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Toronto

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REVUE

DU

LINGUISTIQUE

ET DE

PHILOLOGIE COMPARÉE

TOME XL

^

REVUE

LINGUISTIQUE

ET DE

PHILOLOGIE COMPARÉE

RECUEIL TRIMESTRIEL

PUBLIÉ PAR

JU LIEN VI NSON

PROFESSEUR A LÉCOLE NATIONALE DES LANGUES ORIENTALES VIVANTES Avec la collaboration de divers savants français et étrangers

TOME QUARANTIÈME

CHALON-SUR-SAONE

IMPRIMERIE FRANÇAISE ET ORIENTALE

E. BERTRAND ^

5, Rue des Tonneliers, 5 i>v I

1907 <L \ ^- 1 ^

%

LA LANCxTIK

ou LKS LANGl^ES 1151^:1 11 ILXXKS

COUP D'ŒIL PRELIMINAIRE

La Ihéorie ibéro-basqiie de Guillaume de Humboldt n'élait que la régularisation scientitique d'une hypo- thèse déjà ancienne : les écrivains des derniers siècles, lilléraleurs, historiens, géographes, avaient fait un raisonnement logique, mais enfantin: puisque, disaient-ils, il y a eu en Espagne des habitants anté- rieurs aux Komains, aux Carthaginois et aux Celtes, et puisqu'on parle encore, en un coin de la Péninsule, un idiome qui n'est ni celte, ni punique, ni latin, le basque est évidemment la vieille langue originale. El c'est ainsi qu'on a été amené à expliipier, ou plut(H,à chercher à expliquer par le basque les légendes mo- nétaires, les monuments épigrapbiques que le latin ou le phénicien ne pouvait suffire à interpréter. Je n'insiste pas sur l'histoire des études ibérieimes, sur les objections que souleva la théorie de Humboldt,

o

notamment delà part de M. Van Eys et de la mienne. Tout dernièrement, un jeune savant, M. E. Philipon, a cherché à ruiner définitivement celte théorie, en montrant que la langue ibère avait un caractère indo- européen très prononcé: les démonstrations de iVI. E. Philipon ne me paraissent pas décisives; il a d'ail- leurs aussi, à mes yeux, le loit de s'attacher trop étroitement aux théories de l'école des néo-grammai- riens allemands, M. Brugmann et autres.

Grâce à la belle publication de M. Ém. Hiibner, l'étude des monuments, qui sont parvenus jusqu'à nous, de la langue ibère est h la portée de tous. Ces précieuses reliques consistent en quelques mots rap- portés par les vieux auteurs ; en noms propres, géo- graphiques pour la plupart, en médailles, en inscrip- tions. Les légendes monétaires et les inscriptions sont écrites, le plus souvent, au moyen d'un alphabet dérivé du phénicien ; quelques-unes sont en lettres latines cependant.

Sans aflîrmer qu'elles soient toutes d'une exacti- tude absolue, on peut adopter, |)our les caractères ibères, les lectures de M.Hiibner ; elles sont certaine- ment plus exactes en tout cas que les divers systèmes qui ont été proposés avant lui.

Au premier coup d'oeil, rien dans c^s mots, dans ces transcriptions, ne paraît Ijasqiie. Des fantaisistes ont bien vu idibidea « chemin de bœuf », et oros- pidca « clifmiii de veau » dans les noms donnés par

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Pline à deux chaînes de montagnes, idubeda el oros- peda; mais... On peut, avec plus de vraisemblance, assimiler Voeaso de Strabon à VOyarziin des envi- rons de St-Sébastien : oyarzim, ou mieux oiharzun, vent dire « écho »; c'est un composé polysynthé- tique ^Qoihu « cri », harri « pierre, roc, mont », zu « dérivative locative » et n suffixe participial.

Si nous nous occupons tout d'abord des textes en caractères latins et des mots, fort peu nombreux, recueillis par les écrivains de l'antiquité classique, la première question qui se pose est l'exactitude des transcriptions, x^ous avons un moyen de contrôle dans les légendes monétaires : quelques-unes olfrenl le même nom lopographique en ibère et en latin ; d'autres, en ibère seul, sont avec certitude appliquées à des localités dont les noms sont déjà connus. J'ai fait, en conséquence, le tableau suivant ritali(]ue donne la forme ibère, suivant la lecture de M. Hûb- ner : arcailiqs argaeli, ausescn ausa, calaqriqs cala- gurris, cslhle castulo, cesse cissa, dmanki damania, diniu dianium, duriasu turiaso, litkscen otogesa, ieèfi iesso, ilurii- iliberris, iltrcescen ilergetes, illrd ilerda, ilthraca iliturgi, laiesccn laeetari, nei^lsp ncr- tobriga, plplis bilbilis, gnthrpa contrebia, saitp sae- tabis, àeqprices segobriga, seqsanhè SQg\sm]^a , imtcescn indicetes, urkekn mc\, wsecr//i osicerda. Il résulte de ce tableau d'abord que le latin représente parfois une forme différente de l'ibère {ausescn, ausa ; /i(kscen,

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otogesa ; ilurir, iliberris' ; ^lem/), nertobriga) et, qu'en général, d'ailleurs, la correspondance est exacte. Il n'y avait donc pas d'insurmontables diffi- cultés de prononciation; le //, rendu, tantôt par une voyelle, tantôt par un //, n'était évidemment qu'une aspiration ordinaire, ne ressemblant en rien à \a jota ou aux gutturales arabes; la jota s'est, on le sait, développée assez tard et provient d'un //semi- voyelle, d'pn / latin mouillé. Les explosives dures et douces sont mises souvent l'une pour l'autre, ce qui n'étonna pas cbez des Iranscripteurs qui n'avaient pas l'oreille exercée et attentive des linguistes; dans l'ibère, /, th, c, k et kh, (/ s, s, s h et même ?ret ??i, paraissent souvent employés l'un pour l'autre. Tandisque les voyelles initiales sont exactement con- servées, les autres paraissent moins fidèlement rendues : peut-on en conclure que l'accent étaitsur ia première syllabe? Entre deux consonnes, les voyelles sont souvent omises. Enfin, de certaines formes (awse, ausa; casthie, castulo; iesh, iesso; lilks, otogesa ;- îlîrd, ilerda ; cesse, cissa), nous pouvons déduire que

1. C'est ce mot iliberris qui a été le grand cheval de bataille des ibéro-basquisants; ils y voyaient les ilibcrri, ulibarfi, iilli- hairi, iribciri, hiribcrri « ville neuve », des divers dialectes basques. Mais la forme primitive de hiri paraît avoir été *kiri... D'ailleurs, on voit que iliberris correspond ici- à ilurir ; on peut,' il est vrai, soutenir que u est pour b, puisque les aquitains con- fondent p et b (felices popali, disait Scaliger, '/tiibics ciccre est bibere) et que /=r; alfana vient d'cqurts... Mais le r final? Un grand nombre de mots ibères commencent par t7 : est-il possible que ce soit « ville » ?

les , noms ibères se lei'niiiiHieiU souvent par luie voyelle sourde, atone, (luelquc chose comme notre e muet, que les latins ie[)résentèrent par a,e, o, ou qu'ils n'écrivirent i)as ; de là, les variantes dans les lé- gendes, comme arse, ars eiarm. L'alphabet |)hénicien, d'ailleurs, n'était pas fait pour l'ibère et n'y était adapté que très approximativement.

Si maintenant nous examinons les médailles et les inscriptions en elles-mêmes, nous verrons qu'elles se classent en trois catégories, celles du S.-O. écrites en caractères latins, celles du S. en caractères ibéros, mais de droite à gauche, et celles du N. et de l'E. écrites de gaucl e à droite. Il est facile de remarquer, dans le recueil de M, Hùbiier, que ces trois sys- tèmes correspondent à des terminaisons, des formes, des mots d'allures différentes. Il y a donc très pro- bablement des langues différentes.

.le ne prétends m'occuper ici que de celles du N. et de l'E.

Les médailles de ces régions offrent a priori deux types caractérisés, le premier, celui de l'est, par la terminaison- cen'{\^), kn (2), qm (5) et môme hn (1) ; le second par .s (13), è (20), èh (1), sa (1). .Mais, dans les premières, la syllabe en ou kn est parfois séparée et reportée sur l'autre face de la pièce (sesars \ kn, carsahs \ kn); elle manque parfois {icioe et icloekn, nerhn et nerhncen); elle est quelquefois remplacée par d'autres tinales [arse, arsesacen, arsecedr, arsgdr.

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arsagsocyra) ; d'îiulre pari, dans beaucoup de cas, le en, ccn, etc., est précédé de s ou plutôt s, qui est évi- demment un suffixe, car il manque lui-même assez souvent {auseacn, htkscen, iltrcescen, laiescen, unt- cesen, arsahshn, klaisqm, krncèqn, sethiscen ou sethi- scn d'inie part; auèescn et anèain, titres et iltrescn, setliis et sethiscen, sethisa et sethisar/m; alir, alirin, alircn, d'une autre; enfin, les variantes iltrd, iltrds; nertp, nertp.s: hrhsi, hrhèis; segprice, segprices; hilaucu, h? lances, hilaukes, hUauciqs, hilanceiqs; are, arats, arei, aregrads, areigrads, areiqratqs). Aux revers, on lit outre kn lin, ca, àhs. Que conclure de tout cela? vraisemblablement, que cen et ses variantes, n'est pas un suffixe, mais un mol séparé, correspon- dant au latin mun, munici {mumciinum), qu'on lit sur les médailles en caractères latins. Quant au s ou s, c'est incontestablement un suffixe, et très probable- ment le suffixe du génitif, la préposition ou, si l'on veut, la poslposilion « de » possessif.

Ainsi, l'élude des médailles nous amène à croire (jue, dans l'idiome ibère nord-oriental, le suffixe gé- nitif était s ou s; que la plupart des substantifs se ter- minaient par des voyelles, a ou e ; qu'en général, la langue n'admettait pas les groupes de consonnes autres que ceux formés avec r, 7i, l ou s ; que beau- coup de noms topographiques commençaient par ï7; enfin, que les syllabes cen, in, shs, ca, se ratta- chaient à des mots ayant le sens de « ville, commune, municipe », ou peut-être « monnaie ».

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Passons maiiilenjuil ,'i rexanieii «les inscriptions. Kcartons d'abord celles qui sont fausses ou suspectes: sur les soixante-seize autres, une vingtaine seuleuionl sont utilisables, pour des raisons diverses qu'il serait trop long de développer ici. Ce sont des pierres en apparence votives; des iiiuli, funéraires probable- ment; des ligurines, servant sans doute de tesscrcs; une coupe en argent, sans pied, destinée, suivant >I. Hiibner, à recevoir de l'argent; une plaque de bronze, trouvée a Luzaga; et une lame de plomb pro- venant de Castellon de la Plana. J'ai du laisser de côté, entre auti'es, le plat de terre de Ségovie, dont l'iiiscription, écrite de droite à gauche, est vraisem- blablement dans une aulre langue, ou tout au moins dans un autre système.

I. La laine de i>lomb de Castellon (n" XXII du recueil de Hiibnei) est évidemment le plus important, au point de vue qui nous occupe, des monuments de l'épigrapliie ibérienne. Découverte en août 1851, sur une hauteur appelée Puchol, près de Castellon de la Plana, dans un tumulus ancien, par M. de Portefaix, cor)sul de France, elle est aujourd'hui au Musée arché- ologique de iMadrid; elle mesure 0'" 435 sur ()'" 040. Elle contient 21 mots, séparés les uns les autres par trois points en ligne verticale, disposés sur quatre lignes que M. Hiibner transcrit ainsi (je dédouble les lignes i)our plus de commodité) :

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(^)irtaùns : airietnth : sinektn : urcecerere : aurunikiceai : asthkiceaie : ecariu : adnniu : kduei : itlisni : eosu : shsinpuru : krkr/iniu : qshiu : îithgm : kricarsense : ultthcraicase : arrjtco : aicag : ilcepu raies : îithsîniecarse.

I.a première lettre est douteuse. Mais, (juelle que soit la lecture, le groupement des caractères donne lieu à d'intéressantes observations. Il y a sans doute des fautes d'orthographe, des voyelles à suppléer, des lettres omises, etc. Cependant, le premier coup d'œil donne l'impression d'un idiome agglutinant, incorpo- rant, avec ses accumulations de suffixes terminaux -ccai, -ceaie, -aies, -craicasc, -carse, -case, -carsense. Un peu plus d'attention fait voir que aurunikiceai et asthkiceaie sont formés des mêmes sulïixes; si, comme on peut le supposer, Astliki esl le nom topographique Aslifji, Auruni doit être un nom de même espèce : ic, ou kic, est peut-être la dérivative « originaire de »; e une forme pronominale ou verbale, prise quelquefois pour une forme nominale, « celui qui »; ai, une détermina- tive, un suffixe adjectif; le e final de urcecerere est, selon toute apparence, une finale verbale de troisième personne singulière : ce dernier mot rappelle le nom de ville urkekti {urci, prov. de Tarragone) dont la racine urk-, urc-, pourrait avoir une signification de

«domicile, liabitalion, séjour, repos». De plus, l'exa- men montre que certains mots sont probablement des composés, shsinpiiru, ilcepur- ; quelques autres pour- raient se rattacher aux mêmes racines : ithsni, îilhfjtn, Tithsm; sinekten, shsinpiiru, stniecarse; slisiii- puru, ilcepur-\ deux mots ont des répétitions singu- lières, urcecerere, krkrlmiu; enfin un mot commence par ?</ et un autre par ?/ : sont-ils apparentés? L'ini- tiale il est, on l'a vu, très fréquente en ibère.

D'autre part, la forme et la disposition des mots conduisent presque nécessairement à partager ce texte en trois morceaux, le premier composé des six mots : (\3)itraùns, aii'ietntli, sinektri, urcecerere, auruni- kiceai, astliklceaie; le second, les neufs mots ecariu, aduniu, kduei, ithsm, eosu, shsinpuru, krkrhniu, r/shiu, ïithgm; le troisième, les six dei'niers mots, krimrsense, iilUhcraicase, argtco, aicmj, ïlcepuraies, ïithsiniecarsc. Il y a incontestablement trois tournures, trois com- binaisons différentes.

Le mot antépénultième aicag est rapproché par M. Hiibner de aigglegia qui est l'avant-dernier d'une inscription de la même région; et il ajoute qu'un dieu des Callaiques s'appelait Aegiamunniaegm . Il fait re- marquer aussi que Àstlikiceaie rappelle la ville d'Astigi et que Awvmikiceai ïa\i penser aux Àurunqvcs d'Italie.

Le seul mol dont le sens soit à i)eu près certain, c'est argico qu'on peut rapportera arethq, aredc, aredn, aredk, aregratok^ ; ce dernier rappelle l'inscription des

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médailles trouvées à Castellou et se lit areiijrads, areif/raUjè, arer/rads. Les premières formes sont en tète d'inscriptions et, dans un document })ilingue, malheu- reusement incomplet, arelhy correspond à lœic.cst.siL.. Ce mot aurait donc une signification analogue à <.< ci- gît, ici repose » ; niais je crois |>lutôt qu'il doit signi- fier « monument, tombeau, demeure » : ce (\u\ me conduit à le penser c'est que le même radical se retrouve dans des noms topographiques; or, un nom de ville peut très bien dériver de <.< habitation, demeure, séjour, etc. », mais non de « ci-gît ». Ce mot aredc excitera d'ailleui'S sans doute l'ardeur des Bascomanes; ils ne manqueront pas d'y lire araduc, c'est-à-dire aran duc, puisque la nasale terminale est souvent omise; aran serait synonyme de an, car le suffixe du génitif et celui du locatif sont semblables; an ou han duc veut dire : « tu as, est », hic est silns. . . ; mais la forme pri- mitive anti(iue ne doit être ni an, ni han, ni haran; ce serait kan, ou haran; (\e plus il faudrait, non pas i< », mais « ici », ctncn, hcmcn, kcmen. Le verbe convenable serait datza «jacet». Il faudrait donc kenien datzak, ce qui ne va plus avec aredc. Je n'ai pas besoin de rappeler les discussions sur la primitivité de h ou de k\ pour moi, le k est antérieur, comme le prouvent la loi naturelle du moindre effort, le maintien du /.• à la fin des formes verbales, le kdekume dans les conq)osés prosthétiquesde hume « petit », la mutation en dentale dans baiiah « parce que tu es » pour baihaiz, bai- kaiz, etc.

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i^ous avons vu loutà l'heurt' que kic, e, ai, es, sont probablement des suffixes <^r;iniiiiaticaux, des désinen- ces formelles; nous en avons d'autres dans lu et u, danscoet?/i, n, et. La terminaison ic se retrouve dans d'autres inscriptions : ucasuitic, oïnaîc, auedunic (XXXIl), Incanuj {\L\),casllomic{Wj\). Mous retrou- verions aussi ai, ci, ni, etc; nous y reviendrons.

Peut-on au surplus émettre une conjecture sur le sens général de ce document? Peut-être. M. Hiibner dit : « Cum in sei)ulcro reperta sit lammina, conti- neatque unum sallem vocabulum, arijlco, (juod ad sepulcrumspeclat, inscriplionemconiiciolegemaliquam sepulcralem conlinuisse, sive fortasse exsecrationem. Taies enim exsecraliones scimus Graecos Homanosque in plunibo scriptas sepulcris indidisse; nomina de- functorum vix aut raro plumbo inscribebantur ». Wûnsch est du mémo avis, et je ne crois pas qu'on puisse avoir une autre opinion.

\j exsécralion est plus probable que la loi funéraire. QueUe formule a pu employer le propriétaire du tom- beau, le parent, l'héritier de l'Ibère défunt? Remar- quons que ce document est unique; il y a eu donc, la, l'imitation d'une coutume étrangère, par un étranger, un colon romain, ou un indigène ayant vécu à l'étran- ger ou au courant des habitudes romaines. C'est donc probablement en Italie qu'il faut chercher le modèle, la formule type. Si nous consultons la thèse si i"emar- quable de M. A. Audollent, De/ixionum labellœ, nous

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voyons (jue les tablettes des séimlcres contienneiU des exsécrations contre les ennemis du décédé, contre ceux qui ont causé sa mort, contre ceux qui pourraient violer son tombeau. Ouelquefois, les pallies princi- pales du corps de ces « voués » sont énumérées, pour être affligées chacune d'un supplice spécial. Or, la partie moyenne de l'inscription de Castellon se com- pose de neuf mots qui par leur disposition peuvent former une énumération de ce genre, et, parmi ces mots, quatre sontte^minèsen^^/, deux en u\ ne peut-on supposer que ces iu sont des duels, ces u des pluriels et le reste des singuliers? Dans cette hypothèse, peut- être pourrait-on traduire : ccariu « les deux yeux », aduniu « les deux oreilles», kduei <,< le nez », illwn « la bouche », eosu « les dents », shsinpurii « les or- ganes intérieurs », krkrhniu « les deux bras », qshiu « les deux jambes », titligm « le ventre » ou a l'organe sexuel». Le sin de èhsinpuru, qui serait un radical « intérieur », se retrouverait dans sinektn de la pre- mière partie et dans nlfisimecarse de h (\ermbve', le shs initial rappelle le groupe qu'on trouve sur quelques médailles, et qui, ainsi que nous l'avons vu, peut cor- respondre à l'idée de « cité, municipe » et sans doute aussi « chose privée, intime, intérieure ».

J'ai dit plus haut que s ou s devait être le suiTixe génitif; je crois en outre, et je reviendrai sur ce point tout à l'heure, que n pourrait être celui du locatif, de l'ablatif, et autres cas analoi^ues.

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Comment iiUerpriHer l;i première et In dernière des trois parties dont paraît se composer notre inscription? Elles contienent évidemment des verbes, pnisrpie la seconde partie n'est lormée que de noms (au rjominatif ou à l'accusatif, peu importe). Nous sommes amenés à voir des formes verbales dans les terminaisons se, peut-être des optatifs, et des formes participiales dans -ceai, -ceaie, -aies. Et j'imagine que le document tout entier exprime quelque chose comme ceci : « Airiemta, fils (ou fille) de /irtaima, demeure couché ici dedans, originaire d'Astigi, issu d'un natif d'Aurunigi: que les yeux, les oreilles, le nez, la bouche, les dents, les organes intérieurs, les bras, les jambes, le ventre, soient en proie aux maux, qu'ils le fassent soutîrir; de celui qui aura violé ce tombeau ! qu'il soit en exsécra- tion ! » .

C'est en tremblant que je viens d'écrire les lignes qui précédent. C'est peut-être vraisemblable, mais c'est peut-être aussi, c'est plutôt une fantaisie de mon imaginalion, un rêve de mon esprit surexcité, une brillante bulle de savon qui va disparaître sans laisser la moindre trace. N'y voyons qu'un exercice, qu'une distraction, qu'un jeu et... continuons.

II. La seconde inscription par ordre d'importance esta mon avis la plaque de bronze de Luzaga, mesu- rant 0 m. 15 sur 0 m. IG, trouvée en 1877 près de Huerta Hernando (Guadalajara, Sigiienza), avec quatre trous aux coins et trois au milieu, ipii ont servir à

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la fixer sur un mur ou sur une pierre. Hiibner lit (n" XXXV) :

areqratoks. cai'uh. cecei qrtca, lutacei. augà. ïrasihca erra. uela. tcerseks. .s// ueisui. mlailionoe cecis. cariqoe. cecis sdn. qrtcan. elasuchn caruh. thce^. sa qrtca thiuhreiçjs

Le premier mot est peut-être areqratodè, mais le k est plus probable.

M. Hiibner dit de cette inscription : « Tnstrumen- tum in aère inscriplum maioris sine dubio dignitatis fuisse putandum ([uam lammina Castellonensin plum- bea; oppidorum nomina si plura recte agnoscuntur, de tabella fœderis fortasse cogitandum. Sed modulus exiguus facit potius ut tabellam sive liospitii sive pa- tronalus esse existimem, quales in eiusdem generis lamminis aereis in Hispania prodierunt complures (C. II, 1343, 2210, 2211, 2633, 2966, 3695, 5792). Cf. tesserœ hospiliaies, n. XXXIX, XL. »

Si nous examinons ce texte en lui-même, en dehors de toute idée préconçue, de toute liypothèse, nous remarquerons: que le premier et ledernier mot se terminent par le même suffixe, s, qui se retrouve dans deux autres mots; 2" qu'il va deux mois en*, deux en ai, un en ai, trois en ca;3° que ca varie en

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can (fpica, qrtcan) et cis en cei (cecis, cecei) ; que l'on ;i d(Mix fois le groupe -ne cecis; que f/rica vient deux fois et (/rlcaii une; Q" qu'il va trois fois le suffixe n dans trois mots consécutifs.

Pour interpréter ce texte, j'observe que le mot le plus important est peut-être t/rlca (|ui revient trois fois et que nous retrouvons sur une ligure en bronze, ayant la forme d'un sanglier {aper,(\\l M. llubner)et qui était vraisemblablement une lessera hoapitialis ; on y lit en effet: lipaca. (jrtca. car : M. Hiibnei- y voit un insigne de l'alliance entre les Lipaciens et lesCariens: Lipaca serait lipaq^, dont on a des médailles dans la région de Pampelune. Mais, car peut être rapproché du caruh de notre inscription, et ce mot, ainsi que (frlca, indi- q.uerait, à mon avis, plutôt un titre, une fonction, une qualité : sur la plaque de Luzaga, les trois fjrlca sont suivis de mots l'on peut voir des noms topogra- phiques {Lulacci = Luzaga, elasuclin = Kkiiskuui, thiulireiys = Tinriga) : (/rtca pourrait être quelque chose comme « consul, qucnestor, princeps, jiagi ma- gister»; prenons (/uœslor pour plus de commodité. On supposerait donc : le questeur de Luzaga, le ques- ten des Elaisiciens, le questeur deTurriga. Un autre mot caruh, qui revient deux fois, est aussi accompagné de noms de villes, areijraloks et Ikces [Ttaf/s, dans la région de INumance, ou Hztces, dans la région de Tu- riaso); la première fois, caruh est suivi de cecei. J'imagine que caruh est peut-être un litre de fonction

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ou quelque chose comme « municipe, assemblée, sénat »; cecei, un qualificatif « grand, illustre, etc. » dont cecis, plus loin, serait l'adverbe. Le s ou s final, fréquent dans les médailles, serait un suffixe génitif singulier, qui servirait aussi à dériver des adverbes. Le document commencerait donc par une indication de ce genre : « L'illustre Sénat d'Aregrad.le questeur de Luzaga » [ei étant un suffixe qualificatif) et finirait par « le questeur des Elaisiciens, le sénat de taogs, et (ow avec) le questeur de Turriga >>. Dans l'inter- valle, il y a des génitifs en s, des nominatifs en ca et probablement deux formes verbales en oe'.W s'agit vraisemblablement de conventions inter-municipales. Sur les légendes monétaires, à Areqratoks corres- pond are, arei, arals, arer/rad, aregads (avec èhs au revers), areiqrads et areigratqè. Il y a sans doute un composé de are, ara, de fjrat et de qs, nous pouvons voir deux suffixes, dont q (ca?) et le s du génitif; et alors qrtqs serait une variante de qrtca, ce qui confirmerait mon hypothèse d'une signi- fication « municipale » pour ce dernier mot. Je trouve, sur les médailles, une terminaison semblable dans hilaucu, hilauces, hilaukes, liilauciqs (avec shs au revers), hilauceiaà, il y a de plus la dérivative locative eu, ke, ci. On trouve aussi arcailiqs, aratqs (et arats), calaqriqs,eoalaqs, gthlqs, ecailqs, ilaca{p)sq, lliuitsqs, lipaqs, niolqs, oeltiqè, piilaqs, et peut-être segsanhè, dont (juchiues-uns varient : esailifjs (de

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gauche à droite ). et emilq (de dr. à g.); gths, glhfja, (jlrn, (/ihkjs (de dr. l\ g.) ; nioh/m, moir/ts, molqs (de dr. à g.). Ces Uois derniers noms sont de la région d'Obulco.dans la Bétique orientale, région mixte peut- être au point de vue linguistique.

Dans le plat d'argile de Ségovie, les inscriptions vont de droite à gauche, on retrouverait la terminai- son om ou se que j'ai supposée optative ; mais est-ce la même langue, le même dialecte?

III. Nous avons vu que aredc et analogues ont un caractère funéraire à peu prés certain. Deux autres mots paraissent avoir le même caractère; nous les trouvons inscrits sur deux pierres trouvées à Sagonte et qui ont disparu, et sur une troisième qui est con- servée à Valence:

XXVIII. Nerseatn. îlcaine.

XXIX. Nersnatn. tlcatnde.

XXXI. b ilcatii. nskd. otcr. etnoi. s . . . n . . . .

n paraît difficile de voir dans ilcatne, ilcatnde, ikaln, un nom propre, car le même individu aurait eu trois sépultures. Le mot nersnatn ou nerseatn, dont nskd ne, diffère pas très sensiblement, ne doit pas être non plus un nom personnel. Faut-il rappeler que /te/' est le radical de <.< Narbonne », Narbn Martius,

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Nerim en ibère? Quoi qu'il en soit, si iiersnatti, ner- seatn, nskd soiit un seul et même mot, ou îles mots analogues de sens, il faut remarquer que le n final des premiers ne se retrouve pas cliez le dernier, mais qu'il revient deux mots après, comme si ces deux mots étaient des adjectifs, des compléments délermi- nalifs. liemarquonsde plus l'interversion de ilcalneou ilcatnde qui est au premier rang en XXXI et au second en XXVH[ et XXIX. Si je n'ai pas eu tort de supposer que e est une finale verbale et n peut-être le signe du locatif, nos trois légendes diraient quelque chose comme ceci : n XX VI 11. XXIX. Kn ce séjour il re- pose, il gît », et « XXXI. Il repose en ce séjour res- pectable, sacré (?) ». Le nom pro|)re aurait pu être ajouté dessous ou à côté.

IV. A ce propos, si je reprends les inscriptions commençant par aredc et ses variantes, elles se pré- sentent ainsi :

VI. aredc. atnqlaur. andhldu Fulvia lintearia.

VII. hic. est. sit...

aretliç) . adu... sacaritii. XXIII. aredc. sicduii. inelii. nereildun . d . . . XXVI. ai'e. de. aluni, iiscac. 1,'hln. a XLII.a. areqr ou ared/,\

De ce n*^ XLII.a, M. Hiibner dit : « Calinae (Ca- tania) in Sicilia in museo P. P. Henedictinorum, exstat vasculum (oenoclioe) Graecum pictum (figurae lu-

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brac siint in I'luhIo iiigro), allum m. 0. 19, cxliihens rnuliorein seilcnlorii, quae dexlra patcram tcnct, arti- ficii non eleganlis, quod saecuio fere quarto adscri- bilur. luxla in fundo lilleris accurale incisis inscrip- linn est... » L'irrégularité de l'orthographe est sans doute le fait d'un graveur étranger à la langue dont on lui avait donné un mot à écrire.

Maison peut se demander quel rapport il y a entre un vase vinaire, une femme tenant une coupe, et un mot paraissant avoir le sens de « monument funé- raire ». Serait-ce que ce mot signifierait proprement « repos, oubli, libération », par allusion au rôle con- solateur souvent attribué au vin, à l'influenee censée reposante de l'ivresse ?

Dans les quatre autres légendes, les mots qui suivent sont probablement des noms et des titres ou des qua- lités. Atnf/laur. andolsllu est-il, comme l'a supposé M. Hiibner, la traduction de Fulvia lintearia? Mais alors, je croirais plutôt que c'est andlsldu qui serait Fulma; ce mot est d'ailleurs composé, comme aussi l'autre; les deux expressions latines sont assez com- plexes et l'ibère aura eu besoin de périphrases pour dire « fauve » et « lingère » (ou « tisserand »).

Dans le XXVI, remarquez le suffixe -dun, sic- dun, nereildun. Ner r^[)ÇQ\\e Nerhn « iVarbonnev; eildun est-il parent de Veildul qui constitue à lui seul l'iiiscriplion n" XXXI? Malheureusement tout cela est fragmentaire. Ce n" XXXI devait peut-être élre joint à

~ 20 -

l'un des n«^ XKVIII, XXIX, XXXI. b, et était sans doute un nom de personne. Dun serait un sulFixe, une dérivative nominale; nous avons les combinaisons dunic, unie, nik, ic, m, ni, an, can, canik.

V. Ces deux dernières terminaisons se lisent sur le XLI, la coupe en argent sans pied, découverte en ■1618, près deCazIona; elle est aujourd'hui au musée du Louvre. lîUe contenait, quand on l'a découverte, 683 pièces de monnaies. M. Hûbner a supposé que' c'était une sorte de caisse, comme disent les com- merçants, contenant le trésor d'un individu dont le nom serait gravé sur la coupe. On y lit: Incanik goaercan que M. Hiibner interpréterait volontiers : « Lonca- nicus Goercani lilius »; je croirais plutôt que Incanik sérail un nom de pays, et goaercan un nom de per- sonne au locatif ou au datif : « à » ou « pour Goaerca de Lonca (?) ».

VI. Faut-il également voir un nom ou deux noms sur l'anneau d'argent trouvé, il y a une soixantaine d'années, dans un tombeau? Orné d'un onyx, ouest gravée une tôle d'homme barbu, aux cheveux crépus, regardant à seneslre, il porte la légende slsdotce. Si, comme je l'ai supposé, e final est une terminaison ver- bale, ce ce peut-être une sorte d'oi)latif ou d'impératif, vale ou cave par exemple; ou peut-être un passé «il a réussi, il a été heureux », etc.(iN° V de Hûbner).

VI. Je retrouve ce ou ko sur le cippe (n" IV) de Bar-

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celone, cippc funéraire, dit M. Hiihtier, et non votif, est écrit nnce illra zui, ce qui pourrait signilier « Nuce, d'Ilerda, a été mise ici (hic sita es!) ». Je croirais plutôt que le nom serait illra ou iltrazvi e que le verbe signifierait nuke, quelque chose comme « vixit ».

D'autres inscriptions, <iui [)araissent également fu- néraires, contiendraient des noms de personnes : le/ul il), shsirn iU), srès eo Ho (Wll) ; ekemos i\[[), etc. ; un fragment bilingue (XXXI, a.) porte : « Fa- bius. M. L. [sidorus... drliolhinen.h: . . drho est-il un reste de la transcription ou de l'adaptation d'Isi- dorus?

J'arrête ici cette tentative d'étude qui ne me parait à moi-même qu'une série de conjectures aventureuses. Je ne l'ai entreprise que par accident, si j'ose m'ex|)rimer ainsi, le hasard d'une recherche ayant amené sous mes yeux l'invitation que semblait m'a- dresse r iM. Hùbner :

a Speramus fore, si ad studia haec cxaminanda redierit vir doctissimus, ut leclionem sane scripturae ibericae aliquantum profecisse reperiat. » Dans cette tentative, je me suis laissé conduire par ce qu'Ale- xandre Dumas appelle v< le lil des inductions, ce (il qu'aux mains de l'abbé Faria, Dantés avait vu guider l'esprit d'une manière si ingénieuse dans le dédale des probabilités ». Et j'ose conclure :

Que la langue parlée jadis en Kspagne, au N.

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et, ;i V\i., écrite de gauclie ;i (lroil(î .-i l'aide de l'alplia- bet ibéro-pliénicien, était une langue ugglulinante très développée, sans doute incorporante, peut-être polysynthélique;

2** Qu'elle avait un système phonétique assez simple, qu'elle n'avait pas il'arliculations spéciales, et que sa prononciation [)e devait rien avoir de bien dif- ficile ;

Que, parmi les nombreux suffixes dont elle se ser- vait, on peut signaler les suivants: s ou è, « de » gé- nitif, n « à, dans, chez, par », ik « de, ex, origine », ei ou ai adjectif ou participe; e, en 3" pers. sing. du verbe avec une consonne précédente marquant le temps ;

Que cette langue était tout à lait différente du basque.

Celte dernière conclusion sera peut-être la seule à laquelle souscriront mes lecteurs. Je répète, moi-même, que tout le reste est bien audacieux et bien hasardé; je compte d'ailleurs reprendre celle étude plus à loisir. Aujourd'hui, je n'ai guère fait qu'une ex|)loration pré- liminaire, sans m'occuper aucunement des diverses autres tentatives qui ont étéprécédeniinoiit faites. Mais trouver la solution du problème? Ah ! si l'on pou- vait découvrir une inscription liilingue, conqilèle, de cinq à six lignes au moins !

En attenilaiit, nous sommes réduits à des hypothèses donl le lendemain monlre la fragilité, à i\(is propos!-

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tioiis, ;i des im.'iginiilions séduisunles, mais qui s'ef- facent coininc les plis des vagues à la surface des eaux, ((ui passent sans rien laissoM' après elles, comme ces astres rapides qui traversent l'atmosphère, comme ces bruits confus qu'on croit entendre dans les pro- fondeurs dus forets, dans l'ombre des nuits, comme les amours de Didon, comme les serments de Thésée, Quac ciincta aerii discerpvnt irrita vcnti !

Julien ViNsoN.

SUR LA BIBLIOGRAPHIE

DES LAiNGUES POLYNÉSIENNES

I

Dans une Introduction récemment publiée, le lec- teur a pu voir comment le groupe des langues poly- nésiennes constituait une famille distincte, dont l'étude sera le but des présentes recherches.

Aujourd'hui, Fauteur se propose, avant daller plus loin, d'indiquer une l'ois pour toutes la bibliographie des ouvrages assez nombreux qu'il a déjà parcourus.

Il existe sur la Polynésie une grande quantité de livres, et, par bonheur, un érudit en a dressé le catalogue. Cet indicateur précis, dun plan ingénieux, commode à consulter, fait honneur à la science an- glaise, envers laquelle nous aurons, d'ailleurs à con- ti'acter beaucoup d'autres dettes de reconnaissance, particulièrement en ce qui concerne la Polynésie.

Comme tous les autres ouvrages que je citerai, celui-ci portera la cote de la Bibliothèque Nationale ainsi abrégée (Bb. Nat.).

Cela ne sera pas d'une mince utilité aux curieux, et je regrette i)resque que la place me manque pour narrer les tribulations fantastiques, par lesquelles

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il faut passer avant d'oblenir la cote « exacte » d'un ou\Tage dans la « Première Bil)liotlièque de France ». Ceci dit, passons, et citons sans plus tarder :

Edwards (Francis), A catalogue of books relating to Poh'nesie » ; London, 1899 ; in-S". (Bb. Nat., 8», Q 2575).

Tous les autres volumes peuvent se diviser en deux catégories:

lo Les ouvrages de linguistique proprement dite (grammaires, vocabulaires, etc.).

2o Les relations de voyage, descriptions géogra- phiques, études ethnologiques et autres).

Point n'est besoin de dire que les ouvrages de la seconde catégorie sont beaucoup plus nombreux que les premiers. J'ai déjà expliqué pourquoi. La Polynésie nous a toujom\s été décrite par des voya- geurs qui n'ont été pour elle que des « oiseaux de passage ».

" Depuis Cook, Forster et Bougainville, tous ceux qui l'ont vue, pénétrés par son charme si cares- sant ont tenu à dire, sur le papier, leur enchante- ment.

Et si nous parcourons la série déjà longue des livres ainsi publiés, nous trouvons :

J. Agostini, « Tahiti », chez André, 28, rue Bona- parte (1905). (Ouvrage non encore déposé à la Bb. Nat.).

Henri Mager, « Le monde Polynésien » ; Paris, Schleicher frères; 1902, in-18, 250 p. (Bb. Nat, 8", G 7738).

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Monchoisy. La Nouvelle Cyllièrc »; Paris, Char- pentier, 1888; iii-12. (Bb. Nat., LK 13, 139).

Aylic Marin, « En Océanie » ; Paris, Charles Bayie, 1888; in-16. (Bb. Nat, P^ 128).

Parmi cette nomenclature, je signale particulière- ment un magnifique ouvrage, orné de photographies très intéressantes; c'est lœuvre collective des Missions catholicpies. ordonnée et éditée par le Père J.-T3. Piolet.

J. - B. Piolet, Les Missions catholiques au

XIXe siècle , A. Colin, 1902; tome IV, «Océanie». (Bb. Nat., L d\ 438).

Nous avons encore :

Jules Desfontaines. Les îles enchantées de la Po- lynésie »; Nantes, 1891; in-8o. (Bb. Nat., 80, G 6181).

Paul Claverie, Tahiti > ; Paris, Plon-Nourrit, 1891; in-18. (Bb. Nat., 8», G 7122).

Charles Lemirc. « L'Océanie française ; Paris, 1901: in-80. (Bb. Nat.. LK 13. 175).

Paul Huguenin, < Baiatea la Sacrée , Ues-sous- le-Yent de Tahiti); Ncuchàtel, P. Attinger, 1902; grand in-8«, 256 p. (Bb. Nat., LK 12. 1537).

Lesson et ^[artinet, « Les Polynésiens » ; Paris, 1881- 81; Leroux, 28, rue Bonaparte. (Bb. Nat., Pd^ 49).

Paul Gauguin et Charles Morice, « Noa-Noa >, aux éditions de la ;: Plume », 31, rue Bonaparte.

Bévue de lOcéanie française », pubUée mensuel- lement; Paris, Lille, 1902; in-fo. (Bb. Nat., N. S. 1345

(F.)).

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On a pu voir par celle énumératioii que j'avais renversé lordro des ealégories, en parlanl d'abord de la seconde; c'est qu'elle est à mes yeux la moins inléressanle. Toutes les relations de voyage semblent copiées sur les autres et reflètent à la longue une écœuranle banalité; retour des mêmes lieux com- muns, absence de détails précis et originaux.

Un seul livre échappe à ces reproches justifiés; c'est celui de M. Huguenin, ancien directeur d'école à Raiatea. qui connaît admirablement la langue, la région el les habitants donl il parle. Ce fait est assez rare pour être remarqué.

J'ai déjà insisté sur ce point, que seuls les mission- naires résidaient pom- les besoins de la foi dans les îles riantes, mais lointaines de la Polynésie équa- toriale.

C'est donc à eux que nous devons, pour la plus grande part, les travaux linguistiques dont je vais donner ci-après l'énumératio)!.

Mais la longue expérience acc[uise par eux. quel- quefois après vingt ans de séjour et plus, dans la prati([ue de la langue indigène, n'empêche pas, néan- moins, que le peu d'instruction générale et d'édu- cation scientifique qui caractérise les missionnaires, diminue singulièrement la valeur de leurs travaux.

Ainsi, pour ne donner qu'un exemple, croirait-on que. dans aucune des gi'amm aires publiées par les soins des missions, on ne trtnive de textes dans la langue tahitienne, samoane ou maorie ?

Cette inqualifiable négligeance dévoile une igno-

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raiice profonde de la linguistique et de ses besoins les plus immédiats.

Quelques spécialistes, comme Humboldt, Friedrich Muller, et Buslimann ont, il est vrai, réparé partiel- lement celle erreur, mais il n'en reste i3as moins vrai qu'un travail d'ensemble, scientifique et rigoureu- sement documenté, reste toujours à faire sur les langues polynésiennes.

Est-ce à dire que la science et l'érudition, de plus en plus actives et répandues, se soient désintéressées de la question 1

La liste des volumes déjà publiés est pour nous prouver le contraire.

Notons :

P. - E. Gaussin, •; Du dialecte de Tahiti.', de celui des îles Marquises et, en général, de la langue poly- nésienne », in-8o, 1853. (Bb. Nat., Inventaire, X 25514).

Mœrenhout (ï. A.), Voyage aux îles du grand Océan )> (2 vol. in-S»); Paris, A. Bertrand, 1837; (Ren- seignements linguistiques 1res précieux). (Bb. Nat., P-" 240).

« Alphabets polynésiens ), de Wilhelm von Hum- boldt »; Berlin, 1838; in-4o. (3^ partie, p. 78. des mé- moires de l'Académie de Berlin). B. i..i.

Wilhelm von Humboldt « Uber die Kawi Sprachc , Band III, Sudsee Sprachcn als ostlicher Zweig des malayischen Sprachslammes; Berlin, Académie des Sciences, 1839. B. i., in-4", O 19R.

1. Cette abréviation désigne la bibliothèque de l'Institut de France-

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Lanouc maorie ; Mgr T('|kiiio Jausscn, « Gram- maire et dicliomialre de la langue tahitienne » ; Paris, Belin. 1808; in-12. (Bb. Nat., 80, X, 11800).

W. Colenso, << A Maori-Englisch Lexicoii ; bciiig a comprehciisive dictioiiary of the New-Zeiilaiid longue »; Wellington; prinlcd ])y .1. Mackay, 1898; in-8". (Bb. Nat., 8", X 11750).

Macdonald (D.), -The asiatic origin ofthe oceanian languages »; London. 1891; in-lfi. (Bb. Nat.. 8", X 11047).

J. -R. Dordillon (Mgr); < Grammaire et diction- naire de la langue des Marquises »; Paris, Belin, 1904; in-12. B. i. (N. S. D. 2437).

« Te pipi Tahiti-Farani » ; Papeete, imprimerie des écoles françaises indigènes, 1882. (Bb. Nat., 80, X 2243).

V. P. Richard Le Moing, « Guide des enfants tahitiens pour apprendre le français » ; Papeete, 1884 ; in-80. (Bb. Nat., 8", X 3067).

D. Macdonald, « South Seas languages ^> ; Mel- bourne, 1891; in-16. (Bb. Nat., 8», X 10675, II).

Trcgear (Edward), « The Maori-Polynesian com- parative DicUonary; Wellington. 1891; in-80. (Bb. Nat., 80, X 10356).

« Journal of the Polynesian Society : Wellington, New-Zealand, 1892; in-80, vol. I, april 1892. (Bb. Nal., Pd2, 88).

R. P. Grézel, « Dictionnaire futunien-français (pré-

' 30 cédé crun abrégé de grammaire))) ; Paris, chez Mai- soiiiieiive, 1878. (Bb. NaL, 80, X 954).

A. Gill, « Myths and Songs from the Pacific » ; London, Henry S. King, 1876; in-12. (Bb. Nat., P-, 103).

Williams (^Y. L.). <: First Lessons in Ihe Maori Language with a short vocabulary >. ; London, 1882, in-16. (Bb. Nat, 80, X 2298).

Williams (W. L.), « Dictionary of the New-Zealand longue; Auckland, 1892; ln-80. (Bb. Nat., 8», X 10927).

Cust (Robert Neadham), « Les Races et les Langues de rOcéanie », traduit par A.-L. Pinart; Paris, 1888; in-18. (Bb. Nat, 80, Z 437 (56)).

Dans une prochaine étude, je rej^rendrai, en les analysant, quelques-uns des ouvrages de la seconde série qui présentent un intérêt réel, soit comme tra- vaux de linguistique générale, ou comme documents particuliers.

Félicien SOULIER,

Elève ;• l'Ecole des Lang-ues Orientales vivantes.

TIIK IMIlLdl.dli^ (II- M\i»\(iAS(;\U

« J'he Witlowcd Missioiiary's Journal ; coiitaining some accounl ol" .Madairascar; and aiso, a narrative of llic missionary career of the Kev. .1. Jeffreys; who died on a passage IVoin Madagascar lo tlie isie of France, Jnly 4, 1825, aged 31 years. By Keturah Jeffreys. (Sontliampton : 1827) » is a work wliicli con- laiiis not only some interesting détails about the reli- gions anil social castoinsof tlie 'Madagasses' or 'Mala- gasses' (as llie anthoress calls them), observed in the years 1822-25, but a few notes npon their language, whicli ai'e of some importance, because it was not un- lil ls:JO that the first translation of the Bible in'it was pnblished, and live years later that « ïhe tlrst complète .Malagasy Dictionary was proposed by the missionaries of the London Missionary Society, and prmted at thelr press in Antananai'ivo in the year 1835 »; that rianiely of J. J. Freeman and I). Johns.

Shc records the following native words and phrases : p. 39, Tsaratareli//, beautiful.

Yes, the King is good. lïnij bava aij (indricna.

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P. 61, Mananatiakarena ny vazaha, The whiie man is rich.

P. ()6, Ranoumafana, the hol wnters.

P. 75, Maroumita, bearers.

P. 96, Aza mataohoutra l.n mamnijy Do not fear, it is nolhing.

P. 106, Manassin a loumpacalalii, Token of respect to you, M aster 1

P. 122, Ny farana mafty indrindra, The last is the hardest.

P. 123, Andriaina nitra, gods.

P. 129, Zanhare, the highest god.

P. 131, Indiai marlij Madama toiikoulia, Madam wil sureiy die (a misprint for maiy).

P. 134, Manou afanij [i.e. manaô àfana), lo per- forni the ceremony of spriiikling the corpse wilh wa- ler at the grave.

P. 135, 7s/ me/j/a maï,y /iî/ /a?mA-</, The sou! cannotdie.

P. 138, Karara, cat; vourana doulouna, an owl- like bird.

P. 139, Tranou Andriamamlra, the house of god.

P. 141, Andron fadij, day of rcsl.

P. 143 et 146, lloudij Havandra, a wooden idol painled bhick representing a married god, medicine againsl the bail.

P. 147, Panousourana, priest.

P. 149, ifoudij Asou, Medicine against the fire (a bit of sacred wood).

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P. 151, Rambouny-d-anitra, a water-spout.

P. 154, Fangady, spade; Zouma, Friday.

P. 155, Skidy, oracle.

P. 161 et 168, Ombiasses, diviners, wise men.

P. 162, Lamba, a loose robe worn by men, which envers the body as low as the knee.

P. 164, Hanamami/, a herb eaten by the natives.

P. 169 et 170, Tanginy, a fruit used as an ordeal.

P. 169, Mamsavi/, to bewitch.

P. 173, JaboUy a sortof grass.

On p. 121 , M" Jeffreys says : « After a few months, the method of teaching in the English language was considered generally impracticable, and therefore abandoned; and an alphabet of the xMalagasy was for- med : it consisted of twenty-two of oiir letters, viz. a, b, d, e, f, g, h, i, j, k, 1, m, n, o, p, r, s, t, u, v, y, z.Thevowels take the French sound, the dipthongs [sic) are ao, as in saolao (seemingly for laolao), pray; en, as in babeo, to carry; m, as in deram, praised; they hâve only one double consonant, which is ts, as in tsara, good. »

With few exceptions, the above words,though differ- ently written, can be found in the aforesaid Dictionary, or in that of the ReV'. J. Richardson, printed in 1885 in the same city of Tananarivou, as M"' J. spells it. \l_ W' Jeffreys, who was carried through the iland in a cot or hammock, wrote on p. 34 : « Who can tell, but that we shall fall a sacrifice to the dreadful en- démie of this unsalubrious climate »?

3

- 34

If she was not the first writer to use « unsalu- brious», the Historical English Dictionary, now al press in Oxford, will probably be the first Diclioiiary to record it.

Copies of the above « journal » are to be seen in the British Muséum, and the Bodleian Library, Oxford.

Edward Spencer Dodgson.

THE FRENCII IN INDU

Miich lias been said and many valuable works iiave been written about ihe unyielding rivalry betwecn the French and the English in India during iho greatest part of ihe eighteenth century A. D. The French came after the English; they established themselves first at Siirat in the year 1660, but passed to the Coromandol Coast in 1672 and settled at S. Thome, from Avhicli they Avere expelled by the Dutch in 1674. They fled then to the neighbouring hamlet of Pondicherry, which they had purchased from a native chief in the preceding year; there they biiilt a large fort and a strong citadel, both greatly improved in subséquent times. They rapidly gained influence over the native, struck acquaintance with most of the local nabobs, and pretended to interfère in the management of the affairs of the decaying Mughal Empire. Such a policy as that entertained by the Governors, MM. Martin and Dumas, was energetically developed byDupleix, who had a right daim to be reckoned amongst the historical rulers of India. Many a writer bas pointed out the errors, faults, inaccuracies of that great man, of his compa- nions, and also of the French in gênerai, whilst on the contrary tlieEnglish remained firmer and firmer, more attentive, less impatient or disheartened. Il

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is well known, however, thatDupleix was for a time the most prominent man in South India, and France was abolit to succeed in making India hers. To that contest are related the great names of Diipleix, La- bourdonnais, Bussy, and Lally, on the one side; Clive, Coote, Boscawen, on the other, and their lives, actions, and character hâve been thoroughly investigated. Nevertheless, ail is not known, and some particLilars will ever be looked for with in- creasing interest, and gratefiilly admilted by histo- rians and philosophers. Such as are concerned in the future well-being of India, and even of huma- nity, will find in them a large field for their thoughts to dealwith, since history merely is a simple rehear- sal, and, what is to come after is founded on what is past. India has been from longa land forcontests and invasions; lier climate, wealth, good-natured inhabitants, from long attracted strangers and we hâve heard of no other country w'here so many races, religions, industries, successively were brought in and lived side by side either peacefully or reluc- tantlycontending : old and modem Persians, Greeks, Arabs, Europeans of various nations ; Buddhism, Parsism, Christian creeds, etc.

Historical documents must be then heartily wel- comed by ail those who like India. A most curious and valuablebook hasjustbeen published in Madras, at the Government printing office, which afFords much light on the matter, viz. on the French past activity in India. It is « The private diary of Ananda Ranga Pillai, dubash to Joseph François Dupleix,

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(jovernor of PondicheiTy » aiul is ihe fii'st of an important séries of iisefiil volumes .

Ananda Ranga Pillai was born on the 30th Mardi 1705, in one of the subiirbs of Madras; he was the son of a certain Tiruvengada Pillai, a native trader, who in the year 1716 translated himself vvith his family to Pondicherry where the French Govern- ment invited native merchants to corne and bestowed on them as many favoiirs ascouldbe obtained. Hère lived already his brother-in-law, Xairiya Pillai, who had become the chief agents the Dewan or courtier, as his office was called at that time. The charge was an important and fruitful one, since the courtier was the ordinary intermediary between the Govern- ment and the native princes, and ail the Indian French Company affairs had to pass through his hands. The charge, however, did not remain in Nainiya Pillay's family, because of religion and other préjudices; but, in 1746, the titular Dewan having died, Ananda Ranga Pillai was appointed to the charge which he fulfiUed till 1755. This space of ten years is the most interesting period of French history in India. From 1736 Ananda took port in the affairs, political and commercial, and soon be- camean every-day confident ofDupleix; he waswell placed to observe and note ail that was passingin the country. From 1736 up to 1761, a few daysbefore his death, which happenedon January llth, 1761,hewrote himself or rather dictated a very minute diary, in which family things, private and public events, current rumours and sayings, arrivais and depar-

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tures of sliips, do not fail to tind place. The diary is of course a large one : a complète copy of it, which is preserved in the National Library in Paris, forms twelve thick folio volumes, and is completed by four other ones containing a diary from 1761 up to 1799, copies of lellers, accounts, horoscopes and other pièces. The diary was copied out in Pondicherry, some sixty years ago, for M. E. Ariel, who acted as Archivist then and who discovered the tlocumenls while inquiring about Tamil books and manuscripts in the city. A short notice ofthework was published in 1847, but as M. Ariel died in 1855, no more atten- tion was paid to it till 1870. The statue of Dupleix was erected at Pondicherry that year, and M. Laude, the Chief Justice there, published' a pamphlet in which were translated a few passages of Ananda's diary concerning the unsuccessful besieging of Pon- dicherry in 1748 by the English, In the year 1882, I gave a few extracts, and in 1894 amplified them by publishing a large volume entitled « The «French in India », which contains a translation of varions passages from 1736 up to 1748. In 1903, I gave a spécimen of the first in my Tamil Manucil.

But the R. A. Consular Agent at Pondicherry, lieu- tenant gênerai H. Mac Leod, took notice of the ori- ginal manuscripts in 1892, and by liis care the Madras Government was informed of its importance. A new copy lias ordered, and a complète translation in English began directly. The publication ofthe first volume lasted till the end of 1904; it is done in a most convenient way; for the sake of order, the

39 -

diary has been clivided inlo chapters, a sunimary of

which is prefixed to the Avork. Moreover, fréquent

marginal notes point to the varions subjects dealt

with in the diary and a complète table of local and

Personal names makes the text easy, The volume

is completed by two appendixes refering to a geo-

graphical term and to the murder of Safdar-Ali-

Khan and his son Muhamniad-Khan. Facino- the

o

title page, is a photograph which reproduces a pic- ture, still preserved in the author's house at Pondi- cherry.

The présent volume goes no further than April23, 1746, that is to say the beginning of the war which included the capture of Madras by the P'rench, their failure in besieging Cuddalore, and the attempt of Boscawen against Pondicherry in 1748. It appears as a preliminary part and is full of interest ; we learn from it how the French Governor obtained from the first Arcot Nawab a charter authorising the coinage of money in Pondicherry ; it costed nearly 40,000 pagodas in varions présents, viz. 120,000 ru- pees : the Pondicherry rupee, which was very fine and which was struck up to 1837, was distinguished by a little crescent on the reverse. There we hâve plenty of information about trade and exchanges, arrivai and departure of ships, etc. We are also minutely informed of the negoliations which led to the purchase of Karikal from the Raja of Tanjore, delayed however till 1739, when Chanda Sahib in- terfered.

The following chapters deal with the invasion of

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Thamas-Kuli-Khan,«//rt5 Nadir Shah ; the revolt and progress of the Mahrattas; the fear that seized the Deccan Princes who fled and took refuge within the walls of Pondicherry; the departure to France of M. Dumas, and the beginning of M. Dupleix's admi- nistration. In the meantime the divisions come giving many particulars, accounts of family matters, births and marriages, astronomical events, astrolo- gical prognosticSj quarrels and jealousies of offi- ciais, etc.

The whole is very curious in that it was written daily on the immédiate impression of facts.

As far as I am able to judge, the translation seems to be a faithful and accurate one, bat nevertheless, in some passages, I should hâve liked a more literal rendering. Why has the initial motto, Time goes and ivorcls remain^ been suppressed ?

The original manuscripts hâve sometimes been left incomplète by the author himself, who intended to complète them afterwards, but forgot it, or was unable to do so, but many passages hâve perished, owing to fragility of paper, defect of ink, moisture, carelessness, etc.

At this point of view, I reflected that the copy in the Paris National Library was made in Pondicherry some fifty or sixty years ago and that perhaps it would be more exact and satisfactory. In order to ascertain it, I compared a few pages in the présent translation with M, Ariel's lext, and the resuit was that the Paris manuscript often afforded a good sup- ply to the Madras one. For example, the personal

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name omitted al p. 96 must be vvritten : « Shanal » of which the exact spelling l am not able to ascertain now.

P. 273. The concluding portion ofthe passage is to be completecl thiis : « they departed promising them to bring the Nayakkar in the delay of fifteen days ».

P. 298. The paragraph begins with thèse words: « If one asks what is going on at Pondicherry, how they came from Siirat bringing letters; and they said... »

P. 316. The conclusion is « they went on saying they will ineet again to-morrow morning and hear the thing » .

I particularly noticed that the vast information respecting the afîairs of the late courtier, Kanaga- raya Mudaliar, in which numerous passages are de- fective, may often be improved by the Paris manus- cript.

P. 341. The full text occurs as follows : « This day, at 10 o'clok in the morning, as ï was with the (îovernor accountant Rangapillai in the arecanutgo- down, where we use to stay, we came speaking to- gcther and I said : Yesterday, as regards the accounts and the furniture in the liouse of Kanaka- raya Mudali, whatever altération may be admitted, Chinnamudali remarked not knowingwhat was made by us, being ungrateful, because he plundered muchand is much covetous; butas the widow of Ka- nagaraya Mudali was unwilling to give him even a single cash after lier husband's death, he sent to me,

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as soon as Kanagaraya Miidali died, the Christian named Krimasi Piindit, to say to me : yoii are my

mother », and a little further : « At four nazhigas,

when my younger brother went to his house... »

At page 342, too, we may add : « As it appeared that day, whatever good ^\e may do to him, he will net acknowledge it. When I had spoken this to accoimtant Rangapillai, he answered me: « This is trae; when we hâve examined the accounts, when we hâve estimated the estate, when we hâve looked at the other things, we hâve paid twelve pagodas for ten, and however he has been ungrateful... »

In the lists on pp. 344 and 345, the following figu- res could be supplied :

Page 344, Gold ornaments 7.462

Rupees in hand 800

Page 345, Rupees 800 200

Total 41.911

Debts 3.947 5/16

Net rest 35 . 964 9/16

It would be highly désirable to send a compétent person to Paris to copy ont the complète passages. A SLippIementary volume can be so obtained; in ihe meantime we must impatiently wait for and hearlily welcome the forthcoming volumes. Paris, 18-3-06.

Prof. Julien Vinson.

Tlœ Malabar Quaricrli/ Rrricir, Ernakulaiii, Coeliin, Sept. 1906, vol. V, p. 212-216.

LE MOUVEMENT SWADÈCI

La politique du gouvernement anglais clans l'Inde n'a pas sensiblement change, depuis que sa domina- tion s'y est définitivement établie. Le principal, pour ne pas dire le réel danger qui la menace, est la cons- titution de l'unité indigène, de la nationalité hindoue. Que pourraient contre trois cents millions d'hommes unis toutes les forces de l'Angleterre? Aussi, après avoir supprimé l'unité administrative, d'ailleurs très fac- tice, et l'unité du langage officiel établies par les Mongols, les Anglais n'ont-ils rien fait pour diminuer les rivalités de castes, de races, de religions; les deux grands partis entre lesquels se répartissent les Indiens ont eu, l'un après l'autre, et suivant le cas, les faveurs et l'appui du gouvernement. En 1857, les Hindous sont devenus loyaux et fidèles. Aujourd'hui, les Musul- mans sont les plus fermes défenseurs de l'empire contre les velléités d'indépendance des Hindous. Il s'est produit, depuis cinquante ans, un double courant inverse: les Hindous, instruits par les Anglais, s'ins- pirent de plus en plus des idées d'indépendance de l'Occident; les Musulmans espèrent avec les faveurs gouvernementales recouvrer la primauté perdue il y a un siècle et demi. Aussi déploient-ils une acti- vité extraordinaire et excitent-ils de plus en plus l'animosité des indigènes brahmanistes.

Cette animosité a amené de la part des Hindous,

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au Bengale, le mouvement swadêçl^ dont, en Europe, on n'a pas toujours bien compris le caractère.

Ce mot si^'adêçi {les Anglais écrivent swacleshi) a été traduit par notre adjectif « autonome », mais la tra- duction n'est pas rigoureusement exacte, car swadêçî (de swa « soi, son, propre », et deçà <; pays ») a une signification plus générale et plus absolue. Il s'agit en définitive d'une tentative de rébellion pacifique contre l'Angleterre, d'une sorte de grève, organisée par les Hindous, mais que les Musulmans se refusent à suivre.

Déjà ancien, car ses origines datent d'une ving- taine d'années, ce mouvement est devenu très vif, à cause de ce qu'on a appelé la partition^ c^est-à-dire le remaniement administratif du Bengale, dont on a détaché toute la partie nord-est pour la rattacher à l'Assam, avec Dacca comme capitale. L'auteur de ce remaniement est le Gouverneur général Lord Curzon, dont les Hindous ont salué le départ avec des cris de joie, tandis que les Musulmans, au contraire, s'en montraient profondément désolés. C'est que, dans le Bengale, les Musulmans se trouvaient gênés et dépassés par les Hindous plus nombreux, plus mal- léables; dans la nouvelle province, les Musulmans seront en majorité, et ils espèrent que la séparation amènera le développement rapide des villes de Dacca et de Chittagong.

Le mouvement protestataire s'est organisé dans de grandes réunions publiques, dont une de phis de 10.000 personnes s'est tenue à Chandernagor, sur

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le territoire français, par crainte de la police anglo- hindoue, composée surtout de Musulmans encadrés d'Européens. La manifestation de la protestation se résume en un boycottage universel des produits étran- gers: des femmes ont brisé publiquement leurs bra- celets de verre; des écoliers parcourent les rues en chantant le bandé mûtaram^^ du romancier Dankim Chandra Chatterji, dont on fait une sorte d'air natio- nal : c'est un hymne extrait du roman historique Anandra Nûth qui raconte un épisode de la révolte des Sanyasis, en 1775, révolte qui avait pour objectif autant les Musulmans que les Anglais.

Le boycottage des produits européens a été décidé dans 107 meetings tenus en quinze jours, par plus de ()50.000 personnes. On a cherché à l'étendre à toute l'Inde; on a placardé au Panjab et dans les bazars de Pouna, de Nagpour, d'Allahabad, de Dacca même, des écriteaux menaçants pour ceux qui achèteraient des tissus européens, des articles de commerce étran- gers. Aussi, telles maisons qui, le jour du Bijoya « hickij daij », écoulaient d'ordinaire un millier de balles de cotonnades, en ont péniblement vendu cette année une centaine. On cite ce fait caractéristique d'un marchand hindou qui, dans un accès d'en- thousiasme, a mis le feu à tout son stock qui compre- nait pour plus de 100.000 roupies de produits commerciaux européens. Les cigarettes anglo-améri- caines, d'ailleurs détestables, sont impitoyablement proscrites; on s'efforce de les remplacer par les biris,

1. «Je salue (ma) mère. » Je compte publier prochainement

le texte et la traductio?i de ce chant.

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purement indigènes, fabriqués avec du tabac blond du Goudjai'ate parfumé au musc ou au sandal.

Cependant, ce nationalisme paraît condamné à un avortement complet. Contrairement aux prévisions, le récent voyage du prince de Galles a provoqué, dans le Bengale même, un accès inattendu de « loya- lisme » ; les rajas indigènes sont allés en foule au- devant du futur empereur. D'autre part, les actions émises pour la fondation de manufactures indigènes de tissage, etc., ne trouvent pas de preneurs, et, faute de produits nationaux, on en reviendra forcément aux tissus de Liverpool ou de Manchester.

Les Hindous accusent les Musulmans de cet échec. Musulmans et Hindous ne sont pas prêts de s'entendre contre l'Anglais. Les Musulmans sont reconnaissants à Lord Curzon d'avoir encouragé les études musul- manes sur l'Islam, la restauration des mosquées, la fondation de collèges musulmans. Sir R. Fuller, lieu- tenant-gouverneur de la nouvelle province Eastern Bengal, a été reçu à Dacca avec un enthousiasme indescriptible par les Musulmans, tandis que les Hindous s'abstenaient et que leurs journaux étaient pleins de protestations violentes.

Il s'est produit une très curieuse interversion dans l'attitude des deux peuples vis-à-vis de l'Européen : l'Hindou, d'abord accueillant et accessible aux choses d'Europe, s'est pour ainsi dire replié sur lui-même; le Musulman, au contraire, d'abord hostile, s'est rap- proché des conquérants et leur demande ses inspira- tions. Il a organisé des industries que le swadêçî

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menace d'une concurrence redoutable. D'ailleurs, les Anglais, instruits par l'expérience, ont composé les régiments natifs d'éléments homogènes, qui en font des antagonistes naturels; les uns, par exemple, sont uniquement formés de brahmes, et les autres exclusivement de Musulmans. Il existe certainement dans toute l'Inde un courant anti-anglais très net, plus ou moins accentué suivant les régions. Les Musul- mans y sont pour la plupart étrangers.

Des faits récents montrent combien sont vives et tenaces les haines de races. Le 7 février dernier, les Musulmans de Calcutta célébraient la fête qui comporte des sacrifices de vaches devant les mosquées. Pour narguer les Hindous, ils firent passer ces animaux par une rue étroite qui longe une pagode, dans le quai'tier de Chitapoure. Une violente discus- sion s'éleva enti'c les Hindous qui sortaient du temple et les Musulmans; un agent de police hindou menaça les Musulmans d'un procès-verbal. Mais ceux-ci, irrités, allèrent chercher des renforts et attaquèrent la police à coups de pierres. Puis ils s'en prirent au temple lui-même, forcèrent les portes, battirent les gardiens et, à l'aide de barres de fer, mirent en pièces les statues des dieux. Les Hindous s'enfuirent et les vainqueurs, attachant à la queue des vaches les idoles encore intactes, les traînèrent ainsi jus- qu'au Gange. Le lendemain, la fête recommençait: les Hindous s'étaient organisés et il y eut une véri- table bataille entre sept ou huit mille Musulmans et toute la population du quartier. Il fallut faire donner la cavalerie pour rétablir l'ordre.

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Il est bon de rappeler d'ailleurs que, dès le 5 no- vembre 1905, la Société littéraire mahométane de Calcutta envoyait à ses coreligionnaires une circulaire pour les engager à ne prendre aucune part à l'agi- tation contre la « partition » du Bengale; on les invi- tait dans ce document, signé de Bakhtyar Sliad, Syed Mohammed, AbduUah Khan Ahmed, etc., à demeurer bons et fidèles sujets de l'empereur-roi Edouard VII, en insistant sur ce point que les intérêts des Maho- métans de l'Inde sont tout différents de ceux des Hindous, et en énumérant les bienfaits du gouver- nement actuel: lo allocation annuelle de 50.000 roupies (83.500 fr.) pour les écoles musulmanes du Bengale; fondation de bourses nombreuses à 1 Université de Calcutta; maintien des fondations antérieures; 4o attribution successive de plus de 100.000 roupies (167.000 fr.) pour la construction à Calcutta d'un hôtel devant servir à l'installation d'une medressah; tempéraments apportés aux règlements sur la peste en faveur des dames musulmanes, derrière le voile qui ferme les gynécées; 6o autorisation, pendant l'épidémie, de faire im pèlerinage à la Mecque, en l^artant de Chittagong au lieu de Bombaj^, accordée aux Musulmans du Bengale, du Beliar et de l'Orixa.

La plupart des renseignements qui i^récèdent sont extraits d'une lettre quij m'a été écrite par un de mes anciens élèves, M. G. Barrigue de Fontainieu, en ce moment au Bengale, chargé d'une mission scienti- fique.

J. V.

BIBLIOGRAPHIE

Obras Vascongadas del Doctor Labortano Joannes (VEtcheberri (1712), con una introduccion y notas por Julio de Urquijo é Ybarra. Paris, Paul Gealhner, 1907 (Bayonne, impr. A. Lamaignère), in-4°, lxxx- 323-(iv.) p. et une p. de fac-similé.

Le 10 octobre 1866, il vient d'y avoir juste qua- rante ans, par une belle soirée d'automne, je dé- barquai à Bayonne, tout frais sorti de l'école forestière, plein d'ardeur et d'enthousiasme, et bien disposé à m'éprendre de cette mystérieuse langue basque, qu'une bonne fortune inespérée me mettait à même d'étudier sur place, dans les meilleures conditions. Mon long séjour en Orient et mes voyages m'avait préparé à cette étude; aussi ne tardai-je pas à me mettre à l'ouvrage. Présenté à M. l'abbé Inchaupé par cet excellent M. de Gavardie, juge d'instruction, ancien collègue de mon père à Pondichéry, je fus reçu par l'honorable chanoine avec cette amabilité un peu dédaigneuse que montrent souvent les Basques lorsqu'on ose s'attaquer à leur re- doutable idiome. 11 voulut bien, pour me guider, me confier son Verbe et la Grammaire de Harriet,qui sont

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d'ailleurs les ouvrages les plus propres à rebuter un commençant. Mais je n'étais pas un novice ; j'aban- donnai vite ces livres formidables...

J'ai publié, depuis, bien des choses sur la langue et le pays basques : quelques volumes, une vingtaine de brochures, un très grand nombre d'articles de jour- naux et de revues. J'ai soutenu de longues et vives discussions; mais j'ai la satisfaction aujourd'hui de voir qu'on commence, dans le pays, à rendre justice à mes efforts. Je n'en veux d'autre preuve que les ap- préciations bienveillantes de M. de Azkue dans son excellent Dictionnaire et la manière élogieuse dont M. de Urquijo cile mon nom dans son introduction aux œuvres de Jean d'Etcheberri.

C'est qu'elle est admirable, cette introduction! M. de Urquijo est de ceux pour qui les coups d'essai sont des coups de maître. C'est complet, précis, mé- thodique, clair, intéressant au possible, et ces quatre- vingts pages se lisent sans la moindre fatigue, presque avec l'intérêt passionnant du roman le plus dramatique. Et quand on songe que l'auteur de ce chef-d'œuvre était, hier encore, un mondain livré aux horreurs de la politique, on éprouve une joie plus vive de ce qu'on pourrait appeler une heureuse conversion.

Il paraît, et je m'en enorgueillis fort, que j'y suis pour quelque chose. M. de Urquijo nous raconte en effet, que c'est ma Bibliographie Basqve qui l'a amené à former sa collection de livres basques, déjà si

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complète et si belle, et à rechercher dans le Pays tous les documents, tous les manuscrits, tous les souvenirs littéraires des siècles précédents. C'est ainsi qu'il a re- trouvé, chez les Franciscains de Zarauz, le manuscrit qu'il publie aujourd'hui cou amore, et avec un soin méticuleux.

L'ouvrage n'était pas tout à fait inconnu d'ailleurs. J'en avais indiqué l'existence, sur la foi du regretté Ch. Bernadou, qui m'avait communiqué un extrait, relatif à ce travail, des procès-verbaux du Bilçar d'Us- larilz. Mais nous ne savions ni ce qu'était devenu le manuscrit, ni quelle avait été la vie de l'auteur, origi- naire de Sare, que Larramendi, vers 1730 ou 1735, trouva installé comme médecin « municipal » Az- coïtia .

M. de Urquijo a pu reconstituer l'histoire du livre et la biographie de Jean d'Etcheberri. Il a voulu ré- soudre le problème; il a cherché et il a trouvé, tout ce qu'on pouvait trouver du moins.

Nous apprenons ainsi que Jean d'Etcheberri, de l'une des maisons Etcheberri de Sare, était docteur en médecine, établi à Sare il avait épousé Catherine d'Ilsasgarat qui lui donna plusieurs enfants. Mais le métier de médecin ne rapportait pas beaucoup à Sare et le docteur devait exercer son activité dans les pa- roisses limitrophes, tant en France qu'en Espagne. En 1743, la municipalité de Vera le nomma son mé- decin officiel; il remplit cette charge jusqu'en 1722,

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mais il continua à habiter Sare : c'est en 1716 seule- ment qu'il transporta sa résidence à Vera. Sa réputa- tion grandit en Espagne; on le recherchait de toute part et, en 1722, il devint médecin de Fontarabie, aux appointements de 150 ducats; on avait objecté pour- tant qu'il n'était pas docteur d'une faculté d'Espagne: il l'était de Montpellier sans doute. En 1723, il passa à Azcoïtia il resta jusqu'à sa mort, survenue en 1749; il avait alors plus de quatre-vingts ans. Nous pouvons ainsi supposer qu'il était à Sare vers 1665. Il n'avait donc pas connu Axular, ni son neveu; mais il avait pu connaître Harizmendi, d'Argaignarats et Pouvreau, dont il cite le Philothea.

Instruit et actif, il s'était beaucoup occupé de sa langue maternelle; il admirait le style d'Axular et le prit pour modèle quand il écrivit, en 1712, l'ouvrage que M. de Urquijo nous donne aujourd'hui.

Il y ajouta, plus tard, une introduction latine; plus tard encore, il fit une grammaire latine en basque, et, pour annoncer ce dernier travail, il publia, en 1718, à Bayoïine, chez Mathieu Roquemaurel, une « lettre de recommandation » Gomendiozco carta, ^0 ^ . ,^e[ii in-4°, que M. de Urquijo réimprime d'après l'exemplaire, unique, qui a appartenu à M. l'abbé M. Harriet. Etcheberri avait fait en outre un vocabulaire basque- français-espagnol-latin qu'il avait prêté à Larramendi et que M. de Urquijo croit avoir aussi retrouvé.

Le manuscrit des Hatsapenac et de la Grammaire

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latine est iiicûiiteslablement l'original de l'auteur, comme le prouvent les corrections, les ratures, les additions, les retouches nombreuses : le savant et cons- ciencieux éditeur donne \efac-simile d'une page fort bien choisie, il est parlé d'Axular.

Le manuscrit de Zarauz, que M. de Urquijo décrit de la manière la plus parfaite, est malheureusement incomplet. On serait peut-être en droit d'en accuser la négligence des moines, si beaucoup de bibliothé- caires laïques n'étaient pas suspects de la même insou- ciance. Au surplus, nous ne sommes plus au moyen- âge, à cette époque de pauvreté et d'ignorance, l'on grattait les vieux parchemins pour y écrire des litanies et des oraisons...

M. de Urquijo a reproduit le texte du manuscrit avec l'exactitude la plus scrupuleuse, ce dont on ne saurait trop lui savoir gré.

L'ouvrage principal de Jean d'Ktcheberri, dédié au pays de Labourd*, est intitulé Escuararen Hatsapenac, c'est-à-dire « Rudiments de basque » et comprend plu- sieurs chapitres qui traitent de la pureté, de la no- blesse, de l'originalilé, de la ftexibilité, de l'unité du basque, et de sa raison d'être; puis vient l'éloge d'Axular et du parler de Sare; l'auteur démontre en- suite que ceux qui dédaignent le basque sont eux-

1. Etcheberri appelle le Laboii.rd laa-urdi, ce qui voudrait dire « le pays aux quatre eaux, aux quatre rivières » (sans doute la Bidassoa, la Nivelle, la Nive et la Bidouze), étyraologie fort plausible.

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mêmes méprisables et il termine par un appel chaleu- reux à la jeunesse du pays et au lecteur.

Si M. de Urquijo n'a rien changé au texte d'Etche- berri, il a cru devoir ajouter des notes utiles et intéres- santes, et vérifier toutes les citations latines et basques. Il a pu constater ainsi que les citations d'Axular sont empruntées à la première édition, celle de 1643, qui a pour titre Grero et non à la mauvaise réimpression sans date qui est du XVIIP siècle et qui est intitulée Gueroco Giicro. J'avais fait la même constatation dans le vocabulaire de Pouvreau. Quant à VElicara erabilt- ceco liburua, dont nous ne connaissons que les éditions de 1665 et 1666, je ferai observer que la première édition est de 1636 et non de 1635. Du moins c'est la date que donne M. Pierquin de Gembloux qui avait évidemment sous les yeux un exemplaire de l'ouvrage dont il a copié le titre intégralement, comme il a copié aussi le titre du grand ouvrage de d'Argaignarats, de 1641, que M. Gustave Brunet avait vu. Que sont de- venus ces deux volumes?

L'intérêt principal du travail du docteur Etcheberri, c'est que ce n'est pas une traduction ou une adaptation, mais, comme celui d'Axular, un ouvrage original pensé et écrit en basque; il n'en est pas beaucoup qui réalisent cette qualité. Ce nous est une raison de plus pour remercier M. de Urquijo, pour lui adresser toutes nos félicitations et pour lui demander de nous donner d'autres publications de ce genre. Un vaste champ est ouvert à son intelligente et vaillante activité.

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,l(; me reprocherais en terminant de ne pas accorder à rimi)rlmeur la part d'éloges qui lui revient. L'exécu- tion est très soignée et fort belle. Ce superbe volume contraste heureusement avec les élucubrations com- munes, vulgaires et sans goût de la plupart des impri- meries provinciales.

Julien VI^SON.

Etienne de Flàcourt. Dictionnaire de la langue de Madagascar... par Gabriel Ferrand. Paris, E. Leroux, 1905, in-8°(vj)-XXXlX-296p.

J'ai donné ici même, il y a deux ans, une notice bi- bliographique sur Et. de Flacourt, le premier gouver- neur français de [Madagascar. M. Ferrand a eu l'excel- lente idée de réimprimer la partie linguisti(pie dos ouvrages de Flacourt, qui d'ailleurs n'était pas tant son œuvre que celle d'un des missionnaires qui l'acom- pagnaient. Mais M. Ferrand ne s'en est pas tenu : il a, à côté de la forme donnée par le Lexicographe de 1653, mis la forme moderne du mot dans la même région et aussi les variantes dialectales; il a seulement indiqué les formes des manuscrits anciens, écrits en arabe, que possède la Bibliothèque Nationale. Il a fait précéder ces listes de mots d'une étude générale sur la langue et la phonétique malgaches.

J'aurais bien des observations à faire sur la partie phonétique. D'abord le tableau de la p.v ne me satisfait

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pas : je ne vois pas h\en j = dr palalo-denlale, ni la dentale alvéolaire ts, ni les palatales tr, dr; je n'aime pas non plus que / soit classée comme liquide : qu'est- ce au juste qu'une liquide? Je trouve aussi que M. Fer- rand adopte trop facilement la terminologie des néo- grammairiens et les théories « expérimentales » de M. l'abbé Rousselot, lui qui a étudié sur place et en- tendu de ses oreilles! Ce qui est dit des soi-disant palatales tremblées tr, dr, à la p. xj-xij, est extrême- ment obscur. Quant aux emphatiques correspondantes, les arabes les écrivaient rr, mais tous les grammairiens ou lexicographes transcrivent le tr par ts, tch,chs, trsh, tsh, et en Belsileo il devient s, tandis qu'en Mérina il est simplement tr. Ce sont probablement de ces sons mixtes, consonnantico-vocaliques, la langue, le palais et les dents interviennent d'une façon varia- ble suivant les individus et les localités.

Julien ViNsoN.

Eugène Kouillard. iYoms géographiques de la /tro- vince de Québec... Etymologie, traduction et ortho- graphe. Québec, E. Marcotle, 190(3, in-8". 110 p. et une carte (Publication de la Société du parler français au Canada).

Le vocabulaire de M. Rouillard, par ordre alphabé- tique, est extrêmement intéressant. Il contient la liste de tous les noms topographiques du pays, tels qu'ils

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sont acliiellemcnl employés ou tels qu'on les trouve dans les historiens et les écrivains européens des trois siècles précédents. La reconstitution des formes origi- nales n'était pas facile, car beaucoup de noms étaient for- tement altérés, mais l'auteur a rapproché les diverses variantes ; il a consulté les grammaires et les diction- naires, et il a pris l'avis des missionnaires qui vivent aujourd'hui parmi les tribus indigènes, que l'auteur appelle sauvages: je n'aime point du tout cette appella- tion dédaigneuse, dont le nombre est très réduit : telle peuplade qu'on évaluait à cinquante mille hommes, il y a trois siècles, ne compte plus actuelle- ment que deux mille individus.

Ces noms topographiques appartiennent à divers dia- lectes des langues huronne-iroquoise et algonquine. M. Houillard donne quelques détails sur ces divers idiomes dans son intéressante Introduction, mais vraiment par trop sommaire et insuffisante. Que veut dire ceci : les Hurons comme les Algonquins, con- juguent les noms et multiplient les verbes? En réalité, il n'y a, dans les langues agglutinantes, ni noms ni verbes; il y a des radicaux indépendants, toujours isolément significatifs, et dont les combinaisons sont innombrables. Parexemple, en tamoul, vinei ^< mal », en' « moi », ku « direction » à (datif), fera vineiyê- nukku « à moi qui suis souffrant, malheureux » ; sdrn- dây « tu es venu » donnera sârndâyeikkandân sârn- ddyei est formé de sâr « arrivé », nd « temps passé

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intransilif », (Uj « toi », ei « accusatif » : l'idée verbale (relation de temps) s'associe à l'idée nominale (rela- tion d'es[)ace).

Quant aux noms indigènes, plusieurs sont fort ins- tructifs : andoseweivegama « lac l'on marche », beauchêne (lac), altération de ohashing « l'eau se resserre», canada pour kanata « ville, village », f/uéhec ou kébek « c'est obstrué, détroit », squaw (lac) de iskwew « femme », etc. xM. lîouillard donne en passant de très intéressants détails sur l'histoire, la population, les légendes de plusieurs localités.

J. ViNSON.

Smithsonian Institution. Bureau of american ethno- logy. Antiquities of the Gemer-Plaleau, i^ew Mexico, by Edgar L. Hewett. Washington, gov. pr., 190G, in-8^ 53 p., 16 pi. et 2 cartes (Bulletin 32).

Outre ces planches, l'étude de M. Hewett contient de nombreuses figures dans le texte, toutes éminem- ment intéressantes et instructives. Le plateau de Gemer, dans le Nouveau Mexique, s'étend à l'ouest de Rio Grande del Norte, sur une largeur d'environ cent kilomètres. Ce plateau est occupé par une grande forêt campent six tribus indigènes. On y trouve de nombreuses ruines laisséespar une population antique très nombreuse et très active.

J. V.

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Seinitica, Sprache und KechlsvergleicliciKle Stu- dien, von I). H. Millier. I et II. Vienne, A. Hoclder, 1906 (Extraits des Mémoires de l'Acad. Impér. des Sciences), in-8% 48 et 88 p.

La première livraison contient sept savantes études : \. Un texte incompris dans les lettres d'Amarna ; II. la signification et l'étymologie du verbe (/âlu dans les lettres d'Amarna; III. nsd vlhrbyth (au point de vue juridique); IV. gloses sur la théorie et la pra- tique dans le vieux droit babylonien; V. la théorie des races pures dans le Code Syro-romain; VI. les numéraux multiplicatifs dans les labiés d'Amarna et en hébreu; Vil. construction des strophes dans le Livre de Job.

La seconde se compose de huit mémoires sur le droit privé, le droit héréditaire, le Coded'Hammourabi et le livre lédéral, l'histoire du Code Syro-romain et autres questions des plus intéressantes de jurispru- dence orientale. Tout cela éch.ippe un peu à ma com- pétence, mais paraît fort bien fait et fort instructif.

J. V.

Zeitachrift fur vergleicheiide Sprachforschung ... ,\'on E. KuHN und W. Schulze. Hand XL (V. F. xx), 4* Heft. Gutershoh, C. Bertelmann, 1906, in-8°, i). 425- 568.

Contient : 1. Sur la formation des mots aryens, par

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Jarl Cliarpeiilicr, p. 425; 2. La coinposiliori en man, par Joseph Zubaty, p. 478; 3. Talina, kaikina, par Ernst Mauss, p. 520; 4. Grec ednos, par K. J. Jo- hansson, p. 533; 5. v. i. avrk, parJ. Wackernagel; 6. Gotique dis- et 6 marikrailm, par Kichard Loewe, p. 547; 7. Elymologica, par G. G. Ulileiibeck, p. 552; 8. Etymologica, par F. Lewy, p. 561 ; 9. Sur la gram- maire gotique, par W. Schuize, p. 563; 10. Glievilles, par W. Schulze, p. 565; 11. Observations, p. 566.

J. V.

Bulletin du parler Jranrais au Canada, vol. V, n°'2 et 3. Québec, Université Laval, 1906, p. 41-120, gr. in-8°.

Outre les articles ordinaires : livres et revues, ques- tions et réponses, sarclures, anglicismes, on trouve dans ces deux numéros de bons travaux : suite du lexique canadien-français, les dialectes français dans le parler canadien, par M. A. Rivard; pour nos amis les écoliers, par M. l'abbé Em. Ghartier; quelques mots sauvages, par M. l'abbé Z. Laçasse; la littérature ca- nadienne (J. 1). iMermet), par M. l'abbé Gamille Koy ; les noms populaires de quelques plantes canadiennes, par Mgr L. Laflamme; deux chansons canadiennes, par A. Kivard, et de plus un bulletin bibliographique, un bulletin d'observations et le rapport du Secrétaire- Général. J. V.

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Bévue du Monde Musulman, publiée par la Mission scientifique du Maroc, sous la direction de M. A. Le Chatelier. Pam, E. Leroux, 1906-1907, 1'^'= année, gr. iii-8°.

IvCS deux premiers n°' (novembre et décembre 1906), ont respectivement 144 et 160 (145-304) p. ils con- tiennent de très remarquables articles : L'enseigne- ment primaire des indigènes musulmans de l'Algérie, par M. Paul Bernard; le Mouvement swadêçî dans l'Inde (reproduit ci-dessus, p. 43-48), l'Islam dans rindo-Chine française, par M. A. Cabaton; Aga Kban, par A. Le Chalelier; La Constitution en Perse, par A. M. xNicolas; Le Japon et l'Islam, par F. Farjanel, les Musulmans Kusses, par A. Le Cbatelier; lesSenous- siyas en Tripolitaine, par M. Slouscb; les populations musulmanes de la Roumanie, par Popescu-Siocanel; les Bebais et le mouvement actuel en Perse, par H. Dreyfus; les Musulmans des Pbilippines, par A. Le Cbatelier; Notes de Bibliograpbie néerlandaise, par A. Cabaton; et d'excellentes revues: notes et nouvelles, la presse musulmane, les livres et les journaux, par L. Bouval, secrétaire de la Rédaction.

On ne peut que soubaiter longue vie et prospérité h cette savante et très utile publication.

J. V.

VARIA

I. Caractère et taille des crayons.

D'après une récente étude, celui qui, après avoir taillé son crayon, laisse la pointe sans la dégrossir, manque d'énergie et de force de caractère. Les Imaginatifs et les exubérants font la pointe longue et ceux qui sont doués de précision et de sens ar- tistique égalisent les moindres aspérités. Si vous faites une pointe fine comme une épingle, vous êtes un raffiné, mais vous êtes grossier et mal élevé si la pointe se termine en bouly sans que vous enleviez les rugosités de la mine de plomb.

II. Pour les écoliers.

Les autorités de Trêves viennent de prendre une mesure tout à fait digne d'être enregistrée et divulguée. Une circulaire rédigée à cet effet s'exprime en ces termes :

« Il n'est pas rare que des écoliers ont à faire, pour se rendre à l'école, un chemin relativement long, et que par les temps de brouillard, de pluie ou de neige, ils doivent ensuite s'asseoir à leur banc, les pieds mouillés pendant plusieurs heures. Ils se re- froidissent ainsi beaucoup trop facilement, et il en résulte souvent des maladies plus ou moins graves. En divers endroits, nous avons remarqué avec satisfaction que les inspecteurs et les instituteurs ont engagé les parents à donner aux enfants une seconde paire de chaussures pantoufles ou chaussons afin de leur permettre de changer de chaussures dès leur entrée en classe. Cette mesure est à recommander de la façon la plus pressante. Pour les enfants pauvres, il y aura lieu d'inviter les communes à leur procurer les chaussures. »

A quand en France pareille décision?

63

III. Critique américaine.

Le critique dramatique du jourûal américain, Tlic Leudct-. a ainsi critiqué les sœurs Cherry, chanteuses et danseuses : « Leurs bouches rances s'ouvrent comme des cavernes pour émettre des sons semblables à ceux que poussent les damnées au milieu de leurs tortures. Elles trottinent, galopent et se cabrent tout autour de la scène dans un mouvement qui tient le milieu entre la danse du ventre et le déhanchement des guenons, avec leurs faces peintes et leurs formes hideuses. »

Les sci'Uis Cherry ont attaqué le journal américain en diffa- mation. Le juge a trouvé l'article incriminé " une critique im- partiale ».

IV. Illusion ou naïveté.

On lisait, dans un grand journal de décembre dernier : « Pourquoi je ne vais plus dans les universités populaires? disait naguère un professeur de la Sorbonne. Parce que j'y ai fait un jour une ex- périence cruelle, qui acheva de dissiper mes dernières illusions sur l'utili'é de nos conférences... Devant notre auditoire ordinaire d'ouvriers et de petits bourgeois curieux des choses de l'esprit, je devais, ce jour-lcà, traiter un sujet très simple de science expé- rimentale, et, pour être bien compris par tout le monde, je m'étais attaché à proscrire de mon vocabulaire tous les termes techniques, toutes les expressions inusitées...

» Je parle; on m'écoute dans le plus respectueux silence, et quand j'ai fini, suivant l'usage, je demande à mes auditeurs de vouloir bien me poser des questions pour engager un entretien profitable. Personne ne souffle. Un à un, les quelques ouvriers et apprentis, qui sont venus m'en tendre, gagnent la porte d'un air morne. Je songe avec désolation : (( C'est raté; il n'y en a pas un qui m'ait suivi... »

u Si pourtant, il y en avait un! C'était un bon gi'os garçon réjoui, qui s'approcha de ma table avec des sourires et des regards d'intelligence.

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» Vous avez bien parlé de phénomènes? me demanda-t-il en clignant de l'œil.

» En effet, disî-je ; à plusieurs reprises il a été question dans ma conférence des phénomènes physiques et chimiques.

)) Eh bien ! reprit l'autre avec un rire d'augure, nous pouvons le dire entre nous : ils sont tous faux, les phénomènes. Moi qui vous parle, je le sais mieux que personne : voilà dix ans que j'en montre à la foire du Trône.

» J'en demeurai suffoqué, ajouta le professeur de la Sorbonne, qui contait cette anecdote, et je vous confesse que, depuis lors, je n'ai pas eu le cœur de retourner dans les universités populaires. Je n'irai pas jusqu'à dire que les nombreux « intellectuels » qui se sont appliqués de même à «descendre la lampe dans la cave», comme dit Tolstoï, ont perdu leur temps et leur peine; mais il me semble que cet immense et généreux effort n'a pas donné tout ce qu'on en pouvait attendre et que^ pour entreprendre «l'édu- cation de la démocratie», il nous faudra bientôt recourir à d'autres moyens plus discrets et plus efficaces. Bacheliers incorrigibles, nous avons cru que, pour élever le peuple, il suffisait de lui " faire la classe ». Et quelle classe! N'importe qui pérorant sur n'importe quoi, sans ordre et sans méthode... Quand donc reviendrons-nous de cette erreur pédante et déclamatoire?"

Est-ce bien probant et notre éminent collègue ne s'est-il pas trop hâté de conclure?

J. V.

L' Imprimeur-Gérant :

E. Bertrand.

CH.\LONSUR-SAONE, IMP. FU.\.\(;MSE KT OllIENTALE K. liERTKAND

DE QUELQUES DIFFÉRENCES

lexiques et typographiques entre divers exemplaires du Nouveau Testament basque de Liçarrague.

Jusrjirà présent, aiiliuit ([iie nous sachions, on a considéré les rares exemplaires survivants du .\ . 1". de Liçarrag-ue comme rigoureusement idenlif|ues, du moins quant au texte. Un hasard heureux nous a permis de noter néanmoins certaines difTérences ({ui permettent, croyons-nous, d'établir qu'il y a eu deux tirages de cet ouvrage. Mais je n'ai pu encore trouver que cinq passages l'on puisse constater des diftérences :

Dans l'évangile selon saint Mathieu, alors que, nu chap. v, parag. 26 (ft. 7 v"), la plupart des exem- plaires ont : renda diroano, celui de Bayonne et, paralt-il, celui de Hambourg ont deçaqueano.

Dans l'évangile selon saint Jean, l'exemplaire du P. Joannatéguy a (chap. x, parag. 16, l't. 182 v'^) par deux fois arthalde, mais dans la majorité des autres exemplaires le mot est devenu arthegui par l'application du mot egai, imprimé sur un petit mor- ceau de papier qui a été ensuite collé de manière à couvrir exactement la fin du mot, c'est-à-dire aide, jugé incorrect après coup.

66

3" Dans ce même évangile, chap. xvii, parag. 24, (ft. 197 V) la plupart des exemplaires, notamment celui du chanoine Harriet et le mien (qui avait ap- partenu au Prince L.-L, Bonaparte), ont les mots ecen et haino écrits ec en et hciin o, quand dans Texem- plaire du chanoine Arbelbide, entre autres, les lettres fautivement espacées ont été rapprochées.

4" Feuillet 428 r°, à la fin de la première ligne, dans les exemplaire de Harriet etde Joannatéguy, ainsi que probablement dans ceux de Leipzig, Stuttgart et Berne, sur lesquels a été faite l'excellente édition de MM. Linschmann et Schuchardt, la dernière lettre de deus a dépassé le haut du corps de la ligne et elle a été imprimée comme il suit : deu\ alors que dans mon exemplaire la lettre s se trouve dans l'aligne- ment.

Dans la deuxième épitreaux Corinthiens (chap. i, ft. 316 v^'), les paragraphes Q3 et 54 sont correcte- ment chiffrés dans l'exemplaire d'Arbelbide, alors que les chiffres erronés .3.3 et .34 peuvent se lire dans mon exemplaire, ainsi que dans ceux de-Harriet et de Joannatéguy.

Que conclure de tout cela ? Rien de précis. Force nous est cependant d'esquisser une hypothèse, dont je ne garantis que la vraisemblance.

Licarraoue a tout d'abord adresser à la reine Jeanne d'Albret, qui les a aussitôt distribués, des exemplaires dans lesquels arthalde n'est pas corrigé, la consonne finale de deus est au-dessus de la ligne, etc. Ensuite un deuxième envoi a eu lieu: mais, dans l'intervalle, le traducteur, «jui a été avisé

(u -

([iTil a parfois traduit la viilgate des catholiques, a c\\nug{' f//-t/u/l(/e en arlliegiii. Après ce premier tirage, les formes ont été mises de coté et conservées par ordre ; quelque temps après, et alors qu'il s'est agi de satisfaire à une nouvelle demande d'exemplaires du X. r, on a remis les formes sous presse pour un second tirage. A ce moment et en efTectuant le transport d'une forme sans doute mal coincée, un manœuvre ou un apprenti inexpérimenté a laissé tomber le cul- de-lampe que l'on remar([ueàla fin de la table (ft. 08 v°) et lorsqu'il Ta remis en place, il l'a renversé la pointe en haut. Aucun ouvrier n'aurait commis cette maladresse que Ton observe dans l'exemplaire de Ba- yonne'. Dans l'exemplaire du P. Joannatéguy, le cul- de-lampe en question est normalement placé, ce qui revient à dire que si l'on inscrivait cet ornement dans un triangle, celui-ci aurait bien sa pointe en bas. Puis, avant de commencer à tirer, lui ouvrier est intervenu et a corrigé deus (au lieu de deii"), 2.3 et 24 (au lieu de 33 et .94) et a rapproché convenablement les lettres de ec en et haino. Les trois corrections dont il vient d'être fait mention étaient faites lors du tirage de l'exemplaire d'Arbelbide.

De ce qui vient d'être exposé on peut donc conclure que les exemplaire d'Oloron, de Madrid, d'IIarriet, ' qui présentent la correction arlJiegui, de même (jue l'exemplaire de .Joannatéguy qui

1. Notons que cel pxoniiilairc est 1 un des très rares qui aient (( deçaqueano ».

2. De mon cxcniiilaiie on ne peut rien dire, car il a été formé de deux autres.

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a conservé arthalde^ proviennent d'un premier tirage, tandis que l'exemplaire de Rayonne et celui qui appartenait à Arbelbide, et offrant soit le ren- versement du cul-de-lampe, soit les trois corrections précitées \ ont été imprimés postérieurement. A ce moment-là, sans doute, Liçarrague recevait les observations que les ministres calvinistes chargés par la reine Jeanne de revoir le texte mss. de la traduction dont il s'agit, n'ont pas manqué de lui adresser à propos des fautes d'impression qui ont certainement .attiré leur attention dès qu'ils ont eu un exemplaire du 1*"^ tirage du N. T.

Georges Lacombe.

OBSERVATIONS SUR L'ARTICLE PRÉCÉDENT

En même temps que M. G. Lacombe m'envoyait la très intéressante note qu'on vient de lire, l'infati- gable M. E.-S. Dodgson m'adressait le numéro du 16 mars dernier des Notes and Qiiei'ies il signale (p. 215, col. 2) des différences entre les exemplaires de Liçarrague de Bayonne, de Hambourg, du British Muséum, de la Société Biblique de Londres et de la Bodleyenne d'Oxford. M. Dodgson, outre diroaiio remplacé par deçaqueano^ a trouvé diotsô changé en diotsa (ft. 5 v"; S. Mat. IV, 6, 9, 10) et drauaiiari accentué en drauânari (ft. 8 v°; S. Math. V, 40).

1. Je n'ai pu vérifier si l'exemplaire d'Arbelbide n decaqueano, car il a disparu après la mort de son propriétaire.

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M. Dodgson fait remarquer que, après le chapitre XX de S. Mathieu, on ne rencontre phis diotsô, mais toujours (ilolsa dans tout le cours du volume. M. Dodgson, qui profite de l'occasion pour faire de la réclame à ses propres travaux, pour donner le coup de pied de la fable ta la réimpression de Strasbourg et pour rappeler que Jeanne dWlbret était la grand' mère de la femme du malheureux Charles I*"", sup- pose que ces corrections ont été faites « when the autlîor and his assistants, mentioned in one of the préfaces, were discussing the merits of the newly prinled pages ».

D'autre part, M. 11. Schuchardt, dans l'introduction de la réimpression de Liçarrague, signale quelques différences entre les trois exemplaires de Berne, de Stuttgard et de Leipzig. Les trois principales sont : ft. 412 r" 1. 3 bil\ed° (St. et Leip.), bilo, edo Berne); ft. 428 r" 1. 1 deiû (Leip.), deas (B.); ft.221 Vl. 3, en marge, 2. 4 (Leip.), berriz 22. 4 (B. et St.). M. Schu- chardt relève aussi un certain nombre de fautes d'imprimerie sur lesquelles je reviendrai.

Il m'a paru intéressant de voir comment se com- portent, au point de vue de ces particularités distinc- tives, les exemplaires du Liçarrague que j'ai sous la main, celui de la Bibliothèque Nationale, celui de la collection d'Abbadie, celui de l'Arsenal et les miens.

L'exemplaire de la Bibliothèque Nationale (Réserve, A. 6455 bis) vient de la maison professe des Jésuites de Paris à laquelle il avait été donné par Huet, évoque d'Avranches. Il avait appartenu au Président de Thou (jui l'avait probablement reçu de Liçarrague

70

lui-même quand il le vit à Laljastide Clairence, eu 1582, 11 a diolsô^ di/'ornw, draiianari, rirtJiegui (pap. coll.), ecei}^ hain o,33, 34, den \ bil^^ cd", berriz 22. le fleuron droit. Le ft. 412 est chiffré 41.

L'exemplaire de M. d'Abbadie (Bibl. NaL, Z Ijasfjue, coll. d'Abbadie, n^ 894) provient de la Bibliothè({ue La Ferté-Séneclère et avait appartenu à FI. Lécluse qui le tenait de « la complaisance réunie de M. \o Supérieur du Grand Séminaire de Bayonne et de INI. le vicaire de Hasparren ». Le volume devait donc provenir des environs de cette dernière ville. Il offre les mêmes particularités que l'ex. de Thou, sauf que le fleuron est renversé.

L'exemplaire de l'Arsenal (n° 639 T), dont l'histoire n'est pas bien connue, a diolsô, diroano, drauanari (sans accent), arthegui (petit papier collé, deux fois), ec eu, bain o, 33^34, deus (aligne), le fleuron renversé, bil", ed\ berriz 22. 4.

Mon exemplaire complet, qui est fort beau, a diolsô, diroano, drauanari (sans accent), arlliegui (papiers collés), ec en, bain o, 23, 24, den'^, le fleuron renversé, bilo et edo alignés, berriz 22. 4.

Mon exemplaire incomplet, réduit à 318 ft. du N. T, offre dans les parties qu'il a conservées des p.arti- cularités intéressantes : ec en, bain o, deu\ 33, 34, le fleuron renversé, bilo et edo alignés, berriz 22. 4. Au ft. 182 v°, il a, la première fois arthalde, la seconde aiilicgni avec" le petit papier portant egui collé sur aide; mais, au ]or(;mii>r (/rlhalde, aide se trouve dans un petit carré plus blanc que le reste de la page, ce (jui indique que le petit papier (|u'on y

71

avait collé s'est détaché depuis longtemps : le même accident a pu se produire dans d'autres exemplaires. Dans celui-ci, le ft. 412 est chilTré exactement 412, alors (|ue dans les autres il y a seulement 41 : c'est la chute du 2 qui a fait remonter Vo de bilo et edo à la fin des deux lignes suivantes. C'est un accident typographique qui sera survenu pendant le tirage : les exemplaires c[ui ont 41 et bii°, ed^, ont été tirés évidemment après ceux qui ont 41 et bilo, edo. C'est à des accidents de ce genre qu'il faut attribuer la montée du s de deus, l'espacement bain o et ec en (qui se (correspondent, l'un au dessous de l'autre, aux lignes 29 et 30 du ft. 197 v°), la descente du k de beJialiten relevée par M. Schuchardt dans les prières ecclésiastiques (ft. E vi v" 1. 24), d'autres encore, et même le renversement du fleuron. Avec les presses à bras on tirait très lentement, on encrait ancienne- ment les formes à l'aide de tampons dont le choc répété amenait souvent la chute de cadratins, de filets, de lettres au bout des lignes, et les pressiers réparaient à la hâte le dommage, tant bien que mal. Ceci ne suflirait donc pas à prouver qu'il y a eu plusieurs tirages soit rapprochés soit éloignés. Il me parait d'ailleurs impossible que l'Imprimerie Haultin, quelque bien outillée qu'elle fût, eût pu immobiliser une si grande quantité de caractères pendant le temps nécessaire au séchage, à la reliure, à l'ex- pédition des premiers exemplaires, à leur distribution, leur lecture attentive et leur examen, et au renvoi d'un exemplaire corrigé ou d'observations impérieu- ses. Dans celte hypothèse d'ailleurs, pourcpioi n'a-t-

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on pas corrigé les fautes purement typographiques qu'on retrouve dans tous les exemplaires : par exem- ple ft. XX pvé[.\° apocaca/i/psea, 89 ro(ch. xiii, v. 37) elzcheco, 193 r'' (ch. xiiii, v*' 31) hemandic, etc., et le chiffrage inexact 105, 106, 108, 438 ^pour 205. 206, 208, 448: la correction a été faite à la main sur l'exem- plaire de l'Arsenal) ?

Je ne crois pas non jilus, comme le suppose M. Dodgson, que le tirage ait été suspendu après la première ou les premières feuilles et que ces feuilles aient été envoyées dans le pays pour être soumises au comité de révision dont parle Liçarrague dans la dédicace. Les termes mêmes de cette dédicace indi- quent que la révision a été faite, avant l'impression, sur le manuscrit complet. D'autre |)art, nous savons que Liçarrague est venu à la iiochellc, qu'il y resta pendant tout le temps qu'a duré l'impression du N. T. et même du Calendrier et de VAbc. Ce qu'il y a de j)lus vraisemblable, c'est qu'il a fait lui-même quelques corrections et quelques changements, au fur et à mesure du tirage. Le remplacement important de arlhalde jiar artliegui, au moyen d'un petit mor- ceau de papier collé par dessus, s'est fait au contraire \\n certain temjis aj^rèsle tirage, sur les exemplaires non encore disti'ibués. Je ne crois pas au surplus que ce changement ait été inspiré par un préjugé de secte; (irlhegal est « bergerie, » el arlhdlde « troupeau ■> le grec a deux mots différents aûX'/] et 7roî[JLV7j; la vul- gate a oc/Zc ; les traductions françaises, catholique et protestante, bergerie et Iroupeau (la vieille traduc- tion calviniste (|ui a servi de prototype à Liçarrague

7.S

a sciûenieni bergerie); Haraneder(éd. Udvr'iei) , s-a Ido et arlhalde ; les éditions de la société biblique et de la so(ùélc trinilarienne, Jiespil et arthalde (laboiirdin), ardilegi et arlalde (gdipiizcoan), saldo 'soiiletin); la traduction catholicjiie moderne Haristoy a aussi hespil et arlhalde\ Il est donc probable (|ne le tirage n'a été l'ait qu'en une seule Ibis^ mais il est (Certain que tous les volumes n'ont pas été reliés ou cartonnés en même temps et au même endrt^it : dans l'exemplaire de l'Arsenal, deux fortes piqûres de vers s'observent, l'une au milieu des pages, obliquement de gauche à droite en montant, seulement aux feuillets 34, 42, 50, 58, m, 74, 82, 90, 98, 106, 114, 122, 130 et 138; l'autre, vers le fond de la marge inférieure, aux fts. 402, 410, 418, 426, 434, 442, 450 (réparé, mal) et 458 unique- ment, ce (jui fait voir que l'exemplaire a être gardé assez longtemps en feuilles assemblées, posées à plat lune sur l'autre.

J'estime donc (ju'il n'y a eu qu'un seul tirage et qu'une seule édition de ce précieux ouvrage. Mais j'appelle 1 attention des amateurs sur les variantes signalées ci-dessus, et je serais très reconnaissant aux pi'opriétaires des rares exejnplaires qui en ont été conservés, s'ils voulaient bien examiner leurs

1. La correction arthalde et arthegui a été ins|)irée par le souci de remplacer « troupeau « par « bergerie », conformément à la version calvi- iiisle.

'_'- Pciil-on tirer arg-uiiiciit de ce que deux paiements successi s ont été faits à Haullin, l'imprimeur ? Non, car il a imprimé deux ouvrages dif- férents, le .\oui'eau Testament et le Calendrier avec a, -b, c. Mais on peut remarquer que certains es. du .\ou(>eau Testament n'ont pas de prières ecclésiastiques : y a-l-il des particularités typographiques spéciales et communes à ces exemplaires ?

74

exemplaires et nous faire connaître le résultat de cet examen.

On s'est demandé combien il pouvait encore exis- ter d'exemplaires de Liçarrague ; j'imagine qu'il doit y en avoir une quarantaine, dont peutèlre quel{|ues lins dans des coins ignorés du pays basque. Plu- sieurs exemplaires qui ont passé dans des ventes publiques n'ont pas reparu ; p. ex. celui de La Yal- lière (première vente) et celui de Mac-Garthy, tous deux reliés en marocain bleu et qui n'en font sans doute qu'un, celui d'Ansse de Yilloison (sans titre), celui de Renouard, etc. J'en connais actuellement 2(3, dont deux ont disparu : 5 en Angleterre ; 12 en France; 2 en Espagne ; 2 en Italie; 1 en Suisse; 3 en Allemagne ; 1 en Hollande ; 16 sont dans des bibliothèques accessibles au public; 11 sont tout à fait complets ; 3 n'ont pas les appendices (prières, etc.) ; les 12 autres sont plus ou moins incomplets et défec- tueux.

J. V.

ADDITIONS l"r COUliKCTIONS

du prince Louis-Lucien Bonaparte sur un exemplaire de son « Verbe basque »

L'œuvre la j)Ius importante du |)riiicc L.-L. Bonaparte est Le Vei'be basque en Uibleaiix (Lon- dres, 1864 et 1869). Ce travail, bien que son auteur ne soit mort qu'en 1891, est resté inachevé. Il a été tant bien que mal complété par les Etudes sur les (liulevles cTAc^corf, de Salazur et de Honcal (1872) et par de nombreuses brochures, et, en outre, il y a, dans les manuscrits laissés par le prince, de nom- breux matériaux pour l'achèvement de cette œuvre, indispensable à qui veut étudier de prés la langue basque. Pour aujourd'hui, je me bornerai à noter toutes les corrections et additions écrites par Fauteur sur son exemplaire de travail. On pourra juger par ce qui suit de la minutie avec laquelle ont été faites ces remarques.

Dans le premier tableau préliminaire, corriger les formes labourdines dadiii, zadin et baladin en dadleti, zadien et baledi. Note 9, au lieu de « ne sont cm|)loyés qu'avec le nom (il « j)Ouvoif », lire : « ne sont employés généralement (|u'avec... (etc.) ».

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A la fin de la note 4, 5, 7, lire: ' u voir le seplième tableau (au lieu du sixième) ).

Dans le deuxième tableau préliminaire, corriger devant les formes 2e/'«^e^ zaree, etc., et les formes dezute^ dozube, etc., /• par ?'.

Dans le quatrième tableau préliminaire!, ajouter immédiatement au-dessous de « formes verbales composées » rausative-conjonctive et, en regard, écrire sous la colonne labourdine bailela \ baitnela, sous la colonne souletine beitela \ beiliaUi « parce que (qu') il est, parce que (qu') il fa ) ; à bnituela se trouve ce renvoi : « See bailnzida at pag. 16 of Meditacioneac, etc. Fiajonan, 1840. » Dans la liste des formes verbales nominales, ajouter « la forme relative-destinative, p. ex. dueii-zat «.Dans celle des formes verbales composées, ajouter la forme « aflir- mativo-relative articulée, p. ex. Elizondo (Matth., 6-30, badena*. Ajouter enfin, parmi les formes nominales composées, la « négativo-relative-desti- native, p. ex. eztueiizat. »

Dans le cinquième tableau préliminaire, ligne 6, au lieu de: « de tombé, d'allé », lire c du tombé, de fallé », et ligne 23, substituer « de vu, de mangé » « du vu, du mangé )^.

Dans le sixième tableau préliminaire, note 1, au lieu de : « lorsqu'il se termine en 67', lsi,tti », lire r.

Dans le septième tableau préliminaire, colonnes labourdines in fine, lire ei'or dndi.cn, eroria izcin

1. (sic).

2. L'auteur renvoie ici à VEi'uiii:;cllo scgiin San Ma/co, ilial. li:iiitiu) ver- rais, traduit jiar Elcheiiique.

- 77

dadicn, cror zadien, croria izaii zadicw. Ajouter à la fin des notes de ce septième tableau : « ou en en ».

Page XIII, ligne 15, intercaler « comme » entre « être considéré » et « plus ancien ».

Page xxij à la fin delà note 3, le prince a écrit : (i Nous trouvons duzuek et ditatziiek dans les Noelak d'Etcheberry ', p. ex. p. 138 et 199 de TÉdition de Bayonne sans date (P. Fauvet) \

Nous rencontrons à la page xxviii (première ligne de la note), une correction insignifiante, « enre- gistrés » pour « enregistrés ». H y a une foule de corrections de ce genre (additions d'accents, de points sur les ?', etc.) Je ne les donnerai [)as par la suite.

Je copie sur le verso de la page oii se trouve le vexai conjugaison [ceWe qui précède la page i] la note suivante :

« Correction importante :

» (Changez en ten la syllabe finale ne de tous » les lerminatifs féminins labourdins, à la seule » exception de ceux de la voix transitive ayant la » troisième personne du pluriel pour sujet. C'est » ainsi que natzayone «je leur suis «, ziayone « il » leur est », ziaizlxone « ils leur sont », litzaizko- » kene « ils leur seraient », gintzaizkiokene « nous » leur pourrions », zione « il le leur a», ziokene » il le » leur aura », niozakene «je le leur pourrais », liokene « il le leur aurait », ginlozakene « nous leur pour-

1. (â/c). G. L.

2. II y en a plusieurs ; le Prince B. avait des exemplaires des deux éditions cotées 15 h et 15 i, par M. Vinson.

78 ~

» rions», etc., etc.: seront covrïgés en ?iatzayo/en, )) ziayolen, ziaiskoleii^ litzaizkokcten, gintzaizkoke- » tcn, ^io/eii, zioketen, niozakeieii, liokelen, ginio- » zake/eji, etc., tandis que zio/ie c ils le leur ont », » ziokeiie <> ils le leur auront », liokene « ils le leur » auraient », etc., resteront inaltérés. »

Page 54, dans la dernière forme biscayenne, aine, les deux dernières lettres sont barrées, et on les a remplacées par en ??, et on a écrit en-dessous : « V. Zavala ! ! ». De môme, à la page 57, ligne 13, au lieu de aikene, il y a « ai keeii ?? V. Zavala ».

Page 75 et en beaucoup d'autres endroits, des formes sont répétées à l'encre violette, je n'ai pu savoir pourquoi : ainsi, à côté de l'imprimé dit a, on trouve le manuscrit ditu ; dituizte^ zituen^ zituzien, etc., sont ainsi répétés. Toutes ces additions sont indubitablement de la môme écriture que toutes les autres.

Pao:e 83, se trouvent deux nouvelles formes rela- tives avec « me, te, nous, vous » pour objet, ce qui, avec \e giofza(eniangiotza) « il nous a donnés à lui » découvert par Ithurri dans \es Méditations de Duhalde, etlesneuf ou dix signalées parle prince lui-même, porte à douze on treize les formes similaires qu'on a trouvées jusqu'à présent chez les auteurs '. Ce sont :

1. Le Docteur Broussain, de Haspai-ren, m'écrit à ce sujet que la forme na/w, avec le sens de « il m'a à lui », est, de nos jours, usitée à Briscous (G. L.)

Les formes relevées par le Prince Bonaparte sont emon a qu'il te donne à lui », ieço» « qu'il t'aie fi lui », aiaitfé a ils t'ont à moi », naraiianac « celui qui l'a à moi » cerauzquiotet « je vous ai à lui », baicraitzi/iiio « parce qu'il nous a à lui », Qarauzcac ou guerauzcac « tu nous as à lui, ô homme ». f.T. V.)

71)

39, 18 : reconcilialu vran garauzquig « il nous a réconciliés a toi [lilL il nous a en réconciliés a toi) » ; et 77, 29 : ailari reconcilia guiençonçat « pour qu'il NOUS réconciliât au Père ».

Page 96, première colonne laboiirdine, on lit à côté de ddiial et de daiili les formes liçarragiiéennes drauat et drniik.

Page 160, ligne 24, eilacer « sous-dialecte bazta- nais d'Elizondo ».

Telles sont, exactement transcrites, les remarques additionnelles du prince L.-L. Bonaparte à son ouvrage capital. Il y aura lieu de rechercher plus tard ce qu'il y a de publiable dans les innombrables manuscrits qu'il a laissés concernant la langue basque.

Georo-es Lacoaibe.

RÉPONSE A M. VINSON

M. Vinson m'a reproché plus d'une fois que je n'ai cité dans mes études basques ni les ouvrages de lui-même ni ceux du feu Prince L. L. Bonaparte. Mais si j'ai préféré citer les grammaires de van Eys et de Campion, c'est parce que ce sont des manuels commodes, l'on trouve les rensei- gnements nécessaires. on peut voir les noms de ceux qui ont fait les découvertes ou qui ont donné les explications. Mais M. Vinson a raison, il aurait été mieux de citer toujours l'auteur qui a été le premier à faire remarquer ou à expliquer les faits mémorés dans mes études. Néanmoins il ne me semble pas juste de m'en faire un tel reproche comme l'a fait M. Vinson. Le lecteur pourrait ob- tenir l'impression que j'eusse un parti-pris contre des savants, dont je reconnais volontiers les mérites. M. Vinson pourra s'en convaincre par la lecture de mon essai sur le caractère de la grammaire basque.

ce. Uhlenbeck.

Levde. [Breestraat, 53.]

THÈME OU VERSION

La question n'est pas neuve, mais elle est toujours intéressante, parce qu'elle se lie à celle de la mé- thode ; et toujours d'actualité, parce que l'étude des langues étrangères est plus que jamais à l'ordre du jour. Quels doivent être les rôles respectifs du thème et de la version dans notre étude ? Faut-il com- mencer par le thème ou faut-il au contraire commencer parla version ?La plupart des professeurs, des péda- gogues, des étudiants même, afïïrment que le thème est l'exercice primordial, qu'il doit être le premier et d'abord le seul exercice ; la plupart des savants et des linguistes, au contraire, sont partisans de la version et soutiennent que le thème ne doit être que l'application, que la contre-partie, que la vérification delà version. Je suis de ceux-là.

On pourra dire, on a dit, qu'il fallait distinguer entre les langues mortes et les langues vivantes, qu'il fallait tenir compte du but de l'étudiant : celui qui veut apprendre une langue pour la parler et s'en servir couramment ne saurait travailler de la même façon que celui dont l'intention est seulement de lire des ouvrages écrits dans cette langue ou de s'accorder la fantaisie de pouvoir l'écrire. L'objection est spé- cieuse, mais elle est facile à réfuter : ({ue ce soit pour

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«•?

parler, pour lire ou pour écrire, il faut apprendre deux choses, les mots et les règles de la grammaire. On peut évidemment arriver par la simple pratique à parler couramment, mais alors la question de mé- thode ne se pose plus ; c'est de Tempirisme, il n'est plus besoin de versions ni de thèmes et l'on sera tou- jours incorrect. J'ai déjà réfuté plusieurs fois des afïirmations de ce genre ; j'ai toujours soutenu que l'étude directe d'un texte, même si l'on veut apprendre une langue dans un but pratique, doit être mise au premier plan ; qu'on doit déduire les règles grammaticales de textes étudiés et non d'un livre dogmatique procédant par affirmations ; que la grammaire^ par conséquent, ne doit être qu'un guide, qu'une direction, qu'une indication ; que le thème doit être essentiellementl'imitation d'un texte original, l'application des règles déduites de ce texte ; et qu'en- fin la traduction libre d'un morceau indépendant doit venir en dernier lieu et n'être en quelque sorte qu'une récapitulation générale . En d'autres termes, je suis tou. jours pour la méthode positive, celle qui procède de l'observation et de l'expérience : on m'objecterait en vain qu'elle ne convient pas aux enfants qui ne savent pas raisonner ou qui raisonnent mal ; et dont la principale ressource, le principal élément de travail est la mémoire ; je répondrais que l'enfant n'étudie guère aujourd'hui sérieusement les langues, le grec et le latin notamment, avant la douzième année et qu'à cet âge, il est déjà capable de raisonner juste.

Mais, si ces choses me sont revenues à l'esprit, c'est qu'il est arrivé sous mes yeux un petit livre, très

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intéressant etfortbion fait, plein d'excellents conseils, qui a pour litre : ^^ Le llu^ntc laliii cl Ui version laline (leiiriitililé, leur méthode, applications de la méthode), à l'usage des élèves des classes de lettres, par Georges Anquetil. Paris, H. Daragon, éditeur, 11)05, in-12, .\viij-i>2-(iij) p. >•>. L'auteur est un partisan résolu du vieux système ; il proclame la [)riorité nécessaire du thème et son excellence et dit notamment (p. 1) que le thème « doit conduire logiquement à la version » ; il ajoute : « jamais vous ne trouverez un élève réus- sissant régulièrement en version latine fpii ne soit fort en thème », et plus loin : a le thème latin apprend avant tout à avoir l'esprit régulier, attentif et métho- di({ue ; cultive la mémoire par l'application constante des règles de l'inexorable grammaire ; corrige de l'étourderie et de rinattenlion_, et est enfin un excel- lent exercice de français et d'intelligence )). En rem- plaçant le mot (( application » par « constatation » on appliquerait excellemment ce dernier |)aragraphe à la version. Il est vrai que l'auteur a surtout en vue ceux qui demandent la suppression complète du thème dans les études classiques; cela est absurde; je ne suis pas de cex-là, je n'ai pas besoin de le dire.

Une fois de plus, je vais donner un exemple de la manière dont je comprends le travail de l'étude d'une langue. Je prends, dans le livre de M. Anquetil, cette phrase de Ouintilien : Licei ipsa vi/iiiiii sil (iiiibilio, fréquenter lainen caiisd ^'irtuluni est. Je commence par expli([uer à l'élève les mots, un à un : « Quoique elle-même défaut soit ambition, fréquemment cependant cause des vertus est » ; il

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n'est pas bien difficile de comprendre que cela si- gnifie : « Quoique l'ambition soit en elle-même un défaut, elle est cependant souvent une cause de vertus )) ou, en meilleur français : « elle fait naître souvent cependant des vertus » . Je fais alors re- marquer à l'élève la différence entre le mot à mot, la traduction rédigée et la traduction correcte. Je lui fais voir ensuite la différence qu'il y a entre la cons- truction latine et la construction française : le latin commence généralement parle sujet, met au second rang le complément ou l'attribut et finit par le verbe, chacun de ces éléments de la proposition pouvant être accompagné d'éléments modificatifs, adverbes, adjectifs, propositions incidentes, etc. 11 y a parfois des inversions, surtout lorsque, comme dans le cas présent, la phrase commence par une conjonc- tion. Je lui fais noter enfin que l'incidente précède le plus souvent la proposition principale, précisément parce qu'elle en modifie le sens. La syntaxe est principalement réglée par la pensée de celui qui parle : l'hindoustani tourne toujours le passé actif par le passif, il dit a la maison a été vue par moi » main ne gliar dékhà, pour « j'ai vu la maison », parce que « la maison » est la partie la plus impor- tante de la proposition ; mais il peut dire aussi « par moi il a été vu à-la-maison » main ne gliar ko dèkhà, et celte tournure s'explique par la prépondérance donnée au verbe. C'est pour des raisons analogues que l'Indien dit mèrâ jawâb « ma réponse )), pour (( la réponse qu'on m'a faite ». Passons maintenant au point de vue grammatical.

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L'étudiant notera sur un cahier spécial, de gram- maire, à la î)age consacrée aux conjonctions, que licel est employé pour « ([uoique » et qu'il gouverne le subjonctif; il aura soin d'indiquer aussi que ce mot est proprement un verbe impersonnel signifiant « il est permis » ; ipsa, pron. pers. réfléchi fém. sing ; ici, adj. qualifiant anihitio, fém. sing. ; sit, per. sing. subj. prés, de esse « être » ; fré- quenter, adverbe, de l'adj. //•ery^e/z.ç; la terminaison ter forme des adv. de manière ; virtutuni, gén. plur. de virtus, virtJitis ; observer l'importance mor- phologique du génitif singulier, les particularités de la déclinaison imparisyllabique, les variations des génitifs pluriels en um ou iiiin ; etc.

Cela fait, comme l'élève aura vu auparavant et analysé de la même façon d'autres phrases, nous pourrons lui faire faire, sur ces divers textes, des thèmes d'imitation. Admettons, par exemple, qu'il ait seulement traduit: //os pa/ria/ii fugimus... silvas et doceinus periculosam libevtalem iacuriosae servitati anteponendani esse, nous aurons le droit de croire qu'il n'aura pas de peine à traduire en latin: « la vertu nous enseigne que l'ambition est la cause de tous les maux; cependant nous ne l'abandonnons pas souvent », et il n'aura qu'à relire ses notes pour en venir à bout.

L'erreur de M. Anquetil est dans la persuasion il paraît être que, pour l'écolier, pour l'enfant, le thème n'est pas un exercice mécanique. Malheureu- sement, il l'est dans la plupart des cas. Avec un de ces bons gros dictionnaires, remplis de phrases toutes

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faites, Lin élève intelligent, mais ignorant la gram- maire, arrivera sans trop de peine à faire un thème passable, alors qu'il sera incapable de comprendre une version relativement facile. Il écrira sans raison- ner, tandis que pour mettre en français un texte étranger, il faut au contraire nécessairement réfléchir, penser, comparer : c'est par la version, et par la version seule, qu'on j)eut comprendre et qu'on doit apprendre la grammaire; c'est par elle, par la constatation des idiotismes, des locutions diverses et des tournures constantes, qu'on acquerra la connaissance certaine des dix ou douze « rè- gles » fondamentales de la syntaxe latine, si bien résumée par M. Yrondelle dans sa brochure o La Version latine au baccalauréat ( Paris 1905, viij .-132 p . in-8°) » : l'ablatif absolu, la proposition infinitive qu'on appelait de mon temps le que retranché, etc. Je ne saurais trop le répéter, la « règle », puisque règle il y a, n'est et ne doit être qu'une conclusion, qu'une résultante, qu'une conséquence, et non une aflirmation ex cathedra, un axiome, un poslulatuni indiscutable.

Vn argument de plus en faveur de la version, peut être tiré de ceci : c'est que, le plus souvent, et sur- tout quand on étudie luie langue morte, comme le latin, le grec ou le sanscrit, on ne se propose pas d'écrire correctement dans cette langue, mais de lire le mieux et le plus vite possible un texte, une dissertation, un poème, un ouvrage quelconque.

(Quelle est donc la méthode la plus simple ? C'est, et je m'occupe ici des adultes, de se procurer

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un texte, une bonne traduction de ce texte et une grammaire quelconque, la plus courte possible. On commencera par faire, [)our son propre usage^ un résumé de cette grammaire, réduit aux formes de déclinaison et de conjugaison, en plusieurs tableaux ces formes seront l)ien distinguées et bien mises en relief. Puis on prendra le texte et on cherchera, phrase par phrase et mot par mot, à l'analyser gram- maticalement à l'aide du résumé dont il vient d'être question. Puis on regardera la traduction et on se rendra compte de ses erreurs, s'il y a lieu ; et c'est alors qu'après avoir compris l'idée générale de la morphologie, on comprendra la construction et la syntaxe. Si l'on n'a pas de grammaire, le travail est plus lent, puisqu'on doit se faire à soi-même au fur et à mesure le tableau des formes, mais il est peut être plus sur. Il sera encore plus f)énible, mais tout aussi profitable au moins, si l'on en est réduit à un texte et à un dictionnaire : dans ce cas, si la chose est possible, il faut toujours vérifier en consul- tant le dictionnaire inverse et faire tous ses efforts pour dégager les radicaux et l'es racines, ce à quoi on arrive par les mots-parents que donnera le di('tionnaire. Il faudra être bien pénétré de ces deux idées : que l'analyse minutieuse de toutes les parties de chaque mot est le premier et le plus essentiel des travaux et que les mots n'ont jamais qu'une signifi- cation relative et, si j'ose le dire, accidentelle. Le français qui est plein de nuances, qui est si souple et si flexible, aura mille manières différentes de traduire les mêmes mots étrangers. La signification

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résulte du contexte, de la proposition, delà phrase et non des mots.

Je n'ai pas fait seulement ici de la théorie; je parle par expérience. J'ai appris et étudiéplusieurs languespeu connues de cette manière. Je n'ai pas procédé autre- ment quand j'ai traduit du hongrois en français le travail de M. Ribary sur le basque: je n'ai eu d'autres instruments en mains que le texte du magyare, la grammaire de Ballagy (Bloch) et le petit dictionnaire de Coloman Babos.

Pour Tentant, j'accorde que la méthode ne peut être absolument la même et qu'il faut faire une plus large part à l'empirisme et à la mémoire. On commen- cera donc par lui mettre en mains une grammaire très élémentaire, contenant surtout les paradigmes des déclinaisons, les tableaux des conjugaisons, les listes des pronoms, des prépositions, des principaux adverbes et des conjonctions les plus importantes. Au fur et à mesure, on lui fera traduire, du latin en français, par exemple, des phrases très simples il devra retrouver ces formes el ces mots, et qu'il devra imiter en traduisant, du français au latin, d'autres phrases non moins simples. Puis, quand il aura été suffisamment préparé et assoupli par cet exercice, on pourra lui faire aborder l'étude et l'analyse des textes.

C'est ici que devront trouver place les conseils pratiques de MM. Yrondelle et Anquetil. Je les résume ci-après :

Lire attentivement d'un bout à l'autre le texte donné, puis tâcher d'en saisir l'idée générale et

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remarquer les passages essentiels, les expressions spéciales, les mots caractéristiques;

2" Reprendre chaque phrase, l'expliquer motà mot, de tête, et enfin écrire la traduction d'un seul jet ;

Noter, à mesure, les mots difficiles, les accep- tions particulières précisées par le contexte, les idiotismes, les tournures exceptionnelles ;

Relire et réviser, tant au point de vue de la signification que de la correction ; le français ne devra pas être le calque du latin : on pourra diviser ou réunir des phrases, remplacer des substantifs par des adjectifs, des verbes par des substantifs ou des p.ériphrases ; des pluriels par des singuliers; des présents par des passés ou des futurs, et inver- sement. Leprincipaf, c'est de suivre l'ordre des idées, en faisant exactement se correspondre les mots ou les expressions essentielles.

Pour faciliter aux jeunes élèves l'intelligence de la langue, M. Yrondelle a résumé, en dix principes fondamentaux, toute la syntaxe latine. J'y reviendrai tout à l'heure.

Aux recommandations de ^1. Yrondelle, M. Anque- til ajoute les suivantes :

5" Pour bien comprendre, décomposer et classer les propositions, et chercher, dans chacune, le sujet (d'ordinaire au nominatif), le verbe (qui s'accorde en nombre et en genre, quand cela est possible, avec le sujet) et enfin le complément (au cas régi par le verbe) ou l'attribut au même cas que le sujet) ;

Ne pas essayer de deviner, et ne pas craindre de consulter le dictionnaire, même pour les mots

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que Ton croit le mieux savoir ; faire attention aux idiotismes, aux formules, aux locutions spéciales ;

Prendre toujours pour base, pour point de départ de la traduction correcte, le mot à mot strict et exact du texte donné, et j'ajoute, moi, dans l'ordre même de ce texte, ce qui est le meilleur moyen de se rendre compte de la différence des deux langues ; rien n'est plus abominable que cette habi- tude de certains professeurs de transposer de rilomère ou du A'irgilc dans l'ordre de la syntaxe française : cano arma que vi'rii/ii...

8" iNe jamais écrire quelque chose que Ton ne comprend pas; un contre-sens est préférable à un non-sens; le contexte d'ailleurs doit fournir à cet égard de bonnes indications.

Ces conseils sont fort bons et peuvent servir à d'au- tresqu'à des enfants; c'est pourquoi j'ai cru pouvoir les rapporter ici. Je vais également résumer les conseils de M. Anquetil pour la bonne exécution d'un thème:

Lire lentement et attentivement le texte français, pour se rendre compte des difficultés qu'il présente;

Donner au français l'allure de la phrase latine qui devra lui correspondre ou plutôt préparer cet arrangement des mots dans la pensée/ ;

Se rappeler et appli(|uer les règles résultant des exemples de la grammaire et des textes que l'on a déjà lus ;

Bien comprendre les acceptions particulières des mots français et se servir intelligemment du Dictionnaire français-latin, en vérifiant par le Diction- naire latin-français ;

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Prendre de préférence les mots employés par Cicéron, puis par Sénèque, Qiiinlilien, César, Titc- Live, Tacite, etc.

()" Xe pas oublier, aulaiit (|ii(; [)0ssible, de relier les j>hrases entre elles par ces conjonctions que les latins aimaient fort : ilaqiie, elenim, allamen, cœteriim, etc. (au commencement des phrases), ou enini, tameii, vero^ aitlem, quideDi, etc. (après le premier mot);

7" Simplifier et réduire autant que possible le nombre des mots ;

8'^ Suivre en général Tordre de construction sui- vant : sujet, attribut ou complément^ verbe, en groupant autour de chacun de ces éléments princi- j)aux les éléments secondaires qui les modifient (adjectifs, adverbes, etc.);

9" Ilelire pour vérifier, compléter, pré('iser, corriger et voir si, en retraduisant en français, le sens l'eslerait le même.

?*1. Ancjuetil voudrait en outre que l'élève sut, avant tout, les règles de la grammaire à fond. Je demande, moi, qu'il les apprenne au fur et à mesure, et, par conséquent, qu'il ait à faire seulement des thèmes il n'ait ix appliquer que ce qu'il a appris j)our ainsi dire par les yeux.

M. Yrondelle résume ainsi les postiilala de la syntaxe latine :

Les mots sujets des phrases sont toujours au nominatif;

L'attribut doit être au même cas que le nom auquel il se rapporte ;

Les compléments des noms et des adjectifs se

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mettent au génitif (et par conséquent les verbes dans ce cas prennent la forme dite gérondif en di), sauf certaines exceptions qui s'expliquent par le sens même du mot déterminé ;

4' Le régime direct des verbes actifs se met à l'accusatif, mais il faut remarquer que certains verbes français ne se traduisent pas exactement et ont pour équivalent en latin des verbes composés ou des verbes neutres qui demandent d'autres cas;

Le régime indirect se met au datif, à l'ablatif, au génitif, ou même à l'accusatif, suivant la nature du verbe et d'après la préposition de liaison;

En général, la proposition subordonnée est ren- due par ce qu'on appelle la proposition infînitive, sauf celles exprimant le doute ou l'incertitude ;

Une proj)Osition qui peut être mise sous une forme participiale se traduit par l'ablatif absolu ;

On remplace le participe présent et le participe passé du verbe être, ainsi que le participe passé des verbes actifs, par une proposition conjonctive com- mençant par cum.

Je supprime les deux autres principes qui me paraissent inutiles; j'ai modifié un peu la rédaction de quelques-uns, car j'ai trouvé le défaut qu'on peut reprocher à trop de pédagogues, celui de pro- céder par affirmations et de faire appel à la mémoire seule, au lieu du raisonnement. Ainsi, les adjectifs utllis, finiliniiis, d'une part, altus, dives, dignus, de l'autre, ne peuvent évidemment avoir leurs complé- ments, les premiers qu'au datif, les seconds qu'à l'aijlatif. Et quant aux verbes, n'est-il pas absurde de

93 •=-

dire que stiiclere gouverne le datif, clocere Taccusatif, meminisse le génitif, par exemple ? Si s/ude/e veut le datif, c'est parce qu'il signifie « s'appliquer à »; si clocere demande deux accusatifs, c'est parce qu'il forme des propositions analogues à celles-ci : «je vous fais roi » ; si memiiii a la forme du passé et la signification du présent, et réclame le génitif, c'est parce qu'il a le sens de : « j'ai eu l'impression de » c'est-à-dire : « je me souviens de », etc.^ etc. Que de choses gagneraient à être ainsi expliquées ! me pœnilel contracté de mepœna tenet, verbes déponents à forme passive qui sont en réalité des moyens, etc. Il en serait de même pour toutes les langues. En hindoustani, par exemple, certains grammairiens « pratiques », s'obstinent à dire que la terminaison du génitif varie et s'accorde en genre et en nombre avec l'objet possédé [bàp-kt bêti « la fille du père »; bêti-kâ bâp « le père de la fille »), au lieu d'expliquer que cette terminaison prétendue est un suffixe adjectif, le participe passé « fait », qui s'accorde nécessairement avec le nom déterminé. Ils disent de même qu'il y a un cas « agent » en ne qui entraine l'accord du verbe-participial actif passé avec son complément direct, tandis qu'en réalité ne est le suffixe instrumental « par » et que la phrase est retournée, « j'ai vu le livre (fém.) » devenant « par moi le livre (a été) vu » main ne kilâb dêkhi ; on peut même dire impersonnellement : main ne kitàb ko dékkà « par moi au livre il a été vu ». Tout ceci entre autres est assez mal exposé dans l'une des der- nières grammaires qui vient de paraître [Hindustani

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grammar self iaughi^ par le cap. G. -A. Thim, Lon- dres (in-8'^, p. 30-31). En tamoul, les participes sont essentiellement relatifs, mais ils peuvent être pris subjectivement ou objectivement, kanda^ par exem- ple, signifiant tantôt « qui a vu » et tantôt « qu'on a vu » : nàn kanda maram « l'arbre que j'ai vu », en 11' ei konda ni « toi qui m'as vu » ; en tamoul, aussi, chacun des éléments formels garde son indépen- dance : dans kandây « tu as vu », ày est si bien « toi » qu'on peut y ajouter des suffixes de relation et dire par exemple kandâijkku « à toi qui as vu »; de même on peut dire màrhên «j'ai une poitrine », et pûn luàrbèuei kcmdân « il a vu moi dont la poitrine est ornée d'un bijou » {pùn^ bijou; nidrbii, poitrine). Le basque, qui a les constructions participiales et même le cas agent, distingue nik ikusia « ce que j'ai vu », de ni ikusiak « celui qui m'a vu ». Il place toujours le génitif avant le déterminé, et l'adjectif au contraire après, ce qui implique une interversion des rôles; le verbe actif a toujours son régime direct incorporé en lui : etcJiea dakusal signifie, non pas « je vois la maison », mais « je la vois, la maison », ce qui explique pourquoi, à la question « avez-vous fermé la porte ? » une servante basquaise répondra toujours, en français : « j'ai fermé » au lieu de « je l'ai fermée » : on sait qu'au contraire le hongrois a les deux formes, lalolc erdôt « je vois une prairie », Q\.latovi az erdôt «je la vois, la prairie ». Je pourrais citer bien d'autres particularités syntactiques ou grammaticales, le duel, les pronoms affixes, les voix dérivées (comme les trois formes hindoues,

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« ho'im», pila « faire boire, abreuvei- «, pihvâ « faire donner à l)oire, faire abreuver, être eause que quelqu'un IjoïL »), l'état eonstruit des mots, etc. A propos du duel, sait-on quel est le texte grec' qui m'en a fait le mieuxcomprendreremploi?c'estrii\ m- ne de Callistrates à Harmodius et Aristogiton, avec ses £T:ot7]aaT7]vet£7rot7jaaTOv, sesxxavéTTjv etxTavsTOv, et son arpwv; nous y voyons, par parenthèse, des conju- rés cacher leur glaive sous un rameau de myrte, comme l'assassin du président Garnot cacha son poignard dans un bouquet.

Au fond d'ailleurs, la question est surtout une question de méthode. C'est toujours la vieille que- relle entre l'empirisme et l'observation, entre la routine et l'expérience, entre le principe d'autorité et celui de liberté : j'allais presque rappeler la fameuse querelle des anciens et des modernes. Les gram- mairiens tamouls ont formulé un précepte d'un con- servatisme farouche, bien fait pour empêcher le développement et le progrès de la littérature :

Epporul éççolin évvâru uyarndôr Ceppinar appadi çeppudan marahè

« Sur quels sujets, avec quels mots, de quelle fa- çon, les gens supérieurs ont parlé; parler de cette manière, c'est la convenance du style. » Mais, si un arbre doit être jugé par ses fruits, un système d'édu- cation doit l'être par ses résultats. Or, il est facile de constater que ceux qu'on appelle familièrement

1. J aurais pu rappelei' aussi le çloka célèbre du Rdmâyaiiu : l'atrd- ham krpanavandhdu

ge- lés forts en thème n'ont pas joué dans la société le rôle important auquel ils semblaient appelés. La plupart des grands politiciens, des homme d'état^ des écrivains éminents, des savants de mérite, ont été seulement de bons écoliers, se tenant dans une hon- nête moyenne, et souvent aussi les premiers de leur classe sont devenus de vulgaires médiocrités quand ils n'ont pas complètement disparu. Les professeurs les plus renommés n'ont eux-mêmes souvent produit que des œuvres fort ordinaires le souci de la forme n'a laissé que peu de place aux idées et le mauvais goût le dispute à la fausseté du raisonnement. J'ai connu un professeur de rhétorique qui répétait, tous les ans, cette niaiserie : « quels romantiques, Mes- sieurs, que ces classiques de l'antiquité !..»; et c'est lui qui, à propos de je ne sais plus quel livre célèbre, a écrit la phrase fameuse : « ce fut le je pense donc je suis de la littérature ». Et le temps précieux perdu en vains exercices de mémoire \ Aujourd'hui encore,

1. Je ne sais si je m'abuse mais il me semble que plus j'avance en âge, plus ma mémoire, qui a toujours été fort bonne, se renforce et se perfectionne Je retiens mieux et plus vite, sans doute par ce que j'ai bien conijoris et je m'explique bien tout ce que je veux apprendre. En est-il de même de l'enfant .' Non, Lélas ! et trop souvent il ne comprend pas ce qu'il récite. On me permettra, à ce propos, de citer ici des vers qui ont été composés, pour moi, par mon père, en 1845, avec cette épi- graphe excellemment apliquée, maxima debetur puero reccrentia :

Dès qu'un enfant paraît avoir quelque mémoire, Ses parents aiment fort à charger son esprit De grands mots inconnus, fastidieux grimoire; Plus il est perroquet, et plus on lapplaudit. Pour un petit enfant, c'est un travail d'Hercule : On blâme avec raison ce travers ridicule;

î)7

on fait apprendre par cœur aux enfants des listes interminables de verbes irréguliers grecs, alors qu'ils les apprendraient bien mieux, un à un, par le travail quotidien; sans leur expliquer d'ail- leurs pourquoi tel verbe actif a un futur de forme moyenne et pourquoi tel autre a deux ou trois radicaux différents. Qui s'est donné la peine de chercher pourquoi fera varie en tuli et latuiii ? qui s'est avisé de comparer ainor et amatus siini à icii werde geliebt et ich bin geliebt ? Un lexi- cographe basque a commis cette bourde : « bego, laissez, impératif de iiLz » : utz est le radical « laisser », mais bego est « qu'il reste, qu'il demeure » ; le sens subjectif s'es.t objectivé et l'inertie naturelle a été confondue avec le résultat d'iuie action exté- rieure. D'autres bas(juisants ont dit que baantzut (pour baddiitzulj rend notre « plait-il ? », mais sans faire voir qu'il signifie proprement « est-ce que je l'entends ? » ou plutôt « si je l'entends », du radical eiilzaii « entendu ». Je n'en finirais pas si je voulais (ùter toutes les extravagances analogues des gram- maires et des dictionnaires. Les grammairiens hindous nous offriraient ainsi de nombreux exemples de confusions et d'erreurs, surtout ceux du sud qui ont voulu à toute force adapter au cadre de l'orga- nisme sanskrit leurs idiomes qui en ditfèrent si

Mais les penseurs sont rares en tout temps; Et, dans le siècle heureux de lumière nous sommes,

On voit que la plupart des hommes Ne savent que des mots et sont de grands enfants.

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profondément. Mais, pour en revenir à nos pédago- gues français, que de critiques n'aurait-on pas à leur adresser, ne serait-ce par exemple que sur leur manière de noter les devoirs de leurs élèves : versions, thèmes, compositions françaises même sont appré- ciées d'après le nombre des fautes comptées d'ailleurs par quarts et par demies : est le critérium, est le type correct absolu ? qu'est-ce qu'une faute, qu'un quart de faute ? C'est réduire la chose à un simple calcul d'arithmétique; or, rien n'est plus inexact, car telle copie qui aura dix fautes vaudra mieux dans son ensemble que telle autre qui en aura cinq seulement. L'intelligence et l'initiative sont encore une fois, par le système courant, sacrifiées à la mémoire, à la routine, au travail machinal et irrai- sonné.

Mais, si je trouve mauvais les formes et les pro- cédés de renseignement classique, si je suis par- tisan des exercices oraux (thèmes et versions au tableau), je n'en ai pas plus d'enthousiasme pour les prétendues réformes de ces derniers temps; pour le baccalauréat polychrome; pour ces chinoi- series de classes A, B, C, D; pour le surmenage ou la réforme de l'orthographe. Je ne suis pas convaincu non plus que la suppression du discours latin et des vers latins ait été une si bonne chose. . . Je suis également de ceux qui n'éprouvent aucun enthousiasme pour la nouvelle « méthode directe » d'enseignement, en ce qui concerne les langues étrangères : c'est le développement du sytème désas- treux des bonnes anglaises ou allemandes. Pour

99

apprendre à nagera quelqu'un, le jettera-t-on à l'eau du haut d'un pont ? Télémaque savait nager quand Mentor lui joua ce tour; d'ailleurs le précepteur rejoignit aussitôt son élève qui avait bu l'onde anière, contre-poison souverain de sa passion pour Eucharis. Le système classique actuel m'apparait sous les traits d'un vieux magister prétentieux, pénétré de son importance, grincheux et grognon, cuistre tou- jours prêt à morigéner, qu'un lapsus indigne, qu'un solécisme irrite, qu'un barbarisme exaspère, un Ratin aux pudibondes harangues, empressé de distribuer des pensums et des retenues; railleur et spirituel à froid, orgueilleux et vain, redouté d'ail- leurs et méprisé de ses élèves. Au contraire, la méthode scientifique me semble une jeune et vaillante mère, femme vigoureuse et superbe, qui surveille de près, mais sans l'ennuyer de sa sollicitude trop active, les premiers pas de son enfant; elle le laisse aller en lui donnant les indications nécessaires et se tient attentive, prête à intervenir en cas de besoin: l'enfant va, court, trébuche, tombe même, mais il voit par lui-même le résultat de son inex- périence et, rebelle aux ordres, revient demander des conseils. L'initiative, la responsabilité, la liberté, font des hommes; l'obéissance passive, la discipline subie, la loi imposée font des esclaves ou des imbé- ciles.

Julien Vin SON

ÉTUDE COMPARÉE

DES LANGUES POLYNÉSIENNES

II

Le Maori de Nouvelle-Zélande, d'après la Grammaire de W.-L. Williams

Après avoir donné une hitrodaction et une Biblio- grapJiie du sujet que cette étude a pour but d'appro- fondir, il est temps maintenant d'aborder la partie essentielle de nos recherches, c'est-à-dire l'examen grammatical des diverses langues parlées dans les archipels.

L'auteur a l'ambition, qui pourra paraître assez grande, de donner sur chacune d'elles des renseigne- ments grammaticaux, linguistiques et philologiques aussi complets que possible.

11 se préoccupera notamment d'en rédiger sur un plan nouveau les grammaires, pour la plupart incon- nues en France de tels travaux, trop ardus pour attirer les « intellectuels » à demi-culture, et trop spéciaux pour que le public s'y intéresse, ne comptent que fort peu de sectateurs.

On ne saurait croire combien il est humiliant de constater chez nous une infériorité constante dans la quantité, la richesse d'informations, et la valeur

101

documentaire de nos publications lingiiisti{|iies, quand on les compare à celles que rAllemagne, l'Angleterre et même l'Amérique ont fournies depuis cinquante ans.

Particulièrement en ce qui concerne les langues polynésiennes, c'est faire œuvre entièrement nouvelle que de s'en préoccuper. Aussi ces pages commen- cent-elles une série qui sera longue, puisqu'il s'agit de remonter les îles du sud au nord, groupe par groupe, depuis la Nouvelle-Zélande jusqu'aux Sandwich.

* *

Le Maori de Nouvelle-Zélande, d'après la grammaire de W. L. Williams

Les Maoris sont le peuple indigène qui occupait la Nouvelle-Zélande avant l'arrivée des Anglais. On ne les croit pas autochtones et certains auteurs se querellent pour les faire venir de Savaï dans le Samoa, suivant les uns, et de Tonga dont ils se rapprochent beaucoup par leur langue suivant les autres.

Quoi qu'il en soit, depuis le temps lointain Te Kupe, l'ancêtre maori, aborda dans l'île Aotea-Roa,la plus septentrionale de Nouvelle-Zélande, les Maoris qui longtemps furent une des plus puissantes nations de race polynésienne, ont grandement déchu; leur nombre a baissé de cent mille à quarante mille individus.

Enfin et surtout leur patrie est devenue colonie anglaise : pied à pied, ils ont malgré leur résis-

102 =

tance farouche, reculer devant l'européen envahisseur; et aujourd'hui leurs conquérants les ont confinés dans l'île du Nord, ils occupent un territoire spécial de 25000 km. q., dit « King's country »,

leur dernière énergie se consume à conserver intactes leur langue, leurs mœurs, et par-delà le protestantisme superficiel qui n'a pu qu'effleurer leur âme païenne, toutes les belles légendes de mytho- logie fabuleuse qui inspirent encore les orateurs et poètes indigènes.

C'est donc seulement depuis la pénétration anglaise en Nouvelle-Zélande, que nous a été révélée par des auteurs anglais, la langue Maorie.

Parmi ceux qui l'ont étudiée, il y a quatre ou cinq noms qui sont à retenir : E. Tregear, W. Colenso, W.-L. Williams, Maunsell, Lee etKendal.

Edouard Tregear, est de beaucoup, le plus impor- tant; l'auteur du Maori- Polynesian Comparative Dictionary s'est fait un nom sans rival en matière de linguistique polynésienne. C'est le plus grand « Maorisant » moderne et aussi le fondateur d'une compagnie savante, sorte d'Académie Polynésienne, la « Polynesian Society », sur laquelle je reviendrai plus lard.

Mais comme il n'a pas composé de grammaire, il faut pour s'enseigner les éléments de la langue re- courir aux ouvrages de Colenso, Maunsell ou W.-L. Williams.

J'ai préféré ce dernier dont les Leçons de Maori, précises et claires, ont l'avantage d'être courtes.

C'est donc cette grammaire, pour la première fois

103

traduite en français, que je mets ici même sous les yeux du lecteur.

Sans être parfaite, elle est relativement pratique; niais comme à toutes celles que j'ai pu consulter jusqu'à ce jour, on peut lui reprocher à juste titre de traiter uniquement la théorie grammaticale, sans l'appuyer par ces textes si précieux, qui sont un complément indispensable, plus importants peut être que la grammaire, au sens étroit Ton ent(înd vulgairement ce mot.

Il est vrai que depuis vingt ans nous avons en France des idées toutes différentes de celles qui ont longtemps prévalu sur la façon d'apprendre les langues. Le directeur de celte Revue en particulier, J. Vinson, a fait beaucou[) pour réformer des métho- des stériles et surannées que prônait encore l'ensei- gnement officiel.

Les grammaires devront être conçues désormais à la base des nouvelles idées que les linguistes réfor- mateurs ont fait triompher.

Et c'est dans ce sens qu'à l'exposé de \V.-L. Williams, j'ajouterai des commentaires qui seront autant de corrections, et quelques textes qui font grandement défaut.

104

PREMIÈRE PARTIE

La lecture

1. L'alphabet se compose des quinze lettres qui suivent :

Son

aller amener

Vite

rouME

JNOM

A a

a

E e

e

H h

ha

I i

i

K k

ka

M m

ma

N n

na

Ng ng

nga

0 o

0

Pp

pa

R r

ra

ï t

ta

U u

ou

W w

wa

Wh AVh

Avha

comme l anglais sin^'ing obéir

2. Prononciation .

Les lettres qui n'ont pas leur [)rononciation in- diquée dans la table ci-dessus j)euvent être pro- noncées comme en anglais : toutefois, t et /■ sont émis plus au fond du gosier en maori qu'en anglais ; et wh , n'est pas^ comme en écriture, un composé de U' -|- //, mais une simple consonne, résultat de l'air ciiassé rapidement entre les lèvres, le même son en un mot (|ue celui (ju'on émet en soufflant avec la bouche.

106

A''^, que le Maori emploie pour commencer une syllabe, paraît défectueux à certaines gens ; mais la diflîculté est bientôt vaincue si Ton fait attention que la disposition des organes de la parole est la même pour cette lettre que pour g et /»•, lettres avec les- quelles son rapport est le même, que celui de m à b et/; ou de // avec d et t.

Prononcez les trois lettres successivement, avec la voyelle maorie a ainsi qu'il suit :

Ka , )/a, nga, et répétez jusqu'à ce que vous soyez venu à bout de la lettre.

Chaque voyelle n'a qu'un seul son, mais elles peuvent toutes varier en longueur selon les mots.

(}uand dans un même mot se présentent deux voyelles, la première est ordinairement accentuée plus fortement que l'autre dans la prononciation.

Doubler une voyelle équivaut simplement à l'allonger.

Les consonnes sont toujours isolées et chaque syllabe finit sur une voyelle.

RemaVque.

Prenez bien soin de toujours donner à chaque voyelle son propre son, et d'éviter ainsi la confusion entre ae et ai, comme pour les mots wcuvae et wai ; entre no et au, comme pour les mots tao et tau ; entre on et ii, comme pour les mots koiifon et mutu.

II Noms et Pronoms Personnels

4. Les noms ne présentent ni inflexions ni dis- tinctions de genre qui influent sur la construction grammaticale.

- 106 =

Observation : Le pronom interrogatif ordinaire, aha, qui ? que ? est traité comme un nom commun.

Le nombre d'un nom commun est généralement indiqué par celui du déterminatif qui l'accompagne.

(Voir § § 17, 18). Les mots suivants ont une voyelle qui s'allonge au pluriel.

SINGULIER

Mdtua, parent-

Tûpuna, ancêtre.

Tdngata, homme.

Wdhine, femme.

Tuàhine, sœur (d'un hom- me).

Tuàkana, frère aîné.

Tëina^ frère cadet.

PLURIEL

Màtua, parents. Tûpuna, ancêtres. Tûngata, hommes. Wàhine, femmes. Tuàhine, sœurs

Tuàkana, frères aînés. Tèina, frères cadets.

Le mot tamaiti, enfant, ne s'emploie qu'au singu- lier ; au pluriel on emploie toujours tainariki.

6. Les pronoms personnels ont trois nombres, sin- gulier, duel et pluriel, comme le montre la table qui suit :

TABLE DES PRONOMS PERSONNELS

PERSONNES

SINGULIER

DUEL

PLURIEL

l^e Personne

Ahau ou au

M au a

Matou

l^e renferm' la

Taua

Tatou

2^ Personne

Koe

Ko rua

Koutou

3' Personne

la

Raua

Ratou

Interrogative

M^ai f

Wai ma?

Wai ma ?

Indéfinie

Mea

Mea ma

Mea ma

107

Les pronoms (duel et pluriel) de la première per- sonne taua et tatou, renferment la personne à qui l'on parle, tandis que maua et matou Texcluent.

Les pronoms personnels ne s'emploient pas en parlant des choses inanimées.

7. Les noms de lieu sont traités comme des noms propres.

Hea, quel endroit.

Ko, cet endroit quelque distance) là-bas. Konei, cet endroit-ci (près de celui qui parle). Kona, cet endroit (près de la personne à qui

l'on parle). Re/'ra, cet endroit (déjà mentionné). Runga, le sommet. Rare, le fond. Roto, rintérieur. Waho, l'extérieur.

Tawahi, l'autre rive (d'un cours d'eau, d'une vallée,

etc.). Tua., l'autre versant (d'une colline, d'une maison,

etc.). Tdtahi^ le bord de la mer (par opposition aux endroits

de l'intérieur). Taliaki, le rivage (par opposition à Teau). Uta^ le terrain sec (par opposition à l'eau). , endroits de rintérieur(par opposition ktatahi). Mua, le front ou partie avancée. Mûri, le derrière ou partie postérieure. Waenganui, le milieu.

-- 108

On emploie le préfixe nominal a avec les noms de personnes, les pronoms wai et mea et avec les noms de mois \

1. Quand ils sont sujets dans une phrase.

2. Quand ils suivent une des prépositions ki, i, hei, kei ; mais noii lorsqu'ils suivent ko, ou l'une des prépositions r/, o, ma, mo, na, no, e, me (voir §§ 15, 16).

On emploie aussi le préfixe nominal, avec les pro- noms personnels (excepté ahaii, bien que au suive la règle) seulement lorsqu'ils suivent ki, hi, hei, kei , ou lorsqu'ils sont répétés par explication ; mais pas d'ordinaire quand ils sont sujets dans une phrase.

On emploie enfin le préfixe nominal avec des noms de places et les noms de lieu 7), mais seule- ment lorsf|u'ils sont sujets dans une phrase ou lors- qu'ils sont répétés en manière d'explication.

EXEMPLES

Ka ara a Hoani, Hoani est beau.

Kei a Tamati to hoiJio^ C'est Tamati qui a voire che- val. Ma Pita teuei, Ceci est pour Pita. He laone a Akarana, Auckland est une ville. Homai hi a au, Donnez-le moi. Ka wera a walio, L'extérieur est brûlé.

1. Les noms des jours de la semaine sont Irailés comme noms t;om- niuns ; mais ils prennent toujours l'article défini ic.

109

9. Ma. Quand on parle d'une personne en même temps que d'autres qu'il n'est pas nécessaire de spécifier, mettez ma après le nom, comme il suit : Kahutia ma, Kahulia et ses compagnons.

Quand on s'adresse à plus d'une personne, on peut employer différentes formes de discours, ainsi : E hoa ma ! Amis !

Avec les pronoms <>K'ai ? et mea (§6], il se forme un pluriel.

A ivai mea ? Quels ? (pi.) A mea mea ? Telles et telles personnes.

Les pronoms personnels singuliers ahaii, je, koe, toi, deviennent respectivement ku, a, lia, lorsqu'ils suivent les prépositions possessives «, o, de lia, no., appartenant à ;

ma, mo, pour ;

et les composés ta et to (construits avec l'article te et les prépositions a et o).

Par suite de cette irrégularité la préposition et le pronom, pour chaque cas, sont ordinairement écrits en un seul mot.

PREMIÈRE PERSONNE

Ahau, je, moi.

Aku ou okii, de moi.

Nakii ou. nokii, m'appartenant, à moi.

Maku ou moku., pour moi.

Taku ou toku., mien (m. à m., le... de moij.

110

DEUXIÈME PERSONNE

Koe, toi.

Au ou ou, de toi.

Nau ou nou, l'appartenant, à toi.

Mau ou mou^ pour toi.

Tau ou ton, tien.

/rt, il ou elle.

TROISIÈME PERSONNE

Ana ou Oria, de lui.

Nana ou noiiciy lui appartenant, à lui.

Mana ou mona, pour lui.

7Vïw« ou ^07?«, sien.

Quand on énumère un certain nombre, une quantité de personnes ou de choses, la particule ou préposition qu'on emploie avec la première doit être répétée pour chacune de celles qui suivent :

EXEMPLE :

Nga rangatira o Rotorua, o Rotoiti, o Tara^vera. Les chefs de Rotorua, Rotoiti et Tarawere.

Quand on parle collectivement d'un certain nombre de personnes, il est bon d'employer les pronoms au duel ou pluriel suivi du ou des noms des personnes additionnelles, en accompagnant chaque nom de Ko : mais si les noms sont précédés par une préposition, la préposition ne se répète pas.

111

Quand les noms sont énumérés à la troisième per- sonne, l'un des noms doit précéder le pronom à moins que l'un d'entre eux n'ait été antérieurement mentionné.'

EXEMPLES :

Mana ko Rend, Hemi et moi.

Koutou ko Hemi, ko Hohepa^ vous, Hemi et Hohepa.

A Hemi raua ko Hoani, Hemi et Hoani.

A7 a Hoani ralou ko Hemi ma, à Hoani, Hemi,

etc.. Ko t,vai ma era ? Quels sont ceux-là ? Ko Hemi ratou ko Pita, ko Hohepa, Hemi, Pita et

Hohepa.

*

Quand des noms sont apposés, c'est-à-dire quand on ajoute un second nom pour expliquer le premier, répétez la préposition, etc., du premier nom au second, et mettez d'abord le nom le pluscompréhensif, ensuite le plus restreint comme acception.

EXEMPLE :

Ma tona tupuna ma Paora, pour son grand' père

Paora.

Dans cet exemple, tona tupuna est un terme plus général c^uq paora, et c'est pourquoi, régulièrement, il est mis le premier ; la préposition ma est répétée avec le nom moins général Paora.

* * Noms communs employés comme adjectifs Tous les noms communs peuvent être employés comme adjectifs.

112

EXEMPLES

He whare papa, une maison de pension. He Kakahu riiiena, un vêtement de toile.

* * CHAPITRE III Prépositions Prépositions simples A, de, appartenant à ; à, (temps futur); a Jiea? en quel temps ? jusqu'à. 0, de, appartenant à, passif de a ;

de (lieu ou temps), caractérisant le point de départ. Na, de, appartenant à ;

par^ au moyen de, à cause de; en guise de. No, de. appartenant à, passif de na ;

de (lieu) mais non après des verbes de mouve- ment ; de, à, temps passé. Ma, pour ;

par, de cette manière ; par, a travers, en guise de (direction). MOj pour, passif de ma;

à, sur, en (temps futur) ; sur, vers, au sujet de. Ra, par le moyen de, à travers (grâce à).

lia

£, [)ar(se dit (rmiag-ent), seulement après les verbes

passifs. /, pai*, avec, se dit d'un agcut ou d'uri instrument,

après les participes, adjectirs, et verbes

neutres ; pour cause de, en raison de; de, après les verbes de mouvement ; avec, en possession de, ou possédant ; généralement au passé ; avec, en compagnie de ; à (temps), généralement passé ; en comparaison de ; au-delà, hors de ; à, dans, sur (prép. de lieu \ ordinairement au

passé ; au moment de, au moment oii ; au lieu de, sur le fait de (passé), gouverne les

adjectifs ou les verbes; simple transitif, sans équivalent en français. Kei^ à, sur (au présent), ne s'emploie pas après les

verbes ; avec, en possession de (futur) ; au lieu de. sur le fait de, avec les adjectifs ou

verbes au présent. Hei, à, sur (lieu et temps), au futur : ne s'emploie

pas après des verbes ; avec, en possession de, au futur ; pour, propre à, destiné à, sans aucini qualificatif :

s'emploie avec les noms ou les verbes à

l'infinitif. A7, à (place ou action), dans, vers ;

114

à ou dans, endroit une action est accomplie (après les verbes) ;

à, après arriver, etc.;

avec, par, à Taide de (instrument);

contre ;

conformément à, touchant;

pour, désirant, en quête de ;

après des verbes sans équivalents français. Me, avec, en plus de, et aussi.

/fo, à, allant à^ avec des noms de lieu et des verbes actifs à Tinfinitif ;

à, dans, temps futur, caractérisant l'inten- tion. 7b, jusqu'à ; Whakci, vers, à la rencontre de.

Prépositions complexes

Ce sont plutôt des façons irrégulières d'employer quelques noms énumérés au paragraphe 7.

SÉRIE I

Ki rang a kl \ I runga i 1

, . ^ sur, au sommet de, en haut de; Kei runga kei

Hei runga hei

No runga no^ d'en haut, c'est-à-dire situé au sommet

de ; / runga i, d'en haut, signification spéciale de

mouvement de ; Mo runga nio, pour le sommet de;

115

Ma riiDga nui, par-dessus, par le faîte de (direction); Ko riuiga ko, au haut de.

SKRIE II

Ki ruiiga i

I rmigd I \ au-dessus, par-dessus ;

Kei raiiga i Hei runga i

No riinga i, d'au-dessus, c'est-à-dire faisant partie

de celte hauteur ; / ningd /, d'au-dessus, impliquant niouvetnent de ; Mo ruiiga i, pour au-dessus, c'est-à-dire être au- dessus de ; Ma riinga /, par-dessus (direction) ; ' Ko runga /, aller au-dessus, par-dessus.

Dans la seconde de ces séries, o peut être substi- tué à ?', pour régulariser la construction.

Les prépositions simples peuvent être combinées de la même façon : avec raro, pour avoir au-dessous, sous, en bas ;

avec rofo, pour avoir dans, à l'intérieur, en dedans; avec ivaho, pour avoir sans, à l'extérieur, du dehors,

etc. M?ia et /iiuri ne s'emploient que dans la série 2.

IV. Déterminatifs

Les déterminatifs sont des mots qui indiquent l'étendue de la signification d'un nom, et elle se limite.

Cette appellation comprend donc ce qu'on désigne ordinairement sous le vocable de article, pronoms

UG

possessifs, cas possessifs des noius et les pfonoms déinonstralifs.

Tous, à part une exception, ont deux nombres, singulier et pluriel ; et tous se mettent devant les noms auxquels ils se rapportent.

Un nom commun est toujours précédé d'un déter- mi natif.

Table des Déterminatifs

SIXCULIEH

He, un OH une ;

Te, le, la;

Tetalii, un;

Tcnei, ce, cette ;

Tena, ce (près de la personne à laquelle on parle) ;

Teva, ce une certaine dis- tance), l'autre (opposé à ce- lui ou celui-là) ;

T(ina^ celui ;

la, celui-là;

Tehea? quel ?

Taku, mon ;

Tohit, mon ;

T(tu, ton ;

Tau, ton ;

Tana, son om sa ;

Tonn, son ou sa ;

Ta taua, nôtre ;

To taua, nôtre ;

Ta tatou, nôtre ;

To tatou, nôtre.

He;

Nga, les ;

Etalii, des ;

Enei, ces, cette ;

Ena, ces (près de la personne

à laquelle on parle) ; Era, ces distance), les

autres ;

Auu, ceux-là (pas de pluriel) ;

Eltea ? quels ? Aku, mes ; Oku, mes : Au, tes ; Ou, tes ; Ana, leurs ; Ona, leurs ; A taua, nos ; O taua, nos; A tatou, nos ; O tatou, nos.

Et ainsi de suite avec tous les autres pronoms {personnels, avec les noms de personnes, de places, de lieux, avec tous les noms communs lorsqu'ils suivent un déterminatif, excepté Jie, en préfixant ta ou lo pour le singulier, a ou o pour le pluriel.)

117

KXliMPLKS :

Toku ivhrire, ma maison ; Enei hoîho, ces chevaux ; He K\'h(ire, une maison, ou des maisons; T(( Hcnii puhapiikcf, le livre crUenii; Ta lenei laitgdld kainga , la demeure de ccl homme. L'article possessif lo est souvent condensé en article el préposition.

EXEMl'Lli :

Te wliare o Ilenii é(|uivaut à To llenii Kvkdre.

Parliciihirilés de he el te,

cC\, N'employez jamais he après une piéposition, mais substituez- lui telalii.

EXEMPLES :

Ile laii^dld, un homme;

Ki leldlii Idiigdld, à un homme.

b) Quandon emploie unnomcommun pour (h}si«>ner une catégorie, comme le pluriel simple est souvent usité en anglais, mettez te au singulier, et non lie.

EXEMPLES :

Te kdhd o le hoilio, la force du cheval ; Te hoi/io, le cheval, c'est-à-dire les chevaux en général.

Les prépositions possessives (|ui suivent des déter- minai! fs:

118

a) Quand une possessive suit/^e, employez toujours Tune ou l'autre des prépositions na ou no, jamais a

ou o.

EXEMPLES :

He pukdpuka /iaku, un de mes livres ou un livre

qui m'appartient ; He ivhare no tenei tangala\ une maison appartenant

à cet homme ou de cet homme. h) Quand une possessive ne suit aucun autre déter- minalif que Ae^ employez toujours Tune des préposi- tions (i ou o, jamais na ou no.

EXEMPLES :

Te pukapuha a Plta, le livre de Pita;

Tenei taha ohii, ce penchant qui m'est propre ;

Taiia whare o Hemi., cette maison d'Hemi.

Les démonstratifs tenei, tena, leva sont composés de l'article te et des adverbes nei, na, va. Tenei signi- fie que la chose dont on parle est près de celui qui parle, ou en relation avec lui; tena^ qu'elle est proche ou rattachée de quelque manière à la personne à la- quelleon parle; /e/r/marque qu'elleestéloignée, etnon rattachée ni à celui qui parle, nia son interlocuteur: taita indique quelle a été déjà mentionnée avant.

la est fréquemment employé comme distributif dans le sens de chacun^ en le répétant avec le nom.

Tenei, lena, et tcra peuvent s'employer aussi de la môme façon.

119

EXEMPLES :

la Inngata io l(ing((la, chaque homiiio ; Tenei ropii Icnei lopii o ralou, cliacuue de leurs sociétés.

On emploie souvent /e/y^ avec un sens emphatique pour le pronom personnel de la Iroisième personne du singulier.

Tenei, tend et leva sont souvent seuls, le nom restant sous-entendu, maison n'emploie jamais land de cette façon.

EXEMPLES :

N((lcu lenei, nau Icna, ceci est à moi, cela est à vous. He rangdli.rd Idiid tdngdla, cet homme est un chef.

La différence entre d et o cjui s'applicjue aussi à nd, no, nid, nw, Id, lo, est la suivante :

d s'emploie lorsqu'on parle d'actions transitives, des instruments, des travaux accomplis ou entrepris, de la nourriture, des enfants, des esclaves, etc

0 s'emploie lorsqu'il est question des parties d'un tout, de noms, de qualités, de particularités, d(! senti ments, de maisons, de pays, d'habitants, d'eau |)o- table, de médecine, de vêtements, de parents, de supérieurs; on l'emploie aussi pour les noms dérivés des adjectifs^ les participes, les verbes intransitifs dont on peut se servir avec le sens du passif.

EXEMPLES :

Tohii pàpâ, mon père;

12U

Tan a tamaili, son enfant;

Tona rangatira, son maître;

He poiionga ncnia, un de ses domestiques;

Tona kakahu, son vêtement;

Ou waeivae^ vos pieds ;

He kai maii, de la nourriture pour vous;

Tetahi wai moka, de l'eau pour moi;

Ton ingoa, votre nom ;

Ton ingoa mau, mon nom pour vous (c'est-à-dire

mon nom que je vous ai donné) ; Taku patunga ia koe, la correction que je vous

donne ; Toku paUinga e koe, la correction que vous me

donnez; Observation : /o, ton, pluriel o, ressemble à tau et

non à tou .

FÉLICIEN Soulier,

Elève à l'Ecole des Langues Orientales.

(A suivre.)

1

LlSTi: ÉTYMOLOGIOUE

PRINCIPAUX MEMBRES DE L.V FAMILLE DU LATIN OPUS

Lat. Ops, acquisition, accroissement, richesse; Opuleiitus, riche; Opus, ce qui enrichit, ce dont on a besoin, ce

qui est désiré (cf. sansc. ipsi-tcnn, objet de

désir) ; Oplo, désirer; Oper-a, ce dont on a besoin, œuvre utile ; ce

qu'on doit produire, faire, fabriquer. Gr, ôcpéXXw, accroître;

ooEÀjjia, accroissement; oçeXoc, utilité, profit; or^éÀXto, être utile;

O'^clXo),

, . , devoir

p. PliGNAUD.

NÉCROLOGIE

C'est décidément une triste chose que de vieillir; heureux encore ceux qui laissent après eux des af- fections qui garderont leur mémoire et des enfants qui pourront continuer leur œuvre! Mais, d'année en année, on sent de plus en plus lourd le poids de Tâge, on se trouve comme isolé dans un monde in- connu, on ne se voit plus entouré que de figures nou- velles. Depuis plus de dix ans déjà, j'ai vu disparaî- tre, — en dehors du cercle de la famille, un trop grand nombre d'amis, de compagnons de luttes et de travaux! Il y a quelques semaines, j'apprenais, avec un profond chagrin, la mort d'une femme aimable, jadis adulée et heureuse au possible, dont la maison me fut longtemps hospitalière et (ju'une catastrophe soudaine avait réduite à la ruine, à l'infortune et à la douleur. Et voici (|ue la mort inintelligente vient d'enlever un de mes plus dignes amis, de mes colla- borateurs les plus fidèles, le Rév. \V. Webster dont les travaux sur les Pyrénées occidentales sont bien connus.

Wentworth Webster, le 16 juin 1828 à Uxbridge, Middlesex (Angleterre', fut élevé dans une école pri-

123

vée à Brighton. En 1849, il entra au Lincoln-CoUege à Oxford, d'oii il sortit en 1852 avec le grade de B. A. (M. A. en 1856). Il fil alors partie d'une Mission anglicane et, reçu diacre en 1854, il dut partir quatre ans plus tard pour Buenos-Aires, d'où il revint en Eu- rope et alla à Bagnères-de-Bigorre. En 1861, il devint prêtre et il voyagea en Egypte de 1862 à 1863. Pendant sa jeunesse, il avait parcouru l'Ecosse, l'Allemagne et la Suisse. Peu d'années avant la guerre de 1870, il était venu à Biarritz; il alla s'établir, comme chape- lain de la colonie anglicane, à Saint-Jean-de-Luz, il demeura jusqu'en 1882. Des raisons de santé l'obligèrent à quitter le bord de la mer et à se retirer à Sare, aux pieds de la Rhune, il vient de mou- rir le 2 avril 1907. Il laisse un fils professeur à Oxford, une fille professeur à Cambridge, et deux autres enfants.

Il a donné de nombreux articles à diverses revues et notamment, en France, au Bulletin de la Société liainoiid de Bagnères-de-Bigorre et au Bulletin de la Société des Sciences et Arts de Bayonne;en Angleterre, à V Academy^ à YAthenœnni, à V Anglican Church Ma- gazine, etc. Son dernier travail est un article sur les Basques dans la nouvelle édition de VEncyclopœdia Britannica ; je compte reproduire cet article dans la présente Bévue. Il a publié en outre les ouvrages suivants :

1. Basque legends jCoWeciaà cliiefly in tlie Labourd. Londres, 1877, in-8% xvj-233 p. 2" édition, aug- mentée d'un appendice sur la poésie basque, 1879, in-8°, xvj-276 p.

i-^1

2. Spain. Londres, 1882, pet. in-S% xvj-240 p., 2 cartes et fig. (dans la collection Foreigii Coiintries and Brilish Colonies).

3. Grammaire Canlabriqitc, basque, par Pierre d'Urle [1112]... Bagnères-dc-Bigorre, 1900, gr. in-8", 4-viij-5 à 568 p.

Tirage à part du Bulle lin de la Société Bamond. Un erratum a été publié dans la Bévue de Linguis- tique, t. XXXIV, 1901, p. 205-216 et 294-300.

4. Les loisirs d'un étranger au pays basque. Cha- lon-sur-Saône, 1901, in-8", xxiv-359 p.

5. Gleanings in cJiurch /??5/o/'^,chiefly in Spain and France. Londres, 1903, pet. in-8°, 356 p.

W. Webster était, depuis de longues années, mem- bre correspondant de l'Académie royale d'histoire de Madrid et depuis deux ans membre de la Hispanic Society of America.

Ce qui prouve sa haute valeur, c'est le respect et l'estime qui Tont toujours entouré dans le pays bas- que. Parmi les journaux du |)ays qui ont annoncé sa mort, je signalerai particulièrement le journal basque Eskualdun ona, le plus clérical et le plus réaction- naire de la région, qui en parle comme d'un ami des Basques et loue sa bonté et sa charité. Bonté, charité, modestie, c'étaient bien les traits dominants de son caractère, avec une foi sincère, nn libéralisme éclairé, un large esprit de toléran(;e. Époux et père de famille modèle, ami sur et dévoué, savant prudent et

réservé... cesontdeces [)ertes dont rien ne console !

J. V.

BfBLIOGRAPHlE

A. Meillet. Lélat actuel des éludes de limjuistif/ue générale, leçon d'ouverture du cours de Grammaire comparée au Collège de France, lue le mardi 13 février 1906 (s. I. aid.), in-8° carré, 30 p.

C'est toujours un événement important que l'ouver- ture d'un Cours au Collège de France, mais l'événe- ment ofïre un intérêt plus grand encore quand il s'agit d'un professeur nouveau succédant à un maître comme M. Michel Bréal. C'est pour M. Bréal qu'avait été créée, il y a plus de quarante ans, la chaire de Grammaire comparée, rubrique qui ne signifie pas grand chose d'ailleurs. Mais les étiquettes sont peu de chose; en fait, on voulait inaugurer l'enseignement de la linguis- tique. C'est pourquoi nous aurions voulu qu'on pro- htàt de la vacance de la chaire pour en agrandir offi- ciellement le programme et pour lui donner le titre de « linguistique généiale », comme la chaire de l'histoire des religions aurait devenir la chaire de mytho- logie comparée.

M. Meillet a si bien compris la situation qu'il parle, dans son discours, de la linguistique générale. ïl dit

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avec raison que la manière dont les langues indo-eu- ropéennes ont été étudiées devra servir de guide et de modèle; mais il se trompe, à mon avis, quand il dit que l'étude des autres familles permettra de vérifier les conclusions qu'on a tirées de celle des langues indo-européennes et de poser un certain nombre de questions qui n'apparaissent pas clairement dans celles-ci. C'est donner, je crois, trop d'importance aux langues indo-européennes, car tous les problèmes que soulève l'étude des langues ne se retrouvent nécessai- rement pas dans les idiomes aryens, et les familles du second groupe morphologique, les idiomes agglutinants, sont certainement très instructives à cet égard. Mais M. Meillet a le malheur, on comprendra ce que je veux dire, -— de n'avoir guère étudié que l'indo-euro- péen, et le malheur, plus grand encore à mes yeux, de se rattacher à l'école des néo-grammairiens allemands dont M.Brugmann est, pour ainsi dire, le protagoniste, cette école dont la méthode est si discutable, qui fait de la théorie et de la spéculation et qui conclut du simple au composé.

Une grande erreur, c'est de regarder la linguistique comme une science historique, alors qu'elle est sur- tout une science naturelle. M. Meillet voit, dans l'évo- lution des langues, quatre facteurs principaux: la loi phonétique, l'analogie, l'emprunt, le fait social. Je n'y contredis pas, mais, en ce qui concerne la phonétique par exemple, n'est-il pas nécessaire de rechercher la

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cause possible de certains phénomènes, en un mot de ne passe bornera relever des faits sonores, mais à étu- dier la formation même des sons et des bruits, les mouvements des organes, les conditions physiolo- giques? Il estincontestable,par exemple, que certaines articulations ne se développent ou ne se produisent que dans certaines conditions climatériques.

J'aurais bien des réserves à faire sur certaines affir- mations de M. Meillet. Quand il dit, par exemple, que rindo-Européen commun avait des formes grammati- cales variables et complexes, c'est encore pour moi de la théorie. L'Indo-Européen commun primitif devait être au contraire très simple et très régulier et je n'admettrai jamais, notamment, que le verbe y eût deux présents, l'un en o, l'autre en mi. La terminaison mi « moi » est seule générale et primitive : si le grec et le latin l'ont le plus souvent perdue, l'indien et l'éra- nien l'ont le plus ordinairement gardée, et ils sont cer- tainement plus fidèles à la forme primitive.

Julien ViNsoN.

The 102'^ report oft lie british and foreign Bible So- ciety.,. London, 190G, in-8°,xvj-470-(ij)-272 p.

Ce volume, aussi intéressant que les précédents, ne contient aucune carte géographique. Le budget de la Société s'est élevé pendant l'année (de mars 1905 à mars 1906) à 313.555 1. st. 1 sh. 2d., c'est-à-dire à 7.838.876 fr. 45, un vrai budget d'état. Le nombre

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des langues dans lesquelles des traduclions de la Bible ou du Nouveau Testament, partielles ou totales, ont été faitess'estélevéàiOOdontl'l nouvelles, parmi lesquelles je citerai le Ladakhi, sur la frontière du Thibet, et le Laotien. On a révisé les traduclions en frdu et en Hindi, ainsi qu'en Canara.

Je crois qu'il y aurait lieu de revoir et de corriger en plusieurs endroits la liste générale des langues. Que si- gnifient par exemple les mentions Spanish basr/ue et do [Guipuzcoa) : on suppose que la première indication s'applique au Biscayen, mais pourquoi ne pas le dire?

J. V.

Suomalais-ugrilaisen Seuran Aikakauskirja. Jour- nal de la Société Finno-Ougrienne, t. XXIII. Helsing- fors, 1906, gr. in-8°, x-(ij)-50-20-20-iv-60-1 2-2-2! - 10-9-20-2-8-7-4-10-1 1 -5-8-7-8-13-1 2-7-23-2-12-10- 9-8-10-33 p., fig., 3 pi. et 1 portrait.

Comme le fait voir cette extraordinaire pagination, ce volume comprend trente-deux mémoires séparés. Composés en l'honneur de M. 0. Donner, le fondateur de la Société, à l'occasion de son soixante-dixième aii- niversaire, ces mémoires, précédés d'une dédicace, en suédois et en français, à >i. Donner dont le portrait est en regard du titre, sont en finnois, en lapon, en sué- dois, en français, en italien et en allemand. Tous très intéressants et faits pour les savants les plus compé- tents, ils ont trait aux langues, aux mœurs, au folk-

- 12i)

lore des Finnois, des M;i|^yars, des Lapons, des Mor- dvines, des Estlioniens et autres ourai-altaïques. C'est un recueil de premier ordre.

Je regrette de n'avoir pas été prévenu de cette pu- blication, à laquelle j'aurais été heureux d'envoyer une modeste contribuliofi, en l'honneur d'un linguiste auquel tout le monde studieux doit rendre un légitime et sincère hommage.

J. V.

Suonialais - ugrilaken seuran toiinituksia. Mé- moires de la Société Finno-Ougrienne. Tome XXin et XXIV. Hekin(/on, 1905. (ij)-xviij-30i p. et (ij)-90 p. gr. in-8°.

La première de ces deux livraisons se compose du commencement d'un travail de M. K. F. Rarjalainen, en allemand, sur la phonétique votiaque: le vocalisme de la première syllabe. La seconde est le complément (appendice et index) d'un travail précédemment pu- blié (n" xx), sur le lapon de Polmak, par M. Konrad Nielsen. J. V.

Revue internationale de^ éludes basques. Paris, Paul Geuthner, 1907, in-8°. n°^ 1 et t, (iv)-216 p.

Cette nouvelle publication, très intéressante et très utile, véritablement internationale, paraît appelée à un très grand succès. Elle est dirigée, avec une rare maestria, par notre éminent collaborateur M. Julio de

9

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Urquijo; le secrétaire de la rédaclion est M. Georges Lacoinbe également bien connu de nos lecteurs.

Les deux premiers numéros contiennent un grand nombre d'articles aussi variés qu'intéressants, tou- chant à la linguistique, à la littérature, à l'ettinogra- phie et à l'histoire. Citons, parmi les principaux : Les études basques de 4901 à i906,\}aiV Julien Vinson,etun pust-scriptum de M. de Urquijo; Jean de Tartas, par M. J. de Jaurgain; Le bilçar d'Ustarilz, par M. Ytur- bide ; Fables en Biscayen, attribuées au P. Zavala; Le Catéchisme de Arzadun {âvec photogravures, par M. de Urquijo; Corisandre d! Audoains, par M. de Jaurgain ; Variantes des exemplaires de Liçarrague, par G. La- combe; des notices bibliographiques, biographiques et philologiques par MM. Oaranats, Dubarat, Mujica, Eleizalde, Aguirre, Baraibar, de Cliarencey, Darricar- rère; et enfin une réimpression, rigoui'eusement exacte, du premier livre souletin en imprimé connu, VOnsa LJilceco bidla de Tartas. J. V.

Bulletin du parler français au Canada. Tome V, \r' 4 à 7, déc. 1906 à mars 1907. Québec, Université LavaU 906-7, p. 1â1-279.

On y trouve de fort intéressants travaux : la suite du Lexique Canadien-Français; Glanureset Sarclures; des Bulletins bibliographiques qui témoignent de l'ac- tivité littéraire de nos compatriotes d'origine; des ar-

licles fort instructifs sur le langage commercial (par M. J.-P. Paradis), quelques vieux mots dans des do- cuments anciens par M. Plilieas (iagnon), les noms po[)ulaires de quelques plantes canadiennes (par M. C. Latlammc , le compte rendu de la séance géné- rale de la Société du 12 décembre 1906, etc.

Le dernier numéro contient une nouvelle étude de M. Kouillard sur les prénoms au CajMda. Nous y apprenons que de malheuieuscs lilleltos ont été a[>pe- lées, l;i-bas, Thessalonir/uc, Lncivinia, Dorsina, Ozitk, Eximasse, Ananolie, Plumyeta, Lauricrànc et d'infor- tunés garçons Ira, Phébé, Piiilandrc, Perplexe et Anif/danol

Un excellent travail qui se recommande à toute l'at- tention du linguiste est celui de M. Hivard sur la francisalioii des mois anglais dans le /rauco-canadien. Mais il est gâté par la transcription grotesijue de >iiVl. Gilliéron et Housselot.

.1. VlNSOA.

lievKe du monde musulman ^volume 1, n°* 3 et 4). Paris, E. Leroux, janvier et février, 1907, p. 305- 640.

Outre les revues très intéressantes et si bien faites de M. Bouvat, ces deux numéros contiennent, comme on devait s'y attendre, de très remarquables travaux : les Hongrois et les études musulmanes (f.. Bouvat), les Habous de Tanger (AI Moutabassii), une université

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musulmane en Tunisie (Emile Amar), les Turcs et les indigènes en Tripolitaine (N. Slouscti), l'instruction publique chez les Kirgliizes (N. Slousch), le collège d'4ligarli (L. Bouvat), les musulmans chinois (Niga- rendê et Al-Katib), le Pan-Islamisme et le progrès (A. Lechatelier), les Laks du Caucase (N. Slousch), le clergé musulman aux Indes néerlandaises (A. Caba- ton), etc., etc. Je signale tout particulièrement, une excellente étude de M. L. Bouvat sur la Presse musul- mane avec de nombreux spécimens et de très curieux fac-similé de titres. J. V.

Anthropos, Revue Internationale d'Ethnologie et de Linguistique, sous la direction du père G. Schmidt, S. Gabriel, iMoedling près Vienne (Autriche). Tome II, 1,1907, in-8° carré de 180 p. et nombreuses planches.

Journal véritablement international, car il accepte des articles dans toutes les langues, à la collabora- tion de savants et de missionnaires catholiques. Le numéro que nous avons sous les yeux se compose de seize articles, en français, latin, anglais, italien, alle- mand et espagnol. Je signale particulièrement ceux du P. Gains, Au paj/s des castes (p. 35-39), du docteur Gasartelli : Hindumythology and littérature as recorded by Portuguese Missionaries of the early 41"' century p. 128-132); de M. Aliih.Pinart, Gcroglifi entre las

i:«

Indios de la F brida (p. 133-136), et du Fr. H. Millier. Grammatik des Mengen Sprache (p. 80-99).

La langue dont il s'agit dans ce dernier travail est parlée dans la Nouvelle-Guinée depuis le cap Oxford jusqu'au cap Ouoi, sur la côte; elle comprend deux dialectes différenciés par l'emploi plus ou moins fré- quent de l'article délini, par les signes de pluralilé, etc. Le matéiiel phonique ne |)araît comprendre que les sons et les bruits suivants : a, i, u, e, o, û, k, y, ny: I, d, n, //, s, /, r; p, b, m, y. Il y a un article post- posé. Le pluriel se dérive par un r préfixe, un redou- blement, une suffixation; le duel paraît dérivé du pluriel. Les noms de nombre simples ne vont pas au delà de quatre. Les pronoms ont plusieurs formes : substantive, adjective, possessive, déterminative, et ils varient suivant qu'ils s'appliquent à des personnes animées ou à des êtres inanimés. Le prochain numéro nous parlera du verbe sans doute.

J. V.

VARIA

I. Politesse espagnole.

On sait qu'en Espagne, lorsqu'on adresse à quelqu'un des com- pliments sur un objet de toilette, un livre, un objjt d'ati, un bijou, qu'il a en sa possession, la personne interpellée doit ré- pondre : a su disposiclon ou n la diaposicion de rm., « à votre disposition », c'est-à-dire « veuillez en disposer ». Le dialogue doit se poursuivre : esfn miii/ bien entplcndo « il est bien em- ployé, il est en de bonnes mains ». Muc/io nu\jor lo série « il le serait beaucoup mieux ». Xn cnhc mcjoria « il ne saurait l'être mieux ». Je crois qu'on ajoute encore d'antres phrases

C'est aussi en Espagne qu'on baise encore, an moins en paroles, les mains et les pieds, et qu'on offre aux visiteurs sa maison.

Victor Hugo, qui se piquait d'espagnolisme, ne manquait pas de dire à ses visiteurs : a cette maison est la vôtre ».

Les billets de faire part de mariage se terminent tous par la formule classique : // les ofrecen su case.

Et cependant, il n'est pas rare d'entendre au-delà des Pyrénées des femmes charmantes employer certaines expressions qui rap- pellent l'aventure de Sterne avec M"" de Rambouillet.

IL Le verbe basque.

Pour some \\ ater in a bowl

And make the froth of lathering soap; Then blow it from the pi|ielets hole :

The bubble rises, as we hope, AU huesorae as the rainy bow,

I 0 forra the little Hlmy sphère, Reflecting ail the things bclow.

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Above, aïoniifl, or far or near. Even so the verb in biskish tongue,

A perfect niirror, floats in air, Although no otber word is sung,

I^ortraying ail that passes there.

E.-S. DODGSON.

(At Kirk Andréas, Isle of Man, sept. :{, 1901).

111. Prononciation du français par les Allemands.

Il y a encore en France beaucoup de gens qui ont pour les lan- gues étrangères le dédain le plus profond et qui, dans leur igno- rance superbe, émettent les affirmations les plus saugrenues. C'était jadis, en littérature, monnaie courante. A côté de ce joli mot d'Alexandre Dumas : «Ah ! s'écria-t-il en portugais », que de sottises ne trouve-t-on pas dans les romans écrits il y a soixante ou quatre-vingts ans. Un Allemand, par exemple, disait toujours 7»o«- t((iiK'! pour «Madame» et ne jurait que par TarteiJ]le(i derTeufel».

Je relisais dernièrement l'un des romans les plus connus de Balzac, un de ceux le baion de Nucingen (personnification du vieux Rothschild, à ce qu'il parait) joue l'un des principaux rôles. Balzac a voulu indiquer la manière barbare dont son héros prononçait notre belle langue. Il ne s'est pas mis pour cela en grands frais d'observation. Il est parti de cette hypothèse, qui est d'ailleurs fort discutable, que les Allemands disent toujours t pour u, rJi pour /. t pour d, d pour t, p pour h, h pour p, etc., et il a porté la naïveté jusqu'à transcrire dans ce système, non plus les sons, mais l'orthographe des mots. II n'a pas pris garde aux consonnes muettes, aux groupes de voyelles; il n'a pas un seul moment réfléchi, par exemple, que eu fait un son simple et il commet les abominables phrases que voici :

Fus edes pien hercùc fou hiroise).

C'esde ein cheffe d'œicrc.

Sa cordine esd vaidde.

Fis n'afcc bas î l>aitf/oiih t' cccarts.

136

Tiddos... c/ic rornifhil hir fus. Elle fus afanfie. L'eshoir te la droaffer. Edre tans mes cintereds Vaire tes accaires Barler hir moi Ce fj'on ubhéle.

Et ces expressions au moins bizarres : mods « mots », ôme

« iiomme », p/tâme « femme », mon hàmi « mon ami », eine fcn-

feuse (( une vendeuse », boind « point )), hire « heure », Ichènie

« Eugénie », ghibbè « chippé ", ch'èhroujfe «j'éprouve », eine

haif/charbe a une écharpe », et même le paron tl Nichenguenne

« le baron de Nucingen ».

J. V.

IV. La langue universelle.

Je trouve, dans un catalogue, l'indication suivante : «PASILOGIE, ou de la musique considérée comme langue uni- verselle, par Anne-Pierre-Jacques De Vismes. Paris, 1806, in-8, cart., qq. taches. » Il y a eu de tout temps des fous, des utopistes et des rêveurs.

J. V.

L' Imprimeur-Gérant :

E. Bertrand.

CHALON-SUR-SAONE, IMP. FRANÇAISE BT ORIENTALE E. BERTRAND

LES MUSULMANS DU SUD DE L'INDE

Les ^lusiilniaus de la pointe méridionale de l'Inde se partagent en deux grandes catégories bien dis- tinctes, les Tululih((i-s « turcs » ou Pathâns (syno- nyme iï Afghans) et les Choulias ou Maplets. Les premiers sont les descendants directs des immigrants venus du Xord à partir du X" siècle de notre ère ; ils ne sont point confondus avec la population indigène ; ils parlent divers dialectes de Thindoustani ' urdù et dalilïUÎ notamment), qu'ils écrivent à l'aide de Talphabet arabo-persan, augmenté de trois signes quadriponctués pour représenter les consonnes cérébrales ou linguales. Les seconds, au contraire, ne se distinguent guère du reste de la population locale ; ils en ont les goûts, les habitudes, le lan- gage ; ils écrivent cependant les idiomes du pays à l'aide de l'alphabet arabe directement importé et auquel ils ont ajouté quelques signes ponctués par- dessus et par-dessous pour correspondre aux articu- lations dravidiennes spéciales '. Ils savent lire l'arabe, car ils ont des écoles on leur fait apprendre par

1. Cf. L'i'crituro arabe npplù/iice aux laii;/iics ((raridimncs, par Julien Vinson {Journal Asiatique, 1895).

10

138

cœur le Qorân, sans le leur expliquer d'ailleurs. On les appelle Maplets sur la cote occidentale et Chou- lias sur celle de Goromandel. Ils se divisent en castes dont les membres sont distingués par des appellations particulières : Sinnapoullé//?r//ec«/-, Ahmedkandu/e^^e, Mugammadu/«(^«/^«/',les pathaus ajoutent ordinairement à leurs noms les qualifica- tions de kliàii^ càJiib ou cheick.

Le recensement de 1901 a établi qu'il y aurait, dans les régions qui nous occupent, 910.843 Maplets, 425.788 Lebbés et 25.000 Choulias environ.

Que signifient ces divers mots et quelle est l'ori- gine de ces populations? Les Musulmans du sud, qui ne parlent ni Thindoustani ni le persan, sont incontestablement les descendants de commerçants arabes qui venaient trafiquer sur les cotes de l'Inde et qui s'alliaient à des femmes du pays, de castes fort inférieures ordinairement. Elles étaient simple- ment pour eux des concubines temporaires et ils les abandonnaient avec leurs enfants ou les passaient à d'autres arrivants, quand, leurs affaires terminées, ils retournaient chez eux ou allaient ailleurs. .

C'est ainsi qu'on explique le mot MàppiUei, qui voudrait dire, en tamoul, « fils de mère » (et de père inconnu). On lit à cet égard, dans le Glossary of Indian Teriwi de H.-H. Wilson, Londres, 1855, in-4'' : « MappilUiy plur. iuappillammai\, commonly nioplali or inoplay, malayâla. A native of Malabar, or des- cendant of the Arabs, who first settled in Malabar, lit. « the son {pilla) of his mother [ma) » as sprung from Ihe intercourse of foreign colonists, who were

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persons unknown, with malabar \vomen ». Dans leur dictionnaire Hobson-Jobsoii, MM. Yule et Burnell disent, de leur côté, que cette appellation s'applique aussi aux chrétiens nestoriens du Travancore et de Cochin et qu'en tanioul niàppillei sig'nifie propre- ment « fiancé » ou plutôt « gendre, beau-fils » ; ils rappellent que le D'' Badger y voit une altération de l'arabe /rt/<'/Ar/ et lui donne, comme à l'égyptien /ê//ff//, le sens de « cultivateur », tandis que M. C.-P. Brown y voit une altération de mu ahbar « de dessus les eaux ».

Sur ma demande, mon ami M. Bourgoin, (Conser- vateur de la Bibliothèque de Pondichéry, a bien voulu s'enquérir des traditions qui auraient cours parmi les Musulmans de Pondichéry et de Karikal, sur leur origine. L'un d'eux lui a remis une note dont voici la traduction :

« Hasan et Hucain, fils de Huzrat 'Ali Mortaza, petits-fils du Prophète, furent invités à se rendre auprès des habitants de Kufa qui leur disaient qu'ils étaient prêts à les reconnaître comme les légitimes successt^urs de Mahomet. Confiants dans ces pro- messes, Hasan et Hucain allèrent chez les Koufiens qui les assassinèrent de sang-froid.

» Un siècle après, Gengis-Khan, le conquérant tartare, traversa la Perse et passa en Arabie dans le but de se venger des Koufiens. Il les aurait exter- minés tous, jusqu'au dernier, sans son ministre qui lui persuada de faire transporter tous les Koufiens màlesdans diverses contrées de l'Univers. Oiiatreo-ros vaisseaux en furent remplis el partirent de l'Arabie.

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» Un de ces vaisseaux arriva à la côte de Malabar, près de Cochin ou de Tellichéry. Les trois autres mouillèrent à Négapatam, à Madras et à Paliacate, sur la côte de Coromandel. Toutes ces localités étaient alors des villages de pécheurs très peu peu- plés ; outre les marins {/nacoiias), il n'y avait que des cânàrs (ceux qui extraient le suc du cocotier pour en faire une boisson fermentée). Les Koufîens débarqués, n'ayant point de femmes, car leurs femmes et leurs filles avaient été réduites en esclavage par les vainqueurs, s'unirent à des Indiennes et alors commença la multiplication d'une nouvelle race.

)) Comme ils ne connaissaient pas la langue du pays, les nouveaux débarqués répondaient toujours, à toutes les questions que leur posaient les indi- gènes : labbéik, avec le sens de « merci » ou « bien ». C'est pourquoi les Indiens les appelèrent Lebhés ou Levés. Les enfants nés des nouveaux venus et des femmes du pays furent aussi appelés Lebhés à la côte de Coromandel. Au Malabar, on les désigna sous le nom de Mapplets {Màppillei}, qui veut dire « mari » en tamoul, parce que, faute de connaître leurs noms propres, on appelait « maris » /nàppillel les étran- gers mariés à des femmes indigènes.

» Au commencement, les Lebbés furent pécheurs ou fabricants de filets. Puis quelques-uns devinrent tailleurs et prirent le titre de Choiilias, Chônavar, ou Taynkkar. Leur colonie s'était augmentée, ils se marièrent entre eux et cessèrent de prendre des femmes du pays. Un certain nombre de Lebbés abandonnèrent les villages de la côte et allèrent se

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fixer dans les villes de rintérieiir en ([iialité de marchands de poisson sec salé ; ils prirent des fem- mes dans ces villes el s'y adonnèrent à divers tra- vaux de culture. Ils formèrent alors la tribu des Hdvoiilters ou Kayalers .

» Ceux des Lebbés qui tirent des voyages sur mer [)our commercer, en qualité de marchands de tissus, et qui acquirent ainsi de rargent, de la considéra- tion et de rinstrut;tion, méritèrent l'appellation de Mdrailikàyer (en fr. marécars) « grands hommes » ou « maîtres hommes ».

» On appelle Tidiikhers tous les Musulmans en général; Pafhans les conquérants venus du Nord, qui ne sont pas unis à des femmes indigènes et dont la race est restée pure ; Saïds ou M las les descendants du Prophète. »

Suivant W. Logan {Malabar, Madras, (iov. Press, 1887), CJiônaha, qui est la forme littéraire de Chou- lia, serait \\.\\q. altération de Yavanalca, Yonien, Grec. Dans le Paijijaiu'ir pàl, le plus vieux poème nialayàla connu, certains marins sont appelés 67/(9«<7- vaii. Chônavaii, Chônagav, Chonaka, Jonaka sont identiques. Il y aurait bien un souvenir des ancien- nes relations commerciales de Tlnde méridionale avec les Européens.

M. Bourgoin ajoute, dans la lettre ([u'il m'a fait lo plaisir de m'adresser : « Les ChoiiUas sont donc les « matelots ». Aussi, à Karikal, les marins et les bate- liers musulmans sont- ils ofliciellement appelés « bateliers vhoidia^ » par opposition aux « bateliers ('((fcars^i ; ceux-ci sont des marins (\\\ rivai»"e Icarci),

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déterre, d'eau douce, A Pondichéry, il y a la rue des Choulias. Les Lebbés ou Levés, comme on dit à Kari- kal (le mot est inusité à Pondichéry), exercent les professions de marchands, boutiquiers, petits com- merçants, etc. Devenus riches après avoir entrepris des voyages sur mer avec des cargaisons d'étoffes, ils sont très fiers de s'appeler Marccais.

Dans le ManuaL of the District ofTaiijore, par Ven- kasamy Row [Madras, 1883), on lit, sous la rubrique mixed races : « The community which comes pro- minently to view under this head is that of the tamul-speaking Mahomedans called Labbés ov Sona- kars, a race of mixed Semitic and Turanian blood. They are the descendants of the early colonists from Arabia, who emigrated from their native land in the early part of the eighlh century, in conséquence of the tvrannical sway of Hijajben Yusef, and to whom the coast line of Tanjore, as commanding a never- failing Irade in rice with Ceylon, lield ont spécial attractions. First establishing themselves, as else- where, on the coast, they hâve in course of time crept into the interior, and hâve everywhere adopted the language of the country. In the absence of ail res- traint, religions or social, they, on their first set- tlement, took women of the lowest classes as both wives and concubines, and also admitted into their households, and made metnbers of their OAvn family, young boys and girls of the same class, who were either parted with for a considération or abandoned by their relations during the prevalence of famine aiid gcMieral distress. And the resulting cross-bi'ced

143

race, with f'ree concubinage and widow-niarriage, lias lapidly multiplied and is multpilying.

» The Labhés who inhabit ihe coast hâve tlie hono- rilic titie iuarakl{(iij(ii\ and those wlio hâve setlled in llie interior ihat of raviiltar.

)) Tiie Labbé class constitiites more than ioiir fiilhs ollhe Mahomedan population of Tanjore.

» Caste ruies, in respect ol" inter-marriage, are now observed more or less, by ail classes oI Malio- medans, the Labbcs nol excepted, but the custom is récent. »

A propos du mot ravultai', M. Bourgoin écrit: J'ai questionné, il y a déjà longtemps, à Ivarikal, diverses personnes, sur la signilication de ce mot, sur son origine, son étymologie ; et voici ce qu'on m'a dit à ce sujet : certains Choulias ayant renoncé aux métiers exercés tout d'abord par les descendants des Arabes tuiis à des femmes de la côte de Coromandel, devinrent agriculteurs ; leurs mères étaient ou des veuves de la caste des Siirar ou des filles de cette caste. Par une sorte d'ata- visme, ils s'adonnèrent au travail des champs et particulièrement à la culture du bétel; encore au- jourd'hui, les plus beaux jai-dins de bétel sont cultivés par des Musulmans. C'est ceux rpii ajoutent à leurs noms le titre de ravallar. »

Il est diflicile d'expliquer ce mot ravallar en ta- moul ; il y a évidemment des altérations profon- des ; le dictionnaire de la Mission de Pondichéry le traduit" cavalier». Macoaa, (ju'on a vu plus haut, est proprement luukkuvan « pécheur «.

L

144

Quant à lebbé [Happai), le même dictionnaire le traduit « marchand ». MM. Yule et Burnell, qui récrivent liibbye, lubbee, rapportent Texplication de M. C.-P. Brown pour qui ce serait une altération de \irabi. Mais on y voit généralement Tarabe labbdik « me voici, je suis à toi, je suis prêt à t'obéir, etc. ».

Marécar est proprement muraikkàyar, pour ma- rakkâyar, et vient de maram « arbre, bois, vais- seau »; c'est donc quelque chose comme « marin, navigateur, armateur ».

Julien ViNSON.

SUR

l'iiiieiice fle l'ancieie IMrie sir la Russie aicieie

AU POINT DE VUE LINGUISTIQUE

I

Quelle inttueiKX rancienne ll)érie a-t-elle eue sur rancienne Russie ? (blette question pourra bien étonner quelques-uns, mais le fait de cette influence est hors de doute.

Quelques auteurs trouvent l'influence de l'ibérie dans une poésie populaire russe sur Thamar, reine de Géorgie (XII® s.', dans Tarchitecture russe Ton remarque quelquefois des dômes coniques, reproduits d'après ceux des églises géorgiennes, et dans récri- ture slave, dont quelques caractères ressemblent à ceux de l'écriture géorgienne dite klioiiizouri^ sacrée.

Les autres prétendent que l'ancienne Ibérie aurait du avoir de l'influence sur l'origine même des Russes. Par exemple, selon Rawlson, orientaliste anglais, l'ancien Moscou avait été une colonie des Mosches, peuple géorgien de la province de Mes- chethi qui a joué un grand rôle dans l'histoire de la Géorgie, et a donné à la patrie des noms illustres, des rois, des hommes d'état, des écrivains et des

146

artistes. Procenco, auteur russe, dans un ouvrage spécial, nous assure que les Variagui, invités par les Russes et qui fondèrent le royaume de Russie, étaient des Ibères.

Il est bien possible (|ue les opinions que nous avons rapportées soient adoptées par les uns et rejetées par d'autres à cause de Torigine qui sépare les Russes indo-européens d'avec les (géorgiens sémites. Les anciens peuples d'Urarthu et Helhi ', qui sont consi- dérés comme les ancêtres des Ibères et des Armé- niens, formaient, dans l'antiquité la plus reculée, une puissante nation répandue dans toute l'Asie mineure jusqu'aux sources de l'Euphrate. Par consécpient, ils pouvaient être en contact avec les Slaves (jui, par leurs invasions, atteignaient parfois même Constan- tinople et les autres endroits peuplés aux bords de la mer Noire.

Ce sont ces circonstances qui firent naître che/> quelques auteurs le désii' de rechercher l'inlluence de ribérie aussi sur la langue russe. Dans ce but, Moïse Djanaschvili a d'abord essayé de comparer quelques formes grammaticales russes avec celles du géorgien. Il nous a montré, dans la revue géorgienne Moambé (Le Messager), d'une manière assez persua- sive, que oscha, terminaison de la troisième personne du pluriel du passé des verbes slaves, n'est autre chose que es des verbes géorgiens pris à la même

1. Ne sont-ils pas équivalents aux formes géorgiennes IJii'thl, qui veut dire le pays d'Ur, et He/hi, le pays de Hi. On pourrait les traduire, en arménien, Vmsiaii. la (Jéorgie, et Hahistan, l'Arraénie.

147 -

personne, au même nombre et au inème temps. Ensuite c'est L. Lopatinsky qui a lu en russe, dans la Société archéologique de Tiflis. un exposé spécial sur(Hî (|uele suffixe russe shy, employé pour (|uelques adjectifs, n'est que sqiia qui, en mingrélien, dialecte géorgien, veut dire « le fils w et dérive d'une racine géorgienne su ou schii, d'où scJtuili « le fils ». Le qn y est aspiré aussi bien que dans les mots min- gréliens tchqainii « mon » (géor., tchemi), squani « ton » (geor., scheni), et géorgiens qumariu le mari » (svane, dialecte géorgien, mare; arménien, /^zr/zr/) et quvrivi « le veuf» (arménien, aïri).

Jusqu'à présent, les recherches sur la question se sont arrêtées à ce point. La philologie comparée est bien le moyen de recherches le plus rassurant et c'est pour cela que nous avons pris le parti d'expliquer (|uelques faits de la philologie russe qui restaient inexpliqués.

La langue .russe emploie, pour le superlatif, le sulfixe e/.sY'A?, qui n'est que esi, employé en géorgien pour le même degré. Les lettres s et sch ne sont que les expressions des sons sifflants qui se rem- ])lacent l'un par l'autre. Le sens du suffixe géorgien esi reste pour nous inconnu et il ne sert qu'à indiquer la comparaison des objets.

Pour exprimer le genre féminin, la langue russe emploie souvent le suffixe hha , mais sa signification i-este pour les Russes inconnue. Dans les inscriptions cunéiformes laissées par le peuple d'Urarthu et Hethi, les cunéologues rencontrent souvent le suflixe khi qu'ils traduisent « le fils ». Or, le nom Cardii-hhi,

148

que les anciens Grecs donnaient aux (léorgiens.doit se traduire « le fils de Cardii », en géorgien Qnaithu, d'où quarihueli, nom que les Géorgiens se donnent à eux-mêmes. Aussi entendons-nous le sulïixe lîhi dans le nom slave variagai, « issus », selon Procenco, « des Ibères ». Par consécjuent, variagai devrait indiquer « le fils d'Ur». Ce nom donna l'origine aux termes Vraslan et Vii\ employés par les Arméniens pour désigner la Géorgie et les Géorgiens, d'oii dérive à son tour l'iêv^pta classique, llest à remarquer que le suffixe khi, comme tel, se retrouve dans un seul mot géorgien, zrohJia « la vache », et comme racine aussi dans un seul mot inkhevali, qui veut dire « la fille ». Mais, en mingrélien, dialecte géor- gien, il existe toujours enqualité de sufiixe ets'emploie quand on veut indiquer une naissance de la fille, par exemple dadikhé i(. née Dadiani ». Aussi s'emploie-t-il en arménien pour indi(juer le genre féminin, par exemple varjouhi « Tinstitutrice «. Après cela, il est évident que le suffixe russe k/i a sevl aussi à indiquer le féminin. Les mots russes po/inik/i(t « une tailleuse », starukha « une vieille », povarikha « une cuisinière», ne peuvent être expliqués autiement ({u'à Taide du suffixe khi.

Pour quelques noms substantifs, les Russes emploient le suffixe ai\ par exemple pakhar « un laboureur », buiitar « un révolté », zvoiuir « un sonneur ». Ce suffixe-là nous rappelle (iri (|ui dérive de «/•, a est^ et s'emploie en géorgien pou r les parti- cipes et les noms substantifs, par exemple maqnéhuri (( louant», nctqaébaii « loué », saqnéburi « à louer».

- 149

odiscliari c un liabitanL d'Odischi n. Les mots mtsqrali « fâché », mUhrdall « timide », nous représentent les formes avec changement de r en /devant/' radical.

Aussi quelques noms substantifs russes ont-ils parfois le sufiixe idii^ par exemple smutian « un tra- cassier», huUtii « un insensé ». Ce sufïixe n'est que le iani du géorgien, employé quand on veut répondre à la question avec quoi?, par exemple inadiani « capri- cieux ». Les Arméniens s'en servent aussi pour indi- (juer le nom du père, par exemple Petros Mdrcoséan « Pierre fils de Marc ».

Nul doute que quelques linguistes trouveront ridentité des sufïixes géorgiens ari, ali et iani avec a/'ins, alis et ianus employés dans la langue latine avec le même sens. Mais je dirai à mon tour que cette identité des sufïixes géorgiens et latins va nous inté- resser plus encore en présence d'une grande multi- tude de racines primordiales communes que nous rencontrons dans les deux langues parmi lesquelles il y a, comme on le sait, une grande différence d'origine.

Après cette hypothèse de Trombetti suivant laquelle les langues aryennes et sémitiques auraient une seule langue pour mère, surgit une question : le géorgien ne paraît-il pas être le prototype de la langue mère, cherchée par Trombetti ?

II

A l'époque païenne, quand il fallait immoler quelques animaux pour rendre les dieux cléments,

150

les Ibères avaient Thabitude d'immoler un veau, en géorgien zuaraki^ de ziiara, et Tarte d'inimohition s'appelait zorva [ua = o), qui, plus tard, s'est changé en tzirva « la messe ». Le mot russe jeilva « la vic- time », donty'e/' est une racine, nous rappelle bien le o-éoreien et devait siernifier, au commencement, une offrande de veau.

L'action du zorva, dans l'antiquité, avait lieu sur les places publiques ou foires. Aussi les Russes auraient-ils accomplir le jertva à leur vetché (\\\\^ étant une place publique, formait en même temps la foire, le lieu des discussions. Ce qui nous le confirme, c'est le forum des Latins {fari, parler) et l'àyopâ des Grecs (àYopditoiJta!,, parler) où, comme nous le savons, avait lieu l'immolation des veaux, ainsi que les discussions concernant les affaires publiques et la vente, à savoir la fixation des prix. Le mot géorgien btché « un juge », dont la racine est htch ou vlch et d'où dérive le verbe arménien vtclirel « fixer, marchander » et le mot géorgien vatchari « un marchand», n'est que le prototype du vetché des Russes. Ainsi vetché devait d'abord indiquer le juge, comme veut dire le Z>/rAe des Géorgiens, mais ensuite il était rattaché à une place oii avaient lieu le jugement et la vente. 11 est complété d'un e ainsi que vetcJi, qui veut dire en arménien «la dispute ». Les usages du vetché russe étaient les mêmes que ceux du forum latin, de rà-j-op^ grec et pour les ancêtres des Géorgiens et des Arméniens (avant Tarianisation de l'arménien); le mot Uiparaki, qui veut dire en géor- gien « la discussion », a conservé dans la bouche des

151

Anrumiens le s(mis de « placée publique n, comme nous le montre le mot liraparak.

Les Russes étaientdes agriculteurs et nous trouvons clans leur langue les termes propres à Tagriculture comme pakluil « labourer» et plug « la charrue ». Mais que veut dire le mol sokha qui, en russe, a le môme sens que plug ? Ce terme, par sa forme et sa signification, nous rappelle le sakhiiisi des Géorgiens qui signifie proprement « à labourer». La racine en est kluin, d'où khiuiva ou khvnvd, vulgairement khvna « iajjourer ». Sa en est le préfixe et isi n'est que la terminaison que l'on emploie parfois |)our indiquer le participe futur passif. L^a racine khan représente un développement de Tancien kku, ainsi que le sii/U des Latins à Tégard de la forme slave siif^ qui a le môme sens. Le u a disparu dans sokha, ainsi que dans sakhnisi, mais ce qui est à remarquer dans sokha, c'est qu'il a conservé le préfixe so, qui est é(juivalent au so^ des Géorgiens que l'on rencontre seulement dans deux mots, somekhi u l'arménien », soplieli « le monde, le village ».

(Qu'est-ce que le mot jat, qui veut dire en russe « moissonner » ? Ce mot, ainsi que siiop « la gerbe », nous rappelle le mot géorgien zna « la gerbe ». La lettre a, en slave, se prononçait e«. Nous en sommes assurés par sa conjugaison : jnu « je moissonne », jiiesch « tu moissonnes », etc. Au mot géorgien ziia se rattache aussi le troisième mot russe zerno, qui

1. Ses autres formes sont : su, rencontré dans le mot suphéra « le royaume », se, dans sephè « royal », et st, dans plusieurs mots, à savoir, sitqua « dire », sirhili « courir », etc.

152

signifie « le grain » et qui aurait auparavant expri- mer seulement « le grain de blé ». La racine de zerno est zen, r n'y est qu'une aspiration. Zen nous rappelle la racine géorgienne Izen, d'où les Izentzis « pousser » et Izanel, des Arméniens, qui veut dire « semer », sans aucun doute, et ces mots sont dérivés de zna, dont la racine s'entend mieux dans le mot snop.

Dans l'histoire de l'évolution des principes de la religion, de la politique et de l'agriculture dans l'ancienne Russie, les termes vietche, jertva^ sokha^ jats, snop et zerno doivent, sans doute, avoir une grande valeur, mais, pour mieux les comprendre, il faut que nous cherchions leur origine et leur expli- cation dans la langue des Ibères ou Géorgiens actuels.

La philologie slave, à l'aide du géorgien, pourra expliquer beaucoup de choses au premier abord inexplicables, si messieurs les slavistes se mettent à étudier la philologie géorgienne.

Pierre Mirianischvili.

Tittis' le 20 mars 1907.

A SYNOPSIS

ANALYTICAL AND QUOTATIONAL

of llie .138 Forms of the Verb, iiscd in tlie Epistle to the Hehrews, as foiind in the Baskisli New Testa- ment oï Jean de Liearrague, printed in 157 1, at La Rochelle .

'Ou paotov aTCav-a- jjixvfJavî aévxoi oaa xscpaXauôoTj (Lucieil,

Dialogue des Morts, 17).

[The alphabelical order hère assumed is \, B, C and Qu = K, D, E, G, l, L, N, T, ÏZ and Z and C

and Ç = Z.]

AC. 1. Impératif singulier 2'' personne, régime sin- gulier, adressé au masculin \ auxiliaire actif. Hâve thon it, o mon!

1. Du tutoiement masculin, on voit dans cette Epître les 22 mots que voici : Ac, Deçân, Diaudec^ Die, Diraueat, Dituc, Dituc, Ditzân, Diaucac, Drautac, Duc, Duc, Nauc, ez Taquiâla, ez Teçàla, ezTituc, ezTituc, ezTuc, Çayân, Çaic, eTZaizquic, eTZiayôc.

Le tutoiement dans l'Evangile de St Marc, que nous avons étudié dans \z.- Revue de Linguistique (1898-1903), contient les 83 mots que voici :

Masculins (c'est-à-dire en s'adressant à un homme). 75 : Ac, Aguc, Auc, Daquiala, Daquizquic, baDacusquic, baDacussac, Da- guiadan, baDaguic, baDeçac^ Deçânçat, Diabiltzac, baDiacusquiat, Diagu, Diarioc, Diat, Die, Dié, Dieçadan, Dilioac, Dioc, Diossat ,

11

AIZ

. 7.

1.

o.

1.

11.

1.

12.

5.

5.

5.

6.

154

8. 5. , . . , Bada iKUssr/r. . . Or voy y\DI. 1. Imp. siiig., 2* p., auxiliaire. Be thon ! 1. 13. . . ., lAR adi ene escuinean, . . ., Siez-toy à ma dextre. Indicatif présent, 2, verbe substantif. Art. . . . , PJne Seniea aiz hi, . . . , Tu es mon Fils, . . . , baina hi permanent aiz : . . . , mais tu es

permanent : ... : baina hi hura bera aiz, ... : mais toy,

lu es vn mesme, . . . , Ene Semea aiz hi, . . . , Tu es mon fils, ..., Hi AIZ Sacrificadore ..., Tu es Sacri- ficateur 7. 17. . . ., Hi AIZ Sacrificadore . . . (Hautin mit aiz, parce que Liçarrague avait lu « 'Ot-. Tj'ispko; ».) . . . , Tu es Sacrificateur 7. 21. ..., Hi AIZ Sacrificadore ..., Tu es Sacri- ficateur (H. mit aiz, parce que L. avait lu

AICExX. 1. I. q. aiz, auxil., avec e euphonique devant // conjonctif. Thaï Ihon art.

Diraucuc, Diraueat, Dituala, Dituanac, Dituc, Dituc, Drauat, Drauc, Ditzân, Drauzquiân. Duân, Duanâ, Duana, Duc, Duc, Eyec, Eçac, Gaituc. Gaitzac, Gaitzaizquic, Guendiquec, leçaguc, lieçagun. lecec, letzéc, Itzac. Xauâla, Nauc, Nauc, Xeçaquec, Neçan, Nitziayec, ikusQuic, ezTaguioala, ezTeçâla, ezTerreola, ezTerroan, ezTié, ezTituc, ezTuâla, ezTuc, ezTuc, ezTsea- quiagu, Çaic, Caizquic, baCeaquiat, baCeaquiagu, Cieçan et eTZieçan, Cieçateân & eTZieçatean, Cioc, Citiagu, Citiat, Ciluio. Féminins, 8: Dionân, Diosnat. Draunat, Dun, ezTinàt. ezTun, ez Tun, eTZ«aquinat.

155

2. 6. ..., harcaz ohhoit aicen? ... que tu as mémoire de luy ? AICENEAxN. 1. I. q. «/s, aux. e euph., il pronom rela- tif temporel décliné au temporel [iiean = quand). W'hcii tlioii a ri.

12. 5. ... haroaz corregitzen aicenean.

. . . quand tu es reprins de luy. AV. 1. fndic. prés., s., 3, rég. sing., pers., aux. act. Ha s thee. l. 9. ... : halacotz u^ctatu ukan an laincoac, eure laincoac ... : pour ceste cause Dieu, ton Dieu t'a oinct A\'r.7. Ind. prés., s., 1, r. s., 2" p., aux. act. / liave thee.

1. 5. ..., nie egun engendratu aul lii ? ..., ie

t'ay auiourd'huy engendré ?

2. 12 eta Eliçaren erdian laudaturex aut hi.

. . ., &; te loueray au milieu de rassemblée.- (The greek text lias no équivalent Ibr eta or k.) PS. 5. . . ., nie egun engendratu aiit hi.

. . ., ie t'ay engendré auiourd'huy. 6. 14. ..., Segtir bbnedigatuz benedicaturen aat.,

eta MULTIPLICATUZ MLLTIPLICATUREN ail t.

..., Certes ie te beniray abondamment, tk te multiplieray merueilleusement.

13. 5. ..., Ez««^ UTziREN, eta ez««// abandonna-

TUREN. . , ., le ne te laisseray point, & ne t'abandonneray point. AVÇVE. 2. Impér. pi., 2, r. s., aux. act. Ha^e ije it !

15G

3. 12. GOGor/uçiic, anayéac, Frères, prenez garde

12. 25. REGvinauçue . . . Voyez

BEDI. 1. Imp. s., 3, aux. Be //, let if be !

13. 1. Charitate fraternala egon bedi . Que la cha-

rité fraternelle demeure,

BEÇATE. 1. Imp. pi., 3, r. s., aux. act. Let Ihcm havc Him !

1. 6. ..., Ela ADORA beçale hura laincoaren

Aingueru guciéc, M. omit la virgule.) .,., Et que tous les Anges de Dieu l'adorent.

BlPiE 1. Imp. pi., 3, V. subst. Be they^ let them bel 13. 5. Ciien conditioneac bire auaritia Sfabe, Que vos mœurs soyent sans auarice, HAlCAPiA & GARA. 14. Ind. prés., pi. 1. We are. [Cara is probably more ancient than gara. Many instances prove that an initial g in the Baskish of the IGth century, where our sludy of it finds its beginning fixed by cruel destiny, represents an earlier k or hard latin c.)

2. 5. . . . , ceinez MiNÇO bairrt/7? ; ..., duquel nous

parlons.

3. 6. ... : ceinen etchea baicARA gu, ... : du(|uel

nous sommes la maison, 3. 14. Ecen Christen participant eguin içan ga/a, . . ., ceinez sustengatzen hiàca/a, Car nous sommes faites participans de Christ, . . . de nostre soustenance (voyez baDeçagu).

lo7

4. 3. Eceii SARTHLRKN gara reposean <jii, (Gainons . . . entrerons au re|)OS,

6. 9. Baina skglhatzen stti'(t . '• luinela minco

hagara-ere. Or nous-nous sommes pei- siiadez . . . , ia soit que parlions ainsi.

7, 19. ... ceinez HURBiLTZE>- halcara laincoagfana.

o

. . . , par laquelle nous a()pro(;hons de Dieu.

10. 10. Cein vorondatez sanctificati ican bai^Y//Y/, Par laquelle volonté nous sommes sanc- tifiez,

10. 39. Baina gu ez gaha (11. mit guezgara; Me'is nous ne sommes point

12. 9. ..., eta vicico ha'icara? ..., & viurons?

12. 25. ..., gu anhitzez guehiago pumturen gfffa,

. . ., nous serons punis beaucoup plus

13. 18. ... : ecen asseglratze:^ gara ... : car

nous-nous asseurons

baiQVIRAïE. 1. Ind. fut., pi. 1, v. s. It is the old lorm of souletin gairate. (See Inchauspe, Le Verbe Basque, 18.58.) We sliall be.

12. 28. ... non haren gogaraco baiguiRATE, . . . , tel- lement que luy soyons agréables

DA. 62, Ind. prés., s. 3, v. s. et aux. Is. 2. 2. Ecen baldin ... hitza fermu içan ba«frt, Car

si la parole ... a esté lerme : 2. 6. . . ., Cer da guiçonà, ... ? edo cer da gui- çonaren semea, . . . .' . . . , (Urest-ce de l'homme ... ? ou qu'est-ce du fils de l'homme ... .' (H. mit car da, parce que dit 7] ulôç àvGpWTTOU, sans verbe.)

158

2. 14. . . ., hura-ere halaber participant eguin iraii da hetan beretan, . . ., luy aussi sembla- blement y a participé,

2. 18. ... AiUTATZECo botheretsii da, ..., il est

aussi puissant à aider

3. 3. ... «loria handiagoren digne estimatu içan

da, . . . est réputé digne de plus grande gloire

3. 4. Ecen etche oro norbeitez edificatzen da : .... laincoa da. Car toute maison est édi- fiée de quelqu'vn : . . ., est Dieu.

3. 5. Eta segur Moysesfidel IÇAN drt. ...Or bien est vray que Moyse a esté fidèle

3. 6. Baina Christ semé beçala da bere etchean : ]\Iais Christ est comme fils sur sa maison :

3. 17. Baina ceinéz enoyati içan da berroguey

vrthez ? Mais desquels a-il esté ennuyé quarante ans? (H. mit 27.)

4. 10. ..., REPOSATUi'rrt/î c?« hura-ere bere obretaric,

. . . , s'est reposé aussi de ses œuures,

4. 12. Ecenlaincoarenhitza vicif/<7etaefiicaciotaco,

... : eta da . . . iuge, (H. omit ce point). Car la parole de Dieu est viue kS: d'eliîcace, . . . , kk est iuge (H. mit vici d((, parce que L. a lu ^wv yàp ô Xôyo^, sans verbe.)

5. l. E(;eii Sacrificadore subirano gucia guicone-

taric HARTZE.N (/a, eta s'uiconenci-atic ohde- NATZKN da laincoa baitharaco gaucelan : Or loul souuerain Sacrificateur se prend d'entre les hommes, »S: est constitué pour les hommes es choses <|ui se font ciincrs Dieu :

159

o

13. ... : ecen liaoïir da : ... : car il est eiilant.

5. 14. Baina handitlentzat da viaiida carratua, Mais la viande ferme est pour ceux cjui sont desia tous grans,

fî. 8. . . ., REPROBATUA da H. mil f/rt parce queL. a lu ioô/.'.ijio^, sans verbe) ..., est reieltee,

7. 2. ... : eta lehenic luira da interpretatzen iustitiazco regue, ... : tk premièrement est interprété Roy de iustice :

7. 7. ... BENEDiCATZEN <:/«. ... est bénit

7. D. Eta . . . Abrahamtan detchematl iraii da Leui bera-eie, El . . ., Leui mesme ... a esté dismé en Abraham.

7. 12. Ecen Sacrificadoregoareu ofïicioa cambiatl iÇANic, necessario da . . . Car l'office de Sa- crificature estant changé, il est nécessaire

7. 14. Ecen claro da ... Veu qu'il estoil notoire (L. traduit « est clair », parce qu'il a lu TCoôoTjÀov, sans verbe. Dans quelques éditions Calvin aussi avait traduit « est ». Pour- quoi donc Haulîn n'a-t-il pas nns da'}]

7. 1.5. Eta are haur da claroago, Et d'auanlage ceci est encore plus manifesté, (H. niit(/r/, bien que le grec dise b-:-./).

7. 18. Ecen aitzineco mananiendua abolitzen da . . . Cav il se fait abolition du mandement précèdent

7. 19. ... : baina içan da speranca hobeagoaren preparationebat H. mit «. icaii da » ... : mais a esté vne seconde introduction de meilleure espérance,

160

7. 22. Hambatenaz alliança hobeagoren fiadore

EGUiN içan da lesus. D'autant lesiis est fait pleige d'vn meilleur Testament.

8. 1. Bada . . . sommarioa haiir da, Or la somme

. . . est., (H. mit da parce que le grec n'exprime pas est]. 8. 3. ... donoén eta sacrificioén offrendatzeco oRDE^'ATZE^' (la : bada, necessario da . . est ordonné pour offrir dons & sacri- fices : parquoy il est nécessaire

8. 10. Ecen haur da . . . Alliança, Car voici le Tes-

tament (It is remarkable that da should not be in Italie hère, because the équiva- lent is not found in the Greek, and in the French one reads, cest que).

9. 2. Ecen Tabernaclea edificatu içan da, Car le

tabernacle a été construit, 9. 12. ... behin sarthu içan da leJca sainduetan redemptioneeternala 015TENITLHIC. ....est entré vue fois es Lieiiv saincts, ayant obtenu vne rédemption éternelle. 9. 15. Eta halacotz da Testamentu berriaren arar- teco, herioa artean iarriric. Et pourtant est-il Médiateur du nouveau Testament, . . . la mort entreuenant 9. 16. . ,. . , necessario da . . . , il est nécessaire 9. 17. Ecen testamentua hilétan confirmait da, Car le Testament est confermé es morts : 9. 20. ...,HaurDA ... odola. ..., C'est ici le sang 9. 23. I5KIIAH iran da beraz ... lia l'alu doue

I

161 -

9. 26, ..., bere biiriuizco sacrificioa/ comparitu içaii da. ... il est comparu . . . par le sacrifice de soy mesme.

10. 7. ... (liburuaren HATSE.4N scRiBA.TU.\ da niçaz) ... : au commencement du liure il est escrit de moy,

10. 12. Baina haur sacrificio bakoitzbat bekatuacga- tic OFFHENDATUHic, eternalqui iarria da Jaincoaren escuinean. Mais cestui-ci ayant offert vn seul sacrifice pour les péchez, est assis éternellement à la dextre de Dieu.

10. 16. Haur da . . . alliançà, C'est ici Talliance

10. 23. (ecen fidel da ... : car ... est fidèle : (H, mit d(t^ parce que L. a lu r-.cr-o; yàp, sans verbe.;

10. 30. ..., Eue DA MENDECATZEA, ' ..., A HÎOy CSt

la vengeance, 10. 31. Gauça horriblea DA lainco viciaren escuetara

ERORTEA. C'est cliose horrible de cheoir es

mains Dieu viuant. 10. 37. ... ETHORRiREN f/«, ... viendra,

10. 38, Eta iustoa l'edez vicico dd : Et le iusle viura

de foy :

11 . 1 , liada, fedca da . . . Or la foy est

11. 4, : eta oraino . . . minço du. ... : & ... parle

encore 11, .1. Fedez Henoch eraman ican da , Par foy

Henoc a esté emporté

1. From xnndica pronounced hindica. Cf. mena, nwa = mincy from cfiia bcna, cein of métal.

162

11. 6. Bada impossible DA l'ede ^abe A«/e/; gogaraco içATEA : . , . , BEHA» dci . . . Oi* il Gst impos- sible de luy plaire sans foy : ... il faut

11. 12. Ela Ifalacotz batetaric (etare ia hilaganic

soRTHU içciîi da gende haiidi . . . Pourtant aussi d'vn seul (voire mesme amorti) sont nais de gens en Dinllilude

12. 2. ..., eta laincoaren thronoaren escuinean

lARHi içaii da. . . . , & s'est assis à la dextre

du throne de Dieu. 12. 7. ... : ecen cein da haourra ...?...: car (jui

est l'enfant ... ? 12. 20. ..., LAPiDATURKiN dci edo gueciaz' iraganen

da. ..., elle sera lapidée, ou percée d'vn

dard.

12. 29. Ecen gure laincoa . . . ua. Car aussi nostre

Dieu est (L. wrongly omits « xà-. », « aussi » )

13. 4. Honorable da gucién artean ezconçà%

Mariage est honnorable entre tous, 13. 8. ..., hura bera da eternalqui-ere\ ..., est

aussi le mesme éternellement. 13. 9. ... : ecen on da ... : car il est bon. 13. Colophon. Hebraicoetara SCRIBATU icon da

Il alla rie Timalheorequin. Ku noyée d'Italie

par Timothee.

1. L. translates d du dard o. The woid is Latin çiœsi, ifesi, which D' J. Rliys takes to be Gaulish. Cf. 'jucci Epli., 6, 16. See tbe Diccionnario Bilinfjnc, of D. J. Fiancisfo de Aizquibel.

2. In thèse verses Hautiii put '/" because Ihe Gi-eek has no équivalent of « est ».

163

DABIL'FZALA. i. Ind. prés., pi. 3, avec la (^onjonc- tif = que, verbe irrég. intr. ehil. ThaL they Hrilk.

il. 14. ... ecen ^e/e herriaren ondoan dabiltza.la. . . . qu'ils cerchent feu/- païs. ot-. -a-rp-oa

ÈTT'.^TjTO'Jat. f

DA(^)VlpN. 1. Subj. prés., s. o, r. i. s., aux. f/ial il bc lo Hini.

6. 10. ..., AHANz daquiôn çuen obra, (H. omit la

virgule) . . . , pour mettre en oubli vostre

œuure (L. translates « that it be to Him

forgotten »). baDAQVlÇVE. 1. Ind. prés., pi. 2, r. s., v. irr. act.

taquin. 12. 17. Ecen bauAQUiçuE are ... Car vous sçauez baDACVSSAGV. 1, Ind. prés., plur. 1, r. s., v. irr.

act. ijxus. 3. 19. Ecen baoACUssAGL . . . Ainsi nous voyons

ba DADI. 1. Hypothétique prés., s. 3, aux. If lie be. 10. 38. ... : baina baldin cembeit apparta h-^dadi,

... : mais si quelquvn se soustrait, DADIN. 3. Subj. prés., s. 3, aux. That it be.

7. 12. ... Leguearen cambioa-ere eguin dadin.

. . . qu'il y ait aussi changement de Loy.

12. 13. . . ., bainaitzitic sendo dadin. . . . , mais que

plustost il soit remis en son entier.

13. 9. ... bihotza gratiaz confirma <:/ftf//;?, .. que

le cœur soit establi par grâce, DADN'GAGVN. 3. Impératif, pi. 1, r. s., v. irr. act. eduki. Let us hold it !

164

4. 14 DADUCAGUN confessioiie //«///• tenons

la confession.

10. 23. Eta iKUCiRic gorputza v r chaliuz, dadlcv- GUN^f^/'esperançaren confessionea variatu gabe . . . 10. 22. . . . , & le corps laué d'eau nette : Tenons la confession de nostre espérance sans varier (H. pul giu-e because the Greek lias not the équivalent of « nostre ». L. in some places départs froni Galvins division of the verses, e. g. raicii il.;

12. 28. . . . , DADLCAGUN gratià, ..., l'etenons la grâce

DAGVIGV. 2. Ind. prés., pi. 1, r. s., v. iii. act. cifuin. Ile make it. 2. 3. ..., baldin hain saluamendu handiaz centu- rie ezpaDAGUiGU ? FI. omit la virgule, comme aussi Timprimeur Lyonnais) . . . , si nous mettons en nonchalance vn si grand salut, (L. translates « if \ve make not any account », for àijtsÀYJ^xvTE; .

10. 26. Ecen baldin iaquiaha bekatu bauAGUiGu' eguiaren eçagutzea recebitiz gueiozlic, Car si nous péchons volontairement après auoir receu la cognoissance de vérité,

DAGVIGV.X, 1. Impér. , pi. 1, r. s., v. irr. act. eguin. Lel tis iiKihe il !

1. Ba , the complément of lntldui, meaning if. is probably a more récent form of pu, whicli remains unchanged \\ lien it lias the négative <v as a prefix.

ir.5

4. II. DAGiiGUN^ bâcla diligentia repos liartan

sARTZEKA : F]stiidions-nous donc d'entrer

en ce rej)Os-là : DAGVIÇVEN. 1. Siibj. prés., pi. 2, r. .s., v. irr. act.

eguiu. Thaï ye may do it. 13. 19. ... haur daguiçukn, ... de ce faire DA(tO. 1. [nd. prés., .s. 3, v. neutre irrég. egon.

Remains.

7. 3. ,..: baina laincoaren Semearen irudico

EGUiN iÇANic, DAGoSacrificadore eternalqui. . . . , mais estant fait semblable au Fils de Dieu, demeure Sacrificateur éternelle- ment. DAGOCA. 1, Ind, prés., s. 3, r. i. s., v. irr. neut. egon. Remains to il.

8. 13. ... ABOLiTU içATEABi hurbil DAGOCA est

près d'estre aboli. (En basque « à Testre »,

içateari.) DAGOELARIC. 1. I. q. dago, avec e euphonique

devant laric participial. While He sfays, He

staying. 10. i'^. ... BEGUiRA DAGOELARIC, Attendant ce DAIDIDAN. 1. I. q. daidit. Potentiel futur, s. 3, r. s.,

r. i. s. \y^ pers., avec da euph. pour t

devant n pron. rel. =zque; [Thaï) n'hich he

may do to ?ne\

1. Tins Word is but chif/nù/u with the sutBx n = '/ne the con- junction. It is not only imperative in sensé, but expresses the conjunctive or subjunctive mood.

2. This is an unfortunate homonym of daididan. of the Hrst

ine

13. 6. ... gniçonac ah\l daididan gaiicaren.

. . . chose que l'homme me puisse faire. DAITEQVEEN. 2. Pot. prés., s. 3, e euph. devant n

rel. nom. ^=qui, aux. [That] n'hich caii he. 12. 18. ... escuz HUNQUi ahal daitequeen mendi

batetara, ... à vne montagne qui se puisse

toucher à la main, 12. 28. Hunegatic higli ecin daitequeen résuma

... le royaume qui ne peut estre esbranlé

DAITEQVENA. 1. 1. (\. daitequeen, i{éc\. ace. That

a-hich can ht. 6. 17. ... fermetateMUTHA ECIN fZ<7//e^//,e/<« ebacutsi NAHiz, ... voulant ... monstrer Timmuable fermeté

DAITEN. 1. Pot. prés., s. 3, aux., n rel. nom. = qui .

[That] which can be. 11 . 12 . . . . , eta itsas costaco conta ecin daiten sablea

beçala. . . . , & comme le sablon qui est au

riuage de la mer, lequel ne se peut nom-

brer. DAITEZQVENEZ. 1. Pot. prés., pi. 3, n rel. nom. pi.,

déd. médiatif indéterminé, aux. [nez^^par

(choses) qui.] By tltings ^vliich can be. 6. 18. Bi gauça mutha ecin daitezquenez . . . |)ar

deux choses immuables DATENIC. 1. Ind. fut., s. 3, n rel. nom., décl. partitif

person, the conjunctive of daidit, St I>uc. 16, 3; St Jean, 5, 30. See St Matt., 26, 36 ; St Mark. 14. 32, daididoiw; St Matt-, 9, 28, daididala.

107

indéfini, verbe subst. Sornel/iins^ n'/iic// s ha il b(i. 13. 21. ... euelan haren aitzinean placent datenic, ... en vous ce qui est agréable deuant luy,

baDATOR. 1. Ind. prés., s. 3, v. irr. passif e^Ao/Ti.

Cornes. 13. 2.). baldin sarri banATOR) ..., s'il vient bien

tost .

DAVDENEV. 1. Ind. prés., pi. 3, n rel. nom. pi. ^qtii , décl. dat. pi. déterminé, v. irr. neutre egon [ney = à ceux qui). To tliose a' ho unit. \) . 28. ... haren beguira daudeney sahiamenduta- cotz. ... à ceux qui l'attendent à salut.

DAVDP:CENÇAT. l. Subj. prés., pi. 3, décl. destinatif, v. irr. neut. egon. To the end iJiat thei/ reinain.

12. 27. . . . DALDECENÇAT. .., afin que ... demeurent.

baDAÇAGYGA'. 1. Ind. prés., pi. 1, r. s., v. irr. act.

ecagun. IVe know it. 10. 30. Ecen banAÇAGUGU ... [voyez du en a) ... Car

nous cognoissons celuy

DELA 11. I. q. lia, avec la conj. = que. That it is. 2. 9. ..., gloriaz eta ohorez coroatl içan delà:

. . . estre couronné de gloire & d'honneur: 7. 8. ... : baina han vici delà ... : mais . . . qu'il

vit. 7. 14. ... ludaren leinutic ilk[ ican delà gure

launa, ... que nostre Seigneur est issu de

luda,

168

10. 25. . . . HURBiLT/EN (lelo egLin hura. ... le iour

approcher.

11. 3. ... laincoaren hitzaz mundua eguin içan

delà : . . . que les siècles ont esté ordonnez par la parole de Dieu, (L. is hère indepen- dent of the Greek as well as of Calvins French.) 11. 6. . . . ecen laincoa baDELA, eta ... recom- pensaçale delà. . . . que Dieu est, ia qu'il est rémunérateur (L. mit laincoa en ita- lique parce que le grec ne dit pas Dieu mais ù-ut l'a-ut.)

. . . bozcariotaco delà, . . . estre de ioye,

. . . , REFL'SATU icaii (leUi : . . . que . . . , il fut reietté :

, . . gare anaye Timotheo largatu içan delà, . . . que iiostre frère Timothee est deliuré,

Gratia delà çuequin gucioquin. Grâce soit auec vous tous.

E.-S. Dgdgson. {A suivre.)

12.

11.

12.

17.

13.

23.

13.

25.

L'HYPOTHÈSE

CONTRACTIOMÉÏÉLATRICE D'ÉTYIOLBWES liû-ElûfÉEMES

imber, uinbra, ôfxêpoç, etc. [JLéyaç, {JLeyàX-'/], mille, etc.

T

Le latin luiibra « ombre », pour *uinber-a, est proprement le féminin régulier du latin iinber « pluie », (( nuage », « eau ». De son côté, le grec o;ji6'p-o(; « pluie », peut être considéré comme la forme masculine du même mot. Enfin le neutre correspon- dant ne faisait |)as défaut dans la langue mère : le sanscrit l'a conservé sous la forme du mot ablir-am pour ^abha/--am, *ainbhar-ain, au sens de « nuage ». Ajoutons pour <;onipléter la liste des termes sanscrits de cette famille :

Ambhas « eau », dont le changement de la finale s en /• dans certains cas déterminés par le scnndJà rend compte, tout à la fois, de la finale thématique /• de iimlir-a féni.), de ojjiêp-oî (masc), et de r/(0///--r^//? (neutre).

12

170

Se. Ah/i/'-iyas, adjectif au sens de « aqueux, ora- geux, nuageux », en rapport de dérivation avec le subst. ambhas.

Se. Amhar-am (subst. neutre), au sens de « en- tourage, enveloppe ».

Se. Aiubhii (subst. neutre), au sens de « eau ».

(hiant à la concordance sémantique, elle s'établira facilement, à la suite de la concordance phonétique et morphologique, si l'on fait remarquer que la signification commune est celle de « brouillard » ou de « nuage pluvieux », enveloppant d'ombre ou de ténèbres l'ensemble des choses visibles.

Nous achèverons la preuve de ces rapports en rappelant que la même constatation ressoit de la synonymie originaire du se. iiabhas, « enveloppe du ciel », du gr. vÉti-o; « nuage », v/^â; « neige » et « pluie », et vîc&io « neiger », du lat. niibes « nuage, ombre, voile », du gr.-lat. vû^o-t,, lyinpha « l'eau my- thique personnifiée», etc.

Conclusions : L'ombre a été considérée d'abord comme brume ou brouillard.

2*^ Le sens primitif de nùbo est «couvrir, voiler »; celui d'épouser est secondaire.

Il

Des développements analogues, accompagnés de contractions, ont donné naissance à des formes aussi curieuses, prises parmi les dérivés de la famille à laquelle appartient le gr. [xi'^%^ « grand ».

Nous nous en rendrons compte en établissant d'abord la possibilité de la chute d'une gutturale

171

(/. ou y; c '^o g] devant la liquide X (lat. /). Entre dif- férents exemples ce phénomène phonétique se remarquedansle \?i\.. paulum, pour '*pauc-l uni, comme l'indique pauc-us. Appliquant cette hypothèse à la recherche de Tétymologie du lat. mel-ioi\ nous serons en droit de conclure que la forme anté-classi- que de ce mot était meg-l-ior, à savoir le compara- til" masculin de Tadjectif [xi'cx:, sous la forme altérée par le rhotacisme, piyap (cf. \j.t-(yl par lambdacisme ultérieur), et dont le féminin est resté sous la forme très régulière [xz-^H-r^. Explications analogues pour la série suivante qui s'y rattache :

Gr. ijtâXa « grandement, fortement », pour *;jiaY'X-a, neutre plur. de Tadjectif *[jLaY'X-o;, employé adverbia- lement.

Gr. ijiàXXov pour ^uaY'À-jwv, comparatif neutre sing. employé adverbialement, se rattachant au même adjectif.

Gr. [jLâX-tffx-a pour [x%-fh-'.i~-'x, neutre plur. du super- latif correspondant employé adverbialement.

Gr. ij.aX£pôç pour ijtaY'X-spo;, adj., «violent, robuste ».

11 convient d'ajouter à cette liste le lat. mille, très probablement pour *//?/^7-p au sens primitif de «grand (nombre) », ainsi que le gothique niikils et les noms gaulois magulus et magliis, indiqués par M. Yendryès [Mcm. de la Société de Linguistique de Paris, XIII, 225 , et dont le sens est très probable- ment celui de « grand ».

.le n'ajouterai rien pour l'instant aux observations générales que suggère l'exposé de ces faits : les leçons qu'ils comportent se dégageront d'elles-

172

mêmes, totoii tard, grâce aux travaux des phonétistes compétents.

III

ADDENDA

Rapprochements de formes linguistiques au sens

fondamental de grand dont le vocalisme s'encadre

Cp dans {le graphique) ?-~X~f\-

A

Le radical gr. /iX-o « mille », est pour (jjLJ'y.À'-o, et s'identifie par là, pour le sens et la forme, avec le lat. mille {mih-l-e), compte étant tenu, d'ailleurs, des contractions qui ont resserré les éléments phonéti- ques de l'un et l'autre de ces vocables.

B

Le nom actuel d'Achille, le héros vaillant et fort des poèmes homériques, part d'un antécédent, jjLfa/-tU-£tj (forme actuelle 'AyOl-vjç) dont le sens pro- pre et original est d'accord avec Vidée grandiose que suggèrent les faits et gestes du Péléide ; cf. l'épi- thète àXxtSiiç « le fort », qui s'est adaptée au nom d'Hercule.

G

Au goth. mikils « grand » et au lat. tnille imili-l-c) « grand » (par le nombre), d'oii notre mot mille, se rapproche surtout le lat. miles (pour ^mlh-l-es) au

- 173

sens de « troupe »; d'où « celui qui fait partie d'une troupe armée, attroupée = soldat » (au plur. «mili- taires, troupiers, etc.».

Explication analogue pour le lat. môLês {/)iôh-'l-ës) au sens de « multitude » = « grand nombre, masse » (confusion de l'idée du sing. et de celle du plur.). Autres formes apparentées : .atoXo; pour *[jiw/-"X-o; au sens d' « effort » = « emploi de la force », auprès de o/'X-oç pour *;jlj^o/-'X-o; au sens de « troupe, mul- titude », yLoy-'l-6:; « levier = outil pour l'eflf'ort, qui sert l'effort »; ;jijÀo^ pour^ijijy-'À-o; au sens de « meule, masse » ; ;i.j).T, pour *iijy-l-r„ même sens et même explication phonétique ; o^up-ô;, È/jp-ô; « fort », probablement pour un antécédent com- mun ';JLO£/-'jp-o;, *;jij:c/-jp-0(;, etc.

D

Conclusion des faits qui précèdent au point de vue de la sémantique germanique; se rattachent au rad. ;i.£Y avec- l'idée de grandeur et de force :

Allemand uiehr a plus »,

uuicht V puissance »,

môgen « pouvoir », etc. Anglais more « plus »,

nui cil « beaucoup »,

miglil c( pouvoir », etc.

D'où la constatation importante qu'en ce (jui con- cerne celte famille, l'idée de pouvoir a pour hast celle de grandeur ou de force.

l'aul Regnald.

LE MALAIS VULGAIRE

VOCABULAIRE

ET

ÉLÉMENTS DE GRAMMAIRE

INTRODUCTION

Les Malais paraissent originaires de l'ancien royaume de Tyampa, qui s'étendait le long de la côte de l'Indo-Chine, à l'est du Delta du Mékong. De là, ils se répandirent sur la presqu'île de !Ma- lakka, sur Tlnsulinde et jusqu'en Polynésie. Com- merçants ou pirates, ils s'établirent principalement sur les côtes, introduisant partout, avec Tislâm qu'ils avaient adopté au XIII" siècle, leur langue, qui de- vint la lingua franco de toute la Malaisie,

Abâtardie, mais enrichie aussi par de nombreux emprunts au sanscrit, à l'arabe et aux langues des peuplades conquises, puis, au XVI" et au XVIP siè- cle, par des mots introduits par les conquérants por- tugais et hollandais, cette langue, le malais vulgaire, se parle aujourd'hui sur tontes les côtes, d(>puis la

17o -

Pointe d'Atchin juscju'à la .Nouvelie-Guinée : tlaiis la presqu'île de Malakka, dans certaines régions de la Cochinchine et du Cambodge, à Sumatra, à Java. à Bornéo, à Célébès, dans les petites îles de la Sonde, aux Moluques, etc. Et le lagal des Philippines, la langue des indigènes de la cote de Formose et le malgache ne sont eux-mêmes (|ue des idiomes déri- vés du malais.

La connaissance du malais vulgaire est indispen- sable à tous ceux qui voyagent dans l'archipel indo- australien. Son acquisition est d'ailleurs des plus faciles : quelques semaines d'étude et de pratique suffisent pour comprendre les indigènes et se faire comprendre. Il est évident que, dans une région aussi étendue, il existe plusieurs dialectes, et que le parler des gens de Padang diffère de celui des habitants de Ternate ; mais les différences sont, en somme, peu considérables, et il suffit de connaître un dialecte malais pour se tirer d'affaire dans la Malaisie en- tière.

Le présent vocabulaire est .surtout celui des grands centres : Singapour, Batavia, Sourabaya, avec lequel on peut se faire comprendre partout. Quand nous nous sommes trouvé en présence de deux mots différents exprimant la même chose, nous les avons donnés tous deux ou nous avons choisi celui doiil l'usage nous a paru le plus répandu,

(Hiant à la transcription, nous l'avons simplifiée autant (jue possible, n'utilisant que les lettres stricte- ment nécessaires. Elles se prononcent toutes et con- servent toujours leur son al|)liab(''lique.

176 -

Règles de Proîionciation.

Parmi les voyelles, «, / et o se rendent comme en français ;

Il se prononce toujours comme ou (Ex. : gunung = gounoung) ;

e et é se prononcent à peu près comme dans le mot liberté; cependant, dans la première syllabe, Ve est généralement presque muet. (Ex. : sebab, etc.)

Les voyelles particulièrement longues ont été pour- vues d'un accent circonflexe. iEx. : bodô.)

Les voyelles nasales n'existent pas : an, am, en, em, i/i, im, on, om, un, uni, se prononcent donc ann, amm, enn, emni, inii. innn, onn, onini, oun, ouni. (Ex. : hutan ^ houtann.)

Dans les diphtongues, les voyelles se prononcent séparément : ai = aï, au = aou. (Ex. : kain = ka'in, taun = taoun.)

Les consonnes ont le même son qu'en français; cependant Vh est toujours quoique légèrement aspiré; 1'^, sifflant; le ^ se prononce toujours comme devant a, o, u (Ex. : gila = guila, gedong = gue- dong\ le k, à la fin d'un mot, est presque muet (Ex. : baïk = bai") ; Vf ne se trouve guère que dans des mots d'origine étrangère, et les indigènes lui donnent généralement le son de p Ex. : fransis = pransis). La prononciation des consonnes composées dj et hj se rapproche de celle de di et // dans les mots diable et tiai'e ; ng se prononce com- me en chinois ou en allemand, dans les mots Ding, faug, etc.

177

I. SUBSTANTIFS

OniGINE DES NOMS MALAIS

In grand nombre de noms malais sont tirés de l'aral^e. (]e sont surtout des termes métaphysiques : AlldJi (Dieu), (luuin (univers), ahnl (intelligence), htikum (loi), sadaha (aumône), etc. ; mais aussi des noms physiques : Idfab {livre), surat-kahaf^ (journal), garfii (fourchette), kiosi (siège), kaua (café), etc.

Beaucoup d'autres substantifs sont des mots por- tugais ou espagnols à peine altérés; ce sont e.xclu- sivement des noms concrets : handéva ^drapeau), honihd (pompe), roda (roue), niarlil (marteau), trigu (blé), teiuhako (tabac), tint a (encre), didal (dé), man- téga (beurre), sabun (savon), toala (serviette), sako (sac), baiiko (banc), leniari Q.Ymo\ve), karéta ^'oiture), sepatii 'soulier;, kûniédja (chemise), soldada (soldat), padi-e (prêtre), etc.

D'autres encoi-e, moins nombreux, sont hollan- dais : kamar (chambre), setal (écurie;, kantor (bu- reau), Ixcirap (carafe), jas (veste), glas (verre), koki (cuisinier), jonges (domestique), mots qui ne se trouvent d'ailleurs guère que dans le vocabulaire des indigènes au service des Européens aux Indes néerlandaises.

Les Anglais, dont les établissements en Malaisie sont postérieurs et moins étendus que ceux des Hollandais, n'ont doté le malais (jue de très peu de mots.

178

D'autres noms sont d'orip^ine hindoue, chinoise, javanaise, etc.

Beaucoup de substantifs malais ne sont f|ue des adjectifs ou des verbes employés comme tels :

Adjectifs : giia (fou, folie), djctga (attentif, atten- tion), sala (coupable, faute , nuira 'emporté, colère , main (honteux, hontei djahal (méchant, vice), inalas (paresseux, paresse), etc.

Verbes : lidor (dormir, sommeil), balok tousser, toux), makan fmanger, repas), saka (aimer, désir\ etc. Quelquefois le substantif se forme par Taddition^ au verbe, du sufïixe an, ou de celui-ci et du préfixe ka. Exemples : inakanan (aliments, makan = man- ger) ; minuman (boissons, niinuni =:z ho'ire), kah'ha- tan (vue; liliat = voir), katakutan (terreur; takiit = craindre).

NOMS COMPOSÉS.

Les noms composés sont nombreux ; ils sont for- més de deux substantifs, d'un substantif et d'un ad- jectif, ou d'un substantif et d'un verbe, réunis sans aucune préposition. Exemples :

Deux substantifs :

mata-hari (œil-jour) = soleil, ^M/îM/?^-r//;/ (montagne-feu) ^=^ volcan. areng-batu (charbon-pierre) = houille, orang-liulan homme-forèt) = orangoutaii. cl»-.

Substantif cl adjcviif :

pokok ketj'il (ar])ve petit) = buisson. ru ni put k/'ing (herbe sèche) = foin.

179

tenibaga hitning 'enivre jaune = laiton, tima puti plomb blanc =z étain, etc.

Substantif et verbe : tali-ikat (lien-serrer) = ceinture, lc(tniar-tidor (chambre-dormir) = dortoir, orang-minta (homme-mendier) = mendiant, ()!•(( ng-dayong (homme-ramer) = rameur, etc.

(;enrk. En malais, il n'y a une difterence de sexe que pour les êtres animés : hommes et animaux. L'ar- ticle n'existant pas, et le substantif lui-même étant invariable, la distinction se fait par les mots îahi- laki^ homme t el prampiian femme . Exemple :

anak laki-laki = garçon ; anak pvampuan := fille 'anak = enfant).

Pour désigner le sexe des animaux, on peut se servir des mêmes termes; mais on fait usage, plus communément, de djaiilan niàle et bclina femelle,. Exemple :

kiida (Ijdiitan = étalon ; kiida bclina = jument {knda = cheval;.

NOMBRE.

On forme le pluriel diin substantif en le doublant. Exemple :

(la ou une) maison := riinia ; (les ou des) maisons = rania-runia.

1. Ovcuuj homme dans le sens du latin homo, de l'allemand Mcnsch ; laki-laki = liomme dans le sens du latin c//', de l'alle- mand Mann.

180

On ne double pas le mot quand la pluralité est évidente. Exemples :

anipat rama = quatre maisons ; banyak ru ma = beaucoup (de) maisons.

Certains substantifs s'emploient toujours douliles : ce sont des noms collectifs, comme burang-barang (bagages), nianik-nianik (perles de verre), alang- alang (une herbe haute, très répandue en Malai- sie), etc.

COMPLÉMENT DU NOM.

Le complément d'un nom se j)iace a sa suite sans aucune préposition. Exemples :

puntjak gunjing = (le) sommet (de la) montagne. kapala desa =^ (le) chef (du) village, etc.

Vocabulaire des Substantifs

ASTRES, MÉTÉORES, ETC.

Soleil

ma ta -ha ri

lune

bulan

étoile

bintaug

terre

hunii

monde, univers

dunia

ciel

langit

air

udara

eau

ayer

terre, sol

tana

feu

api

- 181

niiago auan

brouillard habut

pluie hudjan

rosée umban

neige saldj

glace ayer-batu

vent angin

tempête ribut

ouragan tofan

tonnerre guntur, guro

éclair kilat

arc-en-ciel plangi

TERRE, MER, ETC.

terre

tana

mer

laut

nord

utara

sud

selatan

est

timor

ouest

barat

cote, rive

darat

plage

panté

pays

negri

Ile

pulu

cap, promontoire

tandjong,

udjong

baie

teluk

chenal, passa

ge

trusan

roc, ('cueil

batu, karang

sable

pasir

poussière

habu

boue

lumpur

182

montagne

colline

volcan

sommet

plaine

vallée

forêt, jungle

fleuve

rivière

ruisseau

source

cascade

lac, étang

marécage

vague

marée haute

marée basse

gunung

bukit

gunung-api

puntjak

padang

lemba

hutan

kali

sungé

sungé ketjil

mata-ayer

ayer terdjun

tasek, danan, telaga

paya

ombak

ayer surut

ayer pasang

LE TEMPS.

uaktu, tempo ta un musim musiiu panas

temps

année

saison

saison sèche (chaude)

saison pluvieuse (froide) musim dingin

mois bulan

semaii)e minggo

jour ha ri

heure djam '

1. Djani est l'analogue de l'anglais « Iwnr », de l'allemand « Stundc », de l'espagnol « hofa ». Dans une phrase comme

183

demi- ho lire

sienga djam

quart (rheure

sa' per ampat djam

matin

pagi

midi

stenga hari

soii-

soré, petang

nuit

malam

minuit

stenga malam

dimanche

hari minggo

lundi

hari senin

mardi

hari selasa

mercredi

hari rebô

jeudi

hari kamis

vendredi

hari djuraaët

samedi

hari sabtu

jour de fête

hari radja

l'homme.

homme (homo)

orang

homme ivirj

laki-laki

le m me

prampuan

enfant

anak

garçon

anak laki-laki

lille

anak prampuan

corps

badan

squelette

rangka

os

tulang

celle-ci : il faut deux heures pour aller à..., on traduira « deux heures » par « dua djam » ; mais dans « il est deux heures » ou « je viendrai à deux heures » on dira « pukul dua » ; en ce cas tt pukul » (frapper, sonner) correspond à l'anglais « o'clock », ù l'allemand « Uhr », à l'espagnol « las ».

Ifi4

chair

daging

peau

kulit

sang

dara

sueur

ayer kring

voix

suara

respiration

nafas

tête

kapala

face

muka

front

dahi

joue

pipi

menton

dagu

mâchoire

rahang

œil

mata

paupière

klopak-mata

nez

hidong

narine

lobang-hidong

oreille

kuping, telinga

bouche

mulut

lèvre

bibir

langue

lida

dent

gigi

cheveux, poils

rambut

barbe

djengut

cerveau

otak

cou

leher.

épaule

bahu

dos

blakang

poitrine

dada

cœur

hati

poumon

paru

ventre, estomac

prut

185

taille

pinggang

fesses

pantat

membre

angguta

bras

langan

coude

siku

poignet

gelangan

poing

gengam

niain

tangan

paume de

la main

tapak-tangan

doigt

djari

pouce

djumpol

ongle

kuku

cuisse

paha

jambe, pied

kaki

genou

lutut

cheville

jîiata-kaki

talon

tu mit

plante du

pied

tapak-kaki

orteil

dja ri-kaki

MALADIES, ETC.

maladie

sakit, penjakit

blessure

luka

fatigue

lété

sommeil.

repos

tidor

fièvre

demam

folie

gila

faim

lapar

soif

aus

douleur,

mal

usik

toux

batok

13

186

enflure

ulcère

tumeur

éruption

mal de tète

mal de la poitrine

médicament

poison

famille

race, tribu

mari, époux

femme, épouse

parents

père

mère

enfant

fils

fille

frère

sœur

grand'père

grand'mère

petit-fils, petite-fille

oncle

tante

cousin, cousine

neveu

nièce

mariage

bengkok

bisul

bongko

djeravat

sakit kapala

sakit dada, etc.

obat

ratjun

LA FAMILLE

anak-ber-anak

bangsa

laki

bini

orang tua

baba

mak

anak

anak laki-Jaki

anak prampuan

sudara laki-laki, abang

sudara prampuan, kakak

ungkong

ma

tjutju

baba sudara

mak muda

sa-pupu

anak sudara laki-laki

anak sudara prampuan

kauirï

187

veuf, veuve djanda

orphelin anak yalim

pays

nation

France

Angleterre

Hollande

Chine

Français

Anglais

Hollandais

Chinois

Malais

Javanais

Siamois

nègre

Batavia Singapore

indigène

étranger

chrétien

mahoniétan

bouddhiste

Israélite

PAYS, NATIONS, RELIGIONS

negri

bangs

a

negri

fransis

»

inglis

»

blanda

))

tjina

etc.

orang

fransis

))

inglis

n

blanda

»

tjina

»

melayu

»

djava

))

siam

>)

kafri, o. hitam

etc.

Betavi

Singapura

etc.

orang

negri

»

asing

»

srani

t)

slam

»

buda

»

yahudi

etc.

188

niGNITKS ET PROFESSIONS.

empereur

SI

dtan

roi

ra

dja

prince

ra

den

gouverneur

gobenor

chef

ipala

prêtre

pa

dre,

pandita.

jiige

hakim

commerçant

saudagar

maître d'école

guru

médecin

dokter

pharmacien

tukang obat

orfèvre

»

mas

maçon

»

batu

charpentier

»

kayu

forgeron

»

besi

boulanger

))

rôti

tailleur

»

djahit

cordonnier

))

sepatu

blanchisseui'

))

menatu

barbier

etc.

»

tjukor

marin

orang

laut

marchand

»

dagang

gardien

»

djaga

serviteur

))

gaflj'

journalier

))

kuli

mendiant

»

minta

contre-maître

mandur

189

agent de police mata-mata

paysan rayât

cuisinier koki

servante indigène babu

sage-femme diikun

danseuse rongeng

esclave hamba

brigand, voleur pentjuri

pirate prompak

etc.

Monsieur' luan, sinyo

Madame nyonya, nya, mem

Mademoiselle nonna

AGGLOMERATIONS HUMAINES, ÉDIFICES, ETC.

ville kota, bandar

bourg;, village desa

hameau, quartier kampong

maison ruma

hutte poiidok

route, rue djalan besar

1. Les indigènes des Indes néerlandaises ne se servent du tei'me « (nan » (seigneur) que vis-à-vis des Européens et des Arabes. Il s'emploie, comme « monsieur », seul ou accompagné d'un titre : taaa doktcr, etc. « Sinjo » s'emploie, comme « inoster » en an- glais ou « senorito » en espagnol, en s'adressant à des enfants et à des jeunes gens. « Ni/om/n » se dit à une dame européenne mariée, « nonna » à une jeune Hlle. Les métis de pérè européen (half-castes, kleurlingen), mariés ou non, sont titulés « sinr/o » et « nonna ». Dans les colonies anglaises, « m/oni/a n et u nonna. » sont remplacés par « inem » (madame).

190

chemin

djalan

ruelle, sentier

lorong

canal

parit, trusan

pont

djembatan, dedoko

marché, bazar

pasar

place

alun-alun

promenade

padang

palais

kraton, istana

église

gredja

mosquée

mesigit

temple, pagode

tempat sembayang

magasin, hangar

gedong

boutique

toko, varong

théâtre

vayang

caserne

tangsi

bureau

ofis, kantor

poste

pos

banque

tempat vang

bain

» mandi

école

ruma skola

hôpital

» sa kit

pharmacie

n obal

hôtel, restaurant

n makan

prison

» tutup, penyara

jardin

kebun

ferme, plantation .

ladang, kebun

clôture, haie

pagar

cimetière

kuburan

tombe

kubur

marabout

kramat

191

MAISON, MEUBLES, ETC.

maison

meubles

brique

tuile

poutre

planche

mur

cloison

toit

plafond

plancher

cheminée

porte

fenêtre

clef

chambre

chambre à coucher

salle à manger

cuisine

salle de bain

commodités

écurie

remise

poulailler

escalier, échelle

table

chaise

canapé, banc

armoire

ruma

pekakas ruma

batu-bata

genting

batang-kayu

papan

tembok

dinding

atap

langit-langit

lanté

tjorong-asap

pintu

djandela

kuntji

kamar, bilek

kamar-tidor

kamar-makan, etc.

dapur

kamar mandi

kamar buang ayer

tempat kuda, setal

ruma kareta

kandang ayam

langa

médja

krosi

banko

le mari

192

toilette médja tjutji tangan

lit tempat tidor

matelas tilam

oreiller, coussin bantal

rouleau guling

drap de lit kain

couverture kain panas

taie d'oreiller sarong bantal

moustiquaire klambu

miroir katja, tjermin-miika

pendule lontjeng

tableau gambar

cage sangker

paravent sampiran

rideau tabir, pagar

natte tikar

lapis permidani

cloche, sonnette lotjeng

D"" F. Weisgerber.

(A suivre.)

LA SCIENCE a LES ÂMATELRS

On me communique un numéro daté du 17 janvier 1907, du journal quotidien w économique et litté' raire » La politique coloniale. En tète de ce numéro, est un article signé w Henri Mager, du Conseil supé- rieur des Colonies», intitulé « les origines du Tahi- tien et des Tahitiens ». En commençant, Tauteur rappelle que, dans le même journal, le 7 juillet 1902, il a démontré que le malgache « dérive direc- tement d'une l'orme primitive asiatique » et que « comme ses frères le battak, le malainésien (sic) et le polynésien, il s'est constitué par des modifications de consonnances (jui sont régulières et (jui le caractérisent parce qu'elles lui sont propres » ; et il ajoute : « Depuis, j'ai recherché de quelle forme primitive asiaticjue dérive le malgache, et ma convic- tion est faite aujourd'hui : le malgache descend en ligne directe de la langue originelle des Indo-Euro- péens. » Ceci posé, M. Mager prétend démontrer (|ue le tahïtieii est apparenté au malgache et par conséquent à l'indo-européen primitif. Si l'on jette les yeux sur les raisonnements et les prétendues dé- monstrations de l'auteur, on reste confondu devant l'ignorance, qu'on me permette le mot, et la naïveté (jui s'.y révèlent.

194

Le procédé est véritablement enfantin. Il me suf- fira de citer un exemple : « Grâce », dit M. Mager, « aux règles de concordance que j'ai posées, il est loisible de déduire de la racine primordiale la forme probable des mots malgaches correspondants. A la racine primordiale la-ba (tomber , d'où vient le latin la-bo (chanceler), devra correspondre un mot malgache en la-b ou la-v : ouvrant le dic- tionnaire malgache à la lettre /, nous y verrons le mot la-vo qui signifie précisément tomber. » Et Ton nous explique que, si le malgache a été pris pour intermédiaire de préférence aux autres lan- gues du même groupe^ c'est parce qu'il a seize consonnes (f, h, m, n, p, r, t, v, b, d, j, i, k, 1, s, z), tandis que le tahitien n'en a que huit (f, h, m, n, p, r, t, v). C'est pourquoi le tahitien, qui a laissé tomber la consonne de quantité d'élé- ments constitutifs, ne permet pas la recherche directe des éléments qui l'ont formé : il dit i-te (pénétrerJ pour le mot malgache i-di-tra . Un dernier exemple : « la racine gha-da (creuseri a constitué le mot sans- crit katvalas (fossse), le mot grec hêthis (urne), le mot latin catinus (plat creux), le mot malgache hadi (creux) et le mot tahitien etu (creuser) ».

Je n'aurais pas relevé ces fantaisies, s'il n'était à craindre que quelques lecteurs de bonne foi ne les prissent au sérieux. C'est pourquoi il m'a paru bon de protester une fois de plus contre les préten- tions des amateurs à l'encontre de la méthode et des affirmations de la science.

Julien ViNSON.

NÉCROLOGIE

iNous avons annoncé, dans notre dernier numéro, la mort de notre ami regretté, W. Webster. L'amour de la vérité nous oblige à dire que c'est uniquement pour raison de santé qu'il alla^ en 1858, dans l'Amé- rique du Sud.

A la liste de ses ouvrages, il faut ajouter le suivant, qui a paru sans nom d'auteur, et qui est un recueil d'articles publiés dans V Anglican ChurcJi Magazine :

6. Sonie features of modem romani sni. Londres, Society for promoting Christian knowledge, 1884, pet. in-8^ viij-159 p. ; éd., 1898, viij-224 p.

Nous avons également à déplorer la mort, surve- nue le 9 février dernier, d'un de nos anciens collabo- rateurs, M. Victor Henry, qui s'est occupé surtout des langues américaines et des idiomes indoeuro- péens classiques (sanskrit, grec et latin). Son dernier travail, dans cette Revue, a été un article sur le pré- tendu langage de la planète Mars inventé par une visionnaire spirite.

à Colmar en 1850, docteur en droit, conserva- teur de la Bibliothèque de Lille, docteur es lettres, professeur à la F'aculté des Lettres de Douai, et enfin professeur de sanskrit et de gra-mmaire comparée à la Sorbonne, il laisse le souvenir d'un travailleur acharné, d'un homme aimable et d'un esprit original.

.1. V.

BIBLIOGRAPHIE

Linguistic survey of liidia. Toine \\ . Mundâ and Dravidian languages. (]ompiled and edited by G. -A. Grierson. Calcutta, Gov. printing ofïice, 1906, in-fol., xvj-681 p. et 2 cartes.

L'œuvre excellente se poursuit, sous Tactive et in- telligente direction de M. G. -A. Grierson. Le présent volume, le huitième qui a paru sur les seize qu'on nous a promis, est extrêmement intéressant : il est consacré au Munçlâ et au Dravidien, c'est-à-dire aux deux familles anaryennes les plus importantes de rinde; elles représentent une popidation de soixante- dix millions d'hommes^ c'est-à-dire près du quart de la population totale. Il parait que le volume a été préparé par M. Sten Konow, de Norvège, et que les épreuves de la partie dravidienne ont été revues par V. Venkayya, épigraphiste d\\ Gouvernement de Madras.

Je ne m'occupe ici que de la j)artie dravidienne, qui commence à la p. 277. 11 est extrêmement regret- table que M. Grierson n'ait pas cru pouvoir s'oc- cu|)e)' du l'idu, du Kuflagu, du Kola el tiu Toda. Ce^^ quatre très intéressants idiomos non littéraires forment ce qu'on pourrait appeler le groupe dravi-

197

clien sauvage des Nilagiris ou de l'ouest; ils ne sont pas assez connus et niérilcraient de l'être davan- tage, le Toda surtout, qui n'est que peu soumis à des influences aryennes et dont le système phonétique paraît si spécial : le court essai de grammaire écrit par M. G.-U. Pope, il y a une trentaine d'années, est devenu véritablement insuffisant. En revanche, nous avons de nombreux détails et de bons spécimens du groupe sauvage nord-orienlal, qui comprend les pa- tois parlés sur la frontière Mundâ-aryenne, le Kuviik/i, le Malto, le Kui et le Gôndi, auxquels on ajoute le Bràhùi de la frontière Indo-Bélouchistane.

Une question importante se pose à propos de ces diverses langues. Les consonnes cérébrales, ^, d, n, /, /% paraissent spéciales aux Mundàs et aux Dra- vidiens. Etrangères aux idiomes Indo-Européens, elles se sont cependant développées en sanskrit. Ont-elles donc été empruntées parles Aryens aux habitants antérieurs de l'Inde? Je réponds sans hési- ter : certainement non; des sons et des bruits vocaux ne s'empruntent pas, mais se développent sponta- nément dans les mêmes conditions physiologiques^ sociales et climatériques. Les cérébrales sont un pro- duit direct et spontané de l'Inde : elles sont plus employées chez les Dravidiens et les Mundâs, moins avancés et plus près de la nature; elles le sont moins et elles tendent à dis[)araître chez les Arj^ens, plus civilisés et dont les conditions générales d'existence sont, si j'ose m'exprimer ainsi, plus raflinées. D'autre part, le / barré polonais est une cérébrale; et les /, (l, l, anoflais le sont aussi fort souvent.

198

Je trouve beaucoup trop dure cette appréciation : « the form tamul is due to the french missionaries and should be disregarded ». Ni Ziegenbalg qui écrit damulica, ni Beschi et Walther qui écrivent tamu- lica, ni Fabricius, Breithaupt et Anderson qui écri- vent tamul, n'étaient français. C'est que « tamoul » est la forme qui se rapproche le plus de la pronon- ciation.

La notice bibliographique sur le tamoul (p. 302- 307) est malheureusement insuffisante et contient des inexactitudes fâcheuses. Le Nannûl n'était pas la seule grammaire indigène qu'on aurait citer. Quant aux grammaires de Beschi, la première édition de celle du dialecte vulgaire est de 1738 : il n'y a pas d'édition de 1728; la seconde édition de la traduction de Horst n'est pas de 1881 mais de 1831. Quant à la grammaire du haut tamoul, il y en a eu deux, l'une qui n'a jamais été imprimée et qui a été traduite en anglais par Babington en 1822; l'autre qui est une adaptation laline d'une grammaire écrite en tamoul et qui a été imprimée à Tranquebar en 1876. La gram- maire de Baltasar da Costa n'a jamais été imprimée. Il n'y a aucune grammaire tamoule imprimée à Tran- quebar en 1734. J'aurais d'autres erreurs et d'autres omissions à relever.

Dans les indications sur la prononciation tamoule, il est dit que les explosives initiales sont quelque- fois prononcées douces : guru, devait, bayam, ja- nam; c'est que ce sont des mots sanskrits em- pruntés, dont la prononciation originale a été re- tenue.

199

P. 292, il est dit que a neuf)) et « huit » sont pro- bablement « dix moins un, dix moins deux ». Je ne suis pas de cet avis. En ce qui concerne « neuf» par exemple, il paraît établi que ce numéral est formé de « dix » avec le préfixe fol, ton ayant le sens de « incomplet, défectueux » : le tamoul onbadii est pour ionhadii [tondu existe), comme on a tonnûr'u « quatre-vingt-dix » et tollâyiram « neuf cents ». Quant à huit, et ou en se rattache peut-être à ir « deux » : dans beaucoup de langues, « huit » est apparenté à « deux »; c'est un duel en aryen \

P. 294, il n'est pas exact de dire que beaucoup de bases sont à la fois noms et verbes. Les suffixes dra- vidiens gardent si bien leur indépendance et leur signification propre que, lorsqu'il disait par exemple vardên « je suis venu », un tamoul voyait dans en la première personne : c'était comme s'il disait « venu- moi », et dès lors, rien d'étonnant à ce qu'il dise Kôn- èn «je suis roi », (;'est-à-dire « roi-moi ».

P. 293 : les pluriels pronominaux en m substitué au îi du singulier, rapprochés des k, ùg,g, nga gôndî et kuî, suggèrent l'idée d'un pluriel personnel inclu- sif primitif opposé à l'exclusif ^«/ neutre et général. C'est un point à étudier.

P. 296, il est dit que le futur est formé de diverses façons. C'est que le futur n'est pas un temps pri- mitif; il a été formé à une époque postérieure du développement de la langue. Il n'y avait originaire- ment qu'un passé et qu'un présent peu défini.

1. M. Stempf a rapproché le basque ^ortsi « huit » de sor v naî- tre » ; il y a peut-être une racine commune « divisé, tendu, cou- pé en deux ».

-200

P. 486, je remarque une formation très curieuse du gonçli. L'instrumental y est en àl ou en se : mâr- sâiiâl ou mârsânsê « par Thomme » : àl est dravi- dien et se est hindî. C'est ainsi que la grammaire s'altère par l'intrusion de suffixes d'emprunt. Le processus paraît évident : on emprunte des phrases toutes faites, puis des mots tout formés, puis des mots qu'on soumet aux règles de la grammaire spé- ciale, puis des suffixes; et enfin la grammaire s'altère de plus en plus : la langue change de caractère et n'existe pour ainsi dire plus.

Est-ce le cas du brâhûi, parlé dans le Bélouchistan et par environ 48.000 Hindous? Il ne m'est pas pos- sible d'y voir ime langue dravidienne : quelques formes pronominales, deux noms de nombre, un ou deux suffixes, cinq à six racines sur cent, ne sauraient suffire à établir une parenté. Cette parenté pourrait servir à prouver que les Dravidiens sont, comme les Aryens et avant eux, venus du nord; mais je ne vois pas l'utilité de cette démonstration. Certains savants locaux pensent au contraire qu'ils viennent du sud. Que nous importe? Je ne verrais aucun inconvénient à les regarder comme originaires du sol qu'ils habitent. Julien Vinsoin.

Maiiuali HoepU. E. Portal. Letteratura proven- zale ; / tnoderni trovalovl. Milan, U. Hoepli, 1907, in-18, xvj-21.5, portrait de Fr. Mistral.

Je n'ai jamais eu un grand enthousiasme pour la renaissance provençale, jjoui' le félibrismc, pour la

201

tradition basque, pour les pardons bretons, et pour toutes les entreprises analogues qui, sous prétexte de culture littéraire, d'originalité locale, de décen- tralisation, cachent un ed'ort plus ou moins av^oué de réaction cléricale et anti-républicaine. Je n'en veux d'ailleurs nullement aux vieux lanflragfes, aux anciens patois, dont je déplore la disparition et dont l'étude est si importante au point de vue de la linguistique générale ou particulière. Mais le fait est là, incon- testable : ces respectables restes du passé subissent la loi commune des choses humaines : ils ont vécu, ils ont prospéré, ils sont entrés en décadence et meurent lentement d'anémie, si j'ose m'exprimer ainsi. Ce ne sont pas les fêtes, les associations, les banquets, les poètes, qui pourront leur rendre la vie ; l'heure est passée et le mouvement sera toujours artificiel, superficiel et factice.

Ces- réflexions n'enlèvent rien d'ailleurs à l'intérêt du petit volume de M. Portai. C'est un recueil de notes biographiques recueillies avec soin et con amore. Mais quand on lit les titres de tous ces ouvrages peu connus, dont beaucoup sans doute ont de la valeur, mais dont beaucoup aussi sont médio- cres, on songe malgré soi au vers de Boileau, et on se dit, en le modifiant un peu : « Ils se tuent à rimer en provençal, que n'écrivent-ils en français ? »

Julien ViNsoN.

14

202

La morte di Vaca ossia il Racsaso di Ecaciacra, tradotto... da M. Kerbaker (Nova biblioteca di cultura, t. m), l^aples, T. Pironti, 1906, in-18, 88 p.

L'épisode dont il s'aj^it, intitulé Vakavadhâ, forme

les chants 58 à 66 du livre premier, Adiparva, du

Mahâbhârata. M, Kerbaker l'a traduit en 108 octaves

qui correspondent chacune à un, deux ou trois des

clôkas de Toriginal. La traduction paraît d'ailleurs

exacte, autant du moins que peut l'être, dans ces

conditions, une traduction en vers. Le traducteur a

mis, à la fin du volume, des notes intéressantes et

utiles. Mais je n'aime pas beaucoup, dans le récit, ces

adaptations orthographiques c devient ci, j ji,

ks es, etc. Je sais bien qu'elles ont pour but de ne

pas rebuter les lecteurs ; mais est-ce vraiment bien

utile ?

J. V.

.1. Berjot. Premières leçons d\inn(imile . . . Paris, E. Leroux, 1907, petit in-8", 19 p.

Ce petit ouvrage est réellement bien fait et pourra rendre service à ceux qui voudront étudier Tanna- mite, C'est une bonne introduction, assez claire et précise, à l'étude rigoureuse de la langue. La seule chose à craindre, c'est qu'après cet exposé si simple, l'étudiant ne se heurte aux complications voulues d'une grammaire soi-disant complète. Comme si les langues monosyllabiques avaient besoin de gram- maires !

Mais quel alphabet bi/.arre que celui inventé par

203

les missionnaires pour la transcription : r/ valant a bref, r/y eil, d intermédiaire entre ij et z, etc.

J. V.

Manuel de la langue japonaise, par Th. Gollier. 1. Eléments de la Grammaire. Bruxelles et Leipzig, Misch et Thron, 1907, in-8% 239 p.

Livre utile et consciencieusement fait, quoique les mots japonais y soient tous en caractères latins. 11 en ressort une fois de plus la preuve que le japonais est une langue agglutinante et qu'il a subi fortement l'influence du chinois. La complexité de certaines expressions demanderait une analyse minutieuse : de ([uoi et comment, par exem|)le, sont formés les pronoms personnels .' Du reste, en général, ce livre est fait d'une façon vraiment trop empirique et avec la préoccupation trop évidente de suivre le cadre clas- sique ordinaire : déclinaisons avec nominatif, génitif, etc. ; conjugaisons avec les temps dérivés et compo- sés de rindo-européen ; etc. C'est pourquoi certaines indications paraissent naïves, comme par exemple lorsque l'auteur dit qu'il y a des fausses post-posi- tions, des quasi-post-positions, qui sont en réalité des substantifs.

Après la grammaire, M. Gollier a mis une antho- logie, recueil de textes en prose (toujours en romain) qui occupe 26 p., et qui est suivie d'un vocabulaire très complet; ce vocabulaire paraît avoir été établi avec beaucoup de soin.

J, V.

204

Bulletin du parler français au Canada. Québec, Université Laval, 1907 (mai-aoùt, n°' 9 et 10). Gr. in-8°, p. 321-408.

Contient, outre les sarclures, les anglicismes, les revues de livres et brochures, les tablés du tome V. Comme articles de fond, on y lira avec intérêt la suite du lexique canadien-français ; une étude de M. l'abbé Amédée Gosselin sur l'instruction primaire au Canada sous le régime français ; un article fort instructif de M. Rivard qui, répondant à M. Paul Mayer, fait voir que la proportion des Canadiens par- lant français est au moins 32,04 pour cent ; un tra- vail de M. Tabbé Camille Roy sur l'histoire de la littérature canadienne (Michel Bibaud) et quelques

extraits de journaux européens.

J. V.

Revue Internationale des Etudes basques. Paris, P. Geuthner, mai 1907, 3 (p. 217-3281. gr. in-8«.

Contient douze notes ou articles fort intéressants et consciencieux, en espagnol, en français et en basque : A. Campion, l'exactitude de la forme eus- kera (avec s) ; L. Echegaray, les calligraphes bas- ques : C. de Iciar ; G. Hérelle, les représentations de pastorales ; .J.-B. Daranatz, monnaies romaines découvertes au pays basque (avec fig., dont une réduc- tion de l'inscription de Hasparren) ; J. Vinson et ,lean de Jaurgain, le Noiiveau-'festament de Liçarra- gue ; A. Campion, les noms de l'antique Vasconie ; .1. de .Jaurgain, Corisandre dWndoains ; .I.-B.

20b

Darricarrère, proverbes et dictons ; G.Lacombe, W. Webster; X..., la laitière basque; Biblio- graphie,

Revue du Monde Musulnn/n. t. II, n"' v, vi et vii, gr. in-8°. p. 1-448 : Paris, E. Leroux, mars à mai 1907.

Outre les notices bibliographiques et les Notes et Nouvelles, les revues de \^ presse musulmane, les analyses de livres et revues, ces trois numéros con- tiennent de très remarquables travaux : Ghilan, Le club national de Tauris ; L. Bouvat, L'Islam dans l'Afrique nègre ; X. Slousch, Les Juifs en Tripoli- taine ; A. Le Chatelier, L'Emir d'Afghanistan aux Indes; A. Cabaton, Les Chams musulmans dans rindo-Chine française; E. Fevret, Le groupe- ment des centres habités en Perse ; J. Vinson, Les Musulmans du Sud de l'Inde (reproduit ci-dessus, p. 137-144) ; Abboz, En Perse ; Imzâ Marfouz, L'Islam en Bosnie et Herzégovine ; A. Le Chatelier, La Révo- lution persane; A.-L.-M. Nicolas, Le Sermon de de A. Seyyéd Djemal-al-din ; Cl. Huart, Le droit de la guerre; E, Michaux-Bellaire, L'Islam chez les Berbères marocains.

J. V.

VARIA

I. Le Nouveau-Testament basque de 1571.

Nous empruntons à la Revue internationale des Études bas- ques (t. I, p. 288) la très intéressante note ci-après, de M. Jean de Jaurgain :

Le Fonds d'Oihenart, de mon ami Paul Labrouche, contient un cahier intitulé Rolle des offices et mandements de finances expédié par commandement de Monseigneur de Gramont (27 avril 1564-28 novembre 1565) dans lequel je relève ces trois articles :

« 10 juillet 1565. A Lissarrague, traducteur du Nouveau Tes- tament en langue basque, ses gages comme à un ministre non marié, à compter du 1" janvier dernier, par l'advis du Conseil.

» A Tartas (ministre à Saint-Palais en 1578), La Rive (aussi ministre à Saint-Palais), Landetehevery, Tardets (ministre à Ostabat, mort en septembre 1.^78), correcteurs et revisiteurs [sic) de ladite traduction, la somme de 6 s. t. par jour jusque au pre- mier synode, à compter du jour qu'ils ont commencé.

» Dernier septembre 1565. Aux mêmes, pareille somme de 6 s. par jour, durant qu'ils vaqueront à ladite traduction. »

Il en ressort que Liçarrague commença sa traduction vers le mois de janvier 1.565 et qu'il eut pour collaborateurs quatre ministres basques, dont deux au moins, Tartas et Tardets, étaient souletins.

II. Prononciation modifiée.

La Comédie- Française est un temple de la tradition. On y a le culte du genre classique. Tous les artistes de la Comédie Française prononçaient le mot Acliéron, non pas Âkéron, mais en ayant bien soin de marquer les deux lettres ch . Ils taisaient remarquer

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avec raison qu'ils avaient pour eux l'opinion de Racine. Lorsque celui-ci écrivait :

Et l'acarc Achèron ne lâche point sa proie,

c'était surtout au point de vue de l'harmonie imitative. Ch se trouve, en effet, dans Achéron et dans lâche. Mais voici que de- puis quelque temps les artistes de la Comédie-Française pronon- cent Akéron.

D'aucuns, esprits malicieux, feignent de croire que l'ordre vient du sous-secrétaire d'État à la Guerre.

III. Indiens et Européens.

Dernièrement le ministre anglais s'est décidé, sur la demande de lord Ripon, à appuyer un bill tendant à soumettre les Anglais et autres Européens résidant aux Indes à la juridiction des juges indigènes. Il en est résulté une extrême effervescence parmi la colonie européenne qui n'a aucune confiance dans la justice hin- doue et qui prétend qu'elle ne peut en attendre que de la mal- veillance et de l'hostilité.

En présence de cette explosion de mécontentement, il est à présumer que le gouvernement ajournera indéfiniment la mesure dont il s'agit. Mais il en résultera un des ferments d'antipathie entre les Européens et les indigènes. Voici déjà comment, malgré la législation si rigoureuse qui pèse sur la presse, s'exprime une feuille hindoue, le Progrès, en s'adressant aux conquérants des Indes :

« Vous nous avez familiarisés avec les idées anglaises ; après avoir aboli nos institutions séculaires^ vous nous avez initiés aux sciences, à l'administration européennes ; vous nous avez cons- truit des chemins de fer. Toutes ces innovations, nous les avons acceptées, mais pour les exploiter en vued'i n but dont vous ne vous doutez pas même en rêve.

)) Nous savons ce que nous voulons, et nous ne nous repose- rons plus avant d'avoir constitué une Inde libre, avant d'avoir gouverné, unifié les populations de notre continent, et secoué le joug des étrangers qui nous pressurent. »

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IV. L'âge et le génie.

Voici une curieuse statistique publiée par The Musical Times sur les dates les plus grands compositeurs ont composé leurs œuvres les plus remarquables. 11 ne s'agit que de maîtres morts. Sont placés à côté l'un de l'autre le nom' du compositeur, l'œuvre principale, l'âge du compositeur quand il composa cette œuvre, et l'âge de sa mort :

Bach, messe en si mineur, quarante-huit ans, mort â soixante- cinq ans.

Haendel, le Messie, cinquante-six ans, mort à soixante-qua- torze ans.

Haydn, la Ct^èation, soixante-cinq ans, mort à soixante-dix- sept ans.

Mozart, Don Juan, trente et un ans, mort à trente-cinq ans.

Beethoven, symphonie en ut mineur, trente-cinq à trente-huit ans, mort à cinquante-six ans.

Weber, le Freiscluitz, trente à trente-trois ans, mort à trente- neuf ans.

Schubert, symphonie en ut majeur, trente et un ans, mort à trente et un ans.

Mendelssohn, Elie, trente-sept ans, mort à trente-huit ans.

Schumann, concerto de piano, trente et un à trente-cinq ans, mort à quarante-six ans.

Wagner, les Maîtres chanteurs, quarante-cinq à cinquante- quatre ans, mort à soixante-neuf ans.

Brahms, Requiem, trente-deux à trente-cinq ans, mort à soixante-trois ans.

11 conviendrait d'ajouter à cette liste notre grand compositeur Rameau, qui composa son premier opéra Hippolytc et Aricie, à l'âge de cinquante et un ans. Il mourut à soixante-dix-neuf ans. fLe Temps.)

L'Iriiprinieur-Gérant :

E. Bertrand.

CHALON-SUR-SAÔNE, IMP. FRANÇAISE ET ORIENTALE E. BERTRAND

L'IBÈRE ET LE BASQUE

Réponse a H. SCHUCHARDT

Le travail de M. E. Philipon sur « la déclinaison dans l'onomastique de l'Ibérie », qui occupe les pa- ges 237 à 269 des « Mélanges d'Arbois de Jubain- ville » publiés en 1906, m'a amené à m'occuper de la question ibérienne en janvier dernier dans cette Revue (p. 1 à 23). En même temps, M. H. Schuchardt était conduit à préparer un mémoire qu'il a commu- niqué à l'Académie des Sciences de Vienne (séance du 6 mars 1907) et qui forme une brochure de 90 p. in-S'» (Vienne, A. Hôlder, 1907). Les p. 79 à 80 for- ment un post-scriptum consacré à mon article de janvier dernier. La conclusion de Schuchardt est que, s'il n'adopte pas les propositions de M. Giacomino, il n'est pas exact de dire que M. Giaeomino soit seul à soutenir la parenté du basque et de l'ibère : cette parenté, dit-il, est à considérer comme démontrée, tant que les bases de la démonstration n'auront pas été réfutées une à une et dans leur ensemble. La ré- serve est prudente,, car les argument de Schuchardt ne me paraissent point convaincants et je persiste à affirmer que, jusqu'à présent, la parenté du basque moderne et de l'ibère antique n'est aucunement éta- blie.

15

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Certes, il ne s'agit plus, comme au temps de G. de Humboldt, de voir dans le basque le descendant direct, le représentant exact de l'ibère ; la parenté dont on nous parle est semblable à celle de l'anglais et du gotique ou, pour plus d'analogie encore, du tamoul littéraire et d'un idiome dravidien inculte, Turaon ou le gôndî, par exemple. Ces parentés-là ne sont point évidentes et n'apparaissent pas au premier examen. Ainsi ce passage d'Ulphilas : Jali qath im Jésus : hiriats afcir mir jali gatauja igqis vairtliau nutaus manne (Marc, 1, 17) paraît fort différent de l'anglais : and Jésus said unto theni : corne ye after me and 1 ^vill niake y ou io become fishers of men. Cependant iîu fait penser à him^ afar mir n'estpas trop éloigné de after me, manne et men se ressemblent fort, et, si nous connaissons un peu le germanisme, nous retrouverons do dans gatauja. D'autre part le gôndî undi (ou bor) manèkur rand (ou irur) mark (ou pêkor) mattôr (ou matlork, ou mandork), comparé au tamoul oru mànidanukku irandu pilleigal (ou makkal) irundàrgal « à un homme deux enfants (ou fils) étaient », permet un peu plus facilement de penser à une communauté d'origine, quoique cette parenté ne s'impose pas au premier abord. Je ne vois rien de pareil dans les documents ibères; ni mots, ni racines, ni formes grammaticales, ni, qu'on me pardonne le mot, faciès général rappelant le basque. On a trouvé sans doute des analogies comme les désinences en an ou iVf, comme les mots asturko ou idubeda, mais elles sont rares, forcées et peu probantes.

Quelle langue ou quelles langues parlait-on en

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Espagne il y a vingt siècles ? Les côtes du S.-O. avaient été occupées par les CartliEiginois, d'autres marins y étaient venus ; les Celtes avaient envahi la péninsule et s'étaient mélangés aux habitants indi- gènes, aux Ibères, et Piome avait étendu partout sa domination.

Le pays est demeuré latin, malgré l'invasion des Barbares, le règne des Goths, la longue occupation des Arabes. H est donc probable que le langage pri- mitif de ribérie avait subi, dans une assez grande me sure, l'influence du latin. D'autre part, si les races peu- vent se mêler, les langues ne se mêlent point. Les Celtibères parlaient donc un idiome celte avec des mots et des tournures ibères, ou ibère avec des tour- nures celtiques. J'ai fait voir précédemment que les monuments écrits, ceux du S.-O. en caractères romains, ceux du S. en caractères ibéro-phéniciens tracés de droite à gauche, ceux de l'E. en caractères ibéro-phéniciens de gauche à droite, indiquaient trois systèmes ou trois langues différentes. Il est remar- quable que dans aucune inscription n'apparaissent des mots d'emprunt, latins, celtes, puniques ; il est remarquable aussi que l'on ne trouve pas de formules communes, de tournures analogues, de phrases ré- pétées. Gela pourrait faire supposer que le déchif- frement n'a pas dit son dernier mot et qu'il y avait peut-être une écriture mystérieuse, ancienne, un langage de convention. Je ne le crois pas pourtant.

J'ai, en janvier dernier, examiné ces documents et proposé quelques faits grammaticaux. Le travail de Schuchardt ne démontre point que je me sois

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trompé. Il fait des hypothèses différentes, voilà tout.

Pour pouvoir comparer utilement le basque et l'ibère, il faut d'abord être sûr de la forme des mots ibères et, en second lieu, reconstituer autant que possible l'état ancien de la langue basque.

En ce qui concerne l'ibère, les lectures de Hiibner sont généralement bonnes, sauf bien entendu les voyelles à intercaler, et sous réserve des erreurs et des méprises du graveur. M. Schuchardt modifie quelques-unes des valeurs ou des transcriptions de Hiibner, et je remarque notamment le nom de ville ilurir^ qui correspond au latin iliberi, et qu'il faut lire, parait-il, plutôt ildurii'. Je n'y contredis point et j'accorderais même que la forme complète peut être ilidurir ; je n'explique pas, du reste, comment ildurir ou ilidurir a donné la graphie latine iliberi. On a, dans les listes de noms topographiques de ribérie, d'autres iliberi, illiberi, illiberri, etc., et dans tous on y a vu les noms modernes ulibarri, ullibarri, iriberri, hiriberri « ville neuve » du basque moderne. Schuchardt m'oppose triomphalement ce passage de Webster [Bull. Hisp., 1. 17) : « Vil- leneuve ou Newlowii ne sont pas français ou anglais, si Iriberri, lliberri, Ulibarri^ Iria flavia ne sont pas basques », mais l'argument de Webster est un argu- ment de sentiment; il raisonne en historien, en litté- rateur, en philosophe et pas du tout en linguiste. Schuchardt serre de plus près la question; il s'étonne de l'objection fondée sur l'antériorité probable du /' ; /•, dit-il, peut très bien provenir d'un / primitif, car

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/ intervocal latin est souvent devenu /• en basque : co.elum =-- ^eru, par ex. Mais, je remarque que tous les exemples sont en e ou // et pas en i ; or, i a cer- tainement plus d'afïinités avec l qu'avec r; d'ailleurs, en phonétique générale, /• a précédé /. (hiant au Ji ini- tial du moderne hiri, Schuchardt ne serait pas éloigné d'y voir une particularité dialectale, un ren- forcement latin postérieur, quelque chose comme ce qui s'est produit dans hirrisku « risque », hira « ira », garrathoin « raton », guipiizcoa, dont la forme ancienne paraît avoir été Ipuzkoa (cf. esp. guada^ pour l'arabe wadî ^). Mais je ferai remarquer que la tendance phonétique générale du basque (je dirai même de toutes les langues parlées en Espagne ; témoin l'espagnol le h initial n'est plus qu'un signe étymologique correspondant à une souillante latine que le béarnais aspire fortement : cf. filius, hil, hijo ; femina^ hemne, hemhra, etc.) est la suppression des aspirations. L'exemple le plus caractéristique et le plus certain est le pronom de seconde personne sin- gulière : hl est certainement antérieur à /. Il y a plus ; je crois avoir démontré que, dans ce mot comme dans d'autres [liame « petit » notamment), h a remplacé un />: ancûen : ki, kame, etc.*. Une fa-

1. On peut ajouter les variantes a^Wiar et (/a.Hi(/ar «tilleul», et rappeler que l'esp. ataiid (de l'arabe tàbiU is^jt". attàbùt avec l'article) a t'ait aiabntc et kntabutc.

2. J'ai trouvé sngdlnimo « serpenteau ». Einalaimc « femme » doit être définitivement expliqué « fomelle enfant»; cnic, ema « femelle » n'est pas douteux : cf. par ex. otsonui « louve » (Oih., proi\ 390). De cina dérive emante^ ema^teki comme i(/u^/n ( idiul.i,

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mille de mots intéressante à ce point de vue est celle de kide « compagnon » : adiskide « compagnon d'âge, ami », haiirhide ou aurhide « parent, compa- gnon de bouche, commensal?^ », ohaide « compagne de lit, concubine » ; kide et ses dérivés, kidego^ kidetasun^ sont d'un usage courant.

Cette question du h initial est fort importante et elle se pose notamment à propos de la forme primitive de certains pronoms et de certains adverbes basques. J'en reparlerai plus loin.

Relativement à Tétat ancien de la langue basque, voici j'en suis arrivé. La phonétique basque n'admet pas de /■ initial, adoucit les explosives dures initiales des mots d'emprunt, durcit les douces après les sifflantes, adoucit les dures après les nasales, n'aime pas les géminations de consonnes, ne tolère que les groupes formés de consonnes d'ordres diffé- rents, etc. Elle aime les contractions et les syncopes et nous en avons vu se produire, pour ainsi dire, sous nos yeux depuis deux ou trois siècles : les noms de lieux Çuhihurii et Berazkoitz (Briscous) sont devenus Çiburu et Beskoitze.

Faut-il rappeler les complexités et les irrégu- larités de la déclinaison : la définie sans pluriel, le double nominatif passif et actif (on a pu voir dans

iruzkl, iliukij vient de eçjun, dont le sens primitif pouvait être « soleil » et auquel se rattache le nom du dimanche.

1. D'où vient ahaïde? n'est-il pas apparenté à nhi:pa «sœur de femme»? Et n'y a-t-il aucune relation entre ces mots et aitn 0 père », anai et anai/a « frère » (en biscayen « frère d'homme » ; « frère de femme » s'y dit nrlm, se retrouve la finale de arreba « sœur d'homme »>).

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ce dernier un instrumental), la suppression de l'artrcle au défini singulier avec certains suflixes et son remplacement par eta au pluriel, les interca- lations de lettres inexpliquées, les contractions inattendues, etc. ? L'article était primitivement triple, car ce n'était que les trois démonstratifs : celui-là, celui-ci, cet autre. Le pronom personnel de seconde personne pluriel est devenu un succédané hono- rifi(|ue, respectueux, majestatique de « tu, toi » et s'est fait un pluriel pléonastique. La distinction des genres n'existe pas et ne s'observe que dans les conjugaisons aux formes la seconde personne singulière est sujet ou bien dans ce qu'on a appelé les variantes allocutives de chaque expression (datif éthique). Il n'y a pas de duel, pas d'adjectifs pro- nominaux suffixes. La composition est très abon- dante et les éléments juxtaposés sont d'ordinaire fortement altérés. Le vocabulaire, à la fois pauvre et varié, mant|ue de mots généraux \ et comprend surtout des mots de signification matérielle et con- crète.

L'indéfini jouait jadis dans la grammaire basque un rôle plus important qu'aujourd'hui. Les noms propres, qui sont des noms de maisons, Jauregui,

1. Ainsi, il n'y a pas de mots pour « sœur », mais on distingue la sœur d'un homme, arrcha, de celle d'une femme, n/ii^pa. 11 est nécessaire de ne pas oublier cette distinction pour bien com- prendre le proverbe cité par Oibenart : arreha bi^ etchea betho « de deux sœurs, la maison (est) pleine ». On a vu plus haut que le biscayen distingue aussi le frère d'un homme, anai, du frère d'une femme, neba.

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Etchbarne^ Hirigaray , n'ont point d'article ; et « le roi » se dit Errege, également sans article.

Quant au verbe, je ne pense pas qu'on puisse soutenir aujourd'hui la priniitivité de la conjugaison périphrastique ; elle est évidemment de formation secondaire, postérieure, relativement moderne. Le verbe basque, qui incorpore les pronoms sujets et régimes, se réduit d'ailleurs à deux temps simples', un présent et un passé (qui a pris généralement aujourd'hui le sens de l'imparfait) ; ces deux temps diffèrent l'un de l'autre, pour les radicaux intran- sitifs, par une nasalisation au passé ; pour les radi- caux transitifs, par une interversion de position de l'élément sujet : niz « je suis », gizaz « nous

1. Il ne faut pas oublier que le basque dérive des temps, modes et voix sc^condaires, à Taide de divers préfixes et sufiBxes : dcra- haUa « il le fait oublier », hanint:; « si j'étais », ailu « puisse-t-il l'avoir! », baikare «parce que nous sommes», albaitindoa «puisses-tu-aller!», duket «je l'aurai, je l'aurais, je puis l'avoir», nizate « je serais », etc. On pourrait faire, des formes en cra, ara, préfixés, une voix secondaire, la voix causative, et à ce propos, je crois qu'on pourrait expliquer par le causatif les formes en /• de l'auxiliaire dans la conjugaison périphrastique : on prononce aujourd'hui dio^ ditjo « il l'a à lui», daut « il l'a à moi », on écrit ou on écrivait derio (et deinc pi.), deriz- tadaçu « vous l'avez à moi », cenericun « vous l'aviez à nous », darot, daraut, deraut, dorât, etc. Einan daraut serait propre- ment « il le fait avoir à moi donné » et cinaiten dorio « il le fait avoir à lui en-donner », emancn dcracute « il le font avoir à nous pour-donner » {dandum). Je me suis même demandé si, dans l'auxiliaire transitif cza, il n'y aurait pas un causatif (avec mu- tation de r en ?); cf. ozarri « mettre», de ifarri «se placer»; dans l'auxiliaire intransitif cdi, le di serait un suflixe conditionnel, dubitatif (cf. le radical aidi : daidit « je peux, je pourrais le faire » ; balaidi « elle pourrait le faire », Oih., pi'ov. 20).

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Sommes », nohn « je vais », gohazi « nous allons >■> ; niniz « je fus, j'étais », ginizaz « nous fûmes, nous étions » ; niiioha « j'allai, j'^allais », ginohaz « nous allions » ; dut « je l'ai », dugu « nous Pavons », dakit « je le sais », dakigii « nous le savons » ; nu « je l'avais », ginu « nous l'avions », naki « je le savais, je le sus », ginaki « nous le savions ». Il faut remarquer cependant que, lorsque le régime direct est de première ou de seconde personne, l'imparfait offre la même construction que le présent et se caractérise par une nasalisation : zitut «j'ai vous », zindud « j'avais vous », nuzu « vous m'avez », ninduzu « vous m'aviez » ; pourquoi cette anomalie ? Je crois en avoir trouvé l'explication : dans le présent transitif, le pronom sujet est suffixe et le pronom régime préfixé ; dans l'imparfait intransitif et dans le tran- sitif à régime de troisième personne, le pronom sujet est préfixé ; dans le transitif à régime de troisième personne, rien ne représente ce régime, de même que rien ne représente le sujet de troisième personne dans le présent transitif ordinaire ; mais cette absence de l'élément sujet de troisième per- sonne ne nous surprend pas ; le verbe sémitique nous y a habitués. Ce qui est extraordinaire, c'est l'absence du régime. Aussi, me suis-je demandé si cette absence, si cette identité de formation entre les temps intransitifs et l'imparfait transitif, n'impliquerait j)as une identité de signification, c'est-à-dire si l'imparfait transitif n'était pas proprement un intransitif. Dans cette hypothèse, le verbe bas(jue primitif, comme le verbe sémitique^ comme le verbe ougro-finnois,

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comme le verbe algonquin, comme le verbe dravi- dien, comme tant d'autres, aurait eu deux voix : l'une intransitive, indéterminée, indéfinie, neutre, moyenne ; l'autre transitive, déterminée, définie, active, caractérisées par l'interversion de position de l'élément sujet, et deux temps dont l'imparfait était caractérisé par une nasalisation \ Aux magyares làtok « je vois » et lâtom « je le vois » correspondaient en basque iiàkus et dakust ; à l'imparfait, on aurait eu *ninakus (cf. le plur. ginaki^) et ^dinakust. Puis l'im- parfait déterminé aurait disparu, ainsi que le présent indéterminé qui se serait parfois confondu avec l'im- parfait indéterminé et qui n'aurait subsisté que

1. Nu « j'ai », ginu^^ ou ;jinuto « nous eûmes», ^itut « j'ai vous », sindiit « j'avais vous », dut « je l'ai », etc.

2. On ne me demandera pas, je l'espère, de justifier ici les res- titutions que je piopose. Entre autres choses probables, j'ai cru remarquer que les formes plmielles, outre rrlément pronominal, ont un signe de pluralité, ,■ ou /. Ainsi, « j'avais vous ». dndudan en guipuzcoan u)oderne, fait ;indudri^aii en biscayen et ^indu^ada en haut-navariais méridional ; « nous serions » c/inic;ke en laboiirdin donne <iuiî;aul,it;ul,(' « nous serions à vous », ;/int;(ii.- a manifestement lesens.de o nous étions ».

Je ne puis m'empêcher de constater, à ce propos, combien sont mal commodes et peu méthodiques les travaux du prince L.-L. Bonaparte sur le verbe basque. Outre son entêtement à faire de ;u le pronom singulier de la seconde personne, il présente les formes dans un ordre fantaisiste, accumule à peu près au hasard les paradigmes et se perd dans les détails. Il semble [.ilutôt préoc- cupé de la signification actuelle des formes que de leur dériva- tion ; n'y iuirai't-il pas eu avantage par exemple à rapprocher, en souletin, iiihidii:^iin. « vous aviez moi » de ititndul.o:i'i « vous m'auriez », Ixtnundi'uu « si vous m'aviez », et diniindiL'u « puis- siez-vous m'avoir »?

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dans les formes à régime direct de première ou de seconde personne. Les deux temps indéterminés auraient été naturellement conservés pour les verbes essentiellement intransitifs. M. Stempf avait proposé naguère de voir dans le présent actif, dans le présent déterminé, une l'orme passive, rZw^ par exemple devant être traduit « il est à moi » et non « je l'ai »; l'expli- cation était ingénieuse, mais je crois la mienne bien meilleure. Aussi proposerais-je volontiers de rap- porter à l'imparfait indéterminé les formes dauntza, zaantza^ gauntza « ils gisent, vous gisez, nous gisons », dont se préoccupe Schuchardt (cf. Revue internationale des études basques, t. I, n'* 2, p. 154) et il voit des formations produites sous l'influence de egon. La position singulière du n ne saurait nous étonner quand nous rencontrons des formes comme eztazqui « il ne les sait pas ». 11 est vrai que le au pour a est surprenant; mais il n'y a peut-être qu'un renforcement vocalique. Le verbe eraunizi qui a le sens de « sonner » ne me paraît être qu'une variante de erasi « bavarder », avec le même renfor- cement et le même ti ; on pourrait aussi y voir un dérivé du causaiif erantzuji a faire entendre», dont le radical est enzu, car les n, ?', o, hi\ etc., sont des terminaisons de participes passés. Il y a tant de choses surprenantes dans la grammaire basque, par exemple les doublets gaude et gaudez le second a deux ibis un signe de pluralité ; on ne peut que constater ces faits dont l'explication est évidem- ment dans la préoccupation constante de faire sentir que le mot est pluriel. Quant à l'imparfait déterminé,

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il doit certainement en rester des traces dans les vieux auteurs*.

La construction est d'ordinaire : sujet, com- plément ou attribut, verbe. Le déterminant se place après le déterminé; le génitif cependant se met avant le cas nominatif. Le pronom relatif qui manque est remplacé par une phrase commençant par bai « parce que »_, qui forme alors comme une sorte de parenthèse. N'oublions pas les construc- tions participiales : nik ikhUsia « ce que j'ai vu », ni ikhusia « ce qui m'a vu », Nous avons vu que la dé- rivation s'opère par suffixes le plus souvent, mais quelquefois aussi par préfixes.

Un point assez obscur de l'histoire du basque, c'est la forme primitive des pronoms. Il n'y a pas de difficulté pour ni « moi », ki « toi », gu « nous », jsu « vous^ »; cependant, quand le pronom de première

1. 11 n'est pas inutile de faire remarquer ici que certains verbes intransitifs suivent en basque la conjugaison transitive ; on dit iluzkiak argit::en du « le soleil brille » ; odolak su c/abe diraki « le sang bout sans feu » (Oih., prov. 342; pror. 1596, 146). Ce cas n'est pas du tout le même que celui des verbes qui n'ont pas de correspondants exacts ; ainsi « suivre » se traduit par arrtd qui est intransitif, arrcit iiiri « suis-moi » (Liçariague). Il y a d'ailleurs des exemples de radicaux qui ont les deux conjugaisons, transitive et intransitive : dans les proverbes de ^596, on trouve ezaun adi «connais-toi, yv^oOi Tsa-jrov ». Dans le proverbe i;-f9 d'Oihenart, rii.l,- deinaddn est pris dans le sens intransitif ou moyen « afin que je m'adonne » ; da.ns le Brèciairc des dcrots de Dargaignaratz, j'ai relevé demaf/uela avec le sens « qu'elle se mettra». N'ai-je pas entendu souvent dans le pays l'iium zitf dans le sens de «asseyez-vous, mettez- vous là, nr/nucii Sic plat;»'?

2. Le prince L-L. Bonaparte, qui a eu la maladresse de

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personne singulière est suifiicé, il devient t. Quel rapport y a-t-il entre / et n? Sont-ce des mots diffé- rents? Peut-on supposer que le n final, resté seul après la chute de t, se soit assourdi en un /■ facilement varié en d, lequel à son tour se serait durci en t? Le dialecte de Roncal, actuellement, dit dud, avec, au lieu de ^, un d imparfait, intermédiaire entre d et /-, suivant le prince Bonaparte : dans saiVb^iVi«,Oihenart écrit dud pour dut. D'autre part, « soi » paraît être un radical commençant par 6 et ce b se retrouve préfixé aux soi-disant impératifs de 3* personne : biz « qu'il soit », berrait « qu'il me suive », bemo « qu'il la lui donne ». Enfin, le pronom de 3' per- sonne, qui est o quand il est complément indirect, offre, préfixé, les variantes d, r, l; quel est le proto- type et à quoi se rattache-t-il? au b réfléchi?

L'o dont il vient d'être parlé représente évidemment l'un des trois démonstratifs qui sont en a ou ar « celui-là », M ou ur [un) « celui-ci »,or « cet-autre », et servent tous les trois d'articles déterminatifs suffîxés\ Isolés, ils sont en 11 initial : hura^^haujiori; le roncalais et le zalazarais ont A'(7m, kaur, kori; le

s'obstiner à voir dans -r» la seconde pers. sing. « toi », ce qui a gâté tous ses paradigmes, croyait m'embarrasser en na'opposant le ir-cL- « vous » de certaines vallées espagnoles. Mais cela prouve au contraire la prioaitivité de su « vous »; quand il est devenu d'emploi général au singulier, on a éprouvé le besoin de faire un « vous » pluriel : les uns l'ont dérivé de hi, la plupart des autres de :2u.

1. Un pronom, dont la formation est assez obscure, se rencontre dans les auteurs labourdins du dix-septième siècle, haina ou haiùa « celui-là, lui ».

-.222

hatit-navarrais méridional, gaa^gori. Les mêmes dia- lectes disent kola, gota; kala, gala;kan,gan ; kemen, gemeii; pour hola « ainsi », hala « ainsi », han « », hemen « ici ». Je ne prétends pas, comme le prince Bonaparte, que Texistence de ces formes en k on g soit décisive en faveur du k initial : elles peuvent être au contraire purement accidentelles, locales et ré- centes : c'est ainsi que l'absence du n final des impar- faits en haut-navarrais méridional ne prouve rien, car ce dialecte a connu le n final. Mais ici, il paraît y avoir une tendance phonétique générale, k primi- tif passant à A, puis suppression de l'aspiration : kl, hi, i; kori, gori, hori, ori.

Schuchardt m'objecte que l'ibère avait l'aspiration initiale et même qu'il écrivait sans h des mots l'aspiration paraît s'être produite postérieurement. On m'objectera aussi l'aversion du basque pour les explosives dures initiales {gorpiUz = corpus, gela = cella, garthak = les quatre (temps), etc.;. Cependant, je répondrai qu'il y a peut-être un fait d'évolution et je rappellerai qu'un allemand parlant français durcira ou adoucira une explosive où, dans sa propre langue, il prononcerait une douce ou une dure.

C'est à propos de la formule arethg, aredc, are-de, aredk, qui paraît correspondre au latin hic est silus (ou sita), que la question s'est posée. Y a-t-il deux mots ou n'y en a-t-il qu'un ? Les bascomanes cette expression paraît avoir choqué Schuchardt, mais je n'en trouve pas de meilleure tiennent pour la première opinion ; pour eux are est « ici »

-223

et Schiicharclt dit à cv, propos : « ich halle die lied. are « hier », iLir sicher, will esaber vorderhand mit keinem bask. Wort identifizieren ». Quant à de, dk, thg, on y verrait le basque dago « il demeure » et Schuchardt lirait volontiers sur le vase de Sicile : « ici est (le vin) m. Il me dit que datza et dago sont aussi bien employés l'un que l'autre sur les tombeaux actuels ; mais je lui ferai observer que dago « il de- meure » est abusivement employé pour da « il est ». par analogie avec l'espagnol estar remplace sou- vent ^e/-. Un Guipuzcoan ne demandera-t-il pas iiola dago berori, voulant dire « como esta vm. », un Labourdin dira simplement: iwlazare « comment étes-vous ? w Si l'on tient pour le basque, il vaudrait mieux lire aren duk « tu l'as en ce lieu », en faisant de aren le locatif de ar « cela » ; mais l'absence du k ou Ji initial ? mais la variante thg ?

Avant de parler de la déclinaison ibérienne que nous présente Schuchardt, est-il utile que je réponde à toutes les observations qu'il m'adresse ? Je ne le crois pas; je voudrais seulement noter qu'il n'accepte pas mon étymologie de oiharzun ci écho », oihu-harri- zun, c.-à-d. « endroit il y a des [)ierres sonnantes ». Schuchardt préfère voir dans oihar une variante de oilian « forêt, bois » : cf. le nom oyarbide « chemin de (la) forêt ». C'est possible, mais je crois mon explication meilleure et plus conforme au fait maté- riel. Oikar d'ailleurs ne se rattache-t-il pas ix oihu ?

Voici maintenant le tableau de la déclinaison ibère, suivant mon savant contradicteur :

224

SING.

PLUR.

Nom.

))

" -ce

Gén.

-71 {-m)

-cen

Dat.

-i i-e)

-cei {-ceai)

Erit.

-s (s)

-cis ?

A et.

-c i-k)

p

Quelle est la déclinaison basque ? On peut en faire le tableau suivant :

SINGULIER

INDEFINI

DEFINI

ogi

ogi

-a

-r-en

-a-r-en

-r-V

-a-r-i

-r-ik

- })

-z

-a-z

-n ou -ta-.

n

-a-n

-ta-ko

-ko

-ta-r-ik

-tik

-ta-r-at ou

(^')

-rai (-ra, -ala, -alat,

-ara

-gabe

-a-gabe

-tzat

-a-r-en-tzat

-ki, kin

-a-re-ki-n, a- gaz

-k

-ak

PLURIEL DEFINI

ogi-a-k nom.

-{a-k-)en de (gén.)

1. La forme primitive du suffixe du datif est peut-être Ai. Dans les formes verbales, f.i indique le datif : cf. nalorkio « j'arrive à lui », dualdt « il vient à moi », yuyuzkit^u « nous demeurons à vous», mais ce précède le pronom régime indirect.

22:>

-'a-k)-i, ei à (dal.)

-cz par

-eta-n dans

-eta-ko de (pos.)

-eta-rik ou -tik de (abl.)

-ela-ra -rai, etc.) à (mouv.), vers

-a-kabe sans

-en-tzat pour

-e-kin, a-kaz, e-ki-cn avec

-^A' nom. actif

Il y a aussi les suffixes -ontz « vers )>, -/zo K jusqu'à «, etc. ; les suffixes locaux et personnels gan, ganik^ ganat, baithaii, baîtharik, baithara, etc. et les combinaisons comme dans esku-ra-tze-ko-aii « main-vers-être-de-dans, quand il était près de venii' à la main », manada-re-ki-en « avec les en- fants », egnn-da-ïio-ti-ka-ko « de depuis presque vers le jour, depuis le temps passé jusqu'à ce joui- »; gizonendako « pour les hommes », enekilako « de pour être avec moi », zeziilikaii a du haut du ciel », etc.

Il y aurait, avec de grandes différences, certaines analogies. Mais le tableau de Schuchardt est-il exact ? Pour l'établir, Schuchardt a dépouillé des inscrip- tions et surtout des légendes monétaires, et dressé des listes plus ou moins longues, mais est la ga- rantie de la classification? Pourquoi «ou m est-il plutôt génitif ((u'autre chose ? pour(|uoi ceai serait-il datif pluriel ? J'ai peur que Schuchardt, songeant au basque, n'ait obéi à une sorte d'auto-suggestion. On peut lui adresser du reste la même objection qu'à

16

226

Philipon : comment reconnaître tel ou tel cas dans un texte qu'on ne comprend pas ? Sans doute, les médailles peuvent offrir des nominatifs, des datifs, des génitifs pluriels, mais qui les reconnaîtra ? Par exemple, keii qui est le génitif pluriel basque, esl-il vraiment le correspondant des en, cm, qm, o?n, gin, etc., ibères ? Je prends entre autres neroncen (peut- être plutôt nerhoncen''), le nominatif est certaine- ment neron ou nerhon ; si c'est un génitif, on ne de- vrait traduire que de trois façons: « de Narbonne », « des Narbonnes », « des habitants de Narbonne » ; mais la première traduction n'est pas possible à cause du c pluriel ; la seconde, non plus, car Narbonne n'a jamais été un pluriel ; la troisième, pas davantage puisqu'aucun élément ne représente « ceux, habitants, citoyens, etc. ». Mais alors? D'autre part n'est-il pas aventureux et hardi d'assimiler cen, gin et com ? Décidément, en tout ceci, on raisonne vraiment trop par à peu près.

Je trouve d'ailleurs un autre exemple de raisonne- ment défectueux aux p. 62-64 du mémoire de Schu- chardt : il a remarqué que, dans les composés, son m « ville » devient quelquefois ilit, ce qui lui rap- pelle les féminins hébreux, et il en rapproche les mots basques betarte « vue, visage », helazal « pau-

1. De ce que le signe lu h est un o certain dans une variante d'une légende, s'ensuit-il que le premier signe soit toujours o ? Ne peut-OQ supposer tantôt une erreur du lapicide, tantôt une omission de la voyelle ou de l'aspiration '? Les véritables formes ne peuvent-elles être nerhon, saronaho..., Itothèccn ou même o/iU,scfii •'

227 -

pière », otondo « morceau de pain », sutopil a pain cuit sous la cendre ». bepurii « sourcil », siipazter « côté du feu », pour hegitarle^ begitazal,, ogitondo, sukopily begitbiiru, sulbazler, etc., de begi^ ogi, su. On pourrait ajouter belhule « sourcil », belaspa- lak variante de begispalak « paupières », bekoki « frontj audace, toupet », bekhaitz « envie, mauvais œil », bethUz a langage des yeux, œillade », betazpi « ce qui est sous les yeux, cernes », beteraztun u sourcil, mine », betheritsii « qui a mal aux yeux », betsein « pupille », betain et betagin « dent canine ' », betazbeta « face à face », de begi (en faisant remar- quer qu'en labourdin on prononce bethazal^ betliule et bethille, bephiiru) ; okhiri « boulanger », otliu- riiiitz ou oloroiilz « aliment », olhorde « en place du pain », de ogi ; sutliondo « coin du feu », sutliai- tziii « devant du feu », sukhalde « cuisine », sukopil var. de sutopil^ sugino ou sukhino « place au foyer », de sa; artizar et arthizctr « Vénus, Lucifer, étoile du matin », arlhiwratz « aube, point du jour », de civgl; et même bethalde « troupeau de vaches », de behi. On pourrait indiquer aussi bitarte « inter- valle, entre deux ». Dans tous ces composés, le/ ou le ih pourrait être considéré comme une mutation du k du suffixe ko, après élision de o, qui aurait été sui- vie d'une contraction, d'une syncope quand ce ko au- rait été précédé de plus d'une syllabe. 11 aura pu

1. -Be«!«9 c'a correspond à notre « œillère (dent canine supérieure, censée placée immédiatement sous l'œil), dent de l'œil » ; afjin ou Juigiti est «incisive». Mais on a les variantes itain, litairij litajjin, lethagin : d'où vient ce l ?

- 228

aussi y avoir élision du i final et durcissement com- pensatif du g en k puis en t [hb en p ; pour hegibura, bephiu'u). On peut supposer aussi le passage à t du k initial ancien du second composant : iile, ille, azal, ondo, arte^ ^''g^i auraient été hule, hiUe, har- rale^ hondo, harte, hargi, pour de plus anciens kargi, kule, kazal, karte, kondo, etc. ; on a bien asteharte ou astearte « milieu du commencement^ mardi ^ » ;

1. Ce mot montre que les Basques, en dehors du dimanche, parta- geaient leur semaine en deux périodes de trois jours : le commen- cement {lias) et la fin (sans doute hil « tuer, mourir, finir, terminer », d'où ilkl « sortir ») ; les noms du Jeudi et du vendredi ont été empruntés à des mythologies étrangères ((( jour du ton- nerre », « (joui') qui suit (celui du) tonnerre »), mais le samedi s'appelle encore n^kcneguna « dernier jour ». Les souletins disent nnzkanegun, naskenegun, nezlMnegun, ce qui a permis à de mauvais plaisants de traduire « jour des filles», sous prétexte que, en raison du repos dominical, la nuit du samedi au dimanche est la plus propre aux rendez-vous amoureux; mais il ne faut pas confondre l'immoralité avec le naturalisme. Le samedi s'appelle aussi larunbat, le prince Bonaparte voit avec raison « un quart» (de la lunaison). La semaine commençait donc par le dimanche et le mois était lunaire. Il est probable que, de temps en temps, on intercalait un treizième mois pour rétablir la corres- pondance des saisons. Celles-ci étaient vraisemblablement au nombre de deu.\ : la belle, la chaude (tidd) et la désagréable, la froide (ncgu), qui so partag-'aient chacune en trois périodes de deux mois : udalchen, adarto, udazken, etc. Le parallélisme entre la semaine et l'année suggère l'idée que le jour de l'an devait être une fête générale comme le dimanche {i(;andc « jour du soleil », plutôt que « grand jour ») et s'appeler e;irihrrri « >oleil nouveau », nom que les Basques christianisés ont donné à la Noël, où, comme on sait, l'année a longtemps commencé en persan, le jour de l'an est bien 7u?«/o; « nouveau jour ». On pourrait peut-être aussi voir dans les mots astclchen, ((stcartc, asieasken, lavunbaf. les noms des quatre semaines de la lunaison. Remar- quons en passant lamn pour lauron, laurden « quart », à rappro-

229

quant i\ gaitz « mauvais », il est peut-être pour /cailz, comme hitz « parole » serait pour kilz, avec l'inter- médiaire gùz , d'où pourrait être dérivé gizoïi «■ homme, être à la bonne parole'». C'est ainsi que ki " toi » a donné t dans baiUiiz « parce que tu es », albeitindoa « puisses-tu aller ! », etc. Nous voici rame- nés à la théorie du k primitif", affaibli, dans le cours des âges, en Ji qui tombe à l'époque moderne ^ On

cher de licren « tiers », Iclirn « premier », se révèle la dérivation ordinale primitive.

1. Cette étymologie est très douteuse ; dans les composés, ///^o/i devient (j'ca ; ;/i;a/iiine c( enfant mâle », (jL-erhaile « homicide», etc. ; Liçarrague fait remarquer qu'il a traduit « pêcheur » par fjcHcadure pour ne pas mettre ;/barrain^aIe « poissonnier d'hom- mes ». Je crois d'ailleurs que g vient après h et que h est le substi- tut direct de /,-, sans doute par l'intermédiaire de AA. Au milieu des mots, p. ex. h remplace /•, ;j est sûrement postérieur : iirofcho, uhotcho, ugoicho « brochet, loup d'eau » ; urarte, uharte, ugarte (( île, (maison) entre les eaux », qui a donné, par métathèse, huart; tirolde, a/ioldc, ugoldr « déluge » ; aralde, uhalde, ugalde, et même iibaldc « cours d'eau» ; *iira(;, ^uhaU^ ?/(;«/,- «mamelle».

2. Beaucoup de noms topographiques basques se terminent en eta^ aga et egi; eta indique particulièrement la pluralité, aga l'abondance et cgi la collectivité ; je traduirais harrieta « les pierres », e^pclcta « les buis », orrcaga « la genevraie », arif^aga « la chesnaye», ^nmulahari-i'gi « endroit couvert de bourdaine », etc. Mais ogi, et, gi se rattache à tegL tel, toi, ti. Eta est de même très probablement pour hcfa, qui est d'usage courant : ame^keta « les chênes tauzins », clhcl.eta « conversation », ardiketn « troupeau de brebis », etc. Ce ketu, ne pourrait-il pas être le suffixe général de pluralité, réduit plus tard à k^* Il y aurait eu un pluriel indéfini et un défini ; on aurait dit mendi a montagne », mcndiar « la montagne», mendiketa « montagnes», incndiarkcta (( les montagnes » ; et il se serait produit des confusions entre le déflni et l'indéfini : mendietan « dans les montagnes » serait pour mcndiketan^ tandis que mcndiea «des montagnes » serait une

SàO

sait combien le basque aime la composition synco- pée : opil est pour ogi-bil^ okhiii pour ogi-egin. En tout cas, le / ne parait pas pouvoir venir du premier composant.

Mais, pour en revenir à la déclinaison proposée, il m'est difficile d'admettre que e, i, cet', ceai soient des datifs; s un instrumental; c ou k actif serait plus admissible, mais ne prouverait rien par lui seul. En ce qui concerne s et en, je persiste dans mon opi- nion, exposée aux p. 5-6 de mon précédent article : 5 doit être un génitif et en un mot, abrégé sans doute, ayant le sens de « ville, cité, municipe ». Schuchardt n'a point discuté celte opinion; il s'est borné à re- produire, avec une pointe de raillerie, la traduction tout à fait hypothétique que j'ai indiquée comme possible pour la lame de Castellon. Il la rapproche des traductions fantaisistes de MM. Stempf et Giacomino; cela n'est pas juste, car ces messieurs ont prétendu faire une traduction ferme, définitive; au lieu que j'ai dit seulement que l'inscription pour- rait signifier quelque chose comme : airiemta, etc.; mais je n'y tiens en aucune façon. Schuchardt rec- tifie la lecture de quelques mots; le quinzième serait ïithsm, ce qui permet de rapprocher ithsni, lilhsni, iithsin... comme je l'avais déjà fait; le dix-neuvième aicas ; le dix-huitième arsleo. 11 s'ensuivrait qu'il y aurait identité entre les deux mots oii j'ai vu hypo- thétiquement « bouche » et « ventre, organe sexuel »;

réduction de mcndiar-kcia-en, mcndiaketcn, tncndiakccn, mcn- diaken, tnendiaen.

2:^1

il y a entre ces deux expressions « bouche » et « ventre » une idée commune, celle de chose inté- rieure; le second pourrait être aussi « anus ».

Schuchardt ne fait aucune conjecture sur la signi- fication possible des incriptions; c'est prudent, mais cela ôte un peu de valeur à ses propositions. Tout le monde n'a pas imité cette prudence. Ainsi, le P. Fita, dans le Bullelin de V Académie royale c/Viw- ^otVe de Madrid,s'est occupé d'un monument découvert à Fraga (Huesca) depuis la publication du livre de Hïibner et qui est fort intéressant. 11 se rapproche de l'inscription n" IV de Hiibner, en ce qu'il présente comme celle-ci l'image d'une roue, signe religieux, mystique, ou allégorique ; il lit ensuite alosildu \ i- glasïis I erein celder \ crerid atue \ zikheii- cru. \ i. Schuchardt corrige aloo ildu \ i-klasïis \ ereïii- cel- der I ercerui-aue \ tliiceoen-erc \ i. Le n" IV porte nuke-iltra-ziii (ou tui). Ces deux inscriptions sont analogues, elles sont probablement funéraires; on doit y trouver des noms, des titres, des indications de parenté, des formules pieuses. La plus ancienne se compose de trois mots dont le dernier finit par i; la nouvelle se partage en trois membres de phrase ter- minés chacun par /. Cet i est-il le signe du datif? Le mot zui (ou tLii) est bien court pour être un datif; quand je me rappelle les formations re/, ai, ceai, et('., j'y verrais plutôt une dérivative nominative, une sorte d'article, et alors mike pourrait être un verbe, à la 3* pers. sing., « il repose, il est béni, il est loué » ; le fameux aredk pourrait se lire arediike, avec ke verbal. Le nouveau document n'aurait pas de verbe;

•2'à2

il aurait trois nominatifs en /'; premier mot alo- sildii rappelle le andlsldu du n" VI de Hiibner qui corresj)oud au latin fiilvia ou lintearia; ce serait donc un nom de femme. Erein, ercerui ou ererui^ eriii ou erci sont parents l'un de l'autre et le P. Fita les rapproche de Verba du XLVl (en caractères latins); ce n'' XLVI et le suivant sont remarquables par des mots répétés en o et o/ii : a/'imo, arimom; sintamo, sintamom, et par indi qui revient sept fois comme un adverbe ou une conjonction copulative, Ereiii est peut-être le féminin de ei'ci ou erul^ avec Il final marquant le datif : « A Fulvia, fille de Gla- si (?) ». Ercerui ou Ererui est peut-être « petit-fils » et erci, erui « fils »; celder et atue ou auedik seraient des noms d'hortimes ou des adjectifs de qualité : une inscription a Aaedimic; en transcription latine, Fita cite y4^7V/o;^^' (dérivé de aio, <7m?).iV (peut-être m des ariinoiu, etc., que les Latins prononçaient en na- salisant) serait donc un datif, comme je le propose à la p. 22 (le mon précédent article. Je n'affirme rien; . mais il me semble que cet i, qu'on trouve souvent précédé de //, joue plutôt le rôle d'un nominatif: les formules relevées par Schuchardt, iqnuciai-ildii-kle- seiii (où ildu-kleseiii ressemble à Vildui-klasïis ci- dessus), cirdc-aiLLiii, ardc-sicdiiniiieiii (il confère sicdii avec Ségéda;, confirment mon hypothèse : ildii, klasi, aiu pourraient être des noms propres; de aiu dériverait aiuni et môme aueduni, comme sicduni de 6' iCi/f.; (l'habitant de Ségéda), et sicdnninein serait un second dérivé, quelque chose comme « à ceux, parmi ceux de Ségéda » : n serait un datif-locatif, l un

- 233

adjectil'-pronominal ou un article, e une dérivative participiale : sicduninein pourrait donc être sicdu-ii- i-îi-e-i-n « Ségéda-à-lui-à-qui est-lui-à, à celui qui est originaire de Ségéda ». Je n'insiste pas sur ces hypothèses; ni pourrait être d'ailleurs un suffixe spécial.

Mais appliquons, vérilions, recherchons les suffixes casuels indiqués par Schuchardt. La lame de Castellon, par exemple, nous donnerait : un instru- mental, — un nominatif (ou verbe), un génitif, un datif, deux datifs pluriels, 2 nominatifs (ou verhesi, un datif, un génitif, 4 nominatifs (ou verbes , un génitif, 2 datifs, 2 nominatifs (ou verbes), un instrumental, un datif; il y aurait, dans le même texte, des datifs en e et en i, des génitifs en m et en n; et il y aurait des combi- naisons singulières de suffixes : ceai^ ceaie, sensé, case, (lies, carse. Il est vrai (jue sinekten pourrait être un vei'be, dit-on. En résumé, Tarrangement grammatical serait tout à fait étrange. Les mêmes difficultés se présenteraient avec tout autre docu- ment. On peut remarquer aussi que Schuchardt dresse des listes de suffixes particuliers, les uns aux légendes monétaires, les autres aux inscriptions ; il v aurait eu, dans la même langue, deux systèmes différents; p. ex. le suffixe génilifc«,ce/z des médailles deviendrait eia dans les inscriptions, et on nous affirme ([u'il y aurait un aff'aiblissement de c en /, affaiblissement déjà constaté dans les variantes de légendes salircn et salirin, qntlicqni etqnthiqni ; mais n'y a-t-il pas une erreur d'observation : salir, saliri,

234

salirin, salircen ne forment-ils pas plutôt des cas différents ? Je pourrais, pour tous les suffixes pro- posés, faire des objections analogues.

Trouve-t-on le ko basque dans Tibère q, qo, qn^ qom (avec le suffixe génitif ordinaire m ou n en plus}? Faut-il traduire astarco par « (le cheval) d'Asturie »? Ko a certainement un sens locatif; etcheko yauiia est « le maître dans la maison ». Mais, ajouter à ce ko le 11 génitif ne signifierait rien en basque : -koen serait une contraction de -koaken : Bayonakoeii « des gens de Bayonne» pour * Bayonako-ak-en. Quant à Alorsus, rattaché par Giacomino à Alor-ko de alor « champ », je réclame la priorité pour alhor avec h ; on néglige vraiment trop les formes aspirées dans toutes ces étymologies. Il est d'ailleurs exact que -ko forme des diminutifs, parce qu'il signifie : « de, venu de, dérivé de », mais je ne crois pas qu'il ait jamais formé des augmentatifs. Schuchardt retrouve même le suffixe composé -tiko dans les -icoi, -digoé ibères : c'est au moins fort douteux, car on n'explique pas les e ou i ajoutés : est-ce le signe du datif ? Ce seraient alors des datifs indéfinis, mais quel en serait le sens ? Toudadigoe est traduit « à celui de Tuda », comme Lamaticom « de celui de Lama » ; or, en basque moderne, on emploierait dans ce cas ko seulement et non tiko, on intercalerait l'article et l'on dirait Tudakoari, Lainakoaren, ou plutôt encore Tudatarrari, Lamataridien. Tout cela est donc très incertain et même un peu fantaisiste.

De même, Schuchardt expliquerait volontiers par « épouse » le mot nersnatn (et ses variantes;, qu'il

235 -

rapprocherait du basque neskato, neskciso, neskatcha « fille, servante » [magd, màdchen)^ qu'on a expliqué par un diminutif en to [paella] ou par neska-oso « fille entière, intacte, vierge ». Je crois plutôt qu'il convient de le rapprocher de nerhabe « domestique, célibataire mâle », dérivé de yabe « maître». Quant à yabe lui-même, j'y verrais un dérivé de yaiin « seigneur » par be « sous, inférieur » ; ce serait le magister ope r uni p. ex., le commandeur des esclaves : faire de yaun un composé de yabe-on « bon maître » m'a toujours paru beaucoup trop métaphysique pour être exact.

Pour prouver que le basque a été parlé sur un ter- ritoire plus étendu (ju'aujourd'hui, on a cité des noms à apparence basque qui figurent dans des ex- voto et des inscriptions de toute la région pyré- néenne ; mais cela peut simplement être le fait de voyageurs, comme la pierre de Cagliari et l'urne de Sicile sont des faits accidentels. Il est du reste re- marquable que l'escuara moderne, dont le vocabulaire contient tant de mots latins, offre si peu d'éléments celtes^ s'il est vraiment apparenté à l'ancien ibère. Car^ il ne faudrait pas oublier qu'à l'époque des ins- criptions, l'Espagne était habitée par une population mixte, les Geltibères : il avait se produire ce qui est arrivé dans l'Inde dravidienne les Aryas se sont infiltrés peu à peu dans la population locale, adoptant son langage, mais y ajoutant beaucoup de mots sanscrits ; de même l'ibère a s'altérer et se mélanger de mots celtes. Il ne sufïit pas au surplus de comparer des désinences, des suffixes grammati-

236

eaux pris un peu au hasard ; il l'audrait pouvoir assi- miler des racines verbales, des mots complets ; or, à part le très discutable ill (car berri ne se trouve pas dans les textes originaux), on ne nous en présente aucun. Aucun nom, aucune légende, aucune inscrip- tion n'a pu être expliquée à Taide du basque. Si nous relevons les noms originaux de personnes, de divi- nités, de localités, assez nombreux dans les ins- criptions latines de TEspagne, nous n'en voyons pas qui nous apparaisse comme basques : aiu, aia^ aio, ainmo, allô, ambaicus, anibnici\ ambatus, ambata, anio, aenio, cloutai^ cloiifi, alecina dea, ceceaigi dei, ceceaeci lares, cerepaeci lares, bandiae a polise- gus, bandueaetobrigus, inaiiliniaecus, reaveanaba- raecus, ongiamunaecus , crougintoudadicoe, etc., etc. ; peut-être pourrait-on retenir audero, bigar et deux ou trois autres. Bien habile celui qui verra dans tout cela des radicaux basques! M. A. Carnoy vient précisément de publier dans le Mnseoti (t. VUI, n°' 1-2, 1907, 39 p., gr. in-8"j une étude sur les £'/e- inents celtiques dans les noms de personnes des ins- criptions d'Espagne, il fait voir que la plupart dés noms dont je viens de pnrler sont d'origine celtique, ou si Ton veut, indo-européenne. Bien des dérivations d'apparence escuarieiine sont plutôt cel- tiques; ainsi les ko, i/w, goni, etc., [)araissent se rap- porter aux icus, cas, cuni, gîte, (juin du celte ou du gaulois. Les étymologies sont eu tout cas fort dou- teuses.

Je n'ai donc aucune raison pour revenir sur les conclusions de mon article du mois de janvier der-

237

nier. La parenté de Tibère et du basque n'a point été démontrée, même par* Schuchardt. Mais quelque négatifs ou incertains que soient les résultats de pa- reilles études et de pareilles discussions, elles ne sont pas inutiles. Elles dégagent le terrain en portant la lumière sur beaucoup de points obscurs, en atti- rant l'attention sur beaucoup de questions secon- daires, en posant de nouveaux problèmes de détail. La question principale sera-t-elle jamais résolue ? Peut-être, car rien n'est impossible à l'esprit hu- main, mais la prudence n'est jamais inutile, et, comme dit le proverbe basque, celui qui parla par « peut- être » ne se trompa pas, aguian zerrana etzadiii en- gana. Julien Vinson.

6y\oç-oki-^oç

Le grec ôyXoç, pour àyyk-oç au sens de « troupe, foule, nombre, quantité », se range, comme je l'ai fait voir dans le numéro de la Reçue du 15 juillet dernier, dans la liste des termes du rad. sansc. mah au sens de « grand, étendu, nombreux, etc. ».

Je reprends la plume à ce propos pour signaler comme appartenant à la même liste le gr. àXiyoç « en (petit) nombre » pour l'adj. ô)('X-tx-6ç « ce qui con- cerne la foule », lequel a tous les caractères d'un dérivé synonymique de ô)(Xoç (en restituant à l'une et à l'autre de ces formes les éléments phonétiques détruits par la contraction). Ainsi s'expliquent de plus en plus par un même schéma primitif des dissemblances qui parais- saient irréductibles à première vue.

P. Regnaud.

LES MOTS

ARABES ET HISPANO-MOPJSQUES

DU « DON QUICHOTTE »

Le 25 septembre 1575, la galère El Sol, voguant de Naples vers les côtes d'Espagne, rapatriait, après trois rudes campagnes contre le Turc, un groupe de militaires en congé des armées navales de Don Juan d'Autriche et d'André Doria, lorsqu'elle donna au milieu d'une escadre algérienne,, fut contrainte d'ame- ner son pavillon en dépit d'une héroïque résistance, puis conduite en triomphe jusqu'au nid des corsai- res.

Parmi les prisonniers se trouvait le poète-soldat Miguel de Cervantes, le glorieux estropié de Lé- pante ' .

Du bagne de Déli-Mammi, renégat albanais, celui- même à qui revenait la prise du vaisseau espagnol, Cervantes passa par voie d'achat, vers 1577, dans le

1. Il y avait aussi son frère, Rodrigo, soldat comme lui. Ses multiples allusions à cette bataille, livrée le 7 octobre 1571, semblent prouver qu'il était plus 6er du sobriquet qu'il se donnait, el manco de Lcpanto, que d'avoir écrit le Don Quicltotto, auquel il préférait de beaucoup son théâtre (cf. le Prologue de la 1" par- tie). — Les Vénitiens ont fait Lcpanto de Naupahtos, et les Turcs Ajnébakltti,

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propre bagne du roi d'Alger, Hassan-Aga, de son vrai nom Andreta, car il était Vénitien de nation, renégat comme de juste, au demeurant le plus féroce et le plus rapace de tous les forbans du rivage barbaresque.

Après trois tentatives d'évasion aussi infructueuses que sévèrement châtiées, après cinq ans passés sous la menace permanente du gibet ou du pal, il fut enfin donné au misérable captif d'apaiser la soif de liberté qui le dévorait. Une commission de rachat pour la Couronne de Castille débarqua à Alger, y traita du prix des rançons et, le 19 septembre 1580, le futur auteur du Don Quichotte était arraché à grand peine des serres de son vautour. Quelques minutes plus lard, Hassan-Aga, esclave du Grand-Seigneur, qui venait de lui retirer le gouvernement de la régence d'Alger, mettait le cap sur Stamboul \

Il y avait alors 25.000 esclaves chrétiens dans les bagnes d'Alger; mais tous ne relevaient pas de Philippe II.

Le souvenir des glorieuses campagnes de Lépante et de Tunis, et surtout de la terrible aventure qui s'ensuivit, resta à jamais gravé dans l'esprit de Cervantes. Il y a fait allusion dans presque tous ses écrits; il a été jusqu'à prendre pour sujets de drames et de nouvelles les étranges épisodes de sa captivité. Le Capitan cautivo qu'il inséra dans la 1^^ partie du Don Quichotte, le Trato de Argel, les Baiios de Argel, la Gran Suttana Catalina de Oviedo, la Espanola

1. Cf. Perez Pastoi-, Dociiinontos cpvvantliios, Madrid, 1897.

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Inglesa, la Guarda cuidadosa, sont autant de chapi- tres d'autobiographie le romanesque, cependant, n'a pas complètement abdiqué ses droits. Il suffit de lire son œuvre maîtresse pour voir combien il se plaît et combien il excelle à mettre en scène quel- qu'un de ces Mores ou de ces renégats marfuces^ au milieu desquels il vécut les plus sombres heures de son existence accidentée. Leurs usages, leur costume, leur mentalité si particulière ont trouvé en lui un observateur attentif. D'un trait de plume il campe ses silhouettes orientales, véritables croquis de voyage enlevés sans retouche. Il n'est pas jusqu'à leurs propres expressions qu'il n'emploie, quand, l'imagination hantée par le souvenir des choses vécues, il veut teinter son récit d'une pointe de cou- leur locale. Sous ce rapport, l'histoire du Captif, qui est un peu la sienne, forme un intéressant feuillet d'album (fre partie, ch. XXXIX à XLIl). Enfin, on a émis l'opinion, en partie fondée, semble-t-il^ que son séjour à Alger, il s'attarda pendant quelques mois après sa délivrance, n'a pas été sans influence sur son style et sur ses idées.

Cervantes, on le sait, se piqua toujours d'écrire purement ses admirateurs disaient : divinement dans une langue d'ores et déjà qualifiée de divine, mais qui commençait alors à déchoir de cette dignité

1. « No te fies de ningun nioro, porque son todos marfuccs » (2' p'% ch. XL) : mot arabe passé en espagnol. Engelmann le fait venir de markhoù? = vil, sans valeur, et Dozy de mar/oûd = réprouvé. V. leur Glossciwe des mots espagnols et portugais dérioés de l'arabe, Leyde, 1869, pp. 3U;{ et o91.

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et de celte élégance qu'elle avait acquises au cours du siècle précédent. Une nouvelle école, en effet, était apparue, dans les rangs de laquelle se pressait tout ce que TEspagne comptait de copieras, de poètes crottés, de licenciés en veine d'écrire, tristes imita- teurs de la littérature italienne, les uns parlant espagnol en latin, les autres en arabe, tous mécon- naissant la hauteur et la fécondité du castillan, de l'idiome national, tous encourant pour cette injure l'anathème de l'immortel manchot, qui regardait leur pédantesque littérature comme u la idiotez y la arrogaiicia del mundo ».

Cervantes s'érigea donc en champion de la pureté castillane et consacra tous ses efforts à réagir contre le goût facile de l'époque. Les Avellaneda, les Ville- gas, les Suarez de Figueroa ne lui pardonnèrent pas leur infériorité. Il y eut une levée d'écritoires : les pygmées, empruntant au géant ses propres armes, le blâmèrent insolemment d'allonger son Ronian d'his- toires parasites, taxèrent son style de langage terre à terre « idioma humilde », comme si Sancho Panza eût été un bachelier de Salamanque et la Teresina quelque Galathée de pastorale; ils lui reprochèrent enfin de faire « ostentacion de sinon imos voliintat-ios » .

« Olivo y aceituno es todo uno\ » Ce dicton populaire a raison^ on ne peut le nier. On ne peut nier davantage que le Don Quichotte renferme nombre de vocables de l'idiome courant, de cette

1. Ces deux mots sont synonymes, l'un est latin, l'autre est arabe, Zeïtoûn = olivier.

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langue foisonnaient par centaines les termes relatifs à l'administration et aux sciences, à l'agri- culture et aux arts et métiers, que la conquête arabe avait imposés à la péninsule avec sa civilisation. Tous ces mots étrangers, plus ou moins privés d'équi- valents ou de synonymes d'origine latine, mais pitto- resques, éparpillés à travers les cent vingt-six chapi- tres du livre, vont et viennent, se perdent_, puis se retrouvent, parfois à de longs intervalles, ou encore se rencontrent dans la même phrase par groupes de plusieurs.

A quoi faut-il attribuer ces petites débauches à'algarabia^ ? Sont-ce des marques de l'empreinte laissée par cinq ans d'existence en pays arabe ? Est- ce le résultat d'une composition hâtive ?

Ce ne sont que les négligences hautaines du génie.

La preuve en est, pour le moins, dans l'admirable page Ricote, le More converti, narre ses aventures. Ce hors-d'œuvre est, à n'en pas douter, une réponse, entre vingt autres tout aussi spirituelles, adressée aux Zoïles qui supportaient si difficilement les leçons dégoût sorties de la bouche même de Don Quichotte % « plus apte à faire un prédicateur qu'un chevalier errant », au dire de Sancho Panza. Au préalable, Cervantes a avisé le lecteur que « Ricote, sin iropezar nacla en su lengua morisca, en la pura castellana le dijo las siguientes razones ». Et, de fait, le récit

1. C'est-à-dire « la langue arabe » el-'Aj-abîya, mot qui a fini par signifier en espagnol « galimatias » et qui est passé en français sous la forme charabia.

2. Cf. entre autres passages le ch. XVI de la 2' partie.

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de Ricote, cette victime de la persécution de 1609 que l'auteur déplore hardiment, est rendu dans un style impeccable, dont nulle expression d'importation étrangère, /iwZ emprunt fait à Yaljamia\ ne vient choquer la belle tenue, en un mot dans le plus élé- gant et le plus pur castillan, comme si le puissant écrivain eût voulu rappeler que son génie, quand il lui plaisait, pouvait ne pas connaître de limites.

Par contre, on demeure quelque peu interdit, lorsque, six chapitres plus loin, on voit l'Ingénieux hidalgo de la Manche, dont la folie bien souvent sommeille, faire, « en passant », un petit cours d'étymologie hispano-morisque à son écuyer balourd et madré tout à la fois. Que penser de ces lignes, sur lesquelles d'ailleurs nous aurons à revenir?

« Dieu me garde ! dit Don Quichotte. Quelle vie nous allons mener, Sancho mon ami 1 Que de flageo- lets [churumbelas) vont résonner à nos oreilles ! que de cornemuses [gaitas zamoraiias)^ que de tambou- rins, que de grelots et que de rebecs [rabeles] ! Que si parmi ces diversités de musiques résonne celle des albogues^ nous aurons là, presque tous les ins- truments champêtres ! Qu'est-ce là, des albogues ? demanda Sancho ; je n'en ai jamais entendu parler et n'en ai jamais vu de ma vie entière. Les albo- gues, répondit Don Quichotte, sont des plaques" dans

1. Arabe el-'Adjamîya, le castillan corrompu et mêlé de mots arabes que parlaient les Morisques. Ceux-ci, de leur côté, don- naient ce nom à l'espagnol parce que c'était la langue des étran- gers, des barbares, 'Adjam.

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le genre des chandeliers de cuivre (sic) ; en les frap- pant l'une contre l'autre, par le côté vide et creux, cela rend un son sinon très harmonieux et agréable, du moins qui ne déplait pas et qui s'accorde bien avec la rusticité de la cornemuse et du tambourin. Or ce nom d'albogue est morisque, comme le sont tous ceux qui dans notre langue castillane commen- cent par al; savoir: Abnohaza (étrille), almorzar (déjeûner), alhombra (tapis), alguacil (agent de police), alhuzema (lavande), almacen (magasin), alcancia (tirelire, etc.), et autres semblables qui ne doivent pas être beaucoup plus nombreux; notre langue n'a que trois mots qui sont morisques et finissent en i, ce sont ; borcegui (brodequin), zaqui- zami (galetas), et maravedi. ^Z^eZi (giroflée) et alfaqiii (théologien musulman), tant par I'al du commence- ment que par l'i de la fin, sont connus pour être arabes \ Je te dis cela en passant, le hasard qui m'a fait te parler des albogues, me l'ayant rappelé à la mémoire. . (2* partie, ch. LXVII.)

La leçon est assurément incomplète; le plus fâcheux, c'est qu'elle est tissue d'inexactitudes dont il paraît bien difficile de démêler l'origine et le but. Si Don Quichotte, poursuivant une nouvelle chimère, expose simplement son opinion de mono- mane, la cause est entendue; elle devient sérieuse s'il est l'innocent truchement de Fauteur; dans l'une

1. Tous ces mota sont identifiés dans le Glossaire de Dozy. V. le commentaire par endroits erroné que Diego de Clemencin consacre à ce passage dans une note du tome VI, p. 360, de son édition du Don Qtdjoto (Madrid, 1833-39, 6 vol., pet. in-4°).

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et l'autre alternative, quelque invraisemblable qu'elle soit, elle mérite d'être examinée.

Il est presque absurde d'observer qu'un mot n'est pas nécessairement arabe parce qu'il commence par AL. Il y en a plusieurs en espagnol qui ont de ce chef toute l'apparence de mots arabes, bien que dérivant directement du latin. Voici, à titre d'exem- ples, les plus curieux de ces vocables mulâtres : Alcorque (quercus), Almaceria (maceria), Almeiia (minœ), Almodrote (moretum) ; peut-être Almorzcir (mordere?); puis Albedrio (arbitrium), qui n'a de trompeur que l'apparence, et Alimana (animal). Ce dernier n'est pas le moins intéressant comme phé- nomène linguistique; dans la bouche des Morisques, ce mot latin est devenu fl'/-}'«/;z«/z/?/a:=: originaire du Yémen ! et, ainsi altéré par l'interversion des con- sonnes, il a obtenu ses lettres de naturalisation, il est rentré dans le giron de la langue maternelle, oii, sous son masque de moharracho\ il s'est retrouvé synonyme de lui-même, car le mot latin animal avait été soigneusement conservé en castillan.

Le dictionnaire espagnol ne contient pas moins

1. (( Quiùii diablos te habia de conocer, Ricote, en ese irajc de moharracho que traes?» Qui diable! pourrait te reconnaître, Ricote, sous cet accoutrement de carême-prenant, que tu portes? (2* p'", ch. LIV.) C'est l'arabe mouharradj (V. Glossaire, p. 308), synonyme de maskliani qui a donné mascara en espa- gnol et mascarade en français. Cf. Devic, Dictionnaire éti/mo- logi'/ue. Le mot alimatïa, qui n'a plus cours aujourd'hui, était

encore en usage à l'époque de Cervantes : « los jumentos

Il alimanas que sircen de eahallerla à los escuderos de los cabal- leros andantes. » (Z). Q., p", ch. XI.)

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de dix-huit cents mots d'origine arabe, et non pas une vingtaine, comme Finsinue Cervantes par Forgane de son héros. Engelmann et Dozy en ont inventorié un peu plus des trois quarts; Eguilaz et Simonet après eux n'ont pas tout épuisée

Les vocables morisques terminés en i qui sont venus enrichir l'espagnol ne dépassent pas la tren- taine. On se contentera de citer ici ceux que Cervantes lai-même emploie dans son Don Quichotte^ \ ce sont: Lelili (le cri de guerre des Mores), Bocaci (toile gommée, boucassin), Guadamaci (tenture de cuir gaufré et doré), Tabi (taffetas onde, tabis), Tahali, baudrier), /dô«Zi (sanglier). Alholi, moderne Alfoli (grenier à fourrage) et Aljonjoli ou AJouJoli [sésame) semblent être, avec les deux mentionnés par Cervan- tes, les seuls mots arabes passés en espagnol qui ont conservé l'article al et qui ont i pour désinence.

Quant au sens de cymbales que, au moyen d'une bizarre comparaison, Don Quichotte prête au mot albogues [uiias chapas a modo de candeleros de azofar, que dando una cou otra por la vacio y hueco hacen un son), il est d'autant plus déconcertantque ce mot revient plusieurs fois dans le livre avec, suivant toute apparence, sa véritable signification qui est : instrument à vent, en arabe boûq (Dicc. de la Acad. : lat. buccina)\ que l'espagnol n'a qu'un mot pour désigner les cymbales : platillos^ et que l'arabe, qui

1. Eguilaz, Glosario etimoloyico de las palabras cspanolas de oricjen oriental, Granada, 1886. Simonet, Glosario de coces ibe- ricas y latinas usadas entre los Mos:arabes, Madrid, 1888.

2. Cette liste ne prétend pas être complète.

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n'en possède pas, confond dans une même expres- sion cymbales et crotales, c'est-à-dire sounoâdj. Si, dans ce passage, la distinction entre mots moriscos et mots arabigos est intentionnelle, elle ne repose cependant sur rien de sérieux au point de vue de la linguistique. Elle nous laisse seulement soupçonner que, sur ces douze mots, Torigine des dix premiers était vaguement tombée dans l'oubli ou près de le devenir.

Que Cervantes ait péché par ignorance ou seule- ment par inadvertance en faisant tenir au chevalier de la Triste Figure un discours à ce point hors de saison et de raison, c'est une hypothèse qui, à la réflexion, parait inadmissible. Par la force des choses, en sa double qualité d'Espagnol ce qui suppose un homme ataviquement habitué à l'ambiance arabe et d'écrivain hors de pair, capable de doter son pays « du seul livre qui montre le ridicule de tous les autres^ », Cervantes était mieux placé que per- sonne pour connaître non seulement l'historique de la langue « divine » qu'il travailla à rénover, mais encore les principes de la langue ondoyante et para- site qu'était celle des Mores d'Espagne. Quant aux séjours qu'il avait faits parmi Mores et Qouloghlys de Tunis et d'Alger, il y a lieu de croire qu'ils ne furent pas tout à fait sans profit pour lui.

1. Montesquieu, Lettres persanes, LXXVIII. Diego de Cle- mencin dit que les Mores étaient particulièrenaent nombreux dans les villages de la Manche, surtout depuis 1568 et 1569. L. c. I, p. 200, note.

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Il est donc impossible que Cervantes n'ait pas commis délibérément les erreurs qu'on vient de signaler.

Aussi bien, dans le même temps qu'il composait la deuxième partie du Don Quichotte, le licencié D. Sébastian de Cobarruvias Orozco, « Capellan de S. M. C. el Rey D. Felipe 111, jMastrescuela y Cano- nigo de la santa Iglesia de Cuenca, y Consultor del santo Oficio de la Inquisicion ■>^, publiait son Tesoro de la lengLia Castellana (Madrid, m.dc.xi), œuvre remarquable pour l'époque, unique en son genre, la plus large part était faite à l'étymologie des mots issus de l'arabe. Malgré quelques assertions hasar- dées, ce dictionnaire qui complétait d'heureuse façon les livres de vulgarisation publiés un siècle aupara- vant par le P. Pedro de Alcala\ fut accueilli des érudits et des littérateurs de métier avec toute la faveur qu'il méritait.

Cervantes fut-il du nombre ? Pourquoi en doute- rait-on ? Ce précieux ouvrage de lexicographie réunissait assez de titres pour attirer son attention, exciter son intérêt, satisfaire sa curiosité, le conduire à des découvertes. 11 le consulta. Dès les premières pages, l'article Albogiie l'édifia, comme nous-mêmes, amplement : « Espèce de flûte, de doulcine, en usage chez les Mores d'Espagne, particulièrement dans

]. Vocabalista aracirjo en Ictra castellana, Granada, 1505 ; AHg para lif/cramcnie sabcr la Icnr/ua araruja, Salaraanca, 1505. Ces manuels, extrêmement rares aujourd'hui, furent composés dans le but de faciliter aux religieux la conversion des Morisques. Ils sont imprimés, l'arabe transcrit, en caractères gothiques.

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leurs zambras (ce sont des danses); espèce de gaila, suivant le Padre Guadix...'» Voilà ce que dit Cobarruvias ; mais de cymbales, il n'est pas question. Vingt articles du même genre précèdent celui-ci, cent autres et davantage le suivent. Les mots latins commemant par al alternent dans l'ordre alphabé- tique avec les arabes de la même catégorie... Et csetera. D'où, encore une fois, l'inévitable conclu- sion: c'est à bon escient que Cervantes fait disserter son héros sur l'épineux sujet que l'on sait.

Depuis quelque temps déjà, remarquons-le bien, Don Ouichotte, qui se sent parvenu au terme de son aventureuse carrière, songe avec attendrissement à troquer lance et rondache contre la pacifique houlette des bergers arcadiens. « Quelle vie nous allons mener, Sancho mon ami ! » Et, « en passant », à propos à' albogues , il continue à déraisonner le plus naturellement du monde, ni plus ni moins qu'à son ordinaire.

Mais rien ne nous dit que sous Textravagance de ce dernier hors-d'œuvre d'un genre tout spécial, le « père putatif de Don Quichotte, de ce fils sec, maigre, jauni, fantasque, plein de pensées étranges et que nul autre n'avait conçues^ », n'ait pas caché un dernier

1. Les principales références de Cobarruvias sont deux lexiques qui semblent aujourd'hui perdus et dont les auteurs sont le P. Francisco Guadix et le P. Francisco Lopez Tamaiid de Gre- nade. Il a, en outre, misa contribution les lumières de l'interprète du roi (Philippe 111) pour les langues orientales. Don Diego de Urrea, «qui sait l'arabe, dit-il, de façon magistrale ».

2. V. le Prologue de la l" partie.

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trait d'énigmatique ironie à l'adresse des « gradués de Sigûenza »% des puristes de mauvais aloi, des syllabarum aucipites, qui traitaient de Don Quichotte le créateur de Don Quichotte lui-même.

11 me reste, avant d'aborder l'examen critique des mots arabes tombés sous la plume de Cervantes, à montrer la fortune d'une très vieille légende orientale qui, née dans le temple de Salomon, fut tour à tour et simultanément juive, chrétienne et musulmane, franchit les terres et les mers, les déserts et les montagnes, et trouva l'accomplissement de son der- nier avatar dans le XLV« chapitre de la seconde par- tie du Don Quichotte : « Comment le grand Sancho Panza prit possession de son île et de quelle manière il commença à gouverner. »

Qu'on veuille bien lire ou^ pour ne pas être im- pertinent, relire ces pages pleines de sens et de verve, et s'arrêter davantage au différend très banal qui amène devant le gouverneur de l'île de Barataria deux vieillards : l'un, débiteur de l'autre pour quelques écus d'or, jure que la somme est rendue, cependant qu'il confie son bâton au demandeur le temps de prêter serment. Mais Sancho qui, du coin de l'œil, observe les deux parties, llaire la ruse : le bâton est creux et renferme l'objet du litige. Sancho explique alors comment il a pu, quoicjue sot, pronon- cer en juge avisé : « C'est, dit-il, que j'ai ouï conter jadis une histoire semblable au curé de mon village. »

1. Cf. ch. l, 1" partie. L'Université de Sigiienza, ville de 4.000 âmes, n'existait que de nom, comme beaucoup d'autres.

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Elle se Irouve en effet rapportée tout an long dans VHistoria lomhardina seu Legenda sancla (Vie de Saint-Nicolas de Bari, ch. III), dontrauteur, Fra Gia- copo di Voragine, à Voraggio vers 1230, mourut évêque de Gênes en 1298; livre si célèbre au moyen âge et même longtemps après que l'admi- ration des pieux lecteurs le décora du nova àe Légende dorée. Seulement, cette historiette, Cervantes Ta quelque peu dénaturée quant au fond, sans doute pour les besoins de la cause.

Ce reproche n'atteint pas les Arabes, ces tradi- tionnistes par excellence. S'en étant emparés sur place, c'est-à-dire à Jérusalem, à l'époque de la con- quête, comme l'ont fait, d'ailleurs, les Chrétiens à l'époque des Croisa des, les Arabes conservaient encore de cette fable, au XVP siècle de notre ère, un sou- venir que les milliers d'années n'avaient pas entamé. Dans leurs traditions, qui ne varient guère de l'une à l'autre, la scène se passe dans le Temple, près de la roche de Jacob (la Sakhra de la mosquée d'Omar) : le serment des plaideurs est prêté sur une chaîne miraculeuse qui se lève ou s'abaisse suivant qu'elle est touchée par un homme véridique ou un parjure ; la contestation a pour objet un dépôt qui consiste soit en un joyau précieux, soit en une somme de cent ou de deux cents dinars en espèces ou fondus, coulés dans le bâton foré; les parties adverses sont deux Juifs. La moralité de la fable ne souffre pas de va- riantes : la perversité du genre humain a tué le pro- dige.

C'est ainsi que cette curieuse légende est trans-

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crite pour la dernière fois, seinble-t-il, en Orient, par l'Arabe Moudjir ed-Dîn el-Hanbaly, mort en 1521, dans son Histoire de Jérusalem et d'Hébron (p. 30 de la traduction de H. Sauvaire, Paris, 1876) ; un siècle auparavant, par le compilateur Chihâb ed-Dîn el- Achbîhy, mort en 1446, dans son Kilàh el-Mousta- traf{\.omQ 11, p. 198 de la traduction de M. G. Rat. Paris, 1902); enfin, par un contemporain de celui-ci, Khalil ben Ghâhîn ez-Zâhiry, vizir du sultan d'Egypte Djaqmaq (1438-1453), dans sa Zoubdat Kachf el-Mamâlik (p. 21 du Texte arabe, publié par P. Ravaisse, Paris, 1894). La voici telle que nous la trouvons consignée dans cet ouvrage :

« Une légende nous apprend que Salomon, fils de David, avait fait suspendre dans la Maison du Sanc- tuaire une chaîne que devait toucher quiconque avait à prêter serment. Elle s'élevait devant le parjure, elle s'abaissait au contraire sous la main de rhomme véridique. Mais il arriva dans la suite qu'un homme confia à un autre cent pièces d'or. Quand il les lui réclama, l'autre nia de les avoir reçues. Tous deux alors se présentèrent devant la chaîne. Cependant le dépositaire avait glissé les cent pièces d'or dans un bâton [creux] qu'il remit à son créancier. Or, comme la somme était coulée en lingot dans le corps du bâton, la chaîne ne s'éleva point lorsqu'il la tou- cha, ce qui frappa de stupéfaction et le plaignant et ses témoins. Aussi, à partir de ce jour, elle ne s'abaissa plus et elle est restée suspendue jusqu'à présent. C'est à cela que le poète fait allusion dans ce vers :

253

« De même que Tlnspiration d'en haut, l'ère des grandes choses est passée ; ainsi la vertu est restée en suspens avec la Chaîne. »

Paul Ravaisse.

(A suivre.)

A SYNOPSIS

ANALYTICAL AND QUOTATIONAL

of the 338 Forms of the Verb, used in tlie Epistle to ihe Hehrews, as fouiid in the Baskish New Testa- ment of Jean de Liçarrague, printtd in 1571, at La Rochelle.

(suite)

DELARIC. 3. I. q. delà, but in the participial sensé. The partitive ending rie adds nothing perceptible to the meaning. He heing. 1. 3. . . . eta . . . imagina propria delaric, (H. omit la virgule.) . . . estant . . . , & la marque engrauee

7, 25 bethi vici delaric hecgatic ararteco

IÇATECO. . . ., tousiours viuant pour inter- céder pour eux.

11. 4. ... : eta . . . hil delaric ... : & luy estant mort

DEMOGVN. 1. Imp. pi. 1, r. s., r. i. s., v. ir. act. eman. Let us give it to himl

10. 24. Eta gogoa demogun elkarri, charitatera eta obra onetara incitatzeco : (H. omit la vir- gule.) Et prenons garde Tvn à l'autre, afin de nous inciter à charité & à bonnes œuures.

- 255

DEN. 25. I. q. (la, qui devient de devant n' relatif, et (12. 3., 13. 7.) conjonctif. Whlch is ; in {\'hich is ; of whidi any one is ; lie may be ; [n'hat] may be. 1. 7. Eta Aingueruéz den becembatean ... Et quant aux Anges

1. 8. Baina Semeaz den becembatean . . . Mais

. . ., quant au Fils, (L'imprimeur lyonnais mit « aux ».)

2. 5. ... ETHORTEGO DEN mundua, ... le monde

à venir, 4. 4. ... çazpigarren egunaz den becembatean, (H. put çazpi at the end of the linewithout a hyphen.) . . ., touchant le septième iour,

4. 12. . . ., eta den ezpata bi ahotacoric baino pc-

netrantago^ : ..., & plus pénétrante que tout glaiue à deux trenchans,

5. 2. ... BEHAR den becembat . . . competemment

6. 5. . . . , eta ethorteco den secularen verthu-

teac : . . . , & les puissances du siècle à venir, 6. 6. ... hetan den becembatean, ... quant à eux,

1. This pronoun is in the nominaiive case except in 10. 18-, where it is locative; and in 11. 1., where it is the possessive plural.

2. The use of den = ichich is, in the sensé of « ail, or any a/àch is », is common. L- renders trenchans = edges by aho = mouth, as if he weie speaking of a two-edged saw. The expression occurs again under Car de.

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6. 9. . . . çiieçaz den becembatean, . . . cjuant à vous,

6. 19. ... SARTZEN de/i-hai heçala. . . . comme . . .,

& pénétrant (L. translates « as one-which- is entering ».)

7. 4. ... cein handi eguin içan den haur, ...

combien grand a esté cestuy-ci, 7. 23. Eta Sacrificadoréz den becembatean, D'au-

antage, quant aux Sacrificateurs, 9. 13. ... haraguiaren puritateaz den becemba- tean : . . . quant à la pureté de la chair : 9. 16. Ecen testamenturic den lekuan, . . . testa- mentu eguilearen lierioa den. Car il y a Testament, . . . que la mort du testateur entreuienne. 10. Som. 26. Spiritu sainduaren contra DEN beka- tua. Péché contre le sainct Esprit.

10, 18. Bada gauça hauen barkamendua den lekuan.

Or il y a rémission de ces choses,

11. 1. ... nehor sperançatan den gaucén funda-

menta, . . . vne subsistenoe des choses qu'on espère,

11. 7. ... fedearen arauez den iustitiaren here-

dero. . . . héritier de la iustice qui est se- lon la foy.

12. 3. ... nor den ... celuy (L. translates « who

may be ».) 12, 13. ... : maingu den gaucâ ... ce qui cloche (H. mit den, parce que L. avait lu yjiùkov.)

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12. 18. . . . , ez ERRATZEN clen sura', ez haice buhum- bara, . . . , ni au feii bruslant, ni au tour- billon,

12. 23. ...,eta gucién iuge den Taincoagana, eta

iusto SANCTiFiGATUEN spiritiietara : . . ., & à Dieu qui est iuge de tous, & aux esprits des iustes sanctifiez :

13. 7. ... ceric içan den hayén conuersatione"aren

lina. quelle a esté Tissue de leur conver- sation. DENA. 10. I. q. den^ ii rel. nom. décl. nom. intr. & accusatif, [na ^= celui qui) He, or Him n'ho is ; that which is.

3. 2. ... fidel DENA : (régime d'eçaçue.) Fidèle

4. 10. Ecen laincoaren reposean SARTHU ?V<'?7i r/e/îr/,

Car celuy qui est entré au repos de Dieu. 4. 15. ... manera berean gauça gucietan tentatu içan dena, salbu bekatuan. (régime de dugu.) . . . celuy qui a esté sembablement tenté en toutes choses, hors mis péché.

7. 7. ... chipién dena ... ce qui est moindre

8. 13. ... : eta çahartzen eta anclanotzen dena

... : & ce qui est fait vieil & ancien,

9. 3 Sainduén sainduac deitzen dena : . . .,

qui est appelé :

10. 37. . . . , eta ethorteco dena . . . , & celuy qui

doit venir

11. 27. ... : ecen inuisible dena ... celuy qui est

inuisible.

1. Cf. latin suber, sûrus, surcûlus, sûbârc, sûrtre, et basque criti'c = bois, niinea = mimbie, et caetera.

18

258

12. 25. ... MiNÇO dena : . . . celuy qui parle :

13. 8. lesus Christ atzo içan dena eta egun, (H.

mit içan dena.) lesus Christ qui a esté hier & auiourd'huy,

DENAC. 2. I. q, f/e/i, aux., n rel. nom. décl. nom. s. act. [nac = celui qui; nom. de eztrauca & deçan.) He who is.

5. 4 baina laincoaz deitzen denac, .... ains

celuy qui en iouit qui est appelé de Dieu, (L. ne traduit pas en iouit.)

11. 6. ... : ecen laincoagana ETHORTEN c?e«â!c, ...

que celuy qui vient à Dieu,

DENAGANIC. 1. I. q. den, n rel. nom. décl. ablatif déterminé. From him who is.

12. 2.5. ... cerutic minço denaganic ... de celuy

qui parle des cieux. (L. dit « de ciel ». DENAREN. 2. I. q. den., n rel. nom. décl. possessif

dét. Ofthat which is. 10. 13. Goitico DENAREN . . . cc qui reste, (Voyez da-

goelaric.)

13. 14. ... : baina ethorteco denaren ondoan ...

celle qui est à venir. (Voyez gabiltza.)

DENAZ. 1. 1. q. den, v. s., n rel. nom. s., décl. mé- diatif dét. [naz = par- celui qui.) By him who is. 7. 7, ... guehién denaz . . . par le plus grand.

DENEC. 1. I. q. denac, mais indéterminé, influencé par cemheit = quelque, {nec = qui.) Sujet de etzaitzatençât. [Something) <,vhic]i is.

259

12. 15. ... : cembeit erro karmin goiti ialguiten denec ... : que quelque racine d'amer- tume bourionnant en haut (The sensé of the Baskish is the same as ilone read den cemheitec^ namely « any (one) which may be ». It is in the active case, because il is the nominative ol' the transitive verb etzaitzatençdt. Itis quite différent l'rom the defînite and determinate denac meaning that which is. So too batek means [any] one in the active case. But batek is « the one » in the active case, as distinguished from berzeak =■ « the other ». For the same différence compare denaz and denez.)

DENEZ, 1. I, q. den aux. avec e euph. devante mé- diatif ou adverbial indéterminé, [nez = de [quelque chose) qui.] About [soniething] which is. (The sensé would be the same were gauça [■= causa = thing) thro^vn forward and the sentence formed thus « hobe eta ... den gauça bâtez «.The whole relatival clause is an epithet added to hobe = better. Such séparations be- tween the noun and the termination that qualifies it are common in Baskish phrases. See the note on denec.) 6. 9. ..., gauça hobez, eta saluamenduarequin EGUiTENAGO ^ denez ; . . . , choses meilleures & conuenables à salut, (L. traduit chose.)

1. For cases of the application of the comparative degree to the

260

DENIC. 1. I. q. deii, v, s., // rel. décl. partitif indé- terminé, [nie = quelque chose qui) quali- fiant le régime de duçuela. [Soîiiething) which is.

10. 34. . . ., eta permanent denic. . . . vne . . .,& qui

est permanente. DENO. 3. I. q. den, aux., n rel. temporel décl. dura- tif. [no = durant que.) Wliile it is.

3. 13. . . ., egungo egun deitzen deno, . . ., tandis que ce iourd'huy est nommé,

3. 15. ERRAiTEN deuo, Cependant qu'il nous est dit, (Leiçarraga does not express nous.)

9. 17. > . . testamentu eguilea vici deno. . . . durant que le testateur vit. [Eguilea is the maker) which governs testament = will, i. e. the [will-)maker. DIAVDEG. 1. Ind. prés., pi. 3 adr. masc, v. irr. neutre egon. They stand, o man! (Acts, 13. 21.)

1, 12. . . ., eta MUTHATZECo diaudec : . ., & seront changez : (L. dit « restent à changer ».) DlC. 3, Ind. prés., s. 3, r. s. adr. masc.^ aux. act. Has it., o man!

1. 21. ..., lURATU ukan die launac, ,.., Le Sei- gneur a iuré, 12. 6. ... launac gaztigatzen die, eta ... haour gucia CEHATZEN dic. Car le Seigneur chas- tie celuy . . ., & fouëte tout enfant

infinitive, cf. Acts, 9. 22, fortificat;scnago ; Luke, 23. 5, gort^e- nago. The sensé is « making-er », i. e. « more contributive to ».

261

DIEÇOGVX. 1, Imp. pi. 1, r. s., r. i. s., aux. act.

Let us hâve il to Him. 13. 15. [larcaz bada oiFRENDA rfi'e^oo^w/i ardura lain-

coari laudoriozco sacrificio, (H. mit lain-

coari,) OH'rons donc par luy sacrifice de

louange à tousiours à Dieu : DIO. 10. Ind. prés., s. 3, r. s., v. irr. act. e//«/<, Says

it\ 1 . 6 . . . . , DIO, (H. omit la 2" virgule.; . . . , il dit, 1. 7. ... DIO, . . . , il dit,

1. 8. . . . DIO, ([1, mit ilio et omit la virgule.) il

dit, 8. 5. ... (dio) ... (dit-il)

8. 8 DIO launac, (dit le Seigneur)

. . ., DIO launac. . . ., dit le Seigneur. . . ., DIO launac, . . ., dit le Seigneur, Halacotz, munduan sartzeân, dio. A raison de quoy, en entrant au monde, il dit,

. . ., DIO launac le Seigneur dit,

. . . , DIO launac dit le Seigneur,

DIOELA. 4. I. q. dio^ avec e euph. devant la parti- cipial. While lie says il. 2 . 6. . . . , DIOELA, .... disant,

2. 12. DIOELA, Disant,

8. 11. ..., DIOELA disant,

12. 26. ..., DIOELA, ..., disant,

1. From astupid note in the Grammar of Iturri it seems neces- sary to say that dio and the nextthree forins are not derived from crran; but express its idea. just as da does that of i^an, or in Latin fuit that of ferre, fui that of cssc.

8.

9.

8.

10.

10.

5.

10.

16.

10.

30.

262

DIOSTE. 1. Ind. prés., s. 3, r, s., r, i, pi., v. irr. act. erran. Says it 1o tJiein.

8. 8. . . . , DIOSTE, ... il leur dit,

DIOT. 1. Ind. prés., s. 1, r. s., v. irr. act. erran. Isay it.

9. 2 DIOT, (H. mit diot,.) . . ., asçaiioir

DIRADE. 23. Ind. prés., pi. 3, v. s. et aux. They

are.

2. 11. ...^batganic dira.de guciac, ..., sont tous

d'vn,

3. 11 Baldin seculan sarthuren hadirade ene

reposean. . . . , si iamais ils entrent en mon repos.

4. 3 Baldin seculan sarthuren hadirade ene

reposean : . . . , si iamais ils entrent en

mon repos, 4. 5. . . . , Baldin seculan sarthuren h^dirade ene

reposean. ..., Ils n'entreront point en

mon repos. 4. 13. ... : aitzitic gauça guciac dtrade billuciac^

eta irequiàc haren beguietan ... : ains

toutes choses sont nues & ouuertes aux

yeux de celuy 7. 5. . . ., Abrahamen guerruncetic ilki içan ba-

dirade - ère. . . . combien qu'ils soyent

sortis des reins d'Abraham. 7. 20. (ecen berceac iuramendu gabe Sacrificadore

EGMm içan dirade. . . . (car les autres ont

esté faits Sacrificateurs sans serment :

1. Du latin rîllo et ut:- = vidl\ dcponnvi, comme la brebis tondue?

263

7. 23. . . ., anhit/- eguin içan diradt, . . . , il en a

esté fait plusieurs,

8. 8. . . . , ETHORRi dirade egunac, ..., les iours

viendront, (L. traduit £p)(OVTai.)

8. 10 eta hec içanen dirade ene populu.

. . . , & ils me seront peuple.

9. 22. Eta quasi gauça guciac Leguearen arauez

odolez PURIFICATZEN dircide^ Et presque toutes choses selon la Loy estoyent net- toyées par sang, (In the original there is a comma after Loy, but not after sang.)

11. 13. Fedean hauc gucioc hil içan dirade pro- messac recebitu gabe : Tous ceux-ci sont trespassez en foy, n'ayans receu les pro- messes :

11. 34. . . ., sendo eguin içan dirade erietaric, bor- thitz EGUIN içan dirade g\\eT\2Ln\ . . . , de malades sont deuenus vigoreux, se sont monstrez forts en bataille,

11. 35. ... : eta batzu hedatu içan dirade, . . ., les vns aussi ont esté estendus,

11. 36. Eta berceac phorogatu içan dirade escar- nioz eta vkaldiz, Et les autres ont esté esprouuez par mocqueries & batures,

11. 37. LAPiDATU içan dirade, segxtu içan dirade, TENTATU iça?i dirade, ezpata herioz hil içan dirade : hara huna ebili içaji dirade

1. Does (jiicrla come from f/uerra,, or froin low-latin '/«/ere/a.^ The use of erietaric, to render a de raalades». appears too lite- ral. L. ought to hâve used a périphrase to shew that it means <f instead of, or after being il! », such as « eri içanez gueroztic ».

264 ardi eta ahunz larruz veztituric, aban-

DONNATURIC, AFFLIGITURIC, TORMENTATURIC.

Ils ont esté lapidez, ils ont esté sciez, ils ont esté tentez, ils ont esté mis à mort par occision de glaiue, ils ont cheminé çà & vestus de peaux de brebis, & cheiires, destituez, affligez, tormentez.

12. 25. ... : ecen baldin itzuri içan expsidirade . . .

: carsi ceux-là ..., ne sont point eschappez,

13. 11. E('en abrén gorputzac, , . ., erratzen dirade

tendetaric lekora'. Car les corps des bestes . . . , sont bruslez hors du camp. DIRADELA. 3. I. q. dirade, avec la conjonctif = que. That they are.

2. 8. . . . gauça guciâc haren suiet diradela.

. . . toutes choses luy estre suiettes.

3. 19. ... EciN SARTHu iça?i diradela. ... qu'ils

n'y peurent entrer

4. 6. ... batzu SARTZEN diradela hartan, ...

qu'aucuns y entrent,

DIRADELA RIG. 1. I. q. dirade, aux. avec laric par- ticipial. While they are, or they beiiig.

1. 14 cerbitzuco igorten diradelaric . . ., &

qu'il enuoye (L. traduit ziç, ôia/wOVtav àTro(7T£XX6(j.£va).

DIRADEN. 7. 1. (j. dirade, avec ii conj. (5.12., and 9- 33. ruled by baino) rel.et -= qui, et 1.6. de

1. Cf. (hujula 13. 13. Ra is the directive case-ending, or post- position. Possibly Icrobkli in the Lclo (= Canclôn) of Markina may mean a let be excepted », « soit mis hors ».

265

laquelle. TJiat tJtey are, (they) whicli are^ and 7. 6. of whidi llicy are.

5. 12. . . cer diraden ... lehen hatseco elemen-

tac : . . . quels sont les rudimens du com- mencement

7. 6. Baina hec dihaden leinu bereco Mais ... dVne mesnie race qu'eux, (L. mit diraden parce que dans le grec on ne trouve que é^ aÛTWv.)

7. 8. Eta hemen iiiltzen diraden gmconec Et ici les hommes qui sont mortels,

9. 23. ... ceruëtan diraden gaucén figurâc, . . . hauc DIRADEN baiuo sacrificio hobez. . . . les figures des choses qui sont es cieux . . . par meilleurs sacrifices que ceux-là. 12. 23. Eta ceruëtan scribatuac diraden lehen sor- THUÉN congregationera, Et à l'assemblée des premiers nais qui sont escrits és cieux,

DIRADENAC, 6. I, q. dirade, avec n rel. nom. pi. décl. pi. nom. intr. et accusatif, [nac = ceux, ou celles qui.) Thosc iv/io are. 2. 11. Ecen bay sanctificaçalea, bay SANGTiFiCATZEN diradeuac. Car celuy qui sanctifie, & ceux qui sont sanctifiez,

6. 4. . . . behin illuminatu içan diradenac, ...,

eta Spiritu sainduan participant eguin içan diradenac, . . . ceux qui ont vne fois esté illuminez, . . . , & ont esté faits parti- cipans du sainct Esprit.

266

7. 25. . . ., harçaz laincoagana' hurbiltzen dirade- nac, . . . ceux qui s'approchent de Dieu par luy, 10. 14. ... SANCTiFiCÂTZEN dlradencic. ... ceux qui sont sanctifiez. (L. translates toùç àyta^Ofxévouç -— those who are being sanctified.)

12. 27. ... : fermu diradenac ... celles qui sont

immuables

DlRADExNACGATIG. 1. \.<\. diradenac, avec n nom. pi. et la terminaison prodessive gatic. For those who are. 1. 14. ... saluamenduco heredero içanen dirade- nacgatic. ... à cause de ceux qui receu- ront l'héritage de salut. (L translates « On behalfof those who shall be heir ».)

DIRADENEC. 2. l. (\. diradenac, ixi?às nominatif ac- tif, sujet de baduté et ezpaitute. Those who are. 7. 5. Eta Leuiren semetaric diradenéc . . . Car ceux d'entre les fils de Leui (Voyez dule- laric. L. ought to hâve put diradenéc in Italie, because the Greek has only ol (Jièv

13. 9. ... APPLicATU içaii diradenéc. ... à ceux

qui s'y sont occupez. (See e^pai Lille. L. translates ol usptTraT'/jaavTSç, which Calvin turned into a dative.)

1. The Heuskarian idiom expresses the idea of appioach, as in English, by to or toico.rds, hère rendered fjann.

267

DIRADEiNÉX. 2. I. q. diraden nom. aux. décl. poss. dét, pi. {nén = de ceux, ou celles qui.) Of those who are. 2, 18. ... TENTATZEN diradeiiéii-eTe ailtaïzeco . . . à aider ceux qui sont tentez.

12. 27 hala nola escuz eguin diradenen dese-

GUiTEA : ... Tabolition ..., comme de celles qui ont esté faites de main,

DIRADENETARANO. i.l. q.diradenx. s.,/?.reI.nom. décl. au cas arrivatif déterminé, inetarano =jusquà ceux qui.) Until, or as far as, those wliicli are. 6. 19. . . . , eta vêla barnean diradenetarano sartzen . . . , & pénétrant iusqu'au dedans du voile : [L. translates neither the Greek nor the Fren(;h; but turns to éacoTspov into « those (tliings) which are ».]

DIRATENEY. 1. Ind. fut., pi. 3, n rel. nom. décl. dat. pi. dét. aux. [ney = à ceux qui.) To those ivho shall be.

12. 11. ... harçaz exercitatu diraieney. (Y£Yi>[Jt.va(7-

(JLÉvotç, exercitatis.) ... à ceux qui sont exercez par iceluy. (L. translates seront, parce que l'idée est future. Voyez guero sous draue.) DIRADENEZ. 1. I. q. diraden, aux. nom. décl. mé- diatif pi. déterminé, [néz = de ceux qui.) Of, or aboul, ihose who are.

13. 3. ... : AFFLIGITZEN dirudenez, ... : & de ceux

qui sont tormentez, (L. does not translate

268

et, because the Greek bas not tbe équiva- lent. Tbe termination ougbt to be éz.)

DIRAVEAT. 1. Ind. prés. s. 1. r. s., r. i. pi. adr.

masc. aux. act. / hâve il to them, o inan!

2 . 12 . . . . , DENU^•TIATURE^• divciiLeat hire icena neure

anayey, . . ., l'annonçeray ton nom à mes

frères, (cf. St Jean, 17. 6.)

DITEXO. 1. Subj. prés., pi. 3, aux. a rel. temp. décl. duratif. [no = jusqu'à ce que). Uiitil they be.

10. 13. ..., haren etsayac haren oinén scabella EÇAR diteno. . . . , iusqu'à ce que ses enne- mis soyent mis pour le marchepied de ses pieds.

baDITEZ. 1. Hypothétique pi. 3, aux. Cf. St Luc, 19. 40. If they be. 6. 6. Baldin eror haditez, S'ils retombent, (Cf. dadi. The Hypothetic is the Suppositive ofthe Subjunctive.)

DITECEN. 2. Subj. prés., pi. 3, aux. (Variante de diten.) That they be.

6.6 berriz arramberri ditecen penitentiatara,

que (v. 4.) .... soyent renonciez à repen- tance, 9. 23. . . . , baina celestial berac plrifica ditecen . . . , mais que les célestes soyent nettoyées [U. mit purifica ditecen, et Calvin soyent nettoyées, parce que le grec n'exprime pas ces mots. L. ought to hâve written celestialac, because berac is not hère eadem buL ipsd.)

269

DITV. 5. Ind. prés., s. 3, r. pi,, aux. act. Has them. 7. 8. ... : baina han . . . hartzen ditu. ... : mais ... les prend (H. mit hartzen ditu.) (The italic in both texls shews that the (jreek does not express the équivalent.) 7. 28. Ecen Legueac Sacrificadore subirano ORDEN- ATZEN ditu guioon infîrmoac : Car la Loy ordonne pour souuerains Sacrificateurs les hommes qui sont infirmes : 9. 13. Ecen baldin cecenén eta akerrén odolac, eta bigâren hauts barreyatuag, satsuac san- CTiFiCATZEN h^ditu . . . Car si le sang des taureaux & des boucs, & la cendre de la génisse espandue sanctifie les souillez

10. 14. Ecen oblatione bakoitz bâtez consegratu ukan c^i'ia seculacotz . . . Car par vne seule oblation il a consacré à perpétuité

13. 4. ... : baina paillartac eta adulteroac iugea- TUREN ditu laincoac. ... : mais Dieu iugera les paillards & les adultères.

E. S. DODGSON.

{A suivre.)

GORRIGENDA

p. 134. Entre « pour » et « some », insérez « we » à l'impératif. Il serait mieux de commencer ces rimes ainsi : « With water let us fiU a bowl, And make it froth with lathering soap ; » P. 135. 1. 4, Changez is en be. P. 153. Selon l'édition de Dindorf (Paris, 1840), il faut lire paôtov et ogol [xévTOi X£(paXatcî)57] [jLàv9av£ (Dialogues des Morts, 20, p. 107). 1. 5 d'en bas, lisez 82; 4 d'en bas, 74. P. 154. 1. 5. Lisez : présent sing. 2.

1. 5 et 6 d'en bas. Lisez eTZeaquiagu & ba-

Ceaquiagu. St'Marc, 12. 14. bacequiagu est une faute d'impression, Etzeaquiagu en est la forme négative. P. 156. Lisez BaiCARA. P. 157. 1. pénultième. Après «que», ajoutez «le

texte grec ». P. 160. 1. 15. Après « que », ajoutez «ie mettray... ») P. 163. 1. 14. Après iaquin, insérez Ye know.

1. 17. Après ikus, ajoutez We see it. P. 164. 1. 3. Lisez : vr.

1. 7. Après «varier», insérez deux points. 1. 11. Lisez : 1. 1. 1. 12. Lisez : grâce P. 165. 1. 6. d'en bas. Après ^we, insérez : v. irr. act. eguin.

E. S. DODGSON.

LE MALAIS VULGAIRE

VOCABULAIRE

ÉLÉMENTS DE GRAMMAIRE

USTENSILES DE

TABLE, DE MENAGE, ETC.

couteau

piso

fourchette

garfu

cuiller

sendok

assiette

piring, pingan

plat

basi

soupière

tempat sop

tasse

mangkok

soucoupe

piring ketjil

verre

glas

bouteille

botol

carafe

karap

gargoulette

gendi

bouchon

sumbat-botol, prop

filtre

batu-saringan

cafetière

tempat-kopi

pot

blanga

chaudron

priok

poêlon

kuali

jarre

tempayan

272

conduite d'eau

seau

tonneau, fût

panier

sac

balai

brosse

cuvette

brosse à dents

brosse à ongles

» à cheveux peigne éponge rasoir savon serviette lampe lanterne bougie allumette mèche

corde, ficelle fil

ciseaux aiguille épingle

encre plume papier livre

panljuran timba tonof bakul

sako, karono- penyapu sapu

tempat ayer tjutji sekat-gigi » kuku » rambut sisir gabus piso-tjukor sabun

toala, sapu-tangan lampo, pelita tenglong lilin

korek api, tarek api tali api tali benan gunting djarum peniti didal tinta

penna, kalam kartas kitab, buku

273

VETEMENTS

, BIJOUX, ETC.

vêtements

pakéan

chapeau

topi, kepia

veste

badju, jas

gilet

rompi

pantalon

tjélana, seluar

caleçon

tjélana di baua

chemise

kamédja

bas, chaussettes

sarong-kaki

gants

» -tangan

soulier, bo

iltine

kasut, sepatu

pantoufle

tjinella

robe

badju, kaïn

poche

sako

mouchoir

s tangan

pagne indi

gène

sarong

vestCj camisole

kabaya

turban

serban, stangan-kapala

ceinture

tali-pinggang, tali-ikat

bijou

permata

montre

orlodji

chaîne

ranté

broche

krusang

bague

tjin-ljin

bouton

kantjing

éventail

kipas

éperon

tadji

canne

tongkat

parapluie,

ombrelle

payong

lunettes

katja-mata

parfum

vangi

19

274

ALIMENTS, BOISSONS, ETC,

aliments, p

rovisions

makanan

boissons

minuman

repas

makan

banquet

makan besar

viande

daging

bœuf, porc,

, etc.

daging sapi, d. babi, etc

poisson

ikan

volaille

ayam

venaison

daging rusa

pain

rôti

farine

tepong

œuf

telor

omelette

dadar

légumes

sajoran

riz (cuit)

nasi

haricot

katjang

pois

katjang puti

pomme de

terre

ubi, kentang

salade

slada

oignon

bauang

lait

susu

crème

kapala susu

beurre

mantega

fromage

kédju

gâteaux

kvé-kvé

confitures

manisan

miel

madu

sucre

gula

sel

garam

275

poivre

noix de muscade

gingemljre

cannelle

cary

vinaigre

huile

fruits

banane

ananas

mangue

noix de coco

raisin

orange

citron

pamplemousse

grenade

pastèque

papaye

anone

mangka, mangistan,

eau potable

glace

limonade

lait de coco

vin

bière

vin de cocotier

cognac

genièvre

bitter

maritja, lad a

pala

halia, djaï

kayu-manis

karé

tjuka

minyak

bua-bua

pisang

nanas

manga

kalapa

bua-angor

djeruk-manis

» -asam

» -besar delima semangka papaya bua-nona duku, rambutan, durian, etc. ayer-minum ayer-batu ayer-djeruk ayer-kalapa angor bir tuvak brendi sopi paît

276

Champagne

café

thé

chocolat

tabac

cigare

cigarette

opium

béteP

angor-puf

kaua, kopi

tjoklat

tembako

roko

serutu

tjandu

siri

INDUSTRIE, COMMERCE, ETC.

travail kerdja

outils pekakas

machine djentra

chaudière priok

roue roda

vapeur huap

houille areng-batu

feu, flamme api

étincelle ' bunga-api

fumée asap

cendre habu

1. La chique de bétel, ce masticatoire dont l'usage est si répandu parmi les habitants des îles de la Sonde, se compose d'un petit morceau de pinan<j (fruit de VArcca Catec/iu), d'un peu de fjainbir (suc solidifié des feuilles du Nauclea Garnbir), de chaux et de tabac enveloppés dans une feuille de siri (Piper Betle). Constamment tenue sous la lèvre inférieure, elle déforme la bouche , teint la salive en rouge et les dents en noir; mais elle parfume l'haleine et, astringent énergique du tube digestif, oppose son action aux atteintes d'un climat débilitant.

277

suie

areng-para

bassin, réservoir

kolam-ayer

tuyau

pantjoran

bord

tepi

pointe

udjong

surface

atas

pompe

bomba

hache

kapak

marteau

pengetok, i

tenailles

girgadji

clou

paku

rabot

patjol

scie

arit

lime

kikir

ciseau

pahat

enclume

landasan

bêche

tjankul

chaîne

ranté

corde

tali

fil de métal

tavaï

commerce

perniagan

poids

brat

mesure

sukat

valeur, prix

harga

balance

datjing

lettre

su rat

D-^ F. Wi

(A suivre.)

BIBLIOGRAPHIE

Twenty-fourth report of the Bureau of anierican ethnologij. . . 1902-1903. . . by W. H. Holmes, Chief. Washington, GoA^prillting office, 1907, gr. in-4°, xl- 846 p., 1112 fig. et 21 planches.

Outre le rapport du Chef du bureau, ce volume contient un très important et très remarquable mé- moires par j\I. Stewart Culin, sur les jeux des In- diens de TAmérique du Nord.

Je retiens surtout, dans le rapport, les deux noti- ces, p. xxxv-xxxviii, sur M. Powell et M^'" Thomas, le premier chef et la seconde bibliothécaire du bureau, dont la perte sera vivement regrettée par tous les linguistes. M. John Waley PoNvell, à Mont-Morris le 24 mars 1834, est mort le 23 septembre 1902 à Haven. Il se livra, dès sa première jeunesse, à des études approfondies d'histoire naturelle et parcourut une grande partie de l'Amérique, Officier de mérite pendant la guerre de sécession, il revint à ses tra- vaux scientifiques et fut professeur de géologie; puis il devint directeur du service géologique et fonda le Bureau d'ethnologie américaine dont il fut le direc- teur pendant de longues années : les vingt-trois rap- ports (pTil a jMibliés suffii'ont à rendre sa mémoire immortelle. Quant à M^'^ Thomas (Jésus E.), née à

279

Carbondale le 31 octobre 1875, elle s'était 0{'cu{)ée de linguistique sous la direction de son père, le D' Cyrus Thomas; après avoir passé avec un grand succès l'examen spécial institué par le Gouverne- ment, elle fut nommée en mai 1900 bibliothécaire adjointe et en janvier 1901 bibliothécaire titulaire du bureau. Elle est morte, lamentablement, le 14 janvier 1903, d'un accident de « skating ».

Julien ViNSON.

Handbook of american Iiidians (north Mexico), editedby FrederickWebbe Hodge. Washington, Gov. pr., 1907, in-8°, ix-972 p. à 2 col. et 1 carte, fig. dans le texte. Toiae l^r, Aanatun-Mythology ; Smithsonian Institution, Bureau of american ethnology, Bulletin n«30.

Ce Manuel, à la collaboration de quarante-six travailleurs habiles, est une véritable encyclopédie de tout ce qui regarde l'ethnologie du Mexique septentrional, non seulement contemporaine mais historique, avec de nombreuses références bibliogra- phiques; l'ordre alphabétique, seul convenable, a été rigoureusement suivi. Livre extrêmement inté- ressant, fort bien fait et très utile : on a hâte de voir paraître le second volume. J. V.

Die syntaktischen Verhàltnisse des Siiaheli, von D. W. Planert. Berlin, W. Sûsserolt, 1907, in-8% v-59 p.

Travail d'un haut intérêt pour la linguistique géné- rale, car il montre les incertitudes et les complica-

280

lions de la phrase dans les idiomes primitifs. Les suffixes s'accumulent et modifient, les uns par les autres, leurs significations déjà confuses. Par exemple, mpisJii a-nga-bi-vi-pika viazi ivatuimva <>va-nga-li- paia vyakula « si le cuisinier avait fait cuire les pa- tateSj les esclaves auraient eu de quoi manger », mot-à-mot : « cuisinier lui-peut-ètre-était-à-aller-à- cuire patates esclaves eux-peut-être-étaient-à obtenir aliments ».

On ne peut résumer une étude aussi intéressante; il faut la lire. Je la recommande à tous les linguistes.

J. V.

Revue du Monde musulman, vol. II, 8 et vol. III, n°9, juin à septembre 1907. p. 449-640, 1-192, gr. in-8^

Contient, comme d'ordinaire, de fort intéressants articles : De Téhéran à Ispahan par Eug. Aubin, A propos de V ancien Khotan par A. Le Chatelier, Les Musulmans algériens au Maroc et en Syrie par X. . . , Chine et Turquie par A. Vissière, Voyage à'Echref Khan à 7e/ze/'rt« par A.-L.-M. Nicolas, La médecine en Turquie par Abdul-Hakîm-Hikmet,Z/e.s Tatars de Cri- mée par A. Fevret, Le club national de Tauris par Ghilan, Hadji Mohammed ^Ali par Vàkif; et les revues habituelles : La presse musulmane par L. Bouvat, Notes et nouvelles, Livres et revues, Bibliographie.

J. V.

281

Revue internationale des études basques^ lY, juillet 1097, p. 329-439.

Onze articles tous pleins d'intérêt : Basque et Ro- man par TI. Schuchardt, Palabras alavesas par C, Baraibar, El proceso de Dechepare par J. de Ur- {\m]o, Un manuscrit de Larreguy itdiV.N .jyuh?kVdii,Notes du prince Bonaparte sur son Verbe par G. Lacombe, Lettres à M. Duvoisin par V. Dubarat, Maintonen Poza par P-. Zamarripa_, Euskalzaleen bilzarra par Landerretche, Le catéchisme de Arzadun par J. de Urquijo, Bibliographie^ et le commencement (16 p.) de la reproduction phototypographique d'un opuscule basque fort rare,£'/ borracho bnrlado, publié en 1764 par le comte de Peflaflorida. J. V.

I

VARIA

I. L'esprit du coq.

« J'étais occupé, hier, nous écrit un lecteur^ dans mon bureau, peu éloigné d'un poulailler; la fenêtre était ouverte. Le chant d'un coq plusieurs fois répété me causa des distractions. Je pris le parti de faire taire mon agaçant voisin. Quand je fus arrivé devant le gril- lage, je m'aperçus que les poules avaient l'air triste; le coq se sé- para d'elles, s'avança vers moi et, me regardant fixement, se mit à jargonner; j'en conclus qu'il voulait me « parler ». Je n'y aurais rien compris, bien entendu, si je n'avais remarqué que, de temps en temps, il tournait la tête vers un angle du poulailler. Suivant des yeux le geste du roi de la basse-cour, j'aperçus un poulet étendu à terre, la tête prise entre deux grosses pierres, et dégagé, le poulet se retira vivement. Le coq entonna un vrai chant de joie ; les poules se dispersèrent, et ce poulailler auparavant lugubre rede- vint animé et joyeux. »

Qu'où aille soutenir, après un tel récit, Que les bétes n'ont pas d'esprit!

{Journal thermal, août 1907.)

II. Les beautés de l'Allemand.

Chez les Hottentots, Hoitcntvtcn, les kangourous, Bcutclraiie, se trouvent en grand nombre. Beaucoup sont capturés et mis dans des cages, Kotlcr, munies d'une couverture, LalicnijlHcr, qui les met à l'abri du mauvais temps. Ces cages s'appellent donc en al- lemand LaUcii>ji((rr/,(iitiw, et le kaniiourou c.i[)tif prend le nom de LatUjnrjiUfrkollerbcalelrattc

- 283

Uq joui' on arrêta un assassin, Altentatcr, qui avait tué une Hottentote, Hottcntoienmuiter, mère de deux enfants hébétés e t hègue^y Stottcrtroticl.C&iiQ mère, en bon allemand, avait droit au titre de Hottcntotenstottertroielinutter, d'où il suit que, de son coté, l'assassin prend le nom d'HotCuntoicnstoUcriroteliniU- tcrattcnta ter.

Le meurtrier fut enfermé dans une cage à kangourou, Bcutcl- rcU(cnlal'tcn;/i/lrrii'a/(r//,u(t('i-, d'où, il réussit à s'évader. Mais il ne larda pas à retomber dans les mains d'un Hottentot. qui se pré- senta tout joyeux au chef du district.

J'ai pris le Beutclrattc, dit il.

Lequel, fit le juge.

UAdentater tattengiUcriccticrkottcrbautdrattc ! balbutia l'indigène.

Mais nous en avons plusieurs !

C'est, acheva à grand'peine le malheureux, VHolientotcn- struttertrottelmatterattcntater !

Alors vous ne pouviez pas dire tout de suite que vous aviez pris le Hottentotenstrottcrtrolelmutierattcntriterlattcnf/Utcncet- icrkottcrheutclraUc 1

Le Hottentot s'enfuit. H y a longtemps que le lecteur en a

fait autant.

{Le Cri de Paris, août 1907.)

III. Il faut travailler

There's just one thing that makes life worth livint

In every time and tide, One joy beyond ail mère mortal giving,

Suprême, superb, vs'orld-wide ; One friend that never will fail, forsake you,

Nor times of trouble shirk. But comfort bring when sore griefs o'ertake you -

So hère 's to work, dear work ! '1 lie dreariest day it can touch with glory,

The loneliest Hll with cheer ;

284

'Twill sweeten alike sad failure's story

And solace the raourner's tear; A boon from the glow ol life's radiant morning '

'l'ill the twilight shadows luik, In this world's dusk and the next world's dawning-

So here's to work. dear woik !

IV. Le vol au British Muséum

It is reniarkable how verj' few books are stolen from the Bri- tish Muséum reading room. A book scarcely ever disappears, and tho few volumes, not a dozen, that hâve recently been purioined duiing as many years, bave in ail instances been of small value and generally of an elementary character. During the South Afri- can war, for example, a Dutch grammar and dictionary passed beyond the precincts of the British Muséum; and if thèse Unes should meet the eye of the young gentleman in whose baggage they presumably found a passage to the southern hémisphère, he is invited to restore them to their lawful owners. He would only be following another example. A few years ago a parcel of four or fîve valuable scientifîc books, which had been missing for very many years, was unexpectedly returned tlirough the Post Office. The person who had borrowed them appears to hâve finished w^ith them, for subséquent inquiries disclosed the fact thatawi- dow lady had posled the parcel.— Sir E. Maunde Thompson in the "Cornliill Magazine."

{Daily Mail, Sept. 1907.)

V. Prononciation transcrite

J'ai donné, il y a longtemps, dans cette Reçue, un spécimen de la manière dont les Allemands prétendent indiquer la pronon- ciation des mots français. Je reçois le spécimen suivant d'un guide de la conversation allemand -anglais :

- 285

Dculscli.

Gehen Sie mit dem

Schnellzug ? Wann fàhrl der Zug

ab ? Kanu ich eiiie Durch-

reise- Fabrkarte

nach ... haben ? Wip- môchlen eiuen

Schlafwageu haben

einen Durchgangs-

wagen

ein Damén-Koupp

ein Nicht-Raucher-

Koupé Ist dies der Zug

nach ... ? Wo muss ich umstei-

gen um nach ... zu

gelaiigeii ? [setzt? Ist dieser Platz be- Da ist kein Platz [ner Rufen SiedenSchaff- Hier ist die Station Halteu wir hier ? Wie lange halten wir

hier? Fûnf Minuten Mein Gepàch ist ver-

loren gegangen

Englisch.

An' you Qoing by

the express f When cloes the train

start ? Can I book throuqh

to ... ?

\Ve want a sleeping carriage

a corridor car- riage [ladies

a carriage for

a non-smoking

coinpartment Is this the train

for ... ? Whcre must I change

for ... f

[gaged ? Is this seat en- Therc is no rooin Call tho guard Hère is the station Do ice stop hère ? Hoio long do œe stop

hère ? F ice minutes My luggage is lost

Aussprache.

ahr juh goh'ing bei

t/ii express ? huenn dos thô trehn

start? kânn ei bukk thruh

tu ... ?

tdh wonnt ô sslibping kârridsc/i

ô korridor kâr- rid.sc/i [lehdis

ô karridsoA for

o noun-smohking

kommpartment is thïss tho trehn

for ... ? hMehr môst ei

tschehnd?c/i for ... ? [dsrh'd ? is thiss ssiht enngeh'- théhr is noh ruhm kâhl thô gahrd hihr is thô sieh'scb'n duh «ih stopp hihr ? bau long duh uih

stopp hihr ? feiw niinnits mei lôggedsc/i is lost

Das Dampfboot. (Tho Steamboat.)

Wohin geht das

Boot ? Wann gehen Sie ab? Mit der Flut Um welche Zeit ? Um neun Uhr Man fàhrt ab

Where is the bout

going ? \Vhen do you start? With the tide At ichat time ? At nine o'clock They are going to

start

hwebr is tho boht

goh'ing ? huenn duh ]uh start? u'itl^ thô teid àtt buott teim ? âtt nein o'klokk iheh ahr goh'ing tu

start

TABLE DU TOME QUARANTE

J, ViNsoN. La langue ou les langues ibériennes 1

F, Soulier. La langue polynésienne 24, 100

E. S. DoDGSON. The philology of Madagascar 31

J. ViNSON. The French in India 35

G. B. DE FoNTAiNiEU. Ls moQvement Çwadêcî 43

C. Lacombe. Variantes des exemplaires de Liçarrague 65

J. ViNSON. Observations sur l'article précédent 68

G. Lacombe. Notes du prince L.-L. Bonaparte sur son

Verbe . . 75

C. - C. Uhlenbeck. Réponse à M. Vinson 80

J. ViNSON. Thème ou version 81

P. Régna UD. La famille du latin opns 121

J. ViNSON. Les jSIusulmans du sud de l'Inde 137

P. MiRiANiscHviLi. L'Ibérie et la Russie 145

E. -S. DoDGSON. Le Verbe de l'Épître aux Hébreux de Liçar- rague 153, 254

P. Regnaud. La contraction révélatrice d'étymologies 169

F. W^EisGERBER. La langue malaise 174, 271

J. ViNSON. La Science et les amateurs 193

J. ViNSON. L'Ibère et le basque 209

P. Regnaud. oyXoi;-okr(o<; 237

F. Ravaisse. Les mots arabes et hispano-morisques du /)o»

Quichotte 238

Nécrologie (W. Webster. Victor Henry) 122, 195

Varia . Le caractère et la taille des crayons 62

Pour les écoliers 62

Critique américaine 63

Illusion ou naïveté. 63

Politesse espagnole 134

Le Verbe basque 134

Prononciation du français par les Allemands 135

La langue universelle 136

287

Varia. Le Nouveau-Testament basque de 1571 206

Prononciation modifiée 206

Indiens et Européens 207

L'âge et le génie 208

L'esprit du coq 282

Les beautés de l'allemand 282

Il faut travailler 283

Le vol au British Muséum 284

Prononciation anglaise en allemand 284

BIBLIOGRAPHIE

J. de Urquijo. Obras de J. d' Etcheberri 49

G. Ferrand. Dictionnaire de Flacourt 55

E. Rouillard. Noms géographiques de Québec 56

Siaithsonian Institution. Bulletins 30 et .32 .58, 279

24-= Rapport pour 1902- Iy03 278

H. Mùller. Scniitica. I et II 59

A. Meillet. L'état actuel des études de linguistique 125

G. -A. Grierson. Linguistic survey of India, t. IV 196

E. Portai. Letteratura provenzale 200

M. Kerbaker. La morte di Vaca 202

J. Berjot, Premières leçons d'annamite 202

Th. GoUier. Manuel de la langue japonaise 203

W. Planert. Die Syntaktischen Verhâltnisse des Suaheli. . 279

Kuhn's Zeitschrift. XL, 4 59

Bulletin du parler français au Canada. V 60, 204, 130

Reçue du monde musulman. I-IX 61, 131, 205^ 280

British and Foreign Bible Societg. 102" rapport 127

Journal de la Société Finno-Ougrienne. XXIII 128

Mémoires de la Société Finno-Ougrienne. XXIII et XXIV 129

Reçue internationale des études basques. 1-4 129, 204, 2«1

Anthrnpos. H . . 132

LANGUES ÉTUDIÉES

Linguistique générale. 59, 81, 125, 127, 135, 136, 169,193, 2C6, 282

Sanscrit et Inde 43, 202

Grec 237

288

Latin 121

Français 60, 130, 204

Espagnol 238

Provençal 200

Allemand " 135, 283, 284

Anglais 282,284

Russe 145

Sémitique 59

Arabe 238

Annamite 202

Japonais . . 202

Dravidien 137

Tamoul 35, 137

Ougro-Finnois 123, 129

Géorgien 145

Basque. 1, 49,65, 68, 75, 80, 129, 134, 153, 204, 206, 209, 254, 281

Américain 56, 58, 278, 279

Maléo-polynésien 24, 100, 174, 271

Malgache 71, 45, 193

AUTEURS

E. - S. Dodgson 31 , 134, 158, 254

G. - B. de Fontainieu 43

G . Lacombe 65, 75

P. Mirianischvili 145

P. Ravaisse 238

P. Regnaud ' . 121, 169, 237

F. Soulier 24, 100

C. - C. Uhlenbeck 80

J. Vinson... 1, 35, 49-61,68, 81, 125-129, 137, 193,196-203,

209, 282-284, F. Weisgerber 174, 271

L' Imprimeur-Gérant :

E. Bertrand.

CHALON-SUR-SAÔNE, IMP. IRANÇ.MSE ET ORIENTALE E. BERTRAND V

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