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REVUE
ARCHEOLOGIQUE
JUILLET A DÉCEMBRE 1882
IMl'IUMEIUI- PILI.KT KT DIMOULIN
m h DIS GRANDS- AIKUSTIN!^, •'>, A l'AUlS.
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AHCllÉOLOljKlUE
ou IlliCUHIL
DE DOCUMENTS ET DE MÉMOIRES
nB LA TIFS
A L'HTIDE DES MO.MMENTS, A LA MlllS«ATIQlli ET A I.A IMIILOLOUIE
DE l'antiquité et DU MOVEN AGE l'UBLIIÏS PAK LES PIUNCIPAUX AUCllÉOLOGUEiS
Flt*NÇAlS ET ET U ANGERS
et accompagné»
DE PLANCHES GIIAVÉES d'aI'UÉS LES MONUMENTS OHIGINAUX
NOUVELLE SERIE
VINGT-TUOISIÈME ANNÉE. - (j L" A U A N T E- (J L' ATIl lÈ M E VOLUME
PARIS
IJURlilAUX 1)1-: LA REVUE ARCHÉOLOGIQUE
LIBRAIRIE ACADÉMIQUE DIDIER ET C
35, QDAI DES ACGLSTINS, 3o
1 S S 2 Droits de traduction et de rcproductiuo réiervès.
c
CAllTK MONTRANT LA DISTUiniTION
DES
PRINCIPAUX DOLMENS DIULANDK
AVEC DES RESlAnuUKS
SUU LES MO.NL'MF.NTS FUNÉRAIRES Pr.ÉHISTORIQUES DE CE l'AVS RT UNE LISTE DE CES MU.M-.ME.N TS.
Sir Samuel Ferguson a exprimé celle idée, qu'une carte dressée pour montrer la di^lribution des principaux dolmens, cercles de pierres et tumulus d'Irlande décrits jusqu'à ce jour, serait un ser- vice rendu aux savants de l'Angleterre et du continent qui ont con- sacré leurs reciierclies à celte branche spéciale de l'archéologie. L'espoir qui a fait entreprendre ce travail s'est trouvé réalisé, grâce à l'obligeance de M.Alexandre Bertrand, qui a bien voulu offrir aux présentes notes l'hospilalilé de la Beiiie (irclu'olo;/iqur.
Une circonstance avait rendu possible l'exécution de cette œuvre: c'est que, conjoinlemcnt avec quelques membres de la Société litté- raire du Lddii's Collège de Dublin, nous avions dressé un catalogue descriptif de deux cent quatre-vingt-trois monuments préhisto- riques, d'après les lettres manuscrites des ofliciers de la carte d'état - major, et aussi d'après les publications des diverses sociétés savan- tes de l'Irlande. Le lecteur est prié, pourtant, de bien se souvenir que cette carte indique seulement les monuments déjà examinés et décrits dans les lettres et les publications citées plus haut, et qu'on ne la donne pas comme contenant tous ceux qui existent encore, ni même tous ceux qui sont marqués sur les cartes de six pouces de l'étal-major. Moins satisfaisante que ne le serait une carte plus
J'iillrt. XLIV. 1
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compliMo, illi> a ilu moins ccl avantage, que les luoniimonls tiu'cllo si^nak' sont sùiiMnciil les iruvrcs du travail de l'iioiume, cl mm dos ;UiénoinèiU'S uaturds, i)uis(ju'i!l l'iiulicalion du silo nous pouvons ajouter la taille, la fornu', h iialurc do chacun d'eux, les traditions quis*y rallaclient, et, quand il y a liou, le rôsultat dos fouilles pra- liquèes.
En ce qui concerne la distribution des dolmens sur la .-surface de la Franco, M. Bertrand fait cetio romanino : o Los po[)ulations ijui ont èk'vo los dtdnions doivonl avoir ronionlé les lloiivcs sur dos ra- deaux ou des barques, ou suivi leurs rives et ponétré dans l'inté- rieur des vallées qu'elles caractérisent. Les dolmens sont au moins di>tril)uos sur la suiface du sol comme ^i los choses s'étaient pas- sées ainsi. » Suivant cette observation, nous avons formé une table qui montre la distribution de ces monuments dans los bassins dos llouvos de l'Irlande, et aussi sur la côte et dans les districts montagneux. Mais nous devons rappeler de nouveau au lecteur tiue los nombres ici donnés ne représentent pas tous les dolmens mar- qués sur los caries de l'élat-major. Elh s comprennent seulement ceux (jui ont été examinés et décrits avec plus ou moins de détail.
DISTRIBUTION DES DOLMENS DANS LES BASSINS DES FLEUVES D'IIlLANDE.
Bafîin du Pann Cl (lu noo IS ii onumenls
— de riùne -^ —
— de Id Koyle - —
— du Moy '» —
— du Shaiwioii ■'»'• —
— riu (iiilway If —
— de la Itiiync I-
— de la Lilïï'v I '
— du IJurrow -- —
— du Slanoy <<> —
— du ItlackwalM •' —
— Je la l-calf -i —
- tleliil.ei' ^ —
DISIIllliUIiON DUS DOLMEN^ SUU l.\ (.OIE.
Côic iiurd «r.Vi.liini f' iiujiinincMl
— CaldAullJUl ' —
CAllTE Ui:S IMUNCU'AUX DULMII.NS I) lIll.WDi:.
Côlû est (Je Down i't iiioimnieiil!'
— est de F.oulli . ii —
— est de l)iil)li(i 12 —
— est de Wicklow 7 —
— est et siul do \Vc!\fui il.. . . : 3 —
— sud de Walcrlbi'l 7 —
— sud de Cork .'» —
— • ouest de Ken y ;i —
— ouest de Clai o G —
— ■ ouest de (îalway 0 —
— oueit et nord de Mayo il —
Sur la baie Sligo, le groupe Cinowmore. . I groupe
Donegal, groupe de Glen Malin 1 —
DISTRIBUTION DES DOLMENS DANS LES DISTRICTS MONTAGNEUX. ]
Aiilrim. — Monts Knocklaydet Cushendall 8 monuments.
Londondeny. — Monts Sperrin 2 —
Anlrim. — Monts Slcmisli, Davis et Crew.. U —
Down. — Monts .Mournc fi —
Dublin. — Montagnes de Dulilin S —
Wicklow. — Montagnes de Wicklow 18 —
Walcrfoid. — Monts Coomeragli, Ivnock-
mealdowQ et Cool 7 —
Tippeiary. — Slieve Felini et monts Kec-
per '.} —
Chue. — Monts Inchiquin I .'i —
Galway, Mayo. — Monts Conncniara 7 —
Donegal. — Slieve League. Glen Culunibki'.l
1 groupe de Il —
La distribution dans les provinces d'Irlande des monuments funé- raires examinés jusriu'à présent peut être établie ainsi :
Dans le Leinsler, il y a soixante-di.i-neuf monuments, donlvingt- huit dolmens, ciiiquanle et une tombes ou ki^ilrains, et quahi' cairns ; les dolmens sont quelquefois, et quehiuefois ne sont pas, ac- compagnés de cercles de pierres.
Dans l'Ulster, il y a quarante-quatre monuments, dont trente-sci.l sont des dolmens, et sept des cairns ou tumulus.
En Connaught, il y a quatre-vingt-dix monuments, dont trente- huit dolmens dispersés par toute la province, et le groupe du champ
.\ UKVIK AllCIlKDl.OtiPjLK.
de bataille du Moylura soptenlrional ou du Carrowmori\ où Ion a découverl soixanle-deux inonumciils : quatorze sont des dolmens isolt'S. et Irente-neuf des (hdnieiis entourés de eeirles.
Kn Munsier, on eoniple einiiuanU-ileux monuments, dont Irenle- cinq dolmens, iiuatorze cercles et trois cairn^.
Il y a une dilTér.-nee ninniuée dans l'aspect gî'néral de ces monu- ments, ^mesure que nous avançons vers l'ouest. (lcu\ des provinces de l'est sont de taille beaucoup plus grande que ceux de l'ouest. Ainsi, en Leinsler, la pierre supérieure du cromlech varie en lon- gueur de vingt-neuf à dix-liuit pitds, et le poids moyen en est de cent dix tonnes ; en Ulster, la pierre supérieure d'un dolmen est longue de vingt-cinq pieds; la longueur moyenne des cromlechs d'L'Isler est de neuf à dix pieds.
En Connaught, la longueur moyenne de la pierre supérieure est de buità dix pieds; dans un cas, à Lough (iara, elleestdequinze pieds.
En Munster, la pierre supérieure varie de six à dix-sept pieds en longueur, la moyenne est de quatorze à sept pieds.
Les cercles de pierres, en Connaught, varient de cent cinquante à quarante pieds en diamèlre, ceux de Munster de cent soixante à irenle-cinq. D'après les observations incomplètes qui ont été faites jusqu'ici, il semble (lue les dolmens d'Irlande se rencontrent par groupe^. Ainsi en Leinsler on trouve un groupe de douze, dans le district de Dublin; onze, dans un groupe, à Kilkenny; vingt-deux en Wicklow, vingt en Anlriin, quinze en Down, soixanle-dix-sept en Sligo, huit en Limeriek, douze en Clare, et douze en Waterford. Ce- pendant, tant que la situation de tous ces monuments n'aura pas été déterminée d'une manière précise, il serait prématuré de tirer au- cune conclusion de ce groupement. Nous avons obtenu des ren- seignements plus ou moins complets sur le résultat des fouilles faites dans vingt-trois dolmens ou cromlechs, (juatorze kistvaens ou tom- bes, et douze tumulus.
Les dolmens en question sont situés en Ulster, en Connaught et en Munster. Ce sont les suivants :
Ceanorlh's wa's, dans le comté d'Antrim', et le K'empe Slone-, le Cloughmore^ Legananny ', Mallynalialty et Taraba dans le comté
1 . Mar'jué *ur lu cartc.IUlooiiaricli.
2. — Ncwlowiioni».
3. — (;ii)iidii(T.
l,, — l'n'*)» (lastlcW' llnn.
i. — Drumbo.
cviiïK i)i:s l'iu.Ncii'AUX I)OI,mi:ns d iiu.\M)i:. .»
de Dowii ; Lougtircy dans le comté do Tyro;ic, et Castle I.noiis d.uis le rointôde Cork.
Oïl dit (ju'nii cil a ouvert i|iiinzc lï (^irrowiiioïc d iiis It; coinli'; de Sligo, et un dans le i*;irk a \\('sl[ioil, mArne comté.
On a trouvé des ossements sous tous les dolmens, mais des urnes ne se sont rencontrées que quatre fois, à Loughrey, Cloui,'limore, Legananny et Castle Lyons. On a trouvé des télés de Iléclics en si- lex àCloughmore et à liallynahatty ; et aussi des haches de pierre en cette (lerriicre localité ; des pierres de fronde dans cette tombe de Ballynahatly et ilans le dolmen de Westporl; un anneau d'écaillé dans le dolmen de Uundrum, et des anneaux de jais à lial- lynahally, avec une curieuse pierre noire, pourvue d'une protubé- rance à chaque extrémité.
Quoique l'existence d'une enceinte ou chambre murée pour con- tenir la sépulture ne soit pas signalée dans les fouilles de la plupart de ces monuments, cependant on a dû en construire, pour proléger les vases, toutes les fois qu'on a enterré avec des urnes. A Clough- more, dans le Down, les urnes se trouvaient dans une chambre formée de trois pierres, et qui mesurait huit pieds de long sur trois de haut et trois de large.
Une chambre semblable fut aussi observée dans le dolmen de Castle Lyons, comté de Cork; mais cette circonstance n'est pas con- stante, comme nous l'apprenons du rapport de Gabriel Bér.inger, écrit au dos d'un croquis qu'il ht, en assistant à rouverturedu dol- men, l'an 1795.
« Les soutiens étaient à peine visibles, à cause du sable et de la terre qui les entouraient, jusqu'à ce qu'on eût enlevé la pierre du haut; de soi'te qu'on ne put prendre l'aspect du monument. A l'in- térieur, on tiouva les osbiûlés d'un cadavre humain et lamâchoiie d'un animal armé de crocs; et prés des ossements du crâne, une balle de marbre blanc, peut-être la halle de fronde (jui a tué cet homme. P(/.s' di' cercueil ni d'cnceiit(<\ seulomenl drs pierres délacitres ou des ciiillûurjuiichant le sol, dans u)i ijrand désordre. »
Les kistvaens ou tombes païennes ([ui ont été l'objet de fouilles se trouvent à Ballintoy en Antrim; à Templecarn en Donegal; à Mont-Sleward ou Grey Abbey dans le Down; à Drumnakilly, Tully- druid et Loughrey en Tyrone; près du cimetière de Carrowmore ', en Sligo; à Bally Mac William- dans le King's County; a Barretls-
1. Knonknarea sur la carte.
2. Pri'S Crotrlian.
0 iii-.vn- vnr.iii-oLor.ioiT..
lown, tl.inOo WoMmo;itli;:iSliovcl\i(-ll.i ' en ^Vt'\fû^l; à Kilhiido, Molelia li Dimlnviii en Wicklow; el à Fort Klna°- en Limorick.Diiiis (liiolques cas, coiiiino ù Cai rowmore, Tcmplccarn el Loui;lir(?y, ces loinlit's sonl tout prôs de ilolinens, (luoiiuVlles ne soient pas au- dessous. On Y trouve gênèralcmcnl deux sépultures. Il arrive quel- quefois que ces lombes forment des groupes, comme à Monl-Stcward, où Ion a irouvê dix-sept kisls cnseudjle, avec une urne d'argilo dans chacun; la plus grande urne était dans le kist du ceiilre. l'^n ouvrant les lombes trouvées dans une carrière de pierre calcaire, à llallinloy, ou a découvert, à deux pieds au-dessous du sol, six urnes d'argile non cuite et de travail giossier. (Jualre se trouvaient h liart, cl renversées. Ci m] urnes renversées sur des os calcinés ont été trouvées à Drumnakilly; elles étaient sur deux rangs superpo- sés, enfoncées à huit picis dans le sabh>. Une urne d'argile conte- nant des cendres se trouvait dans la tombe, ù côté des fragments du squelette d"un homme de grande taille dont la mâchoire inférieure était d'une telle dimension qu'elle faisait plus que couvrir les mâ- choires de l'ouvrier présent qui avait la plus grosse télé.
A Darretlslown, dans le Weslmeath, on a ouvert deux petites chambres de pierre dont chacune contenait un squelelle, l'un i\ télc ronde, l'autre à tète allongée. Les dents de ces crânes, comme de ceux qui ont été trouvés à Bally Mac William, étaient usées comme par l'habitude de manger des aliments durs; ;i côté l'on voyait une défense de sanglier, avec une urne non polie el grossièrement or- nementée. On rapporte que des silex travaillés en tôles de flèches ont été découverts dans un kist prés du dolmen de Lougluey, avec un débris d'urne.
Les tumulus qui ont été ouverts, en Irlande, sonl ceux qui suivent : New Grange; Knowlli et Dowlli, sur la Boyne; Slieve na Calliglie^' dans le comté de Meatli ; le Mound of Ash dans le Loutli el le Ilill of Ualh prés de Drogheda (Loutli); Loughanmoro en Antrim; Tul- Iv.lruid, Dungannon et Trillick dans le comté de Tyrone, Shallee clKilnamona' dans le comté de Claie; et le (^arn iMciMiain L'isge, « petite eau », en Sligo. Comme les tumulus sur la iioyne et ;\ Slieve n;i Callighe ont été déjà présentés au public ', et coiiiiiic les
1. Sur la carlf. Wliitociiurcii.
2. — Mungret.
3. — I-' iig Crcw. [^^ — lfu-.lii<|iiiii.
0. Voir Samuel rcrKiison. /,(•* monuments mér/alilliiqucs (h tiiui jitn/^. Irad. franc., par rniibé liaii.ard, p. 1h7 et Biiiv.
CAR'iT. nr:^ I'Hinhipaux noLMr.vs niiii.wix:. 7
r('".siill:il> ilc CN fonillo^ sont hicti cfinnus, nous poiivnri> pnsscr à d';uili'('s (1(! iiioiridri' imiioiliiiicc.
Des (races de sépiilliiics avec des urnes ont rté découvertes dans tous ces tuniuliis. De cent cinquante à deuxcentsurnesontétéexliu- mées des tombes qu'on a ouvertes sur la colline de Ralh prùs de Dro- glieda ; toutes étaient remplies d'ossements brilles. On y a trouvé aussi une tôte de llèclie en silex et une épingle en os. Quelquefois, comme à Louglianmorc, les urnes sont renversée?, et il y a des cendres dessous; la plus grande urne est au ccnire, les plus petites disposées tout autour. On représente comme bieVi ornementées et très belles de forme les urnes qui ont été découvertes au « Carn de la petite eau », à Clare et à Trillick, dans le Tyrone. Dans le pre- mier cas la forme de l'urne était particulière, ayant quatre protubé- rances aux anses; elle était au milieu d'une terre noire et pou- dreuse, dans une petite chambre carrée, sous deux dalles qui mesuraient trois pieds six de large sur deux pieds quatre de haut. Les murs de cette chambre étaient bâtis de petites pierres. Des os, les vertèbres d'un mammifère, et des silex, étaient tout ce qui accom- pagnait cette urne, et l'autre belle urne trouvée à Trillick.
L'urne était quelquefois placée sur le giron du défunt : ainsi, dans une tombe sous un tumulus, à TuUydruid, on découvrit un squelette humain assis et tenant une urne. A Dysarl, dans le comté de Westmeath, on fouilla un tumulus de forme irrégulière; on trouva d'abord une tombe avec un parquet dallé sur lequel il y avait des traces évidentes de feu, un amas d'ossements humains calcinés, et de l'argile; puis les explorateurs arrivéïent à un kist- vaen composé de dalles de grès, irrégulières, posées debout, et recouvertes par une seconde dalle formant toit. Cette chambre était occupée par un squtdetle humain assis la face vers le nord-est, et une urne d'argile cuite dans son giron. La forme de son crâne mon- trait qu'il appartenait à une race à tôle allongée; et le squelette était en parfait étal de conservation. Trois dents d'un animal, une petite, une grande et une dent molaire, furent aussi trouvées, et dans une troisième chambre, à l'est de celle-ci, parut un second squelette.
Des tètes de flèches en silex, des épingles en os, des colliers de co- quillages sont, ici comme ailleurs, l'accompagnement ordinaire de ces urnes. Ainsi, en ouvrant lelumulus de Knockmaridhe, dans le Phœnix Park (Dublin), des coquilles et une libre végétale, proba- blement la corde avec laquelle avaient été enfilées ces coquilles, furent trouvées sous les crânes des deux squelettes enterrés en ce lieu. Il y avait dans la même tombe un os de chien, quatre urnes
H nEVUF. AllCIU'OI.OC.IOL'K.
renipIio> <1<' ccniins (rossomenls, une l'wvw \\pyrh\ une li^ic de ni'clic (Ml silex, l'I une »'|un{,'le en os. Les corps ;iv;uenl été posés du iioril :iu sud, et ces stiuelelles élaieiil ployés : dénis presque eoin- plèles; les molaires usées. On ciic louieluis deux cas exceplionnels, Tun il Tvrone el l'autre à Slii^'o, (Ui l'on a découvert des objets lù- nioii;nan( d'une civilisation plus avancée. C'est du moins ce qu'on a dit; mais, malheureusement, il n'existe aucun lécit détaillé sur CCS trouvailles.
Le docteur l'elrie, écrivanl à sir Thomas Larcoin en l'année 1837, décrit un cercle de pierres, un ratli ', et un tumulus à Dungannon en ïyrone, où, dit-il, se trouvèrent de belles armes, épées el lances, en bronze, avec des libules de cuivre ou de bronze, d'un beau travail, et une quantité de grains de verre opaques; de même, dans un lumulus prés de Halhcarrick (comté de SliL,'o), ouvert par M. Ro- ger AValker, on a trouvé une tétiérc de bronze dans un kist conte- nant six squelettes. Les ossements, ici, n'avaient pa? éic brilles cl pl.icés dans des urnes, mais mis en monceaux, avec de petites co- quilles et des os d'animaux. La bosselle au bout de celte têtière élait de jais et d'émail champlevè. De pareils objets en bronze n'ont jamais été trouvés sous aucun dolmen ou cromlech en Ir- lande.
Les constructeurs de dolmens semblent n'avoir pas été plus loin que ce point : savoir dresser des monuments mégalithiques, avec des pierres d'un grand poids; former, polir et aiguiser des armes aides ustensiles de silex el de pierre. Le l'ait (lu'il.M'ratiquaient des rite? funéraires dans des tondies d'une grandeur imposante, la cré- mation et quelquefois la sépulture dans des urnes, atteste uu étal religieux relativement avancé; l'élevage d'animaux domesticpies et la culture des céréales sont leurs premiers symptômes de civilisa- tion. Mais en Irlande, il est difficile d'établir iiu'aucune sciilpiure, queliiue grossière qu'elle fût, ou qu'aucun essai d'oinemenl ail été tenté par les constructeurs de dolmens, il est imitossible de dire si les signes qu'on y a trouvés quelquefois ne sont pas l'œuvre d'une épO(iue [dus récente.
Les seuls dolmens qu'on mentioune comme ponant ces marques sont ceux d'Aghade en Carlow, d'IIarold.slown ei fie Killiney en l>ii- lilin, de Lennan en Monaghan, et de Castlederg en Tvrone. A Agliade, les supports de la iiierre ipii sert de toit sont rayés depuis le haut jusqu'à la moitié .le la liaiileur; ou voit des lignes sembla-
I, Encfiiilc un tenr.
(VMlTK DKS l'IlINCII'MIX 1)01. Ml. NS II lIll.WliK, U
l)los, cl aus'^i ('ivideinmcnt ;ii liliiicllcs, sur la pierre siipr-n'oiuc ilu (lolincii (l(^ ll.ii'oldslown. — iJcs raimires arliliciclles, (|ii'on a pri- ses à tort pour une inscription oganiique, sont encore visibles sur les dolmens de Lennan en Monaglian, et de Gastlederg en Tyrone. Elles consislenl en une série (](! lignes di'oites, cjui si/nihlenl èir(i simplement les traces d'un outil, laites au hasard, et elles ne sont pas nécessairement du môme âge que le monument. La pierre a été grattée, comme le pilier de Loulh, qui porto une inscription cliré- tieruje datant seulement du ix'" siècle, et même probablement [)os- lérieure. Le docteur Petiie, dans une letlre ù un ami, dit qu'on a observé sur un dolmen, à Killiney, certains signes qu'on avait jiris à tort pour le soleil et la lune ; mais, en tout cas , ils ont diiparu depuis.
Le seul tombeau païen ou kistvaon sculpté de notre listii est celui de Clover llill, dans le comté de Sligo, déjà décrit par M. Ja- mes Ferguson, dans ses Rudr Stonc monuments, p. 223, où il dit que le caractère de ces incisions est intermédiaire enire les sculp- tures de TelUoAvn et celles de Newgrange. Les tumulas ou cairns où apparaissent des traces indéniables de décoration ou de signes sculptés sont ceux de Dowth, Newgrange, TelUown et Halhkenny. Parmi ces ligures, il y a des coupes et des cercles, des groupes de cercles concentriques, des spirales, des demi-lunes, des zigzags, des lignes droites, des lenons, des demi-cercles, des losanges, des rliom- bes, des points, des étoiles, et des dessins qui ressemblent à une feuille avec sa tige et ses fibres. Ces sculptures s'obtiennent par le ciseau et le grattage, mais le plus souvent à l'aide du poinçon ou du pic. M. Du Noyer et M. Conwell étaient d'avis que les sculptures du cairn de Hatbkenny ont été faites avec quelque outil en mé- tal.
Quanta l'histoire ou à ce qu'on appelle la légende historique qui se rattache à ces monuments, il n'y en a pas, naturellement. Mais il pourrait êtrebon de recueillir toutes les superstitions et les contes de fées qui s'y rapportent, dans toute l'Europe ; car il est possible que la mythologie comparée jette quelque lueur sur leur origine En Irlande, les traditions relatives à ces monuments peuvent se di- viser ainsi :
1. Ce sont des tombes d'hommes tués sur des champs de ba- taille.
2. Les dolmens isolés sont des tombes de héros.
3. Ce sont des tombes de géants.
(Il lUviF. Anr.iiKOLor.iouK.
'i. Ils mnr.iuoiU li Minlio (l'un>' vaclK^ niYlliiiiii(\ la Glas (lavliii. îi. Ils mnrciucMit I.i lomltc d'un chasseur sauva^^'. G. Ilsiuaiiiuonl la tombe il'uu IcvriiT.
7. Les ci'iYles sont des joueurs de cornemuse féeiiiiuts changés
en pierres.
8. Les groupes de lumulus sont des cimetières royaux.
La légende la plus répandue au sujet des cromlechs d'Irlande, surtout de ceux de Galway, est celle des amants Diarmid et Grania, qui, fuyant devant la face du Vengeur, reposaient dansdes huttes cl des cavernes, sur des lits de fougère cl de mousse, ou dans des chambres, sous le toit des cromlechs ^
L'hisloirc de la mort et de l'enterrement du chien favori d'un clinsseur sauvage est rattachée aux cromlechs de liallvbr:irk et de Mo\acorab, dans les comtés de Dublin et de "NVicklow. Un dit aussi iju'iin chasseur sauvage est condamné à galoper la nuit tout autour du tumulus de Slieve Kiella dans le comté de AVexford, jusiiu'à ce (jue lui et son cheval disparaissent dans le cairn. Cette légende se laconte aussi du cairn de Clonlinlough dans le Kiiig's Counly : on Ta^ipelle de dillérenls noms, tels que Leacht na Marbh ou le Lil des Morts, la Pierre des Fées, la Pierre du Cavalier. Dans d'autres endroits, on rattache ces monuments i\ la légende des joueurs de cornemuse des fées, probablement les mêmes ôtres surnaturels qui paraissent dans le poème de sir Samuel Ferguson, Conary :
Vêtus de manteaux rouges, avec une coiffure rouge,
Ils n'avaient pas d'i^pée, ils ne porlaienl ni lance ni bouclier,
Mais chaque homme sur son genou tenait une cornemuse,
Avoouncciianlerellcornécdejoyaux qui brillaicnlà chaque mouvement,
l'A une embouchure prûte à recevoir le vent.
Le .-uul les iiuniiiios lies sidhs : les Irupiier, C'est frapper une ombre. Si ce sont eux, K\ile leur attaque ; car j'ai entendu dire aussi (Ju'au premier son de c-es cornemuses enchantées, Il n'est corbeau ni cormoran au loin sur les côtes Oui n'accoure se gorger de chair Immaine. « Oui, roi puissant, dit l'un,
1. Voir Tran^adi'im nf Ih'; Ousianic sorieftj, toI. U\, p. 1R5; O/d Cr/lic Ho- r„«/,<v,, p. 2:.. Joyce; /.'/'/v l'ftfie wesleni Gaely p. 57, sir S. Ferguson.
CARïr. DF.S l'ni.NCIl'AL'X DOLMT-NS I)"llll. \M)i: . Il
1,'air que je joue, vous vous en souviendrez longtemps. » Kl il mil l'cmljoucliureà ses lèvres. Soudain, Il sembla que la lerre et le ciel no fussent que dos ïons, i^t que chaque son fût un cri de guerre qui rend fori, Uni pi'nèlre le cœur et la lûle de l'ardeur du combat, l'A slinmle tous les bras au\ expluils belliqueux.
Les Pierres des Joueurs de cornemuse l'Pipcr's Stones^ à Wicklow, sont un beau cercle de piliers, au bord de la rivière du Potier. Un cromlech se trouve sur la Colline du Flùteur (Piper's Hill), en f.icc d'Ardnaree, en Mayo. Un cromlccli du King's Coiinly est, dit-on, la tombe de Kerr, peul-ôlre Kiardlia, l'auctHrc d'0'Kiai-y, ancien lord de Garbury. Un cromlech au haut de l'Usuagii Hill, eu Westmealli, est appelé Cal-Uisnigh, et chez Kealing Ail-na-Miix-ann, c'cst-à-ilire le rocher des divisions, parce qu'ici cinq provinces se touchenl. Se- lon Giraldus Cambrensis, un des premiers colons de l'Irlande divisa en ce lieu le pays en cinq parties égales, aussi appcla-t-on cet en- droit le cœur de l'Irlande.
V. Tlachtga Ban est le nom d'un beau cromlech en Anlrim, et Thichtga, maintenant Hill of AVard, eu Mcitli, est un endioit où la fùle du Samhuin est toujours célébrée le premier novembre. — Geof- froy de Monmoulh raconte la légende de l'enlèvement d'Irlande des pierres de Stonehenge ; et il est suivi par GiraMus Cambrensis, qui les nomme la Danse des géanls. (Voy. Geolïrov, Hiat. Biil., li- vre YIII, ch. X, XII.; Topogr. Hib., vol. II, ch. xviii; Ware, //^s^ //«&., XXIV, 103.)
Le cairn de Sliabh Bealha, sur le sommet de la montagne ainsi ap- pelée, en Fermanagh, tire son nom d'un héros mythologique Bith, dont la mort est rapportée au commencement des Annales d'Irlande. Ce nom signifie Montagne de Billi, à présenl Slieve Bàhà: c'est une longue chaîne qui s'étend jusqu'à Tyrone. (Voy. Leabhar Gahhahi, O'Clery; Kealing, Uht. of Irelawl, Haliday"s edit., pp. 15i->, 154: a de Bill est tiré le nom de Slieve Baba»; O'Flaherty, (^ijfl'jin, parties, ch. i; Ann. des Quatre Maîtres, an du monde 2242 : aBilh mourut à Sliabh Beatlia et il donna son nom ;\ cette montagne. »)
Tumulus de OIJ Croghan, King'.s Counly, baronie de Philips- town, paroisse de Croghan. Le tumulus ou rath qui est au haut de la colline de Croghan est, dit-on, un monument sépulcral; dans un poème appelé Laoidh na Leacht, le poème dos monuments, on le donne comme étant la tombe de Congal.
La colline tire son nom, Croghan Bri Eilè (colline d'Eilé), d'Eilc,
li m: VI T. Aiw'.iiKoi.iMMurR.
lille il'Korliniilli Foidlilench et sreur dn M.u'V, rrinc ilii ('.oiin;ni|^lil au I" sik'li?.
Dniis \c liviv lit" Lccnii. fol. 17.'», p, r/, col. b, nous lisons : \a^ roi Eoi liy Kciji'arli avait iino lillc noinnii'O Kilf, d'oii le nom de \U\ Eile, en Leinster. Klle fut la feiuine de rerj,'al, lils de Maj^aeli. — Au l»:is du CroL:han il y a liois puits, ouiliragés par deux beaux frèms.
.\u-ilo!à du I.cinsler Carbuiv aux faraudes plaines
K>t O'Kcary, dont les épres ont la lame rongio,
l'A par qui furent allumées des batailles uuluur du (Iro^'lian.
Une allée couverte formée de quatorze pierres levées et de trois pierres faisant toit se trouve sur une colline du comté de Limerick, qui prend son nom, Dun-trylengue ou Dun-tri-liag, le fort des trois pierres, de ce monument et d'un fort qui était à côté. Dans le livre de Lismore, fol. ii)\), il est dit que Cormac Cas mourut iei, et fut enterré, cl qu'il avait fondé en ce lieu un fort. « (^orrnac Cas (roi de .Munster), fils d'Uilioll Olum', petit-fils d'Owen .More, combattit à Knocksouna (prés de Kilmallock) contre le roi d'Ulster, qu'il tua; et Cormac fut blessé à la lèle, de sorte qu'il fut trois ans à se soi- gner. .\lors il construisit un bon dun, ayant au centre une brlle source d'eau claire, et une grande maison royale fut bâtie sur le puits, et trois piliers de pierre furent placés autour, et sur ces pi- liers était le lit du roi, de sorte que sa léte était au milieu entre les trois piliers. El l'un de ses serviteurs se tenait constamment auprès de lui avec une coupe, versant l'eau du puits sur sa léte. 11 mourut ensuite en ce lieu, et fut enterré dans une caverne à l'inlérienr du dun, et de là est venu le nom de la place, IJun-tri-liag, le fort des trois piliers. »
Cormac Cas était l'ancêtre des O'Brien de Tiioinond, et de toute la tribu Dalcas^ienne. Il vivait vers la fin du second siècle de l'ère cbrèticnne. Un dit cjue sa première femme fut Samliin, fille de Kinn mac Cumliail, et sa seconde Oriund, fille du roi de Locblin. Cormac i"ul, dit-on, un prince vaillant, saj^e et libéral, et était regardé comme l'un de.s grands guerriers «leson temps, btrsiju'd liérita du royaume de son père. Il fut le premier qui régla les redevances et tributs de Munster, de telle sorte que les sujets ne pussent être pressurés, ni
1. Voy. O'Donovan, Sup/ilémcnt au ilii.liunnaire irlmuliiix d'O'Hcilly, au mot Itun.
CAiiiK iti:s |'UIm:ii'\('\ ixm.mkns diulandi;. \',l
le roi liustii' de srs dioils. il s(; lil donner des otages de Tile de Hrc- layne, à ircnlc difTércnles reprises '.
J.e champ de linlaillenù Sinrn, fils de Nevoy (Neimliidh), péril de la main de Conaini^, (ils di; Fa('i)liar, dans la dcinièri! lulleenln; les Némédiens el les Fomoriens, a élé identifié avec "la plainede lait», Lnijâ o\\ Loi f on Ijiclit-mhaf/h, oh l'on \ù\l encore nn beau dolmrn. C'est à Murioiigli Hay, C(Me nord d'Anlrim.
Les cercles de pierres, cnirns et dolmens qui couvrent les plai- nes du Moytura septentrional et méridional sont regardés comme indji|uant les champs de bataille où eurent lieu les dernières luttes entre les races des Firbolg et des Tuatha dé Danann. Il est certain qu'à chaque fouille qu'on a pratiquée dans le champ de bataille du Moytura septentrional on a trouvé des cadavres enterrés.
Le champ de bataille d'Ollarba, à Larnc, où Fothadh Airglheach, roi d'Irlande, fut tué par Cailte, fils adoptif de Finn mac Cumhail, en 285, est marqué par le monument de Carndoo, dans la circons- cription de Headwood, sur la roule de Larne à lîallymena. Dans l'an- cien récit conservé dans le Leabliitr lui Huidrr, Cailte dit : La pierre ronde avec laquelle j'ai fait ce coup sera trouvée à peu de distance à l'est. Il y a une cellule de pierre autour de lui dans la terre. Là sont ses deux anneaux d'argent et ses deux bracelets, et son collier d'argent sur sa poitrine; et il y a un pilier de pierre à son carn, et une inscription ogamiquc aubout du pilierqui esldansla terre. Voici ce qu'elle dit :
Eochaid Airgthech est ici.
O'Donovan, de son cùlé, émet l'idée que le cercle de pierres de (Carndoo marque l'endroit où Tuathal Teachtmar fut tué, l'an IGO, par Mal, roi de l'Ulster.
Feart Echtra. Comté de Mayo. Gallon. Toormore-Kilmore.
Un kislvaen, dont une partie subsiste encore prés de l'église de Kilmore, marque la tombe d'Echlra, dont l'enterrement au gué appelé Ath Echtra est mentionné dans la vie tripartile de saint PatriC'", pp. 137, lil. Il se compose de grandes pierres droites, 11 ne reste plus que lecôié est. La pierre qui formait le toit a été enlevée. Cette tombe se trouve en face de l'ancienne église de Kilmore à droite de la roule de Hallina à l'église. Echtra était l'épouse d'Eocliaid Breac, fils de Dalhi, ou, comme il est appelé ici, Nathi. Voici le passage où il est question de cette tombe Cp. 426) : «Et il (Patrice) baptisa Eochaid,
1. Voy. Connellan, Ed. des Annales des ijualre Maîtres pign 172, note Vind. Anii'j. of Ircl. lOi, 5; 0(/;j>jia, A. D. 257.
14 llKVLi: AIU'.IIKOLOGUJIK.
fils de Nallii, lils île Fiachra, cl ressuscita sa fonimo Kchira à Alli- Kchlra, le pclil cours d'eau aux portes mûmes d'till-mor. Kt la tombe d'Eclilra e>l sur le bord du gué. C'est pour eux un signe do ronuaissance de leur histoire (jue de se rappeler celte tombe. Il (Patrice) envoya PêvOque Olcan bùlir là où est réi,'lise aujour- d'hui. » M. lK'nnc>sy ajoute en note (juc l'édition laiim; de (^ol- gan appelle ce monument Fe:ut Kclilra, (jui a la même siguili- calion, et la tombe se voit encore dans un champ (jui se trouve à peu de distance à l'est de la vieille èfh^c de Kihnore-Moy et presque en. face d'un puits sacré appelé ToberPalrick. Nouvelle ligne Clochtogal, sur le bord de la rivière Moy(SalSrotha Dergi,dansla circonscription de Knocklcliaugh, paroisse de B;illina, baronie de Moy, comté de Mayo. Quelques antiijuaires, suivant une idée de feu M. le docteur O'Donovan, ont été tentés d'identilier le dolmen de Clochtogall, sur le Pipers'llill, présde Ballina, avec le Ard na maol mentionné par M:.c Firbis comme faisant faceù Ardnaree (Ard na riogh), colline d'exécution, où l'on suppose qu'au vi° siècle quatre ccclésiasti(|ucs furent pendus. Ue leurs noms, précédés du mot mk/o/ (tonsuré, chauve), viendrait Ard na maol qui désigne une colline du voisinage. L'idée d'un dolmen élevé au vi" siècle par un païen sur les corps de quatre prêtres chrétiens oITre beaucoup d'atlniit aux auteurs qui voudraient faire descendre la date de ces monuments jusqu'à une époque relative- ment moderne. Il devient donc nécessaire d'examiner le fondement de celte hypothèse du docteur O'Uonovan. Voici le récit de l'exéculiou de CCS quatre ecclésiastiques :
Maelcroin, Maelseaiiaigh, Maeldalua et Maeldroraid étaient les frères de lait de Guary, (jui, comme son frère propre Kellacii, était filsd'iJwen Ik*!, roi du Connauglit, tué à la bataille de Sligo, A. D. î'y'M. Owcn eut pour successeur Guary Aine, [)arce ijue Kellach, qui avait à la souveraineté des droits supérieuts aux siens, s'était fait prêtre cl était devenu évéque de Kilmore. Guary, toujours jaloux de Kellach, excita ses quatre frères de lait. Groin, Seanaigh, l);ilua et Deordaidh (dont chacun mettait Mael devant son non»), à assassiner Kellach; ils le tuèrent par trahison à l'endroit ap|telé Ard-an-phen- nea.lha. Alors Gucongilt, frèn; de lait de Kellach, tua les nieur- Iriers pour se venger de leur fratricide. Il les pendit à Sal Sroilia Dorg, ancien nom de la rivière Moy, « et c'est [jounpioi la colline qui domine le Moy fui ap[)elèe Ard-n i-riogh, collinede l'exécution. »
Dans la copie manuscrite du l)innseanchusconscrvé(.' dans le livre de Lecan, fol. li'd), Ard-na-righ, mainteuanl Ardnaree, est mention- née en CCS termes :
CAUii; i(i;s i-Hi.\(;ii'AU\ doi.mk.ns u'iiilamh:. itSt
(( Aiiliiarco aux deux criminels, r.omine l'appellent ordinairement les Irlandais. KL ici, selon la coutume du barde, une pieire fui dies- sée. »
Mac Firbis, écrivant au wii" siècle, affirme qu'il y a un en iroil ap- pelé Ardna-mael à cùlé de l.i rivière Moy, en face d'Anlnaree. Ce nom cependant est oublié depuis m longtemps, qu'aucun naiif du district ne peut inditjuer de lieu ainsi appelé; et Cloglitogal n'e.t pas en face d'Ai-dnaice, mais à (|ueli|ue distance au sml.
C'est néanmoins d'après un lémuignage aussi insuftisant que le docteur O'Donovan ' idcnlilie le dolmen de Cloglitogal sur Pipers' llill avec l'Ard na mael de ]Uac Firbis; il croit iju'après l'exécution les corps des quatre Maeis furent portés de l'autre cùté de l'eau et en- terrés sous le dolmen. 11 n'est pas exact quand il affirme que le monument est appelé Leaclit na Mael dans le Dinnsencbus, et que ce document lui attribue une situation élevée. Aucun d» ssavants irlan- dais qui ont bien voulu nous aider dans celle recherche n'a trouvé rien de tel dans le manusciit original. Si le nom [irimitif de ce crom- lech était Leaclit na mael pouniuoi est-il appelé Cloghtogall, qui si- gnitie pierre de la garde? et si la colline sur laquelle il se trouve était Ard na mael, pourquoi est-elle appelée Piper's Hill, colline des joueurs de cornemuse, nom tjui semblerait la rattachera une légende féerique commune à beaucoup de dolmens irlandais, comme nous l'avons déjà montré ?
L'opinion d'après laquelle l'enterrement sous les dolmens était en- core prati(]ué en Irlande à l'époque des premiers missionnaires chré- tiens ne semble appuyée, d'ailleurs, par aucun témoignage. Dans la Vie de saint Patrice nous lisons une anccdocte qui paraît prouver qu'on ignorait alors, comme à présent, l'histoire de ces monuments. Nous y voyons que les pierres formant un cercle dans le comté de Cavan prés de Ballymagauran furent dénoncées comme étant de> idoles, par saint Patrice. «Flquandil vit les idoles des eaux appelées Gulhard, il éleva la voix en haut-. »
De plus, la tombe d'Echtra, dont il a été déjà question, ne ressem- ble pas i\ un cromlech. C'est un espace enclos par des pierres droites ; elles restes du iiionaslôredeSIvellig Michbcl, devant la cote de Kerry, nous apprennent que la pratiijue de la primitive église d'Irlande était de faire les u lits pour les morts » dans un espace oblong el ver-
1. Voy. O'Donovan, Trihesnnd Customs of Ihe Ily Fùicfirach, page 3!i, note.
2. \'oy.'ïodii, Life ofsitiut l'utri.k, [ip. 127, 'lUi, et Luuigau, Ce;/., Iliit. vol. I, d. 229, 239.
\(\ IIKMI. MlCIIKOl.CKilyUK.
iloyant, (|Uon foiniail nu iikacii île |iili»M-s scnts les uns pièsdes au- tres; chaque pierre élail manniée du signe de la foi.
Nous (levons ni.unleuant arnMer ici ces notes sur les dulmens de l'Irlande, que l'on prendra seulement, nous l'espérons, pour une conipilalion d'après les n inaniues des anti(|uairesel des olliciers de la earle d'êlal-major d'Irlande sur une .seule elasse de monuments.
Nous n'avons point la prrlention de présenter au publie un tra- vail eomplel. Si nous avons montré quel vaste eliamp d'investigation est ouvert on Irlande, noire but .seia atteint.
MAIUlAnr.T STOKKS. Traduit par ft M 1 L !• E R N A L' I.T.
1 N ij i: X
1)|-.S MO.NL'Mr. NTS M KO A I, IT H I Ol' KS n'illt, ANPK
LOCALITÉS. NOM DU MONUMENT. QIALIFICATION. COMTE.
Agliaboy ^Lcaclit na m-ban ?). Dolmen and pillar
stoncs Monagiian.
Aghadc Ilolcstone, Clocli a Dolmen and four iip.
Phoill rights Carlow.
Annadown Gianfs Gravo . . Dolmen Down.
Ardnaree. ... C.loglioyie'Giani's Ta- ble Dolmen Mayo.
Ardnaree l'iper's Hill Dolmen Mayo.
IJallina f^arl Hchtrn. . . . Ci-t Mayo.
iJallintobcr Cot-aula Dolmen Mayo.
Hallintoy Mount Driiiil. . . Dolmen Aniritn.
Ijalliiitoy Giants Graves. . . CisL" Ai'trim.
liallon. .... Cloglian na mar- blian (slonc of llic
Dcad.) ('.istscontainingurns. Carlow.
Uallymagorry. . (iiani'H Grave 'ilnlly
magrorty).. . Dolmen Londondorry.
Ijallymaiicanlnn. . (;ianfs (irav.- . . Dolmen Loutli.
Ballynakill, n" 1 . . Ued of Diarmid and
Grania Dolmen Galway.
cMiiK i)i:s i'iiiN<:ii'Aii\ hdi.MKNS I» iiii.witi:
17
I.OCALITKS.
UullyiKikai, u" 2 IJallyn:iscorny .
Castleliackct . .
Casllelyons.- . . Casllemary. . .
Castlewellao, n» 1 Castlewellao, n* -2 Cleggan ....
NOM 1)1' MONUMENT.
Ued of Diariiiid uiul
(iraiiia
'Ilic Li-liaii
Baltinglass Monument in Park.
Buolick Gortoen , GianlV
Grave
Calry Cairn of Calry. . .
Carrick Cove sloncs of Clog-
linylc
Camp Grave on Caliir Con-
rcc
Carlow, n" 1 . . . . Brownc's Hill. . . . Carlow, n" 2. . . . Near Browne's Hill. Carlow, n" ,3. . . . Near Brownc's Hill.
Carn Giant's Grave. . . .
Carn Giant's Grave St Mo-
guè's
Knockma,Cûrn Ceas-
racli
Curraljelia stoncs. .. Cots rock or Carrig
Cotta
Sliddery ford. . . . Slieve na Boiltrough. Bed of Diarmid and
Grania
Clomanty Clomanty Cairn. . .
ClondnlT Clocii more or Finn's
finger
Clones Calliagli'Hag's Grave.
Cloncgam, n" 1 . . Giant's Grave . . .
Clonegam, n» :i . . Porllaw
Cloulinlougli .... Leac na inarblian,
Stone of tlic Dead
or tlie Horseman's
stone
Clonmore Brce Hill
Cong Caillccli dubli. . . .
Connor, n» 1 . . • Druids altar. . . . Conuor, n» i. . • . Dunanioy or Moya-
dam
Cork Druid's altar near
Knockboy .... Crecvy l'"all na gdocca
Breacca
Croglian Moat of OldCroghan.
CuldafT Giant's Grave . . .
c}UAi.iric\rioN.
Dolmen
Dolmen and stone ci r-
clc
Dolmen and graves.
Dolmen 'l'umuluï
• OMT^..
Galway.
Dui>lin. Wicklow.
Watcrpord. Wicklow.
l'olmen Londondcrry.
Stone wiili ogliaui.
Dolmen
Dolmen
Dolmen
Dolmen
Cist and cairn. . .
Cairn
Stone circle. . . .
Dolmen. Dolmen. Dolmen.
Dolmen
Ratli and Circle,
Dolmen. Dolmen. Dolmen. Cist. .
Dolmen and Cairn .
Dolmen
Stone Circle. . . .
Dolmen
Dolmen and Stone Cir- cle
PillarStoncs' Ogliara.
Kerry.
Carlow.
Carlow.
Carlow.
Donegal.
Wexford.
Galway. Cork.
Cork.
Down.
Down.
Galway.
Kilkenny.
Down.
Monaglian. W'aterford. Waterford.
Wexford.
Mayo.
.Antrim.
Stone Circle tonibs
aud rail
Tumulus
Dolmcu with avenue. M.IV
Antrim. Cork.
Mayo. King's Co Donegal.
18
11I.VI i; MICIIKOLOGIQUE.
Curragh Dalkey. ■
Davidsiown.
Dcrryvullan.
Donard. .
Doncgopc.
Doon, n"^» I, 2, T. Doon, n"* ^i et 5. DooD, n°» 1 et 2. DooDfoeny
DoNMipairiik Dowlli. Douce .
Droplicd'.
Drunibo
Druiubo.
Dundruin. Duiidruin. Dung:innon.
Dunganstowii.
Dungivcn.
Dunlaviu
Uysart. ... Drumgoolaiu'.
Uroinard
Ennibktrry, n" 1.
Enni»kcrry, n* 2 . Fauglianvalc
Faugliart.
Fiddowii
Furts aiiU Cruuikcli.
Gara (Cogli,.
NOM m MO.MMIM.
Giant's Gra\e . . . Druid's altar. . . .
ll.nlie of Killi'onC>r- maic
Tawney roapli rii.tiit's graves
Cairn on Chnrcli Mountain
Tho Cairn
Foilycleary.
Foilycleary
Koilmalionmoro. . .
Dun fecny tlieGinut's
fort
Louglimony
Cloclilia
Cairiis of .M.mliT and Douce
ilill of Hatli.
Ballynaliatty. . . .
Giants ring' Bullyles- san
tiianl's Grave.
Sliddery ford. .
Sliddtry ford. . . .
Gaslleiimon slones. Glen of ihfî Potiers
river
Caugli ilill
Graves
,MoundofDy.sart. Lcpananny. Clocliglas. .... Gianl'.sGiave' Barna-
silldge
Bally Uru^'h. Glasocuoran ...
gUAI.ll ICMIOW.
Dolmen
Dolmen and Stoiie Circle
(Icmetery
l'illar Slones, Cisls.
Tumuliis.
Stone Circle and Tu-
nuihis
3 Dolmen*. 3 Dolmen. 3 Dolmen.
DoInuMi. Dolmen. . Tumulus. .
Tuniuli. Tumulus.
Dolmen
Djlmcn .Tiid Sinnc
Circle Dolmen.
Dolmen
Tumu'.us and Siono
Circle. ...
COHIK.
Rildarc. Dublin.
Kildaie. Ferman.Tgli.
\\.cklL.W.
Antrim. I.iini rick. Liineiick. Liinerick.
.Mayo. Down. .Mcatii.
\\ icklow.
Loulli.
Dowu.
Down. Down. Down.
Gianl's Grave. . Carrig na Gag. . . Lougli (iur, Bcd of
Diurmid and Grailla Diarn.idaiid Graniu'.s
l).-d . .
Dolmeo. . . Sione Circli' Kifetvaen. Tumulus.
Dolmen.
Dolmen
Dolmen, Stoie Cir- cle
Diiliiirn
Diiliiicn and Stone Cir- clu
Dolmen
Dolmen
Dolmens aodralli!) .
Dulmt n
Tyrone.
Wicklow.
I.ondonderry,
Wicklow.
Wcstmcatli.
Down.
Sligo.
Wicklow. Wickluw.
Londonderry. Loulh. Kilkcnny. I.imerick.
ItOi>common.
C.VUIK I)i;S l'HINClPAUX DOLMK.NS I) im.A.NDE,
l:i
LOr. ALlTIb.
NOM 1)0 MOSUMK.NT.
QUALIFICATION.
Galbally Duiitryleagi.», Dinr-
mid and Giaiiia's bed
Gaulticrc, n" 1 . . . Bullindtul
Guuliiero, ii" 2. . . Lisn;iskill , (liioc a Tilialluij;
Glaiiworiii . . . Li';ib;i(;.iillighe-IIags- bcd
Glencasilc . . Dun Doiiiall. . . .
lllencoliimlikill'' . Giant's Graves . . . Gleneask Finii Mac Cool's Gri 1-
dle
Glengar Cairn ofGlengar. . .
GreyAbbiv. . . Moiint Steward. . .
Hazlewooil Leaclit cou mie Ruis.
Hazlewood. . . Druid's altar. . . .
Hollywood Pipcr's stoncs. . . .
Hollywood, n" •_' . . Atlidgn-any .... Holiywofui, 11" :i. . . Druid's altar. . . .
Howth TlieCromlccli. . . .
Incl.iquin Bed of Diarinid and
Grania
Inchiquiii, n" 2. . . Shallcc
luaghbridgL' Bed of Diarniid and
Grania
Inlshccr ..... Bed of Diarinid and
Grania (Moliar) . .
Iiiisheer, n" 2. . . . Coorougb
Inishinain Bockan, Druid's circlc
IslandMagec. . . . Callyumpages Giant's
Grave
Kells Headfort
Killcommon Duu Carton
Killcullun Tcmbof AnghusOsrc-
tlia
Kilfenora Balle cinn marga
market town. . . Kilfenora. Diarmid and Granias
bed
Kilgobbin Greybound'a bed,
Giant's grave, Bally
brack
Kilkcel Giant's Grave . . .
Killea Carrig a dhirrlia. .
Killeany Diarmid and Grania's
bed
Kilmageuny .... Lcac an scail. . . .
Dolmen. Dolmen.
Diilinen.
Dolmen
l'illar Stone, n" 2 Square enclosurc Six dolmens. .
I.imerirk. Wateiforil.
Watcrford.
Cork. .Mayo.
Doncgal.
Dolmen Sligo.
Dolmen Sligo.
Dolmen Sligo.
Stone Circlo. . . . Sligo.
Dolmen Sligo.
Stone Circlc. . . Wickluw.
Stono Circlc. . . Wicklow,
Dolmen Wicklow.
Dolmen Dubliii.
Dolmen Clarc.
Cairn Clare.
Dolmen Clan'.
Cairn and Dolmen. . Galway.
Dolmen Galway.
Stone Circlc. . . Mayo.
Dolmen Antrim.
Dolmen. Meaili.
Dolmen Mayo.
Tumulus Kildare.
Dolmen Clare.
Dolmen Clare.
Dolmen Dublin.
Dolmen Down.
Stone Circli' .... Waterford.
Dolmen. Dolmen.
Galway. Kiikci.ny.
J(>
HKVUK AHCIIK0LO(.|ijr|-.
ton 1.11 fS.
kilmnii) .
kilmurr>. Kilnab»»y, n" I Kilnaboy, n ' '-' Kilnaboy, ii" :i Kiln»U>y, n" h
Kilnaboy, i>" :>
Kilnaboy, n» 0
Kilranelapli Kilroiiaii.
Kilruddory. Kilsliannig:
Kiltifrnan . Kilwaugliicr
Knockadruin Kippure . . Kiiockainy, n" 1
Kiiockainy, ii" 2 Koocklaul Knockaarea . .
Knockroe . ■ Kiiockioplier . .
Knocktoplicr
Knowth ... Loui;licr(;w. . Lougli Hcc, n» 1
Loiiph Hcc, II" ?
Lough Uey
I^linrl.
I^iilli i. outil
NOU m UOMUKNT.
InisoWl'ii, Ballinclial-
la.
Firbanc n (llioircp. IJ.illypaiincr, Ucabliamn. Cianl's j^raM- Colpcn or Comment
norlli
Kiiow na glaise llill
of llio Cow. i.caba na glaise BccI
of llic (low. kilraiiolapli ... Druids Aitar, Crai- gne Nacloch . . Dcerpark (cairns lied of Dianuid and
Grauia, lUvcenp Callybetagli. Carudoo, Boicy liou-
scs
Diarmid's bed . . . Druid's allar. (Jiant's Grave IJally-
napalliagh ... Kiioïkadooii ... Gianl's grave at Layd Carrowiiiore, Norlh
Moytura
Ballyglass
Giaiil's grave, Bally
lowra
Bed of Diaiiuid and
(irania
Kiiowih
Sliabh na Calliglio Bed of Diarmid and
Graine
Monument on l.ouglt
Hee liell. . .
(liants grave Désert
créât
i.il Al IHi ATION. |
(OUI |
Sione Cirrl<' |
.Mayo. |
Dolmen |
(■.kiway |
DolllKM). |
. Clarc. |
Doliii' II. |
Clare. |
Il<>liii''n. |
. Clare. |
Dolmen. |
Clare. |
Dolmen. |
. Clarr. |
Slone cil |
rcle |
Wicklow. |
Dolmen |
r.oscommion |
|
Two niounds |
Wirkinv. |
|
Lpright |
slones. . |
. Cork. |
Dolmen |
. Dublin. |
|
Dolmen |
.\iitrim. |
|
Dolmen |
(;al\vay. |
|
Dolmen |
\N ickitw. |
|
Holmen |
Limorirk. |
|
Cairn . |
l.imerick. |
|
Dolmen |
Antriiii. |
68 dolmens and cir-
cles Sliço.
Dolmen stone circle. Mayo.
Dolmtn . . Kilkeiiny.
lied of Diurmid and
(irania •
Greeiimount •
.Muund of At') -
S(one circle |
Kilkiiiny |
|
Tumulus. |
Mcatli. |
|
Tumulus. . |
M.';i!li. |
|
Dolmen . . |
Galway. |
|
Siono circli |
Gahvay. |
|
Dolmen and |
kist- |
|
vai'ii. . |
'lyrone. |
|
Dolin*-ns and |
>loiie |
|
circle . . |
Kl rry. |
|
Tumulus |
I.diiili. |
|
Tumulus. |
Luiitli. |
I.OCAI.ITKS.
Macrooiii. Marl)lu llil M;Uilicwst()iiii
Meala^'li Hiver
Middieton . . Moiiasicrboicu .
Moiiastcrcii:i<;li Moiiiisici-'jiiai^li Moydow . . Mungrct. .
New Grange. . Newry
Newtowa Ards
Ouglitmama .
Pliœiiin Park
Powersconrt .
Powerscourt .
Powerscourt .
Ratbconrotli .
Hathcroghan . HatliTran. .
Rallif;orniack. Rath Kenny .
Ratlivilly. .
cvnTK r)!'."^ l'iiiNcir'vrx
NOM IK MONtMK\T.
Lissacressig . . (iianl's CravcH Leaba 'l'IiOinais mac
(luba
lied of dianiiid aiul
Gi'a:iia
Kilacloyne
(la l I i auli I)i i ra's
llouse
(;raiif;o
(jraii^i;
Giant's Grave . . . Calierctlian , fort
Etna
New Grange .... Carnbane 'llacligia
Ban
Kcmpe stone, Bally-
clogh togall Grcon
graves
Bcd of Diarniid and
Grania
Cnockmaridhf, Ma-
riiicr's bill. . . . Ros a Trepeil.Tony-
garbh
Donchadh dearg,Glas-
konny
Annacrivey,Carricka
spinkeen
Cat's stonc, llill of
Uisneach
Oenach na cruacliaa
Giant's graves . Liitle Hazil cairn.
Carnan Cuill. . . AcaiinBridge,Druid's
Altar ......
Raloo Raloo .
Rossnarce . Rostrevor . Rui-h . . . Seskinan. . Sliaoganagii
lîroad Boyne. . . . Giant's grave. . . ■ Knocklea,Giants llill Tooreen NVe"^! . . . Druids altar. . . .
ii(ii.Mr''.s I) im.wnr:.
Ml Al.ll ir\TIO\. COMlt.
Dolinnii Cork.
Dolnii'ii and H graves. Galway.
DoiniiM) . Waterford,
Dolmen Cork.
Stom ciriir Cork.
|)i)luieii . . I.Diiiii.
Siooi; circle . . Limerick.
Dolmen and iiii'|t>. Limerick.
Dolmen . . I.on<:ford.
Graves, 3 cisis. . . I.imerick.
Tumulus and cirrl,''. .Meatii.
Dolmen Armagli.
Dolmen Down.
Dolmen Clare.
Tiiinnlus Dublin.
Graves Wicklow.
Dolmen Wicklow.
2 cairus Wicklow.
Dolmen W. Meatli.
Royal cemetery. . . Stone circles and dol- mens Mayo.
2 dolmens Wateiford.
Dolmen Meatli.
Dolmen, Stone mar-
kings Carlow,
Dolmen and pillar
siones. . . Antiim.
Tiimii'us. . M'a'li.
Dolmen . . Down.
TtimuliK. . Dublin.
Dolmen Watrrford.
Dolmen Dublin.
21
nr.vt r Anr.Héoi.doioun.
mCMIÎK. |
NOM M MOM Ml \T. |
i.iUAI 11 ICATIDV. |
COMtl |
Slianiil . |
'rmnrkill.i . |
Dolmoi) . |
I.imiric k. |
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I.caba naTaiRo. |
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Carn inor ... |
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Slicvc na cridJk- . |
Giant's graves . . . |
Dolmen |
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Suparloar . . |
(iiant'.s grave. . . . |
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Wickbw. |
Tallaghl. . |
MoiinlVoii»s,Druiil*s |
||
nllar |
Dolmen |
Dublin, |
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Trao Ciicliulliii. |
Dolmen |
Sligo. |
Tara . . |
Tara llill |
Tiininli and railis . |
Mealli. |
Toormore . |
Tlic Altar |
Dolmen . . |
Cork. |
Ti-mplcpitrick . |
Bally carn Grania. |
Dolmen . |
Antrim. |
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Kr.ockccn .... |
Dolmen |
Walerford. |
Trillick |
Oani |
Tumuhis \\iili 8 |
|
cbambcr.s .... |
'lyrone. |
||
Tubbrid . . |
r.alicen |
Dolmiri |
Kilk'iiny. |
Tullahopo . |
( liant "s grave. |
Dolmen |
Tyrone. |
Tullycorbct . |
Loniian |
Dolmen, stoiie niur- |
|
kinçs |
Monnghan. |
||
rppfrchurcli. |
Toampiill l'aclitair, |
||
Cnopc carra Cliiiailo. |
Holmen |
I.imeiifk. |
|
Urncy . |
IVuid'.s aliar, Castle |
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Dcr? |
Dolmen |
Tyrone. |
|
Wostport . |
Caliernamart |
Dolmen aiul cncle |
Mayo. |
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BiillyheiKbury |
Dolmen . |
Kilkenny. |
Whittcliurcli. |
Killonery |
Dolmen . |
Kilkcnny. |
Wliitechurcli. . |
. Sliovp Kiclla corn- |
||
mons |
Tumulus, . |
W oxford. |
1 NSCR I PT 1 0 N l>' Il A S l' A n ]\ K N
Tous los ('piprapliislos ronnnisscnt la famruse inscription d'ilas- parrcn. Kllc se voit anjouid'lmi encasirôn dans le tympan de l'église. Hasparrcn est un elief-lieu de canton de l'arrondissement de Bayonnc, situé à vingt kilomètres au S.-E. de celte ville (Basses-Pyrénées). (Vesl dans ce lieu même qu'elle a été troifvée en KiOO.
Le texte en fut communiqué au Journal (h' Trcroux, par le cha- noine Veillet, en octobre 1703 (n" 173).
Il a été puldié depuis lors par Mazure, dans son Histoire du Béarn, p. 4.'i.'J; par M. de Lagarde, Voyaçje au pays basque, p. fil, IS.'UJ; par M. II. Pnydenot, de Hayonne {Rnne de uumismal\(iue et d'archéo- logie, IST'ài; par M. François de Saint-Maur, l-^piçimphie des Ba^^ses- Vyrcnêes (dans les Mémoires du Congrès scientipqne de France, XXXIX" session tenue à Pau), avec une explication tout à fait inadmissible.
M. L. Renier, dans la séance ordinaire de l'Académie des inscrip- tions cl belles-lettres du M novembre \S10, avait eu l'occasion de l'expliquer (voir Comptes rendus des séances, 1870, p. 31o). Notre savant maître a publié de nouveau le texte dans une note, Corres- pondance de Borghesi {(Eurres compL, édit. de Paris, t. Vllt, p. ui3-:ii4).
Je l'ai publié moi-même, d'après M. Renier, et j'ai reproduit ses explications verbales et écrites {Géogr. Itist. et admin. de la Gaule romaine, t. II, p. 300-361, note).
A la séance de l'Académie mentionnée plus haut, un membre avait élevé quelque doute, non sur l'aulhenlicité de l'inscription d'Has- parren, mais sur l'attribution des caractères au i'' siècle de notre ère. Ce membre, qui n'est pas nommé dans le compte rendu, élai M. de Longpérier. Il avait eu l'estampage sous les yeux et il avait remarqué que la forme des lettres, dans la dernière ligne surtout, n'accusait certainement pas lei*"' siècle, mais appartenait fi une épo- que beaucoup plus basse.
21 nrvn Mirm^ni.or.iorF.
Ayant eu lorrnsion, à ninii loiir, «le iiroc(Mip(M' do nouvcnii de fcllo inscriplion lust(>ii«iuc', le-; tdtjcrlioiis ilc M. do L<)n!,'|i(''iit'r nie sont revLMiuos on niôiiioire, el M. Sacazi' a Itii'i» voulu iiiCiivoy.M- im rslampagc pris tout lércmmoiit. pu- liii-môiiu', à llasparren; c'est untM-(Vlucli(>n di' ret ostanipa{,'(' (iiif iio\is publions (pi. XII):
On se convainera sans peine (|ue les caraetères de toute l'inscrip- tion ne sauraient tHrc dui'^ ni du ir, ni du m' siècle. C'est ùvidem- menl au iV siècle que ce monument a été i,'ravè.
Ln forme '^vC'\o. des A, dont la plu[iart ne sont pas barrés, celle des C, des G, des D, des E, des M, des O allongés, el surtout celle des Q el des R, révèlent une origine postérieure même à Constan- tin.
D'autre part, ces vers peuvenl sembler assez étrange^; dans un ttxlf destiné i\ perpétuer le souvenir d'un fait aussi considérable que le. voyage entrepris par un .\quilain au temps d'Auguste, après l'an 21 avant notre ère, c'est-à-dire après le partage de la Gaule en provinces, voyage accompli dans le but d'obtenir de l'empereur, à Rome, (lue les »o«/" /*e»/'/r.s compris, avec les (jualorze peuples gaulois situés entre Loire elGaronne, dans la province d'A(iuitaine, continueraient à former une division ellinograpbiciue distincte, rappelant leur origine ibéiienne; celle mission menée à bien par un magistral municipal d'une de ces neuf cités, lequel était en même temps mwjis- ler de son pdijn^, était un fait fort intéressant. Vérus (car nous n'a- vons malbeureusemeni que son cognomen, les exigences du vers n'ayant pas permis sans doute de faire connaître son ijentilicium) obtint la seule cbose «lu'il pût demander à l'empereur pour ses com- patriotes : une di>linclion nominale (jui empécliàl de les confondre avec les Gaulois, compris dans la même division provinciale de l'em- pire, attendu qu'ils en dilTéraicnt complètement, non seulement par la langue, dit Sliabon, mais par le type pb\>i(iue, oO r^ y^iÔttt, aôvov aXÀi xai Tou cwaaffiv (IV, I, 1).
Kl celle concession obtenue fut assez signidcalive pour (pi'elle se perpétuai, dans l'usige, pendant plus de (lualre siècles, puisque le nom de Noinupopitlmia (|ue nous retrouvons dans la Notice des pro- vinces rappelle les ;/orr;/j /(o/Hf//, bien (pi'il n'y eiU plus alors neuf mais douze cités, (|ui foniiérenl douze diocèses au moyen âge.
On peut donc s'étonner (|u'un fait aussi im[toilanl pour tous les habitanlsdc rA(piit:iiin! ait é|è consigné, i" d'abord en ver.- el en vers faux, dans une latinité incorrecte, au teinp^ d'Auguste! C'était un étranger, dira-l-on ; mais Vérus était allé à Home, et, dans un texte presque oUicicI, il étiit facile d'obtenir uik; langue plus régulière.
IN'^CIllI'TKlN 1) Il \sr'.\lllti:N. Jit
2" On pnul .•('•tonner en outre que n- texte, ^M'.ivé sur « un .miel » élevé au 6'entMS d'IIa.sparren, nous piiviciiiie suc um.' plaqueUe de si [letite (iiiiieiisioii; car rinsciiplioii ira (pie ()"',4.*> de lonj,' sur O^j.'JO de laiL;e, et loule la pieiie ne mesure (pie 0"',7;i de loni,'; e'esl hien peu iiionumenlal.
:{' Si on lit avec attention les (|uatre veis (pii la composent, on y remarque les plus i5M'aves incorrections.
Flaincn itoiii diinivir, quapslor piigiquo magislcr, Verus ad .Xiigustiim Icgiito muncre fuiictus, l'io novein opliiiuit popiilis .'^cjuiigere Gallos ; Urbe rcdux, Geiiio pagi liane dedicat aram V
Nous sommes donc en présence d'un texte en vers incorrects, gravés, sur une phupielte de O^jT^ de haut, dans une forme de lel- Ires qui appartient au IV siècle, et cela pour perpétuer le souvinir Historique le plus important de l'Aquitaine au i" siècle. Que con- clure de ce qui précède?
D'autre part, l'inscription n'est certainement pas moderne ; la même forme des caractères qui nous empêche de l'attribuer au temps d'Au- guste nous interditde lafaire descendre plus bas (jue Théodose. Ce ne peut donc être l'œuvre d'un faussaire, et cela pour d'autres raisons encore : rinscri[)lion est connue depuis 16G0. Ce sérail donc avant celte date qu'on l'aurait fabriquée; on aimait assez à produire ces textes historiques supposés au xvr siècle, au temps du fameux I^igo- rio, elà les écrire en vers; mais on savait mieux le latin et surtout on l'écrivait plus correctement à celle époque; en revanche on pou- vait ignorer alors l'ordre des magisîratures municipales romaines et le litre que portait le premier personnage d'un jhujhs. On doit remar- quer que cette partie de l'inscripliou est irréprochable. Vérus a été maijistcr de son imgux ^celui d'Ilasparren, sans doute, dont le nom ancien nous est inconnu). Il a été en outre quacstor, duiimvinii/hiinen de la cité : celle cité est y/MrovOloron) o\iAqu(ieTarbellicai'(Da\),cvir l.apunlnm (Rayonne;, (jui est la ville la plus rapprochée, n'était pas alors chel-lieu de cité, les deux seules cités dont les chefs-lieux soient voisins d'Hasparren étant celle des Tarbelli et celle des Ilitrouensrs, qui étaient certainement tous deux au nombre des neuf peuples du
1. On voit que le second vers renferme un solécisme qu'il était facile d'éviter [!egn(o pour legnti), la quantité étant la mOme; « Pro novem » ne peut commencrr un vers; on n'a pas élidé la deuxième syllabe de novem, qu'on a faite brive. L'éli- sion de la seconde syllabe de uayi devant hune n'est pas faite non plus.
-•> nrvLP. Anciii.oi.ociorr,.
(«Miips d'Au^Mislt'. Aiii<i lo snronlnro Hpnrr t>n hMi' cl Irs ;iiilio> in.i- }îislrali)ros ;• leur nnR C.l;»ns l'onlrft inverso) ; c'est pnrfniU'mcnl rorrofl.
Or, si le toxic d'IIasparron n'est pas l'œuvre d'un faiissnireà l'épo- (juc moderne qui a prëcùdé 1G60; si, d'aulre pari, il n'est pas pos- sible de le considérer roniinc (Mant du temps (l'Auiriisle ni môme du temps des Anlnnins; si la forme des lettres, enlin,a(Tuse le milieu ou la fin du iv' siècle; on se demande (jucl inlùrùl on pouvait avoir alors à supposer le nom de Vériis. h simuler ce voyaj,'e à Home, et la concession faite par l'empereur Aii.îusie ; à rappeler, enlin, (hs faits antéiieurs de quatre cenl-^ans, à une époipie où les Noreinpopuli for- maient précisément une province à parijlepuis Dioclétien. (Voir la liste de Vérone, .Mommseii, \X{V.\, Abhnii'lltniijen (1er Kocn. M.dil iler W'is- .sy//.Nr/».cM/fc;7*/<IS(r_>, p.yiiî.CI. Irad. enfr., Kcr.nnlirul.. déc. l.SOO, t. XIV de la nouvelle série, p. II'.IO.)
Il paraît inliniment probable, en conséquence, que les faits rappor- tés dans l'inscription d'Ilasparren n'ont pas été inventés, que l'A- (juitaine obtint sous Auguste non pas l'autonomie assurément, mais un nom officiel tiré desneufpeuples dugroupe ibérien situé au nord des Pyrénées ; car son ancien nom d'Ai|uitaine venait de recevoir une extension politique blessante pour l'orgueil national. Il me pa- rait très probable ()ue, déjà au temps d'Auguste, elle dut recevoir ce nom de Xorempoiiulaud qu'elle a conservé jusqu'au moyen ûge, bien (jue ce nombre de neuf peuples ou neuf cités se soit accru dans la suite et ait été, dans les mêmes limites, porté à douze. Voilà ce qu'il faut retenir de l'inscription ; le reste importe peu. Mais comment expliquer que les lettres soient du iv"" siècle? L'autel ou le monu- ment aura été détruit ou aura disparu au iv siècle par une cause (juelconcjue, et on aura jugé à propos d'en reproduire, sinon les ter- nies exacts, du moins le sens et les expressions princi[iales. Le nom de Vérus eises titres sont bien du temps d'Auguste. Cc\u\ de pamni témoignerait d'une éjioque déjà avancée du régne d'Auguste, car c'est évidemment ici un flamcn civitatis, c'est-ù-dire un flainen Au- (lusti; or les flamines de cités ne datent pas du commencement du régne ; mais il n'est pas nécessaire de supposer (ju'Auguste fût dirus: puisque, dans toutes les cités de l'empire, aussi bien (jue dans les ca[)itales de provinces où le culte de Uome et d'Auguste était établi, comme à Lyon, c'est la j)ersoniiilic;itioii vivante du clief de THlat, par ronséqui ni c'est l'empereur vivant, (juel qu'il fût, (jui est l'objet du culte, et non pas, comme à Home, certains empereurs morts et divi- nisés, objet du ruife des smhihs (iiiiiuutnlrs Or celle inscription du
i.\«;r,(in'TioN n'nA'^pAnnrv. 27
i"siè('lo, (lispnriifî corlainomont, et (|iii ronslilinit un soiivniir si inlrrpssnnt p^iirla NovewpnjnilDnii ;iii iv' sirclc, piiisfiuVIIc niipcl.-iii roiifîiiio (ic son nom cl ;iv;iil lurparr loiif,'l(Miijis (r.iv.incel;! crralion nu^inc (Ii3 la province, dédoiihlemenl de l'Aquitaine d'Aufjusle, on dut la reproduire dans un monument nouveau, copie plus ou moins lidi'ic de celui (|ui avait dispiru : on dul faire, enlin, à ll.:s|taiien, au iv siècle, cl peut-èlre reproduire ailleurs d ins la nouvelle ju-o- vince, cet ancien tilre historique de ses origines, comme on lit à Rome m/^me pour l'inscription de la colonne Duillienne, jtour le cliani des frères Arvales et pour tant d'autres monuments liisl<.ii(|ues détruits et refaits dans les bas temps de l'Kmpire.
E. Dl-;SJAni)INS.
mmxnaii: iior,
AUX TYPES DEM PO RI ES
Têle (le femme à droite, los cliovcux relevés el ornés de feuilles de roseau, entourée de trois poissons, [irob,d)lement des (i;iupliins ma! dessinés.
IV. Pégase s'envolant adroite; au-dessous, EMPIO
Fabrique barbare.
Or. Di.imétr.', JO inilliméires. l^)ids. H ;:r. S(>. I!\('iii(ilaii(' (le cofisci'valion médiocre et troué, de la (•(dieclion de M. (iarlos Auban à Madrid. Provenance' inconnue '.
I/émis.'ion tics moimnii's d'.ir-'ciil dl^iii|M)i uîs cl lU; Uiiod.i a exercé une grande induencc pendant les m" el iv siècles avnii l'ère cliré- lienne, non seidemenl dans le monnayage de la région catalane, dans latiuelle éiaienl situés ces diiix (-(doiiies grec pie-, mais aussi dans celui du midi el de Toiirsi d ' la (iaulc.
(>elle inllnciiic csl dcmonliéc par les iiiinilni'ii^^i's inniinaicségale- mcnld'ar/ciit (|ui, avec plus ou moins de lidéliléct degoill ai tisliipie, imilonl les beilesdracbmesd'EmporieseldelUKida avant au dioil une
1. Voyez mon ârtic!»- d.ins la Hevitln di: Ciniciiis Itistoncas, HarceloiiB, t. il, p. 530.
MoN.wii; I) (III M\ n iM.s I) i;\ii'{ii(ii:s. iJ'i
ItMedn femme, couronnée d'épis on de fenilles de roscnii, ctiinrlfiiK;- fois (inloiiiée de Irois (lanpliins;;ui revers un cheval dehoul, couronné par la Victoire, un l*éi,Mse les ailes déployées ou une; rose ouverte; leur i)oids est à peu près le même que celui de leurs modèles cl descend peu à peu ;\ mesure qu'elles s'en séparent par la dislance du tem|ts écoulé, et la dilïérence dans la perfection du travail et dans la pureté du métal employé.
Il faut diviser ces iiiiilalions en deux classes: Iescspaf,'noIes et les gauloises.
Les imitation.: frappées en Espagne se trouvent presque exclusive- ment en Catalogne et présentent une fabrique en général bonne, qucl- (luel'ois même assez belle, qui, même dans ses jiroduils plus négli- gés, témoigne d'un certain art qui rappelle les originaux grecs; le type du revers est un Pégase avec la léte formée par un petit amour accroupi et au-dessous une légende ibérique en lettres tiés petites, gravées au trait tin par des mains d'artistes qui connaissaient sans doute le sens de ces épigraphes, puisqu'il y en a quelques légendes qui sont répétées sans aucune variation dans leurs caractères sur dif- férenls coins, d'aulres(iui sontdéjaconnues ailleurs. Bien plus rares sont les imitations des di acbaies de Rlioda ; leurs légendes ibériques se lisent gravées devant la tète du droit, de même que sur leurs modèles. Les imitations frappées dans la Gaule ne se rencontrent pres- que qu'en Fiance; elles présentent une fabrique beaucoup jilus gros- sière, et la reproduction de leurs originaux est bien moins exacte ; les types préférés sontcelui du cheval debout couronné par la Victoire et, plus souvent encore, celui de la rose ouverte; la légende manque presque toujours, et, quand elle y est, elle se limite à constituer une copie barbare de l'épigi-aphe grecque, que le graveur voyait sur son modèle, mais (lu'il ne savait dècbilTier ni remplacer par une autre inscription éijuivalente et propre à sa langue et à sa patrie.
Jus(iu'à présent l'on no connaissait guère de ces imitations ni de leurs modèles que des pièces d'argent d'un poids variant entre 5 et •4 grammes, et quoique je croie avoir suffisamment prouvé ' que le poids de ces pièces était celui du système d'or que les Carthaginois avaient apporté de Tile de Sicile, nous ne connaissons pas d'aulres pièces plus grandes ou plus petites, appartenant à ce môme système, (pie celles frappées à Cartilage, Ebusus et Gadès en argeni, et à Car- tilage seulement en or.
(t) Mémorial numisuialico cspaiiol, Barceloua, t. IV, p. I28 à 1^7.
.10 m vit; AUciiKiii.iKiiyrK.
On (Uni ilonc alliiluitr im i:r;inii inlritH h la liduvaillo do la iiioii- naie on or dont le croquis et la dfscriiilioii m' liouveiil en [«Me de celle noie.
Cet exemplaire, uni(iiie à notre avis, est assez usé et cii outre inulik' par le Irou qui le traverse; il devait peser, quand il lut frappi\ plus de î» irramiues. Aujourd'hui encore son poids dépasse non sculenicnl celui de toutes monnaies d'or gauloises, mais aufsi le poids normal de la drachme altiiiue, H gr. 7."l, que les stalèrcs gaulois lâchaient d'allcindre, quoique en réalilé ils soieni restés presque toujours entre s cl 7 },'rammes.
D'aucune façon celle monnaie ne doit èlreconsidiive comiin- frap- pée en Espagne.
. ZOUKL DL; ZANGllUMZ.
u N I-:
INSCUIPTION lin:UlEMiNE
Dans les papiers de Laiizi, conservés nux arcliives de la Galerie Royale de Florence, se trouve une lellre ù lui adressée racontant la découverte d'une palère d'argent antique, faite dans une tombe, au Las de Montiego en Ombrie, à qualie milles de distance d'Urbania, l'antifiue Urbinum Metaurensc. Celte palèie, (jui a sans doute passé par le creuset du fondeur, car on ne la relrouvc dans aucune col- lection, portait une triple inscription gravée assez légèrement au burin, dont la copie est donnée dans la lettre avec un soin et une lidélité remarquables. M. Gamurrini l'a publiée dans son Appendice al Corpus inscriplionuin ilalicarum l'd ai snoi Supiileineiid di Ario- danle Fabiclti, p. G et pi. I, n" -Jl, en la donnant poui- ombrienne. Dans les additions et corrections du même ouvrage (p. 88), un scrupule l'a pris à juste litre sur celte attribution ; il se demande si la triple inscription n'est pas punique, le lieu de la découverte de la palère se trouvant sur le terrain môme de la fameuse bataille du Mélaure, où IIa>drubal, le frère d'IIannibal, périt avec son armée.
Dans la réalité, les inscriptions ou l'inscription en trois parties de la patère d'argent de Monliego ne sont ni ombriennes ni puni- ques. Elles sont incontestablement ibériennes, et elles nous otTrent même le type précis d'écriture des légendes monétaires de la région qui c(miprend les districts de Carthago Nova, d'Acci et de Castulo, à l'époque qui suit immédiatement la seconde guerre punique.
Il suilit pour le montrer de reproduire la triple inscription :
A. — Sur le bord du vase :
AI$/<^A^^/^</^ABtC
Ii2 RKVUK .MlCIIKoi.di.lurK.
H. — A rmlt'ritMir. sur l.i },miic1u' du spci-talfur : (".. — A l'iiUrriiMir, sur l.i ili-oile :
On sait comliion jusi]u'ici sont rares It^s nmiuiinoiils cl(> l't'pipra- jiliic iliôrienne, en dehors de la nuinisinali(jue, et coudiieii le dé- cliifTremenl jnômeen est encore douteux cl peu avancé. Je ne pré- tends pas, dans cet élat des éludes, ;i autre chose (jue signaler à ralleniiun de ceux ijui s'occupent de senihlalile matière les inscrij - lions de la patère de Monlicgo, sans en tenter nue interprétation, ni même une lecture.
Je me bornerai à remaniuer que, si l'on adopte l'alphabet de M. Zobel de Zangroniz, le dernier et jusqu'ici le plus satisfaisant (jui ait été donné, on aura les transcriptions :
A. — d. I. ^. i. 1.(1. I. r. i. I.r. i. 1,(1. h. h.
lî. — /. ■*. i.^. s'. h(i. a. :'. i. ('.. — r. :'. e. r. r'. s\
Les inscriptions de la patère do iMontiego étant ainsi . reconnues pour ibéricnnes, point de doute possilde que la tombe où l'on trouva ce vase de métal ne fut celle de l'un de? oHiciers de l'armée il'llisdrubal, car nous savons par les écrivains anciens que celte armée se composait princip.demeiit d'Kspagnols et ilc (iaulois.
rnA.\(;ois lk.nokm wr.
LAOCOON ET LE GROUPE KATIIÉNÂ
A LA FUISE DE PERGAME
I
PEUGAME A VOL D'OISEAU.
Les ruines de l'acropole de Pergame, en Asie Mineure, couron- nent une haute colline, située à cinq lieues du petit port de Dikeli, et frangt'e à l'ouest par le Sélinos, ù l'est par le Kùlios, deux llcu- vesqui l'enveloppent de leurs méandres et semblent vouloir séparer de la phiine, où s'agite la vie moderne, la résidence aujourd'hui si- lencieuse et déserte des anciens rois Attales.
La ville actuelle de Bi'rgdtna s' élendâu pied et au sud-ouest de cette montagne, dont les lianes s'abaissent en penle douce de ce côté, tan- dis qu'ils tombent presque à pic au nord et à l'est dans les eaux du Kétios.
La citadelle de Pergauie a Ole l'objet de deux expéditions scien- tiliques ducs à l'initiative de M. Charles Humann.
La première, commencée eu 1878 et terminée au printemps 1880, amena la découverte des fondations de l'autel de Zeus, orné de celte frise énorme qui représente la Gigantomachie ou le combat des dieux et des géants.
Quatre-viftgl-dix-sept grandes plaques de marbre ou bas-reliefs de cette frise ont été retrouvés dans la première expédition. I„i hauteur de ces moiiumenls esl de 2"',;30 el ils forment une lon- gueur totale de i;{') mètres. Ils occupent aujourd'hui une partie de la rotonde et toute l'ancienne salle assyrienne du Musée de Berlin.
ALIV. — 3
:\t ll< \ l i: Mil IIKdl.iM.lnl K.
Lcsdi'iails de celle |»remii'»iv cimpatîno sont suffisiiimiieiil connus, en sorte i|u'il o>\. innlile île ••.•venir ici sur ce (|iie djiulres ont iléjà ilil. Mais nous avons sous les yeu\ les plans de la dernièfi.^ expëili- tion, commencée au mois d'aoïU 1S8(> et terminée à la lin d'oclobro 18SI. C,oml>inés a\ec les résultats des fouilles précédentes, ccf< nou- veaux dociimenls nous permellroiil de tracer' pour la première fois la silhouette de Per^amctidle (juVIle se dressait imi)Osante au temps de sa plus jrrande sjdendeur.
Un chemin (pii longe en zit^zai,' le liane sud-csl ih' la monlagiuî conduit de la ville moderne de Hergama à la première enceinte des fortilicalions. C'est le point le plus has de l'ancienne acropole.
Là s'élevait autrefois un gymnase romain, dont on a retiouvé dix colonnes en mnrhre bleuâtre et de style romano-roiintliien.
Plus haut, c'est-à-dire à -2^\2 iiiMîcs au-dessus de la mer, nous rencontrons un f,TOs mur li\/..iMiin. Sa largeur est de A à G métrés sur une hauleur de ."{ mélres seulement au-dessus du sol.
Ce mura élé consiruil avec des colonnes et des has- reliefs de la fri.>e du grand autel de Zeus et il traverse en ligne hriséc loiil le dos liela c(dline. I.e moilier (jui recouvrait ces précieux fragments a élé fahii(iué avec de la chaux tirée des marbres anluiues. La dii- relé exceptionnelle de ces matériaux a seule pu con^^erver, ajjrés tant de siècles, celle frise, la idus grande de toutes celles ((ui sont parvenues de l'antiiiuiic jusiiu'à nous, et dont le style doit faire l'objet de notre étude.
Si nous nous reportons à une époiiue où le murbyzanlin n'avait pas encore englouti dans ses lianes les richesses de l'acropole, un voyageur du monde ancien, arrivé à li hauteur île cette construc- tion, eùl apert^u au premier plan une large esplanade, ouverte à rouesl et dominant la plaine et la mer. Au centre de celle icrrasse l'autel de Zeus, avec sa base massive et sa frise longue di' iOd pieds sur une haut'iur de 2°',:{(), eût d'abord attiré scn regards et, plein de véqéralion pour celte œuvre colossale, il eût peiil-éire songé au mol d'IIésiode : U Aiô; àp/tôaeOa, et murmuré i|Ut |,|ue hymne en l'honneur île l'olympien.
Si, après avoir leriiiiué sa contemplalion pieuse, il se fi"il ensuile
1. Nou* le faiKons pour rfinrltro dans jour rudrc les cliprH-il'dMivrc doiil nous vou- lona nous occiifur Pl pour Aire ngréubie aux licteur» de la Itriur nrrMotDfjufue qui n'diiraicDl pas le loisir de feuilleter le» vohunc» ptibliOs pur l'Académie royale da Berlin.
i,R LAOCOON i:r i.K r.noui'E dathkna.
3.1
tourné vers le nord, son (ril en s'élevant n'tnU cnlrcvu qu'une succession de nioninnenls, do porlinues, de leniples éf,'ren;uïl à perle de vue d.ins l'air hicu leuis [irrislvles de marbre bhnr.
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L'auiel de Zeus à Pergamc.
D ins ce panorama ainsi déroulé on aperçoit sur une première es- planade la place publique louî élincelanle de groupes de combat- tants d'airain cl de marbre, monuments élevés en souvenir des vic- toires d'Attale I" et d'Eumcnès II sur les Gaulois et sur Antiocbos Iliérax '. tout animée de statues de dieux, de rois, de reines, de
t. Plures arlifices feceie Atta/i et Eumenis ntlvcrsus Gnlio^ praitin, Isigonu^^ PhyromadittSy Stratnnicus, Aitliyonus (Pline, XXXIV, 894). En comparant avec ce pas-agc de Pliiiu nue inscri|iiion trouvée \ Pergame on 1879 cl publiée par M. Conze (cf. Die Enjeùn'Sie der Ausyrnljunyen zu Pergnmon,\, p. 8^, ISSO), on ne peut douter de l'existence de ces groupes sur la place publique de Pergame. Les récentes fouilles de 18S0-1881 ont fait trouver les bases et les inscriptions de ces monuments sur la place que j'indique, devant le portique d'Atliéna Polias. Les traces laissées sur queUiues bases montrent que les statues quelles supportaient étaient d'airain. Ceci est d'accord avec le fait que IMine parle de ces chefs-d'œuvre de l'ergame dans son livre sur les artistes qui travaillaient l'airain. On sait qu'At- tale pf avait envoyé à Athènes des groupes représentant sa victoire sur les Gaulois, et celles des dieux sur les géants, des Athéniens sur les amazones et sur les Perses à Marathon. Ces groupes étaient sans doute des répliques do ceux de Pergame. Brunn a démontré qu'une série de statues prises autrefois pour des gladiateurs (ainsi le gladiateur mourant du Capiiole, le groupe des (jauluis de la villa Ludovisi, différen-
'M\ HK.VL'K AlU.lIKOl.Oliigi K.
pnMrvssfS. (l'alliliMos (M d'amazoïu's, ri lionli'o ;ni nord et à l'est par lo gracieux |inriii|iie d'Atliéua Polias, ' iloiil la K'"»'»'''*' siipê- rit'ure inonln» «Miiif ses colonnes ioniques uiu' haliisliadede iiidilire orniV do Iropln-cs d'ainics en ndicf -. A Kanclic, le sancluaire d'A- lluMia Pidias h'iiniiic 1 1 plafc, ol plus haut, dans le fund. sur une troisii''ine lfiia>si', rAii^:usi(Miin suspend à l'horizon, ciMnine une draperie, si's ^Mandes colonnes rcirinlhiennj's.
Mais ce n'est pas le dernier éta^e de cel escalier de i^i-anls. Une quatrième esplanade s'enlève à .'{1)8 mètres au-Jessus de li nn-r. Là, sur la dernière somniilè, ;\ la Innil.* extrême du terrain, se dresse encore, comme un dèli jeté à l'espace, le leuiple de Jiilnt ' surplom- bant le précipice (|ui sahîme à ses pieds dans les eaux du Kèlios.
Aujourd'hui il nVne sur ce point èlevè, (roù l'on aperçoit les contours durs (|ue les forêts de pins du mont Tfmmis dessinent au loin >ur le ciel, un silence imposant, un calme iilvllhiue, et le peuple a appelé cel emidacemenl : le Jnrdin de la lleiiic.
Telle était cette Pergame, oubliée pendant lanl de siècles sur sa montagne solitaire, el (jue les récentes fouilles des Allemands nous ont permis de restaurer dans ses grandes lignes. Les travaux ijui ont remué celte terre anlitjue de 187*.) à 1881 ont employé une ar- mée d'ouvriers (jui s'est élevée parfois justiu'à cent vingt bouinu's.
Le lerrain sur lequel ils ont opéré s'étend du temple de Julia jusqu'au mur byzantin el comprend un espace de 7o,()J{) nuHres carrés, dont la moitié environ a été profondément fouillée dans tous les sens.
Les résultats de la seconde expédition oui été moins brillants que les succès de la première. Celte seconde cam[iagne a amené surtout la découverte des fondations de ce temple d'Alhéna Polias dont j''ai jiarlè plus haut, de la place pubiiiiue, de l'.'K inscriptions donl
tp» fitalufs do. Paris (voyez Ciaric, }tus. (ht xciii/.t., pi. l'HO, 810 A. 838 8,858, 859, 868, 871, 872,, de Napics i.Mus. lim-hon., Vl.lav. 7, n" 2/4), d« Wiiisp, soiil desdau- luis dfHacln^» «les groupes d'Altalu 1" (llriinD, Anfina/ogiscfif /eiltuig, 180<.i, p. 17).
1. i>. porii^iue a éié restauré par M. Hohii, d'apn-s IcsTniK'"''"'» fl '•'•'» fondations trouvC-ft a l'erKanic en 1881 (voyez Du: llnji-hni^se tler Aus;/ra6unijen zit /'., Il, p.31y.
2. Un i^rand nombre de ces tropla'is onl l'ir n'trmivt's rn IKSl. Une pliototvpio qui ornf l'ouvrajje que ji; viens de citer peut en donner une idée.
.3. Fille d'AuKUftte. Kn 187U,on a nirouNé dans un mur l'architrave do ce temple portant les K^ies de soixante-tii colonnes doriqui-s, de O'n.OJ do diani^ini el à vingt cannelure.1. Une inscripiion donl l'iuiprcssioti s'étail consrrvée dans le ujoitirr a permis 4 M. LolliuK d'y recuunalire l'arclairave du lemple de Juiiu.
1,1' r.vocooN F.T i.F. ciKiri'i: ii'Arm'.w. 37
quoliiiiis-unos in(li(|uont ijiK^U claiont li's t,'rnii|H'> ilo slaliios ol les monumcril.; dont ell(! clait ornée, cntin du gnnd [)ortii|iie f[ui In bordait au nord et i\ l'est. Les fr.i{(menls de celte constrnclinu ouf èU\ relroiivi's en assez f^rand nonilire poui- jx-riiiellr*! de la resiau- rei' en(i(''renieril. Nous siL,Miai()iis à ralleiilioii des ér;jdits les has- reiiefs de la haliislradc^ (|iii oiiiaietil la {galerie supérieure de ce porliijiie. Lee deriiiéics fouilles oui. uns à jour virii^t plaipies de marhic appartenant à ('(^lli! baluslraiN; et représenlanl dr.s trophées d'armes. Il y a là tout un arsenal ipii pourra servii- ;\ l'élude des enp:ins de gueri'c dans raiilii|uité.
Parmi les enriosilés les plus intéressantes de la dernière expédi- tion il l'aut signaler une statue colossale d'Atliéna liaulc; de S^jOO, mais malheureusement mutilée. Sa pose reproduit exactement celle de l'AHnna récemment exhumée du Varvakéion à Athènes et qui avait été la cause de ce télégramme bellii]ueux' dont tous les archéologues d'Europe ont sans doute gardé le souvenir.
La statue trouvée à Pergamc est donc la troisième répli(iue de l'Alhéna l'arthénos de Phidias, et elle confirme une fois de plus la belle découverte de Lenormant, dont l'œil exercé sut reconnailre sous l'ébauche pres(jue infoi'me conservéL' au temple de Thésée tous les (rails du chef-d'œuvre de Phidias.
En effet, ces répliques qui apparaissent successivement, comme pourfaii'e lapieuve de l'hypothèse avancée par Lenormant, atles- lenl la haute valeur de l'original qui leur scivait de modèle.
Nous laissons de côté un grand nombre de statuettes, de frag- ments appartenant aux groupes qui ornaient la place publique, et nous terminons celle revue rapide en mentionnant la découverte d'une Giiimitomachie plus petite que celle qui avait été exhumée de 1870 à 18S0.
Les deux fragments retrouvés de cette petite fri?e, haute seule- ment de 0'",S8 et dont la destination est inconnue, repré^entenl Zeus el Aihéna dans une pose absolument ideiilii|ue à celle (ju'ils ont sur les grands reliefs.
1. Le 31 décembre 1881, le maire d'Athènes, M. D. Soutzo, lançait lad 'pèche sui- Tarite : « Annonçons iieureuse nouvelle : au moment où toute la (Irèce est sous les armes, venons de trouver statue magnifique et complète, chof-d œuvre de Phidias, Minerve victorieuse. Prévenez archéologues. « On se rappelle qu'il s'agissait d'une réplique de l'Atliéna Parthénos, d'une statuette haute de Q^fiô seulement, mais d'une grande finesse d'exécution.
:IS nKviK Anr.iii-oi.oc.iQri:.
('.ftltMlt^rouvorlc ronrinnc l,i liante iiniiorlan»'»» ' (pic nous .wions iloiuK'»' à ces }jrt>u|M'> dans la i^'iamli' frise, |iiiisi|iril appaialt iiiaiii- liiianl ijirils Servaient tic mode'' es déjà dans ranliipiilc, à l'erj^'aine même, qui cependant n»' dcvairpas^^lrc pauvie en orijjinaux dignes d'cMre copiés.
Comme on le voit, c'est tout un mnnile d'anliquilcs (jue la vieille terre de l'ergame vient de rendre aux vivants. Nous croyons (pie les sculptures de la frise du f,Man(l aulel de Zens sdiit destinées h compléter et à modifier la connaissance (pic nous avions du style grec ;\ l'épotpie des successeurs d'Alexandre.
l'Iusieurs représentants de cette période (jui s'étend de iiOU à 42 avant notre ère sont connus de tous. Ce sont, pour ne nommer ciue les principaux, le groupe des guerriers gaulois de la villa Ludovisi, le (iaiiluis mourant du Capitole ', TApollon du Htdvédérc, l'Xrlémis de Versailles, le groupe du Laocoon cl le groupe dit du Taureau Farnésc.
Mais, en archéologie, comme dans tous les domaines scientifiques, il est bon de s'élever des objets les mieux connus à ceux qui le sont moins.
C'e>t donc le groupe du Laocoon (pii sera le point de départ de nos recherches. Ce clicf-d'œuvre a été l'objet de nos préoccupations longtemps avant ces fouilles de Pergame. (jui nous fcMout découvrir peut-être sa véritable origine. Nous voulons résumer d'abord les spéculations des philosophes, des artistes, des hi>toriens auxquelles il a servi de thème, et l'éclairer ensuite de la lumière nouvelle qui nous vient éclatante des rives de l'Asie Mineure.
Nous dirons donc adieu pour (juchiues instants à l'antique rési-
1 . Voyez ma précédente lirocliurc : Li frise ilc l'err/ame et le groujn- du Laocoon; Geni-ve, 1881 clii-z Julien fntL-res, éditeurs). J'ajoute <|iiela date (piej'uvais adoptée pour l'époque à luqueiii; il taut lixer la création de cette (cuvre, soit le rèjriie d"liu- uièDcs 11 (197 à lO'J av. J. -<;.), u été égaieinenl contirinée par les récents Ira- vaux.
1. Certains Voyages en Italie, dus aux première» plumes de France, appellent eocorc ce chef-d'œuvre le Gladiateur mourant. C'est bans doute par respect pour l^rd Ilyron <|ui l'a cliunté sous ce nom-là. Mais il serait tem|)s de voir dispiraltro de notre liilérulurc ces erreurs qui la déparent et qui fini snurirele.* étrangers que leurs (jlude» ont conduit à (iiTord, S lli-rlin ou à Doun. iJ'aillenrs la vérité est su- périeure àla Action. Le Gaulois mourant du (Capitule est le Traire uliié di; lti>land, mon à Honccveaux. C'est la représentation urecquf d'un de ces licrs gaulois qui firent trembler l'Italie, la Grèce cl l'Asie Mineure, 1!0U uns av. J.-(;. (Juelle pagî pour un auteur français !
i,i: i,\r»rn()\ r.r i i: (Wkh ci, ii'\iiir\\. 39
<l('iici' (l(K rois Atl.'iliN et mms nous (■iiilririiiii'nui^ :i hikdi (lour (•('ll(ï île lie IUkmIcs i|iii lui l.i piliic t\r>. .iiilcms «lu l,;i()C(i(>ii.
Il
Li; [.\OC0O\ DU VATICAN EST-IL UNK COI'IK OU INK
Œuvni-: oiUGiNALi; .'
L(j t,Muii[)i' ilu L;iO(;()on, nclui-ilciiicnt ;iu Valicaii, a été Lroiivr cii iriOd, snus le ponlilical (1(3 Jules II, à Homo, sur le mont Esqiiiliii, dans l(!s ruines du i)alaisde Tilus conli,i,ni à ses thornii'S.
Voilà tout ce (jue nous savons de certain >urrori,t,nne de ce groupe si renommé. Aucun poète, aucun critiiiue, aucun historien de l'an- ti(iuit(!' ne nous donne quelipie renseii^rncment sur celte œuvre, à l'exceplion de IMine dans son WW!"^ livre (sccl. 1, p. 730).
Ce (|ui doit le plus nous frapper, c'est peut-ôlre cette indilTércnce de la critique ancienne pour une (puvi-e pareille. De tous ces écrits des Grecs et des Romains, quatre lignes de IMinc seulement sont consacrées h tirer de l'oubli les noms des sculpteurs du Laocoon. L'o- riginal avait été enlevé de Rhodes pour être transpoité à Rome. Mais cette ville était devenue, sous les empereurs, comme un enlre- pôt de chefs-d'œuvre ramassés aux quatre coins du monde; au milieu tl'un pareil entassement les plus belles œuvres devaient passer souvent inaperçues. La satiété produisait l'indilTérence; en- lin, comme le dit Pline, les Romains avaient bien d'autres préoccu- pations.
Pline fait cette réflexion à propos de la Vénus de Scopas qu'on voyait à Rome dans le temple de Mars: « Elle est, dit-il, digne d'il- lustrer toute autre ville. Mais à Rome elle est écrasée par la gran- deur des œuvres qui Tentourent, et le surcroît des charges et des affaires détourne les citoyens de la contemplation des chefs-d'œu- vre. En clïet, une telle admiration demande des hommes de loisir et il lui faut le plus grand silence autour d'elle. »
Nous devons donc nous contenter des quelques lignes de Pline dont voici le texte • : « Le Laocoon et ses enfants et les merveilleux enlacements des serpents ont été faits de consilii m'iitcntia, d'un seul
1. «Ex uno lapide oum et liberos draconuniquc mirabilcs noxus de comi/ii sen- teiitio fecere àummi artifices, .Agesander et Polvdoros et Atlianodoros Rliodii >»
40 nKvrr. Am m'oLociorK.
bloc de inarbrr, par les plus grands arlisles, Ag/^sandre,.Polydore el Atlianodore de Hliodis, »>
Celle premit're nolii'i- esl tn's reilainenicnl l'iionèe en co (|iii concerne l'exemplaire du Valiran, Bien loin d'("^lre d'un seul hloc de niarlire, le groupe du Valu-an e-^l composé de plusieurs morceaux. Michel-Ange vu r. coiinaissail trois, Kapliaël ciinj, Pelii-Hadel six, et le* arcliêologues aduielleiit tous aujounTliiii ipie je Laoconn esl, en effet, fitrmt'' de six partie^ dilTércnles.
Cel argument était le jtliis imporlaiil de lnus ceux (pi'on év()(|uail avant la déeouverte de Pcrgame contre roriginalilé du groupe du Vatican. Cependant il n'était pas absoluinenl concluant'. Les mor- ceaux dont le Laocoon est composé sont réunis avec tant d'art qu'il est diflicile de reconnaître leurs points de contact. On supjiosait donc cjue Pline avait pris l'apparence pour la réalité, ou (|u'enlrainé par le ton de déclamation (]ue respirent les lignes de cel auteur il avait osé dire (pie le clief-d'ceuvre de Rliodes était taillé dans un seul bloc de marbre b.en qu'il ne le fût pas.
On a encore invoqué contre l'originalitédii monument du Vatican le fait que ce groupe n'a pas été exhumé de l'emlioil où l*line nous dit (ju'onle voyait de son lemiis.
l)'aprés Pline, le groupe se trouvait dans le palais de l'empert-ur Titus sur IKsijiiilin, tandis ipic, selon une légende souvent ré[iétùe, le groupe du Vatican aui;iit clc trouvé dans les thermes de cet em- pereur.
On va môme jusqu'à montrer aux vovageuis crédides la (•h:imbr(^ el la niche où le groupe du Laocoon a dû se voir autrefois. Les in- venteurs de ce petit conte n'ont pas remarqué (pie la niche dont il s'agit t'st beaucoup truj) [)elite et n'a jamais pu contenir b; chef- d'œuvre du Vatican. D'autres écrivains contempoiains de la décou- verte du Laocoon disent (|u'il a été trouvé dans les ruines mêmes (\i\ palais (Je Titus, et c'est aussi cet 'jinplacemeni (pii parait le plus probable.
Ceux (pii nient l'oiiginalilé du groupe du Vatican (Uil dit encore (pic ce monument ne porle pas d'insiription. Les grands arlisles
1. Nous citons loim c<'R nnciorm nrpuinrnt» pour dc^montriT rinccriiludo où l'on était Jusqu'à prd'M-nt au siijia de l'originalité du Kroii|><; du Vaiican.ui l'importance de la comp.ir«iv)n de c»'tiH tniivro avic lu frist; de l'i-rgami', ^ui n-nl cette origina- lité d<; plu» en plu» doulcuRf. (Voyer plu» bas p. 45.)
LR I.AOCOON F.T I.R r.[tf)rPK I>'\Tlirv\. 41
grecs .'ivait'iil l.i rfiiiliiiiic de sii^iin- Ifturs stntiics ilc Iciii- iinni, et il piMil [>;ii;iiln' (ixlr.iordin.iiic ([ik; les coiiiiiosilciiis d'iinc rcuvic aussi iinpoilaiilr (|iHî lo Laocooii aient ii(\L,MiL,'é roltc loi-iiialilé dcsliti/'o a les sauver de l'onlili.
La cnrmaissaiice iiiiparfaile (|up l'on avait do ré[ii!jrapliie a élé la cause (le plus d'unt; eiccMii" dans les cecherciies (pii ont élé faites au xviii" sié('le sur lesauleurs du Laocoon. Winckclnimn ayant irouvé sur un vase découvnrt par- le carilinal Alexandre Alhmi en 1717 l'insciiplion suivantes :
AOANOACOPOI ArHIANAPOY POAIOl EnOIHIE
il en ronclut avec l'aison qu(; cel Allianodore que Pline met au nombre des auteurs du Laocoon était le (ils d'Agésandic. Celaient donc le père et le lils qui avaient Iravadlé au groui)e ilu Laocoon, et Polydore faisait sans doute aussi partie de la même famille. Mais Les^ing fit remarquer (|ue la forme donnée à l'inscription «lu vase mentionné par Winckelmann ne pouvait pas remonter au-delà de l'époque d'Auguste'. Il résultait de celte observation qu'Agésandre et ses fils avaient vécu sous les empereurs, peut-être môme sous Titus, et que le groupe du Laocoon avait été créé a une époque beaucoup plus récenie que cel'e indiqu^'-e par Winckelmann.
Mais on sait maintenant (jue rien n'est plus commun que des ins- criptions sur vases copiées par des artistes plus modernes.
Les sculpteurs de la décadence ne se contentaient pas d'imiter l'œuvre des maîtres, ils copiaient aussi servilement l'inscription, seu- lement il leur arrivait alors de commettre des erreurs dans le genre de celli.' (ju'a signalée Lessing et qui inilii|nent l'esprit de leur temps.
Celle inscription de Winckelmann ainsi que trois autres analo- gues se trouvent étie des copies dues à l'époijuc des empeieurs, et ne sauraient rien nous apprendi'e sur la date à iaiiuelle le Laocoon a élé sculpté.
Plus iinporlanle est une inscription trouvée à Rhodes sur le pié- destal d'une statue élevée à Allianodore, llls d'Agé>andre, pour les services rendus à la patrie et à la religion.
\. Selon Lessins;, les artistes grecs jusqu'à Tépoque de Lysippe auraieut employ<^ la forme plus modeste £::otït (faciebtit) et non pas iT^a^r^nz [fecit).
•i- ii!'Vi F. Anr.iir(»i.in;ion :.
('iMlo iiiiîrriplion di' lUiodis nVst pas nue coiiic, v'o^l un iÎoimi- nirni pivcioux, Innjvt' d.insla patrii» ui("^mc di; nos sculptoiirs,('i(|iii nous indique qu'Atlnnodoir rliil Idcn le fils d'Aj(''>nndn' cl i\\\o (h's troiN ai lislos nicntinniii's par Pline ('*i'lail sans doiili' Alliaiia- (lore qui avait Ip plus de renoininèe, puisqu'on avait élevé une sla- lue en son honneur.
Tout cela ne nous explique pas pourquoi le f,Moupe du Vatican ne porte jtas linMriplion, ti^-nature liabiluelle des artistes grers.
Il est à eroire que le ijioupe du Laoroon a été eoin|»osé long- temps avant le rè},'ne de Titus, qu'il était ;\ Hliodes et (|ue l'inserip- lion s'y lisait sur un piédesial que les Komains ne jufj'ùreiit pas nécessaire d'empoi tei-. Le poids et le peu d'intérêt d'un pareil nior- reau de inarhre suflisent pour expliijuer comment on put enlever 1.' rhef-d'tpuvre sans prendre avec lui le piédestal. Celte hypothèse cxpliiiue aussi pourquoi les noms des artistes du Laocoon étaient, comme le dit l'Iine, moins renùinmés (juc d'autres. Ces noms étaient restés à Rhodes avec le piédestal et n'étaient connus à Flome que des initiés aux choses de l'art.
Un quatrième cl dernier argument dont on s'est servi pour étahlir (jue le chef-d'œuvre du Vatican n'est pas l'original est qu'il existe des copies fragmentées du groupe. On a dit que telle de ces copies était meilleure (lue INeuvre originale du Vatican. Tel fragment pa- raît supérieur à la parlie qui lui correspond dans le groupe de Home. Mais on n'ajamais prouvé (jue cette prétendue supériorité existât réellement. Les copies du groupe du Laocoon appartiennent géné- ralement h une époijue beaucoup plus récente que l'exemplaire du Vatican et quehjues-unes même ne remontent pas au-delà du xvi" siècle. Nous possédons à Genève la tète du lils aiiié qui est à gau- che du Laocoon '. Celte, télé, exécutée en marhre grec, a été trouvée à Home et acquise des héritiers du sculpteur Tcnerani, (]ui la tenait en grande estime. Toutes ces copies ne sont pas d'une valeur assez considérable pour établir (|ue le groupe du Vatican ne soit pas l'ori- ginal.
Ainsi, aucun de ces arguments ipie nous venon> d'éiiumérer n'a force de loi, et nous pourrions alliniier (|ue b; groupe du Vatican est biirn le monument mi^.me sorti des malus d'A^jésanilrc; el de ses lils Athanodore et l'olydore de llhodes, si la fiise du l'ergame n'é- tait venue ajiporter une nouvelle lumière sur ce point. La supèrio- lilè avec laquelle les serpents sont traités ilans toute cette frise,
1. (. <vi i- II" i.îii (|,i m I*'"' I"<'1 à fjcm'-vo.
r.i: lAocoiiN ir i.i; ciidii'i; h'miii'.nv. 4.'l
(M siiiloul (I.iiis It! },M-ou|i(' d'Allirna, le soin de (oiis les détails, réliide de la nature diMics reptiles (jui se révèle dans la niani?Me dont leurs (Milareinenls, leurs liHes, leurs êeaillcs, leurs yeux, ont éié reiiilus, — tandis que les serpents du Laoeoon ont ijuehiui' clio-e d'informe, do lourd, ou peul-ôtre même iVinaclievr, — n-inblenl dé- montrer d'une faeon presijue évidente (pic le groupe du Vatican n'(>sl pas l'oriiTinai, mais seulement une copie romaine de l'œuvre des artistes <,necs'. Cette liyj)otliése n'empêche pas d'ailleurs d'ad- mettre (|ue roi'ii,Mnal. comiiosé peut-être d'un seul hloc de marbre, eomnie le dit IMiiie. ait été transporté à Komc sans son piédestal, resté à IUkuIcs s;ins doute avec l'insci'iplion dont nous avons jiarlé. Alais le groupe du Vatican n'est pas cette œuvre oiiginale.
1. Notro prochain article sera accompagné de deux planches repr<''Sfntant le gronpe d'Athi'na ot celui du l^ancoon, en sont- (pi'il sera facile aux lecteurs de la Heme de constater ces dilTérences.
ADHIliN WAGNOiN.
{La i^tiUc prochniiirmrnt.)
1/1 M MOI! TV un: i)i: lami:
r.llKZ LKS PKIM'LI'S SIIMUIOCES
On a pendnnl lon.slpnips disent»! la queslion de savoir si les pou- pies stMiiitiijiies croyaient ou non à la survivance de l'ilin»' aprcXs la mort lin corps. Plusieurs savants moItTUcs se sont prononcés dans K' sens négatif, s'appiiyanl surtout sur cette con-idéralion (pie les écrits hébreux antérieurs à la captivité de Baliylone ne font aucune mention d'une pareille croyance. D'après ces savants, le mot liélireu scliéôL (ju'on traduit ordinaiccnient par Haies ou Ktifer, nedésii^Mie- rait autre chose que le toniheau niénie où le corps est dé[iosé. D'après ces savants encore, la locution héhraï |ue: «il fut réuni à se< parents» : ou, «il fut réuni à son peu|ile», qui exprime que l'individu est passé de la vie à la mort, celte locution reviendrait seulement ;\ dire (|ue l'homme est mort comme ses ancêtres. On a encore invoqué cet autre f.iil, (|ue hs termes sémili'iues pour âme, savoir : napfipsrli et ruh, déslirneiit proprement \o. souffle, l'air mis en mouvement par la respiration'. D.uis un tnvail ;ur l'inscrip'ion d'Kschmoun-azar que j'ai lu à IWrailémie des inscriplions et lieUes-leltres eu 1H7'2, j';ii si- gnalé pour la première fois queh^ues passages phéniciens laisaiit al- lusion à l'imiiiortaliié de l'Ame el de plus à la récompense des justes après la mort-. Cette proposition, qui se fondait sur une inierpréta- lion piireiiienl piiihilogique desdils p;iFsa},'es, a été l'ohjet de vives contestations. Diin côté, des r;ii<oiis lin}:uisli>iiies (pii ne permet- taient pas de tiansi^'er; d«! l'autre, raiiloritèdes consnléialions plii- losoplii(jues (•(Misacrées par Tlicole. On aurait [»u disculer em ore très longtemps, (|uand, pour la satisfaction fit? tniis, la lumière com-
1. On sait quG les torinr» prcc et l.iliri 'J/v//. fi niiimn siRiiiflcnl aussi au propro « p-spiralion » el ■ •oiiffl'^ » ; cota nn les a cependant paH rrnpôclK^ de prendre dans
a ftuitn un «eiiit sb^lroil cl iinmat(;riel.
2. fiétanrjes d'rpiijiaphie et Wnirlti-ulngie sémilif/urs, p. 30-33, I^i0-ltl3.
L'iMMdHiAl.lTK DK i/aAIK CIII.Z I.KS l'iai'LKS sr;MHIOLF..S. A'}
meiiça à venir d'une autre contrée sémiliciuc, de l'Assyrie. Parmi les lableltes en hM'n; cuite de la l)ibliollu''que (l'Assoiirl).ini|ial (|ui sont conservées au Musée ljrilaniii(|tie, (jeor^;»; Sinilli découvrit (,*n 1H73 un doruinenl inytholo^Mijue (jui raconle la descente de la déesse As- larlé [Isclilarit] aux enfers pour y chercher son amant Toumou/, ou Tamniouz (Adonis). C'était la première description .luthcntifjut', faite par les Sémites eux-niénies, de la conliijuralion de l'Il idés comme aussi de la manière d'être des morts qui l'habitent.
Sur le premier point, on voit que les Assyriens se représentaient riladés comme un édilice immense, situé au centre de la terri; et limité de toutes parts par les eaux bourbeuses de l'océan, qui recèle les fondements de la terre, gardés par des génies {Anouni,. Le pays des morts porte le nom de « pays où l'on ne voit rien » {nuit lu tui- intiri), ce qui coïncide avec le sens du terme grec ao-/;ç. Une autre ilé- omination estcellede «paysd'oii l'on ne revient pas(maf la layarti). Le gouvernement de ce monde des ténèbres éternelles est entre le mains de iYe?/7/'//, dieu de la gueire, et de son épouse Allât, S(eu d'Astarlé. La maison est entourée de sept puissantes murailles. Dans chacune de ces murailles est praliijuée une porte urnque, hiqueile se ferme au verrou dés (pie le nouveau venu y est entre, et est gardée par un portier incorruptible. Les morts sont dits se nourrir de pous- sière et de boue. Il s'agit ici du commun des humains, car on verra dans la suite qu'une exce[tlion est faite en faveur des justes. Ce qui dislingue suiloul les morts des vivants, c'est que les premiers sont pourvus d'une tunique ailée, qui les rend capables de se mouvoir avec une grande rapidité. Nous faisons suivre ici un passage ins- tructif qui contient toutes ces données; c'est Astarlé qui parle :
[Vers la maison] laisse-moi retourner,
à côté de moi,
[Vers la maijson qu'habile Irkalla,
[El] dont le soir n'a point de malin,
[Vers le pays] d'où il n'y a pas de retour,
[Dont les habitants], privés de lumiiTe,
[Ont la puussière] pour nourriture, la boue pour aliment.
Une tunique à ailes [pour vetejmenl,
[Ne voient point le jour], sont assis dans les téuùbres.
[Dans la maison] où je veux entrer,
1 Demeurent] les (anciens) possesseurs de couronnes,
[Les p(.a\ leurs de couronnes qui dominaient la terre aux temps
anliijues. Dont Anuu et IJel ont perpélué les nouis et la mémoire.
.\{] nEVur. AHi.nKoi.or.iHiT.,
I,;\ aussi ont ùlé consoliJés les fotiJemciils de la lorre, là cunilucnl
li>s eaux 1 ui>saules. Dans la mai.-on <lo poussière oi^ je vcuv eulrer, Donifuroiil Icsoipuour ot le noble; PiMutnircut le roi cl l'iioinmc puissant ; Memcureut les gardiens tic l'ablmc tics grands dieux; Demeure Eima, demeure ^rl• i.
P.iniii les idées qui sont énoncées plus ou moins iniplieilcmenl dans les autres i)arlies du poènio dont il s'agit, je signalerai seu- lement les plus reinaniuables. Une loi rigoureuse de l'IIadés pres- crit au portier de dépouiller «le leurs vêlements tous ceux qui y entrent. A*^tarlé elle-uiéme dut s'y souuictlie, sous peine de se voir refuser l'entrée, cl le mythe se complaîl à déci ire les hijoux et les vê- tements intimes dont elle dut se défaire sucessivemenl à chacune des se[il portes avant de l« s franchir. F'assé la drrniéie p(Ute, la déesse est assaillie par d'alTroux maux, aux yeux, aux n in-j, aux pieds, au cœur et à la léle, maux qui la font lomlier inaniuiée surle sol. C'eslque les génies des maladies habitent l'aiiîme, d'où ils sor- tent de temps en temps pour frapper Us hommes abandonnés de leurs divinités prolectrii'es -. Quelquefois ce sont les moi ts (jui sor- tent de riiadès pour dévoier les vivant^ (a/./// Iidllliiiti'i. dépendant, malgré l'extrême rigueur des lois de l'Hadés, la mort n'est pas abso- lument irrévocable et le cas de résurrection exc(q)lionnelle est prévu. La manière dont les choses se passent dans une pareille occurrence nous est relatée dans le même récit, nii.nid les dieux, crai^'uant le déjiéri>seinent du iiKtnile par suite de Tabsence d'.Xs- t;iité, résolurent de rappeler celhvci à la vie, ils imposèrent loul d'abord leur volonté à la déesse de l'endroit. Forcée de céder. Allât chargea Naïutar, le dieu de la mort, son lils et ministre, d'exécuter cet ordre. .Namtarse reniiil dans un palais m_\stéi ieux qui esl nommé « palais de la vérité» (A'/i<// A'/n<)» K"o"'» 'Anoun (|ui le surveillait par le présent d'un lr»Vie d'or, et y puisa l'eau de la vie, avec laquelle il aspergea Aslailé. La dé('»se reprit ses ^('ns etipiilla lliadés, après qu'on lui < ut restitué .ses vêlements et ses paiures dans l'ordre in- verse de celui dans lei|Uel on les lui avait enlevés.
D'autres textes nous apprennent i|U(; l'enlrèe de l'ILidès est siiuèi- au bas de la montagne du Nonl, dont le sommet est habité par les
I. V'lir le l('\tu ùiiUh la lltvur i/n clmlc-, juivi.s, \\" 0, p. 17'.», note I, ?. W. A. I., IV, JO, rc<:lu, col. 1, 1, tbutcin a, red», tul. 1.
i.'iMMoin Ai.in. m; i/amk cm/ i.i.s na i'i,i:s si'Mirini i;s. i7
dioiix. (]cl olympe assyrien porte le lilre de Scliad mulnli, <(.Moiii,i- giie des p.iys», ou Ilurisrli KaUima (écrit eu liiérati(jue/i*//-.y'/y-M//- ma), « Monlaf^iie de l'univers ». Sou souiniet louciie le ciel, laiidjs que ses racines ploui^a-ut dans l'océan infernal. Elle se compose de m6\A\ prccieiix, nolammen!, d'or. Son nom propre, Scliad Arali^ si- gnilie « iMonta<,Mie des morts », faisant allusion au passage (ju'elle livre aux moris pour entrer dans i'Iladès.
Mais que devient l'inilividii déposé dans le toiuheau ? Un curieux passage d'Assourhanipal nous l'api)rend d'une façon indirecte mais d'une intière cerlilude. Après la mort se dégage du corps le prin- cipe vilal et indestruclible, l'esprit incorporel, ap|iclé en assyrien ékimmou ou étjimmoii. C'est ;\ peu près le Lare des Itomains. L'èkini lialiile le niniiunient funéraire et re|)Ose sur le gîle (j^//'//?/) du mort. Ouand il est iiii-n traité par les enl'anls du défunt, il devient leur pro- tecteur; dans le cas conlraii-e, il devient malfaisant et les accable de maux. Le plus grand malluMir (|ui puisse arriver à r.liomme, (;'e>t d'élre privé de sépulture. Dans un tel cas, son ckiin, privé de gile et lie lihations funéraires, mène utie existence errante et malheureuse et est exposé à toutes les misères de la part de ses semblables, (jui le repoussent sans pitié.
Eidin, un passage récemment copié nous fournit d'intéressantes indications sur ce qu'on peut appeler la vie sociale et familière des gueriicrs morts sur le champ de la bataille. Les guerriers d'Assour participent naturellement au sort des justes. Ils entrent dans l'Hadés dans l'état où ils se trouvaient au moment de leur mort. Mais, aussi- tôt, ils sont mis sur un lit commode et ils sont entourés de leurs [la- rents. Leurs pères et mères soutiennent leur tête qiie le glaive de l'en- nemi avait séparée du corps, et leurs feinuîes se tiennent à côté d'eux et les soignent avec zèle et tendresse, llssonl rafiaîcliis par l'eau inire de la vie ipii réiabiit leurs forces. Le passage au(juel je fais allusion figure sur la fin de la XII* tablette, G» colonne, de la grande épopée de IZ-TIIV-BAH. Ce héros prend la résolution de descendre au pa\s des nions alin de revoir son ami laoubani, tué par les machinations d'Aslarté. Il s'encourage lui-même à faire cette tentative téméiaire en énonçant d'avance les choses mystérieuses qu'il aura l'occasion de voir dans le monde souteirain :
I>i(t ma (il zalilitiJ, Mr Z'iliiiti isrluiti Scha ina tahazi dika Tumuv atamar
48 luiviK \iu:iii;()i,(M,ioLK.
Àftusrhn ù uiniwisrhii tiaifijOilsu mischu r iti'Sclutlsu iri'i inuhhi sr.lni i::(/: Sc/i'i schnlnmtn^ihu iiui n-ri nudùt Tatnur (idinun'
KkimVKisrhu ma irçitim til zulil ik'ha ckinwuischu scliahta la ischu Tamur atutmir.
Co (jui signilk' itirs(iue lillûralenu'iit :
<i (^oucbt' Mir le lit rnuèl-re
(Kt) buvant l'eau pure,
(l.e guerrier) lui^ dans la bataille,
Voir je (le) verrai. —
Son père et sa mère souleuaiil sa U'-[o,
L( sa reuime se peinliant au-dessus de lui,
(Le guerrier) dont le corps repose sur le cliaini» de bataille,
Voir je (le) vcrnii. —
(L'bouum) dont l'ékini n'est pas couclu^ dans la terre,
(l/boiunie) dont l'ékin» ett privé de demeure,
Voir je Je) verrai. »
Après avoir recouvré toutes leurs facultés, les justes sont invités à un nia^Miili(iue festin, où ils se iléleclenl d'une nourriture exquise qu'on leur sert dans lies disques (Je métal pur. Un chant religieux, dont il nous reste deux frai,Mnents, célèbre, ainsi (|u'il suit, la féli- cité du juste prenant part au repas des dieux et devenu dieu lui- même.
Lave les mains, purifie les mains;
Les dieux tes aînesse laveront les mains, se purifieront Icsinaitis;
Mange la nourrituie pure dans des disques purs,
Hois l'cdu }iurc d ms des va^-es purs;
l'rcipare-loi a jouir de la paix du juste !
()n y u apporté l'eau yurc.
Anal, lu grande épouse d'Atiou,
T'a UMiu dans ses bra.s sarrés ;
iaiiu l'a transféré dans un heu de sainteté;
Il l'a transféré dans un lieu de sainteté ;
Il t'a lianïféré de ses mnins sueiées;
Il l'a transféré au milieu de miel et de graisse;
i/iMMOP,TAi.iTK r)i'. [.'\\\\: i:iiK/ r.i:s friii'Lrs sk.mitiouf.s. i'.)
Il a viTSi'" dans la lioiiclii' \'o,m maj^ifuic, VA la vertu de l'eau l'a ouvert la Itonclie '.
M;ilgn'! le (IrHiul (l'ini témoignngc ronin'i, la plus Irj^rro rédfxion suftlt itour so j)(Msu;ulor que le lieu de délict's réservé aux justes ne peut être l'ILidés coiuniun, plongé dans les ténéljres cl entouré d'une atmosphère morlelle, mais un lieu séparé, bien que communiquant avec lui, ouvert à la lumière du jour et ?itué au voisinage de l'O- lympe, d'où il peut facilement être ahordé par les dieux. A l'opposé de ce « lieu de sainteté » où les dieux mêmes sont aux petits soins pour leurs amis luimains, l'iladès est appelé hil rdi, « maison de so- litude », parce que, par suite de la vie de privation qu'on y mène, chacun ne pense qu'à soi et ne se soucie guère de soulager le mal des autres. Par consèi|uent, pas de réunion de faïuille, pas de vie en société. Le paradis haidlé par les justes semble donc se trouver sur une autre pente de la montagne du Nord, qui communique directe- ment avec l'Olympe.
L'idée d'une récompense particulière pour les justes a d'ordi- naire pour corollaire celle de peines particulières peur les pé- cheurs et les criminels. Mais, malgré la connexité logique de ces conceptions, on ne peut pas affirmer que la dernière ait réellement fait partie des croyances eschatologiques des Assyriens, attendu que les textes connus n'en parlent point. En revanche, nous sommes mieux renseignés sur la croyance à la résurrection des morts. Le dieu 3/of7/o»/.- et son épouse Çarpanit portent très souvent le litre de « celui» ou «celle qui fait revivre les morts» {muballith ou inu- ballithat mlli ou niitiiti). Lsimèmei'iiiihHc est aussi parfois donnée à d'autres divinités, surtout à Ischtarit. Quand et dans quelles condi- tions cet événement aura lieu, c'est ce que nous ignorerons encore jusqu'à la découverte de documents relatifs à cette matière.
Des Assyriens, nous passons chez les Hébreux, le seul peuple sé-
1. Qatika niisi qatika ubbib — AN-MESCII taliinukaqatiscliunu limsû qatischunu lùbbibu — ASCH pàsschuri KV akalu KV akul — ASCtl DVK-ti SCHI KAK KV- tim A-MESCH KV-ME8CH schiti — ana sdiuirmi] GAL-VN TVI\ A.\-sc!iù lu uzùnka (R., IV, 13, 52-01).
MO KV-AIESCri Kiribscha ubli — AN-iM\-MVK MVK GAL çclia A\-Ana — ASCH SCHV-II-schii KV-MESCH ugannik?. — AN-EA DISCH ascbar tclilii itpalka — DlSCIl aschar telilii itpalka — SCIIV PAIi-PAi;-GA-lM-MA-RA-A.VDV-MA — ASCH discbpo himeiu itpalka — Mù cliipti DISCH pika iUdi — Pika ASCH ischib- biUi ipti {Ibidem, 25, 34-50).
XLIV. —1
5(1 HKvn- M» :iiK(ii.(ir.iorK.
milii|UO oc'i-iili'ni;il tiiii luuis ;iit laissi'" une litliTotmo aiiciciiiu'. Mais ci'llo lillt'ralurr, ('laiU l'expression île Tt-iole iiioiiolliéisle ou piopluMiiiue, cjui comliailail l'ancienne religion polylluislc d'braël, eelle lilléialure, n»niine loule tinivre de poir'iui.iue. ne doitiMre uli- liséi" (|u'avee piveaulitm el discernenienl. I.a plus jurande erreur i|ue l'on puisse commellre à cet égard, ce serait de consiiérer les opinions énomêes dans ces éci ils comme l'image des croyances populaires et nalionah's. Les conceptions vraiment nationales il'lsrai'l ne sont pas celles que les propliètes soutiennent, mais celles nu'ils combat- lent. L'on peut dire (jue plus une croyance ou une pralique était rù- pmuvée i»ar les prophètes el les législateurs bibliques, plus elle était enracinée dans l'esprit du peuple hébreu. Faute de rt'coniialtre cette vérité élémentaire, la plupart des savants se sont condamnés à voir sous un faux jour l'hisloii-e religieuse d'Israi-l. C'était commettre une erreur du genre de celles (jue commettrait celui (jui attribuerait à l'Kglise apostoliiiue les idées de saint Paul. Ur l'existence du cuite des morts parmi les Israélites et de l'habitude de leur oITrir des oITrandes est attestée par la formule confessionnelle (jue le législa- teur jéhovistc prescrit à ses adeptes apportant des offrandes à Dieu.
Je n'ai pas mant;é de ce (produit) pendant que j'étais eu deuil, je n'en ai rien enlevé pendant que j'C'lais impur el je n'en ai rien oiïorl aux morts '.
Faire des ofTrandes de nourriture aux morts implique la croyance qu'ils peuvent en jouir et qu'ils sont capables de rendre ser- vice à ceux qui ont su gagner leur faveur. On croyait donc que la njori ne niellait pas lin à l'existence de l'homme, nuiis que son ombre ou, pour parler comme les Assyriens, son vkini, conlin.uail à vivre et il s'intéresser aux vivants. 11 y a plus, on lui supposait la connaissance de l'avenir el on le consultait dans les cas didicilesafin de savoir comment ils liniraieni.La grande sévérité avec bniuelle la loi mosai(|ue réprime les diverses opérations de nécro- mancie ou nécynmaïuie dit assez combien ces pralii|ues étaient répandues chez les Hébreux. On connaît l'histoire de la pNlhonisse d Kn-Dor (jui évoque l'ombre de Samuel pour qu'elle réponde à la question de Saul, anxieux de connallre h l'avance l'issue de la guerre avec les riiilislins. Samuel ajq'arnl à h ma;jicienne dans
1. Ihutérononic, \\U, I i.
L'iMMOinALin': Dr: l'amf. eut;/. i,i:s piaTLKs skmitioL'KS. 51
riiabillement qu'il portait de son vivant ; c'est conforme à ce que nous avons vu plus hnut h propos d'Aslarlé ressuscilée. Samuel n'aj,'!! pas aairt'iiu'nl iin'il ii'oûla^'i do son vivant. U'ahord, il se plaint de ce qu'on l'a forcé de remonter sur celte terre; puis adouci par le^ paro- les liumi)Ies de Saiil, il lui prédit sa mort et celle de ses Ills sur le champ de bataille. Les termes : « demain, toi et tes fils vous serez avec moi» (màlidr attd uhdneka 'immi)^ par lesquels il lui annonce ce funeste événement, ces termes impliquent la croyance à la réu- nion de tous les moils dans un seul lieu, Icscfti.'ol. Cela fait claire- ment voir que la locution « il fut réuni à son peuple» ou «ù ses pères», précédemment citée, fait allusion à la vie de l'Hadés et non pr.s à la sépulture. Job, maudissant le jour de sa naissance et désirant qu'il fût mort aussitôt que né, fait une description enthousiaste du schéôl, description qui rappelle plus d'un Irait du poème assyrien que nous avons cité plus haut :
Ah! pourquoi ne suis-je pas mort étant dans le sein de ma raéro, Pourquoi ne suis-je pas trépassé au moment de soitir de ses
tlaiics, Pourquoi ses genoux se bont-ils avancés pour me recevoir, Pourquoi ses seins m'ont-ils nourri de leur lait? J'aurais été déjà couché, jouissant du repos; j'aurais dormi et je me serais senti soulagé; J'.iurais été avec les rois et les conseillers de la terre, Uni reconstruisent les villes ruinées atin de leur donner leur
nom; Avec les princes qui possèdent de l'or. Qui remplissent leurs maisons d'argent. (Uue dis-je? Ah! si j'étais seulement comme un fœtus que l'on
enfouit, Comme des morts-nés qui n'ont pas vu le jour 1) Là (dans l'Iladés) les malfaiteurs cessent leurs exploits turbulents ; Là se reposent ceux dont les forces sont à bout. Les prisonniers y sont à l'abri de toute crainte ; ils n'entendent plus la voix du policier. Petits et grands y sont (ensemble); (là) l'esclave se voit délivré de
son maître'.
Les Hébreu.x croyaient également que le schéôl était situé à la base de la montagne du Nord, habitée par le Très-Haut. Les auteurs mo-
1. Job, III, 11-19.
riï iiRvrr. .vnr.iiKoi.or.iorF.
nollirislt's l'ux-nu^mtsoru rcs|it'(Méc('ll(M'roynnri\ iiiiisijiit'ponr cxiui- mor la saintotr «lu inoni Stoii, siii- lequel est coiislriiil le tcinplf, ils lui (lonmMH le lilre de « Monla^jiu' «lu non! », c'csl-.i-dirc monlagne di- vine ou olympieiine '. Il y a plus, les liébreux senibleul avoir envi- sa^îé le mont Sion eoiunie figuranl en pelil l'imuirnse -( nioiila^'ne do lunivers n de la mUlioloprie sùniitiiiue. PcMidanl que le sommcl du Sion était oerupé par le sanctuaire de Jéliova, ses lianes recelaient les niiiusolées des rois et des noldes, tandis qu";\ ses pieds, dans la profonde vallée de Cidron, s'étendaient les tombeaux communs du peujde. Une partie de cette vallée, nommée «vallée des lils de Ilinnôm » {(jr bnic Jliniiôm), était le tliéâlre des sacriliees d'enfants, voués aux divinités infernales. Ce n'est pas par basard (pi'ellcait donné plus tard son nom ;\ la Gébenne, c'est-à-dire h l'IIadés rabbi- nique et cbrélien, m;iis par cette raison que, conformément à la tradition, ladite vallée servait d'entrée au monde souterrain-. La res- semblance en est d'autant plus frappante que, d'après une autre tra- dition, le centre du saint des saints était occupé par une pierre qui formait le couvercle de l'abîuie-''; or de nombreux passages attes- tent que le scbéôl est situé au-dessous de l'abîme *.
Les autres énonciations des écrits bébraùjues relatives au scbéôl sont aussi conformes à celles des Assyriens. On le dépeint comme un pays de ténèbres, et la voie qui y mène comme une voie sans re- tour {onih lo lischi'ih). Il est fait mention des portes du scbéôl ; ceux qui y entrent soulTrenl d'atroces douleurs {lieblr sche6l, mrrilrr sclicôl). Quand un grand conquérant descend au scbéôl, les mânes ;Uefaim) des rois s.' lèvent de leur gîie pour voir si c'est bien celui qui avait fait trembler le monde, et, s'élant assurés de son identité, lisse donnent le plaisir de le railler'.
Le pieux Hébreu espérait éebapper au scbéôl soit en montant au eiel de son vivant, il l'instar d'ilénoeli et d'Klie, soit en étant ac- cueilli dans la présence de Dieu après un court séjour dans l'Hadés. Le juste, assis à la droite de Jébova, jouit de délices éternelles.
Certes, lu ne laisseras pas mon flmc (en proie) au schcAl, Tu ne permettras point que ton adorateur voie la fosse aucan- tissanle;
1. punîmes, XLVIII, 3.
2. Tjilmud (lo iiabylono, traité Kiul/iti, M. VJ.
3. Ib'iltm, lôrrid, fol. 5.
4. Joh, ,\XVI. 5.
5. Itmr, XIV, <j ij.
I, iMMoriTM.rn: ru: i, amf. ciirz U's fm: un Lies shmitiours. .'i'I
Tu me feras corm.iilrt; la voie qui luèiu; i la vie,
A ralxjntlancc des joies «jtii se liuiivenl en la piôscucL',
Aux délices éleriielles qui suul à la diuilc '.
Ia's (loiiiins (jiii i)i(''i',(''il('iils()iii dispersées choz les historiens et les poêles, tous rigoureux monothéistes, aux(|uels le culte des morts, ainsi que les prali((ucs et les croyances (jui s'y rapportaient, étaient un(! ahoininali )n, un péché mortel, Ce n'est iju'à de rares occasions et par échappée (pi'ils parlentdu schéôl et de ses hahitants; encore cherchent-ils à siiirilualiser les expressions et à les transformer en images poéti(iues. Néanmoins la l'orme des croyances pDpiilaircs s'en dégage d'une façon lumineuse, croyances qui se montrent iden- tiques avec celles (jue professaient les As£-yro-Hjhyloniens relative- ment au sort de l'homme après sa mort-.
L'inscription d'Eschmouii-azar atteste que les Phéniciens avaient les mêmes croyances. Ou y voit d'une part que celui dont le cor|is reste sans sépulture n'a pas de gîte auprès des mânes (rciiliaim); de l'autre, que lejusie est reçu dans les deux magninques [achamna addiiiiu), auprès d'Astarté [et WsclUorel). Celte inscription nous donne même le mut phénicien pour «immortalité», alinoul, mot qui se trouve également en hébreu.
Une élude comparative des croyances eschatologiques chez les Égyptiens et les Grecs aurait donné plus d'intérêt à cette note ; nous avons résisté à la tentation de la faire, parce que nous la croyons prématuiée. Il nous suffit d'avoir démontré que la conception de l'immortalité de l'âme faisait partie intégrante de la religion primi- tive des Sémites, religion dont les documents précédent de plu- sieurs siècles les chants homériques et d'au moins mille ans les ou- vrages de Platon.
J. IIAL1';VV.
1. Pmuini's, XVJ, 10, 11.
2. La question relative à la conception de l'âme et de sa destinée, d'après le inn- notliéisme ptiniiiif, n'étant pas de l'ordre des croyances populaires, n'a pas ta place ici et doit éire étudiée séparénienl comme tout autre sy.-ième pliilosopIii(|iic-.
BULLl'/riN MENSUEL
I) !•: I. • A r. A I) r: M I K DES I N S C W I I' 1' I ( ) N >
MOIS nr. .HiN,
M. (ielTroy, direcicur de l'École française de Rome, fait part d'une dt'- couvcrle rrcente fort inlt^ressanlo. l'n disquo do marbre sur lequel sont repii^^entt'es, à peiile l'-chclle, diverses scC-ncs du l'otidicr d'AiliilIc décri- tes par Homi'*re, vient d'CIre trouvt^ à Home. Soixante-quinze vers d'Ho- mère pravi's. en caractères microscopiques, mais cependant très lisibles, servent d'explication aux scènes reproduites, ("es vers renftrmenf, parait- il, q\u'!ques variantes. C'est quelque chose conmie un nouveau manus- crit de l'époque des Antonins. Au revers du disque, on lit le nom de Thiodoros. Ce nom ajoute une grande valeur au disque. On sait en effet que Tbcodoros, Pline nous l'apprend, était un artiste célèbre, auteur d'une suite de tableaux, peintures ou sculptures relatifs il la guerre de Troie. Theodorua Krllum ïHnnim ■plurilxia tabulis pinxit. Ces œuvres décoraient le portique de Philippe, ryuorf ps/ Bomœin*rfnUppi porticilius. La décou- verle signalée par M. Gcffroy offre donc un double intérêt.
M. Miller annonce qu'il a découvert, dans un manuscrit où personne ne les avait encore signalés, des fragments inédits d'Elitn. Ces fragments sont empruntés à son ouvrage intitulé : IloixO-r, îçTopi'ï, recu;^il composé en partie d'anecdotes relatives à des personnages célèbres. .M. Miller cite quelques-uns de ces fragments :
{• « Le fils de Fabius ayant dit A son père : Attaquons Annibal, nous ne perdrons tout au plus que cont hommes. Vcux-lu être parmi les cent? lui réjtondit son [lère. •>
2° • Voyant une petite femme très belle, Diogèno dit: C'e^t 1;\ ce qu'on pput appeler un demi-mnl (((rrofts). »
3' • Voyant une jnune fille à laquelle on apprenait à lire, Diogène dit : C'est une épée qu'on aiguise. »
4» «Socrat" dsait que les mères paraissent aimermiouv leursfils parce qu'ils peuvent leshecourir, et les pères leurs lilles parce qu'elles ont be- soin de leur sccour.-, etc.»
!ui.i,i:tiv MF.Nsurr, uf. i, Ar,vni\iiF urs iv^ctui'Ti'iNs. .(.»
M. Opporl communiquf lasiiilftdo sos Indiiclions do qiiolqup«-tins dos loxtcs chiildi'cns faisant partie de la collcclion des antiquités rapportées par M. de Sarzec. Deux de ces loxt»îs sont gravés sur la statue d'un prince qui, d'aprc's M. OppcrI, d'accoril en cela avec la majoiiti'; des assyrioio- gups, aurait porté le nom de Cioudc/i.
M. Aiibû commence la lecture d'un niémoirc inlihilé : Pnli/ructe '/ans rUistoirn.
Une place d'académicien ordinaire élait vacante par suite du décès de M. fJuessard; M. Emile Sénart a été l'iu dans la séance du :!.i juin.
ll-v.
t^or,ir:rK n.vtionai.l; DKS AXTIOIIAIRI'S DK FRANGE
iMiKbiDKNci: i)i: M. (U:oi\(;i:s ri.niurr
SÉANCE DU 5 JUILLET
M. le vicomlo Jacques de Hougt5 est élu membre résidant.
M. (i.iillaume lit une noie de M. Caffiaux sur les armes impi'riales sculptées sur la clef de voûte d'une salle d'une ancienne poile de Valen- cienncs. Dans l'armoriai du hc^raul de (lueldre, qui est de lu premiùro moilié du xiv« siùcle, l'aigle impériale éployée n'a qu'une tiile. Ici elleiMi a deux, et t'est probablement lA un iIcs premieis cxenifiles de ce nou- veau type, puisque la porte a été conslruile en I3.")S. Le zèb de Valen- cicnncs à .-e tenir au courant des modilications de l'écu impérial s'explique par l'opiniaireté avec laquelle elle défendail contre les prétentions des comtes de ll.iinaut son litre de ville imyjtridli, qui lui assurait une cci- lainc autonomie. Kile reconnaissait ces comtes comme mandalaires de l'Kmpiie, mais point connue ses seigneurs, et ne ptinlait pas une occa- sion d'affirmer sa situation privilégiée vis-à-vis d'eux, (l'est une querelle qui dura quatre cents ans, jusqu'à la conquête frunc.-aise, et qui recom- mença un momenl en ITiri lorsijue Valonciennes eut succombé sous les elTorls de la coalition.
sr:ANc:r. du 12 jriu.KT
M. l'iysse Hobert lit une note sur une commande de vitraux pour l'é- glise de Loheac, en Itretugne, faite en I4'j4, par Ttiomas de Hiou,urgen- lier d'Anne de Hrela^nc, i un peitjlre verrier de Paris, nommé Amé Picrro. (iesvilrauiL, au nombre de Ircize, à deux meneaux, devaient repré- bcnter « 7S bi^toires d(! la généalogie dt; Madame Suincli; Anne » ; le prix convenu, pour l'exécution et la pose, était de ijuu livres tournois.
snciiVn: n vnowi.r: mis anhi.hmiiks dk iiunci:. 'IT
M. Prosi coiuiiiuiiique lu di'couvL'i te, laite au Sablou, près do Metz d'un ('iiiHc(! romain oclo;^oiic et de deux cip[)es di'diûs à uiu; déesse pi6- cédemmenl inconnue, Icovellauna.
M. lU'-run do Villefossc sij^nalc; la Iroiivaillc failo par M. A. l'aifics, à Klieiiclicla (()ro\incc de Donstanliiic), d'un plonib jiorlant la léj^ende; Genio Tu:<(lril(uwru[m), u Au Génie des liaLilants de Tliysdrus » (au- jourd'hui Kl-Djem). Il inTorme ensuite la société que des travaux sont en cours d'exécution au Louvre, sous la direction de iM. Kdmond (Juillaunie, pour placer la Victoire de Saniollirace, montée sur la proue de ga- lère qui lui servait de base, en haut du nouvel escalier de M. Lefuel. IJes lettres d'appareil ont été découvertes sur les blocs dont la base était composée.
SÉANCE DU 19 JUILLET
M. d'Arbois de Jubainville signale l'existence, dans le nord de l'Irlande, de loris vitiillés semblables à ceux de France ou d'Ecosse; la construction doit vraisemblablement en être attribuée aux Pietés, liabilanls primitifs de l'Ecostc, qui ont aussi occupé la parlie de l'Irlande où ces forts se trouvent.
M. Scblumbergcr communique plusieurs sceaux inédits de fonclion- naiies byzantins {^Iratnjrs ou gouverneurs, commercinires ou directeurs des douanes) du thème de Khersoin. Il montre également i la société plu- sieurs sceaux de fonctionnaires de la Bulgarie. Ce dernier pays, recon- quis par l'empereur Basile, ne fut pas constitué en thème, et resta une sorte de province militaire, administrée par des ducs, des préteurs, et sur- fout des provcditcurs (ziovo-ziToù tAgy,; BouXyapi'a;), sorte de conunissaires extraordinaires.
M. Courajod lit, au nom de M. Muntz, une note sur le premier archi- tecte du palais pontifical d'Avignon. Il s'appelait Pierre Poisson ou Peys- son (Magistcr Petrus Piscis ou Pei/ssû7iis) et était de Mirepoix. Dans les comptes conservés aux archives secrètes du Vatican, on trouve plusieuis fois son nom depuis 133."i, l'année qui suivit l'avènement du fondateur de l'édifice, de Benoît XII, jusqu'en 1337; il dirigea notamment la construc- tion de la chapelle cl de la tour du palais, d'un cabinet de travail pour le pape, et d'une salle d'audience.
iM. de Villefûsse lit, au nom de M. Maxe-Verly, une note sur deux ins- criptions fausses attribuées à ^usium (.Naix en Barrois).
Le Secr Claire,
Signé: U. RAY ET.
NOUVELLES ARC 1 1 ÉOLO( iT(Jl' ES
KT COHRKSPOXDANCK
Villc-d'Avrny, 18 juillet 1882. A 11. Alex. Ikrtrand, membre de l'Institut,
• Mon cher ami,
« Le n" de juillcf-scplenibre de l'.l/inKa/;-? (fp /(7 Soci>!tà de mimixn^ati- 7»c, qui vient lit'^lre dislribin', signale la découverte, dans les travaux de forlilications de la ville de Langre?. d'environ 3000 monnaies {gauloises, en bronze couk^ ou polin. Celle découverte n'est pas sans importance, puisqu'elle permet de localiser deux séries de pièces qui, jusqu'à ce jour, avaient élé attribuées aux Éduens et aux Tricasses. Vous savez que la présence constante et en nombre de monnaies de bronze ou de cui- vre est un indice assez sûr pour la connaissance de leur provenance; les monnaies d'or et d'argent circulaient au loin, mais celles du métal le moins précieux ne s'éloignaient guère du pays où elles avaient été émises.
•< Tes monnaies, d'après M. Hadel-tiirardot, formaient deux groupes à peu prés égaux en nombre, aux types tiravés dans les planches du hlrtion- nnire d'nnhéologie celtique, n"' 38 et 223. Elles ne seront pas inutiles pour étudier le monnayage des Lingons 4 l'époque la plus rapprochée de la conquête; il semble que, chez ce peuple, il y avait un procédé de fabri- cation par le coulage que l'on retrouve chez les Leuques et les Eduens.
• Ces deux types, d'après M. Hudel-Cirurdol, se trouvent fréquemment dans des sépultures du pays de Langrcs, associésà des monnaies romaines des Antonins jusqu'à (iomniode; c'est une preuve que ces pièces servi- rent longtemps de monnaie d'appoint dans lu région où on était accou- tumé à les voir. Mais cet ar<héoli)::ue ajoute que ce fait contredit l'obser- vation fuite par moi quelque pari, d'upiès laquelle on ne trouverait pas de dépAls monétaires dans les sépulturct gauloises, (^ette assertion n'est pas parfaitement exacte.
• J'ai dit que les fouilles pratiquées dans im grand nombre de sépui-
NOUVELJ.RS AnCHF'OLOr.IQUF.S. li'J
fures vraiment gauloises, conlomporuincs de riiidépcndanco, lellcs que celles de la Marne, n'avaient pas fourni de monnaies pauloiges ; j'en lirais celte const'quence, que ce fait permettait de placer la date de ces srpul. tures antérieurement à l'usage de la monnaie dans la (laulc, et voilà tout. Aujourd'hui j'ajoute que, dans les sûpullures qui remontent à l'i'poque de la conqu^^le, les faits consiatés ne sont pas encore assez certains ni assez nombreux pour permettre de conclure. Mais je n'ai jamais affirmé ni nié que, pendant la période romaine, les sépultures aient contenu des mon- naies; le mélange de pièces romaines et gauloises, au m' siècle de l'ùre chrétienne, ne peut s'appliquer ù ce que j'ai dif pour le m" siècle avant Jésus-Ctirist.
« Tout à vous.
o Anatole ue HAninKLEMY. »
Kn creusant les puits de fondalion d'une maison qu'on veut éle- ver sur un terrain dépondant du très ancien clos Brnneau, espace com- pris entre les rues des Nnyors, de Joan-de-Boauvais et des Carmes, on a trouvé des cintres reposant sur dos piles de neuf mètres de profondeur, et descendant jusqu'aux catacombes, à 27 pieds au-dessous du niveau aciuel de la rue Jean-de-Rcauvais. Ces ruines sont celles de l'ancien collège de Dormans, dans les brilimenls duquel avait été transféré le collège de Li- sieux", fondé en i2'M\ par Gui de iiarcourt, évéquo de Lisieux. Au fond de quelques puits, M. Toulouze, qui a fait du Paris ancien sa spécialité, a re* trouvé le sol primilif du temps gallo-romain, et il a mis à découvert, avec des fragments de verreries et de poteries, des médailles portant les unes la louve allaitant Romulus et Rémus, d'autres l'effigie d'Arcadius.
[Journal des Défca/s, juillet.)
Nous signalerons et nous recommanderons à tous ceux qu'inté- resse l'histoire de la sculpture grecque un très remarquable article de M. H. Brunn, le savant professeur de Munich, qui a paru dan:> le tome VIK de la Deutsche Rundschau (p. 188-205). Il a pour litre : D(r Her- mès des Praxitelcs, et il est consacré tout entier à l'étude et à l'apprécia- tion de la célèbre statue découverte par les Allemands dans le temple de Héra, à Olympie, statue dans laquelle un texte de Pausanias nous auto- rise à reconnaître un original de Praxitèle. On verra, en lisant cette étude tout à fait digne de l'auteur de VHistoU'C des artistes grecs, par quelle série de fines observations M. Brunn arrive à reconnaître dans l'Hcimès d'Olympie une œuvre de la jeunesse de Praxitèle, tandis qu'il inclinerait à voir un original, œuvre du même maître 'în pleine posses- sion de son style personnel, dans un torse de satyre qui, trouvé au Pa- latin il y a une vingtaine d'années, appartient aujourd'hui au Louvre ; il y montre la maturité d'un génie qui. lorsque le sculpteur travaillait dans le Péloponèse, après la bataille de Leuctres, ne s'était pas encore complè-
(îO mvuE AHCHi%01.or.iouR.
lotiiiMit .liïraïu'hi ilo quelque tiinidilc el ilo l'iniitalion des inuarirs ullerls
par la géiiéralion juécéiloule. *j- •*•
A i.oiidrt'N le lîiilisl» Musmim \ieiil do lain- racquisilion d'ciisi-
ron 300 tablettes ol inscriptions provenant delà Hibylonie, priniipalc- menl de Teli-oli, le Zi-gul des anciens. I.cs talileltos sont pour la plu- part en nr^-'ile non cuite, cl surtout de l'espùce dite .< usuelle » eniplovi^e. pour la conclusion de contrats, l'acquisition ou la vente des terres, les calculs astronomiques et matliéinatiques, les augures, etc. l'iicylindie en pierre calcaire, dans un fort bel étal de conservation, contient une ins- cription accadionne d'Arid-Ka, lîls de- Kudur-Maduk, roi de Itabylone (\ers 1300 avant J.-C). t^'esl une dédicace à la déesse Ishtar, qui u sauvé la vie du prince ainsi que celle de son père.
On remarque encore une tablette magique portant une dédicace au dieu Ninip par Ur ilalac, roi de Zirgul, el une tablette avec une copie du document original qui a servi à établir la célèbre bisloire synchronique de la Syrie et de la liabylonie et qui date du temps de Cyrus (l\'iS avant J.-C). Cette tablette renferme l'iiisloire de lîabylone à l'état de fragments depuis environ le xn" jusqu'au i.v" siècle avant notre ère. C'est la pièce la plus cuiieusede la collection que vient d'acbetcr le IJrilish .Muséum.
{Journal des Débats.)
On vient de trouver ;\ Rome un important fragment de disque de
marbre représenlaiil, par des figures de très petite dimension, la descrip- tion bomérique du bouclier d'Acbille. Suixanle-quiuze vers d'Homere y sont joints en caractères microscopiques, mais parfaitement lisibles. Ils ollVent, dit-on, quelques variantes; c'est do'nc quelque chose conmie un nouveau manuscrit de l'époque des Antonins. Au revers du disque est gravé le nom de Théodoros, sans doute l'artiste. Pline dit qu'un Théodo- ros peignit la guerre d'ilion sur nombre de tables conservées sous le portique de Philippe. Théodoros élail-il aussi sculpteur '.' Uut^lques per- sonnes le croient. Le fragment qu'on vient de découvrir aurait ainsi des relations avec les tables iliaques. {Juurnal des Débats.)
M. Uul.iou, professeur à la faculté des lettres de Menues, va pu- blier un Exposé des institutions de la (irvcc atitiiiuc, conforme au i)ro- gramme de la licence es lettres. Ce lésumé est puisé aux sources les plus réccnlcs et foimera un volume.
P.IBLIOCxPiAPIIÎE
Étude sur les Celtes et les Gaulois '•/ rec/icr<:/ie (frs /ini/ilrs „,i>,^ni iil)/)iii trnn/il ii la ifi'r i,;/liifiii; ou ,) ,;jl/>; des S'-i/t/ii:\^ par P, L. Lrmiéiik, (Coiii|irfs rendus cl Mi'iiioirrs de la Société d'émulation des Côlcs-du-Nord tome XVIli, 1B81.) In-8* de 618 pages.
Parli d'une idéejuste, de nature à lui faire honneur, bien qu'il ail le tort d'en réclatner Pexclusive propriété (quelle est l'idée hi.-torique dont personne ail le droit de réclamer la propriété exclusive). M. P. L. Le- niiéro, en exagérant ot étendant outre mesure les conséquences de ses piemières et s^agaces observations, donne aujourd'hui au public, après vingt ans de recherches, une œuvre, nous avons le regret de le dire, obs- cure et mal digérée, dans laquelle les lumineux aperçus du début sont noyés comme à plaisir au milieu d'innombrables assertions, pour le moins très confrovcrsables, affirmées sans preuves sérieuses avec une assurance qui déconcerte.
L'idée vraie qui fera son clicniin et à laquelle la justice veut que le nom de M. Lemière reste attaché non pas seul, mais en très bonne place peut s'analyser ainsi :
I" Les Gaulois qui on! pris Rome et joué un si grand rôle en Europe et en Asie, du v au W siècle avant notre ère, forment un groupe à part de tribus guerrières et à moitié nomades, nettement distinctes des tribus cclliqucs, plus sédentaires et moins belliqueuses, antérieurement établies, tant dans la haute Italie qu'à l'ouest du Rhin, dans les contrées connues plus tard sous le nom de Gaule.
2" Le point de départ des expéditions des Gaulois ou (ialates, le fover où <e préparèrent les grandes invasions qui devaient les conduire à Rome, à Delphes, en Phrygie, était non la Gaule centrale, comme le crovait Tile- Live, mais l'occident de la Germanie méridionale, le pays de Pade, le Wurtemberg, la Pavière, la Bohême; la participation des tribus établies sur la rive gauche du Rhin ne devant être considérée que comme un ap- point sans grande importance.
3° A l'époque où César passa les Alpes, le mouvement de ces tribus ga- latiqucfi poussées vers l'ouest par la pression de populations orientales de race différente les avait conduites jusque sur les bords de la Seine et de la Loire, Quelles s'étaient établies à l'état d'aristocratie militaire, au cœur même du pays qui devait bientôt porter leur nom. Cinquante ans avant
62 UKVIK AlU IM'OI.OGKiUF.
noire ère, elles faisaient ili'j.\ corps avec les pupuluiiuiis aiilénoures. Malheiireuïeinoiit, au lieu de se renrLMUUT dans lellc Ihùae suffisam- menl large cependanl, au lieu de porter tous ses elVorls à eu éclairer les diver^e5 parties pour répoudre aux objections uouibrcuses qu'elle devait, comme toute thùsc nouvelle, soub-vcr nalurcUcmenl.M. Lemiùrc, élargis- .-aut son cadre au delà de toute nécessité, comme l'indiciue sufllsam- meut son sous-titre, s'est laissé éj^arcrà la recherche de prétendus CiUis tt ancitus CcUcs incoimus des auteurs anciens et auxquels il ne consacre cependant pas moins de trois iintspaijvs.
Une erreur bien plus grave devait achever de jeter le trouble dans l'é- conomie de sa première conception et en dénaturer compliMcmcnl le ca- raclèrc.
Au lieu d'accepter l'opinion de l'antiquité tout entière si bien résumée par IMutarque, l'aXârxi -roù IveAtdco-j yévou;; au lieu de reconnailie dans les Galatcs des frères ou au moins des cousins germains des Celte?, M. Le- mière, brisant sans hésitation aucune celle unité d'origine, fait des deux peuples lieux races, non deux yrow/)» s, absolument, ladicalcmenl distinctes: les CtUcs d'un côté, les Scytius de l'autre.
La seconde partie du livre (p. 572-i:;i) porte, en ell'ct, en sous-litrc seu- lement et en petits caractères, le nom desiiaulois. Le litre principal s'éla- lant en lettres majuscules est celui-ci : Les Scythes.
Mais cela ne suffit pas :
Parcourons les cn-tète des divers chapitres contenus dans les 370 pre- mières pages du livre de M. Lemière. Ces tn-tctc nous ménagent bien des surprises.
Après un premier chapitre intitulé : Les (iauijis étaient distinr.ts des Celtes (7 pi'ges), et un second plus développé (:i3 page.-), intitulé : .\o(/o/js gcofjraphiqucs des anciens, où se rencontrent de fort bonnes choses, viennent :
{. Les Celtes dans la Narbonnaisr 7 pages.
2. Les Celtes en Ibérie '» V —
;j. Les Crltcs en Aquilainr '^
4. Les Celtes dtnt<i les ilcs bretonnes i '•' —
îj. Les Celtes en Italie ''1
0. Les anciens Celtes 1 U'.> —
7. Lci Celles et la Celtiijnc '» —
De ces sept chapilres dont quel(|ues-uns sont, ou le voit, singulière- ment développés (H)!» pages d'un côté, îH d'un autre), accompagnés de no- tes et citations nombreuses, il résulte pour M. Lemière, et lo lecteur apprend avec un véritable élonnemenl, que les Ibères, hs Silures, les Abu- n;y'./<c$ d'Italie, hs Latins (p. i;i7), les l'iln^ues (p. l.'l'J), les l'cucétkns, les Japy<jes, les Daunicns, les {£mtricnSy les Chùncs ou Chaones, Us Upiques ou
miii.ioc.iiM'iiii:. O.'j
Oi<jHes, loi Ausonesou Auruncoi, les Skanicns ou Siculcs, les Ilalict les Mur- gvUs soni des VcUcs{[). \i"> et sq.).
Cc/<cs (''guletnenl sont les Ombrims (ceci n'a plus lieu d'rloniier) : inaij la surprise recommence avec le nom des Tyrrhénlensd^. 180), des Liijyes ou Ligures (\). i!(7), lous Celtes; liste k laquelle il faut joindre : \ci Jnpodcs ou iitfiijtlcs (p, '2"»7), et eu(ii) les llli/ricn>i (pp. 2'iO et sq.)- (^oux-ci, il est vrai, ne sont plus que d'anciens Celles; connue les Thrar.e'î: Thraccs d'l:u- ropc d'abord (pp. 208 et sq.), Thraccs d'.Vsic ensuite (pp. 283-312).
Ici s'oUvre un nouveau chapitre, toujours avec l'en-tûle: Anciens Celtes, porlant en sous-titre : Les Vêlages en Europe. Nous y apprenons (p. 318) que Us Arcadiens, les Vôlasjes autoctkones de l'Altique, les ThessalicnSy les Thcsprotes^ élaionl d'andrns Celles; en Asie (pp. 321-320), les Zyyiens, les llénioetiiens, les Lycaoniens, les Lycicns, les Caucunes cl les Lélèijcs (p. 327) avaient le inOme caractère.
Cette énuniéralion doit suffiic, i-l l'on coMiprend que nous ne la discu- tions pas.
La conclusion, après trois cents pages de discussion ou plutôt d'accu- mulation de textes à l'intini, est en deux mots que : toutes les populations primilives de l'Europe sans cxceplion et une grande partie des populations de l'Asie Mineure sont des populations cc/<îgj<es, Ce/<es proprement dits ou anciens Celtes^ mais en fin de comple des Celtes.
A rôle de celle innombrable série de tribus celtiques mais sans aucun lien avec elles, soit de parenté, soit même, ce semble, de civilisation ou de langue ', se placent les Gaulois, qui sont des Scythes.
Voir, page 372, la seconde partie, les Scythes.
En opposition au\.Celtes, sont en cirot rangés sous celle dénomination : les (laulcis ou Galalt's (pp. 373-41 1), comprenant, cela va sans dire, les lioiens; les Volkes Tectosages, les Senones on Semnones, les Cénomans, les Eduens, les Arvcrnes, les Helvètes, les Cimbres, les Teutons, les Bastarnes, les Scordisques, les Taurisques, les Transes ou Prauses, dont la parenté avec les (ialatcs, sinon avec les Scythes, est très acceptable; maiseusuile, assertion bien autrement contestable, les Vandales, les Burgundes (p. 309), les Gé- pidcs, lesGoths, les 'Wisigoihs, les Lombards (p. 401). Ce qui revientà dire, thèse ancienne et souvent réfutée, que les Gaulois étaient des Germains.
Poussant sa Ihèseà l'exlrûme, M. Lemière (p. 431), dans un chapitre plus particulièrement consacré aux Scythes, nous donne la liste des peuples de race scylhe apparentés aux Gaulois et non énumérés jus- que-là. Celle liste nous conduit au delà de l'indus. Clle comi)rend les Amazonts, les Albaniens d'i Caucase, les Colchidiens, les Béjhires., les Mu- erons, les Mosynùciens, les Tibaréncs, les Chalybes, les Caspiens,lesSindes, et enfin, quoique avec réserve, les Bactriais, les llyreanicns cl les Sog- dicns.
1. Pour .M. Lciiiière, le seul vcsti;ic restant de la laugue gauloise Cbt : la BiUu d'Ulfilas, Le gaulois était uuc langue germanique !
Til lu.vrr. Anr.iiKoLor.iorr..
Il finil ^'ar^lMol• là :
Kcs cent dernitMos papos sont cousncrrcs aux Crltmct Gnuloisilrlu (îaulc yroprenv ut (/».'c. Nous rolioiivon.»: ici laiiloiir îles comimiiiicalioiis Tuiles on IS72 ot IS73 à la Sociéli' dos (lAlcs-dii-Nord, coque l'on pourtail appe- ler s'il s'agissait d'un arlislo : In pnmiirc VKwiirr de M. Lanière, la tiontic.
Nous n'insisloris pas sur la uiamrTe plus que cavalit'ro avec laquelle M. I.omiore liailc les commoulairos do (".(V'^ar, cl au!>si quelques-uns îles ailleurs anciens, qui ont lo inalhour d'avoir (''uonrù dos opinions ne pou- vant cadrer avec ses liypoihùses. Nous terminons par quchjues lignes eni- pruntt^es h M. d'Arbois de Jubainvillc ', et auxquelles nous nous associons compli'lcnienl :
« On ne peut que ro_<.'ro(tor \i\onu'nt do voir un lionune rôellcmenl instruit, un numismate distingué, dépenser tant de travail ponr jcler de la confusion dans les notions ctlinographiques les plus claires et les plus fortement incontestées »; ajoutons : après avoir débuté par des traits de remarquable sagacité historique. I/ou\rage do M. Lomiôre n'en sera pas moins utile ;\ consulter et pourra, pourvu qu'il soit lu avec critique, con- tribuer aux progrés de la science.
Ai.KVANDun IkninAND.
1. Hevu". m'tifjur.
LI-:
LAOCOON ET LK CnOl l'E D'ATIIKNA
A LA KRISE DE PERfiAME
SUITE
III
A QUELLE DATE LE GROUPE DU LAOCOrjN A-T-IL ÉTÉ CONÇU ET EXÉCUTÉ ?
Celle qiioslion est une de celles qui ont le plus préoccupé les éru- (lits. Elle a toujours été un sujet favori de controverses depuis Winckelmann et Lessing, qui ne s'entendaient pas sur ce point, jusqu'à nos jour>. Comme nous l'avons déjà dit, nous espérons que les récenles fouilles de Pergamc nous permettront de résoudre ce problème dilTicile. Mais, avant de nous servir des moyens que nous offrent les dernières découvertes de Pergame, il impmtedc faire l'examen des dillicultés qui s'opposèrent à la critique, lorsqu'elle voulut pour la première fois déterminer la date exacte de la créa- tion du Laocoon.
La seule source immédiate, certaine, précise, où l'on pût puiser quelque renseignement, était un passage de Pline. Dans son trente- sixième livie, cet auteur expose dans unoidre syslématir|uc cequ'il sait des sculpteurs sur marbre. Il y joint une liste des œuvres les plus célèbres qu'il n'a pas nommées dans cette première partie et qui se trouvent à Home, en ayant soin de mentionner à chacune
1. Voir le numcrD de juillet.
Août. XLIV. T— o
(6 KKVl'K AHC.HKi'I.OC.IurE.
(iVIlcs le nom de rarlisle (jui l'a sculplée. De celle façon, Pline pense avoir nominé h peu près loiis les seiilptcurs grecs les plus rêlùbies, el il ajoute eu tenuinanl : « El il y a bien traulres sculp- teurs qui ne sont pas renommés, en ce sens qui le nomlire des ar- tistes s'oppose à la },'loire île (iuel(|ucs-uns d'enUe eux, c'est-à-dire (ju'un seul ne peut pas obtenir toute la renommée pour lui, ni plu- sieurs la posséder tous également. Tel c^t le cas pour le l.aocoon qui est dans le palais de l'empereur Titus ', une (euvre (ju'il faut préférer à toutes celles de la peinture et de la sculpture. H a été fait d'une seule pierre, <le cousilii sculenlin, ainsi ijuc les enfants el les merveilleux enlacements des serpents, par Agésandre, Poly- dore cl Atlianodurc de Hliodes. De même (similitcr) Cralére et PylhoJore, rolydccleset lleimolaus, un second Pytliodore et Arté- mon, el Apliro.lisius Tullianus, ijui travaillait seul, remplirent d'œuvres remarquables les palais des Césars sur le mont Palatin, n Les deux mots de ce passage sur le>quels portent toutes les hypo- tht'scs el les ciitiijues sont le <lc cousilii siiitentia cl le similitcr.
Le de cousilii seutetttiii a été compris de deux façons très diiïé- renles. Selon Thierscli, le consilium est le conseil (jue les trois ar- tistes formaient entre eux, lorsqu'ils délibéraient sur le plan de ce monun.ent, el, dans ce cas, la scntrnlin ne peut être (pie le résultat détinilif de celle délibération, le plan (jui les mil tous trois d'accord. D'après cette interprétation, nous pouvons admettre (jue les trois arli.-les ont travaillé à répui|ue des successeurs d'Alexandre, ce que semble indiquer aussi tout lu slyle du Laocoon. Mai.^ les adversaires de cette opinion onl fait valoir une autre exégèse de cette pbrase de Pline. Laclimann soutient que le consilium ne jieut indi(iuerquc le sénat ou le conseil itrivé de Titus, ci srulcnliu l'ordre, le décret de ce conseil. La pbrase entière signilierail donc : « Les artistes firent le Laocoon d'après un déciet du conseil impérial, c'est-à-dire sous le règne de Tilus el pour Titus. »
Il est vrai que le de consilii scnlenlia est la formule olTicielle, là où il s'agil d'un décret du conseil d'Llat ou du conseil impérial {consilium jinnctins); mais ce qui n'est pas exact c'est (jue celte for- mule ne soit employée que dans ce sens. Elle se dit aussi bien de la décision prise par d'autres corps, par une famille, jiar exemple, ou par les dieux réunis en assemblée délibérante.
1. A l ki.fKju"' où Pline écrivait, Tilus n'iSlait encore <|ue gOnt-ral. Ce oVst que plu l»rd qu'il moulu hur le IrOni-.
i.i: LvooooN Kl i.K t;niiii'i: i)*\ iiikna. G7
De itliis, le sens de «conseil inipérial» ne va pas sans les plus giafult's (ii (lieu liés.
Pour s'en rendre comiile, il faut rejM'endre d'un peu haut l'Iiis- luiie du inyllie de Laocnnn. Macrohc' rioii> apinciid (jut- Vir^'ile a lire de l'auteur grec Pisandrc; tout ir srcdiid livie de Vl'^nridi', où il parle de la destruction de Troie. Mais les (euvres de Pisandrc ont disparu et il est probable (|u'il a raconté la mort de Laocoon de la môme façon (jue les autres auteurs grecs, qui donnent un récit loul diiïérenl de celui de Virgile. 11 serait donc possible que ce fût Vir- gile qui eiU inventé la légende telle qu'elle est généralement connue. Suivant ce raisonnement, les artistes grecs dont le groupe est d'accord avec la description de Virgile auraient vécu après cet auteur. Ils auraient travaillé d'après son poème, et cela sous les empereurs. Quintus Calaber^ semble venir à l'appui de cette hypo- thèse. Dans son récit, Laocoon devient aveugle par la volonté d'Athéna, au moment où il conseille aux Troyens de se mèfici' du cheval de bois. Comme il persiste, malgré cette inlirmité soudaine, à donner aux Troyens le conseil de brûler le cheval, la déesse fait sortir de Ténèdos deux énormes serpents qui dévorent ses deux fils, mais le vieillard lui-même est épargné; aveugle et faible, il doit entendre leurs cris déchirants sans pouvoir venir à leur aide. Voilà la forme sous laquelle la légende était connue en Grèce, et l'on a dit que c'était Virgile qui, pour la première fois, avait eu l'idée d'envelopper le père des mêmes anneaux qui causent déjà la mort des fils. Cependant, on ne voit pas pourquoi ce ne serait pas au contraire Virgile qui aurait pris ce trait si frappant au groupe des trois artistes de Rhodes.
Il est vrai que dans tout le reste la description de Virgile n'est pas d'accord avec le groupe du Vatican ; et l'on a fait observer que, si ce monument avait existé de son temps, il l'eût décrit fidèlement dans son poème, tandis qu'au contraire les sculpteurs n'étaient pas tenus de suivre Virgile dans tous les détails. Pour n'en donner qu'un exemple, les sculpteurs ne pouvaient pas, comme Virgile, repré- senter Laocoon couvert de la robe sacerdotale. Les plis de cette robe entortillés par les anneaux des serpents eussent été du plus mauvais elTel. Il me semble donc impossible de tirer une conclusion de cette comparaison du deuxième chant de VÉncide et du groupe duLaocoon.
1. Satunml. lib. V, cap. il.
2. Paraltp.Ub. XII, v. 398-408 et v. 439-67i.
68 HRVUR AUCIIÉOLOGIOUK.
I/iJée (l'j'nvoloppcr lo pt'iv de In mC-mo niorl iiiio les iloiix liU poiil t^tiv VLMUie à Virgile cl :\n\ .irlislcs di' Kliodc^ d'uni' trnisit'iiir soiiivi' ijtii nous osl inconnue '.
Il n'est ilonr pas ntVossniro (juo Virgile nil dans sa dosrriplion copié l'iiMiYro des sculpteurs, ni ipie ces derniers nient rlé inspirés par lui.
Après ce rapide exposé de l'Iusloire du ni\tlie, Ijs dillicullés que présente le <lc coufilii scntcntin, pris dans le sens de sur le conseil imprrinl, vont sauter aux veux.
Avani le groupe dont parle IMiue, il n'existait aucune représen- tation plastiijue du Laocoon.
Aucun auteur ancien ne mentionne une peinture - ou une sculp- ture pareille, aucun poète ne la décrit, et voici les conseillers d'un empereur qui prennent tout à coup, sans y être puussés par aucune circonstance extérieure, la lumineuse décision de f.iie sculpter un groupe représentant la mort de Laocoon et dt sesd('Mx (ils. it ([uien chargent trois célèbres artistes de Rhodes !
S'il s'agissait d'un monument déj'i connu, d'une u'uvie eélèlne, d'un sujet représcnlé dans un tableau renommé, on coniprendrail que le conseil impérial décidât d'en faire exécuter une, copie par de bons artistes pour orner le palais de l'empereur. Mais que ce même conseil se hasarde spontanément à faire sculpter une (puvre telle que l'audace seule du génie pouvait la concevoir, voilà (jui est abso- lument invraisemblable, pour ne pas dire plus. Ou bien encore, si ce monument était une œuvre représentant ({uebiue grand fait national, une victoire de l'empereur Titus, on pourrait admettre que le conseil impérial a chargé de celte tâche (juriques artistes en renom.
.Mais le Laocoon est un sujet mylliologiiue, qui n'a rien ;\ faire avec les ôvénemenls du temps; bien plus, c'est un sujet qui n'existait pas même ni sous celle forme, ni sous \ine autre, avanl celte époque ; comment donc croire (jue les conseillers d'un empereur ont pu avoir
1. Nous verrons plus loin qu'il faut attribuer pcut-ôtrc au théâtre la plus grande innucncc sur la création du groupe. Selon d'-iutrcs, il faudrait clirrclicr l'origin»! du Krou|.c dan» Tépopi-c; d'Arklicio» où l'un des flls bpuI Ruccombn aux morsures des iMîrpeits (voyez An/i,roliifj. '/.rttung, 1878, 107 f.). T.n effet, en considérant le chef d'œuvr*' de Rhoden, on peut supposer que lo llls aîné s'échappera, Sculenitnt l'u- nité de l'eiiM-mble y perd beaucoup, et cette hypothèse aquebiuc chose d invraiscui- blable.
2. l ne peinture trouvée :\ Poinpéi, hur une paroi, représente le groupe du l.ao- eooD. (Voyoi Àntmli d'il' Inst.^ 1873, tav. d'ag^f. o, p. 337.)
LK I.AOCOON KT LK (JUOI'I'K d'aTMKW. 09
Tidrc (le le l'jiiiT reprùsenter ? On cheiclicrail vainement dans toulc riiisloirc (le ranti<iuil('' une anai()i,Me à un fait semblable. On ne Irouvcra nulle pari des conseillers impériaux ayant de ces concep- tions de génie ot les faisant exécuter à des artistes dans des œuvres maj^Mslialt's et immortelles.
Ceiiendanl d'aulies auteurs disent iju'il ^/aj^il d'une commission chargée d'orner le palais de l'empereur. D'autres pensent à la Hou)./i de la vilbî de lUiodes. Alais toutes ces liypotlièscs se heurtent aux mêmes diflicultés.
Dans (|uil |)ays, à (luclle époijuc, Irouvcra-lon (|uel(jue chose d'analoi,'ue? Huelle est la lépubliijuc, (jucl est rcmpirc ou les com- missions et les conseils inspirent aux artistes de ces idées de génie capables de les immortaliseï' 1 Le bon sens répond (|uil n'en existe pas.
Celte explication est donc forcée. Elle vient du désir de tordre les mots de Pline au prolil d'une théorie erronée, et il est clair (jue la seule manière logique de traduire le de coiisilii sentenlia doit être la suivante : <( siw la dccision prise à la suite de leur délibératiou, les artistes taillérenl le Laocoon, ses enfants elles serpents, dans un seul bloc de marbre. »
Cette traduction a l'avantage de tout expliquer facilement. Un des artistes le plus célcbies, peut-être Athanodore, a conçu le projet de celte œuvre audacieuse. Il en a parlé ù Agésandre, son père, et à Polydore, son frère. Ils se sont alors réunis tous trois en consilium pour délibérer sur les moyens de mettre leur pj-ojct à exécuiion, et le plan qui les mil d'accord fut cette sententia dont parle l'Iine. Il n'y a donc rien dans ce texte qui puisse prouver que le Laocoon ait été sculpté sur l'ordre du conseil de l'empereur Titus.
Ce qui a nécessité une réfutation aussi minutieuse de celte exé- gèse du passage de Pline, c'est que Lessing,dans ^.on Laocoon ', s'est efforcé de prouver que ce monument avait été composé après Vir- gile, d'après son poème, et cebi sous Auguste ou roiis l'empereur Titus. Dans tous les cas Lessiiig ne voulait pas donner raisoFi à Winckclmann, qui admettait que le Laocoon avait été sculpté à rèpoijue d'Alexandre le Cian.l.
C'était pouitanl Wiiirkelmann (|ui se rapprochait le jdus de la vérité, comme nous le verrons dans la suite. Mais Lessing, ce maître
1. Laokoon oder ûber die Grcnzen dcr Mulcici und Poésie, 17C6.
7<l lUVl'K AnCHKOLOfilOUK.
il;iii> la criliiiiK^ tr.irl, trouvait toujours des ar}:iini<'nis pdur les thèses iiu'il voulait juouver.
Il nous faut donc détruire pièce à pièce rétlilice de Lessing avant d'arriver ;\ une base solide, capable de soutenir une nouvelle tlièorio.
Il est vrai ijue ee n'est pas Lcssinj,' qui a mis en avant l'interpré- lalion du de consilU sententia par les mois: sur lo conseil impénal. 11 était trop versr dans l'art de la criti(|U(> poui' s'aventurer aussi loin. Mais celte interprétation lloltait vaguement devant son esprit. C'est ce dont on peut se convaincre en lisant la fin du vingl-sixiéme chapitre du Laocoou, où Lessing attribue ce chef-d'œuvre à un plan conçu peut-être par Asinius Pollio, un amateur, un protecteur des arts, un admirateur de Virgile, un homme enfin qui possédait une ri- che collection d'œuvres anti(]ues el (jui en faisait exécuter de nou- velles à son gré. Si Lessing avait poussé les conséijuences de ses hypo- thèses jusqu'au bout, il aurait donc traduit le tie consiUi sententia par : sur te ronsril d'Asinius Pollio, ou bien : sur b' conseil de Titus; mais il s'est bien gardé de précisera ce point son inlerprétation. Il en voyait trop les dangers.
Lachmann el les ciitiques allemands modernes, moins habiles que leurs ancêtres, ont très certainement pris à Lessing cette exégèse que nous nous sommes efforcés de réfuter.
Il nous reste encore à reprendre le second argument de Lessing, basé sur le mot siiniliter de ce passage de Pline cité plus haut.
Après avoir donné les noms des artistes du Laocoon, Pline ajoute: 0 De même {similitrr) les palais des Césars sur le mont Palatin ont été remplis des chefs-d'(cuvre les plusreniar((uables par Cratère et P}thodoie, Polydectes et Ilermolaiis, elc.i
.Mais il .se trouve quêtons les autres artistes mentionnés par Pline dans ce passage sont d'une époque récente ; ce sont des (irecs (jui travaillaient à Uorae sous les empereurs. Lessing disait donc que le.- trois .sculpteurs du Laocoon mentionnés jtar Pline dans les phrases précédentes devaient être aussi les contemporains de cet autf'ur, sinon il n'aurait pas uni cette nouvelh' pensée à la précé- dente par le mol sitnilitrr.
Opcndanl il est facile de prouver r|ue cet adverbe ne se rapporte pas au temps où vivaii-nl ces artistes, mais à l'idée générale (jue Pline vient d'exprimer.
11 a voulu démontrer par une succession d'exemples l'asserlion qu'il avait avancée, d'après la(iuelle, lor.Mjue plusieurs artistes Ira-
LK LAOCOO.N KT (.K C.Hol'I'i: d'a lllliNA. 71
vaillent à une mt'^ine iiiuvro, leurs noms sont moins illustres, parce qu'aucun d'eux n'obtient pour lui seul toute la }<loire et (ju'ils ne peuvent pas tous ensemble la posséder également.
Après avoir cité à l'appui de sa tliéoiie les artistes du Laocooii, une (euvre très renommée qu'il met au-dessus de tout ce qui; la sculpture et la peinture ont jamais créé, il veut ajouter une série d'exemples et il les prend tout natur(dlemenl au monde qui Tl'Ii- toure, il les cboisit parmi les artistes contemporains parce ({u'ils lui étaient mieux connus ainsi qu'à ses lecteurs.
Je crois (jue cette interprétation sulïlt pour cxpliqLer ce motnoiil Lessing cherchait à appuyer son hypothèse. C'est une transition na- turelle d'un fait plus ancien, moins connu, à des personnages plus récents et plus à la porlée de tous.
Lessing a trouve encore d'autres arguments en faveur de sa théorie. Il dit que si le groupe du Laocoon avait été travaillé en Grèce à l'époque de Lysippe, oi!i Winckelmann le fait remonter^, s'il avait autrefois orné la ville de Rhodes, il faudrait s'étonner du silence que tous les auteurs grecs gardent au <ujet d'un pareil chef- d'œuvre. « Il serait étrange, dit Lessing, (j!ie de si gjands maîties n'eussent pas sculpté d'autres œuvres célèbres, et que Pausanias n'eût vu ni le Laocoon, ni aucune' de ces autres créations dues, sans doute, au ciseau des mêmes artistes. Au contraire, si le groupe a été sculpté à Rome par des contemporains de Pline, le silence s'explique mieux. La quantité de chefs-d'œuvre entassés dans cette ville sous les empereurs faisait qu'une création comme le Laocoon pouvait facilement passer inaperçue. »
Mais la Grèce n'était-elle pas aussi couverte de chefs-d'œuvre? Les récentes découvertes de Pergame sufllsent pour nous faire pres- sentir quelle richesse de statues peuplaient les agoras antiques. A Rhodes, comme à Rome, le Laocoon pouvait disparaître effacé par la splendeur du cadre qui l'entourait ou pfdir sous l'éclat des mar- bres sortis (les mains des plus grands maîtres.
D'ailleurs Pausanias n'est pas d'une exactitude .^ciupuleuse dansses récits. Il écrit au jour le jour un album de voyage. Son intention n'est pas de donner un traité complet des œuvres de la sculpture grecque. Il dit seulement ce qu'il a vu et ne décrit que ce qui l'a frappé.
Enfin le groupe du Laocoon est loin d'être un chef-d'œuvre à égaler à ceux de Phidias ou de Praxitèle. Voilà ce que Les>ing ne pouvait pas savoir, parce que de son temps on connaissait trop peu
7:i m \ i I \iii III oi.tM.h^irK.
(l'ipuvrcs (Ii« la holk- t'po(|uo pour li-s cslimcr :\ leur juste v;\hMir. l.o Laoroon ajiparlii'ut ;\inu! êc:i|tî i|(ii n'a pas olit.-nu clu'/. Us t'iii-cs cux-iui^iiics une .i;lniiv aussi piainh; qwc rolN^ (1rs nrlislo.s q\n' je viens (le iioiiiiniT. Jiis.|u a la lin du xviii' siril.- on a licnuronp cxa- t;érù !a braiilt'' divs (iMiviesdcs écoles de Uliodfs ol de Poii,Mme. (>'csl (]u'(^n ne iioiiviit pas alors les comparer aux fragnienls des œuvres de Phidias elde Praxitèle que les récentes fouilles ont exhumées. Pausnnias ne man»iuerail pas de décrire une œuvre de Phidias, île •Myron, de P\th;igoras de Uhé},Mon ou de Calamis d'Athènes, el do tous les anciens iniiltros; mais une création il s écoles jdus modernis devait lui paraître beaucoup moins digne d'admiration.
Au contraire, Pline paraît éprouver pour le Laocoon un enthou- siasme (jui éclate à chaiiue mot. Ce n'est pas que ce senlniieiil soit di'i, comme on l'a dit, à ce que ce groupe était une création de son siècle, mais il tient à une haliitnde d'exagérer lesex[iressions, proiirc à Pline et 5 phisieurs autres autour., latins '. L'o'uvre dont Pline s'occupe dans le moment où il écrit est toujours pour lui la plus belle (le toutes celles que l'on ait jamais cvci^cs. Il ne faut pas attacher trop d'importance à ces hyperboles de rhéteur. Si les trois artistes dont parle Pline vivaient de .'^on temps, toute sa phrase devient presque incnnipièhensible. Comment croire, en effet, que les con- temporains de Pline fussent assez peu doués de mémoire ou assez désinléressés des choses de l'.at pour ne pas se rappeler les noms des trois artistes qui venaient de créer dans leur ville, pour leur empereur, sous leurs yeux, une leuvre pareille il celle du Laocoon ? .Mais si ces artistes vivaient plusieurs siècles auparavant, si leur • cuvreviiil h l»ome sans ins lipliou, si leurs noms ne furent pas
1. CiccTon est un de ceux qui coiilienneni hs cxagiiratioDs les plus nombreuses 1 1 souvent elles ont él*l la cause de pravi s erreurs. Ainsi, dans le Pe nratore, I, 54, Cicéron puilHiitdu juRcment de Socrate dit : u iSocrates! respondit sese nieruisso ni aen|)libsin»i4 lionoribus et prasmiii dccoraretur, el ci victus fiuotiJianus in l'ryU- iieo publiée pra-beretur : (juihuiif)s apuil (•rtpcos warimus luihctur. » Ainsi d'après CicéronVéïait ch<z les Grecs le plus praiid do tous les lionncurs que. d'olro nourri au l'ryianée aux frais de ri'ltat.
I>c««xprissions de Cicéron ont donc fait naître l'idi^c fausse que Socrate aurait demandé cette distinction parce qu clic était le plus grand do tous les honneurs. On oublie que de toutes les récompenses accordée» îi Athènes aux citoyens vertueux, «elle de la nourriture au l'rjtauéo était une des moins coûteuses; on oublie cjuc Socrate demande cirlte dibtiicilon comme la seule qui convienne ù ui; vieillard pauvre. Je re- lèverai |.l.jAicur» erreurs do ce genre dans uia Vie dr Hocnilc, qui jiaraUra pro- ch&iaeœcnl.
i,K i.AocooN i:r i.\: (iiuiuri*. n'\riii;N.\. 73
copiés sur le nouveau piédestal, s'ils n'ùtaicnl ronnus (|ue des aina- Icurs et (l'un public de choix par les écrits et les entretiens des pliilosoplies, (i;ins co cas on coniiirciid comment Pline peut dire de SCS contemporains ijuc les noms des artistes du I.nocoon leur sdni moins connus ipie ceuv d'autres sculpteurs.
C'est (lue les Uomains ne cherchaient pas à fixer dans leur m.'- nioire trois noms étrangers et iiidilTérenls par eux-mêmes.
Il résulte de celte longue analyse qu'on ne peut tirer du passage de IMine absolument rien qui prouve la date précise à laquelle le t;roupe du Laocoon a été sculpté.
Heureusement, il y a d'autres molifs, dus au style même du monument, qui permettent d'établir (jue ce groupe n'a pas pu être créé sous l'empereur Titus, mais qu'il remonte au moins au ii" siè- cle avant noire ère. Il nous reste donc à soumettre le groupe du Laocoon et son style à une étude comiiaraiive. Mais, av;.nt de pro- céder à cette anatdHiie esthétique, il convient de s'élever, en jire- nant pour guide t mlùt Lessing et tantôt Vi.-conli, ù une certaine hauteur (lui permette d'embrasser d'un coup d'œil ces rapports intimes, ces atlinilés et ces différences (jui existent entre la poésie et la seul pi are.
ADH li;.\ WAGiN'O.N. {La suite prochainement.)
NOTIHL; SLll LETAT ACTUEL
RUINES DE DOCLÉA.'
La rivière Morara, après avoir parcnuru une partie ilii Monlé- négro, rcroit, en tléhouclianl dans la plaine de Podgorira, la livicre Zèla. Le confluent de ces deux rivières forme un angle aigu tourné au sud vers le lac de Scutari.
Parallèlement h la Moraea coule la (>liirèlia, petit torrent ijui des- cend des derniers contreforts des collines des l'ipcri et vient se jeter dans la Zèla, à îiOO mèires environ de son eoniluent avec la Moraea.
C'est dans l'angle formé par la Zêta et la Moraea, entre cette rivière et la Chirèlia, que s'élevait l'ancienne cité de iJocléa.
La forme générale de Docléa est celle d'un rectangle allongé, pi. XIII. Un des grands côtés suit à peu près exactement la rive gau- che du torrent Chirèlia, et le grand côté op[)Osé, la rive droite de la Moraea.
L'un des petits côtés devait suivre la rive gauche de la Zèla, et l'autre petit eûiè était à peu près perpendiculaire à la Moraea et à la Chirèlia. L'état des ruines permet assez facilement dt jugei-dcsco'.i- tours de l'enieinlc, surtout dans la partie nord et est.
Au point où Docléa a été construite, les trois rivières qui l'en- serrent sont très encaissées (coupe a b cl r il). Le niveau des eaux
1. l.A prévnic notice, adressi^o, bous formo de rnpporl, ?» M. le Ministre de Tins truction |>ublii|uc t-t des bc.iiix-arts, est .'>cc<itn|iaKiH'e d'un plan do Docli'a, d'un lover l >pograi»lii'|uc de »08 environs, et des dessins de quelques inscriptions reic- véei tur place. {Note ilr ht Dircrliim.)
NOTicK SU» l'État actukl dks iiuinks me docliîa. 7.'>
e?l à () iiiMrcs environ du i)lan génrral du terrain ', el les berges, complètement rocheuses, sont très sensiblement verliralcs.
7-- ^^ ^
1.
-^;./
Le côté est, le seul abordable, était fermé par un vaste fossé, de 9 à 10 mètres de largeur, dont nous reparlerons dans la dcscriiition de rcnccintc. Au point de vue de sa défense, Docléa était donc très remarquablement située, complètement à l'abri de toute attaque sur trois de ses faces, et sans doute très solidement protégée du côté de Test. Le terrain où s'élevait la cité romaine a au>si l'avantage d'être plus élevé que celui des rives opposées, ce qui tient sans doute à ce que cet espace de terrain fait suite au dernier contrefort des collines de Stjcwna, situées au nord de celles de Ktribchié et de Glavitza Dolianska. La Cbirélia ne forme pas, à proprement parler, une vallée; ce torrent coule au milieu d'une déchirure de la roche.
L'enceinte A (plan de Docléa), qui fermait Docléa du cùlé est, était formée par une longue muraille rectiligne, couverte par un fossé faisant sans doute communiquer les eaux de la Morara eldc la Chirélia. Ce fossé, en partie comblé, est encore très visible. Entre le fossé et la muraille d'enceinte, une longue bande de terrain recou- verte de vestigesdeconstructions, au milieu desquels on remarque de larges pilastres en moellons, ferait supposer qu'une deuxième enceinte de protection, probablement voûtée, devait compléter la défense de la ville de ce côté.
Les remparts qui forment l'enceinte de la ville parallèlement à la Chirélia s'élèvent encore, en certaines de leurs parties, h 7 mètres au-dessus du plan du sol. Ces murailles ont h leur base jus(iu'à A mètres d'épaisseur, ce qui fait supposer que leur élévation devait être assez remarquable.
Le côté F E du polygone d'enceinte est percé d'une ouverture de
1. Lorsque ces observations ont été faites (octobre 1881) les cours d'eau du Monténégro et de la haute Albanie subissaient une des crues les plus considérables que l'on ait observées.
76 iiiM i: MK iiKoi.or.iouK.
7 ;i H iiirlres, (|ui ilevail cire une des purk's inuniiiucnlales ilc la villo. Dans fclle |iarlio do l'cnrcinlc, di'S vides de forme rcclaiij^u- laiie onl t'ii" résolves dans linliTicnir de In ni;iiailli'.
Les murs do Hoclca se ooiilinuonl jii^i)u'.iu conlluoiil dr la Morara et de la Z«''la. A l'anglo formé par le coiilluenl do la Cliirolia el de In Zola, sï'Iovnil iino vasie loiir dotJ. les linros sont oiioore Irùs visibles, vaste liaslion (jui a dû élro ôlcvi' pour masiiuor le dêhotichê de la Zola, roiilo iinlurelle du Danube nu lac île Sculari el à la mer.
rarallolemonl a la Zêta, il n'existe nueunc Irace de eonstruolions, mais de nombreux amonoillomenls de moellons me pcniit llcnl do suppOHrijue l'eneeinlo suivait à pou près exaclemeiil lo> lives de la Zét.i. Parallolomenl à la Muraea, on lemaniue des pans de iniiiaille beaucoup uioins bien conservés que ceux du Ironl nord de la ville ; ces porlionsde remparlson'. inlcrompucs par des lerlrcs recouvrant dos vesligos el perniellanl de rcconsliluer aisément le front sud de l'enceiiile.
Lu superficie de r;i.neienne cité i (tin line est i\ peu prés de 32 bec- lares, ce qui donne une idée de son imporlance.
Dans l'inlérieurde l'enceinle, il est didicile de démêler, au milieu de l'amonctlloment dos pierres, les traces des anciennes constiiie- lions qui onl pu y exister. Coitendaiil on peut voir en K (plan de Doeléal des ruines assez bien conservées. Los ruines marquées T cl S, qui ont une élévation de 4 a 5 métrés, paraissent avoir appar- tenu à un ancien temple : on y voit encore dos débris de colonnes. La superficie totale de Docloa est rccou verte de voslij,'os de cons- tructions cacliés .sous la terre el les liantes boibos. 11 est presque certain qu'en enlevant une très mince ooucbe du sol on découvrirait les fondations de raiicioiuio cité.
Dans aucune place on no voit des traces do fouilles. (Juelques rares parties de ces teri-aiiis ont été mises en culture d'une façon très primitive.
L'accès de Docléa est assez diflioile, mémo on été, pour les liabi- laiils de la plaine de l'od^'oiioa et de la rive dioilo tb^ la vallée do la Zéla.
Comme rindi(|Uo le lever t(qiograplii(|iie de la plaine do l'odgo- 1 10.1, un aqueduc, dont on voit encore bs vostij,^os, amenait les eaux romarquabloiMeiil limpides du Zjémé ou Zjewna (alIliioMl de la rive gauche du la .Moraoa, servant l'ii pu lie Ar liiiiile au .Moiiièné^io et à la Turijuio) à Docléa. «'.et aipiediio av ni une lon^Miour île î» ;\ 10 kilomètres, et aboutissait probablement dans Docléa vers le
NOTICK sim r.'iiTAT Ar,TUF,r, i)i:s nriNF.s nr: hnci.r.v. 77
point M, par un p(int-;ii|U(Nliii' sur la Morara, dont il n'i xislc jilus anciinc Iracc.
I)',i|)ivs l(\s renscifînpmcnts (lu'il nous a élé possible di; rLTiii'illir, lanl sMi' Ii's liiMix t\\\':\ l'odiJ^orira et ;i C(''linjr, aucune fouille sé- rieuse n'a élu faite sui'Ies ruines de Docléa ; du reste, l'aspeel géné- ral du lorrain semble parfailcnienl rindi(|Ui i-.
Il y a donc tout lieu de croire ({u'unc étude plus approfondie des ruines de l'ancienne cité romaine, et des fouilles liahilemcnt diri- gées, procureraient des résultats impoitants au point do vue liisto- riquc et arcliéo!ogi(iuc '.
F. SASKI. LuDéville, lu 5 mars 1S«2.
1. Voir, p. 711, les rt'ilcxions Je M. Mowat sur les inscriptions découvertes à Doclên.
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M. Saski.
NOUVELLES
iNSCUiPTiONS in: 1)0CLI:A
(EXPLORATION DL: M. SASKl)
On n'avait signalé jusqu'à présent qu'un très petit nombre tle monuments épigrnphiqucs snr l'emplacement tle l'ancienne Docléa, près (le I*odi(oiil/,a. M. Monim>en n'en connaissait que trois lorsipie, en 1873, il édita le tome 111 du Corpus insrriplioitiun Ititiimnim; la plus importanle est celle à laquelle il a donné le numéro 170-j et qui coniicnt la mention de la rrs puhlicd Dorlratinm à l'époque de l'empereur Gallicn; elle prouve que le véritable nom de la ville cl:\\l Docled, et non Dioclea. D'autres ont été publiées dans VEphe- vurifi rpi(jraplii(ii, t. H, p. 478, n" lO^iG, et t. IV, p. 80-8O. Cellestjue vient de relever M. le lieutenant Saski pourraient fournir la ma- tière d'un nouveau supplément dans ce môme recueil. Elles sont au nombre de (jualre, reproduites en fac-similés dans les dessins qui accompagnent le très intéressant rapport de cit oUieier. J'ai été prié de les étudier, et voici les remarques auxquelles elles me paraissent donner lieu :
1° Fragment surmonté d'une corniche, au-dessous de laquelle on lit quelques lettres disposées sur trois lignes :
///FLAVI//// /////C • F///// Il/Il ERTIll/l
Cette copie offre beaucoup d'analogie avec celle du numéro 170G du
80 BEVIK AnCHÉOLOr.HjlK.
Corpus, t. III. inn iifia' pnr uno imlt' Jf \' Eiilnnims, t. !V, p. X'k (lit II" 170G :
F/AVIA CFILIA
////////////
ll/IIIIIKfl
s/BPOS / D D D
Elle lionne trt"'s probablement le comnicncemenl d'une seule el nn^me inscription à restiluir ainsi :
...Flaviii C{aii) filia [Tyrt[ia]9... [si]b[h po!i[uit); l{ocus) (l[atus) d{ccreto) d{pcuhonum).
2° Fragment d'une inscription funéraire dont il ne subsiste que le coinmencomcnl des cinq dernières lignes. Il est impossible de restituer les noms de la personne défunte; tout ce qu'on peut dire, c'est qu'elle avait dil occuper un rang distingué dans la res pnhlini de Docléa, pour avoir méiité la concession honorable d'un terrain de sépulture aux frais du public :
//////////////////// M II////////////// PRO////////////
MA///////////// Pi ISS//////////
L D///////////
...piisslmo]..; l[ocus) d{(itus) \d[ecret6) d[ccur\onum)\.
3" Stèle dont la partie supérieure mamjue, mais (jui paraît n'avftir pas eu plus de quatre lignes; une fracture a emporté le haut des deux dernières lettres à la première ligne; celles de la (|ua- iriéint- ligne sont un peu confuses. On ridentilie avec le n" 2tî7 .le VEplirmeris, t. IV, p. 8G :
NOUVELLES INSCIUPTIONS DE I)(JCLÉA. 81
VENtn
AVG
SACRVM
FL BASSILLA
Vt'n{cri) aug{ustœ) sacrum. Fl{avia) Dassilla.
A" rallie supérieure d'un pelil autel à corniche. On y voit les deux premières lignes d'une inscription dont quelques lettres sont un peu confuses. Néanmoin?. on ne laisse pas que d'y lire :
DIS DE AB VSQ
/////////////
Di{i)s deabusij[ue)...
On connaît de nombreux exemples de cette dédicace aux dieux et aux déesses, quelquefois suivie du mol omnibus.
Dans l'élal actuel des choses, l'exploraliondeM. Saski a pour résul- tat d'accroître de trois le nombre des textes épigraphiques relatifs à Docléa. Il paraît plus (lue probable que des fouilles mélbodique- ment ellecluées sur ce terrain, encore vierge de toute investigation archéologique, particulièrement aux abords des ruines signalées par lui, procureraient une abondante récolle d'objels antiques et d'inscriptions. C'est l'opinion de M. François Lcnorniant, qui a éga- lement visité ce site. Une mission au Monlénégro ferait honneur au gouvernement qui en prendrait l'inilialive et au savant qui l'accom- plirait.
ROBERT MOWAT.
XLIV. — G
]..\ PLUS ANCIENNE
INSCRIPTION LATINE
Au priniemps de l'année 1880, rallenlion do M. Ilcnn Dressel, bien connu par les services iju'il a déjà rendus en d'autres occa- sions à l'épigrapliie itali(iue, fui attirée sur des jioleries nouvelle- ment entrées dans le commerce des antiquités à Uonie, et qui différaient de celles que les excavations des années précédentes avaient mises au jour, il suivit la piste, et arriva heureusement à établir la provenance de ces objets: ils avaient été trouvés, pen- dant qu'on creusait les fondations d'une maison de la via Nazionale, dans la vallée située entie le (Juirinal et le Viminul. Dans le nombre, il s'en trouvait un d'une imporlame particulière, par une inscription de 128 lettres qui en fait le tour. 31. Dressel se rendit acquéreur de ce précieux petit monument-.
FORME DU VASE.
Nous en donnons la description d'après M. Dressel et d'apré> les lilliujj'rapliies Irés exactes (ju'il a jointes à son mémoire (V. notre planche XiV).
Il est haut de trois cenliniètres et demi, large de dix centimètres et demi, et il se compose de trois petits récipients à forna^ arrondie, réunis entre eux de manière à composer comme une sorte de
1. Ce morceau est la rcproducUoii d'un orliclc publié par les Me/nnrjcs d'nrchéo- lo'jtc et d'histoire de tEcole française dr Home. Nous avons prnsé qu'il était do na- ture & intéruftscr les lecteurs de la lievuc arrhàduQiijuc. M. Brcil nous a fourni qii(j|r|ueH additions.
2. Amtit'.i dcW Isliliiln di rurrisiiiiitdruzn arr/miloyiin, i. LU, p. lOS, Jilan- cbc L. Celle planche sera donnée dans uu de nos plus procliains numéros.
LA PLUS A.NCIIvNNK INSCIWI'TION LMINK. 83
Irinnpile (''(inil.iir'ial. (IIi.kiiic irci|iii'iil p.ir.iU .ivoir l'-tr d'-'iboi-.! f.ilni- qiii' à pjirt ; puis on los a rallacliés au inou'ii di; hras (;yliiiilri(|U(î.s. La nïatit're est une aryilc iioirAli'c La vaU.'ur arlisliquo dti l'(jt)jol semble ôlre des plus modestes. H n'est pas inutile (r.ijouiiT (|ii'uii vase à forme srmblahle, mais eoiiiposé d(! (jualre récipient';, a été trouvé au même endroiî; seulement il ne porte pas d'iiiscrii)- tion.
D'après ces circonstances, nous devons conj(;i:turt'i- (j'ie le pic, des ouvriers a porté sur un ancien cimetière romain, et (jue nous nous trouvons en présence d'objets funéraires. Ces vases à trois et à quatre récipients étaient sans doute tiestinés à contenir des oITrandes aux dieux infernaux, des arferiœ telles i|ue du lait, du vin, de riiuile, de l'encens. A la rigueur, on pourrait aussi penser à des lampes. La lecture de l'inscription nous apprendra si cette hypo- thèse relative à la destination funéraire est juste.
ASPECT lîXTÉRIEUR DE L'INSCRIPTION.
L'inscription a été tracée à la pointe, pendant ijue l'argile était encore humide. Elle se divise en trois parties, et non en deux, comme l'ont supposé les interprètes qui nous ont précédé. En eiïet, elle reprend trois fois à la ligne. M. Dressel, en examinant un en- droit où le style du graveur, glissant sur la surface convexe, est venu couper des caractères déjà tracés, s'est assuré de l'antériorité de la phrase couimençant par lOVEIS. D'autre part, la phrase commen- çant par AST doit venir la seconde : cela nous est indiqué par la place qu'elle occupe à la suite de la première. Il en faut donc con- clure que c'est la phrase qui débute par DVENOS qui vient en der- nier. On verra que le sens de l'inscription confirme pleinement ces observations.
A l'intérieur de chaque phrase, il n'y a aucune séparation rntre les mots. Les lettres sont tracées d'une manière très lisible, quoique la pointe du scribe ait fait quelquefois des écarts involontaires. Il ne peut y avoir d'incertitude que pour deux ou trois lettres. Dans le mot lOVEIS, le second I a été ajouté après coup. Le mot suivant, qui est AT, avait d'abord été écrit ET. Dans le mot DVENOI. qui se trouve à la fin de la troisième [)hrase, le V avait iTabord été ou- blié : il a été ensuite inséré dans un espace trop étroit, en sorte qu'il a pris un aspect un peu insolite. Nous reviendrons plus loin sur ces différents points.
8^ IIKVIK Alu:iiKOLO(ilQUR.
J"allais oublier de dire que, pour lire iei Kllre?, il faut iiictlre le vase lu iCle en bas.
FOUME DIS LETTHKS.
La fornit' «los Ictli'cs est Irrs arrliai'iiiic : il faut irmarqiiiT surtout li> M. le p. le Q. Il' R cl lE, i|iii |irt''>tMil«MU la in'Miit' fonuc que dans les plus vuillcs inscniilions di' l.i (îrircoii df rKtruri»*. Le Z, conlrun'intMil à ce (|n'oii avait cru il'abord, ne ligure pas dans l'ins- cription. La lettre G, (lu'on aurait eu l'occasion d'employer une fois, est repnVsentée par C. Le C sert h inaniuer ^paiement la ^.'"•l*>''alo forle; mais le scribe avait comnieiietV par écrire deux fois un K, qu'il a ensuite corrigé.
Mais ce qui, par-dessus tout le reste, donne h celle inscription un aspect à part, et (pli tranche sur toutes celles qui jusqu'à présent ont été trouvées à home, c'est que l'écriture est dirigée de droite à gauche, comme en phénicien ou en grec liés archaï(iue. S'il s'agis- sait d'une inscription étrusque, ombrienne ou osijue, le fait n'au- rait rien (jue d'ordinaire : ces peuples, qui ont reçu leur écriture de la Grèce à une ('poque 1res reculte, peut-iHie au viii'' ou au IX' siècle avant notre ère, dans un temps où la (iièce écrivait elle- même de droite à gauche, sont resiés fidèles à l'ancienne disposi- tion. En général, l'Italiote est conservateur, et plus d'une particu- larité de la vieille civilisation belléno-italique (jui s'est, avec le temps, eflTacée en Grèce, s'est maintenue en Sicile, à Gumes, en filrurie, chez les Samniles, chez les Oiuliriens. Même dans le voi- sinage de Home, à Paierie par exemple, on reste tidèle, jusque dans le 11" siècle avant notre ère, à l'écriture allant de droite ù gauche '. A Pompèi, peu de temps avant la destruction de la ville, les docu- ments officiels sont encore gravés de cette fa(;on.
Mais à Home le fait était jusiju'à présent sans exemple : Ht)me semblait faire exception sur le reste de l'Italie. Si l'on coiiiiille b' C'oc- puSs on voit quemèiiie les ancieusas libraux, avec leur ROMANOM inscrit en grosses lettres sur l'une des faces, que M. Mommseii fait figurer en tête de son recueil comme les plus anti(iues témoins de l'éciilure romaine, nous ollVent déjà la disposition de gauche ù droite. Cette exception s'explique d'ailleurs facilemeul. En premier
1. Gtrrucci, Sytîo'je, n» 559. Dréul, Sl<', noires ilc m >" u/r- de /mj/uiv/i'/U' , IV, p. /ÏOO.
I.A l'Ll.'S ANCIKN.NF. INSCIIII'I luN |,\TIM:. H3
lieu, nncun de ce» iiionuincnts n'csi iivs ;iiii'i('ii : ils un rcinonUMit pas aii-(li'l;i (lu iiT sii-clc ;iv;nU iKilre ère. A celle éiioque, Home était déjà la Kiaiide ville où aîllinient les Grecs, et en parliciilicr les Grecs in.^lrujls, arlisios, i)liilosophes, litt/iraleurs, graininai- riens, maîtres d'école, (jui apporlaieiit avec eux les habitudes mo- dernes de la (Jréce, devant lesipiclh s les anciens usa^jes italioli-s disparaissaient, (^est l'alplialn'l alliéuicu, tel (ju'il avait ét6 réformé sous larchontat d'ICuclide, et tel ([u'il s'était peu à peu répandu dans tout le monde grec, (|ui est adopté. Pour la première fois, l'inscription puliliée par M. Dressel nous révèle à Home la iirésence de rancienne écriture de droite à gauche. A ce titre déjà elle mérite, dans le recueil des inscriptions romaines, un rang à part.
A quelle époi]ue faut-il rapporter ce monument? L'écriture est sans doute un important critérium; mais il ne doit pas être le seul. Pour nous prononcer sur la (jueslion d'ûge, il faut examiner la langue, et aborder l'interprétation.
INTERPRÉTATION.
Le premier qui ait donné une version de ce texte est M. Ures- sel lui-môme; aidé des conseils d'un des premiers latinistes de rAliemagne, M. François Biiclieler, il a proposé une savante in- terprétnlion '. De son côté, M. Biiclieler, dans un article du jour- nal le lîlu'inisches Muséum^, est revenu sur plusieurs emlruits, pour élucider et conlirmer cette traduction. Presque en même temps, M. Jordan ^ connu par ses travaux sur la topographie de l'ancienne Home et par ses études sur le latin vulgaire, a publié une explication très détaillée, nouvelle par certains côtés, mais qui, sur les points essentiels, est conforme à celle de M. Drc>.sel. Un peu plus tard, un linguiste distingué, M. Osthulf \ aexaminé, au point de vue de rélymologie, quelques-uns des mots de l'inscription. Enfin, tout récemment, M. Jordan'', dans un programme de l'uni- versité de Kunigsberg, a repris en sous-œuvre son interprétation, en s^attachant à la justifier et à la compléter.
1. Article cité des Aiutuli.
2. 1881, p. 233.
3. Dans le journal //('///cy, 1881, p. 225. A. RheinU<:hes Miiseum, 1881, p. 481.
5. Henrici Jorrlani vtniltciae sermonùt latini aniiquisiimi. Koenigsbcrir, îtap- tung, 1882.
8G UKVIK AHCMKOl.CU.lUl ••■•
Qufllt' que soil l'aiilorile iloiu jouissiMil avec raison les snvants quo nous venons de nommer, nous allons proposer une traduction qui, sur la plupart des points, s'éloigne sensilileuienl île celle qu'ils ont donnée. Il ne faut pas en «Mre surpris. L'iiiltlligence d'un texte nouveau et obscur ne s'obtient cpie peu à peu. Les premiers inier- juMesontù lutter contre des dillicullés (|ui n'existent pas au nu^me degré pour ceux qui viennent après. Ici la difficulté principale ve- nait de ce que les mots ne sont pas séparés les uns des autres. IJes coupures erronée"^, un peu trop vite adoptées comme certaines, ont nus l'iiitiMprétation dans de fausses voies. A la |)remiére liKin", «ui a lu lOVEl SAT, et l'on a fait de SAT une abrévinlion i)0ur SATVR- NO. (iuoi(|ue, dans tout Iiî reste du texte, il ne se trouve pas un seul niiii écrit en abrégé. Un peu plus loin, une fausse séparation lit lire VIRGO, ce qui lit penser qu'il était (juestion d'une jeune tille dans notre texte ; les lettres précédentes furent lues COSMIS, dont on rap' procha soit l'adjectif côiuis « aff.ible », soit cornes « compai^'non », et, comme la phrase renferme une défense (NEI...SlEDj, un supposa (ju'aucune jeune lille ne devailtémoigner son alTaliilité au sacrifica- teur, ou ne devait assister au saciilice. Dans cette hypothèse, AS- TED fut réuni à la phrase précédente, et lu comme étant pour (idstet. Plus loin, les mots furent séparés de cette façon : NOISl OPê TOI- TESIAI PACARI VOIS, ce qui fut traduit nisi Oin Tuitrsiae pacari irlts. Tuitisia fjt re^'ardé comme un surnom, jus(iue-là inconnu, de la déesse Ops. Dans la troisième phrase, Buenos fut considéré comme !'• nom du potier, ce qui déirnis.iit It^ lien entic celte jtliiase et les précédentes. Enfin on lut EINOM DZE NOINE MED MA.NO STA- TOD, et dans DZE NOINE Idii vit l'expression latine dû' nono : igi- lurdie nono me maiio sistito.
Quelques tâtonnements, j^le répète, sont inséparables d'un pre- mier essai de traduction. La version que nous allons proposer no sera sans doute pas exemple d'erreur, et à son tour elle donnera prise à la critique. .Mais, de progrés en progrés, la science arrivera à résoudre les diflicultés de ce petit texte. Des tâches moins aisées ont été lieureu<ement accomplies par la linguistique.
Kst-ce la défectuosité des premiers essais (]ui a suscité la mauvaise humeur du savant directeur de l.i Mneniosj/nc, M. C C. dohel'.'* Il a fait a notre inscription l'honneur tle s'en occufier ; mais l'illustre profes^^eur de Leydi; était dans un de ses jours de sévérité. Après avoir cité les versions d<ml nous avons inili(iué les traits principaux, après avoir reproduit ipielques passages des commentaires, (ju'il iu^e avec une imitilnvalile rigueur, il émet l'idée (jue le vase de
LA PLUS ANniF.NNK 1 NSCrufTION L\T1NK. 87
Duùnos pst Mn(! falsil^-ntioii, cl qut» Ifs mois (|iii y sont lrac(''S sont l'œuvre d'un myslilicalour. (Conclure de l'impcrfecliori dos Iradiic- tions à la non-aulhenlieilé du Icxle ne nous paraît pas d'un raisoii- ncnicnl iii,itt;i(jual)le : peul-ctii! M. Cobut, s'il avait pris la peine d'examiner le monument en lui-même, tout on faisant ses réserves contre les traductions proposées, aurait modifié les conclusions de sa spirituelle boutade.
Avant de proposer mon interprétation, je remplis un aj,'réable de- voir en remerciant publi(juement M. Gli. Salomon, membre de l'É- cole fian(;aisc de Rome, qui a itien voulu examiner pour moi les lec- tures douteuses, el M. Henri Uresscl,qui s'est f,'racieuseinent prélé à toutes les vérifications.
Voici d'abord le texte transcrit en caractères ordinaires :
lOVEISATDEIVOSQOIMEDMITATNEITEDENDOSCOSMlSVIRCOSIED
ASTEDXOiSKlIM'/rOITESIAIPACARIVOIS
DVE.\0SMi:DFECEDi:NMAN0Mi:iN().MDVEN0iNEMEDMAI,0STA10r)
lOVEIS. C'est le nominatif, faisant fonction de vocatif. L'I piraii avoir été ajouté après coup, le graveur ayant d"ahord écrit lOVES. On peut rappi'oclier le nominatif AIDILES \C. I. L. 31, « Aidiles Co- solCesor»). Sur le nominatif de la troisième déclinaison en es, is,e«s, voyez Biicheler-IIavet, PrécAs de la déclinaison latine, § 3o. Horace {Odes, I, 15, 3G) écrit : « Ignis Iliacasdomos», en faisant de ignis un spondée, — Jupiter est invoqué ici comme divinité infernale; cf. le Jupiter Slygins (Orelli, n""* 1^65 et 1:266), le Veiovis de l'invocation citée par Macrobe [Satimi., III, 4) : a Dis pater, Veiovis, Mânes, sive vos quo alionominefas est nominare. »
AT. CoDJoni'tion pour AVT. La diphtongue au prend le son d'un a long dans les dialectes congénères du latin. En ombrien, fatom e^l le participe du verbe faveo; flAfw correspond à la conjonction latine autem. Le même phénomène est très friNpient dans le latin vulgaire : diinsï Augustii!<,au(juiium, auscultare, Clawlius, defraudaii, aug mentare, autem, Plautus, deviennent Agmtus, agurium, ascultare, Cladius, defradnvi,agiiiontare, alem, Platus {Schuchardi^ \l, 'iOti). Mais ce qu'on n'a pas assez observé jusqu'à présent, c'est que le même fait se présente dès les plus anciens temps de la langue latine : Mars pour ^farols: agnus pour arignus; asportarc pour uusportare, t\u\ est lui-même pour absportarc ; axe (Feslus, p. 25) pour «mj:*'. Le rapport établi dans la mythologie latine entre Laurens et Larentia
8H HKVL'K ARCHKOI.Or.IQUK.
Ihrtunp, 1, 07^ repose sur co fail i\o jwononcialion. II y avait ù Hoiiit» une (l('«*ss«» Fauim /•'<;/»<; dniii le nom, liiY' du vcilu' /"(Uvo, dil (It'iix fois 1.1 nuMiU" clioso, roiiime Anna Perniun, Mus Locuttus. Kw- llii la cotijonclioti latine ot « mais » est idei)tit|ue à la conjonction osque ant. IVest lenu"^nje cliaiigemenl de prononciation qui fait qu'en
dnrien on dit : 'At;ii'g«, tiulîv, ytXîvTi, 5i!X7:£iv9uts pour 'ATfttoao,
Tiuitov, "[-tÀa^vTi, ctaTTeivotoiu; (Alirens, II, lUf'). — Le ^Tavcur avait ila- bord écril ET. On loconnall encore les traits de l'E sous ceux de l'A.
DEIVOS. Sur l"'s nominatifs siii.<,'uliers en os, voyez Biiilieler, §45. r,e noiiiiiiatif fait, comme lOVEIS, fonction de vo,-atif. On sait d'ail- leurs (|ii(' Deiis^ en latin, l,mi(1.' sa forme au vocatif.
QOI. Italir.lu proniun relatif: c'( si la forme habituelle dans les vii'ilU's inscriptions. L'orllioi^raplic employée ici (QOI .m lim de QVOI) est un si}:ne d'artiiquilé : on connaissait déjà MIRQVRIOS, PEQVNIA, QVM, etc. Cet emploi du Q devant un O rappelle tout à fait les formes locriennes, comme KniFOIQOl-. IIOPnoN (Cauer, n^ 91).
MED. Accusatif du pronom personnel. CI. la cist<i .le Ficoioni : Novios l'iaulios meil lioinai frciil. Le sénalus-consulle di.s Uacclia- nales donne : iitter srd. La Table de Bantia : apud scd. Les formes med^ted, sed, sontatteslées pour Plante par les ^{lammairienslalin.s. V. IJiicbtler, § 12o. — Le pronom doit ùtre compris comiue se rap- portant non pas au mort, mais à l'objet votif, leiiuel s'adresse, à la première personne, à la divinité. Il en sera de môme dans la suite de l'in.-cription. On connait celle habitude di- l'anlitiuité, de faire parler les objets inanimés : (juantilé de monuments s'expri- ment à la première personne. On con(;oil surtout l'emploi de ce tour quand il s'agit, comme ici, d'un objet poitatif iiue les fiijnli, pour le service des cimetières, fabritiuaicnl sans doute par ilouzaines, el pour lesquels on tenait en jé.servc des focmiilcs faites d'a- vance.
MITAT. Subjonctif du vt rbe millcrc. L'inscription ne redouble point les consonnes, ni à l'intérieur des mots, ni quand deux con- ponnes >embiahlcs sr rcncontrifnt dans la phrase : on aura plus loin ASTED pour AST TED. — Le sujet de inillal n'i st pas exprimé : il e.sl ijuesiion ni du mort. » Jupiter ou qin-l que soil le dieu au- quel [celui cij pourra m'envuycr. •»
NEI pour fjc. ('ttte orthograplio ol fié(|uente : vo>e/, VIndr.r du tome l du (^orjiuH. .Mais elb' n'est pas constante, el la même inscrip-
lA PLUS ANCIKNNK INSCHIPTION LATI.NK. HH
lion liK'f loin- ;i (OUI- nci ou ne. (l'est aussi ce i|iii a lii'ij mit la nnlir.
TED ENDO. (liùi Ion jK^uvoii-, eu 1rs mains. » VA. les ffuniiilcs de dévot innr.'t (C. I. L, SIH, H\\)) : «Tilii coninKMido... Flanc habcas... Hahcs Kulycliiain Solcriclii uxorein... » Los i\\(:ii\ des enfers sont des divitiiliR malfaisantes : Cire entre leurs mains, c'est lesort(|u'ori souhaite h ses ennemis, qu'on cherche à éloigner de soi. — La pro- position Piiilo, fi(^iiueuiment employée en vieux latin, se trouv<! en- tre autres dans un texte de rogatio cité par Aulu-Gelle (V, !'.»), qui est ordinairement é(;ril ainsi :
VELITIS • IVBEATIS • iQVIRITES-J VTI LVCIVS • VALERIVS- LVCIO • TITIO- TAM • IVRE • LEGE • Q • FILIVS • SIBI' SIET • QVAMSI • EX EO- PATRE MATRE-QFAMILIAS • EIVS • NA- TVS • ESSET • VTI • Q- EI-VITAE- NECIS Q IN-EVMPOTESTAS • SIET VTIPATRI ENDO- FILIOEST -HAEC" ITA • VTI • DIXIITA- VOS-QVIRITESROGO. Je crois .ju'il faut lire: VTI • PATRI • ENDO • FILIVS (vieux latin FILIOS) EST.
COSMISV IRCO. Le second mol est la préposition ergo. Cf. les formules : « viriutis ergo, benelici ergo, honoris ergo, victoriae ergo, funcris ergo, illiusce sacri coerccndi ergo, liujus rd ergo.» Le changement de Vr en /, comme dans MIRQVRIOS, STIRCVS VIRGILIVS.
La préposition irgo iloit nous faire attendre un complément au génitif : ce complément est COSMISV. C'est un substantif de la quatrième déclinaison qui a perdu son S final (fiiicheler, | 15ff). On avait déj<à, comme exemple de cette chute de ,ç, SENATV (C. /. L. 4160). Il faut y joindre les neutres, comme genu, cornu, où la sup- pression de s est frécjuente au génitif. — Le latin littéraire ne pos- sède pas de substantif de la quatrième déclinaison venant de com- mittere; mais nous avons permissus, admissus, immi'^sus. — La forme costnissus {pour commissns) vient confirmer de la manière la plus heureuse un renseignement donné par Festus, et qui avait quel- quefois été révoqué en doute : «Antiqui... dicebant co-smitterc pro commiltereet Cns)nenae [)vo C:\mcuac n (p. ()71. — Une faudrait pas, je crois, entendre ce cosniisu au sens moderne du mol : nous n'avons pas ici un pécheur qui implore de Dieu le pardon de ses fautes. Il s'agit plutôt d'un man(piemenl aux cérémonies funèbres, d'un délit contre le rituel, pour lequel on olïreen expiation un présent (piacu- lum) a u x d i e u \ i II le rn ;i u X .
9û i\kvi:k ARf.Hi^.oi.or.ioiiK.
SIED pourSIET. (»n aura plus loin PECED. Mais, d'autre p;irt, n.ui> avons MITAT. Ces inoonsiMinonccs .le l'orlli(»|^raphc sont Uv-
qutMilos.
Le sens do la premii^re phrase osl donc: ((Jupiter aul «Icus ruinio mittal [islo], ne let-ndo, conimissi im^îo, sil.»
Av.mt d(> i^asscr à la soi-uiulo phrase, j'indi(iiitM-ai en lieu de mol-^ uiu^ construction (iu(d(iue peu di(T('rente, qui donne épalcnuMU un sens satisfaisant, et à laquelle j'avais d'ahord accordé la préfcTcnce. J'avais vu dans 701 un nominatif singulier m:iseulin, se rapportant .\ deivos. Ce nominatif était le pendant exact du nominatif poi ou pod onihrien. On sait ijne ce nominatif se compose du i)ronom 7M0 ou po (forme sans désinence, comme 6 en grec) cl de l'enclitique ei, (pie nous trouvons également au féminin /ja-c», au neuln- /-r/ci, de. DansMEDMITAT je reconnaissais les deux mots MEADMITAT. Sur lacorMstencc dans un même texte de formes avec et sans r/, voyez Biicheler, § 2i8 et 229 '.
ASTED doit tMre décomposé en AST TED -. La conjonction ast, (lui ét.iil très usitée, comme on sait, et qui avait dilTérenls em- plois en vieux latin, doit Cire traduite ici par ((mais». EnelTet, cette seconde phrase vient s'opposer à la première. La construction est: AST TED... PACARI VOIS. Ainsi (lue Ta reconnu .M. Dressel, VOIS est le suhjonctif du verhe (( vouloir» : vois est dune pour ro/is lequel est lui-môme pour volies (cf. sies). Le /s'est mouillé, comme cela est arrivé si souvent dans les langues romanes, et comme cela arrive déjà en latin, où nous trouvons dans des inscriptions Cor- neius \)0\iv Corneliu!<, Aureia pour Aurélia, fiae pour /i/iae\ Déjà les grammairiens anciens ont distingué dilTérentes prononciations de la lettre /, pour lesiiuelles ils admettent un sonus c.cilis et un 80UUS pin(jni!>. Nous rencontrerons dans un instant un autie mol (lui doit peui-ètrc s'expli(iuer par la même particularité de prononciation de la lettre/. Nous avons i<i le plus ancien exemple du / mouillé en latin.
PACARI ot l'inlinilif passif de paco ((j'apaise ». Cette forme a déjà un aspect moderni3. On aurait pu s'attendre à une ïoviuc p<u'u.<:i
1. J'avais ainsi traduit dan» une communication à l'.\cadi;(nic des inscriptions, séance du 2 man lb82. L'autre construction a été proposée séance tcnciiite |)ar MM. G. Paris cl O. Itayel.
2. Hcnïcn, Acta fralntm Arvalium, p. CWIX. A'^tu pour axt lu. Cf. ilnd
cxxx.
3. Corucn, Austprache, I, 2'2B. ScliucliarJt, 11, liHù.
I.\ l'I.US ANCIKiNNK INSC.HU' TIoN I.ATIM;. lil
OU iiK^mc p^i^ïis/c/-. (^e [toiiil csl ù reiciiir iiiMir la lixalioii de l'àgc (le noir»! iiioiiiiiiumU.
NOIS fournit cMicore une lois la lucuvi! de la vrrilé d'un léiiioi- gnaj^'c (le Fcstiis (p. 47): « Cdlliin nntii|ui dic('l)aiil pro clani, ut tiis pro nohis. .sv/w pco suain, //// pro cnni. » La foi'nn; uis su[)|)OS(; un ancien //o/.s-, ipic nous avons ici. — Ju.iiju'a présent, l'objet votif avait pailc au singulier; il s'associi; maintenant le mort, et dit au dieu : « l^aisse-toi llécliir par }ious. » Ce clianf,'cnient du singu- lier en pluiicl était commando par les mots qu'il nous reste à tra- duira.
10 PETO ITES lAI. C'est ainsi que je décompose C(! (jui vient aprèo NOIS. Il est aisé, en ctTct, de voir que io et iai sont deux expressions symétriques. L'une est l'ablatif sin|,'ulier neutre, l'autre est l'aldatif pluii(d féminin du pronom /s, ca, id. Nous avons ici un exemple de la forme en ai(s), correspondant aux formes grecques comme xE-^a^aT;, f,;x£pai;. Si l'on exccplc Devns Cornisicns, et deux ou trois autres formes plus ou moins sûres (Biicbeler, | 331), nous n'avions jusqu'à présent que des datifs-ablatifs comme tahuleis, eau- seis, controvorsifis, c'est-à-dire le féminin devenu semblable au masculin. Au contraire, l'osque a des formes comme Diumiiais, et l'ombrien fait ses datifs féminins pluriels en es [dequries] : iai{8) vient donc remplir une lacune dans le tableau de la déclinaison latine.
PETO. Dans ce mot il faut d'abord suppléer la nasale, et lire pento. L'omission dans l'écriture d'un n devant un t est attestée par les formes anciennes DEDROT (pour dcderiint), ATELETA (pour Atalmita), VEICETINOS (pour Vincentinos), C. T. L. n"' 173, 1501, 5ii). En ombrien, l'omission est fréijuenle: cf. Inttra ei hondra^ persutru et persontru, furfat et fnrfdnt, atcntu et andendu. De même en osque : aragctud pour aifjeiito, set pour sunt, mnfret pour ambiunt y staiet [)Ouv stnnt. — Pcntiuit est l'ancien participe passé riu verbe pendo « je paye ». Cf. ostenlum, portentum, qui sont des composés du verbe tendo, leijuel d'ailleurs conserve son participe tentus, altmtus. On peut rapprocher aussi les vieilles formes de participe exfutus, adgretus et egretus (pour effusus^ aggressus, egressus). — Pentum a ici le sens de « don, oITrande ». — A cause de la particularité qu'olVre noire texte, de ne jamais redoubler au- cune lettre, on pourrait aussi supposer io opcto : on aurait alors un composé de pendo et ob (cf. offero, ohmoveo), qui serait le pendant exact du verbe (lui est employé par les Tables eugubines pour signifier « ofTrir en hommage, en redevance » {upctu, opeter).
Ô2 BRVl'E ARCIIliOLnOIOUF..
ITE5. n'.ipr6s ct' (lu'on .1 vu plus li:\iii, /7rs- doit iMro un ahintif pluriel Icuiinin. Iloniarijucz i-t'|nMiilaiil la iIiIïï'|iMu;c (rorlhii:,'ra|)lie, car il'aprt^s i<Mf.«) on aurait all«Mi(lu iVdïs; on trouve; une inronsé- quencc toute parelllo dans l'in'^rription de Pn)to},'ône : Plountma que ffcit pnptilo sorcis (jnniiin um/cs. — A i|uil sulislantif faut-il rap- porter celte forme tlex? Le sens appelle un terme si^îiiillaiil « pritMvs, ciVc^monies ». JoronjecturiMwi moi sembialdo au grec Xtrr,. En cfTel, le verbe /iM/v nous prouve (|u'un non de colle sorlo a cxisU^ eu latin. [.0 fait de prononciation est jnsi]u'à un cerlain point analoiiue à celui qui a donné rois pour rolis, rolies. Ou sait (|u'enva- lai]UP un / inilial produit après lui nn i parasite, cl que devant cet i il a lini par disparatirc : le latin Icporem «lièvre») a donné lii'pure. iepttre. Quand / était priuiilivenu'nl suivi d'un j, / disparaît ah-^olu- nienl: linutii donne jh, licinm donne itz '.Quelque cliosede sembla- ble a déjà lieu dans l'anliiiuilé : la forme etSto, pour Xe{6w, se trouve plusieurs fois cliez Homère et cluv, Hésiode. Hésychius cite kuSv pour >.oc;a5v «vanner n, et la forme îxaâv est en etl'el employée par Tbéoplirasie. En ombrien, aucun mot ne commence par la lettre /; ainsi /nchv ^ bois sacré » devient rttkn . Pour le lalin vulgaire, Schii- cbardt (II, 4î)i) a réuni un certain nombre d'exemples où un/ parait avoir été absorbé par la voyelle i dont il était suivi : Ih'itrani pour V>/j7/7/«». Il existe onlln sur la itrononcialion «le / initial en lalin deux jassages des grammairiens Poiupéins el Cousenlius, qui montrent que lesonus piuguis a pris souvent au commencement des mots, dans le langage populaire, la place du soïihs e.rilis fv. Scbu- chardt, 111, .iOJ): ce défaut de prononciation avait même re(;u un nom, el s'appelait le labdacisme.
Remarquons la [ilace difTérente prise la seconile fois par le pronom démonstratif; il semble tju'il y ail un certain rliytbme dans ces for- mules. Le texte se détache en pilils membres de phrases symélri- quemenldisposés : « Joveis al deivos — qoi med mitai — nei tedendo — cosmisu irgo sieii. — Ast led nois — io pelo, îles lai — pacari vois. »
Nous liaduisoiis, loiil l'ii cniicèdaiil (juc, pnui un ou deux mois, nous sommes ici sur le terrain de la conjecture, el tout en nous dé- clarant prél à accepter une interpr'''ialion meilleure: «< Ast te nobls eo dono, precibiis ils pacari velis. .. Sur rotte consiruciion un peu
t. Diez, Grammaire (Jet laivjws romanrs, trnil. frnnçaisc, I, p. IftO. — Dans c«t- lalnt dialecte» frai.çuls, par excmplo en normand, on trouve «iissl un iùcre pour nu lièvre.
I.\ l'I.I s A.NGIKN.NK INSCHII'TION LATINE. 1)3
gauche: « to i>ac;iri velis «, je ferai remarquer qxw. la syntaxe est analogue à celle de l'idscripliori de Muniinius (C. /. /,. IW-l) : •< Do- num iioc daresesc visum perfecil. >
Cicéroii fait remarquer dans sa yf('7<M/>//VyMr' (|ue les deux princi- paux caractères de la religion romaine (jui frapperont un jour la postérité sont ceux-ci : une extrême rigueur dans les obser- vances ; une rare simplicilé dans les oITrandes. La moindre for- malité omise peut attirer la colère des dieux; mais pour les désar- mer quelijues gouttes de vin, quehjues grains de sel suffisent. Les offrandes contenues dans les(iuatre récipients étaient sans doute de cette sorte. — Nous passons à présenta la dernière phrase.
DVENOS. Durnos est le nom du mort. Ce nom vient dans l'ins- cription deii\ lois [Duonoii,Dnonoi). .'\Lais, la seconde fois, le graveur avait d'abord oublié d'écrire la deuxième lettre, en sorte qu'il a été obligé de l'ajouter après coup : son poinçon ayant glii^sé en com- mençant, et le jand)age de gauche s'élant mêlé à la ligne verticale de l'E qui vient après, l'V qu'il voulait faire a été déformé. Pour le reconnaître, il faut tourner le vase de manière à être en face (h; la lettre. Ce Y avait été pris dans le principe pour un Z '. — Trans- porté en latin classique, ce nom donnerait Bonus, ou bien, comme l'a conjecturé M. Jordan, Beinius : on en pourrait alors ia;>procher Bennius qu'on rencontre en diverses insciiplions (par ex. Orelli 4()3.i).
MED FECED. il faut prendre ici facto, non dans le scn.s do « f ibii- quer », mais dans celui de « sacrifier », comme on dit facere calulo a faire le sacrifice d'un chien », ou comme Virgile dit: Quum facerem vitula pro friKjibus. iasqu'a prC'&cni on ne connaissait pas d'exemple en latin de la construction avec l'accusatiL En ouibiien, cette constructioii est extrêmement fréquente: Tre buf fétu, v 1res boves facito » (la 3); pufc iipruf fakurent, « ubi apros fecerint » (i b 34). Si c'était le nom de l'artiste ou du potier, il serait écrit à part, et non enfermé dans une phrase du contexte. Les mots sui- vants ôleni d'ailleurs toute espèce de doute à ce sujet.
EN MANOM. Mol à mot: « in bonum ». L'abjectif manus voulait dire u bon )> en ancien latin: de là dans le Chant salien Cerus Manus, que Festus traduit par « creator bonus». De là Mana Gencta^
\. J'avais d'abord cru, comme tout le monde, à l'existence de ce Z. Convaincu que le nom propre se trouvait répété deus fois, j'avais donc proposé do lire les deux fois de la même maaitTe : DZKNOS et DZK SOI.
94 RKVUE A ne II ÉO LOGIQUE.
lilU^ralcmenl « la l>oniU' iihmo ■. la protoctrice dos inorls. L'adverbe mane signil'i»' iiroittiMiicnt a do IxtniU' liouro ». linm<iuis u redouta- ble » est le contraire de inauus. — Je suppose tjuc In numoin était une locution consacrée; peul-iMre avail-elle pris le sens « poui le salut, pour le repos». — Cette expression rappelle aussitôt à l'esprit le iioni de's ilànes.
EINOM. Celle conjonction, (jui est fréiiueiile en os(]Ufi et eu oin- bnen, ne nous était connue jusiju'à présent eu lalin ipif par le déliut du Cliant des Arvales, oii je l'ai conjerturée sous la forme altérée ENOS. et par une inscription (C. I. L. lUi) où se trouvent les mois : SEFPI INOM SVOIS a sibi et suis ». Le lalin enim e>l de la môme fvuuille. Ici nous avu:is celle coujonclion employée de la môme manière qu'^HiMi l'est quelquefois: elle sert à réunir deux proposi- tions entre elles, en présentant la seconde comme une conséquence de la première. On peut la traduire en fiançais par udonc». Cf. Virgile, Gcory. III, G'J.
Semper cruni quarum mutari corpora malis : Seiuper enim rcflce.
On sait qu'en ancien latin enim est souvent le premier mot de la phrase.
DVENOI. C'est l'ancien datif lalin, tel que la comparaison des idiomes voisins le fait atlendre, et tel qu'il était connu encore de Marins Viclorinus (Biicheler, ^ 275). Ennius a employé les datifs populoi romanoi, Metoi Fufetioi. L'o devait ôlre long, car ces der- niers mots ne pouvaient se trouver qu'à la fin d'un vers. lùi osque on a de nombreux exeuiples de formes analogues : huitui, piiliini, Abellanui, Hcieclui, Mniiui. Cf. le datif grec, avec sou lola adscril ou souscrit.
A côté de ce datif arcliaiiiue, nous allons avoir la forme mo- derne malo. De môme, Ennius, qui em[doie, ainsi qu'on vient de le voir, des datifs en oi, ne manijue pas de formes en o. Il est possible que dans les noms propres l'ancienne llexiou se soil maintenue plus lon(.'lemps. C'est ainsi que l'ancien nominatif pluriel de la seconde déclinaison en ei« ou ex s'est surtout conservé dans les noms pro- pres coninie llcriniiiris, Siptiniiids, Modit's.
NE MED MALO STATOD. La troisième lettre de MALO n'avait pas été bien lue jusqu'à présent. Le poinçon du scribe ayant fait un écart, la lettre a pris l'apparence d'un A ou d'un N. Mais, regardée dcpré.s, la lecture n'est pas douteuse.
L\ FLUH ANCIRNNK INSCUII'TION I.ATINK. 95
STATOD ol pris Irniisilivcment : d;ins le latin cl;i.ssi(|uc', stare iTc-l |iliis employé que comme vorltc neulrc, 1(!S signidcalions tran- sitives a va ni tUé repassées a sistcre {rem sdlram sisferr). Toutefois le sens actif est resté au composé prarslarc '^ fournir ". La phrase signille: « ne me reçois pas à mal, ne me prends pas en mauvaise part pour Duénos ». C'est la drprrcallo après la prccntio. (^ette répé- tition de la mt''me pensée est hien d'accord avec l'esprit formaliste de ranli(|iiité. Des tours analogues sont fi(''(|uenls en grec : Umdi',
III, rjî), Kar aTuav, oùo' Ot:L oÏtocv ; (HidiliC roi, ."S : po)Tà /.où/.
ayvojTa. La penséc au fond est réi|uivalent de ces vœux si fréquents: « Quod bonum, fauslum, felix salutareque sit... Dii bene vertant... Verruncent bene... Onod benc eveniat... Dii fortunent. »
Le sens de l'inscription conlirme donc l'iiypotlièse suggérée par l'aspect du vase et par les circonstances où il a été trouvé : il s'agit ici d'une olïrandc funéraire. Pour fléchir les divinités infernales, un objet votif a été ))lacé auprès des restes de Duenos ; l'inscription qui y est gravée esta l'adresse de ces divinités. J'ajouterai ici deux parliculai ilésqui sont révélées par la vue du fac-similé.
Le scribe, quand il écrit le nom propre DVENOS, va avec pré- caution comme un homme qui écrit sous la dictée d'un autre; mais, une fois les six letlres de ce nom tracées, il part vivement et, pour commencer, fait uti M deux fois grand comme les letlres qui précè- dent. C'est que les mots qui suivent étaient de style. Lorsque le nom propre revient pour la seconde fois, il se trompe et est obligé d'ajouter après coup une lettre oubliée. Ceci ressemble fort à Toeu- vre d'un entrepreneur d'olijels funèbres, (lui avait, à l'usage de sa clientèle, des formules toutes prêtes.
Je fais suivre le texte de l'ensemble avec traduction interlinéaire.
lOVEIS AT DEIVOS QOI MED MITAT, NEI TED
Jupiter aut deus cui me mittat [isle], ne le ENDO, COSMISV IRCO, SIED.
endo, commissi ergo, sit.
ASTED NOIS, 10 PETO, ITES
Asl te nobis, eo penso, Ài-raT;
DVENOS MED FECED EN MANOM
Duenos me fecil in bonum ; MED MALO STATOD me malo sistito.
lAI, |
PACARI |
VOIS. |
iis, |
pacaii |
velis. |
iM ; |
EINOM |
DVENOI NE |
1 ; |
enim |
Dueno ne |
iH» nKVUK AHCHKOLCHilyLK.
Cr qui pMit se truiiiiiv en fi-,m(;ii>- :
« Jupiter ou ijui;l que soit le dieu au(iuel rehii-fi in'adit'sseiM, que celui-ci ne IoiuIk^ point entre les mains pource qu'il a pu com- me lire.
« Mais laisse-tdi lléi'iiii- | ;ir nous au mnyi'ii de re don, au moyen de ces ee'icmonies.
« Duènos m'a ollVrl en honimagc pour son repos : ne me prends doue pas en mauvaise pari pour Duônos. »
AGE DL I/I>SC;Ull'TlnN.
Si nous rnn-nllons les lensoignemenls fournie par la langue, nous trouvons d'abord un certain nombre de mots el de formes qui parlent pour une époque relalivemenl ancienne : ce sont surtout Jorcis pour Jovis, cosmisii pour coiiniiissus, tiois pour 7iobis. prto jmur jirtiso, iai{s) pour iria. mal el tod pour me et (e, einom pour cnim, Dnenoi pour Din'no. La formule rn niniiom ainsi (jue la teneur générale du texte ont aussi quelque chose d'archaïque. Mais, d'un autre c(Mé, l'infinitif paniri a un air plus moderne que les intiuitifs en ter, comme y ii ose ier, figiir du sénalus-consulte des Bacchanales, comme ntier du tombeau de P. Scipion ; il est surtout plus mo lerne que la forme dasi pour dari donnée par Paul Diacre sans indic.ition de provenance (p. (iS). Le rholacisme, c'est-à-dire le changement en r d'un s placé entre deux voyelles, fait déjà sentir son influence. D'autres particularités doivent plutôt Cire mises sur le compte du latin jiopulairo <|ue sur celui de l'âge tels sont at pour aiit, irgo pour ergo^ rois pour velis, itcs pour lites. En eiïef, c'est du latin populaire que nous présente notre inscription : ce personnage qui s'appelle Duénos tout court, el qui n'ajoute pas iTiénfie à son nom le nom de son père, a tout l'air d'appartenir aux rangs les plus obscurs de la société ; peul-étre même eôt-il un esclave.
Nous avons donc d'un côté l'aspect général de l'écriture et la forme des lettres qui semblent assigner à notre inscription un Age très reculé, et d'un autre côlé la langue qui, toul en présenlanl quel- ques formes anciennes, les méhmge de formes ndalivemenl mo- dernes. Comment convient-il de résoudre celte diflkullé ? E\idem- mcnl c'est le critérium fourni par la langue qui doit l'emporter.
LA PLUS ANCIEiV.NK I.NSniUl'TION I.MIM!. 97
L'(Viilurn lu; si; iiiolirn; pas .^iniullanémciil dans loulcs les parties lie 1,1 population. Tandis que les liantes classes de Home avaient adopté, à l'école des (jianimatici de la Grèce, un nouveau système graplii.pie, d'Iiinnldes scrihes. comme l'étaient san-^ doute cenx (|ni olîraienl lenr ministère pour les ohsèiines des f,'ens du pen|)le, res- taient lidMe^ à la vieille mode ilali(|ue. Nous ne devons donc {)as pousser jus(|u'ù rexlrème la portée de l'arynineiit tiié de la formi; des lettres et de la direction de l'écriture.
Mais, d'autre part, le rliotacisme, dont pacari nous prouve que l'action s'est déjà exercée sur la langue, n'est pas une raison pour placer ce monument à une époque plus récente que les plus vieilles inscriptions h nous connues. Les tombeaux des Scipions en [)orlent êgalemenlla mnrtiue irrécusable : il suflildeciler /)/oir»//<(:',//»o/io;o, majonn», honore, quairniis, annorn. Il en est do même de l'ins- cription de raul-Einile, où l'on a /lohifnrriit, liberci, liaberc. et du sénulus-consultedes Haiclianales, oii nous lisons c^wsî/^t^, deiccrnit, habeir, venirent^ decerneret, cosoleretur, inceideretis. En général, nous connaissons des formes antérieures au rliotacisme, telles que dasi, (irhosein, pi(j)wsn, asas, Vulesius, par les citations (ju'en font les auteurs ; mai< de monuments antérieurs à ce grand changement survenu dans la | lononcialioii, nous n'en avons jias. Les seules exceptions qu'on pourrait alléguer sont le Lases du chant des Arva- les et les formes avec z du chant des Saliens ; mais ce sont là des documents copiés, et non arrivés directement jusqu'à nous.
Le rliotacisme n'e>t donc pas une laison pour regarder notre ins- cription cummo postérieure aux tombeaux des Scipions, qui sont, selon l'opinion commune, du commencement du 111'= siècle avant notre ère. il ne faudrait pas objecter la désinence pnrari au lieu de pacarier ; les formes d'infinitif en / ne sont pas (h-rivi-es des formes en ÙT, mais les deux désinences coexistaient dans la langue. C'est ainsi que, dans la sentence des Minucius, on trouve statni, sequi, frui, solii^ mitti; que, dans la lex Thoria, on trouve dari, nulili, frui, quoiqu'elles soient à peu pi es contemporaines de la le.r Scrvilia, qui emploie arocarier et <ihdiider, et quoiqu'elles soient antérieures à l'inscription funéraire de Posllla Sénénia(C. 1306), où l'on a oniu- rier. On sait que les éciivains comme Piaule et Lucrèce emploient indiiïéremmcnt les deux formes.
Si Ton consulte le reste de l'inscription, on ne peut s'empêcher de reconnaître que la langue a un caractère d'anliquilé plus marqué que les épilaphes des Scipions et tout ce qui nous est parvenu en ce genre. On ne risque donc pis de tomber dans le iléfaut où li
\i IV. — 7
98 RirVDE ARCFIÉOLOOIQUE.
salisfaction d'une .U'couvfrtf nouvi'lli' a i|iieliiiefois tntratné U'S é|>ii5rapliislos, eu lixanl au t'omuii'ni'iMUi'nl du m' siùcle avant noire ère, ou à la lin du \\\ la date probable île ce uionumenl. Munie en restant dans ces limites tr^s nio lérées, l'inscriplion de Dnénos a droit ;\ une plaet' d'honneur dans la prochaine édition du Corpm : la prenut're sans eonlredil, et de beaucoup, pour rarcbaïsini' de l'écriiure, elle pfut, en outre, se mesurer avec les pins anciennes pour la conservation des formes grammaticales et pour l'anlKinité du vocabulaire. GrAce à un heureux ha.'ard, ce Din-nos ouvrira à l'avenir, dans l'immense recueil des inscriptions romaines, le délilé QÙ il paSbC avant les Scipions, les Duiliusel les Paul-Kmile.
MK:ni;L uni'; al.
i.i;s LISTES IlOYALKS ï'TIHOl''IF.NNI' S
LEUR AUTORITÉ lIl>TÛRlgUE
1. — Je (lois lout (l'abord pit'V(Miii' le IccU^iir iiue U* lili-c de ce niiJnioiie pioiiiel |)(.'ii[-(Mie plus (|U(', je ne licii<liai. L'oxaiiicn lii^ou- ••cuseiiicnt sciciililiiiiie, tel qu'on le coiupiiMMliait aujouidliui, des listes royales élliiopiennes, au point de vue de ieur ar.tlieniirilé, de la date de leur eomposilion, de l'origine des li^'gendes el liadilions qui ont été conipilé'es par les aniialisies abvs-ins, serait un travail considérable, qui exigerait une compétence toute particulière, et né-» cessilcrait un luxe de textes cl de citations tout à fait bors du cadre de la liectte. Je nie suis proposé un but plus modeste^ et surtout plus en rapport avec le caractère archéologique et bislorique du jirésent recueil.
11 m'a semblé que, tout en laissant aux élhiopisanls de profession le soin de faire ce long et patient dépouillement des annales indigè- nes comparées aux documents extérieurs, je pourrais de mon côté rechercher l'utilité et le degré de ceititude (jue peuvent présenter ces listés de rois, très dilTérentes entre elles pour une môme période, quand on veut les contrôler avec d'autres sources. Ce travail n'est pas sans difticullé, j'ajouterai même, sans ([ueNjuc déception eu égard au mince résultat auquel on arrive; mais si le but n'e=t pas toujours atteint, la route à parcourir est attrayante, car elle met en contact avec des pays encore peu connus et qui sont appelés, à raison des découvertes importantes déjà laites el de celles (ju'ils nous réser- vent encore, à fournir un vaste champ d'exploration pour les orien- talistes. Ethnographie, linguistique, géographie, histoire, épigra- phie, presque tout est encore ù faiie pour la vallée du Haut-Nil.
i(S)
BKVl'K AllCHKOl.Or.Iol'K.
Je bornerai quant ."i pn'-senl cçl essai k Vèlyiôc des noms propres que l'on trouve dans Ks aiileur; ilas>i(|iies, lis écrivains orientaux, ou sur lesnionumenls rpix;rapliitiues indigènes, cl je rechercherai dans quelles limites on peut les reconnaître et les iilenlilieravec les noms analoiîues 'correspondants ou liomophon-'s) que dDiinent les sé- ries royales. En même lemp<,jo passerai très sommairement en revue, et en tant seulement (|u'ils se rattachent ?i mon sujet, les rcnsci- gnementsj,'éoj,MMi)lii(|uesiiuc nousont Iran^-niis le-. Grecs sur ri'-lhio- pie et sur sa voisine, l'Arabie du sud.
2. — Ce genre d'études comparatives est possible aujourd'iiui sur l'Ahyssinie' grAcc aux lr;iv;in\ ile Riippell, Dillmanii, dWlihadie, J. Ilalcvy (M aulres savants de France et d'Allemagne, niiaiil à l'or- dre chrono|ogii|ue, il ne f;iut guère y compter pour le moment; les listes de rois publiées par Salt(18l'i), par Rii|»pel (ISiO;, p.ir Dill- mann (IS.'i^î) ne peuvent servir (pie de renseignemenis. souvent bien insuflisants, ainsi (|ue nous le verrons. Les noms (pi'elles contien- nent sont vraisemblablement exacts, mais leur assemblage, la com- filatinnet la rédaction de ces listes sont une œuvre relativement mo- derne, qui ne date (jue du xiii" siècle, épo(juc à laquelle les moines des couvents de Dabra Bangal et de iJabra Lib;^nos firent ce travail à l'aide de documents provenant de sources et d'origines très di- verses.
C'est seulement après la chute de la dynastie des Zâguès, qui avait régné environ trois cent cinquante ans (de UiO à 12GS), que l'on voit aj)i)araître, à la cour des rois successeurs de cette dynastie, un fonctionnaire, sorte d'historiographe ofliciel, chargé de diriger la ré- daction des annales du royaume*. C'est 5 cette époque (jue remonte la chronicjue (j'Aksum, le jthis ancien monument connu, dont il ne reste que des fragments datant d'Ameda-Tsion I"" (l.tlii-l.'{4:2).
Quant aux antiques annales des rois antérieurs au christianisme ou contemporains des six premiers siècles de notre ère, c'està peine, comme on le verra dans le présent mémoire, si on peut identilici- quelques noms, et fixer quchjues dates qui ne sont ijue des points de repère isolés.
1. J'emploie indistinripmont. pour l'-vitor dos n^pétilion.s, los mois » Abyssinio »> rt "f.thlopie ». Ced<TiiiiT^»pP»^^ .■IM/wyo parallCiro d'origine RrpcfiuejAtOioij;. Je me méfie cependant de l'éiyiiiolosie aîOio o-\i, ilepnis (m'oii connaît l'rtymolopie l'fjyp- tiennc et non grecque d'/iV/'//'/'.' pyramide, labyrinUie. Miyssinie est un mot iniUgî-nr-, J!ii//fsli, J--^ de» Aralx'».
2. R. Ûmti, Journal ufialique, juin 1S81, p. aiS.
i,i:s LisTKs iu)Y.\m:s i; iiiropirNNi.s. |01
3. — N'ifiircllernont los rois élliiojiicns pn-lcn^Iaiont descendre dircnleiiii'iit dt; Saloiiion. C'est tout cequc; l'on trouve sur les ori;.'i- nesde la n.Jliori; car, bien eulotidii, les annales élliiopienncs ni; ron- liennenl auciune donnée etlin():-,'rapliiqMe, rien f|iii puisse (''Irc (-(tiii- paiù au chapitre X de la (icnrsi'. Comme elles ont été confcetioririri^s à l'époffue chrétienne, elles ont imaginé une généalogie prisedins le Nouveau Testament, pailaiit du iirciuierliomme jusqu'à Salomon fils de Dâouit (David).
En réalité, les Éthiopiens sont, comme les Phéniciens (,'t les Sa- béens, d'origine kousliile, c'est-à-dire sé!iiilii|ue; mais ils se mélan.!,M> rent avei- la race nègre ou africaine qui était déjà en possession du sol au moment de l'immigration koushite dans la vallée du Nil', Leur lan- gue est sémitique bien plus que celle dos E,i:ypliens, qui, venus é.L'a- jement d'Asie, se sont séparés plus tôt du tronc sémite commun et n'ont conservé de la grammaire sémitique que des traces pour ainsi dire ludimcntaires.
4. — D'après les annales éthiopiennes, Salomon engendra Ebna Hakém, Ti'fl} * dithoo : lequel est le premiersouverain aksumite, celui qui est en télé de la liste de la première période. Comme on l'a fait remarquer -, ce nom tout ù fait arabe j^^ (^i prouve l'origine étrangère de la légende; le nom étiiiopiendc ce monarque est Meni- lek, sa mère était la reine de Saba que les légendes arabes et éthio- piennes se sont tour à tour disputée: Bilkîsest un de sesnoms arabes^; elle régna à Mareb après avoir tué son époux Dou ou Dzoul âdzar, personnage légendaire créé plus tard. Elle-même se rattache à un cycle astronomique ou période planétaire, sur lequel les anciennes traditions sont assez confuses. C'est elle (juivinl à la cour du roi Sa- lomon d'après la Bible, qui l'appelle reine de xac*, sans dire son nom (I/îo/s, IX, 10). Le mot N3D en hébreu désigne une branche des Arabes yoklanides; les Sabéens des inscriitions himyarites sont dc-
1. Homère (Oi/yva' \ 1, 23) distinguait déjà les Éthiopiens en Étiiiopions d'Afrique (les plus anciens) et en Éthiopiens d'Asie ou Koushites. V. Maspero, Hist. une. des peupla (le i'Ori'int, 1&75, page 146 et pat^im.
2. Halévy, Mcl. d'èpigraplne sémitique, in-8", lS7'i, p. 132. — R. Basset, Journ. asiat. ^\mn 18S1, p. ûU.
3. V. le résumiSde toutes les légendts orientales sur Bilkî? dans le récent onvraso de G. Hœscii, Die Kœni'jin von Saljn, 111-8°, tS80. Bilkîs parait Ctre la transcrip- tion ar.ibe du {^rec na).).axr,(;) (concubine) introduit dans la langue arabe par la It'- gendc grecque. D'après Stcinrcluieider, ce i-.iot serait une altération de N'3u '"'C'7C Maliki Saba. (Rœscli, p. 47;. —V, D. II. .Miilhr, R'irgen unil 6'' ///tewer, II, p. 21.
102 RRM'R ARciirni.onioi'K,
signés p.ir MIA. xir. nu en n lorjclu ipn' li r<'in<' de Nzr «"'Inii une piiiiros';!' .11 abc de ritliiinre, au sud do la l';ilostiiie, cl i»ar cuii- siqufnl distinrli* de l.i Tvuw Hilkis des iralilions sabc'eiiiies.
Dans pMMidok illi.olhéfH"*', la reine de Saha esl appeU'c Kandakc cl régnait à Mi'ioc l'I ;i Ak>Miii. I.rs docunienls rlliiopieiis cerivenl ce nom laiilôl Klieii IAki\ laiilol Kliendakû ou Klieuiieké; on ne le trouve pas sur les listes. Ce mol, d(u»l l'origine e^t inconnue, paialt avoir doiinr naissance, paicornipiJDii, à lafoiiiie Mâke Ii\ 'Tfïl^ •• Telle e>t I o[)iiiion de MM. (îulscliiiiid et Socin'. Nous pensons iju'il faul voir plutôt dans le nom propre Mâkedû le restant d'une tradition qi.i avait fait de la reine de Sal»a une conlemp(uaine d'Alexandre le .Macédonicii. Ce rôcil fabuleux esl racontô [lar le ronipilateur alexandrin du iv siècle de noire ère connu sous le nom de Pseudo- rallisthènes.
ilàkedd sigMifuTail donc la Mact'donienne. C'est le nom sous le- • |uel elle tigure dans les annales indigùms après les règnes fabuleux du serpent Al ué % du gi-anl Angaliù, do Gedur, de Sebalso et de Qaouasyà, Elle n'gna elle-même cinquante ans. D'après la légende élliiopienne, Alàkedâ vinl à Jérusalem la (lualrième année du règne de Saloiiion et, à son retour, donna naissance à Iliii-iil-Ilaklm ou Klina-lldkem que les clironicjues (|iialilicnl de <( fils de Mâkedà et de Salomon ». C'est avtc ce prince (jue commencent ce que l'on peut appeler les temps historiques par opposition à l'époque fabuleuse.
'.). — Les annales abyssiniennes ne contiennent h proprement pailer aiiCune division ; cesl M. Dillmann (|iii,(laiis son premier mémoire sur l'iiistoire d'Ab\s?iiiic intitulé : « Zur Gescliiclite des Abyssiniscben Reiclis», paru en l8o;i*, a mis de l'ordre dans ces longues séries royales en les partageant en périodes.
La première période, aiilérieuic à l'époque clirélicniie. eoui- mcnce à Kbna liakem ^i-fli : àlïUiJO Jet linit à Hà/èii fllf) 1 appelé aussi Beesè Hâzén 'flTirt, î (\lL'i « Hi'ux listes assez oilTr- I entes pour cette période se trou vent dans les manuscrits : M. Dillmann les a publiées toutes deux, désignant la première par liste A, la
1. Edil. r. MiilIfT, Paris, Didot, I.S40, p. 120.
a. Apud G. Huîscii, [)if Kœniijin ton Siifni, p. .'10.
3. Sur II- iiiyilie du sorpcut, cf. Li'iiorinuni, Oiujinf^ dr /'/ii\tnirr^l. Il (1883, p. 273. al lli'^l'-irr une. de l'Orirnl, O' édil. t. I. p. a7.
4. Darm WJniirn d 'le la So(:tétéohfnlalcuilcm(iude,(\Me }ii dOsigiicruI par le bigle (i..luiuir. ZliMC, I. VII, amiiJi: lbj3. 1». 338 à iO*.
I.KS MSTKS RdVAI.KS KTniOPlKNrXKS. 103
deuxièmo |i;ir lisU; IJ. I.a cliioriiiiiii; (';lliio[iii'iiiio (''ciile en l'an i7l0 environ, puhlioe par M. H. U.isscl dans le Journal asintiijUi' de 18S1, esl conforuu' pour celle période ii la lislo H de Dillinanii. Klle con- lieiil 'ii> rois donl un cerlain nombre sont d'iniporlalion élrangèrc; tels sonl : Ihna Ilakiin; Toinâï, Tlioinas; Ausabior., Eusèbe; Abrû- lyos, Aurélius; Toniàlsion; ce qui ne peul (pj'insjiirer du doule sur la coniposilion de celte lisle. Ainsi (jue l'a fait renianiuer M. llalévy ', les noms el les*personna;,'es ont sans doule existé, mais leur ordre clironolot,M(iue a été fabri.-jué et on a porl6 comme anlerieurs à Hâzôn des noms de souverains en réalité postérieurs.
On a lieu en cnVl d'être élonné de ne rencontrer sur la liste de cette première période aucun des noms des rois élbiopiens que nous ont transmis b .s monuments liiéroglypliiques -.
0. — Dans l'iiisloire de l'Egypte ancienne, le mol Kousb, qui porte bien le cacliet de l'origine kousbite, désijj'nail tout le pays de la haute K|,'yple y couipiis la Nubie. Bien (|U(; l'I-Ubiopie joue à cer- tains nioiiienls un grand rôle dans les événinients de la vallée du Nil, il e-^l dillb ile de dét'rniiner géograplii(iuemenl l'étendue de ce pays et de dire (|U{dle était sa limite méridionale iiiféiieure. Il est vraisemblable que l'on compienail sous le nom d'Ethiopie la Nubje cl le llabesh ou Abyssinie, c'est-à-dire tout l'espace entre file de Pbi- l;e, vers le î24" degré de latitude, elle pays de PounletdeNallasiou, vers le 10" degré de latitutle nord.
Sî population était, comme je l'ai dit, un mélange de Kbamiles ou Africains autochtones et de Kousbilcs venus de l'Asie. Loin d'avoir colonisé l'Egypte, comme le croyaient les anciens (Hcro iole et Dio- dore), l'Ethiopie reçut au contraire d'elle sa civilisation el fit pen- dant des siècles partie intégrante du leiritoire égypilien^. Les textes hiéroglyphiques la traitent de vile, miséralde, Kfirst, iroliable- ment à raison de l'infériorité de la race, ou peut-élre à cause des giierres que les Egyptiens eurent longtemps à soutenir contre elle avant la Xll« dynastie, époque de son annexion au royaume des Pharaons.
7. — D'abord une simple province égyptienne administrée par
1. ^fét. d'Epiqr. sémit., p. 132. — Krcmer, >iudnrahisrhf Sage, p. lOtt.
2. Voir en appendice à la fin de ce méuioire les deux li>tes A, B, et une troiftiëme C, que donnent certains manuscrit^.
3. Maspero, Htst. anc. de l'Orient, p. 14.
loi ilKM'K AhClIKOLOuKil i:.
ili-s vii'tMois qui pienaieiil le lilrc ilo «• prince de Koiisho, l'IUliio- pieseienilit iiidè(ieiidanle sousller-lutr, l'un d'eux, pitMied'Auuuun, vers le \r sièiie av.uil noire »''rt', sous In \\l' ilynastie saïle. Sa capitale èlail Nopli, Nopl ou Napala, hàlie sur le iNil, un peu au-des- sous du '20' tleL'rè de latitude nord, au pii d de la niontaj^ne sainte /)« ùah, le I)jel)el Baïkal njodeme , célèbre par les stèles qu'a dé- couvertes Mariette'. Le culte d'Aninion, introduit par les rois prôlres de Koush, resta Jus(|u'aux Lagides le culte national.
l'n peu plus lard. IKtliiopio devient à son tourcon luèrante, elses souverains commandent 5 IK^iyple entière, pendant environ un siè- cle. Le plus célèbre d"entiecu\ est Pianklii .Merianioun, le héros de la stèle de ce nom; puis vient Kasiila, élu par l'assemblée des prôlres el dont le lils fonde la XXV» dynastie Murlhiopiemie. Nous connais- sons les rois de lelle dynastie. Ce sont :
Shabaka ou Sliaba -, le iiaSâxwv d'Hérodote, le Souva du livre des /1I015, contemporain du roi d'Assyrie Salmanazar. mort veis "Î^O;
La reine Aménirilis, sa sœur, et Pianklii II ;
Sbabataka, 710-(590;
Tahraka, liOU-tiGd, le Sésosirisdes Koushiles suivant l'expressioa de Mariette;
Ourdamen ou Houdamcn, son lils, OOrj;
Amenmérinout ou Naouùt .Mèri Aiiioun, le Pliaraon de la slèle du Songe, elses deux sœurs Kérarbi et Kerljéla, contemporains des douze rois de la dodécarchle^; c'est, d'après Diodore de Sicile, le dernier des princes éthiopiens qui régnèrent sur l'Egypte (Maspcro, Ilist. anc, p. 480).
Psamétik I, le fondateur de laXXVI' dynastie, vers G50, est d'ori- gine égyptienne, mais il est l'époux d'une Klliioiiienne, la princesse Shapenap, tille d'Aménii ilis.
8. — A partir de cette époque l'Egypte s'affranchit du joug éthio- pien, et l'Ethiopie conserve ses souverains in.lépendanls, dont les noms nous ont été conservés par des stèles et des inscrii>ii(Mi> hiéro- glypiiiqurs. Tels sont :
Aspourta, contemporain de la XXVl' dyna-lie ;
Asran, successeur d'Aspourta;
1. Si.-lc (le Pianklii, siiMc du Sodr'', siilo de l'Intronisntion, RtMc d'ovcommuni- catioii, rf. V. lier. (ti</„-<il., 18û.*i, II, p. 17/|.
1». K't est une pririicuio afAxe jouant \o r.'.ln d-- rarliclf? («. nivh. I. c). 3. r. Ixnoniiani, H,U. anc. île l'Or., O'Cdil., Jb81, I. H, p. 381.
I.I.S USIKS lUlVAI.I.S KlllIllIMlAM s. lOiS
Ilorsi.itef, fils de Tesma régenlc de Kousli, et In princesse Bch- tari sa femme;
Nastaseneri, coiileiiporain di; ri[iva>iiiii perse ;
Arkaiiiène, "KfiYafAiv/.c; des (irecs, (jui liL hàlii' le sanctuaire de Pak- kcli et (h; nombreux moniiiiicnls conservés jii-(|ii'à nous; il siv.iil sous Plolémée II IMiiiadjiplic (:28'i--'i7 av. J.-C);
l'Ulotile celle loiigut; liste <le rois él!iioi)iciis dont les carlouclies onl été trouvés dans les ruines dt; Méroé, Barkal, Dakkeli, Naga, Amara, mais (|ui n'ont pu encore être dérliilTrés et encore moins idenliliés avec les transcriptions gicc jues. Maiiéllion (,'t Diodure étant muets sur leur compte '.
L'Élliiopie égyptienne parlait ou du moins éciivaii le puil.mgage égyptien, témoin le style des inccrijilions de Tahraka el de Pi.inklii; mais a[)rés la séiiaration des dcuv piys, il se (orma un dialei:tt! t.lliio- pien (jui devint à son tour une langue littéraire, dont on trouve des spécimens dans la stèle de Naslasenen el dans celle de llorsiatef. A côté de cette langue littéraire il y eut de tout temiis un idiome vul- gaire d'oi'igine sémitique, (jui devint plus laid le gliecz ou ancien éthiopien.
1). — Voilà pour l'Ethiopie pharaoniiiue, telle qu'elle nouscst con- nue par les docvimenls égyptiens; quelle trace en esl-il resté dans les annales aksumitaines '?
La première péi'iode de l'histoire élhiopienne telle que les docu- ments indigènes nous l'ont retracée, et qui a la prétention de com- prendre toute l'hisloirc du pays d'Aksum depuis Salomon jusqu'à la naissance du Chrit sous Bazén OH»^ s, ne renferme dans ses 21 ou 20 rois, suivant les listes^ aucun nom (jui puisse êlre rapproché avec cer- titude de ceux qui nous viennent des documents égyptiens. Il faut en conclure qu'il ne s'agit pas du même pays el que le territoire dont Aksum était la capitale, c'est-à-dire le Tigré, beaucoup plus au sud, du reste, que Napata, Kipkip, A^tamouras, Baroua (Méroé), Kerkis et toutes les villes de Nubie citées dans le dictionnaire géo- graphique de Brugsch, était resté tout à fait étranger aux grands événements historiques. Le pays d'Aksum et du Hahcsh formait donc un royaume tout différent, d'une importance relativement se- condaire, et il n'app irait en réalité dans l'histoire qu'au r' siècle de notre ère, alors que l'ancienne puissance égypto-éthiopienne était depuis longtemps absorbée par la domination grecque.
1. V. Lcpsi.is, Kœai'jibuch d. a'.ten Acffiji'ter, Berlin, 183S, in-4", p!. 71.
inr, KKVL'K ARCHI-.OI.CX.lolK.
Dans cts circtonslanccs il n'y a aucun piolil à lu or des deux li-los A il H des chioniques élhidpii'niu's de la iireinièrc période, lesquel- les, coniint' je l'ai dil. ne cotilicnncnl pidljiMciiient (]ne des pj'isofi- napcs II')?' n laires ii sultant tle ijucliues traditions c.iiifii.t s, la plu- part postérieures à la naissance du (llirisl, ainsi ipioii a pu s'en eoiivaiiure toutes le> fois iju-on a rlierclit' î^ véiilicr cerlaiiis noms.
U). — D'après les auteurs ('ihiopicns, ee fut l'an H du rt'^pne de Hà/èn (juc naquit le (îhrist. Kn raison de l'iniporlancc ilc l'évrne- iiunl, on peut considérer l'indication coninii' exacte et tenu le der- nier roi de la première période comme contemporain de Tére chré- lienne. Ksl-ce à dire cepen i;!nl (jue l'on puisse faire remonler à celle époque la fondation du royaume aksuniitc?
Les populalions de l'KlIiiopie étaient sans doute alors des tribus errantes et barhares, (jui éiaient loin d'avoir un élal poliii(|uc régu- lier et de compoiicr une série de mis telle ipic les léi,'cnd«'s popu- laires l'ont confectionnée plus tard. Noussavonsdu reste par Strabon. qui élait contemporain d'Au|,Misl<' et de Tiliére, (jue de son temps rKtliioiiie du nord ou Nubie n'était (lu'un ramassis de brigands et de pnpulalionsnoma lesjieudangereuses il est vrai, puis(|ue trois cohor- tes romaines suffisaient pour proléijer la frontière d'Kgypte àSyène. ]jO savant géographe ajoute: « Les Ltbiopiens du sud n'avaient pas réussi davantage à former un État uni et com[iact, et ils se trou- vaient par le f.iit aussi mal jiourvus pour la guerre que pour les be- soins de la vie ordinaire'. »
Cependant, sous la ronduitcdc leur reine, «pip Sirabon appelle Kandake, les Éthiopiens pénétrèrent jus(|iren Tliébaide ; mais le gé- néral romain l'étroiic les chassa de l'Égyplc et les ^mursijivit jus- qu'à Pselchis, Méroé et Napala, villes dont il s'empara de force vers l'an li de J.-C, sous Auguste.
Ce nom de Kandake est une réminiscence de la reine Uilkt-, f|ui nous ramène au pays d'Aksum et nous montre que la campagne de Pélrone eut lieu jusipie cln 7, les Aksumites. Les listes d'Abyssi- nie ne mentionnent aucune reine dans leurs séries royales; il serait du reste difficile de savoir exactement de quelle souveraine il s'agit, car Piine nous dit (pielque part (|ue « le jtays est gouverné par une femme, la reine Candace, nom qui depuis grand nombre d'années pasïc de reine en reine » (trad. LiliiV-, livre M, § :jri\
1. Sirabon, XVII, i, :>^, ira']. Tard ou.
ij:s i.istks novAi.Ks r.TiiioriKN.NKs. \(\',
En (Irliors flo relie expéililioti lom.iiric (jui ;■(; Icnnin.i par une vicloire loniplèlc, un tribut impoM"! aux vaincus et un envoi «ram- bassadeurs aupi es de César S nous n'avons plus lien de pn-ris sur l'histoire de l'Altyssinic JMS(|u';i rii.sciiplion ^,'rec(|ue d'Adulis. Les auteurs classiiiues ne font plus nienlion de l'Kliiiopie (jue pourccMis- hlev réiat Icirliare des populations de i'Alri(|ue,sur les(|uellesilss()ril (lu reste II (S mal rcnscij^'nés, accueillant et ie[iroduisanl aveccuin- plaisanc(!('t nnivclé les récits i,Mules(|n('s et légendaires des voya- geurs.
i\. — Avec Bàzên et la naissance du (iliri^l, commence In deu- xième péi iode (|ul s'étend jiisi|ii a répo(|ue probabh; de l'introduc- tion du christianisme en Abyssinie, vers r.30 de notre ère. Pemlani ce laps de temps de trois t-iècles il y eut trente et un rois d'après la liste A d(! Dilliiiann, dix d'après la liste H, et quatorze d'après la liste C.
La liste A paraît èvidemm.'id la plus 'xacte ou du moins la plus complète, saut à iiiodillcr le nombre d'années de rèi;ne de chaque roi, car le total doiuifiMil 'l'iO ans nu lieu de .'{(). Aucune recherche n'est possible avec les listes Ij ct(],(iiii sont incomp;ète>; mais parmi les trente et un personnages que donne la liste A, un cerl lin nombn; a pu au contraire être identifié, ou du moins rapproché de noms aiialoL^ues trouvés soit dans les auteurs grecs, soit sur les mon- naies, cesl-à-dire dans ce que nous pourrions appeler les docu- ments extrinsèques provenant de soiiras aiitios que les listes elks- mêmes.
1:2. — (]es nionuiiients exlrin>è. pies sont :
1" Les aiitiiirs.L;rccs, et notamment le Périple d'Aï témidore, ccLii d'Agatliaicliidc. et le Péiijile anonyme de la mer Liytlirée, d n- na:il tous les trois la d;'scrijilio!i de tou^ les ports de la mer lloii.ie cl d'une partie de l'océan indien ; etloi;s les trois contemporains. uit par leur exécution, soii par leur ré laciioii. des souvcr.iiiiséllii'qiieris de la deuxième période;
2" Les inscriptions grecques tiou\écs dans les ruines dAdulH,
1. « Pctrone invita lis émissaires de la leim.- kaiidakc à se rtndre en ambassade auprès de César (Aujicste); et comme ceux-ci prétendaient ne pas savoir qui était César et par quels chemins ils pourraient arriver jusqu'à lui, Pétrone l"ur fournit une ej'corte. o Ils parvinrci t ains.i à A!exa!id:ie et d • la i Samos où bc trouvait Au- gUbUi. Strabon, \VH, i b'i.
108 Hivi'K Aiu'.iiKoi.or.K'tK.
il'Aksum cliIeTalmis, jar cons/'-iuenl lmi Alivssinie et on Nubie; ce sont dos t»'moi;:ii ij: s aullinni(|iu'^ de l'oNisIence de f»Tlaiiis iiio- inriiues ••lliiopii'ii'j, d/ leur^ {Minii;ioMes et le lents vieloires sur It s jcuplcs voisins el jusiju'en Arabie, dans le pays des Iloinrriles; le piec était la lanjjiie île tout le Levant jus ju'à l'Indus, c'était la lan- gue eomnierciale de la mer Uuut,'e, et si ks rois d'Abyssinie ont choisi de préférence la langue }ïreci]uc pour retraeer dans ces ins- criptions leurs actions et leurs ooïKjuètes, c'éliil s ms doute, dit Le- ironni-, alin (jue les inarclian.ls et les voyageurs [.ussenl en prendre facilement connaissance ', la langue ghccz leur élant inconnue;
3° Les inscriptions en langue glieez ou ancien éthiopien, trouvées à Aksum, d'une haute importance iii.-torii|ue elgéograplii(|ue;
4" Et les monnaies aksumitaines, encore en petit nombre, mais dont la lecture et linterprélalion ont déjà commencé à exercer la patience et l'érudition des archéologues.
Nous passerons successivement en revue et très sommairement chacun de ces divers ordres de documents, en tant seulement iju'ils peuvent servir de coulrùle aux listes abyssiniennes.
LES PÉRIPI.KS.
i'.]. — Lcn géographes grecs qui nous ont laissé les descriptions les plus complètes sur l'Arabie, la mer Krylhrée, l'K-ypte, l'Kthiopie et le pays des Troglodytes cl des IchlliNophages, sont, eu dehors de Strabon qui ne fait guère (juc reproduire les ouvrages de ses devan- ciers,
Artémidon^ d'Ephésc,
Ag:lharclii'lc,
El l'auteur anonyme du Péiiple de la mer Erythrée.
Agalharchide et Arlémidore paraissent avoir été contemporains : l'i.n \ivait (n Égypic sous Plolémêe Vlll, veis 117 avaiil J.-<: ; l'autre écrivait en Grèce veis l'an lO'i.
1 ',. _ L'ouvrage d'Agatharchide r.zzi r?;; 'EfuO:a; OaXacTr,;, dont il ne reste que des fr.igmenls *, comitren I li dc^rriplion de tous les
1. Mrm. xur l'imrri(,tiun de Stlm, p. '.G do IVditioii Fagnnii (iKuvrcA clioisies de U'ironnf, t. I. IKKll.
2. \\% »e trouvent daim lot r,eogrti;ihi ininon-t (l'-ilii. Didot. 18.) i , p. 111 :i l''3 du premier volume, y ccropris It- texte de Diodore de Sicile mis ui p;iialli.le § 2.(4 6 Hi.
i.i:s LisTi:s noYAi.Ks khiioimknm.s. 109
poi'ls tic la iiii'i- Koiigo ou Krvlhnl'iî ', et des pays voi-in;?, principa- li'inonl rAialiic cl l('sc(M»^slial»ilr('-;par l(S Iclilliyop|)a;,'ns, les Spliiri\ cl autres populalious encore , peu connues du voyageur. Hicn ipie nous n'ayons i\u(i dos fragments des livres premier cl rinquicnie du Périple d'Agalharchide, ce (|ui nous a élé conservé est encore suflisanl poursuivre l'étal des connaissances géograplii(|ue8 au ii" siècle avant l'èri' chrétienne. Maiiuîureusenienl, il n'y a pas un seul nom de roi de cité, de sorte qu'aucune comparaison ou idenlilica- tion ne sont possibles avec les listes abyssiniennes et hirayarites.
l'j. — Ce qui nous reste de la géographie d'Artémidore d'Kijlièse se borne à qnehiucs fragments (ju'en a sauvés .Marcien d'IIéracléc dans son -:Ept->.o; t9;; £;o) OaXâTTr,; qui a élé lui-!néme en j)aitic perdu -. Ce sont les paragraphes !) à W) de Marcien d'IIéracléc qui renfer- ment l'abrégé d'Artémidore. Ils donnent la description du golfe ara- biipie, 'ApaÇio; xo>::o;. la mer Krylhrée, 'KpOçà Oâ).a7ca, et l'océan In- dien, 'Ivûixô; xAavo;, jusiju'à Uhapla (Zanzibar;. Ou voit que l'auleur distingue ces trois mers que d'autres géographes désignent à tort sous le nom génériiiuede «mer Erythrée»; nolonsce[)endatil qu'Hé- rodote, antérieur de trois siècles à Arlémidorc, avait déjà établi celle distinction.
Arlémidorc parle ensuite de l'Azanie (ou pays des SomAls cl Zanzibar actuel), et des Ilomériles (jui sont d'origine étliiopienne : 'OaYipixat eOvoç AiOiôtiwv, erreur assez fréiir.enle chez les géographes cl hisloricns grecs, ipii confoiidonl souvent les deux peuples. C'est la phis ancienne menlion des Himyarites; Agatliarchide ne cite que les Sabéens et les Adramilcs (Hadramaul),
Dans toute sa description de l'Arabie et de l'Egypte, Strabon cite souvent Arlémidorc, qu'il suit presque pas à pas; il ne fait pas le même honneur à Agatliarchide, dont l'ouvrage cependant, d'après les fragments qui nous en reslent, avait une certaine impor- tance.
Pas plus que dans Agalharchidc, on ne trouve de noms de rois dans les fragments d'Artémidore. C'est une lacune regrcttaMo pour l'histoire des pays sabéo-élhiopiens.
10. — Le plus intéressant et le plus complet de tous ces. voyages
1. Voir sur l'explication de. ce mot, Strabon, XVI, iv, 20.
2. Voir, ces fragments dans l'édition de M. E. Miller, Paris, 1839, in-8°, 3G0 pagps avec carte, et dans le tome I dds Geographi minores, p. 516 à 543.
110 nKVUK ARClIKOLtXWQL'K.
«Si OtMtninoinpn! 1»^ Prriiilr lic l<i mer finjtUnt'^ sur l.i ii;i!t* duiiin'l nn l'sl loin triHiod'.ui-onl. On cii :» l(ini;li'iiiiis nllriliut: la n'-dactioii à Arrion, l'autt ur rtilain ilu l'tnple du Poul-Euxitt^ d'où le nom dt' /Vri/i/r */'.l/;((» doniir au Piriplc tie la nuT Kryllui'C. La chose ne seraii pis inipossihli', rlanl tloini('e> les coiin.iissanccs yùnf,Ma- plnilut'N lin ci'-lt'ltic liisloiiiii d'Alexandre, gouverneur de la ('.a|»pa- do:e 1 1 voyatrenr en Asie '; mais, d'après les nicnlions fré(iuentes de IKiJM'''*' ^ l'T|«»elle le narraltur .--emble loul lappoi ler-,on peui conclure que le rédacteur du Périple de la nn-r Krytlirée clail un Grec orii^'inairt' d'Alexandrie, contemporain lui-même, ou relatant des voyatres ciinlemporains des deux empereurs dont (^liaribael, roi des Homériles, était l'allié, ©O^oç tîov «ÙToxca-rôfwv, contemporains de Zoscalès, roi des Aksumitis, de ('liolacbus, lyran de Savé, et de Malichas, mi des Nahailiéens de Pétra.
Il semble qu'avec ces indications précises on aurait pu lixer répofjue à laquelle le voyageur anonyme effectuait son péiiple de la mer llou{,'eet de la mer des Indts, car il va d'un côté jusqu'à Hliapta et Ménoutliias, et de l'autre jusqu'à (]eylan ensuivant toute la côte de 31alal)ar; mais, comme on va le voir, les tentatives ont été à peu près vaines. Uien ne prouve que Cliariijael, Zoscalès, Cliolaebus et iMalichas, parce qu'ils sont cités dans le niômc ouvrage, aient été, du moins tous les (juatre, contemporains les uns des autres, et il est foi l possible que ce voyage, à raison de son étendue, n'ait pas été entrepris par un :eul, et ciue k- récit (jui nous en a été conservé soit plutôt une compilation, une réunion de relations antérieures, écriles à des époques dilTérenles, sorte de portulan à l'usage des commer- çants et des navigateurs.
17. — Dans ces conditions, la question de la date du Périple con- cerne plutôt l'époque de sa composition «lue celle du voy-igc lui- même; car, si l'ouvrage manipie d'unité, si le l'ériple de la mer Ronge et de la mer des Indes n'est plus que le résumé d'autre.^ Pé- riples antérieurs, la fixation de la date de ces divers voyages partiels di'vient d'autant plus dilllcile. C'est cependant sur ce point seul (|in' les découvertes modernes pourront jeter (luebjue clai lé en permet- tant didcnlitler quelques-uns des souverains mentionnés ci-dessus. Uuanl à la date de la compilation elle-même, le problème ne sera vraisemblablement janiais résolu d'une manière coiiiiilèlc tant
1. Arrieii vivait dans le Becond siècle de notre ère, de 105 à 108 l'iivin.n. J. Voir le» tj!} 0. t> 2'-'. 3V, etc., du Péripl.-.
LKS LISTI'S ROYVLRS I^TMIOI'FF.NNKS. 111
(lu'on n'.iiir,'! p.i^ lioiivt' dans les iiioriasli-rcs de l'Oii(MU ou ilaiis les f(»uillt'.s trilcrciilaiiiiiu i;( île l*oiii|H''i, donl les trésors .Miiil ciicctre peu connus, i|iu'lque document t,Mec, latin ou nn>inc sôniiiique, con- tonanl des cxliails du Périple. Il est inipossihle (ju'un écrit di- rolte luipoilance ne se trouve pas relaté dans des oiivrafjes posléiieiirs
IH. — (Jiieissoiil les empereurs régnant en même temps auxquels il est fait allusion dans le paragraphe 2.'l du Périple, à propos de CliarilKiel '
(In a proiiosé suecrssivcmeni : Vespasien et Titus, (|ui i-éi;naienl ensemble de 71 à lu d.- .I.-(1. '; Marc Auréle et Lucius Vérus (HA i\ \U\r-; Seplime Sévère et Caraealla (l!)8-iîlli '. M. Reinaud * avance la date jiisiiu'à '24U ou "l'tl, époijuc où IMiilippe I" l'Arabe et Philippe II, son lils, ont eu tous deux le titre d'imperator, corres- pondant au grée aÙToxpattop. M. Dillmann repoil(! la rédaction de l'ou- vrage avant l'an Tu \ Dans l'ancienne Académie, (Josselin '' plaçait la date du voyapre à l'an lOD de J.-C, ot Freret ' pensait que le voyage et la première rédaction étaient du piemicr siècle de notre ère, mais avec des retouches postérieures. C'est peut-être la qu'est la vérité, ainsi que je l'ai exprimé plus haut, mais à la condition toutefois que la rédaction définitive, telle que nous l'avons aujour- d'hui, soit postériiure à Plolémée, attendu que si cet illustre géo- graphe n'en [larle pas plus que ne le font Pline et Strabon, c'est que le texte du Périple n'était pas encore établi.
Renonçons donc à rechercher la date exacte de la composition de ce livre de navigation, pour nous en tenir à re qui est plus spécia- lement notre sujet.
10. — Nous avons vu que Strabon, qui a laissé une intéressante relation de la campagne de Pétronius comre une Kandake, reine des Éthiopiens, ne cite pas le nom des Aksumites; par conséquent toute celle partie de l'Abyssinie, qui n'était pas encore érigée en royaume
1. M. Ch. Muller, le savant éditeur des Geographi miiiorei. p. xcvi et suiv. de rintrod., t. I. — Vivien Saint-Martin, J. asiat., 1863, ï, p. 333, adopte l'opinion de Muller. — V. dans le môme sens Prideaux, Trunuict. oflitlil. anh., 1873, p. 17. et Mac Crindle, Commerce, etc., of Erijthraenn Sert, 1879, p. .1.
2. Dodwell, Lea petitigéogr. grecs (1700).
3. Letronne {Mém. sur l'inscr. deSilco, p. Uti de réditioii Fagnati, t. I"),
û. Mém. de l'Acad. des inscr., 1860, p. 232, et Jour,,, asuit., sept. 1801, p. 233.
5. Die Anfœnge, etc., p. 194.
6. Ane. Acad. des inscr., t. XLVll, p. 269.
7. Uème recueil, t. XXI.
Ml* ni-viK Anr.iir.oior.inri'..
avec !a cU'italc à Aksum, hii est infoiimic. Les diMails assez cir- constanrii'f! (|ii'il donne siii" les l^llii(i|ii('iis, icms lullcs avec les Libyens (leurs voisins ili' raulie eùti'' du Nil,, leur vie niix'-falile, etc., prouvent que, s'il avait existe à la m(''Mie ('iKi.iut' un Iliat K'.uMilier fonctionnant avec une capitale à Aksuiu, le [,'(''iij,'ia|)lie j^it-c n'eùl pas nianqut' de nous en faire la description.
Pline, qui décrit avec assez de détails, quoi(iue très confus, le pays des Trop:lodytes et de ri-'lliiopie, ne prononce pas davantage Ir nom d'Aksuni, mais il cite la ville il'Adulis, «oppidiini Aiiuleilon », au milieu d'une énuuiération de promontoires, de lacs, d'Iles de celle partie de l'Afrique : « la ville des Adulites, fondée par des esclaves fugitifs égyptiens, c'est le plus grand marché d-s Troglodytes cl même des Éthiopiens; elle est à cinq jours de IMolémais '. » M. Ma- riette ' a cru retrouver le nom de cette ville dans l'Adala des py- lônes de Karnak (xv* siècle avant notre ère). Cependant ni Artéini- dore, ni Agatharchide, ni Slrahon ne mentionnent le port d'Adiilis, qui, à l'époque du l'éiipie, malgré ce qu'en dit îMine, n'étail en- core qu'une ville peu importante, y.i<y\ir\ cuai/sTpoî.
20. — Quant au royaume des Aksumiles proprement dit, c'est seulement dans le Périple de la mer Erythrée que l'on en trouve la première mention. <• Du portd'Adulis, ville de jieu d'importance, on va à Coloé, ville dans l'intérieur des terres [zU KoÀo'v as^dysiov -^roXtv), en troi< jours, et de Coloé on cinq autres jours à la capitale des Ak- sumiles (t^iV |XETpôzo).iv Ttov A'j;i.)LtiT(ov). » (Périple, § i.)
1 loléinée, qui écrivail sa géographie de i:iU à KiO de J.-C, cite ég.iiemenl parmi les plus importantes de la contrée 'ASouXî; ou 'AooûXt}, ■f, A'j;o'ja7), £v ^ paci'Xstov, xat y, KoÀo'r. ttoXiç, c'est-ii-dire Adulis, Aksum où est le siège du gouvernement, et la ville de Coloé.
A l'époque du périple le roi qui régne à Aksum ' est Zoscalès :
Au non! et au sud du pays des Aksumiles, c'est-à-dire toute la côte depuis les Moscliophages* jus(ju'à la seconde IJarharie, appartient
1. Pline, VI, 5; 34, trad. Littré, édit. Nisard, 1848. Cotte énonciaiion qu'Adtilis fut fondé par des esclaves fuj:itifs tî^yptiens rappille le fait iiislorique de la fon- dation du royaume Éthiopien par des prClres d'Ammon venus d'Épypte (v. supm,
§7).
2. Listes géographiques des pylônes de K iinak, in '»", ISTfi, p. rjO.
.}. Aksum htlft"?" » nVst pas mcntionn"' surlcs pylônes de Karnak. M.Marictu- a cru reconnaître sa voisine Adoiia sous la forme Adou {.Mi'nt. citi-, p. 50).
ft. Sur la rôle d'-s MoscliophaRos se trouvait le port de Plolénials Épitln^ra», m-I'^ l(i' lai. N. Voir la carte <lu P.Mijile dan» l'i-tlas d-' Cii. Muller (Didot, IS',", . |.;. \ I
LKS LISTKS ROYALKS f':TIII0I'IENNR8. II'J
au roi Zosralès; « [WiO.ûu tiov to:to)v toutow Zoj^xâAr,; ^v^wi~.0', y.7.\ Yf!^-
{iaTwv 'EXXr.vixwv £(xz£ipo;, lioiiime supûrieur, v(3rsé dans les lollics grecques» (Périple, § 5). Ce bel éloge d'un roi barbare ne nous surprendra poiril, quand nous saurons qu'à celle époque le grec, depuis longtemps langue commerciale de lout le Levant asiati(|ue et africain, était devenu, et resla grâce à la protection de souverains comme Zoscalôs et Acizana, la langue officielle delà raonarcliie éthiopienne.
Quant à la seconde Barbarie dite ultérieure, Ta TtÉpav ^ifou-i^a. Bap- 6ac(a (Pér., §7), elle n'avait pas de monarque et se composait, comme encore aujourd'iiui le pays des Somâls, do tribus insoumi- ses gouvernées par des princes distincts : oO paaiXeueTai b tottoi,, àXXi
TUfâvvoi; îûîoi; xaO' e/.adTOv ÈpLitopiov SioixêItsi (Pér., § ià).
2i. — Zoscalès était donc le souverain qui régnait en Ethiopie à répoijue où le navigateur grec parcourait le golfe Arabique et la mer Erythrée. Il est certain que si l'on connaissait la date de la rédaction du Périple on pourrait en déduire celle du règne de Zoscalès, ce qui permellrail d'avoir un point de repère pour cette période loin- laine de l'histoire abyssinienne. Mais, s'il est difficile d'être fixé sur l'époque du voyageur gréco-égyptien, il l'est tout autant de trouver dans les listes royales le souverain qui correspond au Zoscalès grec.
Certains auteurs, comme Sait {Travels in Abyssinia, in-4°, Lond., 1814), Ch. Millier dans son édition des Geor/raphi minores ', rappor- tent ce Zoscalès au roi Za-Heqlô qui aurait régné treize ans vers 70 à 83 de J.-C. On rencontre en effelsur la liste A, 2" période, après sept monarques qui ont régné ensemble soixante-dix ans à partir de la naissance du Christ, un roi du nom de Heqlê «h^A> ', qui a eu treize ans de règne. Cette date, 70 à 83, ainsi obtenue, est précisément cello de Vespasien et Titus, si tant est que ce soient les deux empereurs auquels le Périple fait allusion dans le passage précité.
M. Dillmann ' se refuse à celte identification parce que, dit-il, elle ne rend pas compte de l'origine du sigma médial, et que Za, qui n'est en effet qu'une particule royale, n'appartient pas au nom propre. On pourrait ajouter que dans Za-Heqlô, \c h dï avait sans doute encore
à XI , et la carte qui accompagne l'ouvrage do Spicngcr, Die aile Géographie Ara biens, in-8», 1875.
1. Tome I, p. xcvi.
2. Die Anfœnge, etc., p. 194,
XLIV. — 8
i[\ RFTrP. ARC^I^OLOGIQUF..
en glicez la prononciation pullurnli» kh roirospondaiit au 4* lilniya- riu*, ilo It'llc sorlo (iiio l'on s'i'XpliiHKMait fiicnrc moins coniniciit Za-Klio<iir-nuiail pu tlov('nir/<;.s7.*//, au lieu ilf (iu«'l(|ii(' ciiosc couiuii' Za/axa).T,;. CeptMulanl li'S auleuis >;rcrs nous (Uil liahilu«Vs à des alh'- ralions lelles, dans lcsnom>; propre;- el dans les noms de lieux étran- gers, (|u'il n'est pas absolument impossilde<iU(' Za/a/.a).r,;soil devenu ZoffxxXr.,-. Le savant professeur de Berlin n'adopte pas davanlape le rapprochement proposé par M. Heinaud' entre le Zoscalésdu Périple et le roi Kla Sagal Tifi • ^7A • qui est le vingliéuie sur la même liste, cl qui d'apns le nombre d'années de n ;:ne de ses prédécesseurs tombe en effet à l'année ^'tOou S.'iOde J.-C, dale contemporaine des dfux FMiilippe. L'explication de M. Heinaud, adoptée par M. Hlau *, est conforme à sa théorie que le voyage grec a été exécuté apr«"^s la chute du royaume de .Mésène. c'est-à-dire après ti3.*) de J.-C. Quant à nous, du moment qu'il ne s'agit plus de déterminer la date de la compilation générale du Périjde, nous ne verrions aucune diUicullô à placer le règne de Zoscalès vers 75 à 80 de J.-C.
Si celte date a quelque certitude, Zoscalès se trouverait contem- porain de .Malichas roi des Nalialhcens, cité par le Périple. Depuis les derniers travaux de M. de Vogiié el de M. de Saulcj ', on con- naît une monnaie de Malchus I""", deuxième roi de Nabathène, qui vivait vers Tio av. J.-C. 'Ce ne peut être le nôtre. Il existe un .Mal- chus II également antérieur à l'ère chrétienne, dont on n'a pas encore retrouvé de monnaies, et enlin, un Malchus III, fils d'Harè- l;<l IV, occupant le dixième rang dans la série des dynastes Naba- lliéens. M. de Vogué place son régne de \0 à 75 de J.-C; c'est celui (jue Joséphc [Bell. JuiL, III, 4, ii, édil. Didot) désigne comme allié de Vespasien, sous le n(uu de 6 "Apaj/ MaX/o;. On a de lui des mon- naies datées de l'an 33 el une inscription en trois lignes datée de l'an 17 de son règne. II est vraisemblable que c'est le personnage dont il est (juestion dans ce passage du Périple, § 19 : t ôSo; £(jtiv eî; lls.'T|;av -p; Ma/.t'/av taffiXta Naôaxaiwv' f . Si l'oD doit regarder Celle
1. .Vr'm. cité, p. 237.
2. Z[)M<:, 18"/1, p. 260.
3. V. de Vogué, Hev. de numism., JSC.g, p. 158 i 168. — Inscr. xémitiq. de In Syrie, (• \HQIi-\bn passim; de Saulcy, Annuaire de la Sdc. de ntiinism., t. IV (1873), p. 1 à 35.
k. Après Maliclius III, son fils Zabt;l est le dcrnirr roi de cette dynastie ; il fui Tâincii it déposM-di- par Trujuii eu lOJ de ndirr in'. On possède de lui des mon- mil s cl une inscription de l'an Tj de bon rij;ue. ^De Vogui*, Inicnpf., etc.,
p. ni.)
I,r;S LISTRS noVAI.F.S KUIIOI'II.NNF.S. ll.J
idcnlincaliiin coiiiiiu' cx.'iclo, on peut dire (juc r'c.'t la sniilf! fjiii soil cert;iiiu', car inms lu; pou vous mr-connailn! loul ce (|u'a d'iiypollit''- ti(lii(' la lixalidii de r<'p()i|ii(; di' Zo-^calri el de (^liai'ihaël (v. iiifni,
Zdsf.'ilrs e^l l(; seul roi élliiopicii ijik; nicnlionn(! le l'ériplc do la Hier Mrytlirnî. Nous aurons ;\ revenir sur les souverains (|ui ré- gnaienl de raiilrc cûlc de la mer Hougc, c'csl-à-dire en Arabie
H. DltOUIN. (La suite prochainement.)
DÉCOUVERTE
D'UNE ÉPÉR DE P>RONZE
ET D'UNE ÉPÉE GAULOISE EN FER'
Il y a quelques nnnécs, j'ai eu l'honneur d'apporter aux réunions lie la Sorltonne une épée de bronze avec sa boulerolle, un couteau et une (î-pingle de môme métal, trouvées dnns une sépulture du dé- parlement (le l'Aube.
Aujourd'hui j'en présente une autre, venant du département de Vaucluse, ainsi qu'une épée gauloise en fer, provenant de la DrAme.
Je place ces deux armes intéressantes sous vos yeux, persuadé que la vue des objets vaut mieux (ju'un bon dessin ou la meilleure des descriptions.
En sortant d'ici, ces belles armes iront à Saint-ri.'imain pour qu'il en soit fait des reproductions pour les musées nationaux. C'est tou- jours de celte façon que je procède lorsque je trouve des objets uniques, rares ou précieux, et c'est ainsi que, tous, vous seriez heureux d'a?ir en pareil cas.
L'épée de bronze a été trouvée sur la gariyue d'Orange, sous un clapier. Je ciie les propres expressions de la personne qui me l'a apportée et qui la tenait de l'inventeur lui-même, lequel l'avait re- cueillie sous un amas de pierres dans des travaux de défrichement.
Il est évident pour moi que cette arme a été trouvée dans un lu- mulus élevé sur le versant d'un coteau, aux environs de la ville d'Orange, l'antique Arausio.
Celle découverte étant toute récente, je n'ai pas encore eu le
1. Celle nolo k élé lue à la Sorboiino en avril 1882.
NM.
N'4.
î
m
M8 H:VIK AHi.lIKOLOr.IQUE.
lemps d'aller sur les lieux vériller le gisomcnl et voir s'il n'y avail pas, sous fi't amoncfllenuMil de pierres, (juchiues autres ol«jets inté- ressanls, eu oiilre des quel.iues osseiuenls qui ui'onl clé signalés et qui n'ont pu ^ire délerminés.
Celle êpée de bronze, de ir,71) de longueur et de (i"',03r) à sa plus grande larj^eur au milieu de la lame, se fail remarquer par sa belle conservalion cl par une vérilable élégance; elle est droile, à double Irani'lunt, légèrement renllée sur le dos à i iK'Kjue face; vers le quart de sa longueur, ses deux tranchants s'Inflécliisscnl et s'évasent pour se développer ensuite et prenilro leur plus grande largeur à peu prés vers le milieu. La lame, bien palinée, porte deux crans signilicatifs à sa base; elle est ornée de deux line>^ nervures longitudinales se rejoignant à la pointe, qui n'est pas aiguë, mais légèrement mousse.
La lame el la soie ont été coulées d'un seul jet. La poignée qui recouvrait celte dernière devait être en corne, en os ou en ivoire, fixés par quatre rivels dont trois sont encore adhérents; sa forme est sinueuse, terminée par un carré comme le type halstatlien.
ilais ce qui donne un vérilable intérêt archéologique à celte épée, déjà remarquable par clle-méuie, c'est sa bouterolle, également en bronze, exhumée du monceau de pierres en même temps que l'épée, et qui en est aujourd'hui le précieux accompagnement.
Celle boulerolle (l bis], d'une rareté extrême dans les proportions où elle se trouve, est à ailettes horizontales, et ne mesure pas moins de 0°',"2'i d'envergure sur O^jOS de hauteur. Son milieu, qui s'allonge un peu en pointe, était de.Uiné à recevoir le bas de la lame qui venait s'y encastrer. Elle devait servir de fermoir ou d'armature au bas du fourreau, Ic(iuel était probablement en cuir ou en bois. Quand on l'a trouvée au bout de l'épée, elle était biiséo en trois tronçons qui ont été habilement rajustes et soudés.
On se demande comment un fouireau d'épée a pu se lenuincr par un appendice si large el si volumineux. Peut-être le fouireau .servait-il en même temps à plusieurs usages; peut-être rcnformait- il h cùlé du glaive une da;^'ue, un poignard, des javelots, des llèchrs ? Peut-être aussi était-il dcsiiiié, comme les sabretachos des hussards de notre ancienne armée, à faire rofficc d'une poche projire à con- ti'uir des objets divers. IJuoi (ju'il en soit, on se perd en conjec- tures sur l'utilité ou la destination «l'un appendice ou d'un orni'- menl si incommode, et qui, au moment du combat, pouvait devenir si dangereux pour celui (jui le portail.
Les nombreux spécimens de fourre.iux antiques fournis par la
DIvCOUVERTR d'dNK ÉPKR DE nRONZF, ETC. H'J
sculpture ou par les médailles n'ont, que je sactic, révélé jusqu'à présent rien de pareil.
Cepeiidanl, dans la séance du G février 1878 de la Société des antiijuaires de France, le savant cl zélé conservateur du musée de Sainl-ricrmain, M. Alexandre Bertrand, a présenté une boulerolle rcmaL(iualjlc par l'étendue de ses ailettes, non hori/onlales comme la nùtrc, mais relevées, achetée par lui chez Lehmaiin, et à laquelle il attribue une origine assyrienne (n" '■2). C'est, dil-il, un ornement
N" 2. — Bouterollc dans son foarreau restauré.
asiatique, venant des contrées où s'élevaient Babylone et Ninive. Ace sujet, il donne une liste de ces bouteroUes à ailettes qu'il a pu dres- ser dans ses vovapres et de laquelle il résuite que 7 proviennent de France, 12 d'Allemagne et de la vallée du Danube, et 3 d'Irlande.
Il est à remarquer ijue presque toutes ont été rencontrées dans les tumuli.
De son côlé, M. Flouest, l'heureux explorateur des tumuli de la Bourgogne, a signalé le 15 janvier suivant, à la môme Société, deux autres bouterolles trouvées en France : l'une fait partie de la col- lectiondeM.rabbéDe?noyers(ii" 3) à Orléans et provient du départe- ment de l'Ain: l'autre fait partie de la collection de M. Yaleniin à Montélimarl, et a été trouvée à La Laupie (Diùmej, en 18^8, au cours de travaux agricoles, sans que l'on ait vérifié les causes de son enfouissement.
Je me suis renseigné auprès de M. Valentin, qui m'a envoyé le dessin de sonépée de bronze et de sa bouterolle (n° 4), et j'ai acquis la certitude que l'un et l'autre de ces objets sont identiquement sem- blables à ceux que je vous présente. Ou croirait presque qu'ils sor- tent du même moule.
120 RKVIK AnCUKOI.OC.IOt'K.
Voilà donc deux ùpées somblablcs trouvées à ciniiuanle kilomi- ros di' dUt.mre, dans li' midi de h Fraiicv, associées rliacune à une
N°3.
boutcrollc idcnlique, jusqu'ici sans analogue dans nolro pays, mais so rapproclianl du type signalé dans le cimetière de Halstall par Von Saken.
J'ai pensé que ce fait intéressant méritait de vous élre signalé.
La seconde ôpée que j'apporte est en fer ; elle a été trouvée dans le déparlement de la Drôme, à La Rochetle, par un paysan occupé à défricher un terrain inculte. Elle mesure, âme de la soie comprise, O-^jS!. Elle est à soie plate, à crans encore visibles et à pointe mousse, et, comme les épées de bronze, elle présente un léger renflement rcrs son milieu. D'après le rapport de M. Alexandre Bertrand, inséré dans la Revue de!^ sociétés sdinutcs, le type de celle épée est en Gaule, pour les épées de fer, le type le plus ancien déri- vant directement des plus belles épées de bronze. Il nous apprend que le musée de Sainl-Germain possède, en moulages et fac-similés, onze épées en fer de ce type essentiellement gaulois. Jusqu'ici elles avaient été presque exclusivement recueillies en Bourgogne, en Al- sace et en Franche-Comté, sans parler des premières découvertes en Autriche tians le cimetière de llalstalt.
.Mais cette grande épée de fer, que l'on a toujours rencontrée dans les lumuli, n'avait pas encore été signalée dans le midi de la Gaule.
DI^-COUVEI\TK d'une ÉI'ÉE DE LHO.NZK, LTC. IJI
Celle tl(! \a Rochelle, quoique bien conserv(''e, n'est mallipiireuse- moiit pas complète, il mamiuc au moins la moitié de la partie supè- rieurt! de la poignée. Sur ceiiui reste on voit encore trois rivets en fer (\u\ retenaient le manclux
Si elle était intacte, elle atteindrait presijue les [iropoilions de celle qui a été trouvée par M. de Sauicy dans un tumulus près (l(! Nolay ((]ôte-d'Or) et qui figure dans les vitrines du niii>ée de Saint-fiermain.
(lomme vous le voyez, la découverte de l'épéc de bronze d'Orange et de sa bouterolle, celle de l'épée de fer de La Uocbelle, m'ont sem- blé présenter un véritable intérêt pour l'étude de nos origines na- tionales.
A ce point de vue, Messieurs, je suis heureux d'en ôlre posses- seur, et d'avoir pu les soumettre aujourd'liui à voire haute et savanle appréciation.
LÉON MOREL,
Membre de l'Académie de Vaucluie, refci:cu' (/(> finances, d Carpenlrat
BULLETIN MENSUEL
D i: 1/ A ( : A I» I : .m i !•: n i: s i n s c u i v no n s
MOIS un JUILLF.T.
M. le prince Simon Lazarew annonce qu'il a découvert une inscription biliiiL'iie, en grec cl en dialivte palmyrémar, sur les ruines de Palmyre. U en en\oie un eslaniparjo, qui a uiaihomeuscment beaucoup soutVerl à la douane, l'iie pliOtogi;i[ihic du monumoul sera envoyée ullérieuretnent.
M. Léon Henier communique une note de M. Masqueray, directeur de l'École supérieure des lettres d'Alger, relative à des fouilles exécutées, sous sa direction, à El-Mcral a. Cent trente inscriptions ont été décou- vertes, parmi lesquelles trois sont pailiculiéroinenl importantes. lilles nous font connaître le nom de la cilé disparue. Ce nom est Cclliana.
M. (:iermont-(ianneau communique îles observations sur un monument d'origine phénicienne portant une inscription. Il s'agit d'une statuette de femme nue ^'appuyant sur une rame-gouvernail à la partie supérieure de laquelle est enroulé un dauphin. Sur le plat de la rame sont gravés quatre caractères pbéniciens qui se lisent sans peine, et qu'on peut tra- duire : Aux Sidonicns, iliowviojv. M. (ianneau pense qu'on ne saurait mé- connaître, ici, la déesse môme des Sidoniens.
M. .\ubé termine la lecture de son mémoire sur l'ulyructf dans t'his- ioire.
M. Ch. .Nisard lit une étude intitulée : De VHat incutam U prccaiic de la propriété Ullcrairc dans te militu du w" sixte.
M. Joseph Halévy communique le résultat de ses études sur la nature des inscriptions clialdécnncs rapportées de Mésopotamie, par M. de Sarzcc.
M. Lodrain conimuiiique de son ((Mé diverses observations eouccniaut la tiièine collei lion.
M. Kd. Le Hlutit lit en communication un mémoire intitulé : Lcn chnJtiens dans la sotiiti païenne aux premiers a<jcs de t'EijIisc.
M. Léopold Ucliblc anuoucc lurriNcc d'estampages envoyés par .M. le
BULLETIN MENSUEL DE l'aCADÉMIE DES I.NSCRII' TIO.NS. 123
capiluliic Aymoriifir, en iniision au (l.iinbodge. (les Icxles ont élé confiés ù MM. Abel hergaigne et K. Scnarl pour en rendre coniple.
M. Gaston Paris, rapporteur deladonunission des anliquités nationales, fait connaître le rrsultatde ce conroiirs.
Les trois nu'dailles ont 6tc décernées dans l'oidre suivatil : t" à M. (uiiirrcy, pour .•■on ouvrage sur la Tapisserie en France: 2" à MM. Hé- ron de Villel'ofsc et fl. Thédeiial, pMur leur publication intitulée : (kiclitts d'oculistes romains, 1^' vol.; 3" à M. Koliler, pour son élude sur une vie la- Une de sainte Geneviève.
Les cinq uieulions honorables ont été accordcca à MM. Héron, Charles Molinier, Perroud, Fierville et Hermansard. H-y.
NOUVELLES AUCIIÉOLOGIQUES
ET CUl'J'.KSI'UNDAMCE
Nous avons sous les youx une publication nouvLlle, duc \ l'iiii-
liative privée et qui mérite d'obtenir le meilleur accueil. C'est le Bulletin trimestriel des antiquiti's africaines, recueillies par les soins de la Société de {.'éographie et d':ircbéologie de la province d'Oraii, et puliliées sous la direction de MM. E. Poinssol et L. Demaeghl. Voici le sumuiairedcs deux premiers numéros :
I. A nos lecteurs;
Instructions pour les recherches d'antiquités-,
Ch. Tiïsot, Fastes des provinces a fricainrs;
Héron de Villefossc, yotcsd'iqigraphic africaine:
i. Poinsol et L. Demaeght, Jn^crif'tion^ de lu Mturélanic Césarienne;
L. Demacght, Musée archéologique ;
i. l'oinssoi, Nouvelles archéologiques, conespondances et bibliographie.
II. Tissot, Fastes des provinces africaine (suilc) ; E. Bibeloii, Monnaie de S'jphax;
J. l'oin^^ot et L. I)en)acgbt, Ejùgraphie;
L. Deniacgbl, Musée archéologique d'Orati ;
Poinssot, Nuiatlles archéologiques, correspondance il bibliwjraih
u\
M. M lélopoulos vient de publier aux frais du sylloguc pbilologi-
que t'ilelirtm, qui sii'i^e au l'iréc, le texte de la curieuse inscripiion ré- ccmtueni di'couverte au Piiéc cl qui a trait ;\ la consliuction de Yarsemil de Vhilon. Il en oITre le texte épigrapliiquc et la Iraiiscriplion en carac- l<'.'rcs couiuiils ; mais il n'essay.; [las (l'i'\[diqu(T les nomlircux termes technique» qui font à la fois le prix et la dinicullé de celle inscription, i'o qui donne >urlout la valeur de (Otlc in.^ciiption, r'e.'-t la pliolo;;r.iphi(' du texte qui e>i Jointe à la dissertation.
>(ii;vi.:lij:s Aiii.iir:'»L()(;igui-.s. IJ.'i
liullciin d'il' cil ùulogie chréiicnnc de .M. 'i. M. lic W ssi, 4» s'r!e,
|f .iiiiico, n"' i Pl 2.
Co luiinrio . bl picsqiH' loiil ciilicr iiMiijtli [i.ir iitio iinporlatilc disscrla- li.jti do M. lie H'is-i itilitiilcc : Lt cuntUcrc de Suintllipiiohjtc prdx de la coic Tih .vtinc et sa inincipalc cnjpti: hitiloriqiie aujourd'hui déconvcrlc A la fin, une noie inl('I•os^aIlte sur une inscription ijrenjue décoiivcrtt: réranin''nt en Vhryjic, comparée d la cclchrc épitnpiic m((ri(iur d'Ahcscios. Vnn [danclic donne une vue perspective du fond do la ciypU! d'ilipijolylc, lollc qu'on Va trouvi'o dans h's fouilles r^'centes. Quatri: autres planches, qui repn'- senleiil des fresques du ciuieliùre des Saints l'ierre et Marcellin, seront cxpliqULk's dans un numéro suivant.
Archœologische Zeitung, 1882, 2« caliicr :
G. Hirjchfeld, Pausanias H lea inscriptions d'O'ytnpie. (Article important. D'après l'étude des inscriptions et des inonunienis retrouvés dans les der- nières fouilles, M. llirichfeld affirme que Pausanias a surtout travaillé »i)r des livres. S'il a vu Olympie, ce n'est qu'eu passant, La description qu'il en donne représente surtout l'Olynipie de l'époque macédonienne; il ne rédige pas des notes prises sur les lieux; il compile les données qu'il a tirées de PoU'mon et dos autres périégètes qui l'ont précédé.) — A. Ilcrzog, Une loutrophoros (fixe, d'après un vase du musée de Berlin, le vrai sens de Cftte e^pre^sion, qu'ont obscurci certaines erreurs des lexi- cographes). Planche V et deux bois. — G. Treu, Das-relùf atecinscriplion dédicatoirc représentant Artémis. Planche VI, 1. — P. J. Meier, Bas-reliefs du 7nusée de Berlin représentant des gladiateurs. Pl. VI, 2 et 3. — G. Robert, La vie des femiyics à Athènes, deux vases du musée de Berlin. Pl. VII. — E. Curtius, Deux terres cuites : Scène de pédagogie; Anjlc cherché prés de la sta- tue d'Athéna (à propos de ces deux groupes, on trouvera ici quelques-unes de ces vues générales sur l'art auxquelles M. Curtius s'élève toujours sans eiïorl). — Mélanges : Ch. Hclger, Comment le Gaulois mourant connu sous le nom de Gladiateur a-t-il été frappé ? (conclut contre l'hypothèse d'un sui- (;i(jo). — U. Kletle, Sur la copies de la frise de Phigalie retrouvées à Patras (achève de prouver que ce sont des pastiches modernes). — Nouvelles : Acquisitions du .Musée britannique en 1880. — Si'ance solennelle de rinslifut archéologique à Rome. —Société archéologique de Berlin, séances de mai à juillet, — Les fouilles d'Olympie. — Purgold, Inscriptions d'O- lympie, xx" 43b-438.
Ilapvaaffoiî, revue périodique, mai 1882.
Nous remarquons dans ce numéro les articles suivants : Jacob nragr.tsis, Caractères particuliers de l'art dans la peinture religieuse des Byzantins. — Athanase Laspopoulos, L'Olympe et ses habitants; Usages de Lytochorion; le cèdre (plusieurs poésies populaires sont citées). — Proverbes populaires de Tbéra.
126 nETi'F. AncHÉoi.or.iouE.
liulletlim délia commissione archeototjica communale di liomo, \W an
née, w 2 :
r.iiiseppe Tom.is-îolti, De la colonne d'll<i,ii IV.nr l'Esi^uilin (pi. Mil). — Caniillo Ue. Le Coiutole et ses environs au xn" sicc.lc (pi. XIV cl XV). — i;. H. de Hossi, La hygia de la comtmiue de lUme aclin>c au ('(lyitole juir les finateursin /'«/;j;j»"f l'JOl». — l".. H. tif llo>si, Li viUa de Stliui Ilalirus cl le collcgium salutarc à Tnsculum (un bois). — \{. I.iuK'iaiii, Supplàncnt^i au tome YI du Corjms inscriiUionum latinarum (pi. XVi, XVII). — Cahier de tables qui voul de jainicr 1H77 à d('ccml>re 1881.
lUHLIOGllAPllll':
Das Landes Zeughaus in Gratz. ner/iusg/'fje/jeu von dcr Voislelutriy r/es Mnuz>->t and Anîilii-ii-Cnhiiii'Ies (jm St. L. Joftnneum. Leipzig, F.A. Brockliau8,t&80. Gr. iu-/i", accoinp.iKntS de 63 plancliea (17G-XLVI-l.'i9 p.).
J'ai cm devoir signaler aux lecteurs de la Ilevue archéologique rctle importante publication. L'ouvrage est divisé en deux parties, dues à deux auteurs difiéients.
Dans la première partie, M. le docteur Fritz Piclilcr, conservateur du Musée dos antiques au Joanneum, et connu pai de nombreux et excel- lents ouvrages d'archéologie ', fait d'abord une élude approfondie de l'ar- mement en Styrie, depuis les temps les plus j;eculés jusqu'au régne de Maximilien. Ici les amis de la haute antiquité et mûme du préhistorique trouveront une foule de renseignements intéressants sur les aimes de piene et de bronze avant les Romains, sur celles de l'époque romaine, puis de l'époque romaine à l'invasion des Baibares, des grandes migra- tions à la création du duché indépendant de Styrie, et enfin depuis celte création jusqu'à Ma\imi!ien. Le docteur Pichlera ensuite abordé l'histoire de l'arsenal deGralz, et reproduit des inventaires en vieil allemand où l'on trouve les noms du temps, le prix de revient, et une multitude de documents pleins d'intérêt.
La seconde partie est une description technique des richesses archéolo- giques de l'arsenal, par un auteur dont les initiales sont F. G. v. M. Cette description, et les planches qui s'y rapportent, ont le mérite tout particu- lier de montrer é[)oque par époque quels sont les accessoires, tels que harnachement, engins divers, et même objels de campement, qui corres- pondaient à une armure déterminée oui telle et telle arme d'hast ou de jet. Les planches, accompagnées d'une échelle, sont d'une exécution très soignée.
1. Je citerai notamment un excellent volume sur les monnaies gauloises de Styrie {Repertorium der Slcirischen Mûnzkunle, I. Band, Die kclttschen und consularen Mùnzen der SteieDnnrk), ouvrage de nature à intéresser tout particulièrement les collectionneurs de France, qui trouveront dans les légendes des létradrachmes du Danube quelques-uns des noms de cliefs que présentent les monnaies de notre Gaule; et une brochure sur des souveoira étrusques découverts ea btyrie et eu CariatLie.
128 MKViK auchèulogique.
Lt8 richesses de l'arsenal iloGraiz ont un nu'rilc particulier : ce n'est pas une collection «naloj;ue A celles qui se font de nos jours à prix d'arj^ent et où les armes oITtMisives et défensives manquent le plus souvent d'une oiii:ine cortaine. Les pi»>L"i'S qu'il ctuilionl, au nombre de '2H,000, ne sont autre chose que les armes oiïeiisives et di^feiiiives cl les engins d^ guerre de toutes sortes, y compris los lentes, qui sont venus prendre place suc- cessivement, depuis le xvi* siècle, dans l'arsenal de <irnlz, non comme oljets de colleclion, mais comme approvisiomiemenis de guerre. Parmi les armures reproduites et décrites dans ce \olume, il en isl qui sont pré- cieuses : je crois cependant qu'on rencontre au Musée d'artillerie de l'a- ris et dans d'autres musées des pièces isolées d'une \aleur plus grande. Mais, je le répète, l'ensemble de l'arsenal de Gratz a un mérite tout par- ticulier. G'psI tout un passé militaire encore en place, et qu'on peut dé- sormais étudier, prftce à la précieuse publication dont je viens de donner une courte analyse.
I>. C.BAni.ES RuHERT.
Paris, lo 2D ;icûl 1SS2.
LE
A [.A l'iMsi-: ni': pkp.c.amI':
SUITE
IV
LK LAOCOON ET LF'. DKAME DE SOPHOCLE.
Visconli a prononcé une itaroleqiii pniMissniLjiitlicioiisc autrefois. Il a dil que 1(> mythe du Laocoon était iiiuiiordl, et tous ceux qui ont présent à l'esprit le récit de Virgile seront d'accord avec cette opinion.
Les r,recs, dit Virgile, feignant d'abandonner le siège de Troie, ont laissé derrièie eux le cheval de bois qui contient dans ses lianes le noyau de l'armée des Argiens. Ils espèrent que les Troyens intro- duiront avec lui la destruction dans leurs murs. Priam et ses guer- riers entourent cette mystérieuse machine. Ils doutent de sa véri- table signilication : lorsque Laocoon, le grand prêtre d'Apollon, accourt plein de noirs pressentiments, et emploie toute son éloquence à dévoiler le stratagème des Grecs et à prouver aux siens que les dons mûmes des ennemis sont à craindre :
. . . Timeo Danaos et doua ferentes !
Pour augmenter la valeur de ses paroles, il heurte de sa lance
1, Voir les numéros de juillet et d'août.
Septembre. XF.IV. — 0
130 nFVLR \ ne H KO LOGIQUE.
les flanrs ilu cheval, dont les ravilîs irsonmiit longuomeiil. A cet instant, la rus(3 des (Jrecs est bien près d'ap|tarailre évidente. .M.ii> Sinon, un Crcc i\a'\ feinl d'avoir ètù mutilé et abandonné sur !»• riva^v par ses (Minpalrioti's, (Si alois amené au roi Priain. lisait envelopper l'esprit du vieillard d'un lilet de nienson^'es babiliiuenl tisst's el persuader aux Troyens ijue le cheval «lu'ils redoulenl esl un présent divin, un bienfait de la déesse Minerve. Ce (lui vient encore achever de les convaincre de la vérité de ces iiaroles, c'est la mort alTreuse de Laocoon. Au moment où ce prêtre se prépare à offrir un sacrifice sur l'autid de Neptune, deu\ serpents sortis de Ténédos traversent la mer, se jettent sur les enfants de l.aocoon, qu'ils broyenl de leurs anneaux, el saisissent tiiliii le perc, (|ui suc- combe aux mêmes étreintes. Puis ils se retirent sous le bouclier de la statue de Minerve. Les Troyens considèrent ce miracle comme un chàiiinent inllitié par la dresse à Laocoon pour le i)unir d'avoir insulté au [irésenl .ju'elle leur avait faiL Ils introduisent le cheval dans leurs murs, et Iliou est perdue.
Tel est ce récit de Virgile, dont l'immoralité est évidente. Le lec- teur du poêle doit croire avec les Troyens que la mort de Laocoon est due aux paroles qu'il a prononcées pour avertir ses concitoyens du stratagème d'Ulysse. La divinité apparaît ainsi comme la com- plice de la ruse des Grecs. Elle sacrilie à sa vengeance et fait périr au milieu des plus atroces tourments un père, un prêtre, un citoyen dévoué, à l'instant môme où il s'efTorce d'arracher sa patrie aux complots de ses ennemis. Et remanjucz que la moit de Laocoon n'est pas un martyre, comme on a voulu le prétendre, sans savoir ce que ce mol siguitie. Un martyr est un homme (jui, convaincu d'une vérité religieuse, [irofomlément persuadé d'être d'accord avec la volonté divine ou avec les lois supérieures qui président à l'har- monie de l'univers, soutient au prix de sa vie, devant une foule irritée ou sacrilège, ou devant un tribunal de fanati(jues, l'existence, l'essence, la nécessité de celte vérité ou de celle volonté (ju'il a reconnue. Il n'y a rien de pareil dans le mythe du Laocoon. C'est un prêtre innocent, un prophète, pres(iue le sauveur de sa patrie, (pie la divinité sncrilie à son ressentiment et livre avec ses enfants à la plus cruelle de toutrs les morts. C'est un meurtre per- pétré avec des détails révoltants de cruauté par la plus sage des déesses, par Minerve, dans le seul but d'assouvir sa haine impla- cable.
Certes, nous pouvons réj)éter avec Visconti : Le iii>the du Lao- coon est immoral, irréligieux, inhumain, exécrable.
I.K LAOCOON 11 I.K (iHOLIMi D'aTHKNA. 131
HeiircusciiiL'tii pour rcspril dcî In religion t,M<'(<iue, nous savons que la iû^îcndc [icllénii|U(; avait des vari.inles. Dans (Juinlus (^ala- ber et Lykopliron, Laocoon n'est pas mis à mort avec ses enfants. (les derniers seuls .^ucfoinbenl. I^e vieillard devient aveu;^le, comine Ol-ldipe. Si le piètre est innocent, ce supplice parait encore nijslé- rieuseraent injuste. Mais des allusions semées ici et là dans lescom- niciilatoiirs loinains ' perniellent d'établir i[ue la légende; avait une autre forme dans le monde grec. El, même sans le secours iJes auteurs l.itiiis, le seul fait (jue Sophocle a écrit une tragédie inti- tulée LditijoH suflirait pour nous faire pressentir (ju'une .lutre tradition a dû former le tissu du drame sopbocléen. iJans les grands tragiiiues grecs, ce sont toujours les passions, les égarements des héros (jui entraînent la catastrophe. Plus le crime commis au début de la vie est contraire aux. lois divines et humaines, plus la puni-
1. Sorviiis Maunis, ad Aùieid. 2 201 donne les cxplicat'ons suivantes aux mots de Virgile : « L t Lupliorioii dicit, posl adventuin Gra;corum sacerdos iNeptuiii lapidibus occisiis est quia non .sacrificiis eorum vctavit adventum. Post absccdenlibus (jrajcis quum velient sacrificare Neptuno Laocoon Tliymbraii Apollonis sacerdos sorte duc- tus est : ut solet fieri cum dccst sacerdos certus. Hic piaculum commiserat ante siauiiacruni numinis, cum [Antiopia suaj uxorc coeuiido. Et ob boc iiiimissis dra- cuuibus cuui suis tiliis intereinptus tst. Uistoria quidem hoc habct. Sed poeta in- terpretalur ad Trojanorum eicusationeni, qui hoc ignorantes decepti sunt. Alii dicuiit quod post contemptuin semel a Laomedonte .Neptunuin certus ejus sacer- dos apud Trnjam non fuit : unde putatur iNeptunus etiaui iniuiicus fuisse Trojanis et (juod ilie uieruerit (iili nierucrint) in saccrdote monstrare qnod ipse alibi osteadit, dicens(V, 810) : Cupereni cum vertcre ab ifljo siructa meis manibus perjurje mœnia TroJ;i.'. Quod autem ad arcem ierunt serpentes vel ad teniplmn Minervae, aut quod et ipsa iniinica Trojanis fuit aut signuin fuit periturai civitatis. Saue Bacchilides de Laocooute et uxore ejus vel de serpentibus a Calydnis (cod. F. Calydoms ; alii C'a/e(/o/<iS) insulis venientibus atque in lioinines conversis dicit. Sorte ductus; sic Sallusiius. » — Au vers 211, Servius remarque : « Hos dracones LysimachusCuri- liu ? et Peribœam dicit.» (C'est d'après ces notes de Servius que nous reconstruirons plus loin l'intrigue du drame de Sophocle] Nauck suppose que les noms des serpents donnés par Servius au vers 211 doivent ùtre llosxy,; et .\aptGo'.a. Comparez aussi Hygin, Fdlndu 135. Si nous préférons suivre Servius, c'est qu'il donne le vrai mo- bile tragique de l'action dans les mots : Hic piaculum, etc. Nous croyons aussi que tout son récit est pris ;i Lupiiorion, qui, par conséquent, a déjà enveloppé le père et les deux lils de la même mort. M. Cari Hubert ^Philolof/isclie L'uttrs. li. ■-■. von A. Kiessling und Von Wiiamowitz-.Mullendorf, V, p. 205) s'efforce de prouver qu'Eu- phorion n'a pas traité la légende de Laocoon. Mais son argumentation est trop sub- tile pour nous convaincre. Aucun texte ne saurait résister à celte critique qui re- tourne chaque lettre et chaque mot. La phrase de Servius : « Historia quidem hoc habct )) , indiqued'une façon claire et précise que soit la cause de ce terrible châtiment de Laocoou, soit lu mort simuttaniic du père et des deux enfunts, étaient déjà con- nues par une tradition antérieure à Virgile.
!• - iu:\LK Ain.iii-.iti.cxiiniii:.
lion réservée au coupalil(> par la divliiilt'' >tMa h'iTiliaiiU' cl i;iirmce. — l>ans la traililioii hollt'iiiiiiic, la iiioit de Laocooii cesse clNMre immorale parce qu'elle ii'esl plus en rajiporl avec sa clairvoyance et son zèle prophétique. Le supplice (ju'il subil oi 1'' châtiment «l'un égaremenl impie, Je la satisfaction d'une passion s^Mossiére el bru- tale sur les marches mêmes Je l'autel, dans le lieu sacro-saint, devant la statue d'Apollon, incariialioii lerreslriî de la divinité chaste et lumineuse. I.es deux enfants, fruits de l'acte sacrilé.L'C <ie leur père, doivent supporter aussi le poids du courroux des dieux. Dans le monde antique, ces crimes de Idse-dii initr sont ceux que la Némésis poursuit de ses déchaînements les plus lei rildes, de ses éclats les plus foudroyants. Comme dans le drame d'Œdiiie. ce n'est pas seulement Laocoon, le jière coupable, qui doil périr, c'est la famille tout entière (]ui doit disparaître dt' la lumière bienfaisante du jour et rentrer dans cette ombre de l'Adès où Ljèmisseni tant de pâles générations criminelles, impies, sacrilèges.
Ainsi la mort (b's deux adolescents excite notre pitié, mais elle cesse d'être inexplicable, parce qu'elle devient le complément de la peine qui doit atteindre le père coupable.
Telle est la véritable tradition hellénique, cl c'est elle que Sopho- cle a dû suivre. Il a dû représenter ce père accablé par le souvenir de son infamie.
Tremblant pour lui-même, pour ses tils, Laocoon les voit grandir avec terreur comme les images vivantes de son crime, qu'ils lui rap- pellent à chatjue heure du jour, à chaque minute de ses nuits in- (|uiétes. Le drame a dû montrer ce prêtre en proie aux remords incessants, à celle tristesse latente, honteuse d'elle-même, qui mine les coupables, peut-être même aux persécutions intermittentes des Furies. Sous l'impulsion d'une conscience tourmentée, le prêtre sa- crilège s'améliore lentement. Il devient plus humble, plus dévoué, jilus pur, et il vieillit ainsi plein d'amertume et de mépris pour lui- même, tandis que, dans le peuple, la vénération qu'on lui porte grandit avec le nombre des années.
Dans ses heures de solitude il éclate en actions de grAce envers la divinité qui daigne dilîérer encore Tceuvre de la Némésis. Les .scènes de remords, d'angoisse, de désespoir, doivent dominer toute l'action. Klles doivent insjiirer aux spectateurs une profonde sym- pathie pour cette grande âme régénérée par la sincérité du repentir. Kl c'est lorscjue cet intérêt, celle symi)athie, cette pitié grandit et .se transforme en admiialion, au moment où la clairvoyance et la
LE LAOCOON F.T I.K fiROUPH D'ATflKNA. 13;^
sagesse du prêtre alleignent une liautcur divine, à riifinc où il va peul-tMro sauver sa pairie par le sniiflle inspiré de sa paroh; proplié- liquo, c'est à cet instant siiprénK! (jue, — par un de ces contrastes tragiques dont Sophocle et Kschyie seuls ont le secret, — la divi- nité se dresse iinpiloyable devant le prêtre [)Our lui demander compte du sacrilège jiassé.
Non! Laocooii ne doit pas alteindr" à la gloire, au Ijonlieur inef- fable d'avoir sauvé sa patrie de la ruine imminenle et fatale. Toute une longue vie de remords, de dévouement et de piété nesauiail racheter le grossier sacrilège, l'enlraineraent brutal qui l'a con- damné dès l'origine. Dans l'idée grec([ue la faute est iriéparable, la souillure a gravé sur le fond de l'âme sa mar(|ue indélébile, iticn ne saurait la laver, ni les remords, ni les tourments, ni les mérites. Prêtre impie, Laocoon doit périr sur cet autel qu'il n'a pas su res- pecter. Tendre père, il doit voir la mort hideuse de ses (ils, partager leur supplice et sentir le froid de ces enlacements, l'âcreté de ces morsures venimeuses dont il est la cause. Citoyen dévoué, il suc- combera en songeant que son châtiment même doit entraîner la ruine de la patrie.
Ce dernier trait, — qu'on n'a pas encore remarqué, — est sans doute ce qui devait rendre plus poignante l'épouvantable catastro- phe du drame de Sophocle. Une vie perdue, l'enfance innocente li- vrée h d'atroces angoisses, Ilion s'écroulant dans le feu et le sang, et par-dessus tout la conscience d'avoir été la cause de tant de maux, voilà les tourments qui étrcignent le cœur du prêtre sacri- lège, plus malheureux encore si le poète le laisse, comme le fait QuinlusCalabcr, vieillir aveugle, misérable, repoussé de tous', que
1. Les arguments que l'on a donnés pour prouver que Sophocle n'a pas fait périr Laocoon de la mùme mort que ses fils sont tous négatifs. Dionysios, Arch.l ^8 et le Scholiaste de Ljkopliron, V, 347, ne mentionnent, en effet, que la mort des tils du prêtre troycn. Mais ils ne disent pas d'une façon certaine que le père n'ait pas péri du môme supplice. Si nous n'osons pas adlrmer que Sophocle ait été le créateur de ce dénouement qui fait succomber à la fois les trois victimes, c'est que l'autre est encore plus dramatique. Laocoon devenu aveugle et survivant à son malheur, roilJi une catastrophe qui rappelle celle de VCEdipeHui. Quant à ceux qui répètent après Lessing que Virgile seul a eu l'idée de faire périr ensemble le père et les fils (cf. M. C. Robert cité plus haut , nous croyons les avoir réfutés dans ce qnenous avons dit sur Euphorion (voyrz la r.ote de la page 77). Tourqu^M M. Uobert a-t-11 oublié dans 8P8 nombreusfis citiuions de mentionner ,>facrobe qui, dans un passngc caracté- ristiqiio pour notre recherche {Satumnl. lib. V, cap. ii), s'exprime comme suit : Il QuM Vîrgllliis traxit a Graîcis, dicturumne me puiatis qua? vulgo nota sunt ? Quod Theocritum sibi fecerit pastoralisoperis autorem, ruralis Hesiodum? Et quod
134 IIKVUK AUCHÉOLfXiigilK.
s'il le livr. , avct- Him'idr, h l.i fureur et .lu venin des rep- tiles.
Mais si le pointe a pu nous faire i>.isser par laiil iréinolions, s'il a pu nous ilévelopper le eararU^re de I.noroon, nous tenir en suspens, nous faire j)ressent!r loiit^'ucnient la ealaslroplie, c'est ipie son do- maine c'est le temps, etijiic les moyens (ju'il emploie pour jieindre consistent en des sons articulés placés dans le temps.
Au contraire, le peintre ou lescul[»leur a pour domaine l'espace^ les moyens dont il dispose sont des couleurs ou des figures.
Les objets qu'il cherche à repré>enler sont placés les uns h côté des autres dans l'espace; tandis ijuc le poêle se sert il'ohjels, de si- gnes, placés les uns après les autres ou qui se succèdent dans le temps.
Desohjets placés les uns à côté des autres ou dont les pirties se
in ipsjs Georgicis, tcmpcstatis screnitatisque si^-na do Aiati Phirnomcnis traxcrit? \elquod evcrsioiicmTroj.T, cuni Siiionesuo, ctequo ligiieo, ctrteri^qui' omnihui. quœ iiLruniscrundwii /wiiixl,'! l'is'inilni iicne <t<l verbum tmiiirripserit ? Qui interGrir. cos poetas emiiKi opère, quoii a ruipiiis Jovis et Junoiiis iiicipiciis uiiivcrsas liis- toria», quœ inediis omnibus sn'culis usquc ad a?tatem ipsius Pisandri conti- gt.Tuiit, in unam gcriem coactas redcgtrit, et unum ex diversis liiatibus tcmpo- ruui corpus ellecerii? in ([uo operf iiitcr liistorias citeras intérims quoque Trejo; in liunc maluin relatus est. Qua; /iilr/iter M&ro intcrprclando, /'(lOncalus- est sibi Uia- c:l' urbis ruinam. Sed et ha;c et talia ut puoris dccantata prwtereo. » Voilà un tt^moignapc parfaitomont clair et prOcis. 11 serait diflicile d'en tordre le sens comme M. Itoburt l'a fait pour celui de Serrius citant Kupliorion. Macrobe nous dit qu'en gé- néral Virgile a imité les Grecs et il ;ijouie, coDinic l'evemplc W plus frappant do ceittj vérité, que le si coud livre de V Enéide, avec la destruction de Troie, les épiso- des de Sinon cl du clieval de bois et tous les autres (lyrterisque nmnibiis) ont été traduits par Virgile du texte grec de l'isandii", et velu jire.iyuc mot à mut {fjene ud vcr/jum). Heniarquez ijuo Macrobe ne fait pas d'exception pour le Laocouu; il a bien soin de bpéciliur {ca-lei tique omnibus). Il revient même une seconde fois sur cette idée avec une nuance d'imnie qui n'échappera à personne, lorsiiu'il dit : « Virgile n'est foryi {silii fiibrinitus est) une ruine d'Ilion en traduisant Pisandre fiililcmeut » (fiflelilei ttit< rpt ctanJ'j/. Coinuiciil croire après cela qui; Virgile a inventé la mort Bimultaaée de Laocoon cl de ses deux ûh '1 II a pris ce trait à Sophocle, à Pisandre, ou à Euphorion. M. Uobcrtest de ceux qui' veulent prouver, en accumulant les textes et sans considérer le fe'roupe lui-même, que le clief-d'u uvre du Vatican a été créé par d<'8 Homain» qui s'inspiraient du texte de Virgile. Cette méthode exigerait an moins qu'on ne laittsAt pas de côté d< s anirmations telles que celles de Macrobe. D'ailliiirs, si nous pensons que l'archéologie ne peut pas se passer do In criti'pio des textes, nou* croyons la réciproque également vraie: la criti<pin des textes ne ^nllrail se pns- spf den lumi«';res de l'arcliéulopie. Kt ce n'ebt pas seulement Macrobe que M. lloberi a oublié, il i(rnorc auul lu ténu i/nnge il liupurtaut dt Pluie, que nous avons cité plut haut.
I.K I.AOCOON ET W. GROUI'K d'aTIIKN V. 435
troiivciillesunesà côté des autres dans l'espace se nomment en gé- néral des corps.
Les eorps, voil;"i donc le vérilalde doni.iiiie de la seulpluic »^l il»; la peinluii'.
Des signes, des objets, ([tii se suivent dans h\ temps, (jui ne sont reliés entre eux <|ue par eette succession mAme, s'appellent généra- lement dos actions.
Des aclions qui se succèdent dans le Icinps, tel est donc le véri- table objet de la poésie.
Cependant tous les corps n'existent pas seulement dans l'espace, ils sont aussi dans le temps. Ils durent, ils peuvent à cliaque instant de leur durée prendre une autre apparence, avoir des rapports dif- férents avec les objets qui les entourent.
Chacune de ces apparences momentanées est la consé<iuence d'une action qui précède^ peut être la cause de celle qui suivra, et peut devenir ainsi le centre d'une action.
Kn coiisù(|uenc(', la peinture et la scul{tture peuvent aussi repré- senter des aclions, mais seulement d'une laçon incomplète, en les indiquant par des corps.
D'un autre côté, des actions ne peuvent pas exister en elles- mêmes, elles doivent appartenir à certains êtres, pour autant que ces êtres sont des corps ou qu'ils sont considérés comme des corps. La poésie représente donc aussi des corps, mais seulement d'une façon incomplète, en les indiquant par des actions.
La peinture et la sculpture ne peuvent employer dans leurs com- positions qu'un seul moment de l'action.
Le sculpteur doit donc choisir le moment le plus frappant, celui qui fait le mieux comprendre ce qui a précédé et ce qui va suivre.
D'autre part, la poésie, dans ses représentations successives, ne peut employer qu'une seule qualité des corps et doit choisir celle qui éveille dans notre âme l'image la plus frappante, la plus palpa- ble de ce corps, ou sous le côté qui lui est nécessaire pour dépeindre le? actions.
Il suit delà que si un grand poète, comme Sophocle, s'est efforcé de dérouler le mythe de Laocoon dans une série d'actions succes- sives, s'il a eu raison de nous faire passer par tous les détails de l'action, d'égrener lentement, une à une, ces scènes de remords, d'angoisse, d'espérance, de retarder le plus possible la catajtrophe, qui devient d'autanljplus terrifiante que |la faute est passée depuis
130 nEVUE ARCHKOl.OGIOUK.
un plus gnml nombre d'nnnêes; si Virgile a eu tort de trop s'atta- rlu'r à reprosiMitor h» rhAtiinonl lui-nu^ino, tr(»iil>Ii('r parcetlc préoc- cupation la vcrilatilo cause ilu supplice ol tic nous en laisser sup- poser une immorale et inhumaine, on ne peut cepenilanl pas exi- ger (lu sculpteur on du p'-intre les nit'^incs ()l)li;,Mlion-.
Le sculpteur ne peut pas nous représenter les dilïérentes phases de l'action; il est obligé de choisir un moment ijui soit la résultante, le point culminant d-j tous les autre-;, l'instant, souvent rapide comme l'éclair, (pu rapproche le mieux le passé di' l'avenir.
Il peut échapper à une fausse interprétalinn eu tvilint de re[)ré- senter, d.ins le i^MOupe du I.nocoon, par exemple, le cheval de bois, mais il lui est matérieilenjenl impossible de nous faire sentir dans un groupe de statues que le supplice de Laocoon csi l'expiation d'une
faute commise, il y a nombre d'années, par un prêtre sacrilège. Un chef-d'<euvi-e de la scul[ilure limité à Laocoon et à ses enfants
ne peut représenter (lue la catastrophe du mythe dans sa réalité la
plus nue el la i»lus ciuelle.
Cependant nous avons vu que le peintre et le sculpteur peu- vent jusqu'à un certain point, avec des corps immobiles dans l'es- pace, nous faire sentir la succession, la gradation des actions dans le temps. Mais ils ne doivent pas faire irruption dans le domaine de la poésie, ils peuvent seulement lui emprunter quelques traits.
Lors(iuc le Titien représenie en tableaux successifs toute l'histoire de l'Enfant prodigue, sa vie dissolue, sa misère, son repentir, nous disons que c'est une invasion du peintre dans le domaine de la poésie, (jue le bon goût ne saurait approuver. Jamais cettesuccession île tableaux ne vaudra le récit d'un grand poète, jamais surtout elle ne vaudra un seul tableau concentrant sur un seul moment de l'ac- tion, résumant dans une seule situation poignante ou mélancolique toutes les scènes du drame.
Mais si l'on nous dit que dans Uaphaid tous les plis des costumes ont leurs causes spéciales, que tantôt ils sont dus an poids môme de l'étolTe, tantôt aux mouvements des membres ; on voit aux plis do l'étolTe qiK lie élail la position des membres qui a immédiate- ment précédé celle que le tableau représente ; ces plis indiquent si les membres bo détendent ou si, au coutrairc, ils étaient étendus Dupnravanl et se contractent dans rin;laniiepréscniêpar le peintre; nous illi'onsnlor» que ro procédé osi un emprunt fnii au domaine delà poésie, hidU un emprunt do pénio c^pnMo doropiîfonlcr avco dcc '■'^rpi '.T -n^^";>i ju iliv< nrlion* il:ins le lomp?i
LK LAOCOO.N I.T l.i; (ilU)LI'!'. d'mIII.NA. 137
Le groupe du Laoroon est une inia^'o viv.inir d'un de rcs cm- jininls faits par le scnliileur au domaine de la poésie.
C'est ici (jue nous nous séparons de Lcssing, qui a voul ; i oh-r 'un de l'autre l'art du sculplcur et celui du poëte.
Il y a entre la poésie et la sculpture certains liens ni\stéricux, certaines afiinilés intimes (|ui résident dans l'inspiration poéli(iue, l'iinitulsion donnée au sculpteur par le souflle i)uissant de la poésie. Il j a certains enthousiasmes (jui naissent d'une helle o'uvre l\ri- que ou épique et prennent corps dans les statues des grands artistes. Sans doute, le sculpteur se sert d'autres procédés que le poète, mais il est un domaine où les deux aris, si étrangers en appa- rence, se lencontrent et se prennent par la main pour mener la grande ronde des passions humaines. Ce domaine, cet espace où la plastiiiue et la poésie se louchent et s'enlr'aident mutuellement, ce sont les planches d'un théàtrcr.
Le poète dramati(iue songe non seulement à éveiller l'émotion tragique, mais il prévoit encore les effets plastiques et grandioses que certiines scènes peuvent produire. Le poète tragique règne sur l'espace el sur le temps, sur les corps et sur les actions.
Entre les trois murs de la scène il réunit à la fois ce qui manque ai' peintre, au sculpteur, et aux poètes lyriques et épiiiues. Le temps, l'espace, les objets, les corps, les actions, les sons, les cou- leurs môme, tous les moyens que l'art ne distribue au peintre et au sculpteur qu'avec une paiciinonie avare, le poète tracrique les tient tous dans sa main puissante; il peut tour à tour emprunter les procédés de la plastique ou faire oublier les corps par la sonorité des vers et l'intérêt palpitant des actions.
Celte observation est surtout vraie pour ces grands théâtres de l'antiquité où la distance énorme qui séparait le public de la scène, où les chœurs, où les cothurnes, les manchettes, les masques, les costumes destinés à grandir les acteurs, où le domaine des actions tragiques ce monde légendaire, divin, héroïque, surhumain, monstrueux, dont s'inspirent les poètes, exigent sur la scène des mouvements lonls, solennels, des combinaisons de groupes long» temps étudiées, des efTeis plastiques semblables à ceux que les sculpteurs lailjnient dan? le marbre de P^iros ou du Fcntélique. Une foule de lrait> indiquent l'importance qiio 1rs pnélos do ranli" qiiilômetloiontà ce côté plastique de leur art. Es^chylc, qui jonnit lul-mûme ses tragédies, inventa des machines deslinêes à favoriser
I3S I\KVri: AlHlIKoLOdlnlK.
les npparitions soudaiius l'i li>s clTets des proiipps qu'il combinait. Sophocle, que sa voix trop faible retenait loin îles fatigues de la scène, inventa le i<Me muet de Nausicaa, où la souplesse ilt; ses l^esles, la bi-aulé plastique di- son corps, la i,'i;kc avec la(|uelle il jetait la balle en se jouant sur le bord de la mer, à l'arrivée d'I'- ly.sse, enlevèrent tous les applaudissements. I.orsquc Vt'khulxlcnid montrait tout à coup aux spectateurs (iresle assis dans le sanc- tuaire de Delphes, 'entouré des Furies endormies cl lasses de le poursuivre, ou ('lylemnestre le glaive en main au milieu des cada- vres d"Ai,'amemnoii et de (/issandra. cmit-on ijue ces elTets n'a- vaient pas été ména}fés par le poète, croit-on surtout que les grou- pes qui devaient les représenter n'étaient pas combinés d'avance avec le soin qu'un sculpteur pourrait mettre à grouper ses sta- tues :'
Kn évoiiuant sans cesse devant l'imagination des artistes ces graniles scènes du monde héroiijue, en leur donnant pour ainsi dire un corps sur la scène, les poètes tragiques ont dû exercer la plus grande influence sur les créations de la plasii(]ue '.
Sans doute, un grand sculpteur ne suivait pas servilement les com- binaisons (juMl avait vues au lliéfitit'; mais (|ui oserait nierque cer- taines scènes n'eussent pas laissé dans son Ame une impression ineiïaçable et (juc celle pi'ciiiière impulsion donnée par le poète ne dût pas se révéler dans l'o'uvre de l'artiste?
Nous avons vu (lue le groupe du Laocoon n'a pas pu être inspiré par les (puvres des poètes épiques. Ce mythe ne se prèle pas non plusîl une roprésenlalion plastique. I.a combinaison de trois corps humains et de deux serpents n'a rien en elle-même (pii puisse ten- ter le ciseau d'un sculi)leui-. Oui donc a pu pousser les artistes de Rhodes à s'imposer une lâche ingrate, diflicile, élrange, si ce n'est l'ipuvre de (iuel(|ue grand lragi(|uc? Que ce soit Sophocle ou un autre, le poète qui a eu l'audace d'évoquer sur la scène à la lin d'une tragédie, celte apparition lerriliante du i)ère el des fils enve- loppés des mêmes reptiles, a dil être la cause première de la créa- tion jusqu'à présent inexpliquéi- du groupe du Laocoon.
1. Et nou sculcinciit sur ceUcs ili- la srulilurc, omis aussi sur celles do la poin- ture sur VMO. l'ni- peinture sur uiicrnltrc tl» musc'c l'*ol, A Cfiiî-vc, rcprûsiMito Oroste plac»- entrcle Kpcciro de Clyltmnrstrc et le dieu Apollon. Mnl(çrtS une certain" in- tention de r.tirc rire, f|ui fri^e la cariruniri', Um monvfinentK, les costumes, l'allitud.! dc6 pt•r^onha^{( 8, iudi'iuciit (juc k peintre u él(iiu3j)irc par une scèuc «ju il avuil vue au tbcÀlrc.
m: i.A()(:.)r)\ r.T i.k ciiouim: F) atiii \v. l.p.j
iNous soiniucs certains (jii'il ;i cxislé un ilr.imc dont la calaslioplic (lovait etro l'anAanlissonKiiit de la race en(i("'re du pnMre sarri- l(^.'e.
Nons nr pouvons allirnii'i- ijiii' Sophocle ail élr le créateur de ce drnoïKMHi'nl, mais la jrgciidi' di; l.aocoon une fois mise au théâtre par Soj)lioc,le, elle a dû cire reprise souvent, comme tou!(!s les autres tra^'édies du grand i)oéte athénien, et, parmi toutes les mo- dilicalions ({u'elle a pu siildi-, celle d'une catastrophe représentant la mort simultanée de Laocoon et de ses fils est la plus naturelle et la mieux iiiotivce. Nous savons, en cITcl, que dans la tragédie de Sophocle l'apparition des serpents n'était pas le dernier acte du drame; cette scène alTreuse n'était ([u'un des épisodes précurseurs de la ruine d'Ilion, et elle était suivie d'un dernier tahlcau repré- sentant la fuite d'Énée, et sans doute aussi toutes les horreurs d'une ville livrée à la flamme et à l'épée '. FI est donc prohablo (ju'après Sophocle on a voulu limiter le drame à l'épisode de Lao- coon, et, dansée cas, le dénouement le plus naturel, le plus ira- gi(iue, celui qui devait se présenter lui-même aux poêles, peut-être aux acteurs chargés de remanier le drame sophocléen, c'était cet anéan'.issement instantané de toute la génération du prêtre Iroyen. C'est ce drame qui a dû inspirer Pisandre, Euphorion et Virgile; car, si cette tradition n'existait pas avant eux, il n'y aurait eu au- cune laison pour que des poètes épiques, — qui se basent toujours sur des légendes populairco, — l'introduisissent dans leurs ceuvres.
Ainsi les récits de Pisandre et de Virgile combinés avec l'exis- tence du groupe du Laocoon nous ont conduits à h conviction, presque à la certitude qu'il a dû exister un drame — • de Sophocle ou de ses imitateurs — dont le dernier acte était !a mort de Laocoon.
Mais, cette scène une fois inventée, on sent quelles dilTicultés
1. Denys d'Halicaniasse, .l/i/iV/. 1,48, expose que dans le Aaocoo;2 Sophocle raconte la fuite d'Éiiiîc averti par le supplice des liis;de Laocoon. Cf. Proclus, C/irest. p. 400. Mais la légende dusacrilùge commis par Laocoon, et source de tous ses mal- heurs, existait avant Sophocle, cunime le prouvent les scholies du Fuldensis à VE- néu/e,\l,'20l : «Sanc B.icchilides deLaocoonteet M.roree/Mî vel de serpcnlibus a Ca- lydnis insulis vcnientibus atque in liomincs convcrsisdicit. » Les mots et uxore ej'u.- ne peuvent se rapporter qu'au crime mentionné par Scrvius (voyez p. 72 dans la note). Ainsi un poète lyrique célèbre, comme Bacchylides, avait déj^ attribué à un sa- crilège la mon de Laocoon. C'était un fait que Sophocle uc pouvait pas ignorer. D'ailleurs si Laucooucbt co'jp;iblc lui-mûmc, il est clair qu'il doit périr avec 6e& liU.
lAO HKviK Aiu:ni:oi.or.iot'i-..
ont ilù ^'oppos(>r à >a repiï-scnlalion. Il a lillii ^'roupt'r avci; art sur Vckkuhlt'ina les troi? arlciirs el les ticux serpents. Un a dil rc- clierrlier la combinaison la plus plastique et la plus saisissante de ces trois t'Icnienls disparates. Cette dilliculti! a dû suri,'ir à cliaipic repré.seiilalion. On voit donc comment sa solution a jm oITiir (lucl [ue atlrait aux sculpteurs contemporains, on comprcnl com- ment, sous l'impression d'un drame célèhre et de certaines réminis- cences de la frise de Perganie que nous analyserons plus lard, Allianodore, Agcsandre el l'olydore ont pu (Hre conduits i\ choisir ce mythe si défavorable à leur art.
On a dit avec raison que le groupe du Laocoon n'était pas (rn- gique en lui-même, parce (|u'il ne représente ([ue la douleur phy- siijue et la dernière crise du supplice, sans pouvoir iiidiiiuer la cause de ce châtiment. .Mais si, à la lin d'une liagcdie magistrale, où ce dénouement aurait élé préparé de longue main, où les récils des envoyés, les cris du chœur, des femmes cl des enfants, les craintes tie Laocoon, l'agitation de la mer et les silllcments des rep- tiles auraient fait pressentir aux spectateurs l'horreur du supplice qui va être infligé à Laocoon, si à cet instant on voyait, pendant quelques minutes, surgir tout à coup, au fond du théâtre, sur Vekl.n- klcma, le groupe du Vatican éclairé des rellels rougeâlres d'Ilion s'écroulant dans les llammcs, l'ellel ne serait pas seulement fantas- tique, mais il serait encoie profondément Ivniiiqucl
Nous ne voulons pas dire (jue le groupe du I.,aocoon a élé créé uniquement dans ce but, théâtral, mais nous croyons avoir fait sen- tir que le choix de cet étrange sujet, — pres(|ue incompatible avec les exigences et les lois de la sculpture, — a élé dû avant tout à l'induence du Ihcàlre tragique.
ADRIE.N WAUNON. (La suite prochainement.)
NOTKS
LIÎS raiOOES (lllliÉTIKNNES IIEI/ITALIE
(sriTi;)
VI
DES ÉLÉMENTS ANTIQUES DANS LKS MOSAÏQUES ROMAINES DU MOYEN AGE.
Dans un liavail publié ici même il y a quelques années, au mois (le novembre 1878 et au mois d'août d879, j'ai entrepris de dé- montrer que deux des plus célèbres mosaïques de la Ville éternelle, les compositions absidales de Saint-Jean-de-I.atran et de Sainte- Marie-Majeure, reproduisaient des motifs propres à l'art chrétien primitif, et que l'on était en droit de les considérer soit comme des mosaïques du v° siècle, restaurées et remaniées, soit comme des copies de mosaïques remontant à cette époque.
Depuis, j'ai eu la joie de voir le juge le plus autorisé en pareille matière, M. de Ro.si, adopter mon hypolbèse, la fortifier par de nouveaux arguments, enfin lui donner sa véritable consécration scientifique. (Ju'il me soit permis, avant d'aller plus loin, de céder la parole à mon illustre maître, et de reproduire celles du moins de ses considérations dans lesquelles sa bienveillance à mon égard ne l'a pas emporté trop loin : « L'artiste du xiii-^ siècle, dit M. de llossi
1. Voyez la Revue archéoh.giqut'^ septembre 187/i, octobre et novembre 1875 décembre 187G, ja-jvier et septembre 1877, juin et ovcmbre 1878, août 1879.
l'kl nEVUE AncnÉOLOGiyiR.
s*e.<t-il conlt nié d'imiler h sa guise, dans la mosaïque de Sainle- Maiie-.Majenre, eelle espùre de (N'coration d'un lypo classi(|ue, ou bien n"a-l-il pas plutiM, non seuli-nienl reinoluit exactement les ornemrnts de l'aneiiMine abside du v° siècle, (jui menaçait ruine, mais nii^me conservé dans la zone infêiiciiie une partie de l'an- cienne niosai<iue ".■' C'est la ijucstion (jue >e pose M. Muntz. L'exemple de ce que Jacciues Tonili avait fait dans la basilique de Lalran lui parait donner un certain poids à sa conjecture; de plus, un li'inoii,'n;ige liistoriiiue, dont il lire parti fort à propos, piouve jusqu'à l'évidence la relation entre la mosaïque antérieure et la nou- velle, ainsi que la probabilité (lu'une partie de la première a été res- tituée et insérée dans la seconde. Dans la hrscriiiliu sdnctuani Latc- raiiensis rcclcsiœ, document (jue nous avons déjà cité et dont la date doit se placer entre les années 1073 et llo'.), il est dit à propos de l'abside de Sainte-Marie-M.M(urc,i\ une époque (jui précède de deux siècles environ les nouveaux travaux de Nicolas IV : « lliec absida « nimis pulcbra de musivo est cllecta ; nam videntur a pluribus pis- « ces ibi in lloribus etbestiie cum avibus. » Donc, bien avant le pon- tifical de Nicolas lY, cette abside était décorée dune très belle mosai- (juc, (jui était remaniuablc à cause de ses poissons, de ses oiseaux et autres animaux placés a in iloribus », c'esl-à-dire au milieu d'une décoration de fleurs ou de volutes fleuries de vignes. Aucune des nombreuses mosaï(iues (jui nous restent encore de Pascal I" ne pré- sente ce genre de composition; il faut remontera l'âge des origines de la basilique et à Siècle lil [432-l'i<)) pour trouver un exemple analogue à celui dont l'écrivain du xi' ou du xii" siècle nous a laissé la description. Nous souscrivons donc volontiers ii l'ingénieuse opi- nion de Jil.Miintz et aux raisons (juil a mises en avant pour trouver que dans l'abside du xiii' siècle de Sainte-Mai ie-Majeure il existe une partie ou au moins une réminiscence et une imitation des ornements de celle du V '. »
Encouragé par cette baute approbation, je viens aujourd'hui compléter ma démonstration, c'esl-à-dire, rechercher si le système (juej'ai préconisé ne peut pas s'appliquer h quelques autres pein- tures en mosaïque, jusiju'ici attnbuée> au moyen Age.
1. iliaaici criitiani. Mosaïque de l'aliside de Saintc-Maric-Majourc.
NOTES suii Li;s .uosAkiUKS ciinih'iENNES i)i: i.'iiM.ii.. li;i
1
Unedc^mosai(|UL'S roiiiaiiies les plus célèbres est celle dont (loîis- laiilin lUoriiiT r.ilisiih; de la hasilique da Vatican. Le Librr poiiti- (Icalis, noire supivine ressource pour l'étude de celle épo(|ue, m- nienlionne pas, il est vrai, ce genre de décoration; il se borne à dire : «Coiistanlinus Aug. fecil basilicani bcato i*elro apnslolo ex i-o;,'atu Silveslri episcopi in teniplo Ajjollini.s... in ijuo loco corpus cju.sdem aposloli mirilice collocavit ' ». Mii'is Vltincrnire d'Einsiedrlu déjà vient comi)ler celte lacune en nous apprenant ([ue l'arc de la ba- siliiiue renfennait une inscription conçue comme suit, insiription que nous montreron.s dans la suite avoir été tracée en •< ojtus ver- miculalum » :
Qnod duce U mnndus surrexit in aslra triainphans, Ilnur Coustautiniis riclor tihi condidit dulam-.
Trois siècles plus tard la inosaniue avait déj;\ besoin de réparations, preuve de son anlii|uilé. «Severinus renovavil absidamB. Felriapos- toli ex musivo, (juod dirutum eral ■^. »» Ciampiiii prétend que ce travail eut lieu en 038 \ mais cette date est fausse, Séverin n'ayant été proclamé pape qu'en (J40. Bien d'autres épreuves attendaient cette composilion : au -xiii" siècle Innocent III (1108-1216) en renouvela une partie et y introduisit son portrait; au commencement du xvi" siècle Jules II fit détruire l'arc avec rinscri[>tion Qnod dncc;
1. Vita S. Silvestri, § i/j. M. Valentini sait l'année, le jour et presque l'heure de la consécration de l'éditici', : « compiuta clic fù l'edificazione di questa novclla Basi- lica venue soleniiomentc consecrata da S. Silvestro il 18 novembre 324. » Lapulriar- cale liasilica V"ticana {Rome, 18i5-1855), t. I, p. G.
2. Urlichs, Codex urbù Roi/kl- toporjiaphicus (Wurzbourg, 1871), p. GO. Muratori {Inscriptiones, p. 1853) écrit « iriumpluis » et croit que l'inscription est postérieure de quelques siècles :\ Constantin. Voy. aussi .Mai, Vet. scnptorum nova collectio, t. V, p. 105, note. Rapprocher cette inscription de celle que Didier, abbé du Mont- Cassio, fit placer dans son mouastcre, au xi« siècle :
Vt duce te patriit justis potuUur (sic) ulejita, Uinc Desiderius pater hanc tibi ojudidit uitlatu.
3. Lib. Pont., Vita Severini, §V. U- De siicris œdificiis, p. 42.
5. AadrcaFulvio, qui vivait sous Julos II et Léon X, nous dit que «logcbalur naper
IVi HKVLK AIlCIIKOLOdlOt'K.
en l."t'.>J, iMilin. r.U^iucnl VIII (lomia ritiiiie d'ahallrc ce qui restait iiiroro lie la in<><aii|iu', fVsl-;i-ilire la coinjtusilion incrustée dans la coiu'ha. IM. xi\).
Si la mosaïque absiilale de Saml-l'u'irr n'cxisli' plus, nous en possi'dons du moins plusieurs copies anciennes, dont lune, exécutée par ordre du pape, et cerliliée conforme par un prolonolaire apostolique, est conservée dans les archives du chapitre de Sainl- Pierrc, où il m'a été donné de l'examiner '. On y aiierçoil sur le sol, au-dessous des ti},Mires principale^;, plusieurs scènes de dimensions cxifruës,eldonlladispositin!i. non moins(|ue le style, rappelle l'anli- (piilé classi(|ue : citons paiini elles des lulclierons placés prés d'un édicule et fiappanl un arhre a coups de hache, tandis qu'un lion s'ap- proche (le luii d'eux. La signilication de ces scènes est assczénigma- ti(|ue (Mirr Harluerde Montaulty voit la personnification des saisonsi -; mais ce point importe peu à la solution ilu prohléme (jue nous cherchons à résoudre; ce qu'il est essentiel de constater, c'est l'éié- jrance, lei-aractére éminemment décoratif de ces petites composi- tions : elles olïicnt iiiliiiimeiit plus d'anaio^'iesavec les peintures de l'empire romain qu'avec celles du moyen ûge.
La ressemblance de la scène principale, le Christ assis entre saint Pierre et saint l'aul, avec les représentations connues sous le nom de Don du (Unist ou Christ triomphant, si fré(juenles dans l'art chrélien piimilif, ne peut (jue coiioboier une telle manière de voir. Signalons aussi les doux ceifs s'approchant des lleuves du paradis {Gion, l'Iiison, Tiyris, Euphratcs) ; ils rappellent de la manière la plus frappante les mosaiijues absidalesdu Lalran elde Sainte-Marie- iMajeiire.
Mais (juc devient noire conjecture en présence de l'inscription
iii abside quu* iiunc diruta est dibtichùii ex inusivo paucis n<>tum : i/whI duce tf.... » Auti'/uU'itei i'r/jis{ Home, 1527^, fol. xxxv.
1. Deux autres copies anciennes se trouvent à la bibliolliùquc du Vatican, dajis le recueil de dessins de Ciacconio, XXXIV, 50, fui. l.'>8; deux & la bibliothèque Uarberini (XLIX, n» 19, fol. iO;-, une cinquième & l'Anibiosienni; 'F. iiif. n* 227, fol. 3;; unesixitme enfin à notre Diblioiliéquc naiionale fnouNeau fonds italien, mo- numents de la primitivi- f^pliso, u* 0, t. II; larg. 0">,liS, liaut. (i"',39/. Ji; dois la connaissance de cette dernière h notre Oniinont arclièolo;:ue M. I.o Bl.mt, que je suis heureux de pouvoir remercier ici de son obligcancr. (lianipini a publié une gravure assez exacte de la copie conservée aux archives di- Saint Pierre ; il a notamment rctipect»; la forme dt-s Inscriptions qui ont ttii alién'cs par Torrigio (Sdcrc ijrvtte \'u- tirani;, é'i. de M/S'J, p. 03 et suiv.) it pur h's Hoilandistcs {Artn xiiwlDiunt, juin, t. Vil, p. 135,.
2, Lr$ ioul'it aim et ic lirtor de Sauit-I'i''rrr (Umnc, 18(30), p. 77.
NUTKS suii LKs MosAigUKs chiikhknm;."; di: i.'iim.ii:. |'i5
léonine siiiv.iiilc, (tnrri! .iii-dessoiis de l,i mosai |ii<j, lucuvc bien évulenlc d'iiin' oiit^'iiit; iiii'dirvalc :
Sitiniiin Pelri si-des est hivc sacra jninciiiis œdes, Malrr cuiiclantin décor et dmis ircirsitiritm. Ih'iotiis (]liristn qui Inniilo sfiiil m isio Flores liitnti^ enriiil /) mliisijiti' snhilis.
(Jiic devient- die siirhmi (Il pi rsciicc du poi Irait d liinocciit III, (jiii (Ml so faisant rciirésciilor dans la haiidi; iiitériciiio de la composi- li(tn. (Ml r('L,Mrd de VEcrlesia roniaiia, S(3mble avoii- rcvr.'iidii|ii('' [)Our lui riioiiiieur d'avoir créi':' cellt; dé'cor.ilion 'V
Nous r(''poiidrons ([u'ici, coiiiin;' dans tant d'autres nioiiunienls romains, lepapenni a lait pioe(''deià la reslauialion a pu s"alli iijuer DUS les droits d'un V('iital)le rondaieiir: rii-n n'fUait plus facile que d'inlioduiro le portrait d'Innocent III dans un ouvraifo datant du IV' ou du V si(\'lé ; on ne proc(;da pas auliement jiour intercaler les portraits de saint François d'Assise et de saint Anloinc de l'adoue dans les mosaïi|U(S du Latran et de Sainte Marie-.Majeure.
Celle opinion, liàlons-nou.> de l'ajouter, ne date pas d'aujourd'hui. Dès le sii'cle dernier, les bollandisles ont essayé de prouver, en se fondant sur dos arguments d'ailleuis peu solides, que la mosaïijue absidale de Saint-Pierie était la copie d'un original détruit, original remontant au régne de Constantin-. Le témoignage des auteurs du xvi" siècle, (]ui ont encore vu la mo-
1. Le porirait d'Innocent III se irouve aujourd'hui, en compagnie de celui de Gré- goire IX, provenant de l'ancienne façade du Vatican, dans la chapelle dd la villa Catena, près de l'oli. llcumont, Geschichle der Slndt Hoin, t. III, irc partie, p. 321.
Un autre fragment, d.'nué de toute authenticité et ayant pi rdu tout caractère, se trouve dans les crjpios du Vatican, sous le n" 199. On lit sur la plaque de mir- bre fixile ;\ coté de lui ce ccrtilicat d'origine : » Pauli apostoli niusiva imago erit in apsida Innocentii papn; 111, antealtare S. Pétri, hic M. D. G. XXXI affixa ->. Ce frag- ment, mesurant 0"'.so do largo sur On'.Oj de haut, représente saint Paul; la tête et la poitrine seules ont éciiappti au\ coups îles dtmolisseurs, ei encon; la première a-t- clle été si mal restaurée qu'on la prendrait plutôt pour le portrait de saint Pierre que pour celui de saint Paul.
2. « ...diceniium picturam musivam Innocentii III, in apside Vaticana, quantum ad pra'cipuas ejus figuras attiiict, verosimiliter repra-sentare eadem quae reprœsen- tabat picturaibi n-novata a Severino papa, et primum facta (secundum indicatam opiuioMLin nostram) a S. Silvestro... conjici non temere potest apsidis ab Innoccriiio lil restaurata' picturam Innocentii setate multo antiquiorem esse. » Acta, juin, t. VU. p. 135, 137.
XLIV — 1(1
14G HEVIE AHCHKOLOGKJLK.
sai^iuotMi place, iloniiesinpiiliiToinenl do poids nu sysliMne soulonu par les ('dil«Miis dos Acin sanctorum. Koouloiis d'ahord Tiborio Alfa- rano, l'un di-s liislorii'iis les plus auloiiM-s de la ba-nlhiue : «(Jucï-la ahsida overo tribuna », dil-il, a ù la inedohiiiia i|uale (ii Talla rare da Couslanliiii) niiper;.tore, lulla oiiiat;i de iiiosivo, cl allrc figure et segni tlie >ino a ijueslo di se rilrovaiiD, (piali (sic) ^lU^aico, celc- brando uu giorno papa CIcnienle VII m d» llo allare, casc«'i un pezzo per il che volen lolo far ruinare tulu», perc'tiiisii;li(t di cerlo excellen- lis>iiiio luaesliu (il discepulu del (|ual(' me l'Iia rcferilo (|iie>l<» élu; lia lavoralo in ijuesf opéra) fu de lai modo iiicliio lalo detlo iiaisaico ihd muro did alisid.i cou cerle slelle de melallo inaiiiale pusle per loiza de Irapani eonliUo pni a mo io.le liivello, elic in ii più fu peri- coloclie d° musaico cascasse', elie referiva che era discoslu dal niuro in aleuiii luoghi più d'un paliiio, (|uali sielle lui^i si vegguno in segno el leslimomo de (jucbla eosa et ne leneniu una flie é ca.s- cata quesli giorni pas.sali.»
Un eontempuioiii d'AU'araiio, J.iciiues (Jrimaldi, socciipe plus spécialement de la mosai(iue de l'arc Iriumplial, c'esl-à-dire de l'are précédant l'abside proprement dite-; il nous dit (ju'elle élail urnée d'une inscriilion rappelant la i)art (jue Constanlin avait eue à sa fondation: » Versus luusivcis litlcris in arcu m:ijure veleiis Valicaice basiliCiX' in capite coluiiiiiaïuiii iiiediu3 navis anle araiu iiiaxim un :
{Juud duce le inundus suri eut m aslia (i lumiiliuns liane Conslaidinus victor tiOi cundidit (luiuin.
Hic arcus periit sub Julio 2", in demolllione pu>Unoris partis ba- silicy. Apsidie conjuiiclus paries ad seplentriones (démentis VIII pontllicatu mullis liistoriis b. Pelri musivcis,, sed peiie VLlustaleel
t. L/Q documtul inédit lits Arcliivcs de la l'abriquo do Saiiit-l'icrrc nous apprend que le nialtrc ciiargé de ce travail no fut autre que le ctilèbru Jean d'Udiue : 1531, 15 avril, u A maestro Giovanni da Ldinu per acronciatura del mu-aico di San Pictro duc. :!5. Il 7 juin. «duc. 10 di caincra a M"" Gio. d.» L'dine, per più stelle di brouzo per il musaiciio. »
•j. .Sur la gravure de l'ietro Suuli Hartoii {Tnbunadi musuico Jel/acfiicsn nntic/tii di S. Ptelro in Vatican»^ ilcrntta du Carlo l'ulr<i/io, discjuald el intuylinla iln Pielro Saiiti linrtuli), il s'agit non de l'arc triomphal, mai» de l'arc de la tribune, c'c^t-.'i dire de l'arc (|ui précùde iimiiéilialemciil la cuiicliu de l'absid'-. Nous devons faire observer que les huit ligures tracées sur cet arc, les apolres uccompugné» de brebis, pourraient bien être uu produit de la trop (écunde imagination de l'ar- tiite.
NOTRs sim m;s mosaiouks ciihkiiknm.s di: i.'hauk, J't7
imbro ca-calis onialiis erat. Conslatilini tcmpoio hos Un conscrijilos versus afllniial Maiilieus Vi'ggius sic. (Juoriim caracleros longo vt'Iusti |i('ii('(|U(! (Jixciiin dccrepili nulluin cliain aliu I (juain Cons- taiiliiii liiii|iiis, (luu il)i Cdiiscripli siuil iii.iiiircyic argmie vidi-iiliir. Smit et iii alio arcii absidiL', super allare niajus, alko liller.'nqua; ne- gligcnlius lialiil;i! niajori ex parte corrucnint, sed ex paucis caruiii qua; vix adliiir, Icgi possuiil depreliondunlur, licel non intègre, verha h.i'c :
Conslanliniis rxpintd liuslili Incnrsio)!!' '. »
Oiiantà Oiiofiio l'aiiviiiio, apirs avoir rovcndiqué une partie du la décoration de l'abside pour le règne de Constantin, il ajoiilc. par une exagération évidente, i\uc la mosaïque de la cnnrlia, celle-là même dont nous nous occupons, a été faite entièrement par Inno- cent III : (( Alisidam liasilic;i'... musiveis figuris primus ornavit Constantinus, quarum pauio inlra, ex utroquc parietum latere, ali- quol vesligia exlanl, ut ex liis versibus, qui in ca erant, manifeslum eral :
Quod duce le mundus surrexit in astra triuwphnm Hanc Constantinus victor tibi condidil anlani.
Musiveas easdem imagines temporis injuria exolescentes renova- vil Severinus papa, ut tradit bibliolhccarius, quas dirutas omnino, ut nuncaspicimus, refccit Innocentius III. » Ailleurs il dit, en par- lant de l'inscription: « qui cliaracleres vetusiissimi et pia'gnmdes, etiam exolescentes, nuUum aliud quam Constantiui lempus, quo ibi scripti sunt, arguere vidcbantur-. »
En résumé, les témoignages si formels sur la présence, dans la mosaïque absidale de Saint-Pierre, de fragments remontant à l'ère constantinicnne, el, d'autre part, le caractère même de celte mosaï- que, avec ses réminiscences antiques si frappantes, nous autorisent à croire que nous avons affaire, ici, coFnme au I.atran et à Sainte-
1. Bibl. Barberini, XWIV, 50, fol. IC'i, v.
2. Bibl. nation., fonds latin, n" 3179, liv. III, cli. !i, fol. 211, 22;), et Spici/egium romamtm de Mai, t. MF, y. 230. t. IX, p. 225.
1 iS RKVUK AnCHKOLOC.lMUK.
Mnrit^-MnjiMiic, snii à la mosalfiiie orijîinalo. rcslauivc cl rciiinnirc soil ù uiif copie, Itgi'renuMil ir.oilifiée, do la cdinposilion originale,
il
Plus enrore quo la innsaïiiie alisidale dt» Saint-Pienv, relie de Sainl-Clëmenl oITre des motifs propres à Tari rlirélien des premiers siècles; la diin-renre d'inspiralion el de style csl siirloul seiisihie si nous comparons la mosaïipie de la coiicliaà cclli'dc l'arc de la lii- l'unc. ici, il faut tout d'aliord le dcclarer, nous avons affaire à uni' œuvre du xir on du xi:i' siècle. On sait, en elTcl, que la liasiliijue actuelle de Sainl-llh'menl a t'ic (■Ifvée au xii" sirclc seulement, sur les ruines d'une ha-iliiiuc jdiis ancienne, retrouvée et ilégagée il y a une vingtaine (rannées. Mais si celle mosai |ue est relativement moderne, (}uanl à la date de son exécution, toulnous autorise à aflir- mer que, quant à sa composition, elle se liorne à reproduire, avec ([uelcjucs légères variantes, une mosaii|ue beaucoup pins ancienne ; selon toute vraiseuiblance, celle (]ui ornait la basiliijue inférieure. M. de Rossi nous apprend que l'on pouvait pénétrer dans cette der- nière au XI' siècle enci re, en IO*i'.) ' ; ne sommes-nous pas en droit de supposer (lue l'on en a profité pour copier une œuvre à la(|uelle s'attacliait la vénération universelle? Peut-èlre même s'est-on servi des cubes d'émail île celle mosaïque primitive pour exécuter la mosaïque nouvelle, de même ijue l'on a employé pour le cliancel de la basirKjuc nouvelle les marbres de la basilique souterraine, ('es sortes d'adaptations ne sont pas rares au mo\en âge. nous le savons par l'exemple dedharUinagne (jui mil en coupe réglée les mosaitiues de Ravenne.
Ce (|ui frappe avant tout dans la composition absidale de Saint- Clérnerit'IM.wiii), c'est sa ressemblance avec la mosaiiiue du portique (Je Sainl-Venance, situé àipicbiues pas de là (baptistère deConstanliii. au Latran). Dans l'une comme dans l'autre, d'immenses iineeaux couvrent le cbamp de l'altsidf! et forment le iiKilif principal de la décoration. H e-t vrai tpie ri-ix du puiliqtie de Saint-Venance l'em- portent singiiliériMiient par leur légèreté, leur élégance ; mais cette sujiéritirilé n'a rien (pii doive nous élonnei'; les juges les plus auto- risés sont aujourd'iiui d'accord pour attribuer la décoration du por- li(iue à 11 lin du iv'ou au coiiimencemenl du v siècle. c'es!-à-dire. h une époque où la Iradilion classique élail encore dans toute sa
1. yniOf .,,(•■>;,■ 'l-nle dellll liflSlll-n .1. <.,., Il,n„,.l,
NOÏhS ;-L'H l.l> MO'^Mol'KS CIIIIKIIKNNKS KK l.'l r \ f.I K. W'.i
foi'c'O. I/.ulisli' lin ijKiyrii ;li,'(' ;iiii|ii(l nous «levons la niosaïiinc de Sainl-dlt'nicnl ne pouvait (''Vidcmnii-nt s'élovcr à la iiaulcnr d'un Ici nu)d(''l(\ nit"^inc en s'asIreij^'Mant à une rcinodurlion Icxlujdjc
Si nous cxauiinnns niainlcnanl l'iMnpIoi des rinceaux comme molif de di-i'oralion, nous trouvons (ju'il conslilU(3 un des Iralls (lislinclifs d(; la peinture clirélicnin; primitive. A Home, des rin- ceaux gigantosiiues formaient ou forment aujourd'liui emore la hase de la décoration île Sainte-(]onstance cl de Saintc-Maric-Majeure; h Napics, nous les trouvons dans le haptistère, monument du v" siècle; à Capoue, dans la chapelle de San Prisco; à Havenne, dans le mausolée de l'iacidie. ilans le li iplistére des orthodoxes et dans la hasilique de Saint-Vital.
Revenons aux nnaloj^ies entre la mosaïque de Saint-Clément et celle du portique de Sninl-Venance. Ainsi (lue M. de Rossi l'a fait remarquer, les pâlies, en co^tiiuK^ antique (penula; jamhes nues), qui, à Sainl-Clémenl. se trouvent dans le bas de la composition, rap- pellent de tous points ceux que l'on voyait autrefois dans la mosaï(iue de Sainl-Venance : la rejiroduction d'un modèle plus ancien est évidente, car ce costume cessa d'être porté à partir du triomphe des harharcs.
Si nous étendons notre examen à d'autres monuments des cinq ou six luiiniers siècles, les points de repère ne sont \k\s moins caracté- ristiques. Les cerfs se désaltérant aux fleuves ilu piradisse rencon- trent à Saint-Jcan-de-Lalran, à Sainte-Marie-Majeure, dans le mau- solée de Placidie et dans diverses autres mosaïques contemporaines. La profusion des oiseaux est également une preuve de la haute anti- quité de la composition traduite sur la conclia de Saint-Clément : elle rappelle la décoration des deux chapelles du baptistère de Constantin, celle .!u baptistère de Naples,de Saint-Vital de Ravenne, do Sainte-Mnrie-Majeure. En ce qui concerne les douze colombes représentées sur le crucitîx, M. de Rossi les a rapprochées avec raison des figures similaires de la mosaïque de Noie, décrite par saint Paulin, et de celles qui sont sculptées sur les sarcophages du iv" et du ve siècle '.
Les génies nus placés entre les rinceaux méritent surtout de fixer l'attention. Par la liberté de leurs mouvements et la variété de leurs attitudes, ils rappellent de la manière la plus frappante les modèles du temps de Constantin; je crois même pouvoir aller plus loin, et les rattacher, rapprochement qui n'a pas été fait jusqu'ici,
1. Musitci a-istioni: abside iJella Baulica di Suu Clcmcutc, p. 3.
J50 REVUR AnCHKOLOilKU K.
nux I^ros de la voillc annulairo de Sniiit<> (:)nslancc: rin<;piralion est idiMiliciue, (luoiquf lis liguies de Suiil-dléincnl soiciil loin davoir la grâce (lui caraeléiis"' li-urs alnres du iv" sièeje,«'l nuoitiiie Ton eonslale une eerlainc dilTérenec dans les fails ou gestes de ces pcrsonn i^es si rniinciiiinenl païens : à Sainle-C.oiistance, ils planent en t|U(li|ue sorte dans les air>; ;\ Sainl-Oli'nit-nl, l'un joue de la noie, un autre numlre une corne d'abondance, un troisième en- fourchi- un dauphin (ceilernier motif, on se le rappelle, se rencontre dans les niosaïiiues du Latran el de S.iiiite-Marie-Mijeure, (|Ui sem- blent l'avoir clles-niômes emprunté ;i I.i décoraiion de la coupole de Sainte-Constance).
11 est cependant dans la mosaïque de Sainl-fdément, comme dans colles du Latran, de Sainte-.Marie-Majeurc, de Saint- Pierre, un cer- tain nombre de motifs (jue l'artiste du xii" siècle n"a p.is pu emprun- ter à ses prédécesseurs, pour la raison ijuc ceux-ci les ignoraient, cl qu'il faut porter à l'actif du moyen âge proprement dit. De ce nombre i^onl les docteurs de l'Kdise, placés dans les intervalles des rinceaux, el la Crucitixion, scène si rarement représentée dans les sanctuaires des douze premiers siècles.
Notons encore lesjinalogies entre rorncracnlalion du velarium de Saint-Clément et celle des velaria de Sainte-Marie du Transtévère et de Sainte-Marie-Nouvclle (Santa Francesca Uomanai : agneaux de- bout (ce motif se trouve également dans la mosaï(|ue du porliiiue de Saint-Venance), main tenant la couronne, etc. Les oiseaux placés dans des cages, à l'extrénuté gauche inférieure de la mos.iïque, méritent aussi une mention spéciale : les mosaïstes de Saint-Clément s'y sont rencontrés avec ceux des deux basiliques que nous venons lie citer.
.\dnu'tlra-t-on. après ce qui vient d'èlre dil, (jue les auleurs de la mosaïque de Sainl-Clément, c.cf. arlislt s <|ui ont fait preuve d'une si grande ignorance dans la décoraiion de l'arc de la tribune, se soient ingéniés, dans la décoration de la concha, à recben lur partout, dans le portique de Saint-Venance, à Saint-Jean-de-Latran, à Sainte- Constance, sur les sarcophages, etc., etc., les symboles les plus ca- ractéristi(iues, les motifs les plus |)iltoresques de la primitive école chrétienne;' ou bien ne préférera-t-on pas tout simplement considé- rer leur travail comuii- la reproduction, légéreuient nimliliée. d'un original existant au même endroit, dans la basili(jue inférieure? Telb: est la <|uestion (jue nous soumettons au Ici leur, pleins de con- fiance dans le résultat de ses méditations.
NOTKS suit LKS .MOSAKjUK.S (JIHLTIENNI.S DK l/lTALIK. 181
III
l,rs (|ii;ilr.' composilions rpie nous venons d'cvaininor si; ralta- clicnl IduIcs à (les 6(li(ic('s niipartcnantà la promirrc jn'Tiode di; l'art cliirliiM) : (lo là CGlU; pn'ilomin.anrc d'c'iï'inonls nntiqups, qui est bien failc pour surprondrodans dos ouvrai,'fisal(iihu('ssi lon;,'tiMiips, poui- l'invention aussi bien (pie pour l'exùculion, au xii' et au Mii'siècle. Si la ville de Honu' avait clé à cette rpoque le centre d'un vérilalilc mouvement de renaissance, si ses vaillants u mai-mo- rarii d, les iJaiiuci-io, li-s Paolo, les Vassaletus, les Cosmali, suivis en cela par Jac(|U('s Toiiiii, s'étaient {iroposé l'imitation rigoureuse de l'antiipie, il serait tout naturel que nous retrouvassions les mômes tendances dans celles des compositions que nous savons d'une ma- nière pertinente avoir pris naissance pendant le xii" et le xiii" siè- cle. Or, nous avons beau analyser les mosaïques de Sainte-Marie in Trasirrerc et de Sainte-Franroise-Romaine, appartenant toutes deux au pontificat d'Innocent II ili;U)-l 1 4;'>), celle de Saint-Paul hors les murs, exècutècsousllonoriusl II ( 1211)- 12-27)Jes fresques de Calixte II (Il 19-1 l-^'i) dans l'ancien palais du Latran ', les peintures ou mosaï- ques contemporaines ornant les autres sanctuaires ou palais de Rome, nulle part nous ne trouvons la moindre réminiscence de cette anti quité (jui comptait cependant, à ce moment encore, tant de chefs- d'œuvre sur les bords du Tibre.
En résume, le mouvement de renaissance que l'on a cru découvrir à Rome pendant le moyen âge s'est borné, pour la iicinture en mo- saïi|ue, à la restauration de quelques compositions dans les données fournies par les fragments encore existants; tout au plus les mo- saïstes ont-ils poussé l'ambition jusqu'à copier un monument qui allait disparaître et dont il importait de conserver le souvenir à la piété des fidèles. La puissance créatrice, la force d'évocation leur ont fait défaut; ils n'ont pas su, comme leurs successeurs du xv* et du xvi'- siècle, développer et interprèler les idées du monde an- tique, les faire icvivre, créer à nouveau. Mais il n'en faut pas moins constater l'esprit critique dont ils ont fait preuve en copiant,
1. Voy. do Rossi, Esatnc storico ed archeologico dell' imagine di Vrbano II Pnpa e dclle ultre antic/tc pitiure nelV oratorio diS, Nicolo entra il paluzzo La- teranen.ie. Rome, 1881.
155 nF.Vl'F, AnCHÉOLOr.lQUK.
ayec une (ItltMilt^ relative, des fliofs-ii'iruvr.' exécutés ilans \\n si\ lo si iliffi Ti'hl ilu leur.
D'un autre côté, si le xir et le xiii'siécle voient tlimiuuer leur pari dans la création des <,M\indes pa^es ilu Latran, du Vatican, de Saiiite- Mane-Majeure, de Saint-Clément, le résultat de nos invcsli^jalions n"aura pas cependant été de tout point néi^atif : il y avait quelque intérêt, nous le crevons, à retrouver, 5ous des ouvrages attribués au moven àj:e, drs idéesetdes formes appartenant à la plus bt'lleépoijue de l'art chrétii-n, au iV et au \" siècle, et à augmenter le catalogue, encore trop incomplet, des splendides créations de rKglise au sortir de l'ère des persécutions.
KUG. MIJNTZ.
I, I s
LISTKS ROV/\|J:s KTIIIOl'IKNM-S
KT
LEUR AUTOllITÉ IIISTOIiloilK
22. — En dehors du Périple, les monuments grecs et éllilopiens nous r»'v«Mcnl re\is!oncc de personnan^es qui ont dû jouer un lôle importjnl d;ins leur pays, et (jui ont iiris soin de f;iire graver pour la postérité le récit de leurs conquêtes et de leurs victoires. Nous ver- rons si l'on peut retrouver avec quelque certitude sur les listes, le.s noms (lue nous ont tr.insmis les monuments hipid.iires. Ces inscrip- tions sont intéressantes pour Ihisioire et la géographie du iiaut Nil ; elles témoignent de l'existence de rapports étroits ayant exiMé entre les deux pays riverains de la mer Houge, bien avant l'époque chré- tienne, c'est-à-dire avant le iv siècle de notre ère et probjblemenl dés le I*' siècle.
INSCRIPTIONS.
23. — Les monuments épigraphiques de l'ancienne Eiliiopie sont de deux caléi^ories :
A. L'inscription grecque d'.VJulis.
B. L'inïcription grecque d Alcsum.
C. 1/inscriplion grecquedeTalmL-.
D. Deux inscr. ghcrz d'Alisum.
E. I/inscription copte de Den-
dur.
21. — A. i;in>criplion grecque d'AdulisCAooôXr,) est celle qui a été
1. Voir le nnnit'ro d'août.
154 RKVUE AnCHÈOI.OlWyUK.
ropitV pour la pr^Mln^I•e fois pnr Ko'tmns ' en .".'(."'i .loj. -('..; l'Ilc :i ('it' publiée t'n 16:M par Alialins. on 181'> par Hn kli cl en ISOiJ |.;ir Vivien S liii'.-Marlin V
Kllc se compose ilc deux fi ajimeiUs (juo Kosnias ronsidt'Tail comme h snile l'un de Taulre. mais ()tii en réalilc. ain-^i (]ue l'.i rccdnnu le premier le voyageur anglais Sali en 1H(>7, formeiil ilciix iiisnip- lions dislinries, U p^emi^re. de vinpl-qualre lii,'ne'. conreriianl IMo- lém«''e Kvcrg(^le i2M-t2i av. J.-d. ■• el par coiisé(|ULMil élraii^'rre à riiisloire qui nous occupe, el la deuxirmc, en trenlc-ntiif lignes, émananl d'un roi étbiopien donl le nom n'est pas doun»''.
Tout le commenccmcnl de l'inscripiion min-pie; nous somuies ainsi piivcs du prniccole indiijuatil le nom du mnii;iri|ue, roi des rois, arec la liste des peup'es vaincus depuis le pays de l'encens jusqu'à l'occident de rKlliioj»ie. I/inscriplion donne, en tous cns, le dclail de ces conqui^les. Le roi raconte "î^es vicloircs sur la nalion des nazi, raC») éOvo;. c'e«t-à-dire les Gheez^ sur lesdilTi iculs pcuiiies
«lu Nil au sud et au nord jusqu'en Egy[ile; <( tous ces peuples el
beaucoup d'autres sont venus d'eux-mêmes se soumellrc au tribut. El j'ai envoyé des forces de terre et de nier c ntre \e< Ai rbabiies, les Kina'idocolpiles (juilnilitetit do Vnulre rôle do In mer lùythvrr : leurs cliefs vaincus iii'dnl i^iyé tribut cl ils ont cessé d'iuiiuiéicr les roules de terre el de mer. J'ai ainsi porté mes arnie> depuis I.eui-é Corné jusqu'aux terr( s des Sabéens. Le premier et le seul des rois dont je descends, j'ai soumis tous ces peuples. Je rends cjiàces à Mars, le dieu 1res grand, de qui je lire mon origine; par lui j'ai pu soumeltre à ma puissance tous les peiiples qui confinent ;\ mon royaume, i\ l'o- lienl jusqu'au pays de l'encens, au coucliaiit jusqu'aux terres des Elbiopiens et de Saso .... Je suis descendu à .Adulis offrir un sacri- ficp à Jupiter, à Mars et à Niqitune pour la séciirilé des navigateurs. Kl ayant rassemblé là mes armées, j'y ai con.-'acré ce trône à Mars, dans la vingl-sepliéme année de mon régne ^'. »
2j. — Ainsi il s'agit d'un roi pnïen, adorateur des divinités grer-
1. Ko^mat indo/ilrusta in Topogrnphia chriitinnn nnno 5^5, é.lit. Monlfaucon.
2. <'orp. irifcr. drirr, iii-f*, t. III, p. SOS, on sp trouve le récil de Ko.siiias.
3. Journ. asiat , ociob. I8C3.
k. Corp. inscr. Crnr. t. lil. p. 509, lettre A et p. 511.
'.>. CVnt le nom indiKÎ-ne le plusanrifii que l'on Irouvo pour di^siynrr l'f'.iliiopie, ^dll • v*';, dont l-r snis CM « voyageur, librn ». M. Marit-tto a cru retrouver r.o noai dati^ l.n Kain drs listes de Knrnuk (Listes ijéoyinpUiipus tir K'iiHok, iii-4', 1875. p. îii,.
0. Traduciiun d( M Vivitii baiiil-Martin {Journ. atiut. ^oi-lub. 16C3, (). 347).
I.KS LlrilKS noVAI.r.S r rilIOl'IKNNKS. £55
(|iios, niiliTiciir |i;ir cnns^Mpiciit nu iv" siècle, époque de I;i rf)ri\('r- siitii (le rKiliiopie .111 cliri-ilianisine, (l'ii'i roi (|iii s'inlilule le iire- iiiicf (le s:i dyinislie, ttvoto; v.i\ y.ovo; 'yi'-.O.iwt rôiv Tiô oiùtoj el eriliri qui .1 (('•giié ;in moins viiigl-sepl ans.
Q.iel esl ce roi? Toute la iliniciilii' vient de l'inlerpri-lalion de ces mots : « le |)feiiiief el le seul dus rois dont ji' dcscr (id> )». I,a liste A de la deuxième période, (jui donne {)Oiji' cliaquc nioii.icqiic |(. rii.ni- bre d'années de règne, ne présente (jue deux d'eniic eux qui puis- sent répondre; à l'iinliealion de la duiée; ce sont : KlaAoïida, liste A, n° 11, trente ans de ni/ne, de lOl à lai de J.-C. TiA « ^fl>-^ i cl VÀA Azguâguâ "hli ! hll^^ ! nièuielisle, nMîj, (jui icj^Mia soixantc- dix-sepl ans, de l'i^ <à 2^1. En supposant qu'il faille ajiniter uik,' foi absolue aux nombres d'années de règne ilonnès par les listes, ce sérail donc, d'aprèsM. Vivien Saint-Martin, à l'un de ces deux rois (pi'il fau- drait attribuer l'inscription d'Adulis; a pcut-èlrc rantéiiorilé m me il'Kla-Aouda serail-elleun motif de préférence ^Ml ce qu'elle convien- drait bien au rôle de fontlaleur de l'empire aksuniite que l'inscrip- tion donne au prince dont elle consacre les actions '. »
Avec cette interprétation, comment placer Zoscalès par rapport ;\ ce roi fondateur de rcnipiic aiisumite ? M. Vivien Saint-.Mailiu ne se préoccupe pas de cette objection.
Les li,\i)otliésesse présentent ici en nombre. Ou Zoscalès et l'au- teur de Tinscription d'Adulis ont régné dans le môme pays, et alors il faut supprimer de la liste A tous les noms antérieurs î\ l£la-Aouda, à commencer par Za-lleqlè qui est idacé le huitième ; ou Za-IIeqlé, Zoscalès, est le même que le souverain de l'inscription, il faudra alors, comme il est ie premier de sa dynastie, supprimer également de la liste les sept rois qui figurent avant Za-He(|lè; ou bien Zosca- lès esl postérieur au roi d'Adulis et dans ce cas notre inscription esl aniérieure au voyageur du Périple; ou Zoscalès et le roi d'Adulis ont régné sur des pays dinërenls; ou enfin, dernière liypotbcse, nous proposerions d'interpréter les mots -pwTo; xal ix6^>o; [iacrOiojv rwv rSo aÙToS en ce sens que Ela Aouda esl le premier roi de sa famille sans être pour cela le fondateur de l'empire aksumilc ; il a eu jiai' consé- quent des prédécesseurs sur le trône, au nombre desquels Zu.-cilès, et rien n'est changé sur la liste indigène. J'incline donc à penser que l'inscription grecque d'Adulis est d'Ela-Aouda.
Dans le fragment de l'inscription que j"ai rapporté ci-dessus, le roi élliiopien raconte son expédition de l'autre côlé de la mer Ery-
t. Journ. asiut., p. 362.
l--)l) llliVlK AUCIlliOLOGI'Jl'i:.
llir/'O. P.Mir \n>^n ooinpnMidro co passapn, il csl luH'ossaire de jelor un roiip d'œil sur l'i lai do l'Aribie du sud à colle époque.
if), — Ihi lomps do Slr.ilioii, ou pitilûl (ri'raloslhèno (iTO-l'.il avant J.-C). cité par Slralion (liv, XVI, oli. iv, ^ ii), (|iialro poiiplos piiiioipiiK se parlagoaionl lo sud de l'Araliio : los .Mméeiis le long de la mer Kiylliri'e, avec Karna pour rapilalo; les Sahôens avec M;irialia pour rtiof-lieu; troisionioinonl les Catlalianros, dont le ter- ritoire s'étend jusqu'au doiroil d-' Bal-el-Mandcli où s'opère liabi- luellenient la traversée du i^olfe Arabiciue, et dont les rois ont pour résidenoo une ville a[ipelée Tainna; puis, pour linir, à rextréniilê orientale du pays, les Clialraniôliles, avee, la ville de Salialapour capi- tale '. Plus loin (même cliap., § 19). cilaot Arlémidore. qui érrivail cent ans après Kralostliène et 'ont an^ avant Strabon, ce dernier dit que les Sabéciis constituent la nation la plus puissante de l'Arabie et la plus fertile, grâce à leur commerce, sous le rapport duquel ils luttent avec les Gorrliéens du golfe Porsique. Enfin, parlant de son icmps ivers lo de J.-C). Slnbon ajoute ([ue lesSabéons ont fait leur soumission aux Romains à l'iniitaiidn des Syriens et des Nabatécns de Petra (| :fl .
Dos IIim\aii;os, il n'en est jias (]ucsti(m, bien (ju'ils soient men- tionnés par Arlémidore ain<:i (ju'on l'a vu ci-dossus; mais ils n'avaient sans iloute alors aucune puissance ot aucum; noloriètt'. C'étaient les Sabéens (|ui avaient la suprématie dans l'inlérieur du Yemen ; les Catlabanécs étaient maîlres de la côie de Muza à Okelis et du détroit; leur cajjitalo Tauva ou Woj^va n'a pu être retrouvée-. Mariaba au contraire, la métropole des Sabéens, existe encore aujour- d'hui 3; elle est souvent citée dans les inscriptions himyarites sous le nom de 2'""r nu tie Saba, Nzr ijui est l'éiiuivalent. à côté de Ileidân et de Sillien.
A l'épo |iio (je l'iine, les Cattabanées avaient fait place aux Géba- nitcs (Shm I "IVr*!' ^xz: ^nx dos inscr. bimyaritcs), i|ui étaien maîtres du porl d'Ukelis; quant aux Sabéen<, ils étaient soumis aux Himyarites, les(juels apparaissent alors couiino population impor- tanlc, numcrosissiitios rv.sv llomnilds *.
1. Tridiict. T.irdipii. t. Ul, p. 300.
2. V. Sproiigcr, § 246. I.cs (^aitabanét s jonl lis ^flX^ 'ZPT ^''^ inscriptions
3. V. n ilévy, 7oii;7i. «wn/., Janv. 1R72, y. i!»; juin 1K7:1, p. i37. C'osl A MAreb que »c trouvait la famcuhe digue, fl?)]] .^t'inh dos in<cr. Iiimyir., mod <_,>,U
h. Plinr, VI, 5 20.
I.KS l.isns ItoVALIS KTIMOPIE.N.NKS. 457
27. — Le mûinc r'i.il de clinscs existe à répoijne du voy.ige (h; l.i mer Kl vllir(''o; penilml (juc ZoscnhVs n"'{,'fi(' en Klliiopic, les lloiiié- rilescl lusSiibiH-ns ont |»oiir roi liVjiliiiic (lliarili.iël : \apiÇar,X evOcî- (xoç paiiXtù; ÈOvôiv S-Jo, xoû te '()ixt,cÎto'j /.ott toû irapaxEiuEvou XeYoat'voj 2i7- CxiTou, (3l la capitale est à Sapliar (inod. DtiafAr).
Ci; roi l(''f,Mtime était le souverain élu par les (Jail ou Tusavvot, soric lie princes-électeurs ou conléiléiés (pii choisissaient leur lolihd\ ar. [x.'^. Le périple delà H)er Krylliric nous fait ronnnîlrc ilcux de CCS tyrans ou feudataires. Ce sont :
Le tyran anonyme du pays des Maplioriles^ qui avait succédé aux Céhanilcs et coniiiiandait toulc la cùte sud de la mer Uougc à Muzn et Okelis.
Le tyran Ghohebus^ qui gouvernail à Savè, xlans le pays des
iMapIlOrites, ttoXi; ]Saûy] t7,; rspi ajr/;v Ma-iapiTioo; \f^o^i^y\:, "/lopa; îz~.\ ùz Tupavvo; xai xaroixiov aÙTr,v XoAai'So; (Pér., | '22), la Savé de Pline (VI, § 26), iaor, IkaîXeiov de Plolémée moil. Ta'iz).
Le roi (^liaribaiM et le tyran des Maplioriies se partageaient la souverainelé de l'Azanie, c'est-à-dire, ainsi (|u'on l'a vu, tout le pays des Somâls, situé de l'autre côlé de la mer, en Afrique, jus(|u'à
Uliapta : r, 'ACavta Xapt6ar,Ài xai tco Maï-aoeiV^ Tupâvvw fPér., | 3).
Le Périple ne cite pas le Hadramaut (Clialramôlitfs de Stralion, Atramiles de Pline , dont la capitale était Sabala (Scliabouat des inscr. bimyar.), mais il mentionne le port de Kané, qui appartient au roi Eléazos et fait partie de la région de l'encens : Kavr, [ia'jrAEta; T.XEtxî^ou ■/(');«; XiÇavwTOvopoi» (Pér., §27), « Cane tliuriferajrcgionis » dit Pline (mod. llisn Ghorâb sur l'océan Indien) ^ en face Dioscoride
1. V. Macoudi III, p. 225; Sprenger, §85; Kremer, Sûdarabische Sage (1S6C) p. 94.
2. Le pays rie Mafir, v. Sprenger, g kkô ; Ma?opî-ai de Ptolémée.
3. Xo).atêo; est le Kaleb scmitique; on trouve la forme Xa^Ca; dans les inscriptions grecques du Sinaï. Cliaribatl, nu mieux Cliaribail, se trouve dans les séries de rois himyarites. V. Tra/i-^acf. of HiUicaf. (trcheol., 1873, page 13; Jintni. asiui.. juin 1882, p. 382; Millier, Diirgrr und Sclilœiser, II, p. 31. M. Prideaux a publié ré- cemment dans le Journ'i/ a:/(iti^ur (lu [ienynle, tome L (18St), deux monnaies d'argent frappées i llaidan avec le nom de Karibuil lelma'm, qu'il pense être le CliaribaCl du Périple. Kn elTet Raïdan était le cliâieau ou hourf) de Dhafàr. Ces monnaies ne contenant aucune date, l'époque de leur fabrication reste toujours in- certaine à un siùclr près, vu l'incertitude de la chronologie des rois himyarites. M. J.-H. Moidtmnnn avait déjà, en 18S0 (Su»i. Zeitsrhr. de Vienne, t. XII, p. 307,, publié deux autres monnaies du môme Karibail lehna'm.
6. Célèbre par une inscription himyarite datée. V. ZDMG, 1872, p. 43G, et 1881, p. 38.
15S nKVLK AIICIIKDLOC.IUUK.
qui est SOUmist» au lUi'^mo roi, ■>, vT-ao; aoTi" -riô lîaiiXtT tt-; ),iC«va)TO-
9Ôfow(Périp|p, i'W).
Le nom ilo i*e roi du lladrauiaiil, K"/£ïv>;, ii'csl pnilMbloiiicnl qu'uni' alti Talion de la Inriiit' araltc ll-shai<ili qui st iKUivo dans les inscriplions liiniyanle:. (4'>^1h, n-'C Sx) et que les Grecs avaient également transcrite par llXisafOs '.
Quant aux Minéen?, Mîivaioi, Miwaïoi, duul lacapilaie d'après Éra- to.sthéncs et SlraluMi était Karna, ils constituaient une conféiiéralion de peuples diveis, parmi listiuels les Cliaram;ri de Pline, lionl le nom est resté dan.> Henât-Kliarm, remplacement actuel de Karna, et les Kiiidiles, qui jouèrent jilus tard, à répoijue antéi>laniique, un lûle important -. -Ils liabilaient le Nedjd, il M. J. Ilalévy a trouvé dans les ruines de Mein (une de leurs Nil Us principales; 1 1 aux envi- rons plus de trois cents inscriptions liimyarites écrites dans un dialecte particulier, que le savant vowigeur a appelé le luinéen, et (|uil distingue du sabéen ou liimyarite proprement dii et du liadra- mautiie \
Telle était la situation de l'Arabie vers la Un du i" siècle de notre ère.
2H. — Daprés l'inscription grecque d'Adulis, le roi d'Abyssinie avait fait une exjiédilion en Asie, et comme il ne parle pas des Ilimyariles, peuple puissant qu'il avait lieu de redouter, il faut croire ([u'il se borna à faire la guerre aux populations du Hedjaz, les Arilia'Mles ou Arabanites, les Kinaïdocolpites ', sans même enta- merle Iciiiloire des Sabéeus, lis(|uels restèrent soumis aux lliiiiya- riles. « J'ai porté mes armes depuis Leucé Corné jusqu'aux terres des Sabéeiis, » eo; tôjv iLaCaitôv /tôp;. (Juand il dit plus loin qu'il soumit tous les peuples à l'Orient jusiju'au pays de l'encens '/-.oavtoro- çpôp; xtipa), c'est par empbase si le loi ententl par là ilésij;ner le Hadiaiiiaul, (jui était, encore plus (pie le pays des Somàls la région tliuiifère, car il n'aurait jamais pu pénétrera Kané et à Syagros
1. Hatt'vy, JoMrn."»iV//., décembre 187 î, p. 518. Pridcaux dans Tramartiotlf of Itibt. nrcUeol., t. II, 1873, p. 12. Mordtmann, /.DMC, 1877, p. 7<i. 3. CatiRsin de l'crcrva!, t. II. p. 205. Sprcii(;pr, ij 237. 3. Mfin^ ~ou» en nrabp, est appelé H®^ p'- dans le» Inscriptions.
k. L". payn d'Arliab, w^^j' des géograplius urubes, iesquils ne sont pas d'nccord
l sur sa situation ciactc. V. Sprcngcr, i; /|37. — Les Kinaldocolp.lci ouKiuaiia îlaien
K la h2ut< ur de la Mecque. S|>rungcr, §30.
LKS LISTES ROYALKS KTIIIOPII.NNF.S. MO
san-; nvoir vainci les Iloinéritcs, co fiii'il n'aurait pa^ inanijur; (le iiiciiliomu'r.
Unis l'iiis('ri|itioii gici" |ut; il'Ak>iiiii, <|iii ol poslcrijuru d'uii ou di'ux sircloy cl (jtio nous allons cxaiiiincr, les lloinérilcs sont ini'n- lioiinés au nombre des pcuplis dépendant du loyauiiic alvMiiniic. f.a (;nn(|ijèli' du Ycni;'n par les rois du llabesli est donc survenue dans l'intervalle et l'alliance est consoiiMinJe dejiuis longtemps entre les diiii pays; landis (|u'aii contraiie, à l'ôpoque de l'inscription d'Adulis les populations de l'Aia! ie ne sont traitées que comme des ennemis et des piiali's.
2!). — B. C'est à Aksiim, dont il no reste [dus que des ruines encore mal explorées', qu'ont été tiouvées une inscription i^'rec'iuc et deux inscriptions en langue glicez.
L'inM'riplion grecque a été découverle par Sali en 180j et publiée dans le Corpus inscriplionum gracanim *. Malgré sa longueur (31 lignes), elle n'est que le récit foil incomplet d'une expédition du roi d'Aksum, Aîi^avaç, contre les Bougaïtes ou liabitanls du pays de Béga déjà cité par l'inscription d'Adulis, contre lesTsiamô, Tciaao), ^^V^ *, et le pays de Kasou, Kacrou, hfh ', le Kasua de la slèle élliiopienne de Naslosenen ^, le Gash moderne '.
Il n'est fait mention d'aucune autre expédition et notamment d'aucune guerre de l'autre côté de la mer Bouge, ce qui laisse sup- poser que l'Arabie du sud éla.l ilepuis quelque temps soumise aux rois d'Ethiopie et que les deux peuples liimyaritc et aksumite étaient unis sous un môme sceptre. C'est là un hit important qui nous parait rcssorlirde rinsciiption grec(iue d'Aksum. «vCtleinscrip- lion est en outre intéressante par les litres royaux qu'Aeizana se donne avec l'emphase qui est le propre des itiscriplions oricFilales et (pii, on peut le dire, a bien son importance pour la géograpliie ancienne.
Aeizana s'intitule Sa(Tt).£j; 'A;ci)a(TOJV xa\ 'Ou.r,p'!T(ov xal toj 'Paîioîv X7\ AîOiÔ7:o)v xal — aisaeiTwv y.xi Tcîi — lÀî/i xat xou ïaïaaio xal Bouvast-rwv x«\ Toxaa'ou, paaiXsù; QaaiXsojv, uiô; Oêoj àvixr,T&u 'Af £0);.
Nous n'avons pas à nous arrêter ici sur la valeur de chacun de CCS mots; nous relèverons seulement ce fait qu'Aeizana se donne
1. Elle estsiluée par U" 7' 40" lat. nord (I^iippel, H, p. 28S,\
2. Tome III, 1853, p. 515.
3. Lue par M. .Maspero iTransact, of liiLlical archaoL, t. IV, 1876, ligne 19 da verso de la stèle). Cf. supra, p. 1j2, note 5.
U. Le pays de Tigré d'après M. d'Abbadie, Acad. des viser. 1877, p. 27.
160 UK\ii. \iii:hkoloc.I(JI;k.
|t'-« iiiialiliralions do ri>i des idis, roi des Ak<iimili>>, ilcs iloiiiiiili'^, (II' llaM;in,di'sKtliio}iieiis.dcsSaln''i'nsel iIoSiIImmi oiiSalliiiKcii daii- trcs tiMincs, le stj/frain de loulc l'Araliic du Sud et, on Afn |iu\ do loulo l'Klhiopio, jiiscjuos ol y rnin|iris l'Aznnie jusiiu'à llliapla. Hni- tlan ,';T"^W'lSillu'ri ^n'-^r) olaioiU dos forloKxsos loyalos liiiiiyariioj. Los iiioiianjiKs saliooiis, dans los insniidions liimv.n ilo-, s.' don nonll(>li:i-odoroisdeSalj;iotdcUaïdan, SHÎ>II«' I hrii^ I (SIB, ]~r-'r, azz "]*?::. I-o <oiivoraii) aliysin so (luililic, do iiiriin', roi de Uaidan, de Saha cl do Sillieu, aiipollalion (juo ii. us venons ropro- duile plus loin dans les deux insoiiptioiîs ghee/..
rîO. — La slolc prorijuc d'Aksuni ôtail liilingue, rar Sali, (|iii Ta dôcouvorlo, a vu au verso (la parlie exposée à l'air) dos rariicloros glioez coniplrlfinoiit olTai-o> ol dont il n'a pu roi'uoiltir licn de cor- tain. Il est pi'ohahlo ipio ce lexlo indi|,'one n'était (|ue la roproduo- lion de l'insniplion grceiiuc. Ce f.iil prouve l'existonre vl l'emploi des deux lanj^ues a la cour d'Aksuni. à répopio d'Aoizana '.
Quelle esl celte époque ^?
Il existe sur la lislo A de la deuxième période un souverain du nom d'Lla San, ^A ' ^Tf 'ou Za San, (|ui occupe le vini,'t-septiéme rang et qui aurait ré|ïné treize ans. (Vost Kla San (pu, d'après Hiippel et Vivien Saint-Martin, serait le mémo (lu'Aoizaua ilv notre inscription -. La chose esl vraisonilil ihlo, car si Aeizana est véritablement paion, il s'intitule lils de .Mars l'invincible, vilo; àvur,- Toj 'Apeto;. Kla San est, en elTot, de l'époijue luodirétienne, étant aniérieur d'environ 80 à 100 ans à Ela Abrelia et Ela Atsbcha, sous le régne des(|uels fut introduit le catiiolicisme, et par ronso(|uent vers liiOdc J.-('. Nous ne pouvons pas adopter cette intoi[iréiation car il y a une dilTicullé, c'est la lettre de remporour Constance.
Dans l'inscription, Aeizana dit (ju'il fut aidé dans ses campa- gnes par ses deux frères Saiazanas el Adéplias, r.aéTEcou; àosÀsoù; lata^iavî.... /.ai 'Aot,ï.5 (ligne î»)- Or on possède une lettre de (Cons- tance II (3;i7 à .'JOI), datée de l'an 350 ^ el adrosséo précisémenl à Atîiava; et Ia!;ava; .s/r), 'dis d'Aks'im Cl frères respCCtabIcs, «ceÀAO,
1. Dilltnoiin, Die .\nj<i ivjn ile'i A.rum. Ilenl.s-, p. 210,
2. ntippcl, rtf-zï'" i/i Abi/sfin.,1. Il, p. 34J.Vivi' Il Saiiii-.Martiii, Juurn. niint. 803, II, p. 30^. Kla b&ii Rc figure ni dans la !isl(r de Sali ni dans lu clironi(|uo tMhiopi.Miuo de M. II. Kxssct, J'tuiH. asittl., I8R1, I, p. iï'J'J (liste H .
3. Celle lettre ne ontieiit itial!i':ureusoinciU aucuo d-vOiicmuiil liistoriiue.
Li:S I.ISTKS iKtVM.KS I.Tll lol'l I.V.NLS.
A.i/.ui.i .■lS,u;i/.;iiia nii Ai/aii) et Sn/'inn étaient dune des princes ciirélioiis i(''|:n;inl en Ahyssinu! .'lU milieu du iv siècle «le lUtUc ù-re, fl, p.ir suilc, Kl.i San (ou mieux Za San, (jui se rapproche jdus de iiaîiava; (|M(' de Aeîî;ava<:) ' n'est pas le môme ()uc le roi (jui li;,'ur(; dan> la li>li' païenne piè- d'un sifN'Je plus haut.
;{|. — MaisjKiuelle époiiue exaele, jiar rapport a;:\ propagateurs du cliristiaiiisme, faut-il placer ces deux souvriains cités dans le documer.t impérial signé de Constance?
I.a solulion de celle (jueslion n'est jias san< dillicnité.
(Vest sous les dcii.v frères Kla Ahrehà, ?iA s h'Uélàl ', et Ela Alsiiejia, TiA « h^^ildl ', que, d'après les lislesethiopieiines (li.<ie A, li>le H, liste C de hillinann, ^'' période}, qui, toutes, concordent à cet égard, le christianisme fut introduit en Abyssinie.
Cette coïncidence rem.iniuaMe, alors ipic le surplus des noms de rois diiïère lotahMnont, s'expliiiue d'elle-même en même temps (lu'elle coi'ioliore la tradition éthiopienne qu'Ahreha et Atsljeha liiicnlles premiers rois chrétiens.
Nous connaissons, par les auteurs rontcmporains grecs et latins, répcKjue de la conversion de l'Ethiopie au chrislianisme ; on sait que ce fut l'évéque Frumentius qui fut envoyé par Atlianase, pa- triarche d'Alexandrie, pour prêcher l'Évangile aux populations du sud de l'Egypte, vers :{28 à 330 de notre ère, et qu'il devint l'apôtre de l'église éthiopienne sous le nom de Abbâ-SalâmA. La chronifjue publiée par M. R. Basset (ouvrage cité, p 410) raconte ain3i révénement : a Ce fut à l'époque d'Abreha et Atsbeha, pendant qu'ils étaient à Aksum, qu'apparut le christianisme. En ce temps- là, il n'y avait pas de Turcs , une partie du peuple d'Ethiopie
vivait alors dans la religion juive, d'autres adoraient le serpent. Abbâ-Salàmà leur enseigna la religion du Christ et lit des miracles devant eux. Ils crurent et reçurent le baptême chrétien. Leur con- version eut lieu l'an 333 de la naissance du Christ. »
Les auteurs indigènes varient beaucoup sur la date et les circons- tances de cet événement. Les écrivains chrétiens grecs et latins, Eusèbe, Rufin, Àthanase, Philostorg, Nicéphore, etc., nous ont laissé des récits, qui sont plutôt des légendes, sur les voyages de Métrodor, Frumentius, Théophile, dans l'Inde, et sur les principaux épisodes de leur apostolat. M. Dillmann, dans son récent mémoire
1. Dillmann, Die Anfa-nge, etc., p. 20«, rapproche plutôt Sazanas de l'himya- rite Za-iezen (ar. ^jy^i).
VMÎI. — I !
l*'>-2 niilM'i: AnCHKOLUGIQUE.
/ur (irschichte drs ATuinitiscfieii Heichs, 1880, pnges f> à 20, a clirr- ch('', mais sans ^;iaihl succè'J, vu Itîdi'f.iul de |iri'cisi(»ri de ces réciis, à jcler (iuoli|ue Imnière sur celle é|itt.|ue oli^cure. Nous renvoyons le lecteur à rinU'ressanl travail du savant prof-sscui- de Hciiin '.
'M. — Sait et les auteurs du Corpus iiiscr. ijrac. veulent (lu'Ai/.ana elSazana soient les nn'^nies (luWlirelia et Atsiielia. Kn 3.*)(5, date de la lettre impériale, les deux frères avaient donc iljà au moins vin^'l- fiiKl ans de régne; la liste A leur donne vingt-huit ans. (juanl à Adéplias, nommé dans l'inscription, il n'était proltablemenl (ju'un prince du sang, commandant des armées, mais non associé au trône. On expliiiuerail enfin dans cette liypolliése l'invocation de Mars, nommé à deux reprises dans l'inscription, par un reste d'usage, dans le style épigraplii(|ue de répoipie. Ares est, en elTct, invoijué dans l'inscription païenne d■Aduli^, cl, pl;is tard, Tazenâ, (|uoi(jue chrétien, cite également un certain Mahrem invincible (}ui paraît correspondre au Oeoj (ivixr,Toi» 'Apéo);.
S'il en est ainsi, si Aizana et Sazana sont bien les mêmes qu'Ela AbreUa el Atsbelia, il faut encore expli(iuer la dilTércnce de nom par une confusion de traditions faite plus lard, lors de la confection des listes royales, ou par ce fait (jue les rois d'Abyssinie choisissaient un nom nouveau quand ils montaient sur le trône, en sorte qu'ils avaient ainsi deux appellations, l'une connue seulement des étran- gers et l'autre des annalistes indigènes. lÀtte explication, mise en lunnère par M. d'Abbadie-, peut paraître assurément fort commode, mais il est impo.^sible de la rejeter, au moins dans de certaines limi- tes, si l'on veut tenter de concilier tant soit peu les documents indi- gènes avec les témoignages contemporains el les monuments épi- grapliiques.
Pour notn; coiiiple, et nous en terminons sur cette question, nous [ien>ons que rii\pothése de Sait et dei auteurs du Coiims est encore la plus satisfaisante entre les nombreux systèmes que sou- lève ce puinl difficile de riiisloire d'Abyssinie. Nous croyons donc ({u'Aizana el Sazana, les auteurs de l'inscription grec({ue d'Aksum, sont les premiers rois chrétiens d'Abyssinie, les mêmes (jue ceux dont les listes royales ont fiil mention sous le nom il'Kla Abrelia cl Lia Alsbcba.
i. Dillmann, /. G. de* Axum. Reir/n, 18R0, p. 18. 3. A<Md, des iiwcr., (Joinptes-rvHduji, 1S77, p. '2k-
LF.S I.ISTFS noVAI.F.S f^.THrOPlKNNKS. 16.')
3.'{. — Nous arrivons ;\ l,i lroisi(''me i^'-riodc i\& l'hisloiro d'Ahys- sini(i, ri'llc i|iii coiiiinciice avec riiiliDiliii-lioti ilu rlirislianisme, c'esl-à-dire vois.'JlJO de J.-C, el se leniiirie au x* siècle.
Nous relrouvons ici la conlinualion des trois listes dilTé- rentes :
L'une, la lis'e A, eontieiil 2!) rois, dont le premier est Ela Ahrclia, et le dernier (;al.ra.Masqai, liïd * tfoft'/'A ».
La di'uxiènii', la liste H, renferme '\\ rois, dont le premier est Asfeiia,?^ftyA ' (i|ui csl le second dans la liste A), et le dernier DelnaàdouD.'Jnàod, ^M/*K.
VaU'iu, la liste C, (onlient :W rois, commençant comme la pré- cédente par AsJ'eha ou Asfeli et Fe terminant à Terda-Gabaz.
Hien qu'il s'agisse d'une époque plus rapprochée de nous, on re- trouve la même incertitude, les mûmes différences entre ces di- verses séries de rois, non pas seulement sur l'or.lre chronologiiiue, qui varie notablement de l'une à l'autre : ainsi Deinaâd est le ID' sur la liste C et le 31° sur la liste B; Gehra Masiial, le ûi)' de la liste A, est le 8" liste B, le D' liste C, etc.; mais aussi sur les noms des personnages eux-mêmes, dont ridenlificalion est toujours dilli- cile avec les noms (jue nous ont transmis les historiens giecs, arabes ou syriens, et les monnaies aksumitaines.
Deinaâd paraît être le nom du dernier roi de la dynastie salomo- nicnne vers 9-20 de notre ère ; il fut renversé p:ir une révolution qui mit sur le trône la dynastie des Zâgues, laquelle, ainsi que je l'ai dit, dura environ tiois cent cinquante ans, de 9i0 à 1'2tJ8.
34, — Divers documents importants appartiennent très probable- ment à cette troisième période, l'époque chrétienne de l'histoire d'Élhiopie; ce sont :
L'inscription grecque de Talmis, Les deux inscriptions gbeez d'Aksum, L'inscription copte de Dendur.
3"). — C. L'inscription de Tairais, appelée aussi inscription de Silco,a été trouvée par le Français Gau, en 1817, à Khalapsheh, l'antique Talmis, c'esl-à-dire vn Nubie.
On désignait sous le nom générique de N'ubie toute la partie nord de l'Ethiopie, la plus près de lÉgypte. Elle porte le nom de To kens
l«4 ii;\ri. i:;i.ufc;i»LuuiyLi..
dans les le.xles hit'roo'lyphiiiiu's: la [lartie sud ou l'^iliiopie, Aliyssi- nie, eli\, avait lo nom iVAlon liicz les ^'l'O^^'iaplios arabes'.
La Nubie est rirlie en mserijilions greecpies, mais elles sont presque lnules tritrii^m." roiuiine, c'est-ù-ilire gravùes par des voya- peurs jjrec> ou ro nains el nieiiiioniiaul les eiuju leiirs. La plus aii- eienne remonte à Domilieii, les plus réeenles desi-endenl jusqu'à Alexandre Sévère el Nalérien. (le sont, la pliiparl. des prosi'vnèmes ou adresses à des divinilt-s locales comme llermé>, Mandulis -.
Linscriplion de Silcoesl la seule i|ui ait été rédij^ée par un prince indigène, c'eslàce lilre »iu'elle nous intéresse.
Lue par Niehulir en 1S2(>, recopiée par le voyageui' fiançais Caillnud en 182<). (die a lait l'oljel d'un important mémoire de Leironne-'.
Silco, ClAKGO, s'inlilult! 'W'zCfJ.tixo; Nouoâoiov xii i').o)v TÔiv AtOto'-wv, chef des .Noubades et de tous les Kthiopiens; avec les Hlenimycs ce sont les seuls peuples menlionnts dans celle inscription, il ne parle ni des lliinynrites ni des Sabéens. Les Noubades .sont les Nu- biens; leur territoire à l'époque grecque ne dépassait pas, au nord, la ville de IIpui; (mod. Ibrim); ils restèrent plus longtemps païens que les Aksumites leurs voisins, car ce fut prés de deux siècles après ces derniers qu'ils embrassèrent le cbristianisme. Le récit de la conversion des Noubades se trouve dans Bar Hebra'us, le célèbre li(dy<:raidi(> syria(|ue connu sous le nom d'Aboiilfaradj. Ce fut le prêtre Julien (jui, sur l'ordre de Juslinicn et de l'impératrice Thèo- dora, introduisit vers o i(J (( la vraie foi chez le peuple de Koush, la nation noire des Nobades » ■*. Siico était donc probablement chré- tien.
Les Blemmyes étaient des peuples nomades qui se trouvaient, à l'époque de Silco, entre la Nubie cl l'Egyple ; ils ne sont pas men-
1. I.e nom de A'ouii se IroiiTC aussi dans hs textes égyptiens; ou a pcnsti qu'il Tenait de noub « or »; ce serait donc u le pays de l'or ».
2. Voir le recueil de ces inscriptions dans le Corpus iuscr. ijrœc, t. 111, ti°* 4970 à 512G. L'inscription de Silco occupe le n" 5072.
Sur les populations de la Nubie, lirr la s.-ivante introduction df Lepsius à sa Su- biscfie Grarniiiitik, 1880, et Kln-ts dans /DMC, 18S|, j). 209.
.1. Acad. (Ifs Inscrijit., t. IX (1831), et t. 1 de la nouvelle édition des œuvres d<' Leironne (in-S, 1881, Paris, Leroux,. Le texte ^rec a été revu par Van der ll.ie- glicn sur la copie de Lcpsiius^itome \1I des Hi-nki/nrtcr, n° 377); voir l{'V. arrhéoL, t. X, IHOJi, p. 202) et .1 été republié en car-iclùre» coptes par .M. Révillout dansson iléin. sur les Itlrtmiiyes {A<mi. des inscr. Sav. >lr., t. Vlll. IRG'.', 2" |)artip).
k. Rérilloui, p. 635. ('.t. I^tronne, l'dit. ( iicjr, p. 32.
I.i:S MSTKS HdVAI.KS i; I llloi'l I.NNKS. 465
tionnùs daiu lis iiisciiplions d'Ailiilis cl {rAk>^iini. (les ]io|(iil;ilioris s,iiiv;if,'('s, à r.isport rlrarif,'*', (^liicnl d'oci^'inc lil)V(|ii(', (iciil-T'in^ des Toii.iregs '. Aven Its Snrracctii (rAiiiiniiïti .Maicrlliii, (-((mms (l(;|iiiis longtemps en Kgy()tt' par li'ijr> déprédations «'l l<'uis ravages, ils «'■taienl la terreur du ll.iiit-Nil. (le fut sous Juslinicn (|iit; Silc,(» par- vint, avec l'aide de Narsès, à d(»in[iler les IJIciutnyes aux(iuels il imposa sa doniitialion.
',](). — Tout en se donnant le tilic de chef ou prince de tous les Etliiopiens, il est difficile de croire, ainsi qu(! N; fait remarquer Le- tronne-, (jue Silco ait entendu désigner l'AliNssinie et Ak^um.
Vivant au milieu du \i" sièch; (la campagne de Narsrs à Pliila; est de î)4.*{), Silco est contemporain de Kâleb dont nous parlerons bien- tôt, et ses Ktats étaient voisins et distincts du royaume ak=umite dont Silco élait le vassal, simple paTiXîcrxoî par rapport au titre de paciXeù; ^aaiXt'ov que prend Aizana. Silco est donc un roi nubien qui a été autorisé à prendre le litre de prince d'Ethiopie et de vainqueur des RIemmyes. On ne doit donc pas s'attendre à Irouver son nom sur les listes royales 3.
L'emploi de la langue grec(|ue en Nubie ne doit pas plus nous étonner que l'usage du même idiome dans les inscriptions d'Adulis et d'Aksum. Le grec était la langue du commerce dans toute celle contrée comme dans la mer Erythrée et sur les côlcs d'Arabie : les monnaies d'or et d'argentaux types grec et latin circulaient depuis longtemps dans les provinces voisines du grand empire romain. Le Périple de la mer Erythrée compte les deniers d'or et d'argent parmi les articles d'exportation sur les côtes d'Ethiopie et d'Ara- bie'*. La longue domination des Lngides dans toute la vallée du Nil avait fait du grec la langue oflicielle, laquelle devint plus tard aussi la langue religieuse ; à l'époque de la conversion de la Nubie au christianisme, vers oiO, il y avait déj'i longtemps que le grec, par suite des relations commerciales, était usité à Méroé, à Dongola et à Khartura tout comme à Aduliset Aksum, à côté de l'idiome national'*.
1. Ac. des inscr., Comptes- rend us y 1871, p. 26.
2. Mémoire cité, p. 36.
3. Il existe sur In liste B. sous les numéros 13 et 17, deux rois portant le nom de Ikia, mot qui, précédé de la particule royale/f«, donnerait Za-ikia, dont les Grecs au- raient jiar métatlièse formé leur Silko; miis il ost probable que la forme grecque e>i l'ulitration de quelque nom indigène qui n'a rien d'étliiopion.
ti. Letronne, méu\ cité, p. ij. — PéripL- do la m^r Erythrée, § VIII, .'(. Lf-tronn»», p. s^i, est d'une opinion différente,
Jgfi HKVir MU.Ill OI.OOIQL'K.
;17. _ H. 11 pci difiuMli' .rnrrirmpr si l'inscription procqiio liuc h Ai/.ana n'Oî«l plus do rrp().|iio piitMino; l»'s li-xlcs niainiuciil de pivi-ision à ri'l l'i^.inl ; an l'oiitrain», avoc les iloux iiisci ijlKtiis ^'liccz d'Aksun», nous sommes on pleine périod»' chivlicnno, environ 20O ans après l'iiilrtului-lion ilu ealliolirisme. Ces deux inscrii)lions ont élé dèciuiverles du du moins copiées pour la preunéie fois en iSilii parUiïppell,(le KrancforI, cl ont ëlé l'oi-ji'l de travaux de la part de U(vdiKer, Sapelo, Dillmann ' et d'Aldiadie. Nous n'avons à nous en oicuper ici ijuau point do vue des concordâmes avec les likies indigènes,
La pr<Mniore de ces inscriptions a 'M) lignes i\c texte, et la deuxième en a 52. Toutes deux sont en caractères ètliiopiens ar- chaitiucs, avec les voyelles adhérenles pour constituer la syllabe, les mots séparés par un trait vertical (au lieu des deux points em- ployés aujourd'hui) comme en liimyarilo. mais avec des lacunes ou plutôt des défectuosités de copies (^ui ont poriiiis les interprétations les plus diver^îcnti s.
La plus iiii[iorlanlo de ces divergences est dnis le nom de l'auteur de ces inscriptions. D'après Rœdigor, Sapelo et Dillmann. les deux textes sont du roi Tazènâ. Tous deux ont du reste à peu prés le mémo début :
« Tazénâ tUsdc Lia Amidil, Bcse Ilalen, roi de Aksumet llimyar et Haïdan et Saba et Salhon et Tziyamo et Huga et Kasli, roi des rois, lils de Lia Amidâ, lils do Malirein qui n'a élé vaincu par aucun ennemi, elc. «
Le premier mot de la première li|,'no eU muîilé, il ne reste ijue les doux caractères ftÇ. Zènfi, que l'on a facilement complétés en ;*•![.?. Tâzènâ. (lui est en elTet un roi élliiopien le sixième de la li>(c 15, lilsde LIaAmèdA père do Kàlcb. M. d'Abbadie- a interprété ce mol tout aulremenl : il y a lu non pas un nom propie, mais l'ex- pression la-zénù. (ju'il traduit : «pMir la renommée)) «Jes enfants de « Ha Imida » : quant au nom du loi, le mèine s.iv.int le trouve dans Icsdeux molsBe.'saia Halèn, 'flïifî? ' thi^'i » (ju'il rend par « le valeureux Halèn». Le [)rèlro abys>in d(»nt rdipiioll donne la version'' elllœdigor faisaient également d»î Unlén le nom d'un roi d'Aksum.
1. /I)\li., [HJ^, |). 35:., et Acnii. (Ir Hiiltti, 1878, p. 210 ft sq. Il ii'.iisli' (^l'une ■eulc C'<|(ic, c'cj>l celle de lliipitell ; i-llu se trouve dan» l'ailas du voyage de ce »»v»nt, /('•iTf l't .\liijssiiittn.
S. .!"<'/. '/'•» insr.r., I oin/'l' •>iii,ilus, 1877, (i. 2'j.
3. lieue lu Aby$$tmrri. Il, p. 280.
i,i;s i.isTKs fu)yAM:< i riiif)i'ii.NM:s. iCH
Mais, ainsi que le reconii.ill lui-inôme M. d'Ahljadic.re nom manque sur les listes et il est obliK'î 'le supposer qtie If.ilAn est le nom primitif d'un lies divers Kl.i AukVIA qui ont ré},'né en Ktliio[iie, ou simple- meiil ILdiMi de hi dynastie (L-s Amidi ' i|ui aurait régné vers la lin du II!" siècle de notre ère.
D'apiès Dillinaiin- le mot Hnliii ne serait pas éthiopien, mais bien la transcrijition du mol grec iXlr^w, de sorte <iue hraa'iti ayant le sens de <' guerrier, homme d, Vc\\)vcs?,\on bcsaVi hulén signifie- rait soit « homme des Hellènes » dans le sens £i fréf|uent en iiumis- mati(|ue ancienne de tpiXc'XXv^, soit « chef des troupes composées de (îrecs ou armées à la grecqui; ».
Nous pensons que telle doit èire la vraie interprétation, de sorte (|ue les deux inscriptions glieez d'Aksum sont bien toutes deux du roi Tazéiiâ (ils de Éla Amida père de Kàleb, d'après la liste 111 (j, vers tJOO à niO de notre ère.
Comme on le voit par l'ènumération contenue dans le protocole, Tazèiiâ est encore, comme Aizana, roi dilimyar, Ilnïdan, Saba et Silhen. Au commencement du vi" siècle les rois d'Aksum se don- naient donc encore le titre, peut-être purement nominal, comme beaucoup de monanjucs du xix." siècle, de seigneurs de Raïdan, Saba et Silhen. En effet, le Yemen avait déjà secoué le joug de i'A- byssinie et repris ses i-ois particuliers ou tobhd. 11 est vrai que quel- ques années plus taid l'un d'eux est vaincu par le- négus d'Ethiopie, qui prend de nouveau possession, mais seulement pendant un demi- siècle, du Yemen.
38. — E. A côté de ces deux inscriptions gheez il faut signaler l'inscription copte de Dendur* publiée par Lepsius, revue et tra- duite sur un estampage du Louvre par M. E. Revilloul^'. Elle fut écrite par Joseph, exarque do Talmis, sur l'ordre du roi Eirpanoma, sous l'épiscopat de Théodore, évéque de Philse. Le texte n'a que quatorze lignes et n'offre qu'un intérêt religieux: c'est une inscription volive en l'honneur de la fondation du christianisme; mais elle est datée de la vii° indiction, qui correspond à l'an 544 de J.-C. C'est à peu près la date de l'inscription de Silco et de la dé-
1. Acnd. des mscr., 1877, p. 199.
2. Die Anfœnrje, etc., p. 212.
3. C'est le version de M. Halévy. Dillmann. op. fnwl., p. 212, note.
4. Sur le Nil, près l'ancienne Talmis.
f 5. Mcmoire sur les Blemmyes, Acad. des inscr . Snv. étrang., t. VIII (18G9), p. hii
1(]8 UKVIK .VIlCIIK(lI.(»iiloir.
faite lies Blemmyes. D'apiès M. Hevillout, Kirpanonia serait une al- ti'ialion «rKi-Kamèiie, tiui est un noniconnu fu Niiltie, \umU' par \\n iMiconleuip.uain lie Ploli'-ni.V 11 l'iiiladclplu- '. Kii,Mni«M.ii' deiioli.' inscription serait un roielirélien îles Noubades, successeur iinuiêdiil de Sileo.
ni), _ Kii dehors des monuments t''pi^M-apliiiHii's <]iie nous venons d'analyser, et des monnaies dont nous .liions liifulùl parler, l'il- Ihiopien'apas. à vrai dire, dedocumrnis historiijues contemporains, car les annales et les actes des saints ont été écrits beaucoup jdus lard. La vie religieuse et liistorique de l'Abyssinie commence au vr siècle : il se passe alors dans cette partie du monde sabéo-èlliio- pien un événement important dont le souvenir nous a élé conservé par les auteurs j,'recs et orientaux. Il s'ai^Ml de la ij;iierre entreprise parles rois chrétiens il'Abyssinic contre les llimyariles à l'occa- sion des persécutions chrétiennes cpii ensanj;lantcrent le sud de
l'Arabie.
Nous avons pour cette époque les historiens arabes llam/.a d'Is- fahan, El Nowairi, Maïdan, Maçnudi e( qu(>iiiuesdocumenlssyiiaques ou élhioidens.
Le plus ancien écrit sur les persécutions chrétiennes en Arabie est une lettre de Siméon, évéïjue île Belh Arsliam( Perse), adressée à Mar Siméon, évùtjue (h.'.tlahula -, su: la mi.ssion (ju'rl remplit par ordre de l'empereur Justin auprès du roi païen Mondhir 111, l'an 835 des Séleucides (.j->'t de J.-C). Al Mondhir III (lien ma essamas Dou'Ikarn.iïni, AÀaacvoafo; des chroniques byzantines) régnait a Hira et Hamieh, au centre de l'Arabie, de 51 1 à .'iCO. Au moment de l'arrivée de la mission grecque à Ramieh, Mondiiir venait de rece- voir du roi juif des llomériles (le texte l'appelle seulement lj;^>ii— 1 l^iiic, viflliO d-Khamiria) une lettre dans laquelle il se pi.iinl det. cliréliens et demande à Mondhir de les poursuivre. Si- méon de son côté fait dans sa lettre le récit des persécutions et mas- sacres exercés [tar le roi juif sur les chréiieiH de la ville de Nagrfin et il réclime le concours du roi d'Llhiopie Kousfiia) pour prolé-'er les catholiques d'Arabie.
1. 1,0 nom cbt égyptien, Ark-anion^ ^ ^ \ ,—^ • serment d'Ammon » ?
2. t;»'itc' Iciiro, écrite rn syriaf|in', se trouve avec une traduction latine et de»nn- ti-sdnn.s le recueil d'AsHoinani {Hi'il. on'cit'., l. I, in f\ lUmi', 171t», \^.^6t^, 16 en- Innoc» in-8). lillc csi tiès loneunmfni onalyséo dans lt|rccucil dci UoHiiniisles (octo- bre, t. X. p. 700i. — V. /.DMH, 1S77, |>. 302, 1S8|, p. 13 et s<|.
i,i:s Lisri:s iiov.vi.i-.s i.iiiioi'ii ■ \i; - \(]'.)
On sait pnr le.sdociiincrils ar,'il)es quo \o. roi jiiil cm .|ii.-siiofi (■lau Ziiiiili il)ii AiiirDzoïi Joscf, surrioiniiK'! AV;//7i.s-, <( le frise ' •, d'oi'i, par ahri'vi.ilion, l'a[)|)('llati()ii (i(! Dzou ou Dou-NowAs, ^Jy ^i, soiisla- (|uelle il eslIiabilueilcMiionl d('!sign(j- chez los Aralics; ks <;(Tivains grecs el syriaques Iranscrivcnl ce nom p;ii' A-jvacr,-. Ou trouve dans les mômes auteurs un personua},'e à peu prés conteFiiporain niipelû Dimian, Dimiun, Dimnos, Daiunus, (|ui est représenlé connue un roi dos llouiérilcs. Plusieurs savants modernes ont cru devoii- l'i- denlilier avec Dou-No\\;is.
Uuantaii nom ilu vainqueur de Dou-Nowàs, il varie suivanlles chioni(iues. Sim6on Holli Arshain ne l(! nomme pas. Les annales éthiopiennes M'appellent Kâlùb, ^Irt.'fl :,,ir. wJli, Kàleb, tandis ([u'ilest dcsii^né dans les documents aiahes et grecs sous N; nom de Elesbaa, l'^lelsbalia.
Ce dernier mot a été écrit de diverses manières par les auteurs conlemporains, mais ce sont plutôt des variantes orthographiques sans importance, ainsi 'EXs^gâa,-,. 'KXecÇï,- et 'laXaT^^ota? '. Procope donne la forme 'EXXriffOeaTo; avec 0 pour 6 ; les chroniques armé- niennes écrivent Elisbahaz et Elesbowan. Il est difficile de mécon- nailie ridi'nlité de toutes ces variantes avec le mot éthiopien Ela Atsbelia,?iA ' hX''{\ih s fréquentdans l'onomasli(iue royale et qui figure notamment liste m A à la place correspondant à peu près à Kàlèl) sur la liste m H. Les clironi(|;ies indigènes, rédigées beauco.p plus lard d'après des liad;tions oialesou même des documents écrits perdus, mais d'origine monacale, ne connaissent (jue le nom sé- mitique Kàleb, nom sacré que prit Ela Atsbeha (piand, après son expédition en Arabie, il se retira dans un couvent. Kâleb et Ela Atsboha sont donc le même personnage.
Les historiens arabes, grecs, syriaques, et les légendes populaires éthiopiennes, ont fait connaître en détail tous les épisodes de l'in- vasion du sud de l'Arabie par l'armée abyssinienne.
40. — Attiré par les plaintes des chrétiens martyrs de Nagrân, encouragé par l'empereur Justin qui lui envoya le prince chrétien
1. Paul d'Édesse le nomme mesrùk, qui a le môme sens, joeumo.
2. Dzou, Dliou, Uou.ji est la particule arabe qui est spéciale aux princes himya- rites; clic parait avoir le sens de;« maître, possesseur de », et se rattache au relatif himynrite za. — Cf. Malévy, Jour». a«a/., juin 1873, p. ^50 et /i09.
3. V. notamment le Synaxare étliiopiea cité par Dillmaun, /. G. des Axumit. Reic/ts, 1880, p. 45.
li. V, W. Fell dans i^DMG, 1881, p. iSet sq.
17(1 HKVIK VU :ilKo|.ii(;|Ml K.
ilfla Mec(|uc, D.iiis !l(tii IVa'IliAii ', K;^U'l) KIchb.i, nrcjjarln du nc^^'iis d'Aliyssinii'. rasscinMc iiiu' l1(tUt» lOnsidc'M.iMi' dans li's dilTtMcnls poiliîili' Nàci' Ziilarl KIh.'i |'U's Adulis, fraticliil la iikm" llnii^rc à la lAltMle 70,(»00 hoinmos* cl dcMianiUf à (ili illAlikali sur la cnW de Zi'Itld, l'ii Aral)i.(Ma(;(nidii. I.c V»mii(Mi «si envahi, In ville ilc Dlia- pliar lomhe au iioiivoir des i;iliio|tiens, Don NowAs .s'eiifiiil el péril dans les llols Çtili de J. -(',.). Aiial, |)iiis Ahralia' el Ahluain, Yaksihii el Mesrrtk pouvcrneiil siicees^iveinenl ronune vice -rois au noui d( l'AliNssiiiie jusipic vers'iTli, é|io.|unà la(|uellc les Iliniyariles aidés des Perses Sassanidcs chassèrent il leur lour les Ahyssins, l'an -Ki du ri'i^uc de Khosroès 1 .Nowsliiiwûn i'i|ui ré;,'na de Ti.'JI à 57U) \
'il. — Quoh;ues chroniqueurs parlent encore d'une {guerre (jui eut lieuenlre Aksonodon el Andas. Jean d'Ainida, (''V(\jue d'Kphèse (r)78', raconte la guerre, «bellum Inler Xenodoneu» Iiidoruui re- gem et inler Aidng alterum IikUm' inlerioris regem )),el plus loin (( rex Elhiopum Aidug». 11 dislingue aussi Xenodon de Dimiou : « Aidug rébus cuui Xenodone composilis, ileruni adversus IJiinio nem regem llomoritaruni, (jui et ip>-i "x Indis numerantur, bellum suscepil'. »
Ainsi Aidug fait d'abor.l la guerre au roi i]c>' Indes iiuinnift X-î- n' don ou Axonodop, puis >e tourne contre Diininn, r(U des llonié- ritcs, donl il est également vainqueur.
Ce môme roi Aidug, qu'on peut lire aussi Andiig, est appelé "AvSa; dans Malala, 'AvSâo d.ins Tliéoplianc et Cédrénus. C'est tou- jours, comme on voit, même confusion dans l'orthographe des noms propres; d'où la difTiculté d'interprétation et d'identilication de ces deux noms Andas, Xénodon. Adad ou Andas est indiciué
1. Maçotidi, l'rnutrt d'or, trad. B. do Mcynard, t. I, p, 130, et III, p. 167. D'après Procope, Molala et Jean d'I-lphùse, lus causes di; la u'ui>rre &eraiL'tU toutes
diffcrcntes. V. Full, mémoire cité, p. 15, note.
2. Le canlifiue étliiopien sur la prisf do NagrAn «lit 120,000 guerriers. D'apr^s le mOmc document, le roi Juif til tendre une ciialuc d'un rûté & l'autre de la nier Houge, dan» un endroit rewwîrré appelii Madik, pour emp<^clier la flotte chrétienne de passer; il ne fallut ri«ii moins que Tint' r>en iun divine pour hriser la cIimIih' (V. Fell, mém. cité, p. 07-72).
3. D'aprts Maçoudi (III, p. 167), la date d<-vrait ùtre reportée <n iO?. Georpo (iJe Aflfiiofium inipenit, Uerolini, 1833, p. W; a discuté ce point de chronoioS gie.
i. Je cite la traduction latine d'apK-» les Bullandisles, octob., t. \, p. 600.
i.i;'< i.isiKS luivM.r.s iViimoi'iknmis, 171
coinino roi des AksinniU;s, pa^iXeù; 'KÇ(.);m'to)v (Throphanc), on ili; riiidc iiilriii'iin* (Jean (rK|ilii"'S(;), Il r<l ovidcril (pic noii«; .ivons ;iiï;ii/(; ;i un mol altcMr (.'t ([n'il ne Iniil jias coiiiiitcr trouver tel '|iifl sur l(!s lisles royales ahyssiniennes.
Il csl possilili' (|ti(' Av'>i; soit [)our Ai/oa;, et alors on aurait le roi (■'lliio|ii('n Aniida, Kla Ainida, nu des prédéecsseiirs de Kalêh Klels- bilia (III M, n " îi), e'esl l'opinion de M. W. Fcll ; ou que la vraie, foruK! soit Adad et rciuésente Kla Adliana (III A, n"' i et \ï), ce sont les ex[)licalions de Hlau (XI)MG, LSI).), p. TiOO) el de Pnelorius (ni("^nu' recueil, 1870, p. 0:2(1); ou enHii()u'il faille lire A:to7;: on au- rait dors le roi Ared (II Ii, n"' 1, 8), l'Arialde Maroudi, un des noms du successeur de Uou Nowàs (v. .vM/yra, § 10), c'est la lecture que propose W. Gulsclimid.
A2 — Quant au mot Xénodon, employé par Jean d'Épiièse, on a voulu en l'aire une corruption de Dou Xowâs (Fell, p. 18), mais il a élé dénionlré avec plus de vraisemblance (jue ce prétendu nom propre n'étail antr«' qu'une sorte d'épithéte, formée des mots £;o) "Ivowv « roi de l'Inde exiérieure » (Mordtmann, / )s8l, p. 700), par opposition au « roi de l'Imle intéi ieure » ^Kvoov, Andug.
Dans les chroniques liyzanlim s, les contrées de l'extrême sud ou de l'e vil éme orient reçoivent souvent le nomgénéi-ique de « Indes». L"Klliiopie est l'Inde intérieure; le pays des lloniérites est l'Inde cxléiieuie. Ces dénominationc, outre qu'elles sont erronées, ne sont même pas constantes, el nous avons vu ci-dessus, à propos de Fru- mentius, combien étaient confuses et naïves les connaissances géo- grapln(|ues des auteurs du vi** siècle de notre ère pour tous les pays endeliors du cende de l'empire romain d'Orient. Du reste, Letronne a déjà e\pli(iué tjue la confusion de l'fnde avec l'Étliiopie remonte à Homère et aux poètes grecs '. Je me rallie très volontiers à l'cxpli- calion de M. Mordtmann sur la formation des mots Xénodon el Andug. Dans celle hypothèse, Xénodon et Andug ne seraient pas des noms de rois, mais de simples ethniques pouvant s'appliquer à n'importe quels souverains d'Arabie ou d'Kihiopie, el, par suite, l'exiiédition contre Xénodon, roi des Indes, et celle contre Dimion ouDimian, roi des llomériles, ne forment qu'une seule et môme guerre. Rester;ii[ à savoirs! la guerre de l'Abyssinie contre Dimian est la même que l'expédition de Kàleb contre Dou Xowàs. Je crois, au contraire, <iuc Dimian est un personnage distinct de Dou Xowàs, comme lui roi des
1. Aaul. (Jesjnscr., 1830, f p. 158.
17i IIKM K Vlli:ill.(>l.(M.lol K.
Ilitiiirrilos ', ni.iis niiti riiMii- .i ce drrnii'r ol (kii', coiisniiictit, t'-liMii. iicr ;i 1.1 f.imouse piHM II" |ii<tvo.]ii(''p par If massacre îles cliiiiniis à N.ij,'! fin. I/t*\amiM) ilc ii'llc i|ii(*sli(»ii est en dehors de notre sujet ; nous verrons eependanl plus loin une rnonuiie étlimpienue de i'épiitjue païenne, antérieure par eonstSjuenl de deux siècles à Dou NowAs cl i|ui porle, nu revers, lies proli.ddeiiien! le l)ii>te et le nom d'un Di- luian.
K. DP.iill.N. {La suite pro'-hnincmciit.)
1. On trouve des Dini&u, Doman, Dalimii, dans les roi» liini} .irites citL^s par Ilamdani. V. Muller, Sinl-nnif). Slu)lirii,inn, p. 113,115, etc.
L'inscription liimyarite de Hisn-Ghor.'ib, encore ni.tl lue, mai» qui relate un épi- sode dos guerres avec les I-;ihio|iieiis, pourrait bien se rapporter à ce Diinian, au lieu de Dou Nowas. V. ^ur cette inscription datée, Ilali'vy, Jotirn. ntutt., juin 1873; Fell, ZDMC, 1881, p. 38, etc.
suit \A.
(;I5(HII'K DU DKS IVVr.OlJKS
AU FliilNTON OIUKNTAL 1)1; l'AI{Tlli;.\()N
I
Tout lo iiiondo connaît Ui i^roupe côlobni auqui-l Vi.scuiiii a 1^ premier donné le nom des Parques. « Je pense, disail-il dans un mémoire adressé à Lord KIgin, (\\ni ces trois déesses sont les Par- ques; elles présidaient, suivant la mythologie grecijue, ;i la nais- sance aussi liien «ju'à la mort; elles étaient les compagnes d'Ilitliyia, déesse des aceoucliements, ( t clianlaieiit les destinées des nouveau- nés'. » Le fronton oriental du Farlhénon représentant la nais- sance d'Atliéné, l'illustre anliiiuaire italien trouvait naturel d'y placer ces divinités de la naissance, au milieu des autres dieux et déesses rassemblés pour fêter l'avénemenl au monde d'Atliéné sortie tout armée de la léle de Zeus.
Celte première explication resta longtemps presque la seule. A part Leakc et Weber, qui proposaient d'autres noms-, tous les archéologues, tant anglais ([u'allemands, jusqu'en 18l.j, se rangè- rent ù l'opinion de Visconti. Welcker, qui, lui aussi, l'avait adoptée d'abord, fut le premier (}ui, en 1845, y porta une atteinte sérieuse en proposant de remplacer les noms des Parques par ceux des lilles de Cécrops. Son avis entraîna celui d'Overbeck. Malgré celte double autorité, la dénomination proposée pa V.cconti est resiée la seule populaire, moins peut-être pour ce qu'elle vaut en elle-même que
1. Mémoire su/- des ouvrages- de sculpture du Part/trnon, par le chevalier E. Q. Visconti (Paris, 1818 , p. 32.
2. Voir daus Micliaiilis {Der Par theiioit, Leipzig, 1871, p. 105; le tableau, complet jusqu'à cette époque, des différentes explicatioDS des figures du frontou orit-iiUl.
17 i RKVUK AnCHÉOLOGlOrP.
parce qu'aucuDo autii', parmi collos (|iii ont ôlô proposées depuis, n'a pu i^lro «''lablie sur tics ar^'uinenls assez pliusiMes.
l)i' ce côti' du Hliiii, nous pensons l'aire le seul, parmi les écrivains qui se sont occupés du Parlhénon, (|ui n'ail pa> adop'.é l'opinion de Viscoiili '. Nous reconnaissons volonliers i|ue les noms proposés par nous un peu à la lé}:('rc ne n;érilaienl pas délre adojités. En revanche, un crilii|nt' allemand, luul en nous Iraitanl assez mal, a bien voulu reconiiailre (|ue nous avimis liicn jugé en si;:nalanl le caraclére voluptueux des liguns d(Mit il s'agit comme incom- patible avec celui des sévères divinités dont on h ur avait donné les noms -.
Le livre où, avec plus d'enthousiasme (luc d'expérience, nous nous étions livré à léluile de Phidias et île son iruvrc, était écrit depuis longtemps, et nous nous occupions d'autres travaux, (juand le liasir I d'une lecture nous lit tomber un jour sur un passage de Pausanias dans lequel, à tort ou ;\ raison, nous avons cru voir un trait de lumière. Voici ce passage; il fait partie de la description des peintures de la Lesché de Delphes :
«' Au-ilessous de Phèdie, Ch loris est couchée sur les genoux
deTh}ia. On ne se trompera pas en pensant (jue ces deux femmes ont été liées de leur vivant par une affection singuliéie. Chloris
était d'Urchoménc en Héotie. Quant ii Thyia (il y a ici une
lacune dans le texte grec). Une autre tradition rapporte (|ue Thyia fut unie à Po?eidon, et que Chloris fut l'épouse «le Néicus, (ils de Poséidon. Près de Thyia se tient Procris, lille d'Krcchtheus^... » N'y a-t-il pas queltjuc chose de singulièrement caractéristique dans l'attitude respective de ces deux femmes, dont l'une est couchée sur les genoux de l'autre (tcriv èirxy.z/.lvxi'^-ii XXoipi; £ri toT; Buîa; yj^oizi] , et CD décrivant la pose de ces deux figures de Polygnote, Pausanias ne semhle-t-il pas avoir décrit celle de deux figures de Phidias qui font partie de notre groupe?
Les termes mêmes dont se sert ici le périégète montrent à (jucl point cette altitude de Thyia et de Chloris lui avait paru carac- tèristiqtie et, pour ainsi dire, unique dans les re|trè-enlations de l'art, en ce sens que cas deux femmes .seules avaient pu être représentées dans un rapport aussi intime.
1. l'Iiidias, sa vin et xrs ouvraynf, Paris, 1801, p. 240 et (•uivaiitcs.
2. l'i Icrscn, I)ir Kuiist il fi l'/iniliut nm l'ari/irnnti unit zii O/i/mpiu, Brrlia, 187H, p. 131. .M. l'elereen, duut la publication ost puHtcricturc à cvllt; de M. Miclia<"lis. ro- coniiali, dans lut troi^t figures dont il s'agit, llcsiia, Aphrodite et l'eillio.
3. l'ausauias, X, 1!'J, 5.
SUH LE GIlOl l'K DIT DES PARQUES. 17.'»
II
On se (IcMiiaïKlc naliirclliMiicnt si la jiréscncc de ces deux fciiiinos peut Cire jiisliliùc sur un fioiilon du Parthônon. C'est, en tlTcl, la preiniric (jucslion (|ui se [mm'.
Je ferai riMiianiuer daijord i|u'clles font partie toutes deux de la légende alhônienne. C'est à ce lilre évidemment qu'elles figu- raient dans les peintures de Delphes au milieu d'un i,Moupe tout alliénien, entre IMiédre, l'épouse (Je Tliéseus, el l'rocris, lille d'Krecli- llieus, et qu'elles y occupaient ensemble une place émincrite.
Voyons maintenant ce qu'étaient ces deux femmes q:ii semblent avoir formé un couple si uni, et (|uels étaient au juste leurs rap- ports avec Athènes.
Pour ce (jui concerne Cliloris, cela va tout seul. Cliloris, épouse de Néleus, est la mère des Néléides. Suivant Homère, Cliloris, femme d'une grande beauté, était lille d'Ampliion, (ils d'Iasidas, qui régnait sur Urcliomène '. Néleus, lui, était lils de Poséidon et de Tyro, lille de Salmoneus -. De leur mariage na(|uiient douze lils, (jui tous périrent de la main d'Héraclès, à l'exception du seul Nestor, qui fut roi des Pyliens, célèbre par sa longue vie, par sa sagesse et par son éloquence. On connaît son rôle dans Vlliadr. Or les Néléides, chassés de la Messénie par les Héraclides, se rélugiérenl dans l'Attique, où ils trouvèrent une nouvelle patrie. Godros, le dernier roi d'Athènes, fils de Mélampos, était un des- cendant de iNéleus et de Cliloris, et plusieurs des grandes familles d'Athènes, telles que les AIcméonides et les Pisistralides, s'attri- buaient la même origine ^.
Cliloris pouvait donc prendre place sur le fronton du Parlhénon, où elle aurait représenté, avec de vieilles légendes religieuses el nationales dont elle était la personnification, cette tradition d'an- ti(iue hOï^pitalilé dont Athènes était si fière, el qui, dès la plus haute antiquité, avait contribué à sa grandeur et à sa puissance *.
Ouant à Thyia, les textes qui la concernent ne semblent pas très
1. Odyss., XI, 283.
2. Ihicl., XI, 254; Diod. Sic, IV, 68.
3. Hérodoti", V, 65; Puiisaii., 11, 18. V. aussi, pour l'importance des Ntîltiidesdans l'histoire de la Grùce primitive, Grote, Uiatoire de la Givce, Irad. frauç., 1. 1, p. 12U et suivantes.
a. Thucydide, I, 2.
ITii ni-.viK aui:mkolo<;kh'k.
nonihtviix, tM il osl fikhcux (lUft relui Ar I'ausnnia<5, cilt' pitordcin- ment, se trouvt» imilili^ à l'ciKlroil le plus inliMcssant puiir nnus. Voyons pouilanl rojjuc nous pourrons apprentlrc d'olle ailleurs.
Ilèsioili' parle (riinc Tliyia, (ille do Drucaiion '. Pausanias la fait dans un endroit (peut iHn; esl ce la tradition pertiuc dans la la- cune) nile de Casialios, maîtresse d'Apollon cl mère de Delplios-, et ailleurs épouse de Poscidoti (c'est le passage cité). Tour Héro- dote'', clic cft lille de ('éphissos et anianle de Poseiilon.
Plulanjue nous dit' que les Tliviades jouaient un i(Me très im- portant dans les solennités delplii(jucs, et (juc seules elles comi)re- naient le sens de certaines cérémonies.
Jiis()u'ici nous avons alTaire à une divinité lluviale ou marine, pourvue d'un rôle divinatoire, mais qui n'a rieii d'alliénien, puJMjue le Céphissos dont il est ici cjuesiion esl le tlcuve de la Btotie, non la rivière de l'Aitique.
Cependant Pausanias nous apprenti encore que les Tliyiadcs étaient « des femmes de l'Allique qui allaient tous les ans au mont Parnasse célébrer, avec des femmes de Delphes, des or},'ics en l'honneur de Dionysios ')).
Ce texte sudil-il, avec la place occupée par Thyia dans les pein- tures de la b'sclic de Delphes, pour lui donner droit à monter à ce fioulon ilu Parlliénoii, en compii^nie de la mèie des Néléides, son inséparable amie, et pour l'y faire symboliser les antiques relations des sanctuaires de l'Atticiue avec le temple de Delphes, relations célébrées quelquefois par les poètes d'Athènes'"? Je ne sais; je n'ai pas mieux.
Je me bornerai à ajouter que Thyia et Chloris se trouvent par les textes en rapport avec Poséidon, l'antique possesseur de l'Allique, ((u'Alhéné esl venue chasser de son vieux domaine. Si l'on pensait, avec Heulé, que la composition du fronton oriental a dil procéder de l'hymne d'Homère >ur la naissance d'Alhèné", et si l'on admet- lait, comme l'auteur de cet article l'a proposé autrefois, (|ue d'un cAlé de la nouvelle divinité se trouvaient les dieux de la terre ;\
1 .Fragment '27, édition Diiiut, |). .'jU.
'J. i'aiDian. X, G, h.
.1. Utrodot. VI, 178.
k. (Jiiiiit. fjnir.^ 12.
0. l'uuBan. X, 6, 'l-
0. l'ar exemple dans)'/'»;/ d'Lurii'ido.
7. Airopote d'Affit-ner, t. Il, p. 05, tiû
siu i.K giiouim: dit lus i'ahoi'K'î. i77
qui 1.1 honiiii nouvelle était apiiortéo. [lar Iris, tandis i\\u' de l'autre l'Iaiciil ie,^ dieux marins à (|ui la Viclnirc armonrail la fin de leur ré^ne, Tliyia et Cliloris n'iiiiciaicul a.vsc/. liiiMi dans l'cxiiiicalion (|Uf nous avions d()nn(''e de ce troulon (uiculal, et i|ui, micore au- jounriiui, nous paraîi [louvuir èlre maintenue dans son ensemble, siniiii dans ses détails '.
On sait (|ue M. Hiunn, dans sa rcstilulion du fioiiton orienlal, a plis é^'alemenl pour son point de départ l'Iiymne XXVIII d'IIiunère. Dans >ii)n explication savante, les filles de Cécrops proposées par Wcltkcr, les noms de l'.mdrosos, Tliallo et Auxo mis en avant par M. Micli;iëli.s, ceux d'lIo>[ia, d'Apliro li(c et de Peitlio aux- quels s'est arrêté M. Petcrsen, sont remplacés par les trois Ilyades*.
Si nous écrivions une dissertation en régie, nous aurions à nous évertuer pour détruire les explications précédentes, et pour démon- trer de notre mieux, à grand renlort de textes et d'arguments, que la nôtre est la véritable. Peut-être, si jamais nous acbevons la nouvelle édition de notre livre sur Pliidias, à laquelle nous tra- vaillons d'une manière fort intermittente, devrons-nous nous livrer à (iuel(|ue travail de ce genre, qui sera plus ou moins heureux. Aujourd'hui nous ne voulons écrire (|u'une simple note à propos de deux seules ligures. Toutefois, nous ne voulions pas manquer l'occasion de réclamer pour la critique française (pour Heulé, non pour nous) l'honneur d'avoir vu la première que l'explication du fronton oriental devait ôtre cherchée dans l'hymne homérique.
III
On nous demandera ce que nous faisons de la troisième figure; car il y en avait trois dans le groupe dit des Parques, tel que l'avait reconnu Visconli. Welcker, en proposant les trois filles de Cécrops, M. Hrunn avec ses trois Ilyades, sont restés fidèles à cette idée d'une triade dont les trois membres seraient en relation intime et nécessaire. Les groupes formés par iMil. iMicliaëlis et Petersen sont plus artificiels, et il ne serait peut-être pas bien difiicile de trouver quelque divinité à maître avec Thyia et Ghloris dans un rapport de
1. Voir cette explication dans Phidiaa, sa vie et ses ouvrages, p. 255 et sui- vantes.
2. Lne analyse du travail de Brunn sur les sculptures du Partliénon a été don- née dans la Revue archéologique, livraison de juia 1875, p. 395 et suiv.
XLIV. — 12
ï"8 nF.vuK MiciiKdi.oiMorr.
raison loi (|im> relui on se trouve' Pnndrosos avec Tuallo ou Ilosli.i vis-à-vis il Apliroilitc.
Nous no le rlioivluTons pis aujoiir-l'liui. lîifti i\\\c dans le lifssin lie ('arroy <'(M(i' Iroisièino lijjurc soil placée dans un rapport assez t'iroit avee les dt>nx autres, puisipie le bras de Tli>ia vient s'aeeou- dcr sur son genou, on peut copindant Ten sépaier juscju'à nouvel ordro. Si noire cxpliralion du fronton oriental pouvait t^lrc admise, re serait dans le ryele des divinités marines i|u'il faudrait chercher un nom à lui attribuer.
Je n'ajouterai plus (ju'un inul :
Iheii (]ue né à Tliasos, Polygnote, anu de Cimnn et amant de sa sonir Elpinice, jieut être considéré comme un arlisie atiiénien. Sa connaissance des antiijuilés athéniennes ne saurait ôlrc mise en doute, non plus (jue le ( aractère éjdriue et la f;ravilé religieuse de son slyli'. Il est très probable (|uc Phidias, (jui, suivant les calculs d'Olfried Muller', devait avoir environ vin.uM trois ans lors(jue Polygnote arriva à Athènes, dut s'inspirer de si m.miéie grandiose; peut-être prit-il des leçons de lui. On sait (lu'il commenei par la peinture-, fl n'y aurait donc rien que de naturel h ce {|ue Phidias se fût inspiré de Polygnote et eût transporté au Partliénon des ligu- res athéniennes de la Leschc de Delphes.
L. DE HUNCHAUD.
1. De Phidiœ vita et operibuv, 3. *i. PliD. Hiit. 7iat. XXXV, 34.
EXl'LiilîATlON DES
TROIS TIJMIJLUS l)i: KEllVKUN
EN PLOZI<:VET (l'I.XISTÈRE)
Si on suil la voie qui mène du liourg de I'Iozl'vcI à (Juimper, à trois kilomètres au nord-csl de Plozévet, en face la borne kilomé- tri(|iie II" 18, on Iroiivc trois tiiiiiulus dans une lande à cent rin- (|uaii(e mètres au nord de cette roule.
Disposés sur une ligne droite orientée sud-est et nord-ouest, ces trois monuments sont éloignés l'un de l'autre de 30 k So mèlres.
Les propriétaires du village de Kervern, sur les terres duquel ils s'élèvent, m'y ayant autorisé, le mois de mai dernier j'en ai fait l'ex- ploration en commençant par celui du milieu.
PREMIER TUMULUS
De deux métros de liant, sur vingt-cinq mètres de diamètre. Nous avons ouvert à son sommet une large tranchée de six mètres de dia- mètre, dans laquelle nous n'avons pas lardé k liouver des frag- ments de charbon, quelques perculeuis, quelques éclats de silex, parmi lesquels deux petits gralfoirs finement retouchés, et d'nsscz nombreux fragments île poterie ayant appartenu à des vases faits sans le secours du tour. Ces fragments sont en terre gros>ière et mal cuite, mêlée de gros grains de quartz. L'un d'eux, à cou- verte rouge, est décoré de chevrons.
A un métré dix centimètres sous le sommet du tumulus, nous avons rencontré qurhjues pierres posées avec ordie; les faisant lais- ser en place, nous les avons dégagées avec soin. < l avons bientôt reconnu ([u'ellcs font pnrljp d'une construction, en forme de fer à
ISO RF.VUE ARCHKOLOtilyUK.
clicval, t'Iovt^i" h pioiresst^.hcs. Suivant W pniiilour d»' cr\[r pro'^sicir maçdnntMic, nous ronslnloii*, a;»rès rompli't (lt''{?a{ç(»inrnl. (iii'i'llc a (luatrt' iiirliis de (li.inn^lrc l'Xlrrifiir ol (in't Ile laisse .-in milieu un espace liliiT, de deux luMres de diaiiiélre, rempli île terre,
Vidanl avec soin cette sorte (te cliainlire à ciel ouvert, iiniis y re- nianiuons les traces d'nn rofTre en bois de 1"',K0 de Ion;.,' sur ir.fiO de |>rofo:ideur. Dans ce coffre, orienté est et ouest, fait avec ducliéne doMl les restes ont encore six centimètres d't'paisseur, avait été dé- posé, sur le dos, le corps d'un indivilu iiiliuiné la téieà l'est, re^rar- dant le couclianl.
L'écraseinenl produit lorsque le coffie a cédé à la pression des ter- res accuuiulées sur lui,el au.ssi, prnhililemcnt, la nature du sol, ont mis le squelette en si mauvais état que nous n'avons pu en recueil- lir aucune partie. Pi es de lui, dans le coffre, nous n'avons remar- qué aucun dépôt d'oltjet mobilier. Dans les terres qui l'entouraient, nous avons seulcnieiil relové quelques morceaux d'un vase fait à la main, en terre serrée, affectant la forme de deux cônes troucjués réunis par la base, si bien que la panse en était beaucoup plus large que la base et (jue l'orifice.
Dans l'enceinte de pierres qui entourait celte sépulture, existait, au nord-ouest, une solution de continuité de 0'°,(tO de large. C'est sans doute parcelle sorte de porte qu'on a procédé à l'inliuinationà ruitérieiir de cellL cliamlire à ciel ouvert, après iiuoi on a recouvert le tout de terre et formé le tumulus que nous venons de fouiller.
Four terminer le récit de cette exploration, ajoutons que, parmi les pierres faisant partie de l'enceinte circulaire recouverte par le tu- mulus, nous avons relevé deux pierres brisées à concasser le blé et un broyeur ayant sans doute servi à cet usage. Disons encore que le cercueil en bois renfermant les restes du défunt était rond en des- sous, ne portail aucune trace de clous, cl repo>ail sur un lit de lerre jaune compacte, établi à l^jOO au-dessous du sommet du tu- mulus, c'est-à-dire à peu prés au niveau des terres environnantes.
DEUXIÈME TUMl LUS
Le lendemain \(j mai nous avons entrepris l'exploration d'un se- cond tumulus faisant partie de ce groupe, celui le plus à l'ouest des trois.
Un peu plus considérable que le précédent, il mesure ti ente mé- ires de diamètre sur trois mètres de liaui.
i:xi'i.()ii\Tio\ i)i;s iitdis riiMULis ne. KKnvrnN. iHi
Ay.'int |ir;itii|iir! au soiiimcl iinn Innchi^o à rid ouvnii ilc Imii rnr- ties (II' (liaiiirlie, nous avons hiculôl ivinaniur, parmi les tcircsijue iciiiiiciil nos Iravailloiii-s, dis restes de cliaihon, des ('•elals de silex parmi lfsf|uels plusieurs petits grattoirs, tels (pic relui dessiné ici eoiitre, et de nombreux morceaux de pf.teri.', fra},MMciils de
Fie. 1.
vases faits sans le seconi-s du tour, en terre gros^iôre mcMée de gros grains de quartz. La plupart sont de couleur rouge.
Nous rencontrons aussi, à r",-i() au-dessous du sommet du tumu- lus, des pieri'es plaeées avec ordre. Les dégageant avec soin, nous mettons à découvert une lonstruction circulaire tout à fait sembla- ble à celle f|ue recouvrait le tumulus fouillé la veille.
Cette construction, faite à pierres sèches, aiïecte la forme d'un fer à cheval, ainsi qu'on peut s'en rendre compte en jetant les yeux sur lo plan par terre ffig. 2) du tumulus et de la sépulture intérieure. Au point n, dans sa partie sud-est, elle n'a pas moins de 1°',00 de large, tandis que venant en se rétrécissant vers ses deux extrémités E et E' pour laisser en A un passage libre de Om.f)-) de large, en ces deux points, les murs n'ont plus que 0",60 de large. La partie inté- rieure du fer h cheval, mesurant 2", 70 de diamètre, est remplie de terre fine.
Enlevant cette terre avec soin, nous reconnaissons qu'un coffre en bois a été placé au centre de ce cercle dans une orientation est et ouest. Le bois, qui n'est antre q^e du chêne dont les restes décom- posés ont encore une épaisseur de huit centimètres, ayant pourri, le couvercle s'est affaissé, en serrant entre lui et le fond les restes du défunt qu'on y avait placés.
Ce cercueil de bois a été fait d'un tronc d'arbre, préalablement creusé, sur lequel on a posé, sans clou aucun, un morceau de bois destiné à préserver des terres environnantes le dépôt qu'on lui a contié. Moulé dans la terre glaise, sur laquelle nous l'avons trouvé,
182 ni:vLK Anr.iiÉOLOGiQUF.
h forme du tronc tr.ubro ol l'iu-ore assi'Z distincte pour (jue nous puissions en prendre les mesures, ijui sont :i",'tO de loiiy sur 0"',l)0
fST
Fi?.
de large à rexlrémilé ouest, l'",10 de large .1 ro\tié:iiilé est, et 0'",50 de profondeur.
Dans ce cercueil avaient été placés les restes du défunt, iiiliumê sur le dos, lesdeux bras le long du corps, la tête à l'est, regardant lecoucliant. Près de liii,;isa gauche, à la linnteur do la tôle.étaitun vase en terre.
Ce vase, fjit à la main, sans le secours du tour, est d'uno terre grossière et assez mal cuite. Il olTrc la représentation de deux cônes tronqués réunis par la hr^.sc vers le milieu du vase, de telle sorte que la panse aO",!? de diamètre, tandis que roridcc n'en a que qua- torze et la hase huit 'voir li^'. 3;. De ()'",I0 de haut, il a une anse cl
i;xr'i,i)ii\riiiN ni:s riiuis ti mi i.is d,. IvKiivi.u.n. J8j
est (iéforésurloiil le poiirlDiir, dans sa iiioitit-siiiirricuie, doclicvrons Iraccs à l'rljaucliuir. I/aiisc; iiorlc la inriiic ornciiieiitaliori.
Il renfermait sans doute des aliments plac(^'s près îles leslesdu dé- funt, touchante preuve de la croyance à la transmigration des âmes. Ces aliments avaient môme dû ôlre cuils dans ce vase, à en juser par les restes d'une matière noire calcinée que nous avons pu y n- cueiilir, adhérente aux parois intérieures. Nous avons confié ces ré-o sidus à un chimiste pour leur analyse. Il n'a malheureusement pa tenu à la promesse qu'il nous avait laite et ne nous a pis donn é k s résullals de l'expérience que nous lui avions confiée.
L'enveloppe de bois qui renfermait les restes du défunt était à 2°',80 au-dessous du sommet du tmnnlus, et le cercle en pierres qui l'entourait reposait sur un lit préalablement préparé avec des pier- railles et de la teire argileuse.
Parmi les pierres de la muraille, nous avons rencontré deux pier- res à concasser le blé, l'une entière, l'autre brisée, deux broyeurs et plusieurs percuteurs, les uns en quartz, les autres simples galets pr is h la grève distante d'environ six kilomètres.
TROISIÈME TDMDLUS
Cette seconde exploration terminée, le lendemain 17 mai DOUg avons entrepris celle du troisième lumulus, celui le plus à l'est du groupe.
Mesurant vingt-cinq mètres de dia n èlir ^ui lici? n èties de haut
184 Kl ML AKt.hKOLUCIQt'K.
nous l'nvons allaqurcoiumolos pivcrMlciits, eu pi;ili(iu;iiil .m suiiiiiicl aiu' liaiiflii'C î'i ciel ouvert.
Il nous a (lonn(^ ;i rmiéi ii'iir iin<' sépultuir stinlilable à (l'ilos i|uc recouvraieni IC'; tlmix :iulrt-« lumulus explorés la vcillf il lavaiit- veillo, c\*sl-à-(lin', à (r",'.>() au-lcssous du soniim'l, uik' conslnirlion h pierres si-ches (Mï formo de fer .'i cheval el à riiitt'rieur de celle conslruclion, A 2",80 au-dessous du poinlleplns élcvr du luniulus, un rercueil en Ikhs de l^.'JO de lonp sur (>'",riO de |ii(tf(iiideur, oi ieiité eslelouosi, dans letjuel «"'laienl les restes d'un Sipielette prés du(|uel nous n'avons remarqué aucun objet mobilier.
Dans l'enveloppe de ce tumulus nous avons aussi recueilli de nomhi eux frayuienls de poterie, appart.'uant à des vafcs i^aossiers faits sans le secours du tour; des éclats de silex p::rnii lesquels plu- sieurs petits grattoirs, des morceaux de charbon el (jnelques percii- icurs, et. i-armi les pierres de la muraille euluiiranl la sépullun", trois frajimenls de pierres à concasser le blé.
J"ai pensé que l'exploration de ces trois tumulus, oITiant des sépul- tures intérieures d'un genre nouveau, méritait d'être .signalée, et si j'avais à dater ces monuments, je n'hésiterais pas ù les rappoiler à l'époque dulironze. L'ornementation et la forme du vase recueilli dans l'un d'eux lue porte à le troirc par comparaison avec les nom- breuses poteries que j'ai recueillies dans les sépulluns (|ui dans noire département m'ont fourni des armes en bronze.
l'AUi, nr cnATr.i.iii-.H.
BULLETIN MENSUEL
DE L'ACA DILMI E DES IiNSClUPTIONS
MOIS D AOUT.
M. Egger communique à l'Acadômie quelques observations sur une ins- cription fuiK-raire d'Ath(;îneï-, publitie par M. Komanoudis, correspondant de riiislitui, dans le dernier fascicule do \'A(/icnrrum hcUmiqu- . Celle inscription se compose d'une liste de soldats morts dans diverses guerres, dont la date se place dans les trente ou quarante annces qui précèdent la guerre du Péloponèse, ef de deux discours à l'honneur de ces soldats. M. F.gger signale l'inlénît que présente celle liste pour les historiens.
M. Bergaigne, maître de conférences à la faculté des lettres de Paris, lit un rapport sur les inscriptions envoyées du Cambodge par M. Aymonier. La plus ancienne de ces inscriptions portant une date est de 6ti7 apr("!s J.-C ; elle provient d'Ang. Chumnik et nous fait connaître les nom> de cinq rois qui se suivent, et dont le dernier porte le nom d'Iaijafarman. Une autre inscription, mais non datée, est plus ancienne; elle fait men- tion de l'un des cinq rois précédant layavarman, et a été gravée par les ordres de son Q!s; une autre série se rapporte à un prince ayant régné de 87o à 880. Toutes ces inscriptions sont du plus haut inlér.n et la mis- sion de M. Aymonier commence sous les plus heureux auspices.
M. Dieulafoy, ingénieur des ponis et cbaussées, chargé d'une mission en Perse, communique à l'Académie les résultats de ses recherches.
M. Léon Ilenzey communique ;\ l'Académie une note dans laquelle il développe le résultat de ses premières études sur les antiquités chal- décnnes rapportées par M. de Sarzec. La Revue archéologique publiera en entier cette intéressante communication.
M. H. de la Blanchére, professeur à l'école supérieuie d'Alger, commu-
|gO UKM'K ARCHKOLOGIOL'K.
nique quelques rt-^sultats de la mi^8io^ lioul il a clé clmrp<^ r.'ooinmcnl dans le sud d.' la colonie. Il oroil avoir découvert les tombeaux d'une d> iias- lie indij:.ne c/.r<'ricH'i.\ puissanlo dans la Maurétanie césaii.-nne, vers le \* ou VI* sii^cle de noire ère.
M. Ferdinand Delaunay lit, au nom de M. H..nianel du Caillaud, une notesur rongiMf.la Ki/c'uret la ./<i/.- de la loi romaine connue sous le nom de Junia Sorlnina. ''"^*
SOCIÉTJ-: NATIUNAU-:
DES ANTIQUAIRES DE FRANGE
PRÉSIDENCE DE M. G. DUPLESSIS
VlCE-rnESIURNT.
SÉANCt: DU 6 SEPTEMBRE.
M. le miniïtre do 1j guerre, en réponse à une Icllre Ju prcbident, in- forme la Sûciélé que la porte de Lille, à Valencicnues, n'est pas acluellc- menl iiie-iucée, mais que la courline intérieure doit teule être démolie, cl que les Corsés doivent être remplis par uusure hygiénique.
M. Courajod remet sur le bureau un exemplaire du catalogue de la collection Timbal, récemment acquise par le .musée du Lou\re, et, de- puis la veille, exposée dans les galeries.
il lit ensuite un travail sur les objets d'art recueillis par Alexandre Lenoir et dispeisésun peu partout. Il signale parliculiéreineni à l'atten- tion un lion en marbre, qui devait accompagner la statue de l'amiral Chahut, exposé depuis de longues années dans une cour de l'itcole dci beaux-arts, et il émet le vœu que cette figure vienne retrouver le monu- ment qu'elle accompaguait primitivement.
NOLVKLLES AliCllKOl.OfilOll'.S
F.T cnr.HKSpoM) \N(:i:
I.c savant auteur d'un mnnuel du Droit publir romain depuis li
fondation dv Home jmqu'à Jm^tiiiien, qui on est .'i sa ii'' iMiliou, M. V. Wil- Icuis, profes-mir ;\ runivctsiii' de Louvain, vioiil de puldicr le second voliimo <hi priii 1 ouvrage qu'il a oiilri'pris sur le S<^nat de la irpul/lique romaine. Ce livre, dont le tome premier a obtenu, dans toute l'I'urope sivantp, un succôs nii'rilé, se trouve ainsi complot. Dans la section pre- mière, l'autnur montrait conim>'nt le ?i^nat se recrutait ; ici il expose, avec la mi'ni'' am[i|enr d»^ prouves et la m<?mo critique, sesattriluilions et son rAle politique. Nous c<p»?rons que la h>vue aura l'occasion do revenir sur cet ouvrage.
M. Arnould Locard, membre de l'Académie dcl.ynn, vient de pu- blier une Irc'S curieuse Notcmr une tombe romaine troun^r à Lyon et rew/ier- marif /'^ r7ja.<;7i/o (/'m/i c«/"'ni(. Dins une si'pulturc qui a été ouverte sur le haut de la colline de Fourviéres, pour les travaux du chemin de fer funi- culaire de Saint-Jusl, on tRTi-, on a recueilli un objet qui n'avait pas at- tiré tout d'abord l'attention qu'il mérite. C'est un disque de plllro très dur, mêlé de nain, qui avait été brisé, sans druie par d'antiques viola- teurs de la tombe ; quand on en a rapproché le? morceaux, on y a reconnu un moulage pris sur nature, quelques heures après la mort, du visage de rcnTaiit de dix ans, Claudia Victoria, dont le cippe était couché au- dessus df la fosse qui conlonait losossements et le i>ortraif. On lira avec un vif intérêt les détails (juo donne .M. Locard .«^ur la manière dont il a r.iit,;i l'aide de cet original précieux, un moule, dont on pourra tirer au- tant d'épreuves que l'on voudra de celte image \ivaiiti' irune jeune lyorinaisoqui est morlo il y a quinze ^ièiles.
La Rouie arcll^'ulo^;iqu(î croate (Virslmik lirvolshniia mkcologicrs-
koga druztia), qui est cnlrée récemnicnt dans sa quatrième annéo, conti- nue de publier des travaux fort inlércssants, trop peu acccs.>'il)le8 malheu- reuBoraont à la mafR^ dts lecteurs. Cfllo rovue continue d'élrc rédigée
NOUVKLLKS AltClll JiLOGIQL'KS. 189
[).ir M. Siiue l-jiilii.-cli, Ift savanl coiisim \.il('iir du Musée d'Agram. Pendant un iL'coiil VDya^'c clicz les Slaves iiu'-i idiotiaux, i;oiis avons ou l'occasion tic vi.>-i(L'f ce iiiusi'c niUL:riiliqii(!rn('Ml installé dans li' local de la Juyijsla- vi7isk<i iikniltinijn, cl nouï ne ïaiiriciis Irop le rcconin.aridci' aux aichrolo- gues. I,c uiusée chl surtout riciie en in.^c riplioiis roinain<'ti, on numi.->ma- tlque n.iuaiiie cl slave. M. Ljuhisch a donné la meilleure dtîsci iption des moiinaiiis sud-slaves {Opisunic j:iii"-slitveiiskih Jiovacu, Agrarii 187.i), A Ik'lgiade nous avons éi^aleniont trouvé le musée en fort bon état, les mon- naies classées et décrites par les soins de l'en J.inko S'-liafurik et du nii- nislr'^ actuel de l'inslriiclion publitiue, .M. Slojan .Novakovich. Dans la capitale de la Bulgarie, à Sofia, un musée est en voie d'organisation; il ren- ferme déj;ï des médailles, des bijoux, notanuuent une couronne do laurier en or pur, d'un travail Tort icniaïquable. Les Mémoires de la Société de littérature bult;are [tubliés dans celte ville conlienneul un précieux tra- vail de M. Jireczek sur la géographie anticjue cl l'épigrapliie de la Macé- doine. A riiilippopoli, la direction de l'instruction publique organise éga- lement une. culleclion numismatique fort considérable, mais qui n'est pas encore cataloguée. Si l'on bon;;e qu'il y a quinze ans, lors de notre pre- mier \o\a;^e chez les louyo-Slaves, il n'y avait pas un seul musée, on re- connaîtra les progrès considérables accomplis dans ces contrées par la science archéologique. L. Lkger.
P.II'.I.IOCP.AIMMI",
Collection Camille Lécuycr. Terres cuites antiques trouvées en Grèce et en Asie Mineure. .Notice» par .M.M. Fn. I,BM>nuAM, J. dk WirrK, A. C^RTAii.r, (;. >rMi,i uni T.c.FR, 1',. lUueLON, C I.hciTEn. In-folio, Ish-j, \r* li- vraison, 21 planches, Uollia cl Keuardent.
Bien conmio dfi tous lo3 amafnns, la collcclion ('aruille l.t'ciiycr cA une des plus belles qui aient l'Ié rurriiéos dans ces ilernii'^ies années ; depuis l'cxpo.-^ition universelle de \'^1H, elle est célèbre pour la beauté des mor- ceaux de choix ijui la composent. Klle n'a d'ailleurs pas cessé de s'aug- menter dans les années qui ont suivi, et tous ceux qui l'ont \isilée chez son heureux possesseur ont été charmés non seulement du mérite des pièces qui la coniposenl, mais encore de la simplicité et de ia bonne grAce a>ec laquelle les huuntuis en sont f.iiis par celui qui a su réunir toutes ccb œuvre» d'art et qui est toujours prOl à les comuiuni |uer, à les laisser copier, à les livrer en quelque sorte, comme utu- j>ri)pii' té com- mune de tous les gens de goû', à quiconque, archéologue ou artiste, se montre capable de les compreuilrc et de les aimer, à quiconque est en mesure d'eu tirer parti dans l'iulérél de riii>t();re el de la science. Plût à bieu que les collectionneurs fussent tous animés du même esprit! mais combien il en est qui se figurent qu'un monument perd de son prix dès qu'il est publié, et qui ne disputent, dans les ventes, les plus rares objet» que pour les cacher derrière des portes ei des volets fermés, pour les confisquer à leur profit !
C'est cette même ouverture lie cœur el d'intelligence, celte même dis- position libérale qui a décidé M. C. Lécuyer à entreprendre cette pu- blication. « l.c nombre de ceux qui ont joui avec moi de ces chefs- J'œu- Tre est, dit-il, nécessairement restreint, el c'est le public tout entier que je voudrais as>ocier à me> joies. »
Bien n'a été négligé pour que ce but fût atteint. Voulant mettre l'u'u- vre elle-même du coroplaste antique sous les yeux du graveur, c'est à la pliûtolypie qu'a eu recours .M. I.écuyer ; il s'est ainsi alTranchi d'avoir à compter avec les faux embellissemenis et les trahisons du dessinateur el du graveur. Comme tous les procédés de Iraduclion, celui-ci a ses défauts, sur le.-quels il e-t inutile d'insister; il déforme les parties saillantes, plus rapprochée» que le» autres de l'objectif, en les faisant plus fortes que na- ture; il donne des ombres opaques où disparaît tout modelé et n\\ se per-
ItlIîl.lui.liAi'iiii;. 1<JJ
dont loiifps les d('îlicaW>ssos de l;i loDchc; mais CfS di-fauls ppuvcnl ôire tri's a(t('im(''s. dans la pratique, par l'Iiabilett: de l'oiiéraloiir, par liî soin avec lequrl il cluii^ii 1 1 pose et par les adrosses d'un tirage approprié au caractère du niominicnl. Ici, tout \r pos^ilde a rlé fait, dans les ulclicrs de pliololypic du Moitiicur; si l'a-ipect général ganh; toujours une certaine molle.-sf, luiil au moins est-on ((Mlain (lu'il n'y a pas h\, entre l'œuvre niCnie et le connaisseur qui clioiclie à l'appréciei-, un intermédiaire qui ait osé substituer sa manière personnelle à celle du statuaire antique. L'image ne peut remplacer l'original, en présence duquel l'œil se rend mieux compte delà dilVércnce d -s plans et de la \aleur des reliefs que n'a pu le faire la glare photographique ; ceil.'-ci n'a pas le secret de ces instinc- tives et rapides corrections dont l'esprit s'acquille sans mûme en avoir conscience; elle ne donne pas cette transparence des ombres à travers lesquelles le re;4ard perçoit cl saisit toutes les finesses du contour; mais au moins est-on certain que le slyle est bien celui du modèle. Il siiKit de rei:arder atleutivenieut ces planches pour saisir les particularités de goût et de fiire qui distinguent les coroplastes laiiagréens de ceux de l'Asie Mineure; or croyez-vous qu'il aurait été aisé de trouver un graveur qui, par le car;iclére de son dessin et par le travail d>! sa pointe, aurait aussi netlcm-^nl marqué une dillVrence qu'il csl plus aisé de sentir que de dé- finir? Le parti qu'a pris M. Lécuyer élait, dans l'espèce, le plus sa^'C et le plus sur auquel il pût s'arrûter; il avait plus chance d'obtenir la sin- cérité de l'im.ige en choisissant un photogiaphe attentif et loyal qu'en essayant de diriger la main tanlôt routinière et tantôt capricieuse d'un artiste qui se serait refusé peut étic à déférer aux observations et à re- connaître la compétence de celui qui l'aurait employé et payé.
A chaque planche est jointe une de ces notices descriptives et explica- tives dont le modèle a été donné par de Longpérier dans celles qui ac- compagnent les planches du Musée Napoléon III, tradition qu'ont suivie avec beaucoup de goût, dans les Monuments de l'ait antique. M, Olivier Hayet et ses collaborateurs. Conmie dans ces ouvrages, la notice est plus ou moins étendue suivant que le monument est plus ou moins impor- tant, ou pluiôl suivant que l'interprétation en pi Ole plus ou moins à la discussion. Nous avons particulièrement remarqué celles qui sont duesà M. Cartault; nous signalerons les pages où, à propos de char- mantes figures de Tanagre, il discute une opinion émise par M. Hcu- zey sur les Groupes qui reproduisent Vallitnde de l'Encuti/lé. Ce n'est pa« ici le lieu d'entrer dans le débat; nous nous bornerons à dire que le» rai- sons alléguées par M. Cartault pour ne voir dans ces figures que la repré- sentation d'un jeu cher aux enfants et aux jeunes gens sont très bien pré- sentées et nous paraissent avcir beaucoup de force.
11 ne nous reste qu'a exprimer le désir de voir cette publication se con- tinuer avec autant de rapidité que le permettront les nécessités d'une bonne exécution. C'est un vrai service que M. Lécuyer rend aux savants et aux artistes que de meitre ainsi à leur portée et à leurs ordres tous
iOi IIKVUK ARCUKOLOUlnn:.
les mommieiiU qu'il no^^cde, li.loleim'iil ri|»odiiil!» el accoinjmgnAs dû loulo* les c%i»ln.alions el do l)U9 les rcnsci-^UfiueMls lu'ccssuiros; iioui lui en cxpriiitous noire reconnaissance, au non» de, lous ceux qui nuronl rocra>ion d'apprendre, en reuillclanl ce vidume, A mieux lonnallic le j:énie grec, hi rii lie de ressources el si créateur jusque dans lea petits ouvrn^'cs. et à l'aiiuiT d'un atnoiir plus tendre el plus >if A me- sure qu'ils pénélrcronl j'Ius a\aul dans snu inliniilc '.
G. TtuiuiT.
1. Au moiiioiit ou nous iinH >iis sous prps»r, rct arlirlo (cni di'|iuis six mos, nous rocevons la iocondt; livroitoo, que uous n'nvoiis pas tMitorc eu lu u u»| » il'uainiruT.
LE
l\mm ET LE OROUI'K D'ATIIKNA
A l,\ FKISI', IIK l'KilC.A.MH
SUiTli '
V
ÉTUDE PSYCHOLOGIQUE DU LAOCOON.
Nous avions, cinns un article précédenl, cxposi; l'iiiflucncc que la musc tiayiijue de Sophocle ou de ses imitateurs a dû exercer sur la ciéaiion du groupe du L;iocûon. Mais ce n'est pas seulement l'inspiialion môuie (|ui peut èti'e euipruiitée par les sculpteurs aux poètes, ce sont aussi c('rt;iins procédés.
Nous avions vu que, si le domaine propre du sculpteur est l'es- pace, si ses objets sont de:, corps, il peut cependant avec ces corps innnuhiles dans res[)ace f;iire sentir, jus(ju'à ua certain point, la succession des actions dans le temps. Dans llapliaèl, les plis du costume indiquent ([uel a été le niouvenient qui piécédait celui que le maître a re[)réseuté. Ce procédé rappelle le passé et fait pressen- tir l'avenir. De même, les artistes de Hliodes ne pouvaient repré- senter que la calisti-oplie du drame de Laocoon; mais, dans cette crise môme, ils ont su choisir trois moments qui nous font toucher au doigt et à l'œil la succession teriiliante, rapide et fatale des actions.
Le plus jeune des enfants est déjà livré au froid delà mort; l'aîné s'elToice vainement de fuir; ciiez lui la duuKuir n'est encore
1. Voir les numéros de juillet, août et sopteuibre.
Octobre M.jv. — {'^
l'ji RF.VUE Al\(:ilK<U.(»GI(.U K.
que morilt\ Aiini nnu!; nssislons liicn h une succession de scènes. Nou< l'.issoiis par louU's les (•iiiolioiis du tli 'ii' l'nial. Nous voyons la gr.Klatioii cl la dégrada lion nalurelli'S d(> siiinViiicos; plivM |iu'S à gauclu\ morales à droite, légères aux exliéniilôs, elles vont en augnu-nt.inl vers le centre, où elles attei}înenl leur i>aro\ys!iie et éclaleiil dans les cuiiloisiuns du père.
Pour bien saisir toute l'action de ce drame de marbre, il faut se leprùsenler -pie Laoï'uon, la lùle ceinte des lauriers d'Apollon, se tenait debout près île l'autel, élevé .sur deux marclies, et re prépa- rait à oITrir un sacrilice. Ses deux lîls l'aidaient dans ses fonction*, ce (ju'on i)eut coiij. cturtr aux long> losluinos de i)iétre (pii glissent de leurs membres.
Tout à coup les deux serpents s'approclienl avec la rapidité de l'éclair. Avant ipie leuis victimes puissent même songer à la fuite ou à la défense, ils enveloi)pent les jambes et les br;is des trois personnes, suspendant tous leurs mouvements; ils pressent le père sur l'autel, où le manteau sacerdotal vient de tomber, et le blessent lui et le plus jeune de ses lils d'une morsure venimeuse dont lelTet est insiaotané.
Le groupe est donc absolument diiïércnl de la description de Vir.u'ile, où les serpents saisissent leurs victimes tout babillées, couvrent cnliérement le corps de Laocoon de leurs anneaux pressés, s'enroulent deux fois autour de son cou, dardent leur baleine empestée sur son vi>agc et couvrent d'une bave venimeuse sa tôle ornée de lauriers et de bandelettes sacrées :
Perfui-us sanic vitlas atroque ventuo !
Autant d'images repoussantes (ju'on saurait à peine représenter en peinture, mais (jui sont impossibles à rendre en sculpture. Uemar- quez encoie que, dans Viigile, l'unité de l'image est bri>ée. Il dit d'abord les deux enfants étranglés cbacun par l'un des ser|)<Mits, ensuite le père qui s'avance avec des traits pour les secouiir et iku- tage la mort de ses fils.
Ainsi le |)^|•e nous paraît encore plus intéressant, puisiiue, au lieu de fuir, il se dévoue on essayant de sauver la vie de ses enfants. Mais ce dernier Irait ne fait (lu'augiiienter ee défaut il'imiiioralitô rcprociiè [lar Visconti au mythe de Laocoon, tel qu'il a été compris ei raconté par Virgile.
L'aelion faiale du venin ei des co!iliai:tions {\cr^ .mij ents est sur- tout très avancée cbcz le plus jeune des enfants. L'un des serpents
LR LAOCOON I:T LK fillDUIT, D'aTIIKNA . 195
a lit" (li; s'i (|ucii(; I(î picil ^r.uiclic do l'.iîiir, lon;,'t'' sn jaml c ilioitt;, saisi It's jamiies du pt'ie, v.l cnvcloiipi'! crWcs du pliH jeune cnfanl, qu'il vient mordre sous l'aisselle après s'ôlrc appli(ph'' sur ses épaules. Tout le corps de la victime inlique (|iic le vrnjn a fait sentir instaiilanémciit toute la iiuissance de sou action.
La mort commence sous nos yeux à délivrer de ses an{,'oisses cet ôlre faible et diMicat. Nous rcconnaispons pourtant les douleurs qui viennent de le torturer, à la manière mécanitiue dont il saisit de la main i,'auelie la tùle du serpent. Mais toute la résistance de la vic- time a déjà cessé, les mouvements ne sont plus qu'instinctifs. C'est uiK! iiiiage vivante du jiassage de la vie à la mort. La bouche vient d'exhaler le dernier j-oupir, h s yeux se renversent dans l'orldte, les traits se détendent, ils n'ont plus même l'énergie (h; la souiïrance. La langueur envaliissanle de la mort est aussi très bien rendue par la mullesse des chairs, par une sorte de laisser-aller morbide que respire tout le corps. Cette impression devient encore plus saisissante si l'on donne au luas droit sa véritable restauration.
Ce bras avait été brisé dans forigind ; .Monlorsoli, un élève de Michel-Ange, le restaura, et lui donna la pose qu'il a dans le groupe du Vatican. Mais celle restauration est malheureuse'. La forme de l'épaule, aussi bien que la nature même de la blessure, indiquent que le bras a dû retomber inerte sur la tôte de l'enfant et que sa main devait effleurer ses cheveux de rextréiiiitô de ses doigts. Je trouve dans le jeune géant de la frise de Pergame, blessé mortellement par le serpent d'Athéna, la preuve évidente que celte pose a dû être celle de l'original. La morsure du reptile atteint le géant sous l'aisselle droite^, sa main retombe inerte derrière sa tête; ces deux actions sont exactement les mêmes que celles du plus jeune fils de Laocoon. Seulement ici le reptile a entouré le haut du bras droit de l'enfant. Cet effet ne pouvait être observé par le sculp- teur du géant. Les giandes ailes déployées de ce dernier ne lui permettaient pas de faire passer le reptile derrière l'épaule. Ces ailes étaient nécessniies à leur lour pour équilibrer le groupe et cor- respondre a celles de la Niké du côté gauche.
1. La véritable position de ce bras est indiquée parla icttre B dans laplanclie XVf, qui accompagre celte étude.
2. Vnyez la plaiiclie XVI, lettres B et C. Dans celte planche, A et B indiquent la véritable po-e du bras droit de Laocoon et celui de son fils (cf. pi. XV). Ces lettres et les autres iodiquent ai.ssi les points analogues qui peuvent être comparés dans le y:roupc du Laocoon et dans celui d'Athéna (cf. pi. XVII). Ainsi C indique la morsure du serpent sous l'aisselle, analogue à C de la planche XVII.
196 ni.vi i: AHciii.oi.odini i;.
Djus II' groupe (lu ValuMii, nniiiiu' a la Irise de Pergnnu', nous avons sous les yeux tli's n-ptilfs dinn^ . leur aclion tloii ('[w par lonsj'quiMil inslanlant''(', iniKicuh'tisi'. On (Kiil siMilir (juo tout le drame s'accomplit dans l'espace de ijuehpies secondes. Celle im- jnession est aussi celle i|ue l'on éprouve au même detîré en rej^ai- (lanl Iliuélade ' ou en conleniplanl le |i|iis jeune lils de l.aocoon. Un croit voir le serpent arriver, envelopicr l«s janiltes des trois jiersonnes.saisir les épaules du plus jeune, le mordre el raiiéantir, tout cela en moiu.> de Icnips (juc nmis iTcn mellon- à lediri'.
Le Danle seul a pu rendre avec des mots une impression sembla- ble, lorsqu'il dit: «Kl voilà que sur l'un des damnés, (jui était jués de la mémeriveiiue nous, s'élanç.i un serpent tiui le piqua là où le col s'articule aux épaules.
(I Jinmiis ni 0 ni J ne s'irriril iinssi liir iju'il s'i'iijhniiiiKi t( bnïlit tout entier, et tomba réduit en eeudres -, »
Ici nous louchons du doi.iri, bien mieux encore qu'en lisant la description de Virgile, la ililTéreace des procétiés du scDlptoiir et du poêle. Dante nous lail sentir par la comparaison d'une action faite dans le temps la teriirnnle lapidilé d'une action des corps dan> l'espace, r/cst la phrase : Jaiiutis ni 0 ni J ne s'écrivit aussi vite^ eii'., qui nous frappe, nous saisit, nous leriilie, comme si nous voyions la scène de nos projtres yeux.
Mais le sculpteur ne peut représenler cette rapidité de racliou dans le temps que par des corps existants simultanéinenl dans l'es- pace. C'est pouripioi les jambes, le corps, le bras droit du [dus jeune enfant de Laocoon sont déjà ceux d'un ca lavre, les jambes surtout n'ont plus môme la force de se coniracler, elles pendent incites el paraissent n'avoir plus desaiii,'; tandis que le bras g.iu- elie a conservé le mouvement instinctif de répul>ion cl de défense .pii a précédé. Le sculitt(!ar a donc pu, lui aussi, exprinii'r deux actions qui se succèdent avec une rapidité verligineuse ilans le temps, mais en les indi(juant par le inoViMi îles coips.
Le lils aine de Laocoun luiiue le contraste le plus frappant avec celui que fious venons de décrire. Il esl encore jdein de vie ; seuls son pii d gauche et son bras droit onl élé saisis par le serpent, el telle est la force de ces liens vivants, que nous pouvons être cerlains (jue lui aussi doit subir le sort cruel de son cadet.
1. O nom peut dire doniiii au B''ant d<î Perfiainc, parce qu'il csl l'iilvcréaire (I Atliénn. •2- Oinl", l'Liifer, cli&iit WIV, v. 34 cl 3û (iraduciiou ili' l.anicnnai»}.
i.K i.AOfion.N i.T r.K c.itoi'i'K d'ahuc.na. !97
Mais (l;iii> II' iiioiiK'iil ri'|irr:-,'iilr l'aîriT' ('<l loiil al)«)i lir [lar I'Iidi-- reiir iiiit! lui inspire le s|ieclacle des souffranrcîs de son pr-rc;. H voit ses veines se gondcr, SCS muscles se Iciiilre ; il enlend h' cri liale- laiil de son rAle et les os ipii ciaqiienl sous la piession du ri-ptilc. La piliéct ranf.:oisse ((u'il le senl le fa^^cinenl au point (|u'il son|,'e à peine à hii-nK^uie. Cat", s'il cherclie h défaire le lucnd dont le ser- [leiil a lie son pied gancln', il le fait fcpendatil d'un(; laçoFi pF'esquc inécaniipie, tandis ipu! son esiuil est cnlirrcnient occupé par le spei'lude dont il est témoin, (liiez lui l'ilTort corporel commence si'uli'inenl ; les angoisses seules auxi|iicllrs il est vn [)roie, voila ce (|u\'Xpriment toute sa pose, le mouvement tli-trait de sa main gau- che, l'expression de son visai,'e el la li.vité de son œil fasciné.
Le geste de sa main droite est tout spécialement intéressant. Le bras a été saisi, envelo|)pé, comprimé par le serpent; ?ous cette pres- sion la main s'ouvre lentement, i)éniljlement, suivant la crampe rpii commence à saisir les muscles. Ce bras a été bien restauré el l'on peut remarquer un elîet semblable dans la main et le bras gauche d'KncrIade à la frise de Ptirgame'. Seulement ici le bras est plus puissant et il a été saisi plus liaut, en sorte qu'on suit encore mieux la pressiondu reptile dans les gros musclesetles veines qu'elle fait enfler instantanément.
L'interprétation des mouvements du j ère lui-même a soulevé les opifiions h^s plus différentes. Pour abréger cette étude déjà trop longue, nous les lamènerons to.itcs à doux opinions contradic- toires.
Les uns viulenl reconnaître dans l'cxpiession du visage la gran- deur morale d'un héros qui supporte la douleur avec courage et sem- ble reprocher au ciel le cliàlimeni qui vient de ralteindre. D'autres estiment que la douleur physi(|ue a déjà envahi tout le corps de Laocoon, qu'elle le domine entièrement, que ses mouvements ne sont plus qu'instinctifs et que le visage reflèle seulement l'épouvan- table supplice (ju'il endure.
La première opinion, qui est erronée, vient en grr.nde partie de la fausse icstaui-ation du briis droit due à Giovanni .Montorsoli, et d'une erreur de Leasing.
Le corps de Laocoon est en proie aux plus \iolentes contorsions que le corps humain puisse faire lorsque ses quatre extrémités sont violemment occupées, de façon à ne [louvoir s'écarter du tronc,
1. Comparez le mouvement indiqué par la lettre G de la pi.inclic XVI avec celui qui est désigné par la m!imc lettre dans la planche Wll.
108 nr.vn. AUcmutLoniorn.
M.iis cos moiivcmonts no soiil pas si'ulcini'iit satif^ Itiii, iU sont on rore sans iiili'iilioii. Ils in liiucnl <|ii»' LaociMui a dt'jà pciilii 1 1 c^u- ^l•lence lie si?s oiToils; il les i-oniiniii' iiistiiii'tivtMUi'Ml, ini'caniijiie- nu'nl; cc>[ la lulle do l'agoiiio, l»; oonilMl»ruii lioinin.' alLilô par la lirrouret par l'appitiih • de la mort.
La jaral'O ^'auolic osl orarloo violt;:iiinonl du Irono. mais co n'osl pa< dans l'inlonlion do so lovor, do rôsisicr ;i la loiision oxorrôc par los ropiilcs, rar daii!; C(î oas lo pied ciU icpdso ftiiicnicnt lotilo la pi into sur lo marbre du picdrslal. Mion loin do laisser suppo^or une paroillo aclion, le pied paraît soulevé du sol, ipiil n't lllouro (jiic de son oxlrt'niilo.
La mémo olisi-rvation s\ippli(|uo oncoro à la jambe droite. Elle e>l contractée au miliou, violommont pressée on deux endroits par rétroinio du ro[ililo; le ttlon-so i approche do la base île l'aulol, les doigts se orisptMii douloiiroustineiil. Comme on le vuil, Laocoon a complètement perdu pioti, il a été forcé de s'asseoir, ou [)lutôl de tomber lourdement sur l'autel; ses jambes s'abritent encore, mais sans pouvoir opposer une résistance appréciable.
On a dit que de sa main gauche Laocoon cbcrcliait à écarter le serpent de son corps. On a voulu voir dans ce geste iiuehiue chose qui rappelle le vers de Virgile :
Illc simul manibns lendit divcVcre nodos.
.Mais cotte appréciation doit être molilioo, en ce sens .|uo lo mou- vcuientdo Laocoon est absolument instinctif et pies|ue involontaire. Ce qui le prouve c'est que la main saisit le serpent beaucoup trop loin de la télé pour pouvoir exercer sur lui une action oflicaco. Enfin Il main no s'écarte [»as du corps, elle semble au contraire descen- dre sous l'impression de la douleur.
Quant au thorax, il suit les conlor>ions du reptile. Le côté gau- che se plie en an iére au point (|Ut! l'on croit cnleiidre craquer les os, t m iis (jue le côlé droit de la poitrine rossorl violemment tendu. On sont que ce lorse ne se lomeltra jamais de cetie secousse qui lui brise les reins; que, malgré sa vigueur, cette musculature ne pourra plus rejuendre sa première élasticité. Celte impression est augmentée encore par la cavilc résultant des coiilraclions du diaphragme.
Tous les mouvements (|ue nous venons d'analyser sont instinctifs, sans résultat, sans intelligence, sans dessein, presque sans volonté. C'est le rorp^ d'un agonisant qui gémit, râle, s'agite, se lord aiïreu-
UK LVOCOON F.T tJ! (IIIMII'K r)"ATIIl'\ A . jgQ
spmotilsoiis l'eiïorl d'iiMC soulTr.inre itio'.ïc. Un ?oul (^cstfi s'oppose à ct'llo conception, cVsl (•,(>liii du hns droit, M.ii.^ loul ce Ims a ôlé reslaiirépar Monloisoli, cl il est évidcni, d';lpI•^.s loul cp ipio nous venons ■i'('Xpo>cr, (juMI ne; doit p;is avoir eu la posr (|iji lui ;, {.[{. donnée dans le },'ri)Ujui du Vatican.
Un iresle de celle violence exigcrail iuk; pn-ssioii rorres[iond mte du pied dioil sur le sol, une vigueur, une force de résistance du thorax hc.iucoup plus puissante (|uc celle (pie nous avons sous les yeux.
Il esl clair qut; le bras a dû se couiber derriôre la tôle, que Lao- coon saisissait à pleine main ' ; ce qui est aussi le geste le plus carac- téristique du paroxysme de la douleur. On a trouvé dans les che- veux de l'oii.uMnal une large place qui a été polie après coup : c'était là que reposaitauliefois la main crispée de Laocoon.
Enfin, autour de son épaule droite devait. s'enrouler rexlréniité de la queue du serpent. De celle l'.içon, toute la pose de ce reptile de- vient plus naturelle, tandis qu'on la comprend à peine dans la res- tauration du Vatican.
L'expression du visa-e et la jiose de toute la tète sont aussi d'ac- coid avec celle «iouleurqui ne raisonne plus. Par une brusque con- traction du gian 1 muscle slerno-clcido-mastoïdien, la tête a été vio- leninirnl it jetée à L'auciie, la bouche s'ouvre el fait entendre des ciis inarticulés, l'œil tourne el la prunelle se renverse dans l'orbite.
Ce|>endanl ces traits ont été interprétés tout difTéremment par les anciens arciiéologues. Winkelmann croyait qu'il regardait vers le ciel pour lui deuiamii r co!",pte de ce supplice imiuérilé. Visconti disait qu'on pouvait reconnaître sur ce visage que Laocoon ne re- grettait pas le dévouement dont il avait fait jireuve en frappant le cheval de bois.
Ces assertions se heurtent à deux difficultés. Elles font supposer ou que la douleur physique de la victime n'a pas atteint son pa- roxysme, et, dans ce cas, elles sont en contradiction avec les mou- veoents que nous venons de décrire; ou bien elles nous forcent à admellre (jiie Laocoon donne la preuve d'un courage héioïi|ue qui lui fait mépriser les lortuies du supplice, d'iiri orgm-ii et d'une volonté qui maintiennent jusque dans la mon même l'expression liaiilaine de ses iiails.
Lessing a coraballu avec raison celte dernière hypothèse. li a (iéiuûiitré ([u'uiie telle corn eplion était celle de l'époque barbare et
1. Co II ouvenipnt a été indiqué par la lettre A dans la planche XVI.
200 iiKvii: sn<'.nK(iLor.iQUK.
chri'lienne. CVsl riiomme du Nonl <|ui ri^sUle impassible à l;i iIdu- loiir |>li>>i jue. 0'. si le sjuvaijc iitii m«'l son or^^iuMl à (lis-inniicr sous un m.isijUt» haulaiu It^ aniîojssos de la torliiii'. C f.-t la liaiiltur morale de> pivmiors rliivlii'n> (jui les éltWe aii-th'ssus du Hiailyre. Mais 11 n.ili'MJ ;,Mer.iiie csl UM peupl.î (r.iilisics, ucrv.ux, sensible, diMifit, viliiMUl il toutes les impressions du deliois. Les héros d'Homère pleurent, gèmiùsent, hurlent, iinpiorrnt. l'hiloclète est lun lies plus hrives héros de la Grèce, le compnj.Mion intrépide d'Ilerculi', el c<. pend;ini Sophoele nous le monîre sur la Si'éne hur- lant des cris insensés el se roulant dans la poussière, sans essayer de réajfir contre la soulTranceijiii le dévore.
Si Laocoon reslait insetisil)le ;\ la douleur, il ne serait pas ["ree, ce serait une inspiration élr.miîèreau génie île la nation hellénifjue. Cette obscrvalidii de Lessing est parfaileinenl juste, et cependant c'est cet auteur lui-même qui a pour Ij première fois accrédité l'er- reur dont j'ai parlé, c'est-;i-dire que Lcssiui; e.>timail aussi que l'expression de la douleur dans le visage de Laocoon était plutôt modérée; mais il appuyait son hypothèse sur une autre raison que celle de Vi<con!i ou celle de Winkelmaiiii. Lessin;,' croyait q rmi artiste de bon i^oùl ne devait pas représenter le paroxysme de la douleur physique ; qu'une bouche ouverte avec elTorl pour proférer des cris alîreux, comme ceux dont parle Virgile loi'squ'il dit de Laocoon :
Clamores simul horrcndos ad sidcra tollit,
devait |.!od..:ie une impression pénible, répulsive, p-ut-èlre même l'iilicule. Un portrait qui représente ua visage rianl aux éclats linil [lar produire urie impression désagréable. De même, dit Lessing, une bouche ouverte pour crier continuellement ne peut pas être rejtrè- sentéeavec succès en sculpture ou en peintuie.
Al ilgié l'apparente \érilé de ce raison!;einenl, il est léfuté pai- l'ieuvre même que nous avons sou.-: les yeux, lue liouciii'(|ni ne crie plus, c'est celle du plus jeuiii; des liU; une autre (|ui n'a pas encore crié, c'est celle (le l'allié; mais la liouche de Laocoon est ouverte pour faire place ù l'explosion de la douleur. Sans doute, elle ne pro- fère plus des cris articulés, des gémissements ou des plaintes. Klle jette un seul cri, soutenu, perçant, releiiiis«;aut; le cri d'une forte nature, pbine de vigueur et de sauté, (|ui se voit tout à coup livrée sans retour à une mort imprévue.
L'e\pre>sion du vlsa:,'e est en liarmoiiK! avec, la douleur que vo'-
i.i: i,\()r,;)()N i:t i.k cii'U'I'i: d'aiimaa. 201
piitvil l.i l)oi:-li(' cl II' corps ciiliiT. K'i (^1T"I, loiilos les parties du vhy.\'^t\ \\û peiiV(Mil iHi-c. mises (MI m )UV ■iiumU >():il U'.itHrormr'es par la iloiileiir, a;,Mléis, loiinne il/'is ilaiis ^(îllc; W-^nvi'. mii'ijx i|U(! dam aiieune aulre œjvre <Je T mli piii • ; louis hs surfaces, comme celles ilu fronl el des joii!s, soûl boiilt'VcMsécs par Ij hMisiuu des muselés, qui ressortent ici et \i avec lauldi^ violcnrc qu'on peul à peiu"' se rendre enmple île la piriii; sf)lide du s luclciif; ([u'iU doi - veut ri'couvrir. Celle inauirre a i'ir pi)ursuivie ju-(|U(' ilaus la harlie et W> clievcux, i{ui ne soiil nulle part Irailcs en |,Mand(S masses, mais f|ui se divisenl, se délaclicnl, se loi-dcul. comme si la douleur cl l'horreur i|ul saisissent le palient s'çtaii'iil pi'olon^îées jusqu'aux exlri'iuilrs des cheveux.
Le visage de Laocoon, comme toul ?on corps, rie.'t donc que rima^^e de la souiïranre physique, lorsqu'elle vient d'alteindre son plus haut degré d intensité. Il n'y a pas un trait, pas un muscle, ni de la lii^ure !ii du corps, qui exprime autre chose. Il n'y a pas de place faite dans celle œuvre à celte prélenilue exptession d'une douleur morale, à celte mélancolie, ou à ce mépris hautain des angoisses de la mort, qu'on voulait y voir aulrefois.
Les arti'^tes de Illiodes n'ont représeniô dans k- groupe du Laocoon que le paroxysme de la douleur physique. D'autre pari, dins notre article précédent, nous avions démontré que le Laocoon ne re|)ré- senle (pie la catastrophe du drame dans toute sa poignante nudité.
Voilà les deux faits principaux qui ressorlentde toute cette élude, el leurs conséquences sont des plus graves.
LE r.UOUPE DU LAOCOON PRODUIT-IL UNE IMPRESSION TRAGIorE?
Il est évident que la catastroph.e seule d'un drame ne peul pas nous éclairer sui* les péripéties de la tragédie qui l'ont précédée. Nous ne scnlons pas la cause intime, le motif moral dont celte catastrophe n'est que l'elTet visible el saisissant.
Cependant les artistes de Rhodes, en sculptant le groupe du Laocoon, ont eu le mythe devant les yeux de l'esprit. Ils ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour le rapjieler viveni'^nt aux spectateurs. Ainsi l'autel, h s longs manteaux du père et du lils, sont les symboles de leurs fondions sacerdolales. j/idée que le sang humain va souiller le lieu le plus sacré du sanctuaire devait éveiller chez les Grecs le souvenir du sacrilège commis autrefois par l.aocoon à cette môme place; la rapidité avec laquelle le venin
20i REVfK Anr.llÉOl.OOIQUE.
des si^ponls agit sur lo plus jeune «K-s enf.inl^î <Ie Laoroou doit nou> iiuliiiiUM- tjue ces repliles sitnl envoyés par la divinilê, que ce sont des tMres uinnMrucux <|iii n'appariieiinenl pis au monde lerreslre. Cepeudanl loiiles ces Irgt'r.s allusions lu* sullisfiil pas pour faire passer «levant nos yeux le dranu' entier, ils nous indi- quent seulenuni que rintenllon des artistes était de représenter re n>yllie-là et pas un autre. Elles nous inonlrenl «lue 1rs smlptenrs oui lu le drame présent à l'esprit, mais ell's nous permettent en même temps de constater qu'ds ont été impuissants à le représenter dans toute sa gran Inir, dans toute si hauteur morale.
Il en existe une preuve certaine : c'est que les speclaleurs du proupe tjui ne connaissaient que le lécit de Virjîile ont reproché an chef-d'teuvre de.> sculpteurs d • Kli<.des la même immoralité qu'ils avaient hlàinéc dans le itoélc de iÉiin<l(\ Tel fui le ras pour Yisionti.
Les >culi>leiirs n'ont don." représ.iilé i|ue la dornieie scciie du dernier acte de la tragédie, cl si itous préférons rattacher ce der- nier épisode au drame grandiose de Sophocle pluUM (ju'au récit immoral de Virgile, cela vient non pas du génie des sciil[ileiirs eux- mêmes, mais de noire manière de sentie et de la coiin lissance ipie nous avons de la légende hellénique.
Le groupe du Laoeoon ne révèle <lonc pas par lui-même le fond moral de la légende. Les anciens, comme nous-mêmes, devaient apporter avec eux l'exégèse du sujet représenté. L'explication de l'ensemble vient donc du dehors, elle n'émane pas du groupe lui- même.
Ei\ d'autre?, termes, lo clipf-d'a'uvre des sculi>tcitrs de lUioih's n'est pds réellement tnujique.
L'impression tragique des souffrances que nous voyons ne peut être que le résultat du r3|)pnrl (iiic nous étahlissons entre elles et l'action dont elles sont les conséiiuences justes et nécessaires. La douleur, le pathos, ne sont pas tragiques, ils sont sculemenl im|uié- lants ou allli^eants partout où ce rapport immédiat entre la cause et l'elTet n'éclate pas au premier coup d'«eil. Si l'on a hesoin d'une longue explication pour comprendre ce que Ion a sous les yeux, l'elTet lragi(pie est alisolunieni maïupié. .Miis l'émolion tragique n'existe qu'autant que les souiïrances qut; nous voyons sont justes cl méritées, c'est-à-dire proporiionnées à léMormiié du crime commis. Là où celle proportion n'ixisle pas, les soiilTianees que nous voyons ne foui (ju'exciler noire indignation ou noUe dégoût.
!,[•: i.AocooN i:t i.i: ghoim-r [j'atihaa. i>0;j
C'est pour colle raison (|U(', d uis l'Ilamlet de Sliikcspenrp', le héros ne luf p.is le lyniii l()rsi|u'il piii" «:t se rej.ciii. C t'-.l pour le niôuie niolir(|ii(' Sli;iki;spe;ire a, dans celle pii'ce,fail représenter par des eoinéiliens le crinic du roi sur la y^cvnii, devant le coupalde lui- mômc et devant les spcclateurs, quelques iiii-lants avant la calas- troplie. De relie façon la i)unilion du criminel nous paraît juste. Nous ne soiilTroiis plus à la vue du cliAliuient (ju'il doil suliir, parce que le senlinient de la jusiice éteint en nous celui de l'horreur (]ue de telles scènes peuvent inspirer.
.Mais il n'en est pas de même à l'aspect du Laocnon, et on écri- vanl ci's lii,'nes nous avouons que le blâme le plus grave qui ait été élevé contre le groupe du Laocoon est |)arfaile!nent fondé.
0:i a dit avec raison que l'on ne peut contempler longuement le prouiie du Laocoon; que, si ce chef-d'œuvre est entouré d'autres statues, on dOtourne volontiers son regard pour le reporter sur des objets plus at^Méables; que ce senlimeul n'est dû ni à la mauvaise restauration des l)ras par Monlorsoii, ni aux serpents dont les enla- cements onl (p.iehiue chose de répulsif, ni à ce (pi'd y a d'odieux dans celle i;orle de supplice. On a été plus loin. On a affirmé que, si ce groupe était enlevé à l'entourage de statues qu'il a le plus sou- vent dans nos musées, si nous n'élioiis habitués depuis longtemps à le voir; si nous pouvions oublier un instant qu'il ne .s'agit pas d'une scène réelle, mais d'un giou[)f.' taillé dans le marbre, s'il nous apparaissait tout à coup dans la solitude d'un sanctuaire, ce senlimont d'Iîorreur, de répulsion, dominerait, absorherait abso- lument toules les aulies impressions (|u'il di'\rait éveiller dans no- tre esprit ou dans notre cœur.
Le groupe du Laocoon n'est donc pas un vtritable chef-d'œuvre Iragiipie, parce qu'il n'est que paihéti jue, c'est-à-dire que les soulTrances physiques, la pathos qu'il représente, ne retlMent pa.s une idée morale supcriture. M »is la léalilé seule ne suffit pas pour produire cet elTel tragique qui dépend avant tout de l'idée morale qu'éveillent en nous les soulTrances auxquelles nous assistons.
Cependant on peut invo(;uer en faveur des artistes de Hhodes le fait (jue, le m\the de Liocoon étant donné, ils ne pouvaient le re- présenler autrement qu'ils l'ont fait. Tout autre moment de l'action n'eût pas résumé au même point toul ce qu'il y a de divin, de mira- culeux, d'instantané, dans ce châtiment qui atteint le piélrc cou- pa Ide et ses deux lils.
Après celte analyse psychologique et moiale du Laocoon, il fau-
204 iiKVLK Aiu,niv<)i.O(;igUF..
drail l'i'lu lier j'Hi'ori' ilins S.1 composition, exposer les Imule-; (pm- lilôs lie slyK' (luil contifiil. Mais relie élu le ptiM'iiient e.>ilièli(|iie du {iroiipe nous entr.ilnerail Irop loin. Klle a élé d'ailleuis faite si souvent, qu'il est inutile de répéter onroie ce que d'autres onl déjà dit. Nous rappellerons seulenieiîl(|iieliiues Ir.iils principaux (jui res- sorlenl des juj,'c:iienl« prononcés par les critiques inodernes.
Aulanl le {::roupe peut être crili(|ué au jioint de vue de riinpivs- sion morale et psy('lioloj:i'|iie ipi'il produit, autant il f;iut en aduiircr la composition. Il n'y a peut-être pas d'autre <euvre dans le inonde anli(iue ni dans le monde moderne où d'aussi prandes dilTicullés de coMiliinaison aient été vaincues avec autant de suciùs. Il s'agisî^ail de comltiner tiois corps humains el deux serpents, de telle soi le que le? enlacements des reptiles ne détruisissent pas la lieaulé, des formes liumaines. L'ensemble de la composition a dû suri,'ir tout à coup devaiil la fantaisie surexcitée de (|uelipie ailisle de génie, (l'est ce que Cirrlhe veut dire, lorsqu'il s'écrie : (i Le Laocoon esl un éclair fixé, une vague iiétrifiée à l'instant où elle frappe le rivage. » .Mais .il y a loin de cette image spo.tanée qui apparaît vaguement devaiil la conception de l'ailislc, il y a loin de celle idée première à l'exé- culion plasti(|(ie du groupe. l'our réaliser l'idée dans le maihre la réllexion devait s'unir à la fantaisie. C'est aussi ce qui (ait dire ù Pline qu'Agésandre. .Mlianodore el l'olydore de Hliodes avaient sculpté le Laocoou de consilii sriitciilia. Dés (|<ii' l'un d'eux eut conçu le plan général, il dut consulter ses deux collègues, discuter avec eux tous les moments de la composition, choisir ses modèle?, placer et déplacer les ligures, essayer eu aigile Texécution de celle pensée générale (|ui venait di' lui être suggérée dans un heureux moment d'inspiration. Il n y a peut-être pas une seule œuvre «l'art où nous jinissions aussi liieii (jue ilans le Laocoon prendre sur le fait ces lieux activités de l'esiuit humain, la fantaisie spontanée et la lente léd xion se comtiinant pour créer un chef-d'œuvre. Malgré se> hautes qualités, le Laocoou no.is rappelle sans cesse le travail des artistes, la difficullé de huir «eux re, »'t il n'est pas besoin de faire remanjuer que c'est là son principal défaut, l'n véritable chef- d'inuvre <loit nous faire oublier les elToits «le ceux tjiii l'ont composé ; il doit nouo paraître tellement naturel i|ue nous nr devons pas luêuie penser aux sculpteurs (jui l'ont créé. .Mais ce n'est pas le cas pour le Laocoon. Tout en lui nous rappelle reiïort, la scirnc , to-it nous ra- mène à cet:e idée (pi'il s'agit d'une œuvre due à une épociuc où le lalcul el l'élude s'unissent au génie, à une époque de gr luimaiiiens et d'anatomisles.
i.t: I, vocwo.N i;t i.k giioui'K d'aï iikna. 205
Celle obscrvalion nous r.ipprocluMJu but (lii ccllo (Hiiilc, (jui csl (i'i'l;iblir d'une façon ceilaine Thisloire du Kroupe du Laocoon el la dalu il la(|U( Ile il a dû iMre sc.ul|ité. La niuscul.ilure des (igurcs est, dans loutes ses parlies, cxéculôe avec une lelle suiiériorilé qu'elle nous rappelle sans cessj et coniuie involonlaireinenl que c'est à l'é- poque des successeurs d'Alex.mdre cpie les études d'aiiatoniie ont counuencé à s'acclimater dans les écoles de Grèce el d'Asie Mineure. L(î réalisme ipii ressort de chaque détail el la précision scicntilique que ilénole chaque muscle ne permeltenl pas de douter que cette œivre soit née d'un sié('le de recherches positives, où les artistes ont emprunté à la science ce senliuient (jue loul le corps humain est un organisn:e dont chaijue partie leur est connue dans sa nature et dans ses fonctions. Les sculpteurs du Laocoon ont manié le scalpel (h; la dissection, on peut en être certain, et il n'est aucune période de la science grecijue qui s'accorde mieux avec ce fait que celle des suc- cesseurs d'Alcxan lie, soit de -2','A) à loO avant noire ère. Mais, pour arrivera la conviclion que celle dale est bien la seule possible pour la création du Laocoon, il faut iciourner à Pergame et examiner si les archéologues ont bien conipris ce (pie la frise de l'autel de Zeiis, dont on a tant parlé ces derniers temps, représeniait aux yeux des Grecs.
ADRItlN WAC.NON. {La suite prochainement.)
IJ s
LISTi:S KO\ALi:S î:TIIIOIMI«>iNi:S
LKUIÎ AUTOIUTK IIlSTOIUOi:!':
suite'.
MONNAIES.
.'»3. — Il nous rcslc à éliidiiT les monuni'nl^ ninn»''tnircs do l'Abyssinie.
Ln numisnialique clhiopionne ne remonle i-'uèro au delà do ISGS. Ce sont MM. de Longpérier et d'Ahhijdic qui, les premiers, oui lente d'; ;.o niiinjf'îre suivie un décliilTreuient et un classenienl i!es rares pièces que nous possédons sur le royaume de? Aksr.mites^. M. Dill- manii et surtout M. J. Ilalévy^ ont repris cl complétt', en lanlciue la chose i'iail possiiile, car ils n'api orlaient p;is de doeuuients nou- veaux, les travaux de leurs devanciers au point do vue de la lec- lui-e des légi-ndcs el do l'idenlilication des personnages.
Il existe jusqu'à ce jour environ ^ix monnaies d'or, une pièce d'argont ("?j el une vingtaine de nionn.iies de cuivre connues. Toutes poricnl des busles de princes et des légendes, les unes en grec, les auTes en glieez ou ancien éthiopien.
1. Voir 1(R numéros d août et si'ptemlirc.
2. Le» premier» Piisais sont de Ed. Riippcli (1840\ Kenncr (18G2), Ilougliii (1863). La notice de M. de Loiijrpérier sur les iiioniiiiit s de» rois d'Ëiiiiopir, suivie de» ob- »crvalions de M. d'Abbadie, ii puru dans la Hevue numiMnatique, t. XIII (IbOS), cn- Bcmblc 3'J p. in-boei: planches.
3. Dillmann, l>tr Anf-mge, etc., p. 220 et sij. — llnkWy, Mc(aurjes d'épigraphie némiti'/ur, p. 120 à 160.
I.KS I.ISTKS HOYALKS KTIIIOI'IKNNKS. ii07
L(> f.iit (le rcxislciicc (l'un syRl^mo moni-laire rclalivcrncril pcr- fccliofiiir, coiiiinc le iiioiilniil les rares spécimens parvenus jiiS(iu'â nous, prouve un (le^M'é de civilisalion el un (Hit s(jcial assez av-inci; sur le liaul Nil à une (!'po.|uc recnlcM', non anh^rieure toutefois ?i l'ùre clnvlienne. Les relations conunerei.ili's CH'-t'-es par les (Jrcrs, sous les Lagiiles, et la fondiiion de comptoirs dans la mer Erylliréo avaient forcément iotrolnil jus(pie dans l'inléi ieurde rAlriiiue et en Aralii(! l'nsaj^'e de la monnaie gréco-romaine (jui circulait alors dans le monde iiilier.
Sous ce rapport, l'Arabie paraît avoif devancé l'Afiinue sa voisine. Antérieuiement à rÉthiopie, et dés le deuxième siècle avant notre ère,losIlimyarilesuvaienlunsysléme monéiaireempruntéauxGn.'Cs: d'une part, c'est le ty[ie des Séleucides', des Arsacidcsel des rois de la Kliaracène qu'ils prennent pour modèle; puis c'est la monnaie d'Alliénes avec la chouette sur l'anipliorc panatliénai(jue que les tobbas adoptent, se conlenlant de les conlremaripier avec un mo- nogramme bimyarite. Plus tard, les souverains de l'Yémen frappent à leur tour des pièces d'argent î\ l'imit ition du type alliénien et avec des légendes sabéennes. Enfin, aprè.^ que ces peuples eurent connu les Romains, à la suite de l'expédition d'yElius Gallus (24 ans avant J.-C), ils gravèrent leurs monnaies au lypeauguslécn-,
i\. — En ■ ihiopie on ne trouve rien de p.ireil. Il sulfil de con- sidérer l'ensemble des monnaies étbioiienneo pour voir (jue le type n'a rien d'analogue aux monnaies liimyariles ni aux pièces grecques. C'est avant tout au t\ pe du bas-e:;ipire romain qu'il faut les rappor- ter, tel (|u'il commence à apparaître au milieu du m'' siècle ver: les trente tyrans, el surtout aux piéc(,'S romaines et byzantines des iv% v^ el VI® siècles, et même du moyeu âge.
Le module, le poids, la forme ext-^rieure, le costume des person- nages et lous les détails monétaires sont empruntés aux Romains; mais les légendes sont en grec, la langue commerciale de tout l'an- cien monde, le grec, qui, depuis Alexandre, avait peu à peu rem- placé en Orient tous les idiomes, a la cour du inoin^ des souverains.
1. V. le tétradrachmc publié par Barclay V. Head en 1880, portant la Itgende ®ôtI In nb-iatso, et qui est du u* siècle avant J.-C.
2. V. Scliliiraberger, Le Trésor de Saitaa, in-i", Paris, 1830, 65 p. III, pi. et les observations do M. J. H. Mordtmuna dans ZDMG, 1S81, p. 501 ; dans /. ffir Nu- mism., Wien, 1880, p. 289. — B. Ilead, Numùm. Chronicie, 1873, p. 274.
i(>S IIKVUK Alu,lll.ui.ti(.lyi;r..
(yi'>l seulemcnl plus l.inl ijik' los rois (r.\k>iiiii miiciil li'iirs ikhiis l'I leurs |(''j;fritles rii langue illiiojiicniie.
Les intmiinies élhiopiedius à earaiMères grecs soiil donc les |irt- niières. et parconséi|uenl plus anciennes que celles donl les légendes sonl en gliee/.
L'élude lie ces monuments nuniisiualiques esl d'une i,'iMndf im- portance au point de vue de riii>l()ire. (juoi.|ue rares, on |i ut dire qu'ils sonl [)lus aullienliques cl (dTrenl plus de eiédil (lue les listes royales abyssjnieniies, et, quand on en aura découvert un nomhre suHisanl, c'est par les monn ues seules .|U(' Vwa pourra élalilir, d'une manière à peu prés certaine, l'ordre vl la diroiiologie de qiiidi|U('s- uiis des mis d'Aksum. l^e sera un nouveau service ajnulé à tint d'autres que la nuniismnliiiue aura rendus à l'hisloire.
l'arini ks treize à tiuatnze noms de rois que j ré>e:ite la «éiicmo- nélaiie connue jusqu'à ce jour, c"»'sl à peine si on a pu en retrouver quelques-uns sur l'ensemble des listes, sans même iiu'oii puisse être certain de I idenlité,tellemeiil l'orthograplic dilTère. Pour It plupart des autres, comme 'Aç-iÀot;, lia/a-ra, Naîleva, Mtiigsn, ce sonl des noms tout à fait nouveaux; les dillicullé> d'identilication sont au^si grandes (jucpour les inscriptions et les auteurs classiq-jcs, syriaijucs ou arabes.
4o. — Avant de passer ;\ l'examen des monnaies élliiopiennes, je dois dire un mol de leur classincalion.
Ainsi (ju'on vicnl de le voir, il ne peut être encore question d'ordre clironologique, il faut attendre la découverte de nouveaux spécimens monétaires, ce (|ui esl l'œuvre du basard cl surtout du temps. La science des médailles étbiopiennes est dans l'enfance; mais, maintenant que ralteiition esl attirée sur celte brandie de la science et sur cette partie de l'Afrique, comme elle l'esl depuis un quart de siècle sur sa voisine l'Arabie, il esl à espérer (jue notre série monétaire, encore si pauvre, attirera la sympatbie des voya- geurs et s'enricliira des trouvailles et di s fouilles soigneusement préservéesdii pillage et de l'exploitation Cdinmcrci ilo coiiiiiie il n'y en a eu que trop d'exemples.
Kn atlendanlon peut se contenter de classer les monnaies aksu- milaines soit d'ajiréa la légende, soit d'après le type. Je n'ai pas ;\ m'occiifter ici des variétés du lyjie des monnaii s au croissant, ù la croix, à deux bustes, à une seule effi;.de, etc.; je n<'. m'ariéle (ju'a ce qui rentre direcieinenl dans mon sujet, je veux dire à r()iioniasti()ue, el, pour ((la, il y a lieu de faire la distinclioii entre les mou-
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nait's il ligmilcsel ci raclures grocs cl les monnaies ii légendes ùlliio- liicniics.
Monnaies à léycndca yrio/ua.
'i(i. — l'ariiii CCS pièoos, rt'llo (|iii csl classée la picniiére dans ltiii)[)L'll, de Loiigiiérier cl Ilalévy csl iiarliculiércnicnl inlércssaiilc, parce (lu'oii a cru devoir la rallailn r .'i l'Iiisloin; de j.i f(ucrrc corilre Ddii Xowàs.
iTcs: une pièce en oi- (il y en a pli.sii'iiis exem[)lajres) ayant juste le liiaiiiclic de nos pièces françaisis de cimj francs en or, porlanl d'un côlè un buslc louiiié à droilc, la lèle couvcrle d'une couronne j-adiéc avec les mots BACIAGVC AOIAAC, et le croirsanl avec point entre les deux cornes; au revers, autre busle, la tète ceinte d'inie sorte de liarc spliériiiue, mèine cridssant, h; mot grec AZWMITWN cl un groupe de di\ lellrcs grec(iues BICIAIMHAH.
Le nom du roi des Aksumites a été lu Apiddas, Aridas, Atjilas, cl ApJtilds. Celle dernière lecture a générikmenl prévalu. Apliila» élail lin roi païen; le croissant (|ue l'on trouve sur ses monnaies, cl (|ui esl imité des Sassanides, indiijuc ijue le pays n'élail pas en- core convLili au christianisme. Ouant à Tidenlité d'Apliilas, il est bien dillicile de l'olablir.
Sur les listes de la première période, c'est-ù-dire avant Bàzèn, on trouve (liste A, nMO) un F/7w, «&A^, ou Snféliâ, ÙiLôi^ (liste ïi, n'"'20},qm se rapprocherait de la forme grecque Apldtas. Si c'était le même peiv^onn.ige, la pièce aurait été frappée environ soixante-dix ans avaiil l'ère cliréticnne. Il esl impossible d'ailmcttre une pareille date ; il suflît de voir le costume des deux princes repréîenlés sur Vaureus pour se convaincre qu'un dessin de ce genre n'a pu ({u'élre emprunté aux monnaies du 111"= ou iv" siècle. Il faut donc chercher le roi AphibiS sur la lisle de la deuxième période; mais, ici encore, sauf Gafalè, Id^ùs, qui figure sous le numéro 13 et qui ne régna qu'un an, on ne trouve malheureusement aucune forme analogue. La lecture Aphidas, pioposée par Huppcll qui voit dans ce mot une imiljlion grecque de Ainida (Amila, Apliidi), permoltrait une identilicalion plus facile. Ela Amîdâ, hfi s 0*^^ s esl en elTet un des derniers rois de la période païenne : d'après la liste H A, n^ao, il s. 'lait l'avaiil-ili rnier avMit les (îdix rfèir^ A'u'eha et Atsbeha ',
r. C'e.>i i tort (iiic M. llaiuvy affirme (o/a /., p. 136), d'après M. d'Abbadio, que
XLIV. — li
210 HKVIK .MK.Hl'OLOCiigl'K.
c'esl-à-dire vers 300 do J.-C. Ci-llc ilalo comortlt rail parfait. iiilmiI avfr \c ^jonre île la [uère el m)ii i oiils {i gr. iiO ;\ 2 t,M-. (iJ), (jui esl h peu près le poiils du semis d'or de Pépoiiiie de Dioclélien cl llons- lanlin'. Cepeudanl. sui- les dnix pit-ees di)iil M. d'Aliliadie .i ii(»iinù la gravure, la leeluie AOIAACpirall liieu eei laine, il non AcJJlAAC. Il sulVil d'examiner le niot AIMHAH. «pii esl sur le revers, pour s'as- surer ijue le A el le A ne pruveiil iMre eoiifoudus.
Il faul lione s'en lenir à un roi Apliilas lowt ;\ fail ineonnu, comme nous en trouverons d'autres plus loin. .M. Ilalévy rapproche ce mol d'une r.iiliic fh^A * linfal'i : «liiii rasxinl'le ^le peuple)».
.'j7. — Nous arrivons au revers de la pièce cl à la légende BICI- AIMHAH, qui a donné lieu ;\ Iden des intei prèlilions.
Kiippell, el aprts lui M. Laiii^'lois-. el M. A. l.èvy, de TJreslau^, n'hèsilent pas à lire BACIAGVC AIMHAN, « le roi Dinii m », et à voir dans rcHîgie (lu'aeiumpa.-ne celle lè;;inde le buste du roi juif Dou N(>\vàs,doiit le nom aurait été altéré en Dimian.On aurait ainsi une monnaie sabéo-élliiopiennc portant les elllgies cl les noms du roi d'Aksum comme suzerain, el du roi Dou Nowâs comme vassal, tous lieux alliés avant les événements de Nagriin.
(( La présence des deux princes liimyarile et abyssin siir une môme monnaie prouve, dit M. Langlois, qu'à une certaine èpoijue il y avait alliance entre les Arabes de l'Yémen el les Sémiles de l'E- Ihiopie. » Le fait de l'alliance di's deux peuples ou du moins de la soumission de l'Arabij du Sud à l'Abyssinie ressort des inscri[»lions grecques et glieez d'Adulis el d'Aksum, ainsi qu'on a pu le voir. Nous seiions tout disposé à adopter en principe celte liypolliési' d'une monnaie sabéo-élhlopienne, sauf la lecture sur la(iuelle nous ne se- rions pas d'accord. Il est impossible ijue BICI puisse ô!re une cor- ruption 'Ir BACIAGVC, alors ijuc de l'aulie eôlé île la pièce le mot BACIAGVC se trouve en toutes lettres; d'autre part, nous avons vu que Uimian esl un personnage tout j\ fait distinct di' Dou NowAs, au- quel il esl de beaucoup antérieur. Enl'n, il serait étrange (jue le nom de Dou Nowâs fut altéré p.ir le loi lui-:iiéaie sur ses muiinaies d'une
les rois qui portf-nt lo tioin d'Elu Auiidu sont Idih posléricupi à l'ialroduction du clirihtianihiiK; en i-.iliiopi'.
1. Iluppi-ll II, p, 3'i'i) clioisii pour en fairi- son Npiiida'^ l'I.la Aniida pt'Tu du Ta- xtua (III U, u" 0), qu'il suppose uiori un 542 de J.-C. el conlcniporuin de Dou Nowàs.
2. Surnisin. anléisliii/t.fp. Il!i2el 153.
a. Ei/i'jraphtsche Ikttra-ye z. G. ilcr Judcri, 18G0, p. 273 (dans le Jnln-l-uri, fur die G, der Juden, toiuc II).
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iirmic're ;iii.s.-.i iiirorreclo. Sans doule il n'est pas sans cxcmiilu en niinii-iii;ilii|iiecl(; voir, aux 6i)0(|ues barh.iics, les nonis proiircsgros- si(''reni('iil drligtirés, mais ce no sont h; pins couvent (jue des va- riétés oillio;,'iMplii(|iics <pii sont surloiil sensibles à I'omI plutôt qu'elles ne Triaient peiil-élie dans la prononciation. ïci il est im- possible d'idenlilier Diniian avec iJou NuwAs ou du moins (l'admellre que la inoiin lie il'or ipii porte ce nom soit contemporaine du roi des Ilomérites '.
La Iccluri AIMHAN étant 1res possible, notre monnaie aurait donc d'un c(Hé Apbilas, roi pjïen des Aksuiniles, d de l'aulie Dimian, vice-roi du Vémen, ayant rôpitbélc de BICI sur le sens duijuel je m'expliquerai bientôt. La tète (|ui a un simple bonnet en forme de tiare est bien celle (fun vice-roi ou i,^ouvern(ur; .\1. Dillmann^ en fait un éi'onymc élbiopien. Sur les monnaies biuiyariies, il y a éga- lement deux bustes dont l'un représente le tobba ou roi légitime et l'autre le (jail ou vice-roi, mais tous deux arabes, car on n'a pas en- core trouvé de monnaie sabéo-i5tl;!opienne ù légende bimyarile.
48. — M. Guslchmid et M. Nœldeke ^ intervertissent et inélan- gcni les légendes des deux faces de l'aureiis. Ils llscnl A-.-rr.av HacriAîù; 'A;c.)aiTO}v, font de Diméas un roi élbiopien; par contre Apbilas devient le vice-roi de rVémen. Celte interprétation, outre bien des invrai- semblances, est manifestement contraire ù ce que nous disent les au- teurs conîemporains grecs ou syriaques, lesauels, malgré les diver- gences dans l'ortbographe du nom, sont ' ord pour faire du personnage un roi des Ilomérites.
-M. d'Abliadie et M. Ilalévy -* lisent AlMHAH au lieu de AI- MHAN elfoiilde BICIAIMHAH un mot glieez, qu'ils rendent l'un par « parlement solennel », le second par«riiomme de l'assemblée» Otùt^ao^, Bîsîiliinara; mais ils ne disculpas ce que représente alors le second liuste. Si notre bypotlièse est préférable à celle inlei-piéta- lion, si l'efligie qui est au revers de celle d'Apbilas est celle du vice-ioi Dimian, quelsen. faudrait-il donc donner à re mol BICMont la lecture cA certaine? Je n'hésite pas à voir dans ce groupe de let-
1 . M. de Longpérier (ouvrage cilé, p. 10) u fait, du reste, remarquer que le type de la tOteraséeà clievi ux courts s'opposerait a ricJuitificution a\ec Dou i\owâs, dont le nom signifie « le bouclé».
2. Di': An/œ>i(/i\ etc., p, 230.
3. Tabari trad , 1879, p. 185. — ZHMG., «880, p, 737.
U. D'Aljbadie, ouvr. cité, p. 27; Halévy, K/u^r. sémii., p. 137. - V. aussi Dill- manu. Die A?ifœnge, p. 212, et supra, § 37.
■2[)i ''"^ nKvrK vut'.m>.Mi.()(;i(i( K.
livsKsulKlantifplieoz^fV.s*', «AXA, (|uc.M. Il;ilt' v.v ;> iiilio.liiil dans sa lerluiv liistdimira ot <]ui u le sens ilc « tîncirii'i». Nmis l'avons sijînalt"' dans les inscripliuiis d'Aksiiiiu'l ilfst vraiscmlilaMiMuoiU le nii'inc quo ivliii ipio nous fouriiissi-nl les noms iiropros Wic^Cr naz("^ii, Beesù Sai(|, IU>ost^Tsa\votsâ, (jue l'on tiouvo sur les listes royales, ('c sérail (ionc «le ;j;n('rrierl)iniian » avec le sens de },'éii''r.il. va>Ml do ri-lhiopie.
Kii allendanl (ju'iin plus grand noinl>n' de jut^'crs iiciinelU', par la eomparaison, de fixer d'une ulani^re délinilive la lecture de ces monuments monétaires, il faut, croyons-nous, s'en tenir ;\ l'expli- caiion que nous venons de donner.
1<) _ n.iiis 11 nioii:iaii' d'or de Hakliasa, du même type que la rècédenle, nous trouvons é^'iliMU. iil ia tùie et la légende d'un roi sabéen.
L" droit porte le buste royal et la légend'' ►î- BAC + CIS + BAX ►f- ACA. Klle a été lue avec beaucoup de vraisemldance BAC1A6VC BAXACA, « le roi IW/olcol », (|ui est de ré[ioiiiie clirétienni- aii.si que rindi(iuenl les croix qui séparent les syllabes. Ce nom ne lîgure pas sur la liste de la 3» période, il y est iHobablemenl sous une autre ap. pellation; pouilanlun loi Bakhas. OHlA, se trouve dans les [iremiers souverains d'Abyssinie, liste A, n»8. Nous rencontrerons plus loin le roi Ba/aia sur une monnaie de Nezana.
Le revers contient également un buste avec la légende + lAN + AAOel,dansun aiilresens, ►!< Cl B + ^00£. Ainsi nueTa établi .M. J. II. Morltinann ', lANAAO n'ot autre (jue le nom bimyarite bien connu OHÎ (n:-. o^), et fréquent dans les dynasties sabéennes; CIB e.-lla lecture rétrograde de BIC, ipie nous venons de voir; la dispo- sition générale de la légende permet celle restitution; le dernier mot est illisible -.
M. Gulscbmid ^ trouve moyen de lire BIC-IAH-AAY • EON qu'il divise en B. ICPAHA AYEHN, « Israi-I roi du pa\s d'Aue h. Cet Israël serait le fils aine de KJleb Kle>baa le vainqueur de Uou Nowà«, et A'ir, le nom d'une contrée d'Abyssinie entre Adulis et Aksuni. Quant au roi ijui est représenté sur l'autre côté de la pièce, le .-a\ inl
1. Seue hitivjnrische iîûnzen, 1880, p. U. — Scliliimbergtr, p. 1.3.
2. Les Icclurc» contradictoires proposées par M. d'Aljbadic (o/». /., p. 28) et M. Ni- léry (op. /., p. 130; no iim |)araiss(;iit pas plausibles.
3. X1).\IG., ibbO, p. 730. — V. uuh^i Fell, imin.i rccu'il, lti8l, p. 3r. it suiv., et M'^rdtTT.ann, 1877, p. GO.
m:s i.istks it((\.vi,i;s i'itiiiopik.nnks. 2<3
lnuIVssoar di; Tiihii'.gon y voit l.i (i.i,Mii-(' et li l(''},'(Miflfi de u Assioba- rlia roi des Snlirciis», B^iiIeÙ;) ACCINBAXA CA^oaitôv^. Aiosi lu où jo vois lo roi (Hliiopicn n.ikli;i>:i, M. (iiilxliiiiid lil « Assiiil).ikhn, roi des S;d)(''ens »: (|ii;int ,111 n'vcrs que j'inlerprètc par le buste du roi himyarile ;ivec léj^-eiide « le ^(iierricr lanAr», le savant alleiiiruid l'alliibue à « l^ra.d roi d'Aiié ». Il csl inutile tU: f.iin; re;Sorlir tout ce (|(ie eette derniùre lecliirc dlTre d'incertain etdiiforcé. Le prétendu Assinbaklia serait, suivant .M. riulsrliniiil, le même personnage que Prûcop(î appelle 'KciuicpaToç et (jue les inseriplions liimyaiiies (lésij,Mient par VE^'rv, ar. ^t*-r- '. D'après Procope , Esimi[)liaïos était un prince elirétien (d'oiigine sabéenne?), qui fut instalN; par Kfdel) sur le tiône de Saba après la déposition de Dou Nowûs en M.-); il fut à son tour renversé par Abramos en îùil. Mais, suivant iMalala le vire-roi (|ue Kàleb mil à la place du roi des Homèrites s'appelait 'AYrav/i; -. Le savant allemand modifie ce nom en 'A7(7avr,;, (le maiiiùie à le rapportera Ilas<àn, (jui aui'ait été le prédé- ceFseurirEsiiniphaios. D'après Maçoudi le premier souverain étliio- pien dans le Vénien fui Arial, nom que l'on trouve assez fréi)uem- mentsurlt's listes, hCO^ , l'AcïOaç des auteurs grecs. Il est proba- ble que tournées personnat^es, E-iiiii[d)aios, Assan, Arial, Abramos, furent contemporains, adminisirant peut-être cliacun une province au n()!ii du roi d'Ktliiopie; mais les auteurs arabes eux-mêmes man- quent de pi-èi ision sur cette époque de leur liisloireanléislauiique, et vouloir les suivre dans leurs indications de personnages c'est s'exposer à créer les hypolbè.'es les plus liasaidées.
50. — Les autres monnaies connues à légendes grecques n'offrent aucune difficulté de lecture, mais l'embirras est toujours le ii,ênie quand il s'agit d'identifier les noms. Ce sont :
Un aureus à deux effigies, portant d'un côté ►i' BACIAI AZGOMI, et de l'autre >h\'Z>hPC>i<Ç,>i'tA, ce qui se traduit pai- « Gerseia roi des Aksumites »; le nom du second personnage n'est pas donné. Gersi m n'est pas sur les listes, mais M. Halévy ^ propose de lire r6P (MA;CEM, dont le sens seraiten éthiopien .-«crainte du nom (divin)», IC^I : il2° i ; on aurait alors un nom analogue à Germa Asfaré (!I Bn°o)(les premières années après le Christ; Germa S:ifar(ili BnMi) du vil® siècle de no:re ère. Notre pièce doit être de celte dernière
1. Mordtmann, ZD.l/G., 1881, p. 438.
2. Dillmami, /. (;. des Axiiin. Rcichs, 1880, p. 30 cl /i3.
3. Épigr. scmit., p. \l\\.
'iW REVUF Anr.lIKOLOCIOUK.
époque». lUippoll, qtii a li» pioiiiior piiMu'' ct'llc inonniiio, avnil stip- po><^ j'i lori «lUP (i<Tscm. (ju'il n-sliluc «mi (icrscmur, ôiail la Iraiis- criplion p:ror(|iii' Au ndin j,'h(M'Z Kla Satnara (Il A n' il) de r(>|>0(|(ie prérliniitiine '.
Tu aurcus (•galomcnt à diMix cfn^ios, piibliô (loiir la iiromii^re fois par 11 ili'Vy ^, qui nVn ilonih- pas la gnviiic. I.n ir-cnlo des rlciix rôlt^s <lc la |)i(Vo scmuiI, d'apiAs ce savant, OVCAC BACIACVC 0ÇOV GVXA :!<m'»), «I Oiisas rni parla giAcc do Dii'ii », f<iniiiil(' cluôiiciine s'il v\\ fut. Los lisios abys^iIlicllIlOs tic incniinîMn ni aiiciiti souve- rain (II' re nom. M. Hilévy h; lai'proclic d'une ncinc ati^, « don », d'où aurail ••lé formé le mol Aiisi'id, ti(D*{iy, nom i\r dciiN i\r< rois aiili'rii'ursà Hâ7.ôn(IM i/" :» ri 11;; ou pcul-ôirc Waziin (Dlldl (lA n" l'2). Ce n'csl qu'uneanalogieloinlaino; il faut < epi-ndanl s'en c )n- tenler, faule de mieux. Ici, comme sur la pièce prêcédenle, un des deux bu.sles, celui du vassal, reste anonyme.
Un aureus à deux efH;,'ies, môuie type (pie les préc/'dents, mais pc- sanl seulement 1 gr.imine ;i", acipiis par le musée de Merlin en 1879^ et décril par Kilhuiun *. Celle pièce nous f.iit coniiidlre un nouveau roi cluélien Nezma >h NCZANA BACIACVC (les C comme sur la monnaie (II- BAXACA) (pii maixpie également ;i nos listes; le seul nom (pii puisse lui être comi)aré est celui de Tazénâ. Le côté de la télé à couronne radiée présente les lettres suivantes : CNA Hh MA + 4- ACA^^CAC, (jue l'on peut transcrire en CNA 4<BA>ΫXACA ►i-CAC, groupe dans leipit^l on l'etrouveiait le nom BAXACA connu par i'aureus ci-,Jessus décril, et occupant, comme sur ce drinjer-, la preiiiière [dace, c'est-à-dire accompagnant le buste à couronne royale. Ncsana, (juoiiiue [ia^i/sj;, est représenlé avec le bonnet du vice-roi, comme sur les monnaies postérieures, où le bonnet spliériiiuo et la couronne radiée sont mis indilTéremmenl. Dans le champ, sur le de- vant de la ligure du roi, un M élliiopieii arcliaï |ue.
Un aureus à deux efligies du même type que le précédent, jiublié, sans de.«cri()lion, par M. Prideaux dans le Joninnl nsintiqtip du Bengale^. La légende est barbare. Je lis : du côté du luiste ;i UMe radiée, + CIA + ►f + CA + AD + CIA, c'est-à-dire + BA «f* XACA
1. liri^e in Ahys^., Il, p. /ji'O; oi trouve lo nom propre Germn dans les iiiscrip- tioiiN n.ibuléenn*'» et cti bûiiiiti<|ue, v. iiutauiment Mtyerdaiib /l)M(i, IB63, p. 570.
2. Efitijr. si'iiiit., p. l/iO.
3. ZeihcliriH fur Sumism., Ucriiii, iblO, t. VU, p. 2J0 cl pi. IV où r.sl la gra- vure.
U. Dir Anfwrifjc, etc., p. 230, note i. 5. Tooje L (IHHl;, pi. \. m «.
I.KS LISTIS ftOVAMS l-TlllOCU'.NNr'S . i>15
►^ BA ►f CIA «, l(^ nti H.ikliasn » ; d sur la face opposr'30, C. + CA ++ —L'A + CAC.(jir(>ii |i(Mil irsliliicr <l(; la iiianirro ^iiivanlc : CNA + BA 4- XACA + CAC. Ce scr.iil .lonr une luontiaio |i«)j (aiil stirij'jiix côlés II,' inMu (lu iiirmc ^-()|lV(■^aill Hakliasa.
îil. — Pour iLTiiiiiicr la série dos pièces à lég(întie grecfjuc, il faut cilei les diverses monnaies de cuivre faisant parlie de la eolleclioii de M. d'Ahliadie ' el jtuhlifcs pour la lu-euiicrr fois par M. de Long- pt'rier. ^lv sont r
Plusieurs monnaies à doulde cnigic, louh's deux coiirées du hoii- nel spliéri'iue, portant la légende 0YAZHBAC BAClAeVC (lue iM.M. il'.Vbbadic el llalévy 2 ont traduite jiar « le roi Ouaz< Ija «. Ils rapprochent ce nom de la f.-ruie W.izlia (v, | 50), roi antérieur au (diristianisine, FA n» 12, (jui i)eut aussi bien ôtre l'analogue de Ou^a; (|ue nous avons rencontré au paragraphe précédent. Je pré- fère lire OVAZHBAC, ipii se rapproche beaucoup plus de i:À£c;Ç7a, KUsT^Sa, des auteur, grecs, forme glieez Ela Atsbelia (v. § 31) ou ElaTsebah, les souverains bien connus de la période chrétienne, liste III A, n"' 7 et 18, peul-ôtre le Kaléb Eletsba de la guerre d'Arabie (§§ 39 el 40). Le buste du revers ne porte que le tilre de
Plusieurs monnaies h une seule effigie, dont la l.'cturc est encore incertaine. Les caractères présentent un ensemble AXCACA •i' ►î^et AXCACA dont on a fait un roi A ^ CA€A, que M. llalévy comi)are au motgheez asidiela, « misericors fuit », el qui serait un des Ela Sahl (III A n" 3, iî, 17) ou Sehùl (n" 1i>). Cette lecture est certaine si l'on remarque que le signe X qui suit la première lettre A est la croix ([ui surmonte le sceptre du roi et n'appartient par consé(iuent pas à la légende ^.
Plusieurs pièces de cuivre portant seulement le titre BACIACVC autour d'un buste sans indicalion de nom de roi.
Les trois types que nous venons de décrire sommairement, mon- naies d'OuIzeba, Asacl, et anonyme fiaciXsuç, ont le même levers : buste (Oulz.dja) ou croix grecipie dans le champ, et autour la légende plus ou moins correcte toOto àp^V/; xr; -/Ôkol (TOYTOAPECH, TOTYO
1. 0;ivrai;e cit{\ jil. III.
2. E()tyr. séinit., p. 142.
a. M. Dillmann cite [Die Aufœnge, p. 228) une monnaie d:a,fjct,t portant le nom Affas),, sans indiquer où elle se trouve, de sorte que le contrôla; est impossible.
tilCt nr.vi'r. AU(;iii:«»i(u;iuir..
APlLH. mP3:3H. TH XCOPA), .unie ceci plaisc an jinys», iluiilnous
reiroiivorons ri'.jnivaltMil sur 1<'> innmiaics à lôf^LMules yliocz.
l'ai rallrralion des lê^'oinles on |u'iil conclure .|uc, en delinrs du ti Ire royal 8«Ti>.fj;, le prec n'a jamais élu bii n compris (]r^ moii- nayeur? pcndaiil toute la piemière période de la circulation moné- taire en Etliiopi.'. Il y a lieu de remaniuer aussi ipie les deux luistes ne se rencontrent que sur les monnaies à léi^eiides precques et jamais sur cell«*s à raractrres j^lu'e/,, ce qui fei-iil supposer qu'à partir du vir ou VIII" siècle de notre ère, époipu» à laquelle apparaissent ces dernières, l'organisalion constitulionnellc de l'Kthiopie était changée '.
Îi-J. — Les monnnieftà Ifgewlrsélliiopirmirfi ?ont considérées comme plus récenles (pie celles avec des caractères grecs. La chose s'expli- que d'elle-même, étant donné que les premières étaient frappées à l'instar des coins impériaux qui avaient cours d ms la région du Nil et les ports de la mer Houge, et que ce fut surtout pour le commerce avec les étiangers que ce mode d'échange lut adopté par les souve- rains .iksumites.
Les monnaies à légendes éthiopiennes sont donc de beaucoup les plus récentes, naturellement toutes de l'époque chrétienne, proba- blement postérieures au vu*" siècle de notre ère, date à laquelle le grec semble définitivement abaniouné comme langue oflicielle pour faire place à l'idiome national.
Toutes ces pièces sont en cuivre, i une seule effigie, le buste de profil avec couronne perlée ou tiare sphérique comme sur les mon- naies grecques ci-dessus décrites, ou de face, couronne perlée ou crucigère coiume sur les monnaies byzantines; plusieurs variétés de croix dans le champ du reveis. Les lectures sont encore très difficiles, vu le mauvais état et le petit nombre de pièces connues jus- qu'ici -.
Cinq noms propres seuls ont pu éîri- lus avec (Hiel(|ue cerlilude;
ce sont :
aodi^lili ' ill^ 3 Mfîfr?" s Mhigsn negusli Aksum ;
1. Dillrnann, oiivr. cité, p. 230.
2. M. d".\t)ba<lio a donné lu p'aviire do quinze de ces pièces, pi. Il et III de ses obsirvnlions à la suite du inéinnirc de M. do Lnngpi'riersur les monnaies l'thiopien- i\r%. Lis caractères glio' z dos monnairs sont beaucoup moins aicliaiques (jue ceux de» iui>criiiiion» d'Aksum, sans c. pciidanl avoir les voyelles maniuées comme l'ont
c» dornkrs. — V. la planche ci-joii.tc.
LKS I.ISTI'.S U(>V\Li;s I IIIIOPIF.NNF.S, 2l7
V7lP : hCffOfh 3 Nt'^'u.'li Anii;ili ;
dl'î*U s Ï7U* s h'h(h7° ' ll.ihiz ncgu:li Aksmn ;
hii ' h% sNV^Mish Kla Ats ;
>7(ll'i 5 l/fiï// : Ncgiisli Zwnz. on Zw.ix.ii, Z\v;iz:in
Le roi MIii.Lfsii csl toui II f;iil iiiconnii. M. il.ilévy .l<:'Coinpo=c ce nom pro[)ir cil .Mlif.u'i)-! .k-m, «que le iiuséiiconlieiix me fusse grâce ».
Armnh ou Airuakli est uu roi (■hrélicn do la 3-^ période; il (ij,'iire sous le n° 2\ .le la lisle III A; il régnait à la lin de la dynastie aksu- iiiile, e'es(-à-ilii\' vei's8 10.
ilalaz ou Ivliat iz ne se trouve ni da-is la dynastie aksumite ni dans celle de.-. Zàgues. Il se peut que ce mot soit un écho de la forme Khadaus (le Za Hadiis de Sali) de la lisle A n" 11), sans que ce soit, bien entendu, le môme personnage, cari! doit y avoir un intervalle de quatre ou cinq siècles entre les deux souverains Khadaus et Khataz.
Ela Aiscst peut-èti'e un des Ela Atsbeha.
La légende Zwaz neg a été lue Ziznn par M.nalévy,qui a rappro- ché ce mol de Zaizana ou Sazana, nom du frère d'Aizina (v. supra, § 32). On peut aussi lire Zwazan N(gsh).
La pliipait de ces diiïéi t-ntes pièces ont au revers la môme légende, sorte de sentence analogue au to^tq àpscv) xTi /^wca des monnaies grecques. Cette formule, sauf quelques variantes, est celle-ci : « la- kliazab fashakha liakouna, populo gaudium sit » ou « la kliazab shahil, populo gratta ».
53. — l]n résumé, les liste i\c> ti-ois preiiières périodes n'ont, par elles-mêmes, qu'une valeur historique ti^s limitée. Le manque d'ordre, le défaut de concordance entre ks diverses séi-ies, leur en- lèvent, en effet, beaucoup d'autorité. Elles sont, en outre, incom- plètes, parce qu'elles ne donnent pas tous les souverains, ni tous les noms d'un môme roi, et enfin, qu'elles ne permettent de retrouver avec certitude aucun des noms propres fournis par les documents étiangers ou les monnaies locales. Cependant ces listes ne sont pas sans valeur, du moment que l'on ne o'en sert (jue comme auxiliaires et à litre de renseignements bistoiiques. Comme je l'ai dit au début de ce mémoire, elles demandent à être examinées de prés, contfô- lécs et remaniées au point de vue d'une chronologie sérieuse.
Les monnaies sont encore en trop petit nombre et, par suite, les
2!8 HEVLK AllCHF'OLOt.igUK.
Ii'Cluns t'iifAiv tn»! mci-iiainos pour pormrtln' îles roirciiims aux lisUs loyalis tU-s rliioui<jin''< ; mais cclli' laiMinc ircxisU'ra jias hui- juiirs. Il suflil irune ou deux irouvaillcs iinporlaiitcs pour recoiMi- luer louli.' la série moiuHairc ('llHnj.itnne. Le jour où l'on possèdi ra une collection riche ri variée, on ^Cl•a h ini^ine île s'asnirer si les pi6ce« (jue nous avons décnle> ciilessus cl (jue nous avons clicrcliô à idenliiier avec des princes de la dvnasiie salomoniennc ne sonl pas (Il lèalilè lieaiiionp plus récciiles, au iiioiiis les inoniiaies à li^gendes glieez, el ne nous riinèiient pas en plein moyen âge c'esi-h-iliie aux x", xi" el xii' siècles.
Je donne iniunic suil, en appendice, el comme complêinenl du prèsi-nl mémoire, les lisles des Rois d'Elhiopie, pour les irois pre- mières pério les, ainsi «jue les noii'v des rois lels (ju'un a pu les ilé- cliMTier sur les niunuaies.
AlMMi^NDlC
CATALOGUE DES liUlS D'ETHIOPIE
d'après les difféuentf.s listes
DIJ'UIS LtS OIUGI.NKS, JUSQU'A L'AVÈNli.Mli.M DL LA h>\\sriK DKS ZA(i.
Il existe trois lisles dilTérentes pour la succession des rois d'Ethio- pie; on les dési;,Mie généraicmeni, d'après M. Dillmann, (|ui le pre- mier les a publiées dans un ordre méthodi(|ue, par hs lettres A, B, C, avec la réféience aux niaiiuscrils.
M. Dillman.i esl aussi le premier (jui ail eu l'idée de p;ii 'jg.'i' ces li^lcs el, par suite, riiisloire abyssinienne, en trois périodes :
La preiidére s'éleiid depuis .Meiiilek, le premier loi de h dynastie salomoniennc, jus<|n'à la naissance du (>liiist sous H;i/,én ; la deuxième, depuis Hûzén jus(|u'à l'inlroduclion du christianisme à Aksum; et la troisième période va jusqu'A la (in de" la dynastie sa-
LKS LISTES ftOVALMS liTHIOrMKNNKS. 219
lomnnifimc (M son nMiipInccmcnt par collo dos Z^^^'ucs ou Zi;.' fvcrs OtiO a.' J.-C).
(ili.iciiiii' (|. s Irois listes priiici|i;ili!> A, H, (i, coiiipn ibl, .ivcc des variantes iniporlanltîs, toule la séiiu (l(!S p(VS((nna^'es peiidanl les trois périodes. Je renvoie aux observations do DiMniannel autres, sur les (liverjfences et les points de roinparai.'-'on à iHaMir entre ces difTô- rcnles listes. Je me lif)rne ici à indiiiner les sources et à 'lonner les séries ro.\ aies, à jifu prés telles (|iie les a piildiécs M. Dillniann en 185.'}; les dilTérences viennent des p'iblications postérieures à cette date.
La lisle A se irouve dans : le nimuscrit -C» de la H nlleienne, f" 1)0 (eatal. de Dillinann, 1848), le manuscrit .Si)2, f° 28, du inôme fonds (calalo;4. de AVri^^lit, 1877), le minnseril 118 du citalogue de M. d'Abhadie (INoO), le nianuscril l'i3, f" 22, de la |jililiollié(|uc na- tionale de Paris (catal. Zotenljcrjï, 1878). Lille a élu publiée |)0ur la prenuére fois p;ir Marianus Yicloriiis el Ludolf, puis pir Bruce en 17UÛ, puis [lar Sali (Isli), Combes el Tamisicr (1830) el Ilup- pell (18411, en pariie). Dans la lisle de Sali, tous les rois depuis Menilek jiisi|u'à Ilaïas (!I A, 19i |)ortenl la particule préfixe Z«, dont le sens est aussi inconnu que celui du [)réli\c Eld, autre paili' ule io\ale ([ue portent un grand nombre de souverains '. iM. iMllmann ilrsigiie pai- AI la lisle des manuscrits, A'2 celle pu- bliée dans l'IIispanin illiistrnta, et par A'i li liste de Sait et Uiip- pell.
La lislc B existe daii.^ le.s iiian!is''riis 2i), i" iiju, -^b, f° 7-8, 29, i° 1-14, 32 (le la Bodiéienne (eatal. de Dillinaiin); ;{'I2, f 3G du même fonds (calai, de Wriglit); manu.scrils 141, I» 8, l'i"!, ï" 2, li.'J, r ;iO, li't el IV> de la l)ililiolhé(|ue naiionale (oat. de Zolenberg), et dans la Chronique clhiopicnne publiée par M. Hené Has-^el dans le Journal aaialique {en 1881; c'esl le n° 142 de la bibliolbéque na- tionale).
La lisle C e?t celle du manuscrit 25, f' 91, de la Boilléienne, et du manuscrit 14G de la bibliolbéque iKiliuii.ile. M. Diilmann désigne par C2 el C3 les listes qui se trouvent dans ï'Hispania illustrata et dans Bruce.
Elle ne commence qu'avec la deuxième période dans Diilmann,
1. Il est pns>iblo qiio le Za ait la inôiiic origine que le Dzou liinijarite (v. sujjva, § 39, note 3). Le piélixe Eia serair quelque chose d'analogue. Cf. Kremer, Sùdora- bischr S(if/e. n. lOS.
2iO nr.viK vuciikolouiulk.
(Hii no «lomio (|;io les tlcux li^ttvs A ol H pour l.i prcinii^iv piMiode; j'ni nii devoir ro!nplt''t»r cell»^ latMiiif i\ Tni'lc du iiiamis<'ril l '»'.), Mlil.ilo 1.1 bihliolluSjiu' nation île (calalo,Mit' ZolciiluMi,', p. tîr)2;,(|ui conliiMil ."{0 noms de roi«, depuis Menilek ou l!lin-vl-il;iklm jus(|u*à HAzt^n; pour les deux nuires pi-riodes. ilc Hjzi"^m à ravencincul dos Zij;, la liste du manusrril \V.) dilTùre peu de la liste (1 de Dilj- inanii: je désigne parCi, la Iroisii^mc liste de la première période'.
pHKMifiRi-: pf:iuoi>i-;
DEPUIS l,KS OIlK.IMs II S(H A IHZft\ '.
I-i-^TE A Liste B Liste C '('. *) Ans.
a Anié (^e^penl). . 4no
b Ang.lbô 2(0
c GeJur lOo
d Selialso oO
e Qaouasy.l 1
f M.ikocM ;;()
1 ll)n-:il-n.ikim,li!s I Khni Ilikîni, fils I Kbn-el-llakim , lils
de MOikcdâ et de de Salomoii. de Saloinou.
Salomon '2.')
2 Ilandadyo I 2 TomAi. 2 RarAkid.
3 Aiiila-Aiii.i; Il '.i Za (i''(liir. 3 Abraiiiyos.
4 Aujcyô :< 4 AksiimAi. 4 TAzeiiA.
H Tsaout'' 31 H AuscyO. 5 l'AzenA.
6 (iasyO, 12 licur. s fi TaliaouAsyô. G Qiiali/A.
7 Maoual S 7 Abràlyus. 7 l'aïadaTsaliAi.
K M.iha; 0 8 l'arada-TsabAi. 8 Dangasli.
9 QaoudA 2 !» Ilatideyô. 1» TAzcni.
10 (J.ii;az 1(1 Kl l arada-Nagâ'li. 10 IMz(}n.
11 HalutiA !i 11 Aoiiseyô. M Dàiez.
1. M. II. IkiAst;! (7i(M(/j. fl.v/a/., juin 1881, p. /il?) la désigno par B, co qui éia- blit une confusion avec lu listo H accpiOu pur tous les uuieurs ci qui est celle de sa C/irotiK/ue.
2. Lo» irf('';?ulariiû& et 1p9 incorliludps (|iio lo Irrttur p«mnrquorn poiit-ùiro dans 1.-. iransctiption do» nom* propres «hlilupions vioiiiuni do l'absence d« sipni's typn^ra- pliiqiKn »|K";iaux (Ictirus |>oinir;i'», acccnluirs, eic). L'orlliogr.iplu' di's noms du rois varie du rcfttc quelqoi fois d'une IIhIoà l'a.itrf dans les nianuscrils ('Mlii-i|iioMs cux-
LKS LISTI-S i.oVAI.KS K rilKJl'lIlNNKS.
12 r;i/.li.i i 12 Kia;yùii. 12 (iuaiii.
1:j Ilulir 2 ri 'l'oinA Siun. \'.i Asgiia;^uam.
14 Ivilas 7 I i li.lsjrt. 14 Lclorn.
lo S.ilyA 17 i:; Aoiilel. l.i Talatcni.
K; Kilvil 2(i lii Ziouan'-Ni'brat, li; Alin-lia.
17 Aglcliû :t 17 SaifAi. 17 C-fâ.
15 AoUM^iiû i 18 Iliiiiliài. 18 liAdg.'Zil,
19 IloriouAs 2:) 1!» llaiid.^. l!) Zergcvo.
20 Mahsi I 20 SifiMy;!. 20 Madmen.
21 lleesiî BAzOn (la 21 Agicluil. 21 Ucticin.
S" année de son 22 Maouflouel. 22 Gernia-AsTan",
ri^[;ne lo Chrisl 23 11 louaris. 23 Lcb-DikliAiû.
est venu au 24 Maliati}. 24 liiiza-YoqrC.
lucnde)' 17 2.i Nàlki"'. 2;» Nagsherû.
20 i;âzi'n(sousl(Mr'gne 2(1 ll(z!;-Aread.
duquel, en lu S" 27 HAlir-Aread.
année, est m' le 2'< .MAckaia-I'euoni.
Clirisl, louange à 20 l>Alii-Uedciii.
lui). 30 lidzùu.
DKCXIE.MK l'ÈUIODK
IJEI'IIS UAZÈ.N JU^QU'A AUniiIl\ LT ATSliEIIA.
Liste A Liste B . LisTt C
' Sariù 27 1 Senfâ Aréd. 1 Senfa-A<ga;l.
2 I-ekas 10 2 BAIir-A-^gad. 2 liAlir Sagid.
3 Miib^Oiih 7 3 fîenna-Asfdrô. 3 fierma-Ajrar.
4 Sateuâ 0 4 Sliarguûi. 4 SerAdA.
5 A'IgalA 10 1/2 o ZateAi. o Kuilu-Sion.
6 AgliA 1/2 6 Sabea-Asgad. 6 Sarf^uAi.
7 Masîs ou Mails.. 7 7 Sion-GczA. 7 Zarâi.
8 lleqlû 13 8 Agdûr. 8 Bagainâi.
!) UeinAliê 10 '.) SenfaouSuifa-ArOd 0 DjAa-Asgad.
10 Ao ilel 2 10 Al)reh;i el Ai.^beha 10 Sion-Ilcgez.
11 ElaAoudaou Ela- (sous leur réi.'ne il .AlaouAl Gciih.
lad 30 le christianisme
12 Zegen el RemA. 8 fut introduit en l2SArAr'ad.
1. La listft de la prrniière période est forci'mpiit incomplète, car le total des années de règnes n'est que de 200 ; or, si Ibu-al-Hakim est h" fils de Salomon, il y a un in- tervalle de huit siècles entre suu règne et cl!; i de Bàzèn. Par contre, le total des années de lu deuxième période, qui est d'> 345 ans, est assez ex;ict.
-2ii fthVUE AncHÉoi.or.iouE.
13 CifalC on GaralO \ l-':iliio,.if j.nr A!>l)A <3 Ag'Ulr.
l4nocî«^^'"' '» SalAinA ru l'ii ri ;»:»:» fi Ahri'ha et Alsl'chu
15 Ela ' la i»ai8>aiicc du « les frères aimé»'».
IG Kla-1! 1 Kl... i.liiibl).
17 HeiM^ - T»aur
on Isauiia .... I
18 Uakpnfl » .,
19 H.Kiis» 1 '"
20 Kla-Sagal ( u Ae-
g'-l 3
21 K'H-Aïft'ha H
22 Ma-Tsegab *23
23 Elii Saniara 3
2V EI'-Aiba HJ
23 i:i i KskciiJi .... 37
2G D.iT.saham 9
27 Elà-Saa 13
2S Elu-Aiya IS
20 Ela-Atnicia..,.30 1/2
30 Ela-Ahyaua 3
31 Ela-Abrcha et
Ela-Atsl.eha, 27 1/2 (Dans la 12« année de leur règne le christia- nisme fut introduit à Akïuai).
TROISIÈME PERIODE
DEPDIS AnnElIA ET ATSBÎIIA JI'SQU'A DtLNAOD.
I.i^TE A LisTi: R Liste C
1 Asfeh.
2 Aifed.
3 Ani>i.
4 Al Ad. \i Saladol-A. fi AlamMA.
7 TuzOnn.
8 Kilcdi.
. j.. iju'à c l'riiicc tous les ikhhs i!i i i-, finil nrrrrdi's ilc /u dans la iisto lii' Sait.
1 Abroha |
. 12 |
1 Asfoha. |
2 i:in-Asfcha |
. 7 |
2 Aifed. |
3 ElaSiniil |
. 14 |
3 AniH. |
4 Ela A.llnna ... |
. H |
4 SaladobA. |
5 Kla-Hi'la(n&)... |
1 |
5 AI-AmOda. |
6 Asf.'ha |
. 1 |
C T.iz<?na. |
7 Ela-Al.-I)tha ... |
li |
7 KAIeb. |
H Ela-Amcda |
. If. |
8 Gabra-Masqal. |
Lr.'> MSTi:S IIOY.M.KSKTIIIOPIKNNKS. 223
y Kl,i-Alii(h:i. ., . 1/2 0 ConslHriiiiKH. 9 G.ibr.i-Mnsqal.
10 Kla-Slialil 1/2 JO II.isan-Sat,M(I. 10 CoiiM.mliixjs.
i 1 Kla-i; il.az -J. II Ff'ri^- -haii.li. 1 1 Mx/.ç^nr.
IJ H'a-Siliiil I 1-2 A Itr.iza'. A'ireaz. 12 A>(ÏîIi,
liJKIa-A-I.Ali ;i i:M:kl,i-i;i' If-ra. l'I AmiAh.
li Kla-Ahr.lirl i:ia- li C.TiiiASarar. 14 DjAn-Asfeh.
AdlMii.l 10
15 Eli-'IVaham 2S i:» Gergaz. i:; Dj.ln-A-K-i''.
10 Kla-AiiiMa 1-' 10 !)t'p,,A-.\likAel. 10 l'crO-SliMtjai.
17 i;ia-Slialil 2 17 H.AIii-ikli. 17 Adiiraz.
l.S Kla-Tsebali 2 |,<t ('.uni. IS Aizûr.
19 lila-Tsah.im i:'> li) Asguangnm. 19 DcIriAôcl.
20 lila-CalKiz 21 :0 Lclern. 20 Madûi.
21 Agai)tî cl Ltîiii... 4 21 TalAlom. 21 KsalO ou Giiodîlli.
22 l-:i:i-Aniîtli Il '22 Oda-Gosh. 22 Ant.a^A-Udom.
23 Jacob <<l Daviil.. 3 23 Aizûr. 23 KiialA-lldom.
2i ArmAli 1 i 24 Detlem. -4 GormA Asfarû.
25 ZilAin 2 25 Udcdem. 2o Zi-rgaz.
20 Jicob 9 26 Udem-Asfarû. 20 l)ei:ri\-.\!ilvacl.
27 CoiîManlinos 2.S 27 AniiAI). 27 Hadigaz.
28 Bela-l«rael ? 28 DegnA Djân. 28 Ar.i.Ah.
29 Gilira-Masqal. 29 GedA-DjAn. 29 Shinahani.
30 AubasA-Udem. 30 Te rdà-Gabaz, après
31 DelriAôd (qni fut Icqiiel arrive la
cbassé parles Zag). famille des Zag.
LISTE DES ROIS MONÉTAIRES
LÉGENDES GRECQIBS.
Aphilas, au IV'. Dimian (voir la planche XX, n°^ 1, 2, 3). B:»khasa, au ÇT. ianaf (raûme planche, n"» 4, et Journal asiatique du Bengale, tome 50, pi. X, n°8). Gersem, au ft". anonyme (planche XX, u»* o et (>). Oii^^as, il. (citée par Hal6vy, Epigr. !^cmit., p. 140).
Nezana, au IV. Baklia^a (mûme planche, n" 7). Oiilzeba, au l\~. anonyme {ibid., n» S). Asael, au R". à la croix {ibid., n" 9 et 10). Bustes anonymes (/6/(Z., n°' 11, 12, 13).
i\ lu.vui; V f.in.t»! nui«»n.
LicUNDE!» iTHIDlIB.N.NtS ià UIIC SUUlC ffllgic) '.
Mhigsn (lilaiichi; ci-jointo, n" [\), Arinah (Md., n«» i:i, «••, 17). Il.i(;i/.(i6i(/., i.- IS, l'J, IM», '21). i:i;i Als (tbid., n» 22). Zwai ou Zwazan (ibid., u" 2v)
i;. DIHiClN.
I. Voir lu plaiicliu XXI pour l'alpliabcl éiliiopicn, ei lus légendes ii.ont-iaircs.
conniGLyDA
\\n:c 10», noie 1, li?cz : '1rs mois E>jnptc, pyramide, labyrinthe. — l'a^zc l.-iT, iiolo 1, li.-t'7. : .Migoiidi. —• l'aiin loT, noli' 3, lis»-z : Mnllcr, hurijni uiid Sddocsstr. — l'unie lo?*, loie 3, li.-ei: l'arabe : ma'i/i au lieu de ina'ir. — Page 100, ligm: 33, li>^iz àoîXsoi.
Li:S BAUDI^S
TKXTES PRIMITIFS SUR LLS BARDES.
Il est souvent question des bardes gaulois riiez les auteurs de l'antiiiuité. Les deux plus anciennes mentions que nous trouvions de ces bardes se rapportent à di^s événements qui datent du second siècle avant notre ère. M.iis les textes qui concernent ces événe- ments ne se servent pis du mot « barde » ; les auteurs emploient des termes grecs qui veulent dire poète lyrique.
Le premier de ces textes concerne un barde qui chantait les louangt's (le Louernios, roi des Arvernes. Louernios est le père de Biluilos, envoyé prisonnier à Rome l'an 121 avant J.- G. Louernios donna un jour un grand festin dans une salle quadrangulaire cons- truite ex|)rè>, usage que nous retrouvons en Irlande dans la pièce intitulée Festin de Bricriu, récemment publiée par M. "NVindisch^. Le barde arriva trop tard. Posidonius nous le représente suivant à pied la roule où le roi était traîné dans un char; il court à côté du cliar royal, chantant un poème où il fait l'éloge du roi, et, quant à lui-même, déplore le malheureux sort qui l'a fait arriver après le festin terminé. Le roi lui jette un sac d'or, que le poète ramasse en chantant : « La trace que votre char laisse sur la terre produit aux hommes de l'or et des bienfaits^.»
1. Cet article est extrait d'ua volume iiUilulé : Introduction à l'étude de la litté- rature celtique, qui paraîtra prochainement chez Ernest Thorin, 7, rue de Médicis.
2. Irische Texte, p. 25^-303. La salle de festin de Bricriu était construite à l'imi- tation de celle des rois suprêmes d'Irlande à Tara, qui avait la forme d'un parallé- logramme rectangle.
3. 'AyOpÎTavTo; o'aJto^ ~poOii7(j.t'av -otît?,; OotvT);, ày'JGTîprjTavTi T-.va tûv ]îap6àpa)v itoir,Tr)v àçtxsTOa'.jXxl ir'JvavTYJTavTa jiîtà tôOT); 'j\vii\-i aO-roj rr;/ 'Jzîpo/fiV, éa'j-ôv 5'à:T0- OpriVîïv ôxt OcTTEprixE, -ôv oï Tîp^OEVTa OyXàxiov aÎTr,(7at /_pucio'j, xaî di<!"' stùtiô ^rapsTpé-
xi.iv — 15
225 HKVUK Aiu:m>(iLor.ioi'K.
Oiiolquos annt''es plii-^ '.ir.l, en Tau \'ll avant nolro ('i(\ h- pro- forisiil roninin (în. Doiniliiis .Kiioliarbus rcnit de Hiluitos, lils de Loiiernios, une amliassadt' où so Irouvail liii Nanle qui cliimlail la noblesse, la bravoure, les ricliesses de Hiluitos, des Allolroges et du cln'f de raiiibassado'.
Le mol « barde » n'apparaît pas dans ces deux textes, le preuiicr de Posidonius, le second d'Appien. Poeitloiiius se serldc l'expression « un poêle barban' », ti; tcÔv fiapSâpwv r.oir,-:r,;, et Appien écrit U0U71- xô; ivT":, c,'esl-;\-d ire un niu>icien ei un poète. .Mais, dans un autre endroit, Posidonius nous apprend (jue b-s poètes (pii chantent des lonaiiires, cliezle> riaulois,s'a|»pellenl « bardes d -. Posidonius repro- duil dansée pas-aj^'e des notes de voyage reeueillies par lui aux en- virons de l'an 100 avant notre ère, où il visita la Gaule.
Le nom des Inrdes gaulois est r«''pèlè environ soix inie ans plus lard par Diodore de Sirile :
« Chez les Gaulois, dit Diodore, il y a des poêles lyriques qu'on appelle bardes. En s'aceompagiiant d'insli'iiinenls semblables aux lyres, ils clianlenl reloi,'e des uns, la satire des autres 3. »
Tels sont les textes les plus aiirieiis (]ue nous possédions sur les bardes gaulois. Le premier se réfère à un événement (jui peut re- monter vers le milieu du second siècle avant notre ère. Le dernier, postérieui' d un siècle environ, a été écrit ;i peu piès (juarante ans avant la naissance de J.-C, et constitue un des éléments d"un ta-
/ovTi, àv£/o[i£vov ô'èxîîvov TziÀiv ùijlveîv ).£'YOv:a, oiôti ti l/vr, rf;; yf,:, tf ' f,; àixapTT,).aT£î yp'jdov xal £-j£pYîa(a; àvOptoTîoi; ç£pîi. Didot-Miillcr, Fitif/incnln /ii>toricorinn gra- coruni, t. III, p. 261. AthtMiOe, édition TcubntT-.Mcimke, liv. IV, cli. xxxvii, t. i, p. 273-274.
1. .Mo'j<tixo;tî àvTjpEÏTieTO, pap6âp(o (AouTi/.ri tov [iïffiÀéa Bitoïtov, et-' 'A).),66piYa;, lîîa Tov j:pEa6£'jTr,v aÙTàv, ê; te yé'toi xal àvôpitav xai Ttîpiovaiav yfAvûv. Appicn, liv. IV, De rébus (jnUtcis, ch. xii, édit. Didot, p. 28. UHn^lot ii:ir un i à la premii-ro syllabe est préférable à Bcluitus, par un e, ortlioBPaplie :ido(>tée par M. Moininsen, lUemische Geschicfile, 6"" édit., t. II, p. ICi, sous l'influence des Acta tnutnphorum, Corpus mscriptiouuui lutiniirum, t. I, p. /iGO.On trouve col i dans tjtrahon, liv. IV, ch. Il, § 3, éd. Didot-.MiilIcret Diibncr, p. 159, r-t clioz Florus, liv. IH.rli. Il, ou liv. I, cil. XXXVII, éd. Teubucr-Halin, p. iO, comme clu'z Appien, dans le passuRi; cité; et c'ett un iqu'txiKC lu Krammair»! celtique. Voirréiu<!o sur |i' mot irlind.iis bith qui se trouve chri Zcuss, Crammntica celliat, p. 800; cf. pp. 12, 23H, 2.1U.
2 Ta ô: iv.o-J'7\s.Ti-.'x aOxûv tliiv ol xa).oJ|ievot Bip^oi • iroiriTai 5t oiiot Tvy/divouoi |ht' ùiif,^ d-»ivo'j; JiyovTî;. Didot-.Miiller, Frn /inenta hi''toriC'>ritm f/rercnrum, l. III, (t. 2:>tt. Aih''-né«\ liv. VI, cli. xi.ix, éd. TeubutT M<'inek<', t. I, p. *.3«.
3. EItI li Tixp' auTOÎ; xai ïioir.Tal jxt/wv oO; [iàp5o'j; ôvoiixïo'j'iiv • oiroi Se, iiix' opYd-<(i)v Tïî; )jpaic éiioiwv àôovTt;, ou; |Atv û(ivou3iv, o'j; Se fJ),affÇT||Jio"jat. Diodore, liv. V, ch. XXXI, éd. Didot-Mûiler, t. I, p 272.
i.Ks i!Aiti)i:s. 227
hliî.iii tli! 1,1 Gaule Iransalpirui au moment où l'auteur tenait la |)l iiU", i|uel lues années a|iii'.s la eomiuôle de ce pays par Jules César, (luelijiifs années avml l'élaljlisîement (Je l'empire par AuL'Usie.
iw\ j.yrl: di:s baudls. - la cuotta.
Dinilnre ne nous dit pas le nom de l'espèce de lyre dont se .-cr- vaienl les Ijardes. On peut supposer (jue cette lyre est la crottd, dont en G.iule Furtunat, au vi" siècle, parle le premier. Faisant rél(tg(! de Loup, duc de (^liampagne, il s'écrie : <( Que chacun le vante par le [U'océdé où il excelle, et en s'accoiiipafjnanl, le Romain de la lyre, le barbare de la harpe, le Grec de la ciihare d'Achille, le Hrttjn de la crotta\ » Le plus ancien manuscrit irlandais où nous puissions aujoLinl'hui lire ce mot date du neu- vième siècle; ce sont les gloses du Sainl Paul de Wurzbourg, où le laiin sire tihbi, sire cilhnra- e>t ren lu pai- i-sintl-hitiiiiiin no cuuiT, et aut naod citliarizulur par no ani CKOTiichtcr'^. Cvoil est le lialif de croit, dont la Iroisieuic personne du singulier, iuiiicalif présent passif, crotlicltther, est déi'ivée. Telle e^t la forme sous laquelle le nom de la liaipe celtique apparaît dans le manuscrit le plus ancien que nous puissions citer, et ce manuscrit est du neuvième siècle; mais croit se retrouve à une èpoipie contemporaine de Fortunat, dans la pièce célèbre connue sous le nom d'.lwrrt Choluimb f^lulli, composée pour célébrer l'éloge de saint Columba, par Ualia:i, fils de Forgall, chef des filé d'Irlande vers la fin du vi® siècle. Dans le plus vieux manuscrit (|ue nous en possédions, le Liber hyinuorum de Trinily-College, à Dublin, xi' siècle, on lit :
Is croit ccn chois, is ccll ccn abail. « C'est une crolta sans ceis^ un monastère sans abbé. »
1. Fortunat, liv. VII, cli. viii; Migne, Patrologia latina, t. LXXXVIII, col. 244 :
El, qua quisquc valet, le prece, voce sonet,
Honianu^qui- lyra, plaudat libi barbarus barpa,
Grxcus Acliilliaca, chrotta Uritauna caoat.
2. Afl Coiinlhios prima, c. xiv, v. 7.
3. Zimmer, Glossœ liibernicw e codicibus Wuzibui gensiyCarolisrufiensibus, aliis p. 7S; Berlin, ISSI.
'228 RKVLE AnCUKOLOr.IQLK.
Suit un comnionlairc l'rril prohalilriiicnt nu m" siècle et où l'on voit (|irà celte époiiue on coiin.iissnil loujoiirs cii Irlande IVspt^ce (le harpe ap|telt^e crott, mais on avait oiihlié le sens du mot cris. Peu nous imimrle ici ce liétail'. (le i|ui nous inléresse est une menlion de la crutta en Irlande au vT MÎ'cle.
Il est (luelijucfois (jui'slion de cet inslrumcnl dans la pui'-sie épique irlandaise-. Ainsi Aillill, amoureux d'iilan, sa belle-sd'ur, tombe malade de douleur, et, clianianl en vers son infortune, il dit, entre autres choses, que « le son de sa crotta ne lui procure plus aucune joie-' ».
Une crotla célèbre est celle de Dugdé, dont le nom veut dire « bon dieu ' ». Dagdé était père de la déesse Iirigil\ qui elle-même était mère de trois dieux **.
La crotta de Dagdé tomba entre les mains de l'ennemi dins la bataille mythique de Mag-Tured, où les Tuatha dé D.inann, et parmi eux Dagdé, battirent les Fomoré, c'est-à-dire une autre race divine. Les Fomoré, vaincus, emportèrent avec eux cette crotta dans leur fuite, et raccroclièrcnl au mur de leur salle de festin ; mais, à l'appel magi(iue de son maître, la crottd se détacha elle- même de la paroi ù laquelle les Fomoré l'avaient suspendue, et elle vint se placer devant Dagdé (lui en tira des sons merveil- leux".
La crotta de Daj;dé était ordinairement confiée à un artiste de pro-
1. Sur le sens du mot reis, voir une dissertation d'O'Curry, On the manners and customs of the tincient Inxh, l. III, p. 248-25C>.
2. Wliitjt'y Siokes, Goidelioi, 2» éd., p. IGO. Cf. O'Beirne-Crowe, The Amra Cho- luunb Cftilli, p. 28-29, et fac-similé du Leahhur nu /i-l'id/irc, p. 8. En moyen irlan- dais, on dit cruit au nominatif.
3. Si-m-sasad ceol mo citruile. — Toc/imun: Etaini', 9, chez Wiiidiscli, Inscftc Texte, p. 123.
U. « Digda idon dagh dô, idon dia soinomail ng-na-geinlibli ô, ar-do-adliradliais Tualha dû Uanan/i d'ô. Ar-ba di.i talman d'oib ô. » Glose conservée dans un glossaire par le ms. H. 3. 18, du Trinity-College de Dublin, p. 582.
5. « Orixit idon b&nfliile, ingcn in Dagdai. Is-<'isidc Brigit baneccas idon Uriglt bandée no-adradis lUid. » Sanris Cormuic, chez Wliitley Siokes, Tfiree irisfi glossa' ries, p. 8.
6. « Na Iri de! Daua, tri maïc Brigti banf/iili, id'in Brian ncm IncAar cm* Uar, t;i tn'iir Brcssi, mnic Kladan ; ocim Brigit banfAili' i/ig n in-Dagdai moir, rig liKrend, hm-miiilini'-. „ Uialnyuc des deux docteurs, fac-similé du Livre de Lcinster, p. 187, col. 3.
7. Seconde bataille de Mag-Tured, dans h? ms. du musée Brilanniquo, har- léicti 4280, f" O'J, cilé par O'Curry, On the munncrs and customs of the ancient Insh, t. m, p. 1\k, note.
I,KS BAUDKS. 229
fessioii, ;iii li.irpisle Uailliiu''; mais L'aiiliin'' en ce moment 6lail pii- soniiic'i" (It's Foiiiorr.
Les lils d'Uailliiié Hijurt-nl ilans le second dt-s cycles é|)iques d'Irlande, le cycle de Concliobu- cl de Cùcnulainn. Une des pièces de ce cycle esl ronlt-veiiicnt des vaches de Froech. Froecli a pour mère une side , unt; feninie de la race niyllii(|uc des Tnallia di"! iJanaiin, lir/ind ou n la belle f'Mnine », sœur de Boinn, (|ui est la déesse de la nviere de ce nom, la Hoync. 11 vient un jour au palais de Cruaclian, capitale du Coiinau.L,'lil, où rèj^naienl Aillill et Medb, adversaires de Concliobar; il amène avec lui les trois fils de Uaillmè, le harpiste du dieu Dagdé, Ces trois harpistes jouent de la crotta, et les soiis (|u'ils en tirent sont prodigieux; l'émotion qui saisit l'auditoire est si puissante, que parmi les personnes pré- sentes douze ne peuvent la suppoiter et en perdent la vie*.
Ainsi nous retrouvons dans la littérature épique de l'Irlande la lyre dont parle Foitunat, et celle lyre semble être celle dont se servaieni, suivant Diodore de Sicile, les bardes gaulois transalpins au temps de la conquête romaine. Mais, en Irlande, nous n'avons pas tiouvé le nom des bardes associé, comme en Gaule, au nom de cet instrument-.
m
LES BARDES SOLS L'EMIMUE ROMAIN.
Revenons aux bardes de la Gaule et aux monuments de la littéra- ture cl.iSsique qui les concerne.
Peu de temps après Uiodore de Sicile, il est question d'eux aussi chez Timagène, et chez Strabon. Les bardes, dit Timagène, compo- sent des vers où ils vantent les exploits des hommes illustres, et cbanlenlces vers d'une manière agréable^ Les bardes, écrit Slra-
1. Taiii bô Fraidi, fac-similé du livre de Leinaler, p. 249. Ce récit a été publié T^nr O'Udrac-CrowCy Procevdinys of l/ie royal irish Academij. .Insh Mis. Stries, vol. I, part. I, 1870, p. UO; cf. O'Curry, On the mauners and customs of the an- cient Insh, t III, p. 221.
2. M. W.-K. Sullivau a inséré une étude sur la crutt dans son introduction au livre d'O'Curry, Munners and customs of tke ancienl Irish, t. I, p. ccccxv-IjIV ; cf.
p. DXIX.
3. « Bardi quidem forlia viroruiii iilustriuni facta heroiciscomposita versibus cum dulcibus modulis concitarunt. » -\mmicn Marcellin, XV, 9.
230 luviK Anf:'iiî:oi.or.iorF.
bon, sont aufpurfulc pnnt''j;yrii|ius »'l >\c poiMiics '. I.tir.iiii cnlin, nu 1 rein UT su'clr tli* iioln' i'\o roiuiiu> SIimIiom, iiiiiis i|ii.w iiili' .iiis en- viron .i|>n\'î ct* s.iv.iiil t:r()';i;i|»!io, f.iil iiilcrvt'iiir U's h.i'dis A:\n<- sa Pharsale c\ leur adi-i'^si- In ppiolo : a Vous aussi, il;l-il. | (xics (|ui, par vos Inu iii^'i's, ((msj'ivcz à la postt'iilt'' la plus rcriiU"'!' le stiuvenir tics braves tui s à la (.Mieric, vous avez, ù bai'iles ! clianlê sans niiule des |>nènii s iioinhienx -. »
Nous ne voyons nulle |iiit que les Iniiles aient ét(^ pers(^culi"'s par U'S Koiuains. Ils siiivèeur. ni (Mi (îaiile au ilrni lisine. (pii dispa- raii av.uil li lin di: premier siècle de noire ère. I.»'s Honiains adop- tèrent nit^'int' une des parties du vi'^tenieiit des bardes, le ciiruUus, dit plus tard cuciilla nu rouli\ ipii les distinguait. On lil dans une L'pigraninie de .Martial :
Gnlliu satitomco vestil te bardo-cucullo 3.
i.a (Jaulu (f rcNcH du cucullus bardiiiue de Saintes.
Ce vers a élu écrit vers la fm «lu pioniier sièele de notre ère. Dans la seconde moitié ilu troisiénu-, l'empereur Gallnn, (pii régna de '^(JO à ^08, voulant être agréable à Claude, plus Lard empereur, deuxième du nom, lui fail cadeau de divers objets, entre autres d'un bardo-runilhif^ K
Barilus apparaît comme nom propre illiommo dans idusieiirs ins- criptions romaiuesde l'époque impériale. Nous citerons un diplôme de riloven i"omain accoi(b'', en fii, par Néron, à l'IIelvélien Callaus lils de Mardus. Ce monument est conservé au niii.«ée de .Mu!iicli ''. Le musée de Vienne en Autriche possède un nioniiuient funèbre
1. « Bifôoi |xy,v 'jjxvr.Tsi -/.ai T:o'.r,Ta(, Sirabon, liv. IV, ch. iv, § 4, éd. Uidot, L)iil)npr ei Mùiler, p. 16^.
2. I^nreio, Pharsale, liv. F, v. !ilil-ihQ -
Vos quoqne, qui fortes animis bcllnqun pi-rcnipta» L.iurlil>U!> in lunguiii, vates, dimiUilis il'Viiiii. riiiriina ncriiri fiiilistis cirmina, bnrtli.
a. Mar''nl. liv. \IV, ('jiit'r. 12S, v. 1 édition T'iibnor-S;lmcidewin, p. 33,'i. Com- parez liv. I (î|ii(jr. 53, V. 5, Hiidrin, p. '2h.
k. Vte de CInuilp 11, par Trébelliiis Pullion, cli. wii. dans .Scri/i/ofr.» histori(f àu- r/usla,^d. H<Tinaim l'fter, l. Il, \>. la.'). Giillitn rif;ii:i do 2(i0 & 208, et Claude de 2C8 îi 270. ('uriillni a pris plus tard iiin' forme fc'ininlno, cunitlu, en français cou/t' : cVit un vôtemont iiionaitifpic
5. Corpui inKcrifttionum Idlinaruni, l. 111. p. PHI',; Uniicr, Herucil île (lijiti'mcs- militaires, p. 2.'i.'i, 2*5.
M:S IIAMDF.S. 231
é!i'V('; ;'i l:i iiiriiioin; Je Titus Flavius H.irdiis, vrlri;in du corps de lv()[i\)i'<, :\\)\H'\i' Atd jirimti l'idrid AikjiisIh liriloiiiiin MiliitiiaK (Jn a li'oiivi' d iiis l';iiK'icii li'i'i iloiie du Noiicuiu des slrlcs fuiK'-r.iiics ôIl'vim's à iliMix liMiiiui-s doiit le prie s'a|){)eliiil llardiis. L une, dont la stèlf a t'ir dt'couvci l(M'U Styrio, se noiuuiail lidiiond'; l'auiic, dont la stt'dc a «"'h'' d('Couv('rl(' en Carinlliii', se iiouiinail Julid et avait é[ious('' lin ct'ilaiii lilhniiaiiis, dmit le nom est (''Vitlcinnient gauloise Knliii, il y avail en Italie, près di; Milan, une localité appelée BdriloMdyus ou champ du barde, dont le nom est conservé pardeiix ins(ri|ilions ', Le ikuii des haides st; lit doiii; six lois, ù noire connaissaihc, ilans les inscriptions romaines du temps de l'empire. On sait ijue celui des druides ne s'y est encore jamais trouvé ■'.
IV
Lli;S BAHDKS GALLOIS, CORNIQUES ET BRKTONS.
Les hardes gaulois ilu continent disjiarurenl quand on cessa de parler la langue dans laijU(dle ils composaient leurs poésies, et on ne la pai'Iait plus, ce semble, au v" siècle, (juand eut lieu l'invasion franque. En Bretigne, le celtique avec les bardes survéïut à l'em- pire romain. Ainsi les gloses galloises du iiianuscril de Marlianus Capella, De nuptiis PInloloyiœ et Mercurii, transcrit au viii® siècle et conservé à la bibliollièque de Corpus-College i Cambridge, expli- quent par or bardaul leteinepp les mois « epica vulgo lyricaque pa- gina consoiiarenl » ; dans celte formule galloise, leteinepp vend le \M\i\ pitgina, or bdrdaul traduit le laiin epica lyricaque ; si de or bardaul nous relranclions or, qui est rarlii:ie précédé d'une prô- posilion avec sens d'ablatif, reste l'adjectif bardaul qui est dérivé de bard '. Les Gallois avaient donc encoie des bardes au huitième
•i. Corpus inscriptionum Intinnrum, t. III, n° 4575.
2. Corpus ittscriptionum lutinnrum, l. III, n" 5473.
3. Corpus inscriptionum latinarum, t. III, n» 4838.
4. Corpus inscriptionu)ii /(itinurum, t. V, n"» 5872, 5878.
5. Voir chez Clwirles l\obert, Eiugraphie guUo-rO'naine de la Moseltr, p. 87 et suiv., iineémde sur riiisciii)iioii 2200 d'Orelli, où qucluues savants ont cru trouver la memioii d'une druides^^e.
6. Ikirddul, poétique : Wiiitley Stokes, The old-wehh glosses on Martiunus Cape/la, dans les Deitrage de Kulin, t. VII, p. 386.
03i HKVIF. AnCIlKOLOOKlLE.
sit'cle. El l'neiïcl. ilnns les lois galloises, doiil Us plus jinciciis nia- nuscrils apparlit'iiiuMil ;iii \m' siècle, mais iloiit Ir texte ivmonle t'viih'miiuMit à une date plus nnrionne, le hardctsl un des person- nages (li>nl s'oi'iMipe le législateur. Dans le eode vénL'dolii'n, il est le luiiliènie des fonelionnaires de la cour du roi ; dans le code diuié- lien, il est le onzième, (l'est un de ceux (jui s'assoient à l;i lalile du
roi'.
Nous lisons dans le code vùnédotien: Le huitième des ofticiers du roi est le barde du j^alais -. Il doit avoir sa tt rre libre, un cheval ;\ sa disposition; la reine lui fournil son linge, le mi ses vêtements de laine. Il doit, aux trois principales fêtes, s'asseoira côté du chef de la maison du roi, ijui lui met la harpe en main. Le régisseurdu roi lui fournit des habits aux trois priiicip;iles fêles. Si la reine désire un chant, le barde du palais doit chanter pour elle aussi longtemps qu'elle en a envie; et il faut qu'il le fasse à voix ba.'îsc, de peur de troubler ceux (jui S'Ont dans la salle. Quand les gens du roi vont chercher du butin dans un pays voisin, le roi prend d'abord son tiers, puis le barde a droit à une vache ou à un bœuf; et, pendant qu'on fait le partage du reste, il doit chauler le poème (jui commence par : «Monarchie de Bretagne». La valeur du barde du palais, c'est- à-dire le prix qu'on>loiL payer quand on le lue, est de cent vingt- six vaches; et en cas d'insulte grave on lui doit une indemnité de six vaches et de cent vingt pièces d'argent. On applique le même tarif au premier fauconnier, au juge du palais et au premier valet du roi*. Si le barde du palais vient adresser une requêle au roi, il doit lui chanter un poème; s'il .s'adresse à un simide noble, c'est trois poèmes qu'il doil chanter; si c'est un vilain, il faut qu'il chante jusqu'à ce (ju'il n'en puisse plus *.
A côté du barde du jialais, le code vénédolien mentionne le barde pourvu de chaire, e bart kadeyryauc''. Le barde [lourvu de chaire a le pas sur le barde du palais. Quand on demande un chant et qu'ils
1. Ancient low; and inslilutes of Wnles, 18/11, p. 2, 5 15 et 16, 1G7, 1S5, 186.
2. liard teulu, litit''ralcnient, « barde de la famille ».
3. Code vénédolifi), I. I, cli. lii, dans Amn^nt L'iuw and Insittutes of Wales, p. 15-10,
II. Code démdticn, I. I, cli. itiii, Ancient laws and institulfx of Wales, p. 185. Cf. Legn u:allicœy liv. I, cli. xxii, § 2; i/xd., p. 779; suivant ce document, comme suivant le code déaiélien, ce n'est pas uu monu-nt du partage du butin, c'est peu- dani Us batailk'b que le barde chante le poème ijui comiucnce par « Monarchie do DrclaRDc ".
j. Livre I, ch. vi, i; 1, Ancient lax-i and uislitules of Walcs, p. 5.
Li;s IIAUDKS. 233
sont l;i tous deux, c'esl le birde pourvu de clnirc qui roiinncricc. Il chante trois poèmes : le preiuici , en riionncur dr Dim; le scroriii, en riioiiiu;tH" du loi présent ; le lioisiètu»;, en l'Iionncur d'un autre roi. Vicnl ensuite le tour du barde du palais, (jui chaule au.=.^i tiois poèmes'.
Les coinposilions lyriipies ron^^ervéos dans les quatre anciens manuscrits f(;illois(|ue M. Skene a réunis sous le nom de Four nn- cient boolcs of Wales nous donnent un spécimen dos poùfnes (|ue les liai'des j,^illois chantaient dans les jurandes salles des palais royaux. Les poèmes lyriques qui composent cette collection ont eu pour auteurs des bardes. Les manuscrits d'où M. Skene a tiré ces poèmes sont connus sous le nom délivre noir de Cacnnarlhen, de livre d'Aneurin, le livre de Taliesin, de livre rouge de Hergest.
Le livre noir de (^aermarthen est alliibué à la seconde moitié du xii° siècle, le livre d'Aneurin au xiii*, celui de Taliesin au xiv", le livre rouge de Hergest au xv" , et on croit (ju'une partie des poèmes contenus dans ces manuscrits remonte à une date plus ancienne. A l'exceplion du livre rouge de Hergest, qui est conservé à Jesus-College, à Oxford, ces manuscrits sont des propriétés particulières, peu commodes à consulter. Le livre noir deCacrmartlien et le livre de Taliesin appartiennent i M. Wynne de Peniarth. Le livre d'Aneurin estdans la collection de sir Thomas Philips, à Middl(,'Hill. Les textes lyiiques contenus dans ces manus- crits ont été publiés avec traduction anglaise, introduction, notes et fac-similés, par M. Wdliam Skene, en deux volumes in-8° qui ont paru à Edimbourg en 1868. Le nom de barde apparaît de temps en temps dans les poèmes (|ue cette collection contient, et l'attribution de ces poèmes à des bardes est justifiée. Enfin, le nom des bardes persiste dans le gallois moderne sous la forme bardd, au ^iluriel beirdd, beirddion-
Nous trouvons encore le nom des bardes en comique, c'est-à- dire dans la langue néo-celtiiiue qui était parlée dans la pres(|u'ile anglaise de Cornouaille. 11 y a au Musée britannique, dans le fonds cotlonnieii, un manuscrit du xii* siècle (]ui contient un glossaire comique ; et dans ce glossaire nous lisons: « Tubicen, barlhhir- gorn.... ; niimus vel scurra, barth-. » 11 y avait donc dans la Cornouaille anglaise, au xii-^ siècle, deux
!. CodeTénédotien.liv. I, cli. iiv, § 5. Anrient laivs and imiitutes of Wales, p. 16. 2. Grammatica celtica, 2» édit., p. 1070.
234 iiKVi I \iu:iii;oi.o(;iori:.
espèces (le barde;; ; les uns soiifll lionl dans iKs insliuments à veut, qu'on apprl.ii'/jin/orrt, c'esi-à-ilirt* ijui «•laieiil longs vl fails diiiiL» corne d'ani iial ; d< ressiMiihlaienl à ce qm- les colleciionneiirs ;i|i|mI- lenl des vliiihuns ; li' glo>s;iI«Mir rend leur tu)iM en latin p.ir liiliirm. D'antres hanles tlianl.iient des vers fomnie les jon},'l('urs français du moyen Açe ; le pinssairnr rend leur nom harlh par Iclitiii inimns vclscurrn, «i lioulTon. lialadin ».
I.es Bretons (^mi}j:rès en Gaule à l'époque où l'empire romain suc- comba cl pc:idaiil l'invasion saxonne porténnl le nom de bardes sur le comment, d'tui le inoinplie de la I in^ue latine l'av.iii b mni. Sa firuic aciuelleest bnrz.Ow ne le trouve pas seulement dans les dictionnaire tu dans les lexles de notre siècle, hans le glossaire breton que Lag ideuc a composé sous le nom de Oilholivon^ vers la (indu XV' siècle, nous lisons que barz se traduit en fiançais par meiieslricr, et en l.ilin par miimts. Un homme appelé le liarze ligure, en 1:>84, dans unecliaile de l'abliayc de n.auporl, aux ar- chives du départeineiil 'les QMes-du-Nord '. iJèsb xii' siècle, ce nom emploNé au féminin, Ihirzn. apparaît comme nom de femme dans le cartulaire de lledon-. A;ii>i, dans le territoire conquis par les Romains sur les Celtes, les barde- ont survécu i la chute de l'iiidé- pendance ccllique ; de celle anlii|ue in>ii'.iilion le nom est resié vivant tliiis la bouche du peuple breton, cl Ir.iveoanl le moyen âge, il est parvenu dans la laugue pai'lée jusqu'à nous.
V
Li:S BAUDMS DMIU.ANDK.
Nous Irouvons aussi les bar.les en Irlande; mai.-'., [lar la <ujiréiin- lie et le mépris des file, ils sont tenus dans une situalion tout à fait secondaire. Le nom de buis compositions est buirtiie. Les bairtne sont des chansons consaciée> ;\ l'éloge des personnages vivanls. Happelons-nous le barde (jui, au second siècle avaiil noire ère, courait à pied sur la roule à colé du char du roi arveiiu! Louer-
1. I\evue celtifjw, t. III, p. VOjGosUn de Bourgoguo et A. do nnrilu'h'iny, An- cinit éiécltét (le hretiiyuc, i. IV p. 200.
2. Aurélieo du Courson, Curtutiiitr ite l'afjbin/r ilc lledon, Paris, \m:\, p. 325. Comparez le uoni propre d'iiomme Dardus duiiB les inscriptions romaines citées plus hkut, p. 02.
i.rs HARnF.s, 235
nins, (Ml clinnlnnl sn f.iim, son il(''s;i|i|)f»iiitcin('ril cl les m(''rit('s du roi. Le Ixtirtut' (riil.iiiilc est une co!ii|iosili()ii di' œ jjciii'c. I.c plus niicii'ii iii.niiiM'i il iiim lais on iimis KMjcotiliions li; mol hiiiituc csl un inaniiM'iil de Sam! l'uiL en (i.iiinlliic, 'pii i-oniiciit cini] |i()6incs lyii(|U('s doiil la piciiiii'Mc ("'dilidri (•oiiiid(''l(' a (■Ir |nil)lir»; par M. Witi- disch dans ses Irisclir Te.rtc, p. 210 cl siiiv. On discute la dali- de ces poèmes, (|iic M. Zimmcr place au xi' ou au xii" sii'clc, cl ipie M. Windix'li croit plu> ancien^, I.a cnuiuicn.c des pièces est un éiojiro d'un ccriain .Wv/, roi de Lciiisler. Li- dernier vers pcul se tra- duire ainsi : « Di' niclodicuv hiiirtnp {poèmes Ijardiques) font rclen- lir, au milieu de Unis de lucre, un nom, celui d'Acd '. »
On renconlri! aussi le nul bdirhie, jiocme iiardn|uc, dans le mor- ceau le plus célèbre du plus impori. ml des cycles épiquef-" irlandais, dans rKnlèvemenl du taureau de (iûaigné, seclion iiililulée : Coni- liat de Teidiad. Le manuscril le plus ancien de cette partie de l'épo- pée est le Livrcilc f.eiuster, écrit au milieu du xii" siècle et apparte- nant à la I)ihlioilu'N|ue de l'Université d'Iilande. La reine Medh de ConnauLîlii, s'adiessanl ;\ Ferdiail, (jui va combillre pour elle le lié- ros Cùcliulainn, lui parle de la troupe qui chaule les bairlne ou poésies bardii|ues, luclit nn bairddne-.
Il est encore (jucslion i\cb(iiilnr dans la Vir triparlitc i\c saint Pa- trice, telle ([u'on la trouve au Brili>li Muséum dans le manuscrit Egeilon 1)3, dont celle paitie a été écrite en li77. D'après cette Vie, au mouienl où sailli l'alrice projetle av( c Dubthacli, cb'f d s file d'Irlande, (pie Fiacc sera le premiei Irlandais élevé à répiscop.il, Kiacc est absent; il se liouve dans b; pays de Connaugbi, où ilélail allé avec une poésie bardi^ue ou bairlne pour les rois-'.
Racontons en quelles circonstances se produit celle mention de poésie baniiijue.
Patrice était allé de Tara, capitale de Tlriande, aux frontières de Leinster, dans la localité appelée Doinuacli niâr Crialliar; il y ren- contra Uublb.icli, lils de IJa Lugir. Uublliacb était le chef suprême dei file d'Irlande; il croyait à la mission de Patrice, et dans une cir- constance solennelle, Patrice sY'lant rendu au palais du roi suprême
1. (( Arbeitlet bairtiii hindi tri loitli-tiiiiii aiiimm Aoda. » Irishe Tr.rte , p. 320.
2. Livre dt Ltinstcr, p, 81, col. 1, ligne 38. Ce passage a t;té puljjié par W. K. Sullivan, ciiez O'Curry, Munners itnd cuitums, t. lit, p. 418.
3. «DocLoid huaini-se lii tirCondaciil cum-b.iirliii doiiaib rigaib. » WliitJpy Slo- Ices, GoidelicOy 2» éùit., p. 87.
J36 HKVIK AHCUKOLOGIQLK.
dlrlnndc à Tara, «le tous les grands pi-rsoniiapes présents un seul s'iMait lou'' pour faire lionneiir à révi^jne cliri'tien. c'était Diib- tlinrl» '. Or raUice, se trouvant à Doninarli iiifir Crialliar avec Duli- tliaili. le pria île lui inilitpii'r, en Leiiister, un doses élèves dont on pourrait faire un évéïiue. <• Je voudrais, dil-il, un liouiuic libre, de naissauee noble, sans dilToruiitc pliNsiijueet de bonne répulalion, ni trop petit ni trop grand, (jui possède une certaine aisanct' ; je dé- sire un homme qui n'ait nirune fi-nime et i|n"iin etifaiit. — l'armi mes diseiph'S, réponilit iJulilliaeh, je n'en v(ii> (pi'un (jui puisse vous convenir: c'est le beau Fiacc de Leiiislcr. 11 m'a (|uilté pour aileron Connaui:hl avec une poésie bardii|iie, un hnirtne, pour les rois. »
Dublbarh et Patrice parlaient donc de Fiacc. Tout d'un coup Fiacc, dont ils iiinoraicnt le retour, paraît. Dublliacli dit à Patrice : « Fais semblant (lue tu veux me tonsuier ; Fiacc voudra me venir en aide et s'offrira lui-même pour être tonsuré à ma jilace, car il m'aime beaucoup. » Patrice suivit le conseil de Uubtliacli. «> La tonsure, s'écria Fiacc, sera pour IJubtliacli une flétrissure aux yeux de la multitude. Pourquoi ne me prendrait-on jias à sa place? — On te prendra, » dit Patrice, Aussiiôi Patrice le tonsure, le baptise, lui écrit un alphabet latin. On prétend qu'au bout d'un jour Fiacc était en élat délire les psaumes. C'est, à la rigueur, possible, puiscpie Fiacc devait connaître l'alphabet ogamique et (jue, sauf la forme des lettres, l'alphabut o.,'ami(pie est identiiiue à l'alphabel latin. Kniin, Patrice le sacra évéque. Fiacc fut le premier évêiiue de Lcin.»ter. Patrice lui donna un reliquaire, une cloche, une église, une cro<se, un livre et sept des clercs qui l'avaient accompagné jusque-là ; et c'est ainsi (pie le nouveau pontife fut installé. Avant (fétre évé- que, il avait chanté un bairlne pour les lOis'.
I/Irlande ancienne connaît donc les poésies bardiques: bairlne.
Le mot /;///•(/, d'où /y.'//r///^ dérive, apparaît aussi dans la lilléra- lureirlandaise. Ainsi le Livre de Leinstercou\\ci\[ un poème lyii(iui', probahlemenldu xi' siècle, et (pi'à giaiid tort on attribue au célèbre Dubthach, contemporain de saint Patrice. Dans ce poème, (jue 0'(-urry a publié, il ot (lUL'stiiin ile.> barde.^. Ce pdèineest un éloge d'un cer- tain Crimibann, roi de Leinster, et l'auteur dit (pie les bardes
1. « Bellia Palraicc, » clicz Wliiiloy Stoki-s, T/nrr midiile-inx/i ltnuiilies,p. •2li.
•1. DatiK ce récit, nous avons fondu le § 1 1 di-s notes irlandaises du livre dArniagli, œs. du II* 8i.';i.le, cIipz Wnilloy Siokes, Goiil'lirn, 2' t'-d., p. 8(3-87, 91, avec l'extrait de la Vie irlandaise d<; saint i'utrice, iOrIcm, p. 87, note H.
Li:s IIAUDKS. -37
[Imird] rnconlont l'histoire de ce prince '. Ajr)ii(ons qu'une eom|)osi- tion é()i(iu(', aujourd'liiii perdue, portait le litre de : (( Massacre de la fort(;ressi! ilu barde royal -. »
Les textes des lois irlandaises parlent aussi des bardes ■', mais r/esl avec fort peu d'estime. Les bardes y sont placés au-dessous du der- nier ranjî des fiU. « Le barde, lisons-nous, n'a besoin de rii;n savoir: son intelligence naturelle lui suflit^') Nous trouvons la mùme idée dans un texte de provenance inconnue, inséré, au XVI" siècle, dans le glossaire d'O'Davoren. «Il n'est pas nécessaire pour les bardes, dona hdrdaih, d'avoir la connaissance des lettres ogamiques, i feadaib (liltéralemenl : «■ des bois », IJuchstabe), ni celle du mètre poétique, deacli^. » Feadaib est le datif pluriel de fid^ « arbre » (en hwion g ire: en, en t;;dlois (jai/ddi'ii'), nom des caractères ogamiques dans la langue irlandaise; tandis (|uc les letlr'es latines ont pénétré en Irlarnle avec leur nom \M\n Hier'', les lettres ogami- ques s'appellent //'/, '< ar'bre », au pluriel feda, et chacune poi'te le nom d'un arbre dilTér-ent. Ainsi, dans la préface du panégyrique de saint Columba, composé par Dallan, (ils de Forgall, chef i\c^ filé d'Irlande ;\ la fin du vi" siècle, nous lisons que ce panégyrique est un «/ia»<^//« entre deux fr-ènes. A»rt//iam est, dans la langue des grammairiens irlandais, le terme technique spécialement employé pour désigner les poèmes compo^éspar les chefs des file, c'est-à-dire par les o//«w, car o//</m était le nom que donnaient les file i\ ceux d'entr-eeux qui occupaient le rang le plus élevé dans leur hiérar- chie. Dallan, fils de Forgall, étant un ollam, le panégyrique composé par lui pr-enait le nom iVananiaiii' ; et co;nment cet anamaiii se
1. In scêlscailit haird bnidg Banba, «l'histoire que r:icontent les bardes immor- tels (?) d'Irlande ». Lvre de Lein-tter, p. 45, col. 1, liRiie 27. O'Gurry, Lectures on the munuscript mnterinls of ancient ivish history, p. 48/j, a traduit hnvlfj par boasi- fui. Je suppose qu'il faut lire buvl, « durable. » O'Donovan, Supplément à O'I^eiHy.
2. « Argmn rallia rirjbaird », Livre de Lein^ter, p. 190, col. 1, ligues 28-29. Cf. O'Curry, Lectures on the manuscript materiah of ancient irish Instorxj, p. 591.
3. Voir notamment : Ancient lnir<; of Ireland, t. I, p. 88.
h. « Bard duo cin dligcd fogluime acht a indieacii fadesin. » Ancient Laivs of Irelnnd, t. IV, p. 3C0. Ce texte a été reproduit d'après un autre manuscrit par O'Donovan, Supplément à O'Reilly, p. 580, au mot fjard, et on y trouve la môme leçon, à quelques variantes près : « fer gan dliged fogloma acht a intlcclil fadesin ».
5. « Ni dlegar dona bardaib eolus i-feadaib ocus an-deachaib. » Whiticy Stokes, Tliree irisli G/ossnries, p. 81, au mot eolus.
\ C. Ms.de Saint-Gall, p. 6, col. 2, chez Ascoli, // codice irlandese dell' Ambra- siana, t. II, p. 15; cf. Grammaticn celticn, 2" édition, p. 279.
7. Glossaire de Cormac, ciiez Whitley Stjkes, Three irù>h Glossnries, p. 3.
{38 KEVUE AKCii^OLUGKjrK.
lroi»vait-il onliv doux fitMJcs ? Parce (|Uf cri (iinnnain avait pour pre- inion* li'llro un n vl [tour (h-rnièn* It'Ur»' ciuori' un «, i-l i|Uf U'iunii lie 1.1 Icllr»' «. dans ral|i|ial)il ojîaniique, l'iail uni, c'osl-a-dire • frùiio », ash, roinnicon dii en au},'lais.
Los promiùros Ullr.s tle l'alplialiol oganii()U(' sont :
H, bi'itli, « houleau » ;
L, /m/<, •' sorbier » ou frî^Dc do moiilagin' » ; — mi<uiilnin nsli, couiino on dit on anglais ;
F, fcni, «a une » ;
S, sail, « saule » ;
N, iiiii, 0 frùno ' ».
L'élogo do saint Colnniba par Dallan, fils do Forgall, débute par CCS mots : Si discroil, « oo n"osl pas i.no polilo bi^lnjre. un médiocre évoncncnt », et il setormino par li'<'\uol> tii-ihnn-liuaiu, djen'ai pas le loisir ». Or A'i disceoil cumnioiue par un h, iii-dani huoin liiiit par un n ; voil;\ pour(|uoi il est dit dans la prëf;ico ijue c.lio pl^ccost Anomaincterda iiin -, Ci" (|Uo feu O'iieirno (Irowe a liaduit par « un aiiamaiii onlic doux frôncs^». Voiji un des [KiiiUs delà science tech- nit|uo ipio les bardes n'étaient ii.is tonus ^\c posséder. Ils pouvaient seilisponsor d'étudier l'u-rituro o^jauntiue. Ils n'avaient pas non plus besoin lie connaît: 0 le nièire poéti(iuc, dcnch. Los ^'rarnniai- riens irlandais distin;,'uonl luiil f/o(/(7i. Le premier est le monosvl- labo, le second le dis>yllabe, et ainsi de suite jusqu'au mol de liuit
«,
2.
The AmniCholuim C/nll, -/ l><>Hnn l'orymll, p. 15. (f. Wliitley Slokps, liot-
delicfi, T Ltlii., I'. 1^8, l\\tue 1.
3. The Amr» CMutm Chillt, p. 10.
LKS llAUDKS, -.'i'J
syll;il)is. L;i ^MMiininiri' irl.iinlaisc; .-ipp'llc l.i sy 1 la he f/iVi/^ (îl a un termn spr-ci,!! ponnir-si^'ii r i-lnciiii des luiil (1paclt,dr\>\i\<, li; iiioiio- syll;il)(! jii'-"(|ii';i l'oclosNlIahc '.
Les haiilcs ii'rlaiciil pasol)li},'6.s di; connaître cclto nomenclaliiro prainniaticalc. Volontaires de la p(trsie, ils élaicril peu appréciés îles poètes (>lli(it'ls. On l(^ voit siirloiil dans \i) Diahi'jui' des deux doc- leurs. Cette pièce dan* l'étal où nous la possédons date prohabliMnenf, du coniinenceincnl du ix" siècle, mais renferme des clémotils plus anciens et tout à fait |iaïens. Deux ///t' se disputent la robeel la chaire d'o//^//u ou chef des ///6' à Kmain iMacha, capitale de TUisIer, en présence du roi épique (^oncliobar ; ccsonl Nédé, jeune lilsdii défunt oWim Adné. et l-Vnertné. Il y a entre eux, sous forme de dialogue, une lulle lii/.aiiv de science et d'éiorpience, et l'un d'eux linit par p?-édiieun déluge de maux (|ui, avant la fin du monde, [deuvra sur l'Irlande:
M Chacun soi tira de son rang -..., tous les rois toiuberonl dans la misère^..., on méprisera tous les nobles; tous les hommes de nais- sance servile seront glorifiés*... On verra se changer : la sagesse en faux jugement'', tous les mariages légitimes en adultères'"', les belles broderies en haillons, et les vêtements perdront leurs belles cou- leurs^...; les esclaves des deux sexes n'obéiront plus à leurs maî- tres**..., les fils ni les lilles à leurs pére> ^. Le grand seigneur ven- dra pour un denier son honneur el son âme"^. »
Enfin, el c'est ici (juc nous voulons en venir, « les p,lé dégénére- ront ù ce point (|u'ils ne seront plus que i\{i> bardes " ».
Ainsi les bardes tiennent dans la société irlandaise une très petite
1. Glossaire de Cormac, cliez Wliitlcy Slokes, Three in'sh G/ossaries, p. lG-17; Sanas Chormaic, p 56-57.
2. <i Hapaid cec/( oen ass-a-riclit. » Livre de Lcinster, p. 18S, col. 2.
3. « Bill [jau/;»';- c ch ri tdun bid boc/it cec/( ri. » Ihidcm.
h. « Dimicniglîder cec/t saer, idon cec/j socAenel, conustatar sec/t doôr, idon co- turct'biluir cec/i droc/(-CPnel. » Ihiilnn.
5. « Sai(it/ier ecna is-sâi,b]-brei/(a. » Ihidem.
G. « Sùifid cec/i lunawnas \n adulirus. i> Le f:lossaleur a ajouté : « ir-rcib irgar- thaib», — « par usage du mariage en temps prohibé ». Ibidem.
7. Sôir.d rodruine m ôniiiite ocus atc/iessa iden in aicAisaige, cosaiifiter etaige cen liga ido)t con aicliter ûtaigc cen datha idon cen i«demna ôir is-argait. » lôideni, p. 188, col. 3.
8. « Co-na-fogenat mo},Mid na c«maia a-co>/jdedu. » Ihidem.
9. « Co-na-fogenat m«ic ocus ingena an-athre. » Ibidem.
10. « Co-riife \n fer uullach a enec/i acus a anmai;» ar lôg oen scripuil. » Ibidem.
11. « Dic/»la»(uaigfitt';' flliV/ idun co-na-biat iWid aclit baird uawma. » Ibidem.
'i'tO HKvri: Anc.iiKOLOf.iQUE.
plai'o. Il no paraît pas prol);\l)It' tprils (mi eussent en fiaulf» iino plus ronsiilôralilo. ('e ijiii lésa ^Maudis dans le jiays de (îalles c'est (ju'aa nioyon âjjc ils s'y sont ti(uivt''s les seuls rt pri-scnlanls de la classe considëralde d'hommes IvlUcs où César ne menliorine que les Jvmj- cfes cl (»ii nous dislin;,Mi()ns, avec d'aulres auteurs, trois clémenls : 1" les druides propremetii dils; i" les devins, cubages, oùâxei; (rflfe«) de Diodore, Timagèneel Stralion; 3' les bardes '.
Nous ne (piittcrons pas les bardes d'Irlande sans donner un spéci- men des plus anciennes poésies que nous leur devons. Nous pren- drons un des poèmes lyriiiues conservés par le manuscrit de Saint- Paul, en Carinthie. M. Windiscli date ce ninnuscril du vm" siècle, et suivant M. Zimmcr il n'est pas antérieur à la lin du xi" : (pioi qu'il en soit, sa date est fort respectable, et remonte plus haut ipie celle du premier des quatre manuscrits bardiques du l'ays de Galles publiés p;ir M. Skcne.
Aed par sa puissance a do la flaiiimc l'éclat;
Aed ofTre un sujet de longs dévelopiieinciils poétiques;
Son sccpirc gracieux est plus beau
Que les collines qui dominent la plaine dcRoeriu*.
C'est la maltresso poutre qui abrite le peuple chrétien ; Elle brille par sa beauté sous l'heureux toit qu'elle supporte; C'est un objet de e.boix : il est supérieur à toutes les générations Qui habiiérciit les campagnes séduisantes de Moisliu.
Le fils de Diarmait m'est cher. Que me (Icmandc-t-on ? La réponse est facile : Sa louange sera le plus beau des trésors Que je cb;inlerai dans mes vers.
1. Les bardes apparaissent les premiers en date cliez Posidonius, qui parle, d'eux seuls et ne dit rien des druides ni du second groupe (devins, oJâ-rei;, cubages). Dio- dore s'accorde avec Tiniagèn.' et Sir,il)on pour nommer les bardes t-n prtmière li- gne, avant les druides et lu second groupe. Ou aurait lorl d'en conclure iiuc les bardf's eussent en Gaule la préiîinincnce sur les druides et les devins (oJàTti; ou euljafji:s).
2. Littéralement :
Acil graoïl pour feu d'éclat, A<'<l long puur iiililition podiqiio, RAtun gracieux plun joli Que otllinvi de lluuriu um.
m:s it\iu)i:s. 241
Son nom csl uitné : je ne dis lien ilc nouveau, (^iir Aed iuî nubile pas de rcproclie. Il est sans luclie : co n'est pas un secret que la gloire f) 1 prince à qui appiirlicnt la liellc riviùre de l.ill'cy.
llliislr.' pclillil:; dft Muit'dliachY
Sa haute diKiiilé l'élcHc comme une roche clioisie.
Jamais on n'a trouve semMable descendant
Aux rois qui gouvcrnôrent les peuples de Cûalann.
Son pouvoir lui est venu par héritage; C'est d'iiOrilage qu'il lient ses vertus et sa dignité; Il est un rejelou de la famille sans reproche l»es rois m.ijestucux de Marge.
C'est une souche grande d'honneur el de noblesse, Dans les comi>als e.'est le fondement de la primauté; i-'illuslre cl puissant prince est un rameau d'argent, Issu de la race de cent rois et de cent reines.
Près de la cervoisc on chante des vers,
On chante les batailles, lc« pièyes que s'y tendent des hommes;
l']t de mélocieux poèmes bardiqucs font retenlir,
Au milieu des (lois de bière, un nom, celui d'Aed.
Et l'on reprend : Aed par sa puissance a de la flamme l'éclat'.
Ce vers a, en vieil irlandais, un charme que le français ne peut rendre, parce que le nom propre Aed, employé comme nom com- mun, veut dire « feu » en vieil irlandais.
Au nom des bardes, la dernière strophe associe un mot qui nous rappelle un des plus anciens usages de la race celti(jue. C'est le mot que j'ai traduit \m-cervoisc, en irlandais co?rmou cuirm-. 11 ie trouve déjà vers l'an 100 avant notre ère chez Posidonius, le premier en date des auteurs de l'antiquité classique qui nous parle des bardes. « Chez les Celtes, dit-il, les gens riches boivent du vin qui leur arrive d'Italie par Marseille; ils le prennent soit pur, soit mélangé avec de l'eau. Les gens de fortune moyenne le remplacent par une
1. Windiscli, Irische Texte, p. 319-320.
2. Grammaticu ccllico, 2" l'd., p. 2C8, 2C9.
xt.iv. — ir,
243 IIKM i: AHC.IIKoLOr.IQlK.
bit^rc préparée au mitl.X I»' plus grand nomltrc so conl(Milo triinc biiTO sans miel (jifon .ippcllf connu. » Suivant lui r'cst avi'c du froment (ju'on la falirhiuc '. Dioscoridc, poslérifur d'un sij^cle et demi, est plus exact en disant (|u'on la fait avec de l'org»», et il écrit le nom de cette lii|u<'ur avec une or!lio;,Maplio (pii se rap- proche plus de l'ortliogiaplie irland lise. Au lieu de xô:;/.-», il écrit xoùfui-, mot rigoureusemoiil identi(pie à l'irlandais eui/m, datif f on/1 <ii;/». C'est à Posidoniiis (|ue nous devons la première mention de celte boisson et des li.irdes. Il est curieux de trouver le nom de cette boisson et celui des bardes associés dans la dernière strophe de notre poème, que conserve un manusciit postérieur de dix siècles à Posidonius:
« Oc ('ormniin gaititir ililana »
Prùs de la cervoisc on chante des vers;
On clianle les l).ilailles et k-s piùges que s'y teiuieiil les hoiiniies,
Kl de mélodieux poèmes bardiqucs font relenlir
Au milieu de Ilots de bière un nom, ci'iiii d'Aed.
II. DAUnOIS DK JUnAlNVILLE.
1. Ilapa r.i toî; ûzoôieTripoi; TrJpivov [AETà [xî).'.-o; È(7X£ya<j|j.ivov • Tiapa ôi toî; "oX- >oî; xaO' oJTo • xa/.EÎTat ôà x6p|Aa. • Ailiéiiée, IV, 152. (if. Frnyiiwnta historkorum grœcoruni, l. III, p, 200.
2. Koûpixi <TX£vas6|i£vov èxTr,; xpiOy,;. Uioscoridc, II, 110, ciiû duiis la Gianiniatiai celtica. 2« édition, p. IIS.
INSClUrnONS de CiïE.\fTOU
(SIMITTU) TUNISIE
(suite)
Le \'.\ mai (!(M-nier, j'ai eu de nouveau l'oceasion de me reiidie aux ruiues de Ciieuilou. Dés mou arrivée, y\. Sovel, le directeur de la cairière, me inoulra une colonne de pierre, trouvée peu de jours auparavant à i|ucl(|ues pas de la façade de sa maison.
Cette colonne, longue de r",7.'i d mesurant O'^,']0 de diamètre, porte celte double inscription milliaire :
57.
DN • FLAV(îo) DELMA(f/o) NOB-CAES • COLSIMITTHVS
Hauteur des lettres : O^jO?.
IMPP • CAESS FELL • VALENTl NIANO • ET • VALEN
1. Voir la Revue archéologique, avril et juillet 1881, mai 1SS2.
2. Cette quatrièine ligi:e a ûtc elTac(5e au marteati, ce qui fait ressembler les 1 à des E et rend assez difficile la lecture du nom pr^ipre.
244
RKVUE ARCHÉOLOGIQUE.
TE AVGG- DEVOTA SIMITHVS F
1
Hauteur des lettres : 0"',05.
Inutile de faire observt.'r que ces deux inscripons sont gravées en sens inverse, puisque la colonne, qui d'abord orlait le nom de Delmatius, fut renversée pour recevoir celui des npereurs Valen- tinien et Valens.
Ce double texte prouve que l'ortbographe de ancien nom de Cliemlou a varié selon les différents siècles. Ce nm, qui est gravé SIMITTV sur les inscriptions dont la beauté des tractères indi(|ue le i" et le ii« siècle, se transforme au iv® siècle e SIMITTHVS et SIMITHVS.
C'est la première fois que le titre de colonia se 2ncontre sur les inscriptions de Chemtou. On ne pouvait d'ailleurs outer que celte ville n'eût été une colonie, puisque les épitapht nous montrent qu'un certain nombre de vétérans^ y étaient envrés pour récom- pense de leurs longs services. L'Itinéraire d'Anloni^ et la Table de Peulinger donnent ce litre à l'antique Simittu.
Celte colonne indique le premier mille sur la oie qui condui- sait de Simittu à Bulla Regia, voie sur laquelle j'adéjà découvert en 1880 la base mutilée d'une autre borne milliair. La route lon- geait au sud les collines marbrières de Chemtou e venait rencon- trer un mille plus loin la voie de Similtu à Thabrau L'angle formé par ces deux voies, qui se dirigeaient l'une au non l'autre à l'est, était occupé par la partie exploitée des carrières.
Grâce à la complaisance de M, Sovet, je pus fai; donner quel- (|ues coups de pioche sur l'emplacement du cimeore romain de Chemtou. Voici les épilaphes que les ouvriers rcndimt au jour :
58.
Au-dessous d'un buste bien sculpté
1 . Voir les nos 5. l 'i, 18, 29, 39 et 56.
2. Itinerrii iiim Anfoniiii, é^ih. Partliry ot Pinder, n' 43.
INSCRIPTIONS DE CHEMTOU.
245
D M S P- PETRONIVS- PIS
CATOR • PIVS VIXIT • ANNIS LXXV H • S • T (sic)
Mi
La lettre S as quatre premières lignes a été placée à dessein par le lapicide surine même verticale. La formule H • S • T est assez rare. Le Corps inscriptionum latinarum Africœ ne la renferme que deux fois T. n"^ 193 et 7Gu6).
59.
Au-dessous 'un personnage sculpté :
L- MANLIVS
L • F QVIR-
ROGATVS
PIVS • V- AN -LV
H • S- E
Hauteur dt lettres : 8 centimètres et demi.
60.
( dis manih. s )AC OPIDIATERTIA
PIA- VIXIT
ANNIS • LXXXV
H-S'E
61.
. . .MEN CVRIAE
I
t
«*^-«*''»^
%**^'-i
244 IIKVUK Anf.lltU)LO(.IoLF..
TE AVGG • DEVOTA SIMITHVS F
Hauteur des Iclircs : 0",iùj.
Inulilc de faire oljservrr (jiie ces deux in<ci i[i|ii)ns sotil gravi'c.s cil sons inverse, puisijue la colonne, <|ui 'l'abord porlail le nom de Drlnuitiini, fui reiiverFée pour rerevoir eclui des empereurs Valrn- linien et Valeus.
Ce double texte i)roiive ijuc l'orllidi^raplie de l'.Tnrii ii nom de C.liemlou .1 varié selon les dilTerenls sireles. Ce nom, (pii est gravé SIMITTV sur les insciiplions don! h beauté des rnrartéres indi |ue le [" et le II' siècle, se Iransfurme au i\* siècle en SIMITTHVS cl SIMITHVS.
C'est la première fois (|iie le titre d(^ colonid se rencontre sur les inscriptions de Cbemtou. On ne pouvait d'ailleurs douter que celte ville n'eût été une colonie, puisque les épilaplies nous montrent qu'un certain nombre de vétérans' y étaient envoyés pour récom- pense de leurs longs services. L'Itinéraire d'Anlonin' et la Table de Peuiinger donnent ce litre à l'antiiiue Simittu.
Cette colonne indique le premier mille sur la voie qui condui- sait de Simittu à Bulla Hegia, voie sur la(]uelle j'ai déj;\ découvert en 1880 la base mutilée d'une autre borne milliaire. La roule lon- geait au sud les collines mirbrières de Cliemlou et venait rencon- trer un mille plus loin la voie de Simittu à Tliabraca. L'angle formé par ces deux voies, qui se dirigeaient l'une au nord, l'autre à l'esl, était occui»é par la partie exploitée des carrières.
Grâce à la complaisance de M. Sovet, je pus faire donner quel- (|ucs coups de pioclie sur l'emplacement du cimetière romain de Cbeinlou. Voici les éi»ilaplies (jue les ouvriers rendirent au jour :
Au-dessous d'un bu>ti' bien sculpté :
1. Voir le» II»* 5. l 'i, 18, 29, 39 cl 50.
3. Ilinerniiiitri Anlomni, ^'^in. Pariliryd F'indor, ii» /j3.
l.NSCnil'iloNS I)K CIIKMTOU. 245
D M s P • PETRONIVS • PIS
CATOR • PI VS VIXIT • ANNIS LXXV H • S • T {sic)
I.a Irliro S des qii;itr(^ prcinièrcs lignes a élé placée à dessein par le lapiciilc sur uno iii(*'iiit' veilicalc La forintilr H • S • T est assez i"are. Li; Onpus mscrijttionnm Idtinaium Afiicœ ue la renferme (lue deux fois (V. n°» 193 et 7(Jo(]).
59.
Au-dessous d'un personnage sculpté :
L- MANLIVS
L • F QVIR-
ROGATVS
PIVS • V • AN • LV
H • S ■ E
Hauteur des lettres : 8 centimètres et demi.
60.
( dis mnnib. s )AC OPIDIATERTIA
PIA- VIXIT
ANNIS-LXXXV
H-S- E
61.
. . .MEN CVRIAE
246 IIKYLK AUi:ili;()L(t(;HjLE.
TIAEHSX
CAVIT
.... MERITO • P P CVRIA • CAELEST MESVLEVM- P- SVA ET • EX VVIAS- El VS- XI -K APRIL • AEPVLANTVR
.\ h première cl à la Irni^iènit' iijîne, E a la forint' de F.
J"aj(Uilt'rai à fos ijiiclijiies textes un fr.i^iiirnt d'iiiseription lrouv(?( par M. Hoiissel à environ quatre kilouiMrcs suil-csl de (>licnilou el à près (l'un kilomètre a gauche du 17i» kilomètre de la ligne de Tuijis à la frontière algérienne.
G2.
. . I (?0 L I (».s- hi) LARVS Pl(«sn) XIT {a)H:nis) . . .
ALF
E I V (5
SIM
o (^ b. <j.)
Les noms de Jnliiis Ililarus se lisent sur une èpilnphc trouvée en faCL' du \2l)'- kilomètre de la voie ferrée, et inâcrile dans le Corpnx inscriptionuni hitinnniiii Africœ, sous le numéro lOoTi.
A la sixième liL,'tie, on croirait reconnaître lis trois premières lettres du mot SIMITTV, mais ce n'est sans doute qu'une partie d'une formule de ce genre :
jKilri y/:/.siSIM)o fcat.
A. I,. DKLATTRE, Saint-Louis de CartliDgr, 30 Juin '.883.
iNscHiPTioNS m-: cnKMTOU. 247
N" m. — C'est la première inscription, Iroiivi'e en Alriquo, <-n riKjnncnr de Klaviiis iK'liniliiis, neveu de CoriHlaiilin. Ce jeiine pi iiice ret.ul le lilre do Cé.sar en iJ.'i.'i; il fui lue en X\~. C(!s deux dales nous indiiiucnt ainsi l't''poqi)i; i\ laqiudle remonie le premier loxie.
I.a seconde in>criplion a l'ii^ gravée quelques années plus laid, entre les onnées 3fii et 3G7, sous le r«>gne de Valentinien I" et de Valons. D'après le P. Pelallre, la colonne avait él6 renversée en 337, ;\ la ninrl de Dflnia- lius. Tronic ans après on la iel(;va et on l'nlilisii une seconde fois; mais on eut soin de la relouriier pour y graver le nouveau lexle en l'honneur des empereurs Valenlinien \<" et Valons. Il me parait certain que la se- conde liynedoit se Im; : FFLL = Flaviis. I.c F i celte époque ressemble beaucoup an E cl la confusion est facile.
Le P. Del. litre se trompe en disant que ce texte cpigraphique est le premier (jui donne à Siinilha le litre de colonvi. Une inscription du Ml* siècle de notre ère, dècouverle à. Cheratou par Wilmanns (C. /. L., t. VIII, n" I2'il ; cf. le n» 10594, copie moins bonne du même texte repu- blié par ericiir), renferme le litre: colonia [Julia \el Flaiia] Augusta Numidicii Sunitlien^ium.
N" iJ8. — La formule H • S ' T semble, au premier al)ord, une lecture fautive de H * S • E *, mais, comme le fait remarquer le P. Delattre, il y en a d'autres exemples en Afrique, et une petite inscription funéraire, trouvée au Coudiat-Ali, près de Conslanline, paraît contenir l'explication du T filial. Celle inscription (C. /. L., l. VllI, n" 7G5(j) est ainsi conçue :
/j O M P E I A N ATA V I X I T XI HIC SITVS {sic) TIBI
Pompei'a Nota vixit {annos) XL Hicsita. Tibi. Je ne crois pas qu'il faille tenir compte du S final de la 3'' ligne. Le gra\eiir avait évidemincnl écrit par erreur HIC ' SITVS au lieu do HIC ' SITA; on a corrigé en bar- rant le V dont on a fait ainsi un A placé la lèle en bas, et on a négligé d'offacôr le S. C'est le développement de la formule inscrite en abrégé au bas de notre texte de Chemtou et qu'on retrouve encore sur l'inscripiion n" 193 du I. VllI du C.J.L.
Dans l'inscription n° 58, il faut donc lire : n{ic) s{itus). T{ibi).
N°6l. — L'état incomplet de l'inscription est très regrettable. Elle men- tionnait sans doute une fondation à laquelle au moins une des curies de Siniillii se tiouvail mêlée. (Ve>l cille dont le n(im o>l reconnaissable dans le texte, la CVRIA • CAELEST(ls) on CAELEST(ta). En eflel, c'est sous
248 HKVUK AnnHK(»LOr.I(.tL'K.
cotîe sO'OnJo formp que \<* m<''rnc nom nppnrall dans une iiisnipiion (K> Tiiizi tiviui''t}u'u'n Ani'eUttm CommoUnnum Turcctnuum) : CVR • CAE- LESTIA • PATRONO (C. I. L., l. vm. n» 829). Il faul xuir «luis n'ile ép.tli«'le le ^oll^. i;ir (le la giamle diviniti^ ilo Carihaf^c, tlca Caehstis ou siiiii'l<>nuMr. r,(/..s'/s, «ous la iToleclinu de Inquolle la luric -''Iml plicto. On IrouNo de li.t^nic à l,«tI1l)l\^(• jmjo ruria Jovia cl une curia :>atuniia (C. /. L.y l. VIII, n»' 3302 cl 3301). I.e repas oumnirmoriilif avait lieu lo H des ca'ondi s d'avril = 22 ntui!!. I.'inscTiplinn dp CdiPinlou, drjà citi'c, menlionno les curiulcs unhersi coloniac (C. L L., I. VIII, n» IJHl).
N*> (»2. — Le tiom de fomme incomplet, A li 4" ligne, doit iMic ALFcn^j Il faul sans dou'e compléter aiu^i les dernières lignes :
ALFc;m .... it.ror El V.s- . mnfito . raria
SIMo jWit.
O. /. b. q.
O". mnrit» o«r/.<SIMo, cola esl absolument rcrfain. Il .•^erait ciifuniin de vouloir rechercliLT à la ?i\i me ligne le mot SIM(7/)i<.
A. II. m: V.
BULLETIN MF.XSIJEL
I) K I. • A r. A I) K M I !•: DES I N S C Mil' T I < ) N S
MOIS I)K SKI'TI'Mlîl'.K
M. François I.onormanf met sous les \eiix de l'Académie des phologra- pliics exécutées par M, le capitaine Maimier d'aprùs les caihédiales de Siponlo et Termoli dans la l'ouille. La prcmiùie de ces églises daie de la fin du x" siècle ou du commenceiuent du xi", avant la conquiîte des Nor- mands. Son architecture présente le plus curieux mélange des influences byzantines et arabes. La cathédrale de Termoli date du pontificat de Pascal 11, au commencement du xu" siècle; une inscription en nomme l'arcliitecte, luhamics Grimakli. L'inGuence du stylo roman français est manifeste dans cet édifice.
M. J. Halévy commence la lecture d'un mémoire consacré à rhistoire de la croyance à rimmortalilé de i';lme chez les peuples sémitiques. M. Ilalévy croit pouvoir démontrer que cette croyance existait chez le peuple d'Israël.
M. Derembourg combat l'opinion de .M. Ilalévy.
M. Ferdinand Dclaunay lit au nom de M. l'abbé Amélineau, ancien élève de l'École pratique des hautes éludes, un mémoire sur le papyrus gnosti- que Bruce, conservé à la bibliothèque d'Oxford.
M. Natalis de Wuilly lit une note addilioaaelle à son mémoire sur la langue de Joinville.
On se rappelle que M. Dieulafoy avait rapporté de sa mission en Orient une sérieM'étuiie? archilccturalcssur lesquelles il s'appuyait pour com- battre l'idenlificatioM de .Meched-Mourgab avec Pasargado, ainsi qu3 celle du Gabre-.Moderè-è-Soleïraan;avec le tombeau de; Cyrus. — M. Oppert rappelle qu'il a un des premiers contesté ces identifications. Il est heu- reux de constater que M. Dieulafoy apporte à cette thèse de nouveaux e^ excellents arauments H-v.
SOCIÉTÉ NATlONAI.t:
DES AXTIOllAlliKS DE FRANGE
PUKSIDHNCK m-: M. A. UKirniANI).
StANCi: Dl' 'i OCTOBRi:.
M. niiillaume iiiforinc la Société qu"i\ a découvert des snbstruclions sous la salle di'S Ciuialidos, au Louvre; ces subsliuctious paraissent re- uioiiler à Charles V.
M. Floueît, associé correspoiulant, cninintHiique de la part de M. Cour- nault, associi' correspondant, le dessin d'un casque et d'uno bnucle d'o- reille de l'i-poque i:auloise; ces objets ont été trouvés à Ureuvanncs (Haute Marne).
M. de. Alarsy, associe correspondant, lit une note de M. Ihipo Lœrscb, professeur à l'université de IJoun, sur une cloche municipale d'Aix-la- C-tiapelle. Celte cloche est datéi; du 18 février 1231; elle est sortie des ateliers de Jacques de Croiselles, fondeur artésien.
SÉANCE DU 14 OCTOKUK.
M. I.e Blant donne des détails sur les fouilles entreprises prés do Pom- péi, sur la rive droite du Sarno. Ce ruisseau, fougueux et prolond, arrêta dans leur fuite uni; partie des huhitauls de l*oui|ii'i, qui périrenl avant do parvenir à le liaverser. Ci-s fu^itif>, dont ou tiouve les caiiavies en grand nombre, étaient chargés de bijouv d'or, de piéce.>de monnaie et d autres olijiiB précieux.
M. (iuillaume entretient une seconde fois la Société des restes de cons- tructions anciennes découvetts pendant les tra\au\ qui s'exécutent sous la f.a\\e des Caria.ides au Louvre. Sous la salle moderne, construite par Piiric Lescol et achevée par Pcrci-i cl Konlaine, subsisteul lis ruiiu-s de saLcs ogivales, Jadis carrelées de carreaux éniaillés, qui {lataissenl dater du régne de Ph:lippc-Augustc.
Les retombées de voûtes sont encore conservée.-!, cl dans les déblais so icncoiitrenl de** frafc;inenl> de tuU-de-lanipe ornés de figures.
NOUVELLES ARCIIÉOLOGIOUES
ET COUIIESPONDANCE
M. Krnesl Ciirliiis \ioiit de publier dans los comptes rendus
(Sitzuiiy>beiichtt:) de l'Ac idémie de Berlin une disserialion inlilulre : Dii' Gncchni in dcr Dia<<pora. Comme loulfs les pages signifies par l'aul^ur de Vllistiiirc grecque, cellet-ci soni pleines d'idées el de vues nouvelles. Le lilre surprend; on se demande pourquoi ce mol grec dans un ti're allemand. A lire le mémoire, on se rend compte de celte singularité. L'aulcur n'a {las Irouvé rn allemand de terme qui lui parût avoir la pré- cision de celui qu'il emprunte pour éviter une longue périphrase. Ces Grecs dont il éludie Tmlluence dans le bassin de la Méditerranée, ce sont ceux qui s'y étaient répandus, comiuc marins, comme artisans, comme marchands, avant le temps où se fondèrent les colonies proprement ditis, et, dans des siècles puslérieurs à ces fondaiions, sur certnins points des rivages de la Méditerranée où ne se constituèrent jamais des cités grec- ques, au vrai sens du mot. Il y a eu là une forme de l'action de la (irèce qui n'avait peul-Ctre pas assez attiré l'attention de l'historien. Sans entrer dans le détail, M. Curtius énumèrc bien des indices qui permettent de croire que ces individus et ci's familles qui, l'herninaut ainsi par petits groupes, pénétrèrent, par exemple, jusque dans les oasis de l'Afrique, répaudiicnt sur leur passige bien des germes féconds. Voici la conclusion de ce travail : « On n'a pas fait toute l'bibtoire de la Grèce, si on ne s'occupe que de la métropole et des colonies. Sur toutes les côtes de la Méditerranée, les IIi?llèues ont été le sel de la terre ; ils l'ont éi^-, là même où ils n'ont formé qu'une faible minorité, et où l'on ne retrouve que des traces assez peu marquées de leur présence. »
MM. Amhroise Tardiou el François Boyer, deux enfants de l'Au- vergne qui s'intéressent vivement ù l'histoire et auv souvenirs de leur patrie, \ieni)cnt de publier une utile monographie intitulée : L-i li/Zega/Zo- romaine de Bcaucl tir {commune do Vomgt, près d'Heiment, Puy-de-Dôme), Fouilles et découvertes, in-k°, ifi'^i, Herment et C'crmont-Ferrand. On y trouvera le récit, bien présenté, de fouilles qu'ils ont exécutées à leurs
HTtl UI\IK AHCHKOLOGIQUK.
frais et qui leur ont fait retrouver à lleauclair U's restes d'une nc^cropolc, d'un temple, d'un aqueJuc el d'un omidullitAiro, avec de nomhieux objets anliquts. dont le plus ruricux e.^t un >.i>e ;\ reliefs que n-pro luit une pl;uu'ht' en ronleiir, très bien tirée; il porlf. outre la si^^iiaiure du potier, une inscripiinn qui ne me parait pas encore expliquée d'une minière dèllnilivc. l-es deux autres planches ont leur inuîrûl. L'une nous donne le plan des ruines le plan du temple, i\ plus gran'le échelle, el, en couleur, un fragment d'une peinture murale qui décorait cet édifice; il s'agi: de plantes d'eau qi;e séparent des colonnes siniulécs. I.a dernière planche présenle la reslilulion du tracé de la voie romaine de Clermoiil i\ Limoges, ou plutôi de la partie de celte voie qui est comprise dans le déparlenienl du Puy-ile-IWme ; il y a li, dans le texte qui explique cette planche, des détails curieux sur la direction et sur les parties Us mieux conservées de ce cheniii».
t^n ne saurait donc trop remercier l"s deux autt-nrs de la peine qu'ils ont prise et des renseignements qu'ils nous lournissent.
^ous apprenons que VÉcole américaine d'Athènes, fondée à l'imi- tation de l'Éi-oli- franrai>c el de l'Kcolo allemande, achève de s'organiser. Le professeur Packard succédera, la seconde année, au prolcîseur (jood- •win, qui s'est chargé de jnetlre l'oeuvre en tr.iin. Une maison commode a été louée pour l'école, sur le houlcvard qui bor.le les jardins du palais ; on y a installé une hildiolhèque qui conlient déjl les ouvrages les plus nécessaires. L'école s'ouvre avec six memlirt-i. (>n a le projet de publier un hulletin. L'existence de l'école est déji as.-urée, pour un certain nom- bre d'années, par le capital qui a été versé et parles engagements qu'ont pris [dusieurs universités auxquelles, on resi)ère du moins, d'aulres vien- dront hieniôt se joindre pour supporter les charges de l'établissement. Nos lecteurs n'auront pas oublié que la fondation de l'école est unique- ment duc à l'initiative privée.
M.José Uamon Mélida, allaché au Musée archéologique national
de Madrid, vient de publier une courte notice sur /es rases grecs, étrusques etilahjfjrccs que renferme ce musé.' (in-8, 188-.»). Klleest bien succincte ; mais elle donnera pourlanl une idée des piiiicipales pièces de cette col- lection, qui paraît renfermer quelques niorceaux iuléressanls. L'auteur de celle note s'esi mis au courant ; il cotmaît bien ce qui a é'.é écrit, dans ces derniers temps, de plus complet et de plus mélhodique sur cette malière. 11 serait désirable que M. Hamon, qui parait bien préparé A celle l.irhe, voulût bien entreprendre un lalalogue de celle colleclion, en y joignant quelques planches destinées à faire connillre les plus im;'or- tanls des monuments qu'elle renferme.
M. Horlololli, de .Modène, poursuit sur la coudi^e j>rnnitirc de
VK'j'ivi': des lecherrhcs qui piiais-eiil fuites avec beaucoup de soin. Il en
vot vi:i.i,i:s AiiciiKoLOGiQUKS. 253
étudie les rapports g('om''lriqii(!S nvoc les autres uiiili's de Imipueiir, de ciliacili' cl (le poids, soit t'iran^ôrcs, soit l'gypliciiiics, N'.iynnl rcr'j que le lroi;-iènie ra^cicllIe de cet oiiviat;e, nous devons nous roiitenliT d'en transi'rirc le titre : P. HcTlolotli, 0(7 primitivo cuhito KifVD e du sxi<ji gco- mctnci rniijiorti colle allrc uiiHiï ili inisura e di itcao cijnianc e stramerc. A^odeiia, società lipogratici, in-i°, 188:!.
Dans le liiillrtln <lc lu soriiilè du V.onhi, sou aicliivi.Me, M. iùnilc
Tdillel;ois, décrit le Trésor de Lunjuian ((ler.^). 11 s'agit de !).S(» dctuerâ îles Klusates qui ont élé trouvés dans un vase de terre par un ouvrier. Celui- ci a reçu la moilié du In'àor, el sa niéllaucc a emjiâ.hé M. TailUbois d'cxaiuiner les 't!M) pir-ces qui faisaient lu pari de l'inventeur; mais il a pu étudier à loitir l'autre moilié de la liuuvaille, el toutes les pièces qu'il y a vues sotit au nulme type, avec de i-iuiples variétés de coins. 11 en donne une description qu'accompagne la reproduction figurée des prin- cipales de ci s variétés, puis il dienheà montrer que, dans les dessins barbares qui couvrent les deux (ôtés du n.i:i, il ne faut voir qu'une imi- tation du type des monnaies macédoniennes, arrivée au dernier dc^^ré de la déiîénérescence.
RIBLIOGRAPllïR
Études nrchcologiques. œuvre posthume, i ai .M. It U" Pu. A. l'irintn.
In vol. in-4", Paris.
M. Ik'lbici, (juc nous avons jadis connu à Conslanliruiilo, ('i.iit un liomnic excelleni, actif, curieux, passionnt' pour les irclicrchcs d'archt'o- logie el d'épi|j;raphie ; il a rendu de grai.ds services en >auvaiil bien des mcuiumcnis île la dcslruclion cl de l'oubli, l'ersonne ne connaissait comme lui tous ces coins el recoins de Conslanlinople cl des environs, où tant de vestiges de l'époque byzantine el uiOnic de l'cpoque romaine sont cacbés sou? des conslrucliuns ou îles ariaiigcuîcnlsmoiicriics, el bien souvent dérob(?s au regard par la difOcollé de pinétrcr dans une mos- quée ou tians ses dépendances, voire niOme dans une maison turque ou arménienne, dont certaines parties, en vertu de leur destination, sont rigourcuscmenl Fermées à l'iMiangcr. Non conletil de fouiller en tous sens la ville et sa banlieue, il avait, malgré la modicité des ressources dont il disposait el les exigences des fondions dont il vivait, exploré aussi avec soin les doux rives du Bospbore, les côtes de la mer de Marmara, el tout le pays entre Andrinople el Conslanlinople.
Ce qui lui manquait, pour tirer de ses recherches et de ses découvertes tous 1. s résultais scienlitiques qu'elles aui aient pu comporter el toute la répuiation qu'elles auraient pu lui valoir, c'était celle première éduca- tion scientilique à laquelle rien ne supplée. 11 n'avait point passé par la discipline de ILniveisilé, puis de ces haules écoles de critique et de mé- thode que l'Allemagne el la France eniretiennent à Rome el ;\ Alliénes ; il n'avait pas une culiure générale suflisanle, une coiinaissance assez exacte des souices anciennes et moderne.-, des dillérenti slyle> (t de. leurs caractères originaux ; il ne savait ni conduire son propre esprit, ni mener par degrés celui des autres à accepter ses conclusions ; il se ba- sai dail aux rupprocbcnienls les plus téméraires, il ne se méliail point as.'ez des lai unes de son instruction et des hardiesses de son esprit tout prime-saulier cl un peu bizirre. C'i.'t ainsi qu'après avoir, pendant une trentaine d'années, entrepris el fait presque A lui seul cet inventaire des antiquité» de Cunsiantinoplc qu'a repris, avec plus d'ordre et de suite, le SyUoijiic de Contlantinople, il ne laihse guèie que des travaux qui sont preçiiue luusû refaire el dont aucun d'u un caractère «léiinilf.
itiitLiocitviMiii:. 255
Les mi^rilOH ol les (lémiits qtift nous venons il'indiquer sont égalomonl sensibles iluns h', volume qui a été formé, api-t'-s h mort (Je M. Dethier, d'un crTl.iin noniitic d'arlic'cs qui avaient 61(5 publiés dans dillérenls recueils; inaiA i;ouiqiini M. Deihier, qui, si nous ne nous Irornpons, était autrichien, .>-'o-l-il ilna^iu6 de rédii^.-r ces dirseilalioiis en rran(.-iiisV Co français n'est pas du français, c'est de l.i lingiia franca, du petit sabir, comuio on dit en Orient, c'est le palois que vous parbnt tous ces inler- médi. lires trop (dîli^^cants qui air(îlcnt le voyagiur .^ir le pont de Galala et qui lui ollreiit les services qu'ils savi ulsi bien faire payer, l/i'lrangeté d(î Cet idiome eoiu[)o>ili' riiud rrieuic plus sensibles les défauts habiluels de l'auteur.
Sans insister davaul^ig'-. Il^u^* .si-nalt rons les principaux des travaux qui ont é'é recueillis dans ce volume et nous en i'idiquerons le sujet. La prétonlion de retrouver le s(u'coi>hagc d'Enripilc dans un monument qui se conserve au musée impérial ottoman ne soutient pas l'examen ; ce sarcophage n'a pas plus de droit à cet honneur que lanl d'autres cuves funéraires qui représentent, comme celle-ci, des s(ènes cmpruutéi-s aux tragédies du poète; tous ces sarcophages à bas-reliefs sont de l'époque romaine. On irouvera (dus à apprendre dans les mémoires consacrés aux édilices et aux autres nioimments de l'époiiue byzantine. A ce titre, on lira avec profit le suivant : Polyandrion ou Myiimdrion. L'ajlisi- desapôlrcs, aujourd'hui Mclnncdicli, ou les tombeaux des empereurs byz'tntin^, surtout dans cette église.
Pour les mêmes motifs, nous appellerons l'attention sur la dissertation qui vient ensuite : Deux iiucription-' grecques paléologines (c'est-à-dire du temps des Paléologues) très curituscs. lilies ont eu eirot leur intérêt ; mais l'autour recommence ;i montrer combien il connaît mal l'antiquité cIhs- sique, dans les mémoires qu'il consacre i V Hermès p^ychopompe des ban- quets funèbres, à une stèle funéraire où il s'imagsne trouver l'image d'une lenmie tuée par la foudre, à un colosse antiquissime cliyprien, comme il dit en son jargon. Nous ne continuons pas celte énumération ; il est fâ- cheux que M. Uelhier ne se soit pas borné ik s'occuper de la Byzance grecque et de la Gouttantinople chrétienne, sur lesquelles il pouvait nous beaucoup apprendre, et qu'il se soit lancé sur un terrain où il n'a- vait pas appiis à marcher. ^- l'tnuor.
Sédulius de Liège, par Henri Pirenne. Druxclles, 1882, in-8, 72 pages, avec un fac-similé (extrait des Mémoires de l'Acmlémie royale de Belgique, collection in-8, tome \X\11I).
Sédulius est du nombre dos Irlandais, missionnaires ou lettrés, qui vin- rent sur le conlinent, durant la période franque, faire bénéficier de leur haute culture intellectuelle les anciennes provinces romaines, devenues barl)ares. Chassé de l'Irlande, selon toute apparence, pur l'invasion Scan- dinave, il arriva dans les Éiats de l'etnpereur Lothaire entre les années 840 à 8oI, fut accueilli i\ Liège par l'évéque Hartger, et paraît avoir di-
-.*iO IIKVI K ARCMKOMir.loUK.
rigé lioole i*piscopnlp de l'i^pliso calhécltali> lic Saitil-l-iimbcrt : il \i\;iii encore on S74 au]>r(''s dr iVv^qiic Francon, siiccissciir il'll.irl^or.
Lp nom d(> ritlandais Srilulins no scrnil point pat vomi jusqu'il nous »'il n'avait com|>o^ô ifnssoz nomliroMsiCs poé-ios.donl un mamiscrildu xn" siè- cle,Icu" lOTÎjdo la IJibliollii'quo royalcdc nruxelles, ne seuildo avoircon- sorvi* qu'une partie. Toutefois, à l'exception de quelques ver* citfs par Ma- billon dans yes Vctcra nnalcrUi, sou «pinre re.*ta lueomuie jus(]u'eu IK.'J'.», daleà laq-iello le mamuciit de Itiuxclles fut .••ignali' pai IN riz ilalteution des i^rudits, et ce fui .«.eulcmcul en !8iil que six des qiiairc-vin};t-sepl pièces de »crs qui le eomposent fuient publiées par le savant allemand Puemmler. Cetie première puMica ion fut S'Ui\ie à sept anm'es d'inter- valle par eello de seize ar.lros pières, due à M. I-Iinilo (îrosic. Kii \HC>\t, M. Duemniler mil au jour quarante pièces nouveiles, et aujomd'liui .M.Piienne donne, dans les appendices de son cHudc, lei vingt-cinq pièces restées inédites.
M. Pirenne constate qu' « il ne faut pas voir uniciuemenl dans Sédu- liiis un curieux représ-etilant do la liltrr.iiure du ix'' siècle. Il est cinore, et c'est là ce qui lui donne pour le lecteur belge un inténM tout spécial, une source historique des plus précieuses. GiAce à ses vers, on peut enfin combler cette lacune fjui, dans l'lli^toire de Liège, 'sépare les règnes des évéques qui vécurent avant Charlemagne d'avec les règnes de ceux qui sont postérieurs à l'invasion normande i>.
Les vers de Sétiulius ii'intéressent pas ?(Mileinent riii>l(irien ; rarchéo- logue y trouvera quelques renseignements préc ieux sur les monuments dont l'évéque Hariger dota la ville de Liè^je. On doit donc savoir gré à M. F'ircnne d'avoir fait connaître à ses compatriotes un auteur qui, avant sa publication, n'était guère connu qu'en Allemagne. A. L<'.\(i.No.N.
ij-:
LAOCOON n LK (iKdll'i: DAÏIIKNV
A L,V l''RISK ni'; IM'.IIC.AMK
SUITE
VII
LA FRISE DE PERGAME. — GÉANTS OU TITANS?
L'autel de Zeus construit à Pcrgnme sous le règne d'Eumùnès II, de 197 à loU av.inl notre ère, était orné d'une frise colos.-alc, dont les fragments se trouvent actuellement à Berlin et représentent le combat des Dieux et des Géants ou Gigantomachie.
Avec la guerre des Centaures et des Lapillies, colle des Amazones et des Athéniens, la giganlomacliie est le tlièrae favori qui se dé- roule aux frises des temples, sur les sarcophages, et que la peinture sur vases, cette éternelle parodie des œuvres des grands artistes de l'antiquité, reproduit le plus souvent d.uis ses compositions bur- lesques.
Ce qui doit paraître étrange à tout homme qui réfléchit, c'est que le combat des Dieux et des Titans ou Titanomachie, chanté par Hé- siode dans la Théogonie (v. 616-/20), n'ait jamais été représenté dans les œuvres des sculpteurs grecs de la belle épo ]uc. Faut-il attri- buer ce fait à ce que les poèmes homériijues ne mentionnent les Titans qu'une seule fois, sans indiquer tiuclle élait leur forme? -
1. Voir les nuni(5ros de juillet, août, septembre et octobre.
2. Iliade, cb. XIV, T. 278.
Xoi-cmbre. XU^. — 1 /
^58 KEVLE Aiu:m:oLuGiQL'K.
Los Géants, au l'onlrairc, aiipanisscnl à pliisiiMirs n'iirises dans VOdyssèe\ où ils sont ro|ii-i'.»t'ntés comme un pouple puissant, mais dont r )rgu;il ciitraiiia la niinc. Les Géants d'IIoinérL' ne sont ilonc pas encore, comme ilanc Il.sioilc, des représcnlanls des éléments du Chaos, des forces aveugles (jui dominent le monde avant le ré- gne de Zeus; ce sont des Cires humains révoltés contre la diviinlé.
Dans Hésiode -, les Titans forment une première génération de dieux.
Nés dOuranos (le Ciel) et de Gaia (la Terre), ils sont au nomhre de douze, dont six du scxe masculin : Okéanos, Koius, Kreios, Hy- périon, tapélos, Kronos, etsix du si xe féminin : Thcia, Uheia, Thé- nus, Mnémosyne, IMioibé, Thélis. A côté dos Titans, la Terre, fertile en monstres, crée i ncorc les Cyclopes : Bronlcs, Stéropcs et Argés, les démons Je la lempéte et des éclairs ; puis, les llékaloncheires : Kotlos, Hiiareus^., Gyès ou Gygès, les représentants des eaux in- doînptables et débordées ; enlin, la Terre fait naîire lesErinnyes (les Furies), les Géants et les Nymphes Mélicnnes, les démons de la vengeance, de la violence ei du meui trc.
Celle prennére dynastie de dieux vit sous le règne de Krono> et de Rheia, jusiiu'à ce que leurs descendants, les nouvelles divinités à formes humaines ', Ai los, Poséidon, Zeus, He-tia, Déméter, liera, leur livrent cette guerre (jui s'appelle la Titauomachic.
Ainsi dans Hésiode les Géintssonl fiéds des Tilins,des llcknlon- cheires^des Kiinnyes,iles Nymphes Mélii'iiiies. Tout semble donc in- diquer que dans la conception du poète de la Throijunic les Géants font partie de celte race monsliueuse. Ils appartiennent h ce monde d'êtres elTrayanls, à ces représcnlanls des forces aveugles de la na- ture qui régnaient sur le chaos avant ijiie les (lieux à formes hu- maines eussi-nl inlroduit l'ordre et riianiioiiie dans l'univers.
Dans la Théoyonie les formes des Géants ne sont [-as décrites; car le ver? 183 d'après lequel Overbeck et les autres archéologues ont conjecturé que les Géants d'Hésiode doivent ôlre représentés comme des héros couverts d'ar.ues étinccluntes n'a jamais été écrit
1. Odyssée, ch. VII, 59, 206 ; X, 120.
2. Théogome. V, 133.
3. Hésiode, Thiofjonie, T. 617. Lc nom le plus ancien est Olriarcu^, qui a la mCtDc fiRniIlcalion que le mot Obrimos {puissant), qui se trouve Ctrc le nom inscrit tout la (Igiirv dt- l'un des géaoU de la frise do l'crgamc.
k. Thiogonie, v. V.'.T cl buivantA.
i.K LAOCOON ET LR r.ROLPt: d'atiikna. 250
par l'autour do la Tlirof/onir^ Il a élu fabriiiiK'; d'après le vers TilO du XVIlr chant de VIliade et iulercalé plu^ lard par (juelquc rliap- bodo dans le Icxie d'Ilésioilc.
La Théoijonie ne parle pas non plus de la lulle des Dieux el des Géants. Mais peut-ôtre Hésiode les comprend-il sous le nom plus général de Tilans dont ils sont les proches paients. Du reste Hésiode senihle adniellre au moins deux phases dans celte lutte des nou- velles divinités contre ce moiule fabuleux que je désignerai désor- mais |tii- le nom de : monde des Titans.
Dans la première, Zcus et les siens combattent seuls contre les Tilans (v. 030-1)35); dans la seconde, les dieux invoquent le se- cours des Hékatoncheires, qui avaient été enfouis sous terre, mais qu'ils avaient rappelés à la lumière du jour sur le conseil de Gaia [Théogonie, 640-720j. Avec l'aide des Hékalonclieires les Titans sont vaincus et précii)ilés dans le Tartare.
Si les Géants d'Hésiode appartiennent au monde des Titans, il n'en est pas de même de ceux d'Homère. D'après VOdijssée, les Géants sont un peuple sauvage de TUccident. Ils hahitent avec les Cyclopes dans l'Hypéreia {Odyssée, cli. YI, 'i), une contrée mystique, légendaire, dont le nom signifie : le i)ays d'en haut. Ces Géants sont même beaucoup plus civilisés (jue les Cyclopes, qui, d'après Homère, n'appartiennent pas non plus au monde des Tilans, mais sont des êtres barbares, à forme humaine, errant sur les montagnes, sansau tre loi (}ue celle de l'aulorilé aveugle du père sur la famille, sans princes, sans villes et sans autre habitation que celle que peuvent oiïrir des grottes naturelles [Odyssée, cli. IX, v. 105-1 irj).
Au contiaire, les Géants ont un roi, Eurymédon qui, par son or- gueil mdomptable entraîna sa ruine et celle de tout son peuple im- pie [Odyssée, ch. VII, v. 58-60). Cet Eurymédon avait laissé une fille cadelle, Périlioia, qui devint l'épouse de Poseido!i (Neptune) et en eut un fils, Nausithoos. Ce prince ne règne plus sur les Géants, qui ont été anéantis, mais sur une race qui leur a succédé, les Phéa-
1. Ht^siode, Théor/onie, v. 185 : teû/egi ),aLi.7;oa£vo'j;, 00)1/' Iy/.'-^ X-p'^'' î/.ovTa;. Goeitlinu; remarque à ce sujet : « Hic versus deest in Bar. Vidctur additamentum esse alicujus rhapsodi, qui verba Homerica, //., XVIIJ, 510, conjunxit. Adversatur Schomann, p. 114, qui exempli instar allegavit Spartos Boeticos, draconis ex den- tibus natos, atque heroes in Colchidfl progenitos et ab Jasone interfecloB. Gênera- tores fiulein Itominuin cum i/lis Gigantibus letris comparari non possunl. Pro spurio igitur habuerunt Koechl. Weiss. Fi. » Comme on le voit, les meilleurs phi- lologues considèroat ce vers comme D'ayant pas existé dans l'original.
:2G0 HEVLE ARCHÉOLOGIQUE.
ciens. Mallieurouscracnl res di'sccmlanls des Géants ne sont pas aussi vip^ourciix que leurs aucôlres, ils sont conslaiumenl exposés aux invasions de leurs voisins les Cyclopes, ol, sous la conduite de Nausithoos. iis se décident i abandonner lllypércia. Ils s'établissent dèfinilivi-inent dans un autre pays légendaire placé plus au sud, la Siliéria (Of/ywe, «h. YI. v. 1-10;. Là le roi Nausithoos bilil une ville, des remparts, des palais, des temples, et parli<,'e entre ses vas- saux la lenv quils doivent labouier. (l'est donc une civilisation avancée qu'il représente et j)ourlant il est le petit (ils du (jéanl Ku- rymédon. Enlin Nausithoos eut pour successeur ce roi Alcinoiis, père de Nausic.ia, (pii reçut Ulysse dans ce palais tout étincelant d'or et d'argent, dont la description est donnée dans i'IJdyssée au chant VII, v. 81 à 1)7. Ainsi cet Alcinoiis, hôte d'Ulysse, avait pour aïeul un (îé.int et il le déclare lui-même ÛM\>\'0(l!/ssce au chant VII, v. i!0 i, où li se dit « parent des dieux, des C\clupes et de la mer sauvage des Géants ». Comme on le voit, tous ces récits de VOdyssée nous conduisent à cette conclusion : c'c.s7 que les Géants d'ïlomire sont des honim''s pritmtifs d'une taille colossale, mais ijui n'ont aueun rapport avec le inonde des Titans, avec les Géants moiistrueux d'Ile- siode.
Cette conception est, ilu reste, d'accord avec toutes les croyances homériques '. Pour les rhapsodes de Vlliade-Odyssee les hommes modernes sont une race dégénérée, leurs ancêtres étaient diMix fois plus forts et plus grands.
Si nous avons cherché à établir cette ditTérence fondamentale entre la tiadition dllunière et celle d'Hésiode, c'est (juclle n'a pas encore été observée. Il en est résulté de graves erreurs dans l'appré- ciation des monuments qui représentent la Ciganîomachie ou le combat des Dieux et des Gi anls. Comme je l'ai déjà dit, ce sujet esi choisi par les sculpteurs cl par les peintres sur vases dés les temps les plus reculés.
Au VI' siècle, nous le trouvons en bas-nljef au tympan du tré.sor des .Mégariens k Olympie (Pausanias, G, 6i), 1:2). Des fragments de celle gigantomachie ont été retrouvés dans les fouilles (TOlympie entreprises en 1870.
Au v" siècle, celte légende décore les métopes de Sélinonie. Le même suj(;l orne aussi le lem|ile plus récent de Sélinonie, construit vers 4G0 avant notre ère. Il revient encore à l'intérieur du bouclier
1. Voyez aussi la Batrnrhomyomiclur , v. 109.
LE LAOCOON l'.T LF-: GHOUPE D'aTHKNA. 2Gi
(le l*Atlirii;i P;irtIi(^nos de Phidi.is, et aux métopos du fronton orien- tal du Parlliriion. A la nu^mo époijue apparliennent aussi la Rigm- tomacliie aux mt'tnpes du crtlô oriental de l'IIrraiou d'Arposct celles du tympan oriental du temple de Zeus à Akragas et des mélopcsdu sanctuaire d'Apollon à Delphes.
-M lis ce i|iij est caract.rislii|uc, ce qui est de la plus hauti-. impor- tance pniir iio:is, c'est que dans tous ces monum-nts, de môme que dans loulcs les peintures sur vases de la pf'Tiodc arcliaï|ue et de la belle ('po.iue, les Géants sont reprisentés comme des héros du monde homériiiue, armés de lances et de boucliers. Ni à Olympie, ni à Sé- linonle, ni à Akragas, ni à Athènes, ni ;\ Delphes nulle part ils ne revêtent l'aspect monstrueux des géants de Pergame.
L'explication de ce phénomène, dont on n'a pas encore recherché la cause, nous paraîtra bien simple si nous songeons aux traditions homériques.
Au vr et au V siècle VIliade-Odyssée est dans toutes les houches. C'est dans les poèmes homériques que les enfants grecs apprennent 5 lire. Ce sont les chants des rhapsodes de Vlliade-Odysséc qui ins- pirent les poètes lyriques et dramatiques et les grandes compositions des artistes. Les Géants de touts celle époque ne sont <ionc pas dif- férents de ceux d'Homère. Ce sont des hommes, ce sont les vassaux du roi Eurymédon, au cœur magnanime, comme dit le rhapsode de VOdyssée, mais dont l'orgueil et l'impiété entraînèrent la perte et celle de tout son peuple.
Les tableaux si animes, si riants de VOdyssée, ces descriptions de Géants et de Cyclopes qui vont môme parfois jusqu'au burlesque, voilà ce qui a inspiré les artistes encore croyants et naïfs de ces. deux premières périodes de l'art grec.
Ces gigantomachies qu'on voit aux frises des temples et sur les vases de cette époque ne représentent donc pas, comme l'ont cru Overbeck et les autres archéologues, la soumission des forces bru- tales de la nature à l harmonie universelle introduite par les dieux olympiques. Ils représentent la lutte des dieux contre les Géants d'Homère, c'est-à-dire le triomphe des divinités ordonnatrices sur des hommes cruels, onjucilleur, impies, doués d'une force physique co- lossale, mais qui méprisaient les lois divines et humaines. Ces Géants personnifient l'humanité primitive, fière de ses conquêtes sur la ma- tière, mais sans mœurs et sans vertu; ils sont vaincus par les dieux de l'Olympe, les fondateurs des lois de la civilisation, qui seules peuvent protéger la race humaine dans sa lutte contre les monstres du monde héroïque.
'2Gi RKVUE ARCIIKOI.OI-.IQUR.
Ce sujet est If plu-; sonviMil rt'ini'-sciilt'' au fronton oriental ilos teinpit's, i>.Trc.' i\nc c'est (olui i|ui frap;»!' la vue loiil d'ahoril à l'oii- tri'e ilu saiiftuair.', c'est la jil.ice triioiiiit'iir lians la [,Ml<'iie dt-s tym- pans et des frises grecs '.
Mais ces Gisants. re> jiommes primitifs doinplt's pir les dieux de riiannonie et df l'ordre, ont tlonnè naissance à une iiniivelle race humaine, obéissanle aux dieux et aux lois ipii lï'i^isseiit l'univers. Ces liommos civilisés entri-preuii'iil à leur tour une lutte liéroi(|ue contre les monstres (|ue la nature eiu'cre liarliare faisait naître au- tour d'eux.
C'est celle grande guerre dis honinies civilisés et îles brutes in- formes que personnifie le combat des Centaures et des Lapiilns re- présenté sur les autres cAlés aux frises des temples grecs.
Kniin, le troisième joyau de celte couronne «le ch fs-d'ieavrc qui couraient aux frontons des sanctuaires, c'est le triomphe des Allié- nions sur les x\ma/.ones, cette personnification des peuples venus de l'Orient. Yoil.i le vérilahlc sens de celle trinilé de liiomplies (jui reviennent à travers toutes les œuvres des poètes et des altistes grecs de la belle époque.
Triomphe des dieux civilisateurs sur l'humanité sacrilège et cri- minelle; triomphe des hommes civilisés et purifiés par la religion sur les monstres antédiluviens ; triomphe des Crées sur les Perses, de la civilisation sur la barbarie, de la petite llellas sur l'énorme Orient I
Au fond, cette trinité représente les trois jihases de la civilisation liumaine. Si l'on défait le pre-nier anneau de cette clnîue, eu attri- buant la Cigaiituuiachie au monde des Titans, antérieur à l'Iiuina- nilé, ou ne voit pas le lien qui devait réunir ces grandes œuvres entre elles. En quoi le triomphe d'une race de dieux sur une autre peut-il servir d'introduction aux luttes des Centaures et des Lapilhcs, des Grecs et des Perses? Mais si les Géanls vaincus sont îles hom- mes semblables à ceux d'Honiùre, on comprend ijuelle est la base commune de ces poèmes de marbre. Ce canevas fondaiiu-nlal où les artistes bro lent ces trois légendes, c'est l'histoire tie l'humanité.
Au fronlou oriental, l'iiuujanilé cruelle et malfaisante révoltée
1. Co n'osi donc pas p.ir hasard qu'au P.iriln'iion, \ l'H-^raioii <l*Ainos, au u-mpln de Z<:ui k AkraK:i», la gig;ini'im.irliic décore les Uii^lopca du fruutua onen^u/ ; cepen- dant eu fait n'avait paa encore ét^ relevé.
LK LAUCUUN ET LE GROUPE d'aïIIK.N A. 2C.'{
contre la divinilt', mais ilomplée par elle. Sur l'un des grands côlùs (lu Iciniile, rhiiiiiaiiiiï; |)ieusc cl l)ipnfai.santc luUanl coiilro les nioiiiilros destructeurs. Sur l'autre, (Milin, riiuiiiaiiilc altei^;iiaiil son apogée dans le peuple grec et terrassant l'Orient liarhare.
Telles sont les trois grandes pt^riodes du monde liom lin qui se déroulent aux frises des sancluaices giees. C'est une erreur qui seule a |iu voiler jusqu'il présent cette belle union, cette majestueuse trinité humaine née des clnnls homériques et cristallisée dans le marbre par le ciseau magique de Phidias !
Mais les croyances se transforment avec les changements qui s'o- pèrent dans la vie matérielle, morale et intellectuelle d'une nation. A la grave imagination des philosophes, des penseurs, des poêles de la fin du IV* et du m" siècle avant notre ère, la simplicité naïve des tableaux d'Homère ne sulTit plus, ils préfèrent les scènes grandioses de la T//^o^on?> d'Hésiode où les éléments, les Titans, les monstres et les dieux s'agitent à la lueur continue des éclairs dans la four- nai^e du chaos. On trouve déjà dans Eschyle des traces de celle tra- dition venue d'Hésiode. Dans son Prométhée enchaîné (v. 3ol) Es- chyle suit la tradition d'Hésio le, et non pas celle d'Homère, à propos d'un nouveau monsirc du monde des Tilans, Typhon, dont nous de- vons aussi nous occuper.
Dans les hymnes homériques (If, 128-189) et dans Stésichore^ Typhon est un fils de liera (Junon), (]ui crée cet être dans son cour- roux contre Zeus (Jupiter). Mais le père des dieux et des hommes le foudroya et jeta sur lui la Cilicie, le pays des Ariméens-. Ainsi, dans la tradition homérique, Typhon n'appartientpns non plus au monde des Titans, puisqu'il est le fils d'une déesse de la seconde génération des divinités.
Dans le récit d'Hésiode, suivi par Eschyle, la créalion de Typhon est le dernier effort de Gaia. La Terre ou Gaia en le mettant au jour a voulu venger la chute de ses fils les Tilans. Elle a réuni toutes ses forces pour produire cette dernière apparition, ce cadet des Titans. Et, en effet. Typhon est plus effroyable encore que ses frères et il représente le plus terrifiant des phénomènes.
Hésiode nous le décrit comme le dernier fils de la Terre et du Tartare.
1. Voyez Ettjm. Magn., p. 773, 50.
2. Voyez llia le, cli. II, v. 782.
Of,l REVIE AnCH^-OLOGlOlE.
«I rcrsonnc. ilil-il. ne saiirail approrlier de ses nmins qui oui la fone (l'arromplir tout ce (|u'elles entreprennent. Se> jjieds sdiU infalijî.ibles. De ses ('paules s't''eliappeni cent («Mes de serpent. (|ui dardeul autant de langues noires comme la nuit, ('es lôles merveil- leuses laissent jaillir le feu de leurs >eux clincelanlssous leurs sour- ciU. Dans toutes ces liMes, il y a des gosiers capables de jeter toutes sortes de voix t'tranpes. Tantôt elles parlent une Impue que les dieux peuvent comprendre ', tantôt elles liurlenl connue un taureau superbe, dont la force est inépuisable, tantôt elles rugissent comme un lion impitoyable, tantôt elles aboient comme de jeunes cbiens cl elles sont iiieiveilleuses ^ entendre. D'autres fois encore elles sifllenl cl les longues chaînes de montagnes en retentissent au loin-. » Telle est la description de Tjpbon dans Hésiode, et il faut en retenir les principaux traits, parce qu'ils nous serviront pour Téludc des mo- numents de Tergame. • . Dans le monde des cléments, Typhon reprùsenle les gaz, les feux souterrains et la lave qui grondent dans l'intérieur des volcans. C'est bien \h le plus terrible des enfants que Gaia (la Terre) ait en- core créés. Mais Zeus le foudroya sur les hauteurs de l'Etna, qu'il embrasa dans sa chute d'un feu qui coule comme rctaiu ou le fer fuudu.
Cette description de la chute de Typhon dans Hésiode est en même temps la première mention d'une des éruptions volcaniques de l'Etna.
Comme on le voit, la tradition homérique pâlit devant ce récit cos- mogonique, et c'est de cette image grandiose, telle qu'elle apparaît dans la Throgouie, qu'Eschyle, dans le Prométhée enchnxné^ s'est inspiré pour chanter Ks phénomènes de l'Etna.
Mais ce n'est pas .seulement l'imagination des poêles, c'est aussi celle des peintres que l'apparition de Typhon ne larda pas à inquié- ter. Dans les vases de la périoilc archai lue ;\ ligures noires sur fond rouge, on voit apparaître un élic à jambes de serpents, armé d'ailes, portant à la léte des oreilles d'animaux. Comme nous avons vu que dans toute cette période les Géants sont représentés sous une forme humaine, suivant la tradition homérique, ce démon dilTorine qui combat seul contre Zeus ne peut ôlre que le Titan Tyiihon. .Mais
1. Ost-à dire pmpftétiquei, prt-disant pour les dieux les ériiplions dcB volcan». a. Traduit d'Hésiode, Théogonity v. 820.
r.K [,AOCOON ET LK (HldUPI". D'aTIIKNA. 20,"
ccllR figiiro une fois cn'-éo cl s:ins ces^p roprn iiiito sur los v.isc-; de luxe, poul-ôlre sous l'inlluenie du drame (;>cliyl(''(,'n, elle ramena les csprils vers ce monde des Titans drcrllpar llf'-siode dans la Tlirn- ijoiiir. Sous l'inllucnce des pliilo<(>plies, des penseurs iiiysli(|iies, la tradition lioméri(iut! ne larda pas à s'oublier, la pensée devint plus cosmo},^oni(iue cl penlil de si poésie. On ne voulut plus représenter ces (îéar)ls de VOdyssée, cesaurèlres des Pliénriens, (|ui frailleuis étaient devi'iius lidiculos et défrayaient les laz/is et les pasquinades de la comédie aiitiipie ; les artistes voulurent tailler dans le marbre les Géant-; i\[i monde des Titans, les frèics des Titans, des Ilékaton- cbeires, d(!s Erinnyes, desiNympbes .Méliennes, de Typhon, tous ces représentants des éléments indomptés du ebaos.
Mais lorsque la sculpture clicrcba des modèles pour ces Géants du monde des Titans, elle ne les rcnconira ni dans les œuvres anté- rieures des sculpteurs, ni dans les poèmes d'Hésiode, puisqu'il ne les déciit pas.
Ce fut alors ijul' la figure de Typbon, décrite par Hésiode, illus- trée par E.vcbyle. reproduilo jiar les peintres sur vases, s'olTril à la pensée des arlistes. Il était tout naturel de représonler les Géants du monde des Titans sous les traits de Typbon, puisqu'il est leur frère cadet.
C'est ainsi que, dès la fin du iv" siècle avant notre ère, nous ren- controns à Priène, dans le temple d'Alhéna Polias, un bas-relief re- présentant des Géants ailés et à jambes de serpents, qu'il n'est [dus possible de discerner de leur frère Typbon. L'art se cbargea ensuite de varier ces formes fondamentales, en créant des êtres tantôt ailes et h jambes humaines, tantôt à jambes de serpents mais sans ailes, et en intercalint ici et là, comme un souvenir du vieux monde d'Homère, un géant à forme humaine, dont la beauté classique met- tait en relief la monstruosité des autres.
Dès lors cette tradition des Géants à jambes de serpents se conti- nua à travers les âges, et l'idée de la procbe parenté de Typbon et des Géants devint telle que dans les poètes du m" siècle la distinc- tion entre ces deux créations n'existe plus. Dans Callimaque, par exemple {Hymne à Délos, V, 143), Typbon est confondu avec Hria- reus, cl 11' poète nous dit que, sous l'Etna, lorsque le (îéanl Briareus se retourne sur l'autre omoplate, le feu s'échappe du cratère du volcan avec le grondement du tonnerre. Ce passage contient deux confu- sions. En effet, d'après Hésiode, c'est Typbon qui est enfoui sous PEtna ; de plus, dans la Théogonie, Briareus n'est pas un Géant,
2Cft REVUE AHCHÉOLOGIQUE.
ni3i> un Hi'katonchcirc. C'est qiK' les po(Mos dn la d^cadenre n'y ir- gar.lrnl plus do si prt''s ; pour iMix If Titan Typhon, riI<"'k)lonrlu'irc Biiareus, k (îr.int Kncéladc, se rônfondciii d ins uiicsiiilt' ligure do pèanl au(|uol ils donnent indilToroniinciii l'un nu r.iulir de r. s trois noms, mais qui por-onnifio les secmissos et les éruplKMis do rKlna.
Comnie on lo voit, la ODnfusion qui sVsl fnito dans 1rs ar:ssuil une marche paralh'-ie d.uis la poésie. M.iis on ooiuprond (pii' do? que les Géants ont révolu les niénios formes monstrueuses (|ue les Titans, dès (]u'ils sont doveiius leurs hvres par li forme, ds ont cess»'' de re- présenter los (]éanls ancôtres des hommes du vieil Homère. El lors- qu'on se promène aujourd'hui dans la salle assyrienne du musée de Horlin, lorsqu'on voit se dèioulerà ses pieds dans la frise de Por- gamc cctlo lutte cosmogonique, ce mélange de corps monstrueux, véritables Calibans du uionde nntédiluvien, qui rampent, volent et courent h la fois, ces amas d'êtres dilTormes, traversés ici et là par l'apparition de quelque divinité toute rayonnante de jeunesse et de beauté, on comprt.'nd que les artistes de Pergame n'ont pas voulu représenter, comme au temps archaïque, le combat des dieux et dos hommes révoltés contre eux, mais la lutte des divinités cr des géants du monde dos Titans d'Hésiode, la victoire des lois civilisatrices sur les éléments en fusion dans l'énorme creuset du chaos '.
Il résulte donc de celte étude un fait certain, c'est (|ue, par un phénomène fréquent, la chose a changé bien que l'étiquelto soit reslie la même. Les artistes d'Euménès II appelaient leur œuvre la Gigantomachie, et c'est aussi le nom que lui donne Ampélius ; mais ce ijui llottail devant l'imagination des sculpteurs de Pergame, lors- qu'ils travaillaient à Tautei de Zeus, c'était un souvenir inconscient peut-être delà Titanomncliie d'Hésiode, c'était la légende lliéogoni- que plutôt que la tradition épi(iue.
Si j'insiste sur cette dilTércnce, c'est qu'cHe est de la plus haute valeur pour la compréhension dos œuvres découvertes à Pergame récemment, et, en général, de toutes colles qu'on connaissait déjà et qui se rattachent à celte école et à ce thème favori. En effet, je suis presque certain qu'à Pergamo môme los deux traditions, l'une épi-
1. M. li. Minlicl a eu comme une intuition il.' ce f;iil, lorsiuM a dit, on parlant des p»iants de Pcrgnme : ■< Ces [)ersonnagcs mullifornies pcissôdcnt, coucentrécs en eux, tout.sliR puissance» que la nature nous montre dispcrsiVs dans rnnivors. » (i:, Michel, les Muséet de Uertin; Hevue des Deux Mondes, 15 ftivricr 18SÎ, p. 012).
i.K r.vocoo.N i:t li: nnoci'ic d'atiikna. 2G7
que «'tvoniuî (ril()iii(''n', l'-iiilro cnsino!,a)ni(iii(; (H s'iiispiranl d'Hé- siode, ont exislé, coiiimc dcnix (''clios paiiillclcs cl lointains, et cela à cinquante années sculciiicnt d'intci vallc. On sait qiu! les Géants d'Homère n'ont |)as été seulenu^nl représentés dans l'ait coniiiie des liéros armés de lanees et de bouiliers, mais aussi comme des êtres sauvages ù demi nus, errant les clieveuxépars, les épaules couvertes d'une peau de lion on di; panthère, et armés d'aiiji'cs cl de roclicrs énormes.
Dans l'art et dans la poésie, cette conception se trouve répandue et vuli(aiisèe depuis l'époriue de Flalon'. 11 est évident qu'elle se ratlaclie aux légendes liomèriques.
Ce sont les récits de VOdyssée sur les Géants et les Cyclopes qui ont fait naître cette seconde forme des Géanls d'Homère.
Dans ï'OdijsHi'e, Eurymédon, parlant de. ses ancêtres, les appelle déjà : la race sauvage des Géants 2. Mais c'est très probablement sous cette forme qu'ont été représentés les Géants dans un monu- ment érigé sous Altale 1^'^ tandis qu'une génération plus tard, sous Euménôs H *, les Géants onl la forme monstrueuse que nous connais- sons par la frise de Pergame. Il faut donc bien que ces formes dif- férentes qui ajjparaissent à cinquante années d'intervalle environ représentent des traditions dilïérenles.
Le monument érigé sur l'agora de Pergame nous est connu d'a- bord par un passage de Pline, dont voici la traduction : « Plusieurs artistes ont représenté les combats (prœUa) d'Attale et d'Euméncs contre les Gaulois. Ce sont Isigonos, Phyromachos, Stratonikos et Antigonos, qui écrivit aussi des livres sur son art. » Comme ces ar- tistes appartiennent au siècle d'Attale I", il est clair que cet Eume- nès dont il est ici question ne peut pas ôlre Euménès II, mais Eu- ménès 1", pré lécesseur d'Attale 1°'.
Il résulie de dillérentes inscriptions trouvées à Pergame en 1881 et (jui appartiennent à un piédestal de neuf mètres de long (dont les dimensions étaient p.nit-èlre plus considérables eneore), qu'il y avait à Pergame un monument représentant non scule;iient les combats d'Euméncs I", mais aussi tous ceux d'Attale I" contre Prusias, An-
1. Voyez Platon, Sophistn^p. 246, A.
2. O'/yssée, ch. VII, v. 206 : xal aYpia 9Ù).a riY^"'"""^-
3. Attale !'='• répnait à Pergame de 2;il ;i 197 avant notre ère. Il fit ériger le mo- Dumeut en souvenir de sa victoire sur les Gaulois un peu avant l'an 200.
U. Euménôs li fut roi de Pergame de 197 à 159 avant J.-C.
2G8 RKVUF. ARCUKOLOGIQUF..
tiochos Hit'Tax et les Gaulois. Co piiMlt^tal portait des statues d'ai- rain dont on a pu reeonn Itre lies tnces, re iiui d'ailleurs est d'ac- cord avec le fait (lue Pline parle des sculpteurs d'Attale I'' dans son livre traitant des artistes (jui ont travaillé l'airain.
Ce monument remonte donc h Atlale 1" et il est scpan- de cin- quante ans environ de la création de l'autel de Zens cl do h g'^-'^"- lomacliie qui l'ornait. En eiïel, on sait qu'avant l'an 200 Atlale T' avait envoyé à .Athènes un groupe de (10 :\ 80 statues, représentant quatre grands sujets : le eouilj;fl des Dieux cciiire l-'s fiéanls et le triomphe d'.\ttalc 1" sur les Gaulois, la reiicniiire des Amazones avec les Alhéiiiens et la victoire qu'ils rempni léreut sur les Perses à Muathon. Nous savons encore par Pausauias (jue ces ligures avaient trois pieds de haut, et Pluiarquc {Anton., 00) nous rapporte qu'une des statues de cette gigaiMomachie, celle de Dionysos, avait été jetée par un orage dans le théâtre qui se trouvait au pied du mur méri- dional de l'Acropole. D'après ce rfcit, ce monument, ce inést'iil royal d'Attale 1", aurait donc été placé au sud de l'acropole d'Athènes.
Tous CCS faits ont attiré ralteutiou des archéologues sur une sta- tue d'Amazone et sur un ensemble de statues (lui représentent des guerriers presque nus, à l'asi-ect farouciie et sauvage. Ces difTérentes œuvres ont été étudiée- par Drunn, qui lit la remarque ([u'elles dé- notaient toutes le même style et qu'elles avaient toutes la dimension indiquée par Pausanias.
D'aju es Hiunn, t(»utes ces statues disséminées dans divers musées, au Vatican, a Naples, à Paris, à Venise, à Aix, seraient des répli- ques de ce grand monument érigé sous .\lta!e I''^ Cette hypotiiése a été admise par les principaux archéologues d'Kurope'. .Mais au mi- li.'U de toutes ces ligures il en est une, celle de Naples 2, (jui repré- sente très certainement un Géant étendu sur le dos. Ses cheveux ahoudaiits, épais, sa bai be négligée et, détail caiactéristiiiue, les poijs qu'il a sous les aisselles et qui ne se retrouvent dans la sculp- ture grecque (jue chez les natures grossières, chez les Satyres et les Faunes, eiilin la peau de lion qui couvre un do ses bras, indiijuent qu'il ne s'agit pas d'un Gaulois, comme ou l'a cru, mais il'iin Géant, seulement il n'a pas de jambes de' serpents.
Mjis je ne crois pas que dans ce monument isolé, composé do
1. Voyez Brunn, Arrh/oloy. Zeitung von IfOr). Anz .S. 05, f. vprpl. dass 1S09. S. 1T (T. FriL'dench», Ilaiislemc lur^Gtsch. der (iriec/i. Plustili, S. 322, (T. UrMil., t'Aeroi-oif d Ancnet, II, p. 212.
3. Voypi Monat. del Ind., XX f, 8.
lf: laocoon i:t lk groupe d'atiikma. 2G9
sl.iliies à formes humaines, de dieux, d'Amazones, de Perses, de Gaulois el de (ié.inls, il y ail eu [dace pour des (itîures de Géanls à jambes de seipciits.
Il est donc piolialde queees (îrants avaient tous la forme humaine comme h' seul exemplaire (pie nous en possédons, el, dans ce cas, ce ipii a (!ù inspirer les arlisles d'Atlale I'% c'est la Iradilion êpiipie. Ce .pi'ils ont voulu repiésenlcr, c'est une trinilé de triomphes, ana- lo^'U(^ à celle dont j'ai jiarlù au comnienremeiit de ce chapitre. Seu- lement, tandis ([ue la trinilé créée par Phidias, c'est-à-dire la Gii.';in- lomachie, la lulte des Centaures et des Lapitlies, celle des Athéniens et des Amazones, esl absolument légendaire et mythologi(pie, les ar- tistes d'Altale I" y ont inli'oduit un élément historiijue et une allu- sion Halleuse pour leur roi. En elTet, ils ont rendu leurs Géants aussi semblables .juc possible a ces terribles Gaulois qu'Attalc I" ve- nait de vaincre, et la preuve, c'est que le seul exemplaire que nous en connaissons, le Géant de Naples, a longtemps été pris pour un Gaulois.
Leur trinilé se décompose donc autrement que celle de Phidias, et le groupe de^tiné ù orner la place publique d'Alhènes semblait diri; sans doute aux spectateurs : a 0 Athéniens, vous avez vaincu les Perses à Marathon, comme vos ancêtres conduits par le héros Thé- sée ont triomphé des Amazones, mais Allale 1" vient d'anéantir les hoi'des des Gaulois, comme ses aiicélres, les dieux de l'Olympe, ont jadis fouilroyé la race sauvage des Géant; ! »
Si je ne crains pas d'attirer l'attention des archéologues sur celte hypothèse nouvelle, c'est que je me demande quel rapport aurait pu exister entre la lutte des dieux sur des êtres monstrueux à jambes de serfients et h victoire d'Atlale l-^'sur les Gaulois, tandis que si le groupe a été inspiré par la tradition épique, déjà suivie par Phidias, l'allusion aux faits historiques de l'époque devient évidente.
Au point de vue esthétique, l'harmonie môme de la composition et cette syniéti ie tant aimée des artistes grecs nous indiquent aussi que les formes élégantes des Amazones ont dû correspondre dans le groupe aux membres efféminés des Perses, comme les corps sauvages des Géants à ceux des Gaulois entièrement nus. Comme on le voit, en attribuant l'inspiration du groupe d'Atlale 1" à la légende épique, tout dcNienl clair el l'on comprend les rapports qui reliaient le groupe à l'histoire du temps. Or celle relation a dû exisler, à moins d'admettre, comme on le fait trop souvent, que les monuments de l'antiquité n'ont qu'un but esthétique, sans aucune autre signification plus élevée.
57(1 RF.VL'P. AnClIKOLOGlOUK.
D'ailleurs on compreml (nn' los sciilphnirs criin groupe oinanl une place pulili.|ue, ileslini^ h rappeler un haut f.iil d'iiruies t-l à satisfaire l'orgueil d'un roi [)uisNanl, se soient inspirés de la tradi- tion lioniériiiue, (|u'ils aient puisé dans le nii»iule liéroïijue des allu- sions aux exploits d'Attale 1". Mais à ciiKiunntc ans do \h la lAchc des sciiliileursde la frise ijui décorail l'aul-l de Zeus, à Perginie, a dil être bien différente. Ce qu'ils voulaient glorilier ce n'était pas un roi. mais le plus puissant des dieux, Zeus, et sa lille Alliéiia. Ils ont donc dû s'inspirer de la légende liiératii|ue, siceidolale, lliéoiîoni- que; ce qu'ils ont voulu représenter au seuil du saïutuaire, ce n'é- tait pas celte lutte des dieux et des gémis à formes humaines, telle ijue l'a conçue Homère, c'était ravénemcnt des divinités nouvelles toutes rayonnantes de beauté, le triomphe des dieux df l'Olympe, or.lonnateurs des lois universelles, sur l'ancien mon le moii.^lrueux des Titans et des (léaiits d'Hésiode.
C'est ainsi (jnc de ces deux Iraditionô d'IIomérc et d'Hésiode, l'uno épicjue, l'autre théogonique, on vil naître à l'ergame, sous la main des aitislts grec>, deux gigaiilomacliies difféienles, l'une d'ai- raiîi et se dressant sur la voie jubliiiue en l'honneur des rois triom- phants, l'anire de marbre cl .iécorant de scènes grandioses l'autel (les deux ilivinités souveraine^, coniine un pieux hommage rendu aux dieux dispensateurs de l'harmonie universelle!
ADIUt.N WAG.NON. (La fin prochainement.)
LES
ROIS DE TELLO
ET LA
PÉRIODE archaïque de L'ART CUALDÉEN
I
En communiquant, l'an ikrnier, ?i i'Aca<]êmie une lettre (le M. Je Sarzt'C, j'y ai joint qui-lqucs prcmiries observations sur la sculpture clialdéenne, celartqui, hier encore, était un art perdu, et que les fouilles de Tcllo ont rendu à la science '.Dès ma pi'ccédente commu- nication, j'avais établi que les remarquables statues de Goudéa re- présentaient seulement la période moyenne de la sculpture en Chaldée. Je signalais, à côté d'elles, toute une série de fragments qui ne sont pas d'une moindre importance; car ils apparliennenl à plusieurs époques successives de l'art cbaldéen, et permettent déjà d'en mesurer le développement hisloriiiue. J'avais indiqué surtout qu'un certain nombre de débris offraient ce rare intérêt de nous faire remonter jusqu'à l'époque archaïque et même jusqu'aux pre- miers essais d'un art qui lui-môme occupe une place reculée dans l'histoire de Thumanité.
Ces premières inductions, que j'avais tirées uniquement du stylo
1. La prcseiite notice a i5té lac à l'Académie, dans la séance du 11 août 1882 : pour la communicatioi précédente, voir la Revue de novembre 18S!. Je signalerai aussi deux articles publiés récemment sur les découvertes de M, de Sarrec, l'un de mon savant ami M. Georges Pcrrot, dans la Revue des Deux Mondes du i«r octo- bre 1882, l'autre de M. E. Ledrain, dans le journal l'At-t du mois de novembre de la même année.
278 HF.VLE AHCHÉOL0(iIQL'K.
des sculptures, se trouvcnl ronfirmcos aujourd'hui pai uno suiiiMlL' fnils pnVis, que j'ai dérouvcrls en êluiliml cl en classant, pour nus catalogues, les monuments archaitiucs île Tcllo.
l'n petit fragment de bas-relief m'avait frappr toutd'abord, parson rarai it^re très anliqueet parson styleot ienlal trrs |irononc(''(pl. WII). La sculpture, biisée en partie, laisse voir la moitié d'un aii;le de face, aux ailes éployées, dont la serre repose sur la croupe d'un lion passant. Ces figures, découpées trc'-s sommairemcnl sur le fond, sont d'une forme lourde, mais originale et déjà puiss.inle, (|iiidilTcrc sen- siblement des types correspondants créés par l'art égyptien. Les règles de la symétrie montrent «lUc la composilion complète devait figurer, sous la seconde serre, un autre animal, sans doute aussi un lion, qui marcliîiil en sens inverse du premier. On re>tilue ainsi l'ima-'O symltoliiiue de l'aigle qui s'appuie sur la croupe di! deux lions. Il faut observer aussi, à gauclie de la repiéseiitation, l'angle supérieur d'une mouluresaillanle, qui, selon l'usage pres- que constant des sculpteurs elialdéens, devait encadrer la tablette de pierre grise sur biquelle senléve le petit bas-relief.
Dans le champ, fort étroit, que limite cet encadrement, j'avais entrevu qucli|ues trai!s épars, recouverts dune couche d'efflores- cences calcaires, queje lis enlever avec soin, pour examiner le mo- nument de plus près. C'étaienl quatre lignes ou cases de caractères chaldéens, tracés rudement à la pointe, quelque peu dérangés par le voisinage des figures, mai» cependant reconnaissables. Leur situa- lion à l'angle supérieur de droite de la tablette était d'auianl plus di;-'nc d'attention, qu'elle marquait nécessairement, selon la direc- tion ordinaire de l'écriture chaldéennc, le début d'une inscription.
Une [iremière case contient deux caractères précédés de l'étoile à huit rayons ; puis vient, dans un deuxième compartiment, l'idéo- gramine complexe (jui, en clialdéen comme en as>yrien, signifie roi. Dans la troisiémi; case, on trouve quel(|ues traits plus difficiles à déîirouiller ; mais je finis par y reconnaître avec certitude les trois èlémenls constitutifs du nom de ville qui répond aux ruines de Tello {Sirylnlla, Sirpouiia ou Sirtella] ; la forme concise de l'écri- ture priiuitive lesaseulement privés tles signes complémentaires (jui les suivent dan? les inscriptions d'une époque moins ancienne. Li quatiiérne ligne est incomidéle : on n'y voit plus que deux signes, qui me parurent être, bien (lue pi icés un [>eu en désordre, ceux qui, réunis, cxj liment l'idée de ///s.
L'espérance d'avoir retrouvé une sculpture datée par le nom d'un Irts ancien roi de Tello me fit porter ui« > recherches i-ur deux au-
LKS ROIS DE TELLO.
273
1res inscriptions, où j'avais reconnu le munie type d'écriture linéaire et primitive. Je constatai, avec une vive satisfaction, qu'elles com- menç.iienl toutes les deux p.ir le nom (jue j'avais prrcédenimi^nt décoiiVL'it, suivi du môme titre ro\al, avec le même signe de lilia- lion, mais cette fois avec un sjcoiul nom propre, indiquant, seloa toute prohahililé, le père de ce loi.
Voici ces noms "l ces litres, tels (|u'ils sont dessinés sur les monu- ments :
A |
3 |
ï |
1 |
||||
^ ' |
i Y |
> |
u |
! 1 1 \ -> f |
- A |
||
Je n'ai pas la prétention de décliiiïrer les inscriptions chaldéennes et parliculièreiiienl les noms propres, dont la lecture et la pronon- ciation sont encore si llotlantes, de l'aveu même des savants spé- ciaux. Mais, si riiiterprttatiou des vieux textes clialdéens e.4 encore sujette à beaucoup de difticullés, la réalité graphique de ces noms royaux n'en reste pas moins imlisculable. Il y a là un fond solide, qui permet il Tarcliéologue et à l'historien de con>lruire déjà quel- ques assises, môme en se plaçant en dehors de toute discussion philologique.
Je me suis d'ailleurs empressé de soumettre ces faits à notre savant confrère xM. Opperl, qui reconnaît avec moi la haute antiquité de ces monuments et la parfaite certitude du titre de « roi de Sirtella », titre nouveau dans les monuments de cette ville et qui prouve, con- trairement à l'oitinion jusqu'iei répandue, qu'elle n'a pas toujours eu pour chefs de simples gouverneurs ou patési. Pour le second nom, celui du père, M. Oppert adopte la lecture Ilaldou. Dans le premier, il reconnaît un no;u composé avec l'iiléugramme de la déesse Nina efav.'C le signe qui se lit our et aussi lik. Ce serait donc Nina-our ou Nina-lik; mais, pour un motif dont nous aurons plus loin l'explication, il préfère renverser ces deux éléments, ce qui donnerait Our-nina ou Lik-nina.
X IV. — 18 •
274 nEVU£ AHCiibULoui^iii::.
I/uiîi' lie CCS deux inscriplioiis coiiUMuporaitJûs du polil bas-rolief de l'aigle eldi lion osi une pla(|iie iialiirelle de pii-rre jjrise, assez friable, sur laquelle on a d'abord Ir.icé cin(| lij;iie> parallèles, Cdiniuc lorsi|ue iMUâ réglons une feuille de papier. Dans les iniervalU-s un a commencé à graver, 1res grossir-remenl, se()l eases do caracières cbnldêens, (jui n'ooiupenhiue le premier inlerlij^'iie el leromnience- nient du second, les autres reslanl vides. Voici la Iraduclion i]iiC M. Opperl a bien voulu me donner de ce pelil texte, dont je lui avais adressé une copie:
<( Our-nina, roide Sirlella. (ils de Haldou, ce séjour lieureux a fait »
La septième case paraît renfermer le mot « brique », appartenant sans doute à la partie de l'insciiplion (jui est restée inachevée, la mauvaise qualité de la pierre n'ayant pas permis, comme on peut le supposer, de continuer le travail.
La secon le inscription ilu même roi est beaucoup plus longue. Elle t'ompiend 43 cases d'écriture cbaldéenne. C'est une plaque natu- relle de calcaire bl.inc, assez dure, cassée sur deux de ses bonis, île manière à présenter la forme approximative d'un triangle ou plutôt d'un segment de cercle. On y reconnaît une longue liste de fonda- tions, attribuées au roi dont elle porte le nom. L'écriture, tracée superlicicllemenl à la pointe, avec une irrégularité toute primitive, eslcependanl large et bien visible. Cette liste très ancienne sera un point de départ et un terme de comparai^on des plus utiles, pour étudier les constructions et les monuments do diverse sorte, élevés successivement sur le sol de l'antique cité cbaldéenne dont M. de Sarzec a fouillé les ruines. Je co:npte que M. Opperl nous en adres- sera prochainement la iraduclion.
II
Ces premiers résultats, dtjà importants, devaient être bientôt con- firmés et développés [<ar d'autres faits du môme genre. La collection formée par M. de Sarzec comprend encoie [dusieurs monuments arcliai(|ues, apparleniut^ une épo(jue un peu moins ancienne que les précédents. Je veux parler des fragments d'une grande stèle opislliographe de [lierre biaiit lie, que j'ai déj;\ sij^nalée à ralleiition desr«rrhéologues. Elle représente, en bas-nlief, de sini>ties scènes de guerre et de carnage, qui alternent avec l'inscription tracée sur le fond, à peu prés comme les gravures et le texte de nos livres illus-
LES nOlS DE TELLO. 275
liés. II était intéressant de recherolier si ces curieux débris por- taient aussi la mention des rois de SirleiJa.
La plus extraordinaire de ces représenlalions Cit assurément celle où l'on voit une troupe de vautours (|iii emportent dan., leur vol des tôtes coupées et d'autres débris liumains. Au-des,»ous de la partie sculptée, commence un paragraphe d'inscription, malheu- reusement interrompu par les cassures de la pierre. Le revers du même frajjment n'a pas de sculptures : il est rempli tout entier par sept ratifiées de coiiipaitimcnts coiitcnmt des caractères chaMéens un peu usés par le flottement, mais encore déchilTrahles. Ijien (jue l'inscription, coupée par les deux bords du fragment, n'oiïre plus un sens suivi, je fus cependant assez heureux [)our y reconnaître le titre de « roi de Siitella n i)lusiiurs fois répété et chaque fois pré- cédé d'un nom dillVrent.
L'un de ces noms loyaux est mèine formé, comme relui (|ue nous avons étuilié précédemment, des deux éléments Aina et Our{ouLik); seulement l'ordre des signes est renversé. Comme les caractères, dans ces insciiptions arcliiïi|ues, ne sont pas jdacés ri!,'oureuse- menl l'un au-ilessous de l'autre, mais présentent un mélange assez arbitraire de l'ordre vertical et de l'ordre horizontal, tout porte à croire qu'il y a là une simple inversion, qui ne doit pas empêcher de reconnaître dans les deux variantes le nom d'un seul et même roi. C'est aussi l'opinion de M.Oppert, (lui s'est appuyé sur ce fait pour lire déjà plus haut: Our-yina '.
YY
JLI
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V
1 1^1 1
Ce qui est très important, c'est que ce roi, nommé déjà sur le
1. M. Oppcrt cite à ce propos le Adrahoiis du dëlugp, qui est devenu Hasixju- Adrn, d'où le grrc ZtToôOpo;. On |)eiit ajouter (jnp. dans un nom <Ac'0/>Aorc,ladc?o- tion pouvait commander d'écrire en lÊ.c le nom de la diviuité.
2l(j
REVUE ARCIIEOLOGIOUR.
b.is-reliof, de laiglo elilu lion, ol ici menlionnô comme le père il'un aune roi doiil le nom oi"C;ii)e proltalilemeiU la case n" 1. Ce nom serait forme île trois signes, dont les deux derniers se lisent : ...KoitrGal. Cependant l'état intompicl de la piern-, la longueur des liiincs iiilerrompues, doivent donnir lieu à quelipie réserve; il n'est pas iiiipos.'ible ijui' le tiiie royal ^e trouve qurl(|uefuis préctdé d'au- tres litris et de qualifications (jui ne seraient pas le nom même du roi.
Le nii^ine tcxie, à la ligne précédente, contient
/\ encore un autre mol, (jui e->t suivi également du
/ j A titre de roi de Sirtella ; nous donnons ici la forme
de cet autre nom, probaMenient royal, mais avec
les mêmes réseives ()ue pour le précédent.
L'importance de ces faits pour l'histoire de la Chnldé»! et jiour la clironologie des monumenis clialdcens ne saurait échapper même aux esinils les plus scejiliiiues. Nous apprenons d'ahurd que l'anliiiue cité qui occupait l'emplacement de Tello formail, à u::c époque 1res ancienne, correspondant aux premieis essais de l'art eh,d- déen, un petit Étal indépendant, gouverné par des rois. Ici, comme en d'autres pays, l'organisation politique des peuples sédentaires n'a pas commencé par de vastes agglomérations d'hommes et par de grands empires, mais par la constilulion de cités autonomes, avec des royautés locales, que la conquête a fondues peu à peu dans des ro\aumes plus étendus. On ne peut plus sous ce rapport opposer l'his- loiie ancienne de l'Urienla celle de l'Occident; c'est là une K>i (lui tend à se généraliser et à devenir commune à la fornnlion des so- ciétés humaines.
Pour ce qui concerne l'histoire particulière de celle cilé, si nous ne pouvons pas garantir ab-^olument la lecture et la pronomialion des noms de ses anciens rois, nouj sommes pourtant autorisés à dresser la liste généalogique suivante:
1" Jliil-Dou, ijui ne porte pas jusqu'ici le lilie royal, mais qui, s'il n'était rui lui-même, eslau moins l'ancêtre de cette dynastie;
■j.^ (htr-ytna (ou toute autre lecture du même nom), roi de Sir- lella, fil ûcHalJJou; 3° .N., roi de Sirtella, (ils de Our-Nina.
I)ans les mé.nes monuments, nous trouvons aussi deux poinlslixes pour l'élude des origines de lasculptiire chaliléenne. Kn elTet la re- marquable stèle q .i mentionne, sur l'un de ses fragments le lils de Dur- .Nina, e»t ccrtiincment postérieure, au moins d'une généralion.
i.rs nois DK TiM.r.o. 277
h ccl nncitm roi, cl par coiisrijuciil au pelil his relief <lc l'aigle et du lion, (|ui jioilo son nom gravé. Xous avons ainsi une (îtape niaKiuéu dans le développcmcnl de rarcliaisnic local. Le progrès apporté par le Icnips est on elTct très sensible, quand on compare les deux mo- numenls, jiour l'épigrapliie aulanl que pour la sculpture. Dans le second, les caractères, toujours gravés au Irait, sont plus fermes et plus profonds (juc dans les inscriptions précédentes; mais ils de- viennent courts et ramassés, ce ([ui dénote un reste de timidité dans la main du graveur. La sculpture, par la netteté du dessin, par la variété des altitudes, par le mouvement et la complexité des compo- sitions, dénote égalemmt un art plus avancé. Les télés des guer- riers sculptés au revers de deux des fragments de la même stèle, dans des proportions beaucoup plus fortes que les autres figures, olïrent déjà un ty[te nettement déterminé, au nez aquilin, aux sour- cils saillants, aux gros yeux pre:"(jup. triangulaires, aux oreilles re- montées et d'un dessin liés particulier. Ce type periiicld'allribuer à la même époque archaïque plusieurs petites tôles de pierre calcaire, seulpiées en ronde bosse, qui ne sont pas au nombre des fragments les moins intéressants rapportés par M. de Sarzec.
III
Voici maintenant une autre série de faits, qui va nous permettre de déterminer encore une nouvelle époque dans la période arclnï- que de l'histoire monumentale de Tello. Cette époque, il est vrai, ne se Iro ive représentée jusiiu'ici ijuc par des inscriptions et non par des scul[)tures ; mais ces inscriptions ont un sl\Ie particulier et mar(|uenl un progrés de la technique, (jui a dû, parallèlement, se réaliser aussi dans l'ait.
L'écriture appartient toujours au système linéaire de l'époque précédente. L'élément cunéiforme, introduit sans doute par l'habi- tiidc d'écrire sur l'argile, ne s'y montre pas encore, bi.n que l'on en pressente la prochaine apparition : les carai-téres, larges et pro- fonds, sont gravés avec une sûreté et une précision antérieurement inconnues. Il faut ajouter que les matièivs employées ne sont plus le calcaire tendre, clier aux graveurs des temps primitifs, mais des roches plus résistantes. Enliii, dans la rédaction môme des tex- tes, un changement grave s'est produit: les chefs du pays ne por- tent [dus le titre royal, mais déjà celui dopatési de Sirlella.
Ces monuments sont des blocs naturels ou sommairement dé-
278 RF.VrR AhCH^OLOGlOUE.
gr">ssi«, qui rosçomMoni boaucoup nu\ pierrrs de sonil qui ont 6lê tiouviT!; on piMinl nombre, pnr M. di» S.iizcc, d.ms les fouilles de Tollo. Seulement, nu lieu de porler un Irou si rvnnl de cnpaudinc et {ic'-lint^ à recevoir un pivol de perle, elles sont cnl.iillôes sojgneu- si-nienl d'une enviti'- plus l;irp««et comme d'une sorte de cuvclte. On peut croire (ju'ils servaient de supports cl de pierres de f^n lalion pour soutenir <)uelque.î grands récipients A panse spbùroïdale.
i.e plus curieux île ces supports est d'albAlri! dur ; on lui a donné, par la taille, une forme à peu près liéiiiispliérique. Autour de la cavité dont nous venons déparier, ou vitii une assez longuein.'crip- ti'.n, tracée circulairemeni. C'est une consécralion au dieu Sin-Sah (ou Pniisoukal), si souvent menlioniiè par les inscri[ilions votives de Tello i-tijui paraît avoir été la grande divinité locale. Dans le corps de l'inscription, on lit, deux fois répété, un nom (jUcM. Oppert lu £n-i4MNa-Z)oM, deux fois suivi du litre de patési de Sirlella. Ce
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personnage se donne en outre comme le fils dt> En-Té-Na, qualifié cgalemenl du lilre ticpaU'si de Sirlclla.
LES ROIS Di: Tiai.o.
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r
Voici, du reste, la trarluction du texte complet, telle queM. Opporl a bien voulu la faire, sur ma copie :
« A Niiisati, le guerrier du dieu Moulkil, Fln-Anna-Dou, patési « dtî Siriella, dont lecœur de Nina se souvient (par amour) de Nin- 0 sali, (ils de Kniéna, le palési de Sirt'lla, (Kn l'Iionnenr) dcNinsah « il a rèiahli .1 sa place (antérieure) le temple nouveau. — Puisque (( Kii-Anna-IJou est celui (jui a rétabli à sa place ce temple en faveur .( (Il- Nirisah, son dieu étendra sa puissance (ou proté{,'e ses jours), d J'ai signalé encore h notre savant confrère un bloc A naturel de diorite noir, ayant servi de pierre de seuil,
^—M (\n\ porli' le nom d'un patcsi de Siitilla, dont la pre- miéie syllabe se lit nam et la dernière »i, le caractère du milieu reslaiit douteux. Mais ici l'écriture est déjà composée d'éléincnts en forme de clou ou de coin, ce qui indique une 6pO(|ue moins ancienne.
Pour revenir aux deux inscriptions précéilenles,
.'elles nous donnent un renseignement historique d'une
grande valeui-: la révolution qui a déiruit le petit royaume indé- pendant de Siriella, pour en faire un l'iat tributaire, ne date pas de l'époque de Goudéa : elle est antérieure à l'introduction du type cu- néiforme dans l'épigrapliie monum'mtale do la Clialdée.
Les progrés des études assyriologiqu;'s pourront modifier ou même changer complètement quelques-uns des noms dont nous avons dû donner une première lecture, sous peine de ne pas les prononcer. 11 n'y en a pas moins li un certain nombre de faits précis, (]ui se groupent déjà de manière à fournir (juebiues données historiques. Ces résultats sontdc nature à faire patienter ceux que décourageraient les difficultés qui entourent encore le déchiffrem nt des anciens textes ciiaMécns.
LÉON HEUZEY.
EXEMPLES
DB
CliAVlllE AMKHE SI II VEHRE
A PnOPOS DE QUELQUES FRAGMENTS PROVENANT DE DUKLE
(MO!«TK!<l<!GnO).
.M. Sa ki, liciilcnnnt au V rt-gimont de dragons, vient d'adresser au Ministre de l'instruction publi(iuc et des beaux-arts des frag- mcnls lie verres antiques rociioillis par lui, près de Podgorilza, sur remplacement de Dukic, ranciiMine Docléa de Dalmatie, pendant le cours d'une mission dont il était chargé au Monténégro. Ces frag- ments, ([ue nous avons déjà si;4nalés à l'attenlion «le la Société des Antiquaires de France, dans sa ?éance du ."{ mai 18S'2, nous ont été obligeamment communiciués par M. Georges Perrul, membre de Tins- tilut, avt'c l'autorisation de les publier.
En essayant de les raccorder entre eux, non» avons tout d'abord constaté (juc ce sont les restes de deux objets diiïérents.
Cin^i d'entre eux, en verre uni, légèrement venlAlre, ont fait par- lie d'une sorte de plateau circulaiic, ou plutôt de bassin à forme basse cl à fond plat, ayant une épaisseur moyenne de 4 1/2 milli- mètre et un diamètre de 30 cenliiiiéties, mesure déduite de la cour- bure d'un de ces morceaux.
Vers la circonférence, la nappe de verre se relève d'environ .'{ cen- timètres au-dessus du fond, se replie sur elle-même de dedans en dehors, de manière à (loul)ler l'épaisseur de la paroi montante, cl rejoint le fond autnur dmjiicl elle forme un bouind. t servant d'ap- pui cl destiné à exhausser l.i paitie centrale pour la proléger contre les portc-à-faux. Il résulte de cette disposition que la saillie de la
HXEMI'LI.S UK (lUAVUni: ANTluUK SL'H VKIIHK.
281
bordure consiste en un vrrilablc outicl qui emprisonne un espace vide dans son pouilouinl dont la section ini'-ridii'nne atTccle la furme
-JJleonetTi-OiSS •
d'une boucle, f.a minceur exln^^mc du fond exclut la pensre qu'un pareil pinleau ait servi dans la vaisselle de table; il n'aurait pu con- Icnii- un liciuide ou (ies fruits, par exemple, sans se rompre sous le poids. Rien n'cmpôche de croire, d'ailleurs, que le plateau n'ait étô muni, dans sa partie centrale, d'un pied donnant à l'ensemble l'as- pect d'un large cylir.
Un vase de cette forme pouvait faire partie d'un mundus muUo- bris et contenir, à la manière de nos baguiers modernes, de menus objets, bijoux, anneaux, épingles, entrant dans l'attirail de toilette d'une dame. Le musée de Trêves possède un élégant cyli.r de verre, au pied élevé, muni de deux anses et décoré, sur la panse, d'une zone d'bexagones allongés comprise entie deux zones de carrés obtenus à la meule '.
Les treize autres fiagments de verre, également de teinte ver-
dûlre, et exempts d'irisation, ont une épaisseur de 3 millimètres, et
1. Gazette do's Bnnur-A>t<:, tome XLVIII (1881), article de .M. Alfred Darcel sur l'exposition rétrospective de Dusseldorf, p. 18.
i82 REtDK ARCHÉOLOGIOfE.
un plateau concâTc im-suiaiit 32 rentim^ires do (li3m<^lr<^ Pt :\ffoc- liiil, tiu.inlaii (f ill)P, une foi me li'jrèromoni tlilTôronlo du prvoôdonl. l-;t n>n |M» sf rolcvc on pliait de rond di' '.\ r. ii:iint'!rt's rt se termine par une iranelie A bords vifs. Ces frijgmcnls sont oi nés de dessins (^ra- i<*.<3u moyen d'une pointe di' di.iin.inl on d'rmeraiidi'.avc licrefTiMs d'ombre obtenus par dessillons ereusès à la nn'ule dans les massifs. La surfare peut ("^Ire évaluée, ixiur rensemble, à 325 centimètres carrés, tandis que celle du [)laleaii, supi^osé rntier, serait d'environ 8()5 cenliinèlres. De là il suit que la portion perdue représente une surface de 180 ccnlimèlres, c'esl-à-dire (lu'on possède seiilem«'nl les deux riiu|ui"!nes de l'objet complet. La perle des autres trois cin- quièmes rend très difllcile la restitution di's sujets ti;.,'urés, car il est impossible de raccorder avec certitude les treize fiagmenis entre eux, s:iuf deux. La réunion de ces dernieis perinel de reconmltre un personiiatîe barbu, tourné à droite, à demi vùlu d'une peau de bète suspendue à l'épaule gaucbe comme une exomis et caractérisée par ses pattes retombantes aux angles inférieurs; c'e^l le costume traditionnel des pâtres, souvent attribué aux satyres et aux bac- cbanl.s'. Les pieds sont couverts d'un (|uadiillage lemontanl jus- qu'au-dessus de la chevdlc et simulant peut-être une cbaussure *. La létc est nue, le baut du corps penché en avant, le bras droit demi- tendu. Derrière ce personnage se dresse une co'onnelto loni,'ue et grêle, surmontée d'un chapiteau. Surla ligne de terre, trois arbustes plantés verticalement. A gauche de la colonnette apparaît en partie le haut du corps d'une femme drapée, auquel on peut rapporter peut-être un fragment montrant une tête féminine tournée à gauche. Dans un compartiment inféiieur, on voit une tête imberbe regardant à gauche; le corps manque (pi. XXHI).
Sur un quatrième fragment, de même importance en raison de ses dimensions, on voit la partie supérieure d'un personnage se diri- geant à droite; la tête est barlme et couronnée d'un feuillage indé- terminé ou d'épis ('.'). Les mains tendues en avant supportent un vase en forme d'écuclle hémisphérique, ornée d'un (luadrillagc^;
1. Clitbouillet, Catalogue général et raisonné des camées et pierres gravées du Cahinet des- mi'dnil/es, n» 2802 (cantharc d arpenl). De Wiltc, Drxniplion des an- tx'fuitéM et (ihjftt d'art contpouinl tt catinet du chevalier Durand, n»» tJ&, 143 (vâ'c» pi'int»),
7. Dt: Wiiie, liiV/., n» 15 (fasc peint).
3. Id., ibid., a' 130, vaie p<>iia Kiir li-<|un| on voit un Katyro tca.iiit iiuecoupo; cc lojei c«i frviiueuiuiuQi reproduit sur d aulrci» luuuuiuuJiUi.
o'i av.iiil, uni' i'dIo mellc à rhipllcau, au picil de liquolle se dre-ï86 un ailmslc. Dans un comparlimenl supéiifur, un personnage
debout, dont il ne reste plus que les jambes croisées l'une devant l'autre, altitude qui r;ippelk' celle d'un pâtre appuyé sur son pcduni. Les pieds sont ornés d'un quadrillage destiné peut-être à simuler des
284
REVUE ARCHEOLOGIQUE.
brodequins, comme ceux qu'on voil .lueKjui'fois à Silviin. Sur la ligne lie IitivJi t,Murlic, iliiix arliuslcs; à (lroilt>, un fiU ilocolonucllo. Sur le cinquième fragnienl, portion d'un personnage inurnt' à gauclie, couronné de feuillage, à deiui velu liinu' néliride llullanle
Sur les autres fr-ii^niints, d'imporlanfc moindre, on voit l.i partie inférieure de deux j.mibes nues, (jui devaient appartenir ii un per- sonnage de face; en ou;re, des bras tendus, une palte d'ani- mal, etc.
La composition paraît avoir été divisée en plusieurs comparli- menls ou registres superposés el contenant des sujets (|ui se ratta- chent au cycle baclii(iue des Satyres et des Ménades. Le travail, négligemment exécuté, dénote une liberté de main qui n'est pas dépourvue d'un certain mérite artistique et (lu'on j'eul rapportera la transition du m" au iv* sié.:le de noire ère.
Le fait que c<s objets ont été découverts à DiiMe rep(Ml(> iiiiiné- dialement notre esprit j\ la fameuse coupe di; l'odgiiritza, signalée pour la première fois par M. Albert Duuiont aux Antiquaires de France' et entrée dans la colleriion Basilewski. Or, Podgoritza n'étant qu'à 5 kilomètres de Diikie, il n'y a guère à douter qu'elle
t. Bull, fie la Soc. des Ant. de Fr. 1873, p. 71.
KXKMI'LI.S !)(•: GUAVUIIE ANTKjUK SUH vkhhr.
28;j
186 REVUE AI\(;ilKOI.O(i|nt'E.
n«^ provienne, en princi|it\ i\c relie ilenuère localité, loiil comme les fnginenls npport.'s par M. le lieiite lanl Saski. Celle rommu- naulé d'orij^ine iinplitjue la possihililè d'une commuiiaiiU' .!•• falni- calion, car la coupo Hasilewski csl de mt'me forme liémisphôriquo que celle qu'on voil aux mains d'un des personnages llgurés sur un verre de Dukio; il esl \rai que,d'auln' pari, le dessin en esl forl inférieur, cl que les scènes biljliijues donl elle esl décorée, lelU-s que le sacrilke d'Isaie, l'avenlure de Jonas, apparlicnnenl à l'art chrfticn du v* siècle '.
Le mustc du Louvre possède un fragment de vei rc ginvé (ancienne colleclion Campana), donl je dois l'indicalion à M. Héron de Ville- fosse*. En rélndiant de luès, j'ai coiisialé (lue c'est le débris d'une coupe, peut-être d"un c\ii\, de 2:2 cenliuiètres «le diamètre, ;\ forme basse comme celle des plaleaux de Dukle, sans doute un meuble de
toilette ayant servi an même usage. Iji raison de celte similitude, je crois oppoi tun de le faire connaître ici par un dessin pour faciliter le rapprocliemenl. Le verre, d'une belle irisation opale, est giavè
1. nullftin d'archéologie ehrétienne, édiU fr. 1874, p. 17 J, pi. XI; Edtn. Le Blant, Etudes sur les saicophnrjps chrétiens antique.t <lc la ville d'Arles, p 28, pi. .\XXV; Hev. archëid., XXXVIII (1870), p. 2;U, pi. XXIV ; JnhrLùchtr des Ve- reiiis vuH AHert/iiimtfreiiiiilen tm H/iciiiIdnili', fasc. I.XIX, IbbO, |). 'jb, pi. V, t. VI, »riicl«: de M. K. Au»'m Wi-'-nli.
J. Hevue urch^ologifjue, t. XXVII, 187/j, p. 2S7, noto 1. ariiclc de .M. HOron de Vilk'f.'usp, Iniituii; : \'eir<-K nitti'/urf trouves en. Hyène; cf. Frœlii.cr, La verni ic an- fi'/u«, lb7'J, p. WO, . J V 3.
EXEMI'LtS Dli (JIUVUUL AM flgUE SU» VKlUtK. 281
non p.'is à la [lointo, mais enliorciininl à la meule, coiume les cristaux (le l{ul>(}ine. A l'iiitciieur il'uii médaillon circulaire, on voit un Saiyie nu exéciilaiil une danse animée devant uin- M'iiade. Le .^tylc est suiijMiù il a[)|)arli('nt à l'cpoiiue anlunine; c'esl un chamunt éclianlillon, d'autant |ilus [tiécicux ijue le inusêe d,i l.ouvn; ne saurait montrer aucun autre spécimen de ce giMire de travail.
Le cahinet des rnt'ilailleseldescami'es, à la IJdjJiotliè jue nationale, possède un spécimen île voire gravé, réputé antriuc, mais c'est une qualiticalion à laquelle il ne nie semble avoir aucun lili'C. On va voii' pour(|uoi. M. Cl»ai)0!iillei a eu parfaitement laison d'y voir une simple iinitdlion d'intaillc anti pie.
il consiste en une loupe ou, si l'on veut, une sorte de gros bouton liémisphéri(iuc, de couleur vert foncé*. Un y voit un petit symbole surmonté d'une inscription grecque de tiois lignes.
En y regardant de prés, il m'a semblé reconnaître, dans l'objet gravé au-dessous de l'inscription, une palme placée liorizoutalumenl ; (luanl à l'inscription, je la lis 1res distinctement :
HPflAOYT (sic)
PAPXOYTIBEPI AC
palme
Or il existe des monnaies de bronze frappées à Tibérias par Héroilc Aiilipas, le télraïque de Galilée qui lit périr saint Jean- Baptiste et qui fut exilé à Lyon par Caligula. Voici le signalement de ces monnaies- ; au droit, la légende circulaire IIPCOAOV TQTAPXOV; dans le champ, une p^z/wt' avec la date L. Ar(an X\), ou, sur d'autres exemiilaires, L. AA un 3i); au revers, la légende TIH61MAC, en deux lignes dans une couronne de laurier.
Une fois ce rapprochement fait, il devient évident (jue l'inycrjp'.ion gravée sur la lûu[)e de verie du Cabinet n'est autre chose qu'une copie de la légende monétaire d'Uérode; tout s'y retruuve, même la palme. Bien plus, on devine aisément que Texemplaire servant de modèle avait perdu, par usure, deux de ses lettres, et que le faus-
1. Catalogue fjénéral et raisonné des camées et pierres g i avées Je la bibliothèque imj'ériale, etc., 18j8, p. OU, n» 3i84.
2. Eckliel, Doctr. n.imm.y t. lit, p. 48C; Mionnet, Description des médailles an- tiques, grecques et 7'omaines, t. V, p. 566, n»» 73 et 74.
J8S REVUE ARCnÈOLOr.IQDe.
saire ne s'osl pas nporni de la lacune, puisqu'il l'a rcproduilo avec une iniiiU'Iligi'iiie liili'liliS s;\ns so ilouler de la reslilutiou obligée
HPHAOY T -
PAP XOY TIBEPI
AC
Ce roJrO'^somonl do loclure rnv\ plus fiappauto encore, s'il est possible, la fausseté de rinlaille,(iue jcsoupçoiiiio avoir éléfabri<|U(''e par cpiebiue anlitiuaire do Lyon désireux d'exhiber un monument du séjour d'IIéroile dans celle ville. La lacune des deux lettres n'a- vait pas encore élé 3pcr(,-ue; nn s'imngitiail, en consé(|uencc, <iue riîiscriplion avait été incorrec lemenl rédigée, et on avait essayé de la traduire \\i\r Hriodote, rjmrqiie on nrchonir de l'Ibriir, tandis qu'elle signitie, letlie à lellie, d'Urroiir, l[('l]nmju«ule Tibi-rins.
La digression à laquelle je viens do me livrer a pour elTel de diminuer le nombie de verres gravés anti(]ues (ju'on peut ciier comme aullicnti |ues. Bien que leur rareté ne soit pas excessive, nos grands musées de Paris en soril trop pauvrement dotés; c'est une raison de plus pour formuler le vœu que l'un d'eux s'enrichisse des fragments provenant de Diikic. Heureusement il sVn trouve dans d'autres collections publiques ou privées- Sans m'occuper des verres à décors géométri |ucs, dunl les plus beaux éclianlilbuis figurent dans la collection Slade', acluelleinenl au Hnlisii Muséum, et dans la collection Chnrvet, je me bornerai à rappeler, comme étant d'un plus grand intérêt arcliéologi(]UC, les plus curieux de ceux (jui .-ont ornés de sujets ;\ ligures.
Dans le trésor de Saint-Marc, à Venise, on conserve trois vases -; sur l'un on voit une ronde de Salyres et de Ménades; sur un autre, une cha?se à cheval et des animaux sauvages. Je ne cite le troisième que pour mémoire, à cause de sa date relativement récente; il est
1. Aug. Franks, Cut'ihgun nf thr collecliu:i •>! -jlm-i formed b'j Felii Slade, 1871.
2. Df ville. Histoire île tort île la verrerie ilrni l'atilirji.iti', p. 21, pi. XII ; p. 36, pi. XXXIV flXXXV; p. ',b,p\. XC. Il en txistc aussi, nu di-partciin-nl dos cslam- pnis de 1.1 LiblioiliL<iue nationale, de bims dessins dans VAl/as d'aulnjuites dnrrsts de Millin G.i 06, fol. 41, ft2 cl 43), demi J'ai pu prendre connaissance, grâce à une ob!i>:enntc inforin.ition de .M. François L<-noin)ant. M. Wieseli-r a publié un croijuis partiel du va»o d- con- de la chasse à cheval dans le J'ili>f,ûrhrr tlct Vcreius von Atlerlhumtfieuuflen im Hlieiulundc, Doiui, fasc. LIX (1870,, p. 74.
KXEMI'LRS DK GlUVUnE ANTIQUE SUIl VEnili;. 289
d(^corê {\c lions niïroiités, av<'C une ir'f,'enile aral»; (jui nois apprend (jue ce vase apparlenail au calife faliiniln Aziz Dillali, et (|iie par consi'(|iienl il a élo fahriqué vers l'an 'J'JG; il est probablement de fabrication .ilcxandrini'.
Sur une ainiiulla conseivc'e au nui.-ée de Vienne (Autricbe), on voit un allilèle vainqueur entre deux couples de lutteurs '.
Sur une petite coupe découverte à Strasbourg en 1S78, et déposée au musée île la Société pour la conservation des monum(!nt> liisto- ri(iues, un lièvre pouisuivi par un chien-; gravure à la meule.
Sur un bol trouvé à Bonn et conservé au musée provincial de celle ville, un lièvre poursuivi pjr un cha seur à cheval et par ses doux chiens^.
M. Darcel ' a remarqué que le dessin de celte pièce doit avoir été •tracé à la pointe de diamant, ou à la jderre d'émeri, carie trait est opaque et comme égraligné; c'est une observation que je retiens parce qu'elle est également applicable à la gravure des verres de Duk!e.
Sur une coupe provenant de Maycnce (collection Charvet), quatre figures drapées, debout, portant à chaiiue main un rameau, et sépa- rées par des colonneltes '•; gravure i\ la meule.
Sur une coupe de la collection Gréau, une bacchante drapée, tenant un thyrse et dansant*^.
Sur une coupe de la collection Beunlelay, une femme assise prés d'un temple et agitant un cistre; plus loin, un homme gravant une stèle à l'aide d'un ciseau et d'un m.iillel ^.
Sur un petit vase découveit à Holien-Siilzcn, une scène bachique ayaiU pour personnages B;ici'lius leriant un thyrse et une coupe, monlé sur une bise ornée d'un masque scénique, Hercule ivre et
1. Sacken et KetT.cr, Die Samtnlungen des II. K. Miinz-und-Antiken Kabinets^ p. 458.
2. Juhrbïtcher des Yereim von Altertkumsfreunden im Rheinlande, fasc. LXIX (18S0\ p. 50, pi. II. Sîraiib, ie Cimetière gallo-romain de Strasbourg, 1881, p. 28, planche.
3. Jdhrbiic/ier d. Ver. v. Allerthunisfr. im Rheinl., LIX (18S0;. p. CO, pi. 111. II. Gnzftie des Deau.r-Aitx, 1881, p. 18.
5. Frœlinor, /a Vénerie antique; description de la collection Chancf, 1879, p. 9.'i, vi£;iiette.
6. Ibid., p. 90, note 3.
7. Ibid., p. 96, notp 5, Cntn/ogue de l'rrpr.ifnn :nu'verseUe de 1867; Histoire du travail, p. 227, n" 335.
XI.III. -- 19
290 iiKVLf. Aiu:Hi-U)L()(;iyi'K.
élorulu à loue, Allis (?), Pan, Sili^-MC, bni-i-linnlc, sntvns '. C'est la mise en scène de la fameuse allé^'oric il'Hereiilc vaincu par Ilacclius, ou le Trioinplie ilu \in sur la force.
Sur une coupe découveile à Trêves, rexlérieiir du grand Cirque*.
Parmi les monumonls de celle calri^orie, il en esl iiueli|ues-uns doiU les sujets sont accompagnîs de légendes explicatives grecijues ou latines qui en rehaussent encore l'inlêrèl.
Ils méritent de former un gioupe spécial, celui des graffiti sur verre, à mettre en regard de celui qu'on pourrait former d'autre pai t en réunissant les verres à légendes et à sujets vioulcs en relief.
Voiii ceux que j'ai recueillis :
V Coupe de Leuna, prés Merseburg (Saxe), actuellement au Brilish .Muséum 3. j.e dessin représente Diane surpiise au liain par- Acléon et avertie par les aboiements de son chien. Une protome de cerf symbolise la métamorphose du chasseur léniéraire; légende :
AKTAIGON
APT£M
IC
2' Deux fragments trouvés à Castlesleads (Angleterre), près du n.ur d'II.idrien. AcUiclIrnuMil à Lazonby Hall *. Variante du sujet précédent. Sur l'un des fragments est gravée la léle d'un chien, sur l'autre le mot
AKTAIOON
3* Coupe trouvée à Cologne, conservée au musée Wallraf- Hichaitz-'. Epi^ode du drame des Danaïdes : Lyncée armé et raar-
1. Jahrbûcherd. Ver. v. Alterthuiif>fr. im RhciiiL, LIX(1870),p. 7/i, pi. III, 2, cl pi. IV. Frœhn«*r, op. laud.^ p 96.
2. \Vilmow!»ki, An./iaolofjis'he funde in Trier und Vingcyend, 1873, p. 13, pi. II. Frcclincr, up. laud.^ p. 90.
3. DfiUif/r zum AnzeigT fur Kundr îles Deul.ichfn Vorz^'il, mars 1 8G0. Anp. Fraiiks Calahujue. of the c(dl. of fjlnss formrd bij F. Shule^ p. SB, n» 3".'0, IIr. 74 fi 75.
A. Drucc, Lapidariuni septenlrionale, p. 233, no 417, vigooitc. Cvrp. insc. ial. Vll, p. 231.
5. Kaœp, l)ie epigraptiischtr, Aniicaglicnin K'Oln, 1809, p. 10.
KXEMPLKS DE GRAVURE ANTIQUE SUR VERRE. 291
clianl ; dcvunl lui, Hypcnnnestre couronnée, loiidaiil la main vers une guirlande placée eulic eux deux ; au-dessous d'ellf, l'uliius ailé; légende :
'Y n e PM H c {sic) A Y n r e Y (vie) n o 0 0 c
TPA C
iNotez l'esprit rude sur le Y inilial ; notez aus^i In formn nrlliogn- pliiijue 'VTiEfurîirpa, pour 'V-icii.wî'jTpa, couime KAVi'AIMli-iPA, qui se lit pour KAYTAIMNEi^TPA sur un vase peint (Wehker, Aile Drnicmaler, Y, p. 21>7).
4° Autre coupe de Cologne, conservée au musée de licrlin'. Li création de l'homme; Proméiliée façonne une statue; Epimétliée lui tend un objet globuleux, pr()l)ablemeiit une masse d'argile. Un autre lapélide, sans doute Atlas, contemple cette opération. Dans un autre compaiiimcnl, un homme étendu sur le dos, leut-ètie le quatiiènu' la[)étiile, Mrnoilios, ffjudi'oyé par Jupiter. iJucùté opposé, un enfant jouant près d'une femme à demi couchée per:onnihant la Terre; légende :
nPO AN0PCO YnOMHOGY
(sic) Meoev noroN c
c lA
PH
Il faut remarquer le nom erroné Tiroar.Orj; pour 'E-iar.OE-j;.
5° Fragment recueilli à Pise par Passeri -. Course de chars dans le cirque. Sur le pourtour, une inscription en lellres à double trait bien formées, sur deux lignes.
On ne voit plus (]ue le commencement de la première et le dernier mot de la seconde entre deux points.
CLAVDIA///////// /////////////• ZESE S-
1. lilirh. d. Ver.v Alterl/iumsfr. im Rheinl., XXVIII (1860), p. 'j'j, pi. XVIII. Bull. del'Insl. de Corresji. arch'foL, 1860, p. 60, 158.
2. Devilli', flist. de l'art de la verrerie duns Fautiquiti!, p. 73, [-1. LXX,\IX; ne précise pas l'itidication bibliograpliique, que jn n'ai pu vérifier.
2'J-2 HKVL'K AnCHKOLOCiyUK.
Le premier mot, ('LAVDIA, esl peul-iMre entier, h moins qu'on ne jMèfére le compléter en (!LAVI)IA(nc\ voe.ilif du nom d'un auriija favori, Claudi.uius; K» umi ZKSKS rsl la InnsL-riplion de l'exrlania- lion grci'que s'i»»»; éi|uivalanl à riras.
G* ('oupc de Mayenrc, au mu<ée d»" eellc ville'. Un chasseur à pied, avee ses deux chiens, atlaijuo à l'épieu un sanglier; légende circulaire :
VALERI VIVAS
7° Coupe d'Anifernicii, conservée au musée provineial de IJonn'. Cerf poursuivi par deu\ chiens cl deux chasseurs à chevjl ; légende circulaire incomplète :
/////////VIS v/;ncas
? [Cuwi t\uis v[i]ncas.
8" Coupe trouvée à Cobern-sur-MoselIe en IH78 et conservée au musée de Berlin''. Neptune, armé du trident, tenant le pied i,'auche levé au-dessus d'un éilifice; à ses côtés, un capricurne el un lion marin avec des poissons; légende circulaire :
PROPINO AMANTIBVS
M. E. Aus'm AVeeilh a établi un inizénieux rapprochement ••nlrc le petit édifice donné pour attribut à Neptune et le Posciilôn Doma- tiles de Pausanias {III, 14).
y» Un fr;igmcnt trouvé à Rome et conservé au British Muséum*. Suivant M. Krmhncr on y lit les noms des Muses, mais il ne les indi- que pas. Je désirais les donner ici; malheureusement les reeher- ches (|ui ont été faites sur ma «lemande, au musée, n'ont abouti ù aucun résulta! ; l'olijet en qiiestion y est inconnu ou éi^'aré.
10" Un va-c à i)anse sphérique cl à long goulot, trouvé lu-.s .le
1. Johrh. fl. Vrr. v. A'tcrthutmfr. imRhcinl., LXIX (1S80), p. 60, pi. I. article ic*. M. E. Aus'm NVccril).
2. H.. ,fjtfi.. |j. 51, pi. IV.
3. ]'l.,i(jtf/., p. 52, pi. V,
4. Frœlincr, op. lawL, p. fiO, note 3.
KXEMPLi.s nr: onAvunE antique sur VEnnE. 203
Rome et consorvr h la Propagande ', est d6corè d'une vue panora- miiiue d(' Haios, doiillcs édiliccssont désignée [)ar leurs noriis tracôs en belles iiiiijuscuk's au-dc>sous d'une insciiiilion funéraire <jui forme le pourluur :
MEMORIAE-FELICISSIME- FILIAE FAROS-STAGNV NERONIS 05TRIARIASTAGNV SILVA BAIAE
ilemoriœ felicissim(a)e fîliœ I aros{[i^phnros); stagnu{m) Neronis; ostriaria: stafjn{u)m; silva; fîoi.r.
Il est visible que ce vase a élc gravé à n;iïc.s mt^me et emporté comme souvenir par des parents qui y avaient perdu une jeune enfant âgée de quoli|iies jours seulement et n'ayant pas encore reçu de no:n. La fabrication de ce verre remonte manifestement à une époque où le nom de Néron restait encore atlaclié à l'un dos grands travaux d'art exécutés par ses ordres.
Pralilli, imparfaitement informé de la découverte de ce vase, avait travesti le sujet (jui le décore en femmes nues tenant di s pa- tères à la m;iin, et défiguré l'inscription en BAIAE ME....NTACCVS lAVANT. Pour rehausser l'intérêt d'une question topographi^ue à la(|uelle il travaillait, il donnait à entendre que ce prétendu vase provenait d'Avenzo, sur la voie Appienne-. Le P. Garrucci ^ a dé- voilé cette petite supercherie, et M. .Mommsen a consigné avec raison la version de Pratilli dans les Falsœ de son recueil d'inscriptions du lovaume de Naples, p. "20", n° 301 *, mais n'a pas donné, à cette occasion, le texte du monument authentique, qui avait encore plus de ilroil de figurer dans le roi'ps de l'ouvrage.
11° Un vase semblable au précédent a été découvert a Populonia *,
1. Mamaclii, Orig.c/irùt. I (1749), p. 4G3, mauvaise vigoetie de faiilaisio ; Dul- letl. SupoL, nuov. ser. 185a, p. 130, lav. IX, n" 1 ; Cosie, Voyage d'exploration sur le littoral de la France et dcl' Italie, 1861, p. 98 et 99, planche. Comme sujet ana- logue, comparez une peinture antique reprôjentaui le panorama d'une ville indc- terniinée, et reproduite en vignette par Beliori, Fragm. veut, vcler. Romœ, p. 1.
2. Pralilli, Yia Appia, 1745, p. 388.
3. Bull, archeol. NapoL, 1853, p. 138.
4. Seslini, Illustrazione d'unvaso antico di veiro, 1812; traduit en français par Ciri\aud, 1813. Millier, Handôuc/t^éd. li, p. 447 ; Merckliu, De vase vitreo Populo- niemi, Dorpat, 1851 ; De Rossi, Le prime nuxoUe d'antiche isaizioni, p. 58; idem, Topogrii/li délie spuyge di Baja, dans Bulletl. archeolog. Sopolit., nuov. ser. 1853, p. 133, t;iv. IX, :<; Coâte, Voyage d'exploration, p. 98 ei 99. Cf. Héron de Ville- fosse, dans Rev. archéol., l. c.
394 lu-.viK AHciiKouir.iorF..
piès de PioMibinn (Ilnlic). Au-di'ssous (ruiii' acclnninlion funt'-rair.», piobaliltMiuMil nlalive .i un jeune enfani, on lit les noms dos t-ilili- ccs d'unt' ville (lui n't-bl pas dt^signée, maio (jui me semble ôlre Baies pribC d"un aulre point de vue.
ANIMA- FELIX- VIVAS palme.
STAGNV • PALATIV • P
OSTRIARIA I
RIPA • L
A
E
Anima felix, vivas ! stagnu(m); ostn'aria {[)' ostrenha); j)alatiu{m)\
rijKi; pilœ.
Comparez l'acclamalion Anima, fcti.r rivas :iux foriiiule> Ilic jacet dulcis anima (Hrelli, 4800), el Vivas qui dixeris, virit Ehj'<iis {Corp. iuscr. Int. ill. I9:i2).
12° Un iroisiènie vase semblable aux deux pivcédenîs, provenant des ruines de la station romaine d'Odemii'a, dans l'Alemlejo (Por- tugal), a ligure à l'Exposition uiiiveiselle de 48<)7 par les soins du marquis de Souza. Aetuellemenl au musée de Lisbonne '. A la diffé- rence des précédents, il ne porte aui une inscription funéraire, il est décoré d'édilices désignés par leuis noms; aulre vue de Baies.
SOLARIV THERME AANI
AMPITHEAT THEATRVM RIPA
1. Catalogue de rexpositionunhrrsrlle de MCI, Histoire du travail, 2» partie, p 303 f»ocl. portURaisc, n* 121). Arclurol. Zeilung, Bi-ilin, 1808, p. 01, pi. Il; Muffaiin pttlnri-iQue, février 1873, p. hO. Cf. Mi.'ron de VillefoPse, /. c. J'.i cliercl)é en vaiD la mention do ce monument épigrapiii(|uo dans le ïonic II du Corpus in- tcrijitionurn Ititinurum {Inscr. hi^p, latin.) de Hiibncr, et dans les Supplemi'rila do rEphrmerti epif/raphica. Cette omission, si omission il y a, pourrait Ctrc lieureu- •cmcnt reparte, toui la rubrique Buiœ, dans l'ua des tomes IX ou X actuellement en préparation.
IXEMPLKS DK GRWUnR ANTlQUK SUR VKIIME. 29j
Pnr suilo do l'iticorliliide du cararlt^ic A, ([ui me [lanil Aire un I dôfiLîiiri' pir des traits parasilos. on a In d(! diverses nianirrcs les deux derniers mots dr la preniiôre ligne, lherm[a)e Traiani, ou thrnn'jCr Seidiii, ou enlui tlii'riii'ii)c Jani. Toutes ces lectures sont inadn)is^illles ; le dt'cliilïreiiit'nt ;</«/ me |tara!t seul correct, à la condition de n'en pas faire le nom du dieu Janus au génitif, coniinc comidiMient d(''terniinatif de t/ieiiitai^ mais simpl mont le nominatif plnritd ;■//;</ si!,MiilVinl « passage, areadeu. Pour éviltM' toute éijui- voque, je lis dans le sens vcrtieal, de ileux en deux :
solariu{m)\ amp{li)itheal{rum) ; therm{a)e; theatrum; jani; ripa;
pilas {\f pilœ).
Les vases de Populonia, de Rome et d'Odemira forment un groupe inséparahle. Ils sont certainement de fabrication campariicnne. Les verres fi inscriptions gicciiues, cités plus haut, et probahlenient quehiues-uns de ceux à inscriptions latines avec lesquels ils oITrent tant d'analogie, ont liés vraisemblablement la même ori.^'ine; ils appartiennent à la civilisalion gréco-romaine de Tltalie méridio- nale.
13° Grande coupe conservée nu musée provinrial de Trêves'. On y voit le sacrilice d'Isaac. Dans le milieu, un aulrl allume; à gauche, Isaac debout, les mains liées derrière le dos; à droite, Abraham tenant le couteau du sacrifice; près de lui, un bélier ; dans le haut, le bras de Dieu étendu et sortant d'un nuage. Tout autour, l'inscription :
VIVAS IN DEO Z
M. de Rossi pense que la Icltrc Z est la sigle du mot 7Jesps), pour
Z-/-ir:a'.;.
14° La coupe de Podgoritza (collection Perrod, à Sculari d'Alba- nie; aujourd'hui collection Basilewski, à Paris). Dans la partie cen- trale du fond, le sacrifice d'Isaac, avec un dispositif analogue à celui du verre de Trêves; sur le pourtour, Adam et Eve, entre eux le serpent enroulé autour de farbre du bien et du mal ; l'aventure de Jonas; Suzanne; les trois enfants dans la fournaise; Daniel dans
1. Jahrb.d. Ver.v. Mterthvmfr.im Bhrinl., LXIX ^1880', p. 53, pi. VI, ariiclc de M. E. Aus'm Weerth; comparez le dessin de grandeur réelle, publié par Wil- inowsky, Archœol. Funde in Trier,
290 HE VIE AnCUKOLOGIQUR.
la fos>c aux lions; Moiso frappant île sa bagiictle le rocliiT ot en faisant jaillir la source; la rêsurrci'lion <lt' I-a/.iro. Par suiu; il'iine confu-ion bizarre, l'arlislf a salistilué 1.' no:ii irAbialiaiu {Abritm) à celui d'AJam. Onani à celui de sainl Pierre {Pctrus) suh'itilué à celui (le Mi)i>e, on sut (pie tl.ins le pirallêiisme rialili par ri'.^'lisc entre Tancienne cl la nouvelle Alliance saint l'icrre correspoud a Moïse. Légcudes :
ABRAM
ETETEV
AM
Abram (pour Adam) et et (redoublement fautif de et) Evam.
DIVNANDEVENT REQVETILIBERATVSEST
Diunau (pour Jonas) de ventre qucti (pour ccti) liberatus est.
SVSANA
DEFALSOCRI
MINE
Susana de falso cn'mine.
TRISPVERIDEEGNE CAMl
tris (pour très) pueri de egne (pour igné) cami{ni).
DANIELDELACO LEONIS
Danirl dr laco (pour lacn) Iconis.
Puis cinq lignes de caractères cursifs qui, d'après les dôrliiiïrc- monis combinés (b; M. Albert Duraont et de 51. Ivlmond Le ni int, pi.uvcul se lire ainsi :
EXKMPLtS DE r.RAVUllK A.MlOLi: SLll VERKE. 2U7
PETRVSVIRGAPEnn
VOVSET
FONTE^SCirE
liVNTQVOIiE
RE
Pctnis virga perquoiifiPt (pour jicrcitasit): fontes àperunt (pour co'pcrunt) quorcrc (pour currcre).
Enfin, i\cn\ liç^nes de caractères réguliers suivies de deux lignes de caraclèri'S cursifs :
D O M I N V S
LAIARVM
RESVSCIT AT
Dominiis Laiarum (pour Lazarum) resuscitat.
15° Fragment tle verre' conservé à la bibliothèque de la Valli- cella, à Rorne. Le sujet est la résurrection de Lazare, rl;iirement in- diqué par son nom gravé au-dessus de sa léle, LAIAVRS {sic]\ au- dessus de celle du Christ, les lettres LIATA, probablement la fin du nom do la personne gratifiée de ce présent avec un souhait accla- malif :
Laiaurs (pour Lazarus). [Amp]liata [vivas] !
!G° Fragment provenant de l'Aventin, au musée Kircher. On y lit les noms de trois apôtres :
PETRVS ANDREAS PHILIPPVS
1. Pour ce verre et les suivants, voir le grand ouvrage du P. Raphaël Garrucci, Storia deW arte cristiaun, vol. VI, p. 91-99, pi. 402-401. Cf. Uull. d'nrch. crnl., 1867, p. 48; 1868, p. 35, 3S ; 1876, p. 7; 1878, p. 147.
298 nKVLK AHCUKOI.Or.lQUE.
Il" Fnpment de couiic iIi-couvlmI :i Uonio. Scène de baptômo ar-
compaj!!).'. i" 1 ! Ii'i;eiide :
ALBA MIRAX
IS" rr.ipnuMil con.^rrvô au iniist''e du Valiiaii. On y voit des figures de saints avec la lég<nde inulilùe :
///////INVS PE/ 11/ III
Je crois qu'il faut restiluff les mots [Dom]inus, Pe[trus].... cor- respondant au Seigneur et au prince des Ap(Mres.
l'J' Sui' un autre fiai;menl on voit le llédenijiti'ur renicllant fi Pierre les tables de la loi. Légende :
^ LEX DOMINI
iO° Sur un fin.trnienl conservé au musée de Crolone on lit :
^^^ VI VAS CVM TVIS PIAE ZESES
21° Sur un autre, au musée Kircher :
[duîcisaurtAA PIE ZESE
22" Enfin, sur divers fragments trouvôp à Rome, on reconnaît la figure Dimhée du Clirisl, avec le monogramme sacré :
f
Les Romains assimilaient l'ait do In gravure sur v^rre à celui delà taille des gemmes et le comcrenaicnl dans la dénomination grnéri(iue dt- tu/u/M/'M appliqué à la ciselurcdes sub>lances dures detouics sor- tes, métaux, pierres, bois, ivoire, etc. Cela résulte des termes dont se sett Quiniilien (II, 21) : Qn"' aiiro, nr'jonto, (ire, ferra opéra effi- at : nom sculptura diain ln/nuin. ebur. tnarinur, vHruin, gi iinnas cotnplectiinr.
EXEMPi.F.s ni: nRAvrnr; antiquiî su:; yrhrf:. 299
L'usage du loiii'cL ou loiir :\\i\i\'. d'un itisliiiiiifnl :i|i|iroprié a ce travail se (•(•l'unnaîl riairciiicnt dans deux |)assa;,'es de Pline : et aliud (rilnuii) (lufu fi;/ uni fur; nliml lunio laitiir, dliml (iif/nili moiln ctphitnr ; cl aillcui's : ut dllir. (iicinnnr, ftrio sriilpi non passinl^ aiiiv non nisi rctn^to, vcruiii nviw!^ adumunlc jibiriiniiiii (intcm in his tri-i'liruniiii jinificit fi rior '.
FaiiU! d'avdir ra|)|ir();;lié les Ini^ulion-; l')nio Icritnr (![ tcvrbvdrum firvor (|ui s*L'X|dii[U(!nt l'une par Taulre, les iraducloiirs cl les coni- menlaleurs ne les ont pas toujours Iden couiprjscs; il s'agit niani- foslenicnt de la rotation rapide (■oniniuniiiuéc par le tour aussi bien à la inololte (ju'aux lorels et aux drilles; IJoiacc; a dit de môme fcr- vidn rota en ()arlant de la roue il'un char. Par les mots aryonti modo cirlntnr, il faut entendre la gravure au trait efTecluée au moyen d'une pointe «le diamant, comme la ciselure l'est sur l'argent au moyen du burin.
Il n'est pas jusi|u'à l'oulii encore en iisige de nos jours sous le nom de diamant dos vitriers ou des miroitiers qui ne se reconnaisse dans la description (|u'en a f.iile le Naturaliste : et quuni féliciter (adamati) rumpere eontigit in tam, parvns fraw/itur crustas ut cerni vix poss;int. E.rpeluntnr hœ scalptoribus ferroque indnduntur, nul- lani non durilidm ex fncili cdvantes-. Les anciens ont peut-ùtre em- ployé aux munies lins le corindon, s'il est peiinisde l'identifier avec une pierre qu'ils apiielaient le r/rélon, aussi dure que le diamant, chnlazids grandinuni et candorem et fi-juram habet, adamdutinœ durit iœ ^.
, Héraclius recommande l'emploi d'une autre pierre dure, avec lubr^^aclion prcilable du verre ' :
Un.ri; qno facto temptavi sculpere vitrum
Cuni duro lapide piritis (alias smerilli) noniine dicta.
Malheureusement le texte n'est pas sûr en cet endroit; si l'on s'en tient à la leçon piritis pour pyritis, il s'agirait d'une pierre dont les pioiiriétés meulières sont indiquées par Piine''; ce serait
1. Pline, [list. nnt.. XXXVF, cr, et 87.
2. PluR-, ;6., XXXVU, If..
3. Piiiie, ih., XXXVtl, 73.
k. IIiTaclius, de culuri/jiii et nrlibus Rom rioruin, IV (artcle Je sculptura vilri)^ V. 10-11, (5dilij et traduit en allemand par Alb. I!g Juns les Queticnschriften fur Ku/ist'jcschichle, IV, p. 7,1873, Vieiaie.
5. Piine, II- y., XXXVI, 30 : inolarem quidam pyriten vocant.
300 RKVUE ARCHÉOLOGiyUK.
donc le procédé de la meule. Si l'on corrige pyrilis en niyntis (suJft;, ffuupîrr,;) on aiirail nlT.iiri' à rèmeri.
Le liaité du moine Tliénpliili' ' ne s'occupe que de la f.ibricalinn du verre et des vilraux peints, sans aucune allusion aux procédés de la gravure et de la taille.
i;ui'.i;n T muw a r.
.V. IL — Au dernier inonvnl, nous avons la s.ilisfaclion d';ip- prendre (jue le Louvre est entré en possession des verres anliijues recueillis par M. Saski ; celui-ci !•■< a gênércuscniciil olT.;i> .m musée.
i;. M.
5. Theophili presbijleri et monachi diversarum artium schedula liber secundus. Ce traité a été édité et traduit en fraiiç;us par lo comte de L'Escalopicr en 1843. il. Gt'jrpes Boiilcinps, ancien dinclt'ur (ie la inanulacturc de Clioisy, et l'un des hommes les plus compétents en la matière, en a donné plus réceoituent uue excel- lente IraductioQ, avec texte aunoté, en 1870.
UKNSKIGNEMEMS AHCIlf:OL(j(;iQLES
Tll.WSFOIli\TIO^ DU C GL'TTI'RIL l)U L.\TI\
EN UNE SIFFLANTE'.
Ln prononciation du c dans In langue latine et dans les langues romanes, ses transformations suivant les temps, les pays et la posi- tion de cette lettre dans les mots, ont été l'objet de sav.intes élud.-s de la part des linguistes. Fra[tpé de l'inlértH ([ue pouvaient olîiir, pour l'histoire des changement-; survenus d.iiis l'articulation do celle consonne, (jnelques renseignements fournis par rarchêolngie et la numisinatiiiue, j'en ai enlrotenu un de nos confrères, éminem- ment compétent en ces matières; il a pensé qu'il y aurait utilité à les faire connaître, et celte appréciation a déterminé la communica- tion que j'ai l'honneur de faire aujourd'hui à l'Académie.
I
Je dois tout d'abord indiquer sommairement l'état actuel de nos connaissiinces d'après les recherches de MM. Diez -, Corssen^,
1. Ce mt^moire a été lu à l^cadémio des inscriptions et belles-lettres, dans les séancps des 31 mars et li avril ISS2.
2. Gra Kiy^ntili drrroinamsflien Sprachcn {Grammaire dr.^ langues romanes], troi- sième édition, 1869, traduction de MM. Brachet et Gaston Paris; i:i-8*, Paris, 1374, t. I, p. 225-233.
3. L'ehcr Auisprache, Vocali<mus und Bclunung der laieinxschen Sprache, deuxième édition, Leipzig, 1868-1870, t. I, p. 48.
302 RKVLK AnCllKOLO(;IOUR.
ScllUcharJl', et di' M. Ch.Jorct, (jui, en dernier lieii, aeonsacréà la lettre c un travail spécial, rempli de faits, île liues observations el d'apereiis in^jénieiix -.
Jus(iirà la lin ila n:uit-I':mpire, le c latin a ou, dans toutes les portions et iiuelle <pie liU la lettre do!it il était suivi, la valeur jînl* lurale, el il s'est prououcô connue le x des Groes. Ce point est hors (le doute.
Plus tari, et ù une époque qu'on a rherché ii dêlinir, celle con- sonne a eu de:ix sons diirùreuts .suivant la lettre ilvant laquelle elle était placée.
Devant a, o, u. au, ou, devint une consonne, nu à la linale, c csl resté guttural.
Placé devant c, i, ae, oc, il a perdu, dans !(> domaine romain pres(iue entier, son anciciine prononciation, pour devenir une sif- flante.
A quelle date el comment ce phénomène d'assibilation s'est-il pro- duit? Les éruditscjui s'en sont occupés reconnaissent (juil règne encore à ce sujet de l'incertitude. Toutefois il y a des |)oin!s de repère qu'ils ont oitservés et d'après lesquels ils sont arrivés aux conclusions suivantes :
1° Pendant toute la durée de l'empire d'Occident, c'csl-;i-dire jusqu'il Tan 47(i, le c latin a conservé le son guttural devant toutes les voyelles. Celle première proposition est énoncée sous la réserve de faits exceptionnels qui seront mentionnés plus bas.
2" D'après sa valeur dans certains mots, qui ont passé du latin dans l'allemand- el qui ne paraissent y avoir passé que depuis les grandes invasions gernianiiiues des v' el vi* siècles, ce mode de prononciation subsistait à ces époques.
3'' Les transcriptions grecques de groupes latins, dans les chartes de Ravenne des vi' el vu* siècles, nionirenl quelle se maintenait encore dans ces temps-là ^.
4" Pourtant, déjà aux vr et vu' siècles, c était aussi employé, dans certaines positions, comme une sifllante, el il faut distinguer, pour la recherche de la date de celte nuuvelle prononciation, entre
t. Vocaiitmut des Vulgnrloteim, in-S", Loipiig, 1800. t. I, p. 104.
2. Du C lians /es langues romanes; liUt'dlt. de l'tvoic /n-alviuc des Imuteê élwtft. 10» fascicule ; l'uris, 187;, pp. ï.i à 30 i-l 00 \ 70.
S. Eiecnplc» : Career a fait fo allemand « Ku/kcr »; Celinrium, aK.K\icr»:Cistn, ■ KlUc u.
4. Eiemplc» : ôt..ii pjur '/«ff.71, çtxiT pour fcctl.
TRANSFORMATION DU C (;UrTUIUt. I)i: LATIN. 303
le f suivi de on d'i cl d'une aulic voyolle, et le c placé devant e ou / l(iul seul.
li" Dans le premier cas, l'a-ssibilalion paraît s'(Mre pioduile d'assez bonne heure, car les cliarles int'Movingiennes du vu' siècle nous nuuilrrnl c/eniplovô concurreninienl avec //'; orf, jdacé devant un i suivi d'une autre voyelle, av;iit, au vi* siùcle el peut-ôlie dès le v', perdu le son dental pour se cliatifîcr en sifdante, cl au vm* siècle, il pt' pronon(.Mit de[)uis longlrmiis tzi, /.si, zi ou si ; il fallait dunt; rvi- deninieiit, pour (ju'on lui siibitiluàt dans les Charles r/, ou (ju'il .'C substituât ù (•/■ (ce (|ui étail (également l'réiiuent)*, il fallait, dis-j.-, que ce dernier eût une valeur égale, et (|uc c eût perdu le son gut- tural et alïcclàt cehii du / liansformé, c'i sl-à-dire de (z ou ts.
(')° Il en fut de iiiéiue, mais un peu plus lard, dans le second ras, c'e>l-à-dire loisque c élait devant un seul e ou i. Un trouve des exein[des de ce changement au viir siècle, à la lin du vi» et même au v' siècle^ Dans les deux cas, d'après M. Joiel, le lail était le résul- tai de réhranlemenl (jui se produisit, lors de la dc^slruttion de l'em- pire, dans la plioiiéii(iue du latin, et ([ui affecta surtout les guitu- lales; et, une fois cet ébranlemenl survenu, il n'y avait, dit-il \ aucune raison pour que le c palatal conservât sa valeur oiiginclle devant une voyelle simple plutôt que devant le groupe ia ou ius. Aussi est il vraisemblable, suivant M. Joret, que la modification qui nous occupe eut lieu simultanément dans les deux cas indiqués, ou que du moins, si elle s'effectua plus tùt dans le premier que dans le second, il n'y eut entre les deux faits qu'un intervalle peu consi- dérable.
Je dois ajouter que, sur cette question de dates relatives, Diez pro- fesse une doctrine différente, car il considère l'assibilation dans le premier cas comme ét.mt sensiblement plus ancienne que dans le second.
Quanta la cause des changements survenus dans la phonétique du latin, que M. Jorct attribue à l'ébranlement produit par la des- truction de l'empii'e, je ferai observer qu'il serait peut-être plus exact de dire qu'ils commencèrent à se produire, et s'accomplirent graduellement, à [)artir des invasions ou, mieux encore, des intru-
J. Exemples : solacin, perdicio^ racio, à côté de solaîio, perdit io^ ratio.
2. Exemples : Martin pour Murcia, .\futiui pour Mucius.
3. Aa v« siècle, intcitiimento pour incitatnenlo ; au vi«, /ja:c pour pace ; au vm» zeteroruiii pour ceteroruin,
k. Cb. Joret, Du C dans les langues romanes, p. 71.
:]0\ REVUE ARCni^.OLOGIQCK.
sions ou des innitrilions, sur les terres de Tunipire, de races bar- bares, dont la phonclicjue diITcrail si profondénieul de celle des po- pulalions latines ou laliniscVs, et qui, au iv' et m/'ine au m* sicS'lc, piMuHiiVonl lie tout s parts le monde romain. M. Joret hii-mi^me n'estsan>doule pas bien éloigné deretle manière ilo voir, car, après avoir dit que <les exemples multiplic!(y iippaiaissant (le|)uls le V* siérie, prouvent (|iie, à dater de celte époiiuc, ti, suivi d'une autre voyelle, lendit à se transformer déliniiivemcnl en ts, son (jui fui désormais reconnu comme le seul régulier', il cite des exemples, dont queliiues-im< remontent plus haut : ainsi tenninac'jones), rfe/j/jïcion/s, de 2i0 à 2.']."i, ocio en 3H!I-. De même pour ti suivi d'une autre voyelle, changé, dés le iv" siècle, en - ' ou en ss re- doublé*.
Telle est, en résumé, la théorie des transformations du r Inlin, telle qu'elle ressort des écrits des auteurs cités plus haut: résumé défec- tueux sans doute, à certains égards (comme tous les résumés, surtout eu une matière si coinpli(iuée), par roiniN>ion partielle de périodes de transition, cl par une indication de dates peut-être un peu irop précise quant à raccomplisscment des [)liénoménes de changenuril dans la phonéti(jue, c'est-à-diie pour ce qu'il y a de plus fui;ilif et de plus mobile dans la linguistique.
II
Il est à remarquer d'abord, et les savants précités déclarent eux- mêmes que, sur la (lueslion dont il s'agit, les preuves directes font défaut, et qu'ils y ont su[)pléé par des témoignages indirecls. En second lieu, ces témoignages sonl exclusivement empruntés aux auteurs de l'antiquité et du moyen âge, aux inscriptions et aux chartes. On n'en trouve aucun qui soit tiré de rarchéologie propre- ment dite ou de la numismatique. On ne rencontre pas même, dans les ouviagis publiés sur ce sujet, la mention d'un travail, peu dé- velojqié il est vrai, (lue M. Henri Cohen, le laborieux et savant auteur de la Description historique des monnaies romaines'', a fait
1. 0/1. rit., p. 08
2. /Ajrf.
3. Op. cit., p. 87. A. P. 08.
6. I, 'Académie des intcr ;;i"(i-, ii bellislcllK s a déccrnû, en 1602, lo prix do nu- mUmitique à c«i itoportaut ouvrage.
TRANSFORMATION DU C GUTTURAL I>U LATIN. 303
pnntlre on IH.'li, sous lo lilro (VE^aiidi sur la véritable prononcia- tion du latin, tl'aprrs h's nirilailli's antiijucs*.
Les exiMiiphs (pio je v;)is si},'naler à l'allenlion des érulils don- neront une iilrc du parti corisidérahlc (jii'on peut lircr dos Irgiîndes inscrites sur les monnaies et sur les (il)jcts d'art ou autres jirovcMant des époijues où durent ^'opérer les liansforinations qui nous oc- cupent.
Le premier de ces exemples nous est fouini par un vase en verre de couleur verte, de forme hémispliériijue, qui faisait partie du
mobilier d'une tombe mérovingienne fouillée, le l'y mai 1880, par M. l'abbé Hamard, au lieu dit le Mont-d' -Hennés, commune de Hernies, département de l'Oise, et dont une description a été in- sérée au Bulletin de la Société des antifjiiaires de Fnince -. Ce vase, dont la surface est imbriquée, est orné, au pourtour, de chevrons, et, H la partie inférieure, d'une rosace autour de laquelle est une inscription rélrogra^le, précédée ou suivie d'une palmotle, le tout moulé avec le verre. Nous reproduisons ici le dessin de ce vase.
1. Fievue numisinattqur, première sûrio, t. XIX, pp. 200 et suiv. M. Cohen a traité des lettres C, II, J, U et des diphtongues OU et AV. Il a dL-moiitré (pages 302 à 304), d'après des exemples empruntés aux monnaies romaines de la république et de l'empire, (|ue les Romains prononçaient le c en toute occasion comme le x des Grecs, et que Caisnr ou Cuesar, Coilius ou Coelius, Cito ou C/ul'j, se disaient Kaesar, Kodius, Kilo.
2. Année 1880, i» trimestre, p. 228, n" 10 de la plaucbe.
\L1V. — 20
306 RKVLR ARCHÉOLOGIQUE.
On y lit en rarnrtiVes irùs pleins et trt"*s nets : OFIKINA LAVRENTI V
Nous dirons bicntût pourquoi la dernière lettre V doit Cire isolée ilu nom du UKiiire de l'atelier.
K, uns ici à la place de C, est une preuve directe et irrécusable de la persistance de la valeur gutturale de celte dernière consonne dans la période niérovinj,Menne; et ce fait, dont on ne connaissait pas encore d'exem[de à cette époque, est rendu plus intéressant en- core i»ar un rapprochenienl ijui nous pernietlra de fixer avec une très grande vraisemblance le lieu et, approximativement, la date de la fabrication du vase du Mont-de-IIermes.
La marjue OfUinn Lnurenti nous a remis t;»ut aussitiM en ni6- nioirc une monnaie célèbre, un tiers de sou d'or, portant, au droit, le nom de l'empereur Maurice Tibère, et au revers, dan^j le champ, le chrisme, po^é sur un petit globe et accosté des lettres A et CO, avec une légende circulaire ainsi conçue :
+ VIENNA DE OPFICINA LAVRENTI.
THWSI'nilMATIO.N DU C GUTTURAL DU LATIN. :K)7
Ccllo pkVc, (|iii psl ;iu caliinrt des in(''(lnill('s de l.i niljliolht'que n;ilii)ii;il(' cl ([lie nous y avori:; (Hudiùo ', a élé piihli»';'»; pour l.i pre- luièn'lois par Houtorouo en lOOO*, rcproiluiUî c.ix 1710 par de Hoze', et en l.S.'iî p.n- M. (]|i. Leiiornianl, dans la licnu' nuiiiisjiitiliijne, sur une des pl.iiii lies qui acc()nipa},'ti('nl s;i XI" Icllie à M. île Saulcy relative aux plusancicns monuments nuinismali(iues de la série mé- rovingienne '.
La lorniule désignant roflicini' du monnayer est peu usitée dans cette période, puisque l'on n'en connaît (jiic deux autres exemples, qui remonleiM, comme ctdui-là, à la seconde moitié du vi' siècle, el sont égaleunnt fournis i)ar la vallée du Illiône"'. Il est donc tout nalund de la rapprocher de la marque inscrite, dans les mêmes termes, sur un vase faltri(jué \rvf, la mrme (époque, par un artisan du même nom. (lelle tiiple coïncidence, (jui w paraît pouvuir être rellt'l du liasard, autorise, ce me semble, à considérer les deux objets, vise et médaille, comme étant, suivant toutes les probabi- lités, sortis du même atelier.
1. Ce Irions appartenait, au moment où il fut édité par Bouteroue, i M, Seguin doyeu de Saiiit-Geniiain-l'Auxerrois, ()ui Tavail eu de M. Vaclion de la Rociie, con- seiller au parlement de Ga-noblo. Après la mort de M. Seguin, il passa avec toute sa collection dans le cabinet du roi. Nous empruntons ces détails à un mémoire du de Boze, intiiul«5 lièfluxions sur une médaUle d'or de l'emp'ireur Mnitricc, et inséré au tome XV (p. Z|82}des Mànoiresde rAcad.iles inscr. et helliuf-lettres-, ir«séritî. Dans ce mémoire, sur lequel uous reviendrons plus bas, de Boze fait connaître que le mar- quis de Caumontlui envoya une pièce semblable à celle dont il est ici question, et qui venait d'être trouvée dans les (erres de ce personnafc'e, près d'Avignon.
2. Hechercfics curieuses- des luuimoies de France, p. 130.
3. MtiDi. de l'Acud. des inscr. et bv II es- lettres^ 1" série, t. XV, p. /|S2.
4. hev. tium., l'« eérie, t. XIX, pi. Xlll, n" 11.
5. On connaît en effet : 1° deux tiers de sou d'or portant au droit le nom de l'em- pereur Jusîinien, et au revers, DK OFICKXA -MAHET, avec un nionogramme d.ms le cliaHip (B. Fillon, Considérât, sur tes monn. de France, pi. II ; I\ev. wnusm., 1844, pi. 1, n° 3, et 1854, pi. XII, n» 12); M. Cli. Leuormant a interprété le monogramme par Viennensis ecelesia Uicv. num.^ 1854, p. 322), mais à tort suivant nous; la lettre L poiulée, qui est au droit dans le champ, désigne la cité lyonnaise; 2° deux tiers de sou de la colleciion de .M. de Ponton d'Amécourt, portant au revers : DE OFFICI.NA .MAVIÎliMl {Annuaire de la Soc. franc, de nuinist/tat. et d'arr/iéologie, année 1800, p. UTj. Le monogramme gravé dans le champ de ces pièces est sem- blable à celui du triens de Maret, et il nous parait vraisemblable que ces quatre médailles sortent de la môme officine. 11 y a aussi quelques rares exemples de mon- naies impéri.des portant en légeude, au revers, o/^c//irt en toutes lettres ou seule- ment o/"., suivi du nom de la ville où était l'atelier, mais sans nom de monnayer : ce dernier vocable ne parut qu'après la chute de l'empire d'Occident; on trouve notamment des pièces avec l'inscriptioa : Of/icina Lugduni.
308 HEVlE AUCiii:oi.(ir,i(jir.
Di plu"?, le V plncL^ à la fin .le la mar-iue ihi verrier, h la suite du nom Je Laurenti, lequel esl iiéressiiiicnuMil décliné uu tiéiiilif, devient iogiiiuenienl l'initiale du Vienna de la nioiinaie, el nous avons alors la reproduction presijue intét,Male de la légende Vii'nna de offiana Lnunuti.
Notre iriens nous procure ainsi un double el précieux avantage : 1" il fixe la position de râtelier df Luirent, ;^ la fois monnayer el veriier, ;\ Vienne en Daupliiné, ancienne coionif louiaine, chef-lieu de la province viennoise; 2° il délerniine a|ipro\inialiveineiil, par la durée du réjjne de l'enipereurMain ice, au nom duipiel il esl frappé, la date de la fabriiation du vase. Maurice succéda à Tihére en 582 el mourut en ()U2; c'est donc dans la période comprise entre CCS deux années (|ue se placeraient les deux nutiiumcnts (jui nous occupent. Peui-étre même n'esi-il pas impossible de resserrer cet intervalle el d'obtenir une date encore plus appro\in:ative; c'esl ce que nous allons tenier.
Kn ll'kV), un membre de l'ancienne Académie des inscriptions el belles-lettres, Bonamy, donna, dans un long mémoire, l'expli- cation du nombre considérable de monnaies d'or frappées a Mar- seille, Arles, Vienne, Valence el Viviers, au nom de l'empereur Mau- rice Tibère, après une période de dix-sept ans où le monnayage, en Gaule, au nom des empereurs régnant ù Constantinople, avait été interrompu presque entiéiement sous l'un des deux prédécesseurs de Maurice et complètement sous l'autre'; il expliqua ce fait par la tentativede Gondovald, qui sedisait (Ils naturel de Clolaire 1", et, après s'élre réfugié dans le nord de l'Italie en oOi et de là à Constantinople en o6.), revint en Gaule avec l'assistance de Maurice, débarqua à Marseille en ;i8:j, occupa plusieurs villes des bonis du Khône else lit reconnaître, à la fin de l'année ris't, dans la Provence, l'Auvergne, le Limousin, l'Augoumois, la Sainlonge cl les pays situés au sud de ces provinces, (iondovald fut élevé sur le bouclier et proclamé roi à lirive en Limousin. Mais, bienlùl abandonné par les cbels (jui l'a- vaient soutenu jus(iue-l;i, il essuya des défaites, alla s'enfermer dans Lugdunnm Conicuarum (Sainl-Berlran I de Comminges] et périt par trahison sous les murs de celle place fortifiée, au commencement du mois de mai de l'an 58.j. Ainsi finit celte expédition, dont Grégoire de Tours nous a laissé le dramaticjue récit-.
1. Nous avons confacré à ce point do f;iit une di&Bcrtation spéciale, dont la pu- blication suivra de pr^* elle du présont mt'moire.
2. llutona ecclesiuitica Fiuncoruin, VI, 2i,VII, lOclBuJv.
rnANSFORMATlON HU C nUTTUIUl. DU I.\TI\. 309
En échnngo de l'nppui qu'il av.iil rrni dn Maiirire, Gondovald s'él.iilforl proijablement en},Mgt; à rvlahlir, d.ins les fitjl» dont il prcndr.iit possession, la siiprôimilie impériale, bien alTaihIie ou plu- tôt à p'Jii prùs (li<p:ini(* do la tern' gauloise. Tflle ^tail du moins la cioyancc îles ronlcmpoiains, d'après un passage de (îrégoire de Tours'. Or, ajoute l'aulcur du mémoire que nous analysons, Gondo- vald lie pouvait faire aucun acte nianiuant mieux la souveiaineté impériale (|ue de faire frapper des monnaies au nom du prince ré- gnant }i Hyzance; aussi esl-ii grandement à présumer que rémis- sion de sous et de tiers de sou d'or (pii eut lieu, dans les grandes cités de la vallée du Ulione, au nom de Maurice Tibère, correspond au temps (|ue dura l'expédition du prétendant-, et dut cesser peu après son issue tragiiiue.
IVaprés cette explication de Bonamy, c'est donc entre l'année 583, ou plus vraisemblablement l'année o8-4, et la fin du mois de mai 5H5 (|ue le triens de Vienne à la légende Dr officina Laureitti aurait été frappé; et c'est par suite vers la même époque, ou du moins à une époque qui n'en serait pas éloignée, qu'aurait été fabriipié le vase sorli de l'atelier du môme artiste ou artisan, avec la marque Ofikina Lnureuli.
En tout cas, du rapprochement de ces deux monuments archéolo- giques il résulte une preuve directe de la persistance du c guttu- ral devant t seul, dans une région tiéterminée de l'ancienne (îaule, sous l'empereur Maurice , c'est-à-dire entre les années 582 et
6oe.
III
Ce n'est pas tout; la même monnaie nous fournit une autre indi- cation fort curieuse et intéressante pour l'étude des changements dans l'articulation du c à la fin du vr siècle.
Nous avons reproduit plus haut la légende du revers de celte pièce; voici maintenant la légende qui est au droit et qui entoure
1. VI, 2!i, édit. Guadct et Taranne, t. I. p. /il7.
2. Telle est aussi l'opinion eipriinée d'une manière très décidée par M. Ch. Le- normanl dans sa XI' lettre sur les plus anciexi nionum. nuimsmat. de la série méroving., lier, num., \" série, t. XIX, pp. 306-309, et par M. de Saulcy dans son Essai de classiflcalion des suites monétaires byzantines, pp. 36-37.
310 nKvuK AncnKOLOfiiouE.
rt'fni,'ie impiVi.ilo ; elle est vemu' fort nollt-mcnt sous le coin cl la letluiv u'iMi i'>l «loulciiso dans aucinu» ilc sc< pailifs :
DN COA RlOOCIVS PP AV.
On remarquera l' S rou •lié, (jiii esl an milieu du nom de Mau- rice. Un des plus haliiles areiiéDJogiics de; l'aruMOtine Acadt'uiie des inscriptions il hellcs-lellres, de IJoze', proposa d'y voir la siple de Sdiictus, et de consiilérer la pièce (|ui nous oiTupe eonime l'ianl une nu-daille votive, frap[)t''e en riionneur de siinl Miiiriee, p ilron de l'église métropolitaine de Vienne; «m devait, d'.iprès sou avis, traduire ainsi l;i li},'eiide eiitièie : Ddininus tiostd MAVRICIVS Sanclus PcrFrlHHx A^yintus-.
Mais les objections abondent contre une telle inlerprélaiion.
Il n'y a point, croyons-nous, d'exemple ([u'à aucune époque on ait fait suivre le nom d'un saint de ces deux (jualiliratifs perpe- iuus et augustiis.
Nous connaissons une certaine quantité de sous ci de tiers de sou au nom de Maurice, sortis des ateliers d'Arles, de Marseille et de Valence, dont ils portent les dilTérenls^. Comment expliquer qu'on eût frappé, dans ces trois cités et avec leurs marques re>pec- tives, une médaille en l'honneur du patron de la ville de Vienne?
Ces mômes pièces ont au droit, sauf le S renversé, la même légende que celle de Vienne; (juelques-unes portent en plus, à la suite du nom d" Mauricius, celui de son prédécesseur et beau-père, l'empe- reur Tibrrius.
Kniin, elles présenteni au revers : 1° Victoria Ainjusloruin, el ea exergue la mar(jue immobilisée Conob, qui a été diversement com- prise ; 2" les lettres numérales XXI sur les sous d'or, et VII sur les tiers de sou, lesijuelles expriment le nombre de siliques con- tenu dans les uns et dans les autres.
Toutes ce< inscriptions sont incontestablement celles de mon-
1. De Onze, qui occupa la charge de garde des médailles du cabinet du rui, était entré fort Ji-um* à l'Académie des iutcriptions et bulles-lettres, dont il devint le secré- taire perpétuel 4 l'Age de vingt-six uns.
2. Mé'i'. lie rArad. des inscri/it. et brll. Irtt., 1" série, t. XV, pp. 482 cl suir.
3. Uem. fie l'Acud. des inscr. et l/eU.-icll., t. XX, pp. 209 et 210 et \>-a planclies Ret. uum., 1" série, t. XIX, pi. Xili, n* 1; Conibriune, Hecueil de 000 motiét. mé- rof., pi. LIX, U'» 1 cl 3 ; l'unlun d'AoïccOurt, Lstui sur la nuimsmat. im'rov., pp. 10» et 174.
THANSFOUMATION DU C (X'TXrRAL hV l.\TIN. 3!1
naios, et il est de l;i dcrniùn; (''vidcncn (uraiinine d'elles ne saurait convenir ;\ une médaille volive en riionneiir diiii saint.
L'hypollu'ise conçue par de Hoze est donc absolument inadmissi- ble ù tons l(;s points de vue. I.a pir-cc en (jueslion est bien un tiers de son, frappé au nom de l'empereur^Mauricc Tibère, el la légende du droit doit être interprétée ainsi :
D{ominus) H{oster) MAVRISCIVS P{cr)?{rtuus) AW{giistm:.
Cela posé, nous avons à examiner la valeur d'une autre conjecture émise par l'abbé Diibos sur la signilicalion p.irticnliére qu'aurait eue le S couché ijui est inleicalé dans le nom de Mduricius.
Le célèbre auteur de Vllistoirc critique de l'établissement de la monarchie française dans les Gaules a cru y trouver l'initiale du nom du comte Syagiius, qui, d'après un passage de Frédégaire, ayant été envoyé, en o87, par le roi Contran, en ambassade à Cons- tantinople, fut élevé par l'empereur Maurice Tibère à la dignité et aux fonctions de palrice, avec le dessein de rétablir dans la Gaule Tautorité de l'empereur byzantin'.
Bonamy, qui, dans le mémoire déjà cité, a discuté cette opinion de Uulios, la reproduit en ces termes : « M. l'abbé du Bos... croit qu'en vertu du diplôme de l'empereur .Maurice, qui l'avait élevé au patriciat, Syagrins voulut se faire reconnoitre pour un oflicier de l'empire; d'où il conclut que, dans le temps où se tramoit ce com- plot, quelques-uns des adliérans de Syagrius tirent frapper dans Vienne la monnoie dont il s'agit... On peut encore, ajoute M. l'abbé du Ik'S, appuyer la conjecture que je bazarde sur ce qu'il y a dans la médaille de Vienne une S, laquelle coupe les leitrcs qui compo- sent le nom de Maurice, et que cette lettre est la première du nom de Syagrius -. »
1. « Anno XXVII ejusdem regni (Guntchrammi)
Ipsoque aiiiio Syagrius cornes Constantiiiopolim, jussu Guntchramni , in lega- tione pcrgit, ibi(|ue fraude patricius ordinaiur. Cœpta quidem est, sed ad pcr- fectionem liaec fraus non peraccessit. » Fredcpiir. Scliolastic, Chronicum, cap. ti ; dans Bouquet, Histor, de France, t. II, p. 418.
2. M' m. (IcrAcad. des i>f;cr. et hell.-lett., 1" s(*rif, t. XX, pp. 208-209. Nous avons reclierclié cette conjecture dans le tome III (p. 209j de l'Htstoire crilifjue de l'établissenicitt de lu monnrchie fnmçoise, où Dubos s'est occupé de la leulative do Sy:igrius; nous y avons trouvé la citation de Bunamy, ^uuf en ce qui concerne lo sens du S couché de Mauriscius, qui avait peut-être été l'ubjet d'une coiumunica- tiOQ spéciale de Dubos à l'Académie.
31 J 1\RYIK Ancm^OLOCIOLT..
Bonamy ileVlarc cnsuito que celte expliralion est, à ses yeux, in- soutcii.ilile, p.irc»» (|u'eii ttS?, alors que (îonlran rêgniil sans coii- leslesiir i*es pailics de la (laiile, il n'y avait pis (r.ipparciire (ju'on eût osé battre monnaie, (lan>« la ciié viennoise, au roiu de l'empereur; «aussi, (lit-il en tenniiiaiil, M. l'ahlu^ du Hos ne donne-l il celle ex- plication «lue comme uni* pure conjecture, d
Elle a t'tè pourtant reprise, en IS'ii, par M. (",li. I.enormanl, qui s'esl elToné de la léliabililer. Il a f.iit oliserver (jue l'entreprise de Syagrius recul peul-iMre un commencement d'« X('tulion,et il a pensé qu'on ne (le\;tii lien voiid'impossible à ce que ce personnage, à son retour de Cotislaulinople, ciU fait reconnaître son autorité de patrice et celle de rempereuiilans.iuelques cités du Midi cl jusqu'à Vienne, ce qui expli<iuerait la présence de son luilialc sur le Iriens fabri- qué dans cette ville '.
Rappelons d'abord que, d'après les expressions employées par Fréilégaire, cœpta quidem est. scd ad perfcctionem hnc frans non peracccssit, le complut dut avoitcr cumiilèlemciit, c'esl-r.-dii"e recevoir à peine, s"il en reçut aucun en (laule -, un conimeucement d'exécu- tion. .Mais, dans le système de M. LcnoiiiLinl, il f.uidrail bien plus encore; car, avant de parvenir à Vienne et d'y établir son autorité de manière à y faire battre luonnaie, au nom de .Maurice et avec sa propre initiale, Syagrius aurait dû, après sou débarquement ;\ Mar- seille, se faire acce|)tcr comme patrice dans cett>.' cité, et successive- ment dans celles d'Arles et d'Avignon; ce tiui suppose une série de succès (jue contreilisent les paroles de rauriali>le, et (jue rend bien invraisemblable le silence absolu que tous Ie-« liistoriens au- raient gardé sur ces graves événements.
Ensecond lieu, l'idée de faire.' constater son liire jinr l'intercala- lion d'un ^', iniliaie de sou nom, au milieu du vocable impérial, dans une légeiide monétiire, n'eût pas été seulement bizarre et pué- rile; elle risi|uait encore plus d'être ineflicace, car il y avait de grandes cbances pour (pr<'l!e restât incomprise et méine inaperçue dc^ populations dont on aurait voulu frapper l'attention.
Qaanlùla particularité du S couclié, à laquelle on parait avoir
1. Bfv. num., \">h(T\o, t. XIX, p. 310-317.
1. Voici coiiiri.ciil Diilios a tiitcndu ce passaRO de Frédi'fjairc : « I.a tra'sino ayant été d«*'rouv<TiP, ••ll<" df m«'ura sans rffel ; c'i'st-à-dirc ijiu' Maiirico n' voiiua It; diplôme en vcrlu du'im-l Sy:'grius ili-voil se fair»; n-connoistre dans les (i.nilcs pour un oflliicr de l'cuipire ou ijuc ce Koiiuiii ii'o&a lo publier ni lenlfrdc s'iu prûvaloir. u Loc. ctt , p. 309.
TnANSFOIlMATIUN DU C GUTTUIUI, DU LAI IN. 313
altarlu*^ do rimporinnro, ('Il(» nVn a vt'ritnhlpmont aiiciirie : le mon- nay.'i^'O hyzaiiliii el lis monniyagtîs vi.si;,'()lli cl in(''roviii;,'icn nous oITrcnl de tort noinitreiix exein|iles de celle Icllre ainsi li^'urén, laiilôl dans le hul de remplir un cspact' trop éliMidu pour la lé^'emle, taiilôl cl plus souvi'Ul sans doulc, par un siiipi-' (Mprire du graveur de coins. Les planches i|ui accompagnent, dnis l.i lipvue nuinisiiia- tique, le travail de M. (]li. I.ciiorinant, en préseiiteiil à elles seules sejit f-rniiplcs^; et aux yeux de tous les nuinisinati>les, de M. VA\. LeUDiiMaiil liii-iut"^uie, celle lettre n'en faii pas moins partie inl'"'- grante ilu n.)ui dans leijUfd elle est inlercalée, ou à la suite duiuel elle esl inscrite; et persontie n'a songé et ne songe à lui attribuer une signification spéciale. Toutefois il esi nécessaire d'expliquer l'emploi qui en a été fait ici.
Lee lie iW'/»r/c/«s est devant un t suivi d'une autre voyelle, et nous avons vu plus haut ipie, selon l'avis unanime des linguistes, celte consonne, dans de telles conditions, a perdu de bonne heure :a valeur gutturale el pris celle d'une sildante.
On écrivait en elïel, in. iilîéreuinienl, au vu' siècle, pro;3i/io et pro- picio, pretiuin ou picciuin; d'où l'on a Justement induit que c se prononçait, en pareil cas, comme le //, traiisloiiué en tzi ou tsi, ou zi -. Mais, au siècle précèdenl, l'assibilation du c n'était pas en- core bien établie, et il régnait alors sans doute, comme à toute épo- que de transition, de l'incêrtilude dans le mo le d'articulation de cette consonne. En plaçant un s devant le c de Mauricius, le mon- nayer, ou son graveur de coins, a voulu sans doute déterminer la prononciation sifflante de cette dernière consonne.
Ajoutons que si le fabricant de notre triens avait intentionnel- lement gravé ou fait graver le S méJial dans la position hurizonlalc où nous le voyons, ce n'aurait pu être que dans le bul d'accentuer d'une manière plus sen>iblece mode d"arliculatio:i.
Telle est l'explication, très simple, d'une circonstance qui a sug- géré les étranges conjectures que nous avons rapportées et discu- léesplus haut.
11 esl intéressant de constater que, tandis que le monnayer Lau- rent marquait ainsi l'assibilation du c suivi de deux voyelies au
1. Voir fier. 7ium., V série, t. XiX, pi. XI, n»' 5, Gel 8; pi. XII, n* 11; pi. XIU , n<" 12 ot 13 ; pi. XIV, 11" i. Si;;nalous ea particulier le n° 8 de la plaiuliti XI, ou 0!i lit : DN IVCOTINI ANVCO. n y a aussi beaucoup d'exemples de S gravé à re- bours : 2, Comme dans le n" ^ de la plauclie XIV.
2. Voir Joret, Du C dans les langues romanes, pp. 311-313.
314 nr.vrR AnrnKoi.or.iouK.
droit du Iricn? fnpp^ à Vienne, sous le r^|Itl(»d(' Manrir<», il s'al)>tp- iiait de ce prorclt''. dans la [«'{îcndc du rexcts, à l't'jîard du c suivi d'un I >eul A'ofjit'ina^ lui l.iissanl sa valeur i;uitiiralp, It'lieijue \\ mar- quail encore très nellenieut riiiscriplioii ofiliina du vase de verre la- briquè par ce mùuic Laurent.
IV
Il me reste h parler, en terminant, de deux monuments ruimis- mali«]ues qui tou^iienl i^fîih'nifnt à noire sujtt; ils n'apportent point, à vrai dire, des renseignements nouveaux ; mais, eu conlir- niantli>s informaiions puisses ;i d'autres sources, ils nou< procurent, l'un avec une date ap|)roximative, l'autre avec une date très pré- cise, des exemples de la suhstitution de et à /i, laquelle impli<iuait, aiiii^i que je l'ai dit plus haut, ridentiti'' de valeur des deux ^Toiipes.
Le premier dp ces monuments, dccrils par Banduri, est un tiers de sou d'or, portant :
Audroit, nulour.le l'eflVjie imp('rial(\ DN MAVRITI PP VG;
Au revers : VICTORIA AVGG; en exergu.', CONOB '.
Le second t>l un médaillon de bronze de grande dimension, pré- sentant :
Au droit, autour du buste habillé et orné de l'empereur, MAVRI-
TIVS;
Au revers, ANNO XI- A, et, séparés de cette lettre par un large espace. RE-.
Dans le nom de Maurice Tibère, qui s'écrivait communément et même pic^iue toujours MAVRICIVS,on a gravé ici un T au lieu de C, et celle forme M>iuriliU!<, (jui se re[iro luil fré(iuemment dans des périodes plus récentes 3, montre bien que l'assibiJation de et suivi d'une autre vo\elle était opérée à la date fixée jiar le revers du médaillon à la onzième année du règne de Maurice, laquelle tombe en 51)3.
On voit, par les exemples que nous venons de produire louchant
1. Banduri, Numismnta impenilur. Romnnor., suj<plemeni.y p. 39.1.
2. Op. cW., I. II, p. 603.
3. Voir noinminent : l'Uidnna Langobantor., de P;iul,m«. d«^l;il)iblioth. d'Assise, du *iii'M6cle {Monumrnt. G-rman. /n.<it<>i:;Scnptûr. rer. huKjnlmnl. et liai., iu-4*, p. 125, : 2» EptsloluChilililM!$-ti, etc., llis. du n'sitVlc: P.irdi;5.sus, Diplont. et ch., t. I, p. 100. —Chrumc. ilniisÙJC.; PcrU, ilouum. Ocrman. hiitor. SS., 1. 1, l>. 286, D>. du 11* ou !<' siècle.
TRANSFORMATION DU C OUTTDRAr, DU I.ATIN. HI*)
les changrmrnis surveni]s flans la phon6tr|iie du c l.ilin, quelles ressources rarclirolnj^ie el suilout l;i nuiiiisiii:ilii|Uo licriiieiil en ré- serve pour les sciences pliilûl(){,'ii|ues, et comliien il est ù désirer que ces deux brandies iiiipoiUinle'» de I érudition soient mises à conlril)Ution, sous ce rappor!, plus souvent qu'elles ne l'ont été jusqu'à ce jour '.
M. DKI.OCIIi:.
1. Je veux parler de l'arclu'ologic proproinont dite, car los nionumrnls épigra- pliitiuos ont dKé. lurgpiiiniu utilisés |p;ir"les linguistes. Il iiV'st (lup juste de iiicntionnfr Ici deux cxcellfiils travaux de M. d'Arbois du Jubainville : \' Lu (Irclitinison /atine en Gaule à i'éjxxiue mérovingienne (Pari-, 1872); 2" Etiulcs t/ramniulicaies sur les /c/Mj/K'.'* ceZ/jV/u^jT (la première (lartie vieui de jiaraltre, Paris, 188ly, où ce savaut a mis à profil les légendes mouétaires.
liULLHTIN Ml'A'SUEL
DK l/ACA I) KM I i: I)i:S l.N S C i; I I' I' 1 DNS
MOIS I) o':toiihk.
M. Oppcrl développe SCS idées au sujet de romjlaconioiit de Pasarfradc ol. par suite, du tftuibeau de Cyius, faussement plaiL' à Mur^jliab.
M. fiermain, jneinbie libre de i'Acadt'mie, cuinuuiniqiic uu ciiapitrc iiiL^dit de son [li'^toirc de V université de Montpellier, concernaiU la faculté de tht'olopie.
M. Nalalis de Wailly fciriiinc la seconde lecture de son nit'moire sur la langue de Joinville.
M. Maurice de Pange est admis à coniniuniquer un lra\ail relatif à riiistuire du duché de Lorraine au xn' siècle.
M. de Laigne, consul de France à Livourne, adresse un estampage pris sur une plaque de plomb antique. Celte plaque porte une inscription funéraire; elle était évidemment fixée à un lomlteau. M. de Laigne attribue ce monument à l'époque àa F lavions . Ce monument, dit M. de i.aii^ne, provient de l'île de Sardaigni'. il y a lieu d'attendre de nouveaux renseignements.
.M. Georges Perrot communique un mémoire relatif ;\ divlinit cacliels d'argile appartenant à M. CiiistavcScliliimbergeret trouvés en Asie Mineure. Plusieurs de ces monuments portent des caractères do l'uncienne écriture hittite, {.es grandes inscript ions d'i'lj-'yiite et d'A>sy rie parlent d'un peuple qui joua, un moment, un rôle prépondér.int dans la haute Suie et en Asie .Mineure. Ce peuple représente une civilisation tout entière, une langue, une écriture, sans doute aussi une religion spéciale, il arrOla longlemp lea armes victorieuses de Itamsès 11, le grand Sésosiris des (iiecs. Puis in- tervint Mil traité entre le souverain de ce peuple et Uamsès, traité dont le le\te nous a été conservé. Ce peiiplf. dont le nom se lit Kctas, Katti ou fi(</i(cs, était de race cananéenne; il avait des scribes et possédait un système d'éciilurc particulier que M. Siyce con.Mdère comme l'origine de l'écriture chypriote. On comprend dès lors l'intérêt qu'il y a à recueillir
BULLRTIN MKNSUEL DE l'aCADÉMIR DF.S INSCRIPTIONS. 31 7
jusqu'aux plus faibles débris do l'i'criluic cl des inscriplions hiltiles. I.a soci6li: (i'arcliéologie bililiqiie de I.oiidre?, viotil de publier tout ce que l'on connaissait jusqu'ici à ('.(ïl (''g.ud. La coniuiuiiicaliori de M. l'crrot, qui paniilra dans notre prochain num'io, aut^inenle beaucou[) ce pré- cieux bagage.
H-Y.
M. Ferdinand Delannay mol sous los yeux de l'Acadi^niic doux croquis à l'huile d'un jeune artiste, M. Haoul Caignard. (a-s croquis repn'scnlent des vups piltore.-ques pri>cs au inilii u dos ruinesde Siinxay, si bien explo- rées par le U. V. de la Croix. M. Alexandre Herlrand, qui, comme M. De- lannay, a visité rôccmnicnt ces ruine?, donne à rAcad(^mic quelques explications sur leur étendue et leur inipurlanco. Il y a vu un frag- ment d'inscription sur lequel se lisent encore los trois lettres POL, qui semblent indiquer qu'Apollon était une des divinités honorées dans cette localité par les populations gallo-romaines.
SOriKTi;: NATIONALE
DES AXTIQUAIPiKS Dl^ FHAXCE
PnÉSIDENCE DK M. C. PFJUIOT.
SÉANCi: DU 8 NOVKMBnE.
Celte si^ancp n élà consacréo à des queslions administratives, et i l'ôlec- lion de M. l'abbé Thédcnal comme nicmbre r6:idant.
SÉANCE DU 15 NOVEMBRE.
M. Flouesl, associé correspondant, présente une superbe épée en bronze appartenant à la période dite « Age du bronze », qui a àlé trouvée prés de Langres, dans un ancien lit de la Marne, et qui appartient aujourd'bui au Musée d»î Saint-Germain. VA\q aurait sans doute, conforniéinent i un usage mentionné par un auteur ancien, été jetée dans les eaux à tilie d'oIVratuie aux divinités.
}i. Mowat annonce qu'il possède une épée trouvée dans des conditions analogues, dans le lit de la Vilaine.
M. Gaidoz rapproche certains usages religieux de la Homo ancier.nc, do la France et du Congo, et s'élève contre le système qui fait venir do l'Asie toutes les croyances et toutes les pratiques religieuses ôcs peuples euro- péens.
SÉANCE DU 22 NOVEMBRE.
M. Héron de Villcfusse lit une note de M. Castan, associé correspon- dant, sur un anneau en bronze doré du musée de Hesançon. Lecliaton, «impie tablette de cristal de roilie, est acccisté d'un côté d'un éciis.-on surmonté de la tiare poniMicale et renfermant les deux clefs en sautoir; de l'autre, d'un saint (ieorges A cheval périmant de sa lance le drajjon.
80CIRTÉ NATIONALE DKS ANTIQUAIRES Dli l'IlANCK. 319
Sur lo3 carlouclies on biseau que le chalon surmonte, on lit d'un côté P • N *, de raiide DVX. [.es clefs en sautoir sont les armoiries pcrsou- nciles du pape Nicolas V, dont les initiales se lisent sur un des cartouches; le litre de dux et le saint Georges appartiennent au doge de Gùncs, Or Nicolas V avait cédé au fiûnois Lui|;i Frcgoso ses droits souverains sur la Corse; <'elui-ci les rétrocéda uussit^M X la république de (iénes, qui en remit la jouissance à lu fameuse compagnie appelée « l'office de Sainl- fieorges»). jM. (lastan reconnaît dans l'.tnneau du musée de IJcsançnn l'anneau par lequel l'office de Saint-Georges fut investi en iMi-i de la sei- gneurie de la Corse au double nom de Nicolas V, suzerain de l'ile, ot du précédent fcudalaire, le doge de Gènes.
M. Hayet lit une note tur un fragment de table iliaque trouvé par M. Tliicrry ;l Tivoli, el sur Kqucl sont représentés en abrégé certains épisodes de la guêtre de Troie, empruntés à la Destruction de Troie par Stésichore, et à VEthiopvlc d'Arclinos de Milet.
M. llcaii informe la Société que la seconde moitié desaréncs de Lulèce, dont la pieiuière. partie, découverte en 1870, est actuellement cachée sous des bAliracnls élevés par la compagnie des omnibus, est à son tour menacée de destruction par un projet de percement de rue. Sur son invitation, la Société renouvelle sa délibi'ralion du G avril 1S70, tendant à la consorvaliun de ces restes intéressants du plus ancien monument du Paris romain, et décide que son président fera en ce sens une déuiaiclio auprès du conseil municipal.
M. Nicard rectifie quelques erreurs contenues dans la partie du tome II de VInvcntuire (jénéral dts richesses d'art de hi ville de Paris qui concerne les vitraux de Sainl-Élicnne-du-Monl. Un vitrail rejrésentant le Pressoir mystique et attribué par l'inventaire à Hobert Vinaigrier, peintre verrier de la première moitié du xvi" siècle, est simplement la copie faite par Nicolas Vinaigrier, qui vivait au xvii", d'une verrière peinte par Kobert pour Saiiit-Ililaire de Chartres. Cela avait été déjà dit par Cmeric David en 1823, dans un article de la Biûyraijliie uniicnelk de Micbaud.
Le Secrétaire.
Signé: 0. RAYET.
NOUVELLES AUCllKOLOCIQUES
I-T COUUKSrdNDANCK
J]ulhtin âc la commission archéologique communale Je Jluwic, 10" an- née, 11° 3. juillel-seplembre 1882 :
Cil. I,. Vi^conli, D'une statue qui représente le gcnie de Jupiter avecl'égidc \\)\. XVllI MX). — Le pure Bruzz;i, Fragment d'un disque de verre qui rc- présciite lei^fetcii de la vingtième année de Dioclctienli^]. \\). — D. Enrico Fabiani, D'une statuette de puytijphore égyptien récemment découverte (plao- dic XXI).
.\ rchxologische Zcitung (Gazelle archiiologiquc de Iteiiin), 1882,
3'= cahier :
A. FurlNvaengler, Phts d'Kginc (pi. IX, X cl une vignclle). — V. von Duhn, le Jugnnctil de Paris sur un lécythe athénien (pi. XI et une vignelle). — G. Treu, Sur les (ouillcs d'Olympie. 11. L'arrangement des statues dans le fronton oncntal du tnnj'b: de Zeus (pi. Xli). — A. Furlwccnglcr, .Sur l'Apol- lon du Belvédère. — P. \Vci>zreck('r, Uemarques sur ilknule Farné^e (qua- tre bois tirés dans le texte). — Mélanges : M. Fiœnkel, Figures archaïques de femmes assises (deux boiï). Sur la Loutrophorus de Sunium (un bois). — Hc■n^eigneIncnts : Acquisitions du Musée royal de Berlin. — G. Treu, l'An- tiquarium. — Acquisitions du Musée britannique pendant l'année 1881.
LK
LAOCOON ET LE («KOUPE iïATlIÉNA
A LA FRISE DE PERGAME
VIII
ANALOGILS KNTRE I,E GROUPE DU LAOCOON ET LE GF50UPE D'ATHKNA
A I.A l'niSK DK l'autel DE ZEL'S A PERGAME.
Si, qiiitlaiit rcnsemble de ces monuments qui ornaient l'acropole des rois Altale, nous revenons à l'autel Je Zeus pour étudier les dé- tails de la frise récemment découverte, nous verrons que les Géants revêtent les formes les plus diverses. On dirait que les artistes ont voulu représenter dans la matière toutes ces voix différentes de Typhon dont parle Hésiode. Typhon rugit comme un lion, nous dit Hésiode, et les artistes de Pergame ont rendu cet effet dans la ma- tière en donnant une tête de lion à l'un des Géants, Typhon hurle comme un taureau superbe, et les sculpteurs de notre frise donnent à l'un des Géants une sorte de bosse semblable à celle qu'ont sur la nuque les buffles de l'Asie Mineure. Ce Géant, en outre, combat avec la télé, comme un taureau. On le sent, il court dans toute la frise comme un souvenir, sinon direct, du moins vague et inconscient, du monde Ihéogonique d'Hésiode.
Parmi tous les groupes de comballants que la frise de Pergame nous a conservés, le plus beau, le plus frappant de tous c'est celui
1. Voir les numéros de juillet, août, septembre,, octobre et novembre. Décembre XLIV. — i>l
322 nr.vuE archéologiqde.
d'Athr-na (v. pi. XVI ■. — J'.ii ^U'jh dit iiuel l'iail le sujet (|ti'il irpré- Sfiil;iil, on sorte (ju'il est inulili-deievetiirsiirce pcjiiit. Mais en eon- templani ceproupeonpeut odmirer riiarnioiiie de la eoinposilion, de la coinldnaison des ligures et des iiiouveiiieiits (|iii évite réeiieil de la" monotonie; on est frappé du génioavecleiiucl leMiiIpleura suriin|dir l'espace d'un cadre (jui ce|)endanl csl bien restreint j)our desfi;;urc.s d'une telle i^randeur et pou r une scène aussi couipliiiuée. On admirera choix heureux des eontiastes qui éclate dans l'opposition des formes lîiatronales li'Alhéna el de la légèreté du corps llottanl de la Victoire, et surtout le patlios de la souffrance physique (jui se lèvèle dans la figure du jeune (îénnt ', oiiposè à celte gran. le douleur morale qui se rellète dans les yeux suppliants de Gaia. Kt >i l'on s'abôorhe longue- ment dans cette contemplation, l'illusion sera (elle qu'on croira en- tendre Valiilé victoiieux dAlliéna, les plaintes de Gaia et de son fils, mélangées au bruissement étrange des grandes ailes de la Victoire et il'Lincélade vaincu. Ouanl au personnage de Gaia, si heureuse- ment conservé dans notre frise, il se voit déjà dans le bas-relief de Priène et il apparaît dans la peinture sur vase depuis le iV siècle.
Mais Pergamc est voisine de itliodes, et nous avons vu que l'école de l'ergamc e^t proche patente de celle de Rhodes. On admet, en effet, que l'art florissait à lUiodes de 250 à ioO environ avant notre ère, cl nous savons, d'autre part, que l'autel de Zeus a été construit sous Euménôs H, qui régnait de 11)7 à loi) avant notre ère. Si le groupe du Laocoon appartient vraiment à la grande période d'épa- nouissement des arts à Ithodes, il sera contemporain de la frise de Pergame. Mais nous avons déjà, par une série d'.uguments, cherché à établir que le Laocoon n'a pas pu être composé à l'époque romaine. Cependant il en reste encore un, que nous avons gardé pour la lin parce qu'il est le i)lus concluant. Le Laocoon est une œuvre de la plus haute originalité. Avant ce groupe, aucun sculpteur, aucun peintre n'avail traité ce sujet, et, ù ce point de vue, il est un phéno- mène pres(|ue unifjue dans le monde des arts. On peut donc dire que le trait ioiidaniental, caractéristi(iue du Laocoon, c'est précisé- ment son originalité. Eh bien, dans toute l'époque romaine où Lessing a voulu le placer, il ne s'est pas créé une seule œuvre originale ayant quelque valeur. Avec la tin de la jjéiiode des succes- seurs d'Alexandre, l'art antique a terminé son ère de création. Depuis le siècle d'Augutle les artistes ne font guère que copier, lan-
1. Nous lo dd'signcrons aussi du nom d'Euc«ilado qui est l'advcrâiiro liabiiucl d'AUiOoa.
l.E LAOCOON KT LE GROUPE d'aTHÉ.NA. 1^2
lot diri-'ctcmcnl, larilùt avec dos varianlcs souvent inallieurciisos, lo riclie lii'.^ur de cliefs-d'œuvri; iiuc les siècles précédeiils leiii- .ivaieiil laissé. Et c'est de ce monde de copislis qu'on aurait vu sur;;ir tout à cuu[) une des œuvres les plus oiiginalesde l'anliiiuilé! C'est une liypolliùse impossible à défen Ire, tandis que l'originalité même du groupe du l.aocoon, le choix d'un sujet aussi diflicile, aussi compIi(|U('', la connaissance (lu'il révèle des fondions de chaque org.me du corps humain, tout nous indiijue une période où le génie encore créateur s'unit cependant déjà aux éludes anatomi- qucs les plus consciencieuses. Il n'y a pas d'époque qui réunisse toutes ces conditions à un plus haut degré que celle où llorissaient les écoles de Rhodes et de Pergame.
Nous ne commettrons donc pas un anachronisme en plaçant les deux gioupes dans la même période et en les rapprochant l'un de l'autre pour saisir leurs rapports et leurs différences.
Si nous considérons les deux groupes au point de vue de l'effet moral et psychologique qu'ils produisent sur le spectateur, nous donnerons la prélérence au groupe d'Athéna.
En effet, nous avons vu que le groupe du Laocoon ne nous dit rien sur les circonstances qui ont précéiié ou accompagné la catas- trophe; il est la représentation de la crise dans toute sa nudité. C'est pourquoi il ne produit que l'impression de cette horreur qu'ins- pire la souffrance physique, et sa contemplation fatigue et repousse à la longue. L'œil qui parcourt ces membres tordus, ces serpents et ces corps humains entrelacés ne sait où se reposer et finit par se détourner avec horreur. L'effet du groupe de la frise de Pergame est tout différent. Un coup d'œil nous suffit pour comprendre ce qui s'est passé. La Victoire souriante qui vole au-devant d'Athéna nous apprend qu'une luUe terrible a précédé la scène à laquelle nous assistons. Le buste de Gaia, son expression suppliante, sa brusque apparition au-dessus du sol qu'elle n'a pas encore entièrement quitté, nous font comprendre qu'elle vient, au dernier moment, sans doute apiès une longue lutte entre sa tendresse et son orgueil, implorer la clémence, la miséricorde d'Athéna pour le plus jeune de ses fils, pour cet ange déchu qui se tord à ses pieds dans les dernières secousses d'une agonie atroce. Nous ne pensons pas à chercher une explication, nous n'avons pas besoin môme de la contemplation des autres groupes pour comprendre celui-ci ; c'est un tableau complet qui se sulfil à lui-même. Nous assistons à une tragédie, h un drame à trois personnes, contenu dans le cadre étroit de la frise. Le
32\ HKVrE AnCHKOI.OGIQUE.
souffliMli» fureur qui anime In marche trionipliante d'Alhéna, les tortures physiques du pé.int, la haute douleur mor.ile de Gnia, la npurc si lêfjt'rc de la Victoire, se r«''unissent pour i)roduire au plus haut de?r«'' eel effet trafique (jui maïKjue alisolumetit au Laocaoïi. •Mais celle impression tr3i,'i(jue di-pend avant loul du sujet, et nous avons vu que, le mythe du Laocoon étant donné, les artistes ne pou- vaienl pas lerepréseiiternnlreiiient (pi'ils m l'onl fait. Celle différence enire les deux groupes n'e.-t donc pas fondauienlale.etnous ne nous laisserons pas détourner de notre comparaison par celte infériorité que nous reconnaissons au Laocoon. Kn ce qui concerne la compo- sition, une comparaison dcf^ deux }:roupes pris chacun dans leur ensemble est impossible, [.es lois (jui président à la composition d'un has-relief dont le cadre est dontié par les corniches de la frise ne sont pas les mêmes que celles (|ui doivent déterminer la combi- naison des ligures d'un groupe isolé. Dans un monument de celle nature, composé de statues idacées dans un espace libre que l'on peut considérer de plusieurs ou de tous les cûlés, lunilé d'action et le rythme, c'est-à-dire la combinaison des mouvements, doivent être lieaucoujt plus forts, dans ce sens que ce sont les mouvements eux-mêmes qui doivent enlermer le grou[ie dans leur harmonie et lui donner un cadre. On ne saurait donc pas non plus comparer les deux groupes au point de vue de la composition.
Mais si les deux groupes ne peuvent pas ôtre rapprochés l'un de l'aulre à ces dillerents points de vue, la ligure d'Eiicélade prise en elle-même présente les plus grandes analogies avec le Laocoon.
Dans celte figure cl dans le Laocoon, le problème que les artistes se sont proposé de résoudie était le même. Il s'agissait de donner au corps humain les plus violentes coiitor>ions dont il esl capable, en enlaçant tous les membres parles anneaux d'u;i reptile qui a déterminé ces mouvements tout en les cnlravanl. Mais ces convul- sions et ces enlacements doivent être combinés de façon i\ ne pas gâter l'éclat de la beauté du corps, l'harmonie de la musculature. Celte tâche difficile, presrjue surhumaine, a élé résolue avec le même bonheur dans l'un el dans l'autre cuef-d'ceuvre. Seulement il y a dans la manière dont le jeune Céant a été tiaiié, dans l'art avec leijuel toute celte belle musculature a été étalée et comme jetée sous nos yeux, dans la frai •heur de ces formes pleines de jeunesse, une inspiration supérieure, (juelque chose de pluslar^'e cl de plus tou- chant à la fois.
Mais, dans toutes ces appréciations, il ne faut pas oublier non
i.K t.Aor.ooN KT LR cnoupK d'atiii^na. 325
plus (juc les S(iil|i[i'wr.s (lo lUiodes avaient à vaincre une diflirullù plus !5'ran(le, puisqu'ils devaieul couihinor trois corps liuniaius cl deux serpents, puisque surtout il fallait, sans détruire l'unilé, varier les contorsions de chacun des trois i)crsonnages.
Cependant nulle part la parenté des di-ux cliefs-d'œuvrc n'éclate avec aulanl d'évidence que dans la manière dont Encélade a été saisi par le serpent de la déesse. Dans cette figure, comme dans le groupe du I/iocoon, les sculpteurs ont choisi pour le représenter le point suprême de la crise, le dernier acte du drame. Dans le grou[»e de la frise, nous avons vu que la puissance miraculeuse d'Athéna a été exprimée par l'action foudroyante, instantanéf^du serpent divin. Il en est de môme dans le groupe du Laocoon. C'est avec la rapidité de l'éclair que les deux serpents ont envahi à la fois les deux (ils et le père. C'est cette circonstance qui nous a fait sentir que ce terrible chàlimenl est une (ouvre divine, une œuvre de la Némésis, de la vengeance céleste. Ainsi, dans le groupe du Laocoon comme dans notre ligure, c'est le même moment qui a été choisi, et sur ce point il ne peut pas y avoir de doute, la manière est la même, le procédé est identique, il y a dans l'un et dans l'autre chef-d'œuvre la recherche du même eiïet. Mais c'est dans l'analyse des détails que les analogies vont venir en foule frapper nos yeux et notre esprit.
Si nous cherchons à comparer la lèle d'Encélade avec celles du Laocoon et de ses lils, cette étude nous conduira aux observations suivantes : L'âge du Géant est celui de la jeunesse dans tout l'éclat de sa grâce et de sa beauté; c'est-à-dire qu'il n'est ni aussi jeune que les nis du Laocoon, ni aussi âgé que le père. Celte première différence en entraînera nécessairement une série d'autres dans la composition. En effet, un jeune homme n'oppose pas à la douleur physique la même résistance que celle des enfants ou d'un homme dans toute la force de l'âge.
L'inclinaison violente de la tète se retrouve dans le Laocoon cl dans Encélade, et cependant elle n'est pas la même. Chez le Céant, ce n'est pas seulement la souffrance, c'est aussi la main puissante d'Athéna qui a courbé celte tête rebelle. L'inclinaison de la tête d'En- célade n'est donc due ni à la crise convulsive, presque nerveuse, qui agite le Laocoon, ni ;\ l'envaliissemenl de la mort (jui a penché, comme une Heur malade, Ja lêle du jilus jeune des fils du Laocoon ; c'est-à-dire que nous avons sous les yeux un mou- vement intermédiaire qui n'est déjà plus celui de Laocoon, mais qui n'est pas encore celui 'le son fils. Et l'expression d'Encélade, dirons-
320 nrvL'E Anrur.ot.or.inrr.,
nous qu'elle rsl la inî^inc que collo (lo T.nncooii ou do ses fils? Les voux (lu (ifVinl tonrnenldans rorbiic; ceux do Laoronn so N'-vent vors ie «iol. I.n bourbe du Lnocoon est onir'ouvorle; celle d'Kncrlade s'ouvre auss^ijuais, trindisqiic losiiiusrlo; du vis;ipodans lol.noroon sont tordus par la doideur à un toi point quo la surface de la lipiire pnr;ill traversée, divisée et comme niorcel<^c par uno foule de petites excavations, celle du pc'-anl est dôlenduo; à l'oxociition du front et de ses deux prantl< yeux dont la beanti^ ni6lanroli(jue est d'un toi effet qu'on peut à peine croire (ju'ils sont de marbre, sos traits ont déjà l'immobiliK'-, la ripiditf^ quo donnent les promiéros ailointos de In mort; on sont que, s'ils avaient une couleur, ils seraient livides. La boucbe du Laocoon se tord, s'ouvre, et, contrairement à ce qu'aflirmail Lessing, elle pousse des cris affreux :
Clamons f^hnul horrcndos ad sidcra toUit !
dit Virgile, qui, nous pouvons le supposer niainlonnnt, connaissait le groupe du Vatican. Il n'en est pas de niômc de la bouche d'Kncè- lade. Elle ne se lord plus, elle s'cnir'ouvro; elle ne orio ]dus, elle a cessé de crier; elle est semblable à celle de ces raallioureux qui, sous l'impression d'une terreur ou d'un cauchemar, veulent crier et ne le peuvent pas; elle ne supplie plus, elle gémit la dernière plainte, elle exhale le dernier souille de l'agonie. Cependant cette bouche est encore vivante, elle n'est pas pareille à celledu jeune fils du Laocoon qui a (loj:\ cessé de vivre. Mais il no faudrait pas croire, comme Lessing avait cherché à l'établir pour le Laocoon, que noire Encélade ne crie pas parce que l'artiste aurait recherché une cer- taine modération d'expression, une certaine iramiuillité, une certaine dignité particulière au génie hollériiiiuo, ce je ne sais quoi qui sent la convention et que l'on croyait autrefois être l'apanage des œuvres classiques. Ce sont là de vieilles théories, de vieux préjugés que la frise de Pergame et au besoin le Laocoon suffisent pour réfuter victorieusement. Le Laocoon est la représen- tation de la douleur physique dans toute son horreur. Il serait difficile d'aller plus loin sans .itleiiidre le laid ou l'ignoble. (Juant à la frise de Pergame, elle nous fait assister d'un bout ;\ l'autre au (b'chatnement de toutes les passions, à rneharnement dos combat- tants, à 1.1 cruauté froide des vainqueurs. Si doue Hncélade ne crie pas, ce n'est pas à celle luétendue mo léraliou de l'expression (ju'on le doit; c'est qu'il représente le moment qui suit le paroxvsmede la duuleur ox[uimé par le Laocoon el qui précède la dernière agonie
r.K LAOCOON ET LF onoupE d'atiikna. 327
du plus jrunn do ses fils. Et nous rnmpiTndrnns f.iciloïïiont pourijiioi l'iiilislo a choisi ce moinpnl-l;i plulôt (|ii"iiri autre : rali.iiidori do lout son petit corps aux enlacements froids des reptiles et la mort instanlnnùe sont naturels chez un enfant; les dernières contorsions d'une n-sislaiicc opiniâtre, les cris affreux et les rides du visage, convionnont à un homme de l'Age du Laocoon; mais cette grâce, cette beauté, ce charme élrange et mystérieux qui sont aimahles jus(|uc dans les bras de la mort, sont réservés ;\ la jeunesse dans sa Heur et dans tout son éclat. Là encore, Tinspiration de la frise de Pergame est bien supérieure à celle du Laocoon, f^etlc grande beauté (jui s'en va, celte éclalanlc jeunesse qui succombe aux étrein- tes du monsirc nous saisissent d'une émotion que ni la mort de l'enfant, ni la lullc du Laocoon n'étaient capables d'éveiller. C'est qu'on sent tout ce qu'Encéladc perd avec la vie, la beauté, la grâce, la force, l'orgueil, et sans doute aussi les illusions et les passions de la jeunesse. El si, quittant cette agonie, nous jetons un regard sur Gaia, sur ce grand deuil, sur cette mère qui vient implorer en vain la pilié pour le plus jeune, le plus beau de ses fils, l'éinolion deviendra réellement puissante et tragique.
Le résultat de cette étude de l'expression dans l'un cl dans l'autre chef-d'œuvre est donc que le Géant de Pergame est bien le frérc du Laocoon de Rhodes, seulement c'est un frère plus jeune.
Toutes les autres différences ne sont que les conséquences nor- males, logiques, naturelles de cette première différence d'âge.
Mais c'est surtout dans la comparaison du torse et des membres que Panalogie d'Encélade et du Laocoon devient frappante. J'ai pu indiquer par des lettres les traits qui se ressemblent dans l'un et dans l'autre chef-d'œuvre K
La lettre D indique dans le géant de Pergame une contorsion à droite produite par l'étreinte du serpent qui^ en s'appliquant sur le dos, fait ressortir violemment celte paitie du thorax; il en résulte que le flanc gauche se creuse et se contracte à tel point que l'on croit entendre craquer les os sous la tension violente des muscles. Les mêmes traits se retiouvent dans le Laocoon aux points marqués aussi par les lettres D et F. La lettre E désigne cette cavité de l'abdomen qui suit les convulsions du diaphragme et que l'on a tant admirée dans le Laocoon, comme le siège même de la souffrance horrible qu'il endure. Elle nous frappe aussi à première vue dans le torse d'Encélade. Placez ces deux torses l'un ù côté de l'autre et vous
1. Voir les planches XVI et XVII de la livraison d'octobre.
3-2S nK.YUK Anr.néoLoGiQi'F..
serez èlonnés de liMir nir de parenté. Seuleineiil il faudra tenir compte eneore ici de cilte dilTérenee d'âiït; (|iii donne au torse du (ièant plus d'ëlastieité, {dus de souplesse et d'élégance. D'ailleurs Laocoon étant assis, son torse offre plus de résistance aux étreintes du reptile, il se tient plus droit (jiie c<diii du (îéanl, qui s'incline en tombant. Kn outre, le fait (jue le (iéanl n'est pas une statue libre, mai? un bas-ielief applitiué par le dos au fond de la frise, et la posi- tion des ailes, ont foreé le sculpteur ;\ présenter ce torse en face, tandis que celui du Laocoon se tord davantage vers la droite.
Les analogies des membres sont plus évidentes encore. La cuisse gauche du géant, ipie j'ai désignée par M, s'étend et s'écarte du tronc d'une façon analogue à lacui.sse gauche du Lnocoon, égale- ment indiquée par M. Le bras gauche d'Kncéladc a été entouré h sa naissance par Tanneau du reptile. C'est cet enlacement que j'ai désigné par les lettres N et IL 11 se retrouve en H et N du Laocoon, c'est-à-dire au bras droit du lils aîné, cl en N bis, soit au bras droit du fils cadet. Le même anneau se retrouve en F, au bras droit du Laocoon. Sous la pression du serpent, le bras gauche d'Encélade s'étend en G, la main s'ouvre lentement, les doigts s'écartent, on croit ressentir la crampe qui les saisit. Un effet semblable a dû exister dans le Laocoon à la lettre G, qui désigne la main droite du lils aîné, dont la restauration me paraît exacte. L'ccartement des cuisses est analogue dans le Laocoon et dans le Géant, avec cette différence cependant, qu'Encéladc étant tombé sur un genou, au lieu d'être assis, cet écartement est plus brusque et plus violent chez
lui.
J'ai désigné par K el J le rapprochement soudain de la cuisse et du pied droit d'Encélade, enlacés à la fois par la queue du reptile. En effet, il y a là quchjuc chose d'analogue avec la manière dont la queue du reptile enveloppe l'extrémité de la jambe gauche du Lao- coon au point manjué par la lettre J.
Un effet semblable reparaît en K à la jambe droite du Laocoon.
La queue de l'un des serpents du Laocoon, indiquée par L, est semblable à celle du serpent d'Athéna désignée au.ssi par L.
La morsure cruelle du rei>lile sous l'aisselle, que j'ai désignée par G, est analogue dans le Géant el dans le plus jeune lils du Laocoon.
La chute du bras droit renversé sur la tète n'est pas différente dans Encéladc de ce qu'elle esl^dans le jilus jeune lils du Laocoon, et dans le Laocoon lui-même, aux iioinls inar(|ués A el M.
Celle pose du bras du (iéant vient d'ailleurs conlirmer, d'une
LK LAOCOO.N KT I.K GROUPR D'aTHKNA. 329
façon éclntanle, la restauration qui fait retomber derrière sa lôie le bras du plus jeune des lils du Laocoon.
(Juant aux conlorsions des serpents, le mouvement furieux de la Itîle indiqué par C ', le repli raraetérisliiiue nianiui'; par I, sont autant de points de ressemblance qu'on ne saurait nier.
La lettre 0 désigne dans les deux cliefs-d'œuvrc la tension du grand muscle slerno-cléido-masloïdien, due au renversement de la léte à gauclie.
Le contraste entre les deux parties du corps d'Encéiade, rappro- clié et tordu à droite par la tension du reptile tandis que le côté gaucbe a été comme détendu par la surprise et la douleur, se re- trouve observé et rendu de la même manière dans le corps du Lao- coon.
Dans les enlacements du serpent de la frise il n'y a qu'un point qui ne soit pas absolument identique à ceux des reptiles du Lao- coon; c'est que la naissance du bras droit du Géant n'a pas été en- lacée par le reptile, tandis que dans le groupe du Laocoon les deux bras des personnages sont toujours occupés par les étreintes des serpents, et tout particulièrement le liaul de l'épaule droite du plus jeune des enfants est embrassé par un dernier anneau du monstre. Mais cet enlacement n'eût pas été naturel, ni même possible, dans Encélade, dont le dos est occupé par deux grandes ailes déployées, qui, à leur tour, étaient nécessaires pour établir l'barmonie du groupe, c'est-à-dire pour correspondre, à droite, aux deux grandes ailes de la Victoire que l'on voit à gauclie.
Les cheveux d'Encéiade, qui se détachent par mèches et se tordent comme si la douleur s'était réfugiée jusqu'à leur extrémité, sont traités de la même manière que ceux du Laocoon.
En résumé, il n'y a qu'une seule différence un peu grave dans rexéculion. C'est la manière dont les serpents du Laocoon ont été travaillés. Leurs enlacements sont plus lourds, leurs corps informes, ils n'ont pas d'écaillés.
La dégradation du corps du reptile, qui doit être plus épais au mi- lieu et s'amincir aux extrémités, a été très bien observée dans le ser- pent d'Athéna, tandis que ceux du Laocoon sont pr.esque partout de la même grosseur. Particulièrement le serpent qui suit le dos du Lno-
1. La tète du serpent qui manque dans notre dessin du groupe de Pergamc a c^tô retrouvée depuis l'époq.ic où j'écrivais ces lignes et elle s'adapte bien à celto place.
330 nEvuR AncHeoi.or.iouR.
foon pour le mordro h la Imnclif^ aurait gipm^ h (Mro tnvaillL^ avec autant do soin (|uo relui dWtliôna à la frise do IVrgnmc.
Celle infériorité nous a fiil supposer que le groupe du Valiean n'iMnil pas l'oripinal. ('epend;inl on peut a Imellre aussi que l(>s ar- ticles de Uliodes, tout en s'inspirant «lu groupe de la frise de Per- gaine, n'ont passa s'élever à la même hauteur dans le soin des dé- tails.
Une dernière observation : il y a dnns la manière dont le serpent d'Athéna se jette sur Encélade une rapidité, une fureur, une vie, qucl'iue chose de vigoureux et de naturel, ([u'on ne retrouve pas au même degré dans le Laocoon. Si, à la vue du Laoeoon, nous avons de la peine à nous représenter ce qui a précalé, il n'en est pas de même lorsque nous contemplons Kncélaile. A son aspect, l'esprit saisit à la fois ce qui vient il'avoir lieu et ce qu'i4 voit, le passé et le présent. Il comprend instantanément l'action du reptile, tant elle est naturellement représentée. Nous ne nous arrêtons pas h rédéchir longuement sur ce qui est arrivé ; nous sentons que le reptile s'est rué tout à coup sur sa victime, av.ec une fureur sans égale, qu'il l'a surprise, terrassée, de telle sorte qu'elle succombe avant même d'avoir eu le temps de se reconnaître ou de pousser un cri.
L'effort que l'artiste a dû faire pour trouver cet effet nous trappe donc beaucoup moins que dans le Laocoon. Notre pensée n'est pas sans cesse ramenée vers la personne du sculpteur; plus nous la con- templons, plus la scène nous paraît vivante, et nous n'imaginons pas qu'elle eût pu se pa.^ser autrement dans la réalité.
C'est par là surtout que le Géant de Pergamc est supérieur au Laocoon, qui nous rappelle sans cesse le travail des artistes.
C'est là ce qui m'engage à admettre (]u'il est une œuvre anté- rieure au groupe du Laocoon, Cependant la difricuité de composition que les artistes de Rhodes avaient à résoudic est de telle naluro qu'on ne peut pas affirmer leur infériorité et qu'il faut user de la plus grande prudence dans de tels jugements.
En tout cas, j'espère avoir démontré la nature de l'analogie qui existe entre ces deux chefs-d'œuvre.
Ils sont évidemment sortis de la même école. Ils sont frères par l'expression, par le travail minutieux de l'analomie, par hs contor- sions du torse, par la pose des membres, par les enlacements des reptiles, et surtout par le choix même du moment représenté, la dernière convulsion de la souffrance physicjue prise sur le fait cl cristallisée dans le marbre I
i.\'. (. \onoov l'T i.r r.noL'pR d'atjikna. 331
Lfi (lerninr jirobl^mc .i cx.'iminfir csl celui (Jj In datf respective des deux cliefs-d'œiivic. Il ix'ui so formuler en une f|uesfion : « Le Laocoon a-l-il t'iô crt^é avant ou après la frise de Pergamc?»
Nous rt'pondrnns ceci ; c'est ([n'en admclt.nnl a priori que le l.no- coon a été créé après la frise de Perganio, lo voile (jui couvrait l'ori- gine de ce groupe s'écarte tout à coup lU la façon la plus naturelle.
En effet, la frise de Pergaïuc terminée, elle jouit aussitôt d'une renommée retentissante. La preuve de ce succès c'est (|ue nous con- naissons un sujet cfipié à la fiisc do PcM'gamc, c'est le vieux (Jé;mt d'un bas-ielief du Vatican. Une preuve plus frappante encore de cette faveur est celte petite Gigantomarliie qui a été trouvée dans les fouilles de 1881 et qui reproduit exactement la granile.
La 1,'loire (|ue les sculpteurs de Pergame s'étaient acquise devait engager leur.- émules à travailler des sujcis analogues. Mais, dans la frise de l'aul''! de Zens, ce qui frappe l'œil à première vue c'est le mélange des serpents et des corps humains, et la plus belle inspi- ration de ce monument, celle d'Encélade, représente les dernières secouL^ees de l'agonie d'un homme enlacé par un serpent divin.
Pouvait-on li-ouver un sujet plus analogue à celui-là que le mythe du Laocoon ? La vue de ces reptiles et de ces corps humnins en- chevêtrés ne devail-elle pas évoquer la mort du prêtre de Troie ? Do là vint, peut-élre aussi sous l'influence d'un drame célèbre à celte é[ioque, ce qui paraissait autrefois le plus étrange dans cette créa- tion, c'est-à-dire l'iJée même de représenter un pareil sujet, la com- binaison de trois corps humains et de deux serpents.
CONCLUSION.
Les monuments de l'art, comme les phénomènes de la nature, s'expliquent par une succession de développements, d'évolutions. Ils ont leur histoire. Ils ne sortent pas tout à coup de la pensée des artistes, comme Minerve du cerveau de Jupiter. Us sont généra- lement précédés d'une série d'es?ais et d'elTorts dont le couron- nement est une œuvre qui résume les qualités de toutes les autres. Mais le Laocoon surgissait tout à coup de terre comme un phéno- mène isolé. On se trouvait en présence d'un groupe d'une composi- tion admirable, mais étrange par le choix du sujet, des serpents et des corps humains enlacés, traités avec un réalisme cruel, presque repoussant. Et toutes les investigations sur la liliationde cette œuvre restaient infructueuses. Ni dans les frises, ni dans les peintures sur
332 nKVUK ARCHÉOLOGIQUE.
vases, nulle pari on ne liou>ail une composilion anlérieure analo- gue à celle du Laoïoon.
L'origine (lu I.aocoon nstail une lie ces rnijîines que la pcicnco critique est incapable de résoudre, et l'impression de celle impuis- sance «Mail si pùnible que les arclu'ologues avaienl clierclié une ex- plication en se jelanl dans des hypothèses dont la base môme élail fausse. C'esl ainsi tju'ils vonhiienl rattacher la création du Laocoon à rinduen.'e de la poésie, t^urloul à celle de Virgile.
On se demandait donc autrefois : « Comment celte combinaison de trois corps humains et de deu\ serpents a-t-clle été possible? Où les artistes de Uhodesoat-ils pu tiouverles modèles de telles contor- sions? D'où leur viennent ce réalisme elceltccxacliludescrupuleusc de l'analomie? »
Toutes ces questions restaient sans réponse.
Je crois pouvoir affirmer aujourd'hui que la frise de Pergamc con- tenait tous les modèles nécessaires à la combinaison du groupe du Laocoon, tous les éléments dont il se compose, tous les sujets d'ins- piration, et en ^léniral tout ce (jui pouvait diriger la pensée hu- maine vers une légende pareille.
ADRIIIN WAGNON. Genève, juin 1882.
SCEAUX HITTITES EN TERRE CLITE
APPARTENANT A Al. G. SCilLUMBERGER.
Il y a des modes dans les études historiques, comme en matière d'ameublement ou do toilette. Il y a des engouements qui favorisent et qui servent la recherche, en tournant, .à certains jpurs, tous les yeux d'un mùiiK» côté; ceux-ci se fixent, comme à un signal donné, sur un même point de l'horizon, et ils Unissent ainsi par distinguer ce qui jusqu'alors, perdu dans les ombres du passé, n'avait pas attiré le regard. En ce moment, paimi ceux qui s'intéressent à l'histoire ancienne de l'Orient, la mode est aux llélliéens, Hittites ou Khélas, comme on voudra les appeler.
Après avoir étudié d'abord l'Egypte, puis la Clialdée et l'Assyrie, on s'est aperçu que, pour celte période reculée qui précède l'entrée en scène des Grecs, ni l'Egypte, ni l'Assyrie ne remplissaient h elles seules tout l'espace, dans la région qui s'étend depuisle bassin du Nil jusiju'au Taurus, et de la vallée de l'Euplirale à la Méditerraiiée. On a relevé, dans les textes classiques, certains passages, certaines men- tions (jui, jusqu'alors, n'avaient pas attiré l'attention; mais ce sont surtout les documents hiéroglyphiques et cunéiformes qui ont révélé .l'existence d'un peuple belliqueux et puissant, lequel, pendant plu- sieurs siècles, aurait eu son centre politique d!ins la Haute Syrie, dans la région où sont maintenant les villes d'.\lcp et de llamaih; sa principale place de guerre aurait été Qadech, sur l'Oronle.
Solidement établi dans l'espèce de forleres.-e naturelle, en forme de triangle, que forment, en s'éloignant l'une de l'autre depuis leur point de jonction, les chaînes de l'Amanus et du Taurus, ce peuple, à la fois industrieux et guerrier, parait avoir èten'lu sa domination et fait sentir son indnence d'une part sur le plateau central de l'Asie Mineure et, par moments, jusqu'aux rivages de la mer Egée, d'autre
33i REVUE AUCHÉOLOGIQUE.
part jiisqu':^ la rive droite de l'Kuplirate cl jusque dans h Syrie méridionale, où il rencontra les Ki,'yptiens.
Ce sont li'S doeunicnls l'ijypliens ipii, i-n nous racontant les ha- tùlles livrées autour de 0;»decli par les conquérants thcbains de la dix-neuviéme cl de la vingtième dynastie, nous ont les premiers fait deviner riuiporlance du rôle (jue les Khétas avaient joué en Syrie; les pénibles campagnes dont un épisode très (lraniati(iue nous a été conservé par le poème de Pentaour se terminèrent, au moins pour un temps, par un traité de paix (jui établit enire Uamsés II et le roi des Kliélas une paix coniiue sur un pietl d'ég:ilité et cjmentée par un mariage; mais la lutte recommença plus tard, sous la dynastie suivante. Malgré les victoires dont se vantent les princes égyptiens, la puissance des Ktiélas ne fut pas sérieu^MUcnl entamée, car, ileiix ou trois siéiMes plus tard, nous voyons Saloiuon reclierdier l'alliance de ce môme peuple, et, un peu plus tard, celui-ci lutte avec énergie contre les armées assyriennes. IJans leur constant elToit pour atteindre les plaides de-la mer syrienne, pour raltaclier à leur empire la riche IMiénicie et ces vallées du Liban et du Taurus qui fournissaient des bois de construction si recliercliés, les couiiuéranis niniviies rencon- traient sur leur chemin les lliililes; ils finirent, semble-t-il, itar les écraser et par briser leur force militaire. Vers la même époque, les royaumes de Phrygie cl de Lydie se partageaient l'intérieur de l'Asie Mineure, tandis que les colonies grecques s'en ap[)ropriaient les rivages. Vers le viii" siècle avant notre ère, les Ililliles disparais- sent de l'histoire; leuis descendants, sujets des .^rranils empires qui se succédèrent dans l'Asie antérieure, continuèrent à vivre obscuré- ment dans les vallées de l'Ainanus *.
Si nous ne savions des llèthèi ns de la Haute Syrie que le fait de cette puissance politique et militaire qui h'elTace vers le temps où commence pour nous la chronologie rigoureuse, ils n'auraient droit, dans rhi>loire du monde ancien et de sa civilisation, (|u'à une rapide et sèche mention; c.e qui justifie la curiosité, o:i pourrait presque- dire la passion avec laquelle certainssavants, surtout en Angleterre, s'attachent en ce moment ù rechercher les moindres traces de ce peuple si longtemps oublié, c'est qu'il a été, semble-til, l'inven- leiir d'un des systèmes d'écriture entre lesquels les Grecs ont eu à
î. Ceux qui voudraient étudier en détail l'iiistoirc de ce peuple, telle que nou» la fuul contiultrc lis muuuiiH-nib liitTO|;l}'plii(|ues cl cunéironncs, en trouveront un fort iiitOrcMiant rîhuniù dans un article de M. Vigourom, inlitulô : Las Ilclhécnsde la Bibic (iUiue dis (/uestiuns /iislorii/ues, l" janvier 1B82J.
SCRAL'X HITTITES H.N TIMIRE CUITE. 335
choisir, quand ils ont voulu noter les sons de leur langue. Cet alplia- bet, est-il besoin de le dire, est conçu dans le môme esprit que celui de l'Kgypte et celui de la Cbaldée primitive ; chacun descarac- lères qui le composent est, ou tout au moins a élé dans l'ori^jine, un idéoijramvw, la représentation abiéyéeet convenlioniielie d'un corps célesto, d'un ôtrc vivant ou d'un objet fabri(iu6 de main d'Iiommc. Ces hiéroçjUjpht'x, pour piemlre un mol iiue tuul le monde comprend, sont tout à fait ilislincts de ceux de TK^ypte et de la Clialdée; ils forment, personne aujourd'hui ne le conteste, un système à part, qui a en sa naissance et sa vie indépendante.
Puuniuoi incline-t-on à en attribuer l'iiivenlion aux Ililliles? D'une pari, on sait par les documents égyptiens que les Khéias avaient leurs scribes, et que ceux-ci avaient gravé, dans leur langue, sur une plaiiuc de métal, un des exem[)laires de ce traité, conclu avec Ramsès H, ilont nous possédons encore le texte; c'est le plus ancien acte dipl()iiiali(iue qui nous soit parvenu'. D'autre part, les plus nombreux et les plus étendus des textes écrits avec cessignesonl été Irouvésdans le pays même que nous savons avoir élé le vrai centre de la puissance des Hittites, à Alep, à Ilamalh cl dans les environs. Il y a une (luinzaine d'années, ces monuments étaient encore tout à fait igno- rés, quoi(|ue l'un d'eux, vers le commencement du siècle, eût été vu par Burcbardl. Depuis 1S70, il ne s'est presque point passé d'année sans que quelque texte, ciselé en relief, sur pierre, avec ces mêmes signes, ail élé retrouvé dans ce même district -.
Ce qui ajoute beaucoup à l'intéréL de ClUc ..lécouverte, c'est que, depuis lors, dos signes qui appartiennent évidemment au même système ont élé découverts en dehors des limites du territoire sur lequel a dû s'étendre la domination directe du peuple hittite. On a signalé des inscriptions écrites avec ce mèine caractère, auprès de sculptures taillées dans le roc, sur les points les plus divers de l'Asie Mineure,- en Cappadoce, en Isaurie, et jusqu'en Lydie.
1. Voir Egger, Éludes historiques sur les traités pulilics chez les Grecs et les Romains, 1806, iu-S, Durand, p. 243-252.
2. Sans doute il n'est pas t/t'//iO«<»-c, dans le sens rigoureux du mot; que celte écriture ait ûlé inventée par les Hittites ou môme qu'ils s'en soient servis; cous croyons pourtant qu'il y a bien des vraisemblances en faveur de cotte hypothèse, et M. Hylands nous parait un peu trop sceptique lorsque, en tête du travail que noua citerons plus loin, il écrit ces lignes : » Tliere seeuis to be little or no évidence to prove that the inscriptions aie in any way connectcd witli tiiher ihe Hittites mcn- tioned in the Bible, or ihe Kliela or Kbaui of thj Egyplian and Assyrian ins- criptions, u
336 nEVL'E ARCHÉOLOGIQOE.
Ces liocouvcrtes scniMi'iU bien piouver que, pendant plusieurs siècles, les peuples île In pt-niiisiile, pour (hm ire leurs lanj^ues, n'eu- rent pas d'autre iiistruuiciit. d'autre moyen d'expression qui; celui qu'ils avaient emprunté ;iux Hittites. Il en fut ainsi jus(|u'au mo- ment où le royaume phry^^icn, dont les monuments sul)Sl^lenl encore à re>t do Koutahia, pn^s de Sci'l-i'l-Ghazi, se décida à rompre avec cette traditmn; il atlojita, pour écrire sa lan}:ue, ralplialict hicn plus commode que les IMiéniiicns avaient tiié de récriture égyptienne et qui rcprésonle par un signe particulier chacune des articulations élémentaires de la voix luimainc.
Cependant, si une conjecture qu'a émise M. Saycc vient à élre confirmée par les faits, ce système d'écriture, snus une forme perfec- tionnée, aurait survciu même à la chute de l'empire hittite et à la propagation de l'alphabet phénicien dans tout le bassin de la Médi- terranée. On connaît cet alphabet qui a été employé à Cyprc, jus- qu'au temps des premiers successeurs d'Alexandre, pour écrire le grec; on sait aujourd'hui (]uc les signes dont il se compose ont une valeur phonétique; chacun d'eux représente une syllabe, une con- sonne accompagnée d'une voyelle déterminée. Dillérenls indices donnent lieu de croire qu'avant le temps où les Cypriotes seuls en ont conservé l'usige cet alphabet a été employé sur toutes les côtes de PAsie Mineure; il était en train de faire fortune quand la diffu- sion de Talphabel phénicien, qui est plus commode et plus pratniue, vint en arrêter les progrés. Or, si nous en croyons M. Sayce, c'est aux hiéroglyphes hittites qu'auraient été empruntés les signes de ralphabel dit (ypriotc; on les en aurait tirés en leur assignant une valeur phonétique, comme l'avaient fait les Phéniciens pour les caractères qu'ils avaient empruntés à l'Kgypte.
Nous n'avons pas qualité pour discuter ici celle hypothèse; nous avons tenu à la signaler pour montrer comment, si elle venait à se vérifier, elle fournirait les éléments d'un nouveau chapitre à cette histoire de lécriturc que l'on croyait, il y a quelques années, arrêtée dans ses grandes lignes.
Les lenlalivcs de déchilTrcmcnl dont les textes hittites ont été l'objet de la i^art de MM. Sayce, Hyde Clarke et autres érudils ne paraissent pas avoir prodriil, jusqu'à [irésenl, aucun résultat (|ui ait une valeur scientifique. La difficulté t-st d'autant plus grande cpic, selon toute apparence, ce système; de signes, comme l'alphabet cunéiforme, a dû servir à écrire plusieurs langues 1res diH'érentes; c'est ce dont les auteurs de ces tentatives n'ont pas paru se douter jubqu'ici.
SCF.VUX IIITTITKS EN TF.nRF. CUITR. 337
Comme! C"llc de l'alplinbel cvpriolc, celle énigme aura sans doule un jour sa soliilion. Pour le moment, ce qui importe, c'est de n'-unir le plus grand nomhrc |>ossllile de loxles, soigneusement transcrits. C'est ce (ju'a iiensé l'homme de mérite i|ui dirig(î avec tant de zèle et de goût les publications de la Soc/V7t' ^/V/rc/u'o/o7(V biblique, M. W. Ilai'ry Uylands. Dans la tioisièiiKîpaitiedu loiin' VII des Trtnisacliowi, il a donné une sorte de (-oi-pnsdes insciiplions liillilcs, sous ce titre : Thr inscribcd stonrs froin Jiiahis, Hiimuth, Mfppo,clc. (quatorze pages de texte et dix planches). Les inscriptions sont rc|)roduiles les unes en phototypie, d'après les originaux, les autres d'après des dessins que M. Hyjands en personne a exécutés avec beaucoup de soin; Iors([u'il n'a pu remonter au monument lui-même, il a repro- duit les meilleures copies qu'il aitpu se pi'ocurer. Dans les quelques pages (|ui sont jointes à ces planches, M. Rylands fait, avec beau- coup de simplicité et de précision, l'iiistoriiiuc des découveiles suc- cessives qui ont fait connaître ces monuments, et il énumèrc les prin- cipaux ouvrages el articles auxquels auraient à recourir ceux qui voudraient en aborder l'examen et en tenter le déchiiïremcnt '.
L'exemple de M. Rylands nous a paru bon à suivre; en voyant, il y a quelques mois, à Londres, entre les mains du secrétaire de la Société iVarchéoloijie biblique, les planches du recueil (|u'il préparait, nous avions conçu la pen>ée de publier, à litre de supplément, un certain nombre de sceaux en terre cuite que nous savions appartenir à i>L Gustave Schlumbcrgcr et qui portent, pour la plupart, des caractères appartenant au ménnc système graphique. A notre retour, M. Schiumberger, avec sa libéralité ordinaire, a mis les monuments à notre disposition; il a fait plus; il a bien voulu se charger de sur- veiller rexécution des gravures el de préparer le catalogue descrip- tif de ces petits monuments.
Les sceaux en question ont été acquis par M. Schiumberger, il y a trois ans, à Conslantinople; le marchand qui les lui a vendus assurait qu'ils avaient été apportés de l'intérieur de l'Asie Mineure; on n'a pu avoir d'autres renseignements sur la provenance. A son retour, M. Schiumberger les avait montrés à M. de Longpérier; noire regretté confrère en avait compris tout rintèrèt; il les avait rapprochés des sceaux, aussi en terre cuite, que M. Layard a trouvés
1. 11 y aurait dès maintenant à ajouter à son recueil, outre les pièces que nous publions, une inscription de la Cappadoce récemment signalée par M, Sayce sous ce titre : A ncw Hittite insLiiption discovered at Tyana by W. M. llamsay {The Acadeviij, n° 535, 5 août 1682).
XLIII. — 22
338 flKVUK AnClIKOLOGIOUB.
à Kouiouri'ljik, dans la cliambro dos archives, pt doni liiiil portent des rar.icli'res ijui font pirtio de ce nuMiir .ilpliabel; il les a gardés entre Si's mains jusqu'à sa mort cl pailail souvent de les publier, avec d'autres monuments «cmblables qui lui avaient été commu- nitjués par M. Sorlin-Doriiîny et qui avaient, m'a-l-on dit, été recueillis en Asie Mineure. Mieux que persoinu', M. de I.ongpôricr, grâce à la richissc de sa mémoire et aux rapprocliemcnts qu'elle lui fournissait, aurait pu commenter cl cxidi(iuer ces monuments, et peul-t'lre, comme il l'a fait dans d'autres cludos, trouver une clef qui j'crmlt le décliiiïroment. Nous n'avons pas la présomption d'en- tieprendre celle lâche diflicile; nous ne cherchons, comme M. Uy- lands, qu'à fournir des matériaux.
Les sceaux sonlnu nombre de dix-huit. Nous les reproduisons tous, dans la planche XXIV, avec leur grandeur léelle. lis ont été gravés par M. Dardellc. L'argile en est fine et très dure, d'un jaune as^cz pâle. Le n* 1 est en forme de parallélipipéde ; le même motif se répète sur les quatre faces. Le n° 8 e.-t cylindritiuc cl porte une cmpreinle à chaque extrémité. Le n' 9 est cylindrique cl n'a d'em- prcinle qu'à l'un des bouts. Tous les autres sceaux sont des cônes; l'image est sur la base.
Il ne nous reste, après avoir donné ces indications générales, qu'à présenter la description sommaire de ces objets. Beaucoup des signes qui y figurent sont difficiles à définir; très souvent il est malaisé desavoir ce que le graveur du sceau a voulu représenter.
1. Griffons affrontés, d'untravail très fin, séparés par un objet indé- terminé. L'un des griffons est debout et l'autre accroupi. Cet objet a-t-il même origine que les autres pièces de la collection ? L'absence de signes caractéristiijues rend la chose incertaine. Ce qui nous a décidé à faire figurer ici ce sceau, c'est qu'il parait fait de la môme terre que le reste de la série.
2, 3 et A. Dcuxzones concentriques autour d'un champ circulaire. Dans la bande cxlérieure, ornemenls effacés, dont il ne ri'sle quelque trace que sur le numéro 2. Dans la seconde zone, pctils cônes très allongés, qui rappellent le clou de l'écriture cunéiforme; ils ont leur sommet dirigé vers l'extérieur cl sont disposés syinélri(iuement ; c:itre eux, d'autres cônes plus courts, tournés en sens contraire. Le champ du disque qui fait le milieu de la pièce est occupé par treize signes qui, de l'un à l'autre de ces cachets, se ressemblent assez pour que l'iûsciiplion doive, dans tous les trois, représenter le
SCKAUX HITTITES F.N Tl'HllK Cl ITi:. 339
mCmc loxlo ; mais il y n poiirluihlelégfercsdilTL'rcnccsd'arrangcmonl cl (lo (lossiii; (.'Iles sont assez sciisihli's pour iioiiiKillre (raflirincr que les dois cinpicinlt's soiil sorlii'S d'une inalrict; dilT'- rente. Les treize signes (jiic nous croyons distinguer sont : Quatre astres dont les uns sont |ileinsel les autres radiés; un ohjcl en forme deT lbn(iué de deux petites boules; deux croissants; deux groupes formés de deux baguettes accolées el de longueur inégale, le tout ayant comme une lointaine ressemblance avec un fléau replié; deux Heurs trilobées, (jui occupent toujours le centre du rond; deux groupes qui semblent constitués par la juxtaposition de trois grains de blé.
La disposition générale fait songer à celle du sceau de Tarclion- daros, monument qui offre à la fois une inscription biltite dans le cbamp et une inscription cunéiforme dans la zone extérieure. Ce qui fait la diiïérence, c'est, outre la présence de ce court texte assy- rien, la figure virile qui, sur celte bulle d'argent, remplit le milieu du cbamp". On se demande, en regardant nos trois sceaux, si les cônes de la bande externe ne sont pas une sorte de pasticlie d'une inscription cunéiforme, un trompc-l'œil analogue à ces faux carlouclies égyptiens qui se rencontrent souvent sur les coupes de bronze pliéniciennes.
5. Deux carquois ou poignards dans leur fourreau, que sépare un croissant et qui en supportent un autre. De chaque côté, un serpent,
puis un nouveau carquois. Au-dessus, deux fouets (?). A gauclie, quebiues traits indistincts.
G. Une étoile; deux fleurs; deux mains qui ont l'index étendu ; deux groupes formés chacun de quatre grains de blé ou de quatre bâtonnets.
7. Deux objets que je ne saurais définir. Au-dessous, les doigts d'une main, que le graveur en taille-douce n'a pas bien rendus; une boule; à droite, un oiseau à tête humaine.
8. a. Deux poignards au fourreau; un grand croissant entre deux boules; un t'répied(?); plusieurs traits que je ne saurais délinir.
1. Le sceau de Tarchondaros, dont rauthenliciié a été contestée, n'est plus représentii que par des moulages; l'originel, qui appartenait à M. lovanofT, a disparu. Voir Sayce, dans le t. Vil des Transactions, p, 294, cl Hylands, p!. X.
[i\i) ni.VLF. AIIOIIKOLOGIQI'E.
b. l'n olijel en fornu» île nénu, une oloilo; doux hAlonnots ; une oreille (?).
9. Deux fleurs ; un poignard à iloulile <in\l^\ dans sa g.iinc ; une massui'", un ct"»ne.
10. C'est, ;\ peu de chose prùs, la n^pôlilion du numéro 5. Jo n'y retrouve pas les croissants, mais j'y vois, en plus, deux caractères en forme de H.
11. Deux jiieds humains; une tôle de lion; un croissant; une i;rosse liouli> (jui e.-l l'Ciil-Olre le soleil; cinij boules plus peliles, qui seraient des étoiles.
12. Serpent entre un couteau et un carquois; six boules; quatre cônes accolés deux à deux ; sept grains ou bûtonncts.
13. Une grande croix; deux objets ressemblant ;\ des mouches ailées ou libellules; une croix ansée ;\ pied lerniinr i);ir deux crosses; deux paires de cônes.
li. Un trépied; deux fléaux; une croix; plusi^^urs traits que je no puis délinir.
io. Personnage portant un arc sur l'épaule, vôtu d'une tunique courte, chaussé de souliers à la poulaine, debout sur un lion; dans le champ, un astre radié; deux croix; deux cornes.
La figura principale présente, pour l'attitude, k costnme et la manière dont elle est groupée avec le lion, une analogie frappante avec le type, si fré(iucnt en Asie lliiR'ure, que nous avons trouvé sculpté sur les rochers de la IHérie et que reproduisent les médailles de Tarse'.
IG. Un lion ou un chii>n; un trépied; deux astres radiés; une oreille; un pied hiiinnin.
17. Vil Iréiiicd; deux rameaux (leuris ou deux torches; objet indèteiminé entre les doux branches duquel se trouve un anneui ; dans l'ultérieur du cercle, quatre petites boules.
18. Objet en forme de Iléau; signes (jui ont la forme du A et du
1. Voir fi. Perrol, Exploioti ti anliéolo'jifjuc de la (iilutic, pi. XXWllI, ei/'.l'/ ih- I' {•If. \ti tfure, p. 42, daus les Mémoires d'archéolo'jic el fl'éf)i'jr(i}>liir.
SCEAUX IIITTITf.S RN TKIirU': CLITK. 341
0 îîrccs; pplito boiiK'; ohjcl en funiic de coiniias; |iclilc hr/ulc ; onze bAloniiels.
Le signe qui rappelle le <t> grec se Iroiive iqu'-tô hicn des fois sur les lorliers de la Plôrie; nous avions cru y rcconnallre la capsule de la niaiidraiiore*.
Nous n'ajouterons lien à colle dex'iiption; il nous suffit d'avoir fourni des documents et d'avoir indiiiué au passage (pielques rappro- clicnienls qui s'imposaient. Nous souhaitons vivement (jue M. Sorlin- Dorigny se décide h publier les monuments, semblables à ceux-ci, dont il est, assure-t-on, le détenleur-, on posséderait ainsi de nou- veaux éléments de comparaison et nous pourrions commencer à établir des séries.
G. PERROT.
1. G. Perrot et E. Guillaume, Exploration archéologique de la Galatie^ t. 1, p. 333.
VASES DIALYSOS
LETTUi: A M. ALlii:UT DL'.MONT
I
Permellez-moi, comme introduction nux remarques qui vont sui- vre, sur les vases tllnlysos appartenant au Hiilisli Mu>eum et sur ceux d'un type analogue provenant de .Mycènes, île Spata et de MT'- nidi, de rappeler quelques-uns des traits (jui caractérisent le mieux la plus ancienne poterie grecque.
I. On a eu jusqu'ici l'habitude déconsidérer comme les plus an- ciens les vases couverts de dessins géométriques mêlés quelquefois à des ligures d'animaux qui ont un rôle accessoire. On a trouvé des vases de cette sorte dans l'étage inférieur des lombes du Dipylon ', à Athènes, et au pied de Tacropole, du cAté sud-. De temps en temps on en trouve ailleurs; ainsi le Hritish Muséum en possède plusieurs de Camiros, un de Corfou, probablement, comme on l'a supposé, de la tombe de Ménékralès^ Un spécimen très beau et très grand vient
1. Hirschfeld, Annali delC Inst. archooL, 1872, p. 135. Une iMïlIc Béricdc ces vases appartient Ji Lady Ilutlivcn, à Winton-Caslic, près d'Edimbourg. Elle m'a dit i|u'clle les avait découvert.'* ellc-môaie à Ailiùncs, il y a cinquante ou soixante ans, mais je ne sais pas à quel endroit.
2. Birch, Anr. Pdtery, 2» Wit., p. 183.
3. La tombe de MOnil-krato^ est décrite dans VArch. Zciturtg (t84G, pi. XLVIII) comme contenant, en pént-ral, des vasi-s de style dit gn'co-asiaiique, avec di figuros d'animaux. Il y a au Briii.^li .Muséum plusieurs vases de celte sorie venus de la col- lection Woodiiouso, à Corfou, et on suppose ((u'ils ont été trouvés avec le vase do siyie géométrique dans cette tombe. L'inscription du tomb><au est, je crois, du Diémc caractère que celU-s des pistils aryballes de ce stylo au Brilisli Muséum. Ces aryballes viennont de Conniliu et sont (çravés dai:s les Anunli ihll' Inst, urch., 1802, pi. A. L inscription de Ménékratès est donnée dans lo récent ouvrage de Hoebl, In- inipt. Graca antiQuisstma, n" 342.
VASES d'ialysos. 3-43
de Chypre '. Une nrnemcnl.iiion de ce ijenrc se voit aussi sur des ouvr;ig(.'s iiriiiiilifs de Ijrmizt;*.
II. Il y a s;ins iloiite progrès d.ins l'art quand les figures (Fani- maux et ensuite la ligure humaine finissent par remporter sur les dessins géomélriques et que ceux-ci, réduits n un rôle secondaire, ne servent plus qu'à remplir les vides autour des ligures, emploi qui convient tiiVs bien à ce genre d'orncmentalion. Un bon exemple de ce style est le grand lôbès avec deux lions affrontés, découvert par Burgon à Ailleurs ^ Les petites œnochoés à longs cols trouvées à Phalères sont do la même série.
II a. A celle série, mais formant un groupe spécial, appartiennent un certain nombre de vases de Camiros. Il y a très peu de différence pour le style, les couleurs et la belle qualité de la surface entre le lébès de lUii'gon et une patère deCamii'os représentant une chimère avec des fragments de dessins géométri(iues qui occupent une partie du fond. Nous citerons aussi une grande tasse profonde provenant du même endroit et appartenant au British Muséum. Mais cette tasse diffère du lébès de Burgon en ce qu'elle est dessinée plus librement et que les traits intérieurs aux lignes indiquant les con- tours de la tête et des cuisses du chien sont traces à la pointe, ce qui indique une époque un peu plus récente. Je ferai entrer aussi dans ce groupe les assiclles plaies (pinakes) de Camiros, en remar- quant que, bien que la plupart des dessins soient seulement peints et n'aient pas de traits gravés, il en est cependant autrement dans un ou deux cas, par exemple dans le pinax perlant une ligure de bélier* : les lignes intérieures de la toison y sont mar- quées h la pointe ; de même sur le pinax à figure de Gorgone, les plis du vêlement sont indiqués par des lignes gravées^. Sur tous les vases de cette série les espaces autour îles ligures d'hommes ou d'animaux sont occupés par des fragments d'ornements géométri- ques plus ou moins serrés. Telle est la belle plaqued'Hector etMéné- las combattant sur le corps d'Euphorbe ^
1. Cesnola, C'jprus, pi. XXIX.
2. Conestabile, Due dischi, pi, I-H.
3. Birch l'a gravé dans son Ane. Poltcnj, 2« éd., p. 1S4 h. Salzmaun, Nécropole de Camiros.
5. Salzœann, Nécropole de Camiros,
6. Salimann, Nécropole de Camiros. Je ne sais pas à quelle date Ic« épigra- phistes placent l'inscription de ce vase ; mais je suppose que ce n'est pas plus bas
'.l\\ IIKVIK AhC.lIKOLOGKjUK.
III. Dans celte classe je placerai les vases île Camlrosel d'iiilltMirs qui ililTùient lies précéilenls à deux égards : d'.ibord, landis qu'ils conservent les figures d'animaux, de sphinx, de sirènes et paifois la ligure luimaine comme principal motif d'ornenienlalion, le potier se sert, pour remplir le cliimp, de rosaces très serrées qui lemplacent ici le dessin géomélri|uc ; en second lieu les lignes intérieures sont toujours gravées. Le pinceau csl employé seulement pour étcnilrc les niasses de couleur, taiiilis que dans la précédente séiie(ll a) il ser- vait à tracer les contours, les lignes qui maintenant sont gravées à la pointe el beaucoup d'autres encore. Les peintres des vases de ce style semblent avoir eu un goùl puiiculier pour le pinceau et pour ces lignes hardies.
Ainsi donc, en étudiant des œnochoés, qui ont lanirine forme et, à distance, la même a[iparence générale, on trouve sur les unes des bandes d'animaux et di's dessins géométriiiues, le tout fait au pin- ceau; sur les autres on voit les niônios formes d'animaux, mais le fond est couvert de rosaces ; les contours sont peints, mais avec tous les traits intérieurs gravés '. Au sujet des vases dont le fond est orné de rosaces, on peut observer qu'à lalysos, Myccnes et Spata il a été trouvé un grand nombre de petites rosaces, failes quelquefois d'or léger, mais souvent aussi de verre opaque. Quelle qu'en soit la ma- tière, elles sont percées de trous très fins qui permettaient de les atta- cher à quebiue chose. Quand les rosaces sont en or, il n'y a aucun doule qu'elles n'aient été posées sur des vêlements, el je ne vois pas quelle autre explication on pourrait donner pour celles en verre. Si on a pu supjioser que les dessins géomrlri(}iii'S des va^es les plus anciens sont dérivtjs des dessins textiles des vêlements, nous pou- vons penser aussi ijul- rornementalion des vases plus récents est imitée de ro-aces d'une ornemenlalion de loili-lle'. 11 est tout à fait évi knt que le sydéme de couvrir un vase de rosaces ne peut venu-, en aucune manière, d'un précédent système de décoration puieuienl géométrique; ce ne serait pas, au conlraiie, une expli-
que le commencement du ve* siècle av. J.-C. au plus tard. Lu bran vase do co Blylc est donné dans les Melisc/ic Thonfjcfœisc de Conze, pi. III.
1. De» cxemjtli's des deux séries se voi'iit dans la Nécropole de Ccimiios.
2 Lcvùti ment d"Assourbani|ial, sur une (rbc nuBrilisli Muséum, est pn-sfiuccom- plèlemenicouveridc ro!*aces qui seiiiblent avoir t!té iuiprimics sur rilolTe. La rubaco se rrticoiitrc constamment comme ('■liiment do décoration y\ir les petits ivoires assyriens, élément qui p<ut Ctrc répété en grande quantité. Sométs sur un vêlement, dos rosaces en grand nombre produisent un cflfct peu diflfércnt du ci lui qu'elles font ■ur lc<> vaies.
VASES d'ialysos. 3'i5
cation contraire à la vraisemblance que de regarder les rosaces comme une iiiiilatinn des orneriienls aitarhrs au costume. Sans doute, il peut paraître étrange que des vases de celle série n'aient pas été trouvés à côté des rosaces d'or ou de verre d'ialysos, de Mycènes ou de Spata, mais la seule conclusion nécessaire de celte parliculaiité serait que les peintres de vases n'avaient pas encore commencé à imiter celle forme d'ornement. De ceci, on [lourrail conclure que les vases particuliers à lalysos, My.ènes et Spata sont plus anciens que ceux de style gréco-asiatique trouvés à Camiros et aillcuis. Il n'est cependant pas besoin que l'inlcrvaile ait et.'- grand. Les vases à rosaces sont d'un travail pli;s avancé que ceux à or- nements géométriques dans les parties mécaniques telles que la forme el l'engobe, mais ils sont inférieurs sous le rapportdu dessin, qui est d'un arl plus faible et sans régie. A en juger par l'infériorité du travail et par l'emploi constant de traits intérieurs gravés, nous pouvons penser que ces vases sont d'une date plus récente el ont pu continuer à être fabriqués après le vi* siècle av. J.-C. *.
Il
De ce qui précède on peut peut-être conclure que les vases d'ialysos, Mycèneset Spata et de quelques autres endroits ^ sont plus anciens au moins que la seconde série de vases gréco-asiati(iues qui semblent avoir tiré leur ornementation formée de rosaces de ro- saces réelles en or ou en verre, telles qu'on les trouve dans les lombes d'ialysos, Mycénes, Spata et MéniiJi. Il est difficile de dé- terminer de combien elles sont plus anciennes. D'aljoi d, à lalysos les formes sont quelquefois particulières; la plus caractéristique est celle d'un vase ayant le corps globulaire d'un aryballe; au sommel s'élève un col poslicbe accosté de deux anses. En face de ce col on en voit un véritable, semblable à un goulot. L'iJéeparaîl venir d'une
1, Les petits aryballcs en forme de tûte casquée, commentés par M. Heuzey dans la Gazelle archéologique, 1880, p. 145, pi. XXVIU, peuvent en général être regardés comme de la même époque que le petit aryballe de bronze, de forme et de style dé- coratif identiques du Fitzwilliam Muséum, à Cambridg.^ publié dans le Journal of Hellenic SUirtie^:, II, p. 00. 11 porto pravé ?0102 MAPOEIEN. Comparer aussi l'aryballe sisné ^AMEDE2 EPOESEN publié par de Witte, Bull, de corresp. helU'ii., p. 5ii9et 551.
2. Il y a au Britisli Muséum quatre spécimens qui viennent sans doute d'Atliènes» Deux au moins sont de la colleciijn de lord Elgin. Il y en a deux deCyprc, trois do Crète et un de l'île de Cos.
316 nPIVCE AnCHI^OLOGIQUR.
simpli? nmpliore dont le col est bouclit" cl (jui a un antre co! snr la panse. Il y a \:\ un degré d'invention qui ne peut ôlrc attril)uô à un âge primitif. Los prorédcs techniques de coloration, de vernis cl de dessin ne Irahi^scnt pas non plus un étal grossier de l'art de la po- terie, l'n i:ranil noinhre de vases d'ialysos ont la forme de tasses et sont ornés de zigzags ou d'autres dessins simples. L'un d'eux fait exception, et porte <leux bandes jx-inles pnrallékN. Celle du li.iutcst déi'orée de cygnes (jui s'arraclicnl les plumes; celle du lias, de pois- sons se suivant à l.i lile. D'autres encore ont de puis ornements géométriques, mais de peu d'importance.
Justiu'ici les vases d'ialysos sembleraient avoir une affinité avec la seconde série de vases peints, que nous avons décrite plus haut, quand les formes d'animaux viennent prendre de Timporlancc à côté des dessins géométriiiucs. Ceci est encore plus clair dans un vase de la forme d'un aryballe, sur lequel nous trouvons, alternant avec des zigzags, le dessin de vagues renversées comme sur le lébés de Burgon sus-mentionné et sur une œnochoé du type de Phalères.
Le dessin géométrique le plus fréquent est la spirale, générale- ment très développée et placée librement sur le vase, sans élrc pro- vi'{juée naturellement par aucun autre élément de la décoration ou de la forme du vase.
La spirale est en fait une des phases primitives du système d'or- ncmcntaiion par cercles concentriques qui est si commun dans la poterie de Gypre, où il continue à être en usage jusqu'à des temps très bas'. Trois vases de ce style sont compris dans la série d'ialy- sos, mais leur date ne peut pas être [\\ùe uni(iuemeMt par le fait (luc des vases du môme genre trouvés ailleurs ont été attribués avec cer- titude à une basse époque, puisque le système des cercles a selon toute apparence duré longtemps.
Outre la spirale, on trouve le dessin en forme de tresse, le losange, le damier et les zigzags.
1. M. Newton a vu des vases de ce type d'ornementation trouvés à Cypro avec des objets touclianl à l'époque romaine, sinon de ce temps. M y a au Uritish Mu- icum un vase romain trouvé en Angleterre et sur lequel sont peints des cercles con- centriques appartenant au niCmc système. Dans plusieurs cas, il me semble quo CCS vases ont Lté décorés pour Ctrc tenus couchés sur le côté. Beaucoup d'cntro eux n'ont pas de pied cl doivent Gtre mis sur le côté ; dans ce cas les cercles qui semblent couper le vase en sections verticales s<raient les lipn<s qui entourent la partie la plu» basse de presque tous les anciens vases. Ceci s'applique seulement à des cas simples et non au systùmo complexe trouvé souvent sur les vases cy- priotes.
VASES l/rAI.YSOS. 317
Bien quo les vases d'Ialysos aient une ccrlainc affniilô .iv.;c les vases [)riiaitifs (1(3 la période g('Oin(Jlri(iiic (s(!!ries I-II), ils ont (U nombreuses ^e^selublances aussi avec ceux du slyle gr6co-asiali(iiie le plus Tiiceiit (III). [Jn de ces vas(.'S, de la forme caracl(}risti'|uc des aryballes, a sur l'anse de larges rosaces de forme idenliipje aux ro- saces de verre trouvijes dans les miimes lombes et que nous suppo- sons avoir ôlii l'origine de la dtjcoralion des premiers vases gréco- asiali(iucs. Ainsi on ne peut dire que les rosaces d'Ialysos aient été sans inllucncc aucune sur les vases trouvés dans les mêmes tombes. Sur les vases mentionnés ici, les rosaces sont dessinées très soigneu- sement (le manière à indi(iuer le modelé des feuilles et non pas avec le peu de soin ordinaire des derniers vases gréco-asialiqucs. J'ai trouvé aussi des rosaces semblables sur l'un des trois aryballco Cretois qui olTrent le type de ceux d'Ialysos et qui sont au British Muséum.
Je voudrais aussi attirer l'altenlion sur le fait que les aryballes de la' dernière classe gréc'0-asiati(iue sont souvent orn(!'s par devant d'une figure, spliinx, gorgone ou autre, et que les flancs et le der- rière du vase sont relativement négligés. Tel est le cas des vases d'Ialysos ornés de la seicbc, qu'ils aient soit la forme d'aryballes, soit celle d'une haute coupe. La tête de h seiche est placée juste sur le devant, ses tentacules s'enroulent sur les côtés et s'arrêtent par derrière.
En ce qui concerne la seiche, je puis mentionner ici qu'il y en a une sur le col d'une grande amphore de Camiros, au lîrilish Mu- séum; mais elle est repiésenléc là d'une manière moins décorative et plus naturaliste. Le corps de l'amphore est couvert d'un dessin formé d'écaillcs, sans doute, de poisson comme on en trouve sur des vases d'Ialysos. Il est vrai que sur les vases d'Ialysos il n'y a pas de traits à la pointe et que pour cette raison ils pourraient être considérés comme antérieurs aux vases gréco-asiatiques à lignes gravées. xMais cet argument conviendrait également à une classe de vases de Ca- miros *, tiouvés dans le cimetière de Tikellura, prés Camiros, oùdes vases à figures noires et rouges étaient en grand nombre -. Les vases
1. On en verra des exemples dans Salzmanii, Sécropole de Catniro!.
2. Va vase à fi;;urc d'homme courant a ùié trouvé dans une tombe avec «no kylix à figures noires "lur fond bl me. Le sujet est Hi^rmès penclié sur un rcclier. Une des ampliores à largos volutes (dont Salzmaun donne des exemples dans la Nécropole de Camiroi) a été trouvée avec uac kjlii à figures noires sur fond rouge.
3^8 REVCK AI\CHÉOLOGIQUF,.
ilonl il osl question i-laioiU dos ;imi>lioivs do la couleur claire ordi- naire ; dans iiuclciues cas un lar^'C méandre fait le lour du col ; sur le corps du vase sont peintes de grandes volules; une fois, dans un seul cas, il y a entre CCS volulcs une li|,^ure d'honiiue nu courant, dessinée quelque peu à la manière do Nikoslliônès ; une autre fois on voit un oiseau, une autre fois un ( hioii l( nant un liovre. Sur les anses du vase, il y a parfois un dessin do gramlos fouilles de lierre, et sur l'une d'elles (une potlle amphore) est gravé en grandes lettres M KO. Ces lettres ne peuvent pas être plus anciennes que le milieu du v'siè.loavanlJ. -C.au plus tôt. Un vase exactcmciil de cette es[ èce se voit dans la peinture murale d'une tombe à Tarquinii, el probable- mcnlces vases peuvent être attribués environ à l'an oOO avant J.-G.
Le fait de placer une fii^ure au milieu du va>c cl de laisser le reste plus ou moins inoccupé me semble rappeler bien plutôt le style habituel des vases à figures rouges que les compositions en- combrées des vases à figures noires.
M. Fr. Lonormanl ' a très justement fjit remarquer que les figu- res d'animaux dans la poterie d'Ialysos sont presque toujours celles d'animaux marins, la pourpre et les coquillage^. En outre je ferai observer que les plantes qui se rencontrent le plus fréquemment ont été reconnues par un botaniste, à qui je les ai montrées, comme plantes aquatiques, quoiiiu'il n'ait pu trouver en elles aucun carac- tère spécial au moyen duquel il ait pu les nommei-. Nous avons donc clairement affaire à des créations d'un peuple familier avec la faune el la flore aquatiques vulgaires, soit de la mor, solide l'eau douce. Nous devons remarquer, en même temps, qu'un peuple peut habiter pendant dos siècles le bord de la mer ou ailleurs sans utiliser dans un but artistique des objets placés sous ses yeux, jusqu'à ce qu'une impulsion le dirige de ce côté. La difiicuUé est de trouver l'origine de cette impulsion. Les procédés techniques pour fabriquer et peindre les vases ont dû être acquis d'abord, et en ac(iuérant ces procédés on a dû suivre d'anciens moJèles cl les quitter ensuite. Mais où est le point de départ des deux systèmes ? Probablement il se trouve dans la combinai^^on dos stylos grométrique et gréco- asiatique, et il estdù à un peuple vivant dans l'une des lies grec- ques telles que Uliodos.
Cela est justifié quand on considère les autres aniiquités trouvées avec les vases d'Ialysos. Je ne crois i as que les lombes remontent
1. Dans un arlide do la Gazette archéologique, 1S79, p. 197.
VASES d'ialysos. 3i9
à plus de six conts ans environ avant J.-C. Nous trouvons par exem- ple, une gemme cii-cui;iiro de cri.stal sur bnuelle est gravée la figure d'un taureau debout à côtùd'un palmier. Comme exécution artistique, ce taureau n'est inférieur en rien ù la meilleure ligure de ce genre que j'aie jamais vue sur aucun vase gréco-asialiipie. Il y a aussi nnc petite ligure de femme assise, en ivoire, dans le style des statues des Branchides, et une petite chèvre de bronze qui semble de la môme époque. Sur l'du des ornements de verre on voit un sphinx que je comparerais encore comme style au meilleur des sphinx des vases gréco-asiatiques. Les épées et les couteaux de bronze, trouvés en si grand nombre, sont exactement semblables à ceux de Mycônes. Il est vrai (ju'on a découvert quelques sca- rabées de porcelaine, sur l'un dçs(iuels on a lu le cartouche d'un roi d'Egypte. .Mais je ne vois aucune raison d'être guidé par des productions de ce genre, si souvent fabriquées par des marchands phéniciens, pour déterminer des dates, si ce n'est pour fixer le terme extrême avant lequel les objets n'ont pu être faits. Nous avons un certain nombre de scarabées de Gamiros portant le cartouche de Thothmès III ; mais nous n'avons jamais supposé que ces scarabées, ni les objets trouvés avec eux, aient pu remonter jusqu'à l'époque de ce souverain.
A. s. MURRAY.
Je suis très reconnaissant à M. Murray des remarques critiques qu'il a bien voulu m'adresser au sujet du chapitre m consacré aux vases d'Ialysos, dans les Céramiques de la Grèce propre. Ces remar- ques intéresseront, eroyoïis-nous, les lecteurs de la Revue. On y reconnaît les qualités distinguées d'un savant qui a une très grande habitude des monuments antiques et qui a fait, en les étudiant, une foule d'observations aussi justes qu'ingénieuses et originales. Je soumettrai seulement à M. Murray quelques réflexions.
M. Murray. qui a sous les yeux les vases d'Ialysos et ceux de Ca- miros, ne croit pas qu'ils soient d'une antiquité très différenle. Il est frappé des qualités d'exécution que présente l'ornementation d'Ia- lysos; il y remarque la rosace, qui, il est vrai, ne se voit jus- qu^ci que deux fois, sur le vase n° 8 de notre planche III ' et sur un
1. Cérmnique de la Grèce propre.
330 nrvi'F. An('.iii:(ii.(H-,i(jrr.
oxoniphiire Iroiivè en CnMe ; il faut roconnnfiro qu'elle n'est pas d'un iisaj^e fii-iiueiil, mais que selon tuule vraisemblance on en renconîrera enrorc d'aulies exemples pour des époijues où elle n'o- laii pas devenue un motif général de dèeoraiion.
M. Mui ray est frappe de la forme 0 de la planclic III ; il ne la croit pas très ancienne. Nous avons noté (p. 4'0 (ju'eile existe dans la col- let tien de Saiilorin, et qu'elle se retrouve en K;;yple.
Il observe (lUc le potier d'Iilysos soignait li' devant du vase cl nêiîligeail au contraire la partie opposée, ce qui se voit souvent i\ l'époque gréco-orientale; il trouve dans ce? rnp|>rochoments l'in- dice (|ue les deux i^pocjucs ne sont pas éloigné'.'s. Il y a traccde celte tendance dans la décoration de Santorin, dont tous les autres carac- tères offienl des sujets de raïqirocliemenl si nombreux et souvent une complet.' similitude avec le style d'Iahsos.
M. Murr;iy signale cnlin des objets trouvés à lalysos ; sur une gemme de cristal esl gravé un taureau prés d'un palmier, tr.ivail d'une industrie très avancée ; une petite ligure en ivoire rejirésenle une femme dans le style des Rrancliides ; une petite chèvre de bronze paraît être du même temps ; une {lâte de verre porte un sphinx. Depuis que nous commençons à bien connaître la sculiiture de la Chaldée et de la Habylonie, il faut une grande réserve dans les conjectures que l'on propose sur la date d'anivrcs souvent remar- quables. En Assyrie surtout l'arl a reproduit de bonne heure avec une étonnante vérité les animaux.
Le scarabée d'Aménophis III ne paraît pas à M. Murray être un argument pour fixer une date; il a tout à fait raison; ces sortes d'objelsétaientsouvcnt fabriqués longtemps après l'époque où avaient régné les pharaons dont ils conservaient les noms; nous avons à Camiros des scarabées ornés du cartouche de Thoutmés III ; (juel- ques-uns gardent des traces de dorure, ce qui semble indiquer (|u"ils servaient comme ornements. M. Ileuzey, Catalogue des fx/urincs de terre cuite du Louvre, p. 213, cite un scarabée de Klioufou, le Chéops de la IV'dynastie, trouvé, au témoignage de M.Salzmann, lievue arclicolofjlque, t. VIII, p. 1, dansun tombeau de Camiros dont tout le contenu esl au L' uvre; ce sont des coupes noires, des vases à fond clair avec zones d'animaux et des figurines de terre cuile.
La vérité e>t (juc nous ne possédons aucun document (jui pcrmelle dédire fépofiue exacte ù la(iuelle apparlieiineiil les vases dlalysns; nous ne pouvons délcrminir qu'une dale relative, et eiu-ore bien plutôt pour la jdace qu'occupe ce .••tylc dans l'hisloire générale de la cérami(iue que pour Itl ou tel vase et même pour telle ou telle
VASES d'ialysos. 351
série de vases trouvés clans un lieu pniliculier. Or il est évident que le type d'ialysos appartient au style llural cl marin : à cet égard il n'y '1 aucun doute; c'est là un caractère général qui domine toutes les observations de détail. Kst-il postérieur au siylc de S.intorin? Il ne peut, je crois, y avoir aucun doute; est-il antérieur au style de IMycùncs? La difliculté provient de ce que nous avons un véri- table musée pi'ovenant des fouilles (!(! Mycèncs et seulement quel- ques objets d'ialysos. .M. Murray sait mieux que personne que les signes essentiels du type d'ialysos, la pieuvre et la pourpre, les vé- gétaux aipialiiiues, sont très rares h Camiros, (ju'il est im[)Ossible de les concevoir comme des élémenls du style oriental et géométrique de l'île de Rhodes. Je ne puis citer qu'un seul exemple précis de ces motifs de décoration ;\ Camiros : une amphore du liritisk Muséum porte sur le col la pieuvre ; le reste de la décoration est formé d'é- cailles semblables à celles de la ligure 15, planche III. C'est là un document d'une grande valeur, mais ce n'est qu'une exception.
ALBERT DUMONT.
LES FOUILLES
UB
LINSTITIT ARCllÉOLOGKJLE AMÉRlilAlN
A A S S G S
SECONDE CAMPAGNE. - 1882.
Les rôsultats de la campngne de 18SI h Assos, — rL-sullats qui ont élé publit's el illustrùs par l'Inslilul arclioologiquc aiiiL'ricain, an mois de juin dernier, dans le premier volume des mémoires de ?a série classique, — peuvent être résumés lirièvement comme suit :
i" La démonstralion de l'inexaclilude des travaux de ïexier, en ce qui louche à Assos ;
2° Une étude soigneuse de la topographie, du site cl dos environs de l'ancienne ville:
3" Une restauration sur papier, complète et certaine d.ins tous les déiailsessentiels, du plan ettle l'élévalion 'lu céléKre lemple dorique de Tacropole ;
A" La découverte el l'étude partielle de plusieurs monuments de haut intérêt, pour la connaissance des bûliments municipaux et privés cl des travaux puMics hellénii|ues ;
5" La découverte de plusieurs Mocs entiers cl d'un grand nombre de fragments considérables de l'imporlanle décoraiion sculptée du
temide ;
G° La (lécouverlc de plusieurs inscriplions cl de beaucoup d'anîi- quités de moindre valeur.
La seconde campagne des fouilles a commencé le l"-" mars 1882, cl s'est étendue jusque vers le commencement de décembre. IVii-
l'institut AnCHKOLOGlQUE AMÉRICAIN A ASSOS. 353
dant tout ce temps les travaux ont été poussés avec énergie sous la diroclion du chef de l'expédition, M. Joseph Tliaclier Clarke, et de ses deux aides, MM. liacon et Koldewey. Les résultais de celte se- conde (■aii)paf,Mie [iromeltent de n'être point inférieurs à ceux de l'année passée, il ne sera pas possilde de former un jugement d'en- semlile, même sur ce qui a déjà été fait, avant la publication du se- cond rappoit de M, Clarke.
Le diici'teur de l'expédition n'a pas eu le loisir d'envoyer à Tadministration de llnstilut des comptes rendus très détaillés de ses nouvelles découvertes ; il n'a môme presijue rien dit, jus(ju'à [iré- sent, des menus olijels, des souvenirs précieux de la vie intime et journalière de l'anliijuilé, qui ont été trouvés en grand nombre. Il ne sera pourtant pas inutile, peut-être, de donner dès maintenant un aperçu, si imparfait (|u'il doive nécessairement étie, de ce qui a été accompli par les explorateurs américains à Assos pendant la saison qui vient de finir. J'entreprendrai donc de donner cet aperçu en divisant le sujet par catégories.
1. — ARCHITECTURE.
Temple. — Le célèbre temple d'Assos, si important dans l'histoire de l'arcliileclre hellénique, sera dorénavant l'un des monuments do- riques les mieux connus. H a été trouvé des fragments, du moins, de tous ses éléments architecturaux, les poutres de pierre trans- versales du plafond du péristyle seules exceptées ; et de ces poutres la position et les dimensions sont parfaitement établies.
Théâtre. — Ce monument était encore, vers le commencement de ce siècle, l'un des plus parfaits en son genre. Malheureusement il a bien souiïert depuis lors, ayant servi pendant longtemps comme cariiére de pierres de taille, non seulement pour la faible popul.ition du voisinage, mais peut-être même pour les conslrucieurs de Cons- tantinople. Il en a pourtant échappé assez, grâce surtout aux terres meubles emportées par la pluie sur les pentes de l'acropole, pour rendre facile une restauration. Le plan du xorAov entier est retrouvé ; il est remarquable en ce que son arc est moindre que celui d'un demi-cercle. La disposition, des deux vomitoires est établie, ain.ù que celle de plusieurs constructions accessoires ; et les ruines im- portantes de la scène ont reçu l'attention qu'elles méritent.
XLiv — 23
ooi REVUE ARCHEOLOGIQUE.
Portique. — I.a praiulc ston assiso sur la pi^nle sud de l'acropole, au-dessus du llii'âliv, avait plii<5(le lit nii'iiv- de développeuicnt. Elle prùsenlail laiil de ressemblanco avec la«/o<idu leniple d'Alliènô Polias, à PiTgaine, que M. Clarko n'est pas ('Ini^né de cioiro que les deux i)orli(|ues oui élé eonstruils par W nu^nie arcliilecle. L'or- nemenlaliou sculi)lôe de celui d'Assos esl de beaucoup plus >imple que celle de l'aulre, le rude traclivle d'Assos ^'lanl Iden moins pro- pre j recevoir une décoration en relief (jue le beau calcaire de Per- game. Kn tous cas, le portique d'Assos doit ùlre une création des rois de Pergame, dont l'aulorité fut reconnue a Assos entre :'il et i'l3 avant J.-C. — La stoa comprenait deux étages de colonnes d'ordre dorique, dont celles d'en bas avaient deux fois la liauleur de celles de la seconde rangée, qui étaient pourvues de bases. Les chapiteaux étaient bas et maigres. Entre les colonnes de chacun des étages étaient établies ù hauteur d'appui des dalles sans ortieiiient. Il ne paraît pas qu'il y ait eu des triglyplies sur la frise. En somme, le portique d'Assos était quelque |)eu plus élancé que celui de Pergame ; mais ce dernier était de proportions plus gracieuses cl d'exécution plus élégante.
Slî'le. dorique. — Sur la voie sacrée il a élé découvert une stèle ar- chaïque dans la forme d'une colonne dorique. Elle posséJe une base et ressemble beaucoup aux piliers « proio-doriques » do Béni- Hassan. Le docteur Fr. von Rcber trouve dans celte stèle, dont un dessin lui a élé communiqué, un appui à sa théorie que la colonne dorifjue élail pourvue il l'origine d'une base, et que ce memlire ne fut retranché (jue lorsque l'emploi de la pierre au lieu du bois dans les pallies hautes du bAtinicnt rendit nécessaire le rap[irochcmeut des colonnes et ht des bases un obstacle à la circulation.
Murs. — L'importance des forliQcalions d'Assos est reconnue de- puis longtemps. Les chapitres du compte rendu de M. Clarkc qui lrait(Monl d'elles seront ciTlainemcnt une des conlrihutioiis les plus inqportantes à notre connaissance do l'arrhitecture militaire hellé- nique. Les murs de la ville sont de plusieurs époques, mais cons- truits partout avec le plus grand soin. Il y a un revêtement magnilique en pierres de taille à l'extérieur et à l'intérieur; l'intervalle était comblé de terre ballue cl île pierres. Les murs sont garnis de tours formidables, dont la plupart sont carrées, mais une du moins a la forme d'un demi-cercle. Les portes de la ville sont de plusieurs genres ; les poternes sont surtout intéressantes. Il y en a qui sont
l/iVSTITUT AnCnKOLOGIQDR AMF^niCAlN A ASSOS. 355
fL'rm(''fis fin haut par un liiiloau soutenu par dos corbeaux ; il y en a il'aiilrcs (|ui ont la formo d'un arc on liorccau; niais rare, au lieu d'ôlre appareillé, est taillé dans les assises lioriznntales du mur. Une grande partie de cette belle enceinte est toujours pres(jue en [laifait étal. Il lui Miau(|uo soulcuienl il(!u\ ou trois des assises d'en liaul, qui ont été jetées bas [»ar la main de l'homme.
Momimi'nt^^ rlivcrs. — Il snfflrn do monlionner à tilre d'invontaire le gymnase, les thermes, et tant d'autres monuments de la vie pu!ili(iue et privée de ranti(|ue cilé, sans oublier le beau pont hellé- niijuo, qui ont occupé l'oxpédilion pendant cette année. Les monu- monls seront lous décrits dans le prochain rapport. Je dirai pourtant ici (lue le savant professeur Jehb, de l'université de Glasgow, qui a visité Assos dernièrement, ne craint pas de comparer favorablement les ruines de celle ville, pour l'étude de la vie des anciens, môme avec celles de Pompéi.
II. — MONUMENTS FUNÉRAIRES.
La voie sacrée d'Assos, qui suit les contours des murs pendant une certaine distance avant de se séparer finalement de la ville, était depuis les temps les plus reculés le principal cimetière des liabitanls. Elle est bordée des deux côtés par une longue file de tom- beaux de famille ou de parliculiers, d'exèdres, de terrasses, et de arcophages plus ou moins monumentaux. Les tombeaux les plus anciens sont rangés régulièrement l'un à la suite de l'autre. Plus lard, quand lous les emplacements les plus recherchés, — ceux les plus près de la ville, — étaient déjà occupés, on commença à poser les sarcophages, sans ordre, partout où il y avait de la place libre pour les recevoir : sur les marches des exèdres, entre et même contre les vieux tombeaux, et quelquefois au milieu du chemin. Pres(|ue tous les'sarcophagcs avaient été brisés et pillés depuis longtemps; mais l'expédition en a trouvé intacts quelques-uns des plus humbles. Dans un de ces sarcophages elle a retrouvé, parmi les cendres do l'ancien occupant, ses deux slrigiles en fer avec quelques restes de leurs manches de l)ois, les aryballcs qui ont contenu sa provision d'huile, et la pièce de monnaie qui devait satisfaire aux prétentions du vieux batelier Gharon. — M. Glarkc nous promet à propos de quelques-uns des monuments de la voie sacrée une élude impor-
3.% REVL'E ARCriKOLOGIQUE.
Imite nyanl rapport à l'origine tant disputée des Tombeaux des Kois près de Jérusalem.
I.a voie sacrée esl pavée sur une certaine étendue de gros blocs irréguliers de pierre formant une chaussée (jui ressemble assez à celle des rues de l'ompéi.
m. — SCULPTURE.
Temple. — Il a été découvert cet élé un nouveau prand bloc de répi>l\le sculpté du temple. Sur ce bloc, (|ui est dans un bon élal de conservation, sont représenlés quatre centaures, non plus du type très archaïque de ceux du grand relief de ré[)islyle découvert l'année passée, (jui ont les jambes de devant de forme humaine et Seulement celles de derrière du cheval, mais du type ordinaire, et pareils aux centaures sur les sculptures d'Assos au Louvie. Ce relief porte à neuf le nombre des reliefs comi)lets de l'épistyle et des mé- topes du lempb; découverts par l'expédition américaine. Il a été trouvé, aussi, le fragment qui man(iuail toujours au grand relief représentant deux sphinx en face l'un de l'autre, dont la moitié en- viron est au Louvre, et dont un premier fragment était retrouvé l'année passée. Les archéologues alleinands lapproclient avec raison les belles télés de ces sphinx de celles de monuments comme l'Apol- lon de Ténéa.
Provenances diverses. — Il n'a été trouvé jusqu'à présent qu'un nombre relativement restreint de sculptiin.'S en calcaire ou en marbre. L'explication de ce fait n'est que trop évidente; les traces de fours à chaux sont fréquentes dans l'enceinle. Nous avons pour- tant reçu des photographies de plusieurs têtes de st itues, malheu- reusement toutes, je crois, détachées. Ces létes sont pres(jiies toutes d'une époque très basse. Il y en a (jui ressemblent beaucoup à ipiel- qucs-uiMS de la série de bustes de cosmèles publiée dans le lUillctin de correspondance hcUc nique.
IV. - CI-t\AMIQUE.
Prés de la voie sacrée, il a été remis au jour un dépôt considé- rable de vases archaitjues, dont beaucoup des plus petits, surloul, .sont intacLs. La décoration do ces poteries n'est pas très riche; le
l'institut AnrUKOLOGIQUE AMF.nirAlN A ASSO"?. 357
plus prnnil nnmhro en sont d'un roupo uni, nu hion recouvorlcs d'un vernis noir lisse. Les formes, iiourl.inl, en sont trùs variées et très élégantes. On y reconnaît celles connues sous les noms de bombylios, oxybii'lion, kélébé, slamnos, liydria, •■•noclioé, knnlliaros, arvhallos, et ilauli't's encore. Outre ce déiioi, l'expédition a trouvé houcoup d'autres vases dont plusieurs sont mieux pourvus en matière de décoration; mais le temps a manipié ju><iu'à présent pour les dé- crire,
]| a été trouvé une grande quantité do figurines on terre cuite, cnlièrps nu liriséis. Pluôieurs do ces figurines proviennent peut-être d'un llép(^t d'objets de rebut fait par les prêtres de (judijuc temple. Parmi les pbotographies qui ont été envoyées d'Assos, on voit un certain nombre décos figurinc^^, dont plusieurs sont d'un iris grand style, et auraient pu tout aussi bien être recueillies à Tanagre ou à Cyrénc. Sur une des pholograpbies, deux figures de femmes drapées se font surtout remanjuer. Klles sont d'une très lionne époque et parlaiiemenl conservées. Sur la même pbotographie se voit une Astarté pbénicienne pareille à plusieurs trouvées en Chypre par le gé- néral di Cesnola, et doux dopas amphilnjpellon homériques du type de la coupe que tient la ligure derrière Ib-raklés dans le grand relief d'HérakIés chassant les centaures, quia été découvert l'année passée.
V. — LNSCRIPirONS.
La liste complète des inscriptions trouvées pendant cette cam- pagne n'est pas encore entre les mains de l'Institut archéologique. Nous savons dès aujourd'hui, cependant, qu'il y en a plusieurs de très importantes. Une de ces inscriptions renferme les ordonnances municipales pour la police de l'agora, et le règlement îles poids et mesui'cs ; une seconde nous parle du temple d'Athéné Polias à Assos, et nous donne de nouveaux et importants détails sur le gouverne- ment de la ville. Une autre inscription nous apprend qu'un piédestal m-issif de marbre sur la terrasse devant la grande stoa portait jadis une statue de l'empereur Constantius, fils de Constantin le Grand. — Il y a beaucoup d'inscriptions romaines, surtout des épitaphes.
VI. — OBJETS DIVERS.
Parmi les objets très nombreux ayant rapport à la vie de tous les jours qui ont été retrouves, et qui seront décrits plus tard, il faut
358 nRVCR AncHÉOLoniouR.
sigimlor îles clefs liclléiii(|ues cl un second élalon de mesures liijui les, plus jieliU'l rcnfcriiiaul luoins de creux que celui (|ui fut recueilli en 18SI. il a été réuni un assez grand nombre de monnaies, presque toutes des orapcreui-s romains ou bvznnlins.
Nous avions espéré que les fouilles d'Assos se termineraient ccllo année; mais il restait tant ;\ faire que cet e.<poir n'a jias pu se réa- liser. L'étude des ouviviges militaires de la \iA<\ qui sont parmi les plus considérables que lanliquilè grecque nous a laissés, est surtout loin d'être complète. 1/Inslilut archénlo^'Kjue a jui réunir la somme nécessaire pour acliever son exploration, (jui se poursuivi a aussitôt que le printemps se déclarera de nouveau dans le nord de la mer Égéc.
TFIOMAS \V. LL'DLOW. a CoUagc Lawn «, Yonkcrs, New-York, 30 dcccmbre 1882.
NOTE
Sun LES
SILEX DU TERRAIN TERTIAIRE DE TIIENAY
(LOm-ET-CIIER)
Le terrain tertiaire miocène des environs de Thonay (Loir-et- Cher) rcnfi.'rmc des amas de silex engagés dans une marne feuilletée et constiliianl une couche de O"',()0 d'épaisseur, située à 4", 83 au-des- sous de la surface du sol. Parmi eus silex, pour la plupart à formes arrondies et de dimensions inégales, M. l'abbé Bourgeois a, le pre- mier, signalé quelques échantillons brisés en éclats de diverses grosseurs et présentant, sur une de leurs arêtes, de petites échan- crures ou retailles (jue plusieurs archéologues attribuent au travail de l'homme. On a également émis l'opinion que l'état fragmentaire de ces silex serait dû à l'action du feu.
Dans le cours de l'année 1873, iM. Abel Maître, attaché au musée archéologique de Saint-Germain-en-Laye, étant allé visiter le gise- ment de Thcnay, y a recueilli, en place, de nombreux échantillons de ces silex et a bien voulu m'en conlier quelques-uns pour en faire l'examen.
Avant d'exposer le résultat des essais auxquels je les ai soumis, je ferai remarquer que l'élat fragmentaire des silex peut élre attri- bué à diverses causes indépendantes de Taclion de l'homme. Je vais en indiquer quelques-unes.
1° Une masse rocheuse tombant d'un point élevé et à pic sur un sol parsemé de silex doit en briser un certain nombre, et c'est ce qu'on observe actuellement aux pied des falaises crayeuses des côîes de la Manche. Les silex qui se détachent des couches supérieures, se brisent aussi en tombant sur les galets de la plage.
360 RFVUE ARCIIF.OLOr.lOUK.
2«» Une pro<:sicn plu^ ou moins forte exeivée p.ir une roche mns- sivc ?e dt'pbç.iiit par. suite (l'un mouvement du sol et venan; s'.ip- puyer sur des silex. Ceux-ci peuvent suliir alors des ébrécliures sur leurs vivi s ari^les après avoir éiù brises.
3* L'action su* cessive des pelùes ri des d<^}^els.
4* L'e'nbrascment de foriMs ou de hautes herbes sur un terrain parsemé de silex. Le feu peut s'y allumer sans rintcrverilion de l'homme, cl par les seuls elT-ts de la foudre.
On sait que les silex, comme les aj^j.iles et les jaspes, .sont essen- tiellement formés de silice amorphe. Pour avoir (lénêtré dans les fissures et le.s espaces vides de la craie, pour s'être moulée si exarlc- menlà l'intérieur des coquilles et s'être substituée avec tant de per- fection au ti>su des végétiux qu'on trouve pétriliésilans les ti'rrains sédimentaircs, il a fallu que cette matière minérale fût amenée d'abord à l'état de fluidité aqueuse, sous l'influence d'un dis- solvanl.
A cet état (luiile, In silire a dil cntrnîner et cnalolicr avec elle diverses matières argileuses, végétales ou animales, acridenlcile- mcnl renfermées dans le liquide qui la tenait en dissolution; cl c'est à la présence de ces matières qu'on doit attribuer la diversité d'aspect que présentent les silex. Les conditions particulières de pression et de teraptratuie qui ont accompagné leur formation ont exercé encore une certaine iniluence sur leurs propriétés physiques. On observe en effet sur les sib-x toutes les variétés de coloration. Qielques-uns montrent une cassure lisse et comme vitreuse; sur d'autres elle est terne et esquilleuse. Il en est qui résistent long- temps à l'action des intem[iéries ; d'autres, au contraire, y subis- sent une rapide altération et se recouvrent d'une croûte terreuse et opaque, que l'on a désignée sous le nom de patine. Exposés à l'ac- tion d'une chaleur de 300 ù ;U0 degrés, quelques-uns décrépilent fortement et se brisent en éclats, tandis que d'autres se fendillent à peine, sans décrépiter, et prennent une teinte rougeâtre.
Lors(iu'on calcine les silex à une haute température (celle du rouge orangé, par exemple), leur traiislucidité disparaît, ils blan- chissent et prennent l'aspect du biscuit de [lorcelaine.
Pour rechercher si les silex de Thenay avaient déjà subi l'action du feu, j'en ai soumis plusieurs échantillons ù l'action successive de températures de plus en plus élevées, en partant de celle de 2i0 degrés centigrailes, et pendant un temps détermine.
Exposés à cette température pendant quelques heures, les silex
SILEX DU TERRAIN TERTIAIRE DE TOENAV. 361
n'ont pas subi de cliangomcnls dans leur aspect et n'ont rien perdu de leur [loids.
A 320 degrt^s ilsnnt dr-rrôpiti"; on se fimdilhnt cl bissant dégajjcr une faible proportion d'eau, (^eux dont la couleur était blonde ou un piMi brune ont pris des teintes variant entre le rose pAle et le rougit s'jii^Miin. Os teintes se conservent apn';s le complet refioidis- sement. La translucidité de ces silex n'est pas encore détruite par ce digré de clialeur.
A la température du rouge sombre, la proportion d'eiu dégagée s'clùvc encore en peu, la translucidiic diminue, mais les teintes roses ou rouges se maintiennent encore.
Au rouge orangé, la perte produite par le dégagement de l'eau et par la destruction desuiatières comtiusiibles retenues dans la masse siliceuses'élôve, selon les échantillons, à des proportions qui varient entre 4 et 10 niilligrammes par gramme. La silice calcinée a perdu alors sa translucidilé, a blanclii en prenant l'aspect du biscuit de porcelaine.
Des elTets semblables se sont montrés sur divers érhantilions pro- venant des départements de l'Aisne, du Calvados et de Seine-et- Marne, recueillis sur des las de silex brisés par les cantonniers, pour servir à l'empierrement des routes. Ces derniers ne m'ont lais.sc voir, dans leurs propriétés pbysiques, aucune différence no- table avec ceux de Tbenay.
Il me paraît résulter de ce qui précèle que les silex de Tbenay, dans les temps préhistoriques, n'avaient pas subi l'action du feu : car s'ils avaient alors été exposés à une température n'excédant pas celle du rouge sombre, ils devraient montrer encore les teintes rou- geâires qui se développent par cette faible calcination; et s'ils avaient été chauffésassez fortement pour que ces teintes rouges eussent disparu, ils auraient alors perdu la translucidité que nous leur voyons encore.
Il convient de faire observer ici que dans les terrains renfermant des silex, à l'état brut, et qui évidemment n'ont jamais s ibi l'action du feu, on en rencontre aussi quelques-uns montrant une couleur rouge plus ou moins foncée. Il s'en trouve de pareils dans le gise- ment de Tbenay. Mais ces silex rouges décrépitent au feu, laissent dégager un peu d'eau, comme ceux de couleur difiérente , puis ils perdent leur translucidilé et deviennent blancs à la température du rouge orangé.
La teinte rouge observée sur certaines variétés de silex n'est donc pas un indice certain de l'action du feu, mais quand un échan-
302 nrvDF, archi^ologioup..
lillon de roulour blon^K» ou l>runAlro prend une teinlc roupc par suit'.' de raclion d'une chaleur de 3i0 à UJO di'gri-s, il y a toul lieu d'admillre que jusqu'alors il n'avait pas encore élè cliauiït_\
Quant aux ôNrcV'liures ou retailles que l'on présume avoir élu inlentionneliement elTeeluées, soit par des liomiues de l'époque géologique lerllaire, soit par quelque animal intelligent, il me semide qu'elles pourraient s'expliquer naturellement par l'efTet d'une simple pression exercée sur les Itords tranchants des silex, par les galets ou par les roches dont ils étaient environnés.
Des observations (jui précèdent, je suis amené à conclure ipie les silex de Thenav n'ont pas subi Taction du feu, et (jue leur état frag- mentaire peut être attribué à toute autre cause <iu'à l'action de l'homme.
A. DAMOUn.
BULLETIN MENSUEL
DE I/ACAI)1:M1 E DES INSCRIPTIONS
MOIS DF. NOVF.MDIIE.
M. lleuzoy communique uq travail sur les figurines de terre cuite du musée du Louvre. Ce travail doit servir d'iulroduclion cl de conclusion au catalogue de celle série. L'habile conservateur du musée des anti- quités orientales y démontre avec clarté l'origine orientale de 1 inJuslrie de ces terres cuites. Tous ceux qui s'intéressent à l'histoire de l'art liront cette introduction avec le plus grand profil. L'élégance du style donne à celle élude technique un attrait loul iiarliculier.
M. Lrnest Dcsjardins annonce qu'il a examiné l'inscription donll'eslam- page a été envoyé par M. de Laigne. 11 estime que cette inscription sur plaque de plomb est fausse.
M. Cuq est admis à communiquer une élude historique sur le conseil privé des empereurs romains. M. Cuq, professeur de droit à la faculté de Bordeaux, pense que le conseil de nos rois est un reste de la tradition impériale.
M, Ulrnest Renan présente à l'Académie la photographie d'un fragment de sculpture et d'inscription découvert à Edcsse et qui doit arriver sous peu au iimsée de Sainte-Irène à Conslantinople. L'envoi de celte photo- graphie est dû à M. Salomon Reioach, membre de l'Ecole franijaise d'Alhéues. D'un côté, un buste ; de l'autre, l'extrémilé dune inscrip- tion où se lisent les mois : de notre Seigneur et adorable ....
d'Edesse. Les mots de notre seigneur... et adorable ne peuvent s'appli- quer qu'au Christ. M. Renan conjedure que l'inscription complète pouvait être la copie de la lettre de noire seigneur Jésus écrile i Abgar roi d'Edesse. Procope parle en effet d'une prétendue lettre du Christ au roi Abgar. Celle lettre serait devenue une espèce de palladium pour la ville d'Edesse. 11 est probal)Ie que l'inscription élail entre doux bustes, le buste du Christ et celui du roi.
M. Egger fait observer que le buste pourrait être simplement le buste
364 RFvcE Annn^.ot.or.iorR.
d'un personnage autre qm* le Christ ou le roi Abgar, personnage que la letlre talismauique rliil d.>>tiiu^<' ;\ prolt^per.
M. Bonoist, professeur à la farult»^ des le Ire-- do Paris, commeiire la licliire d'une rluie iu'.ituli'e : D !'i)itriAil<itio<t (/«'«vj a cru rcconnaitre dans Ilirace.
M. J. Oppeil comniuiiiqiK" iiiii> uoii' sur la plus ancienne dale de l'em- pire de Chald(^e. Ce'le dale placerail le rt'-une du roi Narani-Sjn, flls di' Sargon i", entre 37(iO et ^'«On ans avant J^sus-Chrisl. Celle ins- cription, conservt^e au Hritish Muséum, a iHé 8ignal(?e et ex[iliquée par
M. Pinclios.
M. Wallon, secrtMaire prr i-t'iel, annonce que M. I.efeljvre-neumier h'^gue à rAcadéniie des iuscriplii>ns et à l'Académie des sciences morales et politiques nue rente de 4,000 francs, de-tinôe à fuu'Ier un prix quin- quennal de 20,000 francs, qui sera déceriu'^ ;\ tour de rôle par rhniiuc Acad«îmie. Ce pri\ r.^compenjcra l'auteur d'un ouvrage surir, mytho- logie, 1(1 phil'jS'iphie, les religions comparées. Les auteurs élranj^ers dont les écrits auront été traduits en fran<;ais pourront prendre p.irt au con- cours. Ajoutons que les deu\ Académies n'auront la di>pn<i(ion de cette rente que quinze ans après le décès du t<^statfur, en sorie que l'Aca- démie des sciences morales ne décernera le prix que dans vingt ans d'ici, et l'Académie des inscriptions dans \ingt-cinq.
Il-Y.
SOCIÉTÉ NATIONALE
DES ANTIQUAIRES DE FRANGE
PRÉSIDENCE DE M. G. PEIUIOT.
SÉAN'GE DU C DÉCEMBRE.
La Société constitue son bureau pour 1883. Sont élus : prûsidenf, M. Duplcssis; vice-présidents, MM. Deniay et Edmond Guillaume; secré- taire, M. Mûniz.
M. Mowat communique les dessins envoyés par M. Decombc, d'épées et de boucles en bronze trouvées à Rennes dans un ancien lit de la Vilaine.
M. Courajod présente le moulage d'un masque en marbre du xv'' siècle, conservé au musée de l'hôpital de Villeneuve-lés-Avignon. Ce masque, plat par derrière, de manière à pouvoir être posé sur un coussin ou adapté à une coillure, représente le visage d'une jeune fille. M. Courajol y retrouve de grandes analogies de facture avec un buste de femme in- connue du Louvre, un aulre appartenant à M. G. Dreyfus, un troisième conservé au musée d'Ambnis à Vienne, celui de Baltisla Sforza au Har- gello di^- Florence et deux de Marii-tia Strozzi, dont l'un est au Musée de Berlin et l'autre chez M. CastcUani à Home. Il reconnaît dans les regards puliciuemcnl baissés et comme endoimis, dans les yeux en lou- lisse, dans la construction chinoise des paupières, des particularités de technique provenant d'une interprétation fantaisiste et individuelle, et décelant une individualité artistique dont on peut dès à présent marquer la place dans le xv' siècle italien, sans être encore en état de lui assigner un nom.
M. Heuzoy remarque que l'obliquité des yeux dans les œuvres de l'art grec primitif lient pareillement à des traditions d'école ; il cite à ce sujet un passage de son catalogue des (erres cuites antiques du Louvre, dont le premier volume sera procbaiiicment publié.
M. Flouest présente des clous trouvés dans les ruines deVertillum (Côte-
3CC nF.viT. Anr.nnoLoniQCR.
d'Or), et iMonnamnicnl consrrvés. puisqu'ils provicnnont de maisons cun- sumiH'S par un fou violenl : d*api(Sli's expériences de M. Caillelel, la pi.- Ecrvalion du nuHnl csl due à la pellicule d'o\ydc majjnélique qui bVsi formi^o à 51 surface.
SÈAN'CL DU 13 DÊCFMBnK.
M. do NYîilc commence la lecture d'un mt'mniro sur la conquCte de la Gaule méiidionalc par les Uomains ; il explique les services que les Mas- saliùlcs reudironl à la poliliquc romaine, reconstitue les évt'iicmenls do Tannée l'Jl a\nnt Ji^suf-Clirisl, cl fixe les ('aies de la bnlaille de Vindi^lium, gagni^e pr«is des bords do laSorgues par le proconsul C. Dùmilius Alu^no- barlius sur le roi arvernc !U:uiliis cl les Allobropes, cl de celle, plus im- porlanle encore, <lans laquelle le consul 0- Kubitis Maximus tailla en pièces une seconde armée de ce roi, au conlluciil du Uhône et de ris('Te ; à la suite de colle dc^faile Hiluiuis so rendit piisonulcr cl fltjura sur son char d'aigenl dans le triomphe de Fabius.
M. llysse Hoberl pri^scnle une suite de photographies des tombeaux des comtes d'Ku, exécutées au moyen d'une lampe au magnésium par M. de Kcrmangant. Il montre ensuite le fac-similé d'un sceau de Jean Priorat, deHesançon, rimeur do la fin du xm" siècle, qui a traduit Négoce en vers sous le litre de « l'Abrejance de l'ordre de chevalerie». Le sceau de Priorat csl appondu à une quittance donnée en 1280, d'une indemnité de quiiiZ'' livres reçue par lui en vin de Grosson, comme dédommagement de la perle d'un cheval de guerre dans la campagne qu'il avait faite en Aragon à la suite du comte de Bourgogne Olhou IV.
SÈANCl-: DU 20 Dl'iCEMDnr.
M. de ^Villc termine la lecture de son mémoire sur la conquCto de la Gaule méridionale par les Ilomains. Heconnaissanl, avec Ch. Lcnormanf. que les vaincus représentés sur l'arc d'Orange sont les Gaulois, et, avec M. A. Bertrand, que parmi les vainqueurs figurent des guerriers munis dccnémides qui ne peuvent Ctre que des Massaliètcs, il établit que ce monument a été érigé en comménioralion dos victoires remportées en 121 par Fabius Maximus cl Homitius Ahénobarbus sur les Ai voriios ot les Allobroges. Il admet d'ailleurs conimc pos^ible que l'arc n'ait point été terminé alors, et qu'il ait été achevé et dédié plus tard par Tibère, après la compression de la révolte de Florus cl de Saciovir. Ainsi se jusiilierail Il Institution de l'inscription dédicatoire ([uc M. do Saulcy a tentée d'après la place des clous qui lixaienl les lettres de bronze aujourd'hui dis- parues.
.M. de NVitic reconnaît égairment un monument de ces victoires dans le lypo du revers de plusieurs pièces romaines, où l'on voit, sur un char
SOCIKTI-: NATIONALE DRS ANTIQUAIRES DE FRANCE. 307
lancé au galop, un homme nu brandissant une lance à long fer et tenant la carny\ (tiomptiUo gauloiso à enltouchure en forrno do ICte d'anim.il). Ce peisonnago, que l'on a pris jusijuVi iiri'senl pour Mars, lui parait Olro le roi des Arvcrnos, iUluilus, sur son char d'argent.
M. Muwat défend, d'après un passage des Chroniques de Limoges, l'nu- thenlicilé d'une ylalue en pierre Irouvcc à Luxeuil, di-lruiie pendant la Itévoliilion, cl qui n'est plus connue que par le recueil d»; Caylus. Cotte sta- tue, de hasi^e (''poque et iK' travail gro.-sier, représentait un cavalier armé à la romaine, dont le chcvul posait un pied sur la tûle d'un homme ren- versé à terre. Les Chroniques de Limoges prouvent qu'il a existé dans cette ville un monument srinhlable, confirmant par suite l'antiquité de Celui de Luxeuil, et donnent l'explicalion de l'un et de l'autre. Ils auraient représenté Constantin faisant, dans la bataille où il vainquit Licinius, passer son cheval sur le corps de Callus llannihalianus, ancien légat d'Aquitaine, alors passé au service de son rival.
M. de Barthélémy lit une note de M. Ilupin, associé correspondant de la Société, sur une cuve baptismale en plonib du xiii" siècle, conservée dans l'église d'Aubin (Aveyron). Le pourtour en est décoré d'arcades romanes, sous lesquelles sont des personnages, entre autres un évoque.
Le Secrétaire.
Signé : 0. RAYET.
NOUVELLES ARCHÉOLOGIQUES
LT COKULSrOMJANCfc:
Monsieur cl liODoré Coarrère,
N'ayant plus, depuis un an, la Revue archéologique à ma disposition, j'ignorais complùtcmcnt qu'il y avait «té rendu compte, il y a six mois, de mon Éhile sur /es Ccths et les Gauluis, quand ces jours derniers je reçus d'un ami la copie de rarlicle de M. Alcvandre IJerlran 1.
Ai-je le droit de n'pondre dans voire Heviie i dos critiques que je crois mal fondées, je ne .-ais ; en tous cas, je ne veux ici faire appel qu'à votro esprit d'c^quité et à voire bienveillance, et, bien convaincu qu'ils ne me feront pa> défaut, j'aborde immédialeuieiit mon sujet.
Aprùs a\oir accordé quelques éloges à la lliése esquissée dans mes pré- cédenles publications et dont l'ouvrage paru il y a un peu plus d'un an n'est que le développement, M. Bertrand, qui en adinei une partie, ajoute: « Malheureusement, au lieu de se renfermer dans celle thèse, suffisamment large cependant, au lieu de porter tous ses efforts à en éclairer les diverses parties pour répondre aux objections nombreujes qu'elle devait soulever naturellement, M. Leuiicre, éla^gi^sant ton cadre au-delà d«5 toute nécessité, comme l'indique son sous-liire, s'est laissé égarer à la recherche de prétendus Celtes et anciens Celtes inconnus des auteurs anciens »
Ainsi, M. Hertrand le reconnaît lui-même, et avec raison, dans celle dilficile question de nos origines, le> points qu'il croit les plus acceplaldes 6ont encore aujourd'hui très discutés; ils prêtent à de nombreuses ob- jeciions.
M.ii?, puisque celle question e:l encore aujourd'hui si obscure, com- ment ptut-il avec tatil d'assurance critiqui-r la voie que j'ai sui\ie et prétendre m'en tracer une meill.'ure? — Cette piélentiun est d'autant moins juslifiable que lui et moi nous n'envisageons pas la queslion de la même manièie.
Kn effet, donnant aux qualrc mois «le i'iulaniuc : IVAaTai toj Kt).Tixov; YÎvw*;, une mlerprétaiion trop littérale, cl qui, quoi qu'il en dise, u'élail
NOUVF.IJ.KS AMCHI^OLOGIOUES. 369
pas l'opinion do lonle rantiqiiil6 (voir mon Elude, p. 1-7 ot 2")4), M. lierlrand porsisU; ;\ voir dans les (ialatcs des frùres on an moins ilcs cousins gormains des (Celtes ; il ne s'inqnièlo, cl pour cause, ni du lieu où se serait opt'n: le fractionnement de la famille, ni de l'époque approxi- mative ;\ laquelle il aurait eu lieu, ni des pays où se seraient établies ces deux branches devenues distinctes, on |ieut milme dire ennemies.
Ouant ;\ moi, prorondémcnl convaincu, au contraire, de la dualité ctbiiique des Cellcîs et des Galates ou Gaulois, après avoir justifii^ ce'ito proposition au moyen des témoignages anciens les plus séiieux, je devais forcément achever ma démont^tration en essayant, comme je l'ai fait, de reconnaître l'un après l'autre les peuples fi monibreux composant la grande race celtique ; puis, celle proniière inconnue du problème ainsi dégagée, tenter de découvrir les diverses nations véritablement galates et la race à laquelle elles appartenaient.
Dans chacune de ces recherches, j'aurais peut-être pu m'en tenir pro- vi>;oiremotit à l'Flurope; M. Hertrand, on vient de le voir, aurait, mi'^.me dans ce cas, trouvé mes excursions trop loiiifaints; mais, découvrant en Asie dos Thraces ou Pélasges en si prodigieuse quantité qu'il fallait ab- solument renoncer à les prendre pour des colons sortis de l'Europe, pou- vais-je ra'arrôter avant de connaître autant que possible tous les membres composant ce groupe ethnique dans lequel se trouvait évidemment le berceau de nos ancêtres ?
Pouvais-je également, après avoir rattaché les Galates aux Scythes, ne pas pousser jusqu'au bout, au moins dans certaines régions, la recherche des peuples appartenant à ces derniers? Non, car c'était le complément forcé de mes investigations précédentes. — Chez un grand nombre des peuples que j'ai cru pouvoir rattacher à la race celtique, j'avais rencontré des Scythes, ou desempreintesscylhiques parfois tellement prononcéesquo l'on pouvait concevoir des doutes sur la nationalité primitive de quelques- uns de ces peuples mélangés : mes nouvelles recherches devaient dissiper ces doutes. En eiïet, en me montrant les forces immenses des Scythes par l'étendue de leurs possessions, elles venaient corroborer les assertions des anciens touchant les longs siècles de la domination des peuples do cette race en Asie, et par suite me permettaient de reconnaître, dans ces groupes d'origine douteuse, des indigènes qui, durant une si longue sou- mission aux Scythes et dans le voisinage de leurs nations les plus belli- queuses, avaient fini par adopter en partie leur langue, leurs coutumes et leur manière de vivre.
Malgré les erreurs de détail que j'ai pu commettre dans mes recherches ethnographiques à travers l'Asie, je n'ai pas à regretter ce premier essai dans une voie toute nouvelle, car, jusqu'ici, tout tend à me le démontrer, je suis encore le plus près de la vérité.
Comment pouirais-je en douter, lorsque tous les écrivains modernes quels que soient par ailleurs leurs dissentiments, s'accordent ù. recon- naître que les Celles, nos ancêtres- sont sortis de l'Asie, c'esl-à-diro do
xuv. — 2i
370 RKVL'P. AnCHKOLO»U0UK.
l'Asie coMlr.ilt», ce qui impliquo forcL^menl, dans loul ce long parcours, nno si'rie coiiii.lôrable diUablisiiiMuiuils «'l qi»' ^^ aoinciiir ilt» ci's 6lul»li»M'- monts s'etail iiiiîino si liion coiucrv."' dans ranliiHiiU-, qno ^^lll^it•u|•.s do si'8 écrivains allribuaiont aux Coites la luesquc lolalilé do l'Kurope. el d'antres la totalité {Elude, p. 308, 30ii].
('.jn)nieat pourrais-jo douter do l'unité cltiniquo deit^'lloset de tous les pcuplos que tant do ti'moignages am icns m'ont permis do leur rat- tacher, lorh(iuo les partisans d'opinions conlr.iires sont ti loin do b'eii- teudrc sur l'origine des IIiltcs, des Basques, des Lignres, des i yi rhénieus, des Ombriens, dos My»ieus el de tant d'autroi peuples, qu'il est permis de se demander ^i, l'anthropologie aidant, l'on no verra pas 1 icnlôl prt^- doœiner l'idt^o que tons ces groupes humains ont poussé sur place comme l'herbe dos ihamps !
Si je persiste à croire bonne la voie que j'ai suivie depuis le commcn- remonl jusqu'à la Hn do l'ouvrage dans lequel je cherche on vain lex deux vianivrca dont parle M. Horlrand, je reconnais Iras volontiers que CCI laines parties 1. lissent à désirer : ainsi, par exemple, le rattachement delà famille }^alale à la race scytbique , el la rccberclie des anciens Celtes qui conservéreol leur nationalité au milieu des envahisseurs, exi- gent de nouveaux développements.
Ces parties faibles de mon élude s'expliquent un peu par la nouveauté du sujet, mais surtout par les circonstances douloureuses au milieu des- quelles j'ai dû achever bîliivemenl, sur des noies, le volume donl j'avais dt'ji livré plusieurs feuilles à 1 impression.
Un autre ouvrage, que j'espère pouvoir terminer celle année, me four- nira l'occasion de combler ces lacunes el de présenter en même temps de nouveaux el solides arguments i l'appui de ma thèse principale.
Il me serait bien facile de répondre ù M. Horlrand sur ce qu'il appelle it la manière cavalière avec laquelle j'ai traité les Commenlaiivs de d'-s ir » ; mais je dois craindre d'abuser de votre bienveillance, car ma lettre est dtji longue cl j'ai encore une observation à présonler.
Je ne puis, en elTet, laisser passer sans protestation celle opinion émiio par M. IJerlrand au début de l'article auquel jo réponds : « Uuelle est l'idée historique dont personne uil le droit do revendiquer la piopriété exclusive? I'
Sans revenir ici n\v certaines idées historiques donl j'ai, dans le temps, revendiqué la propiiélé, j'ose avancer sans cruinto d'un démenti, avec preuves à l'appui, que personne avant moi n'avait 80Up(,()nné :
!• Le lôle joué par Massalio dans la seconde guerre punique, poul-ÛIre mémo dans la première {Etude, p. Tii-Hi) ;
2° (Juo loi Galaies t\o. l'Lluropc c<Milralo ont clé les aïeux el non les colons de ceux de la (iaule de C.'sar {Etude, p. 402, 40:5 cl note i, 4Ji); 3" Cluo le» (ialates-Helges de la Transalpine n'ont jamais envoyé de co- lonie dans l'Ile de Hretagne (p. iri-ï-l't, l20-r2!t);
i» Uuo U'6 lialulcs u'oul jamais fondé d'Étal en Ilalic et qu'ils n'ont
NOUVICLLI'S AHCUKOLOGIQUP.S, 371
figuré dans les guerres do colle p(';ni(isulo qu'en qualilô de mercenaires.
(Quelle que soit. lu valeur de ces idées hitloriqucB, elles m'appailicn- nenl i'xclu>ivcmf'iif.
Veuillez, ji! voue pria, Monsieur et honoré Confrère, rocevoir à l'avance mes reinerciemculti et agréer l'assuratjcc du mou dévoucmenl et du mon respect.
\\ I,. l.iiHH.ni-:.
f.a ma'soii Aï^licr, do. IliMlin, onlropreiid nue iiubiicalioti qui est
do nature à intéresser vivement les amis des éludes arcliéoio^iques; e'cat celle di;s monuments qui composent une des plus bnlles colloclions pri- vées qu'il y ait en Europe, la collection .Sal)Ouroiï. I.u cabinet de M. de Sabourofl", actuelhîment ambassadeur de Hus^ie à lU-rlin, ne comprend que des objets trouvés en (iréce mûme. Ils ont été ac(|uis sur place et de première main par leur propriétaire a( tucl. Presque toutes les branches de l'art y sont représenlées, et cela par des exemplaires d'une valeur hors ligne.
I,e recueil do planches qu'on nous promet a pour but do mettre ^ la pnilée du monde bavant les pièces les plus importantes de celle collection unique, figurées aussi fidèlement que possible et accompagnées d'un lexlc explicatif. Ce texte sera rédigé par l'un des meilleurs archéologues de l'Allemagne, M. Adolf Furtwoengler. Pour tous les objets en marbre et pour une petite partie des terres cuites, l'éditeur a adopté comme pro- cédé de re[)roduclion l'héliogravure; la chromolithographie a été réser- vée pour les figurines en lerre et pour les vases qui, pour la plupart, se- ront rendus avec leurs couleurs; pour les terres cuites, on se promet de nô reproduire que les légères traces de couleur antique qui se trouvent réellcuient sur l'original.
L'ouvrage sera divisé en trois sections. Les monuments de la sculpture et les vases formeront le premier volume, et le isecond comprenrha les terres cuites et les bronzes. Le nombre des planches sera d'environ fiiO. Chacune des trois sections sera précédée d'une introduction substantielle résumant le développement historique de la branche de l'art à laquelle elle se rapporte et précisant la place qu'y occcujtent les monuments do la collection.
Toutes les séries de la collection renferment des pièces importanles et curieuses; mais la plus riche de ces séries est incontestablement celle des terres cuites. M. de Sabouroff était en Grèce au moment où ont été trouvées les premières figurines de Tanagra ; il a eu le bonheur d'ac- quérir, dès le début de ces trouvailles, les pièces les plus authentiques et les plus remarquables. A côté des pièces de choix qui représentent chez lui l'art des coroplasles de Tanagre, on en trouvera d'intéressantes, à di- vers titres, qui proviennent des autres villes de la Héotie, d'Aibènes, de Mégare et surtout de Coriulhe ; queb^ucs-unes sont originaires de l'Asie Mineure.
^'i RRVDE ARCHF^OLOGIQUE.
L'ouvrage roiuproiulra quinte livraison!?, chacnno de liix plnnchps en nioyenne. Ces f.iM'ii iilos se suivront à. des intervalles do deux ou trois mois au plus, l.e pri\ de la livraison est ti\i'' ;\ "J.'i marcs, soil 31 fr. '25. Il paraîtra deux tWiilions, l'une avec texte rrant;ais et l'autre avec texte alle- uiaiid : les souscripteurs auront le choix entre les deux. — (i. 1'.
l'n (les plus intt^rcssants programmes que la Société archéologique
de Ilorlin ait imprinitl's i\ jjropos de la fi''le de Wiiukeltnann est celui qu'elle a donné en 1>S2, sous ce titre : La libi'ration de Vromèthéc , xmt découverte de Pergame (in-4», Rcimcr, avec une planche et deux zincs tirés dans le texte). Avec des fragments découverts récemment ;\ Pergame, M. M. restitue un groupe, compost!; de trois ligures, qui représentait la déli\ranoe de Prométliée par Hercule en présence d'une de ces divinités locales qui personniliaient le lieu de la scùne. Le groupe a bien le carac- tère mouvementé, potloresque et pathétique qu'affectionnaient les écoles . de Hhodes et de Pergame. L'auteur du mémoire trouve la trace de l'ad- miration qu'il aurait excitée à la fois dans- la sculpture de l'époque romaine et dans la peinture campanienne. Son exposition est menée de la manière la plus méthodique et la jdus claire, et des notes très savantes, rcjetécs à la fin, éclaircissent toux les points douteux et conliennenl bien des rap- prochcmenls ingénieux. — C. P.
Dans la séance générale de l'Académie de Berlin, qui a été tenue
le 14 décembre 18'<2, le professeur (Justave Hirsclifeld a lu une note in- téressante, où il résume les résultais du voyage qu'il a fait cet automne en Asie Mineure dans la Paplilagonie et dans le Pont. Ces résultats seront parliculièrcnienl importants [)our la cartographie de cette partie de la péninsule, que renouvelleront et que permettront d'établir sur une base scientiUque des itinéraires soigneusement relevés. De plus, le voyageur a trouvé, dans les basses vallées des fleuves qui se jettent, sur toute cette côte, dans la mer Noire, des monuments analogues à ceux que l'on con- naissail, depuis Uatnilton et Texicr, en (lapadoce, tombeaux, sanctuaires, figures de lion taillées dans le roc. Nous attendons avec impatience la publication des photographies que .M. llirschfeld a prises de ces sculptures rupestres. — Ci. P.
Bulli tin de correapondance hellénique, 1S82, n» de décembre:
E. Pottier et S. Heinach, Fouilles dans la nécropole de Myrina (suite). Planches .WIll, \\\ et X.\. — LalichelV, InscrifUions de Ndrlli'ikian (suite). IL Liste des proxénes. 111. Liste des noms propres. — (î. Harilleau, Ins- criptions de Myconos sur les constitutions de dA. — F. Ilomolle, Ir Vtoconsul liahirtus ; Comxlion au texte de Josiphc, — S. Heinach, l'Insi ripiion de Cyitque en l'honneur de l'Anlonia Tryphcena et de sa famille. — Tables.
M. Oiio Rcnndurr, le savant professeur de 1 lni\ersité de Vienne,
NOUVEf.LF.S ARCHliior-OGIOfRS. .'i73
vient de publier un R'ipport sommaire sur deux rxpéilitioun arrh^.olrifjiques autricliicinics en Asie Mineure (dans le second lu^cicule de la hixiùine an- née des Archx'ologischc cpigraphimUc Mitlhcilunijen aus Oesterreichy 1883). Les CTpi'dilions ont él6 cnlreprisca, la première aux Trais du youverne- nient, et la seconde aux frais d'un tomil6 composiî de riches protecteurs de l'art. Dans leur premier voyage, M. HcMinduif et raicliileclc Niemann, qui l'avait dt''j;\ accompagné à Samolhracc, parcoururent une partie de la Syrie et de la Carie et reconnurent l'inlérûl que présentaient les sculp- tures d'un hùrcon jadis signalé par Schœnborn. Ce nionument rappelle bien celui dit des Néréides, que possède le Musée de Londres et qui a été si bien décrit par Micbaëlis. Dans leur second voyage, les mêmes ex- plorateurs. accompaj,'nés de tout un personnel d'excellents ouvriers de métier, réussirent, non sans de très grandes difficultés, i enlever et à embarquer, pour le Musée de Vienne, les sculptures qui décoraient ce petit éditice; ils complétèrent en môme temps l'exploration de la Lycie, et les photographies, les dessins, les inscriptions qu'ils ont rapportés four- niront la matière d'une belle publicalion, qu'on nous annonce. En atlen- dant, on lira avec un vif intérêt le rapport de M. Benndorf ; il est accom- pagné de trois planches et il contient, outre une description rapide mais précise du monument, des pages aimables et vives de description et de récit.— G. I».
M. de Ceulenecr vient de publier dans le Bulletin de l'Acadéniie
royale de Belgique (t. III, u" 3, 1882) une intéressante notice sur las tètes ailées de satyre trouvées à Angleur. Il étudie à ce propos, avec beaucoup de science et de précision, l'histoire des figures ailées dans l'art antique, et montre par quelle voie on en a été conduit à donner des ailes au satyre.
M. de Rossi vient de donner la table générale de la troisième série
du Bullcti7i d'archéologie chrétienne pour les années 1870-1881.
naûvacTo;, septembre et octobre. Parmi les articles que contient
ce numéro double, nous signalerons les suivants : Petridis, Découverte de la ville antique de Moraiu (croit avoir retrouvé, près de Kyparissia, dans un endroit qui a gardé le nom de Moptora^a et où exisicnt dos restes antiques, l'emplacement d'une ville ancienne qui aurait donné à la péninsule son nom moderne). — Partie archéologique. Fouilles d'Eleusis. Fouilles d'Epi- daure et de l'acropole d'Athènes. Découvertes récentes de Fergame. L'Uermés de Praxitèle. — Dragalsis, Antiquités du Pirée (deux tèles de pierre, une staluette de Cybèle, une mesure agoranomique, une pierre tombale avec iuïcription, uue inscription relative à la marine a\cc bas-relief). L'actopole de Pergame. L'aqueduc de Samos, etc.
Sans doute pour suppléer dans quelque mesure à la disparition
374 HEvcE AncHi^.oi,or.iouR.
do r *A(Kvatov, le TlaîvoiffiToç a sinfiulit^rcmcnl cli^-clnpp(< sa parlio arrht^o- lot'iquc; cello-ci forme inaintcrnmt, dans ihaqiin cahier, une scciion à {larl. nan.< le ilornior numéro que nous ayons reçu, celui de novcml.ro 18^2, nous trouvons pour cctto Boclion, le* articles suivants :
P. I.anjbros, Moiimirs m'ailles d'Erizoi, ville de Carie (ligures). — M. Dra>;oumls, în^iriptions de l'Atliquc d de la Mi'çjande. — AmpiMas, InicriptUms de Zik'/niho<i. — Danit^rali, Inscrijytions de Tricah. — Mtliilo- poulos, home du Virée. — Kabbadios, Pouillca d'Epidiurc; Fouilles d'Eleusis. — A. 0., Antiquités de Tirnovo; Notes archéologiques sur Sinope.
.M. Vonturi, directeur de laRalerie royale d'Kîle, ou, comme nous
dirions, du must'C do Modùfio, a entrepris une descriptitm circonstanciée de la g.ilorio conliéc i ses soins, et pultlie ce catalo^^uo illuslrt' par livrai- sons hebdomadaires, sous co titre : La Uealc yalleria Eslcnsc in Modcua. Il débute par une histoire intc^rcssante de la collection cl il en parcourt ensuite les diiïi'rcntes séries, en reproduisant par la gravure les morceaux les plus importants. 11 y a dans cette 6lude de la science cl de la critique. L'ouvra>;e complet coûtera 43 francs et formera un volume d'environ 500 pages.
nnlletindecorrefpondance hcllcniquc, septième année, janvier 18S3 :
\V. J. Slillniann, Une cuirasse antique. (Ce monument, qui a été trouvé, comn>c bien d'aulnes armes votives, dans la lit de l'Alphée, est des plus curieux. L'n nettoyage 3oi;:nousement exécuté a permis d'y reconnaître loule une suite de tîuures gravées au Irait, avec beaucoup de finesse, dans un style archaïque très pur, que permettent d'apprécier trois planches en héliogravure. La scène principale est formée de six figures qui se divisent en deux groupes. D'un côté Apollon, suivi d'Artémis et de Latone ; de l'autre côté, un roi ou un prêtre, suivi de deux person- nages, s'avance vers le dieu. Au dessus, deux taureaux cornupétos, une paire de lions, deux siiliinx rampants et deux léoi»;irds. P.is d'inscription.)
— Am. Hauvette-Besnaull, Inscriptions de Délos (décrets dos Nyiiuôtai; ' décret en honneur d'un descendant d'Alexandre ; dédicace faite par les
Ko'xr:eTa/i«r:a(). - \V. M. U.imsay, inscriptions de la C, ilntie et du Vont.
— Mvlonas, Ifeux tablettes judidnires inédites. — S. Heinacb, iii<cnptiou de Môthymna. — V. Monceaux, Inscriptions de Thcfsulie ; le Calaidrier de Thcssalie d'après une inscription inéddo de MétropoliS de Tliessaliotidc. — M. Dubois, Lettre de l'empereur Auquste au.v Cnili ns. — M. Foucart, Ins- criptions du Virée de la collection de M. .Mex. Mél'tOi>ouli>s (tdfrando aux MoTpi; décret de« Orgéons; dédicace dos MeXX£or,Goi). — S. Heinacb, la Voterie jaune émail lée de Saiymc. Uas-relirf d'Acra-phitc. — M. (.1ère, //«- c.'iptions de Samos.
M. F. Sar. Cavallarl a publié, dans les Notiiie degli scaii, une
NOUVELLES AnCHlf.OLOGIQUP.S. 375
inli^ro=?<!anto notiVfi sur les foiiillos qu'il a diiigôos fin 1S9? dam l'un dc§ temples de Si''linnnlt\ \c jilus ;itii:iRn do tous, fouillos (jui fai-nipril siillû à celles do 1870, de 1877 et 1878. Il a trouv(5 dans nombre d'objets dëcou- vpili^ au cours de ces fouilles l.i prouve que le teiuple était binri celui d'IliTculo. I-es rouilles, en d('!giif,'eant des terres qui les cachaient Itjus les iVaunculs du portique sepieuliional, orit permis de létahiir lout le couronnement extérieur du temple, qui était en terre cuilc peinte. Cette corniche est d'une grande élégance et d'ime grande richesse ; elle est représentée dans les deux planches, dont l'une est en couleur, qui «ont jointes i\ cette intéressante relation. Il serait bien ;\ désirer qui M. Cival- lari, qui ;i dirigé toutes les foMilles et qui a sous la main tous les fragments eutreprll une rt^staurafiou complùle du temple d'Hercule, travail pour lequel il semble très bien préparé par les connaissances spéciales cl par le goill dont il fuit preuve dans ce travail. — C. P.
.— — Les ■poteries estaivpiUi^cit dans Vnmiennc Hùqnanie, par Alfred Vaissier, conservateur-adjoint du Musée des antiquités de Besançon (un vol. in-S», accompagné de 1.") planches). Sous ce titre, M. V. a rédigé un Itùs bon' catalogue où il décrit non seulement les marques de potiers qui se trou- vent sur des vases de l'époque gallo-romaine appartenant au Musée de Besançon, mais encore toutes celles qui lui ont olfert de? poteries recueil- lies dans les lifuilcs de la région jidis liabilde par les Séquauos. (^e cata- logue, inséré d'abord dans les Mémoires de la SociHé d'émulation du Doubs, méritait d'élre publié séparément, comme il vient de l'être en une bro- chure de 44 pages, où sont décrites 234 pièces différentes. On ne peut que s'associer au désir qu'exprime M. V. de voir ainsi étudiés tous les moim- ments de ce genre que renferment nos umsées provinciaux. — G. P.
On a réuni en un volume, qui a paru chez Ernest Leroux (in-8<»,
144 pages, 1883), les leçons prononcées à l'ouverture des cours qui ont commeneé au musée, sous la direction de M, de lionchaud, et dont rensemble forme ce que l'on appelle VÉcole du Louvre. Dans ce cahier qui, nous ne savons pourquoi, n'a pas de table de matières, on trouvera deux leçons de M. Revillout, une de M. Pierret, une de M. LeJraio et une de M. Alexandre Bertrand. Celte dernière a l'avantage d'être accoui- paguée de nombreuses figures insérées dans le texte; elle forme la pré- face naturelle du cours d'archéologie nationale que M. Bertrand a entre- pris de professer, et l'on sera heureu.v d'y trouver réunis les derniers résultats auxquels soient arrivés la science et la critique sur la question de savoir quels ont été les plus anciens habitants de noire sol et quelles traces ils y ont laissées. — (i. P.
M. Ludwig von Sybel vient de publier une intéressante disser- tation intitulée Kritik des œ(jyptischen Ornamcnls, arihxologische Studie (Marburg, Hlwerl'sche Buchhandluug, 1883, in-8°), qui est accompagnée
370 luvir Anrmî:oi.ooiouF..
de deux plamiios. Par beaucoup irobservalioiis el do comparaisons de détail, qui liMiioi^jncnt di* rochorchfs trt^s t'ti':ulu«'s el d."uii ^^oùl Un cl exi'TcC', l'aiileur cluTchi: à prouvi'r qu'à partir de la .WIll" cl de la Xl\" dynastie l'arl de l'f.^'yple ai^'.é profondéinonl inodilii^ par rinlhience de l'art clialdt^o-asijyrien, dont les ouvrages éiaienl itilroduils en Kgyptc surlonl par les Pliénirions. Celle inlluencc se serait exercée, selon lui, Don senlemenl sur la (li''i;oration, où auraient in'ni'lri' un cerlain nombre de motifs asiatiques, mais encore sur le style nii''n»'> de la >laluaire, sur la manière dont était représentée la forme humaine.
Nous accepterions volonlieqs, au moins dans son ensemble, la pre- mière partie de la thèse, quoiqu'il y ait \\ certains motifs auxquels M. de S\bel attribue uneori^;inc a>iati(iue et que l'Asie a peut-être plutôt empruntés à l'Hiiyptc, où ils ont été rencontés dans des inonuments plus anciens (le },'lobe ailé, la Heur de lotus, etc.); nous admettons volontiers que la Mésopotamie, plus liihe en métaux que l'Kgypte, a dû, par la lcchni(iue du métal, lui suggérer certains partis, certaines formes orne- mentales. O qui nous parait plus diflicile i croire, c'est que la statuaire du Nouvel Kmpire, avec son caractère idéaliste et l'elVorl quelle tente pour atteindre à la beauté, ne soit pas le développement naturel et comme le couronnement de celle de l'.Vncien Empire. L'interprétation que la plastique égyptienne donne de la forme vivante nous parait être restée jusqu'au bout originale el vraiment nationale. ~ G. 1'.
BIBLIOGRAPHIE
Trésor de Chinon, par M. f. CiiAni.Ks HonEiiT fpxtr;(it de VAnnuriirr tir la Sûctiitd l'rn çaisu (te niimfimudfjue et U'urcftéologic, 1882,. Iu-8 de 15 pages avec une planclie gravée.
En 18.^1, on diîcouviil à Chinon un triisor compost? de 81 sous d'or pré- sentant les effigies cl les noms de trois empereurs d'Orient, savoir : 1 de Zi^non, 70 d'Anasta^e et 10 de Justin. Trente-sept de ces pièces sont en- trées dans la collection de M. Krncst Gariel, qui u confié à .M. Gh. Hobert le soin de les publier. Il ne pouvait clioisir un éditeur plus compétent et mieux qualifiépour faire ressortir l'intérût scientifique de cette découverte. Toutes les pièces sont décrites avec un soin minutieux; les plus importantes, au nombre de vingt-quatre, sont tidèlemenl reproduites par la gravure. Il n'cA aucun de ces monuments qui n'ait i^on intérêt propre, en rai;on des détails qui le particularisent et qui oirient un sujet de fructueuse élude. On y rencontre des exemplaires à légendes iuipériales curieusement dé- forn^ées par le burin des monnayeurs barbares ; d'autres chargés de sigles et de symboles variés, de monogrammes remarquables, entre autres ceu.x qu'or, est convenu d'attribuer aux rois bourguignons Gondebaud et Si^is- mond. La description est avivée par un commentaire critique dans lequel le lecteur trouvera un résumé lucide et précis des travaux antérieurs suscités par ces divers problèmes. La monographie de M. Ch. Robert est un modèle de leçon de numismatique. On souhaiterait que des trou- vailles analogues au trésor de Chinon fussent plus fréquentes, et (ju'elles eussent la bonne fortune d'être aussi savamment éditées.
R. MOWAT.
Cachets d oculistes romains, pir A. Héron de Villefosse et H. Thédenat, tome l, avec 2 planciits et 19 figures intercalées dans le ttitc, dessins de M. Falcoz; in-8, 210 pages. Paris, Cliauipion.
MM. Héron de Villefusse et Thédenat ont voulu faire une monographie définitive des cachets d'oculistes : à cette besogne ardue et délicate ils étaient très bien préparés par leurs précédents travaux. Disciples de M. Léon Renier, ils prennent place parmi les quelques épigrapbistes qui font autorité dans le monde savant. A une érudition très sûre et très multiple ils unissent l'art d'écrire : sous leur plume, tout devient clair.
378 nrviR AncFiKoi.oGioi'F..
atlraynat et vivant VoilA sans doute ce que rAcad(îmio a voulu rt^com- poii<pr on donnant iino d(î*si's piemiiMos nwJ lillos à un ouvrai^c dont un «oui volume a paru.
Aprùs Tôchon, tirolofend, Siclicl et Klein, MM. do Villerosso et Tht-ile- nat ont cru qu'il y avait encore i dire tur les cachets d'oculislcs ; ces monuments curieux fournissent, en oITot, do précieux renseignements au sujet do la médocino dos nncions. Dans l'anliquilé, il y avait ilry\ dos spi^cialistos, et, conmio aujtiurd'hni, l'ait de la n'clame était ri'pindu et cultivé avec succès, lies cachets portent en général le nom de l'oculiste, du remi''de, et le nom de la maladie contre laquelle le collyre était employé. Gravés en creux et au rebours, ils servaient i uiarquer d'une empreinte les collyres formés d'une pAle molle que lo tentps dovail durcir. I.e premier vulumo i^ublio contiml la noiico do» cachets de dix-sopt ocu- listes romains connus et de deux anonymes, (ihose singulière et qui reste encore inexpliquée, ces cacliots proviennent tous de l'ancienne Gaule. Au nord, au midi, au centre, on les trouve ;\ peu préa identiques de forme ot do maliéro, qnoique avec des indiiutions diversosde maladios et de reniodos. Un Irôs polit nombre n'a point de provenance certaine : tel est. par exemple, celui que le docteur Hertherand aurait rapporté de Lambése. Cortaines circonstances de la découverte inspireraient, et à bon droit, des doutes sur l'aullienliiilé du cachet.
MM. Héron de Villofosse et Thédcnat no se contentent pas de lire la légende de chaque monun>ent : i!s expliquent la nature des afTeciions de la vue et ils discutent la composition du spécifique employé pour les guérir. Pline l'Ancien et lialion, Marcellus Kmpiricus et Dioscoride, Ori- basius elScribonius Larj^us apportent leurs témoii^nagos, (lui seconllrniont les uns les autres. Il résulte de celte exposition que la Ihérapcutlqtie ancienne prônait certains remèdes auxquels revient la science moderne : par exemple, le balsamum et Ifn cendres d'épongé pour la vue. Ce dernier remède a été de la part des auteur» l'objet d'une discussion nouvelle ot rigoureusement inattaquable. Aussi l'Acadôniie de médecine, à qui le livre a été on'erl, lui a-t-elle fait le plus bienveillant accueil.
L'unanimité de ces éloges venant do si haut doit encourager les auteurs à redoublor do soins pour le second volume, qui ne tardera point »aiis doute il paraître. Ne feraient-ils pas bien de donner quelques notions sur la nature et la valeur des cachets d'oculistes? Ne pourraient-ils aussi préciser la date de l'époque à laquelle vivaient les praticiens qui les employaient? Sont-ils bien sûrs, en outre, que le fragment de tuile de Trenta (p. 3;j) porte une empreinte médicale? J'y verrais pluiôt une marque de potier. Je serais aussi tenté de faire à MM. do Villifosso et Tbôdenal (juelquos chicanes sur la façon dont ils lisent certains mots grecs, et où la dérivation viole le» règles de la langue. A dire >rai, ces ^ chicanes seraient injustes. Heaucoup de ces oculistes n'étaient que des gens peu lettrés : les règles de la dérivation des mots grecs leur échap-
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paiont ; ils s'inquliîtaicnt pou de mulliplier lc9 solécisme» et les barba- ri.sini's.
Malgré CCS h^gères critiques, je répéterai volontiers du livre do MM. Héron de Vilierossc et Tliédcnat ce qu'en disait le présiden' diî l'Ara» dénii(< des inscriptions et bclles-lel'res en décernant une médaille A co voliHiie : <i C'est un modèle d'exposition, de nelleti\ de riclie et sobre l'rudilion. » I'a''|- I-aii.emand.
La Poésie alexandrine sous les trois premiers Ptolémées (32^1 à 22'J ;iv. .I.-C), par Aiolstk Couat, doyen de la faculté des Icltres de BordcatiXi Paris, llacliellc, 1882 ; 51i5 pages iii-8.
Le sujet traité par M. (^ouat a pour les lecteurs fronçaiii tout l'aliiail de la nouveauté; en Allemagne même, aucun érudit n'avait encore en- trepris de tracer un tableau général de la liltéralurc alexandiine, qui n'est pas comprise, on le sait, dans VUistoire de la littérature fjrccque d'Otfricd Miillor. Les travaux critiques publiés on Allemagne ne portent que sur des points particuliers; le travail d'ensemble restait à faire. Lo livre do M. Couat montre que la tâclic était loin d'èlrc ingrate. C'est l'élude do Catulle, dil l'auteur, qui lui en a suggéré l'idée : il y avait en effet un vif intérêt à remonter jusqu'à la source où les poètes romains contemporains d'AuyusIe ont en partie puisé leurs inspirations, et à rfcbercbiM- (juels étaient, à Alexandrie même, les caractères de cette lit- térature, dernière floraison de l'esprit grec, qui essaye de se renouveler, après trois siècles d'une maturité féconde. L'ouvrage que M. Couat olfrc au public savant est un livre bien fait, qui témoigne d'une grande sûreté d'information, d'une critique ferme et sagace, et où l'érudiliou ne perd rien à se trouver alliée au sentiment littéraire le plus délicat.
Dans sa préface, l'auteur indique très nettement quelles sont les limites de son sujet ,• c'est la période d'activité créatrice qu'il étudie, et dans le centre le plus important, c'est-à-dire dans la capitale des Ptolémées. Pour l'examen des différents genres poétiques, il ne s'astreint pas à suivre l'ordre de discussion historique, qui n'a plus aucune importance, à une épo()uc où tous les genres sont depuis longtemps créés; en analysant d'abord ceux où les Alexandrins ont le plus innové, il fait savoir sur le vif les qualités et les défauts de l'école, et le lecteur suit plus facilement les transformations que l'alcxandiinisme a fait subir aux autres genres. Giilcc à celte méthode, le développement se poursuit avec une clarté qui n'est pas un des moindres mérites du livre.
Sans entrer dans le détail qu'exigerait une analyse approfondie, nous voudrions au moins donner au lecteur une idée sommaire des princi- pales divisions de l'ouvrage. L'introduction s'ouvre par une étude sur le Musée d'Alexandrie. On comprendrait mal, en ell'ol, la lilléralurequis'est développée à la cour des Ptolémées, si l'un ne connaissait ce milieu fac- tice du .Musée bien propre à favoriser l'éclosion d'une poésie érudile, culti- vée dans une société fermée, sans inspiration nationale. En contrôlant les
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li^raoipnagcsdessavantiqiii onléiiulu^ la toj)o;,'rapiùe d'Alexandrie, M. C.omt cs>a\e de roiuirL» au Musé'' sou xéiiiablc eui[>lacom(Mit, « au bord do la mer, à cô!é du llu'.ltro, dai:s celle parlic do la rivo qui a élé depuis rongée par le n.»t ». Si la disiuissioa pcul encore rcslcr ouverlo sur ce point, on adinellra faciletncnl avec l'aulcur que le vôrilablc fuudaleur du Musée ri de sa riche l'ililiothoquc est IMolém/'e Pliiladelphe. C.'o<l co prince qui, s'insiiiranl des idées de l'ioli'ni'^e Soler, oiivre aux érudits et aux pot les celte retraite savante, bien faite pour le travail de la recher- che, et d'où sortira la littérature alexandrine. Le Musée avait ses biblio- thécaires, choisis parmi les principaux poètes, et conservant leur charge toute leur vie durant. On sait que la chronologie des poètes alexandrins et des bildiotliécaires en particulier eliil uKil lixée. M. C.ouat l'établit avec une sévérité de méthode qui laisse peu de place au doute, mais qui le conduit forcément à mettre sous les yeux du lecteur des discussions de textes, de faits, et tout l'appareil d'une argumentation rigoureuse. Disons tout de suite, que ce chapitre, ei quelques-uns des suivants, auraient gagné à être allégés de ces discussions minutieuses. .Nous souhaitons (jue dans une édition suivante M. Couat les élimine pour les placer en appendice et rendre ainsi ù ses premiers chapitres l'allure plus dégagée qu'on aime à retrouver dans la suite de l'ouvrage. Nous nous reproche- rions d'insister sur cette légère critique ; aussi bien elle se réduit i cons- tater chez l'auteur un excès de scrupules.
L'élégie est pour les poètes du Musée un genre de prédilection ; c'est dans ces poèmes que l'art supplée le plus facilement i l'insuffi- sance de l'inspiration. Aussi, dès ses origines, l'école alexandrine s'y complaît, et l'on voit l'élégie, où l'Amour devient le personnage piincipal, se substituer au genre dramatique tel que l'avait fait Kuripide : « L'a- mour comme sujet, les légendes les plus rares comme cadre, la sophis- tique, la langue de la galanterie comme moyens d'expression, presque tout ce qu'avait créé Kuripide convenait parfaitement à la poésie élégiaque des alexandrins (p. 02). Il reste fort peu de chose des poètes élé^jiaques antéiieursà Callimaque; mais', grâce à d'ingénieusesanalyses, •M. Couat tire le meilleur parti de ces fragments épars et montre l'élégie devenant tour à four conteuse et descriptive avec Antimaque, bucolique et familière avec l'hilélas, érudite avec llermésianax et Alexandre d'Elolic, qui nous conduisent au cœur même de l'école alexandrine. Callimaque donne à l'élégie sa forme définitive, et l'un peut juger (les innovations qu'il y introduit, grflce au poème sur la chevelure de Béré- nice. Uien que cette pièce ne soit pas parvenue jusqu'à nous dans sa forme originale, la traduction de Catulle nous en a conservé l'esprit, la composition, et même les détails. Sous ce vêlement latin, elle est i peine déguisée. Dans des pages linement écrites, .M. Cuual l'ait retsortir l'ironie discrète avec laquelle le poète courtisan et sceptique raconte le miracle de la chevelure royale changée en constellation, et Halle, en se jouant, U pasaion de la reine. Le recueil d'élégies composé par Callimaquc et
bibmographif:. 381
intiliilô les Actia n'a pns survi'cu ; il n'en reslo que des Tragmonls insi- {,Miili;inls. Kii retrouver h; siijel, les divisions, la cornpoiilion, .i l'aide des imilutioiis latines et de la paraphrase en prose de l'épisode de Cydippé faite au vi' sii^cle après Jt'sus-Clirist par l'épistolcyraphe Aristéiiéle, c'était une lAclio ardue^ dont l'auteur s'acquitte avec une critique pé- nétrante, et sobre d'liy|»olhéses. S'il reste encore bien des points obscurs, on voit au moins comment Ui poète alexandrin le plus renommé avait traité ce genre alexandrin par excellence. « Callim.ique avait sinon créé, du moins dépeint mieux que ses devanciers ce monde des héros de romans, des amants cl des amantes, dont il semble que la galanterie soit l'uniciue science et l'uniijue aiïairc... F. es événements sont trop exlraor- (litiaircs, les hommes trop loin de l'humanité, leurs sentiments trop raf- finés, leur langage trop précieux, pour que nous éprouvions à celle lecture autre chose qu'un plaisir littéraire, où l'imagination fait presque tous les frais (p. 159). »
En réalité, la poésie alexandrine est plus A l'aise dans les courtes com- positions que dans les poèmes de longue haleine. Aussi les poètes du Musée réussissent-ils surtout dans ré[»igramme : leur goût raffiné, leur science de la versification, leur recherche des alliances de mois impré- vues et ingénieuses, y trouvent leur plus heureux emploi. On trouvera peut-être que M. Coual glisse un peu rapidement sur les épigrammes alexandrines. Ce n'est pas qu'il n'étudie avec un sentiment très délicat ces petites pièces infiniment variées pour la forme, et pour les idées qu'elles traduisent; mais, Odèle au programme qu'il s'est tracé, il se limite à la période comprise entre les années 324 et 222. H eût été inté- ressant, croyons-nous, de jeter un coup d'oeil au delà de cette limite, et de montrer quelle faveur avait conservée l'épigramme à une date plus récente. Les épigrammes métriques gravées sur marbres et publiées par M. Kuibel auraient pu fournir de curieux rapprochements » : elles font voir, en effet, que l'influence des Alexandrins n'a pas été étrangère au progrès de cette littérature populaire; et même sous l'Empire, alors que ces petites pièces versifiées accusent une rare platitude, c'est aux poètes de l'école alexandrine que sont empruntées les bribes de vers dont on compose les épitaphes.
Avec les hymmes de Callimaque, l'auteur aborde l'étude des seules œuvres du poète alexandrin qui nous soient parvenues intactes. Il est naturel qu'il fasse une large place A ces poésies officielles, destinées à être récitées dans les céiémonies religieuses, et qui nous font connaître, dans une certaine mesure, les caractères du genre lyrique tel que le con- cevait l'école d'Alexandrie. iNous n'essayerons pas d'analyser les chapitres où iM. Couat, avec une érudition très pénétrante, restitue l'ordre chrono- logique des hymmes, et détermine les circonstances à propos desquelles
1. Epigrammala gracca ex lapùUbus collecta. Berlin, 1878.
38i HEVUE ARCIlkOLOCIOUK.
ils onl é[è compostas, l'assanl eiisuilo A roxamou do la r.oinposilion dos hwniu'S. il lucl ( ii Imniùrc los procédt^s du poôlo, qui, loiil i-a loiiibinuiit dans C08 iiit\-es lo." principes do l'épopée el du ^curo lyrique, f'cu écarlc cependanl, o[ cherche à renouveler l'ancienne Uadilioii clusiiquo. Ccl tllori pour innover ne se Irahil pas moins dans le stylo des liymmcg. Callimaquc supplée à Tabsence d'inspiration rcli^'icuse par une curieuse recherchû d'err.dition ; des eiupiunls savaiuiutnl .i.'guiïés, des raflinc- menl> d'oïpression, de l'et-pril parluut, voil;\ co qui caraclùriso ces pièces où il ne manque qu'un seuliraenl sincère. Personne, pas mOme le poêle, no croit plus à celle mythologie qui fait tous les frais des hymmes : c'est l'eTcuse de Callimaquc. Aussi bien le poète du Musée reste encore bien grec, jusque dans ses écarts : il est fin, scrupuleux, épris de l'exactiludc des terme?-, quelquefois jusqu'il laséibercsse. Pour nous inléresbcr aux ingénieuses lentulives du chef de l'école alcxamlrine, M. Coual a trouvé la meilleure mclhode : il s'y intéresse lui-même; sans céder à la Icntaliun bien naturelle de surfaire >on autour, sans l'accabler d'ailleurs sous le poids do ses comparaisons dan:;erouses avec les auteurs de la grande pé- riode classique, il sait faiic la part dos mérites el des défauts. Celte criti- que impartiale, sage et mesurée donne une idée exacte de la valeur littéraire des poésies de Calliraaque.
La même préoccupation d'innover se retrouve dans tous les genres auxquels les Alexandrins onl louché ; que répopéc soit mylliolot;ique, comme celle d'Apollonius de Hhudes, historique, comme dans les Mcssé- nicjincs de Uhianus, ou qu'elle atrecto seulement la l'orme d'un conte épique, comme dans Vllécalé de Calliraaque, elle n'en accuse pas moins les tendances de l'école alexandrine. M. Cûuat insiste sur ces trois œuvres, qui lui semblent avec raison résumer Ihisloire des évolulions subies par l'épopée grecque. Analysant le» Anjonnutiqucs d'Apollonius, il montre que les faiblesses de l'œuvre viennent d'une concei)tion vicieuse; faute de savoir choisir, en essayant de renouveler un sujet souvent traité, le pfièleesl victime de son érudiliun : iKléchil sous la masse de souvenirs dont il est impuissant k se dégaf,'er. Mais la tenlalive étuil-elle fatalement condamnée à échouer? Chose curieuse : nu temps où Apollonius écrit aei Argonautiques, l'art, qui passe par les mêmes phases que U littérature, triomphe de diflicultés analogues. Les sculpteurs qui décorent le grand autel de l»ergatnc, élevé par Kumène H, appliquent à l'art les procédés delà poésie alexandrine, avec un tout autre succès. .Savants et érudils, ils traitent également un des sujets les plus familieis à la sculpture grecque ; après tant d'autres, ils reprennent cet épisode de la Gijaiit>jina' rhk-, qui décore les frises, les IVonlons ou les niélopea des temple» d'Agri- gcnle, dePrièuc, d'Arpos et de Delphes. Ils ne sont pas moins sceptiques que le» poètes d'Alexandrie, et lependant leur composition lémoigno d'une verve et d'une fouj^ue d'inspiration qu'on chercherait vainement dans le poème d'Apollonius. L'an alexandrin avait encore des ressources, et c'est le génie qui a manqué à Apollonius, plutôt que de» cuuditious
uiiiMoi^iiAi'iiii:. 383
lavoralilc-'. Itans Vllrcal'-, Calliniaque se moiilre plus avisé. Il choisil unsujoldo courte lialoiiie, d'un Ion moins haut, où les scènes faniiliùrcs liennenl uiio lar^'O plaça. Ouoi do [dus («impie, en clVel, que. lo rccil de riiospilulilii olViiilo par uiio vieille femme do i'Altique à Thésée, qui va comballre contre le taureau de Marillion V I.o talent do «:aliimaquc e»l à l'aise dans la description de ces scènes d'intérieur, qui font tout l'in- lérél du poùme ; il y trouve le motif de détails piquants, cl il y prépare savamment le contraste sur lequel repose tout le conte : Thésée reve- nant \ainiiuenr, acclamé par la foule, et voyant élever le tombeau de son hôlcssc, morte pendant son absence. Le conte épicjue fjrme une lran.-.ilion naturelle avec l'idylle, où les Alexandrins se munirent réelle- ment originaux, he chapitre que M. Coual a écrit sur Tliéocriie est un des plus attrayants du livre ; c'est, à notre avis, celui où l'auteur trouve les piiges les plus heureuses, pour mettre en relief lo caractère drama- tique des idylb-s du poète syracusain. L'étude des poésies scienlifiques d'Aratus et d'Kratoslliènc, le récit delà querelle lilléiairc d'ApoUonius et do Callimaque terminent levolumc, et dans une conclusion dcqnehjucs pages, M. Couat définit les caractères généraux de l'alexandrinisme, tels qu'ils se dégagent de cette longue et savante étude, et met en lumière les qualités d'une litlérature qui ne mérite nullement le dédain. Les Alexandrins, en ellet, « ont tenté un voyage de découverte : ils ont cherché et trouvé quelques-unes des voies nouvelles où devait entrer après eux la poésie moderne. C'est d'eux principalement que date la poésie individuelle, empruntée aux choses de chacjue jour, écho des sentiments, des soutlVances, des joies et des rêves de chacun. Us ont com- pris le parti que la poéiie pouvait tirer d'une peinture exacte de la réalité la plus humble, et tenté de substituer aux personnages de Il vie héroïque ceux de la vie commune. Ils ont, en outre, essayé de faire entrer la science dans la poésie, non point dans sa forme la plus générale et la plus élevée, mais la technique et le vocabulaire de la science.... Par eux ont été élargis ou i)risés les cadres inflexibles dans lesquels la tradition enfermait chaque genre poétique : ils ont ainsi laissé à leurs successeurs une carrière plus largement ouverte. »
Le livre de M. Couat n'intéresse pas seulenient les philologues et les historiens de la littérature ancienne. Il ramène l'attention sur une curieuse période de l'hellénisme qui a été longtemps négligée, et où l'art subit les mêmes évolutions que la littérature. Bien qu'il se borne à écrire l'bistoirc de la poésie alexandrine, lauteur n'en éclaire pas moins bien des points étrangers à son sujet; en lisant son ouvrage, ou comprend mieux quelles induences ont agi sur l'art alexandrin. Comme les poètes du Musée, les artistes de la période hellénistique sont à la fois érudils cl épris de nouveauté; ils ont les mêmes goûts de ral'dnemenl; comme eux, ils cherchent leurs inspirations dans cette mythologie qui ne rencontre plus que des incrédules : ils s'efTorcenl de rajeunir les héros et les hé- roïnes des vieilles légendes, au risque de tomber dans l'afféterie et la
384 RF.VUE ARCH^.OLOGIQOE.
manit're. Enfin, pour l'art comme pour la poésie de la période helléniç- tique, môme populariti'' A Homo. Apri».s les travaux de M. Uelbig, que M. Hoissicr a fail cintiallre au public français '. on ne iloule plus que les figures pompricnnes ne soient en partie au moins inspirées par des modèles alox indrins. N'est-ce pas la môme fortune qui était réservée à Home aux poùtes du Musée ? S'il n'entrait pas dans le sujet do M. (louât d'insister sur ces rapprochements, ils s'itnposcnt à l'esprit du lecteur. Tel chapitre surTôléi^ie ou sur l'épiLMamnie est comme le comuierilairc littérauc d'une peinture pompéienne, (le sont les poètes qui ont fourni aux artistes les théines ingénieux sur lesquels s'exerce leur fanlaisie. Les scènes mythologiques et galantes des pcinturescampaniennos trahissent la tnémc inspiration que les élégies de ('allimaque ou les Artjonauliqws d'Apollo- nius ; 1 1. ti'nulrc part, ces innombrables amours qui voltigent dans le champ d'S fresques sont bien les lils de la poésie élégiaque ou épigram- matique. On sait qu'une épi^rannne alexandrine a été reirouvée à Pompéi par M. Uilthey, à côté d'une peinture représentant des Amours. Ka littérature hellénistique a exercé une influence trop marquée sur l'ait de celte époque pour que l'hisloire artistique ne bénéticie pas des recherches consacrées aux œuvres des poètes.
Nous tenions, en terminant, à signaler ce genre d'intérêt particulier qu'offre l'ouvrage de M. tlouat. L'auteur n'a pas seulement écrit un ex- cellent chapitre de l'histoire lilléraiic de la Grèce ; en faisant mieux comprendre l'esprit général de la péiioJe alexandrine, il a rendu service à tous ceux qui se proposent pour objet l'étude de rhelléni-mc, dans ses manife£talioDS les plus variées.
Mai. (llOLLIGNON.
1. Voir les Promenades archéologiques de M. G. Boissier.
EhI\ATA
Une faute de composition s'est glissée dans le dernier article deM.Ueu- zey, sur les rois de Tello (n» de novembre 1882, p. 27!i) ; le bois conte- nant le nom d'un paUsi de Siriclla a été placé à l'envers. Dans le même nom, la dernière syllabe est ni et non pas sf'.
Lire, (lnn« Ir" mémo numéro, ;\ l'arliclede M. M. Peloche, p. :tiO, I. 3: DN COAYRJOJCIVS PP AV au lieu de . DN OOARICOCIVS PP AV.
TARLF. AI^PUAIIKTIOIIR
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380
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T.VlîLH MÉTHODIQUE
[. SOCIÉTÉS ET NOUVELLKS. — 11. EGYPTE ET ORIENT.
III. GRÈCE. — IV. ITALIE. — V. FRANCE. — VI. PAYS DIVERS.
Vil. IIIRLIOGRAPHIE, LINGUISTIQUE.
1. SOCIÉTÉS LT NOLVLLLtS.
Nouvelles arcliéologiques et correspon- dance, p. 58-CO. (juillet); - p. 121- li!0 (aoat); — p. 188-189 (seiitcmbrek — p. 2.)l-253 (octobre); — p. 320 (novembre) ; — p. 3G8-375 (clLceoibrc).
Dullctin Mensuel de l'Académie des ins- criptions, par M. II. -Y'., mois ao juin, p. 54-55 (juillet;; — mois de juillet, p. 122-123 (aoiit) ; — mois d'août, p. 185-180 (septembre); — mois de septembre, p. 2/19 (octobre) ; — mois d'octobre, p. 3lG-3i7 (novembre); — mois de novembre, p. 3o3-30i (décem- bre).
Société uationale des antiqu;iires de France, prùsidence de M. Geoiigf.s l'KBnoT, par M. 0. Havet, p. 50-57 (juillet).
Société nationale des antiqua'res de France, présidence de M. G. Dti'LESSis, par M. "^', p. l-<7 (septembre).
Société nationale des antiquaires de France, présidence de M. A.Hertua.nd, par M. *", p. 250 (octobre).
Société uationale des antiquaires de France, présidence de M. G. Pehiiot, par M. 0. i\AYET, 11.318-319 Jnovem- bre^ ; — p. 305-307 (décembre).
Musée et Société archéologiques d'A- gram par M. L. Léger, p. 188-189. (Nouv. et corr.).
Vases antiques du Musée arcliéolo::iquc de Madrid, p. 252 (iNouv. et corr.^.
Collectiou Gamillo Lécuyer. Terres cui- tes antiques trouvées en Grèce et en Asie-Minenre. Notices par MM. Fr.
LE.\0RMA^T, J. DE WlTTE, A. CaT. - TAtl-r, G. SCIILUMIJERGElljL. HaUELON,
G. LÉGUYER, p. 190 192 (Bibl. par M. G. l'EURor).
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Sommaires de publications archéologi- ques, p. 125-120 (Nouv. et corr.); — p. 320 (Nouv. et corr.) : — p. 372-374 (Nouv. et corr.).
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Les rois de Tello et la péiiode archai- iiue de l'art Cbaldéen, par M. Léon HttZRV, p. 271-279, pi. X.\ll, 0 lig. (novembre).
390
ni:vLF. Anr.iiKoi.or.iot'F.
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E\| t*dil ion* arr|uHtli>pi(|tios Bill rirliionnes
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IV. n Aiii;.
La plus anrienni- infcription latine, par .M. .Mi< iim. IlnJAL, p. H2-9K (uoùtj.
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Notes lur les Mosaïques chrélicnn< s de
ritnlie, par M. Kto. MiNT/, |>. t'il- ir>2, l'I. Wlil et MX Septembre).
V. lHANC.i:.
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Dérouverto d'une épéc de bronrc et d'une épée gauloise en fer, par M. LioK MoRiL, p. 110-121. Il t\f.{auù\).
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Découverte de monnaies g-iuloises h Langies, pur M. Anatole dk BAnTHÉ- LEMY, p. 58-59 (.Nouv. el corr.).
Trésor gaulois de Lunjuzan (Gers), p. 253 (Nouv. et cori.).
Ville gallo-romaine do Beauclair (Puy-de- Dôme), p.2.'»l-252 (Nouv. el corr.).
Toijibe romaine trouvée à i.yon cl ren- fermant le masque d'un enfant, p. 188 (Nouv. el corr.).
Poteries estampillées de l'ancienne Séquanie,p. 373 (Nouv. et corr.).
Trésor de Cbinon, par M. P. CiunLEs Robeut, p. 376 (Bibl. par .M. H. .Mo- wat).
Ruines du collège Dormans ;\ Paris, p. 59 (Nouv. et corr.).
Ktude sur les Celtes et les Giulois, par M. P.-L. I-EM1ÈI1E, p. 01-0'i(Bibl. par
M. ALEXANDHE BEnTRANU).
Les Celtes et les (iaulois, i)ar.M. P.-L. LEMiir.E, p. 308-371 (Nouv. et corr.).
VI. I'\^S l.TUAXGEllS.
Carte montrant la distribution des prin- cipaux dolmens d'lrland<', par M. M\llGAIlEr SlOKES, p. 1-22, pi. XI
(juillet,.
Monnaie d'or aux types d'F.mporics, par M. ZOIIKL DB ZANCnOMZ, p. 28-30, 1 llg. (juillet).
Une inscription ibérlenne, par M. Fuan- r.ois LKNonMANT, p. 31-32 (juillet).
Das Landi's /i-ngliaus in Gratz, par M. F.-A. MnocKiiMS, p. 127128 (Blbl. par M. P.-('.ll^nl.^» IloiiKr.T;.
Notice sur l'état actuel des ruine» de
TA Iir.K nF.S MATIK RF. S.
391
Doclra, par M. F. Saski, p. lli-ll , pK Xlll, 5 llg. (août;.
Nonvellos inscri[)tioiis de Docléa, par M. HouEtiT MowAT, p. 7 '-SI (août;.
ExiMn|iles de pravuro untiquo sur verre à pro|ios il(! (|ii('l<nir's fraiîiiieiiis prn- venaiil d.' DuUc, par M. II. M., p. 280- 300, pi. WIII, 11 11k. (iiovi-iiilire,.
Bulleliii triiiiestricl des antiquités afri- caiiies, p. l'J.'i (Nouv. et corr.).
Inscriptions de Cliemtou (Siinittu) Tuni- sie, par M. A. -II. de V., p. 2/|.J-2'i8 (octobre).
Les listes royales éliiiopicnnes et leur autorité liisiorii|Ui', par M. E. Diioui.n, P.9U-1I5 'août). -- (sitilf), p. l.'-).j-172 (septembre). — {suite), p. 20l)-L'2/(, pl. X.\ et XXI (octobre;.
Kcole américaiued'Athènes, p. 2j'i^.\ouv. et corr.).
Vil. i:iiM.i()(;nAiMiii:, Li\(ii istiqli:
Bibliograpiiie, p. Gl-G/i (juillet). — p. 127-
128 (aoat\ — p. 100-192 'septembre). — p. 2.'J/|-230 (octobre^. — p. .170-383 (décembre).
Kludes arcli('oloKif|ues,feiivre posthume, par M. le I)f l'ii. A. Df.iiiiKn, p. 254- 255 (IJibl. p.ir M. (j. Phiiiiot).
Cachets d'oculistes romains, par ,M.M. A.
IIÉIIO.N riK VM.I.EI OSSK et II. 'l'illKENAT,
p.. 570 378 (IJibl. i)ar M. I'm i, I.ali.e-
MlSI)).
frinimurtalilé de 1 Ame ch<z les peuple» séuiitif|ues, parM. J. IIai.kvy, p. ft'i- .03 fjuillct).
Séduliusde Liège, par M . Miniu Pircnnk, p. 2.")o-2jG (IJibl. par M. A. LoM.^osj.
Lis Bardes, par M. H. n'Aunois dk Jt iiAlwii.i.E, p. 225-2'i2 (octobre;,
La poésie alexandrine sous les trois pre- miers IHoléméi-, par M. Auguste Co.NAT, p. 378-383 (Bibl. par M. Max
COLL'CNON).
nenseifinemenis archéologiques sur la trat.sformaiion du C guttural du hitin en une silUanie, par M. M. I)i:t.o- ciiE, p. 301-315, 2 lig. (novembre;.
TABLE DES MATIERES
LIVRAISON' DE Jl ILLET
I. — Carte montrant la distriliufion des principaux dolmens d'Irlande
par MAiu;\nF.T Stokes, traduit par Emile Ki'.nallt 1
II. — Inscription d'IIasparrcn, par M. F. Dksjardins 22
III. — Monnaie d'or aux types d'Emporios, par M. Zoiiel vr, Zangkoniz ... 28
IV. — Une inscription jbériennc, par M. 1' nA\çois LENonMA\T 31
V. — Le Laocoon ot le proupc d'Atliéna à la frise de Pergame, j)ar
M. Aduii:.\ Wagnon 33
Vi. — L'immortalité de l'âme clicz les peuples sémitiques, par M. J.Halhv Y. i/j
Bulletin mensuel do l'Académie des inscriptions (mois do juin) 5.'j
Société nationale des antiquaires de France 'jG
Nouvelles archéologiques et correspondance 58
Hibliograpliie 01
Planches XL — Carte des monuments mégalithiques de l'Irlande. Xll. — Inscription d'Ilasparren.
L1VR.\IS0N D'AOPT
I. — Le Laocoon et le groupe d'Atliéna à la frise de Pergame (deuxième
article), par M. AnniEN Wagnon ti5
II. — Notice sur l'état actuel des ruines de Docléa, par iM. Sa? ki 7i
III. — Nouvelles inscriptions de Docléa (exploration de M. Saski,, par
M. RonEnT Mowat '^
\\ _ La plus ancienne inscription latine, par M. .Michel Briai S2
V. — Les listes roynlcs •'•tliiopicnnes et leur autorité historique, par M. L.
DnoiiN ^9
VI. — Découverte d'une épée de bronze et d'une épée gauloise en fer, pir
M. Lkon Morei IIG
Bulletin mensuel de l'Académie des inscriptions (mois de juillet; ... 122
394 UKVl'K AHCHliOLOGIQUF..
Nouvelloj arclicH>logiqucs ' -"i
Diblio(;raphio 1-7
pLANciirs MU. — Knviron» do DocK'a.
XIV. — limcription l.iiino dp Din'no». XV. — ncstauration erronée du groupo du Laocoon.
LIVIIAISON I)i: SKI'II MlUti:
I. — Le Laocoon et le proupe d'AtliOnn .\ la frise de Pergame (troisième
aniclr). par M. Adrien Waoon l-'J
U. — Noies sur les mosaïques chriiticnucs de l'Itulit', par .M. KiG. Mu.nti.. lil III. — Les listes royales étliiopiennes et leur autorité historique (deuxième
article), par M. K. DnoiiN. ^ 1^^
IV — Sur le proiipo dit dos l'arques, au fronton oriental du Parlliénon, par
•M. L. DE noNCii.MD .• 1"3
V. — Kxploration des trois tumulus deKcrvern en Plozévet (Finistère), par
M. PAtL DU ClIATELLIER ^"^^
Bulletin mensuel de l'Académie des inscriptions (mois d'août).. 185
Société nationale des antiouaires de France 187
Nouvelles arclléologiques *^^
Bibliographie ^^^
Planches XVI IL — Mosaïque de l'abside de Saint-Clément.
XIX. — Mosaïque do l'ancienne tribune de Saint-Pierro.
LIVI'.AIsOX D(>( lOIMH:
I. — Le Laocoon et le groupe d'Alliéna à la frise de Pcrgamo /quatrième
ariicK'i, par M. AcniKX Wacnob 103
11. — Les listes royales itliiopicnncs et leur autorité liistorique (troisième
article), par M. R. DnouiN 207
III. — Les Bardes, par .M. IL d'Aiibois de Jiiiain ville :237
IV. — Inscription de Cliemtou (Siniitlu) Tunisie, par M. A. Oklaitre 243
Bulletin mensuel de l'Académie des inscriptions (mois de septembre) 2k9
Société nationale des untiqnaircs de Franco 330
Nouvelles archédlopiques et correspondance 2i"J
Bibliograplii'-. 254
Pla>ciiks XVI. — Groupe du Laocoon.
X\ll. — (;rou()i! d'Alliéna. Frise de Pergame. XX. — Monnaies éthiopiennes. XXL — Les diverses écriture» éthiopiennes.
TAHLR I)i:S MATIKIIKS. 395
i.i\i;.\i.s().\ i)i; .\()Vi:Mi!iti:
I, — i.c Laocoon ri !*• prrmpc d'Allit'iia h la ftisc de Tcrgamc (ciiKiuifcme
article, par M. Adiiibn Wagnon 2jH
II. — Les rois do Tcllo et la période arcliaii|iie du 1 art chaldéeii, par
M. LÉON Heuzkv 27)
m. — Kxeniples de gravure niiiiiiui- sur verre (à propos de quelque» frag-
itients provenant de Dukie, Monlénégro), par M. noRKnT Mowat.. 280 IV. — llenseignoments .irclu'ologiqups sur la transforniatioii du C guttural du
latin en une sifflante, par M. M. Dei.ociib 301
Bulletin mensuel de l'Académie des inscriptions (mois d'octobre). . 310
Société nationale des antiquaires de France 318
Nouvelles archéologiques 320
I'LA>ciiKs Wll. — Fragment clialdéen arclianiue.
\X1I1. — Verres gravés découverts à Docléa.
LIVIIAISOX DE DnCKMBllE
I. — Le Laocoon et le groupe d'Atliéna à la frise de Pcrgame (sixième
article), par M Adrien Wagnon 321
II. — Sceaux hittites on terre cuite, appartenant i M. G. Sclilumbergcr,
par M. G. pEnnor. 333
III. — Vases d'Ialysos (lettre à M. Albert Dumont), par M. A. S. McnnAY.. 3/i2
IV. — Les fouilles de l'Institut archéologique américain à Assos (deuxième
campagne. — 1882), par M. Thomas W. Liolow, 352
V. — Note sur les silex du terrain tertiaire de Thenay (Loir-et-Cher), par
M. A. Damodr 359
Bulletin mensuel de l'Académiedes inscriptions (mois de novembre) 363
Société nationale d^s antiquaires de France 365
Nouvelles archéologiques et correspondance 368
Bibliographie 377
Planche XXIV. — Sceaux hittites en terre cuite.
Table alphabétique par noms d'auteurs 385
Table méthodique 389
FIN.
Paris. — Imp. l'iLLiii et Dumoulin, 3, rue des Grands-Auguslio?»
Revue Archéologique 1882,
CARTE DES MONUMENTS MÉGALITHIQUES DE L'IRLANDE DRESSÉE J'APHÈS LES NOTES DE MISS MARC. STOKES
REVUK AnCIlKOLOOK^LK, |8rt2. 1^1. XII.
FIAMEN'ITEM DVMVIRQV^STCR
PACiaMAGISTER V£PVS/\DAVCVS
TVMLECATOMV
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PRONOVEMOPTI
NVITPOPVLIS'SE
IVXEREGALLOS
VRBERFDVXCE MIOPACIHANC-
DEDICATARAH
INSCRIPTION DH ASPA R R K N (Basses- Pvrcnccs
I '» (• V i II- Ai'i'Itoulo^'Hiui' 1882
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PLAN DES RUINES DE DOCLEA
ENVIRONS DE DOCLEA
ovuG Archéologique 188^
\'l. XIV
Imp-Lemerciep & C'.'^Paris.
INSCRIPTION LATINE DE BUENOS
Ki:vi;i: AR^.}^KOLOGIQ^I^. 18S2.
l'I. XV
\S'\JT^iJ^
A\-e'f4ér tA,
RtSTAURATION ERRONEE DU GROUPE DE LAOCOOX.
A. B. Pose défectueuse du bras droit de Laocoon et de son fils, dus à MontorroH.
Revue Archéoloôiq^ue 1882.
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RKVUI' ARCHÉOLOGIQUE. i88;
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MONNAIES ETHIOPIENNES.
Revue Archéologique 1882.
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FRAGMENT CHALDEEN ARCHAÏQUE ^ Fouilles de M de Sarzec.)
Revue Archéolo6ique 1882.
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VERRES GRAVÉS DÉCOUVERTS A DOCLÉA
Revue Archéologique loo/
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SCEAUX EN TERRE CUITE Appartenant à M. G. Schl'jm'berter
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