'a la ren- contre des deux cceurs. Mais je ne vois pas comment les deux moities ou grands lobes de poumon , qui , dans la rencontre d'une telle attitude late- rale fe feroient trouves entre les deux cceurs , auroient plus relifte a leur DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. i99 deftruction par lcwr compreffion nnituclle, que les autres parties naturcl- ^^mmmmmm lenient plus fermes qu'eux, comme les os , lcs mufcles, &c. Ciiirurgii. La difticulte me paroit d'.uitant plus grande , que, felon l'expreflion du mcmoire de M. Lemery, les deux cotes de la poitrinc etoient occupes par Annie 2733. deux poumons entiers, ce qui marque que les deux grands lobes voilins etoient audi entiers que les deux lobes eloignes. Je ne m'arrete pas ici a la figure qui accompagne ce mcmoire & dans laquelle les deux grands lobes voilins font, pour la plus grande partie , caches par les deux autres grands lobes; ce qui a etc apparemment fait expres pour mieux faire voir la dis- tribution des gros vaiifeaux du cccur. II. Difficult^. On fait que dans l'etat naturel on ordinaire , le cccur humain eft h-peu-pres d'une figure conique , applatie par an cote . arrondie par la bafe & par la pointe. On fait qu'il eft couche i plat dans le peri- carde fur le diaphragme, que (a pointe eft beaucoup plus tournee A gauche qu'en devant, & fa bafe beaucoup plus a droite qu'en arriere •, en un mot, que fa fituation eft prefque tranfverfale. On fait la diipolition de la cloifon des ventricules, celle des deux ouvertures de chaque ventricule, celle des oreillettes, & enfin celle des gros vaiifeaux. J'ai examine, autant qu'il m'a ete poffible, toutes fortes de coupes de ccetirs femblables, & de leurs oreillettes, &c. non pas tant en pretendaru pouvoir trouver un alfemblage de dirferentes portions de deux cceurs qui imitat entitlement la compolition du cccur monftrueux dont il s'agit, qu'en efperant trouver au moins quelques petites traces de rapport entre ces por- tions, a-peu-pres, comme on en peut trouver dans les combinailons ex- traordinaires , ioit artificielles , foit notoirement accidentelles , de quelque partie d'animaux ou de plantes, meme dans les combinaifons les plus bi- zarres. Mais il m'a ete impoffible d'en trouver ici , & je n'entrevois aucun moyen d'y parvenir , en examinant avec de vrais yeux anatomiftes. Les tentatives par dilfection & par figure exprimeroient plus evidemment la difficulte, que la deicription. II eft bon d'avertir que je parle ici des Cffiiirs femblables en conforma- tion : car li l'un des deux etoit conforme -A l'ordinaire, & l'autre conforme h contre-fens, comme l'etoit celui du foldat des invalides , dont j'ai parle dans la premiere partie dc mon memoire, je n'y trouverois peut-etre pas tant de difficulte-, mais auffi. alors la conformation originairement extraor- dinaire d'une partie, rendroit entierement inutile tout ce qu'on pourroit avancer, en faveur de la conformation accidentelle du total. Les deux petites cloifons qui , au bas de la vcine-cave fuperieure , outre lcs valvules triglochines ordinaires, etoient fur les cotes de cette veine,& la feparoient des deux arteres du cote droit, etoient certainement des Parties furnumeraires, dont il ne fe trouve ni traces, ni apparence dans ctat ordinaire. Elles etoient meme organifees, puifqu'ellcs ont paru 1 M. Lemery pouvoir faire l'office des valvules. Ainli voila dans un meme fujjt, parmi & outre les parties dont la conformation extraordinaire eft cenfee etre accidentelle, d'autres parties extraordinaires & furnumeraires, dont on ne pent attribuer ou rapporter la formation a aucun accident, & ioo abreg£ des memoires qu'on eft par con fequent oblige de regarder reellement , comme originates; C h irurgie. 5- Les deux arteres pulmonaires, apres avoir fait un peu de chemin fur Ies cotes, fe partageoient chacune en deux, pour les deux grands lobes Annie t?33- de chaque poumon entier. Les deux aortes formoient chacune deux arteres carotides, une artere fouclaviere, un canal de communication avec 1'artere pulmonaire du meme cote, une artere axillaire; & enfin ces deux aortes formoient cha- cune de fon cote une aorte defcendante de l'autre cote, dans unefinuofite formee par la fauffe epine, ou les deux aortes defcendantes s'anaftomo- foient enfemble, & ne formoient plus qu'un feul tronc commun qui fourniffoit les divilions & fubdivilions d'arteres , comme dans 1'etat naturel. Reflexion. Pour placer lateralement aux deux cotes de la bafe de ce cceur compofe , les deux gros troncs d'arteres & y placer chaque tronc d'aorte au-deffus de chaque tronc d'artere pulmonaire, il faudroit s'ima- giner dans le cceur originaire du fcetus g.iuche une portion ou coupe, non-feulement tres- bizarre , mais encore tres-defavantageufe par fa tour- nure, pour pouvoir en imaginer l'union avec le reliant de 1 autre cceur. Mais a regard des gros vaiffeaux du cceur droit, ou celui du fcetus qui etoit a droite, il me paroit impoffible d'imaginer le tronc de I'aorte, le tronc de 1'artere pulmonaire, & le canal de communication contournes & diftribuds, comme il le faudroit, felon l'expofition de M. Lemery & felon la figure qui les reprefente, a moins que ce cceur droit ou du cote droit ne fut originairement forme a contre-fens, comme j'ai dit ci-deffus, par rapport au cote droit du cceur monftrueux. 6. Au-deffous de chaque tete, etoit un pharynx fuivi d'un cefophage, qui defcendoit dans la poitrine commune, le long des parties laterales externes de l'epine particuliere qui repondoit au col d'oii il venoit. Ces deux cefophages , l'un a gauche, l'autre a droite, alloient enfuite percer les parties laterales du diaphragme, & fe terminoient par deux eftomacs, un de chaque cote, qui occupoient aufli les parties laterales de la region fuperieure du bas-ventre. Chacun de ces eftomacs formoit un arc ou demi-cercle, & ils enrou- loient par-la le foie a l'exception de fa partie fuperieure, de maniere que la petite courbure de chacun regardoit le foie, & la grande regar- doit les faufles cotes. Ils fe terminoient chacun par un pylore au-deffous du foie, & il partoit de chaque pylore un petit bout d'inteftin ; de forte qu'il y avoit deux pylores avec deux bouts d'inteftins. Ces deux bouts on f)ortions fe reuniiloient bientot en un canal commun , qui fe portoit de a region epigaftrique dans le flanc droit, & aprcs avoir fait fes circon- volutions a l'ordinaire , aboutiffoit entre les deux releveurs de l'anus. Reflexion. Si Ton examine attentivement & avec toute l'exactitude anatomique la difpofition de ces deux cefophages , de ces deux eftomacs & de ces deux bouts d'inteftins, qui apparemment tenoient lieu de deux duodenums, on trouvera, fi je ne me trompe, fur 1'cefophage du cotd droit, fur l'eftoinac du meme cote & fur le bout d'inteftin qui en de- pend, la meme difEculte que j'ai fait remarquer ci-devant fur le cote droit DE L'ACADl-MIE ROYALE DES SCIENCES, lor droit du cccur monftrueux, fur les gros vaiffeaux, & fur le canal arteriel de ce cote; favoir, 1°. que la fituation extraordinaire de ces parties, C 11 1 r u rg i e. telle qu'elle eft ici, n'eft pas concevable, fans y fuppofer une organifation tout-a-fait a contre-fens. 2°. Qu'une telle organifation ne pouvant etre -dnnti IJ3$. expliquee par aucun accident , paroit reellement originaire. L'aboutiffement de ces deux petits bouts d'inteftin a un fimple canal inteftinal trcs-long, & la formation de toute la Ante des diffcrentes circon- volutions flottantes d'un tel canal, par la confulion accidentelle de deux pareils canaux originairement fepares , me paroiffent encore aufTi peu fa- vorables au fyfteme des accidents, que l'inteflin bifurque de la fille a on corps & demi , l'inteftin commun aux deux enfants joints cnfemble , & ]e cordon ombilical unique des deux enfants fepares , dont les hiftoires font rapportees ci-devant. 7. Le foie etoit au milieu de la parti? fuperieure du bas-ventre entreles deux eftomacs, & dans l'efpece de cercle qu'ils formoient autour; il n'c- toit point divife en lobes, fa partie fuperieure, au lieu d'etre dans le bas ventre, & au-deffous du diaphngme, comme le refte de fon volume, traverfoit la portion tendineufe du diaphragme, & occupoit la partie in- ferieure de fa poitrine, oii elle etoit fortement attachee au pericarde; la veine ombilicafe lui fervoit audi de ligament, comme a 1'ordinaire. Reflexion. S'il n'y a point d'inconvenient d'admettre dans un meme fujet deux fortes d'extraordinaires , l'une par accident , & 1'autre d'ori- gine, on ne feroit pas grande difticulte de laiffer au fyfteme des accidents, la formation de ce foie extraordinaire , d'autant plus que dans l'expofe , il n'eft pas fait mention de conduits biliaires, ni de veine-porte, qui au- roient peut-etre donne lieu de juger autrement. V. Apres ces quatre exemples detailles des monftres compofes , mon def- fein etoit de donner un abrege chronologique de tous les autres dont l'Academie a pris connoiffance, & dont plutieurs font affez favorables an fyfteme des accidents, d'autres y paroiffent contraircs, & quelques-uns tres- equivoques. Mais comme on peut , par le moyen des tables de M. Godi'n , de cette Academie, trouver affez facilement tous ces autres exem- ples, je me contenterai d'en rapporter deux que j'accompagnerai d'au- tres femblables , tires de notre celebre Riolan , & y joignant quel- ques-uns , qui n'ont pas encore etc inferes dans les Memoires de l'A- cademie. 7705. Par M. Litre. Une matrice partagee interieurement en deux cavites laterales, par une cloifon mitoyenne , auxquelles deux cavites re- pondoient exterieurement deux convexites tres-diftinctes-, le refte de l'tx- .terieur du corps de cette matrice etoit trcs-fimple & uniforme , comir.e a 1'ordinaire, chacun des deux fonds n'avoit qu'une trompe, &c. laque:le etoit av^-c le refte de fes accompagnements , du cote oppole $. 1'autre Tome VII. Partie Fran^oi/i. Cc tot ABREGE DES ME MOIRES fond , & il n'y avoit rien de tout cela aux cotes voiiins de ces deux f-> fonds. Reflexion. Ce n'eft pas le feul exemple d'une malrice double. Riolan , Annie *7?j?. dans (on anthropographie , en rapporte deux exemples, l'un d'une femme diffecuiee dans les ecoles des Lombards en 1599, & l'autre qu'il avoit lui- meme diflequee en 1 6 1 5 . En parlant de la premiere il dit : uterus fepto medio divifus erat; & de l'autre : ab orificio externa ufque ad fondum duplex erat matrix , mediano pariete fecreta ; reliauce partes genitales Jimplices erant , ac ft fuijj'et unicus uterus. Cela me paroitaufli difficile a expliqucr par le fyfteme des accidents, que le contre-fens des vifceres du foldat des invalides , & la formation des parties furnumeraires bien organises , dont il y a tant d'exemples bien averes ; comme de fix doigts , de huit vertebres du col, de treize cotes, de differents mufcles , &c. Tels que les mufcles pecloraux extraordinai- res , dont M. Dupuy medecin de Rochefort a communique l'hiftoire a l'Academie en 1726. M. de Fontenelle dans fon hiftoire , au fujet de l'obfervation de M. Litre , dit avec grande raifon que les difpofitions extraordinaires des par- tics internes doivent faire naitre aux medecins des cas imprevus, qui rom- pent routes les mefures de l'art. II applique fa reflexion au cas de (uper- fetation, & un peu apres : comment, dit-il , cette matrice double a-t-elle Fu etre l'eflet d'un accident fortuit du developpement? il eft difficile de imaginer, repond-il. Seroit-ce , continue- t-il , que deux ceufs femelles fe feroient attaches enfemble & que toutes les parties de l'un auroient peri, excepte fa matrice, qui par confequent fe feroit trouvee double dans le foetus refultant de ce melange ; Cctte fuppolition , repond encore M. de Fontenelle, paroit un peu forcee. En 1715 M. Geofroy communiqua une obfervation fur deux enfants unis l'un k l'autre par un nombril commun , de forte que le tout enfem- ble n'etoit que deux moities de deux corps unies par le plan inferieur de chacun. Ces deux moities etoient pofees du meme fens, & les tetes qui tcrminoient le tout, etoient rournees en meme temps oil vers le haut on vers le bas , &c. On a vu ce monftre deja age de trois femaines bien vi- vant. Ces deux enfants avoient deux nourrices-, ils tetoient & mangeoient de la bouillie avec beaucoup d'appetit & un grand air de fante : quelque- fois l'un tetoit , pendant que l'autre dormoit ; ils orrt ete tous deux baptifes , & nommes Jeanne. Si des monftres a deux tetes, comme celui-ci, dit M. de Fontenelle la delfus, vivoient affez long temps, il feroit curieux d'obferver la diffe- rence des penfees & des volontes des deux tetes, & comment le monftre total fe prendroit a les accorder, oil a les facrifier les unes aux autres. Reflexion. Je rapporte cet exemple en partie 5 a caufe de fa reffem- biance avec celui de M. Duvernay , en partie , pour donner, en attendant mieux , quelque fatisfadtion au fouhait de M. de Fontenelle , par deux exemples tires d'une diifertation latine de Riolan, fur un monftre ne .1 DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, ioj Paris en 1605, Iaquelle fe trouve a la fin de fon anthropographie. Voici M^™*MM"1 fes propres paroles : i'/z Anglid non procul ab Oxonid , natum efl monf- C h i r u r c 1 trum biceps , quatuor manibus donatum , Jed ventre unitum , 6' partibus inferioribus unicum. Ex iJJis gemellis uno vigilante , alter dormiebat ; -Annie 1733. dum hie Icetam faciem oflenderet , Me triflis & maeflus apparebat; quin- decini dies vixfre , fed alter unico die alteri fupervixit. Memorabilis eji hifloria monflri cujufdam in Northumbrid orti, quod ventre cohcerebat, gemino capite , quatcrnis manibus , Jed inferiores par- tes communes habebat. Id rex diligenter & erudiendum & educandum curavit , ac maximi in mujicts , qua in re mirabiliter profecit , quin & v arias linguas edidicit, & variis voluntatibus duo corpora J'ecum dif- cordia diJJ'entiebant , ac interdum litigabant , cum aliud alteri non place- ret ; interdum veluti in commune confultabant. Illud etidm in Mo me- morabile fuit , quod cum inferni crura lumbive offenderentur , utrumque corpus communiter dolorem Jentiret; cum verb Jhperne pungeretur , aut alibqui la;deretur , ad alterum corpus tantum doloris Jenjus perve- niret ; quod difcrimen in morte fuit magis perjpicuum. Nam cum alte- rum corpus j complures ante alterum dies extinclum fuiffet , quod Jh- perfles fuit , dimidio fui computrefcente paulatim contabuit. Visit id monflrum annos viginti oclo , ac decejjit , adminifrante rem Jcoticam Joanne pro rege. C'eft-a dire : >j En Angleterre pas loin d'Oxford , naquit un monflrc »> a deux tetes & ayant quatre mains. II etoit joint par le ventre, & uni- >> que par rapport aux parties inferieures. Tandis que I'lin de ces deux >j jumeaux veilloit, l'autre dormoit •, & lorfque le vifage de Tun mon- 13 troit de la gaiete, 1'aucre paroifloit trifle & melancolique. lis vecurenr. jj quinze jours, l'un n'ayant lurvecu l'autre que dun feul jour. >j On raconte aufli tine hiftoire memorable d'un monftre ne dans le >> Northumberland, lequcl etoit joint par le ventre, ayant deux tetes & jj quatre mains, mais il avoit les parties inferieures communes. Le roi j> le fit elever & inftruire avec foin , & fur tout il lui fit apprendre la jj mufique ; non-feulement il y fit des progres merveilleux , mais il ap- j> prit encore plu!ieurs langues. Ces deux corps ne s'accordant pas , j> avoient des volontes diiftrentes & fe querelloient quelquefois , quand » ce qui plaifoit a l'un ne plaifoit pas a l'autre ; quelquefois audi ils pre- >» noient confeil l'un de l'autre. Ce qu'il y eut de plus remarquable, » fut que lorfqu'on lcur failoit mal aux cuiffes ou aux reins, l'un & l'autre j> reffentoit de la douleur •, mais lorfqu'on piquoit , ou qu'on faifoit au- >3 trement mal a l'un des deux aux parties fuperieures , il n'y avoit que >> l'un des deux qui le fentoit. Cette difference fut encore plus evidente »> a la mort ; car l'un des deux corps etant mort plulieurs jours avant » l'autre, le furvivant deperit peu-a-peu a mefure que l'autre moitie de jj lui-meme pourilfoit. Ce moiiftre vecut 28 ans & movtrut fous le gou- »> vemement de Jenn , vice-roi d'Ecoffe. u En 1755 , M. le Cardinal de Poligtuc a fait voir a la Compagnie deux C c ij 204 A B R £ G £ DES M £ MOIRES ' petits vearra joints enfemble par leurs poitrines & par le derriere de Icurs Chirurgii. ^tes ' de f°rte ., '77j Fu7. VI daCst *AaBk 1 - • ■ ssjy CoU JcacL : Part Franc Tom. VU.PL £Paj*>5 Ft? .Ill 'thtonn&a** •■/''! ** J'^udp ■ C H 1 R V R G I E. Annie IJ35. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 205 DEUX OBSERVATIONS ANATOMIQUES, La premiere , fur une contorfion invoLontaire de la rtte. La feconde , fur une roideur douloureufe du c6U droit du col , avec un grand battement de la carotide , & une ejpece de cliquetis au fond de la gorge. Par M. Winsiow. Premiere O s s e r v a t i o n. J. V J. onsieurle Marquis iu Macnaheiiic pria d'aller, avec M^moircs. lui, voir line dame de province cjii'on croyoit avoir le col difloque, parce que (a tete tomboit toujours, malgre elle , fur lepaule gauche, & en meme temps etoit contournee de maniere que le menton etoit continuellement appuye contre cette epaule. On le croyoit d'autant plus, qu'on fentoit fur les vertebres du col , au cote oppofe , une efpece de tumeur dure avec gonflement du mulcle fterno-mafloidien de ce cote. Elle ne pouvoit re- dreller fa tete que par le fecours de fcs mains, ni la retenir dans une autre attitude qu'avec fes mains, ou moyennant les mains d'une autre perfonne; car audi -tot que les mains quittoient, la tete toumoit fur le champ, & retomboit fur 1'epaule , excepte quand elle etoit appuyee fur quelque chofe, comme fur le dos d'une chaife, ou fur le chevet du lit. On me dit que cet accident lui etoit arrive aprcs des voyages qu'elle avoir ete obligee de faire pendant mi hiver rude, & qu'il y avoit environ deux ans quVlle etoit affligee de cette incommodite, fe portant d'ailleurs palfablement bien , ex- cepte qu'elle etoit fujette au rhumatilnie. On ajouta que depuis ce temps- la on avoit applique toutes fortes de remedes fur la tumeur qu'on fentoit au col , a l'oppofite du menton contourne , & qui , au lieu de ceder a ces remedes, paroifloit devenir par degres plus conliderable , avec inflamma- tion des parties circonvoilines & de la peau qui la couvroit. J'examinai d'abord avec toute l'attention poffible, & a plulieurs repri- fes, cette incommodite particuliere , 8c je decouvris a la fin, que par une meprife continuelle, on avoit toujours, depuis le commencement jufqu'a- lors, laiffe entierement fans fecours le cote malade , & tourmente fans cefie, par quantite de topiques , dont plulieurs etoient tres-adlifs, le cote qui etoit fain d'abord , & qui , par ces topiques , etoit devenu enflamme , tumefie, roide & douloureux. Je foupconnai enfuite qu'on avoit regarde cette incommodite comme une elpece de paralylie d'un cote du col, mais qu'on s'etoit mepris du cote attaque, & ayant juge felon l'idee qu'on .111- roit eu de la paralylie qui arrive a un cote de la bouche , laquelle dans ce cas refte toujours plus ou moins tiree vers le cote fain. On fait que cela de- pend de ce que les mufcles du cote paralytique ayant perdu leur reflort, ne contrebalanccnr plus les mufcles du cote fain, qui, parce defaut, cunt jinnte ZJ3$- 1CC ABREGi DES MEMOIRES 1 plus en contraction qua l'ordinaire, tirent la bouche vers leur cote, de C h i R u R g i e lorte qu'e"e Paro't al°rs f'us defiguree du cote fain que du cote maladc. Sur cetie idee, ceux memes qui connoiffent & qui ont dilleque plulieurs fois les mufcles qui fervent aux mouvements de la tete, pourroient fe me- prendre tres-facilement dans le cas expofe, faute de bien favoir ou de bien conliderer toute l'economie des actions relatives de ces mufcles , chofe nullement embarraffante pour ceux qui examinent avec patience , obfervent fans prevention, & comparent tres-attentivement a plulieurs reprifes ce qu'ils ont remarque fur les mufcles diffeques dans un cadavre, avec toutes les fonttions, tant fimples que combinees, de ces memes muf- cles , examinees dans toutes fortes d'attitudes d'un corps vivant & qui fe porte bien. Parmi le grand nombre de mufcles , par le moyen defquels fe font les difErents mouvements de la tete , il y en a quatre qui, par leur arran- gement oblique, forment quatre angles, favoir, deux angles en haut der- riere les oreilles , fur les eminences offeufes appellees apophyfes mafloi- des , deux angles en bas , dont Tun eft en devant au bas de la gorge fur le fternum , & I'autre en arriere au bas de l'epine du col •, ainli par leurs directions & par leurs rencontres obliques , ces quatre mufcles reprefen- tent deux compas mediocrement ouverts & pofes de facon que les extre- mites de l'un toUchent les extremites de I'autre , & la tete de 1'un eft ecar- tee de la tete de I'autre. Les deux mufcles anterieurs, appelles commune- ment majlo'idiens , ou Jie mo -mafto'idiens , font beaucoup plus epais & plus forts que les deux pofterieurs •, ils font pour l'ordinaire trcs-apparents par leur faillie, fur- tout dans des gens maigres. Les Deffinateurs, les Peintres & les Sculpteurs ont grand foin de reprefenter ces deux mufcles trcs-vi- vement, & quelquefois trop •, ce qui leur arrive affez fouvent auffi a l'e- gard du plus grand nombre des mufcles du corps humain , comme je le ferai voir dans une occalion , au fujet des figures anatomiques. Les deux pofterieurs, appelles fplinius , font plats, moins forts & tooins fenfibles dans les vivants. Je ne m'etendrai pas ici fur plulieurs phenomenes des differentes fonftions de ces mufcles-, il fuffit , pour le prefent, de faire obferver que par l'alternative de leur direction oblique autour du col, ces quatre mufcles, independamment d'uiie vingtaine d'autres qui s'y trou- vent , pourroient feuls fuffire pour toutes fortes d'attitudes & de mouve- ments de la tete, en avant.en arriere, fur les cotes, direAement, obli- quement , en quelque maniere de pivot , &c. Les deux mufcles anterieurs , quandils agitfent enfemble egalement, portent dans certaines attitudes du corps la tete diredement en "devant vers la poitrine; les deux pofterieurs la portent en arriere •, un des anterieurs , & celui des pofterieurs qui lui eft le plus voilin , portent enfemble la tete vers l'epaule du merae cote; un feul des anterieurs (implement dirige par les voilins , porte la tete oblique- ment vers l'intervalle du fternum & de l'epaule du meme cote-, un feul des pofterieurs la porte obliquement vers l'intervalle de l'epaule & dudos; un anterieurfeul d'un cote avec un pofterieur feul de I'autre cote, la tourne comme fur un pivot en portant le menton vers l'epaule oppofee, par exem- ple , quand l'anterieur ou maftoidien du cote droit agit en meme temps DE L'ACAD^MIE ROYALE DES SCIENCES. 207 que Ie pofterieur oil fplenius du cote gauche, il tourne avec lui la tete , SgT"1^^^ de maniere que le menton fe porte vers le cote gauche. On peut aife- C h 1 R u R g 1 e. merit imiter &: reprefenter tous ccs mouvcments, par le moyen de qua- tre cordages attaches dans le meme arrangement a line tete dc carton, ou Annie IJ3$- a une boule de bois, &c. rendue mobile fur un bloc par line efpece de jointure ou articulation an genou , felon le langage commun des ouvricrs. Ainli quand par quelque accident l'un de ccs deux mulcles anterieurs a perdu ion relfort, l'autrc doit neceffairement & naturellement faire con- tourner la tete vers le cote du mulcle malade, & non pas vers le cote fain, comme dans la paralyse d'un cote de la bouche. C'eft ce qui m'a paru d'abord etre arrive dans le cas rapporte, & que j'ai trouve eftecKve- ment, apres l'avoir bien examine-, car le fterno-maftoi'dien du cote de la pente & de la tournure de la tete de cette dame paroitfoit fort amaigri , & celui du cote oppofe paroilToit grolli & comme endurci, en partie par la contraction naturelle de fes fibres, & en partie par le long ufage in- difcret des topiques. Pour y remedier, ou plutot pour foulagcr la dame, en attendant quel- que chofe de mieux, je confeillai d'abord d'employer pour le cote ma- lade & neglige les memes remedes avec lefquels on avoit julqu'a ce pre- fent (i mal-a-propos tourmente le cote qui fe portoit naturellement bien. Enfuite, apres avoir 1111 peu reflechi pour trouver le moyen de foutenir & de contenir la tete dans fon attitude naturelle, j'imaginai un bandage trcs-fimple pour fuppleer au defaut du mufcle reliche, & pour fervir a deux fins, (avoir a retourner la tete en devant, & a I'arreter dans cette htuation, felon la commodite. Voici comme j'y reullis. Je pris un ruban large d'un police, & long d'une aulne & demie. J'en appliquai une ex- tremite en travers fur le haut du front , de maniere que cette cxtremite regardoit le vrai cote malade, ou je l'arretai avec une tnairij pendant ju'avec l'autre je conduilois le ruban dcrriere l'oreille, du cote lain, puis ous le derriere de la tete, enfuite derriere l'oreille, du cote malade, & dela jufqu'au front, oil l'ayant paffe par deffus l'extremite du ruban, j'cus foin de bien arreter cette extremite par pluikurs tours femblables, afin que le ruban ne glifsat point. A pics quoi j'en paflai lc r.fte fur l'oreille, du cote fain, je le conduilis dcrriere l'epaule, du meme cote, & le hs palfer fous le creux de raiifelle , vers le devant de la poitrine, ou je le tirai pen a pen-, & par-la, au moyen de l'obliquite de cc paiTage, depuis le front jufques dcrriere l'epaule, je fis tout a la fois reuffir trois choies, favoir, relever la tete penchee, la tourner en devant, & la m.intenir dans cette attitude contre 1'erlort continuel du Iterno-maftoiJien fain. Je fis plus •, car en continuant a tirer le ruban , je fis tourner au degre que je voulois , le vifage vers le cote lain; & reciproquement a rrieuue que je lachois, le ruban, le (lerno-mafto'idien fit retourner le vifage vers le cote malade. Je mis enfuite , pour imiter cette operation , lc ruban dans la main gauche de la dame , qui par ce moyen , avec beaucoup d ail & encore avec plus de joie, releva , tourna, arreta , l.'icl.a & condu .c elle-meme fa tete. Ayant enfin arrcti avec line epiugle le ruban fur le dc- 9 ii 2o8 ABREGE DES MEMOIRES —a— vant de fon habit, elle fe trouva entierement en etat de tenir la te'te Chuurci e. ferme dans l'atritude ordinaire, fans avoir befoin d'atitre maintien. Quel- qu'uii pourroit (oupconner que le ruban etant place du meme cote que le Annee 2735. mufcle fain, ne pourroit pas tenir lieu du mufcle malade, ni en faire la fon<5tion; mais ce foupcon fera bientot diffipe, quand on aura fait atten- tion que la direction du ruban eft tout-a-fait a contre-fens de la direc- tion du mutclc fain, & que ces deux directions fe croifent obliquement. Les figures , avec leur explication , font place'es apris la feconde observation. "Nota. On trouve a peu prcs le raeme cas dans Un livre intituli Objervationes Medicce de Aff'ecbibus omijjis , auclore Arnoldo Bootio , M. D. &c. imprime a Londres, 1649. in- 12. & a Hehnftad 1664. in-4to. avec line Preface de Meibomius. C'eft dans le Chap. V. de Capitis dif- tortione. L'auteur en rjpporte deux exemples, obferves par lui-meme dans le cours de fa pratique. Le premier exemple eft d'une femme d'Irlande, a qui cet accident etoit arrive apres s'etre frotte le col avec un onguent mercurial d'un charlatan. En voici l'expolition originale : Caput ei ad JiniJIrum latus prorfus defleclebatur , inque eo Jitu femper manebat , niji manu in di- reclam aut in contrariam partem impelleretur ; quod facili ac nullo ne- gotio fieri poterat : fed ablatd manu flatim in alterum ilium ac diffor- mem fitum revertebatur. Ob hoc judicavi diflortionem illam capitis non fieri a diflentione nervorum mufculorumque ejus lateris, in quod ver- gebat caput (a cujufmodi diflentione feu convul/ione in anteriora trahitur in Emproflhotono , Jicut in opiflhotono ad pofleriora ) fed potiiis d pa- ralytica eorum rejblutione in latere oppojito. L'auteur dit enfuite que la femme fut entierement guerie au bout de deux femaines par l'ufage des tifannes fudorifiques, & de l'application frequente des fomentations, des onguents , &c. fur le col •, mais que peu de temps apres cela , ayant eu l'imprudence de mettre fur la nuque du col l'onguent d'un charlatan, la meme contorfion revint, & etant negligee pendant quelque temps, au- gmenta, &c. de forte que ni les remedes deja employes, ni aucun autre, ne reuifirent. Le fecond exemple eft d'une femme de Paris, a Iaquelle line pareille contorfion de la tete vers le cote gauche etoit arrivee apres pluheurs acci- dents occafionnes par une chute fur l'os factum , qu'elle avoit faite plus de trois mois auparavant. L'auteur dit que cette incommodite de la tete pjrut ceder un peu de temps h fes remedes, mais qu'elle revint toujours, de forte qu'il abandonna la malade an bout de deux mois. II ajoute que depuis ce temps-la, malgre plufieurs tentatives de differents medecins & chirurgiens, la contorfion refta comme elle avoit ere des le commence- ment. II finit ces deux hiftoires en citant, des obfervations de Riviere, un cas qui en partie y paroit avoir quelque rapport. Les deux obfervations de Bootius ont ailez de refTemblance avec la mienne » DE L'ACAD^MIE ROYALE DES SCIENCES. io attaches Tome VII. Partie Franfoi/e. D d zro ABREGE DES ME MOIRES 'parun bout a 1'os hyo'ide vers la racine de la langue, & par l'autre bout Cit i rurgi e. au haut de r^paule, paffent immediatement derriere les mufcles ftemo- ' mafto'idiens , & croifent avec eux en manicre d'X romain. Atnfi Pun de Annie tJ3S- ces mufcles omo-hyo'idiens ayant etc, dans le cas dont il s'agit ici, con- tinuellement frappe par Taction frequente du mufcle fterno-maftoidien du meme cote, & l'autre ayant ete en meme temps prefque toujours lache par le peu d'adtion du mufcle fterno-maftoidien voifin , il eft a foupconner que leur reffort etoit par-la devenu inegal , & que dans certains mouve- ments du goner, du larynx & du pharynx, fur-tout dans Taction d'ava- ler , cette inegalite de leur reffort occalionnoit une efpece de foubrefaut a quelque portion cartilagineufe du larynx a Tentree du gofier vers le fond du pharynx , par la connexion de ces parties avec 1'os hyo'ide , auquel les mufcles omo-hyo'idiens font attaches. Je lui confeillai de quitter tous remedes , & feulement d'avoir grand foin de ne pas ferrer le col ni le jour ni la nuit , & d'eviter toutes les attitudes qui obligent de tourner la tete vers le cote gauche. II le fit, & peu de jours apres il y cut deja moins d'enflure , moins de durcte & moins de battement. Je ne fais ce quil eft devenu dans la fuite. Explication des figures qui appartiennent a la premiere obfervation de ce mimoire. Figure L La tete en eontorfTon , & penchee fur Tepaule gauche. a , le trajet du mufcle fterno-maftoidien gauche relache. b, le trajet du mufcle fterno-maftoidien droit, etant en contraction in- volontaire, & tournant la tete a gauche. ' c , le trajet d'une portion du mufcle fplenius ou maftoidien du cote droit, conformement a cette attitude. Figure II. L'application du bandage ou ruban a la tete penchee» a , b,c, comme dans la figure premiere. d , d , d, les premiers tours du ruban. e , la continuation du ruban fur l'oreille droite. f, le paffage du ruban derriere l'epaule droite. g, le paflage du ruban fous I'aiffelle du bras droit. h , l'extremite du ruban tiree en devant vers le milieu de la poitrine. Figure III. La tete redreffee par le bandage ou ruban , & vue de profil. Les lettres marquent ici les memes chofes que celles de la premiere figure, excepte a qui ne peut marquer dans cette attitude que lex- tremite inferieure du mufcle fterno-maftoidien gauche ou malade. /;., / G>U.4cad FartFranc Tom FZLPL14 Paaiu /;./ // Fta /// Fu7.ir 'i.'tt*t*\m tfctttp ■ - DE L'ACAD^MIE ROYALE DES SCIENCES. m Figure IV. Ch I R U R G I E. La tcte redrefffe, & vue de front. Annie 17-". Les mimes lettrcs que dans la figure III , avec cette difference , que les deux mufcles ftcrno-maftoidiens font ici traces comme dans l'ctat naturel de leur equilibre, & excepte la lettre c, qui ne pouvant ici rcpondre au mufcle lplenius, eft omife. Sur quelques accidents remarquables dans les organes de la circulation du Jang. Par M. M o r a n d. JL^es vaiffeaiix fanguins peuvent fe dilater pen a peu , ou fe rompre Annie 2712, tout-a-coup. La dilatation des gros vaiffeaiix doit neceffairement produire Mtmo- 1111 derangement dans la circulation du fang , leur rupture doit 1'interrom- pre , & caufer la mort fubite. II n'eft pas difficile de concevoir comment des tuyaux , dont plufieurs font affez minces dans l'etat naturel , devenus Fills minces par quelque vice particulier, cedent en quelque endroit a impullion du lang , (I fa viteffe eft augmentee par quelque caufe que ce foit, & Ton pourroit etre etonne de ce que cela n'arrive pas plus fou- venf, en effet, li on fuppofe le diametre naturel d'une artere diminue en un endroit quelconque, foit par la compreffion de quelque corps qui rap- proche les parois du vaiffeau de fon axe , foit par obftrudiion dans la ca- vite du vaiffeau , il fuit que l'artere eft difpofee a s'elargir dans quelque point entre le caur Sc l'endroit du rctreciffement, & e'eft line chofe que Lancifi explique clairement dans fon traite De motu cordis & anevrifma- tibus , en prouvant que dans le cas fuppofe, le fang fait deux fortes d'ef- forts contre les parois du vaiffeau , parce qu'au mouvement direct du fang felon l'axe du vaiffeau , il faut ajouter le mouvement reflechi des parties du fang qui rencontre I'obilacle par lequel le diametre de l'artere eft diminue. Ce qui arrive aux arteres pent arriver au caur, les anevrifmes du corur font l'oojet de la feconde partie de ce meme traite de Lancili , & on en conclut aifement que dans beaucoup de maladies, le cacur fe dilate au- deli de fa diaftole reguliere , & que fes anevrifmes doivent etre plus com- muns qu'on ne penle. Lancili en produit pluheurs exemples qui paroiffent fingulicrs, cependant il ne manque aux obiervations de ceux qui avant lui avoient remarque des dilatations extraordinaires du cccur, que d'avoir ete rapportees au cas de l'anevrifme plus commun dans les arteres. Du Laurent parle dans fes quedions dAnatomie, d'un ambaffadeur de Tofcane en France qui mourut fubitement, t' dont on trouva, dit- il , le cccur accru a une telle grandeur qu'il remplijj'oit quafi toute layoitrine. Thomas Bartholin, faifant le detail de i"ouverture d'un Phtilique, rap^ Dd ij in A B Rt G £ DES Mi MOIRES — porte que le cccur etoit fi grand, ut fcepe in bobus non majus fit aut C h i r u r g i i.ponderojius, On trouve deux exemples de pareille chofe dans les ceuvres pofthumes Mimie i j jz. jg Malpighi : cordis vcntriculos ita ampliatos confpexi, ut alterum cor continere potuijfent , & trois autres dans le Sepulcretum Boned. Cette maladie ne pent done etre regardee comme nouvellement connue \ cela n'ote rien au merite de la theorie generale, qui fait un des principaux ob- jets du traite deLancifi; & on doit convenir que fes recherches fur les anevrifmes, qui font line fuite de celles qu'il avoit faites fur les caufes de la mort fubite, ne font pas vaines, puifqu'il en deduit des hgnes par lef- quels on peut les prevoir, & prefque les predire. A legard de la rupture du cceur, Lancili paroit n'en avoir point vu , il eft probable qu'il en auroit fait mention , ainfi les exemples que j'en produirai ici , en font d'autant plus remarquables. Quand on conaoit la ftructure du cceur, 1'entrelacement de fes fibres, la force de fes colonnes charnues, 1'iifage des valvules, & des cordes tendineufes attachees aux co- lonnes charnues , on ne peut s'empecher d'etre etonne de voir qu'il ar- rive rupture a cet organe. L'annee 1730 en a fourni deux exemples , l'un en la perfonne de ma- dame la ducheffe de Brunfwick , l'autre en celle d'un homme de condi- tion , dont j'ai fait l'ouverture. Le premier fait fut repandu d'abord dans les nouvelles publiques , il avoit ete obferve par M. Lemery qui etoit medecin de la princeffe, & qui a bien voulu me permettre d'en faire ufage , M. Grandmont , chirurgien , qui a fait l'ouverture , m'a rapporte que dans madame de Brunfwick, le ventricule droit du cceur etoit perce d'un trou on d^chintre qui le traverfoit dans toute fon ^paiffeur, les deux ouvertures & tout le trajet de l'une ^ l'autre contenoient des filets de fang coagule , qui etoient les veftiges de celui qui avoit paffe du ventri- cule dans le pericarde-, il n'y avoit point de fang dans le ventricule droit, & le gauche , en etoit plein , celui qui du ventricule perce etoit tombe dans le pericarde , etoit coagule, & on en tira plus de fix onces, non comprife la ferofite du fang qui etoit feparee du caillot. ( a) Mais quoique ce fait foit tingulier , ce n'eft encore que le ventricule droit, e'eft le moins epais, & fes fibres font moins ferrees, le gauche eft beaucoup plus epais , & beaucoup plus fort. C'eft le ventricule gauche qui etoit ouvert dans lliomme de condi- tion , dont je fis l'ouverture. Je ne trouvai rien de iingulier , ni a la tete, ni au ventre, & l'etat fain des poumons paroiffoit ne rien laiffer k reconnoitre fur la caufe de fa mort, lorfque n'ayant plus que le cceur a examiner, j'ouvris le pericarde-, il fe prefenta d'abord une maffe rouge, faite d'un caillot de fang tres-ferme , moule par fa furface interne a la convexite du cceur, & par l'externe a la cavite du pericarde, je le divi- fai en deux pour l'oter , il ne fut point pefe , mais fa mafle pouvoit re- pondre a la quantite de deux palettes de fang. Ayant bien detache tout ce . ( a ) Le feu roi d'Angleterre , aufli de la maifon de Brunfwitk , tft mort d'un accident femWable. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 113 qui environnoit le cceur, je le confiderai quelque temps fans le remuer , ^mm^^^^mml^ & jc ne vis rien a toute la furface du ventricule anterieur, qu'on nomrae C 11 1 11 u R G 1 E. communemcnt le droit, je pris le cceik par fa pointe, & l'ayant , pour ainfi dire, retourne, je vis a la furface & an milieu du ventricule gauche, Annie IJS3" ou pofterieur , line tache nointre, chroite, longue d'environ huitlignes, j'y port.ii une fonde qui entra fans peine dans le ventricule gauche, & qui parcouroit aufli fans violence toute l'etendue de la dechirure , j'ou- vris alors le ventricule, & je n'y trouvai de fang que le filet coagule qui fervoit a remplir la dechirure, & dont un petit bout flottoit dans la cavitc du ventricule, je le retirai par dedans, & la tache noire que j'avois vue en dehors difparut , ce qui demontroit fans equivoque , la trace de la rupture ; les autres parties etant parfaitement faines , la caufe de la mort fubite reftoit bien prouvee. Pour expliquer comment, dans les deux cas que j'ai rapportes, les ven- tricules du cceur out pu s'ouvrir fans caufe exterieure , il faut remarquer que dans le premier, il y avoit une erolion aux fibres charnues du ventri- cule droit , qui feinbloient avoir ete ulceries & creufees peu-a-peu juf- qu'au trou qui ouvroit le ventricule-, & que dans le fecond , la chair du cceur etoit devenue molle au point qu'en quelqu'endroit qu'on prefentat le bout d'une fonde, fans 1'appuyer, elle entroit & traverfoit le coeur par le Iimple poids de l'inftrument qui n'eft pas conliderable. Done la rupture de cet organe fera raifonnablement attribute a l'amo- Iiflement de fes fibres , ou a un ulcere qui en aura ufe l'epaiffeur •, on trouve plufieurs exemples de l'ulcere, dansle recueil de Bonetus, maisun feul de la molefle. Les exemples de la rupture du cceur qui en refulte quelquefois, font rares. M. Morgagni en cite un dans fes adverfaria , & trouve le fait (ln- gulier. On obfervera ceflcndant que c'itoit a b pointe que le cceur etoit perci, & e'eft l'endroit lc plus mince. Hohnius en cite un autre du ven- tricule gauche prcs de rembcurhure de 1'aorte, & Bonetus, de la cloifon ou Septum medium. Ces fortes de ruptures font moins rares dans les gros vaifleaux , fiir- tout dans les veines , qui outre cela peuvent encore fe defunir a l'endroit de leur jonttion avec le cceur. Quoique la jonclion des vaifleaux fanguins avee le cosiur paroifTe aflez ferme , on voit cependant dans un caur cuit , avec quelle facilite ils fe detachent du cceur a fa bafe. Bellini a vu dans des gens morts iubitement , la veine pulmonaire detachee de l'oreillette gauche-, ce qui s'expliquc, en difant que cette oreille etant engorgee par un polype, ou comprimee par dehors , le fang qui revient du poumon , trouve de la refiftance , ce qui occafionne un amas de fang dans le fac pulmonaire , & en confequence, une dilatation extraordinaire de la veine , qui augmente a tel point qu'elle fe decole d'avec l'oreillette. La meme chofe, dit Bellini, peut arriver a la veine-cave , dans fa jon&ion avec l'oreillette droite , mais il ne dit point 1'avoir vu. Indcpendamment de 1'anevnfme 8c de la rupture du coeur , il y a une 1I+ A B R t G £ DES MiMOIRES 2 quantity prodigieufe d'obfervations ecrites fur d'autres caufes , capable* Chikurgie, d'alterer on d'interrompre fon mouvemenr. Mais en void une qui eft moins connue , & qui eft relative a la palpitation. uirinde IJ2X' C'eft mi battement continuel des veines jugulaires, pareil an battement des arteres, que j'ai obferve en 1751, dans une femme d'environ 50 ans. Cette femme etoit fujette a des defaillances , qui d'abord l'i:icomnio- doicnt peu , mais qui par les fuites, devinrent (i frequentes quelle appella du fecours, je m informal des circonftances de fon mal , je lui trouvat de la palpitation , & je lui remarquai deux vaiffeaux gros comme le pouce , un de chaque cote du col , qui battoient comme des arteres , & qui avoient quelquefois des mouvements redoubles les tins fur les autres 5 la fituation fuperncielle de ces vailfeaux , & leur peu d'epaifleur , annon- coient affez les veines jugulaires externes, mais il n'y avoit plus a en dou- rer, quand on mettoit le pouce defTus, car la partie du vaifleau au-def- fus du pouce reftoit tres-gonflee & fans mouvement , celle qui etoit au- deffous, perdoit la moitie du volume quelle avoit avant que d'etre com- primee , & fon mouvement etoit bien moins vif. Ces battements n'etoient pas plus reguliers que ceux de l'artere du pouls qui etoit prefque tou- jours en palpitation. En 1704, M. Homberg fit part a 1'Academie , d'une obfervation pref- que pareille. Une dame etoit fujette a des palpitations de cceur qui ac- compagnoient fon afthme; dans les acces , on fentoit aux veines du col, & de plus a celles du bras, un battement tres-fenfible, dont la frequence etoit peu difterente de celle des arteres, & quand Faeces etoit nni,le battement des veines difparoiffoit. Lancifi donne deux exemples, dans fon Traite De motu cordis, de ce battement des veines , qu'il appelle dans un endroit, undulatio, dans un autre , flucluatjp jugularium. Nos trois obfervations rapprochees , out une particularire qui ne doit pas etrej omife ici. C'eft qu'elles font expliquees difteremment, & qu'elles etablif- fent chacune une caufe differente du meme eftet. Dans la femme qui fait le fujet de mon obfervation , je jugeai qu'il y avoit un polype dans l'oreillette droite du cceur ; dans cette fuppoiition , j'ex- pliquois aifement ce battement des jugulaires qui etoit peut-etre aufli dans les fouclavieres-, en effet, le fang apporte par les jugulaires & les foucla- vieres dans l'oreillette droite du coeur, la trouvant prefque pleine d'une concretion polypeufe , devoit refter en partie dans ces veines, & le polype jettant des branches dans les memes veines , devoit diriger le rcfoulement du fang qui fe faifoit de l'oreillette dans ces veines , dans le temps de la fiftole de l'oreillette •, car les battements de ces veines , & la fiftole de cette oreillette devoient etre ifochrones. Cette femme etant morte, le juge- rnent que j'en avois porte fe trouva vrai de tout point, par l'ouverture que je fis du cadavre. Dans l'obfervation de M. Homberg, les polypes etoient dans les troncs des deux groffes arteres , il n'y en avoit point dans les veines •, le fang en- troit done aifement dans les ventricules,' mais il trouvoit de la peine a en forth: : celui qui entroit dans le ventricule droit y reftoit en partie , & 1« DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 215 dilatoit, ce qui caufoit enfuite des contractions convullives & des palpi- rations •, ces palpitations violentes & redoubles pouffoient le fang contrc Chuuhoii. les valvules, il les forcoit & communiquoit fes iecoufTes a la eolonne du fang apporte par la vcine-cave. Ann^e i/?z. Lancili explique fon obfervation par la dilatation de I'oreillettc droite du cccur & de la racine de la veine-cave, de facon que les valvules ne pcuvent plus fe joindre exa&ement pour en fermer l'entree : alors dans la fiftole du ventricule droit , le fang eft refoule du ventriculc dans la vei- ne-cave & dans les jugulaires enfuite , & le conflict du fang qui arrive aux jugulaircs , dans lc temps que celui-ci en eft rechafle, fait dans cet en- droit unc efpece de flux & de reflux hngulier. Cette ondulation des ju- gulaires eft , felon Lancili , un fymptome neceffaire de la dilatation de la racine de la veine-cave, de l'oreillette & du ventricule droit. Les exemples que je viens de rapporter, font voir que le battement de quelques veines s'explique naturellement de plulieurs indilpolitions du cccur , & je croirois prefque que e'eft faute d'ohferver, li on ne l'a pas remar- que plus fou vent, aufli-bien que les anivrifmes du casur. u. Sur la poitrine d'un enfant nouveau-ne" , difforme. N enfant mort 3 on 4 minutes apres fa naifTance, s'etarrt attire par Annie 1733. la difFormite extraordinaire de fes bras, la curiolite de M. Petit le mede- HSfioire. cin , il fe trouva qu 'il la meritoit encore davantage par les lingularites de fa poitrine, auxquelles on n'eut pas penfe. Si Ton ouvroit plus de cada- vres,les lingularites deviendroient plus communes , & les difierentes ftruc- tures mieux counties. Dans cet enfant, qui avoit 21 ponces, longueur ordinaire des enfints 116s a terme, la poitrine mefuree depuis le haut du fternum julqu'au bas n'avoit que 1 polices de hauteur, au lieu de } , ou a peu-prcs , quelle auroit du avoir. Le pouinon droit avoit refpire pendant les 5 on 4 minutes de vie apres la naiflance , & non pas le poumon gauche , ce qui fe reconnoiffoit nor> feulement a leur difference de couleur & degonflenient, mais a lepreuve plus hire de 1'eau, ou un poumon qui a pris de l'air furnage, & s'il n'en a pas pris s'enfonce. A cette occafion M. Petit fe defabufa d une errenr oil le jertoit une fauffe experience. II avoit beau prefler en tons fens entre fes doigts un morceau coupe d'un poumon qui avoit refpire , ce morceau nageoit tou- jours fur I'eau, & par confequent tout fair n'en avoit pas cte expriine, quoique la coupe eut ete faite expres dans une alTez gwide furface, qui frefentoit a l'air beaucoup d'ouverturc pour fortir. ■?' paroiffoit done que air une fois entre dans les poumons n'en fortoit plus entierement, & qu'it en reftoit une partie cantonnee dans des interftices, dans des recoins d'oii Yon ne pouvoit la tirer. Mais M. Petit a vu que la machine du vuide fai- n6 ABRECE DES ME'MOIRES foit tres-facilement ce que ne fait pas la plus forte comprefllon des doigts- C h i R u r g i e. Le poumon d'un jeune lapin , qui avoit expire dans cette machine, alia an fond de l'eau , tant il avoit ete bien purge d'air. M. Petit fe feroit cru Anntt i J 33- I'inventeur de cette experience affez curieufe, li on ne l'eut averti qu'il avoit ete prevenu par un auteur dont on ne fe fouvenoit plus. Quand on preffe un poumon entre fes doigts, on ferme neccfiairement beaucoup de paffages a fair qui pourroit s'echapper , & peut etre ne fait-on que i'en- voyer dans d'autres retraites, mais ce meme air foulage egalement dans le vuide du poids de l'air exterieur , fe dilate egalement par-tout , & trouve par- tout des paffages egalement propres a fa lortie. La trachee fe divife a droite & a gauche en deux gros troncs, fubdi- vifes enfuite en line infinite de branches ou rameaux toujours plus petits qui vont porter l'air dans les poumons. La trachee , fes troncs & fes ra- meaux font naturellement enduits en dedans dune humeur affez fluide, mais dans l'enfant dont ils'agit, cette humeur etoit foit vifqueufe , & fort epaiffe, fur- tout celle du tronc gauche , qui en etoit entitlement rempli. Le tronc droit plus libre avoit laiffe a l'air un paffige que le gauche ne lui avoit pas permis, & par cette raifon le poumon droit, a l'exclufion de l'autre , avoit refpire. M. Petit trouve dans cette difference la caufe de la prompte mort de l'enfant. Si les deux poumons euffent refpire , chacun auroit pris en rece- vant de l'air, l'extenlion qui lui convenoit, ils fe feroient contre-balan- ces mutuellement , & toutes les parties qui leur font liees , & qui tiennent a eux , fe feroient maintenues dans leur pofition naturelle. Mais le pou- mon droit s'etant feul gonfle, il a pu fans reliftance faire des deplacements de parties , des compreffions ou des alongements de vaiffeaux encore trcs-foibles & tres-delicats , & peut-etre le peu de capacite qu'on a remar- que dans la poitrine a-t-il aide a ces efrets. Le moindre vaiffeau rompu par ce derangement aura fufti pour caufer la mort dans l'inftant. M. Petit croit que cette humeur, qui apres la refpiration enduit la fuperficie interne de la trachee & de fes branches, & qui apparemment fert alors a les preferver de la fechereffe que le paffage continuel de l'air y cauferoit , remplit ces cavites avant la refpiration , & fert a les tenir en etat d'etre les canaux de l'air quand il le faudra. II croit que les autres canaux ou cavites, qui ne font pas encore leurs fonctions dans le foetus, doivent etre en attendant maintenus de meme par quelque liqueur. La pofture ordinaire du Foetus dans la matrice etant d'svoir la tete penchee fur fa poitrine , fa trachee en eft plus courte , ce qui paroit fenliblement par l'experience que chacun en peut faire fur foi-meme. Des que le Fcetus eft n au^' s'appercevoit-on que le trou n'etoit pas nouvellcment fait. Mais quand le fang, en minant toujours, eft enfin arrive a la membrane Annie IJ33. interieure de la trachee, le moment, oil elle a ete forcee, a du etre celui de la mort. II ne refte qua favoir pourquoi le fang, au lieu de s'e- pancher de la trachee dans les poumons , a pris la route de la bouche -, fans doute il y trouva plus de facilite qua penetrer les poumons rem- plis d'air. Sur un ver rendu par le ne{. Hiftoire. X^J N ofEchr de chez le roi fentoit depuis trois ans au bas du front, du cote gauche, & pres de la racine du nez, line douleur fort vive, plus viohnte dans des temps que dans d'autres, qui s'etendoit vers Tceil du meme cote, & quelquefois au point qu'il craignoit d'en perdre Tceil ; il avoit en meme temps un bourdonnement confiderable dans l'oreille. Pour remedier a ce oourdonnement, il fe fit verfer, etant au lit, quel- ques gouttes d'huile d'amandes douceS dans l'oreille affectee, & fe tint pendant quelque temps couche fur Tautre. Deux jours apres il fentit dans fa narine gauche line grande demangeaifon , des picotements , des tiraille- mens, de frequentes envies d'sternuer, & meme, en fe mouchant, quel- que chofe qui remuoit dans fon nez , & qu il n'en put chaffer tout-a fait, qu'en y portant le bout du doigt pour le tirer. C'etoit un ver qui courut aufli- tot fur fa main avec une extreme viteffe, quoique couvert d'un mucollte parfemee de tabac, parce que cet officier en prenoit beaucoup. On mit le ver dans line t.ibatiere, oil il y en avoit, & il y vecut 5 oil 6 jours. Toils les accidens du malade celferent auffi-tot apres la fortie de cet infedte M. Maloet l'a eu entre fes mains mort & delTeche. II le trouva du genre des centipedes , & de l'efpece des fcolopendres terreftres. II en fit une defcription exacce &: bien detaillee, mais que nous ne rapporterons point, parce qu'en 1708 nous en avons fait une affez femblable d'un autre ver rendu pareillement par le nez. lis ne different que par la gran- deur, celui d'aujourd'hui n'avoit que 1 6 lignes de long, & l'autre 6 polices. II eft vrai que le plus grand avoit 1 iz pieds oil pattes, & l'autre 100 feu- lement, mais fi le petit eut cm, peut-etre en auroit-il eu davantage, & enfin c'eft le grand nombre des pieds, & non le nombre precis de 100, qui fait les centipedes. Une difference d'une autre efpece entre les deux vers,& remarquable, c'eft que celui de 1708 fut, felon les apparences, tire en un mois du lieu oil il etoit par Tillage du tabac, que Ton avoit cru lui devoir etre contraire, au lieu que celui-ci, malgre un ufage continuel du tabac, avoit vecu 3 ans, & vecut meme encore affez long-temps dans du tabac, ce qui rend au moins fort douteufe la bonte de ce remede. Les deux vers etoient dans un finus frontal, mais le grand dans le droit, DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES'. u9 & Ie petit dans le gauche, difference qui ti'en eft pas une. La route que feu M. Litre faifoit tenir a fon vcr pour entrer dans le funis , & pour en Chirurcu. fortir, fera la racme pour le ver de M. Maloet. Nous fuppofons qu'on s'en fouvienne, ou qu'on fe la rappelle. •Ann c l733- Mais voici une difference trcs-elientielle , & qui eft le point principal de l'obfervation de M. MaJoet. Son ver ne paroit avoir etc chaffe que par l'huile verfee dans l'oreille, & il fcroit fort naturel qu'elle l'eut chalie, car tous les infc&cs doivent la fuir, puifqu'elle leur ote la refpiration en bou- chant toutes lews trachees ■, mais la difliculte eft; qu'elle ait pu patvenir juf- qu'a ce ver enferme dans Ie finus frontal. Elle ne s'eft rcpandue que dans le conduit exterieur de l'oreille tres-exa&ement ferine en dedans par la membrane du timpan , comment a-t-elle pafle au travers de cette mem- brane ? & quand elle y auroit pafle , il y a encore loin dela au finus fron- tal, & quel chemin a-t-elle pris pour y arriver ? C'eft une pratique recue des plus habiles medecins, que d'appliquer fur le nombril dift'erentes huiles pour agir contre les vers des inteftins. Elles n'y agiffent qn'aprcs avoir penetre la peau,la membrane adipeufe, le pe- ritoine, I'epiploon, les membranes des inteftins, & a combien plus forte raifon, dit M. Maloet, une huile aura-t-elle pu penetrer le feul timpan, li fin & li delie ! il n'y a eu que les parties les plus fubtiles qui aient pene- tre , il n'en falloit pas beaucoup pour fe faire fentir a un (i petit ver, mais & caufe de leur lenteur naturelle , il leur a fallu deux jours pour faire leur effer. S'il y a toujours a la membrane du timpan une petite ouverture echan- cree , que Rivinus a decouverte , & que M. Maloet y a effe&ivement vue deux fois , ou feulement ff elle s'eft trouvee par une efpece de hafard dans le timpan du malade, le paflage de l'huile aura etc encore fans com- paraifon plus aife. Quant a fa route, apres avoir 6te recue dans la cavite du timpan, elle fe fera portee a la faveur de la trompe d'Euftache , qu'on appelle com- munement Xaqutduc , jufqu'aux foffes nafales, d'oti elle aura pu aifement, a caufe de fa lubtilite, s'elever au finus frontal (a) Ce fur par une efpece de hafard, & uniquement par rapport au bour- donnement, que le malade, qui avoit le ver fans le favoir, fe fit verfer de l'huile dans l'oreille. S'il eut connu fon ver, & le lieu qu'il occupoit , il auroit bien pu croiie qu'il falloit tirer cette huile par la narine gauche, afin qu'elle allat atraquer le ver par cette route aifee & toute ouverte. Mais il auroit trcs mal fait en fuivant ce raifonnement (1 plaulible. Le ver attaque du cote du nez auroit fui du cote oppofe , & le feroit cantonne dans des endroits d'oii il n'auroit pu refortir , ou bien il feroit mort, & la pourriture de fon petit cadavre auroit bien pu caufer des accidents tres-fachcux. Heureufemcnt l'attaque qu'on faifoit d'un cote le determinoit (a) N'auroit-il pas id plus fimple de regarder la fortie du ver comme purement ac- cidentelle & inde'pendante de ccrte huile verfee dans l'oreille. Comment quelques gouttes d'huile d'amandes douees apres avoir ttaverfd tant de parties, fe feroient-elles £lev&i tandis que les huiles grades nc font nullement volatile*, &c. Ee ij Chirurgie, Annie IJ33. 110 abr£gl'desmemoires :a fuir de l'autre oii la fortie etoit facile, & il s'aidoit de toutes les forces pour fortir, ce qui eft encore un avantage de tirer les vers vivans. II refulte dela une regie de pratique pour tons les vers qu'on jugera etre dans les finus frontaux. Conformement a ces idees on fuit deux methodes differentes pour les vers des inteftins. lis ne peuvent guere fortir que par 1'aiius, & pour les tirer du corps, on les en chaffe par des chofes qui leur foient contraires, on bien on les attire au dehors par d'autres qui foient de leur gout. Les premiers de ces remedes, il faut les prendre par la bouche, les feconds doivent etre donnes en lavement. La railon de cette difference eft claire apres tout ce. qui a ete dit. OBSERVATION ANATOMIQUE. M- Operation Cifarienne faite avec grand fucces. Annie 1714- J.VJL Onsieur Helvetius a fait part a 1' Academic d'un fait arrive au Hiftoire. Bourg de la Tour de Trefme, bailliage de Grayere , dans le canton de Fii- bourg j dont il a produit , & une lettre de M. Michel , docleur en mede- cine en ce pays, & un temoignage authentique , pardevant Notaires , de gens qui ont vu, car la chofe meritoit d'etre audi exaclement verifiee. En 1723, Madame Flandrin, fage-femme de la ville de Bull, fut ap- pellee pour accoucher Marguerite Francois, femme de Claude Magnin , de la Tour de Frefme, groffe de fon premier enfant, a l'age de 48 ans. La tete de l'enfant fe pr^fentoit au paflage qui fe trouvoit trop etroit. La fage-femme ayant fait inutilement, pendant un jour & une huit, toutes les tentatives poffibles , confulta M. Michel qui ordonna de fon cote tout ce qui pouvoit aider a caufer des epreintes & fortifier la mere. Rien ne reufiit. Le quatrieme jour de ce cruel travail , l'enfant ayant ete ondoye foils condition , M. Michel fut d'avis que la fage-femme le tirat avec un crochet, ou que, fi elle ne le pouvoit pas, elle le fit reculer pour le ti- rer par pieces. Ces terribles expedients lui avoient reuffi en quelques au- tres occalions , mais dans celle-ci, elle les tenta fans fucces. Enfin il ne reftoit plus que le plus terrible de tons, l'operation cefarienne, qui fut refolue le feptieme jour. La fage-femme la fit avec tant de dexterite & de courage que la malade fut delivree, fans aucun accident. Deux mois apres, elle alia remercier M. Michel & elle a toujours joui enfuite d'une par- faite lante. M. Michel ajoute que cette fage-femme, fille de M. Savary, tres-habile chirurgien de la ville de Fribourg, avoir deja fait l'operation celarienne a trois femmes; un moment apres leur mort & que les enfants avoient etj. baptcme. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, m Chuuhcie, Sur des hidropiftes enki flees dans les poumons & dans le foie. IAnne'e ly jz. L n'eft pas rare que de la lymphe ayant creve fes vaiffeaux , s'epan- Hittoire. che dans les cavites qu'elle rencontrera, c'eft la une hidropifie. La caufe de cette rupture des vaiffeaux lymphatiques fera ou un relachemcnt acci- dentel qui leur fcra furvenu , & les aura rendus incapables de rehfter 3 I'erfort de la liqueur , ou line obftrufHon formee en quelque endroir. Mais il eft rare que ces vaiffeaux qui s'ouvrent ordinairement dans une cavite, fe rompent dans la lubftance des vifceres, & lur-tout dans celle des poumons , que la lymphe s'y repande & s'y amaffe en affez grande quan- tite pour former une tres-groffe tumeur , & qu'elle s'y faffe elle-meme line enveloppe , d'oii il relulte une hidropilie enkiftee d'une elpece par- ticuliere. S'il eft rare que cette efpece d'hidropihe fe forme, il left encore plus d'en trouver trois dans un meme fujet; M. Maloet les a vues dans le corps d'un foldat invalide , ou il y en avoit une dans chaque poumon , toutes deux fort conliderables par rapport au volume de ces vifceres, & line troifieme, mais moindre dans le foie. Ces trois hidropilies ou tumeurs aqueufes etant formees dans la fubf- tance de ces vifceres, la membrane propre dont ils font revetus, leur fer- voit de premiere enveloppe ; clles avoient pour feconde enveloppe le kifte meme. Les deux poumons fe divifent en lobes, ceux-ci en lobules, qui fe di- vifent encore en une infinite d'aurres plus petits, compofes de veficules, ou 1'air entre apporte par les bronches ou rameaux de la trachee artere qui y aboutilient. Quand le fing fe repand dans les vdlicules par la rup- ture de quelques-uns des vaiffeaux finguins dont elles font environnees , le mouvement de I'expiration fait pafler ce fang extravafe dans les bron- ches, & il fort par la trachee & par la bouche. Si la lymphe, extravafee dans les poumons de l'invalide de M. Maloet , avoit etc dans les velicu- les , elle en feroit fortie de meme , & il feroit arrive an malade de cra- cher beaucoup , cc que Ton n'a pas rcmarque ; par conlequent il ne s'en feroit point flit d'amas. II faut done que l'epanchement ait etc dans lesin- terftices qui ftfparent les lobules des poumons, & que la lymphe epanchee n'ait point pafle dans les vehcules dont ces lobules font compofes. II n'a pu fe faire un pareil amas de lymphe extravafee , qui alloit a la quantite d'environ un demi-leptier dans chaque poumon , fans gener & comprimer etrangement leurs velicules ; de-la la dirEculte de refpirer, de fe tenir couche fur le dos, & meme fur les cotes, le malade n'ayant pu etre que fur fon feant. Cette difriculte etoit proportionnee au volume de la lymphe epanchee, & au lieu qu'elle occupoit. Un epanchement de cette nature met le malade hors de portee de tout fecours , & fe disrobe aux connoiffances de la medecine, tant parce qu'il ne tombc pas lous les fens, & ne vicnt pas meme dans l'imagination a in ABREGE D E S M E M O I R E S — - caufe de fa rarete, que parce que les fymptomes qu'il produit font com- r«i««in-i« nuins a d'autres maladies tres-frequentes. J_a lymphe qui etoit contenue dans le kifte du foie n etoit pas aulli pure Annie 1J3Z- que celle des kiftes des poumons. Sa couleur etoit jaune, melee de vert, ce qui marque que quelque portion de bile avoit penetre dans ce kifte a travers les membranes des glandes du foie, ou des pores biliaires. Tous ceux qui ont vu & examine ces kiftes, ont etc perfuades avec M. Maloet, qu'ils n'etoient pas des membranes vraies, precedemment fai- tes & (implement dilatees par la liqueur extravafee , mais des enveloppes quelle s'eft faites a elle-meme apres fon epanchement, de fauffes mem- branes formees par une efpece de concretion. On n'y a vu avec le microf- cope, ni fibres, ni vaiffeaux, ni apparence de tiffu , mais feulement un affemblage de molecules inegales & irregulieres , telles qu'on en voit dans la colle-forte, ou dans le papier brouillard. Ces enveloppes etant molles & humides avoient quelque elafticite , mais deffechees elles n'en confer- voient plus comme auroient fait de vraies membranes. Quand on les pref- foit avec les doigts , elles fe reduifoient en une efpece de bave & de mufcilage , au lieu que d'une membrane il en refteroit toujours beau- coup de filets qui ne fe detruiroient point, & qui tout au plus fe rom- proient. M. Maloet a remarque que ces kiftes etoient formes par couches qui fe feparoient facilement avec les doigts, & qui meme avoient commence a fe feparer d'clles-memes dans les bords des ouvertures qu on y avoit faites. II faut pour la production d'une fauffe membrane en general, que les parties de la lymphe les plus filamenteufes , les plus rameufes, pouffees vers la circonference du kifte par les parties les plus fubtiles & les plus agitees, s'y amaifent, s'accrochent ou fe collent les lines aux autres; mais il faut apparemment pour la production d'une enveloppe par couches dif- tindes , que leurs formations ayent ete feparees par quelques intervalles de temps , comme le font celles des cercles concentriques d'un gros arbre. Or il eft aife de concevoir que les parties filamenteufes de la lymphe ne font pas toujours ni en affez grande quantite, ni affez favorifees par les accidents du mouvement,pour aller former une couche de la fauffe mem- brane. II n'y aura pas des intervalles audi reguliers que dans le cas de l'arbre , mars il y en aura , ou plutot il pourra y en avoir , car il n'eft pas demontre que toutes les enveloppes pareilles foient par couches. Les pro- pofitions generales ne conviennent pas a la phyiique comme a la geo- metrie. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. M AUTRES OBSERVATIONS ANATOMIQUES. I. Sur la graiffe. Onsieur Hunauld a donne fur h graiffe les remarques fui- Hifloire, C II I R U R G I E. Ann onces,& fi endurci, qu'il fallut employer la fcie pour l'ouvrir dans toute fa longueur & fa profondeur, encore ne fut-ce qu'avec peine qu'on en vint a bout. L'epiploon eft, comme on fait, une double membrane qui s'attache a l'eftomac, a la ratte, au colon, & qui couvre les int'eftins. C'eft une efpece de fac, feme de vaiffeaux & de bandes graiffeufes, qui le font paroitre divifeen plufieurs lobes ou boffes. II abonde tellement en graifle, finite de feuillets membraneux tres-minces , mais fortement adherents ^ plufieurs pelotons ofieux. Ces pelotons avoient ete de la graifle dans l'etat naturel, & les feuillets, les membranes ou cellules qui l'avoient recou- verte, ou enfermee. C'eft a M. Mongin, dotteur en medecine de la Fa- culte de Paris , que Ton doit cette obfervation , qu'il a donnee dans un detail tres- exact & tres-favant. II a meme fait voir a l'Academie cette mafle epiplo'ique, qui reffembloit par la forme de fon volume a un gros melon. II peut paroitre d'abord etrange que de la graifle devienne offeufe, mais on fait par experience que les acides durciftent les matieres huileufes, telles que la cire , & les mettent en etat de pouvoir etre reduites en poudre. M. Mongin a apporte 1'exemple d'un malade condamne a ne vivre que de lait de vache, en qui l'evacuation du ventre ayant ete entierement fup- primee, on lui tira de Tanus une infinite de petites pierres, qui ne pou- voient avoir ete formees que de la graifle du lait fur laquelle un violent acide des inteftins avoit agi. Les phyficiens connoiffent plufieurs offifica- tions ou petrifications arrivees aux parties animates qui en paroiflent les moins fufceptibles , & nous en avons rapporte une affez remarquable en 1703. L'epiploon offifie (5toit celui d'une hlle de 73 ans , qui des l'age de 34 avoit fenti un poids & une tumeur au-deffous de l'eftomac. L'augmenta- tion en fut continuelle jufqu'a l'age de 70 ans quelle cella, & alors le volume fut enorme, mais cette fille,qui etoit naturellement agiffantejne laiffa pas de l'etre toujours, & fans beaucoup d'incommodite, foit parce quelle s'accoutumoit a un mal qui n'augmentoit que tres-Ientement , foit plutot parce que cette groffe tumeur, ainfi qu'on le vit furement a l'ou- verture du corps, etoit roulante, & s'accommodoit aifement a toutes les lituations que la malade vouloit prendre. Une chute quelle fit fur le ventre a 7Z ans & demi avanca apparcmment fes jours, elle en devint hydropi- que , parce que des vaiffeaux limphatiques preffes par la made 8c par le DE I/ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. n9 poids de latumeurfe rompirent. Elle mourut an bout de fix mois,apres avoir fouffert une pondtion qui rcullit fort bien, mais n'ctant plus eu etat Chirurcii, d'en foutenir une icconde. VIIL An^e U34- Guirifon d'un homme en dtmence. Un jeune-homme, age de 24. ans, d'une bonne famille de Schafhoufe,Iliftoire. ayant ete fur mer dans des temps extremement chauds , & ayant fait beau- coup d'exces de vins tres-violents, devint fol pendant la canicule de 1733 & quelquefois furieux , mais fans fievre. II etoit alors a Venife , & il tut mis entre les mains de M. Michelotti , celtbre medecin de cette ville, qui a palfe les bornes de fa profeffion par des ouvrages d'une profonde geo- metric II feroit inutile de fuivre jour par jour l'hiftoire de la cure, que M. Michelotti , correfpondant de l'Academie lui a envoyee. Il iufKra de dire qu'elle ne confifta qu'en de frequcntes & abondantes faignees & au pied & au bras & aux temples par les fangfues, & fur- tout en un ufage extraordinaire & prefqu'exceflif d'eau froide & de glace. Le peu de nour- riture, & de nourriture tres-legere qu'on lui donnoit, des jus de graine de melon, par excmple, on d'amandes donees, deja tres-rafraichiirants par leur propre fubftance , avoient encore ete refroidis exterieureinent autant qu'on l'avoit pu. Quand le malade etoit plonge dans un bain d'eau tres- froide, ce qui lui arrivoit fouvent, on lui verfoit encore brulqucment& impetueufement de l'eau a la glace fur la tete, qu'on avoit ralee expres. Comme la folie confifte pliyfiquement en ce que les efprits animaux trop abondants 8c trop agites ne fuivent plus dans le cerveau les routes qui leur font marquees, qu'ils ne fe meuvent plus qu'irregulieremenr, en confulion & comme des torrents qui n'ont point de lit, l'intention de M. Michelotti etoit de diminuer d'abord le volume, & par-la, la force de ces torrents, & enluite de les obliger a rentrer dans leurs canaux naturels , en reffer- rant, par un grand froid , toutes les parties oil ils pouvoient s'etre debor- des. Cette intention lui reuffit , & des le premier jour de feptembre, le malade bien gueri partit pour retourner en fon pays , dont le climat lui devoit mieux convenir que le climat chaud de Venife. II n'elt guere pollible que le froid ait eu un li grand efret par une autre ralfon que celle qui vient d'etre rapportee , & M. Michelotti a droit d'en conclure que Thellebore, fi vante par les anciens pour la guerifon de la folie , auroit ete mal place , du moins dans celle-ci. II caufe des irritations ties- violentes dans l'eftomac & dans les inteftins , & il n'.uiroit fait qu'aug- menter le defordre & les tempetes qu'il s'agiffoit de cal.ner. L'opium pa- roit y avoir alTez contribue. l}« ABRIDGE DES M £ M O I R E S I X. Chirurgii. Annie 1734- Crdne extraordinaire d'un enfant. Le cerveau eft enferme dans line efpece de boite dure & folide com- pofee de plufieurs pieces , engrainees ieulement enfemble par leurs con- tours , ann qu'elles puiffent le laiffer foulever doucement par le cerveau , a mefure qu'il s'augmentera, & qu'elles fe pretent fans reliftance a cette augmentation, taut quelle durera. Quand le temps en eft pafle, ces pieces qui font les os du crane, fe foudent enfemble, & n'ont plus ce peu dc mobilite, qui leur etoit neceffaire auparavant. M. Hunauld a fait voir $. l'Academie le crane d'un enfant de fept ou huit ans , ou il ne paroiflbit aucun veftige de la future fagittale & de la coronale , ni en dehors, ni en dedans, & par confequent , l'os coronal & les parietaux s'etoient reu- nis, avant le temps, & outre que leur reunion prematuree eilt pu les empecher de s'itendre fuftifamment , elle reliftoit a l'accroilfement que le cerveau devoit encore prendre. C'eft-la line fuite de la mechanique du developpement des os du crane, que M. Hunauld avoit explique en 1730. Dans la furface concave du coronal & des parietaux de cet enfant , il s'etoit creufe des traces plus profondes qua l'ordinaire des circonvolutions du cerveau qu'elles fuivoient. M. Hunauld a vu dans pluueurs autres fujets plus jeunes cette foudure prematuree de ces memes os du crane deja commencee, de maniere a ne pas laifler douter quelle ne fe fut aclievee, & bien des cranes qu'il a en- tre les mains lui perfuadent qu elle n'eft pas rare. On connoit trop 1'im- portance du cerveau , pour ne pas voir qu'il ne pent , fans un extreme danoer, ou fans de grands inconvenients, etre gene dans fon accroifle- ment, ou dans fes operations. Dans de pareils cas, l'art de la medecine n'aura pas tort de ne pas deviner les caufes, & quand il les devineroit, quel remede. Nous avons parle ailleurs d'offincations tres-differentes , ce font des formations d'os etrangers dans le cerveau. M. Hunauld y a ajoute l'biftoire d'un homme de trente-cinq ou quarante ans, attaque d'epilepfie depuis quelques annees. Rien ne le foulageoit que de grandes fiignees, comme de quarante onces. Quand il fut mort , on lui trouva , dans line des parois laterales du finus longitudinal fuperieur , de petits os herifles de pointes qui s'engageoient dans le cerveau, &' d:voient le picoter. Par les grandes & frequentes faignees, le cerveau qui contenoit moins de fang , diminuoit un peu de volume , & fe deroboit ^ l'acl:ion des petites pointes. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. *ji X. C H I R U R G 1 Z. Autre crane extraordinaire. Annie 1134. M. Hunauld a fait voir audi le crane d'un enfant de trois oil quatre ans , dont Ies OS avoient prefque par-tout fept ou huit lignes d'epaiffeur. Us etoient affez mols, &, en les preffant, on en faifoit fortir du fang & de la lymphe en abondance. Les vaiffeaux fanguins etoient fort apparent*. X I. Nerf qui fe rencontre entre les vifceres du bas-ventre & le cczur. LAcademie a vu auffi la demonftration que M. Hunauld lui a faite d'un rameau de nerf affez confiderable, qui partant du plexus gangliforme fe- milunaire de M. Vicuffens , tout aupres du grand plexus mefenterique, remonte du bas-ventre a la poitrine, & va fe perdre a l'oreillette droite & a la bafe du cceur ou il fe diflribue. II avoir deja obferve , l'annee pre- cedente, la meme chofe dans an autre fujet, & elle en devenoit plus fure. Comme ce font les nerfs qui portent le fentiment dans les parties, & qui font que quelquefois des parties fort differentes & affez eloignees font en commerce de fenfations , on entendra par ce nouveau nerf celui qui fe rencontre fouvent entre les vifceres du bas ventre & le coeur. X I I. VaiJJeaux appercus dans le poumon de I'homme. Des 1732 , M. Hunauld avoit fait voir a l'Acadtfmie, dans le poumon de I'homme, les vaiffeaux limphatiques, que vraifemblablemenr on n'avoit encore vus que dans les animaux , ou il eft quelquefois affez facile de les decouvrir. II les a fuivis en 175 j , & cette annee il les a conduits en pre- fence de la compagnie , depuis le poumon jufqu'au canal torachique. XIII. La ytficule du fiel trouvie confide r able me nt diminuie de volume dans un cadavre. C'eft une opinion affez etablie , que la bile contenue dans la vellcule du Annc'e i^^a. Bel, a ete filtree dans cette velicule meme par des glandes repandues dans n;<-tojre 1'interieur de cette cavite-, mais ces glandes font plutot fuppofees que vues & demonrrees , & li on donne ce nom a des elpeces de grains qu'on voit quelquefois, il n'eft nullcment fur que ces gnins leparent la bile, puif- qu'ils nianquent dans la pluparc des fujets qui out ces vifceres fains 8c 131 ABRIDGE DES MEMOIRES " exempts d'ohftrudtion. Quand on a ete bien convaincu que ces glandes C h i u u R g i E. n'exiftoient point , on a imagine des vaiffeaux, des conduits qui alloient . , ^ ramaffer dans la fubftance du foie toutes les gouttes eparfes de bile qu'il tin e IJ35- contenoit , & les condtiifoient jufqu'a la furface interieure de la cavite de la veficule oii ils s'ouvroient , pour les verfer enfuite dans cette cavite •, mais ces conduits ne font pas plus demontres que les glandes, & il feroit difficile d'accorder ni les wis ni les autres avec an fait que M. Lieutaud, medecin a Aix , & correfpondant de l'Academie , a ecrit a M. Window. II a trouve dans un cadavre qu'il diflequoit, la veficule du fiel fi dimi- nuee de volume , li refferree , qu'il ne crut pas d'abord que ce flit cette velicule. Son col etoit bouche par une portion d'un corps noiratre , ^-peu- prcs fphdrique , de 5 lignes de diametre , forme par couches , & de la na- ture des pierres qui fe trouvent affez fouvent dans la veficule ; l'autre por- tion de ce corps , & la plus groffe , etoit engagee dans une poche faite par l'ecartement des deux membranes dont la veficule eft compofee. Celle-1^ ne contenoit que quelques gouttes d'une eau fort claire. Ses parois qui etoient tres-blanches , paroiffoient n'avoir jamais renferme de bile , & les parties voifines , ordinairement teintes en jaune, ne l'etoient point du tout. Le canal cyftique & le pore biliaire etoient fort dilates, & ce canal etoit rempli de bile jufqu'4 en etre engorge. Le foie etoit tres-beau, bien con- forme , fans aucune obftru<5tion. Si des glandes feparoient la bile dans la veficule , ou fi des vaiffeaux l'y apportoient , tout cela fe feroit fait dans la veficule, quoique bouchee par fon col. Cet accident lingulier, accompagne de fes circonftances, doit donner des vues pour decouvrir d'oii viendra la bile. II paroit dejk qu'il faut qu'elle paffe par le col de la veficule. X I V. Cerveau d'une fille de dix-huit ans , morte , trouve" fort mou & rempli d'eau. Le meme M. Lieutaud ouvrant le cerveau d'une fille de dix-huit ans, morte dans une frenefie caufee par de violents maux de tete, trouva cette Jiartie bien conftituee, a cela pres qu'elle etoit un peu trop molle, mais es ventricules etoient extremement dilates, & contenoient au moins deux livres d'une liqueur fort claire. X V. Tite remplie de pus. Encore line obfefvation du meme. Un homme avoit «n mal de ti!te tres-violent avec de la fievre. II touffoit, & crachoitdu pus, & 1'on ne douta pas qu'il n'eut un abfces dans le poumon. Ilmourut en peu de temps. M. Lieutaud ltii trouva le poumon fort fain, tout le mal etoit a la tete, oil les funis fpheno'idaux , frontaux & maxillaires etoient remplis de pus an point de n'en pouvoir contenir daYautage. XVI. Du DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. t35 **■ * " Chirurgic. Du fang en forme folide , reprifentant un ver de couleur noire , ford Annie 1755. par I'uretre. Un homme de cinquante ans, tres-connu dans Amfterdam, affez fan- guin & un peu melancolique , ayant eii une hemiplegie dont il eft tres- bien revenu, fujet depuis plulieurs annees a la gravelle , dont il lui eft arrive de rendre prcs d'une once a la fois, fut tout-a-coup, apres un vio- lent exercice de corps , faifi d'une retention d'urine qui lui caufoit de vi- vos doulcurs jufqu'a l'extremite de I'uretre. Au bout d'un peu de temps il fortit de ce canal un corps noiratre, de la grofleur d'une plume d'oie, & de la figure d'un ver, qui ayant etc tire doucement, fut fuivi de la de- charge de Purine melee avec beaucoup de fang. II etoit long de vingt polices. Un quart d'heure apres il en vint un fecond long d'une aulne, & depuis ce temps-la, pendant quatre jours & quatrc nuits, il eft toujours venu de demi-heure en demi-heure de pareils corps , inegaux en lon- gueur , dont le plus long a jufqu'i douze aulnes. C'eft villblement du fang auquel I'uretre a fervi de filiere , il fort trcs-brun , & devient plus vif en couleur, dis qu'il eft expoft a I'air. Sa fuperficie reprend , par nuances fucceflives, fa couleur naturelle , & la conferve enfuite dans l'efprit de vin -, de plus ce fang y acquiert une grande tenacite. Ces faits ont ete ecrits a M. du Fay , par M. Tronchin , mcdecin du malade. XVII. Cozur extraordinaire d'un fujet de cinquante ans. On fait que le trou ovale a un valvule, qui dans le foetus laiffe paffer le fang d'une oreillette du cceur dans 1'autre, 6c qui apres la naiffance de l'cnfant fc colle peu-a-peu a la circonference de ce trou , & ne permet plus cette communication qui itoit entre les deux oreillettes. M. Hiinauld a fait voir a l'Academie le cceur d'un fujet de cinquante ans , oil cette valvule collce exaclement, comme elle le devoit etre, a la circonference du trou ovale , etoit percee dans fon milieu d'une ouverturc d'environ trois lignes de diametre , &c par confcquent, donnoit au fang un paflage d'une oreil- lette dans l'autre, auffi libre qu'avant la naiffance, li elle avoit toujours ete collce, & prefque auffi libre, li elle ne l'avoit pas toujours ete. L'ou- verture de la valvule n'avoit etc produite , ni par an dechirement, ni par une fuppuration , & cela fe reconnoitToit facilement a fon rebord. II eft neceffairc que le trou ovale foit ouvert dans le fa-tus qui ne relpire pas, mais il n'eft pas li neceffaire qu'il foit ferme quand on refpire. Tome VII. Partie Franfoifi. G g i;+ A B R £ C £ DES MEMOIRES ~~ XVIII. Chirurgie. Annie 177S- Autre cceur extraordinaire dans une femme de trente\ans. M. Hunauld a fait voir audi a l'Academie Ie cceur dune femme de trente ans , ou les valvules de l'oreillette gauche etoient collees les lines avec les autres , & ne laiffoient qu'une ouverture tres-mediocre ail milieu du plan forme par leur reunion. Le fang venu du poumon dans cette oreillette, ne pafloit done de-la dans le ventricule qu'avec difficulte, & par cette raifon l'oreillette forcee a s'etendre pour contenir beaucoup de fang, etoit devenue plus grande quelle ne doit etre naturellement. II y avoit des points, de petits commencements d'offifications, en difterents endroits des valvules reunies. La femme dontil s'agit etoit morte phtilique; le poumon devoit fe fentir de la difficulte qu'avoit le fang a entrer dans le ventricule gauche. M. Hunauld a dit qu'il avoit obferve a-peu-pres la meme reunion des valvules de l'oreillette droite dans une fille de treize ou quatorze ans. X I X. Aorte finguliirement forme'e. Tout le monde fait qu'il fe trouve beaucoup de varietes dans la diftri- bution des vaiffeaux, meme dans les troncs les plus conliderables : en voici une que M. Hunauld a encore vue. L'aorte dans fa courbure donnoit d'a- bord un tronc commun qui fe divifoit bientot pour former les deux ca- rotides ; enfuite partoit la fouclaviere gauche , & un pen plus bas partoit la fouclaviere droite, mais de la partie pofterieure de l'aorte, d'ou elle fe reflechiffoit derriere le tronc commun des carotides pour gagner le cote droit, & fournir enfuite de ce cote-la fes rameaux a l'ordinaire. X X. Les vapeurs ont fouvent une caufe plus grave qu'on ne le penje communiment, Un homme dont la fante avoit para toujours egale jufqu'a 1'age de trente- trois a trente-quatre ans^ devint fujet aux vapeurs. Elles ne furent pas violentes pendant dix-huit ans, mais il s'y joignit des palpitations de cceur dont il fat incommode jufqu'a fa mort , qui arriva deux ans ou deux ans & demi apres. Ces palpitations, legeres dans les commencements , devinrent fi fortes dans la fuite, que l'agitation fe communiquoit aux cotes, & etoit fenlible aux yeux lors meme que le malade etoit habille. Si l'cn appliquoit la main a la region du cceur, on la fentoit fe foule- ver confiderablement. Les arteres avoient leur battement proportionne J celui du cceur, les veines des parties fuperieures etoient fort gonflees. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. i5? Les derniers jours de fa vie, fes jambes s'enflerent, & il dcvint hy-' dropique. M. de la Faye, maitre chirurgien de Paris, en ouvrant fon ca- C h i r u ac i £. davre, trouva la poitrine & le bas-ventre pleins d'eau, les poumons fains, mais affaiffes, l'epiploon fondu, les inteftins dans leur etat naturel , le foie ^innce IJ36' Sc la ratte fains , mais un peu plus gros qu'ils ne devroient etre , le pan- creas trcs-gros, trcs-dur & fquirreux, les veines de 1'eftomac fort groffes & remplies de fang ainfi que celles des extremitcs fuperieures. Le cceur pefoit plus de deux livres , il etoit ft gros qu'il rejettoir vers la parcie fu- perieure de la poitrine le lobe gauche du poumon-, il avoit a fa bafe quinze h feize pouces de circonference , fes deux ventricules etoient pleins de fang caille , le droit etoit a-peu-pres de la grandeur ordinaire ', mais le gauche qui devoir etre plus petit que le droit , etoit li dilate qu'il pouvoit con- tenir unc chopine de liqueur, mefure de Paris : cependant fes parois n'a- voient pas perdu leur epaiffeur. Le pericarde etoit un peu epais , exaite- ment applique au cceur •, il avoit fur fa fuperficie , du cote des cotes , une tumeur groffe comme un petit ceuf , 8c pleine de fang caille. L'aorte etoit oflinee 5 l'endroit oii elle fort du ventricule gauche ■, tous les autres vaif- leaux qui fortent de la bafe du cceur etoient dans leur etat nature!. M. de la Faye regarde la dilatation extraordinaire du ventricule gauche de ce cceur, comme un anevrifme de cette partie, & cette obfervation fournit une nouvelle preuve a ce qui a ete ecrit fur cette maladie , par Lancili & par M. Morand. XXL Un homme perci d'un coup d't'pie , & ayant eu le cceur grUvement attiint , a ve'cu encore plujieurs jours. M. Morand a fait voir a la Compagnie le cceur d'un foldat mort k l'hopital de la Charite, d'un coup d'epee a la partie anterieure lateiale gau- che de la poitrine. II fut trois jours fans aucun accident grave •, le qua- trieme jour de la bleffure, il eut de la fievre, & une fort grande difficultc de refpirer. Malgre tous les fecours qui lui furcnt donnes , il mourut, ayant vecu neuf jours & quatrc heures apres fa bleffure. On ouvrit le cadavre , on vit que le coup d'epee qui entroit au-deffous du mamelon gauche dans la poitrine, entre la cinquieme & la fixiemedes vraies cotes , a deux travers de doigt du fternum , percoit le pericarde a fi partie anterieure , traverfoit le ventricule droit du canir a fi partie infe- rieure pres fa pointe , percoit le pericarde a la partie oppolee, le diaphragme & le foie a un police de profondeur. II y avoit du fang dans le pericarde, un petit caillot de fang dans la plaie du cceur, & environ trois demi- feptiers d'une ferolitepurulente dans chaque cote de la poitrine. II eft eton- nant qu'un homme ait pu vivre li long- temps le carnr bleffe. Ge C H I 11 U R G I V.. 136 ABRfGE DES MEMOIRES XXII. ^dlnnie iJ3^ Extraction d'un corps Granger entre' par I'uretre dans la vejfie d'une femme. M. Zampollo , chirurgien de M. le due de Guaftalla , a ecrit a M. Morand le fait fuivant, dont il citoit plulieurs temoins. Domenica B. .. fille de batie condition , agee d'environ vingt ans , cou- choit avec une autre fille qui auroit voulu fiire avec elle des fon&ions dont elle etoit incapable. Elle fe fervit d'une grofle aiguille d'os a tete , de la longueur dun doigt, qui dans une adtion particuliere entre les deux compagnes , entra par l'uretre de Domenica , & tomba dans la veffie. Pen de jours aprcs, Domenica commenca a n'uriner que goutte h. goutte, & avec de trcs-grandes douleurs. La honte de declarer fon aventure lui fit cacher fon mal pendant cinq mois-, pais enfin maigriffant & ayant de la fievre , elle cut recours & un chirurgien , qui ayant introduit le doigt dans le vagin, & ayant fenti une durete , decouvrit avec un inftruinent un bout de l'aiguille , emporta les matieres pierreufes qui etoient a 1'entour, & crut avoir fait line belle operation •, mais la malade continuant d'etre dans le mime etat, & n'ayant eu par cette manoeuvre aucun foulagement, M. Zampollo fut appelle. II introduilit la fonde dans la veffie, qui etoit dechiree & ulceree du cote du vagin , & il fentit un corps dur; pour foulager les vives douleurs, il fit prendre a la malade beaucoup d'huile d'olive, & quelques jours apres la pierre qui s'etoit formee autour de l'aiguille parut h l'orifice du vagin par le trou fait a la veffie, & on la tira avec la main fans 1'aide d'aucun inftrument. La fille ne fouffre plus , elle marche & travaille , mais elle a une incon- tinence d'urine , & de temps en temps de legeres inflammations dans ces parties. XXIII. Organe de I'ou'ie d/compo/e en fri\e pieces. En 1754, M. Mai, demonftrateur d'anatomie dans l'tiniverfite de Stra* bourg, fir voir a l'Academie diverfes preparations anatomiques, dont deux ont principalement attire fon attention. La premiere contient l'organe de l'oriie qu'il a decompofe en feize pieces, ou Ton voit beaucoup d'art dans les coupes & une grande induftrie dans les moyens qu'il a employes pour faire voir l'aflemblage & le jeu de, certaines parties. Six coupes tris fines dans un feiil crdne. La feconde eft un crane dans lequel fix coupes tres- fines & bien me-> nagees, demontrent differentes vues & difterents rapports de parties, de DE L'ACADLMIE ROYALE DES SCIENCES. ii7 forte que dans le mcrae crane, il donne la commodite d'obferver des '""^ particularites qui ordinairemcnt ne fe dcmontrent que dans plulieurs pot- C h 1 r u r g i lions de ditferents cranes. Ces deux pieces jointes a des injections que M. Mai a fait voir, ont Annie 17$$. montre la lagacite pour lcs preparations anatomiques. XXIV. Lithotome inventi par M. Lecat. Audi en 1734, M. Lecat, chirurgien de l'Hotel-Dieu de Rouen, en- voya a lAcademie l'hiftoire des operations de la taille laterale qu'il a faites, rant a Rouen qua Dieppe. Elles ont toutes reuffi, au nombre de dix, fans aucun mativais fucccs qui en ait interrompu la fuite. M. Lecat avoit reforme le lithotome Anglois & y en avoit fubftitue un de fa facon. II a vu de tres bons eriets du bain d'eau chaude, quand fes tailles etoient me- naces d'inrlammation , il en a fauve trois de tout accident par ce moycn. Taille laterale faite par-tout avec grand fuccis. Depuis les operations de la taille laterale , par la methode de M. Che- felden , dont M. Morand a donne l'hiftoire en 1731 , il en a fait quatre dont trois ont reudi. Elle a ete pratiquee, & a Paris & dans le refte du royaume, & mcrae a Cadis & au Caire , par des chirurgiens qui avoient vu operer M. Morand , & il a trouve en faifant le calcul de tout ce qu'il a raflemble depuis 173 1 , que de 25 operations, 22 ont eu un bon fucccs. II n'y compte pas celles de M. Chelelden, en Angleterre , qui conti- uuoient alors avec un grand eclat. HISTOIRE NATURELLE. R EG N E ANIMAL. HISTOIRE 44» HISTOIRE NATURELLE. R. E G N E ANIMAL. DESCRIPTION ANATOMIQUE Z>'UN ANIMAL CO N NVSOU S LE NOM DE MUSC. Par M, DI iA PlYHOHNIt, JL^ 'Animal dont Je vais parler , a ete donne fous le nom de Mufc: ^55^!^^^ il a un organe particulier qui fournit line liqueur epaiffe & grade tres- Histoire odorante, qui a la confiftance dune pommade ordinaire, & qui repand Naturelle. un parfum trcs-fort, connu fous le nom de Mufc ; parfum different de RCrrne Animal. celni de la Civette. L'anatomie de cet organe fera le principal objet de ee Memoire , Annie ij$i. n'ayant rien trouve d'extraordinaire dans les autrcs parties de 1'animal. M^muirei. II fut donne au Roi, il y a pres de fix ans, par M. le Comte de Maurepas. Toutes les recherches que j'ai faites pour favoir pofitivement d'oti il etoit venu , ne m'ont fourni que des foupcons qu'il pouvoit venir du Senegal : il s'en trouve a la cote d'Or, au Royaume de Juda, & dans une grande etendue de cette partie de l'Afrique. Un Officier de Marine m'a affure en avoir trouve un a la cote d'Angole, par le <>e. degre Sud de la ligne •, il vouloit l'apporter en France, mais 1'animal jeune & delicat mourut au bout de fix femaines. Lc Mufc dont il s'agit , rut envoye par ordre du Roi a la Menagerie, ou il a ete nourri avec de la viande cme , qu'il mangeoit avec voracite. II y a environ trente ans qu'on en prefenta un au feu Roi, qui fut porte de meme que celui-ci a la Menagerie •, il y a vecu plufieurs annees : il fut donne fous le meme nom, il avoit la nieme figure exterieure, repan- doit la meme odeur •, mais on negligea d'en fiire rouverture. On ignore la conformation de l'organe de fon parfum , on n'a pas meme Ca s'il etoit male ou femellr •, c eft une perte pour l' Academic. Je fouhaiterois que mes recherches fur le fecond pufient la reparer. Malgre toute I'attention qu'on a depuis long-temps , de raflembler a la Menagerie differens ani- maux etrangers, ce font les deux feuls de cette efpece qui y aient paru, & les feuls dans le nombre des animaux mulques qu'on y a vu , qui aient donne on audi grand parfiim. Je ne ferai point ici I'hiftoire du parfum du Mufc •, Je ne parlerai point des rnauvais effets qu'il produit, ni de l'utilite dont il eft, tant dans la comnoiition des remedes, que dans les autres ufages qu'on en peut faire. Tome VIL Partie Francoifi. Hh l+* ABRliC^ D E S M £ M O I R E S !On fait qu'il n'a pas igalement reuffi dans tous les liecles, ni chez toutes H t s t o i r l 'es Nations; il y a eu des Peuples qui l'ont mis au rang de ce qu'ils ont Natuiiuie. eu ^e P'us prccieux •, il y a eu des temps oii il a fourni la matiere du ~ Rcgne Animal. 'uxe ^e P'us recherche-, dans d'autres temps on l'a meprife, & il y a des Contrees oii Ton appelle encore puants , les animaux qui repandcnt cette ■Annee 1731. odeur. Nous pouvons dire qu'on eft encore aujourd'hui partage entre 1c gout & l'averdon qu'on a pour ce parfum •, & ce qui eft bien furprenant, c'eft que, raalgre la violence, qui femblcioit devoir decider, c'eft foii- vent la mode qui en decide. Je ne chercherai point a concilier la diverfite des opinions fur l'origine du 110m de Mufc qu'on a donne a ce parfum & ^ l'animal qui le fournit, ni a fixer d'entre les animaux mufques , celui a qui on doit donner par preference le nom de Mule , en latin Mofchus oil animal Mojchiferum. On fait que les Arabes nous ont donne fous ce nom , line efpece de Gazelle oil de Chevre fauvage, decrite par plufieurs Auteurs, & particu- liercment par Lucas Sehorokius , de l'Academie des Ciuieux de la Nature en Allemagne , dans na long traite qu'il a donne fur cette (a) Hijloria Mof- matiere (a). chi ad Normam Ma- Tjanimai ie nous d^cr;vons n'a aucun rapport avec ces Chevres & demta Nature cunofo- „ 11 • i n ^ r ' j «~ j j ram ces Cazelles, ni avec les Kats mulques de Canada dont nous avons une (4) Voyi\ les Me- tres-exacle defcription (b). II approche davantage d'une efpece de Fouine moires de 1'Acadd- qu'on appelle Genette. On en voit une dans les Oblervations de Be- ™e annfee3i7«n" (c^ ' ^ont 'a ^g111'0 a quelque reffemblance avec notre animal. II y a p;ig.' 323. 'auffi dans l'Hiftoire Naturelle de la nouvelle Efpagne, par Francois Her- (V) Liv. II. chap, mandes *, la figure d'une Civette Americaine , qui paroit y avoir en- "fi- . core plus de rapport •, cependant elles different, comme on peut le voir, aS- 53 • en conf,£ran.t ]es deux figures avec celle que Ton trouvera ici. On trou- vera auffi de la difference entre la figure exterieure du Mufc, & celle des deux Civettes de M. Perrault, dans fes Memoires pour fervir i l'Hiftoire des Animaux. Le corps du Mufc eft plus dclie & plus levrete, fa queue eft plutot blanche que grife , coupee par huit anneaux noirs , pofes en maniere de ccrcles paralleles, larges chacun d'environ trois lignes , ce que n'a point la queue de la Civette. II eft couvert d'un poil doux & ^ demi ras, par- tout d'egale longueur-, Ton voit tout au contraire dans la ■ Civette de M. Perrault , tout le long du dos julqu'a la naiffance de la queue , le poii plus long & plus heriffe qu'a tous les autres endroits. Le Mufc etoit tigre de noir & de gris , la Civette etoit tigree de couleurs differentes; les taches de celled formoient des bandes circulaires autour du corps, les taches du Mufc en formoient de paralleles felon fi lon- gueur, depuis les epaules jufqu'au bas du corps; il avoit 1111 pied huit polices de long depuis le bout du mufeau,jufqu'i la naiffance de la queue, qui etoit longue d'environ quinze pouces. Le n'-iufeau etoit pointu , garni de mouftaches , i! etoit convert d'une peau grife , fes oreilles etoicnt plus plattcs que celles d'un Chat ; il avoit au-deffous des oreilles un double collier noir & deux bandes noirls de chaque cote qui naiffoient du fecond collier, Sc finiffoient aux epaules; simiMKALmifLLvm DE L'ACADfMIE ROYALE DES SCIENCES. i+5 il avoit les pattes noires , cclles de devant n'avoient que quatre doigts,— amies chacun d'un ongle court, raoins fort & moins pointu que ceux des h i s t o i r e Chats, Ie 5?. doigt etoit fans ongle, & ne portoit pas a teire; Ie dedans Naturf.lle. des deux p.ittes etoit plus maigre, & audi doux que dans les Chats; les Rene Animal. pattes de derriere avoient cinq ongles portant tous a terrc, conformed a peu prcs dememe; les papilles de la langue &oient tournees commecellcs Annie 1731. du Chat, dm- etre ni fi dures , ni (i apres. Je ne m'arrcterai pas davantage a parcourir le dehors du Mufc, ni a faire remarqucr toutes les differences exterieures du Mufc & de la Civette; il fera aife de les appercevoir , pour peu que l'on confidcrc les figures. Ce detail eft d'autant moins neceffaire , que la plus grande difference qu'il y a entre le Mufc & la Civette , fe tire moins de leurs parties exterieures que de la ftrudhire particuliere de 1'organe qui fournit a chacun de ccs animaux fon parfum. La ftrufture de 1'organe du parfum des deux Civettes de M. Perrault, eft fort diffcrente de celle de 1'organe d'une Civette, dont M. Morand a donnc depuis peu an Memoire a I'Academie. Nous allons voir dans la fuite de celui-ci, que cet organe dans le Mufc, eft tres -different de celui des trois Civettes. En ouvrant les cuiffes de notre Mufc qui etoit femelle, on decouvrfi l'ouverture de la vulve A , (Planche II. Fig. 1.) que je n'appercus qti'aprcs 1'avoir dilatee, tant elle m'avoit d'abord paru reflerree. Imme- diatement au-deffus on voit un Clitoris a, qui reffemble a one verge par fa groffeur, la figure du gland & celle de ion prepuce •, j'eus meme quel- Sue foupcon que e'etoit un male , j'en fits delabufe par la fuite de mes •bfervations. Au deffous de la vulve, on voit une fente B, B , a chaque cote de laquclle il y a une elevation formie par deux corps glanduleux C, C, qui , avant que les cuiffes fuffent ouvertes reffembloient a deux tefticules par leur groffeur, leur figure, leur lituation & leurs enveloppes. Au-def- fous de la fente on voit le fondement D , a cote duquei il y a deux petits trous noiratres E , E , qui font les ouvertures de deux facs longs d'environ quatre Iignes, dans chacun defquels J'introduifis aifement un ftilet d'une groffeur ordinaire. En preffant les deux facs , qui me paru- rent litues , chacun de fon cote, dans l'epaiffeur des membranes exterieu- res du rectum , j'en fis fortir cinq oil fix gouttes d'une liqueur noiratre , epaiffe & extrcmement puante, d'une odeur differente, & beaucoup plus delagreable que celle des matieres fecaks de l'aninial, qui puoient audi beaucoup •, l'une & l'autre de ces odeurs n'avoient rien qui reffemblat au parfum du Mufc. En ccartant les deux levres b , b , de la fente B , B , qui etoient fort fouples, & qui pretoient aifement, on decouvroit une cavite dans laquelle fe trouva une pate vifqucufe d'une couleur ambree, qui en enduiluit toute la furface ; e'eft la liqueur, l'huile, ou plutot la pommade odoran- te, le parfum ou le vrai Mufc, qui, comme nous 1'avons dit, avoit la coniiftance d'une pommade ordinaire. Nous 1'appellerons dans la fuite Hh ij 244 A B Rt G £ DES M £ M O I R E S MM"*M^"^de ce Memoire, pommade odorants ou parfum. A ronvenure de la H i s t o j r jcavite, 1'odeur de ce parfum fe trouva fi forte, que je ne pus l'obferver Naturuie, ^ans en ^tre incommode; cette cavite eft tapiffee d'une membrane tendi- Regne Animal. neu^"e> j. Je crus audi en voir, qui delies comme les precedents, etoient faits en manicre dc fufeau , plus gros dans leur milieu que dans leurs extremites , tels qu'on les voit dans la Figure 8. On tiroit tons les poils bio-ids avec des pincettes, fans la moindre refiftance, on en trouvoit qui paroili'oient cue laus racincs, & couches dans Its intervalles blancs de la membrane. *4* A B R E G £ DES MEMOIRES ; il y en avoit d'autres qui paroiffoient en fortir. M. Morand a vu dans la H i s t o 1 r i civette fortir dcs memes trous & en meme temps le parfum & les poils , ' Naturelu. ma's Je nal Pu vo'r 'a meme chofe dins le mule; le parfum eft toujours Rene Animal. f°rt' ,el1' en maniere de pommade moulee, foils la forrrje des vermicelli, ainfi qu'il eft reprefente dans la Figure 6e. Annie IJ3Z' Je n'ai pas vu reparoitre des poils noirs dans les endroits du fac d'ou je les avois arraches , il n'en a pas etc de meme des poils blonds, aprcs avoir ote tout ce que j'en ai vu dans un coin du fac, j'en ai trouve deux jours apresun alTez grand nombre fur le meme coin du fac, d'oii j'avois cru les avoir oris. Ces uouveaux poils me parurent enfonces & fortir d'entre les efpaces des bordures noires, & non des trous du parfum, com- nie il a ete dit. Je n'ai pas pm que tous ces nouveaux poils euflent ete arraches de la peau de l'animal, & qu'ils euffent glilfe dans le fac, parce que j'en ai trouve plulieurs enfonces aflez avant dans le corps reticulaire qui eft entre les trous du parfum, & qu'ils n'avoient pas l'organifation des poils-, ce qui me fait foupconner qu'une partie de la matiere du parfum con- tenue dans les velicules , fe glilfe dans des routes qui font vraifemblable- ment pratiquees dans l'efpace reticulaire fort poreux , qui fe trouve entre les trous du parfum, & que nous avons dit etre tres-extenfible , que cette matiere plus propre a fe durcir que le refte du parfum, & ^ prendre la confiftance de poil, y acquiert cette conliftance & s'y moule fuivant la forme du tuyau. Or ce tuyau fulceptible de difterentes contractions, peut mouler & fournir des filets femblables a des poils diverfement monies, & en fournir autant que les tuyaux pourront en contenir : ces poils, oil plutot ces filets, n'ont pas, comme il a ete dit, la vraie organifation des poils ordinaires -, e'eft une liqueur detachee & rr.oulee en filets. Les nou- veaux qui ont paru deux jours apres que j'eus ote tous ceux qui etoient dans un coin du fac, ont apparemment ete exp rimes de leurs conduits h force de manier l'organe, qu'on ne fauroit trop retourner de tous les cotes & en tous fens, pour le bien obferver. Tout ce qui vient d'etre decrit a e.te obferve lans aucune diffeftion. Si Ton ouvre la peau du ventre, du cote gauche, depuis le haut de la region ombilicale julqu'a l'anus , & qu'on la renverfe fur le cote droit , on decouvre une de ces glandes Cj que nous avons dit reifeinbler a des tefticules, e'eft la gl.mie du cote gauche qui eft rtnverlee fur le cote droit , fous laquclle la glande droite eft cachee. Outre la peau qui lui fert d'enveloppe ou de bourfe, elle eft couverte de fon mufcle qui eft bien different de celui des civettes de M. Perrault. Ici il eft unique dans fon origine & dans fon corps, il eft double dans fes extremites , dont l'une enveloppe la glande droite, & l'autre la gauche, comme on va le faire voir. II eft forme par un grand nombre de filets tendincux AAAAA , (Planche III , Fig. i.) qui fortent comme autant de rayons de 1'clpace de la partie inferieure & antericure des mufcles de 1'abdomen qui eft comprile depuis la crete de l'os des iles du cote droit, jufqu'a la crete DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 147 de l'os des iles du cote gauche. Ces filets tendincux qui paroiffent mitre ^"IM"M^^ & s'echapper en partie de la propre fubftance des grands obliques , & H : s t o i r e en partie de la membrane qui Ieur eft iiitimcment collee, prennent du Naturillf. corps, rougiuent a mefure qu'ils s'eloignent de leur naiffance, & s'ctant Regne AnimuL reunis vers la partie fuperieure de i'union des os pubis , fur lefqucls ils font implement couches, fans y etre en nulle facon attaches, torment an -dnnee lyjt. mufcle B, aflez conliderable. On voit a la partie inferieure dcs os pubis, le point D de la divilion en deux portions egalcs. L'une de ces portions E defend fur la glaude du cote gauche, & l'cnveloppe exactement dans toute fa circonfcrcnce , & 1'autre va envelopper de meme la glands droite. L'extremite dcs filets charnus qui excedent toute la circonference dts glandes, aprcs les avoir exaclement embraffees , va fe terminer a la peaii qui forme les deux Ievres du fac du parfutn. Cc mufcle loutient les glan- des, les exprime & relfcrre le vagin. On ne voit dans cette pofition qti'une portion du mufcle, j'ai cru que pour en donner une idee claire, il falloit le reprcfenter dans fa partie anterieure & pofterieure. On voit la face anterieure du mufcle dans la meme Planche III. Fig. 2 , on y voit l'entree de la vulve F, les deux Ievres HH de la fente du fac du parfum , convenes d'un peu de peaii , l'anus I, la naiffance du mufcle A A AAA , fon corps arrondi B, les deux portions EE de fon corps , l'une a droite , & 1'autre a gauche , enveloppant chacune de fon cote fa glande : la peara qui eft entre la vulve & la fente du parfum etant otee, on voit deux detachements de fibres charnues GG, celui qui part du mufcle qui couvre la glande droite , va confondre fes fibres avec celles du mufcle gauche, & les detachements des fibres fe croilant fous la vulve F, doivent la ferrer , fur-tout dans la contraction du mufcle. On voit la face pofterieure du mufcle dans la meme Planche, Fig. j. Elle reprefente la nailfance du mufcle A A AAA, (on corps B , fa divi- sion D en deux portions E, qui embraifait chacune de fon cote la glan- de , & les detachements G G des fibres de chaque mufcle , qui embraflcnt le vagin F, colle au clitoris X, coupe tranvcrfalemeiit. Nous n'avons parle que du mulcle & des glandes du parfum , on aura une idee plus claire de la vraie pofition de cet organe, en exami- nant les parties exterieures du fexe de l'animal, representees dans la Plan- che III. Fig. ie;e. On y voit la route FF da vagin, paffant entre les deux glandes, & ponctuee julqu'a fon orifice exterieur, dans lequel on a mis an ftilet C ; le corps du clitoris H paroit au-deliiis du vagin, on voit audi fon corps, caverneux gauche /, qui prend ici fon origine comme a l'ordinaire , & s'unit avec le droit, qui dans cette pofition eft cache fous le gauche, & etant reunis , ils vont former le corps du clitoris if qui eft beaucoup plus gros qu'on n'auroit du l'attendre dans un aufli petit animal. Le clitoris eft fcutcnu & rapproche de la partie inferieure de la commiflure des os pubis , par un fort ligament N, le mufcle crcchur L Rait a l'ordinaire de ('eminence de nfthiam. On voit aulTI au-dcllbus du clitoris fon mu! z43 AB RtG t DES MiMOIRES — — *— * accelerator gauche M, qui prenant Ton origine de la partie laterale gau- n cne du fphin&er de l'anus O va fe terminer vers le milieu du clitoris Hi Naturelle l'anus ^ a *°n fphinc^er QQ> compofe de fibres circulaires, dont le Regne Animal trouffeau eft tres-fort, on voit aufli la diredion des figures longitudi- nales K. Annie 173*- Pour reconnoitre la ftructure de la glande, il a fallu detacher le mm- cle qui lJenveloppe, je l'ai trouve lie avec elle par des filets tendineux qui formoient line membrane ferme, quoique trcs-mince, dont tout le corps de la glande m'a paru etre couvert. Pour Ten feparer, il a fallu rompre plulieurs filets tendineux qui plongeoient dans les intervalles des follicules, dont j'ai vu que la glande etoit compofee. Les follicules etoient ctroitement lies par ces filets , & par des branches d'arteres & des veines tres-fines, dont le tronc qui etoit aufli plus delie que je ne l'aurois cru, paroiffoit venir des branches honteules internes qui naiflent des hypo- gaftriques. Le rede des fibres charnues qui excedoient la circonference de la glande, alloit fe perdre par des filets tendineux dans le timi de la peau , & particulierement a la circonference des levres du fac du parfum , comme il a ete dif, cette portion de mufcle peut fervir a ecarter les le- vres du fac, a 1'ouvrir Sc a faciliter par confequent, dans le befoin, la fortie du parfum. Quelques filets doivent aufli , par leur direftion oblique & diverfement entrecroifee, fuivant la longueur des deux levres de la fente, les rapprocher , Sc leur fervir de fphin&er. La Fig. fee fi_ partie pofterieure, de la couleur de la pommade qui s'y filtre (Flanche IV. Figure i.) Si on examine la furface de la glande M, on ne voit que le fond des diflerentes poches , facs ou follicules aaaa, dont elle eft compoiee. A cote du globe de la glande, & fur les bordures, on voit plufieurs ve- iicules NNNN de la meme couleur, & de la meme nature que celles dont le corps de la glande eft compofe , mais plus petites & plus plattes. Leuriflue, dans la circonference des membranes qui torment la poche du parfum, eft plus petite que TiiTue des vrais follicules dans le fac. Elles vuident, comme nous taverns dit, leur pommade par les petits trous que nous avons obferves, tant fur le diametre de la furface du fac, qu'aux environs de la bordure liffe , & fur toute la circonference de chaque glande. Les follicules fe feparent aifement les tins des autres, pourvu qu'on ait rompu les filets qui les lient. Cette ftruihire (inguliere eft clairement reprefentee dans la Planche IV. Fig. 2 , ou la glande detachee du corps de l'animal eft vue de cote ; on y voit aufli la membrane propre B ren- verfee, qui couvroit divers follicules eeeeee que Ton voit en entier, atta- ches par leur cote a la membrane qui forme le fac du parfum. Cell par I'ouverture de ce cote qu'elles vuident leur pommade dans le fac. Pourdonner une idee plus claire du follicule, j'en ai detache un du corps de la glande, {Planche IV. Fig. 3.) le fond du follicule Z?, eft beaucoup plus DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES'. i+y plus large que Ton cou E , par ou le parfum fe vuide; on voit l'aboutif- _ femcnt de ce trou du follicule (Planche IV. Fig. 4.) audi bicn que fa H membrane propre B, {Fig. 2.) ouvcrte, & qui laifle voir les ouvertu- v. s T ° ' R ! res GGGGGG, des follicles ffffff, qui aboutiflent dans le fac du ^" An )n 7 parfum. Ce lont !cs manes trous que nous avons dit etre aunombre d'en- " 4 viron <5o , fur chaque demi-diameire du fie (Fig. 2- , 3 , 4 & 5 , Annie i"$i. Planche II.) Lorlque les follicules font pleins de pommade, les glandes fontgroffes & dures, elles ont diminue auifi-bien que les follicules, a mefure que j'en ai exprime la pommade. Si on ouvre le fond d'un follicule , avant que d'en avoir detaclie au- CUn autre de la glande, & qu'on y pouffe de lair au moyen d'un tuyau, il le gonfle-, fair fort par la meme ouverture que le parfum ; plulicurs au- tres follicules de fon voifinage fe gonflent en meme temps, & de proche en proche, prefque tous les follicules font remplis d'air, mais prinripa- lenient les grands follicules du milieu , ce qui prouve que les follicules s'ouvrent les uns dans les autres; la glande devient par cette operation prefqu'aufli groffe & auffi ferme quelle l'etoit avant qu'on en eut vuide l.i pommade. Si apres^ avoir fepare un follicule de ceux de fon voifinage, on y pouffe de l'air avec un tuyau, l'air le gonfle & fort par plulieurs ouver- rures laterales, par lefquelles il communiquoit fans doute avec les folli- cules voilins. Si on ouvre un follicule felon fa longueur, on decouvre avec la loupe de trcs- petites ouvertures , qui pourroient bien etre la communication d'un follicule a l'aiitre. La viteffe avec laquelle fair pouffe par le fond d'un follicule , palfe dans les follicules voilins , fait juger qu'ils doivent communiquer par plulieurs ouvertures-, precaution utile pour favorifer le cours & 1 evacuation d'une liqueur, qui par fa confifhnce, auroit pu etre retenue trop long- temps dans fon rcfervoir, fi elle n'avoit eu que la ref- fource d'une feule fortie. Ce meme follicule ouvert felon fa longueur, (Planche I V. Fig. 5 & 63) La Fi.. s reprftiiite montrc dans la cavite (cpt 011 huit cellules irregulieres de differences gran- les folficnles au m- deurs, feparees par des membranes fortes & tendineufes-, chacune de ces turel > & la FiS- 6 cellules en contient plulieurs autres petites; au fond defquelles on decou- '^LouT ^^ vre des grains glanduleux rougeatres, qui rcffemblent en petit aux papilles^ des reins, & qui s'ouvrent dans leurs petites cellules, ainfi que les papilles des reins dans leurs entonnoirs : ces grains glanduleux font de diflerente grandeur; e'eft appareniment a travcrs leur fiibftance que la pommade ou ' le parfum eft filtre. La premiere cellule a laquelle le mamelon eftadapte, Iui lert d'entonnoir; dcla p.iffe de cellule en cellule, des petites dans les grandes, jufqu'a ce que le follicule foit rempli-, alors la contraction du raufcle qui enveloppe la glande, & d'autres caufes que je ne parcours point, expnment dans le fac le parfum qui etoit renferme dans ks follicules, & dans le befoin font fortir le parfum du fac. Cette organization linguliere qui decouvre de nouveaux moyens pour Tome VII. Parte Franfoife. Ii l *5° ABREGE DES ME MOIRES -retenir & conduire lcs recrements felon leur nature & lenr destination, ne H i s t o i r e nous apprend rien de ce qui fe paffe dans le principe des fecretions qui Naturehe. fe font dans 1'homme & dans les animaux. II y a lieu de croire que les Regne Animal, arteres portent dans les papilles du fac, qui font fes vraies glandes, on fes vrais couloirs, un fang qui y depofe la matiere du parfum qui fait partie Annie ij 31. de fa maffe, le refidu rentre par le moyen des veines & apparemment des vaiffeaux de limphe, que je n'ai point vus ici, dans le commerce de la circulation. Mais comment le parfum s'eft-il fepare de la maffe du fmg? Quelle a ete cette manipulation? C'eft-la ce principe des fecretions, ce point d'Anatomie que les plus grands Anatomiftes n'ont encore pu met- tre en evidence. lis ne retireront de cette nouvelle organifation aucune nouvelle lumiere pour developper cet ancien myftere. Tout fe reduit ici a la feule difference de la conformation exterieure de la glande , de la forme de fon recipient, & du refte de la conduire du recrement d'avec les glandes ordinaires. Differences dignes d'etre obfervees, d'etre compa- rers avec ce qu'on trouve dans 1'homme & dans les animaux, pour con- noi'tre lcs divers moyens employes pour les memes operations. Nous de- vons nous en tenir-la , jufqu'a ce que ces varices mieux connues nous fa (fen t voir les autres avantages qu'on en peut retirer. Le rein du Dauphin depouille de fa membrane exterieure fe divife ai- fement en un trcs grand nombre de lobules oil follicules, qui imitent une grappe de railin dont les grains font alonges. C'eft de tous les or- ganes glanduleux que je connois dans les animaux, celui que j'ai trouve qui approchoit le plus de l'organe du Mufc. Les grains glanduleux qui font dans l'interieur des follicules font petits, mais leur ftructure reffem- ble affez a celle des mamelons oil des papilles des reins, & font em- braces par leurs veiicules; ainli qu'ils le font dans les reins par Ieurs en- tonnoirs •, les grains glanduleux & lcs premieres veficules du Mufc font de vrais mamelons & de vrais entonnoirs •, la pommade & l'urine dans ces deux organes four ramaffes a-peu-pres de meme, mais le refte de leur conduire ne fe reffemble plus. La pommade dans les follicules & dans le fac s'eft trouvee d'une force extraordinaire deux jours apres la mort de notre Mufc. Obfervarion con- traire a ce qu'en ont publie plufieurs Auteurs, fur la foi des Marchands & des Voyageurs qui affluent que la pommade eft fort puante lorfqu'on la retire de Panimal, & qu'en vieilliffant dans fes bourfes, elle prend peu a pen le parfum & la qualite de mufc, toujours plus fort a mefure qu'il eft garde plus long-temps. Cette erreur doit etre imputee a la facon dont on detache les bour- fes. Les Chaffeurs & les Marchands qui ne font pas Anatomiftes, ouvrent en fsifant cette operation, le gros boyau & les deux poches qu'il a a fes cotes, qui donnent line liqueur d'une odeur extremement puante; ils ouvrent & enlevent le boyau & ces deux poches, ils les renverfent pour enfermer le parfum , ils les lient & les ferrent , comme line bourfe de payfan , pour I'empecher de s'echapper ; fon odeur , quoique forte , ne perce point a Wvers la poche qui eft fort epaiffe, & enduite exterieu- DE L'ACADLMIE ROYALE DES SCIENCES. Mr rement des matiercs Scales & de la liqueur puante que j'ai obfervee ; la "'"""'"g" niauvaife odeur qui eft au-dehors fe diflipc avec le temps, au lieu que u le mufc bien enferme ne perd rien, & fe fait fentir fortement a la pre- ^ s T ° ' R E micre ouverture du fac. waturelu. II eft conftant que le parfunj durant la vie du Mufc , & d'abord aprc-s gne AnimaL fa mort, eft d'une violence extreme. Anuie ijii. Plufieurs perfonnes ont cru que toutes Ies parties de I'animal fournif- foient une odeur de la meme nature. J'ai lieu de croire qu'il refide uni- quement dans la pommade & dans l'organe qui la filtre & la contient ; fi les autres parties en ont quelqu'impreffion , elle leur eft etrangerc , e'eft la pommade qui la leur a donnee. Voici Ies experiences qui m'autorifent a le croire. J'ai coupe une portion du poumon , du foie, de la rate, des mufcles pcctoraiix , de ceux des epaules & du dos. J'ai imbibe une petite eponge fine de tout le fang & de toute 1'humidite que j'ai trouve dans la poi- trine & dans le bas-ventre •, j'ai renferme toutes ces parties dans dirFe- rentes armoires d'une autre chambre que celle oii je travaillois, je les , ai v-ifaees tous les jours jufqu'a ce qu'elles aient ete pourries ou deffe- chees ; elles n'ont jamais donne d'autre odeur que celle du fang , ou d'une chair ordinaire pourrie ou deflechee , fans aucune odeur de mufc ; je les ai fait fentir a diyerfes perfonnes qui ne favoient ce que e'etoit, & qui n'y ont pas trouve la moindre odeur de mufc. La qualite des aliments peut augmenter la produftion de la pommade, clle peut meme fortifier ou affoiblir 1'odeur du parfiun. II y a pourtant apparence que les diverfes preparations qu'ils recoivent d.ins le corps de I animal , ou plutot la ftrudure linguliere du couloir a travers lequel la fecretion fe fait, y contribue davantage; celui ci ne vivoit que de viande crue , & le parfum qu'il foumifl'oit avec abondance , etoit excelIive-» merit fort. Je connois tin homme de condition qui ne voudroit pas etre nom- me, dontle deffous de l'airTelle gauche fournit, fur-tout durant les cha- leurs de l'Ete, une odeur de mufc furprenante, qui feroit meme trcs- incommode dans la fociete, s'il ne prenoit des precautions pour 1'affoiblir. L'airTelle droite eft prefque fans odeur. II s'eft trouve dans chacune des grandes veVicules dont les glandes etoient compofees, le poids d'environ trois grains de pommade, & dans les mediocres ou les petites, environ la moitie ou le tiers de moins que dans Ies grandes, ce qui fait en tout environ une demi-once de vraie pommade, fins melange d'aucune autre fubftance, e'eft a peu pres la quan- tite de vrai mufc que l'organe de notre animal pouvoit contenir. ipt ABRLG1; DES MEMOIRES Histoire EXPLICATION DES FIGURES. NATURH.LK Regne Animal. P i a n c h e I. Ann/e itqi. O" l'on volt la Figure exterieure du Mufc. P L A N C H E II. Les Figures de cette Planche font voir les parties exterieures de l'or- gane qui tournit le parfum , & celles des environs. La Figure i , niontre l'animal dont on a ecarte les cuifles. A.. L'ouverture de la vulve. a. Le clitoris. BB. Fente ou ouverture dit fac qui contient le parfum. bb. Les deux levres de ladite fente. ff. Les deux glandes qui fourniffent le mufc ou le parfum couvertes de leurs enveloppes exterieures. D. L'ouverture du fondement. EE. Ouvertures de deux poches fituees ^ droite 8c \ gauche de 1'anus. La Figure z, fait voir l'animal dans la meme fituation que dans la figure precedente, mais les deux levres bb , de la fente BBj font tiroes horifontalement dans cette figure ; par cette operation la furface du fac qui contient le parfum eft decouverte, tandis que le fondement, aufli bien que les parties exterieures de la generation font cachees. On a cru, pour donner une idee plus claire de cet organe, ne pouvoir eviter les repeti- tions qu'on verra. FF. Surface du fac telle qu'on la voit, Iorfque les deux levres £/>, de la fente font tirees egalement chacune de fon cote, formant un plan ho- rifontal & circulaire divife en deux demi-cercles. GGG. Diametre du plan circulaire qui fait voir le fond du fac, & qui eft trace par la jondHon des deux membranes qui formoient le fac; c'eft a travcrs ces deux membranes, percees de plufieurs trous , & collees chacune fur une portion de la furface de chaque glande , que le parfum diftille des glandes dans le fac-, chaque membrane forme un demi-cercle. La Figure 3 , eft la meme que la precedente , & dans la meme fitua- tion, mais detachee du fujet. La Figure 4 , reprefente la meme partie que la figure precedente , & detachee de meme du fujet, mais dans une fituation dinxrente. F. Demi-cercle droit. GGG, Diametre qui fepare le droit qui eft entier , d'avec le gauche qui eft renverfe en partie fous la glande. La Figure 5 , reprefente la meme partie , mais dans une pofition difte- rente des deux precedentes. FF. Surface du fac reprefente dans les figures precedentes. GGG. Diametre de la furface du fac. s.zz. Bordure lice qui ne paroit que dans la partie iuferieure de la fur- %.. ■•■■ ' Coll J cad part, franc. Tom. TTJ. PI iff. Pay i55 mmm' M Ml v»£ •s«s ,<® •- ' ■ ■ CvU. Jcad.pwt. Franc Tom . HI. PUS. Fey 2 55. F1.1 2. ■ fig. ., ' ■ DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, i^ face du fac, quoiqu'elle regne dans toute fa circonference , & qui eft fltu;e " '" ' ^=rz^rz entre la peau interieure du fac & le poil exterieur •, c'eft a raifon delaHi s t o i it t portion du fac qu'on ne la voit que dans la partie inferieure. Natvr • i i ■ La Figure 6, fait voir la m.iniere dont la pommadc, lorfqti'on preiTe Regne Animal le fac t fort des trous de ce incme fac reprefentes dans les figures prcce- dentes. Annie 2731. La Figure 7 , montrc les poils noirs, fitucs a cote de chaque troll du fac. La Figure 8 j montre les poils blonds en maniere de fufeaux. La Figure g , fait voir des poils blonds comme les precedents , mais cylindriques. Planche III. La Figure t , C. La glande gauche du parfum renverfce fur le cote droit , couverte de fon mufcle , & cachant la glande droite flu parfum. A A A A A. Naiffance du mufcle qui eft tendineux , & qui part des mulcles du bas-ventre au-deffous de l'ombilic, de l'efpace qui eft entre la crete de l'os des iles du cote gauche, & la crete de l'os des iles du cote droit. • B. Reunion des filets tendineux de ce mufcle a la hauteur de la partie fuperieure des os pubis oil il forme un corps coniiderable. D. Divihon de ces mufcles en deux portions. E. Portion gauche qui enveloppe la glande gauche. C. Detachement des fibres du mufcle gauche qui vont fous le vagin. FF. Route du vagin ponctuee julqu'a Ion ouverture exterieure , in- diquee par le ftilet G qu'on y a introduit, & qui eft cache" fous la peau renverfee. H. Corps du clitoris. I. Corps cavemeux gauche du clitoris. L. Mufcle ere&eur du clitoris. M. Mufcle accelerateur du clitoris. N. Ligament du clitoris. O. L'anus. PP. Les ouvertures des deux poches qui font conchies exterkure,- ment fur les deux cotes du redtiim. QQ. Trouffeau des fibres charnues circulates , formant le (phin&ei de l'anus. K. Direction des fibres longitudinales qui coupent les circubires a angles droits. La Figure z , reprcfente le mufcle dans U Uce antcrieure. AAAAA. Naiilance du mufcle. B. Corps du. mufcle. D. Diviiion du mufcle. EE. Les Jeux portions du mufcle divife, dont 1'une embrace h glaiije droite , & l'autre embraffe la glande gauche. F. Ouverture exterieure is: aot&ieure du vagin. z54 ABRECi DES MEMOIRES — in.*— — qq D^rachement des fibres charnues qui fe croifent fous le vagin H i s t o i r e dans ^a f-ice anterieure, celles du cote droit vont fe perdre dans le cote Natuiuile. gauche, & celles du cote gauche vont fe perdre dans le cote droit. Rcgne Animal. HH- ^es deux levres de la fente du fac du parfura couvertes d'un pen de peau & de poil. Annie fj^1, I- L'ouverture du fondement. La Figure 3 , reprefente le raufc de la figure pricedente , vu dans fa face pofterieure. AAAAA. NaiiTance du mufcle. B. Corps du mufcle. D. Divifion du mufcle. EE. Les deux portions du mufcle qui couvrent la face pofterieure des glandes. F. Ouverture du vagin qui a etc coupe tranfverfalement a la partie pofterieure des glandes. GG. Detachement des fibres de la partie pofterieure du mufcle em- braffant pofterieurement le vagin , ainli qu'il eft embralfe en-devant par le detachement des fibres anterieures. , X. Le corps du clitoris coupe en travers, & vu par derriere. Planche IV. Figure 1. Les parties de l'animal dans cette figure font renverfees fur lecote droit, ainfi que dans la Planche III. Figure premiere. AAAAA. Naiifance ou tete du mufcle. B. Corps du mufcle. D. Divifion du mufcle. E. Mufcle qui couvroit la glande gauche, qui en a ete detache & Jette fur le cote droit. FF. Le vagin. G. Le corps du clitoris. H. Ligament du clitoris. I. Corps caverneux gauche couvert du mufcle erecleur gauche du clitoris. JL. Fibres circulates de l'anus formant le fphincter. M. Glande gauche depouillee de fon mufcle, vue par fa partie pofte- rieure & couverte de fa membrane propre. aaaa. Fond d'une partie des facs dont la glande eft compofee. NNNN. Plufieurs petites veficules de la couleur & de la nature de celles dont le corps de la glande eft compofe , mais plus plattes & plus petites , & fituees dans la circonference de la glande. Figure %, A. Corps de la glande gauche detache du fujet. B. Membrane propre de la glande renverfee. eeeeee. Divers follicules dont le corps de la glande eft compofe. La Figure 3 , reprefente l'lin des follicules dont la glande eft compofee, detache de la glande. Co/I Acad /\i// Franc -Tom 111 J'l '/? rag iJi ■ DE LACADF.MIE ROYALE DES SCIENCES. 255 D. Fond du follicule. E. Ouverture du follicule. H 1 s t o 1 n g Figure 4 , ffffff. Divers folliculcs. Natuiu 1 1 . GGGGGG. Les ouvertures des follicules dans le Tic da parfum. Regne AnimaL La Figure 5 , reprefente un follicule ouvert , dans lcquel on decouvre plulieurs cellules irregulieres de differentc grandeur. Figure 6. Le meme follicule ouvert, & vu grolli par une Loupe. E X T R A I T UN M £ M O I n. E sun les Insectes. Par M. D E REAUMUR. E N 173+ parut un livre de M. de Reaumur intitule , Mimoires pour y{nn/e 7734, Jervir a Ihijloire des infecles , tome I. Sur les chenilles & fur les Hiftuire. papillons. On comprend affez par ce titre, que M. de Reaumur a en vue an deifein li grand & li vafte, qu'il ne pretend pas le remplir entitlement, mais feulement aider a le remplir, li on peut t'entreprendre quelque jour ; & que ce qu'il donne prefentement au public, n'eft qu'une panic de ce qu'il lui donnera. Les infedces, felon la force du mot, ne font que les animaux dont le corps eft comme coupe par des efpeccs d'anneaux qui en divifent la lon- gueur, mais I'u/age commun etend ce mot plus loin , on appclle infedres tous les petits animaux trcs-difFerens des grands par leurs figures , me- prifables par leur petitefle , on ha'iilables par les dommages qu'ils nous caufent. lis font peut-etre audi bicn definis par ce mepris & par cette haine , que par une definition plus reguliere qui feroit apparernment trcs- difhcile. Cependant fi Ton jugeoit que les animaux que la nature a eu princi- palement deflein de produire, font ceux quelle a produits en plus grand nombre , Je dis plus grand meme par rapport sux difterentes eipcecs , il fe trouveroit que cctte forte de prediledtion de la nature feroit toute en- tiere & prefqu'infinie en faveur des infedles. II y a des iniedtcs lur I.i terre , dans l'air, dans routes les eaux, & il y a dans chacun de ces trois elemens , fans comparailon plus d'infedles que de grands animaux qui leur appartiennent. On pourroit croire que les infedtes font en plus grand nombre, parce qu'etant beaucoup plus petits , ils font plus aik's a nourrir , mais cette raifon n'auroit lieu que pour la multitude des individus , & non pour celle des difterentes efpeccs, beaucoup plus grande que dans aucun genre connu des grands animaux. Pourquoi tant de loin de varier les clpeccs dans des genres qui par eux-memes fcroient des objets pen importans. Mais ce qui lera encore beaucoup plus fort , pourquoi la nature a-telle iY. Si Ton veut bien ho- norer du nom d'efprit,Ies inftindts naturels des animaux, les infedtes font certainement ceux qui ont le plus d'elprit, & fi cet efprit depend comme en nous des difpofitions organiques du cerveau, les infedtes iont ceux de toils les animaux dont le cerveau eft le plus & le mieux travaille. lis font done bien eloignes d'etre des ouvrages de la nature, meprifa- bles ou meme pen dignes de notre attention. Les yeux des Philofophes favent bien leur rendre plus de juftice , ils decouvrent en eux les plus fur- prenantes mcrveilles que la fouveraine intelligence ait repandues fur notre globe & la profonde admiration qu'on lui doit , en redouble. Mais outre cette utilite plus que philofophique & qui va julqu'au theo- logique , letudc des infedtes peut en avoir d'autres plus groffieres, & par confequent plus frappantes pour le commun des homines. Si on avoit dedaigne d'obferver line efpece de chenilles , nous ferions prives de la foie, & quelle perte ne feroit-ce pas, pour les commodites & les agremens de la vie, raeme pour la medecine qui fait tirer de la foie un (1 bon re- mede J ce font des fourmis des Indes qui nous donnent la laque, des efpeces de punailes d'Amerique qui fourniffent la cochenille , & fans en- trer dans un plus long denombrement des differens profits dont nous font adtuellement les infedtes, ne fera-ce pas une autre lorte de profit route contraire & auffi avantageufe que de favoir detruire ceux qui nous font nuilibles , quand nous les aurons affez etudies ? M. de Reaumur a deja trouve ce fecret, a l'egard des teignes qui gatent nos etoftes de laine. Les connoiifances qui demeureront inutiles par rapport a ces ufages fen- fibles & populaires, car allurement il en demeurera, feront la portion 5c le domaine propre des philofophes. Ce n'eft que depuis affez pen de terns que Ton s'eft mis a etudier les infedtes bien f<;rieufement & avec methode , & il eft facile de compter ceux qui s'y font appliques. Dans cette fcience naiffante & peu connue, M. de Reaumur a trouve beaucoup k faire & beaucoup plus que n'en peut faire un feul homme & un feul liecle, racrae en fe renfermant dans quel- qiies efpeces particulieres d'iniedtes. Ce font line infinite de petits faits qui fe cachent aux yeux pour la plupart, qui, s'ils fe montrent , paffent en un inftant & alors meme s'enveloppent encore dans line forte de myf- tere, Un moment manque pour robfervation ne le retrouve plus, & il n>y DE L'ACADiMIE ROYALE DES SCIENCES. i57 n'y a qu'un hafard heurciix qui puiffe non-feulement Ic donncr , mais en- m feigner quel eft ce moment important qu'il faut attendre & enfuite failir. H i s t o i n f II eft trcs-difficile de bien voir & tres- difficile de favoir feulement oil Naturii.lf. Ton doit principalcmcnt porter fa vuc. Les yeux qui lc plus fouvent ont Regne Animal. befoin d'etre armes d'une loupe oil d'un microfcope , ont encore plus bc- foin de l'etre d'un efprit penetrant qui appercpive au-dela des microfco- Annie '^Pf- pes & des loupes. A peine l'induftrie d'un homme peut-elle bien decou- vrir toute celle d'une chenille qui travaille a fa coque. On verra dans tout le livre de M. de Reaumur jufqu'a quel point il a porte l'affiduite , la patience , la fagaciti de l'obfervation. II fait le recit des difficultes qu'il a trouvees, des expediens qu'il a imagines pour les vaincre , des hafards qui l'ont ou traverfe oil favorife , de ce qui lui a fait ou prendre ou rejetter certaines idees, enfin de toutes fes aventures, pour ainh dire, & de toute fa conduite dans le pays peu connu ou il s'etoit engage , & qu'il defrichoit pour la plus grande partie. Cette relation du voyage, agreable par elle-meme, fera de plus inftruclive pour d'autres voyagcurs qui viendront apres lui. Ce volume qui eft gros , & qui fera fnivi de plufieurs autres, ne re- garde que les chenilles. Tout le monde les connoit, & fait groflierement leur hiftoire. Elles fe changent en ce que le peuple apoelle jives, & les naturaliftes , chryfalides , ou aurdies , ou nymphes. Enhn elles deviennent papillons & ne fongent a la propagation de leur efpece qu'en ce der- nier etat. Quand an nataralifte veutparler du becuf, du cheval, dumouton,&c. il n'a qu'a le nommer,oii connoit l'animal dont il parle & on lui appli- que fans peine tout ce qu'on en apprend. Mais quand un naturalifte par- lera dune chenille , comme il y en a line infinite d'efpeces tres-differentcs entre elles , on ne faura de quelle chenille il parle , & on fera hors d'etat de verifier, de fuivre, de reftifier, s'il le faut, ce qu'il aura dit, a moins qu'il n'ait li bien dellgne & caracterife fa chenille , qu'on la puilfe retrou- vcr furement. Pour cela il faudroit avoir fait fur les chenilles ce que de grands Bo- taniftes ont fait lur les plantes , des diftributions en claries, genres & efpeces. On entendra nettement ces trois termes, pourvu qu'on fe fou- vienneque, dans une diftribution pareille qui rcgarderoit les grands ani- maux, les quadrupedes, par exemple, feroient une clafie, les chiens do genre, les dogues, les levriers, &c. des efpeces. Les caraiftcres les plus propres a bien deligner ces trois ordres , cc font les plus fcnliblcs, les plus frappans, les plus populaires , ceiix qui fe manifeRent le plus vite , car, il faut que tout le monde puiffe reconnoitre ce dont il s'agit, fans heliter & le plus promptement qu'il fe puiffe. M. de Reaumur s'eft tourne de tons les cotes pour tacher de diftribuer les chenilles en claiTes, genres & efpeces, foit par leur figure, & par les proportions de leur corps, foit par le nombre de leurs anneaux, foit par celui de leurs jambes ecailleufes ou membraneufes , foit par certaines cor- nes qu'elles ont quelquefois vers la tete , quelquefois vers le dcrrier? , Tome VII. Partie Franfoije. Klc 4yj ABRliGi PES ^EJJOIRES : foit par des tubercules on mamelons femes quelque/ois fiir Jeur peau , foit les polls qifejpfes ont fouvent & dont (efles iont quelquefojs privies , fojt par les foit par les . foit par leur £enre de vie ou folitaire, ou en fociete , &lc. Tqus/es principes de dif- ference trcs-nomj^rqux par qux-memes , fe conibineu.t fi djverfement en- femble , & fe lbutlennent fi pen dans chaq.ue combinajlon , qu'on diroit que les chenilles out voulu fe derober a tout q*d£e aruficiel de la phi- lofophie. Cependanf M. de Reaumur n'a. pas laiffi d'etablir fept claifes , fous lefquelles ^ indique comment on pourra ranger des genres & des efpeces. II a de)a les moyens de caraderiler affcz bien les clieiiilles, dont il traite, pour les rendre aifement reconnoiifibles. Ce font-la de ces endio,Us d'un ouvrage qui out apparemment le plus couti, & qui interejflcnt- le moins la plupart des Le&eurs. Conabicn de gens peu curieux de voir Jamais les chenilles de 1VI. de Reaumur, fe con- tcntcront d'apprendre & de croire fur fa parole, qu'il y en a qui out telles & telles proprjetes , .qui font telles & teles operations ? fyfais il faut que des Naturalines plus curieijx $f mic-ux inftruits travaillent pour ces ,gens-la memes , & e'eft pour faciliter le travail des Naturaliftes que Ton entre dans des cbfcuflions qui lie font que pour eux. Nous ne prendrojis de tout le livre de }A. 4e Reaumur que ce qui pent e'tre dii gout de ce plus grand nombre de Lecteurs, les faits prin- cipally que rjqus depouHlerqns meme de l'iiigenifux & agreable detail des explications mechaniques. II nous meneroit beaucoup trop loin,.& fou- vent ces faits ainfi depouilles feronf comme des efpeces d'enigmes pro.- pofees par la nature, & dont le mot ne fera pas aifc a trouver. ies chenilles ne parosifent qu'au printemps, lorfqu'une bonne provifion d'alimens dirferens , felon le gout des ditferentes efpeces, les attend de tous cotes. Quelques efpeces vivent en communaute , ellcs fe mettent plufieurs en.- femble a longer la meme feuille •> d'autres veulent vivre folifaires, & ron- ger chacune leur feuille a part. II y en a , j'entends des efpeces , qui ne mangpnt que la nuit , & fe vont cacher fous terre, pendant tout le jour, de forte qu'un jardinier qui a laiffe vers le foir line plante bien exempte de chenilles, bien faine, eft fort furpris de la retrouyer le matin toute ravagee , fans y decouvrir les ennemis. Quelques efpeces de cheniUes n'ont point, comme toutes les auties, la faculte d'etendre& de reflerrer, d'alonger & d,e raccourcir Ieurs anneaux, clles out le corps roide, & quand elles fe font accrochees fur line bran- che par leurs premieres jambes , dies peuvent s'y famenir pendant line heure .entire, le corps pofe en haut verticalement , de maniere qu'on les prendroit pour un petit brin de bois. Quelle force ne faut-il pas a leurs inu/cles pour une attitude fi contrainte ! Hille peut durer encore apres leur niort, ce qui augmente la merveille. II leur faut encore, fans comparair DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. :T? fon, plus de force , pour fe foutenir horifontalement , comme ellcs font, "" ' '"■ quand il lcur plait. H i s t o i r e II y a des chenilles fi voraces, qu'en moins de 14 heures , elles man- ]\jAT urei. r. f. gent plus du double du poids de leirr corps. Les grands animaux font Re/rne Animal. bun lobres en comparaifon. Aufli croiifent-elles extremement vite. M. Ji.ilpipghi a decouvert que les chenilles refpiroient l'air par dix-huit Annet IJJ4- poumons dont les trachees avoient leurs ouvertures exterieures difpofees' le long du corps fur deux lignes paralleles. Ce qui i prouve a ce grand & ingenieux obfervateur que ces ouvertures qu'ii znpettc fligmatts , font des ouvertures de trachees, e'eft qu'en y appliquant de l'huile qui les bou- choit, il voyoit les chenilles mourir ctouftees. II a cru & merae fur quel- ques experiences , que l'air refortoit enfuite par les memes endroits pur oii il etoit entre, ainli que dans les grands animaux-, mais M. de Reaumur qui a eu le merite de vouloir encore, aprcs line li grande autorfte , s'en convaincre par Iui-merne, a trouve, en tenant des- chenilles foils l'eau , ou elles vivent des heures entieres , que tout lcur corps fe couvre de bulles d'air & beaucoup moins aux endroits ou font les (figmates , & que par confequent fair fort de toute l'habirude du corps par des ouvertures infenlibles, comme la matiere de notre tranfpiration. II a etc reduit en particulicr extremement fubtiles par Ion paflage dans des canaux audi fins que ceux qui ont fait les rameaux, & les rameaux de rameaux de trachees aufli deliees des leur origine. De plus, les chenilles ne fe gonflent point, comme les autres animaux, dans la machine" du vuide, marque que l'air contenu dans leur corps s'en echappe aifement. Elles vivent des deux ou trois jours dans ce vuide , qtielque parfait qu'on l'aitpufaire, mais fans aucun mouvement. Des qu'on leur rend l'air, elles fe raniment. M. Malpipghi a cru que les chenilles avoient tout le long, & au milieu de leur corps, un grand nombre de ccfeurs & audi bien que de poumons, mais autant qu'on en pent juger dans une anatomie li delicate , & qui ap- proche rant d'etre impodible , M. de Reaumur croit que cette fuite appa- rente de ctr-urs ri'eft qu'un'e lorigue artere droite, qui, a:la verire, a des etranglements qui femhlent la divifer en difB'rentes parties, rhais des etran- glements caufe par des compreilions de corps voiluis, & tels qu'on peut les faire difparoitre. Tous les ans, les quadrupedes & les oifeaux nuient, c'eft-a:d?re, chan- gent de poils ou de plumes. Les infectes font plus, tousccux que M. de' Reaumur connoit, & il en connoit beaucoup , cfungent de peau une fois an moins en leur vie, les vers a foie jufqu'a qtiatre fois , la plupart des autres chenilles' aiffarit. Quand les chenilles fe preparent a muer, elles cedent de fe nnurrir, tombent dans une grande langueur & perdent l'eclat de- leurs coulcurs & quelquefois quelques-unes de ces couleurs memes. En general lcur artifice, pour fe depouiller, confide a gonfler& a con- tractor alternativement leurs anneaux , moyennant quoi leur ancienne peau tiraillee en divers fens, fe detache de la uouvelle deji toute formee nu- " Klc ij i^o A B R £ G E D E S M £ M 0 I R E S ~~ ■— »■■ deilbus & vient a fe fendre en quelque endroit par oii ie corps de k Histoire chenille a un commencement d'ilrue. Le refte eft facile a imaginer. Naiukille, Mms la merveille eft d'un* cote la perfection de l'ancienne peau , de Regne Animal, fautre celle de la nouvelle. La depouille eft fi parfaite, quelle comprcnd les dents, les ongles & jufqu'au crane, qui eft aflez dur & ecailleux. La Annie i"3-}- nouvelle peau eft li parfaite que, dans les chenilles velues, elle a les poils tout pareilsa ceux qui font reftes fur l'ancienne, difpofesde la mane nu- niere, aufli longs & quelquefois plus, & cela , des que l'animal paroit dans fon renouvellement. On ne peut done pas penfer que les nouveaux poils fuflent loges dans les anciens , comme dans des etuis , d'oii ils fe feroicnt degages-, M. de Reaumur s'eft encore allure de la fauflete de cette idee, en coupant bien exa&ement tous les poils a une chenille toute prete a muer, il eut coupe neceffairement audi les poils de la nouvelle peau, mais elle n'en fill pas moins couverte. Tout ce qui refte a penfer , & on peut s'en afilirer par fes yeux , e'eft que les nouveaux poils bien formes & ayant toute leur etendue, fe tiennent couches fur la nouvelle peau, parce que l'ancienne les y oblige tant quelle n'eft pas detachee. On concoit meme que l'enort qu'ils font pour fe redrelfer , doit aider a la feparation des deiix peaux , fans compter unc liqueur alfez abondan te qui le repand alors entre elles. M. de Reaumur a trouve que le nouveau crane etoit prefque toujours conliderablement plus grand que l'ancien , & comment a-t-il etc renferme fous l'ancien I ce feroit encore une queftion , quand il ne leroit qu'egal. II faut qu'etant plus mol & plus flexible , il fe foit un peu accommode au lieu qui le renfermoit & que, quand il a ete libre, il ait pris par fori reffort fa figure naturelle , & en meme temps fa conliftance & fa durete par le deflechement de fair. II eft a remarquer que les couleurs de la nouvelle peau ne font pas toujours les memes que celles de l'ancienne, & par confequent, (i on jugeoit par les couleurs , on pourroit croire qu'une mane' chenille en feroit deux dif- ferentes , ou au contraire. Quelque temps apres leur derniere peau, il leur arrive encore un chan- gement beaucoup plus confiderable , elles deviennent ce qu'on appelle communement feve , & dans la langue des naturaliftes chryfalide ,o\\aur(- lie , ou nimphe. Les noms de chryfalide ou d'aurflie viennent de la couleur d'or dont quelquefois tout le corps de quelques efpeces ou quelques en droits du corps, brillent dans leur nouvel etat. Le nom de nymphe vient de ce qu'elles font alors comme voilees , & couvertes de la maniere dont l'etoient anciennement les epoufees. II eft pourtant vrai qu'elles reflemblent davan- tage a des momies d'Egypte. Tout le monde connoit la figure de quel- ques chryfalides , ne fut-ce que de celles des vers a foie. Toute chryfalide eft li ditlerente de la chenille quelle etoit auparavant , qu'on n'auroit jamais cru que ce fut le meme animal. Elle n'a mane prefque plus aucune apparence d'animal, mil mouvement, nul befoin de nourriture, mil figne de vie, li ce n'eft quelque fenfibilitc dans la partie pofterieure de fon corps, quand on la touche. DE L'ACADEMIE ROYAL E DES SCIENCES. xCi Pour k garantir des accidents contre lefquels elles n'ont point de de-! fenfe dans cet etat dc foibleiTe & de langucur, lcs chenilles qui femblcntjj i s T O I BI le prfvoir, fe filcnt des coques oil elles s'tnferment & font a l'.ibri do Naturehi tout. Lcs vers a foie sen font de tris fortes, de tres-epaiffes& d'une bJlc niatierc qui eft line richcile pour nous. D'autres chenilles ne fe filcnt que Annie 17.74.. de coques pen garnies , ail travcrs defquelles on les voit, & dont la ma- tiere ell niauvaife. D'autres qui ont peu de matiere a fournir, remplillent Its vuides de leur till'u de foie par de petits grains de terre fort adroite- nient tranfportes & places oii il faut , lenes & battus autant qu'il l'a fallu. D'autres prennent une feuille pour la cage de leur edifice, la plient & Li roulent trcs-induftrieufement en forme de cornet par le rooyen de fils de foie qu'elles attachent d'un bord a 1'autre de la feuille. D'autres enfin , tant Ja variete eft grande, le palTent de coques, & fe retirent feulement dans des lieux de liirete, on bien mime plus hardies on moins prcvoyantcs, elles fe tiennent a l'air fous la dangereufe forme de chryfalides. De celles ci qitelques-unes ont l'art de fe fixer contre un corps folide, fufpendues feulement par la queue, la tete en bas; d'autres, par tin art encore plus etonnant , fe font entoure le milieu du corps d'un cordon de foie qui les tient (ulpendues & les allure dans cette foliation. Si on fait bien reflexion a ces deux dernicres induftries, on fentira combicn elles doivent etre difHciles. II y a bien-la, aiiffi bien que dans beaucoup d'au- tres choles du meme genre , de quoi exercer 1'adrefTe du phylicien pour trouver les moyens de voir ce qui fe pcut voir de ces fortes de ma- noeuvres & fa fagacite, pour fuppleer par raifonnement a ce qu'il n'aura pas vu. Quand la chenille doit devenir chryfalide, elle s'y prepare par quelque temps de jeilne, peut-etre eft-ce un jeiine force par des douleurs qu'elle ioulfre. Les peaux qu'elle a quittees fucceflivement , jufques-la ne coti- vroient qu'une chenille, mais la demiere peau n'en couvroit plus & n'en laiffe plus voir line, e'eft un animal d'une figure & d'une conftitution toute diiierente , une chrylalide. La chenille, apres avoir ceffe de prendre de la nourriture, fe vuideabon- damment. On trouve dans les excremens des portions d'une membrane que M. de Reaumur a reconnue pour etre celle qui doubloit le canal de leur eftomac & de leiirs inteftins. Elles la rejettent, comme font les ecre- villes dont il a etc parte dans l'hiftoire de 1705), d'apres M. Geoftroy. Les mouvemens & les efforts neceffaires pour quitter le dernier four- reau de chenille, font plus grands que ceux tjtii font ete pour les prece- dentes depouilles. Cependant cette operation difficile eft fort prompte. Toutes les actions de la chenille ont etc expofees dans le detail le plus exact & le plus curicux. Quelquefois le fotirreau de la chenille lui refte attache par en bas en un petit endroit , elle ne le pent plus fouffrir, & elle u(e d'une induftrie nou- velle, pour achevcr de sen defairc entierement. Vu la grande diverfite des elpeces de chenilles, on s'attend bien que lcs chryfalides ferout de figures fort diiierentes. Elles ont audi une durce h i s t o i r e Matukule. Regae Animal. Ann.it 1734. 161 A B R E G £ D E S M ± M O I II E S fort diffcrente jufqu'a la transformation qui les attend encore. Quelques- unes ne font chrylalides que dix jours, d'autres le font pendant tout l'hi- ver & nne paitie du printemps. Ce font- la les deux extremes. En quittant le fourreau de chenilles, les chryfalides y laiffent leurs 18 ftigmates bien marques & meme plus aifes a obferver & a examiner par rapport a leur ftrudture, qu'ils ne 1'etoient auparavanr. Mais elles en ont d'autres prefque femblables fur leur nouvelle enveloppe de chryfalide. II y a done lieu de croire qu'elles refpirent, quoique mortes en apparence-, elles refpirent en effct , mais ce qu'il y a de lingulier, c'eft qu'elles per- dent par degres & jufqu'a un certain point oil elles s'arretent, leur faculte de refpirer & le befoin qu'elles en ont. Dans les premiers jours tons leurs ftigmates leur font necelfaires , enfuite ceux d'en bas fe bouchent , & elles fe contentent de ceux d'en haut , quelques-uns de ceux-ci fe bou- chent audi, & il ne refte enfin que les plus hauts & ils leur fuffifent. Com- ment a-t-on pu penetrer jufqu'a ces particularites ? Des chryfalides de dif- terens ages ont ete plongees dans de l'huile a difrerentes hauteurs par M. de Reaumur , & il a vu jufqu'a quelle hauteur il falloit plonger cha- cune d'elles, pour lui oter la refpiration, & la faire mourir, e'eft-a-dire , la privcr entierement du fentiment qui lui reftoit. Quand line chryfalide eft plongee dans l'eatt, on ne voit plus fon corps fe couvrir de bulles d'air , hormis a l'endroit des ftigmates, comine il feroit arrive, lorfque la meme chrylalide etoit chenille, ce ne font plus que les ftigmates qui rendent de l'air, ceux qui ne fe font pas encore fermes. II eft fort naturel que l'enveloppe prefque toute ecailleiife ne laiffe pas erhapper l'air, comrne line peau molle & tendre, mais fair a done pris dans le corps de la chryfalide des routes qu'il ne luivoit pas auparavanr. C'eft une conclulion etonnante qu'il faut pourtant admettre. La circulation de ce qu'on doit appeller fang dans ces animaux,- change auiTi. Cette longue artere droite, dont nous avons parle , pouffe dans la chenille fa liqueur du derriere vers la tete , dans la chryfalide c'eft le contraire. Dans la machine pneumatique , la chryfalide a caufe de la durete & de la fermete de fon enveloppe exterieure , ne pent pas augmenter de" groifeur, mais elle augmente de longueur, fes anneaux qui etoient em-- boites les uns dans les autres, fe deboitent & secartent, tant il eft vraii que l'air s'echappoit du corps des chenilles & ne peut plus s'echapper de' celui des chrylalides. Apres que cel'es d'entre les chryfalides qui font dorees, & qui meine" le font le mieux, ont quitte leur enveloppe pour devenir papillons-, leur depouille ne conferve rien- de fa belle couleur d'or qui la rendoit 11 magnitique, elle n'eft plus que d'une couleur tres- commune. Sur cela,- M. de Reaumur imagina quelle pouvoit reffembler a 110s cuirs dores, aui le font, fans aucun or. Tout ne confifte qu'en un vernis d'une cou- leur brune, quand il eft en maffe, mais s'il eft etendu fur des feuilles: d'un tres-beau blanc, bien polies, ce blanc vu an travers du vernis, paroit le plus bel or. II fe trouva en effefque la premiere peau tres-nne" DE L'ACADliMlE ROYALE DES SCIENCES, t de la chryfalide etant tranfparente , a fous ellc ou une membrane on une liquet* dcUechcc , qui eft d'un trcs-beau blanc. Cctte premiere pcau taitH 1 i v 1 11 1 l'ortiee dii veniis des cuirs. Si on la dctaclie feulc avcc adrclk- du corps K'aihui r. jde la chiylalide , & qu'on letcnde fur de l'argent bien bruni, c'eft de Tor. Regne minimal- Si on l'cnleve avec fa matLere blanche, la dorurc fe perd dans rywlqBCS heures, appareiiiment , parce qiie cette couche de blanc ie deffeche a 1'air -Anna 1 74- & par coniequent fe ride , & perd le poli neceuaire ; ce qui le pcrfuade bien , c'clt qui! ne faut que la rnouiller, pour faire renaitre Tor & cela autant de iois qu'il a dilparu. Mais la dorure de l'enveloppe que le pa- pillon a quitice naturellement , ne review pas ainli pour ctre mouillee. <^>uand le papillon s'eft diigage, il eft arrive des changements a la couche do blanc, peut-etre les efforts qu'il a faits l'ont ils ou detachee ou trop alteree par le melange de quelque autre niauere qui y eft furvenue a leur occalion. II faut que 1'animal fubiHe encore une metamorphofe, qu'il prenne Ja forme de papillon , tres-diticrente des deux premieres. II la prend oil dans fa coque niaue, ou dans la petite retraite qui lui en a tenu lieu, ,s'il ne s'eft pas fait de coque. Dans ce kcond cas il n'y a pas de di;i:- xulte a comprendte comment il fort, 11 n'y en a pas non plus , quand fa coque eft fort mince, une gaze tres-legere & tranlparente, on Ie voit out la perce avec fa tete, mais quand la coque eft trcs-epauTe & trcs-krree, comme celle du ver a loie , on ne voit que 1'animal forti, la coque percee a l'endroit de la tete , & on ne fait comment il a fait pour percer fa prifon. Apres tant d'autres myfteres de cette efpece qui fe font laifie penetrer par M. de Reaumur , celui-la s'eft refute a lui. Seulemcnt il a eonjetture que l'iiiftrument tiancbant ou divifant dont le papillon s'etoit iervi , car il en faut un , & la tete n'en peut faire la fonction par elle- meme , pouvoit etre les yeux. Le paradoxe paroit violent , mais ces yeux dont nous parlerons tantot un pen plus au long, font tels que toute leur convexite ert reniplie d'ime dentelure ties-fine & proportionnee aux fils de foie quelle couperoit les uns apres les autres & fur lefquels elle agiroit comme fur une lime de bois. Enrin c'eft iurement la tete qui opere, ce n'eft point le total de la tete , e'en eft done quelque panic , il faut la trouver. II y a des efpeces de chenilles qui ne Jettcnt pas les iiaturalilres dans cet embaras, elks lailtent leurs coques ouvertes & en lortcnt fans peine. Elles font done, pendant tout le temps qu'elles font chryfalides, expolees fans aucune defenfe a toutes les attaques, a toutes infultcs des autres in- fectcs leurs ennemis ; non. Elles out fait une efpece de labyrinthe oil l'infecle etranger s'egareroit, fans arriver jufqti'a la chryfalide. Un poiffou entre ailement jufqu'a.u fond de la n.^ffe, & n'en peut prefque plus Ibrtir, elles ont renvcrfe l'edificc de la fiafft Jans leur coque , Finfecte etnnger n'y peut prelque pas entrer, & le papillon en fort Lns dihSculte. II n'eft pas befoin d'oblerver bien hnement une chrylalide, pour y voir le papillon comme cmmaillotte. C'cft un petit paquet dilpolc & arrange de facon que le volume en foit le moindre qu'il le puilfe & qu'auo.me i«+ A B R t G E D E S MEMOIRES 11 *"" partie ne foit ni bleffte ni trop genee. Les quatre ailes par exeinple, deux H i s t o i r E fuperieures & deux inferieures, font appliquees tout de leur long des •Naturf.lle. deux cotes du corps, les deux antennes, qui font deux efpeces de lon- Repne Animal. gl,es cornes que le papillon porte fur le devant de fa tete, font ren- verfees de devant en arriere, & etendues fur le dos. La trompe dont il Anru'e i"j$4. doit fe fervir pour fucer les fleurs, & qui eft longue, peut etre roulee en fpirale & s'etendre audi de fon long. L enveloppe de chryfalide , cartilagineufe , corame elle eft & meme ecai!- Ieufe, eft aflez dure, & quand le terns prefcrit ou le papillon doit en lortir, eft arrive, il a beloin de plus grands efforts que ceux qui lui ont fufli, quand il etoit chenille, pour fe degager fucceflivement de chacune de fes peaux. De la chenille au papillon , il n'y a point de vraie metamorphofe. II eft vifible que de la chryfalide au papillon , il n'y en a point , c'eft un lim- •ple developpement qui fe paffe fous nos yeux, c'eft done toujours la me- me chofe dans le total ou de la chenille au papillon •, le papillon etoit enveloppe dans la chenille avec fes ailes , fes antennes , fa trompe , &c. inais rien de tout cela n'y etoit vifible ; il n'y a que le bas de Ion corps, encore divife en anneaux qui fe lente de fa premiere forme de reptile. D'un oeuf a un poulet , quel changement ! ce n'eft pourtant qu'un deve- loppement dont on peut fe donner le Ipectacle d'un bout h l'autre, & voir touces les difterentes decorations fe fucceder. La chenille peut etre regar- ded, fi Ton vent, comme 1'ccuf du papillon. II n'eft point ablolument ne- ceffaire qu'un oeuf, pour etre veritablement ceuf, ne prenne point de nour- riture. La premiere chofe que fait le papillon , c'eft de fe vuider copieufement. Deftine deformais i des alimens plus delicats, il ne conlerve rien de fes anciens alimens grodiers. Ces excremens font quelquefois rouges & accom- pagnes de quelques gouttes de cette couleur. Sur cela M. de Reaumur fe ibuvient d'un trait de la vie du celebre M. de Peirefc. On vit un matin dans la campagne des environs d'Aix un grand nombre de taches rouges, femees en differens endroits-, on s'imagine atidi-tot que c'eft une pluie de fang tombee du ciel , & on s'alarme de cet horrible prefage. M. de Pei- refc diflipa l'effroi par difterentes remarques , dignes d'un bon Phyiicien , & principalement en montrant de ces taches dans de petits creux ou une pluie n'auroit jamais pu tomber. On reconnolt bien li un accident caufe par les papillons dont nous venons de parler. Un papillon dont la tete a de 1'air d'une tete de mort, a repandu encore bien de la terrcur , quand il a paru dans des contrees dejek aftligees de quelque calamite. L'ignorance de la phylique eft fouvent un grand mal pour le genre humain. II y a des papillons qui ne volent ou ne volent guere que le joiu-, Si d'auties au contraire que la nuit. On appelle les premiers diurnes & les feconds noclurnes ou phalenis. Les nocturnes font en beaucoup plus grand nombre que les diurnes. Les nocturnes qui apparemment craignent done le jour, vont cepen- dant la nuit fe rendre a toutes les liunieres, quoique tres-vives , qu'ils voyent DE L'ACADtMIE ROYALE DES SCIENCES. it5 voyent &: meme s'y brulent , fource rrcs-commune de comp.iraifons poet.'- ques. M. de Reaumur ayant rcmarque qu 'il n'y a guere que lcs males des H i s t o i r e phalenes qui foient attires la nuit par la lumiere & voltigent a l'entour, Nature lh. Ibupconne qu'ils cherchent leurs femclles, brillantes, peut-etre , comme Regne Animal. celles des vers luiians, de quelque lumiere , mais beaucoup plus foible & vifible, feulement pour eux. L'expedient des petits pfiares que portent des Annie 1734. femelles, employe par la nature, pour avertir leurs males du lieu ou elles font, pourroit bien avoir ^te employe plus d'une fois. Quand le papillon eftfortide fon enveloppe de chryfalide & de i!i coque, il eft comme tout etonne de fon nouvel etat, & il lui faut quelque terns pour s'y accoutumcr, ou, ^ parler plus precil^ment, pour fe fecher a l'air & fe defaire d'une humidite fuperflue qui l'engourduibit. II commence a etendre fes ailes. On pourroit s'imaginer qu'elles etoient pliees, comma un eventail fous le fourrcau qu'il a quitte, mais non, elles etoient feule- ment fort petites, mais en recompenfe fort epaifies , leurs vaifleaux qui etoient genes, contournes les uns lur les autres , pleins d'obftructions, vont fe mettre en liberte, prendre les directions que demande le cours des liqueurs, & augmenter la luperficie totale, en diminuant -a propor- tion l'epaifieur. Les ailes des papillons , & cela leur eft particulier , font couvertes d'une efpece de poufiiere ou de farine qui s'attache aux doigts, quand on y touche. On a vu , avec le microfcope , que chaque atome de cette pouf- fiere eft line petite plume inferee par un pedicule dans le corps de l'aile , M. de Reaumur croit que le nom decaille lui convient mieux, & le prouve. Ces ecailles qu'il a obfervees avec grand foin, font d'une infinite de figures diffsrentes loit lur les ailes des differents papillons, foit fur les ailes du meme. C'eft d'elles que viennent & tomes ces couleurs , & tous ces compartiments de couleurs, quelquefois diftribuees li agreablement & ii heureufement, qu'elles donnent un grand prix k ces ailes & les rendent un objet de paffion pour quelques curieux. Les yeux des papillons, auffi-bien que ceux des mouches, des fcara- bes, & de divers autres infedtes, font une merveille des plus lingulieres. Aux deux cotes de la tete font deux petites plaques arrondics, luifantes, de conliftance affez ferme,qu'on ne peut s'empecher de prendre pour des yeux, ou du moins pour leur cornee. Mais ces cornees, car nous leur en lailferont le nom , vues au microfcope , font un refeau qui a une infinite de mailles rectilignes le plus fouvent , & fort regulieres , & du milieu de chacune s'eleve une petite lentille que lcs plus grands obfervateurs en cette matiere, & qui ont le plus confulte l'cxperience, s'accorient a prendre pour un criftallin. En les comptant, il n'y a pas, felon M. Puget, moins de 17315 criftallins fur chaque cornee d'un papillon. Nous fommes des aveugles en comparaifon de ces infectes-la. La nature G prodigue pour eux i cet egard, n'aura pourtant pas ete follement prodigue, die ne leur aura donne que ce qui leur etoit neceflaire, mais pour quels ufages; pour quels befoins? c'eft ce que nous ignorons , ainii que beaucoup d'autres chofes. II faut qu'une ignorance fe confole a la vue du grand nombre de Tome VII. Partie Fran$oife. LI t.66 ARREGt DES MEMOIRES fes pareilles. Ce font les furfaces convexes de chaque cornee da papillon Histoiri S.ne M- de Reaumur a cru propres \ frier la foie de la coque. Natuueile. Les antennes font encore line partie du papillon tres-remarquable par Re pie Animal. £• ftructure, & dont 1'ufage eft ou ignore, on tres-incertain. Elles font en general mobiles fur leur bale , en quoi elles different des cornes des Slnm'e IJ3+ grands animaux, & de plus articulees & divifees par des efpeces de ver- tcbres, de forte qu'elles peuvent fe courber, fe contourner au gre de l'a- nimal , du refte differemment conformees, differemment terminees, lilies ou h poils , & ces poils font quelquefois au microfcope des barbes de plumes, mobiles elles-memes fur leur bafe, Sec. fouvent les antennes pa- roiffent des tuyaux creux. Tant que Ton n'a guere examine les papillons , on a pu comparer les antennes au bSton des aveugles , mais la comparai- fon ne pent plus convenir h des animaux h qui Ton connoit tant de mil- liers d'yeux , 8c, ce qui prouve mieux , e'eft que les papillons vont fou- vent les antennes routes droites, & ne s'en fervent nullement, comme d'un baton pour tater leur chemin , ou reconnoitre ce qui fe prefente de- vant eux. Les antennes feroient plutot les organes de 1'odorat des papil- lons , qui apparemmeut en out befoin pour le difcernement des plantes & de leurs fucs. Mais apres tout, pourquoi n'y auroit-il dans l'univers que les cinq fens dont nous fommes doues r s'il y en a d'autres , dont quel- ques- mis foient tombes en partage a des animaux de notre globe , cer- tainement nous ne reconnoitrons pas les organes qui leur appartiendront. Un fourd devineroit-il 1'ufage d'une trompette ? Celui de la trompe des papillons , quand ils en ont line, car ils n'en ont pas toils, du moins fenfiblement , eft inconteftable , elle leur fert i fucer les fleurs, e'eft leur unique bouche. Ce tuyau peut avoir jufqu'i 3 polices de long. Son reflbrt naturel le tient roule, & en cet etat il trouve une efpece d'etui ou fe loger, il ne fe deroule & ne s'etend en longueur que par la volonte ou une action de l'animal. II eft compofe d'anneaux qui ne peuveut guere etre faits que pour un mouvement vermiculaire , pour des contractions & des dilatations fucceflives , qui conduiront de la fleur , jufqu'au corps de l'animal une petite parcelle d'aliment prife par le bout de la trompe. Ce n'eft pas que la fimple fuccion ne put iuftire pour faire monter une goute de liqueur le long d'un canal inflexible , qui n'ai- dera point h. la poufier, mais dans le cas prdfent, il faudroit que la goute tut toujours extremement fine & incapable de s'attacher aux parois inte- rieurs du canal , & cela peut tres-aifement ne fe pas rencontrer. La fuccion & I'ariion du canal fe joindront fort bien enfemble, & n'en feront cha- cune que plus fures de leur effet. La trompe, qui, au fimple coup d'ocil n'eft qu'un canal, beaucoup mieux obfervee par M. de Reaumur, fe trouve en etre trois difpofes fur un me- me plan ; celui du milieu etant le plus gros, & en ayant a fes cotes deux cgaux entr'eux, M. de Reaumur s'eft fuffifamment affure que la liqueur nourriciere tire e des fleurs ne monte que par le canal du milieu. A quoi ferviront done les deux autres? a recevoir fair neceffaire pour la refpira- tion , & apparemment audi k le rendre. La trompe fera en meme-temps cefophage & tracb.ee. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 167 Par ce meme canal du milieu qui fait mooter la liqueur nourriciere de : la fleur a l'animal, M. de Reaumur a vu aufll delccndre line liqueur, &Histoire delccndrc a plcin canal , fans qu'il y cut d'ailleurs aucun indice que ce flit N a t un t i i f. une efpece de vomiflement , fans aucun effort extraordinaire du papillon Regne Animal. qui continuoit toujours tranquillement a fe nourrir d'un petit morceau de lucre , auquel il fut obftinement attache pendant deux hcurcs , aprcs uu dance I ji R;-r.e Animal, qui eft celui que Je connohle, qui a le micux obferve les fcorpions. Arifcote, Fline & JEILlti difent que pour l'ordinaire, la femelle des Annie l~$l' fcorpions porte onze petits. M. Redi les fait beaucoup plus fecondes , & marque vingt-fix , & quarante pour les lirnites de leur fscondite. Mais les fcorpions dont il parle, le cedoient encore de beaucoup a ceux de Soiv- vignargues-, dans plufieurs femelles que j'ai cuvertes, j'ai trouve depuis vingt-fept petits jufqu'a foixante-cinq. Au refte, les fcorpions font aufli cruels a legard de leurs petits, que les araignees, une mere que j'avois renfermee dans une bouteille , les de- voroit a mefure qu'ils naifloient. Pline parle de cette ferocite des meres - a 1'egard de leurs petits , mais il ajoute qu'il n'en rechappe qu'un , qui a l'adrelfe d'eviter la mort, en fe tenant fur le dos de fa mere, & qui en-, fuite devient le vengeur de fes freres, en la tuanr. lis n'obfervent pas mieux les loix de la fociete entr'eux, que les fenti- mens de la nature pour leurs petits. J'en avois mis environ cent enfemble qui fe mangerent prefque tous ; c'etoit un maiiacre continuel , fans aucun egird, ni pour l'age, ni pour le fexe. En peu de jours, il ne m'en refia de ce grand nombre que quatorze qui avoient devore tous les autres. On pourroit dire pour les exculer, qu'ils manquoient d'autre nourriture. En effet, je fus quelque temps, fans connoitre les aliments de leur gout. Mais leur ayant prefente des mouches , ils en mangerent , fans cependant ou- blier tout-a-fait leur premiere ferocite : car de temps en temps, on re- commencoit a fe devorer. Ils mangerent aufli des cloportes , mais je leur donnai un jour une grolTe araignee, & ce fut de tous les mets que je leur fervis , celui qu'ils mangerent de meilleur appetit. Trois ou quatre fcor- pions rattaquerent a la fois, & chacun j demeura long- temps attache. Ils font voir beaucoup de force & de courage contre les araignees. J'ai vu fouvent un fort petit fcorpion attaquer & tuer une araignee beaucoup plus groffe que lui. II commence d'abord par la failir avec l'une ou l'autre de fes grandes ferres, quelquefois avec les deux en meme temps, li l'arai- gr.ee eft trop forte pour lui, il la bleffe de fon aiguillon qu'il retroufle par-debits fa tete , & la tue. Apres quoi fes deux grandes ferres la tranf- mettent a deux beaucoup plus petites qu'il a au-devant de la tete, avec Jefquelles il la mache , & ne la quitte plus qu'il ne l'ait toute mangee. Je ne lui ai point vu d'autres dents que les petites ferres avec lefquelles il mache fes aliments. La bouche des lcorpions eft garnie de petits poils : & quoique leur peau foit une veritable ecaiile, ils ne lauTent pas d'etre velus en plutieurs endroits, ,.ux ferres, aux jambes, & au dernier nceud de la queue. MEMOIRE DE L'ACADfMIE ROYALE DES SCIENCES, x; H I S T O I R E M E M O I R E Nattoehe. Rtgnc A V Oil I'on donne Us raifons pourquoi Us chevaux nc vomiffent point. Par M. Lamorier, ( a ) de V Academic de Monrpdlier. c ,?tte queltion rut propofee il y a long-temps dans une allemblee de Memelres. Li i .viete royale des faiences, elle me panu difficile, & pen interellante , & je nc nic fuis determine a la reloudre que parce que j'ai conlidere que ► la connoillance des caules qui empechent les chevaux de vomir, pou- voit contribuer a etablir les caufes qui concourent au vorruuement dans ll-.omme. Les mareduux les plus employes, & ceux qui frcquentent les chevaux, conviennent qu'ils ne vomilient jamais naturcllcmcnt, & que jufqu'ici on n'a trotive aucun rcmede qui excite en eux an veritable vomiltement de matieres alimenteules. II clt vrai qu'ils j.ttent par les nazeaux & par la bouche beaucoup de glaires, (bit dans quelques maladies qui les atta- quent, comme dans la gounne & dans le morfondement , loit que l'on ait injjete dans les nazeaux ou dans la bouche quelque breuvage Sat Cs: piquant-, mais ces matierLS giaireufes ne vienncnt point de l'cltomac, M. Solleyfel qui n\\ pas conlidere combien les glandes de la membrane pituitaire qui tapilie tous les linus de la bale du crane, combien les glandes (alivaires & celles qui environncnt le larinx & le pharinx peu- vent fournir d'humidites, a fait venir cette mature de la gourme cc du morfondement tantot des rognons, tantot de la rare. Le vinemctique donne a une certaine dole, devient fudorifique ; mais fi on s'avile de le donner a plus grande dole, il foment an battemcr.t des flancs, une chaleur ardente, le cheval devient quelquefois fourbu , ec l \-nt il meurt fans qu'on ait pu le faire vomir. Poarrradre raifon de ce fait, je cms d'abord que les chevaux n'ayant point de vciicule de fiel, la bile ne pouvoit pas acqaent cet:e amer- tuine qu'elle acquiert Jans l'homme & dans les animanx qui ont une cule, & qu'elle ne pouvoit pas picoter I'eltomac pour aider le von ment; mais ayant renechi que le peiroqaet & d\nrtres animanx vomiflent fans avoir de veficule du hcl , & que d'aillctirs la force des emeti- ques devoit fappleei an defaut de l'amcrtumc de la bile, j'abandonnai cette caufe. Je m'imaginai enfuite que les fibres de l'ettomac des chevaax ne voient pas avoir la meme force & le m. I fef- toniac de l'homme & des animaux qui vomilient; mais ayant examin fibres, je les ai trouvees tres- fortes & trcs epaiiils, elies (eroient done ca- M, Renin , dans les Memoires de 1-44 , r>ie I'enfience rfe l.i v. ' ' C ief , Ac nttribue I'impolfibiliU chewu ont Jo vnmir a 'jr.o ?r. Tome I'll. Panic Franfoije. M :\ 174 ABREGE DES MEMOIRES a^M^— — * pables dune fuffifante contraction pour exciter le vomiffement, fi elles H i s t o i r e Po,,V0'ent ^tre aidees du fecours du diaphragme & des mufcles du bas- Naturelle ventre comme l'homme. Re 'ene Animal C'eft dans le defaut de ces deux forces qui concourent enfemble, & dans la decouverte d'une valvule placee a l'orifice fuperieur de l'eftomac, Aniife 1733. que j'etablis la caufe du phenomene que je traite; elle paroit du moins demontree, comme on le verra par les obfervations fuivantes. Je n'ai pas juge a propos de donner ici le mechanifme da vomiffement, cette matiere a etc luftifamment traitee. J'ai cm audi qu'il etoit inutile de faire deffiner les parties que j'ai examinees ; outre qu'on peut les voir aifement fur l'ori- ginal, la plupart font tres-bien gravees dans les tables de Ruiny. On peut les voir aufli dans l'anatomie generate du cheval, traduite nouvelle-w ment de l'Anglois par M. de Garfault, capitaine du haras du roi. Ma premiere obfervation fut faite par hafard fur un petit cheval qui fut force a une montee. Curieux de voir la caufe de fa mort prefque fubite, j'affiftai a fon ouverture. Nous trouvames le diaphragme fendu en long comme (1 on l'avoit dechire ; cet accident que Ton voit trcs- fouvent dans les chevaux qui periffent apres des efforts, de meme que beaucoup d'her- nies diaphragmatiques , demontrent la foibleffe de leurs diaphragmes. La feconde obfervation fut faite fur un cheval dont les vifceres etoient parfaitement fains •, les fauffes cotes forment un grand cercle fort alonge du cote du fternum, ce qui rend la region epigaftrique tres-grande , 1c grand boyau (a) on colon, occupe prefque tout le bas-ventre-, il cou- vre le foie, & il s'applique contre une grandevpartie du diaphragme; le ligament ombilical eft coude & prefque en equerre , la longueur de ce li- gament eft double de l'efpace compris depuis le nombril jufqu'au carti- lage xypho'ide ; on ne decouvre le foie ( b ) qu'apres avoir porte le grand boyau vers le bas du ventre , on voit alors l'eftomac dont la lituation eft tres-profonde, ce qui me fit penfer que ce vifcere ne pouvoit pas rece- voir les compreffions des mufcles du bas ventre. Mon idee fut confirmee par une troiiieme obfervation faite fur un cheval on je trouvai l'eftomac entierement rempli d'aliments , qui n'avoit pourtant paru qu'apres avoir fait oter le grand boyau; ayant examine enluite la diftance de l'eftomac jufqu'aux mufcles du bas-ventre , je vis qu'il s'en falloit pres d'un pied que ces mufcles puffent faire quelque preffion fur ce vifcere. II etoit queftion d'examiner li dans l'orifice fuperieur il n'y avoit pas quelque efpece de foupape ou de valvule qui put empeclier le retour des aliments dans l'cefophage. Je tirai l'eftomac, oii je laiffai le duodenum & deux on trois pans d'oefophage v une compreffion affez forte ne put rien faire fortir par l'orifice fuperieur; mais ayant vuide par le duodenum une partie des aliments grofliers, je mis de l'eau dans l'eftomac pour detrem- per le refte , & l'ayant comprime fur un plan horifontal, l'eau fortit par l'orifice fuperieur en moindre quantite veritablement que par le pilore , mais ayant releve le fond & abaiffe les orifices , l'eau fortit alors en plus C«) Voyez Ruiny, PI. 33. ou Mar la dirriculte qu'il y a de deffecher reftomac du cheval apres avoir ete fouffle, par rapport a fon grand volume, je me fuis fervi tres commodement dans cette occalion de la diffolution du fel que Ton tire de la terre apres en avoir tire le falpetre. Cette liqueur faline & nitreufe cenferve & deffeche parfaitement bien les pieces d'anatomie. J'ai fait part depuis quelque temps a la fociete de la maniere de la faire & de s'enjervir. C H Y M I E. 279 C H Y M I E. UR UNE N0UVELLE KSPECE D E VEGETATIONS Me TALIIQUES. M H Y M 1 E. ^onsieur de la Con ha mine a mis fur line agate polie, on ! fur un verre , pofes horifontalement, un peu de folution d'argent, faite a l'ordinaire par l'efprit de nitre , & an milieu de cette liqueur epanchee , qui n'avoit que trcs-peu d'epaiffeur, il a place un clou de fer par la tete. Annie ij%l. Dans l'efpace de quelques heures il s'cft forme autour de cette tete de Mtfmoires. clou un trcs-grand noinbre de petits filets d'argent, qui, a mefure qu'ils seloignoient du centre commun , diminuoient toujours de groffeur , & fe divifoient en plus petits rameaux. C'eft-la ce qui avoit l'air de vegetation. Car qiioiqu'elle ne s'elevat pas comme les autres,& nc fut qu'horifontale , il lui fuffiloit de reflembler aux plantes rampantcs. M. de la Condamine a juge avec beaucoup de vraifemblance , que la caufe generale de ce fait, eft ce principe li bien etabli en Cbymie, qu'un duTolvant qui tient un metal duTous l'abandonne , des qu'on lui prefente un autre metal, qu'il dilToudra plus facilement. Ici le nitre a abandonne 1'argent pour aller dilfoudre du fer, ou la tete de clou, & de-la s'en eft enhiivi le refte qui fera examine plus en detail. Mais, fans aller plus loin , on peut deja conclure de ce principe qu'on fera la meme experience fur tous les autres metaux , en fubftituant a la folution d'argent, une folution d'un metal quelconque , & au fer un metal plus aife a dilfoudre par le dil- folvant du metal qu'on aura choili , & e'eft en effet ce que M. de la Con- damine a rrouve par un grand nombre d'experiences dirferemment com- binees. II a toujours eu des vegetations horifontales , des aibruTeaux plats, & 1'on s'attend bien qu'il fe fera trouve beaucoup de varietes, foit en ce que les arbriffeaux auront demande plus ou moins de temps, foit en ce qu'ils auront ete plus ou moins toufhis, dune ramification plus ou moins diftincte, &c. A tout prendre, les plus aifes a voir, & les plus beaux font ceux de l'experience fondamentale , & nous nous y tiendrons. Quand la tete du clou eft mile dans la folution d'argent , le nitre , qui en quelque forte fent qu'il eft arrive du fer, fe met en mouvement pour fe feparer de 1'argent, & courir au fer. Ce mouvement de fermentation fe repand a la ronde , & agite les petitcs molecules ou une parcelle de nitre eft unie a une parcelle d'argent, fuppole que l'efpace occupe par toutes ces molecules enfemble ne foit pas trop grand. C'eft pour cela qu'il ne faut que peu de folution. Les particules de la folution les plus proches du clou font les premieres- d'ou (e nitre fe detache pour aller s'inlmuer dans le fer , & quand elles y font entrees , celles qui en font devenues les 'i8o ABR^Gi DES M^MOIRES r- plus voilines, leur faccedent, & ainh de fuite , d'oii il arrive, a Caufe de C h y m i r. radhifionque toutes les particules de la folution ont entr'elles, que toute cette liqueur prend uu mouvement circulaire de fa circonference vers lc Annii 1731. centre. Dans le temps que les molecules d'argent & de nitre unis four ce chemin, le mouvement interne de fermentation detache le nitre de l'argcnt, fur-tout dans les molecules plus proches du centre, ou a mefure qu'elles s'en approchent davantage, & cette feparation eft d'autant plus ai- iee , que la couch e de folution fur le verre a le moins d epaiifeur qu'il foit pollible, & que par-la tout l'aqueux de la folution s'evapore bien vite. Les parcelles d'argent fans nitre demeurent dans l'endroit de leur route, ou la feparation s'eft faite, parce qu'elles ne font plus portees par line liqueur , & elles y font collees par an petit refte d'humidite. II doit done fe former un efpace circulaire ou Ton verra une infinite de rayons d'argent , qui feront les traces des routes que tenoient les molecules Iorf- qu'elles s'acheminoient vers le centre commun. Ces rayons feroient droits, ll leur reditude n'etoit alteree par une infinite de petites caufes , ou d'ac- cidents, qu'il eft facile d'imaginer. Un rayon ou courant de cette matiere detoume de fon cours, va fe jetter dans un autre qu'il fortifie, & deli vient l'apparence de ramification , de la meme maniere que dans une carte geographique, une petite riviere paroit une branche d'une plus grande oil elle tombe. On peut concevoir dans le fait dont il s'agit ces ramifications autant repciees que Ton voudra. II peut arriver fort naturellement que dans une molecule d'argent & de nitre , l'evaporation de ce qu'il y a d'aqueux dans le diffolvant fe falfe avant que le nitre fe foit detache de l'argent , & alors la molecule devient ce qu'on appelle en chymie un criflal. Ces criftaux qui ne font pas de la meme nature que des parcelles d'argent pures & degagees du nitre , em- pechent que les courants formes par celles-ci ne coulent librement , & trou- blent la regularite que pourroient avoir les ramifications. On a fuppofe juiqu'ici que le verre, fur lequel fe faifoit l'experience, etoit pofe horifontalcment , mais il peut auifi etre incline. Toute la diffe- rence fera qu'il y aura plus de ramifications , que larbriffeau fera plus touriit au-deffus du centre ou etoit la tete du clou , qu'au-deffous. La raifon en eft, qu'entre les courants, qui doivent tons alter vers ce centre, les in- ferieurs y trouvent plus de difficulte, puifqu'ils n'y peuvent aller qu'en remontant. L'experience renfiit meme fur un verre vertical. Quoiqu'elle ne puiiTe fe faire que fort en petit , M. de la Condarhine a trouve moyen de la faire beaucoup plus en petit encore , en expofant au foyer d'un microfcope , une goutte de folution ou il avoit laille tomber un ties- petit grain de limaille de fer ■, la il a vu arriver ce qu'il avoit con- jecture dans le fyfteme que nous venons de rapporter d'apres lui , & e'eft tin des plus grands plainrs , dont la phyfique puifte payer les peines de ceux qui s'attachent \ elle. Les vegetations fe font egalement bien fur des verres ou glaces de toutes couleurs. M. de la Condamine enfeigne un moyen facile.de couvrir d'une glace DE L'ACAD^MIE ROYALE DES SCIENCES. iSt glace tranfparente, la glace coloree qui portcra tine vegetation , de forte que )e tout ne paroitra quiin feul corps, une fettle pierre, ou Ton verra G ji-v m.i e. vers (on milieu une agreable vegetation , pourvu qu'on ait eu foin de choilTr celles qui auront le micux reufli. Une glace d'une certaine couleur Annce i"$l. fait mieux avec une vegetation d'un certain metal qu'avec une autre, & il faut avoir egard a cet a'lTortiment pour poulfer l'nrtifice jufqu'au bout. •Les curieux de la nature, & une autre efpece de curieux, font egalcment intereffes a connoitre ces fortes d'artifices. Sur un Sel connu /bus It nom. de Sel de Seignette. a 11 un hafard lingulier, M. Geoffroy & moi, nous voulumes dans le Mlmoircn mane temps, fans nous etrerien communique , connoitre comment le cont- pofe le Sel , connu (bus le nom de Polychrefte de Seignette & nos diffe- rentes experiences nous ont conduit a trouvcr tous les deux precifement ia meme chole. On fait que M. Seignette , inventeur de ce Sel , en avoit fait un fecret qu'on eflaya vainementde deviner durant fa vie, & que ce fecret eft refte a fes enfants, fans que julqu'ici il ait ete penetre. Pour faire le Sel dont il eft 'queftion , on prend la foude d'alicante Ia plus calcinie, la plus dure & la plus blanche & on la met en poudre. On en fait enfuite une forte leflive en la faifant bouillir dans l'eau & on fil- tre cette leflive qui eft tres-limpide. On a feparement de la creme de tartre en poudre , fur laquelle on vcrfe de cette leflive , aprcs l'avoir chaufFee-, ce melange excite une fer- mentation qui dure fort long-temps & qui msme, aprcs avoir ceffe quel- quefois, le renouvelle a plulieurs repriles -, e'eft dans le temps da cette fermentation que la creme de tartre fe diffout , aprcs quoi il fe fait une fricipitation ailez abondante d'une terre grife , Ipongieufe & legere que on lepare de la liqueur par le filtre : on fait enfuite evaporer ce me- lange a ler.te chaleur jufqu'a un tiers ou environ de fa diminution , puis on le laiffe en repos dans des terrines, & au bout de quelques jours on trouve des criftaux tranfparents comme le criftal, & qui lont figures, lorf- qu'ils font libres & non appuyes fur les vaiffeaux, comme des cylindrcs ou colonnes, qui dans leurs longueurs ont plulieurs faces plates, dont j'ai conipte au-dela de neuf , mais communement elles ne fe trouvent pas en li grand nombre. En mon particulier, je penfe qu'on ne peut pas determiner exa&ement la proportion de la foude & de la creme de tartre, y ayant des loudes qui contiennent une plus grande quantite de fel les unes que les autres : mais cette proportion fe trouve bien naturellement, quand on fait dilfoudre a la leflive autant de creme de tartre quelle en peut prendre, ce qui eft le point de faturation. La leflive de lix livres de foude a pourtant abforbe communancnt deux Tome VII. Partie Frangoije. N n i8i A B R E G E" DES MEMOIRES ^^^^^"p livres & trois a quatre onces de creme de tartre : & quand Ja foude a etc C h Y m I I. b*en blanche & bien chargee de fet, la leflive de fix livres a quelquefois abforbe prelque poids cgal de creme de tartre : cette difference, comme Ann/t ij^t. il eft aife de penfer, ne peut dependre que de la qualite de la foude plus ou moins calcinee , & chargee de fel alkali. Mais quand j'ai pris le fel qui fe depofe de la folution on leflive de la foude, & dont la configuration imite aflez celle du fel de Glauber, line demi-livre de ce fel diffous, a pris aifement treize a quatorze onces de creme de tartre, & le melange n'a prefque point jettc; de terre : c'eft-la la proportion la plus Jufte que je puifle propoler pour les deux matieres qui doivent entrer dans la compofition du fel Polychrefte : il n'en coute qn'im pen d'attente pour avoir les criftaux de la foude , & enfuite le melange fe fait plus egalement, & n'eft point fujet a la precipitation des difterentes matieres heterogenes que la foude communique a fa leflive. Enfin notre fel etant en criftaux , & compare avec celui de Seignette aufli criftaJlife, fe trouve etre abfolument le meme dans toutes fes cir- conftances; ils font figures run comme 1'autre, ils fe fondent tres-aifement dans l'eau froide, Iorfqu'ils font en poudre; ils ont le meme gout, & im- priment fur la fin quclque fraicheur a la langue , mis fur un charbon allu- me, ils s'y fondent & bouillonncnt, ils exhalent l'odeur du tartre brule, & fe reduifent a la fin en ce charbon noir & fpongieux , que donne le rartre. Si apres cet examen , on doute encore de I'exacte conformite que notre fel a avec celui de Seignette, on peut s'en convaincre par line experience qui en fait une prompte dccoVnpolition : qu'on diflblve de l'un & de 1'au- tre lei , chacnn pris ieparement , egale quantite dans de l'eau chaude , & qu'on verfe fur chacun peu a peu de l'huile de vitriol blanche, jufqu'a ce qu'elle n'agiffe plus-, a mefure que ces diffolutions fe tiediffent, il ie for- me une concretion faline, laquelle examinee eft une veritable creme de tartre en criftaux , regeneree ou feparee de l'alkali , tandis que l'huile de vitriol s'y eft unic, & forme enfuite, par la criftallifation avec lui, un fel de Glauber, de la meme facon , que li on avoit verfe cette huile imme- diatement fur la leflive de la foude. Le Sel Polychrefte de Seignette eft done enfin une creme de tartre com- binee avec l'alkali de la foude. DE L'ACADgMIE ROYALE DES SCIENCES. i?j Sur les bouillons de Poijfon , les Os des animaux , 6v. M Annie 175*. Onsieur Geofproy continue Ie fujet dont nous avons parle en Hifioiw. 1750. La yue generalc ell toujours d'ex.iminer chimiquement les ali- ments que Ton doune d'ordinaire aux malades , & l'examen conlifte a tirer de ces mixtes par un nombre fufrifant d'ebulitions 011 co&ions repetees, tout ce qui sen pcut tirer , apres qiioi les liqueurs chargees de ces fucs , setant depouillces par une lente evaporation de tout leur flegme inutile, laillent tin extrait qui contient route la veritable fubftance du mixte, tout ce qui peut nouirir, ou agir fur le corps humain. II n'y a plus qua opcr rer hit cet extrait, & a reconnoitre ou denieler ce qu'il renferme. Les cpreuves de M. Geoflroy fur la carpe, le brochet, les ecrevifles, le* grenouifles, lui ont verifis l'opinion commune, que le poiifon eft moins nourrilfant que la viande. On s'elt apparcmnunt fonde fur ce que le poif- fon le nourrit d'enu, & peut-ecre ne s'attendroit-on pas que la difference fut aulli peu considerable quelle 1'eft. Une livre de boeuf n'a que 1 once, 2 gros, 6d grains d'humiditc ou de flegme de moins qu'une livre de car- pe, elle na one 3 3 grains de lei volatil de plus dans fon extrait, & 36 dans les fibjrejs delT&bees, car nous fuppofons ici les notions etablies en 1750. Si on l'eut fu, on auroit bien pu ne pas croire li determinement ce que Ton croit. L'examen des viperes a ete fuivi par M. Gcoffroy dans un grand de- tail, parce qu'on les emploie beaucoup dans la medecine, foit en bouil- lons, foit en poudres,toit en troihijques , e'eft-a-dire, en paftilles rondes. Les os des animaux ont fubi audi les epreu ves. L'os de la jambe d'un bo-uf , prcfere aux autres, parce qu'il a moins de motile, & dont on avoit coupe les deux tetcs, ayant ete rape finement jufqu'a la derniere lame, que Ion cpargnoit pour ne pas cntamer la mobile, M. Geoffroy a fait bouillir cette rapurc a plulieurs eaux , il a nitre les bouillons, qui d'un tote ont lsiife fur le nitre une efpece de pate blanche , & de 1'autre ayant e"te evapores aprcs la nitration , fe font reduits en extrait. Par la comparaifon de ce qu'on tiroit de ces deux matieres avec les analifcs precedemment faites de la chair de bcuf, M. Geoffroy a trouve ce paradoxe phyiiquc , que le i'A volatil (e degagcoit plutot & en plus grande quantite des os de bcruf que de la chair. II a cru que l'eau oii Ton cuit ces differences matieres devoit avoir moins d'aelion fur les chairs , qui fe derobent a elle par leur fon- plelfe, que fur les os qui ne cedent pas tant. La come de cerf & l'ivoire peuvent etre mis au rang des os, fur-tout l'ivoire, qui croit comme les os par lames ou couches circulates, dont les plus grandes & les dernieres formees enferment les plus petites & les premieres. Par la cuiffon , ces couches fe deboitent plus facilement les unes de dedans les autres, en confervant leur figure. Pour le bois de c.rf, qui conlbmment n'a ete dans fon origine qu'une fubftance charnne, mais enfuite cxtremement cpaillic & endurcie par k temps , il refiembls plus Nn ij C H Y M I E. Annie 173Z. 1Z4. : A B R t G t D E S M EM O I R E S I d'ailleurs aux chairs qu'aux os par la nature & la quantite dcs principes qu'il fournit aux analiles chimiques. Mais ces trois corps, les os de bceuf, le bois de cerf Sc I'i voire,, prott- vcnt egalement que les matieres iolides donnent leiir lei volatil plus aife- ment que les matieres tendres. Par-la raerae fe juftifie la pratique com- mune aujourd'hui, de ne point feparer des viperesqu'on met bouillir, leur arretes ill leurs vertebres. Ce font des os , qui loin d'etre nuifibles , parce que l'animal eft venimeux, fourniffent beaucoup de principes aftifs, tres- falutaires. . A ces recherches M. Geoffroy en a joint fur le petit Iait, remede tres- ufite, & fur le pain, le plus general des aliments. II a trouve dans le pe- tit kit des indices de fel marin , & enfuite des preuves de fon exiftence par la figure cubique des cryftaux. II eft remarquable, non qu'il y ait de ce fel dans une matiere animale, inais qu'il y en ait jufques dans les pre- mieres liqueurs des animaux. Dans une livre de pain de goneffe cuit de la veille, il y a 3 onces 7 gros 48 grains d'humidite, 5 onces 1 gros d'ex- trait , 6 onces 3 gros de matiere groffiere. Apparemment ce font les 5 on- ces 1 gros qui font la nutrition. SlJR LA CoMBINAISON DU TARTRE A V E C LA CHAVX ET IES PlERRES CaLCAIRES. Par MM. Duhamel & Grosse. Ce qu'a produit le criflal de Tartre avec les Chaux. Mdmoires. J_^|ous avons mis une certaine quantite de creme de tartre, oti plutot du tartre (implement purine par quelques filtrations dans tine baffine, & nous avons jette deffus de l'eau de chaux bien concentree, mais exacte- ment filtree, claire & tranfparente commc de l'eau; il ne nous a parti aucune effervefcence fenlible, & meme la liqueur a ete en partie eva- poree, fans que nous nous foyons appercus de rieri de remarquable, fi ce n'eft que la creme de tartre paroiffoit fe diflbudre en plus grande quan- tity que dans l'eau limple. Nous avons verfe de nouvelle eau de chaux fur cette meme creme de tartre , & apres l'avoir evaporee , nous avons reitere la projection d'eau de chaux, pour une troifieme fois, & enfuite 1'evaporation, fans que nous ayons remarque d'effervefcence fenlible. Enfin, nous y avons remis de nouvelle eau de chaux, pour une quatrieme fois, & en 1'evaporant, il s'eft exciti une effervelcence li considerable qu'on a ete oblige de retirer plulieurs fois k baffine de deffus le feu 5 la liqueur eft devenue bknehatre, fur-tout a la furface oil elle etoit comme du lait, elle s'eft troublee confiderablement, & une livre & demie de creme de tartre s'eft fondue entierernent dans une petite quantite d'eau, qui etoit, DE L'ACADJ-MIE ROYALE DES SCIENCES. 185 a la veritc, le refte de la kflive de deux Hvres de chaux. II falloit ap ' parcmmcnt que l'eau de chaux cut pris par i'evaporation , un certain degre C h t M i 1. de concentration, pour quelle put produire quelque erict avec la creme de tartre. An,he z."~ Mais voila deja une preuve bien marquee de l'effet de la chaux , puif- qu'environ trois livrcs d'eau de chaux , tiennent en diiTolution , une Iivre & demie de creme de tartre, pendant que la meme quantite d'eau com- mune pourroit a peine diffoudre dans le plus fort bouillon, deux onces & demie de ce fel. Tout notre tartre erant parfaitement diffous , nous avons filtrc la liqueur, qui, bien loin d'avoir conlerve quelque chole de l'acide du taitre, avoit pris un gout alkalin ; il s'eft beaucoup depoie de tcrre fur le filtrc, mais cette terre etoit inlipide , graffe au toucher, & prefque indtiruliibic par Ies acides, ce qui nous l'a fait regarder comme une parrie de la terre du tar- tre , parce que nous lavons que la chaux fe diilout trcs-ailement par tons les acides; & d'ailleurs comment l'eau de chaux, qui etoit bien nltrie & tres-claire, auroit-elle pu depofcr taut de terre, fur- tout etant obligee d'eii fouruir a la creme de tartre, comme nous le verrons dans la fujte.- Nous avons cvapore lentement une partie delTiumidite, jufqu'a ce que la liqueur nous ait paru afiez ialee pour donner des criftaux ■, car il n'y a point ici a compter fur la peliicu.le , on l'evaporeroit bien entierement , fans qu'il s'en format aucun •> l'ayant enfuite laille quelque temps dans un lien frais, il s'eft forme de beaux criftaux clairs, tranlparents. & qui out donne quelque marque d'alkalicite , tatit avec la teinture de violette , qu'avec la folution du fublime corrofif. lis etoient affez gros pour qu'on en put dif- tinguer la figure •, nous les avons 'cependant diffous jufqua trois fois, pour les avoir en plus gros criftaux, & il nous a paru que leur figure la plus ordinaire etoit celle des prifmes quarres, termines par deux furiaces plattes; prefque toujours un , & quelquefois deux des angles font abattus, & pour lors les furfaces des deux bouts font echancrees a«x endroits qui respon- dent a ces angles abattus. Ces criftaux briilent fur la pele, comme les autres tartres folubles, & fe reduifent en charbon , ils le fondent aifement dans l'eau froide , & quoiqu'ils contiennent la creme de tartre, fans s'etre decompofes (comme nous le ferons voir), mais leulement etendus par une terre inlipide, its n'en confervent cependant aucune acidite, & prenuent un gout fale un peu amer, mais moins que le fel de la.Rochelle, auquel ils reiiem- blent fort. Apres ces criftallifations reiterees, notre fel n'a plus donne de marque ni d'acidite ni d'alkalicite ; ainli fi les premiers criftaux nous out d'abord paru alkalins, ce n'a ete qu'a l'occalion dun peu de la terre de la chaux qui etoit lurabondante, & n 'etoit pas bien unie a l'acide du tartre, 011 plutot parce que les criftaux etoient encore mouilles de l'eau-mere qui iurnageoit , laquelle eft certainement alkaline , puilqu'elle contiept beau- coup de la terre de la chaux, qui eft plutot ibutenue par la graiffe du fiX6 AB R E G t OES MfMOIRES M^**M*"M*" tartre que par ancune union quelle ait avec les acides, coinme nous C h y m i E. l'examinerons dans la luitc. I/on obtient de pareils criftaux avec Ie lait de chaux coinme avec foil An*(e IJJZ. eau, il paroit tnerae que le tartre s'y diffout plus promptement •, mais pour cela il faut faire bouillir le melange , comrae nous avons dit en par- Jant de l'eau de chaux, fans quoi la creme de tartre, qui n'eft point foluble dans l'eau froide, n'agiroit que tres-lentement fur la chaux, & refteroit prefque dans fon entier precipitee avec la terre de la chaux ; & ayant fait tine fois ce melange, le lait de chaux n'etant que tiede, la plus grande partie de la creme de tartre refta au fond du vaiffeau con- fondue avec beaticoup de la terre de la chaux, & il ne paffa par le filtre qu'ttne liqueur alkaline, qui par l'evaporation ne dormoit point da criftaux, mais qui avoit forme aux parois de la capfulc d: vcrre une croute tart.treufe indiffoluble dans l'eau & dans le vinaigre dill tile, Il s'etoit au'li prceipite un lediment terreux j mais qui fermcntoit vio- lemment avec le vinaigre diftille , err comment la terre da DE L'ACAD^MTE ROY ALE DES SCIENCES. 187 fel marin, abandonneroh-elle fon acide, qui eft trcs- puiffatit pout fe ^™"^^T Joindre a cclui du vin , qui Ini eft fort inferieur; Ce qui fait voir que Q 11 y m 1 t. l'alkali de la chaux d'huitres eft trcs-puiilant , puifqu'etant en fi petite 3uantitc, il abforbe rant d'acide. Cette chaux etant ainli faoulce de crerac Annie i~ ji. e tartre , nous avons nitre & evapore la liqueur , qui nous a donne des criftaux de tartre foluble. La ftalaccite calcinee, & les craies xeduitcs en chaux ont produit le raeme effet. I I. Ce que produit le criftal de Tartre traite" avec les Craies & d'autrcs matierts terreujis d-peu-pres femblables. Nous avons mis dans line bafline, avec line certaine quantite d'eau, Tine demi-livre de craie de Champagne pulveriiee , & aprcs 1'aYoir fait bouillir affez pour que la craie fe melat parfaitement avec l'cau , nous y avons jette, a differentes reprifes, une liwe de notre tartre prepare coni- ine les precedentes experiences ; il s'eft forme par ces projections une eiier- vefcence confiderable , dans laquelle le tartre s'eft fondu entierement , & toute la craie a difparu, de forte que la liqueur ayant ete riltrec, il n'eft refte fur le filtre qu'unc trcs-petite quantite de terre, comme environ une once , peut-etre encore venoit-elle en bonne partie du tartre. Ainli dans la premiere experience , oil nous avons employe l'eau de chaux, il eft refte fur le filtre beaucoup plus de tcrre que dans celle-ci, oii nous avons cependant employe la craie toute ertiere. Ce fait paroit aflez extraordinaire , cependant il ne fera pas difficile d'en imaginer uneraifon affez probable, (1 Yon fait attention que dans les grandes efFervefcences, il s'evapore une quantite d'elprits acides •, & plus il s'echappera de ccs efprits, plus il fe precipitera de terre du tnrtre : or l'effcrvefcence etant plus confiderable avec l'eau de chaux , & y ayant moins de terre alkaline , pour brider en quelque maniere & retenir les acides, que dans I'experience de la craie, il peut s'echapper line plus grande quan- tity d'efprits acides, qui etant en pure perte, laifferont precipiter beau- coup plus de terre que dans le cas ou les acides fe trouveront tout de fuite engages dans beaucoup de terre alkaline, ce qui a fait auffi qu? no- tre tartre diifous par la craie, a depofe dans le temps de la criftalfifation , une terre grife que nous n'avons prefque point appercue dans I'experience faite avec la chaux. Peut ctre cependant 1111 acide que nous foupconnons dans la chaux ; tiourroit-il audi avoir part a la precipitation de cctte terre •, mais conimc e railbnnement, quand il n'eft pas foutcnu par 1'expeii^nce, ne produit fouvent que des prejuges fans fondement, incapables de rien etabiir de reel & de folide, ce n'eft pas ici le lieu de faire ufage de cet acide, il faut aiiparavant l'avoir demontrc d'une maniere incontestable ; e'eft t-our- quoi je revi'.ns a nion experience. Nous avons cvapore a une lente chaleur, la liqueur rlltree, & nous i88 ABRiGt DES'HiMOIRES —————* 1',-t vons mile criftallife'r , comme dans 1' experience de la chaux. Notts avons C h y m i e. au^ diffous & criftallifc plufieurs fois notre fel, & taut par la figure de nos criftaux, que par leur gbiit, & les autres eflais que nous en aypns *4n(ie'e if^x. faits, its nous out paru tout-a-fait feniblables a ceux que nous avions obr ' tenus par le moyen de la chaux. Les memes experiences out ete faites avec cette craie qu'on trouve aitr prcs de Metidon, & qu'on raffine pour en faire ce blanc que les Peintres en impremon appellent le klanc de Meudon , & cette craie a produit le meme eftet que la craie de Champagne, a cela ores quelle a depofe plus de terre & de fable fur le filtre , ce qui vient , fans doute , de ce quelle n'eft pas li pure craie que celle de Champagne. Nous avons aufli effaye line craie fort grofliere qu'on fouille aux environs d'Orleans, & que les Tonneliers emploient pour en frotter les douves & les cercles des poin- cons, & elle a produit le meme effet que celle de Meudon. Mais line remarque generale qu'on peut faire, e'eft que l'eau-mere qui furnage les criftaux de tartre foluble par la craie, eft; plus graffe & plus roiuTe que celle qui recouvre le tartre foluble par la chaux ■, peut-etre cela vient-il de ce que la craie eft up peu alliee de terre gralfe, qui, comme nous le dirons dans la fuite , fe charge de la matiere gralfe du urtre fans diffoudre la partie laline. • II eft encore bon de remarquer ici que dans le melange du criftal de tartre , tant avec les craies qu'avec les chaux , il s'eft: eleve des vapeurs urineufes tres-fenlibles. On pourroit done, quoique le prejuge commun s'y oppofe , employer les craies pour la diftillation de l'efprit volatil du fel ammoniac •, aufli dans l'experience que M. Grolfe en a faite , liu a- i-elle egalement fervi comme la chaux. Encore une petite circonftance qu'il ne faut pas omettre , e'eft que quand on fait bouillir de la craie dans de l'eau, il s'excite des vapeurs pareilles a celles qu'on remarque quand on eteint de la chaux. I I I- Examen des fils folubles de Tartre d bafe calcaire. Nous venons de prouver dans les articles precedens , que le tartre dif- iolvoit la chaux , la craie , &c. Mais nous avons avance , outre cela , qu'il 6'approprioit ces terres,apres les avoir diifotites, & que e'etoit cette affo- ciation qui mitamorphofoit ce fel, "tant dans fa criftallifation , que dans fa faveitr , & fes autres qualites ; cela a befoin d'etre prouve , & pour cela il n'y a qua decompofer notre fel , & nous verrons que par un acide plus puiffant, on peut ravir a notre fel, fa terre alkaline, & ainfi regenerer la creme de tartre dans fon entier, pendant que d'un autre cote, avec un alkali plus puiffant , on peut precipiter cette terre, & la retirer a-peu-pres telle quelle etoit avant que d'avoir ete employee ; & comme les expe- riences que nous avons faites fur cela , font aflez lingulieres , il eft bon de les rnpporter, Lorfqu'on DE L'ACADEMIE ROYALE T3ES SCIENCES. xt9 Lorfqu'on verfe fur la diffolution du tartre foluble par la chaux, un "*""?* T peu d'clprit de nitre, il fe fait fur le champ, un coagulum blanc trcs-con- q h y y , iiderable. Si Ton edulcore ce coagulum avec de l'eaufroide, il paroitra prefque Ann(e i??,~- infipide, mais li on le met dans un matras, qu'on verfe de l'eau delius, & qu'on la falfe bouillir quelque temps, ce coagulum fe diflbudra enticre- ment , & cependant l'eau deviendra d'une traulparence merveilleufe. Alors en la verfant dans line capfule de verre, le criftal de tartre fe precipitera, a mefure que l'eau fe refroidira. Or, qu'eft-il arrive dans cette operation ? 1'acide du nitre eft plus puif- fant que celui du tartre , il doit done fe fubftituer a cet acide, & s'unir a fa bale. Mais il prendra par preference , celle qui n'eft pas (i intimement unie a cet acide, e'eft-adire, la terre que la tartre a empruntee de la chaux, & le crift.il de tartre etant depouille de fa nouvelle terre , tombera ^u fond du vailfeau pele-mele avec un fel imparfait, ou un efprit de nitre incor- pore dans un alkali tcrreux , voilk le coagulum. Quand on verfe de l'eau delfus pour l'edulcorer, on emporte les acides nitreux qui ne iont pas bien unis a la craie, ce qui fait paroitre le pre- cipite prefque infipide ; mais (i on le fait bouillir avec de Veau , la creme de tartre fe fondra dans l'eau botiillante , & les acides nitreux agilfant avec plus d'aclivite fur la craie, ils la duToudront, & cette terre fe foutiendra dans l'eau , a l'aide de cet acide , comme cela arrive , quand on fait dif- foudre de la craie ou ds la chaux par l'efprit de nitre , ou quelques autres acides-, ainfi le coagulum fe fondra entitlement , fans troubler la limpi- dite de l'eau , & cela tant qu'elle fera chaude , car le criftal de tartre etant depouille de la terre, fe trouvera dans un etat naturel indillbluble dans - l'eau froide , & ainfi il fe precipitera a mefure que l'eau fe refroidira ; la terre de la chaux, au contraire, fe foutiendra, & pour l'appercevoir, il faudra donner a l'efprit de nitre, un alkali plus puiffant, tel que Ihuiie dc tartre, & ces terres aikalines fe precipiteront. Mais pour prendre notre experience d'un autre cote , fi au lieu dedul- corcr le precipite, on jette deflus plus d'efprit de nitre, & qu'on tieiine le tout quelque temps en digeftion fur un bain de fable, 1'acide nitreux, aprcs setre empare de la craie, agira enfuite fur le tartre meme, & s'etant uni a la bafe, formera un vrai nitre regenere, comme quand on verfe 1'a- cide du nitre fur le fel de tartre -, on obtiendra auffi des criftaux de nitre, (1 on traite la creme de tartre, comme nous avons traite notre tartre fo'u- ble. Si au lieu de l'efprit de nitre, on emploie l'elprit de fel, on preci- pite parcillement la creme de tartre , mais elle eft un peu rouiTe , au lieu qu'avec l'efprit de nitre, elle eft d'une beaute charmante. L'huib de vitriol produit encore le meme etfet, mais on a bien de la peine a feparer le criftal de tartre, & le tout fait une efpece de gomme, comme quand on diffout la creme de tartre dans l'huile de vitriol. Mais ce qu'il y a de furprenant , e'eft de voir le vinaigre concentre par la gelee, faire la meme precipitation, car enfin e'eft le meme acide que Tome VII. Panic Fran^oife. Oo ■C H Y M I E, Annk 17 3Z. 190 AB Ri G± DES M £ MOIRES celui du tartre-, ainfi il ne doit point avoir de pouvoir fur lui : cela eft vrai , c'eft pourquoi le vinaigre concentre ne tou.ch.era point a la terre pro- pre du tartre, mais cet acide etant, pour ainfi dire, a nud, pourra dero- ber au tartre, line terre qui lui eft etrangere, & dont il eft furcharge (a). Maintenant , on peut conclure de ce que nous vcnons de dire , qu'il y a des terres que l'acide du tartre diffout , & qui contra&ent avec Je criftal de tartre une telle union , qu'elles changent non-feulement le cara&ere exterieur de ce fid, c'eft-a-dire, fa criftallifation , & le rendent acceffible a l'eau froide, mais elles lui changent encore entierement fon gout, [a fa- veur, & fes autres qualites : en un mot, ces terres produifent fur ce fel, tous Ies effets des fcls alkalis; done on peut employer ces fortes de ter- res pour rendre le tartre foluble ; done la diffolubilite par les acides eft une condition effentielle aux terres, pour entrer dans la compofition des fels; done ( ne pourroit-on pas audi le dire ) les fels fixes n'agiffent ici que par leur terje , c'eft ce qui eft demontre par les experiences du premier S: du fecond article. II y a d'autres terres, au contraire, qui font, pour ainfi dire, inacceffi- bles a l'acide de ce fel , qui fe chargent bien , a la verite , d'une huile tres- gro/Iiere & furabondante du tartre, mais fans alterer en aucune maniere, la partie faline , & fi l'on remarque que ces terres forment quelque union avec les criftaux du tartre, comme cela n'arrive que trop a celui qu'on prepare aupres de Montpellier, cette union n'eft pas intirue, elle n'eft que iuperficielle, ce qui fait qu'elle ne change aucun des cara&eres de ce fel; ces terres font done celles qu'il faut employer pour purifier & blanchir le tartre. Annie IJ33. - L'on a vu ci-deflus que le tartre pent etre rendu foluble , non-feule- Mumoircs. ment par les fels alkalis, comme le fel de tartre, ou le fel de foude, on le borax , mais encore par les terres alkalines , foit qu'on les prenne dans le regne mineral , comme les chaux , les craies , &c. ou dans le regne ani- mal , comme les ecailles d'huitre calcinees ou non calcinees , les cornes de cerf calcinees , &c. ou enfin dans le regne vegetal , comme les cendres leflivees. Nous avons outre cela rapporte plufieurs experiences qui prouvent qu'on peut retirer la creme de tartre de tous ces tartres folubles, en la precipi- tant par les acides , on du vitriol , ou du nitre , ou du fel marin. Ces acides etant plus puiffants que celui qui eft contenu dans la creme de tar- tre, ils commencent par s'emparer du fel alkali, ou de la terre alkaline qui le rendoient foluble , ce qui regenere la creme de tartre •, & i\ l'on n a pas foin de la retirer d'avec ces acides , ils agiffent peu a peu fur la pro- pre bafe de la creme de tartre , en chaflent l'acide vegetal , & la decom- pofent entierement. Tout cela s'accorde a merveille avec la fuperiorite que l'on reconnoit etre entre les differents acides. C a ) Le tartre eft un fel criftallife avec exces ti'acide dont la bafe eft I'alkali vege'taf , & dont l'acide paroit abfolument femblable a celui du vinaigre , comme i'ont prouve* MM. Margraff & Iiouelle ie cadet. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. %$i Mais ce qui nous a paru de fort iingulier, c'eft que le vinaigre diftillc ^™**"*T^ faffe audi cette precipitation; car enfin les acides de meme genre n'ont C h y m i i. attain pouvoir les uns fur les autres; or, l'acide du vinaigre eft le meme que celui du tartre, e'eft aujourd'hui celui du vin; cependant le vinaigre Annie *,"-'?• diftillc ordinaire precipite la creme de tartre de tous les tartres folubles, execpte de celui qui eft fait a la inaniere de M. le Fevre par le borax. .Void le detail de nos experiences. Nous avons mis de la matiere gommeufe de M. le Fevre , du fcl de Seignette, du fel vegetal, & de notre tartre foluble par les ecailles d'hui- tres.par la craie, par les cendres , dans autant de verres differents, & nous avons verfe deffus de 1'eau bouillante pour diffoudre tous ces fels. La diffolution finie , nous avons jette peu a peu, & a difterentes rcprifes, fur chaque verre du vinaigre diftillc , ce qui a excite une fermentation plus on moins fenlible, & a enfuite occalionne une precipitation plus ou moins prompte dans chaque verre, excepte dans celui ou etoit la matiere gommeufe deM. le Fevre. Le precipite paroiffoit au fond du verre comme une poudre blanche recouvcrte d'une couche d'aifez gros criftaux dc cre- me de tartre, ce qui nous fit penfer d'abord ( quoi^uj la chofe nous pnrut prelqu'impollible^ que le precipite contenoit & les terres alkalines, & la creme de tartre •, mais ayant verfe defius d'abord de l'huile de tartre par defaillance, & enluite (implement de 1'eau chaude , le tout s'eft dilious, avec cette difference , que l'huile de tartre a agi avec eflervefcence , & 1'eau fans eftervefcence , ce qui nous a fait connoitre que prelque tout le precipite etoit de la creme de tartre-, & en effet, a melure que 1'eau s'eft refroidie , la creme de tartre s'eft criftallifee, ou au fond du verre, ou .1 la fuperficie de la liqueur. Nous remarquames cependant que la liqueur etoit reftee fort acide apres s'etre refroidie, ce qui nous engagea a l'eva- porer lenternent, pour voir ce qu'elle contenoit, & nous en retirames quelques criftaux aifez confus, extremement acides, & qui le fondoient dans 1'eau froide ; ce qui nous les fait regarder comme un tartre foluble furcharge d'acide par le vinaigre. Nous voila done bien furs que le pre- cipite eft prelque tout criftal de tartre ; mais comment le vinaigre a-t-il pu l'emporter fur l'acide du tartre , puifqu'ils font tous deux l'acide du vin? Pour rendre raifon de ce fait, il faut faire attention que le tartre folu- ble eft un fel effentiel acide, qui s'eft furcharge d'une terre, ou d'un fel alkali , & eft ainti devenu un fel tout different de ce qu'il etoit auparavant; de forte qu'il faut diftinguer deux bales dans le tartre foluble , l'une qui a toujours etc unie a la creme de tartre des (a premiere formation dans le vin, qui lui eft naturelle, & a laqnelle l'acide du tartre eft intimemenf Uni & le vinaigre diftillc n'a aucune action fur cette bale. Mais la dofe de cette terre eft pen conliderable dans la creme de tartre, ( a ) Le tartre etoit dene deja reconnu pour un acide de meme nature que celui da vinaigre , & deja combine'e avec une bafe alcaline. Mail comme on n'avoit pu encore fc'parer cette bale on la croyoit terrcufc. Plus on dtudie I'hiuoire des ftiences, plus on tiouve que la plupart des dVcouvertes font eg-alemcnt l'ouvragc uu temps & du genie. Oo ij i?x ABREGE DES MEMOIRES '■ par proportion a celle de l'acide, qui eft peiuVetre retenu en G grande C h y m i e. quantite dans ce fel par la matiere grafle qui y abonde. Quoi qu'il en foit , il eft bien fur que dans ce fel l'acide n'eft pas to- Annee ij~3' talement engage dans une bafe alkaline, puifqu'il fe fait fentir au gout, qu'il fermente avec les alkalis , qu'il fait la diffolution de plulieurs terres , & qu'il s'unit avec ces matieres au point de former un fel nouveau : voila done ce qui fait la feconde bafe des tartres folubles-, mais a laquelle l'acide du tartre n'eft pas auffi intimement uni qiA la fienne propre ; e'eft, pour ainli dire, une bafe d'adoption qu'il abandonne aux mpin-r dres acides, comme le vinaigre diftille, mais (e refervant toujours fa bafe naturelle, dont il ne fe deliailit, pour ainfi parler, qui* la derniere ex- tremite, quand il y eft contraint par un acide plus puiffant; ainfi le criftal de tartre apres avoir abandonne la terre etrangere qui le rendoit foluble , reprend fa premiere forme, & devicnt tel qu'il etoit avant que d'avoir ete affocie avec les matieres alkalines. Et il arrive ici a-peu-pres la meme chofe, que quand on precipite le loufre d'un hepar fulphuris avec l'ef- prit de foufre. II eft bon de remarquer que nous avons employe pour ces experiences trois differents vinaigres diftilles , dont nous etions bien furs-, car comme les vinaigriers font accufes d'employer quelquefois de I'huile de vitriol pour augmenter la force de leur vinaigre , la precipitation de la creme de tartre n'auroit plus alors rien de iingulier. Mais tous les tartres folubles n'abandonnent pas leur nouvelle bafe avec line egale facilite •, & void dans quel ordre il nous a paru que cela fe failoit , en commencant par ceux oil la precipitation fe fait le plus abon- damment , & le plus promptement. i°. Le tartre foluble fait par les cendres. i°. Celui qui l'eft par la craie. 3°. Par les ecailles dhuitres non calcinees. r / 4°. Par la chaux. 5°. Par les ecailles d'huitres calcinees. 6°. Par le fel de tartre. 7°. Par le fel de foude. 8°. En fin, le tartre rendu foluble par le borax ne fe precipite point par le vinaigre diftille. Maintenant fi Ton demande d'ou vient cette difference entre les tartres folubles, il nous paroit, fans vouloir trop approfondir cette queftion, qu'on pent 1'attribuer a l'union plus on moins intime de ces differentes bafes alkalines, avec l'acide de la creme de tartre, on ce qui nous paroit a-peu-pres la meme chofe, aux differents degres d'alkalicite des differentes matieres qu'on emploie pour faire ces tartres folubles. Nous ne croyons pas devoir omettre line autre difference que nous avons encore remarquee entre tous ces tartres folubles , elle regarde leurs differents degres de folubilite, on le plus ou moins de facilite qu'ils ont a fe fondre. Ceux qui font flits avec les cendres leffivees , les ctaies & la chaux, fe fondent a la moindxe humidite. Ceux oil Ton a employe les DE L'ACADiMIE ROYALE DES SCIENCES. 195 failles d'huJtre calcinees ou le fel de tartre, s'humectent aufll a lair, & - il n'y a que ic fel de Seignette , & la matiere gommeufe de M. le Fevre r 3ui funpcitcnt les humiditcs fans fe rcToudre en liqueur. L'on pourroit ire, pour rendr; raifon de cette obfervation , que le borax & le fel de Annie i~. ?j. foudc qui fervent de bafe a ccs deux derniers tanres folublcs tombcnt plu- tot en poiifliere, que de fe reioudre en liqueur, au lieu que les ecailles d'huitres s'humeCtent a l'air, & que le fel de tartre fe refout totalement en liqueur. Mais la craie, les cendres & la chaux ne s'hume&ent point a l'air, ce- pendant les tartres qui font folublcs par ces matieres, font ceux qui s'hu- meftcut le plus ailcment. Cette remarque nous a fait prefer attention a ce qui pouvoit rendre les fels li fenlibles k l'humidite de l'air, & il nous a paru que cela dependoit ordinairement de la trop grande dofe de quel- qu'une des matieres qui les compofent ; or ces matieres font dans la p!u- part des Icls, l'acide, la bafe alkaline & la matiere gratfe. II refte done a rapporter quelques experiences qui prouvent que l'abondance de quel- qu'une de ces matieres rend les fels tres-lenfibles a l'humidite de l'air, e'eft ce qui fe fera par les exemples fuivants. i°. St l'acide eft furabondant dans le fel de Glauber, ou dans le tartre vitriole, comme on le demandoit autrefois acidule, ces fels font tou- jours humides. 2°. Si Ton furcharge un fel de terre alkaline, il devient tres-fenhble a l'humidite dc l'air , comme on le voit dans nos tartres folubles par la craie, les cendres, &c. j°. Enfin, les fels extremement gras, comme la terre foliee de tartre, fe refolvent tres-aifement en liqueur-, lorfque le fel marin eft gris, tel qu'on le vend a la Gabelle, il s'humecte ailcment, ce qui n'arrive pas, quand on 1'a filtre & criftallife avec foin ', le fel de Seignette meme qui refifte aux plus grandes humiditcs, quand il eft bien fait, fi l'on en pre- cipite trop la criftallifation par l'evaporation , il fe fond tres-aifement a l'air. Quoique dans toutes les experiences que nous venons de rapporter il paroiffe qu'il y a dans chacun de ces fels une matiere qui domine fur les autres , nous ne pretendons cependant pas decider abfolument que e'eft elle qui rend ces iels fi fenlibles a l'humidite. Mais il nous a paru que e'etoit une circonftaiice qu'il etoit bon de remarquer en paflant, tans pretendre trop approfondir une queftion , qui feroit d'une longue dif- cuflion , & qui eft alfez diffcrente de celle que nous nous etions propoks d'examiner dans ce meraoixe. iH A B R £ G £ DES MEMOIRES C H Y M I I. Annie zj$z. Nouvulf.s Experiences sue le Borax, Aye c un moyen facile de faire le Selfidatif^ & d' avoir un fel de Glauber i par la mime operation. Par M. Geoffroy. Memoires. jL^ E borax eft on fel, dont la compofition ou naturelle on artificielle eft pea connae-, I'hiftoire naturelle, tantancienne que moderne, nous four- nit fur ce fel etranger peu d'eclairciffements ; & de ce qu'elle en rapportey nous ne pouvons conclure que ce foit la veritable chryfocolle des an- ciens , quoique les Efpagnols qui travaillent les mines du Chyli , les Ve- nitiens & d'autres modernes , mi donnent encore ce nom qu'ils ont pris dans l'ancienne hiftoire naturelle. Pline, en parlant de la chryfocolle de fon temps, la divife en deux efpeces; la naturelle qui fe tiroit des mines de cuivre. L'artificielle qu'on faifoit, en agitant & en triturant de l'urine de jeunes enfants, dans des mortiers de bronze. Paul Herman, dans fa matiere medicate, ( de 1'edition de Strafbourg,' 1716, p. 651 ) dit qu'on fait le borax aux indes orientales, d'une terre nitreule-, qn'apres l'avoir calcinee & mife en poudre, on la fait bouillir, & qu'on en fait une forte leffive ■, qu'on l'expofe enfuite a fair pour la' faire criftallifer ; que ce fel ne fe perfedtionne pas davantage dans le pays, & que c'eft dans les lieux ou on le tranfporte , qu'on le purine. A ces deux defcriptions & principalement a celle de Pline, on ne re-J connoit pas le borax d'a prefent ; car par les effais que j'ai faits fur la foluJ tion de ce fel dans l'eau fans addition , je n'y ai pu trouver aucun atome de cuivre ; quoiqu'il dut y en avoir confiderablement , fi c'etoit la chryfo- colle de Pline. Je ne trouve pasnoh plus qu'il puiffe etre fait d'une terre nitreufe, prife; dans le fens & felon les proprietes de notre nitre d'a prefent , parce qu'il criftalliferoit autrement, & ru'feroit (nr'le charbon-, que Ii M. Herman en- tend par le nitre des Indes, le nitre d'Agra-, & de quelques autres endroits des Indes orientales, qui eft un natrum, & par confequent, un fort al- kali, le borax feroit un fel alkali beaucoup plus fenfible , & auroit un gout beaucoup plus acre , a moins qu'en fabriquant ce fel , on n'ajoute au na- trum quelque matiere qui adouciffe cette acrete , & en faffe un fel fale imparfait oil l'alkali domine encore. Feu mon frere a dit, dans les lecons qu'il dictoit au College Royal, fur la matiere medicale , & d'apres des Memoires qu'il avoit eus d'un voya- 1 geur allemand, nomme' M. Naeglin, bon naturalise, qui avoit fait beau- coup de recherches fur ce fel, tant aux Indes , qua Vcnife ou on le pu- rifioit autrefois, »j que le borax fe tiroit de divers endroits des Indes »> orientales , mais en plus grande quantite des Etats du Mogol , & de la DE L'ACADiMIE ROYALE DES SCIENCES. 195 m Perfe; qu'en dirFerentes contiies de ces deux Etats.il couloit lente- S?— — ! i) ment de plufieurs mines, & principalement de celles de cuivre, line C h y M 1 E. t> eau faline, trouble & verdatre qu on rccucilloit avcc foin-, qu'aprcs »> l'avoir evaporee jufqu'a une< certaine confidence, on la vcrfoit dans des Annie IJ^J- a fofles creufees en terre , & enduites d'une pate, compofee du Union »> depofe des memos fources minerales , & de la graifle des animaux •, »> qu'on recouvroit ces fofles d'une epaitieur convcnable, de la mcmc >j pate; qu'au bout de quelques mois, on les ouvroit, qu'on trouvoit ti l'eau evaporee en partie, & le fel de borax criftallifc, qu'on en retiroit »» ces criftaux encore nieles 011 recouverts de ce limon gras, & qu'on •> nous l'apportoit des hides en cct etat.jj Nos commercans tirent aufli du borax, de la Chine, 011 il coute peu; ce qui feroit foupconner que ce feroit un fel naturel dans le pays, ou du moins d'une fabrique tres-aifee. On raffine a prefent ces difterents borax en Hollande , mais ce n'eft pas un fecret propre aux Hollandois , puifqu'il y a un particulier, dans le Faubourg S. Antoine, qui en a raffine & qui en a livre aux marchands, d'aufli beau & d'aufli pur que celui de Hollande. En cet etat de purifi- cation parfaite , il eft tranlparent comrne le criftal de roche. Bnit, tel qu'on 1'apporte des Indes, fes criftaux font ordinairement gros comme des avelines , d'une couleur verdatre, fale & obfeure, comme la pierre de Lare de la Chine, ou comme le jade verd-pale. lis font tous charges d'impuretes, de terreftrcites , & enduits d'une matiere gralle , qui eft peut-etre celle de la pate dont je viens de parler, oil quelqu'autre grailfe dont on les a recouverts, pour les empecher de fe calcincr, & de le reduire en farine , pendant leur tranfport dans ces pays chauds. Car on fait que le borax fe calcine aifement a lair, aufll-tot qu'aprcs l'avoir lave dans l'eau froide, on l'a degage de fon enveloppe ouclueufe , laquelle blan- chit l'eau, & s'y diftout comme le favon. Les criftaux de ce fel ont la figure d'un prifme oblique a (ix faces, dont la bafe a fix cotes , tels que les cotes oppofes font paralleles & egaux. Le grand diametre ou la longueur de cette bafe eft a peu-pres double , & quelquefois plus que double de fa largcur. Une fingularite de ces criftaux , eft que li Ton confidere les deux plans oppofes qui peuvent reciproque- ment fervir de bafe , on apperijoit un petit cote de ce plan ou arrets de ce folide, emoufledans toute fa longueur, & quelquefois aufli Tangle aigu qui l'avoifine, & les deux arretes ainfi emouffees, une dans chaque plan, font tellement lituees qu'elles font diametralement oppofees. Quoique cela Jiefoit pas exa&ement vrai dans tous ces criftaux, on voit cependant qu'ils affectent affez gener.ilcment cette figure. Le plus grand diametre de la bafe des plus gros que j'aie pu trouver a environ 10 a 12 lignes, & le petit diametre 011 celui qui marque l'epaifleur a 5 ou 6 lignes. La longueur n'eft pas toujours proportionnee a la grandeur de la bale-, car, tel dont le grand diametre de la bafe n'a que 8 lignes, en a 15 a 14 de hauteur, & tel autre, dont le grand diametre de la bafe a ii lignes, n'a que 10 lignes de hauteur . t& A B R E G E DES M £ M 0 I R E S ' " '"""" '""" II y a des criftaux qui ne font pas, a beaucoup pres, fi gros , il y en C il y m i £. a meme d'aufli petits que des grains de millet. Comme il y a grande apparence que ce fel s'eft forme dans nne liqueur Annie 17.32.. trouble oil bourbeuie , on y trouve, en le dilfolvant, bcaucoup de terre groffiere, ou de fable, & fa couleur verdatre difparoit, fi on le criftallife de nouveau. Voila a-peu-prcs tout ce que je puis dire de 1'exterieur du Borax. Quant a fon interieur , qui a ete l'objct des rechcrches de la plupart des Chymiftes de l'Europe , je n'en pourrois rien dire que par conjectures. Bccher femble avoir connu la competition de ce Sel , (i ce n'eft point an hafard qu'il a dit dans fa Phyfica Jubterranea ( edit, de Leipf p. 542.. ) •& dans ion Alphabetum mine rale , p. tic,. „Que l'acide univerfel diifol- j> vant une pierre ou terre fuiible, forme le borax, comme il forme »> 1'alun , lorfqu'il rencontre une terre propre a faire la chaux. «< (a) Le borax purine fe calcine a l'air, comme 1'alun; il fe diffout moins facilement que lui dans l'eau froide , mais beaucoup plus vite dans 1'eaci chaude. Lorfqu'on verfe de l'eau bouillante fur des criftaux entiers de borax, mis dans un.vaifTeau capable de fupporter la chaleur de l'eau, ces criftaux, s'ecartent en petillant , telon la longueur de lenrs prifmes, & les parties qui s'en detachent fe precipitant a mefure que les criftaux fe divifent, elles fe collent au fond du vaifTeau affez fortement pour qu'on ait de la peine a les en detacher : d'ou Ton peut conjecturer qu'il y a toujours une vilcofite naturelle dans le borax. La lolution de ce fel n'agit pas fur les metaux parfaits. Tenue dans la bouche, elle y develappe un gout urineux, comme le fait le fel de la foude-, mais d'une maniere moins fenfible que ce dernier. Lorfque cette folution eft faite a grande eau, il s'en precipite une terre blanche extre- niement fine. Le borax poutfe an grand feu, fe bourfouffle, blanchit, fe calcine comme 1'alun; puis il prend la forme de verre. En cet etat , il perd pres de la moitie de fon poids , e'eft a-dire , prcs de huit onces par livre. M. Lemery n'a trouvd cependant que fept onces de diminution ; mais cette dilierence vient, fans doute , du plus ou du moins dhumidite que les difterents borax retiennent dans leurs criftallifations. Cette efpece particuliere de verre de borax eft dure, compacte, tranf- parente comme du verre ordinaire. Ce n'eft cependant qu'un fel prive de ion flegme, qu'il reprend aifement & lhumidite de fair, puifqu'il s'y ter- uit, qu'il y perd fa tranfparence , & qu'au bout de quelque temps il eft a (a) M. Baron a prjouve' que le boras etoit formd par la combinaifon de I'alcali marin avec le fel fe'datif qui fait ici la fonction d'acide. La nature du fel ftdatif eft encore in- connue. On voit que M. Boulduc n'e'toit pas loin de deviner la compofition du borax, puifqu'il favoit que l'acide vitriolique en ieparoit le fel fedatif , &formoit du fel de Glauber, & qu'il n'ignoroit pas que l'acide vitriolique formoit du fel de Glauber avec les criftaux de foude. 11 paroit que ce qui l'a empeche' de faire la d^couverte e'eft qu'il ignoroit que le fel de Glauber n'etoit que l'acide vitriolique combine' avec les criftaux de foude. II fsvtit leulement que ces deux fubftances concouroient a la formation, 1'exterieur DE L'ACAD^MIE ROYALE DES SCIENCES. i97 l'exterieur comme un autre borax qui n'aiiroit pas etc fondu a **'MM^MMM gr3Tnd £"" • , . .-• r , • - , C H Y M I E. Les liqueurs acidcs attaquent cc verre, & agiiient iur lui comnie iur les verrcs de mauvaife fabrique dont j'ai parle dans un de ines Memoires. Annie VJ3>9- Feu M. Lemery ayant remarque que ce verre de borax fe dilfolvoit tota- lement dans l'eau chaude, & qu'il fe recriftallifoit enfuite, j'ajoutea cette remarque qu'il ne petille pas dans l'eau bouillante, comme il le fait avant que d'etre vitrifie , & qu'il y depofe une terre fine en plus grande quan- tite que ne le fait le borax non-vitrifie. De tous les fels, nous ne connoiffons jufqu'a prefent que le borax qui fans addition prenne cette forme de verre au grand feu •, d'oii Ton peut conjecturer , d'apres Beccher; qu'il auroitpour bafe cette terre fuhbledont il parle , mais en meme temps que les parties integrantes de cette terre etant trop tenues , ne prefenteroient pas i 1'imprefllon de l'air & a Taction des liqueurs acides des furfaces affez folides pour leur rehfter. On remarque audi que le borax , qui par quelques-uns eft employe comme fondant dans la compofition des criftaux fadtices, leur communi- que a la longue le defaut qu'a fon verre de fe ternir a l'air, & que e'eft \ tort qu'on l'y emploie : par la meme raifon e'eft mal-a-propos que quel- ques Artiftes le font entrer dans le verre d'antimoine : car quoiqu'il le rende plus tranfparent d'abord, il le ternit enfuite, & fe calcine. Le borax ne fermentant ni avec les acides , ni avec les alkalis , auroit pu etre regarde comme un fel fale ou moyen. Mais ayant etc examine avec plus de loin , on a vu qu'il etoit un alkali, non-feulement, comme on l'a dejadit, parce qu'il precipite la terre metallique des vitriols, la terre de l'alun & la terre de l'eau de chaux , mais auffi parce que fa folution verdit le fuc des fleurs de violette-, qu'il developpe, comme le fel de tartre, l'urineux du fel ammoniac •, qu il precipite en couleur citronnee la diffo- lution du mercure par Telprit de nitre, quoique fans fermentation fen- fible (a). Si on etend cette derniere diffolution , ainfi precipitee , dans de l'eau commune, la liqueur s'eclaircit davantage, & le precipite prend une cou- leur grife ardoilee ; ce qui prouve un alkali dans le borax , puifque dans cette experience il agit encore comme le fel de tartre-, de plus, comme lui, il fait avec la folution du fublime corrolif un precipite rouge orange. Le borax precipite affez vite le fer & le cuivre diffouts ; mais tres-Ien- tement Tor &l'argent; il ne regalife point l'efprit de nitre, mais il n'era- peche point fa regalifation par le fel ammoniac. L'or diffout dans une eau regale ou Ton a mis le borax fe foutient affez bien dans fon diffolvant. Cependant il y palit , apparemment par la meme raifon que ce fel fait palir l'or dans la fonte. Le borax qui fe trouve de trop dans cette liqueur fe precipite en feuillets : l'or fe precipite auffi , mais ce n'eft qu'aprcs plu- iieurs jours. A Tegard de 1'argent, il ne met auffi aucun obftacle 1 (a diffolution ( a~) Cela vient de ce que I'acide qui tenoit les me'taux en diffolution, s'unit a la bafe akaline du borax , tandis que le fel feaatif ne peut dilToudre les prtfeipitts metalliques. Tome VII. Fartic Francoije. P p iyS ABREGE DES MEMOIRES 'dans l'efprit de nitre, & je ne me fuis point appercu encore qu'il le pre- C h y m i e. cipitat, h moins qu'il ne le faffe a la longue. Quant aux matieres terreufes , il ne les precipite guere plus prompte- jinnee 1731. me|]t qUe les metaux imparfaits qui ont ete diffous par les acides. II taut un poids egal de borax & d'alun pour precipiter la terre de ce dernier; c'eft-a dire, que la lolution de quatre onces de l'un , & de quatre onces de 1'autrc, ayant ete filtree, il s'eft precipite une terre mucilagineufe, fine, blanche, qui fechee, pefoit 7 gros 50 grains, ce qui ne fe feroit pas fait avec un moindre poids de borax. Aprcs quelque temps d'evaporation i I'air, il s'eft encore trouve un pen de terre plus jaune au fond du vaiffeau. En cherchant la jufte proportion de poids du borax avec celui des vitriols, pour faire exactement la precipitation de leur terre metallique, j'ai trouve qu'il a fallu trois parties de borax fur deux de vitriol bleu, c'eft-a-dire, une once & demie de Tun, & une once de 1'autre , pour faire la precipitation de la terre cuivreufe. Ce precipite eft devenu de cou- leur bleue verdatre , & chaque gros de ce vitriol a fourni 3 5 grains de fa terre metallique , femblable a la ccndre bleue des Peintres. La meme dofe a ete neceffaire pour faire la precipitation du vitriol blanc, lequel m'a donne line terre legere & blanchatre qui, fechee com- me la precedente , s'eft trouvee de meme poids que celle du vitriol bleu. Comme la precipitation complette de la terre ferrugineufe du vitriol vert eft plus difficile a faire , du moins avec precifion , j'en ai pris une plus grande dofe •, & il m'a fallu trois livres de borax fur une livre de vitriol , pour precipiter cette terre au point que la folution des deux fels demeurat limpide. Cette terre precipitee , de couleur jaune orangee au deffous de fa pellicule, ayant ete parfaitement fechee a l'air, s'eft trouvee pefer (ix onces un gros & quelques grains. Par ces dofes amenees petit k petit au point de precifion que Je cher- chois, j'ai ete fur d'avoir precipite toutes les parties metalliques ou ter- reufes de ces fels, en forte que leur folution n'avoit plus de faveur metallique , & que l'acide vitriolique uni au Borax n'avoit plus qu'un gout fale. J'ai parle ci-deffus de la precipitation de la terre de I'eau de chaux par le borax •, j'avois pris deux livres cinq onces fix gros de cette eau , & une once de borax diflbute dans neuf a dix onces d'eau : les deux li- queurs etant confondues enfemble, il s'en eft precipite trente-fix grains dune premiere terre tres-blanche. ' La liqueur du melange etant decanree de deffus cette premiere terre precipitee , & ayant ete mife a evaporer , il s'eft precipite encore une fe- conde terre legere, feuilletee & argentine, quoiqu'un peu jaunatre , 8c dans cette terre, le borax s'eft recriftallife en criftaux mieux formes qu'ils n'ont coutume de l'etre, lorfqu'il fe criftallife fans aucune addition, par des evaporations lentes. II paroit par cette obfervation que pour la crif- tallifation plus parfaite de certains fels, il eft neceffaire qu'il y ait dans leur folution, une terre qui leur foit furabondante. Tqus les melanges du borax avec l'acide vitriolique , 8c avec les acides DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. ^9 du nitre & du felmarin, nous donnent le fel fedatif, en fuivant le pro- — — cede indique enigmttiquement par Becher, trouve par M. Homberg, & C h y m i e etendu a tous les acides mineraux par M. Lemery. Ce fel fait par la lubli- mation, felon ces procedes, eft un affemblage de fleurs falines que j'aurai Annie 1731. lieu dans la liiite, de comparer aux fleurs de ben join. Elles font li fines & li legeres qu'clles nagent fur l'eau , & qu'elles ne s'y diffolvent que quand l'eau eft chaude. Le fel fedatif eft un fel fele parfait, qui n'altere point la couleur du fuc des vfolettes, qui n'agit point fenliblement fur la folution du fublime corrolif , ni fur la diffolution du mercure par l'efprit de nitre , & ce n'eft qu'au bout d'tin long-temps qu'il s'y fait un precipite jaune citron , fem- blable a celui que fait le borax. II y a pourtant quelque difference entr'eux; car le precipite que le fel fedatif a donne , n'a point change de couleur dans les lotions avec beaucoup d'eau , comme a fait le precipite fourni par le borax. Ainli il eft parfaitement femblable, quant a cette experience, a de pareils precipires faits par le fel de Glauber & le tartre vitriolc; car ces deux derniers fels precipitent l'un comme l'autre, le mercure dilfout par l'efprit de nitre. Le fel fedatif, dilTout dans l'eau chaude, fe recriftallife, Iorfqu'clle eft froide, en nouveaux flocons de feuillets brillants qui ne different des fleurs de la (ubliirution , qu'en ce qu'ils font plus epais & plus pefents; & e'e ft cette derniere obfervation qui m'a indique le moyen facile d'avoir le fel fedatif par criftallilation. Mais avant que d'en decrire le procede plus an long, je continuerai le detail de toutes les autres obfervations qui out rapport a la fublimation de ce fel. ^ Pour faire cette fublimation avec plus d'exadtitude , il faut fe fervir d'une cornue de verre a col large , mettre dedans quatre onces de borax en poudre hue, verfer deffus tine demi-once d'eau commune feulement , parce que j'ai obferve qu'il eft inutile de diffoudre le borax dans l'eau , comme on fait ordinairemeni, & qu'il fuftit que la maffe feline foit hu- medcee comme une pate molle, on y ajoute enfuite une once deux gros d'huile de vitriol concentree, & Ton place la cornue a un feu de reverbere modere d'abord, & qu'on augmente enfuite par degres jufqu'i faire rougir la cornue. De cette maniere, le borax etant etendu dans beau- coup moins d'eau , & reflerre dans un plus petit efpace que dans les cu- cinbites, fuivant le procede ordinaire; l'acide vitriolique l'attaque plus vite, &: le penetre plus ailcment. II paffe d'abord dans le recipient environ line once d'humidite aqtieufe, puis le fel volatil monte avec les dernieres humidites qui s'elevent encore de la maffe feline •, ce qui fait qu'une portion de ce fel fe refout avec ce fecond flegme , & paffe avec lui dans le recipient ; mais la plupart de Its fleurs felines s'attachent a la premiere partie du col de la cornue qui fort de l'echancrure du fourneau • ell;s s'y accumulent en fe poulfent inll-nli- blement les unes les autres , en forte qu'elles bouchent fegerement cette portion du col occupee. Alors celles qui montent , lorfque le col eft bou- chi, n'ayant plus d'air exterieur qui les rafraichilTe en les condenfent, Prenez du plomb vitrine fans addition , ou de la litharge , ou meme Mim fel de tartre une once & demie , chaux vive une once, chargez-en is une cornue & diftillez par un bon feu ; apres l'opdration ramaflez avec •> un peu de papier bleu une poujjiere blanche , qui eft dans le col de la V cornue, & vous appercevrez quelquefois de petits globules de mercure »> coulant; mais pour vous ailurer, que la.poudre eft mercurielle. Frot- »> tez-en une piece d'or , & vous verrez quelle la blanchira. »> II ajoute , qu'on peut faire la meme chofe avec le faturne come , qui .eft le plomb diffous dans l'efprit de nitre, & precipite par l'efprit de lei. Procidi de Beccher dans le fecond Suppliment defa Phyficafubterranea , p. j$z. edit, de Leipjkk. Cet Auteur veut , »> qu'on mele du fel de tartre & de la creme de tar- »> tre enfcmble , comme C\ 1'on vouloit faire du fel vegetal , & que dans »> le temps de la fermentation , qui s'y excite , on jette dans la liqueur »> des lamines de plomb, ou quelque autre metal, qui, felon lui, s'y »> difloudront, le fel arfenical lira divile, le mercure fe feparera, & » pourra etre enleve par la diftillation, avec un efprit tres-penetrant & Qq ij 3o8 A B R E G i DES M I£ M O I R E S '■ » . ignee , & enfuite precipite par quelques fels , ou meme attire par C H Y M I E. »» 1°*' " Je ferai mon poflible d'examiner un jour ces procedes, pour voir ce Annie 1733. quj en eft. On peut ajouter a ce que je viens de rapporter, que Wedel ci- devant profeffeur \Jena , en Thuringe, dit, 11 qu'ayant mis pendant des • ■>■> annees de l'encre dans un cornet de plomb , & venant ennn a le net- >? toyer, il y avoit trouve du mercure, ce qu'il regarde comme une »> mercurification du plomb faite par le vitriol , comme il l'a rapporte >) lui- meme all long dans les ephemerides d'Allemagne : » Mais M.Teich- rneyer fon fucceffeur regarde la chofe comme impoffible, & foutient dans fa chymie, qu'on lui avoit verfe du mercure dans fon cornet. Pour moi j'ai pris du plomb en nature, que j'ai feulement choili le plus doux qu'il m'a ete pollible, quelquefois meme pour etre plus fur de fa ductilite , j'ai pris du plomb tire en lamines par les vitriers, & d'au- tres fois j'ai (implement pris du plomb en faumon , que j'ai fait battre & etendre pour donner plus de prife au diffolvant. J'ai pris audi de bon efprit de nitre , que j'ai affoibli avec fon poids d'eau, ce qui lui conferve affez de force pour agir fur le plomb : j'ai jette; \ differentes reprifes de petits copeaux de plomb dans cet efprit de nitre affoibli , que j'avois mis dans un petit matras , & j'ai remarque , qu'a me- fure que le plomb fe diffolvoit, il fe precipitoit quelquefois une pouf- iiere grisatre, qui examinee fur l'or, ou le cuivre, eft mercurielle, 8t meme dans laquelle il y a affez fouvent du mercure coulant en petits glo- bules. J'ai dit, que j'ai jette peu-a-peu les copeaux de plomb dans l'efprit de nitre affoibli ; car fi Ton verfe l'efprit de nitre fur une quantite de ces copeaux , ils fe couvrent d'une croute faline j qui empeche , que la diflb- lution du plomb ne fe faffe bien. J'ai repete cette experience de differentes manieres, quelquefois en fai- fant , comme dans l'experience precedente, la diffolution fur un bain de fable tempere, & d'autres fois avec une chaleur affez vive pour faire bouillir le diffolvant , ce qui reuflit bien. Voici comme je m'y mis pris. J'ai mis dans Un matras, par exemple, huit onces de bon efprit de nitre, affoibli par autant d'onccs d'eau commune bien pure, dans lequel j'ai jette a differentes reprifes quatre onces de plomb reduit en lamines, comme j'ai dit ci-deffus-, & quelquefois j'y ai mis un peu plus de plomb. J'ai fait remarquer, qu'il falloit du bon efprit de nitre, car fi cet efprit etoit mele de l'acide du fel marin , cela feroit une eau regale , dans la- quelle le plomb ne pourroit pas fe foutenir, mais il fe precipiteroit en J'aturne corni a mefure qu'il le diffoudroit ; & (i cet efprit de nitre etoit mele de l'acide vitriolique, il fe feroit une autre precipite, qui produi-. roit une efpcce de vitriol de plomb. Dans le temps de la diffolution , le plomb fe couvre d'abord d'une poudre grife , & enfuite d'une croute blanche : c'eft cette croute faline, dont j'ai dcji parle, qui empeche le plomb de fe diffoudre, ainfi pour aider a la diilolution j'ai mis le matras fur un bain de fable affez chaud DE L'ACAD^MIE ROYALE DES SCIENCES. 30? pour faire bouillir le diflblvant, & dans l'efpace de deux a trois heurcs ^^"""^^S tout le plomb s'efl diflbus , & la liqueur eft devcnue laiteufe : j'ai encore C h Y m 1 e. conferve quelque temps cette liqueur fur le feu, jufqu'a ce que j'aie ap- fercu, qu'tl fe formoit des criftaux a la fuperficie de la liqueur-, alors je Annie Z"?J. ai decantce dans une cucurbite pour I'examiner a part , & j'ai trouve au fond du matras plus d'une demi-once d'une poudre grisatre, qui, exa- minee fur Tor, etoit aflez mercurielle pour le blanchir, & qui contenoit meme de petits globules de mercure coulant; cependant une grandc partie de cette poudre etoit encore ou faline ou terreufe, comme je le dirai dans la fuite, en rapportant les experiences que j'ai faites pour re- connoitre la nature de ce precipite. Je ne crois pas, qu'il foit poffible de trouver line maniere plus Ample de demontrer, qu'on peut tirer du mercure du plomb, puifqu'il n'eft queftion pour cela que d'une Ample diflblution. Mais comment peut-ou imaginer, que fe doit faire ici la precipitation du mercure ? Car enfin Ton fait bien , que 1'efprit de nitre eft aufli-bien le diflblvant du vif-argent que celui du plomb, & d'ailleurs, qu'il y a une grande affinite entre le vif-argent & le plomb, comme le prouve la facilite d'en faire l'amalgame, & la prctendue fixation du mercure par le plomb , meme dans le temps que le plomb eft fige, & feulement encore un peu chaud. Voila done d'un cote le mercure, qui s'unit tres-volontiers avec le Elomb •, d'un autre cote 1'efprit de nitre eft le diflolvarft du mercure auffi- ien que du plomb , comment done en expliquer la precipitation .' J'avois d'abord penfe , que mon efprit de nitre atfoibli pouvoit bien agir fur le plomb, qui eft aflez aife a diflbudre, mais non pas fur le vif-argent ; & je crois, que cette raifon peut bien entrer ici pour quel- que chofe. Mais pour mieux eclaircir ce fait, j'ai jette des morceaux de plomb dans une diflolution de mercure faite par 1'efprit de nitre, & a mefure que le plomb s'eft diffous , le mercure s'eft precipite en poudre blanche, & en petits globules; ainli il ne Bait, pour precipiter le mercure, que donner au diflolvant autant de plomb qu'il en peut foutenir, ce qui re- vient bien a la table des rapports de feu de M. Geoffroy, qui a mis dans la colonne de 1'efprit de nitre le mercure au-deflous du plomb. }I0 ABREGi DES MEMOIRES C II Y 111 I E. Annie 1734. ANALYSE D E LA B O V R A C H E t Par M. Boulduc. Memoires. \^j'hc A demie , dans fes commencements, s'eft affez long-temps oc- cupee d'analyfes de plantes , M. Bourdelin , comme nous l'avons dit en 1699, faifoit ces analyfes en diftillant les plantes en leur entier, & en examinant les difterents produits que le feu donnoit. On ne manqua pas de s'appercevoir que ces produits du feu etoient trop alteres par fon ac- tion, nous l'avons deja dit en 1701 , & Ton ne compta plus guere fur un tres-grand nombre d'analyfes qui avoient coute bien du temps. Certainement il y en a d'autres plus adroites , pour ainfi dire , qui tire- ront des plantes leurs principes moins changes & plus purs. M. Boulduc en a effaye une qui lui a reulti fur la bourache , plante fort employee dans la medecine & par-la plus intereflante. II n'a travaille que fur des fucs 011 decodions , & le feu n'a fervi qua tirer ces fucs ou a caufer quelques evaporations. J'ai pris , dit M? Boulduc , une bonne quantite de decoction de bou- rache, que j'ai feparee en trois parties egales. J'ai fait evaporer la premiere jufqu'a pellicule, ou en conliftan.ee de (irop ; elle etoit d'une couleur fort noire, etant chargee de beaucoup de parties huileufes, enforte que l'ayant laiffee en repos dans le temps chaud, elle fe couvrit en peu de jours d'une peau affez epaiffe , laquelle etoit recouverte de moififfure. Ayant enleve cette peau, je trouvai au-deffous une aflez bonne quantite de criftaux en aiguilles fines & deli£es, confondus avec un grand nombre d'autres petits criftaux falins, affez irreguliers, pour ne pouvoir en determiner la figure, le tout nageant dans une portion de liquide gras ou firupeux. Je detachai quelques-uns de ces criftaux longuets & en aiguilles, & les ayant mis fur une pelle rougie , ils s'y enflammerent , comme auroit fait le falpetre mele avec quelque corps gras ou fulphureuxv & en effet, ce falpetre avoit en- core un enduit de la partie graffe de cette decodHon. Cette obfervation avoit deja ete annonceepar M. Lemery , qui a cite la-deffus M. de Reifont. Voila done l'acide nitreux demontre dans cette plante , & de plus le ni- tre y -eft dans tout fon entier, puifque quand j'ai verfe de I'huile de tar- tre fur ce nouveau nitre diffout , elle n'en a rien precipite , comme elle l'auroit fait , fi l'acide nitreux avoit en pour bafe une fimple matiere terreufe. J'ai pris la deuxieme portion de ma decodtion , que j'ai paflee fur de la chaux vive, afin de la degraiffer, enfuite de quoi je l'ai fait evaporer a lente chaleur & jufqu'a une legere pellicule, & l'ayant laiffee en repos, pendant plulieurs jours, j'y ai trouve des criftaux en aiguilles, plus dif- tin<5b, mieux formes & moins roux que ceux de la premiere portion, ils DE L'ACADiMIE ROYALE DES SCIENCES, jn itoient vraiment nitreux-, & au-deflus de ces criftaux longuets, j'ai trouv<*! une bonne quantite de criftaux cubiques que je n'eus point de peine a C u y m i e. reconnoitre pour des criftaux de fel marin. J'ai pris de ces criftaux en aiguilles, que j'ai mis fur le charbon allumc , Annie. 1J$4- & qui y ont fufe comme ceux de la premiere portion de ma decoction: & pour ccux qui etoient de figure cubique, outre qu'ils decrepitoient ail feu fans s'y enflammer, c'eft quen ayant fait fondre dans de 1'eau, & ayant verfe cette diffolution fur celle d'argcnt faite par 1'efprit de nitre , il s'y faifoit fur le champ un caille blanc, lequel amaffe, lave & cxpofe au feu, fe changeoit en argent corni , tranfparent, & fe coupant au couteau. Voila done l'acide nitreux & l'acide du fel cotnmun , ou plutot le fal- p£tre & le fel marin bien averes dans la meme plante. J'ai enfin pris la troilieme portion de ma decoction de bourache, que J'ai paflee fur des cendres de bois neuf , & I'ayant fart cvaporer de meme que les deux premieres & I'ayant Iaiffee en repos quelques jours, j'y ai trouv6 plus de nitre que dans les deux precedentes portions , plus blanc ou moins rouffatre. II y a route apparence que cette plus grande quantity de nitre qui fe trouve dans cette troiiieme portion , vient de ce qu'une partie d'acide nitreux n'ayant ^te unie > ou qu'avec une portion de limple terre, ou qu'avec la matiere graife qui eft abondante dans cette plante* rencontrant dans la leflive le fel alkali fixe des cendres , s'y joint & le corporifie avec lui, ce qui augmente le produit du falpetre. J'ai dit que j'avois enleve de defTus la premiere portion de la decoction de la plante evaporee & qui n'avoit ete paflee ni fur les cendres ni fur la chaux , une peau graffe & ouverte de moitiffure , laquelle deffechee au feu & mile en charbon , s'y enflammoit de meme que li j'euffe mis dans un creufet, au feu, du nitre mele de la poudre de charbon ordinaire, parcel que cette peau graffe en retenoit encore, n'ayant pas permis au nitre de s'en debarraffer enticement. Aprcs ces premieres experiences fiites fur la decoction de la bourache, j'ai voulu voir ce que le marc ou la plante entiere brulee me donneroit de plus en fel. J'en ai done feche a l'ombre, je 1'ai enfuite fait briiler dans nn pot de greR a petit feu , & le vaiffeau cottvert , elle s'y eft convertie en charbon que j'ai apres calcine a feu ouvert pour le reduire en cendres, & pour en faire une leflive , avec laquelle j'ai voulu faire quelques experien- ces , avant que de 1'evaporer, pour en retirer les fels qu'elle pourroit con- temn & perluade que le fel alkali n'y manqueroit pas, les cendres des jlantes en fournifiant ordinairement, j'ai mele la leflive avec du drop vio- at, quelle n'a que tres-legeremeht & meme a peine verdi; de plus, cette couleur verte n'a point tenu , & le firop a repris fa premiere cou- leur en tres-peu de temps; ce qui m'a fait juger, ou que le fel alkali s'y' trouvoit en tres-petite quantite, ou qu'il y etoit confondu & erubarrafle avec d'atitres fels qui s'oppofoient a fon effet fur le Crop violat, & l'eve- nement m'en a eclairci-, car en faifant evaporer cette leflive julqu'a pelli- ciile , & la laiffmt enfuite en repos dans un lieu frais , je n'ai point tarde d'y appercevoir des criftaux de tartre vitrioU trcs-diftindb , tres-bien figu- I It ABR t G t DES MiMOIRES.St" 5res, & j'ai vii toutes les proprietes qui cara&erifent ce fel-, j'ai retire la C h t m i liqueur qui furnageoit & l'ayant de nouveau laiffe un peu evaporer, j'y ai trouve une autre portion du meme fel, dont les criftaux etoient moins Annie 1734. gros que les premiers, mais dans leur petiteffe bien connoiffables pour etre le meme fel a tous egards. J'ai enfuite continue d'evaporer la leflive jufqu'a environ la diminution de la moitie, & l'ayant laiffee en repos, j'y ai trouve au bout de quelque temps des criftaux cubiques , lefquels bien examines , font un vrai iel ma- rin qui s'etoit conferve malgre la forte calcination ; le refte de la leflive a alors change le drop violat dans un beau verd d'emeraude qui a dure, & ne s'eft point perdu , comrae j'ai dit que cela etoit arrive a cette meme leflive, avant qn'elle eut ete concentree & privee des deux fels moyens dont je viens de parler. • le crois done pouvoir dire avec certitude que la bourache pent fournir quntre fels differents ; favoir , le falpetre , le fel marin , le tartre vitriole , & enfin un fel alkali fixe •, & ce qui a raon fens , eft une chofe particu- liere , e'eft de voir que les trois acides mineraux fe trouvent en meme-; temps dans une meme plante. • Je ne penfe pas que le tartre vitriole foit formellement dans cette plante : on ne peut pourtant pas douter que l'acide vitriolique n'y exifte, mais earning il etoit enveloppe, avant la calcination de la matiere graffe qui y eft abondante , il n'etoit pas aife de le connoitre : cette matiere graffe an contraire ayant ete diflipee par le feu , & l'acide vitriolique devenu libre , fencontrant le fel alkali que la plante fourait , ou le nitre fixe qui refte apres la deflagration , il s'y unit & il en refulte le tartre vitriole , de la meme (ait que ii le fublime etoit bon, il rougiroit, & que s'il etoit altere, il noirciroit ; que M. Barchufen avoit foutenu que lepreuve etoit inutile & f.uifle, parce qu'en y mettant quelque fublime que ce fut, il j.uinilfiiit d'abord, puis rougiflbit , & enfin expofe quelque temps a l'air, noirciflbit -, que feu M. Boulduc ayant repete les operations de M. Bar- chufen , avoit trouve qu'a la verite 1'huile de tartre faifoit le meme effet fur quelque fublime que ce fut, mais qu'il etoit faux que le fublime ,quel qu'il rut , noircit £ la fin. II ne s'agiffoit que de cette derniere circonf- tance entre MM. Barchufen & Boulduc, dii refte ils convenoient fur finurilite de l'epreuve, ce qui etoit l'effentiel. M. Boulduc ne s'etoit pas tout-a-fait fie a M. Barchufen fur les fairs, M. Lemery ne s'eft pas fie non plus a M. Boulduc & s'eft engage dans un long travail, dont tout le but a ete de conuoitre bien furement les changements de couleur qui arrivent au fublime corrofif par 1'huile de tartre. Des que les operations font delicates, les plus habiles gens, en fuppolant tonjours toute la bonne foi qui convient h leur caraclere, fe defient legitimement les uns des autres , & veulent voir par leurs propres yeux-, on ne fe fert que trop de ceux d'aurrui. Quand M. Lemery com- menca i examiner cette matiere, il s'appercut bien vite que le fait avauce par M. Boulduc contre M. Barchulen etoit fort douteux, cepen- dant 1'Academie l'avoit vu , a ce que rapportoit fon hiftoire , ainli il etoit important pour elle que ce fait hit approfondi, ne fut-ce que pour le retracler, s'il le falloit , & ne pas dormer lieu au public de tomber dans une erreur. Comme M. Lemery s'attendoit bien que les experiences varieroicnt Tome VIL Partie Fraiifoije. Rr 5i4 ABREGE DES Mi MOIRES ■beaucoup felon les differentes circonftances, que peut-etre fe contredi- C h y m i e. roient-elles , de forte que ceux qui auroient afhrme & nie auroient raifon . , en meme temps , il a voiilu embraffer lbn fujet dans une certaine gene- Slnnee ij.34. ra[it(i ^ jaqueJle il fut difficile que rien echappat. D'un cote le fublimi cor- rofif fe peut faire de differentes facons, de I'autre, on pent, pour l'e- preuve y verfer d'autres alkalis que l'huile de tartre, routes ces differences vont etre confiderees. On peut faire le fublime avec le mercure, ou crud & coulant, ou deja penetre des acides nitreux ou vitrioliques. Le fel marin y eft toujours abfolument neceffaire. Dans certains procedes, on ne pent fe palTer du vitriol, dans d'autres il facilite I'operation , mais il eft abfolument inutile, quand le mercure eft deja penetre d'acides vitrioliques. On peut verfer fur le fublime non feulement l'huile de tartre , mais de la folution, ou du fel de foude , ou de cendres gravelees ou de potaffe, ou de tel autre alkali de cette nature qu'on voudra. M. Lemery a porte le fcrupule (i loin fur cet article , qu'il diftingue entre les premieres folu- tions de ces alkalis, & les fecondes qui fe font en faifant evaporer les premieres, & rediffolvant leurs fels. Le fcrupule eft d'autant plus grand que la difference des premieres & des fecondes folutions eft ordinaire- ment affez legere. Nous paffons fous filence beaucoup d'autres attentions-, coinme celle de remarquer , (1 le tartre etoit anciennement ou nouvellc- nient fait. On fait affez que des changements de couleur tiennent ordinal- rement a des caufes affez imperceptibles. II femble que M. Lemery fe foit plu a epuifer toutes les combinai- fons qui fe pouvoient faire des differents fublimes avec les difterents al- kalis, le tout jufques dans les plus petites circonflances qui pouvoient donner lieu a quelque diverfite. II refulte de ce detail prefqu'immenfe , i°. que dans toutes les experiences, le noir dont il s'agit, ne manque prefque jamais de paroltre , mais ordinairement precede de rouge , qui l'a- voit ete du jaune. 1° . Que quelquefois ce noir paroit attache au corps du mercure & quelquefois ne conlifte qu'en une eipece de poufllere qui nage dans la liqueur ou eft le mercure, & qui eft venue comme par ha- fard a rencontrer fa furface, & a s'y attacher legerement. 30. Que fur le mercure uniquement penetre des acides nitreux la fucceffion des trois couleurs peut etre 11 prompte que l'ceil ait peine a la luivre, de forte que l'on ne croira voir que le noir, & cela des le premier inftant. 40. Que cette fucceffion peut etre auffi extremement lentc , de forte que le noir ne paroitra qu'au bout de 24 heures. 5°. Qu'en ce cas-la il eft plus ou moins fort. 6». Qu'un fublime corrofif fait par M. Lemery fans melange d'arfenic, a fait voir d'abord du noir , qui n'a cte precede ni de rouge ni de jaune. Par-la fe decouvre aifement la fource des erreurs oii Ton peut etre tombe. On aura fait des experiences ou l'on n'aura pas vu le noir, parce qu'on ne l'aura p^s attendu affez long- temps , & on aura conclu generale- ment qu'il n'en paroiffoit point. Dans d'autres experiences, on aura vu ce noir paroitre tout d'abord , Si fi on a etc prevent! de la condufion tiree UE I/ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 315 des experiences precedentes, on aura juge qu'on etoit dans un cas extraor- "' dinaire, & que le fublime' ctoit fophiftique par dj l'arfenic. II eft done C H Y M I I preTentemerit bien fur que le noir ne porte fur ce point aucun indice. On pourroit avoir la curiollte de favoir d'oii il vient. M. Lemery croit -Annes IJ34. que e'eft en partie cette matiere terreufe que feu M. Homberg tiroit, mais en petite quantfte, du mercure le plus net, elle noirciffoit l'eau ou on l'avoit jettee. Comme elle eft allez lingulier? , 6c qu'il eft affez fur- prenant quelle flit contenue dans le mercure, M. Homberg n'epargnoit point Ion temps ni fes pcines, pour la forcer a Ce montrer, mais M. Le- wcry en eft venu a bout par un procedi infiniment moins long & moins pcnible. (a) Peut-etre qucrlque autre maticre provenue des alkalis aide- t-elle a la production du noir dans le fublime corrolif. (a) J'ai mis, dit M. Le'mery , une demi once dc fublime' corrofif dans un morticr de marbre, j'y ai verle en cinq reprifes difftrentes, dix onces d'eau , e'eft-a-dire , deux .onces chaque fois , remuant a chacune l'eau & le fublime' enfemble, pour en ope'rer la diflblution; apres quoi je verfois par inclination la liqueur, avec ce qui avoir tie" dilVbcs, remeuanc enfuite fur la matiere une egale quantity de nouvelle eau , & rcpsun; wajours la meme manceuvre jufqu'a la fin de la difiblution totale du fublime que j'ai ;aite par partie , au-lieu de la faire toute-a-Ia-fois en verfant tout d'un coup les dix oncts d'eau fur la demi-once de fublime' , & cela pour appercevoir a chaque fois la couleur de la matiere refitSe dans le mortier , apres que les deux dernieres onces d'eau qui venoientd'y palfer en avoient enleve une portion, & pour examiner par-la plus exactcment toutes les circonftances de cette experience , qui continent en ce que des qu'on a cu verfe' en deux fois quatrc onces d'eau fur le fublime" , la matVe refrante a paru moins blanche qu'elle ne i'dtnit auparavant ; qu'elle i'a paru encore moins apres qu'on a eu verle en trois fois (is onces d'eau ; qu'apres huit , en quatre fois, elle elt devenue noiratre , & qu'apres dix, ii eft refte au fond du mortier une matiere terreufe , gtife , indiflbluble, & parfakementfem- blable a celle de M. Homberg , mais qui la paflbit de beaucoup en quantity. J'ai cru que certe voie prompte & ailVe de ftfparer cxactement du mercure les parties terreufes 5: dtran- geres qui y font meiees, pouvoil avoir ton utilitd en certains cas, & meritoit d'etre rap- portee, fuppofe qu'elle ne I'ait point ii£ jufqu'ici , ce que j'ignore parfaitement ; tout ce que je fais. e'eft que je ne I'ai apprife de perfonne. Le fublime corrofif purifie de cette manicre, & re'duit fous une forme folide par ['eva- poration dcs parties aqueufes qui le tenoient en dilfolution , a etc" mule en cet dtat a cha- cun des different* fels fixes auxquels il l'avoit deja iti avant fa purification , & dans le temps qu'il contenoit tout ce qui en a e'te fe"pare depuis; 8: il s'eft trouve que tout pu- rifie qu'il etoit , chacun des differents fels fixes mis en ceuvre de toutes les manieres done Hs I'avoient ete pre'eedemment, y ont ports' toute, ou a tres-peuptes la meme alteration qu'ils avoient faite , avant fa purification. Je dis a tres-peu-pres , car je ne voudrois pas alfurer politivement que le noir des expediences fakes fur le fublime' corrofif purifie , le fut exacrement autant , ou auffi abun- dant qu'il l'avoit i\4 dans le fublime non pun:ie , ce qui donneroic lieu de conjecrurer que ce noir pourroit venir de deux fources plus ou morns copieufes ; favoir, i°. de cha- cun des fels fixes qui feroient employes, & qui ne lont pas tous & en toute forte de fitua- tion egalement charges de parties noires ou grifes brunes : 2°. du fublime' corrolif qui peut etre aufli plus ou moins charge! des ratines parties. Rr )lt AB Ri G £ DES M^MOIRES C H Y M I £. Annie 1734- RECHERCHE CHYMIQUE, Sur la compofition d'une liqueur tres-volatile , connue /bus le nam par la dillolution de mercure cru, uni au phlogiftique du vin ou de » quelqu'autre vegetal, & j'ai fepare cet ether par l'entonnoir, de deffus »> la (oration qu'il furnageoit. M. lc Chevalier Uaac Newton connoifl'oit Annie 1734. »> audi tres-bien cettc liqueur, mais fa mort a empeche quelle ne fut » portee a fa perfection & ne lui a pas pcrmis Jen fiire unc certaine »> quantite. Quand M. Frobenius vint dans mon laboratoire, pour en faire t> la quantite dont il avoit befoin pour fes experiences, il voulut conful- »j tcr ce que M. Newton en avoit dit dans ies Ouvrages, & nous trou- » vames qu'il l'avoit faitc avec l'liuile de vitriol & l'elprit de vin." » Gette liqueur du Chevalier Newton eft un efprit de vin ethiri , clle ») diffcre feulement de celle de M. Frobenius par le procede : la liqueur *> Cthreree ( je crois qu'il vcut parler de celle de Frobenius ) eft faitc avee » p.irtie egale en meiure & non en poids, la liqueur Jaune qui furnage >> fit fiparee de la fulphureufe non ardente par l'entonnoir -, la liqueur » infvricure eft rejettee, & la fuperieure jaune eft mill- dans une cornue, « pour etre diftillee par une chaleur ties-douce, & on continue li diftil- »» lation de ce liquide ethere jufqu'a ce que 1'heiiiilphere fuperieur foit » devenu froid, & la cornue etant trap pee dans la main, on trouve dans " le recipient un (gas) ou residence vinofulphureufe tres-etheree : faites « precipiter le foufre , en ajoutant un alkali qu'il taut jetter dedans petit « a petit jufqu'a ce que toutc ebullition cefle , & la liqueur ne frappera 'J plus clle-meme contre la main, mais elle l'attirera violemmenf, alors '3 ['alkali tombera au fond de lui-nieme , & fe precipitera dans l'cau com- »> mime. " Ce procede eft tres-obfeur; audi M. Hellot , qui a beauconp travaille fur cette matierc, a fuivi fcrupulenllment ce procede des transactions fans aucun fucces. Les grandes proprietes que M. Frobenius attribue a fa liqueur eih-ree dans le memoire manufcrit dont nous avons parle , & la reputation qu'elle a dans les dirrcrents pays on M. Frobenius en avoit envoys, etoient des motifs fuffifants pour nous engager a fnire tons nos efforts, pour en de- couvrir la compolition, vu qu'on en a fait jufqu'a prefent on myftere, & que je crois qu'il n'y a qu'un feul homme en Angleterre qui la fiche bien precifement; aulli avons-nous ete plulieurs qui avons fait chacun en notre particulier ditrerentcs ttntatiYes a ce fujet, mais le fucces etoit relet vs a M. Groffe, qui, comnie on le verra dans la fuite de ce memoire, eft le feul qui loit enfin parvenu a avoir l'ether dans toute fa perfection. L'odeur aromatique de cette liqueur, fa grande inflammabilite , (a le- gerete, fa non-mifcibilite avec l'eau , & la definition enigmatiquc que M. Frobenius en donne , fircnt d'abord penfer a feu M. Geoffroy, & de- puis j'ai cm commc lui, que l'ether etoit une huile elfentielle, extl ment attenuee par quclque fermentation, & convcrtie par-la en un efprit ardent d'une nature tics-linguliere ; M. Geoffroy avoit foupconne que cette huile effentielle pouvoit etre celle de romarin. Soivant ces idces, nous 3 1 8 A B R £ C E DES MEMOIRES =^=^-^~" * a v o n s feparement travaille fur les huiles effentielles •, j'ignorc quel a etc C h y m i e. k travail de feu M. Geoftroy, maisen rapportant les precautions neceftaires pour prevenir I'inflamination des huiles , fur-tout quand j'employois de Annie ZJ34. 1'efprit de nitre, j'ai mele differences huiles effentielles avec difterents aci- des, dans le deflein d'attenuer les huiles par Tactton des acides que j'em- ployois, & j'ai enfuite tente de retirer ces huiles ou fimplement par la • diftillation , en y ajoutant de l'eau , ou en les incorporant , tantot avec le fel de tartre, & tantot avec la chaux, avant que de les difliller, tant pout confoinmer line partie de l'huile groffiere qui avoit ete comme brulee par les acides, que pour abforber les acides que j'avois employes, & avoir ainfi les huiles entierement degagees de leur partie la plus groffiere. Mais toutes ces experiences que j'ai fuivies aflez loin & qui m'ont ofFert pluheurs phe- nomenes (inguliers, ne m'ont rien donne qui approchat de la liqueur ethe- ree que je cherchois : ainfi il feroit inutile de m'y arreter davantage. M. Groffe s'efc propofe de chercher la compofition de cette liqueur par d'autres voies , car en reflechiflant fur les eftets & les proprietes de cette liqueur rapportes dans le manufcrit de M. Frobenius, & apres avoir fait differences experiences avec Tether qui lui avoit ete envoye d'Angleterre par M. Hanclccritz, il s'eft en fin arrete aux proprietes fuivantes qui Tout conduit infenliblement a la diicouverte de fa compofition. Ces proprietes font i°. d'etre fi volatile & de s'evaporer fi vite, qu'il femble qu'elle ne mouille pas le doigt qii'on y a trempe. 20. De s'en- flammer trcs-aifement , & de prendre feu, quoiqu'affez eloignee d'une 111— miere. 3°. De reffembler par fon odeur a Teau de Rabel bien faite , long- temps gardee, & devenue rouge ; audi M. Grolle avoit- il remarque qu'en diftillant de Tefprit-de-vin fur line legere diffolution d'alun , il en venoit une liqueur d'une odeur fuave , douce , aromatique, approchante de celte de Tether. Ces obfervations lui perfuaderent qu'il falloit chercher cetre li- queur dans le melange de Tefprit-de-vin avec l'huile de vitriol, &en 1751 il pria M. Geoftroy le cadet, de communiquer cette idee de fa part a l'Academie. Le meme M. Geoftroy ma fait voir depuis quelques jours line feuille manufciite de la main de M. fon frere , par laquelle il paroit que feu M. Geoftroy avoit audi tourne fes vues du cote de l'huile de vitriol & de Tefprit-de-vin : quoiqu'il en foit, cet avis de M. Groffe renouvella Timpatience que j'avois de connoitre une liqueur qui me paroiffoit li pre- cieufe pour la phylique ; je fis difterents melanges d'huile de vitriol & d'efprit-de-vin, je les diflillai tantot feuls & tantot fur des fels alkalis, ou fur de la chaux , mais fans fucces. M. Hellot dont nous avons deja parle, a fuivi encore plus loin fes ex- periences, ce qui lui a fourni plulieurs obfervations fingulicres; il a meme en une liqueur fort approchante de Tether , mais il etoit referve a M. Grofte d'avoir cette liqueur aulU parfaite que Tether de M. Frobenius, & meme beaucoup meilleure que celie de plufieurs flacons qui out ete envoyes d'Angleterre •, car M. Geoftroy le cadet m'a fait voir chez lui DE L'ACADl-MIE ROYALE DES SCIENCES. 519 qu'il y ni avoitqui fe dccnmpofoit nvec 1'eau, & qui ;.'y mcloit cnfin en- — tierement , au toeu que celui de M: Groffe s'en ftpare totalement ,& meme q ,, y m , Li fort proinptcmeiit : mais , fans m'ecarter davantage , je v.iis commencer par rapporter les procedes de M. GrolTe, tels qu'il me les a diiftes lui- Annie 1734- meme ', je rendrai comptc enfuite du travail du chimifte que j'ai cite, apres quoi je ferai part a l'Academie de plufieurs experiences curieufes que nous avons faites M. Groffe & moi avec cette liqueur, cc qui nous met— tra en etat de former quelques conjectures fur la theorie de cette ope- ration. Mais avant que de parlei du travail de M. Groffe, il eft bon qu'on ne fe previenne pas a 1'occalion de la limplicite de fes procedes , car on auroit peut-etre de la peine a kit favoir gre des foins qu'il s'eft donnds pour avoir line liqueur qui paroit maintenant li aifee a obtenir. Le peu de fucces de notre travail commun, & le grand nombre de tent.itives que M. Grorle a faites inutilcment en particulicr , paroitroicnt fuffire pour prouver combien cette decouverte etoit difficile. Cependant ceux qui voudront fuivre les procedes que je vais decrire, feront encore bien ruieux convaincus de cette difriculte , puifque l'exatfitude dans les proportions, dans le choix des matieres & dans l'execution , font de la derniere confe- quence pour la reuffite-, je fuis meme periuade que, quoique M. Grotfe le declare ici avec toute la lincerite & l'exaeftitude poflible, plufieurs bons artifles le tenteront, fans y reuffir, faute d'en oblerver toutts les circonf- tances. Voici done difErents procedes , par lefquels M. Groffe eft parvenu a faire l'ether. Com me j'etots prefque certain ( e'eft lui-meme qui parle), ainfi que je l'avois fait annoncer a l'Academie en 1731, qu'il falloit chercher l'etker dans le melange de l'huile de vitriol & de l'elprit de vin , je commence alors a faire difterentes combinaifons de ces deux liqueurs, qu'il eft inu- tile de rapporter, il fuffit de dire que , quand j'ai mele trois parties d'huile de vitriol fur line d'efprit de vin, e'eft-a-dire, lix onces de cet acide fur deux onces d'efprit de vin, j'en ai retire par une diftillation bien conduite , plufieurs liqueurs qui ne reffemblent pas a l'ether. Mais en meme temps il eft monte une huile quelquefois rouge , quelque- fois verte , & quelquefois affez blanche : e'eft cette huile que plulieurs auteurs , depuis Paracelfe , ont appellee huile de vitriol douce , & dont je me propofe de parler dans une autre occafion , ainli je reviens a l'ether. Aprcs plufieurs tentatives qui rouloient toujours fur les difterentes pro- portions de l'huile de vitriol & de l'efprit de vin , je n'en ai pas trouvc qui m'ait mieux reuffi que celle qui fuit. jio A B R E G E" DES MEMOIRES r» „ ~ '„ ', ■- Premiere maniere de faire Vither. Ann/e 1734. J'ai pris line partie d'huile de vitriol bien rettifiec & tres-blanche , par exemple, line livre & deux parties 011 deux livres d'efpiit de vin aufli trcs-re<5Hfie , je Ies ai meles petit-a-petit dans une cornue, verfant l'ef- prit de vin fur l'huile de vitrio^ pour menager le vaiffeau qui , fans cela, feroit en rifque de fe caller, a caule de !a grande chaleur qui s'excite dans ce melange, quand les liqueurs font bien concentrees, comme elles le doivent etre pour la reuffite de l'operation •, j'ai enfuite bouche la cor- nue , j'ai laifle ces liqueurs en digeftion , pendant deux jours oil environ : ordinairement ce melange prend peu-a-peu line couleur rouge , ce qui eft: an indice avantageux pour le fucces de l'operation ', apres eette digef- tion , j'ai diftille le melange an feu de fible , dans le commencement, il monte un pen d'efprit de vin tres-odoranf, a cet efprit de vin fuccede une liqueur en vapeurs blanches ; puis , en continuant la diftillation , il en vient une autre tres-fulphureule & volatile qui frappe vivement l'odorat & fufloque meme la refpiration ; enfin il monte un flegme acidule, & dans la cornue il refte une maffe tres-noire pareille a la residence que feu M. Homberg a trouvee apres la diftillation & la refoluticn du foufre par l'huile de terebenthine, & que Kunkel a auffi eue apres la diftillation de rhuilc de vitriol melee avec l'efprit de vin. J'etois bien perfuadeque Tether exiftoit dans les liqueurs que j'avois dif- tillees, leur odeiir & quelques autres circonftances ne me permettoient pas d'cn douter. Je me propolai done de Ten retirer, & j'employai pour cela difFerents moyens •, quelquefois je me fervois de la folution du fel ammo- niac, pour fubftituer l'acide du fel matin, que Ton fait etre tres-bon pom- la rectification des huiles, a celui du vitriol auquel je prefentois un alkali volatil. Mais cette tentative n'eut pas tout le fucces que je m'en etois pro- mis. Enfin entre les difFerents effais que j'ai tentes, la plupart inutilement, je me fuis imagine d'employer l'eau commune, comme un moyen des plus limples d'affoiblir l'acide fulphureux & l'efprit de vin , que je regardois comme les feuls obftacles a la feparation de Tether , me fondant fur une des proprietes de cette liqueur, qui eft de ne fe meler jamais avec Teau, mais de fe meler tres-vite a Telprit de vin : je verfai done beaucoup d'eau fur les liqueurs dont j'ai parle, & prefque dans le moment, je vis la fepa- ration de la liqueur etheree, qui, par fa grande legerete, fe portoit vive- ment a la furface i ainfi une (imple addition d'eau commune me raiffit mieux que tout ce que j'avois tente par beaucoup d'autres moyens. Voila done Tether en partie fepare des autres liqueurs, auxquelles il etoit joint. Je dis en partie, car il n'etoit pas encore auffi fee & auffi vo- latil qu'il le doit etre •, ce qui marque .qu'il ttoit encore un peu allie avec les fubftances dont nous venous de parler; cela m'a engage a verfer de nouveau de Teau deffus, pour en emporter une partie; mais ce qui me ruiffit beaucoup mieux , ce fat d'employer une folution de fel de tartre qui, DE L'ACADtfMIE ROYALE DES SCIENCES. *ii qui, abforbant le refte de l'acide volatil fulfureux, achcve d'en degager ^T*MMM"^^^ l'ether , & , par ce moyen , je l'ai eu fort fee & auffi volatil que celui qui C u v m i e. m'a etc envoye d'Anglctcrre. Cependant, en renechifTant fur les differenres liqueurs qui m'etoient Ann(t 17 34- venues par la diftillation , je me prctpofai de les examiner plus particulie- rcment , pour connoitre ccllc qui contenoit l'ether, ce qui devoit me donner encore plus de facilite, pour en faire la leparation. Afin de luivre cette idee, & executer ce defiein, il falloit feparer chaquc liqueur, a me- fure qu'elle paffoit par la diftillation •, pour cela, je m'avifai de piquer avee une epingle, la veffie qui lutte le recipient au bee de la comue , afin de difcerner par I'odorat, les diflerentes liqueurs, a mefure qu'elles fe fuccederoienr. La premiere, comme je Lai dit, ne fentoit prefque que I'efprit-de-vin , & e'en eft tm trcs-redtifie qui cependant a qutlque choie qui approche de 1'eau de Rabel. La feconde paffe en vapeurs blanches & fent beaucoup l'ether , ce qui me fit juger qu'elle etoit la feule qui le contenoit, & que les autres ne fervoient qu'a l'abforber. La troifieme avoit une odeur de foufre des plus penetrantes 8c en ayant line fois refpire un peu trop , je penfai etre fuffoque. Ces diflerentes obfervafions m'ont conduit a faire l'ether de la maniere durante. Seconde maniere de faire l'ether. Obfervant les memes proportions que j'ai rapportees ci-deffus, je dif- tillai jufqu'a ce que j'appercus a la voiite de la comue les vapeurs blan- ches dont j'ai parle, alors je ceffai le feu, car il refte allez de chaleur pour faire paffer le refte de cette liqueur qui feule contient l'ether, qui eft, comme Ton fait, tres-volatil , & la liqueur fulfureufe refte en bonne partie dans la cornue •, ainli Ton a par ce moyen la liqueur qui contient l'ether leulement un peu mele d'efprit-de-vin qui paffe d'abord , & quelquefois d'un peu d'efprit fulfureux qui vient enfiiite malgre la ceffation du feu. En ce cas, pour avoir l'ether feul, il faut employer l'eau commune pour le feparer, comme nous l'avons dit dans le premier procede; mais li Ton ne trouve pas encore cet ether affezfec, on peut le rectifier par une lente diftillation, & alors l'ether monte avant l'eiprit de-vin qui cependant paf- ioit toujours le premier dans les premieres operations ( circonftances tiu- gulieres dont nous effayerons de rendre railon dans la fuite). Ces methodes de faire l'ether font tres- promptes , rnais elles ne reuffif- fent pas toujours : elles m'ont quelquefois manque, fans que j'en aie pu attribuer la caufe qu'aux qualites dilferentes de l'acide vitriolique , ou encore plus a celles des efprits de vin que j'ai employes, quoique ties- rectifies, & trcs-bons pour d'autrcs ufages. C'eft ce qui m engage a rap^ porter ici un troilieme procede qui m'a toujours reufli. Tome VII. Partie Franfoife. Sf }n abr£ge des m £ m o i r e s r Troifieme maniere de faire Vlthcr. Annie 1734. Par ce procede, on peut avoir l'ether tres-fec, fans employer pour le rectifier, aucun melange d'eau ni de. fels alkalis. Pour cela , quand on a cefle bien a propos la diftillation, e'eft-a-dire , lorfque les vapeurs blan- ches commencent a paroitre , il faut mettre dans une cornue ce qui eft parte dans le recipient, & diftiller trcs-lentement a an feu de lampe : l'ether, qui eft ici degage de la liqueur fulfurenfe, paffe le premier dans la diftillation & avant l'efprit-de-vin, de meme qu'avant le peu de li- queur fulmreufe qui y eft reftee &» quand on a diftille la'moitie de la liqueur, oil tout au plus les deux tiers, il faut cefl'er l'operation , fans quoi il fe feroit un nouveau melange. Cette derniere mcthode a cela d'a- vantageux que , comme je l'ai dit ci-devant , elle m'a toujours reufli , au lieu que les deux autres m'ont quelquefois manque. Outre les trois manieres de faire lether dont je viens de parler, Je (uis perfuade qu'on peut encore l'obtenir par d'autres moyens, & peut- etre meme plus courts. Ce feroit ici le lieu de rapporter les experiences que j'ai faites avec mon ether, pour prouver fa conformite avec celui de M. Frobenins, mais ce detail fail avec foin demande lui feul un memoire particulier : je me contenterai de dire pour le prcfent, que jufqu'ici je n'ai pas reconnu dans cette liqueur des proprietes bien averees pour la medecine , quoi- qium medecin etranger, qui a long- temps relide a P-iris, attribue de grandes vertus a un ether rouge dont quelques malades affurent meme s'etre bien trouves. Cette liqueur rouge reffemble beaucoup a lether tant par fon odeur que par fon inflammabilite & fa non-mifcibilite avec beaucoup de li- queurs , j'en ai retire l'ether par la diftillation , & il m'eft refte. une ma- tiere rouge d'un gout & d'une odeur affez agreables , mais j'ignore quel eft ce melange, qui d'ailleurs me paroit trcs-curieux,n'ayant encore pu parvenir a colorer mon ether, quoique je l'aie tente de difFerentes manieres. _ % Pour fuivre le plan que je me fuis propofe dans ce memoire, apres avoir fait la lecture des ditferents precedes par lefquels M. Grofleeft par- venu a avoir lether, je vais rendre un cotnpte abrege de ce qua fait a ce fujet M. Hellot, qui a iravaille a cette recherche de concert avec nous. .Void l'extrait d'une lettre qu'il m'a ecrite a ce lujet. » J'ai fait difterents melanges d'1111 efprit-de-vin tres-redifie, & dhuile » de vitriol blanche trcs-concentree. Tous mes effais ont ete du potds jj de 5 onces d'huile de vitriol , mais le poids de l'efprit de-vin a ete i) tantot de 9, de 11, de 15 onces, quelquefois de 6 onces, une feme j> fois de 5 onces, e'eft-a-dire, de poids egal -, & enfin je l'ai fait felon >j le memoire de M. Godfrey de Londres, a mefure egale d'efprit-de-vm J3 & d'huile de vitriol. J'ai obferve qu'en verfant l'huile de vitriol fur j> l'efprit-de-vin, il s'eleve des vapeurs, par la chaleur du melange Sc • DE L'ACADIfMIE ROYALE DES SCIENCES. }z5 ») que ccs vapeurs condeniees donnent On efprit-de-vin veritable trcs- SS?*™"* "— « fubtil , que j'ai revcrfe toujours au bout de deux jours de digeftion «t C H Y m I E. »j froid , dans l'alambic dc verre tubule & bouche d'un bouchon de « criftal, dont je me fuis fervi pour tous rnes eflais, parce qu'on voit Anntc IJ34- u micux ce qui fe paffe dans le chapiteau qu'on ne le voit dans la voiite jj d'une cornue. J'obferverai audi que, pendant la digeflion de tous ccs >i melanges, il fe depofe une poudre blanche & c'elr apparemment de » cette poudre dont Kunckel a parle dans fon Laboratorium chymicumt »j & par le moyen de laquelle il a dit qu'il pouvoit faire voir que l'huile » de vitriol contenoit du mercure coulant, en 1'amalgamant avec dc la » chaux d'or , ce qui n'a jamais reuffi ; car j'ai filtre an de mes melanges , »> apres le depot forme de cette poudre blanche, & l'ayant lave, je l'ai » triture dans un mortier de verre echauffe avec une portion de chaux »» d'or desatfineurs, mais je n'ai pu parvenir a faire cet amalgame; audi » cette poudre me paroit n'etre qu'une lunple terre ; car , en ayant mis depuis »j fur uu charbon allume que j'ai fouffle avec un chalumeau , elle s'y eft » calcinee fans aucune vapeur & eft reftee fixe comme une pure terre. »> J'ai diftille tous mes melanges a feu de Jampe, me fervant des 1am- » pes que vous me connoiffez , & par le moyen defquelles je fuis le » maitre de la chaleur pendant douze ou quinze heures. Les melanges ou i> il y avoit trois, quatre ou cinq parties d'efprit-de-vin contre une d'huile » de vitriol, ont toujours donne des dries perpendiculaires dans le cha- i> piteau. Ceux dont le poids des deux liqueurs approchoit davantage de »> i'egalite, donnoient moins de ces dries, & lorfque le recipient etoit > exaiftement uni au bee du chapiteau par le moyen de la membrane in- s» terieure detachee du gros lobe des veflies de carpe , je n'y appercevois >j aucune ftrie , pas memo la moindre marque d'humidite, parce que l'air » exterieur n'avoit aucune communication avec les vapeurs fubtiles qui *> s'elevoient. A l'occafion de cette nettete du chapiteau ( que je regarde » comme la marque certaine que Tether monte acftuellement ) je crois que 9) M. Grofle , a qui la decouverte de la compofition de 1 ether ed due , j> ne trouvera pas mauvais que je vous fade obftrver, que, fans la pi- »> qure depingle qu'il fait a les veflies, je crois qu'il n'auroit pas yu les »> vapeurs ou tourbillons blancs dont il parle. Car depuis que, de fon » confentement, vous m'avez communique fon procede, j'ai fait une rec- » tification d'ether avec les precautions qu'il prefcrit. Je me fuis fervi » d'une cornue de cridal de Londres, dont le col a ete ufe avec l'em- >j bouchure de fon recipient par le moyen de l'emeril , de forte quelle » ferine tres-exacl:em;nt. A un feu de lampe extremement doux , j'ai vu jj didiller lether affez vite, mais fans vapeurs blanches; j'ai dederre le re<- jj cipient, en le tournant un peu fur le col de Lj cornue, en forte que l'air jj exterieur put s'y introduire , auffitot les vapeurs blanches ont paru -, j'ai jj rederre le recipient, ces vapeurs ont difparu. Enfin j'ai repete cela cinq jj fois de demi heure en demi heure, & j'ai toujours fait paroitre & dif- aroitre alternativcment les vapeurs en queftion. J'odre i M. Groffe de ui preter ce vaiffeau pour verifier mes experiences. Si ellc-s lui r«iffif- Sf ij j 1) iu 3i4 A B R £ G E DES MEMOIRES » fent, conime je n'en doute pas, vous faurez bien rendre raifon de ce C h y m I I. " phenomene qui me paroit affez fingulier. Je crois que j'aurois eu l'e- » ther beaucoup plutot , d j'avois eu les yeux de M. Grofle pour l'apper- Annie 1J34- » cevoir. J'avois diftille une aflez bonne quantite de cette premiere 11- 55 queur qui contient l'ether, & croyant que je pouvois la rectifier fans js feu , je la verfai fur des cendres gravelees , bien feches que j'avois mifes 55 dans une bouteille cilindrique de verre blanc, je l'y laifl'ai pendant. 8 55 jours en digeftion , la liqueur fpiritueufe y prit line belle couleur de' 5 j jonquille, & il fe fit une feparation du flegme ; je furvuidai la liqueur 5) jaune dans une autre fiole , & je verfai deflus une demi once d'huile de 5) vitriol, il fe fit une fermentation tres-vive, une partie de la liqueur fe j? coagula en une matiere faline formee en flocons qui fe precipiterent. 55 La liqueur prit le gout acide d'une eau de rabel , mais beaucoup plus 5 j aromatique. J!en mis dans une cuilliere d'argent; toute acide qu'elle >5 etoit, elle y brula.fans laiffer de refidu aqueux. Enfin je la diftillai de is nouveau, les gouttes fe' fuccedoient prefque fans intervalle entre elles. 5 5 Ayant eteint le fen,quand les ftries commencerent a fe former, je trou- »5 vat dans le recipient une liqueur qui n'etoit plus acide, qui avoit la >5 vraie odeur de Tether, comme vous en avez juge vous-meme, mais qui »5 n'etoit pas feche, comme le veritable ether; faute d'avoir imagine le »5 veritable tour de main, il etoit refte dans la cucurbite une liqueur rouge is extremement acide. 55 Quant aux flocons falins dont j'ai parle ci-devant , les ayant .diflbus »j dans l'eau chaude, je les laiflai en repos pendant quatre heures, au bout »5 defquelles j'apperciis deux liqueurs tres-diftinctes : cclle qui fumageoit 55 l'autre, etoit plus diaphane, elle etoit encore acide, elle briila comme >j la premiere fans refidu. J'ai laiffe criftallifer la liqueur d'audefliis, & un »5 mois apres , je trouvai des criftaux figures, comme le tartre vitriole, >s fur lefquels je n'ai rien a dire de plus. 55 J'ai rente la rectification de la mime liqueur que je jugeois qui con- »j tenoit l'ether, fur du colcothar, mais elle s'y decompofe tellement'? >5 qu'on n'en retire qu'un veritable efprit de vin. 5j Par le fel de glauber calcine , j'ai approche davantage de la veritable »5 rectification •, >s Par les fleurs de zinck , encore davantage. js Enfin ne pouvant obtenir une liqueur etheree qui ne fe melat point »5 a l'eau, nous crumes, comme vous favez, monlieur , qu'il falloit y in- js troduire la liqueur huileufe qui vient de la meme fource , & qu'on »s nomine V oleum vitrioli duke Paracelfi , ainli ayant raffemble de cette 5j huile environ une demi once , & rectifie trois onces de liqueur fpiri- 55 tueufe par les fleurs de zinck, je melai les deux liqueurs eniemble, »5 l'union parfaire en fut faite dans l'inftant, je verfai deflus de l'eau com- 55 mune, & je vis auflitot une feparation des deux liqueurs : j'agitai le me- jj lange , & les deux liqueurs fe feparerent de nouveau ; j'aurois jure que 3j je tenois l'ether & d'autres l'auroient cm , comme moi , d'autant plus w que la liqueur furnageante faifoit fur les diflblutions metalliques , prek C H Y M I I. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 515 i> que les memes eftets que 1 ether. Au bout d'onzc jours, je fus de- » trompe , & oblige d'avoiier que je n'avois plus Tether. En voici la rai- t> fon : entre mes deux liqueurs, il y avoit une pelliculc argentee cxtre- » mement deliee : toute delicate quelle etoit d'abord,elle devenoit plus -Annit 17 3^ »> fine de jour en jour, & le dixieme jour, on ne Tappercevoit plus,elle f> s'itoit depofee au fond du flacon , en forme d'un fediment un peu feuil- »j lete. La feparation des deux liqueurs fe voyoit encore en les regardant »5 avec attention, mais les ayant agitees, elles fe melerent u" parfaitement, >) que je n'ai pu les feparer depuis. II paroit par cette experience , que »> cette huile douce ne doit pas entrer dans Tether. J'aurois quelques ob- »> fervadons a vous communiquer fur Textreme elafticite de cette huile , i> mais comme cette propriete regarde la phylique de Tether, & qu'il n'eft: >j queftion ici que de fa compofition , je me referve a vous en entretenir »j dans une autre occalion. << Sur U Mercure. V^/Ue la chimie put parvenir enfin a changer quelque metal en or, Hiftoire. ^S il eft fort douteux que ce fur un bien pour le genre humain , ni meme pour le particulier qui en auroit trouve le fecret. Mais cert.iine- ment c'eft un grand mal que cette ancienne efperance de le trouver, dont tant d'impofteurs ont abule pour engager des perfonnes credules & avi- des a des travaux infinis & a des depenies ruineufes. Nous avons deja parle ailleurs des fupercheries de la pierre philofophale. Ce feroit rendre un grand fervice aux homines que de leur oter cette efperance, qui, pour le moins, a trompe jufqu'ici tons ceux qui s'y font livres. Comme c'eft principalement le mercure que Ton pretend transformer , parce qu'on le croit la bafe de tous les mdtaux, M. Bocrhave a travailli fur le mercure de la meme maniere que s'il avoit ete vivement perfuadi de la poflibilite de fa transformation , & poffede de la plus forte paflion d'en venir a bout. II n'y a plaint ni foins , ni depenfe , ni temps. II faut en faire autant que les alchimiftes , pour etre pleinement en droit de les condamner. M. Bocrhave a prts du mercure le plus pur , qu'il a encore purifii avec tout le foin poffible, car nous ne repeterons pas apres lui le ditail de fes operations. II fa mis en digc-ftion fur un feu dont la chnleur elevoit le thermometre a plus de 100 degres , au lieu que dan? les mines 011 fe trou- vent les veines des metatix , la chaleur n'eft guere que de 70 , & pour imiter, autant qu'il fe pouvoit, la nature qui apparemment ne produit les metaux qu'avec beaucoup de lenteur , il a tenu fon mercure fur ce feu, toujours egal, pendant plus de 15 ans. II eft vrai que les alchimiftes difent qu'il en faudroit mille, mais comment le lavent ils ? Et li cel.i eft, Ic mercure ne fera done jamais transforme ou fixe en metal que par une operation qui aura dure mille ans fans interruption , qui aura commenci fous Charlemagne & finira aujourd'hui. M. Bocrhave ayant vu qu'au bout 5i(5 ABRCGE D E S MEMOIRES jSfi mBm~~m~mm- Je 1 5 ans, Ion merciire etoit toujours audi fluide & audi volatil, qu'il ne C h v m i e. s'y ctolt fait aucuue Reparation que d'un peu de pouffiere noire flottante fur fa fuiface , mais qui fe revivifioit aifement en mercure , qu'il ne pa- Annic I J 34' roiflbit pas la mcindre generation d'un atome de metal , pas le moindre commencement de fixation metallique, il en a conclu hardiment, & avec beaucoup de raifon , que le mercure eft immuable , inalterable & ne petit jamais etre que du mercure , quoiqu'il puuTe prendre des formes capables de le faire meconnoitre. Dans tout le cours de l'operation , l'air eut toujours tin acces libre au mer- cure, & parce qu'on sen pent prendre i cette circonftance de ce que le llicccs n'a pas ete tel qu'un alchimifte l'eut defire , M. Boerhave a repete l'operation avec des vaiffeaux bien ferities , & le fucccs en a ete abfolu-» nient le meme. A la verite le tempt ne fut que de 6 mois, mais il n'y avoit nulle apparence de rien efperer d'un plus long temps. II pourroit etre impoflible de changer le mercure en metal, & il ne le feroit pourtant pas que le mercure uni ^ quelque principe inconnu , ^ quel- que foufre particulier , entrat dans la formation des metaux, & en fut tire; par l'art de la chymie. M. Boerhave ne laiffe pas feulement cette ref- fource a ceux qui s'en flatteroient. Le plomb feroit, felon eux, le metal qui rendroit le -plus aifement fon mercure , il a fait fur le plomb des ope- rations de pres de 10 mois oil rien n'a ete oublie , & pas une goutte de mercure n'a paru. £'a ete la meme chofe avec l'etain, qui devroit audi permettre affez facilement k l'art de penetrer jufqu'a fes principes. Mais le mercure, felon qiielques-uns, n'entre pas feulement dans la com- polition des metaux , il eft auffi leur diffolvant •, c'eft une eau ou les me- taux naiffent , meurent , renaiJJ'tnt , & peut-etre par une longue digeftion du mercure avec le plomb, & par une diftillation violente, entreroit-il intimement dans le plomb quelque portion de mercure. L'operation a ete faite par M. Boerhave , elle a dure pres de trois ans, & le poids du plomb n'a point augruente, quoique celui du mercure fut un peu diminue. II s'en etoit fait une tres-petite difftpation , & les yeux meme appercevoient ce qu'il etoit devenu, mais le plomb n'en avoit rien pris. Meme fucces fnr l'etain. Et li 1'on croyoit que le mouvement feul , long-temps continue , put faire diflbudre l'etain par le mercure, M. Boerhave oppofe encore & cette erreur l'exoerience d'une bouteille pleine de mercure & d'etain , attachee a un moulin a foulon qui travailloit nuit & jour fans relache & dont elle a fuivi le mouvement pendant pres de deux ans. II s'etoit tout an plus detache de l'dtain quelques petites parties fulphureufes & graffes qui s'e- toient unies au mercure , mais ni le mercure ne les avoit dilToutes , nl elles ne s'etoient changees en mercure. Les vrais Chymiftes ne laifferont aux Alchymiftes que le refuge d'une opiniatrete invincible, refuge toujours ouvert a qui veut en profiter, & oii en eftet une infinite de gens fe cantonuent ficrement, DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. js7 H Y M I I. Sur le fel Ammoniac. N Annie 173$, ous avons dit en 1720 comment l'origine inconnue du fel ammo- Hiftoire. niac, qui nous vient du Levant, avoit ete conjcccuree par M. GeohVoy en 1716, & comment deux relations d'Egypte nous avoient enfuite appris is il paroit fous ton-- tes lcs deux, c'eft-a-dire, qu'une panic de cctte matiere alkaline fublimee eft ious une de ces formes , & l'autre partie fous 1'autre. C'eft fur quoi roule une grande partie des experiences de M. du Hauicl, qui a beau- coup travails fur le fel ammoniac. On a deja vu en 1721 une petite theorie qui montre la poffibilitc des deux formes fous lefquelles les alkalis urineux du fel ammoniac mon- tciont dans la diftillation, mais tout ce fujet va etre traite plus amplement d'apres M. du Hamel. II faut, pour tirer du fel ammoniac 1'alkali, qui en eft la partie la plus prickule & la plus recherchee , diftiller ce fel avec un intermede alkalin Sui arrete fon acide; & par confequent les plus puillants alkali, lcs plus xes , feront les meilleurs pour cette operation. M. du Hamel a employe le fel de tartre, le fel de loude, k craie , la chaux. Tous ces intermedes, hormis la chaux , donnent le lei volatil urineux en forme feche. II n'y a pas lieu de s'etontser de cette forme-, ces fubftances naturellement privees 1 d'humidite , avoient encore ete deflechees avant l'operation. Mais ce qui pourroit furprendre un peu, c'eft qu'elles aient quelquefois donne plus d'alkali volatil qu'il n'y avoit de poids de fel ammoniac, dont cependant cet alkali etoit forti, fans compter qu'il devoit etrerefteau fond du va'ifeau tout l'acide retenu par l'intermede, & qui avoit fait p-irtie du poids total du fel ammoniac. Nous avons cm en 1723 que h grande «WLlUlU!fM.3LB 318 ABR^Gli DES M^MOIRES — quantite de lei volatil que M, Totirnefort, & encore plus M. Geoffroy i C h y m i i. avoi-"t tire du fel ammoniac, etoient fort remarquable , parce quelle ap- prochoit beaucoup de celle de ce fel mis en diftillation : ici elle va au- Annee 113$. dela. On imaginera fans peine qu'il faut que le fel urineux foit a'lfez volatil pour enlever avec lui quelque portion de fon intermede , quelque fixe qu'il puiffe etre. Refte a favoir pourquoi Li chaux eft la feule matiere de fon efpece qui , employee dans la diftillation du fel ammoniac pour intermede, falfe mon- ter le volatil urineux en forme liquide , en eiprit. II en monte peu , & rien en forme feche', & s'il ne monte rien en forme liquide , ce qui arrive q.uelquefois, il ne monte abfolument rien, au lieu qu'avec les autres inter- medes il peut monter plus que le poids du fel ammoniac. On fait que ce qui s'appelle un efprit, ce font des fels qui ont ete dif- •fous par une eau, du moins par quelque humidite de la matiere mife en diftillation, & qui en montant, ont emporte leur dilfolvant avec eux. La chaux, qUoique privee d'humidite par l'operation qui l'a rendue chaux, en a pu conlerver affez pour fournir au peu d'efprit que Ton tire en l'em- ployant, & quand on n'en tire point, e'eft quelle a ete parfaitement def- iechee. En effet on n'a qua l'arrofer d'eau , & il viendra beaucoup plus d'efprit, & avec tant de facilite, que le moindre feu y fuftira. Mais enfin tout cela n'explique point encore pourquoi la chaux diftere des autres intermedes , en ce quelle ne fait rien monter en forme leche. M. du Hamel reprefente que par fa formation non-feulement elle eft de- pouillcc d'acides, & denuee d'humidite, mais encore des parties graffes quelle pouvoit avoir, foit par les coquillages dont elle auroit ete faite , foit par le bitume naturel des pierres, qu'elle eft extremement avide de reprendre tout ce qu'elle a perdu, qu'elle s'eft chargee d'une infinite de particules de feu , qu'avec ces particules elle peut agir fur la matiere uri- neufe, & par confequent gralfe, qui eft en li grande abondance dans le fel ammoniac, foit qu'elle fe l'unifle intimement, & de maniere a ne la Elus lailier echapper , foit qu'elle la decompofe., & en quelque forte la rule. Ce qui paroit confirmer beaucoup cette conjecture , e'eft que M. du Hamel ayant pris 4 gros d'efprit urineux tire du fel ammoniac par la chaux, & l'ayant mis en diftillation fur un gros d'autre chaux, il a eu un peu de fel volatil concret. Cette chaux en li petite quantite par rapport a celle de la graiffe de l'efprit urineux dont on l'avoit faoulee , n'avoit plus ete en etat d'empecher que de l'efprit qu'on avoit verfe il ne fe for- mat un peu de fel en forme feche. II eft aife de conclure avec M. du Hamel que par la chaux meme on tireroit du fel ammoniac un fel volatil en forme concrete , pourvu que' la quantite du fel ammoniac fut plus grande jufqu'a an certain point que celle de la chaux. L'efprit & le fel volatil concret etant tons deux tires du fel ammoniac, il eft clair que l'efprit fera le plus penetrant, & aura le plus d'odeur. Il n'eft point lie comme le fel a une matiere naturellement fixe , & il pent plus aifement aller frapper l'odorat, en fe degageant du fluide qui le porte. Le fel en forme feche eft li volatil, que mis fur la pclle rouge, il fe diffipe DE L'ACAD^MIE ROYALE DES SCIENCES. ;i<> didipe entiirement , quelque fixes que foicnt les matieres oil il a etc in- corpora II eft toujours plus volatil qu'elles ne font fixes, & ii les em- C il y m i e. porte avec lui. Quoique par cette experience il paroifle affez que l'union qu'il a coniractce avec ces matieres eft la plus intime qui fe puiffe, & la Ann.c 173$- f>lus propre pour faire un lei veritablement concret. M. du Hanv.l n'a pas aili's de s'en affurer encore par d'autres experiences. II a eprouve aufli que cette union etoit tres-difficilc a romprc , que cc Tel concret ne fe dscompofe prefque pas. II n'eft pas indifferent avec quels intermedes on diftille le fel ammo- niac. II taut fur tout qu'ils ne contiennent ni acide nitrcux , ni acide vi- triolique. Le premier rencontrant la partie graffe & fulphureufe du fel ammoniac , pourroit faire line detonation & caffer les vaiffeaux ; le fecond , qui eft encore plus dangereux , pourroit degager une portion du fel marin qui fe rejoindroit au fel volatil ou il ne doit pas entrer , & de plus il formeroit avec la matiere graffe un foufre volatil d'une odeur rres-def2grcablc, qu'il eft bon de ne pas Iaiffer, il on pent, a un remede. Le bol a un acide vitriolique, & eft par confequent a rejetter. Le gipfe a donne une liqueur fumante d'une odeur infupportable. Enfin fans en- trer dans un plus long denombrement, le lei de foude, & fur- tout la craie , font les deux intermedes dont M. du Hamel s'eft le mieux trouve , encore faut-il du choix a la craie : & n'en faut-il pas a tout, quand on fe propofe d'approcher de la perfection ? Sur les vitriols. \J U 1:1.1. v. matiere a ete plus entre les mains des chimiftes, plus erami- Hifioire. nee, plus tourmentee par eux, que le vitriol & toutes fes efpeces? Cependant M. Lemery trouve encore fur ce fujet de nouvelles oblerva- tions a faire, & une theorie prefque toute nouvelle a etablir. Tout \ytriol eft un fel moyen on concret forme de deux principes , dont fan eft un acide nomme vitriolique , parce qu'on le reconnoit par fes eflets tout different dcs autres acides; l'autre eft une bafe qui le porte, une m.itrice ou il eft engage. II ne s'.igit que de determiner quelle eft cette bale 011 matrice , &qtielles font les circonftances de fori union avec l'acide ; car pour l'acide lui-meme, il eft bien aife a connoitre & bien connu. Certainement le vitriol vert a pour bafe une matiere ferrugineufe. Nous avons explique aflez au long en 1707, d'aprcs M. Lemery, com- ment l'encre fe fait de cette matiere. La bafe du vitriol bleu ou J; Cipie eft du cuivre. Ce n'eft pas qu'il (bit fur que ccs bales ne contien- nent que du cuivre ou du fer, mais il left du moins que ces metaux y dominant, & que les deux vitriols en donnent l'indicc par leur diffe- rente conleur. Si un vitriol avoit une couleur qui tint egalemcnt du vert &: du bleu j ou s'il avoit du vert & du bleu fcpares, on feroit bien fondd a juger qu'il contiendroit du fer & du cuivre. Tome VII. Partie Franfoije. T t 330 ABREGE DES MEMOIRES U y a uii vitriol rouge , qu'on appelle chalcitis. II eft rare & cher. C n y m i e. M« Lemery n'en ayant eu quen trop petite quantite pour en pouvoir faire pludcurs experiences dirTerentes, en fit fondre fucceffivement au miroir Anruc IJ3$. de feu M. le Due d'Orleans quelques petits morceaux qui etoient d'un rouge brun , & tous devinrent des boules noires dun fer ii veritablement fer, que le couteau aimante les attiroit. Ainli le vert & le rouge du vi- triol annoricent egalement le fer. Un autre morceau de chalcitis mele de rouge, de jaune, de vert, de blanc, a ete le fujet & d'operations & de reflexions plus curitufes. M. Le- lnery en a fepare les parties de difrerentes couleurs autant qu'il l'a pu , il a verfe fur toutes de la decoction de noix de galle , & toutes ont donne a linftant de l'encre dun beau noir & du meme noir, marque indubitable de fer egalement dominant malgre la difference des couleurs. Sur cela M. Lemery a eu une peniee qui ne doit pas etre paffee fous lilence. Le vitriol le plus vert etant calcine, devient blanc, &, comme on le pent bien juger , il n'en conferve pas mo ins ion fer. Si on poufie encore la calcination, il prend du jaune & entin du rouge. II y a done beaucoup d'apparence que le chalcitis dont il s'agit, qui etoit naturel , r.voit recti dans le laboratoire de la nature, une calcination inegale felon que ces dirTerentes parties avoient ete par elles-mcmes differemment dif- pofees a la recevoir, on differemment expofees a faction du feu fouter- rain. II etoit originairement vert en fon entier , & il eft aife de voir ce qui devoit etre arrive enfuite par la calcination naturelle. Cette conjecture devient un fait par les experiences de M. Lemery •, il a calcine de n (ni- veau quelques parties blanches de fon chalcitis, & elles ont pris le jaune & le rouge , qui font les dernicrs etats de couleur pour elles. II eft a remarquer que e'eft l'eau contenue dans le vitriol vert qui lui donne cette premiere couleur par la grande quantite qui sen trouve dans ce mineral. Auroit-on cru qu'elle fait ieule plus de la moitie de fon poidsf Comment peut-elle s'y cacher It bien a nos fens? C'eft pourtant un fait tres-avere. Que Ton diminue jufqu'a un certain point, par la calcination, cette quantite d'eau contenue dans le vitriol, il devient blanc •, & fi on veut qu'il redevienne vert, on n'a qua lui rendre, en le diffolvant, l'eau qu'il a perdue. Cette alternative de blancheur & de verdeur durera avec l'alternative de calcination & de diffolution, jufqu'i ce qu'enrin le vitriol fe decornpofe, & devienne-indiffoluble a l'eau, parce que fes acides qui feuls fe diffolvoient, fe font degages de leur bale ferrugineufe en aflcz grande quantite. Cependant il y en refte encore affez pour la faire paroi- tre fous la forme d'une rouille jaune ou rouge , qui n'eft pas alors attira- ble par l'aimant, & ne le devient qn'apres avoir perdu par un feu de fonte ■ le refte de fes acides, & pris une couleur noire. De ce que le vitriol vert devient blanc par la feule fouftra&ion d'une pattie de fon eau, & n'en eft pas moins vitriol, il luit qu'il y aura un vi- triol naturel originairement blanc, pourvu qu'il ait ete calcine en blan- cheur dans les entrailles de la terre , ou qu'il ne foit entre dans fa pre- miere formation qu'une quantite d'eau trop petite pour aller jufqu'au vert. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, jjr C'eft de quoi la chimie peut s'affurer parfaitement. L'h'iile de vitriol & l'efprit de vitriol contiennent l'un & l'autre l'acide qui penetre le fer, &: C h y m i r le change en vitriol •, mais l'huile le contient trcs concentre, trcs-peu mile de parties aqtieufes, & l'efprit au contraire. L'huile vcrfec fur de la li- Annie ?7.?5- maille de fer en fait un vitriol blanc, & ne le fait que lentement •, l'efprit en fait un vitriol vert, & promptement. La diifcrente quantite de par- ties aqueufes ne fait pas feulement a la couleur, mais a la vivacite de • 1'adHon des acides. On pourra done aifement faire un vitriol blanc audi bien qu'un vert , & la nature en fait audi un tout- a- fait iemblable, mais ce vitriol blanc na- turel n'eft pas le plus commun, M. Lemery a meme fait voir qu'il etoit fort rare, & que le vitriol blanc nature! ordinaire M. Hellot en a approche une petite por- tion de la lumiere d'une bougie-, elle s'y eft calcince fans brifler; fur le charbon ardent elle fe calcine de meme & rien ne sen rellufcite en metal. L'eiprit de nitre & l'huile de vitriol la dilfolvent egalement. Quant a la diffolution decantee, M. Hellot fa diftillee a feu gradue 8c il en a retire d'abord deux onces de pur flegme, enfuite deux gros d'ef- prit de fel foible d'une odeur fort agreable. II s'c-ft fublime alors quelques flours a la voute de la cornue. M. Hellot a change de recipient pour la troitieme fois & il y a recti 17 gouttes d'un elprit de fel jaune dore & d'une acidite furprenante, il a trouve le lendemaki h h voute de la cornue un fublime affez compact, d'un blanc citronne & au fond unema- tiere gommcufe, tenace & noiiatre. 11 a replace cette cornue ami feu de reverbere ou il fa fait rottgir : le fublime a augmente de volume , mais il n'eft forti aucune vapeur de la cornue malgre la violence du feu. Les vaiffeaux etant refroidis , M. Hellot a coupe cette cornue, & il en a trouve la partie fuperieure enduite d'un vernis tranfparent, parfeme de veines opaques & blanches : ce vernis s'eft humecte, audi-tot qu'il a etc expofe a fair. Au fond de la cornue, il y avoit une inatiere epaiffe, noi- ratre & vitrifiee comme un verre de borax & qui , comme ce prctendu vtrre, s'hume&e ficilement a fair. Le tout avoit une odeur fulphureufe, vive & futfocante. M. Hellot a expofe a fair tons les morceaux rumpus de la cornue, les enduits & la made du fond s'y font mis en on deli- quium qu'il a nitre. II eft refte fur le filtre une matiere blanche qui, lavee, fech.ee & placee au microlcope, paroit etre des fieurs de zinc trcs-fines. La liqueur filtree etoit d'une aftridion infupportable & d'un gout trcs- difigrcable : au bout de fix mois il s'tn eft prccipite une poudrc rou- geatre , & faftridtion a paru moins forte. Dans un pareil poids de trois onces d'elprit de fel , M. Hellot a dilfous peu-a-peu jufqu'a trois gros 58 grains de rleurs de zinc. La diifolution sen eft feite aurz vitc e< fans effervescence. II ctoit refte au fond de la To me VII. Partie Franco iji, Vv H& A B Rt G t DESMEMOIRES 5B3BBBBS comae un depot noir & pefant qui a eu befoin d'un feu de digeftion pour C h Y m l E. ^tre totaleinent diffout. Par la diftillation an bain de fable, il a retire pres de deux onces de pur Anne: iJ2§. flegme & enfuite quatre gros d'efprit de fel fort foibles •, apres quoi la diftillation a cefle, faute de chaleur fuffifante, & les fleurs diffoutes font reftees au fond de la cornue en line maffe rouge & gommeufe. Le deffous de cette maffe, vu a travers le verre de la cornue , etoit forme en etoile a iuc raies, affez reguliere; etoile qu'il a trou/ee dans le nieme endroit toutes les fois qu'il a voulu concentrer l'efprit de fel par les fleurs de zinc. M. Hellot a place cette cornue a un feu de reverbere , avec les pre- cautions neceffaires pour la faire rougir fans qu'elle fe fclat : il en eft iorti z8 gouttes d'un efprit de fel jaune extretnement acide. Lorfque la cornue a ete rouge , il a para des vapeurs blanches & epaiffes qui ont amene avec elle des fleurs dans le col de la cornue & dans le recipient. Enfuite il s'efl elevi un beurre de fleurs de zinc couleur de foufrc. A la fuite de ce beurre, il s'eft fublime un peu de matiere rouge au col & fur la voute de la cornue , au fond de laquclle il eft refte fixe une petite maffe rouge , percee a jour d'une infinite de petits trous & ayant a fa circonference de petites particules brillantes, qui, vues a la loupe, reffemblent a des raclu- res de corne blanches & tres-fines. Ce beurre retire encore chaud pefoit trois gros & demi. Expofe a l'air , il fume beaucoup & s'humecre facile- ment : la petite maffe rouge pefoit douze grains. Ces deux experiences-, dit M. Hellot , offrent quelques differences h obferver. i°. Ily a une violente eftervefcence, pendant la diffolution du zinc : il n'y en a prefque point pendant celle de fes fleurs. z°. II a retire par les fleurs 1 1 gouttes d'efprit de fel jaune & concentre plus que de la diffolution du zinc fous fa forme metallique. 50. Un beurre de zinc qui a monte an col de la cornue , au lieu que le precedent etoit refte prefque tout entier fixe dans le fond, & comme vitrifie, quoique la violence & la duree du feu aient ete egales dans Tune & l'autre experience. 4°. Un caput mortuum rouge qui ne m'eft pas refte de la diffolution du zinc en metal. L'efprit de nitre, dit M. Hellot, diffout le zinc, d'abord avec une vive eftervefcence, mais qui fe rallentit bien vite. Ainfi pour que la diffolution s'en faffe promptement & fans trop devaporation des vapeurs rouges que dans bien des c.is on doit conferver, il faut fur un efprit de nitre, tire d'une partie de falpetre raffine & de fix parties d'argile, verfer un poids egal d'eau diftillee. Six onces d'un tel melange ont diftous cinq gros & demi de zinc reduit en petits morceaux, & la diffolution s'en eft faite en moins de deux heures. II a place a un feu de fable doux la cornue qui contenoit cette diffoki- tion pour la defiegmer. II a retire d'abord 4 onces de pur flegme, apres quoi il a change de recipient-, & en trois heures que la diftillition a con^ tinue a ce degre de feu , il n'a pafle que fix gros d'efprit de nitre aflez foible : le plus acide s'etant concentr^ dans le zinc , rrftoit avec lui au fond de la cornue en une maffe tranfparente , tenace & ti'un jaune orange. II a DE L-ACADtfMIE ROTAL"E DES SCIENCES. ii9 ports ccttc cornue a on feu dc reverbere & an bout d'unc dcmi heure ,55225555225s ilen eft forti des vapeurs rouges en (i grande abondance qu'il auroit rif- C h Y M J E. que la rupture des vaidcaux, s'll n'avoit pas etcint lc feu fubitement. M. Hcllot a trouvc le lendemain ces vaideaux audi remplis de vapeurs Annie tj?$. que pendant la diftillation : il y avoir dans le petit balon ungros & demi d'efprit de nitre, vert comme la plus belle emeraude ■, & ce petit balon, quoique bien egout^ , a demeure pendant 8 jours rcmpli de vapeurs rouges. En edayantau col de la meine cornue , tin autre moyen balon oil il avoit mis de l'eati commune , il a vu fortir fur le champ de cette cornue , quoi- que froide , tine cclonne de vapeurs rouges qui a toujours etc perpendi- culaire a la furface de l'eau , dans quelque pofition que fut le col de la cornue par rapport a cctte furface, ce qui a dure pres d'une heurc, apres quoi les vapeurs on: cede, parce que la cornue n'en contenoit de litres que ce que la maticre du fond en avoir afpirees pendant la nuit du pre- mier baton qui avoit rccu le premier efprit de nitre vert. Aprcs avoir ajufte tin long canal de verre entre le col de la cornue & le nouveau balon ou il avoit mis de l'eau, il a recommence la diftilla- tion a un feu trcs-modei e , & il a vu pader en quatre heures neuf gros d'efprit de nitre qui, malgre l'eau du balon a paru dun vert prefqu'audi beau que le premier gros & demi qui etoit fans eau. II a verfe le tout enfcmble dans tine boutcillc de criftal qu'il a bouchee d'un bouchon de liege trempe dans la tire fondue : mais malgre cette precaution , la cou- leur vtrte de cet efprit de nitre qn'on nomme gradue, s'eft didipee au bout de 50 heures & la liqueur eft demeuree jaunatre. Les fleurs de zinc, dit M. Hellot, fe diffolvent audi trcs-vite dans YeC- prit de nitre affoibli par tin poids egal d'eau commune & 6 onces de ce melange en ont didout 6 gros 54 grains. Cette diltolution diftillee ail bain de fable a rendu 4 onces de fljgme prefque infipide, au feu de re- vcrbere 9 gros & demi d'clprit de nitre un peu moins vert que le pre- cedent. Le refte de l'acide s'eft evapore, comme dans l'autre experience , par les jointures des v.ulleaux ou il eft demeure concentre dans une made terreufe qui, dans Tune & l'autre experience , eft reftee au fond de la cornue & qui, vers la fin de l'operation a mis les cornues en plus de cent pieces. Ces mndes tcrreufes reffemblent a un tripoli grodier : leur furface eft inegale & remplie de tubcrcules : elles ne s'humectent point a 1'air, & nc paroiifent pas avoir de gout remarquable. Trois onces d'huile de vitriol concentree , affoiblie par trois onces d'eau didblvent 6 gros 20 grains de zinc. A ce point de faturation, il commence a fe former des crilbux •, & au bout de deux mois , la liqueur liip^rflue etant evaporec, il eft refte dans la caplule un petit pain de vi- triol aiiez tranfparenr. L'acide vitriolique fe concentre fur le zinc & fur fes fleurs , fans qu'il paroide de difference •, il didout ncanmoins un peu plus de fleurs qu'il ne didout de metal, mais la diderence eft infiniment petite. Vv a C H Y M 1 E. Ann/e 27,35. 540 ABR^ClDES M £ MOIRES M. Hellot a fait diffoudre 4 onccs de zinc dans 16 onccs d'huile de vitriol affoiblie par 16 onces d'eau de pluie. De ces 36 onces de diflolu- tion , il a retire au bain de fable 17 onces de pur flegrne, puis ail ineme degre de feu line once & demie d'efprit de vitriol qui commencc.it a etrc fulphureux , alors la diflillation a ceffe. II a tranfporte la comue dans un fourneau de reverbere : a la premiere impreffion de ce feu nud , il s'cft developpe line odeur d'hepar jidfuris qui eft devcnue vive Si, aprcs que cette chaux d'or eft precipitee par le zinc & que la li- queur furnageante n'eft plus teinte de jaune , on donnoit le temps a l'eau Q „ _ M j ajoutee de s'evaporer, l'eau regale reprendroit fon premier drgre d'aci- diti, Tor feroit difl'ous de nouveau & il arriveroit qu'il fe melcroit exac- Anntc i"J3$- tcment avec le zinc & qu'cn le precipitant par un alkali fixe ou volatil , on precipiteroit enkmble les deux fubftances mctalliques. Quand fur une dillolution d'or on verfe une dillolution de zinc, faite par l'eau regale & filtree ( car il y furnage toujours une ecume qu'il en font feparer ) la couleur de la dilfolution d'or ne (libit d 'autre change- mart que celui de devenir un pcu moins jaune1, inais il ne fe fait aucua precipite ni de l'or ni du zinc, parce qu'ici chaque quantite de l'eau re- gale a fait fa foncHon , e'eft-a-dire, quelle eft fumlamment chargee de tout ce quelle a pu dilfoudre, l'une d'or, l'autre du zinc. II etoit a prefumer qu'un melange de dillolution d'or & de dillolution du zinc etant precipite par un fel alkali , ne donneroit pas , apres les lo- tions ordinaircs , un or fulminant , a caufe de l'intcrpoluion des parties du ainc; M. Hellot a voulu s'en affurer. Ainii fur un melange de ioo gout- tes de chacune de ces deux diffolutions, l'une & l'autre autant chargees de metal qu'elles le pouvolent etre, il a verfe jufqu'a 80 gouttes d'efprit vo- latil de fe) ammoniac fait par la chaux , pour precipiter parfaitement la chaux metallique : cctte chaux compofee d'or & de zinc, aprcs avoir etd Iavee & fechtie, a etc expofce au feu dans une petite cuilliere de fer bien nette; il s'eft fait un petit decrepitement fourd, fans aucun fautilleiuent feniiblc des parties de la poudre & pendant ce petit decrepitement la chaux a pris peu a peu une belle couleur de violet fin. M. Hellot a repetc cctte experience entierc trois fois de fuite &z elle a toujours reufJi de meme : ainli voila encore un nouveau moyen de donner la couleur pourpre aux emaux & au flux pour le rubis imite, decrit par Kunckel & Caflius & par confequent une decouverte qui pent etre utile aux Peintres en email & aux Jouailliers. M. Hellot a donne de cet or violet a M. Baiicr, Gra- veur du Roi fur pierre , qui en a fait l'effai avec le talc de verre de Ve> nife & avec le fondant deroail & qui a obtenu un fort beau pourpre. L'or fondu avec le zinc en parties egales donne un regule extreme- rnent aigre tres-dur & qui life & poli prend un grand brillant, reflechif- fant ou peignant les objets avec beaucoup de nettete. M. Hellot l'indique a ceux qui voudroieni en faire la depenfe & avoir un miroir a lunettes de reflexion qui hit exempt de fouftlure & peut etre moins fujet a pren- dre de l'humidite de i'air, ce terni auquel font fujets les miroirs done le cuivre eft la bafe. M. Hellot a pris un morceau d'or, au ritre des ducats de Hollande, qui pefoit 67 grains •, il a fondu dans un creufet un pareil poids de zinc purine par une fonte precedente ; & y ayant fait tomber l'or, l'or s'eft fondu tres-vite. Dans l'inftant dc la fonte de l'or, il s'eft fait une ful- mination du zinc, pendant laquelle il s'en eft exhale tant en flaiurue qu'en fumee & en ftenrs, le poids de 1 6 grains-, car le regule ou culot que M. Hellot a detache du creufet , refioidi , ne peibit plus que 1 1 8 grains: 5+4 abreg£ drs m^moires MM mmce culot s'eft carte en huit morceaux an premier coup de marteau, Si C h v m I e. dans *a cam,re ' or ^ai a Paru kien un* avec ^ z'nc> puifqu'ati microfcopc il n'a a'pperteii aiicune difterence de couleur & que le tour enfemble for- Annc'e 1J3$- moit une matiere reguline blanchatre fans couches diftinguees & dont le grain etoit tres-fin. M. Hellot a mis ce regule en poudre & il a verfe deflus de 1'eau-forte pour en faire le depart, comme on fait celui de l'or & de l'argent; Tor efb refte pitrcipite en une chaux brune : la dilfolurion du zinc furnageante ayant etc decantee & la chaux d'or lavee, puis fondue avec le borax, il en a retire un culot d'or pefant 60 grains \ ; il a trouve ce culot aigre fous le marteau , preuve que Tor avoit retenu du zinc , quoiqu'il eut laiife le refte de Ion autre alliage dans l'eau forte du depart, qui etoit verdatre. M. Hellot a refondu ce culot aigre avec le falpetre , pour fco- rifier le zinc refte ; & le nouveau culot devenu doux n'a plus pefe que 59 grains § , done une partie de zinc fuffit pour aigrir 80 parties d'or : ce dernier culot a parte par la coupelle d'antimoine d'oii M. Hellot l'a retire tres-haut en couleur, & fans diminution fenfible de poids; ainli il eft or a 24 karats. On pent faire audi le depart de ce regule pulverife bien fin, par le vi- haigre diftille qui, comme on fait, ditfout le zinc & ne touche pas a l'or-, mais ce que l'eau- forte a fait en 30 hemes, le vinaigre ne l'a fait qu'en 18 jours. M. H'.llot a fondu Un autre morceau d'or pefant 154 grains avec trois fois fon poids de zinc : le culot a ete tres-dur , mais plus coriace ou plus difficile a carter que le precedent , ou il n'y avoit que parties egales d'or & de zinc; fon grain etoit aiifll fin, quoique plus terreux & d'une couleur plus grife. L'objet de M. Hellot, dans cette experience, etoit d'examiner fi le zinc, en fe convertiifant en Hems, enleveroit quelques parties de l'or. Or cette converfion du zinc en fleurs eft fort difficile, qtiand ce mineral eft uni a l'or : It le feu eft modere , il ne fe fait aucune feparation •, s'il eft extreme, le melange eft dans une ebullition continuelle , & le zinc cherchant a s'echapper & a fe convertir en fleurs, fait fautiller de petits glcbules du regule entier que la flam me du zinc emporte avec elle a tra- Vers les jointures du creufet 8c de fon couvercle; M. Hellot a meme re- ctieilli quelques pctites parties de ce regule , en prelentant une petite cuil- lere de fer au dard de cette flam me. Comme dans cette operation il s'etoit attache a Li furface interieure du couvcrcle un pen de fleurs colorees en jaune, cela a engage M. Hellot .1 recommencer l'operation avec un pareil poids de melange ; mais pour ne pas perdre fon regule, il s'eft fervi de deux creufets renverfes I'un fur l'autre, qui I'emboitoient, & dont le fuperieur avoit un trou a fon fond, pour que la matiere eut une communication avec l'air exterieur, fans quoi la fulmination du zinc ne pourroit fe faire : M. Hellot a tenu e'erte matiere au feu de forge pendant 6 hemes ; cependant il n'a recueilli au haul: du creufet fuperieur que 8 grams de fleurs colorees. DE L'ACAD^MIE ROYALE DES SCIENCES. 34^ II a vcrfe fur ces fleurs de l'eau regale, qui s'eft teinte en jaune dans ■ line partie de cette folution dccantee , il a trempe un fil de verre charge C h v m 1 e. d'environ un quart de goutte de diffolution detain fin & il a eu du pourpre. Annie 1735* Sur I'autre partie de la memc folution , M. Hellot a verfe un peu de liqueur etheree de Frobenius , la feparation de l'or s'eft faite dans I'inftant & le dilfolvant eft refti fans couleur. M. Hellot a employe le refte de fon regule a d'autres effais & la divife en trois portions : deux de ces portions lui ont fervi a tenter la reduction de Tor par deu.c moyens differents & la troilieme a en faire un or fulminant. La premiere portion qui pefoit 1 1 8 grains a ere fondue avec trois fois fon poids de regule d'antimoine; mais il a ete oblige de fouffler pendant 5 heures dans le creulet couche & echancre ou etoit le melange, pour challer tout Pantimoine & tout le zinc; il lui eft refte un bouton d'or pe- fant 11 grains i haut en couleur, tres-doux & qui, daiis une feconde cou- pelle d'antimoine , n'a rien perdu de Ion poids. La feconde portion du regule d'or & de zinc a ete purifiee par le falpe- rre; il en a fallu mettre julqu'a 7 fois le poids du regule en dinrrentes fois, pourreduire tout le zinc en fcories qui, dans le feu, euffent tin flux tranquille & glace a la furfice : le bouton d'or trouve au fond du creufet refroidi etoit haut en couleur , mais il fe gergoit encore fous le marteau ; ce qui a oblige M. Hellot de lerefondre, & jetter deffus un peu de fublime corrolif pour le purifier davantage. Toute l'operation n'a dure qu'une h^riire', ainli 1'ojt uni au zinc s'en fepare beaucoup plus vite & plus aifeiuent par le falpetre que par 1'antimoine. La troilieme portion du regule a ete diflbute par l'eau regale & precipi- tee parun efprit volatil tire du fel ammoniac, & M. Hellot s'eft fervi des fleurs de zinc pour intermede. II s'eft excite une effcrvefcence ou chaleur (i grande que ce chimifte ne Iionvoit plus tenir le vaiffeau; ce qui n'arrive pas, du moinsli fenfiblement, orfqu'on precipite *e diflolution d'or avec un efprit volatil de fel ammo- niac diftille par la chaux. On avoit cru autrefois que faction de l'or fulminant fe faifoit en en bas. Depuis, on a cru reconnoitre qu'elle fe faifoit egalement en tout fens, parce qu'en mettant tin ecu fur de l'or fulminant, qu'on a arrange en on tas dans une petite cuilliere pofee fur le feu, on voitfauter l'ecu dans I'inf- tant de la fulmination •, deux experiences que voici feront voir que cette action n'eft pas egale en tous fens & que le plus grand effet de la force agiflante de l'or fulminant, dans I'inftant de la fulmination, eft dans ks points du contact de cette poudre fur le corps qui la foutient ou qui la touche. M. Hellot a etendu fur line feuille de papier trois grains de fon or fulminant , il a rabattu deffus I'autre moitie de la feuille ; il les a pliec-s enfemble par les bords •, pub il les a tenu tendues avec les deux mains , afin que les deux feuilles fuffent par alleles, autant qu'il etoit poflible) il a Tome VII. Partie Fran$oife. X * ^^^^^ J4« ABRfG^ D£S MtMOIRES echauffe lentemerit cet or fur un rechaud de feu, l'or a pete non fuccefli- C h y M i i. vement , mais en un feul coup & avec un bruit auffi fort que celui de ees ftifees que tirent les enfants •, le feuillet de deffous s'eft caffe en plu- Anntc IJ25' fieurs endroits-, celui de deffus s'eft gonfle dans l'explofion par la rarefac- tion fubite de l'air, mais il n'y a paru aucune caffure. M. Hellot a refait cette experience avec poius egal du tneme or ful- minant & l'ayant etcndu de meme entre deux feuilles de papier qu'il te- rtoit auffi bien tendues , il a fait paffer par-dcffus une pelle chaude a la diftance de fix a fept ponces ; il eft parti de meme en tin feul coup ; le feuillet (uperieHr s'eft gonfie, mais fans aucune caffure & celui de deffous s'eft ouvert dans prefque toute fa longueur. Sur IVmStidtf de I'antimoine , da tartre (me'tiqiie & du KermJs mineral. Mclnoires. JL^ 'A n t i m o i n e eft un remede dont la bonte feroit prefque fufnTam- merit prouvee par les puiffants obftacles qu'elle lui a fait rurmotitet. II eft moderne,& il ne refte plus qua lui donner la precifion modeme, dont julqu'a prefent il a bcfoin , car on ignore affez quel eft le dcgri de force des diflerentes preparations qu'on en fait; & comrae c'eft un remede vio- lent, il eft dangereux qu'il agiffe trop , dangereux meme qu'i! n'agiffe pas affez & qu'il n'ait qu'une impreffion vive & cependant inutile par rapport a ce qu'on s'etoif propofe. On envoie dans les campagnes par ordre du Roi, des remedes antimoniaux bien faits , mais fouvent dirreremment faits, & dont ceux qui les eraployeront ne peuvent connoitre les difre- rentes vertus. C'eft lit ce que M. Geoffroy a entrepris de regler autant qu'il etoit poffible. Selon lui, I'antimoine eft compofe d'une terre metallique vitrifiable, (fun acide vitriolique femblable a l'efprit de foufre ,, & d'une matiere bi- tumineufe ou huileufe qui, avec cet acide, pent former un foufre com- mun brulant. Le foufre commun n'eft certainement pas emetique, l'acide vitrioli- que, quoiqn'uni a des liqueurs huileufes, ne- l'eft pas non plus, I'anti- moine reduitpar la plus violente calcination h une fimple terre, cede d'e- tre emetique-, en quoi confifte done fon emeticite, quand if eft en fon en- tier ? il faut que ce foit dans 1'union de quelques principes, & puifque celle de l'acide avec une matiere fulphureufe ne feroit rien , c'eft done celle du foufre avec la terre vitrifiable. Ce foufre etendu, rarefie par la chaleur , pres en quelque forte a prendre du feu, enlevera les petites par- ties de la terre, qui par leur roideur picotcront, ebranleront les nerfs, & exciteront le vomiffernent. II faut pour cela que la quantite du foufre foit en une certaine pro- portion avec celle de la terre. Trop de foufre envelopperoit toutes les particules de la terre, & leur feroit un enduit mollaffe, qui les empe- cheroit d'agir affez vivement. Deli vient que le regule d'antimoine, qui DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. H7 it 'eft autre chofe que ce mineral depouille d'une partie de fes foufres, eft plus emetique que i'antimoine crud , & que le verre plus parfait a cet egard que le regule, eft encore plus emetique. Si enhn ce n'ctoit plus qu'une pure terre fans foufres, il n'y auroit plus d'emeticite, puifque les parties dejeette terre, quelque degrees qu'elles fuffent, n'auroient plus de vchicules pour les enlever & les mettre en a&ion. II eft prouve par des experiences de M. GeorTroy que dans lc tartre emetique qui fe fait avec la creme ou les criftaux du tartre unis a I'anti- moine , il y a un acide vegetal qui fe charge de la partie reguline de I'anti- moine, la corrode & la rend par la plus propre a picoter le genre ncrveux. Mais comme enfin e'eft dans I'antimoine que rclide la vertu emetique,' plus il y aura dans un tartre emetique de ce qui rend I'antimoine eme- tique, e'eft-a-dire, plus Ja quantite de fa partie reguline fera forte par rapport a. 1'autre , feulement pourtant jirlqu'a un certain point , plus ce tar- tre few emetique. Ainli M. Georfroy ayant trouve le moyen de mefurer la quantite de partie reguline d'antimoine qui fera dans un tartre emetique quelconque, il fuira combicn ce tartre eft emetique & quel eft le rapport de fa force a celle de tout autre. M. GeotFroy traite aufli du kermes mineral, autre preparation d'anti- moine, dont nous avons parle en 1710 fous le nora de poudre des char- tre'ux. Le kermes ne doit pas etre aufli vomitif que I'antimoine , ou le tartre emetique , ou veut meme le plus fouvent qu'il ne le foit pas, qu'il ne foit qu'un fondant, un purgatif doux, ou qu'il n'agifle que par tranf- piratioij. L'operation qui le produit, conlifte a tirer, du moins on le croit communement , un foufre de I'antimoine par le moyen dc 1'aJkali du ni- tre fixe par les charbons. Mais M. Geoffroy pretend que le foufre brul.int de I'antimoine a change de nature dans le kermes , & que la poudre qu'on a pu y prendre pour du foufre , eft la partie metallique & reguline de I'an- timoine. Et, comme 1'operation du kermes mineral demande beaucoup de foins qu'on peut n'y apporter pas toujours, M. Geoffroy en propole Une equivalente a celle de kermes, & bien plus facile, puilqu'on nJy Hfl. ploie que I'antimoine crud, fans addition de matieres etrangeres, qui mul- tiplient neccflaircment les attentions , & caufent tout l'embarras. II faut, dit M. Geoffroy, prendre de I'antimoine de Hongrie en petite pains, le choilir en belles aiguilles brillantes, le pulverifer & le tamif-r, puis le faire broyer avec de 1'eau fur un porphire, jufqu'a ce qu'il ne cra- quette plus fous la dent; enfuite on le met dans une jatte plcine d'ean, on brouille l'eau avec un fpatule de bois, & aprcs avoir laiue depofer la poudre la plus groftiere pendant douze ou quinze fecondes, on (urvuide leau par inclination, en la vcrfant fur un ou pluh'eurs filtres, on prend la poudre fubtile qui eft reftee fur ces filtres, & on la fait fecher dans une etuve i quand elle eft bien feche, on la broie de nouveau fur le porphire, en ajoutant un gros de fucre candi en poudre bien feche, fur une once de poudre d'antimoine, & Ion continue de broyer, jufqu'a ce qu'en ap- platiffant un peu de la poudre avec un coi'iteau , on n'y appercoive au grand jour aucun brillant, alors elle eft preparee pour l'ufage. Xx, ij 548 ABREGi DES MiMOIRES II y a deja long-temps qu'on a vante l'antimoine en poudre comme un C h y m I E. excellent remede contre les maladies du poumon,& comme un bon fondant dans l'afthme, & dans plufieurs autres maladies. Annie 1735- En 1674, Kunckel reffentant des douleurs tres-aigu'e's dans le bras droit, confuka Sennert, medccin de Wirtemberg, fils da fameux Sennert, qui lui confeilla l'ufage de l'antimoine, il en prit pendant un mois & fut gueri. En 1679, le meme Kunckel eut encore recours a l'antimoine porphy- rife, pour de vives douleurs de gouttc dans les mains & dans les pieds. II en fit faire des tablettes avec le lucre rofat, & fut gueri. Ces tablettes an- timoniales font encore connues dans quelques villes d'Allemagne, fous le nom de Tablettes de Kunckel. Si mon temoignage peut etre ici de quelque poids, )'ofe afliirer que l'ufage de ce mineral en poudre fubtile, eft un remede fotiverain pour les enfans rachitiques ou noues , & pour tons ceux qui out des glandes obf- traees. II reuffit affez bien dans 4es enfans tounrientes par les vers, & j'ai vu des femmes ayant des fieurs blanches, qui, apres les remedes gene- jraux, ont ete bien gueries par l'ufage de cette poudre-, mais on ne doit la donner dans le commencement qu'en fort petite dofe, comme d'un grain, & quoique l'antimoine ne loit point emetique par lui-meme, il eft bon cependant de joindre a fa poudre trois ou quatre parties de quelques al- kali, comme des yeux d'ecreviffe ou autre. On augmente les doles par de- gres, & Ton peut aller ainfi jufqu'a huit ou dix grains par jour. Si Ton augmentoit les dofes de ce mineral avec trop de precipitation, il exciteroit des mouvements dans les entrailles , purgeroit ou donneroit des naufees. II faut audi avoir la precaution de defendre aux malades l'ufage du vin , a moins qu'il ne foit ties- mur , du vinaigre & de tout autre acide , meme des potages oil Ton auroit mis des herbes acides , comme l'o- feille , &c. Ex AMEN DU K.ERMES Ml N ERA Z, Par ML Geoffroy. Biftoire. J_^ E kermes , dit M. GeofFroy , n'eft autre chofe qu'im magiftere on precipite de la partie reguline de l'antimoine divilee en particules extre- mement fines, toutes enduites d'une couche d'e'par fulphuris , & par con- sequent d'une efpece de vernis compofe de fel alkali nitreux & du loufre groffier ou brulant du mineral ; ce fel alkali peut fe detacher du kermes & on peut le rendre fenllble, en le faifant fervir de bafe pour regenerer le nitre, le fel marin & pour former un tartre vitriole; on fepare auffi du kermes une terre blanche, difficile a connoitre & qui appartient ou au lei alkali ou a l'antimoine, ou a l'eau employee aux ebullitions, ou peut-etre £ tons les trois. Pour faire ce magiftere , M. GeofFroy a pris une livre d'antimoine de DE L'ACAD^MIE ROYALE DES SCIENCES. 34? Hongrie , caffe en morceaux minces , felon la direction de fes aiguilles, 4 on- M^^™"^^^M< ces de liqueur de nitre fixe par les charbons & bien filtrce , & line pinte C h y m 1 r. d'eau de pluie. Apres deux bcures debullition . on a filtre la liqueur chaudc qui a laiiTe precipitcr le kermes en fe refroidiflant. A une feconde Annit 1J 3$. Ebullition on a ajoute trois onces dc nouvclle liqueur de nitre fixe , on- line pinte d'eau de pluie. A line troilieme ebullition, on a remis fill Li leflive decantee deux autres onces de la meme liqueur alkaline & une pinte d'eau de pluie ; M. Geoffroy en a retire nn kermes qui bien edulcorc & feche , ne pefoit qu'un gros 60 grains, quoiquc 1'aiitinioine eut diminuc de deux gros. Ce chimifte a refais la meme operation avec 4 livres de nouvel anti- moine ; une Hvre de liqueur de nitre fixe & 4 pintes d'eau de pluie. A la (»conde & a la troilieme ebullition , il a fait ajouter d'abord 1 2 one cs dc li- queur alkaline & 4 pintes d'eau , enfuite 8 onces de la meme liqueur faline & 4 autres pintes d'eau. Ces trois cuites ont donne une once deux gros de kermes , & les quatre livres d'antimoine ont diminue de 7 gros £c demi. Pour decouvrir encore mieux ce qui fe pafie dans l'operation du ker- mes & quelles iont les matieres qui (e feparent du mineral, M. Gcoftroy a raflemble lantimoine des deux operations precedentes , pefant 5 livres nioins les 9 gros & demi de diminution. II a pris aufli la liqueur du nitre fixe qui avoit fervi aux fix precedentes ebullitions & dont ii avoit deux livres 1 3 onces •, & fans y rien ajouter, a chaque operation que de 1'eau de pluie bien-filtree, il a fait faire trentc ebullitions & autant de precipi- tations de fuite. II s'elevoit du vaiffeau une vapeur fulphureufe qui noir- cifloit l'argent qu'on foutenoit au-delfus : on y pouvoit diftinguer audi avec cette odeur de foufre une odeur de leflive forte & melee d'uu peu d'urineux volatil. Cette vapeur condenfee & recueillie dans un chapiteau de verre, ver- dit le drop violat , rend tres-legercment laiteufe la folution du fublime corrofif & precipite en un citron tres-clair la diflblution du mercure dans 1'eiprit de nitre. La liqueur alkaline etant fuffifamment- chargee du foufre & du regule de l'antimoine , cefle d'agir & alors il faut la filtrer premierement afin qu'elle ledebarratfe fur le filtre des parties groflieres de l'aijtimoine, non decompofees ,qui ont etc drtachees par les frottements rtfpetes des morceaux de ce mineral pendant l'ebullition, & en fecond lieu, afin qu'elle depofe, «n fe rcfroidiflant , les partks du meme mineral qui ont ete alfez divides par \'hipar & qui font devenues afiez fines pour pafler avec la liqueur en- core chaude , an travers du filtre. Tant que la liqueur eft chaude, el!e eft dans un monvement affez ra- pide pour empecher les particules fines du kermes de fe reunir en des molecules trop groflieres : en cet dtat les particules traverfent les pores du papier avec la meme facilite que la liqueur; mais a mefurc que cette li- queur fe reftoidit, la rapidite du mouvement cclfant peu-a-pcu, ces mi- mes particules fe raflembknt , s'aglutiuent les lines aux autres & compo- j5a A B R E G t D E S M E M O I R E S ' "" fent des molecules de telle maffe , qu'elles ne peuvent plus etre foutertUeS C h y m i e dans le liquide, & tombent en mi magiftere. Apres trente ebullitions , M. Geotfroy , des cinq livres d'antimoine Annie IJ3$- mites enfemble , a retire du kermes toujours audi beau & audi fin que le kermes des fix premieres ebullitions faites fur une livre & enfuite fur quatre livres de ce mineral. Voyant qua la trente-fixieme cuitte la liqueur alkaline agiffoit pref- qu'aufli bien que dans les premieres, il l'a fait fervir encore a vingt autres ebullitions , fans autre precaution que de mettre a part les petites aiguilles d'antimoine qui reftoient fur le filtre , & dont la quantite aug- mentoit a mefure que les ebullitions fe multiplioient. Ces vingt nouvelTes ebullitions Iui ont rendu encore 5 onces 3 groffes & demi de kermes * au-!ieu qu'il n'en avoit eu que 7 onces des jo premieres. M. Geofrroy a refait dix autres ebullitions qui lui ont encore rendu quatre onces mi gros & demi de kermes. Ainfi ces trente dernieres ebul- litions lui ont donne deux onces cinq gros de kermes de plus que les trente premieres. Comme il refte fur les filtres une quantite affez conhderable d aiguilles fines melees avec une efpece de bourbe terreufe , M. Geofrroy a fait bouillir douze fois cette bourbe qui pefoit pres de huit onces avec la meme liqueur alkaline, & elle lui a fourui deux onces trois gros & demi de lcermes. Par ces feptante-huit ebullitions, ce Chimifte a eu en fin de fes cinq livres d'antimoine une livre quatre onces quatre gros vingt quatre grains de kermes. II n'eft pas facile de dire au jufte combien rantimoine a perdu de fon poids, car il retient peut etre dans les interftices de fes aiguilles line certaine quantite de fel alkali , puifqu'il pefoit encore trois livres fix onces qui, jointes au poids de tout le kermes retire des feptante-huit ebullitions, donne une augmentation de deux onces quatre gros vingt- quatre grains, en y comprenant le poids de la matiere bourbeufe des hltres. M. Geofrroy a examine" la leflive qui lui eft reftce des feptante-huit ebullitions-, il l'a diftillee; les premieres vapeurs ont fourni une liqueur ldgerement fulphureufe , qui a donne des marques d'urineux volatil. A la moitie de la diftillation , il s'eft precipite un peu de terre blanche. Apres la feparation de cette premiere terre, on a continue la diftilla- tion de la liqueur reftante jufqu'a pellicule : il s'y eft forme des criftaux longs , dont les plus fins fufoieat un peu fur Jes charbons : ils etoient par confequent nitreux. Mais comme ces criftaux etoient encore meles avec une matiere bour- beufe , graffe & fale , M. Geoffroy en a fait une nouvelle folution dans l'eau de pluie, & il s'y eft precipite unefeconde terre blanche, femblable a la premiere, qui pefoit quatre gros foixante grains. La liqueur qui avoit ete feparee de cette terre, ayant ?te evaporee, il s'y eft forme de nouveaux criftaux , mais figures comme ceux d'une terre foliee , e'eft-a-dire , en feuilkts plats , prel'que tous quarres , quelques-uns cepaidant tiiangulaires ; DE L'ACAD^MIE ROYALE DES SCIENCES. j5i ils ne conlervent cette figure que pendant qu'on les tient fechement, c.ir ™^— MMM— ■ auffi-tot qu'ils font expoies a l'humidite de 1'air, ils fe mettent aflez vire C H v m i r. en ddiquium , & alors ils fe recriftallifent de nouveau dans leur deliquium , Ientement a la verite , & reprennent dans an fediment gras qui fe drpofe, -Annie IJ3£. nnc forme de criftaux prilmatiques, mais dont aucune partic ne fufe plus fur les charbons. Ils y petillent & s'y brifent conime lc tartre vitriole, fans que ce pitillement ait rien de femblable a la decrepitation du fel marin. Quelque ardent qu'on rende le charbon en foufflant deiTus , ils ne s'y fondent pas , mais ils s'y convertilient en une matiere terreule blanche , qui paroit femblable a la terre qui s'en etoit depofee avant leur premiere & leconde criftallilation. M. Geomoy reprend l'examen du kermes; cette poudre , dit-il, fe trouve prefque toujours de difterente couleur, a proportion que la liqueur alkaline qu'on a employee a etc plus ou moins concentree. Si elle eft fort chargce de i'els, le kermes fera d'un rouge tres-fonce , ou ce qui eft la meme chofe, li l'ebullition a dure peu de temps, le kermes iera pile, parce qu'il ne fe fera pas evapore de la liqueur allez de flegme pour con- centrer les fels. Lorfqu'on fiit tomber do kermes, un gros, par exemple, dans trois gros d'eau regale fake par 1'efprit de nitre & 1'efprit de fel , la ditiolution s'en fait avec grande ebnllinon & chaleur vive-, il s'en eleve des vapctirs d'e/prit de nitre tres-rouges •, l'ebullition eeffant , l'odeur- du melange change, elle devicnt feulement fulphureufe. Apres la fermentation totale- ment appaifse, il eft refte un fediment j.iune, furnage d'une liqueur, au- dellus de laquelle, il y avoit une pellicule lulphureuie, qui, enlevecavec un petit morceau de papier, brule comme le foufre commun. M. Gcof- froy a lave & defleche ce fediment & il y a trouve le lendemain un glo- bule de mercure coulint, pefant un pen plus d'un quart de grain. La poudre blanche an milieu de laquelle ce mercure s'eft trouve , pcfoit 4Z grains. Il la mile dans une corntie pour en faire elever ce qu'elle pouvoit contenir de foufre : ce foufre a monte au premier feu & s'eft attache a la partie du cofdela cornue qui fortcit du fourneair, il eft venu enfuite un cercle noir , puis un troilieme cercle blanc de fleurs d'antimoinc ou plutot de regule, parlemees de petites aiguilles : la liqueur du reci- pient etoit chargee de floccons fulphureux ; enfin la maffe rouge du fond de la cornue etoit une efpece de crocus metallorum', ou plutot dt magne- fia opalina qui fe fait, comme -on lait , par le nitre & le fel marin. Or, dans cette experience, M. Geoffroy a employe une eau regale, compolee de 1'acide du nitre & de l'acide du fel marin. II refulte de ce detail que l'eau regale ne diflout pas toute la partie re- guline du kermes, qu'elle n'attaque apparemrucnt que les particules de ce regule dont quelques facettes fe prefentent a nud a l'a&ion de cet acide -r que cel'es qui font recouvertes d'un enduit non diicontinne de la nutiere fulphureufe ilel'h/par, reliftent a I'adtion de l'eau regale; qu'ou ne pent, par le nioyen de cet acide , fcparer exadeaxnt Ja partie iulphurcufe du ,5i ABREGi DES MEMOIRES ^^^— — — k -jrmcs i puifque la poudre blanche qui s'en precipite, contient, avec 1c C h y M i e. f°ur"re grottier , une portion considerable de regule , lequel pourroit bieu faire la moitie ou environ de cette poudre. Cependant malgre cet incon- Annfe IJ3$. venient., M. Geoffroy, par differences experiences, s'eft affure que l'eau regale eft 1'acide qui convient le inieux pour faire la Separation du foufre groflier qui eft encore en nature dans le kermes. Elle eft preferable 4 l'efprit de fel, a l'efprit de nitre, a l'huile de vitriol la plus concentree. Pour determiner combien le kermes contient de chacun des trois in- grediens qui entrent dans fa compofition, M. Geoffroy a ete cnfin decide par l'experience fuivante. Ce Chymifte a fait broyer fur le porphire 24 grains de Iimaille d'ai- guilles qu'il a meles enfuite dans un creufet avec un gros de kermes mi- neral; la fulioii s'en eft faite comme dans l'operation ordinaire du regule, il s'y eft forme de meme une icorie; mais, pendant la fonte, il s'eft eleve aux bords du creufet, qui etoit convert, une poudre aiguillee blanche, qui n'etoit autre choie que des fleurs de regule. M. Geoffroy a fepari lc regule des fcories & il en a trouvi 1 o grains & demi : ces fcories -ayant ete mifes dans l'efprit de nitre , le fer s'y eft diffous & la partie fulphii- reufe du kermes eft reftee, feparee de la diffolution du fer; il a furvuide la liqueur; il a precipite le fer par la noix de galle & le foufre brulant mis a part : il a done en 10 grains & demi de regule pur en culot & pres de 4 grains de fleurs regulines, ce qui fait 14 grains. M. Geoffroy compte tout au plus pour deux grains la portion reguline qui a pu refter dans les fcories; car elles ne lui out paru contenir que du fer, du fel alkali & du foufre : ainli il y auroit felon cette experience, 16317 grains de regule dans un gros de kermes , 13 414 grains de fel alkali & 40 a 41 grains de foufre commun. E X T R A I T r>' v n jl v t R e Memoirs Msmoirw. P de M. Geoffroy, Sur la preparation du Kermes par la fonte. Our n'avoir rien a delirer dans l'examen chimique de ce remede," il reftoit encore a M. Geoffroy a imiter quelques chimiftes qui ont fubf- titue a l'ebullition de l'antimoine avec un feul alkali , la fonte de ce mine- ral avec le meme fel & a determiner en meme-temps la proportion du fel qu'il falloit employer pour avoir le kermes audi beau , audi fin , audi co- lore que par l'ebullition. Mais afin de connoitre cette proportion avec plus de certitude, il s'eft toujours fervi de l'antimoine de Hongrie reduit en poudre tres-fine, ce qui rend feu melange avec le fel alkali & plus exait & plus facile : de plus DE L'ACADtfMIE ROYALE MS SCIENCES. jr, plus il a fait toutes fes fontes dans des cornues de vcrre, pour nc ricn """*"" fcrdre des matieres qui pouvoicut fe (sparer du melange pendant la fonte. C h y m i ).. infin aprcs les experiences oil il a employe l'.intimoine, il lui a fubflitue ion regule & il l'a fondu de mtrae avec le fel alkali. Annie ij ■$$. M. Geodroy a connu par fes experiences que la dofc precife d'une par- tie de lei alkali qu'il faut mcler avec deux parties d'antimoine pour lc rc- duire en beau kermes par la fonte, ne peut le troiivcr que par des fflais; il avoue neanmoins qu'il auroit du la trouver audi en rraechuTant fur l'ana- logie que cette operation doit avoir arec la maniere dont on fait Xhipar jidphuris ordinaire qui, quand il eft bien fait, doit dillouJre 1'or par la fonte & le rendrc , pour ainli dire , (oluble , en lorte qu'il p;:iffe paffer par le filtre, lorfque le melange a etc fondu dans l'eau : or cette propor- tion d"un hipar bien fait eft de parties egaks de fel alkali & de foufrc fondus enfemble, & la made entiere qui en reTulte fe fond totalement dans l'eau , fans qu'aucune partie du foufre s'en lepare. Ctla eft connu ; mais pour que 1'analogie ou plutot le rapport des deux operations fut exacl , il falloit lavoir, du moins a-peu-pres, quelle eft la qu^ntite du foufre brii- lant que I'antimoine peut contenir. On ne le peut faire aurrement qu'en cherchant par diffcrents cifais quelle eft la quantite de foufre commun qu'il faut rendrc a un regu!e puririe, pour le remeftre en antimoine bien ai- guille; e'eft ce que M.'Geoffroy a faif, il s'eft allure en faifant toils fes ef- fais dans des cornues, pour ne rien perdre du melange, que, li Ton melc x gros de foufre avec due once de regule, on trouvera un pain d'anti- moine reginere en belles aiguilles, & qui ne diftcre point de l'antimoine de Hongrie bien choifi, fans qu'il fe fublime aucune partie de foufre an col de la cornue, ce qui arrive, lorfqu'on en met davantage. La made qu'on retire du melange fondu, etant pulverifee chaude, doit etrc mile & laidee dans l'eau bouillante pendant one heure ou deux , avant que de la filtrer; il doit y avoir de l'eau bouillante dans la jatte ou terrine qui rccoit cette liqueur (aline & antimoniale, & chaque once d'antimoine traitc ainli rend apres trois ebullitions de la made fondue dans l'eau , de- Euis 5 gros 60 grains jufqu'a 6 gros 30 grains de kermes, prefqu'audi eau que eclui qui eft fait par ebullition, felon le prbcede public par or- dre du Roi; il n'eft pas cependant li doux au toucher & il lui manque cette efpece de veloute qui fera toujours reconnoitre celui qui eft fait (imple- ment par ebullition : quant aux eflcts de l'un & de 1'autre, conlidercs co.ume remede dinphoretique , M. Geoffroy les croit parfaitcment fem- blables & il affure que de l'antimoine traite par les acides on pourroit avoir un remede qui, en petite dole, feroit les niemes eflcts que le kermes; com me la preparation en eft trcs-facile, il pourroit lui ctre lubftitue, fur- tout dans les liopitaux. Ce chimifte a obferve plulieurs fois que le prccipite de I'antimoine. fait par l'efprit de nitre etant bien edulcore par plulieurs eaux bouillantes, purge & fait vomir comroe le kermes i la dole de trois ou quatre grains; que celui qui eft fait par l'eau regale ordinaire, etant de memc bien lavej Tome VII. Partie Franfoije. Yy C H Y M I I, Annie 173$. 354 A B R £ C E D E S ftEMOIRJS.fc purge par les felles a la meme dofe, 8c que donne a la dofe d'un grain i it agit comme diaphoretique. M. Geoftroy a vu plulieurs petits enfans de pauvres gens, attaqut^s de maladies d'obftru&ions & de fievres, qui ont etc d'abord foulages & enfuite gueris par ce remede , pris a la dole d'un grain : on le leur fait avaler beaucoup plus aifement qn'aucun autre qui auroit du degotit, ou qui feroit en plus grand volume. BOTANIQUE. Yyij 357 BOTANIQUE. Sur l'Anatomie e>e la Poire. N a vu dans Ies memoires de l'Academie Royale dcs Sciences, Q primes pour 1 annee 1 7 5 o , un commencement trcs-curieux de l'anatomie d de la poire, par M. Duhamel. Dans les nuuvelles recherches qui font OTA1,I*r& faites par le meme phylicien , il eft queftion des vaiffeaux que Ion trouve Anntc 1731. apres qu'on a paffe la peau de la poire que nous avons decrite. Mais avarit que d'entrer dans 1'interieur du fruit, il eft bon de s'arreter fur un doute HilK'i,e- qui pourroit naitre legitimement ; ce qu'on va traiter de vaiffeaux , ce qu'on en a meme deja traite fans en marquer de fcrupule , font-ce effeCtivement dcs vaiffeaux , des canaux creux qui portent une liqueur i les plus grands obfervateurs en cette matiere, on Tout nie quelqutfois, oil quelquefois ne 1'ontpas vouluaffurer politivement. M. du Hamel a coupe tranfverfalemcnt des tranches tres- fines de quelques- uns des plus gros de ces vaiffeaux pretendus, & en les expofant au grand jour, il n'a point vu la Iumicre au travers , ni au moins un point de clarte qui auroit du etre plus fort vers le milieu s'il y avoit eu la. une cavite. II n'a point non plus appercu de cavite avec les meilleurs microfcopes. On ne voit qu'unc efpece de duvet ou dc coton dont eft rempli 1'interieur de ce vaiffeau qui n'eft done plus qu'un timple filet folide. Cependant l'idee de vaiffeau eft trop neceffaire , trop analogue a tout ce qui eft connu d'ailleurs, pour etre abandonnee qu'a la derniere extre- mite, & M. du Hamel la retient , fonde principalemeut fur les raifons Uiivantes. Des vaiffeaux deftines a porter une liqueur & a la diftribuer dins toutes les parties d'un certain elpace , ne manquent point par cette raifon a fe diviier & a fe iubdivifer prefqu'a l'infini. Ce qu on appclle vaijjeaux d^tis la poire, 011 en general dans les fruits, & plus generalement encore dans les plantes fe ramifient de la meme facon , ils portent done une liqueur, ils font done de vrais vaiffeaux. On dira peut-etre que les nefs fe ramifient auffi fans porter de liqueur. A la verite ils ne portent pas du fang, mais une liqueur infiniment plus fubtile , les efprits animaux. Les vaiffeaux de la poire font villblemenr-ceux de la queue prolonged & epanouis. Ceux-ci iont ceux de la branche prolongcs de meme, & ceux de la branche font ceux du tronc, tout ccla eft continu. Or dans le tronc, i!s y apportoient & diftribuoient certajnenaent une nourriture, desfucs tircs^de la terre. Done ils ont toujours la meme fonction & font tou jours vaiffeaux. . Lorfqu'on fait des incilions aux plantes qui rendent beaucoup de fuc J58 ABREGE DES M £ M O I R E S — colore, commc la chelidotne, lee titkymalies , on vok que ce fuc fort. jjjiion de toute la fubftance on de tout le parenchime de la plante, mais feulement d'un trcs-grand nombre de petits points diilintts , qui rte peuvent dnwfc 1731- etre que des orifices de vaiffeaux coupes. Or s'il y a de vrais" vaiffeaux dans le parenchime de quelques efpeces de plantes , il n'eft point trap hardi de rondure qu'i! y efn a dans tomes. J?s ieront feulement moms a*fe» a- te^ connoitre pour ce qu'ils font. Si le parenchime d'uhe poire', d'un fruit, ri'erbrtqit'urie efpece de fubf- tance cotoneufe, dont les cellules s'imbibaflent des fucs qui y ferbieht portes , on verroit ces fucs exuder de routes paTts , des que la peau da fruit feroit enlevee. II en exude en erret une certaine quantite, mais elle Fera beaucoup plus grande & plus fenfible fi on ratine le fruit, parce qu'alors on detruit bcaucorlp de vaifleaux qiii laiffent echapper ce qu'ils contenoient. Enfin rien ne prouve li bien des vaiffeaux, que les injections, qui fans cela n'auroient pas lieu. M. dn Hamel les a tranfportees des anirhaux aux plantes, & a trouve moyen d'en faire dans quelques-unes qui etoient dit genre des rofeaux. De celles-la a cclles dont il s'agit on voit affez la confequerice. La cavite invifible des vaiffeaux ne les empechera done pas d'etre' de? veritables vaiffeaux, fur-tout fi elle eft garnie d'un coton fort fin qui la remplira en partie 4 la rendra opaque. Ce coton n'eft point imagine pout le be loin d'une explication, e'eft un fait vu au microfcope. De plus, les vaiffeaux que Ton coniidere ne peuvent etre que dans un etat oii ils font extremement affaiffes, & par les longues macerations, comme nous l'a»* vons dit ailleurs, & parce qu'il n'y coule plus rien. Venons maintenant a l'examen des vaifleaux , bien etablis pour vaif- feaux. II faut les prendre a leur origine commune , qui eft la queue de li poire, ou ils font raffembles en un faifceau long & etroit, pofes pa- rallelement les uns contre les autres. Pris avec les teguments de cette queue, ils en formeroient toute la fubftance, s'ils ne laiffoient pas vers le milieu, al'endroit ou Ton en peut concevoir l'axe longitudinal, une efpece de vuide rempli par une fubftance plus molle & plus fine qui ne leur apparttent point. Ce faifceau entre dans la poire & y pinctre fans fe defunif julqu'a l'endroit de la peau ou commence la fubftance pierreufe , ou un psu au-deffous des loges des pepins. Arriv£ la, il fe partage en plulieurs faifceaux moindres, qu'on peiu diviler generalement en trois claffes. Ceiix de la premiere fe jettent dans toute la fubftance charnue de la poire, en s'epanouiffint par une infinite de petits rameaux, fans aucune regularity apparente , & par cette railon M. du Hamel appelle ces vaifleaux vogues. Ceux dc la feconde claffe fe courbent en arc comme pour eviter le milieu! de la poire , & apres ce dstour qui les a dcartis les tins des autres , ils fe rapprochent pour aller fe rendre tous a l'ombilic ou au rocher, & parce que e'eft de cet ombilic que partent les examines & les petales, parties effentielles a la generation des plantes, M. du Hamel nomme ces vaiffeaux? fpertnatiqius. Les failceatrx qui font la troilieme claffe fe prolongent fti- DE L'ACADflMIE ROYALE DES SCIENCES. 359 ▼ant Taxe du fruit, & vont fe terminer aux pepins & a Ieurs enveloppes> ^^~m~mmmm^ & M. dd Hamel les appelle nourriciers par excellence, parce qu'ils nour- Botaniqub. riflc-nt la femence, qui eft le grand objet de tout le mechanifme de la nature dans les planres. Annie IJgU II eft bon de remarquer que les vaifleaux des plantes, quoique li analo- gues a ceux des animaux , ne fe divifent pas de la meme manicre. Du tronc d'un gros vaifleau fanguin fort un tuyau plus petit, de celui-ci un plus petit encore, &c. Mais un faifceau de vaifleaux de la poire ne fe di- vife qu'en ce qu'une partie du faifceau qui etoit unie 8c parallele a i'au- tre s'en detache , & ne conferve plus le parallelifme , 8z ainii de luite. Tous ces vaifleaux font heritits de vaifleaux capillaires, & en cet ctat ils forment apparemment tout le parenchime du fruit, comme les v.iif- feaux fanguins devenus capillaires forment la chair des animaux. Non-feu- 4ement les dernieres 8c plus fines branches de vaifleaux de meme efpcce tels que les vagues s'entrelacent enfemble , mais celles de difterente elpe- ce , tels que les vagues & les fpermatiques-' peuvent s'entrelacer aulli , & c'eft de cet entrelacement fous les premiers teguments que refulte ce qu'on a appelle la peau de la poire. U eft probable aufli que l'entrelacement des vaifleaux capillaires forme du moins en partie les glandes qui feront d#s ■filtrations & des fecretions de fucs. Ce font ces glandes qui, comme nous l'avons deja dit en 1750, font les pierres des poires. II eft viilble qu'elles feront plus dures, forniees de vaifleaux plus ligneux , & plus compacts , dans les poires caflantes que dans les fondantes. Les glandes doivent s'endurcir aufli & fe petiifier davantage, quand el- les perdent Ieur fontftion de glandes, & qu'elles cefient par conk-quent d'etre toujours humectees d'un noaveau fuc. C'eft de quoi on a un exeru- ple remarquable dans toute l'ceconomie vegetale qui apparticnt an rocher de la poire. Les vaifleaux fpermatiques, apres avoir fait leur arc, vont aboutir a ce rocher qui eft la glande ml fe filtrent & fe preparent les liqueurs dont fe nourrifleat les etamines & les petales. Mais ces etamines & ces petales ne font que des parties paflageres qui periront bientor. Elles periffent, parce que la glande par fa difpoTition particuliere vient a s'engorgejr, a s'obftrucr, & cede de les nourrir. Les fucs qu'elle ne recoit plus refluent dans les vaifleaux fpermatiques, qui n'y pouvant plus rien porter, ne fervent plus qua repandre leur liqueur dans le parenchime de la poire, & ne font que 1 office des vaifleaux vagues. Le rocher devient toujours plus dur, & la poire grofltt plus a proportion qu'elle ne faifoit dans le temps 011 elle n' celle a laquelle tout le refte paroit fubordonne, parce qu'elle aflure la per- pituite de l'efpece, les pepins ou femences de la poire. Ils font logcs deux a deux en cinq capfules vers le milieu de l'axe, & meme de tout le corps du fruit, & il eft a remarqner que les vaifleaux fpermatiques, qui en k tfo A B R t G t D E S MEMOIRES ' — ■ "^^"^courbant chacun en arc, font dc ce milieu une efpece de globe qu'ils en- Botanique, veloppent , onr dix branches plus groffes que les autres , dont cinq rc- pondent afieJ! exactement a ces caplules des pepins , & les cinq autres aex St.nnce 17^1. intervalles qu'elles laiffent entr'elles, de forte que toute la poire divifee felon la poution & dans le fens de ces vailleaux, le fcroit en dix parties egales, tant il y a de fymmetrie cachee dans toute cette ftructure. Mais les vaiffeaux qui fe rapporrent le plus particulierement & le plus viliblement aux. pepins, ce font, comme nous avons dit, les nourriciers. La mechanique des pepins & dc tout ce qui leur appartient, eft audi compliquee & audi enveloppee qu'iinportante par fon ufage. M. du Ha- mel a imite les Phyliciens qui out fuivi avec attention tous les cliange- ments par ou un a?uf de poule palTe de jour en jour, & prefque de mo- ment en moment pour devenir poulet. II a pris un bouton a fruit de poi- rier des 1c mois de Janvier, des qu'il a pu etre reconnu pour bouton a fruit, & a examine toutes les differences qui fe trouvoient dans d'autres boutons toujours plus avances jufqu'a lage de leur perfection. C'eft un detail curieux , mais prefqu'infini ou nous ne pouvons entrer. Au bout de tout cela le plus fin de tout le myftere, la maniere dont fe fait la gene- ration du fruit , echappe. On voit bien naitre peu a pen les parties mafcu- lines de la fleur, lesetamines, les petales, enluite le piftile qui eft la fe- minine, car le fyfteme des deux fexes des plantes eft comir.unement adop- te, on voit leurs enveloppes, leurs appendices, on voit meme une efpecfe de placenta, & l'ou foupconne tout au moins avec affez de fondernent oh font les vaifieaux qui nourriflent toutes ces parties, mais on ne voit point comment h poudiere des etamines va feconder le piftile ou les pepins naifiants qui y font renfermes. M, du Havel doute ii e'eft cette poudiere qui fait la tecondation , ou une liqueur que fes grains peuvent contenir. L'analogie que Ion concoit entre la generation des animaux & celle des plantes ne fe trouve que trop fondee, puilqu'elle fub;iftc meme en ce que le point principal de lime & de l'autre eft egalement inconnu. M. du Hamel croit qu'a la referve d'une tres-petite partie de la fubf- tance du pepin, qui eft le germe d'un poirier, un poirier en petit, tout le refte n'eft fait que pour nourrir ce germe tant que le pepin croit , 8c fc-niuite pour etre le premier aliment de l'arbre naifLnt quand le pepin lera mis en terre. Tout cela eft fort analogue aux ceufs des aniinaux ovi- pares. Ce n'eft pas que M. du Hamel ait pu parvenir a voir ce germe on poirier audi diftinctement qu'on voit celui du poulet dans l'ccuf., . lis il s'eft allure par une experience que prefque toute la fubftance du pepin eft la nourriture de quelque partie, & cette partie ue peut etre ij-i'un germe. II a pris un cerrieau de noix qui n'etoit prefqu'encore que de la glai- re, il la mis a la cave, & au bout d'un temps il l'a trouve preiqu'aufli dur & audi bien form^ que s'il fiit refte a l'arbre. Cette noix naiilante s'ctoit done nourrie d'une fubftance avec laquelle elle etoit enfermee, car il n'y a nulle apparence que l'humidite de la avc eut fufti pour cela, pile ne failoit que prevenir & empecher le dexlecheiueat de cette fubf- tance? DE L'ACAD^MIE ROYALE DES SCIENCES. }6i tance. De meme 1'amande des fruits a noyau , tels que les pcches & lcs MM*^™*MT abricots, croit & fe forme pendant tin certain temps fous^ line cnveloppe Botanique. tresdure & trcs-compaCce, au travers de laquelle des vaiueaux oune peu- vent pafler, ou nc portent guere de nourriture. Les pcpins, les amandes -Annie J~jt. des fruits a noyau lont fi propres a etre une nourriture fine & delicate , que nous en faifons nos emulhons. II fera tres-aiie de difcinguer dans tout ceci les fimples conjectures d'avec les faits obferves qui pourront donner lieu a d'autres conjectures. Pour niettre les Phyficiens en etat ou do conflater c^s faits, ou de les fui- vre plus loin , M. du Hamel les inftruit dc toutes les attention: auxqud- les il a ete oblige , de toutes les adrelTes , des cfpeces de ftratagemes dont il s'eft fervi avec fucces. On peut qudqucfois avoir des rations pour fe re- fcrver des fecrets, mais en general cette conduite nc fent guere le vrai philofophe. Mc V R LES G R E F F E S. [onsieur W Hamel a obferve, que d'un cote la greffe afroiblit Hiftoire. toujours les arbres, les rend moins vigoureux, & de moins dc dmee, 6c que de l'autre elle rend les fruits meilleurs , pourvu qu'il y ait entre lc fujet & la branche greffee un certain rapport. Lcs arbres lailTes dans leur naturel , pcuflent beaucoup en bois, & donnent tard des fruits, qui ordi- nairement fe fentent de leur naturel, fauvage, e'eft-a-dire, qui out beau- coup d'aigreur, d'acrete, de defagrement au gout; mais ces memes arbres grefies ne fe chargent plus tant de bois, & produifent beaucoup plutot des fruits qui font devenus agreables. Les bois & les fruits font deux de- penfes auxqtielles les arbres ne peuvent fuftire egalementen meme temps, l'une prend fur l'autre, & e'eft celle du bois a laquelle ils ont le plus dc dif- polition naturelle. M. du Hamtl rapporte l'exemple affez remarquable d'un poirier qui fe chargeoit beaucoup de fruit, & tres-peu de bois, parce qu'il s'epuifoit en rejets, & que d'aillet.rs un gazon voilin lui deroboit beaucoup de nourri- ture. Lcs rejets coupes, & le gazon arrache, il s'eft mis a poulfer en bois & a ceffe de fe mettre a fruit, tant ces deux productions le font aux de- pens l'une de l'autre. II ne faut done pas grefler les arbres , quand on ne leur demandc que du bois , de la vigueur & de la duree , comme a ceux dont on plante des avenues. M. du Hamel en connoit une d'ormes femelles , non grefRs prefque tous, & beaucoup plus vigoureux que d'autres du meme pays , qui l'ont etc felon la coutume qui s'y eft itaDlie depuis un temps. Mais quand l'intention eft d'avoir des fruits, il faut greffer , ce qui non-feulement les rend meilleurs, mais encore determine la production de 1'arbre a fe tourner de ce cote-la &: non du cote du bois, & par con- fcquent fait naitre des fruits en dIus grands abondance. Comme les buif- fons & les efpaliers font des arbres auxquels on a retranchc dc leur gran- l'oint Vli. x'ame Jrranfoiji. Z z >jfc ABREGEDES M E M O I R E S ideur naturelle, & qui par cette raifon tendent toujours a la reprendre & ~. i . r i .„1« 1„ Ara4a ^rt- 1i rtlnc ltPrpflilt r*» Bo IANI?l)£ii pouffer en bois, ce font ceux auxquels la gretfe eft la plus neceffaire ' pour l'effct qu'on fe propofe. ^«/e »7^z. Ne fera-ce pas un avantage cbnfiderable , fi cet eftet de la grette peut etre augmente? heureufement il pent l'etre felon M. du Hamel par deux moyens. . , , i°. Que l*on reitere la greffe, c'eft-a-dire, que fur une branche quon a deja ereffee fur un fujet, on en greffe une feconde , on donnera a lar- bre qui viendra une efpece de glande de plus, ou fi l'on veut un nceud, dont la fonftion eft, comme nous, taverns dit, de raftiner les fes'iW nouveau vifcere vegetal, qui travaillera a perfeftionner le fruit. Ce neit pourtant pas que cette reiteration de la greffe puttie aller bien loin, il y aura certainement des bornes qui le trouveroient affez tot. -Les lues ie raffineront mieux par la difficultc multipliee des paffages, mas ileft necet- laire enfin qu'ils paffent & meme avec line certaine facihte.... . i°. Comme un arbre tend plus naturellement a pouffer en bois, il hut mettre un obftacle a cette production , en choififfant line greffe qui n ait pas trop de rapport au fujet, par-la on detournera vers les fruits le cours d'une fecondite qui fe feroit portee vers le bois. Le premier moyen paroit plus propre a perfeftionner les fruits , & le fecond a en augmenter la quantite. Tons deux ne iont , & tor-tout le fecond, que pour les arbres qu'on a de la peine a mettre a fruit, les bin - fons & les efpaliers, car pour les pleins- vents ils en portent aliez des quits ont atteint leur crue. II en va de meme des arbres qui portent les fruits a noyau. , , , j„,„ II eft aife de voir quel prodigieux nombre d experiences ces deux moyens demandent pour etre bien verifies. M. du Hamel les a entrepn- fes, & en a deia commence qui promettent un bon fucces , mais elles ne peuvent etre quextremement lentes. En fait de botanique phylique, deux experiences confecutives fur un feu! fujet , ont entr elles une an- na entiere d'intervalle , & combien deux experiences confecutives lont- elles eloignees de foftire >. combien fe multiplient - elles lur dinerents fujets ? , > — : — r- Botanique. Annie :jS3- DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 5*3 — ,^— » mm ■ ■■■» ... - — — ,— -,..—■ — ■ ■ 1 ■ ■ ■ ■ ^■■■■^ ETABLISSEMENT d'uN KOT7VEAU GENRE DB PlANTE* Que nouj nommerons Bicucullata Canadenlis , Radicc Tuberofk Squammata. Par M. Makchan;, JL^ A methode de ranger les plantes , (a) aujourd'hui reconnue pour la meil- Mimuirw. leure & la plus generale pour la plupart des botaniftes modernes, eft la methode qui enlcigne a ranger les plantes par la ftrutfhire de leurs flcursi parce que, outre la connoiiunce parfaite quelle nous donne de la nature des plantes nouvelles, & ci-devant inconnues , elle influe encore fur quantite d'autres plantes, dont plufieurs botaniftes ont parle, mais fur lcfquelles Lis nous ont laifle ou fait naitre des doutes, faute d'avoir ca- ra&erile leur genre, par une exacte defcription de la ftructure de leur fleur. La fumeterre, par excmple, citee dans le traite des plantes dc Cornuti, lous le nom de Fumaria tuberofa infipida , laquelle fait partie du fujet de ce mimoire, eft du nombre de ces plantes que Ton pretcn- doit connoitre-, mais ellc nous a toujours laiffc dans ('incertitude, jufqu'i ce que nous ayons eu un detail bicn circonftancie du caractere de fa fleur, qu'apparemment M. Tournefort n'a pas pu examiner, n'ayant nullemcnt fait mention de cette plantc ■, mais de laquelle il auroit fans doute ct.ibli un genre , s'il en avoit vu la fleur. La fuite des observations & des temps qui amenent toutes chofes a un certain degre de connoiflances, nousayant ct; favorable cette annee , j'ai faiti l'occafion d'examiner cette plante,qui eft venue a fa perfection. La ftructure particuliere de la fleur de notre Bicucullata , la difference de fon fruit, de fa racine, & de leur faveur, juftifieront ce que nous avancons, fuivant la defcription que nous en avons faite d'aprcs nature, ainfi qtion le verra par la l.cture de ce memoire , (a) On nc doit regarder une methode de botanique que comme un diftionnaire oil les plumes font range*es dans un ordre relatif au nombre , a la difpolition , it la figure de certaines de leurs parties. Par ce moyen fi on rencontre une place on retrouve dans les Jivres de methodes, le nom de fon genre &. quelquefois de foaefpece, & on eft a portiie de s'inftruire de tout ce que les botaniftes en out e'erit. Kien n'eft plus utile aux p.-ogres de la botanique que ces methodes , on doit prcferer pour clafier les plantes, les caractercs pofitifs, comme d'avoir certaines parties, de les avoir en tel nombre, a des caractercsplu's inde'termines tels que la forme de ces parties, leur difpolition, &c. Plus on m.liipliera le nombre del parties employees ii carac'te'iil'cr les plantes & A en ranger les genus danj un ordre conftant , plus les methodes feront parfaites , plus I'etude de la botanique le. i facile. On ne peut trop recommander aux amateurs de cette fcience la lecture de 1'ouvra'je de M. Adanfon. L'orthographe finguliere que i'auteur a fuivie , rend malheurcufement cette lecture difficile , it elle eft caufe que l'ouvrage u'a point toute la celebriu qn'il ujente. LL lj 3 commc on l'a cru jufqu'a prefent; mais an contraire , . quelle merite de conftituer un nonveau genre de plante, principalement Annie 1733. a caufe de la ftru&ure particuliere de la fleur. Nous dirons done que notre Bicucullata fait line racine compofee de plufieurs tubercules oblongs , comprimes & entafles les uns fur les autres, en maniere d'ecailles vers le haut de fa racine , plus petits , plus ronds vers le bas , etant tous de figure & de grofleur affez difterentes & irregulieres , polis, luifants fur IeurYur- face, colores d'une teinte couleur de chair, durs & chamus. Ces tuber- cules enfemble compofent un amas de racines environ de la grofleur da pouce, entremelees par le bas de plufieurs autres petites racines fibreufes & chevclues. Toutes ces racines font d'un gout fort amer, acre, & elles echauffent confidcrablemeht la bouche ; le refte de la plante a un peu moirts de fa- veur. D'entre cet amas de tubercules fortent an commencement du mois d'avril, plufieurs feuilles en cotes, dont les queues font longues de cinq a fix pouces, rougeatres, par le bas, tant en dehors qu'en dedans, charnues & aqueufes, fort caflantes, rondes, grofles d'une llgne de diametre, or- dinairement terminees en trois branches, qui forment one maniere de panache, dont chacune eft garnie de cinq feuilles, d'une fiibftance rres- mince, delicate & legere , rangees deux a deux & oppofees, la cinquieme feuille terminant toujours chaque branche , & ces feuilles n'ont point on prefque point de queues. Leur couleur eft verd-pale en-deflus, plus blanchatre , tirant fur le verd de mer en-deflbus, profondement decou- ples en maniere de lanieres, plus ou moins dentelees a leur extremite, & chaque decoupurc eft fouvent inegalement terminee en pointe aigue , ainfi que leurs angles rentrans. Incontinent apres le dcveloppement , & I'epanouiflemcnt des feuilles, parr d'entre les tubercules des racines, line tige qui s'eleve a la hauteur de Ci-x polices on environ, droite, grofle d'une ligne de diametre par fa bafe , peu coloree, ou rougeatre, lifle, luIGi 'e, rondc, un peu anguleufe, d'une fubftance charnue & conime '.. nlpaR-ite. Cette tige porte a fon extremity trois ou quatre fleiirs , & rarement davintage, rangees alternativement, pendantcs en bas, chacune foutenue d'un pedicule court & delie , garni dans le milieu de deux fortes petites feuilles verd-blanchatre F, F, terminees en pointe, kfquelles, a leur ori- gine , embraflent le pedicule qui les foutient. La fleur de cette plante eft d'une figure fingulicre A , efle eft compo- fee de deux feuilles ou petales creux , formes en maniere de capuchons B , B , B, oil cornets , de couleur blanc de 1st, dont la bafe eft terminee en pointe obtnfe. Ces cornets font attaches an bas du piftile de la fleur, du cote de leur ouverture oil echancrure, & la partie inferieure de cha- que cornet fe releve en dehors, & forme une efpece de cuillcron gou- dronne, C, C, C , onde par le bord, teint de couleur jaune-citron. Entre les bords de I'ouverture de chaque cornet font lituees deux petites par- DE L'ACADtfMlE ROYALE DES SCIENCES, y^ ties D, D, et\ facta de feuilles, bizarrement repliecs & chifTbnnces , de ^^m^^^'^mm couleur blanc-jaunatre, lefquelles selevent au-deflus dcs cornets, & vBotanio.uit. cmbrafient le piftile dont ctles couvrent enticrement l'extremite. Au bas de ces fciiilles on voit encore denx autrcs pctites feuilles £, E , blanches, Annit 173$. a-peu-pres en forme de corur, pofecs a la bifurcation dcs cornets, lefquel- les couvrent l'origine des feuilles pliees dont on vient de parler •, ces der- niercs feuilles-ci paroiffant en qiu-lque m.mierc tcnir lieu de calice a la fleur de cette plante , dans le temps qu'elle eft encore en embryon. Lc centre de la fleur eft occupi par un piilile G de couleur verte , renfle par le bas, de la figure d'tin pilier de baluftre, furmonte d'une tete jaunatrc. II eft environne de cjuatre etamines H , blanches trcs fines, lefquelles por- tent des fommets de couleur jaune. Lcs parties de la fleur qu'on vient de decrire erosa, SauammaJzL .1*1 st Jem DE L'ACADEMIE royale DES SCIENCES. 3*7 corps dur , ofleux , ne feroit propre a cette fon&ion que par fa durete •, 5g & du refte il ne le paroit en aucune facon. r> ai ce nelt m 1 un ni 1 autre, ce prumer ne fe perpetuera pas-, & fur cela M. Marchant a ete conduit par l'analogie des animanx, a penfer qu'il Annie IJ3S* pouvoit y avoir en fait d'arbres des mulets , des juraars, des arbres nes d'une conjondtion de tel fauvageon & de tel grelfe , qu'ils fuflent inca- pable de produire leur femblable. On ne connoit point l'origine de ce prunier, & rien ne s'oppofe a la conjecture. M. Marchant a applique des greffes de ce priinLr fur des fauvageons, il en a mis des boutures en terre pendant plulieurs annces confecutives ; rien n'a reufli : voila la fteri- lite bien marquee. Cependant fon amande agerme, & on fera bien atten- tif a obferver les jeunes arbres qui en viennenr. lis decideront la ques- tion, ou peut-etre la rendront encore plus embarraflante. 1 V jlOnsieur le Contr6Ieur-gener.il ayant fait l'honneur a l'Academie de lui demander fi elle jugeoit a propos qu'on lailsat entrer dans le Royaume du quinquina femelle , qui diftere du quinquina ordinaire, en ce qu'il laiilc fur la langue bien moins d'aniertiune , & qu'il eft plus epais, plus Ipongieux, & garni en dedans de filaments ligneux ; la Com- pagnie a repondu qu'on n'avoit reconnu a ce quinquina, par l'ufige me- dicinal , aucune mauvaife qualite dont l'autre fut exempt , mais qu'il etoit feulement beaucoup plus foible; que par-la il perdoit I'avaniage tres-con- fiderable, & ineftimable en pluhturs cas , de pouvoir arreter promptement la fievre-, que fi on le laitl'oit entrer, on n'en verroit plus d'autre, parce qu'il coiiteroit moins ; que dans le plus grand befoin de bon quinquina on le prendroit aifement pour tel , fur-tout quand il feroit en poudre ; Sc qu'enfin en le defendant feverement, on n'en auroit encore que trop, mais toujours beaucoup moins que ti on l'avoit permis. MECHANIQUE. MECHANIQUE. Tomt VII. Partie Fran$oife. Ana o. i MECHANIQUE. Sun LES Toits ou Co MBEES de Ch-irpen te. i A coupe verticale d'un toit fimple & uni eft un triangle ifofcele , : — dont la bafe s'appclle la largeur du toit, & la hauteur, qui eft la perpen- Mecu aniq u n. diculaire tiree du fommet du triangle ou faite fur cette bafe , s'appellc en architecture le poincon. Nous ne donnerons ici ce nom qua cette ■^nnc^ l7?1- perpendiculaire entiere, quoiqu'on le donne quelquefois audi a une ligne Iliitoire. qui n'en eft qu'une partie, & ne va pas jufqu'a la bale du triangle. Les deux cotes egaux du toit ou comble etant pefants , puirqu'outre la charpente des chevrons dont ils font conftruits , ils portent dcs tuiles ou du plomb , & il eft vilible que le toit entier ou le triangle qui le reprefente , a deux tendances , l'une a tomber , l'autre a s'elargir ou a s'ouvrir en tombant; la premiere a une direction verticale, la feconde en a une horifontale. De-la naiffent differentes conlideratio ns fur la conl- truction des toits, & c'eft ce que M. Couplet examine prefentement , en fuivant la vue qu'il a prife d'appliquer plus qu'on n'a fait jufqti'ici a la pratique utile & neceffaire de l'architecture la theorie de la mechanique. On voit du premier coup-d'a:il que les deux cotes egaux d'un toit, ou ceux du triangle qui le reprefente, s'arcboutent fun contre l'autre au faite, & foutiennent nuituellement l'effort que chacun d'eux fait pour tomber. Ainli cet effort etant detruit ou rendu inutile , il ne refte que celui de la pouffee horifontale. On lui oppofe une plate-forme oufabliere audi inebranlable qu'il fe peut, contre laquelle il s'exerce. II tend a pouf- fer horifontalement de dedans en dehors le point fur Icquel s'appuie 1'extremite inferieure du toit. II fuffira de conliderer une moitie du toit ou du triangle. Si par le milieu d'un cote de ce triangle ou fera le centre de gravite de ce cote, on tire une verticale fur la demi-bafe ou demi- largeur du toit , elle y determinera un point qui fcra a une certaine dif- tance du point d'appui de la poulfee horifontale. On trouvera aifement par la theorie des mouvements compoles , qui domine par- tout ici, que cette diftance exprimera l'effort de la pouffee horifontale, tandis que la hauteur du triangle ou le poincon exprimera la pefantcur du demi toit, ce qui donne en lignes , ou grandeurs counties , le rapport de cet effort Si de cette pefanteur. Si le toit etoit brife" ou en manfarde , il faudroit , en fuppofant les deux lignes de la manfarde egales , tirer une droite par le milieu de chi- cune, & par le milieu de cette droite, la verticale ou le trouveroit le centre de gravite du demi toit, & tout le refte demeureroit le mime. Qu'un toit foit plus ou moins cleve, fa largeur etant toujours la mane, Aaa ij 37* ABREGE DES MEMOIRES ■ pu en termcs de l'art, qu'il foit furmonte' ou furlaiffi , la charge que Mec haniqu e. fes chevrons fouftrent par les tuiles dont ils font converts, eft toujours , cg.de , quoique certainement un toit furmonte ait un pins grand poids ■"ti <.e 1731. qV1*il donne a. porter aux chevrons. La raifon de cette efpece de para- doxe eft que quand un plan incline porte un poi s, il ne le porte pas cntier, & que Ja partie qu'il en porte, ou fa charge, eft au poids total, comme la Safe du plan eft h. fa longueur. De-la il fuit que li , la bafe demeurant la meme, la longueur augmente, ce qui arrive ici lorfque le toit eft plus furmonte, la charge des chevrons qui font le plan incline, n'augmentera pas, quoique le poids de ce qui les couvre foit augmente, ou, ce qui revient a la meme chofe , la charge des chevrons demeure egale en elle-meme, quoiqu'elle foit line moindre partie du poids total du toit. En meme temps cette bafe du plan incline des chevrons exprime audi la pouflee horifontale du toit, dont le poincon 011 la hauteur exprime l'errort vertical, & par confequent cette bafe, qui eft la largeur du toit, demeurant la meme tandis que fa hauteur augmentera, ou qu'il fera plus (urmonte, il eft evident que les toits furmontes auront par rapport a. leur h uteur & ^ leur poids, moins de pouflee horifontale, & agiront moins contre leurs fablieres. De-la M. Couplet tire des confluences favorables aux toits roides ou furmontes. lis feront certainement coulcr plus vite les eaux des pluies, & en feront par confequent moins endommages, ils donneront moins de prife & Faction du vent, qui tend toujours ^ les decouvrir, & l'on aura ces avantages, fans que ni la charge des chevrons, ni la pouflee de ces toits en foit plus grande. Ils feront done plus folides , mais il faut avouer qiuls feront mcins agreables a, la vue, comme fi le folide & l'agreable devoient toujours etre en oppofition. Ce qu'il y a de plus important dans la recherche de M. Couplet fur cette matiere, regarde les pannes. Ce font des pieces de bois polees ho- rifontalement le long du demi toit qu'il fuftit de conliderer, & vers fon milieu, de forte que les chevrons qui fe divifent a leur egard en lupe- rienrs & inferieurs s'appuient fur elles chacun par une de leurs extremites. ELlcs doivent s'oppofer a, l'eftort que fait le toit pour perdre fa rectitude & fe flechir , mais le plus fouvent elles s'y oppofent inutilement , & d'au- tant moins qu'elles tendent elles-memes k fe flechir par leur propre poids. Auffi eft-il tres-commun de voir des toits qui fe dementent & fe cour- t-cut, d'oii s'enfuit la mine du fake, & tout ce qu'il eft aife d'imaginer d'inconvenients. On pourroit faire les pannes plus fortes, & d'un plus gros iquarrif- fage, mais ce remede feroit cher, & chargeroit beaucoup le toit-, il y en auroit peut etre encore d'autres que nous omettons pour en venir a celui que propofe M. Couplet. II faut faire en forte que la panne ait peri a travailler, que meme elle ne travaille point du tout, auquel cas on pourroit abfolument sen pafl'er, & ce ne fera plus qu'une furete de furcioit , qui par confequent poiura cue auffi-petite , & couter auffi-peu qu'on voudra. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 573 Cela fe trou vera, fi Ie toit eft compote de deux parties diftinttes qui ~"""**™^^T; foient parfeitemeut en equilibre, e'eft a-dire, tclles que tout l'eflort de ML c HAN1Q D £t rune foit loutenu & contrcbalance par l'autre. Pour cet effet, on voit d'abord qu'il feat que le toit foit brite ou en ■AnnU l"J2l- nianfarde. Deux chevrons du meme demi-toit, 1'un fuperieur, l'autre in- ferieur, qu'on luppofc egaux , s'appuyeront 1'un contre l'autre, a l'endroit oil Ie toit eft brife, & ou fera la panne, qu'on appelle alors panne de brifis. Le chevron fuperieur s'appuie par Ion cxtremite fupericure contre un chevron de l'autre demi-toit, & l'interieur s'appuie par fon extremite interieure contre la fabliere. Dans cet etat les deux chevrons s'arcboutcnt 1'un contre l'autre , & il s'agit de les mettre en equilibre. L 'effort vertical du chevron fuperieur pour tomber, etant foutenu par le chevron de l'autre cote qui en a un pareil , il ne lui refte que l'eflort horilbntal , par lequel il tend a faire tourner le chevron intericur fur fon point d'appui de la labliere, & par contequent a la renverfer de dedans en dehors; cet effort eft horilbntal, & comrae il agit fur ce point fixe de la fabliere, il agit d'autant plus puiiramment qu'il en eft a line plus grande diftance , ce qui fe determine par le lieu oii eft le centre de gravite du chevron a l'egard de ce point fixe. C'eft-la un bras de levier , par lequel il faut multiplier I'effort pour avoir l'energie du chevron fuperieur. D'un autre cote, l'interieur relifte par fa pefanteur a l'effort du fuperieur, il a auffi fon bras de levier par rapport au meme point fixe-, car ton centre de gravite, oil relide toute la force pour relilter, lui donne audi line dift.uice a l'egard de ce point , & par contequent line encrgie de meme nature que l'autre. Apres cela, ce n'eft plus l'affaire que del'aigebre & du calcul, de trouver les expredions des efforts , & de leurs bras de levier , & de prendre les deux energies pour egales , puilqu'elles doivent l'ctre dans le cas de l'equilibre cherche. II eft viiible que la hauteur, & la Urgeui d'un toit qui doit etre brite etant determinees, on pent prendre pour les deux chevrons egaux du de- mi-toit plulieurs chevrons dilferens, toujours egaux deux a deux. Les lignes verticales , tirees de Ieur point de concours lur la bale 011 largeur du toit, tomberont lur difterents points de cette droiie. Mais quand on veut que les deux chevrons foient en equilibre, toute cette indjtermination eft levee, l'equilibre eft quelque chofe d'unique, qui demande que les che- vrons foient d'une certaine longueur, & que la verticale tiree de leur point de concours ne io.nbe que fur tin certain point de la bate. Cela de- termine audi a ce point de concours la place de la panne de brills , foit que ce point loit plus ou moins cleve que le milieu du demi toit. De meme la longueur des chevrons, qui doivent (aire equilibre, etant detcr- minee , la hauteur & la largeur du toit le teront auffi en confluence. ' *74 ABRECi D E S MEMOIRES Mi: ciian i que. Sur uN£ NOUVELLE Machine Annie tJ3%- Pour mefurer la vitejje des eaux courantes. gjfc J /Ans tous les ouvrnges ou Ton employera la force d'une eati cou- rante, comme des moulins, des pompes, &c. dans tons ceux qu'on fera Eour dctourner Ie conrs d'une riviere, on pour la contenir en certaines ornes , dans toutes les diftributions des eaux d'un aqueduc , &c. e'eft une connoiffance effentielle & fondamentale que celle de la viteffe de l'eau, puifque de-la depend toute l'adion de l'agent qu'on met en ceuvre, ou de l'ennemi qu'on veut vaincre. II eft a iouhaiter que cette viteffe foit connue le plus immediatement qu'il fe pourra , & avec le moins de ces fuppolitions qui, a la verite, facilitent le calcul, mais qui font fouvent de- menties par la realite. La methode dont on fe fert ordinairement eft de mettre dans le fil de l'eau, dans l'endroit oil elle va le plus vite, une boule de bois ou decire, & d'obferver en quel temps elle parcourt un certain efpace qui fe recon- noit a quelques marques qu'on a pofees. Cela eft fort hmple & fort natu- rel, mais il sJy trouve plufieurs inconvenients. On ne pent avoir par-li que la viteffe de la furface de l'eau, & pour connoitre la viteffe totale d'une riviere, il faudroit avoir celle du milieu & du fond. II faudroit que le chemin de la boule ftit droit , & fouvent il ne l'eft pas. On n'eft ■ pas fur d'avoir pris le fil ou le courant eft le plus rapide. Quand il l'eft a un certain point, la boule va li vite , qu'il eft trcs-difficile d'avoir jufte le temps qu'elle emploie •, fur-tout li Ton veut mefurer fa viteffe fous l'arche d'un pont, ce qui eft fouvent important , elle paffe trop promptement dans un fi petit efpace. La viteffe de la boule de bois eft moindre que celle de l'eau , parce qu'elle eft diminuee par la reliftance de fair, & celle de la boule de cire, etant moins diminuee par cette caufe, elle fe derobe trop tot a la vue. II eft vrai que plulieurs de ces erreurs ne peuvent etre que fort legeres , mais elles fe multiplieront beaucoup, quand de viteffes trouvees autant en petits que celles-la , on en conclura les viteffes en grand. M. Pitot a trouve une methode exempte de tous ces inconveniens, Si fi fimple, qu'il a eu de la peine a sen croire le premier inventeur. II n'y a pas plus de difticulte, comme il le dit, qua plonger un baton dans l'eau, & a le retirer. La viteffe quelconque d'une eau a ete ou pourroit avoir etc acquife par une chute d'une certaine hauteur, & il eft demontre & connu de tout le monde qu'avec cette viteffe acquife l'eau remontera h line hauteur egale a celle d'oii elle etoit tombee. II ne font done que pre- fenter a une eau courante un tuyau vertical , recourbe horifontalement , & meme evafe en forme d'entonnoir , afin qu'elle y entre plus facilement , elle y entrera, & s'elevera dans le vertical a la meme hauteur d'ou elle auroit dii tomber pour acquerir la Yiteffe qu'elle aura , & dans ce mo- DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 5-5 mcnt, & dans cet endroit-la. Or la hauteur d'une chute, etant connue, ' on fait 011 par le calcul , ou par des tables , qnelle viteffe y repond, e'eft- M ? c UAS1 Q v r. a- dire , combicn de pouccs ou de pieds leronr parcourus dans on temps domic. Aan*e rJ ' ?"~ Nous ne conlldcrerons que le tuyau rccourbe , & nous ne parlerons point des accompagnements qui lui lont neceffaires pour en marquer les degres, pour faire haulier & baiffer ks marques , &c. tout l'elkntiel de la machine eft dans ce tuyau. II ne demande aucune oblcrvation du temps, comme les boulc-s. On eft fur de l'avoir place dans le fil le plus rapide de 1'eau, quand on le voit dans l'endroit oii ellemonte le plus haut. Il n'im- porte plus que ce fil foit tine ligne parfaitement droite. Si ineme, comme il arrive qtielquefois, il vient un petit tourbillon d'eau s'engoufrrer dans l'entonnoir felon la direction de ce yafe , l'cau monte dans le tuyau beau- coup plus qu'elle n'eiit fait, redefcend enluite,& aprcs quelqurs balan- cements fe remet a la hauteur ou naturellement elle devoit etre. Si la vi- teffe du mane fil d'eau varie , on sen appcrcoit auffi-tot. La viteffe de la furface n'eft pas plus ailee a prendre que celle de tout autre endroit, pourvu que le tuyau foit affez long, & li un tuyau de verre ne left p.r. affez pour aller jufqu'au fond d'une eau profonde, on l'alongera par on tu)au de metal bien maftique avec le premier, qui fera la partie infirieure du tuyau total. Si Ton fe fervoit de tuyaux capillaires , I'eau qui, comme on fcait, s'y eleve par la feule railon qu'ils font capillaires, s'y eleveroit trop , & don- neroit une fauffe hauteur. II ne faut done prendre, li Ton peut , que des tuyaux qui ayent plus de 4 ligncs de diametre , car alors ils ceffent d'etre capillaires, mais li on en emploie d'un plus petit diametre, il fera bien aile de favdir par experience jufqu'oii une eau tranquille s'y eleve, & 1'on rctranchera cette elevation de celle qu'une eau courante y prendra. C'eft un grand avantage a la machine de M. Pitot de pouvoic t-gale- ment mefurer toutes les ditterentes viteffes de l'eau depuis fa furface juf- u'a Ion fond, car dela depend la viteffe moyenne, qu'il feroit nectffairc e bien connoitre pour regler jufte de grands travaux qu'on auroit a faire fur le cours d'une riviere. La feule theorie laifferoit bcaucoup d'inceni- tude fur ce fujet. Les eaiix du fond doivent aller plus lentement, parce qu'elles ont des frottements a vaincre, d'un autre cote ellcs doivent aller plus vite, parce qu'elles font pouffees par tout le poids des eaux fuperieu- res; lcqiiel des deux arrivera , ou que rdrultera-t-il du combat des deux principes oppofes ? On ne peut pas le determiner au vrai , & encore moins li Ton fait attention a toutes les varietes dont le fond d'une riviere eft fuf- ceptible. Mais les experiences fiit^s p.ir la machine decident le tout en an moment-, de la lomme de toutes les viteffes qu'elle a donnees, on en ti- rera aulli tot la viteffe moyenne. Ce ne fera que pour la riviere dont il s'agit, mais quelque chofe de general fefoit fort fujet a erreur. M. Pitot fait voir que fon idee pout etre employee a nieluror le ullage d'un vaiffeau, puifque ce Ullage depend entierement de la viteffe, & que Li vitelle du vaiffeau eft la nieme qu; celle dune eau courante lur laquelle 3 i7S ABR-EGEDES ME MOIRES *,:■ _„, .-,.,..-- .| j-erojt immobile. Deux tuyaux dc metal , places !e plus prcs qu'il fc potirra M i c han iqu E. du centre de balancement du vaiffeau , en perceront Ie fo:id pour aller juf- qti'a l'eau de la mer , & il n'y aura rien a craindre de ess ouvertures fi pe- Annte 2J3A- xhes. Dans ces deux tuyaux feront enchaiTes deux tuyaux de verre a la hauteur niceffaire pour les obfervations. L'un fera droit, l'autre recourbe par embis. L'eau dins le premier montera julqu'a fon niveau, dans le fe- cond elle montera de plus a la hauteur que lui donnera la viteffe du vaif- feau, qui devient la fienne propre. La difference des deux elevations fera ce qui appartiendra a la viteffe du vaiffeau. L'ouverture du tuyau recourbe fera toujours tournee dans la direction dc h quill; a la proue, moyen- nant quoi on fera la theme chofe que (i on fe mettoit exactement dans le vrai nl d'une eau courante. Defcription de la machine. MJmoires. ^AB . eft une tringle de bois taillee en forme de prifme triangulaire ; fur le milieu d'une des trois faces de cette tringle on a creufe une rainure ca- pable de loger deux tuyaux de verre blanc •, l'un de ces tuyaux eft combe a angle droit en D, & le bout DE paffe par tin trou fait a la tringle,- La face CD , dans laquelle les tuyaux font loges, eft divifee en pieds & polices. FC IL, eft: une regie mobile de cuivre refendue dans le milieu^ fur prefque toute fa longueur de la quantite de la fomme des diametres des tuyaux enforte quelle ne couvre les tuyaux qua fes extremites & un peu a fon milieu. Un des cotes de cette regie eft: divife en pieds & polices pour les hauteurs des chutes d'eau, & l'autre cote en pieds & polices de viteffe de l'eau relative aux hauteurs, ainfi que nous l'expliquerons bien- tot. EHe eft retenue par des petites plaques de cuivre qui embraffent la tringle , & qui la ferrent au moyen de trois vis K , enforte qu'on peut arreter la regie a telle hauteur qu'on veut de la tringle. A l'egard des mefures ou des dimenlions de la machine-, on pourra prendre la viteffe de l'eau a line profondeur d'autant plus grande que la tringle & les tuyaux feront plus longs, en obfervant d'augmenter la grof- feur ou la force de la tringle a proportion de fa longueur, on lui donnera environ un police { de largeur a chaque face fur une longueur de 6 pieds, & on la fera du bois le plus fort qu'on trouvera. Corarae les plus grandes viteffes des fleuves ne vont guere au-dela de 10 pieds par feconde , il fufrit de donner la regie mobile de cuivre 18 ou 10 pouces de longueur. Le premier tuyau etant recourbe a angle droit, & le fecond etant tout droit, fi Ton met la machine dans une eau dormante, l'eau s'elevera a la hauteur de fon niveau dans les deux tuyaux. Mais dans une eau courante, elle s'elevera dans le premier tuyau a la hauteur relative a la foi'ce du courant, pendant quelle reftera a fon niveau dans le fecond tuyau. Nous ajouterons encore que , pour rendre le niveau de l'eau plus ap- parent DE L'ACAD^MIE ROYALE DES SCIENCES. 57T parent dans les tubes de verre, nous avons pafle un blanc dc cerafe broye — |^*— "^— a l'lniile dans la rainure. Mechaniqve. Rien n'eft plus limple que l'ufage & la maniere de fe fervir de cettc machine. Si Ton veut, par exemple, mefurer la vitefle de I'cau a fa furfa- Annie l J 3s"' ce , on arretcra par le moyen des vis la regie de cuivrc fur la premiere divifion de la tringle, & on prefentera 1'ouverturc du ttiyau rccourbd au courant, alors le niveau de l'eau du lecond tuyau etant fur la premiere divifion de la regie, on verra monter i'eau dans le premier julqu'a une certaine hauteur ; cette hauteur fera marquee en pouces& lignes fur le cote droit de la regie, & on aura les pieds & pouces de vucflc du courant marques fur fon coti gauche. Si on veut avoir la vitefle du courant a un, deux ou trois pieds de profondeur, on arretera (implement la regie mobile fur ces memes divilions de la tringle, & on operera comme ci-defliis. II eft aiie de diriger 1'ouverture du tuyau vls-a vis le fil de l'eau, car en tournant doucement la machine, on verra le point oil l'eau s'elevc le plus dans le premier tuyau. Que li on rourne 1'ouverture du cote oppofe au courant, des qu'on aura pafle la perpendiculaire a fa direction , l'eau reftera a la meme hauteur dans les deHx tuyaux. II arrive aflez fouvent que le courant des eaux dans un meme endroit d'une riviere, varie plus ou moins, c'eft-a-dire, que la vitefle eft tantot plus grande & tantot plus petite , principalement aux endroits oil il y a feu de profondeur d'eau, & ou le fond eft plus raboteux-, alors on voit elevation de l'eau dans le premier tuyau tantot plus grande, tantot plus petite, & dans des balancements prefque continuels. II faut dans ce cas, prendre le milieu entre ces balancements , ou entre la plus grande & la moindre elevation pour avoir la vitefle moyenne. Les vagues caufees par le vent occalionnent audi de ces balancements ', c'eft pourquoi il faut eviter de faire ces experiences lorfqu'il fait beaucoup de vent. On pourra faire, par le moyen de cette machine, un grand nombre d'ob- fervations fur les eaux courantes, utiles & curieufes; pour cor.noitre, par exemple, la vitefle moyenne du total des eaux d'une riviere', pour fa- voir n les augmentations de vitefle font proportionnelles aux accroiflemens des eaux, ou dans quel rapport •, pour voir quel eft la relation entre les volumes d'eau & la quantite des frottements, &c. Tome VII. Panic Franpoi/c. B !> b 378 A B R E G E DES MEMOIRKS Mhciianique. Annie 173Z. Hiiioire. 5 V R L E MOUVEMENT OU LA DEFENSE V E S E A U X. V_^»E qu'on appelle la dtpenfe des eaux, c'eft la quantite d'eau qu'une fource fournit , ou qui fort d'un canal ou d'une conduite en un temps quelconque donne, comme une minute v on fuppofe en ce fecond cas que l'eau forte, non par un ajutage, qui eft un canal retreci, ou l'egalite de l'ecoulement ne fe conferve pas, mais a gueule-bie , c'eft-a-dire, par line onverture egale a celle par oil l'eau eft entree dans la conduite. L'ufage a etabli que Ton divisat la quantite de l'eau en polices cubiques, •& voici comment M. Mariotte avoit determine ce police par des experien- ces. On prefente a line eau qui coule horifontalement & d'une viteffe ^gale une plaque verticale fort mince , percee d'un trou circulaire , dont le diametre a un pouce •, l'eau n'a qu'une ligne delegation au-deffus du bord fupericur de ce cercle, de forte quelle eft fept lignes au-deffus de fori centre-, & M. Mariotte appelle un pouce la quantite d'eau qui fort en line minute par cette ouverture de 1 pouce de diametre. II a trouve que cette quantite ctoit de 1 5 pintes \ mefure de Paris, mais comme il a un peu vane fur ce fujet, M. Couplet croit qt'il eft plus lur de s'en tenir a 1 5 pintes j , conformement a d'anciennes experiences faites par d'autres Academiciens , Meffieurs Roe'mer, Picard, & Couplet le pere. N'y eut-il qu'une plus grande facilite de calcul, elle fuifiroit pour determiner un choix dans une fi petite difference. On appellera done fource de 1 pouce celle qui dans les circonftances pofees donneroit 1 / 1 } pintes \ , ou , ce qui revient au meme, on appellera 1 pouce cette quantite d'eau fournie en 17. On fait combien il y a de ponces cubiques d'eau dans une pinte de Paris, & d'ailleurs le rapport de la pinte au muid etant connu , on faura combien il viendroit de muids, ou de parties de muid en une heure , combien en un joUr, &c. Sur ce principe, & par une funple regie de proportion , il fera tres-aife de voir de combien feroit plus forte ou plus abondanteune fource qui en 1; donneroit plus que 1 pouce d'eau, ou de combien au contraire elle feroit plus foible, li elle en donnoit moins. Celle , par exemple, qui don- neroit 1 pouce d'eau en ill feroit 60 fbis plus forte, ou donneroit 60 fois plus de polices cubiques d'eau. II ne faut done que voir pendant quel temps fe remplira d'eau de la fource ou de la conduite propofee un vaif- feau dont on connoitra exa&ement le nombre de polices cubiques d'eau qui! pent contenir, & qui fera une mefure generate , appellee pour cela 4talon. II feroit plus naturel & plus fimple que l'etalon fut precifement de 1 3 L pintes de Paris. M. Couplet emploie toujours pour la mefure du temps de l'ecoulement le pendule a demi-fecondes. Si l'etalon fe remplit en 110 demi-fecondes, qui font 17, la fource eft done de 1 pouce; s'il fe remplit en 1 demi-fecondc , la fource eft de 120 ponces; ceft-a-dirc, quelle donnera,no polices en U. M. Couplet a conftruit des tables, oil DE L'ACADtfMIE ROYALE DES SCIENCES. i79 il marque la difterente quantite de polices d'eau, qui repondent de demi- — ' lccondc en demi-feconde aux dinerents temps pendant lefquels un mime Me chasm qv f.. etalon fe remplit. A cette occafion M. Couplet fait unc remarque qui ne paroit pas devoir ™irxt trj*. etre oublice. Le pendulc, qui bat les fecondes a Paris, doit etre accourci pour les battre encore dans des climats plus proclies de l*Equatcur, 8c de-la il femble s'enfuivre qu'on ne pourra pas inefurer par-tout avec le meme pendule le temps de l'ecoulement de l'eau. Mais la necefllte d'ac- courcir le pendule en approchant de l'Equateur, vient de ce que la pefan- teur des corps y eft moindre •, or l'ecoulement des eaux eft un enVt de leur pcfanteur , & par co.nfequent la meme caufe etant egalement dimi- miee dans les deux effets, il n'y arrivera point de changement del'im par rapport a 1'autre. Comme la inefure on jauge des eaim fe fait toujours extrcmement en petit avec un etalon, & que par confiquent la moindrc erreur, faite dans cette experience fondamentale , devient considerable par etre beaucoup repetee dans le calcul total , on ne peut apporter trop de foin a l'exa&i- tude & a la precilion de 1'experience-, & pour cela il fiut connoitre la nature & la dirlerente valeur des crreurs ou Ton pent tomber. II eft tres-difficile , £< prefque impoffible , de juger a plus d'une ligne ou une demi ligne pres , li 1'etalon eft plein , & cela tire a confequence lorfqu'il eft, comme a i'ordinaire , d'une figure cubique, car alors la fur- face fuperieure de l'eau qu'il contient eft une grande bafe qui multiplie la ligne ou la demi-ligne douteufe. On previendra cet inconvenient ii en coniervant la meme capacite a 1'etalon, on le rend de figure piramidale li pointue qu'une ligne de hauteur d'eau, de plus ou de moins a fon cxtre- mite fuperieure, ne foit rien par rapport au volume total d'eau. La chute d'une eau un peu rapide dans l'^talon , y caufera des ondula- tions tres-incommodes, que Ton pourroit empecher par des diafragmes, qui les rompront, il faudra feulement avoir egard a la diminution que le volume de ces diafragmes apportera a celui de l'eau. Outre les erreurs fur le plein de 1'etalon, il peut y en avoir, & il y en a prefque necellairement fur le temps pendant lequel il fe remplit, une demi-leconde de plus ou de inoins eft tres-difficile a juger furement. Les erreurs de ces deux efpeccs ont de commun qu'elles tirent d'autant plus a confequence que les fources font plus fortes, ou, comme ditM. Couplet, out plus dcvakur , car il eft evident que le calcul les repete dans une plus grande quantite d'eau. Mais les erreurs fur le temps ont cela de particulier que dans le meme temps d'crreur il s'eft ecoulc unc quantite d'eau plus ou moins grande felon la valeur de la fource. Ainfi la valeur de Li fourcc entre deux fois dans l'expreiTion de leur grandeur, ou, ce qui eft lememe, elles font comme les quarres des valeurs des lourccs, & elles en deviennent plus considerables. Elles font d'autant plus grandes en elles memes , qu'une fource eft pluj rapide, & puifqu'on diminuera fa rapidite en la partageant en plulieurs rameaux, & cela felon la proportion exacte du nombre des r.imeaux, ce Bbb ij ,fc> ABREOi D E S M £ M O I R E S — fera la un moyen de diminuer felon la trtcme proportion les erreurs fur Mechanique le temps. Si Ion s'eft trompe dune demi-feconde fur le temps de lecou- lement d'une fource, & qu'on ne fe trompe que de la mSrae demi-feconde Annie . IJ3Z. fur le temps de l'econlemcnt des deux rameaux egaux, dans leiquels on l'aura partagee", il eft clair que comme chacun de ces rameaux aura employe. £ fon ecoulement un temps double de celui de fa fource, il ne fe trouvera que la meme erreur fur un temps double , & par confequent elle fera deux fois moindre. Elle le feroit trois fois , fi la fource avoit its partagee en trois rameaux, &c. M. Couplet, apres avoir demontre geometriquement cette theorie , en fait voir la parfaite conformite avec fes tables. II vient enfin an point le plus difficile de toute cette matiere , a la di- minution que caufent dans la depenfe des eaux les accidents phyfiques, tels que les frottements de l'eau contre les parois interieures des conduites, les finuofites de ces conduites, l'air qui s'y trouve intercepte. On eft peil jnftruit fur ces fujets, faute d'experiences afl'ez en grand, les conduites courtes ne s'ecartent pas beaucoup des regies ordinaires, & de la theo- rie , les longues s'en ecartent quelquefois prodigieufement. Par bonheur M. Couplet a fait des experiences a Verfailles, oil tout eft a fouhait pour le'grand, mais il s'en faut bien qu'il en ait fait encore affez pour en pou- voir tirer des conclufions un peu generales avec quclque furete. Nous ne ferons que detacher de fes obfervations ou de fes reflexions celles qui pa- roiflent les plus remarquables , & nous n'entrerons nullement dans la def- cription exade qu'il donne des lieux & des conduites, parce quelle n'eft neceffaire que pour le detail. r La regie que les viteffes de l'eau font comme les raclnes quarrees des hauteurs d'ou elle tombe, ou, ce qui eft le meme, des hauteurs de la colonne d'eau dont la charge fait coder l'eau inferieure, eft extremement trompeufe dans les grandes conduites, telles que celles de Verfailles, qui vont quelquefois a plus de 1000 toifes. Si l'on jugeoit par cette regie de la quantite d'eau qui doit venir, il y a tel cas oil l'on trouvcroit 407 polices, au lieu des 10 j qui font venus reellement a M. Couplet, lorfqu'il en a fait l'experience.'C'eft une difference prefque du total. Affez fouvent la quantite d'eau eft 10 ou 30 fois moindre que celle que la regie promettoit. Cette etrange diminution vient des frottements, du moins en grande partie. On voit, & on le devineroit fans experience, que Ieur eftet eft d'autantplus grand, que les conduites font plus longues, les diametres des tuyaux plus petits , les finuofites ou coudes plus frequents , les angles de ces coudes plus aigus, la vitefle de l'eau plus grande, mais on aura bien de la peine a favoir, feulement a-peu-pres, la valeur de chacun de ces principes de diminution , & quels feront les refultats de leurs combi- Baifons differentes. M. Couplet a vu qu'en lachant l'eau a lembouchure d'une conduite, il fepaffoit pies de 10 jours avant qu'il en parut une goutte a fon bout de fortie. Cet accident, fi bizarre en apparence, venoit, felon Implication de M. Couplet, d'un air cantonne dans la partie fuperieure de certains A c B D fe CollJcad.pcvi Franc 7Wn fTT Pl%o Pay 3/8 I J L M g r is** Ml -isri.^tsK'.JV-f i$cuLf> DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 58i coudes de la conduite elevcs fur l'liorifon. Une call qui ft" prefcntoit pour *^M^—M"" "'"" paffer , tcndoit a force cet air dans foil re tranche Aient, & a le pouffer en M lc han i q v i. avant, mais une autre eavi deji paffee avant que l'air fe fut amaflc dans le haut du coude le foutenoit,& fi elle fe trouvoit etrc a la meme hauteur -Annce IJ31. verticale que celle qui tendoit \ pouiicr en avant, il fe failoit un equilibre & un repos que Ton voit bien qui pouvoit durer long-temps. On remedia a cet inconvenient en adouciJJ'ant quelques coudes de la conduite, & en mettant aux angles les plus elevcs des Ventoufes , ou l'air pouvoit le rc- tirer fans noire au cours de l'eau. Apres cela l'cau venoit au bout de 12 heures, prtfcedee de boufFees de vent, de flocons d'air & d'cau, de filets d'eau interrompus , & tout cela prenoit prefque la moitie des j 2 heures d'attente. Par-li on pent juger des eflets de l'air dans les conduites, les cas extremes fufhfent pour mettre fur la voie de tousles autres. M E M O I R E S V R X Jl Teinture d e s Pierres, Par M. D u Fa y, ■ E donnai a I'Academie, en 1728, (a) la maniere de faire penetrerMe'n *^dans le marbre, & dans la plupart des agathes, plulieurs efpeces de couleurs , mais il y en avoit quelques-unes qui me manquoient pour le marbre , & d'autres qui s'employoient avec affez de difhculte , fur-tout Iorfqu'on vouloit faire des traits delicats , 011 des parties blanches rcfervees dans des taches colorees. Je remedierai h ces inconvenients dans ce Me- moire , & je donnerai la maniere de faire une belle couleur bleue que je ne faifois jufqu'i prefent qu'avec 1'effence de thim circulee fur l'efprit volatil de fel ammoniac , ce qui rendoit cette couleur fort chere , & il s'en falloit beaucoup qu'elle ne flit auffi belle que celle que je donne aujourd'hui. II m'avoit audi etc impoffible de faire prendre aucune couleur fur fa cornaline, & je vais donner le moyen d'y former les deffeins les plus de- licats, foit en blanc, & confervant le fond rouge, foit en rouge fur un fond blanc-, c'eft ce qui fait le fecond objet de ce Memoire. Nous avons dit qu'on fe fervoit du fang de dragon pour teindre le marbre en rouge, mais Iorfqu'on le veut employer fur de grands mor- ceaux, comme une table, une cheminee, &c. on trouve quelque difH— (0) L'objet de ce me'moire paroitra peut-etre bien utile aux favants ; mais quand il n'auroit que le merite de de'barrafler le public des pre'tendus iecrets qu'on v revele de I'imponance de leurs auteurs, & de prouver que les favants lavent audi bien que !cs igno- rants le rendre utiles dans les genres les plus frivoles, ce feroit beaucoup, & cela ferviroit du moins a repondce aux reproches qu'on fail li kuvent it la iheorie, d« D'etre bomw S rien. 5Si ABREGE DES MEMOIRES T***^— culte a le tenir dilibus dans l'efprit de vin , il s'amafle en grumeaux, le Mechaniquz. pinceau s'empate, & il devient fort difficile a employer. Pour y reme- dier, il faut pulverifer le fang de dragon, & le mettre dans un mortier Annie IJ^X. d'agathe on de verre; on y verfera un peu d'efprit de vin, le broyant de temps en temps avec le pilon , & remettant de l'efprit de vin a mefure qu'il s'evapore; de cette maniere il s'emploie trcs faciL-ment aveo le pin- ceau , & on peut faire les traits audi dolies qu'on le peat dedrer. Cette facon eft tres-bonne pour faire un rouge fonce, tel qu'il le rencontre foil* vent dans le marbre > mais fi Ton vouloit un rouge beaucoup plus beau, il faudroit mettre dans une cuillere d'argent un peu de lang de dragon pulverife , verfer de l'efprit de vin deffus , & pofer la cuillere fur des charbons allumes •, on prendra enfuite avec le pinceau la partie la plus pure de cette diilblution qui s'eleve contre les parois de la cuillere, & on l'ap- pliquera fur le marbre •, on remettra de nouvel efprit de vin a mefure qu'il s'evapore , & on continuera jufqu'a ce que le fang de dragon ne fourniffe plus de teinture, c'eft une preuve qu'il ne rede plus que la partie terreftre qui ne fert qua rendre la couleur plus obfcure. La gomme gutte s'emploie de racrae avec l'efprit de vin pour le jaune, mais avec plus de facilite , & lorfque l'une & l'autre de ces couleurs font appliquees fur le marbre froid , on porte la piece dans un four de bou- langer, anres que le pain en eft ote, & on l'y laiife jufqu'a ce que les couleurs foient penetrans, ce qui fe connoit par quelque petit morceau de marbre fur lequel on aura mis les memes couleurs , & qu'on retirera de temps en temps pour voir en quel etat elles font. On peut faire avec le fang de dragon un rouge brun , on une couleur fort approchante du marbre ranee , en y melan! un peu de poix noire , on variera ces deux nuances autant qu'on le voudra , en changeant la pro- portion de ces deux matieres} la poix feule diffoute dans l'efprit de vin donnera un jaune-brun, ou une couleur de tabac foncee. Si Ion veut maintenant referver des traits ou des veines blanches dans ces fortes de couleurs, voici la maniere de le faire avec beaucoup de fa- cilite; on prendra du blanc d'Elpagne, ou quelque autre matiere terreufe que Ton dcl.iyera dans de l'eau avec un peu de gomme , & on en mettra avec le pinceau dans tous les endroits que Ton veut conferver blancs , cet enduit empechera la couleur de toucher au marbre , quoiqu'on paffe le pinceau par-deffus, & les parties couvertes de la forte demeureront blanches. On peut encore faire la meme chofe, en collant fur le marbre du papier decoupe fur les parties que Ton veut referver. On trouvera dans mon premier Memoire les couleurs qui fe doivent employer lorfque le marbre vient d'etre tire du four, & qu'il eft encore chaud. Voici maintenant celles qu'il ne faut appliquer que lorfqu'il eft entierement refroidi. Quoique le fang de dragon ue fe diffolve qu'imparfaitement dans l'ef- prit de vin, & que la plus grande panie refte au fond du vaiffeau en efpece de pate , il ne laiife pas de lui donner une couleur rouge affez foncee , cette teinture employee a froid fur le marbre, fait line couleur e DE L'ACAD^MIE ROYALE DES SCIENCES. }8j de chair vif & affez beau •, li le marbre etoit encore un pcu chaud , la ^"^^^ couloir en leroit phis foncee, en forte qu'avec le lang de dragon, 1'onM e c hanio. u i. Eeut avoir routes les nuances de rouge depuis la plus foncee, en y ms- mt, coiiune nous l'avons dit, un pen de poix, jufqu'a la plus claire , en -Amue tyjz. appliquant L\ dilfolution fur le marbre abfolumcnt froid. Plus on voudra que le rouge ait de vivacite, plus il faudra avoir d'attention a choiiir le plus beau lang de dragon •, celui de tons qui fait le rouge le plus ecla- tant eft celui qui eft en larmes, niais il eft difficile d'en trouver, & on fe peut fervir en fa place de celui des Canaries, qui eft beaucoup plus beau que celui que Ton appelle des Iflcs de St. Laurent, & qui eft en- velqppe dans des feuilles de roleau. Cette couleur employee de la forte, ne penetre pas li avant que lorf- que le marbre eft chaud, mais il n'y a rien de moins important, car pourvn que Ton puilTe poncer le marbre , & le polir parfaitement fans enlever la couleur, il eft indifferent qu'elle s'etende plus profondemenr dans le marbre , d'autant phis qu'il eft impoflible de former des veines deliees avec une couleur qui penetre beaucoup , parce qu'elle s'etend ega- lement , & abrcuve le marbre en tous fens ; e'eft ce qui arrive a la cou- leur bleue que j'ai cherchee long-temps, & que je n'aurois peut-etre ja- mais trouvee , li je n'en avois vu entre les mains du lieur Dropfy , mar- brier, qui avoit fait venir de cette competition d'Angleterre , ou cette pratique eft connue de quelques perfonnes. J'ignore fi celle d'Angleterre eft la meme que quelqu'une de celles que je vais decrire ; mais que cela foit ou non , elles y reifemblent fort, & donnent les memes couleurs fur le marbre. Voici de quelle manicre fe fait celle que j'ai trouvee la premiere. Je prends fix parties d'urine & une de chaux ereinte i l'air, je fais bouil- lir le tout dans un matras pendant une heure , & je lailfe enfuite refroidir la liqueur , & precipiter la chaux , je verfe par inclination cette leffive dans un autre vaiffeau pour la conferver; je mets dans un matras un pen de cette lcflive avee du toumefol en poudre a volonte, on voit affez que la couleur fera plus ou moins foncee fuivant la quantite de tournelol, je mets le tout en digeftion pendant quelques heures, & li je veux que la couleur tire un pcu plus fur le pourpre , je la fais bouillir, en forte que je puis varier les nuances de cette couleur en mettant plus ou moins de toumefol , & en le faifant bouillir ou digerer plus ou moins long-temps avec le diffolvant. Je l'ai fait encore d'une autre maniere, en faifant diffoudre le toumefol dans de l'efprit volatil d'urine-, la nuance change de meme fuivant la quantite de toumefol & le temps qu'on le laiffe en digeftion. Quelquc temps apres avoir fait ces experiences, j'ai fait la meme cou- leur encore plus belle, & avec plus de facilite , avec l'orfeille des Cana- ries, qui eft une matiere dun grand u!age dans la teinture; on ne f.it (implement que la delayer dans l'eau & la mettre fur le marbre •, on rend la couleur plus ou moins foncee, en la lailfant phis ou moins de temps fur le marbre, & y en remettant a mefure qu'elle le feche , la coukfcr devicnt j84 ABRlGE DES MiMOIRES "M^"*^^ tres- belle en moins de vingt-quatre henres, & penetre tres-avant. J'ai fait MtcHANiou£.'a meme chofe en diffolvant 1'orfeille dans line leflive de chaux & d'urine, mais il vaut mieux ne faire que la delayer dans l'eau commune , comme Annie ZJJZ. nous venons de Ie dire, parce que cela altere moins la qualite du marbre. Si Ton fe fert de 1'orfeille d'herbe ou des Canaries preparee a l'ordinai- re , c'eft-a-dire, avec la chaux & l'urine, ou quelques autres ingredients femblables, la couleur fera plutot violette que bleue; mais pour avoir un vrai bleu, il faut quelle foit preparee avec du jus de citron , & il n'y a point a craindre que cet acide endommage le marbre, parce qu'il eft entierement emoufie & abforbe , Iorfqu'il a ete travaille avec 1'orfeille aflez long-temps pour la faire venir en couleur. Pour employer cette couleur, il faut que le marbre foit entierement froid; on la met avec le pinceau, mais comme nous venons de remarquer quelle s'etend beaucoup , on ne la peut employer qua faire de grandes veines qui ne font pas bien exact.ement terminees, a moins qu'elles ne touchent immediatement des parties colorees avec le fang de dragon ou la gomme gutte, auquel cas elle s'arrete. On la contient auffi avec la cire, foit coloree, ainli que je l'ai dit dans mon premier memoire, fi l'on veut les veines colorees, foit blanche, li Ton veut que les veines demeurent blanches, ce qui fe pent cxecuter avec affez de precision. Si cette couleur a 1'inconvenient de s'etendre plus qu'on ne veut, elle a deux avantages tres-conliderables ; le premier eft quelle eft d'une grande beaute, & meme au-delius de tout ce qui fe peut rencontrer naturelle- ment dans le marbre •, l'autre eft qu'on peut la pafler fur les veines de rouge; de brun & de jaune fans quelle les endommage, & qu'ainli elle eft extremement facile a employer. II me femble qu'on pourroit foup- conner cette couleur de n'etre pas des plus folides , parce que le tourne- fol & 1'orfeille changent fort vite & paliffent a fair •, cependant j'ai vu des morceaux de marbre teints de la forte depuis plus de deux ans lans qu'ils ajent fouffert aucune alteration fenfible, au lieu que le fafran, le roucou , & quelques autres matieres dont j'ai parle dans mon premier memoire, perdoient en peu de jours une grande partie de leur couleur •, d'oii Ion peut conclure que fi cette teinture n'eft pas auffi folide que le rouge & le jauue, elle we laiflera pas de conferver fort long -temps fa beaute & fon ^clat. Je dois neanmoins faire encore une obfervation , c'eft que cette couleur qui psrnetrc extraordinairement le marbre, & quelquefois de plus d'un ponce, le rend un peu plus tendre 8c plus friable qu'il n'etoit auparavant, lorfqu'on fc fert de la leffive de chaux & d'urine. Cet inconvenient ne rnerite aucune attention , lorfqu'on ne veut faire que des taches ou quel- ques veines bleties : mais (i l'on vouloit teindre toute une table de cette couleur , & la rendrc extremement foncee , en y remettant plulleurs cou- ches , il feroit a craindre qu'on ne la rendit par-la plus facile a^ rompre en la chargeant , car il m'a femble que le marbre que j'avois extremement penetre de cette teinture , fe cafibit plus facilement qu'auparavant : mais il n'en peut jamais rien arwer de mal dans des pieces folides comme des cheminees , DE UjACAD^MIE ROYALE DES SCIENCES. 38c cheminees, ou lorfqu'on ne voudra pas les teindre enticement de cette! couleur, ou lorfqu'on n'employera que 1'orfeiUe (implement diflbute avecMEc i< aniqu e* l'eau commune. J'ai rcmarque audi qu'aprcs avoir retire du four des pieces de marbre ■Annt'e i?$z< On peu grandes, & fort minces, clles fe courboient , ou fe voiloient un tant foit peu, li Ton les laiflbit refroidir pofees contre line muraille, corrt- me on a coutume de les placer, a moins qu'on n'eut l'artention dc les rnettre abfolument de champ, c'eft-a-dire, de leur dooner tres-pert de pied •, cela n'eft point arrive a des tables ordinaires, de quelque grandeur qu'elles fuflent, mais il eft toujours bon d'avertir que cela pent quclquefoi« arriver lorfque les pieces font trcs-minces, & que par confequent il y faufc faire attention. Je ne crois pas qu'il refte rien a delirer fur cette matiere, fi ce n'eft le noir parfait auquel je ne vois pas d'apparence qu'on puifle Jamais parve- nir, par les raifons que j'ai dites en 17x8. A fegard de toutes les autres couleurs, nous les avons maintenant , & fi je ne fuis pas entri dans le de- tail des nuances qui refultent de ces couleurs principales ou matrices , e'eft que I'ltfage l'apprendra en tres-peu de temps a ceux qui voudront fe donner la peine d'y travailler. D'ailieurs l'effet n'eft pas toujours prccifi- ment le meme, il peut varier luivant la durete du marbre, la grofleur oil la fineffe de fon grain, les veines qui s'y peuvent rencontrer, enfin di- verfes autres circonftances qu'il eft impoflible d'examiner fepareinent, & qui jetteroient dans un detail tres-inutile, puifqti'il importe fort peu de donner exa&ement line nuance plutot qii'une autre qui en leroit fort ap- prochante , a moins qu'on n'entreprit de faire des fleurs , des animaux , on d'autres ornemens , ce qui feroit bien plus difficile encore par le defiein que par les couleurs, a caufe que la plupart s'etendent beaucoup, & fe 'terminent trop confufement pour pouvoir en former un deflein dont la delicatefle puifle etre comparee aux ouvrages de marbre de rapport ; ainli cela ne pourroit leur reffembler qu'imparfaitement •, an lieu qu'en ne faifant que des veines, ou des taches femees au hafard , on imitera aiiffi exa&ement que Ton le voudra les marbres les plus precieux & les plus rares. Ceci n'etant qu'une fuite de rnon premier memoire , js dois y renvoyer pour plulieurs circonftances que j'omets athiellement , 8z qui y lout .implement detaillees. Voici maintenant ce que j'ai promis a l'e- gard des Comalines-, je 1'avois cherche fort inutilement, lorfque je tra- vaillois fur la tcinture des pierres fines. & le haJird me l'a fait trouver au moment que j'y penfois le moins. II m'eft tombe plulieurs fois entre les mains des comalines fur lefquel- les il y avoit un mot ou quelques lettres d'une ecriture blanche, & qui refiembloit a de l'email-, j'en ai meme vu line faite depuis tres-peu de temps par le iieur Barrier, l'un de plus habiles ouvriers que nous ayons pour la gravure des pierres, fur laquelle etoit un petit charriot avec trois figures, le tout blanc fur un fond rouge. Cela me parutetre la meme forte d'ouvrage , & j'imaginai que cela pouvoit etre fait de la mime facon que 1'ou emaille les Grenats Syriens, ce qui fe pratique tres communement, Tome VII. Purtie Francoiji. C c c 3Seu plus long-temps, j'entendis quelque petillement qui me fit juger que a pierre ne pouvoit pas foutenir un plus grand degre de chaleur, je la. retirai, & la laiffai refroidir a 1'entree du fourneau pour ne la pas expo- fer fubitement a l'air froid , je trouvai que raon email n'etoit point du tout fondu, & l'ayant jette pour voir quel changement il etoit arrive a la pierre, je trouvai le fond de la gravure blanc, quoique le clump de la pierre fut demeure rouge , je cms que e'etoient les parties les plus fixes de la poudre d'email qui y etoient demeurees attachees , j'en fis une em- preinte avec la cire molle pour enlever cette poudre, mais e'etoit la pierre meme qui etoit blanchie dans les endroits oil l'email avoit touche. Je fus extremement furpris de voir que cet email, fans etre fondu,. cut pu communiquer fa couleur a la pierre. J'effayai de faire la meme chofe fur une cornaline qui n'etoit point gravee, je pofai deffus, de Te- m.iil en poudre fuivant un deffein groffier, &' je la mis fous la moufle de meme que la premiere-, je la retirai au bout de quelques minutes, avant qu'elle fut parvenue a ce degre de chaleur qui avoit occafionne quelques f£liires dans la premiere, & je trouvai que la partie qui avoit ete couverte d'email etoit devenue blanche , le refte etant demeure rouge. Je vis bien qOe ce ne pouvoit pas etre un effet de la couleur de l'email, la chaleur ayant ete trop peu confiderable pour qu'il s'en flit rien detache qui cut pu penetrer la pierre. Je jugeai done que l'email n'avoit fait en cette occa- lion que ce qu'auroit fait toute autre matiere terreufe que Ton eut appli- quee fur la pierre, & qu'il avoit feulement occafionne plus de chaleur dans les endroits qui en avoient ete converts, que le refte de la pierre n'en avoit eprouve par l'air echauffe de i'interieur de la moufle. Je travaill.u en confequence de ce raifonnement , & ayant delaye du blanc d'Efpagne avec un peu d'eau gommee, j'en formai des deffeins fur- une cornaline , je la placai fous la moufle a l'ordinaire , & l'ayant retiree au bout de quelques minutes, je trouvai que tous les endroits qui avoient ete converts etoient blancs , & qu'ainfi je ne m'etois pas trompe dans ma conjecture. J'effayai diverfes autres matiercs terreufes qui me reuffirent DE L'ACAD^MIE ROYALE DES SCIENCES. ?S-r igalement bicn. Je ne fongeai plus alors qu'a en trodver quelqu'inc qui *"^""^ s'employat avec nlus de facilite que lcs autres, & avec l.iquelle on putftj i- chaniq ve. faire des traits aulfi delicats qu'on le pouvoit delirer. Le colcothar ou vi- triol calcine fut ce qui me reiiflit le mieux , il s'cmploye avec la derniere Annie *7.?a. facilite, & on peut former les traits aufli delicats qu'on le juge a propos; il ne faut pas pour cet effet prendre le colchotar ordinaire, parce qu'il eft calcine inegalement , & qu'il le forme quelquefois des grumeaux , mais il faut calciner de la couperofe verte dans un grand creufet large, 8c rcmtier fans ceffe avec une verge de fer, on fpatule , afin qu'il prenne par tout line couleur rouge uniforme , & il faut cefler la calcination avant qu'il noircilfe. Pour l'avoir encore plus net & plus fin , on le delayera avec de l'cau , & 1'ayant un peu agite, on le verfera par inclination, en forte qu'il ne paffera avec l'eau que les parties les plus deliees-, on lauTcra enfuitere- pofer cette eau, & la verfant de notiveau par inclination, ou la filtrant, on trouvera au fond le vitriol calcine, en poudre impalpable, on le fera lecher, & pour s'en fervir,on le delayera dans une coquille avec un peu d'eau gommee. Lorlque je m'etois fervi de matieres plus difticiles h employer , le trait etoit fouvent plus epais en des endroits qu'en d'autres, parce que la ma- tiere ne coulant pas facilement, il etoit prefque impoflible de la rendre par tour de meme hauteur •, je remarquni que ces endroits ou il s'ctoit trouve plus de matiere , etoient , apres avoir hi retires de deflotis la moufle, d'un blanc plus mat que les autres-, cela me fit venir 1'idee d'un travail plus recherche , dans lequel je reconnus qu'un habile ouvrier pour- roit reullir parfaitemenr. Je deffinai avec le colcothar une tete lur une cornaline, & je couvris tout le dedans ou l'intcrieur du trait d'une cou- che de cette meme matiere, la plus egale que je pus, je la laiflai lecher, & je tracai enfuite l'ccil , la narine, la bouche, & les plis d'un voile dont elle etoit coe'ttec , avec la meme matiere , en forte que ces parties en etoient plus chargees que le refte, je trouvai meme ce travail beaucoup plus facile que je ne 1'aurois cm. Je la laillai fecher , & la pl.icai foils la moufle-, I'evenement fut tel que je l'avois prevu, lcs parties qui avoient ete plus chargees de matiere , fe trouverent d'un blanc plus mat que le refte, en forte qu'il ne faut qu'une main habile pour faire un ouvrage de cette nature aufli parfait qu'on le pent delirer. J'ai f.iit la contre-partic de ce meme travail , qui m'a egalemcnt bien milli , e'eft-a-dire , que j'ai convert de colcothar tout le champ do la cor- naline , & qu'avec la pointe d'une aiguille je l'ai enleve , fuivant un def- fein qui eft demeure rouge, tandis que le champ eft devenu blanc a l'or- dinaire. Les ouvrag'S fjits de cette maniere, peuvent etre encore beau- coup plus delicats que lcs autres; car quelque fin que foit le trait que Ton pent faire avec le pinceau , ceux que Ton fait avec la pointe d'une aiguille le font encore plus , & quelque dciies qu'ils foicnt, ils fe diftinguent par- fiitement , & demeurent rouges fur un fond blanc. II eft vrai qu'on ne fieut pas varier les nuances de ce roug* comme nous venons de voir qu'on e peut faire , lorfque le champ demeure rouge , & que les deileins lont Ccc 1 5SS ABRECE DES MEMOIRES ■■SS 1M* — — blancs •, mais il pcut bien fe faire que Ton porte dans la fuite cct ouvrage Mechanique.^ unplushaut degre de perfection, par plufieurs decouvertes que Tillage ne fauroit manquer de faire naitre -, ainli je me contenterai d'avoir indique Anm'e 173Z. la voie qu'il faut fuivre pour y parvenir. II nous refte matntenant a par- ler du choix des pierres qui peuvent etre employees a cette forte de travail. Toutes les cornalines n'y font pas egalement propres; celles qui ont des veines inegalement foncees ne fauroient rthiffir,. parce que les veines les plus colorees blanchiffent plus promptement que les autres , & par confequent rendent le deffcin defeftueux. Les pierres d'un rouge pale ne font pas bien encore, parce qu'elles perdent une partie de lew couleur, etant chauffees •, ainfi il n'y a que les cornalines d'un rouge fonce & egat qui foient propres a ce travail •, ce font celles que Ton nomme commune- ment Cornalines devieille rocke , elles foutiennentla chaleur fans fe caffer, & blanchiffent fort egalement dans les endroits qui font couverts de l'en- duit terreux. J'ai cependant vu quelqnefois des cornalines communes reuffir affez bien, mais ce n'a the qu'apres en avoir effaye un grand nom- bre, dont la plupart fe caffent, & les autres blanchiffent inegalement, all lieu que celles de vieille roche ne font fujettes a auam de ces incon- venients. On jugera aifement que Je ne m'en fuis pas tenu a la feule cornaline pour faire ces fortes d'epreuves, je l'ai effaye fur l'agathe blanche ou cal- cedoine, fur la fardoine, fur l'agathe noire, fans aucun fucces. La calce- doine blanchit a une trcs-petite chaleur, mais egalement par-tout, tant ce qui eft couvert de l'enduit, que ce qui ne left point, il n'y a que les veines qui s'y rencontrent, qui, quoiqu'imperceptibles dans l'etat naturel , y caufent quelque inegalite de couleiu. L'agathe noire fouffre la plus vive chaleur fans changer de couleur. La cornaline blanche, qui eft une pierre fort dure, tranfparente & Iat- teufe , devient affez promptement d'un blanc opaque, elle ioutient long- temps la chaleur fans fe caffer. J'ai vonlu effayer quel effet feroit dans ces circonftances la diffolution d'argent, & j'en ai forme des traits fur la pierre ; ils font devenus jaunes par la calcination. La meme liqueur a fait des la- ches brunes fur la cornaline, en forte qu'ons'en pourroit fervir pour mar- quer des ombres dans l'ouvrage dont nous avons parle-, mais cela feroit d'une execution difficile, parce que cette couleur s'etend un peu, & qu'on n en pent pas former des traits a beaucoup pres auffi delies que ceux que Ton pent faire avec le colcothar. Les autres agathes , jafpes ou pierres dures que fai effayees , n'ont pris aucune couleur , ou font prife egalement par-tout, en forte que celles dont je viens de parler , font les feules dont on fe puiffe fervir pour cette forte de travail. Je ffai pas cru qu'il fiit neceffaire de pouffer plus loin cette decouverte-, premierement, parce que cet objet n'eft qu'une llmple curiolite, qui n'aura plus aucun merite des qu'elle fera connue. Secondement, il auroit fallu un grand nombre d'experiences pour porter ce travail a fa perfeclion , & le premier ouvrier qui voudra s'en dormer la peine, y parviendra peut- DE L'ACAD^MIE ROYALE DES SCIENCES. j8<> £tre avec plus de facilite que moi. Enfin j'en ai dit aftez pour detrompcr, mmmm fSSS B£ — * ou du moins pour jetter dans le foupcon ceux qui n'ayant aucune con- iu noiffancc de cctte pratique, pourroient prendre pour natureJs des accidents C ■ ' ' L ■ ' qu'il eft tres- facile de former fur la plupart des pierres dures, coinme on Aiin{; 1732.. le voit, taut dans mon premier mcmoire que dans celui-ci. A 1'egard de la teinture des marbres , l'objet en eft plus important ; il fe trouve fouvcnt des taches blanches difformes dans les marbres les plu» prccieux, on peut colorer ces taches dans le goilt du rcfte du marbre, & remedier par-la a un inconvenient trcs-ordinairc, & trcs-defagreable. On peut auffi avec le marbre blanc imiter dans la derniere perfection les marbres les plus rares. On m'objedera que le marbre blanc lui-meme n'cft pas commun, & qu'ainli ces fortes de marbres feront toujours chers; mais li le marbre d'un blanc parfait , fans veines & fans taches eft rare il n'en eft pas de meme de cehii qui eft d'un blanc fale, tache de jaune , ou qui a quelque autre defaut, il ne sen rencontre que trop fouvcnt, & on ne fait a quel ufagc employer cette forte de marbre : nous avons main- tenant le moyen de nous lervir de ces marbres defeclrueux , qui font en- core plus propres a etre colores que ceux qui feroicnt d'un blanc parfait, parce que les veines ou les taches qui s'y rencontrent naturellcment font de nouveaux accidents qui peuvent determiner la facon de placer les cou- leurs, & qui caufent dans les nuances une variete qui ne peut etre qu'a- greable, & contribuer a une imitation plus parfaite du marbre colore naturellement. Sur la figure des dents des roues , &' des ailes des pignons , pour rendre les horloges plus parfaites. D Par M. Camus, FE toutes les figures qu'on peut donner airx dents des roues & Annfe xj^. des pignons d'une horloge, celle qui tend a la faire marcher avec une MAneires. force & une vitefle uniforme, & qui fait que les pieces font toujours les unes fur les autres des efforts egaux, doit etre regardee comme la meilleure. Cette egnlite de force eft non-feulement necefiaire pour faire mouvoir une horloge uniformement , mais encore pour la faire mouvoir avec la moindre puitTance motrice qu'il eft pofJIble. Une machine qui ne va pas avec line force toujours uniforme, o« dont les pieces agilfent les unes fur les autres avec des forces tantbt plus grandes & tan tot plus petites, a befoin pour aller, qu'on lui donne totitss la puiftance motrice qui lui eft neccflaire dans la htuation la plus dela- vantageufe de fes pieces, enforte que la puitfance motrice qui pourroit Li faire marcher dans une iitU3tion moyenne entre la plus avanrageufe & la moins avantageufe > ne fuifiroit pas pour la faire toujours aller. Urie machine all contraire dont la force eft toujours uniforme, e'eft- 59o A B R E G E" DES MEMOIRES — — ^-rtii-c ou lcs pieces font toujours les unes Tar les antres des impreflions M e«alement avantageufes , pourra toujours marcher avec la puiflance motrice Mi; CMANIQUE-m0yenne qUi ne pouvoit point faire aller la premiere. Ahnic 1713- M. de la Hire examinant la courbure qu'il faut donner aux dents des roues pour qu'elles meuvent un pignon avec une viteffe toujours egale h celle qu'elles ont elles-memes , a demontre dans Ton Traite des Epicy- clo ides & de leur ufage dans les Mechaniques , qu'une dent de roue de- voit avoir la figure d'une epicycloide engendree par un point de la cir- conference du pignon , qui rouleroit fur la circonference convexe de la roue •, mais cette epicycloide n'a lieu que quand le pignon eft une lan- terne dont les fufeaux font infiniment delies. Quoique l'epicyclo'ide dont je viens de parler ne foit point propre pour mener uniformement une lanterne dont les fufeaux auroient un dia- metre finrl , M. de la Hire s'en fert comme de bafe pour avoir la courbe qui doit produire la force uniforme qu'il cherche. Quand M. de la Hire a conftruit l'epicycloide qui doit mener la lan- terne dont les fufeaux feroient infiniment delies, il lui tire en dedans une parallele a la diftance du rayon du fnfeau qn'il fuppofe cylindrique. Comme cette parallele qui rogne l'epicycloide d'une quantite egale an rayon du fitfeau doit mener le fufeau-cylindrique par fa circonference , l'epicyclo'ide repond toujours au centre du fufeau , enforte que la paral- lele a l'epicycloide mene la lanterne par la circonference de fon fufeau , comme l'epicyclo'ide la meneroit par le centre du meme fufeau , ou par un fufeau infiniment delie ; d'ou il fiut que cette epicyclo ide rognee mene toujours la lanterne avec une force uniforme. M. de la Hire fe fert encore de l'epicyclo'ide propre a mener une lanterne a fufeaux infiniment delies pour conftruire les courbcs propres i mener un pignon dont les ailes ont des faces droites comme dans les ouvrages ordinaires d'Horlogerie , mais fa conftrudtion eft beaucoup plus compofee que celle de la courbe qui doit mener une lanterne a fufeaux cylindriques, elle paroit meme fujette a plulieurs inconvdniens. i°. On ne connoit point la nature de la courbe ainfi tracee par le moyen de l'epicycloide. 2°. On ne fait point par quels endroits la dent de la roue mene l'aile du pignon, ni par confequent le point oil la dent abandonne l'aile. 5°. On ne connoit pas facilement de combien la roue engrene dans fon pignon , ni par confequent le rapport qu'il y a entre le diametre de la roue Sc celui du pignon. Du moins ces trois chofes ne fe peuvent connoitre que graphiquement, de meme que la courbe de la dent qu'il faut tracer avant routes chofes. M. le Camus a done cru qu'une folution directe de ce probleme pour- roit etre utile , & il le rdfout dans les trois hypothefes fuivantes. Dans la premiere , la rencontre de la roue avec l'aile du pignon fe fait avant que le point de rencontre foit dans la direction des centres de la roue & du pignon , & cefle lorfque ce point arrive a cette direction. DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. i9l Dans la fecondc, la roue ne commence ;"i mencr le pignon, que lorfque le point de rencontre, fe trouve dans la direction des centres. Mechanic) ue Dans la troilieme , la rencontre fe fait avant cette ligne des centres , & continue encore apres. Anntc 1J33> On cherche ici a ia fois la figure de l'ailc & cclle de la dent. Dans la premiere hypothefe , l'aile & la dent doivent etre deux epicy- clo'ides. Celle de la dent decrite fur la furface concave de la roue; cclle de l'aile fur la circonfcrence convexe du pignon •, & le ecrele roulant eft le meme pour totites deux. Dans la fecondc hypothefe, l'aile & la dent feront auffi deux epicy- cloides •, mais l'epicycloide de la dent fera ici decrite fur la convexite de la circonference de la roue , & celle de l'aile fur line autre concavite de la circonference du pignon ; d'oii il fuit que la face de la dent pourra etre plane dans la premiere hypothefe, & la face de l'aile pourra etre plane dans la fecondc. Dans la troifieme hypothefe , la dent & l'aile feront composes chacune de deux epicycloides dirlerentes, chacune delquelles fera determinee comme pour la premiere hypothefe &' l'autre comme pour la feconde. Quoiqne lc pignon puille etre mene par line roue de trois facons diffe- rentes, ces trois manieres ne font pas egalement avantageufes. Quand une dent de roue rencontre une aile de pignon avant la ligne des centres, pour la conduire jufqu'a cette ligne, ou au-dela, Ia dent & „ l'aile engrenent de plus en plus i mefure qu'elles approchent de la ligne- des centres, ce qui a deux inconvenients. Premiercment, la machine fe falit plus vite, parce que toutes les or- dures font pouffees par la roue vers le fond du pignon , ce qui n'arrive point quand la dent rencontre l'aile apres la ligne des centres. Secondement , la dent & l'aile ont un frottement renrrant qui les fait arcbouter , plus ou moms , l'une contre l'autre , fuivant que le frottement eft rude ; & ce frottement doit etre d'autant plus rude, que toutes les or- dures font pouffees vers le fond du pignon , & qu'il ne s'en perd point. Ces deux inconvenients qui fe trouvent dans la conduite de l'aile par la dent avant Ia ligne des centres, font affez conliderables pour faire re- jetter cette conduite , quand on pent faire autrement. Quand la dent de la roue ne rencontre pas l'aile du pignon avant la ligne des centres, e'eft-a-dire, que Ia dent ne conduit l'aile qu'apres la ligne des centres, on a les deux avantages oppofes aux inconvenients qui accompagnent la conduite avant la ligne des centres, i°. les ordures ne reftent point dans le pignon , la dent les en retire; i". le frottement n'e fe flit qu'en fortant , & il n'y a point par confequent d'arcboutement de la roue contre le pignon : il y a meme un troiheme avantage, e'eft que l'engrenage eft plus cotitiderable, & par confequent moins fujet a fe per- dre •, mais ce dernier avantage devient fo ivent un inconvenient, quand le pignon a trop peu d'ailes, il en eft meme toujours un dans le pignon de 8 ou 9, & au-deffous. L'inconvenient du grand engrenage dans les pignons de 8 ou p, an- 39z abr£g£desmemoires — — — ^— ^ deffoiis, eft, que la roue ne fauroit engrener dans fon pignon , & que I* MecUanique macn'ne »e fauroit par confeqiient aller. La methode de faire mener l'aile par la dent en partie avant la ligne Annie 1733. des centres, & en partie apres cette ligne, doit avoir neceffairement les inconvenients de la methode ou l'aile eft menee avant la ligne des centres-, mais les inconvenients n'y font pas d.confiderablcs, lorfque la dent menant l'aile en partie avant, & en partie apres la ligne des centres, elle prend l'aile plus pres de cette ligne , que fi elle la conduifoit entierement avant la ligne des centres 5 ce qui fait que la dent & l'aile rentrent moins 1'une dans l'autre, rentrent plus parallelement , & rendent par confeqiient l'arc- boutement moins confiderable. Comme de toutes les figures conftruites a la lime , la plane & la droite eft la plus facile a executer & a reconnoitre, il femble qu'on la doit preferer aux autres dans ITiorlogerie , quand les pieces la peuvent recevoir-, & com- me l'aile du pignon la peut recevoir en partie quand elle eft menee avant & apres la ligne des centres ,& quelle peut etre entierement droite quand elle n'eft menee qu'aprcs la ligne des centres, la methode de faire con- duire l'aile uniquement apres la ligne des centres a encore l'avantage de permettre a l'aile d'etre droite. Mais audi il arrive fouvent que la roue ne fauroit engrener dans cette conduite , mais on trouvera facilement dans chaque cas fi cette inconvenient a lieu ou non. < Sur les charrois des tratneaux & le tirage des chevaux. JL/A mechanique qui ne s'eft d'abord appliquee qu'aux arts les plus communs , & par-la les plus vils en apparence , s'eft dans ces derniers temps elevee jufqu'aux mouvements des corps celeftes , mais comme elle ne la fait qu'en s'appuyant toujours fur les memes. principes , elle ne doit pas dedaigner fes premieres foncttons , plus utiles peut-etre , quoique moins nobles , ni croire au deffous d'elle de coniiderer des charrettes , & de pa- reilles voitures, apres avoir conlidere les pefanteurs mutuelles des corps celeftes entre eux. Pour faire tourner & avancer une roue fur un terrain fuppofe horifon- tal & uni, il faut que tandis qu'un des rayons de la roue eft pofe verti- calement fur ce terrain , ou il eft attache par tout fon poids , une puif- fance appliqule au centre de la roue, oil eft l'extremite fuperieure de ce rayon , la tire a elle de facon que l'extremite inferieure fe detache du point du terrain qui etoit le point d'appui du rayon. Si la puiffance tire obli- qucment, ce qui eftle cas general, la perpendiculaire tiree du point d'ap- pui fur cette direction oblique, fera , comme on fait, la diftance de Tac- tion de la puiffance au point d'appui, ou le bras de levier par leqtiel elle agira, & plus ce bras fera long, plus elle agira avantageufement. Afin que pour une direction oblique ce bras de levier foit le plus long qu'il eft poffible , il faut , le point d'appui etant concu au fommet d'un angle for- me par une horiibntale & une verticals , & la direction oblique etant l'hi- potenufe DE L'ACAD^MIE ROYALE DES SCIENCES. 39; potenufe de cct angle droit, que cette hipotenufe faffe, avec chacun des ^^™ M*^MMM^ deux autrcs cotes , un angle de 4^ , car alors il eft demontre que la per- M e c iian i»i;t, pendiculaire , tiree do fommet de Tangle droit fur cette hipotenufe, fcra plus grande que toute autre perpendiculaire tiree fur la meme hipotenufe Annie J733. autrement pofee. 11 eft trcs-aite de sen convaincre, meme a l'ccil. La direction de la puiilance etant klon cette hipotenufe fuppofee , il eft bien certain qu'il n'y a qu'une moitie de fon effort employee a tirer la roue horifontalement , & que l'autre moitie left cu a porter line panic du poids de la roue , & a la loulcver , li la puiflance agit de bas en haut, ou a preffer cette roue contre le terrain , & a 1'y appliquer plus quelle ne l'etoit deji par fon poids, li la puiffance agit de haut en bas. Le levier eft Je plus avantageux qu'il fe puiffe pour produire un mouvement compofc de l'horifontal , & de Tun oude l'autre de ces deux verticaux •, ni.iisqu.ind on vcut faire rouler une roue , on ne veut que la faire rouler, e'eft-a-dire, lui donner un mouvement horilontal , qui ne couteroit abfolument rien , fi le terrain etoit parfaitement uni, & qui ne demande de la force qu'i caufe des inegalites de ce terrain , & des frottements qu'il faut vaincre. On eft bien eloigne de chercher a foutenirune partie du poids de la roue, ou a 1'appliquer davantagc contre le plan. II ne faut done pas que la direction de la puiffance foit oblique au plan , mais parallele , & comnie alors cette puiffance agit toujours perpendiculairement au rayon vertical a l'extremite fuperieure duquel elle eft appliquee , ce rayon eft fon levier naturel & ueceffaire. Un cheval tire par fon poitrail , & puifqu'il doit tirer parallelemerrt au ter- rain horifontal, ('elevation de ce poitrail fur le terrain doit etre aufll celle du centre de la roue , ou la longueur des rayons , & celle du levier de la puiffance. De-la il fuit que tout'le refte etant egal, le cheval le plus haut eft le meilleur, il permettra que la roue ait un plus grand rayon, (1 on la regie fur lui , & il fe donnera a lui meme un plus grand levier. II ne s'agit ici que des voitures , qui n'ont que deux roues egales , comme les char- rcttes. Si la charrette rencontre en fon chemin quelque eminence d'une cer- taine hauteur verticale , pardeffus laquelle elle doive paffer, la puiifauce des chevaux, qui auroit fum" pour faire avancer la charrette horifontale- ment , ne fuffira plus pour lui faire furmonter cette eminence , & M. Coupbc determine geometriquement qu'elle doit etre en ce cas la la puiilance agif- fjnte toujours lelon une direction horifontale. Cela fe trouve aifement par le rapport des leviers, dontl'un eft celui de la charge totale de la charrette, l'autre celui de la puiflance, tons deirx ayant pour appui le point le plus eleve de Imminence , & etant fuppofes en equilibre. II eft certain que fans ce calcul geomctrique , un effort d'un moment qu'on feroit faire aux chevaux, vaincroit ailement an obfucle ordinaire, mais il eft bon de connoitre precifement & a toute rigueur de quelle force on auroit befoin. LV.f.ige commun eft que le centre de la roue ioit un pai plus bas que le poitrail du cheval, moyennant quoi le tirage, qui ne perd guere de fon parallelifme au terrain, gignc pourtant affez de direction Tome VII. Partie Franco ij'e. Ddd ,94 ABREGE DES MEMOIRES ' vertkale pour foutenir & foulever l.i charge de la charrette autant qvi'il eft j^ECHAN1Qurneceffaire a la rencontre des obfhcles inediocres. Quelqutfois pour tranfporter plus iurement des chofes qui feroient per- Anntc iJ33- dues, ou fort endomrnagees , fi une charrette venoit a verier, on les met fur un tralneau , quoique ce foit une voiture moins avantageufe en qualite de machine , car elle prefente aux frottements une furface fans comparai- £on plus grande , & il ne s'y trouve aucun levier en faveur de la puuTance motrice. A !ors le cheval ne peut plus tirer parallelement au terrain , il tire de bas en halt felon une direction oblique, dans laquelle entrc neceffai- rement du vertical , & par confequent il foutient une partie de la charge du traineau , mais audi comme il le fouleve d'autant , il en diminue le frotternent centre le terrain. Ce qu'il y a de vertical dans cette direction oblique, eft d'autant plus grand que le traineau a fa furface fnperieure plus clevee au-defl'us du terrain , & que les traits du cheval font plus courts , car ils en npprochent plus d'etre verticaux. Si les traits etoient infiniment longs, le tirage deviendroit parallele au terrain, & le cheval ne porteroit plus rien de la charge du traineau. Ann qu'il n'en porte qu'une certaine quantite , ou en general un certain poids, il faut done une certaine longueur de traits, & M. Couplet la de- termine par une formule algebrique , tout le refte etant fuppofe connu, ou donne. Nous ne parlons ici que d'un cheval , parce qu ft n'y en a qu'un dont les traits ioicnt obliques a l'horifon , ou au terrain. C'eft le der- nier de la volee , ou le plus proche du traineau , les autres, quand il y en a, tirent parallelement a l'horifon, & ne font que fortifier ce qu'il y a d'horifontal dans la direction du cheval de volee, & fe joindre a lui a cet egard. Qnand M. Couplet eft arrive" par fes raifonnements a des formules alge- briques , il les realife , pour ainli dire , par des exemples qu'il donne ert grandeurs connues & ufitees. Si Ton veut ijue le cheval de volee , aide de dix autres , ne foit charge que de 500 livres , ce qui eft une charge moyen- ne, il fe trouvera aufli tot que la longueur de fes traits doit etre d'un peu plus de vingt pieds. On changeroit la traction oblique du traineau en parallele , ft on le fat- foit tirer par l'extremite fuperieure d'une efpece de mat, dont la hauteur feroit egale a celle du poitrail des chevaux , mais ce feroit la un levier aflez long par lequel agiroit tout ce qui pourroit tendre a faire verfer It traineau, & rien ne feroit plus contraire a l'intention que Ton a que le- tranfport foit plus fur. M. Couplet a joint a cette theorie plufieurs remarques pratiques que nous croyons ne devoir point pafler fous filence. On conlidere, ditil, la charge entiere de la charrette, comme portee fur une feule roue •, cependant comme elle eft portee fur deux roues dans ces fortes de voitures, & que par confequent chaque roue ne porte que la moitie de la charge totale, chaque roue pourra done furmonter au moins deux fois plus facilement les obftacles qui fe prefenteront, fur-tout en profitant de la longueur des lknons que l'on pourra employer, comme levier pour DE L'ACADtfMIE ROYALE DES SCIENCES. ?<,5 rabattrc de cote & d'autre, ce qui fe fait en calant une roue pour l'ern-^BB pecher de reculer, dans lc temps que l'autrc furtnonte l'obftacle , apres Mechavi ou e quoi ayant acorc ou cale la roue montee, pour l'empecher de redefeendre, Ton fait monter l'autre roue a fon tour , en rabattant les limons fur la Annie IJ32- roue la premiere montee, ce qui facilitc beaucoup-, en forte qu'avec deux chevaux, Ton peut par ce moyen furnionter des obftacles que le double de chevaux ne furmonteroit qu'a peine, en faifant leur tirage direct. Si Ton fe fervoit de charriots , les roues fatigueroient de moitie' moins que celles des charrettes-, & les chevaux du timon fatigueroient beaucoup moins que les limoniers des charrettes. II faut encore remarquer que des roues qui ne font point rondes, font le memc eftet que des eminences qu'il faudroit monter; car les roues n'etant point rondes, la voiture & la charge font obligees de s clever, comme elles s'eleveroient en montant tine eminence. Le defaut de rondeur aux roues , caufe encore im defavantage , qui efl que fouvent la voiture & (ti rcmes trouvent moins de reliftance a glider qu'^ s'elever, lorfque le plus grand rayon de la roue approche du fol. L'effieu meme monte dans fon moyen plus qu'a l'ordinaire , & retombe brufquement lorfque la reliftance de la voiture diminue confiderablcment , & cette chute, jointe a la vacillation de l'effieu dans fon moyen, caufd louvent la rupture de l'effieu ou des rones , & meme de tons les deux eniemble. Si Ion tenoit les rones des voitures d'un rayon plus grand que la hau^ teur du poitrail du limonier, pour lors les fardeaux dont la charrette fe- roit chargee, feroient un plan incline, & par confequent tendroient & feroient effort pour glifler & charger le limonier, & glifleroient reelle- ment, li on ne les aflujettiflbit fortement avec des cordages ou des chaines: miis ces cordages tou jours tendus & forces, romproient bientot, & h charge gliflant inopinement ecraferoit le limonier , fur- tout dans les defcentes. Dans les traineaur, les traits les plus longs font ceux qui foulagent da- vantage le dernier cheval de volee •, de la charge que les chevaux de la volee entiere lui feroient fouffrir. De meme, les limons les plus longs font les plus avantageux pour le foulagement du limonier : mais de (i longs limons ne pen vent avoir lieu dans la piupart des lieux habites ou~ le toilr- nant & la largeur des rues leur donnent des bornes abfolues. Les moyeux doivent etre fort longs pour empechcr que la rone ne ba- lotte fur fon effieu ; mais cette longueur f.iit encore que les moyeux & l'effieu s'ufent moins, puifque le frottemcnt fe fait fentir fur une plus grande furface. II convient encore que les moyeux foient fort epais , parce que la faillie de fes raies en devient d'autant plus conrte, & par confequent plus rcnforcce. Une attention qui eft encore neceflaire, eft que Its femelles dans lefquelles s'encafhe l'effieu , foient fort epailTes , parce que la roue ou l'effieu fe caffant , ces femelles ferviront d'appui au corps dc la charrette, & garamiront les jambes du limonier, qui pour- roient fe trouver deffous les limons dans cet accident. Ddd ij i96 . A B R E G £ DES MEMOIRES ■ II faut donncr aux roues line forme conique , le fommet du cone etant Mechanique. du c°t(^ de 'a voiture. Cette conftruclion a plulieurs avantages. 1°. Ces roues qui dans les carroffes & dans les chaifes roulent ordi- Annle ij 33. nairement avec viteffe , ont par leur forme conique, ( dont comme nous l'avons deja dit, le fommet eft du cote de la caiffe) l'avantage par leur direction de Jeter leurs eclabouffure plutot en dehors que du cote de la caiffe, 20. Cette forme de roue permet par fa faillie en dehors, que la caifle fpit renfiee vers le liege -, ce qui donne a ces voitures line commodite tres-ccnfiderable. 3°. Cette mime forme de roue permet a la caiffe les mouvements in- difpenfables qu'elle a fur les cotes par fes ofcillations, occationnes tant par fes f ufpenlions ordinaires , que par les inegalites des chemins , fans pour cela rencontrer la roue , qui dans fa partie fuperieure deverfe en dehors Iiour l'evitcr & lui donner le champ neceffaire a fes balancements, dans e temps mime que la raie inferieure qui fert de point d'appui , fe trouve verticale au fol qu'elle parcourt , & cela au moyen du cambre que Ton donne a la partie de Teuieu qui occupe le moyeu. 4°. Cette roue de figure conique eft felon le mechanifme qui eft em- ploye dans fa conftru&ion , beaucoup plus folide ; c'eft-a-dire , beaucoup mpins facile a chinger de figure, & par confequent beaucoup moins fa- cile a rompre que fi elle etoit dune figure plane ( qui eft celle de toutes la plus facile a plier), parce que fes raies font tous autant de refforts oc- cupes mutuellement a la confervation de cette figure conique qu'on lui a donnee , & a laquelle on l'a affujettie , tant par l'union des jantes en forme circulaire, que par la bande qui renferme & contient le total dans fa premiere forme ; ce qui n'arrive point dans la figure plane , ou une partie pent ceder fans que l'autre s'y oppofe, au-lieu que dans la figure conique lorfqu'un raie eft force, tous les autres le font a la fois, puif- qu'une partie quelconque de cette roue conique, ne peut changer de place que toutes les autres n'en foient , pour ainfi dire , averties & ne s'y op- pofent , puifqu'il fe trouve entr'elles une parfahe adheiion & une muruelle correfpondance , pour conferver cette forme conique. Cette faillie en dehors, demanderoit a ces roues une plus grande voie que li elles etoient planes ; mais cette faillie fe trouve rachetee par le moyeu qui eft incline fur le fol , de la meme quantite que cette laillie cherche a s'en ecarter , & qu'elle eft inclinee du cote oppofe a la caiffe ; en forte que tout conlidere, il me paroit que cette forme eft la plus avan- tageufe que l'on puiffe donner aux roues, fur-tout appliquees aux car- roffes & aux chaifes, & qu'il convient de conferver aux moyeux'le plus de groffeur & de longueur qu'il fera poffible, fans cependant devenir trop difgracieux. DE L'ACAD^MIE ROYALE DES SCIENCES. ii>7 M L C HAN I Q 0 I. Sl/R IA DEFENSE DES EAUX. m t -— Annie 1 71$. J L eft evident qu'on ne peut abfolument mefurer la depenfe des eaux , Hiftoire. e'eft-a-dire, la quantite d'eau qui fort par line ouverture dans un certain temps, (ans connoitre non-fculement la grandeur de cette ouverture, mais encore la viteffe dont l'eau fort. Cette viteffe depend, comme Ton fait, de la hauteur d'ou l'eau tombe , & on fuppofe qu'aprc-s en etre tombee! die preud line viteffe uniforme , & coule horifontalenient, ou a-peu-pr«! Si IVau fortoit d'un tuyau vertical par une ouverture horifontalc, il n*y ■auroit nulle dirh'culte a mefurer fa viteffe, la hauteur ou longueur du tuyau ctant connue •, mais elle en fort communement par une ouverture verti- cal, ou les parties de la furface de l'eau qui fort ont des viteffes diffc- rentes a caufe de leurs differentes hauteurs ; les plus baffes fortent plus vite que celles qui font plus hautes & cette inegalite eft d'autant plus grande que l'ouverture eft plus grande. II faut une regie generale pour avoir la iomirte totale deces viteffes differentes. M. Pitot la trouve affez heureufement dans cette proportion que nous avons rapportee d'apres lui en 1730 , que le quarre de L viteffe uni- forme que prendra l'eau eft egal a 56 fois la hauteur d'ou elle fera torn- bee. II fautera aux yeux des geometres qu'il y a la une parabole , done la grandeur conftante 56, ou plutot 56 pieds, puifqu'ici ordinaircment on rnelure par pieds, etant le parametre, la hauteur indeterminee du refervoir fera 1'ablciffe , & la viteffe uniforme correfpondante de l'eau fera l'ordon- nee, cardans la parabole le produit du parametre & de l'abciffe eft egal 211 quarre de l'ordonnee. Si un relervoir a une ouverture verticale & quarree qui commence des le haut , il eft done certain que 11 du haut de ce refervoir on decrit une parabole de 56 pieds de parametre, du cote oil l'eau doit jaillir en for- tant, la hauteur de l'ouverture quarree fera 1'abfciffe comprife entre la pre- miere ordonnee ou la plus elevee , inhniment petite, & la derniere finie, que ces deux ordonnees rcprefenteront les viteffes de l'eau a fa fortie du plus haut point , & a fa fortie du plus bas , que Ton aura la quadrature de Iejpace parabolique compris entre ces deux ordonnees, ou la valeur de la furface d'eau qui fera iortie, & en la multipliant par l'autre dimension de l'ouverture egale a la premiere, un folide parabolique qui fera toute la quantite d'eau fortie avec des viteffes partiales differentes. Si l'ouver- ture etoit rcctangulaire au lieu d'etre quarree, il feroit bien aife d'y avoir egard. Voila quel eft l'ufage de la parabole. Le cas de l'ouverture placee tout au haut du refervoir eft le feul que les plus habiles auteurs ayent traite, & peut-etre ont-ils omis lesautrcs, dont le calcul eft phis difficile , faute d'avoir trouve la parabole. Mais avec fan lecours l'ouverture pent ctre placee ou Ton voudra, la parabole f.ra tou- jours decrite du point le plus haut du relervoir, feulement il faudra re- 358 ABREGi DES MEMQIRES — - »^^— » trancher du folide parabolique une certaine portion determinee dar 1'ert- M i c ban iqub. droit oil commencera l'ouverture. Les ouvermres font prefque toujours circulaires , & non pas re&ilignes , Annie IJ2$* & alors ce n'eft plus un folide parabolique qu'il faut calculer , mais un cylindre d'eau, toujours coupe par la meme parabole, c'eft-a-dire, la por- tion de ce cylindre determinee par cette parabole , on plutot par le plan parabolique. Le calcul devient plus complique , fur-tout fi l'ouverture n'eft pas au haut du refervoir, on tombe dans des fommations de fuites infi- nies-, mais que ne peut aujourd'hui l'art des geomerres? Ces difh'cultes , dit M. Pitot, n'empechent point que Rf . Mariotte n'ait cu des raifons folides pour appeller un police d'eau , l'eau qui coulant pen- dant l'efpace dune minute, donne 14 pintes mefure de Paris, pelant deux livres chacune. Voila une mefure du pouce d'eau determinee , que tous les fontainiers peuvent adopter & qui eft meme tres-commode pour re- gler les mefures des eaux : car, par exemple, fur cette mefure une ligne d'eau donne un demi-muid en 2+ heures, & un pouce 71 muids. SuR UNE NOUVELLE THEORI E DES P O M P E S. Htftoire. j_ TlPk£s tout ce qu'on a dqa vii de M. Rtot fur le mouvement des eaux , fur les calculs geometriques qu'on en peut faire, &c. on croira fans peine qu'il etoit en etat de donner une nouvelle theorie des pompes-, ma- tiere qui , a caufe de fa difficulte , n'avoit encore ete qu'ebauchee , dir moins que Ton fache , par de fort habiles gens , & qui , a caufe de fa grande utilite, meritoit d'etre trairee plus a fond. Toute pompe, foit foulanU , foit afpirante , eleve une certaine quan- tite d'eau, & la meme quantite, toutes chofes d'ailleurs egales. Si la pompe eft foulante, le pifton ma de haut en bas, en refoulant l'eau contenue dans un premier tuyau , la fait paffer dans un fecond qui communique par en bas avec le premier, l'eau monte dans ce- fecond & n'en peut plus ref- fortir, parce quelle en eft empechee par une foupape on clapet, qui eft a l'endroit de la communication des deuxttryaux. Si la pompe eft afpirante, le pifton mu de bas en haut frit un vuide dans un tuyau qui eft unique , & par-la y fait monter -l'eau, qui n'en peut plus relTortir, parce quelle eft arretee par un clapet. Tout cela eft extremement connu. L'eau elevee eft done un poids que l'agentou la force qui a mu le pif- ton a du foutenir & elever avec une certaine viteue. Ainii cet agent ou cette force fe mefure par la quantite d'eau, & la viteffe qui a du lui etre imprimee. La quantite d'eau eft diutant plus grande abfolnment, & en elle-meme, que la furface du pifton, qui remplit toujours exa&ernent le tuyau, eft plus grande. Quant a la vitefle, la furface du tuyau etant tou- jours, par les raifons que 1'on fait, plus grande que la furface de l'ouver- ture du clapet par ou il faut que l'eau paffe , la viteffe de l'eau doit ne- ceffairement' etre d'autant plus grande qu'une plus grande quantite d'eau mae par le pifton fera obligee de paffer par une plus petite ouvertorc du DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, ft* clapet, on, ce qui eft le meme, que la furface dn pifton fefa phis grande' par rapport a celle du clapet. Et en meme temps ce qui awgmente la vi- MrcnANiour tefle de l'eau , augmentant auffi fa quautite en meme raifon, la quantite de 1'eau eft encore de ce chef, d'autant plus grande que la lurkce du pifton AnnU 1775. eft plus grande par rapport a celle du clapet. Ce fecond principe de 1'aug- meiitation de la quantite d'eau , tire de la vitefle, eft relatif, au lieu que le premier etoit abfoltt. Les geometres verront du premier coup d'ecil, que les furfaces qui font ici circulaires, etant comme les quarrcs de leurs diametres, l'expTeffion algebrique de la force neceflaire pour mouvoir le pifton eft la lixicme puiflante du diametre du pifton divifee par la qua- trieme puiflance du diametre du clapet. De-la il fuit fans algebre , que de deux pompes qui auront des piftons egaux ck des clapets inegaux , celle qui aura le plus petit clapet denian- dera une plus grande force mouvante, & que par confequent il faut faire les ouvertures des clapets les plus grandes qu'il fe puiffe, ce qu'on ne croyoit pcut-etre pas-, & que fi au contraire les clapets font egaux, & les piftons inegaux , la pompe qui atira le plus grand pifton , demandera line plus grande force. Mais il n'y a que l'algebrc qui determine que dans le premier cas les forces feront entre elles en raifon renverfee des quatrie- ines puiflanccs des diametres des clapet.-;, & dans le fetond en railbn des iixiemes puiffarces des diametres des piftons. La vitcffe de l'eau, que nous venons deconudercr, eft la vitefle nicef- faire que le pifton lui imprime a caufe du rapport de fa furface a celle du clapet. Mais il y a une autre vitefle de l'eau qu'on pcut nommer arbitral- re, puree qu'cllc depend du plus oil moins de vitefle qu'on voudra donner au pifton ; lorfqu'il qn aura une plus grande, l'eau aura aufli une vitefle plus grande de ce chef, & au contraire. Quelle que foit la force abfolue qui metit le pifton , reglee par le rap- port des ptihTances marquees ci-delftis du diametre du pifton a celui du" clapet, e'eft toujours une force qui, prile en elle-meme, peut etre con- fidence comme une colonne d'eau d'un certain poids, pefant fur fa bafe, & fi l'eau s'echappoit de cette bafe, elle auroit une viteffe qui s'exprimeroit par la racine quarrec de la hauteur de la colonne. Si 1'on comparoit deux differentes colonnes, les vitefles difterentes de l'eau qui en fortiroit, fe- roient comme les racines de lairs hauteurs. Les hauteurs font tout ce qui fait la force de ces colonnes pour pouffer l'eau , done en mettant a la place de ces hauteurs denx differentes forces abfolnes motrices du pifton dans deux difterentes pompes, leurs racines feront les expreffions des deux difterentes vitefles que prendra l'eau dans les deux pompes. II fuit de-la tres-evidemment que (i les forces abfolues motrices des deux piftons en deux difterentes pompes font egales, les viteffes de l'eau elevee de part & d'antre ne font que la meme, qitclque difference qu'il y ait d'ailleurs dans les pompes, car on voit affcz que les difterents rap- ports des piftons aux clapets fe feront combines de maniere a ne pas cm- pecher, ou meme a produirc legality des forces abfolues. Quoiqu'ici l'eau foit elevee avec la meme vitefle , il eft clair cependant 4C0 ABKtQt DES M £ M O I R E S :que ce neft pas en la memo quantite. Le pifton, dont la furface eft la M e chan ique. plus grande, en ek-ve une quantite plus grande en meme raifon. La viteffe etant determinee d'un pied en line feconde, par exempk, il Anm'e IJ35. 1 a un c) H„ 5 > i > &c- dont la fomme pounce a l'infim ne fait que un , il eft clair que pour avoir la fomme geometriquement exadte de ?i pieds d'eau eleves, il faudroit que le pifton fut eleve a 31 pieds line infinite de fois fucceffives, & 1'une au-defl'us de l'autre, ou ce qui eft le meme , qu'il eut un jeu infini. II eft vrai que nous n'avons jufqu'ici confidere l'elevation de l'eau que comme faite par un feul on premier coup de pifton , & que le raifonne- ment qui vient d'etre fait eft fonde fur une infinite de coups fucceffifsi mais il eft viiible que fi dans la meme hypothefe de 31 pieds de vuide on ne vouloit qu'un feul coup de pifton, il faudroit de meme que le pifton parcourut un efpace infini, mais continuement , au lieu que nous avons concu qu'il ne le parcouroit que par reprifes infiniment repetees, & par-la la folution du probleme rentre dans l'hypothefe que nous avions toujours faite tacitement d'un premier on feul coup de pifton. On peut obferver que cette derniere folution donne en general 1'idee de ce qui arrive par les coups de pifton fucceffifs. lis font tous egalement penibles a 1'agent, & font toujours une moindre elevation d'eau. C'eft le premier qui regie tous les autres, & il fera connu par la theorie prefente. M. Pitot a pris un tour different pour la folution de ce cas du vuide de 3 1 pieds. II y trouve des racines imaginaires , & il en conclut que ces racines marquent que Ton peut toujours par de nouveaux coups de pifton augmenter l'elevation de l'eau , ce qui eft vrai ; mais peut-etre paroitroit- il furprenant que des racines imaginaires qui emportent toujours l'impofli- bilite du probleme dont il s'agit, en donnaffent ici une folution non-feu- lement reelle , mais plus etendue & plus ample qu'on ne l'attendoit. Cette difficulte eft levee par notre folution du meme cas, qui nous a jettes dans l'infini-, car quoique 1'infini ne foit pas imaginake, il eft auffi impoflible DE L'ACAD^MIE ROYALE DES SCIENCES. 40, dans la realite que l'imaginairc , & il y a lieu d'admirer ici combien les — — —^■^^ indications de 1'algebre font fures, lors raemc qu'elles ont de l'obfcuritc. j^j E c HANI Q v u Nous avons fuppoic jufqu'a prefent des pompes tcrminees par lcur cla- pct qui trempoit dans l'eau, dont line partic devoit s'clever , mais fou- Annie IJ35M vent leur conftruttion eft differente , fur-tout quand il faudroit qu'elles fullenr fort longues, & que Ton veut epargner la matiere. On met au-def- fous du clapet un tuyau qu'on nomme Yafpirant , d'un diametre egal a cclui du clapet , mais moindre que celui du pifton ou du corps de pompe. Le bout infericur de 1'afpirant trempe dans l'eau , c'eft par-la qu'elle s'e- leve. II eft vilible que ft 1'afpirant n'cft que de la hauteur neceflaire pour faire que le jeu du pifton eleve l'eau julqu'au clapet, elle n'anra plus de force pour entrer dans le corps de pompe, & que par confcquent l'eftet de la pompe fera le plus petit qu'il puiife etre. En cet etat l'eau afpiree etant de la meine hauteur que 1'afpirant, la pro- portion trouvee-ci-defTus fe change en une pen differente, dont les qua- tre termes font la hauteur de fair rarefii qui n'eft plus que celle du jeu du pifton, plus celle du vuide qui eft dans le corps de pompe, la hauteur de ce vuide ou l'air condenfe , les 3 1 pieds de la colonne d'eau qui ega- leiit tout le poids de l'atmofphere , & ces memes 32 pieds diminues de la hauteur- de l'eau entree dans 1'afpirant. Cettc pomme peut etre appdlie fiSice, parce qu'elle ne feroit pas d'ufagc, & c'eft a elle que commencera la fuite des pompes qu'on pent executer. La proportion geometrique qui exprime la nature de la pompe fidtice n'a que trois grandeurs qui puiuent varier, la hauteur de 1'afpirant, celle du Jeu du pifton, & celle du vuide du corps de pompe; & par confe- quent deux de ces grandeurs etant connues ou donnees, la troilieme sen deduit auffitot neceffairement. Si, par cxemple, le jeu du pifton etant donne de 8 pieds, & celle du vuide de deux, on demande quelle fera dans la pompe fictice celle de 1'afpirant, elle fe trouvera trcs-aifement de 25 pieds j, c'eft- a-dire, qu'il faudra que l'alpirant ait 25 pieds j, afin que l'eau alpiree s'eleve feulement jufqu'au clapet fans entrer dans le corps de pompe •, & comme l'eau y en- treroit des que l'alpirant feroit moins haut ou plus court, il s'enfuit quel tout nombrc au-deffous de 25 } pourra £tre la hauteur de 1'afpirant d'unc pompe non fidtice , ou l'eau entrera dans le corps de pempe, & qui aura deux pieds de vuide & 8 de jeu de pifton, & cette pompe fera d'autant plus parfaite que la hauteur de 1'afpirant fera au-deffous de 25 |. C'eft ainli que la pompe fidtice devient modele par fon extreme imperfection. De memefi dans la pompe fictice la hauteur du vuide eft deux, & celle de 1'afpirant 25 |, le jeu du pifton fera 8 , e'eft-a-dire , que l'eau afpiree n'etant alors arrivee qu'au clapet par ce jeu de pifton , elle montera plus haut des qu'il fera un peu plus grand que 8 , & que plus il paffera ce noin- bre , plus la pompe fera parfaite. Ceia fuffit pour faire comprendre comment deux des trois grandeurs qui entrent dans la pompe fictice etant donnees, ou, ce qui eft le meine, Eee ij +0+ ABREGi DES MEMOIRES -deux affujettiffements fur trois, oil Ton peut fe trouver en cette matiere, Meciani Annie 1731 QUE. etant fuppofes, la theorie de M. Pitot donnera des poropes d'une perfec- tion telle qu'on voudra , & qui n'aura de bomes que celles que la prati- Iliftuire, que & l'execution mettent neceffairement a tout. MACHINES ou INVENTIONS Approuve'es par V Acadimie. I. \_) n projet de M. Gallon ponr lancer Ies vaiffeaux a la mer avec rHoSns d'inconvuiients & plus de facilite que par la pratique ordinaire. On conl- truira un baffin femblable a ceux de Breft & de Rochefort, qui fervent a&uellement a placer les vaiffeaux pour les radonber & les carener. II fera creufe en forte que 1'eau de la mer y entre par deux portes, & y, foit toujours a ime certaine profondenr que Ton determinera ; la furface de la mer, & celle de l'eau de ce baffin feront done de niveau. Les bords en feront beaucoup plus eleves que ce niveau , & le baffin pourra con- tenir beaucoup plus d'eau quand il le faudra. A fon extremite la plus eloi- gnee de la mer , on fera 1111 fecond baffin , dont le bas ou le fond fera 1111 peu plus eleve que le niveau de la mer, & dont les bords front audi haut que ceux du premier. Ce fera dans ce fecond baffin que Pan conf- tfuira le vaiffeau a fee, 8c fans aticune incommodite. Lorfqu'il ne s'a- gira plus que de le lancer , on fermera les portes du premier baffin , Si par le moyen de plulieurs corps de pompe places aupres des portes, & que des hommes , ou des moulins a vent feront jouer, onrcmplira d'eau tout le vuide que laiffe le premier baffin jufqu'a 1'extremite fuperieure de fes bords, & tout le fecond baffin entier, & on les remplira en meme temps , parce qu'ils n'ont rien qui les fepare. Alors le vaiffeau qui etoit dans le fecond, fe- trouvera naturellement a not, pourvu qu'il ait toute l'eau qu'il doit tirer, & on le fera paffer tres-facilement dans le premier b iffin. Quand il y fera , on ouvrira plulieurs fabords , pratiques dans les portes alors fermees , & quand on en aura laiffe ecouler affez d'eau pour mettre la furface de ce baffin au niveau de celle de la mer , il n'y aura plus qua ouvrir les portes , qui ne feront aucune refiftance , puifqu'el- les n'auront aucune charge d'eau, & le vaiffeau fortira dece baffin avec aurant de facilite que de l'autre. L'auteur donne ce projet principale- ment pour les ports de la Mediterranee , qui font exempts de flux & de reflux. DE I/ACAD^MIE ROYALE DES SCIENCES. 405 II- M £ C IIAN1QU E. Une machine de M. du BuifTon , ingenieur, pour empechcr que les Annie 1731. monnoyeurs, en mettant les pieces fur les quarres du balancier pour y etre marquees , ne courent le rifque d'avoir les doigts ecrafcs. Quoique l'accident foit trcs rare , il merite d'etre prevenu. A chaque coup du ba- lancier, une piece viendra fe placer d'elle-meme a l'-endroit oil elle doit recevoir le coup , & cela peut encore etre plus utile dans les cas ou Ton manqucroit de monnoyeurs aiTez adroits pour mettre les pieces fur le quarre. Malgre quilques objections qu'on peut faire fur cctte machine, elle * paru fimple , & ingeuieufement imagince. I I I. Une machine a elever 1'eau , de M. Jcan-Baptifte le Brim. Pourvu que Ton ait une chute d'eau, foit naturelle, foit procuree par art, l'eau , a l'aide de cctte machine, & fans aueun moteur etranger., s'eleve d'elle- mjiiie h une hauteur conliderable. Qu3nd elle eft elevee , il faut qu'il y en ait une certaine quantite qui redefcende pour agir de nouveau fur la m.ichine, & contribuer avec la chiite de la fource a entretenir le mouve- ment, le refte de l'eau montie eft deftine aux ufages qu'on aura eus en vue , & e'eft le produit ou le profit de la machine. Elle eft ixccutie h Seve , ou l'on a vu qu'une eau qui tomboit de 9 } pieds de hauteur j etoit portte ^52 pieds, & par conlcquent ^ j: j pieds au- deflus de la fource, qu'il s'elevoit 120 muids d'eau par jour, & qu'on en avoit 6 pour le profit, ou 55-. II a paru que cette machine etoit nouvelle, trcs-ingenieufement Invcn- te'e, & executce , qu'elle avoit peu de frottement, parce que le pifton & les foupapes etoient toujours entre deux eaux, & n'avoknr point de co- lonne a foutenir , qu'elle pouvoit etre tres-utilement ctablie dans tous les lieux oil l'on avoit di]h une chute d'eau, que lelon les circonft.inces on pourroit aifement avoir un plus grand profit que -^ de l'eau e'.evee, & qu'enfin l'inventeur etoit tres-capable de donntr a d machine toute la per- fection qu'elle pourroit encore recevoir. I V. Un inftrument prefente par M. de Mean , ou il a reuni les ufages de plulieurs inftruments deja connus , du quartier de reducMon, du cadran folaire Horifontal , du vertical Meridional , & qui fert pour trouver I.i meridienne, & la declinaifon de l'aiguille. Le fondement en eft une ta- ble de multiplication , par laquelb fe font toutes les principales regies d aritumetique. Quoiqu'on ne putfi* pas attendre de cet inftrument une grande preciiion pour ce qui concerne I'aftronomie &: la navigation , il peut etre cependant de quclque utilite a caufe de Ion petit volume , qui 40* ABREG1* DES MEMOIRES — — ^ le rend aife i porter par tout avec foi. 11 a paru d'ailleurs qu'on n'avoit Me chan i que. pas encore penlc k tous les ufages aufquels M. de Mean a fait voir qil'on pouvoit appliquer la table de multiplication, ce qui merite l'atten- Annie 1731. tioil des mathematiciens, & prouve les connoiiTances & 1'intelligence de l'autcur. V. Deux chaifes roulantes du fieur Maillard , maltre menuifier pour les carrofl'es du roi. Elles font un peu differentes de conftrudtton 5 un hom- me aflis dedans ou derriere , les fait mouvoir en tournant deux manivel- les, qui font jouer le rouage, on avance & on recule avec la meme fa- cility , & on peut tourner fort vite. Des chaifes , dont l'hiftoire de l'A- cademie a parle dans les hiftoires de 17 10 & 1711, & celle qui eft decrite par Mathurin Jouffe , dans fon traite de ferrurerie, ne font que pour aller dans des appartements , & celles ci peuvent faire de plus grands voyages , etant a grandes roues , comme celles qui font tirees par les che- vaux-, elles font audi differentes des autres par le rouage. Celle que M. Ozanam a donnee dans fes recreations mathematiques , quoiqu'a grandes roues , a ete trouvee aufli d'une conftrudtton difftrente & moins commode, tant pour le recul que pour Implication de la force de 1'homme' V I. Annie 17&. U"e pendule i equaiton du Sieur Mathias Kricfeiffein , Horloger Alle- ' mand, dont nous avons deja parle en 1716 k l'occafion d'une autre hor- loge, inventee aufli par lui , & qui marquoit tout ce qu'on pouvoit de- mander i un calendrier fort ample. Celle ci n'eft qu une pendule i equa- tion , mais d'une conftrudtton nouvelle & ingenieufe. Une grande partie de tout le fin du mechanifme confide dans les deux diametres d'une ellipfe, de l'un defquels doit couler fur l'autre une efpece de verrouil. Mais comme ils ne font que peu inegaux , ce paffage n'eft pas difficile •, & liquation fe faifant par un fimple avancement ou retardement de roues, qui vont tou- jours du meme cote, le jeu des engraignages ne peut empecher l'efiet qu'on fe propofe. r VII. Une machine h elever des eaux de M. Kernilien le Demour. Ce n'eft prefque pas une machine, tant elle eft fimple. II eft certain que C\ Ion fait mouvoir dans line eau avec un peu de force un riiyau incline, l'eau y montera jufqu'a une certaine hauteur, & en fortira par le bout d'cnhaut, pourvu que le tuyau ne foit pas trop long. II faut de plus , que le bout inferieur foit taille en bec-de-flute , afin qu'il prenne mieux l'eau, & la ra- maffe plus aifement. Voila tout le principe , il n'y a plus qui faire une petite charpente qui tienne le tuyau fixement incline , & telle que par fon moyen on puilTe le mouvoir coraraodanent dans l'eau, ce qui eft tres- is DE L'ACADiMIE ROYALE DES SCIENCES. 407 aife a imaginer & a executer. La machine ayant ete mife en niouvement '—'— "** par un frul horome applique a une manivellc , a fait 54 tours en autant ^MECH,NIO«, lecondes, & a ilevi environ 110 pintes d'eau a la hauteur de fix pieds.Le tuyau itoit incline de 50 degr«. Cette quantite d'eau eft la meme que Annie IJjX. donne le meilleur chapelet a la hauteur de huitpieds, en y appliqiunt qratre hommes. On voit par-la combien la nouvelle machine epargneroit ce peine & de depenfe. La principale intention de 1'Auteur a etc qu'elle fervi; a arrofer des terres a pcu de frais quand on auroit des fources ou des rivieres, a changer des terres labourables en prairies, a ameliorer des fonds, ce qui n'eft que trop neglige par cetix qui en font les niaitres. VIII. Une chaife de pofte propofee par le Sieur le Lievre, qui fe change en Phaeton quand on veut. On a trouve qu'il feroit affez difficile d'y mettre des gl.iccs. Mais elle lera de quelque utilittJ a la campagne, ou l'on pourra a fon gre prendre I'air, ou fe renfermer dans fa voiture, fans multiplier le* equipages. 1 X. Un clavecin du Sieur Bellot, facteur, dont le grand chevalet d'uniilon eft conftruit de maniere qua chaque couple de l'unitTon les deux cordes fe trouvent de meme longueur , ce que Ton ne fait pas avoir ete pratique^ julqu'ici, & ce qui, toutes chofes d'ailleurs egales , doit procurer a ces inf- traments une plus grande uniformity d'harmonie. X. Un inftrument a obferver les hauteurs en mer par M. de Quereineuf. Le fin del'invention qui a paru ingenieufe, confide en ce que les hauteurs , depuis l'horifon julqu'au zenit, que l'on a pour les tangentes deleurs arcs, y lont partagees en deux moities, de forte que l'on a d'un cote les tan- gentes des arcs moindres que 45 , & de l'autre les tangentes de tous les arcs plus grands depuis 45 jufqu'a zero, qui eft alors le zenit. Cela epargne la prodigieufe inegalite des divilions qu'il fiudroit J l'inftrument , li les tangentes etoient prifes tout de fuite, depuis l'horifon julqu'au zenit, car on fait que la derniere tangente feroit inftnie, ce qui lurfit pour faire juger de la marche de cette progreflion. Dans l'arbalelhille on eft oblige a chan- ger trcs fouvent de marteaux & le frequent changement de lituations des marteaux doit empecher que Tangle droit ne s'y confer ve aulli-bicn qu'il fera dans l'inftrument de M. de Quereineuf. +o8 A B R E G £ DES MiMOIR.ES X I. MCCHANIQUE. a - Une machine a nettoyer Ies ports de mer, 8c Ies grands canaux, pro^ Annie 1733 „ ^ M Guyot) pr^icjent au grenier a fel a Verfailles. Deux bateaux, de ceux qu'on nomme Chalans , accolles enfemble, portent deux grande's roues a tambour, chacun la leur. roontees fur uh meme axe, dans lef- quelles des homines entrent pour Ies faire tourner. Leur mouvement fait d'abord defcendre au fond de l'eau une grande cuiller en forme de caiffe, qui va fe charger de la vafe , apres quoi le meme mouvement des roues , mais en fens contraire , la fait remonter pour smaller decharger dans uh troideme bateau. Entre Ies deux mouvements la cuiller a laboure au fond de l'eau , tiree par une corde attachee a l'extremite de fon manche , & qui agiffoit par an cabeftan pofe a terre. Pendant ce temps- la Ies roues n'alloient point , & tout fuivoit le mouvement de la cuiller. S'il fe trouve qu'ii taufe de fa forme elle ne laboure pas affez quand elle trouvera des- fonds d'un peu de confiftance , & quelle gliffe deffus, comma on la craint, 1'auteur pourra changer cette forme. Du rede, il a paru que l'in- vention etoit ingenieufe, & pouvoit ecre utilement employee. X I I. Un pont-Levis de M. Galon , tout different des autres , en ce qu'il faut lever celui-ci pour paffer le foffe, & l'abaiffer dans le foflS pour en em- pecher le paffage, Ies bafcules qui le mettent en equili'ore, & le font mouvoir, font eouchees horifontalement i 1 entree du pcuit, lorfque le paffage eft libre, & verticales, quand il ne l'eftpas. On l'a juge plus com- mode, en ce qu'il ne cache point la vue de la campagne , ni la facade de la maifon •, ce qui a ete I'objet de 1'auteur pour Ies chateaux & Ies maifons des particuliers. Les bafcules peuvent meme dans leur lituation horifontale fervir de bancs, & dans la verticale, ce feront, il Ton veut, des pilaftres, qui feront un ornement. XIII. Une efpece de hatiffe-col pour obligerles enfants a porter la tete droite, invente par M. des Hayes, maitre a danfer, & gui a paru plus commode qu'aucun de ceux qu'on a employes julqu'a prefent , & une machine du meme , pour obliger les enfants cagneux a tourner leurs pieds en dehors , que i'on a trouvee ingenieufe & utile. XIV. Une machine de M. Peilhou de Faret , pour faire aller Ies grands fouf- flets des foumeaux de mine de fer , dans les temps oil l'eau , que Ton emploie, vient a manquer, ce qui n'arrive que trop fouvent. Des che- vaux, en failant tourner une grande roue, leront le principe du mouve- ment, DE L'ACADlfMIE ROYALE DES SCIENCES. 4.09 ment, qui cliftribue enfuite dans lcs diffcrentes parties de la machine felon' les directions uccelfaires, fe termine a faire balder par le moyen de ccr"M£CHANiQu 1. tains leviers les tables fuperieures on voices des foufflets, apres quoi d'au- tres leviers correfpondants relevent ces memes tables, ce qui fait le jeu Annie IJ33> alternatif qu'on demandoit. On a jugi que cette machine pouvoit etre trcs-utile. L'auteur l'a mane difpofee a pouvoir fervir lorfque Ton auroit aflez d'eau. X V. Une efpece de volant, par lequel M. Bouvet connoifTant la viteffe & la direction du vent , & les comparant enluite au chemin du vailTeau , en tire la connoiffance des courants. Quoiqu'on ait prevu beaucoup de dif- ficultes dans la pratique de cet inftrument , on a reconnu que la methode Ctoit ingenieufe, & marquoit dans l'auteur de l'application & du favoir. XVI. Une efpece de vielle on petite epinette a jeu de violle du fieur Francois Annie *~?j. Cuihnier, ci-devant facteur d'inftruments. Dans celui-ci il y a une roue qui fait l'omce d'archet , & qu'on fait tourner de la main gauche avec une manivelle , pendant qu'on joue de la main droite fur les touches, comme fur un clavecin. Cet inftrument va a deux odaves entieres & a un ton de plus Sc joue fur cinq tons difterents. II a paru commode & d'une harmonie agreable, avec plus d'etendue & de variete que la vielle or-. diuaire. XVII. Un inftrument de M. de Quercineuf pour trouver en mer la variation de l'aiguille aimantee. On n'a point befoin d'attendre l'inftant du lever oil du coucher du foleil , on peut avoir la variation a toutes les heures du jour , parce que cet inftrument donnera tous les jours la meridienne du lieu , pourvu que la latitude en foit connue. II a paru ingenieux & digne qu'on s'en affurat encore par des experiences faites en mer, fur-tout l'au- teur etant en etat de lever les petits inconvenients qui pourroient fe rencon- trer dans l'ufage, & de porter fon invention a toute la perfection dont elle eft capable. XVIII. Un inftrument univerfel de M. le Carlier, Lieutenant particulier aa baillage de Laon , pour connoitre la hauteur du loleil dans l'inftant qui! marque l'heure pour telle latitude qu'on voudra depuis o jufqu'a 60 de- gres. Cet inftrument a ete trouve ingenieux. Sa precilion dependra de celle avec laquelle il aura ete divife. Tome VII. Partie Franpife: Fff 410 Mechanique. Ann(e 1J34- ABRL'GE DES MiMOIRES X I X. Une pendule fonnante & a repetition de M. Larfe •, maitre horloger i Paris. II y a deux fortes de pendules qui font ces deux fon&ions , les lines ne les font qu'avec deux rouages, les autres avec un feul, les premie- res font plus compofees , cependant on les prefere communement aux fe- condes dont la fimplicite a beaucoup d'inconvenients dans l'ufage. Celle que M. Larfe a propofee eft du moins aufll fimple & exempte d'inconve- nients. On y en foupconnoit quelqu'un qu on a trouve compenfe par Un. avantage. L'invention a paru nouvelle. X X. Un vaiffeau de M. Limofin qui iroit en temps calme par le moyen des rames. Les rameurs n'y feroient pas appliques immediatement, comme ils le font d'ordinaire, mais a des maniveltes qui les feroient mouvoir, moyen- rant quoi ils agiroient tous egalement. On eft convent? de cet avantage qu'auroit la manoeuvre de M. Limofin fur la manoeuvre commune, le nora- bre des hommes etant egal de part & d'autre , mais l'avantage feroit aneanti & au-dela par la difficulte d'employer un nombre fuffifant de ra- meurs, par les frottements inevitables de cette machine, par la force per- due a mettre de grandes pieces de bois en mouvement , par le coup de rame qu'une machine donne toujours plus imparfaitement que la main des hommes & enfin par les difficultes d'emmancher & d oter des rames & de manoeuvrer commodement pendant un gros temps, ou un combat. Ces defauts n'ont pas empeche de reconnoitre beaucoup dart & de genie dans cette mechanique. XXI. Annte 173$. Un moulin de M. Lollier, execute en grand, qui pent fervir utilement dans les endroits oil 1'emplacement ne permet pas de multiplier le nombre des roues, & d'avoir un grand rouet. Ce rouet eft fujet d'ailleurs a des inconvenieuts affez confiderables dans 1'execution , & c'eft un avantage qu'il ne foit pas li grand. La conftrudtion de M. Lollier, qui n'a que trois roues, dont la premiere eft horifontale & fixee dans le plancher, a paru inge- nieufe, & Ton ne croit pas quelle ait encore ete employee. On en a vu Feffet; un feptier de bled a 'ete tres-bien moulu en 14 minutes avec 1 chevaux qui n'alloient que leur pas ordinaire, mais qui paroiiToient tirer fortement. XXII. Une machine & elever Jes eanx, prefentee par M. des Parcieux. Son jeu confide en ce que deux balanciers en bafcule, dont Tun eleve un pifton & 1'autre en laiffe defcendre un pareil, etant lies enfemble par un troificme balancier en bafcule auffi, font determines a fe mouvoir tou- DE L'ACADiMIE ROYALE DES SCIENCES. 41, jours a contrefens 1'un de l'autre. Ccl.i a paru plus limple, naoins fujct a: reparation , & a laiffcr pcrdre la force , que les machines ou Ton emploie M t c H an 1 q i1 1 . des rouets 8c des Iantcrnes. Celle-ci etant deftinee pour la feine , dont le courant varie beaucoup en force, M. des Parcieux change la diftance des -d/mee i??j- points de tirage au centre de tout le mouvemcnt , de forte que la force du courant, qui eft la motrice, etant moindre, la machine ne laillera pas d'e- lcver l'eau avec la meme force, ce qui a paru nouveau & bien entendu. XXIII. Une pompe inventee par M. Douflan , & prefentee par lui & par M. de Pugnieres. Une addition faite a la pompe ordinaire, & tine nou- velle difpolition de fes parties, font que ceile-ci eft alpirante & foulante tout enfemble, de forte quelle ne perd point comme les autres la moitie de fon temps au moins , & donne de l'eau fans interruption. On l'a com- pareea une pompe de vaiifeau, qui, mue par 4 hommes, a eleve 9 muids d'eau a 18 pieds de haut en iz minutes ; & la nouvelle pompe, avec la meme puifiance, a eleve la meme quantite d'eau a la meme hauteur en 4 minutes |. Les deux pompes avoient d'ailleurs quelques avantages & defavantages reciproques-, niais tout compenfe, on a juge que la nouvelle meritoit la preference. XXIV. Un nouveau pifton invente par M. le Brun pour fa machine a clever l'eau, dont nous avons parle en 173 r. Par les experiences qu'il en a faites en plufieurs endroits, & avec un fucces qui l'animoit a la perfeclionncr , il s'etoit apper^u que le cuir, dont on gamit un pifton, duroit moins quand le diametre du pifton etoit plus petit, & que cela alloit li loin, qui un pifton de 6 polices il etoit fouvent life en 8 jours , au lieu qu'il ne letoit qu'en 5 oil 6 mois a un pifton de 1 2 ponces. Apparemment les mouvementsalternatifs, qui plient le cuir en fens contraires, le tourmen- tent davantage, & ont plus de force pour rompre la liaifon de fes parties lorfqu'il eft dune moindre etendue. Selon cette idee il falloit de grands piftons, mais de grands piftons elevoient une grande quantite d'eau , & par conlequent deinandoient une force motrice, plus grande fouvent que celle que Ton avoit ou que Ton vouloit employer. L'expedient de M. le Brun fut tres-ingenieux & trcs-fimple, il fepara un msme pifton en deux, ou plutot il en mit deux l'un au-dctius de l'autre a la diftance d'en- viron i pied, le luperieur etant d'un moindre diametre que l'inferieur, moyennant quoi on n'elevoit plus & on n'avoit plus a foutenir qu'une colonne d'eau dont la bafe cut ete egale h la couronne qui etoit la diffe- rence des aires circulates des deux piftons. Comme le rapport de leurs diametres detcrminoit la grandeur de cette couronne, & qu'on etoit maitre de ce rapport, on n'elevoit que telle quantite d'eau qu'on vouloit avec un pifton dc la grandeur qu'on avoit jugee convenablc. L'Academie trouva F f f ij 4i* A B R t G E D E S M E M O I R E S, &c. cette invention trcs-utile , & ne crut pas avoir rien vu jufqu'a prefect de M e c han i q u e. meilleur en ce genre. XXV. Annee JJ3§. Une rappe a tabac d'une conftru&ion nouvelle, inventee par M. l'abbe Soumille. On a vu qu'elle pouvoit rapper une once de tabac , fans beau- coup de dechet, en i minute, ce que font a peine les autres en 8. 11 a paru cju'elle dtoit d'un meilleur ufage, & pouvoit duier long-temps fans avoir befoin qu'on y retouchat. XXVI. Une machine a elever les eaux , de M. Renou. II y a fait une applica- tion qui a paru nouvelle, de l'echappement des roues de rencontre fi connu dans J'horlogerie ; mais il eft a craindre que cet echappement ne fe detruife promptement, & n'engage a de frequentes reparations. La ma- chine eft tres-fimple. XXVII. Une propofition de M. Bertier du Mans pour elever i'eaii. Qu'un poids aifement mobile, comme du mercure, pofe fur un pifton enferme dans un tuyau oil il peut fe mouvoir Hbrement , il eft vilible que li ce tuyau eft mis en balancement, fi on ltd fait faire des ofcillations circulaires, le mercure, a chaque defcente, poufiera le pifton avec toute la force qu'il tirera de fon poids , & de la hauteur ou de la vitefTe de fa chute •, & fi ce pifton rencontre de 1'eau qui ne puifle fe mouvoir qu'en montant par un tuyau vertical, il l'y fera monter avec toute cette force. Voila le prin- cipe de M. Bertier •, le tuyau qui conrient le mercure & le pifton eft balanced par un ccntrepoids qui fera audi gros qu'on voudra, & qui en conlervera d'autant plus long temps le mouvement oil il aura etc mis une fois;le refce de la machine eft aife a imaginer & a fuppleer. L'idee a paru nou- velle & ingenkufe , mais d'une execution extremement difficile. OBSERVATIONS m£t£orologiques. 415 OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES Faites h Aix par M. DE MoNTVALON, Confeiller au Parlcment cPAix , companies avec celles qui out etc faites 6 1 Juillet . . 2 1 3 6 0 « £ 8 1 5 0 1 £ Septembre . 1 3 1 6 0 I it O&obre . . i 9 1 '6 r Novembre . 1 1 1 3 0 + 3? Decern bre . 0 i(5 1 1 0 \ Pluie 0 0 1 1 9 ■£- Somme de la pluie tombee a Paris en 7 JO. tombee a Aix en 1750 Observations Mtheorologiquet. Annie 1 730. II paroit par ces obfervations comparees enfemble , qu'il n'eft tombe a Aix que n ponces 9 lignes ^ de pluie, 4 pouces 5 lignes moins qu'a Paris, au lieu que l'annee precedente il en etoit tombe a Aix 18 pouces 3 lignes y, un pouce & 3 lignes plus qu'a Paris, & que dans l'annee 1718 il y en avoit eu a Aix 24. pouces 9 lignes |, 8 pouces 8 lignes plus qu'a Paris; d'oil Ton voit qu'il y a eu bien plus de variation dans la quantite de pluie a Aix qu'a Paris pendant Ies trois annees dernieres, puifqu'4 Paris, de la plus grande a la plus petite, il n'y a eu qu'un pouce de dif- ference ; au lieu qu'a Aix il y en a eu plus de douze. A l'egard de la dirtribution de la pluie dans chaqtie faifon, elle a 6t6 aufli fort differente dans ces deux villes, puilque dans les trois premiers mois de l'annee elle a ete a Aix de 4 pouces 9 lignes }, plus grande de pres de 2 pouces qu'a Paris, au lieu que dans les mois de Juin, Juillet 4,<5 A B R £ G £ DES M £ M O I R E S ! & Aoilt , dans lefquels il tombe or dinairement le plus de pluie a Paris , OssntvATioNS »1 nV en a cu * Aix 4uun P0;1"-'1-' JI 1!Snes »> ? Pouces 4 ^gnes moins Mcteorokigiques. qUJ i ans. -, Cbftrvations fur le Thermometre. Annie 173c. Le plus grand froid eft arrive a Aix le 22 Janvier, le Thermometre y etant defcendu par an vent de Nord eft a 21 degres, qui repondent en- viron a2i; degres du Thermometre de 1'Obfc-rvatoire. A Paris le plus grand froid eft arrive par un vent de Nord- eft le 27 Janvier a 25 degres, e'eft-a-dire , 2 degres ou environ plus bas que lc 22 Janvier a Aix. La plus grande chaleur eft arrivee a Aix le 14 Aout, le Thermo- metre etant le matin a 66 degres { , & le foir a deux heures & demie a 84 degres -j, ce qui peut repondre a 81 011 81 degres | de celui de l'Obfervatoire. II faifoit alors un vent d'Oueft fud-ouc-ft qui eft toujours chaud en ce pays, & fond plus vite la glace 011 la neige en hiver que le vent de Sud-eft , au lieu que Ies plus grands froids fe font fentir or- dinairement par un vent de Nord-eft ou Eft-nord- eft , comme il arriva en 1 701). A Paris la plus grande chaleur eft arrivee par un vent de Sud-oueft le 5 Aout, ou le Thermometre etoit le matin a 65 degres, & a monte a 5 heures apresmidi a 76 degres, e'eft-a-dire , 5 a 6 degres plus bas que le 1 1 Aout a Aix. Sur le Barometre. A Aix la plus grande hauteur du Barometre a ete obfervee le j 1 De- cembre a 27 pouces 10 lignes, elle etoit ce jour- la a Paris de 28 pouces 3 lignes & la plus grande hauteur y a ete obfervee le 22 Janvier de 28 pouces 5 lignes \ dans le temps quelle n'etoit a Aix que de 17 pouces 5 lignes. A Aix la plus petite hauteur du Barometre a ete obfervee le 9 Mars a 26 pouces 8 lignes \, elle etoit le 10 Mars de 26 pouces 9 lignes i, 6 le 1 £ de 26 pouces 9 lignes , avec une difference ieulement de \ de ligne pendant ces trois jours. A Paris la plus petite hauteur du Barometre a ete obfervee de 27 pou- ces 2 lignes le 9 Mars , qui eft le meme jour que le Barometre a ete le plus bas a Aix, & il eft refte a Paris a la meme elevation le 10 & le 1 1 du meme mois. Ainfi la difference de hauteur du Barometre dans ces deux villes feroit de 5 lignes, de meme quelle refulte de l'obfervation du 31 Dccembre. Pour pouvoir reduire au niveau de la mer les obfervations du Baro- metre faites a Aix, qui n'en eft eloignee que de 4 lieues, M. de Mont- valon eft alle le 30 Mai de l'annee 1730 au bord de la mer, ou il a ob- ferve la hauteur du Barometre precifement de 28 pouces. II a reiterc cette experience trois fois fur trois tuyaux differens fans s'en eloigner d'un quart Annie '73°- DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. #. quart de ligne. Cettc hauteur fut obfervce en mcine temps a Aix de 17 ■■■. polices 4 lignes avec une difference de 8 lignes; ce qui, fuivant let Ob^rvati regies preterites dans les Memoires de 1' Academic de 1703 & 1705, M^oroloJqn^. donneroit 1 elevation d'Aix au-deffus du niveau de la mer d'environ 8? toifes. A Paris , qui eft eloigne d'environ 40 lieues de la mer, lelevatioii de la tour oil Ton oblerve le Barometre, n'a ete jugee que d'environ 45 toifes; ainli la hauteur du Barometre y doit etre plus grandc d'environ 4 lignes qua Aix.ce qui nc differe que d'nne ligne des obfervations des?, 10 & 11 Mars. M. de Montvalon ayant pris une hauteur moyenne entre toutes celles du Barometre pendant l'annce 1730, la trouvee de 47 pouces 4 lignes ~; 8c commc la difference entre la hauteur du Barometre a Aix & au niveau de la mer a ete determinee de 8 lignes, il s'enfuit que li cette difference eft conftante , la hauteur moyenne au niveau de la mer a du etre pendant 1'annee 1730 de a 8 pouces o ligne fj. II doit reiterer cette experience dans la belle failon , pour effayer de determiner la hauteur moyenne du Barometre au niveau de la mer, & pouvoir la comparer aux hauteurs' moyennes oblervees en divers pays. II efpere par ce moyen connoitre les hauteurs de divers pays au-deffus du niveau de la mer, ce qu'il juge etre peut-etre l'ufage le plus utile des Baromctres , ou du mows fur lequel Ton peut le plus compter. Dans le grand nombre d'experiences que M. de Montvalon a faites fur le Barometre, il remarque qu'une petite bulle d'air qui s'eft introduite dans un de fes Barometres, & qui en fepare le meraire d'une ligne de diftance, paroit lumineufe pendant la nuit pour peu qu'il foit fecoue. Il paroit en rneme temps une autre lumiere au haut du meme mercure, ainli voila deux efpeces de phofphore, l'un dans l'air comprime, celui-ci eft tres-vif, l'autre dans le vuide. M. de Montvalon obferva a Aix le 1 5 Fevrier un phenomene tres-re- marquable. II commenca fur la fin du crepufcule du foir a 1'Oueft-fuJ efpece aarc-en-ciei eieve de pres de 80 degres au meridien, & de 6 ou 7 degres de largeur d'une couleur rouge comme du fang, li ce neft auprcs de la lumiere qui fembloit le pro- duire, & aupres du meridien ou il etoit tout- a-fait imperceptible a 10 de- gres de diftance de part & d'autre. Cette bande circulaire fe terminoit a left-hid-eft, & fe pcrdoit en s'elargiffant dans un image rougeatre dont l'horifon etoit couvert jufqu'a la hauteur de 15 a 1 8 degres depuis l'eft- Nordeft jufqu'au lud fud-eft, ce qui reffembloitaffez a 1'eclat dunincen- die dont la flamme feroit cachee k nos yeux ; ce phenomene refta dans le meme etat ou a peu-pres julqu'a dix hcures du foir qu'il commenca a s'af- foiblir , & dilparut entierement a onze heures. Cette lumiere a ete vue a-peu pres dc la meme maniere en divers en- Tome VII. Partie Fran$oiJe. Ggg Observations Metdorotogiques. Annce iJZ°- ~4\% 'AURtGi OES MEMOIRES ! droits de Provence & de Languedoc , & on appercut le meme jour a Paris line grande lumiere, quoique le cicl fiit couvert. Le 7 Mars on appercut a Totiloufe un autre phenomene qui arriva a fept heures du foir, Si rinit environ a minuit, on vit pres de l'horifon a l'occident deux arcs himineux qui traverfoient tout l'hemifphere meridio- nal , s'elevoient du cote du midi a la hauteur de 40 degres , & fe joignoient aux extremites. Ces deux arcs avoient environ 1 5 degres de largeur vers le milieu ,'& leur lumiere etoit fi vive, que les yetix avoient de la peine a les contempler. Nous avons rendu compte & 1'Academie d'une lumiere qui rut appercue d Paris & artx environs le 7 O&obre vers le Nord-eft. Le meme jour on en obferva line en meme temps en divers endroits de la France plus me- ridionaux. A Tonlonfe & aux environs, fur les fept heures & demie du roir, on vit line petite lumiere fort vive a l'endroitoii le Soleil s'etoit cou- ch^ ; cette lumiere s'augmenta peu-a-peu, & devint fort eclatante-, elle etoit dirigee auNord-oueft, changeoit fouveht de figure, s'elevoit fur l'ho- rifon par intervalle, & s'abaiffoit en meme temps. Elle jettoit des flammes vives & legeres qui etoient quelquefois ondoyantes. Sur les 9 heures cette ltimiere occupa un efpace d'environ 50 degres, elle demeura dans cette lituation jufqu'a onze heures & demie quelle s'elevr. infenfiblement a la hau- teur de plus de 40 degres , & fe divifa en trois bandes prefque paralleles en- rr t-lles , dont les extremites etoient cannelees & jettoient un grand nombre de flammes qui s'etendoient par tout le Ciel, & eclairoient toute la cam- pagne, oil Ton pouvoit lire trcs-diftindlement une lettre •, a minuit & demi une de ces bandes qui etoient du cote de f Orient , forma une queue fem- bl.ible a celle d'une comete ou Ton diftfnguoit une infinite de couleurs, comme rouge, bleit, jaime, vert, Sec. Ce phenomene dura jufqu'a 4J1 {. Qtioique cette lumiere ait paru le meme jour & a la meme hcure que celle que IJon a vue a Paris, il n'y a point d'apparence que ce foit la mcme, putiqu'a Paris on l'appercut vers le Nord-eft , & qu'elle fe diffipa entieVe- ment a 9 heures dufoir, au lieu qua Touloufe, qui n'eft pas-fort eloignedq meridien de Paris, & ou elle auroit du paroitre vers la meme region , on la vit au Nord-oueft ou elle forma diverfes apparences jufqu'au lendemain ma- tin a 411 -!-. Ainfi on peut juger que ces deux lumieres differentes ont ete caufees en meme temps par la meme difpofition ou temperature de l'air, & qu'elles ont dure plus long-temps dans l'endroit ou il y avoit une plus grande quantite de matiere propre a s'enflammer. On remarquera ici que ces lumieres qui etoient autrefois frequentes dans leNord, & plus rares dans ces pays-ci, ont commence l'annee 1730 a fe faire appercevoir plus fouvent & avec plus d'eclat dans les pays meri- dionaux. DE LACAPEMIE ROYALE DES SCIENCES. 4i* Obfervations afironomiquts & mldorologiqu.es fakes a Marfeille par Obsfrvations le P. Pezenas , profeJJ'eur d'hydrographie pendant I'anne'e 1730. Mi'tiiorologiquei. Le P. Pezenas, Jefuite , profeffeur d'Hydrographie a Marfeille, a en- ^tnn" l73Q- voye a M. le comte de Maurepas plulieurs obfervations aftronomiques & meteorologiques qu'il y a faites pendant 1'annie 1730, dans fon obferva- toire , qui eft elevd de 24. toifes fur le niveau de la mer. Entre ces obfervations il y en a deux d'eclipfcs de lune. La premiere du 8 Aoiit 171J), dont le commencement eft arrives 1 nh jj< jj./T L'immerfion totale a 12 52 o Le commencement de l'emerfion a 14. 10 32 Et la fin a if ia 24 La feconde, du 2 Fevrier 1750, dont le commencement eft arrive a i^h 2' c" Et la fin a 16 58 o Cette eclipfe n'a pas pu etre obfervee a Paris, oii on ne la vue que l'efpace de quelques fccondes a ft 20' & a 4h 35', fans avoir eu le loillr d'en determiner la quantite. Entre les obfervations meteorologiques, le P. Pezenas rapporte celles de la lumiere celefte du 15 Fevrier 173c, qui paroiffoit appuyee du cot£ de rOueft fur quelques brouillards a la hauteur de 2 011 3 degres. Elle s'etendoit obliqucment ^-peu-pres fuivant la poffefflon du Zodiaque,& for- rnoit une efpcce de ceintre large par fes deux extremites de 10 a 12 de- gres , cette lumiere etoit beaucoup plus blanche & plus denfe que la voie de lait du cote de l'Oueft , elle etoit un peu interrompue an milieu du ciel ■ oii elle fe terminoit en differentes pointes ou lances lumineufes qui ne parurent pas tout le temps de l'obfervation. La bale de cette lumiere etoit plus large an Nord-eft, oii elle paroilfoit d'un rouge clair qui echi- roit toute la campagne, elle pafl'oit par le cceur du Lion & par l'Ecreviffe oil elle couvroit an peu Jupiter. Elle rafoit lepaule lupericure d'Orion , & palfoit par les Pleiades, paroilfant dirigee vers le foleil. Cette lumiere n'empechoit pas de voir les plus petites etoiles, mcrae au Nord-eft oii elle etoit plus denfe. Elle s'affoiblit du cote du Nord-eft fur les 8 heurcs, elle parut plus vive fur les •) heures qu'elle prit de nouvelles forces juf- qu'a 10 heures que l'horifon parut de ce cote-la trcs-eclaircie. EUe dimi- nua enfuite , & elle celfa prefqu'entierement fur les 1 1 heures. Le P. Pezenas a auffi oblerve pendant les 6 derniers mois del'annee 1750 Ia quantite de piuie qui eft tombee & Marfeille, par le moyen d'une cu- vette de fer blanc qui a quatre pieds de furface, & d'un petit vafe cubi- que de deux pouces de diametre, dont fix remplis d'eau mefurcnt une ligne de hauteur fur la furface de la grande cuvette. Ggg ij NtaSB Observations IWteorologtques. Annie 1730. 410 ABREGEDESMEMOIRES Obfervations fur la quantite' de pluie , d Marfeille. En Juillet . . °P 6*| Aour i ° 7 ■Septembre o 7 Odobre o 1 1 t; Novcmbre o *5 Decembre o 1 Somme de la pluie tombee a Marfeille pendant les fix derniers mois de 1 7 3 o *P « o1 fir II en etoit tombe pendant le meme temps a Aix * %J Ainfi la quantite de pluie tombee a Aix pendant les fix derniers mois de 1730 ne difFere que de 1 lignes de celle qui eft tombee a Marfeille. II parolt meme quelle y a ete diihibuee affez uniformement dans cha- cnne de ces deux villes. Le P. Pezenas a audi obferve a Marfeille, pendant l'annee 1730, la hauteur du barometre place dans la falle de l'obfervatoire , qui, comme on l'a dit ci-deffus, eftelevee de 24. toifes au-deffus du niveau de la mer. Obfervation fur le barometre. A Marfeille, la plus grande hauteur du barometre a ete obfervce le ;i decembre 1730 de 1^P- »*■ % Le barometre etoit ce jour- la a Aix a fa plus grande hauteur , ou il fut obferve de *7 ' ° Ainli la difference de hauteur entre Aix & Marfeille a ete de o 4 \ A Marfeille la plus petite hauteur du barometre a ete obfer- vee le 1 1 mars de •• 27 2 II fut obferve a Aix deux jours auparavant a fa plus petite hauteur de 16 8 ^ Et le 11 mars de *6 h ic', qu'o-n a vu paroitre au Nord deux arcs de lumiere concentriques , qui prenoient lcur origine au-defibus de la chevre, & alloient finir a arcturus, & leur partie lupe-' rieure paffoit par la petite ourfe. A 8h i^i, il eft foiti de l'horifon, audeflbus de la chevre, un grand Observations Alet^orologiques. 4U ABREGlS DES MBMOIRES amas de lumiere, qui, apies avoir parcouni la garde feptcntrionale du ciel , eft dilparu au deflous de la coiironne feptentrionale. A 8t 50', le ciel etoit entierement couvert : a «h i+f, le ciel s'etoit decouvert, & on ne voyoit que de petits nuages qui alloient de cote & d'autre. A 5>f> 55', on voyoit beaucoup de rayons de lumiere qui fortoient de tout l'horifon , & montoient jufqu'au zenith , oii ils fe croifoient & paf- foient du cote oppofe. Cette apparence a dure jufques vers les ich que le ciel s-'eft couvert. Obfervations fur la quantitl de pluie. En Janvier....- Fevrier o Mars... AvriL Mai Juin.... ponces lignes. I 1 1 . O 5 1 . O O S I K O IO 3 * O i 4l pouces. lignes* En Juillet 0 8 § Aout 1 6 £ Sepfcmbre 1 o £ O&obre o l Novembre 1 3 £ Decembre ...... 1 1 I Somrae totale de la pluie tombee en 1731 , 10 ponces 5 lignes & £; ce qui marque line annee feche, par rapport a 17 pouces 7, qu'on a etabli dernicrement pour une annee comnume. La pluie tombee dans les fix premiers mois de l'annee , n'eft que de 3 pouces 4 lignes | , qui n'eft pas la moitie de la pluie tombee duis les fix derniers, qui eft de 6 pouces 10 lignes j. Celle des mois de Mars, Aval & Mai j qui contribue beaucoup a la recondite de la terre, n'a ete que d'un police & y de ligne : en efFet , la recolte des menus grains a etc fort mediocre, & celle des fourrsges encore davantage. On a fait. la meme remarque, l'annee 171 <), qui a ete une annee des moins pluvieufes, & dont la hauteur de la pluie n'a ete que de Le plus grand froid de 1'annee 1751 eft arrive vers la fin du mois de Janvier. Le 2.6 de ce mois, la liqueur de l'ancien thermoinetre eft def- cenduc a 19 degres ^-, celle du thermoinetre de M. Reamur a ete a 6 de- gres au-dellous de la congelation artificielle de l'eau, & le 27 du meme mois la liqueur du premier thermoinetre ctoit montee a 2 1 degrcs I -, celle du lecond n'etoit plus qua 5 degres au deflbus de la congelation de l'eau. On a remarque la plus grande chaleur par les memes thermometres , le 30 de Juillet & le 2 d'Aour, on a obferve dans ces deux jours, la li- queur de l'ancien thermoinetre a 66 degres le matin au lever du foleil, & a 74 degres trois heures aprcs-midi. La liqueur de celui de M. de Reau- mur a etc a iy degres ^ le matin , & a 24 { le foir. Sur le barometre. Le barometre a marque la plus grande cleVation du mercure a 2 8 pou- ces 5 lignes le j , le 4 , le 5 , le 6 & le 7 de Decembre par les grands brouillards qu'il a fait durant une grande partie de ce mois , & il a mar- que la moindre elevation a 27 pouces 6 lignes le 10, le 11 & le 1 2 d'A- vril par on temps couvert & un vent de Sud-oueft : il a cte plulieurs fois & 27 pouces 7 lignes le mois de Mars. Sur la diclinaifon de Vaimant. Le 5 de Septembre 1732 nous avons obferve avec une aiguille de qua- tre pouces la declinaifon de l'aimant de 1 5 degrcs 1 5 minutes au Nord- oueft. Tome VII. Purtie Francoijel Hhh 4*6 ABREGE DES MEMOIRES Observations IH&eorologiques. OBSERVATIONS M ETE OROLOGI QUE S ... Antue 1733. j?AtTES pendant l'Annee M. DC C. XXXIII. Par M. Maraidi. Cbfervatlons fur la quantiU de pluie. Janvier 1734- En Janvier pouces. .... 0 lignes. II 9 $ 7 i 47 J 6 En Oftobre pouas. 0 tignet 6 9 5 2 i. Mars. ........... Avril - Mai ..... I O ..... 2 Novembre., Decembre... 4 7 ? 7 5 s 2 » S " » « Done la quantite de la pluie tombee en 1755 a l'Obfervatoire eft de 9 pouces j> lignes j, ce qui marque line annee feche par rapport a 17 pou- ces \ qu'on a etablis pour une annee commune. La pluie tombee dans Ies fix derniers mois n'eft que de i pouces 5 lig- nes £, qui n'eft pas le tiers de celle qui eft tombee dans les fix premiers mois , qui a ete de 7 pouces 5 lignes \ , & n'eft que de § de ligne plus grande que celle qui eft tombee pendant le feul mois de Mai. Obfervation fur le thermometre. Le thermometre a marque le pins grand froid de l'annee 1733 le 3 1 de Janvier & le premier jour de Fevrier , car la liqueur du thermometre or- dinaire defcendit dans ces deux jours a 16 parties {, & celle du thermo- metre de M. de Reaumur a 998 j , e'eft-a-dire, a 1 | parties an deflbus de la congelation artificielle de l'eau par un temps ferein a un vent de Nord-Eft, ce qui marque un froid trcs-modere. ■ Ces memes thermometres ont marque la plus grande chaleur de I'ete le 7 , le 8 & le p de Juillet, car la liqueur du premier eft montee a 71 parties au lever du foleil, & a 77 apres-midi , & celle du fecond a ^te a 1022 parties, e'eft-a-dire, a 22 parties au-deffus de la congelation de l'cau au lever du foleil » & a 1026 apres-midi. Sur le barometre. Le li.iromefre a mnrqne la plus grande elevation du mercurc a 28 poll- ers 6 lignes L- 5, Is 6, le 7 & le 8 de Fevrier par ces grands brouillards DE I'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. 4-7 ^n'il a fait an commencement de ce mois, & il a marque Li moindrs SBBS5SB5 *MM elevation a 27 pouces 4 lignes 7 le ;o de Mars, & le x d'Avril par un Observations temps couvert & un vent de Sud-Oueft foible. MtttonUmqna, On a cu certe annee de grands vents de Sud & de Sud-Oucft, & par- ficulicremcnt dans les mois de Janvier, Mars & Decembre. Annie ty^j. DLiinaifon de V aiguille aimantfe. J'ai obferve p!u(ieurs fois, au commencement de Decembre, aveenn; aiguille de 4 pouces, la declinaifon de l'aimant, de 150 45/ au Nord- Oueft. OBSERVATIONS METEO ROLOGIQUES Faites pendant l'Annee M. D C C. XXXI V. Par M. M a r a l d 1. Obfervations fur la quantite' de pluie. I L y a long-temps qu'il n'y a eu d'annee audi pluvicufe que Panned 1754; Annie 1 7 -* pis ete confidence, puifque le Thermo- metre ordinaire , qui eft toujours le meme- dont <5n s'eft fervi depuis plus de 60 ans, & qui marque le tempere a 48 degres , & la gelee a 3 1 de- gres, n'eft defcendu qua 27 degres le 5 de Fevrier par un vent de Nord-eft, & celui de M. de Reaumur n'eft defcendu qua 1 degre i au- deffous de la congelation artificielle de l'eau. Le lendemain le vent rant tourne au Nord-oueft, le Thermometre de M. de Reaumur etoit d_:ia monte a 2 degres j au-deffus de la congelation artificielle, & lc Ther- mometre ordinaire a 34 degres. Le 25 de Decembre ce Thermometre etoit a 1 6 degres i , & eclui de AL de Reaumur a 1 § par un temps fe- rein & un vent de Nord-eft. Les 24 & 25 du meme mois l'un etoit a is x> 1 autre a 1 j. 4jo ABREGE DES MEMOIRES I — i— — La chaleur de lete a ete auffi trcs-moderce, car la liqueur du meme Observations Thermometre eft montee une feule fois a 72 degres jH & celle du Ther- M^toologiques. mometre de M. de Reaumur a 24 degres le 15 de Juilleta 1 hemes apres- midi par un vent de Sud-eft. Le 16 du meme mois elle etoit dans 1'un, Annie 1733. ^ yo degris |, & dans 1'autre a 102J -, Le 19 & le 20 d'Aoiit elle a ete dans l'un a 68 degres, 8c dans 1'autre a 1021. Obfervations fur le Barometre. Le Barometre a marque la plus grande elevation du mercure 328 poli- ces 6 lignes le 14 de Fevrier, & a 28 pouces 5 lignes t le 15 du meme mois par un temps couvert & un vent de Nord •, II a etc pltitieurs jours •avail t & apres a 28 pouces 5 lignes. Et il a marque la moindre elevation a 27 polices o ligne le 20 de Jan- vier par un temps pluvienx & un vent d'Oueft mediocre. Le 2 j du me- me mois il etoit a 27 pouces j lignes par un temps couvert & un vent de Nord foible. Diclinaifon de Vaiguille aimante'e. Le 28 d'Avril 1755, une aiguille de 4 pouces declinoit de 15 degres 45/ vers le Nord-oueft. Et le premier d'Odobre une autre aiguille de 4 pouces declinoit de 14 degres 55' vers le Nord-oueft. OBSERVATIONS DU THERMOMETRE Faites par M. Cossigny , Correfpondant de I'Acade'mie, a I'Ifle de Bourbon , a I'Ifle de France , a Madugafcar , & dans la route depuis I' Orient jufqu'A ces Ifles , pendant I'annee 1J3Z , & partie de I'annie 1J33. Compares avec les Obfervations du Thermomctre faites a Paris pendant le meme temps. Par M. de Reaumur. L^Orsque j'ai cherche a conftruire des thermometres dont les degres fnlient comparables , des thermometres qui, expofes au meme air, marquaf- fent par le meme nombre de degres letat du chaud & du froid de cet air, line des chofes qui me paroiflbit en devoir faire fouhaiter le plus de tels, c'etoit de pouvoir comparer la chaleur des pays que nous nommons chauds , & le froid des pays que nous appellons froids, avec le froid & le cband des climats que nous habitons, & que nous regardons comme temperes. II eft affurement curieux de favoir a quelle chaleur s'expofent ceux que des voyages de long cours conduifent dans ces pays qui femblent devoir etre brules par les rayons du foleil qui y tombent a plomb. II y a pourtant long- temps que Ton fait que la zone torride n'eft pas inhabitable comme l'avoient DE L'ACADF-MIE ROYALE DES SCIENCES. 451 cm lcs anciens, quelle eft habitcc; mais on n'a aucunc idse de la chaleur ?—■——» qu'on a a y fouffrin on la croit fans donte conliderablement plus grande Observations que celle que nous fommes expofes a rellcntir a Paris. Nous allons cepen- MitAirqlomqun. dant rappotter des obfervations faitcs avec braucoup d'exa&itude dans di- vers pays litues entre lcs tropiques & fails la ligne mime, qui apprendront ^nnce 1731. que dans quatorze mois confecutifs , il n'y a eu dans ces pays aucun jour auffi chaud que ceux que nous avons a Paris dans certains etes. M. Cofligny, Clievalier de Saint Louis, & ci-devant Ingcnuur en chef de Sa Majefte dans le Rouffillon, voulut bicn accepter Li qualite d'lnge- nieur-general de la Compagnie des Indcs, dans un temps ou lc royaunic jouilfoit d'luie profonde paix, & s'engager a aller viliter les ctabliuYmcnt? de cettc Compagnie, pour les faire mettre dani un etat convcn.iblc de dvfenfe. L'envie qu'il avoit de travailler dans fes voyages aux progres des fcienccs, fit qu'avant que de s'embarqucr, il fongca a le munir de toils les inftruments qui pouvoient lui fervir a faire des obfervations curicufes & utiles ; il cut loin de fe pourvoir de deux tliermomctres de nouvelle conf- iruttion. Auffi curicux que je l'etois moi-memc de favoir h" lcs clulcurs qu'il alloit eiluyer furpafferoient de beaucoup celles de nos plus chauds jours d'ete, il me promit d'obferver regulierement chaque jour le plus haut degre oii monteroit la liqueur du thermometre. II ma tenu (1 promeiTe avec une exactitude qui doit faire plailir an public. En comparant les obfervations faites par M. de Coffigni tant en pleine que dans nos illes de France & de Bourbon. On voit que la hauteur du therr niometre dans ces climats briilans diftere fouvent tres-peu de (a hauteur dans nos climats temperes , que quelquefois merue elle y eft inoindre pen- dant des annees entieres que dans nos ttes. Les annees 1751 & 1755 n'ont pas ete regardecs en France, comme des annees oii la chaleur ait ete excellive ; nous en avons eu oii la chaleur h Paris a ete plus grande & a dure plus long-temps. Nous avons cepen- dant obferve que le 24 Aoiit 1752 , la liqueur du thermometre s'eft ele- vee a Paris a 47 degres}, & le 7 Juillct 1755 a l% degres. Prcs de qua- torze mois d'obfervations faites entre lcs Tropiques , ne nous en fournif- fent aucune oii la liqueur du thermometre ait ete par dela 28 degres, e'eft meme un tenne oil elle a monte rircment. Quand M. Cofligny a palle la ligne , la chaleur n'a fait monter au plus la liqueur de fon thermometre qn'a 16 degres, 5: nous avons, eu a Paris des etes oil la liqueur s'eft clcvce h pres de 30 degres, & peut-etre par dela. Je n'ai pourtant garde de vouloir conclure de la comparaifon de ces differentes obfervations, que les chaleurs que nous fommes expofes a fouf- frir a Paris dans certains jours d'ete, font plus grandes que colics qucprou- vent tous les pays limes entre les Tropiques & lous la ligne. II y a grande apparence qu'en pleine terre , dans des endroits des grands continents , cloignes de la met , la chaleur eft plus conliderable que dans des endroits de la mcr femblablement litues, & meme quelle ne 1'eft dans les ilLs dune mediocre grandeur. Mais toujours voyons-nous qu'on peut pafier la ligne, Observations Miit^orologiques. 43i A B R E G E DES-MiMOIRES habiter des pays fifties entre les Tropiques, fans cotirir rifque d'etre expo- ses a des chaleurs infupportables. Le vrai eft ponrtant que nous avons des reffources contre la chaleur dans nos pays, qu'on n'a pas dans ceux qui font plus proches de la ligne, Annee tJ32- & qu'on n'a pas dans un vaiffeau ; nos maifons nous les donnent. Comme la chaleur exceflive ne dure ict, quelquefois, qu'un jour ou deux, & toiH jours pendant pen de jours, I'interieur des murs des maifons n'a pas le temps de prendre le degre de chaud de l'air exterieur. Un thermometre tenu dans des appartements ou on n'a pas permis une trop libre entree aux rayons du foleil & a l'air exteVieur , n'aura fa liqueur elevee qu'a 18 oil a 1 s> degres , pendant que la liqueur d'un femblable thermometre mis en dehors de l'appartement , quoiqu'expoft au Nord, fe trouvera a 28 oil a i