M

}>o^^

REYUE

NUMISMATIQUE BELGE.

IMPR. DEMM. DKVROYE.

REVUE

DE hk

NUMISMATIQUE

BELGE,

PUBLIEE SOUS LES AUSPICES OE LA SOCIETE NUMISMATIQUE , PAR MM. R. CHALON, L. DE COSTER ET CH. PIOT.

SÉRIE. TOME V.

1 gX^-Çi.

BRUXELLES,

LIBR.\IRIE POLYTECHNIQUE D'AUG, DECQ,

9, RUE DE LA MADELEINE.

1855

REVUE

DE LA

NUMISMATIQUE BELGE.

-^»o«&»-

NOUVELLES CONSIO&RATtONS

SUR DES

MONNAIES RESTITUÉES 4 CHARLEM4GNE.

Planche I.

Deux ans se sont écoulés depuis la publication de mon travail sur des monnaies que j'ai restituées à Charlemagnc, travail dont les données me furent principalement suggé- rées par l'ensemble des pièces déterrées à Dnerstede; voyez la Revue de la numismatique belge, t. il, 2^ série. Si, en produisant, ou plutôt en reproduisant en partie cette attri- bution, j'ai combattre la doctrine de plusieurs numis- mates, notamment de M. de Longpérier, c'est que j'avais une profonde confiance dans la solidité de mes preuves, car je n'ai eu et naurai jamais d'autre guide que l'amour de la vérité.

Je n'insisterai pas sur une des nécessités fondamentales

SÉRIB, TOM« V, 1

2

de la science , celle qui consiste à bien classer les monu- ments monétaires ; et si je reviens aujourd'hui à la question des monnaies de Charlemagne, question que je crois avoir élucidée avec quelque succès et que, depuis, l'honorable directeur de la Revue numismatique française, M. Cartier, a prise sous sa puissante protection, dans un savant et si remarquable mémoire; si, dis-je, je reviens à cette impor- tante question, ce n'est pas que des objections sérieuses aient été opposées à nos arguments. Le silence des numis- mates dont nous avons combattu le classement de quelques types carlovingiens me porte , au contraire , à croire que des convictions ont été au moins fortement ébranlées. Il me répugnerait de chercher ailleurs les causes de ce long silence, car les noms de de Longpérier et de Fillon sont à l'abri des moindres soupçons de susceptibilités d'amour- propre. « J'attache peu d'importance, dit M. Fillon, à ces « mesquines questions personnelles qui tendent à rapetisser <i le débat; car la science perd toujours à de pareilles pué- « rilités, dont le seul résultat est d'engendrer ces petites «I guerres sournoises et clandestines, d'autant plus achar- « nées qu'elles se font d'une façon plus doucereuse. « Lettres à M. Ch. Dugast-Matifeux, p. 9.

M, de Longpérier n'est pas moins rigide à l'endroit de ces sentiments ; aussi dois-je coitsidérer comme l'expression de sa pensée intime la lettre que ce savant écrivit à mon col- lègue et ami, M. Chalon, le 27 février 1855, au sujet des monnaies trouvées à Duerstede , qu'il déclara être fausses.

Le jugement formulé si péremptoirement par ce numis- mate, ce jugement infligé avec une incroyable légèreté et, depuis, maintenu verbalement devant plusieurs personnes.

D

me place dans une situation excessivement fûclieuse, étant surtotit de nature à me cdmprùmcltre sérieusement, sous le double point de vue de la science et de la loyauté apportée dans mes transactions, ce dont j'ai h prendre d'autant plus souci que l'aulorilc de M. de Longpéricr est d'un poids considérable dans le monde numismatique. Je me crois donc obligé de publier cetfe lettre et d'y répondre; la voici :

« Paris, 27 février t8î)3.

« Monsieur et cher confrère,

<i Je viens de recevoir de M. de Coster une brochure « extraite de la Revue numismatique belge, intitulée : 'I Restitution de quelques monnaies à Charlemagne. Je <; me réserve de réfuter les arguments que contient ce tra- •' vail, d'ailleurs écrit avec la plus grande politesse et dont « je ne saurais me plaindre. M. de Coster n'a cependant « pas le droit de dire, comme il le fait page 54 : ces mon- « naies, dont personne ne suspectera la provenance et 't l'authenticité , après ce que je lui ai écrit au mois de « janvier 1852 et ce que je lui ai dit quelque temps après, «( lorsqu'il est venu à Paris.

« J'étais loin alors de soupçonner le parti que M. de <i Coster tirerait de sa collection de médailles ; cependant, « à la première vue du catalogue qu'il m'envoyait le 10 jan- « vier, je concevais des doutes sur l'authenticité des pièces « et je lui en fis part immédiatement. M. de Coster doit " bien se le rappeler, car il fut si inquiet qu'il m'écrivit « quatre lettres en date des 1 3, 1 -ï, 1 5 et 1 7 janvier, m'en- « voyant en même temps plusieurs monnaies. Je vous de-

_ 4

« manderai donc de placer, dans le numéro que vous im- « primez en ce moment, une courte note ainsi conçue :

« Notre collaborateur. M, de Longpérier, m'écrit que, « tout en regrettant vivement de causer quelque déplaisir «' à M. de Coster, dont il se plaît à louer la parfaite urba- « nité, il est obligé de déclarer que, sauf trois ou quatre " monnaies françaises et un certain nombre de saigas an- « glais, la collection de monnaies qui lui a été montrée, « en 18S2, par M. de Coster, comme ayant été recueillie « aux environs de Diierstede, lui a paru composée de 't pièces fausses. M. de Longpérier avait déjà soupçonné « ce fait sur la description des monnaies qui lui avait été « adressée en janvier 1832 j la vue des monuments numis- « matiques n'a fait que confirmer ses premières idées à cet « égard. Notre collaborateur avait pensé qu'il suffisait de « prévenir M. de Coster et quelques amateurs de Paris qui « lui avaient demandé son opinion. Aujourdliui que les «( monnaies recueillies près de Duerstede viennent prendre « place dans la science, M. de Longpérier se voit forcé de « rendre publique une opinion émise par lui, il y a un an, « avec toute la réserve que lui imposaient ses relations a avec l'excellent M. de Coster^

«t J'espère, cher confrère, que cette note ne vous sera « pas désagréable à imprimer. Si vous pouvez la placer « dans la Revue, à la fin du numéro contenant l'article de « M. de Coster, je ne donnerai pas d'autre publicité en ce « moment à ma réclamation; si, au contraire, la note ne « devait paraître que quelques mois après l'article , jinsé-

5

« rcrais tout de suite mes explications dans la Revue de « Blois, dans VAthenœum et dans la Revue archéologique. « Soyez donc assez obligeant pour m'avertir par un petit « mot.

« Je suis tout 5 fait désintéressé dans îa question des « Charlemagne, je n'ai pas de colFoctfon; il m*cst absolu- « ment indifférent que Cliarlemagne ait ou n'ait pas frappé «c monnaie. Mais je crois que la classification rfe M. de « Coster tend à troubler Tordre dts types, des poids, des « styles , pour le simple plaisir de contenter les amateurs «1 qui désirent avoir h plus de Charlemagne possible , ce « qui est un penchant grotesque.

« Le catalogue que m'avait envoyé M. de Coster sentait « le faux d'une lieue ; toutes les pièces paraissent avoir été « empruntées au catalogue Rousseau. H y en avait de «I toutes les villes, excepté de Belgique; les exemplaires « étaient presque tous uniques; cela, en un mot, ne res- •t semblait pas le moins du monde à une trouvaille.

« Lorsque j'ai vu les pièces, fai acquis la conviction «1 qu'elles sont fausses, sauf deux ou trois que M. Rousseau « a achetées (refusant les autres, ce qui n'est pas bon signe).

« Au reste, en 1836, j'ai été le seul à soutenir que les «t fameux deniers normands étaient faux; j'avais contre moi « RoUin et tous les amateurs de Paris ; je m'en suis peu « ému, et j'ai fini par trouver un de ces deniers frappé sur « un douzain d'Henri IV. J'affirme maintenant que les c< pièces de M. de Coster sont fausses , on me croira ou i< on ne me croira pas maintenant, cela m'est indifférent ; « il en arrivera comme pour les deniers des ducs de Nor- « mandie et pour tant d'autres monnaies qui ont été con-

- 6

« damnées à la lin, après qu'on m'avait opposé la plus vive <t résistance. « Agréez, etc.

« (Signé) Adrien de Longpérier. »

Je dirai d'abord que notre honorable président, M. Cha- lon, a immédiatement averti M. de Longpérier, qu'il con- sidérait les pièces de mon acquisition comme indubitable- ment bonnes; que dès lors il ne pouvait se faire l'écho d'une accusation dont les moindres conséquences devaient porter atteinte à ma considération et tendraient, au surplus, à compromettre le possesseur primitif de cette collection, M. Balfoort, d'Utrecht, dont l'honorabilité et la probité sont certainement à l'abri de tout soupçon. Enfin, mon collègue priait M. de Longpérier de lui envoyer une réfu- tation raisonnée qui serait imprimée aussitôt. Mais ces appréciations si justes et l'avis fort sage qui les accompa- gnait, sanctionnés d'ailleurs par la puissante autorité d'un des numismates les plus habiles et les plus capables de notre époque, furent laissés sans réponse.

Je passerai maintenant à l'examen de cette fameuse lettre.

M. de Longpérier a pris l'engagement de réfuter mes arguments; la science, si intéressée dans la question de classification qui nous sépare, y gagnera immanquablement; il n'y a donc qu'une question de temps.

Ensuite, ce savant me conteste le droit de dire : que la provenance et l'authenticité de mes monnaies ne saliraient être suspectées, et, tout en en appelant à sa lettre du H jan- vier 1852, et à l'entrevue que j'ai eue avec lui à Paris, peu

de temps après, M. de Longpérier déclare que si déjà une simple inspection du catalogue lui fit concevoir des doutes sur l'authenticité de mes pièces , parmi lesquelles il y en avait, dit-il, de toutes les villes excepté de Belgique, il ac- quit, en les voyant, la conviction qu'elles étaient fausses, sauf deux ou trois et, quelques lignes plus bas, cet arrêt est de nouveau solennellement confirmé. Ceci est fort grave» Je vais reprendre les faits d'en haut. Après avoir fait l'acquisition de la collection des monnaies mérovingiennes et carlovingiennes recueillies dans les fouilles de Duerstede, je communiquai à M. de Longpérier le catalogue de ce qui composait cet achat. Dans ce catalogue ne figuraient pas les pièces frappées à Duerstede et d'autres sans indication d'atelier monétaire que M. Balfoort s'était réservées à l'in- tention de la Société archéologique de sa ville; je l'ai cepen- dant fait observer à la page 6 de mon article. Ainsi il ne manquait réellement dans mon catalogue, en monnaies portant l'indication du lieu monétaire, que les deniers de Charlemagne, de Louis I et de Lothaire, frappés à Duer- stede. Après Duerstede je ne connais que Liège, Maestricht et Tournai dans la Belgique actuelle, qui nous aient laissé incontestablement de la monnaie de l'époque que représen- taient les carlovingiennes déterrées à Duerstede, mais de chacune de ces trois villes on ne possède que le denier au premier type de Charlemagne et tous trois n'existent, je pense, qu'en échantillons uniques ! ! Est-il donc étonnant que les fouilles de Duerstede n'aient produit aucun de ces trois deniers? Mais ne confondons pas la Belgique de ces temps avec la Belgique d'aujourd'hui ; notre pays faisait alors partie de ce vaste territoire nommé royaume d'Austrasie, et

8

nous n'avions pas comme espèces nationales que les seules monnaies de Duerslede, de Liège, de Maestricht et de Tournai, mais nous revendiquons encore comme propres les monnaies d'Aix-la-Chapelle, de Cologne, de Bonn, de Mayenee, de Trêves, de Strasbourg, de Verdun et de Cam- brai, toutes étrangères à la France, pays conquis et annexé au nôtre par celte vaillante et célèbre race belge, la race des Pépins. Or, plusieurs de ces ateliers figurent parmi les monnaies provenant des fouilles de Duerstede ('); il n'est donc pas exact de dire qu'il y avait des pièces de toutes les villes excepté de Belgique.

Eh bien! mon catalogue émut sérieusement M. deLong- périer, car le H janvier 18o2 il m'écrivit ceci :

«( Vous me trouverez sans doute, Monsieur, bien scep- « tique et bien hardi; mais je dois vous parler avec toute « la franchise que vous attendez de moi, et vous avouer que t( je crains beaucoup que l'on ne vous ait fait accepter des « imitations Irès-adroilement fabriquées des deniers qui « existent aujourd'hui en originaux à la Bibliothèque natio- « nale de Paris. Grâce aux progrès de Télectrotypie , les « faussaires sont devenus si prodigieusement habiles que « l'on ne doit plus agréer de monnaies précieuses sans les « examiner avec l'œil le plus défiant.

« Use peut cependant que je me trompe cl je le désire bien « sincèrement, d'abord pour vous, Monsieur, ensuite pour

(I) Je puis encore citer, comme provenant de Duerstede, deux deniers variés de Charlemague, dont les formes contractées du nom local: CLS et CILS, pour Castrilocus, Mons, ont été si heureusement interprétées par M. Chalon j Rnuc de la mrmismatique bclf/c, 2* sévie, t. II.

« la science, car il y a dans l'ensemble que vous m'avez l'ail « connaître des monnaies qui, si elles sont aulhentiques, « seront très-précieuses pour la numismatique. J'espère « que vous serez assez bon. Monsieur, après avoir de nou- a veau examiné vos monnaies (en les comparant aux gra- « vures de la collection-Rousseau pour voir si la ressem- •1 blance n'est pas trop complète) pour me donner avis de «( votre jugement. '>

J'adressai alors successivement à M. de Longpérier 39 pièces des deux premières races, et lui écrivis en même temps plusieurs lettres pour lui donner tous les renseigne- ments et toutes les garanties désirables sur l'origine et la légitimité de mes monnaies, et nullement pour lui exprimer des inquiétudes à leur égard 5 mais je ne reçus plus de réponse.

Deux mois après je me rendis à Paris et emportai la collection entière, sauf les 39 pièces que je repris alors. Je suis allé trouver M. de Longpérier au Louvre j'ai passé plus d'une heure afin de laisser au savant conservateur le loisir d'examiner le tout à son aise. Il est vrai, ainsi qu'il le dit dans sa lettre à M. Chalon, qu'il fut très-réservé, car il ne témoigna de soupçon qu'à l'égard de deux deniers, ne se prononçant d'aucune façon sur toutes les autres pièces...

Oli! alors, je le déclare franchement, la confiance que m'avait donnée jusque-là le prestige de tant de réputation, m'échappa comme une ombre. Car, s'il n'est personne qui déplore plus amèrement que moi la trop coupable industrie des faussaires, il faut cependant reconnaître que, loulpru- digicHsement habiles qu'ils soient devenus, la science qui consiste à distinguer le faux du vrai subsiste toujours ; tant

10

pis pour celui à qui le tact indispensable et le coiip d'œil exercé font défaut.

C'est donc ensuite de l'examen dont je viens de faire le récit, que M. de Longpérier s'autorise à dire : lorsque j'ai vu les pièces, fat acquis la conviction qu'elles sont fausses^ et plus loin : j'affirme maintenant que les pièces de M. de Coster sont fausses ! ! Les den iers normands l'étaient bien . . .

Il y a quelque vingt ans, nous marcliions encore dans la vieille ornière , nous n'avions pas encore rompu avec les traditions de l'ancienne école; en 1836, la numismatique du moyen âge était donc à l'état d'embryon. « C'est à '1 Joachim Lelewel que revient tout le mérite de l'initia- « tive; son livre de la Numismatique du moyen âge a opéré « une véritable révolution dans nos études. Le premier, « ce savant polonais a reconnu la filiation des types, leur « propagation, leur dégénérescence.

« Nous le déclarons bautement : tout ce que, depuis « 12 ans, les numismates ont écrit de plus solide s'appuie « sur le procédé méthodique de Lelewel » De Longpé- rier, Notice des monnaies françaises, etc.; 1848, p. X.

Or, les fameuses monnaies normandes, que rappelle M. de Longpérier, apparurent presque en même temps que le précieux livre de l'illustre Lelewel, livre imprimé en 1835, c'est-à-dire lorsque nous touchions seulement aux premières notions de nos nouvelles études numismatiques. Il n'est donc pas étonnant que feu Rollin et tant d'autres anti- quaires, qui ne s'étaient occupés jusque-là que de médailles antiques , se soient trompés en jugeant les deniers nor- mands, tout grossièrement et malbabilement faits quïls sont. 11 est probable cependant que si Rollin avait aperçu

, - -

les vestiges du douzain d'Henri IV, que signale M. de Long- périer sur un de ces deniers, il eût également reconnu la fraude. Quoi qu'il en soit, ces mêmes numismates qui, en 183G, furent victimes de cette déplorable tromperie, et qui, depuis, ont acquis la pratique et les connaissances nécessaires; s'en prennent naïvement aujourd'hui à leur inexpérience d'alors.

Mais, qu'en 18o3, M. de Longpérier, un des chefs érai- nents de la nouvelle école, après les avoir vues et exami- nées, déclare et affirme fausses des pièces dont l'origine et les caractères en général échappent au plus léger soupçon ; qu'il déclare et affirme fausses des pièces que j'ai cédées à des amateurs, dont l'aptitude et le jugement font autorité et dont je conserve d'ailleurs des témoignages écrits qui seuls suffiraient pour anéantir un si injuste arrêt ; qu'il déclare enfin et affirme fausses celles de ces pièces qui, comme austrasiennes ou lorraines, sont entrées dans ma collection, dont elles sont, en partie, les plus précieuses perles; voilà ce qui semble incroyable , alors que je puis me dispenser de rappeler à M. de Longpérier que non-seulement je suis son aine, mais que le goût, trop passionné peut-être, de la numismatique a été, dès ma tendre jeunesse, le seul et constant objet de mes études.

La réfutation de mes arguments se fait toujours attendre, et la menace ^insérer tout de suite ses explications dans les trois recueils archéologiques que M. de Longpérier a à sa disposition, n'a pas eu d'exécution non plus. A quoi peut tenir ce revirement, puisque le savant numismate n'a pas changé d'opinion par rapport à l'authenticité de mes piè- ces? Et que dire de Tesprit de la noie-réclame qu'il a pris

t2

le soin de rédiger lui-même, sans même songer que les termes de celte note en reportaient la responsabilité sur notre honorable président ? Je ne relèverai pas non plus ee passage, d'une portée absurde et inqualifiable : que ma classification, par un pencfiant grotesque, ne serait faite que pour le simple plaisir de contenter les amateurs qui désirent avoir le plus de Charlemagne possible. Libre à M. de Longpérier d'être, comme il le dit, indifférent à la question de savoir si Charlemagne a ou n'a pas frappé mon- naie; je déclare, au contraire, que toute ma sollicitude est acquise à l'étude de ee point important de notre histoire monétaire, et que j'en ai trap consciencieusement recherché les moyens de solution pour avoir mérité une si ridicule appréciation du mobile et des tendances de mon travail.

Le vénérable vétéran de la science numismatique, mon collègue d'Amboise, a dit dans son savant et remarquable mémoire rfes monnaies de Charlemagne, mémoire qui se distingue non moins par son incisive lucidité que par la frappante évidence des preuves matérielles : « Il me reste «i à résumer cette longue discussion en étayant ces conclu- « sions de quelques monuments numismatiques de l'époque « carlovingienne , relatifs aux types que nous avons plus « spécialement étudiés. J'espère qu'ils convaincront les « yeux, comme le raisonnement a pu convaincre l'esprit, «i sur une question si longtemps débattue. "

M. Cartier, qui peut se le tenir pour dit, s'est donc fait mon complice dans les tendances qui me sont si inconsidé- rément attribuées. Qu'en pense M. Fillon, qui répondra sans nul doute aux arguments que lui oppose l'honorable direcieur de Revue française ?

45

Je no pins me dispenser de transcrire ici les quelques mots par lesquels M. Fillon s'est soustrait à la discussion de mes arguments : <i Lorsque j'ai rédigé cette partie de « mon travail, dit M. Fillon , je ne connaissais pas celui « de M. de Costcr , inséré dans la Revue numismatique « belge, et qui vient de m'ctre adressé par son auteur, au <i moment le manuscrit de ces lettres était déjà livré à « l'imprimeur. J'en demande pardon à ce numismatiste « distingué, mais je suis forcé d'avouer que la lecture de « son Mémoire n'a pas modifié mon opinion , el que je <( persiste à enlever à Charlemagne tous les deniers au « monogramme, par les motifs que j'ai donnés plus haut « et ceux qui l'ont été par MM. Lecointre-Dupont et de « Longpérier. La belle planche de M. de Coster, qui « reproduit très-exactement les monuments dont il s'est « occupé, est le meilleur argument à invoquer contre son « propre système.

« Leur faire met obstacle à cette classification, qui heurte « les principes fondamentaux sur lesquels l'art et la loi de « la filiation des types reposent. » Lettres à M. Dtigast- Matifeux^ p. 128.

Les deniers de ma planche offrent entre eux une telle similitude et analogie, par le style, la manière large des let- tres, la formule nominale et l'absence du mot civitas pour les villes épiscopales, que l'on est forcé de reconnaître leur contemporanéité. Cependant, bien que déjà sous Louis le Débonnaire, les lettres fussent devenues moins crasses et que, sous Charles le Chauve, elles eussent pris des formes tout à fait grêles et maigres, alors aussi que le nom des

u

villes» cpiscopalcs est toujours accompagné du mot civitas, on n'en a pas moins argumenté , avec une incroyable har- diesse, de l'identité du faire qu'auraient les CARLVS REX FU avec la monnaie des diverses époques dans lesquelles on classait ces larges deniers.

S'agissait-il de deniers frappés dans les villes du royaume de France, telles que Tours, Rouen, Laon, etc. ; pour leur trouver place, il fallait nécessairement les faire précéder le type au Gratia d-i rex; il n'y a pas à s'y tromper, disait- on , c'est bien le faire de cette époque (840). Les deniers de Marseille, de Lyon et de yicnne ne pouvaient être que de Charles de Provence, soit 8o3 à 863, et comment s'y méprendre ? n'ont-ils pas encore le faire de ces temps? Les deniers de la Lorraine et de l'Italie, 870 et 875 à 877, sont toujours du faire d'alors. Et qui ne voit enfin que les de- niers dont, en désespoir de cause, on dote Charles le Gros, caractérisent si bien le faire de ce règne ? Si maintenant il était possible de prendre ce système au sérieux, un moyen bien simple ferait bonne justice de l'allégation de M. Fil- Ion; il suffirait de placer sur une planche, en regard de mes pièces, des deniers appartenant incontestablement aux diverses époques dans lesquelles on a fait prendre place aux CARLVS REX FR. J'aurai occasion de rappeler cette bizarre distribution de mes deniers.

Et pour en revenir à la lettre de M. de Longpérier, ne semble-t-il pas que ce savant n'a pas même pris connais- sance de mon article? est-il question d'une trouvaille, c'est-à-dire de la découverte d'un dépôt monétaire? N'ai-je pas clairement indiqué les circonstances dans lesquelles mes pièces ont été successivement recueillies par les cher-

lâ- cheurs d'ossements, et successivement acquises aussi par M. Balfoort, notamment en 1858 cl 1839? El les douze monnaies au monogramme dont se compose ma planche et bien d'autres pièces inédites dont je n'ai pas eu à m'occuper alors, sont-elles empruntées au catalogue Rousseau? J'.ijou- terai que M. Rousseau n'a jamais témoigné le moindre doute sur rauthenticité de mes pièces.

Lorsque j'ai public mon travail sur quelques monnaies de Charlemagne, nous ne connaissions pas deux pièces nouvelles qui viennent singulièrement encore corroborer l'opinion que nous avons produite au sujet des grands de-* niers au monogramme. Je saisis cette occasion pour en donner la gravure à titre de renseignement supplémen- taire. Ce sont deux deniers de Laon; voy. planche I, fig. 1 et 2.

L'un, qui est au premier type de Charlemagne, porte, au revers, la légende LVAVDVN ; il tippartient à M. Breta- gne, qui a bien voulu me permettre de publier cette pré- cieuse variété; le second, qui, selon nous, est du deuxième type de ce roi, donne LAVDVjXO*<î; il fait partie de ma série carlovingicnne. Ces pièces offrent cette particularité digne de remarque : que trois points ou globules, disposés triangulaircment, figurent dans la légende locale; il semble donc que le graveur du coin du second denier avait sous les yeux le type précédent ('). Déplus, la forme Laudunum,

(I) On n^a pas, je pense, retrouvé le denier de Louis le Débonnaire pour Laon, atelier dont l'interruption monétaire serait un fait inexplicable. Il serait peut-être intéressant de connaître la forme nominale de cette ville sous ce règne. En attendant je propose d'attribuer à Laon le denier dont

46

employée dans l'épigraphie monétaire sous Charlemagne, a été abandonnée depuis, puisque les deniers de Charles le Ciiauve et de ses successeurs donnent invariablement l'or- thographe : Lugdunum-Clavatum.

Si maintenant on jette un coup d'œil sur la trouvaille de la Gillerie, dont M. Fillon donne le détail dans ses Consi- dérations, p. 56 et 57, on verra que, abstraction faite des deniers et oboles de jMelle qui , par leur persistance excep- lionnelle et ainsi sans traces d'indication d'âge, doivent être mis hors de cause, on verra, dis-je, que ce dépôt monétaire comprenait 36 pièces de Louis le Débonnaire et 8 deniers de Charles le Chauve au gratia d - i rex, pour les villes de Tours, Orléans et Angers; M. Fillon observe en outre que les pièces de Charles le Chauve étaient d'une superbe con- servation. Le bel état de ces dernières et le nombre relati- vement considérable de monnaies de Louis le Débonnaire, sont certes un indice au moins très-probable que l'enfouis- semCnt a eu lieu dans les premières années du règne de Charles le Chauve, et ainsi on peut affirmer que le type du gratia d - i rex date de-, l'avènement de ce prince et que ce type doit avoir été adopté en même temps à Laon et dans les autres villes du royaume. trouver place alors pour les deniers au monogramme et à la légende CARLVS REX FR

je donne la figure au n" 7 de la planche I ; ics trois points qui apparaissent sous le temple sembleraient réellement un symbole typique propre à la monnaie de celte localité. Ce denier était parmi les quatorze au temple retrouvés avec les deniers à clBgicdc Louis I, de Pépin 1, d'Aquitaine et de Lothnirel, trouvaille dont j'ai rendu compte dans la Revue belge, t. H, série.

47

(jui, pour les villes de France, auraient précédé les GRA- TÏAD-IKEX?

Au surplus, je ne saurais assez insister sur l'unique pré- sence du type CARLVSREXFR parmi les pièces déterrées à Duerstede, comme preuve bien claire que toutes ces mon- naies sont contemporaines. Eh bien, refusant ces deniers à Cliarlcmagne, que d'efforts n'a-t-on pas faits pour tailler, plier et soumettre l'histoire aux besoins d'une autre classi- fication de ces pièces ! Et tous ces efforts aboutirent à créer des exceptions choquantes dans la loi des styles , des poids et des types.

En effet, une partie de ces pièces furent données aux premières années du règne de Charles le Chauve, par exem- ple, de 840 à 845 ; une partie à Charles de Provence, 855 à 865, mais à condition de souscrire à l'absurde supposi- tion que ce personnage, qui dans ses actes ne se nomme pas même Roi de Provence, ait usurpé sur ses monnaies le titre de Roi de France; une partie à Charles le Chauve encore pendant les quelques mois qui précédèrent le par- tage de la Lorraine en 870 ; une partie au même pendant les deux dernières années de sa vie, bien qu'il fût alors empereur; enfin nne partie à l'empereur Charles le

Gros, 882 et 885 à 887. (,'.)i Et cependant tous ces deniers

.'■'fi'.'

(') La moanaie de Langres, à la formule nominale KAROLVS IMPR, donnée à l'empereur Charles le Gros par M. de Longpcrier, p. iOi de sa NoUccy convient parfaitement à ce règne ; en effet, ce denier est conçu dapS'Je, style la monDaic de Charles le Chauve et de Louis le Bègue. Mais que voit-on à côté de ce denier? ma monnaie d'Orléans à la porte de cité; 2" mes deniers de Sens et de Saint-Martin au temple; 5"> mon denier à la légende hilincai;i'e PARI SU; mes grands deniers de Quenlovic et de Duerstcde (et ainsi l'obole au grand monogramme do

2* SKIUK. To.MK V. 2

18

sont d'un poids inférieur au poids des deniers appartenant incontestablement à la longue période d'années dans laquelle ils sont si bizarrement enchâssés, tandis que pendant cette même période nous voyons régner sans partage le type au Gratia d-i rex, type ihconliu dans les fouilleâ de Duer- stède et que, d'un autre côté, on n'a pu constater la pré- sence d'aucune des monnaies de Duerstede dans les dépôts monétaires retrouvés du règne de Charles le Cliauve et de ses successeurs immédiats.

En parlant des deniers au monogranmie et à la légende CARLVSREXFR, on a fait cette question : « Si les quatre « deniers de Lucques , de Milan, de Pavie et de Trévîse, « ont été frappés avant le couronnement de Tan 800, pour- « quoi sont-ils plus larges et plus pesants que les pièces « impériales; » c'est-à-dire que les deniers à l'elTigie de Charlemagne? Notice, etc. , page 252. Mais les quatre deniers italiens que décrit M. de Longpérier, pèsent de 1.40 gr. à 1.60 gr.; tandis que les deux deniers impé- riaux fournissent 1.52 gr. et 1.60 gr., et le plus pesant des deux est ébréché de telle sorte qu'il a évidemment

ccUe dernière ville !! ). Et on perd de vue que la porte de cité et le temple appartiennent incontestablement à Charlemagne, types qui ue vont pas au delà de Louis I ; que les légendes locales inscrites dans le champ de la pièce disparaissent également après Louis 1 qui ne fit sans doute que continuer ce type ; enfin on semble ne pas voir que mes deniers de Quentovic et de Duerstede appartiennent évidemment aussi à cette calc- gorie de monnaies dont Pattribulion à Charlemagne est l'objet du point principal de notre controverse. £t pour justifier l'attribution au court règne de Charles le Gros, de quatre types qu'on ne retrouve ni immé- diatement avant ni immédiatement après cet empereur, de quatre types sur lesquels il ne prend pas même le titre impérial, on ose invoquer les règles de Wwt et la loi de la fitialion des types .'.'

19

peser beaucoup plus que le plus fort eu poids des quatre deniers au nionogramme; voy. pi, lll, n" 245 de la Notice de M. de Longpérier. Les monuments eux-mêmes dépo- sent donc contre le savant auteur de la question. Et quant aux modules relatifs des deux types, si toutefois l'existence du fait pouvait foiirnir un argument valable, il faut bien reconnaître que, par l'excessive rareté des deniers impé- riaux à l'effigie de Cliarlemagne, nous sommes sans don- nées pour nous prononcer avec quelque certitude sur ce point. Mais il en est dés deniers à effigie comme de ceux au monogramme; ils varient entre eux de module. Voici d'ailleurs une nouvelle variété du denier au buste de Char- lemagne frappé à Arles, pièce que j'ai cédée, il y a un an, à M. Mprin de Lyon; voy.le 5 de la planche L II est, ainsi que la variété dont M. Fillon donne la gravure, pi. VII, n" 9, bien plus grand que les deux impériaux que publie M. de Longpérier; il est même d'une largeur telle qu'il égale au moins, s'il ne dépasse le module d'un grand nombre de deniers au monogramme.

Je citerai en passant deux autres deniers ; voy. les figu- res 5 et 4 de la planche I. Le premier, que l'on attribue à Melle, a déjà été publié dans la Revue numismatique fran- çaise, année 1840, pi. III, n" 1 ; le second, frappé à Tré- vise, provient des fouilles de Duerstede et appartient à M. le comte de Stroganoff. Or, ces deux deniers offrent cette par- ticularité : que la lettre C du mol CAIILVS est presque imperceptible. Je ne dirai pas que ces pièces doiveat appar- tenir à des ateliers réciproquement voisins, je tirerai seule- ment de cette exception épigraphique la conséquence très- probable que ces deux monnaies, qui ont de plus la même

20

formule nominale, sont contemporaines. Si donc la pièce (le Trévise appartient à (iharleniagne, ce qui est hors de doute pour nous , peut-on lui refuser le denier metallum? Ne doit-on pas au contraire voir dans ce denier le modèle de celui qu'a frappé Louis le Débonnaire, et cela avec d'au- tant plus de raison que Charles le Chauve ne reproduit aucun des types de son père? ; i

Et puisque j'ai cité la légende metallum, je doVirierarsoùs le n" 6 de la planche I, la gravure d'un remarquable denier à l'effigie de Charlemagne, lequel provient encore de ces riches fouiHes opérées à Duerstede :

~ KAROLVS (IMP AVG), buste à droite;

METALL.GERMANi instruments de monnayage.

Cette pièce, ébréchée et assez mal conservée du côté du buste, fait partie de la collection de la ville d'Utrecht. Ce denier n'est pas moins large que ceux d'Arles.

Leblanc a publié un denier portant d'un côté METAÎ^- LVM, de l'autre METVLLO. Peut-on admettre que l'on a voulu répéter le nom de la ville de Melle? Je ne le pense pas. On le sait, on exploitait des mines d'argent dans le ter- ritoire de Melle; le metallum (ex) metuUo n'indiquerait-il pas la provenance du métal monnayé, hypothèse que sem- ble pleinement justifier le metallum germanicum? Dès lors, sauf pom* l'atelier monétaire, on expliquerait encore les deniers h la légende : ex métallo novo, sur l'attribution duquel à Charlemagne je s«is parfaitement d'accord a\iec M. Fougères.

Puisse la lumière se faire; mais daivs l'état actuel de

2i

question des deniers metnlhim, il inc semble qu'il importe de consulter du Cange, au mot Medalla, et surtout la savante Dissertation de M. Lecointre-Dupont sur VOrigine du mot maille. V^oy. Revue numismatique française, 1840.

De Coster.

22 -—

PLUSIEURS MONNAIES ÉPISCOPALES INÉDITES,

DE LANGRES.

I'(..\Ncirii II.

Il ne nous a pas paru déplacé de soumettre au congrès scientifique ouvert à Dijon, le 10 août ISoi, plusieurs monnaies nouvelles de Langres, à cause des liens qui ont existé entre ces deux villes au point de vue de la numisma- tique comme à celui de Ihisloire.

La fabrication monétaire de ces deux ateliers lut, au neuvième siècle, réunie dans la même main par une con- cession de Charles le Chauve au profit d'Isaac, évèque de Langres, et la science constate avec bonheur l'existence de la charte royale datée de l'an 874 (').

C'est en laveur de labbaye de Saint-Etienne de Dijon que révèque de Langres obtint le droit de forger des espè- ces dans la ville qui devint depuis la capitale de la Bour- gogne, et nous pensons qu'il faut reconnaître un produit de l'olïicine dijonnaivSe dans le denier catalogué à Charles le Chauve, par MM. Fougères et Conbrouse, sous la rubri-

(I) Manuel de numismatique du moyen ûijc et moderne , p;ir M. Aw\xotK i)L Baiithélemv. p. 136.

i>â

«jne trop peu attributive de Saint-Etienne ('). Ce denier, qui porte d'un côté le monogramme de Charles avec la for- mule GRATIA D ^ 1 REX, présente au revers ces trois mots SCI STEPHANI MONE (TA).

Quoique l'origine de Langres (Andematunum, Antoma- tunum, Lingones) se perde dans la nuit des temps, malgré l'importance des Lingons à l'époque où, de concert avec les Senonais, ils allaient porter leurs armes jusque dans Rome, aucune monnaie gauloise ne saurait être attribuée spécialement à cette ville. Peut-être en est-il qui lui appar- tiennent parmi celles qui sont classées sous les noms de chefs inconnus de la Lyonnaise (') et l'on peut espérer qu'il sera donné, dans l'avenir, de les reconnaître d'une manière positive.

Pour l'époque mérovingienne, Langres n'est pas, quant à présent, beaucoup plus riche. M. Anatole de Barthélémy nous paraît être le seul numismate qui en fasse mention dans sa nomenclature des ateliers monétaires mérovin- giens. Encore le nom du monnayer n'est-il pas lisible sur la pièce indiquée par cet auteur (*).

L'ère carlovingienne offre plus de ressourcés. Toutes les villes n'ont pas l'avantage de posséder un titre de conces- sion royale ; c'est une base certaine d'oii résultent bien des conséquences.

Pour en linir avec les documents écrits qui concernent

{') Villes de Charles le Chauve^ 4* planche, l'« col., 3. (^) M. DucuALAis, Deseriplion des médailles gauloises de la liiùliulhcque royale, 110*373, 574, iib, H^J, 452, 455, 4(50 à 4o9. (*) M. A. i>E Bautiielemy, Manuel, p. 22, uo51I.

iJ4

cetUJ: concession, disons qu'elle fut confirmée pqr Cliorles le Gros en 887, et par Euiies en 889 ('). Ces deux confir- nialions, comme la charte originaire, sont d'un grand poids dans une question d'attribution qui divise les numismates.

Deux systèmes sont en présence. Les monnaies carlovin- giennes langroises qui portent un nom ou un monogramme de roi, sont-eUes royales elles-mêmes, ou bien émanent- elles de Tollicine épiscopalc?

, >|lest remarquable de constater que, jusqu'au denier de Hugues que nous faisons connaître aujourd'hui, c'est-à-dire jus(|u'au onzième siècle , la monnaie de Langres a un aspect purement loyal.

L'explication de cette particularité nous semble facile, .ei ceux qui considèrent cette monnaie comme royale nous paraissent surtout déterminés par le désir de combler de regrettables lacunes dans les séries des rois (').

Nous partageons complètement l'opinion de MM. Anatole de Barthélémy et Poey-d' Avant, qui restituent aux évèques toutes les pièces de Langres.; ' < .

En effet, la concession de 874 n'implique pas que réyô- qiie ait eu le droit d'inscrire son nom sur la monnaie. C'était au contraire une conséquence de l'uniformité établie na- guère par Charlemagne, dans l'administration, que toutes les espèces portassent le nom ou le monogrannne du roi. Les concessions faites, à l'époque carlovingiennc, n'ont pas, selon nous, d'autre sens que d'attribuer aux concession- nfiires le bénéfice et la responsabilité de la fabrication, tout

(') M. A. DE Bartuélemy, AJunvel, p. 137.

(') M. I'oet-d'Avant. Description de sa coHcctiov, p. 3,3 1.

25

en rcsorvanl au prince Thonneur et le droit d'en signer les produits. Pour nous servir d'une expression moderne, qui n'est pas applicable dans toute son étendue, mais qui rend bien notre pensée, l'évèque de Langres n'était que le direc- teur de la fabrication de sa ville. En supposant même que ce n'ait pas été l'esprit de ces libéralités, lintérèt de ceux qui en étaient l'objet leur conjniandait impérieusement d'ouvrer à des types connus, estimés du peuple, et auxquels la raison commerciale les eneliainait. Comment admettre, au surplus, que les espèces de Langres soient royales lorsque l'on considère la cbarte de 874, et qu'on voit deux rois dif- férents se plaire successivement à la conlirmer?

C'est à des types d'apparence royale ou impériale qu'ont été frappés les quatre premiers deniers connus de Langres à l'époque carlovingienne, savoir: 1" celui au nom et au monogranime de Cbarles, empereur, qui a été décrit et dessiné par M. de Longpérier sous le 471 de \sl Notice des monnaies de M. J . Rousseau; 2" celui au nom de Louis qui a été décrit par le même auteur sous le n°556 du même livir^yS** le.detîiei'au nom de; Raoul qui existe dans lenié- dailler de la liibliotbêque inipériale de France et.qui a; été indiqué par M. de Longpérier sous le précédent numéro ; 4" le denier catalogué à Cbarles le Cbauve par MM. Fou- gères et Conbrouse sous le n" 1 de la 3" colonne de la 3" plancbe des Villes de ce prince. Ne faut-il pas cependant^ par les raisons que nous avons données, en faire des mon- naies épiscopales?

C est ici le lieu de placer un soupçon que nous suggèrent les termes mêmes de la concession de 874, non pas sur la qualité de râtelier, mais sur l'époque exacte de son établis-

2()

scinont. Lu diarte originaire porlc, en effet, que le roi ac- corde à Isaac, pour l'église de Saint-Mamniès de Langres et pour celle de Saint-Étienne de Dijon, la monnaie qu'elles ne possédaient pas antérieurement « monetam quam antea habere non consueverant. » Ne peut-on pas induire de cette précaution (nimia praecautio dolus) que ces ateliers avaient été, au contraire, fondés auparavant par l'évèque, et que le roi ne fit que leur donner une existence légale? Dans le cas il en aurait été ainsi, le denier dont nous venons de parler pourrait être le résultat de l'usurpation postérieu- rement légitimée de l'évèque, ou pourrait, en- d'autres ter- mes, avoir été fabriqué avant la date de la concession. Nous admettons cependant qu'après cette concession, il a être émis des deniers au même type, mais nous croyons qu'il est impossible de distinguer les uns des autres.

Viennent ensuite chronologiquement les pièces langroises au nom de Louis. Tout ce qu'on peut dire à ce sujet, c'est qu'il y a un ou plusieurs types continués ou immobi- lisés ('). Parmi ces pièces , les unes sont antérieures au denier épiscopal de Hugues, les autres paraissent être pos- térieures. Gela ne nous paraît pas inexplicable, car il pour- rait se faire que la tentative de Hugues ait été réprimée et que cet évêque ait repris la fabrication d'aspect royal ; comme aussi on peut admettre que cette même tentative n'ait pas été couronnée du succès attendu, en ce sens que le peuple, n'accordant pas sa confiance à ces espèces nouvelles au nom de Hugues, aurait contraint ce dernier à revenir au type précédent. Il n'y a qu'un numismate de la localité qui puisse

(') M. I'oet-d'Avant, Dc6crij)liu)i de sa collcdivn, p. 351.

27

l'aire jaillir la Uiinièrc de ces dillérenles variélés de iiiomi- ments réunies avec soin.

Celte fabrication an nom de Louis s'est prolongée sans doute longtemps, mais M. Anatole de Barthélémy l'élend beaucoup trop. Cet auteur pense que les émissions au type royal durèrent jusqu'à Manassès de liar-sur-Seine, évoque en 1179; c'est ce qui résulte du tableau qu'il a formé, dans son manuel, de la série des évèques dcLangrcs (»).

Cette notice a pour but de faire remonter le terme extrême de la première partie de ce monnayage jusqu'à Hugues de Breteuil, et, au plus tard, jusqu'à Bernard Hugues de Bar- sur-Seine exclusivement. On ne saurait dire d'une manière certaine que cette limite est définitive, parce qu'il peut sur- gir quelque denier d'un évèque antérieur qui vienne la changer.

')iEn attendant, voici la description de la plus ancienne monnaie connue maintenant sur laquelle se rencontre, à Langres, un nom d'évèquc.

>ï< HUGO Hh EPISCOPV, entre deux grènetis aplatis et

en légende rétrograde ; dans le champ une croix carlo- ;i! ,. . , .^ );»!

vingieiine cantonnée au l*""^ et au d'une croisette.

Kev. »ï< LINCONIS CVTS, entre deux grènetis également

aj)latis; dans le champ une croix fichée, au-dessus de

laquelle sont placés deux traits en forme de chevron

désuni.

D. Ar. I». gr. 1.52 ('25 grains forts). Diam. 0 21 «M.

M. le comte deVesvrottc, numismate distingué, à Dijon,

(>) l'age 137.

28

<|ui possède ce denier, possède aussi Tohole que nous repro- duisons sous le 2. Mais celle-ci, dont les légendes sont incohérentes, parait être postérieure ; le métal est analogue cl elle pèse onze grains.

Si l'on compare ces deux pièces à celles de Langres, qui portent le nom de Louis et qui sont plus anciennes, on sent qu'elles en sont la continuation. Si Ton rapproche le denier de celui que M. Conhrouse a dessiné, sous le 3 de la planche XLIll du catalogue des monnaies nationales de France, l'analogie est frappante. Le nom de l'évèque est disposé en sorte de trompe-l'œil, c'est une espèce de con- trefaçon du nom de Louis. Pour simuler l'o cruciforme de LVDOVICVS le graveur a fait suivre le mot HVGO d'une croisette qui est en même temps l'emblème de l'évèque. Ne serait-ce point encore pour mettre en défaut la perspicacité du peuple que le sens rétrograde a été adopté? Au revers le nom de la ville est écrit et figuré semblablement ; dans le champ, môme croix fichée; seulement le denier, au nom de Louis, ne présente, au-dessus de cette croix, qu'un trait; le denier de Hugues en a deux. Il ne s'agissait certainement pas de la part de (Jet évêque d'une usurpation proprement dite, mais l'introduction de son nom sur la monnaie était une innovation pour le succès de laquelle il fallait beaucoup de prudence et de précautions. Nous croyons avoir démon- tré que l'imitation de la monnaie locale antérieure avait été dans cette circonstance aussi complète que possible.

Dans notre système, le denier de Hugues que nous venons de décrire a succédé au type royal , et nous incli- nons à penser que c'est réellement le premier évêque qui ait inscrit son nom sur les espèces. Maintenant quel est

29

l'ùge de ce denier? Il sufllit vraiment de le placer à côté de pièces du onzième siècle pour se convaincre rpi'il appartient à Wtte époque; la largeur du flane> Taloi, le style, tout concourt à aous donner raison. Mais il y a un embarras, c'est qu'au onzième siècle on trouve deux évèques du nom de iJugucs. L'un occupa le siège cpiscopal de 1032 à 1049, c'est Hugues I", de Breteuil; l'autre Bernard Hugues, de Bar-sur-Seine, occupa le même siège de 1065 à 1085. Nous îcsitimons que c'est au premier qu'il faut donner la préférence, et nous nous fondons pour cela , dune part, sur ce que le second joint à son nom de Hugues celui de Bernard; d'autre part, sur l'aspect du denier, qui nous paraît devoir être classé dans la première moitié du siècle plutôt que dans la dernière.

Puisque à l'occasion de cette pièce qui est capitale pour la numismatique de Langres , nous passons en revue tous les produits connus de cet atelier, nous ne voulons pas omettre, pour être complet :

1" le denier de billon de Guillaume H, de Joinville, qui faisait partie de la riche collection de M. Poey-d'Avant ('). Il est compris entre les années 1209 et 1219, durée de l'épiscopat de cet évêque. Son style exclut entièrement l'idée d'attribuer à son prédécesseur et h son successeur médiat, tous deux du nom de Hugues, le denier portant ce nom et que nous faisons connaître pour la première fois.

Nous ne voulons pas non plus omettre un autre denier inédit qui fait encore partie de la remarquable collection de M. le comte de Vesvrotte; cette dernière pièce qui porte

(') Voy. sa Description, p. 353, IS 37.

50

\e nom de Gui no saurait être, en labsence de preuves et de ('ocuincnts, attribuée plutôt à Gui I""^ de Hoehefort, évèque de 1250 à 1266, qu'à Gui II de Genève , évèque de 1266 à 1296, Elle ressemble au denier de Guillaume décrit par M. Poey-d'Avant et indiqué par nous. Pour l'avers, le nom seul est chanj^é, GVIDO au lieu de GVL; l'écu divisé de la même manière est orné sur les deux pièces de quatre fleurs de lys. Pour le revers, la légende est VRBS LINGOiMS au lieu de LLXGOîVENSIS, et la croix du champ, au lieu d'être sans ornements dans les cantons est cantonnée au premier d'une étoile et au troisième d'un croissant; de plus, la forme du premier n de lingonensis est gothique. Voy. if 3. Enfin la pièce de Gui pèse 14 grains, tandis que celle de Guillaume en pèse 1 7.

Ph. Salmon.

31

UN GROS DE THIBAUT DE BAR

ÉVÉQDE DR LIÈGE,

FRAPPE A THUIN.

Planche M.

TîtTTTÎT"''

Thuin (•) est une petite ville, située sur la Samhre, à environ six lieues de Mons. Aujourd'hui chef-lieu d'un des six arrondissements de la province de Ilainaut, elle appar- tenait, avant 1794, au prince-cvêque de Liège. On assure qu'elle doit son origine à un château fort élevé' pat les moines de Lobbes pour la défense de leur abbaye. Ce châ- teau, comme l'abbaye elle-même, passa sous la domination des évoques de Liège, en 888, par suite d'une concession faite par l'empereur Arnould en faveur de l'évéque Francon qui avait été moine à Lobbes. Notger, le grand évèque, lui donna, en 972, le titre et le rang de ville, et l'entoura de murailles. nciçH

Le Blanc (') et d'après lui l'aBbé' "Ghesquiere, ont attri-

(') Thihum juxla Carbonariam, Annales de Metz, à Tannée 879. In Fisco TiPiNON, Sermon sur les reliques des SS. Quinctinus et Victoricus, ù Tannée 881. Thimnin juxla Carbonariam, Gcsta Normannonim, à Tan- née 880, et Réginon à Tannée 879. Tudinium Casthum Laubiis adjaccnif, Foleuin, abbé de Lobbes.

(*) Traité historique des monnaies de France, p. 78.

52

l)uô à Tliuin un tiers de sol mérovingien (•) sur lequel ils lisaient TVINO CIVJTA. Ce mot civitas scu\ sulïisail pour repousser cette attribution qu il serait inutile de discuter aujourd'hui. La vraie lecture de ce triens, dont M. Ro- bert (») a publié dix variétés, est TVLLO CIVITA; la cité

deToul. V, :;,HT A ':^^i^i^n :

Il existe un denier d'argent de Charicmagne : »î^ CAR- LVS REXF. Revers : *ï< TVN ^ NIS autour du mono- gramme. M. Conbrouse (') l'attribuait, avec le signe du doute (?), à notre ville de Thuin. M. de Longpérier (4) pré- fère y reconnaître Tun près de Cambrai. Notre collègue, M. Piot, fait observer avec raison, nous scinble-t-il, que, Jjifçn que le mot Tunnis ait jnoins d'analogie avec Tudinum oy^Tuinum qu'aYCC Tun, toujours est-il que cettç analogie (ÇSt, suffisante popr; fftire attribuer le denier à Tiiuin, villç^ regia sous les Carlovingicns, plutôt qu'à Tun, village obscur dont l'existence à cette époque n'est peut-être pas prouvée.

Dans son remarquable mémoire sur les monnaies de Cliarlemagne, tom,. ,11, 2" série de cette Revue, notre col- lègue M. de Cosler, en publiant une curieyse variété j^u (;lcnier,,»i* TVN>î^NIS, propose de l'attribuer plutôt à Toii; grès, cité importante, qu'à Thuinet à Tun. j^

Mais il est loin, dit-il, d'insister sur cette supposition qu'il abandonne pour ce qu'elle vaut. ,

Pour rencontrer une monnaie dont l'attribution à Tlinin

(') Mémoire sur troi» ppinti, etc., p. 51.

,(') Éludes n^^mililna(iqt^fis^81^ç1^nçpf^^](^ du ,^'off('J^^f^<le iflr,f^a,pce ^ ?■ V^O. . .■) ,;,,,,,,■. .,,1.^ ,. ;, ; .,.,:.,., :., M.'

(') Monnaies nationales de France, p. "fi, ii" !)l)6. (*) Catalogue noussçan, p. 225.

DO

sur Sambre soit incontestable , il faut donc descendre jus- qu'à lépoque épiscopale. Les premières planches de l'ou- vrage du comte de Renesse, sur les monnaies liégeoises, sont, par malheur, farcies de pièces fausses, espiègleries un peu hasardées d'un ami du noble comte, qui complétait ainsi sa suite favorite. Parmi cette ivraie il s'est cependant glissé quelque bon grain, et nous sommes tenté de consi- dérer comme tel le denier 8 de la planche 4 attribué à Robert de Langres, mais que son style doit faire restituer à un évèque plus ancien.

D'un côté se voit le buste du prélat tourné à gauche, la tète couverte d'une calotte et ayant devant lui la crosse épis- copale. Légende peu lisible M. de Renesse avait cru voir Ro R EPS, mais qui est réellement incertaine. Au revers une tour ou porte de ville ou d'église accostée de deux oiseaux (deux colombes?) au dessous TVIN. Ici le doute n'est plus possible ; ce Tuin ne peut être que le Thuin des évèques de Liège.

Ce même revers, mais sans inscription, se trouve sur des deniers muets et semi-muets du dépôt de Maestricht décrits par M. le major Meyers, t. III, 2^ série, p. 129, de ce recueil. L'un avec les lettres A et 0 du côté de la tête de l'évêque a été attribué par MM. Piot et Meyers, à Alberon II (11 36-1145) (•), par M. de Coster à Alexandre I (1129- 1155) ('); l'autre, tout-à-fait muet, avec un cavalier au dra- peau pour type de l'avers, et que M. Meyers suppose avoir été frappé pendant la vacance du siège épiscopal de 1121

(I) Revue, série, 1. 1, p. 588 ; ihid., série, t. III, p. U6, 1. {^) IbùL, série, t. I, p. 9.

2" SÉRIE. TOMB V. 3

34

à 1125. Ces deux deniers ainsi que le fait remarquer M. Piot, doivent très-probablement appartenir également à l'atelier de Tliuin,

Dans sa Numismatique du moyen âge , notre maitre à tous, Joachim Lelewel, parle de deux autres pièces épisco- pales de Thuin. La première est un petit denier dOlberl (1 09 1 -111 9) qu'il cite d'après Appel. Tète nue de face, avec la crosse et un rameau au-dessus : OBERTVS. Croix onglée des lettres T.V.I.N. L'autre est le denier de Jean d'Eppes (1229-1258) ou, d'après M. Lelewel, de Jean d'En- ghien (1274-1282) donné par le comte de Renesse, pi. 4, n" 2. Au lieu de lire au revers : LEODEIN, l'auteur de la Numismatique du moyen âge voudrait y voir TVIENSES.

La numismatique de Thuin, bien pauvre jusqu'ici, vient de s'enrichir dune pièce nouvelle. Nous devons à l'obli- geance amicale de M. de Wismes, de Saint-Omer, la com- munication d'un magnifique gros tournois que nous sommes îieureux de publier pour la première fois dans ce recueil.

Chàtel ordinaire dans un entourage de douze Us : fTVIKVS

MORErUTÎ. Croix dans un cercle. Légende intérieure : »ï< rr?j'B i SPISGOPVS. Légende extérieure : »ï< BEREDIG'Ï^Vœ :Sro fROGDSn fDRI : lï^V :

XPl.

* Voy. pi. II, i.

Ce gros est de l'évèque Thibaut de Bar (1505-1512), dont M. de Renesse n'a publié aucune monnaie ; les deux pièces qu'il a données à ce prélat étant évidemment, l'une de Thierry de Pervvez, évèque intrus (1406-1408), l'autre une pièce fausse ou imaginaire. Quant au gros de Flo-

rennes, que Mader et Appel attribuent au même prélat, on sait qu'il n'est pas d'un Thibaut évêque, Thebaldus episco- piis, mais de Tiiibaut de Lorraine, Thebaldus miles, fils de Ferri III et seigneur de Florennes du chef de sa femme. Thibaut avait obtenu, en 1298, de l'empereur Albert d'Au- triche, le droit de battre monnaie à Florennes et à Ivcs, droit reconnu et approuvé en 1300, par Hugues de Chalon, évêque de Liège, son suzerain ('). En 1307, Thibaut de Bar, celui qui monnayait à Fosses et à Thuin, voulut empêcher son homonyme de Florennes de continuer à exercer son droit monétaire. Ce différend fut terminé la même année par une transaction qui paraît avoir fait cesser le monnayage seigneurial à Florennes. La monnaie d'Ives, si toutefois elle a existé, n'est pas retrouvée.

R. Chalon.

(') Chronologie historique des seigneurs de Florennes depuis le x* siè- cle jusqu'en 1806, recueillie de l'histoire et des archives et présentée à Monseii^neur le duc de Beaufort-Spontin , un de leurs descendants et successeurs; par Louis-Âugustin Yernaux, avocat à Florennes. A Namur, de l'imp. de Gérard. (Sans année, vers 1816.) In-S», volume de la plus grande rareté.

3C

NOTICE

DES MONNAIES NOIRES

DE HEUSDEN, BORN, LIMBRICIIT, BRADANT, HAINAIIT ET NALINESv

(Pl. m.)

Un dépôt considérable de monnaies noires, composé de 2,000 pièces, fut découvert, vers 1839, à Liège ou dans les environs de celte ville. Rien n'était plus naturel que de le communiquer à M. Lelewel, le savant qui venait de créer la numismatique du moyen âge, dont il jeta la base et dont il reconnut les lois.

Il se proposait d'abord de faire un mémoire spécial sur ces monnaies, qui furent reproduites sur des planches de cuivre ('). En attendant la publication de son travail, une note substantielle, concernant ces pièces, fut insérée dans la Revue de la numismatique belge ('), et fit connaître un champ tout nouveau que l'auteur se proposait d'explorer. « M. Lelewel, y est-il dit, n'est pas embarrassé des localités ces espt'ccs noires auraient été fabriquées : ces localités

(') Selon son plan, M. Lelewel se proposait (l'ajouter des tablenux gcnca- iogiqucs. Nous avons cru devoir nous y tenir. (') {r* série, t. I, p. lîil cl suiv.

57

sont toutes connues. li est à la recherche des généalogies, des arnioiries, de la date et de la position de ces seigneurs monnayants, et il acceptera, avec gratitude, toutes les obser- vations et les renseignements qu'on aurait la complaisance de lui communiquer. » Au moment il s'occupait de ces recherches, grand nombre de monnaies noires, trouvées à la Rochelle, lui furent communiquées; il les fit également figurer sur ses planches. Ensuite, la note insérée dans la lievue éveilla l'attention des numismates, qui s'empres- sèrent de recueillir les pièces de ce genre et de les commu- niquer également à M. Lelcwel. Son plan fut donc modifié, agrandi j mais différentes circonstances empêchèrent l'au- teur de mettre ses projets à exécution. Cependant, plu- sieurs des monnaies, qui figurent sur ses planches, furent publiées, commentées et expliquées. Enfin, il se décida à remettre à la rédaction de la Revue ses planches et ses notes, mais à la condition qu'elle se chargeât du texte.

Un travail de ce genre ne put être divisé. La rédaction nous chargea donc de Tentamer, et nous remit toutes les notes de M. Lelewel, qui eut l'obligeance de nous écrire la lettre suivante, dans laquelle il explique, mieux que nous ne pourrions le faire, tout ce qui touche à son travail :

« Monsieur et cher Confrère,

« De longues années se sont écoulées depuis qu'un sac « de monnaies noires a été soumis à mon examen. Lorsque «( la collection de M. Ducas, à Lille, grandissait avec un « succès admirable, j'appris qu'étant à Liège, il s'était mis « en possession d'un sac rempli de billon. J'étais curieux •< défaire sa connaissance, et le 23 août 1839, M. Ducas

58

> s empressa de me répondre : « ur> autre jour, le fameux « sac contenant les pièces trouvées aux environs de Liège, .1 vous sera expédié , si toutefois je n'étais pas assez iieu- u reux pour vous le remettre moi-même. » En effet, je (( le reçus sans retard de sa propre main.

« Le contenu du sac ne m'a pas effrayé : mais il fallait « remettre son examen à une autre saison. Le sac resta « chez moi quelques années, et ce n'est que vers la fin de « la seconde année que je pus entreprendre le classement « et l'examen pénible de chacune des deux mille pièces. Il « fallait bien nettoyer chaque monnaie^ et plus que la moi- « tié devait passer par toute sorte du clair du jour et de la « lumière, avant qu'on ait pu distinguer le coin avec cer- « titude. C'était à briser ma vue. Quatre cent cinquante « pièces sur lesquelles mes efforts ne purent distinguer '1 rien de positif ou de certain, et le dessin d'une quantité « de pièces heureusement débrouillées, attestent les diffi- « cultes que mon examen a rencontrer et surmonter.

•1 Lorsque l'importance du sac se déroula par de nom- <i breuses variétés, quelques monnaies françaises, mises « postérieurement dans le sac, embrouillaient le contenu, ' je désirais savoir les circonstances de la trouvaille : où, «' quand, comment et par qui elle a été faite, chez qui se « trouvait le sac avant d'entrer en possession de M. Ducas. ■: A ma demande réitérée, M. Ducas m'écrivit, le 5 août « 1841 : « Les renseignements sur la trouvaille des mon- <i naies de billon contenues dans le sac que j'eus l'honneur '^ de vous remettre dans le temps, ne sont pas encore parvc- 'I nus, » Dans sa lettre du 9 décembre de la même année, «i il faisait encore espérer d'avoir des renseignements sur

39

« Tes raretés de ce petit trésor, qui serait une bonne fortune <• pour un Belge.

«1 En attendant, on me communiquait de France les « pièces dorées ou argentées de ces espèces noires qui rem- « plissaient notre sac, placées par-ci par-là comme mon- « naie française inconnue. Je n'avais à réj)ondre qu'elles « sont connues en Belgique. Le 1" mai 1842, nombre de <i pièces noires de Silerensberg, de Bund, du Brabant, des « monnaies de Jean de Heinsberg^ évéque de Liège, toutes <c argentées ou dorées , parlaient de la Rochelle pour ren- ie dre visite au billon du sac qui restait encore chez moi. « Toutes ces pièces arrivaient avec l'assurance qu'elles <i provenaient d'une trouvaille de plusieurs mille à la fois <i dans le INiveinais, et que d'un sac de cette monnaie, on « avait pris, à Paris, à pleine main, les meilleures pièces.

'1 De cette façon, des doutes sérieux obscurcirent l'origine " du sac, sans qu'aucun renseignement positif nous arri- « vàt pour les dissiper. Une opinion même parait s'ac- 'c créditer que ces espèces noires sont plus trouvables en ' France quen Belgique. Cest une erreur : en Belgique « on en trouve beaucoup plus, mais elfes furent négligées.

« La Revue de la numismatique belge publia, en 1845 " (l. I, p. 152, 153), une notice sur le contenu du sac. « Cette notice éveilla 1 attention des amateurs, et les pièces « recherchées se présentaient à foison pour entrer dans •i leurs tiroirs. Dans la ferveur de mes études numisma- " tiques, je pus augmenter le nombre de variétés et de <i pièces toutes différentes, remplir dix planches de ma gra- «' vure, et avoir en réserve, dans mes cartons, le dessin « pour la onzième et douzième planche. Je m'empressais

40

•' de communiquer mes épreuves à plusieurs de nos «i amaleurs.

•i Avant que les monnaies noires du sac parurent, « M. Serrure s'était occupé de la monnaie de Wesemael, . et elle ne lui manquait pas. Depuis, MM. Serrure, Per- « reau, Wolters, Chalon traitaient avec succès les pièces de « billon qui se présentaient chaque jour plus nombreuses. «c M. Wolters s'est servi, à ma plus grande satisfaction, de « mes épreuves; il ne s'est pas imaginé seulement les pei- « nés inouïes qui accablèrent la vue dans le premier exa- «t nien du billon de ce genre.

« La monnaie de ce genre préoccupa aussi, dans la « Revue numismatique française, à Blois, MM. Hucher, « en 1846, et Rouyer, en 1852, parce qu'on la trouve sou- « vent en France, et en quantité au Mans. Ces trouvailles rendraient possible la découverte d'un sac de monnaies " noires dans le Nivernais. Mais il en faut absolument «1 tirer des conséquences toutes contraires pour le sac de « M. Ducas, qui est évidemment de la trouvaille liégeoise. « Sur 2,000 pièces, on y comptait jusqu'à 700 des évè- .1 qucs de Liège, surtout du règne de Jean de lleinsbcrg. .' Leur monnaie ne circulait pas en France; on ne l'y .. trouve pas. Les pièces de Jean de Heinsberg, dorées et »> argentées, sortirent, par une spéculation singulière, du « sac liégeois.

«i Distinguons maintenant d'après ce que nous avons <' sous les yeux. Le billon meusan, contenu dans le sac avec u celui de l'épiscopat liégeois, de même ne se retrouve pas <- beaucoup en France, si ce n'est que fortuitement, par « hasard, par pièces isolées, entrainécs au fond de la

41

•< France par un autre billon nieusan. (le hillon nieusan, u qu'on retrouve en France, porte évidemment lu (leur de <: lis, el ce coin de fleur de lis est presciuc étranger au sac « liégeois, il y en a peu, el aucune obole à la fleur de « lis, parce que celles qu'on voit dans les épreuves de mes <i planches ne sont pas du sac liégeois. Mon observation « peut être très-facilement vérifiée; car le sac liégeois de « M. Ducas est maintenant en possession de M. Van Boc- <i kel, à Louvain, et il est comme il est sorti de mon « examen.

« On peut dire que le billon meusan se divise; une par- « lie circule en Frtince; laulre, plus nombreuse el plus u variée, reste sur les lieux aux environs de la Meuse. Cette <i partie qui entre en France est fleurdelisée, l'autre est « infiniment plus variée dans son coin.

« On a de nombreuses ordoniianees contre les faussaires <i d'or et d'argent. Ces ordonnances ne toucbent point la •( monnaie noire fausse ou conlrefaçonnée : si l'on y trou- « vait quelque chose contre elle, ce serait, par exception, " très-extraordinaire. Toute sorte de billon pouvait circu- «t 1er licitement el légalement quand la population Tac- '1 ceptail de bon gré.

« Le billon des Pays-Bas, du Portugal, du Piémont, de « France, n étant pas suflisant pour les communes meu- " sannes, les seigneurs le forgèrent dans leurs châteaux, à « lusage du petit trafic du peuple; el quand ils imitaient « le coin étranger susmentionné pour complaire à la con- 0 fiance de la population, ils distinguaient ordinairemejit « leur imitation par quelques signes ou changement quel- <i conque. On s'imagine, à tort, que tout ceci serait une

4^2

.1 contrefaçon réprouvée. Que pourrait-on gagner par celte «1 opération? En effet, le silence de la prohibition ou de la << réclamation, et les trouvailles du billon meusan, prou- « vent que sa circulation, au xv^ siècle, était très-étendue. . Les Meusans recevaient avec confiance le cuivre des .i Pays-Bas, le billon du Portugal, de Liège et de France, « et gagnaient le crédit à leur propre billon en France et « ailleurs, et partout oîi l'on retrouve ce billon. Ce billon .' meusan retrouvé dans d'autres pays provient ou de ce que < les seigneurs meusans y avaient leurs possessions, ou bien <( de leurs relations intimes ou de parenté, ou enfin de ce «1 que ces pays éloignés se rapprochaient de la Meuse par '1 quelque négoce ou par le trafic de quelque objet de com- <( merce.

« Vous, cher collègue, familiarisé avec les documents <i monétaires, voussaurefc confirmer ou contredire ces idées, «< et quand vous déterminerez les seigneurs et leurs ateliers « qui forgeaient cet intéressant billon, vous indiquerez aux u historiens des vues très-importantes à leurs recherches.

<t Recevez les salutations affectueuses de votre tout

« dévoué,

" Lelewel. 28 novembre 1854.

Persuadé que notre travail est difiicile, nous avouons volontiers qu'il ne pourra jamais remplacer celui de l'illus- Ue Polonais. Aussi n'avons-nous jamais eu la prétention d(î lui succéder ; ce serait par trop audacieux et même impos- sible. Toute noire ambition se borne à ne pas laisser perdues pour la science les planches et les notes qu'il n HMîueinies. iNous ne pouvons aller au delà.

45

II

Par sa posifion géogniphique, la Belgique subissait, conune elle subit encore aujouidliui, la pression de la France, on ce qui concerne léconomie politique du mon- nayage. Lorsque les rois de France frappaient du numéraire d'or, d'argent, de billon blanc ou de cuivre, les princes belges devaient en faire autant, s'ils voulaient conserver chez eux les bonnes espèces, et ne pas voir envahir leur pays par des pièces de mauvais aloi. L'organisation politique s'opposait, il est vrai, à ce que nos princes abusassent de lalliage ; les villes et les étals étaient pour faire leurs réclamations j mais enfin, princes, villes, états, tout le monde devait subir la loi de la nécessité.

Le numéraire noir, que les légistes ne voulaient pas même reconnaître comme monnaie, apparut donc en Bel- gique, d'une manière ostensible, au xiv" siècle et au mo- ment où il fit son apparition en France ('). Ces pièces, qui se composaient d'un mélange de cuivre et d'argent, et jamais de cuivre pur, devinrent le point de mire de tous les princes ou seigneurs qui voulaient frauder. Il y avait, en efl"et, moyen, par la composition du métal, d'augmenter considérablement la quantité de cuivre aux dépens de l'ar- gent, et de bonifier ainsi des profits considérables. Les petits

(') Déjà dans la seconde nioilié du xiii' siècle, il est question des noires iuonnoies qui furent faites à Douai ; mais nous croyons qu'il s'agit de monnaies de bas aloi, dans le genre de la monnaie noire dont il est déjà question au xi« siècle, ou des tournois noirs i\\n n'indiquent que des pièces de bas aloi.

-^ u -

seigneurs, surtout ceux qui avaient leurs ateliers monétaires dans les environs de la Meuse, s'emparèrent de ce nouveau genre de numéraire destiné à l'usage du peuple, et fabri- quèrent des pièces à rimitation des coins de leurs voisins. C'était le côté immoral du nouveau système; mais H exerça, par contre, une influence salutaire sur les relations et les transactions commerciales, qui devaient présenter des difficultés bien grandes avant l'introtluction de la menue monnaie.

III

SEIGNEURIE DE HEUSDEN.

La petite ville de Heusden, qui fait actuellement partie de la province du Brabant septentrional, était située sur les limites des duchés de Brabant et de Gueldre et du comté de Hollande. C'était, avec le pays qui en dépendait, un fief que la maison de Clèves tenait des ducs de Brabant, et qu'elle a donné, en arrière-fief, à une de ses branches dont les membres devinrent ainsi seigneurs de Heusden. Jus- qu'en 1290, ils relevaient de Clèves; mais pendant cette année et en 129S, Jean de Heusden offrit la ville au comte de Hollande, qui la lui remit en fief. Cet acte souleva, entre la Hollande et le Brabant, de graves difficultés dont l'arbi- trage fut confié au comte de Juliers. Après avoir entendu le comte de Clèves, qui témoigna, sous serment, qu'il tenait du duc de Brabant la ville et seigneurie de Heusden, excepté le château, l'arbitre fit connaître, en 1319, que Jean de Heusden ne pouvait pas faire des actes semblables à ceux de 1290 et 1295, et les déclara, par conséqucni, nuls et do nulle valeur.

45

A la mort de Jean, décédé sans descendants, sa succes- sion échut à sa sœur Sopliie, épouse de Jean de Saflen- berg. Celui-ci se présenta donc au comte de Clèves pour faire le relief de la seigneurie de Heusden ; mais il essuya un refus, sous prétexte que le fief était tombé en quenouille, et le comte le remit aux enfants de sa sœur Ermcngarde, qui avait épousé Gérard, sire de Fïornes, et à son frère Jean de Clèvcs, seigneur de Linné, chacun pour la moi- tié (•). Par suite du refus du comte de Clèves, Jean de Saffenberg s'adressa au duc de Brabant, auquel il fit re- lief par acte du 29 avril 1350. Il vendit ses droits sur Heusden, en 1555, au comte de Hollande, et en 154-6 au duc Brabant j enfin, le comte de Clèves vendit, à son tour, en 1554, son fief au comte de Hollande ('). Ces nou- velles ventes suscitèrent de nouvelles difficultés entre la Hollande et le Brabant, jusqu'à ce qu'en 1557, la duchesse Jeanne cédât Heusden au comte de Hollande, sous cer- taines conditions (^).

Les généalogistes qui se sont occupés de la descendance des sires de Heusden la font remonter jusqu'au ix^ siècle {^). Sans nous occuper de cette généalogie fabuleuse qu'aucun document digne de foi ne justifie, nous avons eu recours, pour composer le tableau suivant, aux écrivains les plus

(i) Par acte du 18 févriei* 1333, Ermengarde et son fils déclarèrent qn'ds tenaient Heusden par moitié du duc de Clèves. (Lacomblet, t. IH, p.20;J.)

(2) Lacomblet, t. m. p. 253.

(*) Van Spaan, ///*/. van Gelderlandt, t. III, p. 202 et suiv.

(*) Van Leeuwen, Balav. ill.) t. III, p. 983; Van Oddenhoven, lie- schryv. der stad Heusden ; Rademaker, Kuhinel van Nederl. en Kleefscfie oudhedcn, t. IV, p. 285 et suiv.; Pope, /Icschnjvhnj van Heusden,

46

judicieux, tels que Butkens et Van Spaan, et aux docu- ments.

Le premier seigneur de Heusden, sur l'existence duquel il n'y a pas de doute, est Herman, dont nous allons tâcher d'établir la descendance.

Hemah. 1130 à 1144.

I Arkool. 1173.

1

Jeâr 1213 BAUDOtim.

I

I I

Arnool. ' 1233 à 1242. Biudouir, stre dellcesaet. noBstr.

JeAM il. Henri. Robert. Gcillaume Arnoul, Tbierry. Uerbex. 1230 à 1275. I2.>7. 1274. de .sire de

2 fois marié. Heduchusen l'Ecluse.

lerf.er 2«/i«.-

Jean III. - 1290 à 1288, Jean, sire Abnocl, Jean de Itcusden, sire

épouse: de Drongelen- clerc. d'Elshoule, déjà f

1" Sophie de Craendonck; | en 1320; épousa IDli-

2" Marguerite de Kuyk. Guillaiihb, sabelh

I sire de | Drongelen. Jean, sire d'EIshouie,

' . I 1357.

l«r lit ; 2e ht :

SorniE, Jean IV, | |

épouse: loen sire de Hcus- Robert Herdern. Tbierrt. Arnoih. JAcactiiiiR.

1294 Guil- den, épouse de Drongelen

laume comlc l'.unégonde 'f 1333.

de Hornos f d'Arkel f !

1300; 2" Jean 1318

f 'nLr^ ''^'^' J..J V «""^^ " 0-^« HeIW.GE,

lenoerg. +1330 de Drongelen, de Drongelen, épouse Ruis de

' épouse Odile de épouse Philippe Borgbove.

Merwede, etc. de Ranst.

Cependant, par acte du mois d'octobre 1557, Jeanne, duchesse de Brabant, et Jean d'Elshout, confirmèrent aux habitants de Heusden les privilèges qu'ils avaient obtenus des ducs de Brabant (')•

Il résulte donc de ce document que Jean d'Elshout était en possession de Heusden en 1557.

(') Van Oudbnhotkn, liesehi-yving der sladt Heusden, p. 22i,

47

Ce fut probablement ce seigneur ou son descendant qui frappèrent les trois monnaies, dont voici la description :

Jv. Hf^ MORSrBTÎ DOE ... D7ÎN7T. Dans le cbamp : lOI'J-nSS (les dernières lettres renversées).

Hev. >h SIîORSnnTÎ DOeVSDTT. Croix pattée dans un grènetis (pi. III, fig. 1).

^v. ^ MonanaTî od (do) >ï< monarrsTi... Dans

le champ : lO^J - ROIS (les dernières lettres ren- versées). Rev. >ï^ MOnerTTÎ DOTîeiSDe:. Croix pattée dans un grènetis (pi. III, fig. 2).

La troisième monnaie est un trompe-l'œil :

^v. mOXl^ïïST^ VKli (oris?)... rn2T... Dans le champ :

Rev. MORQirrTÎ VTÏIiO (ris?)... ÏÏ^IZ, (pi. 111, fig. 3).

Le type de ces pièces est contemporain de celui qu'em- ployèrent Jeanne, duchesse de Brabant, et Philippe le Hardi, comte de Flandre, sur leur monnaie de convention.

La dernière pièce, nous l'avouons YolontierS; est très- énigmatique, et sa lecture laisse beaucoup d'incertitude en ce qui concerne son attribution.

Quant aux deux premières, il est vrai que jusqu'ici la monnaie dTIcusden n'est constatée par aucun document ; mais le nom de Oesden, peut-être de Hoesden , semble indiquer l'existence d'un atelier monétaire à lleusden, écrit parfois aussi Hoesden ou Hoesdeine (').

(') Van Oddenhoven, p. 48, et une charte inédite de Jean V de //om- deine du jour des SS. Simon et Judc, 1522.

48

Xoiif! soiimeltons volontiers ces conjectures aux savants du Brabant septentrional qui, mieux versés dans l'histoire de leur province, pourront peut-être donner quelques éclair- cissements sur cette question.

IV

SEIGNEURIE DE BORN.

La seigneurie de ce nom, composée d'un village avec château, haute, moyenne et basse justice, était située dans le duché de Juliers. Actuellement c'est un simple village, qui, après avoir été compris dans le département de la Roer, fait partie du royaume de Prusse (').

A en croire Jacques de Hemricourt ('), les seigneurs de Born portaient les mêmes armoiries que celles de Fau- quemont, composées d'un lion de gueules au champ d'ar- gent. Quelle que soit la confiance qu'inspire ce généalo- giste, nous croyons qu'il s'est trompé sur ce point et qu'il a confondu les armoiries de Born avec celles de la maison de Fauquemont lorsqu'elle possédait cette seigneurie. Born avait ses armoiries particulières, composées de trois che- vrons sur champ losange. Le sceau de Gossuin, sire de

{') Les auteurs qui ont traité de Corn sont ; RniTzhATii, dans sa Notice des seigneuries et seigneurs de Millen de Born (en alleniand) ; Bdtkens, t. IH, p. 513; Ebnst, Ilist. de lAmbourg, I. 111, p. -îOT; M. Perreau dans la lievue de In Numismatique belge, 1" série, f. I, p. ."fi'J. Cet auteur y traite en outre de leurs monnaies.

(') Miroir des nobles de la Hesbaye, p, KK».

49 -

Bon), altaclié à une charte du mois de mai 1286, ne laisse pas le moindre doute à ce sujet (').

l]u(kcns fait descendre les sires de Born de Henri I V, duc de Limbourg. Selon cet écrivain, son lils Frédéric aurait eu celte seigneurie en partage, et il l'aurait laissée, à sa uiort, à son frère Gérard de Wassenberg, qui eut un fils égale- ment du nom de Gérard. Ce dernier épousa, en premières noces, la comtesse de Kessel, et en secondes noces Elisabeth, fille du duc de Brabant.

Nous n'avons pas été à même de vérifier, par des docu- ments, les assertions de Butkcns. Les recherches qui ont été faites par Ernst et celles auxquelles nous nous sommes livré nous-même(»), ont eu un résultat tout différent, dont nous allons rendre compte par le tableau suivant :

PREMIÈRE LIGNÉE SES SEIGNEURS DE BORN.

GossBiR I - 1149 è 1174, épouse N.

Otton, 1191 1 1223,

épouse

Pélronille

Arnoii,

pfi

vôt de la àC

collf^gia olognc.

ede

St-Géréon

GossviN II, 1234. Epouse de Mmbourg.

1

N.

Rehier. Epouse N.

Simon Epouse Hcilke.

Alard.

Hekri.

Jean.

Gérard.

Mathilde.

1 GmiLA«ii«

GO^SUIN III,

..... à 13<)6.

Kpouse riiëri-

lièrcdeLuinaing.

H

1

ENRI

1 Ottok.

OsTON.

Catherins. Melia.

GriLLAUHE.

Une fille qui é- pousa Ârnoulti, sire de Stcin.

(') La charte a élc publiée par t>E Reiffenberg, Monuments, etc., t. I, p.2\i, d'après Toriginal conservé aux Archives du royaume.

(') Nous avons consulte les publications de MM- Wolters, Lacomblet, Urkundenden Bnch; Van Heelo, édit. de Willems ; de Reiffbnberg, Monuments, f . I ; Nyhoff, Gedenkwnarclighedcn, enz.

2* SÉRIE. Tome v. i

so

Arnould, sire de Stein, ayant été mis en possession de la seigneurie de Born, par suite de la mort de ses beaux- frères, décédés sans enfants, la vendit en 1520 à Jean de Fauquemont, sire de Ravestein et frère de Renaud, sire de Fauquemont.

Voici sa descendance ;

DEUXIÈME LIGNÉE DES SIRES DE BORIC.

Jbas de Fauquemont, 1320 f 3 mars 1356. Epouse ; Marie, dame de Kavestein ; Jeanne de Voerne.

l«r lit : 2e lit .. Walerar, 1356 f 3 mai 1378. Philippote de 1396 à 13. . Rehaiio, s' de Dalembroek, Épouse Jean, comte de Salm. 1378 f 17 janvier 13%. I Eponse Elisabeth de Cléves.

1 '. i

Simon, comte de Salm. Jeak. Odile. Epouse Jean, Nicolas. Philippe.

■f 16 janvier 1398. Epouse sire de la Lecke et de

Marie de Luxembourg. Broda.

L'époux d'Odile vendit, par acte du 8 décembre 1400, la seigneurie de Born à Renaud, duc de Juliers (').

Devenus propriétaires de Born, les ducs de Juliers don- nèrent la seigneurie en fief aux comtes de Meurs. C'est ainsi que, par la résignation qu'en a\^it faite Frédéric, comte de Meurs, Jacques de Hornes, d'Altena, de Corteshem et Mon- tigny, en fît le relief le jour des SS. Pierre et Paul 1448(»).

Renaud, sire de Voerne et de Ravestein (1378-1396), frappa, en qualité de sire de Born, des monnaies de billon noir, dont voici la description :

Av. >ï< mOnerrK BOR^e:. Dans le champ et séparé par une ligne : RGII - RSR (pi. III, fig. 4).

(*) Lacomblet, t. III, p. 9fiS.

(*) Notice sur le comté de Homes, p. 45 et 241 .

51

Eev. >ï« mOnSnnTî BORRGCK. Croix paltée dans im grènetis.

Av. >ï< mOnen^TT BORRSD (m). Dans le champ

et séparé par une ligne : RSI-HSI. Rfiv. Comme le précédent (pi. Ill, (ig. 5).

Le type de ces monnaies est imité de celui des deniers noirs frappés depuis le 24 mars 1385 au 13 avril 1387, ensuite d'une convention conclue entre Philippe le Hardi, comte de Flandre, et Jeanne, duchesse de Brabant (•).

Quant au nom de Reinerus, inscrit sur ces monnaies, et qui ne semble pas du tout convenir à Renaud, nous croyons que c'est une erreur du graveur. Renaud prend toujours dans ses chartes le nom de Reinoldus.

V

SEIGNEURIE DE LIMBRICHT.

M. Chalon a déjà réuni sur cette seigneurie et sur ses seigneurs tout ce qu'il est possible de trouver. Nous nous contenterons donc de renvoyer simplement à son travail (').

Deux monnaies de ces seigneurs, expliquées par l'auteur que nous venons de citer, figurent sur notre planche :

Jv. >ï< mORSTTTÎ liSmBR. Dans le champ des ca- ractères indéchiffrables.

(') Voy. notre article sur les monnaies de Jeanne dans la fiewwe, 1" série, t. Il, p. 119.

(') Revtie de la Numismatique helge^ 2" série, t. IV, p. 322.

52

Mev. ^ mOXlG:n\7^ IiSîIîBR. Cioh pattée dans un grènctis(pl. III, fig. 7).

^v. »ï< mORSrBTÎ liO.' (G:?) mBRS. Dans le champ :

liO (e:?) m - BRS (Limbriclu?). Rev. >î< ÎRORSrTTÎ LSim... Croix dans un grènelis

(pi. III, fig. 8).

Ces pièces sont, par leur type, contemporaines de celles frappées par Jeanne, duchesse de Brabani, avec Philippe le Hardi, comte de Flandre^

DUCHÉ DE BRABANT.

Le duché de Brabant est trop connu pour qu'il soit néces- saire de nous étendre sur sa position, ainsi que sur la généa- logie de ses dues.

JEAN ill. 1312-1355.

Jv. DVX BRTîBTÎRrriE. Portail. Rev. ^ MOREWTÎ ?j2îljEnS. Croix dans un grènetis (pi. m, fig. 16).

Vànder Cfiijs, pi. 9, fig. 26.

Plusieurs ext3mplaires ée cette pièce, frappée à Halen, m)nt de billon blanc, mais d'un aloi très-bas.

Jv ^ M0REW2Î o DVPIiEX. Dans le champ : o I o-

DVX - o B o. Hov. *h 2ÎRDWERPIERS. Croix Heuronnée dans un

grèn€tis (pi. IH, (ig. 14).

Vandcr Chus, pi. 9, fig. 27.

Le type de cette pièce appartieat inconleslablement au règne de Jean 111.

Av. ^ MOREnnTÇ g G2SRDERSIS. Lion debout à

gauche. Rev. ^ MOREfTTÎ o ï^2TIjEI?S. Croix dans un grènelis

(pi. III, «g. 17).

Vamd£r Cgus, pi. 9, iîg. 28.

Pièce de convention entre Jean III et le comte de Flandre.

WENCESLAS et JiEANHE. 13551383.

Jv. Dans le champ et entre des fleurs WSR; légende :

^ 1 : \Qf\i : BRTÎBTC? : DVGC. Rov. *h MORSrrTî : BTÎ^Rî Croix dans un grènetis

(pi. m, fig. 9).

JEANNE ET PHILIPPE LE HARDI . comte de flandre. 13851387.

Av. MOnerrTÎ : BRTÎBTÎRfT. Dans le champ : lO^î^

I IPI^'S.

Rev. >ï< M0Re:n[^2Ç : PIjTTRDRIG:. croix paltée dans

un grènetis (pi. III, fig. 11).

Vander Chus, pi. 11, flg. 9.

C'est une monnaie de convention frappée par Jeanne, duchesse de Brabant, avec Philippe le Hardi, comte de Flandre, depuis le 24 mars 1385 au 13 avril 1387.

Les monnaies suivantes (pi. III, fig. 6 et 12), sont des imitations maladroites par un faussaire de la pièce précé- dente.

54

JEANNE (seule). 1392- 1406.

Lorsque Jeanne fut dans la nécessité de renoncer à la monnaie qu'elle frappait de convention avec Philippe le Hardi; elle fit fabriquer des pièces en son nom seul.

La suivante appartient à cette catégorie :

Jv. ^ lO^kilSiXmTi BR2ÎB2îr3n[^ie:. Dans le champ :

DVGC; au-dessus une fleur. Rev. ^ MORSrTTÎ BRVXIjLiSRSI. Croix pattée dans

un grènelis (pi. III, fig. 13).

Vandsr Chus, pi. 12, fig. 18.

ANTOINE. I406I4I5.

Jv. >ï< TÎRnni^ORIVS DX BR2îB. Écu triangu- laire écartelé de deux lions et de deux lis.

Rev. ^ mORSnaTÎ BRTîBTÏKnn. Crolx dans un grè- netis (pi. III, fig. 10).

Vamder Cuijs, pi. 15, fig. !).

PHILIPPE DE ST. PAUL. 1427-1429.

Jv. Dans le champ entouré d'une bordure à fleurs de lis :

liOV. Rev. ^ Pï^S : DVX : BR7ÎB2Î. Croix pattée dans un

grènetis (pi. III, fig. 15).

Vander Chus, pi. 1^, fig. 5.

jév. ^ PÏ^S : DVX : BR2ÎB : S^T : lilMB. Écu trian- gulaire écartelé de deux lis et de deux lions. Rev. * MOR - Srr RO - V. liOV - 2ÎRIS. Croix Ira-

55 versant la légende cl cantonnée de B - R - - B'

(pi. m, fig. 18).

Vandkr Chus, pi. 15, fig. i.

Cette monnaie, dont il existe des exemplaires d'argent, est fausse, et était probablement blanchie.

PHILIPPE LE BON. 1430- 1467.

Jv. ^ PI-jS : DSI : G : DVX : BVRG : Z : BR7TB?.

Eciisson du duc. Rev. ^ ÎT20R - ennTÎ : U - OVTï : P - : liOV.

Croix traversant la légende et portant au centre l'écu

de Louvain (pi. III, flg. 22).

Vandeb Ciiijs, pi. 16, fig. 13.

Cette pièce existe aussi en argent ; il est donc à supposer tjue celle-ci est fausse et qu'elle fut blanchie.

Jv. H^ PI^S:De:i:GR2î:DVXBR2ÎB2î...nnie::B. Le champ blasonné des armes du duc.

jtev. »ï< nRone:nn2ç : kovîî rPCTî: sivirrTïms.

Croix dans un grènetis (pi. 111, fig. 19).

Vander Chus, pi. 16, fig. 16.

Nous ferons remarquer la singulière légende du revers r sivitatis pour civitatis, mais sans indication du nom de la ville.

Jv. >i< PliB 2 Dai o GBTi. o DVX S BRTîBTîRGie:. Le champ blasonné des armes du duc.

Rev. ^ monerTTT o R0V2Î o pa2î ? LOVTînie:.

Croix pattée, inscrite dans un grènetis, et portant au centre un petit écu de Louvain (pi. III, fig. 20).

Vander Ceiis, pi. 16, fig. 12.

î)6

CHARLES LE TÉMÉRAIRE. 1467.1477.

Jv. >î< I^TÎROIiVS § Dei o GR2Î 8 DVX S BG S BR2ÎB2Î S lilirn. Le champ blasonné des armoi- ries du due.

Hev, »ï<moRe:-nn2î:ROv-2î:P7îGcrr-ijOV2îm.

Croix coupant la légende et portant au centre un petit écu de Louvain (pi. III, fig. 23).

Vander Chus, pi. 17, fig. 7.

MARIE DE BOURGOGNE. 14771482.

^v. ^ ÎRTÎRITÏ 5 DSI ^Ql DVX ^ BVRG ^^ BR J IlIS. Dans le champ un grand (D.

fiey. ^ sro ^ Ro - jT^e: ^ DOi - BSRSDi - ecn:^ î

1481. Croix traversant la légende (pi. II!, fig. 24),

Vanoer Chus, pi. 18, fig. 6.

SEIGNEURIE DE MALINES.

Cette seigneurie appartenait aux évèques de Liège, qui, pour la défendre, en donnèrent l'avouerie aux seigneurs de Berthaut. Ceux-ci s'emparèrent insensiblement de tous les pouvoirs, cherchèrent querelle aux évèques de Liège, jus- qu'à ce qu'enfin Thibaut de Bar fût obligé de faire avec eux un accord par lequel il leur céda la moitié de la ville.

Fatigue des tracasseries continuelles que les Berthaut lui suscitèrent, l'évèque vendit, par acte du 3 octobre 1333, tous ses droits sur Malines à Louis de Maie. Celui-ci en acquit aussi l'avouerie ; de sorte que, malgré l'opposition

57

des ducs de Brabanl, les comtes de Flandre finirent par posséder toute la seigneurie. Marguerite, lille de Louis de Maie, la porta aux membres de la maison de Bourgogne, qui régnèrent en Flandre. C'est donc à tort que M. Vander Chijs attribue à Philippe de Saint-Paul, duc de Brabant, une monnaie noire qui fut frappée à Malines (•). Elle ap- partient incontestablement à Philippe le Bon, ainsi que la pièce suivante d'un type postérieur.

Av. Hh Pï^S : DSI : GR2Î : D VX : BVRG : Z : BR2ÎB. Le champ blasonné des armoiries du duc.

llIS. Croix dans un grènelis (pi. III, fig. 21).

vm

COMTÉ DE HAINAUT.

Comme pour le duché de Brabant, nous nous contente- rons de donner la description des monnaies en indiquant toutefois les princes qui les firent frapper :

GUILLAUME I. 1304-1337.

Av. >h G : GOmES : li'NnOma. Lion debout à gauche.

Bev. >ï< VTÎIiSRGSnePSIS. Croix dans un grènetis (pi. m, fig. 25).

Chalon, pi. 7, fig. 58. (•) ri. U, fig. 36m.

58

MARGUERITE D'AVENNES. 1345-1356.

Jv. >i* ÎHTÎRG... (corn) Fj2îR0R. Monogramme dans

un écusson losange. Hev. MOnSrrTÎ V2Î liSR... (cen). Croix dans un

grènetis (pi. III, fig. 27).

CHâtoN, pi. 12, fig. 89.

GUILLAUME II. 1356-1389.

Jv. ^ GVIIiliS GOmK tiT^U. Monogramme. Rev. ^ GVIlJliSIiMVS GCOMSS. Croix dans un grè- netis (pi. m, fig. 32).

Chalon, pK Vô, fig. 113.

Jv. ^ GVIIiliSIiMVS X aOME. Monogramme. Rev. >ï< MORSnn... (a va) liSRGSR. Croix dans un grènetis (pi. IIÏ, fig. 26).

GUALON, pi. 15, fîg. 11^.

ALBERT DE BAVIÈRE. 1389-1404.

Jv. ^ KliBSRna DVX aOmaS I^TîRO. Mo- nogramme cantonné de deux écussons losanges de Bavière et de deux lions.

Rev. ^ mone: nn.... .... tîoritî. croix

coupant la légende, évidée au cœur en forme de quart-feuille et cantonnée de quatre trèfles, tenant, par leurs tiges au centre de la croix (pi. III, fig. 33).

Chalon, pi. 17, fig. 126.

Av. * DX : TÎIjBSRrr' : GCOMSS ï^TÎI. Mono- gramme.

~ 59 dans un grènetis (pi. 111, lig. 28).

CiuLON, ibid., fig. i29, légère variélc.

GUILLAUME IV. - I404I4I7.

Av. >f GVIIili : DX : GOÎR : ï^TîRORie:. Écu écar- télé de Bavière et de Hainaut.

Rev. ^ mou Gn\:UO ~ V7Ï. m. - vTïiiS.

Grande croix traversant la légende et l'épicycloide à quatre lobes inscrite dans le grènetis (pi. 111, fig. 29).

Chalon, pi. 19, fig. 140.

JACQUELINE DE BAVIÈRE. 1417-1433.

Av. ^ DvaiBB'K : i2îa : aoi : iiT^noma. écu

écartelé de Bavière et de Hainaut.

Rev. >ï< mon an\ i no vk i m vkug.

Croix traversant la légende et l'épicycloïde à quatre lobes inscrite dans le grènetis (pi. 111, fig. 30).

Chalon, pi. 19, fig. lii. JEAN IV, DUC DE BRABANT. 1418-1427.

Av. ^ lOll : DX : BR2ÎB : Z : LIÎR... (b : co) m : ll'KXl : ï^OIj. Deux écus inclinés, au-dessous un lion ; le tout sur une épicycloïde à huit lobes.

licv, ^ SITT no... (men) : DOM (ini ben) SDIG- mVM. Légende intérieure : >^ MOREÎTTÎ : PGCK : m : V2TIiGC. Croix dans le grènetis (pi. 111, fig. 34).

Chalow, pi. 20, fig. 151, variété.

00

PHILIPPE LE BON. 14331467.

Av. * Pï^S o DVX o BVRG S GOm S I^TÎROR. Écu du duc.

Bev. » mon arjMz § v "Kuaa rssis.

Croix traversant la légende, (pi. IIl, fig. 31). CiJAioN, pi. 22, flg. 166,

CU. PlOT.

^ 6< DE LA

MONNAIE DE TOURNAI DE 1498 A 1578

A PROPOS

D'UNE COURONNE D'OR DE CHARLES-QUINT.

L'histoire de la monnaie dje Tournai présente > à partir du règne de Louis XII jusqu'à l'époque des Etats, de fâcheu- ses lacunes qu'il serait très-intéressant de pouvoir combler, ou des points douteux qu'il conviendrait d'éclaircir. Une eouronne d'or de Charles-Quint, qui paraît, sans conteste, provenir de l'atelier de cette ville, et que je dois à l'extrême obligeance de mon savant ami, M. de Gosier, m'a suggéré ridée de traiter ici rapidement toute cette période.

Je commencerai par dire le peu qui se trouve maintenant à ma connaissance sur la monnaie de Tournai, de 1497 à 1 521 , date de la conquête de cette ville par Charles-Quini, et à démontrer ainsi, malgré de nombreuses et fort regret- tables lacunes, que cet atelier monétaire n'a pas cessé d'être en activité jusqu'au règne de cet empereur.

En second lieu , j'exposerai les quelques renseignements que j'ai pu recueillir, soit dans les auteurs, soit dans les manuscrits , pour ce règne et pour la première période de celui de Philippe II ; j'ajouterai quelques mots sur les jetons de cette époque, et je terminerai cette seconde partie par

62

l'expression même des doutes qui me restaient avant la découverte de la couronne d'or.

Enfin, dans la troisième partie, je décrirai cette couronne et j'espère parvenir à prouver :

\" Qu'elle est belge;

2" Qu'elle doit être attribuée à Tournai ;

3" Qu'elle ne peut être donnée à aucun autre atelier mo- nétaire.

Si quelque monnaie ou quelque document écrit, que je n'aurais pas signalé , se trouvait en la possession d'un des lecteurs de la Revue, je lui serais bien reconnaissant s'il daignait m'en donner communication.

«3

1 497-1 &91.

LOUIS XII. 1497.1513 {•).

Les lecteurs de la Revue de la numismatique belge sa- vent (') comment, en 1320, la monnaie de Tournai d'épis- copale devint royale française, bien que les lettres de per- mutation échangées entre l'évéque Gui de Boulogne et le roi de France, Philippe le Long, ne soient pas très-explicites à cet égard.

Voici en effet le passage de ces lettres relatif aux matières d'or et d'argent : « Item homagium franci marcelli et om- « nium campsorum tornacensium cum certis denariis ab « ipsis debitis. Item prisiam false monete seu minoris de- « bito ponderis una cum juribus et redibenciis auri fabro- « rum homagio, et justicia... ('). »

La licence octroyée, l'an 1294 ("i), par l'évéque Jean de

(') Cette date indique l'année pendant laquelle Tournai cessa d'appar- tenir à la France. Chacun sait que Louis XII vécut et régna jusqu'au l*» janvier 1515.

(') Foy. la Revue, t. 111, 1" série, p. ^0.

(^) Je donnerai celle charte complète dans la monographie des monnaies de Tournai.

(*) On lit dans Cousin, liv. IV, p. 76 : « Cn ce temps l'église et évesché

64

Vasonne au roi Philippe le Bel , de frapper, à l'atelier de Tournai , pendant quatre années consécutives , sa grosse monnaie d'argent, était, du reste, un acheminement vers cet échange de droits et de prérogatives. Cet échange d'ail- leurs paraissait devenu inévitable, Philippe le Long ayant résolu d'établir, pour tout son royaume, une seule mesure, un seul poids et une seule monnaie.

« de Tournay jouissoit de beaucoup de beaux droicts et prééminences « temporelles. Car l'évesque seul avoit puissance de faire forger monnoye « en Tournay, tellement que nous trouvons es Chartres de ladite église « par lettres du roy Philippcs en date de Pan 1269 que l'évesque Phi- « lippes accorda au roy de France Philippes pour quatre ans licence de « forger de la grosse monnoie d'argent. »

Il y a dans ce passage une erreur manifeste, car en 1269 c'est Jean d'Enghien qui était évcque; Poctrain, p. 569, propose de lire 1279 et dans ce cas, en effet, la charte aurait été passée entre le roi Philippe le Hardi et l'évêque Philippe Mus.

M. le chanoine Voisin^ l'érudit vicaire général du diocèse de Tournai, que j'ai consulté sur ce sujet, m'écrit : « La charte de 1269, dont parle « Cousin n'existe pas et n'a jamais existé, Après avoir parcouru la « table de tous nos cartulaires, j'ai consulté un volume rempli de notes « historiques recueillies dans l'ordre chronologique par un chanoine « contemporain de Cousin et qui avait lu tous les cartulaires du chapitre; « la charte de 1269, qui certes ne lui aurait pas échappé, n'y est pas « mentionnée »

Démon côté j'ai été assez heureux pour retrouver aux Archives du Royaume la charte, daléc du lundi après la fêle de St-Vincent, de l'an 129i, qui constate une semblable concession temporaire, faite par l'évêque Jean de Vasonne au roi Philippe le Bel ; ce qui conduit à conclure : ou que, dans le passage de Cousin, il faut non-seulement changer la date, mais aussi le nom de l'évêque; ou bien, que la chartre de 1294- n'est que le renouvellement de concessions similaires faites depuis IS ou 25 ans. Notons cependant que, dans cette dernière hypothèse, il semble probable que l'on eût rappelé, dans notre charte, les concessions précédentes.

m

A parlir donc de 1320, l'alclier monétaire de Tournai dut battre au coin royal de France et devint, jusqu'en 1513, non-seulement de serment, mais encore de propriété royale.

Il n'entre pas dans mon projet d'analyser ici les mon- naies de cette période ; je mécontenterai donc de faire con- naîlre que le dernier écrit authentique que je possède en ce moment, pour le règne de Louis XII , est une suite de sept « comptes de boestes de la monnoye de Tournay, faits W en achat par Guy Dimenche dit Lombart, maistre parli- « eu lier de ladite monnoye, Rasse Barat tenant le compte « d'icclle »

11 résulte de ces ctoWjlIbs que, du 5 mars 1498 au 27 mai 1501, il a été forgé à l'atelier de cette ville :

1" Des deniers d'or, esais au soleil, ayant cours pour 36 sous 3 deniers, au titre de 23 carats i/s, de 70 pièces au mai-c (et par conséquent du poids de gr. 3.496), la quah-^ lilé de 15,000 pièces.

Des deniers grands blancs à la couronne, ayant cours pour 12 deniers tournois, au titre de 4 deniers 12 grains d'argent fin, de 86 au marc (gr. 2.85 la pièce), au nombre de 240,000 pièces environ.

Enfin des petits deniers tournois noirs, valant un denier tournois, au titre d'un denier d'argent fin, de 252 pièces au marc (poids d'une pièce : gr. 0.97), la quantité de 13,744 pièces.

De 1501 à 1513, je ne possède aucun document, aucune monnaie.

2* SÉRIE, Tome r.

" 66

HENRI Vlit. 1513-1518.

Louis XII et Ferdinand, en s'emparanl, le pren\ier du Milanais, le second du royaunie de Naples, avaient jeté l'inquiétude dans Rome et considérablement affaibli lin- (luence que la papauté du moyen âge exerçait sur les divers Etats de l'Italie.

Pour conjurer le péril qui menaçait ces Etats, Jules II parvint à détacher Ferdinand de la ligue, brouilla l'empe- reur Maximilien avec Louis XII et poussa le roi d'Angle- terre à déclarer la guerre à ce dernier.

Bientôt les armées réunies de Henri VIII et de 3Iaximi- lien marchent contre la France.

Pour échapper aux désastreuses conséquences d'un siège, les Tournaisiens firent avec l'empereur un traité secret, s'engageant à observer une stricte neutralité et à ne rece- voir aucune troupe française. Mais la ville n'en fut pas moins assiégée peu de temps après le sac de Thérouanne j et privée de défenseurs, elle dut se rendre au bout de douze jours au roi d'Angleterre.

RuDiNG, dans ses Annalsofthe coinageofGreat Britam('), parle des monnaies qu'Henri fit frapper à Tournai et ajoute qu'on n'en connaît jusqu'à ce jour que trois espèces encore existantes ; ce sont :

1" Le gros à tète, assez commun dans notre pays et dont je possède deux variétés;

(') Third édition, London \84J0.— Voy. vol. 1", p. 501 ; vol. II, p.26i et p. 512, ainsi que Ips n"« 15 cl K de la pJanchc VI II et la planche XII, no 9, deuxième partie.

G7

Le gros à la rose ;

Et le gros à la croix cantonnée et portani la letlre h en cœur.

(les deux derniers gros ne sont connus qu'en Angleterre.

FRANÇOIS K 1513-1521.

Dès son avènement au trône, François I" avait entamé avec Henri VIII, pour la restitution de Tournai, des négo- ciations qui n'avaient pas abouti. Mais bientôt, profitant du repos momentané créé par Léon X, lorsque ce pape, effrayé des progrés du sultan Sélim, sut imposer une trêve aux ressentiments mutuels des diverses puissances, pour les engager dans une croisade commune contre les Turcs, il réussit à gagner le cardinal Wolscy, et Tournai fut rendu à la France.

Ce traité se conclut à Londres, le 4 octobre 1517, et dès que les otages, au nombre de huit, furent arrivés à Calais, François 1" entra en possession de Tournai. Ce fut le 8 février 1518 (n. s.) que la ville fut remise à Gaspar de Coligny, maréchal de France, par le chambellan d'Angle- terre.

C'est dans le Manuel de numismatique du moyen âge de M. J.-B.-A.-A. Barthélémy, que j'ai trouvé la seule men- tion qui fût naguère à ma connaissance sur la monnaie de Tournai sous François I".

Cet auteur dit, en noie, p. 75 : « Vers 1521 , Fran- » cois I" frappa des blancs à Tournai. »

68

Depuis, M. le comte G. de Nédonchel a bien voulu mettre à ma disposition, avec son amabilité ordinaire, l'in- téressante pièce suivante, qui est un demi-teslon de la pre- mière émission, c'est-à-dire à il deniers 18 grains d'aloi et de 51 pièces au marc.

Av. @ FR7ÎNCISCUS : D : G : FR7ÎC0R : REX S.

a

Tète de profil à droite, ornée d'une toque surmontée de trois fleurs de lis.

I{ev.®XRS : VINCIT : XRS : REGNAT : XRSi.

Ar . D. 0.2S. Gr. i.m. Rn. - PI. IV, no t.

Écu aux trois fleurs de lis, couronné et renfermé dans une guirlande composée de onze arcs de cercle, réunis deux à deux par une perle.

Cette pièce est la plus ancienne de toutes celles connues qui portent la tour pour difi'érent monétaire de l'atelier de Tournai ; et, en outre, comme pour écarter tous les doutes sur cette attribution, on retrouve aussi sous la seizième lettre de l'avers le point secret, qui, sous les règnes précé- dents, indiquait cet atelier. Je dois aussi signaler le petit cercle placé sous la tourelle du revers, et qui pendant cette période a pu servir à distinguer la marque monétaire de Tournai de celle de Tours (').

Notons encore que la tourelle du revers, qui semble plus particulièrement caractériser l'atelier monétaire, est sur-

(') Un franc d'Henri III de ma collection porte à l'avers le point sous la sixième lettre de la légende et la lettre capitale E à l'exergue, double indication de l'atelier monétaire de Tours ; et au revers, la tour non ponctuée ni barrée.

(J9

monlce (rime barre qui ne se relrouvc pas au-dessus de la tourelle de l'avers, ni sur la tourelle des monnaies de Tours. Ne serait-ce pas l'indication du chef de France que Charles Vil octroya aux Tournaisiens, en 1426 (').

Cette tour, surmontée d'une barre horizontale, apparaît d'ailleurs connue marque monétaire de Tournai sur toutes les monnaies de Philippe II j elle disparaît après ce règne, sans doute à cause de l'ignorance du graveur.

SIÈGE DE 1521.

La guerre ayant éclaté entre François 1" et Charles- Quint, l'empereur fit commencer ses expéditions contre le nord de la France par le siège de Tournai. Après cinq mois d'investissement et de luttes fréquentes, la ville se rendit le 3 décembre et le château le 16.

Duby décrit trois pièces qui auraient été frappées pen- dant ce siège; Combrouse les cite aussi dans la deuxième partie de sa monnaie tournois, et peut-être devra-t-on y rattacher quelques autres variétés, s'il ne faut pas admettre bientôt que la troisième pièce de Duby (') doit rentrer dans la catégorie des jetons.

Quoi qu'il en soit, il résulte de documents reposant aux

(') Les armes de Tournai, qui étaient de gueules à la tour d'argent, reçurent de ce roi la plus distinguée des pièces honorables du premier ordre, le chef de France , elles sont donc, depuis lors, de gueules à la tour d'argent, au chef cousu d'azur, à trois fleurs de lis d'or en fuscc.

{*) Voi/, cet auteur, p. 109 et planche XX, îi.

70

Archives de la ville de Tournai, que pendant ce siège, le gouverneur fit forger de la monnaie pour payer ses gens d'armes ; et qu'à partir du 25 décembre les pièces de six gros, naguère forgées au chastel, n'eurent plus cours que pour V gros le pièche.

Ici se termine la première partie de la notice, et je pense pouvoir conclure, sans craindre de trouver des contradic- teurs, qu'il est démontré : malgré de très -regrettables lacunes, que l'atelier monétaire de Tournai n'a pas cessé d'être en activité jusqu'au règne de Charles-Quint.

71

OS 1591-1578.

CHARLES-QUINT. - 15211555.

Possesseur de Tournai par la conquête , Cliarles-Quint ne paraît pas avoir hésité, comme il le fit en Artois (■) à agir en souverain absolu; toutefois, jusqu'à ce jour, rien n'était venu prouver que l'atelier monétaire de cette ville avait été en activité sous cet empereur.

C'est ce doute que je vais chercher à dissiper, après avoir soumis aux lecteurs de la Revue toutes les pièces du procès.

Je commencerai d'abord par citer les auteurs qui parlent, à cette époque de notre atelier monétaire ou de ses pro- duits. PouTRAiN, dans son Histoire de Tournai, t. II, p. 789, rapporte un fait, qui acquerrait une grande im- portance , si on pouvait l'appuyer par une pièce authen- tique :

« On a oublié de remarquer, dit cet auteur, que cet « hôtel des monnaies avoit été établi dans l'Isle de l'Escaut, « appelée depuis l'Isle de Saint-Pancrace, jusqu'au règne « de Charles-Quint, qui, à la représentation du directeur,

(1) Foy. M. IIkrmani), Uisloiri: manctnire de fa province d'Artois, p. 324 et suivantes.

72

« le (il transporter dans la ville vers le Fort Rouge, qni « étoit en la rue Perdue. »

M. Chotin (vol. II, p. 130 et suivantes), dit que Charles- Quint, méditant depuis longtemps de se retirer du monde et des grandeurs, vint faire reconnaître son fils Philippe comme son futur successeur dans les provinces des Pays- Bas. Décrivant ensuite l'entrée solennelle des souverains qui eut lieu à Tournai le 7 août 1549, il parle en ces termes, p. 142, de monnaies frappées en celte ville :

« Pendant la lecture du serment , les deux prévôts au « nom des consaux et de tout le peuple, tenaient la main « sur les évangiles qu'ils baisèrent après qu'elle fut ache- « vée. Et le peuple en cet instant levant la main, s'écria : Il Nous le jurons. Alors les trompettes sonnèrent. Les « hérauts, vêtus de lei^rs cottes d'arJi|p§, ,armori,é!es ,des « armes du prince , nairent à jeter, pour sa bienvenue, « une grande quantité de pièces dor et d'argent à reffîgie et aux armes de Philippe II, frappées à Tournai, parmi _<it^^ lesquelles se trouvaient des ducats et doubles ducats de f( quatre florins. La populace, aux cris de largesse! lar- « gesse! se rua pouj^.^esj^ramas^e^, Maintes pei'sonnes «i furent tuées, étouffées et blessées eii ja presse qui sçj|t « pour les recueillir. »

11 résulterait de ces passages que , sous Charlcs-Quinl, l'atelier monétaire fut déplacé et qu'ori y,,(|:^ppa des pièces à l'effigie de son fils Philippe. -i -,? ,;

Les nombreuses recherches auxquelles je me suis livré, tant aux Archives de la ville de Tournai, qu'aux Archives du royaume, ne m'ont procuré aucun document con- firmatif du déplacement dont parle Poulrain, bien que jo

75

suis convaincu que ce déplacement ait été eflcctué. Quant aux pièces frappées à Tournai, selon iM. Chotin, il faut con- clure du silence absolu de tous les manuscrits qui rendent compte de ces solennités que ce fait n'est pas exact.

En effet, on lit au registre de cuir noir, fol. 230 verso, des Archives de Tournai, le passage suivant que j'extrais textuellement de l'entrée de Philippe, prince d'Espagne, dans cette ville, le 7 août 1549.

« Et en ce meismes instant l'on sonna les trompettes « imp'*" et celles dud' S"^ prinche d'Espaignes esmélodieu- « sèment comme orgues, et les roys d'armes dicellui « S' prinche d'Espaigne estans vestus triumphantement de « robes d'armes de fin or ayans les armoyries d'Espaigne, .c jectoient pour sa bienvenue en signe d'amour et triumphe « joyeulx or et argent par plusieurs et diverses fois « estoient pièches d'argent du coing dudit prinche vaillables «i les unes trois solz vj^ Flandres, les aultres le double de « sept solz Flandres , avecq lesquelles pièches d'argent •i estoient meslez ducatz d'Espaigne du pris de iiijîfe la piè- « che, sy que le commun populaire se entrecombatoit pour « les recœiller, dont y furent plusieurs bleschiez de la « foulle et presse impétueuse et aultres quasi sufîocqiiiez et <! cstains de la précipitation du peuple séant l'un sur (i l'aultre. »

Le manuscrit Dufief{^), s'exprime à peu près dans les mêmes termes.

•t Les deux prévostz, au nom des consaux et de tout le « peuple, tenoicnt la main sur les évangiles qu'ils baisèrent

{') Manuscrit CXCVIll de la Bibliothèque de la ville de Tournai.

74

« après quelle fut achevée el le peuple qui l'avoit ouy lire « à haulte voix levant la main monslra que de sa part il « advouoit et fesoit le niesme serment en la présence du « prince d'Espagne : au même instant sonnèrent harmo- « nieusement les trompettes eslans les héraulx et roys «1 d'armes dudict seigneur prince accoustrez de leurs cottes <( d'armes armoyées des armes dudict seigneur, lesquelles « jestoient pour sa bienvenue, en signe de largesse et mu- « nificence, des pièces d'or et d'argent par plusieurs et « diverses fois figurées de l'effigie et des armes du prince, « entre lesquelles cstoient entremeslez des ducats et aussy « des doubles ducats de quatre florins la pièce, dont la po- « pulace fut fort esjouye, et il y en eut maint tuez, estouffez

« et blessez en la presse qui se fit pour les recueillir »

Juan Christoval Calvete de Estrella ('). explique comme suit cette partie de la cérémonie : « Tocaron los trompetas, •I y los reyes de armas echaron gran cantitad de monedas « de oro y plata con mucho y comun regozijo de todo el «I pueblo. »

Cousin se contente de mentionner la venue des princes qu'il fixe au 4 août, puis de donner le serment de Phi- lippe et celui des magistrats au nom de la ville.

PouTRAiN, après la formule du serment pour la ville, se borne à copier le passage cité plus haut du registre de cuir noir.

De tous ces extraits, il faut donc conclure à regret, que l'affirmation de M. Chotin, de pièces frappées à Tournai pour cette solennité, n'est rien moins que confirmée.

(') El felictssime vinje de don Phili'pj>r, e(c., p. 160.

ib

M. de Coster m'écrit depuis :

« En 1549, on a en effet frappé à Anvers une grande n quantité de jetons d'or et d'urgent qui ont été jetés au « peuple même en Hollande, de sorte que je ne pense pas •1 que ceux distribués à Tournai aient été frappés dans « cette ville ; cependant on ne peut encore rien affirmer.»

PHILIPPE II (<" période). 1555-1576.

Monté sur le trône par l'abdication de son père, le 25 octobre 1555, et devenu souverain des Pays-Bas, Phi- lippe II fit frapper monnaie à Anvers, Maestricht , Bruges, mais aucun document, aucune monnaie n'est encore venu permettre d'ajouter Tournai au nombre de ces ateliers actifs.

Si, après avoir analysé les auteurs et les manuscrits, pour les règnes de Charles-Quint et de Philippe II, je passe aux pièces numismatiques , je n'aurai à mentionner que d'assez nombreux jetons de Tournai pour ces deux règnes, jetons que l'on trouve dans beaucoup de collections des amaieurs de notre pays et dont quelques-uns même ont été déjà publiés.

Telles sont, en ce moment, les seules notions que je pos- sède touchant la monnaie de cette cité, durant cette longue période de quatre-vingts ans, si variée et par conséquent si intéressante.

Ces faits suffisaient-ils pour affirmer que cet atelier nio-

7(î

iiéliiiic fût en activité sous renipeieur Charles? Mes vœux claienl pour l'affirmative, mais la réflexion m'imposait une réserve d'autant plus grande qu'en effet :

1" A l'observation qu'il faudrait s'étonner que Charles- Quint n'QÙt point posé à Tournai un acte, la fabrication des monnaies, qui était une des principales prérogatives de la souveraineté, et cela surtout dans une ville l'atelier monétaire fut , de tout temps , un des plus actifs , avant et après son règne; on peut répondre, en citant les ateliers d'Arras (') et de Mons ('), pour lesquels il paraît certain qu'il n'a pas été frappé de monnaie sous cet empereur, et l'atelier de Namur (*), l'on ne forgea que pendant les deux années 1527 et 1528. . i.i-.co c»i.-

2" Au transfert de l'atelier monétaire rapporté par Poù^ train, transfert que, malgré l'absence de preuves, j'admets volontiei*s pour divers motifs ; on peut opposer que ce déplacement a pu arrêter la fabrication pendant le règne de Charles-Quint.

3" Quant aux pièces jetées comme largesse au peuple et qui, d'après M. Chotin, auraient été frappées à Tournai, je ne pense pas qu'on puisse maintenant admettre ce fait, après les explications que j'ai données précédemment. Dans tous les cas, il faudrait au moins quelque preuve pour confirmer l'assertion de cet auteur.

4" Aux nombreux jetons concernant Tournai, de l'épo- qup4e^Ctharks-Quint, on peut objecter qu'aucun de ces

(') IltnMAND, Histoire monétaire de la province d'Artois^ p. 529.

(^) Chalon, Recherches sur les monnaies du Ilainaut.

(') SEnRi'BE , Notice sur le cabinet monétaire du J)rince de Lignc^

77

jetons, du moins ceux que je connais, ne porte de désignation d'atelier j et que l'on sait en outre qu'à une époque postérieure des jetons pour Tournai furent battus à Lille et réciproquement.

4" On peut encore poser comme une objection contre l'activité de l'atelier monétaire sous cet empereur, le man- que absolu, du moins jusqu'à ce jour, d'une seule monnaie frappée à Tournai , pendant la première période du règne de Philippe II.

Enfin, malgré les nombreuses recherches auxquelles je me suis livré aux Archives du royaume, et bien qu'aidé dans ces recherches par les employés si obligeants de ce dépôt, je n'ai pas été assez heureux pouf rencontrer un seul acte, ayant trait à la monnaie de tôùi*nai, de 1521 à 1S76.

Vu l'absence complète de la plus modeste pièce, du moindre document, je dus me résoudre, lorsque je fis mon appel aux numismates, à passer sous silence le règne de Charles-Quint. ,>T

Mais depuis, la précieuse couronne, que je dois, je le répète, à la bienveillante amitié de M. de Coster, est venue poser un nouveau repère dans le regrettable vide laissé par le règne de Charles, et me fait concevoir l'espérance que d'autres documents ne tarderont pas à venir se grouper autour d'elle. UfUUU

in'l n-»

78

LA coiJROiviyf: n'OR.

i" SA DESCRIPTION; ELLE APPARTIENT A LA BELGIQUE.

Je vais maintenant décrire la couronne d'or et faire suivre la description àes objections que son attribution a soulevées ainsi que des répliques que celles-ci ont amenées.

Av. CARO . D : G : RO IMP HISP : REX DVX BVRG.

Écusson couronné, accosté du bijou étincelant de la Toison d'or. L'écusson est à cinq quartiers :

Ecartclé au I d'Autriche moderne. ^

, II de Bourgogne moderne. I Sur le tout en

III de Bourgogne ancien. i abime de Flandre.

IV de Brabant. j

Rev. a DAMIHIVIRTVTECOTRAHOSTESTVOS 1553.

Or. D. 0.26. - Gr. ZM. - (unique), PI. IV, fig. 2.

Croix à triples bandes, évidée en cœur en forme de quatre feuilles j les branches sont terminées par des fleurs de lis

-> 79

oi ia croix est en oulre canlonnée de deux aigles biceps (de l'Empire) et de deux châteaux (de Castille).

La première objection qui fut soulevée était celle de savoir si cette pièce était belge ou francomtoise ?

Voici ce que l'on peut répondre :

Cette monnaie, très-commune pour le Brabant, la Flan- dre et même la Hollande, assez rare pour la Gueldre, pré- sente, il est vrai, presque constamment, dans la finale de la légende nominale, la désignation de la province pour laquelle elle a été émise; et la légende du revers est tou- jours précédée de la marque monétaire.

Ainsi on lit :

Sur la couronne d'or du Brabant. . . DVX-nvRGz-BRA,

Sur celle des Flandres dvxbvrg-co-fla,

Sur celle de Gueldre dvx-bvrg-zgel,

etc

On devrait lire sur celle de Tournai. . dvxbvrg dom'TOrn.

Mais M. Morin Pons, de Lyon, numismate distingué et qui avait d'abord acquis cette pièce, la supposant bourgui- gnonne, ne pense pas, et c'est avec raison, qu'elle puisse appartenir à celte circonscription monétaire, parce que, indé- pendamment qu'il n'en est pas fait mention dans Grappin, ni ailleurs, la tourelle ne serait pas la marque de latelier monétaire d'aucune des villes (Dôle et Besançon) dans les- quelles on a frappé monnaie sous Charles-Quint.

En outre, une comparaison analytique que je vais établir entre les légendes des monnaies bourguignonnes et celles des monnaies belges, viendra résoudre définitivement cette question.

80

En effet, on voit, dans le catalogue de la collection Poey- dAvant, une des plus riches en monnaies baronales de la France, que la série bourguignonne comprend d'abord, la monnaie des ducs de Bourgogne jusqu'à Charles le Témé- raire inclusivement, puis une partie de ce pays devient Bourgogne ou Franche-Comté, à partir de 1530.

Or, les monnaies francomtoises sont rigoureuses à l'en- droit du titre qu'y prennent les nouveaux souverains.

Ainsi, Charles-Quint prend ces formules :

Av. W G « V 0 R 0 IMP 0 C » BVRGVN" ReV. *ï< M » C » nVRGVNDIE o

Philippe II, celles-ci :

Av. PUS . D . G . COMES BVRG ReV. M . C . BVRGVNDIE

Et, plus tard, vers la fin du règne :

Av. PHS . REX . CATFIOL . HISPANIARVM.

Rev. COMES . rvrgvndie.

Les légendes nominales à l'avers des monnaies belges portent au contraire, pour Charles -Quint :

caro : d : g : ro . imp. HISP . REX DVX . bvrg

suivi de co : fla ou de z . bra, etc., selon la province.

Àti révers, on lit le répons bien connu d'un verset de l'antienne de lii Vierge après la Purification :

Da mihi virtutem contra hostcs tuos.

8t De même, pour Philippe II, la légende de l'avers est : PHS . D : G. lîISP . Z . REX . DUX . bra

ou COM . FLA

CO . HANO

CO . NAM

CO . ART

DOM . TORNA

selon la province pour laquelle la pièce a été fabriquée; et, sur le revers, l'invocation des versets 6 et 7, litt. A du psaume CXVII :

Dominus mihi adjutor.

Les différences sont maintenant sensibles et l'on voit, en effet :

Que les monnaies belges de Charles-Quint et de Phi- lippe II font toutes mention de la royauté d'Espagne, men- tion qui n'existe, pour les monnaies francomtoises, que vers la seconde moitié du règne de Philippe II ;

2" Que, sur les monnaies belges, l'empereur prend tou- jours le titre de DVC de Bourgogne, tandis que les mon- naies francomtoises portent celui de COMTE ;

5" Enfin , que les revers des pièces belges de Charles- Quint et de Philippe II ont pour légendes des invocations religieuse ou biblique, tandis que les revers des monnaies des mêmes souverains, pour la Franche-Comté, se bornent à rappeler qu'elles sont monnaies du comté de Bourgogne.

Ces observations, qui m'ont été en partie communiquées par M. de Coster, prouvent à l'évidence que notre pièce est belge.

SÉRIE. Tome y. C

82

ATTRIBUTION A TOURNAI.

En l'absence du tilre usité sur les monnaies de Tournai DOM. TORNA. comment attribuer cette monnaie à cette ville, et comment aussi expliquer l'omission de ce titre?

Celte seconde objection doit disparaître devant les expli- cations suivantes.

L'absence du titre usuel DOM-TORÎVA ne peut être prise comme un argument qui ferait rejeter l'attribution de cette pièce à Tournai, car ce fait se reproduit quelquefois, on pourrait même dire assez fréquemment , sur les mon- naies flamandes et brabançonnes de l'empereur Charles- Quint, et je pourrais citer des réaux, des demi-réaux , des florins d'or, des écus, des pièces de quatre patards , etc. , qui, frappées à Anvers ou à Bruges, ne portent point de désignation de province. La main pour les premières, la fleur de lis pour les secondes, suppléent à cette absence et viennent fixer l'attribution : donc dans notre couronne , c'est le différent monétaire, la tour, qui doit apprendre le mot du secret', indiquer l'atelier elle fut frappée, et je n'hésite pas à fixer cette attribution à Tournai.

L'omission du titre usuel s'explique d'ailleurs parfaite- ment par l'imprévoyance des graveurs de coins, assez peu habiles alors, et qui, parait-il, ne calculaient pas d'avance l'emplacement de toutes les lettres de leurs légendes (').

(') M. le comte Georges de Nédonchel possède dans sa belle collection .' de monnaies de Tournai, un patagon de Philippe IV, de 16,16, qui ap- partient incontestablement à celte ville , par la marque monétaire ; et

83

Celte imprévoyance se fait du reste particulièrement remar- quer dans la date écrasée du revers de notre monnaie.

3" EXCLUSION DES AUTRES ATELIERS.

Mais la tour n'est pas exclusivement la marque moné- taire de Tournai ; car il existe des monnaies belges de Mons , de Daelhem ou d'Anvers portant aussi cette marque

A ceux qui poseraient cette troisième objection, je pour- rais me contenter de répondre que c'est à eux de prouver que la tourelle n'est pas ici la représentation du signe monétaire de Tournai. Mais comme j'espère pouvoir assez facilement démontrer que l'on ne peut attribuer notre cou- ronne d'or à aucune de ces villes , je donnerai encore ces quelques explications au risque de fatiguer le lecteur.

Pour rejeter l'attribution à Mons, il suffira de faire remarquer que M. Clialon, après avoir pensé ('), vu l'ab- sence complète des monnaies de Charles le Téméraire, de Marie de Bourgogne et de Philippe le Beau, qu'à partir de cette époque on avait cessé de battre monnaie à Mons , a depuis donné des preuves (') , que lors du rétablisse- ment de la monnaie de Mons par les Etats, cet atelier n'existait plus depuis longtemps. Tandis que je crois , au

cependant, par l'imprévoyance du graveur, le revers ne mentionne que les titres de duc de Bouigogne et de Brabant. Voici les légendes :

Av. PHIL un D G HISP ET INDIAR REX S liev. ARCHID AVST DVX BVRG BRAB Z.

(') Recherches sur les monnaies du Hainmit, p. 6 et 7. C) Même ouvrage, 1" supplément, p. IX, X et XF.

84

contraire, avoir démontré dans les pages qui précèdent, la permanente activité de l'atelier de Tournai jusqu'à la con- quête de cette ville par Charles-Quint.

Il ne peut donc y avoir de doute dans l'attribution entre Tournai et Mons.

Quant à Daellicni ou Anvers, voici ce que M. de €oster vi-cnt de me fîiire connaître.

« Mon cher confrère ,

« Vous m'avez demandé une petite note au sujet du « bourg ou de la tourelle que portent quelques monnaies « de Marie de Bourgogne frappées pour le Brabant , mon- te naies que Ton a supposé appartenir à Daellicm, en x< Limbourg , bien que cet atelier eût disparu depuis «' Jean III... »

Après quelques autres considérations générales, M. de €oster m'annonce qu'il doit à son savant collègue, M. Ver- achter, dont les profondes et consciencieuses recherehes ont déjà rendu tant de services à la numismatique belge, la solution qu'il va me confier ; puis il continue en ces termes !

« M. Verachter me fit donc cette judicieuse remarque, « que le maître de la monnaie d'Anvers , Jean Van « Waelhem, fut remplacé en 1478, par Jean Gelukwysj <t que celui-ci cessa ses fonctions en 1481, lorsque Jean « Van Waelhem reprit la direction de la monnaie. Or, en « 1477 elsur de très-rares échantillons de 1478 figure la <i main, tandis que le bourg apparaît sur la monnaie de « 1478 et demeure exclusivement la marque monétaire

83

« jusqu'en liSO compris j enfin que la main reparaît en « 1481, lorsque Jean Van Waelliem revient.

« Ces coïncidences semblent donner le mot de l'énigme ; « Jean Van Waelhem a pris la main et Jean Gelukwys le « bourg pour marque monétaire, et vous savez que la ville « d'Anvers se représente sur les anciens jetons par le bourg " ou ehâtel surmonté de deux mains.

«' Le bourg n'est connu sur les monnaies brabançoimes a que pendant le règne de Marie et ne figure sur aucune « des nombreuses monnaies du Brabaut que nous a laissées « Charles-Quint; je pense donc que la couronne d'or de « ce prince avec la tourelle ne saurait appartenir au Bra- « bant ; et puis l'incorrection du style de ce monument s'y « oppose formellement . »

Il faut donc conclure de tout ce qui précède que la pièce est tournaisienne, car non-seulement elle porte la marque de l'atelier de Tournai, mais il est en outre impossible de pouvoir l'attribuer à aucun autre lieu.

La dernière remarque de M. de Coster, relative au style de la couronne d'or, m'avait également frappé et j'avais fait ù cet égard des comparaisons qui confirmaient cette opinion. Pour la rendre sensible aux lecteurs de la Revue et dans l'espoir de leur être agréable, je terminerai cet article, pai- la description d'un jeton de l'année 1550, dont le style grossier de l'aigle et des légendes présente quelque ana- logie avec celui de la couronne d'or.

86

Av. GEnnONS bES PIlNANGHE t)E rrORiNAI 1530.

Grand aigle éployé couronné (') :

Rev. ^ blEV X NO VS X MAINrTHIENGNEIiTÎ P2ÎIS.

Deux colonnes, affectant la forme de balustres, posées sur des ondes (colonnes d'PIercule); au-dessus une repré- sentation grossière d'une tour crénelée et ouverte; plus bas en deux lignes la devise de Charles-Quint :

PLVS 0 VLTR E(^).

Cuivre jaune. D. 0.30. Gr. iAO. R». PI. IV, 3.

Je citerai, au surplus, un jeton de Tournai de la même date que ma couronne d'or, et décrit dans Van Orden, sous le S17. Un exemplaire de ce rare jeton, qui faisait partie de la collection du général Trumper, a été acquis dernière- ment par M. le comte de Robiano. Remarquons, en pas- sant, que le style de cette pièce est aussi très-incorrect et tel qu'il est impossible d'y voir le produit d'un atelier voi- sin, soit de la Flandre, soit du Brabant. La légende : GETONS COiMPTOîVS PAYONS L'EMPEREVR, semble encore indiquer que Tournai avait à compter avec le fisc en lS53j c'est peut-être ce qui a fait remetire momentané- ment en activité les forges monétaires de la ville.

Cil. COCIIETELX, Alh, le 20 octobre 1854. licuicnam du giînio,

(■) Il est presque inutile de faire remarquer que l'aigle que le graveur a voulu représenter étant l'aigle d'Autriche, il devait être biceps. (=) Vny. la Revue, série, t. III, p. 348, et planche XVI, I.

87 LISTE

DES

mONIVAIES FR A]lC-GOMTOIS£S.

PHILIPPE LE BEAU.

1 . Jv. Pr-^S D6I GR2Î 2ÎRG ÎÎVSW DVX 2 GO

BV. Écu sommé de la couronne d'Autriche, enfermé dans un cercle à six lobes, écartelé au 1" d'Autriche, au 2* et 0^ du duché de Bourgogne, au 4" de Flan- dre, portant en cœur de Brahant. A l'écu est sus- pendu le collier de la Toison d'or.

liev. moRGnaTî 2ÎVRS2Î m GomirTTînnv

BVRGV. Croix terminée par des briquets pour les croisillons verticaux et par des fleurs de lys pour les croisillons horizontaux. En cœur, écu de Franche- Comté. Ècu pistolet.

2. Av. PI^S TÎRGI^I KVSn^ DVX mS GO BVR-

GV. Même écusson accosté du briquet étincelant de Bourgogne.

Rev. moxmrsT^ m commsi^^sv bvrgvr-

DIE. Croix patlée cantonnée au 2'' d'un lion, au 5" d'un lys. Double gros d'argent.

CHARLES-QUINT.

3. Av. C. V. IMP. C. BVRGVNDIE. Tète couronnée

à gauche.

88

Rev. M. C. BVRGViNDlE. 1552. Écu du comté de Bourgogne, au-dessus la lettre D (Dola). Carolus de Bourgogne.

4. Jv. C. V. IMP. C. BVRGVNDIE. Tête à gauche. Rev. Même légende. Croix coupant la légende, chargée

en cœur des armes du comté. Demi-carolus.

5. Jv. C. V. IMP. C. BVRGV. Écusson couronné. Rev. Même légende. Croix à pointes. Maille d'ar- gent.

6. Jv. C. V. IMP. C. BVRGVN. K couronné. Autre : C. V. IMPERATOR.

Rev. M. C. BVRGVNDIE. 1551. Briquet sur une croix de Bourgogne. Obole de billon.

PHILIPPE II.

7. Jv. PUS. D. G. R. HISP. COM. BVRG. Tète cou-

ronnée à gauche. Rev. MON. COMITA. BVRGVNDIE. Écu du comté, au-dessus 1561. Carolus de Bourgogne.

8. Av. PHS. D.G.R. HISP. C BVRG. Tête à gauche. Rev. M. C. BVRGVN. 1561. Écu du i. Demi- carolus.

9. Àv. PHS. D. G. COMES BVRG. Écu du comté. Rev. M. C. BVRGVNDIE. 1561. Croix de pointes.

Maille d'argent.

10. Jv. M. C. BVRGVNDIE, 1561. P couronné. Rev. PHS. D. G. COMES BVRGD. Lion sur champ

billeté. Niquet.

11, Av. P.D,D.R.CATHOL.HïSPAN. ÉcudunM.

89

Rev. COMES BVRGVINDIE. 1588. D. Croix de Bour- gogne passée derrière le briquet, et à laquelle est appcndue la Toison d'or; au-dessus une tour, aux à-côlés un lion. Pièce de 4 gros.

12. Jv. PUS. REXCATHOL.HISPAN. Même écusson. Rev. Même légende. Croix terminée par des croisons,

et cantonnée d'une couronne à chaque. Pièce de 2 gros.

13. Jv. PHS. D. G. lUSP. REX. Même écusson. Rev. DVX ET COM BVRGVN. D. Revers du n" 11,

sauf que le lion des à-côlés est remplacé par la date 13 I 88. Pièce de 1 gros.

14. Jv. Légende du if 12. Tête nue, t\ gauche.

Rev. COMES BVRGVNDIE. 1589. D. alias DOLA. 1S89. Écu du comté. Carolus de billon.

15. Jv. Légende du n" 12. Tète couronnée à gauche. Rev. D. ET. COMES BVRGVNDIE. 1594. Écu du

comté. Carolus de billon.

16. Jv. Type du 14.

Rev. COMES BVRGVNDIE. 1589. Lion sur champ billeté. Double denier de cuivre.

17. Même type des deux côtés. Simple denier de cuivre.

18. Jv. Même type.

Rev. D. ET. COMES. BVRGVNDIE. 1597. Lion sur champ billeté. Double de cuivre.

ALBERT ET ISABELLE,

19. Jv. ALB. ET. YSABELLA. D.G. ARCIIIDV AV.

Les deux têtes aifrontées.

DO

Rev. DVCES ET COMIT. BVRGVNDIE. Écu du

comté, au-dessus 1614. Carolu&de billon.

20. Av. Même type.

Rev. DVCES ET COMIT. BVRGVNDIE. 1615. Lion sur champ billeté. Double de cuivre^

PHILIPPE IV.

21. Jv. PHIL. IIII. D.G. REX. HISP. INDIAR.Z. Rev. ARCHID. AVST. DVX ET COM BVRG. Z.

Écu «ntourédu collier de la Toison d'or. Daldre à la croix de Bourgogne.

22. Même type. Demi-daldre.

25. Jv. Même légende. Tète à droite. -- 1622. Rev. Même revers. Teston.

24. Jv. Même légende. Lion debout, une patte appuyée

sur l'écu du comté. Bev. Même revers. 1622. 8" de daldre.

25. Jv. Môme légende. Croix fleuronnée, portant en

cœur les armes du comté. Rev. Même légende, Écusson accosté de deux bri- quets couronnés et étincelants. Double blanc.

26. Av. Même légende. Croix de Bourgogne avec la Toi-

son d'or. 1623. Rev. Même revers.

27. Jv. PHILIPPVS DG Même type.

Rev. HISP REX Même type.— Niquet.

(.le n'ai pu encore trouver cette pièce entière).

28. Av. Même légende. Écu sur champ billeté.

Rev. Même légende. Ecu accosté de la date 162Ô. Carohis de billon.

- 91

!29. Av. PHIL. IIII. D.G. HISP. ET INDIAU. REX.

1622. Lion sur champ billclc. Hev. ARCHID. AVST.DVX BVRG. liRAB.Z. Croix fleuron née. Double denier de cuivre. (Je n'ai vu que des dessins de celle pièce el désire- rais la retrouver en nalure).

30. Jv. Même type sans iniliésimc.

Rev. Même légende. Croix de Bourgogne avec la Toi- son d'or. Simple denier de cuivre. (Même observation qu'à la pièce précédente).

31. Jv. PHIL. IIII DG. HISPANI REX. Tète à droite. Bev. DVX ET COMES BVRGVIN. Croix de Bourgo- gne, cantonnée de briquets. Denier de cuivre.

32. Jv. Même type.

Rev. Même légende. Écu du comté, au-dessus 1649. Carolus de billon. 55. Jv. Même type.

Rev. Même légende. Lion sur champ billeté. Dou- ble de cuivre. 5i. Jv. PHIL. IIII DG. REX HISP. INDIAR. Même type. Rev. DVX ET COM. BVR. Z. Croix coupani la lé- gende, chargée d'un écusson du comté. Demi- carolus de billon.

BESANÇON.

35. Av. CAROLVS QVliNTVS IMPERATOR. Tête à gauche. Rev. MONETA CIVITATIS BISVNTJ]\.E. Aigle

02

entre deux colonnes, sur un écusson accosté de la date 1537. Teston. 36. Av. CAUOLVS V IMPERATOR. Même type.

Rev. MOJNETA CIVI BISVNTIIVAE. Écu de Besan- çon; au-dessus : 1537.

Autres variétés, de diverses années. Carohis de Besançon.

57. Av. CAROLVS V IMPERAT. Même type.

Rev. Même légende. 1537. Aigle de Besancon. Demi-carolus.

58. Av. CAROLVS V IMPERATOR. L'empereur de-

bout. Jiev. MONE. AVRE BISVN. 1541. Croix coupant

la légende, chargée de l'écu de Besançon. Florin

d'or. Je n'ai vu que des dessins de celte pièce, et désirerais

la retrouver en nature.

59. Av. Légende du n" 55. Buste à gauche de l'empereur

tenant une épée cl le globe du monde. Rev. MONETA CIVITATIS BISVNTINAE. 1541. Croix coupant la légende , chargée de l'écu de Be- sançon. — Rixdaldre d'argent.

40. Av. Type du 36.

Rev, MON. CIVL BISV. 1546. Croix du 39. Demi-carolus.

41. Av. Même légende. Type du n" 39.

Rev. MONETA BISVNTINA. 1554. Écu échancré. Niquet.

42. Av. DEO ET CAESARI FIDEL. Croix pallée. Bev. MON. CIVIT. BISVNTJNE. Aigle bisontin.—

?liq\{d.

95 ^

43. Àv. Type du n" 55.

Hev. MON ETA CIVITAT. BISVlNTINE. Écnssori écliancré, accosté de la date 1589. Carolus de billon. U. Av, CAROLVS QVINTVS IMPERATOR. Tète à gauche. l\cv. MONETA CIVITAT BISVNTINE. Écu de Be- sançon; au-dessus : 1593. Double de cuivre. 4b. Av.. CAROLVS QVINTVS IMPE GRATI. Tête à gauche. Rev. MONETA CIVI LIB. BESENTI. Écu de Be- sançon; au-dessus : 1594. Double de cuivre.

46. Av. CAROLVS V ROMAN IMPER. Tête à droite. Rev. MON CIVIT IMP BISVNTINAE. Écu de Be- sançon; au-dessus : 1619. Carolus de billon.

47. Av. CAROLVS V IMPERATOR. Tête à gauche,

accostée de la date 1622. Rev. MONE CIVI BISVNTINAE. Écu orné. Ca- rolus de billon.

48. Av. Même type. (32 sous.)

Hev. MONETA CIVI IMP BISVNTINAE. 1625. Aide de Besancon. Rixdaldre.

49. Même type. Demi-rixdaldre .

50. Même type. Teston. (8 sous.)

51. Av. Môme type. 1624.

Rev. Même légende. Sur un cartouche : NEC PLVS VLTRA, et deux colonnes. Pièce de 4 sous ou demileston.

52. Av. CAROLVS QVINTVS IMPP:RAT0R. Tête cou-

ronnée à droite.

94

/îcr. MOi\ETA CIVITATIS BïSVNTmAE. Cou- ronne entre deux colonnes, accostée de la date 1578.

Demi-testoîi.

55. Type du n" 50. Aigle sans écusson au revers. Pièce de '2 sous.

54. Av. Même type.

Hev. Même légende. B couronné entre deux colonnes, et la date 1623. Pièce d'un sou. 54''". Av. CAROLVS V IMPERATOR. Tète à droite. Rev. MOiXETA CIVI BISVINTINE. B entre deux colonnes, accosté de la date 1578. Pièce d'un sou.

55. Av. CAROLVS QVINT. ROM. IMPERATOR.

L'empereur debout, accosté de la date 1666. Hev. MONETA CIVITIMPER BISVNTIIVAE. Aigle impériale, portant en cœur les armes de Besançon.

Florin.

56. Même type. Demi-florin.

57. Même type. Quart de florin.

57"». Av. CAROLVS QVLNTVS IMPERATOR. Tête à droite. Bev. MONE AVREA CIVI BISVNTINE. 1579. Même type. Quadruple d'or.

58. Même type. Double pistolet.

Un autre exemplaire a la tète à gauche.

59. Av, CAROLVS V IMPERATOR AVG. Tète à

droite. Rev. MON. AVR. CIVIT. IMP. BISVNTliNAË. 1554. Même type. Écu pistolet.

60. Av. CAROLVS V IMPERATOR. L'empereur de-

bout.

95

fiev. DVCATVS CI VIT BISVNT AI) LEG IMP.

1655 dans un cartouche. Ducat d'or. (W. Àv. CAROLVS QVINT. ROM. IMPERATOR. Tôle à droite. Rev. MONETA CIVIT IMP. BISVNTINAE. 1675.

Double pistolet .

62. Même type que le n^bZ, mais en or. Double pistolet.

NICOLAS DU CHATELET. vacvillahs.

65. Av. NICOL A CASTELLETO SVP. VVSIS. Écus- son à bande, chargée de trois fleurs de lis. Hev. PER TE FVIT NOSTRA SALVS. Croix fleu- ron née. Écu d'or.

64. Av. NICOLAVS DV CHATELLET. Même type. Rev. PER TE VENIT NRA SALVS. 1554. Croix

fleuronnée. Blanc de billon.

65. Av. MOINETA DNI DE VAWILI. Tète à gauche. Rev. SIT LAVS DEO ET GLORIA. Château dans

un écusson; au-dessus : la date 1554. Carolus de billon.

66. Av. NICOLAVS DE CASTELLETO. Écusson à

bande, chargée de trois fleurs de lis; au-dessus : la date 1555. Rev. PER TE VENIT NOSTRA SALVS {alias). SIT LAV DEO ET G. Croix coupant la légende, chargée d'un petit écusson. Petit denier.

67. Av. NIC. DV. CHAS. SUP.VVLIS. Dans le champ:

D et N entrelacés; au-dessus : une étoile. Bev. SIT LAVS DEO ET GLORIA. Croix évidée.

Obole de billon.

96

08. Àv. NICOL VVS DV CHASTE. Château fort.

Rev. SIT LAVS DEO ET G. 1535. L. Croix feuil- lue. — Obole de billon.

69. Av. Type du n" 6a.

Rev. Même légende. 15.55. Croix coupant la légende, chargée d'un écusson à château fort. Demi-ca' rolus.

70. Av. IBI FIDES IBl AWOR. Main surmontée d'une

fleur de lis, dans un cercle à quatre lobes. Rev. MOA. R. SVP. VVSIS. Croix coupant la lé- gende. — Denier.

71. Av. QVIES EST MIH! LABOK. 1556. Croix fleu-

ronnée.

Rev. MONETA NOVA DNI SVP VVLESIS. Écu écarlelé, et orné, portant en cœur les armes du Châlelet. Grand blanc.

Duby, supplément, pi. IX, a dessiné une pièce oîi l'on voit la tête à droite, avec la légende : NICO- LAVS DV CHASTELLET; et, de l'autre, un écus- son écartelé, portant en cœur les armes du Châlelet, avec la légende : QVIES EST MICHI LABORÏS. 1558. Teston d'argent.

Je n'ai pu retrouver celt.e monnaie.

NICOLAS DE GILLEY. franquemont.

72. Av. N. GILLEÏ B NIMISMA. Tète couronnée à gauche. Rev. INIL VLTRA ARAS, 1552. Croix coupant la légende portant en cœur un écusson à un arbre ar- raché. — Demi'Carolus de billon.

97

75. Av. GILLET NVMISMA. Écusson de Giliey, cou- ronné. Rev» NIDE VLTIU ARAS. 1552. Croix-Obole. Je n'ai jamais retrouvé celte pièce en nature.

74. Av. N.GILLEI. B.NVMlSMA.Fcouronné. Rev. mi VLTRA ARAS. 1555. Croix.— Obole de

billon.

75. Av. B . VON . G[LL . FREI. Écusson imité des liards

de Soleure.

Rcv MELLOB. 1554. Uroix.— Celte monnaie

poriescs légendes en allemand.

COMTÉ DE MONTBÉLIARD. ULUIC VI.

76. Av. VLRICVS DVX VIRT. Écu aux armes de Wur-

temberg et de Teck. Rev. COMES MONT . BELLIG. Écu aux armes de Monlbéliard el du porte-étendard de l'Empire. Denier d'argent.

77. Av. VLRICVS DVX Ii\ WIRT. Écu de Wurtem-

berg. Rev. COMES MONTIS. BELLIG. Écu de Montbé-

liard. Denier d'argent. 78 Av. VL. DVX. WIRT. ET. TECK. CO. MO. BELL.

Z. Tète à gauche. Rev. DA GLORIAM DEO OMNIPOTEINTI. Écu

écarlelé aux armes de Wurtemberg, de Teck, de

porte-étendard, et de Monlbéliard, accosté de la date

1537. Thaler d'argent.

sÉRif . Tome v. 7

_ 98

FREDERIC.

79. Av. FRID . D . G . CO . WVRT . ET . MON. Tête à

droite. Kev. DEVS ASPr.... CAEPTÏS- 1586. Écu orné, écartelé de Wurtemberg et de Monlbéliard. Quart de teston.

80. Av. FRIDE. D. G. CO. M. WVRT. Écu de Wur-

temberg. Rev. MO . FACTA . MONT . 1589. Écu de Monlbé- liard. — Denier.

81 . Av. FRIDE . D . G . COM . WVRT. Écu orné, de

Wurtemberg. Rev. MO . FACTA . MONT . 1585. Écu orné, de Monlbéliard. Denier.

82. Av. Même légende. Écu à une truite cl à une perche

de bois de cerf îidosscs. Rev. Même légende. Croix fleuronnée portant en cœur un F. Obole d'argent.

LOUIS-FRÉDÉRIC.

85. Av. LVD. FRID. D. G. DVX .WIRT.ET . TEC .

COM. MONT. Tète à droite. Rev. SECVNDVM VOLVNTATEM DEI. 1622. Écu écartelé comme au n" 76. Tfialer d'argent. Subis. Même type.

Rev. Même type; lecusson est accosté du nombre II. de chaque côté. Quart derjkalef. 84. Av. Même type. ; .;. t'...

Rev. Même type. L'écu est accosté de la date 1 622. - /Juitième de Thaler.

99

85 Àv. LVD. FUID. D. G. DVX. VIRTEM ET. TEC.

Tois écussons aux armes de Wurtemberg, Teck et Monlbéliard. Au-dessus le chiffre 2. Rev. COMES MOiNTBELIGAR. 1625. Écu aux ar- mes du porte-étendard de l'Empire. Blanc d'ar- gent.

86 Av. Même type. Au-dessus des écussons, le chiffre \ 2.

Rcv. Même légende. —- Dans le champ l'étendard de l'Empire. Blanc de billon.

87. Av. LVD.FRID.D.G.DVX. WIRTEM.Écude

Wurtemberg. Rev. MOIN . NOVA . MO.NT . 1654 Denier de billon.

88. Av. Même type. Au-dessus del'écu, le chiffre o. Rev. MON . NOVA . MONT . 1623. Écu de Mont-

béiiard , au-dessus le chiffre 3. Pièce de trois Creufzers.

89. Même type. Pièce de 1 Creutzer.

LÉOPOLD-ÉBERHARD.

t)0. Av. D. G. L. E. D. W. M. Tête à droite. '^'■' Rev. MONETA NOVA. 1710. Écu aux armes de Wurtemberg et de Montbéliard. Au-dessous le chif- fre 3. 3 Creiitzers. Une variété porte au revers : MONETA NOVA MONBL.G. ENS. 91 . Av. LEOP. EB. D. G. D. W. MONTB. Armes de Wurtemberg. Bev. ANNO DOMINJ. 1710. Armes de Montbéliard. 2 Creulzers,

100

92. ^v. MONETA NOVA. Écu de Wurtemberg; au ! .' '' dessous. 1 cr. (un Creutzer.)

Rev. DE MONTBÉLGARD. 1716. L. entrelacées eu croix.

93. Jv. Comme le n" 90.

Rev. LIARDDEMONTBÉLrARD. 1711. 94i Av. Comme le 90.

» in Rev. DEMI LYARD. D. M. 1710. Éeu de Montbé- liard.

ABBAYES DE MURBACH ET DE LURE. JEAN RODOLPHE DE STÔREMBERG.

95. Jv. lOES. RVD. D. G. MVRBAC ET I.VTREN

ABB. Écu écartelé au 1" et au 3' de Murbacl», au 2" et 5" de Sloremberg, sur le tout de Lnre. Rev. CAROLVS. V. ROM. IMPERA TOR. AVG. 53. Aigle à deux tètes. Double écu,

96. Jv. Même type.

Hev. MAXIMILIANF. II. IMP. AVG. P. F. DE- CRETO. 68. Aigle impériale portant en cœur un globe avec le chiffre 60. Florin.

JEAN ULRIC DE RAITENAM.

97. Jv. lOES. VL. D. G. MVRBAC. ET. LVTREiV.

ABB A. Eeu écartelé de même.. Rev. Même type. Florin.

98. Même type. Demi-florin.

101 A.NDKÉ, ABBÉ D'AUTRICHE.

99. Av. ANDR. CARD. AB. AVS.MVRBA.ET. LVTR. ADMI. Écu écarlelé. Rev. RVDOLPHI. II. IMP. AVG P. F. DECRET. Aigle impiTiole. Florin.

100. Mémo type ; au revers le chiffre \0.

101. Av. AND. D. G. S. R. E. CARD. AB. AV. AB. MV.

ET. LV. Écu écarlelé. Rev. RVDOL. If. ÏMPERAT. SEMPER. AVGVST. Aigle avec le chiffre 3.

LÉOPOLD, ARCHIDUC D'AUTRICHE.

102. Av. LEOPOLDVS D. G. ARCH. AVS. ARG. ET.

PASS. EPIS. Téie à droite. Rev. ADMINISTRA. MVR. ET. LV. Écu écarlelé, Double écu.

103. Av. Même type.

Rev. Même légende. Écu aux armes d'Autriche, de Murbach et de Lure. Moitié de la pièce précédente.

104. Même lype, au bas de chaque face de la pièce, le

chiffre 12.

105. Av. SANCTVS LEODEGARIVS. Le saint assis;

écussons sous ses pieds. Rev. FERDINANDVS II. D. G. RO. IM. SEM. AV. Aigle impériale. Gros éeu.

106. Av. Même légende. Grand écusson devant le saint j

dessous, une tète d'ange. Rev. Même revers. Gros écu.

107. Av. S. LEODEGARIVS. Saint Léger assis.

102

Rev. MONETA. NOVA. MVR. LVR. ET. LVD.

Les deux écussons de Liire et de Miirbiich. nu des- sous le chiffre 2, dessus la date 1624.

108. Av. Même légende. Buste du saint, à droite.

Rev. Mêmes légende et types; au dessous le chiffre 12.

109. Av. SANCTVS LEODEGARIVS. Buste de face. Rev.LEOPOLD. AR. AV. M. ET. LV. ADM. Écu

parti.

LÉOPOLD GUILLAUME.

110. Av. LEOPOLD. GVILÏELM. D. G. ARCIID. AV.

Busie à droite. Rev. S. LEODEGARl. PAT. MVR. ET. LVDER Deux écussons. Billon. - ' V' ' H 1 . Fening bractéate aux armes d'Autriche, de Murbach et d<i Lure.

COLOMB AN D'ANDLAU.

112. Av. SANCTUS LEODEGARIUS. Le saint debout,

dans le champ 1663. Rev. COLVMBANI ELECTI ABB. MVR. ET LV. Ecu écartelé. Billon.

113. Av. SAMCTVSLEODEGA. 1665. Buste de face. Rev. COLVMBA. E. A, MV. E. LV. Même revers.

Billon.

114. Féning bracléatc aux armes d'Andlaii, de Murbach

et de Lure.

103

FRANÇOIS ÉGON.

115. Av. FRAiNC. EGON. D. G. EP. AR. ADM. MVR.

E. L. Buste à (Ipoile. Rtv. LANDG. AL. E. PRINC. A FVRSTEB. Dans lin ciulouche le nombre X. Écu écartelé, au-dessous la date 1666. Teston.

FÉLIX ÉGON.

116. Féning bractéale aux armes de Furstemberg, de

Murbach et de Lure.

117. Féning bractéale, aux armes de Murbach et de

Lure (').

L. Plantet.

(I) Les amateurs qui connaîtraient ou auraient dans leurs collections quelque pièce non mentionnée, des séries ci-dessus, sont instamment priés d'en former un dessin ou une empreinte fidèle, avec indication du poids de la pièce, en grains ou en grammes, et d'adresser ces renseigne- ments à M. Plantet, receveur des domaines à Voiteur (Jura). MM. Plan- tet et Jeannez ne manqueront pas de leur en témoigner leur reconnais- sance dans leur ouvrage. Voy. ci-après, p. 126.

104

THOMAS VAN GHEER. (Cité de 1553 à 1359.)

Parmi les artistes du xvi* siècle recommandables par leur talent, nous citerons Thomas Van Gheer, orfèvre d'Anvers. C'est lui qui grava les sceaux et contre-sceaux dont on se servit successivement au conseil privé, pendant le règne de Philippe II, à l'occasion de l'abandon que lui fit Charles- Quint de la souveraineté des Pays-Bas et de ses royaumes d'Espagne et des Deux-Siciles. Le premier, dont Adrien Reyniers, enlumineur, à Bruxelles, avait fait le patron ('), ne fut livré que le 17 déceml^re 1535 (' , c'est-à-dire trois mois environ après l'abdication de Bruxelles, et dès le len- demain on en fit ust;ge(^'); il fut employé jusqu'au mois de juillet suivant, époque de la livraison du sceau gravé ensuite

(') « (Octobre 1355.) Adrien Reyniers, illuminaire, demouranl à « Bruxelles, la somme de vj livres pour avoir faict et illumine iiij patrons « du nouveau séci el contre-séei ordonné faire pour le roy d'Angleterre, « dont l'on debvoil user es parties de par-deçà. » (Uogistre F. 23i de la clianibre des comptes, aux Archives rlu département du Nord, à Lille.)

(^) « A Thomas Van Gheer, orfèvre, demourant en la ville d'Anvers, n la somme de iiij" xxxix livres xvj solz vj deniers, de xl groz, monuoye » de Flandres la livre, tant pour la façon que sculpture du nouveaa » grant séel et contre-séel du roy, nostre sire, ensemble l'argent y em- « ployé et autrement, apparant par quittance du xix» de décembre de « l'an xv<: Iv. » (Registre 20449, xlvj r", de la chambre des comptes, aux Archives du royaume,)

(*) Registre n" 20688 , ibidem.

i05

de la cession du 17 janvier 1556 ('). Ces deux sceaux repié- senlent Philippe II, assis sur nn trône, tenant le glaive de la nnain droite et le sceptre de la gauche, accosté de deux grands écussons : la partie supérieure du trône est soutenue par deux cariatides, et deux anges couchés forment le cou- ronnement de ce meuble, sur les bras desquels sont figurés des tètes et des griffes de lion. L'un et l'autre contre-sceau n'offre qu'un écusson timbré d'une couronne et entouré du collier de la Toison d'or. Voici leurs inscriptions :

1" sceau : ^^^ PIIlLlPPVSl 1)1 G«^ REXl ANGLLE

*r XXX X

franc^neapIzc^arch^avst^dvx^bvrg

XX XX

$ BRAB I ZC COMES * FLAND ^ ZC Contre-

XXX X

sceau : PHILIPPVS D G RËX ANGL ARCH AVST DVX BVRG BRA COiMES FLAND

zc ^ rj.

2" sceau : PHILIPPVS D G ' REX HISPAN AÎSGL FRANC VTR SICIL ^c ARCHID AVSTR DVX BVRG BRAB ^c COMES FLANDR ^c Contre- sceau : PHILIPP D G REX HISP ANGL ^c ARCH AVST DVX BVRG BRAB ^c COMES . FLAND. ^c . {^3;

(') « A Thomas Van Gheer, la somme de iije xlj livres xij solz,de xlgroz, « tant pour la façon que sculpture d'ung nouveau grant séel et conire-séel « de Sa Majesté, ensemble l'argent y employé et autrement, apparaiit M par ordonnance de messeigneurs des finances en date du iii« de juil- let xvc Ivj. » (Registre 20450, fo Ixx r", ibidem.)

{^) Ce sceau et ce conirc-scpan sont puMiés dans VREDits, Stgiffn eoniilum Flandriœ , p. 202.

0 Ibidem, p. 207.

- 106

Van Glieer est également l'auteur du sceau et du contre- sceau dont le conseil privé se servit, à partir du i 1 lé- vrier 1559 ('), après la mort de Marie Tudor, arrivée le 17 novembre de l'année précédente, lorsque Philippe II abandonna le litre de roi d'Angleterre. Ils sont presque entièrement semblables à ceux que nous venons de décrire, sauf les légendes que voici :

Sceau : PHILIPPVS D G REX HISPAiN VTR . SICIL ^c ARCHID AVSTR DVX BVRG BRAB. ^c COMES FLAND ^c —Contre-sceau : PHILIP D GHISP- VTR SICIL REX ARCHID AVSTR DVX BVRG BRAB ET FLANDR COMES (»).

A l'occasion de l'événement dont nous parlons, Van Gheer grava encore un nouveau sceau pour le conseil de Mali- nes (3). On y voit le roi assis sur un trône, au-dessus duquel deux anges soutiennent un grand écusson, et qui

(') « A Thomas Van Gheer, la somme de iij* liij livres viij solz , de tt xl groz, tant pour la façon que sculpture d'ung nouveau grant séel et « contre-séel de Sa Majesté, ensemble l'argent y employé et autrement, « apparant par Tordonnance de messei'gneurs des finances, en date du « xje de février xv* Iviij. » (Registre 20452, xlj v», de la chambre des comptes, aux Archives du royaume.)

(2) Vredics, loc. cil., p. 219.

(') R A Thomas Van Ghccr, la somme de iijc Isxij livres j soit, tant « pour la façon que scnipture d'ung nouveau grant séel et contre-séel de « Sa Majesté, pour en séeller les despcsches du grant conseil , à Malincs, «ensemble l'argent y employé et autrement. » (Registre n" 20133, « fo Ixiiij V", ibidem.)

^ i07

est entouré de huit autres écus divers, avec celte inscrip- tion :

S PIII D G RE HISP VTRIQ SlCiL S[c ARCniD AVS DVC BVRG BRAB LVX GEL ET MEDIOL COM FLAN ARTII HOL SE NA DOM FRI ME.

Quant au contre-sceau , il ressemble à ceux des sceaux du conseil privé; on y lit, selon Vredius (■), ce qui suit :

PHILIPPVS D G REX HISP ^c ARCIÏ AVST DVX BVRG BRAB ^c COMES FLAND ^c.

Au moment les membres du conseil d'Etat furent arrêtés à Bruxelles, l'un d'eux, Jérôme de Roda, se trou- vait à Anvers. Aussitôt qu'il fut instruit de cet événement, il s'enferma dans la citadelle de celte ville, appela à lui quel- ques-uns des principaux chefs de l'armée pour former un nouveau conseil, à la tète duquel il se plaça, s'arrogeanl le titre de gouverneur et capitaine général des Pays-Bas. Mais les états généraux n'eurent aucun égard à cette qualité ni aux injonctions qu'il leur adressa v"'. Ils déclarèrent nulles les ordonnances qu'il y avait rendues au nom du conseil d'État , par leurs mandements du 25 septembre et du Î21 décembre 1576 [^) , ajoutant qu'il avait falsifié leur

(>) Loc. cit., p. 220.

(*) Gachaho, Analeclcê beUjiques, p. 209, note.

{*) Registre 60, f" xxi et xxviij v», de la ctianibre des compter , aux Archives du royaume.

408

sceau ('). et défendirent aux officiers auxquels il les avait adressées de s'y conformer.

Lorsque don Juan se fut emparé de iNaniur, il établit dans celte ville les conseils d'État, privé et des finances, ainsi que la chambre des comptes. Après la réconciliation des provinces wallonnes par le traité d'Arras du 17 mai \ 379, Alexandre Farnese réunit à Mons les conseils du gouver- nement, c'est-à-dire le conseil privé et le conseil des finan- ces, et nomma Louis Verreycken audiençi-er pour les con- seils privé et de Brabanl. Quoiqu'il soit positivement dit dans un document que nous avons déjà publié ('! que le grand sceau était resté entre les mains de don Juan d'Au- triche, nous sommes autorisé à croire que ce prince ne l'eut jamais en sa possession, et qu'il ne lui fut pas restitué, puisque des lettres patentes de 1580 \^^) sont revêtues d'un autre sceau, presque en tout semblable ainsi que le contre- sceau à celui qu'il remplaçait, sauf de légères variantes dans les légendes que voici :

Sceau : PHILIPPVS D <^ G * REX HISPAN o VTR SICIL ^c ARCHID 4> AVSTR DVX BVRG BRAB o fjc * COMES FLANDRI^ ^c ^

Contre-sceau : PHILIPPUS D : G : REX HISP ^c ARCH A VST DVX BVRG BRAB ^c COMES FLAND f$c{^y,

(') « By zyne brievcn by hem onderteekent eiidc gecacheteert met onscn K segel daerloe gecontrcfeyt. » (') Fby. l'article : Jacques Jong/telinck. (') Collection des chartes de l'audience , ibidem. (*) lissent publiés dans V'redius, loc. vil., p. 2i5.

109

nous avons de plus acquis la preuve (') que l'on continua à s'en servir, sans y faire faire le changement que la conquête du Portugal avait apporté dans les armoiries de Philippe II, jusqu'au retour des conseils et du siège du gouvernement à Bruxelles, en 1585. L'écu de Portugal fut ajouté de- puis (=■).

Nous avons dit ailleurs {^) que les états firent graver par Jacques Jonghelinek un sceau pour le conseil privé, qui avait alors son siège à Anvers, se tenait Farchiduc Mat- thias. Ce sceau était calqué sur ceux dus au burin de Thomas Van Gheer, et les différences de détail sont peu sensibles; il se dislingue surtout par le millésime 1578 que l'on voit sous les angles du parquet sur lequel repose le trône : quant à la légende, les quelques exemplaires que nous avons eu l'occasion de voir en étaient dépourvus : ce qu'il nous a été possible d'en déchiffrer nous permet d'avancer que c'est identiquement la même que celle du sceau dont nous avons parlé plus haut. Le contre-sceau est également semblable, mais linscription présente des variantes; on y lit:

PHILIPPVS : D : G REX HISP Z^ ARCH : AVST DVX BVRG BRAB Z*^ COMES FLAND Z<^. (Dans le champ) 1578.4).

(') Collection des chartes de l'audience, aux Archives du royaume.

\*) Entre autres pièces, il figure sur le sceau attaché à une charte du i6 décembre 1388, de la même collection.

(^) Voy. l'article : Jacques Jonghelinek.

(*) Pièces du 27 août et du 2S septembre 1S79, dans la collection de chartes de l'audience.

MO

Don Juan d'Autriche établit provisoirement le conseil de Brabani à Louvain par lettres patentes datées de l'abbaye de Magdendael, à Waelliem, du 19 juillet 1578 ('); cepen- dant les membres de ce corps qui avaient embrassé le parti des états n'en continuèrent pas moins, de leur côté, à siéger et à rendre des arrêts au nom de Philippe H. Ils avaient conservé en leur pouvoir le sceau dont on se servait à la chancellerie de Brabant depuis 1559 {"); mais il fut rem- placé, en 1582, après la conquête du Portugal, par celui que grava alors, par ordre du chancelier, Jacques Jonghe- linck sur les dessins de Pierre Hoel, ainsi que nous l'avons déjà dit (^'). Quant aux actes qui furent délivrés de 1578 à 1585 pour le Brabant, et qui, aux termes de la Joyeuse- Entrée, auraient être scellés d'un sceau particulier, des lettres patentes de nomination à l'abbaye de Saintc-Gertrude, à Louvain, du 4 juillet 1578 (4), établissent qu'à cette date don Juan d'Autriche avait déjà fuit graver un autre sceau pour le Brabant ; c'est celui dont nous avons donné la description {^) en parlant de Jacques Jonghelinck , auquel nous croyons pouvoir aussi l'attribuer : il nous a été im- possible d'en retrouver le payement dans les comptes. On continua à se servir de ce sceau jusqu'à la mort de Phi-

(') Placards de Brabant, t. l'r, p. 2;j5), et t. IV, p. iôS.

(') « Noch belaelt in februario (xv») Ixxviij, als dcn zegel getranspor- « teert was naer Antwerpen , etc. » (Registre 20793 !<>, liij r", de la chambre des comptes, ibidem.)

(') l'oy. les articles : Pierre Boel et Jacques Jonijhelinck. Il n'existe aucun exemplaire de ce sceau aux Archives du royaume , ce qui ne nous permet pas d'en donner une descriplion.

(*) Archives de Tabbayc de Saintc-Gertrude, aux Archives duT03'aume.

(*) Il est publié dans Vredii's, hc, cit., p. 2i7.

m

lippe llj faisons remarquer toutefois que lecusson de Por- tugal n'y fui ajouté qu'après le rétablissement, à Bruxelles, du siège du gouvernement, en 1585 (').

Les deux sceaux gravés par ordre des états généraux n'ont pas été publiés par Vredius.

Le conseil de Malincs fut cassé par les états généraux, et ses attributions données au conseil de Flandre, alors fixé à Douai depuis le 25 février 1580 ('), en vertu de lettres patentes du 16 décembre précédent (3), lequel commença à délivrer, dès le 3 août 1580 jusqu'au 31 décembre 1581, des actes concernant la nouvelle juridiction dont les états l'avaient investi (4) : le conseil de Flandre ne revint s'établir à Gand que le 15 mars 1585(5). De son côté, Alexandre Farnese rétablit le conseil de Malines à Namur, par lettres patentes datées de Mons le 7 juin 1580 {^), il continua à siéger depuis le mois de juillet suivant 7) jusqu'en 1583, dans un hôtel appartenant à Philippe Rifflart, écuyer, sei- gneur d'ittre [^.. Il paraît que le sceau du conseil avait éié

(') Un sceau attaclié à des lettres patentes du 7 juillet lîJSo prouve qu'à cette date l'ccu de Portugal n'y avait point encore été introduit. (Archives citées de l'abbaye de Sainte-Gcrtnidc.)

(') Registre n" 2I95J, de la chambre des comptes, aux Archives du royaume.

{') Registre 919, ibidem.

(*) Registre ii» 20508, ibidem.

f ) Ucgisirc n" 20977, ibidem.

(*) itegistrc 10 des archives du grand conseil de Malines, ibidem.

(') Registres no SOifiS, xix et no2lyI^, f" Ixj v», de la chambre des comptes , ibidem.

(^) « A Philippe Ryfflarl, escuyer, seigneur d'Itlre, la somme de iije li- a vres, de xlgros, pour trois années de louaige de sa maison scituée en Ja « place de Saint-Auhin en la ville de Namur, présentement occupée par

112

volé dans U; pillage de Malines par les troupes des états, le t) avril it)80, car à peine reconstituée à Namur, cette cour en fît faire un autre : le patron fut payé 42 sous à un artiste (') dont le nom ne nous est pas plus connu que celui du graveur, lequel pourrait bien être Van Gheer. Ce nou- veau sceau ressemble aux précédents dans l'ensemble : il en diffère par les détails et la légende que nous reproduisons ici :

S pur D G REG HISP VTRI SICIL ARCHID

AVSTR DVC BVRG BRAB CO FLA.\ ARTH

HOL Z NA DO FR MECH

On lit au contre-sceau :

S PHILIPPVS D- G- REX^») HISP- ARCHID AVST

DVX BVRG BRAB COMES FLANDRΠ(';.

Alexandre Pinchaut.

« les président et gens du grand conseil. » (Registre 2131-4 cité, IxviijjV».)

(') « Item pour le patron du seau du grant conseil et pour aucunes « armoyeries, xlij s. » Cette dépense a été faite « pendant le temps en- « courru dois le viij» jour de juillet xvc iiijtx qu'auroit esté ordonné à la « court de tenir sa résidence à Namur jusques au dernier jour de juing « xv» iiij"j. » (Registre 2i3i4 cité, fo Ixv et Ixvj r».)

(') Sic dans Vbbdius.

(^) Ce sceau et ce contre-sceau son} reproduits dans Vredios, loc. cil., p. 240.

1

^ ri5

niÉlANGES.

Album (rytownîka polsb'ego) d'un graveur polonais. Posen, 1854, grand in-4'*.

Un éditeur de Posen, M. Jean Constantin Zupansici, vient de réunir et de publier, sous ce titre, les productions les plus remarquables dues au burin de l'illustre exilé Joachim Lelewel. En accordant à M. Zupanski la permis- sion qu'il avait sollicitée, le savant polonais lui fit l'histoire de tous ses travaux de gravure depuis ses premiers essais jusqu'à ce jour. Cette lettre, dont la longueur n'affaiblit nullement l'intérêt, a été reproduite dans l'introduction de l'éditeur. C'est une narration pleine de charmes, une his- toire qui rappelle Bernard de Palissy, la lutte de l'homme qui, sans guide et sans maître, parvient seul et par la per- sistance de sa volonté à se faire artiste.

« Mes souvenirs, dit-il, remontent aux dernières années « de l'existence de la Pologne. Regarde! cet homme « s'échappe; la justice l'attendait, disait mon père en indi- « quant un Staroste. Venez, mes enfants, venez voir! « Thaddée Kosciuszko passe.... et nous courûmes. Les « réminiscences de l'enfance ne s'effacent pas. Si j'étais des- « sinateur, je reproduirais les traits et les physionomies des « personnes et plusieurs scènes particulières que j'ai vues « en 1792 et en 1794. Je commençai à crayonner à l'épo- « que d'affliction et de désolation qui suivit bientôt. »

SÉRIE. —Tome V. S

Ce fut en 1808, et lorsque Lelewel étudiait à Tuniversité de Vilna, qu'il essaya, pour la première fois, la gravure à l'eau-forte. Il voulait accompagner d'une carte les Recher- ches sur les origines hérulo-lithuaniennes , qu'il allait publier. Cette tentative échoua d'abord complètement, l'artiste s'étant servi d'un acide trop concentré. Il refît sa carte, employa un acide plus faible, et cette fois réussit d'une manière satisfaisante.

A partir de 18H, ses œuvres de gravure se succédèrent avec une grande rapidité. Il en accompagnait toutes ses publications, « reproduisant cartes géographiques, mon- « naies, petits monuments, fac-similé de chartes et manu- « scrits. » Dans le courant de vingt-deux années, de 1808 à 1830, il avait exécuté, en Pologne, 114 planches gravées à l'eau-forte, ne s'étant jusque-là servi du burin que lors- que son usage était indispensable pour corriger ou renforcer l'effet de l'acide.

Au milieu des douleurs de l'exil, Lelewel cherchait dans l'étude une distraction salutaire. En 1832, il commença la gravure des planches de son immortel ouvrage « la Numis- matique du moyen âge, » par la planche des monnaies anglo-saxonnes qu'il a refaire deux fois^ l'acide ayant encore, comme lors de son début en 1808, enlevé presque toute la surface du cuivre. Il fut plus heureux pour les planches suivantes, puisqu'une seule des 25 planches de ce grand ouvrage, dont l'impression fut terminée en 1835, réclama l'emploi du burin.

« Une opération beaucoup plus fatigante que toutes celles « que j'avais entreprises jusqu'alors, dit Lelewel en pour- « suivant sa narration, m'attendait à la publication des

115

fi planches du type gaulois. De prime abord, l'aiguille et « l'acide ne me satisfaisaient point ; j'entrepris de buriner « sérieusement. Les 14 planches du type gaulois et de sa « réapparition, publiées en 1841, sont exécutées presque « totalement au burin. C'était forcer la vue, perdre beau- « coup de temps. Cependant , enhardi par le progrès « que faisait mon burin, je laissais trop légèrement quan- « tité de planches aux traits inachevés, dans l'espoir de « leur donner le fini avec le burin. De ce nombre, les « dix planches de la monnaie noire attendent le coup de « grâce depuis l'année 1844. Heureusement l'acide s'est « comporté assez fermement sur toutes ces planches, pour « qu'elles puissent être utilisées telles qu'elles sont. »

Le nombre des planches publiées par Lelewel, depuis qu'il a quitté la Pologne, s'est élevé à 141 ; ce qui, réuni aux productions des vingt années antérieures, atteint le chiffre de 255 planches. Dans ce nombre, la numismatique figure pour 80 planches, la géographie pour 130, la bibliographie et la diplomatique pour une trentaine. Le reste consiste en divers sujets variés, vues de monuments, objets d'antiqui- tés, etc.

Les publications numismatiques avaient engagé Lelewel dans un genre de gravure qu'on exécute ordinairement sur bois, la gravure en relief. Il se servait à cet effet de filets typographiques, sur le plat desquels il taillait, à la pointe du canif, de charmantes gravures de monnaies qu'il inter- calait dans le texte de ses livres. « Ce genre de gravure me « procura, dit-il, de 1854 à 1841, une agréable distrac- « tion. Dans les perplexités de notre vie, lorsque l'esprit se « fatiguait, lorsque les adversités allaient l'accabler, le des-

i\6

« sin et la gravure nous apportaient des consolations salu- « taires et servaient de délassement et d'occupation utile, « sans nous séparer des études sérieuses. » L'éditeur de I'Album a eu l'heureuse idée de réunir toutes ces vignettes éparses et d'en former quatre planches. Leur tirage, plus soigné que celui d'un texte courant, permet de juger du talent réellement remarquable du graveur et du résultat qu'il obtenait avec des matériaux et des outils que tout le monde aurait crus insuffisants.

L'Album de Joachim Lelewel est destiné à avoir un grand succès dans son pays, son nom est resté populaire. La savante et curieuse Allemagne ne peut manquer aussi d'ac- cueillir avec empressement ce résumé de travaux dont elle a si bien apprécié la valeur. Quant aux Belges, ses compa- triotes d'adoption, ils voudront conserver ce souvenir d'un illustre proscrit aussi remarquable par son noble et beau caractère que par son immense érudition, d'un homme dont la Belgique un jour sera fière d'avoir été la seconde

patrie.

R. Chalon.

Recherches sur la numismatique judaïque, par F. de Saulcy, membre de l'Institut. Paris, Didot, 1854, in-4% 192 pages et 20 planches gravées sur cuivre.

Bossuet, et généralement tous les écrivains antérieurs au dix-huitième siècle, avaient fait de l'histoire du peuple juif, ou de l'histoire sainte , une espèce de centre autour duquel il fallait grouper, tant bien que mal, les chronologies des autres peuples et même les grands faits de l'histoire

H7

physique du globe. La réaction anti-ehrétieune du siècle dernier, comme toutes les réactions du monde, se jeta dans l'excès contraire. Les Hébreux n'étaient pour elle qu'une misérable petite peuplade arabe, sans arts, sans lettres, sans civilisation, perdue dans les montagnes de la Judée. Les splendeurs de David et de Salomon , la puis- sante population de Jérusalem, tout cela n'était que des fables ou au moins de ridicules exagérations des auteurs juifs de l'époque romaine.

Les monnaies hébraïques, sur lesquelles Guillaume Postel avait le premier, en 1 S58, attiré l'attention des savants, ne pouvaient manquer de subir le sort des monuments écrits du peuple de Dieu, que l'on considérait comme apocryphes, et de ses monuments de pierre dans lesquels on ne voulait voir quedes débris romains d'^7m Capitolina. Lorsque François Ferez Bayer, archidiacre de Valence, fit paraître en 1781 et en 1790, deux forts volumes in-4°, dans lesquels il réfu- tait victorieusement les arguments superbes de Tychsen et les erreurs systématiques des adversaires de la numisma- tique juive, la lumière se fit, sans doute, pour quelques esprits moins prévenus, mais la plupart des numismates, exclusivement occupés de la numismatique païenne, grecque et romaine, restaient indifférents aux savantes recherches de l'antiquaire espagnol.

Ce fut seulement en 1845 que M. Charles Lenormand, reprenant l'œuvre de Bayer , et portant dans l'examen de cette question le talent d'appréciation fin et délicat dont il a si souvent donné des preuves, fit paraître dans la Revue de la numismatique française, un travail extrêmement remarquable et plein d'aperçus neufs sur les monnaies

H8

judaïques. En 1850, Célestin Cavedoni publiait, à Modèiie, la brochure intitulée : Numismatica biblica, o sia dichiara- zîone délie monete antiche memorate nelle santé scritture. Mais ce qui manquait à Cavedoni comme à Lenormand, c'étaient les monuments eux-mêmes, les médailles hébraï- ques.

M. de Saulcy, qui, dans son voyage en Palestine et pen- dant un séjour assez long à Jérusalem , était parvenu à réunir un nombre de monnaies juives beaucoup plus con- sidérable que tout ce qu'on connaissait avant lui, se trouvait par môme en mesure de reprendre, en sous-œuvre, le tra- vail de Bayer. Ce qu'il avait fait d'abord pour les monuments, en restituant aux princes de la dynastie de David des tom- beaux qu'on croyait appartenir à la décadence romaine, il voulut le faire également pour les monnaies.

D'après M. de Saulcy, le monnayage des juifs a com- mencé sous le grand-prêtre Yaddous, à l'époque d'Alexan- dre le Grand, qui leur aurait concédé l'autonomie en leur permettant de vivre sous leurs propres lois. A cette période de liberté passagère qui finit peu après la mort d'Alexandre, lorsque Ptolémée Soter se fut emparé de Jérusalem, se rattachent les sicles et demi-sicles portant d'un côté la verge d'Àaron et de l'autre le vase avec les légendes en caractères samaritains : ^ W T *P ^ 2S W^ H H* ^Tr ^ W H^^'P W . - (En hébreu : bKIttri Sp\iy nUJtp dSu?'!"!''.) Jérusalem la sainte sicle d'Israël, ou sur d'autres : demi-sicle, et les années i, n et m. Il place aussi dans le même groupe quatre pièces de cuivre qui se rapprochent par leur style des sicles d'ar- gent, avec la légcMide : de la rcdempHon de S ion, lan iv.

H9

La seconde catégorie , qui se compose exclusivement de pièces de cuivre, offre les monnaies des princes ^«/nonéews ou Machabées, depuis Judas Machabée jusqu'à Anligone.

La troisième époque comprend la dynastie des Iduméens ou des Hérode ; les règnes d'Auguste, de Tibère, de Cali- gula, de Claude et de Néron (monnaies frappées sous les procurateurs de la Judée) ; le règne éphémère d' Agrippa ; la courte période de liberté comprise entre la fin du règne de Néron et la prise de Jérusalem j le règne de Vespasien ; la révolte des juifs sous Simon Barcochébas; les monnaies impériales coloniales sous Hadrien, Antonin, Marc-Aurèle, Vérus, Seplime Sévère, Caracalla, Élagabale, Diadumenien, Trajan-Dèce, Hérennius Etruscus et Hostilianus ; et enfin les premières pièces frappées, dans la ville sainte, par les califes qui lui avaient laissé le nom imposé par les Romains, iElia (UbJ).

Depuis plusieurs années, M. de Saulcy, qui avait fait ses premières armes dans le champ de la numismatique, pa- raissait avoir abandonné cette étude spéciale pour d'autres branches plus importantes de l'archéologie.

L'auteur de la Classification des monnaies byzantines, de l'histoire monétaire de la Lorraine et de la Numismati- que des croisades, ne pouvait reparaître dans l'arène qu'ar- mé d'un nouveau chef-d'œuvre. Il nous avait donné le droit d'être exigeants, aussi a-t-il complètement répondu à ce qu'on devait attendre de lui. Son mémoire sur la numis- matique judaïque est un de ces ouvrages qui restent et qui suffisent, à eux seuls, à établir la réputation d'un archéo- logue des plus distingués.

R. Chalon.

420

Mémoire sur les Monnaies des pays voisins du Léman , par M. RoD. Branchet, vice-président du conseil de l'in- struction publique du canton de Vaud. Georges Bridel, éditeur à Lausanne, 1854, un vol. in-8° de 228 pages, avec 8 planches de monnaies et une belle carte de la Suisse.

Ce Mémoire est surtout curieux dans la partie la plus récente de l'histoire monétaire des cantons suisses. On sait qu'à propos des premières monnaies burgondes au monof- gramme royal dans le champ, il a soulevé, dans la Revue française, n" 4 de 1 854, une vive réclamation de la part de M. du Chalais. M. Blavignac, de Genève, en communi- quant à l'auteur un triens d'Anastase au monogramme SIGMVND, avait ajouté « qu'il croyait (cette pièce) appar- tenir à la période burgonde. » D'après M. du Chalais , M. Blavignac aurait voulu par insinuer « que la décou- verte des monnaies burgondes, frappées à l'effigie impé- riale et au monogramme de Gondebaud et de Sigismond, lui était due. M. du Chalais proteste de toutes ses forces contre la maladresse d'un tel plagiat qui ne pouvait réussir que ne pénétrerait pas la Revue française. »

L'accusation de M. du Chalais est-elle bien sérieuse, bien justifiée? Ne prète-t-elle pas à l'honorable conserva- teur du Musée de Genève, une pensée que celui-ci n'a jamais eue? Pour nous, nous avouons que le réquisitoire ne nous a pas convaincu ; que nos lecteurs en soient juges.

R. Cn.

121

Le dernier volume des Bulletins de la Société archéolo- gique de Sens (1853), qui vient de paraître, contient plu- sieurs articles relatifs à la numismatique :

1" Notice sur un denier inédit du roi Raoul, frappé à Chàlcau-Landon , par M. Ph. Salmon, 6 pages in-8" avec une vignette gravée sur bois ;

Rapport de M. Salmon , sur les médailles trouvées dans les fouilles exécutées en 1852 et 1853, dans l'empla- cement de l'église de Sainte-Colombe, à deux kilomètres au nord de la ville de Sens;

Notice sur la médaille ou croix de Saint-Benoît dite vulgairement la médaille diabolique, par E. Cliauveau, vicaire-général, 10 pages in-8".

Nous croyons utile de signaler aux lecteurs de la Bévue l'existence de ces nombreux travaux sur la numismatique, insérés dans des collections académiques peu répandues. Plusieurs de ces mémoires très-remarquables sont à peu près comme non avenus pour l'immense majorité des ama- teurs. C'est un des plus grands inconvénients de la décen- tralisation de la science, inconvénient du reste amplement compensé par l'activité intellectuelle que cette décentralisa- tion a imprimée jusque dans les plus petites villes de la France. On apprend partout à secouer le joug de Paris, en fait de science et d'érudition ; puisse-t-on apprendre égale- ment à le secouer en politique !

R. Ch.

122

M. Henri Casterman, de Tournai , nous a fait parvenir le dessin d'un petit denier de sa collection, qu'il suppose appartenir à un évéque de Tournai.

L'état de conservation des légendes de celte pièce ne per- met pas d'avoir sur son attribution une opinion bien arrê- tée. Nous avons cru cependant devoir la faire graver (planche II, 6) dans l'espoir que, peut-être, elle servira à faire lire un autre exemplaire auquel manqueraient les lettres qu'on aperçoit sur celui-ci.

R. Ch.

Les jetons frappés à Tournai ou pour Tournai sont géné- ralement plus rares que ceux des autres provinces, et sur- tout moins connus. Nous donnons pi. II, 7, un jeton que cette ville fît graver pour célébrer la naissance de l'infant don Philippe Prosper , fils de Philippe IV et son héritier présomptif. Cette pièce fait partie de la riche collection de jetons historiques de M. de Coster qui la croit tout à fait inédite.

R. Ch.

La planche II , 5 , offre le dessin d'un florin d'or de François de Bourbon, prince de Conti, souverain de Châ- teau-Renaud , du chef de sa femme , Louise Marguerite de Lorraine. Ce florin diffère de ceux que Duby a publiés pi. XLVII, n"* 7 et 9, et de celui que nous avons donné

123

dans celle revue, t. V; 1" série, p. 429, en ce que 1 ecus- son est accoslé de deux croix patriarcales ou de Lorraine.

R. Ch.

J'ai véritablement du malheur dans mes communications numismatiques. On a vu plus haut avec quelle superbe raideur a été opposée une fin de non-recevoir contre l'authenticité des pièces recueillies dans les fouilles de Duerstede.

Depuis , j'ai publié vingt-quatre quinaires romains iné- dits, lesquels eurent aussi certain retentissement dans la grande capitale. En effet, voici la lettre que M. le baron de Witte écrivit à notre honorable président, M. Chalon , au sujet de ces quinaires.

a Paris, le 10 avril ISU.

« Mon cher confrère,

« M. de Coster vient de publier dans la Revue de la « numismatique belge de 18S4, pi. I et II, une série de « vingt-quatre quinaires romains d'argent qui seraient un «1 véritable trésor si on pouvait ajouter foi à l'authenticité « de ces pièces. Je crains que M. de Coster n'ait été victime « d'un habile faussaire; car, les vingt-quatre gmVmrres qu'il « publie ne sont, à ce qu'il dit lui-même , qu'un échantil- « Ion d'une série de près de 80 pièces du même module « qui se trouvent dans sa collection. Or, on sait que lemo- « dule du quinaire est excessivement rare en or et en argent

124 --

« pour tous les règnes en général des empereurs romains. •I Vers la fin du siècle de Louis XIV, on citait la collection «I de l'abbé de Rothelin comme renfermant un grand nom" « bre de quinaires. Voici ce qu'on lit au sujet de cette col- u lection dans Beauvais : Histoire abrégée des empereurs <t romains et grecs, t. I, p. 78, note : Les médailles qu'on « nomme quinaires sont plus rares dans le haut empire que <t celles du module ordinaire. On n'en forme des suites qiie « daîis les grands cabinets, et Von y mêle l'or^ l'argent et <i même le bronze : telle^ par exemple, que la tète d'Ànniba- «( lien, afin de tâcher de compléter une suite. Le roi d'Espagne «i en possède une collection nombreuse, que feu M. l'abbé de « Rothelin avait formée. Cf. Jobert , Science des médailles , a édition de 1739, t. I, p. 284.

«1 Plus tard, au commencement du xix* siècle, on parlait « des rares quinaires d'or du baron de Schellersheim, « décrits dans un petit livre, tiré à un fort petit nombre «t d'exemplaires et portant pour titre : Numismata aurea «t antiqua indubitatœ fidei familiarum, Augusiorum, Augus- « tarum et Cœsarum adHeraclium usque, quœ collegit etpos- « sidet liber baro de Schellersheim, Régi Borussiœ a consiliis « intimis. ci3dccc.

«i Enfin, il y a peu d'années, on parlait des quinaires de « la riche collection Thomas de Londres.

«Maintenant comment supposer qu'un actif collecteur , « parfaitement inconnu du reste, ait pu rassembler, et cela « à rinsu de tous ceux qui s'occupent d'études numismati- « ques, une suite aussi considérable de quinaires? Avec « les moyens de reproduction qu'on possède, avec le pro- « cédé de la galvano-plastiqtie surtout, on a tout à craindre

425

«t de la part des faussaires. Presque tous les quinaires pu- ce bliés par M. de Coster portent des types connus qui se « retrouvent sur des deniers d'or et d'argent et sur quel- « ques quinaires d'or. On ne peut pas supposer que tous « les quinaires d'argent possédés par M. de Coster aient été <i trouvés ensemble; il y en a de presque tous les règnes et «I» une suite pareille indique des soins longs et assidus, une « patience à toute épreuve, des circonstances heureuses, « que sais-je? Je le répète, je crains qu'il n'y ait une « mystification.

« (Signé) J. de Witte (').

« P. S. Vous pouvez publier cette lettre dans la Revue, « si vous le jugez à propos. »

Afin d'apaiser sa conscience numismatique, M. le baron de Witte fut aussitôt informé que ces quinaires prove- naient de feu M. Rollin père qui me les vendit, son fils présent, et qui, lui aussi, les avait acquis en bloc, plus une précieuse série de quinaires d'or qu'il garda pour sa propre collection laquelle, à sa mort, fut vendue publiquement à Londres. Catalogue of the private cabinet, etc., of the late M. Rollin, of Paris, 1853.

L'autorité du nom de Rollin, de ce regrettable et si habile antiquaire que M. de Witte lui-même nommait Xinfaillible, ne pouvait laisser placej au plus léger soupçon sur mes

(') Tout le monde connaît la profonde érudition de notre académicien et compatriote, et les travaux remarquables qu'il a publiés, notamment sur les médailles antiques.

126

pièces 5 aussi le savant académicien s'empressa-l-il de se rétracter, ce qu'il lit d'ailleurs avec cette bonne grâce, ce désintéressement qui distinguent le vrai mérite. M. de Witte me fit même l'honneur, peu de temps après, de venir voir mes quinaires qu'il trouva parfaitement authentiques. Or, j'étais à Paris lorsque M. Rollin fit l'acquisition de ce remarquable ensemble de quinaires, et probablement j,e « fus le premier qui les vis. Je sus bien par M. Rollin que le possesseur de cette intéressante collection avait passé toute sa vie à la recueillir, mais j'eusse peut-être commis une indiscrétion en demandant le nom du collecteur pri- mitif que je regrette de n'avoir pu faire connaître aux lec- teurs de la Revue. Voilà comme il s'est fait que cette collec- tion a pu être acquise par M. Rollin, et revendue à Paris même, et cela à l'insu de M. le baron de Witte qui habite cependant cette capitale.

DE COSTER.

Deux numismates français, M. L. Plantet, receveur des domaines à Voiteur, et M. L. Jeannez, procureur impérial à Lons-le-Saunier, ont entrepris de publier la monographie des monnaies du comté de Bourgogne ou de la Franche- Comté, depuis l'époque gauloise, jusqu'à la conquête de ce pays, par Louis XIV. Le prospectus, qui vient de paraître, est accompagné d'une planche , représentant les monnaies de Philippe IV. Cette planche, parfaitement gravée, est une garantie de la bonne exécution matérielle de l'ouvrage.

Un travail de cette espèce, nous l'avons déjà dit plusieurs fois, ne peut être mené à bonne fin qu'avec le concours de

i27

tous les amateurs. Nous prions donc ceux des lecteurs de la Revue qui posséderaient des pièces de la Franche-Comté, de vouloir les communiquer, au moyen d'empreintes, à MM. Plantel et Jeannez ('). Notre pays, qui a eu tant de rap- ports avec la comté de Bourgogne, qui, pendant longtemps, a appartenu aux mêmes souverains, fournira, sans doute, bon nombre de pièces dont les auteurs de la numismatique francomtoise pourront faire leur profit. Nous appelons aussi leur attention sur les anciens tarifs d'Anvers et de Gand, les plus anciens surtout, on voit les figures de pièces de la Franche-Comté, dont les exemplaires en nature n'ont pas été retrouvés, que nous sachions, jusqu'à ce jour.

R. Ch.

La Société du Palais de l'Industrie, à Paris, vient de con- fier à un graveur belge, M. Jacques Wiener, l'exécution de six coins destinés à la frappe des médailles de l'exposi- tion générale des beaux-arts et de l'industrie, de 18bS.

R. Ch.

Au mois de juillet 18S4. à Courtrai, on a trouvé, dans \m champ situé hors de la porte de Gand, une médaille d'or à l'effigie de l'impératrice Faustine, femme de l'empereur Antonin. Le revers représente une femme debout, tenant de la main droite une torche et de la gauche une haste. La légende porte : AVGVSTA.

(1) Voy, ci-dessus, p. 87, la liste des monnaies francomtoises.

128

Au mois de septembre 1854, à Harlebeke, derrière l'église, en déblayant les terres qui étaient amoncelées le long de la Lys, on découvrit une bague d'argent, ayant à l'intérieur les lettres A. 0. N. M.I. S., en caractères gothi- ques; et un cavalier d'or de Philippe le Bon, comte de Flandre.

Dans le courant du mois de décembre 1834, des ouvriers, dérodant quelques parcelles d'un bois situé à trois quarts de lieue du village de Waereghem, déterrèrent, à une profon- deur d'environ 6S centimètres, un plat de terre rouge sigillée dont le bord est orné de feuillages; un fragment de vase de couleur grise, représentant en relief un sujet de chasse; une tuile à rebord, et onze médailles romaines d'une bonne con- servation. En voici la liste :

Marc-Aurèle. Rev, TRP. XVIII. COS. III. Victoire debout, attachant un bouclier sur le tronc d'un palmier. Or.

Rev. TR. POT. III. COS. II. Pallas debout; de la

main droite, elle lient une lance, et de la gauche, elle s'appuie sur un bouclier. Ar.

Rev. TR. P. XVIII. IMP. VI. COS. III. Mars

debout, portant de la main droite une victoire, et de la gauche un trophée. Dans le champ : S. C. Moyen bronze.

Faustine la jeune. Rev. IVNONI. REGINAE. Junon

129

debout, tenant de la main droite une hastc, et de la gauche unepatère. A ses pieds un paon. Ar.

^ Rev. CONSECRATIO. Paon. Ar. (en double).

Commode. Rev. TR. P. VIIÎ. IMP. VI. COS. IIII. P.P.

Femme debout devant un trépied enflammé j elle tient de- la main droite un caducée, et de la gauche une corne d'abondance. Ar.

Septime Sévère. Rev. LIBERALITAS AVG. C. IIII.

Femme debout; de la main droite, elle tient un miroir, et de la gauche, une corne d'abondance. Ar.

Rev. lOVI. CONSERVATORI. Jupiter debout;

de la main droite, il tient une victoire, et de la gauche, une haste. Ar»

ÉLAGABALE. Rcv. CONCORDIA. MILIT. Quatre ensei- gnes militaires. Ar.

Rev. FIDES EXERCITVS. Femme assise entre

deux enseignes militaires; elle tient de la main droite un aigle, et de la gauche une haste. Ar.

Il est fâcheux que les ouvriers n'aient pu déroder une plus grande partie du bois. La fréquente apparition, dans les environs de Waereghem, d'objets de la période romaine, tels que médailles, poteries, anneaux, fibules et agrafes, etc., permet de croire qu'ils seraient parvenus à faire d'autres trouvailles plus importantes.

Nous formons des vœux pour que , par la suite , les numismates indiquent les découvertes faites sur le ter- ritoire de la commune de Waereghem. On conçoit facile-

sÉBie. Tome t. 9

130

ment que ce n'est qu'en recueillant tous les objets déterrés et en indiquant au juste le lieu de leur provenance, que l'on parviendra à démontrer, avec certitude, que, du temps de l'empereur Alexandre Sévère, un corps de troupes im- périales a stationné à Waereghem, comme le présume l'abbé Ghesquiere (').

E. C. Lefèvre.

Anciens Mémoires de l'Académie de Bruxelles, l. IV, p. 3'i9.

151

NÉCROLOGIE,

Notice sur M. le docteur Rigollot .

Marcel Jérôme Rigollot naquit à DouUcns le 30 sep- tembre 1786. Son père, après avoir exercé la médecine à DouUens, il s'était marié et ses services lui avaient mérité le titre de pensionnaire de cette ville, était venu se fixer à Amiens en 1785. Peu d'années lui suffirent pour y devenir l'un des médecins les plus considérés, elle faire appeler à diverses fonctions qu'on pouvait croire étrangères à ses études et dans lesquelles il porta le fruit de connais- sances aussi variées qu'étendues. Il donna à léducation de son fils les soins les plus éclairés.

Le jeune Rigollot termina, à l'école centrale d'Amiens, des études commencées sous les plus lieui'eux auspices. Aussi put-il, dès Tàge de 17 ans, en 1803, aller à Paris suivre les cours de l'école de médecine. Il fut bientôt em- ployé comme chirurgien sous-aide à l'hôpital militaire et, un peu plus tard, en 1806, attaché avec le même titre à la 52° demi-brigade d'infanterie de ligne.

En 1809, il abandonna le service militaire et se présenta aux épreuves du doctorat, qu'il soutint d'une manière bril- lante. Sa thèse est remarquable par un grand nombre de traits qui caractérisent le médecin instruit et le naturaliste habile et intelligent. En 1810, M. Rigollot revint à Amiens. Mais la lutte gigantesque que soutenait la France, appelait

152

àe nouveau les médecins à porter le secours de leur art à ses phalanges décimées. M. Rigollot fut du nombre. Il re- joignit, en 1815, la grande armée, en qualité de médecin de première classe, et fut chargé successivement du service des hôpitaux de Gorlitz, de Waldheim et de Dresde. Après la fatale retraite de Leipsick, il organisa le service de l'hô- pital de la Douane, à Mayence, le typhus faisait les plus épouvantables ravages. Rentré en France, il fut attaché aux hôpitaux de Metz , de ChàtcâU'-Thierry et de Meaux, prodiguant ses soins à ses malheureux frères d'armes , que le courage et le génie avaient été impuissants à sauver. Exténué lui-même par la maladie , affaibli par des priva* tions de toute espèce, Rigollot ne rentra dans ses foyers qu'à la fin de la lutte.

Sa place était marquée à Amiens, qu'il ne devait plus quitter. Nommé médecin du dépôt de mendicité, il ne céda ce service que pour celui des salles militaires de l'Hôtel" Dieu auquel il fut appelé en 1820, en même temps qu'à la chaire de matière médicale et de thérapeutique de l'école de médecine d'Amiens, dont il devint directeur en 1854.

Peu répandu dans la pratique civile, M. Rigollot était plutôt médecin consultant. La sûreté de son jugement, sa décision prompte , l'énergie salutaire de ses convictions le faisaient surtout rechercher. Les nombreux élèves qui assis*- laient à ses visites ont pu apprécier ces précieuses qualités, que relevaient encore un caractère bienveillant et une fran^ chise à toute épreuve.

La société médicale, les conseils d'hygiène et de salubrité appelèrent dans leur sein M. Rigollot. Maladies régnantes, épidémies, toxicologie, hygiène, histoire et organisation

155

médicale, toutes les branches de l!arl de guérir ont fourni matière à de nombreuses observations et à des mémoires se retrouvent ses connaissances variées, ses vues droites et pratiques. Aussi, quand notre Société de médecine, préoc- cupée de la refonte de la législation médicale, exposait ses opinions, s'en rapportait-elle à M. RigoUot, dont le travail, de l'aveu du ministre, servit en grande partie de base à cette organisation capitale.

Dès 1831, M. Rigollol faisait partie du conseil muni- cipal où l'estime publique la constamment maintenu. Car, dans les nombreuses commissions dont il partageait les tra- vaux, il apportait toujours, avec un esprit indépendant, le fruit d'une longue expérience et un attachement bien connu aux intérêts et aux progrès de la cité.

Médecin savant, possédant à un haut degré les sciences accessoires de l'art de guérir, botanique, chimie, physique, histoire naturelle, M. Rigollot n'avait point borné ses études. A côté du disciple d'IIippocrate se trouvait l'homme de lettres , l'archéologue , le numismate , l'appréciateur éclairé et plein de goût des œuvres d'art. On ne s'étonnera donc point que l'Académie d'Amiens et la Société des anti^ quaires de Picardie estimaient si haut le zèle et les lumières de M. Rigollot.

L'écrivain s'était révélé par quelques articles fournis à la Revue encyclopédique, de 1825 à 1830. Le talent de l'an- tiquaire et de Ihistorien fut mis à contribution par l'Aca- démie d'Amiens, qui le chargea de réfuter M. Mangon de Lalande, M. Rigollot publia à cet effet, en 1827 et en 1828, deux mémoires dans lesquels il établit que ranciennc ville des Gaules qui a porté le nom de Samarobriva, est la ville

134

d'Amiens. Un diptyque d'ivoire représentant le baptême de Clovis, qu'il a légué à la Société des antiquaires, lui fournit le sujet d'une notice pleine d'intérêt. Son essai sur une monnaie d'or portant le nom de Saint-Martin-aux- Jumeaux, fixa l'attention des numismates, parmi lesquels il devait bientôt prendre un rang distingué, en publiant ses monnaies inconnues des évêques des innocents et des fous. M. lligollot avait réuni de nombreuses pièces pour un sup- plément à ce travail curieux, plein de rechercbes neuves et savantes. Cette collection doit également enrichir le musée fondé par la Société des antiquaires, musée dont il était l'un des plus ardents à poursuivre l'exécution. La Revue numismatique a inséré ses recherches sur quelques mon- naies gauloises inédites, sur les monnaies de Montreuil-sur- Mer et sur celtes de9»eomtes de St-Pol. La Société des antiquaires de Picardie a publié un excellent travail sur la bataille de Crécy, dont un iîianuscrit de Froissart de la bibliothèque d'Amiens a fourni le fond. En lisant ce travail, on se convaincra des connaissances historiques de l'auteur, de l'intelligence et de la netteté de sa critique. Son mé- moire sur une petite statue de Midas, attribution contestable, est rempli d'aperçus ingénieux. Ses recherches histori- ques sur les peuples de la race teutonique qui envahirent les Gaules au v* siècle, et sur les caractères des armes et des ornements recueillis dans leurs tombeaux, ont jeté un jour nouveau sur ce point d'ethnographie peu étudié, et résolu une partie d'un problème difïicile et encore indéterminé. Les notices sur les monnaies picardes du xf siècle ont été accueillies par les numismates comme le méritait une œuvre aussi utile qu'intéressante. Son essai historique sur les

135

arts du dessin en Picardie, lui a fourni l'occasion de faire connaître, et d'apprécier à leur juste valeur, plusieurs de nos monuments et un grand nombre d'œuvres d'art peu connues et d'un mérite incontestable, en même temps qu'il donnait la mesure des connaissances variées et du goût fin et délicat de l'auteur. Ce travail, qui valut à M. Rigollot de nombreux encouragements , fut le point de départ d'une histoire de l'art qu'il venait de terminer, et dont un chapitre détaché, l'étude sur le Giorgion, a été publié dans les mé- moires de l'Académie d'Amiens. Espérons que ce fruit de longues recherches mûries par une critique sûre et judi- cieuse, ne sera point perdu, et que sa publicité ajoutera un nouveau titre à notre collègue, que son catalogue de l'œuvre de Léonard de Vinci a placé déjà parmi les écrivains qui se sont occupés d'esthétique avec le plus de succès. M. Rigollot achevait à peine un mémoire sur une décou- verte de haches en silex, faite dans des terrains diluviens, dans lequel il établit, par cette preuve matérielle, le fait de l'existence de l'homme avant cette dernière révolution du globe, quand la mort est venue le frapper dans la maturité de l'âge et de la science, alors que le calme et la régularité de sa vie semblaient promettre à ses nombreux amis de le conserver longtemps encore.

Tant d'œuvres sérieuses avaient fait accorder à M. le docteur Rigollot le titre de correspondant des principales sociétés savantes de France, et d'un grand nombre de socié- tés étrangères. La croix de la Légion d'Honneur avait ré- compensé les services divers qu'il avait rendus à la science et à la cité, cl l'Académie des inscriptions et belles-lettres de l'Institut de France couronnait, par le titre de corrcs-

156

pondant, le jour même il cessait de vivre, la vie toute d'études et de travaux de notre collègue.

M. Rigollot ne brillait point dans la discussion publique; la parole lui faisait souvent défaut, et il était impuissante formuler ce qu'il savait et comprenait d'une manière si nette et si précise. C'est dans les causeries, dans les con- versations intimes qu'il déployait surtout les trésors d'éru- dition qu'il avait amassés et qu'il aimait à partager avec tant de bienveillance et de modestie. Alors toute la finesse et toute la vivacité de cet esprit subtil et délicat se reflétaient dans sa physionomie si mobile et si intelligente. Pour nous, qu'il honorait d'une amitié particulière , et qui avons mis tant de fois ses lumières à contribution, nous aimions à le voir indiquer si sûrement les éléments de notre histoire, et nous révéler les ressources inattendues qu'offrent à l'homme d'étude les grandes collections avec lesquelles il était si familier, et nous n'étions plus étonné que le nom de Rigol- lot fût, dans notre ville, le synonyme de savoir et d'éru- dition.

Notice bibliographique.

1. Essai sur les méthodes de classement employées en

histoire naturelle, suivi de propositions sur les clas- sifications nosologiques , présenté et soutenu à la Faculté de médecine de Paris, le 12 août 1809, par J. M. Rigollot, docteur en médecine. Paris, 1809. Didot jeune; in-^", 78 pages.

2. Mémoire sur l'ancienne ville des Gaules qui a porté

le nom de Samarobriva; par M. J. Rigollot fils.

157

Amiens, 1827. Caron Duquesne; in-S", une carte, 58 pages.

5. Second mémoire sur l'ancienne ville des Gaules qui a porté le nom de Samarobriva, suivi d'éclaircisse- ments sur Vermand, capitale des Veromandui; par M. J. Rigollot fils. Amiens, 1828. Boudon Caron; in-8", 46 pages.

4. Notice sur une feuille de diptyque d'ivoire représen-

tant le baptême de Clovis; par J. M. R. Amiens, 1828, Poudon Caron; in-8°, une pi., H pages.

5. Discours sur les Académies, par M. Rigollot, lu dans

la séance publique du 8 septembre 1835.

Mémoires de l'Acad. des se, arts,comm., agr. et belles-lettres du dép. de la Somme. 1833. 14 pages.

6. Essai sur une monnaie d'or frappée sous les mérovin-

giens et portant le nom de l'église de St-Martin-aux- Jumeaux d'Amiens; par M. Rigollot.

Ibid.2 pi., 28 pages.

7. Monnaies inconnues des évêques des innocents, des

fous, et de quelques autres associations singulières du même temps, recueillies et décrites par M. M. J. R. , (Rigollot) d'Amiens ; avec des notes et une introduc- tion sur les espèces de plomb, le personnage de fou et les rébus dans le moyen âge, par M. C. L. (Lcber). Paris, 1857. Merlin; 1 vol. in-8°, 46 pi., cxxxix et 220 pages.

8. Eclaircissements historiques sur quelques points de

géographie ancienne concernant la Picardie; par M. RigoUol. 10 pages.

138

9. Note sur les substances contenues dans un miroir mé- tallique trouvé au faubourg de Beauvais et analysé par M. Reynard, pharmacien; par M. Rigollot. i pages.

10. Notice sur des monnaies trouvées à Allonville; par

M. Rigollot.

Ces trois notices dans les Mém. de la Soc, d*archéologie du dép. de la Somme. Tom. i .

1 1 . Épîtres farcies telles qu'on les chantait dans les églises

d'Amiens au xiii° siècle; publiées pour la première fois d'après le manuscrit original ; par M. M. J. R. Amiens, 1838. Caron Vitet; in-8", 38 pages.

A la suite de VEssai sur la vie et les ouvrages du P. Duire, par M, DE Cayrol. Amiens, 1838. Caron Vitet. In-S".

12. Notice sur quelques monnaies gauloises inédites.

8 pages, une pi.

Revue numùmatique française, 1838. Pp. 257-2'i2. PI. 8.

13. Monnaies de Montreuil-sur-Mer. 8 pages.

Revue numismatique française, 1859. I*p. 4t8-S6. PI. 2.

14. Discours prononcé par M. Rigollot, président, à l'ou-

verture de la séance générale du 8 juillet 184.8. 8 pages.

Mém. delaSoc.dcs Antiquaires de Picardie.lom. II, Pp. 17-2j.

15. Mémoire sur le manuscrit de Froissart de la biblio-

thèque de la ville d'Amiens , et en particulier sur le récit de la bataille deCrécy; par M. Rigollot. Amiens, 1848. Alf. Caron; in-8", 54 pages.

miém. de la Soc. des Antiq. de Picardie. Tom. III. Pp. 129 à 18^.

16. Essai historique sur les arts du dessin en Picardie,

139 --

depuis l'époque romaine jusqu'au xvi" siècle; par M. Rigoliot. Amiens, 1840. A. Caronj in-8", 196 pages et 40 pi.

Menu de la Soc. desAntiq. de Picardie. Tom. IIF, Pp. 27ti à 296.

17. Discours prononcé par M. Rigoliot, président, à l'ou-

verture de la séance publique du 12 juillet 1840.

Mém. de la Soc. des Antiq. de Picardie^ Tom. IV. Pp. xxix-xxx.

18. Notice sur une découverte de monnaies picardes du

xi" siècle, recueillies et décrites par Fernand Mallet et le D' Rigoliot. Amiens, 1841. Alf. Caron; in-8% 84 pages et 9 planches.

Minu de la Soc. des Antiq. de Picardie. Tom. IV. Supplémenl.

19. Notice sur M. Cocquerel, par M. Rigoliot.

Mém. de l'Acad. dti dép. de la Somme, 1841. Pp. 40 à 50.

20. Mémoire sur une monnaie du xn" siècle frappée par

l'autorité municipale de la ville d'Amiens; par M. le docteur Rigoliot. Amiens, 1842. Duval et Herment ,• in-8°, 1 6 pages et une planche.

Mém. de la Soc. des Antiq. de Picardie, Tom. V. Pp. 333-347.

21. Discours priàltoricé dans la séance publique de rentrée

de l'école préparatoire de médecine et de pharmacie d'Amiens, pour l'ouverture de l'année scolaire 1843- 1844. (Histoire de l'école.) Amiens, 1845. Duval et Herment; br. in-8''.

22. Rapport sur le concours de 1842; par M. le D' Rigoliot.

3Jém. delà Soc. des Antiq. de Picardie. Tom. VI. Pp. 205^211.

23. Mémoire sur une petite statue de Midas, par M. le D'

140

RigoUot. Amiens, 1846. Duval etHerment; in-8% IG pages et une planche.

Mém. de la Soc. des Antiq. de Picardie. Tom. VIII. Pp. 303-316.

24. Mémoires sur de nouvelles découvertes de monnaies

picardes; par M. le D' Rigollot. Amiens, 1846. Duval et Herment; in-8'', 24 pages et 2 planches.

Ibid. Pp. 335-376. PI. 9-10.

25. Catalogue de l'œuvre de Léonard de Vinei ; par M. le

D' Rigollot. Paris, 1849. Dumoulin; in-8'', xxxix et 112 pages et une planche.

26. Mémoires sur les monnaies des comtes de Saint-Pol.

Revue numismatique française, 18S0. Pp. 203-230. PI. S-6.

27. Recherches historiques sur les peuples de la race teu to-

nique qui envahirent les Gaules au v^ siècle, et sur le caractère des armes, des boucles et des ornements recueillis dans leurs tombeaux, particulièrement en Picardie; par M. le D' Rigollot.

JtJém. de la Soc. des Anliq. de Picardie. Tom. X. Pp. 121-227. PI. 6 à 12.

28. Discours prononcé par M. le D' Rigollot, président,

dans la séance publique du 19 août 1849. Amiens, 1849. Duval etHerment; in-8°, 16 pages.

Mépi. de la Soc. des Antiq. de Picardie. Tom. IF. Pp. 1 à 1.5.

29. Essai sur le Giorgion; par M. le D"" Rigollot. Amiens,

1852. Duval et Herment; in-8'', 56 pages.

Mém. de l'Aead. du dép. de la Somme, 185I-K2-33. Pp. 229-261.

50. Esquisse de l'histoire de la thérapeutique et de la ma- tière médicale au dix-neuvième siècle. Discours pro-

Ul

iioncé, le 4 novembre 1855, à la séance de rentrée de l'école préparatoire de médecine et de pharmacie d'Amiens; parle pi'ofesseur Rigollot. Amiens, 1854-. Garon et Lambert; in-8", 20 pages.

Si. Discours sur la confrérie de Notre-Dame dti Puy d'Amiens, par M. Rigollot, président; lu dans la séance publiqtie du 10 juillet 1853.

Mém. delà Soc. desAnliq, de Picardie. Tom.XIII. Pp. 663-680.

32. Mémoire sur des instruments en silex trouvés à St-Acheul , près d'Amiens, et considérés sous les rap- ports géologique et archéologique; par D' Rigol- lot. Amiens, 18o4. Duval et Herment; in-8°, 2 feuil- les et demie et 7 planches.

Menu de la Soc. des Anliq. de Picardie. Tom. XIV. Sous presse.

J. Garnier.

142

SOCIÉTÉ DE LA NUMISMATIQUE BELGE.

•-■CL.i^ti3ga,.g->o

LISTE DES OUVRAGES REÇUS-

PUBLICATIONS DES SOCIETES SAVANTES.

A eadémie royale de Belgique, à liruxellas. Nouveaux Mémoires de rAcadémic royale dos sciences et belles-lettres de Bruxelles, t. 10, an- née 1836 à 1837, 1 vol. m-i°. Mémoires couronnes de l'Académie royale des sciences et belles-lettres Bruxelles, t. 13, 1 vol. in-^î. Bulletins de l'Académie royale des sciences, lettres et beaux-arts de Bruxelles, t. 1,2, 3, 1833, in-S", Id., 18U4, livraisons 1 à 12, in-8» Ire livraison de 18S5. Annexes aux bulletins, 1853 à ISS-i, 1 vol. in-S». Annuaire de l'Académie, 18!)i, in-t2. Société artistique et scientifique du Brabant septentrional, à Bois-le-Duc. Vervolg op de geschiedkundige beschryvingen der overlaten in do provincie Noord-Brabaiid, door Fynge, in-'i», Bois-Ie-Duc, 1833, Ilandelingen van het provinciaal genoot- schap van kunslen en wetenschappen van Noord-Braband, 18i9, 18o0, 18iil et 1832, i broch. in-8» Vcrsiag wegens den toestand der biblio- theek van het provinciaal genootschap, gchondcn 13 july 18-47, 1 broch. jn-8». Catalogus der bibliotheok van het provinciaal genootschap, in-S», Bois-Ie-Duc, 1853. Charters en geschiedkundige bescheiden, betrek- kelyk het land van Ravenstoin, et Mv. du t. 2, in-S", Bois-le-Duc, 1830 et 1832. Verzameling van kronyken, charters en oorkonden, belrekkelyk de stad en meyery van 's Hcrtogenbosch, t. 1, in-S», Bois-le- Duc, IS'JS. Verzameling van zcidzamo oorkonden, betrckkelyk het bclcg van 's Ilertogcnbosch, in den jare 1629, l" liv., in-S», Bois-le-Duc, 1830. Kaart der provincie Noord-Braband, door J. Kuypers, 1835. Société des antiquaires de France, Annuaires de la Société, 1818 à

143

1881, -f vol in-12. Société Jcs sciences de la Haule-Lusace. Neucs Laulsitzisches Magazin, t. 27, 28, 29, et 3 liv. du t. 30, in-S». Institut archéologique liégeois. Bulletin de l'institut liégeois, 1. 1 et l" liv, du t. 2, in-S». Société pour la recherche et la conservation des monuments historiques, à Luxembourg. Publications de la Société, 9, in-^", Luxembourg, 1853. Société archéologique, à Londres. Journal ofthe archeological associalion, 1. 1, 2 et 3, in-S». A sixthc annual meeting, 1849, in-8». A catalogue of the minatures, cernées, etc., illnstrated of the Bonaparte family, in-8o, Liverpool, 1834. A lecture of the antiquitics ofthe Anglo-Saxon cameters, in-8», ibid., 18S4. Société archéologique, à Muyence. Abbildungcn von Slainzer Alterthùmcrn, n"» 1 à Î5, in-S».

Zeitschrift des Vereins, i liv. du t. 1, in-8o. Periodisclic Blactter des Geschichts-und Allcrthnmsvereins, 10 liv., de avril IS'iS à février 18rj4, in-8o. Bcricht ùber die am 16 bis 19 Septeraber in Alainz ahge- baltene Versammlung, etc., 1 broch, in-4». Verzcichniss der Mitglieder des Vereins, 1 broch. in-S», Mayence, 18Î53. Société des sciences, des arts et des lettres, à Mons. Mémoires et publications, série, t. 2, in-8», Mons, 1853. Société archéologique de Namur. Annales de la Société, t. 3, 1", 2e et 3e liv., gr. in-S». Société archéologique de l'Orléanais.

Bulletins de la Société, n»» 10, 11,12, 13,13,16, 17, 18, 19, in-S». Société impériale d'archéologie, à Saint-Pétersbourg . Mémoires de la Société, liv. 16, 17 et 18, in-8o. Société archéologique de Sens. Bul- letin de la Société, année 18S5, in-8«. Sens, 1854. Société scientifique et littéraire, à Tongres. Bulletin de la Société, 1" liv. du t. 2, in-8<>.

Société historique et littéraire de Tournai. Mémoires de la Société 4* liv. du t. 1.

PUBLICATIONS PÉRIODIQUES.

Archives de l'art français, Abocedario de Marietto, t. 1 et 2, in-S». Documents inédits, t. 1 et 2, et 2 liv. du t. 2, in-8«>. CoUectanea Anti- qua, par Roach Smit, 4 liv. du t. 3, in-S». École des Chartes, série, 1. 1, 2, 3, 4 et 5, et les liv. 1 et 2 du t. 1 de la série, in-8. Messager des sciences historiques, 1855 et 1854, 2 vol. in-S». Tables générales du Messager historique, 1823 à 1830 et 1833 à 1853. Numismatic Chronicle, liv. 64, 65 et 66, in-8o. Revue numismatique, 1853, et 5 liv. de 1854, in-8o. Revue trimestrielle, 5 vol. in-12, Bruxelles, 1854 et 1855. Tricrisches archiv, t. 1 et 2, in-8«.

144

Ï^OBLECATIONS PARTICULIÈRES.

Beaufoy, A description catalogue of thc London traders, tavern and cofifee house tokcn, in-8«, Londres, 1833. Cappe, Besclireibung dér Coelnisclien Mûnzen des Mittelalters, in-8», Dresde, 18"J3. Dirks, Aan- tekeningen von Z. C. Van UCfenbach, in Fricsland, 1 broch. in-8o. Dirks^Geschiedkundigeaantckeningen, 1 broch. in-S».— Dirks, De munlen der voorinalige graven en hertogen van GelJerland (compte rendu), i broch. in-8o. De Khoene, Die bei Rathan gefundeue Brakteaten, 1 broch. in-8o. De Khoene, Beitraege zur Miinzkunde sud Italiens vor der Hohenstaubischen Herrschaft, 1 broch. in-S». Mantelier^ Affinage royal de Trévoux, 1 broch. in-S».— Namur, Le camp romain de Dalheim, 2* rapport, in-i<>. Poye-d' Avant, Description des monnaies seigneu- riales françaises de sa collection, avec les poids, in-f», Fontenay-VendéCj 185'4 Promis, Monete dei reali di Savoia. 2 vol. in4<». Studenten Almanak, 18S3, Gand, in-i2.

145

NUMISMATIQUE DE LA GAULE AQUITAUNE.

Pl. V, KO* I A ;».

A M. L.. C , membre de la Société française

pour la conservation des monuments histori- ques, en réponse à ses observations à une lettre à M. de la Saussaye (').

Monsieur et très-honoré confrère ^

En vous remerciant des éloges que vous voulez bien donner à ma lettre à M. de la Saussaye sur la numismatique de la Gaule aquitaine, je dois, en même temps, répondre aux observations que vous me faites touchant quelques oublis ou omissions que vous me signalez comme étant de mon fait, ou comme provenant de celui du savant académi- cien auteur des conjectures sur cette même numismatique, et que j'ai négligé de relever.

Relativement au regret que vous m'exprimez sur les mêmes lacunes, ou lapsus memoriae, je dois donc vous rappeler ici, pour la justification de qui de droit, que les deux notices de M. de la Saussaye ('), qui ont motivé ma

(1) Voy. Revue de la numismatique belge. série, t. IV, p. 300.

(^) Voy. Revue numismatique française. Année 1831 , pp. 1-18, 381-.^9fi.

SÉRIE. Tome v. 10

146

lettre et la vôtre à mon adresse, attendent au moins encore un troisième article qui termine les deux premiers, puisque dans ceux dont il est l'auteur, le docte numismatiste a terminé sa Revue de la numismatique aquitaine, à celle des Pictones ou Pictavi , et a sursis jusques à ce jour à traiter de celles des Arverni, des Bituriges-Cubi ('), des Cambo- lectri-Agesinates, de leurs voisins, les Cambiovicenses, etc.

Pour le reste de vos observations, Monsieur, qui portent sur la numismatique des peuples aquitains mentionnés dans les deux articles de la Revue numismatique française, qui nous occupent, j'avais été au-devant d'elles, dans ma lettre, en faisant la remarque que le travail de M. de la Saussaye ne devait être considéré que comme préparatoire, un coup d'œil , un simple et rapide aperçu sur la numismatique aquitaine, e{ non une œuvre complète sur la matière, œuvre impatiemment attendue et désirée depuis longtemps par les amis de notre illustre confrère et ceux de la science qui lui est déjà si redevable.

Adoptant, Monsieur, l'opinion récemment émise par un de nos plus habiles et zélés numismatistes (^), M. Huclier, du Mans, vous paraissez regretter que M. de la Saussaye et moi n'ayons point donné aux Pictones , et classé au nombre des produits de leur autonomie, les divei^ses mé- dailles ou monnaies portant en légende le nom du chef

(') On ne connaît point de médailles ou monnaies gauloises ou gallo- romailics des autres Biluriges, également aquitains, connus sous la déno- mination de Vibisci ou Vivisci {\gs Bordelais) et aussi A''Ubisci (Pline l'ancien).

(') Lettre à M. de la Saussaye sîir ta numismatique gauloise. Année 18r{3, pp. 1-19, de la Revue nuitiismatique fratiçaise.

_ 447

VIIGOTALVS ('), VïrOTALO(»), VIIPOTALOS, VI-

PoT ('), précédemment attribuées par tous les numisma- hstes aux Arverni, les unes d'argent, les autres de bronze.

Les exemplaires connus de ces quinaires portant le nom d'un chef sur lequel l'histoire est muette, offrent à la fois des variétés dans la manière dont il est orthographié, et des revers tout à fait différents.

Dans Mionnet (4) et Duchalais (^), tête de femme (Diane) tournée à gauche et diadéméc. Grènetis au pourtour.

Rev. Guerrier debout, de face, le corps couvert d'une cuirasse, et d'une cotte d'armes; d'une main il tient un bouclier de forme ovale armé d'un umbo et appuyé à terre ; de l'autre une lance. Un sanglier-enseigne, dont les pieds reposent sur un tau et qui à la tète en bas , est appuyé contre la lance. Grènetis autour.

Dans le catalogue des médailles gauloises et françaises de M. le baron L tête diadémée d'Apollon à gauche.

Rev. Lion, à gauche, une des pattes de derrière levée.

Enfin, sur un des deux exemplaires de la collection de M.Hucher, encore inédit, lorsqu'il l'a publié naguère dans la Revue de la numismatique française (l'autre exemplaire est semblable à celui qui a été décrit par Mionnet, etc.), on

(') Duchalais, Description des médailles gauloises faisant partie des col- lections de la Bibliothèque impériale, pp. 4-b.

(^) A». RE LoNGPÉRiER, Cutaloguc des médailles gardoises, romaines et françaises de la collection du baron L.

Q) HucHER, loco citato, suprd.

(*) Description des médailles antiques, etc., chefs gaulois, 1 53 du corps d'ouvrage, et 105 du supplément.

{^) f^ono citato, suprh.

148

remarque encore une léte d'Apollon, mais tournée à droite, les cheveux relevés à la manière des Aquitains. Grènetis.

Rev. Cheval sellé en course, au-dessus une édicule, sym- bole de ces mêmes peuples ; sous le coursier , la légende abrégée VIPoT, déjà rapportée plus haut.

C'est par suite de cette première attribution aux anciens habitants de l'Auvergne que M. de la Saussaye attendait d'avoir à s'occuper de l'autonomie de ce peuple célèbre de l'Aquitaine, pour parler des monnaies d'Un de ses chefs présumés, attribution qui ne paraissait pas, cependant, si incontestable et si certaine à M. Duchalais('), qu'il l'accep- tât sans observation, «t Ce quinaire, dit-il, n'est attribué aux Arvernes, qu'à cause de son style et de sa fabrique. » Il faut convenir pourtant que sous le rapport du travail et des types, il offre une grande analogie avec leurs médailles cer- taines ; mais on doit reconnaître en même temps, que cette analogie, surtout dans la dernière variété des médailles de Viipotalus, est encore plus complète et plus frappante avec celles des Piétons et des Santons, avec la monnaie de Duratius ('), appartenant aux premiers, et la jolie pièce en bronze des derniers (^) , également éditée et portée , naguère, à la connaissance des numismatistes par le correspondant de la Revue française, au sentiment duquel je me range ici volontiers, mais en préférant à l'attribution

(') Loco cilato, suprà.

(2) DVRAT, tête de femme ornée de la spindoiie et tournée à gauche (Vénus), grènetis au pourtour. Itev. IVLIOS, cheval galopant à droite, au-dessus un petit temple dont le fronton est soutonu par (rois colonnes.

AR. MiONNET.

(') IIvciiER, foeo citittOj stiprà.

U9

de son Viipotalus aux citoyens de Mediolanum-Santonum y celle aux habitants du territoire de la cité de Limonum, soit que notre chef inconnu ail été le coopérateur ou l'an- tagoniste de Duratius ; cette préférence s'appuie du lieu de la découverte de sa médaille, enfouie dans le lac de Grand-Lieu, non loin du Pictoniciim Promontorium, aux confins du Pagus Ratiatensis qui faisait , autrefois, partie de la juridiction temporelle de l'évêque de Poitiers, la même comme on sait, en étendue que celle de l'antique cité des Pictones, sur le domaine desquels notre jolie Gau- loise a été trouvée, ainsi que nous l'apprend son heureux possesseur.

Vous me paraissez assez disposé , Monsieur et cher confrère, et vous me demandez si tel est mon sentiment, d'attribuer, avec M. A. de Longpévier (Catalogue Rousseau, pp. 2 et 5), aux Decamulenses , peuple dans le voisinage et sans doute sous la dépendance des Lemovices, la monnaie d'argent dont le signalement suit, et que MM. de la Saussaye (Revue numismatique française, 1840, p. 108), Duchalais (Description des monnaies gauloises du cabinet de France, p. 116), etc., etc., donnent aux Andecavi de la lyon- naise.

ANDECOM. Tète jeune, imberbe, diadémée, tournée à gauche.

Rev. ANDECOMBOS. Cheval galopant à gauche. Au- dessous, un sanglier et une enseigne militaire.

M. de Longpérier appuie son attribution de l'existence d'un marbre votif à Rançon, près Limoges, et rapporté par Gruter (cxii-11), mémoratif d'un vœu des ANDECAMV- LEi\SES aux nymphes, etc. Le savant numismaliste, non

130

sans (]iiel(iiie raison, a été séduit par la ressemblance de ce nom avec celui d'ADECOM et d'ANDECOiMBOS ; mais l'analogie existe à peu près au même degré avec celui d'ANDECAVI, surtout si, d'après l'usage aquitain et mé- ridional, en général, on change ici le V en B (Andecabus, Andecabi, et si, d'après un autre usage gaulois, on change la terminaison latine en VS, en celle grecque en OS.

Sans oser me prononcer affirmativement sur l'attribution de mon docte confrère, je me plais à reconnaître avec vous que le type du revers de notre denier est identique avec celui de plusieurs quinaires aquitains, l'on remarque également au revers l'enseigne et le sus yallicus.

Au chapitre des Auscii ou Ausci de la notice de M. de la Saussaye et de ma lettre, vous m'indiquez, mon cher et honoré confrère, une autre omission qui aurait pour objet la médaille gauloise VANE... (•), donnée par M. le marquis de Lagoy, dans sa Notice sur l'attribution de quel- ques médailles gauloises, à ce peuple ('), l'un des premiers et des plus puissants de l'Aquitaine-iNovempopulaine, et à la localité indiquée dans l'Itinéraire de Bordeaux à Jéru- salem, sur la voie qui conduisait de la première de ces cités à Tolosa (Toulouse), comme Mansio ou gîte d'étape, entre Elusa (Eause), et Auscius (Auch), sous l'appellation de Vanesia, au passage de la rivière de Baise dont on croit retrouver le nom dans celui de cette station, par le chan- gement du V en B (et réciproquement) , que nous venons

(') ïêle casquée tournée à gauche. liev. Une aigle aux ailes éployées : légende au-dessous BR. {') NoLcm})opulos Ausci commendant et Elusales, dit Ammien-Marcellin,

xv-n.

151

de signaler eonime si commun de loiis les temps, dans nos provinces méridionales, et qui faisait écrire également ViBîsci et ViVisci (les Vivisqties, ou Bordelais), BLABIA et BLAVIA (') (Blaye), etc., etc. ('). Mais l'attribution de celte pièce de monnaie gauloise qui plus tard avait semblé très-douteuse à son auteur lequel , sur son exemplaire, un peu fruste, n'avait pu lire avec quelque certitude que les trois ou quatre premières lignes de la légende, fut revendi- quée en faveur de Vesuna ou Vesona (Périgueux), par M. le comte Wlgrin de Taillefer (') et par M. le comte de Gour- gue (4), qui lisaient comme suit l'inscription de cette même médaille sur une meilleure épreuve VAlQINNA, sur une seconde VISINNA et sur d'autres VESINNA, attribuant ce petit bronze au chef-lieu des Petrocorii ou Petrocori, opi- nion qui a été également contestée et a paru pour le moins douteuse aux numismatistes qui en ont fait justice, et par- ticulièrement M. de la Saussaye, motivant sa décision sur ce que ces médailles au type de Vaigle éployée, attribuées par les écrivains qu'on vient de nommer aux Petrocori, se trouvent dans toute la France centrale aussi bien que dans le Périgord, et que leurs légendes, mal lues, ont été attri- buées à tort à leur capitale, Vesuna; qu'une partie de ces

{') Ilinéraire d'Anfonin, table théodosienne.

(*) Sur plusieurs inscriptions sépulcrales romaines, au lieu de la for- mule ordinaire, SE VIVS, SE VIVA, SE VIVO, etc , on lit : SE BIBO, SE BIBVS, SE BIBOS, etc., et sur une médaille frappée en l'honneur de Marc-Anloine et d'Octavie, on lit : OKTABIA, en caractères grecs.

(') Antiquités de Vésone, t. I, pi. 13.

(*) Essai sur les monnuics frappées en Périgord^ Revue nv.mismnliqne française. Année 1811, pp. 181-20^.

152

médailles dont quelques-unes sont d'une grande barbarie, ont été découvertes, il est vrai, sur le territoire de ce peuple, mais que cette circonstance n'est pas suffisante pour en mettre en possession leur autonomie, d'autant qu'elles se sont trouvées mêlées à des monnaies de Massalia, et d'autres villes grecques du littoral de la Méditerranée, etc. Nous avons donc pensé, comme M. de la Saussaye, qu'en écartant, d'accord avec son auteur, l'attribution à Vanesia du pays des Auscii, il n'y avait pas lieu non plus à faire don de ces bronzes à l'aigle aux ailes éployées, ce qui, du reste, n'est pas un type aquitain, à l'antique Vésone dont son historien , Wlgrin de Taillefer , égaré par son patrio- tisme hors des voies de la critique et de l'histoire, a voulu faire Vurbs gemina, et la Rome des Gaules, comme Mar- seille en fut V Athènes

Avant de terminer ce que j'avais à dire ici sur cette médaille, je dois ajouter que M. de Lagoy m'écrivait, il y a peu de jours : « J'ai acquis naguère un autre exemplaire de la pièce de bronze oîi je lisais VA NE Sur ce der- nier, très-bien conservé, je vois VNVDIINOS. » Est-ce Va V- DIINOS ou VANDIINOS qu'il faut lire ici, ou plutôt Vaiidenos ou Vandenos? Le double II remplaçant souvent l'E dans les légendes des monnaies gauloises , comme dans LVKTII- RIOS, pour LVKÏERIOS (ou Lucterius) ; quelquefois aussi le double II y figure au lieu de l'I simple, comme dans aeioy- CIIACOS, pour DIVICIACOS ou Divitiacus, etc.

Je retrouve un signalement exact de l'exemplaire d'une autre monnaie des Auscii, que je n'avais fait que men- tionner vaguement et de mémoire, dans ma letlre à M. de la Saussaye j le voici :

155

Triskèle et S couché. Rev. A. AV.... SE('), entre les pétales d'une rose grossièrement figurée, AK.

Cette monnaie, que je crois être encore inédite^, se rat- tache, par la fabrique, à celles qui furent trouvées en si grand nombre à Vieille-Toulouse et à l'île de Noé (Gers), et appartenant à la classe ou catégorie des pièces impropre- ment nommées à la croix on à la roue, dont j'ai déjà parlé dans ma lettre sur la numismatique de la Gaule aquitaine.

J'ignore en quelles mains est tombée cette médaille qui, en 1845, a fait partie d'une vente qui eut lieu à l'Alliance des arts, et qui a été décrite par un de nos plus célèbres numismatistes dont le nom est mal caché sous les initiales A. de L.

Ce produit monétaire des Auscii ne doit pas être con- fondu, malgré leur analogie, avec un autre publié par M. le marquis de Lagoy, dans sa description de quelques mé- dailles inédites de Massilia, de Glanum, des Cenicenscs et des Auscii ('), et qu'il signale de la manière suivante:

Tète imberbe à gauche. (Il semble qu'on aperçoit au- devant les vestiges delà légende AV (').

Rev. AVSC , dans les compartiments formés par deux barres qui se croisent à angle droit, AR.

Dans ces compartiments qui figurent les rayons d'une

(1; Ne faudrait-il pas lire AVSC? Ce ne fut que dans le moyen âge qu'on écrivit Auscensis et Auscenses.

(») Pp. 30-31.

(^) AVsct, ou AYscii. Sous la domination lomainc et l'empire d'Au- guste, la capitale de ce peuple [CUmbcris) obtint le litre AWiigusta Aus- wrum, ou Auscioruin.

\u

roue ou les brandies d'une croix, ne faut-il pas encore voir ici les pétales de la rose des monnaies de Rhoda, déformée, et entre lesquels sont insérées les quatre lettres inscrites sur ce revers?

Mon savant confrère et ami, M. de Lagoy, m'écrivait encore tout récemment, après avoir lu ma lettre à M. de la Saussaye : « Il y a beaucoup à dire sur les monnaies « la croix ou à la roue dont vous parlez et dont le type, à mon avis , ne doit pas être confondu avec la roue véritable des oboles massaliennes, car il en diffère essentiellement; les barres qui se croisent ne sont pas terminées par des jantes, et au lieu d'y reconnaître une imitation des roues massa- liennes, je serais plutôt porté à y voir une sorte d'imitation du type de la rose vue par-dessous, des médailles de Rhoda de la Tarragonaise. J'ai eu, il y a quelque temps, une nou- velle obole de ces médailles, dites à la croix, des Volces- Tectosages, remarquable parce qu'on y reconnaît la même tète laurée des médailles dargent des Arecomici, portant au revers un cheval en coiu'se avec la légende VOL. Mon obole a au revers, entre chaque branche des barres croi- sées, la répétition de quatre angles, V, qu'on pourrait peut- être regarder comme l'initiale du nom des Volcœ.

Comme bon Saintongeais, en vous autorisant et vous ap- puyant d'une identité de facture et de types, aux légendes près , avec les monnaies des Santones, vous réclamez en faveur de vos ancêtres, la médaille gauloise d'argent ou quinaire, offrant le nom de Q, DOCI. répété sur ses deux côtés, et après lui, au revers, un autre mot lu de plusieurs manières par les numismatistes, qui ne sont pas d'accord sur la valeur des lettres qui le composent, et qui y ont vu

155

successivement Saaf ('), San {'), Sanf ('), saaf, sa, SAAr(4), SAMI, etc., et vous lisez avec (^) d'autres iiumismatistes SAT (sant), en liant les lettres ANT. (^).

Bouteroue, Paul Pétau, la Sauvagère, Mionnet, et d'au- tres autorités de la science numismatique avaient déjà attribué ce quinaire aux Santones , mais, rangé par le plus grand nombre dans la classe des médailles incertaines et douteuses, il a été positivement refusé par quelques archéo- logues, et notamment par M. de la Saussaye, aux ancêtres de vos concitoyens.

M. Anatole de Barthélémy, après leur avoir fait d'abord la concession pleine et entière (7) et la leur avoir retirée plus tard, dit en classant ce type dans son Manuel complet de numismatique (') parmi les incertains de la Belgique, sous cette indication, Q. DOCI. SAMI. (numismatique de l'Aquitaine), <! il paraît assez certain que les monnaies

(1) Bouteroue et Pellerin.

(2) PÉTAD.

(^) La SAurAGÈRE, Antiquités dans les Gaules,

(*) Catalogue de d'Ennery.

[^) Mionnet, pp. Qi et 88.

C") Voici le signalement de cette pièce, d'après un des meilleurs exem- plaires existant au cabinet de France et décrit par 3lionncl : Tête de Pallas, tournée à gauche, Q. DOCI. Rev. Cheval en course, Q. DOCI SANT.

Suit dans le même auteur la description de six autres variétés de ce denier gaulois.

(^) Attribution de médailles gauloises aux Santons, dans la Revue nu- mismatique française. Année 1855, pp. 1-7.

Considérations sur quelques points de nutnisiiiatiqnc ijauluise, même revue. Année 18i6, pp. 257- 26-^'.

(') T. I, Numismatique gauloise.

186

au nom de Q. DOCI qui ont été attribuées depuis longtemps aux Scmtones, ne leur appartiennent pas, » passant ainsi de l'affirmation, en deux sens contraires, au doute.

Le refus des numismatistes opposés à cette attribution qui ne vous paraît pas douteuse, est principalement fondé sur ce que la découverte de notre quinaire, assez fréquente dans d'autres régions de l'ancienne Gaule ('), n'a jamais lieu sur le territoire de leur cité, et est même excessivement rare dans le reste de l'Aquitaine, les monnaies des Santones non contestées, et même d'autres qui leur sont données avec moins de certitude, se retrouvent assez sou- vent ('). Tout sentiment patriotique, tout esprit et préven- tion de localité de côté, je pense que dans l'état de la question, le parti le plus sage, quant à présent, est de s'abstenir de toute décision absolue, bien qu'en m'appuyant de l'autorité de feu mon maître et mon ami , Mionnet, si concluante en telle matière, mon opinion soit ici plutôt favorable qu'op- posée à la vôtre, ainsi que je l'ai déjà fait connaître dans mes antiquités inédites ou nouvellement expliquées de la ville de Saintes et du département de la Charente-Infé- rieure (').

(') En Franche-Comte, ces pièces sont Ircs-coramunes ; dans le Doubs, on en trouve sans cesse : le Nivernais en fournit aussi. On a donc pense que noire Q. DOCI appartenait à l'Est de la Gaule, et en lisant QVINTVS DOCIRIX, on a proposé de voir dans ce personnage un chef de la Séqua- nie septentrionale, qui, comme IVLIVS TOCIRIX ou DOCIRIX, fut un chef Leuk, commandant dans le voisinage de celui-ci et appartenant à la même famille, mais tout cela est encore bien hypothétique et conjectural.

(*) Comme les Coutoutos, les Atectortjc, les Annicoios, etc.

{•) Chap. XII ; Médailles gauloises cl autres uppartenanl mix Santones, OH Irouvéeit stir leur territoire.

iS7

Je ne terminerai point cette notice, Monsieur et très- lionoré confrère, sans vous dire à quel point je vous sais gré de m'avoir fourni cette nouvelle occasion de vous réitérer l'assurance cordiale de ma haute et afîcctueuse estime et de mon entier dévouement.

Le baron Chaudruc de Crazannes,

Membre correspondant de l'Institut de France et de la com- mission des monuments, et du comit<! historique prés les ministères d'État et de Tinstruclion publique, inspecteur divisionnaire de ces mêmes monumentSi elc , etc.

Dessins de médailles joints à la présente lettre.

I. N" \. Médaille en bronze de VIIPOTALVS.

2. Médaille en bronze des Santones.

3. Médaille en argent de DVRATIVS.

II. N" 4. Médaille de bronze attribuée à Vanesia des Auscii. 3. Autre exemplaire de la même médaille attribuée à Vesuna ou Vesona des Petrocori,

158

MÉDAILLE ATTRIBUÉE A VICTORINUS JUNIOR.

EXPLICATION DES LETTRES NEPE SUR fiUELOUES PIÈCES DE MAURICE TIBÈRE, DE FOCAS ET DE LEONTIA.

Pl, VI, NO» 1 ET 2.

31 m. R. Chalon, IJrf'eibcnt î)e la Ôocic'tc numtînnattque. Monsieur,

Encouragé par M. F. Soret de Genève , qui m'assure que je trouverai en vous la même bienveillance qu'il a tou- jours bien voulu avoir lui-même pour moi, je prends la liberté de vous adresser la description d'une petite médaille de ma collection, que je crois encore inédite.

Si les médailles attribuées à Victorinus Junior ont été restituées à bon droit à son père, le court règne de ce prince se trouve privé de monuments numismatiques.

Je me permettrai pourtant de n'accepter ce jugement (jue sous toutes réserves et de poser les deux questions suivantes :

Connaît-on des pièces frappées au nom de Victorin Jeune?

Peut-il en exister?

D'après lopinion de la plupart des numismates mo- dernes, la première question se trouverait résolue par la négative.

159

C'est donc la seconde question qu'il reste à examiner. L'affirmative pour celle-ci pourrait combattre la négative de l'autre.

Jetons un coup d'œil rapide sur les événements qui se sont succédé à cette époque.

En ion de Rome, 258 de J.-C, Postumc , préfet des Gaules sous Valérien , refusant d'obéir au nouvel empereur Gallien, se fait proclamer Auguste par ses sol- dats et fonde un empire Gallo-Romain.

En 1018 (265) il associe à l'empire son lieutenant Vic- torin qui l'avait puissamment servi dans la guerre qu'il avait eu à soutenir contre Gallien.

Après la mort tragique de Postume en 1 020 ( 267 ) Victorin parvient à se défaire de divers compétiteurs. II est reconnu Auguste par les légions.

C'est à cette époque que Victorin le Jeune a être nommé César par son père. L'usage établi ne permet guère d'en douter.

Plus tard, en 1021 (268), après la mort de Victorinus Senior, il est probable que Victorine, sa mère, qui a été décorée par son fils du titre d'Augusta et de Mater Castrorum, et qui avait conservé une grande influence sur les soldats, après l'assassinat dont son mari venait d'être victime, voulut chercher à maintenir la souveraine puis- sance dans sa famille, avant de songer à s'adresser ailleurs. Aussi est-on d'accord que son petit-fils Victorin a été nommé César, au moins à cette époque.

Quelques jours après, il subit le sort de son père, et fut massacré par les soldats.

D'après le court exposé qui précède, soit que Victorin

460 ~

Jeune ait été nommé César en 1020, après la mort de Postumc, et Auguste en 1021, à la mort de son père, et par les soins de son aïeule, soit qu'il n'eût été nommé César qu'à cette dernière époque, ce qui est moins proba- ble, il est incontestable qu'il peut exister des médailles de ce jeune prince. Son règne éphémère, même en adoptant la dernière hypothèse, ne peut être une raison péremp- toire de lui refuser les honneurs numismatiques, puisque, sans sortir de l'époque dont nous parlons, les médailles du tyran Marius qui n'a régné, dit-on, que quelques jours, se trouvent en assez grande abondance.

Du moment que ces pièces peuvent, et que rien ne s'op- pose à ce qu'elles doivent exister, il ne s'agit plus que de les trouver.

Je crois avoir été assez heureux pour arriver à ce résultat et combler ainsi une lacune dans la suite des im- périales romaines.

En effet, je possède un petit bronze dont voici la des- cription :

=s TORIiNVS.... Tète jeune, radiée à droite,

ayant une grande ressemblance d'âge avec Telricus Junior.

Rev. .P E S Type ordinaire de l'espérance marchant à gauche.

La fabrique de cette pièce est assez fincj la tète n'est nullement barbare.

Peut-on refuser cette pièce à Victorinus Junior? Je ne le pense pas. Ce qui reste de légende parfaitement net la figure toute juvénile du prince sa parfaite ressem- blance de style, de type et de physionomie avec celles de Tctricus Jeune. Les revers SPES AVG, s'appropriant

H)i

parfaitement à ia circonstance et aux usages pour les pièces des Césars ou des jeunes princes, tout donne la conviction que la médaille que je décris ne peut appartenir qu'au petit- fils de Victorine, qui, par son crédit auprès des légions, Ta fait nommer Auguste, immédiatement après la mort de l'empereur son fils, et qui, pendant les quelques jours de répit que lui donna la turbulence trop usuelle des soldats, à cette époque funeste d'élections militaires, s'empressa de faire émettre des pièces à l'effigie de Victorin Jeune, pré- rogative toute impériale que n'ont jamais négligée aucun de ceux qui, dans ces temps de troubles et de révolutions chroniques, avaient le bonheur ou le malheur d'arjçijVj3r.'*u trône. v ! niiiY

Je joins au reste l'empreinte fidèle de la pièce dont je vous entretiens, ainsi que celle d'un petit bronze de Tetri- cus Jeune au revers de l'Espérance, comme point de com- paraison, et je me trouverais heureux, Monsieur, si l'attri- bution que je propose pouvait avoir >toi*e assentiment.

Veuillez recevoir, etc., ; r.iuicPfKO

Marseille, le 16 février lODO.

iîUibBièH P. S. Permettez moi de profiter de cette occasion pour vous faire part d'une observation concernant quelques pièces de Maurice Tibère et de Focas et Leontia.

En classant quelques nouvelles acquisitions de médailles byzantines, je suis revenu à chercher l'explication d'une portion de la légende encore indéterminée qui se lit sur quelques-unes de ces pièces, d'ailleurs assez communes. Je veux parler des quatre lettres NEPE ou des abrévia- tions NP qui se trouvent sur les médailles de ces règnes,

SÉRIE. Tome v. i 1

162

sorlanl de l'atelier monétaire de Theoupolis et qui sont encore inexpliquées.

En effet, M. de Saulcy , dans son essai, se demande si ces lettres ne signifieraient pas le vœu ne pereat! Mais il Fe fait avec l'intention bieii arrêtée de ne rompre aucune lance en faveur de celte explication.

Puisque ce savant numismate a laissé ce point indécis, me serait-il permis de donner mon opinion sur ce sujet?

Pour arriver à l'explication de ces lettres^ il faut autant que possible, je crois, chercher quelque légende usitée à cette époque et qui puisse convenir aux médailles qui nous occupent.

Voici ce que j'ai trouvé : ( 4" En décrivant quelques pièces de Justin li et Sophie «t de Maurice Tibère, probablement frappées à Carthage et portant au Rev. N. M., M. de Saulcy a pensé que ces let- tres pouvaient bien signifier NOVA MON ETA.

T Justin II associe à l'empire Tibère et lui donne le nom de Novus Constantinus.

Le baron Marchant, dans sa lettre XH concernant Héraclius , exarque d'Afrique , cite aussi les formules usuelles à cette époque pour compter les consulats, l'on se sert pour Tibère du surnom de Novi Constantin!.

Donc le mot Novus qui parait avoir été adopté dans ces cas devra ne point paraître insolite sur les pièces de Mau- rice et de Focas. *[ .o'^nv

Alors, pourquoi ne lirait-on pas tout simplement les lettres NE dont nous parlons, comme suit :

D. N MAVRICIO

D N FOCA

j NEo PErpetûo AVGuslo

163 NOTICE

SUR

DEUX MONNAIES' MÉROVINGIENNES D'aRGENT INÉDITES

DE TROTES.

l\. VI, N<" O ET i.

Certaine auteurs catalogues, qui ont rendu d'ailleurs de grands Services a la science numismatique , se sont plaints amèrement des publications isolées de monnaies inédites, en faisant entrevoir les prétendues difficultés que cette fureur de pièces nouvelles engendrerait pour les ou- vrages d'ensemble ('). Heureusement ces crairiles sont chi- mériques, et irial est purement imaginaire. La plupart de ces publications ont lieu en France et à l'étranger, dans des Revues périodiques, justement estimées et très-répan- dues. Si même il en est qui vont s'égarer, tout en y étant très-bien placées, dans des Bulletins locaux, ou qui s'im- priment séparément, ces Revues les relèvent àfec plus grand empressement et le plus grand soin de sorte qu'elles forment des recueils complets auxquels on peut puiser sûrement.

(1) Forr.ÈnES cl CoNnnoiisE, Description complète et raisannée des mon- naios de la dcuJ'tème face royale de FrimcCj p. ^9.

164

iNoiis n lu'sitons j)as, pour noire compte, à faire con- naître isolément, mais le plus tôt possible, les nouveautés que nous rencontrons, avec la conviction d'être plus utile ainsi que de toute autre manière.

Nos études se concentrent sur les produits des ateliers monétaires compris dans Tancienne circonscription de Sens, archevêché. Château-Landon ('), Sens, Tonnerre, et Troyes (*), nous ont déjà fourni le sujet de précédents tra- vaux. La dernière de ces villes nous apporte aujourd'hui encore un contingent recommandable.

Siège d'un important évêché, l'une des places principales de la province romaine dont l'antique cité de Sens fut la capitale, Troyes, la capitale elle-même de la Champagne, est aussi l'une des villes dont le nom a le plus varié. A l'époque le nom des peuples devint presque générale- ment celui des villes (') qui en étaient le centre, Troyes vit sa vieille appellation de Augustobona se changer contre la circonlocution composée du mol civitas et du nom latin des Troyens. C'est celui-ci qui, par de nombreuses et suc- cessives modifications, a formé le nom actuel de Troyes. Il n'est pas sans intérêt de suivre avec Hadrien de Valois ces différentes variations dans les auteurs, Tricassas, Tri- casas, Tricasis, Tricasœ, Tricassina, Tricassis, Tricassmn, Tricassnmi, Trecassmm, Trecasium, enfin la dénomina- tion régulière Treca. Sur les monnaies on trouve Trecas, Tricas, Tricis, Trecassi, Trecasi, Trecens.

C'est pour nous l'occasion de rappeler le principe, 8|b-

(') Revue numismatique de Dlois, 18îi3, p. il9. (»;/6., 18J54, p. 180 et pi. X. {') iT« siècle.

- 165

straction iaite de toutes autres raisons, (ju'une ville qui a retenu le nom dun peuple en a été indubitablement la capi- tale.

Nous ne résistons pas au plaisir de tirer la conséquence de ce principe pour la ville de Sens et de dire que recon- naître dans Agendicum la capitale des Sénonais, c'est dé- cider qu'Agendicum est Sens et fournir à cette cause son plus fort argument.

Mais revenons à Troyes ; cet atelier monétaire est riche en produits connus. Pépin, Charlemagne, Charles le Chauve, Carloman, Charles le Gros, Charles le Simple y ont fait forger des espèces. Leurs monnaies nombreuses sont dans les collections pour en témoigner («), et il est à espérer que les lacunes de la série carlovingienne seront un jour ou l'autre comblées.

Les évéques de Troyes et les comtes de Champagntî se livrèrent ensuite et pendant longtemps à d'importantes el intéressantes fabrications d'espèces, tantôt purement épiscopales ou baronales, tantôt communes avec les pays voisins. Ils ont, en effet, soit pour les besoins du com- merce, soit pour ceux de la politique, conclu des accords monétaires qui n'ont pas encore été bien étudiés ou dont les preuves ne se trouvent encore que dans les produits eux-mêmes (').

Si nous remontons aux temps les plus reculés, l'époque

(') CoNBROUSE , Liste des munnaierics carlovingknnes , Troyes. Calulogue Rousseau, n"' 224, 245, 443, 4()7, 524, 52y. Manuel Bar- thélémy, pp. il et suiv.

(^) MM. DUBY, MORKRI, DUCHAIAIS, BARTHÉLÉMY, FlLLON, PoEI-d'AtANT,

JUerry.

-- 166

gauloise ne nous fournit aucun monument qui puisse être appliqué à la ville de Troyes ou au peuple des Troyens.

Il n'en est pas de même pour l'époque mérovingienne. On connaît les noms de quatre monnayers^ nous ne dirons pas Troyens, mais qui ont exercé leur art dans la ville de Troyes, ce sont AVDOLENVS, GENVLFVS, GILLIBER- TVS, MVMOLIN'VS (■)• A ces noms il faut ajouter main- tenant celui de LEO.

Nous offrons bien aujourd'hui deux nouvelles monnaies mérovingiennes appartenant à Troyes , mais nous n'avons pas le bonheur que le nom du monnayer soit lisible sur toutes les deux. Le revers de celle que possède le cabinet impérial de France est tellement fruste que, malgré nos efforts, nous n'avons pu parvenir à former aucun mot, aucun sens.

En voici la description :

"p >ï< TRECAS CIVÏ, buste (iiadémé à droite, sans grè- netts.

R. ^ LEONE MONITARO; dans le champ et dans un grènetis une croix à pied sur u;i degré j en face et au bout des trois branches supérieures de la croix sont placés trois annelets. Les extrémités du degré sont terminées par des annelets.

Argent. Collection de M. Poncelet, antiquaire à Sens.

Diamètre, 13 millimètres, poids 24 grains forts(1 gramme 5 décig.) pi. VI, n" 3.

(') CoNBRousE, Liste alphubélique des monnaieries mérovingiennes, p. 51. BARiuéLEMT, Manuel, p. 31. ~ B. Filloh, Lettres à M. Dtajasl-iMati- few, p. 82, pi, i, no» 9, 10. Cafaloyue Guillemot, p. 3i.

167

!2" CroiscUe à branches annelelécSj sk : "+", THKIAS CIVJ, lèle de face occupant tout le champ.

l\. Légende ilUsible ; dans le champ une croix dont le ctiitre est un annelet et dont les branches égales gont ter- minées par d-çs annelels.

Argent. Cabinet impérial.

Diamètre, M millimètres, pi. VI, i.

Ces deux monnaies d'argent, qui sont remarquables par la similitude du faire et des types, doivent appartenir au septième siècle. On demeure en effet d'accord générale- ment (') pour faire remonter à la (in du sixième ou au connnencement du septième siècle, sinon la substitution de largeni à lor, au moins l'origine de l'emploi simultané de ces deux métaux ; et dès le commencement du huitième lusage de décorer les monnaies d'une tète disparaissait pour laisser le champ libre aux monogrammes et aux légen- des horizontales. ..';ii!.ljo]-;j i;; lui

On peut vraisemblablement donner pour l'une des raisons de ce fait l'ambition des maires du palais dont les efforts, dans un but d'intérêt personnel, ont tendre à faire sue- cessivement supprimer les emblèmes royaux et tout ce qui ppuvait rappeler les droits du roi fainéant. Le buste royal, la lèle diadémée que les monnayers avaient coutume d'em- ployer, ont probablement été sacrifiés par ce motif.

C'est avec raison et en s'appuyant sur des faits incontes- tables (») que M. Benjamin Fillon attribue au clergé la tâche el la mission de pousser à la réaction contre l'or en faveur

(') MAI. Fillon, LcUrcs à M. Dugast' Mali feux, p. DO. {^) Les pins aiiciciincs monnaies mérovingiennes d'argent émanent des ofiicincs cléricaics.

168

diin métal plus commun, facile pour les petites transac- tions commerciales, et accessible aux classes inférieures. A toutes ces qualités l'argent joignait celle d'être à peu près le seul métal employé par les peuples voisins et son adop- tion dans notre pays rendait possibles ou plus fréquents des rapports dont l'or empêchait le développement. Si par ce système l'Eglise et ensuite avec elle la famille de Charles Martel trouvèrent un moyen sur d'augmenter leur in- fluence, c'était aussi une voie ouverte à la civilisation et au progrès.

'i'Nous venons avec l'éminent numismate de Fontenay- Vendée, de nommer le vainqueur de Poitiers, le sauveur de la chrétienté; c'est pendant sa vigoureuse administra- tion que l'art monétaire mérovingien, soumis depuis un certain temps à une dégénérescence dont la fainéantise des rois était la principale cause, répudia définitivement l'or, ce métal aristocratique, pour proclamer le règne de l'ar- gent plus en harmonie avec l'origine de ce grand maire du palais, et avec les besoins du peuple sur lequel il s'aj)- puyait. Comme conséquence, le denier succède au triens et par ce moyen le numéraire, jusqu'alors presque exclusi- vement réservé au coffre et à la bourse du seigneur, par- vient jusqu'à l'escarcelle du serf.

Ce changement complet de métal, la suppression des noms des monétaires, l'apparition et l'intronisation des monogrammes et des légendes horizontales, voilà la vérita- ble transition de l'ère méi-ovingienne à cette glorieuse ère carlovingiennc préparée par Charles Martel et inaugurée par son illustre fils.

Cette pensée, el c'est par que nous terminons, a été

169

résumée on ces termes par M. Guérard dans son Foiyptique iVIrminon (') : « La monnaie commençante de la seconde race fut la monnaie finissante de la première. »

Ph. Salmon.

(l)T. l'S ,,. 118.

170

UN DENIER INEDIT

THIBAUT DE BAR, ÉVÊQUE DE LIÈGE.

(I303-13I2.)

I'lANCUE V, NO 6.

Les numismates, comme les monnaies et les médailles, se divisent en diverses catégories, dont l'étude et la classifi- cation peuvent offrir un vif intérêt.

Une variété très-remarquable c'est le numismate ou numismane atteint de jalousie. On aurait tort de s'imaginer que les émotions poignantes de cette cruelle passion soient exclusivement excitées par les sentiments qu'on est convenu d'appeler tendres par excellence; la poursuite et la posses- sion d'un objet d'art, d'une médaille, d'une pièce unique, inédite surtout, peuvent produire toutes les alternatives de joie, d'inquiétude et de douleur qui caractérisent les grandes passions.

Allez voir le numismate jaloux : il vous reçoit avec la plus exquise politesse, il épuise toutes les formules cour- toises, toutes les nouvelles du jour pour éloigner le mo- ment ^e la demande qu'il redoute; mais, enfin, vous saisissez une pause ou un accès de toux pour glisser douce- ment votre humble requête, voir et admirer les richesses d'un médaillier interdit aux profanes! ici la itliysionomie

171 -~

du numismate s'altère, il devient soucieux, il vous regarde comme si vous veniez de commettre une légère inconve- nance ! sa collection, c'est si peu de chose (le dissimulé î) rien n'est classé, tout est en désordre! (l'eirronté dijjlo- mate!)

Un jour il m'a été donné de pénétrer dans un de ces sanctuaires, véritables harems de la numismatique. Du désordre ! Ah! bien oui! les médailliers étaient des chefs-d'œuvre de menuiserie; tout était classé, éliijueté presque aussi bien qu'à la bibliothèque royale (je n'oserais dire mieux)! Un petit médaillier, un bijou, se cachait dans un coin; on voulait le dissimuler, j'eus la barbarie din- sisler; c'étaient les pièces merf/fes / jamais tabernacle ne lut ouvert avec plus de solennité par un évéque officiant! les sentiments vrais sont contagieux, je devins moi-même ému et saisi d'un tremblement de vénération. Ah! Monsieur! m'écriai-je, quelle trouvaille! quelle bonne fortune pour les lecteurs de la Revue ! Cdr \ous me permettrez, n'est^-ce pas? de prendre l'empreinte de quelques-unes de ces pièces,

de les publier Ici je fus arrêté net, le tabernacle se

referma brusquement, et je reçus l'atteinte dun regard fauve (le même qui ma été jeté un jour par un Turc, qui m'avait paru bon enfant et auquel je demandais étourdi- mcnt la permission de faire le croquis d'une de ses femmes). Je ne réclamai pas, j'eus le sentiment profond de mes torts! Depuis ce temps mon honorable confrère m'évite et rie me donne plus main.

On prétend qu'il existe un amateur tellement friand du bonheur de posséder des objets inconnus et enveloppés de mystère, qu'il n'a Jamais pu se résoudre à dépouiller une

i72

trouvaille acquise en bloc et dont les trésors sont cachés sous une triple envelo[)pe de vert de gris, de terre et de toile cachetée ! Cet amateur est un profond philosophe, il sait qu'en examinant les choses de trop près on peut en détruire le prestige. D'autres numismates, dit-on, atten- dent avec une certaine impatience la vente, après décès, qui permettra de fouiller dans le sac mystérieux. Il est inutile d'ajouter que nous n'en croyons pas un mot! Ce sentiment peu chrétien est évidemment inventé par la mal- veillance.

Heureusement tous les numismates ne sont pas atteints de la manie de cacher leurs richesses; nous en avons eu la preuve en visitant un de nos honorables confrères dont la collection aussi nombreuse qu'intéressante mérite une étude toute particulière ; là, tous les médailliers nous ont été ouverts avec la plus franche cordialité et nous avons pu emporter des empreintes des pièces les plus rares et les plus curieuses. Nous nous contenterons aujourd'hui de publier un grand denier d'argent (') de Thibaut de Bar, évèque de Liège, 1305-1312, remarquable par la singula- rité de son type tout à fait italien.

L'évèque de face, assis sur un trône, bénissant de la main droite et tenant la crosse de la main gauche : Hk^I'jB. EPS.

R. —Croix patlée, anglée de 4 feuilles trilobées ou plutôt de 12 globules comme les eslerlins. Entre un double grènelis : ^ liEOD : GIVir^T^rnS. Voir pi. V, n" 6.

M.

(') CeUe pièce apiiarlic»! à la riche collection He M. le chevalier He Jonghe. __________

173

FRAGMENTS

(2. ARTICLE.)

Pi.. VU.

I

nÉPONSE AUX OBSERVATIONS DE M. DE LONGPÉRIER (') SUR QUEL- QUES POINTS DU 1" ARTICLE DE NOS FRAGMENTS DE NUMISMA- TIQUE SÉNONAISE (').

Nous ne nous attendions pas à l'honneur d'être critiqué par l'un des princes de la numismatique, ce qui donne à nos yeux du prix au premier essai de notre inexpérience. INous ne sommes pas de la catégorie de ceux qui persistent aveuglément dans leurs erreurs, et nous ne défendrons jamais les nôtres, lorsqu'elles nous seront démontrées.

Nous devons remercier d'abord 31. de Longpérier de fournir en faveur de l'attribution à Sens du denier de Pépin SENOIS un argument qui nous avait échappé , savoir que le E est tracé dans un sens qui ne permet pas une autre lecture que celle que nous avons donnée nous-méme.

Quant à la pièce mérovingienne de la cathédrale de Sens,

(1) Revue numismaliqne de Blois, \8M, p. 364 el suiv. (') Ibùf., p. ISfiet suiv., pi. X.

174

si la Revue de Biais nous a fait dire EgLISI, c'est une erreur typographique; car notre manuscrit portait KcLISI, et nous voulions donner cette dernière leçon d'après un monument parfaitement conserve de la collection de M. le comte de VesvroUe; nous avons obtenu depuis de fa gracionséte de ce numismate un dessin que nous reproduisons (pi. VII. iiM).

L'honorable critique, passant ensuite à la question de savoir si les deniers SENNES sont frappés à Sennheim ou à Sens, perd complètement de vue que Sennheim est une localité sans importance (il n'en peut indiquer aucune autre dans les environs de Mayence), et que si ces deniers à mo- nogramme sont de la deuxième partie du règne de Charle- magne, ainsi que l'admettent aujourd'hui un certain nombre de savants, cet illustre prince n'a fait forger des espèces que dans de grandes villes ; ce qui n'est pas un argument en faveur de Sennheim. Nous sommes bien aîsè en passant d'appuyer notre système de l'opinion de Cappe qui déjà avant nous avait enlevé à Sennheim les deniers SENNES de la notice Rousseau, dans un supplénïent à son ouvrage intitulé : Die Miinzen der deiitschen Kaîsef itnd Koenige des Mittelalters (Dresden, 1848).

M. de Longpérier soutient opiniâtrement que les deniers SENNES proviennent d'un atelier situé dans les environs de Mayence, à Sennheim ou adleurs; nous dirons de nou- veau qu'à rèpoqùé earlovingienné , surtout éoiis Charle- magne t!t sous lés deux irois qui suivirent, le fetyleii'ëst pas un guide infaillible, attendii l'ùnifoi-ii^î^é qiôi existait alors dans la direction et l'administration des affaires de l'État. Les deniers SENNES offrent d'ailleurs avec les do-

Mb

niers contemporains de beaucoup d'autres ateliers, tout aussi bien qu'avec ceux de Mayence, une similitude de faire qui n'écliappe à personne.

Quant au type, nous en faisons juges nos confrères, on n'en peut tirer aucune conséquence absolue qui soit com- plètement à l'abri de l'erreur. Des pièces SENNES (•) ont été trouvées en compagnie d'autres de Mayence, Arles, Bour- ges, Duerstede, Lyon, Marseille, Pavie, Trévise, Agen, Beziers, Girone, Ampurias, Milan, Melle, Narbonne, Quen- tovie, Toulouse, Tours. Orléans, Paris, etc. Que faut-il en conclure, si ce n'est que ces monnaies circulaient dans tout l'Empire? En conséquence il est parfaitement admissible que le type de la croix sur degrés ait plu à un graveur et que celui-ci l'ait reproduit; ce caprice d'imitation semble la chose la plus simple du monde, et les exemples ne manquent pas.

M. Lecointre-Dupont a donné dans la Revue de Blois (année 184-0, pi. III, n" 1) un denier METALLVM leC de CARLVS est vraiment presque imperceptible; c'était le seul exemple de cette singularité épigraphique, lorsque dans ces derniers temps on a trouvé un denier à monogramme de Trévise sur lequel le G de CARLVS est aussi petit ('). Est-ce qu'il pourra venir à la pensée de qui que ce soit de voir dans cette coïncidence autre chose que le signe d'une émission h peu près contemporaine et de dire que ces deux pièces sont d'alcliers voisins , puisqu'elles proviennent in- contestablement l'une de Melle, l'autre deTréviSé?

M. de Coster a publié dans la Remie belge (*) Un deriiter

(1) Revue belge, 20 série, t. IF, p. 578, n" 26.

(2) Ibid., no 27.

(ï) Ibid., p. 378, no 32, pi. Xlll, fig. 8.

176

à monograuinie de Tun; la croix y est cantonnée de quatre croissants absolument comme sur un denier analogue de Bourges ('). La présence de ces quatre croissants est un fait non moins insolite et tout aussi remarquable que la croix posée sur des degrés ; cependant jamais on n'ira chercber Tun dans les environs de Bourges et récipro- quement.

Disons en passant que les fouilles de Duerstede ont fourni un denier SEN >ï< NES sur lequel les deux syllabes de ce mot sont séparées par une croisette (») ; ce denier fait partie du cabinet de l'université de Leyde; ne peut-on pas dire que la croisette séparative remplace le 0? Ce qu'il y a de remarquable, c'est que ce denier et d'autres SE^'NES n'est pas coupé par une croisette ne représentent pas. la croix sur des degrés, mais la croix simple; pour ces mo- numents, l'échafaudage de la croix haussée de Mayence croule complètement.

Quoi qu'il en soit, la prononciation du nom de Sens fait très-bien comprendre qu'un graveur d'alors ait cherché h le reproduire dans l'une de ses formes vulgaires ; et d'ail- leurs sur le même denier ne voit^on pas le nom de Charles écrit CARLVS, au lieu de CAllOLV^S? Est-ce que la raison qui a fait supprimer le 0 dans ce dernier mot n'est pas la même qui a pu le faire supprimer dans SEXONES? Au surplus, la suppression du 0 n'était pas une chose inac- coutumée à l'époque carlovingiennc, et pour n'en citer que deux exemple»,^,vious dirons que l'on connaît des deniers

(I) Revue belge, 2* série, (. If, p. 37?», no :». (') Ibid., p. 378, no 26.

477 -

de Carloman d'Auxcrrc se trouve AVTISSIDER pour AVTISSIODKRO ('), et que M. Cartier a donné dans la Revue de Blois un denier de Charlemagne frappé à TourSj sur lequel on lit TVRNIS pour TVRONIS (').

M. de Longpérier nous fait une mauvaise querelle en prétendant que les annalistes que nous avons cités ne prou- vent pas l'existence de la double appellation de SENONES et SENNES pour Sens à l'époque de nos deniers, et que notamment la chronique de Sainte-Colombe avait été écrite aux xi", xh" etxui" siècles. L'éminent numismate du Musée du Louvre nous permettra d'avoir foi, avec beaucoup d'au- tres, dans l'opinion de M. Pertz; ce savant déclare qu'on peut fixer la composition du commencement de cette chro- nique aux premières années du ix" siècle; et cela résulterait encore, selon nous, de l'étendue des éphémérides, à partir de l'année 806 (^) ; partant les conséquences que nous en avons tirées ne sont pas dénuées de fondement et méritaient moins de dédain (4). De plus, nous relèverons une insinua- tion qui tend à nous présenter comme ayant omis, pour le besoin de notre cause, certains passages de cette chronique le nom de Sens est écrit sans abréviation. Nous n'avons pas voulu, il est vrai, allonger la discussion par des citations

(I) CoNBROUSE, Catalogue raisonné des monnaies nationales de France, Liste alplahétique des monnaies carlovingiennes, 99.

{») Année 1833, pi. XXI, no 17.

{') Nous avons trouve l'emploi du mot SENNIS clans un document écrit de l'année 743, rapporté par Dom Bouquet, t. IV, p. 9i E et 9S ^, sous le titre de : Ex Zachariœ papœ epistola ad Bonifacium : « tertium quoque Artberthum in civitafe quae dicitur SENNIS." Apud Sirmundum, Conc. Galliœ, 1. 1, p. U7.

(*) Bihliolhèqve historique de l'Yonne. Auxerre, 18S0, t. I", p. 199. sÉBiB. Tome v. 12

478

plus nombreuses que celles que nous avons faites, mais nous nous étions appliqué à reconnaître (') que les appella- tions SENOiNES et SENNES et leurs composés à différents cas se trouvaient contemporainement employés , d'où nous avions conclu que le nom de la ville de Sens s'écrivait de deux manières et que SENNES était l'abréviation de SENONES ; rien de moins contestable d'ailleurs, puisqu'il suffit de se reporter à la Revue de Blois, loco citato, et à la chronique même de Sainte-Colombe. Il demeure, ce nous semble, parfaitement admissible qu'à la même époque, en vertu, si l'on veut, de l'enfantement des noms modernes, le nom de notre ville se soit inscrit avec ou sans abréviation et si dans des documents écrits on a employé sous la même année ou dans le même quart de siècle une forme de nom abréviative à côté de celle qui ne l'était pas, il n'y a rien que de naturel à penser que la même forme abrégée a pu être employée sur la monnaie ; le denier de Pépin SENOIS est, de l'aveu même de notre contradicteur, un exemple que nous avons sous la main et qui nous autorise à dire que la monnaie ne repoussait pas les formules abrévialives.

SENNES donc n'est point le résultat du manque de place ; ce n'est point une dénomination barbare; ce n'est point la conséquence de l'omission involontaire du 0, ni d'une distraction du graveur; SENNES, M. de Longpérier le reconnaît (»), est la forme abrégée de SENONES, et nous ajoutons qu'elle a été intentionnellement employée pour exprimer que la monnaie qui la porte est sortie de l'atelier de Sens.

(') Revue numismatique de Bfois. Année 1854, p. I9i (3« alinéa). (') tbid.f p. 307, in fine.

173

Lorsque nous faisions remarquer (•) l'absence du mot qualificatif de lieu sur les monnaies SENNES, comme nous les restituons h Sens, c'est naturellement le mot Civitm qui a se présenter sous notre plume j nous n'avions nul- lement à dire que Sennheim n'était pas une cité, et que Mayence était non-seulement une ci(é, mais la métropole de la première Germanie, ce que personne ne conteste.

M. de Longpérier parait s'être donné la mission de recti- fier les erreurs et les inexactitudes qu'il croit découvrir j c'est un noble exemple et nous ne saurions mieux faire que de le suivre : aussi nous permettrons-nous de signaler d'une part que la critique dont nous avons été l'objet est datée du mois d'août 1853, tandis que notre mémoire n'a paru qu'en octobre 1854; c'est une erreur typographique, certes ce n'est point un gros péché; mais cela prouve au moins que même les esprits les meilleurs et les plus distingués ne sont pas exempts d'imperfections, voire de celles qui provien- nent de l'imprimeur. Une autre erreur, c'est la lecture, telle que M. de Longpérier la donne, du revers d'une obole frappée au nom du comte Rainard. Nous avons en ce moment cette pièce sous les yeux et le 0 du nom de Sens n'est nullement réduit à l'état de point, car tout le monde peut lire distinctement ce qui suit : TEOHIiS CILVI; le O apparaît tout entier; ensuite on voit non pas un point, mais deux points placés comme nous venons de l'indiquer et semblant servir de jonction aux jambages de deux N con- sécutifs. — Enfin, nous l'espérons, M. de Longpérier con- sentira bien à dire laquelle de ses deux leçons est la bonne,

(') Revue ntmiismatique de Blois. Année i8S^, p. 194-, alinéa.

180

savoir : celle qu'il donne sous le n" 122 de la notice Rous- seau : RACIO ECLISI SENO ACTELmVS MON ;

ou celle qu'il indique (') dans ses « Observations » sur nos fragments de numismatique sénonaise : AETELINVS MON RACIO EELI SENO ; le tout pour le même monu- ment qu'il a eu entre les mains et qui appartient au Musée de Copenhague.

Nous avions écrit ce qui précède lorsque nous avons reçu im exemplaire des nouvelles considérations publiées par M. de Coster dans la Revue belge de 1835,(sur des monnaies attribuées à Charlemagne, ce qui nous fait ajouter quelques lignes. Le savant numismate donne, au n" 6 de sa plan- che, un denier de Charlemagne à effigie portant au revers ^ METALL. GERMAN avec les instruments du mon- nayage dans le champ. Ce précieux monument fait partie de la collection de la Société archéologique d'Utrecht et a être frappé dans quelque ville des bords du Rhin. S'il ne contenait pas l'indication de son origine germanique, Melle serait venu sans aucun doute s'en emparer. Le denier analogue de Louis le Débonnaire , avec METALLVM et les instruments du monnayage, a suivre de près celui qui a été frappé par son père. Si donc le METALLVM de Louis 1" appartient à Melle, comme M. de Longpérier l'indique lui-même sous les n"' 250 et 251 de la notice de la collection Rousseau, il faut avouer que le modèle a fait un voyage encore plus long, des bords du Rhin à Melle, que celui qu'aurait fait le type de la croix sur degrés de Mayence à Sens ou de Sens à Mayence.

(') Revtie de Blois. \^U, p. ZU.

481 II

TRIENS INÉDIT DU MONÉTAIRE SIGOFREDUS.

Nous avons commencé nos fragments de numismatique sénonaise dans la Revue de Blois de 1854 et nous les pour- suivrons avec patience, parce que nous sommes convaincu de l'utilité des monographies locales pour la description générale de toutes les monnaies françaises, œuvre d'en- semble d'une nécessité absolue, qui sera l'une des colonnes de l'histoire.

En vue de cet immense travail , une observation préli- minaire et importante doit être faite, c'est que les numis- mates et les collectionneurs veuillent bien se renvoyer de pays à pays au moyen d'échanges, sinon les monuments eux-mêmes, au moins leurs empreintes et leurs dessins_, de manière qu'il s'opère un premier rangement dont l'éco- nomie hâtera et facilitera la confection de l'œuvre.

Aujourd'hui nous avons à faire connaître plusieurs mon- naies nouvellement retrouvées de l'atelier de Sens.

La première est un triens magnifique dont le dessin nous a été envoyé par l'honorable M. Fillon; cette monnaie d'un bon style et d'une conservation parfaite a été déterrée, il y a quelques mois, à la Baugisière, en compagnie de deux autres triens sans intérêt. Le prix exorbitant que demandait l'ambulant possesseur de cette pièce a empêché notre savant collègue d'en faire l'acquisition ; du moins put-il obtenir une empreinte de ce curieux monument sénonais qu'il faut classer vers la moitié du vu*' siècle et dont voici la des- cription :

182

SENOiNES C ^i liusle diadème à gauche.

Rev. *i< SIGOFRIDVS M. Dans le champ une croix à

pied dont les \" et 3" cantons sont ornés chacun de

2 besants irrégulièrement placés.

Or. Poids : gr. 1 .19S (23 | grains). Diamètre: 1 S millimètres. PI. VII, no 2.

Sigofredus est un nom de plus à joindre à la nomencla- ture des monétaires sénonais connus, Antelinus, Muarver- sus ou Guarrersus, et Marcoaldiis. Il y a tout lieu de penser qu'avec le soin apporté aujourd'hui à recueillir et conserver ces précieux morceaux de métal, la liste locale dont nous suivons les progrès ne tardera pas à s'augmenter encore.

III

DENIER CAROLIN DE SENS, AVEC FIR,

iNous donnons sous ce paragraphe une variété que nous croyons inédite, au moins comme dessin, du denier carolin de Sens au temple.

>ï< CAIILVS RE ^ FIR, grènetis au pourtour. Dans le champ et dans un cercle une croix carlovingienne cantonnée de 4 besants, un dans chaque canton.

Hev. >ï< SEN^NESCIVITAS, grènetis au pourtour; dans le champ un temple large, sur 2 degrés le 0 de SENONES est complètement empâté , et la croisette de la légende surmonte le temple.

Ar. Poids : gr, l.bO. Diamètre: 21 millimètres forts. PI. VII, 3,

Le flan de ce denier est plus large que celui des cxem-

183

plaires ordinaires de la même catégorie; son style est un peu relâché.

Nous ne nous prononcerons pas définitivement sur l'at- tribution de ces pièces à la fin du règne de Charlemagne ou au règne de Charles le Chauve, laissant ce soin à de plus habiles j peut-être tirera-t-on d'utiles inductions de la comparaison de notre exemplaire avec les autres qui paraissent le précéder. Nous devons dire toutefois que le poids de la variété que nous publions est exactement le même que celui d'un denier analogue dont le flan est moins large et le style plus ferme. Enfin nous ajouterons que nous sommes ébranlé parles raisons que donne M. de Coster en faveur de l'attribution à Charlemagne des mon- naies carolines de Sens au temple analogues à celle que nous venons de décrire («). On peut admettre que Charle- magne dont certaines pièces, à Sens , présentent à la fois son effigie et le temple, ait fait frapper aussi des mon- naies au temple et sans effigie. De plus, si nous mettons cette dernière catégorie à côté du denier à monogramme et au GRATIAD - REX (reproduit par le 4 de la pi. VII, et attribué à Charles le Chauve), nous inclinons à trouver le 3 de la même planche et les deniers analogues plus près de Charlemagne, pour le faire, que de son petit-fils.

L'original du n" 4 de notre planche fait partie de la col- lection de la Société des sciences historiques de l'Yonne.

(') Le denier au temple de Sens, trouve à Duerstede et dont j'ai con- servé une empreinte, est un peu moins large que celui de M. Salmon; mais il offre avec celui-ci une telle analogie , pour la forme des lettres et pour le style en général, qu'ils semblent l'un et l'autre l'œuvre du même artiste. De C.

484

IV

QBOLE DE CHARLES LE CHAUVE.

Voici une obole de Charles le Chauve découverte près de Poitiers, à Bonnevaux, en compagnie d'autres monnaies dont M. Fillon a donné la nomenclature dans la Revue de l'Ouest ('). Le denier de cette obole est connu, il a été plu- sieurs fois publié et dessiné, mais l'obole n'avait pas encore paru.

L'exemplaire qui fait l'objet de ce paragraphe appartient à M. Bonsergent, bibliothécaire de la ville de Poitiers. Quelque mauvaise que soit sa fabrique, cette obole n'en présente pas moins un assez grand intérêt, non-seule- ment parce qu'à cause de son module, elle complète la série monétaire à laquelle elle se rapporte, mais surtout, parce que, comme point de comparaison, elle tendrait à faire remonter jusqu'à Charlemagnc le denier au temple du paragraphe précédent.

^ CTA D "^ 1 REIX entre deux grènetis, dans le champ monogramme de Charles par K.

Hev. SENONIS CVITAS entre 2 grènetis^ dans le champ une croix carlovingienne dont les extrémités pointées accusent une imitation bourguignonne.

Obole d'argent. Poids : gr. 0.92. —Diamètre : 16 niiliiaièties. PI. VII, IIQ S.

Les grènetis de cette obole, comme ceux du denier pré-

(0 Année 185i), p. 5^7.

I

185

cèdent sur notre planche, sont confectionnés d'une façon .singulière qui les fait ressembler à un fil garni de perles séparées et placées à des distances à peu près égales.

Comme sur toutes les pièces de Charles le Chauve frap- pées à Sens, nous trouvons REIX poux REX.

Le graveur, limité peut-être par le module , a mis CTA pour GllATIA; enfin c'est la première fois que nous voyons sur un monument de ce prince la formule SENONIS qui, à l'exception du denier du comte Rainard au temple et de l'obole qui fait l'objet du paragraphe suivant, est la seule employée à Sens à partir du roi Raoul.

11 est peut-être facile d'expliquer le style relâché de cette obole de Charles le Chauve en disant qu'elle fut la pièce d'épreuve de quelque apprenti monnayer et peut-être aussi cette monnaie négligée le fît-il repousser de la corporation à l'honneur de laquelle il aspirait.

OBOLE A MONOGRAMME DU ROI RAOUL.

>ï< GRATIA D - 1 REX entre deux grènetis ; dans le champ le monogramme de Radulfus.

Rev. >h SENOjNES Cl VIT A S entre deux grènetis apla- tis; dans le champ une croix carlovingienne.

Obole d'argent. Poids : gr. 0.58. Diamètre : 16 millimèlres. PI. VII, no 6.

Le monogramme de cette pièce est remarquable; on y retrouve toutes les lettres de Radulfus. C'est la seule mon- naie connue de Raoul qui représente un type semblable.

186

A Châteaudun, Paris, Saint- Denis, Orléans, Meaux , Beauvais, Waliar (ùastri ce prince emploie un mono- gramme simple composé sur le modèle du monogramme carolin ; à Langres un R dans le champ à Rinciud un monogramme simple avec REX à Soissons le mot REX seul. MM. Fougères et Conbrouse ont donné, sous le n" 187 de leur Description complète et raisonnée des juannaies de la race royale, le dessin d'un denier du roi Raoul frappé à Sens, qu'ils indiquent comme manquant en nature et quils ont copié sur Leblanc ('). Le type de ce denier diffère complètement de l'obole que nous décri- vons. Celle-ci est calquée sur les GRATIA D - I REX de Charles le Chauve, tandis que le denier rapporté par les auteurs que nous venons de citer offrirait d'un côté en légende RODVLFVSHiSCLIT avec REX dans le champ et au revers SENONIS CI VIT AS. Sur notre obole on lit SENONES. En supposant que ce denier ait existé, le mot REX inscrit dans dans le champ pour la première fois , à Sens, serait, d'après M. deLongpérier ('), et nous parta- geons cet avis, l'origine d'un type qui fut adopté dans notre ville par les rois Capétiens dont la monnaie a été recueillie jusqu'à présent, Henri I" et Philippe I". Ensuite sous Lous VI et Louis Vil et dès la fin du règne de Philippe I", le type du temple est exclusivement usité. Nous ne pensons pas qu'on retrouve des deniers de Sens pour Hugues Capet et Robert, parce que pendant leurs règnes et jusque vers l'an i035 le pouvoir fut presque exclusivement absorbé à

{•) P. U5.

(*) Notice, no 555 .

187

Sens par les comtes et Ici archevêques. Nous l'aflirmerons cependant plus catégoriquement pour Hugues Capel, que pour Robert, car l'an 101 S la ville de Sens fut livrée à ce dernier roi par Léotheric; il est vrai que la possession qu'il en eut fut très-courte, puisque peu de temps après un traité intervint aux termes duquel le roi laissa à Rainard II l'usufruit du comté. Pendant cette occupation il serait pos- sible que Robert ait forgé des espèces à son nom dans la ville soumise. Il faut ajouter qu'immédiatement après le traité, le comte Rainard II reprit sa complète omnipotence, qu'il la conserva intacte jusqu'en 1033, c'est-à-dire deux ans après la mort de Robert; d'où il suit que c'est seulement pendant que ce prince fut réellement et matériellement maître de Sens par l'événement de la guerre, qu'il put y faire battre monnaie; ce qui réduit singulièrement les chances de ce monnayage problématique.

Enfin nous avons comparé notre obole de Raoul au denier du môme prince frappé à Chàteau-Landon et publié pour la première fois par nous dans la Revue de Blois (p. i\9 de l'année 1853). L'analogie est frappante; au droit la conformation et la disposition des lettres du GRATIA D»-" I REX, de la croisette et des grènetis semblent émaner du même graveur; le style du monogramme est à peu près le mQme, seulement, sur le denier de Chàteau-Landon, il est accompagné de deux 0 cruciformes qui rappellent le monogramme du roi Eudes. La monnaie de ce dernier prince pour Chàteau-Landon n'a pas encore été retrouvée, que nous sachions; mais, d'après nous, elle ne peut man- quer de l'être un jour ou l'autre. Chàteau-Landon était un castrum dépendant de la province ecclésiastique de Sens

188

et les similitudes du faire que nous venons de signaler con- firment le principe qu'à certaines époques, sinon d'une manière absolue, la métropole imposait son empreinte aux ateliers compris dans sa circonscription.

VI

OBOLE DU COMTE RAINARD.

Le précieux denier du comte de Sens, Rainard, prove- nant du trésor de Saint-Paul hors les Murs, à Rome, et qui, après avoir fait partie de la collection de M. Poey-d'Avant, a pris place dans les cartons de la Bibliothèque impériale de France, paraît, eu égard seulement à son module, être resté une monnaie unique. Elle a été décrite et dessinée pour la première fois par M. de San Quintino ('), d'après lequel M. Cartier l'a reproduite dans la Revue numisma- tique de Blois, année 1846, p. 326, pi. XVII, 6. M. Cartier, comme M. de San Quintino, la donne au comte Rainard II (»), sans indiquer les motifs sur lesquels il se fonde ; il se contente de dire que c'est à ce Rainard II, homme des plus méchants (1012-105S), qu'il faut l'attri- buer. Cette classification nous paraît avoir été déterminée par le style du denier, dont plusieurs lettres sont déjà semi-

{'} Monde del decimo e délie' undecinio secoto scoperle nei dinlorni di Roma, nel 1843, descritle e diehiarate da Giulio di S. Quintino (Torino, i8i6).

{^) Rainard II est bien le fils de Fromond H, mais c'est par erreur que M. S, Quintino le dit être neveu de Rainard le', car Fromond II était fils de ce dernier.

~ 189

goUiiques, car autrement si Ion eût pris seulement pour base l'importance et la puissance de l'un ou de l'autre des deux comtes Rainard, il eût fallu s'arrêter au premier, dont la domination fut absolue dans le comté , de 951 à 996 ou 999 et dont la prépondérance fut complète sur l'arche- vêque et le clergé. Ces dernières raisons ont prévalu dans l'esprit de M. Poey-d' Avant qui, devenu possesseur de ce beau denier, l'a classé à Rainard I", dans la description de sa collection, sous le 1483, et en a donné (pi. XX, 10) un dessin plus exact que M. S. Quintino, sans cependant qu'il le soit complètement; c'est ce qui nous détermine nous-mème à le faire graver sur notre planche (n° 7), à côté de l'obole que nous allons décrire et pour servir de point de comparaison :

>î< RANARDV30. Dans le champ, la façade d'un temple sur deux degrés, orné de deux colonnes séparées par une croisette. La croisetle de la légende surmonte le temple.

Rev. >ï< ZEOHHS CILVI entre deux grènetisj dans le champ , croix carlovingienne cantonnée de quatre points.

Obole de conservation passable et d'argent fin. Poids : gr. 0.60. Diamètre: 16 millimètres. PI. VIÏ, 8.

Sur cette obole, le nom du comte est du côté du temple, tandis que sur le denier il est du côté de la croix. Le roi Philippe I", qui a adopté à Sens ce type, a suivi l'exemple de notre obole et inscrit son nom à l'entour du temple, témoin les deux deniers de ce prince publiés par nous dans la Revue numismatique de Blois (année 18S4, pi. X, n"' 10

190

et H), et témoin encore le denier que nous donnons au- jourd'hui sous le n" 9 de notre planche. Cette dernière pièce, qui vient d'être déterrée à Sens, fait partie delà collection de M. Poncelet, antiquaire en cette ville. Nous ferons re- marquer en passant qu'elle présente au revers Vu et 1'©, qui se retrouvent sur les pièces de Sens et Provins dégé- nérées.

A la différence du denier de Rainard, notre obole ne contient aucune lettre gothique, et si le nom de Sens y était plus purement inscrit, nous inclinerions peut-être à penser qu'elle est antérieure ; mais cette circonstance , jointe à ce que sur le denier le nom de Sens est bien net, nous dé- cide, ainsi que le style général, à placer l'une et l'autre pièces entre les années 1012 et lOSS, c'est-à-dire que nous les attribuons à Rainard II. Nous y sommes conduit encore par la comparaison que nous en avons faite avec les deniers de Sens de Philippe I"; nous croyons, quant à présent, qu'il faut rapprocher de ce prince (1060) nos deux mon- naies comtales.

Les variétés et la confusion qui existent dans les produits monétaires de Sens, au xi° siècle, font admettre qu'il exis- tait dans cette ville deux ateliers rivaux , celui de l'archevê- que, qui n'était peut-être que la continuation du monnayage mérovingien de l'Eglise de Sens, ainsi que nous l'avons déjà dit en nous fondant sur ce qu'aucune concession de l'épo- que carlovingienne n'a encore été retrouvée et l'ate- lier doi comte. La fabrication de ce dernier fut évidemment le résultat de l'usurpation, et cette usurpation, dont tout le tort était directement ressenti par l'archevêque, l'allié natu- rel et dévoué du roi, fut sans doute entre eux l'une des

191

causes les plus positives de leurs permanentes dissensions. Si nous en croyons M. Fillon, le temple ou plutôt le por- tail déglise était le signe distinclif de l'atelier ecclésiasti- que; et si à Sens le comte fit graver ce type sur ses mon- naies, c'est parce qu'il aurait envahi l'atelier de l'archevêque dont il était l'ennemi le plus acharné, afin de donner un témoignage visible de la fusion entre ses mains des deux officines. D'après ces données, nous devrions nous attendre à trouver, un jour ou l'autre, des monnaies épiscopales de Sens au temple; nous ne savons pas sous quel nom, mais si nous rencontrions des espèces sénonaises à ce type, qui fus- sent des premières années du onzième siècle ou de la fin du dixième, sans porter le nom du comte, il faudrait peut- être les attribuer aux archevêques. D'après ce système, nous devrions aussi nous attendre à trouver des monnaies com- tales à un autre type que celui du temple, émanées de l'ate- lier parallèle du comte, fonctionnant avant l'absorption de l'atelier de l'archevêque, en un mot avant la fusion des officines rivales entre les mains du plus fort, puisque la présence de ce temple sur la monnaie du comte n'y serait que le signe et la preuve démonstrative de cette absorption et de cette fusion. Nous sommes cependant disposé à croire que les espèces au temple connues du comte Uainard sont ses débuts dans la fabrication monétaire. iNous ne nions pas pour cela la possibilité de ce fait qu'il aurait copié le type spécial de l'archevêque, mais sans le donner toutefois comme bien probable, et en ajoutant que ce type a pu être imité par le comte sur des monnaies de Sens d'aspect royal qui étaient à cette époque et qui furent longtemps après encore dans la circulation, notamment sur les deniers de la

192

même catégorie que celui dont nous avons donné le dessin sous le 3 de notre planche. Disons enfin que les quatre points qui cantonnent la croix carlovingienne de ces mon- naies comtales se retrouvent sur les deniers carolins de Sens au temple , ce qui tendrait à faire admettre que l'imi- tation put être tirée de ces dernières pièces. Cela n'est pas décisif, car l'archevêque lui-même, dans sa fabrication sup- posée, a pu prendre le modèle de son temple et des quatre points sur ces monnaies carohnes et ce fut peut-être après cette imitation que le comte la reproduisit comme prise de possession d'un atelier qu'il avait conquis sur son adversaire.

vii

OBOLE COMTALE COPIÉE SUR l'oBOLE ARCHIÉPISCOPALE DE SENS , A LA MAIN.

Quoi qu'il en soit des conjectures que nous avons faites, la seule monnaie qu'on puisse donner sans chance d'erreur à l'archevêque de Sens, à Seviin ou à Léotheric, et sans tou- tefois indiquer lequel d'une manière définitive, puisque la pièce ne porte que le nom de la ville de Sens et qu'elle est anépigraphe de l'autre côté, c'est l'obole à la main étendue que nous avons fait connaître pour la première fois l'année dernière dans la Revue numismatique de Blois sous le n" 5 de la planche X. Que cette main soit la représentation d'importantes reliques, comme les doigts de saint Ebbon ou le bras de saint Léon , placées à grands frais par l'arche- vêque Sewin dans sa nouvelle basilique et conservées encore précieusement aujourd'hui dans le trésor de la

193

cathédrale île Sens; que celte main soil, contre notre opi- nion, la représentation de la main de Dieu prenant en gré le sacrifice que lui faisait de sa vie le premier martyr chré- tien , saint Etienne, sous l'invocation duquel se trouve l'église de Sens, Tobole dont nous irarlons ne peut avoir été émise que par rarchevèque: car lui seul pouvait avoir la pensée de placer sa monnaie sous les pieux auspices de la 7nam redoutable du saint qui avait sauvé la métropole du sac des barbares et des infidèles, ou de la relique papale de saint Léon, ou du saint martyr Etienne dont son église avait retenu le nom,

i]e qui nous affermit encore dans cette opinion c'est l'es- pèce de contrefaçon que nous allons décrire.

RVI^'VRIOIIF^ (RAINARCOMES) entre deux grènetis^ dans le champ une croix carlovingienne.

liev. Dans le champ croix semblable; entre deux grènetis quatre croiseltes évidées inscrites chacime vis-à-vis l'une des extrémités de la croix.

Obole d'argent. Poids: gr. 0.68. Diaiiictrc : l'i millimcties. PI. VII, no 11.

jNous avons fait précéder le dessin de cette obole de celui de l'obole à la main (pi. VU, n" 10), qui nous parait lui avoir servi de modèle ; le rapprochement de ces deux dessins en dira plus que nous. Notons encore que le poids de ces deux pièces est exactement le même; placées chacune dans un plateau de la balance, l'équilibre le pl,us complet se produit. Ce n'est pas évidemment le résultat du hasard, mais bien du calcul ; à l'imitation des types est venue se joindre légalité entière du poids. Mais dans quelles cir-

2* ^ÉBiE. Tome V. 13

194

constances ont eu lieu ces faits numismatiques ? Quelque difficile qu'en soit l'explication, nous la chercherons dans les faits historiques locaux. L'archevêque Léotheric, fatigué des persécutions du comte Rainard II, livra la ville au roi Robert, en l'an 1015. Ce dernier, qui avait bien d'autres luttes à soutenir, bien d'autres provinces et bien d'autres villes à conquérir, dut, en quittant Sens, y laisser seulement une garnison sous les ordres de son allié, l'archevêque. C'est probablement à cette époque que , seul maître de la ville, Léolheric , enhardi peut-être par la fabrication des deniers au GRACIA DEI REX dégénéré ('), eut la pensée de créer une monnaie qui fût propre à l'archevêque, et qu'il inventa le type de la main étendue. Le comte Rainard II, chassé de Sens, fut quelque temps sans doute à obtenir le secours du comte de Champagne et se retira à Montereau, dont la ville elle ehàtcau lui avaient été donnés en garde ('). L'émission d'une monnaie épiscopale ne fut pas sans exciter très-vivé- ment sa jalousie et sans éveiller en lui le désir de la contre- balancer par une émission analogue. Toutefois, dans la situation précaire il se trouvait, poussé peut-être aussi par des nécessités financières, se crut-il obligé de tempérer son imitation au point de rendre presque méconnaissable son nom sur ces espèces et de manière qu'elles fussent même acceptées par ceux qui n'obéissaient plus qu'au roi et à l'archevêque.

Certes le champ des hypothèses est vaste, et il est regret- table que la numismatique soit trop souvent obligée de s'y tenir, mais ce n'est qu'à l'aide de conjectures, appuyées sur

(!) Revue de Blois. 1884, pp. 219 et siiiv.

(") GoNBnoi'SE, Monnaies royales de France, série Capétienne, p. 18.

195

(les faits historiques, qu'on arrivera d'expli(îalions en expli- cations à en rencontrer de satisfaisantes.

VIII

OBOLE DE SENS A REVERS ANÉPIGRAPHE .

Le denier de cette catégorie a été plusieurs fois publié et dessiné. L'obole ne s'était pas encore retrouvée.

*ï< SENONESCITS; dans le champ et dans un grènetis une croix carlovingienne dont lesexli-émités sont pointées à la manière bourguignonne.

Rev. Sans légende; croix semblable entourée d'un grènelis dans le champ,.

OhoJc d'argent rogape.— PoiU^ : 0.7i. Diamètre : 15 millimètres. PI. VU, 12.

Les variétés de ce type sont nombreuses, comme celles des monnaies au type de Sens-Provins. Nous lecueillons avec soin les unes et les autres dans le but de déterminer, s'il est possible, le commencement, les vicissitudes et la fin de ces curieux monnayages qui nous paraissent s'être pro- longés, à Sens, sous les vicomtes dont l'origine commence après l'année 1055, époque de la mort du derniej' comte, Rainard II. Ces vicomtes furent sans nul doute les agents d'une fabrication monétaire dont les produits sont peut-être à la fois et les espèces à revers anépigraplie et celles au type de Sens-Provins. Nous avons retrouvé, dans divers documents écrits, les noms de plusieurs monétaires de ces vicomtes; d'autres fois nous avons rencoûtré des noms de

196

monnayers, sans qu'il fùl possible dedisliiiguer s'ils appar- tenaient au vicomte ou à l'archevêque.

IX

OBOLE DU SÉNAT.

Ce qu'on appelle la monnaie pi .vinoise du sénat est trop intimement liée à la numismatique sénonaise, par sa res- semblance avec la monnaie commune de Sens et Provins, pour que nous ne donnions pas la description et le dessin de l'obole suivante :

'i< (S)SNATVS P Q R entre deux grènetis ; dans le champ le type du prétendu peigne au-dessus duquel se voit un S ; cette dernière lettre paraît avoir eu pour l'accoster deux ornements devenus frustes (peut-èlre un croissant et une étoile).

Rev. ^ ROMA (CA)PyS M * entre deux grènetis; dans le champ une croix carlovingienne, cantonnée au premier d'une étoile à cinq pointes. CAPVS est mis pour CAPVT; M est l'initiale de MVîSDi.

Obole de billon. Poids ; 0-32. Diamètre : [i millitnèlrcs. ^— PI. VII, 13.

Différents numismates ont expliqué ces sortes de mon- naies, et l'on s'accorde aujourd'hui à penser qu'elles furent émises pour la première fois au temps de la république, organisée à Rome par Arnaud de Brescia (1147-H54).

M. Bourquelot qui , dans la Revue numismatique de lilois, année 1838; p. 5S, les avait attribuées à l'époque de

197

la république de Rienzi, s'est rattaché à l'autre opinion dans son Histoire de Provins, t. I", p. 447.

Le denier provinois du sénat avait été publié et dessiné dans différents livres; l'obole avait été décrite par M. Poey- d'Avanl, sous le n" 1819 de la description de sa collection; mais nous croyons que jusqu'à présent elle n'avait pas encore été gravée. Toutefois il y a lieu de remarquer quel- ques différences; la croix de l'obole de M. Poey-d'Avant est cantonnée au 1"" d'un besant, au 2* d'une étoile, au 3* de l'oméga et au 4" de l'alpha; sur notre obole un seul signe orne la croix, c'est une étoile dans le premier canton.

Ph. Salmon.

/

198

NOTICE

')o*i . Uit'fii'iUy

< DES MONNAIES NOIRES

DE FLANDRE, HALIIVES, NAHUR , LUXEMBOURG ET MtGEN.

Pl. VI!I.

I COMTÉ DE FLANDRE.

Après le travail si remarquable et si consciencieux de M. Jules Rouyer sur les monnaies noires de Flandre, il est à peu près superflu de traiter de nouveau cette matière.

LOUIS DE CRÊCY.— 1322-1346.

Les comptes des monnaies de Louis de Crécy, publiés dans la Revue de la numismatique belge (»), renseignent des mites qui furent frappées dans l'atelier de Gand du 1 3 sep- tembre î334 au 10 juin 1338. Ces mites sont, à ne pas en douter, celles empreintes d'un L qui occupe le champ de la monnaie. Différents ornements, probablement des signes ou des points secrets, entourent cette lettre : tantôt ces orne- ments se composent de deux feuilles de trèfle avec deux

(') série, t. JI, p. 45.

199

quatrcfeuilles, tantôt de deux feuilles do trèfle avec tiges, et de deux sans tiges; tantôt de globules; parfois les angles du L sont ornés de points, ou bien le pied de celte lettre est surmonté d'un petit trèfle. Ces signes et ces points indiquent très-probablement des émissions distinctes; peut-être même des règnes différents; car il n'est pas im- possible d'admettre que le successeur de Louis de Crécy, qui portait également le nom de Louis, ait frappé au com- mencement de son règne des mites au type de celles de son père.

Av. ^MOXlG.r^'Ki PLKRDRie:. Grand L entouré de

deux feuilles de trèfle et de deux quatrcfeuilles. Rev. liVD aOM - PliTÎ DRI (pi. VIII, fig. 2).

Variété : ^ MORQrrTÎ î G'RnD... (pi. VIII, fig. 3).

Jv. * MOREfTTÎ o G2ÎRDERSIS. Lion debout à

gauche. Rev. >ï^ liVDOVIG o aOMES FliTÎHD. Croix dans

un grènetis (pi. VIII, fig. 4).

Quoique placée avec les monnaies noires , nous croyons que cette pièce, après avoir été blanchie, aura circulé pour un demi-gros d'argent, et qu'elle est le produit d'un faus- saire ainsi que la suivante : ' ^^ ' ,

Jv. * MORGmTÎ : GOmimiS f 2ÎROV PIjTÎR.

Lion debout à gauche dans une épicycloïde à six

lobes. Rev. >i< liVDOVIGVS : aOMES PLTînDRIE.

Croix dans un grènetis et cantonnée de : (3-7^-P^-D

(pi. VIII, fig. 9).

200

La légende de l'avers , qui semble , au premier abord, très-singulière, est due à la maladresse ou à 1 ignorance du faussaire qui l'a fabriquée; elle doit porter, comme la pièce d'argent : moneta nova comitis flandrie.

LOUIS ÛE MALE. 1346-1384.

Gand, Bruges et Malines furent les seules villes dans les- quelles Louis de Maie frappa monnaie ('). Ce fut probable- ment dans l'un des deux premiers ateliers qu'il fit fabriquer la mite suivante :

Av. ^ liVDOViaVS o QOÇn\ Dans le champ : Pli. liev. >ï< mOHErUTÎ PL7ÏRD\ Croix dans un grènetL^ (pi. VIII, fig. 1).

Ce type ayant été imité par Philippe le Hardi et par Jean sans Peur, nous ne doutons pas de l'exactitude de notre attribution.

La pièce suivante est fausse :

Av. MGR' : G2ÎRDGRSIS. Lion debout à gauche;

bordure du gros tournois à douze feuilles de trèfle. Rev. >h GOMES FliTîRDRIE. Légende extérieure :

>ï< ROM-- DOMmi : B\rj} : BnUEDlQWVM.

Croix dans un grènetis (pi. VIII, fig. 8).

Il existe de cette monnaie des exemplaires d'argent, mais à un litre très-bas. Nous croyons donc que, à proprement parler, ce n'est pas une monnaie noire.

(') Voy. Revue de la numismaliquc hrhjc, série, t. Il, p. 190.

201

PHILIPPE LE HARDI. 1384-1405.

Ce prince iniila le type de son beau-père.

Av. * PÎ^S-D-B- GCOm-FIiTTRD. Dans le champ :

Pli. Rev. >h MONSrrTîrPIiîîRDRO:. Croix cantonnée d'un lion et d'un lis, et inscrite dans un grènetis (pl.VIH,

%. S).

Tout en conservant le type des mites de son beau-père, Philippe en adopta un autre : le premier des comtes de Flandre il y fit figurer ses armoiries jugées jusqu'alors comme trop précieuses pour les placer sur des monnaies de vil métal.

Les monnaies suivantes sont au type nouveau :

Av, ^ PI^IÏilPP-OVX-BVRG? ECU écartelé de Bour- gogne et de France.

Rev. ^ ffîO— KSnn— TÎ-PIi— 2ÎRD. Croix coupant la légende (pi. VIII, fig. 6).

Av. Semblable au précédent.

Rev. ^ mONEmîî PIi2ÎNDRES. Croix dans un grè- netis (pi. VIII, fig. 7).

L'exactitude de l'attribution de cette dernière monnaie ne peut laisser le moindre doute, lorsqu'on prend en con- sidération que son type a été imité par Jean sans Peur, et que l'écusson dont nous venons de donner la description, appartient incontestablement à Philippe le Hardi seul.

- 20l>

JEAN SANS PEUR. - 1404-1419.

Les types des monnaies noires de son père servirent aux siennes; le seul changement qu'il s'y permit, fut d'ajouter, à son écu, le lion de Flandre.

Av. IOl2S'D-B'GOm"I{Fl?)Ij7î'. Dans le champ :

Pli. •"!ir>";:

Rev. MORe:... LR2Î'. Croix fleuronnéc (pi. VIII, fig.l I).

Par son caractère si singulier, cette monnaie nous sem- ble étrangère au comté de Flandre. Faut-il y voir le produit d'un faussaire, ou un trompe-l'œil, dont la mauvaise con- servation des légendes ne nous permet pas de deviner 1<; sens? Nous l'ignorons.

Av. >i< IOÏ2S°D°B°aOn7°Plj7î. Le champ comme le

précédent. Reu. *i< mO REO— Pli— 7ÎRD. Croix coupant la

légende (pi. VIII, fig. 12).

Av. >i< lOï^S... B. aOîIÎ FliTînD'. Le champ comme

le précédent. Rcv. »î< mO-Re:ri^— 2ÎR0— V7ÏP. Croix coupant la

légende (pi. VIII, %. 13).

Av. ^. lO}ri"D''h" aOm'VhT^D. Écu écartelé de Bour- gogne et de France : sur le tout de Flandre. Rev, ^i" , mO— ne:fll~35; : FU—T^UD . croix passant , ,,j,,par la légende et cantonnée d'un lis et d'un lion ;(pl. VIII, fig. 14).

Jean fut le premier comle de Flandro do la maison (k

203

Bourgogne qui mil le lion de son connté sur l'écu tic Bour- gogne écarlelé de France.

PHILIPPE LE BON.— 1419-1467.

La distinction des monnaies noires de Philippe le Hardi, de celles frappées au commencement du règne de Philippe le Bon, serait assez difficile, si nous n'avions- trouvé un excellent guide dans leurs armoiries.

Philippe le Bon, en adoptant le type des mites à l'écu de son père, qui l'avait imité à son tour de Philippe le Hardi, admit aussi les armoiries telles que Jean sans Peur les avait fait figurer sur ses monnaies noires ; cet éeu se compose, comme nous l'avons dit plus haut, des armes de France et de Bourgogne, portant sur le tout de Flandre.

La monnaie suivante est à ce type :

Av. ^ Pï^S. D. B. GOm. FIjTÏND?. ECU écarteléde Bourgogne et de France, sur le tout de Flandre.

Rev. ^ mONSnnTÎ : PIi2TNDRIS. Croix dans un grènetis et cantonnée d'un lion et d'un lis (pi. VHI, fig. 10).

Av.^ Pï^S. BVRG £°aom°PIi7ÎRD. Écuécartelé

comme le précédent. Rcv. ^ 'i^ ÇnO^amT^ aOm. PLÎTISO?. Croix dans

un grènetis et cantonnée de : F L D?

(pl.VHI, fig. 15\

Quoique cette pièce soit rangée ici parmi les monnaies noires, nous la regardons comme ayant été blanchie, et par conséquent comme le produit d'un faussaire. Elle est abso-

204

liiment au même type et au même module que le quart de gros frappé par Philippe le Bon.

La monnaie, dont la description suit, appartient à la caté- gorie de celles qui furent frappées lorsque Philippe réunit, sur sa tête, la couronne ducale de Brabant à la couronne comtale de Flandre :

Av. >ï< PfjS. D. G. D. B. Z. GCOm. PliTÎD?. Le champ blasonné des armoiries du duc.

Rev.^m0^arj}7^. R2Ï. aom. PIiTÎDR. croix por- tant au centre un lis (pi. VIII, fig. 17).

mARIE DE BOURGOGNE. 1477-1482.

Av. ^ mj ROmme:$DOmmi. Dans le champ : m. Rev. ^ mTÏRITÎ^ GCOmirT ^ PL2Î. Croix (pi. VIII, fig. 19).

La monnaie fig. 20 est semblable à la précédente; mais la légende de l'avers est transportée au revers, et vice-versâ j les mots en sont séparés par des étoiles.

PHILIPPE LE BEAU.— 1494-1506.

Av. ^ PliB * DSI * GR2Ï * DVX * GO * Pli. Lion debout à gauche.

Rev. >hm^ DOmmO * GORPIDO. croix dite bour- -■i',t:U /i

gui^nonnc, portant an centre un lis (pi. VIII, fig. 16).

II

SEIGNEURIE DE MALINES.

jNous a\ons déjà parlé de celte seigneurie (»o»/. p. 78)

205

ainsi que d'une monnaie noire que Philippe le Bon y fit fabriquer; celle figurée au n" 18 de notre planche n'en dif- fère que par les légendes :

Av. >ï< Pï^s: d: B! z : aom: pltîrd.

m

COMTÉ DE NAMUR.

La descendance des comtes de Namur est trop connue pour qu'il soit nécessaire de la rappeler ici j mais ce qui l'est moins, ce sont les ateliers monétaires qui ont fonctionné dans le pays soumis à leur domination (').

Namur possédait déjà un atelier monétaire sous les mé- rovingiens et les carlovingiens ('). Cet endroit devait donc avoir, sous leur règne, une importance relative bien enten- due. Un marché, dont l'existence était intimement liée à un atelier monétaire, surtout pendant le règne des carlo- vingiens, devait déjà y exister à une époque assez éloignée. Rien d'étonnant donc si les comtes de Namur y firent frap- per monnaie également de bonne heure.

Le premier atelier monétaire qu'ils établirent à Namur le fut probablement dans le château, lieu ordinaire dans lequel les seigneurs fixèrent leurs officines pendant le haut moyen âge. Par une charte du mois de février 1282, Gui I"

(') Les monograpliies des monnaies des ducs de I^rabant par M. Vander Chijs, des comtes de Hainaut par M. Clialon , et des comtes de Flandre par M. Gaillard ont fait connaître les ateliers monétaires de ces pays. Il étail donc superflu d'en parler dans nos notices précédentes.

(^) Voy. Revne de la numismatique belge, l«"e série, t. IV, p. S'i-f.

200

remit à ses monnayeurs la maison de ville de Namur pour y fabriquer la monnaie ('). Peu données après, dit Galliot, Tafelier fut transféré dans la rue de la Croix, il resta fixé jusqu'au xvi' siècle ('). L'assertion de l'auteur, que nous venons de citer, nous semble très-erronée: ce fut seulement en 1422 que la monnaie fut placée dans cette rue. Par acte de celte année, Philippe le Bon acquit de Henri de Bol- lem, seigneur de Rollct et de Dave, et de Guillaume son fils, une maison située dans la rue de la Croix, au prix de 50S couronnes d'or. L'atelier monétaire y fut établi et servit à son usage jusqu'en 1528, année pendant laquelle il fut fermé définitivement. Philippe ÏI, par ses lettres du 3 mars 1563 (n. st.), céda cet édifice à la ville de Namur pour y ériger une école. « Cette maison, dit M. J. Borgnet, dans laquelle s'établit effectivement l'école communale, por- tait aussi le nom de Maison du Faucon. Vers 1610, le ma- gistrat donna l'école du Faucon aux jésuites. Ceux-ci iayanl successivement acquis toutes les maisons voisines, les démo- lirent et construisirent leur belle église et collège, mainte- nant l'Athénée royal. La partie de cet édifice se iroiî'sfé de nos jours la bibliothèque publique, occupe à peu près l'emplacement de l'ancien hôtel de la monnaie ('). »

L'atelier monétaire fut-il maintenu dans l'hôtel de ville depuis 1282 jusqu'au moment il fut transféré dans la rue de la Croix, en 1422? Nous l'ignorons complètement; de môme nous ne pouvons désigner, d'une manière pré-

{') Voij. cette charte, ibidem, 1. 1, p. 41, et un article de M. Borgncf dans le Messager des sciences historiques, année 1847, p. i9\. (*) (ÎAI.L10T, Histoire des comtes de Namur, t. I, p. 55'îi. (^) Messager des sciences historiques, année 1847, p. tf>>S.

207

cisc, rendroil furent labriquées à Namur les monnaies frappées par Philippe V et par Maximiiien-Enimanuel.

Comme Namur, Dinant possédait un atelier monétaire pendant les règnes des mérovingiens et des carlovingiens('). Les comtes de Namur y curent le leur ainsi que les évoques de Liège. L'existence simultanée de deux ateliers monétaires dans le même endroit, demande quelques explications.

Jusqu'ici, la ville de Dinant avait toujours été regardée comme une dépendance exclusive des possessions tempo- relles des évèques de Liège. Cependant des monuments mo- nétaires d'une authenticité incontcslablc, les deniers d'Al- bert III, comte de Namur (1057-H06), et de Henri, èvèque de Liège (1075-1091), frappés à Dinant, prouvent que l'un et l'autre y exercèrent et en même temps des droits de sou- veraineté. Enfin les documents historiques démontrent que la souveraineté de cette ville était partagée. Une charte de 1080 dit positivement, à propos de la construction du pont à Dinant ; Cumqiie placuisset dominis qui prœerant loco, sciiicet Henrico episcopo, comiti Alberto namiircensi... (»). Il est évident, par ce passage, que Henri, évêque de Liège, et Albert, comte de Namur, étaient l'un et l'autre seigneurs de Dinant,

Des droits semblables, exercés dans une même localité, devaient nécessairement entraîner de grandes diflicultès, qui n'étaient pas encore entièrement aplanies en 1297. Le jour de St-Gilles de cette année, Gui, comte de Namur, et

(') Voy. la Revue de la nvmismaliqHe bchje , lf« série, t. IV, p. 357; série, 1. 1, p. 253, el t. Il, p. 139. (2) Min;EiJS, t. !, p.267.

208

Hugues, évéqiie de Liège, choisirent des arbitres pour ter- miner leurs différends, à la réserve de ceux qui toucliaient les hommages de Beaufort et de Gosne, la ville de Dinant et les statuts de ses batteurs de cuivre et ceux de Bouvignes. Dans la suite, ces difficultés se terminèrent à l'avantage des évêques de Liège, qui seuls finirent par posséder entiè- rement la seigneurie de cet endroit.

Le château deVieuville, dont Gramaye prétend faire re- monter l'existence avant l'invasion des Normands ('), servit d'atelier monétaire à Jean I". Le village de ce nom existait incontestablement en H 61, lorsque Henri I", comte de Xamur, en donna la cure à l'abbaye de Floreffe. Philippe I" y fonda, en 12H, une chapelle castrale, dédiée à saint Jac- ques. Marguerite de Vianden en céda l'usufruit à Ferrand, comte de Flandre. Enfin, les Liégeois ruinèrent la forteresse en 1431 (').

Bouvignes , désigné sous le nom de lilla BociniacuiH dans la légende de saint Remacle, évèque de Tongres, qui vivait au vu" siècle, fut entouré de murs, en 1167, par Henri L Son enceinte fut agrandie en 1250 par Marguerite de Courtenai ('). Guillaume I y fit frapper monnaie.

Le nom de Neuville fut donné à la partie de la ville de Namur située vers la Meuse entre la troisième et la qua- trième enceinte, et comprenait une partie de la rue actuelle de Saint-Nicolas, la rue de la Basse-Neuville et la ruelle de

(I) GiiAMATE, Antiquitates nam., p. Ci.

(^j Galliot, t. III, p. 308. Voy. aussi le manuscrit de Croonciuhiel pu- hlié par le l)aion de Reiffenberg, Monumenis pour Kefvir à l'Iihloirc de Namur, p. 22.

(*) Gramaye, p. 6")j Choonendael, p. 52.

309

Ponly ('). Neuville, qui fut incorporé dans la ville de Naraur par la construction de la quatrième enceinte, élevée au milieu du xiv" siècle, avait ses libertés , ses privilèges et sa juridiction particulière. Le premier acte de franchise que cet endroit obtint est celui de Yolende de 1213. Cette pièce que nous avons publiée dans le Trésor national, fut, ratifiée par Gui (»). .-•;;„, j •; ',;,,,,„ .-i-.

Quant à sa juridiction, Neuville avait une cour composée d'un mayeur et de sept échevins. Elle s'étendait, tant au civil qu'au criminel, sur tous les bourgeois qui habitaient ce quartier, excepté sur les ecclésiastiques et les nobles (3). Cet état de choses a continué de subsister jusqu'à l'invasion des"' Français.

Dans la Basse-Neuville se trouvait une maison nommée la Vieille monnaie, que Jacques Dupont prit à rente, en 1428 (4). C'est sans doute cette maison qui servit d'atelier monétaire â Guillaume I et dans laquelle il fit frapper 6,es monnaies à la légende de Neuville. .iqiiiiiqi

Les personnes peu initiées aux institutions du moyen âge comprendront peut-être difficilement comment un atelier monétaire fut établi à Neuville et à quelques pas seulement de celui de Namur. L'explication en est bien facile, D'autrç(^ endroits possédaient également des atelijCrs qui se touchaient pour ainsi dire ; à Liège, par exemple, un atelier monétaire foncùoiiEiait à quelques pas seulement de celui l^'A^yoi^y.^ ^ Him; ^îî r.\'. ■■ ' nor :; -.:

(') Voy. Revue delà numismatique belge, 2* série, t. 111, p. 310. {') Voy. notre article sur les communes de Namuf dnns ce recueil, t. I, p. 208. ^ ;,j^j,j

(2) €alliot, t. 111, p. 92. N

(") Voy. Revue de la numismatique belge, 2' série, 1. 111, p. 510.

2* SÉRIE. Tome v. ii

240

Maestricht des ateliers étaient établis, dans la ville, au Vroenhof et à Saint-Pierre. Ce n'est pas tant le fait qui doit être pris en considération, mais le droit, dont le seigneur voulait faire usage en frappant monnaie dans une localité.

Nous refusons donc un atelier monétaire aux autres lo- calités de nom de Neuville, et nous nous croyons d'autant plus fondé à le faire, qu'aucun d'eux ne possédait un mar- ché, et que rien jusqu'ici ne prouve qu'ils aient eu un atelier de ce genre ; tandis que le fait est constant pour Neuville- lez-Namur.

Conrad, comte de Luxembourg, possédait, au xi* siècle, le château de Poilvache, situé sur un rocher près de la Meuse, à trois lieues de Namur. Il passa à Henri l'Aveugle, qui régnait à la fois sur le comté de Namur et sur celui de Luxembourg. De grandes contestations entre les comtes de Namur et ceux de Luxembourg au sujet de ce château ('). Enfin la paix de Dinant, conclue le 26 août 1 199 entre Philippe le Noble, comte de Namur, et Thibaut de Bar, comte de Luxembourg, mit fin aux contestations, en décla- rant que les comtes de Luxembourg tiendraient le château en fief des comtes de Namur. C'est ainsi que Henri, comte de Luxembourg, en fit le relief en 1280 (').

Jeaii, roi de Bohème et comte de Luxembourg, ayant besoin de fonds , vendit, en 1 342, à Marie d'Artois, com- tesse de Namur, le château de Poilvache pour la somme de 5,500 florins de Florence. Par acte du 10 avril de la

{') Galliot, t. III, p. 503. Voy. pour ces débats une charte de 1290 publiée par de Reiffenberc, iVonumenls, etc., p. 31.

(*) Db REiFFENBEac, Motiumenls pour servir à l'histoire de Namur, etc. p. 18. Gramate, p. 78.

2H

nième année, il promit, à la comtesse, de faire ratifier la vente par son fils aîné. En même temps, et par lettres datées d|U même jour , Marie permit au comte de racheter la forteresse cndéans les trois ans. Le rachat devait déjà être opéré en 1345, puisque, par acte du 13 juillet de celte an- née, Jean déclara qu'en exécution du réméré, il avait reçu de la comtesse toutes les lettres qu'il lui avait remises.

Le comte de Luxembourg n'en retint pas longtemps la possession. Le samedi, veille de l'Assomption 134-4, il fit acte de déshéritance, en faveur de Marie d'Artois, du châ- teau et de la prévôté de Poilvache qu'elle avait achetés. En conséquence de cet acte, il déclara, le 5 septembre suivant, que tous ses hommes eussent à reconnaitre la comtesse de Namur comme leur vraie dame.

Celle-ci autorisa encore le comte de Luxembourg, par acte du 20 avril 1347, à racheter ces possessions endéans deux ans; mais elles restèrent pour toujours unies au comté de Namur (').

Après avoir essuyé différentes vicissitudes, le château fut détruit par les Français, en 1554. Il en existe encore au- jourd'hui quelques ruines.

Dans le flanc de la montagne de Poilvache, à l'entrée du ravin, se trouve l'emplacement d'une ancienne tour, nom- mée par les habitants : Tour de la monnaie ('), et au bas de la montagne un endroit qui s'appelle encore aujourd'hui : Porte de la monnaie.

(') Ces détails sont tirés des analyses des actes mêmes faits par Gode- froid. On ignorait si l'acquisition du château de Poilvache avait été faite par Marie d'Artois ou par son fils Guillaume \.

(^) Annales de la Société archéologique de Namur, l. H, p. 80.

212

C'est pi'obablement dans cette tour que les possesseurs de Poilvache, appelé aussi Meraude, firent frapper monnaie. Henri, comte de Luxembourg, établit, par acte du 15 août 1298, quatre-vingts nouveaux ouvriers et vingt-deux mon- nayeurs « pour ovrer et monéer à noz monoies à Poilvache et en quelconques lieus par toute nostre terre. » Il leur accorda, pour eux et pour leurs descendants, différents pri- vilèges, qui furent ratifiés par Philippe le Bon, le 14 fé- vrier 1448, quoique l'atelier monétaire de Poilvache fût déjà fermé depuis longtemps. Les descendants des mon- nayeurs y existaient encore sous Philippe II , qui anéantit entièrement leurs privilèges (').

Malgré les preuves fournies par de cette charte, aucune monnaie au nom de Poilvache ne fut connue; mais il en existait qui, frappées par des comtes de Luxembourg et par des comtes de Namur, portaient le nom de Meraud, E^me- raud, ou Emeraud, ou Merad, etc. Grande fut la perplexité des numismates pour retrouver un atelier monétaire de ce nom, lorsqu'enfin M. Wùrlh-Paquet découvrit un acte de 1263, par lequel Engorant de Bioul déclare avoir repris « ligement de noble homme monseigneur Henri, comte de Luxembourg, en fiez et warde et en hommaige, tout ceu qu'il ai à Herux, et cet fiex li doie-il faire à tous jours en warde à Meraude, son chastiaul, que on nomme commu- nément Poilvache ("). »

L'éveil donné, la chronique de Philippe Mouskés fut con- sultée. Le poëte chroniqueur dit, en effet, que les ancêtres

(') Nous avons publié ces chartes dans la Revue de la nunnsmadqup belge, série, t. H, p. 4.38.

O Ibid., Iresciio, t. VF, p. 3fjr>.

213

de Waleran , duc de Limboiirg, ont fortifié et embelli le château, et le firent nommer Êmcraude, pierre précieuse; mais que la gente des environs le regardait de mauvais œil, parce qu'il servait de retraite à ceux qui enlevaient ses vaches. Elle l'appelait Poilvache, par dépit et par haine, et le nom de la pierre précieuse fut changé en meraude, à cause des maraudeurs qui s'y nichèrent.

Les monnaies que Marie d'Artois et son fils Guillaume I firent donc frapper à Poilvache, portaient la légende de Meraude.

Ce préambule terminé, nous passons à la description des monnaies noires de Namur, qui figurent sur la pi. VIII.

GUILLAUME I.— 1337-1391.

Av. >ï< mOïïe:rn2ï:R2îm:a;S: Châtel à trois tours. Rev. ^ GVIlJli.... JI2VS :a... m. Croix dans un grè- netis (pi. VIII, fig. 22).

; JLfi, type de cette monnaie est entièrement semblable à celui qu'employa, dans l'atelier monétaire de Poilvache ou de Meraude, Marie d'Artois, mère de Guillaume ('). Elle y frappa monnaie, pendant son veuvage, non comme de comtesse de Namur, mais en qualité de dame de Poilvache, seigneurie dont elle resta en possession jusqu'à sa mort. Il n'y a donc pas de doute que la monnaie à ce type n'appar- tienne'au règne de Guillaume I.

Jv. >ï< aOMES 1N2ÎMVR ; G f S. Dans le champ un grand G (').

(') Voy. Revue de la numismatique belge, l^e série, t. VI, p. i5Q.

{') La forme du G était mal empreinte sur l'exemplaire qui servit au

244

Rcv. MOn Eri^Tî R2ÎM VRG. Croix coupant la légende (pi. VIII, fig. 23).

En créant ce type pour son comté, Guillaume I s'est entiè- rement inspiré de celui dont Louis de Crécy, comtç de Flandre (1322-1346), avait empreint ses monnaies noireSj Celui-ci fit figurer, dans le champ de l'avers de ses mites, l'initiale de son nom, comme Guillaume, et au revers ync croix, coupant la légende.

Av. GVIIilieRM. aOM. RTÏMGC?. Petit lion barré, entouré des lettres : K M V (rcum).

Reo. MOR-e:nn2î.-R2ÏM— VRŒ'. Croix cantonnée de quatre feuilles de trèfle et traversant la légende (pi. VIII, fig. 24).

A commencer du règne Gui de Dampierre, les comtes de Namur, cadets de la maison de Flandre, avaient placé dans leur écu, un lion avec brisure. Devenu, en 1384, par la mort de Louis de Maie, chef de la maison de Flandre, Guillaume I supprima ce signe héraldique. La monnaie qui nous occupe doit donc avoir été frappée avant 1384.

Av. *h G0MG:S:JN2ÏMVRG. Dans le champ et en trois lignes : .G. aO(D .R. (Guillelmus aoœes Ramurcensis).

Rev. •$< MORSrBTÎ. ÎV2ÎMVR. Croix fleuronnée dans un grènetis (pi. VIII, fig. 25).

L'attribution que nous faisons de cette monnaie ne peut

dessin de notre planche. Nous en avons vu un autre d'une bonne conser- vation sur lequel la lettre 6 est parfaitement marquée.

215

pas laisser le moindre doute, si l'on compare à son type celui que Waleran de Fauquemont, ajre de Born (13S6-1378), adopta sur ses monnaies noires (•).

Jv. ^ WlIiliSIi » aOîIÎ R2Î. Dans le champ et en deux lignes séparées par une barre : R2îfn— VRG.

Rev. i^ MORSnnTÎ *nOV2î * HTSM. Croix paltée dans un grènelis (pi. VllI, fîg. 21).

Le type de celte monnaie est probablement le dernier qu'employa Guillaume I. Il est imité de celui qui figure sur les monnaies noires frappées depuis le 24 mars 1385 au 13 avril 1387, ensuite d'une convention conclue entre Phi- lippe le Hardi, comte de Flandre, et Jeanne, duchesse de Brabant.

GUILLAUME II.- 1391-1418.

Av. ^ QVimiah : aOM. RTÎMVRG. Écu chargé

d'un lion. Rev. ^ MORSrrTî : ROVTÎ : R2ÎMVRa. Écu chargé

d'une aigle biceps (pi. VIII, %. 28).

Variété : l'écusson de l'avers précédent se trouve au revers et vice-versâ (pi. VIII, fig. 34).

Autre variété : les mêmes écussons^ mais entourés chacun de la légende : >ï< MOI^SrTTÏ : ROV25 : R2Î- MVRa. (pi. VIII, fîg. 35),

L'absence de la brisure des armoiries et la ressemblance du type de ces monnaies avec celui de Jea» III, successeur

(') Voy. Revue de la numùmalique belge, série, t. I, pi. VIII, fig. 6.

216 (Je Guillaume II, nous engagent à les attribuer à ce dernier.

Av. >ï< C-IiSIimS : aom. RTîmVRCr. Dans

champ : ....fR {naÇQ ?). Rev.^i. . . . OnVS GCIVIS. Croix dans un grènelis

(pi. VIII, fig. 27).

Si nous attribuons cette pièce à Guillaume II, nous le faisons à cause de sa ressemblance avec le type dont les monnaies noii*es de Philippe le Hardi, comte de Flandre (1384-1 404), sont empreintes. Néanmoins, le mot civis, de la légende du revers, nous semble insolite sur des mon- naies de l'époque de Guillaume. Il faut peut-être y voir un trompe-l'œil que le mauvais état du commencement de la légende ne nous permet pas de deviner.

La monnaie suivar^te est au même type et fut frappée à Vieuville :

Iti. '..VÏÏJ....IJMVS : aO.... Dans le champ : UKÇn. Jlev. ^ m0...nn2ï:nOV2î:VIIiLE. Croix légèrement '"' pattée dans un grènetis (pi. VIII, fig. 29).

Av. ^ IIVVIIilSIiMVS : aORS. Dans le champ et

sous une barre IjTSUi. Rev. ^ M0Re:rr2î : nTÎMeiRGCISr. Croix neuronnéc f':-->î;î%l. VIII, fig. 26).

Nous regardons cette pièce comme une contrefaçon de la monnaie noire frappée phr Guillaume H . L'arrangement des lettres et la croix du revers semblent du ra,oins indi- quer une ori^ne suspecte. Les bonnes monnaies frappées à ce type par Guillaume II portent à lavers : GVIIjLiQIR- MVS GOMSS, etaii revers : MOReCrTTT R5YMVR-

217

€E6!I3. Ge type ayant été imité par Jean III, il est certain que la monnaie en question a été frappée sous le règne de Guillaume IL

JEAN III. 1418-1421.

Av. ^ lOÏ^TînReS : GOMeiS. Dans le ehamp et sous une barre : RTÎfR. -"r-J ;■

Rev. »ï< MORerTTÎ RTÎMeRGC. Croix fleuronnée (pi. VIII, fig. 37).

Jv. ^ I0ï^2TI>Re:S. aOm.... Dans le champ et sous une barre : R2ïn^.

Rev. *h mORSmTî. H... UT^m. Croix paltée, can- tonnée de deux roses et de deux lis (pi. VIII,iig. 30).

Av. ^ lOï^TîRRSSGOMeiSn.... ECU chargé d'un lion.

Rev. »î< MOlMrTTî : R02Î. R2ÎM... Croix pattée, can- tonnée d'un Us et d'un lion (pi. VIII, fig. 31).

Av. >ï< lOI^TîRRSS S aOMSS S nTÏMVRG. Écu

chargé d'un lion couronné. Rev. »ï< MORe:n32î s R0V2ï § RTÎMVRGCeiR. Croix

. jattée (pi. VIII, fig. ^%^^^^

Les types des monnaies dont nous venons de donner la description sont imités de ceux du prédécesseur de Je^n III. Celui-ci vendit son comté à Philippe le Bon.

COMTÉ ET DUCHÉ DE LUXEMBOURG.

Les ateliers monétaires, établis dans ce duché, le furent à Bastogne, Damvillers, Luxembourg, Marche, Mcraude ou

218

Poil vache, Remicli et Thionville. Nous manquons de dé- tails sur ces ateliers.

JEAN L'AVEUGLE.— 1309-1346.

Av. ^10... {h.ethen. co?) MES.REX B.P. Écu éearlelé

de Luxembourg et de Bar. Hev, >i* ODOHE HHTÎ : BOÇciorum?). Croix cantonnée

de quatre couronnelles et inscrite dans un grènetis

(pi. VIII, fig. 40).

Monnaie de convention frappée par Jean l'Aveugle et Henri IV, comte de Bar, en vertu d'un traité conclu à Ver- dun, le 9 mars 1342.

WENCESLAS I. - 1353-1383.

Jv. BC.IIiVeCSBVR : DVX. Dans le champ et entre quatre fleurs : W.... ÇQ ou D?) {Wenceslaus de Bohemia luxemburgii dux).

Rev. >î< MOI2Snn2î : liVGGMBR. Croix dans un grène- tis (pi. VIII, fig. 38).

Av. n^VRONVS liVGCEBG. Chàlel du denier tournois,

surmonté d'un lion. Hev. ^ WIGCEIi2îRDVS DVX. Croix dans un grènetis

(pi. VIII, fig. 33).

La forme de Wicelardus au lieu de Wenceslaus peut paraître singulière pour attribuer cette monnaie à Wences- las. Cependant la légende du revers ne peut laisser le moin- dre doute sur notre attribution.

Le 49 de notre planche est une bractéate aux armes

219

de Luxembourg, ruais dont nous n'osons pas fixer l'attri- bution.

y

COMTÉ DE MEGEN.

Cette seigneurie était située sur la rive gauche de la Meuse et près des limites entre les duchés de Brabant et de Gueidre. Elle se composait de la petite ville de Megen, et des villages de Macheren, Haren et Teffelen.

Nous donnons ici la généalogie des comtes de Megen.

Alabd. 1145-1170; épousa Sibille.

I GuiiiAiME 1 , 1 196- .... ; épousa N. . .

TuiEBBi, 1233-1241.

I

GuiLUiME U,1253-....

JiAn I. I28.5-I3..; épousa N..., sœa'r de Waleran de Bentlieiu.

L^

I I

Jea* 11. 1320-1346. GuiLLACMt, Géhasd, laisse

I moine à Egmont. f 1341. .\rnoul de Megun, bâtard.

GiiLLAiMt III, 1351 f 1359; Jeak de Megen. Aitucs enfants.

épousa IJedwige de Herlaer et de ^evenborne.

r>hiM)t) T

. JïA» III, 1359-1415; L'JlUi-J'lU Tbierrette de Megen;

épousa lo N. ; Siatliilde de Viancn dont! épousa Henri Uicbier, 1421-1430.

Edsabeth, 1418; f jeune.

Le comté de Megen passa, en 1430, à Jean Dicbier, frère de Henri.

Jeau IV DiCBiEB, 1430 ■}■ 1438; épousa Jeanne de Swave. Jbar V Dicbieb, 1438-1469; éponsa Berbrecht de Bronkhorst et de Batenbourg.

Jean V vendit, en 1 469, le comté à Gui de Brimeu, qui forma ainsi la troisième lignée des comtes de Megen.

220

Gui (le Brimeu et d''Hunibcrcourt, 1469 + 1477; épousa Antoinette de Ramburcs.

AuRiER de Brimeu, 1477 f 1524. Eustacbe de Brimeu, 1524 -j; vers I54<J;

épousa Barbe de Hille.

CiiiBLES de Brimeu, 1549 -{-9 janvier 1572. Grégoiiie de Brimeu, épousa Anne

, ., iie Walthauren, veuve de Lavalle de Hillc.

j ; (/ '4( ; 1

Marie de Brimeu , 1572

•j- vers la fin du xvi« siiîcle ; épousa :

Lancelot de Berlaimoot;

CKarles de Croy, prince de Chimay.

Marie de Brimeu étant morte sans enfants, le comté passa à la petite-fille d'Anne de Walthauren, qui descendait d'un premier mariage que celle-ci avait contracte avec Lavalle, seigneur de Hille. Cette petite-fille épousa Jean de Groes- beck, qui soutint, pour la possession de son fief, un procès contre Eustache de Croy, petit-fils de Lamberte de Brimeu, sœur du comte Eustache. Ce dernier vendit son droit à François Henri de Croy, qui fut reconnu, en 1610, comme le véritable possesseur du comté de Megen, par la cour féodale de Brabant.

Nous passons sous silence la suite de la généalogie des seigneurs de Megen, comme ne présentant plus aucun inté- rêt pour la numismatique de leur comté (•). Nous ajoute- rons seulement que les premiers comtes portaient d'or au chef de gueules, et que les Dicbier y ajoutèrent leurs armoiries, qui sont d'argent à trois fers de moulin de gueules.

La monnaie noire dont voici la description appartient, pat son type, à Jean III (1339-1415) :

(') Ces renseignements généalogiques sont puisés dans : Butkens, t. H, )i. 182; CoppENS, Nieuwe Bcschryving von het Bisdom vpn s'Herlogen- bosch ; "éWrEBs, Notice suir les thûnhàfet dcê coniies de SIegcn.

221

Av. >ï< lOï^ aOm Çn&G. Dans le champ : II^S.

Rev. >h mOR--e:ri^2î--...— .. GSO?. Croix traver- sant la légende et cantonnée d'une rosette. (PI. VIII,

fig. 36.)

Ch. Piot.

: "^ ; y 7A:}r h .•; u

222 DU MARQUIS DE sbRVILLE

DES MONNAIES OBSIDIONALES

FRAPPÉES A TOURNAI, EN 1709.

Pt. XI KT xn.

Dans un article publié récemment par la Revue belge de numismatique (•) M. le baron Ciiaudruc de Crazannes , reprenant en sous-œuvre le passage de Van Loon ('), touchant les monnaies obsidionales frappées à Tournai, pendant le remarquable siège de 1709, émet, à propos de la tète représentée sur la monnaie d'argent, une opinion que nous ne pouvons nullement partager.

Toutefois nous aurions attendu patiemment l'occasion prochaine de réfuter cette opinion , si la notice avait été complète et si notre qualité de membre de la Société histo- rique de Tournai ne nous imposait des devoirs particu- liers (3).

Nous avons encore été poussé à écrire ces quelques pages, pour défendre Van Loon contre les imputations de

(') 2e série, t. IV, pp. 89 à 71.

(') Histoire métallique des XVII provinces, t. V, pp. 159 et IfO. (') Ce travail a été adressé par l'auteur en juin I8S4à la Société histo- rique de Tournai.

223

M. le baron Chaudruc. En accolant son nom à celui d'autres auteurs ( •), ce dernier l'accuse à tort d'avoir apporté plus ou moins d'exactitude dans la gravure de ce petit et remar- quable monument numismatique (accusation que nous renvoyons au contraire de toutes nos forces à M. Chaudruc lui-même), et de ne pas avoir hésité à y voir le portrait de M. de Surville, travesti en empereur romain !

Enfin nous avons voulu ne pas tarder à protester contre rextrème rigueur (=") avec laquelle M. le baron Chaudruc, bien que Français, a cru devoir traiter un vaillant général, son compatriote, et apprécier un siège glorieux.

lihgoo/î

(') Revue belge de numismatique, vol. cité, p. 62.

(*) Afin que le lecteur puisse juger en connaissance de cause, nous reproduisons ici l'éti'arige et curieux passage qui a soulevé notre protes- tation : '

« Nous devons croire que cette réponse de l'Académie, souverain juge « dans la matière, et cette définition du caractère historique. et des « limites de l'autorité légale de la monnaie dite ohsidionale, puisqu'il « no fut pins question de la pièce frappée par les ordres de M. de Sur- « ville, satisfirent les ministres et les courtisans du grand roi, et au- fait, « il était plus facile, dans cette circonstance, d'absoudre BI. le gouver- « neur de Tournay du crime d'avoir attenté aux droits que son souverain « tenait de sa couronne, que de celui de lèse-convenance et d'un ridicule, « irrémissible aux yeux de cette même cour, des Français en général « comme des étrangers et de la postérité, pour s'être fait représenter en « empereur romain et couronné de lauriers, lui général subalterne, sur « une monnaie frappée pour et durant le siège d'une place qui devait « capitxder (la ville du moins) après Iretite-deux jours de résistance, » A PEINE ÉCOULÉS, sans parler de l'imprudence, portée jusqu'à la témérité, « et de tout le danger pour un courtisan, plus particulièrement encore, « de blesser les justes susceptibilités d'un monarque aussi allier, aussi « absolu, aussi jaloux de ses prérogatives que le vieux lion de Versailles « qui, du reste, aurait reçu dans cette circonstance, il faut bien le « reconnaître, le coup de pied du baudet de la fable!!.' »

^ 224

L'article, disons-nous, est loin d'être complet : en effet, quatre des monnaies frappées durant ce siège ont été publiées jusqu'à ce jour (') et M. de Crazannes n'en men> tienne que trois ; en outre, aucun renseignement nouveau, aucun document officiel , et ils sont cependant assez nom- breux, n'est Venu donner un intérêt particulier à ce travail.

Tous ces motifs nous ont porté à détacher de notre essai manuscrit d'une monographie numismatique de Tournai, le passage relatif aux monnaies obsidionales de \ 709, et à y joindre quelques pièces justificatives qui pourront inté- resser le lecteur.

Nous dirons peu de chose de la partie historique, que notre auteur dit avoir empruntée à M. Cartier, convaincu que nous sommes que cette note, extraite sans aucun doute de Van Loon, par le savant nestor des numismatistes fran- çais, n'était pour lui qu'un simple mémorandum, qui ne f«yamaîs destiné à l'impression.

D'autre part, nous nous abstiendrons d'autant plus de traiter ici la question militaire, que nous nous proposons de publier prochainement l'histoire de ce siège, auquel on

(') FjCS pièces publiées sont -.

io Un type de la monnaie d'argent, dont nons possédons quatre va- riétés très-distinctes ;

Les deux types de la grande monnaie de cuivre, gravés, l'un dans Van Loon, t. V, p. 159, l'autre dans Diihy, pi. 18, i\. M. Chaudruc ne produit que ce dernier;

3o Un type de la petite monnaie de cuïvrc (très-mal rendu par fous les auteurs, y compris M. le baron Chaudruc) et dont quatre espèces bien caractérisées sont dans notre collection. Sans compter toutes les variétés que l'on pourrait former par les divers liards qui ont servi de flans pour cette pièce.

- 22Î)

peut, sans exagération, appliquer réphhète de glorieux, tant pour Tarmée française que pour les généraux de Surville et Mesgrigny, les vaiUanls chefs des assiégés ^»). En conséquence, nous nons occuperons cxclusivcmenl de la partie numismatique, et nous commencerons par la réfutation de l'hypothèse émise par M. Chaudruc.

Nous maintenons donc que la tète représentée sur la monnaie d'argent est bien celle du marquis de Survillc et non de Philippe V, comme le propose notre auteur,

:.. Parce que : r>;iiu.MJ'>:

i* Le manuscrit n" CCIVât\à bibliothèque de Tournai, intitulé : Recueil de quelques particularités du siège de Tournai, de l'année 1709, et écrit pendant le siège même par un Tournaisien « habitant la maison voisine de celle de <i la place qui est au-dessus de la porte de messieurs de « St-Marc, » renferme ces lignes, page 32 : . « M. de '1 Surville fut le premier à donner sa vaisselle. M. de <' Beauveau-Rivau en donna aussi de la sienne à son « exemple. M. de Maigrigny , gouverneur de la citadelle « n'y manqua pas de son côté. M. Dolet (homme qui fut « très-regretté des bourgeois, qu'il tàchoit en tout de favo-

(•) Pour donner une idée de ce siège mémorable, il nous suffira de dire qu'avec 6,000 hommes seulement (dont 1,000 invalides) réduits à 4,000 pour la défense de la citadelle, le marquis de Surville occupa devant Tournai, depuis le 27 juin jusqu'au H septembre, une armée de 100,000. Ajoutons encore que cette place, telle qu'elle existait alors, exigeait pour une bonne défense, une garnison de 10,000 hommes, et qu'elle fut attaquée de trois côtés à la fois.

2" siJniE. Tome V. 13

226

« riser tant qu'il pouvoit) et autres en lirent de même ; et « de toutes ces argenteries on fit des pièces quarrées comme « j'ai déjà dit ('). Elles avoient d'un côté I'image de M. de » Surville, avec ces mots à l'entour : M. de Surville. »

Nicolas Chevalier, auteur contemporain, dans sa Rela- tion des campagnes des années 1708 et 1709, imprimée à Utrecht, en 1710, dit, page 76, que de Surville s'était accordé des honneurs souverains « en se faisant couronner « de lauriers, comme un triomphateur, dans son portrait « qui étoil gravé sur cette pièce. »

De même Van Loon et Poutrain, que l'on peut encore considérer comme des écrivains contemporains, n'expriment aucun doute à cet égard et désignent le buste représenté sur cette monnaie, comme étant celui du gouverneur ('). Toutes les pièces que nous avons eu occasion de pal- per et d'étudier, et elles sont au nombre de vingt, nous ont loutes montré :

une figure âgée,

aux sourcils épais et proéminents

au nez fort et busqué,

au menton double,

au cou puissant.

Or, ces signes sont propres à caractériser ta tète dun homme de cinquante ans environ, âge quavait alors le mar- quis de Surville, et ne peuvent, en aucune façon, appartenir au jeune roi Philippe V, qui venait d'atteindre sa vingt- cinquième année.

3" Ce buste est trop distinct de tous les portraits, de

(') P. 28 du manuscrit.

(') Cette unanimité nous paraît déjà un argument irréfutable.

227

foutes les effigies de Philippe V, pour que la dissemblance puisse, un seul instant, être attribuée à l'inhabileté du gra- veur ou des graveurs; car il faut suitoul faire remarquer que, dans toutes les variétés, la tète offre cependant tou- jours tous les caractères indiqués plus haut.

Enfin si cette tète n'est point celle du marquis de Surville, comment expliquer :

L'émotion de la cour de France ,

La colère de Louis XIV,

L'avis demandé par les ministres à l'Académie des Inscriptions,

La réponse si habile de celle-ci ('),

La disgrâce dans laquelle tomba l'ex-gouverneur de Tournai?

Nous pensons donc pouvoir conclure que l'hypothèse de M. le baron Chaudruc doit disparaître devant l'analyse que nous venons de présenter de la question.

Faut-il maintenant admettre l'opinion que M. Vander- bourg prête au petit-fils du célèbre gouverneur, lequel sem- blait disposé, dit cet académicien, à voir tout simplement dans ce produit monétaire, la reproduction dun ancien poinçon représentant une tète indéterminée, celle d'un chef,

d'un roi, d'un empereur, etc que le hasard aurait mis

à la disposition du général assiégé ou de son graveur im- provisé?

Pas davantage.

Car il résulte des documents ofiiciels, dont nous

(«) Tandis que, dans l'hypothèse de notre auteur, l'Académie, qui d'ail- leurs n'eût pas été consultée, aurait pu simplement répondre que le buste était celui du petit-fils du roi et non celui du marquis.

228

publions plus loin le texte, que le hasanl n'a été pour rien dans la production de cette monnaie ;

Car le grand nombre de variétés doit faire rejeter l'idée de la préexistence d'un poinçon multiple, dont on ne pourrait d'ailleurs assigner l'emploi;

Car il paraît, au contraire, rationnel de penser que chaque orfèvre, appelé à fabriquer cette monnaie d'argent, a recevoir du graveur un poinçon distinct , ou gravei- lui-même, d'après un dessin et assez exactement, la tète du marquis de Surville ;

Car il est probable enfin , que l'on trouvera autant de variétés qu'il y avait alors d'orfèvres dans Tournai, tous ayant été convoqués et rendus solidairement responsables, pour la restitution d'un poids d'argent en pièces monnayées égal à celui de la vaisselle confiée (').

Pourquoi d'ailleurs des hypothèses aussi laborieuses, quand il est si naturel d'attribuer à un mouvement d'orgueil irréfléchi, la faute commise par le lieutenant-général de Surville?

Dans l'origine, en effet, les monnaies obsidionales ne portaient pour empreintes que les armes de la ville ou du prince ; mais , comme le prouvent celles frappées à Lan- dau (') en 1702, à Lille (') en 1708, l'usage s'était intro- duit depuis peu en France, d'y apposer les armes du gou- verneur, et cela sans que la cour s'en fût émue.

Faut-il s'étonner maintenant que le gouverneur de Tour- nai , qui avait assisté l'année précédente au siège de Lille,

(1) Voy. les divers manuscrits sur ce siège et celui cité plus haut p. 33.

(2) Van Loon, vol. IV, p. 383.— Dudy, pi. 17 et 18, nw 8, 9.— 1, 2,3. O Idem, vol. V, p. HO. Idem, pi. 18, no» 7, 8 et 9.

229

îiit continué ce système d'envaliissement de prérogatives ? Faut-il s'étonner, qu'ayant adopté les armes de la ville pour la petite monnaie de cuivre, ses propres armes pour la grande, il ait ensuite songé à faire placer son effigie sur la monnaie d'argent?

Évidemment non, et il ne faut pas une bien grande expé- rience des hommes, pour reconnaître que c'est une pensée propre à notre orgueilleuse nature.

Quant à la couronne de lauriers qui ceint la tête, elle peut être l'œuvre d'un graveur courtisan ,• mais plutôt, selon nous, elle sert à marquer la noble confiance qui animait alors le brave de Surville, de sortir vainqueur de la lutte qui venait de s'engager. Cette même idée se reproduit d'ail- leurs sur les grandes pièces de cuivre, mais en se complé- tant, comme nous le prouverons, lorsque nous décrirons ces pièces.

Nous croyons devoir placer ici une petite notice biogra- phique sur le marquis de Surville, destinée à faire connaître notre héros. Cette notice est extraite textuellement du Dic- tionnaire de la noblesse, par de la Chenaye Desbois (').

«i Louis-Charles de Uautefort, marquis de Surville, sorti dos pages de la grande écurie du roi, servit volontaire au sié^c d'Aire, au secours de Maestricht, en 1677, aux sièges de Valenciennes et de Cambray, en 1698, et aux sièges de Cajul et d'Ypres. Il suivit le roi àWesel, Sa Majesté le lit enseigne de son régiment d'infanterie, puis après le com- bat de Saint-Denis, il eut une compagnie dans ce régiment; fut depuis lieutenant-colonel du régiment d'infanicrie de

(') Seconde cdilion, t. VU Paris, Antoine Foiidcl. MDCCLXXIV.

230

son nom, de celui de Toulouse en 1684, de celui du roi le 26 mars 1693j fut fait brigadier le 50 du même mois, chevalier de Saint-Louis en 1695, maréchal de camp le 30 janvier 1696,- servit en Flandre, en cette qualité, au mois de mars 1702; fut créé lieutenant-général des armées le 23 décembre suivant; nommé, en février 1703, pour servir en Flandre sous le duc de Bourgogne, puis au siège de Brisac la même année, se distingua à la bataille de Spire, au gain de laquelle il eut grande part, et au siège de Landau en 1704, il'signala sa valeur contre les ennemis qui vinrent secourir cette place : car il attaqua, à la tête du régiment du roi, leur droite, il avait en face sept régi- ments de leurs meilleures troupes , qu'il enfonça et ren- versa , ce qui fut cause de la défaite entière de leur armée, et Landau se rendit ensuite. Il fit encore la campagne de Flandre, en 1705, servit sous le maréchal de Boufjflers pendant le siège de la ville et citadelle de Lille, il fut dangereusement blessé, et eut, en 1709, le commandement de la ville de Tournai, dont il soutint le siège contre les troupes des alliés; capitula pour la ville le 29 juillet et pour la citadelle le 3 septembre de la même année, après avoir employé, pour résister plus longtemps, jusqu'à sa vaisselle d'argent, dont il fil couper et frapper des pièces de 20 ou 25 sols ('). 11 mourut à Paris, le 29 décembre 1721, et fut inhumé dans l'église des Carmes-Déchaussés, rue de Vaugirard, faubourg Saint-Germain. Il avait épousé, le

25 juin 1686, Anne-Louise de Crevant d'Humières. »

«

(') Ces pièces d'argent avaient cours pour 20 patarcis ou 23 sols de France, ce qui explique l'incertitude de l'auteur. Voy. en effet plus loin, la publication faite au son de la trompctlp, le 14 juillet 1709.

251

Ces quelques lignes sufïiront déjà , pensons-nous , pour >enger le brave de Surville des attaques si violentes et si peu méritées de M. le baron Chaudruc.

Quelques mois maintenant sur les armes du marquis de Surville, qui appartenait à la famille de Hautefort.

Ces armes sont d'or « trois forces hautes de sable, posées en pal, 12 et 1. Elles constituent des armes parlantes, car plus généralement dans le blason, les forces sont représen- tées dans la position inverse.

On sait que l'on appelle forces des ciseaux à tondre.

Nous aborderons enfin l'histoire des monnaies frappées pendant le siège.

La ville de Tournai ayant été investie, le 27 juin 1709, par l'armée alliée, le lieutenant-général marquis de Surville dut prendre toutes les mesures propres à assurer la défense et à la prolonger le plus longtemps possible. Ses démarches dans ce but donnèrent lieu à de fréquentes publications faites au son de la trompette, dans tous les carrefours de la ville.

Voici le résumé des premières publications (').

28 juin. Enregistrement des bestiaux sur l'esplanade, à dix heures du matin, pour la remise en être faite au com- missaire des guerres. Sous peine de confiscation et de 300 livres d'amende.

/(/. Recensement des grains qu'hier 27, les gens de la campagne et des faubourgs ont fait entrer en ville en

(') Archives de Tournai, StiS) des registres aux publications.

232

quantité. La déclaration doit être portée au greife civil, sous peine de 300 florins d'amende. < . . ,

29 dito. Nouvelle publication pour les bestiaux être livrés à 2 heures sur l'esplanade. Sous peine de confiscation et d'une amende de 50 écus.

Id. Réglementation du marché, afin de pourvoir à la subsistance des particuliers qui n'ont aucune provision de blé, et prendre des mesures pour savoir les quantités qui pourront être mises au marché. Ceux qui voudront exposer pour vendre, doivent en faire déclaration au greffe civil de la ville et lever des billets de permission qui con- tiendront les quantités et les espèces des grains à exposer. Sous peine de confiscation.

50 dito Appel aux ojuvriers pour travailler aux

fortifications, moyennant un salaire d'un pain de munition et quatre patards par jour. >— L'inscription aura lieu à îi heures à la citadelle, uq-ii,;,,» ))h .li -jI .-.ùiiiu -j^iiiin ! u: :

Id. Les propriétaires des moulins à bras doivent en faire la déclaration le jour même, au greffe civil. Sous peine de 300 florins d'amende.

Id. Taxation des vivres.

\" juillet. Ordre de déclarer les jambons, le lard, le riz, le vin, le vinaigre, dans la journée du lendemain, au greffe civil. A peine de confiscation et de 300 florins d'amende.

Id. Quantité de bestiaux entrés en ville depuis quatre à cinq jours, ayant été détournés, vendus à des par- ticuliers, mis à couvert et tués; ordre est donné de les déclarer au greffe civil, au bureau de Briais, sous peine de 500 florins d'amende.

■— 233

[Ces deux dernières publications ont été faites au son de la trompette, non-seulement dans les carrefours ordinaires et extraordinaires, mais aussi aux deux boucheries.]

3 juillet. Il sera délivré des billets imprimés et en bonne forme, signés du munitionnaire cl approuvés du marquis de Surville, pour les blés qui ont été levés. Ces billets tarderont pas à être payés.

Id. Il est ordonné à tous les connétables d'avertir ceux qui ont des bestiaux dans leur connétablie, de les mener tous, soit qu'ils aient été appréciés ou non, demain à 9 heures, sur l'esplanade du côté de Saint-Martin. Sous peine de confiscation et de 500 florins d'amende.

Etc., etc.

Toutes ces mesures et les nombreux achats qui s'ensui- vaient, eurent bientôt épuisé la caisse militaire et rendu le numéraire très-rare; déjà même des payements avaient été faits en billets, comme il conste de la première publication du 3 juillet.

La dernière phrase de cette publication semble en outre indiquer que nos pères préféraient l'argent monnayé aux billets, fussent-ils en bonne forme, signés et approuvés, et la monnaie dût-elle se composer de pièces de nécessité. Ces pièces cependant ne semblent pas avoir été fortement goûtées par eux, puisque l'on crut devoir recourir au parle- ment de Tournai, pour en autoriser ou mieux en imposer le cours (')• '

Soit pour parer à la répulsion inspirée par les billets, soit pour suivre la coutume de cette époque, faciliter les transac-

(') y^U- PP- 18 et suivantes de la pièce ofiicicUe.

234

lions, payer les troupes, etc., peut-être aussi pour ces divers motifs réunis, ce même jour, 3 juillet, le gouverneur s'adressait aux Consaux (') pour régler la fabrication d'une monnaie obsidionale.

On lit, en effet, au registre n" 234 des délibérations de celte assemblée, folio H 6, recto :

alla esté dit que M. le marquis de Surville avoit déclaré « qu'il estoit dans le desseing de faire battre de la mon- « noyé d'argent et de cuivre, et que pour ce il estoit néces- « sarre d'entendre les orphèvres et fondeurs , et apperce- « cevoir une place propre pour y travailler. Lesquels «I orphèvres ayans esté entendus, on a à la suite désigné la « grande salle de la conchiergerie pour y travailler à la d* a nionnoye d'argent, et le lieu du marquage des Eschevi- « nages, pour y travailler à la monnoye de cuivre. »

Comme nous l'avons dit précédemment, les habitants ne paraissaient pas accorder une bien grande confiance à ces monnaies, puisque le parlement non-seulement fut invitée en autoriser le cours, mais prononça encore une amende de cinquante florins contre ceux qui les refuseraient, bien que l'on eût eu soin de rappeler dans l'arrêté : « la fidélité « avec laquelle on avoit restitué à ceux qui avoient reçu <: pendant le siège de Lille les espèces de cuivre qui y <i avoient esté forgées. »

Nous insérerons ici la décision du parlement, telle qu'elle est écrite au registre précité des publications.

(>) On appelait Consaux la léunioii des divers collèges ou cousisloircs ciout le magistral de Tournai élait composé. Il y avait à cette e'poque deux consistoires seulement, l'un des prévôt et jures, Tautre des maycur et cchcvftis.

I

255

Extrait des registres de la Cour de parlement.

13 juillet 1709.

« Sur le réquisitoire du procureur général du Roy, con- lenant que quoy qu'il n'appartienne qu'au dit seigneur Roy d'ordonner la fabrication et l'évaluation de la monnoye, les comniandans des villes assiégées ont souvent pratiquez de faire fraper des espèces pour avoir cours pendant le temps de la nécessité, et estre ensuite descriées et reprises en restituant à ceux qui les raportoient le prix pour lequel elles avoient esté employées; que plusieurs personnes ayant volontairement offert leur vaisselle d'argent pour le service du Roy pendant la présente conjoncture, Messire Louis (Charles d'Hautefort, marquis de Surville, lieutenant géné- ral des armées du Roy, commandant de cette ville, avoit ordomic aux orphèvres d'en fabriquer des pièces d'argent du poids d'un quart d'écu ('), qui vaut à présent trois livres douze sols, et d'employer les dittes pièces au payement des trouppes et autres dépenses nécessaires pendant le siège, sur le pied de vingt palars ou vingt-cinq sols de France('),

'il'

(>) L'écu d'alors pesant 2S gr., le poids de ces pièces était donc de 7 gr. environ.

(') La valeur de cet écu de France en sols étant de 72, le quart repré- sente 18 sols; donc la monnaie de nécessité en argent n'était inférieure à sa valeur réelle que d'un quart environ

Le Tournaisien, étudiant en philosuphie à Douai, auteur d'une des relations manuscrites de ce siège, se trompe lorsqu'il dit qu'il manquait trente-deux patards sur qua.lre pièces ; car la valeur de l'écu ayant, à celte époque, été portée de 5 livies à 3 livres 12 sols , monnaie de France, sa valeur en patards n'était plus de 48, mais probablement de 48 pal» plus un cinquième, soit 57 patards 29 niiltcs. La perte sur quatre pièces n'était donc que de 22 palards 19 milles, soit de S patards 29 milles pour

236

avec promesse les reprendre sur le mesme pied après la fin du siège, que la fidélité avec laquelle on avoit restitué à ceux qui avoient receu pendant le siège de Lille les espèces de cuivre qui y avoient esté frapées ne laissoit pas lieu de douter que les habitans de Tournay ne receussent sans dif- ficulté les pièces d'argent, mais que leur confiance seroit plus grande si le cours de ces espèces estoit autorisé par la cour. A ces causes, requéroit qu'il luy plust d'y pourvoir, veii le dit réquisitoire; la promesse du dit sieur marquis de Surville et tout considéré,

« La Cour a ordonné et ordonne que les dittes pièces nouvellement fabriquées du poids d'un quart del'écu valant trois livres douze sols de France, portant pour inscription autour d'un buste M. de Surville, seront receues dans le publicq pendant le temps du siège pour le prix et valeur de vingt patars ou vingt-cinq sols de France ; fait défenses à touttes personnes de les refuser , à peine de cinquante flo- rins d'amende applicable le tiers au dénonciateur, et le surplus aux pauvres de la ditte ville;

« Ordonne que le présent arrest sera publié et affiché besoin sera. Fait à Tournay, en parlement, le treize de juillet mil sept cens neuf. > i>s«i Estoit signé le Quint.

'"« Le soussigné, commis juré de messieurs les Prévost et Jurez de la ville et cité de Tournay, certifie d'avoir, le 14 dudil mois de juillet 1709, publié l'arrcst cy dessus par leis carefours ordinairs et extraordinairs de la dittc ville,

chaque pièce, ce qui revient encore à environ le quart de sa valeur, comme nous lavons Hil plus liant.

237 au son de la trompette; tesnioin signé L. F. Delrue,

par ord". » ''

Voici maintenant la description de cette pièce et des variétés que nous connaissons :

N" I. ARGENT. PIÈCE DE 20 PATARDS OU 25 SOLS DE FRANCE.

(UMFACE.)

N: 1 •. M. DESVRVILLE. Buste de profil, lauré et regardant à gauche. Au-dessus de la tète le chiffre 20 , indication de la valeur vingt patards, sous l'échancrure du col, la tourelle monétaire de Tournai, représentée dans ces pièces , d'argent, crénelée de trois pièces, ajourée de deux, ouverte et maçonnée de (').

Le tout est entouré d'un grènetis formé de globules oblongs.

c Isrs* 21 Pièce rectangulaire J , '„— Gr. 6,20 R^ fig. 1 . ( haut. 23

Collections des villes de Paris, Bruxelles, Tournai, etc. , de S. A. le

prince de Ligne et de M M . Serrure, comte G. de Nédonchcl, Coehcteux, etc.

N** 1 ^. La même pièce, mais les globules du grènetis sont plus larges, aussi n'en compte-t-on que quatre environ sur cette pièce, pour cinq sur la première ; enfin le nombre 20 est placé plus exactement au-dessus de la tète.

( lare. 2i Pièce rectangulaire ) , „, Gr. 6,80 fig. 2.

^ ( haut. 23

Collections de la ville de Tournai et de MM. Serrure, comte G. de Né-

donchel, Cocheteux,etc.

^>) Les émaux ne sont pas indiqués.

238

^'' 1 '. Autre variété de la précédente, la lèie étant légèrement penchée en arrière.

Pièce irrégulière. Gr. 7,00 fig, 5.

Coileclions de S. A. le prince de Ligne cl de M. Corhcteux.

N" 1 *. Cette pièce, semblable aux deux qui précè- dent pour legrènetis et la position du nombre 20, en diffère cependant, en ce que la tête est fortement levée, au point que le nœud de la couronne touche celui de l'épaule.

. . f larg. 21 Pièce rectangulaire } . G. 6,80 fig. i.

( haut. 2-~ "

Notre collection.

N" 1 ^. Nous devons mentionner ici une pièce con- forme au n" 1 \ mais frappée sur un flanc en cuivre et qui existe dans la collection de la ville de Tournai.

Cette pièce, unique pensons-nous, provient sans doute d'un essai du premier coin (').

Ce fut le 22 juillet seulement qu'eut lieu la publication de l'arrêt, porté le 20 par le parlement, pour autoriser le cours des deux monnaies de cuivre , et nous n'avons rien découvert qui pût nous renseigner sur ce long retard. L'ar-

(') Notre opuscule venait d'être livré à l'impression, lorsque notre dévoué collègue, M. le comte Georges de 'Nédonchel, nous fit parvenir le renseignement suivant :

« .le crois me rappeler avoir vu dans la collection de M. Stonor, » Bothwell'court S, à Londres, une pièce également en cuivre de M. de » Surville; malgré mes offres, il n'a pas voulu s'en dessaisir, me disant, » je me le rappelle très-bien, que celle d'argent que je lui offrais en » échange, était beaucoup moins rare. Il y en aurait donc eu plusieurs » en ce métal, et je présume que chaque orfèvre en aura confectionné » une comme pièce d'essai. »

^'o^s partageons complètement celte opinion de notre honorable col- lègue.

239

genlerie manquait-elle pour continuer à frapper la mon- naie dargenl? La confiance (|ue celte monnaie comparati- vement bonne avait inspirée, enhardit-elle à émettre les monnaies purement fictives de cuivre? Ou bien enfin, et cette supposition paraît être la seule admissible, les gra- veurs, occupés à confectionner les coins des monnaies d'ar- gent ('), étaient-ils en retard pour livrer ceux des pièces de cuivre, bien que ces pièces fussent nécessaires , pour faci- liter les transactions de peu d'importance? Nous livrons ces conjectures à la sagacité du lecteur, aucun document n'étant venu nous mettre à même de résoudre la question. Voici du reste cette publication , tirée du même registre que la précédenlc.

Extrait des registres de la Cour de parlement.

20 juillet 1709.

« Sur le réquisitoire du procureur général du Roy con- tenant qu'outre les espèces d'argent nouvellement fabri- quées, Messire Louis-Charles d'Hautefort, marquis de Sur- ville, lieutenant-général des armées du Roy , commandant en cette ville, avoit trouvé nécessaire d'en faire fabriquer de cuivre de moindre valeur de deux espèces, pour faciliter aux troupes l'achapt des denrées dont elles ont besoin, des- quelles espèces la première qui vaudroit deux patars porte pour inscription autour d'une tour Tornaco obsesso, et l'autre qui en vaudroit huit, représente d'un costé les armes dudit sieur marquis de Surville, et de l'autre cette inscription : moneta in obsidione Tornacensi cusa, avec

{') Ce retard est encore un argument contre les hypothèses de MM. Chau- druc et Vanderhourg, particulièrement pour celle de ce dernier.

240

promesse de les reprendre après le siège et d'en payer le prix pour lequel elles auront esté employées, en espèces lors eoursables et pour procurer le débit desdittcs espèces de cuivre, le dit procureur général requéroit que la cour en autorisas! le cours sur le pied de deux et huict patars. Veu ledit réquisitoire, la promesse dudit sieur marquis de Surville et tout considéré;

« La Cour a ordonné que les susdites pièces de cuivre frapées d'un coing, représentant une tour avec cette inscrip- tion Tornaco obsesso, seront receues dans le public pen- dant le siège pour deux patars , et celles représentant d'un costéles armes dudit sieur marquis de Surville et de l'autre cette inscription monet'a in obsidione Tornacemi cusa, pour huict patars, fait défenses à touttes personnes de les refuser, à peine de vingt florins d'amende, applicable le tiers au dénonciateur et le surplus aux pauvres de la ville; ordonne que le présent arrest sera publié et affiché besoin sera. Fait à Tournay en parlement, le vingt juillet mil sept cens neuf. Estoit signé le Quint. ^" «Le soussigné, comrtiîs juré de MM. les Prévost et Jurez de la ville de Tournay, etc. (Même attestation que ci-dessus).

Nous décrivons, sous les n" II et III, les monnaies de cuivre autorisées par cet arrêt.

-;,f,.l.

"S^ II. GRAND CUIVRE.

PIÈCE DE 8 PATAROS. iV° II '. Les armes du marquis de Survillr; dans ur

241

écu rond, sommé de la couronne de marquis, et posé sur deux palmes ou tresses (■). La couronne qui surmonte l'écu est accostée des signes 8-S, donnant la valeur de la pièce. Dans le champ du revers on lit le chronogramme suivant, indiquant l'année et la nature de cette même pièce:

MONETA

In

OBSiDIONE

ïornaCensI

CVSA.

D. 28 - Gr. îkOO fig. S.

Collections des villes de Paris, Tournai, etc., de S. A. le prince de Ligne et de MM. Serrure, Cocheteux, etc. ^

II". Variété dans laquelle les palmes sont, sans conteste, de véritables tresses formées d'éléments plus grêles que dans la pièce précédente. La couronne de marquis est en outre plus petite, et la valeur de la pièce n'est plus marquée que par le chiffre 8, placé au-dessous du nœud des tresses.

Gr. 4,70 R5 fig. 6.

Collections de MM. Serrure, comte de Nédonchel, Gocheteux, etc.

M. le baron Chaudruc s'étonne, en plaisantant, que M. de Surville ne se soit pas contenté de la couronne obsidionale. En ceci M. le baron Chaudruc, sans le savoir, a touché de bien près à la réahté, en même temps qu'il commettait une

(') Nous aimons à conserver ici ces mots que nous avions primitivement employés jusqu'il y a environ un an, époque à laquelle nous acquîmes la conviction que ces palmes ou tresses représentaient une couronne obsi- dionale ou graminale.

2* sÉniE. Tome V. 16

242

erreur que nous devons relever, car il ne faut pas perdre de vue que c'est la couronne obsidionale ou graminale qui est supérieure à la couronne de laurier.

Le lecteur nous saura gré, nous Tespérons, de lui donner, d'après le très-remarquable ouvrage du savant M. Dezobry(') l'explication de ces couronnes.

« Quelque honorable que soit la couronne civique , cependant la couronne obsidionale l'est davantage. Cela se comprend quand on connaît tout ce qu'il faut faire pour la mériter, quand on sait qu'il ne faut rien moins qu'avoir sauvé une armée entière assiégée dans son camp, et mena- cée d'une complète destruction. Ces conditions font que la couronne obsidionale est, et ne peut être la récompense que des généraux. L'armée délivrée la décerne à son libé- rateur. Cette couronne est faite d'une simple tresse de gazon vert, d'où le nom de graminale qu'elle porte aussi. Le gazon est arraché du lieu même les assiégés ont été sauvés. Si le gazon manque, on prend d'autres herbes, même des plus viles, mais jamais autre chose que ces humbles verdures, parce que chez les anciens, présenter de l'herbe au vainqueur, c'était faire l'aveu le plus solennel de la victoire, c'était céder tout à la fois et la terre qui nourrit et le droit d'y être inhumé.

» Elle s'accorde si rarement, que le nombre de

ceux qui l'ont obtenue , depuis les premiers siècles de Rome jusqu'à nos jours , ne s'élève pas à plus de sept ou huit.

(1) Rome au siècle d'Â ugusle ; i vol. in-12. Paris, i8i6. Voy. vol. IV, lellre CXVI, les recompenses militaires.

243

» La couronne de laurier est le symbole de la vicloire, et dans roccasion, généraux et soldats s'en sont toujours parés. Mais le droit de la porter appartient surtout aux triompliateurs ; ils pouvaient même en placer une sur les portes de leurs maisons. Aujourd'hui cette couronne est tout ce que les citoyens ont conservé du triomphe , mais ils en PARTAGENT Vhonneur avec le prince qui ne la quitte jamais. )>

Prouvons maintenant que, sans s'en douter, M. le baron Chaudruc a touché à la réalité.

En effet , un examen attentif de la première des deux pièces de grand cuivre, nous a conduit à nous servir, pour désigner les supports de l'écu , des mots assez vagues, palmes ou tresses, au lieu de l'expression adoptée branches de laurier. Nous ne voulions pas cependant éluder la difficulté que nous créait leur contexture bizarre , en l'attribuant à l'inhabileté du graveur. Ce moyen , fort commode sans doute, est quelquefois trompeur, et pré- sente, dans tous les cas, le grave inconvénient d'arrêter les recherches qui seules mènent à la découverte de la vérité.

Mais comment interpréter ces supports de l'écu, quel nom leur donner? Notre hésitation était grande, et notre satisfaction d'autant plus vive , quand, il y a un an envi- ron , ayant acquis l'exemplaire îSi° II ^, dans un état par- fait de conservation , nous y reconnûmes avec certitude la couronne obsidionale , la couronne graminale, qu'une armée , assiégée dans son camp et délivrée , décerne à son libérateur.

Les allusions étaient patentes.

244

Si de Survîlle est couronné de laurier sur la monnaie d'argent, c'est que l'armée est convaincue qu'il sortira victorieux et triomphant de la lutte.

Si son écu est représenté dans une couronne obsidionale sur la grande pièce de cuivre , c'est que l'armée assiégée compte sur lui pour sa délivrance.

Admirons donc cette noble confiance qui unissait les soldats à leur chef, car c'est cette confiance profonde que l'auteur des monnaies a voulu représenter. Regrettons pour de Surville que les moyens matériels n'aient pas répondu à son énergique fermeté, et puisque le succès n'a pas couronné ses efforts et fait pardonner ainsi la pensée orgueilleuse, unie dans ces pièces à la pensée mili- taire, respectons au moins le soldat brave et dévoué, et souvenons-nous enfin que l'orgueil , ce vice commun à tous les hommes, produit parfois de grands et nobles résultats.

Qu'on veuille bien nous permettre à notre tour une seule hypothèse, qui nous a été suggérée par le rappro- chement de deux pensées et par notre désir d'effacer la seule tache que l'on puisse jeter sur la vie du lieutenant- général de Surville, si brave, si intelligent, si capable.

Ces pièces, par leur allégorie, dénotent une connaissance assez approfondie des antiquités romaines. Les magis- trats à cette époque s'occupaient beaucoup de ce genre d'études. Le créateur, le dessinateur de ces monnaies, ne serait-il pas un magistrat du parlement ou de la cité? Dans ce cas, la seule faute que l'on pourrait reprocher au lieutenant général gouverneur, serait d'avoir accepté des honneurs qu'il pouvait croire n'être qu'anticipés, et nous

245

dirons alors avec l'Ecriture : Que celui qui n'est pas cou- pable lui jelte la première pierre.

M" III. PETIT CL'IVRE.

PIÈCE DE 2 PATARDS.

(uniface).

III ' TORNACO-OBSESSO. Tour crénelée de quatre pièces, ajourée d'un oculus, ouverte et hersée. Au- dessus de la tour le chiffre 2, indice de la valeur deux patards; au-dessous la date 1709. Dans cette pièce, la tour se compose de dix assises jusqu'aux créneaux et les joints sont marqués en relief.

D. 2"i Gr. 3,70 - R* fig. 7.

Collections de la ville de Tournai, etc., de S. A. le prince de Ligne et de MM. Serrure, comte G. de Nédonchel, Cocheteux, etc.

N" III " Autre coin. La porte est plus" étroite, sans

herse et la tour n'est formée que de sept assises.

Gr. 3,90 R*.

Collections de 5131. Serrure, comte G. de Nédonchel et Cocheteux.

iN" IIF Autre variété. Tour plus grosse et plus petite, ajourée de deux pièces , ouverte carrément et her- sée. Le nombre des assises est aussi de sept jusqu'aux créneaux.

Gr. 3,80. R*.

Collections des villes de Paris, Tournai et de MM. Serrure, comte G. de Nédonchel, Cocheteux, etc.

N. IIP La même tour ajourée de deux pièces, mais avec celte particularité remarquable que les pierres sont

246

représentées en relief et par conséquent les joints en creux, contrairement aux trois autres variétés. La tour ne compte plus que six assises. Gr. 3.80. R^ Collections de MM. Serrure et Cocheteux.

Les pièces de ce troisième type sont frappées partie sur des flancs neufs, partie sur des liards qui avaient cours à cette époque, tels que : des Maximilien-Henri de Liège, des Sede vacante du même lieu de 1688, des Dûtes de Zélande et de Frise, des Philippe II, etc. Le n°III, de M. le comte de Nédonchel, frappé sur une ancienne pièce, porte encore très-lisiblement au revers le mot TOVRiVES.

Le 27 juillet , le gouverneur lit faire la publication sui- vante pour parer à l'altération et à la mutilation de la mon- naie d'argent, contre certaines gens qui la rognaient, et en outre pour en maintenir le cours.

27 juillet 1709. De par le Roy,

Et le marquis de Surville, lieutenant-général des armées de Sa Majesté , commandant dans les ville et citadelle de Tournay.

Sur le rapport qui nous a esté fait qu'il y a des gens assés mal intentionnés pour rognier les pièces d'argent que nous avons fait battre pour avoir cours pendant le siège de cette ville, et voulant prévenir un abus si criminel, nous avons defîendu et delTendons à toutes personnes sans excep- tion d'altérer, diminuer ou rognier lesdites espèces d'argent, mesme de les exposer altérées, rogniées ou diminuées, à peine d'être traittés comme faux monnoyeurs.

DelTendons pareillement à toutes personnes sans excep-

247

lion (le les refuser lorsqu'elles seront du poids d'un quart d'éeu, sous les peines portées par l'arrest qu'a rendu le parlement de Tournay pour le cours et l'évacuation des mesmes espèces; ordonnons à tous marcliands, boutiquiers et autres débitans marchandises et denrées en cette ville de les rendre (') aux soldats sur le pied du taux arresté par Messieurs du tnagistrat ('), à peine de confiscation des dites marchandises et de trois cens livres d'amende, dont le tiers applicable au dénonciateur et les deux autres aux pauvres de Thospital général. Et afin que personne ne puisse prétendre cause d'ignorance de nos défenses et ordonnances cy-dessus, voulons qu'elles soient publiées dans les carrefours de cette ville, au son de la trompette, en la forme et manière accoustumé.

Fait le 27 juillet 1709. Publié ledit jour au son de la trompette par les carre- fours ordinaires et extraordinaires de la ville et cité de Tournay, témoin signé L.-F. Delrue, par ord'".

Enfin le 29 juillet, jour de la capitulation de la garnison pour la ville, eut lieu la publication ci-après pour opérer le retrait de ces monnaies obsidionales.

29 juillet 1709. De par le Roy,

En exécution des ordres de Monseigneur le marquis de

(1) Lisez pi'endre.

{^) Cette phrase nous fait supposer l'existence d'une délibération du magistrat, Nous n'avons pas été assez heureux pour la retrouver.

248

Surville , Messieurs du magistrat ordonnent à tous bour- geois, manans et habitans et réfugiés en cette ville de donner incessamment leurs déclarations des nouvelles espèces d'argent et de cuivre fabriquées pendant le siège qu'ils ont en leur possession. Si ordonnent ausdits habi- tans, cabaretiers, fauxbourtiers , maquignons et autres de donner incessamment leurs déclarations des chevaux que des particuliers ont menés chez eux, leur deffendant d'en cacher ni receler aucuns, à peine d'exécutions militaires et d'amende de cinquante écus, toutes lesquelles déclarations seront portées dans le jour au greffe de cette ville.

Fait à Tournay, en l'assemblée de Messieurs du magis- trat, le 29 juillet 1709.

Publié le dit jour au son de la trompette par les care- fours ordinairs> et extraordinairs de cette ville et cité de Tournay, témoin signé, L. F. Delrue, par ord"".

La seconde partie de cette publication est relative aux chevaux nécessaires pour faire évacuer sur Douai et Valen- ciennes les malades, les blessés, les commissaires de guerre, etc., ainsi que les équipages des officiers comman- dants et des troupes. Un certain nombre cependant fut aussi réservé pour la citadelle, à défaut peut-être des bes- tiaux ordinaires , car on lit dans différents manuscrits sur le siège, que dès le 7 août, la garnison fut réduite à manger de la chair de cheval, et le 25 le soldat n'avait plus pour sa nourriture que de très-mauvais pain et de l'eau, et les ofïiciers en étaient réduits à une petite portion de chair de cheval en putréfaction.

Notons cncor^ que ce manque de vivres ne saurait être attribué à rimprévoyanco du marquis de Surville; car bien

249

qu'on ne pût prévoir que Tournai serait assiégé cette année, le général ne cessait de faire des approvisionne- ments, que, pour son malheur, il devait expédier, à peine formés, à l'armée française en Artois.

Pour terminer, nous exprimerons le vœu qu'il soit publié des notices avec pièces officielles à Tappui , sur chacun des sièges pendant lesquels furent frappées des monnaies obsidionales, afin que l'on puisse refaire un jour l'ouvrage actuellement si incomplet de Duby et appuyer les récils et les descriptions sur des documents irrécusables. Nous prenons, dans le cas ce vœu (') viendrait à être entendu, l'engagement de traiter immédiatement le siège de Tour- nai de 1581 et de faire connaître les six pièces (trois en argent et trois en cuivre) qui ont été frappées pendant ce siège , ainsi que les documents inédits que nous possédons concernant la monnaie obsidionale de 1521.

Ch. Cocheteux.

(') Noire vœu a déjà reçu un commencement d'exécution par les inté- ressantes publications de 51M. D. J. Vander Moersch et P. Cuypers sur les monnaies obsidionales d'Audenarde et de Breda.

230 ADRIEN WATERLOOS.

{Né en 1600. Mort en 168i.)

Adrien (•) Walerloos est un des graveurs de sceaux et de médailles les plus habiles et les plus fécoiids qu'ail produits la Belgique. 11 nous apprend lui-même l'année et le lieu de sa naissance. Appelé en témoignage, au mois de décem- bre 1638, à propos d'une affaire dont nous parlerons plus loin , il déclara être natif de Bruxelles et âgé do trente-huit ans. Nos recherches dans les registres de l'état civil ne nous ont conduit à aucun résultat pour découvrir la date précise. Dans les lettres patentes de Sigebert Waterloos ('), datées du 31 août 1600, il est dit que sa famille se composait alors de cinq enfants encore en bas âge : ce rapproche- ment nous porte à croire qu'Adrien est le cinquième enfant de Sigebert et de Catherine Van der Jeught.

Adrien Waterloos étudia son art sous la direction de son père. 11 dut faire de rapides progrès, car il avait à peine vingt-deux ans qu'il exécuta les médailles suivantes :

1. 1622. Av. Le cercueil de l'archiduc Albert, sous un dais, entouré des personnages qui les portèrent ; exergue : M- DC- XXII- Xll- mXKÏh—Rev. Un bras tenant un glaive

(') £t lion pus Antoine, comme l'appelle M. fioLZENTUAL, Schizzen zur Kunstgeschichtc der modernen Medaillen-Arbdt ; Berlin, 18^, p. 200. (') Voy. cet article.

251

enlouré d'une branche d'olivier, avec une banderole on lit : PVLCHRVM CLARESCERE- VTROQVE. ; légende: AVGVSTO- FVNERI- ALB : PII BELG : PRINC : VM- BRACVLVM- TVLIT- SENAT : BRVX : (').

Cette médaille est signée à l'avers des lettresWet Aunies entre elles, et suivies d'un F{ecit). Quoique presque toutes les médailles que nous décrirons ci-après portent un autre monogramme formé des lettres A;,W A, nous n'hésitons pas à attribuer celle-ci au même artiste (»).

II. 10^2. Jv. Le buste en profil de l'infante Isabelle, en habit religieux ; légende : ISABELLA CLARA EVGE- INIA HISP. LNFAJNS. Rev. La Renommée, sonnant de la trompette, d'où sort une banderole sur laquelle on lit ces mots qui font allusion à l'un des noms de cette prin- cesse : CLARA VBIQVE (').

III. 1622. Av. Le buste en profil d'Antoine Triest , évèque de Gand; légende : ILL» ET. RMVS. DNVS. ANT. TRIEST. EPVS. GANDENSIS. - Rev. Un Christ soutenant une croix du bras gauche, et répandant un ruis- seau de sang et d'eau dans une coupe; légende : LN. FO-

(') Elle est publiée dans Van Loon, Histoire métallique des Pays-Ras, t. II, p. 140.

(^) Nous ferons remarquer que bien souvent le graveur des planches de l'ouvrage de Van Loon a omis de reproduire les monogrammes des artistes ; il est à observer cependant qu'Adrien Waterloos, entre autres, signait souvent ses œuvres au burin, et qu'un grand nombre d'exemplai- res ne portent aucun monogramme.

(^] Van Loon, loc. cit., p. 13(».

2S2 RAMINIBUS. PETR.E COWIDENTIA M EA ; exergue :

AWA' F. (')

IV. 1622. Jv. Buste en trois quarts d'Engelbert Macs, président du conseil privé; légende : ENGELBERT. MAES SECRE CO.NSI PR.ESES awa f. Rev. La ' Modération qui tient de la main droite un lion attaché à une chaîne, et de la gauche un agneau lié à un cordon; légende : MODERATA DVRANT. (").

A la mort de son père, arrivée très -probablement le 30 août 1624, Adrien Waterloos prit le titre de graveur ordinaire des sceaux et cachets du roi, charge dont il avait obtenu la survivance par lettres patentes du 18 août 1622, avec 4 sous de gages par jour ('). Le premier travail qu'il lit de ce chef pour le compte de son souverain, est, croyons- nous, un cachet d'argent, à l'usage de la chambre des comptes de Brabant,enl627i^'^,.Ses gages furent élevés à la

(') Va»\ Loon qui a reproduit celte médaille, loc. cit., p. 139, l'a placée sous l'année 1622.

(2) Ibidem, p. lil.

(^) « Adrien Waterloos, graveur ordinaire des scelz et cachetz du roy, es « pays de par-deçà, lasoiniue de Ixxiij livres à luy deue à cause de iiij solz « que Sa Majesté, par ses lettres patentes du xviij* d'aougst xvj«xxij,luy « at accordé de gaigcs par chascun jour, à raison de sondict estât de « graveur des séelz susdicts, au lieu de pareilz gaiges que feu son père « Sybrecht Waterloos at tiré de Sadicte Majesté, et a pour la première « année desdicts gaigcs, commencée le dernier jour d'aougst xvj«xxiiij et « finie le pénultiesmc d'aougst enssuivant xvj' xxv, par copie authentique « desdictes lettres patentes et quictance veriffiéc, datée du dernier de « septembre xvj" xxv. » {Heyistre aux gaffes nt pmisionii de 162^ à ICiO, fo v'iiij r», aux Archives du royaume.)

(*) o Betnelt aen Adriaen Waterloos, zcgeisnyder van Syne Majesteyts

253

somme de 24 sous par jour, par lettres patentes du 14 fé- vrier 1632, «I à condition, yfst-il dit, qu'à l'advenir » il ne pourra prétendre aulcun saliaire des ouvraiges par » luy à faire et renouveller les cachetz de tous les comp- » toirs des conseiiz et collèges de par-deçà, lesquelz il sera » tenu de renouveller si souvent que besoing sera (')• »

De 1629 à 1659, Adrien Waterloos exécuta un grand nombre de médailles; voici la description de celles qu(; nous pouvons lui attribuer en toute certitude :

V. 1629. Jv. Buste en irois-quarts d'Alexandre, prince de Chimay; légende : ALEXA PRIN CHIMAY ET S RI COM BEL Zc. Rev. Un aigle s'élcvant vers le ciel du sommet d'une montagne ; légende : ALTIORA * PETO (=").

VI. 1629. Jv. Buste en profil de Jean Waverius, d'Anvers, chevalier; légende : lOANNES WAVERIVS ANTVERPIENSIS EQVES. Rev. Les têles unies de Mercure et de Minerve; légende : HONESTI COMES

RATIO. AWA F (3).

VII. 1629. Jv. Buste en profil de Jean Waverius: lé-

« gioeten segele, de somme van xiiij ponden viij schellingen Arthois cens, « waer opcomt te Leloopcn het silver , palm-lioiit ende fatsoeii van snedc « van seker cachet van nieuws gcordineert ten diensie van Zyne Jlajes- « teyts voortaen geemployeert te wordden ten fine in dcr ordinancie daer « affzynde naer der gervert in date xxij<'n novemLiis xvjc xxvij. » (Re- gistre n» 2824S- r«, (" xviij ro, de la chambre des comptes, aux Archives du royaume.)

(') Registre aux gages et pensiims cité, f" v^ iiij V.

(2) Van Loon, loc. cit., p. 177.

(3) Ibidem, p. 210.

254

îïende : I î WAVERIVS ANTVERP : EQ : REGA HELL[ ET AERARII BELG : COT^SUA' Rev. (/est le même que celui de la médaille n" VI (').

VIIF. 1651. Je. Buste en profd de Philippe IV; lé- gende : PHILIP IIII HISP I\Dyi9 REX CA- THOIJCVS 3CDXXXI. fiev. Samson et le lion ; lé- gende : DULCIA SIC MERVIT. (Sur le terrain) 1651 . Plusieurs exemplaires portent le monogramme de l'artiste au lieu de ce millésime.

IX. 1651. Jeton semblable à la médaille précédente, avec la ||;, signe monétaire de l'atelier d'Anvers, pour in- diquer qu'il y a été frappé (").

X. 1633. ^v. Buste en profil de Jean Waverius ; lé- gende : MESS I VANDENWAWER CHEV : DE QVENASTE DES CONSEILS DV ROI awa f (3).

XI. 1(')34. Jv. Buste en profil du marquis d'Aytona; lé- gende : FRANC : DE MONCADA MAR : D'AYT : BELG : PROV : GVB awa f- Rev. Un centaure au milieu d'un labyrinthe; légende : SECRETA DVCVM CONSILIA ^4;.

(') Van Loon , loc. cit.

(') Ces deux pièces se trouvent dans Van Loon, ibidem, p. 192.

(^) Ibidem. Cette plaque appartenait en 1723 au prince de Rubempré qui la communiqua à Van Loon.

{*) Ibidem, p. 213. La note suivante prouve qu'Adrien W^aterloos est l'auteur de cette médaille :

« Aen Adriaen Waterloos, segelsnydcr van Syne Majesteyt, de somme

- 2bS

XII. 1634. Av. Buste en profil de don Fernand, infant d'Espagne, en habit de cardinal; légende : FERDI- NANDVS DEI GRATIA HISPAN : INFANS Z Aw\* F* Rev. L'écu de ses armes couronné et surmonté d'un chapeau de cardinal (•).

XIII. 1654. Jv. Buste en profil du cardinal-infant, avec le costume militaire ; légende : FERDIÎNANDVS DEI GRATIA HISPAN : INFANS Z awa v Rev. Cest le même que celui de la médaille XII (»).

XIV. En 1635, Adrien Waierloos fit, à l'insu de son modèle, le portrait de Pierre Roose, président du conseil privé : à cet effet, il se rendit dans la chapelle Teraercken. rue des Sols, à Bruxelles, Roose venait chaque jour en- tendre la messe, et il le boucha en cire, selon son expres- sion. Après avoir gravé l'avers de la médaille avec cette légende : PETRVS ROOSE SECRE CONSI PR.ESES AWA F., Waterloos ne trouva rien de mieux pour le re- vers, que d'y figurer une tige chargée de trois roses et atta- chée à un bâton, résistant aux efforts de deux vents qui soufflent avec violence pour l'ébranler, avec ces mots :

0 van xcvij guldens hem geaccordeert by ordonnancie van de financicn van « den xxvj januarii xvj<= xxxv, voor een originele medaillieoft ponrtraict « by hem gemaeckt vsn wylen Syne Excellcncie den marcquis de Aytona « gelyck is inhoudende de requeste des voorschreven Waterloos hier met o de voorschreven ordonnqncie ende syne quitancie overgegeven. » (Re- gistre no 1801i, fo xxix ro, de la chambre des comptes, aux Archives du royaume.)

(1) Van Loon, /oc. cit., p. 219.

(*) Ibidem,

256

INCONCVSSA- Î\IANET('). C'était tout à la fois une allu- sion au nom du président et à ses armes (de gueules au chevron d'argent, à trois roses de même) et à sa vertu incor- ruptible bien connue. En 163S, Adrien Waterloos fut com- promis à propos de cette médaille dont un exemplaire, par- venu à Paris, fournit l'occasion à quelque pamphlétaire de publier dans un méchant journal, «< que l'infant-cardinal et «1 le prince Thomas, qui croyent estre représentez par ces « deux visages, ont envoyez leurs plaintes en Espagne, «( avec cette addition à la devise : Si fune ligetur. » La chose est lue : on la commente, et bref le bruit arrive jus- qu'à Bruxelles. Roose l'apprend par Jean Coene, abbé de Cambron, un de ses amis, et s'apercevant que ses adver- saires s'emparaient de cette calomnie pour lui nuire, il s'a- dresse immédiatement au cardinal-infant lui-même, alors gouverneur général des Pays-Bas au nom de Philippe IV, roi d'Espagne, pour faire faire une enquête et obtenir une réparation publique. C'est alors que Waterloos fut appelé en témoignage, et déclara que trois ans environ avant cette époque il avait fait cette médaille sans que le président en sût la moindre chose, qu'il la lui avait présentée lorsqu'elle fut achevée, et que Roose insista fortement en voyant le revers pour le remplacer par un autre comme étant trop superbe. Nous sommes entré ailleurs (') dans de longs détails sur cette affaire ; nous nous abstiendrons de les reproduire ici.

XV. 1637. Av. Buste en profil du cardinal-infant, en

(') Van Loon, loc. cit., p. 25().

(') Revue de la Numismatique belge, t. IV, l'f série, p. 61-75.

257 -

costume ecclésiastique; légende : FERD : HISP : INFANS S R E CARI) : PROV : BELG : GVB : (sous le

bras) ANVA f . Bev. Un soleil éclairant et réchauffant de ses rayons la mer et la terre qui sont représentés sous cet astre; légende : IN COMMVINE BONVS (•).

La présence du monogramme ordinaire d'Adrien Wa- terloos, sur bon nombre d'exemplaires des trois médailles du cardinal-infant que nous avons décrites sous les n'*' XII, XIII et XV, ne laisse aucun doute quant à leur auteur : nous ne connaissons pas d'autres médailles de ce prince, ce qui nous porte à croire qu'il y a une erreur de nom dans une note il est fait mention du payement de 200 florins à Sigeberl Waterloos, le jeune, pour dix exemplaires d'ar- gent d'une médaille du cardinal-infant, par ordonnance du 50 juillet 1644 (').

Disons ici qu'Adrien Waterloos reçut , au mois d'avril 1639, la somme de 240 livres de Flandre, « pour avoir

(') Van Loon , loc. cit., p. 220. C'est , croyons-nous , à cette dernière médaille du cnrdinal-infant que se rapporte la note suivante :

« Aen Âdriaen Waterloos, segelsnyder van Syne Majesteyt, betaeit de « somme van vjc guldens aen hem getaxeert, by ordonnancio van de « heeren van de fînantien van den xviij december xvjexxxvij, te weeten : « iiijo guldens om gemaeckt ende aifgeseth te hebben de medaillie van « Syne Conincklycke Hoocheyt, ende de resterende ij» guldens voor de « medaillie van wylen den heere marquis d'Aytona aïs gouverneur ende 0 capiteyn generael van dese Nederlanden. » (Registre n" 18019 de la chambre des comptes, aux Archives du royaume.)

(^) « Betaeit aen Sybrecht Waterloos, de somme van ij<= guldens voor a X silvere medaillien by hem gemaeckt represenlerende den prince car- « dinal infante, volgende d'ordonnantie van den xxx'" julii xvj« xliiij. (Registre 18025, f" xxxj r», ibidem.)

SÉRIE. Tome v. 17

258

« bouché en forme fort petite, i> c'est-à-dire, pour avoir mo- delé en cire le portrait du cardinal-infant (').

XVI. 1639. Av. Tête en profil de Henri de Ooonendael; mort en 1643, légende : H DE CROOiNEiNDAEL S DE BEVRE tD ANNO 1639 JET U - kwk f. Rev. L'écusson de ses armes {').

XVII, XVIII et XIX. Adrien Waterloos est aussi l'auteur des modèles pour les jetons d'argent et de cuivre du conseil des finances des années 1640, 1641 et 1642 (^). Voici la description de ceux qui portent ces dates :

1 640. Av. Buste en profil de Philippe IV; légende : PHIL* IIÎID G HISP ET INDIARREX.— /Jeu. La croix de Bourgogne; légende : GECTZ POVR LE BVRE/IV DES FIN^ 1 640. Il en existe une variété avec des diff'érences dans les légendes : PHIL : IIII D : G : HISP ET IIVDIAR : REX ZS et GECTZ POVR LE BVRE \V DES FINA.

1 641 . Jv. Buste en profil de Philippe IV; légende : PHIL IHI D G HISP ET INDIAR REX 1641 .—iîey. L'écus- son de ses armes; légende : GECT POVR LE BVREAV DES FINA. Variété avec : GECT DV BVREAV DES FINANCES.

(1) Registre F. 516 de la chambre des comptes, aux Archives Uti dé- partement du Nord, à Lille.

(') Van Looy,loc,cit., p. bOO,

(^) Registre no F. 517 de la chambre des comptes, aux Archives du dé- partement du Nord, Lille, et acquits du compte de la recette générale des finances de 1645, aux Archives du royaume.

2H9

1642. Av. Buste de Philippe IV et son éciisson ; lé- gende : PIIIL nil D G HISP ET INDÏAR REX.

Hev. La croix de Bourgogne j légende : GECTZ POVR LE BVREAV DES FINA 1642. Il existe un autre jeton pour le bureau des finances de la même année représen- tant ce qui suit : Av. Le roi à cheval; légende : PIIIL :' IIII D G : HISP : ET LNDIAR : REX Z^ ïW2.—Rev. L'écusson de ses armes j légende : GECTZ POVR LE BVREAV DES FINA(').

A'Ia mort de l'archiduc Albert, en 1621, lorsque les provinces des Pays-Bas retournèrent à la couronne d'Espa- gne, nous avons vu que c'est à Sigebert Waterloos, le vieux^ que fut confiée la gravure des sceaux à l'effigie du jeune roi Philippe IV, travail dans lequel il est certain qu'Adrien aida son père. Dans une lettre, datée du 20 février, qu'é- crivit Olivier Vredius au président Roose,à propos de la prochaine publication de son ouvrage intitulé : Sigilla co- mitum Flandriœ, qui parut effectivement à Bruges , la même année, il exprime le désir d'orner le frontispice de son livre du fac-similé du nouveau sceau qu'Antoine Wa- terloos a été chargé de graver, dit-il, pour remplacer celui dont on s'était servi jusqu'alors à la chancellerie du con- seil privé, et sur lequel le roi était représenté imberbe i^').

(') Ces divers jetons ont été décrits par G. Van Obden, Handleiding voor verzametaars va'n nederlandsche hùtoriepenningen , sous les n"» i226, 1230, 1233, et n»» 19o, 196, 197 du supplément à cet ouvrage.

(') a Amplissime domine. In gratiam régis et comitis nostri toto ferme « Belgto conquisivi sigilta omnia quibus usi sunt comités Fiandriae ab a octingentis pœne annis, eaque in acs incisa statui bac quadragesima in « lucem cdere cum inscriptionibus diplomatam et tilulis lilerarum qui- « bus sigilla quœque fuerunt addita seu appensa, itemque expositionè

260

Celte curieuse épître contient tout à la fois une erreur et un fait important pour le sujet qui nous occupe. Elle con- state que c'est notre artiste qui est l'auteur du sceau, chose dont nous ne doutions pas, car il était graveur en titre des sceaux et cachets du roi, mais nous avons vainement cher- ché ailleurs une autre preuve à l'appui de cette opinion ('). Vredius s'est trompé en avançant que ce sceau remonte à l'année \ 639 ; il était très-probablement question, à cette époque, de graver de nouveaux sceaux avec l'effigie du roi parvenu alors à l'âge viril ,* et cependant on employait encore le sceau de 1621 au mois de décembre 1642 ('). Quand cessa-t-on d'en user, c'est ce qu'il nous est impos- sible de dire. Nous savons seulement qu'en 1646 on se ser-

« historica unde apparebit quid comitibus Flandrise accesseritdecesserit « ve, et qua ratione Hispaniarum aliaqiie régna neenon septemdecim « Belgii caeterœque provinciae ad Philippum IIM sintdevolutœ. Huius libri « froiitispicio statueram exhibera sigillutn régis quo in Hispania utitur « quod hic inclusum mitto, facie adhuc imberbi et prorsus iuvenili, ut « sunt reliqua omnia eiussigilla quae in Belgio reperiuntur; verum iibi « intellexi a Waterloosio novum régi sigillum esse sculptum quo in « virih' œtate et barba superius sallem labrum vestiente conspicitur e di- « gnitate ac maiestate regia omnino futurum existimavi, si novum illud « régis sigillum in frontispicio exhibeatur, quod ut impetrem ab Ampl. D. « statui proxima hebdomade Bruxellas venire ac sigilla omnia Ampl. « D. ostendere die septimo vel octavo mcnsis sequentis, aut ipso Ci- « nerum die. Si per unam horam iis inspiciendis Ampl. D. vacare « possit, idque mihi per literas dignetur indicare multis me uominibus « Ampl. D. V. obstrictum fatebor, etc. » (Papiers du chef et président Roose, t. 56, aux Archives du royaume.)

(•) Nous avons fait des recherches qui sont restées infructueuses pour découvrir le payement de ce travail.

(') Pièces à Tappui des comptes du grand sceau, aux Archives du joyaumc

261

vait d'un autre sceau, sur lequel Philippe IV est repré- senté , comme toujours , assis sur un trône dont deux enfants , gracieusement posés , soutiennent le dais qui le surmonte, avec cette inscription :

PHILIPPVS : IIII- D : G REX HISPAN : VTR : SICIL : £^ ARCHID : AVSTR : DVX BVRG : BRAB : COMES FLANDRI/E 2^.

Le contre-sceau est le même que celui en usage depuis la conquête du Portugal, c'est-à-dire un écusson couronné, entouré du collier de Tordre de la Toison d'or, et la légende suivante :

PHILIPPVS. IIII D. G : REX. HISP. 2? ARCH: AVST.- DVX. BVRG : BRAB : 2 : COMES FLAND : 29

Vredius n'a donc pu faire figurer dans son ouvrage un sceau qui n'a certainement été gravé que postérieurement à 1642, et il a se contenter pour frontispice du sceau dont on scellait en Espagne les lettres patentes pour les Pays-Bas. Il était du reste lié avec Adrien Waterloos , et plusieurs fois dans son livre il parle des obligations qu'il a envers notre artiste pour les communications qu'il en avait reçues.

Adrien Waterloos s'était fait par son talent et son acti- vité une grande réputation. Les trois médailles qui suivent témoignent des nouveaux progrès qu'il fit dans son art de 164Sà1650:

XX. 1645. Av. Buste en profil de Jean-Jacques Chif- flet, médecin; légende : lOAN : lAC : CHIFFLETIVS.

262

EQVES AVR. Bev. L'écusson de ses armes; légeiule : AVIA PERAGRO LOCA (').

XXI. 1647. Av. Buste en profil de l'arcliiduc Léo- pold-Guillaume ; légende: LEOPOLDVS' GVILIELMVS- D : G : ARCIJIDVX- AVSTRI.E. ~ Rev. Une croix tor- tillée de deux rameaux de laurier, au pied de laquelle un lion fuit devant un agneau; légende : TJMORE DOMINI.

AWA- F. ('),

XXII. 1650. Av. Buste en profil de Philippe IV; lé- gende : PHILIPPVS- IIII- HISPANIAR REX- aw.v f- Rev. Le globe surmonté d'une couronne royale, et éclairé par le soleil et la lune; légende : CVM' SOLE* ET* ASTRIS- (3).

D'après une note que nous avons trouvée, il paraîtrait que cette médaille doit être attribuée à Adrien et à Sigebert Waterloos, son frère, auxquels, par lettres du 23 décembre j 652, il fut payé la moitié de la somme de 425 florins, prix de la gravure et de la livraison de quatorze exemplaires qui devaient être envoyés à la cour de Madrid (4).

(') Van Loon, loc. cit., p. 275'.

(^) Ibidem, p. 290.

{*) Ibidem, p. 54S.

(*) « Belaelt aen Adrian ende GhysLrecht Walerlocs, sej^elsiiydcrs van « Syne Majcsteyt, de somme van ij<^xij g. x st. in niindcrnissc van iiij<= « XXV guld. hun geaccordeert soo voor hel fatson van cène médaille rcpre- « scnlereu de Syne iMagesliyt, als voor veerthien gclyeke medallien met « eene doose gesonden naer Spaignien, volgendc eenen brieff van des- « chargiein date des xxiij december 1652. « (Registre n" 18028, 21 r», de la chambre des comptes, aux Archives du royaume.)

263

Nous plaçons ici la description de six médailles qui ne portent pas de date et que nous croyons avoir été gravées vers le milieu du xvn* siècle :

XXIFJ. Buste en profil de Henri de Croonendael, secré- taire du roi; légende : H : DE. CROONENDAEL- EQ : REGI- AB- ARCAINIS- IMPERII. Il est probable que cette médaille avait pour revers l'avers de celle qui suit (').

XXIV. Av. Un écusson timbré et orné de lambrequins aux armes de la famille de Croonendael. Rev. La légende suivante distribuée en cinq lignes dans le champ : TOT GIIENUECHTE LAE TEN CROO^EiN DAELEN ('}.

XXV. y4v. Buste en profil d'Ernest, comte d'Isembourg; légende : ERN : COM : ISENRVRG : GRENTZAV : ETC :

AWA. F. Rev. L'éeusson de ses armes, couronné et en- touré du collier de l'ordre de la Toison d'or {^).

(') Van Loon, loc. cit., p. SOI.

(^) L'unique exemplaire que nous ayons vu de cette médaille, due évi- demment au burin d'Adrien Waterloos, fait partie de la belle collection de M. C.-P. Serrure, à Gand. Nous saisissons avec empressement l'occa- sion de le remercier de la complaisance qu'il a mise à nous montrei' toutes les richesses artistiques qu'il possède. L'accueil bienveillant que nous avons reçu de M. Ch. Onghena, l'habile et gracieux artiste gantois, et de M. Den Duyts, préposé à la conservation des collections de l'uni- versité de l'État, à Gand , nous fait également une loi de leur en témoi- gner ici notre reconnaissance. Grâce aux personnes que nous venons de citer et à l'amitié de M. Victor Gaillard, qui nous a mis eu rapport avec elles, nous sommes revenu de la vieille capitale des Flandres, avec de nombreuses notes pour la rédaction du travail (|ue nous avons entrepris.

(*) Van Loon, ibidem, p. 383.

264

XXVI. Av. Buste en profil de Philippe le Koy; légende: PH LE ROY EQ BANN D DE BROVCHEM 2 REGIS SVPR ^RARY CONS awa- f. Rev. L'écusson de ses armes avec cette devise et celte sentence sur des banderoles : MAIS LE ROY SESIOVIRA EN DIEV, et au dessous : SERV DEO REGN ES (•).

XXVII. Jv. Buste en trois quarts de Philippe le Bon, duc de Bourgogne j légende : PHILIPP D : G : DVX BVRG : LOT : BRA : CO : FLA ^. (Sous le bras) awa F. Rev. La croix de Bourgogne et la devise du duc trois fois répétée : AVTRE NARAY (').

XXVHI. Jv. Buste d'homme en profil tourné à dextre. Rev. Un écusson chargé d'un sautoir, surmonté d'un phénix, et cette devise pour légende : MOVRIR POVR VIVRE (^).

11 parait qu'Adrien Waterloos s'était acquis la bienveillance du président Roose : il avait en lui un protecteur puissant à cause de la haute position qu'il occupait. Le 13 mai 1650, notre artiste lui écrivit la lettre suivante pour obtenir une place de maître général des monnaies à Bruxelles :

>i Monseigneur. Je viens remercier très-humblement à « Vostre Seigneurie Illustrissime des faveurs qu'elle a daigné •• de faire à une personne de ma condition, tant pour mon « accroissement, que pour le regard de la médaille du roy, « dont ie sei ay réiouy estrémement si ie puis un iour eslro •c adveriy qu'icelle aurat esté allouée et aggréable à Sa Ma-

(') \ky LooN, loc. cit., t. II, p. 292.

(^) Van Miebis, Histori des Nedcrlandsche vorslen, t. I", p. 42.

(^) Collection de M. C.-P. Serrube.

26Î)

« jeslé, et plus encores si en considération des services de « mes parcns, et du zèle et affection que i'ay ausy à son .( service, il pleust à Sadicle Majesté me pourveoir d'une <i place ordinaire de quatriesme général des monnoyes <t icy à Bruxelles, puisqu'il est nécessaire que quelqu'un «i de mon stil et entendu y soit estably, osant asseurcr « à V. S. 111""° qu'il importe grandement au service de <i Sa Ma'^, ou si V. S. Ill""" n'advoue cette pensée qu'elle « soit servie m'impétrer une place d'auditeur de la «. chambre des comptes, ce qu'est peu de chose. Il ne dé- « pendra que d'un mot pour me faire passer la vie, d'icy « en avant, sans nécessité, puisque la courtesse de la veue u commençant à m'incommoder, le surplus se trouvera « incommodé. Ainsy est-il à considérer que la dernière « place de général des monnoyes ayant esté pourveue à un <i certain Caverson, filz de marchand de soye, que les <c monnoyes ne se mesurent par aulne, signamentau temps <c nous sommes, et que l'essence d'une matière est bien «( différente à l'autre, tellement que me gratifiant, Sa Ma'* « par l'intercession de V. S. 111°"' d'une desdictes charges, * ie pourrois estre utile pour contreroUer et veiller sur ces « fautes que lesdicts généraulx des monnoyes, et autres, Il peu ou rien versez, pourroyeut commettre de temps à « aultre, et ie demeureray toute ma vie, etc. {') »

Quel que fût le désir de Roose de lui être favorable, il ne put parvenir à le faire nommer à une des charges quambi- lionnait l'artiste. Peut-être attendait-il une occasion de le récompenser comme le méritait son remarquable talent.

(') Papiers du chef et préaident Roose, t. 56 cite.

266

Toujours est-il que Waterloos lui adressa , six mois après , alors que le président éfait à la cour de Philippe IV, une autre demande, datée du 12 décembre, dans les termes que voici :

.< Monseigneur. Puisqu'il a pieu à V. S. 111""' de me tes- «( moigner de sa bienveullance pour mon accroissement, ie « prends l'hardiesse autre foisdem'insinuer es bonnesgràces « d'icelle pour m'impétrer avant sa sortie d'Espagne un « généralatordinairedes monnoyes pourdemeurer fixement '1 en Brusselles, d'autant que celuy ordinaire résident en « cette ville se doit souvent absenter, allant à Lille et « aillieurs, ioinctque le dernier pourveu ne s'y entend rien, « véritablement pour y estre parvenu , niediantibus illis, <i comme il est notoire, estant de son stil marchand de <i draps de soye. Je ne fais mention de l'autre estât d'audi- <( teur de la chambre des comptes, duquel i'avois ausy escrit <> à V. S. 111""% puisqu'il est du tout nécessaire que quel- « qu'un de ladicte chambre soit versé m materia crumena- « ria. Mais comme ie n'ose tant présumer, i'estimeray à Il laveur extrême d'estre pourveu de ladite place de général «t des monnoyes ordinaire pour lequel il a pieu à V. S. 111""° « passé longtemps de me donner espoir, et me confiant en «1 la continuation de la bonne volonté d'icelle ne feray la « présente plus longue, ains me diray icy pour toute ma « vie etc.

« P. S. Je prie V. S. IIK de me pardonner que ie la <( supplie d'autoriser le moindre de ses valets de m'adviser K si elle ne se trouve désobligée par mes importunitez, et « si ie dois désister de mesdites prétentions. )> (')

(') Papiers du chef cl président Roosé, t. 56 cité.

267

Cette seconde requête n'eut pas plus de succès que la pré cédente.

Nous avons vu dans la première lettre que Waterloos s'y plaint de l'affaiblissement de sa vue; il travailla avec trop d'assiduité pour ne point ressentir les effets d'infirmités anticipées. Au mois de juin 1651, sa vue était devenue si mauvaise qu'il s'adressa à son protecteur ordinaire pour obtenir que Denis Waterloos, son parent, lui fût adjoint en sa qualité de graveur des sceaux et cachets du roi, et qu'il pût le remplacer dans le même emploi après sa mort. Son état s'améliora dans la suite, ce qui lui permit de tra- vailler de nouveau avec ardeur. Parmi les œuvres sorties de son burin, dans les années 16S6 à 1 659, les quatre mé- dailles suivantes nous sont connues :

XXIX. 1656. Av. Buste en profil de don Juan d'Au- triche; légende : lOAJNINES AVSTRIACVS PHI IV REG HISP FIL BELG GVB. - Rev. L'écusson de ses armes couronné et brochant sur la croix de l'ordre de St-Jean de Jérusalem {^).

XXX. 1656. Av. Buste en profil de don Juan d'Au- triche; légende : lOANNES AVSTRIACVS PHIL IV HISP R F BEL G. Rev. La châsse dans laquelle sont conservées les hosties miraculeuses de l'église de S"-

(') Van Look, lac. cit., p. 401. Cet auteur reproduit p. 398, deux autres médailles représcutanl le même prince, et qui ont, à en juger par la gravure qu'il eu donne, quelque rapport avec celles gravées par A. Wa- terloos ; mais ne les ayant pas vues, nous n'osons rien décider à cet égard.

268 Gudule; légende: MIrâCVLoso festo aDora. awa f* (').

XXXI. 1659. Buste en profil du marquis deCaracena; légende : LVD DE BEN CAR ET TOL- MAR- DE FRO CAR 1 ' BELG PROV GVB. (Sous le bras) awa F Hev. Un temple ; légende : NISI DNVS iEDIFICAVERIT DOMVM IN VANVM LABO- RAVERVJNT QVI iEDlFICANT EAM et ces mots : DOM VS DNI sur une banderole sous l'édifice (').

XXXil. 1659. Buste en profil du marquis de Cara- cena; légende : LVD : DE : BEN : CAR : ET : TOL : MARC : DE : FRO : CAR : BELG : GVB : 2. {').

XXXIII. 1659. Av. Buste en profil de Henri Buelens, seigneur de Stecnhout, etc.; légende : HENRY DE * STEENH A VLT ESCVYER DT LIEV WERB FEL

Z. awa- F- Rev. L'écusson de ses armes (^).

XXXI V. 1660. Av. Buste en profil de Philippe IV; lé- gende : PhILIppo qVarto Magno pIo paCIs DatorI

(') Van Loon, loc. cit., p. i02.

Un exemplaire de cette médaille que nous avons vu au cabinet royal de La Haye porte très-distinctement pour monogramme les lettres AVA (unies) 'B- Cette collection renferme un grand nombre de médailles d'A- drien Waterloos, signées pour la plupart. Nous avons à remercier ici M. Meyeb, qui a remolacé le savant de Jonche comme directeur, pour l'empressement qu'il a mis à nous montrer tous les trésors confiés à sa garde et dont nous ne saurions assez louer l'extrême obligeance.

(^) Van Loon, ibidem, p. iÔH.

(3) Ibidem, p. 432.

(") Ibidem, \i. 391.

269

Rev. La croix de Bourgogne et trois lis qui sortent de terre réunis par des rubans; dans le champ : CONCORDf A IVNGIT ; légende : >ï< NON lAM ANIMANT FLAMMiE LAVROS NEC LILIA SPIN^ (').

XXXV. Vers 1660 ('). Av. Buste en profil d'Élie de Bie; légende: ELIAS DE BIE- EQ TOP S PETRI FIN R GRAF CHARTOPHILAX. awa f Rev.

Une ruche faisant allusion à son nom Bye (abeille); légende : DVLCIA MIXTA MALIS (').

Le talent d'Adrien Waterloos trouva enfin sa récom- pense, et malgré toutes les intrigues mises en jeu pour le faire échouer, il fut nommé conseiller et maître général des monnaies, par lettres patentes du 9 février 1661 (4), plus

(') Van Loon, loc. cit., p. ii5.

(*) Nous croyons qiie cette médaille a été gravée vers cette époque.

(^) Van Loon, ibidem, p. 4-99.

(*) « Philippe, etc. A tous ceux qui ces présentes lettres verront, salut. « Sçavoir faisons que pour le bon rapport que faict nous a esté de la per- « sonnede nostre chier et bien amé Adrien de V^aterloos, graveur de noz « séelz, mesmes en considération des services qu'il nous a rendu dans plu- « sieurs employs de la monnoye, avons icelluy Adrien Waterloos commis « et estably par ces présentes à Testât et office de nostre conseillier et « maistre général de noz monnoyes de nos pays de par-deçà, en donnant « audict Adrien Waterloos plain pouvoir, authorité et mandement espécial « dudict estât, d'ores en avant tenir, exercer et déservir d'y garder noz « droictz, haulteur, auctorité ; d'entretenir et faire entretenir les ordon- « nanccs et instructions faictes et encores à faire de par nous, sur le « faict et conduite de nosdictes monnoyes, calenger et faire ealenger les « transgresseurs d'icelles sans faveur ou dissimulation, selon l'exigence « du cas, d'estre présent au bail et ferme de nos monnoyes, et au surplus « faire bien et deuement touttes et singulières les choses que bon et léal « conseillier et maistre général desdictes monnoyes peult etdoibt faire,

270

de dix ans après la demande qu'il en avait faite au président Roose : ses ennemis essayèrent de s'opposer à ce qu'il prêtât serment, obligation qu'il ne put remplir que le 20 du mois de mars. Voyant qu'ils n'y parvenaient point, ils lui inten- tèrent un procès, au mois de décembre de la même année, prétendant que sa nomination était illégale. Mais le conseil privé donna gain de cause à notre artiste. II fut ensuite promu à la charge de conseiller et maître général ordinaire des monnaies, par lettres patentes du 17 décembre \ 663 ('). Nous ne pouvons passer sous silence une curieuse requête qu'il adressa, en 1661, au conseil des finances, et dans laquelle il flétrit l'incapacité de ses collègues jaloux et tracassiers :

« A messeigneurs les chef, trésorier général et commis « des domaines et finances du roy. Remonstre très-humble- « ment Adrien Waterloos, graveur des séels de Sa Majesté, « qu'il et exercé ladicte charge à la suitte de ses prédéces- «I seurs par l'espace d'environ quarante-cincq ans, et que, <c pendant ce temps, il s'est rendu si parfaicl et capable en « cest art qu'il seroit sans jactance très-idoine et capable « pour instruire et perfectionner en icelle les tailleurs des « coings des monnoyes de Sa Majesté qui s'y entendent

« et qiiy compétent et appartiennent, sans aullres gaiges à nostre charge « que ceux dont il jouyst présentement en la qu:ilité susdicle de graveur a de nos séelz, ny jwuvoir d'entretenir de vacations que se font à l'exa- « mination des boîtes, et au surplus aux honneurs, proulTictz, libcrtez, u franchises acoustumez et y appartenans, etc. Donné en nostre ville de « Bruxelles, le noeufiesme de febvrier Tan de grasce mil six cens soixante- un. » (Registre 887, cxvj v», de la chambre des comptes , aux Archives du royaume.) (') Ibidem, fo civ v».

_ 27i

« fort peu el ne peuvcnl cstre instruicis par les généraulx '! des monnoyes servans de présent, à cause que parmy '1 ieeux il n'y a personne qui enlende ce faict, el comme <: cela est néanimoings du tout nécessaire pour le plus grand «' lustre des monnoyes de Sa Majesté qui ont généralement « cours presque par tout le monde, et que le suppliant s'y « pourroit utilement employer ainsy qu'il at pracliqué de « tout temps au regard de la fabricque des médailles du « roy el des gouverneurs généraux des pays de par-deça, «1 il supplie vos excellence et seigneuries de le consulter «1 favorablement pour un estât de conseiller et maistre gé- « néral des monnoyes sans aucune nouvelle charge de Sa •1 Majesté, ains aux gages dont il jouysl présentement, « et au surplus aux honneurs et émolumens dépendans et « afférans audict étal de conseiller el maistre général des « monnoyes («).

Pour l'époque écoulée entre les années 1661 et 1668, nous avons à enregistrer un grand nombre de sceaux et de médailles 5 nous décrirons d'abord celles-ci :

XXXVI. 1661. Av. Buste en profil d'Aurèle-Auguste Malineus; légende : AVR : AVG : MALINE9 CONSIL : CONS : SVP : STAT : FLAND.— iRey. Hercule tenant une massue de la main droite et un arc de l'autre; légende : VIRTVTE DVCE (^).

XXXVII. 1662. Av. Buste en profd de Martin Prats,

(') Collection des procès du conseil privé, aux Archives du royaume. (*) Van Loon, loc. cit., p. iS7. L'année 1661 est la date de sa nomination comme conseiller suprême d'Élal à Madrid : il mourut en 1662,

272

évoque dTpres ; légende : ILL^ ET REV»'^^ DÎVVS MARTINVS PRATS EPVS IPRENSIS. Rev. L'écusson de ses armes; légende : VIRTVTIS A\IORE.

1662 (').

XXXVIII. Buste en profil de Martin Prats , évéque d'Ypres; légende : MARTINVS PRATS EPISCOPVS IPRENSIS 2 (^).

XXXIX. Nous croyons devoir placer entre les années 1661 et 1664 la médaille reproduisant les traits de l'artiste même (et dont un exemplaire en plomb, le seul que nous ayons vu, existe dans la collection de la Bibliothèque royale), parce qu'elle porte son titre de graveur général : il s'y est représenté en profil, avec cette légende : ADRIANVS WATERLOOS CONSIL : ET MAG : GENERAL : MO- NETtE PHILIP un HIS REG. awa f. ('). Il existe dans un manuscrit de la Bibliothèque de Bourgogne un autre portrait de notre artiste, dessiné à la sépia, très-pro- bablement d'après une gravure, et qui ne nous paraît pas être fait avec grande exactitude , car la médaille n'a guère de ressemblance avec lui.

XL. 1664. Av. Buste en profil du marquis de Castel- Rodrigo j légende : D FRAN DE MOVRA MAR

(') Van Loon, lop.. cit., p. 485.

(2) Ibidem, p. 486. Nous avons place cette médaille à la suite de la précédente, à l'exemple de Van Loon.

(*) Nous avons publié cette médaille dans la Revue de ta Numismatique belge, l" série, t. II.

273

CAS RODERICI GVB GEN BEL. (Sous le bras) AWA. F. Rev. L'écusson de ses armes couronné (•).

XLI. 1664. Av. Buste en profil de Philippe Malineus; légende : PHILIP : MALIINEUS EQV : DVX ET BRAB : FORESTAR. /?<?». Un dieu des bois sous la forme d'un vieillard, tenant l'écu de Brabant sur ses genoux; légende : ETIAM SYLYJE SVNT MILITE DIG^M {'),

XLII. 1664. Av. Buste en profil de Philippe Malineus; légende : PHILIP : MALINEVS : EQV* DVX ET BRAB

FORESTAR. Bev. Au milieu d'un bois Mars sur un piédestal tenant une lance d'une main et l'écu de Brabant de l'autre; légende : ETIAM SYLV^ ' SVNT MILITE

DIGN.E C).

(') Van Loon, toc. cit., p, 497. D'après la note qui suit, on voit qu'Adrien Waterloos reçut, par ordonnance de payement datée du 1 0 septembre tC66, la somme de 2i0 florins pour quatorze exemplaires d'argent de cette mé- daille :

« Aen Adriaen Waterloos, de somme van ije xl guldens voor xiiij silvcre « medaillien by hem gemaeckt ende gelevert, op d'een zydc representee- rende de fisomie van den persoon van Syne Exellencie den marquis « van Castel-Rodrigo, gouverneur van den Nederlanden ende van Bour- « goignen, ende op d'andere syde zyne wapenen ; soo voor hct faschon « als silver, volgende eene requcste tôt dyne eynde gepresenleert aen de o heeren van de finanticn ende d'ordonnantie daer onder staende van der « date den x»" september xvj» Ixvj.» (Registre 180^ de la chambre des comptes, aux Archives du royaume.)

(') Van Loon, ibidem, p. 488. L'année 166-^ est la date de la nomina- tion de Malineus en qualité de forestier de Brabant.

(*) Ibidem.

2* SÉRIE. TOMS V. 18

274

XLIII. \ 665. Av. Buste en profil de Charles II ; légende : CAROLVS II D : G : HISP : ET INDIAR REX.

Kev. Un globe terrestre, au-dessus duquel se trouve une couronne royal^, .traversée d'un sceptre et d'une épée pla- cés en sautoir et surmontée de la colombe céleste; légende : TE MODERATORE (').

XLIV. 1665. Av. Buste en profil de Charles lïijé- gende : CAROLVS Il t) : G : HISP : ET 'iNDIAfl REX Rev. Buste en profil de Marie- Anne, sa mère; légende : MARIANNA D : G : HISP : ET INDÏ : RE- GL\A GVBERT ('). v ,,r

XLV. 1668. Av. Buste en profil de Charles II; lé- gende : CAROLVS D G HISP ET INDIAR REX-

AWA * F Rev. Faisceau formé d'un globe aux armes d'Autriche renfermé dans un C, d'une couronne, d'un sceptre, d'une épée, d'une bêche et d'une ancre; légende : HINC VIGOR . INDE ROBVR. C).

Cette médaille a éié gravée par ordre du marquis de

(') Van Look, loc. cit., p. bH.

(') Ibidem, p. 5i2. C'est Irès-probablement de l'une de ces deux mé- liailles qu'il est question dans la note suivante ; "; ■■'-'''

(Février 1668.) « Adrien Waterloos, graveur des sécis de Sa Majesté, « la somme de ixe Ixx livres, de xl gros, à qiioy montent xij médailles d'or « ctxij d'argent qu'il a fait par ordre de Son Excellence pour luy en « servir à recognoislre les belles actions qnc les capitaines. et autres offi- « ciers et soldats feront contre i'ennemy, à quel effccl Icsdictes médailles « ont esté délivrées à Sadicte Excellence. » (Registre u" 1934, f" iiij'' xij de la chambre des comptes, aux Archives du royaume.)

(») Van Loon, ibidew, t. Ifl, p. 21.

27S

Caslel-Uodrigo , alors gouverneur général des Pays-Bas, à l'occasion do la paix conclue à Aix-Ia-Chapellc entre la France et l'Esp.ngne. Au mois de novembre de la même année, Waterloos reçut la somme de 1,420 florins pour son travail et la livraison de 24 exemplaires en or ('). A ce propos plusieurs membres de la chambre des comptes repré- sentèrent au gouvernement qu'ils avaient droit à un exem- plaire de cette médaille, ainsi que ceux du conseil des finances, pour avoir u fréquenté la chambre du temps de la « publication de ladicle paix » , prétendant qu'ils avaient joui de la même faveur lors de la paix des Pyrénées, de même que leurs prédécesseurs en 1598 , après le traité de Vcrvins (').

En 1668 encore, Adrien Waterloos fit différents projets de portraits et d'écussons pour les monnaies doret d'argent à frapper à l'effigie du roi Charles II (').

(I) « Aen Adriaen Waterloos, ordinaris segelsnyder van Syiic .Majcs- « tcyt, betaeit de somme van xiiije xx guldens soo voer geboelseert te « hcbben eene medalie van Syne Majesteyt, ende den emblema van den « peys, als daer naer gemaeekt ende gelevcrt te hebben xxiiij dyergclyke « goude medalien, soo naerder is vuytgedruckt ende specifficatie, daer van « zynde hier overgelevert met ordonnanlie van de heeren van de finan- o tien %'an der date vj««> novcmbris 1668. » (Registre 179^8, 20 r", de la chambre des comptes, aux Archives du royaume.)

(^) « Très-honorés seigneurs. Comme vos seigneuries ont jouy d'une « médaille de portraict de Sa Majesté, à raison de la dernière paix arrestce « avec la France, nous sommes occasionné de représenter à icclles que « nostre collège a tousiours esté réputé pour membre du conseil des « finances, etc. » Collection des avis en finances, 1668, 2* liasse, »6?t/e;w.

(*) « Aen Adriaen Waterloos, de somme van cxx guidon, voor gefor- mecrt te hebben verscheyden medaillien van de cflSsie van Syne Majes- « teyl om te dienen tôt het slacn van de nicuwe munlen soo van goût als

276

Après la mort de Philippe IV, notre artiste, en sa qualité de graveur ordinaire des sceaux , fut chargé de la gravure de ceux de Charles II, et, jusqu'à leur achèvement, le gou- verneur général des Pays-Bas ordonna de se servir de ceux du roi défunt ('). Il se mit immédiatement à l'œuvre (') et termina, dès l'année 1G66, les sceau et contre-sceau des- tinés au conseil d'État suprême établi à Madrid pour les Pays-Bas et la Bourgogne (^), et qui sont presque identi-

» silver naer d'effigie ende wapeacn der selver, volgende ccne ordon- « nantie van de heeren van de finantien gestclt onder ccne rcqueste in « date den cersten mecrt xvj« Ixviij. » (Registre 180^2 de la chambre des comptes, aux Archives du royaume.)

(1) o Messieurs. Comme par le trespas de Sa Majesté, ainsy que nous « vous avons adverty par lettre de ccjourd'hui, vient à cesser l'usage des « seaux dont se séelloient les lettres patentes et se cucliettoicnt les lettres « closes, cesie sera pour vous ordonner de faire tailler des nouveaux avec « le nom et effigie de Sa Majesté Charles IJe et le collier de la Toison d'or, « et attendans que Icsdiz seaux puissent estre taillez, vous vous pourrez « servir de ceux dont vous vous êtes servy jusques à présent, etc. De « Bruxelles le 9^ d'octobre lC6i). » (Registre 5î>9, «Ivj r*», du conseil privé, ibidem.)

(*) « Aen Adrien Waterloos, de somme van iij* guidons in penningen « gcfurneert ende betacit voor gelyckc somme hem geaccordeert om le o coopen het silver nootelyck om te maecken de nieuwe scgels om te a dienen in de raeden van Syne Majcsteyt, volgende d'ordonnanlie daer « van gedepeschcert den lesten november xvjo Ixv. » (Registre 18059, de la chambre des comptes, ibidem.)

Cette dépense est également renseignée dans le registre 1931, fo iij'= Ixiiij v», ibidem, en ces termes :

« j\ Adrien Waterloos, la somme de iij« livres que Son Excellence luy « at accorde pour en achapter l'argent nécessaire pour l'aire les sécls « nouveaux pour servir es conseils de Sa Majesté. » (Décembre IGGo.)

(*) « A Adrien Waterloos, la somme de vij« Ix livres, de xl gros de ■• Flandre, que Son Excellence luy at accordé pour avoir grave le grand-

-^ "lit

quement les mêmes que ceux qu'il aclieva, en 1670, pour Te conseil privé («). Sur ce dernier sceau, le roi d'Espagne est représenté assis sur un trône de dimension beaucoup plus grande, relativement au personnage, que dans les sceaux des souverains, ses prédécesseurs, avec cette légende :

CAROLVS II D G REX HISPAN VTR SICIL Z<= ARCIIID AUSTR DVX BVRG BRAB : COMES FLANDRIAE Z^.

Le contre-sceau représente, comme toujours, un grand écusson couronné et entouré des insignes de l!ordrc de la Toison d'or; on y lit pour inscription :

« séel et contre-scel, pour servir au conseil d'estat suprême aux affaires « des Pays-Bas et de Bourgogne, à sçavoir vjc livres pour le grand scel « et clx livres pour le contre-séel. » (Registre 1952, f" iiij« xlij v, de la chambre des comptes, aux Archives du royaume.)

(') 0 Aen Adrien Watcrioos, de somme van ijc xl guldens, waer op « compt de beloopcn hnt fj'n goût by den çiuntmccster aen dtn selven « gclevcrt tôt volmaeckinge van de nieuwe segels van Syne Majcsleyt « Carel den Twceden, voor de raeden van Syne fliagestey t, volgens eene « ordonnantie van de heeren van de flnantien geslelt onder een pla-

caet van dcr date den v" sepfembris xvjc Ixix. » (Registre 180^2, ibidan.) 'i ,h'iei\ii,'.

« Aen den selven Waterloos, de somme van mxcvij guldens vj stuy- « vers, voor gegravcert endc gesneden te hebben, door ordre van de voor- a genoempde heeren van de finautien, den grooten segel om te dienen in « den secreten racde representerende Syne Conynclyke Majcsleyt Carel a den Tweeden, met ccnen conter-seghel, wegendc 't saemen in silver « xlvj oncen vj cngelschen, volgende cenespccificatieende d'ordonnantie

daer onder staende van de heeren van de fmantien van der date den « xxiiijs" mey xvj<: ixx, medebrengende de selve oi'donnautie dat dese « betaclinge is last ordinaris endc aen dcse hccriyckc rechien gcaffeçr tocrt, B ( Registre 17949, £«20 v», ibidem.)

278

CAROLVS Il D : G : REX HISP V- ARÏIC : A VST DVX BRAB BVRG t^ COMES FLAND : S^.

Pour la gravure des sceau et contre-sceau du conseil de Ikabanl, dont notre artiste est aussi l'auteur, il se fil aider par Denis Walcrloos, son neveu. La matière et le travail de ces deux pièces s'élevèrent à 882 livres, dont 122 pour l'ar- gent et les deux poignées. Celte somme leur fut payée sur la recelle générale des finances, par ordonnance du 19 fé- vrier 1072 ('). Le sceau de Brabanl représente Charles II à cheval, et couvert dun long manteau, avec celte lé- uende :

(') Aen heer Alex, de Baillencourt Courcol, rentmoester gênerai van u de domeynen ende finantien, de somme van iiijc xlj guldens in pcnnin- « gen bctaelt ende gefurneert aen heer Adriaen Waterloos, segelsnyder « ordiaaris van Syne Majesteyt , ende aen Danys Waterloos , synen « odioinct, waerop beloopt het graveren ende silver van dcn segel van « den raede van Brabant, te'wefen : vjc gnldens voop den grooten segel, « je Ixix g. voor den contersegel , ende j" xxij g. voor de matière van sil- « ver ende twee houte stelen lotie voorscreven zegels, volgende d'ordon- « nantie daer van gedepescheert, ende dat in plaetse et in mindeinisse van « eenen anderen brieff van deschargie van viijc Ixxxij guldens gelicht in date den xix februarii xvje Ixxij, op Jacques Gaillard, secretaris van « deri raede van Brabant ende gecommitteert tôt den onlfanck van de « rechten van den segel van den selven raede. » (Registre 1804-4 delà chambre des comptes, aux Archives du royaume.)

La même dépense se trouve mentionnée dans le registre 1958, fo v Ixvij v», ibidem, ainsi qu'il suit :

« A Adrien Waterloos, graveur ordinaire des séels du roy, et Denis « Waterloos, adjoinct, la somme de viij'! iiij»ij livres, à quoy monte la (. graveure et argent du séel du conseil de Brabant, sçavoir vjc livres pour le grand séel et clx livres pour le contre-séel, et cxxij livres pour B la matière d'argent et deux bois servans ausdits séels. » (Février 1672.)

279

S : CAROL III D G REG HISP VTRI SICIL- S<= ARCHID AVST DVC BVRG PRO DVC LOT BRAB LIMB MAR S IMP.

Le contre-sceau est une imitation de ceux précédemment employés, et n'offre qu'un écusson soutenu par deux lions ; on y lit l'inscription suivante :

CAROLVS REX HISPAiN VTR SICIL E ARCH AVST- DVC BVRG PRO DVCA- LOTIIA- BRAB- LIMB -MA- S- IM- (").

Au mois d'octobre 1673, Adrien Walerloos reçut 770 flo- rins \7 sous 6 deniers, pour la gravure des sceau et contre-sceau du conseil de Gueidre, et pour la livraison du métal et des accessoires (').

Voici quatre autres médailles dont le fécond artiste nous semble être encore l'auteur; ce sont vraisemblablement ses (jliiçrni^'*^ travaux.

XLVL 1670. Jv. Buste en profil de Claude, prince de

(') La joyeuse entrée de Brabant qui date du 12 février 1666, et dont l'original repose dans les archives des états de Brabant, aux Archives du royaume, est scellée du sceau de Philippe IV; la clôture de cette pièce est ainsi conçue : « Ende den zegel hier aen docn hanghen van wylen den « coninck Philips dert Viei'den, deq velcken man noch is gebruyckende « tôt dat den genen van de selve Syne Majesteyt sal wesen gemaeckt. »

(*) « A Adrien Waterloos, la somme de vi'y Ixx florins xvij sols vj de- « uiers, à quoy montent la graveure et argent du séel du conseil en « Gueldres, sçavoir ; vj<= livres pour le grand séel, c livres pour le contre- « séel, et Ixx livres xvij sols vj deniers pour la matière d'argent et deux « boit servans ausdits séels. » (Registre 1939, vje xlviiij r», de la chambre des comptes, ibidem.) '

280

FJgne, en qualité de gouverneur de Sicile; légende : CLAV- DIVS PRINCEPS A LIGNE ET S I SICIL : PROUEX Rev. Un vaisseau de guerre à la voile ayant sur la poupe et sur le pavillon les armes de la maison de Ligne, d'or à la bande de gueules : cette bande partage aussi la médaille en deux parties; légende : QVO RES CVMQVË CADVNT SEMPER LINEA RECTA (•).

XLVn. 1673. /^v. Buste en profil de Claude, prince de Ligne , en qualité de gouverneur du Milanais ; légende : CLAVDIVS PRINCEPS A LIGNE ET S R I MEDIOL GVB Rev. C'est le même que celui de la médaille précédente (').

XLVIII. 1679. Av, Buste en profil de Gilles de Roy, prieur de Rouge-Cloître; légende : iEGIDIVS DE ROY PRIOR RVBE^ VALLIS S T L Rev. L'écu de ses armes entouré de deux cornes d'abondance d'où sortent deux génies qui soutiennent un cœur brûlant; légende: REGALÏTER ET REGVLARITER (3).

XLIX. 1679. Jv. Buste en profil de Charles II; légende: CAROLVS II D G : IlISP ET INDIAR REX—Rev, Buste en profil de Marie-Louise d'Orléans, sa femme; lé- gende : MARIA LVDOVICA 0:6: HISP : IND : RE- GINA (4).

{') Van Loon, loc, cit., t. IIl, p. 55. (») Ibidem, p. 172. (^) Ibidem, p. 266* (♦) Ibidem, p. 270.

281

Après une carrière aussi dignement remplie, Adrien Walerloos mourut à Bruxelles, en 1684. Il avait épousé Cornélie Warein dont il eut plusieurs enfants (•).

Alexandre Pinchart.

(>) Voy, à l'article : Deniê Watetloo», le tableau généalogique de la famille.

282

ACTES OmClELft».

Législation monétaire de la Belgique de 1830 « 1855 (').

Constitution belge, du 7 février I83I, art. 74.

La législation monétaire de la Belgique a pour base une disposition constitutionnelle ainsi conçue : le Roi a le droit de battre monnaie en exécution de la loi.

Arrêté royal du 29 décembre 1831.

Un arrêté royal du 29 décembre 1831 réorganise l'Ad- ministration des monnaies et la remplace par une Commis- sion des monnaies , composée d'un président et de deux commissaires généraux.

Il établit près de la Commission des monnaies un bureau composé :

D'un inspecteur général des essais ;

De deux essayeurs, et

D'un graveur des monnaies et poinçons de titre et de garantie.

Il y a en outre, dans l'hôtel de la monnaie, un directeur de la fabrication , et un contrôleur au change et au mon- nayage.

Cet arrêté royal a été modifié par celui du 30 décembre 1848, qui sera mentionné ci-après.

(') Nous devons les renseignements qui composent cet article à l'obli- geance de M. Lojcune, commissaire général des monnaies.

285

Loi monétaire du 6 juin 1832, no 442.

Le système monétaire que la Belgique s'est donné par la loi du 5 juin 1832, est conforme au système de la France; il n'en diffère en quelque sorte que par l'empreinte.

Cinq grammes d'argent au titre de neuf dixièmes de fin {^^ constituent l'unité monétaire sous le nom de Franc.

Les pièces de monnaie dont cette loi permet la fabrica- lion sont les suivantes :

1" En argent : les pièces d'un quart de franc, d'un demi- franc, d'un franc, de deux francs, de cinq francs.

2" En or : les pièces de vingt francs, au titre de neuf dixièmes de fin et à la taille de cent cinquante-cinq au kilo- gramme, et les pièces de quarante francs, au même titre et d'un poids double.

3" En cuivre pur, du poids de deux grammes par cen- time : les pièces d'un centime, de deux centimes, de cinq centimes, et de dix centimes.

Outre ces monnaies, la loi maintient dans la circulation, jusqu'à disposition ultérieure, les monnaies, dont la déno- mination suit : lob ^Uv

Les monnaies décimales françaises d'or et d'argent, pour leur valeur nominale.

Les pièces d'argent des Pays-Bas frappées sous l'em- pire de la loi du 28 septembre 1816 ; les pièces d'or de cinq et de dix florins et les pièces de cuivre des Pays-Bas ; le tout sur le pied de 47 i/* centièmes du florin des Pays- Bas pour un franc.

Les monnaies frappées dans les provinces qui forment actuellement le royaume de Belgique comme monnaies

284

provinciales ou du pays, et qui circulaient encore dans le royaume, sur le pied des tarifs existants.

Les monnaies auxquelles la loi du 5 juin 1852 attribuait le cours légal étaient en conséquence :

1" Les monnaies décimales d'or et d'argent, tant fran- çaises que belges, savoir :

En argent : pièces de quart de franc , de demi-franc, d'un franc, de deux francs, de cinq francs.

En or : de vingt francs, de quarante francs.

Et les pièces belges en cuivre pur : d'un centime, de deux centimes, de cinq centimes, de dix centimes.

Les monnaies des Pays-Bas frappées depuis 1816, sur le pied de 47 tji cents par franc :

A. En cuivre : pièces de demi-cent, et d'un cent.

B. En argent : pièces de cinq cents, de dix cents, de vingt-cinq cents, de demi-florin, d'un florin, de trois florins.

C. En or : pièces de cinq florins et de dix florins.

Les monnaies frappées dans les provinces qui forment actuellement le royaume de Belgique, comme monnaies provinciales ou du pays, telles qu'elles avaient été tarifées en florins et cents des Pays-Bas, par arrêté royal du 8 dé- cembre 1824-, ainsi qu'il suit :

Monnaies des Pays-Bas autrichiens.

Or : Double souverain fl, 1 5 98

Souverain 7 99

Demi-souverain 3 99 î

Ducat 5 40

Argent : Ducaton 2 98

Demi-ducalon \ -{9

Quart ducaton > 7^ }

285

Argent : Huitième ducaton « H^i {

Couronne de firabant 2 03

Demi-couronne de Brabant i 31

Quart couronne de Brabant « 65^

Double escai in » li7

Escalin » 28 i

Plaquette » i''i

Pièce de cinq plaquettes » 71

Pièce de cinq sous « 22

Pièce de dix liards » H

Cuivre : Pièce de deux liards » 2

Pièce d'un liard « I

Monnaies de Liège.

Or: Ducat <.m^>*j« A- -4 90

Florin d'or ....,.., 2 90

Argent : Double escalin » 57

Escalin » 26 i

Plaquette » iZ ^

Cuivre : Sol de Liège o 2|

Demi-sol de Liège » i

Liard » » i

Monnaies de Luxembourg.

Argent : Pièce de douze sous » ^0

Pièce de six sous » 19

Pièce de trois sous » 9 ^

Cuivre : Sol de Luxembourg » 4

Demi-sol de Luxembourg » 2

Liard » 1

Demi-Iiard » » ^

\\ nu -i;

Cette liste, comprenant 43 différentes pièces de monnaie qui avaient cours légal en Belgique, est considérablement diminuée aujourd'hui.

La loi monétaire du 5 juin 1832 a été successivement

286

modifiée par les dispositions indiquées ci-après, par ordre chronologique.

Loi du 30 décembre 1832 et loi du 18 mara 1833.

Conformément à l'art. 26 de la loi monétaire du 5 juin 1832, dans tous les actes publics et administratifs, les sommes ont être exprimées en francs et centimes , à partir du 1" janvier 1853.

Une loi du 30 décembre 1832 règle l'application du nouveau système monétaire à quelques branches des re- cettes, et autorise la continuation de la perception , en florins et cents, des taxes des barrières, jusqu'au 1°' avril suivant, ainsi que des taxes et droits pour l'administration de la poste aux lettres jusqu'à ce qu'il y fût autrement pourvu.

Par la loi du 18 mars 1833, la perception des taxes des barrières en florins et cents est maintenue jusqu'au 1*' avril 1834.

Loi du 31 décembre 1832, no 1112, et loi du 27 décembre 1833,

Bo 1663.

L'art. 20 de la loi du 5 juin n'avait maintenu dans la circulation les pièces de cinq et de dix florins, sur le pied de 47 i/i cents pour un franc, que jusqu'au 31 décembre 1832. A partir de cette date la valeur de ces pièces devait être réduite au taux de 48 ij* cents pour un franc. Mais par la loi du 31 décembre 1852, ce délai a été prolongé jusqu'à la fin du premier trimestre de 1835, et une autre loi du 27 décembre 1833, n" 1633, leur a donné de nou- veau et indéfiniment cours légal au taux de 47 V* t;cnts

287

pour un franc. La disposition qui a fait cesser ce cours obligatoire sera mentionnée plun bas.

Mif'j ; '■■

Loi du 27 décembre 1833, 1662, et loi du 31 décembre 183&.

L'art. 29, § 2 de la loi monétaire du 5 juin 1832, porte qu'une loi spéciale organisera l'administration des monnaies et que provisoirement, jusqu'au 1" janvier 1834, au plus tard, la Commission instituée par arrêté royal du 29 dé- cembre 1831 , en remplira les fonctions. Ce délai a été prolongé d'abord pour un an, par la loi du 27 décembre

1833, et ensuite indéfiniment par la loi du 31 décembre

1834. On verra plus bas que la commission est restée en fonction jusqu'à la fin de 1848.

Loi du 12 mars 1834.

A partir du 1" avril 1834, la taxe des barrières est perçue à raison de 2 centimes par centième de florin.

Loi du 28 mars 1834.

Conformément à l'art. 22 de la loi monétaire, l'échange des monnaies de cuivre du ci-devant royaume des Pays- Bas, sur le pied de 47 i/i cents pour un franc, contre même valeur en nouvelle monnaie de cuivre, s'est effectué du l""" jusqu'au 12 avril 1834.

Il en a été retiré de la circulation pour une valeur de :

En pièces de ^ cent environ fr. 100,000 »

Id. 1 id 1,138,000 .>

Total... fr. I,ii38,000 »

288

Loi du 1er février 1835.

Par dérogation à l'art. 14 de la loi monétaire du 5 juin i852, il est accordé une tolérance de poids d'un dixième en dedans, pour la monnaie de cuivre à provenir de la transformation en pièces d'un et de deux centimes, des cents et demi-cents des Pays-Bas, retirés de la circulation en exécution de l'art. 22 de la susdite loi monétaire.

Loi du 29 décembre 1835.

A partir du 1" janvier 1856, les taxes et droits pour l'administration de la poste aux lettres sont perçus confor- mément au nouveau système monétaire.

Loi du 17 février 1840, et arrêté royal du 26 février 1840.

Les monnaies provinciales ou du pays, dont fait mention l'art. 21 de la loi du 3 juin 1852, ont cessé d'avoir cours légal le 51 mars 1840. Jusqu'au 15 avril suivant, ces mon- naies ont pu être versées en payement des impôts ou échangées sur le pied des tarifs existants.

En exécution de cette loi, ont été retirées de la circula- tion les espèces dénommées ci-dessous.

Pièces, Escalins simples dcBrabant 751, lli

20 Id. doubles de Brabant et de Liège 240,391

3o Plaquettes de Brabant 297,915

Pièces de b sous de Brabant , 43,656

So Id. de 10 liards de Brabant 111,548

6o Id. de 5 plaquettes 105,677

7o Id. de 8 deducaton 647,771

8o Id. dc^ id 78,281

Id. demi-ducalou 50,525

289

Pièces.

10» Dacalons : 19,79^

Ho Escalins simples de Liège 132,187

12o Plaquettes de Liège 80,333

13" Pièces de 12 sous de Luxeinl»ourg 1 ,830

l-{o Id. 6 id. 17,3b7

15» Id. 3 id. S9,69l

{6° Couronnes impériales 20,346

17o Demi-couronnes impériales l-f.HS

18» Quarts id. 12,750

La valeur nominale de ces pièces, d'après les derniers tarifs en vigueur, était de fr. 5,340,330 74

Dès 1823,1e gouvernement des Pays-Bas avait com- mencé à retirer et à refondre Jes monnaies provinciales. Mais cette opération n'avait porté que sur les onze espèces mentionnées ci-dessus, sous les 1 à 6 et 11 à la.

En 1836, la valeur nominale de ces monnaies, déjà soumises à la refonte, s'élevait en florins des Pays-Bas à 5,915,657-78., en fr. 12,519,910 07

Total fr. 15,860,440 81

lioî du 16 février I84&, et arrêté royal du 15 février 1844.

Toutes les monnaies des Pays-Bas, en argent, maintenues dans la circulation par l'art. 19 de la loi du 5 juin 1832, ont cessé d'avoir cours légal, le 15 mars 1844. Jusqu'au 15 avril suivant ces monnaies ont pu être versées en payement des impôts ou échangées sur le pied des tarifs existants,

Iioi du 31 mars 1847.

La loi du 31 mars 1847 modifie notablement la loi monétaire du 5 juin 1832 j elle en abroge les art. 7, 9, 15 et 1 6, ainsi que l'art. 18 en ce qui concerne les pièces d'or.

Elle supprime les pièces d'or de vingt et de quarante

iÉRiB. Tome v. 19

290

francs, et autorise la fabrication de pièces de dix et de vingt-cinq francs, à concurrence de 20 millions.

Les pièces de dix francs, au diamètre de 17 millimètres, au poids de 3 grammes 166-22.

Les pièces de vingt-cinq francs au diamètre de 22 milli- mètres et au poids de 7 grammes 915-56.

Le titre des deux espèces de pièces est maintenu à 9/10 de fin et i/io d'alliage, et la tolérance du titre et du poids à 2 millièmes en dedans et en dehors, conformément aux art. 8, 10 et 11 de la loi du 5 juin 1852.

L'art. 6 ajoute à la série des monnaies d'argent la pièce de 2 francs 50 centimes, au diamètre de 30 millimètres.

L'art. 7 porte : que le type des monnaies d'or et d'argent sera réglé par arrêté royal ;

Que néanmoins elles devront porter l'effigie du monarque avec son nom et l'inscription : roi des belges et sur le revers l'indication de la valeur de la pièce et le millésime ;

Que les pièces de deux francs, de deux francs cinquante centimes, de cinq francs, et de vingt-cinq francs, porteront sur la tranche la légende : dieu protège la Belgique;

Que le litre et le poids seront indiqués sur les pièces d'or.

Enfin, l'art. 8 autorise le gouvernement à fixer l'époque les pièces de cinq et de dix florins des Pays-Bas cesse- ront d'avoir cours légal en Belgique.

Arrêté royal du 9 avril 1847.

Cet arrêté règle le type des monnaies, conformément à la loi du 3 mars 1847.

Le revers doit porter les armes du royaume et la devise nationale : l'union fait la force.

201

Les pièces de cinq francs portent, en relief sur la tran- che, la légende : dieu protège la Belgique.

Sur les pièces d'or, la tète doit regarder la droite ; sur les pièces d'argent, la gauche.

Arrêté royal du 10 mai 1847.

Il est ouvert un concours pour la gravure du coin de la pièce de cinq francs. Les conditions sont indiquées dans l'arrêté royal du 10 mai 1847.

Loi du 4 mars 1848.

Cette loi a donné cours légal en Belgique : Aux souverains anglais (7 grammes 981 milligrammes, au titre de 916 millièmes), au taux de 25 francs 50 centimes; Aux pièces de monnaie d'argent d'un florin (10 gram- mes, au titre de 945 millièmes) et de deux et demi florins des Pays-Bas (25 grammes, au titre de 945 millièmes), frap- pées conformément aux lois de ce pays, du 22 mars 1839, et du 2G novembre 1847, au taux de 2 francs 10 centimes pour la pièce d'un florin , et de 5 francs 25 centimes pour celle de deux et demi florins.

Loi du 20 mars 1848, et loi du 22 mai 1848.

Ces lois assimilaient à la monnaie légale, en leur don- nant cours forcé, les billets de banque de la Société Générale pour favoriser l'industrie jusqu'à concurrence de 52 mil- lions de francs, et les billets de la Banque de Belgique , à concurrence de 10 millions.

Ces deux établissements étaient dispensés de l'obligation

292

de rembourser leurs billets avec des espèces , sauf les cou- pures de SO francs et au-dessous.

Arrêté royal du 13 avril 1848 , et arrêté royal du 5 juin 1848.

Le premier de ces arrêtés autorise l'émission de billets de 20 francs, et l'autre l'émission de billets de 5 francs.

Loi du 9 mai 1848, et arrêté royal du 12 mai 1848.

Cette loi et cet arrêté modifient respectivement la loi du 31 mars 1847 et l'arrêté royal du 9 avril suivant, dans ce sens que : les pièces de cinq francs portent en relief sur la tranche, la légende : dieu protège la Belgique , et que toutes les autres pièces de monnaie sont frappées en virole cannelée.

Loi du 28 décembre 1848.

La commission des monnaies, instituée par arrêté royal du 29 décembre 1851, successivement maintenue par les lois du 5 juin 1832 (art. 29), du 27 décembre 1853 et du 31 décembre 1834, est supprimée à compter du 1" jan- vier 1849.

Les fonctions exercées collectivement ou individuelle- ment par le président de la commission des monnaies et les deux commissaires généraux, sont remplies, sous l'autorité du ministre des finances, par un commissaire qui prend le titre de commissaire des monnaies.

Arrêté royal du 30 décembre 1848.

Cet arrêté réglementaire sur l'administration des mon- naies remplace l'arrêté royal du 29 décembre 1831,

~ 293

Le personnel de l'administration des monnaies se com- pose, outre le commissaire des monnaies,

D'un inspecteur général des essais,

2" D'un contrôleur au change et au monnayage,

De deux essayeurs ,

Du directeur de la fabrication,

5" D'un graveur des monnaies et des poinçons de titre et de garantie.

Arrêté royal du 28 septembre 1849 , et arrêté royal du 2 oc- tobre 18&9.

Les souverains anglais ont cessé d'avoir cours légal en Belgique le 1" octobre 1849. L'échange en a été opéré jusqu'au 5 octobre j il en a été présenté pour plus de 20,230,000 francs.

Loi du 20 avril 1860.

Pourront être réduits par arrêté royal :

La tolérance fixée par les articles S, 6, 10 et il de la loi monétaire du 5 juin 1832,-

Les frais de fabrication et d'affinage fixés par les arti- cles 27 et 28 de ladite loij

Le délai fixé par l'art. 32 de la même loi , pour la conservation des pièces qui ont servi à constater l'état de la fabrication. Toutefois, ce délai ne peut être de moins d'une année.

Loi du 6 mai 1860.

Conformément à l'art. 26 de la loi du 5 mai 1850, la Banque Nationale a retiré de la circulation les billets de banque ayant cours forcé.

294

ilirèté royal du 1& juin 1860.

Les pièces de 5 et de 10 florins des Pays-Bas ont cessé d'avoir cours légal le 15 juin 1850. Toutefois, elles ont été reçues dans les caisses publiques^ en payement des impôts et revenus de l'État, jusqu'au 22 juin, aux taux respectifs de 10 francs 45 centimes et de 20 francs 90 centimes.

Arrêté royal du 4 août 1850.

Les frais de fabrication des monnaies d'argent sont ré- duits à 1 franc 50 centimes par kilogramme.

La tolérance du titre des monnaies d'argent est réduite à 2 millièmes en dessus et 2 millièmes en dessous.

Le délai pour la conservation des pièces qui ont servi à constater l'état de la fabrication est réduit à un an.

Loi du 28 décembre 1850.

L'art. 1'' de la loi du 31 mars 1847, décrétant la fabri- cation des pièces d'or de 10 et de 25 francs, est rapporté.

Le gouvernement est autorisé à faire cesser le cours légal de ces pièces fabriquées jusqu'à concurrence de 14,646,025 francs.

Les monnaies d'or étrangères cessent d'avoir cours légal en Belgique, le 29 décembre 1850.

Arrêté royal du 25 août 1851.

Cet arrêté prescrit les formalités concernant les matières d'or et d'argent déposées à l'hôtel des monnaies, soit pour e monnayage, soit pour l'affinage seulement.

296 ~

Loi du l'r décembre 1852, et arrêté royal du 1" décembre 1863.

A partir du 1" janvier 1853, les pièces d'un quart de franc ont cessé d'avoir cours légal.

II est fabriqué des pièces d'argent de 20 centimes, du poids d'un gramme.

Les pièces de 23 centimes, soit belges, soit françaises, continuent à avoir cours légal au taux de 20 centimes.

Il a été retiré de la circulation :

En pièces de 23 centimes belges pour une valeur de. . fr. 286,216 2o et en pièces françaises pour 146,979 >

Total fr. 453,193 23

ou 1,732,781 pièces.

Pour les remplacer, il a été fabriqué en pièces de 20 cen- times pour une valeur de 450,000 francs ou 2,230,000 pièces.

Arrêté royal du 1" décembre 1852.

Les pièces de 20 centimes sont frappées en virole cannelée^

Arrêté royal du II août 185&.

Les pièces d'or de 1 0 et de 25 francs, fabriquées en exé- cution de l'art. 1" de la loi du 31 mars 1847, ont cessé d'avoir cours légal, le 5 septembre 1854. Elles ont été admises à l'échange dans les caisses de l'Etat jusqu'au 4 septembre. Il en a été présenté :

en pièces de 2o francs pour une valeur de fr. 11,388,400

et en pièces de 10 francs pour 548,900

Total fr. 11,957,500

En conséquence, depuis le 5 septembre 1854, les moûf

2ff6

naies ayant cours légal en Belgi(|ue se réduisent à la i>érie suivante :

Monnaies belges.

Argent : Pièces de fr. t> »

2 SO

~ 2 »

-• 1 .

~ 50

» 20

Cuivre: » 10

. 05

« 02

» 01

MONNAIES ÉTRANGÈRE&r Monnaies françaises.

Argent : Pièces de fr. S »

~ 2 »

1 »

. m

«20

Monnaies des Pays-Bas.

Pièces de \ florin, au taux de fr. 2 10

Pièces de 2 i florins, au toux de , , 5 â.»

207

CORK£SPOJ\DANCE.

Extrait d'une lettre adressée à M. Piot.

Copenhague, 17 février i85S.

Mon cher amI^

Mon libraire met sous mes yeux la quatrième livraison du tome IV de la 2* série de la Revue de la numismatique belge. J'y vois, pi. XX, fig. 3, une pièce que M. Chalon public comme une énigme. Ces monnaies énigmatiques sont connues par suite des trouvailles qui ont été faites dans les pays Scandinaves. Si vous voulez consulter le grand ou- vrage sur les monnaies danoises, in-folio publié, en 1791, sous le titre de Beskrivelse over Danske mynter og me- dailler in den konglige samling, et qui doit se trouver pro- bablement à la Bibliothèque royale de Bruxelles, vous y verrez, au nombre des monnaies inconnues et non classées, les gravures d'une vingtaine de pièces de ce genre (n"' 175 à 202). Le savant Suhm et les éditeurs de cet ouvrage ne pou- vaient, en les examinant, faire autre chose que d'émettre des conjectures ; et leur âge et leur origine seraient encore inconnus si un heureux hasard ne m'avait mis en possession d'une pièce qui forme le lien entre les types primitifs et leurs imitations si dégénérées. Je vous envoie ci-joint une

298

gravure de cette pièce ('), que j'ai publiée en décrivant la célèbre trouvaille de Vaalse, dans les Annales de la Société royale des antiquaires du Nord, de 1842 à 1843. J'y ai clai- rement prouvé que ces pièces sont des copies de copies des monnaies si connues et frappées par Charlemagne à Dor- stad. Si on ne connaissait pas le lien, on ne pourrait jamais s'imaginer qu'il est possible de s'écarter si loin de l'original. Mais tournez le revers du 3 de la pi. XX, indiquée ci-dessus, vous y trouverez C^Ho et à l'avers STOT (stat) et même la francisca. Je vous prie de prendre un ouvrage quelconque concernant les monnaies de Charlemagne frap- pées à Dorstad, et la dégénérescence de leur type, quoique très-grande, vous sera claire. Cette dégénérescence n'existe pas seulement pour le type, mais aussi pour le poids. Celui des copies devient de plus en plus faible et par degrés, et les dernières sont tellement minces , que l'empreinte des coins n'est plus complète à l'avers et au revers. On pourrait bien les classer parmi les monnaies que les Allemands désignent sous le nom de Halbbracteaten (demi-bractées).

Les trouvailles faites dans les pays Scandinaves , et dont ces pièces dégénérées faisaient partie, prouvent qu'elles appartiennent à la fin du neuvième siècle ou au siècle sui- vant. Une dégénérescence si grande n'est pas arrivée tout d'un coup, mais lentement et par degrés. Anciennement, comme de nos jours , les pièces légères ont supplanté les bonnes, et vous en trouverez plutôt cent des légères qu'une de celles qui forment les liens entre les monnaies de Charle- magne et celles-ci: même entre celles qui forment le lien il

(') Foy. laplanchc VI,fig.7.

299

y en a qui portent déjà le cachet de la dégénérescence par degrés, tant pour le type que pour le poids.

Les monnaies de Dorstad ont été bien connues en Alle- magne, en Pologne et dans la Scandinavie. Dans tous. ces pays on a trouvé de ces copies dégénérées et souvent mê- lées à des dirhems arabes ou cufiques du neuvième siècle.

Je ne saurais dire ces copies de copies ont été fabri- quées ; mais le type primitif positivement est de Dorstad. N'a-t-on jamais trouvé de pareilles pièces dans vos contrées ?

Après avoir écrit tout ceci, je remarque que deux auteurs ont déjà prouvé ce que j'avance. Chez M. Kôhne vous trou- verez, au tome II, pi. IX, une série de ces pièces j mais il n'est pas certain qu'elles aient été fabriquées en Pologne ; elles peuvent tout aussi bien appartenir à la Scandinavie on en a trouvé souvent dépareilles. M. Cappe, dans ses Kaisermûntzen , en a aussi fait figurer sur sa planche du tome I". Ainsi ce n'est pas quelque chose de nouveau que je débite; j'en fis déjà la première observation en 1842.

3Ion cabinet d'ignorance (') et celui du Cabinet royal renferment des pièces que je crois appartenir à la Belgique. J'ai remarqué une monnaie empreinte de la tète de l'em- pereur CONRADVS AVG (Conrad le Salique), et au revers une lance (7Î Ito) entre alpha et oméga, et la légende SCA- MARIA. J'en ai une autre au même type un peu dégénéré et portant à l'avers la figure d'un guerrier armé d'une lance et d'une épée ; mais je ne puis rien faire de la légende, qui se termine par TER; de la légende du revers je lis

(I) On appelle ainsi, dans le Nord, le médaillier qui contient les mon- naies indcterminccs.

500

TVDEVLS. A-t-on voulu exprimer VAL3 (nciennes) d'une manière si extraordinaire?

Je n'ai pas trouvé de monnaies pour les suppléments que M. Chalon donne à sa monographie des monnaies du Hai- naut. J'ai été plus heureux pour les numismates de Verdun, et j'ai déjà donné un supplément aux monnaies de HAI- MOPSYL et d'autres , qui sont sorties de mon cabinet d'ignorance. On m'a adressé des félicitations à propos de ces pièces; mais j'ignore si on vient de les publier.

Votre ami , Thomsen.

301

AIÉLAINGËS.

Annuaire de V Université de Gand.

Longtemps la jeunesse belge crut que toute civilisation venait de France; longtemps elle s'efforça de modeler son esprit sur les idées françaises, tout comme elle imitait, pour ses habits, la coupe des tailleurs de Paris.

Mais un beau jour elle s'aperçut que , dans ce pays , la soi-disant civilisation engendrait les sombres drames des Praslin et des Lafarge ; que la philosophie, en passant par le scepticisme, aboutissait aux journées de juin; que la htléra- ture prenait pour but d'exposer, en vingt volumes, com- ment on commet les sept péchés capitaux ; que le théâtre se donnait la mission de réhabiliter les filles perdues; et cette même jeunesse qui, au fond, croit en Dieu , respecte le pouvoir, et, si parfois elle est légère par passion, n'est du moins pas immorale par principe, se prit à demander si la civilisation, la philosophie, la littérature, le théâtre des autres peuples, n'avaient pas des tendances plus conformes à ses sentiments.

La jeunesse flamande fut la première à s'émouvoir de cet esclavage intellectuel. Elle comprit en même temps que, douée par la nature d'une égale facilité pour s'identifier l'idiome de la France et celui des peuples germaniques, elle négligeait à tort l'un de ces instruments pour cultiver exclusivement l'autre, système d'autant plus absurde que,

302

la langue française, n'est guère utile à ceux qui veulent en étudier une autre, tandis que le néerlandais, issu de la grande famille des langues germaniques , facilite singu- lièrement l'étude de toutes celles qui dérivent de la même origine. De l'ardeur avec laquelle cette jeunesse se jeta dans le mouvement flamand, mouvement qui mérite, plus qu'on ne le croit, l'attention et la sollicitude des hommes sérieux.

'"^'''Â la différence des universités des provinces du Nord, celle de Gand ne publia point, durant la domination hol- landaise, d'annuaire ou almanach. L'université de Louvain en édita durant les années 1828 et 1829, celle de Liège en 1830. Depuis la réorganisation de l'enseignement supé- rieur, les élèves gantois ne montrèrent guère plus de zèle ; à ïà vérité, en 1842, quelques-uns d'entre eux firent paraître un petit recueil intitulé Essais poétiques , vagues aspirations d'avenir, rêves d'amour, odes et élégies au saule, au vallon, à l'étoile, en un mot. fades pastiches des Recueillements poétiques, des Rayons et des ombres, etc. , etc. Ce n'est point que dans ce recueil il n'y eût quelques beaux vei"^'," quelques expressions heureuses, mais ce qui man- quait, c'était la vie propre, lïmlividualité.

Douze ans s'étaient écoulés depuis lors sans qu'aucune publication émanât des élèves de l'université de Gand, lors- qu'au l" janvier 1854, parut le Jaerboeksken uitgegeven doorliet taalminnend genootschap , onder kenspreuk 't zal WËL^AAN, annuaire publié par la société philologique ayant pour devise ça ira. Ce petit volume, de 138 pages, produisit dès Tabord une certaine sensation; il révélait chez ses auteurs des forces vives, un élan patriotique, une origina- lité véritable.

503

N'ayant pas à nous occuper ici des morceaux purement Httéraires ou philosophiques, nous nous contenterons de donner une analyse succincte de celui qui est intitulé Esquisse de l'histoire monétaire de la Flandre. L'auteur, M. C. A. Serrure, divise celte histoire en dix périodes : i" Période gauloise et germanique; 2" Domination romaine; ù" les Mérovingiens; à-" les Carlovingiens; Premiers comtes de Flandre; Depuis Tavéncment de Philippe d'Alsace, jusqu'à l'introduction de la grande monnaie sous Marguerite de Constantinople (1275); Depuis cette époque jusqu'à l'introduction de l'uniformité monétaire dans les Pays-Bas par Philippe le Bon (l^oO); 8" De l-iSO jusqu'à l'introduction des monnaies fortes , par Charles V (1521); 9" De 1521 jusqu'à l'introduction du balancier sous Charles II (1694); 10° Enfin, la 10° période s'étend jusqu'à la fermeture de l'atelier de Bruges par Marie Thé- rèse, en 1758.

Après avoir rapidement passé en revue les faits moné- taires relatifs aux six premières périodes, M. Serrure s'oc- cupe avec plus de développement de l'histoire numismatique de la Flandre pendant la 7^ période. Ici, en effet, l'on sort du domaine hypothétique , les monnaies ne sont plus anonymes et les chartes, ainsi que les chroniques, viennent au secours des savants.

L'auteur remarque que c'est dans la seconde partie du xin° siècle que les souverains des diverses provinces des Pays-Bas renoncèrent au système des deniers, mais que les comtes de Flandre , les ducs de Brabant et les évèques de Cambrai seuls inventèrent de nouveaux types. Les autres se contentèrent d'imiter les monnaies françaises, anglaises,

504

flamandes et brabançonnes. Le gros au lion, introduit par Gui de Dampierre durant les dernières années de son règne, fut imité dans les Pays-Bas presque entiers.

Sous Robert de Béthunc, l'atelier d'Alost était le plus actif de la Flandre, tandis que, depuis la fin du règne de Louis de Nevers, on cessa d'y battre monnaie. Un fait remarquable, c'est que, sous ce prince on frappa deux espèces différentes de monnaies de convention, notamment à Vieuville, en vertu de l'accord conclu entre Louis de Flandre et son oncle, Jean de Namur, et à Louvain ainsi qu'à Alost, par suite du traité entre Louis et Jean III de Brabant.

Aucun prince belge n'émit une aussi nombreuse série de monnaies d'or que Louis de Maie; on en compte jusque dix, nombre qui n'est pas inférieur à celui des monnaies du même métal frappées par Philippe de Valois. Parmi ces pièces, il y en a cinq qui imifent le genre français, Yagnel, le cavalier. Vécu au lion. Vécu, le demi-écu, et le quart d'écu à l'aigle; le franc à pied s'éloigne du type français, tandis que le vieil heaume et le lion, avec leurs subdivisions, forment un type entièrement national.

Philippe le Hardi succéda à son beau-père et, quoiqu'il n'entrât en possession du comté de Flandre que du chef de sa femme, le nom de celle-ci n'apparaît nullement sur ses monnaies. Sous ce prince, on frappa de nouveau une mon- naie de convention entre la Flandre et le Brabant, notam- ment les Roosebckers forgés à Louvain pour le Brabant et à Gand (') pour la Flandre. Philippe le Hardi fit en 1388

(•) Conlrairement à la convention, en vertu de Inqtiellc ces pièces au- raient dû être frappées à Malines.

505

frapper des nobles à l'imitation de ceux d'Edouard III. Jean sans Peur suivit son exemple. En l'ait de monnaie d'argent on possède de ce dernier des gros, demi-gros et quarts de gros à lécu, aux deux écus, et au lion, ces der- niers plus connus sous le nom de Kromstaerten.

Durant la première partie de son règne, Philippe le Bon adopta le même genre de monnaie que son père. Mais après qu'il eut réuni sous sa domination les différentes provinces des Pays-Bas, il fit généralement frapper pour ces divers pays une monnaie uniforme de type et dont la légende seule varie, le prince s'attribuant alternativement ses divers titres : duc de Brabant, comte de Flandre, comte de Ilainaut, comte de Hollande et de Zélande.

A ce point s'arrête l'intéressant travail de iM. Serrure, qui en promet la continuation pour l'année 1855.

L'annuaire de 1854 portait cette épigraphe: Na dit een beter. Les élèves de l'université de Gand ont tenu parole; le petit volume publié cette année est certes supérieur à son aîné, bien qu'il y ait lieu de regretter que le titre de Jacrboeksken ait été changé en celui de Studentcn Almanak et le format modifié d'une manière peu élégante. De même que dans le recueil de 1854, l'article de M. Serrure est placé à la tète de l'ouvrage; il est uniquement relatif à la huitième période de l'histoire monétau-e de la Flandre cl n'occupe cependant pas moins de 26 pages.

Nous continuons l'analyse de ce travail.

Jusqu'au milieu du xiv'' siècle on trouve sur les mon- naies l'indication du lieu elles étaient frappées. Cet usage, perdu pendant quelques temps, redevint plus tard démode; seulement on indiqua lafclier monétaire à Taule

2' sÉniE. Tome v. 20

50(i

de marques ou différents. C'est sur les Vierlanders de Philippe le Bon qu'on voit pour la première fois des diffé- rents. En effet, ceux frappés pour la Flandre portent au milieu de la croix du revers une fleur de lis, ceux du Bra- bant, un lion, ceux du Hainaut, un H orné et ceux de Hollande une rose.

Plus tard, et particulièrement au xvi" siècle, le système des différents se généralisa et alors, comme on le sait, chaque atelier eut son signe distinctif.

Charles le Téméraire, au commencement de son règne, se contenta de frapper les mêmes monnaies que son père.

En \i-7i, il émit des briquets {vuenjzcrs)^ sur lesquels on vit, pour la première fois en Belgique, apparaître une date, et pour la première fois en Europe , cette date en chiffres arabes.

Si le règne de Marie de Bourgogne présente peu d'inté- rêt au point de vue numismatique, il en est tout autrement de celui de Philippe le Beau, surtout durant la minorité de ce prince. L'auteur entre à ce propos dans Texamen des faits qui se passèrent sous la régence de Maximilien et qui servent de fondement à son système de classification, système fort judicieux, et que, jusqu'ici, aucun ouvrage de numismatique n'expose avec clarté.

Les monnaies portant moncta arc/iiducum, sont celles que Maximilien fit frapper en premier lieu, en Flandre. Après qu'il eut obtenu le titre de roi des Romains, il modi- fia ses types et fît inscrire autour de son buste la légende Maxùnilianus romanorum rex. S'occupant à cette occasion du grand réal d'or frappé pour la Flandre, M. Serrure fait connaître ses regrets do ne pouvoir décrire celte pièce

507

dont runiquc exemplaire connu repose dans la collection royale de la Haye. Nous sommes à même de remplir celte lacune grâce à l'obligeance de M. Meyer conservateur de ce riche cabinet. D'un côté, l'on voit Maximilien portant le sceptre et le globe, la couronne et le manteau impérial; sous le trône se trouve la fleur de lis. Légende :

^ ÇWKXlÇRllllT^U i DEI i GR7Î i ROmTÎROR t

RE3e i SEraPER i îîvgv j

Au revers un écu couronné et chargé de l'aigle à une tête; légende :

^ TTERE i mEHSVRTîm 5 EHH S RESPIGE t

pinEffî i

Le nom du vrai souverain de la Flandre ayant dis- paru des monnaies officielles , les Gantois obtinrent du roi Charles VIII le droit d'en frapper à leur tour, et exclurent de la légende le nom de Maximilien. Ces pièces, qui portent à peu près toutes le nom Ganda, ressemblent presque par à des monnaies communales ; ce sont des florins Saint- Jean , des lions et demi-lions d'or, des briquets, des gros aux lions et des sous aux armoiries.

Philippe de Clèves, enfermé dans la petite ville de l'Écluse, y fit forger, au nom de l'archiduc Philippe, des florins d'or, des sous et des demi-sous d'argent, toutes trois pièces de la plus haute rareté et dont M. Serrure donne la description.

En même temps que Maximilien faisait frapper en Flan- dre des monnaies qui ne portaient que son seul nom (1487), il en émettait en Brabant et en Hollande avec la légende : moneta romanorum régis, Philippi archiducis

508

Austriae, etc. Ce sont notamment des Schuctkens et des doubles griffons. S'élayant dun passage du chroniqueur Despars, M. Serrure émet l'opinion que des pièces analo- gues ont été frappées dès cette année à Bruges; en tous cas, il reporte à cette époque les petites monnaies noires por- tant dans le cliamp un M et les légendes Maximilianus et Philippiis Cîistodi arces Domine.

En 1489, Tatelier de Bruges frappait encore des doubles griffons avec les noms réunis de Maxiniilien et Philippe : Maximilianus romanorum rex, et Philippus archidux Justriae, dux Burgundiae, cornes Flandriae; mais après le traité de Tours, le roi des Romains se contenta de prendre le titre de père de l'archiduc, Maximilianus , romanorum rex, pater Philippi archiducis Austrie, ducis Burgundie, comitis Flandrie.

Cette classification des monnaies frappées en Flandre durant la minorité de Philippe le Beau, fait le plus grand honneur à son auteur et est, sans contredit, la partie la pins remarquable du travail de M. Serrure.

De 1492 à 1494, les monnaies de Flandre portent seule- ment le nom de l'archiduc Philippe, mais les armes sont encore à dix quartiers. Après l'inauguration de ce prince, qui eut lieu en 1494, les armes furent réduites à cinq quar- liers, Autriche moderne, Bourgogne ancienne et moderne, Brabant et Flandre.

A la minorité de Charles-Quint, l'empereur Maxiniilien devint de nouveau gouverneur de nos provinces; mais il ne jugea à pas propos de recommencer epntre les Flamands une lutte qui avait menacé de lui être fatale. Les monnaies de cette époque portent simplement Monela aurea ou argentca archiducis Austrie, ducis Burgundie^ comitis Flandrie.

309

J/ordonnance de 15:20 inaugure un nouveau système monétaire et sert de point de départ à la neuvième période de riiistoire numismatique de la Flandre.

Le recueil de l'année 1856 nous apportera sans doute le eomplément de ce travail.

V. Gaillahd.

Numismatique de V Arménie au moyen âge, par Victor Langlois. Paris, chez M. Camille Ilollin ; 1855, in-4'', avec 7 planches gravées sur cuivre.

Depuis le beau travail de M. de Saulcy, sur la numis- matique des croisades , les monnaies de l'orient au moyen âge, jadis négligées ou inconnues, sauf les monnaies arabes, ont attiré l'attention des numismates français. La numis- matique arménienne, dont Sestini avait le premier entre- pris la classification, dans ses dissertations sur les médailles du cabinet Ainsley, fut, après cinquante ans d'abandon, reprise en sous-œuvre par M. Brosset. Celui-ci fit paraître, à St-Pétersbourg, en 1839, sa Monographie des monnaies arméniennes ('); travail devenu incomplet, sans doute, par suite de nouvelles découvertes, mais au mérite duquel M. Langlois se plaît à rendre hommage.

Après avoir publié, dans la Revue archéotogique , diffé- rents articles sur des parties détachées de la numismatique arménienne, M. Langlois, qui avait reçu une mission scien- tifique de son gouvernement, partit pour Constantinople, en 1852. Il visita d'abord les principaux cabinets de cette

(1) In-^o, ii pages el5J planches.

510

capitale (car les Turcs sont devenus numismates), parcou- rut l'Asie mineure et fit un assez long séjour à Tarse et à Sis, capitales de l'Arménie sous les rois Roupéniens et les Lusignans.

Le mémoire que publie aujourd'hui M. Langlois est un des fruits nombreux recueillis par lui dans cette exploration archéologique. Nous avons cette fois une monographie véritable des monnaies arméniennes, classées méthodique- ment et expliquées avec l'autorité que donne une connais- sance approfondie de l'histoire et de la langue de ce pays. Les planches^ ducs au burin de M. Dardel, sont d'une exé- cution charmante. Avec leur aide, on peut se former une idée exacte de ces singulières monnaies, qu'on ne rencontre jamais dans les cabinets de notre pays.

Le travail de M. Langlois, extrêmement concis et sub- stantiel, ne se compose que de HO pages. Il est à regretter, toutefois , que l'auteur, à qui Ihisloire de l'Arménie est si familière, n'ait pas donné plus d'étendue à la partie histo- rique, plus de détails sur ces princes, dont les noms mêmes sont une nouveauté pour la plus grande partie des lecteurs.

R. Ch.

Nous continuerons à indiquer, autant que possible , les articles concernant la numismatique, qui se rencontrent dans les Revues ou les Bulletins des diverses sociétés savantes.

Un nouveau Recueil flamand, dont M. Serrure vient de faire paraître les deux premières livraisons, sous le titre de « Vaderlandsch Muséum voor nedercluitsche letterkunde, oudheid en geschiedenis, » contient une note sur la monnaie

Mi

iVJlost, en 1162 , et une autre sur la monnaie de Wacl- hem, en 14.21 (').

On trouve dans le Bulletin de l'Institut archéologique liégeois, t. II, livraison : Nouvelles observations sur le florin d'or d'Engelbert de la Marck , en réponse à Vartide de M. Petit de Rosen, par M. L. de Coster.

La Société des sciences , des arts et des lettres du Hai- iiaut, dans le cercle encyclopédique qu'elle s'est tracé, donne quelquefois place à l'archéologie et à la numisma- tique. Le volume qui vient de paraître contient une notice sur Anne Charlotte de Lorraine, abbesse de Sainte-Waudru, accompagnée de trois planches, représentant des médailles frappées en l'honneur de cette princesse.

Notre collaborateur, M. le capitaine Cocheteux, a pu- blié, dans le tome IV du Bulletin de la Société historique de Tournai : Une monnaie attribuée à Perkin Warbeck, lettre à M. le préside?it de la Société; 6 pages in-8°, avec

une vignette en bois.

R. Ch.

Un de nos statuaires les plus renommés, M. Louis Jehotte, voulant prouver qu'il manie également le ciseau et le burin , vient de graver une médaille d'une exécution remarquable. Cette pièce, qui n'a été frappée qu'à petit nombre, et pour être donnée à des amis, offre, d'un

(1) Un document public par 51. Serrure vient confirmer, en tous points, les ingénieuses conjectures de notre collègue, M. de Coster, sur l'cxislence d'un atelier monétaire, à Waelhcm, pour le compte de Philippe de Saint- Pol. Ce document donne même les noms du wnrdein et du maître de celle monnaie, en t f2f .

~ 312

côté, la léte de M. Jean-Baptiste Lauwens, conseiller à la Cour d'appel de Bruxelles. On lit, du côté de la tète : lOANN. BAPT. LAUWE^S; au revers : CVR. JVSTIT. BRVXELL. A CONSILIIS. Au milieu, en quatre lignes : LVD. JEHOTTE SCVLPSIT MOîSViME^TVM ET PIGNVS AMORIS. mrg. aen. v. 538.

R. Ch.

A la mort de M. le baron de Slassart, ses nombreux amis ouvrirent une souscription pour faire frapper une médaille à sa mémoire. M. Léopold Wiener, à qui Ton avait confié l'exécution de cette médaille , est parvenu à reproduire, d'une manière frappante, les traits de M. de Stassart. Ce sera certainement le meilleur portrait que l'on aura de cet homme si généralement aimé et en qui l'on trouvait la réu- nion, malheureusement trop rare^ d'un beau talent et d'un

beau caractère.

R. Ch.

M. A. de B., dans le premier numéro de la Revue fran- çaise de cette année, nous propose de voir, dans la monnaie de Jean de Poitiers que nous avons donnée, pi. XX, n" o du t. IV, 2^ série, une pièce portant le nom d'Aimar IV, pièce dont il a parlé, dit-il, en 1843, dans la Revue fran- çaise.

L'obole appartenant à M. Rousseau, et dont M. Barthé- lémy a parlé, p. 37 de la Revue française de 1843, malgré sa croix fleuronnée, pourrait bien être du même prince que la nôtre. Mais le nom du comte, ou plutôt la leltre initiale

515

de ce nom n'y était pas lisible et avait été i-eniplacée, dans le texte, par des points. jM. Barthélémy a cru pouvoir rem- plir cette lacune par un dont il a fait Aimar. Notre pièce portant incontestablement un I, nous proposons, à notre tour , à notre savant confrère, de lui chercher une autre

explication.

R. Ch.

Nous avons trouvé à Bruxelles, il y a quelques années, une médaille frappée en plomb dont le type et les caractères nous paraissent appartenir, tout au moins, au xn" siècle.

L'avers représente la Vierge assise avec la légende :

>ï< ^ : BETîrTE CDTÎRIE DEI 2ÏBVSSIED {Bussie Z)wds?)pl.V, n°7.

Nous ne croyons pas nous tromper en attribuant cette

pièce à la ville de Bois-le-Duc (Buscum Ducis); il serait

difiicile de décider si elle doit être classée parmi les méreaux

ou si l'on doit y voir simplement une de ces images pieuses

qu*bn a, de tout temps, distribuées aux pèlerins. L'époque

reculée à laquelle notre médaille remonte incontestablement

nous engage à la publier (').

M.

Le jeton que nous avons fait graver, pi. VI, 6, a été trouvé récemment en creusant les fondations d'un bâtiment,

(') L'église principale de Bois-le-Duc est dédiée à saint Jean ; toutefois il doit avoir existe (et il existe probablement encore) dans cette ville un lîeu de dévotion consacré à la Vierge d'une manière spéciale ; du moins nous voyons dans l'ouvrage de GuicciAnniN (traduction latine, 1648) l'annotation suivante : In hue urbe (emplmii est Dcipura; sacniin.

3U

rue du Canal, à Bruxelles. 11 nous a paru curieux à cause de son antiquité qui pourrait bien remonter jusqu'à la se- conde moitié du xiv" siècle. La légende du côté de l'écusson se lit : Signum (armoiries) Francisci et Simonis Boucel.

On trouve, dans les nobiliaires de France, des Bouchel et des Boussel, mais avec des armoiries différentes. Il exis- tait aussi, en Vermandois, une famille Bucclly à laquelle François et Simon Boucel ou Boucelli (car il y a un signe d'abréviation après le dernier 1) pourraient bien appartenir.

R. Ch.

La Société des sciences du Hainaut a publié, dans le der- nier volume de ses Mémoires , les médailles frappées en riionneur de la princesse de Lorraine, sœur du duc Charles, et abbesse de Sainte- Waudru, à Mons.

Nous croyons devoir faire connaître aux lecteurs de la Revue, une de ces médailles, à cause de sa rareté :

Buste cuirassé, tourné à gauche, drapé d'un manteau et portant en sautoir la croix de l'ordre Teutonique : CA- ROLUS ALEX, (anrfer) LOTII. (ann^/œ) D. («x) MAG. {isterii) PRUS. {siœ) ADM. (inistrator) ORD. (inis) TEUTO. {nici) MODE, {rator). Sous le bras : nicole.

Buste de femme tourné à droite : AiNWA CAROLA LOTH. (aringiœ) DLCISSA ABBATL (ssa) REMIR- MON. (tis) (') ET MONT. {iiim). Sous le bras : 1756 NICOLE. (Voy. pi. IX).

Les coins de cette jolie médaille, qui paraissaient n'avoir

(') Pour Uomarici ntoiilis.

515

jamais servi, se trouvaient parmi ceux que le gouveriieinenl des Pays-Bas restitua à la Belgique, lors de la séparation des deux royaumes. La commission instituée pour invento- rier et classer les anciens coins et poinçons monétaires, les ayant signalés à M. le commissaire général des monnaies, ce fonctionnaire obtint la permission du ministre, de faire frapper cette pièce à un très-petit nombre d'exemplaires.

Le graveur Nicole est inconnu à Bolzenthal (*) et nous n'avons rencontré aucune autre médaille signée de ce nom. Etait-il Belge? Nous croyons plutôt qu'il était Lorrain j car son genre de gravure ne ressemble guère à ce que l'on fai- sait à Bruxelles à cette époque, et se rapproche beaucoup plus de l'école lorraine de Saint-Urbain. 11 existait, au com- mencement de ce siècle, rue Cantersteen, à Bruxelles, un graveur de cachets du nom de Nicole, qui peut-être était le fils du graveur de 1756.

R. Cii.

M. Deys, de Bruges, qui a passé quarante années de sa vie à recueillir des médailles antiques, grecques et romai- nes, s'est décidé, vu son âge avancé et des maladies con- tinuelles, à se défaire de sa collection. Celle-ci, comme on vient de le dire, se partage en deux grandes parties : les médailles des villes , peuples et rois , et les médailles romaines. M. Deys céderait, au choix de l'acquéreur, l'une ou l'autre de ces parties, mais en entier. Pour tous les ren-

(') Skizzen zur Kunstgcschkhle der modernen Medaillen-Arbcil (1429- 18iO). Berlin, <840, in-S".

316 seigneiïieiits particuliers, on ptMit lui écrire, place du Bourg,

C P. S.

à Bruges

A la suite d'un article, trop bienveillant pour nous, de notre honorable ami, M. (-artier, la Revue numismatique française nous administre, sous les lettres A. de B., une mercuriale que nous ne pouvons pas laisser sans réponse. Examinons donc les principaux chefs d'accusation de ce réquisitoire :

1" En rendant compte d'un volume, intitulé : Manuel de l'amateur de jetons, nous nous sommes permis, à l'égard de l'auteur, « des plaisanteries empruntées au lan- <' gage de Bilboquet. Bilboquet est joli. Il est permis « de plaisanter, mais il faut le faire doucement; et toutes <' les personnes qui connaissent M. de Fontenay savent, « etc., etc., etc. »

M. de Fontenay, que nous n'avons pas l'avantage de connaître, et dont nous n'avons aucunement mis en doute le caractère honorable, nest pas ici en cause.

En citant quelques passages d'un livre, passages que nous trouvons, comme dit M. de B., un peu singuliers , nous avons usé d'un droit incontestable, et nous en avons usé doucement; car, si nous avions voulu reproduire toutes les singularités de ce livre, il eût fallu le réimprimer en grande partie, et nous exposer ainsi à contrevenir au Traité avec la France sur la propriété littéraire.

2" M. A. de B. « a lu avec peine le dernier paragraphe « de l'article sur M. Ilucher » (sur M. lïucher ! pourquoi? il n'est nullement question de M. Ilucher dans cette

517

aflairc). « Les plaisanteries eombinécs de moine et détei- <> gnoir ne sont plus de mode (sic) en France, dans la bonne « conmpagnie. »

En France, c'est convenu, dans la bonne compagnie, tout est affaire de mode : les opinions politiques, les croyances religieuses, comme la coupe d'un gilet et d'un pantalon.

Les circonstances atténuantes de notre méfait, puisque M. A. de B. veut bien faire intervenir des circonstances atténuantes, seront donc que nous ne sommes pas abonné au journal des Modes françaises. Ces circonstances admises, passons condamnation sur le cbapitre éteignoir, qui a fait tant de peine à M. A. de B.

5" « La Belgique, bien que parlant français, ne con- « naît pas parfaitement toutes les nuances de notre langue : « je ne veux pas citer certains passages un peu singuliers « à la première lecture, mais qu'il serait injuste d'incri- « miner trop sévèrement, du moment ils ont été écrits « au delà des frontières de France. » Et, à propos de cette leçon de grammaire, M. A. de B. relève le mot Postume, imprimé Posthume, une fois, dans un article on le trouve deux fois dans sa forme régulière ! !

Connaître par faitement toutes les nuances d'une langue, c'est être tout simplement un grand écrivain. Seraient-ils donc si nombreux, en France, les hommes qui puissent prétendre à ce titre? Nous osons en douter j toujours est-il que, si l'on voulait s'amuser à rechercher, même dans la Revue française, les phrases dune construction plus ou moins incorrecte, d'après Noël et Chapsai, les mots que l'Académie n'a pas admis dans son Dictionnaire,

518

ol jusqu'aux fautes d'impression dans le genre du Posthume, on en trouverait, nous en sommes convaincu, presque autant que si elle venait d'au delà des frontières de France. Dieu nous garde d'une pareille tâche! Ce serait, au sur- plus, faire d'une Revue numismatique, une cacographie corrigée ad usum studiosœ juventutis, et nos souscripteurs auraient droit de se plaindre. Contentons-nous donc de dire, comme M. A. de B. : «= Je ne veux pas citer certains « passages. » Cette manière d'argumenter dans le vague simplifie singulièrement la discussion.

R. Ch.

îSos lecteurs apprendront sans doute avec regret que M. Guioth vient de prendre la résolution de ne pas continuer l'impression de son Histoire numismatique du royaume de Belgique, dont deux livraisons ont paru en 1851. Des ou- vrages de ce genre coûtent nécessairement fort cher à cause du grand luxe de planches dont ils ont besoin ; et par cela même, ils ne s'adressent qu'à un petit nombre de privilé- giés. L'auteur, qui déjà avait faire des sacrifices pécu- niaires pour publier la première partie de ce grand ouvrage, V Histoire numismatique de la révolution de 1830, avait compté sur l'appui du gouvernement, qui seul pouvait le mettre à même de terminer ce monument national , et cet appui lui a fait défaut.

R. Ch.

A la page 51 du tome IV, T" série de la Revue, M. Pin- chart a fait connaître quelques particularités concernant râtelier monétaire de la seigneurie des Hayons. Lambert

319

de Duras, baron de Meldert, y fil frapper diirérentes mon- naies à l'imitation de celles d'autres princes, et y fil surtout contrefaire les types adoptés par les archiducs Albert et Isabelle. Une descente faite dans cet atelier fit connaître IVxistence de plusieurs coins qui servirent à ses spécula- tions. On y découvrit entre autres les coins d'un demi- patacon, dont un exemplaire existe dans notre cabinet numismatique. Il est figuré à la planche VI, fig. 5.

P.C.

On rencontre de temps en temps des médaillons en bois dur, représentant des effigies de personnages célèbres en- tourées de légendes. Ces pièces très-rares offrent tous les caractères des médailles; aussi des numismates distingués les considèrent comme des projets ou des modèles dont des circonstances particulières ont empêché la reproduction en métal.

Le plus beau spécimen de ce genre, que nous ayons rencontré, représente la tète de Charles-Quint, avec la légende :

GH7TRLES P2TR h'K GR2ÎGE t>E blEV EM- PEREVR bES r^OMKIN'S Î520.

Ce médaillon représente donc Charles-Quint à làge de vingt-deux ans. (Le titre de roi des Romains lui a été con- féré en 1519.) {Voy. pi. X.)

Ce portrait doit avoir été sculpté par un artiste d'un grand talent; la partie inférieure de la tète semble d'abord exagérée, mais les médailles de la même époque offrent

Ô20

toutes la même particularité ('). Le fini précieux et le relief assez considérable de ce médaillon (en buis) ont probable- ment mis obstacle à son exécution en métal, qui eût été très-dispendieuse et qui aurait nécessité le concours d'un ciseleur liabile. M.

(') On peut voir ces médailles cxtrêment bien gravées dans l'ouvrage de van Mieris.

SOCIÉTÉ DE LA NUMISMATIQUE BELGE.

LISTE DES OUVRAGES REÇUS.

Académie royale de Belqique. Bulletin de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, t. 22, liv. 2,3 ct-î, in-8". Bibliographie académique ou liste des ouvrages publiés par les membres, in-S», Bruxelles, 18"ja. InslUul ardiéologique liégeois. Bulletin de l'institut, t. 2, 2* liv., in-8o. Société ai-chéoloqique de IVa- mur. Annales de la société, t. 3, liv., gr. in-8<>, Rapport sur la

situation de la société en 1831. Archiv. des historischcn Vereins

fur Nicdersacbsen, années IS^^i, ISM\ 18^7, iUS, iSU), in-S». Ur- kundenbuch des historisclien Vereins fur Nicdersacbsen, {<■« liv. de iSiii, 2e liv. 1852, in-8". Zeitsclirift des bistoriscbcu Vereins fur Niedcr- sachseii, 18o0, 18al, in-8». Erganzungen des Statuts des historischcn Vereins fiir iVicdersuchsen, in-iiJ, ISi'S. Programm und Statut des historischcu Vereins (ûr Nicdersacbsen, in-12, 18iG. Siebzchute Nacb- richt ùber diebistoriscben Verein lùr Nicdersacbsen, in-8", 18;ii.— Cor- respondenz Blatt des Gesamaitvereins der deutsclien, Geschichts-und Alterthums-Verein, von Prolf. Lôwe, de i à (5, in-'i". Organismus des gormaniscben Nationalmuseums in Nurenberg, gr. in-S», 18îi5.

...storiqi.. , „,. , „. .^„. ^.

statuts de la Société, in-S". Cartier et de la Saussaye, Revue numis- matique, (je liv, de 18;)4', 1" et 2" liv. de 18ii;), gr. in-8o. Revue tri- mestrielle, G" vol., 1855. Archives bist. et lilicraires du nord de la France et du midi de la Belgique, t. i, liv. 4 et 5, in-8». Messager des sciences historiques. Aiuiée 1853, l''» liv., Jn-8o. Bibliothèque de

l'école des chartes, i" série, t. 1, liv., in-8" Catalogue général des

ouvrages de propriété Irançaise, Bruxelles, 1855, in-8". Cliaudruc de (jrazannes, Lettre à M. de la Saussaye sur deux monuments graphiques relatifs au piolcstaiitisme, une br. in-S". (]app«, Die .Munzen der ^(;^dl und Bisthuins llildeshcims. Dresde, in-8o, i8o.'>.

321

UNE MÉDAILLE D'OR D'AMYNÏAS,

ROI DE GALATIE.

Pl. Xm, Fie. 1.

La description de médailles antiques par Mionnet est, sans contredit, le plus beau monument qui ait été élevé en France à la science numismatique. Quand on parcourt ce vaste répertoire on dirait que tous les trésors monétaires des peuples anciens sont venus se faire passer en revue pour être décrits, classés et évalués par cet antiquaire habile.

Depuis la mort de ce savant numismate on a cependant découvert un grand nombre de pièces qui semblent avoir échappé à ses investigations et dont, par conséquent, il n'est pas fait mention dans son volumineux ouvrage.

La description de ces médailles inédites, quand elles sont authentiques et remarquables, ne saurait manquer de faire plaisir aux amateurs. Mais toute pièce dont on dit emphati- (juement : Inconnue à Mionnel, quand elle n'a pas d'autres qualités saillantes, mérite-t-elleriionneur d'une description? Nous ne le croyons pas ; parce qu'il nous paraît que les fai- seurs de catalogues, les marchands de médailles et quelques amateurs épris de leurs trouvailles ont un peu abusé, de- puis quelques années, de la formule : Inconnu à Mionnet. A l'aide de ces mots ils ont voulu faire passer pour inédi- tes, rares et précieuses des pièces parfois insignifiantes, qui

2" SÉRIE. TOMR V. 21

322

n'ont d'aulre mérite qu'une légère variété -de module, ou une lettre de plus ou de moins dans la légende, ou bien une petite variété dans les accessoires de l'avers ou du re- vers, etc.

Toutes ces belles distinctions que Mionnet n'a pas aper- çues, ou que, pour ne pas trop allonger ses listes, il a peut- être dédaigné de décrire, parce qu'elles ne donnaient aucune valeur scientifique ni même commerciale de plus à la pièce, peuvent paraître précieuses aux yeux de leurs heu- reux possesseurs et faire momentanément le bonheur de leurs veilles et de leurs rêves. Aussi, loin de vouloir trou- bler, par une plaisanterie de mauvais aloi, l'innocente satis- faction de ces amateurs, nous souhaitons de bon cœur que leurs recherches, leur amour pour la science, et, au défaut de cela, leurs écus leur procurent souvent la douce félicité de pouvoir dire de leurs trouvailles : Trésor inconnu à Mionnet! Et pour leur prouver que, malgré ce badinage , nous clochons aussi du même pied et que nous prenons vo- lontiers notre part du ridicule attaché à l'importance qu'on met quelquefois à la possession de ces raretés inédites, nous allons dire quelques mots touchant une médaille que nous avons récemment acquise et dont la description sui- vante ne se trouve pas dans Mionnet :

ASIE MINEURE. GALATIE.

' Amyntas succède à Déjotare, l'an 47 avant l'ère chré- tienne.

Tète casquée de Pal las, tournée à droite.

^ev. BAziAEn, (2) AMYNTov. Cette inscription, gravée sur deux

323

lignes horizontales, est tiaversée par une victoire, à gauche, portant un sceptre orne de bandelettes. (Voy, pi. XIII, fig- 1.)

Celte jolie médaille d'or, ayant un diamètre de 10 mil- limètres, nous paraît remarquable à plus d'un titre.

D'abord on ne cite des rois de Galatie que des pièces de bronze et d'argent, et, à notre connaissance, on n'a jusqu'ici décrit aucune monnaie d'or de ces princes ; ensuite elle est si délicatement gravée et d'une si bonne fabrique qu'elle peut figurer avec honneur à côté des plus belles médailles grecques. De plus, elle porte toutes les marques de l'au- thenticité la plus incontestable.

Maintenant si, fatigué de ce long verbiage et voulant nous battre avec nos propres armes, quelqu'un nous demande en badinant : qu'est-ce que cela prouve?

Nous répondrons, en lâchant de garder notre sérieux : entre plusieurs autres vérités toutes également importantes, cela prouve :

1" Que Mionnet, malgré son exactitude reconnue, n'a pas pu, su, ni peut-être voulu décrire toutes les médailles antiques;

2" Que, parmi les médailles dAmyntas, roi de Galatie, dont Mionnet a fait la description, il n'y en a aucune d'or et que, par conséquent la nôtre, jusqu'à preuve contraire, est restée inédite jusqu'à ce jour;

Que les habitants de la Galatie, descendus des anciens Celles qui s'y étaient établis après la défaite de Brennus, n'étaient pas des gens trop barbares, puisque quarante-sept

_ 524

ans avant J.-C, ils possédaient l'excellent artiste qui a gravé notre belle médaille;

4" Que nous avons acquis le droit de nous ranger parmi les rares amateurs qui peuvent dire : nous possédons une belle pièce d'or inconnue à Mionnet.

Enfin, si nous ne craignions pas d'ennuyer les lecteurs de cette revue, nous ajouterions, comme sentence morale :

On ne doit pas se moquer de ceux qui ont un faible pour les médailles inédites, quand on n'est pas exempt soi- même de cette prédilection ; mais nous avouerons franche- ment que nous avons déjà fait trop de bruit pour prouver très-peu de chose; savoir : qu'il existe une petite monnaie d'or du roi Amyntas, Inconnue à Mionnet.

Meynaerts.

525

IKOTICE

UNE MÉDAILLE GAULOISE.

L'ouvrage du savant professeur Lelewel : Type gaulois on celtique, donne le dessin d'un médaillon d'argent ayant, à l'avers, une tète barbue, à gauche, et, au revers, un cheval allant également à gauche; au devant un guidon, et au- dessus un cercle, une espèce de houlette et les caractères : ÏÎAAA- (Voy. l'atlas pi. II, n''6.)

Ces quatre caractères n'ayant jamais été expliqués, et comme nous croyons en avoir trouvé la véritable significa- tion, on nous permettra d'en dire quelques mots.

La connaissance de la langue grecque ne devait pas être étrangère aux Gaulois, surtout à ceux qui étaient établis en Asie, puisque cette langue leur servait de modèle pour leurs inscriptions monétaires; mais, comme l'artiste défigurait souvent les lettres grecques en entremêlant dans la compo- sition différentes figures étrangères à l'alphabet de cette langue, nous croyons qu'ici il aura voulu désigner par les lettres, qui font le sujet de cette notice, une date historique.

L'ouvrier graveur aura posé la première lettre, qui est sous la forme d'un carré, pour un II grec majuscule.

On voit dans d'autres inscriptions celte même lettre tt défigurée, se montrant tantôt ouverte el tanlôt fermée par

326

en bas; et il aura voulu faire passer pour des A les trois autres caractères.

Maintenant, comme le II majuscule forme le nombre quatre-vingt et qu'un A vaut trente, ces quatre lettres addi- tionnées produiraient le total cent soixante-dix, que le gra- veur aurait voulu représenter sur la médaille.

Est-ce, en effet, pour exprimer le nombre d'années depuis l'établissement d'une colonie gauloise que cette médaille a été frappée? Ou bien, serait-ce pour constater que l'année cent soixante et dix après la mort d'Alexandre le Grand, des Gaulois, établis dans son royaume, avaient, à l'exemple de Lysimaque, de Seleucus et de Ptolémée, secoué le joug macédonien et s'étaient rendus indépen- dants (')? Ce qui donne quelque probabilité à cette der- nière hypothèse, c'est qu'Alexandre mourut l'an trois cent et vingt-quatre, et que, si la médaille fut émise l'an cent soixante et dix, comme nous le supposons, après sa mort, il résulterait qu'elle aurait été frappée l'année deux cent et cinquante-quatre avant J.-C , ce qui correspondrait parfai- tement avec l'opinion du savant Lelewel, qui pense que la médaille a été fabriquée Tan deux cent et cinquante avant l'ère chrétienne.

Meynaerts.

(I) Environ soixante ans après rexpédition de Sigovèse, Alexandre îivanf de soumettre l'Orient conclut, en 53.$, un traité avec les Gaulois. Plus tard, ayant achevé ses conquêtes, il reçut à Babylonc une ambassade de leur part.

327

INSCRIPTION GALLO-ROMAINE

CITÉE

COMME TÉMOIGNAGE HISTORIQUE.

Ainsi que la numismatique, l'épigraphie, dans plusieurs circonstances, peut servir utilement à dénier, comme à confirmer, des assertions et des faits appartenant au domaine de l'histoire.

A l'appui de cette vérité, je rappellerai ici que mon savant confrère M. le baron de Witte, avec sa sagacité ordinaire et l'autorité de sa critique, a eu naguère l'occa- sion de faire remarquer aux lecteurs de la Numismatique belge, au sujet d'une médaille des Êburones ('), d'une émission postérieure à la conquête des Gaules par César, que ce que le général romain dit de la destruction com- plète de ces peuples, après la défaite d'Ambiorix, ne doit pas être pris entièrement à la lettre, et qu'il y a exagéra- tion dans ce récit de l'auteur des Commentaires, ainsi qu'il en a déjà fait l'observation au sujet de la destruction de la nation nervienne *, alliée de celle des Eburons, pour la même cause et dans les mêmes circonstances (').

(I) Les Eburons habitaient le pays de Liège. Voy. César {De bello gal-

lico), ir, 113, III, -49 et 29a.

(^) Les Nerviens, peuple de la Gaule belgique, habitaient le Hainaut.

Voy. César [De bello gallico), II, 113, 131, 133, U\, 364, etc.

* César ne fait pas mention de la destruction des Nerviens; il dit au contraire, chap. 28, liv. Il, qu'après avoir remporté une grande victoire sur ce peuple, il lui conserva ses pos- sessions et son territoire. Du reste, les Nerviens sont cités par des écrivains romains pos- térieurs à César, et leur nom ilgnre sur des inscriptions rapportées pnr Gruter et qui sont du même genre que celle reproduite par M. le baron Chnudruc Ch. P.

3i28

Si noire docte collaborateur a appuyé ses conjectures, relatives à ce dernier peuple, d'une médaille de la riche collection numismatique de M. le marquis de Lagoy, rillustre archéologue provençal et lui ont lu à la légende le mot EBVROiV ('), je citerai, à mon tour, à l'appui de l'opinion de M . de Witte sur l'existence des Nervii, posté- rieurement à la soumission des Gaulois aux armes romaines, l'inscription sépulcrale suivante, découverte sous mes yeux à Mediolanum-Santcnum , et recueillie et conservée par mes soins et ceux de M. l'abbé Lacurie, conservateur actuel du musée de Saintes, dans cette précieuse collection.

Cette inscription gravée sur le marbre n'est pas sans intérêt pour les paléographes.

I

D MEMORIAE M JAiWARlS AT

** XXXV

MERVIVS AN

MÎSVPRETIA RIBVRCPOS

Les signes et abréviations assez nombreux de ce petit monument épigraphique, et quelques lettres frustes, en rendent l'interprélation difficile.

(') Voici le signalement de celte médaille, d'après M. de Lagoy {£ssai de monographie d'une série de nicdailles gauloises, imitées des deniers consulaires au type des dioscurcs), 18. (D)VRNAC, Icte de Pal las casque ailé d'une forme particulière el d'où sortent plusieurs mèches de cheveux étroits et raides : collier de perles. Rev. EBVRON, cavalier au galop, la lance en avant, (ar., poids 5S gramni.) Cette attribution a été

529 ~

Voici rinterprctalion que m'en proposa le célèbre E.-Q. Visconti, à qui je le communiquai au moment de sa découverte, interprétation adoptée au même moment par M. Millin :

Biis Manlbus et MEMORIAE lANVARIS NAT/onc NERVIVS (pour NERVI*), A^norum XXXV (quinque et triginta) MeNsmm V {quinque), PRETIARIa Bewe iSleKenti Conjugi POSuit.

« Aux mânes et à la mémoire de Januaris, Nervien de « nation, âgé de trente-cinq ans et cinq mois : Preliaria a « élevé ce monument à son époux bien aimé. » Les trois et même les quatre lettres liées, M\ sont remarquables

contestée par M. A. de Barthélémy, qui doute de la valeur de la dernière lettre d'Éburou, que Ton n'a encore remarquée que sur le seul exemplaire de cette médaille décrite par M. de Lagoy, tous les autres exemplaires connus n'offrant qu'EBVRO, légende qui pourrait convenir aux EBV- HO VICES comme aux EBVRONES (V'oy. Revue numismatique française, 1855, no 2.)

Je dois pourtant encore ajouter ici que ce savant numismatiste ayant adressé tout récemment à M. Huclier, un cliché de la pièce en question, ce dernier me mande qu'il n'a pu lire qu'EBUROV. Mais, m'écrit ces jours-ci iVl. de Barthélémy, « lors même que la légende contestée offrirait « ,de la manière la plus visible et la plus incontestable EBVRON, reste- a rait encore une difficulté ; celle d'établir que c'est un nom de peuple « et non pas un nom d'homme. Vous voyez qu'il y aurait encore à dis- « cuter. » Cette dernière observation a sa valeur.

* L'observation» de M. de Barthélémy nous parait parfaitement juste. On connait trois pièces de Ehirnac, l'une ayant au revers le mot Donnus, l'autre iitMcro, la troisième Eburo, Eburov ou Eburon. Tout le monde est d'accord pour voir un nom d'homme, un nom de chef ou de magistrat gaulois, sur les deux premières pièces. N'est-il pas infiniment probable que ce troisième mot, dont on fera Eburo, Eburovicus ou Eburonus, que ce iroi- siémemotqui occupe la même place que les deux premiers et qui accompagne le même type, est également un nom d'homme ? H Oh.

530

comme abréviation du mot natione. La faute de cas, dans celui de Nervius, au nominatif, au lieu du génitif, est fré- quente sur les inscriptions romaines de la Gaule. Les deux jambages droits de la lettre M de Merenti, dans la dernière ligne de notre inscription, ont pu disparaître, comme sur plusieurs monuments cpigraphiques de l'antiquité, et lais- ser à cette place la forme altérée d'un V.

Entre la 2" et la 5" ligne de notre monument se compo- sant d'une table ou dalle (mensa), on remarque un vide ou entaille de forme à peu près carrée, propre à recevoir le crampon destiné à l'assujettir au cippe auquel ce marbre devait être appliqué, et qui lui servait de revêtement sur sa principale face.

L'inscription de Jamiaris offre encore une particularité qui appelle l'attention des antiquaires j c'est la représenta- tion de Vascia sculpté en relief, du côté gauche du monu- ment, mais sans la formule d'usage, Sub ascia dedicavit, emblème et dédicace dont la valeur, le sens caché et l'inter- prétation présenteront, sans doute, toujours un problème insoluble aux archéologues à la recherche de cette énigme. Les premiers chrétiens qui empruntèrent la figure de Vascia au paganisme, en firent un signe secret de la croix (■).

Je recommande la mensa sepulcralis du Nervien Januaris à tout l'intérêt de mon érudit et zélé confrère en épigraphie, M. Léon Renier.

Le B°" Chaudruc de Crazannes,

Correspondant de l'Inslitut de France, du comité bistoriquc et delà commission d'épigraphie prés le ministère de l'Instruc- tion publique, etc., etc.

(') Sancti Justinif pro christiania upologia, I, 31); vcrsio laliua.

33i

DESCRIPTION

QUELQUES MÉDAILLES BYSANTINES.

Pl. XIV ET XV, FIG. 1 A 12.

PREMIERE LETTRE.

a Û\. DE Sallcy, îjumbreî>£ r3netitut, coneerwaleur au iîluerf b'artUUric, à Claris.

Monsieur,

Lorsque j'eus l'honneur de vous montrer la suite de mes médailles bysantines, vous m'engageâtes vivement à publier les quelques pièces inédites que je possédais. Mais, que peut-on faire dans cette partie, après ce qu'il vous a plu d'appeler votre JE'ssa^ .? Glaner, par-ci par-là, quelques va- riétés des types déjà publiés par vous, ou peut-être quelques types nouveaux, que vous avez pour la plupart devinés et déjà décrits à l'avance.

C'est tout ce que vous avez laissé à faire aux amis de la Bysantine.

Je vais donc, Monsieur, en feuilletant VEssai, me borner à la description des quelques pièces qui ont pu échapper à vos recherches. Quelques-unes se trouvent décrites dans le catalogue queM . de Soleirol a fait paraître il y a peu de tempsj

332

mais comme elles s'y trouvent tout simplement cataloguées, j'ai pensé qu'il ne serait pas inutile d'appeler plus spéciale- ment Tattenlion des numismates sur de pareilles pièces.

Je serais heureux, Monsieur, si cette petite publication pouvait avoir l'assentiment du maître dont les précieuses recherches ont créé, on peut le dire, la numismatique hysantine.

ANASTASIUS.

DN ANASTASIVS PP AVG. Tête diadémée à droite.

Rev. VICTORIA AVGGG. Victoire assise à droite, sur un siège sculpté, écrivant sur un bouclier; au-devant le monogramme du Christ; à l'exergue CONOB. Fig. 1.

Deini-sou d'or. Diamètre au giènetis : Itt millimètres. JUSTINUS i.

Antioche. D IVSTINVS. PAVG. Tète de Justin I dia- démée à droite.

Rev. A CONCORDI. L'indice monétaire I surmonté d'une croix, (lanqué de deux points ou globules; à l'exergue ANTX. Fig. 2.

Cuivre. Diamètre au grènetis : 2i millimètres.

Banduri a décrit une semblable pièce, mais il en a déna- turé l'exergue et il l'attribue à tort à Justin le Jeune.

Alexandrie. DN IVSTIiWS... Buste diadème à droite. Rev. I>ï<B; à l'exergue A AS^.

Cuivre. Diamèlrc au grèiiclis : 18 millimètres.

353

JUSTINUS I THRAX ET JUSTINIANUS.

Constantinople.--ï). N. JVVSTIN 6T IVSTINI....i\ (sic) P P AVG. Buste de Justin I à droite.

Rev. L'indice monétaire M surmonté d'une croix , flanqué d'une étoile et d'une croix ; entre les jambages du M le de l'atelier A; à l'exergue CON. Fig. 5.

Cuivre. Diamètre : 33 millimètres.

Je cite cette pièce rare, à cause de la différence qu'elle présente dans la légende et dans le module, avec celle que décrit la Revue numismatique française, 1839.

JUSTINIANUS I.

Alexandrie. D N IVSTINIANVS PP AV. Buste de face casqué, tenant le globe crucigère; à côté une croix. Rev. A *J< r dans un cercle j à l'exergue AA6Z. Fig. 4.

Cuivre. Diamètre : 25 millimètres.

Les pièces de ce prince, sortant des ateliers d'Alexan- drie, sont très-peu nombreuses de ce module. Celle-ci est curieuse à cause de l'indice monétaire 33. Les monnaies ordinaires d'Alexandrie portent généralement l'indice I B soit 12. Les multiples devraient être 24, 36, 48. Je ne m'explique pas à quel système monétaire peut se rattacher le chiffre 33 de cette médaille, déjà ciléc par Banduri.

Rome. Plusieurs des pièces de Justinien frappées à Rome offrent la même fabrique et le même dessin que celles de Theodahtus. Elles sont très-connues. La suivante n'est remarquable que par son module :

334

Au droit on lit : D N IVSTLNIANV PP A, autour du buste de profil à droite, avec un diadème de perles.

Rev. Grand M surmonté et accosté à droite d'une croix ; à l'exergue ROMA; le tout dans une couronne de myrte. Fig. 5.

Cuivre. Diamètre : au grènetis 27 millimètres, au flan 32.

Je dois cette belle pièce, comme tant d'autres de ma suite, à l'obligeance de M. le marquis de Lagoy.

Une autre petite pièce, sortant probablement du même atelier, présente au droit le buste de face, casqué, de Jus- tinien, et au revers l'indice I et l'année XXXVII dans une couronne. C'est la plus haute date que je connaisse sur les médailles de ce règne.

Theupolis.-B N IVSTINIANVS P P AVG. Lempereur radié assis de face, tenant le sceptre et le globe cru- cigère.

Rev. B CONCOPDI autour de lindice monétaire t sur- monté et accosté d'une croix ; à l'exergue THEUP Fig. 6.

Cuivre. Diamètre : 20 millimètres.

- D i\ ÏVS.... NVS P P AVG. Buste de profil à droite Rev. A CONCORDI. Grand I surmonté d'une croix, accosté de 2 globes j à l'exergue THEUP.

Cuivre.

Cette pièce est exactement semblable à celle de Justin I, qui a été décrite sous le n" 2, avec laquelle elle pourrait être confondue à cause du défaut de sa conservation, si Texergue ne la donnait sûrement à Juslinien I".

"vV

535

Carthagc. D N IVSTINIANVS P P A. Busle de l'empe- reur diadème à droite.

Rev. VICTORIA AG. Victoire debout de face, tenant le globe crucigère de la main gauche et de la droite un diadème; à l'exergue X entre deux étoiles; pièce fort épaisse. Fig. 7.

Cuivre.

M. de Soleirol a probablement voulu parler de cette pièce dans son catalogue , sous le n" 173; mais il paraît que le défaut de conservation de l'exemplaire qu'il avait sous les yeux lui a fait prendre la Victoire pour l'empereur. M. Soret de Genève en a décrit une semblable ; son peu de conservation m'a engagé à publier celle de ma suite. C'est un des monuments émis en souvenir de la conquête de l'Afrique par Bélisaire {vid., Saulcy, Essai).

.... VSTINIANVS P P AVG autour du buste de face armé, et tenant le globe crucigère; à droite, dans le champ, une croix.

Rev. m

__xin

G SO KAK

Médaillon de cuivre. Diamètre : au grèiietis 57 millimètres.

t

Autre semblable. Rev. nJ^xih

G SO KAK

Diamètre : au grènetis 29 millimètres.

X

l

Autre semblable. Rev. ^11/1^,

G s

CAR

Diamètre : au grènetis 33 millimètres.

336

Ces médailles ne diffèrent des pièces ordinaires de Jus- linien que par les lettres SO qui remplacent les lettres nu- mérales de l'atelier et que je ne puis expliquer.

JUSTINUS II, JUNIOR.

Les sous d'or Justin le Jeune ne me paraissent pas si difficiles à distinguer de ceux de Justin I qu'on a paru le penser jusqu'à présent; ceux qui appartiennent à Justin I ont un relief plus grand et ressemblent exactement aux pièces d'Anastase. L'empereur tient la haste sur l'épaule.

Ceux de Justin II sont d'une fabrique plus plate, et telle- ment semblables aux sous d'or de Tibère Constantin et de Maurice, que, malgré l'absence du mot Junior, on ne peut guère les confondre, en examinant la fabrique avec quelque soin. Du moins, ces observations me sont suggérées par les pièces de ma suite que j'ai sous les yeux. Le sou d'or que je possède et qui ne peut être que de Justin II, malgré sa légende commune aux deux Justin , présente au droit le buste de l'empereur casqué, de face, tenant de la droite une Victoire qui le couronne. La fabrique, plus plate que celle des pièces d'Anastase et de Justin I (fig. 8 et 9), sem- blable à celle de Justinien, est identique avec les pièces des successeurs immédiats de Justin II.

La légende du droit est D IN IVSTINVS P P AVG.

Le revers est celui des sous d'or de cette époque. VIC- TORIA AVGGG 0. La Victoire assise de face, regardant à droite, tenant le globe crucigère et s'appuyant sur un sceptre; à l'exergue CONOB.

Carthage. J'ai sous les yeux deux pièces qui ont éié

537

attribuées à Justin le Thrace, mais qui appartiennent bien plutôt à Justin II. Une de ces pièces, dont ci-joint le dessin, est surfrappée et je crois qu'elle l'a été sur une pièce de Justinien au type de la Victoire. Malheureusement, sous le type actuel on ne distingue que bien difficilement les ves- tiges du type primitif. Voici pourtant ce que j'y découvre (fig. 10):

Au droit : Type actuel, D N IVSTINVS P. Buste de profil diadème à droite. Type primitif, les lettres de JustlNIanus? Au revers : Type actuel, un grand X ayant une croix dans l'angle supérieur et une étoile dans l'infé- rieur; à gauche PR; à droite ANNO, le tOut en lettres superposées; à l'exergue CAR. Type primitif, VIC. Un diadème que la Victoire, étant de face, tenait de la main droite. Au bas : Sous une ligne de démarcation , une des étoiles qui, sur le type de Justinien, flanquent l'X de l'exergue. Cuivre.

Quoi qu'il en soit de la clarté de ces vestiges , Carthage n'ayant été enlevée aux Vandales que sous Justinien, en 534, le différent CAR me paraît une raison péremptoire pour refuser ces pièces à Justin I".

J'en dirai autant de la pièce d'argent d'un Justin, ayant au revers la légende FELIX CARTAGO, qui, d'après V Essai, doit appartenir à Justin le Jeune et que M. de Soleirol a classée parmi celles de Justin I".

2'SÉRIK, TOMK T. 22

538

T/wssalomque.— T) N IVSTINVS P P AVG. Buste de face

casqué de Justin II, tenant le globe crucigère. Rev. K surmonté d'une croix. ANNO III; à l'exergue T6S.

Cuivre. Diamètre : au grènetis 17 millimètres.

Banduri a publié une pièce semblable, mais il l'a donnée à tort à Justin le Thraee.

JUSTINUS II JUNIOR ET SOPHIA.

TheupoUs. Cette pièce, frappée à Theupolis, porte la légende barbare des pièces sortant de cet atelier. Justin et Sophie, assis de face, la tète nimbée, tiennent chacun un sceptre; au milieu d'eux, sur un globe, une longue croix surmontée d'un croissant.

t Rev. ANNO M XIII A l'exergue : THeVP.

F

Cuivre. Diamètre : 28 millimètres.

Justin le Jeune n'ayant régné que du 15 novembre 566 au 5 octobre 578, c'est-à-dire un peu moins de 12 ans, cette année XIII avait pu paraître singulière. Elle s'explique de la même manière que l'an 2, trouvé sur des pièces de Galba, sortant des ateliers d'Alexandrie. En effet, comme cette dernière ville, Antioche et plusieurs autres de la Syrie qui suivaient l'ère julienne, commençaient leur année en août, Justin ayant commencé à régner en novembre 566, la première année de son règne a été accomplie pour Antio- che, en août 567, sa douzième, en août 578. Donc, à dater de cette époque jusqu'au 5 octobre, il cessa de régner, ses médailles frappées à Antioche et dans les villes qui

559

comptaient d'après le même système, ont être datées de sa treizième année.

Ces pièces n'ont pu être émises que d'août à octobre ^7S, ce qui explique leur rareté.

TIBÈRE CONSTANTIN.

Tibère, Thrace de nation, fut adopté par Justin II et créé César le 7 septembre 574- , avec le surnom de Cons- tantin. En septembre 578, il fut déclaré Auguste.

On trouve des monnaies de ce prince portant les diverses dates de son règne, soit comme César, soit comme Auguste. Banduri en cite des années I-III-IIII, sans désignation d'ateliers, et de l'an II de Nicomédie. La Revue numisma- tique française en décrit également des années I-II-IIII, d'ateliers indéterminés.

Ces dates sont ici remarquables, en ce qu'elles prouvent que Tibère Constantin, bien que simple César, et du vivant de Justin, a fait émettre des pièces à sa seule effigie. Il est bon de constater ce fait, qui servira, dans la suite des mon- naies bysantines, à expliquer des pièces qui sembleraient inexplicables, sans l'adoption de ce système.

Une pièce de ma suite, sans désignation d'atelier, pré- sente la curieuse année VIIII. Ce que j'ai dit au sujet de l'an XIII de Justin et Sopbie, s'applique encore à cette mé- daille. En efTet, Tibère Constantin ayant été créé César le 7 septembre 574^, la première année de son règne se trouva accomplie en août 575 (suivant l'usage d'Antioche), sa huitième, en août 582. L'an VIIII a par conséquent paraître sur les médailles sortant de cet atelier, dans la

540

première moitié du mois d'août 582, époque de la mort de Tibère Constantin, qui avait régné huit ans pour la plupart des villes de l'Empire et neuf ans pour celle de Theupolis, Toutes ces pièces portent au droit une légende plus ou moins incorrecte et au revers l'indice monétaire surmonté d'une croix; elles ont à l'exergue le signe indéterminé li, qui a pu être pris pour le différent de Ravenne. Je crois qu'il faut renoncer à cette opinion, car leur fabrique, leur légende barbare et cette dateVIIII, que je viens de citer, me parais- sent des raisons suffisantes pour les enlever à cette dernière ville et les restituer à Theupolis.

Une petite pièce portant au droit la légende b ITl TIb COSTANT AVG autour du buste de face et sans bras de Tibère Constantin, et au revers un X surmonté d'une croix, le tout dans un cercle, bien que sans désignation d'atelier, pourrait être classée parmi celles de Constanti- nople, vu la grande analogie qu'elle présente avec le rare médaillon du même empereur, cité par Banduri et par la Revue française, 1859, portant l'indice monétaire XXX insolite sur les monnaies d'Orient. (Fig. H et 12.)

C. Penon. (Pour être continué.)

34i ~

MONNAIES DU COMTÉ DE ST-POl..

Incessantes sont les découvertes de monnaies anciennes, et par contre on voit apparaître de très-nombreuses notices et d'assez fréquentes monographies monétaires. La science numismatique est l'une de celles dont les progrès sont le plus rapides. Toutefois, ce qui occasionne Tavancement de cette branche importante de l'archéologie, est en même temps une cause d'imperfection pour les publications dont elle est l'objet. Les pièces qui journellement surgissent de terre , jointes à celles qui , avant l'apparition des ouvrages initiateurs, demeurent inconnues, rendent pour le moins incomplètes les œuvres des premiers travailleurs, et les monographies sont bientôt à compléter ou à refaire. Cet inconvénient est grave sans doute, mais il ne doit pas arrêter ceux qui ont compris l'utilité des premiers travaux. Un mot d'encouragement est du aux numismatistes qui savent braver les déconvenues qu'amène l'initiative des pu- blications monographiques. Je serais heureux de pouvoir l'adresser à un docte confrère; malheureusement il n'est plus pour l'entendre; enlevé trop tôt à des études fortes

342

et consciencieuses, sa mort laisse un vide qui ne sera pas de si lot rempli.

A la suite de mon essai sur l'histoire monétaire de la province d'Artois, publié en l'année 1843, j'ai provisoire- ment inventorié les monnaies alors connues du comté de St-Pol. Plus tôt que moi, le docteur RigoUot crut le mo- ment venu d'entreprendre une véritable monographie im- mismatique de ce comté ('). îSolre reconnaissance est due à son zèle, noire estime à son talent. Son travail était ingrat; non-seulement il paraissait trop hâtivement, mais il con- cernait un atelier monétaire très-peu actif, auquel furent souvent substituées des forges placées dans des localités ou la surveillance suzeraine était peu sévère. L'œuvre de M. Rigollot n'est pas ancienne et déjà des lacunes, relative- ment importantes, s'y laissent apercevoir. L'intérêt que l'auteur a su y attacher, celui que par lui-même son objet comporte, réclament des collecteurs la communication des monnaies qui doivent combler ces lacunes. Le nombre n'en sera pas considérable sans doute; les véritables monnaies de St-Pol sont rares dans les collections, et elles ne sem- blent pas devoir jamais y être communes. M. Rigollot nen a édité que six sûrement St-Poloiscs('). Avec l'espoir d'être

{') Revue iniDiismaliquc française, 18î)0, p. 205.

\^) l>cs autios sont toutes (rÉIincourt sans doute, !uèiue le ii" lô. |tl.VI.

A la page 220, M. Rigollot a cité, d'après Duby, le biiloii d'Eliucourt ayant l'extérieur d'une monnaie de Bretagne. Ce Lillon de Gui IV, cl celui à l'aigle du même prince ot du méuie lieu, sont en plusieurs o.\cin plaires, dans mon cabinet. La ressemblance du premier est parfaite avec une variété des billons de Limoges, non publiée par Duby. CcUe variété que je possède porte pour légende : INES VICE COJIES, LEMOVICEK- SiS.

345

imité, je viens remplir le devoir imposé par la possession de quelques monnaies inédites de St-Pol. Une seule d'entre elles demande aujourd'hui un dessin;, une simple indica- tion suffît momentanément pour les autres.

Une variété du beau denier de Hugues 111, autre surtout que celle publiée par la Revue belge de numismatique ('), l'ait partie de mon cabinet. Le denier de Gui IV, de la trouvaille de St-Maixent ('), a pour compagne dans mes vitrines, une obole absolument semblable de types, seul diminutif signalé jusqu'à ce jour dans la numismatique de St-Pol, malgré le paragraphe du bail monétaire de l'an 1506, qui parle de la fabrication d'autant de mailles que de deniers de St-Pol.

La monnaie dont un dessin accompagne cette notice, appelle l'attention des linguistes comme des numismatistes; elle montre d'un côté, une croix cantonnée de quatre croi- settes, et pour légende : Guido cornes; de l'autre, un écusson au lion, entouré des mots : Send piu.

Cet esterlin est une variété de celui dont j'ai donné la figure dans l'une des planches de l'histoire monétaire d'Ar- tois (^), et que j'ai attribué à Gui V de St-Pol, de préfé- rence à son prédécesseur de même nom. Je crois devoir insister sur cette attribution que j'attache à Tune et à l'autre des deux variétés d'esterlins à l'écusson ; leur faire est assez différent de celui des denier et obole appartenant sûrement

(1) 18^3, pp. 25 , 2i.

(*) Le dessin de ceUe monnaie actuellement à moi, a été donné dans la Revue numismaliqiie française de 1838, pi. XI. Le denier et l'obole me proviennent de M. Poey-d'Avant.

e) Planche IX, 102. M. Rigollot, no 10.

544

à Gui IV, pour qu'il y ait entre l'émission des uns et des autres, l'espace d'un règne. Côte à côte, dans mes vitrines, ces diverses monnaies sont facilement comparées.

Par la réunion des deux légendes, l'esterlin publié dit: Guido cornes Santi Pauli; celui jusqu'à ce jour inédit : Guida cornes Send Piu ('). La seconde partie de cette dernière inscription, montre trop de régularité, trop d'ho- mogénéité, en ce qu'elle est, pour pouvoir être considérée comme le résultat d'une erreur, d'un déplacement acciden- tel, d'une substitution involontaire de lettres j elle adjoint sans doute le patois populaire au latin. Send Piu ne me semble pas autre chose qu'une traduction triviale du Santi Pauli. La consonnance auriculaire avec le nom vulgaire de la ville de St-Pol au moyen âge, y est faiblement obtenue.

Le mélange des langues latine et française, dans les légendes monétaires, est assez fréquent au nord de la France. A Fauquembergues comme à St-Pol, on voit sur les monnaies, au commencement du xiv^ siècle, avec l'in- scription latine de l'avers, le nom du lieu indifféremment écrit au revers, soit en langue savante, soit en langue vul- gaire. A Fauquembergues, la substitution au latin est fran- çaise, dans l'acception presque pure du motj la légende Fauconberga, de deux pieds-forts inédits et variés de la comtesse Élconore, tous deux faisant partie de mon cabi- net ('), donnent en traduction : Fauquenbergue, sur un

(') Cette monnaie a fait partie des richesses nuniismaliqiies de M. de Cosler.

(*) Le denier à''Adeline de ma collection, antérieur à ceux d'Éléonorc, et imité des pièces dn Ponlhieii, varie un peu rorthographe latine du uom de lieu. Ses deux légendes réunies donnent : AL'. CAST. SCI. AVD.

341)

denier de la même comtesse, passé de la collection de M. J. Rouyer dans la mienne, et édité dans mon Histoire monétaire d'Artois ('); il donne Fauquenberge sur celui publié par Duby, et dont un jour ou l'autre on retrouvera sans doute des exemplaires.

Si je pense qu'il est encore trop tôt pour parvenir à un travail complet sur la numismatique de Saint-Pol, à plus forte raison dois-je le croire pour celle de la province d'Artois. Après douze années d'âge, remplies par de nom- breuses découvertes de monnaies et de documents, l'His- toire monétaire d'Artois aurait certes grand besoin d'être retouchée; mais les conditions exceptionnelles dans les- quelles elle se trouve, rendraient imprudent de le faire im- médiatement. On ne peut y remettre la main, avec quelque chance de succès, avant que ses éléments monétaires, déjà considérablement augmentés, soient plus nombreux encore, et surtout déterminés avec un assentiment plus général. Tout n'y semble-t-il pafs encore en question, principale- ment en ce qui a trait aux monnaies muettes, si difficiles d'attribution; les légendes mêmes de quelques deniers, sinon celles formant des mots complets, au moins d'autres qui, composées d'initiales, ne peuvent avoir un sens qu'en les attachant aux localités principales de l'Artois, restent en discussion. D'un autre côté, si pour la ville de Saint-Omer, des monnaies épigraphiques ont mis sur la voie des pièces anonymes qui conviennent à son atelier, l'un des plus aç-

DNA FALCONB. C'est sous Giiillaunie VIII que les litres de comte H de comtesse ont été pris par les seigneurs et dames de Fauquember- gues.

(1) Piaiiilir IX, 101.

546

tifs et des premiers signalés dans les Étals des comtes de Flandre, par des documents officiels, il n'en est pas de même pour Arras, cette primitive capitale des pays dits flamands, cette ville dinilialive par position. Il ne sera vraiment possible de retoucher la monographie monétaire de la province d'Artois, que lorsqu'on aura déterminé avec certitude les pièces modèles qui, sorties de la fabrique atré- batienne, ont communiqué leur nom aux petites monnaies de la Flandre en général, au système monétaire flamand, exclusivement usité jusqu'à la fin du xni^ siècle. Les tra- vaux d'ensemble, les monographies ne comportent pas les propositions un peu hardies d'atlributions, si profitables dans les notices particulières à lavancement des éludes numismaliques, si utiles pour la détermination de mon- naies qui, sans cela, resteraient toujours inclassées; ce sont des «euvres de doctrine bien plutôt que de discussion.

Alex. IIermand.

~ 347

JEANNE DE WESEMAEL

ET

JlEâlVNE DE HIERWEDE.

Pl. XIII, FIG. 2, 3 ET i.

M. Wolters, dans sa Notice historique sur la commune de Rummen, p. 177, suppose, d'après une petite monnaie de bilion noir, peut-être mal lue, que Jeanne de Wesc- mael était dame de Gerdingen; M. Rouyer (Revue fran- çaise de 1852, p. 36), émet la même idée, ou plutôt adopte sans examen l'opinion de M. Wolters. Celui-ci, dans son même ouvrage sur Rummen, p. 177, dit que Gherdingen est le village actuel d'Ordingen, près de Saint-Trond. Plus tard, dans sa Notice sur les seigneurs de Steyn, p. 75, il place Gerdingen, le Gerdingen des monnaies, dans le can- ton de Brée, arrondissement de Tongres. Dans ce second ouvrage, la Jeanne de Merwede et de Steyn, vrouiv van Gherdingen, dont le nom est cité, avec cette qualité, dans plusieurs chartes , ne figure nulle part comme dame de Wesemael et de Rummen,

Il paraît donc évident qu'on a confondu sous le nom de Jeanne de Gerdingen, deux personnes différentes :

1" Jeanne de Wesemael, héritière de son frère Jean II et épouse de Henri de Dicst, seigneur de Stalle et de Rivière, dame de Rummen, de 1464 à 1474, et

2" Jeanne de Merwede, dame de Steyn jusqu'en 1450,

348

et de Gerdingen, qui vivait encore en 1467, et qui eut deux maris : Daniel Hoyns et Clais Aelstorp, alias Vander Hoyven (').

On connait de celle-ci des monnaies frappées à :

Steyn,

Rusta?

Civilat?

Hiotentenli?? Wolters, 15.

Gerdingen ,

Lovan? Wolters, 19.

Nous devons à l'obligeance de notre savant ami et col- lègue, M. Th. de Jonghe, la communication de deux autres monnaies de Jeanne de Gerdingen, frappées dans cette localité myslérieuse Lova.

[" Armoiries remplissant le champ, et simulant celles de Philippe le Bon : >ï< lOî^TîHRTÎ : DN7Î : DS : GSRDIRGein. Croix patlée dans un cercle perlé, ayant en cœur un écusson. La barre horizontale de la croix traverse l'écusson de manière à imiter celui des monnaies de Louvain : >ï< ^ORerTTÎ : HOVTÎ : PTîGrTT^ ; liOVTÎ... {Voy. pi. XIII, lig. 2.) B.JV. Imitation des doubles mites de Philippe le lion.

!2" Mêmes armoiries, mais dans un écusson triangulaiic : ^ DN7Ï : De: : GSR

(') L'auteur de la Batavia illustiala lui donne pour mari Philippe ilc Spanghcn ; mais ceci paraît être une erreur, puisque Daniel Iloyns et Clais Aelstorp sont positivement nommtvs dans plusieurs chartes.

349

- Ooix pattée coupant la légende, et ayant en cœur le même écusson simulant les armes de Louvain : >^ mO |ROV2ï|PG2ÎJa I 0V7Î :. (Voij. pi. XIII, fig. 3.)

B.N. Imitation des mites de Philippe le Bon.

Quelle est donc la localité désignée par les lettres LOVA? M. de Jonghe avait d'abord pensé à Lovenjoul, près de Louvain, appartenant à la dame de Wesemael; mais, du moment il est prouvé que cette dame ne doit pas être confondue avec Jeanne de Merwede, dame de Gerdingen, qui certes ne possédait pas Lovenjoul, il n'est plus possible de s'arrêter à cette explication. Faut-il y voir simplement^ comme le pensent MM. Wolters et Serrure, l'atelier même de Louvain cette dame aurait obtenu la permission de faire faire ses monnaies? Cette idée est peu admissible, et l'on comprendrait difficilement que le duc de Brabant eût prêté ses ateliers pour y contrefaire sa propre monnaie, et se porter ainsi préjudice à lui-même.

Ne serait-ce pas plutôt une usurpation hardie et dont les exemples analogues ne manquent pas à cette époque, du nom de Louvain j usurpation couverte peutTètre, et en quelque sorte justifiée, par la ressemblance de ce nom, avec celui d'un hameau, d'un château, d'un endroit quel- conque près de Steyn ou près de Gerdingen, appartenant à Jeanne de Merwede (')?

(') Resterait à trouver ce hameau. Nous engageons M. Wolters, qui possède sur la province du Limbourg des documents si précieux, à lairc quelques recherches à ce sujet. Il est plus à même que personne de résoudre le prohicme.

550

Rien irarrétait au reste la clame de Gerdingen quand il s'agissait de contrefaire les monnaies étrangères. Sur les oboles françaises elle posait fièrement les fleurs de lis entourées de son nom. Sur les mites de Flandre et de Brabant, elle arrangeait et retournait les diverses pièces de son écu, de manière à reproduire exactement celui de Philippe le Bon ; à l'aide d'une des barres de la croix, elle simulait les armes de Louvain. Pourquoi n'aurait-ellc pas fait du nom de cette ville ce qu'elle faisait de son type et de son emblème héraldique?

Si, contre notre supposition, la pièce n" 28 de M. Wol- ters [Notice historique sur la commune de Rummen) a été bien lue, et porte bien d'un côté : Johanna . de . Wesemal . et de l'autre : Moneta . nova . de . Gherd . , comme une seule petite monnaie ne peut pas venir renverser le témoi- gnage de documents nombreux et irrécusables qui prouvent que Jeanne de Wesemael n'était pas dame de Gerdingen , force sera d'admettre, ou que cette pièce est le produit d'un croisement de coins dans un atelier de faussaires, ou qu'il s'agit ici d'une autre localité, dont le nom commence par Gherd, dépendant de la baronnie de Wesemael. Dans tous les cas il ne peut être question d'Ordingen ou Ger- dingen près de Saint-Trond qui appartenait à l'ordre Teu- fonique.

Aux nombreuses monnaies déjà connues de Jeanne de Gerdingen, on peut ajouter la pièce suivante qui appartient également à la riche collection de M. de Jonghe :

Armoiries remplissant le champ, et simulant celles de Phi- lippe le Bon : >ï< lOb.T^RRTÎ : Di\2î : DS : GaRDW.

5b4

Croix pattée : >î< maRSHaTÏ : R0V7Î TT :

SI. {Voy. pi. XIII, fig. 4.) B.N.

Sur cette pièce, assez bien conservée du reste, le nom de la localité elle a été frappée, est seul illisible. L'es- pace est trop grand pour y lire facta, ce qui ferait : moneta nova facta sivitati (le Sivitat ou civitat énigmatique). Serait-ce confecta? mais ce mot n'a pas été, que nous sachions, usité à cette époque sur les monnaies.

Nous terminons donc, comme il est souvent prudent de le faire en numismatique, en posant une question sans la résoudre.

R. Chalon.

3?i2

NOTICE

SUR

DES MONNAIES NOIRES

DU PAYS DE LIIÎGE ET DU COMTÉ DE HOLLANDE. Pl. XV!.

I

PAYS DE LIÈGE.

Lorsque le comte de Renesse entreprit son Histoire nu- mismatique de l'évêché de Liège, les lois de l'imitation des types des monnaies ou de leur filiation n'étaient point con- nues ; les pièces étaient déterminées pour ainsi dire au hasard, sans autre guide que la témérité de celui qui osait poser une attribution. Sa hardiesse fit autorité, et, sous ce rapport, le comte de Renesse n'avait à encourir aucun re- proche.

Son travail se ressent donc singulièrement de l'absence complète de critique; ses attributions doivent être en grande partie changées ; son catalogue doit être pour ainsi dire entièrement refait. Reconnaissons néanmoins que l'œuvre de de Renesse était un premier jalon pour la numismatique du pays de Liège, et que c'est déjà un mérite de l'avoir posé dans une époque l'étude de la numismatique du moyen âge commençait à peine à renaître en Belgique. L'empire français, avec son escorte grecque et romaine, et ses interminables guerres, avaient fait négliger totalement

353 ■—

lY'tudc (les monnaios belges. Ce fut seulement sous le règne de Guillaume I", roi des Pays-Bas, qu'elle reprit faveur, et de Renesse n'a pas peu contribué à en propager de nou- veau le goût.

Nos attributions différeront donc essentiellement de celles de Y Histoire numismatique du pays de Liège.

ADOLPHE DE WALDEK- 1301-1302.

La monnaie , que nous attribuons à cet évêque , est au même type que celle donnée par de Renesse à Adolphe de la Marck. Celle-ci est frappée à Huy, tandis que la nôtre Test à Avroi, faubourg de Liège, les évéques exerçaient parfois le droit de battre monnaie.

Av. >ï< TîDVLPFjVS. EPS. Perron entre deux bâti- ments,

Mev. ^ ÎIîOI^BnnTÎ T^VEROnn. Croix dans un grènetis (pi. XVI, fig. 3).

Nous allons justifier notre attribution. Le perron, em- blème communal, représenté sur cette pièce, indique quelle appartient à l'époque ces signes figurèrent sur les monnaies; or, nous avons démontré que le numéraire em- preint d'emblèmes communaux appartient, règle générale, au xni* siècle ('). Il n'y a donc rien d'étonnant que la mon- naie décrite ci-dessus porte encore le perron au commence- ment du siècle suivant. Un autre argument en faveur de notre opinion est celui que l'on peut tirer de la découverte

(') Revue de la numismatique belge, !'« série, t. IV, p. i2. 2e SÉRIE. - Tome v. 23

554

d'un dépôt de monnaies composé d'espèces d'Adolphe de la Marck, évêque de Liège, dépôt dans lequel ne fut pas trouvée la monnaie dont nous nous occupons, ni aucune pièce semblable. Cependant, la nature du métal de cette monnaie semble, au premier abord, s'opposer à notre ma- nière de voir. Nous ferons observer qu'à proprement parler elle ne peut être classée parmi les monnaies noires, incon- nues à cette époque dans l'évêché de Liège, et qu'elle doit être placée parmi celles qui sont d'argent, mais à bas titre.

ARNOUL DE HORNES. 1378-1390.

Av. PTTrrSR X _ X ROSrrSR. Évèque, mitre, crosse, bénissant et de face à mi-corps; au bas, l'écu de Hornes traversant la légende.

Rev. 7ÎVe:-m7î-RI7T-GR2î. Croix traversant la légende et cantonnée aux premier et troisième cantons d'un cornet, qui sont les armes de Hornes (pi. XVI, fig. 5).

Av. Id. à légende embrouillée, et ayant une étoile à côté

de l'écusson. Rev. ÎIîOR-SîTTÎD-G;... ...— Croix cantonnée aux

premier et quatrième cantons d'un cornet (pi. XVI,

«g. 6).

Le type de cette monnaie était déjà connu à Ltrecht, Arnoul occupa le siège épiscopal avant d'avoir été élu à celui de Liège. Les divisions qui existaient dans l'Eglise par suite des deux compétiteurs, Urbain VI et Clément Vil, furent cause qu' Arnoul ne voulut pas d'abord quitter son évèché et qu'il pril simplement le litre d'administrateur de

355

celui de Liège. Ce fut probablement à celte circonslance qu'est due l'absenec du titre d'évèqiie de Liège sur les deux monnaies décrites ci-dessus, titre qu'il ne prit définitive- ment qu'à commencer du 21 octobre 1379.

Sur la monnaie suivante, il prend le litre d'évéque :

* Av. X LSODI— SRSISx Evéque comme à l'avers des

deux monnaies précédentes.

ncv. 7ÎRR— OLD-VS:S-PIS. Croix traversant

la légende (pi. XVI, fig. 4).

JEAN IV DE BAVIERE. 1390-1418.

.4/;. ^ JKOnerUTÎ -ROVÎT liSODISn. Écu trian- gulaire aux armes de Bavière.

hev. ^ lOî^ D B SJQSG'l^ liSODien. Croix dans un grènetis cantonnée au second canton d'un lion(pl. XVI, fig. 7).

Av. mORG:na2î ROVÎÎ liSODISR. écu sem- blable au précédent.

ïiev. ^ 1017 Vi ' Q. eiiSna lieoD. croix

traversant la légende et cantonnée aux second et troi- sième cantons d'un lion (pi. XVI, fig. 8).

Av. lOFjS DS B2ÎV7ÎR. Écu comme à l'avers pré- cèdent.

Rcv. mon Sfl^TÎ ROI Croix semblable

à celle du revers précédent (pi. XVI, fig. 9).

Le type de ces monnaies est celui qui lut employé par Jean sans Peur, comte de Flandre, contemporain de Jean de Bavière.

556

Bienlôt il en adopta un autre qui fut imité du type des sceaux généralement en usage vers cette époque. C'est lecu incliné appendu à une branche d'arbre ou à un heaume.

Av. >ï< lOI^TîRS X D î Sx B2ÎV2ÎRI2Î. Écu de Bavière incliné attaché à une branche d'arbre.

Rev. >h monami^ $ kovtî LeioDieinsis.

Croix pattée inclinée, inscrite dans un grènetis et cantonnée de deux écus aux armes de Bavière (pi. \VI, fig. 10).

THIERRI DE PERWEZ. 14061408.

Pendant les soulèvements des Liégeois contre Jean de Bavière, Thierri de Perwez, fils de Henri de Hornes, sei- gneur de Perwez, élu mambour de Liège par les révoltés, f«ït choisi évèque de Liège et proclamé comme tel le 26 septembre 1406. Cet évèque intrus se maintint jus- qu'au 25 septembre 1408, jour il fut tué pendant la bataille d'Olhèe.

La monnaie suivante que de Renesse attribue à tort à Thibaut de Bar (1502-1315), doit être restituée à Thierri de Perwez, comme l'indiquent suffisamment les armoiries et le type imité de celui d'Arnoul de Ilornes :

Av. M0ne:W2î eXieia LSOD. Évèque mitre, crosse , bénissant de face et à nii-corps; au bas, un écu écartelé de Hornes et de Perwez.

Rev. rri^eO D.D: G SliSa LSOD. croix coupant la légende et cantonnée aux second et troi- sième cantons de deux cors. (PI. XVI, fig. 1.)

Le n" 2 de notre planche présente un type si singuliei-,

5o7

que nous nlK'silons pas à le regarder eomnie faux. Il fut probablement fabrkiué à riiitention tic Tbierri de Perwez par un amateur qui voulait compléter la série des monnaies liégeoises du eomie de Renesse.

JEAN DE HEINSBERG. 1419-1456.

Av. >h MOIVerrTÏ b.TîSSSL'. Écu incliné, ap- pendu à un arl)re, écartelé, au premier et qua- trième, de Loos et de Chiny, au second et troisième de Heinsberg, sur le tout un petit écu à lion.

Rev. P'KX DM . SinH . NOB'. Deux crosses en sautoir traversant la légende et cantonnées de quatre rosaces. (PI. XVI, fig. 14.)

C'est le type de l'avers des deniers noirs de Jean de Ba- vière. Les crosses en sautoir sont une innovation de Jean de Heinsberg.

A ce type appartiennent encore les monnaies suivantes :

Av. lOI^SS G:PS .— LSOD . am . aO. L. (comes lossensis). Ecu incliné aux mêmes armes appendues à une crosse.

Rev. ^ M0NG:n:^2î : N0V2Î : GVRIIVGî-.eiN. Croix pâtée, inscrite dans un grènetis et cantonnée de deux écus aux lions de Heinsberg. (PI. XVI, fig. 22.)

Av. ►î- loiias . eps . h - soD ena : ao : ij.

Même type que l'avers précédent. Rev. >ï< M0e:rr2î : NOV2î : aVRLNGI^SR. Même type que le revers précédent. (PI. XVI, fig. 25.)

Curingen, en français ('urange, était le siège d'une cour

558

féodale du comte de Loos, les évèques de Liège ont parfois frappé monnaie, depuis que ce comté fit partie de leurs possessions temporelles.

Le type de la monnaie suivante est imité de celui de Jean sans Peur, comte de Flandre.

Av. lOPjSS : aPS : liaODISnSIS. Écu aux armes

décrites ci-dessus. Rev. >î< M0Ne:rr2î : P(acte) aVRIG^jQ)' î . Croix

patlée, inscrite dans un grènetis. (PI. XVI, fig. 15.)

Jean ne conserva pas longtemps ce type et y porta une grande modification : l'écu fut placé sur une croix, et le revers fut empreint soit d'un perron, soit du buste de saint Lambert. Les monnaies suivantes sont à ce type ainsi modifié :

Av. >ï< 10' J— D*}ria IRJ^e:^ IjGIOD'J (Johannes de Heinsberg, episcopus leodiensis). Écu aux armes décrites ci-dessus, posées sur une croix traversant la légende.

Rev. mOneO^TÎ^ no?* IPKœ* haOD. Perron (pi. XVI, fig. 24).

Av. >i< lO'De: î^sins b ^ sps haoD^^.

Même type que le précédent. Rev. >i< Çaonami^ ^ ROVTÎ x FŒ. I^--- s (llasse- lenS?). Perron (pi. XVI, fig. 25).

Av. sps h. .... R es * Ds ^ - iians ^.

Même type que le précédent.

Rev. fRONsnaTî ? ROV2Î ^ PTîdnnTî 5 in ^

b.TîSS 5. Perron (pi. XVI, fig. 26).

559

Une pièce semblable, mais à légende embrouillée, figure au n" 27 de la même planche.

Av. >i< lo^^D a^ i^ecN ... e:p lhiod?^.

Même avers que le précédent.

Rev. Monan\7^ rovtî î Fi^a'f^ ije:oDie:v'<.

Perron accosté de deux écus, l'un de Heinsberg, l'autre de Chiny (pi. XVI, fig. 32).

Av. lOî^S SPIS liSOD I ePS.'Mème type

que le numéro précédent. Rev. ^ MORennTÎ : SPI : liSODISn. Buste de

saint Lambert de l'ace, mitre et nimbé (pi. XVI,

%. 28).

^i;. >ï< lOI^SS : ePVS : liSODIGinSIS. Écu comme il est décrit ci-dessus, sans croix.

Rev. *i< mOUamT^ -. haODiaU -. Z : LOS. Buste de saint Lambert , comme au revers précédent (pi. XVI, fig. 29).

Les autres monnaies de Jean de Heinsberg sont au type de Philippe le Bon, c'est-à-dire au champ blasonné des armoiries du prince monnayant.

Av. >i< IO?e:PIS' IjSODîZtGOmiiOS. Lechamp blasonné des armoiries de l'évéque, telles qu'elles sont décrites ci-dessus.

Rev. ^ mOan^'K -. ROVTÏ : SGCI : PamR. Crolx pattée portant au centre une mitre et cantonnée de deux perrons et de deux lions (pi. XVI, fîg. 16).

Variété sans les perrons et les lions dans les canJons df la croix du revers (pi. XVI, fig. 17).

560

Saint-Pierre était une seigneurie appartenant aux ëvé- ques de Liège et située près de Maeslricht (').

Av. >î< lo: eps haoD DX'B. z aoi los^

[Johannes episcopus leodiensis, dux bulloniensis, cornes lossensis). Le champ blasonné comme ci- dessus.

Rev. ^ moan^'K .- nov2î .- erpis : ijsoDie:^

Croix comme à l'avers précèdent (pi. XVJ, fig. 18).

Av. ^ 10 :Dl : GR2T : D BV : LSO : SPS {Johan- nes Dei gracia dux bulloniensis , leodiensis epis- copus).

Rev. ^ MOI^— N0V7Î eiPS. Le ODI. Croix por- tant au centre une mitre et traversant la légende (pi. XVI, fig. 19).

Av. 10 SPS liOIOD DX. B. GO IlOS. Le

champ blasonné comme ci-dessus. Rev. >i< (Deux bars) MOerTTî.SPS.IiSODISRSI.

Croix pattée dans un grènetis et cantonnée aux

deuxième et troisième cantons d'un bars (pi. XVI,

fig. 20).

Av. aRismvs vmecinn impsrtî?. lo

champ blasonné comme ci-dessus.

Rev rrvs vmairB xpa rsgl xiiCCiM

Le champ comme l'avers (pi. XVI, fig. 21).

Nous croyons que cette dernière pièce doit être consi- dérée comme un jeton.

(') Voy. la Hevucde la numismatique belge, t" série, t. Iff, j). 57.

501

LOUIS DE BOURBON. 14561482.

Le type au champ blasonné d'armoiries des monnaies noires de Jean de Heinsberg a été conservé par Louis de Bourbon, comme il le fut aussi par ses contemporains Phi- lippe le Bon et Charles le Téméraire; ensuite il reprit l'écu.

Nous n'avons à mentionner de Louis de Bourbon que deux pièces, dont Tune est frappée à Liège, lautre à Cu- range :

Av. % liVDoviavs : auaa. liSODian. Le

champ blasonné des armoiries de l'évèque ( trois lis barrés).

Croix pattée dans un grènetis et cantonnée de quatre

lis (pi. XVI; fig. 50).

Av. ^ JQVDOViaVS : SPS " liSODISRSIS. Écu chargé des mêmes armoiries.

]{ev. § mon i^ovTî P2îann5T m avRinGec.

Croix dite Bourguignonne portant au centre un lis (pi. XVI, fig. 33).

Les n"' 31 et 34 de notre planche sont des jetons que de Renesse a déjà publiés.

II

COMTÉ DE HOLLANDE.

JEAN DE BAVIERE. I4I8-I425.

Jean de Bavière ayant quitté son évéché de Liège entra rn Hollande, il rechercha la main de Jacqueline de

302

Bavière, sa nièce. Frustré de ses espérances, il voulut la dépouiller de ses possessions, en offrant à l'empereur Si- gismond d'épouser sa fille Elisabeth. Il obtint ainsi des lettres d'investiture portant qu'à défaut d'héritiers directs, Jean devait recevoir, comme fiefs masculins de l'Empire, les Etats de son père Guillaume usurpés par Jacqueline. Il prit aussitôt le titre de comte de Hollande, et les Cabe- liaux le firent inaugurer comme tel à Dordrecht le 23 juil- let 1418. Par un traité du 13 février 1419 il fut reconnu pour héritier présomptif et lieutenant de sa nièce. Il obtint même de Jean IV, duc de Brabant et époux de Jacqueline, Tengagère du comté, et mourut à la Haye le 6 janvier 1425. Ce fut pendant l'occupation de la Hollande qu'il frappa les monnaies suivantes à Gorcum, ville qui fait actuelle- ment partie de la province de la Hollande méridionale.

Av. ^ lOI^RSS : D?— B2ÏV2ÎRI2Î. Écu de Bavière incliné et suspendu à une branche d'arbre.

Rev. >i< mORSrTTÎ ; R0V2Î \ GOI^IGVI ou GO- RIG V?. Même type que le revers précédent(pl. XVI, fig. M).

Av,. De même que le précédent.

Rev. ^ mOX2W2î R0V2Î ..OaveRIS (?). Même type que le revers précédent (pi. XVI, fig. 12).

Av. De même que le précédent.

Rev. -h monansT^ rov2î g RORrrav. croix

pattée posée droite et cantonnée de deux écus de

Bavière (pi. XVI, fig. 13).

Le type de ces monnaies est celui que Jean avait déjà

employé dans le pays de Liège.

Ch. Piot.

565

Tl. XIII, Fie. 5.

La famille Desplanqucs-Bélhune, originaire de l'Artois, et dont des membres sont actuellement établis en Belgique, se rattache à la branche ducale des Bélhune-Sully ('). Il existe sur cette famille un ouvrage d'une rareté extrême dont l'impression commencée, en 1783, n'a été terminée qu'en 1819. C'est un volume in-folio intitulé : Histoire généa- logique des branches de la maison de Béthune, existantes en Flandre et en Artois, et connues pendant plusieurs siècles sous le nom de Desplanques, justifiée par des preuves mises en ordre par M. l'abbé Douay. Pour servir de supplément à la généalogie de la maison de Béthune, dressée par André DU Chesne, en 1639, et imprimée en un vol. in-folio avec gravures. A Paris, m.dcclxxxhi ('). L'abbé Douay entre dans de longs détails sur la vie du prince, en l'honneur de qui fut frappé le jeton qui fait le sujet de cette notice. Nous nous contenterons d'en donner un résumé très-succinct.

Eugène-François-Léon, prince de Béthune et du Saint- Empire, des anciens comtes souverains d'Artois, marquis

(') Les Béthune de Courtrai, récemment anoblis par le roi des Belges et décorés du titre de baron, sont étrangers à la famille princièrc de ce nom.

(^) VII et 104 pngi's. l'rcuvcs, 269 pages, avec tableaux séparés, sans pagination.

36i

d'Hesdignciil , comte de Noyelles-sous-Lens , vicomte de \ielles, châtelain de Sissonne, seigneur d'Espréaux, Les- piez, le Befvre, l'Epesse, Tencques, Bailleuval, etc., etc., lieutenant général des armées du roi de France, chambel- lan de l'empereur d'Autriche, chevalier des ordres de l'Ai- gle blanc et de Saint-Stanislas de Pologne, du Lion blanc palatin et de Samt-Louis, grand-croix et inspecteur général de l'ordre chapitrai de Limbourg dans la Langue d'Austra- sie, et du Lion de Uolstein-Limbourg, membre des Etals nobles de Flandre et d'Artois, des Académies des Sciences, Arts et Belles-Lettres d'Arras en Artois et de Valence en Dauphiné, fils unique, du premier mariage, du marquis de Béthune et de Jeanne-Louise de Guernonval-Esquelbecq, naquit à Saint-Omer, le oO juillet 1746. Français d'origine, il commença sa carrière militaire dans la compagnie des mousquetaires gris. En 1771, il obtint la charge de guidon des gendarmes de la garde du Roi et le grade de colonel de cavalerie. 11 avait été élu membre de l'Académie des Belles- Lettres d'Arras, en 1765, chancelier de ladite Académie, en 1770, et directeur, en 1771.

Le 30 mai 1772, il épousa, à Tournai, Alberline-Josè- phe-Eulalic le Vaillant, baronne de Bousbecque et vint se fixer dans cette ville. En 1774 il céda à son frère, le baron de Béthune, la charge de guidon des gendarmes, ne se ré- servant que le titre honoraire de colonel. Le 18 décembre 1776, l'impératrice Marie-Thérèse le nomma chambellan, et Tannée suivante, elle lui concéda le droit de décorer ses armoiries du manteau ducal et de la couronne fermée.

A partir de cette époque, il est assez difficile de dire si le futur prince de Béthune se considérait comme Belge ou

565

comme Français. Il parait occuper une position ampiiibic quil conservera jusqu'à sa rentrée de Icmigration. On le voit, en 1778, admis dans l'État noble de la Flandre fran- çaise, à Lille. En 1780, pour accepter Tordre du Lion blanc que luiconl'éruit l'électeur palatin, il demandait l'agrénient du roi de France et la permission de l'Empereur.

Un diplôme de Josepb II, du 6 septembre 1781, lui ayant conféré le titre de prince de Béthune-Hesdigneul, '<■ avec pouvoir d'appliquer ce titre sur des terres acquises « ou à acquérir aux Pays-Bas, » il prêta serment en cette nouvelle qualité le 8 novembre 1781, entre les mains de LL. AA. IIR. les gouverneurs généraux des provinces bel- giques; mais il ne le fit, voulant conserver sa nationalité douteuse, qu'avec l'agrément du roi Louis XVI. Les croix et les dignités continuèrent à pleuvoir sur lui, toujours avec le double consentement du gouverne.ment belge et du gou- vernement français.

Le prince franco-belge avait choisi Tournai pour rési- dence, et ce choix convenait parfaitement à sa position indécise. On sait que la ville de Tournai, première capitale des roitelets ou chefs mérovingiens, a été longtemps une enclave française, au milieu des provinces belgiques aux- quelles elle fut réunie par la conquête, en 1521, et cédée définitivement, en 1529, par le iraité de Cambrai. Sous Louis XIV, elle fit encore, pendant quarante ans, partie de la France, «i On verra, dit son dernier historien, «1 M. A. -G. Chotin (' i, ces vives sympathies pour la France <i se réveiller dans le cœur des Tournaisiens à chaque com-

C) Histoire de Tournai. 2 vol. in-8», 1840, t. H, p. H'*

500

« motion politique qui viendra ébranler leurs antiques « remparts ('). » Et encore aujourd'hui, il semble que cette ville n'ait pas tout à fait perdu le souvenir de ses anciens maîtres, car c'est bien la ville la plus française de notre pays, par les moeurs, le langage et les idées.

La princesse de Béthune étant morte, le 21 mars 1789, le prince épousa, en secondes noces, à Paris, le 22 janvier 1791, Charlotte-Louise-Élisabeth Bidal d'Asfeld, dont il n'eut point d'enfants. Il revint alors à Tournai, lieu de sa résidence ordinaire. A cette époque l'émigration organisait, sous la protection de l'Empereur, des armements contre la France. On offrit au prince de Béthune, « quoique natura- lisé Belge depuis dix-neuf ans, >• dit l'abbé Douay, le com- mandement d'une compagnie, qu'il accepta. L'invasion de la Belgique, en 1792, le força de se réfugier en Hollande. A son retour, il trouva son hôtel pillé et ses biens vendus comme biens d'émigré français. En 1794, il dut de nou- veau quitter le pays. Successivement inscrit sur la liste des émigrés français et sur celle des émigrés belges, il ne ren- tra définitivement en France qu'en 1802.

En 1814-, le prince de Béthune devint tout à fait Fran- çais. Il fut nommé lieutenant général par Louis XVIII, en 1816, et créé duc et pair par ordonnance royale du 25 août 1817.

Il décéda, le 17 août 1823.

Nous ignorons à quel usage était destiné le jeton octogone portant ses armes et ses titres, dont notre honorable ami

(1) Tournai est la seule conquêle que nous ayons faite sur la France qui en a tout fait sur nous.

567

M. de Jonghe possède un exemplaire de cuivre dans son riche médaillier, et que nous avons fait graver pi. XIII, 5. Cette pièce paraît être très-rare : à ce titre, elle avait droit do figurer dans cette Revue. De plus, elle se rattache à la numismatique de notre pays, puisqu'on 1785, le prince de Béthune habitait Tournai et y était naturalise.

R. Chalon.

5G8 JEAN DE TOURNAI

(Cite en 1.^26 )

Jean de Tournai, graveur de sceaux de profession, tra- vailla pour Charles le Bel, roi de France, el recul en 1526, une sonnme de 24 livres que lui devait ce prince ('). A celle mention se borne ce que nous savons de cet artiste.

(') « Joliannes île Tornaco, talliator sive sciiltor sigillorum, pro dena- « riis sibi dehitis régis faciendo : xxiiij lib. « (Comptes royaux de I32(i, cités par SI. le comte de Laborde, Notice des émaux du Lotivre, par- tie, p. -494.)

LIÉVIN VflN LftTHEW.

Citd en U9.". Mort en VôVu)

Liévin Van Lalhem fut successivement orfèvre et valet de chambre de Philippe le Beau et de son fils Charles, et il figure dfins les étals de maison de ces deux princes ('). C'est de lui que parle Jean Lemaire dans son poëme de la Couronne ni argari tique sm\i< le nom de Liévin d'Anvers. Il fut inscrit comme maître dans la gildc ou corporation de Saint- Luc, dans celte ville, en i493(»). Nous l'avons trouvé cité pour la première fois en 1495, à propos d'un grand joyau que Philippe le Beau voulait envoyer à certain per- sonnage dont il défendit de déclarer le nom dans le compte celle particularité est mentionnée ('). Une note qui se rapporte au mois de novembre 1496, dit que Van Lalhem habitait encore la ville d'Anvers à celte époque (^); une autre note du mois de février 1496 (1497, n. st.) lui donne

(') Voy. l'état de maison de Ptiilippe le Beau, dans les Bulletins de la tonimission royale d'histoire, i«^ série, t. XI, 2" partie, p. 709; l'élal de maison de Charles dressé en tSib existe aux Archives du royaume.

\^) Léon de BuRBune , Toestand der bceldende hmsten in Antwerpen omirent Ifôi ; Anvers, 1854.

(') « Q'ie Monseigneur vouloit envoyer en don à certain personnage « dont il ne veult autre déclaration icy estre faicte. « (Registre n" F. 182 de la chambre des comptes, aux Archives du département du Nord, à Lille.)

(*) Registre no F. 183, ibidem,

SÉRIE. Tome v. 24

570

alors Bruxelles pour résidence : celle-ci parle d'émaux que notre orfèvre fil sur des flacons et des pois d'argent que Philippe le Beau donna aux ambassadeurs du roi de France qui étaient venus à sa cour pour s'entendre avec lui sur dif- férentes questions concernant le pays (i'Arlois ('). Van La- them fait encore, en 1499, un fourrtau d'argent doré, magnifiquement émaillé, pour y mettre l'épée que l'archiduc faisait porter devant lui par son premier éciiyer d'écurie, lorsqu'il passaitdans les rues en cortégede cour (»). En 1501 , il reçut des sommes importantes, et l'une d'elles, 2,508 li- vres 12 sous 5 deniers, pour les « nouveaulx pallatz d'or- •1 favrerie » destinés aux vêlements des deux capitaines et des quarante-un archers de corps de Philippe le Beau, et 1,865 livres pour la vaisselle qu'il livra à ce prince à l'occa- sion de son premier voyage en Espagne (*). Notre artiste continue, les années suivantes, à travailler de son métier d'orfèvre pour son souverain (4), et entre autres choses nous mentionnerons un riche labernacle qu'il fit en 1505. Ces exemples nous prouvent que le talent de Van Lathera fut grandement apprécié. Voilà pour ce qui nous est connu de

(') Registre F. 183, cité.

(*) « A maistre Liévin Van Lalhein ij» Ixxx livres, pour ung riche four- « reau d'argent doré, esmailiié, par lui fait pour servir à l'espée que « Monseigneur fait porter devant lui, quant il entre ou qu'il, va en estât « par la ville, par son premier escuïer d'escuierie, auquel fourreau a « esté emploie ix™ iiij» xv» d'argent et iiijo xvij |e de fin or. » (Registre no F. 186, de la chambre des comptes, aux Archives du département du Nord, à Lille.)

(^) Registre F. 191, ibidem.

(♦) Registres no. F. 187, F. 190, F. 191, F. 196, F. 197, F. 198, etc.-, ibidem.

374

ses œuvres d'orfèvrerie et d'émaillure; disons quels sceaux il a gravés.

C'est lui Fauteur du sceau et du contre-sceau d'argent dont Philippe le Beau se servit lorsqu'il eut atteint sa ma- jorité. Le sceau représente ce prince à cheval et couvert d'une riche armure; la légende suivante en fait deux fois le tour :

S PHI bEI - GR2Î TÎRCHmVCIS 2ÎVSTRIE bVClS bVRGVblE LOTH bR2îb STIRIE C7ÎRIINTIE C7ÎR10LE LIMb LVXEb Z GELb COMITIS H2TbSbGEN FL2îb TIROLIS 7ÎR- TESI bVRG P2ÎL2ÎTINI H7ÎN0IE 7ÎLS2ÎCIE bGOIE HOLL ZELL FERETIS KibGI N2ÎMCI Z ^VÏPH bNI FRI^IE P0RTVSN2Î0IMS S7ÏLI2Î MECHLIE.

On trouve des plaques d'argent et de cuivre reproduisant exactement ce sceau, sans la légende toutefois, et qui n'ont pu être faites que par l'artiste lui-même (').

Le contre sceau est de la plus grande simplicité, et n'offre qu'un écu couronné avec les mots : C0NTR2Î SIGILLVM sur une banderole [').

Van Lathem livra en même temps un sceau secret d'or pour l'archiduc, un cachet de même métal pour Gérard Numan, Taudiencier, et deux sceaux en étain pour Margue-

(') Celle plaque a été reproduite par MM. de Vries et de Jonge, Neder- landsche gedcnkpenningen , t. !«'', pi. l'', n»2.

(') Ce sceau et ce contre-sceau sont publiés dans Vredics, Stgilla coinilum Flandrioe, p. t30.

572

ri(c d'Autriche, sœur He Philippe : la gravure de ces six ohjels lui fut payée 220 écus, de 24 sous la pièce ('). Quel- que temps après il reçut une autre somme de 62 livres, de 40 gros, pour l'argent et la façon de la boîte servant à J enfermer les sceaux du prince ('). Le sceau secret dont i nous parlons représente sept écussons entrelacés avec cette inscription :

S SFXRETV PÏÏI bEI GR7Î TTRCHlbVCrS 7îVSTRIEt)VCIS bVRGVblE LOTHTïEbKTtb ZC COMITIS FLTÏb 7ÏRTHES1I {^).

(1) 0 A Liévin Van Lalhein, varlel de chambre, orfèvre et graveur des « scauix de Jlouscigneur, la somme de iiij" iiij»" xviiij livres viiij deniers, « de xl gros, qui deue lui esloit pour les parties cy-après déclairées, « assavoir : pour xj onces et demy cstrelin d'or de filiet pour le scel de < spcret de Mondicfseigneur, et ung signet aussi d'or pour l'audiencier, « au pris de xv livres l'once, font viij " v livres vij solz vj deniers; « item, pour iiij mars vij onces xv estrelins d'argent pour le grant séel et » conlre-séel de Monditseigneur, à xj livres xij solz le marc, font Ivij li- « vres xij solz ix deniers ; ilem, pour la fachon et gravcure desdicts scel de secret et signet d'or, et desdits grant et contre-seaulx, par marchic « fait avec luy par ledit audiencier en la présence de monsieur le fréso- « rier des finances Hues du Mont, ij<= xx escus de xxiiij solz pièce, font u ijc Ixiiij livres, et pour la fachon de deux seaulx en estain pour madame « Marguerite d'Austrice, xij livres. » (Registre n" 20590, f" x vo, de la chambre des comptes, aux Archives du royaume.)

('; « A Liévin Van Lathcm, varlet de chambre et orfèvre de Monsei- « gneiir l'archiduc, la somme de Ixij livres, de xl gros, et ce pour et en <i payement tant de l'ostoffe, sallaire et la façon de certaine custode pc- « sant iiji marcs et ij^ estrelincx d'argent, par luy faicte pour enclore <i les seaulx de Monditseigneur, comme appert par la quittance dndit « Liévin en date du xj» jour de l'an iiij" xvj. » (Registre 20ÔÎM. fo xiv v», ibidem.)

{') Vredios, loc. cit., p. 127.

575

C'est Liévin Van Lalhem qui, en 1500, fui chargé de présenter des dessins pour les sceaux et contre-sceaux de la chancellerie de Brabant dont on avait jusqu'alors retardé le renouvellenienl. Il fit trois différents projets que l'on soumit il lexanien du magistrat des villes de Bruxelles, Louvain et Anvers ('). Nous avons dit que la gravure en fut confiée à Jean Van CVymmegen ('). Ces deux grands artistes étaient dignes de s'associer pour produire un chef-d'œuvre.

Un autre sceau, non moins beau, plus riche encore peut- être de détails que celui qui vient d"ê(re décrit et dont tout l'honneur revient à Van Lathem, est le sceau que Philippe le Beau fil graver pour en user aux Pays-Bas lorsqu'il eut hérilé de la couronne de Castille, après la mort d'Isabelle la Catholique, mère de sa femme, en 1S04. On y voit le prince assis sur un irône magnifique, de style ogival, avec les écussons de Lolhier, Léon, Castilie, Grenade et Bour-

(') « Meestcreu Lievcu Van Lathem, goutsmet Mynsheeren, de welcke » gcmaict liadde diverse patroonen va» deu nyeuwen zegel vaii Brabant, u te wclenc : drie groote patrooiien, twee daeraf met hutsaeren (?) ende 't « derde gebordecrt tolten grooten zegele, ende iioch drie cleyn patroo- « nen tôt belioef van den contrezegele ; ende was oick te diversen stonden, « om den voorscbreven patroenen wille, comen vuter stad van Antwerpen » in den stedcn van Bruessel ende Loeven,gelycdie voorschreven meester a Lieven dat allet overgegeven heeft by declaratien, begherende ende » beyschende daer voeie die somme van xxxvj ponden ; in de stat van « welcker sommen, ende ten ocsuyne als voere, getaxeert is geweest, by « mynen heeren den trésorier van den espargnen Hues du Mont, die « somme van xxiiij ponden, te xl gr. vl. H pont, aïs 't blyct by zeke- e ren appointemente gestelt opte declaracie voirschreve ende gegeven « onder zyn hanleyken, xxiij scptembris anno xv». » (Registre 23178, xxvij r», de la chambre des comptes, aux Archives du loyaume.) (') Voy. cet article.

374

gogne dans les espaces vides du cliamp. Il lient un glaive de la main droite et un sceptre de la gauche : la partie inférieure du corps est cachée par un grand écusson cou- ronné. En voici la légende :

* S~i PHI bEI GK'K REGIS C7ÎSTELLE LEGIO NIS GR2ÎN2ÎTE ZC? 7ÎRCHIDVCIS 7ÎVSTRIE

PRINCIPIS 2ÎRR2ÏG01VV ZO bVCIS bVR- GV]Nt)IE L0TH2ÎRI!\G' bRKbTîN IJMBVRGIE

LVXEMbVRGI Za GELRIE COMITIS FL2ÏN- bRIE THIROLIS 7ÎRTHESI bVRGVNblE P7Î- L7ÎTINI S2ÎLIN2Î ET MECHLINIE

Le contre-sceau représente un écu timbré de deux heau- mes et entouré du collier de la Toison d'or avec une ban- derole chargée de cette légende :

S PHI- bEI GR2Î REGIS C2ÎSTELLE LEGIONIS

GR2ÏN2ÎTE 2ÎRCHIDVC1S 2ÎVSTRIE (').

L'un et l'autre lurent brisés dans l'assemblée des étals généraux tenue à Malincs, le 15 octobre 1300, après la morlde Philippe (').

L'artiste reçut 120 livres pour la gravure de ces deux pièces et 46 livres 4 sous pour l'argent qu'il employa à leur fabrication (').

(1) Vredius, toc. cit., p. 138.

(*) Bulletins de la commission royale d'histoire, séiit*, t. IV, p'. 312.

(^) u A maislre Licvin Van Lathcm, la somme de viij »» vj livres iiij solz V pour iiij marcs j" (rargeul empioïcz tanl cii ung grant scel U; rov M est gravé assis en sa majesté, les armes nouveilles à ses pietz, son

37 s -

Plusieurs fois dans le cours de leur vie et notamment en 1o07 et 1508, Liévin Van Lathem et Jean Van Nym- megen furent consultés par ordre de la gouvernante, relativement à différentes questions touchant la mon- naie (').

En 1500, Van Lathem grava par ordre de iMaximilien, pour Jean (Hans) Renier, son secrétaire, un cachet d'ar- gent aux armes de l'empereur et de son petit-lils Charles ,

« tiltre escript et gravé tout à l'eiitour dudict séel, comme ou eoutre-séel « sont lesdictes nouveilles armes timbrées et le colier de la Thoison « d'or tout à l'entovir gravées, qu'iravoit lors faiz et délivrez es mains « de monseigneur le chancellier, par le commandement et ordonnance u du roy, pour en séellcr les mandemens et autres expédicions qui se « faisoient journellement es pays de par-deçà, qui, au pris de xj livres « iiij solz le marcq, et pour la fachon de ^on mcsticr d'avoir fait et « gravé lesdicts seaulx, par marcliié fait avec lui vj« livres, ensemble « viijM vj livres iiij s. » (Registre no F. 191, de la chambre des comptes, aux Archives du département du Nord, à Lille.)

(1) « Meesteren Lievin Van Laelhem, goutsmet, van dat hy, ter ordi- « nantie van Mynre genedige Vr.ouwen, gereyst is geweest wter stadt van « Brucssel tôt in der sladt van Mechclen, om zekere saken der munten « aengaende, dairom liy gevaceert heeft den tyt van viij dagen, tôt iij s. « iiij d. gro. s'daigs. » (Registre 17882, 19", f<> xvij v», de la chambre des comptes, aux Archives du royaume.)

« Meesteren Janne Van Nycmegen, ysersnyder, de welcke ter ordi- « nantie ende bevelc van mynre genedige vrouwen von Savoyen, gecomen « es van wler slat van Antwerpcn tôt Jlechlen, opten iijden dach in julio « ao xv viij, om zekere saken wille der munten aengaende, dairom hv « ge\aceert heeft den tyt van viij dagen. » (Registre n" 17883, !<>, foxvij v», ibidem.)

« Meesteren Lievin Van Lathem, goutsmet Onser genedichte fleercn, « de welcke, etc., gcconicn es van wter slat van Bruessel opten ijj<i«n dach « in julio, om zekere zaken wille der munten aengaende, dairom hy gcva- t ceert heeft den tyt van viij dagen in twee reisen. » {Ibidem, xv t»)

57G

dont la façon lui fui puyôc 4 livres 12 sous 6 deniers ('). Lors de lémancipalion de l'archiduc Charles , en 1515, notre îirfiste fui employée d'autres travaux. Il grava d'abord un sceau d'élain dont on se servit inimédiatement après que le prince eut été reconnu majeur et en attendant que le grand sceau fùl fait. Il se compose d'un grand écusson entouré de six autres plus petits, et de la légende qui suit, divisée en deux lignes :

SIGiLLYM o * °o KAROLI S * S PRÏNCIPIS o * S IIISP V- NIARV o * °o ARCHIDVrjS S * S 4VSTRIE S * g bUCIS o * 2 bVRGV^bïES * g LOTRIGIE o * g bRA- bATIE o * S LlMbVRGïE o * S LVCENbVRGIE § * l ET g * g GHELbRIE S * S COMITiS o * S FLArVbRIE

S * g TiROLis S * o ARTEsiE : * : ZC : * I .

Ce sceau fut peu de temps après remplacé par un grand

(') « Je Liévin de Lalhem, orfèvre, confesse avoir receu de maistre « Philippe Ilanetton, premier secrétaire et audiencier de l'empereur et « de Monseigneur, la somme de x livres^du pris de xl gros monnoye de 0 Flandres la livre, qui deue m'esloit pour, par exprès commandement et « ordonnance de IVmpciour, avoir fait et gravé ung signet d'argent aux it armes d'icollui seigneur empereur et de Mondit^cigncnr, pesant iij onces tt etj estrelin,qui,au pris de xxx soIz,de ij gros le soit, l'once, font vij solz o vj deniers, et le surplus montant à iiij livres xij solz vj deniers pour la V façon dudict signet, lequel ledict seigneur em|)«reur a fait faire pour le délivrer à maistre lians Renier, son secrétaire , oultrc et par-dessus a autres deux semblables signetz faiz par maistre Jehan de Nymèghe, « orfèvre, etc. Le derrenier jour de février l'an xv» et huit. » (Acquits des comptes des droits du grand sceau, aux Archives du royaume; voy. aussi le registre iO'iOS, xvj v», ibidem.)

(') Ce sceau est reproduit dans Vredids . Sigilla comiium Flandriœ . p. lîil.

577

scoaii avrc conlrc- sceau <i'arg(3nt, «le dimensions énonnes, dont Liéviii Van Lalhcni rsl également l'auteur ('). Lar-

(') 1. Ordonnance de Charles, prince d'Espagne, etc., datée de Bruxelles, le 6 août tSlS, pour faire payer par Taudienciçr Piiilippe Ha- neton sur la recette des droits du grand sceau, la somme de 2fô livres, à Isabelle Van der Strate, veuve de IJévin Van Lathem, son orfèvre, « assa- « voir : XV livres pour par ledict feu maislre Liévin, par noslrc ordon- « nance, avoir giavé ung sce! d'estain à noz armes, dont Ton a usé aprez « nostrc émancipation à la sigillature des lettres patentes qui ont esté « despeschées eu uostre privé conseil; item, pour viij mars v cstrelins « d'argent employez en la façon d'un grant séel et conlre-séel, gravez par « ledict feu maistre Liévin, et par ordonnance que dessuz, à noz armes, « pour en user d'ores en avant à la sigillature des lettres qui se séelleronl « en nostre chancellerie, y comprins une custode pour mectre lesdicts « séel etcontre-séel pesans iiij™ vij» xje, el la custode iij™ xiiij", reveiians « ensemble ausdicts vii)»» v*, qui, au pris de xij livres iiij solz le marc, à « quoy ont esté tauxez, moulent iiij" xviij livres, et pour la façon desdiets n grant seau et contre-seau c livres, du pris de xl gros de Flandres, etc. »

2. a Nous Jehan le Sauvaige, chevalier, seigneur d'Escaubeque, chan- 0 celier de mou très-redoublé seigneur, monseigneur le prince d'Espaigne, « archiduc d'Austiche, etc., ccriiffîons à tous qu'il appartiendra que Mon- « dictseigneur nous a fait délivrer son grant séel et contrc-séel gravez en « argent et à ses armes, pour le garder et en user d'ores en avant à la « sigillature des lettres qui se scelleront en la chancellerie, avec pne 0 custode d'argent pour mectre lesdicts seaulx, le tout fait et o\ivré » par feu maistre Liévin Van Lathem, et fcsant ensemble viij™ v*. « Tesmoing nostre signe manuel cy mis le xiiij» jour d'octobre l'an xv» o et quinze. »

3. « Je Isahcau Van der Strate, vefve de feu maistre Liévin de Lathem., « en son vivant orfèvre de mon très- redoublé seigneur, monseigneur le « prince d'Espaigne, etc., confesse avoir receu de maistre Philippe Hane- o ton, premier secrétaire et audiencier d'icellui seigneur, la somme de « deux cens treize livres, du pris de quarante grozmonnoyc de Flandres, « la livre, que, par exprès commandement et ordonnance de Mondictsei- » gncur, il m'a payée cl délivrée comptant jiour les causes et ainsi qu'il

578

chiduc y est représenté à cheval et armé de toutes pièces. Vingt écussons des états et pays qui lui obéissaient sont rangés en cercle autour de lui, et on y lit l'inscription suivante :

S >ï< ÇAROLI >î< bEï »ï< GRA HISPANIARV PRÏCI- PIS : ARCHÎb A VST bVCIS BVRG COMIT FLAb ZC.

Au contre-sceau on voit un écusson soutenu par un lion et un aigle, et cette inscription qui en fait le tour :

COINTRA SIGILLV CAROLl PRÎCrPIS HISPA- NIARV • (•).

Liévin Van Lathenrj mourut en 1515; Elisabeth Van der Straten, sa femme, lui survécut. Il laissa un (ils qui exerça aussi la profession d'orfèvre.

« s'enssuyt, assavoir : pour un séel d'estain gravé par ledict feu maistre » Liévin, aux armes de Mondictseigneur, dont l'on a use" depuis son « émancipation, xv I.; pour viij™ ve d'argent emploïez à la façon d'un « grant scet et contre-séel aussi gravez par mondict feu raary, et par « ordonnance d'icellui seigneur, à ses armes, y comprins la custode, qui, « au pris de xij livres iiij solz, font iiij" xviij 1., et pour la fachon d'iceulx, » c I.j reviennent les parties ensemble à ladicte somme de ij" xiij I., de « laquelle je suis contente et en quicte Mondictseigneur, etc. Le xv"* jour « d'octobre l'an xv et quinze. »

Ces trois pièces se trouvent parmi les acquits des comptes des droits du grand sceau, aux Archives du royaume.

(') Ce sceau est reproduit dans Vredius, Sigilla comilum Flandriœ , p. 153.

{') Registre n" F. 201 de la chambre des comptes, aux Archives du département du JNord, à Lille.

579 ROMBAUT OE RASIÊRES.

(Citéenl599ct, 1600.)

Rombaul de Rosières appartient sans aucun cloute à la même famille que Gérard de Rasières qui fut conseiller et maître général des monnaies en 1582 ('). Anvers était la ville quliabitait Rombaul à l'époque les documents nous parlent de lui, c'est-à-dire en 1599 et 1 600 : ils le qualifient de tailleur des monnaies des archiducs, titre qui répond à celui de graveur général adopté plus tard.

Nous avons peu de renseignements sur les travaux de cet artiste : ils suffisent cependant pour avancer que c'était un homme de mérite. Nous savons (') qu'il fut chargé, en 1 599,

(1) Voy. p. 316, note 2; registres no 565, fol. ij^ixx ro, et n" S8S, fol. xxxvj v», de la cliaml)re des comptes, aux Archives du royaume.

(^) « Spccificatie van de wercken gedaen by Rombout Rasières, yser- « snyder van der munte, tzedert den xv*» july 1K99 totten xviij«n juiy « 1600 :

« lu den eersten , heeft by gemaect zekere vier medailien van was, « mette effigien van Haere Hoocheden, de drye milte tronien, ende de « vierde mitte wapenen, ende de zeive ghepresenteert hebbende ierst aen « den raedt ende generaeis van Haere Hoocheyts munten ende daernae « aen rayne eerweerdigen heeren van de finantien, die welcke de zelve 0 ghesien hebbende, hebben hem belast le maecken een andere dyerge- « lycke médaille op de forme hem gheprescribeert ; de welcke by dyen « volgendeghemaect ende ghepresenteert heeft aen de zelve heeren van « de fiiiantic, die de zcivc dcur ordre van Zyne Excellenlie den grave van « Arcnberge, leh huyse van den greffier Croonendaele, ghelevert heeft,

380

(le modeler en cire quaire médailles aux effigies des archi- ducs, et dont trois les représentaient assis sur un trône ; il

« om naer Milanen (alwaer Syne Hoocheyt doen ter lydt was) ghesonden « te worden ; compt voor fatsoen van de voopseyde médaille : x I.

« Item, heeft deur laest van mynen hecre den trésorier generael ghe- « maect den groote zegel van Brabant daer Ilaere Hooclieden beyde le a peerde sitten, midsgaders den contre-segel ; compt, voor fatsoen, midts » den langen tydt die men doerloe heeft moeten employeren om dyen « suyver ende curieiiselyke te snyden : iiijc I,;

« Item, xvj augusti 1899, by laste ende vuyt vrachte van zekere mis- « syve van de generaels van Haere Hoocheden munie, gemaect die point- « soonen ende munl-ysers van twee sorten van saye-pcnninck , d'een « van silver ende d'ander van goût.

« Item, door lasle van de voorsclireven generaels, ten tyde Haere Hoo- « cheden op de reyse waeren om herwaertsover te commen, gemaect die « poinchioenen ende een munt-yser totten penninck van xx stuyvers.

« Item, Haere Hoocheden in 't lantghecommen zy\ide, ende den voor- « schreven 20 stuyvers penninck midsgaders 't voorschreven saey-geit « ghesien hebbende, is den voorschreven Rasières belast gheweest te « maecken j diergelycken penninck totten voorschreven xx stuyvers u penninck.

« Item, den xvij octobris Ia99, is de voorschreve Rasières, door last « van myne heeren van de finanlien, by hcnne missivie in daten xiiij oc- « tobris 159i), nacr Rruessele ghercyst, mit aile zyne ghereetschap om « aldaer te snyden de pointsocnen van eenen xl stuyvers penniuck, die « hy dyen volgende oock ghemaect heeft lot contentemente van Ilaere « Hoocheden, ende daeraen ghcbesoigneert t'saemen xvj dagen.

« Item, by laste van myne heeren van de finantien, tôt Bruessele, « ontbodeu zynde op 't snyden van den dobbelen ende inckelen ducaet, « midsgaders van 50 stuyvers penninck op d'een zyn mette effigie van « Syne Hoocheyt, heeft daertoe deur ordre van myne voornoemden « heeren gheteeckent : eerst, vier patroonen van de voorschreven dobbelen o ducaet, daer Syne Hoocheyt stont met een sweert op syn schouderen, « ende Haere Hoocheyt melten sccpter; ende daernaer noch vj patroo- o ncn mittc effigien gelyck die ghcmunt zyn, ende iiij van de I stuyvers penningen, midsgaders vj van de ynckelcn ducaet, lot welcken eyndo

381

n'y avait qu'un écusson à leurs armes sur la qualrlème. Après les avoir vues, les membres du conseil des finances lui ordonnèrent d'en faire une cinquième dans le même genre avec les modifications qu'ils indiquèrent. Celle-ci eut leur approbation , et elle l'ut remise par ordre du duc d'Arenberg au greffier de Croonendael, pour la faire parve- nir à l'archiduc Albert alors à Milan. Il ne s'agit là, croyons- nous, que de modèles pour les monnaies que les archiducs se proposaient de faire frapper.

« liy lot Bruessele ghevacenrt hccl't, met ij claegeii reyseiis 't sameii » xvj dageii.

« Item, van het maeckeii van de pointsoeneu van de voorschreven « iij goude penningen.

« Item, ghemacct j nieuwen peiininck van 1 stuyvers met het Bour- o goens-cruys op d'een zyde ende de wapenen op d'ander zyde, soo dyen « ghemunt is.

« Item, voor den munten van Doornick, van Brugge, van Macstricht « ende van Antvverpcn, eenen voct ende oppeistc van de voorschreven « vier goude penninck mette matricen van elcken penninck.

« Item, in de maent van aprili 1600, is de voorschreven Rasicres tôt « Bruessele ontboden gheweest op 't hersnyden van den grooten zegel a van Brabant daer zeker erreur inné ghecommitteert, ende daeromme « ghevacecrt xiiij dagen.

u Item, voor het hcrmaccken van den nieuwen zegel van Brabant midts « den langen tydt daerinne gheemployeert om den zelven suyver te « snyden -. iij'^ 1 liv.

Item, voor het silver van den itrsten groolen zegel van Brabant, u wegende v marck \ ingelscben, ende don conlrc-seghel daertoe die- « nende, wegende j marck vj onchen iij ingelschc; ende den lestcn « nieuwen zegel nictle v wapenen als Lolhryck, Brabant, Limborch, « Lutsemborch, ende het marckgraeffschap des Heylichs Rycx, wegende « v marck j onche ende vij ^ ingelscben , beloopende aizoo t'samen « xij marck ende ^ ingeische i>ilvers. » (Collection des acquits des comptes des monnaies, aux Archives du royaume.)

382

R. de Rasières est aussi l'auteur de deux jetons gravés pour l'inauguration de l'infante Isabelle et de l'arehiduc Albert ('.

Dans notre article sur Sigebert Waterloos, le vieux, nous avons attribué à Jacques Jongbelinck la gravure des sceaux et contre-sceaux de Brabant employés par les archi- ducs {') qui y sont représentés à cheval : nous avions mal interprété certaines expressions, car nous avons depuis ac- quis la preuve qu'ils sont l'œuvre de R. de Rasières. Il paraît que le premier, c'est-à-dire celui ne se trouvent que deux écussons dans le champ, ne fut pas employé, et en effet Vredius qui l'a reproduit affirme (^) n'en avoir ja- mais vu d'empreinte attachée à un diplôme. Dans le docu- ment qui nous donne quelques détails sur les travaux de R. de Rasières , il est dit que cet artiste grava d'abord un sceau et un contre-sceau d'argent, et que la somme de 400 livres, de 40 gros de Flandre, fut le prix de ce travail, en récompense du temps qu'il y avait consacré et du soin qu'il avait apporté à l'exécution. On lui confia ensuite la gravure d'un nouveau sceau presque en tout semblable au précédent, sauf que l'on y voit les écus de Lothier, Brabant, Limbourg, Luxembourg et du Saint-Empire. Le contre- sceau du premier fut conservé. Il suffit de les comparer entre eux pour reconnaître qu'ils sont sortis de la même main. Ils ont tous deux la même légende dont voici le texte :

(') Quatre de ces jetons sont publics dans Van Loon, Histoire métaUJqne des Pays-Bas, t. I", p. SU. (^) Koy. cet article. (') Sigilln comitum Flandriœ, p. 279.

383

S ALBER ET ELfSAB HISP INF D G . AR- CHID AVST DVC BVRG PRO DVCAT LOTHA- BRAB UMB MAR S IMP.

Le conlre-sccaii offre un grand écusson couronné soutenu par deux lions avec celte inscription :

C S- ALBER ET ELISAB HISP INF ARCfl AVST PRO DVC LOTH BRAB LIMB MAR

S- IMP •(').

C'est à R. deRasières que revient encore l'honneur d'avoir fait, en 1599, différents modèles et les premiers poinçons des monnaies des archiducs, telles que les pièces de SO, de 4-0 et de 20 sous, le double et le simple ducat, pour les ateliers d'Anvers, Tournai, Bruges et Muestrichl.

Ajoutons à ces détails que Vredius parle des obligations qu'il eut pour rassembler les sceaux dont il a enrichi son Viwre: Sigilla comitiim Flandriœ, envers un artiste du nom de Théodore de Rosiers (de Rasières?) lequel il dit être très -habile à ciseler l'argent (').

Alexandre Pinchart.

(1) Vrkdics, loc. cit., pp. 278 et 283.

(') « Nobilis in argento cœlando artifex. »

584

COIIRESPOIVDAKCE.

A Messieurs les Directeurs de la Revue de la numisma- tique belge.

Messieurs,

Je dois remercier notre collaborateur M. le capitaine Cocheteux de s'être montré assez bienveillant à mon égard, et. d'avoir eu une assez bonne opinion de ma notice sur la monnaie obsidionale, en argent, de Tournai, frappée par les ordres de M. le marquis de Surville, dont elle porte le nom, durant le siège de 1709 ('), pour m'avoir misé même de reciifier ce travail et de le compléter, au moyen des nombreux et précieux documents relatifs à toutes les cir- constances de ce siège mémorable et des dispositions prises par l'oflicier général français qui le dirigeait, renseigne- ments extraits des archives de cette ville, et qu'un homme, qui s'était longtemps livré sur les lieux mêmes à des re- cherches et à des études spéciales sur ce sujet, pouvait seul avoir à sa disposition, ainsi que l'atteste la publication de M. Cocheteux, insérée dans la 2" livraison de l'année cou- rante de votre Revue {T série, tome V).

Cependant, Messieurs, je me serais borné à exprimer à votre savant coopéraleur, dans une lettre particulière, et non destinée à la publicité, ma gratitude à ce sujet, si ce

(') Revue df hi numismalique behje, t. IV, 2e scrir, p. ^9. '

585

n'était ici un devoir pour moi de rectifier, dans l'esprit des lecteurs de votre recueil périodique, le sens et la valeur de quelques expressions de ma dissertation, touchant M. de Surville, relevées par M. Cocheteux qui ne s'est pas assez rendu compte que, dans l'hypothèse je raisonnais et dont le résultat était la dénégation du fait attribué dans la circonstance dont nous venons de parler, ces expressions n'atteignaient point le gouverneur de Tournai, obligé d'or- donner, dans une circonstance difïicile et toute exception- nelle, à l'exemple de ses confrères, l'émission delà monnaie de nécessité, bien loin que j'étais, en écrivant les lignes dont il s'agit, de méconnaître et de contester ses senti- ments d'honneur, sa bravoure, sa belle conduite, sa géné- rosité, etc., durant le siège en question.

M. Cocheteux et vos lecteurs. Messieurs, ne doivent pas, en effet, perdre de vue que l'objet essentiel, principal, je dirai même l'unique, de mon article de votre Revue qui a appelé l'attention de notre collaborateur, se bornait, en réalité, à la position et à la solution de la question suivante, que je formulerai ainsi : Le buste représenté en empereur romain et couronné de lauriers sur la monnaie obsidionale (de forme carrée), en argent, dite de M. de Surville (n" I de mon mémoire, et 1 , 2, 3 et 4 des observations de M. Cocheteux), est-il celui de ce général, ou d'un autre personnage historique d'un rang plus élevé? Or, Messieurs, comme dans mon opinion ainsi que dans celle de mon vénérable et docte maître et ami M. Et. Cartier, qui encore a saisi l'occasion de l'exprimer tout récemment ('), de

(') Revue de In nutnisnmtique française, li\ raisons de février et mai, i^e sÉniE. Tome V. 25

586

riionorablc M. Chalon, dans sa correspondance avec moi, et d'autres savants numisinadstes français et étrangers, sans parler ici de celle de feu M. de Vanderbourg, de l'Aca- démie des inscriptions et belles-lettres, pourtant si con- cluante et d'une si grande autorité par les motifs que j'ai déjà fait connaître, le buste dont nous parlons ne pouvant être celui du brave défenseur de Tournai, en 1709, les termes dont je me suis servi pour caractériser, de la part d'uTî sujet et d'un simple officier français, une telle entre- prise, à cette époque et sous le monarque le plus jaloux de sa prérogative, comme le meilleur juge des convenances, ne pouvaient, dans ma conviction, atteindre M. de Sur- ville...

Et puis, Messieurs, si, en définitive, on peut opposer, dans l'espèce, Vautorité de la chose jugée, et la prescription à l'opinion que je viens d'émettre, peut-être un peu tardive- ment, je dirai, comme madame Dacier, « ma remarque subsiste » et je terminerai par l'application de ce vers célè- bre, qui trouvera ici sa place j

« Le vrai peut, quelquefois, n'être pas vraisemblable. »

Je passe volontiers condamnation, dans ma notice, sur l'omission de l'une des monnaies obsidionales de Tournai, sous et par le commandement du lieutenant général de Sur- ville, ayant eu à m'occuper particulièrement de celle à son effigie prétendue. Du reste, Messieurs, la Société historique de Tournai n'a pas jugé mon travail tout à fait dépourvu

<'ontonanl le coniplo rondii des tomes III et IV, S"* série de la Revue de ici numismatique belge.

587

d'iiuérèf, puisqu'il m'a valu, ne fut-ce qu'à tilre d'encoura- gement, l'honneur de figurer sur la liste de ses associés- étrangers, distinction qui, dans le même temps, m'a été éga- lement accordée par d'autres sociétés savantes du royaume de Belgique, auxquelles je saisis avec empressement cette occasion de renouveler les expressions de ma vive recon- naissance.

Veuillez agréer. Messieurs et très-honorés confrères, la nouvelle assurance de ma haute et affectueuse estime et de mon confraternel dévouement.

Le B°° Chaudruc de Crazannes.

Castel-Sarrasin, 2 août 1855.

588

AIËLAiXGËS.

Notizie peregrine di nuniismatica e d'archeologia, publi- cateper cura di F. Schweitzer. Décade seconda.. Trieste, tipographia G. Stallecker, 1854. In-S", 135 pages et 2 planches.

La première décade ou numéro de cette Revue, dont les époques de publication ne sont pas déterminées, parut en 1851. M. F. Schweitzer, bien connu dans le monde numis- matique par ses travaux sur les monnaies de Venise et sur celles des comtes de Gorice, vient, après une interruption assez longue, de donner le second cahier de cet intéressant recueil. Tirée à 50 exemplaires seulement, et imprimée dans une ville fort éloignée et avec laquelle nous avons peu de rapports, la Revue de M. Schweitzer sera sans doute presque ignorée en Belgique; à ce titre nous croyons être agréable à nos lecteurs en leur en offrant une analyse un peu étendue.

Aussi varié par les langues qu'il emploie que par les su- jets qu'il traite, l'auteur donne d'abord, en italien, l'expli- cation d'une singulière petite monnaie de Pagan délia Torre, patriarche d'Aquilée, ayant pour types, d'un côlé, la mitre épiscopale posée sur une étoile, avec la légende : >ï< » PTÎGTÎN ° PTînnRTÎ- ; de l'autre, l'aigle à une tète éployée, avec 2ÎÛVILEGI2T. Celte pièce lui fournit l'oc- casion de parler de deux monnaies papales d'Urbain V et de

389

Nicolas V, dont les types se rapprochent de ceux du pa- triarche.

Le second article, en allemand, est une notice sur une médaille ovale de Henri Schwartz, hourgmeslre de Schaff- hausen, en 1603.

Sous le titre de Babioles numismatiques, M. Schweilzer décrit, en français, quelques monnaies qui, par la distrac- tion du graveur, présentent dans leurs légendes des singu- larités ou des anachronismes auxquels il serait inutile de chercher une explication sérieuse. C'est d'abord un giulio de Jules II, frappé à MARC {Ancone), avec le nom de saint Pierre répété deux fois, au lieu de celui de saint Paul. Puis un teston du pape Pie IV (Médicis), portant PIVS III [sic) , le graveur ayant oublié un des I du chiffre IIII. Un franc de Napoléon, dit le Grand, frappé à Milan, en 1810, avec NATOLEONE, au lieu de NAPOLEONE. L'auteur est assez disposé à voir dans cette substitution du T au P, qui donnait, en italien, le sens de lion au nom de l'em- pereur, up fait exprès de quelque graveur fanatique du grand homme. N'est-il pas plus naturel d'en faire honneur au hasard? La quatrième pièce décrite parmi les babioles est un quart de /«Va, forgé à Venise, en 1848, ayant, d'un côté, la tête de François I, avec la légende ordinaire, et de l'autre, la date 1843. « L'anachronisme fut découvert im- « médiatement après l'émission de cette monnaie, et la » plus grande partie put être retirée j cependant presque « toutes les collections en sont fournies. » Il en est ainsi ordinairement : une monnaie frappée à petit nombre finit par devenir beaucoup plus commune qu'une pièce ordi- naire que personne ne songe à conserver.

590

Comme Ion voit, M. Schweilzer aurait pu considérable- ment étendre le cercle de ses Babioles. Les babioles sont une mine beaucoup plus riche que l'auteur ne semble le croire.

Le quatrième article, de 59 pages, est une notice histo- rique, en italien, sur deux anciennes familles du comté de Gorice, la famille de Reiffenberg et celle de Dornberg, la première éteinte au xiv" siècle et la seconde au xvni\

Si notre savant et regrettable confrère le baron de Reif- fenberg eût encore été vivant, pas de doute que l'auteur de cette notice, M. Délia Bona, n'eût trouvé quelqu'un prêt à lui prouver, unguibus et rostro, que la maison de Reiffen- berg n'avait nullement disparu au xiv" siècle, et que ses armoiries, que M. Délia Bona, malgré toutes ses recher- ches, n'est pas parvenu à retrouver, sont : d'argent à trois bandes de gueules; cimier, un vol d'aigle blasonné comme Vécu; supports, deux lions d'or arômes et lampassés de gueules, tenant des bannières aux armes de Vécu.

Après cela, il peut y avoir des Reiffenberg de plus d'une espèce. Rien n'empêche de croire que les Reiffenberg de Gorice sont bien morts, et ceux de Belgique bien vivants. Cette supposition a l'avantage d'être dans notre malheu- reuse époque de guerre éminemment pacifique et con- ciliante, et ce motif suffît pour nous la faire adopter.

Après la notice généalogique de M. Délia Bona , M. Schweitzer revient à la numismatique par un petit arti- cle, en allemand, de trois pages, sur deux monnaies de Tvartko III, roi de Bosnie, mort en 1445. La première de ces pièces d'argent porte, d'un côté, un écu incliné avec un rr couronné, sous un heaume sommé d'une couronne v{

391

d'une pomme de pin, et accoste des leltres R. rH. ; autour : bnS U^VKÏÏ^C OReX BOSne:; au revers : saint nimbé debout dans un cercle, tenant une crosse de la main droite et un livre de la gauche : S GRQIGORIUS XIK- 32rRG!I?tlS. La seconde ne diffère de celle-ci que par un 0! de moins au mot BOSHG!, et par un lis, dans le champ, à la gauche du saint.

Le sixième article est inie lettre, assez longue et en fran- çais, adressée au directeur du recueil, par M. Ebn Taher, dans laquelle il passe en revue les différents articles conte- nus dans la première décade , caressant l'un, égratignant Tautre, et quelquefois avec des griffes passablement acé- rées. M. Taher émet le vœu (et nous sommes tout à fait de son avis) de voir enregistrer avec le plus grand soin et dans un chapitre spécial des diverses Revues, chapitre qu'il pro- pose d'intituler Chronique des trouvailles, les découvertes des dépôts monétaires. Tout ce que dit à ce sujet M. Taher est parfaitement juste ; mais comme ces dépôts tombent or- dinairement dans les mains de spéculateurs intéressés à ne faire connaître ni leur provenance, ni surtout le nombre de pièces qui les composaient, il est malheureusement à croire que le vœu de M. Taher ne sera jamais réalisé. Vou- lant prêcher d'exemple, cet auteur signale quelques décou- vertes récentes. Des paysans d'Ornovaseo, en démolissant de vieilles ruines, firent sauter en l'air un coffret qui, immédiatement mis en pièces, laissa échapper une certaine quantité de monnaies. Comme d'ordinaire, ces paysans les brisèrent, les frottèrent, les mirent dans un état mécon- naissable « pour voir ce que c'était. » Très-peu de pièces purent être conservées utilement. Parmi ces monnaies, qui

Ô92 -

appartiennent au ix" siècle, M. Taher signale un « monu- .( ment important qui ajoute une perle magnifique à la série « milanaise, déjà si riche, » un denier de Rodolphe de Bourgogne, frappé à Milan, pendant son règne éphémère en Italie ! La seconde trouvaille fut faite dans le lit de la'- rivière le Sile, près de Trévise ; elle consiste en pièces de plomb dans le genre des méreaux qu'on rencontre si nom- breux dans tous les pays, et dont l'usage n'est pas encore parfaitement connu. M. Taher en fait des monnaies obsidio- nales de Trévise, à une époque indéterminée. Rien, dans le type des pièces, ne justifie cette attribution. La même rivière, le Sile, fournit aussi récemment un dépôt de 700 monnaies des doges de Venise, depuis Pierre Grade- nigo (1289) jusqu'à André Contarini (1367), sans interrup- tion de nonisj cependant, les doges M. Giorgi et M. Falier n'y étaient représentés que par 8 ou 10 pièces.

Un petit bronze inédit de la famille Axia, et un denier d'argent de Cornelia Supera, fournissent à M. Schweilzèr le sujet de deux notices en italien.

Une note, en français, du même auteur, révèle une pièce très-intéressante de Hugues Capet. Ce denier d'argent, de grande dimension, porte, d'un côté, le monogramme de Hugues, entouré de : GRATIA Dl DVX ; au revers, en deux lignes : SCI DIO— NYSII.

Enfin, une dernière page est consacrée à un denier d'ar- gent de Eudes, frappé à Toulouse :

Croix dans le champ : >ï< . . . 0 REX FRÏ: ;

0 -~ Dans le champ : 1) I) : CI . . . TOfOS \.

593

Un appendice, en allemand, contient cinq lettres remar- quables de Schiller, Winckelmann et Fesch, deux do cha- cun de ces derniers. Cet article est à l'adresse des amateurs d'autographes, Une notice nécrologique sur François Car- rara, conservateur du Musée des antiquités à Spalato, dé- cédé le 29 janvier 1854, termine le volume que décorent deux planches parfaitement exécutées.

K. Gh.

Explication des abréviations, chiffres et lettres, qui se trou- vent sur les monnaies, médailles, méreaux et jetons; par F. G. A. ScHLicREYSEN. Berlin, 1855, in-8°, avec deux planches.

Le Mémoire de M. Schlickeysen se divise en deux pap^,} lies,. Dans la première il donne d'abord les principales abré- viations que l'on rencontre dans les monnaies grecques, sur lesquelles les noms de villes ne sont souvent exprimés que par leurs premières lettres; un autre chapitre ou paragraphe traite des monnaies romaines, des abréviations de leurs lé- gendes et des indications qui font reconnaître les villes et les ateUers monétaires de l'Empire.

La seconde partie, beaucoup plus considérable et pour laquelle l'auteur n'a guère pu se servir, comme pour les médailles antiques, des travaux de ses devanciers, concerne les monnaies et les médailles du moyen âge et des temps modernes. C'est dans cette partie surtout que le livre de M. Schlickeysen sera d'une utilité incontestable. Qui de nous, en effet, ne s'est trouvé arrêté dans la lecture de ces pièces allemandes du xvi" et du xvu" siècle, sur lesquelles

594

les légendes ne sont parfois qu'une longue série de lettres isolées, séparées par des points? N'est-ce pas un véritable lo- gogryphc qu'une inscription de ce genre: L.C.I.L.E.U.D.I. W.S.E.F.S.R.I.S.L, dans laquelle il faut voir : Ludovicus cornes in Leiningen et Rixingen, dominus in Westerhiirg, Schaumburg et Forbach, Sacri Romani Imperii semper li- ber ; et ne serait-ce pas à l'occasion de pareilles inscriptions qu'on pourrait dire, en modifiant le mot de certain diplo- mate, que l'écriture a été donnée à Thomme pour cacher sa pensée ?

M. Schlickeysen s'est attaché aussi à faire connaître les lettres ou monogrammes dont les artistes signaient leurs œuvres, et à en donner l'explication. Deux planches gra- vées et représentant 139 monogrammes, terminent le vo- lume.

Les recherches de M. Schlickeysen sont, comme Ton voit, un travail neuf et qui par cela même, ne peut avoir la prétention d'être complet, d'avoir épuisé la matière. Aussi l'auteur se propose-t-il d'y donner prochainement un pre- mier supplément; et, à cet effet, il fait un appel au concours de tous les amateurs et spécialement des abonnés à la Revue de la numismatique belge, en les priant de lui signaler les omissions et les rectifications qui pourraient entrer dans ce supplément. K. Cii.

595

HEPI ES XPY2Û.N ANEKaOTûN NOMISMATXIN TÛN ♦lAinnilN. YnO nAYAOr AAMnPOY. EN KEPKYPA, TYnOrPA*EION EPMH2. A. Tip-

ÇkX)) KOli 0. 'PW//«(0U. 18S5.

5î^r six médailles d'or inédites de Philippi. Par P. Lam- BRos. Traduction du grec par M. Vreto. Corfou, typo- graphie Hermès, A. Terzaki et T. Romeo. 1855. In-8°, 15 pages et une planche.

Celte dissertation, publiée d'abord dans la Pandore, en 1854, fait connaître six variétés d'une belle et curieuse médaille d'or de Philippi, ville située près du mont Pangée et nommée auparavant Crenidcs. C'est auprès de cette ville de Philippi, qu'il ne faut pas confondre avec Philippopo- lis, ainsi que l'a fait Anne Comnène, qu'eut lieu, qua- rante-deux ans avant J.-C, la célèbre bataille qui mit fin à la République romaine. Une des épîtres de saint Paul, écrite de Rome, est adressée aux habitants de Philippi.

Cette ville avait dans son voisinage des mines d'or que Philippe de Macédoine fît exploiter et dont il tirait plus de mille talents par année. C'est avec l'or de ces mines qu'étaient faites les belles monnaies qu'on nomma phi- lippes, et certainement aussi les pièces autonomes de Philippi.

Avant la découverte que signale M. Lambros, un seul exemplaire était connu de cette rare monnaie. Il avait fait partie du cabinet de la reine Christine. Eckhel, Mionnet et Cousineiy en ont parlé comme d'une pièce unique.

La type de la médaille de Philippi est, d'un côté : Tète d Hercule, indierbe, avec la peau du lion, tournée à droite; (!e lautre, un irépicd et le mot ^lAinnûN perpendiculaire-

596

ment placé. Dans le champ, les six variétés suivantes : tète de cheval à droite (c'est la pièce de la reine Christine) ; tète de cheval à gauche ; tète de lion à droite j tète de cerf ou d'élan à droite; même tête à gauche j grappe de raisin.

R. Cii.

Notice sur quelques méreaux de l'église métropolitaine de Seîis (extrait du Bulletin de la Société archéologique de Sens) par M. Alex. Hermand. 1854-, in-8°, H pages et une planche.

Dès l'année 1834, M. Hermand s'efforçait, l'un des pre- miers et presque seul alors, de réhabiliter les méreaux, ces pauvres parias de la numismatique si dédaignés par tous les amateurs. Dans une noiice qui parut en France et dont une traduction allemande fut publiée trois ans après, à Leipzig, il expliquait la vraie signification du mot méreau généralement oubliée ou méconnue, il faisait comprendre «1 tout ce que des objets empreints sous Tinfluencc des « idées du moment et souvent vulgaires, peuvent offrir de u ressources pour apprécier la vraie civilisation du moyen <c âge, celle du grand nombre, que ne reflétèrent jamais « complètement les actes officiels, ni les écrits des hommes « d'étude. »

En attendant raclièvementdun travail d'ensemble sur les méreaux, travail pour lequel il a réuni des matériaux im- menses, M. Hermand enrichit, de temps en temps, de cha- pitres détachés de son grand ouvrage, les Revues archéo- logiques qu'il favorise de sa collaboration, ou les Recueils de Mémoires des Sociétés savantes dont il fait partie. Cest

397

ainsi qu'il vient de donner à la Société des antiquaires de Sens l'intéressante notice sur les méreanx au type de Saint- Etienne, qui, ainsi qu'il le prouve à l'évidence, appartien- nent à l'église métropolitaine de cette ville.

lî. Cii.

Articles concernant la numismatique, qui se trouvent dans les Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Genève.

Tome I. 4842.

Trois lettres sur des monnaies cufiques, rares ou fnédites, du Musée de Genève, par M. Frédéric Soret, 27 pages et 2 planches.

Second rapport sur l'Evéché ; découvertes faites lors de sa démolition; par M. Paul Lullin, 19 pages. (Description de monnaies trouvées dans ces démolitions.)

Lettres aux membres de la Société d'histoire et d'archéo- logie sur les enfouissements monétaires de Genève et de ses environs ; par M. F. Soret, 24 pages.

Notice sur la monnaie genevoise au temps des Rois Bour- guignons de la première race, et sur quelques monnaies méro- vingiennes; par M. Henri Bordier^ 42 pages.

Tome II. 4845.

S" De l'institution des ouvriers monnoyers du Saint-Empire Romain, et de leurs parlements ; par M. le D"^ J. J. Chaponnière, 52 pages et une planche.

Lettre à M. François Duval sur quelques monnaies orien- tales inédites trouvées à Bokhara, 34 pages et une planche.

7" Lettre à M. Zardetti, conservateur du cabinet impérial et royal des médailles, à Milan, sur des monnaies trouvées aux environs de Genève; par M. F. Soret, 43 pages et une planche.

\

598

Tome V. 1847.

8" Lettre à M. Justus Olshausen, sur quelques médailles nouvelles au type Sassanide ; par M. F. Soret, 14 pages.

Lettre à M. le professeur Stickel, sur des médailles cou- fiques inédites; par le même, 26 pages.

40" L'ancienne monnaie épiscopale de Genève ; par M. Ed. Mallet, 6 pages.

Tome VL 1849.

11° Notice descriptive sur les monnaies trouvées dans le trésor de Feygères ; par M. J. D. Blavignac, H pages et une planche.

42° Armoriai genevois, par le même, 1" partie. (Nous avons déjà parlé de cet important ouvrage qui forme un volume et que l'on trouve séparément de la collection des Mémoires.)

Tome VII. 1849. 15" Addition à la notice sur le trésor de Fcygères ; par J. D. Blavignac, 4 pages.

44" Armoriai genevois ; par le même, 2* partie.

Tome VIII. 4852.

45° Troisième lettre sur les enfouissements monétaires de Genève et de ses environs; par M. F. Soret, 41 pages.

46° Liste alphabétique des Saints dont les noms figurent sur les monnaies ; par le même, 43 pages.

47° Critique de l'ouvrage intitulé : Nouvelle encyclopédie monétaire de A. Bonnevillc. (Rectification d'erreurs nombreu- ses en ce qui concerne les monnaies de Genève.) 2 pages. Tome IX. 4855.

48" Supplément à la liste des Saints dont les noms figurent sur les monnaies ; par M. F. Soret, 5 pages.

49° Lettre à M. H. Meycr sur quelques monnaies iinihcs trouvées à Moudon ; par M. F. Soret, 12 pages.

599

On aiinoiice la publication prochaine de plusieurs ouvra- ges de numismatique très-imporlauls. M. Alexandre Iler- mand, de Saint-Omer, vient de mettre la dernière main à un livre considérable et qui a absorbé tous ses instants depuis plusieurs années : YHistoire des Morins et des Atrébates. M. Delzanf, de Maubeuge, met également sous presse : la Numismatique de V arrondissement de Valen- ciennes, comprenant la description des médailles, méreaux, jetons et monnaies qui concernent cette ville et son arron- dissement.

De son côté, l'infatigable M. Van der Chijs a terminé limpression de ses Monnaies de Frise, de Groningue et de JJrenthe, volume in-4° de plus de 600 pages. Vingt'Cinq planches sont déjà gravées pour les Monnaies des comtés d Hollande et de Zélandc.

400

SOCIÉTÉ DE LA NUMISMATIQUE BELGE.

LISTE DES OUVRAGES REÇUS.

Académie royale de Belgique. Bulletin de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, t. 22, liv. S, 6 et 7, in-8". Annuaire de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, in-12, 18a5, Bruxelles, 18Sa. Annales de la So- ciété pour la conservation des monuments historiques, dans la province de Luxembourg, 18b2-18S5, gr. in-8*. Arlon, 1834., Bulletin de la Société scientifique et littéraire de Limbourg, t. 2, fascicule, in 8°. Tongres, 1854-1853. Mémoires et publications de la Société des sciences, des arts et des lettres du Hainaut, un vol. in-8''. Mons, 18S5. Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Genève, in-8<', t. 1 à 10 Zeitschrift des historischen Vereins fur Niedersachsen, année 1832, liv. 1, in-S». Corrcspondenz Blatt des Gesammtvereines des deutschen Geschichts-und Alterthums-Verein, von Grolefend, in-^», 1853, n»' 7, 8 et 9. Acht- zehnte Nachrichl ûber den historischen Verein fur Niedersachsen, in-S». Hannover, 1853 (en double). Uerkundenbuch des historischen Vereins fur Niedersachsen, livraison, in-S», 1855. Bulletin de la Société ar- chéologique de l'Orléanais, 20, in-8o, 1855. Bulletin de la Société historique et littéraire de Tournai, i.i, fascicule 2, in-S», 1855. Archives historiques et littéraires du nord de la France et du midi de la Belgique, parA.Dinaux, t. S, 1" livraison, in-8». Bibliothèque de l'école des chartes, i"- série, 1. 1", liv., i et 5, in-S», 1855. Messager des sciences historiques, des arts et de la bibliographie de Belgique, année 1835, li- vraison, in-8o. Akerman, The Numismatic chronicle and journal of the Numismatic Society, 67, in-S». Revue trimestrielle, livraison du t. 3, in-8o. Dussieux, E. Soulié, de Chennevicres, Manlz, de Montaiglon, Mémoires inédits sur la vie et les ouvrages des membres de l'Académie royale de peinture et de sculpture, 1. 1 et 2, in-S». Paris, \%^i. Schlic- keysen. Explication des abréviations, chiffres et lettres qui se trouvent sur les monnaies, médailles, méreaux et jetons, in-S". Berlin, 1835.

401

DESCRIPTION

QUELQUES MÉDAILLES BYSANTINES.

Pl. XVII et XVIH.

DEUXIEME LETTRE.

31 M, F. SoRET, à ©cnriic.

Monsieur et cher Confrère,

Peu d'amateurs de médailles se sont occupés de la suite des pièces bysantincs, soit qu'ils fussent dégoûtés par la barbarie de leur fabrique, soit parce que M. de Saulcy avait tout dit d'un seul coup sur cette série. Pourtant votre désir d'être utile à la science vous a fait surmonter ces obstacles, et puisque , bien qu'absorbé par l'étude des pièces orien- tales, vous n'avez point dédaigné de suivre la série des pièces romaines jusqu'à leur dernier degré de décadence, sous les empereurs bysantins, j'espère, Monsieur et cher confrère, que vous voudrez bien accueillir la publication de quelques-unes de ces pièces de ma suite, avec votre bienveillance habituelle.

SÉRIE. TOMK V. 20

402 ~

MAURICE TiBËRE. Voy. ci-dessus, p. 3iO.

Àv. I) N inAVRITIO PP ANG. Buste casqué de face,

tenant de la main droite un globe surmonté d'une

longue croix. Rev. VICTORIA AVGOe à l'exergue CONOB. Victoire

debout de face, tenant une longue croix et le globe

crucigère. Fig. 1 .

Or. 15 millimètres au grènctis. 17 millimètres au flan.

Cette pièce n'est remarquable que par son module excep- tionnel. Je ne le retrouve que sous son successeur Focas. Il est plus épais et moins large que les sous d'or ordinaires de cette époque, et tient, pour ainsi dire, le milieu entre la fabrique ,des bysantines et celle du haut empire. Elle n'a pas mal d'analogie avec quelques sous d'or frappés dans la suite par Theodora, Constantin XII, etc.

Constantinople. Les pièces de bronze de Maurice sont nombreuses et faciles à déterminer. Voici les plus curieuses de ma suite.

Av. b N IHAVRICIVS TIbSR PP AV. Buste de lem- pcreur casqué, tenant le globe crucigère.

A t Rev. iMl

o r

A l'exergue : CON. Elle est surfrappée; mais si vigoureu- sement, que je n'ai pu reconnaître le type pritnitif. Fig. 2.

Cuivre. Médaillon. —55 millimèlrcs nu flan.

405

Av. t> N MAVRI CIVS.. A PP. Buste de face, diaJémé (et non casqué, suivant l'usage), tenant de la main droite, un rouleau, et de la gauche, un sceptre, sur- monté d'une aigle éployée.

A l'exergue: CON. Fig. 3.

Cuivre— Médaillon. 33 millimètres au flan, 29 au grciictis.

Banduri en publie de semblables, mais du module ordi- naire, soit tE II.

Cyzique. Un autre médaillon exactement semblable et de la même année, sort des ateliers de Cyzique.

Theupolis. Sur une pièce de Theupolis, module ordi- naire, portant l'an vin, le M de l'indice monétaire n'est déjà plus le U\ cursif. M. de Saulcy n'avait désigné ce cJian- gement qu'à dater de l'an xi. Fig. 4.

Une pièce de petit module, avec une légende indéehiiïra-

+

ble au droit et portant au revers K et l'année XU. me pa-

n

raît devoir encore être attribuée à Theupolis, à cause de son analogie avec les pièces, décrites dans un article précé- dent, au nom de Tibère Constantin. Banduri l'a déjà pu- bliée, mais sans désignation d'atelier.

Cartilage. Enfin parmi les pièces frappées sans contredit à Carihage, on peut citer comme curieuses celles qui por- tent à l'avers avec la légende Ï)]V MAVRICI, le buste de IM'oHl à gauche, ayant au-dessous une indicîion poui- date

404

et au revers une croix sur des degrés entre N M; à l'exergue la valeur numérale X. M. deSauIcy, dans une note au com- mencement de V Essai en décrit une semblable avec l'indic- lîon II, et,au fol. 42, une variété avec Tindiclion lïl. Outre ecllcs-là, je possède Tindiction I que, du reste, Banduri a publiée dans son recueil il mentionne également l'in- diclion V. Cette dernière médaille était bien fruste, à ce qu'il paraît, car le droit n'a pu être déchiffré et le revers a été lu nIti probablement pour nTm. Je n'ai pas de traces de la quatrième indiction.

MAURICE TIBÈRE, CONSTANTINE ET THÉODOSE.

Av. t) N m VR C PP AV. Deux effigies debout sur une large base, l'une tient le globe crucigère, l'autre le sceptre, toutes deux sont nimbées, au-dessus une croix.

Rev. Sin epig. Buste nimbé, debout, tenant une croix, à côté H. Cette pièce est une variété de celles qui ont été décrites, le revers est malheureusement oxydé. Fig. 5.

Cuivre. 32 millimètres au flan, 26 au grènetis.

FOCAS.

Cette pièce est de même fabrique et de même style que Vaureiis déjà décrit en tète de cet article au nom de Mau- rice Tibère. On lit :

Av. D N FOCAC PSIIP ANn . Buste diadème de face, tenant le globe crucigère. La lettre latine S finale, du nom de Focas est remplacée par son équivalente C grecque.

405

Reu. VICTORIA AVGGZ, victoire de face, tenant le gloLe ciucigèrc et une longue croix terminée en mono- gramme du Christ; à Texergue CONOB. Fig. G.

Or. 10 niillimt'tres au flan, an grènelis.

Une prédiction faite ù Maurice, lui disait ie se méiier de celui dont le nom commencerait par les lettres PH. Cet empereur crédule fit tomber ses soupçons sur Pliilippique son beau-fréreet son général. Il le disgracia et lui interdit l'entrée du palais , croyant ainsi prévenir Tévéncment dont il était menacé,- mais un soldat grossier et turbulent, du nom de Phocas et que son infime condition avait laissé inaperçu, devait se charger d'accomplir l'oracle, etc., etc. Voilà ce que rapportent les historiens ; voilà ce que contre- dit l'orthographe du nom de Focas.

Je profiterai de cette observation pour mettre en doute la légitimité de la traduction des lettres ^-k qui se lisent au revers de petites pièces d'argent de cet empereur, l'on a voulu lire le monogramme du nom de Focas, et qui me paraissent encore inexpliquées, à moins qu'on ne considère ces médailles comme bilingues, et de la même espèce que certaines pièces de Juslinien frappées à ovnoAis. J'en dirai autant des petits quinaires d'HéracIiusavec le monogramme IIP au revers.

FOCAS ET LEONTIA.

Thessaloniquc. —Une petite pièce de Focas et Léontia, sans date, comme beaucoup d'autres pièces de Focas seul présente au droit la légende DjN' F OCA... avec les deux

_ 406

personnages. Le revers esl . Je ne la cite qua cause

(lu différent qu'elle présente et qui est, je crois, nouveau pour les pièces de cette série.

j HÉRACLIUS I.

Comtantinople . Une pièce de module ordinaire (TE II) de ma suite, porte au droit DN hRACLIOS P6RP AV autour du buste de face diadème, tenant de la main droite le globe crucigère.

Le revers présente la lettre M surmontée d'une croix; à droite et à gauche ANiNO y,- à l'exergue CON. Elle est surfrappée sur une pièce de Focas, dont on lit encore le nom en deLors du grènetis.

Cuivre. \'i millimètres au flan.

Catane. Les monnaies de cet empereur sortant des ateliers de Catane, sont très-peu nombreuses (voij. Soleirol, catalogue n" 494). J'en possède deux, la première porte au droit la légende (sic) N R6RACLI PP AV, autour du buste diadème et barbu de face.

Rcv. Un grand I entre ANNO UIII; à l'exergue CAT. Elle est d'un flan très-épais.

La seconde, sans date , présente au droit le buste im- berbe et diadème de l'empereur, tourné à droite, avec la légende D N HIR....VS P P AVG. Rev. V entre deux étoiles; à l'exergue CAT. Fig. 7.

Cartharje. J'ai encore deux petites pièces de cuivre, que j'aurais bien voulu pouvoir reporter à Héraclius Cons-

407

tan lin ou à Héracleonas, à cause de leur ressemblance avec celle qui est décrite dans VEssai, fol. 84, pi. VIII, n" 12; mais ces deux princes portaient déjà les cheveux pendants, ce qui n'existe pas sur ces pièces, et ensuite la figure est si identique avec celle que présentent les petites médailles Héraelius I a au revers Eudocie et Iléraclius Constantin, que, malgré mon désir de la placer ailleurs, je crois qu'elle ne peut appartenir qu'à la série des pièces d'ïléraclius I, cet empereur est représenté imberbe.

Elles sortent toutes deux des ateliers de Carthage. En voici la description :

Au droit, bN SRACLIO P P AV. Buste imberbe et diadème de face.

t Rev. NX» dans un grènetis. Fig. 8.

Cuivre. Diamètre au grènelis : 15 millimèlres.

2" Au droit, t>N GRACAIO.... Même effigie.

t Rev. mX^

Je ne les ai décrites toutes les deux qu'à cause de l'in- terversion des lettres du revers iN M et M N (nova moneta et moneta nova), et aussi de l'emploi indifférent de la lettre L, grecque ou latine.

HÊRACLIUS PÈRE, PR£F£T D'AFRIQUE.

J'ai eu le bonheur d'acquérir, dans un envoi fait de Tu- nis, une jolie petite pièce d'argent de cet exarque, sem- blable à celle qu'ont citée le baron Marchant, lettre XXII, pi. XXII, fig. n, et M. de Saulcy, Essai, fol. 52. Elle

408

est de paifaitc conservation. La seule particularité que je trouve sur cet exemplaire est l'effigie entièrement imber))c. Je crois devoir cependant signaler cette observation. Ces pièces, frappées en l'honneur d'Hcraclius père, exarque d'Afrique, en qualité de consul subroge, n'ont être émi- ses que pendant très-peu de temps, et pendant ce temps, l'effigie n'a guère pu changer d'aspect. Il est donc curieux d'en trouver qui portent la barbe, et d'autres complètement imberbes. Fig. 9.

HÉRACUUS I, EUDOCIE ET HÉRACLIUS CONSTANTIN.

Je n'ai rien à dire au sujet des jolies petites pièces dar- gent de cette série, déjà décrites, sinon que, sur les deuv exemplaires que je possède, on lit le nom d'IIéraclius, écrit sur l'une par un L laiin et sur l'autre par un A grec. Au reste, les exemples de l'usage indifférent des diverses lettres grecques ou latines, sont très-ordinaires à cette époque.

HÉRACLEONAS «eoi?

Ce tiers de sou me laisse dans rincertiludc. Est-il d'ilé- raclius Constantin seul? M. de Saulcy doute qu'il puisse exister des pièces de ce prince à sa seule effigie ; et malgré plusieurs exemples dans la série bysantine, d'empereurs régnant en commun et frappant des moimaies en nom sin- gulier, je suis assez de son avis. La pièce en question serait alors d'IIéracleonas seul. Elle n'en serait guère moins pré- cieuse, en ce qu'elle présenterait le seul moimment numis- matique de ce règne en métal supérieur, et qu'elle certifie- rait laltribiition à ce jeune prince de l'unique médaille d<

409

cuivre que lui a donnée M. de Saulcy, avec un point de doute. En voici la description :

Av. t>N hSRACIbllI? P P A. Buste diadème de profil

à droite. Rev. VICTORIA AVGVS. Croix polencée; à l'exergue

CONOB. Fig. 10.

Cette pièce a la plus grande ressemblance avec celle qu'a décrite M. de Saulcy, fol. HI, pi. XI, n" G, au nom de Constantin IV Pogonal. Même style, même fabiique, peut- être un peu moins barbare. Il n'y a que le nom de cbangé.

L'observation de cette fabrique me force à revenir sur l'attribution à Constantin Pogonat de la pièce similaire, pi. XI, 6. M. de Saulcy, Essai, fol. IH , ne la classe à cet empereur qu'à cause de son analogie avec des tiers de sou de Juslinien Rbitnomete. Il avait raison, puisqu'il ne connaissait pas la pièce décrite ci-dessus, et qui ne peut être que d'un des fils d'IIéraclius I. Mais cette circonstance, qui l'avait fait attribuer à Constantin IV, n'existant plus par suite de la découverte d'une médaille de même style, antérieure à Constant II, et la pièce décrite dans VEssai se trouvant enclavée entre celles des fils d'IIéraclius I et de Justinien II, de semblable fabrique, elle peut tout aussi bien appartenir à Constant II qu'à son fils Constantin IV.

Je dirai plus : Constantin Pogonat, ayant affeelionné le costume militaire, il est probable que la pièce qui lui élait atdibuéc doit èlre restituée à son père Constant II.

410

HERACLEONAS, DAVID TIBÈRE ET CONSTANT II?

J'ai sous les yeux deux petites pièces qui, au premier as|)eet de la figure gravée dans l'atlas de VEssai, pi. VIII, n" 15, devraient se rapporter au règne d'Hcracleonas, David Tibère et Constant II. Malheureusement, l'année qu'elles portent paraît s'y opposer complètement. Au droit, le flan, trop petit pour recevoir la légende entière, ne laisse voir que les lettres ...NNH. Le revers porte l'indice K. A gau- che ANN; h droite U; à l'exergue ROM. On voit quelle analogie ces pièces ont avec celle qu'a publiée M. de Saulcy, au nom de ces trois princes; malheureusement, je le ré- pète, l'année V, écrite sur les médailles dont je parle, ne peut leur convenir. Je ne puis que signaler le fait aux recherches des amis de la bysantine, en faisant observer pourtant que la coilTurc des trois personnages représentés sur mes deux pièces est exactement la même que celle que l'on trouve sur les médailles d'IIéraclius I , Martine et Héraclius Constantin.

J'ajouterai finalement que l'indice monétaire K du re- vers, sur des pièces sortant des ateliers de Rome, est assez insolite.

CONSTANT II (avec L'Errioii: de son aïeul héraclius i?).

Av. Sin. épig. Tète de face très-barbue, tenant le globe crucigère; à droite une croix terminée en palme.

licv. ^Kl Je dois cette jolie pièce à l'obligeance de M. le capitaine

4i1

Martin, du 4" chasseurs, qui me Ta généreusement cédée.

Fig. 12.

Cuivre.

Av. Sin. épig. Tète de face très-barbue et plus barbare que la précédente.

Rev. âl» F'g- H-

Cuivre.

Le monogramme de la première de ces deux pièces (n" 12) ne laisse aucun doute sur son attribution à Con- stant II (Constantin Pogonat, à qui il pourrait appartenir, ne pouvant présenter l'an I au revers des pièces à sa seule efligie) ; mais Constant II, la première année de son règne, avait à peine onze ans. L'effigie à longue barbe ne peut guère lui convenir. Tâchons de prouver qu'elle peut appar- tenir à son aïeul, chef de la dynastie des Héraclidcs.

Après la mort d'Héraclius I, la souveraine puissance devait, d'après ses volontés , être partagée entre Héraclius Constantin son fils et iléracleonas, fils de sa femme Mar- tine, sous la tutelle de celle-ci. Martine comptait régner par ce moyen ; mais le peuple s'y opposa et ne voulut obéir (ju'aux empereurs. Quelques mois après, Héraclius Con- stantin, dont la santé s'affaiblissait journellement, suivit son père au tombeau. On soupçonna Martine d'avoir abrégé les jours du fils d'Héraclius, par le poison. L'un des généraux de l'Empire, Valentin, prend k; prétexte de veiller sur les jours des fils d'Héraclius Constantin, les jeunes Héraclius et Théodose, pour lever l'étendard de la révolte contre Mar- tine et son fils. La régente est forcée de traiter avec les re- belles, et on l'oblige à couronner solennellement Héraclius,

412

à qui Ton donne, à celte occasion, le nom de Constantin, et que l'histoire ne connaît que sous celui de Constant II. Bien que Valentin eût obtenu ce qu'il paraissait désirer, sa haine contre Martine et Iléracleonas ne lut satisfaite que lorsqu'il eut poussé le peuple à un soulèvement contre les auteurs présumés de l'empoisonnement du fils de leur em- pereur Héraclius I. En effet, Martine et son fils, victimes de la haine populaire , sont déposés, mutilés et traînés en exil, et Constant II se trouva ainsi seul maître de l'Empire. Cette révolution (641) s'était faite au nom de l'amoiu' du peuple et de sa vénération pour la mémoire d'Héraclius I, amour et vénération augmentés de toute la haine qu'il avait toujours eue pour Martine. Pour mieux le prouver et pour rendre plus palpable cet hommage au chef de la famille des Iléraclides, immédiatement après son succès et le couron- nement du jeune petit-fils d'Héraclius et d"Eudocie, Valen- tin n'aura-t-il pas fait émettre des pièces au monogramme de Constant II, mais avec l'effigie de son grand-père? Celle supposition donnerait alors l'explication des médailles de Constant II, de l'anl, portant une effigie barbue, qui ne peut convenir à un prince de onze ans.

La ressemblance de cette effigie (n° 12) avec celle d'Hé- raclius I, que présentent plusieurs pièces cet empereur paraît associé à ses fils, pourrait appuyer cette opinion, que je n'émets, du reste, qu'avec toutes réserves, M. deSaulcy lui-même n'ayant pas cru devoir trancher cette question.

C. Penon. Pour être continué.

413

NOUVELLES RECIIERCnES

L'ABBAYE DE HERI-BOTESHEÏM.

Mon honorable collègue et ami, M. Chalon, a public tlans ce recueil deux deniers variés au nom de Louis le Débonnaire, portant AL A BOTES HAIM écrit en trois lignes ; voy. les vignettes ci-dessus et la Revue belge, 2" série, t. IV, pi. XVII, n"' o et 6. « Quelle est cette loca- lité? î) se demandait M. Chalon. La question ne semble guère plus avancée aujourd'hui ; cependant je viens sou- mettre à l'appréciation des lecteurs de la Revue quelques renseignements qui me semblent jeter du jour sur cette énigme numismatique.

Je ferai remarquer d'abord, et ce point de notre his-

414

loire monétaire mérite toute notre attention que le nombre d'ateliers a singulièrement diminué dans tout l'empire, sous Louis I, dit le Débonnaire. En effet, pour l'Austrasie seulement, nous ne rencontrons plus, sous ce règne, que des espèces frappées dans quelques métropoles ou grandes villes centrales, telles que: Cologne, Duerstedc, Trêves, Mayence, Strasbourg, Verdun et Cambrai, tandis que d'autres villes encore forgeaient sous Charlemagne ; ainsi nous retrouvons en outre de ce i>rince les monnaies d'Aix-la-Chapelle, de Liège, de Nimèguc, de Bonn, de Bingen, de Maestricht, de Mons, de Tournai et probable- ment de Thuin; mais, je le répète, les monuments faisant défaut, le monnayage de ces villes semble avoir disparu sous Louis L J'ajouterai qu'il en est <^e même, ou à peu près, pour la France et l'Aquitaine.

Il est possible cependant que quelques monastères de propriété royale {Abhatia regalis) aient obtenu ou conservé leurs privilèges monétaires , dont l'existence se manifeste clairement sous les rois de la première race; dans cette hypothèse mes deniers ala boteshaim peuvent appartenir à un de ces établissements religieux ; car, en raison de la suppression, signalée plus haut, de tant d'officines de villes et cités importantes, on ne peut songer à deux villages si- tués le long du Rhin, nommée Bodenheim cl Budenheim. 11 s'agit donc ici d'une monnaie exceptionnelle ; elle doit être ecclésiastique, sinon palatine.

liOrs du partage du royaume de Lorraine, en 870, entre Louis I de Germanie et Charles le Chauve, l'abbaye de Heriboteslmm fut attribuée au premier. H fallait donc que ce domaine fût d'une bien grande importance pour qu'on

415

en ait fait une mention spéciale dans l'acte de partage, alors que des bourgs et des monastères considérables n'y sont pas nommés.

Dans un diplôme du roi de Lorraine, Louis IV, donné à Aix-la-Chapelle en 908, la propriété de l'abbaye de Ilcri- boteshcim est cédée à l'évèché de Liège. Voici le passage du diplôme relatif à cette donation : « Pariter quoque, ab- « batiam, Heribotesheim nomine dictam, quœ a Gerhardo <( QuoNDAM Comité, proprio jure habita, postea, pro culpa « infidelitatis contra nostram Serenitatem cxhibita, nostro « cessit donatui versa, quam prœlibato Stephano (Episcopo « Leodiensi) ipsius proprio affini, quandoquidcm mansit « sempcr fidclis, dare volentes. »

Ce document nous apprend ces particularités très-inté- ressantes : que l'abbaye de Heribotesheim avait été possédée en propre par le comte (de Namur) Gérard sur qui elle avait été confisquée pour cause de félonie; et que ce comte Gérard était parent de Vévèque de Liège, Etienne, lequel, pour prix de sa fidélité, reçut en don le monastère dont il s'agit.

Ce diplôme qui, outre l'abbaye de Heribotesheim, donne et confirme à l'évèché de Liège la propriété des abbayes de Lobbcs et de Fosses; des revenus de la commune de Theux; plus du tonlieu et de la monnaie de Maestricht, est trans- crit tout au long dans les Gesta Pontificum, t. I, p. 167, chap. XXXX.

Notons maintenant que le texte de ce chap. XXXX à la suite duquel Chapeauville transcrit le diplôme de 908 est emprunté au moine d'Orval qui rapporte ceci : « Tem- « poribus ponlificatus ipsius (scilicet Stephani Episcopi

~ 41 G

«t Leodicnsis) floruit sanctus Gerardus, fundator et priiiius « abbas cœnobii S. Pctri Bronicnsis, films Namncensis « comitis, de Plectrude sorore ipsius Stephani. »

Galliot dans son Histoire de Namur, t. IV, p. 202, dit au sujet de l'origine de l'abbaye de Brogne : « Ce mo- « nastère doit sa fondation à saint Gérard, fds, à ce qu'on «( prétend, du comte Gérard, l'un de ces quatre seigneurs « de la basse Lorraine qui se révoltèrent contre le roi « Zuentibold, dont nous avons fait mention plus haut. Ce « comte,qui fut surnommé Stance ou Stantius, était, dit-on, « fils d'Haganon duc de basse Austrasie et de Plectrude « sœur d'Etienne, xxxix*" évéque de Liège. »

Et quant à la révolte des quatre princes de la basse Lor- raine, nous lisons dans le même auteur, t. I. p. GO :

u Sous le règne de l'empereur Arnoux (887 à

« 899), un puissant seigneur, nommé Gérard, s'empara « de cette partie Belgique (le comté de Namur) malgré les « forces de ce prince, et s'y maintint.

« Nous voyons même ce Gérard engagé dans la conjura- « tion de quelques princes de la Lorraine, contre Zuende- *i bold (899 à 900), fils naturel du même empereur (•); d <c fut surnommé Stantius pour avoir su résister aux Nor- « mands. »

Le comte Gérard mourut vers 900, probablement. Bé- renger qui paraît avoir été le premier comte héréditaire,

(') « PiTiivEUs et Rosières, Stemmata Lolhariwjiœ et Barri ducum. » « Etconspiratione inita, Godefridus diix cum Gerardo Nnmurci comilc,

« Malfrido Angiœ et Lamberlo Lovanii comilibus, in Sucndeboldi caput

« faclionrm concitarunt. Gramaye. »

417

lui succéda et est nommé dans le diplôme royal de 908, au sujet de l'abbaye de Fosses que Louis IV donne à l'évéque

Etienne :«t Abbatiam, nomine Fossas, in pago ac

<t in comitatu Lummensi (le comté de Namur) constitutam ; « cujus nunc adcst cornes Perengarius. »

N'est-il pas clairement établi, par les documents qui pré- cèdent, que saint Gérard, le fondateur de l'abbaye de Brogne, soit le fils du comte Gérard qui a possédé l'abbaye de Heribotesheim?Car, si d'un côté le diplôme royal de 908 constate que feu le comte Gérard était parent de l'évéque Etienne, de l'autre le chroniqueur d'Orval nous apprend que Gérard, comte de Namur et père du fondateur de l'abbaye de Brogne, est le neveu du prélat liégeois. Cette coïncidence est frappante, et pour nier l'identité du person- nage il faudrait bien pouvoir supposer l'existence simul- tanée de deux comtes du nom de Gérard et qu'ils fussent l'un et l'autre parents de l'évéque de Liège; d'ailleurs, la révolte de 899 est bien l'acte de félonie que reproche le roi de Lorraine au comte Gérard , et on sait qu'il en coûta la vie au roi Zuentibold , qui périt dans un combat contre les Lorrains soulevés, le 13 août 900.

Mais qu'est devenu ce célèbre monastère de Heribotes- heim, qui disparaît au moment même nous voyons surgir celui de Brogne? N'est-il pas étonnant, pour ne pas dire incompréhensible, que le souvenir même en échappe à tous les historiographes du pays de Liège ?

Si donc, comme il n'est pas douteux, on accorde ce point démontré, que le comte Gérard a possédé, en propre, l'ab- baye de Heribotesheim, il est assez probable que ce monas- tère doit se retrouver dans son comté de Namur; et la

2«SÉBIB. TOMIÎ V. 27

418

connexité des faits est telle qu'il semble que l'abbaye de Brogne ait succédé à celle de Heribotesheim.

Allons explorer l'ancien territoire de Lomme ; visitons ses vénérables restes, et recueillons ce que la tradition a transmis sur son passé.

Eh bien, à une bonne demi-lieue de l'abbaye de Brogne, on voit encore les ruines d'un ancien monastère qui n'est connu dans le pays que sous le nom d'abbaye de Boude. Jusque vers la première révolution française, le terrain, sur lequel se trouvent ces ruines, a fait partie de la com- mune de Brogne, aujourd'hui Saint-Gérard, mais il en fut détaché à cette époque et réuni à Ilermeton-sur-Biert.

Ce monastère, assure-t-on, existait longtemps avant celui de Brogne. Voici, d'ailleurs, une légende connue de toute la commune, au sujet de V abbaye de Boude : Cet élablisse- ment était entouré de larges fossés, que l'on y voit encore, et l'eau peuplée d'une prodigieuse quantité de grenouilles, dont le coassement incommodait les religieux. Mais l'abbé ordonna qu'on fît des prières afln d'obtenir d'être débar- rassé du bruit de ces fâcheux voisins. Dieu écouta ses ser- viteurs, et, depuis lors, les grenouilles y vivent dans un profond silence. L'Evangile n'est pas plus orthodoxe que cette légende ; aussi, j'entendrais cent grenouilles coasser, que je me garderais bien de confier la chose à un Ilerme- tonais.

Une immense forêt régnait autour de celte abbaye et por- tait le nom de Biert-le-Roi ; un bois y attenant se nommait Biert-l'Abhé. Toutefois, par succession des temps, cette forêt a été défrichée en grande partie, et plusieurs commu- nes couvrent aujourd'hui son vaste territoire. Quant aux

419

ruines sur lesquelles croissent des chênes séculaires, elles sont encore enclavées dans une portion non défrichée de la forêt de Biert-le-Roi, et ont conservé fossés et grenouilles.

Tenons compte aussi de la prononciation de la lettre o, qui se dit presque généralement om dans le patois du pays, et on retrouvera exactement la racine Bode, du nom de l'ancien monastère, appelé Heribodesheim dans l'acte de partage de 870, et Heribotesheim dans le diplôme de 908.

Mirseus, qui a reproduit le titre de 870, ne se met guère on frais de recherches au sujet de l'abbaye de Heribotes- heim : «t Forte Heberheim-Munster, dit-il, latine Apri- « monasterium in dioec. Argentin. »

Dom Calmet, l'historien de la Lorraine, est plus expli- cite ; c'est, d'après lui, à Herbitzheim, bourg du comté de Sarverden, qu'était le monastère dont il s'agit.

« Il y avait, dit-il, au même lieu à Herbitzheim « une ancienne abbaye de bénédictines, fondée apparem- <t ment par les évêques de Metz ; on ignore le temps et le « nom du fondateur, mais il en est fait mention sous le nom « d' Heribodesheim, dans le partage fait, en 870, entre les « rois Charles et Louis; elle fut détruite, en 1525, dans « une guerre des paysans révoltés (le Bauernkrieg), qui « furent défaits par le duc Antoine et ses frères, à Loupe- « stein, à Saverne et à Cherviller en Alsace

« Je suis persuadé que cette abbaye était située au vil- « lage de Herbitzheim, près le petit Lixim, entre Sarbourg « et Petite-Pierre. )> Voy. Notice de la Lorraine, t. !*"", p. 565.

Il serait oiseux, ce me semble, de réfuter dom Calmet. Dans le diplôme de 908, il n'est question que de posses-

420

sions situées dans l'évêché de Liège et au comté de Namur, dont d'ailleurs le comte Gérard est clairement désigné dans le document royal, tandis que Herbitzheim est en plein dans le département de la Meurllie, vers celui du Bas-Rhin. C'est ce qui a certainement échappé à Dom Calmet, car il savait très-bien que les pays de Liège et de Namur faisaient aussi partie du royaume de Lorraine.

Mais les deniers de Louis I donnent la forme Àla-hoie?,- haim, tandis que les documents écrits disent Ifen-Botes- heim. Or, ces monnaies ayant été frappées entre 814 et 840, et le partage du royaume de Lorraine datant de 870, il en résulte que ces époques sont assez rapprochées. Mais on sait que les monnaies nous fournissent de nombreux exemples de ces discordances dans l'orthographe des noms de lieux.

D'ailleurs les mots ala et Heri ne sont-ils pas des équi- valents entre eux? Que signifie ala si ce n'est la syncope de aula qui devient en quelque sorte le synonyme de Herus, Heri, seigneur? C'est donc le Botesheim de la cour, du Roi, du seigneur. La racine Bot,Bod, ancien mot celtique, signifiant bois, forêt, indique bien que le heim ou habitation dont il s'agit prenait la signification de son préfix dans une localité boisée, et le nom de Biert-le-Roi que porte la forêt de l'abbaye de Boude paraît évidemment être la traduction du Heri-Bot des Francs-Germains, lequel, latinisé sur les monnaies, aurait précédemment pris la formel /a-i?o^ C'est ainsi que la commune de Vic-sur-Seille, dans le pays Saul- nois, en Lorraine, se nommait Bodesius Vicus à l'époque mérovingienne et bien plus tard encore, puisque dans un litre de Gorze de l'an 933, il est dit: « In pago Salinensi,

421

<i loco qui vocatiir Bodesius viens. » A cause des forêts qui se trouvaient à proximité de ce lieu. Vorj. Robert, Études numismatiques sur une partie du nord-est de la France, p. 135.

Les annalistes nous disent combien nos Austrasiens des deux premières races affectionnaient le plaisir delà chasse. Or, la commune de Saint-Gérard forme précisément le point de séparation entre les deux plus grandes forêts de ce pays, celle de Marlagne et celle de Biert-le-Roi. On com- prend alors que nos princes aient élevé dans cet endroit quelque construction, un Heim; qu'ils y aient séjourné et même frappé monnaie; et puis, un chapitre de chanoines avait déjà été fondé à Brogne, par Pépin de Herstal ('). N'est-ce encore pas dans ses résidences et même dans des châteaux ou manoirs isolés que Louis le Débonnaire a pu frapper quelques-uns de ses deniers Palatina moneta, dont je donne ici les dessins de deux échantillons variés?

(') « Il jeta les yeux sur une chapelle ou oratoire que Pépin de Herstat avait fait bâtir à Brogne sous l'invocation de saint Michel, et qui avait

422

Le fini, la belle exéculion de l'un ('), et le travail grossier et incorrect du revers de l'autre, pourraient faire présumer qu'ils ne sont pas du même atelier. J'en possède un troi- sième qui diffère encore de ceux-ci par le style, et qui, au point de vue de l'art, tient le milieu entre les deux autres.

J'ai même tout lieu de croire que les monnaies palatines, de Louis ï, apppartiennent au nord de ses possessions, et quelques-unes peut-être à notre sol, que Charlemagne et Louis le Débonnaire affectionnaient tout particulièrement, le pays de Liège surtout berceau de l'illustre famille des Pépins dans lequel ils établirent le siège de leur empire. Que de palais et manoirs célèbres cette race a construits dans les immenses domaines qu'elle possédait le long de la Meuse ! Voy. à ce sujet F. Henalx, sur la naissance de Charlemagne, et tous les chroniqueurs liégeois.

La trouvaille de ^Belvezet, dans le midi de la France, contenant 252 deniers de Louis le Débonnaire, semble con- firmer ma conjecture sur l'origine des deniers du Palais. Voy. la Revue française, 1837, p. 551. Or, ce trésor ren- fermait peu de pièces appartenant au nord ,• ainsi le denier de Duerstede, le plus commun de ceux avec nom de lieu,

été consacrée par le saint évêqiie de Liège Lambert. Gomme elle était située dans le patrimoine de notre saint ( saint Gérard ) il la fit agrandir et bâtir à l'enlour quelques cellules, vers l'an 91^ il plaça des clercs réguliers, au lieu des chanoines que Pépin et le saint évcque Lambert } avaient établis auparavant pour desservir cette chapelle. » Galhot, Hi-^ taire de Namur, t. IV, p. 203.

(') M. Voillemier tient de moi un denier du Palais bien supéricu; encore pour la gravure.

425

n'y était que trois fo is, tandis que plusieurs villes du midi, dont la monnaie ne se montre jamais ou rarement chez nous, y sont représentées par un nombre considérable de pièces j de plus, on n'y voit figurer qu'un seul denier de Mayence, un de Trêves, un de Verdun; enfin, ceux de Strasbourg, de Cologne, de Cambrai, de Quentovic, de Botesheim et du Palais ne s'y trouvaient même pas, toutes pièces que j'ai rencontrées plusieurs fois dans notre pays, mais plus fréquemment les palatines que nous revendi- quons avec apparence de raison.

Maintenant, poursuivant mon hypothèse à l'endroit de la résidence royale de Boude, Bode ou Bodesheim , je serais porté à croire qu'elle fut convertie en monastère; ces pieuses libéralités sont assez fréquentes au moyen âge. Ainsi dans ses vieux jours, lorsqu'il dut renoncer aux fati- gues de la chasse, Louis le Débonnaire a peut-être établi dans ce lieu une communauté religieuse, mais certes en en réservant la propriété à la Couronne, ce que démontre évidemment le partage de 870.

Enfin, il résulte des documents qui précèdent: que le comte de Namur, Gérard, a possédé l'abbaye de Ileri-Botes- heim, qui ne peut être que le Ala-Botesheim des deniers exceptionnels de Louis le Débonnaire et ce point me semble difficile à contester ; que si, selon toute appa- rence cet établissement religieux devait se trouver dans son comté de JVamur et vraisemblablement à proximité des domaines formant le patrimoine de son fils saint Gérard, Vabbaye de Bode ou Boude, qui a fait partie de la commune de St-Gérard devient très-probablement le mot de l'énigme. Dès lors l'évèché de Liège, aussi bien que le comté de Na-

424

mur, viendraient ajouter à leurs riches suites monétaires deux monuments d'un haut intérêt.

Je ne terminerai point sans rendre un public hommage à mon excellent collègue M. Chalon, dont l'initiative fait le mérite de cette notice. Je dois aussi tous mes remercî- ments à mon ami, M. Gennart de Couillet, qui a bien voulu se rendre sur les lieux, afin d'y recueillir les témoignages sur lesquels j'appuie en partie mes déductions.

De Coster. '

425 UN ESTERLING FRAPPE A ARLEUX

PAR

JEAN DE FLANDRE.

Pi. XIX, FiG. i.

Arleux, actuellement bourg du département du Nord, était autrefois une seigneurie que tenait la maison d'Oisy- Crèvecœur. Après avoir été possédée par les Montmirail et ensuite par les sires de Coucy, elle passa à la maison de Flandre. Le comte Gui déclara, par lettres datées du jour de la Pentecôte 1287, que la terre d'Arleux et plusieurs au- tres seigneuries lui appartenaient du chef des comtes de Flandre (•).

Gui n'en eut pas longtemps la possession : il la remit à Guillaume, son second fils, qui eut, avec le sire de Coucy, des difficultés au sujet des limites entre leurs juridictions respectives du côté de Paluel. Elles furent terminées en- suite d'une sentence arbitrale prononcée par Robert, sire de Béthune et de Termonde, le 18 juillet 1292. Guillaume céda la seigneurie à Robert, qui, en 1313, la donna à Jean de Flandre, son neveu et fils puîné de Guillaume. Jean

(') Yredius , Sigilla comil. Fland., p. ÎJO, et Van Mieris, Charlerboek, t. I, p. 471.

426

épousa, en 1315, Béatiix de Saint-Paul, et fut tué le 2 mai 1323 dans une bataille. Pendant son veuvage, Béatrix échangea, en 1337, avec le roi de France, les seigneuries d'Arleux et de Crèvecœur contre la terre et châtellenie de Chauny-sur-Oise.

La numismatique des sires d'Arleux est d'autant plus intéressante, que leurs monnaies sont rares, nous dirons même presque introuvables. MM. Delanoy et Dancoisne ont publié, dans leurs Recherches sur les monnaies de Douai {'), une pièce de billon, frappée par Jean de Flandre, à laquelle M. Dancoisne a ajouté un gros à l'aigle de Béatrix, imité de ceux d'Adolphe de la Marck, évèque de Liège ('). M. de Roye de Wichen a fait connaître , à son tour, un autre gros au lion frappé par la même (^). C'est à ces trois pièces que se bornait, paraît-il, toute la numismatique de la sei- gneurie d'Arleux.

Grâce à l'obligeance de M. Thomsen, le savant directeur du cabinet royal de numismatique de Copenhague, nous sommes à même de pouvoir ajouter, à cette petite série, un esferling à tète de Jean de Flandre :

Av. >î^ SDNS lOI-jS DS PliTÎDR. Tète couronnée

de face. Rev. MOR— 6rr2î— 2ÎRL— SVS. Croix traversant 1;>

légende et cantonnée de douze globules. Ar.(pl.XI\,

fig. 4).

Quelle est la signification de la lettre S qui commence la

(1) P. 129 et pi. XX, fig. t.

(^) Revue de numismatique, année 1842, p. 187.

(') Revue de la numismatique belge, 2^ série , t. III, p 370.

427

légende deTavers? Faut-il y voir Tiniliale d'Edel (noble), comme sur l'estcrling à la légende : Edel Robcrtus, cornes Flandrie ou seulement une supercherie, comme en em- ployaient plusieurs autres seigneurs pour faire ressembler le mieux possible leurs esterlings à ceux d'Edouard 1 , roi d'Angleterre? L'une et l'autre suppositions sont admissibles, et l'une comme l'autre explique le trompe-l'œil inventé par Jean de Flandre pour faire circuler, dans les pays étrangers, le numéraire de sa petite seigneurie d'Arleux.

Cil. PlOT.

-- 428

NOTICE

SUR DES

MONlVâlES» DE LA SEICIVEURIE DE RlJMniEN.

Pl. XX.

I SEIGNEURIE DE RUMMEN.

Parmi les petits dynastes belges qui frappèrent monnaie, les seigneurs de Rummen occupent incontestablement le premier rang, tant à cause des nombreuses espèces qu'ils firent forger, que par la hardiesse avec laquelle ils imitèrent les types du numéraire de leurs voisins plus puissants. L'audace avec laquelle ils contrefirent les monnaies du du- ché de Brabant força même Wenceslas et Jeanne de sus- pendre momentanément les travaux de leurs ateliers moné- taires en i364 et 1563 (»).

La seigneurie de Rummen, située au territoire de l'ancien comté de Looz, a conservé son nom à une commune rurale, qui fait actuellement partie de la province de Brabant, sur les confins de la province du Limbourg belge.

Le premier seigneur de Rummen , connu par les docu- ments, est Guillaume de Montferrant et d'Orey; cette der-

(') r^y. la Revue de la numismatique belge, série, t. II, p. ii^.

429

nière localité est orthographiée lanlôt Oreille, Hurle, Un ou Urel.

Voici le tableau de sa descendance :

Gi'iiLAviiE de Montfcrrant et d'Orey, épouse N. f vers 1249.

I I

Adib d O.rcye, s' de Ilummcn, Redacd.

épouse Elisabeth de Gcneffe, t vers 1290.

(iuiLLAiiNE Jean Bacdouik d'Orey, sr de Butoir Adam Gérard

d'Orey. d'Orey. Rummen f sans posté- d'Orey. d'Orey. d'Orey.

Irité. Sa seigneurie passe à son frère aine.

Arroui s' d'Orey. Jean d'Orey, Ade , épouse Godefroid

sr de Rummen, épouse N. de Blanmont.

de Velroux.

!

I I

GuiiLAïME d'Orey, s' de Rencuon N. N. N.

Rummen, épouse Jeanne d'Orey, épouse ép'« Bertrand épouse Jean épouseGay de Looz,damedc Quaet- N. d Esneux. de Lier». de Meers. de Fcxhe.

beke, veuve d'.4irnoul de Wesemael, fvers 1335.

I I

.^Riioui d'Orey,,s'' de Rummen, Mabie

épouse Elisabeth, épouse Jean, sire de Hamal.

bâtarde de Flandre, t vers 1370.

Louis IV, comte de Looz, bncle d'Arnoul, lui avait donné, ainsi qu'à sa mère, la pleine possession de la seigneurie de Rummen, par acte du mardi après la Pentecôte 1351. Ce fut, sans dotite, ensuite de cette concession qu'Arnoul se crut autorisé à faire usage du droit régalien de battre monnaie, droit que son oncle exerçait , sur un pied assez large, dans son comté de Looz.

Le rôle malheureux qu'Arnoul joua, pendant la guerre de la succession du comté de Looz, mérite ici une mention particulière.

Lorsque Thierri de Heinsberg fut mort, le 17 janvier 1561, sans postérité, Godefroid de Dalembroek, neveu et héritier de Thierri, prétendit au comté de Looz, que le cha-

430

pitre (le Liège réclama comme lîef mouvant de son église, et qui devait lui revenir, faute d'héritier mâle en ligne directe.

L'évéque de Liège se mit donc en devoir de prendre pos- session du comté, et Godefroid de Dalembroek, qui se crut dans l'impossibilité de pouvoir résister à un ennemi si puis- sant, vendit, en 1563, ses droits à Arnoul de Rummen. Celui-ci entra, à son tour, en lutte contre les Liégeois; mais il fut battu et obligé d'accepter ses ennemis une somme de 40,000 moutons d'or et une pension annuelle de 2,000 moutons semblables.

Que devint, pendant la guerre et après la conclusion de la paix, la seigneurie du Rummen? Nous l'ignorons. Nous savons seulement que Jean II , seigneur de Wesemael, en eut déjà la possession en 1417. Jean, qui avait épousé Jeanne de Bouchout, mourut en 1464, sans laisser des des- cendants. Rummen tomba donc en partage à sa sœur Jeanne de Wesemael, épouse de Henri de Diest, sire de Stalle e( de Rivière, décédée le 24 juillet 1474. Leur fille Isabelle de Diest, Rummen, Rivière et Stalle épousa : en 1436, Jacques, sire de Wassenaer, mort sans enfants ; 2" Henri de Hornes, sire de Perwez, également mort sans enfants. Elle-même décéda en 1466.

Rummen passa ainsi aux Mérode, parents de Jeanne, et dont la généalogie ne nous intéresse plus, à cause du man- que absolu de monnaies des seigneurs de Rummen de cette famille (')•

(') Foy., pour la série des seigneurs de Rummen, Wolters, Nolke historique sur la commune de Rummen^ p. ISi, et Putkens, t. II, p. 227.

431 îVous passons donc à la numisaiatique de celle seigneurie.

Av. ^^ MORSrTTC 2ÎRR7ÎRE'. Lion deboiil, proba- blement celui d'Orey, dont les armoiries se compo- saient d'un lion de gueules sur champ d'argent; le » tout dans une bordure de onze fleurs et d'un petit lion.

Rev. Légende intérieure : D (e) VRÏ^ {el ou le) O. (renversé) V (aet) B (e e) G'x GO Mli. Croix traversant la légende; légende extérieure : "^ BR-

DiGmv : sina Roœe: : Dm i um : ir^vf

XPl. Ar. (pi. XX, fig. 1).

Quelle est la signification du mot annane, qui, à l'avers, suit celui de moneta? Nous l'ignorons; peut-être faut-il y lire MONETA ANNoW/ (pour Arnoldi) A rum^E, lecture insolite, même étrange, si l'on veut, mais qui s'explique par les tours de force employés par Arnoul, pour tromper l'œil de ceux qui recevaient ses monnaies. Ainsi, le O' ou O renversé présentait une grande analogie avec les gros tournois de Jean III, duc de Brahant ,1312-1355), qui commençait sa légende par I-O. DV-X. Ces trois der- nières lettres étaient imitées, sur le gros tournois d'Ar- nould, par DVJ^.

Av. >î< M0nEn[^2ï f" PR2ÎRB? {moneta franci domini?).

Lion comme ci-dessus et bordure à douze feuilles

de chêne. Rev. Légende intérieure : RNO— L.DE— RVM

01' {Arnoldi de rumoie); légende extérieure :

>ï< BRDiannV : SirH \ ROODG : DRI xim :

lî^V : XPI. Ar. (pi. XX, fig. 2).

432

Le titre de seigneur franc s'explique par le don qui avait été fait à Arnoul de la seigneurie ou du fief de llummen, et les lettres PR2ÎR avaient l'avantage de présenter une grande analogie avec la légende : Moneta ftand' inscrite sur les gros tournois de Flandre.

Av. ^ MOI2Err2î RVSI2ER'. Lion comme ci-dessus et bordure de fleurs.

Rev. Légende intérieure : O' (Iclus) ÛV (a e) G' (beec) DO M (0 RI TîRn. Croix traversant la légende; légende extérieure : «î* BRDIGnnV : STO:

Roœec : Dm -. nm -. ii^v : 3tPi. Ar. (pi. xx,

fig. 7).

L'arrangement de la légende intérieure du revers imite le gros tournois de Jean III, duc de Brabantj ainsi, au lieu de commencer par Arnoldus, Arnoul commence par O'ÛV et le commencement 2ÏRR(oWms) est rejeté à la fin. Il faut donc combiner la légende de l'avers avec celle du revers, et lire : moneta rummensis Arnuldi domini quabecensis.

Av. -î* moRGintTî * novK * nmmanaaiB. écu

écartelé au premier et quatrième de Looz et de Chiny, au second et au troisième d'un lion, qui est probablement d'Orey ; le tout dans une épicycloïde à six lobes.

Rev. -i- TîRROIiD i DUS l DS : OVTÎSGB. Croix pattée et pommettée, cantonnée d'un aigle et des lettres R— V— m {men). Ar. (pi. XX, fig. 5).

455

Av. ►!< MOnennTÎ i? R0V7Î î RVM RGCSIS.

Écu comme le précédent.

Rev. ^ 2TRR(o) liD * DRS : OS = aVTîaeCBSI^e:. Croix pattée et pommetlée, cantonnée de trois lettres, probablement R V M. Ar. (pi. XX, fig. 6).

Les types de ces deux dernières monnaies sont ceux dont sont empreints les gros de Jeanne, duchesse de Brabant (1392-U06) (').

Les deux monnaies suivantes sont encore d'Arnoul, mais imitées ou plutôt contrefaites hardiment des doubles mittes frappées par Louis de Maie, comte de Flandre (1346-1384):

Av. -î» 2îERR0IjDVS-DRS. Dans le champ, les lettres Pli surmontées d'un signe d'abréviation, comme sur les mittes de Flandre.

Rev. >i< mONEnn2ï DS R(Mwm)ER. Croix dans un grènetis (pi. XX, fig. 3).

Av. -i- 2ÎRR... DVS.... DMS. Dans le champ, la lettre li entourée de trois fleurs, comme sur les mittes de Louis de Maie, comte de Flandre (1346-1384).

Rev. m..~ Sm2î ... R— SMe. Croix traversant la légende (pi. XX, fig. 4).

Toutes ces monnaies sont incontestablement d'Arnoul. Jean de Wesemael continua le système de son prédéces- seur; comme lui, il adopta les types des monnaies de ses

(') Le type de Jeanne semble donc avoir été puisé ailleurs, puisque Arnoul est mort vers 1574.

2" SÉRIE. Tome v. 28 .

434

voisins et- arrangea les légendes en conséquence. Une des premières pièces qu'il fit battre est la plaque imitée de Jean sans Peur, comte de Flandre (1404-1419). Le nom de Jean, qui figurait sur cette monnaie, présentait une trop belle occasion pour ne pas la contrefaire.

Av. lO^tiT^nUaS : DSI : GR7Î : DRS : WSS- fnTÏIi : Z : RVM. Casque couvrant deux écus; le premier écu écartelé , au premier et au quatrième, d'un lis de Wesemael ; au second, d'un lion, que portaient les prédécesseurs de Jean ; le second écu chargé d'un lion à queue fourchue.

Rev. Sim « ROmSR * DOMmi * BSRSDia- rrvrn... Croix pattée et cantonnée de deux lis et de deux lions. Ar. (pi. XX, fig. 12).

Jean ne fut pas obligé de faire grands frais d'imagi- nation pour contrefaire les plaques de son homonyme, le comte de Flandre. Celui-ci avait, dans les armoiries du premier écu, un lis; les armoiries de Wesemael avaient également cet emblème héraldique. Jean avait placé, dans le second écu, le lion de Flandre; les seigneurs de Rutn- men avaient précisément fait usage, dans leur écu, d'un lion. Au revers, la croix de la plaque de Jean sans Peur était également cantonnée de deux lis et de deux lions. Jean de Wesemael avait droit aux mêmes armoiries.

Il fut un peu plus ingénieux à imiter les plaques de Phi- lippe le Bon, comte de Flandre (14-19-1467):

Av. lOI^S S Di\S o DS S weiSMTîiie: 2 2 s pi^tïl.

Lion debout à gauche portant un écu écartolé au . 1" et 4" d'un lis et au 2" et o*" dim lion.

435

Rev. ^ moe:nn~2î S1V0V2Η ROMN— orvm:.

Croix traversant la légende et cantonnée des lettres p_7î_Ij_S. Ar. (pi. XX, fig. 10).

Pour faire d'autant mieux ressembler sa monnaie à la plaque de Philippe le Bon, il commença par le Z, arrangé en forme de croix, et comme il portait le titre de seigneur Phalais ou de Falais, l'occasion était excellente pour faire suivre la croix simulée de PÎ22ÎJLl, dont l'analogie avec Phjh{ippus) était grande. Au revers, dans les cantons de la croix, l'orthographe de Phalais fut changée en P2îlJ(e)S, pour imiter PL2î(n)D(rm).

Les monnaies de Flandre ne furent pas seules le but des spéculations de Jean de Wesemael ; il contrefit aussi les blancs de Charles VII roi de France (1422-1461) :

Av. loiiK... B :Da iweiBam oDaoj^vm. écu

de Wesemael qui est à trois lis surmonté d'un lambel.

Rev. >i< sina : nome: .- Dm -. BsnsDa.. croix

pattée cantonnée de couronnelles et de deux lis. Ar. (pl.XX,fig. 13).

Les deux monnaies suivantes sont au type des doubles mittes de Jean sans Peur, comte de Flandre:

Jv. ^ lOliT^U DS We:Se:m2î. écu comme

ci-dessus. Rev. >î. MOnennTÎ . DS . RVffîme:. croix pattée

dans un grènelis (pi. XX, fig. 14).

Av. >ï< lOr^AH De: WeSeO^TÎ. écu comme ci- dessus, moins le lanihel.

436

Eev. >i* MOR6£na2î DS RV^SR. Croix comme ci-dessus (pi. XX, fig. 15).

Henri de Diest et de Rivière imita aussi les monnaies d'autres seigneurs.

Rev. 2ÎGÏÏ : Dai : OVI T^Ohll. PSGCTîri! : mVU- Dl : fniGCS : I20BIS. Agneau pascal dans une épicycloïdeà dix lobes j au-dessous : li(enricus) D(e) ^(rummen).

Rev^^ xpa * viNaim * xpa * RSGNTîm * stpgc

^ IffîPSRTîrn. Croix fleuronnée cantonnée de quatre lis et inscrite dans une épicycloïde à quatre lobes, à quatre angles sortants. Or {pi. XX, fig. 9).

La monnaie suivante est imitée de celle de France:

Av. >ï< ï^ERRieC : DHS : De: : RIVI(r)7î : Z : RVm.

Trois lis, qui sont de Wesemael, surmontés d'une

couronne. Rev. >h Sm: noma: Dm: BSRSDIGCmV. Croix

fleuronnée. Ar. (pi. XX, fig. 8).

Jeanne de Wesemael se contenta, paraît-il, de contre- faire les monnaies noires de Flandre.

Av. lOI^^N DS WSSM... Le champ blasonnédes armoiries de la dame, écartelées au 1" et i^ d'un lis et du 2" et 3" d'un lion ; sur le toufc un petit écu à lion.

Rev. MOR— eiîI^TÎ D- S RV— MOIR. Croix dite bour- guignonne portant au centre un lis (pi. XX, fig. 17).

437

Le lis au centre de la croix des milles de Flandre indi- quait l'atelier monétaire de Gand; sur les milles de Jeanne, (lame de Rummen, le lis est simplement héraldique.

Av. >i< 10 DS WSSSmTÎSIJ : DR7Î>. Le champ

hlasonné comme ci-dessus. Rev. ^ ÎI20ne:rr2ï : UOVK : ROm^SHOR. Croix

palléc, portant au centre un lis (pi. XX, fig. \S).

Av. 'i< I0î^e:RR2T : De: WSSemOU. Le champ

hlasonné comme ci-dessus. Rev. -î- ffiONSO^TÎ îSOVK : RVflRm'. Croix paltée,

portant au centre un lis (pi. XX, fig. 19).

Av. -i^lOh^T^nni^ : DS : WSSTÎffîTÎIi'. Le champ hlasonné, comme cî-dessus.

Rev. çnoxiarjM^ -. rovtî : Da -. Rvmm'. croix

comme à l'avers précédent (pi. XX, fig. 20).

Av. -ir IOH2ÎRR2Î : DS : WSSTîmîîSLO:. Le

champ de même. Rev. -î-mORerrTîrROVTî: De rRVn^îSm. Croix

comme au revers précédent (pi. XX, fig. 21).

Av. -i- lOI^TîR DS : WeSem. Le champ de

même.

Rev. -i* ÎI20— nerr' ROV— RVm. Grande croix tra- versant la légende et cantonnée de deux rosettes (pi. XX, fig. 22).

Av. -i- lOl^TînnTÎ : DS WSe:SP.2T. Le champ de même.

438

Rev. mon— ROV D-S RV'-mSR. Croix traver- sant la légende et portant au centre un lis (pi. XX,

fig. 23).

Av. -ir lOPjTîRRTÎ o DS o WSSefRO. Le champ

connue ci-dessus. Rev. mon— e:rr3î— ROm-me:R. croix semblable

à celle de l'avers précédent (pi. XX, fig. 24).

Av. ^ IOb,2ÎRR2T tOeC : WSSTîmTTIi. Le champ

blason connue ci-dessus. Rev. ^ ÎIîORSnnTÎ : R0V2Î : DS : RV^. Croix

paltéeau centre évidé et portant: ^{ummen) (pi. XX,

fig. 25).

Id. Semblable à la monnaie précédente, sauf un croissant au-dessus des lis (pi. XX, fig. 32).

Av. -i^ lOr^TÎR' s De s We:Sm2îe:ii. Le champ blafonné comme ci-dessus.

Rev. -ir moana tîovtî : me:... 2îii. croix patiéo

portant au centre un lis (pi. XX, fig. 27).

Av. nOVTÎ : M Le champ semblable à celui de la

monnaie précédente. Rev. Surfrappé: 't lOI^TÎ/.DS Croix probablement

semblable à la précédente (pi. XX, fig. 33).

Av.-}- lOPjTÏRRT^ De WeSGimTïlJ. Lechamp bla- sonné d'armoiries écartelécs au \" et i" d'un lis de Wesemael ; au second et troisième de trois bandes (imitées (V; Bourgogne?) et d'un lion qui est des an-

459

ciens seigneurs de Uuininen; sur le tout un petit écu îiu même lion. Jiet. -tlOliKUn Dec WSSSmTT. Croix dans un grèneiis (pi XX, fig. 16).

Av. Semblable au prceétlent.

Rev. -i- mORQinnTÎ : UOVTZ : RV^fiC^SR. Croix patlée. poi'lant au centre un lis (pi. XX, fig. 20).

Ar. -i- lOb.TTRRTÎ : DS : WS^TÎ. Le ebamp bla- sonné ôv quatre lions (pi. XX, lig. 30).

Rev. -i- mOUaWT^ : R0V2Î : RVm. Croix pattée, portant au centre un lis (pi. XX, fig. 50).

Av. Semblable au précédent.

Rev. -i- MO •• 2Ï: R0V2Ï: De!: RV. Croix légèrement

pattée dans un grènetis et cantonnée de deux lis

(pi. XX, fig. 31).

Av. -ir I0î^2îïï' : DS : WeSSI^ÎîQIi . Le champ bla-

sonné comme aux ii°' 17 et suivants. Rev. -i^mOnan^T^: Ï^OVTÎ : DS : GI^eiRD. croix

pattée, portant au centre un R(ummen) (pi. XX,

fig. 29).

Variété avec G^RDIR (pi. XX, fig. 28).

La question de savoir si la dame de Wesemael était en même temps dame de Gerdingen, a déjà fait l'objet d'une discussion, dans la(iuelle M. Chalon a démontré que Jeanne de Wesemael et Jeanne de Merwede, dame de Gerdin-

440

gcn (1450-1467), étaient deux personnages différents ('). 11 n'y a donc pas possibilité de pouvoir supposer que Jeanne de Wesemael ait eu cette seigneurie en sa possession. Quelle est la localité de Gerdingen ou Gherdingen qui figure sur les deux monnaies de Jeanne, dont nous venons de donner la description ? Faut-il y voir le nom de Gerdin- gen ou Ordingen, près de Saint-Trond, comme l'a fait M. Wolters (')? Mais cette seigneurie appartenait à l'ordre teutonique. Reste encore un moyen d^expliquer l'appari- tion du nom de Gerdingen sur une monnaie de Rummen ; c'est de supposer qu'il y avait, dans cette seigneurie, un endroit quelconque nommé Gerdingen, et que les mon- naies portaient le nom de cette localité, quoique frappées à Rummen, comme l'indique la lettre R du centre de la croix au revers de ces pièces. C'est, nous semble-t-il , la seule explication admissible. Car il n'est pas à supposer que la dame de Wesemael ait imité les monnaies de la dame de Gerdingen , localité de trop peu d'importance pour y faire circuler sa monnaie de contrefaçon.

II

Les monnaies n"* 54 à 37 appartiennent incontestable- ment, par leur type, au commencement du xv' siècle ; mais

(I) Voy. plus haut la page 347.

I') Notice hislorique sur la commune de Rummen, p. 177. L'auleui" y traite des monnaies de Rummen , sur lesquelles M. Serrure a déjà donné un travail , dans le Messatfcr des sciences historiques, 1839. M. Chaiou a également fait connaître quelques monnaies de cette seigneurie, dans la deuxième série de la Revue de la numismatique belge, t. I*"", p. 2l)S.

I

441

nous devons avouer que jusqu'ici, nous ne sommes pas encore parvenu, ni à déterminer leurs armoiries, ni à lire d'une manière satisfaisante leurs légendes tant de l'avers que du revers. Nous prions donc les personnes, qui pos- sèdent des exemplaires mieux conservés de ces monnaies, de vouloir nous en communiquer, soit les empreintes, soit la description, ou de nous indiquer simplement la famille ou la seigneurie à laquelle appartiennent les armoiries dont elles sont empreintes.

Ch. Piot.

aq

_ 442

LE BAROIV DE BLA!\CHE

SA MONNAIE DE SCHÔNAU.

La seigneurie de Sehonau était située à environ une lieue au nord d'Aix-la-Chapelle, dans la direction de Roi- duc, entre le territoire d'Aix-la-Chapelle, le duché de Ju- liers et le petit pays des Bruyères ('). Cette seigneurie, qui avait la prétention d'être un fief libre et immédiat de l'Em- pire, avec cour féodale et haute justice , se composait d'un château ou plutôt d'une maison ordinaire d'habitation (Hause) {'), des métairies de Grûnenthal, Hand, Hirsch, Mevenheid et de la brasserie de Schônau , avec environ deux cents arpents de terre.

Les seigneurs de Schônau furent longtemps en procès contre leurs voisins, les possesseurs de Heydt et Bleyt, et les ducs de Juliers. Les premiers revendiquaient la pro- priété de la seigneurie ; les ducs de Juliers soutenaient qu'elle était un fief mouvant du duché.

En 1510, pendant que Schônau appartenait aux Millen-

(') La seigneurie de Hcydt {Land zur Heyde), qui appartint successi- vement atix familles Schônradt, Wasciierel et Bongars. On connaît plu- sieurs monnaies des seigneurs de Ileydt. Voy. Bldtter fur Alûnzhunde, i835, p. 253 ; et cette Revue, t. I, série, p. 541.

C^) La carte de Ferraris donne à celte maison le nom de Sc/ioucn.

445

tlonck, la justice de Jiiliers déboula les dues de leurs pré- tentions et reconnut que cette terre jouissait des droits régaliens depuis un temps immémorial. Nous verrons les duc de Juliers renouveler, avec plus de succès, cette que- relle, dans la seconde moitié du xvni" siècle, alors que ducs, iîefs et seigneurs allaient bientôt disparaître sous le flot de la grande révolution de 1789.

Les plus anciens possesseurs de Schonau, dont les docu- ments fassent mention, étaient, à ce qu'il paraît, de la même famille que les seigneurs de Schônvorst. On cite d'abord un Gérard de Schonau, qui figure dans un acte de 12b2. Il eut pour successeur Raes de Schonau, qui est nommé dans une charte de 1290, avec son fils Jean. Le premier vivait encore en 1519 et le second en 1324. M. Quix (') a rencontré, vers cette époque, d'autres mem- bres de cette famille, mais probablement des collatéraux ; un Arnold de Schonau, en 1301 , dans une énumération de chevaliers; un Gérard, peut-être un frère de Jean, dans un acte de 1321, etc.

Le chevalier Raes, surnommé Marscharel , seigneur de Schonau, frère de Reinand de Schônvorst, figure dans des actes des années 1353, 1361, 1367.

En 1389, un chevalier Godard de Schonau eut un pro- cès contre la ville d'Aix-la-Chapelle. C'était sans doute le successeur de Raes. Son sceau portait les armes de Schôn- vorst, avec la légende (èoiftartr van Sfliotnaoroc.

A la fin du xiv^ siècle , on perd la trace de la succession

(I) Geschichte des Sc/dosser Schonau uncl Uersfeld ncbst dem Dorfe l'crlaH(cn/ieid,el<:. Aiichcn, i857j iu-12, ^8 Bla.

444

des seigneurs de Schonau. On ignore même de quelle ma- nière et à quel titre ce fief fut transmis aux Millendonck (').

En 1510, Godard de Millendonck, seigneur de Scho- nau, soutint un procès contre le seigneur des Bruyères (Von der Heiden, Heydt et Bleyt).

En 1524, il avait pour successeur un Thierhy de Millen- donck, probablement le même qui, en 1542, fit frapper le rarissime thaler dont voici la description :

Buste de profil, cuirassé, tourné à gauche : * TUEOD D Il\ MILEiNDONCK 2 SCHONAWE. Unécus-

son entouré de lambrequins et timbré d'un heaume avec deux proboscides pour cimier. L ccu écartelé, aux 1 et 4, fascé de trois pièces, qui est Millendonck;

aux 2 et 3, (')? Sans doute Schonau : MONE.

NO. DOM. SCHONAWENSIS. 1542.

Argent : poids 2 '/g loth de Cologne (30 gr. 997 milligr).

Ce thaler, que Madai ne mentionne pas, qui manque dans les plus grandes collections et que nous avons en vain cherché dans les catalogues de Wambolt, de Welzl von Wellenheim , de Reichel et dans le Repertorium d'Appel, a été gravé par M. Quix, en tète de sa notice (^).

{') Voy. dans Fahne, Geschichteder Kôlnischen, Jûlichschenttnd lier- (jischen Geschlechter, une généalogie de celte famille. Il nous paraît assez diflicile de faire concorder celte généalogie avec les renseignemenls donnés par M. Quix, dans sa notice sur Scbônaii , et d'y trouver le Godard de 1310.

(^) Une espèce de cygne ou de griffon , dont la forme n'est pas bien distincte.

(') Il est à regrcUer que M, Quix n'ait pas dit il avait pris le dessin

445

H est assez probable que cette pièce , introuvable et iso- lée, car il n'existe pas, que nous sachions, d'autres mon- naies de cette époque frappées au nom des seigneurs de Schonau, est un spécimen d'un essai fait par Thierry de IMilIendonck, et auquel il n'aura pas été donné suite. Tou- jours est-il qu'il n'est nullement question des monnaies de Schonau, ni du droit de battre monnaie quauraient eu ses seigneurs, dans le grand ouvrage de Hirsch sur la législa- tion monétaire de l'Empire.

D'après Fahne, à ce Thierry, dont il n'indique pas l'épo- que de la mort, succède, dans la seigneurie de Schonau, son quatrième fds et cinquième enfant, Godard, qui eut pour femme Marie de Bréderode.

Ce fut aussi le quatrième fils de ce Godard , nommé Balthazar, qui lui succéda dans Schonau.

Balthazar, qui avait épousé sa servante, ainsi finis- sent les dynasties! laissa Schonau à son fils Amand de Millendonck, le dernier que mentionne le généalogiste Fahne.

Après cet Amand, qui mourut sans postérité, on trouve cité, en 1699, un Gothart Craft, baron de Millendonck, Fronenbruch, Schonau et Horstgens, son cousin germain. Fahne le nomme Gerhard, seigneur de Bronenbroich, fils de Crafto. Il épousa N. von Ley, de la Gueldre.

M. Quix, qui, par sa position de bibliothécaire à Aix- la-Chapelle, était plus à même que personne de porter la lumière dans ces infiniment petits détails d'une histoire

de cette pièce ; si c'est sur la monnaie elle-même , ou plutôt d'après une gravure ancienne, ce qni paraît plus probable, vu sa mauvaise exécution.

446

locale, en est presque toujours réduit à des conjectures quand il s'agit de la succession des seigneurs de Schônau. C'est ainsi que, pour expliquer la transniission de cette terre dans la famille Blanche, il suppose qu'elle eut lieu par suite d'un mariage entre l'héritière de Millendonck- Schônau et d'un Blanche ; mais il ne donne ni les noms de ces époux, ni la date du prétendu mariage.

Quoi qu'il en soit, on sait que, en 1717, la seigneurie de Schônau appartenait à Isaac Lambert de Blanche ('), qui avait épousé Isabelle Catherine de Kessel. Leur fils GoDEFROiD , qui fut déclaré majeur en cette même année, leur succéda. 11 s'intitulait libre baron de Blanche et de Radelo, seigneur de Schônau, Huis et Warden. On le trouve mentionné en 1735 et en 1737.

En 1750 , le seigneur de Schônau était Jean Godefroid, libre et immédiat baron du saint Empire romain, de Blan- che, Schônau, Fronenbroch, Hôrstgen, et dynaste à Huis. Ce personnage, dont les aïeux avaient gagné péniblement leur vie à transporter du charbon ("), ambitieux comme tous les parvenus, voulut ressusciter les prétentions souve- raines des seigneurs de Schônau. Pendant les contestations et les procès qu'il soutenait à ce sujet contre le duc de Juliers, il s'avisa, en 1755, de faire frapper des monnaies de cuivre à son nom et à ses armes , de la valeur de quatre béliers, tîomme celles que la ville d'Aix-la-Chapelle forgeait alors, et qu'on nommait Buschen ou Bauschen (^). Ces pièces

(1) Fahne ne mentionne pas cette famille bourgeoise d'Aix-Ia-Ghapellc.

(') ... und sich mit Kohlen fahren kûmmerlich ernâhrt halte.

(^) En wallon : houes ou houxhes. 11 y avait des boucs de quatre et de

447

furent décriées et prohibées par la régence d'Aix, le 16 jan- vier 1756. ^ ■'* 't'")»nHÎ'> { >(!(;v

Le duc de Juliers, qui était alors l'électeur Palatin, (h\- gué de plaider contre le baron de Blanche, résolut de ter-

nnincr la chose d'une manière un peu impériale. Il fit

envahir de nuit la demeure du baron par des soldats, qui le menèrent prisonnier à Juliers. Ceci se passait en 1759.

Le pauvre baron, après être resté sôus les verrous jus- qu'en 1764, consentit enfin à se reconnaître vassal de son geôlier, qui, à cette condition, le remit en liberté.

La pièce du baron de Blanche est donc une véritable monnaie historique j et bien qu'elle ne soit pas très-rare qu'elle ait été décrite par Appel, par Reinhard et qu'elle ait été gravée, mais inexactement, par Quix ('), nous avons cru faire plaisir aux lecteurs de la Revue en la reprodui- sant ici, d'après l'exemplaire de notre collègue et ami, M. Th. de Jonghe.

l'inscription du revers, Reichs-Herrschaft Schonau, sei- gneurie impériale (immédiate), de Schonau, était pour

douze hellers. Ceux-ci avaient cours dans le pays de Liège et dans les environs de Namur et de Gbarleroi, on les prenait à raison de trois pour un palurd de Brahant.

(') Wolzl von Wcllenheim, qui la possédait aussi, l'avait attribuée à la ville de Schonau, en Silésic.

448

constater le droit du seigneur Blanche, qui avait compté sans l'électeur Palatin.

Jean Godefroid vivait encore en 1783. II n'eut pas d'en- fant de sa femme, qui était une Broich ; et ce fut par elle que Schonau passa à cette dernière famille.

R. Chalon.

449

CONJECTURES

AU SU/ET D UN

DENIER MUET DE LA TROUVAILLE DE MAESTRICHT.

LETTRE A M. MEYERS, MAJOR HU GÉNIE.

Bruxelles , le 10 décembre 1855.

Monsieur,

Par le travail si remarquable que vous avez inséré dans la Revue de la numismatique belge ('), concernant un dépôt de monnaies du xn" siècle , découvert à Maestricht , " vous faites connaître un denier inédit, dont voici la des-

cription :

Av. Cavalier, armé, à gauche portant une bannière ornée

d'un X. Rev. Donjon accolé de deux oiseaux et entouré d'un mur

d'enceinte (pi. XIX, fig. 2).

Le mutisme complet de cette pièce n'ayant pas permis de la déterminer, je prends la liberté de vous adresser, à son sujet, quelques observations, quelques conjectures qui

(') 2e série, t. MF, p. 129. 8ÉBIG. Tome v. 29

450

vous paraîtront peut-être hasardées, mais dont j'abandonne volontiers la critique à votre sagacité.

Vous dites, Monsieur, dans votre article précité, que le bâtiment à deux oiseaux est généralement admis comme l'emblème de l'atelier de Thuin ; et vous faites observer en même temps que celui dont votre denier est empreint, diffère de ce type. Je crois avoir démontré, en effet, que l'église surmontée de deux colombes rappelle un événe- ment qui eut lieu en 955 dans le monastère de Thuin, alors assiégé par les Huns. Selon les Gesta abbatum lobien- simn, deux colombes échappées de l'église, pendant l'as- saut, voltigèrent trois fois autour du camp des assiégeants, et au même instant une pluie accabla tellement les Huns qu'ils se retirèrent épouvantés et dans le plus grand dés- ordre (•). Les évêques de Liège, seigneurs de Thuin, ai- maient à rappeler, sur leur numéraire, certains événertients historiques : un fait du genre de celui dont je viens de parler, ne pouvait donc manquer d'être reproduit sur les monnaies sorties de l'atelier de Thuin. L'église aux deux colombes devint ainsi l'emblème monétaire de cet endroit. En comparant ce type avec celui de votre denier muet, j'y vois des différences tellement notables, qu'il n'est pas possible de les confondre ou de les regarder comme un seul et même emblème. Le denier muet, empreint à l'avers, de l'effigie d'un seigneur laïque, ne peut certainement appartenir à un prince ecclésiastique, en d'autres termes, à un évéque de Liège, seigneur de Thuin, en vertu d'une

(1) D'AcHBRr, Spicilegium , t. II , p. 738 el Revue de la numismatiqut belge, U* série, t. III, pp. 203 et iZ2.

451

concession des empereurs d'Allemagne. Ce denier porte, en outre, au revers, un donjon auquel sont accolés deux oiseaux , tandis que les revers des deniers de Thuin sont empreints d'une église ornée d'une colombe aux deux an- gles du toit. Je pense donc que les deux emblèmes appar- tiennent à deux ateliers monétaires différents : l'un de Thuin, l'autre possédé par un seigneur laïque. Quelle est cette localité, quel est ce seigneur? C'est la question que je me propose d'examiner, sans avoir cependant la préten- tion de la résoudre d'une manière satisfaisante.

Vous avez reconnu. Monsieur, au nombre des monnaies du dépôt découvert à Maestricht, des deniers de Waleran, comte de Limbourg (1 128-H59), de Godefroid le Barbu, duc de Lothier ( H06-H40), de l'empereur Conrad III (H38-H52), d'André, évéque d'Utrecht (1128-H39), d'Etienne de Bar, évéque de Metz, et des évêques de Liège, contemporains de ces princes. Par une circonstance sin- gulière la plus grande partie de ces pièces, dont il est pos- sible de déterminer les ateliers monétaires, sortent de loca- lités situées dans les environs de la Meuse.

Cependant le comté de Namur, dont le territoire était traversé par cette rivière, le comté de INamur enclavé pour ainsi dire dans les possessions des évêques de Liège, n'au- rait-il fourni aucune pièce au dépôt de Maestricht ? Gode- froid, comte de Namur (H0o-H59), contemporain des princes que vous citez, n'aurait-il rien à réclamer dans cette trouvaille pour la numismatique de son règne ? Je ne parle pas de Henri l'Aveugle, son successeur, dont les types sont déjà connus au moyen d'un autre dépôt ; je ne mentionne pas les prédécesseurs de Godefroid, dont le

452

numéraire ne pouvait être représenté dans le dépôt de Maestricht; j'indique simplement Godcfroid, le seul comte de Namur qui aurait pu y fournir des espèces, comme Ten- semble des dates citées ci-dessus le prouve.

Votre denier muet ne fut-il pas frappé par Godcfroid dans le comté de Namur? Pareille supposition devient possible lorsqu'on examine la question de près.

J'ai déjà fait observer ailleurs que les évêques de Liège et les comtes de Namur ont exercé simultanément des droits de souveraineté à Dinant, et qu'en qualité de seigneurs de cette ville, ils y ont frappé monnaie ('). Ils pouvaient donc faire figurer sur le numéraire de cet atelier le même em- blème. Or un petit denier d'un évèque de Liège postérieur, il est vrai, au règne de Godcfroid, comte de Namur, porte un donjoU; qui offre une singulière ressemblance avec celui du denier muet. Cette pièce que j'attribue à Hugues de Pierrepont (1200-1229) porte :

jdv. Buste mitre, crosse et bénissant de face; dans le

cbamp : H. Rev. Donjon accolé d'un oiseau, orné d'une bannière, et

entouré d'un mur d'enceinte, percé d'une porte

(pi. XIX, fig. 3).

N'est-il pas permis de conclure de la ressemblance des ■deux revers que les emblèmes, qui y sont figurés, appar- tiennent à une même localité ? Cette localité ne peut être autre que Dinant, les évêques de Liège et les comtes de Namur frappaient l'un et l'autre monnaie.

^'} Voy. plus haut, p. 207, et 1. 1, série, p. 1S!> de la Revue.

453

A l'appui de cette observation j'invoque encore le témoi- gnage du sceau de la ville de Dinant. Ce sceau, qui est du XV* siècle, offre un donjon orne de deux bannières, qui sont peut-être la dégénérescence des deux oiseaux, et au-devant duquel est posé un pont qui semble remplacer le mur d'enceinte du donjon des deux monnaies (pi. XIX, fig. 1).

Je pense donc que votre denier muet fut frappé par Godcfroid, comte de Namur, et qu'il le fut à Dinant.

Agréez, Monsieur, etc.

Ch. Piot.

~ 434

MONNAIES DE MÉTAL

PRÉTENDUMENT

PRODUIT PAR LES PROCÉDÉS OCCULTES DE L'ALCHIMIE.

Ne semble-l-il pas que le vent de la réaclion doive nous ramener, les unes après les autres, toutes les choses du moyen âge, bonnes ou mauvaises, les meubles comme les idées? Nous avons vu revenir les sorciers sous le nom de magnétiseurs, la divination, sous celui de tables tournantes et parlantes. Les esprits frappeurs, les médiums, nous ont rendu les évocations. Au milieu de cette reculade générale du bon sens, l'alchimie ne pouvait manquer d'apparaître avec son Grand OEuvre, sa pierre philosophale. Malgré la Californie, l'art de faire de lor avait son utilité pratique plus séduisante encore que le plaisir peu productif de cau- ser, par le pied d'une table, avec l'âme de Cartouche ou celle de Charlemagne. Le besoin d'un nouveau Paracelse se faisait donc vivement sentir, comme disent les prospec- tus ; et la France, d'où nous vient tout, i*iodes et révolu- tions, s'est chargée de nous le fournir dans la personne de M.Tiffereau, chimiste, ancien préparateur (•). M. Tiffereau

(') Les Méluux sonl des corps composés la production artificielle des mftattx précieux est possible, c'est uti fait avéré ; par C Théodore Tiffe- reau. Vaugiiard, 185b, iii-16, 2i et i\i pages.

455

est parvenu, dil-il, à changer l'argent en or; ce qui lui donnerait, sans tenir compte des frais de fabrication, un honnête bénéfice de quinze cents pour cent. Nous connais- sons, à la vérité, d'honorables industriels qui, sans être alchimistes, ne se contentaient pas de si peu, et, opérant sur une matière première moins précieuse, changeaient le papier en or, sous prétexte d'actions anonymes.

Jusqu'à présent, au surplus, l'or de M. Tiffereau ne fait pas concurrence à celui de la Californie : la raison en est facile à comprendre. M. Tiffereau, comme les premiers inventeurs du sucre de betteraves, n'a pas encore assez per- fectionné ses appareils, et l'or qu'il fabriquerait dans les circonstances actuelles coûterait plus cher que celui qu'on trouve tout fait en Amérique et en Austrahe. En attendant, ncMs lui conseillons de chercher des actionnaires pour l'ex- ploitation en grand de son procédé. C'est le meilleur filon (prière à l'imprimeur de ne pas nous faire dire filou) que sa veine puisse lui fournir (').

S'il était permis d'invoquer, comme preuve de vérité, l'ancienneté et luniversalité d'une croyance, Vart de faire de Vor aurait en sa faveur de nombreux témoignages à pro- duire. On comprend qu'une idée aussi généralement ré- pandue et dont les traces se retrouvent partout, ne soit pas restée étrangère à l'histoire de la monnaie.

(•) Les métaux ne sont peut-être des corps simples et indécomposables que par rapport à nos moyens de les décomposer. II ne serait pas abso- lument impossible qu'on arrivât un jour à cette décomposition; mais il est certain que jusqu'à présent le moyen n'en a pas été trouvé, quoi qu'en dise M. Tiffereau. Si l'on parvient jamais à faire, ou même seule- ment à défaire de for, ce ne sera certes pas au moyen d'évocations et de formules magiques, d'abraeadabras et de grimoires. S.

45()

Vers la fin du xvii" siècle, un professeur à l'universilé (leKiei, Samuel Keyher, prit, pour sujet dune dissertation académique, les Monnaies fabriquées avec un métal chi- mique ou composé ('). La première pièce que cite Reyher et dont il donne l'empreinte, est un ducal de Gustave Adolphe, ayant, d'un côté, le buste royal à gauche, avec la légende : GVSTAV. ADOLPH. D. G. SVEC. GOTH. VAND. R. ; au revers, lécusson de Suède couronné, et en légende : PR. FINL. DVX ETHON ETCARELDOM INGER. Sous l'écusson : 1634.

Comme l'on voit, ce ducal est une des monnaies que les Suédois firent frapper, en Allemagne, après la mort de Gustave. Ce qui a donné lieu à la placer au nombre des pièces ex chymico métallo factis, c'est sans doute la pré- sence des signes du Soufre et du Mercure, à ^ dont l'écusson du revers est accosté. Monconys, dans la deuxième partie, page 381, de ses Voyages, rapporte qu'étant à Ra- fisbonne, au mois de mars 1664, » l'apolicaire Slolbel- « perger (lui) dit comment un marchand de Lubec, qui •( faisoit fort peu de négoce, mais qui sçavoit fixer le plomb « et le teindre en bon or, donna au roy de Suède cent « livres d'or en masse, lorsqu'il passa par Lubec, dont il « fit faire des ducats; et pource qu'il sçavoit bien que cet « or procédoit de la conversion du plomb en or, il fit « mettre au costéz de ses armes, qui sont gravées à une « des faces du ducat, le charactère du Souffre et celuy du « Mercure. Il me donna, pour vérifier son dire, un de ces

(') Samuelis Retheri, le. antecessoris et mut/iemalum professoris in ncademia Cfiristian-Albertina juridico-philosophica dissertatio de Nuumis quibusdam ex Chymico métallo factis. Kilise Hoisatorum, mpcxcii, in-i".

4b7

<( ducats, et il nie dit qu'après la mort de ce marchand, qui « ne paroissoit pas fort opulent, n'ayant jamais négotié qu'à « un négoce de peu de profit, et qu'il avoit mesme discon- n tinué depuis très longtemps, on trouva chez luy plus de « dix-sept cent mille escus. » Cette anecdote a été répétée par Philippe-Jacques Sachsius, de Levenheim, dans le tome I des Ephemeridum Naturœ curiosorum, p. 71, en y ajoutant les particularités suivantes : « Il y a quelques années, Louis de Schonleben, lieutenant-colonel et seigneur héréditaire de Guhren, amateur zélé des sciences chimi- ques, alors que je donnais des soins à son épouse malade, me parla de ces ducats. INon-seulement il me fit voir cette pièce, marquée des signes du Soufre et du Mercure, mais il eut même la générosité d'en enrichir ma collection. Je l'ai fait graver sur la planche ci-jointe, ainsi qu'un ducat de Mayencc, appartenant au même amateur, comme preuve de la vérité de cette histoire et aussi pour faire reconnaître ces pièces, si d'autres exemplaires venaient à se rencon- trer. »

Le petit-fils de ce Schonleben , Louis Von Ilaugwiz , noble Silésien, rapporta le même fait à Samuel Reyher, en ajoutant que son aïeul était parvenu lui-même à changer on or véritable quelques parcelles d'argent.

Sachsius, dans le même volume desesÉphémérides, parle des ducats que l'électeur de Mayence, George Frédéric de Greiffenclau, aurait fait frapper avec du mercure changé en or, ex 2 in 0 converso. et dont il possédait un exemplaire dans son cabinet.

L'histoire de Monconys et de son apothicaire Stropel- pergor, qui ne dit ni en quel temps, le roi de Suède passa

458

à Liibeck, ni à quelle époque il aurait fait frapper ses du- cats, s'accorde fort mal avec la chronologie. Il nous paraî- trait assez difficile de voir dans des pièces datées de 1G34., des monnaies faites par Tordre de Gustave Adolphe, tué à Lutzen, en novembre 1652. Ajoutons que les signes du soufre et du mercure, sur lesquels repose toute cette attri- bution, se rencontrent sur bien d'autres pièces et notam- ment sur des gros d'argent d'Erfurt, portant la date de 1622. Ces signes étaient tout simplement la marque du graveur ou du monnayeur. Ils furent spécialement employés à cette époque sur les monnaies d'Erfurt par les monnayeurs Zie- gler et Weismantel. On les retrouve aussi sur le double ducat à la tête de mort, pièce historique frappée en 1 633, lors du transport en Suède des restes du roi Gustave Adol- phe, et sur des thalers du même prince.

Un exemple plus curieux et plus authentique de l'inter- vention de l'alchimie dans le monnayage, nous est rapporté dans l'histoire de Genève. En 1590, les ressources de l'État étant complètement absorbées par les dépenses énormes qu'entraînait Talliance avec la France, le Conseil fut réduit à frapper des deniers et des forts de cuivre; mais avant d'en venir à cette extrémité, il employa tous les moyens, emprunta la vaisselle des particuliers, se fit rendre compte des métaux précieux qui se trouvaient dans la ville, et essaya même des procédés occultes de l'alchimie pour trans- muter les métaux ('). Dans la séance du 6 janvier 1590, le sénateur Michel Roset, vint déclarer « que dans son der- nier voyage en Suisse, plusieurs personnes dignes de foi

(') DLAViGiNAC, Armoriai ifènci'oi/!, p. 92.

459

l'avaient assuré qu'un certain Allemand avait le secret delà pierre philosophale et que, par le moyen d'une poudre mer- veilleuse, il était parvenu à changer en vaisselle d'or pur des plats d'étain. » Après avoir conféré là-dessus, le& con- seillers trouvèrent qu'il serait fort à propos « d'attirer sem- « blables gens dans celte ville, pour nous procurer ce métal « dont la pauvre république, chargée de tous côtés de tant <i de dettes, et engagée dans de si grandes dépenses, aurait « besoin, etc. » Roset eut mission d'aller en Suisse à la quête du fabricant d'or qu'il devait attirer à Genève par belles promesses. Il revint sans son homme, et cette décep- tion fut cause de mesures sévères prises contre les alchi- mistes. En 1604, le Conseil qui était encore sous l'impres- sion défavorable de 1590, refusa d'ouïr un homme qui « savait augmenter l'or; » mais on revint bientôt aux an- ciennes idées. En 1653, une femme, la Bretegonne, qui se faisait appeler Marguerite Bartingo, emportait plus de cinq mille ducats escroqués, sous prétexte de faire de l'or, à ses trop crédules auditeurs. En 1660, un alchimiste affichait publiquement des placards sur les vertus de son or pota- ble, et en 1 666 , le Conseil non-seulement permettait à un Italien, qui changeait le mercure en argent, d'exercer son métier « pourvu qu'il le fît sans tromperie, » mais encore manifestait la résolution de profiler lui-même de ce moyen pour augmenter le trésor public.

Il résultera donc de tout ceci que, si des monnaies ont été, en effet, frappées d'un métal prétendument obtenu par les moyens occultes de l'alchimie, ces pièces sont encore à retrouver. La coutume d'inscrire ou d'indiquer sur les monnaies la provenance du métal a été fort répandue

460

même jusque dans les temps modernes, et surtout en Alle- magne. Il est donc assez probable que si quelque prince s'est laissé mystifier en croyant à l'origine factice de l'or qu'on lui fournissait, il aura consigné cette origine sur les monnaies elles-mêmes. Voilà une rwuvelle mine ouverte aux recherches des amateurs.

Quant aux médailles des alchimistes, à leurs amulettes et à leurs talismans, ces pièces sont fort nombreuses et d'autant plus variées que la plupart sont faites à la main. C'est un sujet riche à traiter, mais qui ne pourrait l'être avec succès que par un initié qui consentirait à dévoiler les mystères sacrés du' Grand-OEuvre. Puisse-t-il tenter quel- qu'un de nos modernes mystiques !

R. (';HAL0?(.

464

GASPAR DE BACKERE.

(Cité dcl483àU87.)

A la morl de Mario de Bourgogne, le sceau que l'on avait employé à la chancellerie du conseil privé, fut brisé. C'est une particularité qu'a eu soin de consigner l'audiencier d'alors; il le fait en ces termes : « Et fait à noter que, «c obstant le trespas de feue madame la duchesse d'Ostrice, <i de Bourgongne, etc. (que Dieu absoille), qui advint le «t xxvj° jour de mars IIIJ"J avant Pasques (1482, n. st.), « le séel dont, en son vivant, l'en séelloit en la chancellerie, « fut cassé et rompu, et, au moïen des mulacions et nou- « velletez survenues à cause dudit trespas, ne fut aucune « chose sécllée en ladite chancellerie , mais furent toutes '1 lettres patentes séellées par chascun des secrétaires, du <( petit signet armoyé des armes de Messeigneurs (Maximi- « lien et Philippe le Beau) , dont ilz cloent (ferment) les <c lettres closes, et que chascun d'eulx a en ses mains, à me- « sure que par eulx estoient expédiées, sans que l'en ait « payé, ne que aucune chose ait esté levée ne receue du droit « et émolument desdits seaulx, depuis le dernier jour de « mars l'an llll"j, avant Pasques, jusques au premier jour « de juin IIIJ" ij, que lors monsieur de Champvans, che- « valier, chancelier de Mesditsseigneurs , recommença à <i séeller comme il faisoit du vivant de madicte feue dame «t madame la duchesse (')• »

(') Registre i\° 20573 de la chambre des comptes, aux Archives du royaume.

462

La tutelle des enfants que Maximilien avait eus de son union lui fut confiée, mais les Flamands voulurent imposer un conseil à ce prince, et le traitèrent comme s'il eût été incapable de se conduire raisonnablement. Les états de Flandre s'assemblèrent le 2 mai, et se mirent en révolte ouverte. Les actes qui auraient être scellés par Maximi- lien, furent délivrés sous les sceaux de la chambre du con- seil en Flandre et de la ville de Gond, et l'on continua à en user de la sorte jusque dans les premiers jours du mois de juillet suivant (•)• Peu de temps après on commença à se servir d'un grand sceau avec contre-sceau, au nom de Philippe seulement, dont les états des provinces coalisées de Flandre, Hainaut et Brabant avaient confié la gravure à Gaspar de Backere, orfèvre, à Bruxelles, qui obtint, pro- bablement à cette occasion, le titre de valet de chambre et d'orfèvre de l'archiduc. Ce sceau n'a pas été connu par Vredius. qui semble même douter de son existence ('). Le dépôt des Archives du royaume en possède différentes empreintes, toutes incomplètes, à l'aide desquelles nous sommes à même d'en faire la description.

Philippe le Beau y est représenté, l'épée en main, armé de toutes pièces , avec l'écu de ses armes qui lui cache l'épaule gauche, et monté sur un cheval lancé au galop et

(') Registres n»» 20380 et 20381 , ibidem.Woy. VInvenlaire de la chambre des comptes^ t. Ilf, p. 3iS.

{') « Dicitur hic Philippus diplomati sigilla sua appendisse; sed quaenam o ea fuerint, cum nullum ex his diplomatibiis autographum videra potuc- « rim, hactenus mihi non liquet ; lit neque quale fuerit illud, quod, in « sequentibus, contra-sigilium vocant. » {Sigilla comitum Flandriœ, p. lU.)

463

ricFiemcnt caparaçoimé. Dans le champ se trouvent trois écussons aux armes de Flandre, Brabant et [lainaut. En voici la légende qui est distribuée en deux lignes :

Stgillum |iJl)Uippt bet gracto burgunbic lottarmgtc bra- banc'it Cemburgte iTucemburgic bucts flanbrtc . l)anno- nic comttis mm 3inperij iîlûrfl)iont6 frtfte et . tneci)Unte bomtm.

Le contre- sceau se compose d'un écusson entouré du collier de l'ordre de la Toison d'or, timbré d'un heaume avec lambrequins, et surmonté d'une couronne archiducale, avec une banderole sur laquelle on lit : contra : eiflUlïï.

Gaspar de Backere avait entrepris la gravure de ces deux pièces, qui étaient Vargent, et celle d'un petit cachet d'or aux armes de Philippe, pour la somme de 250 livres de 40 gros, y compris la matière (').

(') Nous avons reproduit ce sceau et ce contre-sceau dans nos Archives des arts, des sciences et des lettres, t. I*'.

(^) On lit ce qui suit dans le compte des droits du grand sceau, du l«f juin 1483 au 31 mai \i&i> :

« A maislre Jaspar de Backere, demourant à Brucelles, varlet de « chambre et orfèvre de Monseigneur, la somme de ij» 1 livres, de xl gros, « pour ses peines, salaire et labeurs d'avoir fait et gravé en argent fin les a grant séel et contre-séel, dont l'on use en la chancellerie de Mondict- « seigneur, et aussi ung signet d'or armoyé des armes d'icclluy seigneur, o lequel il a tenu devers luy pour en séeller ses lettres closes , comme « appert par ses lettres patentes, le tout revenant en ce, coraprins l'or « et l'argent à ce nécessaires, et par marchié fait avec ledict Jaspar, à « ladicte somme de ij< 1 livres, comme appert par les lettres patentes de « Mondictseigncur, en date du ij» jour de juing l'an mil iiij» iiij«« vij. » ( Uegislrc 20575 cité, viij i ».)

464

LUCAS VAN ZEVENBERGEN. (Cité de 1480 à 1487.)

C'est dans des extraits de comptes de la prévôté de Saint- Jacques-sur-Caudenberg , à Bruxelles , que nous trouvons le nom de l'orfèvre Lucas Van Zevenbergen mentionné pour la première fois, à propos de travaux qu'il exécuta pour cette communauté religieuse de 1480 à 148'2 : on y lit de plus cette particularité qu'il avait épousé la fille de Guil- laume Meerts, un de ses confrères. Coiisignons en passant les noms des trois autres orfèvres de la même époque et de la même ville qui nous sont encore révélés par ces comptes, savoir: Pierre Marscoys, en 1472; Jean Van der Keldere, en 14-80, et Jean Van Aken, en 1482.

Lucas Van Zevenbergen , qui se qualifie d'orfèvre et de valet de chambre de Maximilien d'Autriche, est l'auteur du magnifique sceau avec contre-sceau d'argent dont on se servit à la chancellerie du conseil privé depuis 1486, après la réconciliation des provinces révoltées contre Maximilien, date de son exécution , jusqu'à la majorité de Philippe le Beau, en 1494 (»). Il représente Maximilien, alors roi des

(') o Ao(xiiij':) Ixxx, iij julii, gelevert meester Lucas Van Zevenbergen, « goutsmet,die Willcms Meerts, gotilsmiets, dochter getrouwet Iiceft, « vj silvcren scalen om eenen slaf oft croce af te makene, etc. « (Archives du prieuré de Saint- Jacques-sur-Caudenberg, aux Archives du royaume.)

(') « A Lucas de Zevemberghe, varlet de chambre et orfèvre du roy, la

465

Romains, assis sur un trône et tenant son fils par la main, avec cette légende qui en fait deux fois le tour :

S » iïlaKimiUûnt oZ° pl)iltppt o î»et <> gracia <> auftric o arcijiîrucïï o burgïïbie » lotl)ariê » brabâfie <> ettrie o karitic « karntole o liburg* o lucêburg' ° 2 » gclbr » burum o flabrie o tliirol © artl)efii o burg' ° palatiiî » \]aïioit o l)oUâb' <> zelâb' <> namurct o îutpl)àie o comttïï ° eacri » tîïpcrU o marcl)taniî » frifte o faltarr o tt»afl)liê o bnof.

Au contre-sceau on voit un écusson aux armes de ce prince surmonté de la couronne archiducale et soutenu par deux griffons, avec cette légende sur une banderole dans la partie supérieure : CONTRA SIGILLUM (')• On sait que les sceaux étaient confiés à la garde du chancelier qui portait sur lui attachées à une chaînette d'or les clefs des boîtes on les enfermait. Un orfèvre de Malines du nom de Jean de Lennoot fut chargé de la livraison d'une semblable chaîne en 1489 (»).

« somme de iiij»» livres, sur et tant moins de ce que deu luy sera pour « l'argent, façon et gravure des grant séel et contre-sécl du roy et de « monseigneur son filz , qu'ilz ont ordonnez estre refaiz pour servir « et se'eller en leur chancellerie, ouquel séel le roy sera empraint comme « à roy des Romains appartient, comme appert par les lettres patentes « du roy et de mondictseigueur l'archiduc, en date du ij* jour de juing « Tan (m cccc) iiij" vij. » (Registre 20376, xj r", de la chambre des comptes, ibidem.)

La quittance de Lucas de Zevenberghe est datée du i décembre 1^86 : elle se trouve dans la collection des acquits des comptes des droits du grand sceau, ibidem.

(i) Ce sceau et ce contre-sceau sont reproduits dans Vredius, Sigilla comitum Flandriœ, p. 116.

(*) « A l'audicncier la somme de xxviij livres vj deniers (de Flandre)

SÉRIE. Tome v. 30

4CG

Van Zevenbergen, dont nous parlons, a aussi gravé sur argent un sceau à l'usage de Maximilicn, pour en sceller les lettres closes (■). Ne serait-ce pas celui que Vredius a public p. 119 de son ouvrage?

« qu'il a païee à Jehan de Lcnnoot, orfèvre, demoiirant à Blalincs, pour « l'or et la façon d'une chaincUe servant à pendre les clefz des boistes ou « l'en met et sont encloz les seaulx du roy et de iMonseigneur, délivrée o à monsieur le chancelier, comme il appert par cerlification dudict chan- « celier en date du vij* jour de mars (m cece) iiij" viij. » (Registre no 20384, fo X v», ibidem.)

(') « A Lucas de Zevemberghe, la somme de xl livres (de Flandre), pour « ses peines et labeurs d'avoir fait et gravé ung sécl d'argent dont le roy « veult que ses lettres closes soient closes et séellées, et pour avoir déli- « vrc l'argent y servant , le tout revenant par marchié fait avec ledict « Lucas, comme appert par les lettres patentes du roy el de monseigneur « son fîiz, en date du ij« jour de juing l'an (m cccc) iiij" vij. » (Registre no 20576 cité.)

La quittance de l'artiste qui existe dans la collection des acquits des comptes des droits du grand sceau, porte la date du 2i novembre 1^88.

4C7

CORNEILLE DE BONT.

(CilédeU70à150i.)

Ce nom esl celui d'un des artistes les plus remarquables de son époque. MM. Van de Walle et Van Duyse nous ont déjà fait connaître Corneille de Bout dans le Messager des sciences historiques ('), comme un orfèvre d'un talent supé- rieur : la découverte que nous avons faite de différents documents qui le concernent, nous permet de le classer parmi nos graveurs de sceaux les plus distingués.

Corneille de Bont, fils de Martin, naquit à Breda, et quitta celte ville, en 1470, pour aller habiter Gand, oîi il fut reçu maître orfèvre en 14-72. Son talent lui fit bien- tôt acquérir une réputation telle que son contemporain Jean Lemaire le cite dans son poëme de la Couronne margari- tique, parmi les plus grands artistes de son temps, et lui adresse la parole en ces termes :

« Approchc-toy, orfèvre du duc Charles, « Gentil Gantois, Corneille, très-habile. »

Bien que nous n'ayons rencontré aucune mention de travaux que Charles le Téméraire aurait confiés à de Boni, et que la qualification d'orfèvre de ce prince que lui donne le poëte ne soit sanctionnée par aucun document, toute-

(1) Années 1843, pp. 277-278, et 1846, pp. 63-70.

468

toutefois nous n'hésitons pas à croire qu'il s'agit du même personnage.

Les premiers renseignements que nous possédons sur les travaux de Corneille de Bont, ne remontent pas au delà du commencement du règne de Marie de Bourgogne. Il livra le 21 mars 1476 (1477, n. st.), entre les mains de Jean de la Bouverie, chef du grand conseil, le sceau et le contre-sceau qu'il avait gravés pour cette princesse, et, qui remplacèrent, à dater de cette époque, ceux de Charles le Téméraire dont sa fdle s'était encore servie jusqu'à ce jour. Le sceau, la duchesse est figurée à cheval, a pour légende :

StgUlum iWaric bet grâ burgunbic lotl)artn9tc brabantte Umburgte lucemburgtc et gclbrie buciese flanbru artljcsit burgunbit l)annontc IjoUanbic zelanbie namurct Z 2Utpl)ante comttwee Bacxi impertf tnQrcl)ton bomtnc frtste eaUnarum ac tnacl)lt- nte 1476 (•).

De Bont reçut une somme de 140 livres, de 40 gros de Flandre la livre, pour la gravure de ces sceaux qui étaient d'argent et pesaient 29 onces (').

(') Ce millésime de 1476 est celui de l'ancien style. Le sceau et le «outre-sceau sont gravés dans Vredius, Sigilla comitum Flandriœ, p. 101.

« (') Je Corneille de Bont, orfèvre demourant à Gand, cognois et confesse « avoir eu et reccu de maislre Jehan de Beere, secrétaire en ordonnance « de ma très-redoubtée damoisellc , madamoiseile la duchesse de Bour- « gogne, commis par provision à tenir l'audience du droit de son sceau, « la somme de vij" xiiij livres xvj solz , de xl gros, monnoie de Flandres « la livre, assavoir : xxxiiij 1. xvj s., desdicts pris et monnoie, pour xxix « onces d'argent dont «nt esté faitz les sceau «t contre-sceau, et les autres

4C9

Le contre-sceau représente un ange soutenant plusieurs écussons et ces mots sur une banderole : contra eigillum. Remarquons que dans l'angle formé par le grand écu du milieu et l'écu du lion de Flandre, on voit le petit signe suivant :

Au mois de février 1478, De Bont achève trois autres sceaux et un signet, véritables merveilles de l'art, dont l'exé- cution lui avait été confiée ('j. Le premier est un sceau de

« vj »x livres pour mon sallaire , peine et labeur d'avoir fait et gravé « iceulx sceaulx ; de laquelle somme de vj " xiiij 1. xvj s. pour les causes « que dessus, je me lien pour content, et en quicte madicte très-redoublée « damoiselle , ledit maistre Jehan et tous aultres.à qui quictance en « appartient. Tcsmoing le seing manuel de Guillaume de le Berghe, aussi « secrétaire d'icelle damoiselle, cy mis à ma requeste , le xxj» jour de « mars l'an mil ccc» Ixxvj. » Suit l'attestation du chancelier Jean de la fiouvcrie, auquel les sceaux furent immédiatement remis ; quelques mats seulement sont encore lisibles. (Quittance originale dans la collection des acquits des comptes des droits du grand sceau, aux Archives du royaume. La dépense est portée dans le compté des droits du grand sceau du 20 au 24 mars Mil (n. st.), du supplément à l'inventaire des registres des chambres des comptes, ibidem.)

(') « Maximilien et Marie, etc., à révérend père en Dieu, nostretrès- a. cher et très-amé cousin, l'cvesque de Metz, chief et superintendant, et « aux autres gens et commiz sur le fait de nos domaine et finances, « salut et dileclion. Nous voulons et vous mandons, que par nostre amé « et féal secrétaire et audiencier de nostre chancelerie, maistre Anthoine « de Halewin, vous faictes païer, baillier et délivrer, des deniers venans a et procédans de l'émolument de nostredict séel, è nostre bien amé « Cornille de Bont, orfèvre, demeurant en ceste nostre ville de Gand, la « somme de iiij'' xxij livres iij solz viij deniers , du priz de xl gros de « nostre monnoie de Flandres la livre, à lui deue pour les causes et ainsi « qu'il s'ensuit, assavoir : pour v marcs xvij eelrclins et demy d'argent, « qui, au pris de xxv solz de ij groz dicte monnoie l'once, valent Ij livres » ij solz j denier, monnoie que dessus, qu'il a employées pour noz grant

470

quinze cenlimèlres environ de diamètre, représentant Maxi- niilicn d'Autriche et Marie de Bourgogne, son épouse, à cheval, l'un, armé de toutes pièces et l'épée à la main, et l'autre, tenant un oiseau de proie. Les chevaux sont riche- ment couverts de housses armoriées. Au-dessus des archi- ducs, l'artiste a rempli le reste du champ du sceau par un ange qui supporte deux écussons (*). En voici la légende :

6. iïlûïtmiUant. et. iîlam. bei %va. auetrie, burgûMe. lotlja- rig'. brabâcic sttm. karîtie, carntoU. Uburge. luccburg'. 9l)elî>ne. bucû. flûbrte. tirolis. ûrtl)t6ii. burgûbie. palatine. l)anontc. l)ollôbtc. selâbic. nomci. et. *utpl)ante. comhum. ôacrt 3mpcrij. marfl)ion. friete. ealtnarû. et. macl)ltiî. îrnorû. 1477.

« sécl et scel de justice que avons nouvellement fait faire ; item, pour « iiij onces aussi d'argent audit pris de xxv solz Tonce , pour la boistc à a mettre ledit grant séel et pour la garniture de ladicte boiste v livres « V solz vij deniers ob. ; item, pour la dorure et façon de ladicte boiste « vj livres v solz dicte monnoie ; item, pour ladicte boistc et les deux « bourses servant à icelle iiij livres viij solz ; item, pour la façon desdiz Il deux seaulx iij» desdictes livres ; item, pour ij onces vj estrclins aussi n de fin argent audit priz de xxv solz l'once valent ij livres xvij solz ; « item, pour la façon d'un signet vj livres, et pour Iviij journées par Il ledit Cornille dit avoir vacquces à diverses fois pour estre venu par- ie devers nous, pour nous monstrcr lesdiz seaulx et autrement, qui, au n priz de xvj solz des priz et monnoie que dessus, montent à la somme Il (le xlvj livres viij solz dicte monnoie, reviennent ensemble lesdictcs ■.. parties à ladicte somme de iiije xxij livres iij solz viij deniers desdicls « priz et monnoie, etc., etc. Donne en nostre ville de Gand, le derrenier « jour de février l'an de grâce mil cccc soixante dix-sept, b (Original dans la collection des acquits des comptes, etc., citée. Cette dépense figure dans le registre 205C8, fol. xxvij r", de la chambre des comptes, ibidcvt.) (>) Ce sceau est gravé dans Yredics, Sigilla comifum Flandria, p. \Qi.

471

Sur le contre-sceau, on VDildeux lions accroupis portant chacun un écusson, avec deux anges au-dessus qui contien- nent un heaume couronné; les mots fontra ôtgillum se hsent sur une banderole. La gravure de ces deux pièces et celle du sceau dit de justice à l'usage du conseil privé, fut payée 7)00 livres de Flandre à l'artiste, le 30 avril 1478. Celui-ci est presque entièrement seniblable au contre-sceau sauf la légende ; 3uôtifu ôtgUlû (•). Les trois matrices étaient d'argent fin et du poids de 5 marcs 17 i esterUns ('). De

(') Vredius, toc. cit., p. 108.

(') » Je, Cornille de Dont, orfèvre, demeurant en cesle ville de Gand, « confesse avoir eu et rcceu de maistre Anthoine de Halewin, secrélaire « et audiencier de monseigneur le duc d'Autherice, de Bourgoingne,etc., « la somme de iiijo xxij livres iij solz viij deniers, du pris de xl grosmori- « noie de Flandres la livre, que ledict maistre Anthoine m'a délivre en 0 deniers comptans, à moy deue de par mondictseigneur le duc pour la « façon de son grant scel, du séel de jusiice et d'ung signet et pour plu- u seurs autres causes plus à plain déclarées en certain mandement « patent sur ce fait et séellé des séel et signet d'icelui seigneur avec u celui de monsieur de Metz, chicf des finances et mondictseigneur le « duc, en date ledict mandement du derrenier jour de février l'an Ixxvij « derrenier passé, par lequel a aussi esté ordonné audict maistre Anthoine u de me faire ledict payement, duquel jo me tiengs pour content, bien tt payé et satisfait, etc. ïesmoing mon seing manuel le derrenier jour « d'avril l'an mil iiij" Ixxviij. » (Original dans la collection des acquits des comptes, etc., citée.)

0 Je , Jehan de la Bouverie, seigneur de Wyerrc et du Long-Fossé, « chiefdu grant conseil démon Irès-redoubté seigneur, monseigneur le « duc d'Austerichie [sic), de Bourgoingne , etc., certilTie à tous qu'il ap- « parliendra que despicça Cornille de Bone (sic), orfèvre . demeurant en « ccste ville de Gand, a heu charge de faire les grant séel, contre-scel et « séel de secret lesquelz ledict Cornille a , puis aucuns jours ença, par- ti faiz et mis en forme deue, et livrez et renduz, comme il appartient de

472

Boni fil pour enfermer ces deux premiers sceaux une boite en vermeil richement ornée.

Coineille de Bont est l'auteur (') d'un autre sceau avec contre-sceau, employé par Maximiiien et Marie, et sur lequel ils sont représentés à cheval , avec cette légende :

S. iJla3eUtûni et marie bet gra ouftrte ûrcl]tî»uc auftrie bucii burgïïbie loti) brab fttrte karint carniol limb luîfemb 2 gl)elb fomttû flanbric tgrolts ûrtl)efti burgunbie palatin l)anoie \)o{[ »eeU namurci 2 îutpl) Sacri tmp marfl)~ bnor q' frieie ealtnar Z mecl)L

Au contre-sceau, on voit deux écus avec une banderole, sur laquelle on lit : contra eiflillum {').

Son talent et sa probité lui acquirent l'estime des orfèvres ses confrères, au point qu'ils le nommèrent doyen du mé- tier, en 1487. Déjà, en 1484, il remplissait l'office de juré de la chambre de garantie ou de vérificateur {keurder van dcn eed der neering). Différentes fois encore il fut réélu : en 1488, 1489, 1493, 1494, 1495, 1496, 1499 et 1500.

Le 4 juin 1482, notre artiste passa un contrat avec les échevins de la keure et les deux doyens de la ville de Gand, pour l'exécution, en argent, moyennant une somme de

« faire le devoir es mains de mondictscigneur le duc , etc. Le xvj» jour « d'avril, l'an mil iiij" Ixxviij, après Pasques. » (Original, ibidem.)

(') » A Cornilie de Bont, orfèvre, demourant à Gand, pour l'or, argent « et façon des grant scel et contrc-sécl de mes seigneur et dame, avec « autres choses y servans et comprinses, comme appert par la lettre de « descharge du receveur général , faicte le xxviiij» jour de décembre « iiij»« : iije xlj livres xiiij solz vj deniers. » (Registre 20371 , loi. xj v», ibidem.)

('; V«BBics, loc, cit., p. 106.

475

50 livres de gros, de quatre écussons à l'usage des quatre trompettes et ménétriers du beffroi : chaeun d'eux devait peser 2 marcs de Troie et avoir reçu au moins une demi- dorure. Par eet acte, Corneille de Bont reconnaît qu'il lui a été payé d'avance une somme de 20 livres, pour l'achat du mêlai, et s'engage à fournir, s'il est possible, les quatre écussons pour la mi-août suivant, le tout conformément au dessin qu'il avait soumis : cependant, on lui laisse la faculté de faire à son travail les améliorations qu'il jugera conve- nable. Enfin, il y est dit que, dans le cas le poids excé- derait celui de 2 marcs, le surplus lui en serait immédiate- ment payé (').

Chacun de ces écussons représentait la pucelle de Gand,

(1) a Gornelis de Bont, filius Martins, gaudsmct, kent dat hy in voor- « waerden ghenomen heeft te levere ende makene jeghen onze heercn « schepeneu van der keure , in Ghend, metgaders beede den dekenen « van der selve stade, te wetcn : vier zelveren exelen, 't stic weghende « ij Troysche raaerken , alf vergult of meer, ende datte naer wutwysen « van den beweerpe, datter de zelve Cornelis daeraf overghegeveu heeft, « of betere updat hyt daerup bevinden can in 't weercken , ende ditte « tcn behoef van den vier scalmeyders (joueurs de clairon) ende speel- « licden up 't beelfroot. Daer vooren hy hebben sal de somme van xxx « ponden groten, up dVelke de voornoemdo Gornelis kent ghereet ont- (I faen hebbende xx ponden grooten, omme daermede zelvere te coopene; « ende 't sourplus , draghende x ponden grooten , die te betalene ten « daghe van der leveringhe ; welverstaende up dat zy meer woughcn « 't Stic dan de voorseyde ij raaerken , so belooft raen hem te betalene » ten zelven daghe zulc aïs 't zelver dan ghelden sal : al deuclidelyk alsoot behoort, ende omme de leveringhe van desen te doene up de « manniere voorscreven, also cortst alfoust , alst Cornelis goediix sal « conen ende raoghcn. Actum iiij juny Ixxxij (1482). » (Registre intitule : Joerregister-kenre, 1480-1482, fol. cxxxvj v", aux Archives communales de Gand. Celte pièce a elé publiée, ainsi que l'cxlrait du compte de la

474

belle jeune fille aux longs cheveux d'or retenus pîir un ban- deau royal, assise sur un trône, et jouant avec le lion de Flandre, qui s'appuie sur ses genoux. A ses côtés, se tien- nent deux chevaliers armés de toutes pièces , qui relèvent d'une main les brocarts du magnifique dais sous lequel elle se trouve : ils ont l'autre main appuyée sur la poignée de leur glaive , pour marquer qu'ils sont prêts à défendre les droits et les privilèges de celle qui est commise à leur garde. Au-dessous de ce groupe, sont figurées les armes de la ville, soutenues par des lions rampants. Le tout est enfermé dans un écusson de style ogival flamboyant, que l'artiste a en- touré d'une couronne de chêne. « Les figures, dit M. Van Duyse, ont été coulées après avoir été modelées en cire. » C'est à M. Joseph de Moor, de Gand , que l'on doit la

ville qui suit, par M. Pr. Van Duyse, dans le Messager des sciences his- toriques, 184t), p. 66.)

« Item , betaelt , len beveelne van scepenen, Cornclis de Bonle, goud- a smet, ter causen van vier zelveren vergulde exelen, by hem gliemaect, « ter stede behouf , ornmc die le orbuerne den ménestrels ende pypers van deser stede, ende die an hem hy den lesten voorsatcn besteed a waercn te makene, wegheude viij marc, daervoren hy geliad zouden « hebben metten fachoene xxx ponden grooten : alzo dat blyken mach « by de wettelyker copy die daer af passeerde by den voorseydcn leste « voorsaten , den iiij*° dach van wedemaeud, anno Ixxxij (1482), dacrup 0 hem aldoe betaelt was xx ponden groolen ; ende de wclke vier exclen, « ter date van deser Icveringhcn, woughen xij maerc iiij onchen mecr a dan voorwaerde was, ende dit over de vuUe betalinghe metten fan- « chocne van dien , naer 't verclaers van dcr acte ghescreven up de « voorscidc copie. Actum xj scptembris Ixxxiij (1483) : xviij p. xiiij s. gr. »

« Ileni, ghegheven den ghcsellcn van don voorseyden Cornch's in drinc- « ghelde ten'zclvcn dage : ij sch, gr. » (Compte de lajVillc de Gand, de l'J82-U84, aux Archives connnunuies.)

475

découverte de ces quatre écussons, qui servirent de modèle à deux autres, confectionnés dans In suite, mais qui sont loin d'offrir le fini précieux qui dislingue le prototype.

M, Charles Onghena, qui a gravé l'un de ces écussons pour le Message^', possède , dans son petit cabinet d'artiste, se trouvent rassemblés une foule de trésors, une boite aux saintes huiles, également sortie des mains de Corneille de Bout, et provenant de l'abbaye de Baudeloo, à Gand, à laquelle elle fut donnée, en 1486, par \\i\ membre de la famille de Wyemeersch , comme il se voit par les armes et par la date gravées sur une des faces de ce petit meuble. Cette boîte, qui est un véritable chef-d'œuvre d'orfèvrerie, tant c'est délicat, figure une petite chapelle en style ogival à lancettes, surmontée aux quatre angles de j)inacles, fleu- ronnée et couronnée d'une petite tour. Une jolie gravure, faite par M. Onghena lui-même, accompagne l'article qui a été publié à ce sujet (^).

Au mois d'avril 1 504, le nom de Corneille de Bout figure, pour la dernière fois, dans les documents, à propos de la livraison qu'il fit, à Philippe le Beau, d'un petit flacon d'ar- gent avec un étui de cuir, que ce prince destinait à son usage particulier pour aller à la chasse. Ces objets lui furent payés la somme de S8 livres 12 sous 6 deniers {'').

(') Messager des sciences historiques. Gand, 1843, p. 277.

(*) « A Cornille Bonté, deraourant à Gand, la somme do Iviij 1. xii s. « vj d., pour ung petit flacon d'argent, pesant iiij™ iiijo x», que Monsci- « gneur a voit fait acheter de lui, pour porter à sa selle quant il alloit ù « la chasse, et pour ung estuy de cuyr bouli pour mcclrc ledict flaccon. » (Registre F. 190 de la clinmhre des comptes, aux Archives du département du Koid, à Lille.)

476

Les œuvres de cet artiste sont faciles à reconnaître. En flamand son nom signifie hermine, et les poinçons dont il se servait pour marquer tout ce qui sortait de sa main et de son atelier, représentent les uns une mouche d'hermine, et les autres ce même signe accompagné d'un G, initiale de Corneille. Ces marques se voient sur les pièces d'orfèvrerie retrouvées à Gand , et sur le contre-sceau des empreintes originales du sceau de Marie de Bourgogne que nous avons décrit plus haut. Elles sont aussi frappées sur l'une des plaques conservées aux Archives delà ville de Gand, les orfèvres devaient imprimer le poinçon qu'ils adoptaient lorsqu'ils parvenaient à la maîtrise, afin que les doyens et jurés du métier fussent en état de contrôler leurs ouvrages.

Alexandre Pinchart.

477

illËLAlVGËS.

Aperçu des articles concernant la numismatique et ta sphragistique qui se trouvent dans les dix premiers vo- lumes des publications de la Société historique du grand- duché de Luxembourg.

Les rapports du conservateur-secrétaire, imprimés à la léte des volumes qui ont paru jusqu'à ce jour (vol. I-X), constatent la situation du médaillier de la Société et ses accroissements successifs.

Nous y trouvons la description d'au delà de 1,500 types variés de monnaies romaines du haut empire, des monnaies luxembourgeoises, des monnaies de Trêves, des médailles historiques, etc., dont l'énumération serait trop longue.

Outre ces renseignements, les publications renferment différents articles relatifs à la sphragistique et à la numis- matique, dont voici l'indication sommaire :

Vol. m, p. 58. Trésor numismatique découvert en 1842 dans le camp romain de Dalheim, par M. A. Senckler. Ce trésor comprenait environ 24,000 pièces en moyen et petit bronze.

Vol. IV, p. 90. Notice sur un petit bronze de Licinius Junior, par M. A. Senckler.

Av. Licinius Junnior (sic). Rev. Vot. X, dans une cou- ronne, autour de laquelle on lit : Caesarum nostrorum.

478

Vol. IV, p. 95. Médaillon grec de Caracalla, trouvé à Diekireh, interprété par M. A. Namur.

Jv. Buste lauré vu de droite. ANN {sic) AVP antûnei (NOC). Rev. Trois frontispices de temple, dans l'intérieur trois ligures. Au-dessus on lit :

. . (j)v ce^ eTTi arpa

api

av vou

( rwv r»e(3a(jrwv zta crTfarTOTOu 'Aoiavvou)

A l exergue : aixupvatwv Trpw

rwv Aataç vewxo

Vol. VI, p. 266. Trouvaille numismatique de Lieler. Ce trésor découvert en 1850, se composait de pièces d'or du xv*" siècle, de types très-variés. Voici l'indication som- maire de ces pièces : florin d'or des archevêques Raban et Werner de Trêves j Ilermann et Théoderic, évèques de Co- logne j ville de Cologne j Henri, archevêque de Brème ; Jean II et Conrad, archevêques de Mayence ; Louis, élec- teur palatin j Philippe de Bourgogne ; Charles le Téméraire; pièce bourguignonne frappée à Maestricht -, Charles VIII et Louis IX, rois de France; Charles, duc de Gueldre; Sigis- mond, empereur; et Frédéric de Brandenbourg.

Vol. VII, p. 121 et vol. IX, p. 189. Le camp romain deDalheim. 1" et rapport par M. A. Namur.

Nous y trouvons la description de 776 monnaies romai- nes; 6 monnaies consulaires des familles Antonia, Carisia, Cordia, Hircia, Julia et Porcin, et 770 impériales aux effi-

479

gies des empereurs suivants : Auguste (6 pièces) ; Agrippa, 1 ; Tibcrius, 5; Claudius I, 1 ; Nero. 10; Vespasianus, 9; Titus, 2; Julia Titi, 1; Domitianus, 4-; Nerva, i; Traja- nus, 15; Hadrianus, 7; Sabina, 3; Aelius Caesar, 1 ; Anto ninus pius, 16 ; Faustina I, 5 ; Marcus Aurelius, 10; Faus- tina II, 6; Lucius Verus, 2; Lucilla, 5; Commodus, 8; Crispina, 1 ; Sept. Severus, 9; Julia Domna, 6 ; Caraealla, 6 ; Geta, 2; Elagabalus, 20; Aquilia Severa, 1 ; Julia Cor- nelia Paula, 1 ; Julia Sœmias, 1 ; Julia Mœsa, 4- ; Severus Alexander, 20 ; Orbiana, 1; Julia Mammaea, 3; Julius Verus Maximus, 2; Pupienus, 1 ; Gordianus III, 21 ; Phi- lippus I, 9; Otacilla Severa, 3; Trajanus Decius, 2; He- rennia Etruscilla, 1 ; Hostilianus, 1 ; Volusianus, 4; Treb. Gallus, 1; Valerianus, 7; Gallienus, 30; Salonina, 8 Saloninus, 4-; Postumus I, 23 ; Victorinus, 7; Marius, 2 Tetricus I, 20; Tetricus II, 10; Claudius Gothicus, 23 Quintillus, 2; Aurelianus, 7 ; Severina, 1 ; Probus, 6; Dio- cletianus , 1 5 ; Maximianus Hercules , 1 5 ; Constantius Cblorus, 10; Helena Chlori, 7; Theodora, 2; Gai. Maxi- mianus, 2; Maximinlis Daza, 2; Maxentius, 2; Licinius I, 9; Licinius II, 2; Constantinus I, 85; Fausta Fl. Max., 3; Crispus, 20; Delmatius, 2; Constantinus II, 22; Constans, 14; Constantius II, 27; Magnentius, 10; JulianusII, 3; Jovianus, 1 ; Valentianus, 19; Valens, 19; Gratianus, 17; Valentinianus II, 1 ; Theodosius, 8 ; Magnus Maximus, 6; Arcadius, 6.

Parmi ces monnaies, les huit suivantes sont décrites comme inédites :

1. Caraealla et Geta (argent). Jv. Imp. Cae. M. Aur. Ant. Aug. p. tr. p. II. Rev. Septimius Geta Caes. (vol. IX, p. 164).

480

2. Diodetianus (or). Av. Imp. C. C. Val. Diocletianus p. f. aug. Rev. Providentia (vol. IX, p. 109).

3. Maximianus Hercules (p. b. saucé). Av. Maximia- nusp. f. aug. Rev. Votis augg.

4. Av. Maximianus p. f. aug. Rev. Vot. X, mult. XX à l'exergue SLVC (p. b. module de Quinaire).

5. Constantius Chlorus (p. b.). Av. Constantius nobil. C. Rev. Cornes augg. (vol. IX, p. 109).

6. Av. Constantius nob. C. Rev. Dans une couronne Sic. X, Sic. XX (p. b. module de Quinaire).

7. Av. Constantius n. C. Rev. Vot. XX augg. (p. b. mo- dule de Quinaire).

8. Constantinus I (p. b.). Av. Constantinus Aug. Rev. Vot. X Aug. N. dans une couronne.

Vol. VU, p. 214. Revue sphragistique luxembourgeoise par M. Gomand. Ce premier article comprend les sceaux du X au xuf siècle. Les plus intéressants sont lithographies pi. 14 et 15 de ce volume.

Vol. VIII, p. 26. Notices sur les tombes gallo-franques du pays de Luxembourg par M. A. Namur. Monnaies, p. 40.

Vol. VIII, p. 99. Das Roemer lager Altrier von H. Prof. Engling. § 13 Miinzen, p. 120.

Vol. VIII, p. 180. Mélanges numismatiques par M. A. Namur. a) Grand bronze d'Annia Faustina, 3" épouse d'Elagabale. 6) Denier d'Othon le Grand, frappé à Trêves, c) Monnaie gauloise (Armorika belgi) en or avec le nom POTTINA.

Vol. IX, p. 146. Découverte d'un camp romain au lieu dit : Am Burggroiw pré;? de Grevenmacher, par M. Arendt, architecte de district.

484

Vol. IX, p. 147. Numismatische Aphorismeii von H. D. Elbcrling.

Vol. IX, p. 150. Copie gauloise d'un Statère de Macé- doine, par M. A. Namur.

Vol. IX, p. 151. Monnaie inédite de l'empereur Victorin par le même.

Av. Imp. Victorinus p. aug. Rev. Defensor orbis.

Vol. IX, p. 152. Deux monnaies luxembourgeoises iné- dites de Charles IV et de Philippe d'Autriche, par le même.

Vol. X, p. 140. Die romische Niederlassung bei Mersch von H. prof. Engling, p. 144.

A. N.

De prisca re monetaria Norvegiœ, et de numis aliquot et ornamentis, in Norvegia repertis. Scripsit C. A. Holm- BOE, lingg. orient, prof, et numophyl. univ. prœf. Edi- tio nova recognita. Accedunt septem tabulae lapidi incisae. Christianse, impensis Johannis Dahl bibliopolae. 1854, in-8°.

Les deux dissertations, qui réunies forment ce volume, avaient paru, en 1835 et en 1841, dans les actes de l'uni- versité de Christiania. Tirées à part à petit nombre, il était, depuis longtemps, devenu impossible de se les procurer par la voie du commerce. C'est donc un véritable service que l'auteur a rendu aux numismates, que de mettre à leur portée un ouvrage extrêmement intéressant et qui décrit environ mille monnaies du douzième siècle , déterrées en Norwége. On sait que la Scandinavie est la terre promise, SÉRIE. Tome t. 51

482

la Californie des trouvailles monétaires, et ce sont surtout les numismates qui pourraient dire :

C'est du Nord, aujourd'hui, que nous vient la lumière.

Parmi les pièces de notre pays, que décrit M. Holmboe,

nous avons remarqué, planche IV, 170, un denier de

Liège attribué par le comte de Renesse à l'évèque Notger.

M. Holmboe reconnaît, avec raison, que ce denier ne peut

pas être aussi ancien, et il propose de le donner à Roger,

évoque de Lausanne, H 74-1 211, ou à Rudger, évêque de

Wurtzbourg, 1122-112S. Cette pièce doit restera Liège,

mais au lieu d'être de Notger, on est actuellement d'ac-

<;ord pour admettre qu'elle appartient à l'évèque Raoul de

Zœhringen, 1167-1191.

R. Ch.

Notice sur trois jetons inédits du Genevois, par François Rablt, conservateur du Musée d'archéologie de la So- ciété d'histoire naturelle de Savoie. (Extrait des Bulle- tins de l'association florimontane d'Annecy). Séance du 5 janvier 18S5. ïn-8°, 7 pages et une planche.

Les trois jetons décrits dans cette notice appartiennent à deux princes de la branche cadette de la maison de Savoie, ou Savoic-Nemours, qui furent apanages du pays de Gene- vois en 1514. Ce pays, qui correspond à la province ac- tuelle de ce nom, fit retour à la branche aînée des ducs de Savoie, en 1659, par l'extinction de la branche cadette. Les i.\eu\ premiers jetons sont du comte Jacques de Savoie- i\€mours qui suivait les drapeaux de la France contre les

483

princes de sa propre famille, et se battit, en Flandre, contre son cousin le duc Emmanuel Philibert. Le troisième, qui porte la date de 1635, frappé par la Chambre des Comptes du Genevois, appartient à la régence de la duchesse Anne de Lorraine, veuve de Henri de Savoie-Nemours, et tutrice de son fils Louis. On remarquera combien ces trois jetons ressemblent, pour le style, le module et l'aspect, à nos jetons belges de la même époque.

R. Ch.

La Revue archéologique, qui, depuis quelque temps, ne s'était plus guère occupée de numismatique, contient dans le n" du 15 novembre dernier, une lettre de M.Victor Langlois à M. Frédéric Soret, sur une monnaie d'argent inédite de Léon II, roi de la petite Arménie. 2 pages in-S" et une vignette. La pièce qui fait le sujet de cette lettre est un blanc d'argent imité de ceux que frappaient les rois de Chypre. Elle fut trouvée par M. Camille Rollin, chez un bijoutier, à Marseille, au milieu d'une grande quantité de monnaies vénitiennes. La lettre de M. Langlois commence par une observation fort juste et que nous aimons à repro- duire toutes les fois que l'occasion s'en présente:

«< Malgré tous les efforts qu'un numismatiste apporte à « donner, avec le plus de soin possible, la description « complète des monnaies qui se rattachent à un peuple, ou « à une dynastie, il arrive toujours que tôt ou tard le livre <i qu'il a publié devient incomplet et oblige son auteur à « donner des suppléments indispensables qui forment la « base d'une nouvelle édition. »

R. Ch.

484

Nous avons fait graver, sous le n" 6 de la planche XIX, le dessin d'un petit denier ou obole au type lorrain, de la collection de notre collègue et ami M. Th. de Jonghe. Cette jolie petite pièce, qui, à ce que nous croyons, n'a pas encore été publiée, présente une grande analogie avec deux petites monnaies données par M. de Saulcy, dans son grand et bel ouvrage sur les monnaies de Lorraine, planche III, n"' 17 et 20, la première de Thibaut II (1303-1312) pesant 0.486 mill., la seconde de Ferri IV (1312-1328), 0.459. La pièce de M. de Jonghe, plus légère que les deux autres puisqu'elle ne pèse queO.4'20, est probablement et à cause de cela même, un peu plus récente. L'homme armé et tenant l'épée haute des deux pièces de Thibaut et de Ferri, est ici remplacé par une figure debout, vêtue d'une longue robe, tenant sur le poing gauche un oiseau perché et, de la main droite, un objet indéterminé, assez semblable à un fuseau. Cette figure représente-t-elle une femme ou un jeune prince encore adolescent? La légende D' F E. R. semble, au pre- mier abord, ne pouvoir se lire que Dux FEKrkus, mais en l'examinant avec plus d'attention, on se demande pourquoi le R. est séparé de F E par un point, ce qui semble indi- quer que celte lettre est l'initiale d'un mot. Remarquons aussi que Ferri ÏV était majeur quant il parvint au trône et que sa femme, Isabelle d'Autriche, n'exerça, d'après M. de Saulcy, la régence des États de Lorraine qu'après la mort de son mari. Ce ne pourrait donc pas être la figure de la régente entourée du nom du duc. Si l'on commence la lec- ture par le R. on peut y voir Raduîfus Dux (le jeune Raoul, fils de Ferri IV, sous la tutelle de sa mère, Isabelle d'Autriche 1329-1534 ); mais que dire alors des

485

lettres F E? Sera-ce Filius Elisabeth, ou bien, en ne fai- sant qu'une phrase des deux légendes FEcit MONETAw? On connprendra que sans nous arrêter à aucune de ces lectures, nous préférons considérer la pièce comme indé- terminée, en laissant à de mieux inspirés le soin de décider

la question.

R. Ch.

A l'Exposition universelle de Paris, une grande médaille d'honneur fut décernée à la Belgique pour la supériorité, la variété et l'importance de l'industrie dentellière. Les journaux nous ont appris que cette médaille avait été dé- posée dans les archives de la ville de Bruxelles. N'élait-il pas plus convenable de confier la conservation de cette pièce, propriété de la Belgique entière, au Cabinet Royal des mé- dailles, dépôt public et accessible à tout le monde, que de l'enterrer dans un tiroir poudreux du secrétariat communal. C'eût été, nous semble-l-il, respecter les droits des autres villes du pays l'on fait également de la dentelle. Bruxelles n'a déjà que trop, dans tout et toujours, la part

du lion à Yinstar de Paris.

F.

On assure que M. le docteur Grote,de Hanovre, a repris la publication, interrompue depuis 1841, de son Journal de Numismatique. Nous regrettons de n'avoir pu, jusqu'à présent, nous procurer le numéro paru de cet intéressant recueil que l'éditeur n'a envoyé à aucun libraire de Bel- gique. R. Ch.

486

Le 21 octobre dernier, est mort, à Madrid, le représen- tant de Sa Majesté le Roi de Suède, M. Gustave Daniel DE LoRiCHS , auteur d'un magnifique ouvrage sur les monnaies celtibériennes , dont le premier volume parut en 1852. Il est à craindre que la mort de l'auteur ne laisse incomplète cette importante publication.

R. Ch.

Notre collaborateur, M. le baron Cliaudruc de Cra- zannes, de l'Institut, vient d'être promu au grade d'officier de la Légion d'Honneur.

La pièce suivante, figurée à la planche XIX, fig. 5, est un méreau des vicaires de l'église paroissiale supprimée de Saint-Paul, à Nivelles.

Av. ^ ma^aiihVB -. VIG2îRI0RVm. Dans le champ GÇertrudis), sainte patrone de la ville de Nivelles.

Rev. ^ STîRanni : * : PKVLI : * : NlVeiiliS : Dans le champ P{aulus), patron de l'église susdite.

Ce méreau appartient à la collection de M. le capitaine

Vanden Abeele.

Ch. P.

Le tome XXII des Mémoires de la société des antiquai- res de France, qui vient de paraître, ne contient qu'un seul article concernant la numismatique. Cet article est

487

intitulé : Restitution à Jacques de Bourbon, roi de Naples, d'une pièce de billon, attribuée jusqu'ici à Jacques I", roi de Sicile; par M. V. Dlchalais , 1 \ pages et une vignette imprimée dans le texte. Cette petite monnaie de cuivre ou plutôt de billon noir, avait déjà été gravée par M. Lelewel (pi. XV, 31 de la Numismatique du moyen âge), qui l'avait attribuée à Jacques d'Aragon, roi de Sicile (1286-1296). Le style de la pièce et surtout la forme des lettres font croire à M. Duchalais que cette monnaie doit être du xv* siècle, et qu'elle a été frappée par Jacques de Bourbon, époux de la reine Jeanne de Naples, qui posséda le pouvoir royal pendant deux ans (1414-1416). Elle ne porte que ces mots : JACOBUS DEI GRA REX, sans dire de quel pays -, le revers n'est pas plus explicite, c'est : crux pellit omne crimen ; le type n'a rien de bien particulier. On voit donc que plus d'un Jacques pourrait, au besoin, la revendiquer.

Cette pièce se rencontre assez souvent en Belgique parmi nos petites monnaies noires, et nous sommes bien loin de Naples. Cependant nous n'en faisons pas positivement une objection à l'attribution de M. Duchalais, qui parait être, malgré cela, la plus probable,

R. Ch.

Le chaudron était, pendant le moyen âge, la peine ordi- naire infligée aux faux monnayeurs ; la marque, appliquée sur la joue, était prononcée contre ceux qui se rendaient coupables de falsification de monnaies. Un exemple d'une condamnation à cette dernière peine est consigné de la ma-

488

nière suivante dans le compte du mayeur de Loiivain, de la St- Jean-Baptiste, 1484-, à la Noël de la même année: Thierri, fils de Simon, de Hasselt, Otton, fils de Jean, et Henri, fils de Bartholomée, ces deux derniers de Deventer, furent exposés ici aux yeux du public sur un échafaud, pour avoir voulu tromper frauduleusement les bonnes gens des villes et des villages, au moyen de jetons de la monnaie française qu'ils avaient blanchis, et qu'ils émettaient ensuite comme pièces de trois sols. De manière que la ville avait des motifs suffisants pour procéder rigoureusement contre les coupables. Il fut en conséquence résolu par le seigneur et la ville que, pour servir d'exemple aux autres, les susdits Thierri et Henri seraient marqués d'un fer rouge sur la joue. Otton fut exempté de cette peine, parce qu'il ne s'était associé aux deux coupables que depuis quelques jours seulement. Tous les trois furent bannis à perpétuité et au son de la cloche, du pays de Brabant, sous peine de mort.

Ch. p.

Les documents concernant la numismatique du pays de Liège sont tellement rares et les dépôts d'archives en sont si peu fournis que l'on peut en quelque sorte regarder comme une bonne fortune la découverte d'un document semblable, fut-il même de peu d'importance. Nous avons vu, il y a quelques jours, dans une analyse des placards publiés dans les Pays-Bas par Charles V, une ordonnance du 1" décem- bre 1542 par laquelle il défend rigoureusement dans ses pays la circulation des monnaies frappées à Maestricht par

l'évèque de Liège.

Ch. p.

489

Notes sur Glillaume et Roland Blanstrain, graveurs de , sceaux, à Audenarde, au seizième siècle.

L'orfèvrerie à Audenarde n'eut jamais assez d'impor- tance pour être érigée en corps de métier spécial. Les orfè- vres, ordinairement peu nombreux, relevaient de la corpo- ration de Saint-Eloi, à laquelle appartenaient les serruriers, ferblantiers, maréchaux-ferrants, etc. Aussi, à l'exception de Guillaume et Roland Blanstrain, ceux qui exercèrent le métier d'orfèvre, à Audenarde, méritent-ils à peine d'être cités. Voici ce que nous avons pu recueillir sur ces deux concitoyens :

En 1524, Guillaume Blanstrain (') grave un sceau pour rhôpital Notre-Dame, à Audenarde.

En 1552, 1555 et 1554, il grave les armes de la ville sur un écusson d'argent offert aux Rhétoriciens de Tour- nai.

En 1544, il façonne deux plats en argent, ornés d'une image de sainte Walburge, en émail. Observons que c'est la seule confection en émail dont parlent les archives com- munales (').

En 1549, l'église Sainte-Walburge lui confie la gravure

(') L'étymologie probable de Blanstrain est Blancesterling , qui aura pris insensiblement les constructions de Blancterlinck, Blansterin, Blan- streyn, Blanstrain et Blanstrin ; nous adoptons Torlographe la plus usitée.

{') « Item bctaelt Willem Blanstrain die ghemaect heeft twee zclveren plattcelen... Item van den fautsoene van twee beelden van sente Wou- borgen ghemaylliert staende int middcn van elekcn plattcele... » [compfes de l'église Snintc- Walburge, Vàii.)

490

(les coins d'un méreaUj adopté pour le payement des chan- tres (').

En 1550, la même église lui confie la gravure des coins d'un second méreau {'). Un exemplaire endommagé de ce méreau est parvenu jusqu'à nous. En voici la description :

Av. L2ÎBOR2ÎTIS 1551. Au milieu d'une auréole,

le Sauveur du monde, portant la croix. A ses pieds, un calice recevant le sang qui jaillit de son côté gauche.

Rev. Écusson aux armes d'Audenarde, surmonté de la va- leur 12-d. Des deux côtés, des lunettes placées ver- ticalement (^).

En 1555, Guillaume Blanstrain grave un autre sceau pour rhôpital Notre-Dame.

Guillaume Blanstrain appartenait à une famille dont les ancêtres avaient exercé, de temps immémorial, le métier d'orfèvre, à Audenarde. En 1551, quand parut l'ordon- nance de Charles-Quint, qui restreignit si singulièrement

(1) AenWillem Blanstrain, goudtsmet,voor 't maken van eender voorme, om de loodekens te ghieten van den loven van den heleghen sacramente

ende onser vrauwen en die te graveren viij sch. par.

{Compte de l'église Sainte- Walburge, 1 349.)

0 Item betaelt Willem Blanstrain, goudsmet, voor de metalen voorme, daer inné ghegoten werden de iooden dieuende tôt betalinghe van de zanghers, als zy de hooghmesse code vesperen in musycke doende zyn, ghegraveert up d' cen zyde mitten figuere van Salvalor, endc dander,

milten wapene van Audcnaerde daen vooren xxxvj sch. par.

(Idem. 1330).

(') Voy. la Revue de la numistnalique belge, l. I, scric.

4!)1

la position des orfèvres dans les petites villes ('), Blanstrain «ndressa à l'empereur une requête, dans laquelle il expose, en termes amers, le préjudice apporté à ses intérêts. Seul orfèvre à Audenarde, il se trouvait obligé, pour soumettre ses travaux à l'inspection des doyens et jurés des grands centres de population, de faire des déplacements continuels.

Nous ignorons le résultat de cette requête. Toutefois, il continua à résider à Audenarde, puisque nous le trouvons cité jusqu'en 1592, dans les registres communaux.

On peut lui attribuer le beau scel des échevins et bour- geois d'Audenarde, qui offre des points d'identité frappants avec le méreau de Sainte- Walburge. Il représente, au mi- lieu, les armes d'Audenarde ; des deux côtés, un dragon ailé ; au-dessus , deux petits lions. Sa légende porte : »i< S' SCABINOR' ET BVRGENS' ALDENARD'. Le contre-scel représente un chardon avec la légende : >j< CLA- VIS : SIGILLI DE : ALDENARDO.

Roland Blanstrain, son fils, grava, en 15S6, un beau sceau de sept centimètres de module, représentant les armes de la ville et châtellenie d'Audenarde, avec la légende : »î< SIGILLV^ OBLIGATORIVM^ CIVITATIS ET CAS- TELLANIEc/2 ALDENARD C).

(') Ordonnancier statut etide edict op 'l faict ende handbachi van den goudsmeden, ghegheven te Bruesscl, den derthienstcn dach van april, lut jaer M. CCCC. LI. art. X et XI.

(') Betaeit Roeland Blandstrain voor 'd macken van cenen zcghele mct- len wapene van der stede ende van der casseiryc, omme de rente brie- ven te zeghelen, daer mede zy hemlieden belast hebben tôt aflossinghe van den obligatien voor dem«. ghegheven de somme van . . xvj lib. par. (Comptes de la ville. 1S6S).

492

On peut lui attribuer la gravure des coins de nos mon- naies obsidionales. La conformité d'exécution de ces mon- naies fictives avec le sceau précité dissipe tout doute à cet égard. Ajoutons qu'il serait invraisemblable de conjecturer qu'au milieu des horreurs d'un long siège, les autorités civiles et militaires aient pu s'adresser à un graveur d'une ville voisine, alors que la place d'Audenarde, investie de tous côtés, n'offrait à l'assiégé aucune voie de communica- tion avec le dehors. N'avaient-ils pas, d'ailleurs, à la main, un artiste habile dans son art et inspirant une entière con- fiance (')?

Une réflexion qu'on ne peut s'empêcher de faire en exa- minant les monuments sigillaires d'Audenarde à la seconde moitié du xvi" siècle, c'est que, sur aucun de ces monu- ments, l'emblème caractéristique moderne des armes d'Au- denarde, les lunettes, ne figure ni à titre d'ornements de fantaisie, ni comme partie intégrante du blason de la ville. S'ensuit-il que la légende populaire, qui en assigna l'origine à Charles-Quint, ait un fond véridique? Nous n'oserions l'aflîrmer. Cependant, nous regardons comme fort ingé- nieuse l'explication que M. Vanduyse donne sur cette ori- gine, dans une note ajoutée à son beau dithyrambe sur l'hôtel de ville d'Audenarde (').

Roland Blanstrain laissa un fils, nommé Roland, qui, après avoir exercé pendant quelques années le métier de son père, mourut dans un âge peu avancé. Il était le principal, sinon l'unique orfèvre d'Audenarde, et figura fréquemment

(') Voij. la Revue précitée.

(') Nedcrduilsch Jaerbockjc, année 1855.

493

dans les archives communales à titre de priseur-juré des objets d'or et d'argent vendus à l'enchère.

Voici quelques noms d'orfèvres audenardais, mentionnés avant Guillaume et Roland Blanstrain : Jean de Meulebroke (1407), Gérard de Valkenaere (1413), Jean de Willeheke (1441-1486), Jean T'Santelen (1453), Martin Vrancke (1459-1478), Jacob Dreed(1468), Pierre l'Orfèvre, proba- blement Pierre Van Campen(1472-1518), Jean Blanstrain, père de Guillaume (1499-1520), Guillaume Vrancke (1501-1525), et Jean Cucrs (1531).

L'importance relative des travaux assignés à Guillaume et Roland Blanstrain est pour nous la meilleure preuve de leur mérite. Après eux, nous ne voyons apparaître qu'un seul orfèvre, Machaire de Gimberchie, attaché au greffe communal et graveur d'un sceau à l'usage des chefs-tuteurs d'Audenarde, et de quatre cachets pour une nouvelle ma- nufacture en laine (1 698-1 699) (■)•

Passé cette date, la gravure sur métal déclina rapide- ment. On peut lire, dans le registre aux offices (»), une requête de la corporation de Saint-Luc, adressée à la magis- trature, à l'effet d'obtenir l'autorisation d'ériger un cours

(•) Ilem betaeit aen Maciiarius de Gimberchie, silvcrsmet, de somme van sestich patacons voor bel raaeken ende graveren van cen cachet voor d'beeren oppervoogden deser slede, met de leverynghe van het silver, par ordie van den xvi"> 71>re i 698, ende acquit xxxiij lib. par.

Item betaeit aen Macharius de Gimberchie, silversmet, vier en Iwintich ponden parasyse, over het maecken ende leveringhe van viergliesmcden cachettcn, ten dienste van de erectie van de nieuwe maniifaclut't;, par ordonnanlie van den achsten meye 1699, ende acquite. . xxiiij lib. par.

{Comptes delà ville. 1G98-1699.)

(*) Officie -houch, fol. 15î) et suiv.

494

de dessin pour la gravure des pièces d'orfèvrerie, par suite de la nécessité les orfèvres audeiiardais se trouvaient de recourir à leurs confrères des autres villes. Le résultat de cette requête nous est inconnu.

Edmond Vanderstraeten.

M. Léonard Charles Wyon, graveur de la monnaie de S. M. Britannique, vient de publier, à l'honneur de M. Ri- chard Sainthill, numismate, une médaille d'une exécution remarquable. A l'avers est gravé le profil de M. Sainthill, supérieurement bien modelé, avec la légende: RICHARD. SALXTHILL. OF. TOPSHAM. DEVONSHIRE. NUMIS- MATIST. BORN. JAN. 28. 1787. —Au revers l'artiste a fait preuve d'imagination , en y plaçant un groupe d'une composition à la fois simple et gracieuse, comme l'exige le style tout particulier des médailles. Une femme (la Numis- matique), conduit une autre femme (\c l'emps présent), près d'un vieillard (le Passé) , assis impassible derrière un voile que la numismatique relève. Cet idée ingénieuse est expliquée par la légende : IRRADIATING THE PRE- SENT. RESTORING THE PASTj à l'exergue : NUMIS- MATA

Ch. P.

495

EXTRAITS SOMMAIRES DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ DE LA NUMISMATIQUE BELGE.

SÉANCE DU 6 MAI 1855, A ANVERS,

Sur la proposition de M. le président une modification est portée à la décision prise dans la séance du 7 juil- let 1850 : à l'avenir, les collaborateurs de la Revue, qui le demanderont, auront droit à 50 exemplaires tirés à part de leurs articles.

Communications scientifiques .

M. Chalon communique : un jeton de cuivre de la famille Bucelli, appartenant à la fin du xiv" siècle; une pièce de 125' réaux frappée, en 1610, par Philippe IV, roi d'Espagne. Cette pièce, d'une grande rareté, est d'une conservation remarquable.

M. Cuypers communique : un méreau du réfectoire de la cathédrale de Tournai du xv* siècle ; un demi-pa- tagon de Lambert de Duras, frappé dans la seigneurie des Hayons.

M. le comte M. de Robiano communique : une mon- naie de Philippe IV, frappée à Bruxelles j un méreau de cuivre, portant à l'avers un âne et au revers S; un jeton d'Anvers de 1557, marqué d'une contre-marque et du millé- sime 1561j -i" un piedfort du liard de Jean de Bavière, élu évêque de Liège; un florin d'or, frappé au nom de l'em-

496

pereur Ferdinand III à Kampen, en 1655; 6" un louis d'or de Louis XHI, roi de France, portant pour marque moné- taire une main et le millésime 1637; une subdivision de l'écu aux trois couronnes de Louis XIV, portant la même marque et le millésime 1710; une médaille religieuse d'argent empreinte, à l'avers, d'un buste d'Ecce Homo, et à la légende : Jhesus nazarenus, rex Judeorum. Au revers un écusson à trois fers de lance, timbré d'un casque cou- ronné d'épines et soutenu par deux anges ; au-dessus les emblèmes de la passion ; légende : laus Deo omnipotenti ! Ces fers sont, selon l'opinion de M. de Robiano, les armoi- ries de la famille Pyl ; un demi-gros frappé à Wessem par Guillaume de Hornes; 10° un autre gros au portail, de billon, frappé au nom d'un sire de Hornes, et portant moneta meraud; 1 un autre gros au portail, également de billon ; aux légendes : moneta meraud et cornes Flan- drie ; 12° l'empreinte d'un sceau d'une association établie à Francfort, et qui remonte à l'époque de l'émigration belge, en 1577. M. de Robiano promet, sur cette asso-; ciation, une notice qui sera insérée dans la Revue.

M. Justen communique une décoration d'argent relative à la révolution brabançonne de 1789; elle représente la liberté et le lion belgique. A cette occasion il exhibe plu- sieurs boutons historiés de la même époque.

Personne n'ayant plus demandé la parole, la séance est levée.

Le Secrétaire, Le Président,

(ai. Piot. R. Chalon.

497

SÉANCE DU 8 JUILLET 1855.

La rédaction des procès-verbaux des séances du 2 juil- let 1854 et du 6 mai 1855 est approuvée.

M. le Trésorier fait son rapport sur la situation finan- cière de la Société.

Ce rapport sera imprimé et envoyé aux membres de la Société.

La cotisation est fixée à l'unanimité à 15 francs pour l'année sociale de 1855 à 1856.

Vu les valeurs de l'avoir social, dont les membres nou- veaux prennent leur part de propriété, M. le Président pro- pose de faire payer, à l'avenir, un droit d'entrée plus élevé que celui actuellement perçu.

Cette proposition, combattue par M. Payen, est adoptée.

Le droit d'entrée sera à l'avenir de 50 francs.

Sont élus : Président, M. Chalonj

Vice-Président, M. de Jonghej Secrétaire, M. Piot; Contrôleur, M. Goddons; Trésorier, M. Pinchart.

La commission de la rédaction de la Revue est main- tenue par acclamation.

M. Chalon présente comme candidats pour les places éventuellement vacantes de membres effectifs :

SÉRIE. Tome v. 32

498

MM. Ulysse Capitaine, secrétaire de l'Institut archéolo- gique liégeois, à Liège. Le docteur Dugniolle, à Bruxelles.

La candidature de M. Dugniolle est appuyée par M. de Jonghe, Justen, Van Miert et Piot.

Le Secrétaire, Le Président,

Ch. Piot. R. Chalon.

TABLE DES MATIÈRES.

mÉlMOIRES.

Pas. Nouvelles considérations sur les monnaies restituées ù Cliarlema-

gne; par M. de Coster 1

Notice sur plusieurs monnaies cpiscopales inédites, de Langres ;

par M. Ph. Salmon 22

Un gros de Thibaut de Bar, évêque de Liège, frappé à Thuin ; par

M. R. Chalon 51

Notice sur les monnaies noires de Heusden, Born, Limbrecht, Bra-

bant, Hainaut et Malines ; par M. Ch. Piot S6

De la monnaie de Tournai de l-iOS à 1578, à propos d'une couronne

d'or de Cbarles-Quint ; par M. Ch. CocHETKL'x , 61

Liste des monnaies francom toises; par M. L. Plamet 87

Biographie du graveur belge Thomas Van Gheer; par M. Alexandre

PiNCBART 104

Numismatique de la Gaule Aquitaine ; par M. le baron Chaudrdc de

Crazannes 143

Médaille attribuée à Victorius Junior. Explication des lettres

NEPx; sur quelques pièces de Maurice Tibère, de Focas et de

Leontia ; par M. Penon 158

Notice sur deux monnaies mérovingiennes inédites de Troyes ; par

M. Ph. Salmon 163

Un denier inédit de Thibaut de Bar, évêque de Liège (1303-1312) j

par M. M 170

Fragment de numismatique sénonaise; par M. Ph. Salmon 175

Notice sur les monnaies noires de Flandre, Malines, Namur, Luxem- bourg et Megen j par M. Ch. Piot j9N

Du marquis de Surville et des monnaies obsidiouales frappées à

Tournai, en 1700; par M. Ch. Cocheteux 222

500

Biographie du graveur belge Adrien Walerloos ; par M. Alexandre

PlNCHART 250

Une médaille d'or d'Amynlas ; par M. Metnaerts 321

Notice sur une médaille gauloise ; par le même 325

Inscription gallo-romaine citée comme témoignage historique; par

M. le baron Chaddruc de Cbazannes 327

Description de quelques médailles bysantines ; par BI. C. Penon . . 351

Monnaies du comté de St-Pol ; par M. Alex. Hermand 541

Jeanne de Wesemael et Jeanne de Merwede; par M. R. Chalon . . 347 Notice sur des monnaies noires du pays de Liège et du comté de

Hollande; par M. Cn. Piot 532

Un jeton tournaisien ; par M. R. Chalon 363

Biographie des graveurs belges : Jean de Tournai , Liévin Van

Laethem, Rombaut de Rasières ; par M. Alexandre Pinchart. . . 368

Description de quelques médailles bysantines ; par M. C. Penon . . 401 Nouvelles recherches sur l'abbaye de Heri-Botesheim ; par M. de

GOSTEB ^13

Un estcriing frappé à Arleux par Jean de Flandre ; par M. Ch. Piot. 423

Notice sur les monnaies de la seigneurie de Rummen j par le même. 428

Le baron de Blanche et sa monnaie de Scbônau ; par M. R. Cualon. 442 Conjectures au sujet d'un denier muet de la trouvaille de Maes-

tricht. Lettre à M. Meyers, major du génie ; par M. Ch. Piot. 449 Monnaies de métal prétenduement produit par les procédés occultes

de l'alchimie; par M. R. Chalon 454

Biographie des graveurs belges : Gaspar de Backerc , Lucas Van

Zcvenbergen, Corneille de Boni; par M. Alexandre Pinchart. . 4GI

ACTES OFFICIELS.

Législation monétaire de la Belgique de 1850 à 18bS 282

CORRESPOIKDAiyCE.

Exilait d'une Icttie adressée à M. Piot par M. Tomscn 2!>7

Lettre de 31. le baron Chaudruc de Crazanncs au sujet des monnaies obsidionalcs de Tournai, dites de M. de Survillc 384

501

mELANGES.

Album de Joachim Lelewel. Recherches sur la numismatique judaïque; par M. F. de Saulcy. Mémoire sur les monnaies des pays voisins du Léman ; par M. filanchet. Société archéologique de Sens. Petit denier communiqué par M. H. Castcrman. Jeton frappé à Tournai. Variété nouvelle du florin d'or de François de Bourbon, prince de Château-Renaud. Quinaires romains publiés par M. de Coster; opinion de M. le baron J. de Witte sur leur authenticité. Les monnaies du comté de Bour- gogne ; prospectus de MM. Plantet et Jeannez. M. Jacques Wiener chargé d'exécuter les médailles de l'exposition de Paris.

Pièces trouvées à Courtrai, à Haerlebeke et à Wacreghem . . 115 Annuaire de l'université de Gand. Numismatique de l'Arménie;

par M. V. Langlois. Revues et Sociétés savantes; articles con- cernant la numismatique. M. Louis Jchotle. Médaille à la mémoire du baron de Stassart. Monnaies de Jean de Poitiers.

Médaille de plomb de Notre-Dame de Bois-Ie-Duc. Jeton du xive siècle. Médaille inédite d'Anne Charlotte de Lorraine. M. Deys, de Bruges, vend ses collections. Courte réponse à M. A. de B. M. Guioth et son Histoire numismatique du royaume de Belgique. Demi-patagon de Lambert de Duras, sei- gneur-souverain des Hayons Un grand médaillon de Charles- Quint . .101

Notizie peregrine di Numismatica. Explication des abréviations, chiffres, etc., qui se trouvent sur les monnaies. Notice, en grec moderne, sur six médailles d'or de Philippi. M. Hermand et les méreaux. Articles concernant la numismatique, dans les IfJé- moires de la Société d'histoire de Genève. Ouvrages nouveaux sur les monnaies 388

Mémoires de la Société archéologique de Luxembourg. De prisca re monetaria Norv(giae scripsit C. A. Hoimboe. Jetons inédits du Genevois , par M. Rabut. Revue archéologique : Monnaie inédite d'Arménie. Petit denier lorrain. La médaille d'hon- neur décernée à l'industrie des dentelles. M. le docteur Grotc.

Mort de M. de Lorichs. M. le baron Cliaudruc de Crazannci*

502

o/ïicicr de la Légion d'ho nneur. Un méreau nivellois. Petite monnaie de cuivre attribuée à Jacques de Bourbon par M. Dueha- lais. Supplices infligés aux faux monnayeurs. Placard de 15^2. Guillaume et Roland Blanstrain, graveurs à Audenarde. Médaille à l'honneur de sir Richard Sainthill, numismate. . . 477

Nécrologie : Notice sur M. le docteur Rigollot; par M. J. Gainier. 151

Procès-verbaux des séances de la Société de la numismatique belge :

Séance du 6 mai ISa.ï 493

du 8 juillet 185-J 497

Société numismatique : Ouvrages reçus 142, 520, 400

TABLE DES PLANCHES ET DES FIGURES,

AVEC RENVOI AUX PAGES ELLES SONT EXPLIQUJÊES.

■ODO^^*—

r

Planche I.

Numéros Namérot

des des

figures. pages.

1,2 15

5,4,5 19

6 20

7 16

Planche H.

1 27

2 28

3.... 30

i U

n,6,7 122

Planche III.

1,2,3 i7

i> 50

5 SI

6 53

7, 8 S2

9 83

10 U

11,12 53

13 U

U 52

15 U

16 52

17 53

18,19,20 55

21 57

22 55

23,2-t 56

25 57

26, 27 58

28,29,50 59

51 60

52,33 58

M 59

Planche IV.

Numéros Numéros

des des

figures. pages.

1 68

2 78

3 86

Planche V.

Ià5 167

6 172

7 313

Planche VI.

1 160

2 161

3 166

i 167

5 319

6 313

7 298

Planche VII.

1 174

2,3 182

i 183

5 184

6 185

7,8 189

9 190

10,11 193

12 195

13 196

Planche VIII.

1 200

2,3,4 199

5,6,7 201

8 200

9 199

Planche VIII.

Numéros Numéros

des des

figures. pages.

10 203

11,12,15,14. 202

15 205

16,17 204

18 205

19,20 204

21 215

22... 215

25,24,25.... 214

26,27 216

28 215

29 216

50, 51,52.... 217

55 218

54,35 215

56 221

57 217

58,59,40,... 218

Planche IX. 1 514

Planche X. 1 519

Planche XI.

1,2 237

5,4 238

5 241

Planche XII.

6 241

7 à 10 245

Planche XIII.

1 525

2 348

504

Planche XIH.

Numéros Numéros

des des

figures. pages.

3 UQ

i 351

S 367

Planche XIV.

1,2 332

3, 333

5 334

Planche XV.

6 33-£

7 333

8, 9 336

iO 337

il, 12 340

Planche XVI.

1,2 3b6

3 3S3

4 333

f), 6 ZU

7,8,9 333

10 336

11,12,13.... 562

Planche XVI.

Numéros Numéros

des des

figures. pages.

U 357

13 338

16,17 339

18,19,20,21. 360

22,23 337

24, 23, 26 ... . 338

27,28,29.... 339

30,31 561

32 339

33,34 361,

Pl, XVII ET XVIII.

1,2 402

3,4 403

S ^4

6 403

7 406

8 407

9 408

10 409

11,12 411

Planche XIX.

1 433

2 449

Planche XIX.

Numéros Numéro»

des des

figures. pages.

3 mt

4 423

5 486

6 484

Planche XX.

1,2 431

3,4 433

3 432

6 433

7 432

8,9 436

10 453

12 434

13,14 433

13 436

16 439

17 436

18 à 22 437

23 à 23 438

26 439

27 438

28 à 31 439

52,33 458

54 à 37 440

•e^^^L^éH^C*^-

B.EWE DE LA Î7UKTSMATIQI]E BELGE . 1855.

PL.I.

u. Yh'TL^ôt'n^Kt^/rrf . O^-A^,

BEVUE DE LA NITMISMA-TIQUE BELGE. 1855.

ÎL.H.

i-.-/».i<^x,e^'^. /rW^,

UE BELGE

PL Ilî

BEVUE DE LA NUMISMATIQUE BELGE. 1855

PL . IV.

U ^ft^^'i'^^^^&^'i^cceâe,/?. <jC&^.

I

BEVUE DE LA NUMISMATIQUE BELG-E.18 55^

PL.V.

iV ya^ti^^u^a^f fp. ((^f

REWE DE LA NUMISMATIQUE BELGE. 1865.

PL .VI.

f>r yduTifJ^Tteùxs/'ef^. -x^^.

REVUE DE LA NUMISMATIQUE BELGE. 1855.

PL. VU.

«5^ ^^-«WKZ*t</«^ a^. .

REVUE]

!E BELGE

PL vm.

EEVUE DE LA NDMSMATIQÏÏE BEL&E.ieSB.

PL.IX.

y b a^u^^t.cùt^'Urt,, e^ù

BEVUE DE LANDMISMA.TIQTJE BELGE. 1855.

PL.Z.

^. ^,'naCe'rtaCa..ê^^. JF.

I

RWIE DE LA NUMISMATIQIŒ.BFJ.GE 1854

PLJ7.

(r. C.

ToriBjMAl - OBSIDIUNALES DE 1709

RE VI

k tfiBîiSI4AïïplIE BELGE . 1854 ,

J?J7/.

G.t'.

P.C.

P.C.

P.C.

P. C.

:rFj:.\l - OBSIDIONAIiES DE 1709

EEVUE DE LA Nin^SI^TIQÏÏE BELGE. 1855.

PL.:xin.

EIG.FR.IEOK

PB.DX BETBIDÏÎE,

■DES ANÎ.SOCV.D Aïi'lM

D'HESDIGNEUl.t'^'^DE K'OYEl

v:'deîiiex.b"j)E boitsbec.

€h.de s.-a.ic ".''de c a^'. c h?'

BE l'A"B''.S^.STAFlJSX.XIOiy B'ET ANC. NOB^^ 'MEMB.IE .S e\ ^^DE E-^'ET AR'. de L 'aC AB^

b'abbas.&c-

Ï78i-

' i/3m<j^**uj6A«^*^ . ^^^.

EEVUE DE LA NUMISMATIQUE BELGE. 1856.

PL. XIV.

t'. yh-n cCê'/± oéa^e^fT-. oC€^

KEVDE DE LA NUMISMATIQUE BELGE. 1855.

PL XV.

\'

ÇfWL| -i

|^,\ , -— :: '■

^<^.^tcùxeé€^ , oC^^.

EfelVUËJ

^UE£i:i,G't

2L. X-V

REVUE DE LA NUMISMATIQUE BELGE. 1855. PL.XViï.

S'.i^n£^0'n4^:^a.e^fo^t^. cf^.

REVUE DE LA MtMSMATIQUE BELGE. 1855. PLJOTII.

M.

S.

<j7 / l^taÛÊ^taix.^t^t' . ai^.

/

REVUE DE LA NUMISMATIQUE BELGE. 1855. PL.XK,

^■i''a'n€^ft^^c^^e'rE^. i?ïi^^.

BEVUE DE

REVUE

NUMISMATIQUE BELGE.

IMP. DEMM. DEVROTE.

I

REVUE

NUMISMATIQUE

BELGE,

PUBLIÉE SOUS LES AUSPICES DE LA SOCIÉTÉ NUMISMATIQUE , PAR MM. R. CHALON, L. DE COSTER ET CH. PIOT.

V SÉRIE. TOME VI.

BRUXELLES,

LIBRAIRIE POLYTECHNIQUE D'AUG. DECQ,

9, RUE DE LA MADELEINE. 1856

I

I

REVUE

NUMISMATIQUE BELGE.

LETTRE

A M. L'ACADÉMICIEN DE DORN,

directeur do mnsée asiatiqne do l'Académie imp'^riaie à Saiat-Pétersbouf!^.

TROISIEME LETTRE

MÉIIAILLES ORIENTALES INÉDITES DE LA COLLECTION DE M. F. SORET.

Monsieur,

A l'époque j'eus l'iionneur d'adresser ma première lettre sur les médailles inédites de ma collection à l'illus- tre orientaliste notre commun ami, vous aviez été appelé à le soulager dans une partie importante de ses fonctions aca- démiques, en le remplaçant dans la direction du beau musée dont vous avez retracé l'histoire (•), et dont les immortels travaux de Fraehn ont révélé toute la valeur. Appelé à cette

(') DoRN. Dns Asiatischc Muséum der kaiscrlichen Académie der Wis- sensc/iaflen. St-Pctersbourg, 1846.

2* SKRIE. Toun V!. 1

importante tâche par le vœu même de votre prédécesseur, comme le plus capable de la remplir, vous avez suivi son exemple jusque dans cette bienveillance qui le caractérisait et qui ne lui faisait jamais craindre de perdre un temps utile, pour venir en aide à tous ceux qui recouraient au secours de ses lumières ; j'en ai fait moi-même la précieuse expérience, et je suis heureux d'avoir aujourd'hui l'occasion de vous exprimer toute la reconnaissance que j'éprouve pour l'accueil que j'ai reçu de vous pendant mon séjour à Saint- Pétersbourg, comme pour toutes les facilités que vous m'avez si libéralement offertes, soit en vue d'étudier les tré sors des collections confiées à vos soins, soit pour consulter et pour copier les manuscrits de Fraehn. A cette époque ils n'appartenaient point encore au domaine de la publicité, mais aujourd'hui, grâce à vous, monsieur, la partie la plus importante de ces travaux a paru, et la suite ne tardera pas à être publiée ('). Les anus de la numismatique orientale voient ainsi se réaliser un souhait que j'ai plus d'une fois exprimé pour mon propre compte ; si j'avais pu m'attendre à le voir si promptement accompli, je n'aurais point sur- chargé ma précédente lettre à M. Sawelief de descriptions empruntées au supplément de Fraehn, en faisant une espèce de monographie de la monnaie des khans de Kharesm. Votre publication simplifie la tâche qui me reste à remplir, et si le nombre des monnaies orientales que je pouvais considérer comme étant encore inédites se trouve quelque peu réduit, en revanche, la science y gagne des données plus certaines,

(') Cn. M. Fbakhni, Nova supplementa ad recensionem, etc. Edidit JBcnih. Doin. Pctropoli MDCCCLV.

3

s'appiiyaiil sur de telles aulorilés; permettez-moi de placer sous I égide de votre nom la publication de cette espèce d'inventaire numismatique dont vous avez accueilli le com- mencement avec indulgence ; cet hommage vous revient de droit ; si je regrette quelque chose , c'est de ne pouvoir le rendre plus digne de vous cire présenté.

Des circonstances tout à fait exceptionnelles ont aug- menté depuis peu ma collection dans une proportion telle que je me vois conduit à avancer l'époque de cette publica- tion : le court espace d'une année a suffi pour me mettre en possession de plus de 400 pièces koufiques dont le tiers au moins se compose d'inédits, parmi lesquels se trouvent plusieurs monnaies d'une haute importance historique: la suite assez nombreuse de dirhems boulagouides que je me propose de décrire, a été rapportée des Échelles par un armateur de Marseille; mais c'est surtout l'acquisition d'un bloc de monnaies trouvées aux environs d'Alep qui a offert à mon observation le plus grand nombre de raretés dans les classes les plus intéressantes; les Abbassides, les Bouweides, les Hamadanides, etc. Mes excellents amis et correspon- dants MM. de Lagoy, de Saulcy, Penon, Langlois, Cha- lande, de Koehn, de Reichel, Scott, etc., ont contribué pour leur part à grossir mon trésor ; je saisis avec empresse- ment cette occasion nouvelle de leur exprimer toute ma reconnaissance pour la libéralité avec laquelle ils encoura- gent mes travaux.

Conformément à ce que j'ai déjà fait dans ma lettre à M, Sawelief, je donnerai d'abord la liste supplémentaire des dvnasties nouvellement entrées dans la série.

N" 10 bis. Ghouride de lîamian ?

2G bis. Atabek Ildcgliis.

1)9 ter. Modliaffcride.

6G 6/5. Kiljidc de Dclili.

68 bis. Lodilc de Delili.

09 bis. Schamiride de Kasclimir.

7:2 bis. Roi de Macassar (').

73 bis. Rajah de Cananorc.

89 6/.S. Roi des Maldives.

104 bis. Princes indiens du Caboul.

iOfi bis. Indiens de Ceylan.

107 bis. Indiens de Kasclimir.

107 ter. Rajah de Rangpour.

Avant d'aller plus loin, je dois faire observer que, par une assez grave inadvcrlance, j'ai, conlrairemenlà l'exemple donné par MM. de Fraehn, Tornberg, etc., fait autant de elasses distinctes qu'il y a de dynasties, tandis que ce mol de classe a été adopté et doit toujours l'être pour la réunion de certains groupes naturels comprenant des dynasties rapprochées les unes des autres, soit par des liens étroils de parenté, soit par leur succession immédiate dans les mômes contrées, sans apporter de modification profonde à leur constilution politique ; c'est ainsi, par exemple, que les cinq ou six dynasties qui se sont succédé en Perse après l'établissement des Sefides appartiennent à la même classe,

0 J'ai décrit dans ma Icltro à Fraehn, sous le n" 193, une petite mon- naie d'or que je soupçonnais appartenir à cette dynastie ; depuis lors, M. le professeur Millics, qui se prépare à publier une monographie de monnaies des 1 ois de Macassar, a eu l'obligeance de me faire savoir que ses recherches conlimicnl cette supposition.

a

el qu'il faut aussi faire des groupes spéciaux des Selgiou- kidcs ou des Ayouhiles, etc. Pour remédier aulant qu'il est en moi à l'inconvénient dans lequel je suis loujbc, je crois utile de donner ici un nouveau relevé de toutes les dynasties dont ma collection possède quelque représentant, en les classant, autant que possible, dans l'ordre des chiffres adoptés par Fraehn.

TABLEAU DES CLASSES ET DYNASTIES

DAPRÉS LE SYSTÈME DE FRAEim.

CLASSE.

DTNASTIE.

I.

1.

Khalifes Omméïades.

H.

2.

Khalifes Abhassides.

App. I. Fels incertains, à ligures, à noms de villes et de gouver- neurs.

App. II. Gouverneurs de la Per- side, du Tabcristan. Ispchcds, tribu d'Éfrasiab.

5.

(Tobatabaïdc doFrachn), Alidc de l'Éraquc.

4.

Émirs el Omera.

li.

(Scidide (lu Tabcristan de Fraehn), Alide du Tabcristan.

m.

6.

Idrisside d'Afrique.

7.

Aglebide d'Afrique.

8.

de Sicile.

y.

Ikschide.

40.

Toulounidc.

I bis.

11.

Khalifes Ommcïadcs d'Espagne.

12.

Hamoudite.

f)

CLASSl

3. DYNASTIE.

45. Amiride de Valence.

14. Rois de Badajoz.

15. Rois de Ceuta.

16. Abbadide.

47. Rois de Tortose.

48. Rois de Dénia.

19. Houdide de Sarragossc.

20. Zoulnounidc.

24. Prince indépendant à Murcic.

22. Nasride de Grenade.

App. Incertaines.

IV.

25. Krnirs tahirides.

'

V.

24. Soffaride.

VI.

25. Émirs sanianides.

20. Bouighare du Wolga et imitations

vu.

27. Émirs du Turkestan, Ilecks.

28. Benou Schamle ?

VIII.

20. Ghaznewide.

50. Ghouride de Baniian?

IX.

51. Sultans de Kharesm.

X.

52. Bouweïdes de Perse. 55. de Bagdad.

54. de l'Éraque.

55. Sijaride.

(X)A.C)

XI.

56. Ilamdanide

(XI).

XII.

57. Okaïlide de Mossoul.

(') Fraehn, pour ne pas changer les chiffres de ses classes, a raccorde les dynasties nouvelles qui se trouvent décrites dans son supplément aux classes primitives, en se contentant de les distinguer par des lettres majuscules; je n'ai pas cru devoir imiter cet exemple; les chiffres en parenthèse, sont ceux du '-iippléincnf.

7

CLASSE

.

DTMASTZB.

38.

Okaïlide de Nccibin.

(XI)A.

Xlll.

39.

Merwanide.

(XII).

XIV.

40.

Sultans selgioukides du Khorasan

44.

de l'Asie mineure.

42.

Ssaroukhanide.

43.

Mirdasidc ?

(XIII).

XV.

44.

Ortokidc de Maredin.

45.

de Keifa.

(XIV).

XVI.

46.

Alabeks d'Éraque.

47.

Loulou de Mossoul.

48.

Alabeks d'Alep.

49.

-r- du Sendjar.

50.

du Djesireli.

51.

Atabek Ildeshis.

52. Bouktiginidc d'Arbel.

53. Gouverneurs anonymes d'Arbel.

54. Schaharmenidc. (XIV)A. XVII. 55. Fatimidc.

App. verres. 56. Siride. (XIV)A. XVIII. 57. Morabide. (XIV)B. 58. El-Moliade.

59. Merinide.

60. Bcnou Ziyan.

61. Haffs.

(XV). XIX. 62. Ayoubide d'Égyple et Syrie.

63. de Ilama.

64. d'Alep.

65. de Damas.

66. de Mciafarekin. (XVI). XX. 67. Mamelouks baharilcs.

8 ~

(XVII).

XXI.

68. 69.

(XVII). (XVIII).

(XIX).

(XX).

(XXI).

(XVII).

(XXIII).

(XXIV).

70. 71. 72. 75. XXII. 74.

XXIII. 7;). 76.

XXIV. 77. XXV. 78.

XXVI. 79. XXVII. 80.

81. XXVIII. 82.

85.

84.

85. XXIX. 86.

87.

88.

89.

90.

91.

92.

95.

94.

93.

96.

(XXIV) A. XXX.

DYNASTIE.

Mamelouks circassiens.

Sultans du Patan. Dynastie sa-

mide. Sultans Eibckides.

Kiljidcs.

Togluckschahidcs.

Loti i tes. Modhaffcride. Houlagouido. Toghalimouridc Djelaïride. Djoudjidc. Khans de Crimée. Djinguiskhanidc. Timouride. Schcibanide de Bokhara.

du Khokand.

de Khiwa. Manguite. Babcride.

Sultans de Mysore.

Roi d'Aude.

Schamiride de Kasclunir.

Roi de Djaiij»our.

Koblschaliidc.

Sultans d'Atchen.

Cananorc.

Macassar.

Roi de Raogpour.

Roi des îles Maldives.

Indiens non Malioni('tJUis.

9

CLASSE.

DYNASTIE.

97.

Anciens princes du Kaschmir.

98.

de Ceylan.

99.

du Caboul.

100.

Rajahs d'Asam.

401.

de Tipi)crah.

\

402.

du Népal. Append. incertaines des Grandes Indes.

(XXV) A.

XXXI.

405.

Kara Koyounli.

B.

404.

Ak Koyounli.

C.

405.

Chirwan-Schah.

(XXV).

XXXII.

Schalis de Perse.

406.

Sefide.

107.

Efchacide.

408.

Efcliaro Sefide.

409.

Afghanide.

4 40.

Zendide.

444.

Kadjaride.

(XXV) A.

XXXIII.

Khans du Caucase.

442.

de Derbend.

443.

du Chirwan.

444.

de Chcki.

i\n.

du Karabagh.

(XXVI).

XXXIV.

440.

Osmanide.

(XXVIÏ.)

XXXV

Schcrifs.

446.

Saadides de Mauritanie.

447.

Alides.

(XXV 11) A.

448.

Abd el Kader.

(XXVII)B. XXXYbis

. 449

De l'Arabie Heureuse (').

(') C'est pour mp conformer à la classification de Fraclin, que je no

10

CLASSE. DTNASTIF.

(XXVIII.) XXXVI. 120. Afghans du Dourrani. Saddo-

seide.

APPENDICE I.

121. Pagratides.

122. Rois d'Arménie.

125. Rois Normands de Sicile.

124. Rois Suèves

125. Alphonse d'Espagne.

126. Génois en Crimée.

127. Russes en Géorgie et imitations.

128. Anglais aux Grandes Indes.

129. Portugais 150.^Rataves

131. Français aux Grandes Indes et en Algérie.

APPENDICE II.

152. Chine.

135. Cochinchine.

134. Japon.

135. Monnaies juives.

Plus une centaine de pièces incertaines.

En donnant la description des monnaies que je n'ai pas trouvées décrites ailleurs, je suis loin de pouvoir affirmer qu'elles soient toutes inédites ; quelques publications élran-

changc pas le chiffre de cette classe (ont à fait étrangère aux Sclierifs de Mauritanie; on observera dans celte liste plusieurs autres irrcgul;iritcs qu'il m'eût ctc impossible d'éviter, à moins de rompre toute concordance avec le tableau qui me servait de modèle.

di- gères ne sont point eneore parvenues entre mes mains, en particulier l'histoire des Alaheks de M. Vaux, la descrip- tion des monnaies djoudjides récemment découvertes en Russie, par M. Sawelief, etc. ; mais il est préférable de tomber dans l'inconvénient de faire quelques doubles em- plois, plutôt que de négliger la description de types nou- veaux dont la connaissance peut intéresser quelque ami de la numismatique orientale.

CLASSE 1. OMMÉÏADES (').

Si le nombre des inédits appartenant à celte classe ne s'est pas considérablement accru, en revanche, ceux que j'ai à décrire ont un certain degré d'intérêt, soit à cause des localités ils ont été frappés, soit parce qu'ils offrent quel- ques données utiles à l'histoire.

i .) IiIRHEM FRAPPÉ A MERIV L'AN 90 SOCS LE KALIFE "WALID I.

A l'avers dans la légende marginale: j^-»«.'" ^ <i jj^i Le reste comme dans les autres dirhems omméïades ;

ceux qui sont déjà connus pour celte ville, appartiennent

aux années 80, 84, 91, 95 et 115.

2.) DU MÊME KHALIFE ISTAKHAR, AN 93.

A l'avers ^j^***'^ v.1^ h^ jàr^^'n

Frachn indique quaire dates de dirhems frappés sous les

(I) Pour ôvilor tou(c disparate avec les deux premières parties , les chiffres des classes ne sont j)as changés dans les descriptions qui vont suivre.

1 12

Omméïades dans l'antique Persépolis, aux années 90, 91, 94 et 97 : MiVI. Toriiberg et Stickel en ajoutent trois autres : 95, 98 et 100. Celle-ci fait la luiilicme.

2.) FELS SE BASRA t'AN 100. (Fig. 1, pi. I.)

A l'avers dans le champ :

M j>>] L*^ De ceux ordonnés par ^ j* j'f^\ l'Émir. Adij iUsj] ^i fils d'Artâa.

Au revers :

V '^ J Ce fels a été frappé à el-Basra en Van cent.

Point de légende marginale.

Ce petit bronze qui remonte à l'époque de l'avènement du khalife Omar est fort inléi'essant, parce qu'il a été frappé par un gouverneur de Basra dont le nom est men- tionné par les historiens, et qui a joué un certain rôle dans les événements de cette époque j ce fut lui en particulier, (jui livra au nouveau khalife le gouverneur du Khorasan, Yesid fils de Mohalleb, dont la vengeance ne se fit pas longtemps attendre ; fait prisonnier à son tour par le même Yesid, Ady fut décapité en 102, par l'ordre de Moawia.

Les monnaies des gouverneurs omméïades et abbassides sont toutes assez rares ; celle-ci est la plus ancienne à moi connue parmi celles qui portent leurs noms. A cette occa- sion je dois faire observer qu'un examen plus altcnlif du

13

7, décrit dans ma lettre à Fraelin, m'a fait reconnaître une erreur ; c'est une monnaie déjà décrite ailleurs, de Tannée 135 : en iôO, Abdulmelik n'était point encore gou- verneur de Misr.

i.) FELS S'HESCBAM FRAPPÉ A MERW ? 110.

Le type est absolument semblable à celui des dirbems Omméiades de cette époque, seulement à l'avers la mission propbéliquc est précédée de âJJi **«j et ne va que jusqu'à ,^ ; au revers la date "Lf^ij^ ; on ne voit du nom de la localité que les deux premières lettres ; les faibles traces de ce qui reste, me paraissent pouvoir se rapporter à Merw.

APPENDIX.

GOUVERNEURS DE LA PERSIDE.

L'importante découverte du professeur Olshausen n'a pas tardé à porter des fruits abondants ; nos richesses numis- matiques se sont accrues de toute une série de monnaies au lype sassanide, frappées dès l'origine de l'empire des kha- lifes, soit par ces souverains eux-mêmes, soit par les gou- verneurs de la Perside. MM. E. Thomas et Mordtmann, en ont publié de riches monographies qui ne tarderont pas à s'accroître de tout ce que les trésors confiés à vos soins nous promettent encore, lorsque vous aurez mis la dernière main au travail que vous avez entrepris sur ce sujet. Les deux dirhems dont voici la description, n'auront probable- ment pas échappé à votre observation, mais je ne les vois pas signalés dans les ouvrages que j'ai à ma disposition.

44

U.) PIÈCE FRAPPÉE A BEIZA L'AN 51.

Jv. Buste au type sassanide ; en marge à droite en dehors du cordon «AÎ' j**»o. Devant la tête dans le champ en caractères pehlvi et en deux lignes. Ziyad

i-Abou Sou fan.

Ziyad, fils d'Jboii Sofian.

lîev. A droite Beiza, à gauche yadj pcndja.

6.) AUTRE FRAPPÉ DANS LE KBRMAN L'AN 76.

Comme ci-dessus, mais le nom est Moliallep i

Abou Tchofraan.

Mohalleb, fils d'Jbou Sofra.

Au revers la date est schasch aftad; le nom de la loca- lité qui commence par Kirman, se termine par des traits dont la valeur me laisse dans l'incertitude (fig. 2), je ne retrouve pas leur analogue parmi les variétés indiquées par M. Mordtmann. On ne connaissait jusqu'à présent que deux monnaies de Mohalleb et cinq de Ziyad.

CLASSE II. ABBASSIDES.

7.) FELS BU GOUVERNEUR SALIB SOUS MANSOUR ; ALEP LA SIGNE, 147.

A l'avers sous la 1" partie du symbole ç'^^^y} Ibrahim.

Au revers de môme siX-^t Ibck.

Les légendes marginales sont les mêmes que celles de la pièce du même genre décrite par Moeller, musée de Gotha, n" 2, pog. G5 ; j'ignore quels sont les deux nouveaux pcr-

15

sonnagcs qui figurent ici ; Ibrahim , fils d'Aly, était déjà mort en 145.

8.) FELS DU RHALIFi: MEHDI ; KOUFA, 167.

Semblable aux fels décrits par Marsdcn, XXX, cl dans la leKre à M. Sawelief, 14, pour Tannée 166, sauf l'ab- sence du nom «x^, dans la légende marginale : je dois observer que la variété que j'ai décrite dans ma précé- dente lettre comme étant inédile, avait été déjà publiée par Fraehn, Bulletin, t. IV.

9.) SIRHEM DU KHALIFE HAROUN ; SERENDJ, 184.

Fraehn a décrit un fragment de monnaie se rapportant à la même date, Recensio, 196; notre exemplaire est complet ; il ne diffère que par la date du 108 de Fraehn. Les monnaies de Serendj sont rares ; je renvoie le lecteur à trois lettres fort intéressantes que M. le conseiller de la cour, professeur Stickel, a publiées à leur sujet, dans le Recueil des Mémoires de la société des orientalistes d'Allemagne.

19.) FELS DE mamoun; bokhara, 197.

A l'avers i^vsj ^»x*«j ^ «.^w Ix^ S^Vik^^ .

Au revers sur la seconde partie du symbole Jr? en bas J-cà3l cl-Faszl.

La légende qui porte la date est un peu effacée; il est possible qu'il faille lire >t**ô', ce qui porterait la date à l'année 199.

46

a.) FELS DU MÊME PRINCE; BAGDAD, 197.

Au revers sur la seconde partie du symbole .. et en bas Ja£, la légende marginale porte :

tj^ éii! {sic) yi ^-Xp^Jt w-s| éii! j^ «\^l jua à>jjj>\ U^ De ceux qu'a ordonnés le serviteur de Dieu A hdallah Émir des fidèles ; que Dieu ennoblisse sa victoire !

Ce fels du module ordinaire des dirhems, m'a été envoyé par le D"^ Scott, qui l'a déterminé («).

12.) DINAR DE MAMOUN FRAPPÉ EN ÉRAQUE L'AN 200. ( Fig. 3.)

# Je ne mentionne ce dinar que pour mémoire, des motifs particuliers me déterminant à remettre à une autre époque les développements qui concernent cette remarquable pièce.

15.) FELS DE MAMOUN FRAPPE A ER-RAMLAH. 217.

Av. Première partie du symbole presque entièrement effacée, encadrée d'un double cercle, dont l'intérieur a la forme d'une chaînette, et l'extérieur celle d'un simple filet. Pas de traces d'une légende marginale.

jRev. Sous la seconde partie du symbole >j .

En marge : (^^cV J V^ ^'^ àl/»^b ^J^^\ . . w»^-^ Cette légende est encadrée entre deux lîlets.

(1) M. Scott, jeune nuniismatistc aussi zélé qu'instruit, avait com- ^raencé à former une collection orientale riche en monuments inédits, dont il n'a eu le temps de fiiirc connaître qu'une faible partie ; il se dis- posait à publier un travail plus complet, lorsque bien malheureusement pour la science et pour ses amis, la mort l'a surpris au milieu de ses recherches, dans le courant du mois d'octobre 18i)5.

17

a.) AUTKE DE LA MÊME ANNÉE; LOCALITÉ DOUTEUSE. (Fig. 3.)

Semblable au précédent, mais la localité n'est plus la même ; je crois y lire ac^ à Targa ; peut-être, est-ce A&vX-~j Bédaahj mais j'hésite à donner une origine africaine à une monnaie rapportée de Judée, ainsi que la précédente dont la provenance est d'accord avec la localité ; je dois ces deux intéressantes monnaies à l'obligeance de M. de Saulcy.

15.) DINAR DE MOTAWAKKEL AL-ALLAH ; MISA, 233.

Tout lereste est semblable aux types déjà connus du même prince j cette pièce qui m'est parvenue de Paris avec d'au- tres qui, sans nul doute, avaient appartenu à la belle col- lection Pietraszevi^sky, déplorablement dispersée dans une vente publique, à Londres, me paraît devoir être attribuée à la même origine.

16.) DIRHEin DE MOTAMED AL- ALLAH ; NICIBIN (2)62.

A lavers sous la première partie du symbole:

éiil ^1 ^jS.^]\ el-Mofawwedh ila- Allah.

En marge : . . .^j ,j^ j ^^^^ ^ {j:^:'^^

Rev. En haut ^ et sous le symbole :

Jjl ^Xs- J.^-^^\ el-Motamed al- Allah

{J't^jij^ I jh possesseur des deux visirats.

Celte pièce et les trois suivantes offrent un très-haut

SÉRIE, Tome ti. 2

18

degré d'intérêt, parce qu'elles portent le titre que prit Djaffar, après le partage que Motamed fit de l'Empire entre son fils et Mowaffek ; ce dernier n'était placé qu'en seconde ligne dans l'ordre de succession, mais il n'en parvint pas moins à s'emparer seul du pouvoir. Djaffar avait obtenu pour sa part l'Egypte, la Syrie, la Mésopotamie, contrées qu'il régissait déjà en qualité de gouverneur, et les mon- naies qui portent son nom propre ne sont pas rares. Mais il n'en est pas de même de celles qui portent son titre, je n'en connais qu'une seule abbasside frappée à ^amerra, l'an 271 , et déterminée par M. Tornberg, dans sa belle description du Musée de Stockholm, i^\7 ; mais on le voit encore pa- raître sur quelques rares dirhems toulounides et soffarides.

17. DES MÊMES PRINCES; MOSSOUL, 263.

Le reste comme au dirhem qui précède, si ce n'est <^u'au-dessous du nom du khalife les mots : possesseur des deux visirats, sont remplacés par la lettre (j-.

18.) MÊME VILLE, MAIS POUR L'annÉE 266.

Comme le précédent, mais au lieu de ^j« il y a un j.

19.) MÔMES PRINCES, MAIS NICIBIN, 268.

Semblable aux deux précédents, mais rien sous le nom du khalife.

49

20.) DIRHEM D'EL-MOTHADCD BILLAH ; MOSSOUL, 282.

A l'avers :

Au revers sur le symbole ^, et en bas ^JJLj Xca::».^)^

21.) MÊME PRINCE, MAIS FRAPPÉ A EL-AH-WAS, 284.

^1^*"^!^ le reste ut supra, sauf la date.

22.) DE MOKTEFI BILLAH ; MESINET ES-SALAM (BAGDAD) 291.

A l'avers sous le symbole :

4jjj„Mj,j Préfet de l'Empire.

Au revers : A-Dl-f ^^J^.

Les monnaies de ee khalife sont si rares qu'il n'en existe qu'un seul exemplaire dans le musée, d'ailleurs si riche, de Saint-Pétersbourg j celui de Stockholm en possède plu- sieurs; l'un d'eux, de la même année que le nôtre, mais frappé à Mossoul, porte aussi les mots : ff^cly cd daula, qui étaient le titre du visir.

23.) DE raOKTEDIR BILLAH; NICIBIIf, 299.

Comme dans d'autres dirhcms déjà décrits de ce prince, on voit figurer, à l'avers, le nom de son fils, en deux lignes:

Aboul Abbas, fils de rÉmir des fidèles. Et au revers, celui du khalife.

»st

20

2i.) MÊMES PRINCES, MAIS A MOSSOVL, (30)4.

Le reste vt supra.

2S.) DINAR su MÊME KHALIFE; SANAA, 307.

A l'avers : *,^.L,^j j ***- l^ ixx.,^ Rev : àl3

Ce dinar ne dépasse pas le module 3 de Mionnet, et ne pèse que gr. 1,90 ; je mentionne cette circonstance excep- tionnelle, parce que les trois seules monnaies abbassides en argent, provenant de la même localité, qui ont été décrites par Fraehn, présentent le même caractère d'un module inférieur à celui des dirhems; comme si, dans le type même de la monnaie émise dans cette partie éloignée de l'Empire, on devait reconnaître ce caractère d'indépendance qui la détacha plus d'une fois des Etats des khalifes. L'Académie impériale possède, en outre, deux dinars frappés à Sanaa, en 195 et 258, et décrits dans la seconde partie du supplé- ment dont la publication a été due à vos soinsj mais aucune observation n'est relative à leur module.

26.) DIRHEM DU MEME, A BASRA l'aH 308.

Comme dans les précédents, sauf la date.

21

27.) RADHT BILLAH; NICIBIN, 321.

Au revers sous la seconde partie du symbole iJl^b ^^^J\.

28.) ia±ME PRINCE; 'WASET, 326.

Comme le précédent, sauf la localité •^-'1^, et la date.

29.) FELS FKAPPÉ SODS MOSTAKFI BILLAH; L'AN 333. (Fig. 'î.)

La série de monnaies connues des khalifes abbassides est interrompue avec Moftaki, à l'année 332, à moins qu'on n'y fasse rentrer celles qui furent frappées au nom et sous l'autorité des Emirs cl Ornera; elle cède la place à de nom- breuses dynasties indépendantes, qui se partagèrent les dépouilles du pontife des fidèles, dont le nom seul continua à figurer sur les monnaies ; reconnaissance illusoire d'une suzeraineté qui ne se fondait plus que sur des exigences religieuses. L'interruption dura près de trois siècles, autant qu'on peut le présunier par l'absence de tout monument intermédiaire incontestable; clic commenceàMostakfietfinit à Naser. Les dirliems frappés à Bagdad, en 333, à l'avé- nement de Mostakfi, appartiennent à Touzouii ; peut être faut-il faire une exception pour le fels qui nous occupe et qui paraît avoir été frappé par un gouverneur du khalife.

Jv. Dans le champ :

"^1 aJ! "^ Il n'y a de Dieu que j-^i MJ \ Dieu, qu'il donne *.'> ijijJl une entière délivrance .

22 En marge :

L,*1j _. ^J^ j vJI^ij Â;l^ VV.U)! Ij-js V ,^ iX]\ ,v*»o (').

Hcv. : Jj^) -^ Mohammed envoyé

,.»! L^ JJ! de Dieu, de ceux ordonnés

J^^cs-I Aj /îar Ahtned

eJ^-V* (.»■> /t/s d'Haroun.

Légende marginale détruite.

Je n'ai pas pu trouver de traces historiques de cet Jhmed, fils d'Haroun; il n'est pas impossible que ce fût un rejeton du dernier Toulounide. L'invocation pieuse de l'avers qui paraît ici pour la première fois, ne semble pas empruntée au Coran ; du moins je n'ai pas su l'y voir. Elle ne fait que trop allusion au degré d'abaissement dans lequel les khalifes étaient tombés à Bagdad, le malheureux jouet des volontés de Touzoun ne savait plus comment se procurer. l'argent et les vivres nécessaires pour contenter ses troupes au milieu de la famine qui y régnait en per- manence (').

Il est à regretter que les deux pièces que je possède et que je dois à l'amitié de M. V. Langlois qui les a rappor- tées de son voyage en Cilicie, soient également effacées au revers, l'on ne peut saisir que de faibles traces de la légende marginale; peut-être, aurait-on pu en tirer quelque renseignement utile. Quoi qu'il en soit, ce monument n'en est pas moins intéressant pour l'histoire, comme caractéri- sant l'époque de la chute du pouvoir temporel des khalifes.

(i)Le nombre centenaire est com|)lctc par un second exemplaire. (')\Vbil. Gesc.hichiederKhalifen, t. Il, p. 69'J.

23

50.) FELS DE NASER I.EDDIN ILLAH.

A l'avers en quatre lignes :

^^ \^ ^\ ( i-DI ^j.3 ^ I LJ! >U'^i L'Imam en Na \ ser ledilin illah I Émir des fi | dèles.

Légende marginale effacée.

Au revers, au centre, <>i'i entouré de deux cercles , et autour : // n'y a de Dieu que Dieu, Mohammed envoyé de Dieu.

31.) FELS DE MOSTANSER BIILAH ; BAGDAD, 637.

A l'avers dans le champ en trois lignes : // n'y a de Dieu que \ Dieu, Mohammed \ Envoyé de Dieu. \

La légende marginale de mon exemplaire est en partie effacée ; je la complète d'après une pièce mieux conservée de la collection Scott : ce fels a été frappé dans la ville du Salut, l'an 657.

Rev : >L/>'^I L'Imam

j,^ix**'j>}\ el Mostanser

y^A J3Lj billah, Émir

^j^j^ ^ des fidèles.

En marge, quelques restes de la Sura LXf, v. 15.

Le secours (vient) de Dieu et la Victoire est prociie, et an- nonce d'heureuses choses aux croyants.

Comme on le voit, cette nouvelle formule n'est pas seule- ment propre au règne de Mostassem, ainsi que l'avait cru

ai- le comleCasliglioni; elle existe dans toutes les monnaies, à moi connues, de son prédécesseur.

32.) DIRHEM su MÊME PRINCE; BAGDAD, 638.

Ut supra, sauf la date et le mot *»)*x)l qui remplace

33.) DU MÊME ; BAGDAD, 639.

Ut supra, sauf la date.

3^.) 'DEMI-DIRHEM DE MOSTASSEM BXLLAB ; BAGDAD, 640.

Comme les précédents, sauf la date, et au revers le nom wJb *^^aXi««3! au lieu de Mostanser.

Cette pièce du module 4 de Mionnet, ne pèse que gr. 1.40j je la dois à l'obligeance de M. Scott, qui possédait aussi des dirhems et demi-dirhems des années 641 et 64;2, qu'il n'a pas eu le temps de faire connaître. Son demi- dirhem de l'année 641, offre en outre, un type un peu différent des nôtres j les légendes du champ y forment un encadrement carré. La forme des caractères et l'ornementa- tion de ces différentes pièces n'ont plus aucun rapport avec les anciens dirhems abbassides, et sont empruntées aux monnaies selgioukides contemporaines, comme on peut s'en assurer en examinant les figures données par Castiglioni et par Adler ('). Peu d'années devaient s'écouler encore, et le nom de Fille du Salut allait disparaître, pour être rem- placé sous les Houlagouides, par celui de Bagdad,

(0 Castiglioni, XLI, Adler, Colleclio nova, XXVII.

25

APPENDIX AUX DEUX PREMIÈRES CLASSES.

Conformément à la métliode suivie par Fraelin, je con- tinue à placer dans un appendix toutes les pièces qui appar- tiennent à quelque Khalife Omméïade ou Abbasside, mais dont je ne puis préciser la (^te, ainsi que celles qui ne portant que de simples noms de localités, ne permettent aucune attribution certaine, et pourraient, en partie du moins, se rapporter à d'autres dynasties.

Je signalerai dabord deux pièces en cuivre assez remar- quables qui proviennent, comme plusieurs autres précé- demment décrites, du voyage de M. V. Langlois, en Cilicie, et que j'avais hésité à publier jusqu'à ce jour, ne sachant à qui les attribuer; M. le professeur Stickel a bien voulu les étudier avec moi, et appuyer de son autorité une lecture que des caractères kouliques très-grossiers laissent encore un peu incertaine.

ôS.) FEts d'un Émir nasr ? (Fig. li.) "

A l'avers : j^j Nasr

,1»-* client

Revers: 1 v^' de V Émir des fi-

^^j^i dèles.

Comme on peut s'en assurer en consultant la figure, le nom laisse des doutes ; il faudrait peut-être lire Jv, J-^' etc. ; cette monnaie a beaucoup d'analogie avec les fcls d'un Emir iNasr, que j'ai décrits dans ma lettre à M. Lan- glois, et qui viennent de la même source ; ils forment évi-

SÉRIE. Tome ti. 2 bis.

26

demment un groupe particulier, que des découvertes ulté- rieures peuvent nous aidera reconnaître ; l'idée que j'ai eue de voir dans ce Nasr un Mirdasite me paraît aujourd'hui devoir être écartée.

■-'''^- 56.) AUTRE FELS D'UN ÉMIR INCERTAIN. (Fig. 6.)

Autour de l'ornement central ? j^^'-^ jS)l\ i^i y\, ou peut-être l'aut-il lirQ plutôt ? j'^i j^"^^ ^^ j-*^ '-'' (sic) ^J• au lieu de y^ ^x^

Revers : ? ^^J jr/^^ L'Émir fils

\ yf \ ^y du Moula des fi- ^JL/»^J dèles.

Les caractères sont tellement grossiers et indistincts qu'il règne une assez grande incertitude sur leur valeur véritable. Contrairement à la régie générale pour des mon- naies qui proviennent de l'Orient, celle-ci paraît avoir été coulée, et sa fabrique se rapproche beaucoup de celle des cuivres Alides du Maroc; on sait que ceux-ci sont coulés dans des moules, adhérents en certain nombre les uns aux autres, et séparés ensuite à coups de hache ('). On peut voir sur notre exemplaire les traces d'une semblable cou- pure : j'en ai déposé un double dans les cartons de xMusée Grand Ducal de Jena.

.17.) PETIT BRONZE DE L'ÉMIR ACBNAS.

Jv. Au centre une espèce de rameau vertical ; à gauche cl à droite des traits effacés.

(') Jcpo>sè(!(! dans ma collection deux de ces pièces, de l'an 1265, encore jointes cnscinl)le.

27

Légende marginale fornnant un encadrement carré ; en comniençanl à gauciie on lit :

^-.1;^! j I ySÛ\ i.i \ y>\ U-»

De ceux ordonnés | par l'Émir \ (Abou Djafar ?) | Achnas.

Rev. Au cenlre un astre dans un encadrement à huit rayons formé par l'entrecroisement de deux carrés. Légende circulaire en partie effacée :

La place qui reste effacée n'a pu contenir qu'un nom très-court, peut-être celui de Saléh ; la forme ancienne des caractères qui ont beaucoup d'analogie avec ceux de la monnaie de Motassem, décrite dans ma lettre à Fraehn, 20, me fait présumer qu'il s'agit encore ici d'une monnaie du mtme Achnas, qui ne fut pas seulement un puissant chef militaire , mais eut encore le gouvernement de plusieurs provinces (').

58.) PETIT BKONZE SE L>AN 2,. FRAPPÉ A DAMAS.

Av. Sous la première partie du symbole, un mot qui me parait être »*s.

En marge : Au nom de Dieu, ce fels a été frappé à Da- mas, l'an deux cent. Le reste est effacé.

Rev. Dans le champ, en haut -jJJ, en bas J-*3r^l.

Légende marginale , la mission prophétique, en partie effacée.

(i) Voy. Weil, Ceschiclilc dcr Kfiulffen, etc. T. II, p. S-iS, à la noie.

28

39.) FELS FRAPPE A MOSSOUL.

Ceci est une simple variété de la pièce déjà mentionnée dans la leltreà M.Sawelief, au n* 39, mais ici la légende du revers commence au segment supérieur au lieu de com- mencer à gauche; je suis encore dans l'incerlitude sur la véritable interprétation de celte monnaie qui ne parait pas être fort rare, et qui, d'ailleurs, n'est point (ont à fait inédite.

CLASSE V. SOFFARIDE. 40.) FELS PORTANT LE NOM D'AMROU.

C'est plutôt pour mémoire que je place ici une monnaie en bronze entièrement effacée, mais poinçonnée avec un timbre carré sur lequel on lit :

j-w»"^î l'Émir j5fc*c Ami'ou.

Ce nom peut appartenir un ù tout autre Emir qu'au fds de Leith.

CLASSE VIL SAMANIDE.

Cette partie de la collection s'est enrichie de plus de cent dirhcms obtenus par voie d'échange, qui, s'ils n'offrent pas de monnaies inédites, renferment du moins quelques types Intéressants par leur grande rareté ; comme, par exemple, une monnaie d'Isaac, fds d'Ahmed {^), qui complète ma

(■) SamarcandeZOi. Cette monnaie n'existe, à ma connaissance, que dans les riches Musées de Sl-Pcle»'sbourg et de Stockholm.

29

série des princes de celle dynaslie. Je me bornerai à nion- tionner ici quelques variétés qui me paraissenl avoir échappé aux investigations de vos savanls confrères du Nord.

'il.) DIRHEM SOUS LE NOM DE NASR I FRAPPÉ A SAMARCANDE;

282.

Av. Dans le clianip, la première partie du symbole. Légende marginale inléricure :

Celte face est gravée en caractères ordinaires. Bev. Dans le chanip , en caractères corrompus :

i]}l) jjîaJI probablement pour e/ J/of/mt/ed 6i7/aA.

]l est à présumer qt((J^eci est une pièce appartenant a la catégorie des nombreuses imitations Buighares, pour la- quelle on aura employé un ancien avers d'Ismael I, et copié un revers de Nasr.

4245.) FEI.8 DE NASR II; AKHSIKET, 304.

Les monnaies de celle localité sont infiniment rares j Fraehn n'en décrit que trois ; celles-ci se rapportent au n" 171, Reccnsio, pag. 76. Mais dans la légende marginale du revers, on lit seulement : De ceux ordonnés par l'Émir

30

IVasr, fils d'Jhmed, que Dieu le rende illustre ! L'épithèle -x»*-'' Seigneur est supprimée; le n" 45 a de pins au revers un poinl au-dessus du symbole.

ii.) SIRHEM SU MÊME PKIMCE J SAMAKCANDE , 308.

Ceci est encore une imilalion Bulgliare d'un (ype déjà

connu ; à la date on lit : àjL^ilj' ^L^j sans copule, et an

revers :

aJJ x:a.^ I el Moktadir billah

, pour

J.=vi ^ y^i JVasr ben Ahmed.

i'ù.) TELS DE irOUB II J HERAT, 378.

Semblable à celui qui est décrit par Fraelin , Recen- sw , pag. 116, 541 ; mais ici le nom du gouverneur ^ U' (vr-***^^"'' se lit tout entier sous le symbole du revers.

iê.) FELS SE MANSOUR II PROBABLEMENT FRAPPÉ A BOKHARA.

Jv. Première partie du symbole surmontée d'un orne- ment ; un trait recourbé en bas.^i légende marginale est rognée.

Rev. A Dieu ! | Mohammed \ envoyé { de Dieu \ et plus bas Jl-sr^ ^^-'^'S»- Houssein Senidjany.

En marge :

aUI SJ>.j! {sic)y^S^\ ô.^\ jS^\ <JJ ^! L^

De ceux ordonnés "par l'Émir le seigneur victorieux, que Dieu accroisse ses forces !

Cette pièce est essentiellement différente de celle qui est décrite par Fraihn, Recensio, pag. 118, 550, frappée

oi- sons Nouh II, à Bokhara, l'an 387. La suppression du nom de ce dernier prince, au revers, m'a déterminé à la rap- porter de préférence au règne de son fils Mansour.

CLASSE VIII. KHANS ILEKS.

Cette classe n'a pas reçu d'augmentation ; je me conten- terai d'ajouter aux variétés que j'ai précédemment décrites deux ou trois types, dont je n'avais pas cru devoir faire mention, comme n'offrant pas un degré de conservation assez satisfaisant ; cependant, ils peuvent faciliter l'inter- prétation d'autres exemplaires, et, sous ce rapport, il est bon de profiter de l'occasion de les faire connaître.

17.) F£LS FRAPPÉ A SAMARCANSE L'AN 407.

Jv. Autour de la première partie du symbole, légende marginale formant un encadrement carré.

Au nom de Dieu ce fels a été frappé à Samarcande (l'an) quatre (cent) sept.

/?eu.Sous la seconde partie du symbole, en deux lignes : j^'i&i\ el Cader \Jû\\\dh)^ et autour une légende marginale disposée comme à l'avers :

De ceux ordonnés (par VE)mir, le sei(gncur) Kotb ed (daula) Beha ed dau{]a}. Sous le règne de Toghan Khan.

52

iS-i9.) FELS DE BOKHARA, &18-419.

Les dates sont un peu effacées. A l'avers, il y a un crois- sant sur la première partie du symbole.

Le même croissant reparaît, en outre, au revers de la pièce de l'an 418.

JRev. : '^ Mohammed

iii! J_j— j envoyé de Dieu ^s ^ ">— ^♦"^ Youssouf fils d'Aly.

En marge la Sura : À Dieu est l'Empire, etc.

Le nom de Youssouf figure déjà sur une pièce certaine d'Arslan Ilek, frappée à Bokhara, l'an 417: mais ici on ne retrouve plus trace de ce dernier nom.

CLASSE X. GHAZNEWIDE.

J'ai décrit dans ma lettre à M. Sawelief, une petite mon- naie en cuivre de Masoud III, n" S2, qui présentait au re- vers les traces d'un mot illisible : depuis lors, j'ai reçu un nouvel exemplaire, envoyé par M. Scott, dont le type est à peu près le même et l'on voit distinc^ment le mot

CLASSE X'"*. GHOURIDE DE BAMIAN.

C'est à M. E. Thomas qu'on doit la première connais- sance de monnaies émises par un prince Ghouride de Ba- mian (■). Ce savant orientaliste, a décrit aussi de rares et

(') On the cvjns of thc Kimjx of Ghazni, p. 112.

curieuses monnaies, frappées à Bamtan, par les sultans de Kharesm : je dois à M. le marquis de Lagoy, dont la libé- ralité a enrichi ma collection d'un grand nombre de pièces intéressantes, la possession d'un petit fels anonyme (pii me paraît devoir être attribué aux Ghourides.

50.) FELS FKAPPÉ A BAMIAN. (JMo'l. 5 (Ic MlONNET.)

Av. Le mot (j^^"-^ entouré de rayons. Rev. Un hexagone formé par l'entrecroisement de deux triangles équilateraux.

CLASSES XI et XIL bouweides de perse

F.T DE BAGDAD.

51.) DIRHEBK DE ROKN-ED-DAVLA ; SEMNAN, 366.

A l'avers : hl.^ j ijir-^ j "^^^-^ '^■^ ^j'-^-***^ Et sous la première partie du symbole, le nom du kha- life e/ Moti-LUlah.

Au revers, sous la seconde partie du symbole :

a3jjJI ^^ Bohn-ed-daula ^j.c ^! Ahou-Aly

Wjj Bouweih (de la race de Bouweih).

Il y a, en outre, deux points dans le champ ; un à côté du mot -wj, lantre à gauche du mol Wj^.

Le nom de la localité quoique un peu effacé, se lit encore distinctement et ne peut être autre que Semnan, dont Frachn a déjà fait connaître une monnaie pour l'année 323.

Je doit signaler, en outre, un exemplaire d'une mon-

SÉRIE. Tome vi. 5

54

flaie de Moess-ed-Daula, déjà décrite par M. Lindberg, au 16, qui sert à rectifier son attribution ('). Le savant au- teur de la monographie a lu el Abadan min el Ahwas; comme Jbadan ne comporte pas l'article, cette interpréta- tion laissait quelques doutes : ma pièce porte ^»^x)\j à el Asker ; c'est la mémo ville qui dans Aboulféda est dési- gnée sous le nom d'JskerMokkram.

CLASSE XV. HAMDANIDE. y2-S3.) DIRBEMS d'aBOUL-HOUSSEIN ; MOSSOUL, 340 ET 344.

Semblables aux autres dirhems du même prince déjà édités. Les deux dernières lignes de l'avers portent le nom de Seif-ed-Daida Aboul-Houssein , et celles du revers : el Motmilah Naser-ed-Daula, plus Jbou- Mohammed à la der- nière ligne.

8^.) ODDET-ED-DAULA ; MOSSOUL, 357, (Fig.7.)

Le champ de l'avers présente trois lignes en partie pro- blématiques, assez différentes de celles qui sont figurées dans l'exemplaire de Nicibin, 358, qui j'ai décrit ail- leurs ('); j'en donne le tracé pour que de plus habiles que moi veuillent bien m'en faciliter finterprétation.

(') Essai sur les monnaies coufiques frappées par les hmirs de la famille des Bouides, etc. Mémoires de la Société des antiquaires du Nord, pour \Ui.

(') Lettre à Fraehn, 73.

35

SS.) su MÊME PRINCE; MOSSOUL, (55)8.

Le nombre unitaire est seul lisible; le type est sembla- ble à celui qui précède, seulement le mol problématique jj^ est supprimé à la dernière ligne de l'avers.

S6.} OODET-ES-DAULA ; NICIBIN, 366.

L'avers de cette pièce est semblable à celui que j'ai dé- crit pour la même année dans ma lettre à Fraehn, n°72; mais ici à la troisième ligne on lit très-distinctement le nom d'Abou-Tagleb Faszl-allah; la date, en partie effacée, présente cependant des éléments suffisants pour déterminer l'année avec certitude. Au revers le nom de Naser-ed- Daula Jbou- Mohammed est tout entier à la quatrième ligne, au-dessous de laquelle se trouve une nouvelle ligne (tig. 8), dont je ne puis déchiffrer complètement le sens... iii!.. bl^l _jji serait-ce j^^ ?

CLASSE XVL oKAiLiDE de mossoul.

S7.) OIKHEM DE MOTAMED-ED-DAULA ; MOSSOUL, (39)1.

A l'avers : *-j j ^^=>.l ï^ J-^^^Hj Le reste comme dans les dirhems des années 395-399; Lettre à Fraelin, n"* 82-83.

CLASSE XX. ^- SELGIOUKIDE DE l'aSIE MINEURE. 58.) KOK.N-EDDIN KILIDJ ARSLAN ; SIIVAS, 640.

Av. : .UsLJI Le Sultan

Jii^\ suprême

jj^sr-:? ^) ^la {K.i)lidj fds de Kaikhosrou.

36

En marge : ^_/«''^-**'^ *»jJ.3t \Xs>

Rev. : *L>^t L'Imam

j.^^aA;UvMji el Mostanser

\ JJb hillah, É-

^^j^\ j^ mir des croyants.

hi\ marge : i.j-v^^ W^'j

Le nombre des monnaies connues de Kilidj, poslérieures à son avènement en God, est assez considérable ; celie-ci semble prouver que ce prince aurait aussi fait frapper des monnaies sous son nom, pendant la durée du règne de son père; à la dale, il ne peut y avoir eu de nombre unitaire, puisque le règne du khalife Mostanser cesse à Tannée 640. Quant à la lecture du nom, si le premier est en partie dé- truit par une perforation de la pièce, il n'en est pas de même du nom patronymique sur lequel il ne peut y avoir aucun doute, et dès lors la difficulté reste entière, puisque Kaikhosrou ne mourut qu'en 643.

(iLASSE XXUl. ORTOKIDE DU DIARBEKR.

59.) DIBHEM DE TOULOIJK ARSIAN; (MAKEDIN?) 592.

y(v. Encadrcnjcnt formant une éloile à six pointes; dans le champ :

^U'il! L'Imam

^j jj »^La3 1 ('Il JVaser-leddin j.^] \ j.^ \ i}^ \ illah Émir des fi- ptr^ dèles.

Traces du symbole dans les segments exiéricurs.

37

En bas : ^^Ji,; en haut : ..--jL

Même encadrennenl, et dans les segments exlérieurs, il reste :

Des pièces analogues me font présumer que la localité a été Maredin ,* le roi el Taher, est le souverain Ayoubide dont Youlouk reconnaissait la suzeraineté.

CLASSE XXVII. ATABEK. d'alep.

60.) FELS D'iSMAEL; AZ.EP, 571.

Av. Dans le champ :

JLâJI oXl»)! leRoiesSaleh J.^.»-- 1 Ismaïl

^^ L^."* fi^^ ^^ Mahmoud.

Grènetis sans légende marginale. Rev. Dans le champ :

^L^JlJ! Le Roi

En marge

ÏjL

Y^^v-

JL^Î es Saleh.

a . , w»Xa*.i a |C .X^- ' iC^iM t- » . 1 1 ' k^i!0

Cl.) DU MÊME PRINCE, FRAPPÉ A DAMAS.

Av. : JU! vjXlJ!

58 En marge une légende en partie détruite ; il reste jJl j.>Ji.

Rev. : sjXyt (wj! Fils du Roi

^j^ J^L«)i juste Mahmoud.

En marge il reste ^^^j><Xj ^\si}\ Celte pièce a été fortement argentée.

CLASSE XXVIII. ATABEK.DU SINDJAR.

62.) FELS SE KOTB EDDIN ; SINDJAR, 597.

Ne diffère que par la date de ceux des années 596, 898 et S99, déjà décrits par Marsden et par moi.

CLASSES XXXII -XXXVI. ayoubides d'égypte, d'alep, etc.

63.) SIRHEM DE salasin; alep, 585.

Av. Dans un encadrement étoile à six pointes. Inscription en tout semblable à celle du 59.

Hev. Même encadrement -, dans le champ :

v^XlyJ I Le Roi

-.blo j^UJt en Naser Scda-

^ *— ^^. (-^"^^ eddin Yousouf fils de

v-.'jïj Yacoub

~En marge : Le nombre centenaire est écrit comme *Ux=»'.

39

6i.) MÊMi; PKiNCE DE l'an (38)6.

A l'avers dans un encadrement carré, en trois lignes : L'Imam en Na \ ser-leddin Illah ( Émir des fidè (les) | ; en marge le symbole.

Rev. Dans un encadrement carré, en trois lignes : Le roi en Naser | Sala-ed-dou | nia wa eddin |

En marge : ...^J-^^ ^i*- V-'j-'^

Bien qu'une partie de la date manque, ce dirhem ne peut appartenir qu'à l'année 585. Il m'a été donné par M. V. Langlois, qui l'a rapporté deCilicic.

es.) DEiai-DiRHEni on même fkince ; alep, (^j8)9.

y/tj. Encadrement en étoile à six pointes. Dans le champ, en trois lignes : El Imam \ en Naser. j Dans les six segments extérieurs :

aw I il*- I ^J, I v-^aLs^ I s-^I »-<to Frappé à Alep en l'an neuf.

Rev. Même encadrement et dans le champ : Le roi \ en Naser. \

Dans les six segments :

**-^ I jj I jjj I jJ I îj^ I jLo Sala-eddin Yousouf.

Cette charmante petite pièce du module 3, de Mionnet, et ne pesant que gr. \ .50, est dans un parfait état de con- servation.

66.) SIKHEM D'OTSMAN; DAMAS, 692.

Av. Dans un encadrement carré, en trois lignes : I/7mam en Naser j leddîn Illah É \ mir des fidèles . \ Dans les segments, le symbole.

40

Rev. Dans lencadrement carré :

^^! >-iXJLj Le roi el Asis

j L»>^5i -L^ Emad-cd-dounia wa

^Uis r^.!^^' eddin Otsman.

En marge :

Je ne suis pas bien sûr de la lecturç des deux premiers mots.

07.) DEMI-DIRHEM ; MÊMES LOCAUTÉ ET DATE.

^y. Dans un carré, en irois lignes '.L'Imam en Na \ ser- leddin \ IUah> Et dans les segments : // n'y a de Dieu que Dieu.

Rev. Même carré, et dans le champ : Le roi el As | is Otsman \ fils de Yousouf. \

En marge, dans les segments : ^^ 'u^ ^wJd -^^yo

Comme le n" 65, pour le poids et le module.

G8.) DEMI-DIRHEM D'ABOUBEKR.

Av. Encadrement formé par des arcs de cercle entre-

croises.

^\

^^LJl ^L.*^! L'Imam en Naser leddin I liait. - Bev. Même cadre.

JjL*)I s^XJ^3i Le roi juste Seif-eddin. 11 n'y a pas trace de légende marginale.

41

69.) SINAK DE MOHAntMEO ; KAHIREH, 631.

Ce beau dinar est en tout semblable, sauf la date, à celui que Marsden a décrit, pour l'année 627. Tom. I, pag. 233. Je le dois à la libéralité de M. le marquis de Lagoy.

70-72.) FELS DE DHAHER GHAZ7 J ALEP, 608, 610, 611.

En tout semblables à ceux qui sont déjà connus. Voyez Lettre à Fraehn, n" 109.

75.) DEDII-DIRHEI» D'ISMAEL; DAMAS.

Av. Dans un cadre carré, en grènetis : L'Imam \ el Mansour \ et dans les segments, le symbole. Rev, Même cadre carré : L'Imam \ es Saleh. j Dans deux segments : j^_^.iw»jj ^^yo. Les lettres de la localité sont un peu déformées ^3*"^ (*^^)*

F. SORET.

sinir, Tomk ti. 3 bis.

42

UN ESTERLIN DE HENRI III

CONTREFAIT

PAR THIERRI, COMTE DE CLEVES.

Pl. IV, NO 3.

Notre honorable et savant ami, M. le chevalier Thom- sen, de Copenhague, membre honoraire de la Société de la numismatique beige, a fait connaître, dans le XIIP vo- lume de la Numismatic chronicle, plusieurs imitations des eslerlins de Henri III, roi d'Angleterre. Voici un nouvel et curieux exemple de ces imitations. Le soin qu'on a pris de se rapprocher, dans les légendes, de la pièce originale que l'on contrefaisait, a souvent faire confondre celte pièce avec les véritables monnaies anglaises.

Tète de face couronnée ; type ordinaire : ï^SNRIGCVS Type ordinaire : CCMI | mail \ SVS | lOï^.

A. 1 .40. PI. IV, no 3. Colleclion de M. de Coster.

Nous proposons de lire ces deux légendes de la manière suivante, en les réunissant et n'en faisant qu'une : HENRI- CUS REX. TheodemCl C0MIT/5 CLEVE lOllannes {mo- nctarius.) A l'aide du mot Theuderki, on imite le Terci de la pièce originale. Le nom du monétaire, Johannes, est

45

également celui d'un monétnire de Henri III ; et les lettres Eve du mot Cleve ('), rappellent la ville d'York.

L'usage de placer au revers le nom du monétaire, géné- ralement employé en Angleterre, à cette époque, n'est pas sans exemple dans les imitations. On le trouve sur un des esterlins publiés par M. Thomsen , et que M. Vander Chijs a reproduit dans son bel onvrage, sur les monnaies de Gueldrc, JVillem Jrnemi, Guillaume à Arnbem. Le nom de Guillaume ne peut être ici que celui d'un moné- taire, puisqu'il n'y a pas eu, en Gueidre, de prince de ce nom à cette époque.

Le Tbierri, comte de Clèves, à qui il faut attribuer la pièce qui fait le sujet de cette note, doit être, l'un des qua- tre princes de ce nom, qui régnèrent successivement de 1*244 0 1511.

R. CllALON.

(') Cleve, Clevae pour Cliviae se trouve dans plusieurs chartes latines. Voy. Lacomblet, Urkundenbuch fur die Geschichte des Niederrheins.

44 --

CONJECTURES AU SUJET DE QUELQUES MONNAIES.

SECONDE LETTRE ADRESSÉE A M. LE MAJOR MEYERS.

Bruxelles, lel" mars 1836.

Monsieur,

La bienveillance avec laquelle vous avez accueilli ma lettre au sujet d'une monnaie de la trouvaille de Maes- tricht fO, m'engage à vous en adresser une seconde, dans laquelle j'émets encore, comme dans la précédente, quel- ques conjectures, et spécialement en ce qui concerne les deniers frappés au nom d'Etienne. Ces monnaies sont celles figurées aux n'" 1b et \^bis de votre travail (2), et dont la première porte :

Jv. SîTEPHTîH buste calotte, crosse et à gauche.

Hev. Eglise à dôme, flanquée de deux tours et entourée d'un

mur d'enceinte, percé d'une porte; à côté des tours

deux croiseltes.

La seconde, le n"» loi/Zs, dont l'avers est le même que le précédent, porte, au revers, une église à peu près sem- blable, mais à abside posée sur un grand arc.

(') Hevttede la numismatique bclgn, série, t. !IF, p. il9 et pi. V. 0 IbnI., l. in,pl. V.

43

Les lignes que vous avez écrites, Monsieur, à propos de ces monnaies, sont frappées, me semble-t-il, au coin de la justesse: ces pièces sont bien, eonime vous ladites, d'É- tienne de Bar, évèque de Metz (1120-1165); mais quel est l'atelier monétaire elles furent fabriquées ? Sont-elles de Metz, de Marsal, d'Épinal, de Remilly, de Sarrebourg, de Uemireiiiont ou de tout autre endroit du pays de Metz, les évéques frappaient monnaie? Il est permis d'en douter, et voici les motifs qui me portent à penser ainsi :

En examinant attentivement les monnaies des évéques de Metz, publiées par M. de Sauley, je me suis convaincu que le type de vos deux deniers en diffère essentiellement et qu'il est totalement étranger à celui adopté dans ce diocèse. J'avoue même que, sans le nom d'Etienne, dont vos pièces sont empreintes, je n'aurais pu penser qu'elles fussent frap- pées par un évèque de Metz. « Dans la second période de 120 ans (1046-1163), dit M. Lelewel, c'est le beau temps de la monnaie messine: une variété singulière agitait le coin épiscopal; cependant il conserva toujours la croix car- lovingienne, et généralement il fut empreint de l'image de saint Etienne. Le nom des évéques était inséré dans les légendes avec son litre epi,epe' ep's ('). » Pareille définition ne convient certes pas au type de vos deux monnaies: ni la la disposition du profil, ni les légendes, ni ses caractères, ni les bâtiments, ni le faire du graveur, rien, en un mot, n'indique que ces deniers aient été frappés dans un atelier monétaire du pays de Metz. L'ensemble de tous ces détails, leur allure, une certaine affinité avec les monnaies lic-

(') LEtEWEL, Nrimismndqur dn moyen âge, t. III, p. 206.

46

geoises paraît même faire croire que l'alelier, d'où elles sont sorties, doit avoir subi l'influence du type de Liège, et que par conséquent elles doivent avoir été frappées dans les environs de ce pays.

11 y avait, en effet, dans le diocèse de Liège, non loin de Maestricht vos monnaies furent découvertes, et au mi- lieu des possessions temporelles de l'Eglise de Liège, un lieu les évêques de Metz avaient le droit de frapper mon- naie. Cet endroit, c'est l'ancien i'arc/«mMm, actuellement la ville de Saint-Trond, seigneurie sur laquelle je crois devoir consigner ici quelques lignes, afin de justifier mon opinion.

La puissante famille des Pépin possédait jadis, dans le territoire de la Belgique actuelle, des domaines importants elle résidait et qui ont donné lieu aux surnoms de quel- ques-uns de ses membres, tels que Ptpin de Landen et Pépin de Herstal. Une branche de celte famille possédait, ouire les domaines de Helcliieren, de Zeelhem et de Web- becom, un château fort, nommé Sarchimuin, et situé dans le pagus de la Ilesbaye. Ce fut dans ce château que naquit, vers 627, soint Trond, fils du comte Wicbold et d'Adèle, cousine germaine de Pépin de Landen. Elevé dans un at- tachement sincère au catholicisme, dont la famille des Pépin avait bientôt compris les destinées et les grandeurs futures, saint Trond mena une vie douce, humble, austère et pieuse, fuyant le monde pour se livrer aux méditations. Selon les conseils de saint Remacle, évèque de Tongres, saint Trudon se rendit à Metz et donna à saini Clodulphe, qui y occupait le siège épiscopal, une partie de son avoir. Sarchinium j)assa ainsi aux domaines de saint Etienne, patron de rèYèchè de Metz, et par conséquent aux évêques

47

de ce diocèse (■). Après avoir été ordonné prêtre à Melz:, par saint Clodulphe, celui-ci l'engagea à retourner dans sa patrie et à y bâtir un monastère, dont l'église fut consacrée le 50 octobre 657, et dédiée à saint Quentin et h saint Rcmy; elle fut élevée à côté de celle de Saint-Nicolas.

Thierri, évèque de Metz, ayant voulu s'assurer par lui- même des droits qu'il possédait à Sarchinium, devenu la villc^e Saint-Trond en 1058, s'y rendit, et par suite des querelles qu'il eut avec les bourgeois relativement à l'éten- due de ses droits, il vendit h l'empereui, en 1171, la part qu'il avait dans la ville. Cette vente ne semble pas avoir été exécutée, puisqu'en 1227, Hugues de Pierrepont, évèque de Liège, ccliangea, avec l'évèque de Metz, les domaines qu'il possédait à Madière contre la moitié de la ville de Saint-Trond que ce prélat cédait à l'église de Liège («). L'autre partie continua d'appartenir aux abbés du monastère de Saint-Trond, qui la tenaient en fief des empereurs.

Je passe maintenant à l'examen des droits que les sei- gneurs de Saint-Trond y exerçaient. L'évèque de Metz possé- dait, dans cette ville, entre autres droits régaliens, celui de battre monnaie, et l'abbé le droit d'échange. Ces points sont clairement établis par M. Courtejoie, en faisant voir que les

(') Les échevins de l'évèque, à Saint-Trond, sont désignés dans une charte de Henri I, duc de Brabant, de 1176, sous la dénomination de : Scabini 5'« Stephanif circonstance d'où l'on pourrait inférer que le nom de Slcphanus inscrit sur les deniers en question est peut-être celui du saint patron du diocèse de Jlelz, comme ou le voit sur des deniers liégeois frappés à Hui.

(') Voy. Pacte d'écliange et les ratifications dans Chapeauville, t. II, pp. 2a à 2i9.

48

évêques de Liège, sucoesseurs de ceux de Metz dans leurs droits à Saint-Trond, y frappèrent monnaie. Les premiers y exercèrent même celte prérogative selon l'ancienne valeur ou, en d'autres termes, selon l'ancien usage (i).

Ainsi, il n'y a pas de doute, les évéques de Metz pou- vaient frapper monnaie dans leur seigneurie de Saint- Trond. L'ont-ils fait en effet? Pour ma part je n'en doute pas ; ce droit était par trop important, il procurait tant de bénéfices au seigneur qui l'exerçait, pour supposer que les évèques de Metz aient négligé den faire usage. Ce point établi, il ne s'agit plus que de trouver le numéraire dont ils y entreprirent la fabrication. Vos deux deniers ne sont-ils pas du nombre de ceux qu'Etienne de Bar fît fabriquer dans cette ville? Je suis disposé à le croire pour plus d'un motif. J'ai établi tantôt, que le type de vos monnaies est entière- ment étranger à celui qui fut en vogue dans le pays de Metz et de ses dépendances ; or, les évêques de ce diocèse n'avaient pas, à ce que je saebe, le droit de frapper monnaie ailleurs que chez eux et à Sarcbinium. Cet atelier, qui était situé dans le pays de Liège, doit par conséquent avoir subi l'influence du type liégeois, influence que je crois avoir reconnue sur vos deux monnaies, comme je le faisais remarquer tantôt.

(') Moneiam seu pecunianif vulgariter dictam truyslacii, in valorc veteri faccre polerit (episcopus) fabn'care. Covrtkjoie, Histoire de Saint-Trond, p. 291. Foy. aussi le tome VII, 1'" série, du Bulletin de fa commission d'histoire, p. 268, se trouve imprime un extrait d'une chronique de Saint-Trond relatif à la monnaie frappée en cette ville, en 1256. Il résulte de ce passage que les habitants de Saint-Trond voulaient transférer au duc de Brabant, avoué de leur monastère, le droit de battre monnaie qu'une bourgeoise tenait, depuis longtemps, en fief de l'évéque : monela quam qucedam opidana in feodum nbepiico[)o ab olim habuit.

49

J'en conclus donc que ces deniers appartiennent à l'atelier de Sarchinium ou de Sainl-Trond.

Une autre circonstance, que je ne dois pas passer sous silence pour étayer mon opinion, c'est que ces pièces furent découvertes à Maestricht, ville qui n'est guère éloignée de Sarchinium ou Saint-Trond, et qu'aucune monnaie au type de Metz n'y fut trouvée; sans doute, parce que ce diocèse est trop éloigné de l'endroit le dépôt fui caché, lequel se composait exclusivement des monnaies frappées dans les environs de la Meuse.

Ces considérations sont sans doute puissantes; mais il en est encore une sur laquelle je me permets d'appeler votre attention.

Le bâtiment, dont le revers de vos monnaies est em- preint, n'auraii-il pas une signification analogue à celle que j'ai déjà fait remarquer, à propos des édifices, dont sont em- preints les deniers d'Aix-la-Chapelle, et qui furent égale- ment trouvés à Maestricht? J'ai démontré que les bâtiments figurés sur ces monnaies sont copiés du dôme que Charle- magne éleva dans cette ville, et j'ai fait voir, au moyen de la comparaison des édifices qui sont gravés sur les mon- naies et le sceau du chapitre de Nivelles, que ces bâti- ments sont copiés de l'église qui existe encore aujourd'hui à Nivelles (')• Recherchons donc si l'église de vos deux de- niers n'est pas celle de Saint-Trond.

J'ignore si le temple primitif, bâti à Sarchinium, par saint Trudon,a subsisté longtemps. Il est probable qu'il fut détruit en tout ou en partie par les Normands. Rebâtie, en 105S,

(') Revue de la numixmatiqve helgp, t'» série, t. V, p. 257.

SÉRIE. TOMK VI. i

50

par Tabbé Adelard, qui l'orna de deux tours, l'église fut in- cendiée, en \ 082. Ce fut vers 1 099 ou 1 1 00 qu'il fut possible de In rétablir. L'abbé Tliicrri en rebàlit la crypte et le cbœur qui fut consacré en 11 02 ; enfin labbé Rodolpbe continuant l'œuvre de son prédécesseur , la dédicace de l'église fut . célébrée le 28 décembre 1117. Cet édifice continua à sub- sister, parait-il, jusqu'au xvu" siècle (').

Quelle était l'architecture de ce temple? Quelle était sa forme ? On sait seulement, comme je le disais tantôt, qu'il fut orné de deux tours, et il est probable qu'il avait une grande analogie avec l'église, figurée sur le sceau de Saint- Trond (pi. VI, fig. 1). Cette opinion, déjà émise à propos d'autres sceaux, est confirmée par de nouvelles recherches faites pour un grand nombre d'édifices de différentes loca- lités, et les preuves que j'en ai trouvées sont si évidentes, si positives et si concluantes, que je n'hésite pas à voir, sur le sceau de Saint-Trond, l'église du monastère de cette ville.

Je passe donc à la comparaison de cet édifice avec celui qui figure au revers de la première de vos deux mon- naies. Sur l'un comme sur Vautre de ces deux monuments se trouve une église à dôme flanquée de deux tours ; les deux édifices sont de style roman, comme l'était l'église qui a existé en effet à Saint-Trond. Jusque-là, la ressemblance entre les deux bâtiments ,est parfaite ; mais pour le reste les détails diffèrent : ainsi le mur d'enceinte percé d'une porte d'entrée, et qui figure probablement l'enceinte dont les mo- nastères étaient entourés pendant le moyen âge (*), ne se

(') ScHAYES, Histoire de l'architecture en Belgique, t. I, p. 526. (^) Lenoik, Architecture vtonaslique, p. S5-

i

I

51 -

trouve pas sur le sceau, parce qu'il n'offre pas la partie infé- rieure tie lédifice. Au lieu de la porte de l'enceinte, on y voit un grand arc, sous lequel apparaît le buste de saint Trudon, devenu parle temps, le saint patron de l'église. Il y figure absolument de la même manière que les saints apparaissent sur les sceaux des xn" et xni" siècles, de plu- sieurs villes de l'Allemagne. Ce grand arc est reproduit aussi sur le revers delà seconde monnaie, et il n'y manque plus, pour avoir une ressemblance frappante avec le sceau, que le buste du saint patron.

Je pense donc que ces trois monuments représentent une seule et même église , celle du monastère de Saint- Trond ('). Sur la première monnaie (fig. 15), on la voit de face, comme sur le sceau ; sur la seconde, la vue est prise du côté opposé, c'est-à-dire, à l'abside. Cette reproduction sur les monnaies d'un même édifice, sous différents points de vue, peut paraître singulière aux personnes qui n'ont pas suffisamment étudié les monuments représentés sur les monnaies. Mais les faits n'en sont pas moins réels, comme on peut s'en convaincre par l'église de Trêves, figu- rée sur plusieurs monnaies frappées en cette ville par les évêques, et qui représentent tantôt l'édifice de face, tantôt une vue de l'abside, tantôt la porte d'entrée principale seu- lement. Les monnaies frappées par les évêques de Liège présentent aussi des exemples de pareilles églises prises à différents points de vue.

Je me résume donc : les deux monnaies figurées aux

(') Il est possible aussi que le ii, qui semble offrir une effigie épis- copale de face, et par conséquent d'un type antérieur à celui d'Elicnne de Bar, appartienne à son prcdccesseur.

52

n"" 15 et i^ bis, sont étrangers an pays de Metz; elles ont été trouvées mêlées à des monnaies liégeoises et sur le territoire de Liège ; l'édifice, dont elles sont empreintes au revers, offre une grande analogie avec celui qui est figuré sur le sceau de Saint-Trond. Je crois donc pouvoir con- clure de la réunion de toutes ces circonstances, qu'elles ont été frappées à Saint-Trond.

Si les conjectures, que j'ai l'honneur de vous soumettre, sont vraies, il me semble, Monsieur, que vos n" 30 à 33 ap- partiennent également à l'atelier de Saint-Trond, par uite de la ressemblance qu'offrent leurs édifices avec l'église de cette ville. Ce qui me fortifie dans cette manière de voir, ce sont d'abord les légendes, dont les lettres embrouillées peuvent former, avec un peu de bonne volonté, le nom de Sancti- Trudonis; ce sont ensuite les croix qui ont une ressem- blance parfaite avec les monnaies liégeoises au nom de saint Lambert, frappées pendant le xu" siècle.

Je passe maintenant à l'examen de vos monnaies figurées sous les ir 16, 17, 21, 22, 23, 24 et 25.

Je suis assez porté à les regarder comme appartenant à Talelier de Jupille, domaine que les Pépin possédaient sur la Meuse, et existait, sous la période mérovingienne, un atelier monétaire dont j'ai fait connaître le produit (i). 11 n'y aurait donc rien d'étonnant si les successeurs des Pépin ont continué à y exercer le droit régalien que leurs prédé- cesseurs avaient déjà exercé auparavant. Quels étaient, dans les domaines de Jupille, les successeurs des Pépin? Les docu- ments ne laissent pas de doute à cet égard. D'abord Jupille

ê (') Revue de la numismatique belge, 1" série, t. VI, p. 572.

passe aux empereurs en vertu du traité de Foûron-le Comte de 878. Arnoul, par son diplôme du 15 juin 888, confirme au chapitre de Notre-Dame à Aix-la-Chapelle, la pos- session des novales de quarante-trois villœ, dont Jupille faisait partie (0. L'endroit fut donné, en 1008, par l'empe- reur Henri II 5 l'Église de Verdun (2), qui l'échangea, en 1266, contre le bourg d'Amay, appartenant à l'Eglise de Liège (3). Il est donc possible que les empereurs d'Alle- magne et les évêques de Verdun aient frappé monnaie à Juj)ille, dont le saint patron était saint Amand, évèque et apôtre de la Belgique. Or, les noms des saints patrons des endroits oîi existaient des ateliers monétaires, figuraient, pendant le xn* siècle, sur le numéraire qui y était fabriqué; le nom de saint Amand peut donc avoir clé gravé sur les monnaies de Jupille. Ce nom figure, je pense, sur quelques- unes de vos pièces. Ainsi, la légende de votre n" 16 offre IMiMIDV, qui pourrait bien faire uimandus, en prenant la lettre IXÏ pour un A conjoint avec un M, supposition qui est conforme aux principes de la paléographie. Si la quali- fication de sancliis ou de son initiale manque à la légende ; si le nimbe, attribut des saints, n'entoure pas la tète du buste gravé sur votre monnaie, et si par conséquent il n'est pas possible d'y voir, avec certitude, l'effigie d'un saint, j'ai du moins, en faveur de ma présomption, le buste d'un prélat qui convient parfaitement à saint Amand. D'ailleurs, l'absence du nimbe n'indique pas toujours que l'effigie qui

(') Lacomblet, Urkundenbuch, t. I, 73. (') FisEN, l'e partie, p. tS9.

(^) Ihid., 2e parlio, 25; StiiiAtus, t. II, p, 865; (Ialmet, Ilislohe île J.oi'rninc, t. H, l'nHvcs^ p. ii)ô.

54

n'en est pas ornée ne soit pas celle d'un saint; nous en voyons une preuve frappante sur les monnaies de Dixmude empreintes du buste de saint Domitien et dont la tète n'est nullement nimbée {*). Ce nimbe et cette qualification appa- raissent entièrement sur votre n" 21 , dont la légende ST2TfI i\eux fois répétée donne S(an)T{us) 7^U{andus), le H n'é- tant souvent, sur les monnaies, que la transformation du M. J'en conclus donc que les n"' 16, 17, 21, 22, 23 et 24 sont probablement des monnaies frappées à Jupille au nom de saint Anjand, et peut-être par les évèques de Verdun qui en curent la possession au moment elles furent forgées. Reste encore à déterminer les n"' 18, 19 et 20. Je crois voir, sur ces pièces, reHigie de saint Cbarlemagnc, saint patron de Herstal, conjointement avec la Vierge (0- Ce qui me porte à penser ainsi, c'est que Herstal, tour à tour possédé par les Pépin, les carlovingiens, les dues de Lolbier , les évèques de Liège et les sires de Herstal de la maison de Louvain, avait une officine monétaire, dont les produits sont connus; c'est la lettre G,[arolus?) qui figure à côté de l'effigie impériale, tenant de la main droite une palme, attribut de la puissance, de la sainteté et de la béatitude, comme je l'établirai plus loin ; c'est la tête impé- riale qui figure sous le portail d'une église et qui indique, sur les sceaux et les monnaies, le saint auquel l'église est dédiée ou son fondateur ; ce sont enfin les légendes :

(t) Voy. notre article au sujet (Jos monnaies de Courlrai, Rnmc de la nvmii<matiquc belge, l^c série, t. VM, p. 528.

(') La Vierge était probahicmcnl la sainte patronne primitive de la pre- mière église que Charlcmagne fonda à Herstal, Celui-ci lui fut associe dfiris la siiile. Le sceau de Herstal figurait saint Cliarlemasnc seulement.

53 -

S2ÎCT CVINRERV(n°20), SNT 2TCHERV (n-oS), et....

CNLVS (n" 39), qui présentent une certaine analogie avec Sanctus Carohts. Celte lecture, peut-être un peu arbitraire, a néanmoins pour elle une certaine probabilité, lorsqu'on considère que la plupart des monnaies de la trouvaille de Maestricht présentent des légendes si embrouillées et si dif- férentes quoique appartenant aux mêmes pièces, qu'il est impossible d'en tirer un sens lorsqu'on veut les lire d'une manière régulière. Le buste impérial ne porte pas de nimbe, il est vrai ; mais, je l'ai déjà fait remarquer, l'oubli du nimbe n'est pas toujours une preuve que le personnage ne soit pas saint. D'ailleurs Charlemagne ne fut canonisé qu'en H 65, quoique son culte fût déjà connu avant cette époque j par conséquent il n'y a rien d'élonnanl si le nimbe, attribut exclusif des saints, n'entoure pas son buste, qui porte néan- moins la palme, insigne des bienheureux et des saints.

Je crois donc, en dernière analyse, que les n" 18, 19, 20, 25, 26, ?8, 39 , 40, sont des monnaies frappées à Ilcrstal, comme le semble prouver la grande ressemblance que présentent quelques-uns de leurs bustes avec celui de la monnaie de Hersial, publiée par M. de Coster ^i).

Je me permets encore de vous adresser, Monsieur, quel- ques réflexions à propos de votre denier au nom d'André, (n° 13), et que jusqu'ici j'ai cru, comme vous, frappé par André de Cuyk, évèque d'Utrecht (1128-1159). Examen fait des deniers de la trouvaille de Ny, j'ai totalement changé d'avis, et je pense que le type de cette monnaie est si étranger à celui du pays d'Utrecht, qu'il n'est pas possible

(') Revue de la nuiuisvialiqHc bilgc, 2' scuc, t. IV, [û. XiX, lig. G.

so- dé rullribuer à un atelier appartenant à celte église. Son type est tellement liégeois que, s'il y avait eu un élu ou un évêque de Liège du nom d'André, je n'aurais pas hésité à y voir un évèque ou un élu de ce diocèse. A ne consi- dérer que son type, la monnaie est donc bien liégeoise et je pense qu'elle l'est en effet. Mais quel est donc ce person- nage du nom d'André qui vient y prendre place?

Avant de répondre à cette question, je crois devoir en- trer ici dans quelques développements au sujet des droits exercés par les chapitres, les mambours et les avoués (') des cathédrales, des évêcbés, des monastères ou d'autres corporations ecclésiastiques, dont le chefs étaient investis de droits régaliens. A la mort de l'évèque, sa puissance tem- porelle passait au corps qui choisissait son successeur, afln qu'il pût à son tour l'investir de tous les droits dont le défunt jouissait lui-même. Si le chapitre était électeur, c'était sur celui-ci, représenté par son chef, ou son prévôt, ou par le mamhour, que ces pouvoirs retombaient : donc le droit

(•) L'avoué, constitue primitivement dans le but de défendre ou de protéger l'abbaye ou lo monastère qui l'avait choisi, devait parfois exercer les droits mênips qu'il était appelé à défendre. De il n'avait qu'un pas à faire pour s'emparer entièrement des droits de ses protégés. Il devint ainsi le tyrau des corporations qu'il devait défendre, un véritable fléau aussi reiioutable que les ennemis mêmes de ces corporations, dont il finissait par absorber tous les droits. La maison de Louvain, toujours entreprenante, toujours audacieuse quand il s'agissait d'augmenter ses pouvoirs, n'a pas manqué de s'emparer de tous les droits régaliens de l'a bbcsse du chapitre de Saintc-Gertrude à Nivelles, dont les ducs do liraliant étaient les avoués. J'ai dit tantôt que les habitants de Saint- Trond s'efforcèrent de remettre à l'avoué de leur monastère le droit de batti c monnaie. Ainsi les avoués avaient donc des prétentions à exercer, pour leur comj)te, les droits régaliens de leurs protégés.

57

régalien de battre monnaie qu'exerçait l'évèque de Liège passait au chapitre de Saint-Lambert, représenJc par le pré- vôt {') ou le mambour. C'est ainsi qu'à commencer du xvii" siècle, le chapitre de Saint-Lambert frappait monnaie pendant la vacance du siège épiscopal ; c'est ainsi que Guil- laume de la Marck, mambour ou régent que le chapitre in- vestissait de la puissance souveraine pendant la vacance du siège, a exercé le même droit. 11 suit de là, qu'à la mort de l'évèque, le prévôt du chapitre de Saint-Lambert a frappé monnaie, qu'ensuite ce droit a été exercé par le mambour, et qu'en dernier lieu, il a passé au chapitre.

Partant de ce principe, il est hors de doute qu'Andréde Cuyk, qui était prévôt du chapitre de Saint-Lambert, a frappé monnaie en cette qualité pendant la vacance du siège épiscopal. Je crois en eiïet que votre monnaie, n" 13, em- preinte d'une effigie de prévôt et du nom d'André, est une pièce qu'André de Cuyk fabriqua vu qualité de prévôt du chapitre de Saint-Lambert, à Liège, et comme représentant de l'évèque ou de l'élu lorsque le siège fut vacant. Je suis d'autant plus porté à le croire que votre denier, n" 11, pré- sente, à l'avers, une effigie de prévôt, comme je tâcherai de le faire voir.

Celle effigie, coiffée d'un bonnet particulier, tient une palme, qui est l'attribut du prévôt, comme la crosse est l'attribut de l'évèque. Les recherches que j'ai faites à ce sujet, ne laissent pas de doute sur ce point : les prévôts sont toujours représentés sur les sceaux, tenant d'une main une

(') Voy. pour le pouvoir des prévôts: du Casge, y^ Prmposilug, et de Loi'VBEX, Disscrliitiones canonica;, p. \i9.

^ 58

palme et de l'autre un livre ('). Quelle est la significa- tion de cette palme? C'est dans la main du saint et du bien- heureux, le signe de la foi triomphante, dans la main du guerrier l'emblème de la victoire, dans la main de l'élu, de l'abbé, de l'abbesse et du prévôt, le symbole du pouvoir (»).

Ainsi donc le prévôt, chef du chapitre, portait la palme, emblème du pouvoir qu'il exerçait sur ce corps. Cette palme je la vois figurer sur votre monnaie, cotée H, et qui est semblable en tous points au 13, circonstance d'où je crois pouvoir conclure que le denier est d'Albert de Cuyk, et qu'il le frappa en qualité de prévôt du chapitre de Saint-Lambert, dignité dont il fut investi avant d'occuper le siège épiscopal d'Utrccht.

On m'objectera peut-être, pour réfuter cette manière de penser, que la monnaie en question ne porte aucune quali- fication pour l'allribucr ù un prévôt, et que l'absence de celte qualification est même une preuve contre mon opi- nion. Jl est vrai que la qualité de prévôt n'est pas exprimée sur le denier d'André, ni sur le 1 1 qui le précède sur votre planche ; mais est-ce bien une preuve néga- tive? Combien de monnaies ne portent pas les qualifica- tions des personnages qu'elles représentent, sans qu'il soit possible de contester leurs linvs? Je me hâte de le dire, il

{') yf>!/' IIeweccius, de Sigilliif, p. 158 cl le travail si remarquable de M. Gcuard intitule : 0.-L--V. op '< Slavkskcn le Anttverpen, p. 8i. Plus lard les prévôts |iorliiiciit la uiilic et la crosse (Déclaration de la congré- t;nlion des il Iles faite en IGIO. Toy. Durand ue Maillank, Dictionnaire de droit canonique, p. WH).

(') Vvy, Oleakius, Spicil. nnliq.; Molanus, llisl. ima/)in. ; Teivzii, A'MWf. moj., etc., et surtout llEl^•Ecc^us, loc. cil., pp. 1<51 et 1(52.

de

59

existe des monnaies liégeoises, qui, mal interprélées jus- qu'ici, porlenl positivement le nom du prévôt qui les fit frapper et sa qualité. Ces monnaies sont deux deniers au nom d'Albert et dont voici les légendes :

ALBERT' POSITV et AL. PPOSITV ('j.

La qualification de P(re/))OSITV^s) ou de P(re)POSI- TVS, indique bien qu'Albert était prévôt. Ces pièces ne sont donc pas d'Albert de Cuyk('), comme on l'a supposé à tort, mais d'Albert de Retbel, qui était en effet prévôt de la ca- thédrale de Liège (^). Il est donc évident, en dernière ana- lyse, que les prévôts du chapitre de Saint-Lambert frap- paient monnaie pendant la vacance du siège épiscopal .

Vous le voyez, Monsieur, si je cite quelques faits, j'é- mets aussi, par contre, beaucoup de conjectures plus ou moins fondées ; je me compterais heureux, si mes opinions, dénuées souvent de preuves suflisanies, provoquaient un jour une discussion d'où jaillirait enlin la lumière.

Je termine celte lettre, déjà trop longue, en vous adres- sant quelques observations au sujet de la dégénéresccnso des sceaux communaux.

Des numismates, dont je respecte du reste beaucoup l'opinion, m'ont exprimé leur doute concernant la possibi-

(') Revue de la tiumismatique belge, 2" série, t. I, pi. II, fig. (5 et 7; Annales de lu Société archéologique d'Arlon, \iii7-iMQ, pi. IV, fig. 1 1 et 12 Il est vrai que l'on a voulu voir, dans le mol prœpositus , un propose {proposilus) ou élu ; mais ce mot a-l-il été employé dans ce sens pendant le moyen âge ?

{') Revue de la munistnalique belge, 2i-' série, t. I, p. 10, et Annales de lu Société arc/d'olo(jique d'Arlon, p. 851.

(^) Gestii Pontifie. I.cod., t. Il, p. \ôi.

60

lité d'une dégénérescence des oiseaux attachés au donjon de la monnaie que, dans ma lettre précédente, j'attribue à Godefroi, comte de Namur. Ils pensent qu'il est difficile de comprendre comment ces oiseaux sont devenus des ban- nières sur le sceau communal de Dinant. J'avoue que l'ex- plication de cette transformation est difficile, et je ne la comprends que par une dégénérescence de type, qui se ma- nifeste aussi bien sur les sceaux communaux que sur les monnaies. Un exemple d'une transformation semblable a eu lieu sur les sceaux communaux de Bonn. M. Lersch a démontré que le petit sceau de cette ville représente l'em- blème communal, composé d'un lion qui terrasse un autre animal. Ce lion, qui y est léopardé, laisse sur un scel d'une date postérieure, échapper un lionceau, dont la position et la forme n'ont plus rien de commun avec l'animal terrassé du premier sceau. Sur le sceau de 1690, il n'y a plus qu'un lion à gauche et à moitié levé, ou en termes de bla- son, moitié passant, moitié rampant j quant au lionceau il a lotalenienl disparu ^'). Vous voyez donc, Monsieur, qu'en fait de sceaux, la dégénérescence du type primitif est aussi possible que sur les monnaies.

Ch. Piot.

(') Ja/ii'bûc/iiir des VereiiiK von AUerlIinins KumU », t. I, p. u7.

01

MONNAIES DE NAVARRE

FRAPPÉES

AU NOM DU ROI FERDINAND D'ARAGON. Pl. IV, NO 2.

La Navarre, pays peu considérable pai- son étendue et par sa fertilité, aujourd'hui inégalement partagé entre l'Es- pagne et la France, forma, pendant bien des siècles, un Etat indépendant avec le titre de royaume. La Haute-Na- varre, la partie espagnole, était bornée par l'Aragon , la Castiile et la Biscaye j les Pyrénées la séparaient de la Basse-Navarre, bande étroite de terre, sur le versant nord de la montagne, composant aujourd'hui, au lieu d'un royaume, les cantons de Saint-Palais et de Saint-Jean-pied- de-Port (').

Après avoir été possédée successivement par la famille d'Inigo (81 5-1 234) 3 par les comtes de Champagne (1234- 1304); par les rois de France, Philippe le Bel, Louis le Ilulin, Phihppe le Long et Charles le Bel (1304-1328) ,

(1) Les rois de France, qui avaient hérité de la famille d'Albrct le titre de roi de Navarre, continuèrent à le porter jusqu'à la révolution de 1830. Jusque dans les premières années du siècle dernier, une monnaie spé- ciale était frappée au nom de ce petit royaume réduit à deux villes et à <]uelques villages.

62

par la famille d'Evreux, ensuite du mariage de Jeanne de France, morte en 1349, avec Philippe comte d'Évreux ; par Jean, roi d'Aragon , du chef de sa femme , Blanche , fille de Charles le Nohle; par Gaston, comte de Foix et de Bigorre, vicomte de Béarn, qui avait épousé Éléonore, fille de Blanche et de Jean d'Aragon , la couronne de Navarre , encore intacte, appartenait au commencement du seizième siècle à Catherine de Foix, petite- fille d'Éléonore et à son mari, Jean d'Albret.

Ferdinand d'Aragon , dit le Catholique, qui par son ma- riage avec Isabelle de Castille, avait réuni sous un même sceptre presque toute la Péninsule, cherchait depuis long- temps l'occasion de joindre la Navarre à ses autres Etats. La guerre qu'il soutenait alors, en Italie, contre la France, de concert avec le pape Jules II, lui parut fournir un pré- texte plausible d'exiger de Jean d'Albret des concessions incompatibles avec l'attitude de neutralité que le roi de Navarre voulait garder entre ses deux puissants voisins. Dès l'an 1510, Ferdinand, après s'être fait donner par le pape, son complice, l'investiture du royaume de Naples, avait ob- tenu également du Souverain Pontife une bulle (') qui ex- communiait le roi et la reine de Navarre, comme partisans du roi de France et adhérents au concile de Pise, et donnait leur royaume au premier prince qui s'en emparerait. Cette bulle, distribuée secrètement dans la Navarre par les agents du roi catholique , préparait par l'appel à la rébellion l'in- vasion qu'il méditait.

Deux ans après, en juillet 1512, une petite armée, com-

(') Du 18 février 1510.

63

mandée par le duc d'Albe, francliil la frontière et, après cinq jours de marche, arrive devant la capitale, Pampelune, dont la trahison ouvre les portes sans coup férir. Jean d'Albret, voyant que toute résistance était devenue imposa sible et n'ignorant pas que le plus vif désir de Ferdinand était de s'emparer de sa personne pour le confiner dans une prison perpétuelle, évacua le reste de la Haute-Navarre et se retira en Béarn par le val de Bastan.

Assisté d'une armée française sous les ordres de François d'Angoulême, qui fut depuis François I", le roi de Navarre tenta de reprendre ses États ; il mit même le siège devant Pampelune. Ce fut en vain ; l'armée française, aux appro- ches de l'hiver, repassa la frontière, et la trêve qui suivit la mort du pape Jules U affermit Ferdinand dans sa nou- velle conquête. Après avoir inutilement employé les armes humaines, Jean d'Albret et sa femme eurent recours aux armes spirituelles. Ils députèrent leur confesseur auprès de Ferdinand pour le sommer de leur rendre leur royaume in- justement usurpé, et «( à faute de ce faire, l'adjourner devant >' le throsne du grand Dieu vivant, seul juge des Roys et => des Monarques. » Le vieux rusé se retrancha derrière la bulle du pape et l'autorité du Souverain-Pontife, qui valait bien celle d'un simple confesseur. On allait donc voir la guerre se rallumer, lorsque la mort surprit Jean d'Albret dans la soirée du 17 juin i516, au village de Moneing en Béarn. Six mois après , Ferdinand le suivait dans la tombe et allait répondre à l'ajournement du roi détrôné. On sait que le roi catholique mourut des suites d'un philtre amou- reux que la reine Germaine de Foix, sa seconde femme, lui avait fait avaler dans l'espoir d'en avoir un héritier, mais dont

64

« son aage chesnu ne pouvoit soustenir les effccls violents ; » les breuvages amoureux que les femmes donnent à leurs ;• maris pour les exciter et forcer à les aymer, n'ont d'ordi- '> naire autre fin, que rendre leurs maris insensez, ce dit fort » à propos Plularque (')• »

Aussitôt après la prise de Pampelune, le duc d'Albe avait exigé des habitants qu'ils reconnussent le roi Ferdinand en qualité de roi de Navarre, et leur avait fait prêter serment d'obéissance et de fidélité à leur nouveau souverain. Ce fut donc d'abord comme roi de Navarre et à titre d'une souve- raineté spéciale, que le roi d'Arragon gouverna le pays. Mais , aux états tenus à Burgos , en 1516 , quelques mois avant sa mort, il avait réuni et annexé à la couronne de Castille sa nouvelle conquête, croyant ainsi l'assurer davan- tage contre les tentatives de la France et de la famille d'Al- bret.

Ferdinand , en qualité de roi de Navarre , fit forger des monnaies à un type particulier. Ces pièces peuvent rentrer dans la catégorie des monnaies historiques, et sont par leur rareté dignes d'attirer l'attention des amateurs. Voici celles dont nous avons pu réunir les descriptions, soit d'après les monnaies elles-mêmes, soit d'après les ouvrages elles sont indiquées ou gravées.

Tète de profil à droite portant la couronne fleuronnée : •J. o PSRRTîRbVS § b S G o R g K2îB2ÎRe: o en! g 7ïR2îb o i^sic pour 2ÏR2ÎG) sous le buste : IIII (le chiffre quatre indiquant la valeur de la pièce).

(l) Fattn, Histoire de Navarre, Paris, 1612, in-folio.

65 Écusson de Navarre (i) couronné »ï< S STO o RO-

man o bomimi s (sk, surfrappe,) Bsneibi-

Or. Gr. 13.80. Quadruple ducat , de la collection de M. de Cosler.

A la suite de la légende pieuse, empruntée au 21° verset du chapitre I de Job, SU nomen domini benedictiim, on re- marquera , sur cette pièce, les quatre lettres 6!SOI2. Sur d'autres monnaies du même roi nous trouverons SSO, ou QS, ou bien encore, d'après une gravure des tarifs d'Anvers, NSS. Les gravures de ces tarifs étant souvent fort incorrec- tes, il est bien permis de supposer que c'est partout la même chose, plus ou moins abrégée. Nous avions pensé d'abord à chercher dans ces lettres l'indication d'un atelier monétaire. Mais l'atelier monétaire des rois de Navarre était à Pampe- lune ', puis, sur une monnaie de Rummen (=), à la suite de la même légende, l'on trouve aussi SR, encore un abrégé

(1) De gueules à une escarboucle accolée et pommetée d'or ; à la double chaîne posée en sautoir, fasce, pal, de même (ârmorial dniversel publié par Curmer). Ces armoiries, disent les héraldistes, furent données à la Navarre par le roi Sanche le Fort, en mémoire de la bataille gagnée sur le roi Maure, Aben-Muhamed, le 16 juillet 1212. Sanche avait obtenu pour sa part du butin, le pavillon de Muhamed et les chaînes de fer dont il était entouré; il fit déposer ces chaînes dans la cathédrale de Sainte- Marie de Pampelune et dans l'abbaye de Roncevaux. L'escarboucle et les chaînes remplacèrent alors, sur l'écusson royal, le chêne de sinople à la croix pommelée de gueules en chef qui étaient, dit-on, les anciennes armoiries du pays. Favyn raconte sérieusement qu'à celte fameuse ba- taille, où plus de deux cent mille Mores furent malrassez sur la place, il ne fut lue que vingt-cinq chresiiens. On voit que les bulletins impériaux ne sont pas d'invention nouvelle.

(2) Planche XX, 12 de 1855.

2e SÉRIE. Tome vi. 3

60

du mystérieux eson. Il nous parut alors évident que ces let- tres n'avaient aucun rapport avec le lieu la pièce avait été forgée, mais plutôt avec la légende pieuse elle-même. Le mot de l'énigme nous échappait ; nous l'avons en vain de- mandé à notre excellent ami M. E. Cartier, le patriarche de la numismatique française. M. Cartier nous répondit qu'il ignorait la signification de ces lettres.

Déjà Tobiesen-Duby avait fait la même observation pour les lettres SIS seulement; car notre quadruple ducat, avec le motSSOïï en entier, n'était pas connu à cette époque. Et cependant, ce mot que personne ne devine, paraîtra peut- être la chose la plus simple du monde à l'un ou à l'autre de nos lecteurs plus sagace ou plus heureux.

A cette légende pleine de résignation et d'humilité chrétienne, les princes de la maison d'Albret substituèrent un passage de répîtreP de saint Paul aux Corinthiens (') : GratiaDeisum id gttorfsawi. C'était sur leurs monnaies, une déclaration fière et hardie de l'indépendance de leur cou- ronne qui ne relevait que de Dieu. Et en effet, le Béarn et la Navarre n'appartenaient pas à la France, avant la grande révolution de 1789. Ils appartenaient aux descendants de leurs rois qui étaient devenus tout à la fois rois de France, de Navarre et princes souverains de Béarn. Malgré l'édit de 1G20, ces pays avaient conservé leurs lois, leurs cou- tumes et leurs privilèges particuliers; et leur opposition à se laisser absorber par leurs voisins, alla si loin, qu'en 1789, les députés de la Navarre refusèrent de siéger dans l'As- semblée nationale, protestant, dans un Mémoire en 40 ar-

0 Cliap. XV, V. 10.

C7

liclcs, contre tout ce qui serait fait contre leurs franchises et libertés, disant au roi : « Votre royaume de Navarre est indépendant de votre royaume de France j il doit conserver tous les signes et tous les honneurs de royaume, Vaines réclamations : le royaume dont Saint-Palais était la capi- tale disparut le premier dans le gouffre qui devait engloutir tant d'autres couronnes, celle de Charlemagne comme celle de saint Louis. On en fit deux cantons du département des Basses-Pyrénées .

Tête couronnée : FERDINAND VS. D. G. R. NABAR.

Écusson couronné : SIT. NOMEN. DOMINI. BENE-

DTV(s/c).N. ESO.

Quadruple ducat y décrit par Kœhler, Dncaten-Cabinet , 225, d'après le Numophylaciuni Molano-Boehmerianum.

Tète de profil à droite, portant la couronne fleuronnée : PERI^AKOVS 'O-.Q:'^: RAVARRO! : am ARW.

Écusson de Navarre couronné : >j< : STO : nOffîSR :

Dommi : BsneiDiGnavm :

Double ducat, donné par Tobiesen-Duby comme étant une mon- naie d'argent. Suppl., pi. II, 2.

Tète de profil à droite, portant la couronne fleuronnée : FERDINANDVS. D. G. REX. NAVARIE.

Ecusson de Navarre couronné accosté de deux F couron-

nés ; * Sim o NOmeiN o DOOÎINI o BeNe-

DiGTVffî : es.

Double ducat, gravé dans les tarifs d'Anvers, et dans les Monnaies en or, du cabinet de Vienne, p. US. Tobiesen-Duby, suppl., pi. II, n* 1, donne cette pièce comme étant une monnaie d'ar- gent. Elle se trouvait dans la collection Norblein, n" 1025 du catalogue, et a été acquise par M. IIolTman au prix de 80 francs.

68

Tèle de profil, à droite, portant la couronne fleuronnée : FERNANDVS S D S G S R S NAVARRE.

Écusson de Navarre couronné : + SIT o NOMEN o

DNr o BENEDICTVM S N S E S.

Double ducat, gravé dans les tarifs d'Anvers, décrit par Kœhler, Ducaten-Cabinet, 226, d'après le Munzschlûssel. Tobiesen- Duby, suppl., pi. II, no 5, donne cette pièce comme étant une monnaie d'argent.

Tète de profil , à droite, portant la couronne fleuronnée : F : D : G : R : NAVAR.

Écusson de Navarre couronné ; SIT : NOMEN : DO-

MINI :

Ducat, graivé dans les tarifs d'Anvers, décrit par Kœhler, Dwcafen- Cabinet, 228. Tobicsen-Duby le donne comme étant une monnaie d'argent, suppl., pi. I, 15. Cette pièce et les deux précédentes se prenaient, en 1633, à raison de 23 carats SJ grains.

Le catalogue Norblein , n" 1024, donne, sous le nom de Petit écu d'or , un autre ducat avec Fernandus. Le reste de la description manque. Celte pièce a été acquise par M. Rous- seau au prix de 51 francs. C'est, sans doute, le ducat n°227 de Koehler.

ÉcusSon de Navarre couronné : FSRHARDVS Sb S G S n o RAB.

Croix patlée et anglée de deux F et de deux couronnelles,

dans une épicycloïde à quatre lobes formée par un double trait espacé. Les angles saillants terminés par un point; deux annclets dans chaque angle rentrant :

o sim o xiomau s oomim s bsrg;-

A. Gr. Ô.08. Real. Collection de M. de Coslcr.

Écusson de Navarre couronne : FERDINANDVS . D . G .

R . NAVAR \ Croix patlée dans une épicycloïdeà quatre lobes, angléc

de deux F et de deux couronnelles : S SIT o NO-

MEN o DOMINI o BENEDICTVM.

A. Real, gravé dans les tarifs d'Anvers.

Tobiesen-Duby donne trois autres variétés de cette pièce qui ne diffèrent que par quelques lettres de plus ou de moins dans les légendes, et par la place qu'occupent les F et les couronnelles dans les cantons de la croix.

l)eux de ces réaux sont les seules monnaies de Ferdinand pour la Navarre, qui se trouvent dans la riche collection de M. le conseiller d'état, de Reichel. Un exemplaire de cette même monnaie a été vendu sous le if 1023 de la collec- tion Norblein ; il paraît être semblable à celui de M. de Coster, saiif RAV, pour RAB.

R. Chalon.

70

MONNAIES

TROUVÉES DANS UN CAMP FKANC

DU SIXIÈME SIÈCLE.

Pl. VI, FIG. 3 A 5.

Si le territoire de la Belgique a fourni bon nombre de dépôts de monnaies postérieures au \if siècle, il n'en est pas de même des dépôts de pièces qui appartiennent à des époques antérieures. Rarement on y a trouvé des espèces du xi" siècle, et plus rarement encore des pièces du vi" siècle. Nous regardons donc comme heureuse et extraordinaire la découverte, qui fut faite en 1847, de quelques monnaies de ce genre.

Lors de la construction, en 1846, de la route de Lede vers Wichelen, province de la Flandre orientale, les ouvriers mirent à découvert quantité d'antiquités romaines et fran- ques, dont M. Schayes a fourni la nomenclature dans le Bulletin de l'Jcadémie royale de Belgique (^). Les fouilles furent continuées l'année suivante, et produisirent un ex- cellent résultat, dont le même archéologue rendit encore compte (s). Il en résulte que les objets trouvés appartien- nent à la première moitié du vi* siècle. - Au nombre de ces objets, figurent cinq monnaies, à savoir: une monnaie consulaire d'argent, une pièce semi-romaine

(i) T. XIII, partie, p. 195.

{') Ibld., t. XIV, partie, p. I«0.

71

d'or et trois licrs de sol de l'époque mérovif)gicnne.

La pièce consulaire, qui appartient, par son type et par sa légende à la famille Clodia, n'est pas gravée dans la pu- blication de Riccio (*). A l'avers se trouve le profil de Diane, à droite, et au revers une femme, debout à droite, tenant un flambeau au-devant duquel on lit : CLODIVS (j)l. Vf, lig. 5).

La seconde monnaie est semi-romaine, à légendes indé- chiffrables, ayant à l'avers une buste diadème, à droite, et au revers une victoire dégénérée (pi. VI, fig. -i).

La troisième est un tiers de sol de Childcbert, frappé à Arles, et dont M. Combrouse a donné la description, au n" 298 de son catalogue. Elle fut trouvée entre les dents d'un squelette, circonstance qui a quelque importance sous le rapport de l'archéologie.

La quatrième pièce, également mérovingienne, est frap- pée à Trêves. A l'avers on voit un profil droit, au-devant duquel est placé un oiseau dégénéré, et au revers le mo- nogramme de Trêves avec la légende : >ï< GOSOLVS M-^{monétaires) (pi. VI, fig. o).

La cinquième, d'un style très-barbare, porte à l'avers, un profil droit avec une légende que nous n'avons pu déchiffrer. Au revers se trouve une croix haussée, sur un globule, et cantonnée aux troisième et quatrième cantons également d'un globule; la légende lue à rebours donne : MEVDVS FIT (pi. VI, fig. 6). Est-ce le nom du monétaire, ou celui (le la localité? Si c'est celui de l'endroit, quelle est celte lo- calité du nom de Mcdus? est-elle située ? Faut- il y voir

(') Le Monde délie anliclic furnUjlie di lioma.

72

Mude? Ce sont autant de questions que nous n'osons pas trancher d'une manière absolue. Toutefois, le type de cette pièce nous semble belge et pourrait bien appartenir à notre pays.

La réunion de ces quatre pièces mérovingiennes en fixe la date. Sous ce rapport, ce petit dépôt offrira quelque inté- rêt aux numismates qui s'occupent spécialement des mon- naies de ce genre et de l'élude de leurs types.

Cil. PlOT.

i

73

POIDS MONÉTIFORMES DU MIDI DE LA FRANCE.

IN QUARTERON DE MIREPOIX

PORTANT LA DATE DE 1310.

Pl. IV, i.

Je ne sais si je me trompe, mais il me semble qu'une revue, comme la nôlre, doit avoir principalement pour but de réunir les matériaux épars, et de les mettre ainsi à la portée de ceux qui voudraient s'en servir pour des tra- vaux plus complets sur quelque branche spéciale de la numismatique. Un ouvrage un peu long, comme une mo- nographie, outre qu'il trouverait assez difficilement place dans les quatre cahiers qui composent une année de ce recueil, n'a nullement besoin, pour paraître, de s'abriter sous notre hospitalité ; il peut hardiment voler de ses pro- pres ailes.

Il n'en est pas ainsi de la simple description d'une pièce rare, quelque intéressante qu'elle soit. La seule publicité possible pour ces modestes et courtes notices, est celle qu'elles trouvent dans une revue périodique.

On sait que notre honorable et savant collaborateur, M. le baron Chaudruc de Crazannes, qui, le premier, s'est occupé de ces singuliers poids monéliformes des villes du

_ 74

iiiiili tic ia France, en altcnJant un ouvrage spécial et com- plet sur cette intéressante et nouvelle branche de la numis- matique, décrivit ainsi successivement dansh Revue archéo- logique (') et dans la notre ("), les différents poids de ce genre qu'il rencontrait. Son exemple fut suivi par M. Clia- bouillei (î), et nous-méme, bien qu^éloigné des pays l'on peut espérer de trouver ces petits monuments épi- graphiques, nous avons été assez heureux d'ajouter un poids de Toidouse à ceux qui avaient déjà été publiés {^). Nous devons aujourd'hui à l'obligeance deM. le comte Amé- dée de Beauffort, de pouvoir enrichir encore cette suite d'une pièce très-curieuse, un quarteron de Mirepoix, por- tant la date de \o\0, dont voici la description :

Jv. : Dans le champ, un poisson. Entre un double grc- netis : >î< I* GT^RWO : D : SI^IRTÎPIC?-

Rev. : Ecusson chevronné de trois pièces. Entre un double grènetis : >ï< T^UXIO : DRI : CaC" X».

PI. IV, nol.

La ville de Mirepoix, en latin Mirapicum, à G lieues N.E. deFoix et à 16 S.E. de Toulouse, aujourd'hui chef- lieu de canton du département de l'Arriége, arrondissement de Pamiers, était anciennement la capitale d'un petit pays du même nom, au comté deFoix, dans le haut Languedoc. Cette seigneurie, qui eut successivement le titre de comté

(') Revue archéologique, t. \ , p. 757; t. VII, p. 202; t. IX, pp. lîJ et 441; t. XI, p. 187. O T. 111, 2e série, p. 418. (') Revue arcficologique, t. XI, p. 11 'j. C) T. 111, 2e série, p. 272.

75

et de marquisat, appartenait à la famille de Levis, dont on voit sur un des côtés les armes d'or à trois chevrons de sable. Le poisson, qui figure de l'autre côté, est la pièce principale des armoiries de la ville de Mirepoix, qui sont d'azur au poisson d'argent de fasce, au chef cousu de gueules chargé de trois étoiles d'or (').

Ce quarteron, fait d'un alliage de cuivre et de plomb, très-dur, pèse exactement 100 grammes. En supposant qu'il soit une division de la livre de Toulouse, du poids de 407.09, généralement en usage dans le haut Languedoc, il devrait peser 101.77. Mais cette légère différence, de 1.77, peut facilement s'expliquer par l'oxydation et le frot- tement auxquels, depuis tant de siècles, ce petit meuble a été exposé.

R. Chalon.

(') Armoriai universel de Curnter. D'après H. Ta/ivEnsiER, Armoriai national de France, Paris, 18i^, ce serait de gueules à un poisson d'or, au chef cousu d'azur chargé de trois étoiles d'or.

76

NOTICE

COKCEBKAST

DES MOMAIES DE KESSENICH, BORNES. fiRAVE, RANDERODE, .STENYENSWERD ET REKHEIM.

(Pl. V.)

I

SEIGNEURIE DE KESSENICH.

Le village de Kessenich fait actuellement partie de l'ar- rondissement de Hasselt, province du Limbourg belge, et fut autrefois une seigneurie enclavée dans le comté de Hornes. Ses seigneurs prétendaient relever directement de l'empire germanique, tandis que les ducs de Brabant soute- naient qu'ils devaient relever de leur cour féodale de Bra- bant.

Le premier seigneur connu de Kessenich est un Arnoul, qui figure dans une charte de 1115 (*). Godefroi de Kesse- nich est nommé dans une autre charte de 1219. Comment cette seigneurie a-t-elle passé aux d'Argenteau, et com- ment Henri d'Argenteau s'est-il intitulé, en 1223^ seigneur

(') WoLTERS, Notice historique sur l'ancien comté de Uornes, p. 180.

Nous avons puisé, dans cet ouvrage, la plupart des rcnseignemenls que nous donnons concernant les seigneurs de Kessenich. L'auteur y a donne aussi deux planches de leurs monnaies.

77

(le Kessenich ? Est-ce par vente, succession ou par alliance? On l'ignore. Nous savons seulement que, vers la fin du xiv" siècle, la dame de Kessenich s'allia à Jean de Hornes, dit le Sauvage, et que de cette manière la seigneurie passa à une branche de cette famille.

De ce mariage naquit Arnoul de Hornes, sire de Kesse- nich, qui épousa, vers 1429, Isabelle, fille naturelle de Jean de Looz, sire de Heinsberg, et d'Anne, comtesse de Solms. Ce fut à l'occasion de ce mariage que Jean de Looz, par acte du 24- août 1429, renonça à ses droits sur Kessenich , renonciation qui fait supposer qu'il avait des prétentions à cette seigneurie.

Jean de Hornes, dit le Sauvage, s'intitule, dans un acte de relief du 16 octobre 14-56, de seigneur de Kessenich, (domi- nus temporalis de Kessenich). Il eut deux enfants : Jean de Hornes, dit le Discret, qui mourut, paraît-il, sans laisser de descendants, et Catherine de Hornes, qui hérita, d'après Bulkens, de tous ses biens

Comment les seigneurs de Kessenich sont-ils parvenus à exercer, dans leur seigneurie, le droit de battre monnaie? Est-ce en qualité de seigneurs immédiats de l'Empire , comme ils prétendaient l'être? Ou est-ce parce que Jean de Hornes, époux de l'héritière de Kessenich, appartenait à une famille qui faisait usage de ce droit, dans le comté de Hornes ? Rien ne nous autorise à adopter l'une ou l'autre de ces deux opinions. Contentons-nous de faire observer que jusqu'ici les monnaies les plus anciennes de Kessenich sont de Jean de Hornes. Nous attribuons à ce seigneur les monnaies suivantes, copiées de celles de Jean III, comte deNamur(1418-1421), son contemporain, et sur lesquelles

78

il se permit même d'inscrire le mot i\A\I, pour les faire d'autant mieux ressembler aux monnaies noires de Namur, ^v. ^ lOr^Tî^nSS? . ï^a : I^SSSan. Dans le champ et sous une barre : RTÎ^ .

Bev. ^ mOXian^T^ : R0V7Î : DG: : Viim. Croix fleuronnée dans un cercle (pi. V, fig. 1).

Le mot Kini est, croyons-nous, l'abréviation de Kisnich, forme limbourgeoise de Kessenich.

Av. Semblable au précédent.

lïev. >î< mORairUTÎ, R0V2î.l^e:SSG:. Croix comme au revers précédent (pi. V, fig. 2).

Jv. ^ I0Il7ï(nne)S' D(omi)n{u)S^ DS : J^eSSO! Xl{ich). Dans le champ et sous une barre RTÎfR.

Rev. mOI^— RSI— liRI— SRI. Croix traversant la lé- gende et cantonnée de deux lions (pi. V, fig. 3).

La localité de Neilnieri, que nous n'avons pas pu retrou- ver, n'est peut-être que la transformation de moneta nova Kessenich.

Le D de la pi. V est encore probablement une mon- naie du même Jean, mais dont les légendes sont trop rognées pour les lire avec quelque certitude.

Après avoir imité le type des monnaies noires de Na- mur, Jean de Kessenich copia celles de Jean IV, de Ba- vière, évèque de Liège (1390-1418), dont le type était aussi adopté par Jean de Heinsberg, également évèque de Liège (1419-1456), au commencement de son règne ('). A ce type appartient la monnaie suivante :

(') Voy. les n<" 10, H et 12 de la i)lanchc XVI ihi tome V de la série.

79

Av. ^ lOï^TÎRS. De: IiORSR. ECU de Ilornes, qui est d'or a trois trompes do gueules embouchées et virolées d'argent, les embouchures à senestre. Cet écu est incliné et appendu à une branche d'arbre.

Rev. SI^O RSnn-^ROV Croix cantonnée de deux

cors, qui sont de Ilornes, et traversant la légende (pi. V, fig. S).

Des exemplaires portent, au lieu de deux cors, dont la croix est cantonnée, deux rosettes ou une rosette et un cor (ibid,).

La monnaie suivante (n" G), quoique placée au nom- bre de celles de Kessenich, ne semble pas appartenir à cette seigneurie, par suite de lecusson incliné, partie à deux étoiles, et à un lion. Ces étoiles n'appartiennent ni à Homes, ni à Kessenich, et malgré toutes nos recherches, nous n'avons pu découvrir le seigneur qui en fit usage. Le nom de Johannes, dont la monnaie est empreinte, convient bien à Jean de Kessenich ; mais l'état fruste de la pièce ne permet guère de lire les légendes qui tranche- raient probablement la question de savoir à quelle localité elle appartient.

Les trois numéros suivants sont au type des monnaies noires à l'écusson de Heinsberg-Looz.

Av. >î< I0)^2ÎR I^SS. Écu parti de Hornes et d'un

lion, probablement de Kessenich ; au-dessus une étoile.

Rcv. ^ORSn32î R0V2Î Croix pattéc inscrite dans

un grènetis et portant au centre un Yi{essenich) (pi. V, fig. 8).

80

Av. Semblable au précédent.

Rev. Semblable au précédent R0V7Ï De:i^e:(pl. V,

fig. 9).

Jv. lOî^ DIVS S. Écu comme ci-dessus.

Rev m— R VI— RVS. Croix traversant

la légende et portant au centre un If (pi. V, fig. 10). Les monnaies, dont nous faisons suivre la description, sont, nous semble-t-il, de Jean II de Hornes, seigneur de Kessenich, et imitées de celles que frappa Jean de Heins- berg, évèque de Liège (1419-1456). En sa qualité de fils d'une fille naturelle de Looz, il y pouvait faire figurer les armoiries, dont Jean de Heinsberg avait empreint ses mon- naies noires :

Jv. lO.DS.ï^ Le champ blasonné de ses armoi- ries composées aux premier et quatrième de Hornes et de Looz qui sont bourellées d'or et de gueules, à dix pièces, aux second et troisième de Chiny, qui sont d'azur semé de croisettes recroisettées, au pied fiché d'or à deux bars adossés brochant sur le tout de même 5 sur ces armes est un petit écu de Hornes.

Rev. MOXl Croix patlée inscrite dans un grènetis et

cantonnée des lettres If— I— R I en croix (pi V, fig. 11). Jv. Semblable au précédent.

fiev. MOR 7ÎR .... Ji^V. Croix pattée traversant la légende et cantonnée de deux rosettes (pi. V, fig.l2).

Jv. >i< l.Da Daif... se:?. Le champ blasonné,

coFnnie aux dux monnaies précédentes.

84

Bev R0V2Î:I^RI Croix largement pattéedans

un grènetis et portant au centre un lis (pi. V, fig.13).

Jv. Semblable au précédent.

Hev. Légende effacée. Croix pattée dans une épicycloïdc à quatre lobes (pi. V, fig. 14).

Av. >ï< De::r2(o^R^oi^S:DG::i^e:se:R. i.e

cbamp blasonné comme ci-dessus.

Eev. HORS * mVKaSipovrUOVK IfSS). ^.... Croix légèrement pattée portant, au centre, un I^ couché (pi. V, fig. 15).

Jv. »ï< lOï^KÏ^I^SS : DS ^ FjORR?. Le champ bla- sonné aux premier et quatrième de Ilornes, au se- cond et troisième de Sur le tout un petit

écu effacé.

Bev * GOmS DS naSVSS Croix légèrement

pattée portant au centre une étoile (pi. V, fig. 16).

Quoique placée parmi les monnaies de Kessenich, nous croyons cependant que celle-ci est étrangère à celte sei- gneurie. Elle doit être probablement attribuée à une autre seigneurie, à laquelle appartient peut-être aussi le 7, que nous avons mentionné tantôt et dont les armoiries se com- posent d'étoiles. Mais quel est ce Jean de Hornes? Im- possible de répondre à cette question : nous ne voyons dans la généalogie des sires de Hornes, aucun personnage de ce nom, qui ait pu posséder, soit de son chef, soit de celui de sa femme, une seigneurie dont le nom convienne à la légende du revers, ou dont les armoiries aient été com-

2* sÉBiE. Tome vi. 6

82

posées d'étoiles. Peut-être faut-il lire WSSSSffî sur ces monnaies et supposer de cette manière que Jean de Hornes a été en possession de cette seigneurie. Hâtons-nous cepen- dant de dire qu'aucun acte n'autorise cette supposition, et que par conséquent il est impossible de l'admettre.

Av. lOï^TînSx D.... yiaSSamQll. Lecliamp bla- sonné aux premier et quatrième de Looz et de Hor- nes, aux second et troisième de ; sur le

tout un petit écu effacé.

Rev. ^ mouam'K -. novK -. oe:... m\ croix pat-

tée portant au centre un lis (pi. V, fig. 17).

Av. ^ lOï^TîRS: DS : î^O... IRG'. Le champ bla- sonné au premier de Hornes, aux second et troisième de Looz et de Chiny, mal gravé ; au quatrième d'un lion; sur le tout un petit écu avec la trompe de Hornes, surmonté d'un chevron, ou plutôt un hu- chet.

Rev. KVe: : ÎI22ÎRI2Î : GR2ÎGI2Î : PIlS. Croix pat- tée portant au centre ou ÎT2 (pi. V, fig. 18).

Av. >î< I0Ï2.... \l<ymi : D\ommus) DS : liSS. Le champ blasonné aux premier et quatrième de Looz et de Hornes, au second d'un lis et au troisième d'un lion; sur le tout un petit écu avechuchet.

Mcv. ^ sx20x^e:nn2î : novR -. ds : i^mu(e ou oy).

Croix pattée, inscrite dans un grènetis ou dans une épicycloïde à quatre lobes et portant au centre un lis ou un K (pi. V, fig. 19).

83

Kinre ou Kinroy est un hameau dépendant «le Kessenich.

Le lion figuré dans le champ des deux monnaies précé- dentes (n"' 18 et 19), et le lis gravé sur les n"' 17 et 19, n'ont aucune signification héraldique; ce sont seulement des trompe-l'œil inventés par Jean de Hornes, pour faire ressembler ses monnaies à celles que Philippe le Bon fit fa- briquer en Flandre ou à Malines ('). Celles-ci portent le lis de France et le lion de Flandre que Jean de Hornes crut devoir copier pour mieux tromper le public.

La supercherie employée par Jean devient plus évidente encore sur la monnaie suivante, empreinte des trompes de Hornes arrangés en chevrons de manière à ressembler aux armes de Bourgogne :

Av.... Or^S. DQ! }ri<yRU : Di{ominus) D... Le champ

blasonné , au premier, de , aux second et

troisième de Looz et de Hornes, transformé en chevrons; au quatrième d'un lion ; sur le tout, un petit écu comme ci-dessus.

Rev. ^ mO... R0V2Î DG!: I^mR. Croix pattée, por- tant au centre un objet indéterminé (pi. V, fig.20).

Jv. >j< 10'. DS : tjORR : D'OS ; I^Q. Le champ écartelé , aux premier et quatrième de Hornes, transformé en chevrons, et de Looz ; aux second et troisième d'un lion, imité de Flandre.

Bev. ^ monaB'K{sic) -. nov2î : ds : ... ro

(kinroy?) Croix pattée portant au centre B (pi. V, fig. 21).

(!) Voy. pi. VIII, fig. 17 et 18, série, t. V.

84

Jean spécula aussi sur les monnaies de Jeanne de We- semael, dont les armoiries se composaient, comme nous l'avons vu, d'un lis et d'un lion (').

Av. -ï< lOI^TîS: DS : Ï^ORR : D^ : Da I^SS. Le champ blasonné , aux premier et quatrième , d'un lis ', aux second et troisième, d'un lion; sur le tout, un petit écu au lion.

Hev. *h rnOXiami^ : ROVTÎ : De: : ¥im{roy) ou I^inR(oî/). Croix pattée portant au centre un R (pi. V, fig. 22).

II

SEIGNEURIE DE CUICK.

Le pays de Cuick, qui fait actuellement partie de la pro- vince de Brabant septentrional, aux Pays-Bas, était situé près de la Meuse, et était borné par le comté de Kessel et la seigneurie de Ravestein. Les possesseurs avaient, selon But- kens (»), le titre de comte et portaient d'or à huit merletles de sable en terre, deux barres également de sable (').

Leur généalogie a été établie, par les auteurs que nous venons de nommer en note, comme suit :

(') Revue de la numismatique belge, 2^ série, t. V, pi. XX, fig. 17 à 2Î) et 27 à 32.

(') Trophées de Brabant, t. II, p. 5^.

{^) PAitiNGEt, Memoriaal o{ beschryving van de stad Grave en den lande Cuyk, 1. 1, p. i.

85

GuiLiiuiiB, comte de Cuick, f 1U34.

Hermau, comte de Cuick, 1050-1068.

I

Hekri !«-, comte de Cuick, 1096-1101.

IIermarII de Cuick, 1132-1167.

Hemki II. comte de Cuick, l'p. Sopliie, damu de llerpen.

GoDEFROi de Cuick, comte d'Arcns- bcrg, 1145-1157.

Albert deCaick,élu évéque de Liège, 1196-1200.

AxDRÉ, évéque d'U- treclit,ll^S-1138.

Adèle, é.p. Ariiuul siredeUedichcm.

Albert, s>^ de Cuick ellIerpeD.ép. N., tl233.

Herri III, sire de Cuick, 12331251,

ép. N.

Jeas I, sr de Cuick, f vi'is 1308, ép. la lille du sire de Gemnicli.

Arnodl de Cuick.

Remieb de Cuick, sirede Herpen.

Hehri.

Tuierri de Cuick.

TuiERRi de Cuick , ép. Christine, vi- comtesse de Lyn- den.

Marguerite, épouse Jean, sire de lleus- den.

N. de Cuick ép Hu- gues de Voorn , burgravc de Zé- Inndc.

Henri IV de Cuick, tué ù Maeslricht, 1303.

OttoKjS'' de Cuick, fimp. après 1350, ép. 1" Jeanne, dame de Hevcr- ; Jeanne de Flandre.

Jea!I II, $''deHoog- stractcn, ensuite de Cuick, f 1357, épouse Cailierine Gerttiout.

Werneb, Etc.

Jean III , sire de Cuick, j ïcrsl355,

ép. IS.

Jean IV, encore mi- neur,succède,$ous la lulclledc Tliier- ri de Ilornes, sire de Perwez ; majeur 1375, cp. Mahaud de Boetselaer, et f vers 1382, imp.

Henri, s'' de Hoog- slraeten, f 1372, ép.Gcrtrudc, fille de Pierre Cour- tcrelle.

Wbkner, sire de Me-

teren. + 1390, ép.

lèlede" "

Adè

illocften.

Jean Vf 1394, imp., ép. la fille natu- relle de Guillau- me, duc de Ju- liers.

GÉRARD, prévôt de Louvain.

Jeanne.

Jeanne céda, par acte du 10 décembre 1400, à Guil- laume de Juliers, tous ses droits , ainsi que la seigneurie de Cuick, dont la famille fut entièrement frustrée.

Nous disions tantôt que Jean IV, encore mineur, suc- céda à son père, en 1355, et qu'il fut majeur, en 1375.

86

Son tuteur fut Thierri de Hornes, sire de Perwez, qui frappa, à Grave, probablement, pour le compte de son pupille, la monnaie suivante :

Av. m^aoaamavBiDai -. grtî.- drs : p2îr-

VISRSIS . I^. Lion heaume assis à gauche, dans une épicycloïde à quinze lobes. Bev. Légende intérieure : ^ mONeir^TÏ <? DE <? GR2Ï- VERS ; légende extérieure : •♦ BîVDIGCnnVS : OVI : Vamm : IN : 1N0SI2INE : DOmilNI. Croix fleuronnéc dans un grènetis (pl.V, fig. 23) (').

Faut-il rapporter aussi à Thierri de Perwez la monnaie figurée au n" 6 de la planche V ? Les armoiries dont elle est empreinte se trouvent, il est vrai, sur la monnaie que nous avons attribuée à Thierri de Perwez, évêque intrus de Liège, mort le 23 septembre 1408 ('); mais son type est évidemment postérieur à 1575, 'année pendant laquelle Jean IV de Cuick fut majeur. Les légendes frustes de cette pièce ne nous permettent pas non plus d'en fixer l'attribu- tion avec certitude; nous nous bornons à la signaler à l'at- tention des numismates, avec prière de vouloir nous com- muniquer un exemplaire plus complet.

Peut-être faut-il attribuer également à l'atelier de Grave, lieu de résidence des sires de Cuick, le gros tournois au nom d'un sire de Perwez, publié par Mader et M. de Roye deWichen (*).

(') Revue de la numismatique belge, l" série, f. V[, p. SI.

(=") Ibid., série, t. V, p. 536.

\^) Ee.inge middclcevwsche muntui, i-o 21.

87

III

COMTÉ DE HORNES.

Le pays de ce nom touchait à la Meuse, à la Gueidre et au duché de Brabant ; son endroit principal était la petite ville de Weert entourée des villages de Baexem, Begden, Bug- genum, Geyslingen, Ghoor, Haelen, Heel, Hunsel, Heyt- huysen, INederweert, Neer, Neeritter, Nunheni, Ophoven, Roggel, Stamproy et Wessem. Tous ces endroits n'en fai- saient pas partie à une époque reculée, mais ils y furent réunis au fur et à mesure que le pouvoir des comtes de Hornes fut augmenté [^}. Les armoiries des sires de Hornes sont d'or à trois trompes de gueules, embouchées et cise- lées d'argent, les embouchures à seneslre.

Le premier seigneur de Hornes, dont le nom figure dans les documents authentiques, est :

Englebert sire de Hornes, désigné dans une charte de H46 sous le nom d'Engelbertus de Hornin (^) et dans une autre de 1166, sous celui d'Engelbertus de Hurnen(^). C'est donc à ce personnage que nous commencerons la généalogie de ces seigneurs, sans parler de ses ancêtres, dont l'exis- tence est plus ou moins problématique.

(') Ernst, Histoire des ducs de Lbnhotirg . Wolters, Notice sur l'ancien comté de Homes. GoEiuAts, Dictionnaire généalogique, &u mot Hornes. Ces deux derniers ouviages font aussi connaître des monnaies frappées par les sires de Hornes.

(') Lacomblet, Urkundcnbuch, t, I, p. 2^3.

(^) Kremer, Academische Ikilràijc, t. II, p. 266.

88

Ehglbbeht, sire de Hornes, vivait encore vers 1203, ép- Slarguerite d' Aliéna.

I I

GtiiLLAVHB I, sire de Hornes, f 1264, Erglebert de Hornes, sire de Cranendonck. ép. Hcdwige de Wickerode.

GuiLLACME H, sire de Hornes, t 1300, ép. Marguerite de Looz.

TniERBi de Hornes, sire d'Altena, t vers 1272.

GulLLAVME III, t imp.

1301, ép. Sophie de Ueusdcn.

TiiiERRi. prévôt de St-Sauvcur à Utrecht.

GÉRARD, sire de Hornes, t vers 1327, ép loJean- ne de I.ouvain, 2" Er- raingarde de Cléves.

Enclebebt, chanoine de St-Lambert, à Liège.

I'i'iit: GriiiADME IV, sire de Ottor 2c ht : Thierri, Waiera» Jea»

Hornes, f 1343, ép. de Hornes, de Hornes, de de

1" 1315, Ode, dame de sire Hornes. Hornes.

dePutte;2o 1322, Eli- Moncourt. de Perwez. se de Cléves

I*'lit: Gérard, sire Jeakke de Hor- Ode de Hornes, Marie Béatrix, Adèle, de Hornes, nés, dame de f 1377, ép. Jean de Hornes, prieure abbesse à

t26septem. 1345.

Gaesbeek , ■[■ 4 juillet 1356.

de Duyven- voordc.

J> an d'Arckel.

ep.

Keyser- bosch.

HT :

GviLLAtiME V, sire de Perwez, [■ 1354, ép. Catherine Berthout, t 1380.

I

Arnoul Ëverard

de Hornes, de Hornes,

évéque chanoine

de Liège, à Cologne.

d'Audcr-

gllCD).

TiUEBRi LoEp Elisabeth de Hor- de Hornes, nés, f 1359, ép.

sire de Bau- cignics.

Henri de Diest.

I

GuiLLAi'ME VI, sire de Hornes,

■1-25 octobre 1415,

ép. Jeanne de Heinsberg

I

TiiiERRi, évcçjue d'Osna- bruck, t 1404.

MARiEdeHornes,ép Henri siredeGemen.

GuiLi.ACHE VII, sire de Hornes, f 23 juillet 1433, ép. Jeanne de Montigny.

Ode de Hornes, ép. Jean de Ge- mcn.

Habgverite, abbessedeThorn.

Catheribe de Hornes, ép. Philippe comte de Virnembourg.

Jacques, sire de Hornes, f 3 mai 1488, ép. Jeanne de Meurs.

Mahabd de Hornes, abbesse de Thorn.

GoiiLAVME, Jacques II, sirede Jean de Hor- •f imp 29 Hornes, f 8 oct nés, év. de mai 14.53. 1530. ép. 1" Phi- Liège, lipotle de Wur- temberg, 2" Jean- ne de Gruthuy- sen.

Marie Walbuhge, Margcebitb , Fbédéric

de ép. Con- f '■'''' '^"^> <^« Hor-

Hornes. rad de ép. Philip- nes,f.30

Mander - ne de Gaes- décemb.

seheit. beek. 1486.

2< LIT : Jacques III, comte de Hor- nes, t imp. 15 août 1531, ép.loMarsueritedeCroy, 2o Claudine de Savoyc, 3o Anne de Bourgogne.

Jean IV, comte de MARGii£RiTE,ép. Everard de la

Hornes, f imp. , éplaveuve Joseph de Montmorency.

Marck.

Amélie, prieure du couvent de W'eert.

Jcnn ÎV voyant l'ifnpossibililé de laisser, après sa morl, (les lieseenclanls pour lui suecéder dans son coiiilé, lelégua

I

89

aux enfants que sa femme avait eus de son premier mari, Joseph de Montmorency. Le comté passa ainsi à une autre famille, dont nous n'avons plus à nous occuper. Nous pas- sons donc aux monnaies frappées par les sires de Mornes.

Av.'î'o WlIil^SIiîî^VS o DRS S r^ORRSÎIÎ. Aigle à ailes éployées dans une épicycloide à neuf lobe» et tenant dans ses serres l'écu de Hornes.

Rev. Légende intérieure : S[< mORE^TT f WESï^EVffî; légende extérieure : »î< ERDIG^HV f Sim ; UOœa : Dm •* RRI : Ib,V : 3rPI. Croix dans un grènelis (pi. V, fig. 24).

Cette monnaie, imitée du gros tournois d'Adolphe de la Marck, évéque de Liège (1313-1 345 1, fui frappée à Wessem , seigneurie dont les sires de Homes furent pre- mièrement avoués et dont ils tinirent par se mellre en pos- session pour la joindre définitivement à leurs domaines. Elle appartient incontestablement, par son type, à Guil- laume IV, sire de Hornes, mort en 1343.

Nous croyons que la monnaie suivante, au type de Louis de Créey, conile de FUmdre (1322-1346) appartient au même seigneur :

Av. >i< ^ORSfTTÎ : WSSSSmnSIS. Lion debout à gauche.

Hev. WIlJî^ S DXIB D I^OS - RRe:*. Croix traversant la légende (pi. V, fig. 25^).

Les monnaies dont nous faisons suivre la description ap- [uu tiennent à un autre sire de Hornes, du nom de Guillaume.

90

Av. >î< IIIKIf : DSI : GR2Î : DI^S : I^OGIRRe:... S 1 TÎLnnSnK. Deux écus surmontés d'une cou- ronne de roses entre deux fleurs de nèfles, et au- dessous, une troisième fleur de nèfle; le premier écu écartelé aux premier, deuxième et quatrième d'un lion, au troisième de Ilornes; le deuxième écu a un lion.

Rcv. moRsnnTî : no V2î : r^osRReins : z we:(r)

DSnSI. Écu à lion, posé sur une croix fleuronnée ornée de têtes de serpent (pi. V, fig. 15).

Type du Rosebeker, fabriqué par Jeanne, duchesse de Brabant (1383-1 406). Pour la faire d'autant mieux ressem- bler à cette pièce, Guillaume VI de Horncs (1380-1415), commença la légende de l'avers par trois III, qui avaient plus ou moins d'analogie avec les lettres 10)^ de la lé- gende des Rosebekers de Jeanne. La petite ville de Weert, cette pièce fut forgée, était la résidence ordinaire des sires de Hornes, comme nous l'avons dit au commencement de cet article.

Au même seigneur appartient aussi, par son type, la mon- naie noire suivante :

Av. >h QVlilq^eiliÇaV^: Lion à gauche.

Rcv. ^ mORSrUTÎ : IV Croix patlée dans un

cercle (pi. V, lig. 26).

- Les deux monnaies n"' 27 et 28 ne sont pas de la sei- gneurie de Hornes et leur état ne nous permet pas de les déterminer avec certitude.

91 ~ IV

SEIGNEURIE DE STEVENSWEERD.

Celte seigneurie, qui. se composait de la petite ville de Stevensweerd, près de la Meuse, à deux lieues de Rure- monde, appartenait à la Belgique et fut cédée aux Provinces- Unies, parle traité des Barrières, conclu en 171 S.

Après avoir été possédée par la famille de Leek, elle passa, vers 1318, par mariage, aux seigneurs de Cuilen- bourg. Les sires de Petershem en firent ensuite l'acquisi- tion. Plus lard, en 1477, Henri de Meer la possédait, et enfin, elle passa, pendant lexv° siècle, aux d'Egmont. Anne, fille de Guillaume, comte d'Egmont, l'apporta en dot à Guillaume IIÏ, comte de Berg, dont nous donnons ici les descendants :

GuiiiAUME de Berg, j 1511 ; épousa Anne d'Egmont, dame de Stevensweerd.

, OswAtD, comte de Berg, f 10 mai 1546; épousa pjlisabeth de Dortli, veuve de Jeun Van dcr Horst.

GiiLLAiME IV, comte de Berg, 1 1586; Fkébéïic, Sr de Stevensweerd, f imp. 1618 ;

épousa Marie de Nassau. épousa Françoise de Kavenelles.

Seize enfants, dont Heksi de Berg,

S'^ de Stevensweerd, i' 1638;

épousa : Marguerite de Withen ;

2" N . . . ; Jacomine de Spauer.

Henri de Berg s'étant mis à la tête de la conspiration des nobles contre la domination espagnole, dans les Pays-Bas, fut condamné, le 13 mars 1634, par le parlement de Ma- lines, et eut ses biens confisqués. La seigneurie de Stevens- weerd fut donnée à Herman, son fils naturel. Celui-ci après avoir épousé Julie Walburge, comtesse de Lowenstein- Werthcini, mourut sans postérité, le 25 décembre 1083.

92

Sa succession passa à la maison deSlyruni, qui l'a possédée jusqu'au 9 novembre 1719, date elle fut acquise par le comte de Hompesch (').

La monnaie suivante appartient, par son type, à Her- man, fils naturel de Henri :

Av. S. TEPHA PROTH(o)M(ar/}/r). Saint Etienne, saint patron de Stevenswecrd, nimbé, agenouillé à gauche entre deux petits écussons, vides et béni par une main divine.

Rev. Légende intérieure : S{ancti)Sl{ephani) WER(rfe»i- sîs). V. GR-OSS(0 ; légende extérieure : petit écu de Berg SIT. NOMEN DNI BENEDICTVM. Croix longue traversant la légende intérieure et can- tonnée de quatre étoiles (pi. V. lig. 29).

Celte monnaie est, comme on le voit, contrefaite tant pour le type que pour les légendes, de celles fra|)pées par la ville de Metz.

COMTÉ DE RECHEIM.

La généalogie ainsi que les renseignements liist<)ri(|iR'S concernant les comtes de Ilcckheim (igureronl dans une autre livraison, lorsque nous parlerons des autres mon- naies qu'ils firent fabriquer. Nous nous contenterons de dire, pour le moment, que la monnaie suivante ap[)arlieni

(1) Revue de la nuiitismatiquc bclyc, série, t. II, p. ii^.

95

à Ernest de Lynden, comte de Ileckheim, qui posséda ce comté de 1603 à 1636 :

Jv. S(anctu)S PETR M{artyr)PXTRO. Saint, nimhé, agenouillé à gauche entre deux petits écus vides, et béni par une main divine; au-dessus des genoux, une palme de martyre.

Rcv. Légende intérieure : E{rnestm)C{omes). D(e)R(ecA;- heim)Z{T)ST{uveri)S{tepham)W{erdensis). Légende extérieure : Petit écu de Lynden SIT. JXOMEN. DNI. BENEDICTVM. Longue croix traversant la légende intérieure cl cantonnée de quatre étoiles (pLV,fig.30).

Le saint Pierre, patron deReckheim, agenouillé à l'avers de cette monnaie, est copié de saint Etienne; le graveur a eu, en outre, soin d'imiter,, autant que possible, les lé- gendes des gros de Metz, afin de les faire circuler avec ceux-ci (').

TI

SEIGNEURIE DE RANDERODE.

Randerath ou Randerode , aujourd'hui petit bourg , situé à 6 lieues N.-N.-E. d'Aix-la-Chapelle, était une sei- gneurie dont MM. Fahne et Chalon ont fait connaître, en partie, les possesseurs et leur généalogie (^). Nous la repro- duisons en y ajoutant les renseignements que nous avons BCcueillis dans les chartes :

(") Revue de la numismatique belge, série, t. II, p. iH.

(') Fahne, t. I, 351 . Revue de la numismatique belge, série ; t. I,

p. m.

94

N. de Randerode.

I I

HUgimescs, vers 1104, f imp. Harptbr, 1104-1119.

_ . ^ . _

Hakpter. GuiiLAOMB, chanoine & Bonn. Conoii.

Gosscm.

N. de Randerode.

I ,1

GciLLADME N.; GÉRAXD de Randerode,

épousa Elisabeth de Meer. pris à la bataille de Bouvines, 1214-1218.

Louis I, sire de Randerode, 1220-1248. I

GÉRABD, 1243.

Louis II de Randerode, 1260-1290. I Arnoul I de Randerode; épousa Catherine N., 1307.

Louis HI de Randerode, 1317-1345.

I Arkoul h de Randerode, 1357-

I Louis IV de Randerode, .... -1364.

Arnoul III de Randerode, 1368; ép. Marie de Saïne.

Marie de Randerode; épousa Guillaume de Uornes.

Ces derniers vendent, en 1395, leur seigneurie à Guil- laume, duc de Juliers.

C'est à Arnoul II de Randerode (1357-1368), qu'il faut probablement attribuer le gros tournois qui suit :

Av. IltVRONVS. GIVIS. Châtel français, entouré d'une

bordure de douze lis. Rev, Légende intérieure : >ï< Tîï^niODDRS RTÎR-

Légende extérieure : Petit lion : BXIDIG^V \

Sim \ nOODS \ DRI i nm%VX. croix dans un

cercle (pi. V, fig. 32).

La monnaie suivante, qui fait exception au type belge, semble appartenir à la fin du xv° siècle.

Av, mORennTÎ RTîRDSR' Grand e: couronné. Rev. >î< m NOffîme: D0SI2I(m). croix légèrement patlée dans un grènetis (pi. V, fig. 33).

95

Cette pièce semble donc frappée par une autre famille qui posséda Randerode, et sur laquelle nous n'avons pas encore pu recueillir des renseignements.

Les armoiries de cette seigneurie semblent avoir été composées d'un lion, dont nous ignorons les émaux, mais M. Fahne leur donne un écu échiqueté de trente pièces, dont les émaux lui sont également inconnus. Peut-être ces dernières appartiennent-elles aux seigneurs qui possédèrent Randerode, au xvii° siècle, et dont le généalogiste que nous venons de nommer, a fait connaître quelques générations.

Les monnaies, n°' 31 et 34 à 37, sont encore indéter- minées, malgré toutes nos recherches pour en reconnaître les armoiries, ainsi que le nom du seigneur, qui paraît être celui de Jean Vander Domen. Nous accueillerons, avec reconnaissance, les renseignements que les numismates voudront bien nous adresser à leur sujet.

Ch. Piot.

9G

CORRESPONDANCE.

NUMISMATIQUE GAULOISE.

A M. R. Chalon, président de la Société de la numismatique

belge.

MONSIEUR ET TRÈS-HONOUÉ COLLABORATEUR,

Je pense, qu'ainsi que moi, vous aurez reçu de son au- teur, comme don d'estime et d'amitié, le supplément que M. le marquis de Lagoy, vient de donner (') à son Essai de monographie d'une série de médailles gauloises imitées des deniers consulaires au type des Dioscures, que le savant nu- mismaliste publia en 1847(2), suite, annoncée depuis quel- ques mois et attendue avec impatience, de ce premier ouvrage, un des plus intéressants, publiés en ces dernières années, sur la numismatique gauloise, et offrant un sujet neuf et d'un haut intérêt pour ceux qui s'adonnent à cette étude naguère encore si négligée, et l'on pourrait même

(') Supplément à l'Essai de monographie d'une série de médailles gau- loises imitées des deniers consulaires au type des Dioscures (in-^o, Aix, 18S6), par M. le marquis de Lagot, etc.

C) Essai de monographie d'une série de médailles gauloises d'argent, imitées des deniers consulaires au type des Dioscures (in-'f", Aix, 18^7), par M. le marquis de Lagoy, etc.

97

(lire, si dédaignée, aujourd'hui le sujet des préoccupations et des recherches d'archéologues chez qui le patriotisme et l'érudition se donnent la main.

M. de Lagoy, qui avait déjà si bien mérité de la science numismafique, s'est acquis de nouveaux droits à la recon- naissance de ceux qui la culiivent, par la persévérance et l'esprit de suite qu'il a apportés dans ses investigations sur l'objet des deux Mémoires dont nous venons de parler.

On ne doit pas savoir moins de gré à l'auteur, de l'esprit de jéserve et de prudence qu'il a mis à ajourner la solution d'une question de laquelle le dernier mot doit être le ré- sultat de nouvelles découvertes, dont la terre retient encore le secret dans son sein, mais que d'un jour à l'autre, la mise en lumière de nouveaux enfouissements monétaires, appartenant également à l'autonomie gauloise, pourront nous faciliter les moyens de résoudre, en toute connais- sance de cause ; sage lenteur avec laquelle il n'appartient qu'à la véritable science de procéder, pour ne pas s'exposer à revenir sur des décisions prématurées et contestées. L'avé- nement de la vérité est comme celui du jour, il arrive à son heure; mais il faut savoir l'attendre...

En attendant ce fiât lux, d'après des probabilités judi- cieusement établies, sur des données et des calculs histori- ques que présente notre érudit numismatiste provençal, à une époque qu'il estime n'avoir pu être ni antérieure, ni postérieure à la mission guerrière de Jules César, dans les Gaules, plusieurs peuples, cités et chefs de la Belgique, de la Celtique et même de l'Aquitaine, dont les médailles dont nous nous occupons, nous ont déjà fait connaître une par- tie (mais dont nous sommes peut-être encore loin de savoir

2e SÉRIE. Tome Ti. 7

98

le nombre exact), auraient adopté la représentation uni- forme sur leurs monnaies, au droit, de la tête de Pallas, avec le casque ailé, et au revers, d'un cavalier au galop, à droite, la lance en avant ('); les noms du peuple ou de la cité et du chef, en légendes, à l'imitation du denier con- sulaire dont il est question.

Le peuple et la ville dont les noms se reproduisent le plus souvent sur les médailles, sont les Ébiirons (EBVROwes), et Tournai (DVRNACOS), faisant partie de la Gaule bel- gique, attribution qui a été cependant, assez vivement atta- quée en ces derniers temps (sans pouvoir y substituer, du moins, quant à Tournai, rien de satisfaisant), et lorsqu'on aurait dû, pour le moment, ainsi que nous l'avons déjà dit, se borner à recueillir et à observer les pièces apparte- nant à cette série, ajournant à l'époque d'une moisson plus abondante, leur classement et leurs diverses attributions dont quelques-unes nous paraissent encore bien douteuses et ne peuvent donner lieu qu'à des conjectures et à de vagues hypothèses, à raison des abréviations, des incorrec- tions et delà valeur indécise de certaines lettres des lé- gendes de ces médailles dont le flan trop rétréci, dit notre auteur, n'a généralement reçu qu'une partie de l'empreinte, ce qu'il faut, sans doute, attribuer à la précipitation et à l'incurie qui ont présidé à leur fabrication, dans un mo- ment de hâte, ou peut-être, à quelque ciiconstance incon- nue, comme à la dernière coalition (infructueuse et funeste à ses auteurs), formée par Jmbiorix, chef des Éburons,

(1) Le métal de ces pièces est toujours Pargent, leur poids est peu au-dessus ou nu-cfesyous de iO grains.

99

contre l'envahissement des Romains, confédération dans laquelle seraient entrés les peuples, les villes et les chefs, dont les noms figurent sur les monnaies dites au cavalier, y compris les Fasates et les Petrocorii d'Aquitaine, malgré leur éloignement des premiers; mais, nous le répétons, ce ne sont que des conjectures sur lesquelles notre docte numismatiste ninsiste pas, et dont nous nous bornons ici nous-mème, tout ingénieuses qu'elles nous paraissent, à laisser entrevoir la possibilité, ne pouvant produire de preuves suffisantes à l'appui de leur réalité.

On a vu plus haut, qu'un des doutes relatifs à l'attribu- tion des médailles que nous venons de décrire, porte plus spécialement sur celles dont les légendes offrent les mots EBVR, EBVRO EBVRO/V ou EBVROr, avec différents noms des chefs, données longtemps et sans conteste, aux ÉbiironeSy les habitants du pays de Liège, et qu'après leur destruction par César, remplacèrent les Tungri, mais dont les Éburovtces, les mêmes que les Aulerci, occupant le ter- ritoire d'Évreux, ont réclamé tardivement la possession. Le seul exemplaire delà médaille contestée, qu'il estaujourd'hui possible de produire en faveur de cette dernière prétention, appartient à M. le marquis de Lagoy. Après les cinq lettres de la légende ordinaire EBVRO, elle présente un sixième caractère douteux et qui peut être également pris pour un V et pour un N. M. E. Hucher a cru devoir lui donner la première de ces valeurs, bien que MM. Duchalais et de Witley aient vu un N, comme M. de Lagoy (').

(') Du reste, on ne voit pas pourquoi les partisans de l'attribution aux Eburovices, de la médaille dont il est ici question, attachent tant d'intérêt à lire sur rexemplaire de M. de Lagoy, un V au lieu d'uu N,

400

M. le baron de Witte a défendu dernièrement avec succès dans cette Revue, la propriété aussi longtemps ac- quise aux habitants de Tournai, et qui plus tard leur a été également contestée, des médailles portant les légendes: DVRNACOS, DVRNACVS.

Le denier d'argent des Petrocorii, appartenant à la même série (légendes PETRVCORI— CINCONEPVS), leur a été également restitué. L'exemplaire d'après lequel le vénérable Bouteroue leur en avait donné l'investiture, ne se retrouvait plus, et son existence était devenue plus que problématique, malgré les assertions en sa faveur de M. M. Wulgrin de Taillefer (Antiqtiités de Fésone), et de Gourgues (Disserta- tion sur les médailles des petrocorm), lorsqu'un nouvel exemplaire de cette pièce acquise par M. de la Saussaye, a rétabli les citoyens de l'antique Fesuna dans tous leurs droits. Nous laissons à notre docte confrère la responsabilité comme l'à-propos et le mérite de l'attribution aux noms des peuples qu'elles représentent, des légendes ci-après, BRI, CAL. VIID. VOLVINT, etc. Nous lui demandons encore un sursis à toute sentence tendante à repousser les Cosii, (au- jourd'hui nommés vulgairement Cousiots), du nom de leur capitale Coss/o, ou Cossium^^); ne nous montrons pas plus sévères pour ces bons habitants des Landes que pour les Pé- rigourdins. Tout récemment deux médailles de Tournai (»)

(luisque cette dernière leçon ne ferait point obstacle à son classement en faveur des habitants d'Evreux , leur nom étant aussi écrit Eburonices, dans les Commentaires de César, ainsi que le géographe Ortclius eu avait déjà fait la remarque.

{') Cossio-Vasatum (Bazas).

(') L'une appartient à notre docte et obligeant confrère M. Uucher, qui nous Va fait conDaître.

101

nous ont fait connaître le nom entier du chef AVSCIIOCOS, dont jusqu'ici nous n'avions lu que les deux premières syl- labes AVSCRO, sur les analogues. On ne peut guère douter qu'il ne faille aussi restituer le nom d'Ambiorix^ lu autrefois par Bouteroue aurcvers de médailles perdues des Eburo- nes, sur les analogues nous lisons, AMBIL, AMBILl, AMBILLI, ainsi que le penseM.de Lagoy. Ambiorix fut le chef elle général des Éburons, comme celui des INerviens, des Adualiques, et des autres Belges, dans leur ligue contre les Romains. C'est donc bien, monsieur et honoré collabo- rateur, aux Ébtirones et non aux Éburovices ou Éburonices qu'appartient le type au cavalier armé dont nous parlons, type du reste fréquemment reproduit dans l'antiquité et qu'on retrouve également sur les monnaies des Ibères et des autres peuples de l'Hispanie.

A ce sujet, il resterait ici, mon cher confrère, une ques- tion à se faire, et sur laquelle on aurait à se prononcer. Ce serait celle de reconnaître si la monnaie gauloise qui vient de nous occuper est bien réellement une imitation, une contrefaçon du denier consulaire romain au type des Dios- cures, ayant un cachet, un caractère plus spécial, plus tranchant que les autres imitations, par nos ancêtres, des monnaies romaines après celle de Grèce et de Macédoine. Le droit du denier gaulois dit au cavalier armé, comme celui de tant d'autres pièces gauloises copiées de même sur le denier romain, représente une tète de femme avec le casque ailé (Pallas ou la déesse Roma), et le revers, un ca- valier en course, coiflé d'un casque à cimier flottant, la lance en avant.

Le denier romain offre à l'avers la tcle également casquée

402

de Borna, et au revers les deux dioscures à cheval dont le bonnet a la forme conique ou d'une demi-coque d'œuf sur- monté d'une étoile, attribut caractéristique des deux ju- meaux fils de Léda, toujours accouplés sur les monnaies romaines. se borne toute la ressemblance entre le de- nier gaulois et le romain, et l'on voit qu'elle n'est rien moins qu'identique, ainsi que l'éminent numismatiste en fait lui- même, du reste, l'observation. L'analogie est encore moins sensible en ce qui concerne la diversité des noms gaulois de localité et de chefs sur notre monnaie au cavalier tout paraît indiquer un type particulier et national. Je fais cette observation, pour l'acquit de ma conscience d'archéologue; on ne lui accordera que le degré d'attention qu'elle mérite.

Je n'ai pas cru, Monsieur et honoré collaborateur, devoir reproduire ici une conjecture que m'avait exprimée mon excellent et docte confrère et ami M. Anatole de Barthélémy, et dont j'avais précédemment entretenu les lecteurs de cette Revue (i), que le nom d'Eburo, ou d'Éburon, etc., pourrait bien être un nom d'homme, plutôt que celui d'un peuple, sur les légendes de nos médailles au type du cavalier armé, ces pièces présentant, en même temps, un autre mot qui doit offrir, selon toutes les probabilités, le nom du chef qui les a signées, et que l'on a proposé de lire AMBIORIX, comme on l'a dit plus haut.

L'intéressant appendice. Monsieur et très-honoré con- frère, que le savant numismatiste d'Aix vient d'ajouter à son travail sur les médailles gauloises dont il a décrit la série, dans sa monographie, en est le supplément, mais non le

(•) série, t. V, 3" livraison, pp. 527-350.

405

complément, ainsi que nous venons de le voir. De nou- velles découvertes nous donneront, sans doute, dans un temps plus ou moins prochain, le mot de l'énigme que nous cherchons encore au sujet de la suite encore très-incom- plète de ces pièces au type du cavalier, et nous fourniront les moyens de procéder avec quelque certitude à leur clas- sification. Pas un numismatiste français ou étranger n'est plus en position que M. de Lagoy, par son esprit attentif et persévérant, sa science, sa fortune, le nombre et le zèle de ses correspondants, d'obtenir le résultat que la numismati- que gauloise, qui lui est déjà si redevable, attend encore de lui à ce sujet.

Avant de terminer cette lettre, Monsieur et cher collabo- rateur, nous exprimerons ici le regret souvent manifesté par tous les amis de la science numismatique, que notre érudit confrère les prive des moyens de se procurer ses ouvrages, en se refusant à les répandre par la voie du commerce de la librairie.

Veuillez agréer, Monsieur et cher correspondant, la nouvelle assurance de mon confraternel dévouement.

Le B°° Chaudruc de Crazannes,

Membre correspondant de l'Institut de France (Académie des inscriptions et belles-lettres), etc., etc.

104

Lellre adressée à M. Piot par M. Thomsen, conservateur des Musées royaux à Copenhague.

Copenhague, 8 décembre 18')î).

Mon cher ami ,

En repassant les monnaies que j'ai recueillies en Angle- terre, j'ai reconnu un esterling que je crois inédit (pi. V, fig. 2) et qui a une grande analogie avec la monnaie publiée par M. Grote, dans ses Blàlter fur Mûnzkunde, t. IV, n" 291 et suivant; mais il en diffère essentiellement, en ce que la légende de l'avers commence par un S.

La faveur singulière dont jouissaient, dans la circulation, les eslerlings, pendant le moyen âge, explique le motif pour lequel le type de ces monnaies fut imité ou contrefait dans différents pays. Ce fut au moment de la disparition de ce type, que les seigneurs belges surtout le copièrent et lui don- nèrent un cachet anglais, même dans la légende, qui devait commencer bon gré mal gré par un S, comme sur les esterlings d'Edouard, roi d'Angleterre. Celle supercherie était d'autant plus facile à pratiquer que le clergé seul savait pour ainsi dire lire. Quant aux autres lettres de la légende, elles n'étaient pas de la môme conséquence, comme celles du commencement, afin de faire passer, pour des eslerlings anglais d'Edouard, les monnaies qui les portaient.

~^Sur l'esterling de Jean de Flandre, dont je vous ai com- muniqué une enjpreinte ('), la légende commence aussi,

(') Revue de la nuinismat)(]uc belge, 2' série, t. V, pi. XIX, fig. i.

105

et pour le même motif, pnr un GC; car la lecture : Edel domitms Joh. me paraît wn peu forcée, et il est difficile de croire que deux langues différentes aient été eaiployées pour la composer.

Je crois que l'esterling de Jean de Flandre donne la clef d'une autre énigme dont se sont occupés différents écrivains. C'est le mot Eiwanes inscrit sur les estcrlings de Jean, roi de Bohème. Si vous examinez la légende de la monnaie dont je vous envoie le dessin, vous y trouverez à l'avers : lOï^— IIESD— EIG-RT^a, et au revers : SB WE- MEnn POIiORIS REX. (') H me paraîthorsde doute que le graveur a eu l'intention d'y exprimer Bohemie ou Boem, comme sur les antres pièces, dont les légendes sont plus claires et qui sont publiées par Grote. A cet effet, il a em- ployé, non pas un W^, mais un w grec. Si on accepte cette lecture, le mot SIWÎÎRSS peut être luSICJOTÎNeS, et il n'y a plus nécessité d'avoir recours, comme l'a fait M. Grole, à Iwan et aux langues slaves pour l'expliquer.

C'est en examinant le mot BOEM écrit B(JL)EM que je me suis formé cette opinion qui, je le crois, sera adoptée. J'ignore si elle est neuve, et si la pièce dont je vous envoie le dessin est inédite ou non.

On m'a beaucoup parlé d'un grand ouvrage de M. de la Fontaine, ancien gouverneur de Luxembourg, au sujet des monnaies de ce duché. 11 est donc possible que je ne vous entretienne ici que de pièces bien connueschez vous, et d une explication déjà trouvée par d'autres. '

Parmi les monnaies de Jean, roi de Bohême, je possède

(>) roy.pl. VI, (i^. 2.

d06

un esterling qui est encore plus servilement copié de ceux d'Edouard. A l'avers la légende porte : >ï< SDW^ÎIIES DSREGISYB, et au revers: ŒOMES liVaEBORG. Connaissez-vous cette pièce singulière sur laquelle le gra- veur a imité la partie de la légende DRS ^jYB inscrite sur les esterlings anglais et a exprimé Bohemie par un simple B? J'ai comparé le poids de ces deux pièces, qui est le même, avec un esterling anglais, contemporain, et j'ai trouvé que l'esterling de Luxembourg pèse six as de Hollande en moins, et qu'en le comparant avec l'esterling d'Edouard, il y a même une différence de huit as. Ainsi, vous le voyez, les plaintes de 1344 contre les Lussebournes, citées par Grote, t. IV, fig. 98, sont bien fondées.

Thomsen.

J M. R. Chalon, président de la Société de la Numis- matique belge.

Lancy, le S mars 1836.

Monsieur,

Je vous envoie la description d'une médaille qui vient d'être frappée à Berne, pour consacrer le souvenir de la fondation et de l'ouverture de l'Hôtel fédéral des Monnaies. Elle fait partie de ma collection relative à la science et à l'art numismatique.

Jv. Légende circulaire ; Hier mûnzt man das Silber und prjigt dasGoldj gebrauch es in Eeren, so bleibt es die Hold.

107

(Ici se fond l'argent et se frappe l'or; sers-t'en honorable- ment, ils te porteront bonheur.)

Dans le champ : Eidgenôssisches Mûnzstatte in Bern. (Hôtel fédéral des 31onnaies à Berne.) Vue du bâtiment de l'Hôtel des Monnaies. Exergue : Als seiche erôffnet den 1 september 18S5. (Ouvert comme tel, le 1 septembre 18S5.) Au-dessus de l'exergue, à droite :Horn,1c nom du graveur.

Rev. Re nummaria post maximas turhas per cunctos pagos, A. MDCCCL, féliciter reconstituta. (Un système mo- nétaire ayant été heureusement établi, en 18o0, dans tous les cantons, à la suite de grandes dissensions.) Dans une guirlande de chêne : S. P. Q. Helveticus monetae offici- nam condidit, A . MDCCCLIV. (Le peuple et le sénat suisses ont fondé un hôtel des monnaies, en 1854.) Bronze, 46 raillimètrcs.

Veuillez, etc.

A. Durand.

i08

MELANGES.

Supplément à l'Essai de monographie d'une série de médailles gauloises, imitées des deniers consulaires au type des Dios- cures, par le marquis de Lagoy, de l'Inslilut, etc. Aix, imprimerie de Frédéric Vitalis, 1856, in-4°, 15 pag. et une planche.

M. le marquis de Lagoy, l'un des plus zélés et des plus heureux explorateurs de la numismatique gauloise, avait, en 1847, publié un Mémoire extrêmement curieux sur les imitations du type romain des Dioscures. Une découverte considérable de pièces de ce genre, faite récemment, dans les environs de Lyon, fournit au savant archéologue l'oc- casion d'ajouter un supplément à son premier travail. Ce dépôt contenait six variétés déjà décrites dans le Mé- moire de 1847, et, de plus, quatorze pièces nouvelles.

Voici comment M. le marquis de Lagoy termine sa dis- sertation :

<i Les découvertes faites, depuis peu d'années, de deux dépôts assez considérables de cette série de médailles gau- loises dans les environs de Lyonj la certitude des décou- ^'erles partielles de ces mêmes monnaies dans les environs de Genève, d'Orange, etc.. tout parait indiquer que les pièces susdites appartiennent à l'Est de la Gaule (')? on

(') A la partie voisine de Marseille et de l'Italie.

109

serait vivement tenté alors de les considérer comme le mon- nayage particulier du royaume de Donnus et de son fils Cot- tius, allié des Romains, et dont Auguste se plut à augmen- ter les Etals. L'absence constante sur ces monnaies du nom de Cottius (celui de Donnus apparaît une fois), s'explique- rait en supposant, que ce prince, en imitant le plus ancien type des deniers de la République, sur lesquels figurent les noms des triumvirs monétaires, aurait voulu aussi mar- quer son numéraire aux noms des préposés à la fabrication dans chaque localité. Cette supposition s'accorderait encore avec la modestie de Cottius, qui, sur l'inscription de l'arc de Suze, ne prend pas le titre de roi, mais seulement celui de prœfectus, fils de roi, C. Julius, régis Donni films Cottius prœfectus. Avec un peu de bonne volonté, on pourrait trouver une application aux légendes suivantes : BRI Bri- gcmtium, Briançon : CAL Cularo, aussi nommé Calaro, Calarona, Grenoble, ou soit les Cahicones de Ptolémée ; VIID, Fedianti, peuple de Provence; EBVRO, Eburodu- num, Embrun; VOLVNT pro Focunt, Focontîi? -, mais ensuite, que faire de PETRVCORI, VIRODV, DVRNA- COS, COSIi? Plus généreux que l'empereur Auguste, pourrions-nous ajouter au domaine de Cottius, Périgueux, Verdun, Tournai, Bazas, etc. ? je ne le pense pas ; il faut donc se contenter d'enregistrer simplement les nouvelles découvertes numismatiques, en attendant que le temps veuille bien quelque jour nous donner la clef de l'énigme monétaire de cette classe intéressante des monnaies gau- loises. »

Cette conclusion est très-sage. Nous nous permettrons seulement de faire remarquer que, d'après M. de Lagoy,

110

lui-même, les imitations du type des Dioscures appartien- nent au monnayage du S.E. de la Gaule. Les dépôts de ces pièces, toujours et uniquement trouvées dans celte par- tie de la France, le prouvent assez. Pourquoi, alors, s'obsti- ner à voir dansDV^RINACOS, Tournai, située à l'extrémité opposée de la Gaule, au lieu d'y chercher le nom d'une localité peut-être aujourd'hui insignifiante, détruite, ou autrement nommée, mais placée dans le cercle possible de l'émission de semblables deniers? Qpant au mot EBVRO ou EBVRON (car il y a bien Eburon sur la pièce de M. de Lagoy), placé sous le cavalier, n'est-il pas plus simple et plus naturel d'y voir un nom d'homme, un nom de chef gaulois, ou d'officier monétaire de Cottius, si l'on veut, que de le laisser revendiquer tour à tour par les Eburones, les Ebiirovices ou Eburonkes et la ville (X Eburodumim ? Les prétentions de Tournai ont déjà donné lieu à plusieurs Mémoires très-érudils. Elles sont soutenues par quelques- uns des plus savants numismates de France, et elles ont été entourées de toutes les preuves que puisse réunir et grouper l'avocat le plus adroit. Cependant l'objection prin cipale, celle qui résulte de la provenance même de ces monnaies, qu'on ne trouve jamais en Belgique, non-seule- ment subsiste toujours, mais elle vient encore de se ren- forcer par la découverte du dépôt de Lyon. C'est un fait contre lequel se brisent les suppositions les plus ingénieuses.

R. Ch.

m

La médaille commémorattve du vingl-cinquième anniversaire de l'indépendance nationale ; par M. Léopold Wiener.

La Belgique a présenté, depuis un quart de siècle, le spectacle le plus extraordinaire qui puisse se rencontrer dans l'histoire de notre vieille Europe : le spectacle d'un peuple qui, après des luttes incessantes contre les domina- tions étrangères, parvient à ressaisir enfin toute sa liberté, et ne s'occupe plus désormais que de jouir paisiblement de cette liberté, sans bouleversements, sans révolutions, sans secousses.

Pour les étrangers, qui d'ordinaire jugeiit si légèrement et si dédaigneusement notre petite Belgique , cette paix continue de vingt-cinq années n'est que le résultat de l'in- différence ou de l'apathie. Ils ne savent pas ou ne veulent pas convenir que la Constitution belge de 1850 est la plus avancée de toutes les constitutions européennes, ils neveu- lent pas reconnaître surtout que les libertés qu'elle con- sacre avaient depuis des siècles pris racine sur notre sol, existaient même de tout temps dans l'esprit et le caractère de nos populations.

Le vingt-cinquième anniversaire de l'indépendance na- tionale en Belgique est donc, en réalité, une date mémo- rable pour la civilisation moderne, et nous ne pouvons que nous étonner d'avoir vu cette date passer presque inaper- çue, même dans notre pays. Les fêtes de Septembre ont été célébrées, comme les années précédentes, avec accompa- gnement de distributions des prix, de concours de toutes sortes, d'illuminations et de feux d'artifice; mais rien qui pût servir de monument, de souvenir durable pour ce

142

quart de siècle accompli si dignement au milieu de circon- stances si difficiles, rien, si ce n'est le concours de poésie institué par le Gouvernement, et dont l'idée, en elle-même, était certainement heureuse.

Ces considérations ont du moins inspire l'un de nos plus grands artistes, M. Léopold Wiener, qui, remar- quant avec surprise l'oubli coupable de nos gouvernants pour les bienfaits de notre révolution, entreprit d'exé- cuter, sans commande et sans encouragement, une mé- daille commémorative du 25^ anniversaire de notre indé- pendance.

11 appartenait à M. Léopold Wiener de prendre l'ini- tiative d'une telle œuvre. M. Wiener a aujourd'hui une réputation européenne, et l'autorité de son nom doit inspi- rer, dès l'abord, une confiance entière.

Toutle monde se rappelle le grand concours de 1847 pour l'exécution de notre monnaie d'or et d'argent, et le succès tout à fait extraordinaire qu'y remporta M. Léopold Wie- ner. On sait aussi qu'en 1850, la commission de l'exposition de Londres ayant convié les graveurs de tous les pays à con- courir entre eux pour l'exécution de la médaille à décerner aux exposants, M. Léopold Wiener obtint un des trois grands prix, sur trois cent cinquante projets envoyés à ce concours. Nous devons, en outre, au même artiste, une foule de médailles qui lui furent confiées à la suite de con- cours ou dans des circonstances spéciales : le grande mé- daille commémorative de la mort de la reine, la médaille exécutée pour le sénat, à la majorité du duc de Brabant, la médaille du Gouvernement à l'occasion du mariage du duc, et les médaille exécutées en l'honneur de MM. Rogicr, Ver-

143

liaegcn,(le Stassart, van Bommel,elc. N'oublions pas surloul, dans cette nomenclature, la nnéilaiile commémorative de l'in- stallation de la hiérarchie épiscopale en Hollande, en 1854. Toutes ces œuvres révèlent une connaisance approfondie et une vive intelligence de l'art tout particulier, si ingrat et et difficile, que l'on appelle improprement la gravure des médailles, et qui n'est qu'une des branches de la sculpture. Si l'on songe que le bas-relief en général n'a réellement au- cune règle déterminée, aucun principe défini ; que, tout en se présentant comme tableau, ce n'est cependant que de la statuaire pure; que la composition d'un tel travail, dans un contour arrêté, dans un espace restreint, exige des combi- naisons extrêmement ingénieuses ; que la numismatique, enfin, semble compliquer encore toutes ces difficultés d'in- venlion et d'exécution : on comprendra combien il faut de goût et d'habilelé, d'inspiration et d'étude, en un mot, com- bien il faut être artiste pour imaginer et pour achever de pareils ouvrages.

Mais l'œuvre la plus parfaite, sous tous les rapports, qui soit sortie des mains de M. Léopold Wiener, est sans con- tredit la médaille commémorative du 25^ anniversaire de l'indépendance nationale. Comme conception poétique et comme ensemble harmonieux, comme détails et comme style, comme procédé et comme faire, comme application des grandes lois de la statuaire et comme entente ingé- nieuse du bas-relief, cette médaille est une œuvre capitale; c'est de l'art dans sa plus haute manifestation, de l'art véri- table et complet, et nous sommes heureux de pouvoir ex- primer ici, sans réserve et sans restriction, l'admiration qu'elle nous inspire.

SÉRIE. Tome vi. 8

444

Sur l'une des faces de la médaille se présente la figure allé- gorique de la Belgique, sous les traits d'une femme à demi nue, et la partie inférieure du corps enveloppée d'une am- ple draperie. Ce n'est point une de ces femmes robustes, aux formes majestueuses, au visage mâle, que les statuaires choisissent le plus ordinairement pour représenter toute nation quelconque : c'est une jeune et belle femme, gra- cieuse, élancée, aux lignes suaves et pures, à la physiono- mie douce et grave, aux mouvements vifs, hardis, impé- tueux. D'une main elle tient haut le drapeau national qui flotte derrière elle et porte inscrite la date 1853, tandis que de l'autre main elle lance une branche de lierre, en signe de souvenir et d'attachement, au monument érigé à la mé- moire des combattants de 1830. Derrière le lion, et sur le même plan que le monument, se voient les tables de la Constitution surmontées du buste du roi Léopold. Ce côté de la médaille porte l'inscription : indépendance nationale 1830.

L'autre côté offre un admirable groupe de trois figures allégoriques, dont il est aisé de deviner la signification. I^a Liberté, la Paix et le Progrès, constituant une seule pensée, «ne seule harmonie plastique, semblent représenter, sous une forme matérielle et saisissable, l'âme de la Belgique. Au centre du groupe est la Liberté, assise, comme si elle avait pris racine sur le sol belge. Son attitude est fiére sans présomption, ferme et digne. Sa tète est coiffée du bonnet phrygien, et de son pied droit, elle foule des chaînes brisées. A sa droite est le génie du Progrès qui s'appuie sur elle, tandis qu'à sa gauche elle tend la main à la Paix, charmante et suave figure drapée à la manière antique. Les attributs

415

de ces deux allégories sont simples et faciles à saisir : la Paix, aux pieds de laquelle se penche une corne d'abon- dance, lient à la main une branche d'olivier; le Progrès porte sur la main gauche ouverte la roue ailée, symbole ingénieux et nouveau de la marche non interrompue. Ce côté porte en exergue : xxv années de MBKnrK, de progrès

ET DE PAIX. 1855.

Nous ne savons laquelle de ces deux faces de la médaille est la plus digne de nos éloges et de notre admiration, et pourtant, telles qu'elles se présentent, nous y trouvons deux principes différents, deux révélations d'un talent supérieur, et en quelque sorte deux statuaires distinctes.

Le groupe de la Liberté, de la Paix et du Progrès est une conception antique, pure, calme, sévère, d'une mer- veilleuse harmonie de lignes, d'un ravissant ensemble d'at- titudes et de poses. C'est le beau dans sa signification grec- que, excluant toute action trop vive, toute expression trop forte; c'est le repos pour le corps, la sérénité pour lame ; c'est la force et la puissance dans leur tranquille majesté.

La figure de la Belgique, au contraire, est pour ainsi dire tout action, tout mouvement. Il y a, dans ses gestes, une expansion, un abandon, un élan extraordinaire. Bien qu'assise en réalité sur le lion, elle semble à peine tenir en place : elle ouvre les bras avec énergie, avec ampleur, en élevant d'une main son drapeau et en jetant de l'autre le lierre symbolicjue ; et sa jambe gauche, hardiment éteniiue, donne même, à la partie inférieure de son corps, de la vie, de l'animation et de l'impatience. Mais, hàlons-nous de le remarquer, ces mouvements n'ont rien d'exagéré, rien de tourmenté ; si l'action est passionnée, s'il y a de

H6

l'exaltation dans le geste, la composition entière n'en est pas moins pure et harmonieuse; tout est noble, aisé et naturel.

Telle doit être, selon nous, la statuaire moderne, et le caractère spécial peut d'autant mieux s'en observer à côté de ce magnifique groupe l'artiste semble avoir voulu appliquer les règles de la statuaire antique. Peut-être ce contraste n'a-l-il pas été dans la pensée de M. Wiener, peut- être l'esprit même qu'il a voulu imprimer à chacun de ces reliefs l'a-t-il conduit instinctivement à produire celte sai- sissante opposition; mais ce n'en sont pas moins les deux faces les plus importantes de l'art statuaire, et nous ne pou- vons que féliciter sincèrement M. Wiener de les avoir si admirablement comprises toutes les deux.

L'idée de frapper une médaille commémorative du SS*" anniversaire de notre indépendance, était déjà une idée heureuse, éminemment nationale, et portant en elle- même son succès ; l'inspiration et la conception de cette œuvre ont été dignes de l'idée, et l'exécution vient de nous signaler une fois de plus, et d'une manière plus complète encore, l'un des talents les plus élevés dont s'honore la Bel- gique actuelle.

Eugène van Bemmel.

Nous devons à la complaisance de notre collègue et ami, M. Th. de Jonghe, la communication d'un noble de Cam- pen (pi. ?V, 4), qui n'a été publié ni par M. Verkade, ni par M. van der Chijs. Toutefois, ce dernier nous a fait connaître le demi-noble aux mémos types. On remarquera dans la légende du revers Scvaverit [)Ouv Servaverit . A quelle

117

époque précise ce noble de Campen a-l-il élé frappé ? M. van lier Cliijs le croit anïéricur à l'année 1577, puis- qu'il a fait figurer le demi dans son livre sur les monnaies des seigneurs et des villes de l'Overyssel, frappées depuis les temps les plus reculés, jusqu'à la pacification de Gand.

R. Ch.

Die Mùnzen der Stadt und des Bisthilms Hildesheims, nach der Zeitfolge geordnet imd beschrieben von Henrick Philipp Cappe. {Les monnaies de la ville et du diocèse de Hildes- heim, arrangées et décrites selon l'ordre chronologique , par Henri Philippe Cappe); in -8", avec 20 planches, sur cuivre; Dresde 1855, et chez Mittler, à Berlin.

M. Cappe a recherché, depuis sa plus tendre jeunesse, avec un soin tout particulier les monnaies de Ilildesheim, sa ville natale, et celles des évêques qui en ont occupé le siège épiscopal. En 1851, il céda sa collection, composée d'envi- ron 1 ,500 pièces, au musée de cette ville, qui l'augmenta con- stamment par de nouvelles acquisitions.

Une série aussi riche el aussi complète engagea M. Cappe à entreprendre la monographie , qui fait l'objet de cet article.

L'auteur ne s'est pas borné, dans son travail, à compul- ser les publications de ses devanciers, telles que celles de Bode, Seelander, Appel et Golz, ni à décrire simplement les monnaies qu'il avait sous les yeux ; il a, en outre, com- pulsé, avec fruit, les archives de la ville et de l'évêché. Il y a recueilli bon nombre de renseignements utiles concer-

us

liant les monnaies, leurs graveurs enfin ces mille et un petits détails, dont les numismates sont toujours si avides. C'est une innovation bien utile dans les travaux de M. Cappe ; nous l'en félicitons sincèrement.

Dans l'introduction, l'auteur fournil quelques renseigne- ments au sujet de l'origine de la ville, de son sceau, de ses ar- moiries, et de son saint patron. Il y recherche aussi comment elle a obtenu le droit de battre monnaie; mais, comme il arrive souvent dans ces sortes d'investigations, il n'est pas parvenu à un résultat positif; il a pu constater seulement, au moyen d'un document dans lequel il n'a pas trop con- fiance, qu'en 1321 encore, Tévéque seul avait le droit de battre monnaie. En 1355, l'évèque Henri III mit en enga- gère la monnaie de la ville; de sorte que son existence est constatée à cette époque. Poursuivant ainsi l'historique de la monnaie de Hildesheim, il arrive jusqu'à 1802, année pendant laquelle la ville fut occupée par les Prussiens, et qui vit fermer l'atelier.

Le second paragraphe de l'introduction donne des détails concernant les hôtels des monnaies épiscopales: le troi- sième est consacré à la géographie du diocèse.

Quant au corps de l'ouvrage, il est divisé en quatre parties : la première (pp. 13 à 21 et 208 à 210), traite des monnaies royales et impériales, frappées à Hildesheim ; la seconde (pp. 22 à 96 et 210 à 211), des monnaies épisco- pales; la troisième (pp. 99 à 189 et 211 à 212), des mon- naies de la ville et des médailles; la quatrième, des mé- reaux de la ville (pp. 190 à 207 et 212 à 215).

Connue dans ses travaux précédents , l'auteur décrit seulement les pièces, sans entrer dans les détails de loiws

4i9

aUribulions; seulement, il y a ajouté, ainsi que nous le disions tantôt, différentes données eoncernant leurs gra- veurs. Une table spéciaJe des noms de ces artistes et des employés de la monnaie de Hildcsheim est placée à la fin du volume.

Les planches sont, comme toujours, d'une exécution remarquable, et nous devons savoir gré à M. Cappe d'avoir fait connaître une série très-importante des monnaies si nombreuses de l'Allemagne.

Ch. p.

La Revue de la Numismatique française cesse de paraître, ou, plutôt, passe avec un autre titre, sous une direction nouvelle. Son vénérable fondateur, M. Cartier, dans le n°5 du vingtième volume (1855), annonce que son intention irrévocable est de clore par ce volume la publication de ce beau recueil dont l'apparition, qui suivit de près celle du grand ouvrage de Leievvel , propagea si rapidement en France le goût des monnaies du moyen âge, auparavant trop dédaignées. Les services rendus par M. Cartier à la numis- matique nationale de la France sont immenses. Sa Revue fut, pendant vingt ans, le centre autour duquel venaient se grouper toutes les investigations de la science numismati- que, auquel aboutissaient toutes les découvertes nouvelles (et elles furent nombreuses), qui se firent pendant cette longue période.

M. de la Saussaye, le collègue de M. Cartier, appelé aux fonctions de recteur de l'Académie de Poitiers, se trouve, par suite de ses nombreuses occupations, forcé de quitter

~ 120

également la direcdon de la Revue. Une table générale et irès-délaillée formera un vingt et unième volume, qui pa- raîtra en 1856.

On assure que MM. de Witle, de Longpcrier et B. Fiilon ont entrepris la publication de la Revue nouvelle, dont M. Rollin sera l'éditeur. Il était impossible que la succes- sion de MM. Cartier et de la Saussaye tombât en de meil- leures mains.

R. Ch.

M. Carlo Kunz, de Venise, vient de faire paraître un second catalogue de médailles et monnaies à vendre, à prix fixe. Ce catalogue, qui contient un grand nombre de pièces d'une haute valeur, est orné de deux planches d'une exécution parfaite. Les séries dont il se compose principale ment, sont : les pièces byzantines, celles des rois latins de Jérusalem, des comtes de Tripoli, des princes d'Anlioche et d'Achaïe, des ducs d'Athènes, etc.; des rois d'Arménie, des grands maîtres de Rhodes, des rois golhs en Italie et diverses pièces frappées dans le style des monnaies im- périales de Byzance.

R. Ch.

Le journal numismatique {Niimismatische Zeitung), que public à Weissensée , en Thuringe, le Révérend j)asteur J. Leitzmann, vient de commencer sa vingt-troisième an- née. Ce Recueil parait deux fois par mois, par feuilles de (juairc pages in-i". à deux colonnes. 11 contient l'analyse des principaux ouvrages qui paraissent sur la numisma-

121

tique; la description des médailles et monnaies nouvelles des divers Etals de l'Europe et même de l'Amérique; la mention des trouvailles ou découvertes de dépôts de mon- naies, enfin une suite de monographies monétaires de diffé- rents princes et villes de l'Allemagne.

R. Ch.

On trouve dans la Revue du Lyonnais, du 1" janvier 1856, une lettre de M. Guigne, élève de l'école des Chartes, qui révèle un fait inconnu quoiqueassez récent, et qui n'est pas sans intérêt pour la numismatique française; M. Guigne établit, par des preuves irrécusables, les dépositions dans une enquête faite en 1686, par Claude Cachet, conseiller au parlement de Dombes, contre un nommé Maniquet, accusé d'avoir fait des affinages illégaux en la monnaie de Tré- voux, qu'il existait à cette époque un atelier monétaire à Neuville- sur- Saône, l'ancienne capitale du Petit Franc- Lyonnais. Une requête présentée à Colbert, au nom de M"*de Montpensier, souveraine de Dombes, parle également de la monnaie de Neuville, Von fabriquait les pièces de quatre sols. M. Guigne présume que cet atelier, créé pour satisfaire aux exigences d'une nouvelle émission de monnaies popu- laires, les pièces de quatre sols, n'eut qu'une durée éphé- mère, comme ceux dans lesquels on fabriquait les sols de métal de cloche, lors de la grande révolution, en 1792 et

1793.

R. Ch.

MM. Planlet et Jeannez, poursuivent la publication de

i22

leur bel ouvrage sur les monnaies de la Franche- Comté. Vingt-sept feuillets de texte et neuf planches ont paru jusqu'à ce jour.

R. Cii.

M. Victor Langlois vient de donner, dans le numéro du 15 mars de la Revue archéologique, un appendice à sa numismatique de la Géorgie au moyen âge, de huit pages in-8» et une planche. Ce supplément fait connaître des pièces inédiles de Giorgi I"(1014-1027); Bagrat IV, (1027- 1072); Giorgi 11(1072-1089); quelques monnaies à légendes arabes que M. Langlois suppose avoir été frappées sous les règnes de Giorgi II et de Dawilh II, pour acquitter le kharadj que les rois de Géorgie étaient tenus de payer aux musulmans leurs voisins; enfin trois autres pièces tout à fait incertaines et que leur état de mutilation et de barbarie condamne à à rester une énigme sans mot.

R. Ch.

Le tome VIII des Bulletins de la Société archéologique de Soissons, 1854, contient une notice sur un jeton d'une abbesse de Notre-Dame de Soissons, par M. Périn , 3 pag. in-B".

Le jeton, qui fait le sujet de cette note, représente d'un côté une pyramide avec une croix au sommet, et entourée de flammes. On lit autour LVMEN RECTIS ; à l'exergue, 1508. Le revers porte l'écusson aux armes de Louise de

123

Lorraine, avec celle légende : LOYSE DE LORRAINE,

ADRESSE DE SOISSOxNS.

R. Ch.

M. le baron de La Fontaine, ancien gouverneur du Grand-Duché de Luxembourg, vient d'envoyer à notre collègue et ami, M. de Coster, à Bruxelles, sa collection de médailles impériales romaines, composée de 150 pièces d'or, de 2,200 deniers d'argent et de 2,o00 bronzes. Cet ensemble représente une des suites les plus remarquables connues dans les anciens Pays-Bas.

M. de Coster s'est chargé de la vente en détail de ce

riche cabinet, fruit de quarante-cinq années de laborieuses

et actives recherches.

R. Ch.

M. Poey-d'Avant , reprenant en sous-œuvre le projet formé, il y a quinze ans, par M. de Longpérier, et aban- donné depuis lors pour d'autres travaux scientifiques, se propose de refaire le Traité des monnaies des prélats et ba- rons de France, de Diiby, et de mettre cet immense ouvrage au niveau des progrès qu'a faits la science numismatique depuis 1789. Les amateurs qui possèdent des monnaies de cette catégorie que M. Poey-d'Avani n'a pas décrites dans son Catalogue de 18S3, sont instamment priés de les lui communiquer, soit en nature, soit au moyen d'empreintes, et de les adresser, à cette fin, chez M. RoUin, rue Vi- vienne, 12, à Paris [^). Un concours du même genre est

(') Ou bien au cliâtcau de Maillezais (Vendée), résidence actuelle de l'auteur.

_ 424

réclamé par M. Bigot, pour un travail d'ensemble entre- pris par lui sur les monnaies bretonnes.

R. Cil.

M. Braemt, graveur en chef de la Monnaie et membre de l'Académie royale de Belgique, vient de terminer la grande et belle médaille offerte, par souscription, au bourg- mestre de Bruxelles, à l'occasion de Tinvasion du choléra, en 1849 et en 1854. Cette médaille, dont M. Braemt a su faire une œuvre d'art des plus remarquables, restera comme un des beaux types de la gravure en Belgique, la patrie des Varin et des Van Berckel. Elle porte d'un côté la tète de M. Charles deBrouckere, et, au revers, l'archange saint Michel terrassant le génie du mal, groupe qui, sous l'en- blème ordinaire de la capitale, offre, en même temps, une ingénieuse allégorie au zèle éclairé de son premier magis- trat. Aux deux côtés de l'archange on aperçoit, artistement réunis, les principaux et les plus anciens monuments de Bruxelles : l'hôtel de ville, les églises de Sainte-Gudule et de Notre-Dame de la Chapelle. On y distingue même la Broodhuys, local actuel du Cercle des Arts, Société qui prit l'initiative de la souscription dont la médaille fut le résultat. '

La planche III, qui représente cette belle médaille, est due au burin de M. Calamatla qui a bien voulu nous per- mettre d'en faire un tirage spécial pour les abonnés à la Revue.

R. Ch.

428

NOTICE NÉCROLOGIQUE.

Mcynaerts vient de s'endormir du sommeil éternel; il nous a été enlevé subitement le 24 janvier de cette année. Voilà une perte immense pour ses parents, pour ses amis et pour tous ceux qui ont connu cet homme de bien. Car Mcynaerts avait un cœur généreux; il était d'une obligeance à toute épreuve, et rien ne lui coûtait dès qu'il s'agissait de rendre service. Mais cette perte sera surtout le sujet de longs et vifs regrets chez les numismates, pour qui elle demeure une bien douloureuse légende.

Jean Pierre Mcynaerts naquit à Louvain , le 22 oc- tobre 178G. Il était fils de Jean-Dapliste et de Barbe Gof- fyn. Après avoir fini ses études humanitaires au collège communal, qui venait d'être organisé dans la ci-devant cha- pelle de Saint-Éloi , rue de Paris , il entra au greffe du tri- bunal civil, et y obtint le poste de chef de bureau.

Mcynaerts épousa, le 3 mai 1810, Marie Hélène Jaquin, fille de François Joseph Jaquin, le portraitiste si connu, et d'Anne Marie Simon. Il quitta alors le greffe pour reprendre le commerce de son beau-père.

En 1817, il eut le malheur de perdre son épouse, femme d'un esprit orné et d'une éducation parfaite; il ne lui en restait qu'une fille qui épousa mon frère Charles.

S'étant procuré une fortune honorable , il se retira des

126

affaires, en 1828, et se voua, depuis lors, avec ardeur, à l'élude de l'histoire et de la numismatique.

C'est Monfort, le célèbre antiquaire de Paris, qui lui pro- cura ses preniiè es médailles antiques. Après la mort de ce connaisseur, il se mit en rapport avec Rollin père. Il visita cinq fois la capitale de la France, et se lia d'amitié avec Mionnet, le marquis de Fortia, Denon, Rigolloi, Falbe, Thomson, de Koëne, et la plupart des illustrations que compte la science numismatique. En 1852, il publia le ca- talogue de sa collection (*).

Uniquement guidé par le sentiment du beau et par l'amour de la science, on sait avec quels soins éclairés et assidus il rassembla les précieux monuments monétaires formant le cabinet Meynaerts, lequel compte aujourd'hui près de 500 pièces, d'or, grecques, romaines et visigothes.

C'est que le zèle de ce numismate infatigable et désinté- ressé ne s'est pas ralenti un instant; il n'a point cessé d'ac- croître sa collection et n'a reculé devant aucun sacrifice pour combler, le plus possible, les rares lacunes laissées dans ses suites si riches et si nombreuses. Ainsi, depuis 1852, il avait acquis près de quarante médailles nouvelles, la plupart de haute rareté.

Cet accroissement et celui qu'il entrevoyait dans le résul- tat d'un voyage très-prochain, voyage qu'il méditait avec un bonheur, un espoir si fatalement déçus, lui avaient fait con- cevoir le projet de refaire son livre.

(1) Description de la collection de médailles antiques, en or, grecques, romaines, bysantines et visigothes, recueillies par J. P. Metnaerts, de Louvain. Gand, 1852.

127

Celte intention devient donc une sorte de disposition tes- tamentaire dont je m'impose l'exécution; je compte seule- ment sur l'indulgence de mes confrères qui, tous, recevront bientôt la description complète de la collection dont il s'agit.

Cependant, ce beau cabinet va être vendu publiquement, à Paris, à moins qu'on ne désire l'acquérir en bloc.

J'engage les amateurs à venir voir, chez moi, ce précieux ensemble, dont la dispersion assez probable ne tardera pas à avoir lieu.

De Coster.

128 SOCIÉTÉ DE LA NUMISMATIOUE BELGE.

LISTE DES OUVRAGES REÇUS.

Bulletin de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, t. XXII, liv. 8 à 12 ; t. XXIII, liv. 1 et2, in-S».— Annuaire de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, 18S6, in-12. Jahrbûcher des Vereins von Altherthumsfreunden im Rheinlande, i à 22, in-8». Jupiter Dolichenus, Bonn, in-i», 1832. Zur Geschichtc der Thebaischen Légion, in-i», Bonn, 1835. Ncues Lausitzishes Magazin, t. XXXII, liv. 1 à 4. Zeitschrift des historischen Vereins fur Niedersachsen, 1832, liv. 1, in-S". Bulletin de l'Institut archéologique liégeois, t. 'II, liv. 3, in-S". Bulletin de la Société scien- tifique et littéraire du Limbourg, t. II, liv. 3, in-8o. Publications de la Société pour la recherche et la conservation des monuments histori- ques, à Luxembourg; 10, in-^». Abbildungen von mainzer Altcr- thumern ; 6, in-4». Mémoires de la Société des arts et des lettres du Hainaut, t. III, in-S", 1836. Annales de la Société archéologique de Namur, t. IV, liv. 1 et 2, in-8». Rapport sur la situation de ladite Société en 1833, in-S», 1836.— Bulletin de la Société archéologique de l'Or- léanais, n» 21, in-8o. Mémoires de ladite Société, t. II, in-8».— Recueil de documents et de Mémoires relatifs à l'étude des sceaux du moyen âge, année, bull. 4, S et 6, in-S». Jahrbûcher und Jahrbericht des Vereins fur meklenburgische Geschichte, t. III, IV, V, et table alphabé- tique des t. IV à V ; t. VU à IX, et fable des t. VII à X ; t. XI à XX. Collectanea antiqua, 2" partie du t. IV, in-S». Bibliothèque de l'école des Chartes, i" série, t. I, liv. 6, t. M, liv. 1 à 3, in-8». Messager des sciences historiques, année 1833, liv. 3 et i, in-8». Akerman, the Numismatic Chronicle, 68 à 70, in-8". Cartier et de la Saussaye, Revue numismatique, 1833, n»» 3 à 3, in-8». Dinaux, Archives histo- riques et littéraires, 5e série, t. V, liv. 2, in-8o. Revue trimestrielle, i. VIII et IX, Lisch, Meklenburgische Urkunde, 3 vol. in-S», Schwerin, 1837 et 184.1. Tagmann, Ueber das Mûnzwescn Schelisiens. Mé- daille à l'honneur de Richard Sainthill, avec explication, in-8».

LETTRE

A M. LE CONSEILLER DÉTAT DE DORIV,

Directeur du musée aiiatique l'Académie impériale i Saiot-Pétershourg.

TROISIEME LETTRE

MÉDAILLES ORIENTALES INÉDITES DE LA COLLECTION DE M. F. SORET.

2" PARTIE.

CLASSE XXXVn. iDRissiDE.

Un examen plus allenlif des dirhems que je possède me détermine à mentionner ici les variétés de types aux- quelles je fais allusion dans ma Lettre à Fraehn , d'autant plus qu'à l'exception de cet illustre orientaliste et de son digne émule, M. Tornberg, je ne connais pas d'autres nu- mismatistes qui aient décrit des monnaies appartenant à cette dynastie.

7L) MONNAIE S'ISKIS I FRAPPÉE A BEDAAB, 174.

Semblable au n" 3, p. 8***, Recensio , mais offrant de plus un point sur le symbole du revers.

La seconde variété que j'ai indiquée pour la même an-

2* SÉRIE. TOMK Tl. 9

150

née el la mèiiie localité (') porte le mol jf^. garant de la bonté de la monnaie, et non pas *. qui est une faute typo- graphique.

75.) IDKI8 II; BEDAAB, 180.

Dans le champ, au-dessus de la troisième ligne du sym- bole, se trouve un très-petit signe en forme de virgule ren- versée qui paraît avoir été poinçonné j au revers en trois lignes est la formule assez fréquente dans les monnaies idrissides : Mohammed envoyé de Dieu que Dieu le bénisse elle sauve! surmontée par un soleil entre deux points j en bas ^j^.j^^ idris. Je dois observer que le commencement de ce nom un peu «ffacé et déformé par un sillon oblique semble indiquer la présence d'un second \ el n'accuse pres- que pas celle d'un ^. Cependant il ne me paraît guère possible de chercher un autre nom.

76.) IDRIS II ; l^ALILA, 184.

Comme au G, p. 8***, Recensio, sauf la date. Au re- vers, dans le champ, même formule que la précédente j en haut ... i\ Idris, en bas J-c Aly; la mission prophétique est remplacée par la Sura XVII, 83, que précèdent les mots de ceux qu'a ordonnés Idris fils d' Idris. La légende à l'avers donne la date et la localité :

77.) MÉMB PRINCE; BEDAAB, 186.

A l'avers, la légende marginale est la même que pour le

(') l'tige il du tirage à par», ligne 22.

toi

(lîrhcm qui précède; mais en outre, entre le nomd'Idris et le passage du Coran, se trouve l'exclamation *ii à Dieu! que M. Tornberg a aussi remarquée dans un dirhem de l'an 180, 4, p. 127. Le champ du revers est occupé par la formule problématique, Recensio, 9, p. 13***. En haut, le nom d'Aly; en bas, un mot effacé.

78.) MÊME PRINCE; BEDAAB, 188.

Le nom de la localité est très-peu distinct, cependant les faibles traces qui restent me paraissent convenir à la^^. Le nombre unitaire est aussi peu distinct; s'il fallait lire ^:jI au lieu de ^L»-^ que je crois distinguer, ce serait encore une date inédile. Au revers , la formule probléma- tique avec deux palmiers dans le champ; un en haut, le second en bas. La légende marginale est la mission pro- phétique.

Je soumets à votre examen le fac-similé des deux mots dont je n'ai pu déterminer le sens sur le dirhem fragmenté dont j'ai fait mention au n" 112 de ma Lettre à Fraehn {voy. lig, 9, a, 6). Dans cette pièce, la légende marginale du revers est aussi la mission, et la seconde partje du sym- bole occupe le champ.

CLASSE XXXVIIL aglabide d'afrique.

79.) DINAR S'AGLAB FRAPPÉ L'AN 227.

A l'avers, la première partie du symbole et la Sura IX, 53, jusqu'à ^.

132 Au revers, dans le champ :

"^

En marge :

^M nom de Dieu! ce dinar a été frappé l'an 227.

CLASSE XL. TOULOUNIDE.

80.) FSLS D'ABniEP; MiSR, 258. (Pl. II, fig. 11.)

Dans une lettre adressée à M. Lelewel (*) j'ai attribué à Ahmed, fondateur de cette dynastie, une pièce en cuivre frappée à Misr, l'an 258 j le nom de ce prince m'a paru déguisé dans l'espèce d'ornement ou de figure qu'on voit au revers sous le symbole. Cette conjecture me semble tout à fait confirmée par le nouvel exemplaire que je mentionne ici, et que je dois à l'obligeance de mon savant confrère, M. Promis. Ici le nom d'Ahmed se lit en caractères bien distincts, placé au milieu de trois barres verticales; en outre, les ^ de la légende marginale ont repris leur forme arquée naturelle.

81.) DINAR SE KHAMAROU'WEIH; er-rafika, 279.

Comme les autres dinars déjà connus de ce prince. A l'avers, sous la première partie du symbole :

(i) Revue de la numismatique belge, t. IV, série, \k 20.

133

jcya.l ^ ij«.L*â. Kamarouweih, fils d'Ahmed.

El en marge : (sic) ^J•^^^ j ^^r-* j ^*-^ ^'■*- ^:^^^'^?

Au revers, en haut: iii; en bas: ftiîb j..ca::*j! e/ yj/o- tadhed-billah.

Voilà une localité nouvelle que nous pouvons ajouter à celles déjà connues pour les monnaies qui appartiennent à cette rare dynastie; je dois à M. Penon la possession de ce précieux dinar.

CLASSE XLI. FATIMIDE. 82.) DEMI-DZRHEia D'OBEIS-ALLAH; MISK? 308.

A l'avers, première partie du symbole; en haut, dans le champ : iiîî a*», et en bas : ^Jt'^y^^ j^V

La légende marginale est la mission prophétique , en partie rognée.

Au revers, la seconde partie du symbole; en haut : >U"^Î en bas : ^Lj v3^^K

En marge : AjL,*li j ^l^j a^— j yo aUI ^j

Cette petite pièce du module 3? de Mionnet, que M. Cha- lande de Marseille a bien voulu me donner, est la première monnaie en argent à moi connue du fondateur de la dy- nastie.

83.) DINAR su MÊME PRINCE; EL-MEBSIA, 311.

Comme le demi-dirhem qui précède, si ce n'est qu'au revers il y a trois points .'. en bas dans le champ; et un point sur le » du mot «î^ij. La légende marginale est :

17)4

Ou observe encore deux poinls sur le nombre cente- naire. A l'avers, la mission prophétique jusqu'à J^.

8i.) DIRHEM DE M0ES3 LESDIN-ILLAH ; «ANSOURAR, 366.

Sur chaque face un point central entouré de quatre filets concentriques entre lesquels sont trois légendes; les mêmes que pour le dinar du même prince, Marsden , n" CCII. Au revers, la légende marginale extérieure porte :

S").) TRÈS-PETIT DZRHEM SE HAKEBI BIAMR-ILLAH. (MoD. 2.)

Dans un triple filet circulaire; à l'avers :

rU^! L'imam

ijj\ j/>li *rLsr^t el-Hakem hiamr-lUah ^^^j^}\ j^\ Émir des Fidèles.

Et au revers :

i.l)l Jj—j Js^ Mohammed, envoyé de Dieu, ^ OJ i^J^ ^^Vi ^*^* ^^ Dieu.

Un point en haut. Les deux ^ de la dernière ligne se prolongent démesurément et se terminent en fourche; il n'y a pas de trace de légende marginale.

86.) DINARIN DE MOSTAMCER-BILLAH. (MoD. 2.)

A l'avers

Jji^ ^L»"^l L'imam M aad ilJLj ^/.<ai;u44o3l el-Mostancer-billah ^j^^^)] j^\ Émir des Fidèles.

453

Au revers, le symbole chiite complet en trois lignes : pas de trace de légende circulaire.

87.) SIKHEM FRAPPÉ A MISR, 525. (PiG. 10.)

Cette pièce remarquable qui se rapporte à la première année du régne d'Hafelh leddin m'a conduit à quelques développements trop longs pour entrer dans le cadre de celte lettre; ils ont été renvoyés à un autre travail (*).

CLASSES XLIII, XLIV. el-morabidë, el-mohade.

88.) DINAK D'ALT, FUS DE TOUSOUF ; ALMERIA? 507.

Sauf la date, ce dinar est en tout semblable à celui de l'année 527, Lettre à Fraehn, lo^; le nom de la loca- lité, bien qu'écrit en caractères assez distincts, me laisse quelques doutes sur la vraie attribution. A l'avers, sur la première ligne, un petit anneau. Les mots Àly benYousouf sont accompagnés de leurs points diacritiques. Au revers, en bas dans le champ : s^ et points diacritiques sous les ^ de la dernière ligne.

89.) PETIT SIRBEm DU MÊME PRINCE. (MOD. 2.)

AV. ^

j^A \ Émir

^^JL-^l des Musulmans

^jj^M y^l'i Nacer-eddm

{') Lettre à M. Toknbero, sur que/ques motmaies des dynasties Alides,

136 -

Rev. à]}\ ')i\ Ji "^ // n'y a de Dieu que Dieu

*.13 ' J^— j 3^ Mohammed envoyé de Dieu jJ^\ l'Émir

90.) AUTRE.

Av. *X)\ i\ J! ^

Rev. j^\ Émir

Xc ^^yl*«o.J! des Musulmans Aly ■*-***!>' v9. /"^ ^^ Yousouf.

On connaît de nombreuses variétés de ces petites pièces ; les deux qui précèdent ainsi que la suivante ne se trouvent pas décrites dans le riche catalogue de la collection Don José, publié par M. Gaillard.

91.) PETIT DIRHEM D'ISAAK, FILS D'ALT.

Av.

Rev.

^! »ii^

Il n'y a de Dieu que

iUî

Dieu

^

Mohammed (envoyé de Dieu)

!^^!î

L'Émir I-

ô^-

saak.

u'

Fils

rf^

(de V)Émir

^^^^

des Musulmans

^^j.31 ^'J

JVacer-eddin

"S

Aly.

457

92.) DIRBEM ALMOBADE FRAPPÉ A FEZ. (MOD. i.)

Dans un encadrement carré :

'is j Jys. '^ // n'y a ni force ni "^l VJ puissance sinon

Awb par Dieu.

Dans les segments extérieurs il ne reste que vir^» en bas.

Rev. Dans un encadrement carré , comme à l'avers en trois lignes : Dieu ( est ) notre maître \ Mohammed notre apôtre \ Le Mahady notre Imam .

Il reste dans deux segments : ^Lo ^^ ; les deux autres contenaient ^y^>=s^. v'j^*

Cet anonyme a de l'analogie avec les pièces carrées qu'on attribue aux Almohades, mais qui peuvent appartenir à quelque dynastie plus récente. Je n'ai pas le souvenir de l'avoir vue décrit ailleurs ; il m'a été communiqué par le D' Scott.

CLASSE XLVII. HAFSiDE.

93. DINAR D'ABOUL-HASSAN ALT; BOUGIE. (Pl. II, FI6. 12.)

Av. Dans un encadrement carré en grènetis :

^^ j^*«ac^jj! Abou-l-Hassan Aly

^^^jji ] y^\ ^\ fils de VÉmir des Fidèles

V>vx3! Juft f^jls jy\ Ahou-Fars Abd el Aziz ijLarf Bougie.

Dans les segments extérieurs on distingue encore en

SÉRIE. Tome vi. 9 bis

158

haut : el-Motawekkil-al'-allah, et à droite : Émir des fidèles^ le reste est rogné. Rev. Dans reneadrement :

àl3 j\tj\ L'action de grâces à Dieu i-uL» ijsj\ j J^sr^tj et la puissance et la force en Dieu iJJI i-iJà. ^3^.^! Le Mehdi Khalife de Dieu.

Les traces de légende dans les segments sont trop ro- gnées pour être déterminées avec certitude.

Ce 23° ou 24° prince Flafside régna dans la première moitié du neuvième siècle ; sa monnaie ne figure pas dans la riche et savante monographie de cette dynastie publiée par M. Henri Lavoix {Revue archéologique, année).

CLASSE XLVIII a LV. arades d'espagnk.

94.) FELS s'aBD-EK-RAHMAN III ; EL-ANDALOnS, 330.

Ne diffère que par le métal du dirhem décrit dans le ca- talogue de la collection Don José, n" 3845.

95) DIRHEBS s'eL-HAKEM ; MEDINET EZ-ZEHRA, (36) 4.

A l'avers dans le champ, la première partie du symbole. La date , dans la légende marginale , est tronquée par manque de place ; j ^j\ 2u-, mais ne laisse aucune in- certitude.

Au revers dans le champ :

S^\ ^[j>^\ L'imam el-Hakem ^^^^1 ,^! Émir des Fidèles 1! b ^-c;;:,»^ ! el-Mostancer.hillah.

139

En haut dans le champ : Le, en bas : y>;\c nom (ÏJmer est tout entier placé sous le nom du Khalife dans une va- riété de la même année du catalogue José, 5892.

96.) HESCHAM II ; ANDALOUS , 397.

A l'avers dans le champ, première partie du symbole ; en haut : j.ac, en bas : .^i5CIJt, au revers, le nom et les titres du prince, avec el-Hadjib Jbdul-melik; ce dirhem est différent de celui qui est décrit pour la même année dans le catalogue Don José, 593 , et figure sous le sym- bole, le nom de Schoheïd.

97.) ABBAOIDE : EL-MOTADHED-BILLAH ; ANDALOUS , â39.

A l'avers dans le champ , la première partie du symbole j en haut, el-Hadjib, en bas, Ismaïl: la date dans la légende marginale est tronquée au nombre centenaire :

t a!* '• ".

Revers semblable au dirhem de l'an 4-42. L. C : N''5995. Cette pièce est en très-bas billon.

98.) HOUDIDE ; ALT; DENIA, 468.

A l'avers sous le symbole : JjjJî yi>» Moez-ed-daula; en bas, un mot difficile à déterminer et qui parait être ^j->-&5î Sur un dirhem de la collection Don José, il y a ^ qui cer- tainement ne se trouve pas ici. Légende marginale :

Au revers dans le champ : L'Imam Jbdallah | Émir des

140

fidèles I , en haut, jLJl , en bas J^jJi. Ikbal-ed-Daula était le titre honorifique d'Aly. Le dirhem cité plus haut porte, je crois fautivement, le nom iïHescham au lieu d'Abdallah.

Je dois faire observer 'ici , que la pièce décrite dans la lettre à Fraehn , sous le 167, n'est point une Maanide; l'examen plus attentif de la localité m'a prouvé que c'était Dénia, en sorte que la monnaie appartient à Seid-ed-daula Soliman, successeur de Monzer.

99.) HOUDIDE DE SARRA60SSE. DINARIN s'aHMED II. L'aN 48... ÂV. ^1 éii ^

et en marge il reste : ^j\ j j^JL»*

Rev. \^j^

v^^/o. \^ \ L'Hadjib Scherf-ed-daiila .

Sans légende marginale. C'est encore à M. Penon que je dois la possession de ce petit dinar, malheureusement un peu usé.

100.} ZOULNOUNIOE DE TOLÈDE. MAMOCN.

Av. w.rvlcsr't L'Hadjib

i}}\ ^\ i}\ ^ Il n'y a de Dieu que Dieu. iJjjJi ^j^ Scherf-ed-daula.

Légende marginale presque entièrement effacée.

141

Eev. ,ylj\ El-Mamoun,

(•) j^jjjs^î j3 possesseur de la double gloire.

En haut, un point; en bas, un ornement en forme de trèfle. Mission prophétique à la légende marginale.. Cette pièce est presqu'en cuivre.

(Même prince et même localité (36)6.)

101.) AUTRE DE KADER-BILLAH ; TOLÈDE? 473.

Av. *lJi^l*JI^

Point central ; rosaces en haut et en bas : quatre points en losange à gauche et à droite de la rosace inférieure. Lé- gende margin aie:

Rev. jM\

En haut rosace: en bas, p entre deux petits astres. Lé- gende; la mission.

Ce dirhem, d'un titre un peu moins bas que le précédent, m'a été donné par M. de Lagoy.

102.) aly; nasride de grenade.

Av. ^X& *\J!>Xac Le Serviteur de Dieu, Aly

j.i)L) « JUJt el-Galib-billah,

'àJoVijt Grenade.

Rev. Le symbole en trois lignes : {H n'y a de Dieu que) \ Dieu, Mohammed | envoyé de Dieu. \ très-petite pièce carrée en argent.

{') Ce mot a clé imprimé incorrectement dans la lettre à Frachn, no 168.

U2

CLASSE LVI. RHANS DU KAPCHAK.

II n'est guère à présumer qu'il se trouve encore beaucoup de variétés nouvelles appartenant à celte dynastie dans les collections particulières^ car, indépendamment de la riche monographie publiée par Frachn, et du catalogue maintenant complet , des trésors conservés dans le Musée Impérial et confiés à vos soins, M. Sawclief a eu l'occasion d'étudier et de décrire plusieurs milliers de monnaies du Kapcliak, provenant d'une découverte faite il y a peu d'années; il y a reconnu un grand nombre de pièces inédites et d'un grand intérêt. Malheureusement son travail sera publié en langue russe, et restera longtemps inabordable pour la plupart des amateurs de la numismatique orientale ; je n'ai pu m'en procurer, jusqu'à présent, que les planches qui ne me suf- fisent pas pour me donner la certitude que le peu de Djou- djides, dont la description va suivre, puissent être considé- rées comme inédiles.

103.) DIRHEM C'US-BEK ; KHARESM, 739.

A l'avers, en Irois lignes : Le Sultan \ juste | Us-bek j . Eev. ^^^yo

1

10&.) DJAMi-BEK; NEO-SERAi, 740. (peul-èlre 747.

Vf

J^i. ^ J\^

—• U5

En haul légère trace d'un signe qui peut avoir été V.

Rev. ^LmJI... (Monnaie) d'es-Saraï

Xi— jjjjs^.. le nouveau, Van.

Si c'est bien 7-40, nous aurions une monnaie d'une année plus récente que les plus anciennes connues.

On en connaît plusieurs de l'an liil , mais ce sont d'au- tres variétés.

lOa.) DJAMI-BEK, SUR UN ANCIEN COIN D>US-B£K.

A l'avers, dans un encadrement carré en trois lignes: Le Sultan \ suprême \ Usbek | et dans le segment supé- rieur : ir pour 723.

Rev. En deux lignes : Le Sultan juste | Djani-bek khan j .

Les caractères des légendes sont renversés, ce qui sem- blerait indiquer une copie maladroite faite sur deux mon- naies différentes.

106.) DJANIBEK ET BIRDI. GULISTAN 752.

Av. J^LJ! ^LUJl

^Ll oXj ^bji

Rev. Monnaie \ de \ Gulislan | l'an \ 752. Comuie le 50, Recensio, p. 243, mais le lacs d'amour est remplacé par un astre. Fraehn décrit une pièce semblable pour l'an- née 753, Recensio, p. 260, 13.

107.) LES MÊMES. NEO-SERAI 762.

A l'avers en trois lignes, en partie effacées : Le Sultan (juste) I Mohammed \ Bir{(.Vi)-L'ek | .

144

Au revers en trois lignes : Monnaie de Neo-Seraï7^'2. Sur ces deux pièces on s'est servi d'anciens revers.

108.) SCHA-SI BEK.: BULGAK, 807.

Variété nouvelle du dirhem de Fraehn, n" 9. Ici on lit au revers :

v^k-to Monnaie

jLxL de Bulgar.

. . . L jJia^ Que son règne dure !

A.V 807.

109.) POULAD KHAN ; BULGAR, 812.

Semblable à la variété 4-, Recensio, p. 368, mais la date offre les chiffres dans un ordre renversé, "\\^ pour ^[[

110}. mÈME PRINCE; BULGAR, 813.

A l'avers en deux lignes : Sultan \ (Pou)/arf khan j . Rev, jLib

CLASSE LVIII. HOULAGOUIDE.

J'ai acquis d'un négociant suisse qui réside à Alep, un assez grand nombre de monnaies orientales, parmi les- quelles figuraient, non-seulement la plupart des dirhems Abbassides précédemment décrits, mais encore plusieurs inédits de la dynastie Houlagouïdej cette classe s'est en outre enrichie d'une autre acquisition faite à Marseille par

un

l'obligeant intermédiaire de M. Chalande et provenant d'un bloc rapporté des échelles du Levant par un amateur dis- tingué. Un singulier hasard a fait que les Iloulagouïdes arrivant de ces deux sources appartiennent en grande par- tie au même prince, presque toutes à la même année, et ne difl'èrent de celles connues que par des localités nouvelles; la monographie des monnaies d'Abousaïd déjà considé- rable, est enrichie par d'un assez bon nombre de variétés intéressantes à noter.

111.) DIRHEM D^OELDJAiTOV; ERSEKOUM, 705.

Jv. Dans un encadrement carré, on lit sur quatre lignes: Le Sultan auguste \ Gaïath-eddounia-oua-eddin khodabendé Mohammed \ Que Dieu prolonge son règne | ('). Dans trois segments extérieurs on lit :

Rev. Dans le champ, au milieu du symbole Sunnite : M M)^ vir* ^ droite et à gauche on lit aJU ,J^ j le mot JLj qui termine cette formule, se trouve dans un des cinq segments extérieurs en bas, et les quatre autres renferment les noms des Imams; celui d'Otsman est écrit ^^^

112.) MÊnZE PRINCE; SAïaSOUN, 707.

Absolument semblable au précédent, si ce n'est qu'au revers on lit : ,j.»«>»Lw s_j..^ et qu'à l'avers il y a dans les trois segments : ïjLojuw, ^ | a^^ | 'iL^ ^.

(') Cette pièce et la suivante sont semblables de type à la variété n" 19 de la septième lettre adressée par M. de Saulcy à M. Reinaud. SÉRIE. Tome vi. 10

146

La pièce n" 1 1 décrite par M. de Saulcy est aussi frappée â Samsoun, mais la date en est effacée ; notre savant con- frère fait observer qu'OeIdjaïtou ayant embrassé la secte des schiites en 707, la monnaie qu'il décrit ne peut être posté- rieure à cette date; l'émission de notre exe mplaire doit avoir précédé de bien peu l'époque de la conversion de ce prince, puisqu'il appartient à l'année même oîi elle eut lieu ; j'ai pensé un moment qu'il fallait lire ^tj.i, mais la configuration des traits ne se prête pas à cette lecture.

113.) ABOUSAÏD ; SA-WA, 722.

A l'avers dans un pentagone:

bi ^ "^j^ Frappé dans les jou-

^La)i\ .Liai«Jî i3j3 ^ rs de l'empire du Sultan auguste ,Lîk j^l-^ wX-xwjjÎ Abousaïd Behader-Khan

i^X» 4\)! jla. Que Dieu prolonge son règne!

Dans les cinq segments extérieurs on lit la date :

h I a./.*- . I , . »J ,.i.t

Au revers, dans un cercle entouré d'un grènetis, le sym- bole en trois lignes, et les quatre noms des Imams. Dans les interlignes on lit : ^jL^^ s_^^.

Je ne connais jusqu'à présent qu'une seule monnaie frappée dans cette ville de l'Eraque Persique, l'an 714, et qui a passé de la collection Zwick de Sarepta dans le Musée grand-ducal de Jéna (*}.

(') Fraehn, de Il-Chanorum nuniiSf etc., 126.

147

I1A-II5.) MÊnE ANNÉE ; BASAR ET ISPAHAN.

En tout semblable à la monnaie qui précède, si ce n'est que la localilé est remplacée par jljLj el ^l^io!.

Fraehn décrit dans sa monograpbie une monnaie de la même année frappée à Tabris (') qui n'a point encore le titre de Behader; la monnaie la plus récente il le signale est de l'année 723. 1NM59.

116.) MÈniE prince; fels se l'an 723.

r

<-jj^ Monnaie

♦Jac'ilt .LiaLJ! Le Sultan Auguste

?...y Mer?...

j^l^ j.-;Xw^j| Abousaïd Behader

i.$iL> ôiii ... Que Dieu {]^ro\ouge) son règne.

Rcv. Le symbole en trois lignes, et au-dessous dans le champ Cp; toute trace de légende a disparu.

11 n'existe que deux autres exemples à moi connus de monnaies Iloulagouïdes avec des chiffres j savoir un fels de l'an 721 , dont M. de Saulcy donne la description au n" 13, et un fels de l'année 759, déjà imparfaitement décrit par Fraehn, mais complètement déterminé par M. de Saulcy, 23 j je rapporte mon exemplaire à l'année 723 malgré l'absence du v qui a pu se trouver au-dessous du symbole; il peut aussi désigner l'an 23 de l'ère llkhanide. Oh remar- quera encore l'absence du mot khan, elle n'est pas sans exemple ; M. de Fraehn l'a déjà signalée dans une monnaie en cuivre frappée à Meragha, l'an 731 {'). Malgré cette

(') Elle se trouve aussi dans la collection de lena, Fraehn. n<> 120. 0 L. c, 18a.

448

circonstance et le^ qui commence le mot désignant la loca- lité sur la pièce qui nous occupe, comme je ne vois aucune trace d'Elif sur ce qui reste de délerminable , je n'ose l'attribuer à la même localité.

117.) SI&HXIM DU MÊMS PRINCE; ZENDJAN ()), 727.

Dans un octogone formé par huit arcs de cercle qui s'entrecroisent, on lit sur trois lignes : Le sultan au- guste I Jbou-Saïd Behader Khan \ Que Dieu prolonge son règne ! \ et de plus, en haut : v_^^, en bas : ^W^;-

Dans les segments, on lit :

Rev. Le symbole, en trois lignes, entouré des noms des quatre Imams, dans un encadrement octogone formé d'arcs de cercle dont la concavité est tournée en dedans. Le type est déjà décrit au 15 de la monographie de M. deSaulcy, pour l'année 729, à Tabris.

118.) mÈuE piasiCE; ersekuum, 729.

Comme le précédent, sauf aJS au lieu de a^ le mot flrseroum est écrit comme s'il y avait ajjj^, contraction déjà signalée par M. de Saulcy.

119-127.) BIÉBIE ANNÉE, LOCALITÉS DIVERSES.

En tout semblables au précédent, sauf les localités qui

(1) Le nombre unitaire est efface sur celle pièce qui pourrait également unparlenir à l'an 727.

149

sont : là\y Meragha, (^L-w Siwas ('), .ij.^» Hamedan, aJLUL Sultania, M^ Basar, J^:?^^ Nakftdjouan j ùjj^ Yesd et Zendjan. Je possède, en outre, deux exemplaires du dirheni de Tabris, qui différent l'un de l'autre par le point de départ de la date; l'un est au segment supérieur de droite; l'autre, en bas.

128.) MÊME PRINCE, MOSSOUL ? 730.

Le type ne diffère en rien des précédents , mais il y a une modidcalion dans la légende je lis :

L'absence de l'article présente une irrégularité si forte que j'ai de grands doutes sur celle attribution, je n'aurais pas osé la proposer si elle n'avait pas clé remarquée par plusieurs numismates sur une monnaie d'Abagha, à la- quelle Fraehn a donné place dans sa monograpliie, 52. ]l me semble qu'il faudrait plutôt lire j-o^/», mais je ne trouve aucune ville de ce nom dans les ouvrages que j'ai à ma disposition.

129.) demi-dirhem; même localité.

Le type est le même ; le module atteint à peine le chiffre 4 de Mionnet, tandis que les dirliems ordinaires vont au sixième : la date est peu distincte, et pourrait se rapporter à l'année précédente.

(') C'est une ville de la Mcdie, sur les fiontièies de l'Aderbaydjan ; voy. Reinauu et SlanEj Géographie d'Aboulfeda, pp. 70 et 416.

150

130-131.) SIRHEMS SB WAN ET BASAK, 730.

Comme ceux de 727 et 729, dont ils ne différent que par la date.

132.) MÊME ANNÉE ; TABRIS.

Diffère des précédents par la suppression du mot ^ dans la légende ; il est remplacé par le nom répété de la localité hL> [ «.^^ I j I r^r-' I ''^^' I ^'^ \ji.j^' I '— ^^^

133.) MÊME PRINCE ; TABRIS, 731.

Comme ceux de l'année 729, sauf le changement de date.

134.) MÊME ANNÉE ; TABRIS.

Non-seulement le mot ^ est aussi remplacé par y^Ji dans la légende, comme au n" 132, mais encore la localité est répétée une troisième fois, entre la seconde et troisième ligne du champ de l'avers, on lit : jj ^J •■^j^

135.) MÊME ANNÉE ; BAGDAD.

Le nom de la localité est répété dans la légende, il remplace le mot ^J,

ijL» j si.^j I ^y^ I j (^"^"^^^ I ^ I ■^' I -^ I V^>-~»

136-137.) même prince; zendjan et basar ; an 33 de l'Ère ilkhanide.

En tout semblables, quant au reste, au 15, de M. de

~ 151

Saulcy, pour Tabris, et 1 80, 1 90 de Fraehn, pour Sultania ctErzendjan.

138.) ORAND SIRHEM DE BAMEGHAN, MÊME DATE.

Le type est le même que celui des monnaies précédentes dont on peut voir la figure dans la monographie de Fraehn, pi. IIÏ. fig. II. Mais ici, outre une localité nouvelle .li^î^, dont on ne connaît jusqu'à présent qu'un seul autre exemple, pour l'année 701, nous avons une pièce remarquable par son module et par son poids. Mionnet, M, 7 ; pèse gr. 8,55. Depuis la publication de la monographie de Fraehn, le nombre des monnaies connues de cette dynastie a presque doublé et plusieurs localités nouvelles sont venues se join- dre à la liste donnée par le célèbre académicien de Saint- Pétersbourg ; il ne sera peut-être pas superflu de les signaler ici.

Hamedan ; Zendjan, Arbele, (Saulcy), Khotan ? (Id.), Kasch, (Id.), Bar? (Scott), Hilla^ (W.), Isferaîn, (Fraehn), Firouzan (Id.), ^-V^j ,L;u«^^.i. Waset (Id.), Jbiwcrd (Id.), Beihourt (Id.), Schirwan? (Id.), Nisapour (Id.). A ces localités il faut encore joindre Mesched, si Ton veut compter parmi les Houlagouïdes une monnaie de Togha- Timour, décrite dans le supplément de Fraehn, p. 290.

CLASSE LIX. DJELAïaiDE.

139.) SCHAH OTVEIS ; ISPAHAN, 771. (FiG. 15.)

Àv. Dans un encadrement formé de lignes droites et d'ares de cercle :

452

^1^^^ (')

Dans trois des segments, il y a : "âoLT^juwj j^-x^-j ^J-s».! ; le quatrième effacé contenait probablement le mot 'L^ Kev. Au centre de la pièce dans un cartouche carré :

'T'-^ . et en dehors, le symbole avec les noms des quatre

Imams. Le coin ayant porté à faux, une partie de l'inscrip- tion manque.

CLASSE LIX'".

MOZHÂFFÉRIDE.

Les rares monnaies appartenant à cette dynastie qui sont entrées dans ma collection, sont malheureusement effacées sur la partie de leurs légendes qui donnait la date de leur émission ; cependant elles offrent des localités nouvelles, ou des types inédits, et méritent sous ce rapport de prendre place dans cet inventaire.

140.) OIRHEM DE SCHAH SCHADJA ; KASCHAN.

^ A Tavers, dans un encadrement formé de huit arcs de cercle :

(') i qu'on voit distinclement sur le ilirhem, se trouve omis sur la figure.

mz

j .LLl~.)t le Sultan et

^^^j \ y^ \ Émir des fidèles

pLac-^ ïLi, Ç'LLJl el-Motaâ Schah-Schadjad

iX_L iii! J-lii. Que Dieu j)rolonge son règne! ^Li.!^ Kaschan

Légende marginale détruite, il reste : >tx Rev. Dans un encadrement carré, le symbole en trois lignes : entre la première et la deuxième il y a ■j'-^'^ ^r-'r*^ et les noms des Imams sont placés dans les segments exté- rieurs.

D'après une belle pièce, dont nous devons la connaissance à M. de Saulcy ('), frappée à Abercouh l'an 762, et sur laquelle on trouve le nom du khalife Abbassidc d'Egypte el-Motadhed-billah, il paraîtrait qu'il faut intervertir l'ordre des deux premières lignes de l'avers et lire: Émir des fidèles et le Sultan, etc. Au reste, la suppression du nom de kha- life peut avoir été volontaire, afin d'attribuer également à Schah-Schadjaâ le litre de celui dont il avait cru devoir reconnaître la suzeraineté spirituelle.

lit.) MÉniE PRINCE; SCBIRAZ.

Av. Comme le précédent, mais sous la deuxième ligne ^j^, etjî^^ sous la troisième. Il reste dans les segments extérieurs : ... i^ ^j, jSjJ.»

Rev. Le symbole en trois lignes dans un encadrement composé de lignes droites et d'arcs de cercle ; dans les seg- ments extérieurs je distingue : ^^-*^ ^^LLl^ ^c

(•) Sixième lettre à M. Reinaud, deuxième variété, SÉRIE. Tome vi. 10 bis

154

142.) MÊME prince; tèbris.

Av. Encadrement de six arcs de cercle ; le reste comme dans le dirliem précédent, sauf le changement de localité et l'absence de la copule j. Je ne saisis pas le sens des trois mots qui restent dans les segments extérieurs.

Rev. Le symbole ut supra, en caractères koufîques assez difformes.

145.) MÊME prince; tesd, l'an ..7.

Type semblable pour l'avers au dirliem de Scliiraz ; •Xji remplace j|^^. Il reste de la légende extérieure :

Rev. Symbole et une partie des noms des Imams avec leurs attributs : ... j^y) {sic) ^^^y v^

Mi:) MÊME PRINCE; IDEDJ, l'aN 76.. (Flti. \L)

Av. Type semblable aux précédents, mais ^^} V!/^ est placé entre les troisième et quatrième lignes; un or- nement en forme de fleuron sous l'invocation. Dans les segments il reste ajU**— j ^^.^

Rev. Le symbole en caractères koufiques cunéiformes laisse au centre un petit espace carré la localité ^v>jj est répétée. Noms des Imams sur les quatre côtés formés par le symbole.

On connaît deux monnaies Bouwcides frappées à IdcOj, ville du Khousislanj l'une décrite par Frachn pour l'an-

155

née 34., Taulie par M. Lindberg pour rannéc 328(').II est à présumer que nous avons ici la ville du même nom située diins le Farsistan et qui paraît pour la première fois dans la série monétaire.

M. de Saulcy est le premier qui ait publié des monnaies certaines de cette dynastie, dont il décrit cinq variétés re- marquables; depuis lors deux types nouveaux sont entrés dans la collection de l'Académie impériale de Saint-Péters- bourg; je crois qu'il ne sera pas sans intérêt de signaler encore un beau dirliem de Mohammed qui se trouvait dans la collection du D' Scott et que ce zélé amateur se proposait de publier avec plusieurs autres inédits dans un travail que son grave état de maladie ne lui aura probablement pas permis de terminer.

Voici la description qu'il m'avait transmise :

Av. V-'J"'^

En marge : hl^x^^ j ^^-*»^cwj «.«ô' Ix^ s^j^/^

Rev. Au centre, deux petits cercles concentriques, en- tourés du symbole et des noms des Imams.

Celui d'Aboubekr est effacé.

Ici nous voyons reparaître le nom du khalife Abasside e/- Motadhed-hillah, déjà signalé par M. de Saulcy.

(I) Fraebn , Num. cufici ex variis niusœis sclccl., n" 119, p, 23. Lindberg, Essai su?' les monnaies houides, n" 20, p. 218.

456

CLASSE LXI. TIMOLRIDE. ii^.) SCHAH-KOKH, LOCALITÉ INCERTAINE; 817? (fIG. 15.)

^L^\ .LU*JI Le Sultan auguste t)3) jià.jJîL^ Tj'-' {^(^liSihyRokh Behader, que Dieu protège AjLlaJL, j aCU son règne et son sultanat.

Rev. Dans un cercle le symbole en caractères cursifs, semblables à ceux des monnaies persanes, et autour les noms des Imams encadrés dans des cercles et des nœuds.

Il m'est impossible de déterminer la localité qui va se confondre avec les cbiffres de la date ; peut-être les nom- breuses monnaies timourides que vous avez sous les yeux vous permettront de faire cesser mon incertitude.

146.) MÊME fbince; sultania?

L'avers est semblable au précédent, le mot jUîL. est cfl'acé ainsi que la localité.

Rev. Symbole en caractères koufiques formant un carré, au centre duquel on lit : v!/^

Les noms des Imams sont effacés, sauf un. mot que je n'ai pu déchiffrer : aJUiL, ?

147.) MÊME prince ; SANS LOCALITÉ{nI DATE.

Av. Le champ de la pièce est coupé au milieu par une ligne horizontale, au centre de laquelle est un i)ctit cercle

457

qu'elle traverse. Dans la moitié supérieure du champ on lit: Le sultan Schah Rokh-Beha{der) et en bas: Que Dieu prolonge son règne et son sultanat!

Rev. Le symbole dans un encadrement carré; les noms des Imams dans les segments, le tout en caractères distincts, mais très-corrompus et à peine déchiffrables, ce qui n'est nullement le cas pour la face principale.

1i8.) uÉME prince; kaschan.

Jv. En trois lignes : Le Sultan auguste | Schah-Rokh Behader \ que son règne dure { .

Sous la première ligne il y a de plus jjLi-^ entre deux quatre-feuilles.

Rev. Ut supra, mais en caractères mieux formés ; plus une contre-marque en lacs d'amour pyriforme et entouré d'un grcnetis.

1^9.) MÊME PRINCE ; SULTANIA^ 842.

A l'avers comme au n" 145, mais la localité est ^LLl- ct sous la dernière ligne on lit : Tf ^ pour ^f^

Rev. Le symbole en caractères entrecroisés; les noms des Imams, et une contre-marque sur laquelle on lit : Aj i^ peut- être Boudak.

CLASSE LXIII. CHIRWAN-SCHAH.

Les monnaies connues des Shahs du Chirwan, quoique d'une époque assez récente, sont difficiles à étudier à cause de leur rareté ; car, comme nous l'avons déjà observé ail-

158

leurs, il n'en cxisteguère dansd'aulres collections que dans le Musée de l'Académie impériale. La difficulté decelle élude était augmentée par le peu de données historiques dont il était possible de disposer avant la publication de vos savantes recherches sur les différentes dynasties qui se sont succédé dans le Chirwan. Grâce à elles, une assez riche série de monuments monétaires appartenant aux deux dernières a pu être classée et trouver place dans la méthode (i), mais le nombre des lacunes qui restent à remplir est considérable encore, plusieurs Schahs de la troisième époque n'ont point de représentants monétaires. Fraclm n'a signalé qu'une seule monnaie de Ferroukh Yessar pour l'année 8G9; en- core n'en donne-t-il pas la description (2) j je puis, grâce à la libéralité de M. de Koehne, remédiera celte omission par un second exemplaire frappé dix ans plus lard.

150.) SI&HEia DE SCHIR-WAN-SCHAH FEKROUKH TESSAR , 879.

V ' l-Atfl

'r

Monnaie ou frappé

jLijl*J! le sultan . . . _3 v-~- Schirivan (schah) ou bien le Schirwan .... -tj.3 Ferroukh (Yessar).

Un ressaut du coin a {)roduil sur cette face une double empreinte qui a fait disparaître quelques mots; ce qui reste, surtout la date au revers, ne laisse pas de doutes sur l'allri- bution.

(') DoRN, C/t. M. Fruchnii nova supplcmenta , de. , pp. 149 cl suiv.,

rir)i,40i,'î03.

(^) nulklin scientifique, t. VI, li, p. 225.

i59

Hev. Dans un petit cartouche carré au centre W«|- et autour, le symbole avec les noms des Imams.

Vous avez bien voulu, Monsieur , en réponse aux ques- tions que je vous ai adressées sur les monnaies qui peuvent avoir été émises sous le règne de Ferroukh Yessar, m'ap- prendre qu'il s'en trouve quelques-unes de décrites dans les CoUectanea de Fraehn, et que sur l'un des exemplaires il a lu \j^ Schiraz , mais avec un point d'interrogation j vous ajoutez que rien ne peut faire présumer la possession de Schiraz par Ferroukh. Le mot qui sur ma pièce pour- rait être le nom de la localité, étant aussi malheureuse- ment effacé en partie, il faut attendre la découverte d'une monnaie plus complète, pour savoir si la troisième ligne renferme bien l'indication du lieu, ou seulement le titre de Schirwan-Schah qui était plus spécialement porté par Fer- roukh.

CLASSE LXIV. KARA-KOYOUNLI.

151.) PETIT DIRHEm DE PIR BOUDAK ET DE TOUSSOUF •, SCHAMAKY.

Jv. Dans un encadrement carré :

I A

Dans les segments extérieurs, traces de mots qui pa- raissent avoir été la date ; je crois lire au segment supé- rieur : ^.j^^j

460

Rev. Symbole et les Imans; il ne reste que le nom d'Aboubekr.

L'orthographe de Boudak varie beaucoup sur les mon- naies; ordinairement on litr^^'^-b:* ^^ O'A??' -^^ns aucun doute le ?• est substitué au ^^ sur notre exemplaire.

152.) K.ARA TOUSSOUF SEUL ; BAGDAD.

yfv. Encadrement carré ut supra :

"^y^ Monnaie

v_Àw^j |jjJÎ JûU. Djelal-eddin Youssotif ■i)^ de Bagdad.

iSjj> éiiî jJ=L Que Dieu protège son règne !

Segments effacés.

Hev. Ut supra.

On ne connaît que deux ou trois monnaies de ce prince. C4elle-ci, comme la précédente, ne dépasse pas le module 3 de Mionnet.

CLASSES LXVI et LXUlbis. eibekide, lodite.

153.) PETIT BRONZE DE MOESZ-EDDIN KAIKOBAD.

A l'avers ; j3u> Au revers : jJlj

Cette petite pièce, dont je dois la connaissance au D' Scott, accompagnait d'autres monnaies des Patans j il n'est guère possible de l'attribuer à d'autre prince qu'au der- nier des Eibekides, Kaïkobad, dont M. Ë. Thomas nous a

fait connaître quelcjiies aiilrcs monnaies rjui se dislinguenl aussi par leur laconisme (*).

154) GRAND DIRHEM SCHIR-SCBAH ; SCKlAKOODA, 949. (FlG. 16.)

La belle monographie de M. E. Thomas contient la description d'une monnaie de la même date et de la même localité, qui ne diffère de la notre que par la légende mar- ginale du revers j comme cet ouvrage n'est pas commun sur le continent, il y a peut-être quelque avantage à donner la description complète de la pièce.

A l'avers, le symbole en trois ligues, et dans les seg- ments, les noms des Imams avec leurs attributs.

^jj\ J^ ij^jj^^ ^Ut^ Oj;'^''^*^ ^[-^^ [su-) /^}W

Aboubekr, le vèridîque; Omar, le ss'parateur ; Otsman , te

possesseur des deux lumières ('); Aty, Caçiréé.

Rev. Dans le champ :

^f1

949 Le Sultati

Sa. Sar. SaliL

Que

Nom

Schir Schah Dieu prolonge son règne du prince en sanscrit.

En maige :

f~^^j.y^ v-ir^ (ji-^^ j ^^^ *^-' ^ j^-v^^j^^-- ^^ ..•^••.

(Le su]ta)n juste Abou-el~Mozhaff'er Ferid ed-dounia-Oua- eddin; monnaie deSclurkou{da).

(') Coins of the Palans, etc., n»» 178 et 17!>.

(■■') Le maii des deux filles de Maliomel. Voy, Thomas, /. c, p. 9îi, h" 178.

2* SÉRIE. Tome VI. 11

162

CLASSE LXXIÏ. MYsoRE.

166) FELS D'aCISGB.; PATTAN 1195.

An revers : W'iô iu^ ^ V*/^

La plus ancienne monnaie connue du Mysore est de l'année 1198; Marsden présume qu'il n'en fut point frappé pendant la première année du règne de Tipoo Saïb. La pièce dont nous donnons ici la figure , ne laisse aucune incertitude sur la lecture de sa date antérieure à l'avéne- ment de ce prince; elle nous contraint à admettre l'émission de monnaies nu type mahometan, sous le règne de Heider ; à moins qu'on ne suppose une erreur de ciiilîre, fort peu probable, de la part du graveur. On ne peut, en particulier, pas supposer que le ^ soit un 'J mal dessiné, ce dernier chiffre se retrouvant tout à côté, avec sa forme normale; et comme il est complètement fermé, la supposition d'un v ou d'un ^ est égaleii;ent inadmissible.

CLASSE LXXLX. ~ kadjaride.

Il est difficile de trouver des monnaies persanes mo- dernes, qui ne se rencontrent pas déjà dans la magnifique série du cabinet impérial, due au tri!)ut persan ; les variétés suivantes, cependant me paraissent être inédites :

163

156.) MONNAIE EN OH DE OIOHATnniED 8CHAH ; IROUMT 1265.

A Tavers :

Le Prince des Prophètes, Mohammed.

167.) ARGENT, MÊME PRINCE ; TÉHÉRAN, 1256.

Jv. Lion tourné à droite, tenant le sabre d'Aly ; en liant dans le champ, le bonnet ; le tout entouré d'une couronne de feuilles de chêne.

Rev. ^^ LjJt A.ljL»Ld,

[[ >[ ainsi pour (fôf

168.) LE MÊME ; TÉHÉRAN, 1258.

Ut supra, mais au revers, l'inscription est dans un enca- drement carré) et le chiffre û a sa forrrie régulière.

CLASSE LXXXVIII. osmanide.

Pour les même motifs , qui m'ont enjpêché jusqu'à pré- sent de signaler d'anciennes monnaies Osmanides que j'ai lieu de croire inédiles, je ne ferai point mention ici de quel- ques acquisitions importantes qui sont venues enrichir cette classe : il me parait cependant convenable de faire une exception pour un srquin d'Amural Jll, parce qu'il précise

1G4

(le la manière la plus incontestable, le inonieni du ehange- inenl opéré dans le lypc de la monnaie.

169.) SEQUIN d'or D'AMURAT III ; MISR, 982.

A l'avers, en quatre lignes, se trouve la l'ornmle propre îiux monnaies en or des règnes antérieurs : marquant l'or frès-splendide, etc.

Au revers :

■y O

J

Or, comme iMarsdcn décrit un autre sequin, qui se trouve aussi dans ma collection, et qui a été frappé à Misr, la mémo année, avec la nouvelle formule, sultan des deux continents, etc., on peut être à peu près sur qu'elle n'a pas élé employée sous le règne précédent, et que la monnaie décrite plus haut a été émise à Misr, à la nouvelle de lavéncment de Murad , avant qu'on eût reçu celle d'une modilicalion dans le type.

(ILASSK XC. MAMEI.OlIkS BAIIARITES.

160.) FELS D'IBEK.

Jv. Un lion passant à gauche. Ticv. ^t-oi-»

J'ai un peu d'incertitude sur la lecture de celte pièce,

165

que je ne signale qu'à cause de l'extrême rareté des mon- naies du fondateur de la dynastie Bahariic.

161.) DIRBEM DE BIBARS ; DAMAS 6...

^îXIJi ^,LlaLJl Le Sultan el Malek .jJlj LJjJi ^5\ ^UaJI el Taher rockn-eddounia oua ed{dii\) .xa^)\ y^\ ^-~3 ^jy^ Bibars, ami de l'Émir des Fidè{\es)

En haut, traces peu distinctes d'un mot J^Lx)t? ou plutôt s_^li31

J{ev. A^Lsr'i >L»'^! L'Imam el Hakem

ji! ôiii yi^ Biamr-illah Abou- ^.d^\ i^l^%]\ el-abbas Ahmed.

Dans les segments ; celui d'en-bas est effacé :

Moeller et Mnrsden ont, l'un et l'autre, décrit des mou- naies de Bibars, avec le mot *-*-» qu'ils ont traduit par Kasem Emir des fidèles, croyant y voir le nom du premier des khalifes Abbassides d'Egypte; Marsden, frappé de la dif- férence d'orthographe, a l'air de croire, en outre, qu'AbouI- feda s'est tronij)é, en écrivant *—!-3 , forme régulière dr ce nom, qu'on rencontre assez fréquemment; ces numis- matistcs n'ont pas aperçu qu'il aurait fallu lire Jbuu-l-Ka- scm, et ont oublié que Bibars s'était donné le nom d'ami du khalife, en se faisant accorder l'investiture par Mostan- .'^er billah, cette ombre de souverain, destiné par lui à conti- nuer la série des chefs suprêmes de la foi musulmane. M. Pietraszewski a su éviter celte erreur dans la descrip-

166

lion qu'il donne de deux ou trois dirhcms analogues au nôtre, mais frappés au Caire; il s'est cependant trompé en lisant au revers de la variété, \'2, el Imam el Kaher, au lieu de el Hakim ii). Il s'est laissé probablement induire en erreur par un point placé sur le ^ ; la lettre finale, telle quelle est donnée sur la fig. C, pi. I, ne saurait être autre que le ^.

Bibars ne tarda pas à se lasser de cet acte de soumission apparente; car nous connaissons une monnaie de ce prince, de l'année 667, dans laquelle les noms el titres du khalife sont remplacés par l'ancienne formule de la mission pro- phétique. En imitant l'exemple de ses prédécesseurs dans le but de rafl'ermir son pouvoir, il devint la cause première du maintien de la race Abbasside ; nous avons rappelé plus haut, un acte de reconnaissance de la même dynastie dans les monnaies iMoshafferides; il est bon d'observer ici que nous devons à M. Reinaud la première observation du même genre, qu'il a consignée dans son beau Mémoire sur cinq médailles des anciens rois du Bengale, mémoire tout rempli de détails historiques de la plus haute impor- tance ^^*;.

162.) F£x.s DE noHAniniED ; kahibeh, 716.

Au centre de la pièce, dans un cercle en grénctis ; ^^ Légende :

C) Numi Mohammedani. Fasciculus 1, p. 6, el lab. t. La incuie erreur csl reproduite clans le Génie de l'Orient, de M. Sawaszkiewicz. (') Journal asiatique, t. III, 1825.

167 Rev. I.t^gende circulaire :

El au centre dans un cercle en grènctis : àjU»^^ j

163.) FELS DU MÊME PRINCE ; TKIPOLI, 717.

Sennblabie à la précédenle pièce, mais ici on lit : v^^^lj, le nombre jJL.:- est incertain ; je pense qu'on peut prendre le signe V pour le chiffre 7.

16&.) DIRBEM s'aLA-ESDIN KOUDJOUKH ; DAMAS?

Ce prince n'ayant régné que huit mois, ses monnaies doivent être fort rares ; je n'en connais aucun exemple, et elles font défaut dans la suite d'ailleurs si complète de la collection Pietraszewski ; ceci donne un certain degré d'in- térêt à notre exemplaire, malgré son médiocre état de con- servation.

.AJ\ ,LJa^ .. (Le) Sultan el Mal{ek)

L J jJ I ^5 ^^j^ (el A)sch raf A la-eddoun la

s.zS^sr' rji.^^ (oua) eddin Koudjouk

? li)! elGhaVcb)?.. serait-ce ^Amed?

liev. La mission prophétique en quatre lignes jusqu'à ;3==" '; la dernière ligne est un peu douteuse. En haut, la localité en partie effacée; je crois y reconnaître (3^"^

166.) FELS b'hasgi; alep?

Au centre de la pièce, entre deux lignes horizontales : jiJa^3 1 s.*XJl^3 \ el-Malek el-Moshaffer

168

Segment supérieur v-'j^ î inférieur, traces de «.--^iar^ Au revers, grande fleur de lis entre quatre points dans

un cercle entouré lui-même d'un grènetis.

J'attribue cette monnaie à Hadji plutôt qu'au troisième

Baharite, soit parce que le règne d'Hadji a été plus long,

soit parce que nous allons retrouver ce même type dans les

monnaies de son successeur immédiat.

166.)F£i.s d'en naser houssein. alep.

En tout semblable au précédent, mais on lit ici : >-tXv^ j-«^î-JI La fleur de lis n'est pas entourée de points, et une chaînette remplace le grènetis.

Marsden n connu ce type, dont il donne deux flgures à la planche XVIH, mais il na pas su les déterminer, bien que l'une d'elles porte en cinffres l'année 7S7 qui se rapporte au second règne d'Houssein.

167.) DIRHEM DD MÊME ; HAMA.

...j^LfaJuJ! Le sultan {e\ Malék) L^jJl u^li ^.oLJi (en) Naser, Naser-eddounia o.^.. t*«i». ^J-^-^'(j) [oua] eddin Hassan [Gis) de .Moha{mmcd)

Jiev. En haut : sLsarf s^^j^ Et dans ie champ la mission.

168.) MONNAIE EN OR DE SCBAABAN ; KAHIREH, 773 (>)•

Hev. La mission prophétique en quatre lignes jusqu'au

(') Votj. pour le type de cette belle pièce une monnaie semblable de Mohammed ; Marsden, pi. XIV, année 7M.

469

mol i^, et au-dessus un fragment de la Sura, III, 122 : éwi j^ ^ ^ j^] j cf il n'ff a point de secours qu'en Dieu, passage mal interprété par Marsden .

Celte belle monnaie existe aussi dans le cabinet de Jena, mais son poids est moitié moindre; la nôtre atteint gr.i 0,20.

i69) FELS ou HÉMz: prince; alep.

L'avers est semblable à celui des n*" 165, 166, si ce n'est qu'on lit ici el-Malek el-Àschraf.

JRev. Un hexagone formé par l'entrecroisement des deux triangles et entouré d'un encadrement formé par des arcs de cercle et des fleurs de lis.

170) FELS DE SCHAABA.N; DIMESCHK, 777.

Jv. El-Malek el-Jschraf, entre deux lignes dans le champ ; dans les deux segments des ornements. Rev. Dans le champ, entre deux lignes,

En haut : w»^»^-^; en bas : ^^^wJj.

i71) FELS D'ALT; ALEP, 778.

Rose à six feuilles au centre.

Légende : J^ ... ^XJ^\ c^ J^ ••• ^^^^ ^^CUi Revers, même rosace.

Légende : ajL^*^ ^ {j^^ ^ c?^^ ^ v^W s-^j--^ Les légendes sont peu distinctes ; ce même type est attri- bué dans Pietraszewsky à une monnaie d'Ismael.

SÉRIE. Tome vi. 11 lis.

170

172-173) mÊME MÉTAL, MÊME PRINCE; DAMAS, (78)1 (78)^.

Av. Au centre dans un cercle : Xs.

Légende : ^^jJt^U .^^«âij! v-*XJIy'^

Rev. Au centre, fleur de lis entre quatre points.

Légende : ..wX=vl SLw ^_^iu^ .. ne peut être que l'année 781 .

La variété 173 de l'année 782 ne présente non plus que le nombre unitaire, et au lieu du lis, je crois voir le nom d*AIy répété au revers.

CLASSE XCL MAMELOUKS CIRCASSIENS. Mi) DIRHEM DE FAR AD J, EN (80)4.

Av. oXlJI ^Ual^Jî Le Sultan el-Malek ^i jj. J w^U \ en-Naser Faradj fils (Ligne effacée.)

Rev. sjj\ h^, et plus bas, le symbole en partie effacé.

On connaît si peu les monnaies de ce prince que celle-ci, malgré son mauvais état de conservation, est intéressante à noter; il en est de même pour les dirhems qui suivent.

175) ABOU NASR SCHEIK; BAGDAD.

Jj^j^î .LiaLJî

k " ,

... X) i_^wJO

Rev. Le symbole.

Cette pièce m'a été communiquée par le D' Scott qui en possédait une plus complète.

171

17C) OJAKMAK.

A l'avers, au centre dans un cercle : ^'^ surmonté de deux points.

Il reste delà légende : a-ju- ^i ... ,LkLJi

Au revers, le symbole.

CLASSE XCII. sciiÉRiFS saadides.

Vers la fin du règne de Sélim, les Ottomans avaient pro^ file des dissensions qui déchiraient l'empire du Maroc pour pénétrer dans cette contrée et pour s'emparer jusqu'à un certain point de la souveraineté. Murad III monta sur le trône de Constantinople l'année même de l'avènement de Muley Mohammed , fils d'Abdallah , dont il ne voulut pas reconnaître les droits et qu'il parvint à renverser en 985, à la suite d'une grande bataille dans laquelle les Portugais, ses partisans, furent complètement battus; Abd-ul-Malek rival de Mohammed et créature d'Amurat, ne survécut que peu de tenips à son triomphe, et son successeur fut le sché- rif Ahmed; frère de Mohammed, selon Moeller; son fils, selon Hammer, dont l'autorité nous paraît devoir être pré- férée (•). Ce qui précède devra suffire pour l'intelligence des pièces au type al-Mohade que nous allons décrire.

(I) Voy., pour plus de détails sur ces événements : Defrémery, Mon- naies des Hafsidcs ; IIammeu, Histoire des OUomans, livre XXXVlt.

i72

177-178,) EN ÉLECTRUM; MOULET ABMEO : ANNÉES 989 ET 995.

(FiG. 17.)

Dans un encadrement carré :

v,^a. Lo Le Saheb

^j^j^j\ j-^x3i el-Abd el-Moumen

. LiaL^J I le Sultan

^vt ^tj-» Muradf fils

aJ- .LLLJI du Sultan Selim.

Dans deux des segments : hl^JJ j t-r^^^ j ••• Rev. Même encadrement :

jjwJj v.iXjU Roi des deux continents

À^^\ j (^f^'^^j ^t des deux mers et de Syrie

jJà. li LioJ ]j et du Mogreh

SJj> 6iiî que Dieu prolonge son règne.

Dans trois des segments il reste :

Sur le second exemplaire, on lit dans les quatre segments des deux faces :

Moeller a déjà décrit une pièce semblable, mais sans date, qu'il a placée parmi les incertaines des schérifs. Le n" dlxvii, frappé sous le sultan Ahmed, fils de Mohammed, doit sans nul doute être attribué au schérif Jbou Fares, et non pas Abou Jtas, nom qui d'ailleurs n'a été proposé qu'avec hési- tation parle savant conservateur du musée de Gotha. Enfin le même numismatistc a fait connaître une rare monnaie et) or de Scïdan, je crois qu'il faut lire : Le sultan Ahmed,

473

fds du sultan Mohammed, et ne point attribuer le titre do sultan au père de Mohammed.

279.) DINAR b'ABOU FARES; MAROC, 1012. (PiG. t8.)

a3L J\)\

Av. L/'j'^ y

Dans les segments : (A^Jk* ^j-^^' v* t-^

Rev. y^La^l ^j| Fils des deux Imams

^j^pJdrj] et des deux Khalifes.

Je ne saisis pas le sens de la troisième ligne. En marge dans les segments : ^\j 5^.^; ,->.x.;J! j^lt Ce dinar est singulier, en ce qu'il accuse une entière in-= dépendance du souverain , tandis qu'à cette époque les schérifs reconnaissaient encore la suzeraineté des sultans. Il n'y a d'autre manière d'expliquer ce fait que de supposer qu'Abou Fares fit une tentative d'indépendance au moment de son avènement au trône, correspondant h celui d'Ah- med^ ou bien que ce prince ne reconnaissait pas la supré- matie des sultans sur toute l'étendue de son territoire j mais la monnaie de Seïdan frappée, aussi à Maroc, semble con- tredire cette dernière supposition.

CLASSE LXXXIX »■«. rois des Maldives.

C'est encore au D"^ Scott que je dois la connaissance do cette petite dynastie dont l'existence numismatique avait jusqu'à présent échappé aux amateurs. Voici une pièce

474

en cuivre du module 2 de Mionnct qui appartient à eclto classe.

180.) FELS DE MOESS-EDDIN MOHAMMED; 1219.

Av. .LL1*J! Le Sultan

yÀA j.^ Mohammed Moess- jJjSL. j^j-^J^ eddin [ï]' Alexandre.

Rev. jj'-laL,

Sultan de la terre et de la mer, l'an 1219. Comme on le voit, ce ne sont pas seulement les plus grands souverains qui portent les titres les plus pompeux.

Je termine ici celte nomenclature trop longue peut-être et pourtant trop peu développée sous de certains rapports. Veuillez, Monsieur, la juger avec indulgence et agréer l'ex- pression renouvelée dp mon dévouement et de ma recon- naissance.

Genève, janvier 18S6.

F. SORET.

POSTSCRIPTUM.

181.) FELS DE SANGIAR FILS DE MALEK SCHAH.

L'impression de cette lettre était déjà fort avancée lors- que j'ai retrouve parmi les incertaines de ma collection une pièce en bas billon que je n'avais point suffisamment étu- diée et qui est d'une trop grande importance pour ne pas

i75

devoir être mentionnée ici malgré son mauvais état de coii-^ servation. Elle vient confirmer l'existence de monuments monétaires appartenant à la branche Selgioukide du Khora- san qui se détacha, en 497, de celle de l'Iran par suite d'un partage j j'avais déjà attribué à Sangiar une petite monnaie en cuivre qui porte son nom (*)j mais l'espèce d'incertitude qui régnait sur cette attribution est pleinement écartée par la découverte de la pièce dont je vais donner la description, et dont la valeur historique est d'autant plus grande, que c'est le seul représentant certain de celte dy- nastie qui existe dans les collections à moi connues.

Av. *iii "^1 àii "^.. // n'y a de Dieu que Dieu

a3 <>jXij^ "^ »A=wj unique, il n'a pas de compagnoUé

i\5b J-i.tyt er-Rasched-billah.

àJj jj^x >>^ Mohammed envoyé de Dieu

j^Jàc'^î ^UaL».3l te Sultan auguste

Rev.

ii^sii?

^?J""

(Sangia)r fils de Malek Schah,

11 n'y a pas trace de légende marginale. Malgré l'absence de date et de localité , l'attribution ne laisse aucune espèce d'incertitude. Le khalife er-Rasched ne

(') Lettre à M. François Seguin, sur quelques monnaies inédites trouvées à Bokhara. Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie , de Genève f iSiZ.

176

régna pas même une année de 529 à 530. A cette époque, Sangiar était déjà sur le trône depuis longtemps, et il ne mourut qu'en S52 : il est surprenant qu'on n'ait que si peu de monuments d'un aussi long règne : la pièce que je viens de décrire provient de la même source que celles dont il est fait mention dans ma lettre à M. Seguin.

L'impression de cet appendice me permet de signaler en- core ici deux nouvelles pièces inédites, l'une et l'autre fort précieuses, que je dois encore à l'amitié de M. le marquis de Lagoy auquel ma collection est déjà redevable d'un si grand nombre de raretés du premier ordre.

182.) DINAR OasmEIADE D'ABD-UL-MALEK, AN 80.

Cette date nouvelle pour l'or est une des plus reculées, on n'en connaît que deux plus anciennes. Le type est celui des dinars de cette époque, il serait superflu de le décrire.

185.) FELS ASBASSIDB DE MANSOUR ; EL-MAUSEL, 158.

Av. La première partie du symbole en trois lignes, dans un cercle composé d'un triple filet; annelets à l'extérieur; en haut dans le champ : jj

Rev. Seconde partie du symbole en trois lignes; en haut : ^} jJlà. ; en bas : oXv

Légende marginale :

Ce fels offre un grand intérêt parce que c'est la première fois que nous voyons mentionné sur les monnaies le nom du célèbre Khaled fils de Barmak, celui qui fut le véritable

177

fondateur de la puissante maison des Barmécides ; il avait obtenu le gouvernement de Moussoul comme récompense du service rendu par lui à Mansour en réprimant un dan- gereux soulèvement de cette ville, et il se maintint à son poste jusqu'à la fin du règne du khalife qui eut lieu préci- sément en 158.

Nous ferons encore observer ici qu'Aboulféda ortho- graphie toujours le nom de Khaled avec un elif jJLâ. qui manque ici, de même que sur des dirhems frappés en Arménie par un autre Khaled fils de Vesid dont nous devons la connaissance à M. Tornberg.

Genève, juin 18S6.

F. S,

2e SÉRIE, Tome vi. 12

478

NOTICE

SUR

»

UN DENIER INÉDIT D'ARGENT DE TETRICUS I.

(Pt. X, PIG. t.)

Les numismates s'accordent à reconnaître qu'à dater de la mort de Valérien, ou à partir de très-peu de temps do cet événement, Gallien et ses successeurs ont renoncé à faire fabriquer des monnaies d'argent. Cette lacune s'étend, disent-ils, jusqu'au temps de Dioclétien , et même jusqu'à la huitième année de cet empereur.

Depuis la cessation de l'émission des monnaies d'argent, il se fit une nombreuse fabrication de monnaies de bronze blanchie par une sorte d'étamage ou de doublage, soit d'ar- gent, soit d'étain, ou d'un mélange des deux métaux.

Déjà, avant la cessation complète, le denier d'argent avait insensiblement dégénéré de Vargenteus consulaire cl impérial primitif. On a vu se succéder les uns après les autres, d'abord celui qui fut substitué au type primitif jus- qu'au temps de Septime Sévère, puis ceux qui furent affai- blis par cet empereur et ses successeurs, enfin les pièces de bas titre et d'une plus forte dimension, qui commencè- rent à paraître sous le régne de Caracalla.

L'extrême variété des pièces , qui composaient la série

i79

(le l'argent qui circulait légalement au temps de Dioclétien, entravait considérablement les relations commerciales. Ce j)rince, pour porter remède au mal, introduisit un chan- gement complet dans le système monétaire en ramenant, entre autres, le denier à peu près au titre de l'argenteus primitif.

L'examen attentif des séries numismatiques , connues jusqu'à ce jour, nous fait voir que, de 253 de notre ère jusqu'en 292, l'argent fait généralement place au billon, à l'exception toutefois des médaillons d'argent frappés par plusieurs des empereurs, qui se partagèrent l'empire pen- dant cet espace de temps, et quelques rares deniers en ar- gent pur, qu'il importe particulièrement de connaître et de commenter.

Une découverte importante qui vient d'être faite dans les environs de Cologne, et dont le résultat a été généreuse- ment offert par M. le professeur Nicoloviùs de Bonn, à la Société archéologique du grand-duché de Luxembourg , attire particulièrement l'attention sur le règne de Tetricus l.

Jusqu'à présent ce règne n'a offert que quelques exem- plaires de deniers en argent pur. Mionnet n'en mentionne aucun. Eckel {Doctrina numorum velerum) en cite deux types différents aux revers COMES AUG. et P. M.TR. P. COS p. p.; mais rien ne nous prouve que ce soient des deniers d'argent pur, puisque le savant auteur lui-même les désigne, t. VIII, p. 458, sous le nom ù'argentei impuri. Banduri en mentionne quelques-uns, sans cependant déter- miner positivement le titre du métal et dit : «c numi Tetrici argentei rariores sunt aureis. »

Un seul denier de Tetricus I dont, jusqu'à présent, en

iSO

tant que je sache, la pureté du métal soit suffisamment constatée, est celui qui est décrit et dessiné dans les inté- ressantes Lettres du baron Marchant, publiées à Paris, en 1851.

<i Pour compléter la planche, y est-il dit, p. 391, je « joins une médaille unique de Tetricus, le père (pi. 25, « fig. 1 \).—Jv. IMP. TETRICUS PIUS AUG. Tételaurée « de l'empereur de droite. Rev. COMES AUG.UneVic- « toire portant une couronne vue de gauche. La tète laurée « de l'empereur (qui, d'après Eckel, est ordinairement «I radiée avec la légende de Tavers précité) et le métal de « la médaille rendent cette pièce très-intéressante. J'ai vu « plus de dix mille médailles des deux Tetricus , parmi les- •1 quelles quelques-unes d'assez bon billon ; mais je n'en « avais jamais rencontré à tête laurée ni d'argent d'un titre « égal à celui des médailles de Gallien. »

Dans les annotations de cette lettre, M. de Witte, qui ne semble pas douter de l'authenticité de la pièce, fait ob- server que le type de ce revers ne peut aucunement servir à déterminer la date de l'émission de cette pièce. « La Vic- <c toire est figurée au revers des effigies impériales de toutes u les époques. »

A ce rare exemple, jusque-là unique, nous sommes heu- reux de pouvoir ajouter un second revers du même prince, d'une frappe très-salisfaisante et d'une conservation à fleur de coin. C'est un denier trouvé à Weingarten près d'Eus- kirchen, cercle de Cologne, à côté d'un canal romain.

En voici la description : Jv. IMP. C. TETRICUS P. F. AUG. Tète laurée de l'empereur, de droite.

481

Rev. P. M. TR. P. II COS. P. P. L'empereur en toge, debout, vu de gauche, portant sur la droite un globe.

A cause des doutes qui se sont élevés sur l'authenticité de celte pièce, je pense devoir avant tout rappeler les cir- constances qui se rattachent à sa découverte, en citant un extrait de la lettre d'accompagnement de M. le professeur Nicoloviûs.

;c Die fragliclie Miinze wurde nebst andern an dem be- u zeichneten Orte (Weingarlen bei Euskirchen , Kreis « Coeln) von einem Landmanne auf seinem Acker am Roe- « mercanale bei Aufwerfung eines Grabens in einer Urne « gefunden, welche letztere leider zerschlagen ward. Die « Mùnzen waren derartig mit Krûste und Schmutz ûber- « zogen , dasz man sie kaum erkennen konnte. Nach deren « Reinigung stellte sich aber heraus, dasz sie so gut erhal- « ten waren, als kaemen sie erst aus der Praege.

«,.... ...••• .

«t Vor einigen Jahren wurden an dem genanntem Orte « bei dem Neubau einer Strasze allerhand roemische Al- « terthùmer, Mûnzen, etc., aufgefunden von denen ein « Theil im hiesigen Muséum aufbewahrt wird. Auch fand « man dort im Jahre 184S ein roemisches Bad mit dem « schoensten Mosoaikboden . »

L'examen de notre denier par le professeur de chimie , M. Reuter de Luxembourg, a constaté que le métal est un argent très-pur.

Le même revers de Telricus I, en or, est déjà connu. Mionnet le cite parmi les pièces rares.

Un autre revers se rapportant à la troisième puissance

182

^ribunitienne de ce prince, cité par Eckel, t. VII, p. 4-56, existe en or et en argent.

Il n'est donc pas impossible que le nôtre ait également existé dans les deux métaux.

Quant à l'époque de l'émission de ce denier, elle se rap- porte à la seconde puissance tribunitienne de Tetricus , c est-à-dire à l'an 269 de notre ère. On sait que Tetricus fut revêtu de la pourpre au commencement de l'an 1021, qui correspond à 268 et qu'il renonça volontairement à l'empire en 273 .

En comparant ce type et les pièces en or du même prince avec les innombrables petits bronzes, on est tout autant surpris de la perfection des unes que de la grossièreté du travail des autres, qui sont généralement des coins plus ou moins barbares très-souvent indéchiffrables.

Eckel me semble fort bien expliquer celte différence de fabrication. Il dit à ce sujet, t. VII, p. 457 : « Quod ad « Postumi monetam observavimus hujus numos aureos « non vulgaris esse elegantiae ad aureos etiam Tetricorum « valere débet. Ultimam vero barbariem redolent plerique « eorum numi senei, non in provincia aliqua pridem ex- « culta, sed Sarmatas inter Gothosque, quibus ipsa roma- « noruni lingua peregrina fuit, percussi videri possunt. « Suspicari igitur licet eorum monclani auream in ipsa « Galilée lucc et sede principis, advocata peritiore manu, « fuisse elaboratam, dum vilior pecunia artificibus pro- u vincialibus tam arlis quam linguœ rudibus relicta fuit. »

La même observation me semble applicable à notre de- nier d'argent.

A la première nouvelle de la découverte, qui fait l'objet

485

(Je ce travail, plusieurs numismates distingués ont, sans cependant avoir eu la pièce sous les yeux, douté de l'au- thenticité de la médaille : l'extrême rareté des monnaies d'argent à cette époque, la belle conservation , la forme très-régulière du contour l'ont fait considérer comme fausse par quelques autres qui l'ont vue.

1 II n'existe de Tetricus père ou fils, que des billons excessivement bas- (■); Silbermûnzen sind aus dieser Zeit nichl vorhanden ; bis ich sie gesehen fahre ich fort zu glauben dasz es keine Silber-Mûnzen von Tetricus giebt, sondern dasz dièse falsch ist. Becker bat dièse Stempel nacbgemacht ('); je n'ai jamais ni vu ni possédé un denier de Tetricus, argent pur (^); Mehrere Mitglieder des numismalischen Gesellschaft (zu Berlin) halten die fraglicbe Miinze fur eine nachgemachte (4). » Voilà les sen- tences qui ont été prononcées. M. le docteur Elberling de Luxembourg, tout en admirant la beauté de la pièce, n'a pu s'empêcher d'élever quelques doutes. Ces doutes, ces sentences prononcées par les maîtres de la science n'ont pas manqué d'éveiller en moi-même des doutes et m'ont forte- ment engagé à faire toutes les recherches qui puissent jeter quelque lumière sur cette question.

Voici le résultat de mes investigations sous ce rapport :

Mionnet dans le sommaire des médailles de Laelianus,

Victorinus, Marins, etc., mentionne des deniers d'argent

fin moulés sur le bronze. On a fondu des médailles de

(1) M. Chalon, président de la Société de la numismatique belge.

(^) M. le Dr Friedlaender, de Berlin.

P) M. de la Fontaine, ancien gouverneur.

(*) M. Schlickeysen, secrétaire de la Société numismatique de Berlin.

184

cette espèce de toutes les grandeurs et de tous les métaux ; et quand un habile faussaire avait réparé ces sortes de mé- dailles avec le burin, elles paraissaient aussi naturelles que les antiques, d'autant plus que pour en imposer davantage, on employait pour leur matière des médailles antiques communes de l'époque à laquelle appartenaient celles que l'on voulait contrefaire.

Il faut convenir, ajoute-t-il, que de toutes les médailles fausses, celles-ci sont les moins faciles à démasquer.

Pour m'assurer si notre pièce n'appartient pas à cette catégorie, j'ai so^neusement examiné les lettres de la lé- gende l'une après l'autre; elles sont toutes régulières et uniformes ; elles sortent avec netteté du champ de la mé- daille et portent le caractère des médailles antiques. Le champ, examiné à la loupe, ne laisse voir aucun creux ni cavité causés par le sable, comme on le voit souvent dans les médailles moulées.

D'un autre côté, Becker, qui a imité, avec un degré do perfection étonnant, au delà de trois cents des plus intéres- sants types grecs et romains, a aussi imité ce revers. Il est décrit dans le catalogue de ses coins publiés par Pinder : « Die Beckcrschen falschen Mûnzen, Berlin, 1 843, n" 241 Jv. IMP. C. TETRICUS P. F. AUG. Kopf des Tetricus. Rev. P. M. TR. P. II COS. P. P. Der Stehende mit der Toga bekleidete Kaiser, linkshin, auf der Rechien eine Kugel, in der Linken einen kurzen Stab.

Cette description est exactement celle de la pièce que nous avons à examiner. Mais l'imitation de ce coin par Becker ne prouve pas encore la fausseté de notre médaille. Il faudrait qu'il y €Ùt identité complète, ce dont on ne peut

185

s'assurer qu'en comparant une empreinte du coin de Beeker avec notre denier.

Pour rendre cette comparaison possible, j'ai soumis à l'examen de quelques artistes et numismates de Luxem- bourg, le dessin de l'empreinte en plomb du coin de Bee- ker, qu'a bien voulu me fournir M. Seidenstricker, de Hombourg, le possesseur actuel de la collection des coins de Beeker. Ces messieurs ont reconnu avec moi qu'il ré- sulte de la comparaison des deux pièces que l'une et l'autre représentent exactement le même type. II n'y a de diffé- rence essentielle que dans la largeur du rebord et dans l'épaisseur des reliefs, qui est surtout visiblement plus sen- sible dans les caractères de la légende de la pièce imitée.

Cette différence d'épaisseur semble prouver que l'imita- tion de Beeker a été faite d'après un exemplaire de la même émission que la nôtre, et que le coin en a été moulé sur cet exemplaire.

Ces considérations jointes à la foi que m'inspire la rela- tion de la découverte par M. le professeur Nicoloviùs, me font croire à l'authenticité de ce denier, qui dès lors est un des plus précieux bijoux de la collection numismatique de Luxembourg. Le plus savant de nos numismates, M. le gouverneur de la Fontaine, adhère complètement à ces conclusions.

Il se présente enfin une dernière question. C'est celle de savoir quelle peut avoir été la destination de cette monnaie. Il n'est pas j)robable qu'elle avait cours comme numéraire, puisque celui-ci, à cette époque, était généralement de bil- lon. Elle a peut-être été frappée pour être jetée au peuple ou pour perpétuer le souvenir d'un événement, qui se rap-

186

porte à la seconde puissance iribunitienne de Tetricus, père.

En publiant dans ses lettres, p. 390, une médaille d'ar- gent unique de Victorin père('), M. le baron Marchant dit qu'il est probable qu'elle a été frappée pour être jetée au peuple lors de la proclamation de Victorin, sans avoir au- trement couru comme monnaie.

D' A. Namur,

Professeur à l'athénée royal grand-ducal de Luxembou g, membre de la Société de la numismatique belge.

(1) Av. IMP. C. VICTORINUS P. AUG. Tête laiiréc, de gauche. Rev. DEFENSOR ORBIS.

187

DESCRIPTION

QUELQUES MÉDAILLES BYSANTINES.

Planche VII.

TROISIEME LETTRE

31 iîl. U tnarqub de Lagoy, à 3tt3f.

Monsieur le Marquis,

S'il devient tous les jours plus difficile aux amateurs de médailles romaines de trouver quelque chose de nouveau dans cette partie si travaillée de la numismatique, il n'en est pas de même pour ceux qui s'occupent des Bysantines, surtout depuis que les difficultés de cette étude ont été si bien aplanies par la publication deVEssaUlc M. deSaulcy.

Armé d'un guide aussi sûr, aussi clair, on peut encore augmenter la suite monétaire des empereurs bysantins, de toutes les pièces qui ont échappé aux recherches du savant numismate, et que, pour la plupart, il avait si judicieu- sement pressenties.

Le désir de répondre à son appel et de trouver quelque chose de nouveau, m'a fait oublier la barbarie de fabrique de ces pièces, et je me trouve heureux, lorsque je parviens à découvrir quelques revers, ou quelques types qui puis- sent en enrichir la suite.

188

Malheureusement, la science, le temps, et aussi les ou- vrages à consulter me manquent beaucoup, et je n'aurais rien entrepris de semblable, si votre inépuisable bienveil- lance, toujours à la disposition de ceux qui y ont recours, ne m'avait encouragé à publier les inédites de ma collec- tion.

Permettez- moi donc, Monsieur le marquis, de vous adresser cette troisième lettre sur la numismatique bysan- tine, et de vous remercier des bons conseils que vous avez bien voulu me donner et qui m'ont si puissamment aidé dans mes recherches.

Je vous prie, Monsieur le marquis, d'agréer les senti- ments de respect et de reconnaissance qu'aura toujours pour le niailre,

Son très-humble et obéissant serviteur, C. Penon.

GRÉGORIUS, EXARQUE D'AFRIQUE (SOUS CONSTANT It).

L'Afrique, après avoir été soumise pendant deux cent cinq ans aux Vandales, avait été glorieusement reconquise par Bélisaire, sous le règne de Justinien; mais l'empire marchait alors à grands pas vers sa décadence.

De tous côtés, les frontières se trouvaient largement en- lamées par une foule de peuples neufs et pleins de sève, qui se jetaient sur l'empire romain , comme sur une proie assurée (').

(') RoBERTSON, tlic Histonj of thc reign of the emp. Charles V. T. I, o view of the slatcs of Euîopc.

i89

Les Goths, les Francs, les Lombards en Italie et dans les Gaules ; les Esclavons, les Bulgares sur le Danube ; les Perses en Asie; tous portaient à l'envi la cognée sur le colosse qui, pendant des siècles, avait absorbé les nations.

Le courage de quelques-uns des successeurs de Justinien n'avait pas été suffisant pour rendre la vigueur à ce grand corps épuisé.

La plupart des empereurs, plus soucieux des jeux du cirque et des querelles religieuses, que du salut de l'em- pire, le laissaient fondre dans leurs mains. Tout concourait à sa décadence, tout en préparait la ruine, lorsque parut celte nation sauvage qui, le croissant d'une main, le cime- terre de l'autre, criait : Mahomet! la servitude ou la mort!

Toute l'Arabie reconnaît la loi du prophète; bientôt la Perse, la Syrie, la Palestine passent sous la domination du Coran. Les sectaires s'emparent de l'Egypte, de Chypre, de la Cyrénaïque et portent leurs armes victorieuses jusques aux frontières de la Tripolitaine.

Les gouverneurs des provinces romaines ne relevaient plus guère des empereurs que dans la forme. Les papes s'affermissaient à Rome, en s'entourant de l'amour des peu- ples ; les exarques de Raveune traitaient directement et de leur chef avec les barbares d'Italie. Ils établissaient et le- vaient les impôts et se trouvaient indépendants de fait, du maître faible et éloigné (').

Les exarques d'Afrique suivaient la même voie. Envoyés de tyrans, plus tyrans encore eux-mêmes, ils pressuraient les populations soumises à leur gouvernement arbitraire.

(') Gibbon, Décadence de l'empire romain, chap. XLV.

~ 190

Enfin, sous le règne de Constant IF, le vieil empire se trouvait si délabré, que le patrice Grégoire, gouverneur de l'Afrique, profitant de la folle persécution qu'exerçait l'em- pereur contre les catholiques d'Afrique, en faveur des Mo- nothélites, ne craignit point de se déclarer indépendant (').

Grégoire ne jouit pas longtemps de son usurpation.

Le calife Othman, déjà maître d'une partie de l'Afrique, résolut d'enlever aux Romains ce qui leur restait encore de cette riche province. Abdallah, son général, fut chargé de cette conquête.

Les circonstances lui étaient favorables; cependant, il trouva dans Grégoire un ennemi digne de lui. Cet usur- pateur attaqua l'armée sarrasine avec la plus grande vigueur, et ce ne fut qu'après plusieurs jours de combats acharnés que la valeur de la défense dut céder à celle du fanatisme.

Grégoire y perdit la vie de la main de Zobeïr, l'un des plus redoutés lieutenants d'Abdallah (648 de J. C), et sa fille, jeune et belle guerrière, disent les historiens, après s'être distinguée par des exploits sans nombre, tomba elle- même au pouvoir des ennemis et devint la récompense du vainqueur de son père (=").

Pourtant, telle avait été la valeur de Grégoire, que les Sarrasins victorieux, mais affaiblis par leurs succès, furent forcés de se retirer.

Havage succéda à Grégoire dans l'exarchat d'Afrique, et comme lui, se rendit indépendant de l'empire.

(1) Banduri, Constant IL Lebeau, t. VI, p. 185. (^) TiiEOPHANEs, Chronographie, p. 285. Histoire universelle, t. XV, p. 408. Cardonne, Histoire d'Afrique.

191

Ce ne fut que plusieurs années après, sous le règne de Justinien II Rhilnomète, que Carlhage tomba au pouvoir des Sarrasins. Le patrice Jean y releva encore un instant la domination romaine; mais ce fut un dernier soupir, et sous le règne de Léontius II, elle fut définitivement déta- chée de l'empire (698).

Tous les exarques indépendants d'Afrique ont-ils fait frapper des médailles? Jusqu'ici, on n'en connaissait que d'un seul, d'Héraclius, père du premier empereur de ce nom. Il avait émis des pièces à son effigie; mais en qualité de consul subrogé, et avec l'autorisation du chef de l'Etat ('). Je suis donc heureux de pouvoir enrichir la suite bysanline, par l'attribution au tyran Grégorius, d'une médaille lui appartenant en propre et consacrant son indépendance.

Cette pièce, d'argent, est de très-petit module, plus petit encore que celle d'Héraclius consul (diamètre au flan, 11 millimètres; au grènetis, 9 millimètres; poids, 640 mil- ligrammes). Le droit présente le buste de l'usurpateur, la tète de face, ornée du diadème surmonté d'une croix. Il tient de la main droite le globe crucigère surmonté d'une étoile à huit rayons. Absence de légende.

Au revers, on lit le nom de Grégorius placé en mono-

gramme en forme de croix G-j-B- dans une couronne ou

6 grènetis (fig. 1). Ce monogramme rappelle la forme cruciale

V de l'inscription TORA de la médaille d'Héraclius consul,

(') Lettres du baron Marchant, sur la numismatique, etc. (lettre XXII). DE Saulct, Essai, p. 32.

i92

ainsi que celle des monogrammes que l'on rencontre sur les pièces contemporaines de Tibère Absimare (de Saulcy, Essai, p. 151), et de Léon III {Revue de numismatique française, 1842, p. 21, pi. III, n" 4, article de M. le baron d'Ailly). L'absence de légende s'explique parfaitement par la position du personnage qui a fait frapper cette pièce. En effet, quels que fussent les torts de l'Empereur envers ses sujets d'Afrique, la dynastie des Héraclides jouissait encore du vieux respect des populations pour son chef, et Grégoire, en usurpant la souveraine puissance, a ne pas se croire encore assez affermi pour oser mettre son nom sur les mon- naies qu'il émettait, en remplacement de celui du petit-fils d'ijéraclius. Il s'est contenté d'y placer son effigie, avec les attributs consacrés de la souveraine puissance, et, reléguant son nom, sans aucun titre, au revers, il ne l'a même placé qu'en monogramme, afin de donner le change au peuple, dont une partie, les Monolhélites, devait être son ennemi. Il est probable qu'il eût plus tard, et par degrés, changé de système en se conformant aux usages monétaires de l'époque, si une mort prématurée ne l'en eût empêché.

Quoi qu'il en soit, la fabrique de la pièce, l'absence de légende, la forme cruciale affectée par le monogramme, et surtout ce monogramme, tout concourt à confirmer l'at- tribution de celte curieuse médaille au patrice Grégorius, exarque indépendant d'Afrique sous Constant II et sur lequel les historiens n'ont laissé que peu de détails (*).

(1) Je suis heureux d'ajouter, comme consécration de cette attribution, que M. le marquis de Lagoy, à qui je Tai communiquée, m'a fait l'hon- neur de l'approuver entièrement.

19Ô

CONSTANT il ET CONSTANTIN POGONAT.

Parmi les pièces d'or du règne de ces empereurs, j'en ai une, semblable, au droit, à celle de Constant II et ses trois fils, décrite dans V Essai, p. 100, pi. X, 6, c'est-à-dire, petite et épaisse j fabrique d'Afrique. (Or. Diamètre au flan, \\ millimètres.)

Le revers est semblable à celui des sous d'or ordinaires. Une croix potencée sur des degrés et la légende VICTOR AUG B., à l'exergue CONOB., à droite de la croix, dans le champ, la lettre P. Cette pièce n'a point, je crois, encore été publiée (fig. 2).

Les pièces du module ordinaire sont bien connues. La mienne ne diffère de celle qu'a décrite M. de Saulcy, p. 98, que par l'absence du titre d'Auguste dans la légende. L'effi- gie du jeune Constantin IV est totalement imberbe ainsi que sur la petite pièce épaisse de fabrique africaine, et dont la description précède celle-ci (fig. 3). (Or. Diamètre au flan, 19 millimètres.)

CONSTANTIN POGONAT, HÉRACLIUS ET TIBÈRE. (SoLEiROL, Catalogue, 656.)

Une monnaie d'or de ces princes diffère également de celles qu'a décrites M. de Saulcy, Essai, p. 108, en ce que, au lieu d'être épaisse et de petit module, elle a celui des aurei ordinaires. La légende est DJN CONSTANTINO P P A, autour du buste armé de l'empereur tenant la hasle sur l'épaule. Au revers Héraclius et Tibère debout de face, tenant le globe crucigère et séparés par une croix potencée sur des degrés. Autour, VICTORIA AVGVST 0, dans le

2e SÉRIE. Tome ti. 13

194

champ A., à l'exergue CONOB. Banduri en a donné la gravure avec une légende vicieuse (fig, 4). (Or. Diamètre au flan, 20 millimètres.)

CONSTANTIN POGONAT SEUL

Un tiers de sol d'or très-barbare de ce prince, présente au droit un buste de face , armé et casqué. L'effigie y est barbue, sans excès pourtant. L'empereur porte la haste sur l'épaule droite, signe distinctif des pièces de Constantin Pogonat, auquel je l'attribue, bien que la légende soit in- déchiffrable. En effet, on n'y distingue que les lettres INT AGPL Le revers est ordinaire ; VICTORIA AVGG BONOC, soit CONOB en sens inverse, croix potencée entre I et un globe (fig. 5). (Or. Diamètre au grènetis 14 millimètres.)

(Je dois cette médaille comme un grand nombre d'autres de ma suite, à l'obligeance de mon bienveillant confrère, M. Aug*' Racine, qui a bien voulu se défaire en ma faveur de toutes les bysantines qui faisaient partie de sa riche col- lection de romaines.)

Quant aux triens qui présentent l'effigie de profil, je pense, ainsi que je l'ai dit en parlant de la pièce d'IIéra- cléonas (2* lettre), qu'ils doivent être reportés au règne de Constant II. L'aspect de la présente pièce pourrait conlirmer encore cette attribution.

JUSTINIEN II RHITNOMETE.

Une charmante petite pièce de ma suite et que je dois à la bonté de M. le marquis de Lagoy, présente le buste de face de Juslinien II, diadème et portant le globe crucigèrc;

195 -

In pièce est de Irès-bonne conservation . d'une belle paline verle et irès-régulièrcmenl carrée, comme la plupart des

XX

pièces obsidionales. On lit au droit IV.R. Au revers ^,

et avant le G une lettre effacée (fig. C). (B. Grènetis 14 mil- limètres, pièce cisaillée carrément; flan, 15 millimètres sur 13.) Sort-elle des ateliers de Rome? Rien ne le ferait trop supposer, si je n'en possédais pas une autre, à peu près cisaillée de la même manière, d'un module inférieur (t1 mil- linièlres au flan) peu conservée, malheureusement, et pré-

XX

sentant un buste de face au droit, et au revers nf\rrï- ^^^'^

dernière médaille peut être aussi de Juslinien II (fig. 7).

LEONTIUS II (?).

Ai-je trouvé une pièce de Léontius? On serait tenté de le croire à l'aspect d'un petit tiers de sol d'or de ma suite. Malheureusement la pièce gravement endommagée, n'a pas une légende suffisante pour ne laisser aucun doute sur la valeur de cette attribution. En voici la description, autant que me permet de la donner la dégradation de la pièce :

Au droit, buste de face. Légende commençant par la gauche du prince et allant en sens contraire LS0N....V3 Revers, croix potencée (semblable à la croix de Jérusaleni), au bas et circulairement CONOL. Dans un des cantons de la croix V, dans un autre S; dans le troisième une lettre incertaine et dans le dernier encore une lettre ou un signe également incertain. La fabrique de cette pièce ne peut per- mettre de l'éloigner du règne de Léontius; malheureuse-

496

ment, je le répète, l'exemplaire que j'ai sOiis les yeux est insuffisant pour prononcer en toute sûreté, et le règne des Léon n'est pas Irès-éloigné. Aussi je n'en parle que pour attirer l'attention des amateurs qui pourraient avoir dans leurs cartons une pièce semblable, et dont la conservation pourrait permettre une attribution certaine. (Or. Diamètre au flan, H millimètres.) (fîg. 8).

C. Penon.

497

DES SEIGNEURS DE BORKULO.

Pt. IX.

L'amateur qui voudrait réunir dans ses cartons les imi- tations du gros au châtel de saint Louis, pourrait de ce seul type, et en n'admettant même dans son cadre que les contre- façons les plus exactes, former une collection déjà bien nombreuse et qui s'enrichirait tous les jours de découvertes nouvelles. Que serait-ce s'il essayait d'y joindre les imita- talions moins serviles , les types au château dit brabançon ou namurois, les monogrammes du Hainaut et toutes les variétés qui se rapprochent de ce singulier type primitif et qui n'en sont évidemment que des reflets plus ou moins éloignés? Mais une semblable collection ne pourrait se faire qu'au prix de sacrifices assez considérables; car bon nombre de pièces qui devraient y figurer sont d'une rareté extrême et trouvent naturellement leur place dans les suites particulières des pays auxquels elles appartiennent.

C'est surtout dans le Nord-Ouest de l'Allemagne, dans la Westphalie et les provinces du nord des Pays-Bas que le type français de saint Louis se perpétua le plus longtemps sans altérations.

Nous devons à l'obligeance de notre collègue et ami M. de Costcr et à celle de M. le colonel de Veye de Burinne,

498

la communication de trois gros de celte catégorie, que nous croyons inédits et inconnus jusqu'à ce jour. Ilà appartien- nent à une petite seigneurie de la Gueldre dont l'histoire est assez obscure et sur le compte de laquelle les documents invoqués par les annalistes hollandais sont loin d'être d'ac- cord.

Borkulo (^), petite ville forte du royaume des Pays-Bas, sur la rive gauche du Berkel, à six lieues Est de Zulphen, aujourd'hui chef-lieu de canton dans la province de Gueldre, entre Lochem et Groenlo, formait, jadis, avec son terri- toire, une seigneurie indépendante. Dès les temps les plus anciens, Borkulo eut ses dynastes particuliers, dont l'ori- gine ainsi que celle du droit qu'ils exercèrent de battre mon- naie, est tout à fait inconnue.

M. Van der Chijs, qui, dans son bel ouvrage sur les mon- naies des Villes et des seigneurs de la Gueldre (^), avait eu l'occasion de parler de Borkulo à propos d'une monnaie, la seule qu'il eût connue, d'un seigneur de cette localité, cite un assez bon nombre de chartes et d'actes dans lesquels figurent des personnages portant le nom de Borkulo. Ainsi l'on trouve, en H 90, un Henri de Borculo.

D'autres Henri sont cités par Bondam (^) et par Nyhofl (*)

(') On trouve ce nom écrit de beaucoup de manières différentes : 'Borculo, Borkelo, Borclo, Borkio, Borchloe, Borckelo, Borckeloc, etc. Les armes de Borkulo sont de gueules à trois besants d'or, 2 et 1.

(^) P. 0. Van der Chus, de Hhinten der voormalige heeren en sleden van Gelderland, etc., in-4o, Haarlem, 1853.

(') P. BoNDAM, Charterboek der fterlogen van Gelderland en graven van Zutphen. Utreclit, 1783-1809, in-fol.

(*) J. A. NynoFF, Gedenhwaardighcdcn uyl. de geschiedenis van Gelder- land, etc.^ in-4».

t99

en !286 et 1295; le frère de celui-ci, Renald, en 1293; un Henri, en 1324 et années suivantes; le même? Henri avec sa femme Béatrix, en 1337.

Van Spaen, dans son histoire de laGueldre, p. 200 ('), rapporte, qu'en 1236, le comte Otto H, de Gueldre, acheta de Henri de Borkulo, Grolle (aujourd'hui Groenlo), avec sa juridiction, les droits d'accises {gruit)^ la monnaie et autres droits lui appartenants. Quelle est cette monnaie de Groenlo du xm" siècle? On ne connaît, jusqu'à présent, aucune monnaie de cette localité, soit au nom de ses seigneurs par- ticuliers, soit à celui d'un comte de Gueldre. ^

Il paraîtrait, d'après M. Vander Chijs, que la seigneurie <le Borkulo passa, par un mariage, dans la maison de Bron- chorst ("), vers le milieu du xiv^ siècle ; on trouve dans Nyhoff, t. H, à l'an 1368, un Gisbert de Bronchorst, sei- gneur de Borkulo, écuyer. Ce Gisbert figure dans un grand nombre d'actes, mais il n'est mentionné qu'une seule fois par Lacomblet, en 1395 ('). On le rencontre pour la der- nière fois, en 1399, et un Frédéric est cité en Mars 14-02.

D'après Van Spaen , au contraire, ce Frédéric aurait acheté Borkulo d'un Godart de Borkulo, en 1397, et serait mort en 1402. Mais cela ne peut concorder avec les actes de Nyhoff de 1368 et 1371. M. Vander Chijs suppose donc que Van Spaen a mis (lui ou son imprimeur), 1397 pour 1367.

(I) Van Spaen, Inleidiny toi de Historié vun Gelderland. 1805-1803, i vol. iii-8o.

(^) Bronckhorst était, avec Baer , Bcrghe et Wich, une des quatre haronnies du comté de Zutplien.

(^) Urkundenbuch fiir die Geschichtc des Niederrheins, etc. 3 vol. in-i«.

200

Si l'on en croit les Tables généalogiques d'Hubner, Gis- BEHT I", de Bronchorst, Anholt et Batenbourg, acquit Bor- kulo par son mariage avec la fille et héritière de Jean, dernier seigneur de Borkulo.

Son fils, GisBERT II, inféoda la seigneurie de Borkulo au chapitre de Munster, en 1406. Il avait épousé Catherine de LelTdel, dont il eut :

Otton qui vivait encore en 1454. Celui-ci eut de sa femme, Hedvvige, comtesse de Tecklenburg ou ÎSuenar, Gisberl mort avant son père, en 1454, laissant de sa femme, Agnès, comtesse de Solms ;

GiSBERT in seigneur de Bronchorst et de Borkulo, qui mourut en 1477. Comme il n'avait que des filles, Bron- chorst et Borkulo passèrent à son frère ;

Frédéric, mort en 1490, laissant de sa femme Mella , fille du comte Oswald de Berg, un fils ;

Juste ou Josse, qui mourut sans héritiers, en 1553. Sa succession, contestée par plusieurs branches collaté- rales, passa à sa cousine germaine, Irmengarde de Wich, qui la transmit à son mari, Georges de Limbourg-Styruni et à ses descendants.

Il résulte de tout cela que dans la seconde moitié du quatorzième siècle, un seigneur du nom deGisbert a possédé Borkulo. C'est de ce même seigneur que M. Van dcr Chijs nous avait fait connaître une monnaie, un esterlin au type brabançon, si souvent imité, des quatre lions et de la croix îiilée. Du côté de 1 ecu on lit : o GIS o ^ EliBE ^ X RfTVS ^ ; autour de la croix : >ï< MOnEO^TÎ S BOU- GliOER.

La numismatique de Borkulo , qui se composait d'une

201

unique pièce, vient s'enrichir tout à coup de trois nouvelles monnaies.

Type ordinaire au chàtel tournois : HHVROHV . S GIVIS.

Croix paltée, au centre. Légende intérieure : Hf< "WII- BERrrVS DHS. Légende extérieure : >î< BHDIG- mv l Sim i HOODS t Dm l RRI l DSI l I)^....

A. Collection de M. le colonel de V.cye.

Planche IX, 1.

Il

Type ordinaire au cliàlel tournois : rrVROHV . S GIVIS.

Croix paltée, au centre. Légende intérieure : >î< DRS GIESBERrrVS. Légende extérieure ; ^ BHDIŒnHV :

sinn : HOODS .- Dm -. rri : ii^v^i.

A. Gr. 2.92. Collection de M. de Costcr.

Planche IX, no 2.

III

Type ordinaire au châlel tournois : fTVROHV. S GIVIS.

Croix pattée, au centre. Légende intérieure : >i< GIES- BERrrVS BOR. Légende extérieure : >ï< BHDIGn:^V :

mm : HocDS : Dm .- rri : ii^v^pi.

A. Gr. 2.60. Collection de M. de Coster.

Planche IX, 3.

202

Les deux premières pièces, prises isolément, pouvaient laisser du doute sur leur attribution à Gisbert de Borkulo; on aurait, à la rigueur, trouvé quelque autre Gisbert pour les lui disputer. Heureusement la troisième lève toutes diffi- cultés; les lettres BOR ne permettent pas de supposer une autre lecture que Giesbertus Borkulonensis.

Au dix-septième siècle, la pauvre petite ville de Borkulo acquit une triste célébrité; elle fut la cause, si pas le pré- texte, de deux guerres désastreuses que soutinrent pour elle les états généraux des Provinces-Unies, contre le belli- queux évêque de Munster, Van Galen, puis contre Louis XIV lui-même.

Lorsque Borkulo passa à la famille de Limbourg-Siy- rum, par le décès de Josse de Bronchorst, les évèques de Munster, se fondant sur l'inféodation de 1406, prétendirent que cette seigneurie devait , à défaut d'héritier mâle , faire retour à leur chapitre. Après de longues contestations, en 1616 , un arrêt du conseil de Gueldre déboula l'évèque de ses prétentions, et malgré ses appels à la chambre impé- riale de Spire , maintint les Limbourg-Slyrura dans leur possession.

En 1661 , Van Galen, qui s'était brouillé avec les Pro- vinces-Unies, à cause des secours que la ville de Munster, révoltée contre lui, en avait obtenus, occupa quelques par- ties de la Gueldre et notamment Borkulo qu'il dut aban- donner peu après. En 1665, renouvelant les prétentions de ses prédécesseurs , il s'empara de nouveau de Borkulo, qu'il rendit, en 1667, ensuite du traité de Clèves.

203

En 1672, ce terrible évèque, soudoyé par la France, leva une armée considérable, et, de concert avec Louis XIV, envahit le territoire des Provinces-Unies. Borkulo tomba de nouveau en son pouvoir. Le traité de Cologne, du \ \ avril 1674, rendit celte seigneurie aux Limbourg-Styrum sous la souveraineté des étals généraux qui en firent une forteresse.

Le comte de Flemming, grand maître de l'artillerie du duché de Lilhuanie, acquit, en 1726, de la famille de Lim- bourg-Styrum, la ville et seigneurie de Borkulo; mais celte vente ayant donné lieu à diverses conlcstalions, ce fut seule- ment en 1742 qu'il put en prendre possession.

Quant aux évéques de Munster, à l'exemple des rois d'Angleterre qui se disaient rois de France, ils continuèrent à s'intituler seigneurs de Borkulo jusqu'à la sécularisation de leur principauté (^).

R. Chalon.

(') J. NiESERT , lieitrage zur Mûnzkunde der ehemaligen UochsUfts Munster. Coesfeld, 1838, 18^0, 1841. 5 vol. Jn-12.

204

NOTICE

PASCAL ffElVEL, ]VU1I1I§!1IATISTE (<

Un savant que l'abbé Lebeuf, au siècle dernier, s'hono- rait de compter parmi ses meilleurs amis, et qui fut un de ses imitateurs les plus zélés, l'abbé Jean Basile Pascal Fenel , chanoine de l'église métropolitaine de Sens , neveu (lu doyen Charles Henri Fenel, marcha avec succès dans la voie que lui avait tracée son illustre maître ; et, pour être juste, il faut dire que l'abbé Lebeuf ne craignait pas de re- courir très-souvent aux recherches et à l'érudition de son jeune émule. Parmi les Mémoires du chanoine d'Auxerre, un certain nombre ont été rédigés ou perfectionnés sur des notes fournies par le chanoine de Sens. Il en usait même assez largement, et si l'on publie un jour la correspondance suivie de ces deux personnages, ce sera la justification de ce que nous avançons. Leurs lettres étaient un mutuel échange de découvertes et de réflexions historiques et ar- chéologiques qui allaient former dans les cartons de cha-

(') Nous laissons à Fauleur la responsabilité du mot numismalislc, que rAcadéniic française n'a pas encore admis. {JSole de la rédaction.)

205

cun les provisions destinées surtout à l'histoire d'Auxcrre et à celle de Sens.

L'antique nmélropole de la 4* lyonnaise n'eut pas, comme Auxerre, le bonheur de voir coordonner et mettre en œuvre ces précieux matériaux ; la mort vint frapper Pascal Fenel au milieu de ce travail, et en suspendit le cours. L'esprit de perfectionnement trop développé chez lui l'empêcha de commencer aussitôt qu'il l'aurait pu, à tirer parti de ses recherches et des notes innombrables qu'il avait rassemblées sur ce sujet. A cet inconvénient et à sa propre défiance de lui-même sont venus se joindre encore les soins et les tracas de l'Académie, Fenel avait trouvé à côté de Le- beuf la place qui lui était due (') ; ainsi, nous avons perdu une œuvre qui aurait été frappée au coin du meilleur sens et du plus profond savoir, et les regrettables portefeuilles de cette patriotique entreprise sont à jamais dispersés.

Lebeuf avait bien reconnu, comme Pascal Fenel, que les recherches en vue d'un travail fixe sont pour ainsi dire interminables et comme toujours incomplètes; mais, de plus, il avait sagement jugé qu'en se laissant aller au désir d'être complet, on peut arriver à ne rien faire ou à ne rien achever. Il a su éviter l'écueil Pascal Fenel a plus d'une fois échoué; ce dernier se connaissait parfaitement; toute- fois, il exagérait son portrait, lorsqu'au mois de janvier 1 736, il écrivait à Lebeuf ces lignes trop modestes et trop sévères, pour ne pas dire injustes : « Je crois qu'il sera très-difficile

(1) Voirie Mémoire de M. Lallicr, intitulé : Comment, il y a plus décent ans, M. l'abbé Lebeuf, d' Auxerre, aida M. l'abbé Fenel, de Sens, à de- venir académicien, Bulletin de la Société archéologique de Sens, 1831, p. tl2.

206

te de tirer quelque chose de moy ; ce n'est pas que je ne « lise avec quelque attention, que je ne fasse bien ou mal « quelques réflexions, que je n'en griffonne quelque chose; M mais je ne suis jamais content de ce que je fais ; l'idée « que je me forme reste toujours au-dessus de l'exécution, « quelque travaillée qu'elle soit, et je fais tant de recher- «' ches sur chaque point pour parvenir à une entière certi- «I tude et à une parfaite évidence, que quand ces recherches « sont finies, je me trouve épuisé; je ne puis plus digérer « et arranger ce chaos, et je laisse la matière informe, « indigeste et confuse ; après cela quand la chaleur du pre- " mier travail est passée, la peine qu'il m'a causée me fait « une telle impression que je ne puis plus m'y remettre et « tout reste là. »

Malgré ces prétendus défauts, Pascal Fenel n'en fut pas moins un homme remarquable et comme universel , car il n'est presque pas de sciences qu'il n'ait connues ou appro- fondies.

La numismatique même a été l'objet de ses études dans un temps l'on ne s'en occupait guère. Il tenait ce goût, rare à son époque, de son oncle Charles Henri Fenel, doyen du chapitre de Sens et possesseur d'un médaillier important. Cette collection fut depuis dissipée; il est regrettable pour sa conservation que le doyen Fenel ne l'ait pas donnée au chapitre, comme l'abbé Lebeuf l'en sollicitait dans une lettre des 22 et 50 décembre 1725, en le félicitant d'avoir disposé de ses livres en faveur d'une bibliothèque publi- que ('). «' Je viens , écrit Lebeuf, d'apprendre tout à

(<) C'est au mois de décembre 1725 que le doyen Charles Henri Fenel

207

riirnrc de M. l'abbé ilc Marnay, frère de notre doyen, que vous avez disposé de votre bibb'ollièque en faveur de Messieurs de votre chapitre; que cette bibliothèque sera à côté de chez vous et qu'on fait déjà une porte de coiu- nuinication.

« Cette nouvelle me fait bien du plaisir ; outre que votre nom est déjà immortel à Sens par bien des endroits, il le sera encore pour davantage de raisons. On a souvent eu envie d'en faire autant ici (') , mais la place a toujours manqué. Ce fondement de bibliothèque publique ne peut que donner de lemulation dans votre ville. Mais on ne dit rien de votre médaillier. Que deviendra-t-il un jour? sera- t-il dilapidé comme tant d'autres? Vous avez, Monsieur, trop de prévoyance pour le souffrir. Je souhaite que dans vingt ans, lorsqu'il sera une fois plus nombreux, vous y mettiez ordre. J'ai été bien réjoui de savoir que vous vous portiez mieux que depuis trois ans. Dieu veuille vous don- ner encore vingt ans de santé. » Ce souhait ne fut point exaucé; deux ans plus tard, notre doyen décédait sans avoir tenu compte de l'excellent conseil du sous-chantre d'Auxerre et ses médailles étaient vendues ou dilapidées.

M. Lallier, dans son travail sur Lebeuf et Fenel, acadé-

fit don au chapitre de Sens de sa bibliothèque, pour la rendre publique les lundis et jeudis de chaque semaine. ne se borna pas sa libéralité; par son testament du 21 janvier 1727, il laissa au chapitre, pour l'entretien de celte bibliothèque, vingt-cinq arpents déterre, proche Ste-Béate (finage de Sens). 11 mourut le 7 février de la même année, et fut enterré dans la nef de la cathédrale, proche la grande porte du chœur. {Note extraite de l'Idstoire manuscrite de Sens, par le P. Guichard, partie, p. 25.) (1) Auxerre.

208

miciens, nous a montré le chanoine d'Auxerre, médaillis- sant de son mieux pour le doyen de l'église de Sens, et par- courant à cet effet jusqu'aux officines des orfèvres et des chaudronnniers. Après la mort de l'oncle, le complaisant Lebeuf se fit le pourvoyeur du neveu. Entre autres envois, il lui fait parvenir, à la date du 7 janvier 173S, par l'inter- médiaire de M. Maliiet ('), plusieurs petites médailles ron- gées qu'il lui annonce avoir été trouvées sur le coteau d'un des faubourgs d'Auxerre, « dans une fosse de vigne, <( entre deux tuiles antiques. Il y en a, » ajoute Lebeuf, « de mieux conservées , mais elles ne pouvaient pas être «( cachées sous un cachet. Il y a de ces fragments ronds et u minces comme des mouches de demoiselles; on dirait « des testes de clous usées; quelques-unes paraissent «t n'avoir été marquées que d'un côté; d'autres paraissent « coupées comme par un instrument semblable à celui «t dont on découpe du pain à chanter. Tetricus, Claude, « Quintillus paraissent avoir part dans ces médaillonnettes. Il n'est pas très-rare de rencontrer des dépôts de mon- naies romaines du Bas-Empire coupées en deux morceaux, comme l'indique l'abbé Lebeuf pour sa trouvaille d'Auxerre; nous avançons timidement que ces pièces coupées étaient des contrefaçons, des monnaies fausses auxquelles on faisait subir ce châtiment pour les défigurer et les retrancher de la circulation (,*).

(•) Chanoine de Sens, à Pautel de St-Jcan. (Note relevée sur le premier feuillet d'un livre qui lui a appartenu en 1725, et qui fait actuellement partie de la bibliothèque de la ville de Sens, sous le n" 285.)

Le Chanoine Mahiet était abonné au Ulercnrc de France.

(*) On rencontre aussi parfois, dans les dépôts de monnaies du moyrn

209

Le neveu, comme l'oncle, rccueillail avec empressement et reconnaissance les envois numismaliques de Lebeuf et celait pour lui le sujet d'observations utiles ; voici comment il répondait le 2 mars 1735 :

«c Vous mavcz fait la grâce de m'envoyer cinq de vos «I médaillonnettes, par M. Mahiel, dont je vous remercie; « j'ay reconnu le type de quelques médailles du temps de « Tetricus et de Victorin, dont j'ay (comme vous savés) un 0 irès-grand nombre; il y en a d'autres qui ne peuvent s'y » rapporter, et qui sont barbares ; je crois que le principal « usage de cette trouvaille est pour confirmer ce qu'a avancé «( M. Mahudel (') qu'il y a un bien plus grand nombre de .1 modules ou grandeurs de médailles romaines que l'on ne « l'a pensé jusqu'icy, et que chacune des grandeurs que •1 nous connaissons se peut encore subdiviser en plusieurs « autres. »

Plus tard et à la page dix d'une lettre de quinze qu'il écrit de Sens à l'abbé Lebeuf, sous la date du 6 décembre 1740, Pascal Fenel lui fait part de ce qui suit : « J'ay vu <c une médaille d'argent de Vespasien qui est tombée entre « les mains de M. Lasseré (^) il y a au revers une cou- •i ronne de laurier et au milieu AVG et, plus bas, ce mono- «c gramme cy EBM en caractères plus petits que les précé- «( dents, mais assez bien formés, quand on les regarde avec

âge, (les pièces de bon aloi coupées en deux, dans le but d'en faire des oboles ou des demi-deniers.

(1) à Langres, en 1673. Savant numismatistc et antiquaire, académi- cien en 1716, et démissionnaire en I7ii.

(*) Amateur de médailles, chanoine de Sens, fat chargé, en I7ii, du soin de l'impression d'un nouveau missel.

SÉRIE. Tome VI. 14

-^ 210

« altenlionj j'en ay trouvé une explication assez vraysem- <( blable et fort simple; je soupçonne que ces mêmes lettres, '! que des médaillisles ont lu EPE, mais mal à propos, u faute d'attention et de vue, et que le père Hardouin (expli- <i quateur en dépit de toute l'antiquité) a expliqué Efflgiem <( Pacis Erexit, pour en conclure que les fabricateurs de u l'histoire romaine que nous avons (et qui demeurent à « l'abbaye de Saint-Denis, ou au couvent des Jacobins, de <c Paris, de la porte Saint-Jacques), ont mal à propos fait il accroire au monde crédule que Vespasien fit bâtir un « temple de la Paix, au lieu qu'il ne fit que lui ériger une « statue tout simplement. Je lis dans ce monogramme les « quatre lettres EBAE. »

L'abbé Lebeuf approuve cette lecture dans une lettre du 6 janvier 1741 il écrit à Pascal Fcncl «t Votre EBAE me « paraît bien déchiffré, mais que signifie-t-il ? »

Pascal Fenel avait compté sur la perspicacité de son cor- respondant, mais sa leçon n'était pas si simple que l'expli- cation dût sauter à la vue: il en avait trop présumé et il lui fallut, dans sa lettre du 2 février 1741, la développer en détail comme voici : « Pour EBAE, c'est, à ce que je pense, « le génitif du nom EBA qui était une ville de l'ancienne «( Toscane, maintenant détruite, dont Ptolémée nous a « laissé la mémoire; j'explique donc ainsi cette médaille (la « teste n'a rien de singulier) : au revers on voit en grandes « lettres AVG, et au-dessous le monogramme en question. « Ce mot AVG ne veut pas dire auguslus, car il est du côté « de la tète déjà, il veut dire augur qui est dans plusieurs « autres médailles; au bas on voit le monogramme que je « lis Ebae, augure de la ville d'Eba. Vous savés que les

211

<f villes particulières d'Italie avaient des magistrats qui les <i gouvernaient, lesquels avaient chacun des noms singu- <( licrs ; ainsi à Lanuvium la première magistrature était la <t dictature, comme le montre l'histoire de Milon et du « meurtre de Clodius; à Capoue, le nom du premier ma- «( gistrat était Médiastutic ('), à Autun , Vergobret, etc. Je «c suppose une chose fort simple, que la première magislra- « turc de la ville d'Eba était l'augurât, ce qui n'est pas fort •1 étonnant dans une ville des Etruriens fort adonnés aux « superstitions de l'aruspicine et à ces autres folies j je sup- « pose ensuite que Vespasien a bien voulu faire l'honneur « aux habitants de ce lieu, d'accepter la magistrature, ou « peut-être qu'il avait déjà cette qualité dans cette ville <c quand il fut salué empereur ; il est sûr que ce prince «( était originaire de ces cantons-là , et il y avait peut-être <( des parents encore subsistants; il est sûr que Lucius •' Caesar petit-fils d'Auguste et adopté par luy était patron <t de la colonie de Pise; il n'y a donc rien d'étonnant que <( Vespasien ait fait le même honneur à la ville d'Eba et « et qu'il ait accepté une magistrature honoraire. Voilà « mon explication, ne la publiez pas, je vous prie, car je « veux m'en faire honneur, si elle a le bonheur de vous « agréer? » Nous n'avons rien trouvé dans la suite des lettres de Le-

{') Le Dictionnaire des antiquités romaines, traduit et abrégé dii grand Dictionnaire de Samuel Pitisccs (Paris, Delalain, 1765), donne, au mot Médiastnticus (t. Il, p. 118), l'explication suivante:

Souverain magistrat de Capoue, avant que celte ville se révoltât contre les Romains : « Prœerat Statius Metius, ditTite Live, missus a Cn. Ma£;io Altellano qui co anno mediastuticus eiat. »

212

heuf qui approuve ou conteste celle explication; quoi qu'il en soit, nous devons dire qu'elle n'est pas plus acceptable que l'opinion du père Hardouin et que celle de ceux qui voulaient lire EPE. Cette médaille est connue et elle a été décrite par beaucoup d'auteurs.

Le fameux monogramme que Pascal Fenel traduit par le génitif de la ville d'EBA n'est autre que ces quatre lettres ËPIItl, et cette dernière leçon est adoptée par tous les nu- mismatistes. L'explication en est simple et facile, et la légende doit être ainsi restituée : A VGVSTVS EPHESIVS. Lorsque Vespasien fut élu empereur, il était en Orient il séjourna encore plus d'un an; ce ne fut qu'après avoir parcouru l'Ionie qu'il prit le chemin de l'Italie. La procla- mation dont il fut l'objet, tenait de l'enthousiasme, et il n'est point surprenant qu'à Ephésc on ait déifié ce prince en in- scrivant son nom dans le champ de la monnaie. Quant à la couronne de laurier elle doit être la représentation de ce fait que Vespasien sauva la ville d'Ephèse de la guerre civile et de ses malheurs. Peut-être pourrait-on voir encore dans la légende ces mots : AVGVSTO EPHESII ou EPHESVS, ce qui voudrait dire que les habitaiits ou la ville d'Éphèse ont décerné à Vespasien la juste récompense de ses vertus militaires.

Avant d'aborder lesautres communications numismaliques qui se rencontrent dans la correspondance de nos deux sa- vants amis, il convient de placer ici à cause de la date deux noies violantes écrites de la main de Pascal Fenel ; nous en devons la communication à l'obligeance de M. de Fontaines, président du conseil de l'arrondissement de Sens. En voici scrupuleusement le contenu:

âis

<( Médailles examinées par moi le ii janvier 1741.

« PETITB MÉDAILLE d'ARGENT. I-

<i Une teste avec une espèce de diadème ou de casque; « le derrière de la tète est mangé SANTONO très-dis- « linctenient la lettre S est mal formée.

« Au revers un cheval qui court. Quelque chose au- II dessus du cheval, cette figure à cinq angles : -k , c'est un «c pentalpha.

« C'est une monnaie des Santones liberi ; la même ter- « minaison se trouve dans la médaille Aulerco dans Har- ic douin ajouter au livre des nummi populurum et « urbium). Peut-être n'y avait-il que les peuples (jue Pline <i appelle liberi, qui eussent le droit de battre ces mon- <( naies. »

M. Duchalais a indiqué une pièce tout à fait semblable, sous le n" 28 de sa Description des médailles gauloises ('); nous y renvoyons les lecteurs, sans autre commentaire.

tt UNE MÉDAILLE d'aRGENT A MOITIÉ (^).

« Une tête très-jeune, CAES POINT au revers; il semble <! que c'est Geta César Vcspasien.

« Au revers, JOVIS CVSTOS, une ïigurc debout nue et « un petit autel.

C) Paris, Firmiii Didol, 18^6, p. 15. (') Sans doute une médaille fourrée.

214

« DOMITIEN.

« La Pallasquc qui lient la foudre.

•1 Cluonologiquc au resle (').

« Hadrien, au revers chronologique j une vestale voilée « debout très-distinctement. Festa tutulata.

« Le même, chronologique.

« Il y a au revers, deux fois de suite, COS COS III (cela « montre qu'il y avait quelquefois des fautes dans la gra- « vure des monétaires), puis dans le champ AET. AVG.; <i la figure est entre ces deux mots : œternitas augusti, et .1 elle tient deux testes de ses deux mains, du soleil et de la •t lune. » *

L'autre feuille vofante nous montre que Fenel ne dédai- gnait pas la numismatique nationale , et les indications locales qu'elle contient nous font supposer qu'il les avait confiées au papier en vue de son histoire de Sens; les voici :

« Gunlhachram. R. ('aput gcuimis cinctum; R. Vic- i loria crucem gestat Senoni civila, {apiid Bouteroue, » p. 255, et Leblanc 44) ; Hardouin soutient que ce n'est " pas Sens.

«< Ludovvieus rex templum sineturribus; R. Senonis <> urbs.

Il IIaudol'in, idem, il insiste sur le mot urbs.

«' In monogrammate Ludovvieus, in ambitugratiadcirex j

« liev. CASÏIS pruvinis;

« Leblanc dit que c'est Provins et rallribue à Louis « d'Outre-mer.

{') MiOHPiET, ft'c /a Rareté des mcdmlk'/', t. I, p. 165.

21S

« HarJouin l'explique à son ordinaire.

«c Hludovvieus iinp. Aug. Cnput Inureatum;

« Rev. Senones.

« Leblanc-Pelau.

il Carlus rex fr. ;

» Rev. Senones civitas.

<( Tempus Carlus Rex Crux in meclio;

« Bev. Senones civitas templuin sine turribus;

«1 Leblanc, p. 146, n" 15, in Carolo simplice et 147.

«f Hardouin l'entend ridiculement d'Autun par les ini- « liales : Templum Eduae Munifîcentissime Posuit Volum c< Solvens CARLVS.

« Cela est tiré de Peiresc in collectaneis ms., p. 57G. « Il lit TEMPVS, quoique son graveur ait mis II pour M. >

La sagacité de Pascal Fenel est remarquable pour une époque la numismatique française marchait d'un pas incertain et les explications les plus invraisemblables et les plus contradictoires se produisaient témérairement et avec chance de succès. La manie générale (dont Pascal Fenel n'était pas exempt en matière d'inscriptions lapidaires) était de prendre chaque lettre pour l'initiale d'un mol et l'on comprend aisément qu'un pareil système devait conduire souvent au ridicule et à l'absurde ; c'est ce qui est arrivé au P. Hardouin pour la curieuse et peut-être inexplicable monnaie de Sens, le nom de Charles (CARLVS) est précédé du mot TEMPVS; Pascal Fenel avec son vif bon sens a stigmatisé l'opinion de cet auteur qui a eu le courage d'écrire qu'il voyait dans TEMPVS la preuve que le prince^, fidèle à un vœu, avait fait élever un temple à Autun.

216

La science des médailles, quelques progrès qu'elle ail faits, n'a pas encore trouvé l'explication du mot TEMPVS.

Revenons maintenant aux lettres de Lebeuf et de Fenel.

La première fois que Pascal Fenel concourut pour le prix de lAcadémie des Inscriptions et Belles-Lettres, c'était ni 174'!, et il eut à traiter de l'ouverture et de la clôture du temple de Janus depuis la naissance de Jésus-Christ. Ce n'est pas que son Mémoire fut couronné, car Pascal Fenel ) apporte lui-même qu'il s'y prit tard, qu'il ne put faire foutes les recherches qu'il aurait voulu, et que de plus il avait commis des longueurs j mais ce travail devait être, toutefois, fort curieux et important comme réfutation des doctrines d'Orose,- malheureusement il est perdu, et on ne e connaît que par ce que Pascal Fenel en rapporte dans ses lettres à l'abbé Lebeuf, notamment dans celle du 2 fé- vrier \7i] . L'auteur n'avait pas négligé le parti qu'il y avait à tirer des médailles pour son sujet :

« J'examine, dit-il, en parlant de ce Mémoire, pourquoy •' il n'y a que les seules médailles de iVéron qui parlent de <i la clôture du Janus, quoyqu'Auguste l'ait fermé trois 'i fois; et je demande si l'on ne pourroit pas suppléer au «1 silence des historiens sur la clôture du Janus par ces « médailles on lit pax seterna, pax fundata, etc.j mais « je montre que non, parce qu'on voit plusieurs expres- 'c sions plus fortes que celles-là dans des médailles de « princes qui ont eu des guerres perpétuelles; à l'occasion « de quoy je drappe un peu le vénérable P. Hardouin et <i son disciple Panel qui ont tiré des fables de leur cerveau «c pour avoir trop donné aux médailles; et je montre en « quoy on doit ajouter foi aux médailles, et en quoy non. '>

217

La perle de celte disserlalion est doublement regrettable puisque non-seulement elle eontenait , comme nous l'avons dit, une réfutation d'Orosedonl le système avait joui d'une grande faveur ('), mais encore une attaque violente et très- probablement fondée contre les rêveries du P. llardouin et de son école, touchant la catégorie de médailles qui se rat- tachait au programme de l'Académie.

Nous avons formé le projet de réunir les œuvres de Pascal Fencl, mais nous n'osons pas espérer que nos recherches amèneront la découverte du Mémoire dont nous parlons.

Plus tard et à la date du 13 novembre 1742, Lebeuf parle à Pascal Fenel d'une découverte numismatique con- cernant Sens et relevée dans les chroniques de Saint-Denis :

« Le samedi 30'' jour du mois de mars 1358, devant <i Lsetare Jérusalem fut trouvée une grande quantité de « monnoie noire de divers coins sous un pilier de la petite « maison Dieu de Sens, laquelle on abaltoit pour ce qu'elle « étoit trop près des murs de lad. ville de Sens, et dedans .< deux ou trois jours après messire Jehan de Challon, sire " d'Arlay, lieutenant pour lors dudit Régent (Charles) es « parties de Champagne et du bailliage de lad. ville de «i Sens, alla à Sens pour avoir ladite monnoye et la prinst « de fait, et la fist porter à Troyes.

<( Je sçai bien, » ajoute Lebeuf, « qu'il y a eu des monnoîes « de France appelées Nigri. Mais serait-ce de celte mon- « noie-là dont il s'agit en cet endroit; ne pourroit-ce pas

(') Eiilre autres choses, Oiosc prélcnd que la naissance du Messie est (•orresi)ondanlc de la troisième clôture du Janus, sous Auguste.

218

«I être aussi des Antiques? J'ay vu des Aurelien et autres « devenus tous noirs en terre , et j'en ai encore. Vous qui <t savez éloit ce petit hôtel- Dieu, vous pourrez décider « si ce n'éloit pas des nionnoics du bas empire. Tant y a « que vous voyez le cas qu'on en fil et qu'on porta le tout «I à la monnoie à Troyes. »

Il est présuinable que Pascal Fenel ne put se procurer aucun éclaircissement sur ce dépôt monétaire, car il n'en parle nullement dans sa réponse à la lettre Lebeuf lui fait cette communication, ni dans la suite de sa correspondance.

Nous croyons, quant à nous, que c'est à tort que le sous-chanire d'Auxerre pensait que ce dépôt était com- posé de pièces antiques, c'est-à-dire de monnaies romaines. D'une part, c'est dans un pilier ou près d'un pilier de l'hô- pital que cette trouvaille eut lieu ; de l'autre , il paraît cer- tain que lors des fouilles qui accompagnèrent la construc- tion de cet édifice, on n'aurait pas manqué de découvrir ce dépôt, s'il eût été antérieur. De plus, nous croyons sans aucun fondement la tradition qui rapporte qu'il s'agissait de pièces d'or j c'est, en effet, en 1208, ou au plus tard, selon Jacques Taveau , en 1221 , que Garnier des Prés fit géné- reusement édifier celte maison-Dieu. Cela posé, il parait facile d'mdiquer de quel métal était le trésor j la plupart des récits sont entachés d'exagération, et les chroniques seules de Saint-Denis nous paraissent être dans la vérité. Nous avons expliqué pourquoi il y a lieu de rejeter l'opi- nion de Lebeuf; celle qui veut que c'était de l'or est éga- lement inadmissible, car il n'y avait point d'or monnayé dans la circulation à cette époque; la fabrication de mon- naies d'or avait cessé avec Pépin le Bref j c'est à peine si

219

l'on voit apparaître, sous Charlemagno el Louis le Débon- naire quelques piùces de plaisir frappées sur ce métal, et ce n'est qu'à partir de saint Louis (1!22G) (ju'on recommença à monnayer Tor, c'est-à-dire postérieurement à l'édiOcation de la maison-Dieu. Le fondateur n'a donc pu y faire déposer que de la monnaie d'argent ou de hillon. Les chroniques de Saint-Denis parlent de monnaie noire ; il n'est point du tout surprenant que la monnaie enfouie à l'époque de Gar- nierdes Prés ait pris cette couleur, par suite du long aban- don auquel elle fut en proie, soit aussi à cause de son titre inférieur ou de Thumidité de l'endroit dans lequel elle avait séjourné.

La diversité de coins constatée par les chroniques de Saint-Denis, sans doute sur quelque document digne de foi, est pour nous un motif de reculer jusqu'à l'édillcation de la maison-Dieu, l'enfouissement du trésor, et de donner ainsi raison à ceux qui attribuent ce dépôt à la générosité du fon- dateur. Cette multiplicité de coins provenait du grand nom- bre de seigneurs qui avaient ou s'étaient arrogé le droit de battre monnaie, et cet état de choses florissait surtout au douzième et au treizième siècle.

Le bruit de la découverte arriva bientôt aux oreilles du gouverneur de la province , Jean de Chalon , et comme le trésor royal était dans une grande détresse, il s'empara du dépôt, sous prétexte qu'il avait été trouvé dans un lieu pu- blic. L'envoi qui en fut fait à l'hôtel de la monnaie de Troyes nous conlirme dans celte idée que les pièces qui le compo- saient n'étaient pas en harmonie avec le système tournois alors seul en vigueur et qu'elles devaient être antérieures à l'origine du monument.

220

Quant à l'indemnité dont la maison-Dieu poursuivit la réclamation avec opiniâtreté et qu'elle obtint enfin du roi, c'est une raison de plus d'admettre que le trésor provenait du fondateur de l'édifice et avait été caché avec la destina- tion dont nous avons parlé. Cette indemnité ne fut point la restitution du capital, ce que la pénurie royale ne pouvait faire à cause de la guerre des Anglais, mais la concession du poids du roi, c'est-à-dire le droit de pesage sur les mar- chandises apportées aux marchés de la ville (').

On peut voir dans les lettres publiées par M. Lallier (Bulletin de la société archéologique de Sens, année 1851), que l'abbé Lebeuf prêta très-activement à Pascal Fenel le secours et l'appui de ses démarches et de ses conseils pour lui faciliter l'entrée de l'Académie; Lebeuf, qui était membre de ce corps illustre depuis l'année 1740, savait parfaitement sur quel terrain Pascal Fcnel devait se placer et quelles machines il fallait faire mouvoir ; aussi ne négligea-t-il pas, entre autres choses, de lui recommander de mettre en avant ses connaissances numismatiques : « Tâchez, » lui écrit-il (le Paris, le 6 mai 1744 , « d'insinuer que vous cultivez la 11 littérature grecque et même les médailles, car nos mé- •( daillistes s'en vont. M. Mahudcl s'élant retiré, il ne reste « que M. de Valois qui approche de quatre-vingts ans et « M. de Boze qui en a plus de soixante. Je suis fâché que u vous n'ayez pas de médaillier. »

(') M. Th. Tarbé rapporte, à la p. 581 de son Histoire de Sens, que l'hôtel-Dicu a joui de ce droit jusqu'à la révolution.

L'histoire manuscrite du P. Guichard, dont nous devons la corarauni- catibn à l'honorable M. Crou, docteur en médecine, à Sens, indique, p. 196, que ce droit avait clé afl'crmc, pour l'année 1680, à la somme de 500 livres.

22i

A quoi Pascal Fenel répond de Sens, le 7 mai 1744 : « J'écris par ce même ordinaire à M. de Caylus et à M. Frc- « rel, et j'y mets ce que vous me faites l'iioimeur de me .1 marquer sur la liuéralure grecque (c'est effectivement «i mon penchant, et j'y ai des matériaux prêts), et sur les u médailles que j'ai aussi bien étudiées, à l'occasion de « rattachement que feu mon oncle y avoit et des conver- ti sations que j'ai eues avec le fameux père Hardouin dont « j'ai voulu approfondir les sentiments. »

Mahudel, de Valois et de Boze composaient à cette époque le personnel numismatique de l'Académie des inscriptions et belles-lettres. Mahudel donna sa démission, en 1744, à cause de l'éclat que fit son double mariage; les deux autres étaient âgés; ils étaient académiciens depuis 170S ; de Valois était parvenu à rassembler six mille médailles rares et singulières, parmi lesquelles deux mille impé- riales romaines en grand bronze. De Boze avait aussi une collection très-importante dont il se défit en 1719, lorsqu'il devint garde des médailles et antiques du Roi. Ils ont tous les deux laissé des travaux numismatiques qui ont rendu de grands services.

Lebeuf avait très-bien compris que Fenel augmenterait les chances favorables de sa nomination en se présentant comme l'émule et le successeur de Mahudel, de Valois et de Boze; toutefois, le chanoine d'Auxerre voyait avec peine que la collection du doyen Fenel ne fût point passée entre les mains de son neveu, et il pensait qu'avec des médailles, son ami et protégé serait vu d'un meilleur œil. L'avenir prouva que les académiciens ne lui tinrent pas rigueur pour

222

cela, car peu de temps après, il fui élu à une grande majo- rité en remplacement de M. Gedoyn.

Nous n'avons point eu, dans cette notice imparfaite, la prétention de passer en revue tous les points de numis- matique dans lesquels l'abbé Pascal Fcncl fut engagé. Ses œuvres sont éparses, et leur réunion offrira plus d'une dif- ficulté j nous avons voulu seulement présenter l'illustre chanoine sous un jour l'on est peu accoutumé à le con- sidérer ; heureux si nous avons pu mettre en relief l'un des nombreux mérites d'un homme remarquable dont la gloire rejaillit sur la ville de Sens.

Sens, 10 mai 1856.

Ph. Salmon.

225

JEAN-JACQUES FOLKEMA. (Cilcdel697àl7tS.)

Jean-Jacques Folkema , Tliabile orfèvre frison, cité par les écrivains hollandais, est, croyons- nous, le même artiste que l'auteur des nombreuses médailles dont nous faisons suivre ici la description abrégée. A l'occasion du traité de Ryswyck, signé en septembre 1697, il mil au jour une grande et belle médaille, représentant Louis XIV, qui n'a probablement été terminée que l'année suivante. Nous conjecturons que c'est à cette circonstance qu'il dut d'être appelé en France, car il faut remarquer qu'il habitait en- core la Frise avec sa famille en 169S, puisque sa fille Anne est née à Dokkum en cette année-là, et qu'en 1700 il se trouvait déjà à Paris il travailla à l'histoire numisma- tique du règne de Louis XIV jusqu'à la mort du grand roi, arrivée en 171S : cet événement fut le sujet de la dernière médaille que nous connaissons de lui. Presque toutes celles qui doivent lui être attribuées sont du même module. Les revers de celles qui ont été gravées par ordre du prince sont de deux espèces; l'un a servi pour vingt-deux mé- dailles, et l'autre pour cinq seulement. Dans l'ouvrage de Van Loon, quelques-uns de ces avers sont signés; c'est ce qui nous a autorisé à reconnaître Jean -Jacques Folkema pour le graveur de tous les revers qu'ils accompagnent.

224

Cel artiste parait être retourné dans les Provinces-Unies, caries biographes rapportent que Jacques, son fils, à Dokkum, le 18 août 1692, fut élève de Bernard Picart, graveur en taille-douce , à Amsterdam ; il mourut le 3 fé- vrier 17G7. On a de lui une grande quantité de planches à l'eau-forte et au burin. Sa sœur peignait très-bien la minia- ture et a gravé plusieurs estampes. Elle survécut de quel- ques mois à son frère et décéda le 1" octobre 1768 (').

Voici la nomenclature des médailles gravées par Jean- Jacques Folkema :

I. 1697. Jv. Buste on profil de Louis XIV; légende : LVDOVICVS MAGNVS R. CHRIST. F. P. SEMP. VICT. 1. FOLKEMA F. Rev. Uu trophéc sur le socle duquel il est écrit : HILARITAS P. G PAGE PUB : RYSWIK AD NUT REGIS STABILITA M.DC.IIIC; légende : FINITA TRO- PIICŒIIS BELLA («j.

II. 1700. Jv. Buste en profil de Louis XIV; légende : LUDOVICUS MAGNUS REX CHRISTIAMSSIMUS. J. Folkema sculp : Eev. Buste en profil de Philippe V, roi d'Espagne ; légende : PHI LIPPUS DUX AINDEG LUD DELPII F LUD MAG NEP HISP ET IND REX.; légende : M- DCC (s).

III. 1702. Jv. Buste en profil de Louis XIV; légende :

(') (B»" DE IIeineke) , Nachrichlen von Kûnsllern und Kûnst-Sachcn, t. II, p. i\i.

{^) Van Loon, Histoire mélallique des Pays-Bas, t. IV, p. 239. (') Ibidem, p. 514.

22TJ

LUDOVICUS MAGNUS REX CHRISTIAMSSTMUS. Ctl

avers a servi pour les médailles n"' IV , V , VI , Vil , VIII, IX, XII, XIII, XIV, XVI, XVII, XVIII, XIX. XXI, XXIII, XXIV, XXVI, XXVII, XXIX, XXX et

XXXI. Quelques exemplaires qui ont été reproduits par Van Loon étaient signés. Sur le n" VI, on lit : i. folkema scuLP : ; et sur les n"* VIII et IX : J. Folkema sculp. Eev. Groupe d'un guerrier français et d'un guerrier aile, mand; légende : VIRÏUS DOLI VICTRIX; exergue : CREMONA SERVATA I FEBRUARII MDCCII (').

IV. 1702. Rev. Philippe V, roi d'Espagne, couronné par la victoire; légende : VIRTUS AVITA; exergue : PHI- LIPPUS V. HISPANIARUM REX LUDOVICI MAGNI NEPOS DE GERMANIS AD LUCERIAM MANTU^. XI AUGUSTI MDCCII (*).

V. 1702. Rev. Le Rhin personnifié, couché à côté d'un trophée d'armes; légende : TRAJECTO RHENO ; exer- gue : DE GERMANIS AD FREDELINGAM XIV OC- TOBRIS MDCCII {').

VI. 1703. Rev. La Victoire; légende : JUNCTIS AUS- PICIIS; exergue : GALLI ET HISPANI DE BAT AVIS AD EKERAM. XXX lUNII MDCCIII (*).

(') Van Loon, Histoire métallique des Pays-Bas, t. IV, p. 572. (2) Ibidem, p. 577. (^) Ibidem, p. 595, (*) Ibidem, p. 598.

2<= sÉBiE. Tome vi. IS

226

VII. 1703. Rev. Le Rhin personnifié; légende : ITER AD BAVAROS FOEDERATOS ,- exergue : KELLA RE- CEPTA X MARTII MDCCIII (■).

VIII. 1703. Rev. Le duc de Bourgogne à cheval, et la ville de Brisac dans le lointain; légende : EXPEDITIO DlICISBURGUiNDI/E; exergue : BRISACUM CAPTUM VII SEPTEMBRIS MDCCIII (»).

IX. 1703. Rev. Groupe de [trois figures représentant la ville de Landau et la France couronnée par la Victoire; légende : VICTIS AD SPIRAM IIOSTIBUS ; exergue : LANDAVIA CAPTA XVII NOVEMBRIS MDCCIII {').

X. 1705. Jv. Buste en profil du duc de Brunswick- Lunebourg; légende : AVGVST : FERDIN : DVX BR ; ET LVN : BE VER ; (sous le bras) J. Folkema sculp : Rev. Un tombeau surmonté d'un bonnet électoral, etc., sur lequel on lit : ANTON ULR DUX BR ET L PATRVVS NEPOTI OPT MER; légende : DANT CASTRA TRO- PHiEUM ARMA ROGVM.; exergue : SCHELLENBERGA AD DONA EXPVGNATA . GALLI BOIARIQUE FV- GATI . MORS GLORIOSA . MDCCIV . 2 IVLII . (4).

XI. 1704. Jv. Le même que celui de la médaille X. Rev. Un trophée d'armes, avec la même légende que

(') Van Loon, Histoire métallique des Payf^Bas, t. IV, p. ■411. (*) Ibidem, p. i\i. (^) Ibidem, p. -41!). (») Ibidem, p. -420.

227

plus haut, et l'exergue suivant : ANT VLR D H ET L FRAT- FIL, OPT MER : ES : CASTRIS IN SCIÏEL- LE.NBERGA AD DONAWERDAM EXPUGNATIS GAL- LIS BOIARISQUE FUGATISMORSGLORIOSA- 2 [UL- MDCCIV(').

XII. 1704. Rcv. L'Espagne assise sur le rivage de la mer, avec une Victoire qui vole au-dessus d'elle; légende : ORAE HISPAINICAE SECURITAS •; exergue : ANGLO- RUM ET BATAVORU CLASSE FUGATA AD MALA- CAM XXIV AUGUSTI MDCCIV (»).

XÏII. 1704-. Rev. Némésis personnifiant la perfidie; légende : VERCELL^ CAPT^ ; exergue : XX JULII MDCCIV (^).

XIV. 1704. Rev. La France et la ville d'Yvrée, en Pié- mont, personnifiées ; légende : EPOREDIA CAPTA ; exergue : XXIX SEPTEMBRIS M DCC IV (4j.

XV. 1705. Jv. Buste en profil de Louis XIV semblable à celui du n" III, sauf que, dans cet avers, chaque mot de la légende est séparé par un petit fleuron. Cet avers a été employé pour les médailles n"' XX, XXII, XXV et XXVIII. Rev. Le dieu Mars et la ville de Verrue personnifiée; légende : CONSTANTIA EXERCITUS ; exergue : VER- RUCA CAPTA IX APRILIS MDCCV ' (').

(') Van Loon, Histoire métallique des Pays-Bas, t. IV, p. 420. (*) Ibidem, p. 457. (ï) Ibidem, p. 438. (») Ibidem, p. 459. (") Ibidem, p. 460.

228

XVI. 1705. Rev. L'AcIda, rivière en Italie, personni- fiée, regardant la Victoire qui s'envole ; légende : DE GER- MANIS ; exergue : AD CASSAINUM XVI AUGUSTI MDCCV (•).

XVÏI. 1705. Rev. La ville de Nice chargée de fers; légende : NICAEA ITERUM EXPUGNATA ; exergue : IV JANUARII MDCCVI C).

, XVIII. 1707. Rev. La ville de Toulon assise, la main gauche appuyée sur un bouclier; légende : PULSIS AD VARUM HOSTIBUS ; exergue : TELO OBSIDIONE LIBERATUS XX AUGUSTI MDCCVIl {^).

XIX. 1707. Rev. Mars chargé d'un trophée; légende : PATEFACTI GERMANIAE ADITUS ; exergue : VALLO STOLLOFFENSI DISJECTO XXII MAII MDCCVIl (4).

XX. 1707. Rev. L'Espagne assise sur des drapeaux et des armes; légende: ADSERTUM PIIILIPPO V HIS- PANIARUM IMPERIUM ; exergue : HOSTIBUS AD ALMANZAM CtESIS XXV APRIL MDCC VII {').

XXI. 1707. Rev. Un soldat français plante un drapeau au haut d'un rocher après en avoir renversé une femme

^ (') Van Loon, Histoire métallique des Pays-Bas, t. IV, p. 461. (») Ibidem, t. V, p. 42. (3) Ibidem, p. 66. (*) ibidem, p. 67. (!>) Ibidem, p. 84.

229

qui personnifie la ville de Lerida; légende : NOVA GLO- RIA • ; exergue : ILERDA EXPUGNATA Xi NOVEM- BRIS M DCC VII (•).

XXH. 1708. Rev. Le duc d'Orléans recevant les clefs de la ville de Tortosc personnifiée; légende : AUXILIO- RUM PRAESTANTIA ' ; exergue : DERTOSA CAPTA XI JULII MDCCVIII C).

XXIII. 1710. Rev. L'Espagne tendant la main à la Vic- toire; légende : VICTORIA REDUX ; exergue : HOSTES DELETI AD VILLAM VICIOSAM X DECËMBRIS

MDCCX-(5).

XXIV. 1711. Rev. Groupe allégorique de la prise de Girone, en Espagne; légende : GERUNDA ITERUM EX- PUGNATA • ; exergue : XXV ' JANUARII MDCCXI (*).

XXV. 1712. Rev. Pallas armée prête à lancer un jave- lot; légende : PERRUPTO DONONIENSI VALLO ; exergue : LANDRECIUM LIBERATUM II AUGUSTI MDCCXII f ).

XXVI. 1712. Rev. jTrois boucliers pendus à un arbre; légende : MARTI LIBERATORI ; exergue : DUACO

(1) Van Loon, Histoire métallique des Pays-Bas, t. V, p. 85.

(2) Ibidem, p. 95. (^) Ibidem, p. 164. (*) Ibidem, p. 202. C) Ibidem, p. 217.

250

QUERCETO BUCHEMIO RECUPERATIS M DCC

XII (').

XXVII. 1713. Rev. La France et l'Espagne prêtant ser- ment sur un autel; légende : SALUTI PUBLICAE*; exergue : REGNANDI JUS MUTUO SACRAMENTO REMISSUM MDCCXIII (').

XXVIII. 1715. Jîev. Astrce sur un nuage avec une corne d'abondance et une balance dans les mains ; légende : SPES FELICITATIS ORBIS ; exergue : PAX ULTRAJEC- TENSIS XI APRILIS M DCC XIII {').

XXIX. 1713. Rev. Mars foulant aux pieds les écussons des villes de Fribourg et de Landau; légende : MARS DEBELLATOR; exergue : LAÎVDAVIA ET FRIBURGO EXPUGNATIS M DCC XIII (4).

XXX. 1714. Rev. Le temple de Janus; légende : UBI- QUE PAX; exergue : FOEDUS RASTADÏENSE VI MARTII MDCCXIV (^).

XXXI. 1715. Rev. Groupe du Temps et de la Renom- njée; légende : SUPREMA VIRTUTUM MERCES ; exergue : OBIIT I SEPTEMBRIS MDCCXV (^).

Alexandre Pjnchart.

(") Van Loon, Histoire métallique des Pays-Bas, t. V, p. 221. ~ (') Ibidem, p. 226. (3) Ibidem, p. 231. (♦) Ibidem, p. 238. (») Ibidem, p. 245. {») Ibidem, p. 260.

231

mÉLAKGËS.

Essai sur l'histoire monétaire et numismatique de Béarn, par M. Gustave Bascle de la Grèze, membre de plu- sieurs sociétés savantes, conseiller à la Cour impériale de Pau, etc., etc. (Toulouse, 1835, in-8°.)

Chaque province de France possède à peu prés aujour- d'hui son histoire monétaire, plus ou moins étendue et complète, selon que les éléments en ont été plus ou moins abondants et les historiens plus ou moins habiles à les dé- couvrir , les rassembler et les décrire. Plusieurs de ces ouvrages de numismatique ont déjà obtenu des encoura- gements et des récompenses, tels que ceux relatifs à la Bourgogne, à la Bretagne, à la Lorraine, au Nivernais, au Dauphiné, etc. , honorablement mentionnés dans les rapports des commissions de l'Académie des inscriptions et belles- lettres, pour la distribution annuelle des trois médailles et du prix de numismatique, dans le Bulletin du comité de la langue, de l'histoire et des arts de la France, institué près le ministère de l'instruction publique, les revues spéciale- ment consacrées à la science, et différents autres journaux.

Un semblable travail manquait encore pour la province de Béarn, lorsque M. Bascle de la Grèze, membre de la Société des antiquaires de France, et de plusieurs autres compagnies savantes françaises et étrangères, conseiller à

232

la Cour impériale de Pau, et déjà avantageusement connu dans le monde érudit par diverses publications historiques et archéologiques, a entrepris cette œuvre de doctes et laborieuses investigations en même temps que de patience, et vient de l'exécuter avec tout le succès désirable et qu'on était en droit d'attendre de lui.

Toutefois, son travail qui n'a pour objet que le monnayage seigneurial des comtes ou vicomtes de Béarn, ne remonte pas plus haut que le moyen âge. La période monétaire qu'il embrasse y est représentée par vingt-sept types différents, dont plusieurs étaient restés inédits jusqu'à sa publica- tion. L'auteur a fait de vaines recherches dans le but de découvrir quelque monnaie gauloise, ibérienne, mérovin- gienne, W'isigolhique etc., dont l'attribution put être faite à celte partie de l'Aquitaine qu'occupaient les BeneJiarni et qui fut depuis la province à laquelle ces peuples don- nèrent leur nom, bien que les médailles appartenant à ces deux premières catégories (les gauloises et les ibériennes), se retrouvent assez fréquemment sur les deux versants des Pyrénées, et les dernières de notre côté des monts. Dans le nombre des unes et des autres, on rencontre celles d'ar- gent, « la croix ou à la roue, mais presque toutes sont anépigraplîcs ou muettes.

Parmi les monnaies de nos comlcs ou vicomtes de Béarn (car elles leur donnent le premier de ces titres, bien que dans tous leurs actes, ils ne prissent que le second), les plus anciennes, les plus répandues à l'époque de leur cours, et celles que l'on retrouve le plus communément, non- seulement sur le territoire vicomtal, mais même dans tous les pays circonvoisins, sont les deniers et oboles d'argent,

255

connus sous le nom âo Centulle, offrant pour légende à l'avers, *i* ClilNTVLLO . COMiti et dans le eliatnp une croix grecque cantonnée d'un besant au 1°' et au 2" <|uar- tier : à l'obvers, la légende *i< ONOU .FORÇAS, et dans le

champ, les sigles p J^^ On ne connaît pas exactement la

date précise de la première émission de ces centulles, mais des titres qui les mentionnent, les font remonter au moins à la seconde moitié du x' siècle. Les cinq souverains du Béarn du nom de Centulle ont régné de 819 à H34, sur cette contrée. D'après les auteurs de l'Art de vérifier les dates et Tobiesen Duby ('), l'atelier monétaire de ces princes aurait été établi, dès l'an 940, à Morlas ou Morlaas ('), la

(') Monnaies des prélats et barons de France.

{') 11 paraît certain que les deniers et oboles signés Centullo coniiti con- tinuèrent à être frappés à Morlas, bien postérieurement à cette dernière date et à la mort du dernier vicomte de ce nom (Centulle V^) , en H3^, suivant un usage fréquent dans le moyen âge et suivant, remarqué sur les monnaies des évéques et des barons, etc., de cette époque.

Les seigneurs avaient d'autant plus de motifs de conserver à cette monnaie son nom, son [loids et son aloi ou son litre, que son cours et son usage étaient admis dans toute la Guienne, jusqu'à ce point, dit Marca, que tous les cens, devoirs, rentes, etc., étaient stipulés dans les actes, reconnus et payés par les tenanciers et les débiteurs, de celte manière. Le principal motif de la préférence accordée par les Aquitains et les Gascons à cette monnaie sur toutes les autres dont l'émission avait également lieu chez eux, était les mêmes garanties de poids et d'aloi, dont nous venons de parler, les vicomtes de Béarn s'étanl engagés , peureux et leurs lieutenants, à no rien changer à leur monnaie, à ne la hausser ni l'affaiblir, sans l'exprès consentement de tous les prélats et barons, de toutes les communes et communautés, c'est-à-dire des trois ordres de la province d'Auch et de Gascogne, dont celte ville était la capitale.

La livre morlane valait trois livres tournois, et, par conséquent, le sol

234

ville la plus considérable de leurs domaines avant l'existence d'Orthez et de Pau, qui l'absorbèrent de telle sorte, qu'à l'époque écrivait Pierre de Marca, elle n'étail plus, selon l'expression de ce célèbre historien du Béarn, qu'un cadavre de ville.

A l'époque de sa prospérité, ce fut de son nom que la monnaie dont nous parlons reçut celui de Moneta Morlana (monnaie morlane), circonstance à laquelle, selon nous, font allusion les sigles qu'on remarque dans le champ de ses deniers et de ses oboles. M. P. ►!< que nous avons pro- posé de remplir ainsi, Morlani Percussa ^ sous-entendu, moneta); quant à la croisette qui accompagne ces mots on trouve le signe de cet emblème très-souvent reproduit sur les monnaies du moyen âge, et particulièremcnl sur celles de l'Aquitaine. Du reste M. de la Gréze a adopté le sens donné par nous à ces mêmes sigles.

Relativement au motif, au sens et à l'origine de la lé- gende OrVOH . FORÇAS, que portait, comme nous venons de le voir, la monnaie morlane et qui lui avait aussi donné la dénomination générique de forcensismoncta, sous laquelle elle est désignée dans un cartulairc de Leseur, cité par Marca, et de moneta-furcensis qu'elle reçoit également dans d'autres litres (particulièrement des xn* et xm" siècles), nous ne croyons pas hors de propos de faire connaître ici les ré- sultats de nos recherches à ce sujet, faisant partie du travail que nous préparons sur la Numismatique antique et du moyen âge de l' Aquitaine , recherches dans lesquelles le

et le denier niarlans valaient trois sols et trois deniers tournois. On sait que l'obole ou la maille était ordinairement la moitié du denier.

235

même historien, déjà nommé, nous a encore servi de guide. Nous savons par lui que le château ou palais de Morlas qui fut longtemps le séjour des vicomtes , portait le nom de Fuerquie de Morlas (furcia morlani, furquina morlani, etc.), que les écrits du temps lui donnent souvent. Dans un rescrit du pape Urbain II, il est énoncé que l'église de Sainte-Foi de Morlas (■), est située dans le comté de Béarn et dans la ville nomnjéeFwrcasou Forças. Le docte écrivain dont nous rapportons le témoignage, ajoute que ce nom de Fourquie ou de Hourquie ( selon l'usage local de changer la lettre F en H, ou de prononcer la première comme la dernière) se conservait encore à Morlas, de son temps, qu'il signifie la j)lace publique se tient le marché {^), et que hors de la ville, il y a un lieu nommé la vieille Hourquie, étaient infailliblement assis, dit-il, l'ancieniMî maison vicomtalc, ou le château et son at€lier monétaire ; c'est encore aujourd'hui le lieu de Fourque ou de Fourche.^ par altération des mots Forças elForqiiia,

Les monnaies du comte Jean de Grailly oflVent le même revers que celles des Centulles. Sur l'avers de celles de Gaston de Foix, de François Phœhus , de Calhcriiie et de Henri d'Albret, on lit toujours la légende : >î< PAX ET ONOR FORÇAS MORLAN. >î< PAX ET ONOR FOR-

(») L'église Ste-Foi, de Morlas, et surtout son portail, sont encore consi- dérés de nos jours comme le premier et le plus beau monument du Bcarn. Us sont construits dans le style de l'architecture romane.

(^) Dans le Bcarn et les localités circonvoisines, la principale place se tenaient les marches, se nommait encore la hourguée, parce que c'était ces jours-là qu'on y dressait les fourches patibulaires {forças ou furcas). attribut do la haute justice seigneuriale.

256

OVIE MORLANISj ce dernier mot ordinairement plus ou moins abiégé. M. de la Grèze lit MORLACIS au lieu de MORLANIS.

Duby et M. de Barthélémy (') lisent sur les mêmes mon- naies : FORCIAE, au lieu de : FORQVIE ; Marca en rap- porte une il voit HON. FVRCIAE MORL. La leçon de MM. de la Grèze et Poey-d'Avant (') est la bonne.

Quant au mol ONOR de la légende du revers de nos Cen- tulles, on ne peut douter qu'il ne soit ici placé pour HO- INOR, ainsi que sur les légendes des autres monnaies de Béarn dont nous parlons.

Ce mot se trouve souvent employé dans le langage féodal du moyen âge de nos provinces méridionales, et particu- lièrement de la Guienne et du Languedoc nous l'avons retrouvé fréquemment, et il existe encore de nos jours comme dénomination ou appellation de certaines localités.

Une commune du département de Tarn-et-Garonne porte encore à Theure qu'il est, le nom de XHonor de Cos. Nous remarquons également dans ce même département, XHonor de Faissac, XHonor de Revel, etc. , etc. Honor, selon du Gange, signifie quelquefois une seigneurie, un château, et c'est effectivement le sens que ce mot présente ici.

Des titres des \f et xn° siècle, portant donation à des ordres religieux par des seigneurs de leurs châteaux et ma- noirs nobles et seigneuriaux, s'expriment ainsi : « Mansio et honor ejus, mansio ctim honore ejiis. » Dans les archives mises à notre disposition, du château de Bruniqucl dont la

{') Manuel de numismatique, l, II.

(') Description dcn monnaies scijjvria'ialrs fra.n^.niscs.

237

conslruelion est altribuécà la fameuse reine Bniiiehaul dont il fut au moins un des apanages, nous lisons : « honor cas- telli vêtus Bnmecheldis, » quand il s'agit du vieux château, mais, seulement, «t honor castelli Bnmecheldis^ » lorsqu'on veut parler du bâtiment féodal dont la construction appar- tient à une époque moins reculée du moyen âge.

Sur une monnaie du comte de Toulouse, Raymond IV, surnommé de Saint-Gilles, on lit ces légendes, >ï< C. (co- rnes) KMMY^^Dy S. Rev. ^ OINOR. SCI {sancU) EGIDI. (le château de Saint-Gilles, les comtes de Toulouse avaient leur officine monétaire). Les légendes d'une autre monnaie appartenant à son fils, le célèbre Alphonse Jour- dain, portent, >ï< AMPOS. COMES. Rev. ^ ONOR. SCI. EGIDI.

Il y a évidemment similitude entre l'honor de ces manoirs nobles et féodaux, et des honneurs ou privilèges et droits honorifiques, appartenant aux châtellenies et terres en jus- tice qui n'ont cessé d'exister en France que par le fait de la révolution de 1789, et l'honor de la fourquie de Morlas et du château de Saint-Gilles qui rattache ici une question de numismatique à une question de droit coutumier du moyen âge.

Parmi les autres monnaies des souverains du Béarn dont M. de la Grèze nous donne la description et la gravure dans son Essai sur l'histoire monétaire et numismatique du Béarn et dont il nous fait connaître, pour la première fois, l'exis- tence d'un certain nombre, nous remarquons et nous men- tionnerons particulièrement les suivantes qui peuvent d'au- tant plus intéresser une classe de nos lecteurs que le monnayage béarnais, jusqu'à l'avènement de Henri IV à la

238

couronne de France, est moins connu des numismatistes en général.

En commençant par une inédite du cabinet de M. de la Grèze, nous décrirons, d'abord, d'après notre auteur, un florin d'or du xiv" siècle. >ï< ARNI Gasto Domi^uS BE. Grande fleur de lis ouvragée. Rev. saint Jean-Baptiste en pied. Sanctus I0H4 NNES B. une petite tour.

« Cette pièce, dit M. de la Grèze, d'une conservation parfaite, me paraît très-curieuse par la manière de dissimu- ler la légende G . DNS . BEARNI. qui est disposée ainsi : ARNI . G. DNS . BE. Le but de ce renversement était, sans nul doute, d'imiter les florins d'Aragon, *ï< ARAGO- NE.R. Cet esprit de contrefaçon se retrouve dans le choix du différent qui est placé près du saint : ce différent est une tour qui imite celle de Castille (Castellum). Il est évident, continue notre auteur, que les vicomtes de Béarn employaient toutes sortes de moyens pour faciliter l'émission de leurs monnaies sur l'autre versant des Pyrénées. »

L'explication de ce florin, selon M. de In Grèze, fait com- prendre l'origine béarnaise du suivant, qu'il donne égale- ment vdans son ouvrage, florin d'or du même siècle que le précédent >î< SANCÏVS.IOHANes : le reste illisible. Saint Jean-Baptiste également en pied. Dans le champ, les deux vaches de Béarn. Rev. ARAGON. La fleur de lis florentine dans le champ.

L'auteur de l'histoire momtaire, p. 34, dans le Trésor de fiumismatique et de glyptique, s'exprime ainsi sur ce rare florin : « d'un côtelés vaches pourraient le faire attribuer au Béarn, mais la légende ARAGON, le donnerait à l'Aragon; ne serait-ce pas une de ces monnaies d'association, dont

259

on connaît de nombreux exemples, et le florin d'or n'aurait- il pas été destiné à circuler dans l'Aragon et le Réarn.

Ce ne sont pas les seuls exemples que nous ayons de la présence des armes d'Aragon sur l'écusson et les mon- naies des souverains de Béarn, avant comme après leur avènement à la couronne de, Navarre, par eux si éphémère. François Phœbus, à ce double titre, au deuxième parti de son écu, portait d'or à quatre pals de gueules pour Aragon, flanqué au côté dextre de gueules au château sommé de trois tours d'or pour Castille, et au côté seneslre d'argent au lion de gueules pour Léon; couronne ouverte.

Sur un écu d'argent de la reine Jeanne, >î< lOANNA.DEI Gratta . Regina .NAVARRE. Domina . Bearni, ofl'rant le buste de la reine coiffé d'un bonnet, et au-dessous, une vache et un P. Rev. GRATIA . DEI . SVM, on remarque lecusson de Béarn surmonté d'une couronne royale formée aux armes de Navarre, Béarn, Bourbon, Armagnac, Albret, Bigorre, Evreux, Aragon et Castille. Il existe encore d'au- tres écus béarnais, à la date de 1364, 156S, 1566, 1570, 1571, etc., etc., de coins différents, mais avec de très-légères modifications.

Mais, à leur tour, les rois d'Aragon devenant, de fait, rois de Navarre, quand les vicomtes de Béarn n'étaient plus que de titre et de nom, et si l'on veut de droit, firent frapper, des monnaies aux armes de ce dernier royaume qui durent eirculer sur notre versant des Pyrénées et se répandre dans la Navarre française comme dans celle devenue espagnole, par le fait de l'occupation de Ferdinand le Catholique; et dans la vicomte de Béarn l'époux d'Isabelle en émit plusieurs en or et en argent (les premiers sous la dénomination de

240

simples, doubles et quadruples ducats), qu'on retrouve dans les recueils de numismatique et dans les collections d'amateurs ; et tout récemment notre docte et bienveillant confrère, M. Renier Chalon, a publié dans la Revue de la Numismatique belge (t. VI, 2" série), un quadruple ducat de ce prince aux armes de Navarre, tiré du cabinet de l'honorable M. de Coster, ^ FERNANDVS : D : G : R : NABARE : ET : ARAG. tète de Ferdinand, couronnée; au-dessous le chiffre indicateur de la pièce IIII. Rev. *h SIT : KOMEN: DOMINI : BENEDICTVM : ESON; l'écusson ci-dessus mentionné.

Bien que l'hôtel des monnaies de Pau ait existé et fonc- tionné jusqu'à l'époque de la première république française il fut supprimé et réuni à celui de Rayonne, qui depuis a eu le même sort, il n'en est pas moins vrai de dire que l'histoire monétaire et nu7nismatique , proprement dite du Béarn se termine à la réunion de ce pays à la France, par le fait de l'avènement à ce dernier trône de notre Henri IV, qui était Henri H, comme vicomte de Béarn, et Henri HI en sa qualité de roi de Navarre.

Quand les vicomtes de Béarn, devenus rois de Navarre, établirent leur résidence définitive à Pau, ils y transportè- rent l'atelier monétaire de Morlas. Marca fixe l'époque de cette translation à l'année 1S24.

Après la réunion dont nous venons de parler, la vache, pièce essentielle des anciennes armes du Béarn , se fit en- core remarquer sur les pièces frappées à Pau et devint la marque distinctive de cet atelier. Le sigle composé des let- tres liées BD (Bearni Dominus), fut ajouté au titre de REX FRANCIAE ET NAVARRAE, avec l'écusson béarnais et

241

l'ancienne devise, GRATIA DEI SVM ID QVOD SVM. Mais, sous Louis XV et Louis XVI, cette devise est rem- placée par le SIT NOMEtV DOMIiNI BENEDICTVM, et le

revers ne porte plus 1 ecusson vicomlal. Seulement, le sigle dont on vient de parler est maintenu avec la vache à laquelle, par un préjugé populaire, non-seulement les Béarnais, mais toutes les peuplades pyrénéennes attribuaient la vertu de leur porter bonheur, ainsi que le rappelle M. delaGrèze, dont l'ouvrage se recommande non-seulement à l'intérêt de toutes les personnes qui s'occupent de numismatique, d'his- toire et de l'art héraldique , mais encore, et avant tout, à la reconnaissance de tous ses compatriotes dont les ancêtres furent les tant bons amis de celui qu'ils appelaient familière- ment, « noslre Henric. » Nous regrettons vivement que les bornes de cet article ne nous aient pas permis d'entrer dans plus de détails sur cette intéressante histoire du monnayage béarnais, à qui son savant auteur n'a donné modestement que le titre d'essai.

Le B"" Chaudruc de Crazannes,

Membre correspondant de l'Institut impérial et du comité de la langue, de l'histoire et des arts de la France, etc.

Recherches sur l'explication des monogrammes de quelques médailles inédites des derniers temps de l'empire d'Occi- dent et de l'époque mérovingienne, par le marquis de Lagoy, correspondant de l'Institut, etc., etc. Aix, Frédéric Vi- talis, 1856, in-4", 16 pages et une planche.

Le mémoire de M. le marquis de Lagoy commence par un aperçu succinct et parfaitement résumé de l'histoire du

2* SÉRIE. TOMK VI. 16

242

monogramme sur les types monétaires. L'idée de réunir plusieurs lettres ensemble, de les lier et de les combiner de manière à tenir le moins de place possible, remonte jus- qu'aux premiers temps l'on a commencé à tracer des légendes sur les monnaies. Les Grecs, surtout, usèrent ou plulôt abusèrent des monogrammes qui sont, sur plusieurs de leurs monnaies, de véritables hiéroglyphes indéchiffra- bles. Les deniers consulaires romains présentent, parfois, des lettres liées dans leurs légendes, mais la lecture de ces lettres est toujours assez facile. Sous les empereurs, le monogramme ne se trouve plus que sur quelques contre- marques j mises, après coup, sur les monnaies, contre- marques dont l'usage et la destination ne sont pas encore parfaitement expliqués.

Le monogramme du Christ, ;^, inauguré par Constantin, ramène sur les monnaies l'usage des monogrammes. Vers la fin de l'empire d'Occident le nom du prince monogram- matisé devient le type central de la monnaie, comme le toughra du Sultan l'est encore de la monnaie turque. Cet usage passa aux rois burgundes, golhs, francs, etc., qui succédèrent aux empereurs.

Sous les carlovingiens, le monogramme change de forme. Ce n'est plus un assemblage de lettres liées, ce sont des lettres se posant sur les branches d'une croix avec une lettre centrale, ronde ou carrée, de laquelle on fait les voyelles du nom : Karolus, Lvdovicus, etc.

^près cette curieuse introduction , vient l'explication d'une pièce de Léon I, avec le monogramme de Marcianus au revers; d'une autre du même prince avec le mono- gramme de Julius-Népos ; de deux petits bronzes au mono-

245

gianime du même Nèpos; d'une pièce de Zenon; d'une aulre de Léontim; d'une imitation barbare d'une pièce tlHonorius, avec la légende énigmatique ANONOS P. P.

L'époque mérovingienne fournil à M. de Lagoy trois pièces de bronze avec le monogramme du Cbrisl d'un côté, et celui d'un prince de l'autre, Ces pièces rentrent dans la nouvelle série de pièces mérovingiennes de bronze que M. de l.agoy fit le premier connaître, en 1845, et qui pro- venaient d'un dépôt trouvé à Marseille, à la Jolietle. Le monogramme ARM , de l'une de ces trois pièces , se ren- contre également sur des tiers de sol que M. Cb. le Nor- mand attribue à [Jnnorique, en y lisant ARMoncï. M. de Lagoy repousse cette attribution, déjà ébranlée par la publi- cation faite pnr M. Fillon d'une médaille d'argent inédite, d'un très-petit module, et portant au revers le même mo- nogramme. Au lieu des trois lettres ARM, M. de Lagoy trouve, dans la configuration du monogramme, les lettres A.M.L.R.L qui lui font donner ces pièces à Anialaric.

Deux saigas, ou deniers d'argent inédits de Marseille, fournissent à l'auteur l'occasion de rappeler que, jusque dans ces derniers temps, on avait soutenu que les méro- vingiens n'avaient d'autre numéraire que l'or. Il a fallu la découverte de deux dépôts considérables de saigas pour réduire au silence les adversaires de la monnaie d'argent.

M. de Lagoy termine son curieux Mémoire par la des- cription de deux tiers de sol inédits , trouvés près de Ge- nève, et dont il est redevable à l'amitié de M. Soret. L'un porte du côté d'un buste royal : >î< BAVDEMI REXj au revers, la croix haussée, avec CA. et, autour : BAVD.. MR. M.. JNOALD.

244

Cette pièce est de Chàlons-sur-Saône; mais que dire de ce Baudemir, roi d'un côté et monétaire de l'autre? Est-ce le même personnage seul d'un côté, et associé de l'autre à son collègue Magnoaldus, déjà connu sur une pièce citée par M. Guillemot, n" 263? Baudemir rex serait-il quelque prince éphémère burgunde ou autre, dont l'histoire ne nous aurait pas transmis le nom ?

Le second triens trouvé à Genève appartient à Amiens. On y lit d'un côté AMBIANES, et de l'autre MEDOVAL- DVS, le V et le A liés. Medovaldus est un nom nouveau à ajouter à la liste déjà si longue des monétaires.

R. Ch.

Un article rayé des comptes communaux d'Audenarde, atteste que les bourgmestre, échevins, pensionnaires et greffiers de cette ville devaient faire confectionner, à l'exem- ple des autres villes, une médaille commémorative, à l'oc- casion du mariage de Son Altesse Sérénissime l'électeur de Bavière, en 1 69S :

«c Betaelt an d'heeren Burg% schepenen, pensionnaris ende greffiers, elcken vj ponden grooten, ter assistentie van de médaille te maecken annopende het huwelyck van zyne doorluchtighe ceurvorstelyke hoocheyt, gelyk men in an- dere steden heeft ghedaen, maeckende tsaemen in ponden pars., neghen hondert xxxvj lib. par., per ordonnantie van <len 4 meye 1 695 ix" xxxvj lib. par. »

Ces six livres gros, destinées à chacun des dignitaires

245

communaux, devaient-elles remplacer la médaille commé- morative et leur être distribuées à litre de gralilication?

Nous penchons pour l'affirmative. En effet, depuis nom- bre d'années, le magistrat s'était fait délivrer du numéraire en remplacement des jetons de présence (adoptés sous Louis XIV ), à cause des difficultés que la ville avait de faire confectionner, en temps opportun, des jetons spéciaux à la Monnaie de Paris.

Edmond Vanderstraeten.

Description des médailles et des antiquités du cabinet de M. l'abbé H. G***, par J. de Witte, membre de l'Aca- démie royale de Belgique, de l'Institut de France, de l'Académie royale de Berlin , etc. , etc. Paris , chez Franck, 1856, in-8° avec trois planches.

Les catalogues de vente ne sont que trop souvent de simples inventaires, sans critique comme sans autorité, œu- vres de commissaires priseurs, uniquement destinées à allé- cher les amateurs et qui ne survivent guère à la cause qui les a fait naître. La Revue s'est peu occupée, jusqu'à pré- sent, de ce genre de publication; mais quand un savant de la valeur de M. le baron de Witte consent à attacher son nom à un catalogue de vente, on comprend que ce catalogue devienne un ouvrage sérieux, qu'il est de notre devoir de signaler aux amateurs. Tel est celui de la collec- tion de M. l'abbé H***. Cette précieuse collection de mé-

246

tiaillcs grecques autonomes, coloniales et impériales, était extrêmement reniarquable, tant par le choix des exemplaires que par le nombre assez considérable de pièces inédites qu'elle contenait. Trois planches, gravées sur cuivre, par M. Dardel, en reproduisent les spécimens les plus curieux. Le 28 janvier dernier, le cabinet de M. l'abbé H. G*** s'éparpillait sous les coups du marteau du commissaire pri- seur ; mais au moins, celle l'ois, d'une collection dispersée il restera un souvenir durable, un bon livre, le plus impé- rissable des monuments, œreperennhfs.

R. Ch.

ISous donnons, sous le 3 de la planche X, le dessin d'un sixième de thaler du comte Jean François de Grons- veld , comme supplément au catalogue des monnaies de celte seigneurie, inséré au I" volume de la 2" série de la Bévue, p. 552. Celle pièce d'argent à bas litre fait partie de la riche collcclion de notre savant ami, M. de Jonglie. 11 serait, croyons-nous, inulile d'en transcrire ici les légendes, scmbhiLks ;i d'autrrs que nous avons déjà expliquées. Le chiflVe *.)0 indique le millésime 1090.

R. Cil.

Le gouvernement vient de confier à M. Léopold VVicnei exécution dune médaille de grand module à l'occasion du

247

vingt -cinquième anniversaire de l'inauguration du roi. Cette médaille portera d'un côté la tète de S. M. faite d'après un profil photographié récemment, et de l'autre, la Belgique debout, ayant à ses pieds le lion traditionnel, et déposant une couronne civique sur les emblèmes de la royauté, le trône, le sceptre et la couronne. L'Histoire assise écrit sur ses tables les deux dates : 21 juillet 1851 21 juillet 1856.

R. Cii.

Bijdrage tôt de bekroonde prijsverhandeling van den hoogle- raar P. O. Fan der Chijs, over de munten der Heeren en steden van Overyssel, door Prosper CuVpers van Veltho- VEN. Breda, Broese et Comp^ 1856, in-4°.

Dans son savant et volumineux Mémoire couronné sur les monnaies des seigneurs et des villes de l'Overyssel, M. Van der Chijs avait émis l'opinion que, bien qu'aucune pièce de cette catégorie n'eût été retrouvée , il paraissait résulter de divers actes que Charles-Quint avait frappé mon- naie à Campen, comme seigneur de l'Overyssel. M. Cuy- pers van Velthoven, dont les patientes et judicieuses investi- tigations dans nos archives ont déjà souvent porté la lumière sur les points obscurs de notre histoire numismatique, fait connaître dans ce supplément à l'œuvre de son compa- triote trois documents, un rapport en français, de Thomas Gramaye, général des monnaies, sur le faict d'Overyssel, et deux comptes de boîtes de la monnaie de Campen, de 1529

248

à 1535, d'où il résulte à l'évidence que Charles-Quiiil a, en effet, fait forger à Campen, en qualité de seigneur de rOveryssel, le demi-réal d'or, le florin carolus, le réal d'ar- gent, le demi-réal d'argent, le sou ou la pièce de deux gros de Flandre, le deutken de six mitles de Flandre, le demi, ou hollandsch pennincksken de trois mittes.

Ces monnaies, qu'il ne faut pas confondre avec les mon- naies de la ville impériale de Campen , ont été frappées à un nombre assez considérable, et cependant on n'en a, jusqu'à ce jour, signalé l'existence dans aucune collection. Que de choses encore à retrouver, même parmi les mon- naies des temps assez rapprochés de nous !

R. Ch,

Ainsi que nous l'avions annoncé dans notre dernier nu- méro, M. Cartier abandonne définitivement la direction de la Bévue numismatique qu'il avait fondée, il y a vingt ans.

En prenant congé de ses souscripteurs, dans la sixième et dernière livraison du tome XX, qui vient de paraître, M. Cartier n'oublie pas la Revue de la numismatique belge et ses rédacteurs qu'il appelle « ses excellents confrères de Bruxelles. » « En faisant mes adieux à mes bons voisins, '< je leur souhaite, dit-il, longue vie et prospérité. Si dans «1 mes derniers jours, je me sentais atteint de quelque vel- « léité numismatique, ce serait avec plaisir que je pourrais « aussi faire une petite excursion en Belgique. »

Nous prenons acte de cette promesse et nous comptons sur sa réalisation. Après avoir cultivé avec tant d'éclat une

249

science dont ii fut en quelque sorte le créateur ei» France, il est impossible qu'il ne survienne pas à M. Cartier ce qu'il appelle « quelque velléité numismatique. » L'annonce de sa coopération sera pour nos abonnés une bonne nouvelle et pour notre Revue un nouveau gage de succès.

R. Ch.

M. Fillon vient de réunir en un volume sous le titre de : Études numismatiqties, diflerents articles qu'il avait publiés successivement dans la Revue des Provinces de l'Ouest, à Nantes. Dans ce nouvel et remarquable ouvrage, dont M. Cartier donne une analyse détaillée, dans le dernier numéro de la Revue numismatique, M. Fillon, abandon- nant le système proposé par M. de Longpérier, pour le classement des monnaies au monogramme de Charles, passe avec armes et bagages dans le camp des alliés, MM Cartier et de Cosler, La défection, ou plutôt la con- version de M. Fillon est due principalement, dit-il, à quelques pièces provenant des fouilles de Duerstede, en Hollande, pièces qui lui ont été communiquées en nature, et à l'aulbenticilé desquelles, mettant de côté tout amour- propre, il rend un généreux témoignage.

R. Ch.

L'infatigable M. F. Soret vient de faire paraître, dans la Revue archéologique, un nouveau Mémoire sur la numis-

250

fiiatique arabe, intilulé: Lettre à M. C. J. Tornberg sur quelques monnaies des dynasties alides.

R. Ch.

Lors des fêles jubilaires de l'inauguralioii du Roi, qui auront lieu au mois de juillet, des jetons commémoralifs de cette patriotique manifestation seront distribués au peuple. L'exécution de ce jeton a été confiée, par M. le ministre de l'inlérieur, à M. Ad. Jouvenel.

R. Ch.

Die JBrandenburger Denare, Groschen und kleine Mûnzen, von J. F. Weidhas. (Les deniers, gros et petites mon- naies de Brandebourg, par J. F. Weidhas.) In-4°, Ber- lin, 1855, avec 17 planches gravées sur pierre.

Quel est le numismate qui, en s'occupant du classement des deniers muets de Brandebourg, n'ait éprouvé les plus grands embarras pour fixer leurs attributions? M. Weidhas vient, par son travail, de fournir un grand auxiliaire aux amateurs de ces pièces si singulières et si barbares j mais c'est à la condition de le croire sur parole. Rédigé sous forme de catalogue, avec indication du prix de chaque mon- naie, l'ouvrage de M. Weidhas ne contient aucune discus- sion sur les types ni sur les attributions; il ne fait pas même mention des opinions de ses devanciers , se bornant à don- ner parfois , à chaque règne , la description i\cs pièces ou

251

siniplenienl l'intlicatioi) de l'endroit elles ont été fabri- quées. Ces indications ne sont pas même toujours faites d'une manière positive. Ainsi, il y a tel denier que l'auteur indique comme provenant ou de Drossen, ou de Brande- bourg, ou de Spandau, le tout au choix du lecteur. Nous croyons cependant qu'une étude sérieuse des sceaux et des armoiries de ces endroits pourrait résoudre mainte et mainte questions de ce genre.

Quelque pratique que soit ce catalogue, il aura donc Tin- eonvénient de faire défaut sous le rapport scientifique. Il sera toujours diflicile, au numismate qui veut raisonner, de comprendre comment un denier empreint d'un mannequin armé de j)ied en cap et perché sur un cheval gaulois, appar- tiendrait plutôt à un prince qu'à un autre; comment l'effigie d'une espèce de saltimbanque qui fait des sauts périlleux, des tours de force avec flèches, lances, arcs, épées, balles, cercles ou autres instruments du même genre, représente plutôt le marquis Jean que le marquis Albert. Ce sont des énigmes que M. Weidhas ne résout pas.

II est facile de s'apercevoir, par les planches de ce tra- vail, que l'influence du type de l'Europe occidentale a été, pour ainsi dire, nulle sur les monnaies de Brandebourg, et qu'au contraire les types polonais, hongrois et bohème ont inspiré très-souvent les graveurs de ces monnais. Quant à l'exécution des planches, elle ne laisse rien à désirer. N'oublions pas d'ajouter que l'auteur a poussé ses investi- galions sur les petites monnaies brandcbourgeoises jusqu'en Prusse et que les planches figurent des monnaies de ce royaume, dont le Brandebourg est le berceau.

Cn. P.

232

M. Ch. Westermanii, de Bielel'eld, dont le cabinet nu- niisnialique contient tant de petits trésors qui intéressent la Belgique, nous a communiqué un méreau qui provient de la famille Moretus d'Anvers. A l'avers est un ange de face, tenant un ruban auquel est attaché un écu ovale aux armes de Moretus qui sont : d'or, à l'aigle éployée de sable, ayant sur l'estomac un écusson de gueules, chargé d'un ombre de soleil d'or; à la Champagne échiquetée d'argent et d'azur de trois tires; l'écu timbre d'un casque d'argent, grillé et liseré d'or , de sable , d'argent et de gueules et au-dessus en cimier, un ombre de soleil d'or entre un vol, dont une partie est de sable et l'autre de gueules. Le champ du re- vers offre l'inscription suivante :

D(eo) O(ptimo) m{aximo) FUNDATIO— REV(erenrfw- simi) ET PRJEm^bms)—T){omim) PET(n) MORETVS —ARCHlPRES^byteri) et CAN{onici) ~R{equiescat) I(n) P(ace) (pi. X, fig. 2).

C'est, comme on le voit, un méreau qui a servi à la fon- dation de Pierre Moretus, archiprêtre et chanoine de la cathédrale d'Anvers, mort le 21 mai 1734.

Ch. p.

Le projet, dont on avait parlé, de refondre nos monnaies de cuivre pour les assimiler aux nouvelles monnaies de bronze françaises et à celles du grand-duché de Luxem- bourg, est, assure-t-on, abandonné.

R. Cil.

2S3

EXTRAITS SOMMAIRES DES PROCÈS-VERBAUX DES SEANCES DE LA SOCIÉTÉ DE LA NUMISMATIQUE BELGE.

SEANCE DU 1" JUIN 1856, A LOUVAIN.

Sept candidats sont présentés à la Société en remplace- ment de feu M. Meynaerts, membre effectif, décédé le 24 janvier 1856.

Le secrétaire est chargé de faire un rapport au sujet des candidats présentés; MM. Cuypers et de Coster lui sont adjoints.

M. le président dépose sur le bureau le manuscrit d'un travail de feu M. Meynaerts contenant la description de toutes les monnaies visigothes connues. Il pose les questions suivantes :

Si l'ouvrage est imprimé par la Société, le sera-t-il tel qu'il est et avec les planches? L'assemblée répond affirma- tivement.

Seconde question : Le travail de M. Meynaerts sera-t-il publié dans la Revue de la numismatique belge? L'assemblée répond négativement, attendu que bon nombre de ces mon- naies y ont déjà été décrites et gravées, et que par consé- quent il y aurait double emploi.

Troisième question : L'ouvragé sera-t-il imprimé à part? Tout en reconnaissant le mérite et l'utilité de la publica- tion, l'assemblée exprime la crainte de ne pouvoir récupérer,

254

par la vente, les avances que la Société sera obligée de faire ; par conséquent elle n'adopte pas la proposition.

COMM0NICATIOHS SCIENTIFIQUSS.

M. Clialon communique trois monnaies de billon noir : la première, au type de Philippe le Bon, porte un écu à

ses armes entouré d'une épicycloïde et la légende I DS2 x

GRTÎx GOx VAZjSnSFT; au revers une croix traver- sant la légende: ffiOR— TTÎ R— 0V2Î V— TÎIiSR; la seconde, à un type semblable, porte P^jS et an revers : ...OV7Î W~7î...SR; la troisième, au type du drilander de Jean IV, duc de Brabant, porte : Pî^SD ^ BRTÎB Z llIM: GOM..m et au revers : M0NEW2Î PGTî IVTÎIj... Après avoir fait remarquer que le titre de comte de Valen- ciennes n'a pas été pris par les ducs do Bourgogne, M. Cha- lon soumet à l'assemblée l'opinion que ces pièces pourraient bien être des contrefaçons, dont les légendes présentent des frompe-l'œil, et que peut-être les lettres finales SHP indi- quent la seigneurie de Stein. M. Cuypers fait observer que, dans les environs de Stein, se trouve une localité du nom de Vaals. D'autres membres pensent que ces pièces peuvent avoir été frappées à Waelhem par Philippe de Suint-Paul, lorsqu'il était simplement rmvartAu duché de Brabant.

M. Chalon donne lecture d'un Mémoire concernant trois gros tournois inédits de Borkuloo.

Le même communique plusieurs monnaies de billon noir portant à l'avers Jacobus rex et au revers Crux pellit omne crmien. Ces pièces, que M. Duclialais attribue à Jac- ques de Bourbon, époux de Jeanne, reine de Naples, se

255

trouvent en grande quantité sur le territoire de la Belgique. M. Clialon pense donc qu'elles ont été frappées dans notre pays ou dans une contrée voisine, et que, par conséquent, il serait assez difficile d'adopter l'opinion de M. Duchalais. Il appelle, sur ces pièces, l'attention des numismates belges, et les invite à faire quelques recherches à leur sujet.

M. Justen communique: 1" un méreau de Cambrai; 2" trois méreaux inédits de Louvain.

M. Chalon annonce que Ton vient de découvrir un sceau d'Arras, représentant un bâtiment, en tous points semblable à celui qui figure sur les petit* deniers qu'il avait attribués, ainsi que M. Piot, à la ville de Mons. (Voy. Recherches sar les monnaies de H ainaut, pi. I, fig. 6 et 7.) La découverte de ce sceau renverse donc entièrement son opinion, et ne laisse plus de doute sur l'attribution de cette pièce. Dorénavant, elle doit être classée avec les monnaies d'Arras.

Reconnaissant également son erreur, le secrétaire fait observer que s'il a fait, en ce qui concerne ce denier, une fausse application de son système de classement des mon- naies, au moyen des sceaux communaux, le principe reste intact et reçoit même, par celte découverte , une sanction nouvelle.

Le Secrétaire, Le Président,

Ch. Piot. R. Chalon.

256

SOCIÉTÉ DE LA NUMISMATIQUE BELGE.

LISTES DES OUVRAGES REÇUS.

Bulletin de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, t. XXIII, liv. 3, in-S». Jarhbûcher des Vcreins von Alterthumsfreunden im Rheinlandc, no 23, in-8">- Schriften des historischen Vereins fur Innerôsterreich, 1" liv., in-S». Archiv des germanischen Nationalmuseums, in-S». Bibliothek des germanischen Nationalmuseums Mittheilungen des historischen Vereins fur Steier- mark, liv. i à 6, in-S», Recueil de documents et de Mémoires relatifs à l'étude spéciale des sceaux du moyen âge, bulletins 7 à 9, in-S». Revue numismatique publiée par E. Cartier et L. de la Saussaye, liv. 6, in-S». Ed. Pratobevera, Die keltischen und rômischen Antiken in Steiermark, in-S». J. F. Weidhas, Brandenburger Denare, Groschen und kleine Mûnzen, avec planches. Berlin, 185b, in-i». Zeitschrift des Vereins fiir Niedersachsen, I8S3, liv. i, in-8». Correspondenz Blattdes Gesammt- vereins der deutschen Geschichts- und Alterthumsvereins, 1836, n»» 1 à 6, in-4o. Le Cabinet historique de M. L. Paris, année 18SS et les cinq premières livraisons de 18S6.

~ 257

SUR UN REVERS UNIQUE DE CARAUSIUS.

La médaille que nous allons décrire fait partie d'une suite de monnaies romaines du haut et du bas-empire, formée par les soins de feu M. Leys, notre aïeul maternel, origi- naire de Poperinghe.

Nous serons heureux que les directeurs de la Revue belge veuillent bien nous faire l'honneur d'accueillir cette notice, extraite du catalogue raisonné entrepris par nous du médail- lier de M. Leys.

Notre intention, pour les pièces inédites ou importantes, étant de les examiner sous tous leurs aspects et d'entrer dans les détails que nous fourniront l'histoire et la my- thologie , nous demanderons la permission de ne point trop nous écarter du plan que nous nous sommes tracé à cet égard.

La plupart des historiens anciens ont si peu connu Carau- sius, qu'ils ont défiguré jusqu'à son nom; et Moréri, dans le supplément de son dictionnaire historique, émet l'opinion

2e SÉRIE. Tome vi. 17

258

que le Crassus de Zonare, le Caratius de Mennius, le Ca- rcntius de Meyer, le Carasius de Raoul Dieetus, le Corau- sius, le Coravisius, le Carrassus, le Carassius, le Crausius et le Carioviscus de quelques autres, ne sont que le même personnage.

Nous avons pensé, en conséquence, qu'il ne serait pas tout à fait hors d€ propos, de placer ici une note biogra- phique sur ce prince.

Carausius (Marcus Aurelius Valerius) naquit de parents obscurs, vers l'an 243 de Tère chrétienne, à Menapia, ville de la Gaule belgique, située entre la Meuse et l'Escaut. S'étant signalé par plusieurs actions d'éclat dans la guerre contre les Germains et les Gaulois révoltés, appelés Ba- gaudes, il fut seul jugé capable par Maximien Hercule, de défendre les côtes de la Grande-Bretagne et de la Gaule contre les incursions des Francs et des Saxons; mais bien- tôt, inquiet et jaloux de la gloire que cet officier s'acquérait chaque jour. Maximien donna l'ordre de le faire périr. Carausius, averti de ce projet, résolut, pour sauver sa tète, de la couronner. Il se revêtit donc de la pourpre l'an 287, se rendit maître de la province du Boulonnais et de ses for- ces maritimes, «t passade avec sa flotte dans la Grande- Bretagne qui le reconnut sans peine pour son souverain.

Maximien ayant construit et armé une autre flotte, mar- cha contre lui ; mais, après plusieurs rencontres le succès resta indécis, voyant que les vaisseaux bretons, soutenus par ceux des peuples du Nord, étaient maîtres de la mer et entravaient complètement le commerce de la Gaule et de l'Espagne, il se vit contraint de conclure la paix ; puis re- doutant avec raison l'esprit entreprenant de Carausius, il

259

lui céda, avec rassenliment de Dioclétien, son collègue, la souveraineté de la Grande-Bretagne, et tous deux furent forcés de partager l'empire avec un capitaine rebelle, mai» devenu très-puissant.

Carausius, tranquille désormais de ce côté, apporta tous ses soins à gouverner son peuple avec sagesse, fit construire d'utiles monuments et rétablir la muraille de Septime Sé- vère, s'efforçant de faire oublier l'origine de sa haute for- tune.

Il régnait paisiblement depuis sept ans, lorsqu'en 294, un de ses principaux officiers nommé Allectus, qui s'était rendu coupable de nombreuses exactions et qui craignait sa juste sévérité, l'assassina et se fit proclamer à sa place.

Carausius était un homme habile dans toute l'acception du mot; prompt à exécuter ce qu'il avait une fois décidé, aussi brave dans le combat, que généreux dans la victoire. Il avait l'imagination ardente, l'esprit pénétrant, le caractère résolu et savait enfin allier la douceur à la fermeté. (Eumène, Panég. Mamertin. Aurélius Victor. Eutrope).

Presque toutes ses médailles le représentent avec des moustaches, les yeux petits, le nez légèrement aquilin (la nôtre le lui donne pointu) et le cou assez prononcé.

Un poëte, dont nous ne connaissons pas le nom, a mis les six vers suivants dans la bouche de ce prince :

De PHercule romain je domptai la fierté,

Je rendis aux Bretons leur chère liberté,

Je fis par ma valeur trembler la terre et l'onde.

Si le traître Alectus, envieux de mon sort,

Pour prix de mes bienfaits n'eût avancé ma mort,

J'aurais pu parvenir ii l'empire du monde.

260

La pièce qui fait l'objet de cette notice, a été indiquée par Mionnet dans son ouvrage intitulé : De la rareté et du prix des médailles romaines, comme inédite et comme faisane partie du cabinet de M. Leys.

C'est un P. B., sur lequel on lit :

D'un côté, IMP C CARAVSIVS A autour du buste de l'empereur, recouvert de la lorica et la tète radiée ;

Et de l'autre, TEMPORVM FEL servant à expliquer la figure vêtue de la stola placée dans le champ et qui tient le long caducée et la corne d'abondance.

Les rayons servaient à exprimer chez les anciens, la force et la puissance. Aussi le premier usage que firent les Ro- mains de la couronne radiale, fut de ceindre le front de leurs divinités, puis des princes mis par eux au rang des dieux, et aucun empereur n'osa prendre cette couronne de son vivant, avant Néron qui, assurément, la méritait le moins de tous.

De cuir dans l'origine, la lorica se fil ensuite d'anneaux loricam hamis consertamj dit Virgile puis de lames de fer. Elle était composée de deux parties se réunissant à l'aide de boucles et dont l'une recouvrait la poitrine et l'au- tre le dos : duœ erant œreœ partes, lit-on dans Pausanias, illas qvidem pectori, hœc ut dorso tegmen esset, illam an- trorsus, hanc retrorsus inducebant, deinde fibulœ utramque jungebant.

Un oracle ayant annoncé aux Athéniens qu'ils rempor- teraient la victoire si l'un des enfants d'Hercule se donnait volontairement la mort, Macaria, l'une de ses filles, se tua elle-même. Les Athéniens furent victorieux et honorèrent, -sous son nom qui signifie félicité, celle qui s'était dévouée

261

pour eux. Les Romains ne rendirent honneur à cette déesse que longtemps après la fondation de Rome. Lucullus lui fit élever un temple et Lépide en termina un autre commencé par Jules César.

Le caducée était le symbole de la paix et un emblème commun à toutes les déilés, quoique attribué de préférence à Mercure.

Au rapport des poètes, la corne d'abondance était une corne symbolique de laquelle sortait tout ce qu'on pouvait désirer, par suite du privilège accordé par Jupiter à sa nourrice la chèvre Amalihée. Certains auteurs ont cherché à expliquer cette fable. Ils ont dit : les uns, qu'Amallhée était fille de Mélissus, roi de Crète, et qu'elle nourrit Jupiter avec du lait de chèvre ; les autres, qu'il existe en Lybie un torrent affectant la forme d'une corne de bœuf et qui par- court une contrée très-fertile en vins et en fruits exquis, donnée par le roi Ammon à sa fille Amalihée.

La stola, vêtement des femmes de condition chez les Romains, était une tunique à manches qui descendait jus- qu'aux pieds j elle était ordinairement de pourpre et ornée de galons ou de bandes d'étoffe d'or.

On sait ce que valent les épithètes flatteuses données à la plupart des empereurs romains, la confiance que méri- tent les allégories à leur adresse et les légendes et inscrip- tions des revers. 11 suffit, pour s'en convaincre, de jeter un coup d'œil sur les espèces fabriquées par les ordres des Tibère, des Caligula, des Néron, des Domilien, des Cara- calla et de tant d'autres bons princes!

Mais lorsqu'on examine les médailles frappées sous des empereurs comme Titus, Ncrva, Trajan, Alexandre Sévère,

262

oh ! alors on peut être assuré que la flatterie ne joue aucun rôle, car elle n'y a que faire.

11 en est de même à l'égard de Carausius. Certain d'avoir apporté tous ses efforts à rendre ses sujets heureux; con- vaincu d'avoir fait leur bonheur, il frappa cette pièce en sou- venir de ses bienfaits et peut-être aussi en vue de contracter vis-à-vis d'eux, pour l'avenir, un nouvel engagement.

G. Dubois-Leys,

Licencié en droit, membre de plusieurs sociétés savante*.

265

ESSAI SUR QUELQUES MONNAIES INEXPLIQUÉES.

LETTRE A M. THOMSEN ,

CONSERVATEUR DU CABINET ROYAL NUMISMATIQUE, A COPENHAGUE. Pt. XI.

Monsieur et honorable ami,

Vous avez publié, en 1834, trois planches de monnaies in- expliquées provenant de votre collection. L'année suivante, vous avez reproduit, dans la Revue numismatique, publiée par M. le docteur Grote ('), ces mêmes planches avec un texte explicatif. Il en résulte que déjà alors un bon nombre de ces monnaies n'étaient plus pour vous énigmatiques et que, par suite d'études suivies et de découvertes nouvelles, vous étiez parvenu à en déterminer plusieurs. Il en reste encore quelques-unes qui ont exercé la sagacité des numis- mates, sans qu'ils soient parvenus à les reconnaître. Depuis longtemps j'avais voulu, à mon tour, en faire l'objet de mes études ; j'avais réuni, à cet effet, des notes que je desi- rais vous soumettre ; mars découragé par les tristes événe- ments qui, il y a trois ans, ont désolé ma famille, je ne m'ea étais plus occupé et je les avais, pour ainsi dire, entièrement

(») nidtler fiir Munzkundc, 183S, livr. 16, 23 012-4.

264

oubliées. Je vous envoie donc aujourd'hui, un peu tardive- ment, les résultats de mes méditations, sous la forme bien modeste d'un simple essai.

1 . Jv. Légende à lettres embrouillées, que je lis : D(owmws) N(oster) HLVDOVICVS. IMP(era- tor) ANQ{mtus). Profil barbare diadème et drapé, à droite.

Rev. Légende id., dans laquelle je crois reconnaître : MVNVS DIVINVM. Croix dont deux branches allongées traversent la légende.

Les pièces de ce genre ont déjà été l'objet d'un examen sérieux de la part des numismates : les uns y ont vu des monnaies, d'autres, à la tète desquels se place M. Fillon, les considèrent comme des pièces de plaisir. Je suis loin de contester la dernière explication pour quelques-unes de ces pièces ; mais je ne crois pas qu'elle puisse èlre appliquée à toutes les pièces barbares du genre de la vôtre, et dont on trouve un si grand nombre, en Hollande, dans les pays d'Outre-Rhin et en général dans tout le Nord. Elles parais- sent avoir eu, dans ces pays, un cours, je ne dirai pas légal, mais un cours tel que les monnaies étrangères doi- vent en avoir dans un pays le numéraire national n'existe pas, ou dans lequel il est rare, ou du moins peu répandu. Ces pièces barbares, qui n'ont pas toujours le même poids et le même aloi, paraissent, par le grand nombre qu'on en retrouve, avoir été fabriquées dans le Nord, et elles sem- blent même y avoir joui d'une grande faveur. Je ne crois donc pas, en résume, qu'elles aient été toutes fabriquées pour certaines circonstances et à plaisir j je pense, au con-

265

traire, qu'un grand nombre ont servi îi la circulation, dans les pays septentrionaux, pendant très-longtemps le numé- raire national a fait défaut. Je suis très-porté à croire même, que le type de ces pièces y a longtemps régné, et que plus il s'éloigne du type primitif, plus il doit être con- sidéré comme récent.

2. Jv. ^ MADICONISE. S entre deux croisettes. Rev. >h GVILELMVS. Croix dans un grènetis.

La lecture de la légende de l'avers , telle que j'ai l'hon- neur de vous la proposer, vous paraîtra sans doute hardie, extraordinaire, peut-être même impossible à admettre. Je m'empresse donc avant tout de la justifier.

Le type distinctif et caractéristique de cette pièce, est la lettre S du champ que, sur des monnaies deMàcon, quel- ques numismates ont prise pour l'initiale de Stephamis (Etienne), comte de Màeon ; mais elle n'a, de l'avis de M. Lelewel, d'autre signification, que celle de Signum. Il pense, avec raison, que cette lettre constitue le signe local de l'atelier de Mâcon, et il cite, à l'appui de son opinion, d'abord un denier de Philippe 1", roi de France, et ensuite ceux que Rodolphe, roi de Bourgogne (993-1052), frappa à Lyon, dont l'atelier doit avoir exercé de l'influence sur celui de Màcon (*). L'opinion du savant numismate me parait d'autant plus plausible que, sur le denier dont je m'occupe, la lettre S ne peut certainement pas être regardée comme l'initiale d'un nom propre quelconque. Il y a donc lieu de croire qu'elle indique l'atelier de Màcon, supposi-

(') Lelewel, Numismatique du moyen âge, t. I, pp. Vo9, 17(5.

206

tion que la forme paUée des deux croiseltes qui renlourent, semble confirmer.

Si ma manière de voir est juste, la lecture de la légende de l'avers est justifiée à son tour, et dès lors, plus de doute, la monnaie est de Mâcon.

Je passe maintenant à l'examen des caractères de la légende. La première lettre, qui suit la croisette, est formée par deux simples traits (II). Votre propre expérience, Monsieur, vous a déjà fait connaître que, sur les monnaies du moyen âge, la lettre M était d'abord formée par les deux jambages que le graveur reliait par un v ou par un trait oblique ou horizontal (/ ). Souvent, très-souvent, ces ligatures étaient omises ou oubliées, et la lettre M était sim- plement figurée par les deux jambages. Serait-ce commettre une hérésie numismatique si je supposais que, sur votre denier, comme sur tant d'autres, les deux II doivent être regardés pour un M ? Je ne le crois pas, et j'ose me flatter de l'espoir que vous en jugerez comme moi. La seconde lettre est un A renversé et relié à la troisième qui est un I). Cette dernière est suivie d'un I. La cinquième formée au moyen d'un L couché (u ) doit être probablement prise pour un C. La sixième lettre 0 ne peut pas laisser de doute; la septième est un N relié à un I, comme à l'avers le M l'est au V. La huitième est un S et la neuvième un E à rebours.

Je crois donc, jusqu'à preuve contraire, que la légende doit être lue MADICONISE et que votre denier appartient à Mâcon.

Reste à savoir quel est le comte de Màcon qui la fil fabriquer ? Le nom de Guillaume inscrit au revers pour- rail résoudre l'énigme, s'il n'y avail eu, à Màcon, qu'un

267

seul comte de ce nom, mais il y en eut plusieurs : Guil- laume le Grand ou Tête Hardie (1 078-1 085), Guillaumell, dit YAllemand (\097-i\Q7), Guillaume III, dit Venfant (H 07-1127), Guillaume IV (1127-1156), Guillaume V (1184-1 224). Ne faudra-ilil pas donner votre denier à Guil- laume IV? Le module, la forme des croisettes, en un mot, tout l'ensemble du type paraît le faire remonter vers le milieu du \\f siècle. N'oublions pas aussi que sous Phi- lippe I", roi de France, la monnaie màconaise n'était pas encore émancipée de l'autorité royale, tandis que sur le denier dont je m'occupe, toute idée de vasselage semble avoir été entièrement oubliée.

3. Av. Monogramme du Christ, composé de XP.

Rev. Dans le champ : C2ÎE— IVICT— S2ÎR (Cœesar invictus).

Vous connaissez, Monsieur, le rôle que le nom de Jules César a joué sur les monnaies de Saneerre {sacrum Cœsa- ris), localité qui avait la prétention d'avoir été fondée par le conquérant romain. Celte considération pourrait faire supposer que cette monnaie est de Saneerre. Cependant je ne suis pas disposé à le croire. Elle est, comme les trou- vailles l'ont démontré, du xi^ siècle (*), mais elle est toujours mêlée à des monnaies impériales et même son type n'est nullement français. Je crois donc que c'est une monnaie impériale, à un type tout à fait passager, peut-être frappée à Mayenee le monogramme du Christ fut employé, mais modifié par une crosse.

(1) GnoTE, Blàttcr fiir Miinzkundc, 1837, p. 143.

2G8

N" 4. Jv. Légende indécliiffrable. Deux crosses en sau- toir; au-dessus et au-dessous un globule. Rev. Légende embrouillée dans laquelle je crois re- connaître DIVIONENSIS.

Celte pièce me semble une contrefaçon maladroite du de- nier de Hugues IV, duc de Bourgogne (1218-1^272), et que M. Lelewel a publié, pi. IX, lig. 10. Les crosses en sautoir et la légende dégénérée du revers m'ont suggéré celte opinion.

5. Jv. ... NON... RVICT. Quadrilatère surmonté d'un angle (espèce de temple) et portant COLO NI7Î j à côté deux annelels. Rev. >^ H... 0T6ERVS IDNI. Croix patlée can- tonnée de deux croiselles et de deux globules.

S'il fallait s'en rapporter à l'inscription du temple ( co- lonia ) , nul doute que ce dernier ne dût être attribué à Cologne; mais la légende du revers {Hnoigerus) 'èo^\tos,c à l'admission d'une pareille opinion , aucun évèque du nom de Notgerus n'ayant occupé le siège épiscopal de Cologne. Le nom de cette ville inscrit sur ce denier ne serait-il pas son passe-port, ou n'indiquerail-il pas qu'il a été fabriqué selon le poids de Cologne, en un mot ne serait- ce pas le tiironm des gros tournois ? Ce qui me fait penser ainsi , c'est la légende de l'avers , dont les dernières lettres ..R.2ÎICT... pourraient bien faire Trajectemis ou Trajec- tum, Maeslricht.

La légende du revers : >i^ II..OTGERVS IDNI, indique probablement le nom de celui qui frappa la monnaie. Faut- il y voir Notger {Hotgcms ou Notgerus), évèque de Liège

209

(971-1008) qui, en cette qualité, pouvait faire frapper mon- naie à Maestricht? Si les dernières lettres IDNI de la légende indiquaient episcopm, je n'aurais plus le moindre doute au sujet de l'attribution que je propose, et je serais d'autant plus convaincu de son exactitude que le type de ce denier appartient à la première moitié du xi" siècle. Conrad le Sa- lique (1024-1039) l'a employé à Maestricht même, et Hcr- man II, évéque de Cologne (1036-1036), le fit figurer sur les deniers qu'il frappa dans sa résidence. D'un autre côté, je dois faire remarquer aussi qu'à Maestricht , la monnaie épiscopale ne semble pas encore avoir été émancipée pen- dant la première moitié du xi' siècle; les dessins des deniers que vous avez bien voulu me communiquer en 1851, ont fait connaître des types de transition entre la monnaie im- périale et la monnaie épiscopale de la ville de Maestricht : ils portent le profil de saint Lambert ( sanctus Lambertus ), sans le nom de l'évéque {*).

N" 6. Jv. ...ISIONI. Église avec enceinte.

Hev. *h OTGERV Croix cantonnée de deux

annelets vides et deux annelets au centre orné.

Cette monnaie appartient probablement à une localité de la Belgique dont elle a tout l'aspect; mais il m'est impossi- ble de tirer un sens des lettres ...ISION... Serait-elle de Bruxelles? Le nom d'Otgerus qu'on lit sur les deniers frappés en cette ville au commencement du xi° siècle, le ferait supposer avec quelque probabilité. Je n'ose, toute- fois, me prononcer d'une manière définitive.

<») Revue de la numismatique belge, série, t. I, p. 379.

270

N 7. Av. Légende à lettres embrouillées, dans lesquelles je crois reconnaître: Cari, imper... ^ mono- gramme de Carolus.

Rev. »ï< 1N2ÏDVIVVM. Dans les cantons de la croix C— 2Η I— V.

Je pense que la lecture de la légende du revers doit être commencée par les lettres de la croix et qu'il faut lire Cas- trum Nadunum pour Castrum Nandonis, Château Landon. Le type de cette pièce démontre assez qu'elle est une imi- tation relativement moderne des deniers carlovingiens frap- pés à Chàteau-Landon, le type royal a été immobilisé.

Je passe quelques-unes de vos monnaies sur lesquelles je n'ai pas encore des éclaircissements suffisants, pour en venir à celles qui me paraissent appartenir aux Pays-Bas.

N"8. Jv. GVehÇn{e coiiché)Çn... (Cuilelmus). Buste barbu, avec le pallium et de face entre quatre globules.

Rev. S.L.. NS.... Crosse autour de laquelle; BA.l .MDL

Nul doute que celte pièce ne soit un denier épiscopal : le pallium dont est orné le buste et la crosse sont pour en témoigner. C'est donc parmi les évèques du xf siècle qu'il faut chercher ce Guillaume.

Ne serait-il pas Guillaume, évéque d'Utrecht (1054- 1076)? Je suis d'autant plus disposé à lui donner cette monnaie que, sur les monnaies qu'il frappa à Groningue, figure également une crosse avec une inscription baculuS' Je crois aussi apercevoir, dans la légende du revers, des

271

restes de lettres qui pourraient bien former Sanctus Marti- mis, saint patron de la ville d'Utrecht. Si ma conjecture est juste, ce serait une monnaie de l'évêque Guillaume, frappée à Utrechl.

9. Av, SANCTVS rebours) (/) AM. Profil gauche dans un grènetis.

Rev. ^ T.... NSTIS. (rra;ecte«s<«)- Clef entourée de CLAVIS.

Celte pièce est indubitablement de Maestricht , et fut frappée pendant la seconde moitié du xi" siècle, lorsque la monnaie épiscopale des évèques de Liège n'était pas encore émancipée dans la ville de Maestricht. La clef, emblème de l'atelier de cette ville, était l'attribut de saint Servais, son saint patron, et figura encore parfois sur les monnaies de Maestricht du \nf siècle. Le nom de saint Lambert, qui figure sur notre denier, indique simplement qu'il fut frappé sur le territoire de Maestricht, qui appartenait au patrimoine de saint Lambert, en d'autres termes à l'évêché de Liège.

N" 10. GOZELO-DVX, Homme debout à droite de- vant (?)

Rev. SCA MARIA. Profil de la Vierge à droite, tenant un lis.

Le nom de Gothelon {Gozilo), avec la qualité de duc, doit faire attribuer cette monnaie au due de Lothier de ce nom (1025-1044). Dans quelle localité l'at-il frappée? C'est une question que je me propose d'examiner. Le nom et l'effigie de la Vierge qui figurent sur le revers, trancheraient certainement la question, si, dans le duché de Lothier il

272

n'y avait eu qu'une seule localité dans laquelle la Vierge fut reconnue comme sainte patronne. Malheureusement, pour nous, la plupart des églises bâties le long de la Meuse l'avaient adoptée pour sainte patronne. Ainsi, à Herstal, à Maestricht, à Huy, à Dinant, à Aix-la-Chapelle, etc., partout c'est à la Vierge qu'est dédiée l'église principale. Il n'y a donc, me paraît-il, d'autre moyen de trouver cette localité, qu'en recherchant celle dans laquelle Gothelon avait l'habitude de résider; car ailleur*s c'était l'empereur ou le seigneur qui frappait monnaie. Herstal, comme je l'ai déjà dit ailleurs, était possédé par les ducs de Lothier. Cet ancien palais des Carlovingiens était devenu probablement la résidence des ducs de Lothier, lorsque les seigneurs lor- rains commencèrent à s'émanciper de l'autorité impériale et ducale. Cette conjecture me paraît d'autant plus vraisem- blable, qu'au moment Henri fut à Maestricht en 1041, Gothelon y arrive avec son fils Godefroi, et prie le roi de vouloir donner à Ermengarde, les villages de Hervé, de Vaais, de Néau et de Fauquemont, situés dans le pagus de Liège (i). Or, Herstal ne se trouve qu'à trois lieues et demie de Maestricht, et son église primitive fut dédiée à la Vierge, qui partagea ensuite avec saint Charlemagne la protection de Herstal. On voit encore, du reste, l'effigie de la Vierge tenant une fleur sur un denier frappé à Herstal, par Gode- froi ni, duc de Lothier (1 143-1 190) {^). Je suis donc très- disposé à croire que votre denier est de Gothelon, duc de

(>} Charte du IS février 1041, dans Lacoublbt, Urkundenbuch, t. I, p. 109. (') Revue de la numismatique belge, série, t. IV, pi. XIX, (5,

275

Lotliier et qu'il appartient à l'atelier de Herstal. Peut-élre le n" 12 appartient-il également au même seigneur.

N" 11. ^i;...GNIRRDVZEP... Effigie épiscopale tenant une crosse et à droite.

Hev... VINACI. Cerf courant gauche.

Depuis longtemps j'avais considéré cette pièce comme ap' partenant à l'atelier de Visé, ancienne possession des évéques de Liège sur la Meuse. Enfin, une heureuse découverte a confirmé mon opinion. M. deCoster a trouvé, dans un trésor de monnaies des plus importants et dont les numismates attendent la publication avec une juste impatience, des deniers de Henri, évéque de Liège (1075-1091), frappés à Visé et portant également un cerf semblable à celui de votre pièce. Il n'y a donc pas de doute qu'elle ne soit de Visé. Mais, à coup sur, ce n'est pas de Henri évéque ; elle est d'un type antérieur et très-probablement contempo- raine du denier de Gothelon, dont je vous entretenais tan- tôt. Cette circonstance me fait croire que la légende de l'avers doit être lue : RENARDUS EPS et qu'elle indique Réginard, évéque de Liège, qui occupa le siège épiscopal de 1025 à 1038. Peul-ètre faut-il y lire le nom de son suc- cesseur Nithardus. Je soumets volontiers ces conjectures à votre appréciation; vous pourrez,Monsieur,par leur moyen comparer les légendes de vos monnaies avec les lectures que j'ai l'honneur de vous proposer.

Agréez, etc.

Ch. Piot.

Bruxelles, le 7 août 1856.

2e SÉftlK, TOMB VI. 18

274

IMITATION D'UNE MONNAIE DE HAINAUT,

PAR ARNOLD DE STEIN.

Pl. xm,Fifi. 1.

Le monogramme du Hainaut, par sa spécialité vraiment originale, a échappé plus que tout autre type à l'imitation servile que se permettaient si souvent et si volontiers les petits seigneurs, dans la fabrication de leurs monnaies. Et en effet, une croix plus ou moins ornée, une aigle éployée, un cavalier armé de l'épée ou de la lance, un lion placé de telle ou telle manière, étaient, en quelque sorte, des em- blèmes tombés dans le domaine public. Les armoiries elles- mêmes, par la variété de leurs combinaisons, se prêtaient assez facilement à composer des trompe-l'œil d'une ressem- blance suffisante. Mais que faire d'un H, à moins d'avoir à sa disposition un nom qui commençât par celle lettre?

On ne connaissait jusqu'à présent, que l'évèque de Cam- brai, Pierre André, qui se fût permis d'emprunter le mo- nogramme de SOI) voisin, en le formant, pour pièces princi- pales, de deux crosses en pal, derrière lesquelles il pouvait au besoin s'abriter contre les réclamations du comte. Ces évêquesde Cambrai avaient, pour la contrefaçon, un talent tout particulier et vraiment belge (comme diraient poliment MM. les journalistes parisiens). Un des prédécesseurs de Pierre, Guillaume d'Auxonne, simulait des fleurs de lis, en

275

se servant d'une mitre pour la lance et de deux crosses adossées pour les volutes. C'était fort ingénieux, et la loupe serait devenue presque nécessaire pour reconnaître le mo- bilier épiscopal sous l'emblème royal des fils de saint Louis. Un seigneur de Slein du nom d'Arnold, celui-là même qui copiait les botdragers de Flandre, en estropiant son nom pour le faire ressembler à Ludovicus, n'y mit pas tant de façons. Nous avons de lui un petit billon sur lequel il a bel et bien et avec une franchise toute germanique, pris le H du Hainaut, sans variantes et sans ornements. Voici la des- cription de celte curieuse monnaie qui nous a été obligeam- ment communiquée par M. Compère, d'Oléron.

Monogramme dans le champ : :: TÎRROIiDVS Sri^S Croix pattée dans un cercle en grènetis : >b M0I2G-

nn2ï... IRGRS.

B. Gr. 0.72. Voir pi. XIII, 1.

Les trois lettres peu visibles du revers nous paraissent être DID, et donner ainsi la légende Moneta Didirensis.

Il existe deux localités du nom de Dieren ou Dideren. La première est un village sur la rive droite de la Meuse, faisant aujourd'hui partie de la commune de Susteren, district de Huremonde, dans le Limbourg hollandais. Comme ce Dide- ren appartenait à l'abbesse de Susteren qui était elle-même sous la suzeraineté du due de Juliers, on ne sait pas trop à quel litre les seigneurs de Stein, bien que voisins, y auraient frappé monnaie. L'autre Dideren est un bourg, au duché de Gueldre, dans le quartier de la Weluwe, les comtes de Bcrg (S Heerenberg) ont plus tard frappé monnaie.

27G

Avant d'appartenir aux 'S Heerenberg, la seigneurie de Dideren avait passé successivement dans plusieurs familles, et notamment dans la famille de Wesemael, alliée aux Stein. Il n'est donc pas impossible que notre Arnold y ait momen- tanément exercé le droit de battre monnaie. Au reste, la lecture de la pièce n'étant pas tout à fait certaine, il nous a paru oiseux de pousser plus loin des recherches qui n'ont peut-être ni base ni motifs.

Le billon d'Arnold, qui fait le sujet de cette note, est une imitation servile d'une pièce de Guillaume III (1 356-1 389), que nous avons donnée sous le H4, dans nos Recherches sur les monnaies du Hainaut. Arnold vivait dans le dernier tiers du xiv° siècle, ce qui correspond parfaitement avec l'attribution de la pièce qu'il a copiée. On se rappellera peut-être que, dans le 1" volume, 2' série, de cette Revue, il a déjà été question de ce seigneur de Stein, à propos d'une monnaie frappée par lui à Karinia ou Rakinia, localité mys- térieuse qui pourrait bien n'être autre que Reckheim.

R. Chalon.

277

MONNAIES BELGES

TROUVEES EN IRLANDE.

ESTEKLINS D'AGIMONT, IIE WEERT, DE STATTE (HUY), D'YVES. ETC. Pl. XII.

M. Hawkins, membre de la Société Numismatique, de Londres, connu par de nombreux et importants travaux sur les monnaies anglaises, avait publié, dans le iZ" vol., p. 86, de la Numismatic chronicle, la description d'une quantité assez considérable à'Esterlins imités du type anglais (coun- terfeit sterlings) par des princes de notre pays ou des contrées les plus voisines, et trouvés à Kirkendbright. Trente-deux pièces du même genre, de la même époque et parmi lesquelles on retrouve presque toutes celles de M. Hawkins, furent achetées à Cork, par M. Sainthill, il y a quelques années, chez un marchand de vieilles monnaies qui les tenait d'un paysan des environs. Ces pièces , qui pourraient bien avoir fait partie du même dépôt que les précédenles, furent envoyées par M. Sainthill à M. J.-B. Bergne, pour être communiquées à la Société Numisma- tique. Celui-ci en fit le sujet d'un Mémoire lu dans la séance du 24 mai 1855, mais qui vient seulement de pa- raître dans le n" 71 de la Numismatic chronicle.

Voici la liste des esterlins que décrit M. Bergne. Nous nous permettrons d'y proposer quelques rectifications, de

278

signaler quelques erreurs bien excusables de la part dun étranger dans la désignation de localités peu importantes par leur population actuelle, et au sujet desquelles il était d'autant plus facile de se tromper qu'il existe plusieurs en- droits du même nom.

I

GUI DE COLLEMÈDE, évêque de Ca»ibrai. 1296-1303.

Tête de face couronnée de trois rosés : *h GVIDO SPISGOPVS.

Croix ordinaire des eslerlins, cantonnée de douze glo-

bules: G2ÎM 1 6R2Î j GSrV I SIS.

A. Gr. iA9. Quatre exemplaires.

Fo«V pi. XII, no 1.

Cette pièce ne se trouve ni dans Duby ni dans Tribou ('). On connaissait de Gui un petit gros d'argent ou double es- terlin, au type de l'aigle éployée, et deux Cokibiis variés, de billon noir.

II

JEAN D'AVESNES, comte de Hainaut. 1280-130&.

Tête de face couronnée de trois roses : ^ï* ^ I x GCOMSS

Croix ordinaire ; douze globules : VTÎIiGRGî^S-

l^SÏÏS'.

A. Gr, l.iO. Deux exemplaires.

Voir nos Recherches sur les monnaies du Hainaut, 56. Variété décrite dans le premier supplément, p. xvi.

(') Recherches historiques sur /e.« anciennes monnaies des souverains, prélats et seigneurs du Cambrèsis, etc. 182^, in-8», fig.

279 Télé de face couronnée de trois roses: *ï* : I : GOMSS

Croix ordinaire ; douze globules : VTÎL | SNG (

A. Gr. 1.19. Trois exemplaires.

Voir nos Recherches sur les monnaies du Hainaut, IV (36). M. Bergne avait lu Havonie, prenant le y pour un v.

III ARNOLD Vin, COMTE de Looz. 1280-1328.

Tête nue de face : >h GOMOIS S 2ÏRR0IiDVS "

Croix ordinaire; douze globules : MOI? ) SH^TÎ j

COM I imS.

A. Gr. 1.32. Un exemplaire.

Gravé dans la Revue de la numismatique belge, t. II, pi. IV, n" 11 . Mémoire de M. Perreau sur les monnaies des comtes de Looz.

IV

GUI DE DAMPIERRE , comte de Flandre. 1280-1305.

Tête de face couronnée de trois roses : >î< G : GOMSS : PU2ÏRDIS.

Croix; douze globules : SIG i NVM | GCRV | GIS.

A. Gr. 1 .33. Un exemplaire.

Gravé dans les Recherches sur les monnaies des comtes de Flandre

de M. Gaillard, pi. XVII, 155. 690 du catalogue

Jonnaert.

280

GUI DE DAMPIERRE, comte de Flandre, marquis DE Namur. 1280-1297.

Tète nue de face : >î< MTÎRQî^IO NTÎMVRGC.

Croix ordinaire ; les globules sont remplacés, dans le

premier canlou, par une étoile à cinq rais : GGCO ( MSS I Vh'K I DRQ.

A. Gr. 1.50. Un exemplaire.

Voir pi. XII, no 2.

Variété nouvelle et que M. Gaillard n'a pas connue.

Tête nue de facej une croiselte de chaque côté du col : >h MTÎRGî^IO N25MVRG.

Croix ; douze globules : GQO | MSS | PIi2î |

DRS.

A. Gr. 1 .33. Un exemplaire.

Variété que M. Gaillard n'a pas donnée.

VI

ROBERT DE BÉTHUNE , comte de Flandre. 1305-1322.

Tète couronnée : ^ R*G OMES'^FIiTîRDRIE.

Croix ordinaire; douze globules : M0I2 | EÎTTT |

TTIiO I rHER.

A. 1 .39. Un exemplaire.

Gravé par M. Gaillard, pi. XX, 17!», d'après une pièce appar- •enant à M. Serrure.

281 VU

ROBERT DE BÉTHUNE, comte de Flandre. 1305-1322.

Tète de profil à gauche el couronnée : *i< ROB? ; GCO.- MSS l PIJ2ÎND'.

Croix ordinaire ; douze globules : MOR | SH^TC |

2siiO I snneiR.

A. Gr. 1.38. Un exemplaire.

Gravé par M. Gaillard, pi. XX, 179, sauf que sur notre exem- plaire il y a une virgule après le Z)' de Fland. Cet esterlin est une imitation de ceux de Jean Baliol et de Robert Bruce, rois d'Ecosse.

VIII

JEAN I, DUC DE Brabant. 1 261 -1294-

Tète de face couronnée de trois roses : >b ol© DVXo lilMBVRGIEo.

Croix ; douze globules : DVX \ BRTT | B2ÎR | mK

A. Gr. 1 .21. Trois exemplaires.

Celte pièce a été gravée par M. Van der Cbus, De lUunten der voormalige hertogdommen Braband, etc.. pi. V, 15, mais nos trois exemplaires offrent quelques variétés. Sur deux, les mots, sont séparés par deux petites annelets („), et, sur celui dont nous donnons ci-dessus la description, par un annelct (»); de plus, le « «le Brabantie y a la forme ronde.

IX

JEAN DE LOUVAIN, seigneur de Herstal. 1285-1309.

Tète de face couronnée de trois roses : >i< I0I^2ÏRRSSo DQ c hOVKmO.

Croix ; douze globules : DXIB | DS S î^ I ^^^S | T^Qli -

A. Gr. 1.19. Deux exemplaires.

Gravé dans la Revue, (. I, pi. X, a.

282 X

ou MÉHE SEIGNEUR.

Tête de face, couronnée de trois roses : .... nSS o DS o

IiOV2ÎRI... •— Croix; douze globules : MOR | S^TÏ^ I ••• I ^Sli.

A. Gr. 1.25. Un exemplaire.

Gravé dans la Revue, t. II, série, pi. I, 12.

M. Bergne ne sait à qui attribuer ces deux pièces. D'après M. Hawkins elles seraient du duc Jean II, Snelling est d'une autre opinion. Enfin, M. Lelewel les donne à Jean de Louvain, qui était seigneur d'Herstal de 1285 à 1309. L'opi- nion de M. Lelewel aurait mettre fin à la perplexité de l'auteur. Il est parfaitement établi que ces pièces appartien- nent à Jean Tristan, s' de Herstal, descendant de Godefroi, fils puîné de Henri V, comte de Louvain, et souche de la famille de Herstal qui posséda ce fief de 125S à 1339. Notre Revue contient, t. I. p. 283, une excellente notice sur Herstal, par M. Perreau, et toute une planche de monnaies de ses seigneurs. Depuis, M. Serrure fils a fait connaître une nouvelle variété de l'esierlin de Jean, dans le t. II de la 2" série, p. 17.

XI

HUGUES DE CHALON, évéque de Liège. 1296-1301.

Tète couronnée de trois roses : ►ï^ MOHEFI^TÎ o LES- Croix; douze globules : I^VG | OHI | SEP j ISG.

A. Gr. 1.28. Un exemplaire.

ycir pi. XII, n- 3.

283

•t Je suis redevable à M. Pfisler, dit M. Bergne, de l'cx- « plicalion de ce mol Lestai, dans lequel il faut reconnaîlre « Leuze, en Hainaut [Lœtium, Letusa). »

M. Bergne n'est redevable que d'une erreur. Il s'agil ici de Statte, la partie de la ville de Iluy sur la rive gauche de la Meuse. On connaît plusieurs monnaies des évêques de Liège frappées à Stalle. Leuze est bien loin de la principauté de Liège el n'avait rien de commun avec ses évêques.

Un exemplaire de cette rare et curieuse monnaie se trou- vait aussi dans les pièces de Kirkendbright , mais cassé et privé des quatre premières lettres du nom de l'évèque; ce qui avait empêché M. Hawkins d'en donner l'attribution.

Ajoutons, pour servir d'excuse à l'auteur anglais, que le comte de Rencsse, qui était Liégeois et qui avail fait, des monnaies liégeoises, l'élude de sa vie, n'avait pas su trouver Lestât.

Cet esterlin est le seul que l'on connaisse des évêques de Liège.

XII

GAUCHER DE CHATILLON , comte se Porcien, seigmevb. DE Florennes. 13I7-I322.

Tête de face couronnée : »ï< GTÎIiGï^S GCOMSS

PORG. Croix; douze globules : MON j S^ N | 0V2Î |

Yve:.

A. Gr. i .22. Deux exemplaires.

Fotrpl.XII, no-i,

Duby, qui donne celle pièce, ajoule à sa description : «t Je ne sais ce que signifient ces trois dernières lellres à

284

« moins que ce ne soit Ive, lieu l'on frappait ancienne- « ment monnaie. » M. Pfisler suggèreà M. Bergne l'idée que Yve est une localité sur la Moselle, près de INancy, qu'il ap- pelle, en latin Liberdunium . Ce nom joue de malheur. Dom Calmet rapporte, qu'en 1298, l'empereur Albert permit à Ferry III, due de Lorraine, de frapper monnaie à Yve. Les historiens lorrains se sont évertués à chercher cette localité. Les uns veulent y voir un ancien nom de Nancy, d'autres Yvoy-Carignan, ce qui serait plus admissible. M. de Saulcy ne se prononce point, et il fait remarquer que déjà, en 1543, les instructions données par le duc de Lorraine à Nicolas de l'Escu, son fondé de pouvoirs pour la transaction de Nu- renberg, prouvent que le gouvernement lorrain n'en savait pas plus alors qu'à présent, sur cette mystérieuse localité. Nous abandonnons donc le Yve de Ferry IIL Quant à celui de Gaucher de Châiillon, l'explication nous en paraît facile et incontestable.

Isabelle de Rumigny, dame de Florennes, veuve en 1312 de Thibaut de Lorraine, se remaria en secondes noces, en 1314, avec Gaucher de Chàtillon, comte de Porcien, con- nétable de France. Thibaut, le premier mari d'Isabelle, n'étant encore que seigneur de Florennes du chef de sa femme, avait obtenu de Pempereur Albert d'Autriche le pri- vilège de battre monnaie à Florennes et à Yves , privilège confirmé, en 1500, par Hugues deChalon, évéquc de Liège, et contesté, en 1307, par Thibaut de Bar, son successeur. Les termes d'une transaction intervenue la même année, paraissaient faire croire que le monnayage de Florennes avait cesser, mais il n'en fut rien, comme nous le verrons tout à l'heure.

285

Après la mort d'Isabelle, arrivée en 1322, son fils aîné, Ferry IV, duc de Lorraine, céda Florennes à son frère puîné, Matthieu, qui épousa Mathilde, fille de Robert de Béthune, comte de Flandres. Comme Matthieu mourut sans laisser d'enfants, Florennes retourna à son petit-neveu, Jean I, duc de Lorraine, fils de Raoul et petit-fîls de Ferry IV. En 1389, Charles II, son fils, lui succéda, tant dans le duché de Lorraine que dans la seigneurie de Florennes, dont il fit hommage au prince de Liège, en 1 39 1 . Cette terre, tantôt unie au duché, tantôt séparée, resta dans la maison de Lorraine jusquen 1S56, qu'elle passa dans celle de Gli- mes de Jodoigne, par le mariage de Reine de Vaudemont- Lorraine avec Jean de Glimes, seigneur de Stave. Elle en sortit le 16 avril 1771, à la mort de Jean Victorien, comte de Glimes et marquis de Florennes , qui la transmit à son petit-fils et unique héritier, Frédéric Auguste Alexandre, duc de Beaufort-Spontin , fils de sa fille, Marie de Glimes, et de Charles Albert de Beaufort.

Nous avons dit que la transaction de 1307 n'avait pas fait cesser le monnayage de Florennes. Il existe, en effet, un botdrager imité de ceux de Louis de Maie comte de Flandre, mais à un titre assez bas, comme toutes les imitations, sur lequel on lit : *i< liVrTI^ORmGIE.: DVX : 2 : ÇWKB : DI2S PIlORE. Au revers, la légende pieuse ordinaire, et, au milieu , aîOX2Sna2î PLORIRS. Le O de Florine mal formé et coiffé d'une barre horizontale pour le faire ressembler au de Flandrie.

Celte pièce ne porte pas le nom du duc seigneur, mais elle ne peut être attribuée qu'à Jean I, qui posséda Florennes jusqu'en 1380. C'est une preuve évidente de la continua-

286

lion du monnayage à Florennes après 1307. Nous serions même assez porté à croire que le monnayage a se conti- nuer jusqu'à l'extinction de la branche de Lorraine- Vaude- mont. Qui sait les découvertes inattendues que le hasard nous réserve encore ?

Gaucher prétendait succéder à tous les droits du premier mari de sa femme. Il voulut même, de ce chef, frapper mon- naie à Neufchàteau en Lorraine, ville qui avait été assignée comme douaire à la veuve de Thibaut, et il le fît en effet, malgré l'opposition du duc Ferry IV. On comprend donc qu'il n'a pas pu négliger de faire valoir la concession impé- riale de 1298. Ses esterlins sont, bel et bien, des monnaies belges, des monnaies d'Yves, petit village près de Florennes et faisant partie des domaines d'Isabelle de Rumigny, d'Yves que nous avions à notre porte et que nous allions chercher au loin (■).

La coïncidence de la date de la concession faite à Thibaut de Lorraine avec celle de la concession qui aurait été faite au duc Ferry, d'après Dom Calmet; l'identité du nom d'Yves, ville que les auteurs lorrains et les hommes d'État eux-mêmes de ce pays ont en vain cherchée, nous donnent à penser qu'il pourrait bien y avoir dans tout cela une simple confusion entre Ferry et son fils Thibaut, et que la conces- sion faite au duc n'aurait pas plus existé que sa ville introu- vable d'Yves. On pourrait aussi, à la rigueur, supposer que l'empereur aurait accordé au duc le droit de frapper monnaie

(•) L'esterlin donné par Dnby, pi. ClU, i, avec la légende incom- plète : ffîOHErnTÎ R0V2Î h, pourrait bien être celui de Flo- rennes : L lu pour F.

287

dans une terre appartenant à sa belle-fille. Mais, conjecture pour conjecture, nous préférons de beaucoup la première.

XIII

'(VALERAN II, DE LUXEMBOURG, seigneur db Liont. 1288-1353.

Tète de face couronnée: ^ G f DOmmVS f D3 f hYV.L

Croix ; douze globules : MON | SH^TÎ | S3R | GNS.

A. Gr. 1.07. Un exemplaire.

Voirp]. XII, 5.

Cette pièce a été frappée à Serain en Cannbrésis, près d'Elincourt, arrière-fief de Crèvecœur, qu'il ne faut pas confondre, comme l'a fait M. Bergne, avec le Seraing de John Cockeriil, près de Liège, riche et industrielle com- mune beaucoup plus connue en Angleterre que le pauvre village féodal du sire de Ligny. Duby se contente de dire : Serain, lieu inconnu.

XIV

JEAN DE FLANDRE, seigneur se Crètecoeur et d'Arleux. I313-I326.

Tête de face couronnée : SDNS lOî^S PIl2ÎD'.

Croix ; douze globules : MOK | En?2ï | 2ÏRIi | EVS.

A. Gr. 1.19. Un exemplaire.

Cette pièce a été décrite par Snelling, 17 et récemment par M. Piot, dans celte Revue, t. V de la 2" série, p. 425. M. Bergne ne forme aucune conjecture sur le prince qui l'a fait frapper et dont il n'a pas pu lire le nom.

288

XV

JEAN DE BOHEME, suc de Luxembourg. 1309-1346.

Tète de face couronnée : >ï< GHWTÎRR. . . . NS 2 REXB.

Croix; douze globules : IjOGC | SNB | GEN | SIS.

A. Gr. 1 . 12. Un exemplaire.

Imitation luxembourgeoise, dite Lùcebourne, dont il est souvent question dans les ouvrages anglais. On peut con- sulter, sur ces singulières pièces, un Mémoire de M. Ana- tole Chabouillet, inséré au troisième volume du Cabinet de l'amateur et de l'antiquaire. Une pièce semblable à la nôtre a été gravée par M. Lelewel, sous le n" 46 de la pi. XX de sa Numismatique du moyen âge.

XVI

GUILLAUME IV, DE HORNES. 1264-1304.

Tète de face couronnée de trois roses '. *h ... liliG ÎIÎVS

Croix; douze globules : ^OXl \ QïïSTsi \ DSW | GR^.

A. Gr. 1.10. Un exemplaire.

Voir pi. XII, no 6.

M. Bergne avait attribué cette pièce, dont quelques let- tres sont peu apparentes, à Guillaume d'Avesnes, comte de Hainaut et de Hollande. Le type aux roses, antérieur à l'époque de Guillaume, et Tabscnce du mot cornes, auraient lui faire repousser cette lecture comme impossible. La pièce est bien de Guillaume IV de Hornes. Elle a été frappée

289

à Wecrl, localité principale du comté de Homes et résidence ordinaire des comtes. On n'avait pas trouvé, jusqu'à pré- sent, de monnaie de Weert aussi ancienne que cet eslerlin; nnais M. Wolters(,') avait fait connaître un eslerlin du même Guillaume IV, frappé à Wessem, ville et seigneurie qui ap- partenaient aux comtes de Hornes. C'est donc une nouvelle découverte à enregistrer dans notre numismatique.

XVII

JEAN DE LOOZ, seignzur d'Agimont. 1280-13 lÛ.

Tète de face couronnée de trois roses : *i< lOï^'DRS D3

2îGimonn :

Croix; douze globules : fROH ( GnHTÎ | 2ÎGI (

monn.

A. Gr. i .10. Un exemplaire.

Voir pi. XII, n" 7.

M. Bergue ne savait à qui attribuer cette curieuse mon- naie. Il ne pouvait se décider, et avec raison, à la donner à Jean de Chalon, seigneur de Giensur-Loire, dans la géné- ralité d'Orléans. Gien ne doit, en effet, avoir aucune pré- tention sur une pièce de ce genre, essentiellement belge ou mosellane, comme toutes ces contrefaçons anglaises ('). Elle ne peut appartenir qu'à Jean de Looz, seigneur d'Agi- mont, del280à 1310.

La seigneurie ou comté d'Agimont, que Charles-Quint

(') Notice historique sur l'ancien comté de Hornes et les seigneuries de Weert, Wessem, Gfioor et Kcssenich. Gand, 1850, iu-S».

(*) Le nom latin de Gien, Giemum, ne ressemble pas non plus à TAGIMOnTew*/*, de notre monnaie.

2* SÉRIE. Tome vi. 19

290

acquit, en 1555, du comte Louis de Stolbcrg-Kunigstein, formait un territoire assez étendu sur les deux rives de la Meuse, au-dessus et au-dessous de Givet, mais principale- ment sur la rive droite. Cette terre qui, outre, les deux villes de Givet, comprenait plus de trente villages et hameaux, relevait de l'Eglise de Liège et appartenait à des seigneurs particuliers , dont nous donnerons plus loin la liste. Elle tirait son nom du village d'Agimont et du châ- teau, ancienne résidence des seigneurs, situés à une lieue environ au nord de Givet, sur la rive gauche du fleuve. Ce fut sur le territoire d'Agimont que Charles-Quint con- struisit la forteresse de Charlemont, contiguë à Givet (').

Les conquêtes de Louis XIV amenèrent un premier démembrement du comté d'Agimont, qui, par suite de la paix de Ryswyk et de la convention de Lille, du 5 décem- bre 1699, fut partagé entre les Pays-Bas et la France. Cette puissance acquit les villages les plus rapprochés de la forteresse sur les deux rives de la Meuse, y compris le vil- lage et le château ruiné d'Agimont (»). Les Pays-Bas con- servèrent un territoire assez étendu sur la rive droite, et confinant au duché de Luxembourg.

Au siècle dernier, en 1772 et 1775, plusieurs transac- tions étant intervenues entre la France et le prince-évèque <le Liège, à l'effet de rectifier les limites si singulièrement

(') Il ne faut pas confondre cette importante seigneurie avec le petit fief d'Agimont, dans le territoire de ^tedercanne, près de Maestricht, qui se composait d'un château et d'environ six bonniers mesure de Liège. Ce iîef fut réuni à la seigneurie de Nedercannc en 1S44.

{^) Ce château avait été détruit de fond en comble par les Français en 1680.

291

enchcvèlrëcs des deux pays, une dernière convention, en date du 9 décembre 1773, fit passer le village et le château d'Agimont sous la domination du prince-évèque et de l'em- pire germanique. L'ancien comté était donc alors partagé entre la France, la principauté de Liège et les Pays-Bas aulrichiens. Les parties rétrocédées au prince-évèque, en \77^ et en 1773, sont restées à la Belgique. Le village d'Agimont fait aujourd'hui partie du canton de Florennes, province de Namur.

LISTE DES SEIGNEURS D'AGIMONT.

La terre d'Agimont appartenait, au xni" siècle, aux comtes de Chiny. Elle passa dans la famille de Looz par le ma- riage de Jeanne, héritière de Chiny, Givet, Agimont, Enibise, etc., avec

Arnold VII, comte de Looz. Ce premier seigneur d'Agi- mont de la famille de Looz, mourut en 1256, laissant de sa femme huit enfants, dont l'aîné,

Jean 1", lui succéda dans le comté de Looz et dans la sei- gneurie d'Agimont. Jean fut marié deux fois. Arnold VIII, le fils aîné de son premier mariage, hérita, en 1280, du comté de Looz. L'aîné du second mariage,

Jean II, fut apanage des terres d'Agimont, Warcq lez-Me- zières et Givet. Il mourut en Italie, en 1310, laissant de sa femme, Marie de Flavy, un fils également nommé

Jean III, qui épousa la fille et héritière d'Arnold de Wal- hain, en Brabant. Les annalistes du Brabant font une fré- quente mention de ce Jean d'Agimont. L'époque de sa mort n'est pas bien connue ; mais il vivait encore en 1341 . Son fils aîné,

292

Jean IV, seigneur d'Agimont, Walhain, Jauche, elc, lui succéda. Il ligure parmi les chefs de l'armée, dans la guerre malheureuse que Wenceslas, entreprit contre le duc de Juliers, en 1371. Ce fut lui qui rebâtit le château d'Agi- mont, et en fît une demeure princière d'une grande ma- gnificence, selon Hemricourt. Il ne laissa, de sa femme, Jeanne de Gavre, dame de Hérimez, que deux filles. L'aî- née, qui avait épousé

Jean V, de Walcourt-Rochefort, fît passer Agimont dans cette famille. Son fils également du nom de

Jean VI, seigneur d'Agimont, fut décapité à Liège, en 1408. Il avait épousé Félicité, dame d'Oupeye, fille de Lambert et d'Adèle de Lumaing, dont il n'eut qu'un fils,

Jean VII du nom, seigneur d'Agimont, Rochefort, Ou- peye, etc., marié à la fille de Hugues, sire d'Elteren, dit d'Autel. Ce dernier Jean, dont la mort est antérieure à 1417, ne laissa que deux filles, Agnès et Marguerite. Les terres de Rochefort et d'Agimont avaient été confisquées par 4'évêque de Liège, Jean de Ravière, qui les avait don- nées à son frère Guillaume IV, comte de Hainaut. Mais après la mort de celui-ci, la comtesse Jacqueline, voulant exécuter les intentions de son père, rendit aux deux orphe- lines les biens dont l'évêque surnommé Sans Pitié les avait ■dépouillées. Agnès, l'aînée, mariée à

Eberhard de la Marck, sire d'Arenberg, dut transmettre les terres de Rochefort et d'Agimont à son mari, puis à son «Is

Louis. Celui-ci était seigneur d'Agimont, etc., lorsqu'il j)rôta serment à l'EgUse de Liège, le 8 mars 1 4S5, en qua-

293

Iké de gouverneur de Bouillon. Il eut de sa femme, Nicolfr d'Aspremont, un fils qui lui suecéda, nommé

Ederhard. Celui-ci n'ayant laissé d'autre héritier qu'un bâtard, les terres de Rochcforl et d'Agimont passèrent à sa tante,

Louise de [a Marck, huitième enfant d'Agnès de Rochje- fort, qui avait épousé

Philippe, comte de Kunigstein. Leur fils

Eberhard, comte de Kunigstein el d'Epstein, leur suc- céda à Rochefort et à Agimont; mais n'ayant pas eu d'en- fants, il mourut en 1S44, après avoir disposé, par testa- ment, de ces deux terres en faveur de son neveu,

Louis, comte de Slolberg-Kunigstein. Ce fut ce comte Louis qui vendit à Charles- Quint, par acte passé à Anvers, le 6 avril 1555, « les château et maison forte, villes, terres « et seigneuries d'Agimont, Vireux-le-Walerand, etc., pour « la somme de 145,000 livres de 40 gros » ou florins de Brabant (').

Ici finit la liste des seigneurs d'Agimont, dont on peut espérer de retrouver des monnaies. Le domaine utile et la la seigneurie foncière d'Agimont furent depuis cédés ou engagés à la famille de Berlaymont et à celle de Croy, mais évidemment sans l'exercice du droit régalien de battre mon- naie. Nous avons donné, dans les Bulletins de l'Académie royale de Belgique, n" du mois d'août 1856, une notice plus étendue sur le comté d'Agimont. Nous y renvoyons le

(') Le florin de Brabanl représentait, à cette date, une valeur intria- sèque de fr. i-02

294

lecteur, le cadre spécial de celle Revue nous ayanl empêché de reproduire ce qui n'avait pas directement trait à la numis- matique.

XVIfl

CHAPITRE DE CAMBRAI, siège vacant. 1296.

Tèle de face couronnée de trois roses : >ï< MONEfTTÎ

G2TPirrvLl.

Croix; neuf globules et une aigle duns le 2"" canton : G2ÎM I SR2Î I GEN j SIS.

A. Gr. 1.59. Un exemplaire.

FoîV pi. XII, no 8.

On suppose que cette monnaie a élé'frappée par le cha- pitre, pendant la vacance du siège, après la mort de Guil- laume de Hainfiut et avant rélection de Gui de Collemède, qui tous les deux employèrent le même type. Duby, qui donne de celle pièce une mauvaise gravure, l'indique comme étant de billon.

Renier Chalon.

295

LE DENIER DE CMRLEMGNE

FRAPPÉ A. MÉGE

ET LE BËRCËAII DU €E PRI]«€E.

Une question, importante au point de vue des gloires nationales de la Belgique, a été posée, en 1855, par l'Aca- démie royale de Bruxelles. Charlemagne est-il dans la province de Liège? Telle fut la demande, pour laquelle un anonyme fonda un prix de 6,000 francs, destiné à récom- penser le travail de celui qui la résoudrait soit affirmative- ment, soit négativement.

Dans son mémoire, un des concurrents prétend que Liège possédait, au commencement du vin* siècle, un pa- lais, qui servait de demeure habituelle aux membres de la famille carlovingienne, et que Charlemagne a octroyé certains privilèges aux Liégeois. M. Polain chargé défaire, à l'Académie, un rapport sur les réponses des concurrents, soutient le contraire : il y a là, dit-il, autant d'erreurs que de mots, et, à son avis, l'auteur serait bien embarrassé s'il devait produire ces prétendus privilèges.

Si la solution définitive de la question du berceau de Charlemagne dépendait de celle de ces deux questions accessoires, il y aurait moyen d'arriver à un résultat posi- tif : la numismatique fournit, pour les résoudre, des argu- ments décisifs. Nous [)renons donc la plume, non dans

29C

l'intention de mêler noire nom à ces débats, mais pour prouver une fois de plus que la numismatique n'est pas une marotte, un simple amusement, comme le vulgaire se l'ima- gine, mais une science qui, envisagée à un point de vue plus élevé, peut rendre parfois des services réels dans les questions les plus épineuses d'histoire, d'archéologie et de géographie.

L'existence de Liège est constatée en 588. Saint Monul- phe, évéque de Tongres, en se rendant, pendant cette année, de Maestricht à Dinant, vit de loin un petit vil- lage, nommé Legia et situé au milieu des forêts. La beauté du site le frappa tellement, qu'il y fit construire une cha- pelle, dédiée aux saints Côme et Damien. Saint Lambert, qui vint s'y établir, au vu' siècle, donna à ce village la forme d'une petite ville, dans laquelle saint Hubert, en 710, transféra le siège épiscopal. L'endroit devait donc avoir déjà, vers ce temps, une certaine importance pour que les évêques en aient préféré le séjour à celui de Maestricht, l'ancien Pons Mosœ des Romains. Liège ne venait donc pas à peine de naître lorsque Charlemagne vit le jour, comme le soutient M. Polain : 155 ans auparavant il était déjà mentionné.

Existait-il, vei^s cette époque, un palais dans cet endroit? Aucun document n'en fait mention. Au témoignage de l'évèque Jonas, qui vivait en 820, il y en avait un déjà en 745, lorsque le corps de saint Hubert fut retrouvé. Le bruit de cette découverte, dit-il, se répandit jusqu'au palais. Mais ce palais était-il situé à Liège? Aucuns prétendent le contraire, et croient que Jonas a voulu désigner le palais de Jupillc, situé à une lioue et demie de Liège.

297 ~

Examinons si celle opinion n'est pas en opposition ma- nifeste avec les monuments de la numismatique. On sait positivement que, voulant porter remède aux abus du lro|> grand nombre d'ateliers monétaires qui existaient pendant la domination mérovingienne, Charlemagne statua, en 805 et 808, qu'à l'avenir aucune monnaie ne serait baliue en deliors de ses palais. Celte mesure pouvait être très-bien appliquée au numéraire royal, mais il était difficile, pour ne pas dire impossible, de la faire adopter par les villes qui, sous le règne des rois mérovingiens, s'étaient emparées du droit de battre monnaie. Cette circonstance, dont les numismates ne se sont peut-être pas assez bien rendu compte, leur a fait supposer que les capitulaires n'ont pas été exécutés.

Il existe une monnaie qui, frappée à Liège, au nom de Charlemagne, porte :

Jv. CAROLVS en deux lignes ;

Rev. LEODICO, en deux lignes (').

Quelles conclusions peut-on tirer de l'existence de ce denier? Il n'y en a que trois possibles au point de vue des questions qui nous occupent: ou la monnaie doit avoir été frappée par Charlemagne avant la publication de ses capi- tulaires, ou elle doit l'avoir été en vertu des capitulaires, ou elle doit l'avoir été par les Liégeois mêmes.

Dans le premier cas, il y a lieu de croire que si Charle- magne a frappé monnaie avant la réduction du nombre des ateliers monétaires de son empire, il n'a fait que suivre un

(') Leodico est la forme germanique latinisée de Liège. Elle est cncMe rcconnaissabic aujourd'hui dans la forme basse-allemande : Lxidie.

298

usage existant, et il faudrait, par conséquent, admettre que les Mérovingiens y avaient battu monnaie comme ils l'avaient fait à Maestricht, à Jupillc. à îluy, à Namur et à Dinant. Or, nous l'avons déjà établi ailleurs ('), la race mérovin- gienne ne battait monnaie, en Belgique, que dans des éta- blissements d'origine romaine. Liège, d'après ce système, aurait donc été un ancien établissement de ce genre; sinon il faudrait supposer que l'atelier, qui y a existé sons les Mérovingiens, fût autonome. Ces deux suppositions sont inadmissibles : ni monnaies, ni documents, ni vestiges de monuments, rien jusqu'ici n'en prouve mém€ la possibilité. Il suit de que l'existence d'un atelier monétaire à Liège, avant 805 ou 808, n'est nullement probable.

Examinons la seconde liypotbèse, celle la monnaie décrite ci-dessus a été frappée en vertu des capilulaires. Dans ce cas, il n'y a plus de doute, Liège a eu un palais, puisque c'est dans le palais seulement que la monnaie peut avoir été frappée.

Si le denier n'a pas été frappé avant les édits ou ensuite de leur exécution, il doit l'avoir été par Liège même et de sa propre autorité.

Ainsi, selon la première hypothèse, qui n'est pîis possible, Liège aurait été un établissement romain ou une municipa- lité. Selon la seconde, qui nous semble la seule admissible, Liège possédait, sous Charlemagne, un palais et qui plus est un marché; car il n'y a pas de marché, sous les

(') Voir notre article sur les ateliers monétaires des Mérovingiens, des Carlovingiens et des empereurs d'Allemagne en Belgique, Jicvue de la numismatique belye, 1" série, l. iV,i).322.

2î)l)

Carlovingiens, il n'y a pas d'atelier monétaire: l'un entraîne nécessairement l'autre. Si Charlemagne y a donc frappé la première monnaie, il s'ensuit nécessairement qu'il doit avoir doté Liège aussi d'un marché. N'est-ce pas le privilège qu'il a accordé à cet endroit? N'était-ce pas, sous les Car- lovingiens, l'usage de concéder de pareilles prérogatives avec celles d'exemption de lonlieu?

Dans le troisième cas, Liège aurait été une ville à mu- nicipalité, opinion que nous sommes loin d'admettre. Mais, en supposant qu'elle fût vraie, qui peut lui avoir assigné ce rang, si ce n'est Charlemagne lui-même?

Donc dans la troisième hypothèse comme dans la seconde, ce prince doit avoir accordé des prérogatives aux Liégeois.

C'est le premier point que la monnaie établit. Quant au second, celui de l'existence d'un palais à Liège, sous Char- lemagne, il est également prouvé par le denier en question. Ce palais, dans lequel le souverain lit frapper monnaie, n'est-ce pas celui dont Jonas parle en 743, année de la naissance même du fils de Pépin (•)? Et, hàtons-nous de le faire remarquer, ce palais était précisément habité vers celte époque, sinon Jonas aurait bien pu se dispenser de dire que le bruit de la découverte du corps de saint Hu- bert s'était de suite répandu jusque-là. Cet argument, sur lequel nous insistons particulièrement, ne sera peut-être pas sans quelque valeur pour ceux qui soutiennent que Charlemagne vit le jour à Liège.

{') Contrairement à l'opinion commune, nous croyons que Charlemagne naquit en 745, puisqu'il est mort, selon EginarcI, en janvier 815 (n. st.), dans sa soixanlc-douzième année. On a confondu, dans la chronologie, le style de Pâques avec le style actuel.

300

Si le palais, dans lequel- Cliarlemagne fît frajDper mon- naie, n'existait pas avant sa naissance, il faut nécessairement supposer qu'il fut élevé par lui-même; ce qui est loin d'être prouvé. Il est au contraire à croire que, depuis la transla- tion du siège épiscopal à Liège, la famille de Pépin aura cherché à se rapprocher autant que possible du prélat dont le diocèse s'étendait sur une grande partie de ses domaines. En sa qualité d'usurpatrice, elle était d'ailleurs dans la nécessité de chercher un appui dans le clergé : tout usurpa- teur qui ne s'attache pas les prêtres, n'importe le culte qu'ils professent, doit tomber. L'histoire est pour le prouver, et la famille des Pépin, si perspicace, si adroite et si péné- trante, l'avait parfaitement deviné.

Rien d'étonnant donc si, en 769, Liège fut nomme viens publiais, c'est-à-dire endroit qui appartenait directement au souverain et à ses domaines, et dont le bénéfice n'était concédé à personne.

En résumé, le denier frappé à Liège, au nom de Charle- magne, prouve que cet endroit jouissait déjà, à cette épo- que, d'une prérogative, celle de tenir un marché; il prouve aussi que, sous Charlemagne, il y avait à Liège un palais royal appartenant au fisc. Cette dernière preuve, combinée avec le témoignage de Jonas, établit, à la dernière évidence, que ce bâtiment y existait avant la naissance du grand em- pereur, et qu'il était habité précisément pendant Tannée il vil le jour.

Ch. Piot.

501

POIDS MONËTIFORMES DU MIDI DE LA FRANCE.

UN DEMHUARTERON DE GAILLAC

PORTANT LA DATE DE I3AI.

Pl. XIV, NO 2.

Nous devons à l'extrême obligeance de M. Bretagne, directeur des contributions directes au Puy, de pouvoir enrichir d'une pièce jusqu'ici inconnue ce que nous pen- sons), la liste déjà assez longue des poids monétiformes du midi de la France.

Notre honorable collaborateur et ami, M. le baron Chau- druc de Crazannes, qui le premier exploita avec bonheur et sagacité, ce nouveau filon de la numismatique du moyen âge, avait fait connaître dans la Revue archéologique de 1852, pag. 17, une demi-livre de Gaillac , ayant d'un côté un coq tourné à gauche et la légende : >ï< : fRSITÎ LIVR2Î : DS GTÎIi^jTîG ; au revers, une fleur de lis avec : ^ 2ÎR DOmiRI : ÇU : GG : llXXKXl.

Le demi-quarteron de M. Bretagne présente absolument les mêmes types -, mais la légende, plus courte, sans doute, à cause du plus petit diamètre de la pièce, ne porte pas le nom de la ville, on lit seulement : >ï< fOSIG G7ÎR- TTTC RO, du côté du coq ; et : »ï< 2ÎR : ÎI2 CGC XXXXF,

-- 302

du côlé de la (leur de lis. L'absence du nom de la ville se remarque également sur le demi-quarteron de Toulouse que nous avons publié dans cette Revue.

Gaillac, ville du haut Languedoc, aujourd'hui départe- ment du Tarn, portait d'or au coq de gueules; à la bordure . crénelée de douze pièces ; à trois fleurs de lis d'or posées sur les trois créneaux en chef. Le coq, qui figure sur les poids de cette ville, est donc, tout à la fois, la pièce prin- cipale de ses armoiries et le rébus de son nom, Galliacum. Ce demi-quarteron pèse 50 grammes, poids qui concorde exactement avec celui delà demi-livre de M. de Crazannes, 200 grammes, et qui, en tenant compte du frai, rentre dans le système de la livre de Toulouse.

Le dessin si exact et si bien rendu que nous a envoyé M. Bretagne, est l'œuvre de son fils, M. Paul Bretagne, élève de seconde et jeune numismate qui promet de mar- cher sur les traces de son père.

Nous terminerons ce petit article par la liste des villes dont on a retrouvé et publié les poids jusqu'à ce jour. Alby. Étoile, crosse, lion et tour (armes d'Alby).

Grand B. Arles. Lion accroupi tenant un cartouche avec

Revers, diverses contremarques peu dis- tinctes. AucH. Crosse épiscopale. Lion.

Bordeaux. Porte crénelée , accostée d'un besant et d'un croissant. Lion d'Aquitaine, au-dessous la lettre G. Cahoks. Pont chargé de trois tours. Portail de l'église Saint-Éiienne.

Ô05

Carcassonne. Fleur de lis. Les lettres CAR liées. Castres. Armes de Castres; d'argent à quatre emmen- ches de gueules mouvantes du flanc senestre de l'écu. Écu aux trois fleurs de lis. Porte de ville aceostée d'une fleur de lis et d'une botte (chaussure, caoussado). Fleur de lis. Deux clefs. Portail. Portail à trois tours. Tour avec une croix

au sommet (^) (demi-quarteron^. Coq. Fleur de lis. Évêque debout. Taureau. Porte de ville, sommée d'une crosse et accos- tée des lettres G. B, et d'une étoile et d'un croissant. Grand g à rebours (2) Poisson. Écu de Levis, chevronné de trois pièces. MoNTADBAN. Lis. Saulc sur une montagne. Montpellier et Pezenas. Armes de Montpellier. Armes

royales, trois fleurs de lis. IV1MES. Crocodile. Tour Magne.

Toulouse. Château fort. Clocher,

Caussade.

CONDOM.

Dax.

Gaillac.

Lectoure.

Llmoges.

MiREPOIX.

Renier Chalon.

(') M. Ed. Barry attribue ce poids à Toulouse {Revue archéologique 1856, p. 29).

(') M. Ghabouillet a revendiqué ce poids pour la ville d'AIby {Revue archéologique, 1854, p. H3). Cette rectification a été acceptée par M. de Grazannes, à la page 186 du même volume.

504

ENCORE m POIDS MONÉTIFORME L\ÉDÏT

DU niIDI DE LA ÏRANCE.

Pl. XIV, 1.

Puisque la Revue de numismatique belge a bien voulu accueillir favorablement et mentionner avec inlérct, malgré les distances qui nous séparent, mes Recherches sur les poids municipaux particuliers à diverses villes du midi de la France, dans le moyen âge et les temps immédiatement postérieurs, poids auxquels un des savants directeurs de ce précieux recueil périodique dont je m'honore d'être un des collaborateurs, a donné avec bonheur le nom de monétifor- mes, qui exprime si bien leur analogie et l'on peut dire, leur connexité avec les produits monétaires et numismatiques de la même époque, à l'exemple de mon honorable confrère et ami, M. R. Chalon, je mettrai encore ici sous les yeux de nos lecteurs, un nouveau monument de notre stathmo- graphie méridionale. Il s'agit d'une demi-livre (meia libra), que je crois encore inédite, de la ville de Bordeaux, bien que j'aie fait connaître, dans une autre publication périodi- que ('), la description de la gravure d'une livre entière de cette grande cité, mais ofl'rant des différences assez sensibles avec la fraction pondérale que j'en donne dans la présente

(!) Revue archéologique, année, livraison, lellrc de M. le baron de Crazannes à M. le marquis de Lagoy.

305

notice, quoique sur l'un et rautrc on lise la même date. Elles sont aussi également en cuivre, et notre demi-livre pèse 206 grammes 50 centigrammes. En voici le signalement :

Jv. >ï< MEIA LÏBm COMMViVA DE BORDEV.

Une livre commune de Bordeaux. Dans le champ une porte de ville crénelée (')• Rev. ANNO DOMINI \1 CGC XVI. L'an du Sei- gneur mil trois cent seize. Dans le champ un lion léopardé, celui d'Aquitaine, de gauche à droite , la tète de face, la patte droite levée, au-dessous la lettre G, initiale du mol Guienne {Guienna), en roman et latin du moyen âge.

La porte monumentale qu'on voit ici figurée, ne saurait être, comme l'ont cru quelques personnes, à qui j'ai com- muniqué notre poids bordelais, celle du fort du ou du Château-Trompette, qui ne furent construits dans la capi- tale de la Guienne, d'après les ordres du roi Philippe le Bel, qu'au milieu du xv° siècle (en 1452), c'est-à-dire plus de cent ans après la fabrication de notre poids, ainsi que j'en ai déjà fait l'observation ailleurs. Je ne suis pas plus disposé à reconnaître ici la principale entrée du cirque ou amphi- théâtre romain de Bordeaux connu sous la dénomination de Palais-Gallien, ne retrouvant point le style architectural de cette partie du monument dont il est question : j'y verrais

(1) On a omis dans notre demi-livre de reproduire à gauche de la porte monumentale qui y est figurée le croissant, emblème du port de Bordeaux qui en a la forme, et à droite un bfsant, gravés sur la livre entière de celle ville.

sÉRii. Tome ti. 20

30G

de préférence la Porte-Dijaux {porta dei ou divi-Jovis), ou encore la Porte Basse de la même ville, deux conslruclions gallo-romaines, et débris vénérables, conservés jusqu'à ce jour, de la ceinture murée de la Burdigala d'Ausone, célébrée par lui dans ses Urbes clarissiniœ ('). Le poêle con- sulaire à qui elle donna le jour, nous dit, en parlant de ces mêmes portes et des autres qui décoraient ses murs et par l'on pénétrait dans les rues larges et bien alignées de son enceinte,

Rrspondcntes dirccta in compita portas.

La porte qui nous occupe put être crénelée, comme ou- vrage de défense, dans le moyen âge, ainsi qu'on le pratiqua à l'égard de plusieurs autres monuments du même genre et de la même espèce , entre autres, les portes triomphales de Saintes {Mediolanum Santomim) , dans le voisinage de Bordeaux, connues sous le nom d'arc de triomphe de Ger- manicus, auquel elles avaient été dédiées ainsi qu'à Tibère et à son fds Drusus; ouvrage d'art qui a disparu sous les coups du marteau démolisseur des Vandales du xix" siè- cle ^l!

Je ne terminerai pas cette notice sans y consigner textuel- lement les réflexions suivantes exprimées par un savant archéologue de Toulouse, au sujet des erreurs et des mé- prises auxquelles ont donné lieu la lecture des légendes et

(1) Burdigala urbs, XI V.

(') Il est vrai que les descendants des vieux Santones, en compensa- tion de la destruction de l'arc de triomphe construit par leurs pères, en ont obtenu un tout neuf qui a quelque faux air do rancicn lorsqu'on n'y regarde pas de près.

307

la description des monumeiils de notre pondérographie ur- baine du midi de la France, méprises dont je n'ai point été exempt moi-même et qu'on ma rendu le service de me signaler, avec les égards et la politesse que se doivent les véritables amis de la science.

«t On doit être d'autant disposé, dit le docte Toulousain dont on vient de parler, à absoudre des erreurs de ce genre, que la slathmographie ne date guère, chez nous, que des premières années de ce siècle, qu'elle ne compte, à l'heure qu'il est, que cinq ou six collections dignes de ce nom, et que ces collections elles-mêmes manquent encore complètement de catalogues exacts et de descriptions bien faites. Mais, en y réfléchissant, ne trouverait- on pas dans toutes ces raisons elles-mêmes l'obligation pour tous ceux qui ont pu consa- crer quelques loisirs à ces recherches intéressantes , d'ap- porter à ce travail commun le tribut de leur expérience acquise et de contribuer, pour leur part, au progrès d'une science qui est certainement appelée à prendre bientôt sa place à côté de notice numismatique du moyen âge (•)? »

Nous n'avions pas attendu l'expression de ce vœu pour concourir, selon nos faibles moyens, et en nous trompant quelquefois, à son exécution; partageant entièrement l'opi- nion émise à la fin du paragraphe cité sur les prochaines destinées de la science pondérographique ou stathmistique, comme propose de l'appeler notre auteur, et c'est dans cette même pensée que MM. les directeurs de la Revue de la nu-

(') Lettre à réditeur de la Revue archéologique par M. Edward Barry, professeur à la faculté des lettres de Toulouse, etc., Iô« année, l" livrai- son de ce recueil périodique.

308

mtsmatique belge lui ont accordé le droit d'asile dans leurs colonnes, au signal donné par M. R. Chalon.

Le B°° Chaudruc de Cuazannes,

Membre correspondant de l'Institut impérial et da comité de la langue, de Tbistoire et des arts de la France, etc.

309

NOTICE

DES niONIVAlEJi NOIRES ET DE BILLO!V

DE RECKHEIM ET DE STEIN.

Pl. VJII, fig. i A i5.

I

COMTÉ DE RECKHEIM.

Le nom de Reckheim paraît déjà dans une charte de l'an 888, à propos de la confirmation faite par Arnould en faveur du chapitre de Notre-Dame d'Aix-la-Chapelle, de la possession des novales de quarante-trois villages, au nombre desquels figure Reckheim ('). Il est situé sur la rive gauche de la Meuse, à deux lieues au nord de Maestricht, et dans la province du Limbourg belge. Sa seigneurie, élevée d'abord au rang de baronnie, et ensuite à celui de comté, se compo- sait de la petite ville de Reckheim, de la terre de Borssem, avec les villages de Cottem, liai, Hurft, de la terre de Wesel, de Terwyden, d'Udichoven, et d'autres fiefs (').

(■) Lacomblet, Urkundenbuehf i. I, n<> 7t).

(') Voy. Van Spaan, Inlciding toi de Historié van Gelderland, t. I,

510

Le seigneur le plus ancien de Reckhcirn, dont l'existence soit certaine, est Arnould, qui vivait au commencement du un" siècle et dont nous faisons suivre la descendance :

AiHOSLD, sire de Heckhcim, ép. Adèle de Caick.

I

AfïiK ou Edwige, 6[>- Gisbert, scignecr de Bronkhorst, mentionné de 1127 i 1140.

I

fiisBERT de Bronkhorst, sire de Reckhcirn, GuitLAtME I de Bronkhorsl, seifçneur de t iinp. llatj. Ueckhcim, t vers 1225, cp. Gertrude.

_____ ^

Gisbert II de Bronkhorst, seigneur de Reikheim, Gi'iliaume de Bronkhorst, prcvol.

t après 1233, ép. Cuncgonde de Athuis-

\

GoaLAUME II de Bronkhorsl, Gisbert de Bronk- Ode de Bronkhorst, ép. Jean

seigneur de Rcckhcini, f horst, f 1296. Schellaerl, seigneur de Ni-

apros 1290, ép. N. deren.

I

__ _ _

Gi'iLiAEME 111 de Bronkhorst, seigneur de RccKhein), Florest, évéque de Brème

t après 1317, ép. N. t 1306.

I

I . I

GuiLLAiiHE IV de Pronk- Jeak de Bronkhorst. pré- Lutgarde, Elisabeth,

horst, seigneur de Ri'ek- vôt à Sl-Sauveur, à ép. Chrétien abessc

hoim,t 1328, ip. Jeanne Utrecht, f 26 juin 1346. dOldenbours. à

de Batenbourg. Thorn.

Guillaume IV eut des enfants qui ne prirent plus le litre de seigneurs de Rcckheim. L(ur seigneurie passa vers le milieu du xiv" siècle, on ne sait comment, aux sires de Slein, seigneurs de Diepcnbeek.

Loris de Slcin, seigneur de Reckheini, op. Marguerite de Sombreffe.

I I

Oitihi, t 1397, ép. 1" Jeanne de Trasignies, f imp-, Une fille .N.

2" Marie de Quaderebbe, f inip.

Par suite du défaut de descendants directs de Henri,

p. 279; WoLTEBS, Notice historique sur Cancien comté impérial de Reck- heim, dans laquelle l'auleur a public quelques planches de monnaies. M. Ciialon a donne un supplément à ces monnaies, dans la Revue delà numismatique belge, série, t. W, p, lîi6, t, in,p. 370.

311

son cousin Guillaume de Sombreflc lui succéda. Il portait d'or à la fasce de gueules, accompagnée en chef de trois merk'ttes de même.

Gi'iiiàdiieV de SombrofTc, seigneur de ncrklieiin, f 1400, ip. Marguerite de Kerpen.

GiiLiAiiHË VI de SombreCTe, seigneur de Jeah de Som- Itecklieini, f 1442, ép. 1" Isabelle breffc.

Chubui, 2'> Gertrudc de Saflenberg.

N...

Catderirb ,

religieuse

à itecbiieiin.

N...

I I

le LIT : Gdillai'Me VII de SonibrelTe, Isieeau, ép. Glaise, Mabgderite , Marie , dp.

Sr de Rccklieini , t imp. Jean,sirede religieuse, ép.Matlliieu Gitbert,

14 décembre 1484, ep. Piermont et à INuys. deVeIen,Sr scignr de

Béatrix de Mérode. d Brenbeg. de Schooii- Wachtcn -

vorst. doHk.

2"' LIT : FRÉDÉmc I, fvers JEAn.cha- 1495, cp blisa- noine à

betb delSienar. Cologne.

Fréuéric II de Sombreffe f ^'"■s '501, ep. Marie Elisabeth de la Harck.

GÉRARD, moi- Walerah, corn- GeRTRCDr, ne à Wer- niandourdel'Or- iibl>esse den. dre tcutonique. à ïburn.

GÉRARD de Piermont, Jear de Piermont et Reckheim , ép. sire de Keeklicim. Anue de la Marck, >a!ur de Itobcrt.

La baronnie de Reckheim passa à Robert de la Marck, mort impuissant en 1541, de sorte qu'elle fut réunie à l'empire.

Charles V la donna à Jean de Henin, seigneur de Roussu, Gamerage et Blangis, par acte du 9 juin 1545. Elle ne resta pas longtemps dans celle famille, qui, parail-il, la céda à Guillaume de Quaedt de Wiekraedt, lequel la vendit, en 1556, à Herman d'Aspremonl-Lynden. Nous passons la généalogie de celle famille, comme étant de fort peu d'inté- rêt pour la partie de la numismatique des seigneurs de Reckheim, dont nous avons à traiter.

Celte numismatique, comme celle de tous les petits dynas- ties des environs de la Meuse, commence assez tard. A en juger par leur type, les plus anciennes monnaies apparlien-

512

nenl à l'époque de Guillaume VI, et nous lui attribuons les pièces suivantes :

Jv. Ecu aux armes de Sombreffe, qui sont, comme nous l'avons dit plus haut, d'or à la fasee de gueules, ac- compagnée en chef de trois merleltes de même. Elles sont brisées par une rose posée sur la fasce. Au-des- sus et des deux cô(és, une rose entre deux globules.

Rev. Croix patlée dans un grènetis et cantonnée de quatre roses (pi. VIII, fig. \).

Jv. ^ GVIIiLMVS : De: : SOMB. ECU comme ci- dessus.

7?et;.^ MOrdeinnTÎ : De: : Re:i^e:^I. croix dans un cercle (pi. VIII, «g. 2).

Le type de cette monnaie est celui qui fut employé par Jean III, comte de Namur(U18-1421).

Av, ^ GVILLM. .De: SOMB. Branche d'arbre à laquelle est appendu un écu incliné aux armes dé- crites ci-dessus.

/?et'. ^ MOHErrK rROVTîrDe:: Re:i^e:. Crolxdans un grènetis cantonnée aux et 3^ d'un petit écu aux armes de Sombreffe, sans la rose (pi. VIII, fig. 3).

Av. ^ GVIIi De: : SOiMB. Même type que le

numéro précédent.

y?a-. >ï< M0iie:nn2î : rovtî : De: : Re:iie:'. croix

dans un grènetis (pi. VIII, fig. 4-).

315

Jv. ^ GVILIjM DS SOMB. Même type, mais les armoiries sont éearteléesaux l" et 4" de Sombrefïe, aux 2" et 3^ d'un lion , qui est probablement l'em- blème liéraldique de Reckhcim, dont les armoiries se composaient d'un lion de gueules sur champ d'or.

Rev. Semblable à celui de la monnaie 3 (pi. VIII, fig. 5).

Les monnaies noires de Jean de Bavière, évêque de Liège (1590-1418\ ont servi de modèle au type des trois [ùèces que nous venons de décrire. Jl n'y a donc pas de doute que celles-ci n'appartiennent à Guillaume VL

Àv. ^ GVIIi S SOMRG:. ECU semblable à celui

des n°' 1 , 2, 3 et 4.

Rev rr2î HO— V2Î DS. RGII^e:. ECU à un

lion posé sur une croix qui traverse la légende (pi. VIII, fig. 6).

C'est le type des monnaies noires de Jean de Heinsberg, évèque de Liège (1419-1 456).

La monnaie suivante est à peu près semblable à celle qui précède, mais elle en diffère quant aux armoiries :

Jv LeLiJTÎVS : De: : SOMB. Le champ blasonné;

au première et quatrième à la fasce ornée d'argent, qui est deKerpen, et au second et troisième à un lion qui est de Reckhcim ; sur le tout, un écu de Som- brefïe. Guillaume avait donc adopté, sur celte mon- naie, les armoiries de Ileckheim, celles de son père, qui étaient de Sombreffe et celles de sa mère, qui étaient de Kerpcn.

314

Rev. ^ moa—m'R no— vtî Dec— rsî^q:. écu à

un lion , posé sur une croix traversant la légende (pi. VIII, fig. 7).

Ce type nouveau ne fut guère de longue durée dans la seigneurie de Reckheim ; il fut modifié et remplacé par celui que Philippe le Bon (14-30-1467), adopta dans les provin- ces soumises à sa domination, et qui fut imité par Jean de Heinsberg, évoque de Liège (1418-1456). A cette catégorie appartiennent les pièces suivantes :

Av. ^ GVIIiî^eiIimVS : DG: : S0$T2. Lc champ bla- sonné au premier et quatrième de Sombreffe avec la fasce vivrée; au second et troisième d'un lion.

Rev. mON— Sn^TΗ ROV- RG:ii. Croix traversant la légende et cantonnée de deux lions (pi. VIII, fig. 8).

Jv. ^ IVmiahmVB -. DG: : SOmBP. Le chanip blasonné comme ci dessus.

Rev.^ mO. •" R0V2^: De): ReiDGIRG:. Croix pattée dans un grènetis et cantonnée de deux lions (pi. VIII, fig. 9).

Jv. ^ IVLI^SIimVS : De: : SO^BR. Le champ blasonné comme ci-dessus.

Rev. *i^ moRenaTî : r20V2î : De : RSDeiiie:.

Croix pattée au centre évidée et orné d'un R (pi. VIII, fig. 10).

Jv ILI^eiiîRVS : DerSOm. Lc champ bla- sonné comme ci-dessus j sur le tout, un petit écu de Sombreffe.

515

Bev, >i' rrVRNOVS î GIVIS >^ PRAGC^. Croix dans une épicycloïde à quatre lobes (pi. VIII, fig. 13).

Celle pièce, comme on le voit, forme un mélange du type belge avec le lype français des tournois noirs.

Jv. ^ GV...hahmVi^ : De: : SOm. Le champ bla- sonné comme ci-dessus; sur le tout, un petit écu à lion.

Rev. ►}< TTDIVnnORIVm : ROSW. Croix pattéo, por- tant au centre un R et inscrit dans un cercle (pi. VIII, fig. 14).

Jv. ^ GVIIil^LmVSDSrSOMBR'. Le champ bla- sonné comme ci-dessus; sur le tout, un petit écu de Sombreffe.

Rev. >ï< HO RSrTTÎ : DS : RSI^eHO^. Croix patlée, portant au centre un R et inscrile dans un grènetis (pi. VIII, fig. 15).

Jv. >i^ GVI...ILmVS:De::SVmB5. Lechampbla- sonné comme ci-dessus.

Rev. >î< mOI2e:n32î : ROVTÎ : Rej^e:,. croix idem, portant au cenlre GC (pi. VIII, fig. 16).

Jv. >ï< GVlhlieihmVS : De : SOmBR. Le champ blasonné comme ci-dessus.

Rev. >ï< mORSrrTî : ROV2Î : DO! : RSI^ei'. Croix idem, portant au cenlre R (pi. VIII, fig. 17).

Jv. ^ GVlh^riahmVB : De : SORe:'. Lc champ blasonné comme ci-dessus.

316

Rev. mOnan^l^ -. NOVTÎ : DS : ROI'. Croix idem (pi. VIII, fig. 18).

Jv. ^ GVIIi^jSIimStDSrSOmBReiP. Le champ idem.

Hev. >h ÇnOneiïïSl^ : (nov) : DO! : RSI^Sm. Croix idem (pi. VIII, fig. 19).

Jv. >ï< GV\h)riahmVS : DS : SOffiB. Le champ blasonné comme ci-dessus.

Rev. * moî2e:n:^2î : uovk : dg: : BRonn. Croix

idem (pi. VIII, fig. 20).

Avant d'adopter le type au champ blasonné, Guillaume avait lait usage du type admis sur les monnaies noires de GuillaumeIIv1o91-1418),et Jean III (1418-14-21), comtes de Namur. Nous rangeons dans la catégorie de ces pièces les monnaies suivantes :

Jv. ^ WIIiÏ2e:....DRS ? Dans le champ:...

Rev. ^ mOnennTÏ ^ ROVTÎ DS R\ Crolx dans un grènetis (pi. VIII, fig. 'il).

Jv. Ȕ< GVIIil^eHS : DerSOMB: J. Dans le champ et sous une barre XATIXi.

Rcv.^i^mOXian^T^opaoReiYiaM -. Crolxpatlée,

portant au centre un R et inscrite dans un grènetis r (pi. VIII, fig. 22).

Jv. WIIiHS DS SOM... Le champ orné comme ci- dessus.

Rev. MOKSmTÎ ROVTC Croix dans un grènetis can>

317

tonnée de deux petits écus, le premier vivre, le second de Sombreffe (pi. VIH, lig. 23). Av. *h WIIiHfn M. Le champ comme ci-dessus.

Hev.M SrTTΗ l^OV Croix traversant la

légende (pl. VIII, fig. 24).

Jv. (Petit écu effacé de Sombreffe) GVI...e:iiH De) S SOMBR. Dans le champ : Wlli.

Bev. >ï' HOR.... 0V2Ï o DS : RGI. Croix fleuronnée. (pi. VIII, fig. 25).

La pièce, dont nous faisons suivre la description, est un mélange du type des monnaies noires à l'écusson et du revers de la précédente.

Jv. * WIIil^Q^LS.... OBR. Écu de Sombreffe.

Rev (mon^ SH^TÎ X20V2Ï Croix comme au

revers précédent (pi. VIII, fig. 26).

Outre les monnaies noires, dont nous venons de donner la description, Guillaume en fit aussi frapper de billonblanc:

Av. »ï< WIIJÏ2 3C)G: sombre. Écu de Sombreffe.

Hev. mon— e:rr2î— ROV— Rei^. Aigle à gauche

posé sur une croix qui traverse la légende (pi. VIII,

fig. 27). Ce type ainsi que le suivant paraît être propre ou du moins originaire de Reckheim : y^v. Wlliî^ : D—Gl. : SOMR. Église à deux tours ayant

au-dessous un aigle qui traverse la légende.

Rev. »ï< mOKerTTÎ : DS : RSI^e:. Croix dans un grènetis (pi. VIII, fig. 28).

318

Av. S. P a m (rus) GIIi^M : DS : SOM. Église et aigle idem.

Rev. >ï< MOI^SnaTÎ : DS : RSI^SMnH. Croix dans un grènelis(pl. VIII, fig. 29).

Le nom de Saint-Pierre qui figure sur celte monnaie est probablement celui du saint patron de Reckhcim.

Les seigneurs de cet endroit ne se firent pas scrupule de contrefaire les monnaies des princes étrangers, mon- naies que M. Rouyer (») et M. Chalon (») ont déjà fait con- naître.

Le premier a fort bien expliqué un tournois noir au type français de Jean de Piermont, seigneur de Reckheira, ayant une singulière ressemblance avec celui des deux pièces dont nous faisons suivre la description :

Jv. <! I^TîROIiVS X p Rex. Deux lis dans une

épicycloïde à quatre lobes.

Rev : UOVK : DS : RSDSj^G:... Croix can- tonnée de deux lions et inscrit dans un grènetis (pi. VIII, fig. 11).

Jv. % I^TÏROIiVS ^ PRTÏGCORV RSX. Deux lis, id.

Rev. moi— SnnTÎ ROV RSI. Croix cantonnée de deux lions et traversant la légende (pi. VIII, fig. 12).

Xe type de ces pièces paraît plus ancien que celui du

(!) Revue de numismatique française, 1852, p. 38.

(-) lîevue de la numismatique belgr, 20 série, t. Il, p. I[i6.

319

tournois noir public par M. Uouyer et pourrait bien appar- tenir à l'époque de Guillaume VI.

II

SEIGNEURIE DE STEIN.

Stein, seigneurie située sur la rive droite de la Meusr, faisait anciennement partie du comté de Looz. Actuellement c'est une commune qui appartient au Limbourg hollandais, arrondissement de Maestrieht.

Il paraît, d'après l'opinion commune, que les sires de Stein provenaient d'une branche de la maison de Looz.

Le premier seigneur de Stein mentionné dans les docu- ments est R dominus de Steine. Le second est Arnould, qui figure dauns une charte de 12S5, et ce nom continue à figurer dans les années 1268, 1283, 1296, 1311, 1322, 1331, 1338 et 1366, sans qu'il soit possible d'en établir la filiation.

La fille du dernier Arnould, qui était contemporain de Jean III, duc de Brabant (•), épousa Daniel VII de Mer- wede, qui fut dykgrave dans la Hollande pendant les années 1369 à 1390.

Nous allons faire suivre leur filiation :

Daniel VIH, s' de Merwede, Stein, etc., Goimacme de Mcrwede, Mathiidb de Mer- cp. Mnrguerite de Heinen, veuve de f 1413, ép. N... wede,ép. Gérard

Louis Van Praat.

de Vliet.

Margocrite, dame Jeahre de Merwede, Jeasue de Merwede, ép.

de Merwede, dame de Stein, Jean de Herlaer.

Stein et Poclwyk, ép- Philippe de

t imp. en 1451 ; Spangen, f imp-

ép. le sire de Bre- en 1469.

derode.

(1) Vùy. BuTKENS, Trophées de Brabant, liv. IV, p. 435, ccusson 11° 43 , qui est échiqiiclé en sautoir de gueule et d'or.

320

La seigneurie de Slein passa probablement, par vente, aux Batembourg de la maison de Bronckhorst, dont nous n'aurons plus à nous occuper.

Les sires de Stein frappaient monnaie; MM. Chalon et Cuypers en ont déjà fait connaître des échantillons (*).

Jeanne de Merwede, l'épouse de Philippe de Spangen, a frappé des monnaies noires au type de celles de ses contem- porains, Jean de Heinsberg, évéque de Liège, Jean de Homes et Guillaume de Sombreffe seigneur de Reckheim.

Jv. ^ I2ÎRR7Î DS : SrrSm. Branche d'arbre à la- quelle est suspendu un écu parti, au premier, échi- queté qui est de Stein, au second, de Merwede, qui fut primitivement de gueules à la fasce d'argent , mais auquel furent ajoutés, selon les uns, en 1226, selon les autres en 1304", quinze besants d'or (»).

Rev. ^ PKX : XPl : STO : ROBISGVm. Croix pattéc dans un grènetis et cantonnée d'un écu au lion, qui est de Stein et d'un écu losange (pi. VIII, fig. 30j.

Les monnaies suivantes sont au champ blasonné, qui fut en vogue vers le milieu du xv* siècle :

Jv. >î< IOI1QU...0 VT^n ffiSRWS o Le champ bla- sonné des armes de la dame qui sont écartelées au f»remier de Merwede, au second et troisième d'un lion, au quatrième de ....(?)

{') ftcvue de la numismatique belge, série, t. I, p. 388 et t. IF, p. 179.

(') Voy. Balen, Beschryving van Dordrechl; Boxhorn, Toneel van Holland; Van Leeuwen, Batavia illustrata. Le château de Merwede était orné dans les parois des murs de Lijqiies eu losanges.

521

Rev. »ï< HOHS S RI07C S SnHoRn. Croix dans un grè- nelis, ornée Su centre d'un Ij couché (pi. VIH, fig. 51).

Jv. ^ I0ï^2î RWS. Le champ id.

Bev nn2î R0V7Î Croix patléedans un grène-

tis et ornée d'un GC (criix?) (pi. VIII, fig. 32).

^v I V2ïi\ M Le champ blason etécar-

telé au premier et quatrième de Merwede, au second et troisième d'un lion.

Rev. Légende à lettres embrouillées. Croix portant au centre un GC (pi. VIII, fig. 33).

Av. ... 01^ .. DS .. Gn .... Le champ blasonné et écar- teléau premier et quatrième de chevrons, au second et troisième de Merwede.

Rev on Croix traversant la légende et portant

au centre un lis (pi. VIII, fig. 34).

Sur les monnaies qui suivent, Jeanne a remplacé les armoiries de Merwede par des lis, sans doute dans l'inten- tion de les faire circuler avec les monnaies noires de Phi- lippe le Bon, duc de Bourgogne :

Jv. ►ï< lOI^TîRRTÎ^DRTîSDSSSmSJ.Lechamp bla- sonné et écartelé au premier et quatrième d'un lis, au second et troisième d'un lion.

Rev. ^ mOGn^'R : R0V2Î :DS : J^VS^TÎ. Croix pat- lée portant au centre un S (pi. VIII, fig. 33).

Quelle est cette localité du nom de Rusta dans laquelle

sÉniE. Tome vi. 21

522

cette monnaie a été frappée? Toutes nos recherches ont été vaines à ce sujet.

Av. lO'.DG : mGRW : D....DS SrT. Champ idem.

Bev. Semblable au précédent (pi. VIII, lîg. 56).

Jv. >ï< lOî^ .... MSRW. Le champ id.

Rev. >î< mORSmîî ...o... RfT. Croix idem. (pi. VIII, fig. 37).

Jv. IOÏ2^R.-..°3C)R2îSD3S SnaS. Le champ comme ci-dessus.

nev, ^ mOR3rr25 » UOVR : GlViri^'. Croix pattée dans un grènetis portant au centre un G (pi. VIII, fig. 38).

Le mot de civitatis est-il pris ici par fantaisie ou bien signifie-t-il Slat, nom d'une localité qui se trouvait peut-être dans les environs de Stein? C'est ce que nous ignorons.

Jv. >ï< 10 DS : mSRW : DWK : DQ Sm?. Le champ

idem. Rev. >î< ffiORG^TÎ : R0V2Î GCIVroîî?. Croix idem.

(pi. VIII, fig. 39).

Av. >h 10?. DS g mSRW : DWKIDG : BïïW Le champ idem.

Rev. monemT^ -. rovtî : aimmKmv. croix idem,

portant au centre un R (pi. VIII, fig. 40). Jv. ^ 10: DS:m2îRW:Dn2î'.DS:Srn. Lechamp

idem. Rev. >ï< mORSnnTÎ . R0V2T: ai VinnTîrr. Croix idem,

portant au centre un S (pi. VIII, fig. 41).

523

Jv. >^ IOî2..nR2î l DHTÎ : DS : mSQK Le champ idem.

Bev. HOH...RI02ÎSRnn3Rl2 {moneta nova de Stein?) Croix idem portant au centre un li (pi. VflF, fig. ^2).

Av. ^ I0}:i7^n .... mSRWSIS. Le champ idem.

Rev. *h mORGnnTÎ : DRTÎ'.D.... IR (moweto rfowmœ rfe Stein). Croix idem avec lis (pi. VIII, fig. -43).

^v. »î< iai22ÎRR7î S DR25 S D0 S SOIS?. Le champ idem.

Rev. ^ SIîORSa^2îSDn2îSDS$ Sn^SK. Croix idem avec G.

Ch. Piot.

3â4

MÉREAUX D'AUDENARDE.

NOTES SUPPLEMENTAIRES.

Nous faisons suivre ici quelques notes supplémenlaires aux Recherches sitr les méreaux d'Judenarde, insérées dans la Revue de la numismatique belge (•).

Parmi ces méreaux, il en est encore qui servaient de marques d'acquittement à ceux qui apportaient au marché des marchandises soumises à l'octroi et aux taxes de place- ment ou d'étalage. Nous trouvons, à ce sujet, une ordon- nance du magistrat d'Audenarde, en date du 'io avril 15S8, par laquelle celui-ci autorise les percepteurs des taxes de placement au marché des bestiaux, de se servir d'un plomb spécial, pour éviter toute fraude de la part de ceux qui, venus tard au marché, auraient pris place et fait des trans- actions à l'insu des percepteurs (*). La série de méreaux

(1) T. I, 2e série.

(*) « Omme dieswille dat de onghelders van de levendc beeslen te bedt zouden moghen huerlieder inninghe doen van den zelven onghclde, ende omme fraulde te schuwene, es by hcere ende wet deser stede gheconsen- teert den voorseyde onghelders, in de jaermaert deser stede, lafele te stellene up de beeste maert der selver slede, aldaer de vercoopers van eenige beesten, hoodanich die zyn, ghehauden werden met huerlieder coopers ter tafele te commene, ende aldaer, het ongbelt betaclt heb- bende, naer coslume te lichtene een loodt van elkcr betaelinghe, omme

325

indéterminés, décrits dans la notice précitée, pourrait bien en renfermer quelques-uns qui ont servi à cet usage, no- tamment les n"* 23, 24, 25 et 26. Certains plombs étaient délivrés aux portes de la ville, pour le passage ou l'exporta- tion de la bière (^), ce qui s'effectue encore de nos jours au moyen de billets. Chaque brasserie avait son poinçon parti- culier j en outre, des plombs spéciaux servaient à constater la perception des droils d'accises et d'octroi ('). D'autres plombs étaient employés par les maîtres des pauvres, pour s'assurer de la présence à l'église avant l'Évangile, des pau- vres admis à recevoir, par disposition testamentaire, un pain ou d'autres aliments. C'est ce qui résulte d'un passage du registre aux actes et contrats de 1 639, cité en note (').

daerby te betoogbene den assistenten van den voorseyden onghelders in eenighc plaetsen te laete gestelt, dat zy huerlieder ongheit behoirlyk

betaeit hebben, up de boete telcker waerf van xx sch. par

Aldus ghepubliceert ter plaetsen ghecostumeert, den xxiij in april xv« Iviij, naer Paesschen. Antatng. »

(Registre aux édils et ordonnances politiques.)

(1) d Item betaeit Jan Grenot, van dat hy ontfaen heeft de loedin pen-

BJnghen van den uutvarende bière ter Eynpoorten »

{Comptes de la ville, lb24.)

(') « Item betaeit Willem Vrancke, gaudsmet, van xvij pinchoenen gesteken, daer de teekenen van elker brauwerie gheprent staen, midts den teekene daer mede men zeghelen zal, dienende om tcucilleren van

den onghelde by hem ghelevert, heft tsaemen xij lib. par, »

(Ib., 1524.)

Une corporation spéciale pour la perception des droits d'accises fut érigée en 1683, sous le patronage de saint Zachée.

(')«... Dat de voorseyde aermeesters ende haerlieder nacommers alvoren verobligiert zullen zyn jaerlicx tôt lacvenesse van der zielen van beede de voornoemde donateurs, te doen celebreren, binnen Sinte-Wal-

326

en est encore qui faisaient l'office de bons métalliques, dans les circonstances que nous allons rapporter. Les indi- gents étrangers à la ville, qui se présentaient le matin au bureau de bienfaisance, recevaient du maître boursier des pauvres, un pain de huit deniers parisis, avec l'injonction de quitter aussitôt la ville. Ceux qui arrivaient dans l'après- midi, étaient admis au même bureau, pour y recevoir un plomb, par loqu(4 ils étaient accueillis à l'hospice Saint- Jacques, pour y être logés et nourris, à condition de quitter le lendemain la ville et de ne s'y représenter dans lemois(').

buighe kercke ifeser stcdc, u|) Sinte-Ctaeren dach, cen gheteesen messe, aldaer distribuerende twaelf brooden van vier stuyvers het sluck, mits- gaeders xij sch. par. in gbelde aen xij aerme persooncn, die alsdan ghe- haiiden suUen zyn de voorseyde messe van Requiem te commen hooren van het beghinsel tôt bet leste. Ende indien der eenige aermen, looden onti'anghen hebbende ende niel commende voor d'Evangelie, zullen ver- liesen het eflfect van huerlicder loot ; ende tselve ghedeelt worden aen de ghonc die de selve messe ghehoort zullen hebben, van dert eersten totten lesten, zoo voorseid is. . . »

{Registre aux actes et contrats, 13 juillet 1639.)

(t) « . . . Ende nopcnde impotente aerme lieden die van bnuten in de stede zouden moghen commen, en zullen van gbclycken niet mogbe» bedelen, nemaer zullen zulcke des voernoens in de stede commende, mueghen gaen ten hnuse van den aermcestere die de burse draecht, ende aldaer baelen om huerlieder nootdruft, een broot van viij deniers par. mecr oftc min ten discrelie van den zclven aermecstere, ende dan ver- trecken uuter stede. Ende die sachternoens naer vespertyt in de stede commen sullen, sullen van ghelycken gacn aen den sclven aermcestefe dieTiemlieden gheven sal een loodt, omdaer mcdc ghelogiert tewerdene int gasthuis, ende de weerdt zal ghehoudcn wesen zulcke te logieren ende gheen andere. Ende zal de weerdt zulcke gasten gheven elc een broodt van iij den. par,, een vierendeel biers ende voor iij den. par. boter ofle caes, slapen, vier ende potaigc, naer d'aude costume ; ende de xij den

327

Quant aux marques ou estampilles en plomb, destinées à constater le lieu de fabrication ou le droit d'expertise pour la qualité ou la dimension des étoffes de laine, la bibliothè- que d'Audenarde n'en conserve qu'une seule appartenant au xvi' siècle, et représentant, si nous ne nous trompons, une grappe de raisin avec un gothique. On comprend com- bien ces marques avaient de l'importance, surtout à Aude- narde, l'industrie des tapisseries était parvenue à un haut degré de prospérité qui favorisait l'écoulement de ses pro- duits dans toute l'Europe, voire même en Asie Q. Leur usage, fort ancien sans doute, a été particulièrement dé- terminé par ordonnances locales, au commencement du xvi' siècle, quand la fabrication des draps et des tapis était à l'apogée de sa splendeur, notamment en 1501, ISIl et 1521. Dans une de ces ordonnances, nous remarquons le paragraphe suivant, qui semble se rapporter à une marque dans le genre de celle décrite plus haut: « On estampillera ces draps au moyen d'un sceau au-dessus des armes de la ville Ce sceau représentera d'un côté, un grec(s«c), et, de l'autre un petit tronc à deux cardes. On y apposera, en outre, le

par. voor eicker gast zal de zelve weerdt haelen an den aermeestere als hy hem zyn loodt oveibrenghen zal. Eiide zulcke gasten moeten smorgens vertrecken uuler slede ende vryhede, ende in een niaendt niet meer inné commcn. ...»

{Registre aux édits et ordonnances politiques, iS61.)

(') Observons ici, en passant, que l'industrie des toiles, coutils et ser- viettes, autre source de prospérité pour la ville et surtout pour les envi- rons, ne prit de TextensioB qu'au xtu« siècle. La corporation érigée dans ce but, sous le patronage de saint Bernard, obtint sa charte le 16 mai 16i2- (Registre aux o/jices, i Wo-ï&7i, foi. 119 v».}

328

sceau des foulons('). » Nous entrons dans ces particularités, d'abord pour assigner une date certaine aux estampilles en question, dont quelques-unes, conservées dans les collec- tions particulières de la localité, pourront servir de spécimen delà gravure sur métal, à une époque qui en offre un si petit nombre ; ensuite, pour faciliter l'attribution des méreaux analogues à ces marques, par exemple, celui décrit et gravé sous le n" 13, dans nos Recherches sur les méreaux d'Aude- iiarde. Voici, du reste, quelques extraits des comptes mu- nicipaux qui ont rapport à la confection des coins de ces estampilles :

1441. Payé à Jean Van Willebeke, pour la gravure du sceau employé à la Cale (^) . . . . xvj esc. par.

1472. Payé à Pierre l'orfèvre (probablement Pierre Fan Campen), pour la gravure du sceau à tenailles destiné à l'estampillage des draps xx esc. par.

1484. Payé à Laurent Tristrain, forgeron, pour avoir façonné un nouveau sceau à tenailles destiné à l'estampil- lage des draps à la Cale xlviij esc. par.

1500. Payé à Guillaume Vrancke, pour la gravure d'un sceau servant à l'estampillage des draps, xvj esc. par.

1501 . Payé à Guillaume Vrancke, orfèvre, pour avoir

(') « Ilem, mcn sal die zeghelen met eenen zegliele over teckin van der stede, over d'ecn zyde hebbende een griexsche , ende over d^ander zyde een struuxkin met twee cardekins, ende voort metten zegbele van den voidre. »

{Registre aux acte» et contrais, IbH, fol. 163 v».)

(') Bureau de pesage et d'estampillage contigu à Thôtel de ville, ou plutôt à la halle. Le local de pesage actuel porte encore ce nom. Cale ne dériverait-il pas de scale (schael), balance?

329

gravé quatre sceaux d'acier, destinés à l'estampillage des petits draps, par une ordonnance récente, iij lib.xlj esc. par.

1510. Payé à Jean Blanstrain, pour avoir renouvelé le coin d'un sceau à tenailles, destiné à l'estampillage des draps à la Cale xij esc. par.

1514. Payé à Jean Blanstrain, pour la gravure d'un sceau à tenailles, destiné à l'estampillage des draps à la Cale xl esc. par.

1525. Payé à Guillaume Vrancke, pour la confection d'un coin de fer destiné à frapper des marques, xvj esc. par.

Payé à G. Vrancke, orfèvre, pour la gravure d'un sceau à tenailles servant à l'estampillage des draps, xxxvj esc.par[^).

(') i4fH. « Item ghegheven Janne Van WiUebeke, van der seghei- tanghe up de cale te graveerne ende te stekene xvj sch. par.

1^72. « Item betaelt Pietren den selversmet, van der prente van der tanghe daer medc dat men de lakenen seghelt up de cale, xx sch. par.

i4S'i. o Item betaelt Laureyns Tristrain, smet, van dat hy ghe- maeckt heeft eene nieuve tanghe omme de lakenen te seghelen up de cale xlviij sch. par.

IbOO. « Item betaelt Willem Vrancke, ter causen dat hy gbemaeckt ende gliegraveert heeft eenen seghele up de cale, omme de lakenen te seghelen xvj sch. par.

1501. « Item betaelt Willem Vrancke, gautsmet, van gesteken iheb- bene in stalc vier seghels, om daer mede de cleene lakenen te seghelen, onlancx ghcordonneert te makene binnen dese stede. iij hb. xij sch. par.

IKIO. « Betaelt Jan Blanstrain van eene tanghe te versteekene omme lakenen mede te seghelen ter cale xij sch. par.

15ii. a Betaelt Jan Blanstrain, van dat hy gesteken heeft de prente in de tanghe van den seghelaers van der cale , omme de lakenen te seghelen xl sch. par.

1»2S. Ilem betaelt Willem Vrancke, van dat hy een yserin ghe- sleghen heeft omme tcek^nen te slaene xvj sch. par.

« Betaelt Willem Vrancke, gaudsmet, van dat hy ghemaeckt ende

330

De temps immémorial, chaque membre de la corporation de Sainl-Eloi, le forgeron aussi bien que l'orfèvre, avait sa marque particulière. Avant d'en faire usage, il était tenu d'en exhiber aux doyen et jurés de la gilde, une empreinte en plomb, sous peine d'encourir une amende de vingt-cinq escalins parisis ('). Ce mode d'enregistrement correspond à celui jadis en vigueur à Gand, les orfèvres faisaient gra- ver leurs noms et frappaient leurs poinçons sur des plan- ches de cuivre dont quelques-unes ont été épargnées. Le seul souvenir qu'on conserve à Audenarde de cette coutume, (qui s'étendait, croyons-nous, à tous les autres corps de mé- tier, sauf les variations que comportait chaque genre d'in- dustrie), est un registre de l'ancienne corporation des retordeurs, branche de Saint-Michel, contenant le sceau ou la marque de chaque membre. Par malheur, ces marques sont insignifiantes. Hormis deux ou trois qui représentent des ciseaux couronnés, entourés du nom du membre, le

gesteken heeft tmerck van den Iaken zeghele up yserin tan-

ghen xxxvj sch. par.

{Comptes de ta ville.)

(') « xviij Item, elc man die teeken slaet of slacn wille van deu ambachten voorseyd (Sinte-Loy), moct zyn Iceken overbringen int loot, alheer hyt slaet of teckent up eeiiich werck. Ende wye anders teeken sioughe of conterfayten, of dat elc zyn principael teeken niet overen- Liochle ten vermane van deken of van ghezwoornen, omme daer up te ordonneeren waers van noode in eenighe manieren, dat die verbeuren sôudc XX sch. par. »

{Registre aux chartes des gildes et corporations. Copie uiit copie van chiaerle , ordonnancie ende regfiele van den ambachte van mynen heere Sinte-Loy, Gccollationneert jegen den principalen chartre, den xviiij dach van maerte 1588.)

( 351 )

reste ne mérite guci e d être signalé. Le registre est, si nous ne nous trompons, de la seconde moitié du xvn" siècle.

Voici la description des mércaux découverts à Aude- narde depuis la publication de notre première notice :

1 . P gothique. Rev. Branche de fleurs. Confection gros-

sière, probablement une variété de ceux attribués à l'église de N. D. de Pamele, à Audenarde. Plomb.

2. ÇU gothique. Rev. Croix fleurdelisée. Imitation d'une

monnaie d'argent de Maximilien et de Philippe le Beau, portant : >ï< MAXIMILIANVS : et PHILIP : Rev. >ï< CVSTODI : NOS : DOMIiNE (valeur de six mites). Abbaye de ffiagdendaele (Fat-aiix-vierges), ou l'un des deux petits plombs confectionnés, en 1 549, pour l'église de Sainte- Walburge, et servant au salut de la Vierge ^Harie et du Saint-Sacrement. La croix fleurdelisée correspond parfaitement à celle figurant sur les autres méreaux employés jadis en cette église. Plomb.

En faisant des recherches dans les archives de l'hôpital N.-D., à Audenarde, il y a trois ans, nous y avons rencon- tré une empreinte quelque peu fruste d'un sceau de l'église de Sainte-Walburge, appendu à un parchemin de l'année 1236. Il représente la sainte debout, la tète couverte d'un capuchon ou voile, et tenant, de la main gauche, un lis, et de la droite, une église. Sa légende est : *h SIGILLVM SKINCTE W2ÎLBVRGE VIRGUNIS : DE : 2ÎLDE- N7ÎRD0. Il est de forme ovale, et mesure 7 centimètres

'j

en hauteur, sur 4 centimètres 5 millimètres en largeur.

s^

Les fleurs de lis figurant sur les méreaux de Sainte- VVal

352

burge, ne seraient-ils pas une reproduction de Temblème caractéristique de la sainte? Quoi qu'il en soit, l'édifice reli- gieux que Sainte- Walburge présente, nous révèle, à travers les gerçures de l'empreinte , les traces d'un plan d'église ogival, coupé en triptyque, qui pourrait bien avoir été celui de la primitive église. Un dessinateur habile parviendrait peut-être à restituer, par analogie, les traits effacés de ce sceau, qui constitue un des plus anciens monuments de la sphragistique locale (').

3. lï^S monogramme gothique de NS. Rev. Croix fleur- delisée. Cuivre.

4-. Écusson à quatre quartiers, contenant chacun trois oiseaux. Type d'un cachet de famille. Plomb.

5. Bateau. Rev. MB entrelacés, surmontés du chiffre 9.

Plomb.

6. Écusson en zigzag. Rev. Ornementation figurant un

P. Cuivre.

(I; Les autres sceaux religieux de la localité ou des environs, sont pour la plupart perdus. Nous avons sous les yeux la matrice ou l'empreinte de sceaux ayant appartenu aux communautés suivantes : Hôpital Notre- Damej Frères- Mineurs, Notre-Dame de Sion, Capucins, Jésuites, abbaye de Sainte-Claire à Peteghem, et abbaye des Bénédictins à Eenaeme. Les sceaux de corporations sont encore plus rares. Jusqu'ici, on n'en signale que deux : de la corporation des bouchers et des tisserands en laine. Quant aux cachets de noblesse ou de magistrature, on en conserve une collection nombreuse à la bibliothèque publique et dans nos médailliers particuliers. Nous nous occuperons bientôt d'une série intéressante de sceaux seigneuriaux, dont on voit une empreinte dans les archives de l'hôpital Notre-Dame. Plusieurs empreintes de nos sceaux communaux ont été décrites ailleurs.

533

7. Main ou ganl. JRev. Deux herses de brasseur croisées,

cantonnées des lettres C C— V. Plomb. -t.

8. Avers et revers H, sigle de NS. Plomb.

9. SliOY en caractères gothiques frappés en relief. Au-

dessus, un lis, un marteau et une rosace. En des- sous, un fer de cheval. Le tout frappé en creux. Cuivre. C'est apparemment une de ces empreintes que les mem- bres de la corporation de Saint-Éloi étaient tenus de pré- senter à leurs dignitaires, avant de poinçonner leurs ou- vrages. Seulement, le métal, qui devait être du plomb, est ici du cuivre.

10. Dans un double cercle, écusson surmonté d'une bande horizontale et coupé en trois par une double bande. Dans chaque quartier, un globule. Entre les deux lignes circulaires , neuf globules séparés par une barre verticale. Entre le cercle intérieur et l'écusson, quatre globules séparés par une barre verticale. Rev. Au milieu d'un double cercle, croix pattée, cantonnée de quatre globules. Sur le point de jonction des deux branches, un globule j aux extrémités de chaque branche, trois globules. Entre les deux lignes circu- laires, dix globules, séparés par une barre verticale. Plomb. Type antique. Ce méreau a été trouvé dans les fonde- ments d'une maison du xvi* siècle.

Quantité d'autres plombs, trouvés dans l'Escaut, repré- sentent des initiales ou monogrammes, et paraissent avoir servi de marques aux sauniers de la localité , pour contrô-

~ 334

1er le service de leurs ouvriers ou pour constater l'acquit- femenl des droits municipaux.

A la vente de feu M. Jonnaert, à Gand, la bibliothèque publique a fait l'acquisition d'un plomb attribué, dans le catalogue, à l'église de Sainte-Walburge d'Audenarde. II représente, à l'avers, sainte Walburge avec les lettres S W., et, au revers, l'inscription nOVDT, avec l'année 1714. Nous pensons que ce méreau n'appartient pas à l'église pa- roissiale d'Audenarde, attendu qu'il n'offre pas le type local qui caractérise les autres, et que les comptes de celte église ne font mention d'aucune pièce de ce genre. Ajoutons que la série des méreaux fabriquée, un siècle auparavant, pour l'église de Sainte-Walburge, doit avoir amplement suffi au service, car il s'en trouvait encore en abondance, il y a une quarantaine d'années, dans la sacristie de cette église, et personne que nous sachions, ne se souvient d'en avoir vu figurer pariui le nombre, qui offrissent un type semblable à celui décrit plus haut.

Ces méreaux, comme tous ceux de nos églises, sont de- venus aujourd'hui des raretés locales.

Edmond Vanderstraeten.

335

EXISTENCE DOUTEUSE

JETON RELATIF A LA VILLE D'AUDENARDE (1677).

Nous avons fait connaître dans celte Revue, un jeton iné- dit aux armes d'Audenarde, frappé sous la domination de Louis XIV, en Flandre. Le hasard nous a fait rencontrer depuis, la description d'un autre jeton, appartenant à la même époque et concernant la même localité, mais dont l'existence nous paraît au moins problématique : c'est celui que M. Ketele assure avoir été confectionné, en 1677, lors de l'inauguration de l'élégante fontaine qui orne la place publique d'Audenarde (').

On sait que ce superbe monument fut construit sous la direction des principaux ingénieurs français de l'époque. Vauban, Monijoie et Champonois vinrent inspecter tour à tour le terrain, et dressèrent des rapports tellement favo- rables, que Louis XIV alloua 1,500 livres parisis pour commencer les travaux. Le 5 décembre, on débuta par la construction des réservoirs. L'année suivante, on posa la

(1) Vues et monuments d'Audenarde, dessinés et lithographies par F. SiMONAD, accompagnés d'une description historique, par Jdmes Ketele In-fol. Audcnarde, 483Î), impr. de Hevernaege frères.

336

première pierre du monument. Celle cérémonie se fit sous la présidence de Claude Talon, gouverneur général et intendant de police et des finances du pays, établi à Aude- narde depuis 1670. La fontaine fut achevée vers la fin de 1677, et coûta à la ville environ 3,000 livres parisis. L'inauguration s'en fit avec pompe.

Au rapport de M. Ketele, le jeton en question aurait été frappé, pour perpétuer le souvenir de cette solennité. H représentait, à l'avers, le buste de Louis XIV, et, au revers, le modèle de la fontaine avec la légende : TVIT ET ORNAT.

Personne n'ignore que les ateliers monétaires de Paris ont confectionné, sous la règne de Louis XIV, des milliers de jetons et de médailles pour une infinité de monuments d'utilité publique. Quelques-uns d'entre eux ont môme beaucoup de conformité avec le monument en question, et offrent une légende identique à celle reproduite plus haut. Mais nulle part, que nous sachions , nous n'avons vu figurer, ni en nature ni en dessin, dans les collections des numismates, une pièce rappelant la construction d'une fon- taine publique à Audenarde. Les nombreux ouvrages que nous avons consultés, les documents spéciaux que nous avons minutieusement compulsés, notamment les comptes communaux, n'ont pu nous mettre sur la trace d'aucune pièce analogue. Enfin, l'auteur lui-même des Fues et monu- ments d' Audenarde, n'a pu nous indiquer la source il a puisé ses renseignements. Si nous ne nous trompons, M. Ke- tele a été guidé dans son travail, par feu M. l'archiviste de Rautère, qui a publié, dans la Gazette van Gent, une notice détaillée sur la fontaine d'Audenarde, sous le tilre de ;

537

Tydrekenkundige en Historische aenteekeniwjen over de fon- teyn van Àudenarde. Or, cette notice est presque entière- ment basée sur les documents conservés aux archives locales. Il s'ensuit qu'à défaut d'un témoignage suffisant, nous ne pouvons admettre l'existence du jeton historique en question, jusqu'à preuve du contraire. M. de Rautère ou M. Ketele aura pris probablement un de ces nombreux modèles des fontaines publiques, figurées sur les jetons, appartenant au siècle de Louis XIV, pour la fontaine d'Au- denarde elle-même. L'absence d'une date et d'un nom de ville aura favorisé cette méprise. Nous faisons volontiers cette supposition, car nous douions que le but de ces esti- mables savants ait été d'enrichir la série bien restreinte des monuments métalliques concernant la ville d'Audenarde, d'une pièce purement imaginaire. Quant à l'idée de mys- tification, il nous répugne d'y croire.

Nous voudrions être détrompé à notre tour.

Ed. Vanderstraeten.

2"= SÉRIE. Tome ti. 22

558

UNE DÉCORATION ALGÉRIENNE,

(Pt. XV, FIG. i.)

L'amour des décorations, le désir se distinguer de la foule par quelque signe extérieur semble être inné dans l'homme. Sans doute que cette passion, comme toutes les maladies physiques et morales, a ses alternatives de calme et ses périodes d'intensité. Mais on la retrouve, toujours et par- tout, depuis le sauvage qui se bariole de verroteries, de hari- cots rouges et de plumes de perroquets, jusqu'au civihsé qui se barde de moire et se couvre de breloques et de crachats. Les jésuites, si habiles dans l'art de gouverner les enfants et les hommes, n'ont pas négligé ce puissant moyen d'ac- tion sur les marmots confiés à leurs soins. Les écoles laïques ont suivi bientôt leur exemple, et des croix d'honneur de toutes les formes, des rubans de toutes les couleurs indi- quent aujourd'hui aux passants ébahis les moutards distin- gués, espoir de la patrie.

Si l'on remonte dans l'antiquité, Thistoire nous a con- servé les traces de distinctions extérieures chez tous les peuples connus, dans les républiques, comme dans les monarchies. C'est le bouton des mandarins chinois; les tfâxufct (') des Grecs, espèce d'ornements dont ils déco-

('} De ««).«{, nxta.

539

raient même les ehevîuix cl les éléphants, témoin Antiochiis tlécernanl des phaléres d'argent à un éléphant de son armée qui s'était distingué par son courage; les torques, les pha- léres, les armilles, les chaînes, les fdniles, les couronnes, les hastes d'honneur, chez les Romains et chez les Gaulois, leurs copistes.

On sait que les phaléres des Romains étaient des espèces de plaques ou médaillons de métal et de pierres gravées qu'on suspendait sur la poitrine, comme nos croix et nos crachats modernes. La Revue en a donné un magnifique spécimen dans le médaillon d'or û'Honorius de notre re- grettable collègue M. Meynaerts (voir t. III, pi. VIII) (M.

Les torques, chaînes ou colliers étaient absolument nos colliers d'ordre. Il y en avait, comme à présent, de dimen- sions différentes, grands-croix, commandeurs, etc.

Les fibules ont conservé leurs analogues dans les décora- lions sur boucles, comme les portaient, il y a quelques vingt ans, les vieux de la vieille pour se distinguer au moyen du millésime indiqué sur la boucle, des décorés vulgaires de la Restauration et de la monarchie de Juillet.

Les hastes sont nos sabres d'honneur; genre de décora - lions non officielles, qui, au lieu d'être décernées de haut en bas, sont décernées de bas en haut, au moyen de sous- criptions plus ou moins populaires. La haste était la déco- ration primitive des vieux républicains romains.

Quant aux armilles ou bracelets, nous les avons aban- donnés aux dames ; et les couronnes, avec lesquelles les

(') Pline parle d'un Siccius Dentalns qui fut décoré de vingt-cinq phaléres et de vingt-six couronnes. Cet homme avait devancé son siècle.

340

Romains se promenaient gravement dans la rue, ceux qui y ont droit en timbrent leurs armoiries, en ornent les har- nais de leurs chevaux; mais la couronne, comme coiffure de tête, est tout à fait passée de mode. Iles rois eux-mêmes ne la portent plus.

Tout cela n'était encore que des distinctions personnelles, sans lien entre ceux qui les portaient. L'instinct d'associa- tion et de corporation, si puissant et si développé au moyen âge, donna naissance aux ordres proprement dits , tels que nous les avons aujourd'hui. D'abord religieux ou militaires et se recrutant eux-mêmes comme les chevaliers de Malte et les TemplierS; puis institués par les princes qui s'en déclaraient grands-maîtres et se faisaient, de la distribution du signe distinctif, un moyen d'action peu dispendieux sur leurs sujets.

C'est sous cette dernière transformation que les phalères se sont répandues partout en Europe et qu'épuisant toutes les combinaisons possibles de l'étoile et de la croix, elles brillent des mille couleurs de lare en ciel sur la poitrine de nos diplomates.

Ce petit préambule n'était à d'autres fins que de servir d'introduction à la description d'une curieuse phalère algé- rienne dont l'extrême obligeance de notre honorable col- lègue et ami, M. le major Meyers, a enrichi récemment notre modeste collection. Nous donnons à ce bijou le nom ancien de phalère ou décoration personnelle , parce que nous ne sachions pas que Hussein-Dey eût établi, dans ses États, un ordre régulier proprement dit. Du moins, le splendide volume de M. Wahlen (qui s'y connaissait) n'en fait aucune mention.

I

341

Celle décoralion, que nous avons fail graver pi. XV, 1, se compose d'un disque lenticulaire de cuivre doré suspendu par une bélière cachée derrière un fronlon orné de palmeltes. Des ornements de métal doré sur un fond d'émail bleu, représentent un grand croissant les pointes en haut, entouré au-dessous d'une rangée d'étoiles, et au-dessus d'une autre rangée de petits croissants. Un second cercle non concentrique et touchant au bord supérieur de la pièce, occupe le vide du croissant, il est farmé d'une double ran- gée de perles entourant une monnaie encastrée et soudée à rebours, c'est-à-dire de bas en haut, par la négligence ou l'ignorance de l'artiste algérien.

Malgré le mauvais état dans lequel le feu a mis cette pièce, nous y avons reconnu un Tsemin-boudjou ou hui- tième de boudjou, petite monnaie d'argent du poids de gr. 1.25 et valant 23 centimes.

Les Deys n'étaient pas très-généreux dans leurs décora- tions.

On y lit '- ji)j^ J, v-'r^ frappé à Alger, \[f-f, 1244 (1828-1829).

Le revers de la décoration est une surface unie sans orne- nienls ni inscription.

R. Chalon.

542

CORRESPONDAIXCE.

A M. Cn. PiOT, secrétaire de la Société de la mimismaliqh''

belge.

MoîSSIEt'R ,

J'ai rhonneur de vous adresser une note de M. le doeU ur Grotefeiid, conservateur des eolleclioDS nuriiisinaiiqucs et îjrchivisle de l'Etal , à Hanovre. Les lecteurs de la Revue remarqueront avec plaisir que le Gouvernement hano- vrien donne à l'art de la gravure une protection généreuse et éclairée, en envoyant gratuitement aux établissements publics , même étrangers, et en offrant à un prix très-mo- déré aux amateurs l'un des plus remarquables produits de l'époque actuelle. S. M. le roi de Hanovre, à qui l'on est personnellement redevable de cette libéralité, a fait envoyer à la collection royale de Bruxelles des exemplaires de diirérenls métaux de la médaille dont nous parle iM. le D" Grolefcnd dans la note suivante :

« S. M. le roi de Hanovre a fait frapper à la mémoire du « conseiller privé de cour Gauss, à Gottingen, une mé- « daille qu'on peut hardiment classer parmi les plus belles *< œuvres de la gravure. Klle a un diamètre de 5i2 lignes

545

« de Vienne et dépasse donc dequehjue peu h plus grajide

M dimension de l'échelle de Mader. L'avers présenîe le por.-

•( irflit du défunt, d'une grande ressemblance et traité de

« main de maître, par le médailleur Brehmer, avec la

. légende circulaire * CAROLVS FRIDERICVS GAVSS

. * NAT. MDCCLXXVJl APH. AXX OB- iMDCCGLV

« FKB. XXHÏ. Sous la tétc en plus petit caractère :

•t pREBMER, F. Le revers renferme dans une couronne de

« lierre doc/arum hederœ propmia froiitium (fforace) -^

M la dédicace en quatre lignes ;

- GEORGIVS V

« REX HANiSOVERAE

« MATHEMATICORVM

« PRINCÏPI.

« et en légende circulaire : ACADEML4E SVAE GEOR- « GLAE AVGVSTAE DECORI AETERNO.

« D'après la décision de Sa Majesté, un certain nombre « d'exemplaires d'argent et de bronze de cette médaille ont « été donnés en présent à différents princes, à des établis- «( sements scientifiques, à des institutions savantes, et à des « particuliers. Et afin de donner aux autres amateurs la « possibilité de se le procurer pour eux-mêmes, Sa Majesté « a daigné gracieusement approuver que d'autres exem- « plaires seraient frappés pour cette fin et mis à leur dispo- « silion contre le simple remboursement des frais.

« Le prix d'un écrin avec une épreuve en argent et une « en bronze est de 10 th. 21 g. gr. (ou fr. 4.0-S5). Celui « de récrin avec Texeniplaire en argent (du poids de « 10 loth) est de 9 th. 19 g. gr. (ou fr. 36-75). Enfin la

344

.1 médaille en bronze renfermée dans un écrin coûte \ lli. « 2 g. gr. (ou 4 francs).

u Les amateurs qui désireraient profiler de cette dispo- « sition, pourront s'adressera M. le commissaire supérieur <( Hattendorff, à Hanovre, jusqu'au 1" août de la présente « année, en lui envoyant franco leur adresse d'une manière <c précise et y joignant les sommes de th. 10. 21 g. gr. <i th. 9.19 g. gr. Th. 1.2 g. gr. respectivement. L'envoi « des épreuves, dont la frappe sera terrhinée vers le com- K mencement de septembre, se fera en raison des mandats.

« Hanovre, le 28 mai 1856.

ti C. L. Grotefend. »

Quoique le délai fixé pour la souscription soit déjà écoulé lorsque paraîtront ces lignes , nous espérons que les amateurs qui n'auraient pas pu avoir, en temps utile, connaissance de la disposition généreuse de S. M. le roi de Hanovre, pourront encore en profiter en s'adressant comme dessus.

Bruxelles, 15 août 18S6.

C M. DE ROBIANO.

345

Lettre adressée à M. R. Chalon, président de la Société de la numismatique belge.

Mon cher Collègue,

Dans l'une des dernières séances de noire Société belge de numismatique, vous avez parlé de la découverte d'un sceau d'Arras (*). L'objet qu'il représente a conduit à une attribution numismatique qui m'intéresse tout particu- lièrement; si elle était admise, un nouveau travail sur l'histoire monétaire de l'Artois, plus complet que celui existant, pourrait être immédiatement entrepris, puisqu'il serait enfin connu le type primitif, si cherché, des petites monnaies d'Arras, le type des deniers modèles de tous ceux très nombreux du système artésien. L'importance de cette nouvelle attribution est assez grande pour que vous me per- mettiez de l'examiner.

M. Dancoisne, avec son obligeance ordinaire, m'a com- muniqué le dessin du scel communal d'Arras dont il s'agit. J'y ai constaté l'analogie signalée par notre collègue, dans le sein de la commission des monuments historiques du Pas-de-Calais, et par vous, entre le sujet qu'il porte et le type des petits deniers dont j'ai accepté le classement à la ville de Mons, proposé par M. Piot et par vous ('). Votre motif principal d'attribution, était la ressemblance du type

{') Revue de la numismatique belge, 2<-" série, t. VI, p. 2K5. (*) Ibid., t. IV, p. 30. Rechcrcfics sur les monnaies des vomies de l/uinaul, pi. 1, ii"» 6 el 7.

546

monétaire avec le sujet du scel communal de Mons ; le mien était, surtout, le rapport de style et de système moné- taire, des petits deniers en question, avec les monnaies de Valenciennes {*). L'attribution inspirée par une empreinte sigillaire pourrait sans doute être détruite par une autre empreinte; il n'y aurait en cela qu'une chose naturelle, puis- que le classement par le moyen des sceaux communaux n'ofl're et n'offrira jamais qu'une base fort mobile et fort peu sûre, comme le prouve, une fois de plus, ce qui arrive en ce moment. Mais le classement basé sur le style et le syjstème monétaire est plus difficile à détruire; celui-ci est pour moi le principal, vous le savez; l'autre n'est que secondaire.

J'ai beaucoup examiné, beaucoup étudié les deniers ar- tésiens, tant cenx frappés en Artois que ceux émis en FLin- dre; je leur ai constamment trouvé un cachet particulier; leur faire, leur dimension, leur titre, leur poids, leur ron- deur, leur épaisseur relative, les rendent immédiatement reconnaissables pour un œil exercé ; ils diffèrent essen- tiellement des deniers ou des mailles du Brabant (^), du Hainaut, de Liège , de Boulogne, de Saint-Pol, du Pon- thieu, etc.; leur aspect, leur poli, la netteté de dessin et les vives arêtes <le leurs types, ou comme enfin on l'a reconnu et dit dernièrement en Belgique : leur gravure plus délicate, plus finie que toute autre des Pays-Bas, leur aloi meilleur, se retrouvent sur des deniers agrandis portant le nom de Ko- bert, apparus tout exprès pour assurer l'exécution des lettres

{') Revue de la numismalitiue belge, (. VI, p. 289. (') On ne pourrait confondre avec eux que les petits deniers du Hairiuut poitanl le nom seul de Vulencionncs.

5i7

monétaires du comte d'Artois, Koberl II, en dytedu 18 juil- let 1^86 (V); ils se retrouvent sur d'autres monnaies apparte- nant au système de grandeur et de valeur nouvelles, adopté

(') Histoire monétaire de la province d'Artois, p. 280, et pici'cs justi- ficatives.

Dans son intéressante notice numismatique, insérée dans le Messager des sciences de la Belgique, M. C. A. Serrure a été plus généreux à l'égard de la ville de Saint- Oaicr, que je n'oserais l'être, au moins quant à présent. Dejmis longtemps déjà, j'ai exprimé, dans des conversations [larlîcniières, celles de ses oliservations rectificatives qui me paraissent acceptables. Je- remercie M. C. A. Serrnre d«s choses aimaldes qu'il vent bien m'adresser, je le remercie surtout de s'être occupé sérieuse- ment et sans partialité, de la numismatique de ma ville et d'avoir abord* celle de l'Artois, trop longtemps négligée en Belgique.

M. Serrure qui a su s'affranchir en grande partie, de l'influence de cer- taines idées dominantes autour de lui, semble oublier la nécessité irré- cusable de trouver des deniers de Robert II, d'Artois, ayant son nom; plus grands que les artésiens ordinaires, puisqu ils devaient valoir un parisis j moins grands qu'un parisis, puisqu'ils lui étaient de beaucoup supérieurs en titre; des deniers agrandis du beau style des anciens arté- siens, puisqu'ils leur succédaient immédiatement et qu'ils étaient fabri- qués par les artistes du pays et de la meilleure école.

Une monnaie publiée par M. Rigollot, dans son Mémoire sur de nou- velles découvertes de monnaies picardes, t. VIII , pi. X, 27, des Mémoires de la société des antiquaires de Picardie, est le fâcheux point de départ du doute jeté sur Tattribution des monnaies que je persiste à donner au comte d'Artois, Robert II. Cette monnaie, du véritable style artésien, en vigueur sous le règne de ce prince, paraît-il, n'a qu'une .'eule chose qui soit certaine, si sa lecture a été bien faite; c'est le nom d'Eustache en légende. Sa fabrique, sa dimension, son métal, la séparent complète- ment de la familk monétaire boulonnaisc ; le titre de comte n'y est pas; le nom de Boulogne ordinairement inscrit, est absent. Et c'est sur une monnaie si différente de celles des comtes de Boulogne, et partant d'une attribution extrêmement douteuse , que l'on s'appuie pour regarder comme de beaucoup antérieures à h fin du xin» siècle, comme appartenant

348

par ce prince; monnaies qui, certainement de notre pays, se sont refusées jusqu'à ce jour à toute attribution spéciale (•). Les petits deniers portant trois arches cintrées, balancent au moins dix grains ou 50 centigrammes, les artésiens au plus 8 grains ou 40 centigrammes ; le cachet tout particu- lier des artésiens manque entièrement à ces petits deniers. Une analogie de dessin entre leur type monumental et celui du scel employé à la fin du xnf siècle (1293-1299) par la ville d'Arras, et certainement antérieur à cette époque, peut- elle détruire les conséquences de la dissemblance de style et de système, pour le classement monétaire? Non sans doute. En supposant cette analogie plus grande qu'elle ne l'est j en supposant qu'il ne s'agisse pas d'un monument, le plus banal des sujets de sigillographie communale; en sup- posant encore que l'on doive attacher aux indications four- nies par les sceaux, une plus grande importance qu'il ne leur appartient réellement, l'accord du style et du système

au xi«, les pièces portant le nom de Robert et leurs analogues, pour les donner à Robert I ou II de Flandre. On oublie tout simplement les choses les plus essentielles, la filiation des types et l'analogie qui doit exister entre les grands deniers de ces princes et ceux des Raudouin IV et V et de Rainold, publiés par M. Gaillard, et même le grand denier de Saint- Omer, de mon cabinet. L'un de ces grands deniers est en nature dans la riche collection de M. Dewismes ; lui et moi assurons qu'il n'a aucune espèce d'analogie de fabrique, de type, d'aloi, de poids, de dimension, avec les deniers au nom de Robert.

(') Les monnaies portant la main bénissante, dont le musée de Saint- Omer et mon cabinet possèdent des variétés inédites, ayant des légendes différentes, sont loin d'êlrc les seules iuinterprétées du genre dont il s'agit. J'en connais plusieurs autres, et je range parmi elles, la pièce lue : Moneta ctistuchi. Une autre pièce du même genre porte le nom irrécusable de Saint-Omcr j M. Dewisnios en est l'heureux propriétaire.

349

monétaire doit passer avant tout, me semble-t-il ; c'est, à mon avis, ce qu'il y a de plus rigoureux, généralement pour la convenance d'une monnaie à un pays, et c'est ce qui est loin d'être toujours observé. Cet accord, qui n'existe en au- cune manière dans l'attribution à Arras, des petits deniers donnés précédemment à Mons, est, au contraire, très-suffi- sant dans leur classement au Hainaut. Du reste, le monu- ment lui-même, un peu varié de formes, sur les différents exemplaires de ces deniers, n'a, pour ressemblance particu- lière avec celui du scel d'Arras, que le plein-cintre de ses trois arches, simple expression du style monumental en vigueur au moment le scel et le denier furent faits; que ses trois arches qu'on retrouve cintrées partout, durant une certaine période de temps, durant la période dite romane. Le monument que le saint fondateur et patron porte à la main, sur le scel aux reconnaissances de la ville de Saint- Omer, montre trois arches semi-circulaires.

Les dômes arrondis des trois tours posées en-dessus des arches sur le scel d'Arras, sont parfois remplacées, dans le champ des petits deniers, par des toits pointus ('), comme le manifeste le scel de Mons. Les trois arches du scel d'Arras sont en partie remplies par les créneaux d'une enceinte fortifiée vue en perspective, celles du denier sont vides.

(I) Exemplaire nouvellement entré dans ma collection.

550

Voilà (les dissemblances que je ne relève qu'en pas- sant; mais ce qui mérite une attention particulière, c'est l'exisience d'une obole semblable aux petits deniers aux trois arches (*). L'obole de l'artésien , l'obole des deniers d'environ huit grains de poids, n'a jamais été trouvée jus- qu'à ce jour("); l'obole du denier muet de Valenciennes, l'obole du denier de dix grains existe, au contraire ; c'est un rapport de système monétaire , bien important à con- stater entre les plus anciennes petites monnaies de Valen- ciennes et celles dont il s'agit. Je vous propose, mon cher Président, de laisser à Mous jusqu'à plus ample informé, et peut-être à toujours, les petits deniers que vous-même avez jadis trouvés semblables à ceux de Valenciennes.

Recevez, etc.

Votre tout dévoué confrère, Alex. Hermand.

Saint-Omer, le 27 aoiit I806.

(') Recherches sur les monnaies des comtes de Uainaut, supplément, pi. IV, XXVIII.

(*) Les artésiens ont fréquemment un poids fort en dessous de huit grains j il en est de très-faibles.

551

./ M. R. Chalon, président de la Société de numismatique.

Monsieur le Président,

La renommée, suivant son habitude, parait avoir grossi l'imporiance des découvertes de vieilles monnaies faites dans ce pays et sur nos confins, pendant le mois de juillet et d'août derniers. J'en connais deux, l'une faite dans la ville (rEcliternach, la seconde dans l'ancien village trévirois de Hclfanl, dont le territoire est contigu à la Moselle.

A Echternaeh, on a trouvé lors de la démolition d'un vieux bâtiment dépendant de l'ancien couvent des religieu- ses Clarisses, un petit pot de grès renfermant environ cent quarante pièces dont six en or, toutes les autres d'argent. Sauf quelques monnaies de Charles de Lorraine et une de Josse de Luxembourg , toutes appartiennent à Trêves (Cunon) et à Cologne (Frédéric).

Xa trouvaille faite à Helfant a été plus intéressante. Des enfants gardant des vaches dans un lieu inculte, ancienne carrière de moellons abandonnée, travaillant à l'extirpation d'un nid de bourdons pour s'emparer d'une goutte de miel, trouvèrent ce nid assis sur un vase de plomb, qui brisé à coups de pierre, répandit sur le sol une quantité de mon- naies d'argent, que les petites mains s'arrachaient les unes aux autres, et qui le Soir se trouvaient éparpillées parmi diverses familles du village. Des amis en acquirent cent soixante-six pour moi; un Israélite en a, à ma connais- sance, réuni une centaine ; d'autres se trouvent dans une foule de mains.

352

La reconnaissance que j'ai faite de celles qui ont été acquises pour moi, m'a fait constater les spécimens sui- vants :

Lorraines, toutes de René I" d'Anjou .... 82 Bourguignonnes f de Philippe le Hardi, Philippe le

Bon et son fils Charles 4b

Luxembourgeoises d'Elisabeth de Goerlitz et de

Jean de Bavière 32

Gros de Metz 2

Colonaises 3

Tréviroises 1

Ville libre allemande, au coin de l'empereur Sigis-

niond 1

166

Celles de ces pièces qui m'intéressaient davantage, les luxembourgeoises, m'ont produit sept revers dont un seul d'inédit. Quant aux monnaies de vos provinces en voici le signalement :

Philippe le Hardi. Un seul exemplaire, bien con- servé; c'est le double gros décrit par M. Serrure, dans son cabinet du prince de Ligne. Flandre, 76.

Philippe le Bon. Les monnaies trouvées sont peu va- riées, mais généralement très-bien conservées. Le plus grand nombre est frappé pour la Flandre, à la légende Moneta nova Com. Fland., à la croix cantonnée de lions et de lis; du même, trois exemplaires: m. n. duc Bradant et Lemb.; du même, trois exemplaires: m. n. Com Hol : z : ze; du même, trois exemplaires : m.n. Falencenensis ; enfin, trois

353

pièces de Charles le Téméraire : m. n. ducis Brabant. L'un de ces exemplaires est remarquable en ce qu'il n'offre pas la moindre trace d'usure, la saillie des lettres et des figures est demeurée intacte.

Recevez, Monsieur le Président, etc. '

DE LA Fontaine.

Luxembourg, !««• septembre 18?î6.

îfît.H!-)

SÉRIE. Tome ti. 23

554

MÉLANGES.

M. C. A. Serrure, fils, a publié, dans le Messager des sciences historiques, des arts et de la bibliographie de Bel- gique ('), un article très-remarquable au sujet de quelques monnaies inédiles de Saint-Omer, appartenant au règne des Mérovingiens et à des époques subséquentes.

La première pièce qu'il fait connaître est au nom du monétaire Judemarus et aux lettres A-V-A-M dans les cantons de la croix du revers. 11 pense, avec raison, que ce triens appartient à Saint-Omer, et dote ainsi cette ville d'une monnaie entièrement inconnue et précieuse, sous plus d'un rapport, pour la numismatique artésienne.

Dans le § 2, l'auteur parle d'un denier, que M. Her- mand a déjà fait connaître, et dont nous faisons suivre la la description :

^u. (S)E AVDEMARV(S). Tête à droite, coiffée d'une espèce de calotte ornée de globules.

Rev OLDVS. AW. Croix cantonnée des lettres

C-R-V-X.

M. Serrure ne partage pas, au sujet de celte monnaie,

C) Année 1856, p. 212.

~ 355

la manière de voir de M. Hermand, qui prétend y lire (iîm)OLDUS, et rejette toutes les conséquences qu'il a tirées de cette lecture. Il pense, non sans motifs plausibles, que cette pièce appartient au xi' siècle et nullement au siècle, comme le suppose l'auteur de X Histoire monétaire de la province d'Artois. «En tous cas, ajoute-t-il, le grand denier de Saint-Omer constitue, avec les deniers de Bau- douin IV (988-1036) et de Baudouin V (1036-1067), découverts en Danemark et en Russie, les plus anciennes monnaies de Flandre qui nous soient parvenues de l'époque comtalej nous croyons même que ces deniers sont le pre- mier numéraire qui ait été émis par nos souverains natio- naux. En effet, à notre avis, Baudouin IV, le Barbu, fut le premier qui battit monnaie en son propre nom. » Les raisons que l'auteur développe pour soutenir sa thèse sont, nous semble-t-il, concluantes et résolvent un des problèmes les plus importants de la numismatique de la Flandre.

Le § 5 traite des deniers audomarais des \\f et xin" siècles, des caractères auxquels on peut les reconnaître et de leur légende elliptique. Dire que M. Serrure appartient à la nouvelle école numismatique, c'est dire qu'il n'avance pas une seule attribution sans l'étayer de motifs plausibles, sans jamais perdre de vue la loi des types et leur filiation, et sans oublier l'économie du numéraire aux différentes époques dont il traite. Il est donc naturellement amené à discuter les attributions que M. Hermand a faites de plu- sieurs monnaies. Souvent, très-souvent, il est obligé de contrarier ses opinions, et, il faut l'avouer, les vues de M. Serrure sont toujours fondées. Aussi s'aperçoit-on faci-

556

lement qu'il ne comprend pas les monnaies par leurs détails, qui trompent ordinairement, mais par l'ensemble de leur type, seul moyen possible pour juger de leur âge et de leur caractère archéologique. Il s'élève donc surtout, et avec motifs, contre les lectures arbitraires et surtout mal fon- dées des légendes elliptiques et énigmatiques. Sous ce rap- port, il doit faire le désespoir des romanciers numismates même les plus modérés.

Le § 4 est consacré à la revue des deniers audomarais publiés par M. Hermand, et aux observations critiques for- mées à leur sujet.

Par ses remarques, il rectifie le plus grand nombre des attributions qui avaient été faites avant lui ; il localise bien les types des ateliers monétaires, fixe approximativement la date de l'émission de ces deniers et appuie ses vues de preuves irrécusables, tirées de la foi des types et d'obser- vations archéologiques qui nous semblent sans réplique. Ses raisonnements sont si justes, sa logique est si serrée que nous craindrions d'en changer la nature si, par une analyse substantielle, nous voulions en faire un abrégé: ces pages doivent être lues et méditées avec attention.

Le § 5 comprend la description de quelques deniers iné- dits de Saint-Omer, des xii" et xni^ siècles. Ils sont au nombre de sept. C'est-là un très-beau contingent à ajouter à la numismatique audomaraise.

L'âge de ces pièces nous semble très-bien fixé par l'au- teur.

Dans le § 6, il lâche de restituer à Robert le Frison (1071-1093) ou à Robert II, de Jérusalem (1093-1111), comtes de Flandre, cinq monnaies, dont quatre ont été

357

publiées par M. Hermand et attribuées par lui à Robert U, comte d'Artois (1250-1302). Cette attribution contre laquelle M. Rigollot et nous-même nous nous étions élevés, est également rejetée par M. Serrure. Après avoir déve- loppé ses raisons au sujet de l'impossibilité de faire des- cendre ces monnaies jusqu'au xni* siècle, il se résume de la manière suivante : « la gravure, la forme des lettres et des ornements, la singularité de la légende ego sum de Ko- berti; le nom du monastère de Saint- Vaast, placé au lieu de celui de la ville d'Arras , suffisent pour donner la con- viction intime que les n"' 63 à 68 de l'Histoire monétaire, ne sauraient appartenir qu'à un des princes auxquels nous proposons de les restituer. »

Quant à la première partie du résumé de M. Serrure, il nous semble sans réplique j mais nous ne sommes pas tout à fait d'accord avec lui, en ce qui concerne la der- nière partie. Nous n'osons pas croire que ces deniers ap- partiennent à Robert I ou à Robert II, comtes de Flandre : il nous semble qu'ils sont d'une époque plus récente.

Nous avons déjà dit, et M. Serrure le rappelle dans son travail, que ces monnaies n'appartiennent pas à l'Artois j nous avons même promis de publier, à ce sujet, un article spécial, qui aurait déjà vu le jour depuis longtemps , si nous n'avions craint des discussions interminables qui ont le grand désavantage d'ennuyer les lecteurs et de ne leur rien apprendre de neuf. Mais, comme M. Serrure semble tenir à connaître notre opinion, nous nous sommes décidé à insérer ici la note que nous avions préparée pour rédiger notre article.

« Les quatre monnaies publiées par M. Hermand , sous

358

les n" 6b à 68 ('), et qu'il attribue à Robert II, comte d'Artois (12S0-1302), sont bien plus anciennes qu'il ne le suppose et n'appartiennent pas, me semble-t-il, au comté d'Artois. Les motifs, qui me font penser ainsi, sont :

« Le module de ces pièces qui est bien du milieu du douzième siècle. On sait qu'à commencer du règne de Charlemagne, jusque dans la seconde moitié du treizième siècle, le poids du denier a constamment diminué , et que son module a nécessairement suivre la même propor- tion. C'est un axiome qu'il n'est pas possible de révoquer en doute. Je pense donc qu'un tableau qui donne la re- production matérielle du décroissement des modules des deniers frappés en Belgique de 768 à 1270 (pi. XVII), démontrera à l'évidence que les monnaies attribuées à Robert II sont du milieu du douzième siècle. S'il était possible d'ajouter à ce tableau celui du poids du denier, à chaque décroissement, il y aurait moyen de classer chro- nologiquement les monnaies par un procédé entièrement matériel. Encore quelques découvertes et je ne désespère point d'arriver à ce résultat.

« Le type de ces deniers ne permet pas de les faire descendre jusqu'à la fin du xu\° siècle. La croix inscrite dans le grènelis de l'avers est ornée d'une espèce de S deux fois répétée j l'ornement en forme de croix, à quatre nœuds, cantonnée de quatre S du revers (n" 1); l'espèce de mono- gramme dégénéré du 3 ; l'ornement en forme de plante du 4, ainsi que les dégénérescences de l'alpha et de l'oméga du revers de la même pièce, sont des indices bien

(1) Voy. pi. XVII, fig. 1 à 4.

559

certains, que ces monnaies appartiennent à une époque antérieure et probablement au xu* siècle. Jamais pareils ornements n'ont figuré," à ce que je sache, sur des mon- naies de la fin du xiii" siècle.

<i Ceci posé, je passe à la recherche de la localité à laquelle les monnaies appartiennent. Le nom de Robert, dont elles sont empreintes, ne peut donc pas convenir à un comte d'Artois de ce nom ; il n'y a pas de comte du nom de Robert, pendant le xn" siècle, dans l'Artois. Force est donc d'aller chercher ailleurs un seigneur de ce nom.

« S'il m'était permis de me baser exclusivement sur une ressemblance de type avec les petits deniers de Bethune {Foy. pi. XVII, fig. S, 6 et 7), je ne douterais plus que les quatre grands deniers n'appartinssent à l'atelier de cet endroit. J'y vois, à l'avers, une figure en forme de croix, à quatre nœuds, cantonnée d'une espèce de plante qui a une certaine analogie avec les S dont est cantonnée la croix à nœuds des grands deniers ; le revers du n" 2 est même à peu près identique aux avers des 5 à 7; l'avers du n" 3 ressemble aussi singulièrement aux revers des mêmes n"' 5 à 7 ; j'y vois deux S qui cantonnent la croix, et l'oméga du grand denier est dégénéré en annelet avec tige, sur les petits deniers. En un mot, il y a, entre ces pièces, un air de famille et de parenté si claire, une filiation de type si évidente qu'il est difficile de nier et de ne pas reconnaître. Serait-ce donc chose impossible si, par suite de cette res- semblance de type , je supposais que les grands deniers appartiennent à la seigneurie de Bethune, comme les petits?

« Mais, demandera-t-on, pourquoi la première monnaie porte-t-elle Fedasle? Je répondrai à cette question, par une

360

autre : n'est-ce pas parce que les sires de Bethune étaient avoués héréditaires du monastère de Saint- Vaast d'Arras, titre qui leur procurait la jouissance du domaine de Riche- bourg et de quelques autres fiefs ?

« Depuis le premier (seigneur de Bethune) , nommé « Robert Faisseus, dit du Chesne (») , jusques Mahaut de «( Bethune, ils se sont qualifiez d'advoez simplement et par «( excellence, ou bien advoez d'Arras et parfois advoez de « Bethune. » Mais qu'était cette a\ouer*ie soi-disant d'Arras ou de Bethune? Du Chesne a soin de l'expliquer : « les « seigneurs de Bethune, dit-il, se sont qualifiez advoez « d'Arras, à cause qu'ils étoient protecteurs de l'abbaye « de Saint- Vaast, à laquelle une partie de la juridiction et « seigneurie de la ville d'Arras appartenoit.

« Les mesmes seigneurs, continue-t-il, ont pris aussi sou- « vent la qualitez d'advoez de Bethune, non parce que cette « ville fust en leur garde et advouerie, ainsi qu'aucuns ont « estimé; car le domaine et la propriété d'icelle leur appar- <c tenoit, en telle sorte que les habitants estoienl leurs purs « et naturels subjets ; mais c'estoit à cause qu'ils tenoient « radvouerie du monastère de Saint- Vaast d'Arras ('). "

u Ainsi, de l'aveu de du Chesne, le titre d'avoué qu'ils prirent dans leurs actes et sur leurs sceaux, ne s'appliquait qu'à l'abbaye de Saint- Vaast, et par conséquent ils étaient simplement avoués atrebates (advocatus alrebatensis) , si je puis m'exprimer ainsi, et non avoués d'Arras même. En supprimant leur litre d'avoué sur leur monnaie, ils de-

{') Histoire généalogique de la maison de Bethune, p. H. (») Ib., p. 15.

561

valent donc y exprimer d'une nnanière plus spéciale le nom de leur avouerie, celle de Saint- Vaasl et non celle d'Arras (Atrebatum), afin de ne pas porter ombrage aux droits des comtes d'Arras. Ainsi s'explique, me paraît-il , la légende Fedaste, que M. Hermand qualifie d'insolite, et qui le serait en effet, si la pièce avait été frappée par un comte d'Artois. Peut-être les petits deniers n"' 6 et 7 dont les légendes n'ont pas encore été débrouillées, portent-ils aussi Fedaste.

« Pourrai-je expliquer la légende Magursem (') qui se trouve sur la troisième monnaie? Je reconnais jusqu'ici mon impuissance à ce sujet, et je me bornerai à demander si cette légende indique une localité ou si elle est simple- ment elliptique?

« Une dernière question se présente : si ces deniers sont effectivement de Bethune, à quel seigneur du nom de Robert faut-il les attribuer? Comme je le disais plus haut, ils appartiennent, par leur type, par leurs lettres, par leur ca- ractère archéologique et surtout parleur module, au milieu du xii" siècle ("). Je crois donc qu'ils sont du commence- ment du règne de Robert V, dit le Roux, qui occupait la seigneurie de Bethune de 1143 à 1192. »

Tel est le contenu de la note que nous avions rédigée. Nous la soumettons volontiers à l'appréciation de M. Ser- rure, avec l'espoir qu'il se ralliera à notre opinion.

(1) Ou Madursem selon BI. Serrure. « M. Hermand, dil-il, entraîné par l'analogie peu frappante pourtant, que présente le nom de Magdunum avec la légende Madursem, qu'il lisait à tort Magursem, a confondu les monnaies des deux Robert battues à Mehun, avec celles de nos comtes de Flandre Robert I et H. »

(') Voy. le tableau au bas de la pi. XVII.

362

Nous disions donc tantôt, non sans motifs, que nous n'osons pas croire que ces deniers appartiennent à Ro- bert [ et II, comtes de Flandre. Pour leur appartenir, le module de ces pièces devrait être plus grand, la gravure en serait moins soignée et le type en serait entièrement différent et, par conséquent, plus ancien. Nous croyons que les es- pèces des comtes Robert de Flandre doivent être emprein- tes ou d'un buste ou d'une église, caractère distinctif du numéraire belge du xf siècle.

Pour le reste, notre manière de voir concorde parfaite- ment avec celle de M. Serrure, et nous n'avons qu'à donner des éloges à un travail qui ferait honneur à des numismates

plus âgés que lui.

Ch. p.

Notizie peregrine di Numismatica e d' Jrcheologia, publicatc per cura di F. Schv^^eitzer. Décade Terza. Prima meta. Trieste, Tipographia G. Slallecker, 1856, in-8°, 64 pa- ges et une planche.

M. F. Schweitzer, après une interruption assez longue, reprend le cours de sa publication panglotte. La livraison qui vient de paraître, et qui, comme celle qui l'a précédée, n'est tirée, dit-on, qu'à cinquante exemplaires, renferme : Un article en allemand, sur une médaille de Christophe Silbereisen, abbé de fFettingen. Une lettre, en italien, à M. F. Schweitzer, sur un florin d'or anonyme, de Gorice, le florin queM. Serrure fils, a publié dans notre Revue, t. H, 2" série, p. 2. Cette lettre signée Délia Bona, occupe trente et une pages. Un sequin de Jacques Gatelusio, seigneur

363

de Metelin, trois pages, en italien. Une lettre critique à M. Schweitzer, sur la seconde Décade, par M. Ebn Taher, dix pages, en français.

Le morceau capital du recueil, intitulé, en latin : Monu- MENTUM iNFAMiiï: , mais publié en allemand avec une traduc- tion française en regard, concerne une pièce de S francs de Napoléon i". frappée à Limoges, en 1812, et contre-mar- quée sur la joue d'une tète de tigre. L'auteur entasse toutes les imprécations imaginables contre l'exécrable scélérat, coupable d'une aussi horrible profanation (sic). 11 appelle à son aide, dans le style de la tragédie classique, les furies vengeresses, et au besoin la main du procureur royal ou impérial à qui il dénonce cette contre-marque «' comme l'ac- )> tion infâme d'une férocité sauvage guidée par la cruauté » {sic) la plus raffinée ! »

On sait que ces pièces contre-marquées , bien que M. Schweiizer ne les ail jamais vues, ne sont pas très-rares. Elles parurent dans la circulation vers 1818, c'est-à-dire à une époque oîi l'ambition insatiable de Bonaparte avait at- tiré sur la France les désastres d'une double invasion, après avoir jonché de cadavres les plaines de la Russie et de l'Alle- magne.

L'horrible profanation de M. Schweitzer est tout simple- ment une manière, niaise si l'on veut, d'exprimer un senti- ment qui était alors celui de bien du monde, et qui se faisait jour par toutes les expressions de la pensée, carica- tures, livres, tribune, etc. ('). Qui sait s; elle n'est point

(■) Quelques années plus tard, on faisait des pièces de Charles X avec la (é(c couverte d'une calotte, il existe aussi des pièces à THercule, de la

364

l'œuvre de quelque patriote autrichien se vengeant à sa ma- mière de Thomme qui avait ravi à son pays le sceptre de l'Allemagne et l'avait réduit au rang de puissance de troi- sième ordre ?

On comprendrait assez difficilement quel est le motif de ce réquisitoire en deux langues, et comment une vieille histoire, qui date de près d'un demi-siècle, a pu soulever à ce point la bile de M. Schweitzer, si ce n'était la circon- stance suivante :

Une préface empreinte d'une exaltation mystique et reli- gieuse à laquelle on ne s'attendait guère dans une revue numismatique, apprend que l'auteur a été longtemps et dangereusement malade, qu'il n'a échappé à la mort que par miracle, etc., etc.

La fièvre ne l'avait peut-être "pas tout à fait quitté, quand la malheureuse pièce au tigre lui a inspiré son double ar- ticle.

R. Ch.

Les papiers du conseil privé, conservés au dépôt des archives générales du royaume à Bruxelles , renferment quelques lettres écrites, en 1769 et 1770, par B. Duvivier, célèbre graveur liégeois, établi à Paris. Ces lettres, qui sont adressées tantôt au comte de Cobenzl, ministre de Marie

republique de 1848, auxquelles on a fait subir une altération qu'il nous serait impossible d'expliquer, même en gazant les expressions. Quelle matière à beau réquisitoire .... si Ton était en republique.

565

Thérèse, tantôt à Gérard, secrétaire de l'Académie impé- riale et royale des belles-lettres de Bruxelles, traitent princi- palement de la gravure de la médaille que le gouvernement des Pays-Bas autrichiens fit faire par cet artiste pour ladite académie. Elles roulent principalement sur le prix de la médaille, le défaut qui existait au-dessus de l'œil de l'impératrice, l'époque de son achèvement. Elles contien- nent cependant aussi quelques détails plus intéressants : ainsi, Duvivier y dit, entre autres, que les ordres précipités pour les médailles du mariage de monseigneur le dauphin l'ont un peu arrêté. Une autre fois il avoue que des occu- pations multipliées, la maladie et la mort, qu'il a eue dans

sa famille, l'ont distrait.

Ch. p.

La médaille représentant les bustes du prince Charles de Lorraine et de l'archiduc Maximilien frappée pour l'ordre teutonique est une médaille de nouvelle année, qui fut gravée à Vienne, par Suggeri ; quelques personnes croient, d'après le faire de celte pièce, qu'elle est due au burin de van Berckel.

Ch. p.

La pièce que nous reproduisons, planche XV, 2, d'après un exemplaire, fleur de coin, appartenant à M. Th. de Jonghe, figure dans les anciens tarifs d'Anvers, sous la rubrique : Solz contre faicts , Les armoiries et la légende MoNETA NOVA ARG CHAST indiquent assez que cette contrefaçon

366

provient de l'atelier de Château-Regnaud. Elle a été frappée après la mort de François de Bourbon, par sa veuve, Louise Marguerite de Lorraine. On remarquera l'incorrection de la légende du revers: Timor Domine pour Domini. Quanta la forme Chast, elle se reproduit sur d'autres monnaies de la même princesse, l'on lit en entier: Moneta nova ar- GENTEA Chastro REG(inaldi cusa), pour Castro Reginaldf.

R. Ch.

Nous devons également à l'obligeance de M. Th. de Jonglie la communication d'une monnaie d'argent de Mar- guerite de Brederode, abbesse de Thorn. Foy. pi. XV, n''o. C'est une variété de la pièce donnée par M. Wolters (■), sous le 18. Elle n'en diffère qu'en ce que l'aigle impériale est remplacée, ici, par la vierge debout, tenant l'enfant Jésus et le sceptre, telle qu'on la voit sur des thalers de Thorn. On remarquera la légende allemande : NA LUTIC BETZL(Mn^) SCROT U KOR(w) ; selon le poids et l'aloi

de la monnaie de Liège.

R. Ch.

Un jeton tournaisien. Ce jeton que nous avons fait reproduire, pi. XIH, n" 4, servait de méreau pour des dis- tributions de charité de la fondation, dite de Gourguemelz, en faveur des pauvres des trois paroisses de Tournai , de

(') police historique sur l'ancien chapitre impérial de chanoinesses à Thorn, dans la province actuelle de Limbourg. Gand, 18S0, in-S".

367

Saint-Jacques, de Sainle-Marie-Madeleine et de Sainte-Mar- guerite. On en trouve des exemplaires contre-marqués des lettres A, B, C, etc., sans doute dans le but de modifier leur valeur ou de spécifier leur destination.

La fondation de Gourguemetz date du milieu du xvn° siè- cle, et non pas du 12 décembre 1713, comme le dit, par erreur, Yiltustre Hoverlant, qui a pris la date d'un acte re- latif à cette fondation, pour la fondation elle-même. Un cdit de Louis XIV, de l'an 1701, réunit les biens de cette fon- dation particulière, à l'administration de la pauvreté géné- rale de la ville. Ils consistaient en de nombreuses rentes foncières dont on peut voir la nomenclature au soixante et dix-septième volume de YHistoire de Tournai, d'Hoverlant.

La famille de Croix, qui donna plus tard, à la Belgique,

le général de Croix de Clairfayt, portait pour armes pleines

d'argent à la croix d'azur. L'écu en abîme, aux trois fleurs

de lis, est, à ce que nous supposons, une brisure adoptée

par la branche de Gourguemetz.

R. C.

Nous offrons, comme énigme, à la sagacité des lecteurs de la Revue, le petit denier d'argent, gravé pi. XIII, n" 5.

Cette singulière pièce, qui a tous les caractères d'anti- quité et d'authenticité, pèse gr. 0.70. Elle appartient à

M. Justen, de Bruxelles.

R. Ch.

L'ouvrage du comte de Renesse sur les monnaies de Liège, fort complet pour l'époque à laquelle il a paru, pour-

568

rail, à présent, être plus que doublé. En attendant le tra- vail que prépare, depuis plusieurs années, M. Jules Petit- de Rosen, de Tongres, sur cette branche inmportante de la numismatique belge, nous croyons utile de signaler les pièces liégeoises inédites qui parviennent à notre connais- sance. Les deux suivantes nous ont été obligeamment com- muniquées par M. Justen : l'une est une charmante mon- naie d'argent de Jean de Heinsberg (1419-1459), d'un type tout à fait nouveau et d'une gravure très-soignée. Voy. pi. XIII, n" 5. L'autre, de Robert de Berghes (15S7-1563), voy. pi. XIII, n" 2, est une variété de Vescalin donné par le comte de Renesse, pi. LXXVII, n" 8.

R. Ch.

VJthenaeum français cesse de paraître. Nous sommes heureux de pouvoir annoncer à nos lecteurs que des me- sures sont prises pour assurer la continuation de l'excellent Bulletin archéologique qui accompagnait cette revue, et dont MM. Adrien de Longpérier et le baron de Witte sont

les principaux rédacteurs.

R. Ch.

M. Vander Chijs vient de mettre au jour un nouveau

volume in-4°, sur les monnaies de la Frise. Nous rendrons

compte de cet important ouvrage aussitôt que nous serons

parvenu à nous le procurer.

Ch. p.

509

Nous avons déjà fait remarquer à MM. les direcleurs des ventes de médailles qui se font en Hollande, combien il serait de leur intérêt de répandre les catalogues parmi les amateurs si nombreux de notre pays, et nous avions offert, à cet effet, la publicité de la Revue, et le concours tout gra- tuit et tout officieux du bureau de la Société numisma- tique; mais notre appel n'a pas encore été entendu. Plu- sieurs ventes viennnent, à ce qu'on nous assure, d'avoir lieu en Hollande, dont les catalogues ne nous ont pas été

communiqués.

R. Ch.

Nous avons parlé dans le numéro précédent, de la grande médaille, dont le Gouvernement avait confié l'exécution à M. Léopold Wiener. L'un des deux coins de cette pièce n'ayant pas été achevé à l'époque du 21 juillet, M. Wie- ner fut obligé d'employer un coin provisoire pour le revers, représentant les écussons des neuf provinces du royaume dans une couronne de chêne. Aujourd'hui cette belle mé- daille est entièrement terminée, et nous en donnons le dessin pi. XVI. Elle répond, en tous points, à ce qu'on était en droit d'attendre du talent éminent de M. Wiener.

R. Ch.

Le 21 juillet dernier, la Belgique célébrait, avec un enthousiasme extraordinaire, le vingt-cinquième anniversaire

2* sÉBiE. Tome vi. 2i

370

de l'inauguration du règne du roi Léopold I". Cette énergi- que manifestation nationale a donné lieu à un grand nombre de médailles et de jetons de tous les genres et en toutes les matières, depuis les métaux précieux jusqu'au caoutchouc durci. Nous nous contenterons de signaler les pièces ofQ- cielles, frappées par ordre ou avec l'autorisation du Gou- vernement.

Le jeton ci-dessus, destiné à être répandu comme mon- naie, dans la circulation, a été frappé :

En cuivre, au nombre de 217,261

En bronze, 5,936

En argent, 13,442

En or, 449

La pièce d'or est de 40 francs ; celle d'argent, de 2 francs et celle de cuivre, de S centimes.

R. Ch.

371

M. A. G. B. Schayes qui, depuis dix-neuf ans, n'a pas cessé de compléter et de perfectionner son livre si connu sur l'état physique et politique du Nord des Gaules, avant et pendant la domination romaine, s'est décidé à en donner une édition nouvelle qui sera réellement un nouvel ouvrage. Cette édition, ornée de plans, de cartes et de nombreux dessins, formera (rois volumes in-8° du prix de 18 francs. Sans avoir trait directement à l'histoire monétaire, le tra- vail de notre savant conservateur du Musée d'antiquités est un guide indispensable pour ceux qui cherchent à débrouil- ler le chaos de notre numismatique pendant la période gauloise et dans les premiers temps qui suivirent l'invasion

des Francs.

R. Ch.

Le journal de numismatique [Blaetter fur Mûnzkunde), que M. le docteur Grote publia de 1834 à 1841 en quatre volumes in-4'', est continué par le même auteur sous le titre d'Etudes numismatiques (Mûnzstudîen). Ce nouveau recueil, dont la première livraison a vu le jour en 18S5, paraîtra irrégulièrement, mais de manière à former tous les ans un volume de trente feuilles in-S". La livraison, que nous avons sous les yeux, témoigne de la variété et de l'érudition avec lesquelles les Etudes numismatiques de M. Grote seront rédigées.

Le premier article, à la plume savante de M. Grote- fend, est consacré à l'examen des deniers de Vibius Pansa, portant la légende lOVIS AXVR. que l'on regardait comme

572

le génitif de Jupiter Jnxiinis, le Jupiter imberbe He TeiTa- cine ou d'Anxur, ville du pays des Volsques. Selon M. Gro- tefend Jxtir ne doit pas être travesti en génitif; mais c'est un substantif qui signifie ^i^gfwr; et, par conséquent, le Jovis Jxur désignerait l'Apollon qu'Eschyle nomme A«f Tfc^fiÎTtis. L'explication de M. Grolefend nous paraît d'autant plus plausible que l'effigie rayonnante, dont ces deniers sont empreints, semble plus se rapporter à Apollon qu'à Jupiter.

M. le conseiller Hase, de Dresde, y fait connaître un médaillon de bronze, de Jules César. Cette pièce inédite fut trouvée, avec une monnaie de Néron, dans les environs de Dresde.

Le troisième article est consacré aux monnaies du moyen âge appartenant à l'Autriche méridionale, c'est-à-dire à Salzbourg, à la Carinthie, au marquisat de Stirie, à Méran, à Brixen, à Aquilée et à Frisance. Ces monnaies, dont les types n'ont rien de commun avec ceux de l'Europe occidentale, offrent un caractère archéologique qui exige une étude toute spéciale, et qui n'est pas sans attraits. L'auteur de l'article nous paraît avoir parfaitement bien compris leur classement.

Suit la description d'une médaille frappée à l'occasion de la prise de Hildesheim, par les impériaux, en 1652.

Le mémoire intitulé : Ziir Geldgeschichte Westfalens, contient des renseignements utiles et curieux à la fois sur la valeur de l'argent de la Westphalie.

Le septième article donne la description de quelques monnaies modernes et de bractées du Brandebourg.

Ensuite, l'auteur publie deux documents, dont l'un de 1284, l'autre de 1314, concernant la numismatique de roioffne.

573

La numismati<jue carlovingienne n'y csl pas oubliée j l'article qui lui est consacré traite des monnaies carlovin- giennes de la Lotharingie.

l/héraldique, dont l'étude est si souvent nécessaire aux numismates, y occupe aussi un chapitre.

Un aperçu sur l'histoire monétaire de l'Allemagne, et les espèces modernes, forme le onzième article.

La description d'un florin d'or à la légende ING, que l'auteur croit pouvoir lire in Groningen; d'un gros tour- nois d'un seigneur qui s'intitule : Dominus de Monteul' ; 5" de monnaies de l'évèque de Spire; de monnaies de la ville de Worms; 5" d'un denier de Henri Przibislaw ; d'une monnaie d'Alexandre, roi de Pologne, et enfin une nomenclature des monnaies nouvelles de l'Allemagne et de nouveaux thalers historiques du même pays terminent la livraison.

Si, comme nous n'en douions point, les livraisons sui- vantes sont conformes à celle-ci, nous pouvons prédire à M. Grote un succès aussi éclatant que celui de son journal numismatique, qui est recherché aujourd'hui avec une avidité dont peu de travaux modernes ont fourni des exemples.

Cn. P.

Dans le tarif que nous avons donné du prix du sac de mille francs d'argent payé en or, nos lecteurs ont pu remar- quer la faveur particulière qui s'attache aux pièces de cioq

574

francs des règnes de Napoléon et de Louis XVIIl, c'est-à-dire frappées antérieurement à 1825.

Cette faveur diminue pour les pièces frappées à Teffigie de Charles X, et la prime devient insignifiante pour les monnaies d'argent frappées aux époques postérieures.

Cela tient à ce que la séparation des métaux s'opérait fort mal en France, avant 1825. Et comme l'argent à l'état natif est souvent mêlé avec de l'or, la monnaie d'argent anté- rieure à 1825 en contient probablement j c'est ce qui cause l'empressement de la spéculation pour cette mon- naie. — L'or n'est donc pas encore tout à fait dédaigné, puisque l'on n'hésite pas à payer une prime assez considé- rable et à perdre les frais de monnayage pour en extraire une petite quantité, de nos anciennes pièces de cinq francs, qui n'en contiennent pas toutes.

Nous devons dire, cependant, que des spéculations ana- logues ont été faites avec succès, il y a un quart de siècle environ, sur les écus de trois et de six livres, lors de leur démonétisation.

Aujourd'hui , la séparation des métaux se pratique dans nos ateliers monétaires avec une précision qui ne laisse au- cun espoir aux spéculateurs de l'avenir.

(assemblée nationale.)

On frappe en ce moment, à la monnaie de Constanti- nople, une médaille destinée à être donnée à tous les offi- ciers des armées alliées qui ont assisté au siège de Sébas-

375

topol. Elle représente, d'un côlé, les quatre drapeaux des puissances alliées , avec un canon et la carte de la Crimée à moitié déroulée, posant sur un aigle russe abattu, au- dessous duquel est gravé, en langue française, le nom de Sébastopol. Elle porte, de l'autre côté, le nom du sultan et le mot de Sébastopol gravés en langue turque. La mé- daille sera, dit-on, en argent pour les officiers de tous grades, et en or, pour les généraux. Elle sera donnée éga- lement aux armées de terre et de mer.

(Moniteur de l'Armée.)

M. le gouverneur de la province de Hainaut vient d'adresser à MM. les administrateurs des villes et des com- munes une circulaire de M. le ministre de l'intérieur, par laquelle il appelle de nouveau leur attention sur la cessation prochaine du cours légal et forcé des anciennes monnaies de cuivre françaises.

Par décret impérial, cesseront d'avoir cours légal et forcé en France :

Les pièces d'un liard et de deux liards et les pièces d'un centime à la tète de la Liberté, le 1" juillet 1856j

Les pièces d'un sou et de deux sous et les pièces de cinq et de dix centimes à la tête de la Liberté, le 1" octobre suivant.

M. le gouverneur prévient en outre que la monnaie de bronze française n'a pas de cours légal en Belgique.

R. Ch.

576

M. Holmboe, savant numismate, connu par plusieurs ouvrages sur les monnaies anciennes de la Norwége, met la dernière main à une grande monographie des monnaies de ce pays. Le gouvernement lui a accordé pour ce travail un subside considérable. L'ouvrage de M. Holemboe ne lardera pas à paraître, si déjà il n'a pas paru en ce moment.

Cii. P.

Fombidaire de l'art du monnayage d'après Henri Ëstienne.

Je scay qu'il n'y a presque pays oîi on ne face de la mon- noye (ce que nous appelons forger de la monnaye ou battre de la monnoye), je prendray ce mestier pour exemple de la richesse que j'attribue à nostre langage. Je dis donc que ce mestier estant divisé en beaucoup de parties (c'est-à-dire en plusieurs sortes de manifacture), on ne trouvera aucune destituée d'un nom fort convenable et propre : asseurant le mesme touchant les noms des matières dont la monnoye doit estre faicte, et les instrumens dont il se faut servir; et adjoustant cela encore touchant un troisième poinct, ascavoir touchant ce que tirent les ouvriers pour leur loyer, et le prince pour son droit.

Pour commaneer par la matière, ils ont (outre le nom qu'ha chacun métal quant il est à part) billon et aloy ('). Ils ont aussi grenaille, qui est billon ou quelque métal à

(') Billon f c'est loutc monnaie ilcfcclueuse, destinée à la fonte; uloi, e'csl le titre que la loi Oxo pour l'or et pour l'argent.

377

part qu'on retire de l'eau après qu'on Ta jette deilans touÉ chaud, au sortir du creuset : et est nommé grenaille^ pourcc qu'ordinairement il est en grains. Mais culasse, c'est une masse d'or ou d'argent fondue dedans un pot ou un creu- set, et qui retient encore la forme du cul de pot. Il y a aussi d'autres noms qu'on donne à la matière dont on se veut servir, selon qu'on l'a accoustree et préparée, ainsi qu'on verra par ce qui suit touchant la manifacture.

Car, quant à cesle manifacture, il faut commancer par allier (qui est mesler ensemble les métaux, selon la loy donnée par le roy). Apres quoy, il faut fondre (jenlcn fondre ces metaux-là ensemble). Puis, ce qui a esté fondu, il le faut jetter en rayaiix (et sont rayaxix des pièces longues et estroites qui se font ou dedans des moules, ou sur des tuiles de fer qui sont rayonnees (') en une certaine lon- gueur ). Lesquels royaux on taille en quarreaux; caries rayaux estans portez à l'ouvrier, il leg couppe en pièces ap- prochantes assez près du poids duquel doit estre la mon- noye qu'il veut forger : et pource qu'elles sont ordinaire- ment quarrees, on les appelle quarreaux. Lesquels il faut battre, /lattir, elizer, rechausser et 6oMer('); duquel der- nier mot on use, quand on les refrappe sur les coins pour les arrondir. El ces quarreaux arrondis sont appelez flaons (^); lesquels, estans blanchis^ sont baillez pour estre

{') Alors synonyme de rayées.

(') Pour le sens de ces mots et des suivants, empruntés à la Cechuologic du monnayage, nous renvoyons au Dictionnaire drA' Académie française, et à son complément, excellent travail, publié par M. Didot, \^ii, in-i».

{^) On prononçait dès lors, comme on écrit aujourd'hui, flmi)). V(}ij,l\ ce sujet, le Trésor de recherches, de Borel, p. 201.

378

croisez, quant on y met la figure de la croix, ou (pour parler plus généralement) sont marquez, quand on y met telle figure qui plaist au prince : ce qu'on appelle monnayer les flaons; les monnoyeurs estans aussi appelez croiseurs et marqueurs, qui sont noms plus particuliers. Apres tout ceci, le flaon, qui n'estoit qu'une pièce de métal applatie et arrondie, prend le nom de monnoye et de denier, suivant ce qu'on dit denier escu, denier teston (■).

(Extrait de la Précellence du langage François, avec notes de Léon Feugère. Paris, 1850, m-18.)

Depuis la découverte des mines de la Californie, il sem- ble que l'or et l'argent sortent de terre de tous les côtés ; il n'y aura bientôt plus qu'à se baisser pour en prendre. Après l'Australie, l'Afrique, la Sibérie, etc., etc., voici le tour de la Belgique : on vient d'y découvrir une mine d'ar- gent! ! Il existe près de Verviers, au village de Membach, une société anonyme sous le patronage de la Société Géné- rale pour favoriser l'industrie nationale, dont le principal but est l'extraction du minerai de plomb. On s'est aperçu que ce minerai contient une certaine quantité d'argent que les procédés actuels de la chimie peuvent séparer du plomb.

Un premier lingot , bien peu considérable à la vérité , a

(>) Le nom de denier était autrefois donné indistinctement à toutes les monnaies françaises, quels qu'en fussent le métal et la valeur. Quant au teston, qui était d'argent, il valait, vers la fin du xv« siècle, 15 sous.

379

été envoyé à la Monnaie, et a servi à frapper cinquante-sept jetons commémoratifs du 21 juillet. Ces jetons portent d'un côté, le type ordinaire que nous avons donné ci-dessus, mais la Société Générale a fait graver un revers spécial , mentionnant l'origine du métal dont les pièces sont frap- pées. On y lit au milieu, dans une couronne d'étoiles :

XXV"

ANNIVERSAIRE

DE l'inauguration

DU RÈGNE DE

LÉOPOLD I

ROI DES BELGES.

Autour, en deux lignes : premier argent extrait des

MINES belges par LA SOCIÉTÉ DE MEMBACH SOUS LE PATRONAGE DE LA SOCIÉTÉ GÉNÉRALE POUR FAVORISER l'iNDUSTRIE NATIONALE.

Ce coin, très-proprement gravé et beaucoup plus soigné que celui de la pièce officielle, a été confectionné en quel- ques heures.

R. Ch.

380

EXTRAITS SOMMAIRES DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ DE LA NUMISMATIQUE BELGE.

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE DU 6 JUILLET 1856, A BRUXELLES.

MM. Beihune el Guiolh annoncent qu'ils ne peuvent assister à l'assemblée.

Le procès-verbal de la séance précédente est approuvé.

M. le trésorier fait le rapport sur la situation financière de la Société.

Ce rapport sera imprimé et envoyé aux membres effectifs.

Le secrétaire fait le rapport sur la situation de la Société et sur ses travaux.

Aprèsquelques discussions, la cotisation pour l'année 18S6 est fixée à 13 francs.

Rapport de la commission nommée le 1" juin, sur les candidats présentés en remplacement de feu M. Meynaerts.

M. le comte de Renesse, sénateur, à Bruxelles, ayant obtenu la majorité des voix , est proclamé membre effectif.

Sont élus : président, M. Chalon; vice-président M. le comte de Robiano; secrétaire, M. Piot j contrôleur, M. God- dOns; trésorier, M. Pinchart.

La commission directrice de la Revue est renouvelée par acclamation, MM. Chalon, de Coster et Piot continueront de la diriger.

381

M. Cuypcrs propose d'ajouter au règlement de la So- ciété de la numismatique belge les dispositions suivantes :

« Outre les membres effectifs et les membres hono- raires, dont il est parlé à l'art. 2, la Société aura des asso- ciés étrangers. Leur nombre sera illimité ;

<! Les associés étrangers ne payeront aucune cotisa- tion, mais ils seront tenus de s'abonner à la Revue, en souscrivant directement et sans l'intermédiaire des libraires, au secrétariat de la Société; de plus ils seront tenus de faire connaître à la Société, les publications et les découvertes numismatiques et en général toutes les nouvelles qui se rattachent à cette science ;

«( Ils pourront assister aux assemblées générales de la Société, sans voix délibérative;

«( hf" Au lieu de la médaille-diplôme , réservée aux membres honoraires et aux membres effectifs, les associés recevront un diplôme imprimé, signé par le président et le secrétaire et muni du sceau de la Société ;

« Ils n'auront aucun droit dans l'avoir social qui appartient aux membres effectifs seulement, en cas de dis- solution de la Société ;

« Les associés étrangers doivent être présentés, sur leur demande écrite, par un membre effectif et par écrit. Le bureau prononce sur leur admission ;

« La liste générale des membres honoraires et effectifs et des associés étrangers sera imprimée chaque année à la fin du volume de la Revue. "

L'assemblée passe à la discussion de ces articles.

Le secrétaire propose d'étendre la même faveur aux Belges. M. Cuypers et plusieurs autres membres font res-

582

sortir le grand inconvénient qui en résulterait. La proposi- tion du secrétaire est mise aux voix et rejetée. Tous les autres articles sont successivement adoptés. L'ensemble de la proposition de M. Cuypers est mis aux voix et adopté à l'unanimité.

M. de Robiano propose de supprimer la distribution, entre les membres présents aux réunions extraordinaires, d'un volume traitant de la numismatique. La proposition, mise aux voix, est rejetée.

Le bureau est invité à réunir la société le plus souvent possible.

COMMUNICATIONS SCIENTIFIQUES.

M. Chalon donne lecture d'une note au sujet d'une déco- ration algérienne du cabinet, de M. Meyers.

Le même communique un denier de billon blanc, frappé par Arnold, sire deStein, et empreint du monogramme du Plainaut.

M. Justen communique : 1" Un méreau de cuivre du xv" siècle, portant le nom de Theodericus de Gerthem; un idem de cuivre de l'église de Saint-Lambert, à Liège; une monnaie inédite de cuivre de Ferdinand de Lynden, sire de Reckheim; une idem de Lymbrick; S" une pe- tite monnaie au type de Philippe le Bon et à la légende : Ludovicus dei gratta electus.

M. de Robiano donne lecture d'un passage d'une lettre de M. de la Fontaine, relatif à une monnaie de Luxembourg qu'il possède, laquelle est empreinte d'un cavalier portant un bouclier au lion. M. de Robiano en conclut que si cette

385

monnaie est de Henri l'Aveugle, comme le suppose M. de la Fontaine, il s'ensuivrait que ce prince avait déjà adopté le lion comme signe héraldique de ses armoiries.

Le même communique un petit denier au type des deniers hollandais au profil.

En entretenant l'assemblée des contrefaçons d'objets antiques, de sceaux, etc., le même membre exhibe une copie en plâtre, d'une clef romaine, pour établir à quel point l'industrie de l'imitation est parvenue.

M. Goddons communique un jeton d'or, frappé pour l'inauguration des archiducs Albert et Isabelle.

Le Secrétaire, Le Président,

Ch. Piot. R. Chalon.

M. Victor Gaillard, membre de la Société de la numismatique belge , et auteur des Recherches sur les monnaies des comtes de Flandres, est décédé à Gand, le 10 septembre dernier, à la suite d'une longue mala- die. M. Gaillard était à peine âgé de trente et un ans. Le prochain numéro de la Revue contiendra une notice nécrologique sur ce jeune et regrettable savant.

384

SOCIÉTÉ DE LA NUMISMATIQUE BELGE,

LISTES DES OUVRAGES REÇUS.

Bulletin de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, t. XXIII, liv. 5", 6 et 7, in-8o. Le Cabinet historique, liv. 6 et 7 de 1856, \n-S°. Bibliothèque de l'école des Chartres, série, t. II, liv. 4 et 8, in-8o. Messager des sciences historiques, 1836, liv. 1 et 2. Archives historiques et littéraires, t. V, liv. 3, in-S». Revue trimestrielle, t. II, liv. 3, in-S». Archives de l'art français, liv. 6, de iSU, liv. 1 à 6, de 1838, liv, 1 à ^, de 1836. Namur, Notice sur un trésor numismatique découvert à Ettelbruck, 1836, in-^o. Soret, Lettre à M. Tornberg, sur quelques monnaies des dynastes Alides, in-80. De la découverte d'un prétendu cimetière mérovingien à la chapelle St-Éloi, par M. Ch. Lenormant ; rapport fait à la société libre d'agriculture, scien- ces, arts et belles-lettres du déparlement de l'Eure, in-S», 1856. Médaille de bronze, représentant la nouvelle prison deCourtrai, offerte à la société par M. le Ministre de la Justice.

385

LETTRE

\ m. HlICHER, DU IHilIVIS,

Membre de plusieurs sociétés saTaates,

SUR UNE MÉDAILLE GAULOISE, ANÉPIGRAPHE, INÉDITE, AU TYPE DU CHEVAL SURMONTÉ DE l'aIGLE ÉPLOYÉ OU SUPERVOLANT. (Poids

2 grammes 10 centigrammes.)

JE.

Monsieur et honoré confrère,

Je me fais un devoir el un véritable plaisir de publier, SOUS VOS auspices, la description et la gravure d'une mé- daille anépigraphe gauloise, en bronze, récemment décou- verte et tout à fait inédite, que nous avons examinée l'un et l'autre avec autant d'attention que d'intérêt, et qui me paraît mériter d'appeler sur elle celui des numismates auxquels je m'empresse d'en donner ici connaissance.

Je crois retrouver, avec vous, dans le type de l'avers, dont la forme convexe est remarquable, un arrière-souvenir de la rouelle massalienne, mais qui, ornée surabondamment de rameaux, est aussi cantonnée de ces croissants qu'on voit figurer sur les médailles si improprement nommées à la croix ou à la roue, parce que leur revers offre deux barres

SÉRIE. Tome vi. 25

386

se croisant à angle droit sur un point central en relief (*), médailles auxquelles j'assimilerais, de préférence encore, notre pièce, et qu'on découvre assez fréquemment dans une partie de la province romaine ou Gaule narbonnaise et de l'Aquitaine (surtout dans le voisinage des Pyrénées), et par- ticulièrement sur le territoire de Vieille-Toulouse, ce qui les a fait attribuer, d'une manière spéciale, aux Voikes ou Vol- ces-Tectosages, lorsqu'on y dislingue le symbole du maillet ou de la hache, et qu'on n'y remarque aucune légende, ni aucun signe alphabétique qui en détermine l'attribution à un autre peuple ou à une ville qui lui appartient C).

Vous avez également cru. Monsieur et honoré confrère, reconnaître, comme moi, sur le revers très-concave de

(1) M. le marquis de Lagoy fait, au sujet de Timpropricté de l'emploi des termes de croix et de roue, appliqués à ces médailles, les observations suivantes : « Le type de ces pièces est cruciforme, il est vrai, mais l'anti- « quité de leur fabrication s'oppose à ce qu'on puisse reconnaître ici le « ligne du christianisme, et ce que nous entendons enfln par une croix. Certainement, on n'a jamais eu non plus l'idée de représenter une « roue par quatre rayons seulement, et sans l'adjonction indispensable « des jantes, pour en former le cercle. Or, en examinant avec soin les a médailles en question, on n'aperçoit jamais la moindre trace de jantes. a On remarquera même, lorsqu'il y a parfois un grènetis, que les barres « le coupent et le traversent, ce qui n'était même pas nécessaire pour « démontrer que cet ornement numismatique n'a jamais été le cercle « d'une roue. Selon toute probabilité, les types cruciformes en question a ne sont qu'une imitation détournée ou dégénérée du type de la rose, « vue par-dessous, des médailles de Rhoda, de la Tarragonaise. » Mélanges de numismatique f un volume in-4°, Aix, 18-15, pp. 9-10.

(2) Comme les légendes suivantes : SETV, AVSC, SO, VOL, etc., inscrites entre les barres à angle droit du revers des médailles de Sete /aujourd'hui Cette), Auch, Ses, des Volces-Tectosages, etc., ou de leurs peuples.

387

notre anépigraphe, un symbole qui ne se fait observer que sur les monnaies gauloises voisines ou contemporaines de l'époque delà conquête romaine «t l'aigle aux ailes éployées. Le cheval (ici tourné à droite) est placé sur la médaille comme emblème de la liberté et de l'indépendance gauloise, ou comme enseigne des Gaulois et notamment des Aquitains, honneur que ce fier quadrupède partage avec le sus gallicus, plus humble mais non moins utile que le premier, auquel il est, du reste, souvent réuni sur les monuments de l'autonomie gauloise.

Les ailes du roi des airs et de la gent emplumée sont caractérisées ici par un travail du burin de l'artiste, qui en imite les plumes avec assez de vérité, quoique d'une manière insolite et inusitée.

Ce type de l'aigle supervolant et aux ailes éployées ou étendues, est ici remarquable et ne contribue pas peu à rendre intéressante et curieuse pour les amateurs de la nu- mismatique gauloise, notre médaille qui, par sa provenance dont je vais parler plus bas, semble appartenir à l'Aquitaine ou à la Narbonnaise, puisqu'il indiquerait son apparition et son adoption dans le Midi, en même temps ou peu après qu'elles auraient eu lieu, chez les Rémi, les Modiomatrici, les Leucks, les Eburovices, etc., et en général, dans tout le nord et même l'ouest de la Gaule; et comme vous me l'écri- vez, Monsieur et cher confrère, c'est un fait nouveau et bon à enregistrer dans notre numismatique gauloise, il reste encore tant de découvertes à faire et d'observations à con- stater.

L'alliance de ce même type de l'aigle avec celui du cheval, dont le style me paraît ici tout à fait aquitain, est digne, à

588

mon avis, je le répète, d'appeler toute l'attention des nu- mismates.

Je ne dois pas oublier d'indiquer ici la petite roue à qua- tre rayons, placée sous le ventre du cheval, ornement assez souvent reproduit sur les médailles gauloises, et qu'on re- trouve au revers de celle dont la description fait le sujet de cette lettre.

Sur une autre gauloise du cabinet de feu M. de Gerville, trouvée à Couville, dans la Manche, et publiée par M. Lam- bert de Bayeux , dans son Essai sur la numismatique du nord-ouest de la Gaule (pi. lïl, 83), on voit au revers de la tète de Diane, un cheval courant à gauche, au-dessus, les restes d'un oiseau, les ailes éployées, et au-dessous, une roue à quatre rayons , type qui paraît être une variété de celui du revers de notre quinaire dont la forme concave de ce côté et convexe de celui du droit, ainsi que la présence de l'aigle, attestent une époque de l'autonomie gauloise plus récente que celle à laquelle appartiennent les pièces déjà mentionnées et dites 5 la croix ou à la roue auxquelles on vient de l'assimiler, en ce qui concerne, du moins, les sym- boles embellis et par cela même un peu dénaturés de son avers qui est le revers de ces dernières, encore assez peu observées et étudiées par nos numismates et sur lesquelles il reste beaucoup à dire, parce qu'on ne s'est avisé que fort tard de leur existence.

C'est surtout. Monsieur et cher confrère, à l'égard des médailles anépigraphiques ou muettes comme la nôtre, qii'il est essentiel de constater leur provenance, puisque cette cir- constance jointe au style de ces pièces, peut donner d'utiles indications pour leur attribution, car dans nos Gaules, ainsi

589

qu'on a déjà fait l'observalion, le numéraire anépigraphique circulant sur son territoire, fut presque toujours, exclu- sivement à tout autre du même genre, celui frappé dans le pays même, à moins qu'il n'y eût été importé par des bandes semblables à celles qui, en grandes masses, s'agglomérèrent dans les murs à'Jlesia (•), lors du siège de cette place par Jules César, et sur d'autres points du territoire gaulois, etc.

Le lieu notre anépigraphe a été découverte est la Mansio romaine de Cosa, sur la voie militaire de Tolosa (Toulouse), à Divona (Cahors), à trente-cinq milles de la première de ces villes et à vingt lieues gauloises de la se- conde ('), d'après l'Itinéraire d'Antonin : cette position devint un CasteUum dans le bas-empire et le moyen âge et servit d'assiette à un camp romain permanent, destiné à protéger cette même voie. On découvre encore journellement sur l'emplacement de ce CasteUum, situé sur le territoire des Cadurci, et aujourd'hui du département de Tarn -et- Ga- ronne, des médailles gauloises, ibériennes, romaines (con- sulaires et du haut et du bas-empire) en or, en argent et en bronze des trois modules, etc.; notre quinaire, ainsi qu'on vient de le dire, appartient à cette première catégo- rie : il a été acquis et m'a été obligeamment communi- qué par mon honorable confrère à l^Académie de Montau- han , M. Dévais l'aîné, archéologue et numismate zélé.

Quant à la confiance dans laquelle vous paraissez être

(') Au nombre de quatre-vingt mille hommes, d'après le récit du général romain.

(^) Hors de la province romaine, et dans l'Aquitaine comme dans les autres provinces des Gaules, les mesures itinéraires ne sont plus calculées en milles romains, mais en lieues gauloises.

590

de mon aptitude à déterminer avec toutes les probabilités désirables, ayant acquis la connaissance certaine de sa pro- venance, l'attribution de notre anépigraphe, d'après les don- nées énoncées plus haut pour arriver à ce résultat, à l'égard des médailles muettes, sans partager entièrement votre espoir, dans celle circonstance, j'ai cependant, la convic- tion, motivée sur le travail et le style comme sur l'ensemble du type de notre monnaie, qu'elle appartient, soit aux Tolo- sates, soit à quelque autre peuple des Folces-Teclosages de préférence aux Cadurci (•) ; bien que découverte, ainsi qu'on l'a dit, sur le territoire de ces derniers, mais dans un camp romain, et à VII mesures itinéraires seulement du fines Tolosatium de la voie que ce camp protégeait, et il n'est pas étonnant que cette pièce ait été portée, et, peut-être, perdue par quelque soldat légionnaire, venu de la province romaine et stationnaire à la Mansio de Cosa^ ou circulant simplement sur celte route militaire. Je dois dire, néan- moins, que le cheval du revers de nofre gauloise, type sur lequel j'aurai occasion de revenir dans un autre Mémoire, appartient bien autant pour le moins à la numismatique de l'Aquitaine qu'à celle de la Narbonnaisej car pour l'aigle qui surmonte le coursier , il n'avait encore été observé, je

(') J'ai fait connaître le premier aux numismates et publié les seuls types monétaires gaulois, qu'on ait encore découverts, des Cadurci (la médaille de la déesse topique AEYVON, Divona, et celle du chef cadurque LVXTIIPIOS (Luclerius). Voy. notre lettre à M. de la Saussaye, sur la numismatique aquitaine (Revue de la numismatique belge, tome IV, 2e série).

Les Cadurci furent distraits de la Celtique et réunis à l'Aquitaine par Auguste.

591

le répète, sur les produits monétaires de l'une ni de l'autre de ces provinces.

Comme vous vous êtes occupé naguère, Monsieur et honoré confrère, d'un travail important sur les médailles gauloises au type de l'aigle éployédont vous avez enrichi la Revue de la numismatique française ('), pour qui votre dis- sertation a été comme le chant du cygne, j'ai cru devoir à mon tour, vous donner connaissance de cette communica- tion qui me paraissait rentrer dans la spécialité de vos re- cherches, eî sous ce point de vue, appeler sur elle, de votre part, l'intérêt qu'elle m'inspirait à moi-même. Je ne m'étais point trompé dans ma conjecture, et ma lettre est comme le résumé de la correspondance qui a eu lieu précédemment entre nous sur ce qui en est l'objet. Je désire qu'elle vous en paraisse l'écho fidèle.

Je saisis avec empressement, mon cher confrère, cette nouvelle occasion de réitérer l'assurance de mon cordial attachement et de mon entier dévouement.

Le B°" Chaudruc de Crazannes,

Membre correspondant de Flnstitut impérial et du comité de la langue, de Thisloire et des arts de la France.

(') Voy. la sixième et dernière livraison de la Revue numismatique française, pour l'année 1833, qui, après vingt ans de durée, a clos l'exislence de ce recueil périodique.

392

NOTICE

SUR

UN TRIENS INÉDIT D'AVALLON.

C'est à tort qu'on a prétendu que l'atelier monétaire d'A vallon (Yonne) fonctionnait dès l'époque celtique.

On a souvent parlé depuis Bouteroue de la fameuse mé- daille gauloise au mulet ou au bœuf cornupète, que se dis- putent les deux villes de Chalon-sur-Saône (CABALLO) et d'A vallon (ABALLO); nous croyons quant à nous qu'elle n'appartient ni à l'une ni à l'autre.

A ne voir que l'exemplaire de cette monnaie, conservé au cabinet impérial, peut-être aurions-nous penché pour l'opinion émise par M. Duchalais, sous le 349 de son excellente Description des médailles gauloises.

On trouve sous le n" 396 des Celtiques autonomes de M. Conbrouse, l'indication d'une monnaie (d'argent?) por- tant CABALLO avec un bœuf, à gauche, et au revers une tète diadémée, à droite. C'est à Mionnet que M. Conbrouse emprunte cette description, mais sans faire connaître toute- fois l'heureuse collection qui la possède. Il n'y a rien qui soit de nature à faire sortir d'une prudente réserve.

393

Bouleroue n'est pas le seul qui ait commis l'erreur d'at- tribuer à Chalon-sur-Saône la médaille au mulet ou cheval; elle a été plusieurs fois renouvelée depuis et tout récem- ment par M. le marquis de Lagoy. De plus, ce dernier auteur voit dans CABALLOS un jeu de mots en le iradui- santen même temps par cheval décharge; si cela est jusqu'à un certain point admissible, il ne saurait en être de même de l'interprétation donnnée à l'objet placé derrière la tète et que M. de Lagoy pense être l'initiale de Semis. Ce S n'est autre chose, selon nous, que le nœud de la chevelure.

Nous ignorons si la Description des médailles gauloises de notre regrettable ami Duchalais avait paru avant l'article que notre savant confrère, M. Anatole de Barthélémy, a inséré dans la Revue de la Numismatique française, an- née 1846, page 260. Toujours est-il que ces deux numis- matistes n'étaient pas de même sentiment sur la question qui nous occupe. M. Duchalais tenait pour Avallon.

M. de Barthélémy admettait comme positives l'existence et la lecture de la médaille attribuée à Chàlon par Mionnet, sur la foi de la description de Bouteroue; c'est apparem- ment la même que, sur la foi de Mionnet, M. Conbrouse a inscrite dans son catalogue, ainsi que nous l'avons déjà rap- pelé. Ce point reconnu comme un fait exact, M. de Barthé- lémy raisonnait de cette prétendue monnaie de Chàlon à celle selon lui incomplète qui porte seulement ABALLO et dont les figures sont analogues. Celle-ci avait d'abord été signalée par Pellerin. M. de Barthélémy n'avait vu que l'exemplaire du cabinet impérial, et son examen avait eu pour résultat de lui faire admettre que si on y lisait seule- ment ABALLO, c'était parce que la première lettre du mot

394

était effacée; que d'ailleurs on apercevait les rudiments d'un C, ce qui donnait CABALLO , commencement de CABALLODVNVM, Chalon-sur-Saône.

Plusieurs exemplaires de la même médaille trouvés sur le camp d'Amboise, recueillis par M. Cartier et commu- niqués ù M. de Barthélémy, ont porté ce dernier numis- nialisie à changer d'avis; cette modification a s'affermir encore à la vue du dessin publié par M. de Lagoy dans la Bévue française de numismatique, année 1853, pi. VIIF, n" 4. En effet si les trois exemplaires d'Amboise avaient pu laisser quelques doutes sur la lecture, celui de M. de La- goy les dissipe surabondamment. Il faut reconnaître main- tenant que la légende est CABALLOS; mais que signifie - t-elle, si l'on doit cesserd'y voir un nom de villeVCABALLOS, nous le comprenons bien, ne peut se traduire ni par A vallon ni par Châlon, et nous somme tenté, comme M . A . de Barthélémy, d'y voir un nom d'homme ou de divinité. Nous comptons, au surplus, sur notre habile collègue de Belfort pour résoudre prochainement ce problème ; et nous concluons seulement à l'abandon absolu de l'ancienne attribution, comme radicalement mauvaise, quelque chère que puisse nous être la prétention de la ville d'Avallon. Nous ne partageons pas l'idée de ceux qui veulent faire respecter aveuglément un système même insoutenable, tant qu'on n'a rien de certain à mettre à la place. Nous esti- mons au contraire qu'il vaut mieux s'attaquer ouvertement à une explication fausse et la renverser, pour provoquer ensuite et attendre une solution plus heureuse.

Puisque nous nous occupons d'Avallon, à l'occasion d'une pièce inédile dont nous allons parler, nous avions besoin,

395

(îans l'intérêt de la vérité, de lui enlever une monnaie gauloise qui ne saurait lui être conservée plus longtemps; et nous sommes amené à dire que le triens, objet de cette notice, est le plus ancien produit actuellement connu de la fabrication monétaire avallonaise. Cette pièce établit d'une manière incontestable que notre ville existait dès l'époque des premiers rois francs, contrairement à l'opinion de M. de Lagoy qui ne la fait pas remonter au delà du moyen âge. Au surplus , Avallon est mentionné sous le nom d'Aballo dans l'itinéraire d'Antonin (iv" siècle). A partir de cette époque le B se change en V, et l'on trouve constam- ment AvallOf Jvalo, Jvalensis pagus, Jvalisum dans :

Le testament de Waré, fondateur de l'abbaye de Fla- vigny (606) ;

La P^ie de saint Columban, par Jonas de Bobio (610) j 3" Une charte de Pallade , évoque d'Auxerre (634) ; Cartulaire de l'Yonne, Auxerre, 1831-1854, t. I", p. 7 ;

4" Une charte de Charles le Chauve (875) pour saint Martin d'Autunj Cartulaire de l'Yonne, t. 1", p. 99 j

Le Ge&ta pontificum autissiudorensium d'HÉRic (880) ; Bibliothèque historique de l' Yonne , Auxerre , 1850, t. I", pp. 332,336, 337 et 347 j

6" Les capitulaires de Charles le Chauve. Le document métallique que nous mettons au jour vient à l'appui de ces documents écrits. On a bien raison de dire que la numismatique est une des grandes et solides sources de l'histoire , mais à la condition de ne pas accréditer l'er- reur et de ne recourir à l'hypothèse que timidement, à la dernière extrémité, et à titre de très-provisoire commentaire. Notre curieux triens d'Avallon a été découvert, il y a

396

environ deux ans, dans le département de l'Aube, et nous en avons eu la communication par un marchand ambulant qui en demandait un prix exagéré; nous ignorons aujour- d'hui ce qu'il est devenu ; nous en avons seulement pris l'empreinte et constaté le poids. En voici la description :

Av. ABALLONE EIT (pour FIT), tête barbare diadémée, dans le champ.

Rev. BRIVIFVS MONITA, globe dans un grènetis, sur- monté d'une croix ehrismée.

Poids gr. 1.35.

L'émission de cette pièce a avoir lieu au commence- ment de la deuxième moitié du \if siècle.

Nous avons lu BRIVIFVS , car nous pensons que par suite d'une de ces petites finesses propres aux hommes de ces temps-là, qui se ressentaient encore du bas-empire, la lettre R, qui termine la croix en forme de chrisme, a un double emploi et entre dans la légende. On pourrait d'ail- leurs lire aussi BIVIFVS.

Ce monument révèle un nom de monétaire nouveau, en même temps qu'il compose tout le bagage numismatique d'Avallon, pour l'époque mérovingienne.

La numismatique avallonnaise, pour l'époque carlovin- gienne, n'est pas beaucoup plus riche; car on ne connaît que les deux pièces de Charles le Chauve, dessinées par MM. Fougères et Conbrouse, sur leurs planches relatives aux ateliers de ce prince, et décrites ensuite par M. de Longpérier, sous le n" 379 de la notice Rousseau.

M. A. de Barthélémy prétend {Manuel, pp. 45 et 147) que les monnaies d'Avallon au GRACIA D-I REX et an

397

monogramme carolin ont été frappées par les comtes d'Aiixerre, de même que les pièces analogues émises dans cette dernière ville; il se fonde sur ce que ni Auxerre ni Avallon ne se trouvent dans l'édit de Pistes. Nous ne croyons pas que ce soit une raison suftisante, car il existe une grande quantité de monnaies de Charles le Chauve , émanées de villes qui ne figurent pas non plus dans cet édit, et nous admettons que ce prince a pu faire ouvrer dans les ateliers d'Auxerre et d'Avallon après la bataille de Fonlenay, qui fut précisément livrée à proxi- mité de ces deux villes en 841 .

Pu. Salmon.

Sens, le 15 septembre 1850.

398

TROUVAILLE

MONNAIES DU ONZIÈME SIÈCLE.

La découverte d'un dépôt numismatique est toujours une bonne fortune. Rarement ces petits trésors ne nous font pas connaître quelques nouveautés, et, le plus souvent, ils nous viennent en aide pour nous permettre d'éclaircir des points obscurs de l'histoire monétaire, de corriger des erreurs et de refaire des classements j de plus, ils nous rendent parfois des anneaux de cette chaîne brisée et dis- persée, qu'il semble que notre siècle a pris à tâche de réta- blir; enfin ces découvertes profitent à l'histoire, à l'archéo- logie et à l'étude si intéressante des mœurs et des arts chez nos ancêtres.

Mais depuis quelques années nous vivions dans un calme désespérant. « On ne fait plus de trouvailles ! » criait-on de toutes parts. Cela devenait alarmant, et il y avait bien de quoi. Il semblait même que le feu sacré allait en se refroi- dissant ; mais je nie qu'il existe parmi nous des natures accessibles à des impressions décourageantes. Notre lune de miel dure toujours.

Quoi qu'il en soit, je viens, aujourd'hui, rendre compte

599

d'une des plus intéressantes trouvailles qui ait jamais été faite en Belgique ou de monnaies de ce pays. C'est à Maestricht que ce dépôt a été découvert, il y a huit mois. Ce sont tous deniers du xi" siècle, appartenant presque générale- ment aux provinces de Liège et de Namur. Ils étaient au nombre d'environ trois cents, y compris une grande quan- tité de pièces brisées, détériorées ou totalement usées (').

(>) Celte découverte, qui a eu quelque retentissement dans le pays, jettera aussi une vive lumière sur l'étude de nos monnaies. Elle vient déjà de faire restituer à l'un des deux comtes de Flandre du nom de Ro- bert, 1071 à an, divers deniers attribués jusque-là à Robert II, d'Ar- tois. En présence de données monétaires si explicites, cette rectification devenait une chose tellement simple, que M, Serrure a jugé qu'il suffisait bien qu'elle parut sous le couvert d'un jeune étudiant en droit. Aussi n'ai-je plus reconnu la sagacité habituelle de M. Piof, et je ne puis comprendre que mon collègue, qui a eu à sa disposition toute ma trouvaille qu'il a feuilletée à son aise et qu'il connaissait par cœur, ait contredit une vérité aujourd'hui si manifeste, et cela pour y opposer une combinaison qui ne s'appuie sur aucun fait analogue connu dans notre numismatique, c'est-à-dire pour substituer à un puissant comte de Flandre un avoué d'Arras. J'ajouterai, en passant, que l'at- tribution à Saint-Omer de plusieurs pièces de la planche de M. Serrure, surtout des deux premiers numéros, me paraît bien moins solidement fondée.

Veut-on la contre-épreuve de la rectification qui nous occupe ? Nous la trouverons dans la comparaison à établir entre le système monétaire des fcudataires de l'empire et le système monétaire flamand. En effet, les deniers de ma trouvaille, qui appartiennent à la seconde moitié du XI* siècle, pèsent 0.8S à 0.92 grammes, tandis que ceux d'Arras, au nom de Robert, ne fournissent queO.SS à 0.60 grammes. Il est vrai qu'à partir de celte époque, et pendant tout un siècle, les éléments nous manquent pour suivre et signaler successivement la marche de cette décroissance, dont l'action a être simultanée sur les deux systèmes ; mais depuis, et dans le courant du xui* siècle, lorsque les espèces abondent de part et

400

Ce trésor semble dabord nous révéler un fait important et sur lequel, des données certaines nous manquant , nous conservions des doutes. Or, ce serait dans la pre- mière moitié du xi^ siècle, que les évêques de Liège, les comtes de Namur et probablement presque tous nos barons et prélats se sont affranchis de l'autorité impériale ou plu- tôt ont commencé à battre monnaie à leur nom.

La présence des espèces de trois prélats liégeois indique aussi l'âge ou à peu près la circonscription de l'époque que l'on peut assigner au dépôt. Ces espèces sont de Wazon (1042 à 1048), de Théodwin (1048 à 1075) et de Henri I" (1075 à 1091). Seulement, je ferai observer que de ce dernier il n'y avait que trois pièces portant la signature de l'évèque ; que toutes trois, du même coin, et bien que frappées avec une négligence extrême et difficiles à déter- miner à première vue, témoignent par leur état de conser- vation, qu'elles circulaient tout récemment, et qu'ainsi la date probable de l'enfouissement peut être placée dans les premières années du règne de Henri I". D'autres pièces me fourniront dans la suite l'occasion de revenir à ce point de discussion, d'ailleurs d'une importance secondaire.

Passons à la description des monnaies composant ce cu- rieux ensemble.

d'autre, nous retrouvons à peu près la même proportion entre le poids (les Brabançons et le poids des Flamands. Or, les derniers Bastiniens ne vont pas au delà de 0.60 grammes, et les derniers /l Wes/ens ou flamands ne dépassent pas O.'iO grammes.

401

DENIERS IMPÉRIAUX OU DU SYSTÈME IMPÉRIAL.

1 . HEINRICVS. IMPERA. Tête en profil, à droite.

S. LAi\BRTPATROi\... inscrit dans le creux de quatre arcs de cercle réunis en croix j au centre, une croiselte ; plusieurs lettres portent des traits d'abré- viation. — Poids, 1.18 gramme.

Un exemplaire, bonne conservation. Un denier analogue, mais la tète regardant à gauche, a été publié dans celte Revue^ 1" série, t. VI, pi. IX, fig. 21.

2. HENR. CV Tète à droite.

. . MITIANV. . ( Domitianus ). Dans le champ , IIOIVM. Poids, 1 .05 gramme.

Un exemplaire assez endommagé, appartenant à laBiblio- tlièque royale.

Foy. la Revue, 1" série, t. IV, pag. 348, 9.

3. Tête impériale ; l'inscription illisible.

Tète seigneuriale nue ; légende illisible. Poids, 1.25 gramme.

Deux exemplaires.

4. + SANCTVSM... Est-ce saint Monulphe, le géné-

reux bienfaiteur du chapitre de Saint-Servais ? Tète nue, à gauche.

... TCE... (peut être trajectum). Dans le centre, une clef entourée du mot : CLAVIS. Poids, 1.10 gramme.

Foy. pi. XIX, fig. 1.

11 y avait deux exemplaires de ce denier, dont l'un se

2e SÉRIE. Tome ti. 26

402

trouve dans la coHection de M. Dumoulin, à Maestricht , l'autre chez M. Capitaine, à Liège.

Ce denier est très-ancien. Notre collègue et ami, M. Piot, en a fait graver une variété dans le cahier précédent de la Revue, pi. XI, fig. 9.

5. HIERMAINV', écrit à rebours. Tête nue en profil,

à gauche.

/ ORVZ. V. Dans le centre, une croix cantonnée de quatre points. Poids, 1.30 gramme, bien que la pièce ait une petite ébréchure.

Exemplaire unique.

Foîj. pi. XIX, fig. 2.

Dans la première moitié et vers le milieu du xi" siècle, on trouve le long de la Meuse plusieurs princes puissants du nom de Hernian. Le saint invoqué sur ce singulier monument aidera sans doute à faire découvrir son origine; j'avoue humblement que je n'ose proposer une attribution à cette monnaie.

6. + HEI probablement un nom impérial. Tète

diadémée, à droite.

STSC...BR... Croix à doubles bandes en grénetis, et cantonnée des lettres M^EGL Poids, \ .25 gr.

Deux exemplaires légèrement variés.

Foy. pi. XIX, fig. 3.

La seigneurie de Megen semble très-ancienne et avoir appartenu à une famille illustre, si on en croit Butkens. Je suis donc porté à restituer ce denier à Megen. Notre savant confrère, M. Cuypers, qui connaît Megen comme ses poches, ne manquera pas de nous avertir si je me trompe.

403

7. + HE CVS REX, écrit ù rebours. Même tète.

Type de la pièce précédente, la légende circulaire

indéchiffrable ; la croix est anglée des lettres : SIMO ou MOSIau lieu de MtEGL Poids, 1.32 gramme.

Exemplaire unique.

Ce denier a le même faciès^ le style identiquement sem- blable et tous les caractères du denier précédent. J'ai donc cru pouvoir me dispenser d'en reproduire les empreintes ; d'ailleurs, je le répète, l'inscription circulaire du revers est illisible.

Je signale encore cette monnaie à l'attention de M. Cuy- pers.

AUTRE SYSTÈME MONÉTAIRE.

ÉVÉCHÉ DE LIÈGE.

La numismatique liégeoise des xi', xn" et xiu" siècles était déjà d'une richesse et d'une importance, dont nulle autre province de la Belgique n'approchait ; mais elle acquiert aujourd'hui un accroissement de splendeur consi- dérable.

8. Wazon (104.2 à 1048). .AZSO Crosse sur un

croissant ; derrière la crosse, deux globules.

+ S RT' (S. Lambert'), écrit à rebours.

Tète nue en profil, à gauche. poids, 0.82 gram. Exemplaire unique, appartenant à la Bibliothèque royale. Voy. pl.XIX, fig.4.

La faiblesse du poids de ce denier , cependant assez bien conservé, est remai-quable. Il est d'aillcuis en par-

404

faite concordance avec le poids des espèces du successeur de Wazon, Théodwin, lesquelles faisaient partie du dépôt de Mastricht. Mais on va voir, à la suite du n" 15, un denier de ce Théodwin, frappé à Thuin, ne provenant pas de la trouvaille qui nous occupe, et qui, rencontré isolé- ment, m'a été très-obligeamment communiqué par M. le comte de Robiano. Or, ce denier, encore qu'ébréché et légèrement usé, pèse 1.10 gramme, et certes, étant neuf, il a fournir un poids d'environ 1.30 gramme, tandis que les monnaies assez entières de Théodwin, retrouvées à Maestricht, ne donnent que 0.85 à 0.88 gramme, soit plus de 0.40 gramme de moins. Il est donc évident qu'il y avait en présence, dans l'évêché de Liège, deux systèmes moné- taires, deux deniers de l'un valant trois deniers de l'autre système.

9. Théodwin, (1048 à 1075)— ^ DIETVIJV. ETS. Episcopiis Tungrensis. Buste à tète nue et tonsurée, de face, tenant dans la main droite une crosse, et dans la gauche un livre. *i* LGG »ï< I o A o. Bâtiment à trois tours dans un cercle perlé. Poids, 0.85 gramme.

Trois exemplaires, dont l'un très-médiocre; ceux bien conservés sont à la Bibliothèque royale et chez M. Du- moulin.

/^oî/.pl.XIX, fig. 5 0).

(') Un diplôme royal de 1070 donne encore à Théodwin la qualification

d'évêque de Tongres : « quia vir vcnerabilis Dielwinus Tun-

« grensis ecclesiae cpiscopus » Voy, Ciupeactille, t. II, p. 13.

405

10. Mêmes légende et type.

^ HoO«»ï<oIoVoM. Même bâtiment, mais la tour du milieu en forme de dôme. Poids, 0.88 gramme.

Trois exemplaires, dont deux très-mauvais; la belle épreuve appartient à la Bibliothèque royale. Foij. pi. XIX, fig. 6.

H. >î<D GTS. Même type 0).

LEGIA, autour d'un bâtiment ou une église dans une enceinte. Poids, 0.88 gramme.

Exemplaire unique appartenant à la Bibliothèque royale. roy. pi. XIX, fig. 7.

12. >i< DISVVINVS. Dans le centre d'un cercle perlé, HOII iHui); au-dessus et au-dessous, une eroisette accostée de deux annelets.

DOMITN MARIA. Deux bustes en regard. Poids, 0.87 gramme.

Six exemplaires {^). roy. pi. XIX, fig. 8.

Ces deniers sont tous en mauvais état de conservation, et ce n'est qu'au moyen de plusieurs échantillons que j'ai

{') Souvent la lettre D prend la forme d'un O précédé d'un appendice en façon de virgule renversée ; pour le G, la virgule est à droite du O.

(') Lorsqu'il existe plusieurs échantillons du même denier, je donne toujours le poids de celui le plus entier. Les pièces parfaitement intactes fournissent invariablement 0.85 à 0.92 gramme, trébuchant. Ce résul- tat concorde avec le poids de la généralité des deniers de la trouvaille de M. le major Bleyeis, deniers qui appartiennent au premier tiers du xu« siècle. Quatre seulement donnent quelques centigrammes de plus ; mais on sait la pureté de conservation de toutes ces pièces.

406

pu compléter les inscriptions. J'ajouterai qu'il m'a fallu recourir à ce procédé pour plusieurs autres monnaies; mais on peut être assuré de la rigoureuse exactitude des légendes et de la fidélité apportée dans la reproduction des types et des lettres. Du reste, la plupart des pièces de cette trou- vaille sont plus ou moins endommagées, et, de plus, frap- pées avec une certaine négligence qui caractérise l'époque.

13. Mêmes légende et type.

^ DOMITIANVS. Mêmes bustes. Poids, 0.85 gramme.

Exemplaire unique.

Je n'ai pas fait graver cette pièce, les types étant exacte- ment ceux de la monnaie précédente.

14. DSODVIN. Buste à tête tonsurée; profil à gauche.

>ï< CEVNVS. Croix cantonnée, dans un cercle perlé. Poids, 0.72 gramme.

Exemplaire unique appartenant à la Bibliothèque royale; l'épreuve est un peu endommagée. lien existe un deuxième exemplaire, mais en fragments (').

Voy. pi. XIX. fig. 9. \ 5. _ DISTVVIN. Buste à tète tonsurée, profil à droite.

*h CEV »ï< iNVS. Croix très-ornée dans un cer- cle. — Poids, 0.85 gramme.

Exemplaire unique, appartenant à M. lecorate deRobiano. Voy. pi. XIX, fig. 10.

(') Leiewel avait déjà sigualé cette monnaie, mais les lacunes que pré- sentaient les légendes de sa pièce ont induit en erreur notre savant maître, qui y vit une monnaie de l'évéché de Toul. Voy. JVttmiimatique du moyen àgcf t. II, p. 183.

407

Je présume que l'atelier de Ciney au nom des évêques de Liège n'était pas connu.

L'atelier de Thuin semble ne pas avoir été représenté dans la trouvaille de Maestrielit. Je profiterai de la gra- cieuse obligeance de M. le comte de Robiano, pour placer ici un denier de Thuin au nom de l'évèque Théodwin.

DI . . . NVS (Dievinus). Tête en profil, à gauche.

TVIiN' , dans les angles d'une croix à doubles bandes perlées j dans le centre, un cercle perlé. Poids,

1.10 gramme. J'ai signalé, plus haut, le poids de ce denier qui a peser, étant neuf, 1.50 gramme au moins, afin de faire remarquer qu'il existait simultanément deux systèmes moné- taires.

16. DOMIT .... Buste en profil, tète tonsurée, de saint Domitien; devant, une crosse.

^ SA . . . . ARIA. Tète de face de la vierge. Poids, 0.88 gramme.

Trois exemplaires, très-mal frappés et de médiocre con- servation.

Toi/, pi. XIX, fig. 11.

Pour placer ce denier à la suite des monnaies de Théod- win, de qui je le crois contemporain, je me suis fondé sur ces deux considérations : Que l'état d'usure des deniers

408

aux deux bustes (voy fig. 8) fait supposer qu'ils appartien- nent à la première époque de Théodwin ; qu'un denier aux types de la fig. H , mais d'une exécution bien supé- rieure et de belle conservation {voy. fig. 16), s'est montré en plusieurs exemplaires dans la trouvaille. On peut donc, avec apparence de raison, conclure de ce qui précède, que le type, fig. 8, a été abandonné sous Théodwin et remplacé aussitôt par celui de la fig. 11.

17. risé >h LA.NTBERTVS. Tête à droite; crosse devant le profil.

YIOZJE. Cerfou chevreuil. Poids, 0.80 gramme.

Quatre exemplaires assez mal conservés.

Foy.pl. XIX, fig. 12.

La ville de Visé nous fournit des monnaies du ix® siècle, frappées au nom de Charles le Chauve et de Louis le Bègue, INVICO VIOSATO, ou VIOSAO. Le nom de cette localité se trouve écrit, dans les anciens documents, de quinze à vingt manières. Un diplôme de 1070, date qui se rapproche de l'époque de l'émission de notre denier, dit viosaz.

La présence d'un cerf, comme type local, sur ce denier , n'a rien qui doive étonner; il trouve son explication dans le commerce de pelleteries d'animaux sauvages qui se faisait anciennement à Visé. Par diplôme daté de 1131 , statuant sur les prétentions des marchands de Huy, l'empereur Lo- thaîre décréta que les pelleteries n'avaient jamais été exemptes des droits de lonlieu au marché de Visé :

, Hoienses judicio lanlum scabinorumLeodien-

« sium jurasse, de pelhOus sitveslrhmi animalium se nul-

40Î)

« lum in foro isto (Viseti) debere leloneum; nos auleni « rcgiae poleslalis utentes censura » Foy. X His- toire de la bonne ville de Fisc, par F. Henaux, p. 25. Selon le Magnum Chronicon Belgicum, le marché de Visé a eu une grande renommée: « Forum in eàdem villa fuit valde nomi- « nalum, et permansit usque ad tempora Alberti primi. » Or, Albert I" mourut en H 92.

18. Légende indéchiffrable. Tète de face.

Le même animal ; la lettre V au-dessus et la lettre I au-dessous. Ce sont évidemment les deux pre- mières lettres du nom de la ville de Visé; devant le cerf, deux points. Poids, 0.S8 gramme. {Obole.)

Deux exemplaires , dont l'un à la Bibliothèque royale, l'autre à M. Capitaine. C'est la seule obole de la trouvaille.

Foij, pi. XIX, fjg. 12 bis.

Les pièces de Visé sont-elles municipales? Peut-on con- sidérer comme autonomes les deniers n'énonçant pas de nom d'évéque? La monnaie de Huy représentant les bustes des deux patrons de cette ville, et frappée au nom de Théodwin, doit être épiscopale; voy, fig. 8; mais plus tard^ l'empreinte des deux bustes apparaît sans l'intervention du chef de l'Église j faut-il inférer de ce fait que la monnaie est municipale? J'en doute.

19. He7iri 1" (1075 à 1091) HENRIC. EPS. Buste

de face, la tête ceinte d'un ornement perlé, tenant dans la main droite une crosse, dans la gauche un livre j une croix à long pied orne son vêtement. - Église ou bâtiment et la lettre L. Poids, 0.87 en m me.

410

Trois exemplaires très-mai frappés, mais neufs. Foy. pi. XIX, fig. 15.

20. "î* .. GIA {Legia), Buste de face tenant une crosse ;

la tête ornée comme sur la pièce précédente.

+ RHLVOD , écrit à rebours. Croix anglée

de quatre têtes de face. Poids, 0.78 gramme, mais il manque un morceau à ce denier.

Deux exemplaires, dont l'un à la Bibliothèque, l'autre à M. Capitaine; très-belle conservation. Foy. pi. XIX, fig. 14.

21 . + LEGIA. Buste épiscopal de face ; tenant la

crosse dans la main droite et un livre dans la main gauche.

-f. oLoSoQoIoAo, toutes les lettres séparées par un annelet. Bâtiment dans un cercle en grènetis. Poids, 0.86 à 0.93 gramme.

Onze exemplaires parfaitement conservés.

Foy. pi. XX, fig. 15.

Tous ces deniers étant de fort belle conservation, et por- tant, de plus, la tète de l'évêque exactement coiffée comme celle du denier, fig. 13, qui est incontestablement de Henri I", c'est au règne de ce prélat qu'il convient de res- tituer cette pièce.

Un exemplaire unique porte autour du buste -j- LG GA, avec trois points en triangle après la lettre G, et ces mêmes points devant la lettre G. De plus, tous les anne- lels séparant l'inscription du revers ont dans le centre un point.

_ 4il

22. ^ DO MI. TI. AN'. Buste crosse, profil à

droite, de saint Domitien, patron de Huy.

+ SoMoA RoIoA. Buste de face de la Vierge. Poids, 0.85 gramme.

Sept exemplaires.

Foy. pi. XX, fig. 16.

Ces deniers sont aussi très-bien conservés, mais la plu- part frappés très-négligemment, fait qui se produit malheu- reusement pour un grand nombre des pièces de la trou- vaille. En décrivant, plus haut, un denier aux mêmes bustes {voy. fig. H), que j'ai attribué au règne de Théod- win, j'ai dit que je produirais une monnaie analogue que je donnerais à Henri I"; je pense qu'on adoptera ce classe- ment.

COMTÉ DE NAMUR.

23. Mbert III (1037? jusque vers 1106). AL-

BERTV. Buste en profil, à droite.

JNMVCVM (Namurcum). Croix pallée, traversée dans le centre par une petite croix à branches or- nées. — Poids, 0.85 gramme.

Deux exemplaires, dont l'un au cabinet de la Société Archéologique de Namur, l'autre à M. le comte de Robiano. Fo2/. pi. XX, fig. 17.

24. ALBE . R . T o V o S o Buste en profil , à

droite. -— DoEoOolVoAoNoT. Bâtiment dans un cercle eu grèneiis, Poids, 0.80 gramme.

412

Trois exemplaires bien conservés, dont deux dans les collections indiquées pour le denier précédent. Voy. pi. XX, fig. 18.

2S. A ... R. V. {Albertu). Même buste.

... 0 o NA.. (Deonant). Carré formé de quatre ares de cercle et traversé par une croix dont les bouts sont terminés par trois points. Poids, 0.87 gramme. Quatre exemplaires extrêmement mal frappés. Voy. pi. XX, fig. 19.

Albert Ifl a régné plus de soixante ans. Nous connais- sions déjà de ce prince deux types plus anciens que ceux de notre trouvaille; l'un de l'atelier de Namur, l'autre frappé à Dinant. Celui de Dinanl a été gravé dans les Mémoires de la Société d' Archéologie et de Numismatique de Sl-Pétershourg, 1849, pi. XIII, fig. 9, publiés par M. de Kôhne. En regard de celle monnaie apparaît un denier , tout à fait semblable, mais frappé au nom d'un Henri, que M. de Kohne croit être le seigneur de Durbuy et de la Roche, frère du comte Albert. Voici ces deux monnaies :

D'un autre côté, les évèques de Liège possédant une partie de Dinant. nommée Sainte-Marie, M. Piota supposé que le denier Henricus appartenait à l'évêque Henri I" ; c'est encore une erreur. Il s agit ici d'un roi ou empereur

413

d'Allemagne, très-probablement Henri III (1039 à 1054); et je soupçonne fort que c'est vers l'époque Albert fabri- qua ce denier qu'il obtint l'afiranchissement monétaire que semble exprimer la présence du nom et de l'effigie du comte de Namur.

Les deniers de ma trouvaille sont plus petits que ceux de M. de Kohne; ils sont donc postérieurs à ceux-ci, s'ils n'ap- partiennent pas au système fort qui existait encore sous l'évêque Théodwin; leur poids m'est inconnu. Mais l'époque de l'enfouissement pouvant raisonnablement être fixée de 1080 à 1085 au plus lard, il en résulte qu'Albert a pu et a frapper d'autres espèces encore. En effet, voici un denier du même, trouvé isolément entre Liège et Namur, et ap- partenant à la Bibliothèque royale :

Son module indique bien qu'il est postérieur aux pièces du dépôt de Maestricht.

ALBERTV. Tète à droite.

+ D. E.. JN..T [Deonantj. Croix à doubles bandes cantonnée de quatre points. Poids, 0.70 gramme.

CELLES, PRÈS DINANT.

26. ^em«/F(1054à 1 078)— HENR... Buste de face, à tête couronnée, de l'empereur, tenant dans la main droite le globe

CELLA. Vaisseau ayant au bout du mât une croi- sette. Poids, 0.85 gramme.

414

Exemplaire unique appartenant à la Bibliothèque royale. Foy. pi. XX, fig. 20.

27. HEINRIC. Buste de face portant globe et sceptre. CELLA. Monogramme dans le centre. Ce mono- gramme est conforme à celui qui figure sur des diplômes de Henri IV. Poids, 0.8a gramme (*).

Trois exemplaires appartenant à la Bibliothèque royale.

Foî/. pi. XX, fig. 21.

Ce n'est qu'au moyen des trois échantillons réunis, qu'on lit le nom du lieu, Cella, mais cette lecture est incontes- table (CE— LL— A).

28. Anonyme. H. AD. EL'. Buste en profil, à gauche,

de saint Hadelin , ayant la tête tonsurée ; devant la figure, une crosse. H CEL + LA. Bâtiment. Poids, 0.85 gramme.

Six exemplaires, de très-médiocre conservation.

Voy. pi. XX, fig. 22.

Ces monnaies sont aussi très-mal frappées et pas une ne fournit complètement les légendes.

C'est sous saint Remacle, vers le milieu du vu' siècle, qu'un monastère ou chapitre de chanoines fut fondé à Celles, commune qui appartenait anciennement à l'évèché de Liège. Saint Hadelin, d'origine aquitanique, et disciple de saint Remacle, fut le premier abbé de cet établissement, lequel a

O La Bibliothèque royale de Danemark possède un denier, au type du même monogramme, de l'empereur Henri III, iOi7 à lOSi, avec l'in- scription : MONETA GELES. Voy. Mémoires de ta Société d'archéologie et de numismatique de Saint-Pétersbourg. 18-49, pi. XVI , fig. 1, et 1850, p. 99. Ce denier est d'un module beaucoup plus large que le nôtre.

415

continué d'exister sous le patronage et le vocable de saint Hadelin. Plus tard, en 1357, afin de se soustraire aux vexa- tions et aux oppressions du seigneur de Celles, les chanoines émigrcrent et allèrent s'établir à Visé. Si maintenant, vers le milieu du xi" siècle, nous rencontrons la monnaie im- périale de Celles, nous pouvons espérer de retrouver des espèces plus anciennes de cet atelier; car, en règle générale, les empereurs de la maison de Saxe ont continué de battre dans les localités qui forgeaient sous les Carlovingiens.

ÊVÈCHÉ D'UTRECHT.

29. Guillaume (10S4 à 1076). Sans légende. Buste de

face, tenant dans la main droite une crosse, et dans la gauche, une croix à long pied.

Bâtiment à quatre rangées d'ouvertures; à droite du bâtiment, la lettre Vsous un double cercle ; à gauche, une croix à long pied. Poids, 0,94 gramme.

Exemplaire unique. Voy. pi. XX, fig. 23.

30. TRAISCTI. Tète en profil, à droite; devant la

figure, une crosse.

GPJSSCOP', écrit à rebours. Bâtiment dégénéré, mais rappelant celui du denier précédent; une croix le surmonte. Poids, 0.89 gramme.

Trois exemplaires. Votj. pi. XX, fig. 24.

31 . Mêmes légende et tête.

GPIS. Même bâtiment ; la croix est accostée de deux annelets. Poids. 0.92 gramme.

416

Cinq exemplaires.

Voy. pi. XX, fig. 25.

La plupart des échantillons des deux vnriélés qui pré- cèdent sont mal frappés , et comme ils accusent presque tous une longue circulation, je ne doute pas qu'ils ne soient de l'évêque Guillaume. C'est aussi l'opinion de mon con- frère M.Balfoort, d'Utrecht, qui s'occupe spécialement de la numismatique de son évêché, et la suite monétaire de M. Balfoort est certes la plus riche connue. Toutefois, les monnaies de l'évêque Guillaume, trouvées en Danemark, je pense, signalent un type tout différent de celui-ci; mais il est probable que ces espèces, comme celles de son pré- décesseur Bernulf, auxquelles elles étaient mêlées , appar- tiennent aux ateliers que l'évêché d'Utrecht possédait dans la Frise, pays qui avait des relations de commerce très-sui- vies avec les peuples du Nord. Or, la Frise étant irès-éloi- gnée de Maestricht, on comprend que les pièces frisonnes aient fait défaut dans notre trouvaille, tandis que celles de l'atelier d'Utrecht devaient facilement pénétrer dans le pays dcLiége.

ARCHEVÊCHÉ DE. COLOGNE.

32. Hildolf (1076 à 1079). >ï< HID . ARCHIE-î*S. Profil crosse à droite.

>ï< COL IVIS {Colonia civis). Trois

tours de bâtiment sur un double trait en grènetis ; dessous, une épée entre deux profds humains en regard. Poids, 0.72 gramme. Exemplaire unique, parfaitement conservé. Voy. pi. XX, fig. 26.

417

Ce joli denier n'a rien des caractères propres au mon- nayage colonais. Le type du revers semble un emblème parlant; c'est l'Eglise de Cologne qui protège quelque fief ou établissement religieux relevant de l'archevèclié. Mais c'est chez nous, je pense , qu'il faut chercher le mot de l'énigme.

33. HIT . ACHE. Buste crosse et tonsuré, en profil à

droite.

Figure de face , légende inintelligible. Poids, 0.80 gramme.

Deux exemplaires très-bien conservés , mais mal frappés et de mauvaise fabrique.

Voy. pi. XX, fig. 27.

Ce denier, d'un caractère tout aussi exceptionnel que le précédent, à l'endroit de l'archevêché de Cologne , semble aussi appartenir à quelque fief de cette Église.

COMTÉ DE LOOZ (?).

34. Jnonyme (?). Buste impérial de face; couronne en

pointe surmontée de la croix.

>h HOVOH OIL. Dans le centre, un oiseau tourné à gauche regardant derrière lui ; au-dessus, la lettre A. Poids, 0.90 gramme.

Deux exemplaires, très-belle conservation : l'un à la Bibliothèque royale, l'autre à M. Dumoulin. Voy. pi. XX, fig. 28.

35. Même buste.

+ HOVOTNOI. Même type sans la lettre A. - Poids, 0.86 gramme.

2" sÉniE. Tome vi. 27

418

Sept exemplaires, dont quelques-uns portent de petites variantes dans les inscriptions. Ils sont généralement moins beaux que les précédents.

Voy. pi. XX, fig. 29.

Les plus anciennes monnaies de Looz connues sont celles qui proviennent de la fameuse trouvaille de deniers du xni° siècle, trouvaille faite à Louvain et dont il a été parlé dans le premier volume de la Revue belge. Ce précieux trésor nous a fourni deux variétés de deniers de Looz; ils ont été gravés au t. II, pi. IV, fig. 2 et 3, à la suite d'un excellent travail de notre savant confrère, M. Perreau, sur les mon- naies des comtes de Looz.

Ces deniers singuliers portent autour de Técusson aux armes de Looz, l'inscription : HOIOVAI, laquelle n'a pas, que je sache, été expliquée d'une manière satisfaisante. Or, cette inscription et celles des doux deniers au buste impé- rial ont déjà quelque analogie entre elles ; et puisque, d'un autre côté, il est probable que les comtes de Looz, dont les domaines étaient si rapprochés de Maestricht, ont frap- per monnaie de très-bonne heure, conjecture que la com- position du dépôt de Maestricht semble devoir pleinement confirmer; enfin, comme je ne découvre dans ma trouvaille aucun autre type que je puisse donner au comté Looz, je suis porté à lui attribuer ceux dont il s'agit.

Dans cet état de choses, je donnerais à Emmon , mort vers 1070, les deniers sans la lettre A, et à son successeur, Arnoud IV (1070 (?) à 1107), le type avec cette lettre, qui pourrait être l'initiale du nom de ce prince. Cependant, je ferai observer que je n'insiste aucunement sur celte propo- sition, que je formule tout timidement.

449

ABBATE DE 8TAVEL0T.

?;6. RIMACLV. Tête en profil à gauche^ devant la la figure, une crosse. Sans inscription. Une plante , une souche de bois peut-èlre; du milieu surgit une croix à long pied. Poids, 0.85 gramme.

Deux exemplaires bien conservés; l'un à M. le comte de Robiano, l'autre à M. Capitaine.

Voy. pi. XX, fig. 30.

Saint Remacle, évéque de Liège, a fondé les deux mo- nastères de Malmedi et de Stavelot, Celui de Malmedi avait été élevé sur le territoire de l'archevêque de Cologne ; celui de Stavelot l'était sur les domaines du prélat liégeois.

Vers 660, saint Remacle abandonna l'évêché de Liège et se retira à Stavelot ; il gouverna les deux monastères et mourut en 675. Il avait choisi Stavelot pour lieu de sépul- ture. Or, Stavelot, qui possédait les reliques de son saint fondateur, avait toujours eu la primauté sur l'abbaye de Malmedi; un seul abbé gouvernait les deux communautés.

Mais sous l'abbé Werenfried , 964 à 980, un moine de Saint-Gai, nommé Notger, qui était venu s'établir à Stave- lot, écrivit la vie de saint Remacle; et lorsque les moines de Malmedi apprirent que leur monastère avait été bâti avant celui de Stavelot, ils contestèrent la primauté de celui-ci. Cependant, un concile d'évêques se réunit à Ingel- heim , sous l'empereur Otlon III; mais les moines de Mal- medi furent déboulés de leurs prétentions.

La querelle n'était qu'assoupie, car les religieux de Mal- medi, encouragés par l'archevêque de Cologne, Annon

420

(1056 à 1076), essayèrent de nouveau de se soustraire à l'autorité de l'abbé de Stavelot. Annon, que ses foïictions cumulées de premier ministre de l'Empereur rendaient fort puissant, se fit donner, en 1062, le bénéfice de Malmedi et y installa un abbé. Enfin, vers 1067, les moines de Sta- velot triomphèrent et obtinrent justice complète. Notre sa- vant collaborateur, M. Perreau de Tongres, a donné, dans ce recueil , des détails pleins d'intérêt sur Stavelot ; Voy. V série, t. IV.

Me fondant sur ces considérations historiques, j'ai cru de- voir donner à Stavelot le denier au buste de saint Remacle.

Mais l'une des deux monnaies au nom de l'archevêque Hildolf, successeur d'Annon, voy. plus haut, ilg. 26 et 27, ne pourrait-elle pas appartenir à Mahnedi ?

CHAPITRE SES CHANOINESSES SE MUNSTERBILSEN.

37. Personnage debout et de face, tenant dans la main

droite une crosse, et dans la gauche un livre. La lettre V, ou A renversée, est répétée trois fois dans le champ.

SCTI AMEVR, écrit à rebours; croix dans un cercle perlé. Poids, 0.86 gramme.

Onze exemplaires généralement mal frappés et tous très- incomplets.

Fo?/. pi. XXI, fig. 31.

38. Même type.

+ S I + 4-MV. Croix dans un cercle

d'annelets. Poids, 0.90 gramme.

Exemplaire unique, appartenant à M. Capitaine.

Fo?/. pl.XXI,fig. 32.

La fondation du monastère de Bilsen (Munsterbilscn);

_ 421

remonte, connue celui de Celles, au vu" siècle; il lut érigé en l'année 650 par sainte Landrade, fille de Wandegisile, comte palatin de Dagobcrt.

Vers 850, un comte Odulphe, qui semble avoir été un des premiers comtes de Looz, fit bâtir une nouvelle église à côté de celle de Sainte-Landrade ; il la dédia à saint Amour et y fit transférer les reliques de ce saint, qui jusque-là avaient été conservées à Maestricht. Dès lors, l'église de Saint-Amour devint l'église collégiale des Dames chanoi- nesses. Notre fécond et savant historiographe, M. Wolters, dans sa Notice historique sur l'ancien chapitre des chanoi- ncsses nobles de Munsterbilsen, nous fuit connaître de cu- rieux et intéressants détails sur ce monastère.

Saint Amour, originaire d'Aquitaine, dit M. Wolters, accomplit de grands travaux apostoliques dans la Hesbaye, qu'il arracha en partie à l'impiété et aux vices. Il se livra, pendant plusieurs années, près du sépulcre de saint Servais, à la contemplation des choses divines et de il se trans- porta à Bilsen, il mourut en odeur de sainteté; enfin, après sa mort il fut toujours vénéré comme le patron titu- laire du couvent. Foy. p. 1 1 .

Le nom du saint patron, écrit en langue vulgaire sur un de ces deniers, n'étonnera point; des faits analogues se pro- duisent sur d'autres monnaies connues, et je les soupçonne encore pour quelques pièces du dépôt de Maestricht, par exemple pour les n"' O'i, 3'i, 41 et 412 de la liste générale, dont les inscriptions inintelligibles pour moi viennent ap- puyer cette conjecture.

Quoi qu'il en soit, on ne saurait douter de l'origine des deux monnaies dont il s'agit, et il est probable que les chanoines- ses de Bilsen, comme les chanoines de Celles, ont succédé

422

au privilège monétaire attaché à cet établissement religieux. Voici deux deniers impériaux que je crois pouvoir attri- buer à Bilsen ; l'un a été trouvé dans la province d'Anvers, l'autre dans le Limbourg»

Le premier est d'Otton I : -t OTTIMPERATOR, écrit à rebours. Croix dans un cercle perlé.

S 0 A E BIIISEN tracé en croix. Poids 1.15 gramme.

Évidemment c'est la monnaie de Cologne qui a servi de prototype à celle-ci. Les lettres SOA qui se suivent perpen- diculairement, sur la copie comme sur le modèle, consti- tuent les éléments ou signes les plus apparents de ce type qui était très-populaire, à en juger par l'immense quantité de deniers colonais et de copies de ceux-ci que l'on retrouve. La lettre E ajoutée au bas de celte ligne est probablement l'initiale du mot ecclesia.

Le second denier est une dégénérescence du premier type qui semble s'être immobilisé pendant un certain temps. Les quatre lettres S 0 A E, y sont fidèlement conservées; des jambages seulement remplacent la légende BIIISEN. Voy. die Mûnzen der deutschen Kaiser und Konige des Mittelal- ters, de Cappe, pi. XVIII, fig. 502. On le voit, les lettres SOAE n'appartiennent point à la légende locale ; il reste donc pour établir la lecture du nom de l'atelier, le mot BIIISE^ que je lis BILISEN, En effet, rien n'est fréquent; dans l'é-

423

pigraphie monétaire de cette époque, comme l'emploi du I pour le L , notamment sur les monnaies de Cologne : COIONIA pour COLONIA. Une trouvaille assez considéra- ble de deniers de Charles le Simple, frappés h Strasbourg, fournit par moitié les formes KAROIVS et KAROLVS. Les exemples analogues sont si fréquents qu'il serait oiseux de pousser plus loin les citations.

M. le sénateur comte de Renesse a eu l'extrême obligeance de me communiquer un magnifique sceau des dames de Bilscn , et a bien voulu me permettre de le publier. Les lecteurs delà Revue \erronl avec intérêt ce beau monument du quatorzième siècle.

•i^SIGILLViM : STI : AMORIS : CAPVLf : BLISIKV.

424

MONASTÈRE DE SAINT-TROIfD.

39. S STSPHAIN?. Buste en profil à gauche de saint Etienne; une crosse apparaît devant la figure. -i* SCS.TRVDO.I. Église dans un cercle perlé.— Poids, 0.89 gramme.

Exemplaire unique, parfaitement conservé et d'un travail admirable. La lettre I, qui est séparée de la légende locale par un point, semble parasite et n'y figurer que comme icmplissage.

Voy, pi. XXI, fig. 33.

Ce denier est si finement et si correctement gravé qu'on a peine à croire que l'art fût demeuré inculte et grossier dans des ateliers contemporains et rapprochés, cependant, de ce- lui de Saint-Trond. D'ailleurs, l'ensemble des pièces con- state entre elles des oppositions analogues très-sensibles. Ces Aiits nous aideront souvent dans nos classifications; il est certain, par exemple, qu'en l'absence des données que nous possédons aujourd'hui, on a trop rajeuni quelques mon- naies, surtout parmi les pièces flamandes dont les deniers de 4S centigrammes doivent remonter assez haut dans le xn° siècle. Ainsi les n°' 154 et 156 de la pi. XV de M. Gail- lard, pesant 0.5o et 0.61 gramme, sont probablement con- temporains des deux Robcrtsde Flandre. Le n" 134 convient très-bien à l'atelier de Gand, mais je le crois moins ancien que len" 136.

Dans le précieux dépôt monétaire, exhumé à Maestriclit il y a 15 à 16 ans, et dont la plus grande partie fut acquise par notre confrère M. le major du génie Mcycrs, deux de-

425

niers, légèremenl variés, au buste de saint Etienne, parurent pour la première fois. A cette époque de notre apprentissage, trop peu versés dans la numisnmatique du pays à défaut des monuments qui pussent nous y initier, nous avions restitué ces monnaies à 1 evéché de Metz. Depuis, l'étude des types, les comparaisons et les rapprochements que les découvertes successives nous ont permis de faire, sont venus modifier bien des opinions, corriger infiniment d'erreurs.

Il y a plusieurs années que j'écrivis à M. Meyers pour lui communiquer le résultat de mes recherches au sujet de quelques types d'attribution douteuse de sa trouvaille. Parmi les pièces dont ma lettre était l'objet, je lui signalai son denier de saint Etienne que je croyais appartenir à Saint- Trond. Plus tard, en \ 854, lorsque je publiai quelques pièces inédites, j'eus occasion de formuler mon opinion sur celle monnaie. Je disais alors : « Au nombre des deniers îndé- « terminés de ce précieux dépôt monétaire, figuraient deux « variétés d'une monnaie au nom d'Elienne. M. Meyers a « donné celte pièce à l'évêque de Metz, Etienne de Bar, « H 20; mais la numismatique messine ne nous offre rien « d'analogue pour le règne de ce prélat. Cependant, je ne « doute pas que le denier dont il s'agit n'ait été frappé au «i nom de l'évêque Etienne, mais dans râtelier de Saijit- «e Trond qui appartenait à l'évêchéde Metz. » Voy. la Revue belge, T série, t. IV, p. 458.

Dans le premier cahier du présent volume, série, t. VI, p. 44, mon confrère, M. Piot, revenant aux pièces du tré- sor de M. Meyers, entre dans de longs détails pour confir- mer mon opinion. Enfin, un monument plus cxplicile encore vieiil aujourd'hui lever les dernières apparences du

426

doute, s'il pouvait en être resté, sur rattribution à Saint- Trond du denier d'Etienne.

MONASTÈRE (?) DE LÉAU.

40. + S L.ATR (sanetus Leonardus pATRonus?). Buste à tête nue de face. LEWE, écrit en flamand, dans les angles d'une croix évidée, ayant dans l'intérieur des branches des annelets pointés. Poids, 0.85 gramme.

Deux exemplaires dont l'un appartient à la Bibliothèque royale.

Foy. pi. XXI, fig. 34.

S'agit-il ici d'une monnaie ecclésiastique? Est-ce une pièce municipale? A qui appartenait Léau au w" siècle? J'avoue que je n'ai pu retrouver les documents qui me per- missent de résoudre ces points d'une manière satisfaisante ; les savants versés dans les sciences historiques voudront bien s'en charger. Je me bornerai donc à placer mes ques- tions en face du monument monétaire.

Ce n'est qu'en 1508 que fut fondé, à Léau, un chapitre de douze chanoines; j'ignore s'il y existait antérieurement quelque établissement religieux. Vers 1230, on supprima l'église paroissiale de Saint-Sulpice, qui était située hors de l'enceinte, et on en construisit une nouvelle dans l'inté- rieur de la ville, sur l'emplacement de la chapelle de Saint- Léonard. Ce saint fut conservé comme patron de la nou- velle église. La chapelle de Saint-Léonard semble donc très-ancienne; et si je puis tenir compte de l'iiiiéressante situation que nous fait la riche découverte do Maestricht, ù

427

l'endroit du monnayage ecclésiastique au xi" siècle, il serait important de savoir si la chapelle de Saint-Léonard n'appar- tenait déjà pas à quelque monastère.

M. Piot, qui a fait beaucoup de recherches sur Léau. dont il a écrit Ihisloire, ne remonte pas au delà du règne de Godefroid le Barbu, qui aurait construit ou reconstruit le château de cette ville, au lieu dit : Castellen-berg .

DENIERS INDÉTERMINÉS.

41. RSiNV OU VxNGR. Personnage debout, tenant

dans la main droite une lance, dans la gauche un glaive ; la lettre V apparaît entre la lance et le grè- netis.

TINIG - VEIVS. Lance renversée entre deux or- nements carrés oblongs; dans le champ, quatre annelets. Poids, 0.75 gramme.

Quatre exemplaires, mal frappés et moins beaux que les suivants.

^02/. pI.XXI, fîg. 35.

42. VSIV ou VI6V. Même type de la pièce précé-

dente.

TVINS-EVJNG; trois échantillons donnent El VJN6 au lieu de EViNG. Type du denier précédent j seu- lement, les pelils carrés sont surmontés d'une croi- selte; au-dessous, deux annelets de plus. Poids, 0.92 gramme.

Quarante- huit exemplaires presque généralement de belle conservation, mais frappés avec une négligence telle qu'il n'en est pas un seul qui soit complet. Déplus, on peut

428

dire qu'il n'y en a que douze à quinze dans un état satis- faisant. Cependant la gravure est bonne.

Foy.])\. XXI, (Ig. 36.

La présence d'un aussi grand nombre d'exemplaires de ce type ferait supposer que l'atelier dont il provient est très-rapproché de Maestricht. Les inscriptions TNIG et TVNS m'ont fait songer à Tongres dont il serait surpre- nant, après tout, que la monnaie ne fût point représentée dans ce trésor. Mais que faire des autres fragments de légende? Toutefois, je suis loin d'insister sur Tongres, malgré les traditions monétaires de l'ancienne capitale de l'évêché de Liège.

J'ai dit plus haut qu'il était bien possible que les légendes de ces singuliers deniers fussent écrites dans la langue vul- gaire ou flamande ; sinon, je ne m'explique pas l'impéné- trable obscurité qui entoure cette mystérieuse monnaie.

Et à propos de la monnaie de Tongres et de la légende TiNIS de l'un de ces deniers, je rappellerai qu'on peut attri- buer en toute sûreté à Tongres les espèces de Charles le Chauve et de Louis le Bègue portant TVNIERS pour TVN- GERS, espèces, d'ailleurs, si conformes, pour le style, aux monnaies de Visé et de Maestricht. Celte attribution n'eût jamais fait le sujet du moindre doute, si on avait fait atten- tion que, dans le Nord surtout, les lettres G et I s'emploient indifféremment dans l'épigraphie de ces temps; ainsi, les deniers de Mayence prennent les formes MOIONCIA et MOGONTIA; un denier d'Arras donne IRATIA pour GRATIA ; le nom de saint Géry s'écrit lOTGERVS pour GOTGERVS ; celui de Godcfroid lOFRlDVS et GOFRI- l>VS,elc.

429

CHAPITRE DE SAINT-SEKVAIS A MAESTRICHT.

45. SERVATIVS, autour du buste couronné de l'em- pereur, lequel tient dans la main droite un sceptre, et la main gauche tendue.

DI VS BV UG, dans quatre cercles formant un carré; au centre, une croisetle. Poids, 0,90 gr.

Cinq exemplaires, tous très-mal frappés, incomplets et en mauvais état.

Voy. pi. XXI, fig. 37. 4.4'. Même légende. Buste de saint Servais tenant dans la main droite un glaive, dans la gauche, une croix à long pied.

Type de la pièce précédente, seulement les quatre premières lettres DIVS se trouvent, une à une, dans les cercles, et les quatre dernières BVRG sont pla- cées dans les angles extérieurs du carré. Poids, 0.78 gramme.

Deux exemplaires mal frappés.

Cette monnaie qui m'était nécessaire afin d'appuyer cer- taine conjecture que l'on rencontrera plus loin, art. 60, se trouve gravée sur la planche XXII, fig. 54. 43. Même inscription. Tète de face de saint Servais.

DIVSBVRG en légende circulaire; chaque lettre dans un encadrement; au centre, une croix canton- née de quatre points. Poids, 0.82 gramme.

Huit exemplaires en mauvais état et très-mal frappés; ils sont tous incomplets. Foy. p. XXI, fig. 38. Nous avons vu plus haut des monnaies de l'évèquc de

430

Liège, Henri F, et bien que notre trouvaille de Maestricht ne nous fasse connaître que peu de chose du règne de ce prélat, nous sommes assez renseignés sur le monnayage de celte époque pour faire bonne justice de l'attribution à Henri I, faite par feu le comte de Renesse, d'un denier im- périal frappé à Duisbourg. Foy. son Histoire numismati- que, etc., pi. H, fig. 1.

Il résulte de cette rectification qu'il ne nous reste plus de l'atelier de Duisbourg, pour l'évéché de Liège, que le denier de Raoul de Zeringen; voy. de Renesse, pi. I, Notger{s\Q), fig. 3.

Les deniers de notre trouvaille semblent énoncer que le chapitre de Saint-Servais était copropriétaire de la monnaie de Duisbourg ; et si un siècle plus tard nous retrouvons une pièce de cette officine, au nom et à l'effigie de l'èvêque Raoul, 1167 à H91, c'est que probablement le chef de l'Église de Liège s'était substitué en lieu et place du chapitre de Maestricht. Mais quel est ce Duisbourg (')?

DUCHÉ DE BRABANT? COMTÉ SE LOUVAIN?

46. Tète nue en profil à droite; devant la figure, une épée haute. Légende inintelligible. ..VA {Lova?) autour d'un carré orné à l'intérieur de deux petites portes ou drapeaux; dans le centre, une croix à long pied. Poids, 0.74 gramme.

(}\ Un atelier épiscopal liégeois dans une ville impériale si éloignée de la Meuse, serait d'abord un fait étrange ; de plus, le style et les caractères des monnaies dont il s'agit leur donnent plutôt l'aspect de pièces maes- trichtoises. N'existail-il pas dans le fief de saint Servais quelque Cattrum du nom de Duisbourc; ?

431

Exemplaire unique, en mouvais élat et rongé. roy.p\.XX\,ûg. 39.

47. V...C...I. Tète nue en profil, à gauche; devant, une épée.

Temjîle dégénéré; sur les portes on lit: .OVA (Lova?). Poids, 0.76 gramme.

Exemplaire unique, rongé et endommagé. Foy. pi. XXI, fig. 40.

4-8. Profil à droite; devant, l'épée haute. Légende ef- facée.

Bâtiment dans une enceinte, accosté de deux C ou G. Poids, 0.97 gramme.

Deux exemplaires endommagés et mal frappés. Voy. pi. XXI, fig. 41 (•).

49. Sans légende. Buste à tête nue, profil à droite; devant, l'épée haute.

Sans légende. Bâtiment. Poids, 0.80 gramme. Exemplaire unique assez mal conservé.

Voy. pi. XXÏ, fig. 42.

Les deux premiers deniers, s'ils sont de Louvain, peu- vent appartenir à Henri II, 1062 à 1075; le premier pour- rait même être de Lambert II, mort en 1062.

Je crois que le troisième appartient à un duc de Basse- Lorraine (de Frédéric à Godefroid V, 1048 à 1076), et qu'il peut avoir été frappé à Anvers.

i}) Les no» i6, 47 et i8 sont certainement plus anciens que la généralité des deniers de la trouvaille ; je les considère comme pièces égarées et ne devant pas avoir cours dans le pays liégeois.

432

Si le quatrième est étranger à notre province, il peut du moins toucher de près aux deniers qui vont suivre.

DUCHÉ SE BOUILLON (fieF DU BRABANT).

50. + GODEFRIDVS. Buste à tête nue, cheveux fri-

sés, profil à droite; devant, l'épée haute.

+ BVLONVS : au centre, BSAT dans un cercle perlé {Beatus Bulonus?). Poids, 0.79 gramme.

Exemplaire unique, assez bien conservé, mais un peu rogné.

Fo?/. pi. XXI, fig. 43.

51. + GODEFRIDI. Même buste.

.C....LrBV. Bâtiment à trois tours dans un cercle en grènetis. Poids, 0.74 gramme.

Exemplaire unique et de médiocre conservation.

Voy. pi. XXI, fig. 44. Seulement, je n'affirme point que la lettre qui suit le L soit un I, plutôt qu'un T, la partie supérieure étant effacée; mais un fragment de lettre, qui pourrait être un T, apparaissant dans le milieu de la lacune, je voudrais oser lire : CASTELLI- BV(loni)j j'ajouterai que je penche fort vers cette interprétation.

S'2. GODE Buste diadème, profil à droite ; devant,

une épée.

+ B..OJ\VS [Bulonus), Môme bâtiment et deux annelets. Poids, 0.84 gramme.

Deux exemplaires , dont l'un à la Bibliothèque royale; bien conservés.

Voy. pi. XXI, fig. 4^.

435

Ces trois deniers remettent en question certain point obscur de notre histoire, que nous allons brièvement exa- miner.

Godefroid IV, duc de Basse-Lorraine et marquis d'An- vers, possédait également le comté ou duché de Bouillon. Il eut quatre enfants, dont l'un mourut en bas âge; les trois enfants survivants sont: Godefroid le Bossu qui lui succéda dans le duché de Basse-Lorraine; Ide qui épousa Eusla- che II, comte de Boulogne, et Adèle dont on ignore l'al- liance. Godefroid IV mourut en 1070.

Godefroid V, dit le Bossu, qui lui succéda, fut assassiné à Anvers, en 1076.

Celui-ci étant mort sans enfants, Conrad, fils de l'empe- reur Henri IV, obtint le duché de Basse-Lorraine, mais le marquisat d'Anvers fut donné à Godefroid de Bouillon, fils d'Eustache II, comte de Boulogne; et ce n'est qu'à la mort du duc Conrad, arrivée en 1089, que Godefroid de Bouillon devint duc de Basse-Lorraine.

La date de la naissance de Godefroid de Bouillon n'est pas connue. D'après VJrt de vérifier les dates, notre illustre duc de Brabant et roi de Jérusalem serait en 1061 ; ce- pendant les savants sont loin d'être d'accord sur ce fait et je me rallie très-volontiers à ceux qui reculent de quelques années l'époque de la naissance de Godefroid.

Par le mariage de la comtesse de Hainaut, Richilde, avec Baudouin de Mons, la Flandre et le Hainaut furent réunis sous un même sceptre ; mais le comte Baudouin étant venu à mourir, son frère, Robert le Frison, après avoir battu l'armée de sa belle-sœur, s'empara du comté de Flandre. Richilde voulut alors recouvrer celte portion de ses Etats,

2e SÉRIE. Tome yj. 28

434

mais se sentant trop faible pour lutter contre les forces de Robert, elle s'adressa à l'évèque de Liège, Théodwin, à qui elle fit hommage de son comté de Hainaut, à condition d'être secourue par lui dans son entreprise contre Robert. Le comté de Hainaut devint ainsi un fief de l'Église de Liège.

Cet acte s'accomplit en 1071, c'est-à-dire après la mort de Godefroid IV et lorsque la terre de Bouillon n'apparte- nait plus aux ducs de Basse-Lorraine; A la vérité, nous ignorons la date du mariage d'Ide, fille de ce Godefroid IV, mariage qui fit sortir de la maison de Basse-Lorraine le duché de Bouillon ; toutefois cette union a eu lieu avant 1060, et je ne pense pas que les deniers de Bouillon soient si anciens ; je les refuse donc à Godefroid IV.

Maintenant, si ces monnaies ne peuvent, selon moi, appartenir, à notre Godefroid de Bouillon , comme mar- quis d'Anvers, dès 1076, elles doivent être de ce prince comme seigneur de Bouillon ; mais son père, Eustache II, n'étant mort que vers 1097 et sa mère en 1113 seule- ment, il y a apparence que Godefroid obtint le comté de Bouillon du vivant de ses parents, même de très-bonne heure.

En effet (ce qui expliquera l'opportunité de ma digres- sion), dès que l'évèque de Liège fut d'accord avec la com- tesse Richilde, il s'adressa à ses alliés afin d'obtenir le secours promis à la comtesse de Hainaut. Ces alliés qui se réunirent à Fosse, en 1071, furent Godefroid de Bouillon, Albert de Namur, Henri de Louvain, etc. « Haec grandi ab « Theoduino impetratà pecuniâ Gothofredum Bullionem , « Albertum Namurcensem, Henricum Lovaniensem,etc...

~ 455

K in societatem armorum sibi adjiingit » (Meyerus et

Lamberlus Schafnabiirgensis) . Voy. Chapeauville, t. II, p. 13. Ainsi, en 1071 déjà, Godefroid figure dans une im- portante assemblée, comme le chef du comté de Bouillon. Peut-on admettre qu'il n'eût alors que dix ans?

Quoi qu'il en soit de son âge, il semble avéré que Gode- froid possédait, déjà en 1071, le comté ou duché de Bouil- lon auquel je crois pouvoir restituer ces trois précieux deniers; seulement, il est fort possible que le troisième, sur lequel la tète du prince est ornée du diadème, date de l'époque il fut nommé marquis d'Anvers, 1076.

Après tout, ces monnaies nous appartiennent parce qu'il est assez probable que la terre de Bouillon demeura un fief du duché de Basse-Lorraine jusqu'en 1096, lorsque Gode- froid vendit ce domaine à l'évêché de Liège.

DENIERS IVCONNUS.

H me reste à parler de quelques pièces de cette trouvaille qu'il m'a été impossible d'expliquer, et pour lesquelles je n'ose même avancer aucune proposition sérieuse. La plu- part de ces énigmaliques deniers sont uniques j de plus, défectueux ou effacés en grande partie. J'en reproduis tout ce qui est bien visible, ces renseignements pouvant venir en aide aux amateurs, si des deniers analogues se trouvent dans d'autres collections.

53. Tête impériale, profil à gauche.

Tête nue, profil à gauche. C'est le denier que j'ai cité plus haut , 3 de la liste générale. Poids, 1 .25 gramme.

456

Deux exemplaires, mal conservés et dont les inscriptions sont effacées.

Fmf. pi. XXII, fig. 46.

54. CARO .... Carolus. Tête impériale, de face.

. . SGRA . . .; probablement AQVISGRA- NVM. Espèce de dôme, dans le centre. Poids, 0.72 gramme.

Deux exemplaires. Voy. pi. XXII, fig. 47.

55. .... VSIMP. {Carolus ou Henricus imp?)

Tète impériale, de face ; une croisette sur la cou- ronne.

... ELIA . . . , la dernière lettre doit être un V renversé. Est-ce Cornélius Munster, monastère près d'Aix-la-Chapelle? Type de la pièce précé- dente. — Poids, 0.80 gramme.

Exemplaire unique.

Vny. pi. XXII, fig. 48.

Un diplôme d'Otton III, du 20 août 985, confirme à l'abbaye de Saint-Corneille ou Cornelis-Munster le merca- tum ac MONETAM qui lui avaient été concédés par son piis- simogenitore. (Martène, Fet. monum., t. I, p. 335.)

56. Sans légende. Tête impériale, de face.

- . HIVITouTIVIH;leHpeutfortbienétreunN. Type monumental qui a quelque analogie avec celui des deux deniers précédents; une croisette appa- raît au-dessus. Poids, 0.90 gramme.

Six exemplaires bien conservés, mais mal frappés.

Voy. pi. XXII, fig. 49.

437

57. .. AROLV..(A:aro/M«?) Tête impériale.

Légende indéchiffrable. Sorte d'oiseau dans le centre. Poids, 0.74 granime.

Exemplaire unique appartenant à la Bibliothèque royale. Voy. pi. XXII, fig. bO.

58. .... EVI'T' P. V. (DIEVINVS TVNGRENSIS

PRAESVL?), le P est barré en forme d'abréviation. Tète de face, partant un ornement perlé.

Une croix à long pied dans le milieu du champ, entre deux croix appuyées sur une bande ornée d'annelets; dessous, deux oiseaux. Poids, 0.87 gr.

Trois exemplaires très-médiocres.

Foy.pl. XXII, fig. 51.

Cette monnaie pourrait être de l'évéque Théodwin et ap- partenir à Thuin. On connaît un denier épiscopal de celte ville postérieur à celui-ci, sur lequel figurent deux oiseaux; voy. de Renesse, pi. IV, fig. 8. Thuin a aussi frapper des monnaies dans le système faible, fournissant générale- ment 0.85 à 0.92 gramme.

59. S.... Tête nue de face, probablement l'effigie d'un

saint.

Sans légende apparente. Croix à bandes ornées d'annelets et traversant le cercle intérieur j dans les angles, quatre annelets. Poids, 0.77 gramme.

Deux exemplaires usés.

Foy.pl. XXII, fig. 52.

Ce denier a beaucoup d'analogie avec celui de Léau» fig. 34. S'il est de cet atelier, ce qui me paraît fort possible, il aurait précédé l'autre denier.

458 ~

60. —SE S, probablement SERVATIVS. Tèle de

face.

Figure debout tenant dans la main droite un glaive, dans la gauche une croix à long pied; dans le champ, la lettres. Poids, 0.84 gramme.

Deux exemplaires appartenant à la Bibliothèque royale.

Voy, pi. XXII, fig. S3.

Au n" 44, de la liste générale de ma trouvaille, j'ai sim- plement décrit un denier de Duisbourg, au buste de saint Servais, tenant le glaive et la croix à long pied. J'en donne maintenant le dessin, voy. fig. 54, afin d'appuyer l'interpré- tation que je propose pour le denier précédent, fig. 53. En effet, on remarquera que le personnage placé sur cette monnaie, outre l'indice que nous fournit l'initiale S qui l'accompagne, se présente avec les mêmes attributs du glaive et de la croix à long pied. Serait-ce alors une mon- naie du chapitre de Sainl-Servais ?

CBAPITRZS SE SAIHT£-BtAHIS.

61 . S.... ARIA ; Sancta Maria.Tète en profil, à droite;

devant, un ornement emblématique.

TRAIECTVM. Dans le champ, un symbole dont je ne puis dire la signification. Poids, 0.88 gr.

Exemplaire unique, appartenant à M. Dumoulin. La pièce est bien conservée.

Voy. pi. XXII, fig. 55. J'avais oublié ce denier qui eût figurer après le 45.

Au IX* siècle, lors du partage de l'Empire, on érigea en abbayes impériales les chapitres de Saint-Servais cl de

459

Notre-Dame, à Maestricht. Les évêques de Liège obtinrent la juridiction sur la paroisse de Notre-Dame, mais le cha- pitre de Saiut-Servais demeura propriété de l'Empire, de même que le comté de Vroenhove. Ainsi, la ville était divisée en deux parties à peu près égales.

En 908, l'évéque Etienne obtint du roi de Lorraine, Louis IV, le droit de monnaie et de lonlieu, à Maestricht. La précieuse monnaie qui nous occupe sort probablement de l'atelier épiscopal du chapitre de Sainte-Marie.

Voilà le relevé exact des pièces composant la trouvaille de Maestricht. Il serait oiseux d'insister sur l'immense im- portance de cette découverte au point de vue de notre his- toire monétaire j mais ce qui en ressort de plus clair et de plus heureux en même temps, c'est la certitude que nous avons aujourd'hui, qu'il nous reste à retrouver une grande quantité de monnaies belges dont l'existence est la consé- quence évidente de la composition de ce trésor inappré- ciable.

De Coster.

440

TRÉSOR NUMISMATIQUE

LA FIN DU XIV SIÈCLE ET DU COMMENCEMENT DU XV'

DÉCOUVERT A ECHTERNACH EN 4856.

Pl. XXIII, XXIV ET XXV.

DÉCOUVERTE DU DÉPÔT.

En creusant une cave, dans la ferme de l'ancien couvent de religieuses à Echternach (grand duciié de Luxembourg), un ouvrier brisa une petite cruche en terre cuite d'un tra- vail tout h fait ordinaire, à une anse, à peu près de cette forme :

Les divers ouvriers s'en approprièrent aussitôt le con- tenu, à qui mieux mieux. Il y avait en tout six pièces en or et au delà de cent cinquante pièces en argent.

Parles soins de M. Hardt, professeur à l'athénée de Luxembourg, qui se trouvait sur les lieux peu après la dé-

441

couverte, la Société archéologique de Luxembourg, dont il est un des membres effectifs, est parvenue à acquérir quatre- vingt-dix pièces en argent; elle en a acquis , de plus, trois en or d'un des ouvriers qui ont fait la découverte, et, grâce à la complaisante communication faite par MM. le docteur Elberling, de Luxembourg, EItz, répétiteur à Diekirch , E. Vannerus, docteur en droit, A. Glesener, médecin à Diekirch, Fichtel, architecte, Fichlel, géomètre, et Fôhr, aubergiste à Echternach, j'ai appris à connaître encore cin- quanie-huit autres pièces de ce précieux dépôt.

Ces monnaies sont, pour la plupart, des monnaies épis- copales de Trêves et de Cologne, de la fin du xiv° et du commencement du xv° siècle. Il y a, en outre, quelques épiscopales de Mayence et quelques monnaies des duchés de Berg, de Brabant, de Juliers, de Lorraine, de Luxem- bourg et de Saxe.

DESCRIPTION DES MONNAIES.

I. ARCHEVÊCHÉ DE TRÊVES.

COMON SE FALKENSTEIN. 1362-1388.

Conon de Falkenstein (Cuno, Cono) était coadjuleur de l'archevêque Boemond, de Trêves, en 1361. Sacré arche- vêque de Trêves en 1362, il devint, en 1367, coadjuteur de l'archevêque Engelbert, de Cologne, après la mort duquel il administra l'archevêché de Cologne, en qualité d'admi- nistrateur, jusqu'en 1370, puis, comme vicaire, jusqu'en 1371.

442

Il mourut en 1388, après avoir choisi, pour successeur, son neveu Werner de Falkenstein.

Les armes de la famille de Falkenstein que l'on ren- contre sur les monnaies de Conon et de Werner, sont d'or au chef de gueules.

Le 31 mai 1576, l'empereur Charles IV conféra à Conon le droit de battre monnaie à Trêves et dans tout son arche- vêché. Déjà, en 1371, il avait fait un contrat monétaire avec le duc de Luxembourg, en 1372, avec l'archevêque de Cologne, enfin, en 138S, il en fit un avec les princes élec- teurs du Rhin.

Les monnaies frappées par Conon sont très-nombreuses. Boai, TrierischeMûnzeu, en décrit vingt-quatre en or et cin- quante-trois en argent, ensemble soixante et dix-sept pièces. Cappe, Coelnische Mûnzen, en décrit quarante-cinq frappées pour Cologne avec la qualification de coadjutor, adminis- trator, vicarius ecclesiœ Coloniensis.

Les qualifications de cet archevêque que nous rencon- trons sur ses monnaies sont : archiepiscopus ( arep, areps, areus, arepis, arepus, archeps, archiepis), coadjutor dni Colon. (1367-1368); administrator (admist., amist.) ecce Colon (1368-1370); vicarius ecce Colon. (1370-1371).

DÉSIGNATION DES ATELIERS MONÉTAIRES.

Trêves, représenté sur hs monnaies par moneta (mone, moela), trev, trêve, treven, trevein, trevens, treen, trever, trevere, treveren, trvren, treverens.

Coblence, représenté par moneta en , con , coen , cove , cun, cuin, conf, conflu, confluen, confluenc, conllunec.

443

Deutz (vis-à-vis de Cologne) , luicium , représenté par moneta tuye, tuyci, tuyen.

ff'esel (Oberwesel, Vesalis superior), représenté par mo- neta vs, vesil, vesseil, Wesai, pour vesaliensis.

i. GOROfTîRGI^ISPS.-niRGVGRSn. Deux clefs en sautoir devant la légende. Dans un double enca- drement formé par trois arcs de cercle ayant, à leur jonction, des angles saillants, un écu triangulaire portant à gauche les armes de Falkenstein, à droite celles de Trêves ; dans chaque angle extérieur de l'encadrement, trois globules. Rev. S. I0H2Î JN'INES. B. Saint Jean debout en manteau, levant la droite, portant dans la gauche un sceptre terminé en croix. A droite de la tête deux clefs en sautoir.

Florin d'or, diamètre 0>^,^S. Bohl, Trierische Munzen, p. ^8, no 2. (Musée de la Société archéologique de Luxem- bourg.)

2. GVnO 3ÎRSPVS ntRGVSRSR. Saint Pierre à mi-corps sous une arcade gothique, portant la clef et le sceptre terminé en croix ; au-dessus, à gauche, deux clefs en sautoirj à droite, le petit écu aux armes de Falkenstein. Rev. BRDIGÎTV STO XlOmQ DUl RRI lî^V KVl. Écu triangulaire écartelé de Trêves et de Fal- kenstein reposant sur deux clefs en sautoir. Légende intérieure : MOX2E^2î r[^REVE.

Arg., diam. 0.25. Bohl, p. 57, 33. (Musée de la Société archéologique de Luxembourg.)

444

3. GOROîîRGï^ISPISGOPVSniRevem. De-

vant la légende, deux clefs en sautoir. Dans un en- cadrement formé de six arcs de cercle, un écu écar- telé de Trêves et de Falkenstein.

Rev. S25GRI IMPSRII PGR Q'KliXi 2ÏRG2ÎR- GGIi. Légende intérieure : MOX2En:^2î GOR- FIjV. Dans l'intérieur du champ, une croix.

Arg., diam. 0.27. PI. XXIII, fig. 1. Bohl, p. 56, no 29. (riollection de M. Vannerds.)

L'exemplaire de Bohl porte à l'avers : trevern, au lieu de trevein. Au revers : sacri imperii P' E gall TîRG^ÎRGEIl.

4. GORO TÎRGI^SPS mRGVGRGRS. Saint Pierre

à mi-corps sous une arcade gothique portant la clef et la croix ; au-dessus, à gauche, les armes de Fal- kenstein; à droite, celles de Trêves. Rev. PGR G2îli. 2ÎRG25R. ffiORG^TÎ fURG- VG. Dans un double encadrement formé de six arcs de cercle alternant avec autant d'angles sail- lants, la croix de Trêves portant en cœur le petit écu aux armes de Falkenstein.

Arg., Diam. 0.2S. Bohl, p. 58, û» 39, qui porte au revers Trevere, au li«u ie Trêve. (Musée de la Société archéolo- gique.)

5. Type semblable. G0I20 T^BG^^QPB ^RGVG.

Saint Pierre; au-dessus, à gauche, les armes de Trêves; à droite, celles de Falkenstein.

Rev. PGR G2ÎIi 'K^G'Rn mORG nHRGV.

Arg., diam. 0.25. Variété du n" 58, de Bodl, qui porte au revers : mone Ire. (Musée de la Société archéologique.)

445

6. Type semblable. QVRO 2ÏRG)^SPS ÏÏSBQVQ-

BS. Rev. Idem.

Arg., diam. 0.25. Variété du 38, de Bohl. (Musée de la Société archéologique)

7. GORO 2ÎRGÏ2®PS WRER. Même type. Saint

Pierre; au-dessus, à gauche, les armes de Falken- stein ; à droite, celles de Trêves. Rev. PSR G2ÏU 2ÎRG. MOI^SWTÎ rTRSVSR. Devant la légende, le petit écu aux armes de Fal- kenstein.

Arg., diam. 0.2S. PI. XXIII, fig. 2. (Musée de la Société archéologique.)

8. (GVr^O.) 2ÏRGIIEPS nnREVER. Saint Pierre à

mi-corps, sous une arcade gothique portant la clef et le sceptre terminé en croix. Au-dessus, à gauche, les armes deFalkenstein ; à droite, celles de Trêves. Rev. PER G'Kh 2ÎRG2ÎR MOnGWTÎ GK. Dans une rosette formée par six arcs de cercle séparés par des angles saillants, l'écu triangulaire aux armes de Trêves et de Cologne.

Arg., diam. 0.23. Bohl., p. 38, 57. (Musée de la Sociélé archéologique.)

9. GVnO TîRGï^^PS rrRSVSRER. Saint Pierre,

comme à l'avers qui précède, excepté qu'au-dessus il y a, à gauche, les armes de Sarwerden, et à droite, celles de Falkenstein. Rev. PSR GTÏIi 7ÏRGKR MORGnHTÎ G0I2- PIlVGR. Le reste comme au revers qui précède.

Arg., diam. 0.23. Bohl, p. 59, i5, variété : à l'avers Treve- rens; au revers Con/ZMe»jc.(Musée de la Société archéologique.)

446 10. Type semblable; à l'avers fltRSVSRSnS.

Arg., diam. 0.2a. Bohl, p. 59, n»-43, variété. M. Fichtel, architecte.

H. GVRO TÎRGî^SPS ri!R3VSR. Saint Pierre comme aux revers qui précèdent ; au-dessus , à gauche, les armes de Falkenstein ) à droite celles de Trêves. Rev. PSR GT^li 2ÎRG7ÎR : MOReO^TÎ CORP. Au milieu comme au revers qui précède les armes de Trêves et de Cologne.

Arg., diam. 0.23. Bohi,, p. 37, n" 5i5. (Musée de la Société archéologique.)

12. Pièce semblable. Au revers MOR3n[^2ï QOTi.

Arg., diam. 0.2S. Bohi, p. 87, Si. (Musée de la Société archéologique.)

13. Pièce semblable. A l'avers, au-dessus, lecu de Trêves

à gauche et celui de Falkenstein à droite.

Arg., diam. 0.25.

14. GVRO 2ÏRGÏ2EPS FURSVSR. Saint Pierre,

comme aux avers qui précèdent; les armes de Trêves ri droite, celles de Falkenstein à gauche. Rev. PSR GKLi 2îRG2tR MORS^TÎ GOER. Le reste comme aux revers qui précèdent.

Arg., diam. 0.25. PI. XXIIl, fig. 3. (Musée de la Société archéologique.)

15. GVRO. TÎRGIlSPS WReveiRR. Saint Pierre

comme aux avers précédents; au-dessus, à gauche, l'écu aux armes de Sarwerden, à droite aux armes de Falkenstein. Rev. PSR GKh 2ÎRG7ÎR MORSrTTÎ GOVE. L'intérieur du champ comme au revers qui précède.

Arg., diam. 0.25. PI. XXilI, fig. i. (M. Eltz.)

447

16. CVRO TÏRGï^SPS rTREVSR. Saint Pierre

comme à l'avers précédent ; au-dessus, à gauche l'écu aux armes de Falkenstein ; à droite à celles de Trêves. Rev. PER GTÎIJ 2ÎRG2ÎR M 0X26^25 G VI?. L'intérieur comme aux revers qui précèdent. Arg., diam, 0.25. Bohl, p. 58, 36. (M. Eltz.) .

17. Autre semblable portant au revers : PSR GTÎIi 2ÏR-

G2ÎR Mor^snaîî Gvm.

Arg., diam. 0.23. PI. XXIII, fig. S. (M. Vannercs.)

18. GVnO TÎRGI^SPS rTRVeiRR {sic). Saint

Pierre sous une arcade gothique, à mi-corps, por- tant dans la droite la clef, dans la gauche un scep- tre terminé en croix ; au-dessus , à gauche et à droite, le peiil écu aux armes de Falkenstein. Rev. PSR G2ÎIi 2ÏRG2ÎR MORSnnTÎ VSSIIi. Devant la légende, le petit écu aux armes de Fal- kenstein ; dans un encadrement formé de six arcs de cercle ayant des angles saillants à leur jonction, un écu triangulaire aux deux croix de Trêves et de Cologne.

Arg., diam. 0.28. PI. XXIII, fig. 6. (M. Vanneros.)

19. Type semblable. QVUO TÏRePVS rTReVS-

RSR. Saint Pierre comme au n" qui précède; au-dessus, à droite, l'écu aux armes de Trêves; à gauche l'écu de Falkenstein.

Rev. VIG2ÎRII («) acca Goii. M0RG:rr2î

(') L'épithète vicarius nous permet de rapporter à l'année 1370 rémis- sion de celte pièce.

448

WSSTÏIi. Dans un double encadrement formé de six arcs de cercle alternant avec six angles sail- lants, un écu aux deux croix deTrèves et de Cologne.

Arg., diam. 0.2S.— Pl.XXIII, fig.7. (M. Foehr, aubergiste.)

Bohl ne rapporte qu'un florin d'or de l'atelier de Wesel p. 50, 7, qui porte moneta VS (vesaliensis). Auf diesem Gulden, dit Bohl, erscheint zum ersten Mal das Staedclien Oberwesel (Wesalia superior) als Mûnzstaetle.

20. GVRO : 2ÎR6PS : mRSVGRS. Saint Pierre

assis tenant dans la gauche la clef, dans la droite un sceplre terminé en croix. Au-dessus, l'écu aux armes deFalkenstein. Rev. MOR— Sri^2ï. G— ORPlJ VGRG. Croix coupant la légende cantonnée de douze globules.

Arg., diam. 0.20. Bohl, p. 60. ii- variété : à l'avers Trevens, au lieu de Treverens. (Musée de la Société archéo- logique.)

21. Pièce semblable portant à l'avers HHRGVGRSRS.

Arg., diam. 0.20. Bohl, p. 60, i6. (Musée de la Société archéologique.)

22. Pièce semblable. QVUO 7ÎRGPS. n^BevenU. Rev. MOUami^ GOr^PIiVGH.

Arg., diam. 0.20 Bohl, p. 60, i9. (Musée de la Société archéologique.)

23. Pièce semblable. QVUO 2ÎRGPS n^RGVGRH. ^v. MORGrrTÎ GOI^PIiVGRG.

Arg., diam. 0.20. Bohl, p. 60, 49, variété. (Musée de la Société archéologique.)

24. Pièce semblable. GVRO KRePS O^ReiVe:-

RGins.

449

Arg., Hiam. 0.20. PI. XXIV, fig. 8. (Musée de la Société archéologique.)

25. Pièce semblable. GOÏÏO 2ÏRSPS m^GVGRQU.

Rev. MOR em?^. G ~ ORPii - vauG.

Arg., diam. 0.20. (Musée de la Société archéologique.)

26. Pièce semblable. CVKO TÎRGIPS mRSVSSR. Rev. MOR ennTÎ G ORPIi vveiRG.

Arg., diam. 0.20. PI. XXIV, fig- 9. (Musée de la Société archéologique.)

27. GVRO 2ÎRe:PS TItRSVSRR. Saint Pierre à mi-

corps, portant dans la gauche la clef, dans la droite, le sceptre, terminé en croix ; au bas, l'écu aux ar- mes de Falkenstein. Rev. MOR KW'K V ES SSIIi. Croix coupant la légende ; dans trois angles de la croix, trois globules, dans le quatrième angle, l'écu aux armes de Falkenstein.

Arg., diam. 0.20.— PI. XXIV, fig. 10. (M. le docteur Elbeiiling.)

28. GORO TÏRGï^ISPISGOPVS n[lRSVSR. De-

vant la légende, deux clefs en sautoir j dans une rosace formée de six arcs de cercle, un écu triangu- laire écartelé de Trêves et de Falkenstein.

liev. 2îDmmisrrR2îrroR egge GOhome.

Légende intérieure : M0RErn2î HHREVER, de- vant deux clefs en sautoir. Au centre, une croix.

Arg., diam. 0.2S. Bohl, p. 6i, 6i. (Musée de la Société archéologique.)

29. Pièce semblable. Au lieu des deux clefs qui précèdent

la légende de l'avers, une croix.

Arg., diam. 0 23. Bohl, p. Qi, 6^, qui porte Trevr. (M. Eltz.)

2e «ÉRiE. Tome ri. 29

450

30. GVRO 2ÎR6PVS nnR0VSR6R. Saint Pierre

sous une arcade gothique, portant la clef dans la

gauche; dans la droite un sceptre, terminé en croix.

Au-dessus, à gauche, l'écu mx armes de Falken-

stein, à droite, de Trêves.

Hev. 'KDÇniBïï^ . SGGS GOli . îliORG^TÎ,

nnVYGI. Dans un double encadrement formé de

six arcs de cercle, ayant des angles saillants à leur

jonction, l'écu triangulaire aux deux croix de Trêves

et de Cologne.

Arg,, diam. 0.2S. Bohl, p. 65, 68. (Musée de la Société archéologique.)

31. GORO 2ÏRSPVS rrRSVGRG. Saint Pierre

comme à l'avers qui précède.

Rev. T^mism. GGGS GOh.monen^T^ nnvYG'

Arg., diam. 0.28. Bohl, p. 63, 67. (Musée de la Société archéologique.)

32. Pièce semblable. A l'avers, saint Pierre porte sur la

poitrine un petit écu aux armes de Trêves. Rev. 2TmiSri!.GGGGGOIi.mORGna2ïrrVYGG

Arg., diam. 0.2"j. Bohl, p. 655, no 67, qui porte Tvyc' au lieu de Tuyce. (Musée de la Société archéologique.)

o3. GVRO 2ÎRGPVS rrRGVGRGR. Saint Pierre à mi-corps portant la clef et le sceptre terminé en croix, sous une arcade gothique. Au-dessus, à gau- che, l'écu aux armes de Falkenslein ; à droite celles de Trêves. jRev. VIG2ÎRII GGGG GOli mORGniTÎ rrVYG. Dans un double encadrement formé de six arcs de cercle, ayant à leur jonction des angles sail-

451

lants, un écu triangulaire aux armes de Trêves et

de Cologne (deux croix).

Arg., diam. 0.25. Bobl, p. 67, 7i, avec celte difTérence que Texemplaire de Bohl porte Tuyci. (Musée de la Société archéologique).

34. Autre semblable. Au revers: VIG2ÎRII SGGSGOIi.

Arg., diam. 0.2S. Bohl, p. 66, 73. (M. Vibnercs.)

TVERNEK DE FAXKENSTEIN (1388-I&18).

Werner succéda à son oncle Conon, au mois d'avril 1 388. En 1591, il renouvela le contrat monétaire conclu, en 1385, par son prédécesseur avec les princes électeurs du Rhin, en y faisant quelques ajoutes. Le 2 décembre 1417, lui, les princes électeurs de Mayence et du Palatinat, le duc de Juliers et de Gueldre conclurent, pour le terme de douze ans, un nouveau traité, reproduit par de Hontheim, t. II, p. 359.

Werner mourut le 13 octobre 1418, et avec lui s'éteignit la branche mâle des Falkenstein.

Les monnaies de Werner sont presque aussi nombreuses et aussi variées que celles de son prédécesseur. Bohl, dans l'ouvrage précité, en décrit soixante et douze, dont vingt-six en or et quarante-six en argent.

La seule pièce que j'aie à citer de cet archevêque a été frappée à Trêves en vertu du concordat conclu à Boppard, en 1391.

35. WSRI^ERVS TÎRGï^IGPS. Saint Pierre à mi- corps tenant dans la gauche la clef, dans la droite un sceptre terminé en croix.

452

Rev. IRTÎRS PinrT RGVSR (!n archiepis- copatu trevirensi).

Au milieu du champ un écu triangulaire portant à gauche les armes de Falkenslein, à droite celles de Trêves; au-dessus, à gauche, coupant la légende, l'écu à la roue de Mayence; à droite, aux armes de Sarwerden et en pointe, celles du Palatinat.

Arg., diam. 0.20. Bohl, Trierische Mûnzen, p. 78, 29. (Musée de la Société archéologique.)

ARCHEVÊCHÉ DE COLOGNE.

FRÉDÉRIC III, ARCHEVÊQUE DE COLOGNE (1370-1414).

Frédéric, comte de Sarwerden, fut sacré archevêque le 21 juin 1372. Dès 1370 déjà il avait été élu par le cha- pitre; mais l'emperçur Charles IV s'était opposé à ce choix, et ce ne fut que près de deux ans plus tard que Frédéric parvint à écarter les obstacles qui s'opposèrent à sa nomi- nation.

En 1372, il conclut un traité monétaire avec l'archevêque Conon de Falkenstein, dont l'original est conservé dans la monnaie de Berlin.

En 1386, il conclut de même pour dix ans un traité avec les quatre princes électeurs du Rhin, et, en 1391, ce traité fut renouvelé avec quelques ajoutes.

D'autres conventions analogues furent faites au mois de septembre 1599 et au mois d'août 1409. La dernière eut lieu entre les trois archevêques de Cologne, de Mayence et de Trêves. Les pièces de l'archevêque Frédéric, frappées à

453

l'imitation des esterlings d'Edouard III d'Angleterre, et nommées par ce motif dans ledit traité « Engelsche, " sont probablement les dernières pièces de la trouvaille que j'ai à examiner. Le dépôt paraît donc fait au commencement du xv" siècle.

La famille des comtes de Sarwerden portait une aigle à deux tètes d'argent sur un champ de sable.

Les ateliers monétaires que j'ai rencontrés sur les pièces de Frédéric III sont Bonn, Cologne, Deutz et Riel.

Celui de Bonn, représenté par Moneta BV, Bun et Bun- nensis pour Bonnensis;

Celui de Deutz, par Moneta tuyce, tuycn, tuiciensis de tuicium;

Celui de Riel par ryl et rylen pour rylensis.

Les monnaies frappées par Frédéric sont également nom- breuses. Le docteur Cappe, de Dresde , en décrit soixante et treize.

Le trésor d'Echternach en a fait connaître huit.

36. PRIDIGVS 2ÎRPVS GOIi. Saint Pierre assis sous une arcade tourelée, soutenue par deux colon- nes gothiques. Dans la gauche il tient la clef, dans la droite le sceptre terminé en croix. Sur la poitrine du saint l'écu aux armes de Cologne; au bas, cou- pant la légende, l'écu aux armes de Sarwerden. Rev. PeR irnTÎL 2îRG2îR mOREm2ï BVR. Dans un encadrement formé par trois arcs de cercle, ayant à leur jonction des angles saillants, un écu triangulaire écartelé de Cologne et de Sarwerden.

Florin d'or, diam. 0.27. PI. XXIV, 6g. H. (M. le docteur Elbbbling.)

454

37. PRIDIGVS 2ÎRGPVS GOIiOR. Saint Pierre à mi-corps sur un siège gothique, tenant dans la gauche la clef, dans la droite le sceptre terminé en croix ; au-dessus à gauche l'écu aux armes de Fal- kenstein, à droite celui aux armes de Sarwerden. Bev.PSB Ymi^h 2ÎRG2ÎRa MORS^TÎ rnVYGI. Dans un double encadrement formé de six arcs de cercle, ayant à leur jonction des angles saillants, un écu triangulaire aux croix juxtaposées de Cologne et de Trêves.

Arg., diam. 0,25. Cappe, Côlnischn JIJunzen, p. 21i, 983. (Musée de la Société archéologique.)

58. Pièce semblable. A l'avers, au-dessus du siège, à

droite et à gauche, l'écu aux armes de Sarwerden. Rev. PER Yr^TîIi 2ÎRGR MORSnHTÎ fTVYGI.

Arg., diam. 0-23. Variété du 983 de Cappe, qui porte Arcanc au lieu de^rcn. (Musée de la Société archéologique.)

59. Pièce semblable au n" 37. Au revers : ]VI0RSn[^2î

rrVYGR.

Arg., diam. 0.23. Cappe, Côlnîsche Milnzen, p. 21. 'î, 1)0 98b. (Musée de la Société archéologique.)

40. PRIDIGVS 2ÎRGVSGOIiOR.Semblableaun'>37. Rev. PER YrTTÎIi 2ÎRGR MOR6Fn2î RYIi.

Arg., diam. 0.25. Cappe, Côlnischc Miinzenf p. 213, no 972. (Musée de la Société archéologique.)

41. Type semblable. PRIDIGVS 2ÏRSPVS GO-

liOR. Saint Pierre comme à l'avers qui précède; au-dessus, à droite, l'écu de Sarwerden j à gauche celui de Falkenstein. Rev. PER YrrKL 2îRGR-ffîûR6m2T RYIiSR.

Arg., diam. 0.25. Capph, p. 213, 977. (M. Ficutel, géomètre.)

455

42. PRIDIGVS TÎRSPVS (Col). Saint Pierre comme

à l'avers qui précède, au-dessus à droite, l'écu de Falkenstein; p gauche, celui de Sarwerden. Jiev. PSR m'Kli TÎRGTÎH. ÎI^ORarTTÎ BV. Même type comme au revers qui précède.

Arg., diani. 0.2S. PI. XXIV, fig. 12. Variété du no 990, p. 215, de Cappk, Côlnische Mûnzen. (M. Fichtbl, archi- tecte.)

43. PRID6RIG TÎRSPIS GOIjOR. Saint Pierre à

mi-corps de face dans le champ, portant la clef dans la gauche, le sceptre terminé par une croix dans la droite j au bas, l'écu aux armes de Sarwerden.

Rev. MOR SfTTÎ ÏÏS VIGI SRSIS. Croix traversant la légende, cantonnée de douze globules.

Arg., diaro. 0.20. (Musée de la Société archéologique.)

44. Pièce semblable portant à l'avers : 2SRSPIS GOIi.

Arg., diam. 0.20. Cappe, Côlnische JUûnzen, p. 219, no 1008. L'avers de cette pièce porte Coloni au lieu de Colon et Cof.

45. Type semblable, PRIDIGVS 25RGPS GOIi. Saint

Pierre portant la clef et le sceptre, terminé par une croix j au bas, coupant la légende, l'écu de Sarwerden. Bev. MORSTTTÎ WVYGISRSI. Même type qu'au revers qui précède.

Arg., diam.O. 20. Cappe, p. 221, 1017. (M. Fichtki, architecte.)

46. PRIDSRIG 2ÎRSPS GOIiR. Saint Pierre à mi-

corps j au bas, l'écu aux armes de Sarwerden.

456

Bev. MOR ennTî B vxma rsis.

Croix coupant la légende, cantonnée de douze glo- bules.

Arg., diam. 0.20. ^ Cappe , Colnischn Mûnzen, p. 220, 1013, avec cette différence que l'avers porte Colon au lieu de Coin.

ARCHEVECHE DE MAYENCE.

ADOtPHE ler, AKCHEVÉQUE DE MAYENCE (1 373-1390).

47. TÎDOIiPVS KRePS mOG. Évêque mitre sur

un siège gothique, portant dans la gauche, la crosse; au bas, coupant la légende l'écu au lion (Nassau).

Hev. mOneirUTÎ OPDI m HOSSmSIN.Dans un double encadrement formé de trois arcs de cercle, ayant aux jonctions des angles saillants, un écu trian- gulaire, portant la roue de Mayence.

Florin d'or, diam. 0.27. PI. XXIV, fig. 15. (M. Vahnebus). Wdbdtwein, Mainzer JUûnzen, p. 20, fait connaître un exemplaire analogue, sous le 8b, qui a Opidiau lieu de Opdi et fJoesden au lieu de Hoestein.

JEAN II, ARCHEVÊQUE SE MATENCE (1397-1419).

48. lOI^IS 2ÎR6P M2ÎGV. L'évéque sur un siège

gothique , portant la crosse dans la gauche, sur la poitrine, il porte l'écu aux armes de Mayence; au bas, un écu aux armes de Nassau (lion).

487

Rev. MORSrTTÎ OPIDI PinGSnSIS. Dans un encadrement de trois arcs de cercle ayant à leur jonction des angles saillants, la roue de Mayence; dans les angles extérieurs de l'encadrement, un point.

Florin d'or, diam. 0.27. Wurctweiih, Mainzer Mûnzen, p. 21, no 96. II y a cette différence que Texemplaire décrit par Wurdlwein porte à Tavcrs Mog et celui que je décris

Magu.

DUCHE DE BERG.

GDILLAUMi: zor (1389-1408).

Berg , dès le x* siècle, comté, puis duché de l'ancien em- pire d'Allemagne, échangé, en 1806, par l'électeur de Bavière contre Anspach, fait actuellement partie de la pro- vince prussienne de Clèves-Juliers-Berg.

49. WIIiî^EIiM. GOMeS. DE mORrrO! R.Dans un double encadrement de huit arcs de cercle, un écu écartelé de quatre lions , portant en cœur l'écu de Ravensberg ('). Rev. >ï< XPCC. VIGITT ^ ÎCPGC. RSGRTJrr ^ KPGC. IP. Légende intérieure MOREH^TÎ MO- lilM (')j au centre, une croix. Arg., diam. 0.23. PI. XXV,0g.l4. (M. Fichtei, architecte.)

(') Le comté de Ravensberg portait d'argent à trois chevrons de gueules superposes.

(') Molim, Wolui jiour indiquer Mùhiheira, près de Cologne.

458

Appel, Hepertoriumzur Mûnzkunde des Mittelalters, t. Ifl, p. 70, 228, qui porle: fFilhelm. dux de monte Ra. Au revers, moneta molm.

Dans l'exemplaire d'Appel, Guillaume figure comme duc de Berg; dans le nôtre, sans doute, comme comte de Ravensberg.

DUCHÉ DE BRADANT.

JEAN m, I.E TRIOMPHANT (1312-I3S5).

Jean III, dit le triomphant succède à son père en 1312 et meurt le S décembre ioSa.

En 1315, il promit de ne faire battre monnaie que dans les villes franches de Brabanl, et cela après avoir pris l'avis desdiles villes.

La pièce que j'ai à décrire sort des ateliers de Bruxelles. Il paraît que c'est la plus ancienne de tout le dépôt.

50. DVK BR2ÎB Tî^rrie:. ECU à quatre lions. Hev. mOnamiSi BRVXeLIiSR. croix à triple bande fleuronnée et terminée en tréfeuilles.

Arg., diani. 0.19. Esterling de Bruxelles. Serbuhe, Notice sur le cabinet monétaire de S. R. le prince de Ligne, etc., p. 122, noCO. (M. Eltz.)

DUCHÉ DE JULIERS.

GUILLAUME VII (1402).

Le comté de Juliers enclavé entre les territoires de Trêves, de Cologne, de Liège, de Gueldrc, de Limbourg, fut érigé en duché par l'empereur Charles IV, en 1356.

459

Les monnaies de ce ducfié que j'ai à décrire sont de Guillaume VJI, et ont été frappées à Juliers et à Duren.

51. WIIJÏ^SMVS DVK IVIiI2TGI. Dans un enca-

drement formé de trois arcs de cercle alternant avec autant d'angles saillants, unécu triangulaire au lion de Juliers; croix dans chacun de ces angles. nev. MOKEFTTÎ R0V2Î DVREîNSIS. Croix à triple bande flcuronnée et terminée en tréfeuilles ; en cœur l'écu au lion de Juliers.

Arg., diam. 0.27. PI. XXV, fig. 15. (Musée de la Société archéologique.)

52. WILHSmVS DK IVIiI2î. L'intérieur du champ

comme au qui précède. llcv. mOnSrTK I^OV2ï DVRQIRS. Mémecroix qu'au n" qui précède. Arg., diam. 0.20. PI. XXV, fig. Ifi. (Musée de la Société archéologique.)

53. WIIiï^SLMVS DVK IVlJlTîGI.Dans le champ,

le lion de Juliers comme au qui précède. Jiev. MOnam'K ROV25 IVIilTîCeiRSIS. Mémecroix qu'au n°qui précède; devant la légende, le lion de Juliers.

Arg., diam. 0.27. PI. XXV, fig. 17. (Musée de la Société archéologique.)

Comme je n'ai trouvé ces monnaies ni dans Appel, Re- pertormm zur Mûnzkunde des Mitellalters, ni dans aucun autre ouvrage numismatique qui fût à ma disposition, j'en donne le dessin.

460

DUCHÉ DE LORRAINE.

JE/kN I<:r, DUC DE LORKAINE (I346-I389).

Jean succéda à son père Raoul, tombé dans la bataille de Crécy, en 1346. Il n'avait alors que sept ans. Une ré- gence composée de Marie de Blois et du comte de Wurtem- berg, représenté par Brochard de Fénestrange, fut chargée de la direction des affaires.

On possède de belles monnaies qui constatent la régence de Marie de Blois.

Jean en frappa lui-même plus tard plusieurs à Nancy et à Sierck ; de Saulcy en décrit vingt types différents.

En 1371, Jean conclut un traité avec le due Robert de Bar; des monnaies le constatent; en 1376, il conclut de même un traité avec l'archevêque Conon, de Trêves; de Hontheim le rapporte t. H, p. 263.

En 1389, Jean mourut à Paris, empoisonné par son se- crétaire, que les rebelles de Neuf-Chàleau avaient payé pour servir leur vengeance.

U. lOï^^RKSS DV2C liOnni^. Aigle éployée sur un écusson de Lorraine debout.

Eev. çuonau^'K FSTî m n2îRce:io. Épée

la pointe en bas entre deux roses.

Arg., diam. 0.2a. De Saulct, Monnaies de Lorraine, p. 71. (M. Eltz.)

CHARLES II, DUC DE LORRAINE (1390-1431).

Charles II, fils aîné de Jean I", en 1364, succéda à .son père en 1390. En 1593, il épousa Marguerite de Ba-

461

vière, fille de Rupert, comte palatin du Rhin. Marguerite mourut en 'ii^oi.

Le duc Charles, nommé connétable de France, en 1418, à la mort de Bertrand d'Armagnac, conserva celle dignité jusqu'en 1424 et mourut en 1431.

M. de Saulcy publie trente-deux variétés de types frappés par ce prince à Nancy et à Sierck ; de ce nombre est celui qui suit :

55. I^2ÎR0IjVJ^ DVX liOrTHOR?. Heaume timbré d'une couronne et d'un aigle essorant; au-dessous l'écusson de Lorraine penché. Rev. BRDIGH^V. SlfT. XJOmG:. DNI RRI. IHV XPÏ. En légende intérieure : O^OREHaTî IXl SIERI^. Épée la pointe en bas, entre deux feuilles de lioux.

Arg., diam. 0.27. De Sadlcy, Monnaies de Lorraine, p. 78. (Musée de la Société archéologique.)

DUCHÉ DE LUXEMBOURG.

TITENCESLAS II (1383-1388).

Wenccslas II, iils de l'empereur Charles IV, devint roi de Bohème en 1563, roi des Romains en 1576, empereur en 1378 et succéda à Wenceslas V% son oncle, dans le du- ché de Luxembourg.

L'an 1588, il transporta, par forme d'engagement, son duché à son cousin Josse de Luxembourg, marquis de Moravie.

56. weRGsij Boennie: rsx tîg livc, dv2v.

Croix étoilée avec une rose au centre.

- 462

Rev. mOnSrTTÎ R0V7Î liVGSBVRGSRS. Deux écussons accolés, l'un au lion de Bohême, l'autre à celui de Luxembourg.

Arg., diam. 0.29. Catalogue de la Fontaine, p. 24, 113. (M. Eltz.)

57. WeiïïGSIiROmTÏROREBOGimRSîv.Aigle

simple, les ailes éployées.

Rev, monami^ novR ijVGSRBVRGe:.

Couronne royale remplissant le champ j au bas, un écu de Luxembourg.

Arg., diam. 0.29. Catalogue de la Fontaine, p. 24, 116. (Variété présentant Lucenburge au lieu de Lucemburgi.) (M. Eltz.)

JOSSE DE MORAVIE. I388-I&02 ET 1407-1411.

Josse, marquis de Moravie, fils de Jean de Luxembourg, frère de l'empereur (Charles IV, prit possession du duché en 1388.

L'an 1402, Josse se déporta du Luxembourg en faveur de Louis, duc d'Orléans ; après la mort de celui-ci, il reprit lui-même le gouvernement.

58. lODOG m2ÎRGî2. Z DIVS M0R2ÎVI. Dans un

encadrement formé par trois arcs de cercle ayant à leur jonction des angles saillants, un écu parti du lion de Luxembourg et de l'aigle de iMoravie. Rev. ÎIîOREnnTî liVGEI^B,. Légende extérieure :

BRDiGnav sina ro^er dni rri ii^v

2CPI. Croix traversant les deux légendes.

Arg., demi-gros, diam. 0.28. Catalogue de la Fontaine, p. 26, n" 123. (Musée de la Société archéologique.)

463

DUCHÉ DE SAXE. - MARQUISAT DE MISNIE.

FRÉDÉRIC IV, DIT LE BELLIQUEUX, EN 1368, MORT EN 1428.

S9. PRID. DI. GR2Ï. mVRinG. LTÎIVGRTÎ VIS. Croix liliacéc, dans un enc.idremenl, forniéo de quatre arcs de cercle, dans les angles extérieurs, les lettres G-RV-.X Rev. GROSSVS maRGll miSneiiNSIS. Dans le champ, le lion de Meissen. Arg., diam. 0.29. PI. XXV, fig. 18. (M. Vannerus.)

Les ducs Frédéric II, le Sérieux, mort en 1549, Fré- déric III, le Sévère, mort en 1381, el Frédéric IV, le Bel- liqueux, ont frappé des monnaies qui ont quelque rapport avec celle que je viens de décrire. L'attribution exacte me semble d'autant plus difficile que les auteurs qui en parlent ne sont pas d'accord.

Celle qui a le plus de ressemblance est un gros attribué par Appel (Repertormm zûr Munzkûnde, t. III, p. 775, n" 2712), à Frédéric II, savoir :

PRID. DI. GR2Î. rrVRm. liTÎIGR. Dans un en- cadrement, formé de quatre arcs de cercle, une croix liliacée, dans les quatre angles extérieurs les lettres G-R-V-2C.

Rev. GROSSVS ffîTÎRGIf SI^ISRIERS. Le lion dressé.

Une autre attribuée par Appel à Frédéric III , porte à

464

l'avers : PRID. DI GR7C. ri^VRIR. liTÎI. Dans un encadrement , formé de quatre arcs de cercle, une croix liliacée; dans les angles extérieurs de l'en- cadrement, les lettres G-R-V-2C. Rev. GROSSVS SI22ÎRG)^ miSRERS. Dans le champ, le lion dressé.

Une troisième semblable attribuée par le même auteur à Frédéric IV, dit le Belliqueux (der Streitbare). porte à l'avers : PRID. DEI GR2TGI7Î ^V- RIRG. liTÎRG. Dans le champ , la croix liliacée comme sur les deux avers qui précédent, dans un encadrement formé de quatre arcs de cercle.

JRev. GROSSVS mTîRGî^IO miSïïERS. A côté, une croix entre deux roses. Dans le champ, un écusson au lion entouré de trois roses.

Le type de ces trois pièces est à quelque petite exception près le même; les inscriptions sont des abréviations variées d'une seule et même légende, savoir : Fridericus dei gratia Thuringiœ Landgravius.

Bien que l'exemplaire d'Echternach ait, sous tous les rap- ports, le plus d'analogie avec la première de ces pièces, je crois pouvoir l'attribuer de préférence à Frédéric IV, mort en 1428, puisque la date de son émission correspond le plus avec celle des autres pièces du même dépôt, qui sont toutes comprises entre 1362 et 1431.

D'après l'examen de ces monnaies, il est probable que le dépôt a été fait dans les premiers temps de l'épiscopat de Werner. u Cet épiscopat, dit Bertholet, t. VII, p. 279,

465

fui accompagné de grands troubles et ce prélat eut le déplaisir aussi bien que son oncle de se voir continuelle- ment les armes en mains. »

Quoi de plus naturel que d'admettre qu'en ces temps de troubles les riches propriétaires, surtout les voisins des plus importantes abbayes, comme celle d'Echternach, con- fièrent momentanément à la terre des trésors qu'ils vou- laient soustraire aux exigences de la guerre ! Pour donner quelque probabilité à cette supposition , jetons un coup d'œil sur les usages de l'époque. Lorsque les princes se disposaient à combattre, disent les historiens, ils ordon- naient à leurs sujets de prendre les armes et ils ne les en- tretenaient que pendant le cours de leurs services. Les sujets formaient l'infanterie des armées ; les nobles, les vassaux et les feudataires fournissaient la cavalerie, et mar- chaient eux-mêmes à la tète de leurs troupes.

Les abbayes et les villes étaient obligées à donner une certaine quantité de blé, de chariots, de provisions de bou- che, et, par le dénombrement qu'on a fait de ce qui en revenait à l'archevêque de Trêves, on trouve qu'il pouvait compter sur deux cent treize bœufs, six cent douze bre- bis, soixante et dix-huit chariots et treize mille huit cent soixante et dix écus d'or, taxe ordinaire des villes et des mo- nastères de son diocèse, et qui suffisait à toutes les expédi- tions de peu de durée. Dans d'autres cas, il fallait que le prélat eût dans ses épargnes les ressources nécessaires à l'en- tretien de l'armée.

On s'accorde à dire (*) que ce ne fut que sous les empe-

(') Bertholet, Histoire de Luxembourg, t. VII, p. 279. SÉRIE. Tome vi. 30

466

reurs Sigismond et Maximilien I", qu'on leva en Alle- magne des troupes réglées, que depuis lors on a entretenues sur pied.

D' A. INamur,

Professeur à rath('n(''e de Luxembourg.

467

REVENDICATION,

AU NOni DE ROBERT II D'ARTOIS,

DES DENIERS QUI LOI SONT CONTESTÉS.

Pl. XTIII, t>OÈ j^ 2 ET 3.

La crainte d'entrer dans de nouvelles diseussions le calme ne présiderait pas, m'avait fait renoncer à examiner de nouveau la question d'attribution des deniers inscrits du nom de Robert, autrement que par la note ajoutée à ma lettre à M. R. Chalon ('). J'avais pressenti une persistance d'irritation, toujours mauvaise conseillère, jamais impar- tiale, telle enfin qu'elle se manifeste dans un article du dernier numéro de la Revue belge de numismatique. Son auteur traite aussi, à sa manière, la question dont il s'agit, et l'amène à un résultat tout différent de celui obtenu par son devancier immédiat. M. Serrure et M. Piot s'accordent tou- tefois pour enlever aux comtes d'Artois, les monnaies qui portent leurs noms, et l'une d'elles même, le nom d'une localité de leur domaine. En présence de deux opinions, aussi en opposition avec celle par moi exprimée, qu'elles le sont entre elles, il ne m'est {)lus permis de m'en tenir à la

(') Revue de la numismatique belge, série, t. VI, p. 3^7.

468

note dont j'ai parlé, et je suis forcément entraîné à défendre les droits, la propriété des comtes d'Artois; en présence de l'interprétation erronée et malveillante pour moi, donnée à la notice de M. C. A. Serrure, je me vois en même temps forcé à l'examen , le plus succinct possible toutefois, du travail numismatique du jeune et intelligent auteur des Observations archéologiques à propos de quelques monnaies inédites de Saint-Omer.

M. Serrure, plus que tout autre, doit être étonné de la signification donnée à l'ensemble de ses observations; lui qui abonde dans mon sens, ne s'attendait pas, sans doute, à être signalé comme mon adversaire; lui qui accepte la presque totalité de mes attributions audomaroises, ne peut pas être obligé souvent , très-souvent de contrarier mes opi- nions. Le travail de M. Serrure est un développement de ceux j'ai pris l'initiative des attributions audomaroises, en posant des principes qu'il a adoptés et qu'il cherche à étendre; de celui surtout j'ai dit que la puissance de l'analogie pourrait faire apparaître quelques attributions nou- velles de monnaies pour Saint-Omer . Le travail deM. Serrure est en hostilité avec d'autres opinions fondamentales que les miennes ; voilà ce qu'il importait de masquer sous des ex- pressions louangeuses, en demeurant dans des généralités.

L'éloge de M. Serrure devait être autre chose que l'abri d'un mauvais vouloir contre moi. Son œuvre mérite mieux que cela; elle mérite plus que des phrases banales d'admi- ration, assaisonnées d'attaques par ricochets; plus qu'une approbation sans réserve, dont le motif par trop apparent, ne doit pas flatterie jeune auteur; plus qu'une appréciation fautive et sans portée. Ce que mérite l'œuvre de M. Ser-

469

rure c'est une évnlualion sérieuse, un examen impartial et, par conséquent, critique.

La véritable valeur de l'œuvre de M. Serrure n'est certes pas, en s'occupant d'une seule ville, dont la plupart des sujets typiques avaient été signalés déjà , d'avoir su bien localiser les types des ateliers nionétairesj elle n'est pas de n'avoir jamais perdu de vue la loi des types et leur filia- tion, puisque ce mérite lui est refusé au sujet des deniers portant le nom Robert. Sa véritable valeur, au contraire, est de n'avoir pas contesté à une localité artésienne ce qui lui appartient légitimement; de n'avoir pas hésité à reconnaître à une ville, une grande quantité de types divers, qu'il serait impossible d'encadrer dans lexin" siècle seulement, et aussi dans la deuxième moitié du xu"; d'avoir su pour cela s'af- franchir des exagérations sigillo monétaires; d'avoir com- pris, incomplètement encore à la vérité, l'ancienneté des petits deniers artésiens; d'avoir accepté et reconnu leurs caractères distinclifs de toutes autres monnaies, leur supé- riorité artistique; d'être entré largement dans une voie nouvelle pour la Belgique. Mais tout cela ne pouvait pas être dit par tout examinateur de son œuvre, en supposant même qu'il l'ait compris.

La plupart des dates approximatives d'émission des de- niers audoniarois, proposées par moi, ont été acceptées par M. Serrure; celles qu'il pose en reclilication, sont très- contestables ; le jeune auteur doit y tenir peu, car il s'étonne que j'aie cherché à les préciser, trop tôt, dit-il. Il oublie qu'en cela comme en attributions, j'ai pris une initiative, commandée par mon désir d'éclaircir des points douteux; ce n'est pas lui qui doit oublier que notre numismatique flan-

470

dro-artésienne est dans des conditions particulières; qu'on n'avancera dans la voie du classement si difficile des très- nombreux deniers de système artésien , qu'à la condition d'aller résolument à la recherche de la vérité. M. Serrure, heureusement pour lui , comprend le plus souvent les monnaies par leurs détails et par l'ensemble de leurs types, choses inséparables pour juger de leur âge. 11 est loin de s'élever contre la pensée des légendes elliptiques et énig- maliques, car il les reconnaît, au contraire, formellement et les interprète avec une véritable hardiesse j seulement il veut restreindre toutes les abréviations des légendes aux initiales de trois mois; c'est une limitation quelque peu hasardée, qui constate, du reste, au lieu de le détruire, le principe des légendes sigliques, dont l'existence ne peut plus être méconnue.

M. Serrure a eu le talent de rendre possible l'attribulion d'un tiers de sol mérovingien à la ville de Saint-Omer, malgré des difficultés sérieuses, non encore entièrement aplanies. Le nom d'Jiidemar, évèque et monétaire tout à la fois , serait plus convenable toutefois sur les triens de Térouane, dont je possède maintenant un exemplaire, que sur ceux du bourg deSithieu. Un monétaire du même nom signe les triens d'^m^rot/c ('). Le parti tiré par M. Serrure de la bélière attachée au tiers de sol dont il s'agit, est peut-être un peu forcé pour l'époque du vu* siècle. L'usage de suspendre des monnaies au cou , passa des païens aux chrétiens. Dans les sépultures romaines, on trouve assez souvent des monnaies percées et quelquefois encore atta-

(>) BartbéI/But, Manuel, pp. 12 et 5i.

471

chées aux défunts ('). Le roi Childéric en portait quatre ('). Saint Germain ayant trouvé une monnaie sur laquelle était une croix, l'offrit à sainte Geneviève, en l'engageant à la porter au cou ('). Plus tard seulement la vénération pour les monnaies modifia son caractère. La plupart des monnaies principales de saint Louis sont trouées, dit de Marchangy(4), parce que les bonnes gens, se persuadant que les monnaies du saint roi ont une vertu miraculeuse, les percent pour les suspendre au cou des malades.

Le rajeunissement du grand denier de Saint-Omer n'est que fictif et ne sera même jamais démontré. Ce denier est limitation d'un type paru en Angleterre à la fin du x" siè- cle ; il est oiseux de rechercher s'il est des dernières années de ce siècle ou du commencement du suivant ; il est puéril d'en faire l'objet d'une observation critique. Quant à la question de savoir par quelles lettres il faut compléter le mot indiqué par la finale ...,oldus de la légende du revers, toutes les conjectures sont permises ; je tiens à la mienne par les raisons que j'ai données. L'opinion qui voit, dans le Rainoldm des grands deniers de Bergues-Saint-Vinoc, un abbé du monastère de celte ville, n'est pas admise générale- ment, et l'auteur des Recherches sur les monnaies des comtes de Flandre, ne l'avait pas d'abord exprimée. Modi- fier les noms propres pour les amener à l'orthographe dont on a besoin, c'est commode sans doute , mais c'est peu sa-

(') Dk Caumont, Cours d'antiquités monumentales. (') Anastasis.

(^) SuRius, 31 julii. Baronius, an. 4/29.

(*) Tristan le Voyageur, t. II!, p. 50S, d'apiès Spondk et LBBtAne, p. 197.

472

tisfaisant. Tous les litres anciens appellent cet abbé Rumol- dus et non Rainoldus (').

L'attribution à Hugues Capet du denier d'Arras que j'ai donné à Eudes, d'accord alors avec tous les numismates, serait une bien faible base de la pensée de considérer Bau- douin IV comme le premier comte de Flandre qui battit monnaie en son propre nom, si elle était seule. Lire V^GO au lieu de ODO avec les trois lettres placées dans le champ, est aussi peu facile que peu d'accord avec l'orthographe ordinaire du siècle ('). Le Gratia Dei rex en légende, après la chute de la dynastie carlovingienne, est une rare exception ; la position primitive de la royauté capétienne ne lui permettait guère cette formule. Le style de ce denier le place rigoureusement entre les monnaies de Charles le Chauve et celles de Charles le Simple, à Arras ; déjà le numéraire de Lothaire y a une auire physionomie. Histo- riquement, il est peu probable que Hugues Capet, dont le monnayage royal est à peine prouvé, ait monnayé à Arras, en dehors de son domaine privé, et ait pris, sur les deniers

{') Voy. la Revue de la numismatique betge, série, t. IV, p. 202, le grand carlulaù-e de Saint-Berlin et le Chartularium sUhiense, publié par M. GUÉRÂRD, p. 178.

(2) Ce qui démontre que le prétendu G n'est qu'un 0 défectueux, auquel il manque fort peu du trait formant sa rondeur, et cela par la faute de la frappe, c'est que sur les deux deniers ce n'est pas le même 0 qui se trouve tant soit peu ouveit. Le prétendu V est dans les mêmes conditions ; sur l'un des deux exemplaires, il est complètement fermé et lorme un D non entièrement triangulaire; sur l'autre son ouverture est encore due à une frappe imparfaite sans doute. En principe, les monnaies du moyen âge pèchent bien plutôt par l'absence des parties des types que par surabondance. Selon ce principe, les deux signes

473

de cette ville, le litre de roi (•). La dégénérescence des grands deniers de cette ville , s'est faite sous l'empire du mono- gramme carolin, conservé sur les monnaies de Lothaire (*); elle aurait eu lieu avec ce qu'on pourrait nommer le type fwgonien, s'il avait été porté par les dernières pièces royales frappées, au x' siècle, dans la capi(ale de la Flandre et depuis de l'Artois.

LES DENIERS PUBLIÉS PAR MOI.

Ce n'est pas sans peine que l'on est parvenu à détermi- ner l'emploi de certains types, préférablement à tous au- tres, dans certaines localités monétaires. Les premiers nu- mismates qui ont écrit sur le classement des petits deniers du système artésien, n'ont dépouillé aucune ville ; ils ont cher- ché la vérité, l'ont souvent mais non toujours rencontrée, et ils ont ouvert la voie des découvertes. Il ne faut pas exagérer l'importance des résultats obtenus aujourd'hui. Presque au- cune ville de celles qui, on le sait maintenant, ont des types ordinaires, n'a le monopole exclusif d'un ou de plusieurs

entièrement circulaires et celui presque triangulaire, tout à fait fermé, seraient les véritables et les autres des lettres incomplètes. Du reste, pour lire VGO, il faut ne pas tenir compte, non-seulement de la position des trois lettres dans le champ de la monnaie, mais encore de celle rela- tive entre elles {voir la Revue belge, 2* série, t. IV, p. ^18, et mon Mig- toire monélaire d'Artois, pi. II, nol9).

(1) Ici, le monogramme carolin, n^ayant pas été inscrit, le gratta di rex, de la légende, ne peut s'accorder qu'avec le nom posé dans le champ du denier.

(*) Voir VHistoire monélaire d'Artois, pi. II, SS^i». \]n denier et une obole de Lothaire, édites par )13I. Fougères et Cokbrodse, ont le même monogramme.

_ 474

sujets typiques. Le triangle de Lille se rencontre à Bour- bourg, à Ypres, à Béthune et probablement autre part, à en juger par des pièces iiiclassées qui le portent ; le lis de Lille se retrouve à Bergues et dans tous les Pays-Bas ; le buste d'évêque de Dixmude se montre à Liège, à Ostende, si l'on accepte une rectification proposée, comme dans plu- sieurs autres localités; la tète de profil et l'épée se voient presque partout. Il faut une grande réserve encore quand on parle du classement des deniers de style artésien. Ce n'est pas lorsqu'on ne peut montrer les monnaies, les pre- mières émises dans la ville qui a donné son nom au sys- tème monétaire de la Flandre; ce n'est pas en présence d'attributions comme celles faites à Saint- Venant, àOrchies, à Cassel, villes dont on ne trouve aucun document moné- taire, aucun souvenir de fabrique de monnaies, aucun petit denier portant leur nom; ce n'est pas lorsqu'on a des ate- liers monétaires certains, aussi peu fournis de monnaies que le sont Aire, Bergues-Saint-Vinoe et Bourbourg, qu'il faut parler avec assurance de la bonté des systèmes de clas- sement actuellement en vogue ; ce n'est pas en présence de la grande quantité de petits deniers indéterminés ; ce n'est pas lorsqu'on est encore en aussi grande divergence sur le classement chronologique des deniers de système artésien, qu'il faut montrer une grande assurance de ne pas se tromper.

On n'invoque rien de nouveau en faveur de l'attribution à Lille des artésiens portant le nom de Simon. Leur type principal n'est pas devenu plus semblable à la fleur de lis simple et héraldique de cette ville; leur physionomie n'est pus moins étrangère à celle des monnaies de Lille;- leur

475

style n'est pas moins idenlique à celui des petits deniers frappés en Artois ; celte province n'est pas moins celle les deniers du monétaire Simon se retrouvent en plus grand nombre, en quantité considérable. Quant à l'attribution spéciale de ceux dont les deux lettres liées M E, compo- sent le type, ce n'est pas quand on veut établir que les let- tres 0 M, ou S M, ou S E, etc., indiquent la ville de Saint- Omer, ou quand on reconnaît la vogue du système énig- matique et du genre rébus, en Artois, que l'on doit s'étonner qu'elle ait été proposée. Selon ce système, la médienne et la lettre extrême y seraient réunies, ou mieux, il s'y trouverait la syllabe finale du nom de Saint-Omer.

Le type principal des deniers émis par le monétaire Simon, a bien plus d'analogie avec celui des monnaies du Ponthieu qu'avec tout autre. Son inspiration ne serait-elle pas dans ce pays? Une circonstance est bien favorable à ce point de vue. En 1187, existaient à Abbeville deux branches d'une famille monétaire , représentées par Godin et Baudouin son fils, et par Simon et ses enfants. Le mon- nayage du Ponthieu n'était sans doute pas assez considé- rable pour occuper tous les membres de cette famille. Godin, l'aîné des deux frères, signe des monnaies d'Abbe- ville (•); Simon, le plus jeune, n'appose pas son nom sur ces monnaies. Un Simon associe le sien à celui du comte Philippe, sur un grand denier dont le lieu de fabrication n'est pas déterminé. Le monétaire du comte de Flandre ne

(') Essai historique sur tes monnaies des comtes de Ponthieu, par M. L. l)i:scBAMFS DE Pas, fJans If s Mémoires de ta Société des antiquaire» de Picardie.

476

serait-il pas le frère de Godin? Les circonstances de temps, de lieu et de types sont favorables à cette supposition. En quittant le Ponthieu, Simon aurait emporté le souvenir du type monétaire abbevilloisj il l'aurait rappelé sur les arté- siens de la capitale de l'Artois. A l'imitation de son frère, il aurait signé les monnaies, et cela peut-être durant la longue absence du comte Philippe d'Alsace.

La grande question d'ancienneté relative entre les petits deniers, soit muets, soit semi-anonymes, soit inscrits de légendes, ne paraît pas devoir être résolue de sitôt, malgré les renseignements précieux fournis par la numismatique audomaroise. Les causes en sont l'antériorité que l'on sem- ble continuer à attribuer aux sujets des sceaux sur les types des monnaies, et la signification erronée d'époques qu'on attache quelquefois encore aux formes de la croix. Je ne reviendrai pas sur ce sujet, suffisamment traité par moi dans la Revue belge (*). Je me bornerai à exprimer mon étonnement, qu'en présence de la marche progressive ordi- naire, reconnue sur les monnaies du Brabant, on persiste à faire de la Flandre une exception unique.

On ne conteste plus l'existence des forges monétaires à Saint -Omer, dès le commencement du xii" siècle, au moins. Il n'est pas possible de méconnaître le privilège de frapper monnaie en leur nom, accordé aux bourgeois de Saint-Omer , en 1127, et conservé durant un peu plus d'une année ; on a des deniers abondants et variés qui assurent la non-interruption de la fabrication audomaroise, indépendamment de ceux du roi Philippe Auguste. Il est

(') série, t. I, p 49.

477

donc rigoureusement indispensable de chercher les types monétaires, existants avant, pendant et après la concession du privilège fait aux bourgeois de Saint-Omer.

Le style du commencement du xni° siècle, à Saint-Omer, est parfaitement connu et déterminé par les n"* 7 et 9 de ma Notice sur quelques monnaies frappées à Saint-Omer ; il l'est encore au moyen des artésiens publiés par M. Jon- naert (■), et par le n" 7 (6 du texte) des observations de M. Serrure. En remontant, le style de la fin et du milieu du xn" siècle, à Saint-Omer, est signalé dans la notice de M. Serrure, par ses n"' 6, 7 et 8; tout cela indépendam- ment des adjonctions qu'il faut y faire, et sans tenir compte des rectifications indispensables. Parmi ces pièces , on intercale tant mal que bien, des artésiens muets et d'au- tres épigraphiques {'), portant les uns et les autres, une tète épiscopale, reconnaissable au fanon qui pend derrière sa coiffure. Ces artésiens qui conservent la tradition de la tète patronale, posée sur le grand denier de Saint-Omer, et manifestent le type le plus ordinaire de cette ville, re- montent sans doute, les uns ou les autres , au commen- cement du xii^ siècle j mais la pièce muette sur laquelle M. Serrure reconnaît, comme M. Rouyer et moi, une figure de mayeur debout, n'a de place marquée nulle part, si on lui refuse celle que je lui ai donnée. Ses types et ceux d'un petit denier nouvellement entré dans ma collec- tion, qui ne différencie que par l'existence de deux per-

(') Revue numismatique belge, t. VI, pi. XI.

(') Les caractères archéologiques des artésiens de Saint-Omer, accu- sent la frappe de deniers muets et semi-muets, durant une certaine période de temps.

478

sonnages au lieu d'un et par le cantonnement d'un S, entre chaque branche de la croix, sont parfaitement convena- bles à l'époque les bourgeois de Saint-Omer purent frapper monnaie à leur profit. L'échevinage de Saint- Omer eut longtemps deux mayeurs à sa tète; le scel com- munal qui les représente, est le plus ancien connu de cette ville, la communauté bourgeoise existait dés le milieu du xi' siècle; ce scel fut remplacé par un autre au milieu du xni" siècle.

Le n" 2, de ma planche, reproduit une pièce déjà bal- lottée entre plusieurs localités monétaires. Malgré l'acquies- cement de M. Serrure, à son classement à Saint-Omer, je crois devoir la retirer du nombre des monnaies audoma- roises. Ce petit denier n'a pas le style de ceux de Saint- Omer ; le reporter au xm' siècle, pour cette ville surtout, est impossible, en présence des deniers connus de cette époque ; Saint-Omer n'est pas la seule ville à laquelle le type des deux crosses convienne.

Mes n"» 5, 6, 7, 8 et 9, ne sont pas contestés. Le dis- sentiment sur le temps de l'émission du 8, est trop peu important pour nous arrêter. Les caractères du denier ana- logue appartenant à M. Dewismes, et dont les légendes sont autres qu'on ne l'a dit, le classent de la fin du douzième siècle au commencement du treizième. Quant aux deux numéros suivants, le premier subira la fortune du second, dont je m'occuperai ci-après ; en attendant je le maintiens à l'époque du comte d'Artois, Robert I".

Maintenant, viennent mes n"' 12 et 13. Je ne les livre pas au bras séculier ; si je les retire de la riche série au- domaroise, ce n'est pas que je récuse, comme je l'avais fait

479

d'abord, la pensée de Tinterprétalion siglique de toute la légende ; il serait téméraire en ce moment de se prononcer touchant son impossibilité; le moyen âge ne nous a pas laissé pénétrer encore tous ses secreis. Cette interprétation, d'abord entièrement repoussée , est maintenant acceptée dans la limite tout arbitraire de trois mots. Si je les retire, c'est parce que je reviens à ma première idée de les atta- cher à la numismatique de Béthune; leur véritable analo- gie est ('). Le retrait de ces petits deniers laisse dans la numismatique audomaroise un vide qu'il faudra combler, soit avec des monnaies déjà éditées, soit avec d'autres encore inclassées. La fabrique monétaire de Saint-Omer, si active, ne fut sans doute pas fermée avant celle d'Arras ; l'époque de Mahaut, comtesse d'Artois, doit y être repré- sentée.

LES DENIERS ÉDITÉS AILLEURS.

Une crosse seule dans le champ d'une monnaie, n'a au- cune raison d'être pour la ville de Saint-Omer ; le style du denier qui la porte (»), n'est pas plus que mon n" Si, con- venable à cette ville. Ensemble ou séparément ils appar- tiennent sans doute à une ville épiscopale.

Les deux petits deniers artésiens publiés par M. Jon- naert, ne laissent aucun doute {^) ; ils sont certainement de Saint-Omer. La même certitude n'existe pas pour l'artésien,

(') Les uns voudraient y lire Saint- Venant ; les autres ne seraient pas surpris qu'on y trouvât Vedaste.

(2) Voir la Revue numismatique belge^ série, t. IV^, p. 81, pi. IX, nolS.

O Ib., t. VI, p. 388, pl. XI, no» 2, i.

480

n' 138, des planches de M. Gaillard; elle existe encore moins pour le 136.

LES DENIERS PUBLIÉS PAR M. SERRURE (').

Pour parler du grand denier, 2, de la planche de M. C. A. Serrure, il faudrait qu'il fût compréhensible. Sa ressemblance avec les numéros qui le suivent, ne saute pas aux yeux. Sa légende est éminemment énigmatique. Avant de me prononcer touchant l'interprétation des SM, des SE, des OE, des OM, je veux avoir plus de documents que ceux fournis jusqu'à ce jour. Ces lettres pourraient signaler la ville de Saint-Omer autrement qu'on l'a dit. II faut du temps pour s'accoutumer à l'idée de voir le nom d'une ville, indiqué par ses deux lettres extrêmes, ou par ses médiennes, ou par deux consonnes seulement. Cette idée est bien plus hardie, et bien moins naturelle, que celle de voir des initiales dans les lettres inas&emblahles d'une lé- gende, lorsqu'on a de nombreux exemples de l'usage des sigles dans le pays.

J'ai exprimé, depuis un assez long temps déjà, la pensée de rattacher à Saint-Omer, les artésiens n»' 3 et 4, peu rares dans les collections (=") et dont je possède un exem- plaire. Le fanon ou pendant qui accompagne la tète du saint ou selon l'expression consacrée: le chef de Saint-Omer, a été pris pour une mèche de cheveux. La coiffure ressemble plus à celle de la tète du grand denier de Saint-Omer, que l'es-

(') Je suis les numéros de la planche et non ceux du texte. (*) Voir le 9 de la pi. VIII de la Revue numismatique française de 18^2.

- 481

pèce de mitre, qu'avec un peu d'attention on reconnaît sur les pièces représentées par mes n*" 5 et 6. Les deniers 3 et 4 de M. Serrure sont, à mon avis, d'une grande ancienneté relative, el, dùt-on encore m'accuser d'une faute, peu grave sans doute, puisqu'on la commet soi-même avec quelque complaisance, je les range parmi les plus anciennes du sys- tème artésien, sorties des forges audomaroises.

Le type de la tête de profil et de l'épée avait une certaine vogue au moyen âge ; il paraît avoir persisté durant un certain temps. C'est encore l'un de ceux qui ne se spéciali- sent rigoureusement nulle part. Le denier reproduit par le n" 5, de la planche de M. Serrure, qui montre ce type, n'a pas les lettres de la légende de l'avers entièrement posées comme celles d'un exemplaire de mon cabinet. La calotte de fer et le nasal sont très-distincts sur mon denier. Ma longue hésitation pour donner cet artésien à la ville de Saint-Omer, pourrait bien cesser par suite de la compa- raison de l'exemplaire édité avec le mien.

Le personnage à tête ronde ou nimbée du 6, de M. Serrure, est assis sur une de ces chaières ornées du moyen âge. C'est encore un type nouveau que l'on accorda à la ville de Saint-Omer, malgré son abondance typique, malgré la pauvreté de quelques villes monétaires et d'Arras surtout. La légende du revers ne semble pas permettre le refus. Ériger en principe audomarois et artésien, une in- terversion, une transposition des lettres des légendes, me paraît peu convenable; il y aurait en cela désordre et confu- sion, bien plutôt que rébus et que véritable énigme. Je m'abstiens, quant à présent, de me prononcer entre M. Ser- rure et moi, pour l'interprétation absolue des lettres posées

SKRIB. Tome ti. 31

482

dans remplacement des légendes. Une troisième manière de voir, une révolution véritable sortira peut-être de cette ob- servation de M. Lelewel, généralisée avec justesse à tous les Pays-Bas anciens, que le C, le E, le S, le T, sont souvent posés en dehors des légendes ('). En y ajoutant le V ou A, le 0, le (1) ou le ni gothique, confondu souvent avec TE lunulaire, oubliés par le docte Polonais, on a la collection des lettres alphabétiques ressemblant à d'anciennes flgures symboliques de la Gaule belgique.

L'analogie du 7 de M. Serrure avec le même numéro de ma notice, n'est pas contestable. Il est bon de ne pas perdre de vue la concurrence de deux formes de croix sur ce denier ; il y a matière à réflexions.

Le n" 8 reproduit un petit denier, au nom et à l'effigie de saint Pierre. L'importance de ce saint, patron primitif de l'abbaye de Saint-Bertin, diminua, au fur et à mesure que grandit celle du saint dont cette abbaye prit le nom ; au xii° siècle, elle était presque annihilée. Saint Pierre n'eut jamais d'invocation bien particulière dans la ville de Saint- Omer, et son effigie n'aurait aucune raison particulière d'être sur les monnaies de cette ville. Quant aux moines de Saint-Bertin, ils cherchaient trop à mettre en évidence leur saint fondateur, pour avoir placé une autre effigie que la sienne sur les monnaies, s'ils s'étaient cru le droit d'en fabriquer, ou si leurs puissants chefs s'étaient arrogé ce privilège. A ce propos, il me paraît utile de faire connaître un dire d'Iperius. Godescalque, prieur de labbaye, sous Gilbert, abbé, de 1246 à 1264, s'était fait un parti puissant

(') Revue numismatique belge, t. IF, p. 309.

483

parmi les moines; il se permit d'outrnger son chef, connu sous le nom d'abbé d'or. Parmi les reproches qu'il lui adressait, était celui d'être un faux monnaymr.

DENIERS DE 55 CENTIGRAMMES. AU NOM DE ROBERT.

Les deux attributions nouvelles des deniers classés par moi à Robert II, comte d'Artois, montrent l'incertitude dans laquelle on plane, dès l'instant l'on méconnaît les vrais principes archéologiques. Ces deniers sont promenés de siècle en siècle. La proposition insérée dans le dernier numéro de la Revue, tout inacceptable qu'elle soit, a du moins pour elle, de rapprocher leur caractère archéolo- gique de la période artistique à laquelle ils appartiennent. Hors de là, quelles invraisemblances, quelles impossibilités ! Les seigneurs de Béthune, petits dynastes, dont les droits monétaires sont contestables, auraient une monnaie signée de leur nom, tandis que les comtes d'Artois leurs suze- rains, dont les lettres monétaires existent, n'en auraient pas; ils auraient une monnaie supérieure en tout à celle des comtes de Flandre au xii" siècle, alors qu'ils en rele- vaient. Pour arriver à ce résultat, il faut méconnaître la signification claire et précise d'une légende ; le mol vedaste n'est plus l'indication du lieu monétaire, il exprime les droits d'avouerie des seigneurs de Béthune sur Arras. On met ces idées sous l'abri d'une prétendue diminution pro- gressive de grandeur dans les monnaies, qui fait arriver celles portant le nom de Robert, justement au milieu du xif siècle, époque du règne des petits deniers de système artésien. L'attribution dont il s'agit, est trop peu appuyée pour qu'il soit nécessaire de faire remarquer que l'accord

484

de types invoqué, est inlerverli j que la filiation devient la •paternité et vice venâ.

Le décroissement des modules, entre les années 768 et 1270, qui, selon l'auteur de l'attribution aux seigneurs de Béthune, aurait affecté graduellement l'ancienne Belgique, eût été bien plus rapide dans la pensée de M. C. A. iSer- rure. Pour attribuer, comme il le f;iit, aux Robert I et il, de Flandre, les deniers en question, il faut, en un demi- siècle, faire rétrécir les monnaies de 20 à 13 millimètres, et les faire déchoir de 80 à 55 centigrammes («). Le décrois- sement des modules qu'auraient subi la Flandre et l'Artois, se serait arrêté aux limites de cette dernière province. En admettant que les découvertes nouvelles rendent son prin- cipe indubitable pour Vest des anciens Pays-Bas, pour les provinces relevant de l'Empire, on ne peut l'admettre, dans la progression indiquée, pour les contrées situées à Yoitest de la Flandre, et placées comme elle, sous la suzeraineté de la France. A Boulogne, les grands deniers existaient au xn" et au xm" siècle; à Saint-Pol, au xii° siècle, les deniers étaient grands et pesants, et leur affaiblissement au xin^ n'est pas important; le Ponthieu, dans la seconde moitié du xi" siècle, avait des deniers forts, et il les a peu affaiblis; les deniers de la lin du xni° siècle et du commencement du xiv* à Fauquembergues, pesaient de 50 à 55 centigrammes, accord remarquable de poids entre eux et les deniers au nom de Robert.

(') Le denier de la collection de BI. Dewismes certifle le poids de 80 centigrammes el la dimension de 20 millimètres attribués aux mon- naies données aux Baudouin IV et V de Flandre. Le grand denier de Sainl-Omer a aussi 20 millimètres, mais il pèse H8 centigrammes.

485

Laissons le décroissemenl des modules et examinons l'analogie signalée, de style et de types, entre les deniers de SS centigrammes et ceux de 80. J'ai sous les yeux des exem- plaires de ces divers deniers, et je puis assurer que la dis- semblance indiquée par les dessins des planches II et IIÏ, de l'ouvrage de M. Gaillard, et ceux de la planche V, de l'his- toire monétaire d'Artois, est encore beaucoup plus sensible sur les pièces elles-mêmes, qu'il est bien nécessaire de voir en nature. J'ajoute qu'il existe une dissemblance aussi considérable entre le grand denier de Saint-Omer de ma collection, et ceux au nom de Robert. L'analogie de fabri- que et de sujets typiques de ces derniers, se rencontre au contraire dans les petites monnaies artésiennes du xui° siècle; elle est presque parfaite avec celles de la ville de Saint-Omer.

Une distraction seule a pu faire répudier pour le xni° siècle la forme du D,des légendes des deniers au nom de Robert; cette forme appartient à l'alphabet dit gothique, et a duré aussi longtemps que lui. Au xiu" siècle, elle était de l'emploi le plus ordinaire en Artois, comme partout ailleurs. On la voit sur le scel communal de Saint-Omer, exécuté au mi- lieu du XIII* siècle; on la voit de même dans les inscriptions du même temps, des dalles qui formaient le pavé de l'église Notre-Dame à Saint-Omer ('). Ces exemples pris entre mille, suffisent sans doute.

La légende £'gro siim de ^oôerf/, appartient à l'époque

(1) Notice historique et archéologique sur les dalles sculptées , par Alexandre Hermand, t. V, des Mémoires de ta Sociitê de la Hlorinte ;: atlas.

486

la pariicule /?e, dans les inscriptions latines , est en vogue sur les sceaux, c'est-à-dire au xiii" siècle. Toutes les légen- des des deniers de Sd centig. ne sont pas en langue savante; le mot vedaste associé à celui Robert est comme lui , bien plus français que latin ('); ensemble ils sont du temps la langue vulgaire était parfois employée dans les légendes monétaires. Robert II, d'Artois , a mis sur ses deniers de la seigneurie de Mehun, tantôt des légendes françaises, tantôt des légendes latines. Au \f siècle, ce n'est pas vedaste qu'on aurait inscrit sur les monnaies, pour indiquer le lieu était l'abbaye de Saint-Vaast, mais bien Nobitiaciim; une bulle papale de l'année Ho2, dit encore : abbas vero de Nobiliaco (=). Le prétendu monogramme de l'un des deniers au nom de Robert, est une croix historiée, variété de toutes celles employées au xni^ siècle, dans la province d'Artois.

Sous l'empire des préoccupations qui avaient fait mécon- naître les deniers de Saint-Omer des xu^ et xm* siècles, j'aurais à peu près compris les opinions que je combats; maintenant il est impossible de ne pas reconnaître aux deniers de 55 centigrammes, le cachet du xni® siècle, en Artois. A l'appui des caractères archéologiques , j'invoque d'autres preuves de la bonté de mon classement. Selon les lettres monétaires de Robert II, d'Artois, de l'année 1286, les artésiens de ce prince devaient valoir un parisis; ils devaient porter son nom et son ensaiyne {^}. Pour valoir un parisis, les artésiens, malgré leur pureté de métal, ont être

(') Celle oLservalion m'avait d'abord cciiappé.

(') LOCRIUS.

(*) Histoire monctairc cfArtois^ p. 280, et pièces justi(icati\ es.

487

agrandis ('); le nom de Robert est sur les deniers dont il s'agit; quant au mot ensaigne, il ne veut pas dire armoi- ries, il signifie tout simplement marque, type. Les mots deniers de novelle ensengne, dans un accord monétaire, fait en 1299, entre Robert de Béthune, comte de Flandre, et Jean II, duc de Brabant , le disent positivement. Ce qui prouve l'exécution de l'ordonnance de 1286, ce ne sont pas seulement les deniers qui ont les caractères dislinctifs exigés, mais c'est encore la lettre adressée par le roi Philippe le Bel, à la comtesse d'Artois, Mahaut. La réformation de la monnaie d'Artois, qui y est ordonnée, fut exécutée, comme le témoignent les petits deniers de Mahaut; l'innovation d'in- scrire son nom, faite par Robert II, fut conservée par sa fille.

Les deniers d'Artois, de 53 centigrammes environ, for- ment une jolie et nombreuse famille, que je ferai connaî- tre un jour dans sa totalité. Ils sont la conséquence de la volonté exprimée par le comte Robert II, de défendre dans ses Etats, le cours de toute autre monnaie que la sienne, excepté celle du roi de France; ils sont la conséquence, dans leurs variétés, du privilège accordé à Bertrand de Creuze, son monétaire, d'ouvrer ù il H plaira en toutes les boines viles d'Artois^ ils sont la conséquence encore de l'esprit d'imitation, si fréquemment démontré en numismatique.

Trois opinions seulement se sont encore manifestées à l'occasion des deniers au nom de Robert; une quatrième sur- tout paraît inévitable. Elle sera la conséquence de la pensée de voir dans le Philipus des légendes de quelques arté-

(') La comtesse de Flandre Marguerite venait, de son côté, d'agrandir les monnaies de Flandre.

488

siens, de villes différentes , un nom de monétaire , nialgré l'inscription Philipiis cornes, associée à celle Simon fecit, sur un grand denier; malgré la légende Ph. cornes j d'un artésien de Gand, qui n'a permis l'insertion du titre de comte, qu'à la condition de ne placer que les deux lettres initiales du nom personnel.

Dans la famille des deniers d'environ 53 centigrammes, on remarque un petit groupe composé, jusqu'à ce jour , de trois monnaies variées, dont l'aspect est charmant, et telles que le xni* siècle, et le commencement du xiv" ont pu seuls les produire. Une main bénissante , accostée parfois de l'alpha et de Vomégaj forme le type commun entre les deniers de ce groupe; la croix et les ornements des revers, dans leurs variétés même, sont analogues à ceux des pièces au nom de Robert. L'ancienneté relative de ces trois mon- naies me semble indiquée par leurs légendes. La plus an- cienne sans doute, est celle sur biquelle je lis destera bene- dicat, et qui ainsi est muette malgré son inscription (*); la seconde est probablement celle qui conserve le mol destera... {destera sum, peut-être), et montre au revers le nom Robert (Roberti) (») ; la troisième doit être celle sur laquelle le destera est retranché; ses deux légendes liées, donnent monetas Baldeuin, elles montrent l'alliance, si caractéris- tique du latin et de la langue vulgaire [^).

(') Ma collection et celle de M. Dewismcs. Je ne crois pas devoir faire Renedictus (Benoit, nom d'homme), avec les quatre lettres du revers.

(") Musée de la ville de Sainl-Omer.

(') Cette pièce du Musée d'Amiens a été publiée d'abord par M. Rigol- kOT, puis par M. Lelewel, pi. IX, 13, de la Numismatique du moyen âge.

489

La main bénissante est un sujet tout ecclésiastique, sans doute, et ne paraît convenir dans notre pays qu'à des digni- taires du clergé ('). Les chronologies des évéques et des abbés se prêtent mal au classement des deniers qui la por- tent. Je livre ces monnaies exlrèmement intéressantes à l'étude et à la sagacité de mes confrères en numismatique.

Alex. Hermand.

(') En Espagne, au xiii» siècle, scion Ilamon Muntaner (Bdchon, t. V), les rois, les reines et les princes bénissaient constamment leurs sujets ou leurs vassaux.

Nous regrettons vivement que notre honorable collaborateur ait cru voir, encore une fois, dans l'article d'un des directeurs de la Revue, 31. Ch. Piot, un parti pris de le contredire un mavvais vouloir comme il le dit. En combattant l'attribution que M. Hermand avait proposée des deniers de Robert au comte d'Artois de ce nom, M. Piot n'a eu en vue que de faire prévaloir ce qu'il regarde comme la vérité, et cela franche- ment, loyalement, sans arrière-pensée. Dans la paisible science que nous cultivons, on peut différer d'opinion et se tendre amicalement la main.

R. Ch.

490

CORRESPONDANCE.

Extrait d'une lettre adressée à M. Piot par M. Thomsen.

Les seuls renseignements que j'ai pu recueillir, concer- nant la numismatique de votre pays, sont ceux que j'ai trouvés dans votre Revue. J'y ai vu avec plaisir différents articles touchant plusieurs monnaies qui m'intéressent spé- cialement. C'est une preuve nouvelle de l'opinion que j'ai déjà émise souvent, et d'où il résulte qu'on ne peut pas, au risque de commettre des erreurs , étudier seulement une partie de la numismatique du moyen âge ou d'un pays, mais qu'on doit l'étudier en totalité. Le célèbre Mader et même le doyen Lelcwel l'ont très-bien senti ; mais les res- sources de ces numismates, en ce qui concerne les collec- tions et les livres de numismatique, ont été bien limitées et au-dessous de ce que nous possédons aujourd'hui.

Vous me direz peut-être que c'est une tâche bien grande d'embrasser la numismatique du moyen âge en totalité. Elle n'est guère plus étendue que les numi populorum, ur- bium et regiim, ni plus considérable que les grands cabi- nets publics ou des amateurs qui se bornent à cette partie.

491

En ma qualité de particulier, et sans être possesseur dune grande fortune, j'ai essayé d'exécuter cette idée, en réunis- sant, dans ma propre collection, les monnaies du moyen âge de tous les pays. Je ne puis certainement pas lutter avec les collections qui embrassent un pays seulement; mais, par les grands et nombreux voyages que j'ai faits de- puis cinquante ans , je suis parvenu à former des séries de monnaies plus complètes que ce qu'on trouve dans les cabi- nets ordinaires.

Comme preuve de ce que j'avance, je ne vous citerai pas les erreurs commises par des ignorants, mais par des au- teurs respectables. Si les monnaies de la Belgique et de la Westphalie avaient été mieux connues, un auteur anglais n'aurait pas fait d'un petit denier de G2ÎI2rn une monnaie de Canterbury et d'un esterlin de Munster, au nom du saint patron du diocèse, une monnaie du chapitre de Saint-Paul à Londres. Un Français a fait aussi des monnaies de SVR- DSRS (Stralsnnd, ville hanséatique très -connue) des pièces de Sonderbourg, petite ville de Schleswig, qui ne pos- sédait pas le droit de battre monnaie et qui ne l'a jamais usurpé. Bien plus tard et à.une époque postérieure à celle du type de ces pièces , une branche des ducs de Holstein prit le titre de ducs de Schleswig-Holstein-Sonderbourg et y frappa monnaie.

Il ne serait pas difficile de trouver d'autres exemples de la nécessité de connaître les monnaies du moyen âge de tous les pays, afin de pouvoir bien traiter une spécialité. 11 n'y a pas de doute que vous n'ayez une connaissance ap- profondie des monnaies de la Belgique et que vous n'ayez jeté beaucoup de lumière sur les monnaies noires et sur

492

beaucoup d'autres, mais vous etM. Lelewel vous êtes tombés dans une grande erreur à propos de la pièce n" de la planche V de ce volume. Cette petite monnaie de cuivre que vous attribuez à la seigneurie de Randerode, appartient à Eric de Poméranie, roi de Danemark (141 '2-1459). II frappa pareille monnaie à Odensée, en Fionie, et à Randers en Julland, et il en existe encore au même type pour Lund (•). Elles sont figurées à la planche XXVI du grand ouvrage sur les monnaies danoises intitulé : Beskrivelse over Danske mynter, etc.

Je regarde les monnaies byzantines comme appartenant plutôt au moyen âge qu'aux antiques, et j'observe avec grand plaisir que M. Penon étudie et traite avec succès cette branche si difficile de la numismatique; mais il publie, à la planche VII, comme inédite, une petite monnaie d'argent qui est connue depuis nombre d'années. Elle a été repro- duite une première fois sur une planche que le célèbre car- dinal Etienne Borgia a fait graver en 1774 et dédiée au pape Clément XIV. Il y avait rassemblé toutes les monnaies con- nues de Bénévent, son diocèse, des princes Lombards, etc., depuis Arigisio ad Georgium Patricium, qui eo ducatu potiti simt, et il n'a pas douté que ce ne fût une monnaie de Bé- névent. Dans le grand catalogue de la collection de M. Rei- chel, vous la trouverez au volume IX, p. H , 67, pour les princes de Bénévent, Georgius Patricius, anno 900. Je ne veux pas discuter si l'un ou l'autre a deviné juste. A la planche VII, 8, le même auteur a publié une pièce qui

(•) Nous remercions M. Thomsen de l'erreur qu'il nous signale, et nous en fai.sons sincèrement notre mea ctilpa. Ch. P.

493

louche un peu aux monnaies des Mérovingiens, et il est possible que les amateurs et connaisseurs de celte classe la lui disputent aussi.

Ce sont de petites erreurs qui me sont également arrivées. Je n'ai donc pas peur de corriger, mais bien peur de ne pouvoir enrichir la science.

Je suis bien curieux de connaître le résultat des recher- ches faites à propos des monnaies de cuivre à la légende ITîaOBVS RSX et Q^VX PSIiliTO, etc. Elles ont été bien promenées dans ma collection : d'abord je les ai placées avec celles des rois d'Ecosse, puis avec celles de Majorque. M. de Reichel dit qu'elles appartiennent à un roi de Chypre ou à un prétendant. J'ai bien observé qu'elles abondent en Belgique; mais les irouve-t-on et a été employé un type analogue?

Votre ancien ami ,

TlIOMSEN. Copenhague, 10 septembre 1886.

404

MEL4NGES.

Aux médailles frappées pour perpétuer le souvenir du glorieux anniversaire, célébré pendant le mois de juillet dernier, nous croyons devoir ajouter la décoration commé- morative que Sa Majesté a décernée aux officiers, ayant vingt-cinq années de grade et aux sous-officiers et soldats comptant vingt-cinq années de service à la date du 21 juil- let! 856.

La croix destinée aux officiers (pi. XVIII, fig. 1), est en vermeil; elle est émaillée de blanc et porte au centre le chiffre de Sa Majesté, entouré des emblèmes de la maison de Bourgogne (').

La décoration destinée aux sous -officiers et soldats (pi. XVIII, fig. 2), reproduit les mêmes insignes sur une médaille de bronze doré.

Les revers sont semblables aux avers.

Nous avons vu reparaître avec plaisir, en cette circon- stance, les emblèmes de la maison de Bourgogne qui nous rappellent tant de glorieux souvenirs et qui n'ont pas cessé de figurer sur nos drapeaux et sur nos monnaies, jusque vers la fin du siècle dernier. On sait que ces emblèmes font partie des insignes de l'Ordre de la Toison d'Or, institué à Bruges, en 1430. M.

(I) Les dessins qui ont obtenu la préférence de Sa Majesté sont dus à un de nos lionorables confrères.

495

On trouve dans la sixième livraison de la Revue archéo- logique, une Lettre de M. le baron Chaudruc de Crazaîincs, sur un tiers de sol d'or attribué à Charibert I, roi de Paris. M. l'abbé Balthazar, dans sa description de l'église du vil- lage de Bagneux, près de Paris, avait donné, comme preuve de l'ancienneté de ce village, le triens de Charibert au type du calice, avec la légende Bannaciaco, dans laquelle il voulait voir Bagneux.

M. de Crazannes, d'accord en cela avec tous les numis- mates, repousse cette attribution et établit parfaitement que ces pièces au calice ne sont pas de Charibert I, roi de Paris, mais de Charibert II, roi d'Aquitaine, qui forgeait à Ban-

nassac dans le Gévaudan.

R. Ch.

Dans notre notice sur un demi-quarteron de Gaillac, insérée dans la 3' livraison, du t. VI de la 2^ série de cette Revue, en donnant la nomenclature des poids monétiformes du midi de la France, publiés jusques à ce jour, nous avons oublié de mentionner les deux suivants que nous a encore fait connaître M. le baron Chaudruc de Crazannes (Revue archéologique française, numéro du 15 août dernier). Nous nous empressons de réparer ici cette omission.

Nar bonne. Ecu parti; le premier a une croix, à deux branches, dite patriarcale ou archiépiscopale; le se- cond a une clef de ville, chef de France aux trois fleurs de lis. (Demi-livre.)

Orthez. Pont surmonté d'une tour entre deux clefs.

La vache; armes du Béarn. (Quarteron de livre.)

R. Ch.

496

Après une interruption trop longtemps prolongée et qui commençait à inspirer des craintes aux amis de la science numismatique, la nouvelle direction de la Revue française vient de faire paraître le premier cahier du volume de 1 856. Ce premier cahier contient :

1" Une lettre de M. F. de Saulcy à M. le baron J. deWitte, sur les monnaies des prétendus rois de Galatie. M. de Saulcy attribue ces monnaies de cuivre à des rois inconnus d'une peuplade, moitié gauloise, moitié ibérique, de la Gaule narbonnaise, qui, sous l'influence du voisinage de Marseille, se servait de l'idiome des Grecs pour construire les légendes de ses monnaies;

Essai sur les statères de Cyzique, par M. Ch. Lenor- mant. Travail considérable et complet sur les statères d'or, de Cyzique ou Cyzicènes, accompagné de deux planches, gravées sur cuivre par M. L. Dardel \

Médailles frappées au v' siècle, en Carie et en lonie, par M. W. H. Waddinglon, avec une planche, par M. L. Dardel ;

Monnaie d'or de Raimon, comte de Barcelone, par M. de Longpérier, avec une vignette gravée sur bois. Celle curieuse monnaie porte d'un côté, en légende circulaire rétrograde : RAIMVNDVS COMES, autour d'une inscrip- tion en caractères arabes, imitation de la formule religieuse qui se lit sur la monnaie d'or du prince Hammoudite, Yahia roi de Malaga. On reconnaît aisément encore, sur la pièce du comte de Barcelone, le mot Casem, dont une moitié (Li) est placée à la première ligne, et l'autre moitié (*--,) à la cinquième.

M. de Longpérier établit parfaitement que celte pièce,

497

qu'on avait voulu donner à un comte de Toulouse, ne peut appartenir qu'à un Raimon contemporain du roi maure, dont elle imite le type , et que ce Raimon ne peut être que Déranger Raimon, comte de Barcelone, qui régna de 1017 à 1035. Le Bulletin bibliographique qui termine ce numéro est l'analyse du nouveau Mémoire de M. le marquis de Lagoy sur les deniers gaulois au type des Dioscures, dont nous avons rendu compte, page 108 ci-dessus.

À. Ch.

État des jettons d'argent et cuivre faits pour l'inauguration des seigneurs États de Brabant (en 1790', par le graveur général des monnaies belgiqiies , T. Van Berckel, ensuite de leurs ordres, savoir :

3,700 jettons d'argent pesant 196 marcs 2 onces 13 ester- lins, au titre de 1 1 deniers 19 '/s grains, faisant 193 marcs 6 deniers 16 %4 grains fin, à raison de 30 florins 17 sous 8 mittes par marc fin fl. 5,972 » »

Item, 4,400 jettons de cuivre, à raison

de 1 sol la pièce 220 » »

Item, pour la gravure des carrés, à raison

de 16 pistoles 168 » »

Item, pour frais relatifs à la gravure,- etc. 16 » »

Ensemble, en argent courant. . fl. 6,376 » » [Archives du royaume.)

SÉRIE. Tome vi. 52

498

La conférence monétaire réunie à Vienne , pour doter l'Allemagne d'un système uniforme de monnaie , est près de clore ses travaux. A côté de monnaies d'argent d'une valeur légale et fixe , il y aura des monnaies d'or, d'une valeur mobile et commerciale. En Allemagne, on considère les bases arrêtées provisoirement comme un grand pas de fait vers une complète union monétaire.

{Journaux politiques.)

Nous empruntons au Journal de Liège le texte d'une dé- pèche que le ministre des finances aurait, d'après ce journal, adressée à plusieurs négociants et industriels de Gand, en réponse à la lettre que ces derniers ont fait parvenir au ministre, en demandant que la Banque Nationale soit forcée de recevoir la monnaie d'or au pair, comme autrefois.

Celte lettre répond à toutes les divagations que les jour- naux, grands et petits, répètent à l'envi au sujet de celte affaire. Elle rétablit parfaitement la question dans ses véri- tables termes. R. Ch.

« J'ai l'honneur de vous faire observer, Messieurs, que c'est par erreur que vous invoquez, à l'appui de votre de- mande, une loi du 25 juin 1852. Cette loi n'existe pas; c'est sans doute à la loi du 5 juin 1832 que vous voulez faire allusion j l'article 25 de celte loi porte, en effet, que les monnaies décimales françaises d'or et d'argent seront reçues dans les caisses de l'Etat pour leur valeur nominale -

499

mais celte disposition, en ce qui concerne les monnaies <ïor, a été abrogée par la loi du 28 décembre 1850, qui fait ces- ser le cours légal en Belgique de toutes les monnaies d'or étrangères sans distinction. Par conséquent Messieurs, les pièces d'or de France ne sont plus considérées que comme marchandise, et la Banque Nationale, étant un établisse- ment particulier, a le droit de les refuser, ou bien de les accepter au taux qu'elle détermine.

« Je me vois donc, Messieurs, dans l'impossibilité de donner suite à votre réclamation.

« Mercier. »

Depuis plus d'un siècle, le rapport de valeur entre les deux métaux qui servaient simultanément d'étalons mo- nétaires dans presque tous les États de l'Europe, était d'en- viron quinze et demi à un. C'est-à-dire qu'un kilogramme d'or s'échangeait contre quinze kilogrammes et demi d'ar- gent. Les fluctuations peu sensibles qu'éprouvait ce rap- port par suite de la rareté momentanée d'un métal à l'égard de l'autre, donnaient lieu à une prime, et le com- merce des métaux précieux consistait à transporter l'or ou l'argent dans les pays le renchérissement de l'un des deux métaux se faisait sentir, pour profiter de cette prime.

Le système monétaire français, qui devint aussi celui de la Belgique, avait adopté le rapport fixe de quinze et demi, comme étant le terme moyen du rapport commercial variable.

Il était facile de prévoir que la découverte des gisements

500

aurifères de la Californie et de l'Australie devait amener , dans un temps peu éloigné, la dépréciation de l'or, et chan- ger le rapport de valeur entre les deux métaux.

Dans cette prévision, qui avait tous les caractères d'un fait inévitable, il y avait à opter entre trois expédients :

Frapper en grande quantité de la monnaie d'or et supprimer de fait, sinon de droit, la monnaie d'argent j

2" Augmenter le poids de la monnaie d'or, palliatif dont on aurait été amené à user à plusieurs reprises, et chaque fois que le rapport des valeurs aurait changé;

5" Enfin, s'en tenir à l'argent qui, à cause même des pro- cédés que son extraction exige, ne peut pas être sujet à des dépréciations rapides, comme l'or, et supprimer ce dernier métal en tant que monnaie légale. La monnaie d'or devenait alors une marchandise , un lingot dont le poids et le titre étaient certifiés par l'empreinte, en un mot, ce que sont les ducats depuis plusieurs siècles (').

Les gouvernements honnêtes et prudents de la Hollande et de la Belgique adoptèrent ce denier parti et démonétisè- rent l'or, alors qu'on pouvait encore le faire sans perte con- sidérable. Le gouvernement français, au contraire, donnant la préférence au premier expédient, fit forger des quantités énormes d'or qu'il achetait avec bénéfice en échange de son numéraire d'argent retiré de la circulation ; opération d'au- tant plus désastreuse qu'il est impossible de prévoir

î (') n y avait bien encore un moyen : diminuer le poids ou le titre des monnaies d'argent. Mais, celui-là, c'était tout simplement faire de la fausse monnaie, et en revenir crûment en cela comme en beaucoup d'autres choses aux errements du moyen âge. On préféra tourner la difficulté.

501

s'arrèlera la dépréciation de l'or. Ainsi, pour le bénéOee momentané que le Gouvernement a fait, dans cette affaire, aux dépens du pays, il expose celui-ci à subir, sans profit pour personne, la perte incessante que le numéraire d'or doit nécessairement éprouver.

Aujourd'hui, l'uniformité de notre système monétaire avec celui de la France n'existe plus. En effet, l'or contenu dans la pièce de 20 francs, monnaie française, ne vaut plus les cent grammes d'argent, à 0.900 de fin, qu'on trouve dans quatre pièces de 5 francs, monnaie belge. Le franc belge vaut donc plus que le franc français, et cette diffé- rence de valeur sera d'autant plus grande que la déprécia- tion de la valeur de l'or, comme marchandise, ira en augmen- tant. Elle avait été momentanément arrêtée par la guerre de Crimée, q.ui faisait exporter de France des capitaux consi- dérables , et par la crainte d'une conflagration générale en présence de laquelle il était prudent de thésauriser. L'or, alors, à cause de son plus petit volume, obtient une préfé- rence qui en hausse momentanément le prix. La paix, au contraire, doit rendre sa dépréciation de plus en plus rapide.

R. Ch.

M. E. Cartier père, fondateur et ancien directeur de la Revue numismatique française, vient d'être nommé cheva-

lier de la Légion d'honneur.

Jusqu'à ce jour, la valeur des nouvelles monnaies tur- ques n'avait été fixée en Grèce par aucun acte législatif ou

502

administratif; cependant elles étaient reçues dans les cais- ses de l'État à raison de 5 drachmes 20 leptas (') pour la pièce d'argent de 20 piastres, cl à raison de 26 drachmes pour la pièce d'or de 100 piastres.

Dans le commerce, ces monnaies ont un cours plus élevé; à Syra, notamment, elles sont reçues : la première, pour 5 drachmes 42 leptas, et la seconde, pour 27 drachmes 20 leptas.

La reine régente de Grèce a rendu, le 27 juillet 18S6, une ordonnance qui détermine la valeur pour laquelle les monnaies précitées seront reçues dans les caisses de l'État, à partir du 1" septembre prochain.

D'après cette ordonnance, la pièce d'argent de 20 pias- tres sera admise pour 4 drachmes 9S leptas, et la pièce d'or de 100 piastres, pour 23 drachmes 42 leptas.

(Journaux.)

On vient de frapper à l'hôtel des monnaies de Madrid plus de vingt millions de réaux en pièces d'or de lOOréaux. Ces pièces vont être mises immédiatement en circulation.

[Journaux du \0 oclobre.)

La police française a opéré l'arrestation de deux Espa- gnols qui mettaient en circulation dans la ville de Tarbes,

(') Le drachme (100 lepta;^) fr. 0-89 "/.bj.

b03

des pièces de 80 réaux espagnoles fausses, mais imitées avee une rare perfection. Les recherches les plus actives ont été ordonnées tant en France qu^en Espagne, pour ar- rêter le développement de cette coupable spéculation j il paraît que la fraude avait son centre et ses ateliers dans la province de Girone et dans celle de Huesca.

(Journaux du \0 octobre.)

Pour se guider au milieu des articles nombreux et variés qui composent les douze premiers volumes de la Revue, une table générale onomastique était devenue indispensable. Nous devons des remercîments à notre honorable confrère, M. Alexandre Pinchart, qui a bien voulu se charger de ce travail pénible et ingrat. La table générale paraîtra dans les premiers mois de 1857. Le prix en a été fixé à 3 francs pour ceux qui souscriront avant /e 31 décembre prochain.

M. le conseiller d'État, J. de Reichel, de Saint-Péters- bourg, est décédé, à Bruxelles, le H novembre, de la fièvre typhoïde. On sait que la collection numismatique formée par ce riche et savant amateur est une des plus belles et des plus considérables qui ait jamais existé. Le catalogue qu'il en avait publié, il y a quelques années, était devenu fort incomplet, et il se proposait de le refaire en y ajoutant ses nouvelles acquisitions.

504

EXTRAITS SOMMAIRES DES PROCÈS-YERBAUX

DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ DE LA NUMISMATIQUE BELGE.

SEANCE DU 14 SEPTEMBRE 1856, A BRUXELLES.

La rédaction du procès-verbal de la séniice précédente est approuvée.

MM. Payen, Bigant, comte de Renesse, Guioth et comte de Robiano font connaître qu'ils ne peuvent assister à la séance.

Il est donnékcturedela lettre de M. le comte de Robiano, par laquelle il présente, comme membres honoraires, diffé- rentes personnes , et propose d'envoyer gratuitement à tous les membres de cette catégorie, les publications de la Société.

Ces propositions seront discutées lorsque M. de Robiano sera présent.

L'assemblée passe à l'examen des propositions qui ont été faites à la Société relativement à la publication des mo- nographies des monnaies.

M. le baron de Pilleurs de Budingen communique un niéreau de plomb portant, à l'avers, un quadrupède et au revers IFI.

M. le major Meyers donne lecture d'une note sur la

505

nouvelle décoration et la médaille cominémoralive données par le roi, aux officiers et aux soldats qui ont vingt-cinq années de service. Cette note sera insérée dans les mélanges de la Revue.

M. Chalon exhibe une croix cabalistique ou alchimiste d'un travail renjarquable et M. le major Meyers un ester- lin de Trêves.

Le secrétaire donne lecture d'une note relative aux deniers luxembourgeois empreints d'un cavalier, qui ont fait l'objet d'observations héraldiques, dans la réunion pré- cédente, par M. de Robiano. Le secrétaire conclut de leur type, de leur poids et de leur module, que ces deniers ap- partiennent à l'époque de la majorité de Henri IV, comte de Luxembourg (1288 à 1509), et non à Henri l'Aveugle (1136 à 1196). Il croit donc qu'il n'y a rien d'étonnant si, sur le bouclier du cavalier de Henri IV, figure un lion, tandis que, d'après les observations archéologiques, cet em- blème héraldique ne peut avoir figuré au plus tôt que sur des monnaies de la fin du règne de Henri l'Aveugle.

Le secrétaire, Le président,

Ch. PioT. R. Chalon.

LISTE DES MEMBRES

DE

LA SOCIÉTÉ DE LA NUMISMATIQUE BELGE,

AU 10 NOVEMBRE 1836.

-*t^"

PRESIDENT D'HONNEUR A VIE : J(OACHIIH LELEWEL,

ANCIEN PROFESSEUR A l'oNIVERSITK DB WILNA.

MEMBRES HONORAIRES.

ROM» ET QUALITÉS. DATE u'aDMISSIOR.

MM.

Yonge-Akebmaw (John), secrétaire de la Société

des antiquaires de Londres -4 juillet 1841.

De Longperier (Adrien), membre de l'Institut de

France, etc

De Saulcy (Frédéric), membre de l'Institut de

France, etc

De Koehne (le commandeur B.), secrétaire de la

Société impériale de Saint-Pétersbourg

Lee (le docteur John), président de la Société nu- mismatique de Londres

Thoimsen (le chevalier), directeur des musées

royaux, à Copenhague

Vais derChijs(P. O.), professeur à l'université de

Leyde, etc

De Reichel (S : E : J ), conseiller d'État, à Saint- Pétersbourg 20 septembre 18i6.

De Schulthesz-Rechberg (le chevalier), colonel,

à Vienne

507

BOMS IT QOALITÏS. |)4TI d'aDHISSIOR.

MM. De Pfaffenhoffen (le babon) , chambellan de S.

A. R. le grand-duc de Bade, à Donauesctiin-

gen 20 septembre 1846,

De Meyer (le docteukj , conservateur du cabinet

des médailles, à Zurich

Meyer (J. F. G.), conservateur du cabinet royal

des médailles, à la Haye

Promis (le cueyalier Dominique), conservateur

des musées royaux, etc., à Turin

Cartier (E.), directeur de la Revue numismatique

française^ à Amhoise

Hermand (Alexandre), président de la Société des

antiquaires de la Morinie, à Saint-Omer

De la Saussaye (L.), ex-directeur de la Revue

numismatique, recteur de l'académie de Lyon. Sabatier (J.), membre de la Société impériale d'ar- chéologie, à Saint-Pétersbourg 4 mars 1849.

Cappe (H. Pli.), auteur de plusieurs ouvrages de

numismatique, à Dresde 6 juillet 1831»

Castellanos (don Basilio Sébastian), président

de l'Académie royale de Jladrid

FcsTAGUERAS Y FusTER (don Jaime), archéologue,

à Barcelone

De Berîvabé (don Ramon Polo), président du

séminaire de Sarragosse

DIRK.S (J.), avocat, à Leuwarde, membre des états

généraux ^

HiLDEBRAND (B. E.), conscrvatcur du musée des

antiques, à Stockholm

Leitzmann (le révérend j.), directeur de la Revue

numismatique de IVeissensée

Chaudruc de Crazannes (le baron), de l'Institut.

SORET (Frédéric), ancien directeur du musée, à

Genève., _

Mantellier (P.), conseiller à la cour d'appel d'Or- léans, clc

508 MEMBRES EFFECTIFS.

ROMS ET eCàtlTÉS. DiTB u'aDHISSIOII.

MM. Gbaloh (Renier), docteur en droit, membre corres- pondant de l'Académie royale, etc., à Bruxelles. Fondateur.

Davreux, pharmacien, à Liège

De Bethune (l'abbé) professeur, à Roulers

De Coster (Louis), membre de plusieurs sociétés

savantes, à Bruxelles

De Jokghe (Tliéodore), docteur en droit, membre

du conseil héraldique, à Bruxelles : . . .

De la Fontaise, ancien gouverneur général du

grand-duché, à Luxembourg

De Lansoy (Edouard), général, aide-de-camp du

Roi, à Bruxelles

De le Bidart de Thumaide (le chevalier), procu- reur du Roi, à Liège

Deltenre, avocat, etc., à Enghien

De Meïer (J.), rentier, à Gand

De Pitteurs de Budingen (le baron), proprié- taire, à Namur

De Robiaho (le comte Maurice), membre du con- seil héraldique, à Bruxelles

EvERAERTS (Antoine), conseiller communal, à Lou-

vain

GODDONS (G.), greffier, etc., à Louvain

GmoTH (J. L.), ingénieur en chef, à Anvers

JlîSTEN (J. A.), fabricant, etc., à Bruxelles

JttEYERS (M. B.), mujor du génie, à Bruxelles

Payen, artiste peintre, à Bruxelles

Perreau (A), agent de la Banque, à Tongres

PiOT (Charles), docteur en droit, employé aux ar- chives du royaume

Serrure (C. P.), docteur en droit, membre corres- pondant de l'Académie royale, recteur de l'uni- versité de Gand

Vas Bockel (G.), ancien bourgmestre deliouvain.

509 ~

NOMS ET QUALITÉS. DATE d'aDHISSIOU.

MM.

Vas DEn Meeh (G. J. C), propriétaire, à Tongres. Fondateur.

Van Miert, pharmacien, conseiller communal, à

Mons

IIebry-de Cocqueau (François), docteur en droit, membre de In députation permanente du conseil provincial du Brabant, à Louvain 6 octobre 18^.

I^fOTHOMB (le baron), ministrc plénipotentiaire de

Belgique, à Berlin 20 septembre 1846.

HERRY-VERMEi'LEi«(Eugène), propriétaire, à Gand. 5 mars 1849.

Lefevre (E. C), rentier, à Gand

CuYPERS VAN Velthoven (Prospcr), membre de

plusieurs sociétés savantes, à Bruxelles 1 juillet 1849.

PiKCHART (Alexandre), employé aux archives de

l'Etat, à Bruxelles

Petit-de Roses (.1.), propriétaire, membre de plu- sieurs sociétés savantes, à Tongres 4 juillet 1832.

JNami'R (A.), secrétaire de la Société royale, à Luxem- bourg

BiGANT (le chetalieb) , président à la cour d'appel

de Douai

De IIenesse-Bbeidbach (le comte), sénateur, à

Bruxelles 6 juillet 18à'6.

ASSOCIÉS ÉTRANGERS.

NOMS ET QUALITÉS. DATE d'aDHISSIOR.

MM.

De Roye de Wichen (A. J. B.), colonel au service

des Pays-Bas, à Nimègue ii octobre 18S6.

JXiJHOFF (Martinus), libraire, à la Haye

DuQVENELLE (Vlctor), membre de l'Académie im- périale de Reims, correspondant de la Société des antiquaires de France, à Reims 28 octobre 18S6.

Sacbinet (Etienne), trésorier de l'Académie, etc.,

à Reims

510

NOMS ET QUAtlTBS. DATE d'adMISSIO».

MM.

Boulanger (G.) , ingénieur, à Metz 3 novembre 1856.

Penon (C.) , négociani, à Marseille

MORiN (Henri) , fils, banquier, à Lyon

Bretagne, directeur des contributions directes, au

Puy _

Salmow (Philippe), avocat, à Sens-sur-Yonne. ...

Dancoisnes (L.), notaire, à Henin-Liétard

Farez (Fénelon) , conseiller, à Douai

Minart, _

BUREAU DE LA SOCIÉTÉ PENDANT L'ANNÉE 1856-1857.

Président : M. Renier Chalon.

Vice-président : M. le comte Maurice de Robiano.

Secrétaire .• M. Charles Piox.

Contrôleur : M. G. Goddons.

Trésorier : M. Alexandre Pinchart (i).

COMMISSION DE LA REVUE MM. Renier Chalon.

Louis DE COSTER.

Charles Piot.

(') M. Pinchart ayant, dans le courant d'octobre, donné la démission de ses fonctions de trésorier, celles-ci sont provisoirement remplies par M. le secrétaire, en attendant l'assemblée générale annuelle.

M\

SOCIÉTÉ DE LA NUMISMATIQUE BELGE.

LISTES DES OUVRAGES REÇUS.

Bulletin de rAcadémie royale de Belgique, 8 du t. XXIII, in-8<>. Bulletin de l'Institut archéologique liégeois, t. 2, 1836, in-S". Zeit- schrift des historischen Vereins fur Niedersachsen, année 18S3, l" et livraisou, 1836, in-S». Bulletin de la Société archéologique de Sens, année ISS-î, in-S». Revue numismatique, publiée par J. de.Witte et A. de Longpérier, 1. 1, 20 série, n»» 1 et 2. Revue trimestrielle, 3* an- née, t. 4; 18S6, in-8o. Archives de l'art français, année, livraison, in-8o. Archives du nord delà France et du midi de la Belgique, série, t. 5, livraison, in-8». Bibliothèque de l'école des chartes, i" série, t. 2, 6elivraison, in-8o. Le cabinet historique, 2e année, livraison 8 et9. Aenwinster van de penning verzameling van het friesch genootschap, 1853-1836, door J. Dirks. Messager des sciences historiques, an. 1856, livraison, in-8<».

TABLE DES MATIÈRES.

IMEIUOIRES.

Pas.

Lettre à M. racadémicicn de Dorn, directeur du musée asiatique, à Saint-Pe'tersbourg (troisième lettre sur les médailles orientales

inédites de la colleclion de M. F. Soret), par M. F. Soret 1

Un esterlin de Henri III, contrefait par Thierri, comte de Clèves,

par M. R. Chalon 42

Conjectures au sujet de quelques monnaies (seconde lettre adressée

à M. le major Meyers), par M. Ch, Piot ii

Monnaies de Navarre frappées au nom du roi Ferdinand d'Aragon,

par M. R. Chalon 61

Monnaies trouvées dans un camp franc du vi« siècle, par M. Ch. Piot. 70 Poids monétiformes du midi de la France ; ua quarteron de Mire- poix, portant la date de 1310, par M. R. Chalon 73

Notice concernant des monnaies de Kessenicli, Homes, Grave, Ran-

derode , Stevensweerd et Rcckheim, par M. Ch. Piot 76

Lettre à M. le conseiller d'Etat actuel de Dorn, directeur du musée asiatique, à Saint-Pétersbourg (troisième lettre sur les médailles orientales inédites de la collection de M. F. Soret, partie); par

M. F. Soret 129

Notice sur un denier inédit d'argent de Tetricus I, parM. A. Namdr. 178 Description de quelques médailles bysantines (troisième lettre à

M. le marquis de Lagoy, à Aix), par M. C. Penon 187

Monnaies des seigneurs de Borkulo, par M. R. Chalox 197

Notice sur Pascal Fenel, numismatiste, par M. Ph. Salmon 20i

Biographie du graveur Jean Jacques Folkema, par M. A. Pinchart. 223 Sur un revers unique de Carausius, par M. G. Dubois-Lets 2î)7

813

Essai sur quelques monnaies inexpliquées. Lettre à RI. Thomsen,

conservateur du cabinet royal numismatique, à Copenhague, par

M. Ch. Piot , 263

Imitation d'une monnaie de Hainaut par Arnold de Stein, par M. R.

Chalon 274

Monnaies belges trouvées en Irlande. Esterlins d'Agimont, de

Weert, de Statte ( Huy), d'Yves, etc., par M. R. Chalon 277

Le denier de Charlemagne frappé à Liège, et le berceau de ce

prince, par M. Ch. Piot 293

Poids monétiformes du midi de la France. Un demi-quarteron de

Gaillac, portant la datedelô^îl. Par M. R. Chai-on 301

Encore un poids monétiforme du midi de la France, par M. le baron

Chaddrbc de Crazannes r. , 304

Notice sur des monnaies noires et de billon de Reckheim et de

Stein, par M. Ch. Piot 309

Méreaux d'Audenarde. Notes supplémentaires, par M. Ed. Van-

DERSTHAETEN 324

Existance douteuse d'un jeton relatif à la ville d'Audenarde (1677),

par M, Ed. Vakderstraetkn 33S

Une décoration algérienne, par M. R. Chalon 339

Lettre à M. Ilucher, du Mans, sur une médaille anépigraphe, iné- dite, au type du cheval surmonté de l'aigle éployé ou supcrvo-

lant, par le baron Chaddruc de Crazannes 383

Notice sur un triens inédit d'Avallon, par M. Ph. Salmon 392

Trouvaille de monnaies du onzième siècle, par M. de Coster 398

Trésor numismatique de la fin du quatorzième siècle et du commen- cement du quinzième découvert à Echternach, en I85'6, par

M. A. Namdr 440

Revendication au nom de Robert II d'Artois, des deniers qui lui sont contestés, par M. Alex. Hebmand 467

CORRESPOniD AJy CE .

Lettre de M. Chaddkdc de Crazannes à M. R. Chalon 96

Lettre adressée à M. Ch. Piot par M. Thomsen 104

Lettre de M. A. Durand à M. R. Chalon 106

Lettre de M. le comte M de Robiano à M. Cn. Piot 342

Lettre de M. de la Fontaine à M. R, Chalon 351

2* SÉRIE. Tome vi. ' 33

514

Lettre de M. Alex. Hermand à M. R. Gh&lon 3i5

Extrait d'une lettre de M. Thomsen à M. Piot 490

JHÉLillVOEfil.

Supplément à l'Essai de monographie d'une série de médailles gan- loifes, par le marquis de Lagoy. M. Wiener et la médaille du 25'" anniversaire de l'indépendance nationale. Un noble de Campen, inédit. Les Monnaies de Hildesheimj par M. Cappe. La Revue de M. Cartier cesse de paraître. Catalogue de M. Carlo Kdnz , de Venise. Numismatische Zeitung , de Weissensée. Atelier monétaire de Neuville -sur -Saône. MM. Plantet et Jeannez. M. Victor Langlois, Appendice à la Nvmismalique de la Géorgie. Un jeton d'une abbesse de Sois- sons. M. de la Fontaine vend sa série de monnaies romaines. Appel aux amateurs par MM. Poey-d'Avant et Bigot. M. Braemt

et la médaille de M. Ch. de Brouckere. 108

Essai sur l'histoire monétaire et numismatique de Béarn , par M. G. Bascle de la Grèze. Recherches sur l'explication des mo- nogrammes de quelques médailles des derniers temps de l'empire d'Occident, par M. le marquis de Lagoy. Un article des comptes communaux d'Audenarde. Description du cabinet de M. l'abbé //..., par M, DE WiTTE. Une monnaie de Gronsveld inédite La médaille des Fêtes nationales du 21 juillet. Supplément à l'ou- vrage de M. Van der Chijs, par M. Cdypers. Retraite défini- tive de M. Cartier. Nouvel ouvrage de M. Fillon. Nouveau mémoire de M. Soret. Jeton pour la Fête du 21 juillet. Mon- naies de Brandebourg, par M. Weidhas. Méreau de Pierre Mo-

retus. La Belgique conservera sa monnaie de cuivre 25t

Examen du mémoire de M. Serrure fils, sur les monnaies de Saint- Omer. M. ScHWErTZER. Lettres de B. Duvivier. Médaille du prince Charles, par Suggeri. Sol contrefait de Château- Regnaud. Monnaie inédile de Jlargueritc de Bréderode, ab- besse de Tliorn. Un jeton tournaisicn. Pièce énigmatique. Deux monnaies de Liège inédites. VAthenœum français. Nouvel ouvrage de M. Van der Chus. Ventes de médailles en Hollande. Grande médaille du 21 juillet, par M. L. Wiener. Jetons du 21 juillet. M. A. G. B. Sciiayes. Blàtter fiir

545

Mùnzkunde, (Je M. Grote, de Hanovre. Affinage des monnaies. Médaille de la guerre de Crimée. Démonétisation du cuivre français. M. Holmboe. Vocabulaire du monnayage. Une

mine d'argent en Belgique Soi

Décoration commémorative du 21 juillet. Lettre de M. le baron Chaudruc de Crazannes sur un tiers de sol attribué à Chnrihert /. Poids de Narbonne et d'Orthez. La nouvelle Revue numis- matique française. Jeton des Etats de Brabant, en 1790, par Van Berckel. Conférence monétaire de Vienne. La banque et les monnaies d'or françaises. Danger de conserver l'or comme étalon monétaire. M. Cartier, décoré de la Légion- d'Honneur. Cours des monnaies turques en Grèce. Nouvelle émission de monnaies d'or à Madrid. Faux monnoyeurs. Table des douze premiers volumes de la Revue. Mort de M. J. de Reiche! ... i'H

NscROLOGiz:. 31. l\Ieynaerts, de Louvain . 125

31. Victor Gaillard 383

Société la. MUinisMATiQtiE belge. Extraits sommaires des procès-verbaux.

Séance du l*"- juin 1856 253

Séance du 6 juillet 1856 380

Séance du M septembre 1856 lOi

Ouvrages reçus UH, 256, 58^, 51 1

Liste des membres de la Société de la numismatique belge, au 10 no- vembre 1 856 ii06

TABLE DES PLANCHES ET DES FIGURES,

AVEC RENVOI AUX PAGES OU ELLES SONT EXPLIQUÉES.

Numéros Numéros

des des

figures. pages.

Planche I.

i. 2. 5. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10.

12 \i 16 21 23 26

33 151 133

Planche II.

II. 12.

13. U. 13. 16. 17. 18.

132 137 131 13^ 136 161 172 173

Planche III. i 124

Planche IV.

1 73

2 61

3 42

i 116

Planche V.

1 hi..

3à8..

9àl2. 13àl6. 17à 19. 20,21..

22

23

24.....

23

252.

26 à 28!

29

30

78 79 80 81 82 83 84 86 89 90 89 90 92 95

Numéros Numéros

des des

figures. pages.

31 93

32, 33. . 94 34 à 37. 93

Planche VI.

1 50

2 103

3 à 6. . 71

Planche VII.

1

191

2,3...

193

4,3...

194

6,7...

193

8

196

Planche

VIII

4..

312

3à7 ,

314

8 à 10.

513

11,12..

518

15 à 17.

ôl.)

18 à 28.

517

29

318

30

520

51 à 33.

521

315 à 41 .

522

42 à 44.

525

Planche IX.

Ià3..

201

Planche X.

1 178

2 232

3 2i6

Planche XI.

1.... 2.... 3.... 4,5.. 6... 7,8.. 9,10. 11...

264 263 267 268 269 270 271 275

Numéros Numéros

des des

figures. pages.

Planche XII.

1 278

2 280

3 2H2

4 283

5 287"

6 288

7 289

8 294

Planche XIII.

1 274

2,3... 368

4 366

3 567

Planche XIV.

1 503

2 501

Planche XV.

1 558

2 565

3 366

Planche XVI. 1 569

Planche XVII. 1 à7, 538, 539

Planche XVIII. 1,2... 494

1 ù 3.

367

Planche XIX.

1

4.

6à8..

9,10..

11

12

126f«,13 14

401 402 405 404 403 406 407 408 409 410

Numéros Numéros des des

figures. pages.

Planche XX.

13 410

16àl8. 411

19 412

20 413

21,22.. 414

23 à 23. 413

26 416

27 à 29. 417

30 419

31,32.. 420

Planche XXI.

53 424

34 426

53, 56 . . 427

57,58.. 429

59 à 42. 451

45 à 43 . 452

Planche XXII.

46 433

47 à 49. 436

30 à 32. 4.57

33 438

34 429'

33 458

Planche XXIII,

1 444

2 445

3,4... 446

5 à 7.. 447

Planche XXIV.

8 à 10. 449

Il 435

12 433

13 436

Planche XXV.

14 457

13 à 17. 459 18 463

--iV.j] DU LA NUMISMATIQlTEi £ET.,aF; . 18 56

•^- f'â^^t^^ize^^x^^A^t^, af.^<^.

I

REVUE DE lATJlTMISMATIQUE BELGE. 185G.

PL.ir

^ P^yn.^'É»7-z<£'^ice^avi'. ei^^€^.

REVUE DE LA NUMISMATIQUE BELGE. 1856. PL W:

S/^. /âyi.s£>»ft<24r^<>- C-. ci^eZ.

*,aiimfmk'SS&S&èi^

BEVUE DE L.

PL.V,

'.'mmnatmymii IWiWWMaW

BEVUE DE LA ÎÎUMISMATIQUE BELGE. IBbfi. FL VI

rw

BEVUE DE LA NUMISMATIQUE BELGE. 1856

pi.yn:

4^"ffl

,^ /^«i^-re-ta^e^é^o. ^^ii/'--

EEVUE DE LA

ELVJll

BEVUE DE LA NUMISMATIQUE BELGE. I85G.

PL.K.

A.

■^'-X'.

^y-

,^ Y^ft£ii»/ta^t»y./iii^. i^e^

BEVUE DE LA NUMISMATIQUE BELGE. 1856

PL.X.

â'.''^7U^êftcCa£/»n. . afe^.

REVUE DE LA NUMISMATIQUE BELGE. 1856. PL.XL.

c^ i^ln^ziireoatc^i^e^. aiîg^

REVUE DE LA NUMISMATIQUE BELGE. 185a PL. 101.

Sf. ^'v^X'Tf^j^a^ta^a^ii^fi^. aU^\

( ^-.'««iVf «^«,(^; (»^.

REVUE DE LA NUMISMATIQUE BELGE. 1856. PL Xl\^

'/ Va^tt/^ic^a^-Zé^n, i/^y-

REVUE DE LA NUMISMATIQUE BELGE. 1856. PL. XV.

CD.

B.B.

./ /^Tïïi^^^aîie^^^t-, 0^0^ .

E.EVUE DE LA NUMlaMATlQUE BELGE 18 56 PL XVII.

Tableau du, dta''oÙTsemeni> diL moduIe-dM denùnf^rappes &v St^iqvue- okfâSiisja

I

J^J' y -it^f-cfj»' ■^y^x^^-'t-. (*««^

BEVUE DE LA ^NUMISMATIQUE . BELGE. I85S..

PL.XM.

t'- l:i'fu^ft4*fa.e^<^z>.<^n.6.

-^ -V ^ ^ DiliiJOrj i<'; ,

S. i'd-rfe^«-n£^^^yt' a^*^.

EEVUE DE LA NUMISMATIQUE BELGE. 1856.

PL.XX.

5< i^à^ta^^t^^i^crt, . c^e^.

EEVUE DE LA ÎIUMISMATIQUE BELGE. 185G.

PL XXI.

REVUE DE LA NUMISMATIQUE BELGE. 1856. PL.XXIL.

S^ l^^afuÙM^^,*t. e^

REVUE DE LA NUMISMATIQUE. BEIGE, 1856. PL.XXIE.

€f. roi/ff.£é^n^ei£et,«é^. e^e^.

REVUE DE LA NUMISMATIQUE. BELGE 1856. VhYm.

t^f^/*a:*^<x^fi^»^. c^0^ .

REVUE DE LA NUMISMATIQUE BELGE. 1856.

PL .XXV

A

s<C/-Il;^ji^

'Z^

&.ySinai*rvo(a*^»/p. oCti-

1

BINDI

4UL291970

CJ 3

t. 11-12

Revue belge de numisrnatiqu et de sigillographie

PLEASE DO NOT REMOVE CARDS OR SLIPS FROM THIS POCKET

UNIVERSITY OF TORONTO LIBRARY